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TRAITE
DES
MALADIES CÖNTAGIEUSES
ET DE LA
POLICE SAN1TA1RE DES AM11ACX DOMBSTIPS
PAR
M. V. GALT1ER
Professeur de Police Sanitaire ä l'Ecole Nationale Velerinaire de Lyon
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LYON
1MPRIMERIE DE BEAU JEUNE amp; Oquot; Rue de la Pyranaide, 3
RIJKSUNIVERSITEIT TE UTRECHT
1880
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2671 503 1
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PREFACE
Je dois ä mes confreres et ä tous ceux que mon ouvrage pourra interesser quelques explications sur les motifs qui tn'ont porte a Tentreprendre at sur la maniere dont j'ai compris et execute la täche que je me suis imposee.
Ai-je eu raison ou ai-je eu tort de me charger de la pre­paration d'un traite elementaire de police sanitaire ? S'il ne m'appartient pas de faire toute la reponse que comporte une pareille question, je declare neanmoins que j'approuve moi-meme ma determination. Je ne pretends pas avoir fait une oeuvre irreprochable; je n'ai eu pour cela ni le temps ni les moyens, aussi suis-je le premier ä reconnaitre les defectuosites et les imperfections nombreuses que je n'ai pu eviter. Mais s'il est reconnu que j'ai fait un travail utile, il me sera peut-etre permis de compter sur l'indulgence de mes lecteurs. Qu'il demeure done bien entendu des ä pre­sent que ma resolution a ete dictee, non par un sentiment d'ambitieuse vanite, mais par le desir de rendre service a notre profession, dont tous les representants doivent avoir ä cceur de bien connaitre tout ce qui touche de pres ä 1'etude et ä la prophylaxie des maladies contagieuses.
N'aurais-je pas du au moins prendre plus de temps? Assurement si j'avais consacre un temps plus long ä mon oeuvre, eile eut ete raoins imparfaite, mais j'aime ä penser que teile qu'elle est, eile pourra rendre quelques services aux eleves d'abord et aux veterinaires ensuite.
II manquait ä notre enseignement, ä notre medecine un
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traite didactique sur les maladies contagieuses et la police sanitaire; c'etait dejä une raison süffisante pour justifier I'apparition d'un ouvrage sur la matiere. Mais combien est plus puissante celle qui decoule tout naturellement de l'im-portance capitale que prend de nos jours I'etude dont j'ai fait Tobjet de men livre. Depuis quelques annees, de nom-breuses et importantes decouvertes ont ete realise^s dans cette brauche de la pathologie qui Interesse ä la fois la rae-decine veterinaire et la medecine da rhomme; aussi les ouvrages et les ecrits anterieurs sont-ils dejä vieillis pour la plupart. C'est pour ce motif surtout, que je me suis decide ä ecrire nn traite elementaire, resumant l'etat actuel de la science. D'un autre cote, la police sanitaire est (qui oserait le nier?) une des branches les plus importantes des etudes veterinaires. Par la connaissance approfondie de la conta­gion des diverses maladies transmissibles et par I'application rationnelle, qu'il salt en deduire, des grandes mesures sani-taires, le veterinaire devient un homme tres utile et est appele ä rendre les plus grands services ä l'hygiene et a la fortune publique. C'est par ce cote de sa profession, que le veterinaire pent se mettre le plus en relief et s'attirer la plus grande consideration; aussi etait-il regrettable ä tous egards, que nos jeunes et futurs confreres n'eussent aucun ouvrage special oü ils pussent etudier les maladies contagieuses et la police sanitaire. On trouve bien gk et lä, dans les dictionnaires des articles tres consciencieusement faits sur les diverses maladies contagieuses et sur les mesures sanitaires qui doivent leur etre appliquees; mais, outre que ces articles ont vieilli, il n'existe nulle part un expose didactique des connais-sances generates acquises sur les virus, sur la contagion et sur la police sanitaire. Pour toutes ces raisons il m'a pam que le travail que j'ai entrepris etait surabondamment mo-
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VII
PREFACE
tive. Bien que l'auteur soit encore jeune et bien que la con­ception de l'ouvrage soit de date recente, les materiaux en sont assembles depuis quelque temps; c'est d'abord la pre­paration du concours que j'ai subi en 1878, qui m'a permis d'en amasser le plus grand nombre; depuis j'ai enseigne le cours, j'ai pris des notes sur les travaux qui ont paru, j'ai travaille moi-meme et dans le cours de l'ouvrage ontrouvera, ä propos de la desinfection et aux chapitres traitant de la morve, de la tuberculose, de la rage, de la clavelee, des donnees encore inedites, qui sontle resultat de mes recber-ches. J'ajoute enfin que j'ai vu de pres la pratique de la police sanitaire et que j'y ai largement participe pendant les annees que j'ai exerce la clientele de mon beau-pere, M. Delorme, dans un pays ou les epizootics des betes ovines sont tres frequentes.
L'ouvrage est divise en deux parties, une partie generale et une partie speciale. Dans la premiere, j'ai traite des maladies virulentes en general, des virus, des theories de la virulence, de la contagion et des diverses questions se rattachant ä la contagion, de la legislation sanitaire et des mesures generales de la police sanitaire. Je n'ai pas juge ä propos d'attendre que la nouvelle loi sanitaire füt votee, parce qiie dans ma pensee, eile ne le sera pas encore de quelque temps, et parce que, quels que soient l'esprit et la lettre de la future legislation, le traite que je livre au public s'y adaptera tres bien, attendu que en tout et pour tout je me suis inspire du dernier etat de la science. Dans la seconde partie se trouvent decrites, en autant de chapi­tres distincts, les diverses maladies virulentes avec leurs principaux caracteres symptomatologiques, anatomiques et etiologiques. Je me suis applique, dans tous les cas, ä met-tre en relief autant que possible les sieges, les caracteres
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PREFACE
et la tenacite des divers virus, la contagion, ses modes et ses diverses particularites. J'ai ensuite indique, ä propos de chaque maladie, la ligne de conduite qua doit inspirer aux administrateurs et aux veterinaires l'etat actuel de la science; j'ai enonce et detaille, quand besoin m'en a sem-ble, les mesures propres ä empecher l'extension et ä ame­ner la disparition de teile ou teile epizootie.
Je me suis applique ä ne donner place qu'a ce qui m'a para necessaire ou utile dans un livre didactique. J'ai laisse de cote les dissertations et les details qui ne m'ont pas paru indispensables ä la comprehension du sujet; je me suis abstenu de tout historique et de toute bibliographie faite ä coups de noms propres seulement; je me suis apenju depuis longtemps que I'historique d'une question quelcon-que n'a de l'interet et n'apprend quelque chose, qu'autant qu'on ne se borne pas ä aligner ä la suite les uns des autres des noms d'auteurs en plus ou moins grand nom-bre, aussi ai-je delaisse cette maniere de faire. J'ai pris les donnees de la science partout oü je les ai trouvees, et quand je cite des noms d'auteurs, c'est toujours en indi-quant la part qu'ils ont prise ä la construction de redifice; lorsque dans le corps d'un chapitre. le moment est venu de parier de teile ou teile decouverte, je mentionne, en meme temps que la decouverte, le nom de celui a qui eile est due.
Lyon, le 1er aoüt 1880.
NOTA. — Depuis que le chapitre Chareon a Hi iinprimS, deux dÄcouvertes nouvelles ont cte publiees; l'une par M. Pasteur sur le röle des vers de terre comme laquo; messagers raquo; se chargeant d'apportcr ä la surface du sol les geitaes enfouis avec les cadavres; l'autre par M. Toussaint, qui a röussi a preserver du charbon des animaux inoculfe avec du sang cliar-bonneux d^fibrinö et chauffS h 55deg;.
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INTRODUCTION
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Les maladies contagieuses occupent line tres grande place dai;s la pathologie veterlnaire et dans la pathologie humaine. Quelques-uiies d'entre elles out le triste privilege de pouvoir setransmettre des anirnaux ä rhomme; leur etude acquiert ainsi unetres grande importance. Cette etude est longue, et eile exige comme corollaii-e naturel celle de la police sanitaire, dont le but est de tracer les mesures propres a empecher la propagation des maladies conta­gieuses.
La pathologie, envisagee dans un sens general, a pour but la description de la maladie; et pour connaitre la maladie d'une facon complete, il taut etudier sa cause, determiner la mauiere dont cette cause agit pour produire des alterations dans I'orga-nisme, etudier les lesions qui resultent de l'actioii de la cause et les symptöines qui sont l'expression de I'alteration produite, c'est-ä-dire de la maladie. Apres avoir etudie I'etiologie, la pathogenic, l'anatomie pathologique et la Symptomatologie, il taut rechercher les moyens de prevenir, d'attenuer la maladie et de la guerir quand eile est curable. Certaines maladies contagieuses etant incurables, et celles qui sont curables, guerissant ordinairement sans l'eiuploi des agents therapeutiques, par les seuls efforts de la nature, avec le secours des moyens hygieniques, on pent avaneer dejä que la prophylaxie, c'est-ii-dire la police sanitaire doit occu-per la plus grande place dans le traitement de ces affections.
Gonsiderees au point de vue de leur 6tiologie, les maladies se divisent en effet en deux grandes classes: les maladies transmis-sibles et les maladies non transmissibles.
Gelles-ci sont le resultat de l'action des causes ordinaires, telles que le ret'roidissement, les irritations mecaniques, physiques ou chimiques, (exemple: gastrite, entente, hepatite, pleuresie, etc.); elles ne se transmettent pas des individus malades aux individus sains;
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Bien different est le cas des maladies transmissibles qui, seules, doivent faire I'objet de cet ouvrage. Elles ont la propriete de se transmettre d'un individu malade h un ou plusieurs individus sains et aptes h les contracter; telles sont les maladies parasitaires, c'est-ä-dire les maladies determinees par les entozoaires (nema-to'i'des, trematodes, cestoides), par les acariens (gales), par les champignons (teignes, herpes, inuguet), par les bacteriens (septi-cemie, charbon, etc.); telles sont encore les maladies dites vulgai-rement maladies virulentes (syphilis, morve, variola, clavelee,etc.).
La transmissihilite de teile ou teile maladie pent avoir lieu entre animaux de meme espece ou entre animaux d'especes differentes; ainsi le chien pent transmettre la rage au chien ou a d'autres animaux appartenant ä d'autres especes.
La difference essentielle qui existe entre les maladies non trans­missibles et les maladies transmissibles reside dans leur mode de developpement; en effet, les unes apparaissent d'une maniere spon-tanee, elles ne se developpent pas saus cause, mais celle qui les provoque est une de ces causes brdinaires rentrant dans le domaine des irritants generaux, physiques, chimiques ou meca-niques. Les maladies transmissibles ne se developpent que sous I'influence d'une cause specifique, qu'autant qu'une semence (agent contagieux), a 6te importee, introduite dans un individu. Cette semence varie pour chaque maladie transmissible, et une fois intro­duite dans l'organisme, eile y provoque la maladie en se multi-pliant, en se regenerant.
Quant on dit qu'une maladie est transmissible, on qualifle par un mot une affection dönt la cause ou la semence, apres avoir persiste et s'etre multipliee clans l'organisme d'un individu, peut etre transmise h d'autres individus chez lesquels eile se coirportera comme eile s'est dejä comportee chez celui d'oü eile emane. La semence morbigene, une fois transmise, se multiplie chez son nouvel böte, et y determine la maladie dont etait atteint I'mdividu qui I'a fournie.
Les maladies dites vulgairement maladies virulentes sont dans cecas; le virus se multiplie, s'accroit comme le parasite.
Les maladies transmissibles comprennent done les maladies parasitaires dont le parasite suffisamment volumineux est facile h trouver et h etudier (bronchite vermineuse, trichinöse, cachexie vermineuse, tournis, ladrerie, gales, teignes, herpes, muguet, etc.), les maladies parasitaires dues h des parasites excessivement petits, plus ou moins difficiles ä etudier, tels que bacteriens, bacteries,
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INTRODUCTIONnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3
vibrions, vibrioniens, microbes, (charbon, septicemle, etc.), et les maladies virulentes dues ä des virus ou contages dont la nature rcste 11 determiner (morve, maladies eruptives, etc.)
On salt que les miasmes et les effluves ont une action malfai-sante sur l'economie, et cette action, de laquelle resultent quel-quefois des maladies infectieuses ou des maladies contagieuses, ils la doivent ä des bacteriens. En effet, les miasmes et les effluves sont des emanations gazeuses qui tiennent presque toujours en suspension des bacteriens tres petits.
Dans un avenir prochain, on arrivera pent etre h reconnaltre rpie les maladies transmissibles sont toutes de nature parasitaire. II n'y a pas longtemps qu'on regardaitcomme maladies virulentes, ä contage indetermine, certaines affections, (charbon, cholera des oiseaux, fievre typhoide du pore), qui viennent d'etre mieux etu-diees et dont le virus a ete reconnu comme etant de nature para­sitaire, et il est permis d'esperer qu'on demontrera pent etre un jour que le plus grand nombre des maladies dites virulentes doivent leür döveioppement ;i un parasite.
Les maladies transinissibles forment une classe tres naturelle; olles offrent entre elles les plus grandes analogies au point de vue de leur etiologie, de leur evolution, de leur marche et de leur propagation.
1deg; Au point de vue de leur etiologie. — En effet, toutes ont pour cause morbigene une semence, un contage, para­site ou virus, (gale, charbon, clavelee, etc.).
2deg; Au point de vue de leur Evolution. — Voyons ce qui se passe quand il y a eu par exemple transmission de la cause morbigene de la gale ou de la morve h desindividus sains. Quand un cheval sain a ete en contact avec un cheval galeux, et lui a emprunte le parasite qui determine la gale, on ne voit pas la maladie se montrer d'emblee et aussitöt d'une facjon appreciable, mais bien seulement au bout de quelques jours. Des le principe, des la premiere heure du contact, I'acare pent avoir passe sur le cheval sain; mais pour y engendrer une maladie visible, il faut qu'il se multiplie suffisamment, et il lui faut pour cela une quin-zaine ou vingt jours. De meme, du contact d'un cheval sain avec un cheval morveux, ou d'une inoculation directe, ne resulte pas iinmediatement une morve manifeste. La semence a ete transinise et la morve existe de suite, mais eile est localisee au point d'ino-culation, et le virus n'etant pas d'abord assez abondant, il faut qu'il se multiplie. Ce n'est done qu'apres plusieurs jours qu'on
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voit les symptomes caracteristiques de la maladie. De meme, toutes les maladies transmissibles ont une periode d'incubation plus ou moins longue suivant la nature de la semence, suivant les individus et suivant la quantite de semence introduite. Gette periode comprend le temps qui s'ecoule depuis rensemencement, depuis rinoculation jusqu'a l'apparition des premiers symptomes de la maladie. II y a done analogie au debut entre les maladies parasitaires et les maladies virulentes dont le contage n'est pas determine.
3deg; Au point de vue de leur mar ehe sur un sujet malade. — Meine analogie encore; en effet, au debut, la gale occupe un espace restreint, e'est au bout de quelques jours seule-ment qu'elle se generalise. Quand on inocule le charbon, les symptomes sont localises d'abord au point d'inoculation, puis les ganglions les plus vpisins de ce point devierment malades, enfin la maladie se generalise, les germes passant dans le torrent circulatoire et se repandent duns tout I'organisme. II en est de meme pour les maladies dites virulentes, souvent elles sont d'abord localisees et se generalisent ensuite (inorve, tubercu-lose, etc.).
4deg; Au point de vue de leur propagation. — Les mala­dies transmissibles parasitaires ou virulentes se propugent des individus malades aux individus sains, dans l'espece ou hors de l'espece; elles peuvent ainsi etre observees ii I'etat d'enzooties ou d'epizooties.
Dans le langage ordinaire, on distingue des maladies para­sitaires, des maladies infectieuses, des maladies virulentes. Y a-t-il des differences essentielles entre les groupes de maladies qu'on entend designer par pes expressions?
Vulgairement on appelle maladies parasitaires cedes qui sont dues h des parasitesfacilement visibles (gales, herpes, teignes, etc.). On appelle maladies infectieuses cedes qui sont dues ii Fintro-duction dans I'organisme de miasmes ou d'effluves. Le charbon est pent etre quelquefois une maladie infectieuse; des troupeaux, en paturant au voisinage de certains marecages, peuvent contrac-ter le charbon en respirant I'effluve. Le type des maladies infec­tieuses est la fievre intermittente de l'homme, qui est due aux miasmes paludeens; or les miasmes et les effluves n'agissent que par les parasites qu'ils tiennent en suspension. La difference qu'on semble etablir entre ces deux sortes-de maladies, maladies para­sitaires et maladies infectieuses, n'a pas, par consequent, de
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INTRODUCTION
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raison d'etre; dans les unes comme dans les autres, il y a des parasites, avec cette seule difference que dans les maladies infec-tieuses ces parasites sont tres petits et plus difficiles h etudier que dans les maladies parasitaires ordinaires.
On appelle vulgairement maladies virulentes celles qui se trans-mettent par rintermediaire d'un virus. Or, qu'est-ce qu'un virus? On n'est pas encore bien fixe sur la nature des diflerents virus; m'ais nous savons que pour quelques maladies classees jadis parmi les maladies virulentes ii contage indetermine, le virus n'est autre chose qu'un germe parasitaire: ainsi le charbon, le cholera des ponies, le cholera asiatique, regardes il y a peu de temps comme maladies virulentes, sont dus h un contage parasi-taire de l'ordre des bacteriens.
La difference qu'on semble etablir entre les maladies para­sitaires, les maladies infectieuses et les maladies virulentes est done sans valeur; il u'y a que des maladies transmissibles, qui se propagent par rintermediaire d'ürie semence qui est le plus sou-vent, sinon toujours, un parasite animal ou vegetal.
Cette definition n'est pas tout ä fait complete quand on I'ap-plique aux maladies (morve, peripneumonie, clavelee, etc.) (ju'on appelle virulentes dans le langage ordinaire. Dans la defi­nition de ces maladies, on a voulu faire entrer un autre caractere. On salt que quand on inocule la vaccine ä un enfant, on le preserve de la variola, cela resulte de ce que ces deux maladies sont anta-gonistes; ('enfant a de cette facon acquis I'immunite, au moins pour un certain temps. Si au lieu d'inoculer le vaccin, on inocule la variole, on fait dövelopper uue maladie plus grave qu'avec la vaccine, mais si I'enfant ainsi variolise experimentalement (ce qui se taisait avant la decouverte du vaccin) ne meurt pas, il acquiert encore I'immunite; unepremiere atteinte preserve d'une seconde atteinte pendant un temps plus ou moins long. Ce qu'on vient de voir pour la variole, s'applique exactement ä la fievre aphtheuse, h la clavelee, etc. II est done avere que certaines maladies conta-gieuses, une fois developpees chez un individu, ne peuvent pas y faire une nouvelle apparition pendant quelque temps; on dit que la maladie virulente coufere aux individus qu'elle attaque I'immu­nite contre une nouvelle attaque. On a, ä cause de ce fait, propose de defmir la maladie virulente, une affection qui pent se trans-mettre d'un individu malade ä un individu sain, par rinterme­diaire d'un agent appele virus, et qui, une fois guerie chez I'indi-vidu malade, laisse en lui des modifications encore inconnues, qui
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le garantissent d'une uouvelle atteinte. Mais de la sorte on exagere la portee d'un fait et on generalise un caractere qui, k mon avis, ne doit pas Fetre encore, car il n'est pas prouve que toutes les maladies virulentes conierent I'immunite; ainsi les maladies incu­rables, la phthisie, la rage, la morve, etc., ne la donnent pas. Le caractere immunite n'est done pas general.
II est plus simple de definir les maladies contagieuses, en gene­ral, comme le fait un physicien anglais, Tyndall, disciple de M. Pasteur. Une maladie contagieuse est un conflit entre un individu et des organismes qui se multiplient h ses depens, et qui, en se multipliant, s'approprient son air, desagregent ses tissus ou rempoisonnent par les decompositions qui accompagnent leur developpement. Cette definition me semble tres juste et s'adapte ä peu pres ä toutes les maladies transmissibles. En effet, la semence d'une affection contagieuse, pour produire des effets visibles, a besoin de se multiplier. Elle vit et se multiplie aux depens de l'organisme qu'elle va rendre malade; la periode d'iri-cubation n'est pas pour eile une periode de repos, mais bien une periode de repullulation. Pendant ce temps eile se multiplie et emprunte ii son böte les materiaux de son accroissement; les parasites qui la composent respirent, se nourrissent, assimilent, desassimilent, il n'est done pas etonnant qu'ils nuisent ä la santc de l'individu qui les porte. Certains de ces parasites donnent naissance h un poison tres energique, tres actif, qui agit sur le Systeme nerveux et dont la nature n'est pas encore bien deter-minee.
L'etude des maladies contagieuses est tres importante. Ces maladies sont nombreuses; mais nous ne traiterons dans cet ouvrage que des affections vulgairement elites makulies infec-tieuses et des maladies virulentes, c'est-ä-dire de cedes qui sont dues ä des parasites excessivement petits, et de celles qui sont dues ä des contages dont la nature est indeterminee.
Voici quelles sont ces maladies dans l'ordre que nous suivrpns pour les etudier:
Septicemie, infection purulente. — La septicemie et l'infection purulente devraient pent etre trouver place ailleurs, soit ä la fin d'un traite de pathologic generale, soit au debut d'un traite de pathologic speciale, medicale ou chirurgicale, car toutes les maladies, sous l'influence de l'air viele, sont susceptibles de se compliquer de Tune ou de l'autre de ces deux affections; ainsi les plaies du pied se compliquent quelquefois d'infection purulente,
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INTRODUCTIONnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;7
ainsi certains cas de pneumonie se compliquent de gangrene, de septicemie. L'etude de ces deux affections est d'une importance capitale pour le medecin et le Chirurgien. La septicemie est sürement due ä des bacteriens, eile a done sa place marquee dans un ouvrage traitant des maladies qui reconnaissent le para-sitisme pour cause. L'infection purulente n'est pas tout a fait dans le meme cas, eile pent etre due a l'absorption du pus; or, le pus se compose de leucocytes dont le noyau offre une multiplica­tion plus ou moins avancee qui ne s'est pas propagee au proto-plasma. Ces leucocytes sent morts et par consequent, entraines par le torrent circulatoire dans les differentes parties de l'orga-nisme, ils agissent comme des corps inertes, morts, comme des agents phlogogenes qui irritent et determinent la formation d'un foyer d'inflamination. Mais outre ces leucocytes, il y a dans le pus secrete par les plaies un bacterien qui possede aussi la propriete de provoquer la formation du pus en plus grande quantite, quand il est introduit dans les tissus vivants; et ä ce titre, l'infection puru­lente doit entrer dans notre cadre.
Cholera des oiseaux. — II est du ä un bacterien, et il a quelque analogic avec le cholera asiatique, bien qu'il ne soit pas identique; il se montre surtout chez les oiseaux, inais il peut etre transmis experimentalement h presque toute la serie animale.
Charbon. — II est du a un bacterien, au bacillus anthracis; il peut se montrer sur les principales especes.
Diphtherie. — Cette maladie est frequente chez I'homme; eile attaque aussi les oiseaux et les veaux; elle est produite par un bacterien et se caracterise par des lesions particulieres.
Fievre typhoide du pore. — Elle est sürement due ä un bacterien, ainsi que la demonstration en a ete donnee par le docteur Klein, en Angleterre, clans le courant de l'aimee 1877.
Fi6vre typhoide du cheval. — Elle a quelque analogic avec celle du pore et avec cellede I'homme. Gelle-ci, comme celle du pore, est due ä un bacterien. Pour le moment, on ne pourrait dire si celle du cheval est dans le meme cas. II n'est pas meme sür que cette maladie soit contagieuse, pourtant certains v6teri-naires la considerent bien comme teile.
Typhus des ruminants. — Les symptömes de cette ma­ladie out beaucoup d'analogie avec ceux de la fievre typhoide. Le typhus est propre aux ruminants et il peut se transmettre aux porcins; on ne salt pas s'il est dö ä un bacterien, mats cela est probable.
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Pöripneumonie des grands ruminants. — On n'est nullement fixe sur la nature du contage de cette maladie pai'ticu-liere aux grands ruminants.
Phthisie. — Cette affection, frequente Chez les grands rumi-numinants, pent etre transmise aux autres especes; son virus consisterait, d'apres M. Chauveau, en granulations moleculaires.
Dourine. — Cette maladie, encore appelee syphilis des soli-pedes, est frequente en Afrique; la nature de son virus reste a. determiner.
Affection farcino-morveuse. — La morve est frequente chez les solipedes ; son etude comprend celle de la morve propre-ment dite et celle du farcin, qui sont des formes differentes d'une meine maladie. Son contage consisterait, d'apres M. Chauveau, en granulations moleculaires.
Gourme et maladie du jeune age. — La premiere est particuliere aux solipedes, la seconde aux jeunes chiens et aux jeunes chats ; la nature de leur virus reste ä determiner.
Rage. — Elle s'observe chez tons les animaux, particuliere-ment chez le chien ; on ne connait pas la nature de son contage.
Horsepox et Cowpox. — La premiere est la variole du cheval, et la seconde celle de l'espece bovine; elles ne dilferent pas par leur virus, elles sont inoculables h l'homme et le pi-eser-vent de la variole. M. Chauveau a etudie leur contage et l'atrouve forme de granulations moleculaires.
Fiävre aphtheuse, Pi6tin, Clavelöe. — La premiere de ces maladies s'observe plus specialement dans l'espece bovine, les deux autres sont propres aux moutons. Le virus de la clavelee a ete 6tudie par M. Chauveau, qui I'a encore trouve forme de gra­nulations moleculaires.
Avant de decrire une ä une ces affections, if faut etudier les caracteres generaux qui sont communs ä toutes les maladies con-tagieuses; 11 faut faire une etude synthetique; il faut suppose!' connus les details propres k chaque maladie en particuiier, et ge-neraliser ce qui convient h toutes ; il faut en un mot jeter sur ces maladies une vue d'ensemble, aim de les caracteriser d'une fagon generale au point de vue de leur definition, de leur Symptoma­tologie, de leur marche, de leur anatomie pathologique, de leur etiologie, de leur pathogenie et de leur traitement prophylactique et curatif.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;•;
Ces divers points peuvent 6tre examines rapidement, sauf
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INTRODUCTION
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pourtant la question de l'etiologie et de la prophylaxie, qui est importante et longue. II est bon, en elfet, d'avoir des notions aussi etendues et aussi precises que possible sur la nature des eontages, sur leurs proprietes, sur leurs modes de transmission et sur les moyens de prevenir leur propagation.
Cette etude generale, qui oflre quelques difficultes, a encore pour but d'apprendre ä connaitre exactement la valeur d'un cei-tain nombre de mots employes frequemment dans le langage des maladies contagieuses et de la police sanitaire.
II Importe de donner une large place au traitement prophylac-tique. Les moyens hygieniques qui composent la prophylaxie generale des maladies, doivent trouver ici leur application; mais quand ils'agit de maladies contagieuses, il taut en outre recourir h des moyens, h des mesuresplus energiques, qui pennettent d'em-pecher leur propagation, de les circonscrire et de les eteindre sur place. Ces mesures sent tirees de la police sanitaire, dont I'etude doit par consequent etre liee h celle des maladies contagieuses. Getto etude est de la plus grande importance, puisque grace ä teile ou teile mesure employee convenablement, on peut circons­crire et eteindre teile ou teile epizootic, puisque la police sanitaire rend ainsi les plus grands services au commerce, h ['agriculture, et surtout ii I'hygiene publique.
Apres I'etude generale des eontages et de la police sanitaire, il convient d'aborder I'etude speciale des diverses maladies, et d'indiquer, h propos de chacune d'elles, les mesures de police sanitaire qui conviennent dans l'etat actuel de nos conn'aissances et de nos mceurs.
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PREMIERE PARTIE
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Cette premiere partie comprend l'etude des diverses questions relatives aux 'maladies contarjieuses considerees dans leur en­semble.
Le tableau suivant indique, dans leur ordre, les mafieres ä trailer.
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DifiniUOB.
Nomenclature. Enum6ratioa. Frequence et Historique.
Symptömes locaux et güncraux.
Forme clinique.
Symptomatologie. ! Type
1 Evolution.
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' Diagnostic,Terminaison, Pronostic.
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Anatomie pathologique.
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Causes prMisposantes ou prfeparatoires.
! Causes tieterminantes, Spontaneite.
H
Contagion, Infection.
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Miasmes, Effluves contagieux.
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, Etat naturcl.
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Historique.
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Caractörcs jihysiquos.
H
— chimiques.
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— anatomiques.
i — physiologiques.
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O
i Theorie de la matiero tlovcnue
Etiologie.
Causes efficientes.
Contages.
Nature l virulente. „.. .'1 Theorie des virus solubles. rt- j, e { Theorie des granulaliuns viru-
Contagion.
iru ence. r Theorieduparasitismevirulont.
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1 Bacteriens.
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Finalite.
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Destruction.
j
Conservation.
Introduction dans I'organisme.
Modes de contagion ou d'iutroduotion.
Toies d'introduotion.
Absorption.
: HfioeptivitÄ. — Immunite. — Activiti d'un virus. — Incu-
bation.
Classification.
Therapeutiqne.
Traitement. Hygionique. 1 Legislation sanitaire.
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CHAPITRE PREMIER
SYMPTOMATOLOGIE ET ANATOMIE PATHOLOGIQUE DES MALADIES CONTAGIEUSES
Les maladies contagieuses sont des maladies susceptible? de se transmettre, de se perpetuer, de se propager au moyen d'une semence (contage) qui, en se inultipliant chez des iadividussains, reproduit toujours la meine maladie. Toute affectipn cuntagieusc semble etre le resultat, ['expression d'un conflit entre un indi-vidu et des germes qui se multiplient ä ses depens, s'approprient son air, desagregent ses tissus, rimtent ou rempoisonneut par les combinaisons et les decompositions qu'ils proroquent.
Les maladies contagieuses sont assez noinbreuses (voyez l'enu-meration ci-dessus) et assez frequentes. Si on jette un coup d'ceil sur l'enumeration qui a ete faite precedeminent, onremarque que les principales especes animaies, peuvent etre classees dans l'or-dre suivant, au point de vue de leur aptitude ä contracter les maladies contagieuses: espece bovine, solipedes, espece ovine, espece canine, espece porcine, volailles. Chez les solipedes, on observe la septicemie, l'infection purulente, qui peuvent d'ailleurs se rnontrer chezpresquetoutesles especes, quelquefois le charbon, la fievre typho'ide, la dourine, raffection farcino-inorveuse, la gourme, la rage, leborsepox. Dans l'espece bovine, on observe plus souvent le charbon, on rencontre quelquefois la diphtheric, sur-tout chez les veaux; on constate aussi le typhus ou peste bovine, qui attaque particulierement les grands ruminants, sans epargner toutefois les petits, la peripneumonie contagieuse, qui jusqu'ä present n'a guere ete observee chez les autres especes, si ce n'est chez la chevre, la phthisie, qu'on observe aussi quelquefois chez d'autres especes, la rage, le cowpox, le pietin. L'espece ovine est affectee surtout par la clavelee, par le charbon, par le pietin; eile pent I'etre par la rage, et quelquefois par la phthisie. Chez le chien, on observe surtout la rage et la maladie du jeune age. Le
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14nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SYMPTOMATOLOGIE ET ANATOMIE PATKOLOGIQUE
pore pent etre atteint par le charbon, par la phthisie, parlafievre typhoide et par la fievre aphtheuse. Les oiseaux de basse-cour sont specialement affectes par deux maladies, qui peuvent etre |nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;transmises h d'autres especes, et qui sent le cholera des oiseaux
et la diphtherie.
Les maladies contagieuses out ete observees et etudiees depuis les temps les plus recules. Moise, les auteurs grecs et remains les avaient signalees et les medecins du moyen-äge les avaient ob­servees. Elles ont ete surtout etudiees depuis quelques annees; en sorte qu'on peut dire que le xixe siecle aura beaueoup fait pour accroltre la cönnaissance des maladies contagieuses.
Aucune regle n'a preside ä la denomination de ces maladies; les unes tirent leur nom d'un Symptome predominant (rage, typhus). D'autres, de la forme de leur manifestation principale (tuberculose, clavelee, fievre aphtheuse, etc.). D'autres enfln, de la region anatomique sur laquelle elles se montrent de preference (peri-pneumonie, pietin), ou de Fespece animale ä laquelle elles sont propres. Presque toutes ces affections ont plusieurs denominations, et il Importe de les retenir autant que possible, afin de reconnai-tre toujouTS une maladie qui serait döerite sous des noms differents par des observateurs ou des auteurs differents.
SYMPTOMATOLOGIE
Les symptömes varient beaueoup suivant les maladies, et aussi quelquefois pour une meine maladie, suivant qu'on l'observe sur teile espece ou sur teile autre, et suivant un grand nombre de circonstances dependant des individus ou du milieu exterieur. II y a des symptömes locaux et des symptömes generaux, comme dans toutes les maladies ordinaires. Parmi ces symptömes tres variables, il en est de vagues, qui n'ont pas de signification bien precise, qu'on observe aussi dans les maladies non transmissibles; ce sont les symptömes febriles, les symptömes ordinaires des phlegmasies. Avec ceux-lä il y a presque toujours des symptömes plus importants, plus caracteristiques, appeles symptömes diag-nostiques, parce qu'ils peuvent servir de base au diagnostic. II ne faut pas pourtant exagerer l'importance des symptömes diagnos-tiques; car il peut arriver souvent qu'avec un ou plusieurs de ces symptömes on ne puisse pas recohnaltre une maladie contagieuse, qui ne sera bien diagnostiquöe qu'autant qu'on sera assure qu'elle
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DES MALADIES CONTAGIEUSES
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peut se transmettre, qu'autant qu'on aura assiste ä sa propagation ou qu'on l'aura reproduite experimentalement.
Les symptömes diagnostiques dont la valeur n'en reste pas moins reelle sont, non pas tant des symptömes generaux ou febriles, que des symptömes locaux. Ainsi, quand un cheval a cohabite avec un cheval morveux et a ete contamiae, la maladie s'annonce quel-quefois par des symptömes de fievre intense, mais en outre et le plus souvent en meme temps, ou bien apres l'apparition de ces premiers signes, se montrenl des symptömes locaux, tels que : engorgement des ganglions de l'espace intra-maxillaire, hyper-hemie de la pituitaire et elevures, tubercules ou ulceres, jetage.
Les symptömes generaux ont une certaine valeur quand on soupgonne qu'il y a eu contamination; mais en dehors de cette Hypothese ils n'apprennent rien de precis, carils appartiennent a toutes les maladies inflammatoires; tandis que les symptömes locaux permettent de diagnostiquer la morve d'une maniere tres probable, s'tnon absolument certaine.
Dans presque toutes les maladies contagieuses, on observe des symptömes de l'inflammation, car elles se compliquent presque toujours de lesions inflammatoires. On observe les symptömes propres ä teile ou teile variete, ä teile ou teile forme de l'inflam-mation, c'est-ä-dire les symptömes propres aux formes suivantes:
Congestion. — Les symptömes de la congestion sont la tu-meur, la rougeur, la chaleur, la douleur.
H6morrhagie. — L'hemorragie s'accuse par l'ecoulement d'une plus ou moins grande quantite de sang veineux ou arteriel. Dans beaucoup de maladies contagieuses, on observe les symp­tömes de la congestion; ainsi on les rencontre dans les maladies eruptives, dans la morve, etc. Prenons la clavelee, par exemple; avant que cette maladie soit caracterisee par la formation de pus­tules, on voit ä la surface de la peau et des muqueuses meme, des plaques congestionnees, tumefiees, rouges, douloureuses et chaudes. Dans la morve, et surtout dans la morve aigue, lorsque la pituitaire presente des lesions, on constate parfois a. la surface de cette muqueuse de legers ecoulements sanguins, des epistaxis. Des hemorrhagies s'observent aussi dans le charbon; cette ma­ladie se complique meme quelquefois d'enterorrhagie.
Exsudation. — Lorsqu'il y a congestion, il s'en suit presque toujours une exsudation, c'est-ä-dire le passage du plasma sanguin a travers les vaisseaux; on I'observe dans la morve, le farcin, etc. Cette derniere forme de l'affection farcino-morveuse est caracte-
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16 SYMPTOMATOLOGIE ET ANATOMIE PATHOLOGIQUE
risee par des tumeurs cutanees au nombre desquelles se trouvent parfois des engorgements plus ou moins etendus et plus ou rtiöins volumineu\ des membres. Ges engorgements farcineux se mon-trent au niveau des parties declives, des articulations, surtout de celles du boulet, du jarret; ils sont le resultat d'une exsudation abondante, et ce qui le prouve, c'est qu'en les ouvrant, lorsqu'on fait une autopsie, on y trouve de la lymphe ä demi coagulee, infiltrant le tissu conjonctif sous cutane.
Phlegmasies. — Dans la plupart des maladies contagieuses, on observe des symptömes des differentes inflammations confir­mees. Celles-ci se portent tantöt sur les ganglions, comme dans la dourine, le charbon, etc., tantot sur le poumon, comme dansla peripneumonie contagieuse, tantöt sur les muqueuses respira-toires, comme dans la gourme et la maladie du jeune äge, tantöt sur les voies digestives, comme dans le typhus, etc., et leurs symptömes sont toujours la fievre, la congestion, l'exsudation, l'eruption, la pyogenie, etc.
Metastases. — On sait que les inetastases ne sont pas rares dans les maladies ordinaires, on les voit se produire aussi dans le cours de certaines maladies contagieuses. Prenons des exemples pour mieux comprendre ce qu'il faut entendre par le mot metas-tase. Supposons qu'une plaie due a Faction d'un vesicatoire existe sur une region du corps; ii un certain moment cette plaie peut se tarir, alors le produit qui etait incessamment secrete ä sa surface est resorbe par les vaisseaux et se porte sur les organes internes (poumon, toie, rein). Voilä un cas oü il y a eu resorption et infec­tion purulente, ce n'est pas lä, ä propremenl parier, ce qu'il faut entendre par metastase. Supposons maintenant qu'un animal at-teint de la clavelee, en pleine periode de l'eruption, est expose ä un refroidissement intense; tout-ä-coup non-seulement l'eruption s'arrete, mais celle qui s'etait dejä accomplie disparait, et une congestion plus ou moins intense s'etablit sur un ou plusieurs organes internes : teile est la metastase. Elle s'observe assez fre-quemment dans les maladies contagieuses, eile s'annonce par des symptömes de flevre, par la disparition de certains symptömes locaux et I'apparition d'autres symptömes annoncant une localisa­tion sur des organes internes. .
Hypers6cr6tion. — Les symptömes d'hypersecretion sont trös communs dans les maladies contagieuses; le jetage dans la morve, dans la gourme, dans 1ft maladie du jeune Age, ladiarrhee dans le typhus, etc., en sont des exemples; et depareils exemples d'ötat catarrhal sont nombreux et frequents.
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DES MALADIES C0NTAG1EUSES
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Epanchement. — L'epanchement s'observedanslescavites du corps ou dans les mailles du tissu conjonctif; inais en ce dernier siege, ii constitue piutot I'exsudation. L'epanchement dans les eavites closes n'est pas un fait bien rare, on en adesexemples dans les synovites, les arthrites, les hydroceles morveux, dans la pleuresie inorveuse, dans la peripneumonie, etc.
Pyogenie. — Les maladies contagieuses s'accompagnent assez souvent de pyogenie ou secretion pumlente; la maladie du jeune age est dans ce cas. Mais la maladie type qui presente ce Symptome au plus haut degre est assureinent la gourme du che-val, qui est surtout caracterisee par des phlegmons qu'on observe dans Fespace intra-maxilJaire ou ailleurs, et qui s'abcedent le plus ordinairement.
Pyohemie. — La pyohemie ou infection purulentecomplique aussi quelquetbis les maladies contagieuses. Une plaie purulente ordinaire pent etre le siege d'une resorption, et le pus absorbe par les vaisseaux va se deposer dans les organes parenchymateux (poumon, foie). Gette complication, frequente dans les maladies ordinaires, se voit aussi souvent dans les maladies contagieuses. La clavelee, arrivee ä la periode oü il existe des plaies quisuppu-rent, la presente quelquefois; il en est de meine de la gour­me, etc.
Gangrene. — La gangrene, ou mortification des tissus, survient aussi dans le cours de certaines maladies contagieuses; ainsi dans la morve aigue, il se produit une congestion intense de la pituitaire, ä la suite de laquelle certaines parties de la mu-queuse se mortifient quelquefois et se detachent ensuite sous forme de plaques. G'est que les tissus etant gorges de sang, la circulation s'est arretee en certains points, et la gangrenes'en est suivie. Les plaquesmortifleesagissentcommedes corps etrangers, irritent les tissus voisins et provoquent relimination disjonctive. La gangrene s'observe aussi dans les maladies eruptives, dans la clavelee, par exemple. Quand la maladie est maligne, quand les pustules ne se sont pas bien formees, quand les plaques de con­gestion se sont etendues et quand la congestion a ete intense, on observe la mortiflcation de ces plaques; elles deviennent livides, violacees, indolentes, et elles agissent comme des corps etrangers. Mais il se produit quelquefois une complication bien autrement grave, c'est quand I'mflainmation, qui s'etablit au pourtour des parties mortifiees, entraine la resorption de germes septiques; la gangrene se generalise, s'accompagne de fermentation septique et l'animal succombe h la septicemieinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;s
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18nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; SYMPTOMATOLOGIE ET ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Ulceration. — Gertaines maladies contagieuses (morve, farcin, etc.) entrainent la formation de plaies blafardes, tont k fait atones, qui ne bourgeonnent pas, et qui, au contraire, rongent et s'etendent constamment; tels sont las caracteres principaux de l'ulceration, qui est un des symptömes de la morve.
Hyperplasies. — Ge mot signifie exces de formation, c'est-ä-dire formation d'eiements nouveaux inflammatoires, quipeuvent ensuite s'organiser ou degenerer. On sait qu'un des principaux symptömes de la morve chronique est la presence, dans l'espace intra-maxillaire, d'une ou de plusieurs glandes indurees. Ces glandes indurees sont des ganglions hyperplasies et hypertro­phies sous rinfluence de rinflammation morveuse. Non seule-ment le tissu peri-ganglionnaire, le tissu ganglionnaire propre-ment dit, mais encore la gangue conjonctive du ganglion s'est cnflammee, et rinflammation s'est terminee, conmie ii la surface d'une plaie, par la formation d'un tissu cicatriciel; aussi ces glandes sont fortement adherentes, soit ä l'os, soit aux autres tissus voisins. II y a eu, en un mot, formation d'un tissu inflamma-toire embi'yonnaire, qui a ensuite donne naissance h un tissu adulte indure. Les maladies qui se compliquent d'hyperplasies, comme la morve, la tuberculose, sont en general caracterisees aussi par des symptömes de degenerescence.
Degenerescences. — La formation de tubercules morveux dans le poumon, de glandes dans l'auge, de boutons ou cordes farcinsuses, etc., est prcsque toujours suivie de degenerescence, non ä la peripherie, mais au centre des lesions. Aussi quand on ouvre un tubercule de morve, ou de phthisie, ou une corde, un bouton de farcin, voire meine, quelquefois une glande de morve, on rencontre au centre un tissu desorganise. Cette matiere est le resultat d'un produit inflammatoire primitivement organise, d'un tissu embryonnaire qui a donne du pus ou dela matiere caseeuse formee par des elements desorganises, degeneres ; il y a eu fönte purulente ou degenerescence caseeuse.
A cöte de ces symptömes locaux, qui sont plus ou moins eten-dus, qui peuvent se montrer sur plusieurs organes, il y a des symptömes generaux, des symptömes de fievre; et si la maladie dure longtemps, il survient aussi des symptömes d'anemie, d'hy-drohemie, de cachexie, de leucocytose, d'atrophie.
Ainsi la morve, qui marche quelquefois tres vite, qui peut faire mourir dans l'espace de peu de jours, est d'autres fois compatible
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UES MALADIES CONTAGIEUSES
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avec les appareaces de la saute, pendant piusieui-s mois. ü'autres maladies sent dans le ineme cas; et ä la longue ces maladies amenent ranemie, l'appauvrlssement du sang, la decoloration des muqueuses, la paleur des divers tissus. Le clieval, qui est niorveu.x depuis longtemps, quoique bien portant en apparence, devient done anemique au bout d'un temps plus ou moms long. II y a hydrohemie, quand le sang, etudie au microscope ou par les moyens cliimiques se montremoins richeen globules, en elements figures; riiydrohemie accompagnc ranemie et est bientot suivie de la cachexie. Alors il y a ainaigrissement, deperissement et pen h peu marasme, consomption. Certaines maladies contagieuses, ayant de presenter ces symptömes, produisent des modifications encore mal connues, mais reelles, et qui constituent la leucocy-tose; la inorve, la dourine la provoquent, de meme que les maladies debilitantes, h marche chronicjue. Par leucocytose, on designe raccrolssement du noinbre des globules blancs. Le sang normal examine avec un microscope Nacbet (oculaire 1 et objec-tif 3) montre dans le champ de rinstruinent 2 ou 3 globules blancs; tandis que le sang leucocytemique en presente 4, 5 et plus. Cette maniere de compter les globules, sans etre bien pre­cise, suffit cependant pour faire soupconner I'etat dont il s'agif. L'atrophie est la consequence de beaucoup de maladies; on salt que les paralysies partielles ou general es s'accompagnenttoujours d'atrophie. Quand un cheval boite d'un membre et qu'il ne pent pas le faire fonctionner pareillement aux autres, quand il y a paralysie d'une region musculaire, on volt survenir les signes de l'atrophie. II en est de meine dans quelques maladies contagieu­ses ; ainsi la dourine, ii la seconde ou it la troisieme periode, est caracterisee par des paralysies locales ou generalos. Ces paraly­sies s'accompagnent d'atrophie sur teile ou tolle region, ou meme sur tout le train posterieur.
Tons ces symptöines, dont nous venous de faire une enumeration generale, ne se rencontrent pas dans la meine inaladie ii la fois, ot suivant qu'on observe tels ou tels syinptomes, on dit que la maladie affecte teile ou teile forme clinique (congestive, exsu-dative, purulente, hyperplastique ou interstitielle, tuberculeuse, ulcerative, diphtheritique).
Forme congestive. — Elle existe quand les symptömes de la congestion predominent; un exemple nous en est fourni par la clavelee au debut, quand la peau est congestionnee et quand il n'y a pas encore de pustules.
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SYMPTOMATOLOGIE ET ANATOMIE PATHOLOGIQUE
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Forme Eruptive. — On en tröüve des exemples dans la clavelee ä la seconde periode, dans la fievre aphtheuse, dans le horsepox, dans le cowpox. Ce qui domine dans ces maladies, c'est une eruption, c'est-ä-dire la formation d'une ampoule, d'une pus­tule, d'un tubercule, en un mot d'une elevure ii la surface des teguments.
Forme exsudative. — La peripneumomie contagieuse du gros betau, offre un bei exemple de forme exsudative, et h cause de cette forme qu'elle possede souvent ä un degrö tres manifeste, eile est encore appelee peripneumonie exsudative. En eflet, ce qui domine dans cette maladie au point de vue pathologique, c'est l'epanchement de serosite dans le sac pleural, la formation de fausses membranes et l'exsudation de lymphe dans le tissu intervesiculaire et dans le tissu interlobulaire du poumon.
Forme purulente. — La gourme du cheval, et jusqu'ä un certain point la maladie du jeune age, en offrent des exemples.
Forme hyperplastique ou interstitielle. — La pe­ripneumonie, h la seconde periode, ä la periode de terminaison, offre un exemple de forme hyperplastique. A la premiere periode, on observe une exsudation dans le tissu conjonctif du poumon ; mais plus tard les premiers accidents changent de nature, l'exsu­dation qui est dans les mailles du tissu conjonctif intervesiculaire s'organise. Ce n'est pas le liquide exsude, mais bien les cellules, qui y sont en suspension, qui s'organisent aux depens de la lymphe exsudöe. II se fait Ui un tissu de cicatrice, qu'on trouve en prati-quant l'autopsie de cadavres de convalescents ou d'individus chez lesquels la maladie s'etait terminee par un etat chronique.
Forme tuberculeuse. — La morve, avant de presenter l'ulceration, donne un exemple de la forme tuberculeuse; la tuberculose ou phthisic pulmonaire du boeuf appartient aussi ä cette forme.
Forme ulcörative. — La morve fournit un exemple de cette forme.
Forme diphthsect;ritique. — Les fausses membranes qui caracterisent cette forme se rencontrent dans la diphtheric des oiseaux et des veaux.
EVOLUTION SUR UN INDIVIDU
Les maladies contagieuses, quelles qu'elles soient, presentent presque toutes la raöme marche quand on les observe sur un
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DES MALADIES CONTAGIEUSES
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individu; revolution est h pen pres la meme, ou tout au moins öftre dans toutes de grandes analogies.
Dans le eöurs d'une inaladie contagieuse, il y a plusieurs perio-des : une pei-iode d'incubation, une periode d'invasion, une periode d'augment, une periode d'etat et une periode de declin; lä periode de declin se termine par la guerison plus ou moins complete ou par la mort.
Incubation. — Nous savons que le germe introduit dans l'organisme ne produit pas tout de suite des lesions tres eviden­tes et ne provoque pas aussitöt des syinptömes pereeptibles; il lui faut pour cela un certain nombre de jours variable avec les mala­dies, et pour une meine inaladie avec les individus. Cette periode pendant laquelle l'ammal contagionne ne parait pas malade, com-prend tout le temps qui se passe depuis rintroduction du germe jusqu'ä l'apparition des premiers symptömes; sa duree varie aussi avec les circonstances ambiantes.
Invasion. — Des qu'on a constate les premiers symptömes, on dit que la maladie en est ü la periode d'invasion. Cette periode s'annonce et se traduit le plus souventpar des symptömes vagues, qui n'ont pas de signification precise ; ce sont des prodromes qui peuvent mettre en eveil quelqu'un qui est prevenu, raais qui pas-sent souvent inapergus, au moins au debut, et qui sunt rarement interpretes selon leur vrai sens, quand on ne soupconne pas la contamination de l'aniinal qui les presente. Pourtant, ils devien-nent tres hnportants quand une maladie regne dans une localite; ainsi, quand on observe la fievre sur un cheval qu'on salt avoir ete en contact avec un animal inorveux, au lieu de penser ä toute autre maladie ordinaire, on doit craindre l'eclosion de la morve.
Augment. — La inaladie s'accentue et se caracterise par d'autres symptömes; les prodromes s'aggravent et des syinptömes locaux apparaissent. La maladie se complete, et eile öftre sa veri­table forme lorsque les symptömes locaux- sont bien caracterises. Arrivee h ce point, raftection est ä sa periode d'etat.
Etat. — Alors les symptömes locaux evoluent; la maladie a tout ce qu'elle pent avoir. Elle reste ordinairement peu de temps avec ces caracteres qui s'amendent, ä moins que la, mort n'ar-rive.
Declin. — Le declin consiste dans la guerison progressive et plus ou moins complete, ou dans la terminaison fatale qui estpro-voquee par quelque complication ou par une generalisation des processus morbides.
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22nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SYMPTO.MATOLOGIK ET ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Ces dillerentes pamp;iodes se i-aracterisent par des symirtönies geiieraux et par des symptomes locaux; les preiniers n'ont de rimpurlance (jue dans le cas signal^ plus haut, (ju'autantqu'il y u lieu de soupgonaer la contamijiation. Quant aux symptöines lo­caux, ils doivent toujoui-s attirer l'attention; on pent les observei1 sur dillerentes regions, sur la peau, sur les inuqueuses, dans le tissu conjonetif,-et enfin dans rinteineur des organes. On les voit ä la surface de la peau dans les maladies eruptives, telles que la clavelee, le pietin, le horsepox, le cowpox; dans la morve et le farcin, on observe des eruptions dans le tissu conjonetif sous cu-tane et dans le tissu conjonetif sous muqueux, sur la peau, sur la muqueuse respiratoire, etc. Dans la lievre aphtlieuse, c'est sur-tout la muqueuse buccale qui presente des symptomes locaux. Dans certaines maladies, la muqueuse des organes genito-uri-naires peut en presenter quelquefois. Dans la morve, le farcin, la gourme, il peut se former des abees au sein du tissu conjonetif des dillerentes regions du corps. Les organes internes, dans les-quels les lesions sontdecelees par les symptomes stethoscopiques, sont principalement les ppumonsj quand la maladie est arrivee ti un certain degre(peripiieumoniecoiitagieuse, morve), on peut, par la percussion et rauscultation, reconnaitre l'existence de lesions sur les plevres et dans le poumon. Mais des lesions peuvent aussi exister sur le foie, le rein, les intestins, le peritoine, et il est plus difficile d'etre exaetement renseigne sur leur uompte; nean-moins on peut les soupconner et reconnaitre plus ou moins süre-inent leur existence. En elfet, dans les cas de typhus et de cho­lera des oiseaux, il y a diarrhee ou meme dyssenterie; or ces symptomes ne s'expliquent que par des lesions ä la surface de la muqueuse digestive.
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Type. — Au point de vue de la rapidite de leur inarc.he, les maladies contagieuses se presentent avec le type aigu ou avec le type chronique, ou avec un type intermediaire; il y a des degres nombreux entre l'acuite bien prononcee et la chronicite bien eta-blie. Non-seuleinent diverses maladies contagieuses se presentent avec l'un ou l'autre type, tnais la ineme maladie, sur des animaux de inemeespece, alTecte tantöt un type, tantöt l'autre; ainsi, la morve, chez le cheval, est tantöt aigue et peut faire perir les malades en quatre ou einq jours; et tantöt au contraire eile est chronique; c'est meine le plus souvent Jivec le type chronique ou subaigu qu'on la voit, et l'animal inorveux peut vivre plus ou moins longtemps avec les apparences de la sante.
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Marche. — La mai-che des maladies contagieuses, avons-nous dit, est plus ou moins rapide; mais independamment de sa mpidite, cette marche est plus ou moins reguliere, c'est-ä-dire que la maladie presente d'une maniere plus ou moins bien tran-chee les periodes quo nous avons etablies dans son evolution. Les maladies qui suivent la marche la plus reguliere sont les maladies eruptives (clavelee, horsepox); d'autres, le typhus, le charhon, la rage, ne presentent pas ces periodes d'une facon tranchee, et il taut de la bonne volonte pour les distinguer.
Complications. — Tres souvent les maladies contagieuses se compliquent d'accidents inflammatöires, et il n'est pas absolu-inent rare de voir une maladie contagieuse se compliquer d'une autre maladie contagieuse; sur le meme sujet, il pent y avoir simultaneite de deux ou trois contages, c'est-ä-dire de deux ou trois maladies contagieuses. Dans l'espece huinaine, on a vu la phthisic et la syphilis exister en meine temps sur le meine individu, im a vu co-exister la syphilis et la vaccine, celle-ci et la phthisic; pareille simultaneite se voit aussi chez nos ani-inaux. Presque tous les auteurs, qui ont etudie la dourine ou syphilis des solipedes, ont Signale, comme complication derniere de cette maladie, la mörve ou le farcin; chez le cheval, on voit asse/ souvent la gourme et le horsepox evoluer ensemble; la septicemie et ririfectioii purulente qui peuvent compliquer cer-taines maladiesordinaires, peuvent aussi compliquer des maladies contagieuses.
Quant ä la duree des maladies contagieuses, il laut reconnaitrc qu'elle est tres variable, suivant la nature de chaque affection, suivant les individus et suivant les conditions ainbiantes.
Terminaison. — La terminaison est variable suivant im grand noinbre de conditions. Eliininons d'abord la morve, la rage le charhon, la phthisie, la septicemie qui sont absolüment incura­bles et qui amenent la mort au bout d'un temps plus ou moins court. D'autres maladies, telles que la peripneumonie, le typhus, etc., sont tres graves et occasionnent souvent une mortalite con­siderable; mais dans quelques cas, grace h des soins hygieniques et therapeutiques, on peut eviter la mort, si on previent, si on combat les complications qui surviennent ordinairement. Un troi-sieme groupe comprend des maladies comme le cowpox, le horse-
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pox, la fievre aphtheuse, le pietin, etc., qui sont beaucoup moins graves, qui n'amenent la mort qu'exceptionnellement, et dans lesquelles la guerison est la terminaison habituelle. Quarul on dit guerison, il convient de faire des reserves: il est des mala­dies virulentes qui guerissent d'une maniere absolue, telles sont la rougeole de l'enfant, la clavelee du inouton, la fievre aphtbeuse du boeuf, le pietin du mouton; tandis qu'il y en a au moins une qui ne guerit qu'en apparence, e'estla peripneumonie contagieusc du gros betail. Les animaux qui se retablissent reprennent toutes les apparencesdelasante; mais on a constate que la guerison etait un leurre et que le virus, le contage, la semence existait encore pendant des mois apres cette guerison apparehte. II n'y a done, dans ce cas, que guerison apparente et le fait est important ä retenir, en ce qui concerne la prescription des mesures de police sanitaire.
Les individus qui guerissent ne reprennent pas tous et toujours le meine etat de sante qu'avant la malaclie; ainsi, apres la clave­lee, apres la peripneumonie, apres la malaclie du jeune age, etc., les animaux restent parfois dans uu etat valetudinaire, etcelasur-tout quand la maladie s'est compliquee lie lesions graves dans certains organes, dans le poumon, dans les articulations, dans les yeux, etc. On voit alors des animaux qui restent essouffles, frap-pes de cecite, boiteux, par suite d'une ou de plusieurs ankyloses. II n'est pas bien rai-e tie rencontrer dans les organes internes des alterations qui n'ont pas disparu completement; ainsi, dans le poumon, on observe des lesions qui sont passees ä I'etat chroni-que; et ces lesions, qui persistent apres la virulence, provoquent des symptömes plus ou moins accuses.
Les maladies contagieuses sont-elles sujettes ä recidiver comme les maladies ordinaires, comme la peritohite, I'enterite, etc., sans qu'il y alt une contamination nouvelle'.' Chez un mouton claveleux, par exemple, la maladie peut-elle, au moment oü eile arrive h sa terminaison, recoinmencer une nouvelle evolution'.'Non, et ä plus forte raison, ne peut-on pas adinettre de rechutes pour les cas oil la maladie s'est terminee par la guerison complete, quand il n'y a pas eu contamination nouvelle; car cela equivaudrait ä admettre la generation spontanee du contage. Mais quand il s'agit de la peripneumonie, cinq ou six mois apres la guerison appa­rente, il y a encore, avons-nous dit, dans l'organisme, du virus capable de transmettre la maladie; aussi, bien que pour cette affection on n'ait pas encore signale lt;ie veritables rechutes, elles se comprendraient facilement si elles se presentaient'.
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MARCHE DE LA MALADIE DANS UNE LOCALITE, DANS UN PAYS
Tout ce que nous savoos jusqu'ä präsent se rappoi'tc ii räffec-tiou evoluant sur un seul individu; inais la maladie contagieuse etant par sa nature essentiellement transmissible, ii taut en outre etudier sa marche, son extension dans une localite, dans un pays, quand les individus malades sont en rapport et en contact avec des sujets sains de meine espece ou d'especes differentes.
Tout malade devientun foyer de multiplication pour le contäge, il n'y a done Pien d'etonnantde voir une maladie contagieuse, qui a die introduite dans une localite, se propager, se disseminer, visiter successivementun plus ou moins grand nombre d'ecuries, et faire un plus ou moins grand nombre de victimes. 11 peut tout d'abördji'y avoirqu'un seul sujet malade, inais ce premier malade mis en contact avec des animaux sains les contamine ; et ceux-ci, devenusmalades äleur tour, transmetteht I'aflfection autourd'eux. La maladie peut done s'etendrc ä peu presen progression geome-trique, si les malades ne sont pas l'objet de mesures sanitaires rigoureuses; eile so borne raremeiit ä un individu ou ä un petit nombre d'individus dans une localite, et quand celaallen, ce qui, je le repete, est l'exbeption, on dit (jue la maladie est sporadique.
Si des mesures convenables ne sont pas prises pour prevenir la propagation, la maladie s'etend comme la tache d'huile. I^lle est appelee maladie enzootique ou enzootie (endemie), quand ellc ne sevit que dans une localite, maladie epizootique ou epizootic, (epidemie), quand eile depasse la localite pour se propager, se disseminer sur un espace plus etendu. 11 y a souvent enzootie ou endemie dans le cas de charbpn. Quand cette affection appa-rait sur les montagnes d'Auvergnc, dans la Beauce ou dans quel-ques pays du midi, on la volt dßcüner les troupeauxd'une locality; tanlt;lis que les troupeaux de la localite voisine ne sont pas mala­des. Cela se coinprend; car raffection charbonneusenesepropage pas precisement par le contact des malades avec les animaux sains, mais bien par Fingestion de fourräges ou de bqissons qui sont in-fectes de germes. Ainsi, dans les pays precites, on voit la maladie, surtout pendant certaines saisons de l'annee, alors que presque toujours les malades boivent des eaux infectees ou se nourrisscnt de fourrages qui semblent bons en apparence, mais qui out (ite recoltes sur des terrains oü existaient des bacteridies. Dans ces
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cas, la maladie ne rtepasse pas la localite dont les eaux et les fourrages sont infectes; il y a enzootie.
Mais h cote de ces cas d'enzootie, il est d'autres cas oü la ma­ladie s'etend ä des pays plus ou moins eloignes, suivant que les relations commercial es sont plus ou moins actives; il y a alors epizootic.
La morve, la claveiee, la fievre aphtheuse, etc., se montrent souvent ä l'etat epizootique; des mesures severes de police sani-taire peuvent les circonscrire; inais si on ne les reconnait pas de suite et surtout si les aiiimaux malades voyagent, sont introduits succcessivement dansplusieurs logements h cote d'aniniaux sains, dies se propagent par la transmission des germes, des individus malades aux sujets sains, et elles peuvent ainsi se-transmettre, etre transportees ä des distances considerables.
D'autres differences separent encore l'enzootie de l'epi/.ootie. L'enzootie, la maladie enzootique nait ordinairement dans une contree par suite de rintroduction dans l'oi'ganisme de certains germes puises dans le monde e.vterieur. La maladie epizootique se developpe plus particulierement par rinterniedinii'e, par la transmission d'un contuge provenant plus ou moins directeinent d'un individu malade.
La maladie enzootique, l'enzootie charbonneuse, par exeinple, cesse lorsqu'on deplace les troupeaux, lorsqu'oh les soustrait ä l'influenee locale, quancl on ne leur donne plus les fourrages et les eaux infectes; l'epizootie n'est pas amoindrie par le deplace-ment des malades, ainsi la claveiee ne cesse pas dans un troupeau par le seul fait du deplacement. L'enzootie ne dure done qu'un certain temps, s'eteint d'elle-meme, se inontre en certaines saisons de l'annee (saisons chaudes, ete et automne), et disparait ordi­nairement 'pendant les autres; l'epizootie se montre en toutes saisons, et eile dure tant que des sujets sains sont exposes au contact des animaux malades.
L'enzootie et l'epizootie presentent plusieurs periodes, une periode do debut, une periode d'etat, une periode de declin. Ordi­nairement, dans certaines epizootics (epizootics de typhus, dc claveiee), la maladie est. plus grave pendant la periode de debut et la periode d'etat que pendant la periode de declin. Au debut l'epizootie s'etend, pendant sa periode d'etat eile est arrivee ä sa plus grande extension, et pendant sa periode de declin eile diminue, clle sc resserre. Les animaux les premiers atteints sont souvent plus rnalades que ceux qui payent leur tribut ä la fin de
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l'epizootie, et la mortalite est plus grande pendant la periode as-ceiidänte de l'epizootie que daus la periode descendante. Pourquoi cette dittereiice? Plusieurs raisons l'expliquent. II pent y avoir des influences de milieu, de Saisons, et, dans quelques cas peut-etre, une decroissance d'intensite dans le contage. Mais il y a ausssi une autre raison qui a bien sa valeur : parmi les individus exposes ;i la contamination, ceux qui tombent les premiers ma­lades sont ceux qui ofl'rent le moins de resistance, si nous suppo-sons que la cause agit d'une facon generale; rien d'etonnant done qu'ils meurent en grand nombre; tandis que ceux qui sont attaints en dernier lieu, apres avoir resiste un certain temps, peuvent etre moins malades, plus resistants, par consequent, moins ex­poses ä succomber.
Dans tons les cas, les consequences de l'enzootie et de l'epi­zootie sont tres graves, parce que raffection, en se generalisant, en se propageant, occasionne une mortaiite considerable et parce que, presquetoujours, les cadavres sont h pen pres completement inutilisables h cause des dangers qu'ils presentent pour I'hygiene. Aussi en resulte-t-il de tres grandes pertes pour les proprietaires et pour l'Etat. De plus, quand il s'agit de la morve, de la rage, du charbon, il y a danger pour I'homme ; et il n'est pas absolu-ment rare d'avoir h deplorer, de temps en temps, la inert de quelque persdiine qui a contracte une maladie contagieuse propre ä une espece animate.
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Pronostic. — Le pronostic des maladies contagieuses est, toutes choses egaies d'ailleurs, beaucoup plus grave, beaucoup plus tacheux que celui des maladies ordinaires, meine en faisant abstraction de certaines maladies contagieuses qui sont fatale-merit mortelles. La gravitö exceptionneile du pronostic des affec­tions transmisibles resulte de la propriete qu'ont ces maladies de pouvoir se transmettreaux individus sains; quelques-unes d'entre el les peuvent en outre se transmettre ;i 1'homrae. Le pronostic de chaque maladie contagieuse est d'ailleurs variable suivant sa nature, suivant les conditions ambiantes et suivant les individus; rnais en regie generale, une maladie epizootique est toujours un evi'nement tacbeux, ä cause des ravages qu'elle occasionne, h cause des dangers qui en resultent pour I'homme et a cause des mesures parfois onereuses dont eile exige ['application.
Diagnostic. — Le diagnostic des epizootics, des enzooties
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28nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SYMPTOMATOLOGIE ET ANATOMIE PATHOLOGIQUE
et meine des maladies contagieuses sporadiques est en general assez facile ä cause de leur marche, de leur extension, de leür transmissibilite et de certains symptömes locaux qui sont verita-blement diagnostiques. Ainsi dans la clavelee, dans la morve, dans les maladies eruptives, on rencontre des symptömes locaux qui suffisent dans la plupart des cas pour qu'on puisse afflrmer l'existence d'une maladie contagieuse; maisil n'en est pastoujours de meine pour toutes les affections de ce genre. La seule preuve irrecusable, absolument demonstrative de l'existence d'une ma­ladie transmissible est rinoculation, la transmission experimen-tale on la contagion naturelle bien observee et bien etablie. L'inoculationexperiinentale n'cst pas toujours facile, et dans beau-coup de cas, eile est remplacee par la contagion naturelle, qui se produit pour ainsi dire sous les yeux de l'observateur. Quand la maladie est mal caracterisee, on hesite; mais des qu'elle se pro-page, aucun doute n'est plus possible. II y a encore pour quelques maladies, pour le charbon notamment, un inoyen tres pratique de s'assurer de l'existence de raffection; ce moyen, le plus exp.e-ditif, le plus siir et le plus commode, quand il s'agit du charbon, qui dure ordinairement si peu qu'il est impossible ou inutile de recourir ä I'lnoculation expcrinientale, consiste dans I'examen inicroscopique des liquides oiganiques, mais surtout du sang, des produits des ganglions, de la rate ou du foie ; si on trouve ainsi des bactcridies plus ou moins noinbrcuses, se presentant sous diilerentes formes, c'est qu'on est en presence du charbon.
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ANATOM1K PATHOLOGIQUE
Les lesions qu'on observe dans les maladies contagieuses sont quelqucfois tres nombreuses; 1c plus souvent meine, ellcs sont generalisees h tons les appareils de reconomie; elles sont spe-ciales ii chaque maladie, et elles sont le plus souvert inilamma-toires. On les rencontre un peu partout, dans les liquides et dans les solides de Forganisme; c'est souvent dans le sang qu'on les observe. Dans le charbon, la septicemie, le cholera, la fievre ty-phoide, etc., le sang est altere. II se produit aussi, dans d'autres maladies (morve, phthisie, etc.), des alterations du sang, mais elles n'ont rien de bien specifique; tandis que dans les maladies char-bonneuses, elles sont an contraSre speciflques. Parallelement ä ces alterations du sang, qui sont des alterations portant sur les
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caracteres physiques, chimiques, anatomiques et physiologiques, on obsei've des lesions du Systeme lymphatique: ce sent des in­flammations des ganglions et des vaisseaux lymphatiques, des adenites et des lymphangites, qui se presentent sous la forme ca-seeuse dans la morve et la tuberculose, ou sous la forme pure-ment inflammatoire, congestiüiinelle, exsiulative et proliferativc dans le charbon, dans la dourine, etc. C'est le Systeme lympha­tique qui est ördinairement le plus altere, et c'est lui du reste qui, dans le plus grand nornbre des maladies, sert de vole de ge­neralisation au contage; c'est par lui que le virus est absorbe, surtout s'il est place sur une surface denudee ; c'est par lui qu'il est enfin diverse dans le torrent circulatoire. Lorsque cette gene­ralisation est accomplie, le virus agit defavorablement sur le Sys­teme nerveux ; on observe des troubles nerveux pendant la vie ; et apres la mort, on rencontre des lesions de congestion, d'inflam-mation proliferativc ou d'exsudation dans les nerfs, dans les cen­tres nerveux ez dans les meninges. On rencontre aussi i'requcm-ment des lesions de l'inflammation h la surface de la peau, dans le tissu conjonctif sous cutane, dans les articulations, dans les muscles et meme dans les os; sur les organes de l'appareil diges­tif, sur la buccale, dans I'estomac, dans I'intestin(typhus, charbon, tuberculose, etc.), dans le foie et la rate, surtout s'il s'agit du charbon, de la tuberculose, etc.; sur la sereuse peritonale; dans les organes de l'appareil respiratoire, sur la pituitaire, sur la mu-queuse des sinus, sur les muqueuses lai yngienne, tracheale et bronchique, sur les plevres, dans les poumons, les bronches, lorsqu'il s'agit de la morve, de la clavelee, du charbon et d'une foule d'autres maladies. Dans l'appareil circulatoire les lesions sent en general pen marquees, cedes qu'on voit frequemment portant surtout sur le sang; parfois on en observe ii la face interne des sereuses du coeur et quelquefois aussi clans le muscle cardia-que; il pent en exister enfin dans les reins, la vessie, lesmainelles, les testicules et l'uterus. Les alterations qu'on observe se ratta-chent ördinairement h une ou plusieurs formes cliniques de l'in­flammation; ce sent done des lesions de congestion, d'exsudation, de proliferation, de pyogenie, d'hyperplasie, de tuberculisation, d'ulceration, d'inflammation diphtheritique.
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CHAPITRE II
ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES, CONTAGES, CONTAGIONS
II fout Studier dans ce ehapitre les causes predisposäntes ou preparatoires ; les causes occasitmnelles, c'est-ii-ciire ces causes qu'cm a iavoquöes ct qu'on invoque encore pour expliquer le de-veloppement spontane des maladies contagieuses, par consequent la spontaneite ou les causes qu'on accuse de provoquer la nais-sance spontanee des affections transmisslblcs; puls la contagion ou la seule cause efficiente des maladies contagieuses, et h propos de cette derniere, 11 faut etudier son agent (contage, virus), les proprietes de cet agent et les modes de contagion.
CAUSES PREDISPOSANTES
Les causes predisposantes ou causes preparatoires sont celles qui preparent les individus ä contracter certaines maladies; ces causes ont ici bien peu d'importance. De meine qu'en pathologie geuerale, on peut les diviser en causes preparatoires individuelles et en causes preparatoires generales, suivant qu'elles tiennent h I'individu ou aux agents hygieniques exterieurs.
Les causes individuelles sont celles qui tiennent ä l'espece, ;\ la race, au temperament, etc. Certaines maladies contagieuses ne se developpent pas chez tons les animaux; il en est qui sont speciales h certaines especes, et il en est d'autres qui se develop­pent bien chez une ou plusieurs especes et difficilement chez d'autres. II faut done qu'il y ait une predisposition veritable plus ou moins accusee suivant les especes et suivant les individus. Cette predisposition existe, et eile tient h une particularite Inte­rieure qu'on ne connait pas encore. Parmi les causes predispo­santes, les plus importantes sont sans contredit celles qui resul-tent de l'espece, de la race et de l'individualite.
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32nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
Le.s causes prödisposantes generales tieiment aux circumfusa, aux ingesta, aux gesta, aux excreta, aux applicata. Pamii les cir­cumfusa sont les variations atmospheriques, les variations tie temperature, les changements tie saison, rinfluence ties haiiita-tions, ties localites, etc. Les causes pretlisposantes qui tiennent aux ingcsta sont I'alteration ties aliments ou des boissons, I'insuf-fisance d'aliments, etc., etc.
Comment agissent ces causes? G'est ordinairement en affaiblis-sant ou en irritant rorganisme; on pent done resumer I'action ties causes predisposantes generales en disant qu'elles aflaiblisscnt rorganisme et le predisposent ainsi ä contracter plus faciiement teile ou teile maladie contagieuse, ä se laisser plus faciiement envahir et influencer par les contages. Ces causes juuent d'ailleurs un röle ires efface et meine tout ä fait nul, pourrait-on dire; car clles out beau agir tres longtemps sur un animal et l'affaiblir con-siderableinent, elles ne font jamais que cet animal presente une maladie contagieuse, si, ihdeperidammeht tie leur action, il n'a pas ete expose ä la contagion, s'il ne rccoit pas du dchors la se-mence tie la maladie.
CAUSES DETERMINANTES, SP0NTANE1TE
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Qucl est le röle de ces causes qu'on a invoquees et qu'on in-voque encore pour expliquer le developpement spontane tie cer-taines maladies contagieuses? Que faut-il entendre par deve­loppement spontane, et y a-t-il reellement quelquefois. develop­pement spontane d'une maladie contagieuse? Teiles sont les questions auxqueiles il laut des ä present trouver une reponse; le moment est done venu de parier de la spontaneite et de recher­cher parmi les maladies ctuitagieuses s'il en est qaelqu'une qui apparait, sans qu'il seit necessaire de faire intervenir la contagion, sous rinfluence de teile ou teile cause non speeifique.
Depuis l'antiquite jusqu'ä uos jours, les auteurs qui se sont oecupes des maladies, les auteurs grecs, les auteurs remains, les medecins arabes, les medecins du moyen-äge, les mede-cins modernes et conteinporains parlent de certaines maladies comme se developpant par contagion et rien que par con­tagion. II fut pourtant un temps, qui n'est pas encore bien eloigne de nous, oü la notioh de la contagion et de la viru­lence fut eclipsee par les idees desraquo;doctrinaires et des disciples
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de l'Ecole physiologique. Certains pathologistes admettaient alors que les maladies dites contagieuses n'etaient, comme toutes les autres maladies, que de pures inflammations (la gourme, la morve etaient considerees comme de simples inflammations de la mu­ff ueuse respiratoire); ils prötendaient qu'elles apparaissaient sous l'influence des causes ordinaires phlogogenes et qu'elles ne se propageaient pas par contagion.
En medecine veterinaire, ces ideas ont ete soutenues par les Lafosse, par certains professeurs de l'Ecole d'Alfort et par les veterinaires sortant de cette Ecole. L'Ecole de Lyon ne les a ja-mais admises serieusement, et il s'y est toujours trouve des pro­fesseurs pour les combattre, pendant qu'ä Alfort, on admettait l'apparition apontanee de certaines maladies, comme la morve, la gourme, etc. A Alfort, on allait bien plus loin; par exemple en ce qui concerne la morve, on niaitsatransmissibilite. Aujourd'hui encore, bien qu'on ne nie plus la transmissibilite de la morve, certains esprits persistent ä croire au developpement spontane de cette maladie et de quelques autres.
Ce bref apercu etant donne, hätons-nous de repondre aux ques­tions que nous nous etions posees tout d'abord.
La spontaneite, le developpement spontane d'une maladie con-tagieuse consisterait dans l'apparition d'emblee et la production dc toutes pieces de cette maladie, non pas sans cause provoca-trice, mais en dehors de la contagion et sous l'influence d'une cause ordinaire non specifique, teile qu'un refroidissement, un defaut d'alhnentation, un mode particulier d'alimentation, un atraiblissement organique resultant d'un etat morbide auterieur, etc. Pour les .partisans de la spontaneite, le developpement d'em­blee d'une maladie contagieuse serait done du k I'action d'uiie cause ordinaire, sans qu'il y ait introduction d'un germe dans I'organisine. Ainsi il y a encore nombre de veterinaires qui, sans nier la transmissibilite de la morve, de la peripneumonie, etc., pen-sent que ces maladies peuvent etre produites par un travail epui-sant, par tel mode d'alimentation, etc. Les causes que les spon-taneistes invoquent pour expliquer le developpement d'emblee d'une maladie contagieuse sont les causes que nous avons consi­derees dejä comme predisposantes, les circumfusa, les ingesta, etc.
Mais comment peuvent expliquer la production spontanee d'une maladie contagieuse, ceux qui croient a l'influence de ces causes?
II y a ä ce sujet deux theories qui n'ont jamais ete bien appro-fondles, Une de ces theories est due h U. H, Bouley, qui a tant
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ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
soutenu que la morve peut naitre par suite d'une alimentation insuffisante et d'un travail immodöre. L'auteur part d'un principe physiologique bien connu: quand les muscles fatiguent, il s'opere dans leur substance un travail d'oxydation et de desassimilation, d'autant plus prononce, que la contraction est plus forte, plus soutenue et plus souvent repetee; par consequent, les produits de desassimilation, tels que acide lactique, creatine, creatinine, etc., qui sont repris par le sang et qui doivent etre expulses au-dehors avec les urines, deviennent ä un moment donne, lorsque la fatigue est exageree, si abondants, qu'ils ne peuvent plus etre excretes entierement par les emonctoires naturels devenus insufflsants. Ges produits restent alors dans le sang, et il est demontre qu'ils agissent sur I'economie d'une facon defavorable, I'acide lactique notamment. Ils se comportent comme de veritables agents toxi-ques, et ils peuvent provoquer une maladie generale par alteration du sang, c'est-ä-dire une maladie toxique.
M. H. Bouley, s'emparant de cette notion, a essaye d'en tirer une explication favorable ä la spontaneite de la morve; d'apres lui, quelques-uns de ces produits de desassimilation peuvent agir comme des ferments et peuvent peut-etre produire la morve.
J'ai hate d'ajouter que cette theorie n'explique nullement la crea­tion d'une maladie contagieuse; en effet, qui. dit maladie conta-gieuse dit maladie avec contage, avec virus, avec germe, avec semence, et tout le monde admet que la morve est dans ce cas. On ne voitpas, par consequent, comment il pourrait se cr6er desger-mes anim6s dans I'organisme, sous I'influence d'un ou plusieurs agents toxiques; la theorie de M. H. Bouley me semble done tout ä fait hypothetique, eile n'a rien de fonde.
L'autre thöorie, emise pour expliquer la spontaneite d'une ma­ladie contagieuse, est une conception consistant a admettre que, sous I'influence de certaines causes ordinaires, il peut se produire dans I'organisme d'un individu un phenomene d'lieterogenese. Cette hypothese est peut-etre plus specieuse que la precedente, en ce qu'elle s'accorde mieux avec la theorie des contages animes; mais ellen'est pas mieux demontree. Ses partisans admettent que, sous I'influence des causes qui provoquent la maladie contagieuse, il s'est produit dans I'organisme une teile perturbation, que les elements cellulaires en eprouveht un trouble dans leurs fonctions physiologiques; et ce trouble serait tel, que ces elements qui, normalement jouissent de la propriete de se multiplier et de don-ner des elements semblables a eux-memes, pourraient produire ä
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CONTAGES, CONTAGIONSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;35
uii moment doime des elements heterogenes, qui n'auraient pas les mömes proprietes que leurs ascendants, mais qui pourraient neanmoins se multiplier, vivre et devenir des germes de maladies. Or cette theorie, qui repose sur I'hypothese d'une perversion de la secretion des elements normauxde I'organisme, n'est pas mieux demontree que la precedente; onabien invoque certains faitsä son appui, mais ils sont trop extraordinaires, et ils n'ont pas ete suf-fisamment observes. Aujourd'hui que les esprits sont complete-ment tournes vers les theories des contages animes, il semble etonnant que quelque spontaneiste ne se soit pas avise, pour dernontrer le developpement spontane de la morve et .de la peri-pneumonie, d'invoquer la presence du virus morveux ou peripneu-monique a l'etat de germes dans les aliments.
Toujours est-il que le domaine de la spontaneite se resserre de plus en plus ; car la lumiere se fait et les idees anciennes tendent a disparaitre. Mais ä l'epoque oü I'Ecole d'Alfort soutenait tres ardemmeat la cause de la spontaneite, il y avait du merite dans la conduite des professeurs de I'Ecole de Lyon, qui suivaient la voie de la verite. Les professeurs et les veterinalres de I'Ecole d'Alfort allaient jusqu'ä nier la contagion de la morve chronique; et de la sorte, les mesures de police sanitaire etaient parfois negligees, surtout dans les regiments de cavalerie oü l'affection s'etendait souvent en consequence. Ce n'a pas ete sans difficulte que les partisans de la spontaneite et les adversaires de la contagion de la morve se sont peu a peu rallies aux contagionnistes. II y a eu ä ce sujetdes discussions memorables devantl'Academiede medecinede Paris, devant la Societe de medecine de Lyon et devant la Societe centrale de medecine veterinaire. Devant l'Academie de medecine, la spontaneite tut surtout defendue par Renault et par M. H.Bouley. Actuellement encore, on trouve dans les publications periodiques la relation de nombreux faits qui tendent ä prouver que quelques maladies transmissiblespeuvent naitre sans qu'il y ait eu contagion. C'est notamment dans leRecueilredige par M. H. Bouley, que sont longuement relates de nombreux faits relatifs h la rage, h la peri-pneumonie, a la fievre aphtheuse, etc., faits dans lesquels les observateurs, qui les exposent, cherchent ä dernontrer que la ma-ladie s'est declaree sans contagion. Mais il est facile de reconnai-tre que tous ces faits sont incompletement observes sur un ou plusieurs points. Ainsi, tantöt il s'agit d'un chien qu'on affirme n'avoir pas eu de contact depuis longtemps avec d'autres chiens, et qu'on Signale comme atteint de rage parce qu'il a presente des
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36nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES flONTAGIEUSES
symptomes de fureur apres l'action de teile ou teile cause; mais malheureusement pour la valeur de ces observations, les auteurs ont toujours oublie, ou de verifier s'il y avait reellement rage, ou de reunir tous les renseignements necessaires surles antecedents des malades. Tantotc'estuncheval qui est devenu morveux parce qu'il travaillait trop; mais les observations relatives a la morve ne prouvent pas plus en faveur de la spontaneite que celles relatives a la rage.
La morve est une maladie tres insidieuse, sa periode d'incuba-tion n'est jamais longue; mais les premiers symptomes, comme les premieres lesions, peuvent passer plus ou moins longtempsina-perous. La maladie pent rester pi us oumoins longtemps latente ou incompletement cai'acterisöe. Ainsi un cheval quiaingere, sans qu'on le sache, du virus morveux, ou qui a ete contamine d'unc autre facon et qui neamnoins, pendant quelques mois, n'a pas presente de symptomes visibles de morve, peut tout h coup etre reconnu malade; et si la manifestation s'est produite apres une fatigue, il se trouve toujours tin observatenr de bonne volonte pour accuser le travail d'avoir produit la maladie. Mais pour que cette assertion merität croyance, il faudrait avoir observe le sujct malade depuis longtemps, il faudrait avoir remonte plus avant dans ses antecedents. On s'explique done aisement comment on a cru trouver des faits de morve spontanee.
II y a des maladies pour lesquelles on n'a jamais pu avancer un fait ou un semblant de fait tendant h prouver leur spontaneite; ainsi, la syphilis n'a jamais ete contractee spontanement; il en est de meine de la clavelee, de la variole, etc. Quand il s'agit d'une maladie eruptive, les symptomes se montrant dans des regions explorables, on la constate plus facilement et plus tot. Or les maladies eruptives sont des maladies inoculables au meme titro que la morve et les autres maladies contagieuses. C'est lä un fait qui ebranle dejä fortement la doctrine des spontnneistes; car on peut se demander pourquoi teile maladie contagieuse serait spon­tanee alors que tant d'autres ne le sont pas.
Du reste, l'experimentation demontre l'impossibilite de faire naitre spontanement une maladie contagieuse sans semence, sans contage. Dans certaines circonstances, on a eu (lit qu'on pouvait ii volonte rendre morveux le premier cheval venu sans faire inter-venir la contagion, mais on n'y a jamais reussi, et d'ailleurs le terrain etait fort mal choisi pour arrivervä la demonstration de la spontanöitö; car la morve peut exister a 1'etat latent, I'experimen-
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tateur peut tomber sur un sujet morveux, et alors, en le privant de nourriture, en le sunnenant, il peut hater la manifestation exterieure de l'affection, et atti'ibuer ainsi ii une cause une inala-die qui n'en est pas Fettet.
Mieux valait tenter de faire naitre experiinentalement, sous rinfluence d'une cause non specilique, la clavelee ou une autre maladie eruptive, ou la rage. Qu'on soumette un inouton ä toutes les influences imaginables, on ue verra jamais apparaitre la clave­lee tant qu'il n'y aura pas eu contagion. En ce qui concerne la rage, on avait soutenu, on soutient encore, bien que la demons­tration contraire ait etefaite d'une facon peremptoire, qu'elle peut naitre sous rinfluence des desirs veneriens non satisfaits ou d'une mauvaise alimentation; on a dit que des chiens males, places pres defemelles en chaleur et qui ne pouvaient satisfaire leurs desirs couraientrisque de devenir enrages; cela est faux absolument; de meme il est faux qu'une ulimentation mauvaise ou insuffisante puisse faire naitre la rage, car on a eu assez souvent prive ou memo fait mourir d'iuanition des chiens sans puuvoir faire deve-lopper la maladie. On peut done aujourd'hui avancer que les affections contagieuses, precedenmient enumerees, ne naissent pas spoiitanenieut.
Voyons chaque maladie en particulier.
La septicemie est due ä un hapterien, eile a[)pai,ait chez des iudividus qui out des plaiesou des maladies internes, sans qu'il y ait eu contact avec d'autres sujets malades; mais cela ne prouve pas que I'aniiiuil a, creele germe de la maladie; car ce germe est dans Fair, et il entre dans I'organisme par la plaie ou par les voles respiratoires dejä malades.
II en est de menie de ['infection purulentc; cette maladie est toujours le resultat de la resorption du pus ä la surface d'une plaie, qui est le plus souvent en contact avec le monde exterieur; ici encore, le germe (jui determine la secret ion du pus est absorbe, car il existe dans Fair et il n'y a pas de generation spontanee.
Le cholera des oiseaux est aussi du ä im bacterien, et 11 se deve-loppe toujours par contagion.
II en est de meine du charbon, qui apparait sur des animaux sains qui n'ont jamais ete en contact avec des malades, mais qui out puise le germe du mal dans leurs aliments et leurs boissons ou dans Fair qu'ils respirent.
La diphtherie des animaux, comme celle de Fhomme, est con-tagieuse. II y a des maladies non contagieuses analogues aux mala-
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38nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
dies croupalesou dyphtheritiques; on les appelle pseudo-croupales, parce qu'elles se compliquent de lesions analogues ä celles de la diphtheria proprement dite; et, en n'oubliant jamais qu'il ne taut pasdiagnostiquerl'existenced'une maladiecontagieuse d'apres les symptömes et les lesions, mais bien d'apres sa transmissibilite, on ne confondra pas les maladies pseudo-croupales avec la dyph-therie.
La fievre typhoide du pore, encore appelee mal rouge, pneumo-enterite, etc., est due aussi h un bacterien; et si quelquefois on I'a crue spontanee, e'est parce qu'on s'est trompe, parce qu'on a pris pour eile une maladie ordinaire caracterisee par la rougeur de la peau, e'est surtout parce qu'on n'a pas employe le seul vrai criterium, I'inoculation.
On ne saurait dire si la fievre typhoide du cheval est ou non contagieuse. Pour nous, eile ne Test pas, et si nous la placons ici, e'est k cause de son nom, h cause de la similitude de ses symptö­mes avec ceux de la fievre typhoide du pore, et aussi parce qu'elle est eonsideree comme contagieuse par certains veterinaires.
Le typhus des ruminants est toujours contagieux; on a pour-tant soutenu qu'il pouvait naitre spontanement, apres 1871, lors-qu'il venait de nous causer des ravages enormes. On a pretendu qu'il n'etait pas necessaire de recourir ii des mesures radicales comme I'abatage, attendu, disait-on, que le typhus Wait sponta­nement et non par contagion. Mais, depuis longtemps dejä, on avait reeonnu la contagiosite absolue de eette affection; chaque fois qu'elle se montre chez nous, eile vient du dehors, et on pent suivre ses traces a travers rAllemagne ou d'autres Etats, jusqu'aux Steppes de la Russie, oü eile n'est pas plus spontanee que partout ailleurs.
La peripneumonie est une des maladies que Ton attribue le plus souvent a des causes non specifiques ; eile produit des lesions sur les poumons, les plevres, et eile n'oflre pas de symptömes verita-blement specifiques. Elle ne peut done etre diagnostiquee qu'au-tant qu'on constate sa propagation, qu'autant qu'elle passe a I'etat d'epizootic ou d'enzootie par le seul fait de la contagion. Qu'ya-t-il done d'etonnant qu'on ait pris pour la peripneumonie une pneu-monie ou une pleuresie ordinaire, lorsqu'une de ces maladies s'est montree dans une etable, dent plusieurs animaux out ete soumis ä un refroidissement? Ce .gui tend a prouver la contagio­site absolue de la peripneumonie, e'est son apparition dans certains pays oü eile n'avait jamais ete observee avant d'y ayoir
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ete importee, bien que dans ces pays les animaux fussent expo­ses aux refroidissements et nourris avant comme apres Timporta-tion de la maladie.
La phthisic tuberculeuse ne se montre pas non plus spontane-ment; si on 1'a crue spontanee, c'est qu'on s'est trompe sur la nature de la maladie observee, c'est qu'on a pris une maladie pour unc autre, par exemple rinfection purulente pour la tuber-culosc.
La dourine, I'aftection farcino-morveuse, la rage, le pietin, la clavelee, le horsepox, etc., ne se developpent jamais spontane-ment.
II ne laut done plus invoquer la spontaneite; aussi il en sera tres peu question dans l'etude de chaque maladie en particulier; nous ne ferons que rappeler les principales idees qui ont cours ou qui ont eu cours dans le temps.
CONTAGION
Apres avoir fait la part des causes predisposantes et de la spon­taneite , il nous reste a etudier la troisieme cause, la cause effi-ciente, la cause vrainient capable de produire la maladie, e'est-a-dire la contagion.
Qu'est-ce que la contayion? Contagion signifie transmission d'une maladie propre d'un individu qui en est atteint k un ou plusieurs individus, par contact direct ou indirect, mediat ou inimediat, au inoyen de Fagent morbigene appele contage ou virus einanant d'un inalade, quelle que soit du reste son origine primitive, et se multipliant sur les individus apres qu'il est trans-mis. Done, qui dit contagion dit transmission de la maladie conta-gieuse d'un animal rnalade h un animal sain, transmission du germe de la maladie qui a ete elaborc par r.animaJ malade.
Le germe ainsi transmis ne reste pas ihactif; i| se multiplie chez I'animal sain et une fois multiplie suffisamment, il determine la formation de lesions appreciates et l'apparition des premiers symptömes.
Le mot contagion (cum-tangere), dans le langage vulgaire, signifie contact; les maladies contugieuses se transmettent par le contact du malade avec des sujets sains. Ce contact est mediat ouimmediat; ilest immediat (piand le malade louche directeraent I'animal sain et lui transmet ainsi lui ineme le germe de la maladie
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40nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DKS MALADIES CONTAGIEUSES
en le lechant ou en le flairant, etc.; il y a au contraii-e transmis­sion par cuntact inediat, quand le malade n'est pas en rapport direct avecl'unimal sain, quand, en un mot, lesproduits morbides excretes par le malade, connne le Jetage du cheval morveux par exemple, sont mis en contact avec ranimal sain, non pas par le malade lui-inenie, mais par des objets intermediaires, tels que les aliments, les boissons, I'eponge, la brosse, etc. Le resultat de la contagion est, ainsi que le dit la definition, la transmission tie la maladie. Le domaine de la contagion, comprend les maladies parasitaires et les maladies virulentes. La seinence ou I'agent de la contagion s'appelle contage ou virus; nous I'appellerons plus commodement contage, et nous I'etudierons corame s'il s'agissait d'un compose chimique, en passant en revue son etat naturel, ses divers caracteres, sa nature et ses proprietes. Mais avant d'aborder cette etude hnportante, il nous taut expliquer ce qu'on entend ordinairement par le mot infection, si frequemment usite dans la matiere qui nous occupe.
INFECTION
On appelle infection dans le langage medical, la provocation d'une maladie par un agent venu du milieu exterieur et suscep­tible de se multiplier, de se reproduire dans I'organisme. L'infec-tion implique done Fintroduction dans I'economie d'uu germe venant du monde exterieur, capable de se multiplier et de deter­miner une maladie specifique qui, ainsi qu'on le verra plus tard, est presque toujours contagieuse. La difference n'est done pas bien grande entre les mots contagion et infection; contagion sigui-fie transmission d'une maladie d'un individu malade a un ou plu-sieurs individus sains, avec ou sans intermediaire, autreraent dit transmission d'une maladie dont le germe provient d'un animal malade; infection signifie provocation d'une maladie par un agent, qui peut se developper dans I'organisme, mais qui peut aussi vivre et meine se multiplier dans les milieux exterieurs, et qui dans la circonstance, provient directement du monde exterieur. Ainsi quand un homme, qui vit aupres des marais, contracte la fievre intermittente, e'est parce qu'il y a eu infection, e'est parce qu'il a introduit les germes de la maladie, en respirant les emana­tions marecageuses qui les tiennent en suspension ; on pourrait en dire autant du cholöra, des maladies septiques, etc.
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Le resultat de Finfection, comme celui de la contagion, est le dcveloppernent d'une maladie; et que cette maladie ait ete provo-quee par contagion ou par infection, eile est le plus ordinairement contagieuse, transmissible; il serait done pen logique d'accepter la division des maladies contagieuses en maladies virulentes et en maladies infectieuses, d'autant plus que certaines d'entre elles pourraient etre ii la fois classees dans l'une et Fautre categoric. Quand la maladie resulte de la contagion, eile est occasionnee par I'introduction d'une semence, d'un contage, (i'un gerine; d'un virus; quand elle resulte de l'infection, eile est encore occasionnee par I'introduction d'un germe, d'un agent infectieux qui pent aussi se multiplier dans I'organisme. Nous avons tenu a delinir le mot infection, et nous le conserverons, bien qu'il n'offre pas un avantage reel, bien que l'infection, teile que nous 1'avons definic, ne differe pas essentiellement de la contagion dont ellen'est quun mode. L'infection pent, en effet, avoir lieu par un virus 6mVma;il d'un animal malade, et se conservant plus ou mo'ms lohgtemps dans le monde exterieur; ainsi quand des moutons sains sont places au voisinage d'un troupeau claveleux, ils peuvent contrac­tor la maladie sans avoir ete en contact avec les malades, simple-ment par l'intermediaire de l'air qui, h un moment donne, pent tenir les germes morbides en suspension. Pour nous l'infection sera, je le repete, un mode de la contagion, une sorte de contagion mediate, la transmission d'une maladie contagieuse par l'interme­diaire de l'air, des miasmes, des effluves.
Miasmas. — Les miasmes sont des emanations animales, qui se degagent du corps vivant des individus sains ou malades ou des matieres animales en putrefaction. Les animaux sains Öü malades degagent par la peau, par les voies respiratoires, par leurs excre­tions normales ou anormales et par leurs plaie.s, des produits gazeux formes de gaz aimnoniaeaux, de gaz sulfures, d'aeide carbo-nique et de vapeurd'eau.
Ces emanations sont plus ou moins abondantes suivant les cir-constances, suivant que les animaux fatiguent plus ou moins, qu'ils sont plus ou moins bien pörtants, plus ou moins bien nourris, suivant le degre d'hygiene et les soins de proprete dont on les entoure, suivant les Saisons, etc.; elles sont, toutes choses egales d'aüleurs, plus abondantes pendant Fete, quand les sujets sont malades, quand il y a entassement d'animaux dans un local etroit, quand il n'y a pas de ventilation, quand l'hygiene laisse ä desirer. Ce qui precede s'applique aussi ä l'liomme; car lui, comme
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42nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES GONTAGIEUSES
les aniinaux, degage des miasmes. Tout le monde sail en effet que l'air d'une chambre, oü ont couche plusieurs personnes, est tres desagreable h respirer quaml on y penetre avant d'avoir etabli une ventilation. Les emanations sont surtout abondantes dans les locaux oü sejournent de nombreux individus, comme dans les casernes.
Les miasmes sont reveles par une odeur sui generis, propre ii i'espece animale qui les produit (odeur d'ecurie, odeur d'etable, odeur de bergerie, odeur de porcherie). Cette odeur est du reste variable suivant Tage des individus et suivant les maladies dont ils sont atteints; eile est due h la presence d'une matiere animale soluble et putrescible. Les emanations miasmatiques, grace ä leur composition, constituent done des milieux favorables h la conser­vation et meine ä la multiplication des germes qu'ils peuvent rencontrer dans l'air. Les produitsgazeux, qui entrent dans la com­position des miasmes, sont nuisibles h la sante des individus qui les respirent, mais ils ne peuvent pas, par eux-memes, donner naissance h une maladie contngieuse ; j'ai hate d'ajouter que les miasmes qui se degagentdes aniraaux malades (thyphus, clavelee), peuvent tenir en suspension les germes de la maladie et la propa-gor. Ainsi, quähd on entre dans une chambre habitec et non yen' tiloe, on est sutlbque par I'odeur miasmatiquc, mais on ne con-tracte pas une maladie contagieuse. II en serait tout autrement, si cette chambre etait habitee par des varioleux; on serait sufloque par I'odeur miasmatique, et de plus on pourrait contracter une maladie virulente, car, outre les produits qui repandent unemau-vaise odeur, l'air pout tenir en suspension des germes de la petite vcrole. Ce sont done les gaz deleteres qu'un ä signales, qui cons­tituent, avec la vapour d'eau, le miasme ou vehiculo, et celui-ci n'engendre la maladie qu'autant (]u'il en tient les germes en sus­pension.
On appelle foyer producteur ou generateur du miasme, i'indi-vidu qui l'engendre ; et on appelle milieu miasmatique, i'etendue plus ou moins considerable oiis'est repanduel'emanation. Celle-ci pent se disseminer plus ou moins, suivant certaines causes ; quand I'habitation n'est pas ventilee, mais calfeutree, le miasme est concentre, et par consequent plus actif; quand on opere la ventilation, on chasse le miasme qui se repand au dehors dans une etendue plus ou mains considerable, suivant que i'air est plus ou moins agite. Pendant les saisonS cbaudes, pendant I'ete, les mias­mes se repandent plus facilement et plus loin en hauteur et en etendue, en vertu del'expansibilite des gaz qui les composent.
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En 4866 Lemaire etudia comparativement I'eau obtenue par la condensation de la väp'eüi* de plusieurs chambres oil avaient couche des militaires, et I'eau resultant de la condensation de la vapeur de l'air exterieur. Duns les recherches qu'il pratiqua sur ces diverses eaux, 6, 12, 24, 48 heures apres la condensation, il constata la presence d'un plus ou moins grand nombre degermes, suivant que 1'examen etait fait plus ou moins tardivement, et sui-vant que I'eau provenait d'une chambre habitee par un plus ou moins grand nombre de personnes ou de Fair exterieur. Cette ob­servation prouve 1'ussertion que nous emettions tout a I'heure en disant que, grace ä leur composition, les miasmes constituent un milieu favorable au developpement des germes.
L'atmosphere renferme, parmi les nombreuses particules ligu-rees qu'elle tient en suspension, des germes ayant differentes pro-prietes, des germes de malad ie tels que ceux des maladies septi-ques; et ces germes se developpent plus facilement dans un air devenu miasmatique, qui peut ainsi etre plus dangereux pour les individus qui le respirent.
On a trouve, en etudiant les miasmes des salles d'hopitaux (on les trouverait egalement dans des ecuries oil sejournent des animaux atteints de maladies pyogeniques ou de maladies viru­lentes), des leucocytes, des corpusculesdtepus en suspension dans Fair; il n'y a doncrien d'etonnant que les miasmes desvarioleux, des claveleux, des typhiques tiennent pareillement en suspension les germes morbides qu'ils peuvent avoir entraines en se dega-geant des malades, et il n'y a rien de surprenant non plus que les miasmes transmettent une maladie contagieuse a. des individus sains qui les respirent.
C'est en effet par les voies respiratoires qu'ils s'introduisent le plus souvent, et apres un sejour plus ou moins prolonge dans I'appareil respiratoire, les germes sont portes dans le torrent circulatoire, et provoquent ensuite l'apparition de la maladie irjfec-tieuse ou contagieuse. Mais ces germes peuvent encore penetrer dans 1'organisme par d'autres voies; par exemple, si un animal porteur d'une plaie laissee h decouvert, est place dans un milieu deletere rempli d'emanations miasmatiques tenant en suspension des germes de maladies, il peut, par cette plaie, absorber les germes del'air, qui se developpent plus ou moins ä la surface des bourgeons ou qui envahissent toute reconornie. Ces germes peuvent aussi se deposer sur les aliments, dans les boissons; et les ani­maux les absorbent alors par le tube digestif. Introduits dans
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44nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIELTSES
Torganisme, il detenninent, des maladies, il agissent sur le sang, sur le Systeme nerveux, sur lesorganes, ils pi-ovoquent des mala­dies generales infectieuses ou contagieuses.
Effluves. — Les effluves ou miasmes paludeens sont des emanations qui se pioduisent h la surface de toutes les eaux tran-quilles et pi'iiicipalenieiit des eaux stagnantes; ces emanatiuns sontsurtoutabondantes pendant les saisons eluiudes. Les diverses eaux stagnantes (marais, etangs, mares, bas-fonds, sols argileux) sout de veritables dissolutions de matieres minerales et de subs­tances orgauiques vegeto-aniinales; elies constituent done des milieux propres ä Ja fermentation, ii la multiplication de divers germes de maladie. Quand la chaleur exerce son influence d'une maniere tres active (ete, autonme), il y a un degageinent plus prononce de vapeur d'eau, une fermentation plus rapide, une multiplication plus active de germes, de ferments, et par conse­quent un degageinent plus abondant de gaz toxiques, tels que hydrogene carbone, hydrogene sulfure, hydrogene phosphore, acide carbonique, etc. Ces divers gaz associes, melanges avec la vapeur d'eau, entrainent avec eux des germes, des ferments, ct ceux-ci, une fois dans Fatmosphere, peuvent se repandre, se dis-seininei- sous rinfluence des courants d'air ou de la chaleur so-laire. Aussi les animaux places au voisinage du nnlieu effluvicn, ou dans (;e milieu lui-meme, peuvent contractor des maladies infectieuses, dont ils puisent les germes dans 1'air qu'ils i-espirent, dans les aliments ou dans les boissons que I'eftluve a souilies. Au milieu de la journee, quand la temperature est tres elevee, le milieu infectieux s'accroit autour du foyer eflluvien. Les gaz qui tiennent en suspension les germes occupent, en vertu de leur force expansive, une plus grande etendue, et des animaux assez eloignes du lieu oil se produit remanation, peuvent etre infectes. A la tombee de la nuit, un phenomene inverse se produit; la va­peur d'eau se condense, la rosee se forme, la vapeur d'eau qui tombe sur la terre entraine avec eile les germes que I'air tenait en suspension. 11 y aurait done des dangers ä faire päturer les animaux k la rosee dans les localites oü se produisent des effluves, d'oii le conseil de ne pas faire manger des herbes couvertes de rosee.
La pluie, les brouillards entrainent aussi vers le sol les elements que les effluves tiennent en suspension et agissent coinme puri-ficateurs de I'air. Les gaz eftltmens ne peuvent pas, par eux-memes, produire une maladie contagieuse; il en est des effluves
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CUNTAGKS, CONTAGIONSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;45
comme des miasmes, il laut pour cela qu'il y ait en suspension des germes morbigenes.
Un medecin americain, Salisbury, apres avoir constate dans les produits expectores, dans la sueur et dans l'urine des febri-citants de diverses regions, la presence d'une algue speciale, eut 1'idee d'attribuer h. cette algue la genese de la fievre paludeenne. II chercha son origine, il recueillit I'eau resultant de la condensa­tion de l'effluve sur des plaques de verre inaintenues horizonta-lement de la tombee de la nuit au lever du soleil ä un pied au-dessus d'eaux stagnantes ou de terrains marecageux, et il trouva sur ses plaques I'algue qu'il avait deja, observee chez les maladss. II trouva la meme algue en tres grande abondance dans les efflo­rescences qui se forment h la surface du sol au voisinage des ma-rais.
Pour se convaincre que e'etait bien la le germe de la fl^vre paludeenne, il transporta, dans des pays exempts de cette maladie, la terre limoneuse recueillie dans ces marais, et il reussit, dans deux experiences, ä faire apparaitrc la fievre chez quatre per-sonnes, en les exposant aux emanations de cette terre.
Un medecin Italien reconnut egalement, en 1877, la presence d'une algue febrigene dans l'effluve palustre; et cette theorie, qui attribue la fievre intermittente h un organisme miasmatique a ete confirmee encore par Tommasi et Klebs, qui ont poursuivi des etudes approfondies dans la campagne romaine, et qui ont donne ii cet organisme föbrigene le nom de bacillus malarice.
II est done absolument certain que lorsqu'il y a, sous I'influence de l'effluve, developpement d'une maladie infectieuse, teile que la septicemie, le charbon, il faut accuser non les gaz, mais les germes qu'ils tiennent en suspension; car il est d'ailleurs demon-tre que le charbon et les maladies septiques sont dues h des bac-teriens.
Comme le miasme, l'effluve pent etre absorbe par les voies respiratoires, et ce n'est pas lä la seule voie d'absorption; les germes peuvent aussi se döposer sur les fourrages ou dans les boissons, et les animaux contracter la maladie en les ingfirant. Les animaux peuvent, en effet, introduire les germes morbides au moyen des fourrages souilles par l'effluve, en paturant les her­bes marecageuses, en s'abreuvant aux eaux dormantes, en respi-rant l'effluve charge de germes.
Nous devons done reconnaitre que I'infection, qui est quelquefois possible par . I'inhalation de miasmes ou d'effluves, est toujours
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46 quot;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
due a I'introduction d'un parasite ou d'un germe. II en est de meine de la contagion; celle-ci se produit toujours par Tintro-ductioa dans rorganisme d'une seinence, d'un germe, qu'on ap-pelle tantot virus, tantöt contage, ces deux mots etant absolument synonymes.
VIRUS, CONTAGES
Le virus, le contage n'est autre chose que la seinence qui, s'e-tant regeneree, multipliee sur un individu malade, pent passer de cet individu malade, chez un ou plusieurs autres individus sains, se multiplier de nouveau et determiner chez eux la maladie observee chez le premier; le virus est I'agent essentiel, indispen­sable pour la contagion, pour la transmission d'une maladie. On a donne au contage le nom do virus (vires) h cause de sa grande puissance d'aclion. Le mot virus est employe dopuis tres long-temps pour designer I'agent de la contagion; on emploicsouvent, pour signiiier la memc chose, les expressions agfe?rt virulent, agent contagieux, agent contagifere; toutes ces designations sont syno­nymes.
Les virus jouissent de la propriete de repulluler, de se multi­plier et ils sont incommutables ; en passant d'un individu malade sur un individu sain, ils se multiplient, et comme consequence de cette multiplication, ils provoquent une maladie toujours identique, ils nechangent pas de propriete. On a pretendu que certaines ma­ladies pouvaient se transformer, que I'infection purulente pouvait se transformer en tuberculose ou en morve, que la gourme et la dourine pouvaient se transformer en morve, etc,; mais, en faisant l'etiule des differentes maladies contagieuses, nous verrons qu'il n'en est rien, et que le plus souvent on a pris de fausses apparen-ces pour la realite. Les virus sont done caracterises par la faculte qu'ils out de se multiplier et par leur speciflcite.
Historique. — En parcourant les ceuvres oü il est traite des maladies, on trouve des notions tres anciennes sur la contagion et par consequent sur les contages. Les poetes anciens, Homere et Menandre, parlent de la contagion de la rage. Mouse parle d'un certain fluxus seminis contagieux. Hippocrate et Aristote avaient aussi observe des cas de transmission de certaines maladies. Vir-gile parle de la contagion de la maladie charbenneuse ; du reste Virgile employa le premier 4e mot virus, qu'il n'appliqua pas precisement ä I'agent de la contagion, mais bien au venin du ser-
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pent, comrae le prouve le vers : laquo; Ille malum virus serpentibus addidit atris. raquo; Tite-Live parle d'une maladie contagieuse qui se-vissait dans le camp de Marcellus. Celse, le premier apres Virgile, employa le mot virus et il l'appliqua bien au contage de la rage; il parle en effet, du virus rabique. Pline parle aussi de uifferentes maladies contagieuses, et il cherche ä determiner notarament l'epoque ä laquelle le charbon s'est introduit h Rome. Columelle, qui s'occupa beaucoup des troupeaux et de leurs maladies, traite des affections contagieuses qui les attaquent et emploie le mot contagion. Gallen croit aussi ii la contagion et notamineut ä celle de la rage; il parle de la transmission de la rage par la salive de l'homme. Gelius-Aurelianus reeonnut de son cötecette contagion, et il etudia la rage avec beaucoup de soin; il y a dans son oeuvre une description tres satisfaisante de cette maladie oil il parle d'un symptome beaucoup Signale depuis, et qui consiste dans un prunt, dans une douleur observee au point d'inocuiation quand la mala­die fait'eclosion : laquo; Ea pars prepatitur quce morsu vexata fuerit raquo; (c'est la partie qui a ete mordue qui souiTre la premiere). Vegece, qui vivait au iv0 siecle de notre ere, etudia la morve et le farcin, e* reeonnut leur contagiosite. Rhazes parle aussi des maladies conta­gieuses; il constate que la variole de l'homme est contagieuse. Au xvie siecle, nous trouvons un uuteur qui s'occupa beaucoup des maladies contagieuses et des mesures de police sanitaire qu'elles necessitent, c'est Fracastor qui fit une large part a la contagion. Sauvages etudia aussi les maladies virulentes. On arrive ainsi pen h peu aux doctrinaires, ä l'Ecole physiologique, et la notion de la virulence est eclipsee momentanement.
Heureusement ce n'a pas ete pour longtemps; on est revenu de cette exageration pour admettre la contagion et les contages, et alors diverses theories ont ete 6mises pour expliquer la trans­mission.
On avait deja anciennement suppose que l'agent de la contagion etait un parasite.
Dubois d'Amiens reconnaissait que ceitaines maladies sont viru­lentes, et il attribuait la virulence ä un changement de proportion dans les elements des liquides.
. M. Robin a aussi emis une theorie pour expliquer la transmis­sion de certaines maladies; pour lui il n'y a pas non plus de virus proprement dit, le malade qui transmet sa maladie ne la transmet pas au moyen d'un germe, il s'est opere dans ses humeurs une modification isomerique teile, qu'elle a pour rösultat de les rendre
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virulentes, c'est-ii-dire aptes ä tmnsmettre la meine inodilication et par consequent la inaladie aux indiviclus sains, quand elles pe-netrent dans leur oi'ganisine.
Piorry expliquait la virulence par I'existence-d'un agent to-xique.
Nous reviendrons plus tard sur ces theories, qui toutes ontfait leur temps et qui n'ont maintenant qu'un interet historique.
Apres les auteurs nonnnes precedemment, les contemporains qui ont le plus jete de lumiere sur la question sont : MM. Chau-veau, Davaine, Pasteur, en France; Hallier, Zurn, Gohn, Koch, Klein, h I'etranger.
Dansle langage vulgaire, on einploie quelqüeMs les mots virus et venin pour designer le meine agent; il y a pourtaut entre le virus et le venin des differences fondamentales : le virus ou con-tage provient d'un animal malade et peut repulluler dans un nouvel organisme, tandis (jue le venin est un produit physiologi-que qui ne se multiplie pas dans rorganisme des individus aux-quels il est inocule.
Etat naturel des contages. — Quelles sont les especes animates chez lesquelles on rencontre des virus; quels contages trouve-t-on plusparticulierement chez teile ou teile espece'.'
On rencontre des maladies contagieuses, et par consequent des contages, chez toutes les especes animales dornestiques. Sans entrer dans une nouvelle enumei-ation des maladies contagieuses, nous ferons remarquer que quelques-unes d'entre elles sont pro­pres ä certains animaux, et que quelques virus ne se multiplient que chez certaines especes, tandis que d'autres sont pour ainsi dire cosmopolites et vegetenl sur plusieurs especes animales ou memo sur toutes les especes. II y a done des virus propres k une espece ou h quelques especes et des virus communs a toutes ou ä plusieurs. Parrni ces dernlers, citons le virus rablque et le virus charbonneux, qui se multiplient chez tons les aniinaux dornes­tiques.
Oü est le siege des virus ? Dans quels solides, dans quels liqui­des les rencontre-t-on S Les trouve-t-on toujours indifferemment dans toutes les parties et dans tous les produits de rorganisme malade'? Non certes; s'il est des maladies dans lesquelles on trouve le contage partout (typhus), il en est d'autres oil 11 ne se trouve que dans certaines parties, que dans certains liquides, que dans certains produits. On peut done, suivant les maladies, ren-contrer le. virus dans les solides, dans les liquides, dans les mus-
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cles, dans les organes parenchymateux, dans les os, dans les glandes, dans les ganglions, dans le sang, dans la lymphe, dans les produits pathologiques. Dans certaines maladies, il ne parait exis-ter que dans les lesions (maladies eruptives); tandis que dans d'autres (morve, typhus), il existe dans les lesions et dans les par­ties saines en apparence. Tantöt Tagent virulent se trouve plus specialement dans un produit de secretion morbide, tantöt il existe dans certains produits de secretion physiologique; mais souvent, teile et teile secretion physiologique est exempte de virus (lait dans rage, fievre aphtheuse, etc.)-
Au point de vue de l'ahondance de I'agent virulent produit durant la maladie, il y a aussi des differences ä etablir; le virus est plus ou moins abondant, suivant que la maladie est plus ou moins generalisee, suivant qu'elle se caracterise par un plus ou moins grand nombre de lesions. Dans le typhus, il y aune grande quan-tite de virus, et cela n'est pas etonnant, attendu qu'il existe et se multiplie dans tout I'organisme. Dans les maladies eruptives, le virus est moins abondant, mais ici on trouve encore des differen­ces : la maladie est plus ou moins grave, I'eruption est plus ou moins abondante, plus ou moins generalisee. II y a done des diffe­rences dans l'ahondance du virus, et cela meine pour une seule maladie suivant l'etendue et la multiplicite des lesions; ainsi Tanimal claveleux fournit plus de virus que le mouton atteint de pietin; ainsi deux claveleux peuvent donner des quantites bien differentes de claveau.
Que devient le virus ainsi produit en plus ou moins grande abondance? 11 est excrete au dehors, il est elimine, ou bien il se detruit sur place. Ce dernier cas se presente quelquefois pour la morve et pour la phthisic. On ne pent pas dire que dans la morve le virus se detruit souvent sur place, car la maladie est ä pen pres toujours mortelle; cependant il y a des faits d'observation qui laissent croire ;i une guerison spontanee. Dans certaines autopsies de chevaux, on a observe quelquefois sur le poumon des tubercu-les qui n'ont plus leur caractere primitif, qui se sonl incrustes de matieres calcaires et ne presentent plus aucun danger. On a I'ha-bitude de croire, quand on voit de ces tubercules, qu'ä une epo-que anterieure, I'animal etait peut-etre atteint de la morve, que cette maladie s'est peut-etre terminee par la guerison spontanöe, par rinfiltration calcaire et la mort des premieres neoplasies avant qu'il s'en fut produit d'autres, la maladie evoluantquelquefoistres lentement. Ges cas sont pourtant rares et se presentent peut-etre une fois sur mille.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 4
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De meine pour la tuberculose, on observe quelquefois dans l'espece humaine, des cas de guerison; le virus n'est pas excrete au dehors, mais il perd ses proprietes de la meine maniere que dans I'exeinple precedent. II est certain qu'une personne atteinte d'unephthisie pulmonaire peu etendue et ämarchetreslentepeut guerir, et cette guerison est le resultat de la mortification des le­sions dejä developpees dans le poumon. Alors ces lesions inortes agissent comme des corps irritants, elles s'entourent de tissu con-jonctif primitivement embryonnaire et qui forme un kyste con-jonctif peripherique et isolant. Et d'ailleurs, en dehors des cas de guerison, n'observe-t-on pas assez souvent dans la morve et dans la phthisie des cas oil certaines lesions sont mortes et ont cesse d'etre virulentes, alors que d'autres le sont. On a done raison do dire que dans certains cas le virus se detruit sax place; mais le plus souvent il est excrete au dehors.
Que voit-on en efl'et chez le cheval morveux'? Le malade jette, et son jetage contient le virus secrete par les chancres de la pitui-taire, par la pituitaire elle-meme, par les muqueuses tracheale, bronchique, etc. De meine dans la gourme, le jetage contient le virus qui est secrete en abondance par les parties malades et en-traine ainsi au dehors par les produits de la secretion morbide qu'il a provoquee. Le contage est done porte au dehors, soit quel­quefois au moyen de secretions normales, mais le plus souvent par les secretions morbides, par les produits d'inflammation se-cr6tes a la surface des plaies ou des muqueuses malades. II en .est de meine pour les maladies eruptives, le virus est produit h la surface de la peau ou des muqueuses, et les lesions dans lesquel-les il s'est forme degenerent, se dessechent, se detruisent; mais la destruction du contage n'a pas toujours lieu, car les croütes desse-chees du mouton claveleux peuvent encore conserver des gennes viruients pendant un temps plus ou moins long.
Nous arrivons naturellement a cette autre question ; les virus ainsi excretes, elimines de l'organisme, que deviennent-ils ? Ils peu­vent se detruire ii la longue ; ils se detruisent en effet apres avoir resiste plus ou moins longtemps. II y a de grandes differences sous le rapport de leur resistance; cependant on pent dire d'une ma­niere generale que les virus transportes au dehors de l'economie peuvent conserver leurs proprietes un certain temps, variable sui-vant certaines conditions que nous determinerons plus tard en traitant de la conservation des virus.
Mais les contages expulses peuvent-ils se multiplier dans le
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monde exterieur'.' On croit que non jusqifa preuve du contraire; le virus rabique, le virus morveux, etc., ne peuvent pas se multi­plier, hors de recoiionne; le virus claveleux et le vaccin se conservent dans des tubes pendant des semaines et des mois; mais ils ne deviennent Jamals plus riches qu'ä leur sortie de l'orga-nisme. En regle generale les vii-us nesemultiplientdonc pas dans le monde exterieur. II est pourtant ä cette regle des exceptions : en effet, les maladies septiques et les maladies charbonneuses sent dues h des parasites, ä des bacteriens, ä des germes, et ces germes peuvent se multiplier hors de reconomie; on peut les cul-tiver dans des liquides artificiels.
Quand on voit le jetage d'un cheval morveux ou la lymphe d'un bouton de horsepox ou de clavelee, on dit : voilä le virus, rnais on donne ainsi un sens trop comprehensif au mot virus, qui ne doit pas etre applique au jetage morveux ni ä la lymphe vaccinalc, ni au sang charbonneux, etc. En effet, cette lymphe, ce jetage, ce sang sont des produits virulents qui renferment non seule-inent le virus, mais encore d'autres elements tres distinets du virus.
Si on examine du sang charbonneux au microscope, on y dis­tingue une partie liquide et une partie flguree; celle-ci est com-posee de globules rouges, de leucocytes etc., de plus, eile renferme des baguettes ou batonnets (bacteridies) caracteristiques, qui ne sont autre chose que les germes de la maladie. Ce sont ces ba­tonnets qui forment le virus, et le sang n'est que le produit viru­lent, autrement dit le vehicule.
II ne taut done pas contbndre les expressions ; produits viru­lents et virus; en general, quand on a un produit venant de l'or-ganisme, ce n'est pas un virus, mais un melange virulent compose du virus proprement dit ou semence et de la partie qui sert de vehicule; d'oü la distinction dans tout produit virulent d'un vehi­cule et d'un agent virulent proprement dit.
Dans le langage ordinaire, on se sert souvent des expressions virus fixe, virus volcctil; il semble qu'il y ait, d'apres cette maniere de parier, des virus capables de se volatiser comme I'eau, par exemple; il n'en est rien, et il taut admettre un autre sens. Par virus fixe, on entend celui qui se trouve associe h un vehicule so­lide ou h un vehicule liquide; le jetage morveux, le sang typhi-que, etc., sont des produits virulents fixes. On se sert de l'expres-sion virus volatil dans la circonstance toute particuliere oü les germes, les particules, les spores du virus sont en suspension
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dans un milieu gazeux. Ainsi on dit qu'un effluve ou un miasme ou I'air lui-meme, qui tient en suspension les semences virulentes de la variole ou du cholera, est un produit virulent volatil ou un virus volatil, et ce n'est pas pour indiquer que le virus est h I'etat gazeux, mais bien pour exprimer que ses particules sont assez tenues pour rester en suspension dans ce milieu.
Connait-on I'agent virulent de toutes les maladies? Non; on connait celui des maladies charbonneuses, celui des maladies sep-tiques, celui du cholera des poules, celui du rouget, celui de l'infection purulente, celui de la diphtherie; cet.agent est un pa­rasite.
On connait aussi, jusqu'ä un certain point, I'agent virulent de la morve, celui de la phthisie, celui de la clavelee, celui de la va­riole et celui de la vaccine; ces agents ont eteetudies plus specia-lement par M. Chauveau qui, jusqu'ici, croit que leur essence est de consister en des granulations moieculaires anatomiques. En dehors de ces diverses maladies, I'agent virulent des autres affec­tions contagieuses reste ä determiner, et meine, en ce qui con-cerne les maladies etudiees par M. Chauveau, le dernier mot n'est pas dit.
Connait-on au moins les vehicules, c'est-a-dire les produits vi-rulents de chaque m.iladie? Non; ainsi on ignore encore pour beaucoup de maladies si teile partie, si tel solide, si tel liquide, si teile secretion renferme le virus. On ne salt pas, par example, tres exactement si le lait des phthisiques est virulent; on a de la tendance ä admettre la negative, mais la verite n'est pas encore suffisamment demontree.
II reste done beaucoup ii faire ä ce sujet. Les v6hicules sont tantöt les solides de l'organisme, tantöt les liquides, tantöt les gaz eux-memes. Dans le typhus des grands ruminants, le virus'existe partout, dans les solides, dans les liquides et dans les gaz qui s'echappent du corps.
Dans d'autres maladies, et notamment dans les maladies erup­tives, le virus ne se trouve que dans les liquides (liquides secretes par les pustules dans les maladies eruptives). Dans la morve, le virus est ä peu pres partout, dans les solides, dans les liquides et möme quelquefois peüt-etre dans I'air expire; cependant il est rare de trouver du virus morveux dans l'atmosphere des malades. On a pu faire inhaler h des chevaux sains I'air rejete par des che-vaux tres morveux sans les rendre malades, ce qm semblerait de-
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inontrer que la morve est rarement transmise par I'air; mais I'experience n'a pas ete assez repetee pour donner une conclusion inebranlable.
On appelle foyer virulipare ou virnligene tout individu malade qui secrete, produit et multiplie le virus; et pour certaines mala­dies, dont le virus pent se multiplier au dehors, il faut aussi con-siderer le milieu exterieur comme foyer virulipare. Ces foyers sont done de tleux ordres : ce sont des foyers organises, c'est-ii-dire les malades, et le monde exterieur, c'est-ii-dire des milieux organiques favorables ii la multiplication des germes. Les miasmes et les effluves se chargent assez souvent de produits virulents; tel peut-etre, par exemple, le miasme d'une ecurie oil habitent des chevaux morveux; cet air miasmatique pent etre charge des germes de la morve et etre par consequent virulent; I'air d'une etable oil sont loges des animaux atteints de typhus ou de perip-neumonie se charge siirement de germes et pent transrnettre la maladie aux animaux sains qu'on mettrait dans le local infecte.
Caracteres physiques. - Les caracteres physiques de la matiere virulente ne nous appreimeut den ou presque rien sur la nature de l'agent virulent lui-meme. Ainsi le jetage nasal dans la morve, le produit des pustules dans la clavelee ou des vesiculos dans la lievre aphtheuse sont des matieres virulentes. Ces matieres sont des liquides plus ou inoins colores, plus ou moins blanchätres, plus ou moins jaunatres; mais les caracteres portant sur la cou-leur et sur I'etat physique des matieres virulentes ne nous appren-nent pas grand chose. Tout ce que nous pouvons dire ä ce sujet, e'est que la matiere virulente pent se presenter h I'etat solide (ex. : croütes claveleuses), h I'etat liquide (lymphe vaccinale), ü I'etat gazeux (rniasines virulents). Par le simple examen a I'ceil nu, il est d'ailleurs absolument impossible d'apprendre quelque chose de precis sur la natui'e de l'agent essentiel de la virulence. Nous ne voyons, en effet, qu'une masse de matiere solide ou li­quide, ou gazeuse, sans pouvoir penetrer sa composition, sans pouvoir discerner.panni les elements qui la composent ceux qui sont virulents de ceux qui ne le sont pas.
Caracteres chimiques. — On pent en dire autant k pro-pos des proprietes chimiques. Les matieres virulentes solides, liquides ou gazeuses presentent les caracteres ordinaires des solides, des liquides ou des gaz qui s'echappent de ruiganisme.
Caracteres anatomiques. — Ces propi-ietes, plus im-portantes que les precedentes, ne peuvent etre etudiees ii l'oeil
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ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
nu ; Texamen microscopique est indispensable. Sans le micros­cope on n'apprend pas sufflsamment h connaitre la constitution intime de la matiere virulente. Dans toutes les humeurs virulen­tes, dans tons les miasmes virulents, le microscope fait distin-guer nettement une partie non figuree, liquide ou gazeuse et une partie figuree. Celle-ci est composee rt'un certain nombre d'ele-ments divers, tels que cellules, granulations diverses, globules, globulins, spores, sporules, etc., mais l'etude micrographique ä eile seule ne pent sufflre h demeler, dans un milieu aussicomplexe qu'une matiere virulente, Felement ou les elements veritable-ment actifs, veritablement viruliferes. II faut employer en outre d'autres precedes pour arriver ä cette determination, pour isoler l'agent virulifere de tout ce qui ne Test pas ; ce n'est qu'ii ce prix qu'il est possible d'attribuer h qui dedroit la propriete morbigene qui, de prime abord, parait inherente h toute la masse.
Isoler les differents elements qui entrent dans la composition d'une matiere virulente, determiner par I'examen microscopique leurs caracteres anatorniques, controler pour chacun d'eux, au moyen des cultures et de l'inoculation, l'existence ou I'absence de la propriete virulente, teile est la marche ä suivre, teile est la marche qui a ete suivie par les auteurs contemporains, et qui ä fournl des resultats d'autant plus precieux qu'ils sent plus positifs et mieux demontres.
Autrefois, on ne connaissait ii pen pres rien de precis sur ce point, on n'avait pas pu oil pas su determiner l'agent essentiel dans les produits virulents. Aussi en etait-on reduit h emettre des hypotheses. Dans ces dernieres annees, on a pu isoler et deter­miner, d'une facon qui nelaisse rien iidesirer, les germes virulents d'un certain nombre de maladies, telles que le charbon, les mala­dies infectieuses, le horsepox, la variole, la clavelee, la morve, la phthisic, le cholera des oiseaux, la fievre thyphoide du pore.
Les humeurs virulentes sont toutes formees d'une partie inac­tive qu'on designe sous le nom de vehicule, et d'une partie active qui est en suspension dans le vehicule, et qu'on appelle agent virulent, agent virulifere. Get agent est tantot un parasite, un microbe, un microcoque, un bacterien, un microphyte, une plan-tule(charbon, septicemie, infection purulente, cholera des|oiseaux, fievre typhoide du pore), et tantöt pent etre une granulation ana-tomique (vaccine, variole, clavelee, morve, phthisic).
Caracteres physiologiques. — Les proprietes physio-logiques des virus, des agents virulents, sont tres importantes;
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elles sent du reste bien tranchees et beaucoup plus faciles a etu-dier. D'une maniere generale on peut dire queles agents virulentlaquo; jouissent de la propriete de se regenerer, de se multiplier, qu'ils sont animes, qu'ils jouissent de la vie. Pourtant M. Ghauveau ne pense pas que les granulations anatomiques soient des etres ani­mes, et il explique leur multiplication d'une autre maniere.
L'agent virulent se multiplie done dans Forganisme et y deter­mine une maladie toujours semblable ä elle-meme; il ne change pas de proprietes, il provoque toujours la meme maladie, il est speciflque; chaque maladie contagieuse a un agent virulent pro­pre, qui agit toujours dans le meme sens. Lajouissance de la vie, la facultede multiplication et l'invariabilite de la propriete patho-genique qui caracterisent les agents virulents sont des attributs propres aux etres vivants, plantes et aniinaux. On coraprend sans peine que des agents qui vivent, qui se multiplient, qui se nour-rissent dans un organisme, puissent y determiner 1'apparition d'une maladie. Ainsi que nous Favons dit dans la definition des maladies contagieuses, les agents virulents respirent, se nourris-sent et se multiplient aux depens de I'liote qui les heberge, et ils determinent chez iui une maladie en s'uppropriant son air, en desagregeant ses tissus ou en rernpoisoimant pai- les combinai-suns et les decompositions qui accompagnent leur developpe-ment.
Jadis quand on n'avait encore acquis aucune connaissance cer-taine sur la composition des inatieres virulentes, quand on n'avait pas applique serieusement la micrographie ii leur etude, on avait pouijtant dejä cherche ä se rendre cornpte du mode d'action qui leur est propre; et partant de ce fait que les maladies virulentes se transmettent des aniinaux malades aux animaux sains, coinme teile et teile maladie parasitaire dont le parasite avait ete vu et etudie, on en avait induit que ragent contagieux devait etre un parasite, que la contagion devait se faire par rintermediaire d'un parasite.
G'est principalement dans notre siecle, et surtout pendant ces vingt dernieres annees, que les recherches les plus fructueuses out etc faites dans le but dc deterininer exactement les caracteres anatomiques et physiologiques descontagesi De nombreux auteurs se sont occupes de cette question, et purmi ceux qui ont fait les etudes les plus serieuses, il faut citer en premiere ligne MM. Da-vaine, Ghauveau, Pasteur, Bechamp, Estor et Toussaint en
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France; Hallier, Zurn, Cohn, Koch, Klein a, I'etranger; il con-vient d'ajouter ä cette liste les noms de MM. Coze et Feltz et celui de Klebs. Presque tous ces auteurs ont emis des theories sur la nature et le mode d'agir des virus; et en outre, d'autres theories, plus ou moins hypothetiques out ete bäties sur des idees precoucues; les premieres sont seules serieuses, parce queues sont baseessur desdonnees experimentales precises, quoiquequel-quefoisincompletes. II ne laudrait pas croire cependant que les faits sont aujourd'hui assez nombreux, assez varies, pour permettre de generalise!- les donnees qu'ils fournissent; les experimentateurs, dont nous avons donne les noms, n'ont pas etudie toutes les ma­ladies virulentes; leur etude n'a porte que sur quelques-unes des maladies contagieuses et neanmoins, dans les theories, on est assez porte a appliquer h tous les virus ce qu'on a observe pour teile ou teile maladie contagieuse. Cette methode est bonne en elle-meme; les precedes de deduction et d'induction sont legiti­mes, permis et meme obligatoires dans l'etiule des sciences. Pourtant dans des etudes aussi compliquees que celle des mala­dies contagieuses, que celles qui portent sur des animaux malades, 11 faut agir avec circonspection, et ne pas s'autoriser d'un fait particulier pour generalise!quot; avant d'uvoir pu verifier que ce fait est le meme dans tous les cas. Tout ä l'heure nous passerons en revue les theories de la virulence, mais pour le moment nous tenons äredire qu'il reste beaucoupäfaii'epourarriver ii la determination complete de l'agent virulent des diverses maladies contagieuses, et que pour arriver ä des resultats, il u'y a qu'ii employer les methodes qu'on a suivies jusqu'ici, c'est-h-dire I'exanien micro's1 copique et Fexperimentation.
NATURE DES VIRUS
Nous avons pour ainsi dire glisse sur les caracteres des conta-ges; nous aurions pu nous etendre bien d'avantage sur les carac­teres physiologiques; nous aurions pu faire connaitre d'autres donnees tres importantes, mais elles trouveront mieux leur place plus tard, quand nous nous serous explique sur la grande ques­tion de la nature des virus. Avant de nous prononcer sur ce point, il faut rappeler les principales theories emises ä ce propos; il faut determiner ce qu'il y a d* bon dans chacune d'elles, et apres nous agirons en veritables eclectiques, nous prendrons le vrai
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GONTAGKS, CONTAGIONSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 57
partout oü nous le trouverons et nous dirons notre dernier mot en pleine connaissance de cause.
La nature de tous les virus n'est pas encore completement detenninee ; elie est connue pour certains d'entre eux seuleinent. En eflet, dans quelques maladies on connait non seulement les matieres virulentes mais encore le germe, I'agent \iruleiit, la semence proprement dite. Ces maladies ne sont pas les plus nom-breuses; les plus nombreuses sont au contraire ceiles dans lesquelles on n'a pas encore tait cette determinatiun d'une ma-niere rigoureuse. Neanmoins les etudes qui out deja ete faites, les resultats dejii acquis d'une tacon certaine, eniin l'etude des pro-prietes physiologiques et pathogeniques des virus, combinee avec les resultats acquis sur la nature de certains d'entre eux, peuvent nous permettre de soupgonner tres legitimement la nature de ceux qui restent ii etudier.
Des theories nombreuses, avons-nous dit, out ete emises sur la nature des virus, sur la virulence, sur la cause intime, sur ie mecanisme de la virulence, c'est-;i-diresur le mode d'apres lequei les virus agissent. II taut ä cause de leur nombre, et si on veut faire leur etude avec fruit, diviser ces theories en deux grandes categories. Dans la premiere se rangent les theories dans lesquel­les on considere la virulence comme une propriete de la matiere organique; dans la seconde il faut placer les theories dans les­quelles on regarde les virus comme des individualites propres, comme des agents particuliers, specitlques. Dans cette derniere categorie on pent etablir deux sous-categories : une premiere comprenant les theories dans lesquelles les virus sont regardes comme des agents liquides, des ferments liquides ou dissous; et une seconde comprenant les theories les plus importantes ä coup sür, celles dans lesquelles on considere les virus comme formes de corpuscules figures. Dans les theories du premier groupe on n'admet pas qu'il existe des virus isolables; dans celles desautres groupes on admet l'existence de virus isolables, en dissolution ou en suspension dans les liquides organiques.
THEORIE DE LA MATURE DEVENUE VIRULENTE
A propos de cette theorie, il nous faut citer deux noms bien connus en medeciue humaine, celui de Dubois d'Amiens et celui de M. Robin. Le premier considerait la virulence comme resul-
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tant d'un simple changement cle proportion survenu dans les elements des humeurs. D'apres cette definition, on comprend que I'auteur n'admettait pas ['existence d'un agent virulent propre, isolable, puisqu'il faisait consister la virulence dans un simple changement de proportion, de quantite, de nombre, survenu clans les elements des liquides organiques. Cette theorie est fausse, cela est clair, car aucun fait d'experiinentation ne vient I'etayer. En effet, on sait que certaines maladies contagieuses ne produi-sent que des troubles inappreciables dans I'organisme; ainsi on n'a jamais constate de changements de proportion dans les ele­ments des humeurs, quand il s'agit de la vaccine, du horsepox; et d'ailleurs on constate des changements de proportion dans bien des maladies qui ne sont nullement virulentes. La theorie de Dubois d'Amiens n'a done qu'un interet historique.
M. Robin, pour edifier sa theorie de la virulence, s'est appuye sur la connaissance d'un fait chimique qui a rapport aux corps isomeriques. Par modification isomerique, on entend une modifi­cation qui, survenant dans un corps, change ses proprietes sans alterer sa composition. M. llobin a applique cette notion ä la pathologie des maladies contagieuses et y a cherche I'explication de Faction des virus. Sa theorie est tres simple ; il reconnalt qu'il y a des maladies virulentes contagieuses qui se transmeltent par I'intermediaire d'une matiere virulente, et pour lui la virulence est due äune alteration, ;i une modification isomerique (par con­sequent non appreciable) des tissus et des humeurs, modification teile, que ces substances ontacquis la propriete de transmettre ä toute autre substance organisee et saine un etat analogue auleur. Cette theorie rend tres bien compte de la transmission des mala­dies contagieuses, puisque d'apres I'auteur, ces affections sont le resultat du passage d'un sujet malade ii un sujet sain de cette matiere raodifiee isomeriquement, et celle-ci jouit de la propriete de communiquer ä toute autre matiere organisee la meme modi­fication isomerique. Comme on le voit, pour M. Robin il n'y a pas de virus, puisque la virulence est le resultat d'une modification pathologique isomerique des humeurs ; quand une maladie viru­lente se developpe, il y a modification de la propriete des liquides ou des solides, mais leur structure ne change pas. Done, la modi­fication qui constitue la virulence n'est pas appreciable au point de vue physico-chimique ni au point •de vue anatomique. La subs­tance modiflee, et devenue virulente, peut etre entrainee avec I'air expire ou avec les produits de la perspiration cutanee ou
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avec les excretions qui s'echappent, de l'organlsme malade. Or I'air expire ou les emanations qui s'echappent de la peau, renfer-ment toujours une grande proportion de vapeur cl'eau qui entralne la matiere virulente; et si cet air, qui entoure les malades, est inhale par des animaux sains, il pent leur communiquer la mala-die. Tout s'explique done par cette theorie.
M. Robin admet, bien entendu, que la modification n'est pas la meme pour toutes les maladies contagieuses; clans chacune d'elles il y a une modification isomerique particuliere; mais la modifica­tion, quelle qu'elle soit, ne pent etre constatee autrement que par I'inoculation, car eile porte exclusivement sur les proprietes. La matiere devenue virulente n'ajoute rieh ;i I'organisme dans lequel on I'introduit (nous avons admis le contraire dans la definition que nous avons donnee des maladies contagieuses); eile agit en vertu de sa presence, par sa presence, comme certains corps, eile ne se multiplie pas (n'ajoute rien de nouveau ii rorganismc), et cepenclant eile fait apparaitre au bout de quelque temps la ma-laclie contagieuse chez ranimal contamine; eile agit alors en pro-voquantdeproche en proche, dans les tissus et les huineurs, cette modification analogue ii celle qu'eile a eprouvee elle-meme. De cette facon on explique aisement tout, les modes de contagion, le mecanisme de la contagion et la periode d'incubation.
En resume, pour M. Robin, il n'y a pas de virus proprement dit, il existe tout sirnplement de la matiere devenue virulente, des substances organiques alterees, des etats virulents variables sui-varit les maladies, etats qui resultent d'une simple modification isomerique, qui sent transmissibles de l'tndividu malade ii I'in-dividu sain par l'intermediaire de sa matiere devenue virulente.
La theorie que nous venous d'exposer, quoique tres specieuse, est absolument erronee, car aucun fait d'observation ne prouve en sa faveur, non plus qu'en faveur de celle de Dubois d'Amiens. Les faits experimentaux observes prouvent au contraire tons centre eile. Dans toutes les huineurs virulentes bien etudiees, on a pu isoler du vehicule et des divers elements figures qu'il con-tient certaines particules (spores, bacteriens, granulations), qui reproduisent seules la maladie quand on les inocule; ce sent ces elements qui possedent seuls la virulence, car les autres elements du vehicule sent inoffensifs. Nous arrivons done h l'etude des virus consideres comme des agents propres.
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THEORIE DES VIRUS SOLUBLES
Ges theories ne sent pas noinbreuses; nous devons, k leur pro-pos, citer les noins de Piorry, de MM. H. Bouley et P. Bert.
II est bon de rappeler que certains auteurs, avant les inipor-tantes deeouvertes de M. Pasteur, et meme encore actuellement, tidmettent que les fermentations se produisent, dans certains cas, sous l'influeiice de veritables ferments solubles; d'un autre cote, si on examine ce qui se passe dans I'organisme, si on considere les modifications que provoquent les diastases, on comprendra sans peine que certains medecins, marchant encore sur les traces des chimistes, aient songe a expliquer la virulence en admettant I'existence d'un ferment soluble dissous dans les matieres viru­lentes.
Piorry soutenait (pie les maladies contagieuses se transmettent au inoyen d'un priucipe toxique en dissolution dans les humeurs.
Rappeloas ce que nous avons dit ä propos de la spontaneity des maladies virulentes; M. H. Bouley croit encore au develop-pement spontane de la morve; mais il croit aussi que cette ma-ladie, developpee sous rinfluence d'un travail epuisant et d'un defaut de nourriture, pent ensuite se transmettre; done il admet la formation d'emblee d'un virus, d'un contage, puisqu'il admet la naissance spontanee d'une maladie qui est ensuite transmissible, et nous savons que pour expliquer sa these, il part de certaines idees physiologiques tres justes. Quand un muscle se fatigue, il bride ses materiaux en plus grande quantite; il desassimile plus abondamment, et les materiaux de desassimilation qui sont verses dans le sang sont des produits irritants, toxiques. Sous rinfluonce d'un travail exagere, I'animal pent quelquetois ne pas excreter totalement les produits de desassimilation qui sont dans I'orga­nisme, et ces produits empoisonnent le Systeme nerveux; il pent en resulter une maladie generate, une maladie par alteration du sang, par asphyxie progressive, mais personne n'avait eu I'idee de croire que ces modifications chimiques fussent capables de produire ou de devenir le germe d'une maladie contagieuse. M. H. Bouley se demande si ces produits de desassimdation n'agi-raient pas comme des ferments, eUl a de la tendance h I'admettre. It pense qu'ils agissent en veritables ferments; il ne le dit pas tres positivement, mais il est facile de le deduire de l'expose de
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ses idees; il est done h cet endroit partisan de la theorie des virus solubles, des eontages dissous.
Avec M. P. Bert, on arrive un moment h une etape plusavancee dans cette question des virus solubles. Ge physiologiste. apres avoir fait des etudes tres interessantes sur l'influence de 1'oxygenc h haute tension, avail reconnu que ce gaz comprime, amene h la pression de plusieurs atmospheres, jouit de la propriete de tuer tous les eti-es vivants, tons les elements anatomiques, que ces elements Solent disposes, arranges en tissus ou qu'ils soient en suspension dans un liquide, et d'arreter les fermentations deter-mineesparun etre vivant. Ainsi il tue les leucocytes, les globules rouges du sang, les cellules embryonnaires, qui constituent un tissu dans I'organisme, etc.
Mais cet agent amene ;i une haute tension, qui a une intluence fatale sur les elements organises, ne produit pas le meine effct sur les diastases, sur les ferments solubles, ni sur les venins (celui du scorpion, par exemple).
M. P. Bert, partant de cette decouverte, avail cru voir dans I'oxygene employe ä haute tension, un moyen tres sür d'investiga-tion physiologique. II appliqua ce moyen ä retude des virus, et il soumit ä l'influence de I'oxygene comprime le virus vaccinal, le virus morveux et le virus charbonneux qui, tous trois, conser-verent leur activite et ne perdirent aucune de leurs proprietes.
L'auteur en conclut que les virus de ces maladies etaient des virus solubles, des virus dissous, des diastases, car disait-il, I'oxygene h haute tension jouit de la propriete de tuer tous les etres organises, et puisqu'il n'a tue aueun des trois eontages soumis ä I'experience, e'est que ceux-ci doivent leur action ä un agent diastasique, sur lequel I'oxygene comprime est sans action, comme il est sans action suf le venin du scorpion et sur les dias­tases en general.
La communication de ces experiences fut faite en 1877 ä la Societe de biologic et ii 1'Academic des sciences. Cette conclusion souleva des objections; on pouvait se demander si les matieres virulentes qui avaient ete soumises ä l'action de I'oxygene com­prime, et qui avaient conserve leur virulence, ne renfermaient pas des germes de nature vögetale, et si elles ne devaient pas leur pou-voir de resistance et consequernment leur virulence ä la presence de ces germes. Cette objection fut faite de suite, avec d'autant plus de raison et d'ä-propos, qu'au meme moment on s'occupait beau-
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coup, notamment en Allemagne, de la maladie charbouneuse; on venait de reconnaitre que les gernies du uharbon, dans quelques cas, quand ils sent sous forme de spores, jouissent d'une vitalite tres prononcee, qui leui- pennet quelquefois de resister ä une temperature de 130deg; ou 140. Et d'aiileurs M. Chauveau n'avait-il pas demontre que la virulence de la morve et de la vaccine no ticnt pas a la partie liquide de la matiere inoculable.
La demonstration ne se lit pas attendre pour le virus charbon-neux; M. Pasteur, qui avait commence ses etudes sur les cultures cbarbonneuses, avait ä son tour remarque qu'ä un certain moment la bacteridie charbonneuse se transforme en spores, et il avait constate que ces spores jouissent d'un grand pouvoir de resis­tance. Alors il repeta l'experience de M. P. Bert, il soumit h l'influence de l'oxygene compi'ime du virus charbonneux, qui ne renl'ermait que des spores, que des granulations brillantes; et ce virus, qui doit son action aux spores, resista, ne perdit pas sa virulence, done l'oxygene comprime ne tue pas les spores des bacteriens: M. P. Bert a ete oblige de rayer de sa liste la maladie charbonneuse, il s'est rendu ä la demonstration de M. Pasteur. II n'en reste pas moins etabli qua le virus vaccinal et le virus mor-veux resistent h roxygene comprime, et cela fait concevoir des doutes sur la validite de la conclusion de M. Ghauveau, qui croit que, dans les deux cas dont il s'agit, I'agent virulent consiste en granulations anatomiques. On se demande en elfet si ces granula­tions resisteraient ä l'oxygene comprime, et dans le cas oü elles resisteraient, on se demande alors si ce sont bien des granula­tions anatomiques, s'il ne s'agit pas lä, comme dans le cas du charbon, de spores de bacterien. Des auteurs allemands out cru voir d'aiileurs dans la lymphe morveuse des spores auxquelles ils out attribue la virulence.
THEORIE DES VIRUS FIGURES
II y a ä etudier dans cette categoric deux theories tres impor-tantes, les plus iinportantes de toutes; car elles sont basecs sur des fails bien observes et des experiences bien conduites. Ces deux theories sont cedes dans lesquelles on demontre que I'agent virulent est une granulation agatomique ou un organisme, un parasite.
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THEORIE DES GRANULATIONS VIRULENTES
Henle avail dejä emis cette idee, que les humeurs virulentes, quo les differents prb'duits vimlents düivent leur activite ä la pre­sence de certaines granulations raoleculaires, de certaines par-ticules organiques. Mais c'est M. Chauveau qui est le veritable auteur do la theorie des granulations virulentes. Le travail dans lequel il a developpe sa theorie est intitulee : De la cause intime de la virulence.
Parmi les maladies contagieuses, M. Chauveau reconnait des maladies parasitaires, des maladies septiques ou septicoides et des maladies virulentes. Les maladies parasitaires sont cellesdues aux helminthes, aux acariens, aux champignons. Les maladies septiques ou septicoides sont celles que nous avons designees sous le nom de maladies infectieuses, et qui sont dues h des vibrions, ä des bacteriens; enfin les maladies virulentes sont les maladies contagieuses ou transmissibles, dont le contage n'est pas un parasite, qui n'ont pas le parasitisme pour cause. Gependant I'agent qui produit la maladie septique et celui qui produit la maladie virulente ont unegrande analogic d'action, et M. Chauveau reconnait que le domaine des maladies virulentes, des maladies, qui n'ont pas le parasitisme pour cause, est mal determine.
Ses recherches ont plus particulierement porte sur les humeurs virulentes de certaines maladies et surtout sur le virus vaccin, sur le virus claveleux, sur le virus varioleux, sur le virus inor-veux, sur le virus phthisique et aussi sur le pus ordinaire. Dans ses etudes, qui avaient pour but d'arriver ä la determination de I'agent virulent, c'est-ä-dire de la cause intime de la virulence, M. Chauveau a cherche d'abord une methode scientiflque sure. Plusieurs methodes qui avaient dejä etc employees se presen-taient ä son esprit.
C'etait d'abord le precede de la filtration placentaire employe avec le plus grand profit dans l'etude de la cause du charbon. M. Davaine avait inocule le charbon ä des femelies pleines, qui avaient contracte la maladie et qui avaient succombe en pen do temps; et c'est alors qu'en faisant l'autopsie et en soumettant ä l'examen microscopique le sang de la mere et le sang des foetus, il constata la presence des bacteridies qui engendrent la maladie dans le premier, tandis qu'elles faisaient absolument defaut dans
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64nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
celui ties foetus. II y avait eu par consequent une veritable filtra­tion ä travers le placenta, c'est-ä-dire arret des bacteridies par le placenta ; et en effet, en inoculant comparativement le sang de la mere et le sang des foetus, il obtenait le charbon dans le premier cas et n'ohtenait rien dans le second. Cette rn^thode, quoique sa-tisfaisante en ce qui touche a la determination du role de la bac-teridie charbonneuse, manque de precision; eile est bonne pour le charbon, car les bacteridies adultes offrent un certain volume et peuvent etre arretees en traversnnt les vaisseaux du placenta; mais des agents virulents plus tenus peuvent le traverser, et d'ail-leurs les bacteridies ne sont pas les seuls elements arretes au passage, car certains autx'es (cellules, etc.) peuvent I'etre pareille-ment. Le placenta pent doncne laisser passer que la partie liquide du sang on tout au moins arreter plusieurs elements divers on meme laisser passer des elements d'une tenuite extreme. G'est ce qui a lieu, et c'est le motif pour lequel M. Chauveau n'a pas em­ploye cette methode; panni les elements arretes il pourrait s'en trouver de virulents. La methode n'etait done pas assez sure.
Fallait-il employer le precede par simple decantation auquel on avait dejä eu recours ! Quand on laisse en reposun liquide tel que le jetage inorveux, le pus de la gourme, la lymphe vaccinale, etc., les parties solidesse precipitent au fond, et en prenant du liquide ii la surface, on obtient un produit ä pen pres completement prive de particules solides. Cette methode pouvait done etre employee ä la rigueur, mais eile n'est pas assez sure, car si le plus grand nombre des elements figures se precipitent dans la couche infe-rieure, il peut arriver que certaines particules restent encore en suspension dans la partie superieure.
Ges deux methodes ayant 6te rejetees comme mnnquant do precision, M. Chauveau s'est arrete ä une autre methode dejä em­ployee parun physiologiste italien, I'abbe Spallanzani.
Rappelons d'abord que tout liquide virulent se compose de deux parties distinctes, d'une partie liquide et d'une partie liguree. La partie figuree n'est pas homogene, et ä son tour eile est formee de plusieurs elements disparates, de cellulesentieres, de globules, de granulations de diverses natures, et quelquefois de bacteriens ou de germes de bacteriens. II fallait done, pour arriver h. deter­miner quel est I'agent qui jöuit de la propriöte de transmettre la maladie, premierement s'assurer si cette propriete appartient au liquide ou aux elements figures; il fallait separer la partie liquide de la partie figuree et essayer comparativement par I'inoculation
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chacune cl'elles. On constate ainsi que la partie figures est seule virulente. Or cette partie flguree est formee d'elements divers, ot il fallait determiner quel estparmi ces elements divers celui qui jouit de la virulence; il fallait en outre determiner la nature et le mode deformation de l'agent reconnu virulent. Teilessont las questions que M. Ghauveau s'est posees etqu'ilu resolues jusqu'ä un certain point.
Spallanzani en etudiant le sperme, pour arriverä la determination de la partie qui jouit de la proprietefecondante, eut recours h depx precedes, ä la dilution au moyen d'un liquide neutre tel que 1'eau, eta la filtration. II dilua la mutiere seminale dansl'eau, ense fai-sant ce raisonnement : dans cette semence qui peut feconder des oeui's, la propriete fecondante appartient a la partie liquide ou a la partie flguree; si, en ajoutant de l'eaujen'enleve le pouvoirfecon-dant qu'ii certaines parties de la masse, j'en concluerai que cette propriete appartient ii la partie iiguree, car si eile appartenait ;i la partie liquide, la dilution pourrait I'afTaiblir graduellement et meine la faire disparaltre, mais alors toutes les parties de la masse seraient steriles. Or cela n'a pas lieu ainsi, attendu qu'apres la dilution on trouve dans la masse des gouttelettes actives et des gouttelettes inactives. Ce fait prouve done que la propriete fecondante appartient h certaines parties solides que la dilution a plus ou moins eloignees.
Apres cette experience, Spallanzani filtra du sperme et il essaya de produire la fecondation, d'un cote avec la partie liquide et de Fautre avec la partie flguree; il ne I'obtint que dans le second cas. Ces deux procedes, la dilution et la filtration, ont ete employes par M. Chauveau.
II fallait choisir une inatiere virulente qui se pretät bien ä I'ex-perimentation; il fallait un liquide qui put, par I'inoculation, don-ner des accidents locaux et en donner autant qu'il y aurait de points d'inoculation, il fallait un virus tel que celui de la vaccine et celui de la clavelee. M. Chauveau experimenta done de prefe­rence sur le vaccin, le dilua dans l'eau et 1'inocula ensuite par gouttelettes prises dans la masse a la pointe de la lancette, compa-rativement avec des gouttelettes de virus non dilue. II obtint les resultats suivants : quand le virus est dilue dans 2, 3, 4 a 15 fois son poids d'eau, il ne perd pas ses proprietes, e'est-a-dire que toutes les gouttelettes qu'on puise dans la masse sont k peu pres actives, presque toutes donnent des pustules; au contraire, quand le virus a ete dilue au delä de 50 fois son poids d'eau, on rencon-
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66nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
tre beaucoup de gouttelettes inactives, beaucoup de piqüres ne donnent rien ; et si lä dilution a ete poussee au 150deg;, on obtient ;i peineune reussite sur dix inoculations. Les meines experiences ont ete faites et les meines resultats out ete obtenus avec les virus claveieux, varioleux et morveux dilues dans l'eau. Done les liqui­des virulents cessent d'etre homogenes quand on les dilue pro-gressivement; des gouttelettes puisees dans leur masse ne sont pas toutes actives; ils so comportent eomme si leur activite etait due ä des molecules dispersees et d'autant pluseparses que la di­lution est plus etendue. Les resultats obtenus ne peuvent s'expli-qufer qu'eaadinettaiit([ue les gouttelettes sont actives ou inactives, suivant qu'elles ont entraine ime ou plusieurs particules solides, ou selou qu'elles n'en contiennent pas. II taut done admettre que les matieres virulentes doivent leurs proprietes ii des elements figures et non h des elements dissous ; ear si lä virulence etait due h des elements solubles, eile serait repandue partout, ou n'existerait dans aueune portion de la masse diluee.
Pour completer cette demonstration, M. Chauveau a eu recours ä la filtration, non pas k la filtration ordinaire, mais h un autre precede pour isoler les parties liquides des parties figurees. La filtration ordinaire, pourseparer les parties liquides des particules solides d'une humeur virulente, ne donne pas des resultats bien clairs; 11 arrive en effet que les parties liquides passent ä travers le filtre en entrainant avec elles certaines particules solides, ainsi que l'examen microscopique permet de le constater; ce moyen devait done etre rejete. M. Chauveau a applique ä lä separation des parties d'une humeur virulente les lois de la diffusion.
Toute substance soluble dans l'eau est apte ä la diffusion; quand on superpose des liquides miscibles, il arrive un moment oil ils se sont melanges sans qu'on les agite. M. Chauveau, apres avoir place dans un recipient I'liumeur virulente qu'il voulait etudier, le virus vaccin, par exemple, a ajoute pen ä pen, avec precaution, de l'eau, en la faisant glisser sur la paroi du vase pour ne pas troubler le liquide dejä mis au fond; et apres avoir ainsi ajoute une legöre couche d'eau, il a laisse le tout en repos pendant vingt-quatre heures. Au bout de ce temps, il y avait eu diffusion, melange, car, si avec une pipette on puisait une gouttelette ä la surface, et si on la traitait avec les reactifs chimiques, on y cons-tatait la presence de substances albuminoides. Une gouttelette de la partie superieure, examinee au microscope, ne laissait pas voir de particules solides, eile n'en contenait pas; la partie liquide
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seule avait done diffuse; aussi ce liquide siiperieur inocule ne donnait aucun resultat. Unegoutte prise dans la couche inoyenne, intormediaire, contenait partbis des particules solides, quelques granulations, et. par I'moculation, on reussissait souvent ä trans-mottre la maladie. Or cette couche inoyenne representait ä peu pres le liquide dilue dont nous avons parle plus haut, quelques gouttelettes etaient actives, les autres etaient inactives; les pre­mieres renferniaient des particules solides, les secondes n'en ren-fermaient pas. Mais quaud on puisaitdans les couches inferieurfes, oil il y avait des elements tigures en abondance, toutes les gout­telettes se montraient actives. Ces experiences demontrent d'une facon peremptoire que la ' virulence appartient aux elements figures et non aüx liquides, line objection aurait pu etre elevee contre cette conclusion : peut-etre, aurait-on pu dire, la virulence vlent d'une sorte d'amal-gaine entre les parties solides et les parties liquides, peut-etre les particules figurees, taut qU'elles restent en presence du liquide, peuvent se montrer actives ii cause de cet assemblage et rien qu'ä cause de lui.
II importait done de separer exactement par un autre precede les particules solides de la partie liquide. Cette objection n'a pas beaucoup tie valeur, mais l'auteur de la theorie des granulations virulentes a cherche ä y repondre. II a done isole les parties so­lides et les a lavees dans plusieurs eaux, afin d'entrainer toute trace de la partie liquide. II a opere prineipalement sur le virus inorveux, qui est facile h inanier, qui est abondant et qui renferme beaucoup d'elements figures; il a fait un melange d'eau et de pus morveux, il a laisse ce melange au repos pendant urie heure ou deux et il a decante. II a ainsi obtenu une partie solide et une partie liquide, il a jete la premiere et il a garde lä seconde. Gelle-ei renfermait encore beaucoup d'elements figures, et ce sönt ces elements qu'il a essaye d'obtenir h l'etat de purete. Pour cela il a filtre le liquide et il n'a garde que les elements retenus sur le filtre. II a lave ces elements ii plusieurs eaux et a soumis les me­langes ä plusieurs filtratiuns et ii plusieurs decantations succes-sives. II est enfin arrive ii avoir un produit solide a peu pres pur, lorsquel'eau de la derniere filtration et de la dernieredecantation (Halt inactive. Ce produit, compose de cellules et de granulations, a toujours ete aetif.
II etait done bien dernontre, apres eela, que la virulence etait due, non ii la partie liquide, non ä la reunion de la partie liquide et de la partie solide, mais seulement ii cette derniere^
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U fallait alors determiner, parmi les elements figures, ceux qui jouissent de la virulence.
Quand on examine les humeurs virulentes, on reconnait qu'il y existe constamment certains elements : ce sont des cellules, des globules de pus, des granulations moleculaires. On y rencontre encore autre chose, des elements parasitaires, des vibrioniens, des bacteriens; mais ceux-ci ne sont pas constants. II y a done döja dans ce fait observe une partie de la reponse a. la question : Quels sont les elements vimlents 9
On peut en effet eliminer les elements qui ne sont pas constants; car l'humeur etant supposee virulente, sa virulence ne saurait etre due a des elements qu'elle peut ne pas contenir. L'element virulent doit etre cherchö parmi les elements constants, cellules' ou granulations moleculaires.
Chemin faisant, M. Chauveau, avant d'arriver a la determination de l'element virulifere, tient ä refuter une idee deja emise ii cette epoque, qui attribuait la virulence aux vibrions, aux bacte­riens.
Deux professeurs, MM. Coze et Feltz, avaient constate plusieurs fois la presence de vibrioniens, de bacteriens dans les humeurs et dans le sang des malades atteints de variole maligne, et ils leur avaient attribue la virulence. Ils avaient inocule la matiere de ces malades ä des lapins; les lapins etaient morts, et leur sang etant virulent, donnant la maladie k d'autres lapins, ces auteurs avaient affirme que la virulence dans la variole tenait ä la presence de bacteriens. Ils s'etaient trompes, car la variole de l'homme n'est pas transmissible au lapin, et du moment qu'en inoculant ä cet animal du sang varioleux, ils avaient eu une maladie transmissible, ce ne pouvait etre qu'une maladie septique. Et en effet, la maladie inoculee a ces lapins ne reproduisait pas la variole chez le cheval, ni chez le boeuf, qui cependant presentent un terrain favorable au developpement de cette maladie.
Ce n'etait done pas la variole que les lapins avaient contractee, mais bien la septicemie; le sang des malades renfermait des ger-mes septiques. II s'agissait d'un cas de variole complique de sep­ticemie. On salt en effet que les maladies virulentes, comme les maladies ordinaires, peuvent se compliquer assez souvent de sep-ticömie.
II faut done chercher I'^lemeht viruligene parmi les elements constants, les cellules et les granulations moleculaires.
M. Chauveau assure que la virulence reside plus particuliere-
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ment dans les granulations moleculaires, connne la propriete irri­tants et phlogogene du pus reside aussi dans les granulations. Mais la virulence peut en outre resider dans les cellules, car celles-ci peuvent renfermer une ou plusieurs granulations au miüeu de leur protoplasma. Le siege de la virulence est done dans les gra-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;j
nulations et dans les cellules qui renferment des granulations dans leur protoplasma.
Rappelons ce que nous avons vu h propos de l'experience sur le liquide vaccinal melange par diffusion avec I'eau; les goutte-lettes superieures non virulentes ne renfermaient pas de granu­lations moleculaires; les gouttelettes de la couche intermediaire, qui etaient parfois virulentes, ne contenaient que des granulations et jamais des cellules entieres.
G'est done la granulation moleculaire qui est I'agent virulifere. D'ailleurs quand on melange du pus morveux avec de I'eau en grande' quantite et qu'on laisse le melange au repos, si apres quel-ques heures on examine une gouttelette de la partie superieure au microscope, on ne voit que du liquide et quelques granulations moleculaires qui y sont flottantes, mais pas de cellules, qui sont des corps plus volumineux, plus lourds et tombent au fond; la gouttelette est cependant virulente et donne la morve. La demons­tration est ainsi bien süffisante; on salt oü reside la virulence.
Le germe est trouve; comment se regenere-t-il, comment se multiplie-t-il ? Quelle est sa nature?
M. Ghauveau s'est occupe de ces deux points, mais il n'est peut-etre pas arrive ä la verite absolue. II a etudie le travail in-flammatoire qui se passe dans une pustule de clavelee a sa periode d'eruption. La pustule claveleuse consiste d'abord en une simple ecchymose qui se montre ä la surface de la peau. Primitive-ment, e'est done une simple tache ecchymotique qui se sureleve, qui grossit, qui devient une papule; il y a irritation et congestion de la partie superieure du derme. Plus tard la congestion s'etend, gagne toute l'epaisseur du derme et rneme le tissu conjonctif sous cutane; alors on trouve dans le derme et dans le tissu conjonctif une infiltration qui a suivi la congestion. Si on etudie la papule, quand la congestion est encore superficielle, si on enleve cette papule, si on la lave bien avec une eau tres pure ou avec un li­quide organique, tel que le liquide cephalo-rachidien ou le liquide amniotique qui ne renferme pas d'elements figures, si on excise ensuite une parcelle du tissu de la papule et qu'apres Favour pla-cee entre deux lames de verre avec une gouttelette du liquide in-
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10nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
clique, on la porte sous le microscope, on observe tous les carac-teres d'une veritable inflammation; on constate une proliferation cellulaire qui s'est effectuee aux depens des cellules plasmatiques; au pourtour de cbaque vaisseau on voit une gained'elements em-bryonnaires, qui se sont accumules la par diapedese ou par une multiplication exageree des cellules preexistantes; mais nulle part on ne voit de granulations moleculaires libres, ou bien on n'en voit que tres peu, et encore cedes qu'on voit viennent des cellules qu'on a dechirees en faisant la preparation.
II seinble done que les granulations ne se torment pas cornine les cellules, qu'unegranulation n'en donne pas une autre; il ne s'en forme pas hers des cellules, elles se fonnent dans le protoplasma des cellules et elles y restent; ou plus tard, quand les cellules embryonnairessetransforment ou se detruiseid, elles deviennent libi'es, et elles conservent encore la virulence qu'elles posse-daient lorsqu'eiles etaient enfermees dans les cellules oil elles avaient pris naissance.
Cette question meriterait d'etre approfondie dayantage; ce qu'en a dit M. Ghauveau ne satisfait pas absolument et ne demontre pas clairement comment se forment les granulations.
M. Ghauveau pretend aussi, et avec raison, queparmi les gra­nulations moleculaires qu'on trouve duns les humeurs viru­lentes, il eu est d'actives et d'inactives. Mais il ajoute qu'il li'y a aucun inoyen de les distinguer; il faudrait pouvoir les isoler et les inoculer separement, or cela est impossible. Pour emettre cette idee, il s'appuie sur ce fait connu : que chez certains ma-lades, il existe parfois des lesions morbides non virulentes ä cote d'autres qui le sont. On peut en effet chez un cheval mor-veux rencontrer tels foyers purulents qui n'ont pas de virus, tandis que beaucoup d'autres foyers en renferment. II y a plus, dans la meine lesion il peut se faire que toutes les parties ne renferment pas le virus; ainsi on peut rencontrer telles lesions qui renferment du virus ä leur centre et n'en renferment pas ii leur circonference ou inversement, et dans ce dernier cas, ce sont des lesions dans lesquelles il y a eu degenerescence ou mortilication d'une partie plus ou moins etendue.
Avant de se prononcer sur la nature des granulations viru­lentes, l'auteur tient ii refuter des idees qui ont cours en Alle-magne et aussi en France.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
Beaucoup d'auteurs et d'experimentateurs croient dejii que la virulence est due ä des bacteriens, ii des microcoques ou cor-
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puseules-germes, et ceitains avancent que les granulations viru­lentes ne sent autre chose (jue des corpuscules-gennes.
M. Chauveau n'admet pas cette maniere de voir et 11 en donne des raisons. II pretend (|ue les gnuiulations (ju'il a observees ne sont pas des corps animes, il repousse Fidee qui veut en faire des gcnnes et il se prononce categoriqueinent en sens contraire. Pour lui, les gi-anulal ions virulentes sont des granulations anatomiqucs rion animees, analogues entre elles, et avec cellesde rinflamma-tion, ditferant seuleinent par leurs propi'ietes et procedant de la meme source. II croit done que les granulations virulentes sont des elements auatomiques et inaniines, rnais il ajoute que, quoique non donees de la vie, elles agissent h la facon des bacteriens. Voici comment il explique lem- action. Ges granulations se for-inent dans le protoplasina, leur origine et leur mode de developpe-nient s'expliquent,dit-il, parlesproprietes speciflques qu'acquiert le protoplasma des elements, qui naissent et se developpent au contact d'un germe virulent dejii done de ces meines proprietes speciflques. Les granulations virulentes introduites dans I'orga-nisme impi'iinent des modifications au plasma des cellules, qui peuvent alors donnei' naissance ä d'autres granulations analogues ä celles qui out provocpie leur formation.
Mais tout cela n'explique pas le mode d'action de la granulation virulente, et 11 y aurait lieu de se demander si cette granulation passe dans les cellules, si eile devient un centre d'attraction, si eile ne secomporte pas comme un cystoblastion, coinnie un germe de cellule, si eile ne peut pas devenir une cellule virulente, qui plus tard se resoudra en granulations virulentes.
Comment concevoir que les granulations virulentes du vaccin et de riiuineur morveuse conservent leur propriete apres avoir ete soumises k l'action de I'pxygfene comprime? Nous savons que M. P. Bert a reconnu que le yenin du scorpion, que les diastases ne perdent pas leurs proprietes sous l'influence del'oxygene coin-prime, mais ([lie les elements figures de nature animale perdent leur vitalite. II y a done lieu de se demander, puisque la virulence reside dans des granulations, si ces granulations ne sont pas de veritables inicrocoques, car nous verrons plus loin que les mi-croeoques resistent ä l'oxygene compiime.
D'un autre cöte, il est demontre que la plupart des maladies contagieuses et iiotaminent la morve peuvent se transmettre par les voies digestives, le virus n'est done pas detruit par les sues digestifs; en serait-il bien ainsi dans les cas oil les granulations virulentes seraient de simples granulations auatomiques ?
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Enfln pour completer la theorie des granulations virulentes, il raste ä dire un mot sur la propriete qu'ont les virus de se repan-dre dans I'air. II est un fait certain, c'est que l'air de l'habitation oü sont loges un ou plusieurs inalades, un ou plusieurs moutons claveleux, par exemple, pent etre dangereux pour d'autres ani-maux sains; cet air peut leur transmettre la maladie.
Si les agents viruliferes etaient liquides, il n'y aurait rien d'etonnant dans ce fait, car ils se volatiseraient et se meleraient k la vapeur d'eau querejette la respiration. Mais les virus consistent en des matieres solides; comment sont-ils dans I'air? Les granula­tions virulentes sont tres petites et peuvent rester en suspension dans I'air pendant un temps plus ou moins long. En vertu de leur poids specifique, elles tendent k se deposer; par consequent un air virulent aujourd'hui ne le serait plus dans quelques jours, peut-etre dans quelques heures; car les granulations se seraient depo-sees ou au moins ne se trouveraient plus que dans les parties inferieures.
Ge n'est que pour certaines maladies qu'on constate la virulence dans i'air, c'est principalement quand il s'agit de maladies oil il y a des lesions sur la muqueuse respiratoire. Alors I'air, qui passe constamment sur la muqueuse des bronches, de la trachee, du larynx, peut entrainer un plus ou moins grand nombre de granu­lations virulentes. Ce sont done les malades qui, en fournissant des corpuscules virulents, infectent Fair; et cet air, s'il est ins­pire par des sujets sains, peut leur donner la meme maladie.
THEORIES DU PARASITISME VIRULENT
Les theories du parasitisme sont cedes dans lesquelles I'agent virulent est considere comme etant de nature essentiellement parasitaire.
La doctrine parasitaire, attribuant les maladies contagieuses k des parasites animaux ou vegötaux, est tres ancienne. Elle etait deja admise par Varro et Golumelle; mais k cette epoque eile n'avait pas de base sure, eile etait le resultat d'une sorte d'intui-tion. Elle n'en fut pas moins admise par un certain nombre d'es-prits, surtout apres la decouverte des spermatozoairesenl677par Leeuwenhoeck, et encore plus apres la decouverte des parasites de la gale. Parmi ses partisans, on peut citer Lancisi, Vallisneri, Reaumur, Linnö, etc.
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M. Plasse de Niort a, dans le commencement de notre siecle, upres une longue observation de 1825 k 1849, essaye de se rendre compte de la cause et du mode de genese des maladies conta-gieuses; et il en est arrive ä attribuer le developpement du plus grand nombre de ces maladies ä l'introduction d'un cryptogame, d'un Champignon, dans rorganisme sain ; il a emis et soutenu une theorie parasitaire cryptogamique. II a divise les maladies conta-gieuses en deux grandes categories. Dans une categorie, il a range la rage et une forme de la maladie charbonneuse, car pour lui ces deux maladies qui sont bien virulentes, ä contage inoculable, qui jouissent de la propriete de se transmettre, ne doivent pas leur developpement ärintroduction d'un cryptogame dans rorganisme; pour lui done, ces deux maladies font exception äla regle genera'e et doivent toujours leur developpement ä un contage, h un virus non figure. Dans la seconde categorie, l'auteur de la theorie cryptogamique a compris toutes les autres maladies contagieuses, telles que la flevre typho'ide de l'homme et du cheval, le charbon, la morve et le farcin, le crapaud, la fievre aphtheuse, le typhus et la peripneumonie des grands ruminants, la variola de l'homme, etc.
M. Plasse croit done que les maladies contagieuses sont la consequence de l'introduction dans l'organisme de certains champignons, qui sont ingeres seit avec les aliments, soit avec les boissons, rnais principalement avec les fourrages. D'apres ses observations nombreuses, il est arrive ä se convaincre que cer-taines maladies contagieuses, etnotamment le charbon, n'apparais-sent en general et le plus ordinairement, qu'ä, la suite d'ingestion de certains fourrages moisis. Aussi s'est-il trouve tout naturelle-ment porte ä admettre que la cause efficients de la maladie ne pent etre autre que le champignon de la moisissure ainsi introduit dans l'organisme. II a generalise sa conclusion et l'a ainsi etendue h un bon nombre de maladies.
Cette theorie, qui semble le resultat direct de l'observation, a ete assurement göneralisee outre mesure; eile n'est d'ailleurs nullement fondee, il lui manque les donnees indispensables que doivent lournir en pareilles circonstances la micrographie et l'expe-rimentation physiologique. M. Plasse a formule une idee, mais il ne l'a pas demontree; il aurait fallu etudier au point de vue micro-graphique les matieres virulentes, l'agent virulent, et de plus, il aurait fallu recourir a l'experimentation, il aurait fallu inoculer cet agent virulent, ce cryptogame isole ä un animal sain, afln
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74nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
d'esHayer de reproduirc une iii;iladie semblable a, celle du sujet qui avuit tburni la semence. Ces deux conditions inanquant, il en est resulte (jue la theprie cryptpgamique a ete releguee au rang des hypotheses. II y a pourtant dans cette theorie une idee tres bonne; I'auteur adinet en eilet, que presque toutes les mala­dies contagieuses sont dues ä un parasite vegetal, et cette idee k survecu, puisqu'aujourd'hui un grand noinbre d'auteurs I'admet-tent, et eile tend de plus en plus h se generaliser. Dernierement (1876-77) M. Bonnaud revendiquait en taveur de M. Plasse la priorite au sujet de la theorie du parasitisme virulent en ce qui concerne le charbun notanunent; inais M. Plasse, qui avail fonnule cette theoi-ie, ne I'avait pas nppuyee par des etudes microgra-phiques ou experimentales demonstratives.
Hallier d'lena a soutenu aussi la theorie cryptogamique, il a attribue la genese des maladies contagieuses a rintroduction de cryptogames dans reconomie, mais il n'est pas parti du memo point que M. Plasse; il est parti de I'etude micrograpliique des matieres virulentes. Apres avoir examine au microscope les humeurs virulentes, ayant cru reconnaltre dans la plupart d'entre dies la presence de spores vegetales, il s'est doinande si les spores qu'il apercevait n'etaient pas la semence de quelque champignon. Pour vferifier cette conjecture, il a entrepris de les cultiver, il a seme la matiere virulente qui presentait des spores dans un milieu approprie, qu'il a cru soustiaire efficacement au contact et h rinfluence de fair. Quelque temps apres l-ensemen-cement, il a observe dans le milieu ensemence une vegetation luxuriante, une ihoisissure abPndante, etilaconclu de cette expe­rience, que les spores observees clans I'liumeur virulente out pro-dtiit cette v6g6tätion de moisissure. II a ete de la sorte amene ii attribuer ä des spores du champignon de la moisissure le deve-loppement des maladies contagieuses; mais la culture ainsi taite ne prouve rien, eile n'a pas ete soigneusement preservee du contact de Fair, qui lui a fourni les germes de la moisissure, et I'auteur a beau considerer les spores qu'il a cru voir dans les liuineurs viru­lentes comme une forme particuliere, comme un etat particu-lier, allotropique du champignon de la moisissure, il n'en reste pas moins demontre par rexperience, qu'il est impossible de donner une rnaladie virulente en inocultmt les spores de la moisissure. On n'a jamais pu, en eilet, transformer dans rorgarisine les spores de mucedinees en micrococpies, en spores virulentes. Hallier a
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modifie plus tard sa maniere de voii-, et de meme que beaucoup d'autres experiinentateurs, il a eonsidei-e, comme des gennes de bacteriens, comme des microbes, les corpuscules brillants qu'on lencontre dans beaucoup do matiei'es viculeiites, il a, eii ud mot, attribue aux bacteriens la genese des maladies contagieuses.
m #9632;
En Allemagne, Zürn et Gohn out, comme Halliei', attribue la virulence h la presence, dans les humeurs virulentes, de gennes vegetaux (fu'hs ont appeles microcoques, micrococus, micrococos, spores ou sporules de bacteriens, hacilles. Ils ont observe ces microcoques. dans un grand nombrede maladies, dans la syphilis, dans la variole animale, dans la rougeole, dans la scarlatine, dans la diarrhee epidemique, dans le typhus, dans la vaccine, dans la variole, dans la septicemie, dans la flacherie, dans la morve, etc. Zurn les a rencontres dans la matiere virulente de lanbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; *.;
morve, oil les ont observes aussi ä Lyon MM. Christot et Kiener.
PourHallier, Zurn et Colin, l'agent virulent est done un micro-coque, un germe de bacterien.
Deux professeurs de Nancy, MM. Coze et Feltz, ont soutenu cettenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;;
maniere de voir; ils ont constate dans le sang des varioleux, des typhiques, des malades de la lievre scarlatine, de la rougeole, de la septicemie, la presence de bacteriens.
A proposdelatheorie des granulations inuleculaires, nousavons vu dejii que MM. Coze et Feltz croyaient que la variole de riiomme etaitdue ä un microcoque; nous savuns ((u'ils avaient inocule le sang d'tin individu varioleux au lapin, qu'ils avaient provoque ainsi une maladie mortelle et transmissible, inoculable au moyen du sang ä d'autres lapins; mais nous savons aussi qu'ils n'avaient pas trans-mis la variole au lapin, qui est inapte ä la contracter, parceque la maladie ainsi provoquee ne reproduisait pas la variole chez le ciieval ou le bueuf. La verite est quele virus pretendu varioleux, que ces experimentateurs avaient inocule, contenait des germes de septicemie; aussi les animaux iuocules mourraient-ils de 1'in­fection septique. Dans le sang des malades de la flevre typhoide, de meme que dans le sang des septicemiques, rexistence do bacteriens a cte signalee et consideree comme cause efficienle par MM. Coze et Feltz.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ij
r MM. Bechamp et Estor ont attribue la virulence ä la presencenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ;:
dans les humeurs virulentes de certains corpuscules qu'ils ontnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; /
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76nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
appeles microzymas (petits germes, petits ferments). Pour eux, les microzymas, qu'ils ont observes dans les humeurs virulentes, sont des germes animes, et ces germes peuvent, disent-ils, n'etre autre chose qu'une forme particuliere ou transitoire d'un parasite vegetal; ils pretendent que ces microzymas peuvent se transfor­mer en bacteriens.
En resume, un fait precis se degage des opinions passees en revue, c'est le fait de rencontrer chez tous les auteurs precites l'idee du parasitisme virulent, l'idee du parasitisme vegetal.
Mais des recherches plus serieuses et plus fructueuses ont ete faites a une epoque encore peu eloignee.
Pellender, Brauel, Delafond avaient constate dans le sang des animaux charbonneux la presence de certains Mtonnets (bacte­riens) ; ils n'avaient pas bien compris la signification de ces bä-tohnets et ils avaient considere leur apparition comme une epi-phenomene, comme une consequence meme de la maladie.
En 1853, M. Davaine observait des bätonnets dans le sang des charbonneux; et dans la suite il affirmait, comme une verite dernontree, que la maladie charbonneuse est produite par un parasite. II donnait a ce parasite, au bätonnet de Delafond, le nom de bacteridie (petite bacterie), pour le distinguer de la bacterie ordinaire qui est mobile, douee de mouvement, tandis que le bätonnet charbonneux etait considere comme prive de mouvement. II soutint et demontra que ces bätonnets sont la seule cause du charbon; il inocula du sang charbonneux, du sang qui contenait des bacteridies, ä une femelle pleine, qui contracta le charbon et en mourut; il trouva le sang de la mere riche en bacteridies et virulent, inoculable, tandis que le sang des foetus, qui ne presentait pas de bacteridies, n'etait pas vi­rulent. II y avait done eu filtration par le placenta, arret des bacteridies, et l'experience demontrait bien que le charbon etait du aux bätonnets. Mais il manquait pourtant quelque chose ä la demonstration; M. Davaine, qui etudiait les bacteridies, ne connaissait pas leurs differents modes de reproduction. Ilcroyait qu'elles se reproduisaient toujours par segmentation, tandis qu'au-jourd'hui il est dernontre que les bacteriens, en general, peuvent se reproduire d'une autre faejon.
A l'interieur d'un bätonnet il pent se former des microcoques, des sporules, qui, une fois mises en liberte, peuvent reproduire
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la bactöridie adulte. Pour n'avoir pas connu ce mode de repro­duction, l'auteur de la theorie bacteridienne vit s'elever un certain nombre d'objections auxquelles il ne pouvait repondre convena-blement.
En inoculant (Jaillard et Leplat) du sang charbonneux dejä al­tere, dans lequel on ne voyait aucun bätormet, on donnait une maladie rapidement mortelle et Ton soutenait que M. Davaine s'etait trompe; celui-ci repondait en distinguant plusieurs ma­ladies charbonneuses, tandis que la reponse devait etre tiree de la connaissance exacte de la reproduction de la bacteridie. G'est qu'en eftet le sang charbonneux deja altere, et qui donnait le charbon sans presenter de bätonnets, renfermait des micro-coques, des sporules qui peuvent reproduire I'mdividu adulte dans les milieux favorables h leur vegetation.
En 1863-1865, M. Pasteur ayait reconnu que le ferment buty-rique peut, dans certaines circonstances, donner des germes, des sporules qui jouissent d'une tenacite et d'une vitalite bien plus prononcees que les individus adultes. Ce fait etait tres important, mais M. Davaine n'eut pas l'idee de verifier si pareil phenomene avait lieu au sujet de la bacteridie charbonneuse. Cette verification a ete faite en Allemagne par Cohn et Koch, qui ont constate que la bacteridie charbonneuse, non seulement se reproduit par segmentation, mais encore par endogenese, qu'elle peut, dans certaines conditions, se transformer en granula­tions brillantes, en corpuscules-germes, en microcoques. Pareille verification a ete faite ensuite en France par MM. Pasteur, Toussaint, etc. Aujourd'hui il est pleinement demontre que le charbon doit son developpement a I'introduction, dans un orga-nisme sain, de bacteridies, soit en bätonnets, soit a l'etat de spores, c'est-a-dire sous la forme allongee ou de bacteridies adultes, ou sous forme de sporules, semences, germes, microcoques.
Dans ces dernieres annees, beaucoup de recherches ont ete faites pour determiner la nature des virus, des agents qui trans-rnettent les maladies contagieuses. M. Pasteur a etudie avec sein, et avec un complet succes, deux maladies des vers a sole, la pebrine et la flacherie. La premiere est une maladie contagieuse, eile se transmet d'un animal malade ä un animal sain, et de plus, les animaux malades la transmettent a leurs descendants; car les germes qui sont dans I'oeuf passent plus tard dans I'animal qui en sort, s'y multiplient, determinent la maladie et puis la mort.
Les parasites qui occasionnent la flacherie sont introduits dans
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le canal digestif avec la feuille de mürier qui seil de nourriture aux vers. Ges deux maladies sont done parasitaires, dues h des microcoqaes, ä des gennes, que M. Pasteur designe sous le nom de microbes.
Le charbon est aussi une inaladie parasitaire, comme cela resulte des recherches de M. Davaine et de celles faites de 1870 h 1870; 11 n'y a plus de doute possible, c'est bien lä bacteridie qui est la seule cause du charbon.
Toutes les maladies septiques sont produitespar des bacteriens, par des microbes, et M. Pasteur, qui s'est beaueoup oecupe des bacteriens, afiirmo que ('infection puruiente est due aussi ä la multiplication d'un microbe particulier.
Dans la diphtberie des animaux et le croup de rhomme, les fausses membranes qui existent ä la surface de certaines mu-queuses semblent provoquees par des bacteriens.
II en est de meine pour le cbolera de rhomme et des oiseaux, pour la ßevre typiioide de rhomme et du pore, pour le typhus des ruminants, pour la fievre scärlatirie; toutes ces maladies sont produites par certains bacteriens.
Quant aux affections etudiees par M. Chauveau, et qui d'apres lui d'evräieht leur developpement ä des granulations anatomiques virulentes, certains auteurs, entre autres M. Duclaux, les font aussi rentrer dans le cadre des maladies parasitaires et consi-derent les granulations virulentes comme de simples corpuscu-les-germes, comme des microcoques.
A cöte de ces diverses maladies, il en est d'autres pour les-quelles il n'y a encore rien de fait, telles sont la rage, la pei-i-pnemnonie, le pietin, la inaladie du jeune Age, la gourme du cheval.
II reste done im bon nombre de virus ä determiner, mais d'apres l'apercu que nous avons donne, il est perinisde con-clure ce qui suit : les maladies contagieuses nous apparaissent toutes ou presque toutes comme etant de nature parasitaire; les faits positifs qui autorisent cette conclusion sont assez nom-breux, la decouverte de la nature de la pebrine, de la flache-rie, du charbon, de la septicemie, de la lievre typhoide, etc., permet et force pour ainsi dire h la tirer des aüjöü'rd'hüi. II y a bien, ä cöte de ces cas probants reconnus vrais, des cas encore indecis et meme des cas nullement etudies, nia:.s nous savons que certains auteurs considerent les granulations moleculaires decou-vertes par M. Chauveau comme des microcoques, et il faut espe-
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rer que dans les humeurs virulentes non encore etudiöes, on trouvera tot ou tard des corpuscules-germes auxquels on pourra attribuer le developpeinent des maladies virulentes dont le con-tage est actuellement indetermine. G'est qu'en effet toutes les maladies virulentes se presentent avec les memes caractöres au point de vue de leur genese. Dans toutes, le döveloppement est du h une semence qui doit se multiplier, car lorsque cette semence est introduite dans I'drganisme d'un animal sain, il laut qu'elle augmente ses forces (incubation) pour provoquer la maladie.
Nous repeterons done que toutes les maladies contagieuses nous apparaissent coimue etant de nature parasitaire, sauf ä rec­tifier cette opinion si on parvient ä prouver le contraire. II n'y a done pas lieu de scinder l'etude de ce groupe si nature], il n'y a pas lieu de faire d'un cöte l'etude des maladies parasitaires, et de l'autre, cede des maladies virulentes; d'autant plus que les lines cprame les autres peuvent necessiter la mise en pratique des memes mesures de police snnitaire.
Cornine corollairc de cette conclusion, nous devons placer ici l'etude des hacteriens qui se presentent sous differentes formes, suivant qu'ils sont ;i l'etat de germes, de microcoques ou de ba-tonnets.
BACTERIENS
Les noms de hacteries, hacteriens, vihrioniens, microcoques, mi­crobes, etc., sont tous synonymes et ils designent tous les memes etres.
Les bacteries avaient ete observees par Leeuwenhoek, elles ont ete surtout etudiöes par Muller, Bory de St-Vincent, Ehren-berg, Dujardin, Davaine, Hoffman, Cohn, Bilroth, Kocb, Noegeli, Pasteur, etc.
Organisation. — La forme des hacteriens est tres variable; eile varie pour les individus d'une memo espece. Les microbes se presentent soit sous la forme globuleuse, sphero'ide ou ovoide, on lour donne alors le nom de sphero-bacteries, dc microcoques, de corpuscules-germes; soit sous la forme de batonnets plus ou moins allonges, droits ou sinueux, ondules, spirales, reguliers ou irreguliers, cylindriques, renfles ou attenues en certains points, on leur donne alors les noms de microhactcries, de desmohacte-ries, de spirobacteries, suivant leur degre do longueur et suivant leur direction.
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80nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
En general les bacteriens sont tres petits, et il faut un fort gros-sissement pour les etudier au microscope; les plus petits sont ceux qui presentent la forme arrondie, et les plus grands sont ceux qui affectent la forme spiralee. Lorsqu'on les etudie dans un liquide indifferent, on constate qu'ils sont ordinairement incolo-res; mais pourtant il n'est pas absolument rare de trouver des bacteriens colores, il y en a meme qui ont la propriete de fabri-quer de la couleur; on leur donne alors le nom de bacteriens chromog'enes; ils presentent une coloration tantöt rouge, tantöt jaune, tantöt oranger, tantöt bleue; d'autres absorbent les matieres colorantes qui sont en dissolution ou en suspension dans les mi­lieux oil ils vivent, oil ils habitent.
Les bacteriens sont immobiles ou mobiles; les microbes de la meme espece peuvent se presenter ä l'etat de repos ou a l'etat de mouvement, suivant qu'iis trouvent ou ne trouvent pas dans leur habitat les rnateriaux necessaires ä leur nutrition et les gaz pro­pres a leur respiration. Leurs raouvements sont de deux ordres, ce sont des mouvements sur place ou bien des mouvements de de-placement, de translation. Certains bacteriens se deplacent avec une rapidite qui semble assez prononcee quand on les examine au microscope ; d'autres s'agitent sur place, eprouvent une sorte de trepidation, presentent des mouvements de rotation ou d'in-flexion.
La structure de ces infiniments petits est tres simple, c'est la structure cellulaires. Tous sont uni-cellulaires; ainsi les spores et los bätünnets sont des cellules, ils sont composes d'une membrane d'enveloppe et d'un protoplasma; presque tous presentent des oils fins et tenus. On pent rencontrer aussi dans I'mterieur de ces cellules des granulations moleculaires colorees, organiques ou inorganiques, tellesque des granulations sulfureuses jaunes.
La membrane d'enveloppe est tres forte, tres resistante; eile est de nature cellulosique; eile se colore par la teinture d'iode, eile resiste a la potasse, k I'ammoniaque, aux acides, a la putre­faction ; eile peut dans certaines circonstances se goniler et se re-soudre au mucilage, eile est bien visible quand le protoplasma se coagule ou disparait et est remplace par de Fair.
Le protoplasma est azote, il est incolore, il refracte fortement la lumiere, il parait homogene dans les especes tenues et offre parfoisdes parties plus refrfngentes, des vacuoles, des granulations, speciales et des matieres colorantes dans les moyennes et dans les grandes especes. On observe quelquefois des mouvements ou
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des eourants dans le protoplasma; enfin il n'est pas rare d'y ren-contrer des granulations sulfureuses et des granulations pigmen-taires.
Les bacteries peuvent se grouper de diverses faijons; souvent elles sont libres, mais souvent aussi on les trouve reanies en plus ou moins grand nombre et groupees d'apres les modes suivants : ces etres se multipliant ordinairement par scissiparite, les deux individus nouveaux peuvent se separer et devenir libres, ou raster unis et se segmenter h leur tour, d'oü resultent des chainettes qu'on appelle torula quand elles sont formees de bacteries glo-buleuses, et qu'on appelle leptotrix dans le cas oil elles sont constituees par des bacteries filiformes. Les bacteries, en voie do multiplication active, produisent quelquefois, par transformation de leur membrane ou par secretion du protoplasma, une matiero visqueuse, et les nouvelles generations restent groupees en masses au sein de cette substance, et forment des amas ou zoogloea qui riageht dans les eaux ou ii leur surface. Quelquefois les bacteries se reunissent ä la surface des liquides en une coucheou membrane dilemycoderme, immobile et sans matiere muqueuse intermediaire. Quelquefois, surtout quand leur multiplication est rapide, les bac­teries forment des masses ou essaims, sans matiere glaireuse, qui restent mobiles. Quand le milieu ne renferme plus d'elements nutritifs, les bacteries cessent de se multiplier et torabent an fond, en formant un precipite pulverulent, h la suite duquel le liquide s'eclaircit; elles sont lii en repos et se multiplient de nouveau si on ajoute de l'aliment.
Nature. — Les bacteriens se presentent tantot sous la forme de Mtonnets, tantot sous la forme de corpuscules-germes; ils sont de nature vegetale, et l'orsqu'ils sont sous forme de bätonnets, c'est-ä-dire filiformes, il est tres difficile de les confondre avec d'autres elements, avec des cellules animales ou vegetales, ou avec des granulations moleculaires ou anatomiques. II n'en est pas de meme pour les bacteriens globuleux, de forme arrondie, qui sont tellement petits, qu'on pent les confondre dans certaines circonstances avec les granulations inorganiques ou avec les gra­nulations organiques. Gependant si on y regarde de pres, il y a toujours moyen de les distinguer sdrement. Les granulations inorganiques, ininerales, ne sont jamais aussi regulieres que les microcoques; elles presentent des angles plus tranchants, plus prononces; les corpuscules-germes sont arrondis, globuleux ou
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82nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
ovokles, ils resistent h tous les reactifs chiraiques; il n'en est pas de meine des granulations inorganiques qui sprit attaquees, les unes partel reactif, les autres par tel autre. Les microcoques sont refringents; les granulations moleculaires inorganiques n'ont pas le meine degre de refringence. On peut quelquefois confondre les microcoques avec les granulations anatomiques, cependant ici encore, on peut faire la distinction : les simples granulations mole­culaires ne presentent pas la meme regularite que les microco­ques ; elles ne sont pas aussi refringentes; elles ne resistent pas aux reactifs et sont modifiees par les alcalis notamment, tandis que les corpuscules-germes resistent h ces reactifs. Cependant si Ton est embarasse pour les distinguer, il suffit de chauffer la lame porte-objet; s'il s'agit de granulations moleculaires, on ne provo-que aucune agitation ; s'il s'agit des microcoques, on obtient une agitation, un mouvement de trepidation tres manifeste. Un moyen plus sdr, c'est la culture ; si done on est embarrasse pour se pro-noncer sur la nature de certaines granulations, il suffit de les semer dans des milieux appropries, en les preservant de l'ihfluence des germes de l'air ; s'il ne s'en suit rien, c'est qu'on avait affaire h des granulations moleculaires ; s'il y a vegetation, multiplication, c'est que ces granulations etaient des spores, des sporules.
Les bacteriens, avpns-nous dit, sont des vegetaux. Un moyen pour se prononcer d'une facon certaine sur leur nature consistc dans l'emploi de l'ammoniaque ou de l'acide acetique. L'ammo-niaque ramollit, dissout toutes les matieres animales, eile produit son action sur les spermatozoaires et sur les embryons animaux infusoires ; il n'en est pas de meme quand on la fait agir sur les celluloses, sur les elements reproducteurs des plantes; eile ne produit aucun effet apparent; eile ne produit rien non plus sur les bacteriens, eile ne les modifie pas. Les bacteriens sont done de nature vegetale,puisque l'ammoniaque, qui modifie les matieres do nature animale et ne modifie pas les matieres de nature vegetale, n'altere pas non plus les vibrioniens. L'acide acetique concentre, agissant sur les matieres animales, les pälit; il est sans action sur les bacteriens. Geux-ci se colorent tres Men par la teinture d'iode et par l'acide sulfurique, ils se colorent egalement par I'hema-toxyline et la fuchsine. Les bacteriens sont done des plantes, m'ais on ne salt si ce sont des champignons ou des algues.
Classification.— Pour les etudier d'une maniere fructueuse, on a essaye de les classer, et ä cet effet on a etabli plusieurs
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classifications dont aucune n'est veritablement bonne, attendu qu'on ne connait ni les caracteres propres aux genres, ni les caracteres propres aux especes, ni les earacteres generiques, ni les caracteres specifiques. Ges caracteres faisant defaut, les clas­sifications sent purement hypothetiques, artificielles. Neainnoins, on a tire des bases de la dimension des bacteriens, de leur tonne, deleurmouveinent on de l'absence de mouveinent. La dimension, la forme, le mouveinent ou Tabseiice de mouvement ne peuvent pas fournir des caracteres dif!erentiels, puisque chez les meines especes, les memes genres, les dimensions et la forme sunt va­luables suivant les circonstances, puisque suivant les circonstan-ces le meine individu pent se presenter en mouvement on en repos. Ilyaurait done lieu de suivre plutöt une classification qui repose sur leur evolution, sur leur mode de developpeinent et de repro­duction et sur leurs proprietes physiologiques; mais cette evolu­tion, ce mode de developpeinent, de reproduction, ces proprietes physiologiques ne sont pas encore suffisamment connus. Gepen-dant nous adinettrons provisoirement connne aide-memoire, la classification basee sur la forme et les dimensions; nous classe-rons les bacteriens en quatre categories : 1quot; les spliitrohacteriens on bacteriens ovoides ou globuleux; 2deg; les microbacleriens ou bacteriens h forme allongee, mais relativement petits; 3deg; les des-mohacteriens ou bacteriens sous la forme de bätonnets; 4deg; les fipirobacteriens ou bacteriens flexueux. Gette classification est provisoire et sans valeur scientifique, car eile est basee sur des caracteres accessoires et la preuve, e'est que nous aliens voir des vibrioniens qui, suivant teile circonstance, appartieiment ä Tun ou l'autre de ces groupes.
Les spherobacteries sont des bacteriens de forme arrondie, glo­buleux, ovoides; leur volume est tres petit; ce sont en efl'et les plus petits des bacteriens. On peut les rencontrer groupes difie-remment, isoles ou sous forme de chainettes, de torula ou sous forme de zoogloea ou sous forme de mycoderme, c'est-ii-dire en membrane sans substance unissante. Les spherobacteriens n'ame-nent pas la putrefaction; ils detenninent des substitutions d'une autre nature; laplupart ne sont d'ailleursque les germes,que les spores de certaines desinobacteries ou d'autres bacteriens. G'est ce qu'on voit dans le charbon oü la bacteridie, qui est un desmo-bacterien, se presente sous forme de bätonnet, mais peut aussi quelquefois se presenter sous forme de spherobacterie. La plupart des spherobacteriens ne sont done que des spores d'autres bacte-
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84nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
riens. Leur mouvement consiste en une sorte de trepidation. Us torment un seal genre, le genre micrococus ou rmcrocoque, et dans ce genre, on pent etablir trois groupes : lquot; le groupe des microcoques colores ou chromogenes; 2quot; le groupe des micro-coques zymogenes (produisant des fermentations); 3deg; le groupe des microcoques pathogenes (produisant des maladies).
Les microcoques chromogenes ou colores se rencontrent quel-quefois dans le lait rouge, dans les eaux; ils peuvent presenter des colorations variables. Les microcoques zymogenes, qui agis-sent comme des ferments, sont un peu plus importants; on les rencontre dans toutes les infusions animales ou vegetales qui eritrent en decomposition, dans toutes les eaux croupissantes qui fermentent; de meine on les trouve dans 1'urine qui fermente, dans le vin qui s'altere, qui devient Slant.
Les microcoques pathogenes ont ete signales dans beaucoup de matieres virulentes, dans la vaccine, la variole, la diphtherie, la septicemie, la flacherie, la rougeole, la flevre scarlatine, la diarrhee de l'homme, le typhus, la morve, la syphilis. Le röle de ces microcoques, dans ces maladies, n'est pas encore bien connu. Les microbacteriens sont des bacteriens plus volumineux, qui se presentent sous forme de bätonnets cylindriques mais courts; ils sont plus grands que les spherobacteriens, et ils se livrent h quelques mouvements spontanes. Ils forment un genre, le genre bacterium ou bacterie dans lequel on a etabli trois groupes secon-daires : 4deg; les microbacteriens chromogenes; 2deg; les microbacte­riens zymogenes; 3deg; les microbacteriens pathogenes. Les mi­crobacteriens chromogenes sont colores ; les microbacteriens zymogenes sont des ferments, les microbacteriens pathogenes sont ties agents morbigenes. On rencontre les microbacteriens colores dans le lait bleu, dans le pus verdatre, dans certaines eaux. Dans le lait de la vache, on pent rencontrer des microbac­teriens jaunes ou bleus. On observe quelquefois sur certaines plaies un pus verdätre ou bleu verdätre, et cette coloration est due egalement h la presence de certains microbacteriens colores. Quant aux microbacteriens zymogenes, on les rencontre principa-lement dans les matieres putrides.
Les bacteries termo, lineola, punctum se rencontrent dans les matieres putrefiees. On a signal^, dans le sang, la presence du hacterium catenula chez les personnes atteintes de fievre ty-phoide. Enfin il faut citer encore parmi les microbacteriens le vibrion lactique, le ferment acetique, le vibrion tartrique.
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Les desmobacteciens renfement des bacteriens plus allonges, lililbrmes et cylindriques. 11s sent plus volumiueux, ils sont quel-quefois acticules, composes de plusieurs pieces, et ces pieces reuniesentre elles constituent quelquetuis une chainette, un lep-totrix. Parfois on les rencontre isoles comma dans le sang chai-büimeux. Dans certaines circonstances, ils se presentent jsous forme d'essaims; ainsi dans le charbon, les ganglions lymphatiques renferment des arnas de bacteriens. Ces desmobacteriens sont ordinairement doues de mouvement; il en est qui sont toujours immobiles, tel est par exeinple le bacterien du cbarbon que M. Davaine a, pour cette raison, appele barteridie; les autres se montrent en mouvement ou en repos suivant certaines circons­tances, suivant la constitution du milieu dans lequel ils se trou-vent, suivant que ce milieu renferme ou ne renferme pas les aliments necessaires ä leur nutrition et les gaz necessaires ii leur respiration. Si le milieu est riebe en matieres alibiles et en gaz respirable, on les voit doues de certains mouvements, mais si le milieu s'appauvrit, soit en inateriaux de nutrition, soit en gaz,les bacteriens s'engourdissent et passent ä i'etat cte repos. Dans le groupe des desmobacteriens, il y a tin genre, le genre bacillus qui renferme plusieurs especes dont deux tres importantes : le hacillus subtilis et le bacillus anthracis.
Le bacillus subtilis e*t encore appele ferment butyrique (M. Pas­teur), il se rencontre dans les eaux stagnantes,leseauxdormantes, les eaux putrides, dans la presure; il est l'agent de la fermen­tation butyrique etudiee particulierement par M. Pasteur en 1865-18(36. Ce savant a demontre que le bacillus subtilis est done d'unevitalite considerable, qu'il resiste h une temperature de 105raquo;, qü'il est anaerobie, qu'il ne respire pas Fair ordinaire (nous verrons plus tard qu'il respire i'acide carbonique). Des 1865-1866, M. Pasteur avait constate que le ferment butyrique peut se trans­former en spores dans certaines circonstances, et que ces spores (corpuscules-germes) sont tres resistantes et peuvent reproduire l'individu adulte, c'est-ä-dire le bätonnet.
Le bacillus anthracis (anthrax, charbon), ou bacterien du char­bon ou bacteridie de M. Davaine, ne se präsente Jamals en mou­vement. II a ete etudie dans ces dernieres annees (1875 ä 1879), et Ton a reconnu, qu'ä l'lnstar du bacillus subtilis, il peut se trans-fonner en corpuscules-germes, qui jouissent de la propriete de reproduire l'individu adulte. Enfm le groupe des spirobacteries comprend des bacteries qui
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86nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOÖIE DES MALADIES CONTAGIEÜSES
nous intereswent pen, t-ar elles n'ont pas ete signalees coinme cause tie maladie contagieuse ; il eomprend les dinereats bacteriens ou vibrions qui se presentent sous la forme spiioide plus ou nioins flexueuse, sous la forme de tire-bouclions.
Physiologie. — La pliysiologie des bacterieus coinpi'end l'etude de leur etat nature!, de leur origine, de leur nutrition, de leur respiration et de leur reproduction. Les divers bacteriens se rencontrent dans des milieux tres differents; on en rencontre toujours dans l'air, dans toutes les eaux dormantes; il en existe toujoursä la surface des differents corps de la nature, raeme dans rinterieur des plantes et des animaux; 11 y en a partout en un mot. Certains auteurs avaient attribue leur origine, leur develop-peinent ii une transformation de la matiere minerale ou de la matiere organ ique; ces auteurs etaient des sponlaneistes, ils admettaierit que les bacteriens pouvaient naitre de toutes pieces aux depens de la matiere organique ou de la matiere minerale. Plus tard, et meine encore de nos jours, les heterogenistes out fait deriver les bacteriens des granulations proteiques, de certaines cellules vegetales ou animales. C'est bien lä de l'heterogenie, et d'apres ses partisans, les bacteriens proviennent done d'une cellule animale ou vogetule ou d'une granulation moleculaire. Nous n'accepterons aucune de ces deux manieres de voir, car les modes de genese de bacteriens sent aujourd'hui bien etablis.
Ces vegetaux, de meine que tons les vegetaux et animaux, se reproduisent d'apres les modes connus, par scissiparite et par endogenese; e'est un ascendant qui toujours doune naissanee h un descendant. Le bacterien a toujours un ascendant analogue ä lui-meme; il ne derive jamais d'une matiere quelconque ni d'une individuality differente de la sienne.
Les bacteriens existent dans l'air et les eaux; leur existence a ete constatee par MM. Robin, Pasteur, Tyndall, Lemaire, Golm, etc.; tons les observateurs qui les out recherches dans l'air les y out trouves. Comment peut-on deceler leur presence dans l'air ou dans les eaux'? On peut employer plusieurs proceiles. Un procede mis en usage depuis longtemps, e'est celui qui con-siste ä filtrer de l'air h travers du coton. II sufflt de remplir un vase quelconque avec de l'eau, de boucher son ouverture supe-i'ieure avec du coton et de laisser^ecouler l'eau par une ouverture inferieure. L'air exterieur penetre ii travers le coton dans rinte­rieur lt;lu vase pour combler le vide laisse par l'eau, et il se depouille
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ainsi de ses particules minei-ales ou vegetales et de ses germes. En etudiant le coton-flltre, on constate aisement la presence des germes. Lemeilleur filtre est le fulmicoton, qu'on peut dissoudre dans des reactifs appropries, et qui laisse un residu sous forme de poussiere, au milieu duquel sent les spores.
On peut encore employer le precede de Tyndall, qui consiste ii couvrir une surface quelconque, l'interieur d'une boite, avec de la glycerine, de placer la boite dans un milieu oü fair n'est pas pur, et de laisser le tout ainsi en repos dans I'appartemenf. Les particules de Fair se deposent (particules minerales et spores); cedes qui setrouvent au-dessus de la caisse se deposent sur la glycerine. II suffit alors d'etudier une goutte de cette glycerine au microscope pour voir les particules minerales et les spores vegetales.
Le precede de J. Lemaire peut encore etre applique; on salt que ce medecin a condense la vapeur d'eau d'une ou de plusieurs chainbres au moyen de melanges refrigerants, atin de pouvoir etudier les miasmes. En se servant done d'un ballon renfer-mant un melange refrigerant, on peut condenser la vapeur d'eau qui, etudiee ensuite, montre dans son sein une multitude de germes.
II y a encore un autre precede, et celui-lä est le plus important de tous; il consiste h faire des cultures. Si apres avoir soumis k une ebullition prolongee une dissolution quelconque de matieres vegetales ou aniinales, si, apres I'avoir ainsi purifiee, on I'expose dans un lieü oü I'air est pur, dans une cave par exemple, oil I'air en repos est pur, ou si on la preserve des germes de I'air au moyen d'un filtre-coton, cette infusion se conserve indefiniment, car I'air ne lui fournit pas de germes. Si au con-traire on la place dans I'air ordinaire et qu'on ne la preserve pas de tout contact, au bout de peu de temps eile s'altere, se putrefie, et si on I'etudie au microscope, on voit pulluler dans son sein un nombre considerable de bacteriens, et cela parce que I'air lui en a fourni les germes. Cette culture prouve que I'air renferme des germes en suspension, puisqu'une infusion purifiee prealable-ment se putrefie ii son contact.
Pour constater la presence des bacteriens dans I'eau, il suffit d'en examfner plusieurs gouttes au microscope; inais cette ope­ration peut etre tongue si les bacteriens ne sont pas tres abon-dants; alors il vaut mieux recourir au Systeme des cultures. A cet effet, on prepare une infusion vegetale ou animale, on la
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a.
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88nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
purifle pap rebullition et on la place dans un air pur. Gette infu­sion se conserve dans cat air pur; mais si on y ajoute une ou deux gouttes d'une eau justernent soupconnee, eile se montre, apres quelque temps, reinplie de bacteriens qui out repuilule.
Quels sont les bactei-iens qu'un rencontre dans I'air'? Ce sont les plus petits, les plus legers, ce sont les microcoques, les spherobacteriens; ils peuvent appartenir ä des especes ditle-rentes. Alors il est absoluinent impossible de distinguer une espece de l'autre par le microscope; tons les microcoques se ressemblent, I'air en renferme plusieurs especes. Ces bacteriens sont dissemines par les vents ä des distances plus ou moins grandes; ils viennent des eaux stagnantes. Lorsque les eaux fermentent, il y a un degagement de gaz et de vapeur d'eau qui entraine un certain nombre de microcoques.
Dans les eaux, on rencontre des vibrioniens de toutes les formes, des spherobacteriens, des raicrobacteriens, des desmobac-teriens, des spirobacteriens; lii on les rencontre tons. Ils sont plus ou moins abondants suivant que les eaux sont plus ou moins alterees, plus ou moins riches en matieres alibiles.
A la surface des corps, on rencontre differentes Varietes de bacteriens; on en rencontre dans l'interieur des plantes et des animaux. A chaque instant nous en introduisons en nous avec les aliments, avec les boissons efr avec I'air. II n'y a done rien d'etonnant qu'on en trouve ä la surface de la muqueuse respira-toire et dans I'appareil digestif. Ces bacteriens ne produisent pas d'effets nuisiblea, car le milieu ne leur convient pas, car les secretions gastro-intestinales nuisent h leur developpement, et leur böte vivant offre une certaine resistance ä leur multiplica­tion. Mais cette resistance disparalt lorsque la vie cesse. Les bacteriens des voies digestives et du canal respiratoire n'ont plus alors ii lutter contre cette resistance, et ayant ä leur disposition les matieres necessaires h leur developpement, il s'en suit que la fermentation putride s'etablit rapidement dans les voies digestives et se propage k toutes les autres parties du corps.
Rencontre-t-on quelquefois des bacteries dans le sang des individus bien portants? Les bacteriens peuvent exister dans le sang des individus malades, et certains auteurs ont pretendu qu'ils existent normalement dans le sang. Pour tirer cette conclu­sion, ils se sont appuyes surN'observation: dans ie sang, on rencontre des granulations refringentes qu'on peut considerer comme des microcoques; les auteurs qui ont soutenu qu'on ren-
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OONTAGES,
contrait des microbes dans le sang normal se sont appuyes sur cette observation et sur les resuitats de cultures mal faites; ils ont pretendu que le sang pouvait s'alterer sans recevolr de germes de l'air exterieur, et que, par consequent, 11 renfermait des ferments, des rnicrocoques. Cette affirmation est erronee, car M. Pasteur et d'autres ont aftirme le contraire, d'apres des experiences tres bien faites. On a pu extraire, ä l'abri de l'air, du saug d'un animal bien portant, et le conserver iiuleflniment en le niettant en presence d'un air pur; c'est dire que le sang ne ren-ferme pas lui-meme de germes, puisqu'il pent se conserver en presence d'un air pur; par consequent les germes que nous possedons dans nos organes, ä la surface de la muqueuse respira-toire, dans le tube digestif, ne passent pas dans le torrent circu-latoire.
Les bacteriens se nourrissent, se multiplient, respirent. Leur nutrition et leur respiration se font par une simple ubsorpriun endosmatique. Neanmoins ce sont des vegetaux, ils ont besoiu d'un certain nombre de principes pour se nourrir et pour respi-rer, il leur faut de l'eau, de l'azote, du carbone, de l'oxygene, plus certains sels mineraux. L'eau est indispensable, npn seule-ment ä leur developpement, mais aussi h leur vie; en effet, la dessication ari-ete les mouvements et les fonctions chez les bacte­riens adultes; poussee ä un certain degre et surtout lorsque la temperature est elevee, eile les tue. II n'en est plus de memo pour les rnicrocoques, ceux-ci resistent plus energiquement; la dessication ne les tue pas, une temperature de 100deg; ne detruit pas leur vitalite. Les bacteries se developpent dans les eaux dpuces ou salees, dans tons les liquides animaux ou vegetaux, oil ils ren-contrent les matieres necessaires ;i leur respiration et ä leur nutrition. Elles se procurent l'azote en decomposant les produits albuniinoules qui sont ii leur disposition, en decomposant les produits ammoniacaux et peut-etre ineine les composes nitreux. Elles empruntent le carbone aux sources communes aux autres organismes; mais independaminerit de ces sources, il en est d'autres qui peuvent leur en fournir: ce sont certains acides orga-niques, les acides tartrique, succinique, acetique, lactique, les matieres sucrees, la glycerine.
Toutes ces donnees sont utiles ii connaitre, car si on veut faire des cultures, il faut savoir preparer des milieux convenables.
L'absorption des aliments et de la matiere colorante se fait par endosmose. La respiration est aussi un phenomene endosmotique.
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90nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
Certains auteursont soutenuquetouslesbaeteriens sont aerobies, que tous respirent 1'air ordinaire; c'est lii une erreur, car M. Pasteur a ileinontre qu'il y en a d'aerobies et d'anaerobies, c'est-a-dire qu'il en est qui se plaisent dans un milieu oil existe de l'oxygene libre, d'autres qui se plaisent dans un milieu oil n'existe pas J'oxygene libre. En resume, la nutrition, le developpement et le multiplication de ces etres exigent un milieu convenable; et c'est la temperature d'environ 30deg; ii 40deg; qui favorise le mieux leurs functions.
La resistance des bacteries est tres variable suivant les indi-vidus. Les bacteriens adultes ne resistent pas h une temperature de 45deg;, 50deg;, 60deg;, 80deg;. Les spores resistent a 100deg;, 110deg; et meine quelquefois 130deg;. La congelation ne tue pas les bacteriens. La temperature de —18deg; h —87deg; ne tue pas les microcoques, eile les engourdit, mais leur vitalite persiste.
Comment peut-on purifier une eau, un liquide qui tient en suspension des germes, puisqu'en le faisant bouillir, en le corige-kint, onne lepurifie pas? II y a pour cela un moyen tres simple, base sur le fait d'observation suivant: on a observe que les bacte­riens s'alterent tacilernent lorsqu'on les fait passer brusquement d'une temperature extreme a, une autre; apres avoir etc soumis ä I'ebullition, si on les refroidit brusquement ils s'alterent, surlout lorsque apres ce premier refroidissement on les souinet h une seconde ebullition, puis ä un second refroidissement. Tyndall remarqua, en 1877, que certaines eaux, certaines infusions ani-males ou vegetales soumises h des ebullitions prblöngees ne se conservaient pas, bien qü'elles fussent placees dans un milieu pur; cela prouvait que ces infusions, quoique soumises ä rebullition, n'etaient pas purifiees. II eut alors recours ä un precede d'ebul-litions successives qui lui reussit pleinement.
En general, les bacteriens (corpuscules-germes), sont d'autant plus resistantsqu'ils sont plus anciens, plus desseches; c'est ainsi qu'un germe de deux, trois ans, est plus resistant qu'un autre qui vient d'etre produit, c'est-ä-dire que pour une meme temperature il perd plus difficilement ses proprietes. Lorsqu'un germe est place dans des conditions favorables, lorsqu'il est refroidi apres une premiere ebullition, il tend ii se developper, ;i vegeter; au bout de 7, 8, 9, 11, 12 heursect;s, ii commence ä vegeter, mais il devient plus sensible, ct si alors on soumet le liquide h une seconde ebullition, on peut le tuer aisement. Grace ä ce procede, on peut tuer tres rapidement tous les germes, etil n'est pas neces-
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CONTAGES, CONTAGIONSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 91
saire de faire bouillir l'eau pendant longtemps, il suftit de la inettre en ebullition et de la refcoldiu aussitöt pour la faire bouil­lir une secondcopy;; une troisieme fuis, de douze heures en douze heurew. Cette eau ainsi puriliee se conserve indefiniment en pre­sence d'un air pur. Plus tard, nousferüns ressortir les applicationsnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I que comporte cette donnee, forsque nous nous occuperuns de la police sanitaire (desinfection).
La resistance des bacteriens k I'oxygfehe coinprime est variable, ainsi que nous 1'avons dejii dit. Les bacteriens adultes (le bacillus subtilis par exemple), ne resistent pas h I'oxygene compriiiie; h l-etat de curpuscules-germes ils resistent.
Les vibrioniens se reproduisent de deux manieres: par scissi-parite et par endogenese. La reproduction par scissiparite ou tractionnement transversal est le mode le plus habituel; eilenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I
exige pour se produire par une temperature moderee, une uour-riture abondante et un gaz convenable pour la respiration. Suns d'autres circonstances, les bacteriens se inultiplient par endoge­nese, c'est-ä-dire que dans leur interieur il se forme des spores qui sont ensuite mises en liberte. Ge dernier mode avait ete soupconne par M. Ch. Robin, en 1853, inais ce n'est qu'en 1865 qu'il a ete mis en evidence par M. Pasteur, dans ses etudes sur le ferment butyrique; plus tard il a etc observe en Allemagne par Hoffmann, Colm, Bilroth, Van Tieghen, etc., en France par MM. Pasteur, Toussaint, etc. Les spores qui se reproduisent dans rinterieur des bacteriens sont des etres vivants qui peiivent rc-produii'e la bacterie aclulte. Ainsi, en inoculant un animal avec des bätoimets(charbon), on le rendcharbonneux, et pareillement en inoculant en mamp;ne temps un autre animal avec des spores, on le rend pareillement charbonneux.
Des experimentateurs ayant cultive ces corpuscuies-germes et n'ayant pas reussi ;i soustraire les milieux de culture a I'enva-hissement des germes etrangers, out vu se developper les formes les plus diverses et out conclu k des transformations etranges. Quelquefois lesbacteries donnent dans leur int6rieur.derentablesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i
sporanges polyspores.
Röle des bacteriens dans les fermentations. — La fermentation acetique est due k un microbactiTien; la fermenta­tion ammoniacale de I'ui'ine, les fermentations lactique, butyrique, visqueuse, etc., et enfin la putrefaction ou fermentation putride sont provoquees par des bacteriens.
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ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
Röle des bacteriens dans les lesions chirurgi-cales. — Nous savons qne les bacteries existent dans I'aii-, dans les eaux, qu'elles se inultiplient dans les eaux douces ou salees qui contiennent des matieres vegeto-animales, et nous sa­vons aussi que les dissolutions ou infusions vegeto-animales puri-fiees se coirompent en presence de Tail', qui leur cede des germes de putrefaction. II n'y a done rien d'etonnant que les acci­dents chirui'gicaux, les plaies se compliquent quelquefois de putre­faction. En elTet, quand on nettoie ces plaies avec une eau ordi­naire, on met en contact avec eile les germes en suspension dans le liquide; d'un autre cote, ces plaies ne sent jamais preservees completement du contact de l'air ainbiant, et celui-ci depose sur elles des germes de putrefaction. Parfois certaines plaies puru-lentes, suppuratives, telles que celles des setons, des operations de pied donnent une suppuration tres fetide; or le pus n'est pas fetide par lui-meme; s'il le devient, e'est qu'il se putrefie, e'est que, sous l'influence des germes exterieurs, il se developpe dans sa substance une veritable fermentation putride. Les bacteriens agissent lii comme ils agissent toujours, ils agissent comme de veritables ferments. La plupart du temps, les plaies, notamment les plaies du pied et meine celles des setons qui se compliquent ainsi de putrefaction, nesontpourtant pas suiviesd'accldents mor-tels; il est rare de voir cette complication amener une septicemie generalisee.
Le pus d'un seton est toujours putride; il renferme toujours des germes de septicemie, et cependant si on nettoie le trajet de temps en temps, il est rarement la porte d'entree d'une putre­faction generaie. Quelquefois pourtant, et ces cas sent encore trop frequents, les plaies des setons non seulement se compliquent de putrefaction locale, rnais celle-ci se generalise, rengorgement s'etend, et la putrefaction, gagnant de proche en pröche les divers tissus, cause rapidement la inert. On dit alors qu'il y a gangrene traumatique, gangrene generalisee ou mieux septicemie ou infec­tion septique.
Voilii ce qui se passe sur les plaies situeesä la surface du corps, en contact avec l'air exterieur. Mais la ineme complication peut encore se presenter a l'occasion des plaies siegeant dans I'inte-rieur des organes. Ainsi quand, sous I'influei'ce d'une vlolente congestion, d'une forte inflaiYimation pulmonaire, il y a gangrene d'une portion du poumon, il n'est pas rare que celle-ci soit le point de depart d'une septicemie generaie; en eilet, grace ä la
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rupture d'une ou de plusieurs brouches, I'air peut se mettre ea contact avec la matiere desorganisee et lui fournii' des germes de putrefaction; cette complication survient dans certains cas de necrose ou de gangrene pulmonaire. Dans d'autres cas, la necrose senkyste lorsqu'il n'y ä pas connnunication avec les bronches (celles-ci ayaiit etc primitivement obstruees par I'in-flammation), lorsque Fair n'arrive pas au contact de la partie de­sorganisee.
Les plaies et les accidents internes qui se compliquen.t de sep-ticemie ne doivent done cette complication qu'au contact de I'air, qu'aux germes qu'ils empruntent ä I'air. En eilet, toutes les tbis qu'il s'agit d'un foyer purulent qui n'est pas en contact avec I'air cxterieur, d'une collection purulcnte profonde, il n'y a pas septi-ceinie.
On salt que certains abces restent plus ou moins longtemps sans s'ouvrir au dehors, et que quelquefois ils ne s'ouvrent meme jainais(le pus se trärisforme en üne matiei'e caseeuse ets'enkyste, s'entoare d'un tissu inflammaloire qui s'organise). Dans ces cas, il n'y a pas contact avec I'air exterieur; il n'y a pas apport de germes, de ferments, il n'y a pas de putrefaction.
Les tumeurs sanguines qu'on voit souvent chez les solipedes ne se compliquent pas de septicemie, tant qu'on ne les met pas en contact avec I'air exterieur; mais si on etablit ce contact et si ces collections, si les cavites presentent des anfractuosites oü 1c pus peut stagner, la septicemie apparait quelquefois.
G'est encore grace au contact de I'air que la metrite se com-plique de septicemie. La metrite septique est assez rare chez nos animaux; une espece peut la presenter quelquefois..
Chez la vache, la putrefaction dans la matrice se voit toutes les fois que la delivrance est tardive, que les enveloppes foetales se-journent plus ou moins longtemps dans l'uterus. B se fait par la vulve un ecoulement a odeur de gangrene, qui temoigne de la fermentation due au contact de I'air exterieur. Get accident reste souvent local; pourtant il y a ä cette regle des' exceptions. La fermentation est quelquefois envahissante, et il en resulte une metro-peritonite, une infection septique generalisee. La fievre puerperale de la femme n'est autre chose qu'une metrite ou une metro-peritonite septique.
Done les bacteriens, les germes en suspension dans I'air exer-cent une influence fächeuse sur les plaies, sur les accidents chi-rurgicaux; ils provoquent h leur surface la fermentation putride qui se generalise queiquefois.
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imüLOÜIK UES MALADIES CONTAGIEUSES
II y a done pour le Chirurgien indication d'einpecher, autant que possible, le contact de i'air exterieur avec les phiies. Aussi, connne application de cette donnee, toutes les fois qu'il sera pos­sible de faire les operations par la methode sous cutanee, il ne faut pas y manquer, afin de preserver les parties atteintes par rinstrunient du contact de l'air exterieur. Maiscela est impossible dans le plus grand nombre de cas. On ne peut eviter l'acces de l'air sur les tissus vifs; alors il faut employer des medicamenls therapeutiques capubles d'einpecher le developpeinent des germes septiques de l'air ä la surface des plaies.
Role des bacteries dans les maladies conta-gieuses. — Nous savons dejä que les bacteriens jouent un grand röle dans la propagation d'un bon nombre de maladies conta-gieuses; nous savons qu'ils sont la cause efficiente de la septice-mie, du charbon, de la pebrine, de la flacherie, du cholera des oiseaux, de la flevre typho'ide du pore, etc. Presque tout le monde admet aujourd'hui que ces maladies doivent leur develop­peinent ä la presence et h la multiplication des bacteriens.
Mais certains auteurs ne partagent pas cet avis; il y a encore desesprits assez influents qui nlent l'action des bacteriens comme cause des maladies contagieuses. Ces auteurs pretendent que la bacterie n'est pas la veritable cause de la maladie oü on la ren­contre ; ainsi la bacteridie ne serait pas la cause du charbon, ni le bacillus suhlilis celle de la septicemie. D'apres ces auteurs, il resterait encore h demontrer s'il y a une dillerence reelle entre les bacteriens qu'on trouve dans l'organisme malade et ceux qui existent au dehors. Pour eux, en d'autres t.ermes, les memes bacteriens pourraient presenter des differences dans leur action, suivant qu'ils se developpent dans un organisme primitivement malade ou bien qu'ils vegetent ä l'exterieur, suivant qu'ils sont eultives dans un liquide, dans une solution d'une matiere vege-tale ou animate. La distinction basee sur les caracteres physio-logiques ne serait pas non plus satisfaisante, cette distinction serait encore tout ä fait teineraire, vu l'etat actuel de nos connais-sances.
Et pour expliquer la presence des bacteriens dans l'organisme, ils pretendent qu'il y a quelquefois une veritable heterogenese. Dans tous les cas, ils suppoSent que les bacteriens qui sont nes et se sont developpes dans les organes malades s'aecornpagnent d'une secretion particuliere, de la formation d'un poison chimique,
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et que ces memes bacteriens, se developpant hers de l'organisnie, dans I'eau ou une solution quelconque, ne provoquent pas la formation de poison septique. L'influenee du milieu malade est tlonc pour eux la veritable cause qui explique I'actioa malfaisante des bacteriens.
Ainsi pour M. Colin, ce n'est pas le bacillus suhtilis qui est la cause de la septicemie developpee h la surface d'une plaie. Pour lui et pour les autres qui out la meine maniere de voir et de com-prendre, void comment le phenomene se produirait : les tissus sont d'abord malades et, comme consequence, il se produit des modifications anatomiques et chimiques dans les liquides des parties malades, il se constitue un milieu special morbide qui est tres favorable au developpement des germes que I'air tient en suspension, et ces germes qui tlans d'autres cirepnstances, qui dans I'eau par exemple, ne secretent pas de poison, une Ibis qu'ils se sont developpes dans un milieu altere, donnent naissance ä un vrai poison, et e'est cet agent toxique qui, absorbe, agit d'une facon detavorable sur 1'organisme.
Cos auteurs invoquent encore, h l'appui de leur maniere de voir, la difference de gravite des maladies contagieuses, et ils pretendent que la gravite d'une maladie est loin d'etre propor-tionnelle au nombre des bacteries qu'on rencontre dans les hu-meurs malades. La bacterie ne s.erait done qu'une simple com­plication; ce ne serait pas la cause, mais un simple epipheno-mene. La plupart de ces auteurs ne font meme pas intervenir le contact de Fair pour expliquer son apparition; ils admettent une veritable heterogenese ou archebiose.
Gette maniere de voir est absolument fausse, car il estdemontre que ce sont les bacteriens qu'on voit dans les humeurs virulentes qui sont la cause de la maladie. Gela est demontre pour la septi­cemie, pour le charbon, etc.
A propos de ces maladies, on a pu isoler le parasite, le cultiver pendant des jours, des mois hors de l'organisme, et ce parasite, qui a ete plus ou moins eloigue de sa source primitive, qui a ete cultive dans cent, deux cents, trois cents infusions diflerentes, qui par consequent n'a jamais vecu depuis plusieurs mois dans un milieu analogue h celui de l'animal qui I'a primitivement fourni, ce parasite ne jouit pas moins de la propriete d'engendrer la meme maladie. La conclusion de ce Systeme de cultures est evidemment bien sure, et demontre d'une facon tres claire que les maladies parasitaires, la septicemie, le charbon, doivent leur developpe­ment ä la multiplication des bacteries.
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96nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
D'ailleurs une experience de M. Ghauveuu, faite en 4870-71, demontre que la septicemie est bien due ä Fintroduction de ger-mes. Le bistournage d'un belier est une operation genöralement benigne, qui n'est suivie d'aucune complication. Le testicule se disorganise, mais il n'y a pas de septicemie. II n'en est pas de memo lorsque, avant cle pratiquer le bistournage, on injecte du sang septique ou un liquide septique quelconque dans un vaisseau ; apres I'operation on observe la putrefaction dans la region operee. Gela ne s'explique que par l'introduction de germes. Si on prend deux moutons pour les operer de la memo maniere et que chez I'un seuleinent, avant I'opefatioii, on injecte des matieres sep-tiques dans un vaisseau, on n'obscrve aucune complication de septicemie chez celui qui n'a rien recu, tandis que chez le pre­mier il y a septicemie. Si enfin on injecte dans les vaisseaux d'un belier, avant de le bistourner, un liquide septique filtre, et par consequent prive de germes, le bistournage ne se complique pas de septicemie; tandis que celle-ci se developpe chez le mouton auquel on injecte ce qui est reste sur le filtre. Cette experience de M. Chauveau demontre bien que les bacteriens sont les agents de la septicemie.
Mode d'action des bacteries. — Comment peuvent agir les differents bacteriens qui provoquent le developpement des maladies contagieuses? Noussavons que ces etres se nourrissent, se developpent, se multiplient et respirent, et parmi eux il en est qui sont aerobics, tandis que d'autres, exigeant un milieu prive d'oxygene (compose par exemple d'acide carbonique), sont anae-robies. Comme consequence de ce fonctioanement multiple, il doit resulter une perturbation dans l'organisme de I'mdividu qui heberge les parasites.
A ce sujet, rappelons la definition que nous avons donnee des maladies contagieuses : les parasites se deve:oppent dans I'orga-nisme, par consequent ils s'emparent de ses materiaux, non seu­leinent des materiaux alibiles pour se nourrir, mais encore de l'air (ceux qui sont aerobics); et en outre, la plupart, peut-etrc tons, provoquent la formation d'un veritable poison, d'une ma­uere particuliere, non encore bien etudiee, mais qui pent agir comme poison ou comme agent irritant et phlogogene. II resulte de ces modifications un trouble general d'abord dans le sang et ensuite dans les tissus, dans les organes, dans le Systeme nerveux.
On a pretendu que la mort pouvait etre due ä plusieurs causes,
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que les. bacteriens aerobies pouvaient donuer la mprt par asphyxie. Cette idee a ete einisedans ces dernieres anaees ä propos de la bacteridie cbarbouneuse. On a dit qu'elle s'emparait de l'oxygene destine, aux bematies, qu'il en resultait im defaut d'hematose, et (ju'il y aYait; une veritable asphyxie quaud les parasites devenaient trop nombreux. Ce pouvoir asphyxiant des bacteries aei'obies est reel, maisil n'est pas süffisant pour donuer la mort ä lui seul, et la preuve, c'est qua dans le charbou la gi-avite de la maladie n'est pas toujours eu rapport avec ie noinbre des bacteiidies qui sont dans lei sang; ainsi chez tel animal ily a beaucoup de bactöridies dans le sang, et chez tel autre il n'y en a presque pas. 11 est done difficile d'adinettre que, dans Tun coimne dans J'autre cas, il y a eu egalement asphyxie. Gelle-ci n'est done pas la seule cause de la mort.
M. Toussaint a pretendu que dans certains cas de ch^rbon, no-taminent chez les petjts animaux, la mort serait due ä une oblite­ration vasculaire produite par Taccumulation de bacteridies dans les arterioles et les capillaires flexueux. Cette lesion est encore bien insuffisante pour expliquer la mort. II est bien vrai que sur les cadavres il y a des obliterations, mais celles-ci se voient sur des regions bien limitees. Cette cause ne rend done pas compte de lamort. , ,
,; Ilya.par consequent qiielque autre chose, c'est le poison dont noijs.avons parle. ,Ce poison ejiiste, il a ete sinon isole, du moinis tres legitimement soupconne pour le cbarbon, la septicemie,ato, et il agit comme poison ou comme matiere irritante.^,,,,,,,^, .;i;|
On peut done dire que les bacteriens, qui qcqa^ipnnept.des^-ladies contagieuses et provoquent des^trqu^le^^an^j'qrgan-jsnje en alterant le sang, les tissus, l^S O^anes^l.ejSystieme.ilfj've,^, occasionnent la mort en proyogpant | l'a^phyxie,, p^ii-^etprfpi^tmt des obliterations vasculaires, des hemo.r'r.Uagie.?, nj^s^angrei^^c^ri-secutives, en produisant le plus souvent un empoisonnement du ä la formation d'une matiere particuliere, qui aecompagne le de-veloppeMeiit aöilbactg*iöils.iY. (gaSATWOD) aiKl HTiAk/ilH
gt;.cetl,?,1tJißpj|j(pgt;d^|piijV^^^^yir)pl^||tfllt;Qn^ajf.l(i^ßlt;pp^^^^ dies ne se äeyelop^^^^g^Bamp;^ik^^^^K^?s)^S^ß'
d'autres affections provoquees par des bacteriens conferent rim-
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VOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
munite apres une premiere guerison. Pour expliquer cette im-munite, on a pretendu que le bacterien pathogene laisse dans le sang ou les humeurs une alteration plus ou moins persistante, qui leur confererait des proprietes partlculieres, les empechant de se preter au developpement du meine bacterien pendant un temps proportionnel h sa duree, d'oix resulterait une immunite plus ou moins longue. On a aussi explique I'immunite en admettant que les microbes alterent ou detruisent, en se nourrissant et so multipliant, certaines matieres, qui des lors venant ä etre plus rares ou ä faire defaut dans I'organisme, permettraient de com-prendre pourquoi les memes microbes ne vivent pas un temps illimite sur le meme individu et ne peuvent s'y multiplier de nou-veau, qu'autant que les matieres, usees une premiere fois, se sont reformees.
Comme complement de cette etude, nous devrions Studier les agents qui peuvent empecher le developpement des bacteriens. Si ces agents etaient tous bien connus, on serait arme efflcace-ment pour la desinfection ; maisjusqu'ici les determinations preci­ses sont rares. On salt pourtant que la dessiccation et une certaine elevation de temperature peuvent empecher le developpement des bacteriens ou meme les tuer. II parait que I'acide salicylique jouit aussi de la propriete d'empecher la multiplication desbactc-ries et de prevenir la putrefaction. II en serait de meme, sem-ble-t-il, de I'acide phenique, des phenates, de I'acide borique, du berate de soude, de I'acide sulfureux, etc. II y a sur ce sujet a faire des recherches precises.
Reprenons maintenant l'etude des proprietes des contages. Nous avous etudie les bacteriens, parce que nous les avons consi-deres comme elements anatomiques des virus, et parce que nous leur avons attribue la propriete d'engendrer les maladies et de les propager. Voyons ce que deviennent les contages excretes et reje-tes dans le monde exterieur.
FINALITE DES (CONTAGES) MATIERES VIRULENTES
Les virus excretes et rejetes hors de l'economie se conservent-ils? Pendant combien de temps se conservent-lls? Quels sont les agents qui peuVent accelerer leur destruction ?
Nous savons que certains virus peuvent se detruire partielle-ment dans I'organisme; mais nous savons aussi que les malades
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rejettent pur differentes voies, par les voies d'excretion orclinaires ou par des lesions morbides qui se sont developpees sur la peau et sur les inuqueuses, une plus ou inoins grande quantite de matieres virulentes. Gelles-ci se deposent sur des corps sol ides ouse melan-gent avec des liquides, ou restent en suspension dans I'air. Elles peuvent se conserver plus ou inoins longtemps, soit sur les soli­des (räteliers, fourrages, mangeoires, murailles, etc.), soit dans les liquides, soit dans I'air. Ges differentes matieres presentent une grande variation dans leur tenacite, elles jouissent d'une vi-talite variable, elles resistent plus on moins aux dilierentes causes de destruction; cette resistance varie avec les circonstances exte-rieures et avec les virus. Ainsile virus rabique, de meme que ce-lui de la rougeole, de meine que celui du cholera, ne parait pas se conserver bien longtemps; il n'en est pas de meine des virus typhique etvarioleux, qui se conserventplusieurs jours, plusieurs mois et peut-etre meme plusieurs annees. On cite des laits dans losquels on aurait observe la transmission du typhus au nioyen de debris enfouis depuis plusieurs mois. Eu medecinehumaine, on cite des cas oü la variole se serait transmise par Texhumation de cadavres varioleux enterres depuis plusieurs annees. Le virus claveleux ou claveau peut se conserver plusieurs mois dans les croütes qui se detachent de la peau des malades. On salt tres bien que le claveau peut etre conserve artiliciellement dans des tubes, de meine que le virus vaccin, pendant une annee et au-delä. Semblent aussi resistor assez longtemps les virus de la fie- • vie typhoi'de de Thomme, de la scarlatine, de la morve, de la pe-ripneumoniedes grands ruminants. Le virus inorveux, depose ;i la surface des mangeoires, se conserve plus ou moins longtemps, inais pas au-delii de quelques jours. Le virus charbonneux offre une resistance variable suivant sa constitution. Quand il se com­pose de bacteridies adultes, de batonnets, il se delruit tres rapi-doment; inais les corpuscules-gei'ines resistent des annees. Les corpuscules-germes de la septiceinie resistent aussi tres long­temps.
Quand on veut conserver des matieres virulentes, il faut reali­se!' certaines conditions, il faut eviter le contact de I'air (afin d'empecher la putrefaction) et l'acces de la lumiere. Le mieux est de les placer dans des tubes ou entre des lames de verre qu'on lute et qu'on depose dans des flacons en verre noir, ou au milieu de substances qui les preservent de la lumiere.
Les virus se conservent egalement dans le monde exterieur;
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mais ils exigent de merne certaines conditions. Ainsi, toutes cho-ses egales d'ailleurs, ils se conservent plus longtemps ä la surface des corps, solides que melanges ä l'eau, et d'autant plus qu'iis se soiit dessechespluslentementet plus completeraent. S'ils se desse-chent trop vite, la dessiccation peutles tuer, et s'ils ne se dessechent pas, la putrefaction s'en empare. La lumiere, l'electricite hätent leur destruction en hätant les combinaisons chimiques; il en est de meme de la chaleur, qui les detruit d'autant plus sürement qu'elle est plus elevee. L'eau bouillante, la vapeur d'eau, le feu les detruisent sürement. Le froid engourdit les virus, mais s'il est modere il en favorise plutöt la conservation. Les corps poreux, les tissus de laine favorisent leur conservation. Parmi les agents atmospheriques, qui accelerent leur destruction, il faut signaler Fair et surtout Fair sec et aussi Fair humide, le premier par la dessiccation, et le second en favorisant la putrefaction; il en est.de meme de Fair chaud, tandis que Fair froid les conserve. Les pluics agissent de la rnihne maniere que Fair humide.
Parmi les agents chimiques qui hatent leur destruction, il faut citer 1'ozone, Foxygene kl'etatnaissant et en general tousles corps avides d'oxygene, tous les corps avides d'eau, tous les corps oxy-dants et tous les corps dessechants, deshydratants, les causti-ques chimiques, acides et alcalins, surtout les, acides forts et les alcalis forts, et presque tous les. composes pyrogenes. G'est parmi cesderniers qu'on trouve.les ppincipaux desinfectants; ce sont ceux qui empechent le mieux le developpement des bacteriens et qui combattent le plus sürement la putrefaction; ce sont les meilleurs disinfectants.
On s'est. demande si les sues digestifs annihilaient les virus. Quelques veterinaires se sont prononces pour Faffirmative, et out pretendu que les maladies virulentes ne se transmettent pas par les voies,digestives. G'est une erreur, car presque toutes les mala­dies contagieuses peuvent se transmettre par cette voie ainsi que nous le verrons plus tard.
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DE LA CONTAGION
.#9632;#9632;#9632;#9632;#9632;.#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,..,.#9632;:#9632;..:#9632;.;
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,,; I Les virus rejetes.hors de Forganisvne se conservent done plus ou moins longtemps, et si, pendant cet etat de conservation, ils sont ingeres, inhale?, en un mot s'ils sont mis en contact avec des animaux sains, il y a contamination, contagion, ensemence-
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ment de l'agent virulent et eomme consequence, il y a repul-
lulation du virus -et reproductioii de la maladie. Toutes les
maladies contagieuses n'offrent pas ä un meme degre le pouyoir
de se transmetti^e, et la meme maladie peut se transmettue plus ou
moins facilement, son virus peut se conserver plus oumoins long- ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i
temps; cela depend d'une foule de circonstances. Les maladies
contagieuses ne se creent jamais de toutes pieces,, elles resultent
toujours, de la contagion.; II est.bieu des cas oil cette contagion est
difficile ä suivi'e, oil, par exemple, un cheval. est recounu morvßux
sans qu'öu puisse reinonter ä la source de la maladie, sans qu'on
puisse reconnaitre 1'aniraal qui lalui a transniise ; mais ceu'est.
pas la une raison süffisante pour attribuer la ratdadie a, une cause
ordinaire..Du reste,rnpus avons refute la spoutanpite et les pauses
qu'oiiamvoqueespouivl'appuyer; etleröleepyclusildelacpntagi^,;
s'explique assez par les proprietes des virus, par ,le pouvoir qu'Us.,
ont de ge, consßf yer, de ;se multiplieivchez les iiidiyidus, et, de pe
transmettre de plusieurs manieres. Enflii le rple dela.cpnuigioji
ressort pleineraent des discussions qui ont eu lieu deyantL'^cade-
mie de inedecine, deyant la Societe centrale veterinaire, oil les
spontaneistes ont ete reduits ii invoquer des arguments peijise-
rieux. D'ailleurs, nous savons qu'il est impossible de faire deve-
lopper de toutes pieces une maladie contagieuse. .,.,l,gt;.,:\:.,
On a eleye des objections contre l'attribution d'unrölesiexclu-sif ä la contagion; on a;dit,si la contagion explique tout, coiumqpt comprendre l'apparition de la premiere maladie contagieuseV C'est la une objection puerile.; pourquoi ne pas, demander d'oii vient le premier individu. Quelquefois, a-t-on dit, on ne. peut pas reinonter a. l'origine de la maladie, sou vent on ne peut pas suivre la contagion ; mais qu'importe cela, puisque jamajs personnel n'a-vu naitre spontanement une maladie contagieuse.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,, ,,,, .,1,111.,.
La contagion est done bien la seule cause des maladies viru-
lentes.
Nous savons qu'il faut entendre par contagion la transmission rt'une maladie specifique d'un individu qui en estatteiat k un pu plusieurs individus sains, par contact direct qu indirect, par con­tact immediat on mediat, au moyen de ragent morbigene appelc contage on virus, emanant d'un premier malade, quelle qjie soit du reste, son origine primitive, et se multipliant sur,les individus apres qu'il est transmis.
Le domaine de la contagion comprend toutes les maladies trans-missibles, parasitaires ou virulentes; son resultat est la transmis-
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102nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
sion d'une malaclie au moyen d'un germe. Elle s'eftectue par le transport de la matiere virulente d'un animal malade ii an ani­mal sain, soit au moyen d'un vehicule solide, soit au moyen d'un vehicule liquide, soit au moyen d'un vehicule gazeux. La trans­mission de la maladie s'explique done par la multiplication, la re-pullulation da ses germes.
Parmi les maladies transmissibles, les unes ont im pouvoir de transmissibilitetres prononce (typhus des grands ruminants), d'au-tres se transinettent moins facilement (morve, etc.). Les unes se transmettent par des modes multiples, par le contact immediat des malades avec les sains, par le contact de la matiere virulente avec les sains realise au moyen d'un agent intermediaire solide'ou liquide, par l'intermediaire de l'air; d'autres ne se transmettent pas par ce dernier mode.
II nous taut done etudier ii present les differents modes de con­tagion, les voies d'introduction et l'absorption du contage.
Modes de contagion. — Les contages qu'on appelle fixes sont ceux qui se trouvent dans une matiere solide ou liquide (croiites claveleuses, jetage morveux). Les virus dits volatils sont ceux dont les germes sont en suspension dans un gaz, clans i'air, dans les miasmes, dans les effluves.
Quelles sont les maladies virulentes qui se transmettent par virus fixe, quelles sont celles qui se transmettent par virus vo-latil 1
II y a des maladies qui ne se transmettent Jamals par virus vola-til : telles sont Id rage, la syphilis de I'homme, le horsepox, etc., pour lesquelles on n'a encore Signale aueun cas de transmis­sion par l'air, et qui se transmettent toujours par un vehicule solide ou liquide. Bon nombre d'autres maladies qui se transmet­tent pareillement par l'intermediaire d'un vehicule solide ou li­quide, se transmettent encore par l'intermediaire de l'air : telles sont le typhus, la peripneumonie, la variole, la clavelee et peut-etrela morve et le charbon, ainsi que les maladies septiques.
Dans l'etude des miasmes et des effluves nous avons vu que cos produits gazeux ne peuvent determiher une maladie virulente, c'est-ä-dire la contagion, qu'autant qu'ils tiennent en suspension des germes virulents, qu'autant qu'ils sont constitues h l'etat de virus volatils,
D'apres ce que nous venons de dire, il est facile de deduire les principaux modes de la contagion, qui sont au nombre de trois, ou meme seulement an nombre de deux. Avant de passer h leur
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etude, rappelons que la contagion pent etre naturelle ou experi-mentale; naturelle cfuand il y a transmission du malade au sain sans l'intervention active et voulue de l'homme, c'est-a-dire dans les conditions ordinaires de la vie des animaux et de leur exploi­tation ; experimeatale, quand rhomme intervient volontairement pour la provoquer, quand il met lui-meme l'animal malade en contact avec un animal sain, ou bien encore lorsque avec un instru­ment quelconque il prend du virus chez un animal malade et l'introcluit dans I'organisme d'un animal sain (inoculation, injec­tion hypodermique).
Toutes les maladies contagieuses peuvent se transmettre par contagion naturelle, par le contact medial ou immediat, chaque fois que la matiere virulente ou produit morbide, excretee par un animal malade, est. en contact avec un animal sain. Les tentatives tie transmission experimentale ne reussissent pas egalement bien pour toutes les maladies contagieuses. L'inoculation n'a pas tou-jours reussi; ainsi on n'avait pas encore pu inoculer jusqu'a ces dernieres annees la maladie du jeune iige, et pourtant on consi-dcrait cette maladie comme contagieuse, soil par Fair ambiant, soit par la cohabitation. La contagion etait sure, mais on n'avait paspu la verifier experimentalement; celateuait ä ceque, dans les essais que Ton avail faits, on n'avait pas inocule le germe de la maladie, ou pour mieux dire, on ne connaissait pas le vehicule oil se trouve le germe, la matiere virulente. De meine on ne salt pas encore exactement oü se developpe le germe de la rage, on ne salt pas si le virus rabique est fourni par la salive ou bien s'il est secrete par la muqueuse buccale.
J.a transmission naturelle s'effectue par trois modes qui sont:
1deg; La contagion immediate ou directs, lorsqu'il y a contact de l'animal malade avec l'individu sain; dans ce cas, c'est l'animal malade qui transmet lui-meme sa maladie ä l'animal sain.
Üdeg; La contagion mediate on indirecte, lorstjue I'agent virulent ou la matiere virulente est apportee ä ranimal sain par des vehi-cules externes, solides ou liquides.
:J0 La contagion volatile ou Vinfection, lorsque le virus ou le germe de la maladie est en suspension dans Pair, qui est respire pan l'animal sain et lui communique ainsi la maladie.
La transmission experiinentale pent etre ubtenue aussi suivant plusieurs modes. L'experimentateur pent transmettre la maladie
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104nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
iSW contact immediat ou direct^ c'est-k-dire en mettant en contact up animal malady avecun animal sain. II peut la transinefcti-e par le^oiUact mediat pu indji-ect, c'est-ärdire en: pratiquairt Tinbdula-tiohja, la lancette, ou en faisant ingerer ä un animal sam des bois-sons ou des Iburrages souilles de matiere virulente. II peüfrmissi Uitransmettre pai' rintermediaire de I'air, en faisant iiihaler ä tin
JIL'JI
ainm
= ml sain un air dans lequel il a iiiis en suspension des geimes virufents, soit du virus phthisique, soit du claveau^ soit du virus
-U'ijan
v
J.9 8b£
x desseches. A cote de cas ti-ois modes, rexperimentateur
a encore d'autres procedes : il peut avoir recoürs ä rinjection liypeaetmique, injecter la matiere virulente dans le tissu t;on-; jonctif sous-cutane ; ä rinjection intra-vasculaire, injecter la ma­ture quot;Virulente dans un vaisseau, dans une veine; a i'injection inira-liymphatique, injecter la matiere virulente dans un vaisseau ouun ganglion lynaphatique ; a 1 mjection mtra-sereüse, mjecter
IaJmatiere virulente dans une sereuse, dans la nlevre, dansl
le
i
pentoine.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;#9632;
-mii aBCtJ Ainsi done, qu il s agisse de transmission naturelle ou de trans-
ififssion^experimentale, la matiere virulente esttoujours ou solide,
ou Uqtiittö, ou gazeuse.
' IVäpPfe cela, il est facile de se rendre compte des causes et des citeobMaiices qui favorisent la contagion : ce sont toutesles causes ef TOUtes lös circonstances qui favorisent la conservation des virus, tdtote^'le^pauses qui facilitent leur introduction dans I'organisme.
quot;Le'WUfei'^eut penetrer dans I'organisme par plusieurs voies, l^ili'JpitflieWr^ portes qu'on entrevoit dejä, et qui sont la peau, le tMu1,8onjDlii'ctif, les muqueuses, les voies digestives et les voies i-E^pimöißes. JUne fois infroduit tlans rorganisine d'un animal, il produit tout d'ubord ses effets silencieuseinent, il augmente sa töi^Ö,,?sWli)öi's^änce, il se miiltiplie, puls, au bout d'un certain tetops^; hes effets se manifesteut ext^rieurement.
liWuefäuü-irentendre par les expressions, contagion immediate, contagion, ahedlate, contagion volatile, et quel est le role de ces djflgfy^ijnosLjSLdA la contagion ?
Contagion immediate ou directe. — Par contagion immediate ou directe, on eiitend la transmission d'une affection contagie.usamp;it qp aiiijual sain avec lequel est en contact un animal inalade qui,lettou,lt;plie directement^t lui communique lui-meme sa maladie. Oiianctoii dit qu'il y a eu contagion immediateyon entend dire qu'il y a eu rapport direct d'un animal malade avec un animal sain, et que de ce rapport est resulte la contamination de Tanimal
9ib.iJi-.!\i b
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#9632; :#9632;#9632;-.-. #9632;#9632;:.,#9632;• r/ -.#9632; ., •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ra. . 90
sain, la transmission de la maladie. Ainsi n y a contagion imme­diate quand un ehien enrage transmet sa maladie en iiiöcülaht luirmßme sa salive par morsure, quand un cheval morveux salit lui-meme de son jetage un cheval sain et lui inocule ainsi sa ma­ladie, quand un mouton claveleux transmet par son contact la clavelee ä un:ou plusieurs moutons sains. La contagion natarelle et la contagion experimentale peuvent se taire suivant ce mod'e, dont la condition principale est le contact d'uh maiade, qui rejette de la matiere virulente, avec un animal sain capable de feire frac-' tUier cette matiei'e, capable de contracter la maladie. G'est done l'individu malade lui-rneme qui transmet sa maladie au moyen de la mauere virulente qu'il excrete.
La contagion immediate hnplique Tintroduction du virus par la peau, parune plaie, par une muqueuse, par le placenta; ainsi: la contagion immediate de la rage consiste dans rinoculatioh du virus rabique ä la peau paivmorsure; ainsi la contagionimmediale du charbon, de la morve, ä l'individu qui se blesse en pratiquant une autopsie, a lieu par1 une plaie ; ainsi la contagion immediate de la syphilis et de la dourine a lieu par rinoculation qui resulte de l'acte du coit; ainsi certaines maladies se transinettent de la mere au foetus. Les excoriations etles plaies ä la surface des tegu­ments sont des conditions favorables a ce mode de contagion, et lorsqu'il y a transmission par contagion immediate, on observe le plus souvent tout d'aborcl une evolution locale de la maladie, qui ne se montre pas generalisee d'emblee, qui s'etend et se genera­lise pen ä peu.
Contagion mediate ou indirecte. — II taut entendre par contagion mediate la transmission d'une maladie contagieuse dun animal malade a un animal sain par rintermediaire d'un agent etranger solide ou liquide, impregne ou sali de la matiere virulente. Ainsi un cheval sain pent etre contamine en lechant les mangeoires ou les rateliers sails de jetage morveux, en ingerant des fourrages ou des boissons souilles de matiere virulente, enre-cevant i'applicairon ou le contact des objets divers, tels que couver-tures, harnais, instruments de pansage, qui unt servi h un cheval morveux. II y a done contagion mediate ou indirecte quand la transmission se fait par leinoyen d'un intermediaire. .
La contagion experimentale pent etre pbtenue par ce mode comme la contagion naturelle, qui se produit d'ailleurs le plus souvent ainsi. Les maladies capables de se transmettre par con­tagion mediate sont tres nombreuses, et Ton pent dire que ce sont presque toutes les maladies transmissibles.
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ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
u
Les conditions necessaires pour que la contagion mediate ait lieu sont les suivantes : il taut qu'il y ait excretion et rejet de inatiere virulente par un individu malade; il faut que cette ma-tiere virulente, ou tout au moins que l'agent essentiel de la viru­lence se conserve pendant un temps plus ou moins long ii la surface des corps solides, ou dans les liquides; il faut que cet agent virulent soil introduit dans I'organisine d'un animal sain, et qu'une fois introduit il s'y multiplie et le rende malade.
Les agents ou vehicules, qui servent le plus souvent d'interme-diaires, sont les aliments, les fourrages etlesboissons. Lecharbon dit spontane se developpe souvent, pour ne pas dire toujours, äla suite de l'ingestion de fourrages ou de boissons charges de bacteri-dies ä l'etat de bätonnets, mais surtout a l'etat de corpuscules-ger-mes. La morve se transmet aussi le plus souvent par les matieres ingerees, par les fourrages, par les boissons, par les objets divers sails de jetage. Dans les regiments, oil les chevaux sont conduits ensemble aux rnemes abreuvoirs, il arrive que les morveux non recunnus et laisses par consequent dans les rangs, toussent, s'ebi-ouent ou expectorent des matieres qui sont rejetees et me-langees ä l'eau des abreuvoirs, pour etre dans le ineme moment ingerees par plusieurs animaux sains qui se containinent ainsi.
Dans les cas de contagion mediate, les virus s'introd jisent le plus ordinairement par les voles digestives et quelquefois par la peau, quand des objets infectes sont appliques sur les animaux sains.
La transmission par ce mode est favorisec partoutes les rnau-vaises conditions hygieniques, par toutes les circonslances qui favorisent la conservation des contages et leur Introduction chez les individus sains.
La maladiecontractee par contagion mediate evolue autrement que celle resultant de la transmission immediate ; assez generale-ment eile evolue plus rapidement et se generalise plus tot. Les maladies eruptives (clavelee, horsepox, fiovre aphtheuse), ino-culeesoucommunlquees par contact Immediat, donnent ordinaire­ment des pustules aux points d'inoculation, aux points de contact, et ordinairement rien qu'aux points de contact; tandis que cos mömes maladies, contractees a la suite d'ingestion de inatiere virulente, se montrent caracterisess parune eruption generallsee.
Contagion volatile. — La contagion volatile est une Va­riete de la contagion mediate, eile se fait par I'lntermedlaire de Pair. Les germes virulents sont en suspension dans I'air, qui se charge de les deposer dans les voles respiratoires, sur la peau, sur
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les plales, sur les tburrages et dans les boissons. Nous separons ce mode du precedent, parce qu'il exige un vehicule ditTerent, parce (pie la contagion se fait dans des conditions differentes, et parce que le contage s'introduit par d'autres voies, par les voies respi-latoires ordinidrement et non par les voies digestives. Parmi les nombreuses maladies qui se transmettent par contagion mediate, il en est un bon nornbre qui peuveut aussi se transinettre pur contagion volatile : telles sont la clavelee, le typhus, la peripneu-monie, etc.
La contagion volatile s'apiDelle encore infection, mfecto-conta-gion; pom- s'effectuer eile exige les conditions suivantes: il taut qu'il y ait production et excretion dans l'air de la matiere viru­lente par un animal malade; il taut que I'agent virulent soit assez tenu pour pouvoir etre maintenu en suspension dans l'uir, et qu'il n'y perde pas ses proprietes virulentes; il faut qu'il soit introduit dans un animal sain et qu'il y repullule. II faut done que l'air soil iufecte de I'agent virulent par l'individu malade, et quo ies aui-inaux sains qui respirent cet air soient infectes a leurtour par les germes qu'il tient en suspension.
On appelle ce milieu, cet air charge de germes, un milieu infec-tieux, miasmatique. II pent s'etendre grace k Texpansibilite des gaz et aux cou rants d'air; ainsi les germes virulents ileviennent de plus en plus eloignes les uns des autres, et il se produit alors un fait analogue ä celui qui se produit quand on dilue progres-sivement une matiere virulente: les germes se rarefient dans une etendue donnee, et fmalement ils se deposent. Un air yirulent ne reste done pas tres longtemps doue de cette propriete; son infec­tion cesse plus ou moins vite.
La contagion volatile est demontree par des observations nom­breuses et par des experiences.il est bienvrai (jue Renault n'avait pas pu contaminer un cheval sain en lui faisant inhaler l'air expire par un cheval morveux; rnais il est admis par tout le monde que certaines maladies, et notaminent celles qui provo-quent des lesions nombreuses dans 1'appareil respiratoire, peu-vent se transinettre par Fintermediaire de l'air. On a fait naitre des maladies virulentes en faisant inhaler ä des animaux sains un air tenant en suspension des poussieres d'humeurs virulentes dessechees. On a reproduit la phthisic par 1'inhalationdecrachats desseches. Les germes virulents, introduits avec l'air, se multi-plient dans les voies respiratoires ou sont absorbes et transportes dans differentes parties de l'organisme. S'il se trouve dans l'air
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roi-
ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
des germes divers, I'individu qui le resplrera pourra contracter plusieursmaladies,-s'il est apte äieur deveioppeineiitiH' .- 'ii;llt;i amp;
La contagion pent avoir lieu, non seulement dans I'espece, mais aussi hors de I'espece; ain'si la morve £e transmet du cheval au cheval,et du cheval au mulet, ä l'äne, ä rhomme, auxpetitsrumi­nants (mouton, chevre), au chat et au lapin. Beaucoup d'autres maladies peuvent se transmettre ä plusieurs especes anirnales (charbon, septicemie, rage, etc). Une maladie contagieuse, qui est plus particuiierement propre ä une espece, perd de son intensite quand eile se developpe sur des animaüx appartenant ii d'autres especes.Les virus qui passent des organismes, oil ils sent pour ainsi dire autochtones, dans d'autres, perdent de leur puissance; mais ils la recupamp;rent en reVenant däns les premiers. C'est ce qui semhle avoir lieu pour les virus de la morve, de la rage, etc.
Ilconvient de nous demander qüels sont les moyens, les agents et les circönstances qui favorisent la contagion eh general. Ges agents, ces moyens et ces circönstances tiennent au contage lui-meme, au recepteur, c'est-ä-dire ä I'individu qui recoit le contage, et ii ['hygiene. Les contages sont plus ou moins puissants suivant les maladies; Le meme virus peut etre plus ou moins actif; en outre, la meme matiere virulente produit des ell'ets plusou moins rapides suivant la quantite ou le nombre de germes qui sontintro-duits dans I'organisme; cela est demontre aujourd'hui pour le charbon. On a remarque (pie pour obtenir le charbon avec des; caracteres tres prononces et une terminaison rapide, il lallait ino-cuier un grand nombre de bacteriens, et que, plus le nombre des germes etait grand, plus la maladie suivait une marche rapide.
Les causes individuelles qui favorisent- la contagion tiennent ä I'espece, au temperament, ä Page, au sexe, etc. Ainsi certaines maladies affectent de preference certaines especes (peripneu-monie), d'autres attaquent principalement les individus jeunes (gourme, maladie du jeune age, etc.), d'autres se montrent sur-tout chez les reproducteurs, etc.
Les influences les plus nombreuses derivent siirement de l'hygiene, ce sont; le defaut de soins, le defautdemesures hygie-niques, l'exces de travail, ralimentation insuffisante, I'alimenta-tionde mauvaise qualite, avariee^dteree, les boissons ulterees, etc. Ces diverses causes ne produisent pas la maladie, maiselles pre-disposent h la contagion en exagerant I'impressibilite des animaux, et en facilitant l'introduction des germes morbides dans I'orga-nisme.
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.....CDNTAGES, CONTAGIONS _ , ......... 109
Lies circonstances qui favorisent le plus la contagion ,.ce sont surtout celles qui favorisent la conservation des virus (defaut do desinfection, malproprete, aeration incomplete), et celles qui favo­risent las rapports directs ou indirects des animaux malades ayec 1 es animaux sains (cohabitation, frequentation des meines che-mins, des meines abi'euvoirs, des meines puturages, foires et marches, usage desmemes harnais, dos meines objetsdc pansage, voisinage, etc.)-
#9632;#9632;.:..#9632;.#9632;-#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632; ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;K
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VOIES D INTRODUCTION DES VIRUS
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Les principales voies d'introduction natui-elle des virus soi;t la peau et les muqueuses. La peau intacte, recouverte de ses poils et de son epidenne, se. prcte difficilement ä l'absorption des matieres virulentes. Pourtant eile pent, meine dans cet etat, seryir (|uelqiiefois de porte d'entree aux virus, c'est lorsque ceux-ci sont raaintenus appliques centre, eile, en contact ayec eile au moyen
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de couvertures par exemple; c'est ainsi que Gohier transmit.la morve en maintenant des pbjets iinpregnes de virus moryeux sur des animaux d'experience. La peau se prete bien mieux ä Tintro-duction des virus quand eile est denudee, depilee, excoriee, eraillee, desquamee, quand eile presente des plaies,. car alors les germes morbigenes peuvent etre directeinent mis en rapport avec.letissu conjonctil'qui se prete tres bien ä l'absorption.^^a transpiration, cutanee, qui se condense sur le tegument, pent favoriser la contagion en conservant et maintenant a, la surface du corps.les germes deposes par I'air ou tout autrement.. Les morsures rabiques, les piqiires anatomiques, les inoculations ä la lancette, prouvent bien que les plaies de la peau sont. tresfayo-rables a la penetration des virus. Les affections, dont les germes agissent sur la peau pour y provoquer un etat morbide ou pen6-trer dans I'organisme, sont les maladies parasitaires cutanees, les maladies eruptives, la morve, le charbon, la rage, etc. aaJoeio
Les muqueuses, comme la peau, sepretent tres bien ä l'absorp­tion des contages. Les virus peuvent s'introduire k trayers la muqueuse de la bouche; il sufflt par exemple de badigeonner la muqueuse buccale d'un animal sain avec de la bave provenant d'un animal atteint de la fievre aphtheuse pour reproduire la mala-die. Le charbon pent s'introduire par la muqueuse buccale, sur­tout, quand il existe des excoriations ä, sa surface, ou quand les aliments sont durs et blessent les muqueuses.
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HOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
La muqueuse oculaire, la muqueuse urethrale, la muqueuse nasale, la muqueuse bronchique et la muqueuse gastro-intestinale, peuvent toutes servir de voies (I'mlroduction aux virus; la mu­queuse oculaire pour la morve, la rage, la syphilis, la clave-iee, etc.; la muqueuse urethrale pour la syphilis, la dourine, les aphthes, etc.; la muqueuse nasale et la muqueuse bronchique pour la peripneumonie, le typhus, lä clavelee, la variole, etc.; la muqueuse gastro-intestinale pour la clavelee, la morve, le typhus, la phthisie, le horsepox, la variole, le charbon, etc.
Les inuqueuses respiratoire et gastro-intestinale sont les deux muqueuses qui sont le plus souvent le siege de l'absorption des produits virulents. La contagion mediate et la contagion volatile se font. Tune par les voies digestives, et Fautre par les voies res-piratoires. Anciennement on ne croyait pas au röle des inuqueuses digestives dans l'absorption des virus, et meine de nos jours un assez grand nombre de veterinaires ne croient pas que des ma­ladies contagieuses puissent se transmettre d'un animal malade ä üii äriimäl säin par Fabsorption du virus dans les voies digestives; c'est lü une grosse erreur. II y a quelque temps, M. Decroix, pour prouver que la contagion ne pouvait avoir lieu par les voies digestives, ingera lui-meme des produits morveux et de la salive provenant d'un einen enrage, il ne devint ni morveux, ni enrage; mais cela n'est pas une preuve süffisante centre le röle des voies digestives, car des experiences nombreuses viennent demontrer que presque toutes les maladies contagieuses se developpent h peu pres sürement par l'ingestion de leur virus. La morve se de-veloppe au moins six fois sur neuf quand on fait ingerer des matieres virulentes ä des chevaux. Beauconp d'autres maladies sont dans ce cas; le charbon pent se developper cinq fois sur six quand on fait ingerer de la matiere charbonneuse, et d'ailleurs les observations coinme les experiences prouvent ce fait. La clavelee se transmet aussi tres bien par les voies digestives, ä tel point que des vete­rinaires ont propose de pratiquer la clavelisation par l'ingestion de croütes claveleuses. II en est de meme pour la vaccine, la variole, la fievre aphtheuse, la septicemie, la phthisie tuberculeuse, le typhus, etc. II est encore un assez grand nombre de maladies pour lesquelles l'experience n'a pas prononce en dernier ressort, telles sont : la peripneumonie, le pietin, la rage, la gourme, la raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; maladie du jeune äge, etc. ,.
En resume, ce sont quelquefois les voies respiratoires etle plus ordinairement les voies digestives, qui sont les voies preponde-rantes par lesquelles se fait la contagion naturelle.
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Le tissu conjonctif en general se prete tres bien h Tabsorption et ä rintroduction des virus dans Torganisme.
La voie uterine est aussi une voie de transmission des virus. Si on inocule du charbon ti une femelle pleine (iapine), on la fait mourir sans que la inaladie se transmette au foetus; mais ce qul est vrai pour le charbon ne Test pas pour toutes les maladies contagieuses ou virulentes. Ainsi la clavelee, la peripneumonie contagieuse, etc., peuvent tres bien se transmettre de la mere au foetus.
II y a encore d'autres voies d'introduction, mais alors il faut parier de la contagion experimentale (injections diverses, hypo-dermique, intra-vasculaire, intra-lymphalique, intra-sereuse).
Absorption des virus. — Les voies d'introduction des virus nous sont connues, nous savons que les matieres viruleiites penetrent dans rorganisme par la peau denudee, excoriee ou intacte, par les muqueuses, par le tissu conjonctif, et quelquefois, quoique tres rarement, par d'autres voies, comme la voie placen-taire. Dans la transmission experimentale, on pent encore adres­ser la inatiere virulente aux vaisseaux sanguins, aux lymphatiques ou aux sereuses.
Que deviennent les matieres virulentes mises en contact avec la peau, les plaies, les muqueuses, le tissu conjonctif? Ges ma­tieres virulentes, puisqu'elles doivent produire des effets sur Forganisme, puisqu'elles doivent determiner dans la suite une maladie contagieuse sernblable ä celle qui les a produites, sont absorbees. Comment sont-elles absorbees et par quels agents le sont-elles? Leur absorption s'elTectue soit par les elements cel-lulaires, soit par les vaisseaux lymphatiques, soit par les vaisseaux sanguins. Une matiere virulente quelconque, injectee sous la peau, est en effet mise en rapport direct avec les vaisseaux lym­phatiques et sanguins et avec les elements cellulaires. Ges trois agents differents absorbent; ainsi les elements cellulaires absor­bent par endosmose, les vaisseaux lymphatiques et sanguins absorbent pareillement par endosmose et peuvent, qui plus est, se trouver plus ou moins Interesses, d'ou resulte rintroduction di-recte de la matiere dans leur canal.
Lorsque le virus est absorbe seulement par les elements cellu­laires, il en resulte un simple travail sur place; dans ce cas la matiere virulente produit ses elfets localement. Ce n'est que dans la suite que ses effets se generalisent, que les elements virulents sont transportes dans le torrent circulatoire par les lymphatiques;
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inais cette evolution est l'exeeption. Quelques maladies (maladies eruptives) semblent seules dans ce cas; ainsi quand on iuocule la clavelee, le horsepoXi la vai-iole, on obtient un travaiMocal..: II semble; doncqu'ii n'y ait pas eu absorption du virus par les vaisseaux lymphatiques et sanguins, et qu'il y ait eu absorption seulerneut par les elements celiulaires. Mais ce serait une erreur que d'atlmettre cette maniere de voir, puisque en etYet, si cinq mi­nutes apres l'inoculation on extirpe le point inocule, on n'em-pecbe pas pour cela la maladie d'apparaitre; done l'absorption est ordinairement g6nerale, et eile s'est faite concurreminent et par les elements celiulaires et par les vaisseaux.
Les vaisseaux qui jouent le plus grand föle sont les vaisseaux lymphatiques. Pour la morve, la phthisie, le charbon, etc., il est dömontre que la matiere inoculee chemine de proche on proebc dnns l'interleur des lymphatiques et arrive ainsi aux ganglions les plus voisins du point inocule; de lä eile passe a d'autres ganglions, et une fois arrivee dans le torrent circulatoire sanguin, eile sc repand partout; alors, mais seulement alors, la maladie se decele par des lesions et des symptömes generaux.
Ce role important du Systeme lymphatique a ete mis en pleine evidence, principalement par M. Colin d'Alfort, qui a etudie tres scientiflquement la marche des virus charbonneux, phthisique, morveux, etc., äprös leur inoculation. 11 a suivigt;pour ainsi dire pas k pas le progres du \irus jusqu'auxderniers ganglions et jus-qu'au torrent circulatoire. :nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; iryramoO .
Sur quels elements porte Tabsorption ? Les matieres virulentes se composent d'une partie liquide et d'une partie solide figuree, comprenant des elements disparates et qui ne sont pas tons viru-lents. Quels sont done les elements qui sont absorbes plus parti-culierement? Ce sont principalement les matieres liquides, qui se pretent le mieux h l'absorption, mais ces rtiatieres ne sont pas les seules; les matieres solides^ les corpuscules, les cellules entieres meme sont absorbes; les particules solides passent avec la partie liquide et cheminent ensuite dans l'interieur des lym­phatiques.
Combiendurerabsorption virulente'? A ce sujet il nous manque des donnees precises; cependant pour quelques maladies conta-gieuses, on peut dejä poser „certain es regies. Disons d'abordique la duröe de l'absorption virulente ne semble paamp;.etiirp latiöieme pour toutes les malquliesicontagieu8es,;.,certaia6 ^rosismlüahsor-Jbes plus rapidement que d'autres. Le virus syphilitique n'est pas
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absorbe rapidement; il reste durant quelques heures localise au point d'inoculation. Cela resulte des experiences du docteur Rodet de Lyon qui, en cauterisant les parties inoculees quatre ou cinq heures apres I'inoculation, a empeche revolution de la syphilis.
Parmi les maladies qui sevissent sur nos aniinaux domestiques, il y en a dont les matieres virulentes exigent un certain temps pour etre absorbees; la rage est peut-etre dans ce cas, puisque certains faits seinblent temoigner que la cauterisation d'une mor-sure rabique peut etre efficace apres quelques heures.
A l'oppose de la inatiere rabique, il en est d'autres dont I'ab-sorption est rapide, telies sont: celle de la varioie, celle du char-bon, celle de la morve, dont i'absorption est effectuee en quelques minutes. Ainsi lorsqu'on inocule un lapin h l'oreille avec du virus charbonneux, la maladie evolue et tue l'animal, bien qu'on am-pute l'oreille cinq minutes apres I'inoculation. Quand on inocule le horsepox, la varioie, la clavelee, si on ampute la partie inoculöe cinq minutes, dix minutes apres I'operation, on voit apparaitre plus tard les symptornes de la maladie. Alors ces symptomes ne sont plus les memes que lorsqu'on laisse le point d'inoculation intact. Dans ce dernier cas, la maladie se localise, se developpe au point d'inoculation; mais si on pratique l'extirpation de la par-tie inoculee, on voit apparaitre des accidents plus nombreux; les pustules se montrent aux lieux naturels d'election, c'est-ä-dire dans les endroits oil la peau est fine et tres vasculaire. Comment expliquer ce phenomene, si on n'admettait pas que I'absorption du virus a ete effectuee au moins en partie.
La duree de I'absorption varie du reste suivant certaines conditions de l'aniinal recepteur; eile est surtout courte dans les regions tres riches en lymphatiques et en vaisseaux sanguins, ainsi que dans les regions oir existent des elements cellulaires se rapprochant du type embryonnaire. L'absorption est surtout ra­pide dans le tissu conjonctif sous cutane et dans le tissu conjonctif lache.
II ressort de ce que nous venons de dire un enseignement au point de vue de la prophylaxie et de la police sanitaire. Les mala­dies eruptives (horsepox, clavelee, etc.) ne sont pas les plus dan-gereuses; ainsi le horsepox qui se transmet ä rhomme n'est pas grave. II n'en est pas de meme de la morve, du charbon, de la rage, etc. C'est a propos de ces maladies qu'il faudra se rappeler ce que nous venons de dire. Neanmoins, lorsqu'on sera consulte
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ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
pour savoir s'il y a indication de cauteriser certaines morsures rabiques, il faudra toujours employer la cauterisation, quand meme la plaie aurait un ou plusieurs jours de date. II pent se faire que le virus rabique soit dans la blessure oü il a ete depose ou au pourtour, et n'ait pas encore ete absorbe.
Quand il s'agit de la morve, dont le virus est absorbe plus rapi-dement, la cauterisation serait inefficace apres un, deux jours at meme avant; mais dans ces cas, il serait encore bon d'y recourir, parce que le virus peut ne pas etre absorbe completement, et celui qui a 6te absorbe peut n'avoir pas chemine bien loin au-delä du point d'inoculation, il peut se trouver dans les lymphatiques voisins du point d'inoculation, et alors une cauterisation assez energique peut encore I'atteindre.
Cela est bien vrai pareillement pour le charbon; les bacteridies cheminent tres rapidement dans les lymphatiques jusqu'au pre­mier ganglion; arrivees lä, elles s'arretent plus ou moins long-temps, se multiplient, et tant qu'elles sont contenues clans ce ganglion, la cauterisation peut etre efflcace ä condition qu'elle porte en meme temps sur le ganglion malade; d'oü l'indication de rechercher s'il n'y a pas de ganglions hypertrophies au voisi-nage du point d'inoculation pour y porter la cauterisation.
IMMUNITE, RECEPTIVITE
Les virus etant absorbes, que deviennent-ils dans I'economie? Introduits dans un organisme apte h leur multiplication, ils s'y multiplient; et dans un temps plus ou moins eloigne, ils deter-minent une maladie; on dit alors que I'animal est en etat de re-ceptivite.il peut arriver quelquefois que les germes virulents, quoique absorbes, ne produisent aucun effet; on dit alors que I'animal est refractaire, ou qu'il jouit de l'imrr.unite. II est refrac-taire quand il est de par lui-meme inapte k contracter la maladie, et il ä l'immunite quand, pour une cause appreciable (inoculation, maladie anterieure), il est devenu inapte ä se laisser influencer par tel virus.
La receptivite des animaux est variable suivant certaines cir-constances; eile varie suivant les contages, suivant les especes animales, suivant les individus d'une meme espece, suivant les races, suivant Tage d'un meme individu, suivant le tempera­ment, suivant la constitution, suivant l'effet de maladies ante-
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rieures, suivant I'hygiene, les climats, la temperature, les saisons et enfin suivant quelque chose qui nous echappe. Elle varie sui­vant las especes animales et les maladies contagieuses, car en cffet certaines especes animales ne contractent jamais teile ou teile maladie contagieuse. La morve par exemple n'est' pas trans­missible aux grands ruminants, qui ne possedent pas lä receptivite h l'egard de cette maladie, qui sont par consequent refractaires. La gourme ne se communique pas aux especes autres que les solipedes; les oiseaux sont refractaires au charbon, etc. La recep­tivite varie suivant les races; ainsi les moutons africains sont plus ou moins refractaires au charbon.
Elle varie suivant les ages; le jeune age est favorable au d6ve-loppement de certaines affections, qui en sont I'apanage (maladie des chiens, gourme du cheval, rougeole, etc.).
Est-ce a. dire que des individus plus ages ne possedent pas la receptivite vis-ä-vis de certaines de ces maladies? Ce serait une errenr que de le croire; car un chien de cinq ans, de six ans, qui est refractalre ä la maladie du jeune age, pent avoir eprouve une premiere atteinte de la maladie anterieurement et avoir acquis rimmunite, il faudrait done etre bien sür que les animaux n'ont jamais contracte la maladie pour laquelle ils presentent la non-receptivite, pour pouvoir generalise!- ce fait et l'appliquer a tous les animaux du memo age. Peut-on affirmer que les chevaux de treizfe ans, de quatorze ans, nö sont pas en etat de receptivite pour la gourme'? II aurait fallu observer les animaux, connaitre parfai-tement leurs antecedents et s'assurer, lorsqu'ils sont arrives a l'äge adulte ou k la vieillesse, s'ils ne sont pas susceptibles de contracter la gourme, si de vieux animaux n'ayant pas ete atteints dans leur jeune age, sont refractaires h Tage adulte. Or il semble que les solipedes adultes ou meine vieux peuvent contracter la gourme quand ils ne I'ont pas dejii eue.
Le temperament ainsi que la constitution predisposent h cer­taines maladies contagieuses; il est des individus qui resistent longtemps ä une maladie contagieuse sans qu'on puisse toujours se I'expliquer. On voit des animaux qui, bien qu'inocules de la meme maladie, par le meine procede et avec la meme quantite de virus, ne se comportent pas tous de la meme fagon; certains (le plus grand nombre) deviennent malades dans une periodeplus ou moins longue, d'autres ne contractent pas la maladie. Y a-t-il lä une influence tenant au virus ou ä l'individu lui-meme? II est difficile de donner ä ce sujet une reponse precise.
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ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
L'immunite peut done etre naturelle (non-receptivite), acquise, conferee. Elle est naturelle lorsque I'lndividu est de par lui-meme inapte ä contracter teile ou teile maladie; ainsi, avons-nous dit, Is mouton africain semble avoir de lui-meme l'immunite centre le charbon. Elle est acquise, lorsqu'elle resulte d'une premiere atteinte de la maladie; Thomme atteint de variole a acquis, comme consequence de ce fait, l'immunite centre une seconde atteinte. Elle est conferee, quand eile resulte d'une inoculation preserva-trice; I'enfant vaccine a l'immunite conferee.
Qu'il s'agisse de l'immunite naturelle, de l'immunite acquise ou de l'immunite conferee, combien peut-elle durer de temps? L'im­munite peut durer plus ou moins longtemps, eile peut durer toute la vie de l'individu ou n'etre que temporaire; ainsi I'homme peut avoir plusieurs fois la variole, un enfant vaccine peut contracter plus tard la variole; des moutons clavelises peuvent contracter au bout d'un certain delai la clavelee; de meme des animaux ino-cules de la peripneumonie, de la fievre aphtheuse, ont une immu-munite temporaire, ils redeviennent aptes ii contracter de nouveau la meme maladie dont l'immunite les preservait. L'immunite a une duree variable suivant les maladies et suivant les individus; ainsi la non-receptivite des solipedes atteints une premiere fois de horsepox n'est pas de longue duree, puisqu'on peut obtenir une seconde eruption en reinoculant les animaux quelques se-maines apres une premiere guerison; ainsi la duree de la preser­vation resultant de la vaccination est plus ou moins longue sui­vant les individus.
La fievre aphtheuse et la clavelee conferent une immunite plus longue que le horsepox; pourtant eile ne semble pas durer long-temps pour la fievre aphtheuse, eile ne lepasse pas un an ou deux; celle que confere la clavelee, quoique plus longue, ne dure pas constamment; et il en est de meme pour la peripneu­monie.
L'immunite conferee, venons-nous de dire, resulte d'une ino­culation preservatrice; ä son sujet on peut done ajouter que les maladies virulentes possedent la propriete de se preserver d'elles-memes. Une maladie virulente (peripneumonie, clavelee, horse­pox), une fois qu'elle a ravage un organisme, lui confere l'immu­nite, le rend inapte a samp;;preter de nouveau au developpement de la meme maladie, du moins pendant un certain temps.
A cotö de ces maladies, il y en a au moins une qui preserve contre une autre maladie differente; ainsi le vaccin preserve de
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la variole, et la variole de l'homme inoculee au cheval le preserve du horsepox: ce sont la deux maladies antagonistes.
Par contre, 11 est des maladies qui peuvent tres bien coexister plusieurs ensemble sur le meme individu; ainsi le meme animal peut presenter la peripneumonie et la tuberculose, la morve et le horsepox, la peripneumonie et le typhus, le tjphus et la fievre aphtheuse. Chez Thomme la syphilis et la vaccine, la phthisie et la vaccine peuvent coexister.
L'immunite naturelle, acquise ou conferee, ainsi que la varia-bilite de sa duree s'expliquent par l'absence de certains principes nccessaires ä la vie des germes de teile ou teile maladie.
L'immunite conferee peut ne pas etre complete ou preserver absolument les individus, c'est-ä-dire etre complete. Eile est incomplete, quand par exemple la vaccination ne produit pas chez I'enfant une preservation absolue. Quelquefois l'immunite est en effet incomplete ou partielle; ainsi I'enfant vaccine peut partbis contracter la variole, qui pourtant reste benigne.
ACTIV1TE d'üN MEME VIRUS
Nous savons deja que les meines contages ne jouissent pas toujours de la meme intensite virulente. Cette variabilite de la puissance morbigene s'explique de differentes manieres. Ainsi quand il s'agit de maladies virulentes eruptives, on rencontre le virus le plus actif dans les premiers jours de revolution. Dans les pustules du cowpox, on rencontre du bon virus des les pre­miers jours de l'eruption, vers les 3e, 4C, 5e, 6e jours apres I'inocu-lation ; plus tard, quand les pustules vieillissent, elles ne contien-nent plus de la lymphe, elles contiennent du pus irritant, qui ne jouit pas toujours de la propriete virulente, ou n'en jouit qu'a un degre moindre. Done, pour obtenir du virus veritablement actif, il faut le puiser dans des accidents recents.
De meme pour les autres maladies contagieuses (morve, phthi­sie, etc.), le virus le plus recent est le plus actif; ce n'est pas la matiere caseeuse des tubercules qui est la plus active, mais bien le produit des lesions recentes. On a d'ailleurs observe une decroissance de puissance de certains virus, decroissance appre­ciable aux symptömes de la maladie provoquee, qui sont beaucoup moins graves; le phenomene a ete signale par exemple ä la fin des epizooties de typhus. Dans le principe d'une epizootic, la
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118nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIO LOGIK DES MALADIES CONTAG1EÜSES
maladie est ordmairemeut plus grave qu'ä la fin. Pourquoi Taflec-tion est-elle inoins giave ä la fin des epizooties'? Certains virus perdent de leur Intensite lorsqu'on les cultive artificieilement, iürsqu'on les inocule successiveinent; un moyen d'aflaiblir le virus claveleux consiste h le prendre chez un mouton malade, ä l'inoculer ii un animal sain, pui.s ä le transporter de chez ce der­nier sur un autre mouton et ainsi de suite. Grace a des cultures artificielles plus ou moins repetees, on attenue la puissance mor-bifique de certains virus sans leur enlever la propriete de conferer rimmunite.
II ressort de cet expose que l'attenuation des divers virus, si eile etait, bien etablie, serait de la plus grande importance; on pourrait en effet affaiblir graduellement les differents virus et arriver ä un moment oü ils pourraient etre inocules sans dangers et cependant conferer Fimmunite aux animaux. C'est en partant de ces idees, qu'on a fait des essais en Russie sur le virus typhique. L'experience n'a malheureusement pas confirme le principe, bien qu'elle alt ete poussee jusqu'ä un grand norabre de cultures successives; le virus d'uue culture avancee etuit presque aussi actif que celui de la premiere. Si la decroissance n'est pas bien demontree, quand 11 s'agit de cultures sur des animaux de la meme espece, eile n'est pas douteuse, quand la cul­ture est faite sur des especes differentes; tout virus en effet qui change de terrain et qui passe dans une espece moins propice, perd de son intensite virulente. Ce fait est important h retenir; mais le virus qui a perdu de ses proprietes les reconquiert ordi-nairement en revenant ä la premiere espece. Dans ces derniers temps, M. Pasteur est parvenu a attenuer le virus-du cholera des volailles, de facjon h pouvoir l'inoculer sans danger, tout en confe-rant I'immunite.
Action, mode d'action des virus. — Comment agis-sent les virus pour determiner les maladies virulentes ? Ce point a dejä ete traite precedemment, et Ton comprend en effet que leur mode d'action soit interprete d'une maniere differente, sui-vant la theorie virulente que Ton admet. Nous savons qu'il existe au moins quatre theories : la theorie de la matiere devenue viru­lente, la theorie des virus solubles, la theorie des granulations virulentes et enfin la theorie du parasitisme virulent. Nous ne nous attarderons ni sur la premiere jji sur celle des virus solubles, mais nous sommes obliges de nous arreter aux deux dernieres.
Pour savoir comment agissent les matieres virulentes, nous
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n'avons qu'a nous reporter ä ces deux theories. Dans les deux, on suppose que les virus se multiplient, repullulent, et le mode de multiplication, qui n'est pas bien determine quand il s'agit de gra­nulations moleculaires, Test bien dans la theorie du parasitisme. Le virus repulluls, et comme consequence, il determine des lesions, des symptomes; et ces accidents, locaux dans quelques circons-tances, deviennent ensuite generaux; ainsi dans la morve, la lesion est d'abord localisee au point inocule, plus tard eile se generalise. Les maladies eruptives ont une action qui reste-le plus ordinairement locale. Lorsqu'on inocule un cheval du horse-pox, un mouton de la clavelee, la maladie ne se generalise pas, et cependant il y a absorption de la matiere virulente. II faut admettre que le virus inocule localement produit des effets sur place, lesquels effets conferent ainsi l'immunite ä tout I'individu. Certaines maladies, lorsqu'elles sont contractees par certaines voies, sont generales d'emblee. Si le virus de la clavelee s'intro-duit par les voies respiratoires ou digestives, il se produit une eruption sur les organes internes et aussi h la surface de la peau. Parmi les maladies qui sont generales tout d'abord, il en est qui plus tard se localisent. Ainsi dans la peripneumonie contagieuse, qui est une maladie genei'ale, les principaux liquides sontvirulents, et pourtant I'affection localise ses lesions sur le poumon ; on dit alors que la maladie, quoique generale, localise ses manifestations, et il est toujours plus facile de guerir une maladie localisee qu'une maladie generale.
Incubation. — La periode d'incubation ou periode pendant laquelle Fagent virulent ne determine ni lesions, ni symptomes apparents, dure depuis l'introduction de la matiere virulente jusqu'ä l'apparition des premieres lesions appreciables ou des premiers symptomes. Sa dure est tres variable, suivant les conta-ges, suivant les individus, suivant le mode de contagion, suivant les causes predisposantes, suivant les saisons, suivant les epizoo-ties. Elle est variable suivant les contages; ainsi le charbon a une periode d'incubation de un ä deux jours chez les petites especes, de huit a dix jours chez les grandes especes. La morve, la peripneumonie ont une periode d'incubation plus longue. Pour la morve, la duree est de cinq, six ä quatorze jours; pour la peri­pneumonie eile est de quatorze ;i quatre-vingt-dix jours; la rage n'apparait que 10, 15, 30, 60, 90 jours apres la morsure. La pe­riode d'incubation est variable suivant les individus; c'est ainsi que pour la rage, on voit des chiens chez lesquels eile dure de quinze
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120 jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ETIOLOGIE DES MALADIES GONTAGIEUSES
a vingt jours, tandis que chez d'autres, eile dure quatre-vingt-dix jours. Chez certains solipedes la morve se declare au bout de huit ä quatorze jours, et chez d'autres trois auquatre jours apres Fino-culation. En general, lorsque le virus est inocule ou a penetre par une plaie, la periode d'incubation est plus courte. Elle est plus lon-gue lorsque les matieres virulentes out ete introduites par les voies digestives; c'est lä l'idee qui domine aujourd'hui. Mais cette idee est erronee : la maladie, dontlegerme s'est introduit par une plaie, semble avoir une periode d'incubations plus courte, parce qu'on saisit plus tot ses premieres manifestations. II n'est pas prouve que la maladie ne s'est pas developpee aussi rapidement quand il y a eu contagion par les voies internes ; car alors eile evolue sur des organes qu'il n'est pas facile d'explorer, et les premiers symp-tömes, coraine les premieres lesions, passent souvent plus ou moins longtemps inapereus. G'est ainsi que s'explique i'erreur que Ton commet assez generalement.
Les causes predisposantes, qui tiennent ä 1'hygiene, qui affaiblis-sent l'organisme, predisposent les individus ä se montrer plus aptes h recevoir et ä faire fructifler tel ou tel contage; elles abregent la duree de la periode d'incubation, tout en predisposant ä teile ou teile maladie. Pourtant cela est loin d'etre toujours exact, car il arrive frequemment qu'elles rendent la maladie plus insidieuse dans sa marche, et par consequent plus difficile ä constater.
Les saisons influent aussi sur la duree de la periode d'incuba­tion; il resulte en effet de I'observation que les maladies eruptives, la clavelee par exemple, ont, toutes choses egales d'ailleurs, une periode d'incubation plus longue en hiver qu'en ete. Pendant I'hiver, le froid agit comme astringent; rien d'etonnant que les maladies eruptives marchent plus lentement. Durant Fete, la chaleur agissant sur la peau accelere la circulation de cet organe, et il ne repugne pas h I'esprit d'admettre que cette influence abrege la duree de la periode d'incubation en favorisant revo­lution de la maladie.
Gertaines maladies, comme la syphilis, ont des periodes d'incu­bation successives. Ainsi, apres une premiere periode d'incubation, elles se caracterisent par l'apparition des symplomes primordiaux ou primaires; plus tard on voit survenir des accidents secondaires; et plus tard enfm des accidents tertiaires. II y a une premiere periode d'incubation qui s'etend depuis l'inoculation de la matiere virulente jusqu'ä l'apparition des premiers symptömes; c'est lä la veritable periode d'incubation de la maladie. Ensuite, entre
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rapparition des premiers symptomes et l'apparition des accidents secondaires, il s'ecoule un temps plus ou moins long, qui pent etre considere comme une seconde periode d'incubation ou pe-riode d'incubation des accidents secoudaires ; de meme il y a une periode d'incubation tertiaire.
Chez les animaux il y a aussi des maladies qui presentent assez distinctement ces periodes successives. Nous verrons plus tard, quand nous etablirons des periodes dans revolution des maladies virulentes, que ces affections presentent des symptömes diflerents suivant leurs phases. G'est ainsi que dans la dourine, entre l'appa­rition de la premiere et de la seconde periode, il s'ecoule un cer­tain temps qui pent etre considere comme une periode d'incuba­tion secondaire. Dans la premiere periode les symptömes semblent localises aux organes genitaux, et la maladie reste plus ou moins longtemps caracterisee par les premiers phenomenes; surviennent ensuite remaciation, des engorgements et des paralysies locales, lous accidents secondaires, qui denotent l'apparition d'une nou-velle phase, c'est-ä-dire la generalisation des lesions; le temps ecoule entre l'apparition des premiers symptomes et celle des derniers est la periode d'incubation secondaire.
On dit qu'il y a incubation prolongee, quand la duree de cette periode depasse la moyenne ordinaire. Dans la rage I'incubation inoyenne est de quarante a soixante jours chez le chien; mais on a observe des cas oü la maladie s'est developpee apres deux cents jours, c'est-a-dire apres une periode d'incubation prolongee. Cette notion des periodes d'incubation prolongees ne doit pas etre appli-quee aux cas de morve latente, car apres l'introduction du virus morveux on pent ne voir apparaltre exterieurement les symptömes qu'au bout d'un temps tres long, sans que la periode d'incubation ait depasse 5, 6, 8,14 jours. La morve ne tue pas toujours rapi-dement et n'evolue pas toujours rapidement, lorsque I'absorption du contage a eu lieu par les voies internes, eile pent marcher len-tement. 11 ne faut done pas confondre la periode latente avec la periode d'incubation; cette distinction a certainement, dans la pratique, une reelle importance en ce qui concerne la morve, eile pennet de soupconner un cheval sans qu'on apercoive des symp­tomes k l'exterieur, eile indique qu'il y a lieu de rechercher les symptomes fournis par les organes internes et d'explorer surtout le poumon, eile nous montre qu'il Importe aussi d'etudier plus a fond la morve, qui n'est pas suffisamraent connue.
A quel moment apparait la virulence chez un individu conta-
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422nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ETIOLOGIE DES MALADIES CONTAGIEUSES
mine ? La reponse est facile, l'individu contamine possede dejä la virulence des la premiere seconde de sa contamination. Si on a resolu cette question autrement, c'est qu'on ne trouve pas, pendant la periode d'incubation, le virus en grande quantite, il n'a pas eu le temps de se repandre dans tout I'organisme; mais de ce qu'on ne le trouve pas partout, il ne faut pas en conclure que la virulence n'existe pas; eile existe quelque part, sans quoi il n'y aurait pas production de la maladie. II reste encore a determiner l'epoque de la disparition de la virulence chez les individus qui guerissent de teile ou teile maladie virulente; il n'est pas demon-tre que la virulence disparaisse toujours des que s'annonce le retour a la sante.
CLASSIFICATION DES MALADIES VIRULENTES
II n'y a pas possibilite de classer les maladies contagieuses, et l'utilite d'une classification est d'aillcurs problematique; une pa-reille operation n'est ni necessaire, ni utile pour leur description. Nous etudierons les afiections h contage de nature parasitaire, puis celles dont le contage n'est pas considere, jusqu'ii present, comme etant de nature parasitaire, sans toutefois les classer.
On a etabli des groupes, on a reconnu des maladies virulentes propres ä une espece, comme la gourme, la maladie du jeune age, la peripneumonie contagieuse, puis des maladies propres ä deux especes ou ä plusieurs. Ge serait aller du simple au complique en les etudiant dans cet ordre. Gependant nous ne suivrons pas cette marche; car il n'est pas possible, dans l'etat actuel de la science, de dire que teile maladie contagieuse ne se developpe que sur une ou deux especes; il n'est pas absolument sür que la peripneumo­nie ne se developpe pas sur d'autres especes que sur les grands ruminants.
On a distingue les maladies d'origine humaine et celles d'ori-gine animale; cette classification, bonne en pathologie comparee, est inutile ici, car nos animaux recoivent rarement des contages de l'homme.
On a egalement divise les maladies suivant leurs formes ; ainsi les maladies eruptives sont celles qui se decelent h I'exterieur par des accidents a la surface de la pcau et des muqueuses explo-rables, etc.; elles ont des caracteres de famille assez bien mar­ques. Admettre cette classification serait tomber pourtant dans une
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erreur, car teile maladie non eruptive peut se compliquer d'une eruption; ainsi la maladie du jeune age, qui generalement consists en un catharre nasal, oculaire et des voles digestives, se complique quelquefois d'une eruption de phlyctenes, d'ampoules, de pustules, qui apparaissent dans la region geaitale on ä la surface du corps. La classification qui serait basee sur la nature des affections se-rait la meilleui'e, s'il etait bien demontre que les maladies virulen­tes ne se developpent pas toutes comma le charbon, c'est-a-dire par contage parasitaire; on pourrait admettre alors la division en maladies parasitaires et en maladies non parasitaires.
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CHAPITRE HI
TRAITEMENT. LEGISLATION ET MESURES SANITAIRES
TRAITEMENT
Le traitement therapeutique des maladies contagieuses n'est pas toujours bien important; mais leur traitement en general est d'une importance capitale, car dans ce traitement entrent Bhy-giene, la prophylaxie et l'application des mesures de police sani-taire.
Le traitement des maladies contagieuses repose done sur trois bases, qui sent I'hygiene, la therapeutique et la police sani-taire.
Le traitement hygienique ne doit jamais etre neglige, surtout dans les maladies contagieuses; les soins hygieniques moderent la violence de ces affections et en pröviennent les complications. Les agents de I'hygiene sent tous les moyens generaux tires des circumfusa, des ingesta, des gesta, des excreta, des applicata; ce sont : la purete de l'air, une temperature convenable, les soins de proprete reiteres, les aliments sains et nutritifs, de facile digestion, les boissons pures, les boissons medicamenteuses, le repos, les soins de la peau, le nettoyage des habitations, etc.
Le traitement therapeutique joue un role moins grand que le traitement hygienique; il doit neanmoins avoir pour but de pre-venir Textension de la maladie ainsi que ses complications et d'en hater la guerison. Les moyens therapeutiques employes le plus souvent sont: les revulsifs, les antiputrides, les astringents, les modiflcateurs, les toniques et les specifiques. Les revulsifs sont indiques lorsqu'il y a lieu de craindre une mamp;astase; les stimu­lants conviennent dans les cas oü il y a affaiblissement et dans les cas oü les eruptions se font difficilement; les antiputrides sont toujours indiques contre toutes les maladies, ce sont des anti-bacteriens, surtout les pyrogenes. Les astringents sont employes
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quand il y a lieu de combattre certains engorgements; les causti-ques sont tres bons souvent pour modifier certaines plaies ato­nes, certains ulceres; les toniques doivent etre presents quand la maladie a dure longtemps, quand eile peut determiner I'anemie, la cachexie.
En medecine humaine on possede dans quelques cas des agents specifiques, des agents curatifs; en veterinaire y a-t-il des agents capables de guerir des maladies virulentes? On n'en salt rien. Ce-pendant on a avance que l'acide arsenieux ötait le specifique de la dourine; maisje ne crois pas ä sa specificite absolue, parce que j'ai ete temoin de ses insucces.
POLICE SANITAIRE
La police sanitaire est une brauche et une brauche tres im-portante, la plus importante, sans contredit, du traitement des maladies contagieuses.
Elle a pour but de prevenir, d'empecher, d'arreter la propaga­tion, la transmission des maladies contagieuses, de prevenir, de limiter les epizootics, et d'en poursuivre l'extinction au moyen de certaines mesures plus ou moins rigoureuses, edictees par des do­cuments legislatifs.
Les animaux domestiques sont de la plus grande importance dans les conditions d'existence des peuples. L'agriculture exige le concours du cheval, du boeuf, qui sont sujets a de nombreuses maladies contagieuses et qu'il Importe de preserver efficacement. Notre pays ne se sufflt pas, il doit importer tous les ans un nom-bre considerable d'animaux, principalement des animaux alimen-taires; en outre,nous exportons chez l'etranger des animaux eleves dans notre pays, et principalement certaines races de chevaux. II faut que notre commerce puisse se faire avec facilite et securite ; il faut que les nations qui nous achetent des animaux aient con-fiance en nous; il faut que notre legislation sanitaire leur soit une garantie par ses prescriptions et son application, que nos animaux soient preserves aussi efficacement que possible de toute maladie contagieuse; il faut en outre, et par dessus tout, que notre impor­tation ne soit ni arretee ni meme ralentie considerablement, car il faut donner satisfaction aux -fcroissantes exigences de l'alimenta-tion publique. Mais il faut pareillement que cette importation ne devienne jamais un danger; il fauteviter ätoutprix I'introduction
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de certaines maladies contagieuses; il faut exercer une surveil­lance sanitaire minutieuse a la frontiere et recourir, en cas de be-soin, aux mesures sanitaires edictees par nos lois. II faut savoir ouvrir nos frontieres k rimportation des animaux sains, comme il faut savoir les fermer a. ceux qui seraient inalades ou suspects. Apres le commerce, apres ralimentation publique, apres I'agri-culture, c'est I'industrie qui est interessee a Tapplication d'une police sanitaire prudente et sage. L'industrie utilise certaines depouilles, certains produits de nos animaux, et nous impor-tons tons les ans une assez grande quantite de ces depouilles et de ces produits. II Importe done que notre police sanitaire ne prive pas inutilement notre Industrie des ressources qu'elle puise chez nous ou chez Fetranger; mais il faut pourtant qu'elle pre-vienne la contagion qui pourrait resulter de certaines depouilles et de certains produits.
Enfln, ce qui domine dans l'importance de la police sanitaire, c'est la protection qu'elle constitue pour I'hygiene publique, c'est la preservation de l'horame contre les maladies contagieuses des animaux auxquelles il est constamment expose. Nous savons en effet que certaines maladies se transinettent des animaux ä l'homme; il y a done un danger perpetuel, un danger de tons les jours dans le contact de Fhomme avec les animaux, et ce contact est pourtant indispensable. II faut done le rendre le moins dange-reux possible pour l'homme; il faut surveiller les animaux, leur appliquer, des qu'on les reconnait malades, les mesures propres a empecher la transmission de leurs maladies.
La police sanitaire a done pour objet, ainsi que nous le disions tout ä l'heure, d'empecher la propagation, la transmission des maladies contagieuses, de poursuivre, par les moyens convenables, l'extinction des epizootics et meme l'extinction des maladies con-gieuses. Ainsi les mesures sanitaires, appliquees au typhus quand
I il a fait invasion chez nous, ont pour but de moderer les ravages de la maladie et de häter'la disparition du fleau; et quand elles sont bien appliquees dans ce cas, elles donnent toujours le resultat qu'on est en droit d'attendre d'elles.
Les moyens employes par la police sanitaire sont certaines me­sures que nous apprendrons a connaitre, et qui sont reglees, fixees, determinöes par les documents legislatifs relatifs a la matiere.
Ces mesures sont d'une utilite incontestable, puisque, grace ä elles, on previent la transmission d'une maladie et on peut amener la disparition d'une epizootie. Elles sont tres utiles, et je dirai plus.
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elles sont tres necessaires; cela revient a dire que la police sani-taire a une importance capitale, qu'elle est absolument necessaire; at le gouvernement d'un pays ne peut pas s'en desinteresser. II doit se charger de son application, de sa creation, si eile n'existe pas, et de son perfectionnement, dans l'interöt du peuple qu'il di-rige. L'application, comme la prescription de mesures sanitaires, implique la connaissance approfondie des proprietesdes contages, de la contagion, de ses modes; aussi peut-on dire que la base do toute legislation sanitaire doit etre puisee dans I'etude, dans la connaissance acquise des proprietes des contages et de la conta­gion, et c'est en effet de cette connaissance que s'est inspire le legislateur dans les divers documents qui edictent des mesures sanitaires.
La police sanitaire nous apparatt done'comme le complement pratique et sanctionnateur de I'etude de la contagion.
Elle s'occupe non seulement de.s mesures sanitaires applicables aux animaux malades, mais encore des mesures applicables aux animaux morts, aux debris cadaveriques et aux cadavres d'ani-maux atteints de maladies contagieuses. Elle cornprend done les mesures sanitaires applicables aux clos d'equarissage oil on tra-vaille ces debris, et les mesures qui doivent etre appiiquees avec le plus grand soin h la boucherie, aux viandes qui servent ii l'alimentation journaliere de l'homme, qu'il taut preserver efflca-cement en eloignant de la consommation les chairs d'animaux at­teints d'affections contagieuses.
Est-il possible de confondre la police sanitaire avec la jurispru­dence et la medecine legale? Non, ily a entre ces branches des differences considerables : la police sanitaire a pour but d'empe-cher la propagation des maladies contagieuses et d'en hater I'ex-tinction; la jurisprudence commerciale veterinaire a pour but d'etudier, de faire connaltre, de determiner les lois et les regies qui president h la vente des animaux domestiques; ia medecine legale a surtout pour but de regier la responsabilite des person-nes qui ont porte atteinte ä la propriete d'autrui en detruisant plus ou moins les animaux, eile regle la responsabilite du vöteri-naire qui commet une faute grossiere, cede des marechaux qui blessent un cheval par suite d'ignorance grave ou d'un defaut de capacite, celle des compagnies de transport qui endommagent la marchandise vivante qui leur est cbnfiee, etc.
On ne peut pas confondre non plus la police sanitaire avec I'hy-giene proprement dite, Gelle-ci a pour but de conserver, ou au
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moiiis d'aider ä la conservation de la sante des animaux. Et, dira-t-on, la police sanitaire n'a pas d'autre but que celui qui consiste h favoriser la conservation de la sante des animaux et de l'homine. Sans doute, 11 y a pourtant une difference entre l'hygiene et la po­lice sanitaire ; et cette difference entre les deux reside dans les inoyens qui menent au but. L'hygiene tire ses moyens des circum-fusa, des gesta, des ingesta, etc.; la police sanitaire use aussi de ces moyens, niais eile est appuyee sur des documents legislatifs, et le plus souvent eile a recours ä des moyens plus rigoureux, tels que le sacrilice des malades, l'enfouissement, etc. Elle ne s'occupe d'ailleurs que des maladies contagieuses.
Historique. — Les mesures sanitaires doivent etre edictöes par des documents legislatifs. Notre ancienne legislation sanitaire, quoique imparfaite et un peu embrouillee, est encore tout entäöre en vigueur. Elle a ete tbrmee peu ä peu, des le commencement du xviii0 siecle, aa fur et h mesure que la contagion a ete mieux appreciee.
L'histoire de la police sanitaire en France n'est pas longue, car jusqu'au debut du xvin0 siecle, il n'y a eu ni reglement, ni loi cdictant des mesures sanitaires.
Gcpendant certaines precautions avaient ete conseillees ou or-donnees depuis l'antiquite. Moise et d'autres legislateurs anciens avaient prescrit l'application de quelques mesures, non seulement pour I'homme, rnais aussi pour les animaux.
Virgile conseilla l'occision et Fenfouissement pour les malades atteints A'ignis sacer (clavelee ou charbon). Plus tard Columelle et Vegece, qui avaient observe des maladies contagieuses, conseille-reiit risoleinent des malades, leur sequestration et l'enfouissement des cadavres. Pendant le moyen-Age on n'appliqua en France aucune mesure ; cependant h cette epoque comme maintenant il y avait des maladies contagieuses, mais le peuple rattachait leur transmission ä des influences surnaturelles, car alors regnaient les idöes religieuses et superstitieuses ; on voyait dans la trans­mission de ces maladies une punition venant d'en haut. Avec un pared Systeme, on aurait vu les epizootics s'etendre et se prolon-ger pendant plus longtemps si les communications et les relations cussent ete multipliees et faciles comme de nos jours.
Au commencement du xvic siecle, le typhus ayant ravage le territoire de Venise, la contagion fut bien etudiee par Fracastor et devint la base de la police sanitaire decretee paries ordonnances du Senat de la Republique en 4544, 4519 et 4744. En France,
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l'origine de la police sanitaire se trouve dans i'arret du 10 avrll 1714. Avant cette epoque, on n'enfoulssait meme pas lescaduvres; d'oü pouvait resulter un danger de contagion et un danger d'in-fection par suite de la putrefaction ä l'air libre. De nouveaux do­cuments parurent en 1739, en 1740, en 1745, en 1746, en 1770, en 1774, en 1775, en 1778, en 1784, etc., etc.
Les Ecoles veterinaires, depuis leur fondation,et les veterinaires ont rendu en maintescirconstancesdes services considerables, en pretant ä l'autorite le concours de leurs volontes et de leurs con-naissances; et de nos jours, aucun de nous ne doit perdre de vue le role important qu'il pent etre appele ä jouer dans les circons-tances graves oil une epizootie viendra h se declarer et h laire courir des risques ä la chose publique.
Le plus beau, le plus grand et le plus digne röle du veterinaire est assurement celui que l'autorite peut iui confier, en le chargeant d'etudier une epizootie et en lui demandant qu'elles sont, panni les mesures que la loi edicte, celles qu'il convient d'appliquer dans teile ou teile circonstance. Une pareille mission grandit le veterinaire, s'il est capable de la remplir convenablement, et le place au rang des hornmes les plus utiles.
Jetonsd'abord uncoup d'oeil sur les documents sanitaires, pour nous rendre compte comment nous sommes arrives ä nous cons-tituer un Systeme rationnel.
En 1713-14, le typhus regnait dans l'Est et s'etendait vers le Nord et vers le Sud; la contagion etait reconnue la cause de son extension. Larret du Conseil d'Etat du iO avril 1114 prescrivait I'enfouissement total des cadavresätroispieds de profondeur, sous peine d'amende; ainsi se trouvaient conjures les dangers de la con­tagion par les cadavres et les dangers de la putrefaction ä l'air. Un nouvel arrkt du Conseil du 16 septembre ilii, executoire pendant 60 jours seulement, defendait d'amener aux foires et aux marches des pays infectes de typhus, les ruminants de quelque pays qu'ils vinssent; il defendait pareillement d'amener, dans les pays non encore infectes, des animaux venant des pays infectes ou suspectes.Get arretrealisait un grand progres, etilest fort regret­table qu'il n'ait ete rendu executoire que pendant 60 jours, car la mesure qu'il edictait etait de la plus grande importance.
En 1739, le typhus regnait ert- Italie, et 11 devait s'introduire chez nous en 1740. Le gouvernement, prevoyant la possibilite de cette importation, avait essaye de la prevenir. Une Ordonnance
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LEGISLATION ET MKSUHES SANITAIREbnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 131
royale du 6 Janvier 1139, interdisait Timportation de bestiaux et de marchandises quelconques provenant des pays infectes, ou les ayant traverses, et rendait obligatoire le certificat d'oi-igine et de sante pour les animaux, les marchandises et ineme les voyageurs venant des pays infectes.
Malgre I'ordonnance, le typhus passa en France et y regna assez longtemps, puisque les ecrits de l'epoque constatent ses ravages pendant au inoins dix ans.
Un arret de la Cour du Parlement du 2A mars '1745 prescrivait: le recensement des etables dans les communes envahies; la visite de ces etables deux tbis par semaine; la declaration sous peine d'amende et risqlement des malades; le caatonnement; I'inter-diction aux communes intectees du parcours et de l'usage sur les lorritoires voisins; rinterdiction de sortir les bestiaux des lieux infectes; robligalion du certificat de provenance pour la vente des bestiaux duns les localites non infectees; la visite prealable des bestiaux destines ä la vente, ayant leur entree en foire ou sur les marches; la defense de tuer et de debitor des animaux provenant des pays infectes sans qu'ils eussent ete visites ; I'obligation pour I'acheteur d'animaux reconnus sains de les soumettre ä une qua-rantaine de huit jours ayant de les mettre avec ses propres bes­tiaux; renfouissement des cadavres loin des habitations, dans des fosses de huit ii dix pieds; la division des cadavres en quatre quartiers; le recouvrement des cadavres avec de la chaux vive; la faculte pour l'autorite de requerir les inoyens necessaires au transport des cadavres ; la defense h qui ce soit de deterrer des cadavres; la defense aux tanneurs d'acheterles peaux. Toutes ces prescriptions etaient accompagnees d'une sanction tres rigoureuse; rinfractionärune ouäl'autre entrainait des peines excessives. Get ari'et, le plus important jusque la, contient un certain nombre de mesures tres rationnelles, presque toutes ont pour but d'empecher la propagation de l'epizootie, en prevenant le contact medial ou immediat des malades ou de leurs debris avec les animaux sains.
Le 19 juillet 1746 parut un arret du Conseil, qui revint sur certaines mesures dejü edictees par les precedents documents. II rendit encore obligatoires la declaration, I'isolement, la seques­tration, la prohibition de vente ou d'exposition en vente, etc. A ces dispositions il en ajouta quelques-autres : il ordonna la marque au fer rouge des animaux malades et des animaux suspects, leur sequestration en lieu clos avec interdiction des päturages et des abreuvoirs ; il edicta des amendes severes contre les syndics des
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paroisses qui ne declumient pas au sub-delegue ilu departement les cas de maladies. 11 decida que tout particulier qui trouverait non sequestres des animaux marques pouirait les conduire devant le juge le plus proche, qui devaitles faire tuer surle champ. II au-torisa ä vendre pour la boucherie les animaux sains des localites infectöes, mais ä condition qu'ils seraient tues dans les 24 heures apres la vente, et cela sous peine d'amende pour le vendeur et le bouclier. II edicta I'obllgation, pour leboucher.qui acheterait des bestiaux sains dans des localites infectees, de prendre un certi-ficat du proprietaire, de le faire viser par l'autorite du lieu d'ori-gine et de le presenter h l'autorite du lieu oil les animaux seraient conduits pour etre abattus. II imposa en outre au boucher I'obli-gation de se munir d'un autre certificat emanant tie Tautorite, certificat qui devait etre vise par l'autorite du lieu de destination, le tout sous peine d'amende et de confiscation. La meine obliga­tion etait imposee dans les pays non infectes aux proprietaires d'animaux qui voulaientles conduire auxfoires et marches, illeur fallait un certificat d'origine. L'arret edictait des amendes centre les syndics et la destitution des officiers de police qui permet-traient la rnise en foire d'animaux, sans s'etre assures de leur origine et de leur etat de sante; il infligeait une amende aux syndics et aux offlciers de police qui delivreraient des certificats contraires a la verite.
En i763, le 7 juillet, parut une ordonnance royale concernant la police du marche aux chevaux de Paris. Cette ordonnance, quoique speciale au marche aux chevaux de Paris, est cependant importanteau point de vue de la police sanitaire, surtout ü cause de I'article 9, qui porte que, en cas de suspicion de morve, il doit y avoir visite sanitaire, et, si l'existence de la maladie est constatte, les animaux reconnus malades doivent etre abattus; c'est lä le premier document qui parle de l'abattage.
Le typhus fit une nouvelle apparition dans le nord de la France en 1770. Et ä ce propos on trouve encore l'arret du 31 Janvier i771, qui ajouta quelques dispositions nouvellesä celles de 1746. II ac-cordaune prime d'encouragement aux proprietaires qui feraient la declaration hätive de la niort des animaux dejä sequestres, il accorda aussi une prime aux denonciateurs. II edicta I'amendeet la confiscation pour les cas oil les animaux bovins ne seraient pas enfermes, conformement ä la prescription officielle, dans les loca­lites et les paroisses infectees. II prescrivit l'abattage des betes malades trouvees hors du lieu oil elles devaient etre. II ordonna la
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visite, la marque des malades et des suspects; ceux-ci etaient mar­ques de la lettre S et les malades de la lettre M, et ces lettres devaient etre accompagnees de la premiere lettre du nom de la localite; de la sorte tout le monde pouvait reconnaitre les malades et les suspects et remonter ä leur origine. II enjuignit de placer des signaux devant les maisons int'ectees, ainsiqu'aux principaux che-mins qui y conduisaleut; l'ainende etait infligeeä celui qui les en-levait. Das publications devaient etre faites et des affiches apposees dans tousles lieux voisins pour eclairer les populations et leurln-terdire les communications avec le ou les lieux infectes: les chemii;s detournes devaient etre barres. 11 etait defendu d'importer ou d'exporter des anirnaux venant des lieux interdits sous peine de con­fiscation et d'amende. La sortie des tltables, pour les malades et les suspects, ne pouvait etre autorisee qu'apres la guerison; et alors une nouvelle marque etait imprimee ii la bete guerie, c'etait la lettre G. L'entreedes etables inl'ectees etait interdite pour lesani-inaux des differentes especes. J.a desintection des voitures, des harnais et des habitations etait obligatoire, ainsi que renfouisse-ment des cadavres et lies fumiers. 11 etait defendu aux habitants des iocalites iutectees de vendre leurs anirnaux, et aux habitants des Iocalites non infectees de les leur acheter, le tout sous peine d'amende et de confiscation.
En 1774, le typhus sevissait du cute de Bayoime, im arret du Conseü du 18 ddcembre 1774 edicta deuxnouvelles mesures, l'abat-tage obligatoire et rindemnisation ; mais l'abattagene devait avoir lieu que jusqu'ä concurrence des dix premieres betes faalades dans une localite.
Le 30 janvier 1775, im nouvel arrlt;U concernant le typhus etendit l'abattage et rentbuissemeat ä tons les malades, et fixa rindemnite, qui devait etre egale au tiers de lavaleurdes animaux abattus. En outre, cet arret defend it de conserver, de preparer et de transporter les cuirs provenant des malades ; il litla meme defense pour les fumiers, les räteliers et les difterents objets qui avaient servi aux malades, le tout sous peine d'amende.
Le 1er novembre 1775, un autre arrel du Conseü, concernaat en­core le typhus, modifia certaines dispositions, aggrava les amendes et les rigueurs, ordonna des visites et des perquisitions par les troupes, l'abattage et renibuissement de tous los malades, defendit de traiter les malades, malgre l'autorisaliou qui veuait d'etre aecor-dee par le Pai'lement de Toulouse (arret du !2 septeinbre 1775), decicla que l'indemnite serait aecordee seuleinent dans le cas oü
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la declaration aurait ete faite reglementairement, defeudit de de-placer les cuirs et las objets infectes sans la permission des officiers commandants.
En i776, les iO et i5 Janvier, parurent deux ordonnances ren-dues par l'intendant des generalites d'Auch et de Bordeaux, sur l'ordre du roi. Elles accordaient rindeinnite complete pour les animaux sains qu'on aurait abattus dans I'interet public (ce qui prouve que I'abattage pouvaitetre etendu etetait partbis applique aux animaux sains), et une indemnite egale au tiers de la valeur pour les animaux malades dont on ordonnait le sacrifice. Elles ins-tituerent en outre une mesure tres importante, qui avait pour but d'enlever h la contagion son aliment, le depeuplement, qui consiste h faire le vide autour du foyer de contagion.
Tout cequi precede concerneä pen pres exclusivement le typhus, sauf rordonnance relative au marche des chevaux.
Le 23 decembre 1778, parut un arret de la Cour du Parlemeni de Paris concernant la clavelee, qui edictales mesures suivantes : denombrement et visits des troupeaux des localites oü la clavelee etait signalee; declaration des malades obiigatoire pour leproprie-taire, sous peine d'amende; isolement des malades, cantonnement dans les paturages; interdiction du deplacement et de la vente des malades; certilicat, obiigatoire pour les moutons sains destines ii la vente, deiivre par rofficier du lieu de provenance et attestant que le claveau ne regne pas dans ce lieu ni ä trois Heues ä la ronde; visite sanitaire des moutons exposes sur les foires et les marches; prescription ä ceux qui les achetent de ne meler les moutons achetes avec ceux qu'ils possedent, qu'apres les avoir tenus separes durant huit jours au moins; enfouissement des . cadavres, avec la peau entiere, ä sixpieds de profondeur; defense d'enfouir dans les enceintes des villes, dans les cours, dans les jardins; defense de jeter les cadavres dans les rivieres ou de les envoyer aux voiries; defense de deterrer les cadavres et d'acheter les peaux ; et enfin, penalite excessive centre ceux qui enfreindraient ces regies. Comma on le voit, cet arret, qui con-cerne la clavelee, et qui indique des mesures encore appliquees de nos jours, les a empruntees aux documents precedents, con-cernant le typhus.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.
En i780, deux arrets du Conseil (7 avril et ii mai) edictercnt certaines prohibitions contre Pimpoitation. 11 s'agissait encore de la peste bovine, et ces arrets avaient pour but d'ordonner des mesures propres a prevenir son importation par les frontieres de
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terre et de mer, d'empecher Ifimportation des cuii's et des debris des animaux de l'espece bovine provenant des pays oil regnait le typhus. En outre,, ces arrets portaient que les laines et autres marchandises spongieuses seraieut mises en quarantaine ä la frontiere, oil elles subifaient une desinfection prealable avant d'entrer en France.
En 1784 fut rendu I'arret le plus important pour prevenir les dangers resultant des maladies contagieuses des animaux et par-ticulierement de la inorve. L'arret du Conseil, du 16 juillet 1784, forme ä lui tout seul une veritable legislation sanitaire ; il vise toutes les maladies contagieuses. Les mesures qu'il edicte ne sent pas nouvelles, ce sont celles qui ayaient deja ete ediclees, dans les documents anterieurs, relativement ä la police sanitaire de la peste bovine.
Voici cet arret important qui domine encore de nos jours touts notre police sanitaire.
Arret du 16 juillet 1784
laquo; Le roi ctant informo dos ravages qu'occasionnent sur les ani­maux, dans dilterentes provinces de son royaume, les maladies contagieuses dent ils sont attaques, notammentccllc de la morve, et considerant que cette maladie, contre laquelle on n'a ti-ouve jusqu'ä present aucun remede curatif, se communique, se pro-page et se perpetue par toutes sortes de voies; que röcurie oil un cheval atteint de la morve n'a fait que passer, les harnais et tout ce qui lui a servi recoivent et communiquent ce vice epidemique, qui ne tarde pas a se developper ; qu'une des causes principales de la contagion ne pent etre attribute qu'ä la negligence et ii un interet mal entendu des proprietaires, marchands de chevaux ct de bestiaux, qui, au lieu de declarer le mal des son principe, cherchent ä le deguiser, jusqu'a ce que les animaux qui en sont atteints soient absolument hors d'etat de service ; que les equar-risseurs et autres, apres avoir achete des chevaux et betes frappes de mal, sous pretexte de les guerir ou de les abattre, en font un trafic funeste inevne dans la vente des parties mortes ; Sa Majeste jugeant necessaire de reprimer des abus aussi contraires ä I'agri-culture et au commerce, et voulant y pourvoir ; oui le rapport du sicur de Calonne, conseiller ordinaire au Conseil royal, cnntröleur general des finances, le roi, etant en son Conseil, a ordonnne et ordonne ce qui suit:
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laquo;Article premier. — Toutespersonnes,de quelque qualite et conditions qu'elles soient, qui auront des chevaux et bestiaux attaints ou soupconnes de ia morve ou de toute autre maladie contagieuse, teile que le charbon, la gale, la clavelee, le farcin et la rage, seront tenues,ii peine de cinq cents francs d'amende, d'en faire sur le champ leur declaration aux maires, echevins ou syn­dics des villes, bourgs et paroisses de leui' residence, pour etre lesdits chevaux et bestiaux, vus et visites sans delai, en la pre­sence desdits offlciers, par les experts vöterinaires les plus pro-chains, lesquels se transporteront ä cet effet dans les ecuries, etables et bergeries, pour reconnaitre et constater exactement l'etat des chevaux et animaux qui leur auront ete declares.
laquo;Art. 2. —Autorise Sa Majeste les sieurs intendants et com-missaires departis dans les differentes provinces du royaume, ä nommer autant d'experts qu'ils lejugeront a propos pour lesdites visites, choisis par preference parmi les eleves des Ecoles veteri-naires ; h leur defaut, parmi les rnarechaux ou autres qui auront des certificats d'etude et de capacite du directeur de l'Ecole vete-rinaire, ou qui auront subi un examen sur les deinandes qui leur seront faites en presence dudit sieur cominissaire par deux artis­tes veterinaires du departement.
laquo;Art. 3. — Seront tenus lesdits experts de preter leurministere toutes les fois et quand ils en seront requis par les officiers de marechaussee,sub-delegues, offlciers municipaux et syndics, pour examiner les chevaux et bestiaux suspects, comme aussi de se transpoiler h cet effet dans les inarches publics et dans les ecu­ries des maitres de postes, des entrepreneurs de messageries ou roulages et loueurs de chevaux, merne aussi dans les ecuries, etables et bergeries des particuliers, sur les declarations et denonciations de mal contagieux qui auraient ete faites ii leur egard, en se faisant toutefois audit cas, autoriser par le juge du lieu et accompagner d'un officier municipal ou du syndic de la paroisse. Fait defense, Sa Majeste, h toutes personnes de refuser l'entree de leurs ecuries, etables et bergeries auxdits experts ainsi assistes, et d'apporteraucun obstacle ä ce qu'il soitprocede, con-formement k ce que dessus, auxdites visites, dont ii sera dresse proces-verbal, lors duquel, en cas de diflicultes, les parties inte-ressees pourront faire tels dires et requisitions qu'elles aviseront, et il y sera statue, provisoirement et sans aucun delai, par le juge qui aura autorise la visite.
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laquo;Art. 4. — Defenses serontfaites ti tous marechaux, bergers et autres, de trailer aucun animal attaque de la maladie contagieuse pestilentielle sans en avoir fait la declaration aux officiers munici-paux ou syndics de leur residence, lesquels en rendront compte sue le champ au sub-delegue, qui fera appliquei- sans dela; sur le front de la bete malade un cachet en cire verte portant ces mots: animal suspect; pour, des cet instant, etre les chevaux ou autres animaux qui auront ete ainsi marques, conduits et enfermes dans des lieux separes et isoles. Fait pareillement defense, Sa Majeste, a toutes les personnes de les laisser communiquer avec d'autres animaux ni de les laisser vaguer dans des päturages communs, le tout sous la meine peine d'amende.
laquo; Art. 5. — Les chevaux qui auront ete attaques de la morve et les autres animaux dont la maladie contagieuse aura ete reconnue incurable par les experts, seront abattus sans delai, ensuite ou-vcrts par lesdits experts, lesquels appelleront h l'abattage et ouverture des dits animaux un officier municipal ou syndic, qui cu drcssera pieces-verbal pour etre envoye au dit sieur commis-saire departi ou ä son sub-delegue, et ce proces-verbal contiendra en detail le genre et le caractere de la maladie de l'ainmal et les precautions pour eviter la contagion.
laquo;Art. 6.—Les chevaux et bestiaux morts et abattus pour cause do morve ou de toute autre maladie contagieuse pestilentielle seront enterres (chair et ossements) dans des fosses de 3 metres #9632;20 centimetres (10 pieds) de profondeur, qui ne pourront etre ouvertes plus pres de 194 metres 18 centimetres (100 toises) de toute habitation, et les peaux en seront tailladees ; les ecuriesdans lesquelles auront sejourne des chevaux morveux, ainsi que les etables et bergeries qui auront servi aux animaux attaques de maladies contagieuses seront, ä la diligence des offi­ciers municipaux et experts, aerees et purifiees, lesdits lieux ne pourront etre occupes par aucuns autres animaux que lorsqu'ils auront ete purifies et qu'il se sera ecoule un temps süffisant pour en öter I'infection ; les equipages, harnals, colliers seront brdles ou echaudes, conformement ä ce qui sera prescrit par le proces-verbal d'abattage qui aura ete dresse et dont sera laisse copie, pour, par les proprietaires ou autres, s'y conformer, ainsi qu'ä toutes les precautions qui auront etc indiquees par les experts, ä reifet d'eviter la contagion; le tout sous la ineme peine de cinq cents francs d'amende.
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laquo; Art. 7. — Fait Sa Majeste defenses, sous les meines peines, ä tous marchands de chevaux et autres, de detourner, sous quel-que pretexte que ce soit, vendre ou exposer en vente, dans les foires et inarches ou partout ailleurs, des chevaux ou bestiaux atteints ou suspects de morve ou de maladies contagieuses, et aux hoteliers, cabaretiers, laboureurs et autres, de recevoir dans leurs ecuries ou etables ordinaires aucuns chevaux et aniinaux soupconnes de semblabies maladies, auquel cas ils seront tenus d'en faire aussitot la declaration ci-dessus prescrite.
laquo;Art. 8. —Autorise Sa Majeste lesdits sieurs cominissaires de-partis et leurs sub-delegues a commettre, dans les villes, bourgs et villages de leurs generalites, tel nombre d'equarrisseurs qui serajugenecessaire, lesquels seuis pourront faire l'enlöyement et equarrissage des animaux inorts dans les arrondisseinents qui leur seront prescrits, auxquels ii sera delivre, sans frais, commission par lesdits sieurs intendants et sub-delegues, sans qu'aucuns autres puissent s'immiscer dans ^equarrissage des chevaux et bestiaux, ä peine de prison.
laquo; Art. 9. — Les equarrisseurs ne pourront, sous peine d'etre dechus de leur commission, d'ainende ou de teile autre punition qu'il appartiendra, vendre et debiter aucune viande qui proviendra de chevaux ou animaux qui, suivant I'urt. 2, auront ete abattus pour etre entenes.
laquo; Art. 10. — Autorise Sa Majeste toutes personnes ii denoncer les contraventions qui pourront etre faites aux dispositions du present arret; et, lorsqu'elles auront ete Wen et düment constatees, le tiers des amendes qui auront ete prononcees, et qui seront paya-bles sans deport, appartiendra au denonciateur, auquel il sera accorde, en outre, une recompense proportionnee au merite do la denonciation..
laquo; Art. 11. — Seront tenus les maires et echevins dans les villes, et les syndics dans les campagnes, d'informer, au premier avis qu'ils en auront, les intendants et leurs sub-delegues des maladies contagieuses ou epizootiques qui se manifesteront dans I'etendue de leur arrondissement, ii peine d'etre rendus personnellement responsables de tous doinmages (pii pourraient resulter de leur negligence.
laquo; Art. 12. — Toutes lesameiutes encourues aux termes des arti­cles ci-dessus seront payees sans deport, et les contrevenants y seront contraints par toutes voies dues et raisonnables, meine par emprisonnement de leurs personnes.
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laquo;Art. 13. —Etserontlesordonnances renrtuespour.la police du inarehe aux chevaux et notamment celie du 8 juillet 4763, execu-teesen leurconteuu.
laquo;A.rt. 14. — Ordonhe Sa Majesteque, conforineinent aux attri­butions ci-devant donnees, tant au sieur lieutenant general de police de la ville de Paris qu'aux sieurs cöriimissäires departis dans les provinces du royaume, chacun en tlroit soi, ils continuent d'avoir, exclusivement h tous autres juges, la corlhaissänce des contestations qui pourraient survenir surl'execution du present arret, ainsi que des precedents reglements et ordonnances inter-venus au meine sujet, sauf l'appel au Gonseil; leur enjoint, ainsi qu'aux maires, echevins et syndics, de tenirlamain ;i I'execution du present arret, et aux ofticiers et cavaliers de marechaussee et tous autres de preter la main-forte et l'assistance necessaires ä cet effet.
laquo; Fait au Gonseil d'Etat du Roi, Sa Majeste y etant, tenu ii Ver­sailles le 46 juillet 4784.
laquo; Sigm'1: Le baron DE Breteüil. raquo;
L'arrct du Gonseil d'Etat du roi, du 46 juillet 1784, esttresim-portant, parce que, ainsi que nous rnvonsYu,ils'applique ätoutes les maladies, parce qu'il edicte un assez grand nombre de mesures de police sanitaire, parce qu'il constitue h lui seul une legislation sanitaire. •
L'article iquot; ordonne ä toute personne qui a des animaux mala­des ou suspects de morve ou de toute autre maladie contagieuse d'en faire aussitöt la declaration, sous peine d'une amende de cinq cents francs, ä I'autorite municipale qui nonnnera des experts vcterinuires ou autres, pour se transporter dans les habitations et visiter les animaux declares, en presence d'un representant de I'autorite.
L'article 2 porte que I'autorite pourra nommer autant d'experts qu'elle le jugera utile ; ces experts devront etrechoisis parmi les veterinaires, et ä defaut parmi les marechaux.
L'article 3 decide que les experts designes sont tenus de preter leur rainistere et devront se transporter l;i oil leur presence sera necessaire, pour visiter les animaux ayant ete 1'objet d'une decla­ration ou d'une denonciation, apres s'etre fait autoriser par le juge du lieu et en se faisant accompagner d'un representant de I'au­torite. Les proprietaires ne devront pas s'opposer ä l'entree dans
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leui's ecuries, etables ou bergeries. Les experts dresseiont un procfes-verbul de leur visite, et si les proprietaires font rtes recla­mations, elles seront jugees quot;aussitöt par ie juge qui aura autorise la visite.
L'article 4 defend ä qui que ce soit de trailer un animal atteint d'une maladie contagieuse sans en avoir fait la declaration h Fau-torite locale, qui doit aussitöt informer l'autorite superieure et faire marquee et isoler ou sequestrer la bete malade; il defend aussi, sous peine d'amende, ii qui que ce soit de laisser communi-quer les animaux malades avec d'autres animaux ou de les laisser vaguer dans les päturages communs.
L'article 5 decide que tout animal atteint de morve ou de toute autre maladie reconnue incurable sera abattu aussitöt en presence de l'expert et d'un representant de l'autorite, qui dressera un proces-verbal constatant l'abattage et indiquant la nature de la maladie, ainsi que les precautions ä prendre pour eviter la conta­gion ; ce proces-verbal sera envoye ä l'autorite superieure, et copie en sera laissee aux interesses.
L'article 6 onlonne I'enfouissement avec les peaux tailladees des animaux morts ou abattus, pour cause de maladie contagieuse, ä S^O de profondeur et h 200 metres de toute babitation; il or-donne aussi l'aeration et la desinfection, ;i la diligence de l'auto­rite municipale et des experts, des habitations, la cremation ou l'echaudage des harnais, colliers, etc., et la sequestration des habitations, apres leur desinfection, pendant le temps que ['expert jugera necessaire. L'inlVactlon aux dispositions de cet article sera punie de 500 francs d'amende.
L'article 7 defend ti toute personne, sous peine de 500 francs d'amende, de detourner, vendre, exposer en vente des animaux atteints ou suspects de morve ou do maladies contagieuses, de recevoir dans ses habitations aucun animal malade ou soupconne, et rend la declaration obligatoire pour quiconque aura reconnu I'existence d'une maladie contagieuse dans de pareilles con­ditions.
Les articles 8 et 9 reglent les conditions de requarissage et defendent aux equarisseurs, sous peine de decheance, d'amende et de prison, de vendre les chairs provenants d'animaux morts ou abattus pour cause de maladies contagieuses.
L'article 40 autorise la denonciation et rencourage par l'appät du partage des amenctes et par I'espoir d'une recompense.
L'article 41 reedicte, pour les autoritös locales, l'obligation de
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prevenir aussitot I'auturite superieure, quand elles auront regu avis de 1'existence d'uue maladie contagieuse ou d'une epizootie.
L'arlicle 12 decide que les amendes seimit exigees integi'ale-ment, et que leur recouvrement sera poursuivi par tout moyen, ineme par remprisonnement.
L'article 13 rend de nouveau obligatoires les ordonnances rela­tives au marche aux chevaux, surtout cede du 8 juillet 1703.
L'article 14 recoiumande aux autorites de veiller ä I'observatiou des regies edictees et enjoint ä la force annee de preter mam-forte h cet effet.
En 1795 le typhus ravageait les provinces de l'Est, et deux ans plus tard, im drret du Directoire executif du Vl messidor an V {i5 juillet HOI) invoqiiait et reinettait en viguour toufes les rne-sures edicte^es par les reglements anterieurs : dcclaralioii, visito, isolemcnt, sequestration, enfouissement, etc.
Arret de Messidor an V
laquo; Paris, le 23 messidor an V de la Republique francaise une et indivisible. laquo; Le Ministre de rinterieur aux Administrations centrales et municipales de la Republique. laquo;II regne sur les betes ä cornes des departements du Nord et de l'Est une epizootie meurtriere qui, s'est annoncee d'abord par des syrnptömes peu alannants; je n'en ai pas plus tot ete instruit que j'ai envoye de Paris des artistes veterinaires eclaires pour en prendre connaissance. Des instructions, redigees par eux sur les lieux et ä leur retour, ont ete publiees et repandues dans tous les pays qu'ils avaient parcourus. La maladie a paru se ralentir pen­dant quelque temps, mais eile reprend avec plus de force; la rapi-dite de ses progres et le nombre effrayant des animaux qu'elle tue ne permettent plus de douter qu'elle ne seit contagieuse au plus haut degre. Cet objet 6taiit de la plus grande importance, et les moyens de police etant les seuls capables d'empecher la communication, j'ai cru qu'il etait de mon devoir de rappeler l'es-prit 3es lois et reglements rendus en pareilles circonstances et qui n'ont pas ete abroges; je n'ai eu qu'ä concilier les dispositions de ces lois avec l'ordre constitutionnel; j'y ajouterai une courte instruction sur la maniere reconnue comme la plus propre ä pre­venir cette maladie et ä la guerir dans les animaux affectes.
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Mesures de police pour arreter la communication
laquo; Tout proprietaire ou detenteur de betes a cornes, h quelque litre que ce soit, qui aura une ou plusieurs betes malades ou sus-pectes, sera oblige, sous peiue de cinq cents francs d'amende, d'en avertir sur le champ l'agent de la commune, qui les tera visi-ter par i'expert le plus prochain ou par celui qui aura ete designe par le departeinent ou le canton (arret du Parlement du 24 mars 1745; arret du Gonseil du 29 juillet 1746, art. 3; autre dul6 juil-let 1784, art. lc').
laquo; Lbrsque, d'apres le rapport de I'expert, il sera constate qu'une ou plusieurs betes sent malades, l'agent veillera h ce que ces ani-maux soient separes des autres et ne communiquent avec aucun animal de la commune. Les proprietaires, sous quelque pretexte que ce soit, ne pourront les faire conduire dans les paturages ni aux abreuvoirs connnuns, et ils seroüt tenus de les nourrir dans des lieux i'enfermes, sous peine de 100 fr. d'amende (arret du Gonseil du 19 juillet 1746, art. 2.)
laquo; L'agent en informera, dansle jour, le commissaire du directoire executif du canton, auquel il indiquera le noin du proprietaire et le nombre de betes malades. Le commissaire du directoire executif fera part du tout k ^administration centrale du departe-ment (arret du Gonseil du 19 juillet 1743).
laquo; Aussitöt qu'il sera prouve a l'agent que I'epizootie existe dans une commune, il en instruira tons les proprietaires de bestiaux de ladite commune par une affiche posee aux lieux oil se placent les actes de l'autorite publique, laquelle affiche enjoindra auxdits proprietaires de declarer h l'agent le nombre des betes ä cornes qu'ils possedent, avec designation d'äge, de taille, de poll, etc. Gopie de ses declarations sera envoyee au commissaire du direc-tuire executif pres l'administration municipale du canton, et par celui-ci ä l'administration centrale du departeinent (arret du Gon­seil du 19 juillet 1746, art. 4.)
laquo; En meme temps l'agent municipal fera marquer, sous ses yeux, toutes les betes ä cornes de sa commune avec un fer chaud repre-sentant la lettre M. Quand Tadministration centrale du departe-ment se sera assuree que I'epizootie n'a plus lieu dans son ressort, eile ordonnera une contre-marque teile qu'elle jugera h propos, afin que les betes puissent aller et etre vendues partout, sans qu'on ait rien ä en craindre (arret du Gonseil du 19 juillet 1746, et arret du Gonseil du 16 juillet 1784)*
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laquo; Afin d'eviter toute communication des bestiaux des pays infec-tes avec ceux des pays qui ne le sont pas, il sera fait, de temps en temps, des visites chez les proprietaires de bestiaux, dans les communes infectees, pour s'assurer qu'aucun animal n'en a ete distrait (arret du 24 mars 4745, art. lei)-
laquo;Si, au mepris des dispositions precedentes, quelqu'unsepermet de vendre ou d'acheter des betes marquees dans un pays infecte, pour les conduire dans un marche ou une foire, ou meme chez un particulier de pays non infecte, il sera puni de 500 fr. do­rnende. Les proprietaires qui feront conduire leurs betes par leurs domestiques ou autrespersonnes dans les marches ou foires, ou cliez dos particuiiers de pays non infectes, sont responsables du fait de ces conducteurs (art.,5 et 6 de l'arretdu Cöhseil du 49 juil-let 4746)
laquo; II est enjoint ä tout fonctionnaire public qui trouvera sur les chemins ou dans les fuires ou marches des betes ä cornes mar­quees de la lettre M de les conduire devant le juge de paix, lequel les fera tuer sur le champ en sa presence (art. 7 de l'arret du Gonseil du 49 juillet 4746).
laquo; Pourront neanmoins, les proprietaires de betes saines en pays infectes, en faire tuer chez eux ou en vendre aux bouchers de leur commune, mais aux conditions suivantes ;
laquo; 4deg; II faudra que I'expert ait constate que ces betes ne sont point malades;
laquo; 2raquo; Le boucher n'entrera pas dans I'etable;
laquo; 3' Le boucher tuera ces betes dans les 24 heures;
ct 4deg; Le proprietaire ne pourra s'en dessaisir, ni le boucher les tuer, qu'ils n'en aient la permission par ecrit de l'agent, qui en fera mention sur son etat. Toute contravention ä cet egard sera punie de 200 fr. d'amende, le proprietaire et le boucher demeu-rant solidaires (art. 8 de l'arret du Gonseil du 49 juillet 4740).
laquo; II est ordonne de tenir dans les lieux infectes tons les chiens ä l'attache et de tuer tons ceux qu'on trouverait divaguants (loi du 49 juillet 4791).
laquo; Tout fonctionnaire public qui donnera des certificats et attes­tations contraires a la verite sera condamne h 4000 francs d'a­mende et meine poursuivi extraordinairement (art. 44 de l'arret du 24 mars 4745).
laquo; Dans tous eas oü les amendes pour les objets relatifs ä l'epi-zootie seront appliquees, aucun juge ne pourra les remettre ni
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444nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; l'OLICE SANITAIRE
le.s moderer; les jugements qui interviendront en consequence seront executes par provision, et les rtelinquants, au surplus, souinis aux lois de la police correctionnelle (art. 7 et 8 de l'arret du Parlement de 1745; art. 15 de celui du Gonseil de 1746 et art. 12 de celui de 1784).
laquo; Aussitöt qu'une bete sera morte, au Heu de la trainer, on la transportera h l'endroit oü eile doit etre enterree, qui sera autant que possible au möins h 50 toises des habitations; on la jettera seule dans une fosse de 8 pieds de profondeur, avec toute sa peau, tailladee en plusieurs parties, et on la recouvrira de toute la terre sortie de la fosse. Dans le cas oü le proprietaire n'aurait pas la faculte d'en faire le transport, l'agent municipal requerra un autre citöyen et raeme les manouvriers necessaires, a peine de 50 fr. d'amende chez les refusants. Dans les lieux oü il y a des chevaux, on preferera de faire trainer par eux les voitures char-gees des betes mortes, lesquelles voitures seront lavees ä l'eau chaude apres le transport. II est defcndu de jeter les corps dans les bois, dans les rivieres ou h la voirie, et de les enterrer dans les etables, cours et jardins, sons peine de 300 fr. d'amende et de tons dommages et interets (art. 6 de l'arret du Parlement de 1745, et art. 6 de celui du Conseil de 1784).
laquo; Enfin les corps administratifs, conformement au decret du 28 septembre 1701, emploierojit tons les moyens de prevenir et d'ar-reter l'epizootie; et en consequence, le gouvernement compte sur leur zele pour faire faire des patrouilles, mettre la plus grande celerite dans l'execution des lois, et ne rien epargner, soit pour preserver leur pays de la contagion, soit pour en arreter les pro-gres. Lorsque l'epizootie se sera declaree dans leur ressort, ils sont charges d'en informer les administrations des departements voisins, et il leur est recommande tres expressement d'en faire part sur le champ au ministre de Tinterieur, ainsi que des progrcs que pourra faire la maladie.
laquo; Ce n'est qu'en suivant avec une rigueur tres scrupuleuse les mesures indiquees qu'il sera possible de prevenir, dans la plupart des departements, et d'arreter dans ceux qui sont infectes, les effets d'une contagion ruineuse pour l'agriculture en general et pour les proprietaires. (Suit une instruction dans laquelle l'epi­zootie est decrite sommairement, et oü les moyens hygieniques, preservatifs et curatifs sont exposes.)
laquo; Le Ministre de l'Interieur,
laquo; Signö: Benezech. raquo;
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LEGIriLATION ET MESURES SANITAIHES
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Plus tard, en 1815, apres les guerres du premier empire, le typhus apparut de nouveau en France, et une ordonnance roijale du VA-Janvier i815 rappela les mesures anterieures, insista sur l'abattage immediat des aniinaux malades et fit entrevoir la prepa­ration d'une loi sur I'indemnisation, qui ne devait etre faite qu'en 1866.
En 1865, le typhus menagait de s'introduire chez nous et 11 s'y introduisit en 1866. Un decret imperial du 5 septembre 1865 donna auministre de l'agriculture et du commerce pleins'pouvoirs pour empecher 1'introduction en France de tous les aniinaux domestiques dont I'entree pouvait presenter des dangers, ou pour la subordonner aux mesures propres ä prevenir rinvasion de la maladie. Le meine jour, un arrete ministeriel tracait Fetendue des frontieres, par lesquelles riinportation en France des animaux bovins, ovins et autres, des cuirs et des debris frais provenant d'animaux de ces especes etait interdite; il determinait aussi les frontieres qui restaient ouvertes ä riinportation et reglementait les conditions auxquelles etaient subordonnees les importations d'animaux bovins venaut d'ailleurs que de FAngleterre, de la Heilande, de la Belgique, pour lesquelles I'interdictipn etait ab-solue.
Malgre toutes ces precautions, le thyphus s'introduisit en France, mais grace aux mesures energiques qui furent appliquees, il disparut rapidement.
Le gouvernement de cette epoque reglementa I'indeinnisation par la loi du 30 juin 1866, qui eleva rindemnite accordee, aux trois quarts de leur valeur pour tous les aniinaux abattus par ordre de 1'autorite.
En 1870-71, le typhus fit une nouvelle invasion en France k la suite des arinees allemandes, et il decima la population animale de plusieurs departements; le gouvernement remit en vigueur les mesures edictees anterieurement.
Un decret du 30 septemhre i871 etablit les regies d'apres lesquelles doit etre faite 1'expertise qui serf de base ä rindemnite ; il eut encore pour but de concilier l'application des mesures de police sanitaire avec les necessites de 1'alimentation publique, en donnant aux prefets l'autorisation de prendre des arret6s pour permettre le transport vers les centres de consommation des animaux destines ä etre abattus comme suspects, ou des viandes provenant de ces animaux; il prescrivit aux prefets de prendre les precautions necessaires pour que les animaux vivants ne
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tüsserit pas detournes de leur destination et fussent abattus des leur urriveeä ['abattoir; ii reduisit Tindemnite dans une propor­tion egale ä l'excedant du produit de la vente sur le quart de la yaleiir non indemnisee.
II nous reste h voir quelques dispositions applicables h toutes les maladies contagieuses. Ges dispositions se trouvent dans la loi des 16-24 aout 1790, dans la loi des 12-22 juillet 1791, dans la loi des 28 septembre et 6 octobrel791, et dans quelques articles du code penal. La loi des 16-24 aoüt 1790 confie aux municipalites le soin de prevenir, par des precautions convenables, et de faire cesser par la distribution des secours necessaires les accidents et les fleaux calamiteux, tels que : incendies, epidemies, epizooties, en provoquant aussi dans ces deux derniers cas l'autorite des administrations departementales ou d'arrondissement.
La loi des 12-22 juillet 1791 est relative h la divagation des animaux dangereux; et la loi des 28 septembre et 6 octobre 1791 est relative aux mesuresä prendre dans les casd'epi7,ootie,notam-mcnt pour regier le parcours et les conditions de päturage des animaux malades.
Articles du Code penal relatifs ä la Police sanitaire
Art. 459. — Tout detenteur ou gardien d'animaux ou de bes-tiaux soupconnes d'etre infectes de maladie contagieuse, qui n'aura pas averti sur le champ le maire de la commune oil Us se trouvent, et qui, meme avant que le maire ait repondu a I'a-vertissement, ne les aura pas tenus renfermes, sera puni d'un emprisonnement de six jours h deux mois, et d'une amende de 16 a 200 fr.
Art. 460. — Seront egalement punis d'un emprisonnement de deux mois ä six mois, et d'une amende de 100 a, 500 fr., ceux qui, au mepris des defenses de l'administration, auront laisse leurs animaux ou bestiaux infectes cominuniquer avec d'autres.
Art. 461. — Si, de la communication mentionnee au prece­dent article, il est resulte une contagion parmilesautres animaux, ceux qui auront contrevenu aux defenses de l'autorite administra­tive seront punis d'un emprisonnement de deux ans h cinq ans et d'une amende de 100 ii 1000 fr.; le tout sans prejudice de l'execution des lois et reglements relatifs aux maladies epizooti-ques et de l'application des peines y per tees.
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LEGISLATION ET MESURES HANITAXRESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;147
Art. 462. — Si les delits de police correctionnelle, dont il est parle au present chapitre, out ete coiumis par des gardes cham-petres ou forestiers ou des offlciers de police, ä quelque titre que ce soit, la peine d'emprisonnement sera d'un mois au moins, et d'ua tiers au plus en sus de la peine la plus forte qui seraitappli-quee ä ua autre coupabledu meme delit.
Art. 471. — Serout puuis a'amende depuis 1 fr. jusqu'ü 5 fr. indusivement, 1deg;, 2'', 3deg;, 4quot;, 5quot;, 6deg;, 7% 8raquo;, 9deg;, 10deg;, llquot;, ISraquo; 13deg;,
14deg;,.........15deg;, ceux qui auront contrevenu aux reglements lega-
lement faits par l'autorite adiuiaistrative, et ceux qui ne se serdht pas conformes aux reglements ou arretes publies par l'autorite municipale en vertu des articles 3 et 4, titre xi de la ioi des 16-24 aoCit 1790 et de l'art. 46 titre icrde la loi des 19-22 juillet 1791.
Art. 484. — Dans toutes iesmatieres qui n'ont pas ete reglees par le present code et qui sont regies par des lois et reglements particuliers, les cours et les tribunaux coatinueront de les obser­ver.
Voir encore les articles 475-7deg;, 479-2'', 463 dernier alinea.
Comme complement des prescriptions edictees par le pouvoir legislatif, notre code sanitaire comprend encore un certain nom-bre d'arretes, de circulaires et d'instructions sur les maladies contagieuses, ayant pour but d'iustruire l'autorite et les popu­lations, d'assurer l'execution de la loi et de resoudre certaines difficultes resultant de son application.
II est bon de connaitre l'arrete ministeriel du 11 mai 1877, re-latif ä l'importation des aniinaux en France.
Arrete du Ministre de l'Agriculture relatif ä l'importation des animaux en France
Le ministre de l'agriculture et du commerce,
Vu la loi des 28 septembre et 6 octobre 1791;
Vu le decret du 5 septembre 1865;
Vu notre arrete en date du 25 Janvier 1877 ;
Vu I'avis duComite consultatif des epizootics;
Considerant que, d'apres le temps qui s'est ecoule depuis les derniers cas de peste bovine constates dans I'empire d'Allemagne et en Autriche-Hongrie, cette epizootic pent etre regardee comme eteinte dans ces deux pays; mais considerant que les precödents
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autorisent ä craindre que les grands mouvements de betail provo-ques paiquot; les fails de guerre survenus en Orient ne determinent de nouvelles apparitions de la peste;
Considerant, d'autre part, que differentes maladies contagieu-ses, telles que la peripneumonie contagieuse du gros betail, la fievre aphtheuse et la clavelee sevissent presque constamment;
Considerant que ces maladies causent de graves prejudices ä l'agriculture;
Qu'elles sont propagees et entretenues par les animaux anienes de l'etranger;
Qu'il Importe, des lors, de redoubler de vigilance et de s'assu-rer de l'etat sanitaire du betail introduit en France;
Sur la proposition du directeur de l'agriculture,
Arrete:
Article premier. — A partir du mardi IScourant, l'arrete du 25 Janvier 1877 est et demeure rapporte sous les restrictions men-tionnees ci-apres.
Art. 2. — L'importation en France et le transit des animaux de l'espece bovine de la race grise, dito des steppes, ainsi que des peaux fraiches et debris frais de ces animaux, continuent h etre interdits par les frontieres de terra et de mer.
Les memes interdictions restent etendues ii tons les ruminants ainsi qu'ä leurs peaux fraiches et debris frais provenant de l'An-gleterre, de la Russie, des principautes danubiennes et de la Tur-quie.
Art. 3. — Les animaux des especes bovine, ovine et caprine de toutes les provenances autres que celles indiquees h I'article precedent, meme ceux de FAlgerie dont I'importation est autori-see, seront soumis, au moment de leur entree en France, h une verification rigoureuse de leur etat sanitaire par un veteri-naire.
Les animaux de l'espece porcine de toute provenance ne pour-ront egalement etre introduits en France qu'aprfes I'accomplisse-ment de la meme formalite.
Art. 4. — Les bureaux de douane dont la designation suit sont seuls ouverts h I'importation des especes animales denoinmees a I'article 2, savoir:
Dunkerque, Bailleul, Turcoing;, Baisieux, Blanc-Misseron, Jeu-mont, Givet, Gespunsart, Longwy, Batilly, Pagny, Embermenil-Auricourt, Petit-Groix, Fessevillers, Villers, Pontarlier, Jonque,
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LEGISLATION ET MESURES SANITAIRESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 149 '
Bois-d'Amont, Les Rousses, Bellegarcle, Saint-Julien, Annemasse, Modane, Mont-Genevre, Lacche, Fontan, VintiiT)i!le, Nice, Mar­seille, Cette, Perpignau, Bagneres-de-Luchon, Bayonne, Ajaccio, Bonifacio et Bastia.
Art. 5. — Toute bete recomme atteiute de la peste bovine sera immediateinent abattue et enfouie sans que le proprietuire puisse reclamer aucune indeinnite.
Le troupeau dent I'animal abattu faisait partie sera place en observation dans un local isole et surveille. II en sera immediate-jnent rendu coinpte au ministre, qui statuera sur les mesures k prendre. Les frais de cette quarantaine resteront ä la chorge du proprietaire ou du conducteur des bestiaux.
Art. 6. — Si une maladie contagieuse autre que la peste bo­vine est constatee, I'animal malade sera separe et maintenu isole des autres animauxsusceptibles de contracter cette maladie, et il sera procede a l'egard de ceux qui auront ete exposes ä la conta-. gion comme il est dit au paragraphe second de l'article prece­dent.
Art. 7. — Les wagons de cheinin de fer ou tout vehicule ayant contenu des animaux atteints d'une maladie contagieuse, ne pour-ront penetrer plus avant sur le territoire francais, s'ils ne sont souinis prealablement ä une desinfection complete, d'apres les indications de l'agent special prepose ä la visite prescrite par l'ar­ticle 3 ci-dessus.
Art. 8. — Les prefets des departements sont charges, chacun en ce qui le concerne, de l'execution du pfeserif arrete.
Fait ä Paris, le 11 rnai 1877.
Le Ministre de Vagriculture et du commerce,
Tkisserenc; de Bort.
Get arrete a une reelle importance; il fixe les bureaux do douane ouverts a I'importation, il decide que les animaux intro-duits en France doivent etre soigneusement visites, il prescrit les mesures propres ä empeclier ^'introduction d'une maladie conta­gieuse (abattage, sequestration, quarantaine, desinfection des wagons).
Notre legislation sanitaire, teile que nous venous do la resumer est encore en vigueur en ce moment, eile sera probablcment mo-
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150nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; POLICE SANITAIRE
diflee tres prochainement, mais eile n'est pas encore abrögee, done eile est applicable. Un arret de la Gourde cassation de 1808 re-connait et declare en vigueur les anciens regleinents de police sanitaire et d'ailleurs I'art. 484 du Code penal dit jexpressement que les reglements sur les matieres non traitees par le present code continueront ä etre observees.
Dans notre Systeme de legislation sanitaire, I'autorite munici-pale est hrvestie d'un pouvqir considerable, puisqu'elle pent pres-crire des mesures excessivement graves, telles que I'abattage, I'enfouissement, etc. On tend h reagir contre cette autorite exces­sive des municipalites, et le nouveau projet de loi enleveune par-tie de ce pouvoir aux maires pour le reporter exclusivement aux prefets. Mais en ce moment les municipalites ont encore ce pou­voir extraordinaire, comme cela resulte des lois des 16-24 aoüt 1790, des 12-22 juillet 1791 et des 28 septembre et 6 octobrel791. De plus, ces attributions sont confirmees par la loi du 5 mai 1855 sur ^organisation municipale, et un arret de la Cour de cassation du Iquot;1' fevrier 1822 etablit que I'autorite municipale a le droit de prendre des mesures preservatrices, alors meme qu'il n'y aurait que des apprehensions meritant d'etre prises en consideration. Done il appartient h I'autorite municipale de prendre toutes les mesures capables de prevenir ou d'arreter la contagion; mais les maires ne peuvent imaginer des mesures. Us doivent les puiser dans l'arsenal de nos reglements sanitaires.
Pour nous faire une idee generale des dispositions edictees par notre ancienne legislation sanitaire, qui est encore en vigueur en ce jour, nous pouvoas resuiner ainsi qu'il suit les principales me­sures qu'elle present : Declaration ä I'autorite municipale; aver-tissement donne par I'autorite municipale ä I'autorite superieure ; isolement des malades; visile des malades par un expert nomine par I'autorite; recensement; cantonnement; sequestration; mar­que; defense d'importer dans les pays sains des animaux venant des pays dejä infectes; signaux a l'entree des habitations et des communes infectees; publication et affichage des lieux infectes; interdiction des marches et des foires aux animaux provenant des pays infectes et des pays voisins; certificats d'origine et de sante; surveillance du commerce et de la circidation du betail; suspension des foires et marches; rcglementation de la boucherie pour atüoriser ou empecher la vente de la viande des animaux malades ou suspects; cordons sanitaires; quarantaines; estima-
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LEGISLATION ET MESURES SANITAIRESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;151
tion; dbattage pour les maladies contagieuses reconnues incurables par I'expert; enfonissement (ses conditions, le transport des ca-
davreset des debris]; reglementation de l'equarissage; desinfection
#9632;h
des habitations et des objets qui ont ete en contact avec les ani-maux malades; sequestration des habitations desinfectees; in-demnite en cas de typhus seulement; severite; penalites (prison et amende); appel ä la denonciation; usage de la force armee.
Avantages et defauts de la legislation ancienne
i v.
#9632;]#9632;-Cette legislation est rationnelle, puisque les principales pres­criptions qu'elle contient sont basees sur la contagion. Elle edicte un grand nombre de mesures avec lesquelles on pent parer ü presque toutes les exigences et qui sont applicables ii tons les cas possibles. Dans les cas non prevus, il est pennis d'appliquer les mesures edictees pour les cas prevus, car la legislation se prete ä lour extension iitous les cas, en donnant aux mairesle pouvoir de prescrire toutes les mesures qu'ils jugeront convenables. On a critique le pouvoir extraordinaire qu'elledonneärautoritelocale; le moindre maire de village pent depuuiller un proprietaire d'ani-maux atteihts de malädie contagieuse. G'estlä un pouvoir consi­derable, car il porte atteintc ä la propriete privee; niais d'un au-tre cote, ce pouvoir, base sur les indications fournies par les veterinaires sanitaires, est une puissante garantie decelerite dans l'application des mesures propres ä prevenir ou ä ai-reter les epi-zooties.
A cöte de ces avantages, notre legislation sanitaire presente de graves defauts. Elle est difficile ;i retenir; eile est fonnee de do­cuments trop nombreux, qui se repetentla plupartdu temps; eile edicte des penalites excessives, qui ne sont d'ailleurs pas toujour.s propoitionnees aux infractions; eile est tresdifficile äappliquer et süivarit tel ou tel pays, les juges I'appliquent d'une maniere diffe-rente. Elle contient certaines mesures inutiles aiusiquedes mesu­res mauvaises et des mesures ruineuses; eile prononce la confis­cation et fait appel ä la denonciation. Elle dehne aux autorites un pouvoir exagere; eile ne respecte pas assez la propriete privee, eile entrave le commerce ; eile n'accorde pas rindemnite toutes les Ibis qu'elle est justement due. Elle manque de prevoyance et ne donne pas les moyens suffisants pour prevenir I'importation d'une maladie contagieuse. Enfin on n'observe plus et les tribu-naux n'appliquent plus certaines de ses dispositions.
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Une reforme est done necessaire pour inettre noti'o legislation sanitaire en rapport avec les donnees actuelles de la science, avec nos moeurs et avec les exigences de nos relations commerciales devenues plus ladles et plus nombreuses. On a songe serieuse-inent a operer cette reforme des 1870, et une nouvelle loi a ete preparee, qui devait reinedier aux defauts que nous avons signales, qui devait conserve!' Jes mesures appropriees h l'etat actuel de nos moeurs et basees sur la contagion, qui devait ellacer entiere-ment les mesures qui ne sont plus d'accord avec nos moeurs, comme la denonciation, la euutiscation, etc., et qui devait enfin ajouter les mesures necessaires pour completer ce qui manque a I'ancienne legislation.
Caracteres d'une loi sur la police sanitaire des animaux. — La loi nouvelle doit consacrer rinstitution d'un service sanitaire; grace ä ce moyen, la France se preservera de l'invasion de certuines maladies contagieuses. Elle doit enumerer les maladies contagieuses qui exigent rapplication de mesures sanitaires et cette enumeration ne pent pas etre definitive, car avec les progres de la science, on pent arriver a. constater que d'autres maladies üffrent des dangers; et ä un moment donnc des mesures devront etre appliquees ä ces maladies recunnues conta­gieuses; eile doit done prevoir et rendre possible I'extension de ses prescriptions ä d'autres maladies, qui seront reconnues dan-gereuses.
Elle doit poser des regies communes et enumerer les principa-les mesures de police sanitaire; cette enumeration doit etre ge-nerale; un reglement elabore par le Conseil d'Etar, doit faire l'application de ces mesures ii chaque inaladie contagieuse en par-ticulier. Elle doit surtout s'occuper de regier les mesures qui por­tent atteinte h la propriete, l'abattage et renfouissement; eile doit aussi regier la question des indeinnites, au point de vue de la quo-tite. Elle doit edicter les mesures necessaires pour prevenir Fim-portation des maladies contagieuses, c'est-ä-dire regier la surveil­lance des frontieres; ä ce sujet, la loi ne peut pas tout regier, mais eile doit laisser le pouvoir au chef de l'Btat d'y suppleer dans teile ou teile circonstance. Elle doit aussi s'occuper de la question de penalite, car toutes les prescrijitions seraient vaines si elles n'etaient pas accompagnees d'une sanction, si la loi ne donnait pas le moyen de forcer les proprietaires h obeir a la loi.
II faut une loi unique, generale; et cette loi doit etre courte, simple, claire, facile a comprendreet par-dessus tout precise; eile
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LEGISLATION ET MESURES SANlTAIRESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; d53
nc doit rien laisser ä rarbitraire des autoi'ites; olle doit etre com-pletee par un reglement d'adinioistration publique, qui e;i fera rapplication aux divers cas.
II est permis de s'etonner avec raison que le service sanitaire n'ait ete institue en France qu'en 1876, alors qu'ii existait h retranger, en Russia, en Allemagne, etc. Un service des epizoo­tics avait ete organise dans le nurd de la France en 1815 et 1816, sous 1'inspiration d'Hurtrel d'Arboval; les prefets, en vertu d'es pouvoirs qui leur etaient conferes, nommaient des vetörihaires sanitaires dans toutes les localites oil regnait le typhus; ces vete-rinaires avaient pour mission de suivre et d'etudier l'epizootie, de visiter les foires et les inarches, de recueillir tons les renseigne-inents, d'adi-esser des rapports ;i I'autorite pour reclairer et lui indiquer les mesuresnecessaires. Cette organisation eut une duree tres ephemere, eile rendit cependant de grands services.
En 1870 Urbain Leblanc reclamait I'institution d'un service sanitaire dont il indiquait les bases; cette idee ne futpas inise ä execution de suite, car les evenements d'alors y furent un einpe-chement. En 1876 on y revint et, ä ja suite d'un rapport adresse au president de la Republique par le ministre de l'agriculture et du connnerce, parut le 24 mal 1876 un decret du chef de l'Etat instituant aupres du ministere de l'agriculture un comite consul-tatif des epizootics, et fixant ses attributions, quot;qui sont : examen ct etude des questions relatives aux reforrnes ä introduire dans la legislation sanitaire, h I'institution et ä I'organisation d'un service sanitaire; etudes des mesures propres ä prevenir et ii combattre les epizootics, ä ameliorer les conditions sanitaires et hygieniques des animaux et ii favoriser la production du betail. Le comite con-sultatif se mit a I'ceuyre et apres quelque temps parut, d'apres son inspiration, une circulaire ministerielle du 1quot; juillet 1876, ordonnant aux prefets d'organiser dans chaque departement un service sanitaire permanent et faisant esperer que la legislation sanitaire serait bientot revisee.
G'est h partir de ce moment que la plupart des departements out ete dotes d'un service sanitaire dont I'organisation a varie sui-vant les prefets. En regie generale, il a ete nomme un veterinairc inspecteur des epizootics, residant au chef-lieu du departement; au-dessous de lui ont ete nommes des veterinaires d'ari'ondisse-ment on de canton, charges du service sanitaire dans leur cir-conscription. Ces nominations ont ete faites sans concours et par-foissans egard pour le merite, les plus intrigants ont ete les plus
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favorises. L'equite exigeait qu'au moins le titulaire le plus eleve (veterinaire in'specteur) tut noirune par voie de concours; mais jus(iu'ii present les nominations out ete faites par I'autorite de-partementale.
Le coinite consultatif a travaille activement ä la refonne de notre legislation, et, dans la preparation de la nouvelle loi, M. H. Bouley a joue un role preponderant; I'elaboration a ete terminee en octobre 1877. Le proj'et prepare par le comite a ete soumis au Gonseil d'Etat, qui lui a fait subir quelques legeres modifications et a ete ensuite discute et vote par le Senat en 1879.
Projet de loi sur la police sanitaire vot6 au
Senat. II est precede d'un expose des motifs pour lesquels il a ete prepare. Ces motifs sent: les lacunes et les contradictions qui existent dans notre ancienne legislation, certaines dispositions inapplicables parfois et inconciliables avec les moeurs du temps, la multiplicite des textes des documents legislatifs, d'oii resulte une confusion, les differences de penalite pour des infractions identiques, les modifications survenues clans la vie et les relations des peuples (aujourd'hui les transports sont iaciles, les transac­tions multipliees, d'oü l'extension des epizootics et l'insuflisance de rancienne legislation), les progres de la science.
Ce projet se compose de 37 articles et il est divise en 5 titres. Le titre premier s'occupe de l'enumeration des maladies conta-gieuses des animaux et des mesures sanitairesqui leur sont appli-cables; le titre II traite la question des indemnites; le litre III est relatif h l'importätion des animaux ; le titre IV regie les penalites ct le titre V est intitule : Dispositions generales.
Article premier. — Les maladies contagieuses regies par les dispositions du nouveau projet sont le typhus, le peripncumonie, la claveleo, la gale, la fievre aphtheuse, la morve, le farcin, la dourine, la rage, le charbon (certaines maladies sont omises).
Art. 2. — Un decret du chef de l'Etat peut etendre la loi a d'autres maladies. (Les lacunes del'article l'rpeuventainsi dispa-raitre.)
Art. 3. — Les malades et les suspects seront declares par le proprictaire, le detenteur, le gardien, le veterinaire outouteautre personne appelee ä les soigner; ils seront aussitöt maintenus sequestres et ne devront pas etre deplaces.
Art. 4. — Le maire veille ;i I'accomplissement des mesures
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precitees et fait visiter les animaux par un veterinaire, qui peut prescrirela sequestration stelle n'a pas ete appliquee, et qui doit faire un rapport.
Art. 5. — L'expert ayant fait son rapport, le prefet prend, s'il y a lieu, un arrete portant declaration d'infection, determine les localitesdanslesquellesilfaudra appliquer les inesures sidvaiites: risolement, la sequestration, la visite, le recensement, la marque des animaux et troupeaux, l'interdiction de ces localites, I'inter-diction inomentanee ou la reglementation des foires, des marches, du transport et de la circulation du betail, la desinfection des habi­tations, des voitures et des divers moyens de transport, la desin­fection ou la destruction des objets ayant servi aux malades ou ayant ete souilles par eux et des objets pouvant servir de vehi-cules ; un reglement d'administration publique determinera les mesures applicables h chaque malade.
Art. 6. — Le typhus etant constate dans une commune par un arrete prefectoral, il est interdit de traitor les malades, sauf dans les cas et aux conditions determinees par le ministre, on devra abattre les malades et les containines riön encore malades sur I'or-dre du inaire, conformeinent a la proposition du veterinaire delc-gue et apres revaluation des animaux.
Art. 7. — Les malades seront abattus sur place, les contami-nes pourront etre transportes, avec l'autorisatiou du maire sur l'avis de l'expert, dans les lieux oil ils doivent etre abattus; les animaux de l'espece ovine et caprine suspects de typhus seront isoles et soumis a certaines mesures que le reglement d'adminis­tration publique enoncera.
Art. 8. — En cas de morve constatee, rabattage des malades aura lieu par ordre du maire, sur la proposition du veterinaire; eh cas de farcin, de charbon, de peripneuinonie, juges incurables par le veterinaire delegue, I'abattage aura lieu par ordre du maire; si, dans ces cas, le proprietaire conteste raffirmation de l'expert, il peut faire soutenir son idee par son veterinaire et alors il resulte un conflit entre deux veterinaires; clans ce cas le prefet designe un troisieme veterinaire dont les conclusions sent adoptees.
Art. 9. — Encasderage, les animaux reconnus malades seront abattus immediatemenf, en outre I'abattage deyra aussi avoir lieu immediateinent pour tous les chats et tous les chiens siinplement suspects. Cette mesure est obligatoire pour les proprietaires, lors meme que I'autorite n'interviendrait pas.
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Art. 10. — La vente, la mise en vente des animaux atteints de maladies contagieuses est interdite; cependant la vente peut etre autorisee ä certaines conditions etablies par le reglement d'admi-nistration publique, qui fixera en outre pour'chaque espece ani-male et pour chaque maladie, le temps pendant lequel la meme interdiction s'appliquera aux animaux simplernent contarnines.
Akt. 11. — On ne pourra jamais liver h la consoinmation la viande d'animaux morts de maladies contagieuses ou abattus comme malades du typhus, de la morve, du farcin, du charbon, de la rage ; renfouissement, dans ces cas, aura lieu avec la peau entiere et tailladee, ou la livraison aura lieu ii un atelier d'equar-rissage autorise.
Art. 12. — Les cadavres et les debris d'animaux morts ou abattus comme atteints de typhus seront enfouis ou livres ii I'equarrissage, tandis que dans les cas d'abattage d'animaux sim-plement contarnines par les typhiques, la viande poürra etre con-sommee et les peaux, abats et issues pourront etre sortis du lieu d'abattage upres desinfection.
Art. 13. — La desinfection est imposee aux entrepreneurs de transport par terre ou par eau aux conditions iixees par les regle-ments d'administration.
Art. 14. — En cas d'abattage pour cause de typhus, une indein-nite sera accordee aux proprietaires, eile sera egale aux trois quarts de la valeur des animaux contarnines ct ne pourra pas de-passer 600 francs, eile sera pour les animaux malades egale ä la moitie de leur valeur avant la maladie et ne pourra pas depasser 400 francs.
Art. 15. — En cas de vente autorisee pour la viande et les de­bris, le proprietaire doit declarer le produit de la vente, qui lui appartient d'ailleurs jusqu'a concurrence de la partie de la valeur non indemnisee, au-delä de laquelle il est ä defalquer de la partie ä payer par I'Etat.
Art. 16. — Avant I'abattage, revaluation des animaux sera laite par un expert designe par le iriäire et un expert designe par le proprietaire; si le proprietaire ne designe pas son expert, celui du maire agiraseul; I'export ou les deux experts dresseront un proces-verbal d'expertise, qui sera contresigne par le maire et par le veterinaire delegue.
Art. 17. — Le proprietaire doit, pour obtenir l'indemnite, faire
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une dernande, l'adresser au ministre dans les trois mois ä compter de l'abattage, sous peine de declieance; le ministre peut brdpnner la revision des evaluations par une commission dont il nomme les membres, il fixe rindemnite lui-meme, sauf recours au Gonseil d'Etat.
Art. 18. — La perte de l'indemnite sera entrainee par toute infraction aux dispositions de la presente loi ou des regtements rondus pour son execution,
Art. 19. — II n'est pas accorde d'mdemnite, en cas d'abattage, pour des maladies autres que le typhus.
Art. 20. — Les animaux solipedes, bovins, ovins, caprins, poi1-cins seront visites äleur entree en France aux frais desimporta-teurs et la visite pourra etre etendue aux autres animaux, si on a h craindre une maladie contagieuse.
Art. 21. — Un decret determinera les ports de mer et les bu­reaux de douane ouverts k l'importation et soumis Ji la visite.
Art. 22. — Legouvernement peut prohiber I'entree ou ordonner la mise en quarantaine des animaux susceptibles de communiquer une maladie contagieuse et de tous les objets presentant le meme clanger; il peut, ä la frontiere, prescrire l'abattage, sans indemnite, des animaux malades ou contamines et prendre toutes les mesures necessaires.
Art. 23. — A la frontiere les mesures seront prescrites par les maires ou les commissaires de police, d'apres l'avis du veterinaire.
Art. 24. — Les municipalites des ports doivent fournir des quais de debarquements et des locaux pour les quarantaines.
Art. 25. — Le gouvernement peut empecher l'exportation des animaux atteints de maladie contagieuse.
Art. 26. — Une amende de 16 a, 200 francs et un emprisonnement de six jours ä deux mois seront encourus par les individusqui au-ront comrnis une infraction ä l'obligation de la declaration ou de la sequestration.
Art. 27. — Une amende de 100 francs ä500 francs, et un empri­sonnement de deux k six mois seront encourus : par ceux qui, rnalgre les defenses de 1'administration, auront laisse communiquer leurs animaux infect^s avec d'autres; par ceux qui auront vendu ou mis en vente des animaux qu'ils savaient atteints ou soupQonnes de maladies contagieuses; par ceux qui, sans permission de l'autorite,
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deteiTei-oiit ou acheterpnt des cadavres ou des debris d'animaux mört's de maladie contagieuse, quelle qu'elle soit, 6Ü abattus comme atteints de typhus, charbon, morve, farcin, rage; par ceux enfin qui, meme avant I'arret d'interdiction, auront importe des animaux, qu'ils savaient atteints ou ctmtamines de maladie contagieuse.
Aht. 28. — Une amende de 100 francs ä 1000 francs et un empri-sonneinent de -six mois ii trois ans seront infliges h ceux qui ven-dront ou mettront en vente de la viande provenant d'animaux moils de maladie contagieuse ou abattus pour le typhus, le charbon, la morve, le farcin, la rage; ä ceux qui auront cominis un des delits ci-dessus prevus, s'il en est resulte une contagion parmi les autres animaux.
Art. 29. — Une amende de 100 francs ä 1000 francs sera applicable ä l'entrepreneur de transports qui n'aura pas desinfecte son mate­riel; il sera puni d'un ernprisonnement de six mois ä trois ans s'il en est resulte une contagion parmi d'autres animaux.
Art. 30. — Une amende de 1 franc ä 200 francs sera infligee pour infraction au reglenient coinplementaire de la presente loi.
Art. 31. — La penalite pent etre portee au double du maxi­mum en cas da recidive dans le delai d'un an, ou si les delits sont commis par les veterinaire.s delegues, par les gardes-champetres, par les gardes-forestiers, par les offlciers de police.
Art. 32. — L'art. 463 du Code penal reste applicable aux cas prevus ci-des.sus.
Art. 33. — Les frais qu'entraineront les mesures de police sanitaire seront ä la charge des proprietaires ou desconducteurs; la disinfection des wagons sera faite par les soins des compagnies, qui percevront les frais fixes par le ministre des Travaux publics.
Art. 34. -p Un service des epizooties sera institue dans chaque departement.
Art. 35. — L'inspection sanitaire est obligatoire pour certaines communes designees par le Conseil general.
Art. 36. — Le reglement d'administration publique prepare pour l'execution de la presente loi flxera l'organisalion du comite consultatif des epizooties.
Art. 37. — Sont abrogfe les art. 459, 460, 461, du Code penal ainsi que toutes les lois, tons les arretes, tous les röglements an-
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terieurs concernant la police sanitaire des anlmaux domeati-ques.
Ce projet de loi est loin d'etre h Tabri tie toute critique, il est trop long, il est diffus, il n'est pas assez methodique, il n'est pas assez simple, il froisse nos idees de justice, il contient des sanc­tions trop rigoureuses, il n'edictepas comme il convient I'eiifouis-sement ou la livraison a Fequarrissage; on aurait pu faire üne loi plus simple, plus equitable, plus facile ii retenir et plus facile ii appliquer.
Voici le projet que je lui substituerais bien volontiers et que j'ai adresse dernierement ;i la Commission de la Chambre des deputes chargee d'etudier le projet vote par le Senat.
Projet de loi sur la Police sanitaire
Article premier. — Les anlmaux introduits en France ou en Algerie doivent etre accompagnes d'un certificat d'origine et de sante; ils sont visites, ä leur arrivee, dans les bureaux de douane et les ports ouverts ä l'importation et sournis a une quarantaine, s'il y a lieu.
Les mesures edictees par la presente loi peuvent etre appliquees ä la frontiei'e dans tons les cas oü une maladie contagieuse est constatee sur les animaux importes, et si I'autorite present I'a-battage, l'importateur n'a droit ii aucuhe indemnite.-
Art. 2. — Le gouvernement pent toujours prohiber temporai-rement l'importation des animaux et des objets susceptibles do communiquer une maladie contagieuse.
Art. 3. — Un service des epizooties est institue dans toute la France et en Algerie, il sera permanent et organise partout sui-vant le meme mode, qui sera determine par le ministre de l'Agri-culture.
Art. 4. — Donneront lieu ä l'application des dispositions de la presente loi les maladies contagieuses suivantes : la peste bovine, la morve et le farcin, la rage, le charbon, la peripneumonie con­tagieuse, la fievre aphtheuse, la clavelee, le pietin, la fievre typhoide du pore, la diphtherie, la phthisie, la dourine, le cholera des oiseaux et la gale chez I'espece ovine
Un decret du President de la Republique pourra ajouter a cette nomenclature d'autres maladies contagieuses.
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Art. 5. — Tout animal atteint ou soupconne d'etre atteint cTune des maladies enuinerees dans 1'art. 4, doit etre aussitöt rnaintenu söquestre ou isole dans le lieu oil il se trouve, et decla­ration en doit etre faite au maire de la connnune par le proprietaire, le detenteur, le gardien, le veterinaire das epizooties s'il en a connaissance.
Defense est faite a tout veterinaire de traiter un animal atteint d'une des maladies contagieuses enumerees dans la presente loi, avant d'avoir fait la declaration au maire.
Toute infraction aux dispositions du present article sera punie d'une amende de 16 francs h 200 francs et d'un emprisonnement de six jours a deux mois; si le contrevenant ü la disposition du se­cond alinea est une personne non pourvue du diplöme de vete­rinaire, ['amende et la prison seront toujours cumulees et pourront etre portees au double de leur maximum.
Art. 6. — Le maire veille h l'execution provisoire de la seques­tration, informe le sous-prcfet et designc aussitöt un veterinaire pour visiter sans retard raniiual declare, ctudier la maladies et conseiller les mesures necessaires pour empecher la contagion.
Art. 7. — Les mesures que le maire doit prescrire sur le rap­port du veterinaire, et qu'il doit faire appliquer, sont:
1deg; L'isolement, la sequestration, le recensement, la marque, la prohibition de ventedesanimauxettroupeaüx malades ou suspects, I'iriierdiction des lieux infectes,la suspension ou la reglementation des foires ou marches, du transport et de la circulation du betail;
2deg; La desinfection des locaux, des voitures et wagons de trans­port et de tons les objets souilles par les malades;
3deg; L'abattage de tout malade reconnu incurable et de tons les anhnaux atteints de typhus ou simplement contamines;
4deg; La livraison ä I'equarrissage ourenfouisseinent,avec defense de les deterrer, des cadavres des animaux morts ou abattus comme atteints de maladie contagieuse.
Les prefets centraliseront tous les documents relatifs aux epizooties, tant ceux emanes des autorites locales que ceux ema-nant des veterinaires sanitaireöj et determineront les localites auxquelles il y aura lieu d'etendre l'application des mesures sani-taires du present article.
Seront punis d'une amende de 46 francs a 100 francs et d'un emprisonnement de six jours ii un an ceux qui auront contre-
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venu h l'uue des prescriptions de cet article, quand I'autorite en aura ordonne I'execution.
Art. 8. — Dans tons les cas, i'art. 46'2 et ie dernier paragraphe da i'art. 463 du Code penal demeurent applicables.
Sont abroges les art. 459, 460, 461 du Code penal et tous les documents legislatifs anterieurs ä ce jour, qui sont reiatifs h la police sanitaire iles animaux.
Aht. 9. — Une indemnite sera accordee dans tous les cas oil I'autorite aura fait sacrifier des animaux atteints de maladie con-tagicuse ou simplement suspects.
Elle sera egale ä la valeur reelle pour les animaux suspects, sauf ;i en defalquer le prix de vente des chairs et des debris; eile sera egale aux trois quarts de la valeur reelle pour les animaux, nutres que les solipedes, atteints de maladie contagieuse; eile sera egale ä la moitie de la valeur reelle pour les chevaux morveux ou farcineux.
Aucune indemnite ne sera accordee pour les carnivores atteints ou suspects de rage.
Perdront leur droit ä l'indemnite les proprietaires qui auront contrevenu äl'unedes dispositions des art. 5 et 7.
Art. 10. — Un Gonseil des epizootics, compose de 1'inspecteur general, des directeurs des Ecoles veterinaires, des trois profes-seurs de police sanitaire et de quatorze veterinaires pris parmi les veterinaires militaires et les veterinaires civils, sera appele ä elaborer un reglement d'administration publique, qui determinera les mesures ä appliquer suivant la nature de chaque maladie et suivant les especes animates, alnsi que le mode, la duree et l'eten-due d'application de chaque mesure suivant les cas.
La legislation impose des devoirs aux proprietaires, gardiens ot detenteurs, k Tautorite et au veterinaire.
Devoirs des proprietaires, gardiens et deten­teurs d'animaux malades. — Ces devoirs se reduisent ä trois principaux : l'obligation d'isoler, aussitöt qu'on les reconnait malades, les animaux atteints de maladie contagieuse; l'obligation d'en faire aussitöt la declaration h I'autorite; et l'obligation tres generale de se soumettre h la loi, k toutes les dispositions qu'ede ödicte, k toutes les prescriptions de I'autorite.
Devoirs de I'autorite. — L'autorite est chargee de rece-voir la declaration et d'intervenir aussitöt, Elle doit agir prompte-
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merit et sagement; eile ne doit jainais perdre de vue qu'elle est obligee de se conformer h la loi; il ne lui est pas permis, dans ses rapports avec les propiietaires, d'outrepasser les pouvoirs que la loi lui confere. Le röle de l'autorite est considerable, car c'est eile qui est chargee do prescrire les mesures sanitaires et de veillerü leur execution.
Devoirs des vetamp;rinaires. — En toutes circonstances, le veterinaire doit agir avec conscience et avec prudence ; il doit agir avec conscience, car, sous pr6textede confraternite, il ne lui est pas permis de leser rinteret general. II doit eclairer l'autorite aussi exacteinent qu'il le pent. Cependant dans ces rapports avec ses confreres il est tenu h une certaine reserve; et, dans une mission delicate comnie celle que lui confie l'autorite, il doit concilier les devoirs que lui impose sa conscience avec les reser­ves que lui dicte la confraternite. II doit agir avec prudence et avoir toujours presente ä l'esprit la gravite de la makulie conta-gieuse, soit au point de vue de l'atteinte qu'elle porte ii la fortune publique, soit au point de vue de sa contagion possible h rhommc. Quand il constatera Fexistenced'unemaladie contagieuse, il devra toujours eclairer son client et l'engager h faire la declaration le plus vite possible. S'il a affaire ä des personnes sensees, il leur fera comprendre facilernent leur devoir; mais il lui arrivera d'a-voir affaire ä des proprietaires qui feindront de ne pas compren­dre, qui ne voudront pas faire la declaration. Alors devra-t-il traitor les malades ou faire la declaration ? Sans vouloir dire dejii (ce point sera traite plus loin) que le veterinaire sera oblige de faire la declaration, il faut poser en principe qu'il ne doit jamais traitor une maladie contagieuse tant que la declaration n'est pas faite ä l'autorite.
Lorsque l'autorite lui confiera une mission h propos d'une ma­ladie contagieuse, qui sevit dans une localite, le veterinaire devra-t-il accepter ou refuser? Au point de vue legal le.veteri-naire ne peut etre contraint ä accepter la mission qui lui est confiee; un ancien document astreignait les experts ii accepter, mais cette disposition est tombee en desuetude, et aujourd'hui le veterinaire n'est pas oblige d'Jtccepter ni de douner les motifs pour lesquels il refuse. Si le veterinaire pent refuser la mission que l'autorite lui confie, il n'a jamais interet ä agir ainsi; son interet particulier, sa consideration et l'interet public exigent qu'il accepte et qu'il se rende utile.
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La mission acceptee, ii fuut agir le plus vite possible, tout en evitant la precipitation, qui entrainerait des conseils et des actes iireflechis. II faut toujours agir, eraquo; s'inspirant des donnees de la sinence, dans l'etude des epizooties. II taut etre prudent et conci-liant dans ses capports avec les proprietaires ; il taut les eclairer et leuf faire comprendre que I'autorite n'agit pas dans un but de tracasserie, mais bien dans le but de proteger I'intei-et general et aussi leur iuteret propre. Le veterinaire nomme expert doit, avant tout, proceder ä la visite des aniniaux declares coinme malades ou suspects; pour cela, il doit ou il peut dans tous les cas, en vertu des aiicieimes prescriptions de la legislation, se faire ac-comgagner par un delegue de I'autorite ou par un employe de la police. Quand il a termine sa visite, il doit decider en liii-meme quelles sont les mesures propres ä arreter l'extension de la mala-die. Parmi ces mesures, il en est qui doivent etre appliquees inimediatement, telles sont : risolement, le cantoniiement, la se-(luestration des malades ; le veterinaire devra en conseiller et en (lemander l'application aussitöt la visite terminee ; c'est ä l'auto-i-ite qu'il appartient de les prescrire et d'en faire surveiller I'exe-cutiou. L'expert fait ensuite un rapport detaille et l'adresse ä I'autorite, qui I'a nomme (maire, prefet ou sous-prefet).
Ge rapport doit contenir beaucoup de choses; sa redaction est tres importante, et le veterinaire uesaurait ydoimer trop de soin; ear il sera juge souvent d'apres lu manieredont il I'aura dresseet redige. Deux conditions genei-ales doivent toujours etre remplies dans de pareils docuinents, savoir : l'observation rigoureuse des veritables donnees scientifiques et l'observation des regies gram-maticales et litteraires. L'expert doit d'abord rappeler au debut de son rapport l'ordre de l'autoiite qui lui a confie la mission; puis il doit indiquer la marche qu'il a suivie pour la remplir; il designe les fermes, les villages, les communes qu'il a par-courus; il fait connaitre les norns, prenoms et le domicile des proprietaires intöresses, de ceux ghez lesquels il a trouve des animaux malades ou suspects; il indique le nombre, I'espece, le signalement des malades de chaque proprietaire; il expose le resultat du recensement, c'est-ä-dire du denombrement partiel des animaux suspects qui sont dans cbaque localite infectee, dans chaque ferine, dans cbaque commune, dans chaque canton, et du denombrement general des animaux du canton, de la localite, etc. Ces renseignements sont tres iiaportants, car ils permettent 'raquo; I'autorite d'apprecier la gravite de l'öpizootie.
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Le rappoi't du veterinaire de4egue doit contenir une histoire et une description succintes et tres claires de la maladie, de ses causes, de sa marche, de ses voies et modes de communication. L'expert doit suitout indiquer aussi clairement et aussi veridique-ment que possible les voies et modes de propagation, d'apres la science et d'apres l'etude actuelle de l'epizootie dans sa marche et son extension. II doit faire connaitre le resultat des autopsies qu'il a pu faire; il doit decrire soinmairement et exactement les alterations cadaveriques qu'il a trouvees, alterations qui I'aident tres souvent ä diagnostiquer la maladie. II doit indiquer : le nom-bre des morts; le nombre des malades; le nombre de ceux qui sont gueris; le nombre de ceux qu'il considere comine suspects, comme contamines; le nombre de ceux qui ont ete cantonnes, sequestres, marques comme malades ou comme suspects; le nombre de ceux qu'il considere comme incurables; le nombre de ceux pour lesquels il demande I'abattage; le nombre de ceux qui dejii ont eteabattus; le nombre de ceux qui ont ete güeris par un traitement, ou qu'on traite avec espoir de guerison. Tous ces details doivent etre donnes s'il y a lieu.
Le rapport doit surtout contenir l'indication inotivee et detaillee, precise et catögorique des mesures jugees propres h arreter les progres de l'epizootie. Ces mesures sont plus ou moins nom-breuses suivant les cas; nous verrons plus tard cedes qu'il y a lieu de fixer pour chaque maladie. L'expert doit en outre donner son avis sur l'utilisation des depouilles et de la chair, soit des ani-maux morts de maladies contagieuses, soit de ceux qui sont abattus pour cause de maladie contagieuse reconnue incurable, soit surtout des animaux suspects, dont Fautorite doit prescrire I'abattage. Get avis est tres impoilant, surtout en ce qui concerne l'utilisation des debris des animaux abattus comme simplement suspects.
Le rapport est enfin termine par un resume succinct, sous forme de conclusion, de la marche de la maladie et par I'enume-ration des mesures conseillees.
Quand des animaux auront ete abattus sur la proposition de l'expert et par ordre de l'autorite, le rapport devra mentionner ces cas, ainsi que le mode d'abattage employe et l'usage qui aura ete fait des cadavres; il devra en outre faire connaitre les alterations pathologiques rencontrees chez les malades abattus; cela com-porte, pour l'expert, l'obligation de faire les autopsies.
Lorsque le veterinaire delögue a et6 charge de suivre l'epizootie
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pendant toute sa duree, il doit, ;i son extinction, adresser un rap­port recapitulatif ii I'autorite dont il tient sa mission; i\ resume alors les prineipales idees qu'il a deja emises dans ses rapports divers; il fait une sorte de Synthese de tout ce qui a ete observe, present et execute; et il faitconnaitre, dansun tableaud'ensemble, les ravages qua occasionnes I'epizootie.
Tels sent les principaux points de fond qui doivent etre tfaites par les experts.
Les rapports doivent etre rediges correctement, sans lautes de grammaire ni de style, sans pretention, avec clarte et simplicite ; les termes techniques doivent etre expliques ou reinplaces par leurs equivalents dans le langage ordinaire; et les veterinaires, que I'autorite consulte, doivent reclairer autant qu'il est en leur pou-voir de le faire; ils doivent done bannir,dansla forme commedans le fond, tout ce qui montrerait chez eux de l'indecision; ils doivent eviter les peut-etre et les ä peu jw'es; ils doivent se prononcer toujours categoriquement et se souvenir toujours que la parole ecriteou parleea etedonnee äl'hoinme pour faire comprendre sa pensee.
MOYENS ET MESURES EMPLOYES PAR Lft POLICE SÄNITAIRE
DECLARATION
La declaration n'est pas, ä proprenient parier, une mesure de police sanitaire. Quand on dit que la loi sanitaire jirescrit la decla­ration aux proprietaires, gardiens ou (letentcursd'aniniaux atteints de maladies coiitagieuses, on entend ([lie la loi les oblige ä decla­rer ä I'autorite les cas de maladies coiitagieuses, qui pourraient se presenter cliez eux. Get avertissement donne ä I'autorite a pour but de la mettre au courant de ce qui se passe et de lui indiquer qu'il y a lieu de se preoccuper des dangers, qui rcsultent de IMn. troduction de teile on teile maladie, de faire determiner les carac-teres de cette maladie et de prescrire certaines inesures pour en arreter I'extension. Cette declaration est tres imporlante, car e'est grace ä elle([ue I'autorite est instruite qu'il y a un danger et que des mesures doivent etre prises; sans eile I'autorite pourraitigno-rer plus ou moins longtemps la maladie, et la contagion pourrait s'etendre et faire de plus grands ravages; e'est de cette formalite
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preliminaire que dependent la prescription et I'application detou-tes les mesures subsequeutes de police sanitaire.
Elle est prescrite pour toutes les maladies contagieuses; I'aii-cienne legislation, qui nous regit encore, la prescrit; et la loi uou-velle votee au Senat enumere les maladies pour lesquelles la declaration et les autres mesures sont obligatoires; cette enume­ration n'est pas limitative d'une maniere absolue, carle chef de l'Etat pent l'etendre h teile ou teile inalaclie contagieuse reconnue dangereuse. La declaration est done prescrite dans tous les cas, non seulement quand la maladie existe manifestement, mais encore quand on soupgonne simpleinent son existence; I'obliga-tion existe done pour les cas de maladie bien caracterisee et aussi pour les cas de inalaclie simplement soupconnee.
Elle est prescrite par plusieurs documents, notamment par l'arret du 1(3 juillet 1784, par la loi de 1791, par Tarret du Direc-toire an V (1797), par I'article -459 du Code penal et par le projet de loi que le Senat a dejä adopte. Et d'ailleurs, dans toutes les legislations sauitaires etrangeres, la declaration est inscritc au frontispice de la loi, comme lacoiulitiou de l'iiiterventioo de I'au-torite et de la protection de I'interet public.
Quelles sont les persomies que cette prescription obligequot;.' Quel­les sont les personnes tenues de faire cette declaration ? Ce sont les proprietaires, lesdeteuteurs, les gardiens d'auimaux malades; puis, d'apres l'arret du 16 juillet 1784, les logeurs, qui se sont apercus de I'existence d'une maladie contagieuse sur les animaux loges dans leurs ecuries. C'est ici qu'il Importe de nousdemander si les veterinaires sont obliges, d'apres I'ancienne legislation, de faire cette declaration. L'article-4de l'arret du 16 juillet 1784porte qu'il estdefendu, ä qui quece soit, de traiterles animaux atteiuts de maladie contagieuse sans en avoir fait la declaration ä l'auto-rite. Mais cet article ne dit pas explicitement que le veterinaire est oblige de faire la declaration; aussi en d876 une difflculte s'est elevee sur cette question; eile s'etait presentee anterieure-ment et avait ete ti-anchee dans le sens de l'affirmative par une circulaire ministerielle de 1797. Elle avait encore ete tranchee dans lememe sens par une auti'e circulaire ministerielle de 1833. Ges deux circulaires reconnaissaient en principe que le veteri­naire et par consequent I'empirique, qui auraient constate I'exis­tence d'une maladie contagieuse chez leurs clients, etaient obliges de faire la declaration si les proprietaires ne fa faisaient pas. La
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question a ete soulevee de nouveau en 1876 ; eile a eu un certain retentissement et a ete discutee par les journaux et par les publi­cations vetei'inaires. Cette tbis encore, on a ete oblige de recon-naitre que I'article 4 de l'airet du 16 juillet 1784 obligeait le vete-rinaireä faire la declaration. La jurisprudence, qui a cours dans cette matiere, veut que le veterinaire soit tenu de faire la decla­ration, sous peine d'amende, quand le proprietaire ne la fait pas. Et d'ailleurs, en 1875 parut ä Paris un arrete du prefet de police, rendant obligatoire cette declaration au veterinaire ; maia cet arrete n'est pas executoire dans toute la Fiance. II faut done, pour resoudre cette question, se baser exciusivement sur I'article 4 de l'arret du 16 juillet 1784, que deux circulalres et lajurisprudenee ont interprete dans le sens indique plus haut. Du reste, le comite consultatif des epizootics a eu ii se prononcer sur ce point, et l'obligation de la declaration par le veterinaire a ete inscrite par lui dans la nouvelle loi. Teile est I'idee qui a prevalu, les tribu-naux appliquent ainsi ['article 4; et h plus forte raison la decla­ration sera-t-elle obligatoire pour le veterinaire, lorsque la nou­velle loi sera promulguee.
Done, proprietaires, gardiens, detenteurs, veterinaires et toutes personnes appelees ä traiter les annnaux atteints ou soupconncs de maladie cöntagieuse, sont obligees de faire la declaration; et cette obligation est sanctionnce pour tons par une amende de 16 francs k 200 francs, que des regleinents anterieurs (arret du 16 juillet 1784) permettent d'elever ii 500 francs, et par un einprisou-nement de six jours ä deux inois.
Mais il laut reinarquer que cette declaration, que la loi rend obligatoire, est souvent negligee meine par les proprietaires, parce que ceux-ci ignorent l'obligation qui peso sur eux, parce que la plupart craignent qu'on leur fasse sacrilier leurs aniinaux ct qu'on les tracasse pour n'avoir pas avert! I'autorite asscz tot. Souvent, quand la declaration est negligee, il n'y a pas, ii propre-ment parier, de mauyais vouloir; il faut done encourages les pro­prietaires ii la faire. Et les moyens de les encourager ne sont pas ceux que la loi einploie de preference ; eile abuse de la penal ite ; or ce moyen est plutot fait pour etl'rayer que pour encourager le proprietaire, car toujours il se demande s'il ne sera pas poursuivi pour n'avoir pas fait plus tot la declaration. II vaudrait mieux rcs-treindre la penalite et accorder rindemnite pour tous les cas oil on est oblige d'abattre les animaux; il y aurait peut-etre ineme lieu d'accorder une prime ä ceux qui mettraient leplus d'empres-
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sement a faire la declaration. Ges dispositions n'existent pas dans la loi et je ne les formule que pour exprimer un desideratum.
Quant aux veterinaires, il est bien probable qu'on aura de la peine h leur faire comprendre qu'il taut qu'ils denoncent leurs clients; ils aimeront inieux se retrancber derriere une feinte igno­rance ou une feinte erreur de diagnostic.
Le proprietaire, detenteur ou gardien, qui a fait la declaration, doit isoler les animaux qu'il a declares; il doit les scparer des anhnaux sains. L'article 459 du Code penal est tres forniel ii cet egard : il dit que le declarant doit en meme temps isoler les ani­maux qu'il declare.
A qui doit etre fade la declaration'? D'apres l'ancienne, et encore d'apres la nouvelle legislation, eile doit etre faite k I'autorite locale, au maire; mais, dans les grandes villes, eile pent etre fade valablement au commissaire de police du quartier. Le decla­rant se borne ordinalrernent ä informer I'autorite de vive voix ; il pent cependant faire la declaration par ecrit; et cette declaration, orale ou ecrite, doit etre l'expression exacte de la verite. Le decla­rant ne doit pas chercher h tromper I'autorite, car s'il etait re-connu qu'il a chercbe h tromper, on pourrait lui appliquer cer-taines dispositions penales. Cette condition etant remplie, il pourrait arriver, exceptioiinellement bien entendu, que I'autorite egarät la declaration ecrite ou perdit le souvenir de la declaration orale; alors le proprietaire ne serait peut-etre pas toujours a l'abri de certaines poursuites; il pent done exigerde I'autorite la constatation de cette demarche, il peut exiger un recepisse attes-tant qu'il a declare tel jour.
Quand le veterinaire constate I'existence d'une inaladie chez son client, il peut arriver qu'il soit cliarge par le proprietaire de faire lui-ineme la declaration ä I'autorite; dans ce cas, il agit comme le proprietaire, il fait une declaration verbale; mais le inieux est de faire une declaration sous forme de rapport sommaire, dans lequel il indique les caracteres, la nature de la maladie, son ex­tension et les mesures ä prendre. L'autorite pourra ensuite noni-iner expert un autre veterinaire, mais deja ce rapport la fixera, et avant que I'autre expert ait remplisa mission, eile pourra propo­ser l'application de certaines mesiwes de police sanitaire qu'elle jugera convenables.
Quand le proprietaire n'a pas fait la declaration, quand le veteri-naire ne I'a pas faite non plus, ils peuvent 6tre poursuivis devant
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les tribunaux correctionnels. Gette poursuite n'a lieu que par ['in­tervention du ministere public ; mais des voisins peuvent denon-cer les delinquants au ministere public et provoquer son action. Pourtant, bien que souvent la declaration soit negligee, on voit rarement intervenir le ministere public, h tel point que, de nos jours, des infractions de ce genre nesont presque jamais poursui-vies; et, quand la poursuite est exercee et I'alYairo portee devant un tribunal correctionnel, il est rare de voir appliquer les deux peines. Tarnende et la prison ; le plus souvent on applique la plus legere, c'est-ä-dire Tarnende. Pour appliquer la penalite indiquee par la loi, il taut que le ckMinquant ait agi avec connaissance de cause; ainsi, il ne suffit pas qu'il y ait eu omission de la declara­tion, ii faut de plus que Tomission ait ete intentionnelle.
VISITE
Quand la declaration a ete faite a Tautorite, celle-ci doit aussitöt intervenir et eile le fait de deux manieres: elledoitd'abord veillerä ce que les animaux malades soient isoles ou sequestres, et en outre eile designe un ou plusieurs veterinaires pour etudier Tepizootie.
Les veterinaires deiegues pour cette mission doivent proceder avec la plus grande celerite ; ils doivent se inettre h Toeuvre aussi-totque possible. Dansleurvisite, ils peuvent se faire accompagner par un membre de Tautorite ou par un employe de la police; cepeadant cette precaution, qu'ils ont le droit de prendre, n'est pas toujours bonne.
Quand les experts savent qu'ils doivent avoir affaire ä des pro-prietaires honnetes et de bonne foi, ils peuvent se dispenser de se faire accompagner par Tautorite on par la police, dont Tinter-vention produit un inauvais ed'et, surtout dans les cainpagnes, et nefaitqu'aigrirl'esprit des proprietaires. Ilsdoivent, avant de pro­ceder ä la visite des lieux et des malades, se renseigner, non seule-ment aupres des proprietaires, mais encore aupres des voisins, aupres de Tautorite locale; ils doivent s'entourer de tons les renseignements, qui peuvent les inettre sur la voie du mode d'in-troduction de la maladie contagieuse dans lalocalite; ilsdoivent proceder k une suite d'enquete. Dans leur visite, ils agiront avec prudence et precaution; ils visiteront d'abord les lieux et les ani­maux simplement suspects; puis ils visiteront les lieux infecte-s et les animaux malades. La raison de cette maniere de proceder
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se comprend facilement : il importe que le veterinaire ne soil pas un agent de propagation de la maladie; or, en procedant autre-ment qu'il vient d'etre indique, d pourrait transmettre la maladie des sujets inalades aux sujets sains. II est vrai qu'il pourrait parer ä ce danger en se nettoyant, en se lavant et en se desinfectant, comme cela est quelquefois necessaire; inais dans bien des cas, le plus prudent et le plus simple est de faire comme il est indique. G'est assez dire par lä que la visite doit porter non seulement sur les aniinaux malades et les lieux infectes, mais encore, dans certains cas, sur les lieux et les aniinaux du voisinage. Ainsi, qüand il s'ngit de la morve, il faut visiter, non seulement les che-vaux declares morveux, qui se trouvent dans I'ecurie, mais aussi les sujets encore sains en apparence, qui se trouvent dans la meme habitation, ou qui ont eu des rapports avec les aniinaux inalades.
En procedant ä sa visite, le veterinaire delegue doit prendre bien entendu des notes sur le Signalement des auimaux visites, sur le degre de leur maladie, sur leur etat general, leur etat d'em-bonpoint; il doit prendre en un mot toutes les notes qu'il jugera necessaires ou utiles pour la redaction de son rapport.
Apres la visite, il proposefa immediatement ä Tautonte ou ä la police les mesures provisoires qu'il croira necessaires, I'isolement, la sequestration, si ces mesures n'ont pas etc prises dejii.
Ensuitc il s'occupera de la redaction de son rapport, qui sera concu et fait d'apres les regies enumerces plus haut.
RECENSEMENT, MARQUE
Le rccensoment consiste h denombrer les sujets malades et les sujets suspects; iI doit etre fait par I'expert. La marque a etö prescrite pourevitercertainesfraudes de la part des proprietaires; eile a ete prescrite dans le but de faciliter la recherche des mala­des et des suspects, pour les cas oil le proprietaire les deplacerait, les menerait hors du lieu oil lls doivent etre sequestres. La mar­que, qui est une precaution d'une certaine importance, pent etre faite, soit avec une matiere colorante, soit avec de la cire, soit avec le fer rouge. Pour I'espece ovine, on fait une marque a la poix ou a la matiere colorante1, pour les grands aniinaux, on pourrait aussi employer la marque h la matiere colorante, mais le mieux est d'empioyer la marque au fer rouge. Dans ce dernier cas, il faut autant que possible pratiquer la marque dans une
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region oil il ne s'ensuit pas une tare indelebile; le meilleur est done de la faire sur la region podale, sur le sabot des solipedes et des grands ruminants; du reste, pources grandsanimaux, lamar-(jue n'est pastoujours necessaire et pent etre reinplacee par le signalement, surtout pour les solipedes. II y a done rarement lieu d'appliquer la marque au cheval; un signalement tres exact suffit. Cette manjue, quel que soit le mode employe pour la faire, consiste ä imprimer une lettre ou un signe dont on determine la signification pour le cas oil eile est faite. Lorsque le veterinaire dolegue se trouvera en presence d'un grand nombre d'aniinaux malades ou suspects appartenant ä un meine proprietaire, il pourra demander qu'un registre soit tenu, oil seront iiiscrits tons les chevaux ou animaux bovins, avec leur signalement. A cöte du signalement de chaque animal, il inscrira les particularites qu'il presente, c'est-ä-dire les symptömes, les signes precurseurs, I'etat plus ou inoins douteux du sujet. Le registre, dresse h la premiere visite, servira pour toutes les visites ülteneures, car, dans le cas d'epizootie, le veterinaire est appele h reiterer de temps en temps son examen ; et, grace h la tenue de ce regis­tre, il pourra h chaque fois se renseigner sur I'etat anterieur de ces animaux.
ISOLEMENT
De toutes les mesures de police sanitaire, risolement est sans conrtcdit la plus importante. Isolement signifie separation, par un Jiioyen quelconqüe, des animaux malades ou suspects d'avec les animaux sains. Cette mesure est tres importante, car eile a pour but de s'opposer ä la contagion immediate ou mediate, qui resulte du rapport direct ou indirect des malades avec les sujefs sains. L'isolement doit aussi etre applique aux suspects (il vaut mieux pecher par exces que par defaul de prevoyance). Excepte pour le typhus, il n'y a pourtant pas toujours lieu de se montrer aussirigoureux,lorsqu'il s'agit d'appliquer risolement aux animaux suspects; ainsi il n'y ä pas lieu pour un cheval siinplement sus­pect de morve d'etre aussi rigoureux que pour un cheval mor-veux. On place I'animal suspect dans nn coin de l'ecurie en lais-sant entre lui etlesautres uncertain espace, et on present au pro­prietaire de ne janiaispermettre d'employerlesustensiles de pan-sage ou autres, qui serventau sujet suspect, pour les sujefs sains,
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de ne jamais laisser boire ou manger ceux-ci apres ou avec ce-lui-lä.
L'isolement ou separation est ainsi basesur uneidee tresscien-tifique, sur la connaissanee de la contagion, c'est-ä-dire sur les modes d'apres lesquels s'efiectue la transmission de la maladie. Pour I'appliquer h propos, il faut done connaitre ä fond la conta­gion et ses modes pour chaque maladie en particulier; il faut de­terminer les circonstances dans lesquelles teile ou teile maladie pent se communiquer (cohabitation; rapports h I'abreuvoir, dans les chemins, dans les paturages; intermediaire de l'air, des objets de pansage, des harnais, des couvertes, des fourrages, des bois-sons, des ustensiles, des debris cadaveriques, etc.). L'isolement est la mesure la plus anciennement conseillee ; eile est aussi an-cienneque la contagion eile-mamp;ne. Des qu'on se fut apercu que des maladies se transmettaient d'un individu ä I'autre, on eut l'idee de separer les malades, pour les empecher de transmettre leur maladie aux autres. Aussi trouve-t-on cette mesure dejä conseillee par Vegece pour la morve, par Virgile pour le charbon et la clavelee, par Columelle pour certaines maladies des trou-peaux, etc. Elle est presorite par tons les documents de notre legislation relatifs a la police sanitaire, et cette prescription est accompagnee d'une sanction rigoureuse.
L'isolement pent s'effectuer d'une maniere tres simple, comme dans I'exemple choisi plus haut; on isolel'animal suspect dans an coin de ['habitation, quand on n'a pas ä sa disposition un second local convenable; onsurveille cet animal et on en ordonne I'abat-tage au premier sig;ie de morve. L'isolement pent encore se pra-tiquer ainsi quand il s'agit de certaines maladies contagieuses; mais sou vent il se pratique sousd'autres formes, variables suivant les caracteres et le degre de contagion et de gravite de l'epizootie. Les formes et les moyens d'operer l'isolement ou la separation des malades et des suspects sont : la sequestration; le cantonnement; les quaranlaines; les cordons sanitaires; Vemigration; la suspen­sion des foires et marches; l'etablissement de marches attenant aux abattoirs; la proJdbition d'imigt;ortation des animaux sus-pects; la prohibition de vente des malades et des suspects et de leur exposition; la proldbition de leur circulation ; la pose de signau-x laquo; l'entree des villages, des communes et des fermes infectees; Vobli­gation d'informer par des afficlies les communes voisines des lieux infectes; l'obligation pour l'autorite d'adresser des instructions aux poptdations pour leur recommander de faire la declaratimi ei leur
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inspirer l'idee de faire executerelles-memes la sequestration; enfin la prohibition des abreuvoirs communs, chemins coinmuns, etc.
Sequestration. — La sequestration proprement dite con-siste ä separer les malades et les suspects des sujets sains et ii les placer dans un local particulier. Sequestration signifie done isole-ment dans un local special. Ainsi lorsque chez un proprietaire on constate ou onsoupconne l'existence de la morve sur deux,trois, quatre de ses chevaux, on pent pratiquer risolement ou rnieux la sequestration des ileux manieres suivantes : on peut laisser dans l'ecurie dejä oecupee les malades et les suspects, faire sortir les animaux sains et les placer dans un autre local; on sequestre de la sorte, les animaux malades dans le local infecte, et e'est le moyen lo plus simple et le plus prudent. On peut aussi faire sortir les malades et les suspects du local infecte pour les placer dans une autre habitation, et dans cecasil ne faut pas oublier de faire suivre leur sortie d'une desinfection complete de la place qu'ils ont oecupee et des objets qu'ils ont pu salir. II va sans, dire que, dans un cas comme dans I'autre, tout en sequestrant les malades et les suspects ensemble dans le meine local, ii ne faut pas ou­blier de separer les premiers des seconds, car le contact entre eux pourrait faire developper la inaladie chez ceux qui ne sont encore que suspects.
Quand on a pratique la sequestration, il taut toujours defendre d'employer pour les animaux sains les objets de pansage, de tra­vail ou autres, qui ont servi aux malades. Tous ces objets devront etre desinfectes.
La sequestration ainsi executes peut s'appliquer ä un plus ou moins grand nombre d'animaux. Si le nombre est petit, bien que le proprietaire soit reduit ä ne pas les sortir et ä les nourrir en-fermes, il n'y a pas un grand inconvenient dans son application ; mais si le nombre des animaux h sequestrer est grand, s'il s'agit par exemple d'un troupeau atteint de clavelee, vouloir dans ce cas exiger la sequestration de tous les animaux dans un local, avec obligation pour le proprietaire de lesy nourrir, equivaudrait quelquefois h en exiger la perte complete. Si done la sequestration absolue a des avantages, eile est inapplicable quand eile doit porter sur un grand nombre d'animaux, car il faut compter avec I'impossibilite qu'il peut y avoir pour le propriötaire de fournir I'alimentation necessaire; force est done de recourir alors ii un autre mode d'isolement, au cantonnement.
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La sequestratiüii, pratiquee comme il vient d'etre indique, doit etre accompagnee de certaiues pi'escriptions adressees aux pro-prietaires et aux personnes qui spigneni les animaux. II ae faut pas oublier de faire ressortir le danger qu'il y a parfois pour elles-inemes de. conlracter teile ou teile inaladie et de la propager, lors-que apres avoir pause un cheval inorveux par exemple, olles vont, sans se nettoyer, panser un cheval sain. Lorsqu'il s'agii'a d'une inaladie dangereuse pour rhoiame, il faudra toujours indi-(fuer les precautions et les mesures propres h preserver les indi-vidus, qui devront approcher ou soigner les animaux.
La sequestration, qui doit etre appliquee aux individus suspects comme aux sujets malades, entraine l'obligation de no pas sortir, de ne pas deplacer les animaux, sur lesquels clle porte; les abreuvoirs, les chemins et les päturages, les ibires et les mar­ches sont, de ce iait, interdits aux animaux sequestres. Dans certains cas, cette mesure doit englober tous les animaux d'un proprietaire, tous les animaux d'une localite, etc., et ineme s'e-lendre h certains objets, voire meine aux personnes. Plusieurs documents permettent a l'autorite de prescrire cette mesure, ce sont l'arret du lü juillet 1784 (article 4); la loi de 1791 ; I'article 459 du Code penal; le nouveau projet de loi.
Gantonnement. — Le cantonnement est un mode d'isole-ment, qui consiste ä assigner aux animaux malades ou suspecls un espace limite de päturage et de parcours ; il pent etre appli­que dans certains cas, oil il serait onereux pour le proprietaire et meme impossible de fournir ;i l'alimentation des animaux malades ou suspects s'ils etaient sequestres dans un local. II convient plus particulierement lorsqu'il s'agit par exeinple de troupeaux de betes ovines ou bovines atteintes de inaladie contagieuse(clavelee, lievre aphtheuse, pietin, peripneumonie). Mais ilfaut, bien enten-du, pour que ce mode d'isolement puisse etre employe, qua la Sequestration soil impossible, que le cantonnement soit avanta-geux et puisse etre execute sans dangers. Un espace limite de päturage et un certain parcours, certains chemins seront assignes aux animaux malades, qui ne devront Jamals en sortir, ni s'en ecarter. G'est l'autorite, qui, d'apres les conseils du veterinaire, fixe le cantonnement; et ce cantonnement (päturage et chemins assignes au troupeau infecte) doit etre interdit ä tout autre trou-peau non infecte. Ce mode d'isolement est present par l'arret du 23 decembre 1778, par la loi de 1791 et le projet de loi de 1879.
Le cantonnement peut 6tre permanent ou mixte; il est dit per-
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luanent, quand le troupeau cantonue passe les nuits coinine les jours dans le päturage qui lui a ete assigne; il est rnixte, quand les troupeaux cantonnes passent les nuits duns leur habitation et les jours sur les päturages. Le cantonneinent permanent est sou-vent impossible, soit ii cause de la saison, soit h. cause du deran­gement et des pertes qu'il occasionnerait aux proprietaires; aussi prescrit-on de preference le cantonnement mixte; et alors lesani-maux malades rentrenttous les soirs et meme pendant lajournee, dans les habitations; d'oii il peut resulter certains dangers au point de vue sanitaire, la maladie contagieuse pou .ant ainsi se propager plus facilement dans le voisinage, surtout si les chemir;s sont communs ;i plusieurs troupeaux ou s'ils ne sent pas bien gardes. Mais pour preserver autant que possible les troupeaux voisins, il faudra, avons-nous dit, fixer un chemin particulier au troupeau cantonne et interdire completement sa frequentation h tons les troupeaux voisins. C'est I'autorite qui doit toujours fixer les paturages et les cheinins, et eile est conseiliee en tout cela par le veterinaire, qui lui donne ses idees dont eile tire profit.
II faut non seulement designer un espace limite de päturage, des chemins et des abreuvoirs, mais il faut faire connaitre aux voisins, aux riverains, les dispositions qui out ete prises. II faut choisir, autant que faire se peut, comme lieux de cantonnement, des lieux isoles, montueux, circonscrits, eloignes des routes et des chemins frequentes, limites par des bornes naturelles, telles que fosses, haies, rivieres, forets, etc. II faut, autant que possible, fixer un can­tonnement quipuisse alimenter le troupeau pendant tout le temps que doit durer l'isolement; mais il ne sera pas toujours possible de realiser cette condition, et des lors il y aura lieu de se preoccu-per plus tard d'accroitre ou de changer le cantonnement. Tout en designant un chemin ou un lieu de passage au troupeau infecte, il faut lui interdire toutes les autres voies de communication. II faut choisir de preference le lieu de cantonnement dans les päturages du proprietaire du troupeau ; mais il pourra arriver que ses terres soient trop morcelees, et alors il y aura Heu de s'assurer si les voisins ne consentiraient pas ä faire momentanement un echange de päturages, qui permettrait d'etablir un cantonnement conve-nable, ou bien 11 faudra recourir en dernier lieu au cantonnement sur les terrains dits de vaine päture ou sur les terrains commu-naux, s'il en existe. Dans tous les cas, il sera designe un abreuvoir special, et s'il n'en existe pas, on en fera preparer un qui sera appropriö au troupeau malade.
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Les proprietaires des troupeaux cantonnes devrontveiller ä ce que les prescriptions de l'autorite soient rigoureusement execu-tees; les chiens employes ä la garde du troupeau devront etre retenus dans les lieux du cantonnement; les cadavres des ma­lades qui succomberont seront enfouis ou brides.
L'autorite devra informer les voisins des dispositions qu'eile aura prises et les inettre en garde ; eile leur adressera des instruc­tions, des circulaires, des affiches, leur indiquera les limites du cantonnement, le chemin et l'abreuvoir designes aux troupeaux malades ; et en outre eile fera veiller ä la bonne execution de ses prescriptions par la gendarmerie ou par les gardes-champetres.
Le cantonnement durera un temps plus ou moins long ; sa duröo sera subordonnee h celle de la maladie elle-meme; alnsi il pourra durcr plusieurs mois dans les cas de clavelee, si on n'a pas recours a rinoculation, qui est alors un inoyen h conseiller pour hater la marche de la maladie dans le troupeau et pour accelerer sa dispa-rition. Meine apres la disparition de la maladie, le cantonnement ne cesse pas jusqu'ii ce que Tauturite, eclairee par le veterinaire delegue, en ait fait signitier la levee aux proprietaires des trou­peaux malades.
II pent arriver que le lieu du cantonnement devienne insuffisant pour nourrir le troupeau, avant que la maladie ait disparu;et dans ces cas il y a lieu, bien entendu, de l'accroitre, de l'elargir si cela est possible, soit aux depens des päturages du proprietaire du troupeau, soit aux depens des päturages d'un proprietaire voisin, qui se prete ä un echange, soit aux depens des terrains de vaine päture, ou des terrains communaux. Et si cette combinaison est impossible, force sera de fixer ailleurs un autre cantonnement et d'y faire conduire le troupeau malade, en entourant son deplace-ment de toutes les precautions qu'exige la prudence. Le nouveau cantonnement sera etabli aussi pres que possible du premier; le troupeau y sera conduit par un chemin detourne et pen frequente, que l'autorite fera connaitre et interdira provisoirement aux voi­sins, si c'est possible.
Dans les pays oil les troupeaux sont, tous les ans au retour de l'ete, envoyes en transhumance, il arrive parfois que le jour du depart on est oblige de deplacer des animaux cantonnes et non encore gueris. Ge qu'il y a de mieux ä faire dans ces cas est ce qu'inspire le simple bon sens; il taut permettre le deplacement des troupeaux malades, mais ä condition que l'autorite de la commune oii le troupeau sera conduit en transhumance ait ete informee, Les
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troupeaux malades seront diriges par les chemins les plus courts et les moins frequentes vers la plus proche gare; ils seroht em-barques aussitöt et debarques ü la gare la plus voisine du lieu de transhumance, pour, de la, etre diriges, toujours par le chemin le plus court et le moins frequeate, vers ledit lieu de transhumance, sur lequel le cantonnement sera continue tant qu'il sera jugii ne-cossaire. Les chemins parcourus serorit indiques aux voisins et interdits, si cela est possible, pendant un certain temps; les cad.a-vres d'animaux morts en route seront enfouis avec soin ; les wa­gons de transport seront desinfectes.
Le cantonnement, entendu dans le sens large que nous lui accor-doris, est avantageux aux proprietaires de troupeaux malades; mais il ne laisse pas que de presenter quelques dangers pour les voisins; aussi necessite-t-il une grande ponctualite de la part des proprietaires et une grandcopy; vigilance de la part de l'autorite.
Quarantaine. — La quarantaine est Fisolement applique aux animaux venant des pays oil regne une epizootie, ou d'un pays suspect. Elle a done lieu ordinairement ä la frontiere; eile s'ap-plique aux animaux malades, aux animaux suspects et aux debris cadaveriques venant des pays infectes.
Elle est autorisee par notre legislation, et peut etre, sur i'avis du veterinaire, appliquee par l'autorite li tons les cas juges dan-gefeüx, meme en dehors de ceux oh il s'agit de I'importation d'animaux venant de pays infectes. Les animaux, ainsi soumis ä la quarantaine ä la frontiere, sont sequestres dans un local special appele lazaret, pendant un temps plus ou moins long, suivant la maladie dont on les soupeonne. Le plus souvent il n'existe pas de lazaret, et alors la sequestration a lieu dans un local quelconque ou meme en plein air, sous forme de cantonnement. Les proprie­taires sont tenus de s'incliner devant les ordres de l'autorite; e'est h eux de nourrir et de faire soigner leurs animaux et de payer les frais entraines par la sequestration. Dans tous les cas, il doit etre exerce une surveillance severe pour s'opposer k tout detour-nement et pour faire executor les prescriptions de l'autorite. Le proprietaire qui ne voudrait pas se soumettre aux exigences de notre police sanitaire y serait contraint, ä moins qu'il ne con-sentit h reconduire ses animaux hors de notre frontiere.
La duree de la quarantaine sera egale k la periode moyenne d'incubation de la maladie dont on soupconne les animaux se­questres. Si avant l'expiration de ce delai ou k la fin de cette pe­riode, la maladie soupconnee eclatait, les animaux seraient abattus
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ou reuvoyes hois tie uotre frontiere. Si, ä rexpiratioh de la qua-rantaine, aucuiie inaladie contagieuse ne s'est declai'ee, la seques­tration sera levee par l'autorite et rimportation autorisee. Les animaux morts ou abattus seront perdus pour le compte du pro-prietaire; les cadavres seront enfouis ou livres ä I'equarrissage. Si, h l'expiration de la quarantaine, l'etat des animaux pennet encore la suspicion (morve), il y aura lieu de refuser I'autorisation de les introduire et de prolonger la quarantaine ou de les renvoyer hors de la frontiere.
Cordons sanitaires. II sera quelquefois necessaire ou pour le moins utile d'etablir des cordons sanitaires pour faire executer la sequestration. On appelle cordon sanitaire une ligne fonnee par des gardiens, par des soldats, autour d'un lieu, autour d'une localite, h la frontiere, et destinee h empecher la violation dc la sequestration ou l'importation d'animaux venant de pays infectes ou suspects. Les cordons sanitaires ne sont guere em­ployes sur notre territoire; ils peuvent etre utiles dans les cas de typhus, quand I'epizootie menace de s'etendre et quand on veut la circonscrire dans une localite. On pent les etablir sur la frontiere, quand il y a lieu de craindre l'importation d'animaux ou d'objets dangereux, susceptibles de communiquer une maladie contagieuse.
Emigration. — L'emigration, comme moyen d'isolement, n'est guere recommandee que pour le charbon. Lorsqu'un trou-peau, päturant dans des lieux bas et marecageux, est atteint du charbon, on pent affirmer presque siirement qu'il a puise les germes de la maladie dans les herbes ou dans les eaux, et c'est alors que l'emigration est utile pour soustraire le troupeau ;i I'in-fluence de la cause sans cesse menacante. Elle ne doit pas se faire au loin; eile doit se faire sur des lieux mieux situes, plus eleves, appartenant au proprietaire du troupeau, ou ä un proprietaire benevolo, ou sur les terrains communaux ou de vaine päture. Les cadavres des animaux morts pendant ou apres l'emigration devront etre enfouis profondement ou mieux soumis ii la cremation.
Suspension des foires et des marches. — C'est la une mesure bien radicale, tres rigoureuse, et l'autorite ne devra I'ordonner que dans certains cas, dans les cas de typhus par exemple. Elle ne devra interesser que les localites infectees; eile permettra d'obliger plus siirement les proprietaires ä ne pas de-placer les animaux sequestres.
Si la suppression des foires et des marches n'est ä conseiller
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que pour les cas de typhus, il a'en est pas de meine de la prohi­bition du commerce des animaux malades ou suspects, quelle que soit d'ailleurs la benignite de la maladie; il 1'audra done defendre la vente et la mise en vente des animaux malades ou suspects.
L'autorite pouira etablir aupres des abattoirs des marches, sur Icsquels devront etre amenes directement les animaux destines h la cunsornmation, pour de lä etre diriges aussitöt vers Tabattoir et y etre sacrifies. Ces marches seront ouverts aux animaux simplement suspects et permettront de concilier ainsi tous lestin-terets.
Non seulement l'autorite pent prescrire la mise en quarantaine des animaux introduits en France, mais le gouvernement pent, dans certaines circonstances, interdire Fimportation d'animaux venant de tel ou tel pays int'ecte ou suspect; et cette interdiction peut etre appliquee h certains produits, h certains debris venant des meines pays.
Le deplacement des animaux simplement suspects pourra etre autorise dans certaines maladies (typhus, peripneumonie), lorsque ces animaux pourront etrelivres h la boucherie; etalors l'autorite devra prendre les mesures necessaires pour s'assurer qu'ils ne sont pas detournes de leur destination (ces precautions sont flxees par les documents de la police sanitaire et seront indiquees ä pro-pos de chaque cas).
Des signaux devront etre places quelquefois (typhus) devant les habitations ou ii i'entree des localites infectees. Des afliches, des publications, des instructions seront faites par l'autorite et adressees aux populations interessees.
Les palurages, les abreuvoirs et les chemins communs seront iatcrdils toules les Ibis que la neccssite s'en fera sentir.
ESTIMATION, INDEMNITE
Lorsqu'il s'agit d'une maladie contagicuse incurable, l'autorite doit prescrire l'abattage des malades, et la loi n'accorde des in-demnites que pour les cas de typhus. C'est done seulement dans ces cas qu'il y a lieu de proceder ä l'estimation des animaux qui doivent elre abattus. Gette estimation, d'apres le decret de 1871 et d'apres le nouveau projet de legislation sanitaire, sera laite par deux vete-rinaires, dont Tun designe par le maire et l'autre choisi par le proprietaire; et en cas de desacconl un troisieme veterinaire pro-
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noncera. Dans cette mission le veterinaire, tout en prenant I'in-teret de la partie qui I'a designe, doit agir, comme toujours, sui-vant l'inspiration de sa conscience, et donner une appreciation conforme h ce qu'il croit etre la verite.
Deja notre ancienne legislation n'accorde I'indemnite que pour les cas de typhus; notre nouvelle legislation va consacrer cette erreur et cette injustice, eile se trouvera des le premier jour en opposition avec les legislations etrangeres, qui sont beaucoup plus justes, et avec nos idees d'equite qui reclament rindemnite pour tous les cas oü I'autorite use du pouvoir que la loi lui donne de spolier un proprietaire de sa chose, quelque mince que soit la valeur de cette chose. L'obtention de rindemnite estsubordonnee a une foule de conditions, qui temoignent (voir la loi sanitaire) au plus haut degre d'un formalisine outre.
ABATTAGE
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Lorsque des animaux sont atteints d'une ma ladle contagieuse reconnue incurable, I'autorite pent et doit en prescrire I'abattage, c'est-ä-dire 1'occision, rassommement, le sacrifice, dans le but de faire disparaitre ces foyers de contagion. Dans certains cas (typhus) I'autorite peut meme prescrire I'abattage des animaux simplement suspects.
Les premiers documents de notre ancienne legislation sanitaire ne parlent pas de cette mesure, qui fut edictee des 1763 pour les cas averes de morve, des 1774 pour le typhus et des 1784 pour toute maladie reconnue incurable, et que notre nouvelle legisla­tion consacrera, bien entendu.
Le but de cette mesure est de faire cesser la contagion, de lui enlever ses foyers, d'empecher ainsi l'extension de la maladie et de hater la disparition de l'epizootie. Cette mesure radicale offre done de serieux avantages et doit etre conservee dans toute legis­lation sanitaire.
L'abattage peut etre present pour un nombre plus ou moins considerable d'animaux, 11 peut etre individuel, partiel, general. II est individuel, e'est-k-dire limite aux animaux malades dans un bon nombre de cas (morve, charbon, farcin, peripneuinonie, rage, etc.); il est partiel quand il esketendu aux animaux contamines ou suspects, quand il est present pour les animaux peuplant une habitation, une ferme, une localite; ainsi dans les cas de typhus,
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l'autorite ne devra pas se bonierä piescrire Fabattage des malades, mais eile devra en outre faire sacrifier les animaux contamines ou suspects, qui ont ete en contact avec les malades ou qui se sont trouves dans leur voisinage. L'abattage partiel est une excellente mesure, qui doit toujours etre appliquee au debut des epizooties tie typhus.
Mais si l'abattage individuel ou partiel est souvent utile, il n'en est pas de meme de l'abattage general ou en masse, conseille quel-quefois pour depeupler une localite, une commune oü regue le typhus; c'est qu'en effet une pareille mesure est vöritablement desastreuse pour les prqprietaires at pour l'Etat; et de nos jours plus quejamais, eile souleverait des recriminations et des resis­tances de la part des proprietaires. L'abattage individuel ou par­tiel est indique toutes les fois qu'il s'agit d'une maladie coutagieuse grave, incurable et mortelle; l'abattage partiel est plus particu-lierement indique quand il y a h combattre une epizootie de ty­phus. L'autorite pent le prescrire toutes les fois qu'il est juge necessaire; et il va sans dire que c'est le veterinaire qui, en pa­reille circonstance, devra etre laisse juge de son opportunite. Le veterinaire doit ici plus que jamais agir avec conscience et pru­dence, il doit concilier tons les devoirs que lui imposent ses con-naissancesscieutifiques, sa consciencectlamissionqu'il a acceptee; il doit se decider promptement, sans agir jamais ä la legere, ildoit proposer ä rautoritc les mesures qui lui paraissent necessaires ct demander l'abattage toutes les fois qu'il lui semble indispen­sable. C'est d'apres la proposition du veterinaire que rautorite present teile ou teile mesure, c'est sur la demande du veterinaire que les maires ordonnent l'abattage.
L'execution de l'abattage, de meine que celle des autres mesures, doit etre assuree et surveiliee par l'autorite, qui doit triompher des resistances opposees par les proprietaires. Le veterinaire et l'autorite doivent se preoccuper de la reglementation et du mode d'execution de 1'occision ; ils doivent choisir le lieu dans lequel aura lieu l'abattage et determiner le mode suivant lequel les animaux seront amenes dans ce lieu. 11 sera bon, si les cadavres doivent etre enfouis, de faire conduirevivants les animaux dans le lieu oü doit se faire renfouisseinent et de les sacrifier sur les bords de la fosse. Le mode le plus expeditif et le plus simple de sacrifier les animaux voues ä la mort est rassommement, qui pennet d'eviter reffusipn du sang. Lorsqu'il y a un clos d'equar-rissage, les animaux pourront y etre conduits vivants pour y etre
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abattus sous les yeux de l'auloi'ite ou de la police, ou bien ils seront abattus dans le lieu oil ilsse tiouvent et trausportes ensuite h I'equarrissage ; j'ajoute que ce dernier parti me parait preferable tant qu'on ne surveillera pas mieux les clos d'equarrissage.
Les frais occasionnes par ['application de cette mesure (depla-cement des animaux, assommement) sont h la charge du proprie-tairejd'ailleursonpeüt dired'une inaniere generale que I'autorite commande et que le proprietaire paie.
Que I'abattage soit execute dans un clos d'equarrissage ou ailleurs, I'autorite devrait y assister ou s'y faire representer ct il serait bon que le veterinaire y assistät de son cöte et fit i'autopsie quand eile est jugee necessaire. Dans la pratique on ne se con-fonne pas souvent ä cette regle et c'est lä un tort de la part de I'autorite; quanta l'expert il est räremeiit necessaire qu'il soit present, car on pratique rarement les autopsies ; mais pourtant il sera bon que le veterinaire delegue se conforme aux prescriptions de la loi, et sa presence ainsi que I'autopsie sont d'autant plus necessaires qu'il plane des doutes sur ['existence de teile ou teile malaclie, au diagnostic de läquelle I'autopsie pourra grandement contribuer. Lorsqu'il s'agit d'animaux simplement suspects ct pouvant etre utilises pour la bouchene, il y a lieu de permettre leur deplaceinent ou le transport des viandes et debris, enl'entou-rant des precautions necessaires.
ENFOUISSEMENT
Lorsque I'abattage d'animaux malades a etc execute et qu'il n'existe pas de clos d'equarrissage, il y a lieu de pratiquer reu-fouisseinent, il y a lieu d'enterrer dans le sol les cadavres et les divers debris. L'enfouissement est une mesure tres importante et tres ancienne ; c'est la premiere qui a etc edictee par notre legis­lation (arret de 1714); avant 1714 les cadavres ctaicnt laisses en plein air ct dcvenaient souvent des foyers d'infection. Gette me­sure se trouve prescrite dcpuis 1714 dans tons les documents de la police sanitaire; eile a pour but de parer aux dangers resultant de la putrefaction et de la contagion par les cadavres ; tons les cadavres doivent etre enfouis oujivres ;i I'equarrissage.
L'enfouissement est done indique toutes les fois qu'il s'agit de se debarrasser de cadavres et surtout quand ces cadavres sont ceux d'animaux atteints de maladies contagieuses; il est indique
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quand il n'y a pas possibilite ou avantage !x livrer les cadavres a. requarrissage. Gette mesure doit s'appliquer au cadavre tout entier, y compris la peau et tous les debris; ainsi le veut la loi sanitaire quand il s'agit de maladies contagieuses. Mais dans la pratique on deroge assez souvent Li ces regies sans qu'il en resul-te des accidents; ainsi on utilise les peaux des chevaux morveux, des animaux claveleux ou charbonneux, etc. Neanmoins le vete-rinaire ne doit jamais tavoriser ces derogations qui peuvent cntrainer des consequences fächeuses. Les cadavres doivent etre enfouis avec leur peau tailladee pour enlever ä toute personne l'envie de les deterrer.
L'autorite peut et doit demander l'avis du veterinaire, mais c'est ä eile qu'il appartient de prescrire l'enfouissement et d'en surveiller l'execution. II Importe de choisir un terrain, autre que cours, jardin, sol des habitations; il faut designer de preference un terrain appartenant au proprietaire des animaux, un terrain inculte, retire, ecarte de tout cliemin de grande communication et des habitations de 200 ä 500 metres si cela est possible ; il faut choisir un terrain h sous-sol permeable et eloigne des sources d'eau potable. Les animaux, qui devront etre abattus, pourront etre amenes yivants et assomines au bord de la fosse creusec pour les recevoir. Lorsqu'il s'agit de cadavres ou de debris provenant d'aui-maux morts ou abattus pour cause de maladie contagieuse, le transport en sera fait par ou aux frais du proprietaire; on em-ploiera ä ce transport les animaux les moins aptes h contractor la maladie regnante, et on se servira de vehicules agences do facon ä laisser echapper le moins possible les debris le long du par-cours; ces vehicules seront ensuite soigneusement desinfectes. Les fosses pourront etre en nombre egal ii celui des cadavres, mais cela n'est pas indispensable, il sufflra d'en proportionner la profondeur et l'etendue au nombre des cadavres. Elles seront creusees ii un metre et demi, ä deux ou troismetres de profondeur, et une fois que les cadavres y seront places, il faudra les couvrir d'une couche de chaux yive ou d'acide phenique brut ou de phe-nate de soude ou de chlorure do chaux ou de cendres; puis on les recouvrira avec toute la terre deplacee et on disp.osera ineme au-dessus de cette terre des pierres, des fagots, des branchages, ou on I'entourera d'une barricre pour einpecher les animaux carnas-siers de venir deterrer les cadavres enfouis.
Quelquefois il sera prudent d'infecter la viande en faisant pene-trer dans les cadavres une substance pyrogenee (essence de ter6-
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POLICE SANITAIRE
benthine, goudron de houille, acide phenique, etc.) pour mieux desinteresser la cupidite de ceux qui seraient tentes de les de-teirer dans le but d'utiliser les chairs. Dans certaines circons-tances il pourra etre utile de placer sur les fosses un poteau indicateur, pour prevenir les voisiiis du danger qu'il peut y avoir ii laisser venir leurs animaux dans le voisinage ou sur les lieux d'enfouissernent.
EQUARRISSAGE
Bien que l'enfouissement soit une excellente mesure de police sanitaire, il ne faudra y recourir qu'autant que cela sera ncces-saire. Toutes les tbis qu'il sera possible d'utiliser dans un clos d'equarrissage les cadavres, 11 faudra accorder la preference ä ce mode, qui est meine plus sür et qui permet de retirer un certain benefice de tons les debris animaux.
Equarrir signifie depecer ; equarrissage signifie depegage, ecor-cherie, operations pratiquees sur les cadavres pour en tirer partie et profit. Les chantiers ou clos d'equarrissage sont done des eta-blissements ou Ton transporte les animaux hers service, les animaux uses ou malades pour y etre abattus, et les divers cada­vres pour y etre depouilles, depeces et utilises de diverses manie-res. Ces etablissements sont tres importants au point de vue de I'liygiene publique et de l'industrie; ils sont surtout indispensables dans les grandes villes ; ils permettent d'utiliser, pour l'industrie, le commerce et l'agriculture, des produits, qui pour la plupart seraient perdus et occasionneraient des dangers pour I'liygiene, s'ils etaient mal enfouis ou s'ils n'etaient pas enfouis. A partir du xvc siecle le gönvernement s'occupa de la reglementation de l'equarrissage; mais les reglements qu'il fit resterent impuissants par suite du mauvais vouloir ou de l'insouciance des industriels et du defaut de surveillance de l'autorite ou de la police. De nom-breuses dispositions furent prises pour empecher I'etablissement de clos d'equarrissage dans les villes ou au voisinage des grands centres de population; et malgre tout il y eut jusque dans Paris des ecorcheries pendant le xvie siecle, meme apres la creation de la voirie de Montfaucon en 1645. En 1760-62 des penalites furent edictees et appliquees pour faire observer les reglements; et des ITSOFexploitation methodiqug et industrielle de l'equarrissage fut entreprise par une compagnie qui en obtint le monopole. Les progres de cette entreprise furent arretes en 1789.
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On n'utilisait jadis que les peaux et quelquefois les chairs; tout le reste etait enfoui ou brüle ou jete ä la riviere ou abandonne ä l'air, aussi en resultait-il des dangers. En 1750, on commenga k utiliser les graisses et dans notre siecle on utilise tout.
Parent-Duchatelet, d'Axcet, Trebuchet, Chevallier, Tardieu out etudie la question de requarrissage au point de vue de la salu-brite; Payen, Piobinet, D.ubois I'ont etudiee au point de vue industriel.
Les clos d'equarrissage sont des etablissements insalubres, ils luissent echapper d'abondantes emanations putrides, ils attirent les mouches et les rats; leur voisinage est incommode, desagrea-ble et dangereux; aussi les relegue-t-on dans les lieux eloignesdes villes et dans des lieux deserts si c'est possible. Bieri plus, I'auto-rite a le droit et le devoir de connaitre a, I'avance les plans de l'industriel qui demande ä creer un clos d'equarrissage, de lui imposer certaines dispositions et certaines obligations, d'exiger une bonne tenue et la desinfection, et d'exercer ou faire exercer une surveillance perpetuelle et constante.
La creation d'un clos d'equarrissage est subordonnee aux for­mal ites suivantes : lu demande d'autorisation adressee au prefet et envoi de deux plans, dont I'ua indiquant la configuration du sol ct la situation qu'occuperait le clos par rapport aux habitations et aux grandes voies de communication, I'autre faisant connaitre la disposition interieure de l'etablisseinent projete; 2deg; affichage de la demande d'autorisation pendant un mois dans toutes les communes ä cinq kilometres ä la ronde; 3deg; enquete par les maires; #9632;iquot; examen de la question, avec pieces ä l'appui, par le conseil de sidubrite et le conseil de prefecture ; 5deg; envoi du dossier au mi-nistre de 1'Agriculture et du Commerce ; 6quot; cxrfmenpar le Conseil d'Etat; 7deg; decret du president de la Republique refusant ou accordant I'autorisation.
Cette matiere est reglee par un decret du 15 octobre 1810, par une ordonance du 14 Janvier 1815 et par les articles 7, 8 ct 9 de rarretdul6juillet 1784.
Les conditions ä imposer ä l'industriel autorise sont les sui­vantes : 1deg; emplacement fixe hors des villes, h 200 ou 1000 metres de toute habitation, loin des grandes voies de communication, loin des sources d'eau potable, au voisinage d'un cours d'eau im­portant pour avoir facilement de l'eau en abondance et pour ecouler les eaux sales, sur un terrain vague, ecarte, desert, boise, eleve, aere et ä sous-sol permeable ; 2deg; etendue variable, proper-
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tionnee ii rimportance de la clientele de requarrissage; 3deg; inurs
eleves entourant le clos et ses dependances et entoure lui-meme d'une plantation d'arbres ; iquot; construction des sols en dalles, en ciment ou en chaux hydraulique; robinets d'eau pour faciliter le lavage des diverses parties de l'atelier; bassin cimente pouvant contenir les euux sales d'une journee et pouvant se vider par le fond au nioyen d'un tuyau de fuite söuterrain amenant les eaux en avant dans le plein lit de la riviere; chaudieres, cheminces, lourneaux conformesaux reglements, et foyers disposes pour brü-Icr toutes les vapeurs et emanations; 5deg; exploitation surveillee; voitures de transport bien construites, ne laissant echapper aucun liquide, couveiles, zinguees, etamees ou peintes, lavees souvent et inodores; disinfection du closet des voitures; transports rapides ctequarrissage rapide; eaux sales ecoulees seulement dans la nuit; sortie des ouvriers avec une tenue propre et decente; registre d'entrees impose h I'equarrisseur; declaration h exiger pour tons les cas de maladies contagieuses; visites frequentes par la police et par un veterinaire, etc.
Malheureusement la plupart de ces conditions ne sont pas rea-lisees et les autorites font trop peu de cas de rimportance qui s'attache pourtant ä leur execution.
Un clos d'equarrissuge, bien agence pour une complete exploi­tation industrielle, coinprend des dependances plus ou moins nombreuses, savoir : un abattoir, des etables, des hangars, des magasins, des bassins, des reservoirs, un clos d'enfouissageetdes annexes oü Ton travaille les peaux (tanneries, sechoirs, etc.), oil Ton prepare des produits industriels ou agricoles (fours, chau­dieres) avec les divers debris des cadavres.
Les cadavres de nos divers animaux domestiques, travail les ä I'equarrissage, peuvent produire une valeur de 30 ä 100 francs quand il s'agit du cheval, de 60 h 100 francs quand :1 s'agit d'un grand ruminant, de 15 ä 30 francs quand il s'agit de l'ane et du mulct, de 5 ä 10 francs quand il s'agit de petits ruminants.
Les clos d'equarrissage rendraient les plus grands services ä I'hygiene publique et h la police sanitaire, s'ils etaient bien tenus et bien surveilles. Pour en obtenir tousles avantages qu'onest en droit d'attendiquot;e,il laut exiger la tenue d'un registre des entrees, sur lequel seront consignes tons les renseignements pouvant met-tre l'autorite et leveterinaire sur la voie d'une maladie contagieuse, d'une epizootie qui n'a pas ete declaree. II faudrait soumettre ces etablissements aux inspections journalieres de la police et d'un
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veterinaire sanitaire; il faudrait faire conduire ou transporter, avec les precautions necessaires, les cadavros et les aniinaux alteintsde maladies contagieusesincurables; il faudrait assister ii l'abattase et verilier si les cadavres out ete eufouis ou denatures.
DKSINFECTION
La disinfection est une mesure de police sanitaire, qui consiste ii purifier lesobjets solides ou liquides et Tatinosphere infectes ou souilles de matieres virulentes; eile consiste ä detruire la puis­sance contagieuse des matieres qui sont deposees sur les corps solides ou qui sont melangees aux liquides ou qui se tiouvent en suspension dans I'air. Le mot desinfection est ici un peu detourne de son sens ordinaire, il signifie en etfet plus qu'une simple subs­titution d'une odeur agreable h une mauvaise odeur, il signifie purification des objets souilles de contages, il signifie destruction des virus. Le but de la disinfection est done, en detruisant les cordages deposes sur les corps solides, melanges ä I'eau ou en suspension dans I'air, de prevenir ainsi la propagation des mala­dies contagieuses, que les objets souilles pourraient transmettre aux animaux qui viendraient a avoir leur contact, ou qui les inge-reraient ou qui les inhaleraient.
G'est lä une mesure tres importante; jointe ii la sequestration, eile permet de parer ä presque tons les dangers resultant des ma­ladies contagieuses. Les mesures de police sanitaire pourraient done, ä la rigueur, etre reduites a la sequestration et ä la desinfec-tion; mais pourtant, mylgre leur importance majeure, force est bicn d'en employer souvent d'autres.
La pratique de la disinfection doit etre basee sur les proprietes des cordages, sur leur degre de resistance aux causes destructi­ves. Pourrappliquerfructueusement, il faut connaltre les proprie­tes des virus, leurs vehicules, savoir que tel virus existe dans lei liquide, sur tel solide, dans I'air; en un mot il faut etendre la puri­fication ii tons les objets soupconnes de contenir la matiere viru­lente. 11 faut aussi baser la disinfection sur les donnees do I'liy-giene, de la pathologic, de la physique et de la chimie :• sur I'hygiene, car les moyens employes sont parfois tires des agents hygieniques; sur la pathologic, car il est indispensable de con­naltre tous les contages en particulier pour appliquer cnnvenable-ment, suivant les cas, la purification aux objets souilles ; sur la
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physique et la chimie, pui^iue la plupart des moyens employes sont tires de la physique et de la chimie.
Gette mesure est indiquee toutes les fois qu'il y a eu maladie contagieuse, parasitaire ou virulente ; eile doit etre pratiquee apres la guerison de la maladie (gale, clavelee, etc.) ou apres I'abattage, iqrsque la maladie a necessite l'application de cette derniere mesure. En regie generate, eile doit done toujours etre faite lorsqu'il y a eu maladie contagieuse. Elle est edictee par plu-sieurs documents, par I'article 6 de l'arret du 16 juillet 1784, par les lois de 1790 et de 1791 et par le nouveau projet de loi; eile est prescrite par loutes les legislations sanitaires etrangeres.
La desinfeclion doit porter sur tous les objets solides, liquides, sur l'atmosphere, qui ont ete souilles de matteres virulentes; ainsi eile portei'a sur les locaux, les habitations, sur les charrettes, les voitures, les wagons de chemins de fer, sur les objets et les ustensiles de pansage et de travail, sur les harnais, les couver-tures, sur tous les objets souilles, sur les fourrages, les bois-sons, les litieres, sur le furnier, le purin, sur les cadavres et les debris cadaveriques, sur les animaux vivants, sur les personnes, sur l'air, sur les päturages, les chemins, les abreuvoirs, etc.
Desinfectants. — On peut proceder ä la desinfection, ä la destruction des contages, en detruisantpar le feu ou par im moyen chimique los objets sur lesquels ils sont deposes; mais ordinaire-meht, lors ineme que ce mode de purification est possible, on lui prefere un mode moins radical, qui consiste ä purifier les objels souilles saus les detruire, qui consiste ä detruire seulement les jnatieres virulentes dont ils sont souilles, en employant certains agents physiques ou chimiques. II faut alors bien entendu que les agents mis h prolit soient employes ä dose süffisante et pen­dant un temps suffisamment long pour detruire sürement les matteres virulentes; sans cette precaution, la desinfection serait un leurre.
Les desinfectants physiques ou chimiques, employes en police sanitaire, sont des agents qui se comportent comme parasiticides, comme antivirulents, comme antimiasmatiques, comme antiputri-des; ils agissent de diflerentes farons, les uns agissent sur les matteres virulentes en lesdessechaat, en lesdeshydratant, d'autres en les coagulant, d'autres en les pxydant, d'autres en les decom-posant, etc.
L'air peut etre utilise frequemment comme moyen de desinfec-
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tion. Ainsi lorsqu'une habitation a ete occupee par des animaux malades, qui en ont infecte les murs, les mangeoires, les objets di­vers, les solides, les liquides, Tatmosphere, on pent employer I'air exterieur pour aider a la desinfection, en operant I'aeration, la ventilation, le serenage, en ouvrant largement portes et fenetres, en etablissant des courants d'air. L'air exterieur, se melant avec l'air Interieur, disseminera les germes virulents, qui seront entrai-nes et dilues ä l'exces dans l'atmosphere, oü ils cesseront d'etre dangereux grace ii leur dissemination meme. L'air agit aussi en facilitant l'oxydation des matieres virulentes et en accelerant l£ur dessiccation. Or la dessiccation est un moyen de desiiifection puis­sant, car les matieres virulentes dessechees rapidement perdent en general leurs pi-oprietes. L'aeration et la ventilation purlfient done non seulement l'atmosphere de l'habitation, inais encore les murs et autres objets souilles, en facilitant Toxydation des matieres virulentes ainsi que leur dessiccation et par suite leur destruction.
Le serenage, qui consiste dans Faction combinee de Fair et de la rosee sur les objets exposes convenablement, est un moyen com­mode et qui convient pour la desinfection des fourrages, des litie-res, des objets divers, des chemins, des päturages, etc. On pent done mettre ä profit, pendant plusieurs journees etplusieursnuits consecutives, les proprietes desinfectantes de Fair et de la rosee.
L'agent physique le plus important pour operer la desinfection est le calorique, dont Faction pent etre absolument efficace toutes les fois que la temperature sera portee k un degre süffisant. Le froid modere et meme le frold intense ne semblent pas agir tou-jours defavorablement sur les matieres virulentes et les con-tages en general; nous savons en effet que bon nombre de conta-ges resistent a de tres basses temperatures et que certains d'entro eux se conservent beaucoup mieux par une temperature froide que par une temperature chaude. La chaleur moderee (40deg; ä 50quot;) ne rend pas non plus de grands services, car beaucoup de ma­tieres virulentes resistent ii cette temperature. II n'en est pas de meme d'une temperature plus elevee, de la temperature de 70deg;, 80quot;, 90deg;, 100deg;, de l'eau bouillante et de la vapeur d'eau. La temperature de Febullition detruit en general les matieres viru­lentes, sauf les corpuscules-germes, qui resistent k 130quot;. L'eau bouillante est le moyen le plus commode, un des plus sftrs et le moins codteux. La vapeur d'eau surchauffee est d'une grande effi-cacite, eile est tres commode k employer pour desinfecter les soli­des et meme Fair. Ge moyen sera tres bien indique, lorsque, a
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190nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1'üLICE SANITAIHE
proximite des habitations ou des objets souilles, se trouvera une machine ii vapeur. On l'appliqueru surtout pour desint'ecter les wagons de chemins de fer, qu'ii taudra ppurtant faire nettoyei-pi'eaiableinent; car la inatiere virulente pouirait exister en cou-clies superposees que la vapeur d'eau ne penetrerait pas.
En resume, la chaleur devra eti'e employee quand il sera possi­ble de soumettre les objets infectes ii l'action de l'eau bouillante, de la vapeur d'eau, h 1'ebullition, ä la coction ou ä la fusion. Ainsi le meilleur moyende desinfecter une chair quelconque con-tenant un contage, esl de la soumettre h une ebullition prolongce, ä la coction ; pour desinfecter les graisses, on les soumet h la fu­sion. De cette facon la purification est complete. Pour les objets ne craignant pas le feu, on les passera ii la flamme, cur le flam-bage ainsi opere est un tres puissant moyen de disinfection. Lors-que les objets auront une valeur minime et que les matieres viru­lentes seront tres contagieuses, comnie cedes du typhus, ilfaudra parfois en operer la combustion. Quaml le flanibagen'est pas pos­sible (cuirs), on sournettra les objets souilles ä des lavages avec l'eau bouillante additionnee de substances chimiques ou ä une im­mersion dans une solution desinfectunte.
Parmi les agents physiques qui favorisent les combinaisons chi­miques et hätent la destruction des contages, on pent encore citer la lumiere et l'electricite.
La chimie fournit de nombreux agents disinfectants, dont quel-ques-uns sont tres irnportants. Parmi ces agents, nous trouvons d'abord l'eau et surtout l'eau bouillante et la vapeur d'eau. L'eau froide est employee souvent, eile agit mecaniqueinent en lavant les objets, en entrainant les matieres virulentes dont ils etaient cbarges; eile pent ainsi contribuer puissamment h la disinfection, surtout si on pent l'ecouler et la perdre profondement dans le sol; mais ilnefaudra jamais compter trop surce moyen, car il ne sera pas toujours possible d'ecouler conveuablement les eaux de lavage, et parce que d'ailleurs des lavages, meme repetes avec l'eau froide, peuvent ne pas entrainer toute la substance virulente, qu'il faudra done detruire par un autre moyen, surtout quand il s'agira de matieres virulentes plus oil moins dessechees et adhe-rentes aux objets. L'eau bouillante et la vapeur d'eau out, ainsi qu'il a ete dit, des effets incontestables ; elles constituent une des plus precieuses ressources qui soient ii la disposition du veteri-naire, et leur puissance desinfectante devra toujours etre accrue par I'addition d'autres agents chimiques, tels que : carbonates al-calins, acide phenique, chlorure de chaux, etc.
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L'oxygene ä l'etat naissant et l'ozoue agissent coinn;e oxydants tres energiques et favorisent singulierement la destruction des virus. I! est tres difficile d'avoir Foxygene ii l'etat naissant en as-sez grande abundance; on peut employer aeanmoins certains moyens qui facilitent sa production. Ainsi i'essence de tereben-tliine, en s'evaporant en vase ouvert, tavorise la production decet agent, et ce inoyen peut etre utilise. Dans les quatre coins de l'ha-bitation ä desinfecter, on peut placer des vases contenant de l'es-sence de terebenthine, quiagiracommeun desiiü'ectantderatinos-phere de l'habitation et des objets divers; inais c'est Ki plutot. un moyen preventif ä utiliser lorsqu'il s'agit des'opposerärextension d'une maladie qui regne.
On peut employer le charbon de bois, le coke, le noir animal. Cos charbons empechent la putrefaction, la fermentation putride des solutions organiques; ainsi on conserve pendant I'ete, au moyen du charbon de bois, des bouillons de viande pendant un certain temps. Ils pourraient etre employes pour purifier les ma-tieres virulentes liquides, mais il taut, preferer Febullition, qui est un moyen beaucoup plus stir. On peut cependant employer le charbon allume, le charbon incandescent pour purifier I'atmo-sphere d'une habitation.
Le chlore et ses composes, les chlorures et les hypochlorites al-calins ont joui pendant longtemps et jouissentencored'une grande reputation comme disinfectants en veterinaire et en medecine humaine. Ces corps sont en eftet des agents purificateurs et Ton s'en est servi depuis longtemps dejii pour detruire les matieres vi­rulentes, pour empecher la propagation des epidemics et des epi­zootics. Lorsqu'on veut employer le chlore pour desinfecter les habitations, certains objets et l'air, on I'obtient en traitant par I'acide sulfurique un melange de sei marin et de bioxyde de man-ganöse, ou en chauffant un melange de bioxyde de manganese et d'aeide chlorhydrique, ou en traitant par un aeide fort le chlorurc de chaux. On calfeutre l'habitation, on ferme portes et fenetres; et on degage legaz chlore dans l'habitation ainsi preparee et preala-blement bien nettoyee et humectee. Le gaz degage se melange h l'air de Thabitation et se met en rapport avec les objets divers. L'operation sera prolongee plusieurs heures et le chlore degage en assez grande abondance; car sans ces conditions il n'agirait pas effleacement. Les fumigations de chlore sont indiquees quand il s'agit de desinfecter des habitations, quand il s'agit de desinfec-ter certains objets qui y sont enfermes et leur atmosphere; on
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pent les employer (Tailleurs pour purifier tous lös objetw qu'üii peut deplacer; enfin on peut preparer des solutions de chlore et les utiliser dans tous les cas oü des lavages (desinfection des objets solides) sont indiques. Pour desinfecter une habitation avee le chlore, ilfaudra, avons-nous dejti dit, la faire nettoyer et la faire aerer, puis on exigera des lavages desinfectants, apres quoi on fera fenner les portes et les fenetres et Ton degagera du gaz pen­dant cinq ou six lieures. L'habitation sera laissee fermee ainsi pen­dant vingt-quatre heures et on fera operer en dernier lieu une aeration et une ventilation completes.
Le chlore a-t-il une efflcacite reelle? Annihile-t-il les virus? A ce sujet les opinions sont partagees depuis assez longtemps. Des medecins et des veterinaires ont remarque que dans certaines cir-consti.nces ils n'avaient pas, par I'emploi du chlore, empeche la propagation des epidemics et des epizootics. Vicqd'Azir avait cons­tate qu'il nedetruitpas le virus typhique;Grognier, Jessen,Verhe-yen, Renault ont proclame aussi son impuissance. Renault etudia l'action de ce gaz sur certaines matieres virulentes etil reconnut que cedes de la morve, traitees par le chlore, ne perdaient pas leur propriete virulente, qu'elles donnaient encore la morve au cheval. II constata en outre que le chlore ne detruisait pas les proprietes des virus claveleux, charbonneux, ni les proprietes contagieu.ses des matieres provenant des oiseaux atteints de cholera. Malgre les experiences de Renault, on a continue ii employer le chlore de pre­ference ä tout autre desinfectant, car on n'avait pas decouvert un agent antivirulent sftr. Une teile persistance de l'opinion meritait d'etre prise en consideration. Le gaz chlore et Teau chloree ont ete de nouveau soumis ä l'experience; Baxter les a fait agir sur lo virus vaccin (cela avait dejii ete fait par Bousquet), et les resultats obtenus sont les suivants : le chlore ne detruit par les proprietes du vaccin et l'eau chloree non plus ; mais si on emploie ce gaz ou sa dissolution en tres grande quantite, on obtient alors une action efficace. Le chlore n'a done pas la puissance qu'on lui avait attri-buee. Une experiencej falte h l'ecole de Toulouse en 1879 par M. Peuch, semble en contradiction avec les resultats prccites; mais cette contradiction n'est qu'apparente, car, comme Baxter, M. Peuch a fait agir une grande quantite de chlore sur une petite quantite de virus.
En resume, si le gaz chlore doit etre considere comme un disin­fectant, il faut ne jamais ouBlier qu'il doit etre employe ä forte dose; il agit en s'emparant de l'hydrogene et en provoquant des
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decompositions et des combinaisons nouvelles. Les chlorures et les hypochlorites alcalins sont aussi des desinfectants; ils peuvent etre employes et l'ün utilise souvent le chlorure de chaux, mais de meine que pour le chlore il ne taut pas manquer de les employer a assez fortes doses, c'est-a-dire en solutions assez concentrees, et surtout en dissolution dans I'eau bouillante.
Le soufre et certains de ses composes sont d'excellents agents desinfectants. Le soufre est le principal disinfectant des gales; le traitement d'un animal gaieux est en effet une veritable desinfection, Le soufre h I'etat de corps simple n'est pas employe pourdesinfec-ter les objets souiiles de matieres virulentes ou infectieuses; mais on einploie quelquefois, et on devrait utiliser, le plus souvent possible, I'acide sulfureux, qui s'obtient enfaisant briiler du soufre h I'air.
L'acide sulfureux jouit d'une action antifermentescible incon­testable; le vigneron I'emploie pour empecher la fermentation de son vin; il tue les germes et empeche les fermentations. Or, les maladies contagieuses nous apparaissant presque toutes comme autant de fermentations (septicemie, charbon, etc.), l'acide sul­fureux retrouve done bien ici son application. Ge gaz peut rem-placer tres avantageusement le chlore, il est facile ä obtenir, tres peu coüteux et surtout plus efficace et moins dangereux. On ne saurait trop accorder la preference ä cet agent.
Les experiences de Baxter sur le vaccin et l'acide sulfureux ont demontre que ce gaz a une puissance d'action superieure ii celle du chlore.
Get agent a ete conseille en 4877 par M. Lafosse dans le trai­tement des maladies contagieuses et aussi comme desinfectant.
D'apres Melhausen et d'apres mes experiences, l'acide sulfureux est le meilleur desinfectant gazeux; on peut egalement I'employer en dissolution. II est tres efficace, il est d'un emploi facile, et il ne coüte pas eher. II sufflt de 20 grammes de soufre par metre cube el'espace clos pour detruire les microbes dans des locaux soumis pendant quelques heures aux fumigations sulfureuses. On feme portes et fenetres, on humecte le sol et les murs afin d'accroitre l'absorption de l'acide sulfureux; on brüle du soufre, et la desin­fection est süffisante au bout de huit heures.
On a preconise aussi les hyposulfites alcalins.
Certains acides (acide sulfurique, acide azotique, acide chlor-hydrique, acide acetique, acide arsönieux, acide arsenique) ont amp;tamp; conseilles.
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L'acide sulfurique est tres difficile k maniei'; 11 est peu employe. On pourrait l'ütilise'r lorsqu'il s'agit de desinfecter le purin qu'on ne peut pas ecouler dans le sol; il pourrait aussi etre employe en dissolution, sous forme de lavages, pourpurifier les objets en bois, en pierre, etc.
L'acide nitrique est tres peu employe, 11 est plus eher; on pourrait utiliser les vapours nitreuses, mais elles sont trop dange-rcuses.
L'acide chlorhydrique peut remplir les memes indications que l'acide sulfurique.
L'acide acetique a ete preconise sous forme de fumigations, tou-tcfois son efflcacite n'est pas demontree.
L'acide arsenieux et l'acide arsenique pourraient peut-etre ren-dre des services dans la desinfection. D'apres mes experiences, l'acide arsenique est le plus puissant antivirulcnt; il est beaucoup plus energique que l'acide phenique et les autres agents pre-conises.
Parmi les desinfectants, que la chimle fournit, les pyrogenes sont sans contredit des plus importants.
Depuis quelque temps, les deux medecines sont d'accord pour proclamer l'efflcacite de l'acide phenique comme agent antisep-tique; et son action antivirulente, acceptee et demontree dejä depuis quelque temps, I'a ete encore par les experiences de Baxter et par celles de MM. Gosselin et Bergeron, qui nous le montrent bien superieur comme desinfectant au chlore et h l'acide sulfureux meme.
L'acide phenique est done le desinfectant usuel par excellence; il faut en dire autant des phenates. Gesagents peuvent etre utilises tels qu'on les trouve (non purifies) dans le commerce. Ils ne cod-tent pas bien eher; ils peuvent etre employes en lavages, en bains, en fumigations pour desinfecter les corps solides, les corps liquides et meme l'air; ils conviennent dans tous les cas. Une solution d'acide phenique au centieme est süffisante, mais on peut et on doit depasser ce chiffre, surtout avec le phenate de soude, qui est plus soluble. La desinfection sera done faite par des lava­ges ä l'eau bouillante tenant en dissolution de l'acide phenique ou du phenate de soude, ou avec des fumigations pheniquees, obte-nues en chauffant et vaporisant une solution, ou en röpandant de l'acide phenique sur une vaste^surface pour obtenir une evapo­ration plus abondante. II faudra d'abord faire nettoyer et ventiler le local h desinfecter, puis ordonner des lavages repßtes avec une
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solution bouillante d'acide phenique; on pourra ensuite prescrire de brmer du soufre dans le local, aprös avoir calfeutrö les portes et les fenetres.
L'acide salicylique est un aiitiferment excellent; il serait peut-ctrc preferable ä l'acide phenique, sa puissance de desinfection paraissant superieure, mais 11 coüte trop eher.
Le goudron de bois, le goudron de houille, l'huile de cade, l'essence de terebenthine peuvent aussi etrc employes quel-quefois.
On a conseille l'einploi de certains caustiques (potasse, soude, sels de mercure, etc.), mais leur prix est trop eleve.
Le tannin et les matieres tanniques sont indiques quand il s'agit de desintecter des peaux.
L'ammoniaque, en solution ou en vapeurs, est utile et pent etre employe, mais on lui substitue ordinairement l'acide phenique.
On einploie souvent certains sels alcalins, le carbonate do po­tasse, le carbonate de soude, le sulfate de chaux; le carbonate do soude est le plus usite, on I'emploie en dissolution dans l'eau bouillante pour les lavages, on peut substituer ii cctto solution unc lessive de cendres bouillante.
II sera bon de proceder de la facon suivante pour operer une desinfection : faire nettoyer et ventiler l'habitation; faire executor un premier lavage avec une lessive ou une solution de carbonate de soude bouillante (une grande quantite de virus sera ainsl en-trainee ou annihilee); ensuite pratiquer des lavages h l'acide phe­nique et enfin des fumigations d'acide sulfureux.
Les sels de cuivre et de fer (sulfates) ont ete conseilles; le sul­fate de cuivre a ete employe, en solution concentree, pour desin-fecter les purins et les fumiers, ainsi que le sulfate de fer, qui est moins eher.
Pour les litieres et les fourrages, on pourra mettre ä profit le serenage ou l'acide sulfureux.
La chaux et ses differents sels peuvent etre utilises. Nous savons qu'un arret de police sanitaire prescrit de repandre de la chaux sur chaquecadavre, et, lorsqu'il sera possible de le faire, on pourra exiger, pour les objets desinfectes (murs, mangeoires, etc.), un badigeonnage ou le blanchiment avec un lait de chaux.
Dans le temps, on avait fonde de grandes esperances sur le permanganate de potasse, qui, d'apres Baxter, est un agent peu actif, qui n'est antivirulcnt qu'ä assez forte dose.
Le borate de soude (employe dans le traitement des maladies
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coutagieuses) peut etre un desinfectant important, et laquo; sou sujet il y a lieu de faire des recherches.
Le phosphate de chaux peut etre utile, de meine que l'acide arsenique; un melange de ces deux agents paralt excellent.
On a aussi conseille, pour desinfecter I'air, les fumigations fai-tes avec les bales de genievre et les plautes odoriferantes; mais ces fumigations, qui out une valeur desinfectante au sens vulgairo du mot, ne sont pas efftcaces au point de vuc auquel nous sommes places.
Agents pr6f6rables. — 11 faut employer de preference certains inoyens: I'air, pour obtenir la ventilation, le dessiccatiou ou le serenage; le feu, la chaleur, la coction, la fusion, le flam-bage, la combustion, I'eau bouillante, la vapeur d'eau, les solutions bouillantes pheniquees ou phenatees, chlorurees, alcalines, les fumigations chlorees, sulfureuses ou pheniquees, la chaux vive, le lait de chaux, les pyrogenes, l'acide phenique, le phenate de soude, le sulfate de fer.
La desinfection peut etre pratiquee d'apres divers precedes, qui sont les suivants : aeration, ventilation, dessiccatiou, serenage, lavages, grattages, badigconnages, llarnbages, fumigations. II faut done ventiler, exposer les objets ä Tactiou de I'air exterieur, faire nettoyer 1'habitation, exiger des grattages si les matieres viru­lentes sont incrustees, faire laver ä plusieurs reprises, faire badi-geonner avec un lait de chaux, avec l'essence de terebenthine, avec le chlorurc de chaux, etc.; passer au feu les pelles, les fourches; enfin faire des fumigations dans le local pour completer la desinfection.
PRATIQUE DE LA DESINFECTION
Habitations. — Comment iaut-il proceder pour desinfecter une habitation dans laquelle out sejourne des animaux atteints de maladie contagieuse'? On peut distinguer un grand nombre de cas suivant la nature des maladies. Ainsi dans les cas de morve il n'est pas necessaire de pratiquer une desinfection aussi etendue et aussi ininutieuse que dans le cas de typhus. L'application de cette mesure varie done en etendue suivant le degre tie contagio-site de la maladie; mais ici nous envisagerons la pratique de la desinfection coinme s'il s'agissait du cas oü il y a le plus ä faire. La desinfection doit porter sur le sol, les murs. les portes, les
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fcnetres, les plafonds, les creches, les mangeoires et les diverses boiseries qui sont dans I'habitation, sur I'at.mosphere, sur les fourrages, sur les fuiniers et en general sur tous les ustensiles, quels qu'en soient Fusage et la destination. II ne sera pas toujours necessaire de desinfecter tant d'objets; nous verrons h propos de chaque maladie ceux qui doivent etre desinfectes. II faudra faire nettoyer rhabitation et tous les objets susceptibles de l'etre, faire sortir les fuiniers, gratter les murs, les creches, les man­geoires, les fenetres, les portes, etc. Apres ce nettoyage, on fera un ou plusieurs luvages k I'eau froide d'abord, puis h I'eau bouillante, et on emploiera de preference des dissolutions bouil-lantes d'une nuitiere dosinfectante, d'acide phenique, de chlorure de chaux, de carbonate de soude, etc. On fera raboter les objets en bois, susceptibles d'etre rabotes. II faudra dans quelques ct.s, apres les lavages, demander le recrepissage des murs, surtout lursqu'ils presenteront des fetites oil ii pourrait rester de la ma-tiere virulente. Dans les das les plus graves, il faudra faire net­toyer, avec un soin particulier, le sol, surtout s'il est en terre ou en bois, et meme lorsqu'il est en dalles ou en cailloux; alors on pourra demander le repavage complet. On pourra prescrire aussi le goudronnage, c'est-k-dire le badigeonnage avec le goudron mineral on vegetal, ou Fhuile de cade, des divers objets salis, ou bien lour blaiichiment avec une solution concentree de chlornro de chaux ou avec mi iai( decluiux. Pour desinfecter ralmosphere, il faudra ordonner d'abord la ventilation, puis faire fernier les portes et les fenetres et faire degager dans le local des vapeurs de chlore, d'acide snlfureux on d'acide plienique. Certains objets pourront etre exposes ä Fair exterieur, etre soumis ;i la dessicca-tion et au serenage, tels sont les fourrages, les litieres et les usten­siles divers. Le flainbage, qnand il sera possible sans deterioration, devra etre employe connne un inoyen tres snr; et les objets de peu do valeur ou difficiles h desinfecter seront livres ä la com­bustion. Entre toutes ces indications assez complexes, il y aura un choixii faire pour chaque maladie.
Objets qui ont 6te en contact avec les malades. — Ce qui a ete dit pour les babitations s'applique ii beaucoup d'objets, notaminent h ceux renfennes dans I'bahitalion. Mais il est bon de signaler quelqucs objets sur lesquels la desinfection doit toujours porter: ce sont les liarnais, les couvertures et les objets de pansage. Les liarnais et les couvertures seront traites de differentes inanieres, mais toujours de facon a detruire complete-
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ment les matieres virulentes qu'ils peuvent porter. On devra les soumettre ä une temperature elevee, ce qui sera tres facile si on se trouve ä proximite d'unfour, qu'onchauffera.jusqu'ä70oou80o, et dans lequel on pourra placer eusuite les objets h desinfecter. Ce procede est aussi applicable h certains harnais ; quelques-uns meine pourront etre soumis au flambage. On peut aussi enibuir ces objets dans le sol et recpmmander au proprietaire de les y laisser un certain temps; mais ces deux moyens, la chaleur et l'enfouissage, ne sont pas habituellement employes, et le flambage, pour la plupart des harnais et des couvertures, n'est pas pratica-ble. Pour celles-cl, suivant qu'elles sont en laine ou en coton, il faudra recourir ä des lavages avec des solutions bouillantes phe-niquees ou chlorurees, ou ä des solutions bouillantes de sels alcalins; si les harnais et couvertures sont de peu de valeur, il ne taut pas hesiter h les detruire; cependant la destruction n'est employee qu'exceptionnellement. Lorsqu'il s'agit de harnais en cuir, on peut les soumettre ä l'action de l'eau bouillante et si ce procede n'etait pas praticable, on pourrait, de meine que pour les couvertures, employer les fumigations ii I'acide sulfurcux ; pour ce, on les enfermerait pendant quelques heures dans un local oil on ferait brider du soufre. Ajoutons ii ces divers moyens la des-siccation; il suffirait en effet, dans la plupart des cas, de laisser les harnais et les couvertures exposes ä l'air, surtout ä l'air chaud pendant quelque temps.
Vehicules, wagons, charrettes, bätiments de transports. — La desinfection des wagons a ete prescrite ces dernieres annees aux cornpagnies de chemins de fer par un arrete ministeriel, eile est aussi prescrite par le nouveau projet de loi. L'arrete ministeriel present aux cornpagnies de desinfecter les wagons qui servent au transport des animaux, toutes les fois quc les veterinaires inspecteurs ou les prefets en feront la requisition; et il leur pennet de percevoir des proprietaires une somme de trois francs pour chaque wagon k desinfecter. Get arrete ne donnc pas satisfaction a. tons les desiderata formules sur cette question ; en effet, dire que la desinfection sera obligatoire toutes les fois que les veterinaires inspecteurs ou les prefets en feront la requi­sition, equivaut a ne rien dire du tout, car ceux-ci residant au chef-lieu ne peuvent savoir si la mesure est necessaire pour des wagons se trouvant loin de lä, et memo ils ne sont pas renseignes ordinaireraent, attendu qu'il n'ylt;a pas de veterinaires sanitaires dans toutes les localites oü sont des gares importantes. II vaut
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done mieux s'en tenir h I'ancienne legislation, qui permet h I'au-torite de prendre les mesures necessaires pour arreter la propa­gation des maladies contagieuses, car au nombre de ces mesures estladesinfection, qui doit s'appliquerätous les objets quels qu'ils soient, qui out ete souilles, par consequent aux wagons, vehicules, charrettes, etc. L'arrete n'etait done pas necessaireet aujeurd'hui il ne faut pas en tenir coinpte. Le veterinaire doit deinander la desinfection quand il la juge necessaire, et il ne doit pas faire intervenir le prefef, car cela entrainerait des longueurs plus ou inoins prejudioables. 11 eut ete mieux d'imposer aux compagnies I'obligation d'appliquer la desinfection a tons les wagons quf ont servi au transport d'animaux, commecelase pratique ä I'etranger, comme celji se pratique en Belgique. La desinfection des wagons est d'une application facile, surtout dans les grandes gares, oü se trouvent tons les moyens necessaires pour I'executer. Voici com­ment il faut proceder h la desinfection des vehicules : quand il s'agira de wagons, eile ne pourra pas etre pratiquee dans toutes les gares, car il en est qui n'ont ni le materiel ni les hommes neces­saires. II y a done lieu, quand on juge qu'un wagon est ä desin-fecter, et qu'on ne peut pi'atiquer I'operation dans la gare oü Ton se trouve, d'y faire apposer une carte portant l'indication laquo; desin-fecter ä teile gare; ce wagon devra etre fei'rae jusqu'ä la gare indiquee, oil il sera desinfecte aussitot qu'il y aura etc amene; il va sans dire que dans ce cas on ne doit pas appliquor la mesure seulement au vehicuie, il faut encore I'etendre a tous les objets qui ont servi aux auimaux contamines, telsque: seaux, pelles, moyens d'attache divers, etc. L'obligation de desinfecter incombe ä la coinpagnie ; e'est I'autorite qui la present et au besoin, eile la fait dirigeiquot; par un veterinaire. 11 y a done lieu de connaitre quel doit etre dans ce cas le röle de ce dernier.
II fera nettoyer le wagon, il fera enlever les fumiers, les four-rages, les litieres qui s'y trouvent, et au besoin il les fera enfouir, ou desinfecter ou bniler. Apres ce premier nettoyage opere ä l'aide du balai, de la pelle et avec une dissolution de chloruredechaux, d'acide phenique ou de carbonate de soude, il fera projeter centre le plancher et toutes les parois du wagon des jets de vapeur, qui seront toujours faciles a obtenir dans les gares. Cela ne sera pas toujours süffisant et dans quelques cas, surtout s'il s'agit de wagons inatelasses, comme eeux qui servent pour le transport des chevaux, il sera bon d'exiger des fumigations desinfectantes. De plus 11 faudra faire desinfecter, comme il a ete dit, tous les usten-
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siles renfermes dans le wagon, tons les instruments et objets qui ont servi aux animaux. II faudra enfin appliquer quelquefois cette mesure aux quais et aux ponts d'embarquement et de de-barquement. La desinfection des ponts et des quais ne sera pas exigee dans les cas de morve par exemple, eile le sera dans les cas de typhus, de clavelee et pour quelques autres maladies ; alors on se servira d'eau bouillante, de vapeur d'eau et de solutions bouillantes d'acide phenique et de carbonate de soude. Nous savons que les l'rais sont ii la charge du proprietaire et que ces frais se montent h trois francs pour chaque wagon desinfecte; cette somme est trop elevee, celle d'un franc ou un franc cin-quante serait suftisante. Les vehicules divers, les charrettes, les bätiments de transport seront desinfectes d'apres les memes regies et par les monies procedes.
M. Sabourdy, pharmacien ä Paris, a propose dernierement un appareil de desinfection, qui permet de combiner l'emploi de la vapeur d'eau, porteeäune temperature superieure äl20o, avec un agent antivirulent, tel que I'acide phenique. L'appareil laquo; consiste essentiellement en un generateur ä vapeur auquel est adjoint un recipient destine ii melangerii la vapeur, en quantitedeterminee, raquo; l'agent antivirulent.
Atmosphere. — Pour la desinfection de Tatmosphere des habitations et des wagons, on emploie toujours les fumigations de chlore ou plus efficacement celles d'acide sulfureux et d'acide phenique. II laut empecher ces fumigations de passer au dehors, en calfeutrant toutes les issues.
Fourrages, litiöres, boissons, fumiers. — A propos des agents de la desinfection, nous avons dejä inclique h quels objets ils s'appliquent, et nous savons quels sont ceux qui con-viennent pour la desinfection des fourrages et litieres, etc. Quand les fourrages sont trop infectes, on en demande la combustion; si On veut les laisser utiliser, on pent 1 es faire consommer k des ani­maux non susceptibles de contracter la maladie. Ainsi les four­rages infectes de virus peripneumonique pourront etre donnes h des chevaux; si cela est impossible, on les fera desinfecter en les soumettant au s6r6nage, ä une aeration prolongee, ä la dessieca-tion ä l'air; cette derniere pratique est la plus souvent employee. Pour desinfecter une eau souillee dont on desire se servir, on aura recours ;i l'ebullition ou ä l'addition de solutions desinfec-tantes (acide phenique).
Pour desinfecter les fumiers, quot;bn peut proceder de differentes
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manieres: quanrt il s'agit du furnier d'une ecurie oü out sejourne des chevaux morveux, la desinfection est rarement necessaire; lorsque on fait nettoyer I'habitation, on fait mettre cesfumiers avec lesautres; mais s'il s'agit de maladies dont la matiere virulente peut etre conservee longtemps, pent etre i-ejetee an dehors avec les excrements, il y a lieu de desinfecter les fumiers, et suivant iiu'ils sont plus on moins frais, il y a lieu d'agir plus ou moins energiquement. Pour les fumiers anciens, la desinfection com­plete n'est pas necessaire, car ils sont pourris en partie, et la pu­trefaction a detruit ä peu pres completement les matieres viru­lentes; mais il faut desinfecter plus soigneusement les fumiers frais, ce qui se fait, soit en les melangeant avec de l'acide phe-nique brut ou avec du chlorure de chaux, soit, lorsqu'il s'agit de fumiers renfermes dans une habitation, en faisant degager dans celle-ci des vapeurs sulfureuses ou pheniquees, qui les irnpre-gnent; il faut preferer le premier moyen. Si les fumiers sont peu abondants, ilfaudra les faire brüler ou les faire enfouir, et dansce dernier cas, les laisser dans la terre pendant le temps necessaire ;i la destruction des germes ; ensuite on pourra les utiliser. Lors-qu'on pratique I'enfouissage, il faut veiHer h ce qu'aucune parcelle ne soit perdue dans les chemins, ne reste exposee h I'air/car, dans les cas de typhus par exemple, cela offrirait des dangers ; il faut done, apres le transport, faire ramasser tout ce qui est tombe du vehicule. Le purin qui peut contenir et conserver plus ou moins longtemps certains germes, sera ecoule dans le sol, et si cela n'est pas possible, on y melera de l'acide sulfurique ou une disso­lution de sulfate de cuivre ou de sulfate de fer.
Gadavres et debris, peaux, viandes, graisses, viscdres, os, cornes, ongles, laines, soies, crins, polls. — La desinfection des cadavres ne se fait pas de plusieurs manieres: H n'y a qu'un moyen, e'est I'enfoaissement pratique suivant toutes les regies prescrites. On pourra aussi livrer les cadavres ii I'equarrissage; ce procedö est meme le plus sur.
Pour les peaux, fraiches ou anciennes, si elles presentent des dangers, si elles peuvent encore contenir des matieres virulentes, il faudra en demander la desinfection, qui se fera de plusieurs manieres : on pourra les faire exposer a l'air libre et de preference ä l'air chaud, pour obtenir une dessiccation aussi prompte que possible ; on pourra aussi se contenter d'une bonne salaison, s'il s'agit de peaux fraiches; on pourra encore les faire trader pap des substances chimiques, on les fera plonger pendant quelques
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minutes dans un baia calcaire, dans un bain chlortne ou dans un bain phenique; on pouira encore les traiter cornme les couvertu-res et les hainais, c'est-ä-dire les placer dans un local calfeutre et y faire degager des fumigations de chlore, d'acide sulfureux ou d'acide phenique ; mais le meilleur procede est celui qui consiste a les livrer de suite a la tannerie.
Quand on croit qu'une viande renferme des germes (des tri-chines, des grelons [cysticerquesj ou des matieres virulentes), les moyens de desinfection employes sont la cuisson, la salaison et la fumaison. La cuisson prolongee est le moyen 1raquo; plus efficace, la fumaison et la salaison ne le sont qu'autant que la viande est en couche mince; et meine la cuisson, pour etre efficace, devra etre prolongee, et les fragments de viande ne seront pas trop epuis alin que la tempei-ature de l'ebullition puisse se i'epandre dans toutes les parties.
Pour la graisse il n'y a qu'un moyen, c'est la fusion. On pourrait encore soumetlre les blocs de graisse, que livrent les boucher.s ä l'industrie, ä des fumigations d'acide phenique ou d'acide sulfu­reux ; mais on prefere la fusion, d'autant plus qu'elle ne deteriore pas la marchandise.
Pour les visce.res(poumon, foie, rate, intestins) le meiUpur.moyen tie desinfection, celui qu'il faut ordinaireiuent demander, c'est renfouissement ou la livraison k requarrisage. On pi'occde dans ce cas commepour les cadavres enticrs (et la pratique est applicable aux maladies parasitaires coinine auxmaladies virulentes); cepen-dant on pent encore appliquer la salaison, uu la coction, ou la dessiccation a I'air libre.
La desinfection appliquee aux os est plus importante h connai-tre. Notre Industrie a tous les ans recours h I'etranger pour se procurer des os.; or il pent arriver que les pays oü nous nous approvisionnons soient infectes. Dans les cas de typhus on defend l'importation des debris; mais il peut arriver que dans d'autres circonstances cette importation soit autorisee, alors il faut parfois domander la desinfection. Du reste si celle-ci etuit faite avant l'importation en France, on ne pourrait refuser les produits desin-fectes. Pour desinfecter les os, on les soumet ä rebullitiou ou ä une carburation superlicielle, ou h la dessiccation, ou ä I'immei-sion dans un bain phenique.
Les polls, les crins, les laines, les comes, lesongles sont soumis ä la dessiccation ä I'air libre ou ä l'ebullition. Pour les cornes, on emploie aussi la carburation syperlicielle, ou la fumaison, ou la
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salaison, ou la phenication, c'est-ä-dire le traitement par I'acide phenique en väpeur ou en solution. Pour les poils, les laines et les crins, on einploie aussi ladessiccation en plein air et la chaleur, ou des lavages h I'eau bouiilante, ou lies fumigations pheniquees ou sulfureuses.
Animaux vivants, personnes. —II pent etre necessaire de souniettre certames personnes et certains animaux h la desin-fection. 11 est deinontre que des animaux, quoique n'etant pas malades, peuvent transporter dans leurtoison ouattacheesä leurs poils, h leurs crins, etc., des matieres virulentes, et ces animaux, conduits ailleurs que dans les pays oü ils se trouvent, peuvent propager la inaladie. Aussi dans ce cas, si on ne vcut pas s'oppo-ser ii leur deplacement, il faut les faire desinfecter, ce qui est difficile inais non impossible. On pent employer les fumigations d'acide sulfureux et d'acide phenique (qui ne sont pas ties dange-reuses) dans un local calfeutre oil on place les animaux.
Je dirai la meme chose pour les personnes : rarernent il est necessaire de desinfecter des animaux vivants et encore plus rarernent des personnes; cependant dans le cas de typhus il est tres prudent de le faire. On soumet les chaussures et les vete-ments ä la desinfection. Ainsi un veterinaire qui, apres avoir visite lt;les animaux typhiques, va dans une localite oü ne regne pas la inaladie, pent, quoique s'etant bien lave, etre dungereux par les germes qui se trouvent dans ses habits et sur ses chaussures im-pregnees de furnier ou de purin. On a observe des cas de trans­mission de la maiadie de cette facon. II suffira, pour eviter tout danger, de passer les chaussures dans une solution bouiilante d'acide phenique et les habits seront traites par les fumigations indiquees ci-dessus.
Abreuvoirs, chemins, päturages. — Les abreuvoirs, les chemins et les päturages peuvent etre infectes dans les cas de inorve, de clavelee, etc.; alors la desinfection n'exige pas une intervention veritablement active de la part du proprietaire; il sufflt en effet d'interdire pendant quelque temps les abreuvoirs, les chemins et les päturages, qui se puriiieront par Faction de Pair et de la rosee, par le serenage et la dessiccation.
Dans la pratique de la desinfection il y a des devoirs pour 1'au-torite, pour le proprietaire et pour le veterinaire.
Röle de l'autorite. — II se borne ä peu de chose, ä pres-crire ce que demande le veterinaire.
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Röle du v6t6rinaire. — II est plus important, c'est le veterinuire qui doit diriger la disinfection ; par consequent, ii doit t'aire pratiquer exacteinent et completement tout ce qui est relatif it. l'execution de cette niesure ; il doit done parfaitement connaitre tout ee qui a trait ii la desinfection.
Röle du propriötaire. — Le proprietaire doit se souinet-tre aux injunctions de l'autonte et suivre les conseils du veteri-naire. II doit aussi payer tous les frais, ce qui est un defaut dc notre legislation; car les depenses sont partois considerables, surtout quand on prescrit la destruction de divers objets, quand on ordonne des recrepissages, des repavages, etc. Je crois done que le legislateur aurait ete bien inspire, s'il avail fait supporter une partie de la depense au tresor public; dans d'autres pays la totalite des frais n'est pas pour le proprietaire.
S6questration ult6rieure. — La inaladie contagieuse etant eteinte et le local desinfecte, il n'est pas encore ternps de l'utiliser pour receyoir d'autres animaux. Un document de notre legislation exige que la desinfection soil, suivie d'une se(jues-tration de quelques jours. La duree de cette sequestration est fixee par le veterinaire, qui se base, pour cette determination, sur la nature de la inaladie. La sequestration, apres la desinfection, est-elle bien necessaire'? J'ai de la tendance ä croire ([u'elle no Test pas; aussi je n'hesiterais pas ii pörmettre l'introduetion d'animaux dans un local aussitot apres sa desinfection. Le mieux est, ä jnon avis, de bien surveiller celle-ciet de supprimer celle-lä.
INOCULATION
Je dois dire quelques mots de cette inesure, non edictee par la legislation sanitaire, mais que (pieltjues auteurs considerent comme legale. Ces auteurs disent : puisqu'une loi pennet ä l'au-torite de prendre les mesures qu'elle jugera utiles pour s'oppoaer a la propagation de la inaladie, eile lui pennet de prescrire I'ino-culation quand eile a pour but d'abreger la duree d'une epizootic; its raisonnent d'une maniere juste, ä leur point de vue. Mais tout le inonde n'est pas du meine avis. L'inoculation est la transmis­sion experimentale d'une inaladie contagieuse, d'un animal malade a un sujet sain. Ce n'est done pas une mesure qui s'oppose h la
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propagation de la roaladie, puisqu'elle Tetend au contraire. II est vrai que si son but direct, immediat, est de donner la maladie, son but eloigne est tout autre. Quand il s'agit d'un troupeau dans loquel la clavelöe a fait son apparition, il y a d'abord un certain noinbre de malades et si on ne prend pas de precautions, la ma­ladie passera successivement aux autres betes; eile pourra durer aih'si plusieurs mois, le troupeau sera done dangereux pendant tout ce temps pour les voisins ; done pour abreger la duree de ce danger, on n'aurait qu'ä inoculef tous les animaux pour les rendre tous simultanement malades, et ainsi la maladie au lieu de durer quatre on cinq mois ne durerait qu'un mois, on abregerait par cela la fluree du danger. G'est ce qui a fait dire que I'inocuia-tion, etant une mesure de precaution, devrait etre prescrite par I'autorite; mais la majorite des veterinaires, et je suis de ce noinbre, croient le contraire; on pent la conseiller, mais non I'imposer.
Cette mesure est basee sur I'immunite qui resulte d'une pre­miere attointe de la maladie, et sur ce principe generalement vrai, que la maladie inoculee est ordinairement moins grave que la maladie contractee naturellement; mais cela ne s'applique qu'ä un nombre restreint de maladies, aux maladies eruptives, h la pöripneumonie.
On salt que certaines maladies se preservent d'elles-memes. G'est ainsi que la clavelee par exemple, une fois gu6rie sur un mouton, ne s'y developpe pas generalement une seconde fois ; et de plus, il est au moins une maladie qui jouit de la propriete de preserver d'une autre maladie analogue mais non identique : le cowpox, le horsepox, preserve de la variole et reciproquement; ces maladies sent antagonistes. La pratique de l'inoculation es* done basee sur ces differents faits, mais il n'est guere que trois ou quatre maladies, qui peuvent etre inoculees avantageusement: ce sent la clavelee, la peripneumonie, la fifevre aphtheuse et peut-etre le typhus.
Quant au precede ä suivre, sa description est plutöt du domainei de la Chirurgie; toutefois disons que l'inoculation d'une maladie contagieuse, quelle qu'elle seit, peut etre effectuee de differentes manieres. Le plus souvent, on la pratique avec la lancette et par une simple piqüre tres superficielle ä la peau; on se borne ä faire une piqüre sous-epidermique, et autant que possible on evite I'he-morrhägie. G'est lä le precede le plushabituel. On peut aussi la pra-tiquer en adressant le virus, au moyen d'une seringue a injection,
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au tissu conjonctif sous-cutane ou dans rinterieuc d'un vaisseau sanguin ou lymphatique. Ges procedes ne sont pas usites dans la pratique. Quelquetbis on adresse le virus aux voies digestives; ainsi dans ie cas de lievre aphtheuse, on badigeonne lamuqueuse buccaie d'un sujet sain avec la have d'ua sujet malade. Pour la clavelee on pent aussi faire ingercr la matiere virulente. Mais le plus souvent on precede ä l'inoculation par piqiire avec la lancetto, avec une aiguille ou tout autre instrument piquant. On pent pre-voir que les voies auxquelles on pent adresser la matiere virulente varient suivant le precede d'inocuiation ; ordinairement e'est au tissu conjonctif qu'on I'adresse. Quels sont les lieux choisis pour pratiquer l'inoculation preservatrice'? En regie tres generale on choisit une region oil la peau est fine, denuee de polls autant que possible et enlin une region situee de teile facon que les compli­cations ne soient pas trop h redouter.
Ainsi pour la clavelee, on choisit la face interne de l'oreille oil rinflammation est peu ii craindre, ou bien la face infericurc de la queue, le plat des cuisses, le pourtour des organes genitaux; les deux premiers points sont generalement preferables.
G'est surtout pour la peripneuniünie contagieuse, qu'il y a lieu de cboisir une region eloignee des organes internes. Nous verrons plus tard, que quand on inocule le virusperipneuinoniquesurune region du tronc, seit k la base de l'encolure, soit a la face infe-rieure de la poitrine, il en resulte quelquetbis des accidents inilam-matoires ou gangreneux mortels; il en est de meme quand on opere ii la base de la queue. Mais si Ton choisit I'extremite cau-dale, il ne se developpe qu'une inflammation locale eloignee des organes internes et ne inenacant point leur fonctionnement.
Les effets de l'inoculation sont passagers ou durables. Les pre­miers consistent dans la production de lesions et le developpe-ment d'une maladie, qui est ordinairement localisee et benigne. L'effet durable est l'immunitö.
G'est le moment de nous demander qu'elle est la valeur de l'inoculation comme mesure de police sanitaire. On a exagere son importance; nous verrons plus tard, ä propos de certaines maladies, qu'on la conseillee a tort et ä travel's pour des cas oil eile doit etre proscrite. Je suis de ceux qui croient qu'elle ne doit pas flgurer dans une loi generale de police sanitaire, car eile n'est Jamals obsolument indispensable ä mon avis. Je sals bleu que je trouverai des contradicteurs pour la clavelee et la peripneumonie, mais je ne partagerai jamais oorapietement leur avis pour deux raisons.
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La maladie inoculee, quoique inoins grave que raftection natu­relle, n'en est pas inoins une maladie qui peut se transinettre; il n'est done pas necessaire de la donner ä des aiiiinaux qui ne Tont pas et qui ne l'auraient peut-etre pas contractee. En toute cir-constance il laut done pi-eferer h l'inoculation la separation des animaux sains d'avec les animaux malades, la sequestration par consequent. Je n'hesite pourtant pas ä faire des exceptions.
On pent conseiller I'luoculation de la clavelee dans quelques circonstances: quand la maladie sevit sur un troupeau et qu'on veut abreger sa duree ; alors on rend toutes les betes malades en meine temps pour les guerir toutes en meme temps. Mais c'est lä le seul cas oil je la trouve vraiment utile, quand il n'est pas pos­sible d'isoler les malades; nous verrons plus tard que dans certains pays on peut y recourir dans d'autres cas. .I'hesiterais davantage ä conseiller l'inoculation preventive de la peripneuinonie, car la maladie conferee peut etre grave, et de plus eile peut se trans-mettre lors meine qu'elle seinble guerie; pourtant il est encore des circonstances ou on peut la preconiser.
Dans le cas de fievre aphtheuse, la maladie n'etant pas grave, on peut, lorsqu'elle sevit sur un troupeau de boeufs et qu'il est impos­sible de separer les malades d'avec les sains, pratiquer I'inocula-tion pour ab reger la duree de l'affection.
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DEUXIEME PARTIE
HES MALADIES CONTAGIEUSES EN PARTICULIER ETUDIEES AU POINT DE VUE DE LA PATHOLOGIE ET DE LA POLICE SANITAIRE
CHAPITRE PREMIER
INFECTION PÜRULENTE
L'infection purulente etant une maladie due (Pasteur) ä Faction d'un vibrionien, qui vient du monde exterieur, et se greffant par-fois sur d'autres maladies contagieuses, il m'a paru utile d'en don-ner ici une description sommaire.
Definition. — Getteaffectionestcaracterisee par la formation de foyers purulents on abces metastatiques dans certains organes. Elle est determinöe par l'introduction du pus dans le sang et par la multiplication des elements actifs de ce produit; eile est due le plus souvent, sinon toujours, ä la penötrationd'un vibrionaerobie et anaerobic qui se trouve dans les eaux communes. A l'autopsie des malades qui ont succombe a cette affection, on rencontre tou­jours des foyers purulents metastatiques, c'est-ä-dire depetits ab­ces dans certains organes internes, dans les organes les plus vas-culaires notamment, dans le poumon, dans le foie, dans les reins, dans la rate et quelquefois meine dans le cerveau.
Ges abces sont le resultat de l'introduction du pus dans le tor­rent circulatoire. G'est qu'en effet les vaisseaux peuvent absorber le plasma du pus et avec lui des elements figures, tels que : granu­lations, microcoques, noyaux et fragments de cellules, qui sont en-suite dissemines par le sang, agissentdans les points, ou ilss'arrö-tent comme autant de corps irritants, et provoquent le developpe-ment de petites inflammations nodulaires et consecutivement la formation d'autant de foyers purulents dits metastatiques. Le pus
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engendre le pus ; aussi une fois absorbe, ce produit ne reste pas inactif, il determine la formation d'inflammations nodulaires plus ou moins nombreuses, qui se terminent par suppuration.
Le plus souvent I'infection purulente est due h I'introduction d'un vibrion qui existe dans les eaux communes, et qui penetre par une plaie quelconque ayant eu le contact de Fair ou des objets exterieurs. Mais quelquefois elie pent se produire sans qu'il y ait aucune plaie et sans qu'il y ait introduction du vibrion pyogene.
Quoiqu'il en soit de l'agent pyogene, la maladie nous apparalt en resume comma etant toujours le resultat du transfert d'une humeur morbide (pus), qui provoque dans les organes internes des inflammations disseminees se terminant rapidement par la suppu­ration, par la formation d'abces. Ces foyers sont bien dus a la re-sorption du pus, et on les appelle metastatiques h cause de la m6-tastase ou changement de siege de l'agent morbigene.
Synonymes. — On a donne k cette maladie les noms de pyemie, pyohemie, resorption purulente, metastase purulente, fie-vre purulente, metastase humorale ou emholique.
On I'a appelee pyemie et pyohemie k cause de la resorption et du melange du pus avec le sang, k cause de l'alteration du sang resultant de ce melange ou de Faction de celui-lä sur ce-lui-ci. On I'a appelee resorption purulente, parce qu'elle a son point de depart dans un accident purulent quelconque. On I'a ap­pelee metastase purulente, parce que le pus resorbe par les vais-seaux est transports dans les organes internes, oü il provoque des abces. On I'a appelee fievre purulente, parce que la fievreraccom-pagne ordinairement. On I'a appelee metastase humorale, parce qu'il y a en effet resorption d'une humeur morbide, et metastase embolique, parce qu'on a explique la formation des abces metas­tatiques par la formation d'embolies capillaires.
Associations. — Tres souvent I'infection purulente est ac-compagnee ou se complique de septicemie. G'esr, ce que montre l'observation clinique, et d'ailleurs il est facile d'obtenir, simulta-nement sur le meme animal, les deux affections en lui inoculant, comme I'a fait M. Pasteur, le vibrion pyogene et le vibrion septi-que. L'infection purulente produite k la suite de l'absorption du pus par une plaie du garrot, du pied, etc., pent etre simple d'abord et se compliquer ensuite d'infection septicemique, en determinant dans le poumon des phenomenes de mortification, qui seront le point de depart d'une putrefaction interne, si les parties mortifiees eprouvent le contact de I'aiK, Reciproquement Tinfection septi-
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INFECTION PURULENTEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 211
que, seule d'abord, peut se compliquer ä son tour d'infection pu-rulente; cela resulte de l'obsen'ation et de l'expei'ience. En effet, si on inocule les germes septiques, on produit la septicemie et les lesions qui y correspondent; si ensuite on inocule le vibrion pyogene, on obtient simultanement les deux affections, on greffe la seconde sur la premiere. On s'expliquefacilementleur production chez lememe sujet, carles deux germesne respirent pasle memo gaz; le vibrion pyogene est aerobic, il lui faut de Toxygene pour respirer; le vibrion septique est anaerobic, il respire de l'acide carbonique, II n'y a done rien d'etonnant que ces deux vibrions puissent vivre et se multiplier simultanement sur le memo indi-vidu.
I/infection purulente peut-elle coexister avec le charbon 1 Le vibrion charbonneux (bacteridie) est aerobic comme le germe de de l'infection purulente. Les deux germes semes sur le meme animal doivent done se contrarier, il doit y avoir lutte entre eax. Et si, en inoculant les deux bacteriens au meme individu, on peat aisement pbtenir un charbon purulent ou une infection purulente charbonneuse, il est vrai cependant (Pasteur) qu'on peut etouffer la bacteridie charbonneuse en lui associant une assez grande quantite de vibrions pyogenes. On peut done produire k volonte des infections purulentes simples, des infections purulentes sep­tiques et des infections purulentes charbonneuses. Dans tons ces cas divers la Symptomatologie est variable, ce n'est pas celle de l'infection purulente simple, e'est un melange des symptömes des deux maladies coexistantes.
Importance. — L'etude de Tinfection purulente est de la plus grande importance; eile devrait servir, avec celle de l'inflam-mation et de la septicemie, d'introduction ä toute pathologic. Toutes les plaies recentes ou anciennes et plus ou moins puru­lentes, les operations chirurgicales, les plaies resultant des trau-matismes, etc., peuvent se compliquer d'infection purulente. Cer-taines maladies inflammatoires (pneumonic, etc.) et meme des affections specifiques (clavelee, etc.) peuvent aussi s'accompagner d'infection purulente. Dans ces divers cas, il peut y avoir absorp­tion du pus, introduction de ce produit dans le torrent circulatoire et formation d'abces metastatiques. On peut aussi constater la maladie k la suite de secretions anciennes, qui se sont taries brus-quement; alors une partie du pus secrete est resorbee et determine les phenomenes de l'infection purulente. On voit done, par tons ces exemples, que l'etude de cette affection a une grande impor-
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tance, cac dans la pratique on doit toujours avoir en vue son de-veloppement possible, afin de le prevenir s'il y a lieu,
SYMPTOMATOLOGIE
Les conditions dans lesquelles I'infection purulente se produit sont connues; ce sont toutes celles qui favorisent 1'introduction du pus dans le sang, la penetration du vibrion pyogene dans I'or-ganisme. Elles sont done faciles ä prevoir; ce sont toutes les plaies, toutes les operations chirurgicales, toutes les maladies qui s'ac-compagnent de la formation du pus; ce sont par exemple les plaies, les maladies et les operations du pied, l'operation du javart, les plaies articulaires; ce sont les maux de garrot, de nuquo, de rognon et toutes les operations necessitant la formation d'une plaie, surtout si celle-ci est irreguliere, anfractueuse, si eile per-met au pus de stagner ä sa surface et s'oppose h son libre et facile ecoulement.
Est-ce ä dire que les plaies constituent presque toujours un clanger de resorption purulente? II ne faut pas exagerer la fre­quence de cette complication; carles plaies qui suppurent sont le siege d'un mouvement exosmotique dans leurs bourgeons charnus, grace auquel les elements figures du pus sont entraines ä la sur­face avec le plasma. Aussi la resorption purulente est-elle relati-vement rare.
Les maladies internes, qui s'accompagnent parfois de secretion purulente (pneumonic, etc.) et aussi quelques maladies virulentes specifiques (clavelee, gourme, phthisie, etc.) peuvent, ainsi que nous I'avons dit, se compliquer d'infection purulente. On pent d'ailleurs provoquer experimentalement cette affection, en injec-tant du pus ou le vibrion pyogene dans un vaisseau sanguin, ar-tere ou veine, et parfois en les injectant dans le tissu conjonctif, dans une sereuse (plevre ou peritoine).
Nous deduirons les symptömes de I'infection purulente, non seulement de l'etude de la maladie developpee accidentellement, mais aussi de celle provoquee experimentalement par I'injection de pus dans les vaisseaux.
Cette affection se presente le plus ordinairement sous le type aigu, et parfois, mais rarement, sous le type chronique. Elle se montre h I'etat aigu lorsqu'elle fait suite k une plaie ou h une ope­ration recente, ä la gangrene, locale produite par une brulure
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iNFECTioK pürulente;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^8
ayant mortlfie une partie de tissu, qui est ^liminee par inflamma­tion disjonctive, lorsqu'elle fait suite ii ia necrose d'un os, parce qu'aiors le pus seeröte au pourtour de la partie necrosee peut n'avoir pas d'issue et etre resorbe.
Elle peut survenir hätivement au debut de la pyogenie, presque aussitot que les accidents et les plaies entrent en suppuration; c'est alors qu'on observe le type aigu.
Les symptömes sbnt variables dans leur intensite et dans leur inarche; il n'y a pas ä proprement parier de symptömes patho-gnomoniques, et cela se comprend aisement, vu que la maladie se caracterise par des abces, par des foyers purulents internes ou situes profonderaent et ordinairement tres petits. La variabllite dans la Symptomatologie s'explique par les conditions indivi­duelles, par le siege et l'extension des lesions et par I'association assez frequente de cette affection avec I'infection septique. Les symptömes suivants sont ceux qui appartiennent en propre ä l'in-fection purulente simple, et lorsque nous connaitrons la septi-cemie, il nous sera facile de faire ramalgame des deux maladies et de reconnaitre les caracteres qui le decelent.
L'animal qui est sous le coup de la pyobemie a d'abord une iievro plus ou moins intense accompagnee de frissons. Ce chan-gement se montre brusqueineut et sans cause provocatrice appa-rente. Aussi faut-il craindre une complication fatale, si on observe une pareille modification cliez un animal qui presente une plaie quelconque, si cette plaie est anfractueuse et ne donne pas un libre ecoulement au pus qu'elle produit, car ily adejä eu vrai-semblablement i'esorption purulente. Les frissons se montrent d'abord parfois localises, mais ils ne tardent pas h se generaliser. La fievre, qui arrive rapidement et instantanement, sans que rien ait pu la faire prevoir, est parfois tres intense des le debut, mais or­dinairement eile va croissant. Ce brusque changement s'explique par le melange du pus avec le sang, par l'action du pus sur le fluide circulatoire, par l'alteration du sang et par son action sur le Systeme nerveux.
La circulation est modifiee, le pouls est accelere, il devient de plus en plus frequent, et h ia fin de la maladie il est filant, petit ct presque imperceptible. Le sang stagne dans les capillaires et les muqueuses apparentes (conjonctive) sont hyperemiees. La temperature, d'abord surelevcc, baisse dans les demiers moments de la vie. II y a inappetence absolue, la soif est quelquefois accrue; il peut y avoir diarrhee ou constipation, et dans ce dernier cas
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214nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;INFECTION PURULENTEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ~^-------
les excrements sont sees, durs, odorants et coiffes; quelquefois ils sont sanguinolents.
La fonction respiratoire est modifiee; des foyers purulents se torment presque toujours dans les poumons; la respiration devient acceleree et va s'accelerant de plus en plus. On ne decouvre pour-tant le plus ordinairement aueun Symptome en percutant et en auscultant la poitrine, car les foyers purulents, qui sont souvent assez nombreux, sont tres petits. Mais si les abces metastatiques sont en grand nombre, on pent, a cause de leur rapprochement et de l'hyperemie inflammatoire dont ils s'accompagnent, constater un affaiblissement manifeste du bruit respiratoire, ce qui indique que le poumon est engoue.
Les malades atteints d'infection purulente presentent, presque des le debut, un affaiblissement general tres manifeste, et l'ady-namie progresse tres rapidement. On observe parfois des symp-tomes nerveux. La fonction urinaire peut etre modifiee, surtout lorsque les reins sont malades; les urines deviennent quelquefois sanguinolentes ou tout au moins tres foncees et le malade eprouve des coliques sourdes.
Du cöte de la peau et du tissu conjonctif, on peut constater aussi certains symptomes, mais ils sont cependant rares. Ainsi il se developpe quelquefois, nofamment chez le cheval, des abces sous-cutanes sur le tronc et sur les membres, ou une inflammation de la peau; on observe parfois des lymphangites et des adenites pu-rulentes. Quelquefois aussi il se produit des modifications au pour-tour de la plaie qui a donne lieu h la resorption.
Ces modifications sont peu prononcees, s'il y a infection puru­lente simple, mais il n'en est pas de meine s'il y a complication de septicemie, et dans cette circonstance on peut voir un engor­gement oedemateux chaud et douloureux au pourtour de la plaie. Ce changement s'explique par l'inflammation des petits vaisseaux, par l'inflammation des veines au pourtour de la plaie; il y a eu phlebite et exsudation du plasma sanguin.
Al'etat aigu la marche de la maladie est rapide; les symptomes vont progressant, mais ce qui domine e'est Fadynamie, e'est Faf-faiblissement du malade. La terminaison est prompte et toujours fatale; au bout de deux a six jours la mort survient. L'infection purulente est done de la plus grande gravite. II faut toujours la soupQonner, et on peut en affirmer le developpement lorsque. sans cause appreciable, on voit apparaitre les symptomes precites sur un animal porteur d'une plaie. Apres une maladie interne, le
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diagnostic est plus difficile, car la maiadie inflammatoire se carac-terise par des symptomes de fievre, et il peut y avoir dans la marche de celle-ci une aggravation sans qu'elle ait pour cause une resorption de pus.
L'infection purulente chronique marche beaucoup moins vite, eile se montre ordinairement ä la suite de plaies anciennes, de brülures etendues, d'abces par congestion, de laphthisie, etc.; eile est particuliere aux animaux affaiblis, malades depuis iongtemps, lymphatiques. Eile s'etablit sans qu'on s'en apercoive; la fievre est peu intense et passe inaperoue. La maiadie marche alors len-tement, mais eile n'en progresse pas moins; eile se caracterise par une fievre de consomption, par un affaiblissement progressif et se terrnine par la mort.
Que la maiadie soit aigue ou chronique, sa terminaison est tou-jours fatale. Le pronostic'est done essentiellement grave, car non seulement l'infection purulente se termine par la mort des ma-lades, mais en outre eile s'oppose ä l'utilisation de leurs chairs. D'oü resulte pour nous cette conclusion : qu'il faudra bien se ga.v-der d'envoyer ou de laisser livrer ä la boucherie un animal qui sera sous le coup de l'infection purulente a la suite d'un trauma-tisme, d'une plaie, d'une maiadie, d'une operation; car ainsi que nous allons le voir, les lesions sent multiples et disseminees dans cette maiadie.
ANATOMIE PATHOLOGIQÜE
L'ctude de l'anatomie pathologique de l'infection purulente comprencl la description des principales lesions visibles ä l'ceil nu, l'analysemicrographique des divers processus et la determination de leur mode de developpement.
Les principales lesions visibles h l'oeil nu sont des foyers puru-lents metastatiques, des epanchements et des infiltrations puru-lentes, des extravasations sanguines et sereuses, des congestions generales ou localisees, des phlebites, des lymphangites, des adenites, etc.
Les foyers purulents metastatiques, ou abces developpes dans les parenchymes, h la suite d'une resorption purulente, qui a eu lieu k la surface d'une plaie ou aux depens d'un abces, se mon-trent dans tous les organes, principalement dans le poumon, dans le foie, dans la rate, dans les reins. Les sereuses presentent aussi
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216nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;INFECTION PURULENTEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; —______
les lesions de l'inflammation suppurative; ainsi ces alterations s'observent dans les plevres, dans le peritoine, dans les sereuses articulaires ou tendineuses, dans rarachnoide, etc.; mais c'est alors un veritable epanchement purulent qu'on rencontre dans les cavites sereuses. Quelquefois des abces metastatiques se for-ment dans les centres nerveux, dans le tissu conjonctif sous-cutane, dans le tissu intermusculaire et meine dans le tissu intramusculaire, dans les os, entre les os et les muscles, sous le perioste, etc.
Les abces metastatiques sont ordinairement nombreux chez les individus qui succombent k Finfection purulente. IIs sont generalement tuberculiformes, plus ou moins regulierement ar-rondis suivant leur siege et leurs dimensions; les plus petits etant les plus reguliers, les plus volumineux etant parfois irre-guliers. Leurs dimensions sont generalement pen considerables; alles sont du reste variables suivant la periode a laquelle on les examine. Gros comme un grain de mil au debut, ils peuvent atteindre le volume d'un pois, d'une noix et meine d'un ceuf de poule. Les plus petits siegent dans les reins, sur le foie, quelque­fois aussi dans le poumon; mais le plus generalement c'est cet organe qui renferme les plus volumineux.
Leur configuration varie avec les animaux. Les solipedes sont ceux qui presentent les plus reguliers et les plus nettement circonscrits. Chez lechien, Finfection purulente est rare, les foyers metastatiques sont plus volumineux, parfois caverneux et entrai-nent, en se formant, la destruction d'une portion de l'organe malade. Les grands ruminants les offrent avec des caracteres particuliers. Ils sont peu etendus chez ces animaux, leur contenu est caseeux, le tissu qui entoure la masse caseeuse centrale est indure. Ces caracteres ne s'observent ni chez les carnivores, ni meme chez les solipedes, sauf exception.
Les caracteres anatomiques des abces metastatiques varient suivant la periode k laquelle on les examine. Le tissu qui entoure la partie centrale a un aspect different et une structure variable, suivant que I'abces est de date recente ou de date ancienne. Dans les premiers temps il presente des caracteres inflammatoires bien marques (congestion, hemorrhagie, exsudation, infiltration, etc.); 11 est alors en grande partie constitue par du tissu embryonnaire. Quand le pus est forme depuis longtemps, des modifications sur-gissent peu k peu ; le tissu embryonnaire devient adulte, s'orga-nise tout en restant inflltre, gt prend une consistance plus grande.
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Dans tous les cas la face interne des parois des abces metastatiques offre les caracteres et la constitution des bourgeons charnus; son tissu est plus ou nioins inflltre, plus ou moins densifie; eile est plus ou moins irreguliere et anfractueuse.
Le pus des foyers metastatiques est ordinairement de bonne nature; il est blanchätre ou grisätre, cremeux. Toutefois on pent
10nbsp; rencontrer colore en jaune ou en vert par des matieres colo-rantes du sang ou de la bile. II pent eprouver des modifications,
11nbsp;pent s'epaissir par l'absorption de la partie liquide qu'il renfer-me. La partie flguree devient alors caseeuse et ses elements subissent des transformations, une degenerescence, une fragmen­tation.
Les abces metastatiques presentent une certaine analogic avec les tubercules morveux; comme eux ils se rencontrent ordinaire­ment h la surface du poumon. Ils constituent tous des lesiuns multiples, disseminees, inflammatoires, nodulaires. Danslamorve chronique, ics tubercules sont formes par une partie centrals caseiforme, entouree de tissu embryonnaire ou de tissu conjonctif condense. Dans Finfection purulente, comme dans la morve, les lesions consistent surtout en inflammations nodulaires, et le mi­croscope n'aide guere ä les differencier. En eflet, des coupes de ccs lesions, examinees ii differentes periodes de leur evolution, n'oifrent pas de caracteres distinctifs bien tranches. On trouve loujours du tissu inflammatoire et des produits inflammatoires ; mais cela ne veut pas dire qu'il n'existe aucune difference. C'est dans revolution de chacune de ces alterations qu'il faut la cher-cher. Examinons ce qui se passe dans le tubercule morveux, voyons en effet comment il evolue.
A.u debut, le foyer central du nodule morveux est toujours accompagne d'une zone hemorrhagique, quisecaseifie progressive-ment et augmente ainsi la zone centrals. Ce qui trappe dans ce dcveloppement, c'est done la caseification du produit inflamma­toire, d'abord limitee au centre et qui progresse en s'irradiant vers la peripherie.
Le foyer metastatique se developpe, comme le tubercule mor­veux, ä la suite d'une inflammation nodulaire ; mais, au lieu de se caseifier, il s'abcede, e'est-a-dire se transforme en pus. Plus tard il pourra y avoir caseification, seulement la transformation ca­seeuse n'est jamais primitive, eile pent avoir lieu apres qu'il y a eu resorption de la partie liquide.
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INFECTION PURULENTE
II ne reste, pour distinguer siirement les deux lesions, que la verification des proprietes pathogeniques des produits qu'elles renferment. L'inoculation du produit caseeux du tubercule mor-veux fera deveiopper seule la morve chez un sujet sain. La diffe­rence reside done dans la specificite propre des deux affections.
II faut se demander ce que deviennent les foyers metastatiques dans rorganisme. Quelle est en un mot leur finalite, peuvent-ils disparaitre ; la guerison de rinfection purulente est-elle possible'?
La guerison de l'infection purulente ne se produit pas ; I'alfec-tion est ordinairement mortelle. II n'y a pas resorption ni cicatri­sation des abees metastatiques; mais il survient neanmoins des modifications, soit dans le pus, soit dans le tissu qui I'entoure, surtout quand Fanimal ne succombe pas trop tot ä l'affection dont il est atteint. Ainsi surviennent la degenerescence granulo-grais-seuse du pus, et sä transformation en matiere caseeuse, par suite de la resorption de la partie liquide ; ainsi se produisent enmeme temps des changements dans la consistance des foyers, qui sont d'abord mous et qui ensuite deviennent plus durs.
Ce ne sont pas lä toutes les modifications qu'on observe. Les vaisseaux qui entourent les foyers laissent exsuder des subtances calcaires, qui se melangent h la matiere caseeuse, I'mcrustent et en augmentent encore la durete.
A mesure que les modifications du pus se produisent, on voit egalement des changements s'operer dans la structure de la mem-bfane d'enveloppe, qui, primitivement embryonnaire, peut s'or-ganiser et se densifier ä la longue. Cete membrane, qu'elle soit k l'etut de tissu embryonnaire ou k l'etat de tissu adulte, est tou-jours en rapport avec la matiere caseeuse, qui l-irrite et agit sur eile k la facon d'un corps etranger ; aussi sa surface est-elle riche en vaisseaux, et y trouve-t-on continuellement de la matiere puru­lente en voie de formation.
Quelquefois I'inflammation, entretenue par le pus, s'etend et de­termine, par exemple dans le poumon, une pneumonie lobulaire partielle. Parfois e'est une gangrene localisee quon observe, et le tissu mortifle peut devenir le point de depart de la septicemie, quand il est mis en rapport avec Fair par les branches alterees ; il y a alors putrefaction par suite de I'apport de vibrions.
Quelques auteurs ont soutenu que l'infection purulente pouvait se transformer en tuberculose ou en morve. Ces auteurs ont con-fondu deux maladies : ils ont pris la morve pour l'infection puru-
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IKFECTION PURULENTEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 219
lente et reciproquement, comme cela peut arriver facilement, d'ailleurs, ä cause de la similitude de leurs lesions. L'inoculation seule pouvait les differencier.
Des epanchements purulents peuvent se presenter dans les sereuses, dans les plevres, dans le pericarde, dans les articu­lations, etc. A la surface de ces sereuses on trouve frequemment des points ecchymotiques.
On rencontre des infiltrations de pus dans le tissu conjonctif sous-cutane, dans le tissu conjonctif intermusculaire et iiiiramus-culaire. Presque toujours se produisent des extravasations san­guines ou sereuses dans le tissu cellulaire.
Les diverses lesions qui precedent, ne se ferment qu'autant que la duree de la maladie le permet; elles sent rares dans certains cas oil la mort est arrivee rapidement. Les alterations sent alors peu variees et reduites a des congestions locales ou generales dans les poumons, les reins, le foie, etc. Les congestions localisees, miliaires, punctiformes et nodulaires n'expliquent pas la mort et existent souvent avec les lesions precedentes. Elles sent ordinai-rement autant- d'infarctus, e'est-a-dire autant de foyers comraen-Cants. La congestion generale (poumon) explique la mort; on constate alors dans le sang les modifications, les alterations que prödüit l'asphyxie. C'est qu'en effet le pus, absorbe en quantite considerable, peut produire une congestion du poumon, qui rend rhematose incomplete ou impossible et amene rapidement la mort. Les points de congestion localisee ont des formes differentes et sent plus ou moins etendus. Pour en saisir la signification, il faut etre prevenu de la possibilite de leur existence et de leur signifi­cation dans I'infection purulente.
Autour du foyer oil a eu lieu la resorption et autour des abces metastatiques, on observe des alterations dans le Systeme vascu-laire, des phlebites, des lymphangites, des adenites purulentes. Ces lesions se montrent done au pourtour et au voisinage des plaies, h la surface desquelles la resorption a eu lieu, ainsi qu'au pourtour des foyers metastatiques. Dans les veiries, on peut ren-contrer des caillots plus ou moins adherents aux parois. Dans les ganglions, il existe souvent une hyperemie manifeste, accom-pagnee d'infiltration et meme quelquefois d'abecs metastatiques.
La rate est hypertrophiee et renferme parfois aussi des abces.
La muqueuse intestinale est quelquefois engouee, enflam-mee, etc.
Le sang est manifestement altere; on y remarque surtout une augmentation de la matiere fibrinogene.
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PATHOGENIE
Pour bien comprendre la pathogenie de 1'infection purulente, il Importe de bien se rappeler ce qui a trait h la pyogenie et aux proprietes pathogeniques du pus.
Garacteres du pus, pyogenie. — La suppuration est la secretion d'une niatiere morbide liquide appelee pus. Le pus est done un produit pathologique (inflammation) secrete par des, or-ganes malades. Gependant on rencontre la plupart de ses elements prei'ormes dans les organes et les tissus sains. Le serum du pus a la meme composition que le serum du sang. Les cellules puru-lentes existent normalement dans le sang, mais en proportion minime. Ge sent les organes vasculaires, qui fournissent la plus forte proportion de pus. Toutes les especes animales ne sont pas egalement aptes k le produire. II pent etrerejete au dehors, quand il se forme a la surface d'une plaie ou ä la surface d'une muqueuse; mais quand il est produit dans l'interieur des organes, il se reunit en foyers. II est toujours forme d'une partie liquide (serum) ct d'une partie figuree. Ses caracteres physiques varient avec I'espece animale et avec la region qui le produit, avec la maladie qui provdque sa formation. 11 est en effet tantot fluide, seieux, jaunätre, tantöt grisatre, blanchätre, cremeux, tantöt noir, tantot plus ou moiris colore. La coloration qui acepmpagne certaines alterations pathologiques, a parfois une grande valeur au point de vue de leur diagnostic et de leur pronostic. L'odeur du pus est variable; eile est ordinairement nulle quand il est reste ä 1'ubri de Fair, ct fetide au contraire quand il a ete mis en rapport avec lui et s'est putrefie. Par le repos il ne se produit point dans le pus une coagulation, comme on I'observedans le sang; il y a sim-plement precipitation des elements figures, qui etaient en suspen­sion dans le liquide. II est facile alors de separer, par la decantation, la partie liquide de la partie solide et d'arriver ensuite ä la deter­mination de celle qui est veritablement active.
La quantite de pus secrete par un organisme malade est varia­ble, avons-nous dit, suivant les especes animales. Le cheval par exernple en fournit abondamment, beaucoup plus que les grands ruminants; les jeunes en fournissent plus que les adultes. Le temperament lymphatique predispose ä certaines maladies qui, pendant leur duree, produisent une grande quantite de pus. Tout
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INFECTION PURULENTEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;V£i.
ce qui affaiblit 1'organisme le predispose aux suppurations abon-dantes et prolongees.
Laisse au contact de l'air, le pus s'y altere, recoit des germes qui en determinent la fermentation putride, aussi devient-il fetide at bulleux. II peut done etre normal, non putride ou putride, il peut etre virulent. II renferme des Elemente constants (cel­lules embryonnaires, cellules purulentes, debris de cellules, granulations proteiques, granulations graisseuses, etc.), et des elements non constants (vibrions divers, vibrions septiques). Les cellules et les granulations purulentes sent analogues, qu'elles appartiennent ä un pus normal ou qu'elles proviennent d'un pus virulent.
La formation du pus a ete expliquee de diiferentes manieres. D'apres une opinion dejii ancienne, soutenue surtout de nos jours par Conheim, le pus sortirait directement des vuisseaux; les cel­lules purulentes ue seraient autre chose que les leucocytes du sang sortis des vaisseaux et entasses dans les parties malades ou irritees. M. Robin fait consister le phenoinene de la suppuration dans la generation graduelle des leucocytes entre les elements des tissus enflammes h I'aide et aux depens du blasteme exsude pendant rinflammation; les elements du tissu enllamme se resor-bent et disparaissent h mesure que les leucocytes augmentent. Virchow fait deriver les cellules purulentes de la proliferation cel-lulaire et sa theorie est admise par MM. Morel, Ranvier, Duval, Strauss, etc. II paralt bien demontre que le pus peut se former do plusieurs manieres. II est toujours la consequence des premiers phenomenesde rinflammation et resulted'une generation cellulaire excessive, soit que les cellules purulentes derivent de la prolifera­tion des elements irrites, soit qu'elles proviennent des vaisseaux, soit qu'elles se ferment dans un blasteme exsude. II y a done du vrai dans la theorie de Conheim, dans celle de Virchow et peut-etre dans celle de M. Robin.
La partie figuree du pus est formee de leucocytes ou globules de pus, de fragments de cellules et de granulations; les globules de pus sent des cellules polynucleaires ou granuleuses. Le pus s'altere facilement, suivant son age et suivant l'influence des par­ties en contact avec lui; il subit plusieurs modifications, dont la plus commune est sans contredit la degenerescence granulo-grais-seuse. II peut eprouver la transformation caseeuse dans certaines conditions et principalement chez certains animaux, tels que les grands ruminants et le poire. La degenerescence caseeuse est ca-
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222nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;INFECTION PURULENTK
racterisee par la resorption de la partie liquide et par la conden­sation de la partie solide en une masse caseeuse plus oumoinsdes-sechee, jaunätre ou blanchatre; il y a done epaississement de la partie non resorbee. La matiere caseeuse, quoique non susceptible de resorption totale, peut cependant penetrer par fines particules dans le Systeme sanguin ou lymphatique et devenir, d'apres cer­tains auteurs, le point de depart d'une tuberculose miliaire.
Propri6tes physiologico-pathogeniques du pus. he pus normal jouit de deux proprietes importantes ü connai-tre, il est phlogogene et pyrogene. II produit des effets locaux, qui sont ceux d'une matiere irritante introduite dans Torganismc, il est done phlogogene. Injecte dans le tissu cellulaire, dans les veines, dans les differentes sereuses, il provoque des effets gene-raux, qui le font h juste titre regarder comme pyrogene.
Cost Gaspare! qui, un des premiers, etudia les proprietes du pus. II se servit pour cette etude de pus frais, qu'il injecta dans le pöritoine, dans la plevre et clans le tissu cellulaire de jeunes chiens. Les injections, pratiquees dans les tissus que nous venous d'enumerer, produisirent une inflammation suppurative. Gaspartl injecta aussi du pus dans les veines, et il obtint alorsdes inflam­mations nodulaires et des foyers purulents dans les poumons.
D'autres auteurs firent les memes experiences, et ils obtinrent les meraes resultats que Gaspard avait dejä obtenus.
M. Chauveau s'est egalement occupe de la determination des proprietes du pus; il a etudie le pus normal et le pus putride. II a constate que le pus normal, etendu de deux fois son poids d'eau et injecte dans le tissu conjonctif sous-cutaneducheval, provoque la formation d'un phlegmon qui, au bout de cinq ou six jours, se transforme en abces; cette experience nous demontre done que le pus est veritablement phlogogene. M. Chauveau a ensuite cherche h determiner quelles sont les parties actives et quel-les sont les parties inactives.
Pour cela il a eu recours k des lavages, h des filtrations et h des decantations successives, qui lui ont permis de separer le serum et la partie figuree, et de les obtenir Tun et Tautre dans un etat de purete presque absolue. En inoculant le serum pur il n'a pas obtenu le meme effet phlogogene qu'en inoculant du pus non fil-tre, tandis qu'avec la partie figuree il a produit des effets tres marques. C'est done la partie figuree, qui est phlogogene et lors-
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qu'elle est introduite dans le tissu cellulaire ou dans toute autre partie de l'organisme, eile determine les memes effets que le pus non flltre. Le serum contenant simplement des granulations est phlogogene, mais ä un degre moindre que le pus entier. L'acti-vite du pus reside done dans la partie figuree; et dans celle-ci ce sont les granulations qui sont les elements agissants. Ces granu­lations sont libres ou fixöes en plus ou moins grande quantity dans les cellules, et elles agissent, dans I'un comme dans Fautre cas, avec une intensite proportionnee h leur nombre.
Certains auteurs out soutenu que le pus injecte dans le tissu cellulaire, dans les sereuses, etc., produit des effets irritants ab-solument d'apres le meme precede, d'apres le memo mecanisme que les matieres irritantes ordinaires, physiques ou chimiques (poussiere de charbon et corps etrangers quelconques, etc.). Or il n'en est rien. Ces matieres agissent d'une fagon toute mecanique, tandis que le pus a une action phlogogene propre; il pent agir d'une fagon mecanique, mais en outre il se comporte ä la fagon des germes virulente, il provoque la formation d'elements analo­gues k ceux qu'il contient. Get effet ne s'obtient ni avec le sang, ni avec les elements figures du sang, ni avec la lymphe, ni avec les elements cellulaires des ganglions lymphatiques, ni avec des substances minerales fmement pulverisees. De meme si Ton in­jecte du pus morveux dans l'organisme d'un cheval, non seule-ment ce pus donne naissance h un produit purulent, mais en outre la matiere de nouvelle formation contient les germes de la morve; le pus morveux determine done une inflammation specifique.
Quant ä l'intensite de Faction phlogogene, on pent dire qu'elle ost proportionnelle k la quantite de pus injecte. Elle est aussi en rapport avec l'acuite de l'inflammation qui a preside k sa forma­tion ; ainsi plus une inflammation sera vive, plus le pus auquel eile donnera naissance sera actif. L'intensite phlogogene du pus est enfin en raison directe de la date recente de sa formation, e'est-a-dire que son action est d'autant moins energique que le produit est de formation plus ancienne, et cela se comprend aise-ment, vu les degenerescences qui arrivent avec l'äge.
L'action du pus putride est toujours plus intense que celle du pus non putride, car il contient certains elements qui, venant surajouter leur action, produisent un surcroit d'inflammation. Si
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on dilue ce produit dans quarante fois son poids d'eau, on obtient une inflammation moderee; si on ne le dilue que dans cinq ou six fois son poids d'eau, ilprovoque une inflammation tres vive suivie d'abcedation; et s'il n'est diluö que dans une ou deux fois son volume d'eau, ou s'il est injecte pur, il produit des phlegmons qui n'ont pas une grande tendance ii se convertir en foyers purulents, qui sont plutot gangreneux, qui ont une marche envahissante, qui souvent s'accompagnent de septicemie, et qui donnent dans tons les cas un pus pauvre en globules purulents.
En injectant du pus dans les veines, dans la jugulaire par exemple, on n'obtient pas toujours I'infection purulente chez lo cheval et chez le chien, cependant on I'obtient le plus ordinaire-ment. L'infection purulente, ainsi provoquee, se caracterise commc nous le savons, par la formation d'abces clans lepoumon. Souvent on observe en outre des congestions generales ou localisees; par-fois il se produit une veritable apoplexie, une congestion rapide-ment mortelle. On rencontre aussi quelquefois des epanchements purulents dans les sereuses. Lorsqu'on injecte le pus dans une veine mesaraique, si I'animal ne meurt pas d'une peritonite conse­cutive a I'operation, on obtient une infection purulente caracteri-see par la formation d'abces principalement dans le foie.
L'injection etant faite dans une artere, les memes accidents pyohemiques que ci-dessus se produisent (congestions generales ou locales, abces mötastatiques.)
Lorsque l'injection est faite dans un lymphatique, on n'obtient pas aussi facilement l'infection purulente ; le pus determine une lymphangite qui, s'etendant peu ä peu, gagne de proche en pro-che et s'accompagne d'adenite suppurative. Certains auteurs pen-sent que le pus est arrete par les ganglions, et que dans ces con­ditions il ne se produit pas une infection purulente generalisee. Ils sont dans I'erreur; car si le pus qui entre dans un ganglion n'y determine souvent qu'un abces qui s'ouvre au dehors et evacuo son contenu, il n'en est pas moins vrai, que dans quelques cas, I'adenite suppuree pent etre suivie de la migration du pus dans le torrent circulatoire sanguin.
Pathogenic de l'infection purulente. — L'infection purulente s'observe toutes les fois qu'il y a un foyer de suppura­tion place dans des conditions favorables au melange du pus avec le sang.
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Quelles soul ces conditions?
Gee conditions sont realisees dans tons les cias oü 11 y a rupture de vaisseaux sanguins traversant un abces ou une plaie suppu-rante, car alors le pus pent etre deverse dans la circulation. Les casde phlebite, d'artörite, de lymphangite suppuratlves sont au-tant de conditions favorables au developpement de l'intection pu-rulente, qui est encore possible ä la suite d'une resorption puru-lente ou absorption de pus par les vaisseaux sanguins et lympha-tiques. La resorption purulente consiste dans l'absorption de cer­tains elements du pus par les veines et les lymphatiques ; eile est possible, ainsi que de nombreux fails cliniques nous le prouvent. Les granulations moleculaires, las inicrocoques et, dans quelques circonstances, les elements cellulaires peuventetre absorbesavec le serum, quoiqu'en disent certains auteurs; car 11 est possible de suivre, dans quelques cas, la marche progressive du pus h travers les vaisseaux lymphatiques et les ganglions dans lesquels rinflam-mation va toujours progressant.
Le pus peut etre pris par les bouches des lymphatiques, qui sont tres nombreuses dans le tissu conjonctif; il peut penetrer dans les vaisseaux sanguins ouverts; il peut aussi penetrer dans les vaisseaux non ruptures. La resorption purulente est encore possible quand il se produit des phlebites ou des lymphangites autour du foyer ä resorption (abces, plaie suppurante, etc.).
L'infection purulente peut avoir pour point de depart un foyer ä l'abri de I'air; mais le plus souvent eile provient cependant d'un foyer pkic6 au contact de l'air, et dans ces cas il n'est que trop frequent de la voir compliquee d'infeetion septique.
Dans tous les cas, eile est ordinairement la consequence d'une migration ou du transfert du pus, du passage de ses elements dans le sang. Mais ce n'est pas la son unique cause; d'autres ma-tieres, telles que des fragments de Hbrine ou de caillots, des frag­ments de vegetations developpees dans rinterieur du cceur, des fragments de plaques provenant d'atheromes des arteres, des caillots formes dans les capillaires, des matieres septiques, des debris cancöreux, etc., qui finissent par amener I'obliteration des vaisseaux dans lesquels ils s'arretent, peuvent de la sorte provoquer des congestions et consecutivement des abces dans les organes.
Pour expliquer le mode de formation des diverses lesions de l'infection purulente, nous nous appuieronssur les trois theories
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suivantes : theorie de 1'obstruction embolique; theorie de la grelle cellulaire ou granuleuse; theorie du parasitisme ou de la fermen­tation purulente.
Les partisans de la troisieme theorie considerent les lesions do la pyohemie comine deternhnees par la multiplication d'un bac-terien, d'un microbe, qui s'arreterait, se multiplierait et se disse-minerait dans les organes internes, apres avoir ete transports la par les vaisseaux sanguins. Pour eux I'infection purulente serait une maladie parasitaire.
Toutes ces theories expriment une partie de la verite; nous les passerons successivement en revue, non pour les detruire Tune par I'autre, mais pour retenlr ce qu'il y a d'exact dans chacuno d'elles et former ainsi un tout qui soit I'expression fklele do la pathogenie de l'affection qui nous occupe.
Les arteres et les veines qui s'enflamment presentent dans leur interieur des caillots fibrineux, qui les bouchent plus ou moins completement. Ces inflammations se produisent surtout au pour-tour des foyers de resorption. II pent arriver que des fragments de ces caillots soient detaches, cheminent et s'arretent dans les petits vaisseaux oil ils font I'office d'un bouchon; on dit alors qu'i^ y a embolie.
Quant aux caillots eux-memes, qui se forment soit dans les vais­seaux enflammes (veines et arteres), soit dans le coeur, ils recoi-vent le nom de thromboses. Les fragments emboliques qui se detachent de ces thromboses sont entraines par le torrent circu-latoire et vont, suivant leur provenance, former des embolies ar­terielles, veineuses ou capillaires dans le poumon, dans le foie, dans la rate, dans les reins, dans le cerveau, dans le tissu cellu­laire, etc.
L'expression embolie signifie done un accident du h la migration d'un fragment de caillot ou d'une autre matiere, occasionnant une obstruction vasculaire. Les embolies qui partent du cceur gauche peuvent etre chassees vers le cerveau, y determiner des obstructions vasculaires et provoquer une congestion apoplec-tique; elles peuvent aussi etre chassees du cote du tronc, dans les visceres, dans les membres, d'oü resultent des inflammations nodulaires avec hyperemie eU infiltration sanguine (infarctus), suivies de gangrene ou de degenerescence granmo-graisseuse et de caseification ou .de suppuration. Gelles qui partent du coeur
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droit sont euvoyees dans le poumon, oil elles provoquent des in-farctus ou des apoplexies (congestions locales ou generales).
Quand les embolies s'arretent dans ies arteres, elles en deter-minent I'occlusion au point oil elles se fixent, et la circulation se trouve des lors arretee dans toutes les branches emergentes quo fouraissent les vaisseaux obstrues; aussi en resulte-t-il alors uno veritable gangrene locale, une mortitication des parties que les vaisseaux obliteres desservaient. II pent arriver que les fragiuents detaches des thromboses soient assez petits pour ne s'arreter que dans les capillaires, et c'est ce qui a ordinairement lieu dans Fiii-tection purulente.
Au pourtour d'une plaie ou d'un abces, il se produit, avons-nous dit, des phlebites et des lyniphangites; des caillots se forment dans les veines ct dans les capillaires, et, d'apres Virchow, ce seraient ces caillots des capillaires qui pourraient se detacher, ctre entraines et s'arreter enfin dans d'autres capillaires pour les obstruer et provoquer h ce niveau un infarctus et ensuite un abces metastatique.
C'est ainsi que Virchow a explique la pathogenie de la pyohemie; il I'a fait deliver de la migration de caillots fibrineux, et a nie h tort la resorption et 1'action du pus.
La theorie de Fembolie est exacte; mais il taut bien se garder de nier la resorption du pus. Les Elements figures, les granula­tions, les microcoques, les debris de cellules, etc., peuvent in-contestablement etre resorbes, aller former des embolies capil­laires et se greffer dans les points oü ils s'arretent. Ces elements peuvent aussi, comme nous l'avons dejä dit, etre resorbes par les vaisseaux lymphatiques, determiner chemin faisant des lym-phangites et des adenites, et meine traverser les ganglions, qu'on a consideres ä tort comme des obstacles ii la resorption.
Pour avoir une explication vraie et generale de la pathogenie de l'infection purulente, il faut combiner la th6orie de l'embolie avec la theorie de la greffe cellulaire ou granuleuse, qui consiste ä admettre la resorption des elements du pus, la formation d'em-bolies et l'action propre des elements resorbes.
En pathologic, on observe autant de resorptions et autant d'in-fections propres qu'il y a d'agents morbigenes, et ce sont lä autant de metastases speciales. Ces metastases peuvent s'etablir toutes par voie d'obstructions capillaires; mais nous savons que les pro-
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duits de ces differeates infections ne jouissent pas des memes proprietes. Aiusi la resorption de la inatiei-e cancereuse engeudre rinfection cancereuse; la resorption du pus morveux engendre la morve; la resorption de la matiere tuberculeuse engendre la tu-berculose, etc.
Les metastases speciales peuvent done etre provoquees par des embolies capillaires; inais toujours dans ces emboliesil yal'agent morbigene, qui imprime aux lesions leur specificite, et e'est pour cela que chaque infection donne des produits qui jouissent de proprietes speciflques.
La theorie emboiique suppose qu'il y a seulement migration de fragments fibrineux, et qu'il n'y a pas resorption des elements du pus. Reduite ä cette hypothese, eile ne saurait expliquer com­ment les produits des diverses infections acquierent des proprietes speciflques au lieu d'avoir tons les meines, cequi serait inevitable si la raetastase etait due ä de simples embolies fibrineuses.
La theorie mixte de l'embolie et de la greife cellulaire ou gra-nuleuse rend tres bien compte de toutes les particularites. Les elements du pus peuvent etre resorbes (granulations, cellules, fragments de cellules, etc.), et ces elements, h peine arrives dans le sang, agissent comine agents irritants, et vont se greifer dans les capillaires de certains organes, oil ils produisent leurs effets. Dans le sang ils peuvent provoquer la formation d'une certaine quantite de fibrine en agissant sur la plasmine, et cette flbrine pent adherer aux elements purulents qui en out provoque la for­mation. II s'ensuit alors une augmentation de leur volume, aug­mentation qui determine leur arret dans les capillaires dont ils amenent I'occlusion, d'oii resulte une stase sanguine, uninfarctus, une inflammation nodulaire et plus tard un abces metastatique. L'element morbigene se greife dans le tissu des vaisseaux et pro­voque la formation du pus, c'est-ä-dire d'elements semblablcs ä lui et jouissant des memes proprietes, de meme que les germes virulents provoquent la multiplication de la matiere virulente.
Nous voyons done que l'embolie pent etre formee de diverses manieres; dans tons les cas, eile a toujours pour consequence l'obliteration du vaisseau oü eile s'arrete et des branches qui en emergent.
Cette obliteration est suivie d'une stase sanguine, d'une conges­tion, d'une exsudation, d'hemorrhagies, qui sent produites par la rupture des capillaires
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Une zone de congestion et d'hemoirhagies capillaires se forme done autour de l'einbolie. cfui provoque d'ailleurs une certaine irritation du grand sympatique et des vaso-moteurs, d'oü resulte ia dilatation ou le relächement des capillaires et la stase sanguine absolument comme dans la congestion inflammatoire.
Quant an mode de formation du pus, nous I'avons etudie plus haut et nous li'eh dirons Hen ici.
La theorie du pjtrasitisme ou de la fermentation purulente, qtii semble etre Texpression de la verite, n'exclut pourtant pas les deux precedentcs. On a ete jusqu'ä considerer les granulations purulentes comme des ferments organiques ou meme comme des corpuscules-germes, qui agiraient en se multipliant dans I'orga-nisme au sein duifuel ils sont introduits.
Dans ces dernieres annees, M. Pasteur a decouvert dans les eaux communes im vibrionien qui est aerobie et anaerobie, qui se multiplie dans l'organisme et qui favorise la production du pus.
Klebs, Recklinghausen, MM. Cornil et Ränvifer avaient dejä avance (jue rinfection purulente est produite par un microphyte. M. Pasteur a demontre que cette alfection est ordinairement le resultat de Faction d'un microbe, forme de boudins courts et llaxueux, tres mobiles, qui existe dans I'eau commune, qui se multiplie dans le corps des animaux, qui provoque la formation d'une abondante quantite de pus, qui se repand dans le sang et se propage dans les organes (muscles, pournon, foie, etc.), oil il provoque la formation d'abces metastotiques. Ge microbe a pu ctre cultive hors de l'organisme, et lorsqu'il a ete introduit dans 1'econoinie, il a provoque une infection purulente mor-telle.
Est-ce ii dire que rinfection purulente soit toujours le resultat do l'introduction de ce microbe dans le sang? La maladie pout etre produite par du pus exempt de microbes et aüsöi pard'autres matieres qu'on injecte dans les veines; mais ['infection-produite par le microbe est plus grave. II y a done bien un vibrion veri-tablement pyogene.
D'ailleurs, en tuant le microbe pyogene par une temperature de 100quot; h 110deg;, on ne le depouille pas totalement de sa propriete de provoquer la formation du pus; injeetö en cet etat dans le tissu cellulaire sous-cutane, il provoque une suppuration plus abon­dante que ne le ferait une mutiere inerte, et si, dans ces cas, il
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INFECTION PURÜLENTE
ne produit pas des effets plus considerables, s'il ne determine pas une infection puculente, c'est parce qu'il est inort, c'est parce qu'il ne se multiplie pas comine dans les cas oil il est injecte intact.
Le vibrion pyogene piovoque done Finfection puiulente en vertu de sa propriete pyogene et ä cause de sa i'epulluiation et de sa dissemination dans le sang et dans les divers organes.
Partant de cette idee que rinfection pui'ulente trouye le plus ordinairement sa cause dans le monde exterieur, M. Pasteur re-commande aux chirurgiens de se servir d'instruments treinpes dans i'eau bouillante ou passes dans la flamme, de se flamber les mains, et de flamber egalement tons les objets qui peuvent I'etre, de porter h une temperature de 130deg; h 150deg; les divers objets de pansement, et de n'employer que de i'eau prealablement souinisc ii rebullition ou mieux ä une temperature de 140n ii 120deg;; il est bon aussi que les Operateurs volatilisent autour d'eux de l'acide phenique, dont les vapeurs peuvent agir favorablement sur Fair en tuant les germes qu'il tient en suspension.
La pyohemie peut-elle se transformer en turberculose ou en niorve '? Nous resoudrons ces questions on etudiant latuberculose et la morve ; inais dejii il faut retenir que cette transfürmation ne -s'opere pas.
L'infection purulente sedeveloppe dans up noinbre assez consi­derable de circonstances, qui peuvent etre groupees en deux categories. Elle survient ;i la suite de lesions n'ayunt pas le contact de l'air ou h la suite de lesions ayant le pontact de 1'air : ce sent bien entendu ces dernieres qui y donnenl le plus souvent lieu. Parmi les lesions non en contact ayec Fair, qui peuvent donner naissance ii l'infection purulente, il faut citer les pblebites, les arterites, I'eadpcardite, les abces developpes dans les regions profondes, dans le tissu conjonctif, dans les muscles, dans les ps, dans les visceres, dans le foie, dans la rate, dans le poumon, etc. Toutes ces lesions, qui suppurent ii l'abri de Fair, peuvent etre le point de depart de la pyohemie; mais le plus souvent, avons-nous dit, cesont les lesions qui se trouvent en contact avec Fair, qui en sont le point de depart. Ge sont principalement les plaies exterieures, celles qui accompagnent la gangrene, celles qui re-sultent de traumatismes, celles qüi resultent d'une operation, etc., qui se compliquent (l'infection purulente. A la suite de quelques maladies pvogenes, telles que certaines maladies ordinaires (pneu-
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rnonie, etc.) et certaines maladies specifique.s (goiirme, clavelee tuberculose, etc.), on observe assezsouventla complication d'infec-tion purulente. II n'est pas rare de voir la septicemie venir compliquer I'infection purulente, quand celle-ci s'est developpee ä la suite d'un accident exterieur ; et alors on observe un melange des symptömes de ces deux maladies.
Les conditions qui favorisent le developpement de rint'ection purulente sont faciles a deterniiner, d'apres ce que nous vcnons dc dire : ce sont celles (jui favorisent la stagnation du pus ä la surface des plaies; ce sont les anfractuosites, les fusees purulente.s, les fistules, les decollements qui maintiennent le pus plus ou inoins longtemps au contact des surfaces absorbantes. Les causes, qui debilitent I'organisnie, favorisent aussi la resorption purulente. La pyohemie se inontre de preference chez les individus mous, anemiques, alfaiblis, convalescents, qui sont mal nourris, qui, en un mot, sont eotoures de maüväises conditions hygieniques.
Traitement. — Le traitement doit etre surtout propbylacti-(jue ; ii doit remplir les deux indications suivantes : 1deg; empecber l'absorptioii du pus ; 2quot; diinimier la receptivite des animaux pour la resorption purulente.
Pour rernplir la premiere indication, il faut faciliter I'ecoule-ment du pus et prevenir sa stagnation et sa resorption. Des qu'un abces est miir, il taut l'ouvrir afin de ne point laisser le pus en contact avec les tissus; il faut pratiquer des contre-ouvertures aux |)laies qui s'accoinpagnent do decollements, fusees ou fistules ; il laut pratiquer des debrideinents pour faire ecoulerle pus ; il faut soigneiies plaies, lesdeterger, enlever la matiere purulente, afin de lirevenir autant que possible sa resorption. On doit de plus trailer les plaies au moyen d'agents antiseptiques, de l'acide phenique particuliereinent.
On diminue la receptivite des animaux pour I'infection puru­lente en cliangeant les conditions hygieniques, en ameliorant ['alimentation et en administrant des toniques. On pent leuf administrer aussi des antiseptiques a l'interieur. Avant de faire une operation, il est bon de prendre, au moins en partie, les precautions indiquees par M. Pasteur.
Quand la maladie s'est dedaree malgre tons ces soins, faut-il rccourir ä un traitement curatif'?
Ce traitement n'a aucune chance de succes ; la maladie est in­curable comme il est facile de le comprendre d'apres l'etude de
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ses lesions. Comment obtenir en effet la resolution de foyers purulents ? Comment ouvrir des foyers metastatiques '? Malgre cela il y a quelques tentatives ä faire, il y a h essayer un traite-ment interne et peut-etre un traitement externe.
On a conseille ä l'exterieur les revulsifs, les vesicatoires ; mais ces medicaments semblent plutot contre-indiques, car ils ne peu-vent qua contribuer h afiaiblir l'animal, qui est dejä assez debilite; d'ailleurs que pourraient-ils faire contre des abces si profondement situes ? Le traitement externe comprend surtout les soins relatits aux plaies, les soins de proprete, les lavages et pansements ä I'acide phenique.
A I'interieur on donne des toniques, des antiseptiques, on prescrit une alimentation nutritive et de facile digestion, car I'infection purulente debilite le malade. Les antiseptiques n'arne-nent pas la resolution des abces metastatiques, mais ils peuvent prevenir des complications de septicemie. Tons les autres medi­caments preconises sont inefficaces.
Utilisation des viandes. — Quant aux viandes provenunt d'anirnaux inorts ä la suite de I'infection purulente, elles ne doi-vent jamais etre livrees h laconsommation, ainsi que nousl'avons dejä dit. II n'y a done pas ä hesiter, quand des foyers purulents se rencontrent dans les visceres. Mais peut-on agir de la meine facon quand il s'agit de viandes provenant d'un animal qu'on a fait sacrifler, alors que la inaladie n'etait qu'ä son debut, lorsqu'il n'y avait encore que de la fievre et que des complications etaient ä craindre ;i la suite d'une operation par exemple, lorsqu'on trouve pour toutes lesions des congestions generales ou simplement locales? Lii encore il faut agiravec la meme rigueur, car s'il n'y a pas d'abces metastatiques formes, il y en a en voie de formation, il y a des congestions, des ecchymoses dans les organes qui doivent suffire pour faire rejeter la viande de la consommation, d'autant plus que la fievre, quelle que soit sa cause, agit defavorablement sur les chairs.
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CHAP1TRE II
SEPTICEIWIE
Definition. — La septicemie est une affection generale caracterisec par de la fievre et de la prostration, par une alteration du sang et des tissus, et par la virulence des divers liquides et des divers solides de l'organisme, produite par l'absorption de ma-tieres organiques en voie de putretaction et due au developpement et ä la multiplication d'un bacterien.
Les caracteres de cette maladie sont bien marques. Ses princi-päux symptömes sont la fievre, une prostration tresgrande, de la stupeur meme, de l'adynamie et. an amaigrissement tres rapide. Parrrii les lesions predominantes, l'alteration du sang occupe le premier rang par son intensite et ses caracteres. Cette alteration est profonde ordinairement et est la source de beaucoup de lesions secondaires qu'on rencontre dans les autres tissus. Aussi est-ce avec raisou qu'on regarde la septicemie cornme une maladie generale (morhus totius suhstantice). De plus, avons-nous dit, eile est virulente ; on peut en effet i'inoculer aux autres animaux avec le sang ou un autre liquide, avec des produits obtenus des tissus solides de l'aniinal malade. La septicemie est produite par une substance organique en voie de putrefaction, qu'on peut appeler mauere infectante, puisqu'elle altere le sang et consecutivement tous les tissus et tous les organes.
Cette matiere peut se former dans une lesion de l'organisme exposee a l'air, dans une plaie anfractueuse, dans une plaie flstu-Icuse. On la rencontre aussi dans le milieu exterieur, d'oü eile peut etre introduite dans rorganisme par l'intennediaire de l'air ou d'un vehicule solide ou liquide quelconque. La matiere infectante peut done venir du milieu extörieur ou d'un animal malade et etre introduite chez un animal sain par contagion immediate, par contagion mediate ou par contagion volatile. L'infection septique est certainement due au developpement d'un bacterien, d'un
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vibrionien introduit dans 1'organisrne. Nous avons deja dit dans notre definition que la septicemie recönnalt pour cause I'intro-duction, dans un organisme sain, d'une matiere orgaoique eu voie de putrefaction ; et non seulement cette matiere determine des alterations physiques et chiiniques dans le sang et dans les tissus, mais encore eile leur communique la virulence.
L'infection septique nous apparait done comme une putrefaction qui se developpe sur un animal vivant, comme une fermentation, qui est due ä I'introduction dans la circulation genera le d'une matiere organique en voie de putrefaction et susceptible de communiquer son 6tat d'alteration au sang et aux tissus divers, comme une maladie qui s'accompagne de la formation de produits nouveaux, dont quel([ues-uns peuveat agir ä la faeun de veritables poisons. Aujounl'hui il taut admettre, ä propos de cette affection, la doctrine du parasitisme virulent, il faut considerer delinitive-ment la septicejnie comme une maladie parasitaire.
Mais il ne faudrait pas croire que toutes les matieres putrefiees pussent determiner la septicemie ; il n'y a que celles qui sont en voie de putrefaction, qui jouissent de lapropriete deproduireune affection virulente transmissible. Ondonne aux matieres capables d'engendrer la septicemie, la qualification de matieres septiques; tandis qu'on appelle matieres putrides les matieres dejä pleine-ment putrefiees, qui neprovoquent pas la septicemie. Les premieres determinent une maladie virulente ; mais la propriete de provu-quer une aiffectipa contagieuse s'alfaiblit en elles de plus en plus h mesure que la putrefaction avance, et eile unit par disparailre compifetement dans celles qui sont completement putrefiees. Sous l'influence des matieres putrides il se developpe une veritable intoxication et non une maladie infectieuse. La distinction de ces deux produits est done facile ä faire, puisque fun determine une maladie virulente, tandis que I'autre determine une intoxication, un empoisonnement ordinairement mortel, sans que la virulence soil communiquee.
Synonymes. — On a applique ii la septicemie un grand nombre de noms qui, presque tons, indiquent qu'il y a eu melange d'une matiere septique avec le sang. Ainsi on I'appelle septico-hemie, septicaemie, septiosemie, septose, infection septique, re-sorption septique, dichoremie, gangrene traumatique, gangrene septique, flevre septique. Les expressions, infection putride, re-sorption putride, fievre putride sgt;appli({uent a I'intoxication putride et non ä la septicemie proprement dite.
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SEPTICÄMIE
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Associations. — On peut inoculer fructueusement le vi-briori pyogene et le vibrion septiqiie sur un rneiue sujet et obte-nir ainsi le developpement de deux parasites et la production simultanee de deux maladies (infection purulente et infection septique). Ces deux affections s'observent d'ailleurs assez souvent associees chez le meine animal, ä la suite de certaines lesions ex-terieures (plaies articülaires, plaies du gärr'ot, setons, etc.gt;; ('in­fection purulente, qüi est seule d'abord, peut se compliquer de septicemie et de meme la septicemie peut se compliquer d'infec-tion purulente; souvent en effet I'mfection septique s'accompa-gne d'abces inetastatiques ; enfin I'infection septique, de meme que ^infection purulente, peut se grefier sur une autre inaladie conlagieuse(pei,ipneumonie, clavelee, etc.).
Importance. — L'etude de la septicemie, comme on peui dejä le pressentir, est des plus importantes. II s'agit en effetd'une inaladie parasitaire, dont les germes existent partout ä la surface des corps solides et en suspension dans les eaux et dans I'air. Ces germes sont tres vivaces, ils peuvent s'introduire dans I'orga-nisme par des voles noinbi-euses, h la suite des plaies ou de cer­taines maladies et dans de tres nombreuses circonstances, par la peau, par les voies digestives, par les voles respiratoires. Ledeve-loppement de la septicemie est favorise par les maladies, par les causes qui debilitent les animaux, par les mauvaises conditions hygieniques (encoinbreiiiei)t, defaut d'aeration, mauvaise alimen­tation, etc.). L'infection septique est une maladietoujours possi­ble, toujours menarante; il imports done surtout de cörihäitre les conditions de son developpement, afin d'en deduire les precautions ä prendre pourFeviter.
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SYMPTOMATOLOGIE
La septicemie est assez frequcnte chez les animaux. Pliisieurs especes la coiitractent tres facileinent. Peuvent la presenter: les lapins, les cobayes, les oiseaux; cbez les solipedes on Tobservc plus souvent que chez les ruminants; ce soid ces derniers ani­maux qui, avec les carnivores, y sont les moins exposes.
Quelles sont les circonstances dans lesquelles la septicemie se declare generalement? EUe vierit compliquer le plus souvent une maladie chirurgicale ou une maladie interne. On l'observe k la suited'uneplaie,d'uii trauinatisme quelconqueaccompagnes d'une
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putrefaction de la matiere organique. A la suite des maladies de poitrine eile peut se developper tacilement. La pneumonie, qui s'accompagne d'abces pouvant etre mis en contact avec I'air, par la rupture d'une bronche, est quelquefois suivie de septicemie, apres qu'une putrefaction locale s'est produite d'abord dans les matieres morbides mises en contact avec I'air.
L'infection septique peut aussi etre idiopathique, et se montrer sans qu'il y ait eu une lesion pouvant servir de point de depart ä une putrefaction locale. Mais ces cas sont rares, et quand ils se presentent, ils sont presque toujours equivoques et difliciles h diagnostiquer; leur etude n'a pas ete faite avec assez de soins, on n'a point assez cherche ä verifier le diagnostic par I'inoculation. La septicemie peut s'accompagner quelquefois de foyers metasta-tiques, mais aussi eile peut etre simple, non purulente, quand eile evolue rapideinent, ce qui a lieu dans le plus grand nombre des cas. Quand il y a coexistence de l'infection purulente et de l'infec­tion septique, on dit qu'il y a septico-pyohemie.
Pour faciliter l'etude de l'infection septique, teile qu'on la voit dans la pratique, il est bon d'avoir une idee de celle qu'on peut produire experimentalement. La septicemie experiincntale s'ob-tient en inoculantii dose inoyenne, ä un aninialsain, des matieres organi({ues en voie de putrefaction, du pus altere, qui commence ä se putreiier, de la sanie gangreneuse, des matieres d'eiabora-tion physiulogique ou patliologlque en voie de putrefaction. Le sang pris sur le cadavre, surtout ceiui des veines abdominales, qui se putrefie rapideinent, est tres propre a produire l'infection septique; le sang des veines abdominales est en effet le premier qui se trouve en rapport avec les germes accumules dans le tube digestif. Le sang conserve quelques jours, le sang extrait des vais-seaux, duvivant de l'animal, et laisse au contact de Fair, le sang frais expose ä I'air h 38quot; pendant quinze ouvingt heures, les bouil­lons et les infusions organiques en voie de putrefaction sontautant d'agents susceptibles de produire la septicemie.
Pour les faire penetrer dans un organisrae, on peut les adresser ä plusieurs voies. Le plus simple est de les injecter dans les vais-seaux veineux ou arteriels; on peut les faire penetrer dans le tissu cellulaire sous-cutane au moyen de la seringue Pravaz ou de la Jancette; on peut aussi les injecter dans les sereuses des grandes cavites et dans les sereuses articulaires. Par les voies digestives on reussit rarement; cependantofi peut quelquefois faire develop­per l'infection en faisant ingerer des matieres septiques, mais le
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plus souvent on n'obtient, enoperaut ainsi, que des troubles intes-tinaux passagers (diarrhee, etc.). On opere avec plus de chance de succes en adressant directement au rectum les matieres septiques sous forme de lavement. Les voles respiratoires ne sont pas plus propres que les voles digestives k rintroducfion des germes dans I'organisme. II est difficile et rare d'obteuir, en adressant la ma-tiere septique h la muqueuse respiratoire, une infection septique, mais pourtant on I'obtient quelquefois.
L'injectlon de matieres putrides dans les veines produit une in­toxication plus ou moins rapide sur tons les animaux. Gette into­xication pent et re obtenue h des degres diflerents, suivantla quan-litc de matiere putride injectee ; mais pour eviter les accidents em-boliques, il faut, avunt d'injecter les liquides putrides, lessoumet-tre ä une filtration pour eniever les parties solides capables de former embolie.
Les caracteres generaux de la septicemie et des maladies septi­ques sont lessuivants : affection k type aigu, fievre plus ou moins intense, symptömes nerveux, agitation, vertigo, tureur, prostra­tion, adynamie, amaigrissement rapide, diarrhee, presence de i'albumine dans les urines, engorgements gangreneux, symptomes locaux, marche progressive et rapide, sang profondement altere et virulent, ordinairement terminaison fatale et prompte.
Les substances putrides, filtrees et injectees k haute dose dans les veines, produisent une intoxication instantanee, rapidement mortelle, qui dure quelques minutes, quelques heures au plus. L'injection faite, immediatement on constate une prostration tres accusee, un affaiblissement des contractions cardiaques; il y aem-poisonnement, soit que la matiere injectee contienne un poison (sepsine ou autre), dont on a soupconnö ['existence, soit que la matiere putride modiflee soit devenue elle-meme un poison. La maladie ainsi determinee cause la mort, mais n'est Jamals virulente. A I'autopsie on trouve pen de lesions; le sang est peu altere, son alteration consiste surtout dans une diminution de sa coagulabi-lite. Les cas d'intoxication rapide sont extremement rares dans la pratique, et ne laissent pas que d'embarrasser quand ils se pre-sentent. J'ai attribue dans le temps k une intoxication de ce genre la mort presque suhlte de deux chevaux, qui furent conduits ä la clinique de l'Ecole au moment oil ils venaient d'etre reconnus malades durant leur travail. L'un d'eux avait presente pendant le
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le travail des frissous, une acceleration de la respiration, uuc prostration, de la raideur dans la marche, etc. Amene iil'Ecole, oh le soumit k un examen rapide et attentif, et l'auscultation ne dece-lant rien du cöte du pournon, on essaya de pi'atiquer une saignee ct hmnediatement ranimal tomba mort, quoiqu'ii n'y eut pas eu introduction d'air dans la jugulaire. A I'autopsie on trouva seule-ment quelques points ecchymotiques sur les sereuses. Le sang inocule ne detcrmina rien chez le lapin. J'avais suppose que dans ce cas il y avail eu une intoxication causee peut-etre par I'ingos-tion de matieres putrides.
En injectant la niatiere putride ;i close moderee, on obtient une intoxication plus lente.
Toujours il y a de la fievre, de l'adynamie pendant 1c cours de la maladie, qui dure un, deux ou trois jours. II y a aussi une modi-lication tivs prononcee de la respiration, de la circulation et do la calorification. La peau et les membres se ret'roidissent graduelle-ment. On remarque aussi de la diarrhee, partbis une diarrhee san-guinolente. La mort arrive plus ou mpins vite suivant les doses employees. Le sang, commo dans le cas pi'ecedent d'ailleurs, n'est jainais virulent. A Fautupsie ou le trouve altere, noiratre, |)lus uu moins lonce, incoagulable; les globules sent creneles, en vuie de destruction et la matiere colorante a de la tendance ä dif­fuser dans le serum, car les globules ne peuvent plus la retenir; on ne rencontre jainais de bacteriens dans ce sang. II n'est pas rare d'observer unegastro-enterite, une congestion des müqueuses. Les sereuses sont aussi congestionnees; on observe des lesions gastro-intestinales, des lesions pulmonaires (congestions), etc.
Dans le troisieine degre de rintoxication putride, i'empoisonne-ment est plus lent et dure plus longtemps que dans les deux pre­cedents; il s'observe quand l'etat adynainique du second degre n'est pas realise; il s'obtient en iaoculant une plus faible quantite de matiere putride; pour le produire il faut adresser la matiere aux laquo;eines et non au tissu conjonctif ni aux sereuses. Le poison ne produit point alors d'accident rapide; il agit d'une maniere sourde. II y a d'abord diminution de l'appetit, augmentation de la soilquot;. La digestion est languissante, la peau devient seche et les polls moins luisants. Le pouls est moins fort, la respiration moins ample. La nutrition est profondeinent atteinte, la graisse est re-sorbee, les chairs deviennent flasques. II y a bientöt anemie at adynainie ; des oedemes se farment; les ganglions se tumelient; les globules blancs deviennent plus nombreux dans le sang. La
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muladie, caracterisee par uae fievre hectique, peutdurer ainsides semaines et meine des mois; mais eile se tennine presque tou-jours par la mort,
La connaissance de ces divers degres d'iatoxication est tres utile, car eile permet d'expliquer un certain nombrc de faits inex-plicables autrement.
Les degres ne sont pas toujonrs aussi tranches que nous venons de lesupposer pour noire description; on passe d'undegre a I'au-tre, d'une facon insensible, par tin nombre plus ou moin^ grand d'intermediaires.
La septicemie experimentale, deterininee par injection d'une matiere septique dans les vaisseaux ou dans les sereuses, ne pre-sente point de syinptömes locaux. Quand eile resulte de rinocula-tion ou de Tirjectioa de la substance infectante dans le tissu con-jonctif sous-cutane, on voit, au pourtour du point d'inoculation, un engorgement chaud, qui se refroidit et se putrefie, du centre ii la Peripherie, h mesure qu'il s'etend.
Quelle que soit la voie d'introduction qu'on choisisse, la septi­cemie apparait toujours quand le melange de la matiere septique et du sang s'est effectue, et eile apparait proinpteinent si 1'injec-tion a eu lieu dans les vaisseaux en quantite süffisante.
On constate d'abord de la fievre, une acceleration du pouls et de la respiration, une elevation de la temperature, des frissons, des tremblements inusculaires, quelquefois des symptömes ner-veux, puis de la prostration, de l'abattement, de la stupeur et de l'inertie. Dansle debut, la temperature s'eleve quelquefois de un, deux, trois degres, mais ii l'approche de la mort, on reinarqueun abaissement considerable, puisqu'on l'a vue descendre ;quot;i 25deg; dans quelques cas.
Les animaux sont indifferents a tout ce qui les entoure, ils per-dent I'appetit, ils se tiennent difficilement debout, ils preferent la position decubitale et sont completeinent insensibles, ii la fin de la maladie surtout.
On a remarque aussi, chez quelques-uns, des vomissements bilieux ou sanguinolents, de la diarrhee stercorale ou sereuse, ou sanguinolente. Le pouls devient petit, imperceptible; la respira­tion est embarrassee, il y a parfois de la toux, et on ausculte des rales sous-crepitants, ce qui fait supposer qu'il s'est produit de I'oedeine dans le poumon. II y a albuminurie el amaigrissement tres rapide. La marche de la maladie est toujours rapide.
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Les symptomes apparaissent immediatement quand on a pro-cede par injection intraveineuse.
Dans tons les autres cas, il y a une periode d'incubation, qui pent varier de quelques heures ä cinq ou six jours, et qui varie d'ailleurs, ainsi que la duree de la maladie, avec la voie d'intro-duction de la matiere septique, avec la nature de cette matiere, avec son degre de putridite, avec la quantite qu'on emploie, et avec les animaux sur lesquels on agit.
Si la maladie se montre immediatement apres une injection dans les veines, I'actidn de la matiere infectante est moins prompte apres son introduction dans le tissu cellulaire, il y a alors une periode d'incubation.
Los voies respiratoires ne se presentent pas, avons-nous dit, dans de bonnes conditions pour favoriser l'action de la rnatierc septique; I'air, sans cesse apporte dans le poumon, gene en effet le döveloppement des vibrions septiques, qui sont anaerobies.
Toutes les matieres organiques ne jouissent pas au meme degre de la propriete d'engendrer la septicemie; le sang du boeufde-venu septique est plus actif que celui de I'liomme.
Quant aux especes qui sont les plus aptes ä contracter cette affection, il faut citer par ordre decroissant d'aptitude: le lapin, le cobayc, le moineau, le cheval, le rat, le chien, la brebis et la chevre.
Le degre de putridite des substances septiques influe aussi sur lour action; la putrefaction, arrivee asontenne, detruit complete-ment les proprietes virulentes. Les matieres organiques en voie de putrefaction sont virulentes; mais leur virulence dimih'ue h mesuro que la putrefaction fait des progres, et finalement ellc disparait.
La septicemie, provoquee experimentalement, est presque tou-jours mortelle. Gependant la guerison pent se produire quand I'injection a ete faite avec une petite quantite de matiere dont la putrefaction etait dejä avancee. Elle s'annonce par une attenuation de la fievre, par une modification des symptomes generaux, par l'apparition de quelques crises, telles que la salivation, la diurese, la diarrhee.
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L'infection septique, qui vient compliquer une plaie ou une maladie, se caracterise par des symptomes locaux et des sympto­mes generaux. Gependant on n'observe pas toujours ä l'exterieur des modifications locales; on ne les constate pas lorsque la septi-
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ceinie s'est developpee a la suite d'une maladie interne; on les voit quand eile est la consequence d'une lesion exterieure. Les symptomes generaux se montrent dans les deux cas.
Les symptomes locaux sont faciles k etudier; on s'explique loin* apparition par suite de la fermentation putride qui s'est etablie ä la surface de la plaie devenue le point de depart de rinfection septique.
L'apparition des symptomes generaux s'explique par une alte­ration survenue dans le sang, alteration qui se repand et se pro-page aux differents tissus de l'organisme, d'oii resultent des modifications dans les differents appareils.
Pour passer en revue tons les symptomes locaux, il faut envi-sager deux cas qui ne doivent pas etre confondus : 1quot; la plaie de resorption pent ne pas etre encore en voie de suppuration ; 2deg; ello pent etre suppurante.
Que la plaie soit suppurante ou non, I'infection septique ne s'explique qu'autant qu'il y a eu absorption de matiere septique, soit que cette matiere ait ete produite a la surface de la plaie, soit qu'elle vienne du inonde exterieur.
On observe des changements dans la plaie et dans ses produits de secretion. Ges changements apparaissent assez rapidement, apres que les tissus vivants se sont trouves en contact avec les matieres septiques. C'est ainsi que un, deux, trois jours apres leur absorption, on voit apparaitre les symptomes locaux. Un engorgement gangreneux se developpe au pourtour de la plaie, et ce caractere est cormnun aux deux cas.
La plaie, quin'a pas suppure encore, devient livide, marbree de rouge, de jaune, de noir ; cette lividite et ces marbrures tiennent ä des alterations de son tissu. Elle presente souvent des irregula-rites, des anfractuosites, qui contiennent des detritus putrides, des caillots sanguins noirätres, boueux et fetides; eile n'offre pas de signes d'hyperemie ni d'exsudation inflammatoires. Le tissu propre de la plaie est devenu llasque, mollasse, infiltre d'une matiere sero-sanguinolente, qui est generalement froide et fetide. On pent d'ailleurs obtenir les caracteres precites et la resorption septique, en inoculant une substance organique h un animal, et en la laissant directement en contact avec I'air exterieur. Ainsi il suffit de placer, sous la peau d'un lapin par exemple, un frag­ment de matiere organique, qui se putrefiera s'il est laisse en contact avec I'air exterieur; la fermentation locale se developpera, et une fois produite eile se generalisera bientot.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ie
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Dans la plaie qui a suppure, le pus devient moins abondant, plus fluide, bulleux, sanieux et fetide; finalement il cesse peu k peu d'etre secrete et est alors remplace par un liquide roussätre, brunätre et fetide. La plaie devient analogue ä celle qui n'a pas suppure. Les bourgeons charnus presentent un aspect livide ou plombe et des marbrures de dillerentes couleurs, jaunes, brunes, rouges.
Dans les deux cas, il y a toujours un engorgement au pourtour de la plaie. D'abord peu prononce, cet engorgement marche ayec une grande rapidite. Des le debut, il a les caracteres des engor­gements ou tumeurs gangreneuses. II survient brusqueinent, sa cause peu apparente n'en est pas moins reelle, et cette cause, c'est le depot et la multiplication des germes septiques apportes par l'air. Au bout d'un jour ses proportions peuvent devenir doubles, triples, quadruples. Primitivement il est oedemateux, chaud et douloureux, ensuite il se modifie ä mesure qu'ils'etend. II reste toujours chaud, douloureux et oedemateux älaperipherie; dans le centre il s'affaisse, il se deprime, il devient moins chaud et insensible. A mesure que l'engorgement s'etend vers la Peri­pherie, la partie froide et insensible s'accroit. Bientöt il cxiste au centre une zone obsolument froide, crepitante au toucher, renfer-mant des bulles gazeuses, insensible, sombre et livide ou npirätre. En incisant cette partie centrale, on neprovoqueaucunedouleur; on peut y enfoncer impunement l'instrument toujours sans dou-leur. Le liquide qui s'ecoule est noirätre, sereux ou boueux, et des gaz fetides s'echappent avec bruit. Les muscles ont eprouve des modifications profondes; ilssont devenus brunatres, noirätres, violaces, laves, comme cuits, moins tenaces, plus faciles ä de-chirer.
Le tissu conjonctif sous-cutane, inter et intramusculaire, peri-vasculaire et pörinerveux, est infiltre d'une serosite citrine, san-guinolente, mousseuse, bulleuse. Les vaisseaux de la partie ainsi alteree sont generalement vides; quelquefois ils renferment du sang sous forme d'une bouillie noirätre, poisseuse et fetide.
Les symptömes generaux sont dus ä la penetration de la matiere septique dans le sang, ä l'alteration de ce fluide, et au retentisse-ment de cette alteration dans tons les tissus, dans tons les appa-reils, dans tous les organes, sur toutes les fonctions. Ils n'appa-raissent pas en meme temps que les symptömes locaux, car la putrefaction peut d'abord etre locale et rester localisee un certain
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temps; ils se mohtrent apres qu'il y a eu absorption de la subs-tance infectante, et une fois apparus ils coexistent avec les symp-tömes locaux, sauf les cas oil ceux-ei font defaut.
L'infectlon generale et l'alteration du sang s'annoncent par une (levre proportionnee ordinairement aux symptonles locaux. Les malades eprouvent des frissons, des tremblements musculaires. On constate des sueurs localisees ou generalisees, chaudes d'abord et fröldes plus tard vers le declin de la maladie. Quelquefois les malades preseutent des symptömes nerveux, de l'agitation, des lüreurs, des envies de mordre. La maladie s'accompagne tou.jours d'abattement, de prostration, de faiblesse, d'insensibilite, d'indif-feronce, de stupeur; et il n'est pas rare d'observer des intermit-tcnces dans la manifestation de ces divers symptömes.
Les progres sont rapides, et la faiblesse s'accuse tres vlte; l'in-sensibilite deviant de plus en plus complete; on pent bientot piqueiquot; les malades sans provoquer de la douleur. Des lors les aniiüäüx sont tout ä fait indifterents ä ce qui se passe, ils portent la töte basse, appuyee sur la mangeoire, ils prennent un point d'appui centre les parois de la stalle ou centre le mur; leur atti­tude est analogue ä celle des individus attaints de fievre typho'ide, La station debout est difficile, la demarche mal assuree, chance-lante, et les reins sont faibles. L'amaigrissement et la resorption de la graisse sont rapides, les poils se herissent et sont faciles ä arracher.
Pendant le cours de la maladie il se produit des paroxymes, des redoublements de fievre. Vers la fin les frissons reapparaissent; on observe des sueurs froidas et generales, des convulsions.
A l'approche de la mort, l'abattement est profond, la somno­lence contlnuellc; la faiblesse fait place ä la paralysie incomplete, h la paralysie, h la paraplegic.
Tels sont les symptömes fournis par l'appareil de ririnarvation et par l'appareil locomoteur.
La fonction digestive est modifiee considerablement. Des le debut il y a inappetence, la langue est seche et chargee, il y a quelquefois des vomissements (chien), il y a d'abord constipation; mais cette constipation fait rapidement place ä une diarrhee ster-corale, sereuse ou sanguinolente; puis apparait une dysenteric sanguinolente et fetide; parfois on observe une veritable meteo-risation produite par la fermentation intestinale, et quelquefois aussi des coliques.
Dans la fonction de la circulation sont pareillement survenues
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des modiücations. Les battements rlu Cüeur sont precipites, tumul-tueux et forts; ils restent ainsi pendant toute la duree de la mala-die, alors que le pouls est vite, petit, de plus en plus faible, inexplorable et quelquefois intermittent. Les muqueuses en gene­ral et les muqueuses apparentes en particulier sont eongestion-nees, d'une teinte icterique, violacees, cyanosees ou lavees; elles sont parsemees d'ecchyinoses, de petechies, infiltrees de serosite etteintees par la matiere colorante du sang; souvent elles devien-nent catarrhales.
La respiration est pressee, saccadee, difficile aux approches de la mort. II se produit des infiltrations du tissu conjonctif pulmo-naire. L'air expire devient fetide et froid. Quelquefois on observe un jetage sero-sanguinolent, une toux pectorale, des rules, des bruits anormaux, qui s'expliquent par l'uedeme du poumon.
La temperature est surelevee au debut de la maladie, de un, deux, trois degres ; eile reste ainsi tant que la flevre persiste. Quand la faiblesse arrive, eile baisse; et aux approches de la mort cllc pent desccndre ä 25deg; ou 26quot;.
La nutrition est considerablement amoindrie ; I'amaigrissement est tres prompt.
Les urines sont diminuees, alterees; elles renferment la matiere colorante du sang et une certaine quantite d'albumine.
La maladie pent localiser ses lesions; alors il y a predominance de certains symptöines. Elle peut localiser plus specialement ses lesions sur le poumon. II peut y avoir congestion et hepatisation pulrnonaires; alors on constate les caracteres de la pneumonie. Elle peut les localiser sur les plevres et se traduire par des signes de pleurite, ou sur le peritoine et se traduire par des signes de peritonite, ou sur certaines sereuses articulaires 3t se traduire par les caracteres de l'arthrite, ou bien dans rarachno'ide et alors on observe des symptömes nerveux, voire meine des symptömes de tetanos. Quelquefois eile localise ses alterations dans le foie, alors 11 y a une degenerescence des cellules hepatiques, et la matiere colorante de la bile, restant dans le sang, donne aux muqueuses la teinte icterique qu'elles presentent souvent. Si les lesions sont localisees sur les reins, il s'ensuit une alteration des urines. Si elles siegent sur Festomac et Fintestin on observe la constipation, la diarrhee, ladysenterie, la meteorisation, des coliques. Si elles se localisent dans le tissu conjonctif, on rencontre alors dans ce tissu des tumeurs gangreneuses, qui Vaccroissent rapidement et qui
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sont crepitantes. On peut aussi rencontrer un emphyseme genera­lise, constitue par des gaz fetides, qui se sont produits dans I'or-gahisme et se sont repandus dans le tissu conjonctif.
La marche de la septicemie est progressive et rapide ; eile affecte ordinairement le type aigu et quelquefois le type suraigu. Elle va-rie d'ailleurs suivant lavoied'absorption et laquuntite dematiere absorbee. 11 est des oas oh la maladie est apoplectique et fou-droyante ; dans cette eirconstance on ne constate pas tons les symptomes eiunneres ci-dessus, et ä l'autopsie on ne trouve pas toutes les lesions pnöcitees, qui n'ont pas eu le temps de se p'ro-duirc. Mais en general sa inarche est plus facile ii suivre ; on pent lui reconnaitre trois periodes ou etapes : 1quot; une premiere periode caracterisee par Tapparition des symptomes locaux ; 2deg; une se-conde periode caracterisee par l'extension de l'engorgement et l'apparition des symptomes generaux ; 3quot; une periode finale ou d'exacerbation. Ges periodes ne sont jamais bien nettement tran-chees, elles se succedent et se melangent insensiblement.
On a dit que la septicemie peut avoir une marche plus lente, que son type peut devenir subaigu ou ineme chronique, et qu'elle pout durer quelquefois deux semaines. On s'est trompe dans ces cas, et on a pris pour eile Flnfection putride. Nous avons vu que celle-ci peut etre lente, qu'elle determine progressivement le ma-rasme et la mort. Mais on ne comprend pas qu'une maladie, due h des ferments, puisse durer deux, trois semaines, alors que ces ferments sont dans un milieu tres propice ii leur vie et a leur re-pullulation, alors qu'ils determinent si rapidementla mort dans le plus grand nombre des cas.
Lorsque la seconde periode a fait place h la troisieme, les ma-lades sont alfaiblis, indillerents, insensibles, la paralysie survient et la mort arrive bientot; on observe un abaissement considerable de la temperature; les animaux tombent, se livrent ä quelques mouvements, eprouvent quelques convulsions et ineurent rapide-inent.
La dureede la maladie est ordinairement courte, eile est de un, deux, trois, quatre jours. Sa terminaison est la mort ; les cas de guerison qu'on a signales se rapporteut sans doute h la simple in­toxication putride et non h la septicemie.
Le pronostic est excessivement grave, car les malades doivent succomber, et leurs chairs sont absoluinent inulilisables pour la boucherie, car le virus existe partout.
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Le diagnostic n'est pas difficile, quoique les symptömestie soient pas absolument pathognomoniques. Lorsqu'on a assiste h I'appa-rition de l'affection, on la reconnait aisement, car il y a des cir-constances qui expliquent son developpement. II s'est produit des modifications locales appai-entes, avec un changement subit dans I'etat general des malades (accidents chirurgicaux, maladies internes), et ces modifications locales et generaies doivent faire craindre l'invasion de la septicemie.
II est peu de maladies qui se montrent dans les memes condi­tions, qui se caracterisent par des symptömes aussi aigus, qui evoluent aussi rapidement, qui s'accompagnent de faiblesse coninie la septicemie ; et dans les cas d'engorgements gangreneux, em-physemateux, on ne peut avoir aucun doute, de ineme que dans les cas oil I'air expire est fetide, ä odeur de gangrene.
On pourrait confondre l'infection septique avec le charbon et la morve suraigue.
Le charbon s'accompagne aussi de fievre, il tue rapidement les malades comme la septicemie. L'iuteret pratique, qui ressort de leur distinction, n'est pas grand, car les deux maladies soul tres graves et tres contagieuses, et dans Fun comme dans I'autre cas, les chairs sont dangereuses et inutilisables. Gependant il est facile d'eviter une confusion, seit en tenant compte des symptömes et des circonstances qui out preside ä leur apparition, seit en exa-minant le sang au microscope. Dans le sang charbonneux on trouve ordinairement la bacteridie immobile. Dans la septicemie il y a parfois des engorgements gangreneux s'aecompagnant d'emphyseme. Beaucoup de veterinaires croient encore que le charbon symptomatique s'aecuse par des tumefactions crepitantes. C'est une question que nous traiterons plus loin ; mais le bacillus anthracis lui-meme n'est pas un ferment, et il ne saurait done s'ae-compagner de la formation de gaz.
Peut-on confondre la septicemie avec la morve aigue'? Evidem-ment non. Dans l'infection septique la muqueuse nasale peut presenter au debut une hyperemie, des ecehymoses, des petechies, qui ressemblent aux memes accidents de la morve aigue debu­tante, mais on n'a qu'ä attendre quelque temps pour voir ces lesions se specialiser; s'il s'agit de la morve, les ecehymoses feront place ä des elevures et ensuite ä des ulceres.
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ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Les cadavres des ahimaux morts de septicemie se cöhserverit pcu de temps; ils se refroidissent tres rapidement. Lti rigidite ca-lt;laverique dure peu ou se pröduit ä peine, cai- les muscles sont älteres. La putrefaction s'empare bientöt de tous les organes. On observe ä la surface du corps des taches livides, violacees, rou-geatres, verdätres, qui sont des indices de l'alteration de la mu­tiere colorante du sang.
Si le point de depart de la malad ie a ete une plaie, on observe les caracteres dejä signales ä propos des symptömes. Les gaz se repandent dans le tissu conjonctif. Et d'ailleurs, aussitöt apres la mort, la fermentation abdominale s'accentue, le ballonnement se produit et va croissant, la muqueuse rectale se renverse, les ou-vcrtures naturelles laissent echapper des gaz fetides; la fermen­tation gagne de proche en proche, les vibrions passent dans les vaisseaux de la cavite abdominale et se repandent partout.
La septicemie se declare assez souvent ä la suite de certaines operations, de certaines plaies, de certaines contusions, de cer­tains accidents ayant determine une gangrene locale. Dans ces divers cas il se produit des modifications dans l'accident oil la resorption septique s'est etfectuee, et les lesions qu'on observe alors ne sont autres, avons-nous dit, que les symptömes locaux i[ue nous avons dejä enumeres et qui persistent apres la mort. Ge qui trappe d'abord, c'est l'odeur fetide qui se degage non seule-ment des ouvertures naturelles du cadavre, mais surtout de la plaie qui a ete le point de depart de la maladie. Dans les anfrac-luosites de cette plaie, on trouve des caillots noirätres et im de­tritus fetides melanges toujours avec des bulles gazeuses; les bourgeons cliarnus de l'accident putride et le tissu, qui s'est mor-tifie apres la contusion, se reduisent en une matiere putrilagi-neusc. Au pourtour de la plaie,' au-dessus de l'engorgement qui l'entoure et au niveau de la contusion, il y a toujours des altera­tions manifestes de la peau. Gelle-ci peut etro gangrenee s'il y a eu contusion; mais s'il y a simplement engorgement, l'alteration est moins prononcee, pourtant eile existe ä la face interne du derme cutane, dont le tissu est infiltre et presente de nombreuses taches ecehymotiques.
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Le tissu conjonctif, qui fait partie de la plaie, de la contusion, est protbndemeiit altere. Cette alteration a atteint non seulement le tissu conjonctif sous-cutane, jnais encore celui qui s'enfonce dans les interstices des organes, le tissu conjonctif intermuseulaire et intramusculaire, le tissu conjonctif perivasculaire, perinerveux et periglandulaire. Ce tissu est inültre d'une serosite jaune-rou-geätre, qui est le plasma du sang tenant en dissolution la matiere colorante de ce liquide. Gette serosite est fetide comme tous les autres produits.
On observe de plus, dans le ineme tissu, des ecchyinoses, des points hemorrhagiques, des hemorrhagies peu considerables, dent le sang est plus ou moins altere, noirätre, diffluent, poisseux, presque toujours incoagule.
Quelquefois, raais bien rarement, on trouve encore dans le tissu conjonctif des foyers purulents. II n'y a lä rien d'etonnant, car la matiere septique est irritante et peutjusqu'ii un certain point donner lieu ä la formation du pus; mais ce pus est de mauvaise nature, il est sereux, jaunätre, forme surtout da serum, e'est-a-dire d'une partie liquide, qui tient en suspension quelques rares elements cellulaires et de nombreusas granulations proteiquas ou graisseuses. Dans le tissu conjonctif avoisinant existent quelque­fois des tumeurs crepitantes, gangreneuses, qui presentent les caracteres da rengorgement gangreneux. Quelquefois aussi au pourtour de 1'accident, qui a ele le point de depart da la septi-cemie, on observe de remphysema sous-cutane, et dans ce cas bien entendu las gaz renfermes dans las mailles du tissu conjonctif sont fetitles.
En general ces diverses alterations sa montrent principalement au pourtour de la plale; mais si on penetre plus intimement ii travers las tissus ainsi älteres, on rencontra das modifications profqndes dans les vaisseaux, suitout dans les vaisseaux veineux et lymphatiques, car ca sont eux qui absorbent les matieres sep-tiques; il y a des phlebites et des lympluingites. Dans les vaisseaux sanguins on trouve les produits d'une inflammation de mauvaise nature, une sanie purulente, un pus rougeätre at peu riche en cellules purulentes; on y trouve aussi _des fragments de caillots, qui sont en general ramollis, car dans la septicemie la fibrine du sang eprouve un ramollissement considerable et devient presque incoagulable.
Les muscles qui font partie de liiccident local sont aussi älteres; ils ont un aspect brunatre; si on les observe avec soin, on trouve
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une infiltration de serosite jaunutre dans leur propre substance. Leurs caracteres physiques sont modifies; ils sent moins tenaces. 11 en est de meine des nerfs, dont, les modifications sont pourtant en general pen protbndes; ils sont infiltres, surtout dans le tissu conjonctif qui forme leur gangue.
Enfin quand la plaie ou la contusion se trouve au voisinage d'un os, celui-ci peut-etre Interesse; il a subi paifois des modifications ä peu pres analogues k celles du tissu conjonctif. II est conges-tionne, ses vaisseaux reiiferment im sang noirätre, incoagule, et sa moelle est ramollie, diffluente et toujours plus ou moins co-loree, car la matiere colorante du sang a diffuse et est venue I'im-biber
Les tendons et les aponevroses places au voisinage de 1'accident, presentent des alterations en general peu prononcees, parce que ces organes resistent assez longtemps h la gangrene; on observe seulement une infiltration de serosite jaune-rougeätre.
Tels sont les caracteres visibles h l'oeil nu de l'engorgement gangreneux local.
Quelle est la composition de la sanie gangreneuse et du putri-lage qu'on trouve dans les plaies septiques?
La sanie gangreneuse n'est, ä proprement parier, que du sang altere; on y trouve des matieres liquides plus ou moins colorees, suivant que I'accident est plus ou moins ancien, suivant que la matiere colorante du sang y a ete dissoute plus ou moins abon-daminent.
Dans ce plasma colore, partie principale de la sanie, existent des elements figures, des granulations de matiere albumino-pro-teique, des granulations de matiere colorante dues h la destruction des globules rouges du sang. On y trouve aussi, et en tres grand noinbre, des gouttelettes de graisse, qui proviennent, soit de la destruction des cellules adipeuses, soit du dedoublemcnt de la matiere proteique et de la matiere graisseuse, qui sont normale-ment associees dans les globules du sang. En outre de ces granu­lations, on trouve toujours certains cristaux de leucine, de tyro-sine et de margarine; on rencontre aussi quelquefois des cristaux de matiere colorante, des cristaux roses d'hemato'idine. II existe toujours, parmi ces divers elements figures, des fragments de cellules et des globules de pus, inais en faible quantito, des glo­bules rouges du sang plus ou moins älteres et en voie de destruc­tion, et enfin toujours un certain nombre de vibrioniens.
Quels sont les caracteres du sang encore renferme dans les
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vaisseaux? Le sang de Ja partie gangrenee est profondement al­tere. On y trouve quelquefois des caillots fibrineux ou fibrino-albumineux; inais en general ces caillots, formes sous rinfluence de rintlammation du vaisseau oh ils se trouvent, sont mous et presque toujours accompagnes d'une certaine quantite de pus de mauvaise nature. Ce qui domine dans l'alteration du sang, c'est la grande tendance des globules rouges ii la destruction. Les glo­bules blaues degenerent aussi, se resolvent en granulations, mais ils resistent plus longtemps.
De ce fait, de cette tendance des globules rouges k la destruc­tion, resulte un autre fait important : c'est la dissolution de la mattere colorante du sang dans le plasma, sa diffusion et l'imbi-bition des organes et des tissus voisins. De ce fait resulte aussi une modification tres evidente de la lymphe contenue dans les vaisseaux lymphatiques; eile se presente en effet avec une colo­ration rougeätre, car eile n'est autre chose que le plasma colore qui a exsude ä travers les vaisseaux.
Au voisinage de l'accident local, on rencontre quelquefois, avons-nous dit, des foyers purulents; le pus qui se trouve dans ces foyers est de mauvaise nature. Ce qui y domine, c'est lä partie liquide; les cellules purulentes y sont peu nombreuses, ii y a beaueoup de granulations graisseuses, de granulations de mattere proteique et de matiere colorante, et surtout des bacteriens. Co pus s'est forme sous l'influence de la matiere septique, aussi est-il toujours de mauvaise nature.
Les differents elements cellulaii'es, qui entrent dans la constitu­tion des tissus faisant partie de l'engorgement gangreneux, ten-dent h se detruiru et se detruisent assez rapidemtnt, au moins certains d'entre eux. En general ce sont les cellules qui se rap-prochent le plus du type embryonnaire, qui se detruisent le plus fueiiement par degenerescence granulo-graisseuse et par desagre-gution moleculaire. En eilet, dans les cellules en voie de destruc­tion, il y a d'abord degenerescence granuleuse, c'est-ä-dire frag­mentation en globules, puls desagregation de ces particules.
Les cellules graisseuses sedetruisentaussi, mais elles presentent des phenomenes un peu diflereuts. La graisse qu'elles contiennent s'echappe peu ä peu et s'en va dans la. sanie gangreneuse sous forme de gouttelettes; aussi cette sanie apparait-elle sous forme d'emulsion; on y voit un nombre considerable, de points grais-seux.
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Lasanie est done une sorte d'emulsion, et cette emulsion se forme par la niise en liberte de la graisse constituant les cellules adi-peuses et par la degenerescence granulo-graisseuse, e'est-a-dire par la desagregation de l'amalgame de la matiere proteique et de la matiere graisseuse qui forment les divers elements ceUulaires. La graisse se colore par la diffusion et Fimbibition de la matiere colorante du sang.
Les muscles, avons-nous dit, out perdu de leur tenacite; ils out etc modifies dans leur structure. La fibre musculaire est infiltree dp serosite et de plus eile a eprouve ties modifications do structure. Elle a perdu sa striation, eile s'est gonflee; quelquefois aussi, quand la inaladie a dure un certain temps, eile a eprouve la dege­nerescence granulo-graisseuse comme les cellules.
Les elements qui resistent le plus sent les fibres connectives et les fibres elastiques; mais si la inaladie dure un certain temps, ces elements fimssent par se detruire; ils s'inflltrent de la serosite putrlde et finalement ils eprouvent la degenerescence granuleuse e'est-a-dire se separent, se desagregent en granulations, qui cn-trent en suspension dans la sanie gangreneuse.
En resume, dans rengorgeinent gangreneux il se produit des decompositions et il se forme oe nouvelles combinaisons, qui expliqucnt la presence de certains gaz, tels que sulfbydrate d'am-moniaque, carbonate d'aminoniaque, etc., et de certaines matieres telles que leuciue, tyrosine, margarine, phosphates ammoniaco-inagnesiens.
Apres avoir etudie les alterations que presente llengorgement gangreneux, passons ä Fexamen des lesions qui se rencontrent dans toute infection septique, et, avant d'etudier en detail les le­sions des differents appareils, voyons les alterations du sang, qui sent les plus importantes, les premieres produites et celles dont derivent toutes les autres.
Sang, appareil circulatoire, sereuses. — La maladic se produit d'abord dans le sang; sou germe, arrive dans le torrent circulatoire, modifie le sang, et e'est consecutivement qu'appa-raissent les autres lesions; la modification du sang explique toutes les autres alterations.
Du reste chez les sujets atteints tie septicemie, le sang est dejii considerablement altere, meine pendant la vie. Aux approches de
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la mort il est moins coagulable, quelquefois il ne Test plus du tout; il est brunätre, noirätre ; il se prend en une masse poisseuse, diffluente, gluante, visqueuse ; at, circonstance a retenlr, celui qui a ete obtenu par une saignee ne rougit plus a I'air comme le sang normal, mais il reste noirätre ou brunätre. Quand on le laisse reposer dans un vase, il ne se coagule pas, et le serum qu'on obtient est tout ii fait modifie, il est rougeätre, il tient en dissolu­tion de la matiere colorante. Done, du vivant meme de l'animal, il y a eu destruction d'un certain nombre de globules rouges et le serum ainsi colore va imbiber les differents organes et les divers tissus avec lesquels il est en contact. La coloration de la sereuse du coeur et de la face interne des vaisseaux se produit dejk avant la mort. Outre les organes qu'il touche, le plasma sanguin colore encore les divers produits de secretion ; ainsi aux approches de la mort, il n'est pas rare d'observer une modification de couleur dans les produits d'excretion, dans les urines par exemple, qui sont rougeätres et comme sanguinolentes.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^
Du reste le sang se putrefie dejä sur le vivant. Cette putrefac­tion n'est pas bieu apparente, car eile n'est Jamals assez avancee, et quand eile acquiert un certain degre, la vie n'est plus possible; mais eile se developpe tres rapidement apres la mort. Presque aussitöt apres la mort en elfet, le sang est charge de certains gaz putrides ammoniacaux. G'est done surtout alors que les altera­tions du sang sont tres accusees.
Ges modifications se remarquent dans ses caracteres physiques, dans ses caracteres chimiques, dans ses caracteres anatomiques et dans ses caracteres physiologiques.
En effet il reste toujours noirätre ; il ne prend pas la teinte rose au contact de fair ; il presente toujours un certain nombre de gouttelettes graisseuses brillantes ; il se coagule incomplete-mentoii nese coagulepasdu tout et reste poisseux, diffluent, gluant, visqueux. Enpratiquant I'autopsie on letrouve toujours incoagule dans les veincs, dans le cueur droit, et souvent dans le cosur gauche ainsi que dans les arteres. Gependant il n'est pas absolu-ment rare, meine dans la septicemie avancee, de le trouver legere-ment coagule dans le coeur gauche. Mais alors le caillot n'est pas jaunätre, il est noir, il n'y a pas eu separation des elements du sang ou tout au moins la matiere fibrino-albumineuse est reside imbibee de la matiere colorante dissoute dans le serum. Ce caillot forme une pulpe noirätre, et on n'entrouve Jamals dans les veines ni dans le coeur droit. Si I'autopsie est faite quelques heures apres
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la mort, on observe touiours dans lo sang des bulles gazeuses fetides.
Le sang, avons-nous dit, ne rougit pas h Tair. Pourquoi ? II a perdu sa propiiete respiratoire ; las hematies ne peuvent plus fixer I'oxigene ou tout au moins n'en fixent qu'une quantite insuf-(isante ä l'hematose. A quoi tient cette diminution du pouvoir res­piratoire des hematies ? On presume qu'il s'est produit une alte­ration de rhemoglobine.
On trouve dans le sang septique une plus grande quantite de de matiere grasse, dont nous avons explique l'origine et le mode de production.
On y trouve aussi une plus grande proportion d'acide carbo-nique, tandis qu'il y a moins d'oxygene et moins d'albumine. Nous savons d'ailleurs que, pendmit la vie, I'albumine a de la tendance ä passer dans les mines.
Les hematies ont egalement diininue de nombre, car si on pese la masse figuree du sang, on obtient up poids inferieur au poids normal.
Quelquefois lesang possede une reaction acide ; ce qui s'expli­que par la presence d'un exces d'acide lactique, forme sous I'in-fluence de la fermentation qui s'est operee dans sa masse.
Examine au microscope, il se montre moins riche en globules rouges. Geux-ci ont ete tres modifies, ils ne s'empilent plus, ils n'adherent pas les uns aux autres, ils se groupent plutot en amas informes, et presque toujours ils sont ramollis, diffluents, ils s'al-longent facilement. Certains d'entre eux apparaissent avec un vo­lume plus considerable ; rnais leurs contours sont moins nets, moins evidents. D'autres au contraire semblent avoir diminue de volume. D'autres enfin sont manifestement decolores ; ce sont des globules en voie de destruction, qui ont dejti perdu leur ma­tiere colorante. Enfin ce qui frappe le plus, c'est qu'on volt beau-coup de globules creneles dentes, etoiles, c'est-ii-dire presentant des contours anfractueux.
Tons les globules ainsi modifies ne sont pas eloignes de la des­truction, qui semble se faire de deux manieres principales : 1deg; on voit certains globules rouges devenir granuleux, presenter des granulations refringentes, qui sont principalementdesgouttelettes de graisse ; ce phenomene annonce qu'il y a eu destruction de l'amalgame proteino-graisseux, et finalement ces globules, d'ap-parence granuleuse, se desagregent; 2deg; on trouve assez souvent dans le sang des globules representes par une partie centrale, de
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laquelle s'ecliappent deux ou trois filaments, qui lui stmt adhe­rents et flotteut autour d'elle. Ge sont encore des globules en voie de destruction. Les filaments sont en general de nature fibrineuse ; ils ne tardent pas ä se separer de la granulation et deviennent fi­bres. Ce mode de destruction semble bien reel, car on trouve assez souvent, dans le sang septique, des filaments fibrineux et gra-nsleux.
Les globules blancs sont plus abondants et meine, si la maladie a ete assez longue, il y a leucocytose ; mais ces globules presen-tent dejä aussi la degenerescence granulo-graisseuse; ils sont en voie do destruction, ils tendent aussl ä se desagreger.
Dans le sang septique on trouve quelquefois certains cristaux de matiere colorante (hematoidine), qui se presentent avec une teinte rosee; on y trouve enfin, de meine que dans le pus septique et dans la sanio gangreneuse, les bacteriens de la putrefaction, doiit nous indiquerons plus loin les caracteres.
Sa principale modification, au point de vue physiologiquo, con-si.sle dans l'acquisition de la virulence ; le sang est inoculablo ä doses tres petites et reproduit la septicemie.
L'appareil circulatoire est de tousle plus modifie. II existe des alterations dans le cueur, sur les sereuses cardiaques, dans les vaisseaux sanguins et lymphatiques, dans les ganglions lymphati-ques et surtout dans les difierentes sereuses de l'örgaüisme.
Nous savons dejäque dans lecceur on trouve lesang incoagule, tout au moins dans le coeur droit ; exceptionnellement, dans le cueur gauche, il peut exister un caillot qui est toujours noirätre. L'endoearde est presque toujours colore en rouge par I'imbibition prot'onde du plasma sanguin, qui a dissousla matiere colorante ; de plus il y a des eccliymoses, des taches plus foncees, qui siegent fioh seulement dans la substance de l'endoearde, mais qui s'en-foncent meine quelquefois dans le muscle cardiaque h la profon-deur de quelques millimetres. Le coeur est tres moditie ; h I'oeil nu il apparait decolore ou brunätre, lave et comme cuit ou ter-reux, moins resistant. Les vaisseaux, qui entrent dans sa compo­sition, sont pleinsd'un sang noirätre, et letissu conjonctif, qui les entoure, est comme partout ailleurs, inflltre d'une serosite jaune-rougeatre. Sous le microscope les fibres du coeur se montrent tres alterees dans leur structure ; elles sont degenerees, ou en voie de degenerescence granulo-graisseuse. La pericarde est pres­que toujours le sifege de certaines alterations ; on y remarque des points ecchymotiques, et presque toujours il renferme une certaine quantite de serosite sanguinolente^
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A la face interne des arteres et des veines, on constate toujours cette imbibition, dont nous venons de parier ä propos de l'endo-carde. Le sang n'est Jamals coagule dans les veines ; il ne Test qu'exceptionnellernent dans les arteres. Outre la tunique in­terne du vaisseau, le plasma sanguin a infiltre le tissu conjonctif perivasculaire.
Quelquefois on observe des foyers metastatiques dans les visce-res, dans, le foie, dans le poumon, dans la rate, dans les reins. Ges foyers ont, h pen de chose pres, les earacteres de ceux de l'infection purulente ; rnais le pus est fetide, il renferme le vibrion septique et il est de inoins bonne nature. C'est que dans ce cas il y aeu resorption des matieres septiques et puruleutes en memo temps.
Dans les ganglions et les vaisseaux lympathiques, on rencontre des alterations plus ou moins marquees. La lyinphe est coloree en rouge ; les ganglions, surtout ceux de la poitrine (ganglions broncliiques) el ceux de I'abdomen (ganglions mesenteriques), sont ordinairement hypertrophies, congestionnes, infdtres et ra-inollis.
Du cöte des sereuses les alterations s'observerit h pen pres par-tout, sur la plevre, sur le peritoine, snr les sereuses articulaires ct jusque sur la sereuse araclmo'idienne. II y a de la conges­tion, de l'injection, des ecchymoses et une exudation de serosite jaune-rougeätre.
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Appareil respiratoire. — Get appareil presente toujours des lesions tres manifestes et profondes, c'est un des appareils les plus älteres. La plevre est rougeatre, injectee, congestionnee, ecchymosee ; eile renferme de la serosite sanguinolente. La mu-queuse respiratoire (laryngienne tracheale, bronchique) est alteree, congestionnee, ecchymosee, infiltree, ramollie ; son epithelium se detache facilement; eile presente un etat catharral plus ou moins avance. Mais I'organe le plus altere c'est le poumon, qui est tantöt congestionne, noirätre, brunatre, crible quelquefois d'exsu-dats interstitiels, c'est-ä-dire d'oedemes dans le tissu conjonctif in-terlobulaire. II presente aussi des points hemorrhagiques plus ou moins nombreux, surtout sous la sereuse. Quelquefois la frame pulmonaire est ramollie, transformee en putrilage analogue h ce-lui de Tengorgement gangreneux. Ge putrilage est semi-liquide, noirätre ou verdätre, mais toujours tres fetide. Gette alteration, qui n'est pas rare, occupe une surface plus ou moins etendue, ou
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se presente par places dans des portions de poumon plus ou moins completernent hepatisees. Et, dans les cas ou il est hepatise et presente de ces points de ramollissement, le poumon apparait a I'exterieur comrae bossele. Si par I'incision on penetre dans les cavernes, on les trouve pleines d'une sanie fetide, analogue h celle de la plaie septique. Quelquefois dans le poumon il y a des abces metastatiqucs h pus fetide. Toujours le sang renferme dans les vaisseaux pulmonaires est noiratre, poisseux, gluant, fetide. Les elements du tissu pulmonaire, cellulaires at autres, ont eprouve un commencement de degenerescence granulo-graisseuse et de desagregation.
Appareil digestif. — II y a frequeinment des alterations dans I'appareil digestif, principalement sur le peritoine et sur la nuqueuse digestive. Le peritoine est hyperemie, ecchymose ; il renferme dans sa cavite de la sörosite sanguinolente putride. La muqueuse digestive est congestionneeparplaces ou surune etenduo plus ou moins consider able. On trouve des points hyperemies, des ecchymoses sur la muqueuse stomacale. Quelquefois il existe de veritables hemorrbugies sous-muqueuses, do grandes plaques hemorrhagiques qui se sent produites sous la muqueuse et Font soulevee. On voit aussi ces alterations sous la muqueuse intesti-nale; en outre sur celle-ci, 11 y a quelquefois des ulcerations, mais ces accidents ne sont pas des ulceres ä proprement parier, ce sent plutöt des plaies resultant de mortißcations locales de la mu­queuse suivies d'elimiuation. Les elements glandulaires de l'intes-tin eprouvent la degenerescence graisseuse, la desagregation mo-leculaire ; et il peut tres bien s'ensuivre des plaies a. la place des glandes. Dans la septicemie, comme dans le charbon, on peut observer quelquefois de veritables apoplexies intestiuales, qui se caracterisent par des hemorrhagies plus ou moins etendues sous la muqueuse de rintestin ou entre les lames du mesentere. Dans ces cas il y a congestion des vaisseaux mesenteriquos et des vais­seaux de rintestin. Le sang de ces vaisseaux est colui dans lequel la fermentation putride laquo;'accuse le plus rapidement apres la mort.
Le tissu conjonctif qui entoure les glandes, les ganglions, le foie, la rate, les pancreas, les reins, a eprouve les memes altera­tions quo celui qui est sous la peau; il est inflltre, ecchymose, et il contient des bullcs gazeuses ofui apparaissent tres rapidement apres la mort.
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Dans le tbie il s'est produit ordinairement certaines alterations. Get organe a le plus souvent eprouve la degenerescence granulo-graisseuse; aussi chez les animaux septicemiques a-t-il une cou-leur grisätre, gris-jaunätre, qui le fait volonliers assimiler ä de la torre glaise. II s'ecrase tres facilement sous la pression des doigts; il ost presque toujours hypertrophie et ses vaisseaux sont pleins d'un sang noirätre. Mais indepentlainment de cette alteration, qui estgenerale, qu'on observe presque toujours, on en voit d'autres dans le tbie. Ce sont surtout des points blanchütres qu'on aper-coit ii sa surface, gros comme une tete d'epingle on un grain de ble. Ces points sont entoures d'une zone de congestion; on dirait presque des tubercules morveux. Ils sont mous, ils sont formes de cellules hepatiques degenerees on en voie de degenerescence et de leucocytes. Ceux-ci out ete apportes lii par les vaisseaux, out traverse leurs parois, out comprime les cellules hepatiques et out amene leur degenerescence prematuree. Au pourtour de ces points, il y a des vaisseaux congestionnes qui torment une zone rouge. Outre ces points blancMtres, il y a aussi sur le foie des taches plus etendues, qui ont une couleur grisätre. Ge sont de veritables plaques que le microscope montre formees de cellu­les hepatiques degenerees et de leucocytes, qui, cette fois, ne sont pas libres mais bien entasses dans les capillaires on autour de ces vaisseaux. Ici encore, comme dans le premier cas, il y a eu congestion locale, accumulation des leucocytes dans les capillai­res, gonflement de ceux-ci, compression des cellules et dege­nerescence consecutive.
La rate est presque toujours hypertrophiee ; eile est noirätreraquo;, congestionnee, et tres souvent eile presente des bosselures, qui, une fois incisees, donnent issue ii une matiere putrilagineuse. Dans quelques cas on rencontre des abces metastatiques sur le foie, sur la rate et sur les reins.
Dans le pancreas on constate presque toujours 1'alteration si-gnalee tout ä l'heure, c'est-ä-dire l'infiltration du tissu conjonc-tif et aussi du tissu propre de l'orgaue par une serosite plus on moins fetide et devenuo noirätre par suite d'une modification tie la matiere colorante qu'elle tient en dissolution. II y a en outre presque toujours des bulles dc gaz fetide dans le tissu con-jonctif.
Appareil gönito-urinaire. — On observe assez souvent des alterations dans le rein, dans I'uterus, dans le vagin, dans la
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vessie, dans les urines et dans les testicules. Mais ces alterations sont souvent moins accentuees que dans les precedents appareils, excepte pourtant celles du rein, de la vessie et de l'uterus.
Dans le rein, comme dans le foie, il n'est pas rare de constater la degenerescence granulo-graisseuse des cellules epitheliales. Le rein olYre une coloration terreuse, gris-jaunätre ; on devine ainsi, h Toeil nu, qu'il a eprouve la degenerescence granulo-graisseuse. Quelquefois on y trouve des points hemorrhagiques, des foyers metastatiques, gros comme une tete d'epingle on un grain de ble.
Dans l'uterus et le vagin, la muqueuse est ordinairement injec-tee, infiltree, congestionnee par places, on plus souvent dans toute son etendue et eile laisse exsuder h sa surface une certaine quantite de produit putride; son revetement epithelial se detache tres facilement.
Dans la vessie on trouve les memes alterations; les tuniques de cet organe sont congestionnees par places ou en masse, ou pre-sentent des points hemorrhagiques, qui se ferment surtout pres du col.
Les urines sont ordinairement alterees, meme sur le vivant et ä plus forte raison stir le cadavre. Elles sont sanguinolentes et ren-ferment les elements du sang qui ont passe par les tubes urinife-res.
Dans les testicules on trouve aussi certaines alterations, surtout dans les enveloppes et sur la sereuse. II existe de Toedeme, de l'infiltration dansle tissu conjonctif qui reunit les enveloppes. II y a inflammation de la sereuse vaginale et exsudation d'une serosite citrine,
Appareil de l'innervation. — On constate presque tou-jours une repletion exageree des vaisseaux du cerveau et de la moelle; quelqufois il s'est produit des ruptures vasculaires et alors on observe un aspect sable de la substance nerveuse. Mais ce qui domine dans les alterations des organes nerveux, ce sont les le­sions des meninges et surtout de l'arachnoi'de; on observe une congestion de la pie-mere, et ce qui frappe surtout, c'est la con­gestion de rarachnoide et une collection de serosite sanguinolente dans sa cavite. Cette serosite comprime les organes et provoque certains symptomes.
Appareil locomoteur. — II nous reste peu de chose a ajouter au sujet de cet appareil, car nous avons dejt. parle de ses alterations ä propos de l'accident septique local. Outre les lesions
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locales, on observe pourtant cequisuit: lapeau est presquetoujours modifiee, sa face interne est congestionnee, ecchymosee, imbibee de matiere colorante; du reste toutes les chairs ont cette couleur jaune-rougeätre plus ou moins livide, qui denote la septicemie. Cette coloration s'observe partout, car il y a des vaisseaux par-tout; eile est plus ou moins tranche et plus ou moins intense, suivant la duree de la maladie et le moment de 1'examen.
Outre les muscles de rengorgement gangreneux, les autres muscles (les psoas et le diaphragme par exemple) sont quelque-fois älteres; ils ont cette teinte lavee dejä observee sur le coeur, ct il n'est pas rare de trouver dans leur substance des points ecchymotiques et meme des points hemorrhagiques. La fibre mus-culaire est infiltree, et dans quelques regions, dans les psoas, dans le diaphragme, etc., eile a eprouve un commencement de degenerescencegranulo-graisseuse.
Les s6reuses articulaires sont congestionnees et renferment une plus grande quantite de serosite rougeätre. Les os, surtout si le sujet a vecu assez longtemps, sont älteres, et si l'alteration est parfois peu manifeste, on observe toujours un ramollissement tres appreciable de la moelle, qui est toujours infiltree de matiere colorante.
ETIOLOGIE ET PATHOGENIK
Nous arrivons h une partie dont l'etude est de la plus grande importance au point de vue scientifique et au point de vue dos in­dications qui en resultent pour le traitcment et la prophylaxie de l'infection septique.
La septicemie est une maladie qui est toujours provoquee par l'absorption d'une matiere septique. L'observation et l'experimen-tation l'ont prouve de nombreuses fois et le prouvent encore tous les jours. Lorsque par exemple l'infection se produit h la suite d'une maladie chirurgicale, h la suite d'une plaie, ä la suite d'une maladie interne, il y a toujours resorption d'une certaine quantite de matiere septique. II en est dans ces cas comme lorsqu'on l'ob-tient experimentalement, en introduisant de la matiere septique dans l'organisme.
Toutes les fois que la septicemie se developpe, il y a done lieu d'invoquer une cause efficiente toujours la meme, toujours iden-tique. Cette cause efficiente, ou d6terminante ou provocatrice,
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n'est autre que la inatiere septique introduite dans rorganisme et melangee avec le sang dont eile provoque I'alteration.
Mais indepeudamment de cette cause priucipale, il en est d'au-tres accessoires. Gelles-ci ne peuveat pas h elles seules pi-ovoquer I'infection septique, mais elles favorisent Faction de la cause effi-ciente, elles favorisent la production et l'introduction de la ina­tiere septique, elles preparent pour ainsi dire l'organisme ä la recevoir et ä subir son influence; c'est pourquoi nous les desi-gnerons sous le nom de causes preparatoires. Souvent meine rintervention de ces causes est indispensable pour qu'il y ait de-veloppement de Tinfection septique. Ainsi on ne voit pas toujours, tant s'en faut, la septicemie se developper h la suite de la forma­tion de matiere septique ä la surface d'une plaie ni meme ä la suite de la resorption ou de l'introduction experimentale de la matiere infectante dans l'organisme. L'action des germes septi-ques se fait toujours sentir h la surface des plaies exposees au contact de l'air. Mais dans la plupart des cas, les phenomenes pu-trides restent localises sans qu'il y ait resorption; et dans quel-ques cas, notamment quand il s'agit de certaines especes animales, l'introduction de la matiere septique n'est pas suivie de la septi­cemie, parce qu'on s'est trouve en presence d'individus refractai-res, manquant de la predisposition morbide. La predisposition, quand eile existe, est done une cause preparatoire.
Parmi les causes accessoires ou preparatoires ou adjuvantes, il faut ranger toutes les circonstauces et les conditions qui fa­vorisent la formation et l'absorption de la matiere infectante, et toutes celles qui occasionnent ou favorisent l'introduction de la inatiere septique veiiant du dehors et qui pent penetrer dans Tor-ganisme par l'intermediaire des aliments, des boissons ou de l'air.
Causes preparatoires. — La premiere cause predispo-sante tient evidemment ä l'espece. Les divers animaux sent plus ou moins aptes h contracter la septicemie. Les uns, comme le la-pin, le cobaye et le moineau, la contractent facilement; d'autres, comme les solipedes, y sont moins sujets, et il est encore plus rare de la rencontrer chez les grands et les petits ruminants, et surtout chez le chien. On ne I'obtient guere sur ce dernier ani­mal que par rintroduction experimentale de la matiere septique dans une grande sereuse.
L'air est un agent tres favorable ä la fermentation putride des
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matieres organiques, ä cause des nombreux germes qu'il leur four-nit; son action est d'autant plus energique et plus marquee qu'il est plus confine, plus vicie. Nous savons que I'air d'une ha­bitation, occupee par des individus sains ou malades, esttoujours plus ou moins altere, plus ou moins miasmatique, et qu'il est des lors tres propice ä la multiplication des germes qu'il renferme; il n'ya done rien d'etonnant qu'unairsemblablefavoriserapparition de rinfection septique, attendu qu'il renferme plus de germes qu'ii I'etat normal;
II faut en dire autant des habitations qui ne sont pas dansquot;des conditions hygieniques convenables; elles sont d'autant plus fa-vorables ii revolution de la septicemie, qu'elles renferment un plus grand nombre d'animaux, surtout si ces animaux sont mala­des. C'est assez faire pressentir que l'encoinbrement pent etre, h juste ruison, considere coinrne une cause propice au develop-pement de la resorption septique.
II en est de meine de l'hygiene mal observee; si ralimentation est insuffisante, les animaux recevant moins de materiaux qu'ils n'en depensent dans l'exercice de leurs diverses functions, s'affai-blissent, se debilitent et par consequent resistent moins bien h renvahissement de rinfection septique. Lorsque, tout en etant süffisante, la nourriture est alteree, les animaux ingcrent beau-coup plus de germes que si eile etait saine et de bonne nature; et ces germes etant en plus grand nombre, il y aura plus de chances pour que quelques-uns soient absorbes et produisent lears effets. Les boissons alterees peuvent avoir la meine influence fächeuse.
Le travail exagere agit ä peu pres dans le meme sens que I'aii-mentatioB insuffisante, en affaiblissant les animaux et les rendant ainsi moins resistants aux causes de maladies. On pent dire d'une mäniere generale que tout ce qui amene la debilitation organique (soulTrances, longues suppurations, maladies anciennes, conva­lescence, etc.) predispose ä la septicohemie.
Les maladies anterieures, les maladies chirurgicales, les plaies suppurantes, les diverses solutions de continuite exposees au con­tact de I'air, les traumatismes, les contusions peuvent etre le point de depart de la septicemie. II n'est meine pas indispensable que les plaies suppurent dejii; il suffit souvent qu'elles laissent exsuder de la lymphe plastique et qu'elles soient en contact avec I'air. II en est de meme des contusions, meine des contusions sans plaies, sans dechirures. Dans ce dernier cas 11 se produit toujours une inflammationeliminatrice, dontle produit finit parse
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faire jour au clehors, et c'est ä ce moment que la septicemie est a craindre.
Les tumeurs sanguines ou sereuses, quelque suit leur volume, sont sans danger au point de vue que nous envisageons en ce moment, mais k condition qu'elles demeureront h l'abri du con­tact de l'air.
Le contenu d'une collection sanguine peut etre resorbe ou se modifier, et la tumeur se transformer en kystesereux ou en abces. Mais lorsqu'on I'ouvre, pour evacuer le sang qu'elle contient, il peut arriver, si la ponction n'est pas pratiquee ti la partie declive, qu'une portion de ce contenu reste dans les recoins et les anfrac-tuosites de la poche et reooive les germes septiques que Fair peut tenir en suspension. D'ailleurs les tissus vifs peuvent s'irriter par le seul contact de l'air et exsuder de la lymphe plastique, qui constitue eile aussi un milieu favorable a la multiplication du vibrion septique. II est evidemment certain qu'on n'aura pas I'infection septique chaque fois qu'on ouvrira une collection sanguine; mais eile pourrait se produire si on manquait de pru­dence, si on ne pratiquait pas la ponction h I'endroit le plus con-venable, ou si enfin on ne donnait pas des soins consecutifs appro-pries.
La meme chose pourrait avoir lieu, si on ouvrait un hygroma, surtout un hygroma situe dans les regions superieures du corps (garrot, dos, nuque); apres la ponction ii pourrait roster sous la peau une certaine quantite de serosite, qui, en se putrefiant, pourrait etre le point de depart d'une infection generale.
Mais malgre cela il ne faut pas s'exagerer la frequence du deve-loppement de la septicemie dans de pareilles conditions.
Dans les cas oü on ouvre un abces, eile est moins a. craindre encore, h cause des bourgeons charnus qui se sont formes et qui out plus de tendance ä suppurer qu'ä absorber, qui sont le siege d'un mouvement exosmotique assez prononce.
La septicemie se montre quelquefois apres l'application des setons; mais cela arrive rarement, quoiqu'il se produise toujours sur leur trajet une putrefaction locale, qui a heureusement pen de tendance h devenir generale.
Les engorgements, provoques par les sinapismes et les vesica-toires, peuvent aussi se compliquer de septicemie dans certains cas.
La moutarde, appliquee sur lä: peau, produit des engorgements sous-cutanes, qui sont peu h redouter, puisqu'ils sont k l'abri du
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contact de l'air; neamoins il y ätifait quel'jue danger si l'effet de la moutarde etait exagere et suivi d'une gangrene locale, qui, en s'eliminant, pourrait se compliquer de septicemie. II y aurait aussi quelque danger parfois ä ouvrirl'engorgement, pour faciliter sa disparition; car alors l'air pourrait agir defavorablement par ses germes. Les ouvertui'es faites avec le cautere sont les moms dangereuses; parce qu'e dans ce cas I'escharre formee protege, jusqu'ii sa chute, les tissus tumefies du contact de l'air. Le plus sage est done de laisser les engorgements produits par la mou­tarde se resorber seuls, car ils ne sont jamais graves s'ilt? sont abandonnes ii eux-meines.
Les engorgements resultant de l'application des vesicatoires sont plus favorables ä l'apparition de la septicemie. Les vesicants amenent la formation de vesicules, qui, une fois ouvertes, sont autant de plaies donnant un produit, qui pent, au contact de l'air, se putretier et etre ensuite resorbe.
Quand il s'agit de clapiers, de fistules, d'abces irreguliers, offrant des diverticules, il peut arriver que la putrefaction s'eta-blisse, au contact de l'air, dans le pus non evacueet se generalise ensuite, si on n'a pas soin de pratiquer des contre-ouvertures ou des drainages pour favoriser le plus possible l'ecoulement du pro­duit morbide ä mesure qu'il se forme.
On a vu quelquefois la septicemie se montrer ii la suite de plaies articulaires, de plaies tendineuses des membres; sou appa­rition s'explique ici de la meme maniere que dans les cas pre­cedents.
11 n'est pas rare non plus de la voir survenir a la suite de cer-taines maladies internes. Ainsi dans les cas de pneumonie, et surtout dans les cas de pneumonie se compliquant de foyers purulents, il arrive quelquefois quun abces s'ouvre dans uue bronche; une partie du pus est rejetee, mais il en reste toujours une certaine quantite, qui peut recevoir les germes septiques apportes par l'air exterieur et ötre ainsi le point de depart de la septicemie.
Dans le cas de metrite, apres le part et la non-delivrance, l'air penetrant jusqu'ii la matrice y produit une putrefaction, qui le plus souvent, chez la vache, reste localisee, mais qui dans quelques cas peut devenir generale par suite de la resorption des matieres putrefiees.
La ptupart des maladies generales sont egalement susceptibles
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de se compliquer de septicohemie. La flevre typhoide du chevai par exemple, qui se presente parfois avec des formes tres diffe-rentes, qui se localise sur tel ou tel Systeme d'organes, est quel-quefois suivie de septicemie; cela se voit surtout lorsque les lesions principales se torment sur le poumon (pneumonie). II en est de meme de l'anasarque, lorsqu'elle tend h se localiser sur les organes respiratoires. Quand l'anasarque tend a se compliquer ainsi, il y a ordinairement gene de la respiration; I'air penetre moins facilement dans le poumon malade, il s'ensuit que les vibrions septiques, qui sont anaerobies, se trouvent encore favo-rises par cette circonstance.
On a vu aussi I'infection septique compliquer la clavelee, la peripneumonie et quelques autres maladies virulentes.
Les operations pratiquees ä l'abri du conctact de I'air n'amenent jamais I'infection septique; ainsi le bistournage ne se complique Jamals de septicemie, ä moins qu'onaitinjecteexperimentalement de la matiere septique dans I'organisme.
Les fractures ne sont pas plus dangereuses sous ce rapport et pour la meme raison, h condition bien entendu qu'cllos ne seront pas accompagnees de plaies, de decbirures exterieures produites par le traumatisme ou par des esquilles provenant de Ja fracture.
Dans tous les cas enumeres ci-dessus, oil I'infection septique peut se montrer, il est facile de yoir qu'elle ne se produit que par suite du contact de fair. G'est du restc ce qu'on peut prouver (Pasteur) par une experience tres simple. Prendre deux mor-ceaux de viande, les flamber ä leur surface pour y detruire les germes que I'air peut y avoir deposes, pratiquer ensuite des incisions dans Tun et l'autre avec un bistouri flambe; introduire dans les incisions de Tun de ces deux morccaux quelques gouttes d'eau ordinaire ou du coton expose h Fair, tandis qu'on introduit dans l'autre de l'eau purifiee par une temperature de 110deg; h 120quot;; recouvrir enfin chaque morceau avec une cloche en verre remplie ou non d'acide carbonique; bientöt, en un ou deux jours, par une temperature de 30deg; ii 40deg;, le morceau qui avait recju du coton ou de l'eau impure est putrefie, emphysemateux et rempli de vibrions, tandis que l'autre est intact.
Ce resultat prouve evidemment que les agents de la putrefaction ont ete apportes ou par I'air ou, par l'eau ordinaire. Ces agents sont tres nombreux dans la nature; par consequent toutes les
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causes qui favorisent leur multiplication, leur conservation et leur introduction dans l'organisme, facilitent le developpement de la septicemie.
Cause efficiente. — La cause provocatrice de la septico-hemie c'est la matiere septique, qui pent venir de trois sources differentes.
Elle peut avoir ete formee en dehors de l'organisme ou ä la surface d'une plate ou bien dans I'economie d'un animal atteint de septicemie.
On salt que toute substance organique, privee de vie et exposee ä l'air, se putrefie, qu'elle soit ou non separee de rorganisme; c'est ainsi que le sang, le pus des plaies, les tissus sphuceles pcuvent se putrefler par le fait de leur contact avec Fair ambiant; ct c'est cette matiere putretiee, qui peut produire la septicemie en in'ovoquunt une fermentation putride dans l'organisme. Quelle estla cause de cette fermentation'? D'oü vient son agent'.'
Le ferment putride, ainsi que nous Fetablirons plus bas, est un etre organise, il est fourni par l'air, il se nourrit et 11 se multiplie aux depens de la matiere fermentescible, il desassimile et proyo-que la formation de certains produits, dont quelques-uns agissent comme des agents toxiques. Ce ferment ä besoin, pour vivre et se developper, d'un milieu convenable renfermant des matieres mi-nerales et des matieres azotees. II detruit peu ä peu la matiere organique et la transforme, en la decomposant, en produits plus simples qui se rapprochent des composes mineraux; il determine la formation de composes fetides.
La matiere septique peut etre introduite dans l'organisme par un certain nombre de voies (tissu conjonctif, voies respiratoires, voies digestives, etc.); eile peut etre inoculeeexpöriinentalement; nous savons d'ailleurs qu'elle peut se former ii la surface d'une plaie, dans une poche sanguine ouverte, dans un abces pulmo-naire, etc.
Le moment est done venu de nous demander quelle est la partie de cette matiere qui agit. II est aujourd'hui prouve que c'est le germe, le ferment putride, qui provoque la septicemie. Le con-tage septique existe dans la nature ; il existe dans le tube digestif de tous les individus et dans tous les solides et les liquides des malades atteints d'infection septique.
La septicemie est connue depuis fort longtemps, mais il n'y a
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pas longtemps qu'on a determine la nature de son agent, de son faoteur. Les medecins, dejä depuis Galien, en ont parle comme d'une complication assez frequente des plaies et de certaines maladies; mais ils se sonttrouves en disaccord pour I'interpreta-tion de sa nature. Pour les uns l'infection septique serait due ä l'absorption des gaz resultant de la putrefaction; d'autres Font attribuee h I'introduction dans la circulation d'une substance speciale appelee sepsine, tbrmee dans l'acte de la fermentation; enfin, depuis dejä de nombreuses annees, on est arrive ä lui attribuer un ferment pour cause, et il est aujourd'hui demontre que le ferment de l'infection septique est un ferment figure, un vibrion.
G'est ä tort qu'on a attribue la septicemie aux gaz resultant de la putrefaction. Ges gaz, introduits dans I'organisme, ne produi-scnt meme pas d'intoxicatioii, pourvu que leur introduction ait lieu lentement; ils sont elimines par le poumon et ne produisent I'intoxication, qu'autant qu'ils sont en quantite considerable, car alors ils ne sont pas elimines totalement, et vont agir sur les elements des tissus. Dans les conditions ordinaires ils exercent pourtant une certaine action sur les elements constitutifs du sang, ils agissent en meme temps que le ferment; mais ils ne peuvent Jamals produire la septicemie.
On a attribue, avons nous dit, le developpement de la septice­mie ä un produit special (sepsine), isolable, non volatil, soluble dans I'eau, insoluble dans l'alcol, et qui se trouverait dans les matieres septiques. Go produit serait tres actif, il ppurrait se combiner avec l'acide sulfurique; il produirait des effets ana­logues h ceux du sulfate d'atropine.
Dans I'intoxication par les matieres putrides on pent admettre l'action des gaz et d'un produit toxique agissant chimiquement; mais dans I'mfectioii septique 11 y a autre chose, car les poisons ne se multiplient pas dans I'organisme et ne produisent leur effct qu'ti certaines doses, sans jamais agir en raison inverse de leur quantite; aussi conservant la sepsine pour expliquer I'intoxica­tion ou infection putride, certains de ses partisans attribuent la septicemie ii un vibrion.
A roxemple de Van-Helmont, de nombreux auteurs considerent {'infection septique comme une fermentation putride sur le vlvant.
Les ferments sont de deux ordres : ils sont figures (bacteriens), ou amorphes (diastases); d'ailleurs les ferments amorphes exis-
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tent avec les ferments figures, dont ils accompagnent la multipli­cation. Gertaines substances entravent l'action des ferments figu­res et non celle des diastases. L'acide prussique, les sels mercu-riels, 1'alcppl, l'ether, le chloroforme, l'essence de girofle, I'es-sence de teretaenthine, de citron, de moutarde, etc., empechent la fermentation alcoolique et u'ont aucun effet .sur la diastase. Le borax detruit l'activite des diastases, I'oxygene comprime tue les elements figures qui ne sont pas k l'etat de coipuscules-germes et n'a aucun effet sur les diastases.
La plupart des auteurs considerent done I'infection septique conime une fermentation putride sur ranimal yivant. Mais quel-ques-uns pretendent qu'il n'en est pas ainsi, parce que, disent-ils, on voit des sujets septicemiques mourir sans presenter Jamals de degagement de gaz fetides dans Pair expire. Gette objection semble de peu de valeur, car il peut se faire que ces gaz, produits en faible quantite tant que la maladie est compatible avec la vie, soient elimines par les reins (Davaine).
Pour d'autres, la scpticemie n'est ni une fermentation putride, ni une maladie parasitaire. D'apres eux la inatiere organique pri-vee de la vie eprouverait deux modifications successives : d'abord eile deviendrait virulente; puis, au bout d'un certain temps, eile deviendvMt putride et perdrait sa virulence. D'apres M. Gh. Robin, la virulence resulterait de cbangements catalytiques, qui feraicnt subir des modifications isomeriques aux substances albuminoides sans alterer leurs proprietes physiques. Ainsi inodiiiees, les subs­tances devenues virulentes jouiraient de la faculte de pouvoir transmettre graduellement, et de proche en proche, cette propriete ;i d'autres matieres organiques saines rnises en contact avec elles. Dans les cas de septicemie, la virulence apparaitrait de cette facon, pour disparaitre et faire place ensuite k la putridite, celle-ci s'an-nongant par la formation de composes fetides, qui sont toxiques et non virulents.
D'autres auteurs (Bechamp) admettent bien que la septicemie est due a un ferment figure; mais ils soutiennent que le ferment figure (microzyma) s'accompagnede la secretion d'un ferment so­luble (zymase), qui produirait la septicemie.
M. Golin d'Alfort et M. Henrot pretendent que la septicemie, quoique due k des bacteriens, ne peut se produire qu'autant que les matieres organiques ont eprouve certaines modifications.
Pour le physiologiste d'Alfort, I'agent septique semble ne pou­voir agir que lorsqu'il se trouve en presence d'un sang ou de tis-
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sus tleja älteres, soit par I'inflammation, soit par du pus. II fau-drait, selon lui, qu'il existät dejä auparavant des alterations dans les elements constitutifs des tissus. Aussi recommande-t-il, comme meilleur moyen d'eviter la septicemie, de traitor la maladie qui prepare l'organisme ä recevoir et ü faire fructifier le ferment sep-tique.
Le docteur Henrot pärtage la meme maniere de voir, il croit qua le bacterien, pour agir, doit se trouver en presence d'un sang dejä rendu phlogogene par le pus. II a injecte ii deux lapins un melange de pus et d'eau distillee, et ä deux autres il a injecte du corail pulverise melange avec de l'eau distillee, puis, laissant un lapin de chaquc categoric dans les conditions ordinaires, il a place les deux autres dans un milieu oil se produisaient des emanations putrides. II a constate que celui de ces deux animaux, auquel il avail inocule du pus dilue, a seul contracte la septicemie, tandis que les trois autres sont restes sains. G'est en se basant sur cette experience qu'il a emis son opinion.
Mais le plus grand nombre des auteurs considere la septicemie comma produite par des elements figures, par de veritables para­sites.
Gaspard l'avait dejä suppose en 1820; M. Sedillot, en 1849, demontra que le contaga septique est un element figure.
Dapuis cette epoque un grand nombre de savants se sont occu-pcs de cette importante question. Parmi eux il faut citer M. Pas­teur, qui a prouve la nature parasitaire de la septicemie dans differents travaux (1860-64-65-78), M. Davaina, MM. Coze et Feltz (1865-72-74), Vulpian (1873), Klebs, etc., etc.
On a souleve des objections contra cette interpretation de la nature da la septicohemie. On a pretendu que la matiere septique at la sang septique peuvent etre virulents, sans renfermer de bacteriens; on a inocule de pareilles matieres et on a obtenu la maladia. Mais, repondrons-nous, les garmes septiquas peuvent etre tellement dissemines ou tellement transparents, qu'on pent bien ne pas les apercavoir dans le sang; at pourtant ils y sont, car il suffit an affet da placer ce sang ä l'abri du contact de l'air pour qu'en pen de temps on le voie rempli de germas, ca qui n'aurait pas lieu s'il n'en renfermait dejä.
On a dit aussi qua le sang normal contenait des bacteriens. M. Pasteur a prouve le contraire; il arecueilli du sang ä l'abri du
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contact de l'air et l'a conserve inclefmiment dans de pareilles con­ditions sans qu'il s'alterät. 11 ne renfei'inait done pas de bactetiens quand on l'a retire du vaisseau.
On a encore objecte que les bacteriens ne donnent pas toujours la septicemie. II n'y a h cela rien d'impossible; les differents bac­teriens se ressemblent beaucoup et on aura pu inoculerdes vibrio-niens inoflensifs, croyant inoculer ceux de la septicemie.
Enfin certains auteursont pretendu que des liquides renfermant des bacteriens restent virulents, lors meine qu'on les soumet h Fac­tion d'agents anti-bacteriens. Gette assertion est exacte; les parti­sans du parasitisme radinettent. Les bactei'iens peuyent se trouver dans les liquides ä l'etat de corpuscules-germes; or on salt que). degre de resistance vitale possedent ces derniers.
La contagion, I'infection septique a done pour cause veritable un germe, un ferment tigure, un bacterien, qui pent se multiplier soit dans L'ojrganisme, soit en dehors de l'organisme, dans Facide earbonique ou meme dans le vide.
II est bon de dire, avant d'aller plus loin, qu'il n'est pas demon-tre que le developpemnt et la multiplication du vibrion septique s'accompagnent de production de sepsine; M. Pasteur n'a pas trouve ce produit.
Le parasite, qui produit I'infection septique, est designe dans la science sous le nom de bacillus subtilis; e'est le ferment de la putrefaction ordinaire. On I'appelle encore microbe, Bacterien ou vibrion septique.
II est organise et pent se presenter sous difterentes formes, suivant les milieux oil il se trouve et aussi dans le meme milieu. II se presente ordinairement sous forme de lilaments tenus et mobiles, doues de mouvements d'inflexion lorsqu'il se trouve dans un milieu convenable, e'est-a-dire dans un milieu oil il peut puiser les materiaux nutritifs necessaires et oil il n'y a pas d'oxygene. II se presente sous d'autres aspects : tantöt e'est sous une forme lenticulaire plus ou moins reguliere, et alors on apercoit vers sa circonference un ou plusieurs corpuscules bril-lants, qui sont des spores, des germes et qui se sent formes dans son Interieur, alors le parasite est immobile; on le trouve encore sous forme de bätormets greles, courts et renfles aux deux extre-mites, et parfois sous forme de battants de cloche, de pains de sucre, renfle k une de ses extremites et attenue h I'autre; enfin on peut 1'observer sous la forme de spores, qu'on voit principalement lorsque le bacterien est en contact avec Fair.
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II peut changer d'aspect suivant le milieu oü il sedeveloppe; et non seulement il peut varier de forme, mais il peut varier dans ses proprietes physiologiques, qui sont accrues ou attönuöes, mo-diflees dans leur intensite.
L'es dimensions sont en rapport avec sa forme. G'est sous la forme de filaments qu'il est le plus volumineux. Mais meme dans cet etat il peut passer inapercu, car les filaments sont parfois tellement transparents, qu'on ne les distingue pas. Le plus petit estcelui qui se presente sous la forme de corpuscules-germes ou de Mtonnets. Les mouvements d'inflexion n'appartiennent qu'aux bacteriens adultes, filiformes; mais les autres peuvent presenter d'autres mouvements.
Le bacterien septique a ä pen pres la meme structure que les autres bacteriens, il est forme d'une matiere protoplasmique enveloppee par une membrane cellulosique; c'est en un mot un parasite vegetal, champignon ou algue.
II est anaerobic; aussi est-il contrario par le contact de l'air. Mais s'il est dans un liquide en couche un pen epaisse (ayant un centimetre au moins), il arrive que l'air exterieur agit et detruit les germes de la partie superficielle; et ceux-ci restant dans cetto couche y fbrment comine une membrane protectrice. Bes lors les bacteriens, qui se trouvent dans la couche profonde, se conservent, se transforment en corpuscules-germes.
Les microbes septiques ressemblent beaucoup aux autres bac­teriens et meme ä la bacteridie charbonneuse. II est vrai que celle-ci est ordinairement immobile, tandis que le parasite septi­que est mobile. Mais c'est lä une difference qui a pen de valeur; le moyen de les distinguer sürement est de faire appel ä leurs proprietes physiologiques. Nous savons en effet que la bacteridie jouit do la propriete de donner une maladie particuliere et que le vibrion septique donne de son cöte une autre maladie propre. La bacteridie d'ailleurs est aerobic, et le bacillus suhiilis est anae­robic, c'est-ä-dire qu'il se plait, qu'il vit, qu'il se developpe dans un milieu oü setrouve de l'acide carbonique ou de l'azote, il peut meme se conserver et se developper dans le vide contrairement ä la bacteridie. Le moyen de distinguer ces deux bacteriens con-
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siste done ä les soumettre ä la culture; la bacteridie du charbon se developpera h l'air, tandis que le vibrion de la septicemie re-pullulera dans I'acide carbonique^
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Le bacillus subtilis est tres repandu dans la nature; il exists en
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SEPTIC^MIEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;271
suspension dans I'air, il se trouve dans les eaux stagnantes, dans les eaux putrides, dans les eaux ordinaires et aussi sur les difle-rents corps solides. Ge bacterien, sous la forme de corpuscule-genne, est tres resistant; il pent ainsi se conserver et resister aux diverses causes de destruction. Transporte par les courants d'air ct depose sur les solides, il se conserve longtemps. Dans les eaux stagnantes, nou seulement il peut se conserver, rnais il pent se developper; il, suffit pour cela que le liquide ait une certaine epaisseur. II se passe lä ce que nous avons vu pour le cas oil les bacteriens se trouvent dans im liquide organique offrant une cer­taine coucbe d'epaisseur, c'est-ii-dire que les parasites qui se trouvent dans la partie superieure de l'eau sont tues, sont detruits ^ ct forment une membrane protectrice, tandis que les microbes situes dans la partie prot'onde se developpent et se multiplient. II n'y a done rien d'etonnant que les emanations, les effluves, qui s'echappent des eaux stagnantes, deversent dans I'atmosphere de nombreux bacteriens qu'ils entrainent en se formant et en se dö-
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Le vibrion septique se nourrit et respire d'apres le meme rae-canisme que tons les bacteriens en general. Mais de plus il est un ferment, c'est-ä-dire qu'il s'accompagne de degagements de gaz lorsqu'il se trouve dans un milieu propice h sa nutrition et h sa respiration. Ges gaz sont I'acide carbonique, I'hydrogene, l'azote, le sulfhydrate et le carbonate d'ammoniaque.
II se reproduit de deux manieres principales. En presence de I'acide carbonique et dans un milieu fermentescible, riebe en matieres azotees et minerales, il se multiplie par scissiparite; l'adulte se sectionne, se fragmente, et chaque portion constitue un nouvel individu. Lorsque le milieu s'appauvrit ou est en eon-tact avec I'air, il y a reproduction par endogenese, c'est-ii-dire production de corpuscules-germes ä l'interieur du parasite.
Le sang et tous les liquides de l'organisme constituent des mi­lieux fermentescibles favorables au developpement du bacillus mbtilis. La temperature influe beaucoup sur la multiplication plus ou moins rapide des bacteriens septiques; ainsi, toutes choses egales d'ailleurs, une temperature voisine de la chaleur animale, de 38deg; ä 40deg;, est celle qui favorise le mieux leur multiplication. On comprend des lors sans peine que la septicemie se produise plus facilement et ait une marche plus rapide pendant I'ete que pendant I'hiver.
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L'air contrariant le vibrion septique, les plaies, qui se trouvent exposees ä son contact, ne devraient pas se compliquer d'infection septique. II en est bien ainsi jusqu'ä un certain point. En effet, les germes qui vont se deposer sur les bourgeons sont detruits, et la multiplication ne peut pas se faire; il n'y a done qu'ä debar-rasser constamment les plaies des matieres purulentes ou autres qui pourraient s'y accumuler et y former une couche plus ou moins öpaisse. Mais en general les solutions de continuite sont plus ou moins anfractueuses et presentent des depressions, des recoins, dans lesquels s'accumule une certaine quantite de pus, de sang ou de tout autre produit organique; et les vibrions, qui se sont insinues dans les parties profondes, se trouvant soustraits au con­tact de Fair, pcuvent se multiplier, produire la fermentation pu-tridc locale et ii la suite la resorption septique. Cost ainsi qu'il laut expliquer la complication de septicemie ii la suite d'une plaie.
Le bacillus suhtilis oflVe un degre de ivsistance variable suivant ses formes; les batoimets sont beaucoup moins resistants quo les corpuscules-germes. Ainsi le microbe septique, sous forme de filaments, est detruit par une temperature de 100deg; et aussi par Foxygene comprime, par i'alcool, par la putrefaction elle-inerne; tandis que les corpuscules-germes sont plus vivaces, re-sistent ä la temperature de 120deg; et meine de 130deg;, ne sont detruits ni par l'air ni par l'oxygene comprimes, ni par l'air libre, ni par I'alcool, ni par les acides, ni par le froid.
Nous avons jusqu'ä present parle comme s'il n'y avait qu'un seul bacterien septique; et pourtant il y a plusieurs especes de parasites septiques, mais ils sont tres difficiles ä distinguer les uns des autres d'apres leurs formes et leurs mouvements. On est amene ä en admettre plusieurs especes, qui se comporteht un peu dilTeremment, qui out des proprietes plus ou moins accusees, les cultures et les observations cliniques nous ie prouvent. II y ä done plusieurs varietes de bacteriens septiques, dont les proprietes ne sont pas egalement intenses.
Le parasite de la septicemie agit toujours comme un ferment, en produisant des decompositions au sein des liquides dans les­quels il se developpe. II agit enjnodifiant le milieu qui lui sert de nourriture, en s'assimilant ses matieres et en s'aecompagnant de la formation de composes nouveaux, dont quelques-uns agissent comme de veritables poisons stupefiants.
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11 joue uii grand role dans la nature, c'est lui qui amfene la de­composition de toutes les inatleres ocganiques, c'est lui qui amene la restitution au regne mineral de tout ce que le regne* organique lui avait emprante.
En ete la putrefaction des cadavres est rapide, pendant I'hiver eile est moins prompte. Mais dans tons las cas elle se produit, aussi bien sur le sol que dans la terre, et cela parce que les ani-maux out ingere pendant leur vie des germes septiques, qui pro-duisent leurs effets alors qu'ils n'ont plus a lutter centre la resis­tance vitale de l'individu. La fermentation putride se produit rapidement apres la inert; aussi la formation de gaz entraine-t-elle promptement le ballonnement du cadavre, et les germes ont bien-tot envahi toutes les parties du corps.
II faut nous demander maintenant comment le vibrion septique s'introduit dans l'organisme et s'il est absorbe rapidement. II faut de plus nous rendre compte, jusqu'ä un certain point, de la varia-bilite de son intensite et de son mode d'action.
Le contage septique pent penetrer dans l'organisme de trois manieres differentes. Sa penetration pent etre le resultat d'une transmission ou contagion immediate; le malade pent commu-niquer lui-meme sa maladie ä un sujet sain. Elle peut etre le re­sultat d'une contagion mediate, lorsque par exemple le germe s'introduit dans I'organisine par l'interinediaire d'un vehicule so­lide ou liquide. Enfin elle peut avoir lieu par l'intermediaire de I'air exterieur.
La septicemie, contrairement ä la morve, contrairement ä la tuberculose, contrairement aux maladies eruptives, etc., ne puise pas toujours son germe chez un animal inalade; la plupart du temps meme c'est le monde exterieur qui fournit I'element conta-gieux. C'est ce qui a fait dire ä plusieurs auteurs que la maladie se developpe spontanement; et cela est vrai, s'ils entendent par developpement spontane l'apparition de la septicemie provoquee par l'introduction de germes puises dans le monde exterieur. Alors en effet la maladie est due a un bacterien venant du dehors; mais celui-ci ne natt jamais spontanement.
La transmission immediate est tres rare; elle est cependant possible. La septicemie apparait le plus souvent a la suite de la contagion ou transmission mediate, ä la suite de l'introduction des germes avec les aliments solides ou liquides, ä la suite de rintroduction du vibrion par rintermediaire des plaies, a la syamp;e
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de l'introduction de l'agent ihfectieux dans les voies respiratoires avec I'air inspire. Les plates exterieures puisent le plus oidinai-rement les germes septiques dans leur contact avec Tailquot; plutot que dans I'eau employee et les objets de pansement. Le role es-sentiel dans ces circonstances appai'tient done ii I'air; e'est de rint'eetion proprement dite.
Les principaux agents qui servent de vehicule aux vibrions sep­tiques sent les malades, les cadavres divers, toutes les matieres organiques en putrefaction, tous les solides oü se trouvent deposes les germes, toutes les eaux, surtout celles qui sont stagnantes, et I'air atmospherique qui les tient en suspension.
La peau intacte ne laisse pas penetrer ordinairement les germes septiques; mais lorsqu'elle est plus ou inoius excoriee, et surtout lorsqu'il y a une plaie, la condition est realisee pour que le vibrion septique; qui est en suspension dans I'air, puisse se depo-ser, vegeter dans les produits de la plaie, etre resorbe et deter­miner 1'infection septique. Gertaines plaies internes peuvent aussi se compliquer de septicemic, telles sont celles resultant d'abces pulmonaires, qui sont en communication avec I'aii- par les bron­chos; il en est de meme dans les cas de metrite, consistant en une inflammation de la muqueuse utero-vaginale, qui pent eprou-ver le contact de I'air.
Le tissu conjonctif est tres propre ä l'introduction du contage septique; et ce qui le prouve, c'est la resorption qui se produit k la suite des solutions de continuite, ii la suite des inoculations et
des injections sous-cutanees de matieres septiques.
Les produits septiques, introduits par Ingestion dans l'estomac et l'intestin, ne determinent pas ordinairement la septicemie; ils peuvent cependant la provoquer, et dans les cas oü ils ne la de­terminent pas, ils occasionnent toujoufcj des troubles passagers, tels que la diarrhee, des coliques, etc. Si l'on injeete de la matiere septique par les voies retrogrades, dans le rectum, on reussit plus souvent ä produire la maladie.
Nous savons que, si les voies respiratoires sont ouvertes it l'ae-ces des vibrions septiques, il est rare de voir apparaitre la septi­cemie ä la suite de l'inhalation d'un air charge de germes. On est done oblige de conclure que ces voies se pretent difficilement au *'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; developpement de 1'infection septique.
Ge sont en definitive les plaies ext6rieures, qui sont les princi-pales portes d'entree du bacillus suhtilis*
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Lorsque le genne septique a ete depose it lu surface des plaies, loi'squ'il est inocule experimentaleiuent, il est absorbe tre.s vite. Pour demontrer que rabsorption en est rapide, il suflit de citer I'exeiaple suivant : si, apres avoir inocule du virus septique ä la pointe de 1'oreille d'uu lapin, on pi'atique ramputation de Forgane cinq minutes apres reparation, on n'empeche pas le developpe-ment do la septicemie; on ne I'empeche pas non plus alors qu'on ampute roreille quatre, trois, deux, une minute apres I'inocula-lion. II est done bien exact ile dire que le contage septique est absorbe tres rapidement.
Malgre cette absorption rapide, la maladie n'apparait pas ins-tantanement; il y a une periode d'ineubation plus ou inoins longue. Cela se concoit aisement; les gennes sont d'abord trop peu nom-breux pour produire des eftets sensibles; il faut qu'iis se multi-plient, qu'iis repullulent. Aussi n'y a-t-il rien d'etonnant que, des les premieres heures de leur multiplication,, on n'observe rien d'anormal; ce n'est que plus tard, lorsqu'ils sont en grand uombre, que les symptömes de la maladie se manitestent.
Tons les animaux, avons-nous dit, ne sont pas egalement aptes ä contracter I'infectionseptique; il y en a meme qui sont presque refractaires, tels sont les carnassiers (chien et cbat), qui la contrac-tent rarement. Parmi les autresaniinaux, qui se pretent plus souvent au developpement de la septicemie, nous avons place en premiere ligne le lapin, qui est le plus susceptible; le cheval, les solipedes en un mot offrent une receptivite assez prononcee; les grands et les petits ruminants resistent mieux.
Le vibrion septique, suivant le milieu oil on le cultive, presente des formes variables et peut acquerir des proprietes pbysiolo-giques plus ou moins energiques. Le sang septique, pris sur le cadavre d'un animal qui a succombe h la septicemie, est plus actif que la matiere septique elle-meme. Ainsi le sang d'un lapin, qui a ete inocule d'une matiere septique quelconque, est toujours plus actif que cette matiere. En outre, la puissance virulente s'accroit de plus en plus, ii mesure que le virus septicemique traverse un plus grand nombre d'organismes.
Au bout d'un certain nombre de generations successives, le sang septicemique produit I'infection septique ä dose ininime et la maladie se termine plus rapidement par la mort. G'est M. Da-vaine qui a demontre ce fait. II est arrive ä cette conclusion apres avoir opere sur vingt-trois series successives de lapins : la pre­miere avait ete inoculee avec du sang en putrefaction; la seconde
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avec le sang de la premiere; la troisieme avec le sang de la se-conde et ainsi de suite jusqu'ä la vingt-troisieme generation. Le sang d'un lapin de la derniere serie avait acquis des proprietes virulentes tellement intenses, qu'en i'inoculant k la dose d'un trillionnieme de goutte, il produisait la septicemie et une septice-mie ä marche tres rapide.
On pent done dire qu'au bout d'un certain nombre de ge­nerations successives, le virus septicemique devient tres actif.
Mais s'il en est ainsi chez le lapin, les proprietes virulentes du sang septicemique ne sent pas si prononcees chez tous les ani-maux. II est des especes tres aptes l\ contracter la septicemie, tandis que d'autres jouissent d'une immunite plus ou moins ma­nifeste, et les resultats sent les memes chez eux, qu'on opere avec le sang septicemique ou le sang en voie de putrefaction. Ainsi chez les solipedes et les grands ruminants, que rinoculation soit faite avec de la matiere septique ou avec du sang d'un animal septicemique, la maladie provoquee est toujours la meme.
Cultive hors de l'organisme, le vibrion septique eprouve des modiflcations dans sa puissance; mais il pent toujours etre ra-mene ä sa virulence du debut en changeant de milieu. Ainsi (M. Pasteur) le microbe, reproduit vingt, trente Ibis dans le bouillon Liebig et remis ensuite dans le serum sanguin un pen fibrineux, redevient tres virulent.
A quel moment apparait la virulence dans le sang et dans tous les autres produits liquides et solides de l'organisme, qui doivent aussi devenir virulents ?
Quelle que soit la rapidite avec laquelle le virus est absorbe, le sang ne devient pas immediatement virulent; il renferme des ger-mes h coup sür, mais ceux-ci ne sont pas assez nombreux, ils sont dissemines. Aussi lorsqü'on experimente avec ce sang, quelques instants apres l'inoculation, on ne produit ordinairement rien. Pour qu'il soit reconnu virulent, il faut done attendre que le virus se soit multiplie ; et quand il a suffisamment repullule, on le ren­contre dans tous les liquides et dans tous les solides de l'orga-nisme.
II est done difficile de repondre ä la question que nous nous sommes posee. Cependant on pent dire que la virulence doit etre immediate, mais qu'il est difficile de la constater, et que cette constatation devient de plus en plus facile, h mesure qu'on appro-che du moment de l'apparition des symptömes.
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A quel moment la virulence cesse-t-elle d'exister 1 Ells persiste dans les cadavres ; cependant, lorsque la putre­faction a envahi toutes les parties, eile disparait. II ne reste plus alors que de la inatiere putride qui, inoculee, est capable de pro-duire une intoxication. C'est pourquoi les cadavres et les matieres en voie de putrefaction sonl plus dangereux que les cadavres et les matieres totalement putrefies.
TRAITEMENT
On doit preconiser avant tout et par dessus tout un traitement prophylactique ou preservatif.
Pour I'etablir, il ne faut pas perdre de vue que la septicemie est une maladie qui menace tons les orgunismes ii tons les mo­ments ; attendu que ses germes sont partout et toujours prets ii penetrer dans I'economie.
Nous connaissons les prlncipales circonstances qui favorisent la formation de la mutiere septique et son introduction dans I'orga-nisme. II faudra done modifier ces circonstances, combattre les causes, les faire cesser, les faire disparaitre meme completement, ou du moins en attenuer Faction.
Ainsi ä lasuite de certainesphlegmasiesavec congestion enorme, dues ii des contusions qui amenent une gangrene locale ou une in-llammation considerable, il faut moderer le travail morbide pour rempecher d'amener la gangrene ct en favoriser la resolution par les inoyens therapeutiques appropries.
Lorsqu'ilya compression, occasionnee par un tendon, une apo-nevrose, etc., il faut la faire cesser, ne pas craindre d'operer des debridements, de pratiquer des ouvcrtures, descuntre-ouverturcs ; il faut amener enfin la depletion de la partie congestionnee, au moyen de scarifications, de saignees locales, pour eviter la gan­grene.
Nous savons que la septicemie se developpe encore k la suite d'operations avec solution de continuite; aussi pour eviter cette complication, faut-il operer, autant qu'il est possible, par la me-thode sous-cutanee, etse dispenser de faire toute operation qui ne serait pas urgente, indispensable, quand il y a lieu de craindre une complication septique.
Lorsqu'on se trouvera en presence de plaies exterieures, ayant le contact de I'air, ii faudra avoir In precaution de les soigner, de
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les deterger, de les iiettoyer souvent, de faire des lavuges nom-breux, d'employei4 des cicatiisants et des antiseptiques.
Si les aniinaux se tcouvent dans de mauvaises conditions hygie-niques, il faut y reniedier, il taut renouvelerratmosphere, surtout lorsqu'il y a encombrement, il taut faire nettoyer, entretenir et au besoin modifier les habitations.
Lorsqu'il s'agit d'aaimaux qui sont dans des conditions qui les rendent plus susceptibles de contracter lamaladie, lorsqu'il existe des plaies, on peut prescrire un traitement general, tonique, an-tiseptique. On peutrecourir ä l'usagedesanaleptiques, des tauni-ques, des i)yrogenes, de l'acide phenique, desphenates, do 1'acide salicylique, des salicylates, du ({uinquina, des excitants generaux, etc ; il faut en outre ne pas negliger les soins locaux, tels que la-vage, neltoyage et pansement des plaies.
La septicemie est k peu pros toujours fatalement inortelle, lors-qu'elle s'est generalisee; il est bon, cependant, de ne pas res-ter inactif et de prescrire un traitement inenie dans ces cas.
Le traitement local portera sur les accidents gangreneux, sur les plaies de inauvaise nature. Dans ces conditions on emploiera la cauterisation actuelle, les eaustiques et parfois, mais plus rare-ment, les revulsifs locaux.
A 1'interieur on donnera des pyrogenes (acide plieiu(jue), des ferrugineux, du quinquina, etc ; il faut chercher, en un mot, a paralyser l'action du parasite ou ä le tuer, ou ä en favoriser 1'ex-pulsion au dehors, et pour arrivier h ce dernier but, on pourra recourir aux laxatifs et aux diuretiques, tels que la tereben-thine, etc.
BOUCHERIli
Les viandes provenant d'animaux septicemiques out beaucoup de ressemblance avec les viandes cliarbonneuses, aussi en par-lerons-nous plus loin au point de vue de la boucherie. Neanmoins il faut retenir des k present que de pareilles viandes sont souvent faciles ii reconnaitre d'aprös l'etude des lesions que nous avons faite, et aussi d'apres la mauvaise odeur qu'elles degagent souvent.
II peut arriver des cas oü le proprietaire, voyant son animal perdu, le sacrifieavant qu'il meure de la maladie; les chairs sein-blent alors moins alterees, surtoquot;nt si on les debite vita. Mais inal-gre cette precaution il est encore possible de les reconnaitre ;
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elles sont inollasses, rougeätres, saigneuses, infiltrees profonde-ineut, et on rencontre souvent des ecchymoses, des points he-morrhagiques, qui ne disparaisseat jamais dans certains muscles. J'ajoute, sous forme de conclusion, que jamais dans aucun cas, 11 ne faudra permettre rutilisation des viandes d'animaux atteints on morts de septicemie. II convientdonc ([ue les vaches atteintes de metritc, qui succomberit ä ['infection septique ou qui sontseu-leinent menaceesou de.jä atteintes de cette affection, ne soieat ja­mais livrces a le boucherie ; ces animaux ne doivent ötre recus ni ä rabattoir ni au marche d'approvisioimement. Tout animal atteint ou soupconne d'etre attaint de septicemie doit etre eloigne de la consomination, (jue la maladie soit essentielle ou qu'eile seit venue compliquer une autre maladie. Toute viande provenant d'animaux septic^miques ou devenue septique doit etre saisie, in-fectee, enlbuie ou livi'ee ä requarrisseur.
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CHAPITRE III
FIEVRE TYPHOIDE DU PORC
Le typhus ou rxmladie rouge du pore est une affection generate, decelee par de la fievre, par de la prostration et souyent par des rougeurs h la surface de la peau, caracterisee par des lesions cons-tantes dans le poumon et les voies digestives, par la virulence des produits morbides, du sang et probablement des serosites et de la lyraphe.
La maladie est produite par un microbe particulier que Ton ren­contre dans le sang, dans les organes malades, dans les vaisseaux sanguins et lymphatiques du poumon, dans les bronches, h la sur­face des plevres et probablement ailleurs. Tres souvent eile s'ac-compagne en outre d'adynamie et de diarrhea, ainsi que de trou­bles plus ou moins marques dans la respiration. Non seulement on observe toujours dans cette affection des lesions pulmonaires et des lesions gastro-intestinales, mais frequemment on rencon­tre aussi des lesions sur la peau, dans les ganglions, sur les se-reuses, etc.
La virulence existe dans toutes les lesions, dans tous les produits morbides, dans le sang et probablement aussi dans les autres li­quides et dans les solides de l'organisme.
La nature de la fievre typhoide du pore est nettement determi-nee aujourd'hui; des auteurs avaient rencontre des bacteriens dans les differents organes de pores qui etaient atteints de cette affection, mais on ne connaissait pas bien la signification de ces parasites, lorsque, dans ces dernieres annees, le docteur Klein I'a parfaitement determinee. Certains disent avoir trouve des mi-crocoques dans le sang; ce liquide serait done virulent.
Le docteur Klein a non seulement separe les parasites de l'orga­nisme, mais encore il les a cultives hors du corps et a suivi leur developpement. II a puise de la matiere morbide dans un cadavre ou sur un malade ; il I'a introduite dans une cellule en verre ren-
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FIEVRE TYPHOIDE DU l'OKC
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fermant de l'humeur aqueuse provenant d'un lapin ; il u porte la culture ;i une temperature convenable, et, au bout de 24 heures,
1 a remarque que le parasite s'etait inultiplie. II a pris alors une goutte de ce liquide et a fait une nouvelle culture, qui lui u egale-ment donne un resultat positif. II a fait ainsi liuit cultures succes-sives, et, dans chacune d'elles, il a constate le developpeinent du meine bacterlen. Ce microbe s'est montre sous des aspects diffe-rents, sous forme de sporules simples, geminees ou reunies en to-ruia ou en mycodenne, sous forme de spires, sous forme de fila­ments et enfin sous forme de baguettes. Le liquide provenant de la huitieinc culture, inocule iides animaux, aproduit la meme ina-ladie que si Ton avait pris du virus sur un animal malade. Gette experience demontre que la tievre typhoide du pore est bien une affection parasitaire.
Gette inaladie est appele jievre typhoide ou fievreenterique, parce qu'elle ä une grande analogic aveccelle de I'lionmie, et parceque de nornbreuses lesions siegent dans I'intestin. On I'a encore desi-gneesous le nom d'erysipele epizootique,gangreneux, contagieux ou malin, et sous le nom de mal rouge, car tila surface de la peau des individus qui en sent atteints, on observe ordinali-ement des tacbes ou des plaques rouges. On I'appelle erysipele epizootique, parce que souvent eile se montre sur un assez grand nombre d'ani-maux; 'erysipele gangreneux, parce que quelquefois les parties, qui sont le siege de la rougeur, eprouvent la gangrene; cette complication pent aussi se produire dans le poumon.
La denomination d'drijsipcle contagienx lui convient tres bien, car de nombreux faits ontprouve que cette inaladie peutsetrans-mettre par contagion; on I'appelle erysipele malin, parce qu'elle est tres grave et se termine par la mort, dans le plus grand nom­bre des cas. Cette terminaison fatale arrive environ quatre fois sur cinq.
On I'appelle encore mal rouge, pourpre, feu, feu sacre, ma-ladie typhoide, fievre splenique ou anthrax (la rate est quelquefois le siege de lesions bien evidentes, et dans ce cas on I'a confondue avec le charbon), fievre erysipelateuse, maligne, muladie bleue (parce que les tacbes rouges peuvent devenir livides, violacees ou bleuätres, ce changement de coloration est d'un mauvais augure), typhus, cholera,peste du pore. Le docteur Klein I'a appeleepienmo-enterite infectieuse, parce que les lesionlaquo; constantes de cette ma-ladie infectieuse sont celles que Ton observe dans le poumon et sur I'intestin. Ges appellations doivent etre connues, il est utile de
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savoir qu'elles out ete applujuees h cette maladie; mais nous lui conserverons celle de jiiivre typhoide, car eile nous semble meil-leui'e que les autres, attendu que cette maladie est analogue a la lies re typhoide tie rhomrae.
SYMPTÜMES
Le mal rouge ou tievre typhoide du pore a ete surtout obsei've et etudie en France, en Angleterre, en Aliemagne, en Suisse, en Alsace. L'allection se inontre souyent ä 1'etat d'enzootie ou d'epi-zootie. Elle attaque de preference le pore; mais il estfort probable que les moutons sent susceptibles de la coutracler.
Les symptomes, qui la caracterisent, sont locaux ou generaux. JJans leur etude nous ne suivrons pourtant pas cette division. Nous etudierons successiveinent les symptomes fournis par les dilierents appareils do Uorganisme, en commencant par ceux (|ui frappant le plus facilement Fobservateur et en continuant par ceux que fournissent les appareils les plus maltraites par la ma­ladie.
La fievre typhoide est parfois diflicile ;i reconnaitre au debut; pourtant eile est transmissible aux animaux sains des son appa­rition ; et, sans qu'on se doute de son existence, la contagion peut avoir lieu; aussi est-il difficile de reconnaitre tous les malades dans un troupeau et de reinonter parfois ä la source de l'infection. La maladie peut etre benigne pendant toute sa duree, mais cela est rare; habituellement ses symptomes sont plus ou moiiis mani­festes, et dans le plus grand nombre des cas eile se termine par la mort. Elle est ordinairement propagee par les malades et par leurs produits morbides, qui peuvent souiller les aliments et les boissons, dont l'ingestion provoque l'apparition de la maladie chez les animaux sains; et dans le plus grand nombre de cas il est assez facile de suivre la marche de raliection. La pneumo-en-terite se montre en toute saison; mais eile semble surtout frc-quente pendant I'ete, dont la temperature elevee favorise la pro­duction et la multiplication des germe.s qui la produisent. II est diflicile de determiner la duree de sa periode d'incubation quand la maladie n'est pas developpee experimentalemeut; mais I'inocu-lation nous montre que cette periode dure en inoyenne de deux ä cinq jours.
Les symptomes qui frappent de prime abord tout observateur
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284nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;FIEVRE TYPHOIGE DU PORC
attentif, sont : une fievre plus ou moins intense, uns tristesse tres prononcee, un abattement plus ou moins profond, qui s'ac-''nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; compagne souvent de stupeur; les animaux sont tres sensibles
au froid, ils presentent des frissons; ils sont nonchalants et pres-que insensibles aux excitations exterieures; ils perdent plus ou moins completement I'appetit; la respiration et la circulation de-viennent plus accelerees; la temperature interieure et exterieure s'eleve, la chaleur rectale peut s'elever jusqu'ä 41deg;, 42deg; et meme 43u. Ce dernier Symptome n'est pas toujours bien regulier. La temperature eprouve des variations pendant le cours de la maladie et suivant les divers cas. Les malades s'affaiblissent rapidement et la faiblesse est surtout manifeste dans le train posterieur; la demarcbe devient vacillante. On constate quelquefois des symp-tömes nerveux, de l'anxiete, de Fagitation et meme des convul­sions. D'autres fois on remarque un etat de somnolence plus ou moins prononce, qui est I'indice d'une congestion cerebrale. Par-fois les malades ont du tournis et presentent les symptornes d'une meningo-encephalite; il arrive meine qu'ils poussent en avant. Ces etats coincident avec des lesions de la masse cerebrale et ce-rebelleuse.
Les divers symptornes que nous venous d'enumerer sont plus ou moins marques et progressent avec la maladie elle-meme.
La peau, le tissu conjonctif sous-cutane, les muscles, les gan­glions superflciels et les articulations oifrent les syinpöines les plus faciles h observer, apres ceux que nous venous d'enumerer. Les soies sont herissees. La peau presente des rougeurs, des petechies, des taches rougeiltres plus ou moins grandes, plus ou moins nombreuses et plus ou moins colorees, quelquefois viola-cees; d'autres fois la rougeur est en nappe; eile s'accompagne toujours de chaleur, de douleuret de tumefaction dans les parties malades. Sur les animaux noirs la rougeur fait clefaut, mais les autres caracteres existent (herissement des soies, chaleur, tumeur). Quelquefois le gonflement et la rougeur sont diffus; d'autres fois ils se montrent par places. Ils siegent dans certaines parties, prin-cipalement sur le groin, sur les oreilles, sur le cou, sur la poitri-ne, sous le ventre, ä la face interne des cuisses, au perinee, etc. La rougeur peut manquer ou etre seulement passagere; eile n'est done pas un Symptome constant. Elle se montre tantöt au debut, tantöt ä la fin de la maladie et quand eile occupe une grande etendue, sa presence est un intTice de gravite, surtout si sa cou-leur change et si eile devient cyanosee. Parfois on rencontre des
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FIEVRE TYPHOiDE DU PORCnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 285
boutons analogues ii ceux de i'echauboulure. Quelquefois aussi des vesicules formees par le plasma sanguin en-dessuus tie I'epi-derme, et d'autres fois enfin des hemori-hagies plus ou moins considerables.
La marche de ces differents symptomes est progi-essive; mais dans les cas oü la maladie se termine par la guerison, la resolu­tion se fait promptement et eile est accoinpagnee d'une desqua-mation epidermique. Quand il y a eu des hemorrhagies, des croü-tes ne tardent pas ä se former; 11 en est de meine lorsqu'il s'est produit des vesicules; et ces crofttes tombent ensuite par desqua-mation. Quelquefois il se forme des abces, quand il y a eu oedeme du tissu conjonctif sous-cutane, et 11 arrive parfois qu'il se produit une gangrene locale des parties malades.
L'infiltration du tissu conjonctif pent etre plus ou moins pro-noncee, plus ou moins etendue, et dans quelques cas gener le jeu de certains organes, des membres, de la trachee, du larynx, etc. Cette infiltration pent non seulement se produire sous la peau et entre les muscles, mais encore dans leur Interieur. Elle se traduit par un empatement, par un gonflement, par la chaleur et la dou-leur de la partie infiltree.
Souventles ganglions inguinaux et sous-inaxillaires sont engor­ges, tumefies, sensibles, douloureux ii la pression.
Quelquefois il se produit une veritable inflammation des sereu-ses articulaires, et il en resulte des arthrites multiples, qui parfois se genöralisent, Ces accidents occasionnent des boiteries et s'ac-cusent en outre par la tumefaction, la chaleur et la douleur des regions enflammees.
Les malades perdent plus ou moins 1'appetit; on observe quel­quefois des vomissements, toujoursde la constipation, parfois une salivation surabondante et tres souvent de la diarrhee. La diarrhee est ou primitive ou consecutive ä la constipation. Elle est tempo-raire ou intermittente, ou persistante et fetide, et s'accompagne toujours d'un amaigrissement rapide. Le ventre est plus ou moins douloureux et retracte, et Ton observe souvent des symptömes de coliques.
La respiration est pressee, difficile, bruyante et rauque, quand il y a oedeme de la glotte; il n'est pas rare d'entendre de la toux, car la maladie se complique assez souvent d'angine, de bronchite^ de pneumonie. On pent done observer les symptömes de ces mala­dies. Quand il y a angine, il y a aussi tumefaction des ganglions de la tete, du cou; la bouche reste quelquefois ouverte, la langue
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286nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;FIEVHE TVPHOiUE DU PORCl
sort et reste pendaute. Quand il y a pneumonie, c'est ordiuairement une pneainonie lobulaire; quelquefois enfin il y a de la pleuresie.
La circulation est acceieree; les muqueuses apparentes sent rouges-brunätres et souvent plus ou inoius cyanosees.
Les urines devienaent plus jaunes, plus foncees, troubles et plus chargees.
Ces divers Symptömes ne s'observent pas quand la inaladie est benigne, et ils oe se montrent pas dans tous les cas oü eile est grave.
La marclie de la fieviquot;ü typhuide du pore est toujours rapide, meme quand la inaladie est benigne. Le plus souvent, avons-nous dit, la pneurno-enterite est tres grave, et nous pouvonsajouterque 75 ibis sur 100 eile se termine par la inort. Saduree n'est souvent que do quelques beures, d'autres fois eile varie entre deux et cinq jours. Quand eile est benigne, eile guerit frequernment et assez rapidement; mais cette guerison est quelquefois imparfaite, et on voit parfois des lesions et des symptömes persister pendant un temps plus ou inoins long; ainsi la diarrbeo pent persister.
Dans les cas graves, la mort arrive rapidement; eile est due soil a une apoplcxie, soit ;i une generalisation hätive des lesions, quelquefois aussi eile est le resultat d'une complication de septi-cemie.
Le pronostic est toujours facheux; la inaladie ainene le plus souvent la inort; de plus eile est contagieuse, epizootiquo et plus ou moins grave, suivant les epizooties, suivant les annees, suivant les saisons; eile est surtout grave pendant les saisons chaudes, lorsque les aniinaux sont entoures d'une mauvaise bygiene. Quand la couleur rouge de la peau devient livide, on est presque sur que la maladie se terminera par la mort; quand la temperature rectale atteint 42quot; ou 43quot;, la terminaison fatale est ii craindre. Ge qui ag-grave encore le pronostic de cette affection, c'est que les cadavres sont ä peu pros inutilisables. M. Zundel pretend bien qu'on pent livrer les chairs ä la consommation, et il arrive souvent que les proprietaires les utilisent, mais on ne doit jamais conseiller une pareille pratique, et il est preferable d'ordonner renfouissement de tout le cadavre ou sa livraison ä I'equarrissage.
Le diagnostic est facile toutes les fois que la inaladie se presente avec des symptömes bien marques; il est encore facilite par les renseignements des proprietaires sur son mode d'apparition et sur sa marche, sur ses progrSs et son extension. Mais on pent quelquefois la contbndre avec des maladies, qui ont des symptömes
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FIKVHK TVI'HOIDE IJU i'OHC
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a peu pres analogues ä ceux qu'elle presente, avec Ja ruugeole et le charbon.
La llevre typhcride du pure, eoutrairement ä la rougeole, ne se caracterise pas seulement pac ties rougeurs eutanees, eile s'accom-pagne de beaucoup d'autres symptömes. La rougeole n'est pas grave, et quand on a ä pratiquer des autopsies, il n'est pas pos­sible de contbndre ees deux affections; de plus, dans les rnatieres morbides des animaux mot'ts de tievre typhoale, op rencontre des bacteriens. On peut toujours la distinguer du charbon en ana-iysant avec soin les symptömes et en etudiant le sang au micros­cope ou en pratiquant des autopsies; le bacterien de la fievre typhoide est plus volumineux que celui du charbon. Du reste rinoculation pennet de ne Jamals confondre le cliarbon et la fievre typhoide; Je premier est inoculable au lapin et la fievre typhoide n'est pas transmissible ä cet animal.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Les lesions sont plus ou moins avancees, plus ou moins eten-dues, suivant la duree de la maladie; plus la rnaladie a evolue rapidement, moins les lesions sont caracteristiques.
Le sang n'est pas sensiblement altere, ni modifie dans ses carac-teres physiques et chimiques; il se coagule facilement et rougit au contact de J'air, rnais sa richesse en flbrine et en globules blancs est augmentee. Quelquefois il est incoagule et noirätre, lorsque la maladie est compliquee de septicemie. II contient le mici-obe pathogene, qui se presente sous forme de sporules iso-lees, geminees ou reunies en chapelet.
Sur Ja peau, on volt de nombreuses taches ou pJaques rouges, se rapprocbant de la couleur noiratre ou bleuatre. Ces taches s'accompagnent de tumefaction; et celle-ci Interesse le denne et le tissu conjonctif sous-cutane, qui est souvent altere, enJlamme et souvent infiltre d'une serosite rougeätre au niveau des plaques que 1'on volt ä la surface de Ja peau. Cette intiltration gagne le tissu conjonctif intermusculaire et penetre meme jusque dans 1'in-terieur des muscles. Quelquefois la rougeur est superficielle et n'interesse que les couches superficielles du derme.
Les chairs sont mollasses, saigneuses, baveuses, humides; les fibres musculaires sont presque toujours alterees, eJles perdent leur striation, et il y en a qui ont eprouve la degenerescence
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288nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; FIEVRE TYPHOiUK DU POHG
granuleuse; le tissu conjonctif qui forme la gangue des muscles est en etat de dissolution plus ou moiiis avancee; ces chairs sout mauvaises et doivent etre eloignees de la consommation. Les alte­rations sont variables, plus ou moihs avancees suivant I'intensite et la duree de la maladie.
Les sereuses articulaires sont quelquefois enflammees et ren-ferment une serosite sanguinolente.
Les ganglions inguinaux, pelviens, mesenteriques, bronchiques, maxillaires, etc., sont tumefies, rouges, congestionnes et presen-tent des foyers heinorrliagiques dans la couche corticale et des infiltrations dans toutes les autres parties.
Sur la membrane buccale on remarque quelquefois des taches hemorrhagiques et mSme des ulcerations ainsi que sur l'öpiglotte. Le peritoine est hyperemie, congestionne, enflamme, il presentc des taches assez nombreuses et des hemorrhagies; il a ete le siege d'une exsudation abondante de serosite plus ou moins fluide, claire ou teintee de sang, qu'on retrouve dans sa cavite sous forme d'epanchement; ä sa surface, il s'est depose une sorte de coagulum, et on trouve des fausses membranes qui adherent, soit au mesentere, seit ä I'epiplaon. La muqueuse stomacale est öpaissie, infiltree, injecfee; son epithelium se desquame facile-ment, il est enleve par places, et forme parfois des amas grisätres nujaunätres, de consistance pultacee, constitues par des cellules epitheliales degenerees ou en voie de degenörescence; ces amas contiennent de nombreux microbes. Sur la muqueuse intestinale, on trouve les memes alterations, et de plus toutes les tuniques sont hyperemiees. La muqueuse duod6nale est fortement hypere-miee, et presente des taches hemorrhagiques au sommet des plis. La valvule ileo-coecale, la muqueuse ccecale et la muqueuse eolique sont hyperemiees; on observe des taches hemorrhagiques sur la muqueuse eolique et ailleurs, des ulcerations plus ou moins nombreuses rondes ou allongees sur la valvule ileo-cuecale et sur la muqueuse eolique, des hemorrhagies sous-muqueuses dans le gros intestin; les glandes de Peyer sont tumefiees at plus en relief; les follicules solitaires sont gonfles, et plus saillants qu'ä I'etat normal. La rate est quelquefois gonflee, tumefiee par places et presente des taches hemorrhagiques sous sa capsule; eile a une couleur sombre, noirätre; eile est ramollie. Le foie est gonfle, gorge de sang, plus fence, moins ferine, et presente aussi des taches hemorrhagiques plus ou moins nombreuses sous sa cap­sule.
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FIEVRE TYPH01DE DU PÜHC
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Lu muqueuse cespiratoire est hyperemiee, eile se desquame facilement, et presents un etat catarrhal plus ou moins generalise; la glotte est le siege d'un cedeme; les bronches sont enflammees. Dans la trachee et dans les bronches on trpuye une matiere spu-ineuse et rosee uu un mucus purulent et sanguinolent, qui con-llent de nombreux microbes, sous forme de sporules libres ou reunies en mycodermes ä la surface des cellules epitheliales.
Les plevres sont enflammees et presentent des taches et des foyers hemotrbagiques; ä leur surface on trouve des fausses membranes, et dans leur Interieur un epanchement plus ou moins considerable, resultant de l'exsudation inflammatoire.
Le poumon est souvent hyperemie, surtout dans les parties declives, il presente des taches eccbymotiques, des suffusions san­guines plus ou moins nombreuscs et plus ou moins etendues; on y rencontre spuyent une veritable pneumonie lobulaire ä divers ilegres d'evolutiun. L'bepatisation est plus ou moins etendue, eile est quelquefois accompagnee de gangrene pulmonaire; son tissu est inflltre d'une matiere sanieuse ou flbrino-purulente; eile est rongeätre, noirätro, giisatre. On trouve le microbe pathogene dans cos diverses lesions.
On observe des ccchymoscs sur le pericarde et sur le coeur, notammcnt sur le coeur droit; sous I'endocarde les taches hemor-rhagiqucs sont abondantes. Le pericarde et souvent envahi par une inflammation exsudative, et contient une serosite rougeätre; le sang est coagule; le tissu du cpeur est plus mou, decolore, lave et plus friable.
On rencontre enfin de la congestion dans les reins, sur la mu-ijueuse uterine, sur la muqueuse vesicale, ainsi que dans les centres nerveux.
L'exaraen microscopique fait presque toujours decouvrir, dans les lesions, des parasites vegetaux sous forme de filaments, de chainettes, de microcoques et d'agglomerats. Ges parasites sont plus gros que ceux de la septicemie et,du charbon; on les trouve dans tons les organes qui sont le siege d'alterations, sur les mu-queuses digestives et respiratoires, dans la vessie, dans le foie, dans la rate, dans les ganglions, sous I'endocarde, dans le sang, dans le cerveau, etc.
Certains auteurs out pretendu qu'on ne les trouvait pas dans le sang; mais il n'en est pas ainsi, car on les y a vus et on apu faire dcveloppor la fievre typhol'de sur des animaux sains, en inoculant du sang d'animaux qui etaient attaints de cette maladie.
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290nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;FIEVRE TYPHOi'DE DU PORG
ETIOLOGIE, PATHOGENIE
Le mal rouge apparait quand les animaux regoiveht une alimon-tatior. riche en parasites, quand les auges et les baquets, qui ser-vent h leur distribuer leur nourriture, sont malpropres; il est rare en hiver et au printemps, inais en revanche il est plus frequent en ete. Sa cause veritablement efflciente est un parasite vegetal, qui se rencontre ä pen pres partout dans l'organisme des malades, et peut meme vivre et se multiplier en dehors de l'economie ani-male, comme l'ont prouve les experiences du docteur Klein. La typhus du porc est inoculable, contagieux, infectieux; son contage existe dans la peau, dans les lesions cutanees, dans l'intestin, dans les ulceres intestiuaux, dans la rate, dans les diverses lesions, et les divers produits morbides, et aussi dans le sang, dans tous les oiganes et dans tous les tissus. M. Zundel pretend que la maladic se developpe ii la suite d'une alimentation avarice; et il n'y a pas alors spontaneite ä proprement parier, car le germc vient du dehors et est introduit soit avec les aliments, soit avee les boissons, soit avec I'air inspire. Elle se transmet par contagion immediate, quand un animal malade la communique directernent h un animal sain en le flairant, en le touchant ou en deposantsur lui des produits morbides. Elle se transmet aussi par contagion mediate, par l'ingestion d'aliments ou de boissons souilles; la truie malade peut la trahsmettre a ses petits en les allaitant; on la voit aussi faire son apparition ä la suite de l'ingestion de la saumure dans laquelle amacere de la viandeprovenantd'animaux malades; eile peut se transmettre par la cohabitation et le sejour d'animaux sains dans les lieux infectes; eile peut enfin se trans­mettre par l'intermediaire de I'air, qui, tenant les germes en suspension, les d6pose sur les aliments, dans les boissons ou les introduit dans le poumon. On I'a vue se propager par l'interme­diaire des debris cadaveriques des malades, et par l'eau dans laquelle on avait lav6 les issues provenant d'animaux atteints du mal rouge. Les produits diarrheiques et autres produits morbides, excretes paries malades, peuvent servir d'agents de propagation.
Une premiere atteinte confere-t-elle I'immunite aux animaux qui guerissent?
Cette question n'est pas resotue d'une maniere positive; M. Zun­del protend qu'un animal qui guörit peut devenir malade une
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F1EVRE TYT^CÜ1.)E UU l'y^Cnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;291
secüiide fois; inais il y a lieu de recourif ä rexperimentation pour trouver la veritable solution.
La fievre typhoide du pore seinble jusqu'ü present une nialadie d'espece; eile eat trausinissible au pore et peut-etre au mouton, mais on n'a pas reussi a la commuaiquer au chien ni au lapin. II reste, ä ce sujet, d'interessiintes recherches ä faire.
Certains auteurs rassimilent et ridentifient meine k la fievre typhoide de 1'hpmme,: le docteur Klein ne partage pas leur opinion et il rejette energiiiueineiit cette nianiere de voir. L'obser­vation clinique ne tburnit d'ailleurs aueune donnee precise, qui permette d'identifier ces deux all'ections.
TRAITEMENT
Le traitement de la fiövre typhoide du pore doit remplir diver­ses indications, il doit etre prophylactique, preventif (hygiene et police sanitaire), curatif (agents therapeutiques, antiseptiques, antibacteriens).
II taut supprhner et attenuer rinfluence des causes qui favori-sent le developpement de la maladie; il laut donner une bonne aliinentation aux animaux, des touiques, des boissons bien pures; il faut ameliorer rhygiene, si eile laisse ä desirer, et avoir rccours h remploi de l'acide phenique comnie moyen preventif.
Si la maladie est declaree, il faut combattre la fievre, la diar-rhiie, les coliques; administrer des rafraichissants, des laxatifs, des temperants, quelquetbis des vomitifs. II faut combattre la cause, recourir aux antiseptiques (boissons, inhalations, etc.), h l'acide phenique, au permanganate de potasse, au borate de soude, au chlorate de potasse, b. l'acide salicylique, au quinquina, aux iodes, etc.
II faut aussi prescrire un traitement local; et pour ce, on a recours encore aux antiseptiques, aux astringents, etc.
II faut savoir mettre en oeuvre, quand il y a lieu, le traitement de l'angine, de la bronchite, de la pneumonie, de la gastro-ente-rite, de la gangrene, etc.
POLICE SANITAIRE
La fievre typhoide est exclue de la loi sanitaire votee au Senat, et cela me paralt tr^it ä fait regrettable. Mais en attendant que
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FIEVHE TYPHÖIDE DU l'ORG
l'ancienne legislation soit abrogee, le veterinaire peut cüiiseilier et l'autorlte peut presprire les mesures sanitaires jugees utiies ou necessaires, en invoquant l'arret du 16 juillet 1784, la loi des 10-24 aodt 1790, la loi des 28 septembre et 6 octobre 1791, et les articles 459, 400, 461, 402 du Code penal.
Quaad Tepizootie legne dans une localite, il convient que l'au-toi'ite eclaire les proprietaiiquot;es sur la nature de la maladie, sur sa transmissibilite, sur sa gravity; il convient que l'autorite exlge sa declaration des malades et qu'elle engage les proprietaires ä la faire dans le plus bref delai possible. Une fois informee, l'auto­rite doit deleguor uu veterinaire pour proceder ä la visite des mala­des, pour apprecier la nature de la maladie, et determiner ce qu'il ya lieu d1 faire afin d'empecher i'extension de l'epizootie et d'en amener l'extuiction. Les trois principales mesures de police sani-taire qu'il convient d'appliquersont: la sequestration des animaux malados; l'enfouissement des cadavi'es, ouleurlivraisonäl'equar-rissage; la desinfection de tout ce qui a ete souille, de tout ce qui a scrvi aux malades. Quand la maladie s'est declaree dans im trou-poau, il faut le sequestrer et separer les individus malades des iudividus sains, placer ces derniers dans un local oü ils seront observes pendant cinq ou six jours, et laisser les malades seques-tres dans le lieu infecte. La sequestration pourra etre levee an bout de quelques jours apres le dernier cas de maladie, au bout de sept h huit jours.
Tant que l'epizootie ne sera pas eteinte, I'exportation, le depla-cement, la mise en vente des animaux malades ou simplement suspects des localites ou des fermes infectees devra etre interdite.
Apres la disparition de la maladie, apres la levee de la seques­tration, apres I'evacuation d'un local infecte, il faut toujours faire proceder ä une bonne desinfection; il faut faire desinfecter tout ce qui a pu etre souille par les malades, ('habitation, les auges, les seaux, les baquets, les fumiers, les cours, etc.; il faut faire nettoyer h fond les habitations, les cours et tons les objets souilles; il laut faire proceder ä des raclages, h des lavages avec des lessi-ves bouillantes et avec une solution pheniquee bouillante, ä un badigeonnage avec une solution concentree d'acide phenique brut, ä l'incineration ou ä l'enfouissement des fumiers, ä l'aeration, ii une fumigation sulfureuse, etc. Les cadavres, les debris cadave-riques ne doivent jamais etre jetes dans les rivieres; les malades ne doivent pas etre acceptes ]5bur la boucherie. Les cadavz-es doivent etre livres ä l'equarrissage ou enfouis totalement; c'est
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FIEVRE TYPHOiDE DU PORCnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 293
tout au plus s'il y a lieu de permettre l'utilisation de lagraisse, ctj lorsque cette permission sera accordee, il faudra que toutes les parties qui en contiennent soieut fondues innnediatement. Cette graisse ne devra pas etre livree h la consommation, il sera bon de la denaturer, de l'infecter avec de l'acide phenique brut, afin qu'elle ne puisse plus servir que pour les besoins de l'industrie. 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 11 vaut inieux ordiuaireinent deinander l'enfouissement des cada-
1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; vres, car en general il y a eu emaciation tres prononcee, et la
'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; graisse est pen abondaute. En aucun cas il lie laut jamais per-
mettre de les livrer ä la consommation.
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CHÄPITRE IV
CHOLERA DES OISEAUX
Le cholera des oiseaux, encore appele maladie epizootique des oisea/ux de basse-cour, typhus des volailles, affection typhique des volailles, est une maladie parasitaire intöressante; son etude est importante au double point de vue scientifique et pratique. Elle nous fait connaitre une maladie qui se transmet par un parasite et nous pennet d'esperer que, grace ä l'application de certaines mesures de police sanitaire, on pourra dans les cas d'epizootie en restreindre les ravages et en amener l'extinction.
Le typhus des oiseaux est une maladie generale, presque apo-plectique, decelee par de rabattement, de la stupeur, de Fadyna-inie, de la diarrhee, de la cyanose; caracterisee par une alteration du saug, qui jouit de la virulence ainsi que toutes les matieres de rorganisme malade. Elle est produite par l'introduction et la mul­tiplication dans l'economie d'un bacterien, que Ton rencontre dans le sang et dans tons les liquides et les solides de l'organistne malade. Elle se caracterise en outre parades lesions tres manifestes dans le sang, dans les organes de l'appareil digestif et dans les organes de l'appareil respiratoire.
Les symptömes prineipaux sont: un etat apoplectique (eile est quelquefois foudroyante), un abattement tres prononce, une stu­peur analogue h celle que presentent les individus atteints de (ievre typhoide, un amaigrissement rapide, la diarrhee, la dysen-terie, une cyanose tenant ä l'alteration du sang. Les lesions, de meine que les symptömes qu'elles determinent, ont une certaine ressemblance avec celles du typhus, avec celles du cholera de l'homme. La contagiosite, la virulence du cholera des poules a ete demontree par de nombreuses observations et par des expe­riences multiples. La virulence existe, avons-nous dit, dans tous les liquides et dans tous les solides de l'organisme. La nature du contage a ete determinee, dans ces dernieres annees, par divers
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CHOLERA DES OISEAUX
experimentateurs, par MM. Moritz, Perroncito, Toussaint et sui-tout par M. Pasteur. On a reconnu dans le sang des malades la presence d'un microbe, d'un bacterien, d'un inicrocoque; et non seuiement on a constate su presence dans le sang des oiseaux malades, mais aussi dans celui des lapins auxquels on inocule la maladie. Le microcoque a ete isole par M. Pasteur, qui I'a cultive hers de l'organisme, et qui est arrive iiattenuer tellemeat la puis­sance morbigene du virus cholerique, qu'il peut 1'inuculer impune-ment ii des oiseaux sans les rendre gravement malades et tout en leur conferant I'immunite.
SYMPTOMATOLOGIE
Le]cholerades oiseaux a etc observe et etudie dans de nombreux pays, en France, en Italic, en Autriche, en Hongrie, en Allema-gne, en Russie, etc., par de nombreux observateurs, qui nous out fait connaitre sa Symptomatologie et son etiologie.
Certains auteurs l'ont assimile au cbolera de riiomrne, en se basant sur ce fait, que dans les pays oil le cholera asiatique appa-rait, on observe frequemment en meme temps le cholera des oi­seaux. Mais ce serait aller trop loin que d'induire de cette coinci­dence fortuite une identite entre les deux maladies, carle cholera des oiseaux se montre dans des pays oü n'a jamais regne le cho­lera de I'homme. D'ailleurs on n'a jamais signale aucun cas dc transmission de la maladie des oiseaux ;i I'homme.
Les oiseaux chez lesquels on observe ordinairement le cholera, sont les oiseaux do basse-cour, les ponies, les dindous, les pinta­dos, etc. Mais ce ne sont pas seuiement ces animaux qui pcuvent ctre atteints; la maladie peut aussi attaquer le lapin; on a en outre pu I'inoculer an chien, au cheval et determiner chcz eux une ma­ladie rapidement raortelle. Done le cholera des ponies peut se transmettre ä d'autres especes; mais la transmission naturelle ä ces autres especes est rare, et M. le professeur Perroncito tie Turin affirme qu'il n'a jamais constate que cette maladie hit trans­missible au cbien par l'inoculation du sang des poules mortes.
Le typhus des volailles est ordinairement epizootique, il ne se limite pas ä quelques individus; une fois introduit Jans un pou-lailler, il attaque successivement les individus qui le composent et se propage h d'autres poulaillers. II convient done d'etudier d'abord la maladie sur un hidividu,en passant en revue ses symp-
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tomes, samarche, sa gravite, sa terminaison; ensuite nous exami-uerons ia mai'che de ratlection en taut qu'epizootie.
Ghezlesindividus qu'il uttaque, le cholera debute brusquement; son appantion suit toujours de Ires pres la contamination. II s'agit en etfet d'un contage lie nature parasitaire, (jui se multiplie avec i-apidite dans l'economie, qui pioduit des etlets d'autant plus ra-pidement visibles, qu'il evolue dans umn'ganisme plus petit; aussi, n'y a-t-il rien d'etonnant d'obsener une periode d'inoculation courte, pouvant tout au plus durer de huit ä soixante heures. Quelquefois la maladie est apoplectique, foudroyante, et entnüne la mort des qu'elle apparait; alprs on ne peut presque observer aucun Symptome, et ä l'autopsie on ne rencontre aucune lesion particuliere sur les organes. Dans tous les cas eile marche tres rapidement; mais neanmoins assez souvent, quoique prompte-ment mortelle, eile peut durer quelques heures, pendant lesquel-los on jjeut observer les syinptömes suivants.
On constate de rabattement, une grande tristesse, de la noncha­lance, de Findiffei-ence chez les malades pour tout ce qui se passe autour d'eux, im etat de stupeur tres marquee, un allaiblissement (jui progresse tres rapidement, im etat de torpeurtres prononcee; les animaux semblent clones sur place. Le plumage devient he-risse, les alles s'ecartent et trainent sur lesol. La crete se dcco-lore et devient bleuätre, violacee, noirätre, eile perd de sa rigidite, eile devient pendante et legerement gontlee, car ils'y produit une exsudatioa. La peau devient cyanosee (ce symptöme, pour etre constate, exige que la maladie (lure quelque heures) et eile se rcfroidit progressivement. L'ücü s'entonce et roste convert par les paupieres, qui sent presque closes; la vue est confuse. Les ani­maux tombent dans un tHat de somnolence ii peu pres complete. Partbis on constate des convulsions dans les muscles du cou, des ailes, etc.; le dos est vousse. Les malades recherchent le soleil et se serrent en groupe; ils sont tres sensibles au froid, car leur organisme est en voie de se refroidir (symptöme tres manifeste chez les choleriques). La tete est portee basse, eile est agitee de mouvements lateraux et partbis appuyee sur le bee, qui repose h terre. Le cou devient flasque et rengorge. Le corps s'affaisse sur les membres, sur les ailes et sur le bee; quelquefois il y a ba-lancement longitudinal ou lateral de tout le corps. La demarche est penible, difficile, titubante; en se deplacant, les malades font des chutes et ils se relevent difficilement.
En meine temps que ces symptömes d'ensemble se presentent, il y a d'autres symptomes plus pathognomoniques.
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L'appetit est diminue ou perdu; la soif est accrue. Le bee laisse echapper une humeur mousseuse, gluante, blanchätre, parfois liquide, et qui s'ecoule aussi par les ouvertures nasales; on ob-tient facilement cet ecoulement en suspendant le malade par les pattes. Le ventre est retrousse, l'animal presentedessignesmani­festes de coliques. Quand la maladie dure un certain temps, on observe toujoursunediarrhee blanchätre, sero-muqueuse et fetide. Cette diarrhee devient de plus en plus frequente, ciaire, fetide, mousseuse et souvent striee de sang; alors e'est une veritable dy­senteric spumeuse, fetide et sanguinolente. Ces symptömes appa-raissant, la maladie s'aggrave; la fin fatale est proche, un abaisse-merit de temperature se produit et on le constate facilement en appiiquant la main sur la peau. La respiration est penible, con­vulsive. I'arfois les malades poussent un cri guttural, une espece de höqüet cdfivülsif J quelquefois aussi, I'agitation convulsive se göneralisc et se manifeste sur toutes les parties du corps.
La maladie marche si vite, meme dans les cas oü eile dure le plus, qu'elle se termine en 8 ou 12 heures; tres souvent eile se termine plus tot, et dans quelques rares cas eile dure un pen jjlus. Le plus habituellement eile suit tatalernent son cours; les malades presentent de la diarrhee, de la dysenterie et alors la niort arrive. Elle est annonceeou don par une agonie convulsive; inais le plus souvent eile a lieu subitement, meme sans periode de torpeur. Elle est quelquefois precedee de symptömes de tour-nis lies ä des lesions cerebrales; enfln eile arrive parfois apres un vomissement glaireux. La guerison est tres rare; cependant sur le declin des epizootics eile peut survenir quelquefois, mais Ja­mals ou presque Jamals au debut.
Le diagnostic de cette affection est tres facile ä etablir; les symptömes suffisent amplement pour eclairer l'observateur, et un criterium est encore fourhl par la marche de la maladie, qui est epizootique. Les renseignements sur sa propagation, sur son ex­tension et sa marche äideront toujoürsä porter un diagnostic cer­tain. Quelquefois cependant on a pu confondre le typhus des vo-lailles avec les maladies vermineuses, avec un empoisonnement, aye.c le charbon. A propos de cette derniere affection, Renault et M. Reynal out siirement fait cette confusion, car, dans I'article charbon du Dictionnaire de medecine et de Chirurgie veterinaires, ilsdecriventun charbon des volaillgs, dont lessymptömes ressem-blent tout h fait ä ceux du cholera. Ils ont pris le typhus pour le charbon, attendu que cette derniere maladie ne se developpe pas
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chez les oiseaux. On ne'peut, pas confondre le cholera avec une maladie vermineuse, cette derniere ne presentant jamais un ta­bleau de symptomes analogues ä ceux du cholera; et d'ailleurs il sufflrait de proceder ä 1'autopsie, qui, dans le cas de maladie ver­mineuse, montrerait la presence de vers dans les bronches, les intestins, etc. On ne pent pas non plus confondre le typhus avec un ernpoisonnement; car, si dans certains empoisonneinents les oiseaux peuvent presenter des voniissements, de la diarrhee, cer­tains symptömes nerveux, etc., et si rempoisonnement peuts'etre produit sur plusieurs animaux, on ne constate jamais cette mar-che epizootique et cette transmissibilite, qui caracterisent le cho­lera.
Le pronostic de cette affection cst excessivement grave. La ma­ladie est presque toujours mortelle; eile est contagieuse, eile se Iransmet des oiseaux malades aux oiseaux sains, et eile pent ättä-quor certains animaux mammiferes. De plus les cadavres des ma-lades, qui ont succombe, sont inutilisables, et bien que dans la pratique les proprietaires les utilisent parlbis, bien qu'on n'ait en­core observe aucun acciilent resultant d'une pareille maniere de faire, le veterinaire sanitaire devra toujours s'opposer h leur utili­sation.
Lorsquc le cholera apparait dans une basse-cour, il en decline la population, il attaque successivement diverses especes (poules, canards, dindons, oies, pintados, faisans, paons, pigeons et quel-quefois lapins). Quclquefois il sevit simultanement sur deux ou plusieurs especes ou sur toutes; generalement, s'il ri'a atteint d'a-bord qu'une espece, il so propage et se transmet successivement ä toutes les autres; parfois meme il se transmet au lapin. II n'est pourtant pas absolumcnt i^are devoir une ou plusieurs especes to-taleinent epargnees, quoique leurs representants aientete en con­tact avec les malades.
Cette affection se montre plus particulierement sur les betes les plus grasses, sur les betes ägees de un ii trois ans et aussi sur les betes plus jeunes ou plusagees; ellese montre leplus habituelle-ment pendant le printemps et pendant l'ete. Au printemps eile est grave, car eile coincide avec la ponte, mate sa gravite est ex­treme pendant I'ete. Le typhus une fois introduit dans une basse-cour, tous les malades jeunes et vieux succombent; et la maladie reste ainsi tres grave quelque temps. Lorsque r(sect;pizootie arrive ä son declin, les oiseaux qui ont ete refractaires pendant quelque temps et qui font contractee en dernier lieu ont une affection
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inoins grave. La resistance qu'ils ont Offerte au cholera a ete plus grande, aussi cette maladie peut-elle se terminer chez eux par la guerison. Le typlius passe d'un premier poulailler ä d'autres et d'une premiere localite aux localites voisines, grace aux exporta-tions d'aniinaux ou de substances infectees; grace aux relations que peuvent avoir lesanimauxdes Jjasses-cours du voisinage ayec ceuxde la basse-cour int'ectee. On peut, dans le cours d'une epi­zootic, voir la maladie se propager parfois au loin, alors qu'eile n'attuque pas certaines basses-cours voisines.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Les iradavrcsdes oiseaux, qui ontsuccombe, se ret'roidissent ra-pideanent; la rigidite cadaverique, qui arrive instantaneinent, n'est janiais bien prononcee et ne dure pas longtemps. La peau est souveiil cyanosee sur toute son etendue; sous le ventre, on rencontre des points et des taciies verdätres. II s'echappe par les ouvertures naturelles (bee, ouvertures nasales et anale) les memes produits que du vivant des malades. La muqueuse du bec est päle. Dans le jabot et le gesier on rencontre un liquide ou des matieres inolles, des iragments d'aliments h odeur tetide. Le peritoine est hypereinie, imbibe de plasma sanguin, et il presentc ä sa surface et dans sa protbndeur des taches ecehymotiques. Le Systeme porte est injeete de meine que les intestins, qui offrent une forte congestion exterieure.
En ouvrant I'lntestin grele, on trouve les lesions les plus inte­ressantes, surtout dans sa portion initiale. 11 renferme souvent une bouillie grisätre, plus ou moins claire, muqueuse, quelque-fois puriforme, tres abondante, tres adherente aux parois intesti-nales, et quelquefois sanguinolente. Lorsqu'on etudie de pros cette inatiere, on la voit formeed'un plasma muqueux et sereux, qui contient des cellules epitheliales degenerees, des leucocytes, des globules de pus, des hematies, des granulations, des cristaux, de la graisse et des microcoques. La muqueuse est rouge lerne ; sa coloration tient le milieu entre la teinte rouge et lateinte bleue. On y rencontre des plaques plus ou inoins etendues, dontles villo-sites sont hypertrophiees, plus apparentes et forment un gazon tres visible. On rencontre des eclt;jhymoses, des heinorrhagies pi us ou moins etendues et sous forme de taches, dans les tissus sous-muqueux, intra-muqueux et extra-muqueux; lorqu'elles sie-
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gent ä la surface de la muqueuse, elles expliquent la teinte des matieres diarrheiques ou dysenteriques. Quelquefois on voit de veritables erosions, inais elles manquentgeneralement; elles n'ont pas eu le temps de se produire. II y a ordimdrement un etat ca-tarrhal de la muqueuse, dont l'epithelium se detache avec une grande facilite
Lc mecanisrne, qui preside h la production de ces alterations, est 1c suivant : il se produit (virus) une certaine irritation de la mu­queuse intestinale, et cette irritation s'accompagne d'hyperemie, d'exsudation, de catarrhe, d'hypersecretion dans les glandules, de desquamation epithcMiale, de formation cellülaire dans le tissu de la muqueuse, de la diapedese des globules blancs ätravers ies vaisseaux, de la diffusion du plasma sanguin, de l'hyperemie des villosites et de leur desquamation; il se produit aussi, conmu cöiiööqüiöh'ce de la congestion, des ruptures vasculaires, des ec-chymoses, des hemorrhagies,
Dans legros iritestin les alterations sont moins prononcees; on y rencontre des taches et des plaques ecchyinotiques intraetsous-iiiuqueuses, des hemorrhagies, im etat ealarrhal. Dans le reclum on trouve des points ecchyinotiques. Le foie est hyperemie, noi-n'itre et presonte quelquefois des foyers purulents metastatiques; il est jaunatro, ses elements sont granuleux, La rate est plus foncee, son tissu est ramolli.
La muqueuse respiratoire est egalementcongestionnee, injectee, catarrhale, et eile contient une certaine quantite de mucus. Le poumon est hyperemie, noiratre, ledematie, quelquefois gan­grene; il y a parfois aussi des points pleuretiques. Le cceur pre-sente des ecchymoses ä l'interieiir et ä rexterieur; la pericarde contient un liquide citrin ou sanguinolent. Le sang est ordinaire-ment coaguledans le cueur et les vaisseaux. II est noir, plus riche en leucocytes; mais son alteration principaleconsiste dans la pre­sence de bacteriens, qui existent aussi partout ailleurs. Le Systeme nerveuxoffre des ecchymoses et une congestion plus ou moinsvive.
La plupart des lesions qui viennent d'etre signalees, notamment eel les des voies digestives, font h pen pres completement defaut quand la maladie a ete foudroyante.
ETIOLOGIE
On a accuse, comme pouvant produire le cholera, un grand nombre de causes generales. Or le röle de ces causes estnul, c'est
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tout au plus si elles sont des causes adjuvantes. Le typhus des oiseaux est produit par un contage de nature parasitaire. La mala-die est contagieuse; cela est deuiontre par la marche et 1'exten­sion de l'epizootie et par de tres nombreux faits d'observation et d'experimentation. Certains auteurs affirment avoir observe sa transmission meine par I'lntermediaire de l'air. A cöte des faits positifs, qui prouveut la contagion volatile, il en est d'autres qui sont negatifs, mais qui n'ebranlent en aucune fagon la demonstra­tion tiree des premiers. En resume, il est admis et prouve que la maladie pent se ti'ansmettre par Tinterinediaire de l'air. Elle se propage ordinairement par contagion immediate et par contagion mediate. La cause unique du cholera est un parasite qui s'intro-dult dans rorganisrne, s'y multiplie et s'approprie l'oxygene du sang (Pasteur).
Le contage existo dans tout I'organisme, dans les solides, dans les liquides, dans les produits morbides. L'agent virulent est un organisine microscopique, qui a d'abord ete soupconne par M. Moritz, veterinaire en Alsace, qui a etc figure en 1878 par M. le protesseur Perroncito, qui a ete retrouve et etudie en 1879 par M. Toussaint, ct dont le role pathogene a ete etabli par M. Pasteur, qui I'a isole, qui I'a cultive hors de I'organisme et qui a fait ;i ce sujct de tres belles decouvertes, dont il sera question tout ä l'heure. Le parasite du cholera se montre sous forme de granu­lations ou de corpuscules spheriques ou oblongs, mobiles, bril-lants, isoles ou gemines, quelquefois disposes en torulu ; il presente des mouveinents ondulatoires. On le rencontre dans le sang de tons les animaux qui out eu la inaladie; il ne sc dissout ni dans I'acide acetiquo ni dans rainmoniaque. II peut etre cul­tive hors de rorganisme (Pasteur), dans le bouillon de muscles de poules, dans le sang; i! se multiplie avec une grande rapidite. II peut ensuite etre inocule et il provoque toujours la memo maladie ; il est aerobic, il vil, se multiplie ct respire aux de-pens du sang et il le rend ainsi impropre ii la vie en I'alterant. On peut le dcssecher sans lui faire perdre sa vitalite, qu'il conserve alors un temps assez long, pendant plusieurs mois ; on a vu des matieres virulentes dessechees depuis un mois transmettre la ma­ladie. Renault avail dejii remarque la grande resistance du contage non desseche ; il avait pu, quatre-vingt-seize heures apres la mort d'une poule, inoculer son sang fructueusement ii une autre poule. De nombreuses tentatiVes d'inoculation ont ete faites, et toujours une quantite infinitesimale de virus a produit inevitable-
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rnent la luort ehez les volailles et meme chez d'autres animaux. La maladie est iaoculable uon seulement aux oiseaux, mais aussi aux lapins, aux eochons d'Inde, au cheval et au chien (Renault, De-lafond).
Culture du microbe. — II resulte des interessantes recher-ches de M. Pasteur un certain nombrede conclusions, la demons­tration d'un certain nombre de verites scientifiques de la plus haute importance, qui peuveut se resumer ainsi qu'il suit; l'unno neutralisee, si propre h la culture de la bacteridie, est impropre a la culture du microbe du cholera, qui doit etre cultive dans du bouillon de muscles de poule neutralise par la potasse et sterilise par une temperature de 410quot; ä 415deg;. L'eau de levure, obtenue par la decoction de la levure de biere dans l'eau, filtree et sterilisee par une temperature de 440quot; ä 415deg;, couvient, quand eile a ete neutralisee, pour la culture des prganismes les plus divers, mais eile est impropre ii la culture du microbe cbolerique ; en sorteque pour reconnaitre la purete des cultures choleriques, il suflit d'en semer une gputte dans cette eau de levüre, qui reste limpide ou se trouble et se cultive suivant que la semence est pure ou melangee d'autres germes. Le cochon d'Inde inocule ne presente parlois qu'une lesion localisee au point d'inoculation, oil il se forme un abces dans lequel est concentre le virus et qui guerit ordinaire-ment apres s'etre ouvert, sans que I'aninial ait paru malade. On savait dejii que la culture du virus dans des organisrnes successifs n'attenue point son activite ; 1'experience avait prouve qu'ii la qua-trieme generation 11 se montre aussi actif qu'ä la premiere. La virulence n'est pas attenuee nan plus par les cultures successives faites hors de l'organisme. Mais grace h an mode de culture qu'il n'apas fail; connaitre, M. Pasteur est arrive äattenuer la puissance morbigene du microbe cbolerique, de facon h pouvoir I'inoeuler sans occasionner la inert et ä pouvoir conferer rimmunite aux animaux inocules. Ge virus attenue a ete soumis ä quelques cultu­res successives et n'a pas augmente de puissance ; de pluis il sem-blerait, d'apres un ou deux essais, qu'il ne devient pas plus actif en passant sur la poule ou sur le cochon d'Inde. II y a pourtant des degres dans I'attenuation obtenue, et souvent, pour arriver h con­ferer une immunite complete, il faut inoculer deux, trois, quatre fois les animaux avec le virus attenue. L'immunite ainsi conferee aux poules inoculees est bien reelle, car on a beau les inoculer ensuite avec le virus non attenue, ou introduire celui-ci dans le torrent circulatoire ou le faire arriver dans les voies digestives, on
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lie les rend pas inalades. Le microbe, qui est aerobic, empnmte au sang ses elements de nutrition et de respiration ; il provoque une veritable asphyxie et des desordres graves, tels que : pericar-dite, epanchements sereux, alterations des organes internes ; 11 s'accompagne de la formation d'un produit narcotique, qui provo­que le sommeil meine chez les animaux qui ont acquis rimmunito complete. L'iminunite conferee doit etre attribuee h la destruction, par le microbe inocule, de certaines matieres necessaires ä son developpement; tlememe que I'eau de leviire, de memo que I'u-rine, de meme que les animaux naturellement refractairos, les poules qui out acquis I'iinmunite complete, ne possedent plus les materiaux necessaires au developpement du microbe. Cette inter­pretation semble la seule admissible ; ainsi du bouillon de muscles de poule, qui a servi trois ou quatre jours pour une culture de microbes, devient impropre ä une nouvelle culture, tandis qu'il ne Test pas le second jour; ainsi une premiere inoculation pent ne pasenlever tons les materiaux de l'organisme de la poule. D'ail-leurslesproduits, qui accompagnent la multiplication du microbe, no s'opposent pasä de nouvellos cultures, qui sent toujours possi­bles quand on ajouto des materiaux nutritifs; enfin ces produits, qui prbvoquent le sommeil quand on les injecte sous la peau. ne conferent pas l'iminunite aux poules qui onteprouve leur action. On coinprend aisement qu'une premiere inoculation ne produise pas une immunite complete, car les microbes sont en lutte avec les elements des organes qui leur disputent I'oxigene, tandis que ceux qui sont dans un liquide de culture, ne rencontrant aucun obstacle, epuisent tons les materiaux propres ä leur developpe­ment.
Certaines poules inoculees, apres avoir ete tres malades, recupe-rent une sante relative, puis maigrissent et men rent apres des se-maines ou des inois, tout en presentant le parasite du cholera, dont la virulence n'est nullement attenuee et qui pendant longtemps avait ete relegue sans doute dans une partie impropre ou pen propre ä la culture. Enfin il arrive parfois chez les poules, qui ont acquis 1 immunity, qu'un abces se forme dans un point du corps, dont le produit contient le microbe colerique.
Contagion. — II est done bien deinontre que le virus du cholera pent se conserver et meme se developper hors de l'orga-nisine. Les inalades en rejettent qA-ec tons les produits qu'ils ex-cretent ; aussi la maladie peut-elle se propager par les trois mo­des de contagion que nous avons dejä indiques. Elle peut se
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se ti'iiusmettre par l'iiiterinediaire de l'air, qui, ä un moment donne, pent entrainer des germes h une plus ou moins grande distance. Hering affirme avoir observe des cas, oü le typhus se serait pro-page de cette nianiere ; Renault et Delufond ontfait des tentatives pour obtenirla contagion volatile, et ils n'ont pas reussi; mais ces iuitsiiepeuvenlpasinfirinei'laconclusiontireed'unfaitdenionstratif bien observe. II taut, dans la pratique, considerer comme toujours possible la contagion par l'air infecte de germes. Le cholera pent se transmettre par contagion immediate et par contagion mediate. Les matteres virulentes, tons les corps solides ou liquides ou gazeux, qui sont souilles de matiere virulente et qui sent en-suite mis en contact avec d'autres aniinaux ou qui sont introduits dans les voies digestives, dans les voies respiratoires, sont suscep-libles de faire naitre la inaladie. Un animal malade, qui rejettenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'4
des matieres morbides par le bee ou par les naseaux, pent infecter ceux qui les becquetent. Renault n'avait pas reussi ä infecter les chiens ni le pore, en leur faisant ingerer des matieres virulentes; mais il avait reussi, ct d'autres apres lui ont obtenu le memo re-sultat, en agissant sur des poules. M. le professeur Perroncito a rendu malades des volailles en leur faisant ingerer des produits (ovaire, poumon) provenant d'une poule cholerique. M. Pasteur a communique la maladie h des poules, en leur dohnahtä manger du pain ou de la viande arrosee dequelquesgouttes d'une culture de microbe. Dans les basses-cours, le cholera se communique des
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aniinaux malades aux animaux sains par les produits qui s'ecou-lent du bee ou du nez ou par les matieres excrementitielles. Ces produits sont direcleinent ingeres, ou bien ilssouillent les aliments et les boissons que les animaux encore sains doivent ingerer. Cost done paries voies digestives que le virus penetre le plus or-dinairement dans rorganisine. La matiere virulente pent aussi se conserver sur les corps solides, se dessecher et entrer en suspen­sion dans l'air ou etre becqueljee par des oiseaux sains plus ou moins longtemps apres qu'elle a ete excretee.
Ainsi on a vu la contagion se produire sur des animaux introduits dans une habitation un mois apres qu'elle avait ete abandonnee par les betes malades. La propagation du cholera est favorisee par la cohabitation, par rencombrement, par la malproprete; ellc pout etre occasionnee par I'exportation d'^nimaux infectes ou ma-lades, par des graines, des pailles, des. iourrages infectes, par les personnes qui soignent la basse-cqdr et qui peuvent transporter des germes dans leurs veteni^nt,s ou avec leurs chaussures.
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Nou seuleinent le cholera est transmissible des oiseaux aux main-miferes ci-dessus designes, niais il peut faire retour de ces der-niers aux oiseaux.
La maladie est-elle transmissible h I'homme 1 On n'a encore jamais Signale aucim cas de transmission des oiseaux ä I'homme.
Le parasite, une fois introduit dans I'organisme qu'il doit rendic malade, yrepullule tres rapidement; aussila periodc d'incubation est-elle tres courte ainsi que nous I'avons vu.
TRA1TEMENT
Dans les cas oil il y a cholera ou menace d'invasion, il est sur-toiit necessaire de prescrire certaines mesures de police sanitairo. Le traitement des malades est d'une et'ficacite contestable; et d'ail-leurs, vu la rapidite de la maladie, il est le plus souvent impossi­ble d'cn mettre un quelconque en pratique. Pourtant, outre Tap-plication de certaines mesures sanitaires, il est hon de prescrire un traitement prophylactique. 11 faut realiser de bonnes conditions hygiöriiques au point de yue de ralimentation et de la proprete de lä basse-cour et du poulailler; il faut surveiller la nourriture et les boissons. II faut employer en outre, ä titre de moyens prophy-lactiques, I'acide sulfurique, I'acide phenique, le quinquina, le salicylate de soude, les sels de fer (sulfates, carbonates), qu'on mettra en dissolution dans les boissons. Lorsque la maladie se sera developpee, on donnera encore aux animaux de I'acide sul­furique, de I'acide phenique, du salicylate de soude, du sulfate ou du perchlorure de fer, du berate de soude, du chlorate de potasse, des composes iodures, etc., qu'on mettra en dissolution tres eten-due dans leurs boissons.
POLICE SANITAIRE
Gette maladie n'est pas mentionnee dans la nouvelle loi sani-taire; mais on peut la comprendre parmi celles que vise l'arret du 16 juillet 1784. Lorsque la loi de 1879 sera votee par la Ghambre et mise en vigueur, il y aura lieu de demander qu'elle soit intro-duiteun jour dans l'enumeration des maladies contagieuses, en vertu d'un decret du President de la Republique .Dans ces derniers temps, le ministre de l'agriculture a adresse aux prefets la circulaire et l'instruction suivantes.
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it Paris, le 6avrill880. laquo; Monsieur ie Prefet,
laquo; A differentes epoques, une maladie contagieuse, particuliere aux volailles, aete signalee ä men administration. Gette aflection, qui se nomme cholera des ponies, bien qu'elle s'attaque egalement aux oies, aux canards et aux dindons, peut, en l'espace de quel-ques semaines, decimer, quelquefois meine depeupler entiereraent uno basse-cour.
laquo; En 18G8, une enquete faite dans les departements, avait permis de constatei presque partout les ravages causes par cette epizoo-tie; mais aucun moyen n'avait ete encore trouve pour en arreter Ie developpernent. Les cas assez nombreux, constates en 1878 par les veterinaires du service des epizootics dans les departements, m'ont determine h appeler sur cette question l'attention du Gomite consultatif des epizootics.
laquo; Une instruction, iadiquant les priucipales causes de la mala­die et les procedes h employer pour la faire disparaitre, a ete redigee d'apres les indications de ce Gomite. J'ai l'honneur de vous en transmettre ci-joints cent exemplaires, en vous priant de repandre le plus possible ces conseils pratiques dans votre depar-tement.
laquo; Recevez, Monsieur le Prefet, l'assurance de ma consideration la plus distinguee.
laquo; Le Ministre de l'agriculture et du commerce, laquo; P. TlRARD. raquo;
Cholera des poules
Conseils donnes aux agriculteurs, d'apres les indications du Comite consultatif des epizootics.
laquo;. L'affection contagieuse particuliere aux volailles, designee sous le nom de cholera des poides, quoiqu'elle s'attaque egalement aux oies, aux canards et aux dindons, cause des pertestres sensi­bles ä l'agriculture. Si peu d'importance qu'elle paraisse avoir
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il
lorsqu'elle n'atteint qu'un sujet isole, eile acquiert cependant une veritable gravite lorsque, et c'est le cas le plus habituel, eile vient ä se declarer dans uiie basse-cour ua peu nombreuse, qu'elle pent deciiuer et iiienie quelquefois depeupler totalement en quelques semaines. Cette maladie peut done causer un preju­dice considerable ä nos exploitations rurales, oil la production tie la volaille et des oeufs constitue une speculation tres lucrative.
laquo; Toutefois, il est possible d'arreter le developpement de cette maladie, et la presente instruction a pour objet de porter it la connaissance des agriculteurs les moyens d'atteiadre ce but.
laquo; Tons les cultivateurs savent reconnaitre le cholera des poules. Des que le mal les a envahies, les betes prennent un air de tris-tosse; eiles deviennent somnolentes, perdent leurs forces, ne s'eloignent plus quand on les chasse; la temperature du corps s'eleve; la crete devient violette par suite d'une modification dans la circulation; enfin, la mort arrive souvent quelques heures apivs l'apparition des premiers symptömes.
laquo; Des recherches scientifiques recentes ont etabli d'une facon certaine quo cette maladie est produite par un organisme micros-copique, qui se developpe dans les intestins, passe dans le sang et s'y multiplie avec une rapiditö extraordinaire. Ge parasite est, evacue dans la Heute et peut ensuite passer dans les animaux qui picorent les fumiers on mangent les grains qui out pu etre salis par la flente.
laquo; Si un animal vient ä mourir et qu'il y ait lieu de craindre le cholera des poules, il faut aussitot faire sortir les volailles de la basse-cour et les maintenir isolees les unes des autres. On doit ensuite nettoyer la basse-cour et le poulailler, en enlevant le fu­rnier et en lavant ä grande eau les murs, les perchoirs et le sol L'eau employee contiendra par litre 5 grammes d'acide sulfu-uique, et on se servira pour ce lavage d'un balai rude ou d'une brosse. Quand il se sera ecoule une dizaine de jours sans qu'au-cune mort se soit produite, on pourra considerer le mal comrne disparu et on ne inaintiendra plus dans I'lsolement. que les vo­lailles qui manifesteraient de l'abattement, de la tristesse, de la somnolence.
laquo; Ges moyens, si simples dans leur emploi, suffiront pour arreter les progres de la contagion et en empßcher le retour; appliques des le debut du mal-j ils limiteront les pertes ä un chiffre insignifiant. raquo;
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CHOLERA DES OISEA.UXnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 309
Les conseils donnes dans l'instruction du Comite consultatif me paraissent tout h fait insuffisants, et je crois que le cas echeant il faut savoir appliquer des mesures sanitaires d'une inaniere se-rieuse. Les mesüres qu'on doit conseiller en pareilles circonstan-ces sont I'isolement, la sequestration, le deplacement, parfois le sacrifice des malades, l'entbuissement des cadavres et la desin-fection. II faut demander la sequestration des basses-cours infec-tees et faire interdire rexportation et la sortie des oiseaux malades ou suspects ; il faut faire separer les malades et, au besoin les faire sacrifler; il faut faire deplacer ceux qui sont encore sains et. les faire transporter dans un autre local bien aere ; tie la sorte on pent arreter I'epizootie en soustrayant les animaux sains a la con­tagion. II faut, quand cela est possible, evacuer les lieux infectes, en se debarrassant des malades, en deplacant les betes encore sai-nes, qu'on surveillera afin d'eliminer aussitöt celles qui tombe-i'aient malades. II faut aussi demander I'interdiction delavente ct del'exportation des oiseaux de basse-cour, meme sains, venant des fermes oil la maladie regne. Les cadavres ne seront jamais consommes, on les fera enfouir dans la terra ä une profondeur convenable, variable suivant ieur nombre, ou dans le furnier; et dans ce dernier cas il sera bonde faire repandre sur eux une cou-cbed'acide phenique brut ou une solution d'acide sulfurique, oh meme do les infecter en ieur injectant une solution pheniquee. Lorsque la maladie aura quitte le poulailler et la basse-cour, lorsque I'epi/ootie aura cesse, lorsqu'on aura evacue les lieux infectes, il faudra toujours fuiredesinfecter la basse-cour et le poulailler ainsi que tous lesobjets et ustensiles souilles, voire meine l'air du pou­lailler. Onferaenleverles fumiers, qui seront traites par une solu­tion d'acide sulfurique; on fera laver au moyen d'un balai ou d'une brosse et avec une solution d'acide sufurique, qui, d'apres M. Pasteur est le meilieur desiufectant, la basse-cour, le poulailler, les perchoirs, tousles objets souilles ; onemploiera pour cela une solution contenant au moins de vingt ä trente pourmille d'acide ; on fera tlamber superliciellement les objets susccptibles d'etre soumis ;i cette operation ; on degagera des vapours sulfureuses dans Fbabitation apres avoir humecte les parois ct les objets qu'cllc contient; puis on fera aerer pendant un jour, et le lendemain on pourra introdiure de nouveaux animaux dans les locaux ainsi de-sinfectes.
Il sera bon, afin de preserver plus snrement les basses-cours du voisinage, de prevenir les proprietaires, afin qu'ils veillent mieux sur leurs animaux.
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I
CHAPITRE V
CHARBON
Le charbon est une maladie dont l'etude offre ijuelgües dlfficul-tös, ä cause de la confusion qu'on rencontre dans les ecrits dos anciens auteurs, qui cornprenaient sous le böin generique de ma­ladies charbonneuses ou de charbon an certain hornibre d'atTections, difierentes par leur nature, et qui, pour eux, n'etaient que des formes diverses de la meme affection. Le nom generique de char­bon avait ete donne par les auteurs ä ces aifections ä cause d'un syinptoine assez saillant (tumeurs noirätres) observe pendant le cours de certaines d'entre elles; et cette designation etait meme appliquee aux cas oü les tumeurs ne se montraient pas. Aussi les maladies pretendues charbonneuses avaient-elles recu des noms tres nombreux, suivant Fidee que les observateui's s'etaient faite de leur nature, et suivant les symptömes predominants qu'ils avaient constates. On avait distingue un charbon externe et im charbon interne. Le premier etait caracterise par l'äpparitlön de tumeurs plus oil moins volumineuses dans diverses regions exte-rieures du corps; on le designait encore sous les nöih'sdec/iafamp;on essenliel, cliarbon symptomaticjue, anthrax', babon, ylossunlhrux, avant-cccur, anti-camr, eslrangnillon, esquinancie, araignee, Irousse-galant, noir-cuisse. Le charbon interne uu general etait celui qui se caracterisait par des symptömes generaux, qui s'ac-compagnait de symptömes fournis par les divers appareils orga-niques. On I'appelait encore ficvre charbonneuse, sang de rale, splenite gangreneuse, congestion sanguine, maladie de sang, pesle charbonneuse, feste rouge, typhus cliarbonneux, iyphoemie, fievre putride, fievre peslilentielle, plivre pernicieuse, fievre ataxique, fievre adynamique, fievre adeno-nerveuse, fievre maligne, fievre phlogoso-gangreneuse, maladie charbonneuse ou carbonculaire, charbon. Avec les auteurs, un tres grand nombre de veterinaires, surtout parmi ceux qui ont exerce ä la campagne, out äinsi con-
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GHARBON
fondu, sous le nom de charbon, im certain nurnbre de maia-dies.
Ghabert avait distingue dans le charbon trois graudes varietes, trois formes principales, savoir : la fiiwc charbonneuse ou charbon caracteiise par des symptömes g6n6raux; le charhon symptoma-tique ou charbon caracterise d'abord par des symptömes generaux et se coinpliquant ensuite de symptömes locaux (tumeurs); le charhon essentiel ou charbon caracterise d'obord par des symp­tömes locaux (tumeurs), so generaiisant ensuite et s'accompagnant de symptömes generaux. Nous verroris plus loin que le charbon symptomatique et le charbon essentiel do Ghabert ne sont pas la meme affection que la flevre charbonneuse proprement dite.
Gilbert n'accepta pas cette inaniere de voh; il ne vit dans le charbon qu'une seule maladie, toujours la meine, toujours iden-tique, qu'il considera comme une fevre putride gangreneuse. II sefaisait une idee fausse de la nature du charbon; les symptömes et les lesions, qui l'avaient porte ä designer ainsi la maladie, sont en effet des symptömes et des lesions de septicemie.
Renault et M. Reynal out adinis deux formes dans le charbon :. la flevre charbonneuse pu le charbon sans symptömes locaux,, e^, le charbon caracterise ä la fois par des symptömes gener;gt;.wx, et par des symptömes locaux (tumeurs).
Dans l'etat actuel de la science, il ne taut considerer-, comme' vcritablement charbonneuses, que les maladies determinees par­ies bacteridies, bien que ces maladies no se caracterisent pas or-dinairement par des tumeurs h substance noiratre. En sorte (pici le nom de charbon se trouve aujourd'hui un peu eloigne de sa signification primitive.
Ge n'est pas seulement avant la decouverte de la bacteridie charbonneuse que les auteursontconfondu d'autres maladies uvec cclle qui a pris definitivement dans la science le nom de charbon proprement dit; pareille confusion a ete falte apres et est encore faite quelquefois de nos jours. G'est que les matieres charbon­neuses ne produisent pas toujours, quaiul on les inocule, des re-sultats identiques. Ces matieres, inoculees h des animaux sdin's, entrainent iiuelquefoisla mort, sans qu'on observe des bacteridies dans le sang.
II y a dans certains cas, h cöte du vibrion charbonneux, un untre vibrion plus actif, qui produit des effets plus i-apides; le bacterien du charbon a ete annule par la d(*t;omposition putride en voie de s'effectuer dans la matiere inoculee. Ainsi .Taillard et Leplat, en
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uxperimentant avec un sang charbonneux septique, avalent pro-voque une maladie mortelle sans apparition de bacteridies chez les animaux inocules; mais cette maladie (Hait la sepiicemie et non le charbon botiraie ils l'avaieiit ci-u. Du reste il sufflt d'ino-culer ensemble des matieres charbonneuscs intactes et des ina-ticres septiques pour obtenir tantöt 1c charbon et tantöt la septi-ccinie; on provoque ainsi le charbon chez les animaux qui sont tres aptes ä le contractor, tandis qu'on obtient la septicemie chez ceux qui sont plus predisposes ii cette derniere affectidii qü'ä la premiere. En resume le sang charbonneux putrefie pent produire des effets variables suivant les espcces animales; il donne aux uaes 1c charbon, aux autres la septicemie et aux autres il ne donne rien.
Le charbon symptomatique de Chabert est appele en Allcmagne lumeur emphysemaio-g'angreneiise, charbon des mares. Feser a provoque cette maladie en inoculant la boue des marais. M. Me-gtiln a trouve, dans la sefosite pleurale d'animaux morts ii la suite do I'usage d'eau croupie, un parasite assez analogue ä celui du typhus du pore ou du cholera des oiseaux. MM. Arloing, Cornevin et Thomas viennent de demontrer que le charbon symptomatique est inoculable et qu'il est. produit par un microbe autre que la bacteridie.
Aujourd'hui done )e charbon proprement dit doit etre considere comme la maladie de la bacteridie, qui se presente generalement avec les symptöines jadis reconnus h la llovre charbonneuse. Ce-pendant la üövre charbonneuse, le charbon bacteridien pent, quoique exceptionnellement, se compilejuer quelquelbis de tu­mours ä la peau. Le moment est done venu de delinir la maladie, dont le caracterepathogiiomonique est la presence de la bacteridie dans les humours et les tissu de l'organisme.
Definition. — Le charbon est une maladie gönerale, conta-gieuse, caracterisee par des symptömes generaux (fievre) etquel-quefois par des symptömes locaux dus ä des desordres plus ou moins accuses de certains organes, par une evolution et une marche rapides, par ia virulence du sang et de toutes les inatieres de l'organisme malade, et par une alteration tres manifeste, dejä marquee avant la mort,du fluidecirculatoire; eile est produitepar l'introduction et la multiplication d'un bacterien dans Forganisme. Ses prineipaux symptömes consistent en modifications fonetion-nellesplusou moins nombreuses et plusou moins aconsees; mais
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CHARBOK
son seul caractere pathognomonique est la presence de bact6-ridies dans le sang et les tissus. Ses lesions principales se mon-trent dans l'appareil circulatoire sanguin et lymphatique; on ren­contre souvent des lesions congestionnelles generalisees, et cela se conQoit aisement, car le sang porte partout la cause morbigene. L'agent morbigene, qui vit et se multiplie dans rorganisme, est un bacterien, qui pent aussi se conserve!- et se developper meme hors de Forganisme. Le charbon est done une maladie essentiellement parasituire.
Mr.
SYMPTOMATOLOGIE
La maladie charbonneuse est une affection tres 1'requente; elie sevit lous les ans sur un grand nombre d'animaux, surtout dans quelques pays. On I'observe en tout temps, principalement pen­dant certaines saisons(ete, automne) et sous 1'influence adjuvante d'un certain nombre de conditions olknateriques, liygieniques, atmospheriques. Elle est souvent enzootique dans la Beauce, dans les montagnes du Gantal, dans la Provence et quelques autres pays meridionaux, etc. Certaines especes y paraisseiit plus predisposees que les autres; e'est ainsi qu'elle attaquo surtout les animaux de l'espece ovine et del'espece bovine. Les solipedes et les porcins y sent moins sujets; les carnivores la contractent tres difflcilement; le lapin y est predispose, tandis que les oiseaux n'en sont atteints qu'exceptionnellement. Renault et M. Reynal, dans rarticle char­bon du Dicliotmaire de Chirurgie et de medecine veterinaires, ont decrit cependant un charbon des volaüles; mais il ne laut pas ajouter foi ä cette description, car Us ont pris pour le charbon une autre maladie, probablement le cholera. Du reste il a ete demon-tre, il n'y a pas longtemps, que les oiseaux possedent Fimmu-nite vis-ä-vis du charbon, ä moins cependant qu'ils soient jeunes ou refroidis, ou soumis ä une alimentation speciale. Le charbon est quelquelbis sporadique, quelquefois il est epizootique. Mais dans le plus grand nombre des cas, avons-nous dit, il sevit ä Fetat d'enzootie dans les localites oü il regne. Apres y avoir fait son apparition, il y frappe un plus ou mpins grand nombre d'animaux; il y persiste plus ou moins longtemps et ne cesse quelquefois que lorsqu'on se decide h faire emigrer les animaux, a les soustraire aux influences locales. Les germes de la maladie existent done dans les paturages, dans les herbes, dans les fourrages, dans les
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eaux, et peuvent ii tout moment etre introduits dans I'organisme pour y provoquer l'alteration du sang, des alterations dans les organes et des modifications dans les fonctions. Les fourrages, les herbes peuvenl, blesser la muqueuse digestive, provoquer de petites plaies, de petites erosions, qui seront autant de voies d'absorption ouvertes aux bacteridies qu'ils apportent. Dans toutes les regions oil le charbon est enzootique, son origine se trouve dans les fourrages ou les boissons. L'aflection charbonneuse est toujourstres grave et fatalement mortelle. Samarche sur un indi-vidu est plus ou moins rapide; mais il tue toujours les animäux qu'il aatteints. II peutse presenter sous des types un peu differents. II est quelquefois apoplectique; c'est lorsque les individus qu'il attaque meurent subitement, avant meine qu'on ait pu observer aücun signe de maladie. D'autres fois, il est moins rapidement mortel, et on peut suivre sa marche pendant 4, 8,12, 24 et meme 48 heures. On observe alors des symptomes generaux et parfois aussi des symptomes locaux.
La maladie charbonneuse a une periode d'incubation dont la duree, on le conooit sans peine, est assez difficile ä determiner exactement dans la pratique, attendu qu'on ne connaitpresque Jamals positivement le jour et l'heure de 1'introduction desgermes clans I'organisme. Mais si l'observation naturelle n'est pas süf­fisante pour pennettre de faire cette determination, iln'enestpas de meme de l'inoculutioii experiinentale. On a, grace ii ce moyen, constate que rincubation est souvent tres courte, mais aussi qu'elle est variable avec les differents aaimaux et suivaut la quan­tity de matiere charbonneuse inocuiee. Jamals eile ne depasse dix ä onze jours, et souvent eile est plus courte. Elle est de 24 a 48 heures chez le lapin; eile est plus longue chez le mouton et chez le bceuf.
Le charbon contracte naturellement semble apparaitre brusque-ment; il n'y a pas de symptomes prodromiques; il n'y a pas de tran­sition insensible entre la periode d'incubation et l'apparition des premiers signes de la maladie, qui sont tres marques des le principe. Les symptomes locaux semblent ordinairement faire defaut; mais cela n'est pas exact d'une maniere absolue, car les germes, introduits dans le tube digestif et absorbes par cette voie, provoquent souvent des desordres locaux, qui, pour rester ina-percus, n'en existent pas moins; et d'ailleurs, quand la maladie resulte d'une inoculation experiinentale exterieure, les symptomes locaux apparaissent les premiers. A partir du point d'inoculation
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les ganglions deviennent malades, se remplissent de bacteridies et se tumefient successivement. Bientöt les germes sent deverses dans le sang; et. c'est alors qu'appuraissent les symptöines gene-raux, qui, dans le cas d'inoculation dans les voies digestives, semblent se montrer les premiers et sont souvent les seals appre-ciables. II va sans dire que teile est la marche et revolution du charbon, contracte par absorption du contage ii la surface de la peau, h la surface d'une plaie, d'une dechirure, etc. Quand la ma-ladle a etc contractee naturellernent ou provoquee experimen-talement, sa marche est toujours ä peu pres la meine et en tons cas tres rapide.
Los symptömes du charbon sont fournis par les divers appa-reils; iimis les plus importants sont ceux que presentent le sang et l'uppareil circulatoire. Le sang devient noirätre comme dans l'asphyxie; h l'air il rougit moins bien que le sang normal et quo le sang des asphyxies; il se coagule moins facilement et moins completement. 11 renferme des bätorinets, des bacteridies, des parasites, et cesont ces parasites qui ontproduitla maladie, enfin il est Inoculable; aussi, lorsqu'on sera dans l'indecisiön pour etablir le diagnostic, il faudra examiner le sang au microscope et au besohl l'inoculer ä un lapinpar exemple. Les germes du char­bon ne se voient pas toujours, ä toutes les periodes de la maladie, dans le sang des sujets contamines. Au debut ils peuvent etre encore assez rares, pour qu'on tombe sur (U;s gouttes qui n'en renferment pas; il faut done, pour qu'on en rencontre facilement, que la maladie seit dejä assez avaneee.
La circulation est toujours modiliee. Les battements du coeur sont plus forts qu'ä l'etat normal ; mais par contra, le pools de­vient petit, faible, presque imperceptible, parce quele sangstagne bientot dans les vaisseaux, parce que les bacteridies linissent quelquefois pai' obstruer les capillaires, en formant de veritables bouchons, de veritables embolies, et parce (jue le sang devenu charbonneux, est en meme tenqjs devenu plus visqueux. Des capillaires se rupturent assez souvent; il se produit ainsi des hemorrhagies plusou moins ahondantes, qui peuvent etre le point de depart de tuineurs ou engorgements sous-cutanes ou autres. Du reste tons les teguments (muqueuses et peau) acquierent une coloration plus fonceequ'äl'ordinaire; ils sont d'abordjaunes-rou-geatres, puis ils deviennent blamitres ou noiratres, et on peut voir ä leur surface des taches ecehymotiques, des taches pete-chiales plus ou moins nombreuses.
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CHAHBON
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Les ganglions lyaiphntiques devienneat turgides, et cette tur-gescence se manifeste il'aborcl dans ceux qui sout les plus voisins de laporte d'entree du virus; puis eile se namtre successivemeat dans les divers ganglions situessur le trajet des vaisseaux iyrnpha-tiques qui charrient la bacteridie, et finalement eile se generalise. Le produit des ganglions devenus turgides, examine au micros­cope, se inontre toujours tres piche en bacteridies, et il est tres virulent.
Au debut de la maladie on constate presque toujours une ele­vation de la calorification generale du corps; aussi convient-il.de verifier de temps en temps le degre de la temperature chez les animaux inocules, pour saisir le moment de l'apparition du char-boh. La thermometre pent marquer 40deg; et meine 41deg;; mais cettc elevation ne p'ersiste pas, et la temperature baisse tres sensible-merit aux appfoches de la mort; il n'est pas rare ä ce moment de lavoir descehdre ;i 35deg; et meine h 34quot;.
La sensibility s'exagere queiquefois au debut, mais eile netarde pas ii faire place ä une insensibilite plus ou nioins prononcee, Les forces diminuent rapidement; il y a de l'ataxie, de l'adynamic; la motricite perd de sa puissance. Parfois les malades restent indif-ferehts et tombent dans im etat de stupeur tres marque, dans une veritable somnolence.
II n'est pas rare non plus d'observer dos tremblcments inuscu-laires, qui d'abord localises, ne tardent pas ii devenir generaux (frissons). D'autres fois les malades sent sous I'influence d'une surexcitation nerveuse manifeste; ils sent inquiets, furieux meine; ils presentent parfois des mouvements coavulsifs et quei­quefois aieme des signes do tetanisation. Tons ces symptömes ne se produisent que lorsque il s'est fait des localisations sur I'appa-reil central de l'innervation.
La respiration est souvent genee, acceleree; il y a assezsouvent de la congestion oumeme une veritable apoplexiepulmonaire; quei­quefois un jetage sero-sanguinolent se montre ä l'ouverture des naseaux, la pituitaire est congestionnee, et il n'est pas bien rare, surtout chez les betes ovines, de voir se produire ies epistaxis.
Du cöte de l'appareil digestif il y a aussi des modifications no­tables. L'appetit est diminue ou perdu; la soif est souvent accrue. La bouche et les organes qu'elle renferme sent souvent tumefies, congestionnes; la muqueuse buccale est parfois congestionnee et noirätre. La langue peut se montrer congestionnee, turges-cente, violacee, noirätre; queiquefois eile est pendante hors de la
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CHARBON
bouche et coiiune paralysee; eile est froicle, et il arrive souvenl d'observer ä sa .surface des vesicules remplies d'une serosite sanguinolente provenant tie i'exsudation, qui se produit presque toujours apres la congestion. Parfois il y a en meme temps une tumefaction de la gorge, assez considerable pour gener la deglu­tition et la respiration (anginecharbonneuse); et cette tumefaction devient plus ou moinsfacile it constaterpar 1'exploration manuelle suivant son degre de developpeinent.
La digestion est toujours troublee, les organes internes et les organes annexes se congestionnent; aussi n'est-il pas rare de voir la maladie se compliquer de coliques. II arrive meme quelquefois qu'il se produit une veritable congestion apoplectique des intestins, accompagnee de symptöines de tranchees. II pent se produire des hemorrhagies plus ou moins considerables, de veritables ente-rorrhagies; les excrements deviennent alors diarrheiques et san-guinolents. La muqueuse rectale est congestionnee et oedematiee. Les urines sont souvent plusfoncees, sanguinolentes. La lactation devient moins active; et on volt le lait prendre progressivement une coloration rougeätre. La muqueuse vaginale est congestionnee, rougeätre ou noirätre.
Sur la peau, de memeque sur toutes lesmuqueuses apparentos, on constate un etat congestionnel plus ou moins prononce, ainsi que des tacbes plus foncees, noirätres et plus ou moins eten-dues. Les polls se herissent; on observe des tremblements; il se produit des cßdemes, des infiltrations sous-cutanees, qui restent quelquefois localisees, etquisouveat sont assez etendues, qui s'enfoncent meme dans les interstices musculaires et dans le tissu musculaire. Le plus souvent ces infiltrations oedemateuses apparaissent dans le voisinage de la porte d'entree du virus, c'est-ä-dire au pourtour du point d'inoculation, quand il s'agit du charbon inocule. En outre de ces cedemes, de ces infiltrations localisees ou diffuses, on observe quelquefois de v6ritables tumeurs sous la peau. Ces tumeurs apparaissent brusquement et s'accroissent tres vite; elles peuvent se montrer dans differentes regions; elles ne sont pas phleginoneuses; elles sont froides et plus ou moins modes; ä leur surface, la peau devient noirätre ou violacee et presente parfois des vesicules k contenu sereux ou rouge-noirtttre. Ces engorgements sont pen sensibles; quand on les incise, on les trouve formes d'une partie centrale noirätre, constituee par du sang extravasäet d'une partie peripherique gela-tiniforme jaune-rougeätre ou jaunätre. Ils sont le resultat d'une
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congestion du tissu conjonctif accoinpugiiee d'exsudation passive, de ruptures vaseulaires, d'hemorrhagies. II ne laut pas confondre ces engorgements avec ceux qui se produisent dans le cours d'autres maladies, avec les tumeurs du charbon symptomatique, avec les tumeurs de nature septique, ni avec les tumeurs phlegmo-neuses, etc. Les auteurs ont decrit, comme tumeurs charbon-neuses, des engorgements gangreneux, des tumeurs de nature septique, des engorgements phleginoneux apparaissant su.quot; teile ou teile region du corps, sans cause appreciable, croissant rapide-ment et devenant crepitants. Ces tumeurs, qui seraient d'apres eux, une des caracteristiques du charbon, sont precedees cFune liyperesthesie cutanee, d'une infiltration du tissu conjonctif, d'une crepitation, du herissement des polls; elles s'accroissent tres rapidement, elles deviennent froides et insensibles, noirätres, crepitantes et fetides. II est bien evident qu'il s'etait produit une confusion, car les engoigeinents crepitants et fetides ne sauraient appartenir a. la maladle bacteridienne. Aujourd'hui, grace ä la decouverte de M. Arloing, on salt que les tumeurs crepitantes du charbon symptomatique sont produites par un microbe qui differe do la bacteridie; aujourd'hui, il ne faut considerer une tumeur comme etant de nature charbonneuse, qu'autant qu'on trouve la bacteridie dans le tissu de rengorgement ou dans le sang de I'animal sur lequel on I'observe. II est done bien entendu que les tumeurs decrites par les auteurs, ä propos du charbon, ne doivent jamais 6tre considerees comme un Symptome diagnostique de cetto maladie. Les engorgements, qui peuvent se montrer dans le cours de l'affection charbonneuse, ne sont pas crepitants ou ne le de­viennent qu'autant que la putrefaction les envahit; ils sont for­mes d'une infiltration sero-sanguinolente, qui s'est produite apres le ralentisseinent ou l'arret de la circulation dans les points oil ils apparaissent.
Dans le cours de l'affection charbonneuse on observe parfois de I'erysipele h la surface de la peau, principalement chez certains animaux et dans certaines regions; quelquefois aussi des vesicules ä contenu rougeätre et des taches rougeütres ou noirätres.
Tous ces caracteres, tons ces symptömes ne s'observent pas ä la fois sur le meme malade; mais ils peuvent s'y trouver reunis en plus ou moins grand nombre, et il est bon de les connaitre ä peu pres tous, bien que le seul caractere pathognomonique consiste dans la presence de la bacteridie.
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CHARBON
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Meme encore de nos jours, le charbuu peut recevoir des appel­lations un peu differeates, suivant la predominance de tels ou tels syniptömes, suivant les localisations des desordres produits sur tels ou tels organes.
II peut etre apoplectique ou fpudroyant meine; sa marche est en effetquelquefois tellement rapide, il tue parfois si subitement les animaux, qu'on n'a pas le temps d'observer ses syniptornes. Get eflet instantane est dii a une congestion subito des centres ncr-veux. Gette forme se presents assez rareinent; cependant on I'observe queiquel'ois chez le moutoii.
La forme qu'on rencontre le plus habituellement est la fievre clmrhonneuse, qui est caracterisee par I'apparition d'emblee des symptömes generaux. G'est dans cette variete quo se place le sang de rate du mouton; eile se montre aussi chez le boeuf, cbez le cheval et chez le pore. Par Finoculation experimentale du sang charbonneOx an lapin. et aux piseaux rendus susceptibles de con­tractor la maladie, on obtient toujours la manifestation du charbou sous celte forme. La fievre charbonneuse est caracterisee surtout par des symptömes generaux ou vagues, clle marche plus ou moins rapidemenl, et so termine par la mort au bout de quel-queshcures; clle dure quelquefois exceplionncllemcnt jusqu'ii/pS ou 50 heures.
La fievre charbonneuse, caracterisee d'abord par des symptömes generaux, peut s'accompagnor parfois de symptömes locaux, tels que: infiltrations, hemorrhagies sous-cutanees, erysipele, laches ccchymotiques, etc., et non pas de tumeurs crepitantes, qui, je le repete, sent de toute autre nature. Gelte forme est aussi grave que la fievre charbonneuse propreinent dite; eile evolue aussi rapide-ment. On peut 1'observer chez les ruminants, chez les solipedcs et chez le pore; I'apparition des accidents locaux signifie simple-ment qu'il y a eu des stases sanguines, des exsudations, des hemorrhagies.
Les auteurs ont admis un charbon essentiel, caraclerise d'abord par I'apparition de symptömes locaux, qui sont suivis ensuite de symptömes generaux. On peut continuer ä admettre cette variete en lui donnant le sens que comporte la science. On peut en elTet 1'pbtenir facilement par I'inoculation experimentale. Ainsi apres I'inoculation, on observe d'abord des symptömes locaux consistant en une infiltration du tissu conjonctif et en une tumefaction des ganglions vöisins; les alterationsquot;gagnent de proche en proche, et ce n'est que quand le virus a ete deverse dans le torrent circu-latoire, qu'on voit apparaitre les symptömes generaux
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Gette variete de charbon est aussi grave que les precedentes, si on la laisse suivre son cours. Elle marche moins rapidement en apparence, et eile tue moins vite, car il faut un certain temps aux bacteridies pour etre deversees dans le torrent circulatoire san-guin. Elle est moins redoutable en ce sens qu'on pent, a I'aide d'une medication locale energique, detruire le virus sur place, avant qu'il ait passe dans le sang. Gette forme peut done etre admise; mais eile est bien rare. On ne peut voir le charbon de-buter par des accidents exterieurs, qu'autant que la contagion a eu lieu par le contact de la matiere charbonneuse avec la peau, avec une plaie, une erosion, etc. On I'observe quelquefois ehez I'liommo qui manipule des debris cadaveriques charbonneux. II se produit d'abord un gonflernent de la main, (pustule maligne, cedeme malin); et cegonflement s'etend rapidement, gagne le bras et le tronc; puis la maladie se generalise et deviant rapidement mortelle.
Les cas de glossanthrax et ä'angine charbonneuse sont aussi des formes de charbon essentiel; ils se produisent lorsque les ani-maux ingerent des fourrages sees et durs, qui contiennent des ger-mes charbonneux et qui lesent la muqueuse buccale ou pharyn-gienne. La maladie est d'abord locale; mais eile se generalise rapidement et est toujours mortelle.
Quant au charbon emphysemateux des auteurs, il y a lieu de croire que la septicemie a ete confondue avec la maladie qui nous occupe; si parfois, pendant la maladie charbonneuse, il y a de remphyseme, e'est que la septicemie est venue la compli-quer.
On a encore donne le nom de charbon hemorrhoidal ä la ma­ladie charbonneuse, caracterisee par des symptömes generaux et par un engorgement, une infiltration, un oedeme et un renver-sement de la muqueuse rectale, avec diarrhee sanguinolente.
On appelle quelquefois enfm charbon hemorrhagique,celm qui se caracteri.se par des ecoulements sanguinolents qu'on observe dans quelques cas et qui se produisent par les ouvertures natu­relles, par les naseaux, par le rectum, par I'urethre, etc. La ma­ladie charbonneuse s'accompagne assez souvent des caracteres assignes au charbon hemorrhagique, et e'est pourquoi on designe le sang de rate du mouton dans certains pays sous le nom de pis-sement de sang.
Le charbon inocule experimentalement a une marche plus ou
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moins lapide, suiviuit la voie choisie et le procede op^ratoire em­ploye.
L'apparition des symptüines generaux est precedee d'accidents locaux, quand rinoculatioa a ete pratiquee par piqiire on par in­jection hypodermique; niais quand on injecte directement la ma­uere charbonneuse dans un vaisseausanguin, il n'y a pas alors de symptomes locaux. La transmission expörimentale du charbon pennet, avons-nous dit, de determiner la duröe de la periode d'incubation de la maladie; et il est bon d'ajouter ici qu'on pent faire varier cette duree en inoculant une plus ou moins grande quantite de matiöre charbonneuse. Le charbon inocule ne difffere pas par sessyinptöines du charbon conlracte naturellement; c'est dans le charbon inocule qu'on peut bien suivre lamarche du virus d'apres la tumefaction des ganglions.
Suivant les especes animales chez lesquelles on etudie la mala-dio, on constate des differences dans la Symptomatologie, soil qu'il s'agisso du charbon experimental, soit qu'il s'agisse du char­bon spontane.
Ainsi chez les solipedes on observe quelquefois la fievre char­bonneuse ; et il n'est pas rare de la voir chez eux se compliquer de coliques, d'apoplexie intestinale, d'enteronhagie et meme do symptomes de fureur, lorsqu'il se produit des localisations sur le Systeme nerveux. Neanmoins ces animaux la contractent assez difficilement dans la pratique ordinaire, quoiqu'il soit facile de la produire chez eux par I'inoculation. Pour un grand nombre d'au-teurs, la forme la plus commune chez les solipfedes serait le char­bon symptoinatique, mais il est certain qu'ils out pris pour cette maladie une autre affection. J'ai eu ä trailer un grand nombre d'animaux solipedes, presentant ii la surface du corps des engor­gements qui avaient apparu sans cause appreciable et qui s'ac-croissaient tres rapidement. Les proprietaires et aussi les veteri-naires consideraient ces tumeurs comme etant de nature charbon­neuse, d'autant plus qu'elles devenaient quelquefois crepitantes; mais je ine suis assure qu'il ne s'agissait pas lä du charbon. Aussi suis-je convaincu que les veterinaires, qui ont avance que le che-val presente souvent le charbon symptomatique ou essentiel, se sont trompes et ont pris pour du charbon ce qui n'en etait pas.
Les betes bovines sont plus predisposees ä contracter le char­bon que ne le sont les solipedes. On peut observer chez elles la forme apoplectique, mais le plus souvent on observe la fievre
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chärböbneüse. II n'est pas race 11011 plus de constater chez ces aniinaux le glossanthrax de meme que 1'angine charbonueuse; on observe quelquefois aussi le cliarbon hemorrhagique.
Chez les betes ovines, c'est la fievre cbarbonneuse qui se pre-sente le plus souvent (sang de rate); on voit cependant quelque­fois des cas tie cliarbon apoplectique et meme des cas tie charbon ('#9632;ruptif.
La chevre presente rarement le cliarbon, et quand eile le con-tracte, c'est la fievre cbarbonneuse qu'on observe.
Chez ie pore, le charbon se montre sous forme de fievre cbar­bonneuse accompagnee d'eruption cutanee, d'erysipele, tie laches rougeatres, tie laches gangreneuses, sous forme d'angine char-honneuse, sous forme tie glossanthrax.
Le chien et le chat ne contractent le charbon qu'exceptioimelle-inenc; ils peuventimpunement manger des viandes charbonneuses. On n'obtient I'affection chez ces animaux qn'apres une inoculation experiinentale bien conduite, et alors eile pent se presenter avec des formes variees.
Le lapin contracte facilement le charbon et c'est la fievre cbar­bonneuse qu'il presente presque toujours.
Les oiseanx au contraire sent rarement malades du charbon, et si cette maladie se presente quelquefois chez eux, c'est encore sous forme de fievre charbonueuse.
Quelle que soit la variete qu'on observe, la maladie a, avons-nous dit, toujours une marche rapide ; eile ne dure jamais plus do Irois on quatre jours. Dans tons les cas eile se termine toujours fatalement par la mort, ä inoins qu'on ait pu detruire le virus avant son passage dans la circulation generale, alors que les symptömes etaient encore localises.
La bacteridie cbarbonneuse provoque la mort de trois manieres differentes, qui se coinbinent et concourent au meme resultat: eileestaerobieet enleveauxhematics, quileluidisputentj'oxygene que I'air fournit au sang, eile tend done h empecher l'hematose et ä produire l'asphyxie, ainsi s'explique le changement de couleur du sang. Mais il est certain que ce pouvoir asphyxiant n'est pas li lui seul la cause de la mort; car il est des cas oh les germes sent relativement peu nombreux dans le sang. Les bacteridies semblent on outre agir h I'aide d'un produit liquide, d'un veritable poison liquide, qui se forme en memo temps qu'ellesse developpent. Enfm M. Toussainl, dans ces dernieres annees, a demontre que les ger*
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mes cliarbonneux s'accuiuulent dans les capillaires et y forment desespecesdebouchons einboliques, qui arretent la circulation lo­cale et genent la circulation generale. On s'explique ainsi tres bien les stases sanguines, les hemorrhagies, les exsudations qui se produisent souvent dans les cas de charbon, et on se rend conipte pourquoi les bacteridies ne traversent pas le placenta.
Le pronostic du charbon est tres grave; il s'agit en effet d'une maladie contagieuse, transmissible aux animaux et a rhomme, toujours mortelle, et dont le germe pent non seulement se multi­plier et se conserver dans I'organisme, mais encore dans le monde exterieur. II est done tres dangereux d'utiliser les debris cadave-riquesprovenant d'animauxmorts du charbon; e'est äpeine si on ose utiliser les peaux, car, si on pent par des substances con-vcnables et des manipulations appropriees, les debarrasser des bacteridies qu'elles renferment, on n'est jamais sür d'avoir detruit les corpuscules-germes, qui jouissent d'une resistance vitale beaucoup plus prononcee.
Le diagnostic du charbon est d'une grande importance, au triple point de vue de la police sanitaire, de l'hygiene et de l'ali-mentation publiques. 11 est important au point de vue sanitaire, car il pennet de prendre les mesures necessaires pour arreter la mala­die et preserver les animaux sains. II est important au point de vue de l'hygiene publique, en ce sens qu'il permet äl'homme de pren­dre des precautions pour se preserver de la maladie. Enfin il est important au point de vue de l'alimentation publique, car il permet, le cas echeant, de refuser les viandes charbonneuses ä la con-sommation. Heureusement ce diagnostic est facile h porter, sur-tout lorsqu'on peut faire I'examen microscopique du sang ou d'au-tres produits. La presence des bacteridies constatees ne permet pas d'avoir de doute. D'ailleurs lorsqu'on connaitra le mode de conta­gion naturelle et l'ensemble des conditions (conditions ambiantes, renseignements, localites, etc.), qui a preside h l'apparition de la maladie, sa marcbe, son evolution et ses symptomes, il ne sera pas, dans le plus grand nombre des cas, bien difficile de recon-naitre le charbon, meme sans recourir a I'examen microscopique ni h I'inoculation. Mais la terminaison fatale, l'alteration physique et anatomique du sang, les lesions, Tinoculation experimentale et surtout I'examen microscopique dissipent toujours tons les doutes, quand les cadavres ne sent pas putrefies, quand les bacteridies n'ont pas eu le temps de se detruire ou de se transformer en cor-
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puscules-germes. II y a cependant quelques maladies avec les-ijuelles on pourrait confondre le charbon, si on s'en tenait aux simples apparences, ce soat: la lievie typhoide du cheval, lo typhus des grands ruminants, le cholera des oiseaux, .'a septice-mie et l'ergotisme. Toutes ces maladies peuvent se presenter avec des lesions et des symptömes plus ou moins analogues ä ceux fournis par I'affection charbonneuse. II y a pourtant entre elles do nombreuses differences, et dans tous les cas aucune d'elles n'a pour cause ef.'iciente la bacteridie charbonneuse. 11 est done trcs utiie, pour porter un diagnostic certain, de faire des recherchesmi-crographiques. 11 est vrai qu'on ne trpuve pas toujours des bacte-ridies dansle charbon, surtout quand la tualadie n est pas encore assez avancee ; mais grace ä des exainens successit's, on arrivera toujours ä voir le parasite quand il s'agira du charbon. On peat d'ailleurs toujours, et e'est aussi un bon rnoyen tie diagnostic, inoculer la matiere suspecte au lapin, qui, on le salt, est tres apte ä contracter I'affection charbonneuse. Ce dernier procede est meine celui qui peut etre le plus souvent employe dans la pratique.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Los diverses lesions qu'on trouve dans les cadavres charbonneux out toutes pour point de depart l'aiteration du sang, qui est due elle-mcme h la bacteridie charbonneuse; elles sent plus ou moins multiples, plus ou moins variees suivant les cas. II Importe done de presenter un resume succinct, mais complet, des principales alterations qu'on peut rencontrer dans les divers cas.
Les cadavres charbonneux se refroidissent rapidement. La peau presente des ecchymoses, des rougeurs, desvesicules; et en outre on observe des taches noiratres ou verdätres, qui indiquent une alteration de la matiere colorante du sang et un effet cadaverique dejä avance.
Le ballonnement se rnontre vite; la putrefaction cominence aussitöt apres la mort et marche rapidement, eile se generalise promptement. Elle est provoquee par les bacteriens qui se trou-vent toujours dans les voies digestives. Elle se propage de procbe en pi'oche, car les vibrions se repandent dans les vaisseaux, dans la cavite peritoneale, etc.; aussi observe-t-on bientöt du ballon­nement et de Temphyseme sous-cutane plus ou moins generalise, qui est produit par l'accuinulation des gaz dans le tissu conjonctif
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de la peau. La fermentation puti-ide envahit tons les cadayres: mais dans les cadavres charbohneux eile arrive plus rapidcineiU, car la bacteridie, en agissant coinme agent asphyxiant, ä contri-faue a rendre les milieux organiques plus favörables au develop-pement du bacillus subtilis, qui est anaerobie. Une Ibis que la putrefaction s'est generalisee, le cadavre exhale par les öuvertures naturelles une odeur fetide tres prononcee.
La peau a perdu de sa resistance; les polls s'arrachent facile-ment. En outre des rougeurs, des taches, des vesicules, etc., que nous avons dejä signalees, la peau pent presenter des alterations dans son epaisseur et a sa face interne. Quand il y a de reinphy-seine, les incisions sont suivies d'un degagement de gaz fetides; elles sont toujours accompugnees de l'ecouleinent d'un sang noi-rätre et incoagule. Des taches, des inliltiations, des eccnymöses, des hemorrhagies se montrent aussi dans l'epaisseur möme du derme en diflerentes regions, surtout dans celles qui correspon­dent aux tumeurs, aux engorgements, etc.
Dans le tissu cellulaire sous-cutane il y a des inliltrations plus ou moins considerables, plus ou inoins etendues, et qui se mon­trent de preference dans certaines regions, dans celles oil il se trouve des ganglions, des organes glandulaires, au pourtour des tumeurs charbonneuses; cependant cette lesion pent ötre genera­lisee. Ges infiltrations sont constitutes ordinairement par une matiere jaunätre, gelatiniforme. Du vivant des malades elles se traduisent par des oedemes. On les rencontre uussi dans 1c tissu des interstices musculaires et dans les muscles eux-memes. Dans le charbon inocule elles se produisent au voisinagc du point d'ino-culation. Le liquide, ou plutöt la matiere infiltree, est plus ou moins colore en jaune, eile est plus ou moins foncee, quelquefois rou-geätre, parfois c'est une sanie gelatiniforme. On rencontre en outre dans le tissu conjonctif une congestion generalisee, des ecchymoses, des hemorrhagies punctifonnes ou plus ou moins etendues, et aussi de remphyseme si I'autopsie est tardiye.
Dans les muscles il y a presque toujours de la congestion, le reseau vasculaire est inanifestement hyperemie; le sang qui se trouvc dans les vaisseaux est incoagulable et tie couleur noirätre ou brunätre. La congestion dans les muscles pent etre reguliere; mais le plus souvenl eile est iri'eguliere, 11 existe des ecchymoses, des points hemorrhagiques, une infiltration plus ou moins mani­feste. Le tissu musculaire a perdu de sa tenacite.
Les chairs d'un animal mort ttu charbon ontun aspect variable,
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suiyant que la maladie a dure plus ou inoius de temps, suivuut que ranimal a ete plus ou raoiiis bien saigne, suivant qu'on I'a laisse succomber au qu'on l'a sacriüe avant la fin de la maladie. Elles sont plus ou moins saigneuses; elles out une coloration foncee, brunätre, nolratre, ou fortement rougeätre; elles sont inollasses, tViables, moins resistantes. Leur coloration est quelquefois uni­forme; mais souvent elles sent parsemees de taches plus ou moins foncees, ecchymotiques ou hemoniiagiques. Elles renferment un sang noiratre: le tissu eonjunctit'et les muscles sont congestionnes et infiltres. On trouve des bacteiidies dans le sang renterma dans les vaisseaux et dans le sue de la chair, lorsque la maladie etait arrivee ii un certain degre. Si le fragment de chair qu'on examine contient des ganglions, de nouveaux caracteres viennent s'ajouter aux precedents, ce sont: la congestion, la tumefaction et le ra-niollissement des ganglions. Les viandes charbonneuses se con-servent peu; elles ont une gravide tendance ä se putrefiei'.
Ces caracteres sont suffisants pour faire reconnaitre les chairs provenant d'animaux charbonneux; et dans les cas oil ils ne sut-firaient pas, il taudrait recuurir h I'examen microscopique ou meine ä Finoculation. Pourtant ce dernier mode ne peut guere etre employe, quand il s'agit de se prononcer suv rutilisation d'ime viande suspecte, car il exige au moins un, deux, trois jours d'attente, et s'il etait seul ä la disposition de l'inspecteur de la boucherie, il vaudrait mieux proscrire immediateinent de la con-sommation la viande qui serait suspecte.
La maladie charbonneuse se caracterise ordinairement, connne nous I'avons vu, par des symptöines generaux, et ncaninoins on peut rencontrer quelquefois des localisations, consistant en tu-ineurs charbonneuses, situees dans teile ou teile region, surtout aux eruhoits oil le tissu conjonctifest lache et abondanl; on peut y rencontrer une seule ou plusieurs tumeurs. Elles sont precedees, dans les points oil elles se developpent, par des einbolies, par des stases sanguines et des ruptures vasculaires. Ces tumeurs se pre-sentent principalement lorsqu'on a inocule la maladie, ou bien ä la suite d'une plaie ayant servi de porte d'entree au virus; on peut les observer aussi dans d'autres cas. Elles ont souvent pour point de depart un ganglion, qui est hyper trophic, congestionne, hype-remie, qu'on trouve plus ou moins ramolll au centre de latunieur, et qui est entoure d'une zone plus ou moins etendue d'hdiltration gelatinitbrme, noiratre ou jauniitre. Elles peuvent cependant se montrer dans des regions oil il n'existe pas de ganglions. Les tu-
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meurs charbonneuses presentent parfois ä etudier deux parties, deux zones, une zone centrale et une zone peripherique. La zone centrale est formee par de la matiere noirätre, putrilagineuse, boueuse, qui colore vivernent les doigts de celui qui fait I'autop-sie; cette matiere n'est autre chose que du sang epanche ä la suite d'une hemorrhagie; c'est la presence de cette matiere noirätre, qui a valu a la maladie que nous decrivons le nom de charbon. Cette partie centrale putrilagineuse est entouree par la zone excentrique, qui est gelatiniforme, et qui va, en se decolorant, en s'eloignant du centre; aussi h la peripherie eile a un aspect jau-nätre. Ces tumeurs ne sont ä proprement parier que des infiltra­tions du tissu conjontif sous-cutane, avec cette difference que leur point de depart a ete une hemorrhagie. Tels sont les carac-teres de la tumeur charbonneuse ordinaire. Les auteurs out cependant soutenu que les tumeurs charbonneuses etaient des tumeurs crepitantes, noirätres et fetides; mais 11 n'en est rien, ainsi que nous I'avons deja etabli. On a confondu les tumeurs charbonneuses avec des tumeurs provoquees par un autre contage ou avec les tumeurs septiques; pourtant les premieres, mises en contact avec l'air exterieur, qui y deposera des germes, peuvent se compliquer de putrefaction, devenir septiques et offrir alors les caracteres des engorgements gangreneux; mais les choscs se passent tres rarement ainsi, car le charbon evolue rapidement. La tumeur charbonneuse siege dans le tissu conjontif sous-cutane, mais eile pent s'etendre dans le tissu musculaire; et les portions de muscles envahies eprouvent alors des modifications profondes, elles deviennent noirätres, faciles h dechirer, elles eprouvent ä un degre tres prononce les alterations signalees k propos des muscles. Au pourtour de la tumeur 11 existe toujours une infiltra­tion diffuse, qui s'etend plus ou moins loin sous la peau. Celle-ci est decollee et se detache facilement au niveau de la tumeur; eile est la tres manifestement alteree, eile est vivernent congestionnee et infiltree, eile est ramollie; et les points ainsi älteres sont recon-naissables, meme apres le tannage, ä leur moindre epaisseur et h leur moindre resistance.
Le sang est le tissu qui eprouve en general les premieres mo­difications dans la maladie charbonneuse; et ses alterations sont la cause de toutes les autres lesions. II a une coloration noirätre, meme avant la mort des malades; il est incoagulable ou se coagule peu et difficilement; il contient peu de fibrine, ce qui explique son incoagulabilite. II est devenu virulent, contagieux meme
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avant la mort, et il conserve sa virulence sur le cadavre pendant un certains temps. Les globules rouges sont plus ou moins älteres, suivant le temps qu'a dure la maladie ; ils sont irreguliers, fran-ges, creneles sur leur contour, ils ont une certaine tendance ii se detruire, ils retiennent moins bien la matiere colorante, qui tend ä se dissoudre et h diffuser meme avant la mort des malades; aussi il se produit une imbibition tie cette matiere colorante dans les sereuses du coeur et dans la tunique interne des vaisseaux, et cette imbibition n'est pas due ici h un effet cadaverique, ear on l'observe aussitot apres la mort. Les globules rouges sont deVenus plus agglutinatifs; et cette modification semble I'oeuvre d'une diastase formee par les bacteridies, car il suffit, pour l'obtenir. de filtrer du sang charbonneux ä travers du plätre, pour le debarras-ser de tous ses elements figures, et de melanger avec du sang normal le produit obtenu h travers le filtre (Pasteur). La modifica­tion qu'il Importe le plus de retenir est celle qui consiste clans la presence des bacteridies, dont les caracteres seront etudies ci-apres.
Le cceur est decolore, son tissu est mou et comine cuit, il a un aspect terreux. sa consistance est molle, il est flasque; il renfer-me un sang noirätre, poisseux, incoagule; exceptionnellement il s'est produit un commencement de coagulation, mais les caillots formes ne sont Jamals jaunatres (albumino-fibrineux), ils sont noiratres et de consistance päteusc. Le coeür, debai-rasse de la matiere poisseuse qu'il ronferme, presente des alterations assez prononcees; il y a imbibition de la matiere colorante du sang sur les sereuses, sur I'endocarde; on apercoit des ecchymoses, des points hemorrhagiques sur I'endocarde et aussi dans le tissu pro­pre du coeur. Le pericarde presente de son cöte des taches ecchy-motiques, et on trouve dans sa cavite une plus ou moins grande quantite de serosite rougeätre.
Les vaisseaux sanguins, quel qu'en soit le volume, renfermcnt un sang noirätre, visqueux, qui colore fortement les doigts; ils se font aussi remarquer par l'imbibition caracteristique de leur tu­nique interne. Dans les capillaires on rencontre des cinbolies, formees par le pelotonnement de bacteridies; il y a parfois des ruptures vasculaires, qui occasionnent des bemorrhagies plus ou moins etendues. Le Systeme capillaire est gorge do sang; il y a eu partout exsudation du plasma sanguin dans le tissu perivascu-laire, qui renferme de la serosite gelatiniforme.
Les ganglions sont ordinairement älteres, et leurs alterations
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sont plus ou moins accentuees, plus ou moius avancoes, suivaut que la maladie a ete plus ou moins rapide. Us sont hypertrophies, hyperemies, congestionnes, infiltres, ramollis; ils ont une colora­tion foncee, noirätre, reguliere et uniforme ou irreguliere, plus foncee par places; ils sont tachetes, ecchyrnoses, pointilles. Leur coloration foncee et leur congestion sont tres manifestes dans la couche corticate et beaucoup moins dans la partie centrale, oil elles existent cependant, mais oil elles sont dominees par I'intil-tration. La masse du ganglion se reduit facileinent en bouillie; il est difficile de reconnaitre sa structure k I'exarnen microscopique, teliement les bacteridies s'y sont multipliees et developpees. Les ganglions, etant des organes tres propices au developpement et ä la multiplication de la bacteridie, etant des organes collecteurs et rrgöiierateurs du virus, et eprouvaat des alterations notables, il doit et re possible, en comparant ces organes entre eux et en deter-ininant le degrö et l'anciennete de leurs alterations, de remonter ;i la sQurcedu mal, de determiner la voie qu'il a suivie pour pene-trer et se generaliser dans I'organisme. En effet, lorsqu'on inocule le virus charbonneux h un animal, ou pent suivre sa marchc ä travers le Systeme ganglioimaire. Le ganglion, qui est le premier sur le trajet des lymphatiques partant du point (rinocuiation, de-vient malade le premier; puis successivement s'alterent tons ceux qui viennent apres lui (Colin). II est done tout nature] de penser qu'on pent arriver ä determiner la porte d'entree du virus, en com­parant les lesions des divers ganglions eutre elles. Les ganglions, qui presentent les lesions les plus accusees et les plus anciennes, etant ordinairement ceux qui se sont trouves les plus rapproches du point par lequel I'mtroductipn a eu lieu. Aussi, lorsqu'on u reconnu que e'etaient les ganglions sous-glossiens qui etaient les plus älteres, on en a conclu que la porte d'entree de la bacteridie avait ete la muqueuse digestive, la muqueuse buccale ou pharyn-giennc. MM. Pasteur et Toussaint ont raisonne aiiisi, pour deter­miner le lieu d'inti'oduction des germes charbonneux dans le char-bon spontane, et ils ont conclu de leurs recherches, que c'estle plus ordinairement par la muqueuse buccale, que les bacteridies s'intro-duisent dans I'organisme. M. Colin est revenu encore sur le röle des ganglions dans la genese du charbon pouraftirmer sa decouverte, et pour doimer k penser qu'elle avait ete mal appliquee. Les gan­glions sont bien les premiers organes ä acquerir la virulence sur les animaux en voie de contracter le charbon, etilsdeviennent vi-ruliferes suivant un ordre determine. L'incubation est done une
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[jeriode de regeneration dans les ganglions, dont l'etat pennet de suivre la marche du virus et de l'attaquer ä temps par des agents Iherapeutiques. Mais dans les cas de charbon lent, quel que soit le mode d'inoculation, les ganglions inesentericiues et ceux qui ne se trouvent pas sur le cheinin du virus peuvent se tumelier au-taat que les autres; et de inerae, lorsque, tlans les denüers mo­ments de la vie, les malades se gorgent de boissons, les lesions gaiiglionnaires du mesentere s'accentuent uettement; enlin si I'autopsie n'est pas faite imraediatement apres la mort, les gan­glions se colorent et deviennent tbnces. II ne sufiit done pas:, d'a-presM. Colin, de trouver les ganglions mesenteriqucs noil's et in-(iltres; il laut preciser la cause de leur alteration pour savoir si le virus s'est introduit par I'intestin. Dans le charbon non experi­mental, le plus ordinaireinent rensemble des ganglions est ma-lade, et il est toes difficile de determiner quels sont les plus älte­res; aussi M. Colin pretend que MM. Pasteur et Toussaint se sonl trop hates d'appliquer au charbon non experimental ce qui est vrai pour le charbon inocule.
Les vaisseaux lymphatiques, surtout ceux voisins des points malades, charrient une lymphe rougeätre.
Les sereuses en general sont alterees ; elles sont congestionnees et presentent h leur surface et dans leur tissu, ainsi que dans le tissu sous-sereux, des points ecchymoliques et des hemorrhagies; elles contiennent souvent une serosite citrine, jauiuitre, parl'ois sanguinolente.
L'appareil digestif presenle parfois pen de lesions;maissouvent il a eprouve des alterations nombreuses et considerables. La mu-(jiieuse des voies digestives pent etre congestionnee, infiltree, noirätre, brunätre. La muqueusebuccaleet la inuqueuse pharyn-gienne, mais surtout la inuqueuse de la langue, se presentent avec cet aspect, quand il y a glossanthrax; alors la langue est elle-meme infiltree dans son tissu. Ses vaisseaux renferment un sang poisseux, visqueux, incoagulable; son epithelium est souleve par places et forme des vesicules remplies de serosite noirätre. La inuqueuse pharyngienne a ä pen pres le meme aspeel; son tissu sous-muqueux est forteinent congestionne, hypereinie et inliltre lorsqu'il y a angine on pharyngite charbonneuse; et en outre dans ces cas les glandes et les ganglions avoisinants sont tumefies, hyperemies, infiltres, tachetes, ecchymoses, etc.
Dans 1'estomac on ne renconti'e ordinaireinent aucune altera­tion bien prononcee; cependant (juelquefois I'organe est conges­tionne ä l'interieur et surtout h rcxterieur.
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Le peritoine est altere sur ses deux t'euillets; on y reimrque des ecchymoses, des points hemorrhagiques, aussi bien dans le tissu sous-sereux que dans le tissu de la sereuse. Le inesentere et l'epiploon sont congestionnes, leurs vaisseaux sont turgides; on rencontre parfois entre les lames du mesentere des hemorrhagies, de veritables tumeurs ou amas de sang poisseux, nuirütre et pu-trilagineux.
Les ganglions inesenteriques sont toujoui's älteres, hypertro­phies, hyperemies, noirätres, infiltres, ramollis. En general tous les vaisseaux sanguins de la cavite abdominale sont distendus par un sang noiratre et incoagule. Le tissu conjonctif perirenal, peri-pancreatique, periganglionnaire et perivasculaire est infiltre de serosite gelatiniforme plus ou moins coloree.
Les intestins sent fortement ballonnes; il y a de plus congestion, liypercmie ii l'exterieur; ä la face interne on trouve aussi des al­terations pmnoncees. Lecontenu est quelquetbis melange de sang puLrilagineux, poisseux, noirätre; e'est parce qu'il y a eu des he­morrhagies ä la surface de la inuqueuse; e'est parce qu'il y a eu enterorrhagie, comme cela arrive parfois quand on observe des symptumes de coliques tres vives. La muqueuse intestinale est congestionnee; eile presente des taches, des ecchymoses, des he­morrhagies et des infiltrations plus ou moinsprononcees et plusou moins etendues; il y a meine parfois un veritable etat apoplecti-que. Les villosites sont hypereiniees et desquainees. Pour ne pas confondreceslesionsaveccellos de rcnterorrhagie ordinaire, il sof­fit d'examiner le produit epanche dans I'intestin an microscope, alin de s'assurer s'il y a ou s'il n'yapasdebacteralies, oudel'ino-culor. La muqueuse rectale est souvent renversee, hyperemiee, noirätre; son tissu sous-muqueux est infiltre.
Le foie est tumefie; ses vaisseauxsontgorgesd'unsang noiratre; son tissu s'ecrase plus facilement, il est jaune-terreux. et comme cuit.
La rate a augmente de volume; eile pent avoir triple, quadru­ple, et meme quintuple. II pent y avoir congestion de toute la masse, comme on le voit surtout dans I'espece ovine, d'oii le uom de sang de rate, qui a ete donne au charbon de cette espece. D'au-tres fois la congestion ne s'observe que sur certains points, alors l'organe est bossele, et, en ouvrant ces bosses, on les trouve rem-plies d'un sang noirätre, poisseux, ordinairement tres riche en bacteridies; il y a eu des hemorrhagies ou des apoplexies partiel­les ou quelquefois une apoplexiede tout l'organe.
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Le pancreas est congestionne, aussi bieu dans son tissu propre que dans le tissu conjonctif qui I'entoure; ce tissu est en outre infiltre de la serosite gelätiniforme, que nous avons tant de Ibis signalee.
Dans toutes ces lesions on pent rencontrer la bacteridie char-bonneuse.
Les reins sontcongestionnes ii leur surface; et dans leur masse on voit des points hemorrhagiques plus ou moins etendus, parfois ce sont de rentables heinorrhagies en nappe. La rauqueuse vesi­cate est hypermiiee; les urines sont sanguinolentes. Ce dernier caractere se presente souvent chez I'espece ovine ; 11 s'expHque par des ruptures vasculaires dans les reins et par le passage du sang en nature dans les urines.
La muqueuse uterine est le siege d'une congestion tres vivo, surtout lorsque les femelles sont en etatde gestation.
Les plevres sont alterees, congestionnees sur les deux, feuillets, on trouve des taches ecchymotiques ä leur surface el dans le tissu sous-sereux. Le sac pleural contient de la serosite sanguino-lente.
On remarque souvent aussi une infiltration profonde dans le tissu interlobulaire du poumon; c'est un veritable oedeme pulmonaire. En outre le poumon est congestionne en masse ou ecchymose par places; on y rencontre de nombreuses heinorrhagies, de noinbreu-ses obliterations vasculaires par embolie bacteridienne.
La muqueuse respiratoire est aussi congestionnee, hyperemiee, et parfois eile est le siege d'un etat catarrhal prononce, alors la matiere secretee est sero-muqueuse et toujours sanguinolente.
Les meninges ont eprouve des modifications; I'arachnoide est quelquefois congestionnee et remplied'un exsudat abonilant, sero-sanguinolent et riche en bacteridies; la pie-mere est congestion­nee; les tissus du cerveau sont remplis d'un sang noirätre, qui no se coagule pas. Le cerveau lui-meme et la rnoelle sont parfois congestionnes; les nerfs sont älteres, infiltres; les ganglions du grand sympatique sont tumefies et infiltres.
Teiles sont les lesions qu'on peut observer sur les cadavres des animaux morts de ['affection charbonneuse. Malgre tous ces ca-racteres, grace auxquels on peut parfois bien reconnaitre la mala-die, on devra toujours s'aider du microscope, qui permettra de constater la presence de la bacteridie, et de porter, par consequent un diagnostic certain.
Les lesions produites a la suite du charbon inocule sont, h peu
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de clioses pres, les memes que celles que nousuvonsdecrites plus haut.
NATURE, KTIOLOGIE, PATHOGENIE
Le charbon est une maladie contagieuse et parasitaire; sn con-tagiosite n'est pas doutcusc, c'ost eri efifet unc verite demontree depiiis lorigtempset qui resulte de nombreux faits d'cxpörimenta-tion et de nombreux faits d'observation.
Pouiquot; etudier l'etiologie et la pathogenie de l'affection charbon-neusc avec fruit, ii convient d'adopter iamarchc suivanto : etiuller le eontage cbarbonneux, en indiquant pas ä pas les progres qu'on a fait dans la determination de sa nature et de ses proprietes; puis etudier les prineipaux modes de transmission du charbon; et on dernier lieu interpreter le mode d'action des nombreuses causes qüi ont ete indiquees par les divers auteurs pour expli-quer I'apparition de oette malarTte.
Nature du contage charbonneux, ses proprisect;-t6s. — De.jä depuis d'assez longues annees, Fuschs, Brauell, Pellender et Delafond avaient vu dans le sang charbonneux des batonnets; mais ils n'avaient pas attribue leur signiflcation pro­pre h ces batonnets, qu'ils consideraient comme le resultat de la putrefaction du sang. Pourtant Delafond, en 1860, etait revonu im peu sur cette maniere de voir, et il avait de la tendance ä con-siderer le batonnet comme jouant im role actifdans la transmission du charbon; il avait meine eu l'idee de le cultiver. En 1850 M. Davaine, qui, h cette epoque etudiait avec Rayer la contagion du charbon, avait aussi constate la presence de batonnets dans la sang charboiineux. En 1863 il revint sur cette decouverte, at, dans des travaux successifs parus en 4863, en 186-i et en 1865, il demontrait, par des experiences que le batonnet, rencontre dans le sang charbonneux est l'agent de transmission de la maladie. C'est du reste M. Davaine, qui, h la meme epoque, donna le nom do bacteridie au bätonnet du sang charbonneux; pour lui, ce mot qui etait un diminitif du mot bacterie etait justifie par Timmobilite do ce batonnet, les autres bacteriens etant ordinairement mobiles; il le considerait comme un etre inferieur au bacterien de la putre­faction. Dans ses divers travaux il avait demontre le role de la bacteridie, comme agent de la transmission du charbon, II avait ino-
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cule des animaux avec tlu sang chai-bonueux, et il avail puise sur ces animaux inocules, ä des heures de plus en plus eloignees du moment de l'inoculation, des gouttelettes de sang qu'il avait etu-diees au microscope et qu'il avait inoculees. De cette maniere il avait constate que tant que le sang ne renfermait pas de baton-nets, il restait inactif; mais lorsque les bätonnets (quelques heu­res avant la rnort) apparaissaient dans le sang, celui-ci etait viru­lent. Ces experiences, repetees un certain nombrede fols, avaicnt donne les memes resultats et l'avaient amene ä conclure que la bacteridie etait l'agent de transmission du charbon.
Cependant, coinme on le sent dejä, cette conclusion etait pre-matnree et n'etait pas comprise en entier dans les experiences. Aussi M. Davainerecourut-il ä un autre procede; il essaya d'isoler les bacteridies, d'obtenir du sang charbonneux prive de bacteri-dies, et pour cela il eut recoups aux inoculations ä des femelles pleines.
Avant lui Brauell avait observe que le sang du fcetus, renferme dans la matrice d'une femelle devenue charbonneuse, necontenait pas le contage charbonneux, que, par consequent, le charbon n'etait pas transmissible par la voie placentaire.
M. Davaine, mettant ce fait h profit, inocula des lapines pleines et leur donna le charbon. Un examen comparatif du sang de la mere et de celui du foetus lui revela la presence de bacteridies dans le premier et l'absence de ces memes bacteridies dans le second; le sang de la mere inoculee etait virulent, celui du fetus ne I'etait pas.
Grace ä ces deux categories d'experiences, M. Davaine .avait conclu au röle exclusif de la bacteridie dans la transmission du charbon.
Mais cette theorie ne rendait pas compte de tout; h ce moment on ne connaissait pas les divers modes de repioduction de la bacte­ridie; aussi lui opposa-t-on desfaits qui etaient presquedc nature ä la faire crouler. On ne connaissait pas le mode de reproduction par endogenese ou par formation de corpuscules-germes ä l'inte-rieur des bätonnets, et des lors il etait difficile d'expliquer, avec la theorie de M. Davaine, comment un cadavre charbonneux pou-vait conserver sa virulence plusieurs semaines apres la mort. En effet la bacteridie adulte, sous forme de bätonnet, ne se conserve pas longtemps; le sang charbonneux, qui ne renferme que des bacteridies adultes, perd rapidement sa virulence en peu de jours. Comment des lors s'expliquer que les cadavres d'animaux char-
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bonneux restent pourtant dangereux pendant des mois et peut-etre pendant des annees? II y avait la un fait que n'expliquait plus la theorie et qui s'explique aujourd'hui facilement par la con-naissance des deux modes de multiplication de la bacteridie, par l'existence des corpuscules-germes, qui sont tres resistants.
Les objections ä la theorie de M. Davaine ne manqueront pas. En voici une qui les resume ä pen pres toutes. Deux medecins du Val-de-Gräce, Jaillard et Leplat, ayant recu de Chartres du sang provenant d'un cadavre charbonneux et qui avait dejä subi un com­mencement de putrefaction, l'inoculerent et donnerent ainsi iileurs animaux d'experience une maladie rapidement mortelle. Ne trou-vant pas de bacteridies dans le sang des animaux qui avaient suc-combe, non plus que dans le sang qu'ils avaient inocule, ils con-clurent de leur experience que le charbon ne devait pas sa viru­lence ä la bacteridie, puisqu'ils Favaient donne avec du sang depourvu du parasite, et sans provoquer l'apparition du para­site ; et, meine ils ajouterent que le sang charbonneux etait d'au-tant plus actif qu'il ne renfermait pas de bacteridies.
M. Davaine repeta cette experience et, faute de connaitre les corpuscules-germes, il conclut comme les precedents auteurs. Mais 11 n'abandonna pas sa theorie; il pretendit qu'il y avait deux maladies charbonneuses, une ayant pour cause la bacteridie et l'autre pouvant se developper par rinoculation d'un sang prive dc bacteridies; il reconnut aussi que cette derniere, particulierc aux grands ruminants (le sang dont s'etaient servi Jaillard et Leplat provenait d'une vache), etait plus virulente que l'autre.
Ainsi M. Davaine, ne pouvant resoudre robjection, admettait bien gratuitement l'existence de deux maladies charbonneuses.
Or voici ä quoi etait du le succes de ces experiences : le sang inocule par Jaillard et Leplat provenait d'un cadavre en voie de putrefaction; il renfermait des corpuscules-germes de la bacteridie et des bacteriens de la putrefaction, soit a I'etat adulte mais tres transparents, et qui pas'saient inapergus, soit ä I'etat de corpus­cules-germes; aussi ces auteurs avaient inocule h la fois le char­bon et la septicemie, et e'etait surtoiit celle-ci qui s'etait deve-loppee.
En 1875, un veterinaire de Paris, M. Signol, communiqua h l'Academie des sciences un fait dans lequel le sang d'un cheval asphyxie s'etait montre virulent seize heures apres la mort. Ici encore il se passait la meme chose que dans les fails Jaillard et Leplat; le sang d'un animal asphyxie est un milieu tres convenable
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pour les bacteriens de la putrefaction, qui existent toujours dans 1'appareil digestif; aussi la fennention putride s'empare rapidement du cadavre, et le sang devient virulent.
En 1876, M. Paul Bert communiqua h la Societe de biologic et ;i l'Academie des sciences ses experiences, dans lesquelles il avait fait agir I'oxygene comprime et l'alcool absolu sur le virus char-bonneux, sans lui enlever sa virulence. II s'etait aussi servi de sang charbonneux dejä putride, dans lequel il n'avait pas vu de bacteridies; ce sang avait conserve sa puissance virulente; il avait developpe une maladie rapidement mortelle, et sur les cadavres des sujets ihoculeS il n'y avait pas non plus de bacteridies. M. Paul Bert avait, lui aussi, inocule du sang septique, dans lequel etaient les bacteriens de la putrefaction ä l'etat de corpus-cuies-germes, qui resistent ä I'oxygene comprime et h l'alcool ;ibsolu.
D'apres tous ces fails plus ou moins contradictoires, il etait done difficile de se faire une idee bien nette de la nature du char-bon. Les faits exposes par M. Davain.e laissaient trop h desirer; de sörte qu'ä la fin de 4876 on ne connaissait pas encore bien defi-nitivement la nature de cette maladie.
C'est ä cette epoque que parut le travail de Koch, travail tres original et tres important, un des plus importants, ii mon avis, qui aient ete faits dans ces dernieres annees.
Dejii avant cette date, F. Cohn avait fait un travail remarquable sur les bacteriens, et avait etudie surtout leur propriete de se mul-tiplier en produisant des spores; mais cette propriete n'avait pas ete veriflee pour la bacteridie charbonneuse. C'est ä Koch que revientl'honneur de cette verification et de cette decouverte; son travail a ete publie dans la Revue scientifique a la fin de 1876. Get auteur a suivi la bacteridie dans toutes ses phases; il I'a cultive hors de l'organisme, dans le plasma du sang, dans I'huraeur aqueuse. II a remarque que dans ces milieux, a une temperature voisine de :380 et en presence de Fair humide, eile se multiplie tres rapidement et s'accroit d'une facon dömesuree, au point de (lecupier sa longueur et de former un feutrage presque inextri­cable. Mais si le milieu se raodifie, et il se modifie par suite de la multiplication du parasite, il se passe un phenomene remar­quable. Les bätonnets se transforment; au lieu de se divisor en fragments, comme primitivement, ils secretent, ils ferment dans leur Interieur de veritables germes, qui apparaissent surtout aux extremites. Quand un bätonnet en presente deux, il y en a un
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ä chaque extremite. Ces gennes sont plus refringents que le plasma des bätonnets.
Koch est done le premier qui ait etudie la multiplication par endogenese de la bacteridie et qui en ait suivi le döveloppement hors de Torganisme. II a de plus transmis le charbon avec les cor-puscules-germes, et il a observe que les inoculations faites avec ces corpuscules etaient aussi fructueuses que celles pratiquees avec les bätonnets, avec les bacteridies adultes. II a seine ces spores dans le plasma du sang, dans I'humeui- aqueuse, en pre­sence de Fair, et il les a vues se transformer en bacteridies adultes, il les a vues devenir ovo'ides, s'etirer, s'allonger en forme de bä-tonriets. En outre il a constate que le corpuscule jouit d'un pou-voir de resistance beaucoup plus considerable que la bacteridie adulte. Dans le travail de cet auteur sont encore consignes des faits trfes interessants au point de vue de la pratique et dont nous tirerons parti plus loin.
En 1871 Klebs et Tiegel avaient eu l'idee de fütrer du sang charbonneux autreinent que par la voie placentaire; ils I'avaient mis dans un vase d'argile qu'ils fermaient hermetiquement au moyen d'une calotte en caoutchouc, et ils avaient obtenu la filtra­tion en faisant un vide de 50 ä 60 centimetres de mercure dans le vase d'argile. Le plasma ainsi obtenu etait tout ä fait prive de particules figurees et par consequent de bacteridies; et l'inocu-iation de ce plasma n'ayant rien donne, les experimentateurs en avaient conclu que la virulence residait dans la bacteridie. Gette conclusion etait prematuree, car on pouvait objector que, le filtre ayant retenu avec les bätonnets toutes les particules figurees, il s'ensuivait: que Fexperience permettait seulement de conclure h la non virulence du plasma.
Arrivons au nom si connu de M. Pasteur, qui a beaucoup fait dans l'etude de cette question et qui peut h hon droit etre consi-dere comme l'initiateur des decouvertes des divers auteurs en cette matiere. Avant 1863 M. Pasteur avait decouvert que la fer­mentation butyrique est l'oeuvre de vibrions fort analogues ä ceux du charbon. II avait ensuite demontre qu'une maladie grave du ver k soie est due h une fermentation dans I'intestin ; il avait etudie le vibrion de cette fermentation et lui avait reconnu les deux mo­des de reproduction que nous connaissons (scissiparite, endoge­nese). M. Pasteur avait done reconnu, avant tons les auteurs dont nous avons parle plus haut^ le mode de reproduction des bacte-riens par endogenese. Gette deeouverte a mis les auteurs precites
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sur la voie d'autres döcouvertes. C'est en s'lnspirant des travaux ilo M. Pasteur que Cohn et Koch ont fait celles dont il a ete ques­tion.
Depuis 1877, M. Pasteur (en collahoration avec M. Joubert et iVT. Chainberland) a etudie le contage du charbon; il a repris la question dejä traitee pat Koch; il a soumis ia bacteridie h des cultures successives hors de rorganisrne et, apres l'avoir fait passer dans des centaines de cultures, il a pu avec celle de la derniere faire developper uu charbon analogue h celui qu'on obtient avec le sang d'un animal malade. Cette methode des cul­tures successives est plus avantageuse que les cultures non repe-tees de Koch, car, au bout d'un certain norabre d'ensemencements success!fs, on est sur que les elements figures du sang (globules hlancs, globules rouges, granulations moleculaires), qui avaient ete introduits clans la premiere culture et qui avaient ete transmis dans quelques-unes des suivantes n'existent plus dans les der-nieres.
De cette inaniere M. Pasteur a pu obtenir la bacteridie ii 1'etat de purete absolue, et il a pu conclure siirement que le charbon est de nature bacteridienne. Du reste, il a eu recours ä deux autres procedes : h la filtration et ä la decantation apres le repos du li­quide charbonneux dans les caves de l'observatoire. Pour la filtra­tion il s'est servi de fibres de plätre et il a opere ä pen pres comme Klebs et Tiegel. Le filtre retient toutes les particules figurees et no laisse passer que le plasma sanguin, qui, inocule ä des animaux on seine, n'a Jamals rien produit. 11 est done vrai de dire que seule la partie figuree du sang est active; et les cultures succes­sives ont appris que parmi les elements figures c'est la bacteridie qui est virulente.
Gependant on a fait des objections centre la valeur de cette fil­tration au platre. M. Colin a pretendu que le plasma, en traversant le filtre, pouvait eprouver des modifications isomeriques, qui lui eulevaient sa virulence. Mais M. Pasteur a eu recours h un troi-sieme precede (decantation apres repos du sang dans les caves de l'observatoire). L'air des caves de l'observatoire est tres tran-quille, il ne contient pas de gernies, et, en contiendrait-il, qu'ils se deposeraient tres rapidement; aussi les infusions animales ou vegetales qu'on y expose ne se putrefient pas, si elles ne renfer-ment pas dejä des germes, car l'air des caves ne leur en cede pas. Le sang charbonneux ne s'y est done pas putrefie, il s'est coagule, il s'est separe en deux parties distinctes, une solide et une liquide;
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celle-ci, le plasma, obtenue par decantation et inoculee n'a produit aucun resultat et, examinee au microscope, elie n'a pas presente de bacterirlies. Done la virulence reside bien dans la bacteridie. M. Pasteur a etudie aussi les proprietes physiologiques des bac. teridies adultes et des corpuscules-germes.
Des travaux de Koch et de M. Pasteur sur l'endogenese de la bacteridie charbonneuse il resulte que les experiences de Jaillard et Leplat et de M. Paul Bert doivent etre interpretees ainsi qu'il suit : le sang, inocule par eux, devait sa virulence ä la presence des corpuscules-germes de la septicemie, qui, comme ceux du charbon, resistent h l'influence de l'oxygene comprime et ä l'ac-tion de l'alcool.
Apres Mi Pasteur, il laut encore citer deux noms, celui de M. Colin et celui de M. Toussaint. Le premier a ete le contradic-teur acharne de M. Pasteur pour tous les resultats qui ont ete obtenus. L'oeuvre de M. Colin a une certaine importance, et, bien quo la plupart de ses communications sur le charbon soient entachees d'erreur, il ne lui en reste pas moins l'honneur d'avoir elucide le röle du Systeme ganglionnaire dans l'absorption du virus charbonneux. Quant ä M. Toussaint, il a marche coteä cote avec M. Pasteur, demontrant ä pen pres les memes verites par des moyens un peu differents.
De ce court apercu historique il ressort clairement que le char­bon doit sa production h un parasite de nature vegetale.
Le contage charbonneux se rencontre dans le sang des malades, dans tous les solides et dans tous les liquides de i'economie; il se rencontre en un mot ä peu pres partout dans rorganisrae malade, surtout lorsque la maladie est arrivee h son terme.
La bacteridie charbonneuse est encore appelee bacillus anthra-cis, bacterien du charbon, microbe du charbon; c'est un etre organise, un parasite, comme le bacterien de la putrefaction, et il se presente sous deux formes differentes, avec des dimensions variables suivant sa forme. Habituellement, chez les malades et sur les cadavres quelques instants apres la mort, on le trouve sous la forme de bätonnets, ordinairement simples ou formes de deux ou trois ou quatre segments articules ä angle obtus. On le trouve aussi, et cela bien entendu lorsque les cadavres ont dejä commence ä se putrefler, sous forme de corpuscules-germes. C'est sous la premiere forme qu'il offre les plus grandes dimen-
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sions, et celles-ci ne sont pas bien considerables; en ett'et dans le sang charbonneux, on voit mieux les globules sanguins que les bätonnets. Ceux-ci sont tres minces, plus ou moins flexueux ou ondules, inflechis; les corpuscules-germes sont tres tenus etappa-raissent cbmme des gouttelettes refringentes, soit qu'on les ob­serve ä l'etat de liberte, soit qu'on les observe dans l'interieur des bätonnets. Dans ce dernier cas c'est surtout aux extremites du bätonnet qu'on les rencontre.
Quelle que soit leur forme, ces parasites sont ordinairement im­mobiles ; leur structure est la meme que celle du bacterien -de la putrefaction. Ge sont des vegetaux composes d'une masse pioto-plasmique entouree' d'une membrane cellulosique. Ils torment parfois un feutrage plus ou moins serre dans les ganglions et aussi dans les capillaires. Observes dans le sang, ils sont assez facilement reconnaissables; il est pen d'elements figures avec lesquels on puisse les confondre. Leur confusion serait tout au plus possible avec quelques critaux presentant une forme ullongee, mais alors on pent les distinguer au moyen d'un ou deux reactifs: la teinture d'iode, qui colore les bacteridies et non les cristaux, et l'acide sulfurique, qui detruit ceux-ci et respecte celles-lä.
Le parasite du charbon pent vivre, non seulement dans I'orga-nisme, mais encore hörs de l'organisme, ainsi que le demontrent les cultures precitees. II pent se conserve!- plus ou moins long-temps dans le monde exterieur; les bätonnets se conservent peu, mais les spores se conservent löngtemps. 11 peut se multiplier hörs de l'organisme toutes les fois que les conditions necessaires ä sa nutrition et ä sa respiration sont realisees. II se nourrit et il respire par endosmose; il lui taut des matteres azotees et inine-raies, de l'oxygene libre, de Fair (il meurt en presence de l'acide carbonique), une temperature voisine de 35deg; ä 40quot;. Daus ces conditions il se multiplie par scissiparite ; mais quand les condi­tions changent, quand le milieu s'appauvrit en matieres alibiies ou en oxygene, quand la temperature baisse, on observe plutot la multiplication par endogenese; le parasite produit alors dans son Interieur des corpuscules-germes, qui, une fois formes, peuvent ensuite germer dans un milieu convenable, et surtout dans l'orga­nisme des animaux.
Dans quelques circonstances la bacteridie adulte, au lieu de donner des corpuscules-germes, se detruit. Ainsi eile se detruit, lorsqu'elle se trouve immediatement en contact avec une atmos­phere d'acide carbonique. Elle se detruit par consequent dans les
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cadavres qui se putretient rapidement, et, chose remarquablc, eile se detruit d'autant plus süreinent que la putrefactiüii arrive plus tot. En effet, si, avant que la putrefaction ait envahi tout 1c cadavre, la bacteridie a eu le temps de donner des corpuscules-gennes, ceux-ci ne sont pas detruits par la fermentation putride; ils peuvent vivre dans un milieu quelcouque et quelle que soit leur atmosphere, sauf ä exiger des conditions meilleures pour se reproduire. Dans tons les cas, quand les conditions necessaires a la multiplication ne sont pas realisees, c'est plutöt la destruction qui se produit^ Elle s'opere par la desagregation, par la fragmen­tation des bätonnets.
La nature semble avoir favoriseparticulierement la conservation de la bacteridie, en realisant presque toujours les conditions ne­cessaires ä s.a transformation en spores. Quand eile se trouve placee dans un milieu riche en materiaux nutritifs (cela est tou­jours ainsi quand il s'agit de cadavres), quand il y a la presence tie Fair et une temperature de 35deg;, la transformation en spores peut se faire au bout d'une quinzaine d'heures, et le contage jjeut des iors se conserver pendant des annees. Quand la temperalure est seulement ä 18deg; ou '20deg;, les autres conditions restant les meines, la transformation exige plus de temps pour se faire, il laut deux ou trois jours. Et enliu quand la temperature des­cend audessous de l'iquot; et quand eile s'eleve au-dessus de Mquot;, la transformation n'a pas lieu. Alors il peut arriver que les baton-nets se detruisent, se desagregent, ou bien ils peuvent se conser­ver ä l'etat de bacteridies adultes dessechees. Pius tard, sous rinfluence de l'humidite et d'une temperature convenable, ils revivront et produiront des eflets; cependant dans ces conditions ils se detruisent le plus souvent, ils se transforment en particules qui se desagregent.
Cela etant connu, il en ressort que, dans les cadavres charbon-neux exposes ä l'air, la transformation en spores a lieu souvent pendant I'ete, car la temperature est suffisamment elevee, car les cadavres sont des milieux favorables, et de plus il y a le contact de l'air. Pareille transformation s'effectue encore dans toutes les matieres aniinales, dans les purins, dans les fumiers, dans les produits de dejection des animaux malades. Aussi voit-on parfois le charbon apparaitre chez des sujets qui out päture sur des terres arrosees, fumees avec des purins, des fumiers provenant d'animaux charbonneux.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; lt;
La bacteridie adulte, qui peut conserver sa vilalite ä 45quot; et ä 47quot;,
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ne resiste pas ä la temperature de 100deg; ni meine h eelle de 50deg; ; il n'en -est pas de meme descorpuscules-germes, qui peuvent resis-ter ä 130deg;, aux acides mineraux les plus energiques, k I'oxygeno comprime, ii I'alcool absolu, qui tuent la bacteridie adulte.
La duree pendant laquelle peut se conserver la virulence du charbon n'est pas encore bien detenninee. Koch, dans son travail, dit que les spores peuvent se conserver pendant des mois et meme pendant des annees (quatre ans). Dernierement des recher-ches ont ete taitesdans ce sens, surtout par M. Pasteur et M. Colin. Avant eux, M. Toussaint avait determine, par ties experiences dß laboratoire, la duree de conservation de la bacteridie adulte, et il avait conclu que .le sang cbarbonneux ne conserve son activitc que pen de temps dans un milieu confine, h l'abri de l'air et de la puti-etaction, car les bacteriens sont asphyxies et cela d'autant plus vite que la temperature s'eleve aux environs de 38deg; a 40''. L'annee derniere M. Pasteur et M. Colin ont fait des recherches dans la Beauce ou le charbon est frequent.
Pour M. Pasteur le charbon, qui se developpe spontanement en Ueauce, est dii a ringestion de bacteridies, et les lesions, qui servent de voie d'mtroduction, siegent prmcipalement dans la bouche et dans l'arriere-bouche. Du sang cliarbonneuxetant inele ii la terre, la bacteridie s'y conserve ä l'etat de germe, et meine eile s'y multiplie, surtout si on arrose la terre avec de l'eau de leviire, avec de l'urine ou du purin quelconque. Elle se transforme rapi-ilement en corpuscules-germes, qu'on peut retrouver apres plu-sieurs mois de sejour dans la terre, et apres de nombreuses alter­natives d'humidite et de secheresse. Ces corpuscules peuvent etre semes de nouveau dans une nouvelle terre, de celle-ci dans une troisieme et ainsi plusieurs fois de suite, pour- produire enlin le charbon. M. Pasteur a en eilet, apres plusieurs series de ces cultures, reproduit le charbon avec les corpuscules de la der­niere; done la bacteridie se conserve pendant longtemps dans la terre. Dix mois apres l'enfouissement des cadavreson rctrouve les germes dans la terre, qui recouvre la fosse, et en cherchant bien on les retrouverait probablement longtemps apres; quoique les cadavres aient ete profondement enfouis, les bacteridies remon-tent, entralnees par I'humidite qui, en temps de secheresse, est arrivee amp; la surface du sol. Nous verrons plus loin quelles sont les indications qui decoulent de ces considerations; nous verrons qu'il y aurait lieu de substituer la cremation des cadavres a I'en-fouissement, qu'il faut preferer I'equarrissage h renfouissement.
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et qu'ii taut, si on present celui-ci, traiter les cadavres par des agents antibacteriens.
M. Colin de son cöte est arrive aux resultals suivants. D'apres lui le sang charbonneux et la serosite perclent leurs proprietes au bout de deux h cinq jours, et cela en toutes saisons et aux tempe­ratures les plus variees, qu'ils soient k Fair ou dans des vases plus ou moins fermes, ou dans le cadavre. La virulence cliarbonneuse s'eteint au moment oil le sang est en pleine decomposition, et cela s'explique, car les bacteridies sent asphyxiees par Facide car-honique. La temperature elevee hate toujours la destruction de la bacteridie, la disparition de la virulence dans le sang, dans la lymphe et dans les serosites. La bacteridie se conserve plus longtemps dans les cadavres prealablement vides; ainsi, quand on a la precaution d'eventrer le cadavre, d'en sortir la masse intesti-nale, la putrefaction est moins rapide, car on a sorti la masse dans laquelle etaient les germes putrides; et alors le virus pent se con-server quatre ou cinq jours en ete et huit ou douze jours en hiver. 11 en est de meme pour les autres produits charbonneux, fumiers, purins, etc. L'extinction de la virulence est due aux phenomenes de la putrefaction, eile est acceleree par tout ce qui facilite la pu­trefaction. L'addition d'eau aux produits charbüimeux, la dilution de ces produits hätent rextinction de la virulence en diminuant la richesse du milieu oil vit la bacteridie. Le refroidissemenl faci­lite la conservation du virus. La virulence est eteinte par Falcool, les sels astringents, les divers coagulants, rebullition, la dessicca-tion, I'acide acetique et ineine par le sue gastrique; 11 est bleu entendu que cela n'est vrai que quand la virulence est due a la bacteridie adulte; cela ne serait pas exact s'il y avait des corpus-cules-germes. Les dejections, les urines, les matieres stercorales sent virulentes; et leur virulence se perd vite par la putrefaction hätee par une des causes precitees; mais il n'en est pas de meme quand la transformation en spores a eu le temps de s'eiiectuer.
On s'est demande si le charbon n'a pas des germes d'especes differentes. En general on admet qu'il n'y a qu'une seule espece de bacteridie. Cependant M. Toussaint, dans une communication faite k 1'Academic des sciences, avait cru pouvoir affirmer qu'il avait decouvert une forme particuliere de charbon due k une nou-velle espece de baetörien, mais l'auteur n'est pas revenu sur cette question. Le nouveau inicrobe decouvert dans le charbon symptomatique difiere du bacitltis anthracis.
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De tout ce qui precede, il ressort que le contage charbonneux peut se conserver, non seulement dans les cadavres inais encore hors de l'organisme, dans differents milieux, qui sont par conse­quent dangereux.
Quand la bacteridie charbonneuse est introduite dans l'orga­nisme, eile se multiplie par segmentation dans le Systeme circula-toire sanguin et lymphatique.
Quels sont ses modes d'action'.' Nous savons que le bacillus anthracis agit de trois manieres. Les bacteridies, en se multipliant dans l'organisme, determinent la mort de trois facons diflerentes: en enlevant I'oxygene aux globules rouges du sang; en formant des embolies, qui genent la circulation; enfm en empoisonnant les animauxpar les produitstoxiques, qui accompagnenttoujoursleur formation.
Le pouvoir asphyxiant des bacteridies est reel, comme le prouve la coloration noirätre du sang provenant d'animaux charbonneux. Les germes du charbon sont aerobies, ils enlevent aux globules rouges I'oxygene necessaire ä I'liematose; ceux-ci semblent le dis-puter dans Forgäiüsirie, car la bactei'idie se developpe plus rapi-dement dans un sang oxtrait des vaisseaux que dans le sang qui circule, et leur pouvoir de resistance varie avec les especes ani-males. Les oiseaux ne contractent qu'exceptionnellement le char­bon, leurs globules rouges sont assez forts pour disputer victo-ricusement I'oxygene aux microbes charbonneux, qui pourtant se dcveloppent tres bien lorsqn'ils sont mis en contact avec le sang en dehors des vaisseaux. Cette action asphyxiante n'est pas tou-jours, tant s'en faut, süffisante pour expliquer la mort des indivi-dus charbonneux, car il est des cas oil les bacteridies sont en quantite minime dans le sang. De plus si un sang noiratre, sim-plement asphyxie peut rougir au contract de Fair, il n'en est pas de meme pour le sang charbonneux ; il y a done autre chose que I'asphyxie.
M. Toussaint, en etudiant les lesions du charbon, a vu dans les capillaires et les arterioles des amas de bacteridies, determinant des obliterations a la suite desquelles s'etaient produites des he-morrhagies. Mais cette cause, de meme que la precedente, est in-suffisante pour expliquer la mort, quand les parasites sont peu nombreux dans le sang, quand ils n'existent presque que dans le Systeme lymphatique. Gependant il faut en tenir cornpte, et il est facile d'expliquer son action. Les obstructions se produisenl sur-
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tout en grand nombre dans les organes tres vasculaires, dans le poumon par consequent; aussi le sang qui arrive dans cet Or­gane n'est renvoye qu'en partie au coeur gauche. II y a ainsi une diminution de la masse du sang en mouvement dans I'appareil cir-culatoire et un defaut d'hematose.
Le role preponderant, dans la production de la mort, revient au troisieme mode, h faction du poison, qui accompagne toujours la formation des bacteridies, et dont I'existence a ete mise en evi­dence par les experiences suivantes. Le plasma sanguin, obtenu apres la filtration du sang charbonneux sur du plätre, ne donne point le charbon, mais son melange avec le sang ne reste pas sans action, il rend les globules plus agglutinatifs. M. Pasteur s'est de-inande alors s'il n'y avait point eu formation d'une diastase. Apres lui M. Toussaint a affirme la presence d'un poison dans le sang charbonneux h la suite de ses experiences. 1! a inocule du sang charbonneux ä des animaux inaptes h contracter cette maladie, ii a obtenu ainsi un elTet local, une tumefaction phlegmoneuse, ce qui demontre Tactioii phlogogene du virus charbonneux. II a obtenu les memes efl'ets, ä Tintensite pros, en inoculant le sang filtre. Apres cela on est done en droit de conclure k I'existence, dans le sang charbonneux, d'une matiere phlogogene, qu'on ap-pelle diastase ou poison, qui est en dissolution dans le plasma, et qui accompagne la multiplication des parasites, soit que ceux-ci la produisent directement, soit qu'ils en provoquent la formation.
Contagion. — Le charbon est une maladie contagieuse; cette verite resulte, avons-nous dit, de nombreux faits d'observation et d'experimentation. La contagion pent se faire directement de l'a-nimal malade h raniinal sain; eile se fait surtout de cette facon, lorsqu'elle a lieu de l'animal ou du cadavre ii rhoinme, qui pent, en eftet, etre facilement contamine par les produits cadaveriques qu'il travaille. Mais cette contagion directe, immediate, nes'observe qu'exceptionnellement chez les animaux; dans la pratique cepen-dant il faut en admettre la possibilite, quand ce ne serait que d'apres les faits observes chez I'homme.
La contagion mediate est de beaucoup la plus frequente. Les vehicules du virus charbonneux sont nombreux; generalement ce sont les aliments ou les boissons qui out ete souilles de produits contagieux. Dans ces cas le virus s'introduit par les voies digesti­ves. Ce mode de contagion peut etre realise experimentalement; on reussit tres bien a. faire developper le charbon en faisant ingerer
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des matieres charbonneuses aux animaux susceptibles de contrac-ter cette maladie.
La contagion volatile n'est pas aussi evidente que la pi'ecedente. A cetegard les avis des auteurs sont partages et les observations ne sont pas assez nombreuses pom- permettre d'en tirer des con­sequences inattaquables. Des fails de contagion volatile out ete si-gnales par Roche-Lubin et Garreau. Poui' mon conipte je crois, malgre les opinions contraires, ;i la possibilite de la conlagion du charbon par I'air, d'apres les faits que j'ai pu observer dans !a Ca-margue. M. Colin n'y croit pas ni M. Feser non plus.
11 resulte done de ce qui precede, que la contagion mediate est le mode de transmission le plus frequent, et eile se fait par lin-gestion des boissons ou des aliments qui renferment des germes. Cette conclusion resulte egalement des etudes qui ont ete faites en Beauce par M. Pasteur et M. Toussamt.
Le virus rejeteau dehorspar les voles d'excretion, comme celui qui provient des cadavres, peut se conserver plus ou moins long-temps ä la surface des corps solides, de l'herbe par exemple, ou dans les eaux, pour etre introduit a un moment donne dans I'or-ganisine des animaux qui ingerent ces matieres.
Quel role jouent les mouches dans la propagation du charbon?
C'est la une question (jui lt;lc tout temps a preoccupe les mede-cins. Pour l'elucidcr, M. Davaine et M. Raimbert ont entrepris des experiences, mais ils n'ont point realise les conditions qui se presentent d;ms la pratique. Ils out pris des mouches, qu'ils ont laissees sous une cloche au contact d'un sang charbonneux, et ont inocule ensuite leurs pattes et leurs alles. A la suite de cos inoculations le charbon s'est developpe, et cela devait etre; mais Fexperienceestpeuconcluante, eile ne prouve pas que les mou­ches, en piquant, peuvent transmettre le charbon.
Les piqdres des mouches peuvent bien provoquer une certaine tumefaction; et d'ailleurs on observe assez souvent chez rhomine des tumeurs dites vulgairement pustules malignes, parce qu'elles sont noires au centre, mais 11 ne faudruit plus confondre, comme on le fait encore souvent, ces pustules malignes avec le charbon; car on a eu inocule le produit de ces tumeurs sans obtenir le char­bon, et d'ailleurs on n'a pas trouve la bacteridie en examinant prealablement leur contenu au microscope.
Les veterinaires croient peu h l'efficacite des piqüres de mou­ches pour developper le charbon, car les animaux sont ordinaire-
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ment proteges soil par une toison, soit par des polls, seit par line peau epalsse; du reste on observerait les symptömes locaux, qui se presentent apres I'lnoculatlon, si les plqüres provoquaient le char-bon. Mais ce qui est plus convaincant encore, e'est qua les mouches, qui frequentent les cadavres, ne vont point sur les sujets vivants et ne piquent pas. La contagion pourrait done se faire dans leseul cas oü une mouche viendrait piquer un animal sain apres avoir pique un sujet malade, et encore il reste ä savoir si de la sorte la trans­mission est possible.
Pour I'homme la question est plus importante. Void ce qui se passe clans les tanneries oil les mouches semblent jouer un grand role dans la propagation du charbon. Des moucbes, bien inoffen­sives, viennent se poser sur la peau de rouvrier, y determinent un prui'lt en 1c piquant; celui-ci se gratte, et 11 en resulte le plus souveiit ile petites excoriations, qui deviennent la porte d'entree des gennes apportes par les ongles toujours malpropres de l'ou-vrier.
Lc virus ne pent gucre s'introduire dans I'orgahisme par la peau, sauf dans les regions oü eile est fine et l'epiderme mince; la contagion devient facile, quand eile est le siege d'excoriations ou de plaies. On fait developper facilement le charbon, en inocu-lant ä la peau ou en injectant le virus dans le tissu conjonctif sous-cutane. Mais les animaux ne contractent presque jamais le charbon par cette voie la, attendu qu'on n'observe pas ordinaire-ment de symptomes locaux.
Le role preponderant dans l'absorption des gennes charbonneux appartient evidemment aux voles digestives. Le virus s'introduit presque toujours avec les aliments et les boissons; et les voies di­gestives se pretent tres bien ä l'absorption de la bucteridie, comme le demontrent un grand nombre de faits d'observation et d'experi-mentation. Renault avait fait ingerer des matierescharbonneusesau pore, au chien, ä des oiseaux, ä desTnoutons, au cheval; et il etait parvenu h communiquer le charbon aux deux dernieres especes; trois etaient done restees refractaires. Avant Renault, Barthelemy avait vu un cheval contracter le charbon en buvant de l'eau souillee de debris charbonneux. D'apres M. Colin, lesucgastrique jouirait de la propriete de detruire le virus charbonneux ; il a essaye de le demontrer en faisant ingerer de la matiere charbonneuse ä un chien, auquel il a pratique ensUite une flstule gastrique pour re-prendre cette matiere, apres que le sue de l'estomac avait agi sur
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eile, et l'inoculer. Eu operant ainsi, 11 n'a pas fait naitre le char-bon; aussi a-t-il conclu ä la destruction du virus par le sue gas-trique. Mais M. Colin a tire une conclusion trop generale de son experience; 11 a en effet demontre l'efficacite du sue gastrique sur les bacteridies adultes et non sur les corpuscules-germes; son experience est, done incomplete. II a aussi melange du saug char-bonneux avec le sue gastrique du chien retire de Testomac, et, en inoculant ce melange, il n'a rien produit. II n'a encore cette fois demontre que l'efficacite du sue gastrique du chien sur les bacte­ridies, mais non sur les corpuscules-germes.
Le röle des voles digestives, dans la transmission du charbon, a ete hautement accuse par M. Baillet, dans le rapport qu'il a fait au sujet du charbon qui regne enzootiquement dans les päturages d'Auvergne. II a conclu en disant que les animaux contractent le charbon en ingerant des herbes, des boissons souiliees de matieres charbonneuses et de germes, qui, rejetes ä tout moment par les malades et iburnis par les cadavres mal enfouis, se conservent dans le milieu exterieur. D'autres veterinaires out vu la maladie se developper chez des animaux puturant dans des prairies, oü des malades avaient sejourne anterieurement, dans des lieux fu­mes avec des engrais provenant d'animaux charbonneux, et sur des animaux mangeant les herbes ou les fourrages recoltes dans des lieux oü avaient ete enfouis des cadavres charbonneux. Un veterinaire a meme cite un cas oü le charbon se serait developpe chez le pore, chez le chien et chez des oiseaux de prole apres Fin-gestion de viandes charbonneuses.
M. Pasteur a nourri des moutons avec des aliments arro-ses du liquide des cultures bacteridiemies, et il a vu le char­bon se developper quelquefois d'une maniere presque foudroyante, sans symptomes locaux, apres une incubation de quatre ou cinq jours. En associant aux aliments des chardons, des barbes d'epi d'orge susceptibles de blesser les premieres voles digestives, il a obtenu une mortalite plus grande et des lesions locales dans la bouche et l'arriere-bouche. Ces meines lesions ont ete retrouvees dans les autopsies d'animaux morts du charbon spontane, ce qui conflrme bien les conclusions que Texperience avait permis d'etablir.
M. Toussaint est arrive aux memes resultats; sur quatorze au­topsies faites par lui, il a vu les lesions de la bouche et de l'arriere-bouche dans treize cas, et il a dit, avec M. Pasteur, que les germes se trouvent dans les fourrages et les boissons, qu'ils sont introduits
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dans l'economie par les eraillures que procluiseat les aliments durs sur la musqueuse buccale.
Les voies respiratoires sont-elles susceptibles de pennettre I'en-tree du virus charbonneux dans rorganisme?
Roche-Lubin et Garreau semblent I'avoir demontre par les fails qu'ils out publies. M. Feser pretend que Ton ne peut que difflcile-ment faire contracter le charbon aux animaux, en leur faisant in­haler des produits charbonneux. Cependant, ainsi que je l'ai dejii dit, je crois a la contagion volatile et au role des voies respiratoi­res, d'apres les faits que j'ai pu voir dans la Camargue, oü le charbon regne presque ä l'etat eiizootiqüe. hes aniinaux charbon-neuxsouilleut lefumier de la bergerie par leursdejections ; les bac-teridies setransfonnent en corpuscules-germes; et quand on vienl, de recurer I'habitation, les aniinaux, qu'on y introduit les units suivantes, y contractent parfois le charbon, car grace aux de­bris defumier laisses sur le sol et exposes äla dessiccation et äla putrefaction, il se pi-oduit des emanations considerables de gaz en-trainantavec elles les corpuscules-germes, quivont fructifier chez les animaux nouvellement introduits.
Le charbon peut aussi etre obtenu par I'injection intra-vascu-laire de la bacteridie et il y a alors absence complete de syinpto-mes locaux.
La femelle pleine peut-elle infecter les foetus qu'elle porte?
li'obsei'vation et l'exptüriinentation repondent non. Nous avons verifie ce fait, qui avait ete constate par Bräuell, par MM. Davaine, Koch, Feser, Colin. II est d'ailleurs facile de s'en rendre compte. Le virus existe dans le sang ä l'etat de bätonnets et non ä l'etat de corpuscules-germes. En arrivant aux capillaires du placenta, les bätonnets s'entassent, forment des bouchons qui s'arretent; la disposition flexueuse des capillaires se prete du reste tres bien ä la formation de ces embolies.
De nombreux agents peuvent servir ä la propagation de la ma-ladie.
En premiere ligne il faut citer les malades, les aliments, les boissons, tousles produits de secretion des animaux malades, les urines, le lait, puls les lieux habites par ces animaux, tons lesob-jets ayant subi leur contact. Fair des etables, le fumier, le purin, les viandes charbonneuses, les debris, les peaux, les cadavres charbonneux, non enfouis oitmal enfouis, etc.
L'absorption du virus se fait pi incipalement par les vaisseaux
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lymphatiques. La connaissance de ce fait est due h M. Colin, qui a aussi tres bien etudie le röle du Systeme lymphatique dans d'au-tres maladies virulentes (phthisie, infection purulente, etc.) et a ainsi explique la leucocytose, qu'on observe frequemment dans ces maladies.
Cephysiologisteinocule le virus charbonneux ä rextremite d'un metobre d'un animal et en suit la marche. 11 voit d'abord le ganglion ploplite s'engorger, se tumelier, devenir virulent, tandis que ceux de 1'aine n'ont subi aucune atteinte. La virulence se propage, chemine ensuite vers les ganglions de l'aine, du bassin, etc., qui deviennent malades ä leur tour. Enfin les bacteridies sont deversees dans le torrent circulatoire et y empoisonnent le sang. Alors se montrent les symptomes generaux, I'engorgemont et la virulence des ganglions du membre oppose.
Mais les vaisseaux sanguins ne jouent-ils aucun role dans cette absorption?
Cette determination est a faire et eile doit etre feite, car si M. Colin pretend qu'on peut arreter le developpement du char-bon au debut, en sectionnant les lympbatiques qui charrient les bacteridies et en extirpant les ganglions malades, il est difficile toutefois de nier completernent le röle des vaisseaux veineux et des capillaires et d'admettre que l'extirpation des ganglions malades ou une cauterisation suffise pour empecher le developpe­ment de la maladie.
' L'absorption est tres rapide, car, si, cinq minutes apres I'inocu-lation du charbon h rextremite d'une oreille, on ampute la parti'e inoculee, on n'empeche pas la maladie de suivre son cours. Tout le virus n'est pas absorbe en cinq minutes; mais I'experience demontre qu'une partie au moins a passe dans le torrent cir­culatoire.
Les lapins sont tres susceptibles; apres eux ce sont lesmoutons, qui sont les plus aptes ä contractor le charbon; puis viennent les bovins, les solipedes, enfin les pores, le chien, les oiseaux. En faisant ingerer les memes aliments souilles de matieres charbon-neuse au boeuf et au cheval, on voit plus souvent le charbon se developper chez le premier que chez le second. La predisposition n'est done pas la meme chez ces deux especes. Enfin malgre le fait cite par M. Dus, qui a vu le charbon se developper sur des chiens, sur des pores et sur des oiseaux de proie, ä la suite d'in-gestion de viandes charbonneuses, on s'accorde ä regarder cea
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trois clernieres especes comme etant souvent refractaires alaquo; char-bon.
On a cherche h expliquer rimmunite dont jouissent ces ani-maux. L'attention s'est portee principalement sur les oiseaux, dont le sang extrait des vaisseaux est, comme on l'a dejä vu, un terrain propre ä la culture des bacteriens. M. Colin avait vu les oi­seaux jeunes contracter I'affection charbonneuse. M. Pasteur, sa-chant que les oiseaux du nid ont une temperature moins elevee que les oiseaux adultes, a ete porte h attribuer le non developpe-inent du charbon chez ces derniers h I'existence d'une tempera­ture elevee. Cependant la verification etait h faire, car la tempera­ture des oiseaux ne depasse pas 40deg; ou 41deg;, tandis que les bacteridies vivent ii 44deg;. M. Pasteur inocula le charbon ä deux poules; une d'elles fut laissee dans les conditions ordinaires de son existence, et Fautre fut plongee dans un bain d'eau froide, de facon ä abaissersa temperature jusqu'ii 38deg; ou 37deg;. Gette derniere poule contracta la maladie charbonneuse et en inourut, tandis que I'autre ne fut pas malade. Afin qu'on n'accusat pas le froid d'a-voir tue la poule, une troisieme non inoculee subit le meme trai-tement, et ne fut point incommodee par l'abaissement de tempe­rature. Pour rendrc son experience encore plus convaincante, M. Pasteur a gueri, en la rechauffant, une poule qui avait.con-tracte le charbon h la faveur de l'abaissement de la tempera­ture.
M. Feser ne partage point l'opinion de M. Pasteur, il pretend expliquer d'une autre maniere 1'immunite dont jouissent les oi­seaux ; il croit qu'ils la doivent au regime et au mode de nutrition qui en est la consequence. De plus il cite comme refractaires les chiens et les chats, tant qu'ils ne se nourrissent que de substances animales, tandis qu'ils contractent la maladie, guand on ne leur donne que du pain ou une nourriture vegetale. II pense que la receptivite pent s'expliquer dans ces cas par 1'introduction d'une plus grande quantite d'eau dans 1'organisme. Leprofesseur.Taeger pretend aussi que les organismes resistent d'autant mieux aux maladies zymotiques, qu'ils renferment une moindre proportion d'eau. MM. Oember et Feser n'ont pas reussi h faire developper le charbon sur les poissons h la temperature de 7deg;.
La receptivite est variable, non seulement pour chaque espece, mais eile varie meme pour les individus et pour les races d'une memo espece. On salt depuis^bon nombre d'annöes en Provence que les moutons africains resistent mieux au charbon que les
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moutons du pays, aussi beaucoup de proprietaires se livrent depuis plusieurs annees äl'elevage de cesanimaux. M. Chauveau a con-flrme par ses experiences ce fait que I'observation avait appris aux vetörinaires du Midi. II semble pourtant, d'apres I'observation des veterinaires d'Afrique, que parfois certains moutons algeriens con-tractent le charbon; et d'ailleurs il est avere que l'immunite des moutons barbariens pent s'affaiblir et disparaitre ä la longue dans nos pays. Gette immunite tient-elle h ce que les moutons afncains ne renferment pas dans leur organisme certains principes neces-saires au developpement de la bacteridie, ou bien k ce qu'iis in-troduisent moins d'eau dans leur economie ? Ce sont lä des ques­tions qu'on peut se poser, en attendant le resultat d'experiences et d'observations ulterieures. L'embonpoint est une cause qui pre­dispose au developpement du charbon; les animauxgras semblent offrir en effet moins de resistance ix la maladie.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;*•
Apres l'absorption du virus, la periode d'incubation est courte; eile peut durer de un ä douze jours pour les moutons et les grands animaux. II est possible de la faire varier, de l'abreger ou de la rendre plus longue en introduisant une plus ou moins grande quantite de bacteridies.
Chez les animaux malades on n'apercoit pas, des le debut, des bacteridies dans le sang; cependant ce n'est pas lä une raison pour en nier I'existence dans I'organisme. En inoculant une goutte de ce sang, on peut egalement ne pas faire developper le charbon; ä ce moment les germes sont encore rares dans le fluide circula-toire, ou se trouvent seulement dans le Systeme lymphatique. La virulence persiste apres la mort plus ou moins longtemps, ainsi que nous I'avons vu, suivant les conditions extörieures. En gene­ral la bacteridie charbonneuse se detruit quand la putrefaction s'empare du cadavre. Mais quand les corpuscules-germes ont pu se former, la virulence persiste beaucoup plus longtemps.
Le virus charbonneux a-t-il toujours la meme puissance, quelle que soit I'espece qui I'a produit? II est difficile de repondre aujour-d'hui k cette question. Des auteurs ont pretendu que le virus du mouton etait le plus actif; des experiences sont k faire k ce su-jet.
Le charbon peut-il recidiver sur le meme individu? M. Pasteur a des raisons pour croire qu'il ne recidive pas; il est du reste fa­cile de s'en assurer, en experimentant sur la poule guerie du char­bonraquo;
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On admettait jadis le developpement spontane du charbon sous I'influence d'un certain nombre de causes qu'il est bon de passer en revue. Aujourd'hui on conserve les expressions de naissance spontanee, de developpement spontane; mais on veut dire par lä que les animaux out puise les germes de la maladie dans le milieu qui les entoure. Les causes invoquees autrefois pour expliquer le developpement spontane du charbon doivent etre consideröes comme de simples circonstances favorables ä la contagion; elles agissent en favorisant la conservation, la multiplication des bacte-ridies et leur introduction dans I'organisme. Ces causes sont nombreuses et il est aujourd'hui facile d'interpr6ter leur ac­tion.
Depuis longtemps on a accuse la temperature elev6e et les Sai­sons chaudes, surtout les Saisons chaudes et humides ä la fois; c'est qu'en effet une temperature relativement elevee et un certain degrc d'humidite favorisent la multiplication et le developpement des bacteridies. On a accuse aussi les etangs, les marais, les bas-ibnds, les marecages, les emanations, les effluves, les herbages humides et les eaux dormantes. Toutes ces causes favorisent la multiplication, la conservation de la bacteridie charbonneuse et son introduction dans I'organisme. II y a lä en effet un ensemble de conditions propices, un milieu favorable qui fournit des ma-teriaux alibiles; le contact de l'air et la temperature elevee, qui r6-gne par moments, hätent son developpement. Les fourrages et les boissons peuvent done contenir des bacteridies, et les animaux, en les ingerant, contractent le charbon. Lesgaz^ui s'echappent de ces lieux, peuvent entrainer des corpuscules-germes charbon-neux et les introduire dans I'organisme. Toutes les localites, oü re­gne le charbon, renferment dans leur sol, dans leurs eauxou dans les herbes qui y croissent, les germes de la maladie. Les lieux h sol humide, ä sous-sol argileux, favorisent la conservation et la multiplication des bacteridies, et leurs eaux ainsi que leurs herbes peuvent communiquer le charbon. On a pretendu que les aliments älteres et les aliments trop abondants peuvent faire naltre le charbon; mais cela n'est vrai qu'autant que ces aliments en renfer­ment des germes et les introduisent dans I'organisme. Les bois­sons meme alterees ne peuvent pas non plus produire le char­bon, si elles ne renferment pas de bacteridies; et jamais ni les fatigues excessives, ni une alimentation insuffisante ne peuvent provoquer la maladie bacteridtenne. Onaremarquequele charbon se montre de preference dans les annees pluvieuses, surtout lorsque
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les pluies sont suivies d'une grande secheresse. Les eaux des pluies dissolvent une grande quantite de matieres organiques et minera-les qui, lorsque la chalear arrive, constituent un milieu favorable au developpcment et ä la multiplication des bacteridies. On a en­core accuse les habitations humides, malpropres, mal tenues; mais quel que soit leur defaut d'hygiene, elles ne peuvent pas provoquer le developpcment du charbon si elles n'en renferment pas les germes.
L'etiologie de la maladie charbonneuse se resume done dans l'introduction de la bacteridie dans l'organisme, soit a I'etat adalte, soit a I'etat de corpuscules-germes.
Le deplacement des animaux malades peat disseminer les gsr-nies et les semer dans des localites oil ils n'existent pas; cela pout se produire surtout dans les cas oü Ton fait emigrer le betail malade. Le deplacement des fumiers contenant des germes pent ainener les memes resultats; ces fumiers sont done dangereux, quand on les repand dans les paturages ou dans les endroits fre-quentes par les animaux.
Le charbon symptomatique tie Fespece bovine, etudie par MM. Arloing, Cornevin et Thomas, est une maladie microbiotique diflerente de la fievre charbonneuse. II est inoculable aux ani­maux de l'espece bovine et h d'autres especes (mouton, cobaye, lapin). Le microbe de cette maladie se montre dans les muscles et le tissu conjonctif de la tumeur; il est plus court et plus large que la bacteridie; il est tres mobile, il est arrondi k ses extremites.
TRAITEMENT
Le traitement n'est pas ici d'une importance capitale, car une fois declaree, la maladie ne guerit que tres exceptionnellement, et Ton peut meme douter qu'il soit possible d'obtenir sa guerison. Des observateurs ont publie des fails dans lesquels ils attestent la guerison du charbon; il faut a ce sujet se montrer tres circons-pects et s'assurer avant tout si on n'a pas pris pour le charbon d'autres maladies qui ne sont pas aussi graves.
Le traitement prophylactique et preventif est surtout celui qui doit fixer notre attention, car il a pour but d'empecher la naissance de la maladie et d'arreter sa propagation au moyen des conditions hygieniques et des mesures de police sanitaires, voire meme d'a-gents therapeutiques prophylactiques.
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La prophylaxie doit etre tiree de la connaissance des conditions etiologiques, qui president ou ont preside au developpement du charbon. II faut surveiller et ameliorer, dans le sens indique, I'hy-giene de 1'alimentation, des boissons et des habitations. On exa-minera done avec soin les aliments, les boissons et les habita­tions; et, apres les avoir etudies, apres avoir verifie, autant que cela est possible, s'ils contiennent des germes charbonneux, on agira en consequence.
M. Pasteur conseille de supprimer, dans l'alimentation des ani-maux menaces de charbon, les chardons, les plantes piquantes, les aliments trop sees, les menues pailles, les fourrages charges de matieres minerales, tout ce qui, en un mot, pent leser les mu-queusesbuccale et pharyngienne. Ces conseils mesemblent assez difficiles ä suivre en pratique; neanmoins il faudra en tenir compte clans la mesure du possible, sans oublier que le meilleur moyen de soustraire un troupeau au charbon qui le menace, est le döpla-cement, I'emigration, le transport dans un autre lieu dont les pä-turages n'offrent pas le meme danger.
S'il est impossible de recourir aux moyens precites, il y aura lieu d'employer les agents therapeutiques capables d'empecher le developpement de la bacteridie dans I'organisme : on fera arroser les fourrages avec des solutions faibles d'acide sulfurique ou d'a-cide phenique, ou de borate de soude, ou de teinture d'iode; on fera melanger journellement aux boissons les memes solutions, assez diluees pour que les animaux les prennent sans trop dediffi-culte; on fera desinfecter les habitations et les objets suspects; on fera enlever les fumiers, qui seront enfouis ou traites par I'acide phenique brut; on fera laver le sol de l'habitation recuree avec de l'eau bouillante, avec une solution bouillante d'acide phenique, avec un lait de chaux; on fera flamber le sol et les parties suspectes, en brülant ä leur surface de la paille ou du bois.
Lorsque le troupeäu 6migrera, lorsqu'il sera transporte ou de-place, il faudra prendre certaines precautions pour l'empecher de repandre les germes dans les lieux oü ils n'existent pas; e'est d'ailleurs dans l'application des mesures sanitaires qu'est le meil­leur traitement prophylactique.
Les auteurs, qui se sont livres h l'etude du charbon, ont preconise un grand nombre de moyens et d'agents dans le traitement de cette maladie; et, grace a la confusion qui s'est souvent faite dans leur esprit et dont j'ai deja parle, ils ont enregistre un bon nombre de guerisons qui ne peuvent pas se rapporter ä. Faffection bacte-ridienne.
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Les agents prones sont des medicaments pour l'usage interne et des medicaments pour l'usage externe, auxquels il faut joindre certains moyens chirurgicaux. Aujourd'hui il faut surtout donner la preference aux agents antibacteridiens.
Mais il est bon de faire remarquer que la maladie ne se guerit pas ordinairement quand les symptömes generaux ont fait leur apparition, quand eile s'est generalisee. Elle ne guerit que tres exceptionnellement et encore c'est seulement lorsqu'elle est locali-see, lorsque les bacteridies n'ont pas encore passe dans le sang. Dans ces cas il faut ävant tout empecher la maladie de progresser, il faut barrer le passage aux germes. Pour cela le meilleur raoyen est d'extirper, d'exciser les parties tumefiees, ensuit.e d'employer la cauterisation au fer rouge ou avec des caustiques chimiques comme les acides, le sublime cörrosif, la potasse, etc. Ces moyens ne sont pas toujours exempts de dangers, et il n'est pas toujours possible de les mettre en pratique comme on le desirerait; on pent alors les suppleer plus ou moins par la calorification, qui peut etre employee pour remedieraux accidents, dont on peut toujours approcher une source de chaleur.
Ajnsi que M. Davaine l'a.prouve, le sang charbonneux perd sa virulence lorsqu'il est porte ä une temperature de 55deg;, et il suffit que cette temperature dure pendant cinq minutes; une tempera­ture de 50deg;, se maintenant durant dix minutes, tue aussi les bac­teridies; il en est de meine d'une temperature de 48deg;, maintenüe pendant quinze minutes. Ge moyen ne doit pourtant pas faire ne-gliger les autres, car cette temperature peut ne pas arriver jus-qu'aux germes situes profondement; aussi est-il bon de le com­biner avec les precedents ou de le reserver pour les cas oü la tumefaction est peu epaisse, peu considerable.
Dans les cas de charbon local on peut avoir recours, meine pour le traitement externe, ä l'emploi d'agents antibacteridiens. M. Da­vaine dit avoir gueri le charbon en injectant de la teinture d'iode sous la peau; le docteur Raimbert l'a gueri avec l'acide phenique. Stanis Gezard, ayant vu le charbon se developper sur un de ses amis, fit instituer un traitement ä la teinture d'iode, qui tut em­ployee en injections hypodenniques et en badigeonnages sur les parties malades. Ge traitement, inspire par les travaux de M. Da­vaine sur les agents antibacteridiens, reussit pleinement. Der-nierement M. Jolly, de Gien, ä publie des cas de guerison de la fievre charbonneuse obtenus par des injections d'une solution iodee dans la jugulaire. Les agents, dont l'action a ete etudiee par
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M. Davaine, se rangent dans I'ordre suivant, par degre d'efflca-citö : iode, acide sulfurique, acide chronique, permanganate de potasse, acide chlorhydrique, potasse, acide phenique, vinai-gre, silicate de soude et enfiii ammoniaque.
Gomme nous le voyons, I'acide phenique est loin d'occuper le premier rung; cependant le docteur Koch pretend que des traces de cet acide dans le sang ou dans les cultures empechent le deve-loppement de la bacteridie.
Gas agents doivent etre employes pour le traitement local et pour le traitement general; ils doivent etre employes en injections et en badigeonnages, lavages ou applications. Les injections doi­vent etre pratiquees au niveau et au pourtour des parties malades. II ne faut pour cela employer que des dissolutions etendues; il faut repeter souvent les injections, les lavages, les badigeonnages, les applications avec des solutions de teinture d'iode, d'acide sul­furique, d'eau de Rabel, d'acide phenique, de phenate de soude, d'acide salicylique, de salicylate de soude, de borate de soude, etc.
M. Colin, ä propos de l'action de ces divers agents, est venu contredire l'assertion de M. Davaine; d'apres lui, ces medicaments ne possederaient pas la propriete d'empecher le developpement de la maladie charbonneuse. II a inocule le charbon ä des ani-maux, puls au bout d'un certain temps, il a injecte ces agents sous la peau; le charbon s'etant developpe chez les sujets inu-cules, il en a conclu que le traitement preconise par M. Davaine etait inefflcace. En effet une seule injection n'est pas süffisante et il faut en faire plusieurs successivement, ä des intervalles plus ou moins rapproches.
Quand il s'agit du charbon local, il faut combiner avec le trai­tement externe le traitement interne, et quand il sagit du charbon generalise, e'est au traitement general qu'il faut s'adresser. Les medicaments qui conviennent pour remplir les indications d'un pared traitement sont encore les antibacteridiens : I'iode, I'acide phenique, l'eau de Rabel, I'acide sulfurique, I'acide salicylique, qu'on administre en dissolution dans les boissons ou sous forme de breuvages. On a conseille l'emploi de I'iode concurremment avec les stimulants, avec I'acetate d'ammoniaque, la camomille, etc. On peut encore employer les phenates, les salicylates, le bo­rate de soude, I'huile phosphoree, la chaux, les differents sels de quinine, le quinquina, etc., mais ces deux derniers medicaments sont d'un prix trop eleve.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^
M. C. Louvrier preconise un traitement qu'il a decrit en ces termes:
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laquo; Ge traitement consiste, au debut de l'affection, dans radmi-nistration de stimulants sudorifiques et en meme temps de frictions fortement irritantes sur tout le corps; ensuite, Tenveloppemenl du corps dans du regain ou secondes herbes, dont la propriete fermentescible connue est augmentee par Taspersion avec du vi-naigre tres fort et chaud; le tout est maintenu par un drap, dont j'ai prealablement entoure le corps en le passant sous la poitrine et le ventre, reunissant les extremites sur le trajet de la colonne vertebrale au moyen d'une couture.
laquo; Ce drap est reuni d'une maniere assez lache pour permettre, entre lui et la peau, I'introduction d'une couche de dix ä douze centimetres du regain, et cette espece de manchon, dans iequel se trouve le corps, est aussi reconvert d'epaisses couvertures prealablement chauffees.
laquo; Les extremites sont aussi entourees de cuisses de pantalon, de sacs, dans lesquels on met egalement du regain.
laquo; Ces operations doiventse faire avec la plus grande promptitude de maniere a ne pas laisser refroidir le corps pendant le temps qui s'ecoule entre la friction et l'enveloppement.
laquo; Si malgre cette espece d'etuvedanslaquellejeplonge ranimal, la dyspnee, le refroidissement du corps arrivent, que I'animal chancelle et tombe meine, je ra'empresse d'enlever mon appareil, j'administre une nouvelle bouteille du sudorifique, arrose aussi le corps avec le liniment et fais renouveler les frictions plus for­tement encore; ranimal se releve, le corps et les extremites se rechauffent, la respiration devient normale, j'ai triomphe enfin de cette phase de la maladie que j'appellerai la premiere periode, pendant laquelle je ne quitte pas le malade; eile dure d'une ä trois heures.
Le stimulant sudorifique que j'ai adopte, apres bien des essais, est le cate; c'est celui qui m'a le mieux röussi, beaucoup mieux que les alcooliques. II est rare que j'en vienne ä l'administration de trois litres; ordinairement il suffit de deux bouteilles de decoc­tion concentree et sucree comme pour nous.
laquo; Le liniment dont je me sers est un melange ii parties egales d'ammoniaque et d'essence de terebenthine.
laquo; Pour arroser le regain, j'ai ajoute quelquefois au vinaigre chaud de la fariue de moutarde.
laquo; A ces moyens, et toujours des le debut, j'ajoute l'administra­tion, toutes les demi-heures, d'un lavement emollient, edulcore quelquefois par la decoction de racine d(? reglisse. Independam-
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ment de leur action speciale, ils debarrassent I'intestin d'excrements infects, qui me font aussi y yjouter quelquefois, ainsi qu'aux bois-sons, la poudre de charbon ä titre d'absorbant at d'antiputride.
laquo; Gette periode appelee la premiere etant combattue, je suis certain de la guerison en maintenant pendant trois ä quatre jours la temperature du corps dans le milieu ä peu pres oü je l'ai ame-nee, et en n'enlevant le manchon enveloppant que progressive-ment. Le premier regain n'est change que le lendemain, et je Ic remplace par un autre que je n'asperge pas. Les jours qui suivent je lui substitue du foin, de la paille, selon le degre de chaleur exterieure de l'animal et la temperature de l'etable. Ces moyens sont secondes par une diete des plus severes. Aussi, ä mon arri-vee, ai-je soin de faire museler l'animal ä l'aide d'un panier ou d'un filet, afin qu'il ne puisse saisir aucune nourriture que d'ha-bitude il s'einpresse de chercher. Apres cette premiere periode, en effet, si l'animal mange il survient de la tyinpanite, des coliques, un etat comateux, le refroidissement du corps. Cette diete est ob-servee pendant trois ou quatre jours. Pendant les deux premiers, je ne fais donner, d'heure en heure, qu'une bouteille d'eau sucree ou miellee avec addition d'eau de fleur d'oranger, j'en arrive en-suite äl'eaudeson, puis je fais ajouter de la farine de mais ou d'orge.
laquo; Au troisierae ou quatrieme jour, j'ai toujours remarque uu plus mal, une espece d'acces; une forte constipation survient, les excrements sont durs, noirs, cires, ressemblant k des jetons de damier empiles, coifTes de mucosites, quelquefois tres epaisses, rendues avec les lavements sous forme de tripes entachees de parcelles d'excrements; et ce n'est que lorsque cet etat a disparu que j'en viens ä faire donner des aliments cuits : soupes de Chi­coree, oseille, raves, betteraves, carottes, pain, farineux, auxqucls je fais ajouter quelques verrees de decoction d'ecorce de saule, des poudres de quinquina, gentiane, sans oublier le sei; peu ä peu j'y fais ajouter du foin, de la paille häches, coupes, et enfin je ramene progressivement l'animal k sa nourriture habituelle. La duree de la maladie est d'une douzaine de jours (de dix k douze). Quand, malgre moi, les proprietaires ont voulu s'ecarter de ce regime, il survient des complications qu'il faut combattre et qui font que la duree est plus longue ainsi que la convales­cence ; ce qui conduit ä rinduction que c'est le tube digestif et sesfonctions qui souffrent le plus de l'infection bacteridique.
laquo; Lors de l'epizootie de flevre charbonneuse qui sevit, en 1857,
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dans plus de vingt communes des cantons de Poligny, Ghaumergy et Sellieres, oil j'exerQais alors, je guerissais dejä par un traite-ment a pen pres les 8/io des cas; a cette epoque je ne me rendais pas bien compte de sa maniere d'agir. Je me contentais de faire du reste, ä l'exterieur, des frictions, et d'envelopper le corps de couvertures. Ge sont les etudes de M. Pasteur qui me Tont expli-que, et m'ont fait recourir ä Fespece d'etuve dans laquelle je plonge Tanimal que je surchaulfe. Le thermometre, introduit sous le manchon de regain, k travers une Ouvertüre de la couture de reunion des extremites du drap, a monte a 39deg; environ et meme un peu plus. raquo;
POLICE SANITA1RE
Pour l'application des raesures de police sanitaire dans les cas de charbon, il faut toujours se guider sur les connaissances ac-quises au sujet des bacteridies, et il ne faut jamais oublier que le charbon menace aussi la sante de l'homme.
Le but ä atteindre consiste ä prevenir l'extension de la maladie et la multiplication des germes, et h sauvegarder la sante de l'homme.
Dans la periode que nous traversons, il faut baser les mesures sanitaires sur l'arret de i7i4, qui prescrit l'enfouissement des cadavres, et sur l'arret du 10 juillet 1784, qui est applicable h toutes les maladies contagieuses La nouvelle loi s'applique aussi au charbon, qui est compris dans I'enumeration qu'elle fait des maladies contagieuses.
Les veterinaires sanitaires devront conseiller ä l'autorite d'a-dresser des instructions et des conseils aux proprietaires; et ceux qui seront charges de rediger ces instructions devront chercher a vulgariser les principales notions etiologiques de la maladie; ils devront insister sur les dangers que le charbon fait courir aux animaux et a l'homme. L'autorite rappellera aux proprietaires les obligations que la loi leur impose.
Les proprietaires et les gardiens de troupeaux atteints de sang de rate, on d'autres bestiaux atteints de fievre charbonneuse, doi-vent en faire la declaration a l'autorite (arret du 16 juillet 1784, art. 459 du Code p6n.). D'apres le Systeme consacre par le nou-veau projet de loi, les veterinaires seront tenus de faire la decla­ration quand ils auront constate des cas de charbon.
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Dans la pratique, les proprietaires ne font presque jamais la de­claration pour le sang de rate; c'est du moins ainsique les choses se passent dans certains pays, notamment dans le Midi. Mais c'est lä une habitude regrettable; et la loi n'en demeure pas moins obligatoire malgre cette desuetude, car Men qu'on ne doive pas prescrire des mesures nombreuses et tres rigoureuses (puisque le charbon ne se transmet pas ordinairement par le voisinage, par la cohabitation, ni par le contact immediat), il n'en demeure pas moins demontreque I'autorite doit etre informee, afln qu'elle puisse interdirela vente et l'utilisation des malades et des cadavres, afln qu'elle puisse prescrire certaines precautions pour empecher l'extension de la maladle, la dissemination des germes.
Un arret de la Cour de Paris, du 29 novembre 1878, reconnait quo l'article -459 du Code penal est applicable aux proprietaires d'animaux attelntsde charbon.
La declaration est et reste done obligatoire, et les proprietaires qui ne la font pas, s'exposent ä etre poursuivis. On s'est demande ä quei moment eile doit etre faite, et on a pretendu que dans les cas douteux les proprietaires seraient embarrasses. Ici, comme pour toutes les autres maladies contagieuses oü eile est prescrite, la declaration doit etre faite quand la maladie est soupconnee, quand eile est reconnue, quand eile a deja fait des victimes.
L'autorite, qui reeoit la declaration pour des cas de charbon, doit designer un ou plusieurs veterinaires pour etudier la maladie et proposer les mesures propres ä parer a tout danger.
Les veterinaires delegues ne doivent jamais m6connaitre l'im-portance de leur mission en parei! cas. Ils doivent se renseigner sur la date d'apparition, sur la marche et sur les ravages de la mala­die; ils doivent verifier l'etat des animaux suspects ou malades; ils doivent etudier specialement les malades, faire l'autopsie des cadavres, s'il y en a; et s'ils ont des doutes surj'existence de la maladie, ils peuvent avoir recours ä l'examen micrographique du sang, ou ä l'inoculation de ce sang ä des lapins. Apres avoir determine la nature de la maladie, ils doivent etudier les condi­tions hygieniques, les aliments, les boissons, les habitations, le voisinage, etc. Ensuite ils adressent un rapport detaille ä l'auto-torite, pour lui rendre compte de leur mission et conseiller les me­sures reconnues necessaires ou utiles, en les motivant par les donnees de la science et par leurs observations.
Ces mesures varieront suivant les cas, suivant les conditions
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ambiantes, suivant la gravite de l'enzootie; elles seront plus ou moins rigoureuses et plus ou raoins nombreuses. G'est aux vete-rinaires sanitaires qu'ii appartient cTapprecier ce qui convient k chaque cas.
Ils prendront le signalement des malades et des suspects, quand il s'agira de grands aniinuux. Ils demanderont la marque des ani-maux composant le troupeau malade, et ils feront le denombre-ment de ces animaux.
Ils conseilleront, suivant les circonstances, l'isolement des ma­lades, l'isolement des troupeaux, la sequestration des malades et des suspects (grands animaux), le cantonnement permanent ou mixte, le parcage du troupeau malade. La sequestration dans un local special peut etre appliquee aux grands animaux. Pour les moutons, on se contente du simple cantonnement; mais rien ne s'oppose ä ce qu'on fasse isoler et sequestrer les malades au fur et ä raesure qu'ils sont reconnus dans le troupeau.
On doit conseiller k l'autorite de prohiber, pour les animaux et les troupeaux malades, les päturages communs, les chemins et les abreuvoirs communs. Le commerce, la vente, l'exposition en vente des malades doivent etre prohibes d'une maniere absolue. Le commerce des animaux simplement suspects doit aussi etre prohibe, car ces animaux out pu introduire deja dans leur orga-nisme les germes de la maladie; mais cette prohibition ne doit pas etre de longue duree, la periode d'incubation n'allant pas au-delä de dix ä douze jours.
On peut aussi demander que les malades soient traites; ce traitement a surtout pour but de detruire les germes que les malades produisent. II sera bon aussi de demander, ä titre de mesure sanitaire, un traitement preventif pour les animaux ex­poses ou suspects.
Faut-il demander l'abatage'.'
En general cette mesure n'est pas necessaire dans les cas de charbon, car les malades meurent rapidement; et il est permis d'eviter alors l'odieux d'une prescription d'abatage, en laissant la maladie faire son ceuvre, k condition que les precautions neces-saires, pour prevenir la propagation des germes, auront ete prises. Neanmoins il faudra toujours demander l'abatage des malades quand le troupeau devra etre deplace, et cela afm d'eviter que ces animaux aillent semer des germes morbides ailleurs. Joute-
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fois, meme dans ces cas, il sera süffisant de laisser les malades sui' place, sequestres dans un local ou cantonnes. Lorsque le troupeau aura ete deplace, il sera egalement prudent de demander le sacri­fice des animaux qui viendraient h tomber malades en route ou sur les nouveaux päturages.
II faudra toujours conseiller et demander renfouissement des cadavres charbonneux, qui ne devraient jamais etre utilises k cause des grands dangers qu'il peut en resulter pour I'homme. Mais pourtant I'enfouissement ordinaire n'offre pas dans ces cas toute la security desirable. Les bacteridies, passees a l'etat de spores, peuvent se conserver dans la terre qui entoure et re-couvre les cadavres, eile peuvent remonter ä la surface du sol, et meine infecter les herbes, qui croissent au-dessus des fosses, sur-tout si I'enfouissement n'a pas ete assez profond. Quand on sera oblige de recourir h I'enfouissement, il faudra done demander qu'il soit pratique h une certaine profondeur, k deux metres ou au mains k un metre et demi; et il sera bon de faire infecter les cadavres avec un agent antibacteridien, avec de l'acide phenique brut ou de la chaux vive; on fera penetrer I'agent infectant dans les chairs, dans les cavites splanchniques, et on recouvrira le cadavrc apres avoir taillade la peau.
II semble rigoureux de demander I'enfouissement des cadavres entiers avec la peau tailladee, d'autant plus que dans la plupart des localites oü sevit le charbon, non seulement on les depouille pour livrer les peaux ii I'industrie, mais on utilise encore tres souvent (Provence) les chairs dans la consommation. Dans bon nombre de ferraes, cette pratique est suivie sans qu'on ait signale encore aucun accident provenant de l'usage de ces viandes. Mais la loi et les interets de l'hygiene publique exigent qu'un pared abus ne soit jamais tolere ; aussi, lorsqu'un veterinaire est appele a se prononcer sur une question de cette nature, il doit tou­jours demander la prohibition de ['utilisation des viandes char-bonneuses, il doit toujours en demander I'enfouissement; et il peut demander que la meme mesure soit appliquee aux peaux, neanmoins, il peut, sous certaines conditions, permettre I'utilisa-tion des peaux, par exemple ä la condition qu'elles seront desin-fectees ou livrees immediatement k la taimerie. Les peaux, dont Tutilisation sera autorisee, devrontetre desinfectees au moyen de l'acide phenique ou de la chatix; on les plongera pendant une heure ou deux dans un bain pheniqu6.
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L'enfouissement ne faisant pas disparaitre tout danger, il faudra, lorsque le choix sera possible, lui preferer toujours la livraison des cadavres h I'equarrlssage, car de la sorte on evitera, en meme temps que les dangers resultant de la conservation des bacte-ridies, la perte qu'occasionne l'enfouissement.
La cremation serait le moyen le plus radical et le plus sür; mais aujourd'hui ce moyen est difficile ä mettre en pratique, et il est rare que Ton puisse y avoir recours. II y a lieu cependant d'espe-rer que ce precede pourra peut-etre un jour devenir pratique. En 1874, le docteur beige Huborn publia les plans d'un foyer propre ii incinerer les cadavres et promit un second appareil offrant les avantages suivants: 1deg; incineration d'un boeuf en 65 minutes; 2deg; incineration simultanee de dix cadavres; 3deg; aucun degageraent de gaz h I'exterieur; 4deg; appareil mobile conduit par un cheval et mis en activite en 25 minutes.
En resume, il faut done toujours demander la prohibition de la vente et de la consommation des viandes charbonneuses, car alles sont dangereuses pour ceux qui les manipulent et pour ceux qui les mangent, si elles n'ont pas ete soumises a une cuisson süffi­sante. D'ailleurs, si les bacteridies se sont transformees en spores, leur resistance est alors considerable et legitime amplement la rigueur de la decision que nous conseillons.
Ainsi done, toutes les fois qu'un veterinaire aura a se prononcer sur I'utilisation d'une viande morte, qui sera infiltree, saigneuse, congestionnee, ecchymosee, qui contiendra des ganglions tumefies, hyperemies, infiltres, ramollis, etc., qui proviendra d'un pays ou regne le charbon, il devra en demander l'enfouissement ou la livraison ä I'equarrissage, au lieu d'en permettre I'utilisation.
La vente des viandes charbonneuses est prohibee par la loi du 27 mars 485'!, sous peine d'amende et de prison; et en 1876, le Tribunal correctionnel de Chartres rendait un jugement condam-nant un proprietaire et un boucher, Tun pour avoir vendu de la viande charbonneuse, et l'autre pour l'avoir achetee afin de la re-vendre.
Lelait des animaux charbonneux est dangereux, il a ete trouve virulent; il pent, sans nul doute, communiquer sa virulence aux produits qu'il sert h fabriquer (fromage, beurre). II faudra done toujours en interdire I'utilisation et recommander aux proprie-taires de ne plus traire leurs animaux des qu'ils paraitront malades.
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Lorsque la maladie aura cesse, lorsque le troupeau aura ete deplace, lorsque en un mot cela sera juge necessaire ou utile, il faudra recommander une desinfection energique avec le feu, avec I'acide phenlque, avec la chaux viva, avec I'acide sulfurique, avec le berate de soude, avec des lessives bouillantes. II faudra insister d'autant plus dans l'execution de cette mesure, qu'on aura lieu de supposer que les bacteridies existent ii l'etat de corpuscules-germes. La desinfection portera sur les habitations, sur le sol des habitations, sur les creches, sur les mangeoires, sur les rateliers, sur les ustensiles, etc., il faudra faire des lavages ä i'eau bouil-lante et ecouler ensuite les eaux dans les profondeurs du sol. Mais le meiileur sera d'employer le lait de chaux vive, ou de recourir au flambage au moyen du charbon incandescent ou de la paille ou du bois allumes sur le sol, prealablement deja recure et nettoye. On pourra aussi employer les lavages avec des solutions bouillantes d'acide phenique. Les fumiers, les litieres et les four-rages manifestement infectes seront soumis k la cremation. Les purins seront desinfectes avec I'acide sulfurique et ecoules dans le sol aussi profondement que possible. II faudra egalement desin-fecter les boissons suspectes; et pour cela on emploiera I'acide phenique. II peut etre bon quelquefois de conseiller la desinfection des päturages, quand on a lieu de croire que les herbes ren-ferment des germes; on a alors recours ä la cremation comme cela se pratique dans la Provence, on met le feu aux herbes sus­pectes, qui ordinal re merit brulent tres bien pendant I'ete.
Lorsque le charbon sevit dans une ferme, sur un troupeau, faut-il interdire au proprietaire d'introduire d'autres animaux? Je ne le pense pas; le proprietaire salt ii quoi il s'expose en agis-sant ainsi. II sera tenu de soumettre les nouveaux Importes aux memes mesures que les anciens; mais il me semble qu'en pared cas il suffit, pour proteger I'interet general, de prohiber I'expor-tation et la vente des animaux malades et des animaux suspects.
On a observe depuis longtemps que dans les troupeaux char-bonneux, qui ont contracte la maladie dans tel päturage, on voit peu ä peu et en quelques jours le charbon cesser ses ravages, quand les animaux sont deplaces et conduits ou transportes dans d'autres päturages. Dans les pays de l'Auvergne, oil regne le mal de montagne (charbon), on voit ües troupeaux qui paissent sur les coteaux rester indemnes du charbon, tandis que d'autres troupeaux,
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paissant a quelques centaines de metres de lä, mais dans des bas-fonds, sont declines par la maladie. Le meme fait s'observe dans tous les pays de charbon; 11 n'est pas rare en effet de voir un troupeau rester sainau volslnaged'autrestroupeaux malades. Les troupeaux declmes cessent de l'etre, quand on les conduit dans les päturages cii d'autres troupeaux ont päture sans contracter le charbon. Le deplacement des troupeaux declmes par le charbon est done une inesure sanitaire excellente, qui a pour resuhat de faire cesser la maladie, en eloignant les animaux de la cause mor-bigene. Cette mesure doit etre conseillee toutes les fois qu'elle est possible et conciliable avec I'interet d'autrui, avec I'interet gene­ral. II n'est pas necessaire d'une veritable emigration au loin; 11 suffit souvent d'un simple changement de päturage, et pas n'est besoin de conduire le troupeau dans des lieux eloignes; il suffit de le conduire dans un heu oü n'existent pas les germes char-bonneux, clans unlieu qui est repute sain. Le plus habituellement, quand cela sera possible, le deplacement devra s'effectuer sur les terres meines du proprietaire; on cantonnera le troupeau sur les parties de la propriete qui paraissent les plus salubres. II ne sera pourtant pas toujours possible d'agir de la sorte, et alors il y aura lieu de faire operer le deplacement ailleurs, soit sur des terrains communaux on de value päture, soit sur des terrains appartenant ä des voisins, qui se pretent volontairement a cette servitude. Et si aucune de ces combinaisons n'est possible, on laissera le trou­peau sur place, en prescrivant les diverses mesures precitees. Quand un troupeau devra etre deplace, il faudra faire sequestrer ou sacrifler et enfouir ou livrer h requarrissage, avant son depart, tous les individus reconnus malades; on surveilleraattentivement les autres pendant le voyage et pendant les quelques premiers jours qui suivront le deplacement; on fera sacrifler aussitöt ou enfouir ou livrer a I'equarrissage ceux qui seraient reconnus ma-lades; on detruira par le feu les excretions et les dejections ren-dues par les malades, et on purifiera les endroits qu'ils auraientpu souiller.
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CHAPITRE VI
DIPHTHERIE
Definition. — La diphtherie est une maladie generale, carac-terisee par la presence de fausses membranes, qui se forment principalement ii la surface de certaines muqueuses, inoculable, contagieuse, et tres vraisemblablement de nature parasitaire.
L'apparition de symptömes generaux et la production de fausses membranes h la surface des muqueuses respiratoire, digestive, oculaire, constituent done un caractere predominant dans cette affection. Souvent ces differentes muqueuses presentent en meme temps une inflammation et un etat catarrhal plus ou moins pro-nonces; d'ou resulte ordinairement du larmoiement, du jetage, de la diarrhee. Neanmoins ces symptömes ne s'observent pas toujours tous h la fois; le plus generalement meme la maladie se localise principalement sur certains organes. G'est une affection tres grave, se terminant souvent d'une maniere fatale, entrainant la mort, s'oit par un affaiblissement progressif, soit (et e'est le cas le plus frequent) par asphyxie.
La diphtherie est une maladie inoculable; son virus se trouve dans les fausses membranes, dans les divers produits de secre­tion morbide, et peut-etre dans le sang.
Les lesions predominantes de cette affection se rencontrent, comme nous l'avons deja dit, h la surface des muqueuses; dans le sang, qui est noirätre (asphyxie), et qui, suivant certains obser-vateurs, contiendrait des parasites, des microcoques; sur les plevres, dans le poumon, dans le pericarde, dans le tissu conjonc-tif sous-cutane, etc. II n'est pas rare, apres l'inflammation et l'hypersecretion des diverses muqueuses, de voir a leur surface de petites erosions, de petites plaies, resultant de la chute de fausses membranes.
La diphtherie, etant une maladie contagieuse et parasitaire, peut necessiter I'application de certaines mesures de police sanitaire
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pour arreter sa propagation; son ötude doit done etre placee dans notre cadre.
II faudra, bien entendu, ne pas confondre la diphtherie avee certaines maladies, qui, bien que presentant 6galement des faus-ses membranes, sont purement inflammatoires, et se developpent sous l'influence de certaines causes non specifiques. Ces maladies pseudo-diphtheritiques ne sont pas contagieuses. La transmissibi-lite est done, dans ces cas, le caractere differentiel qu'il faut con-siderer comme diagnostique.
Synonymes. — Cette affection a encore 6te appelee croup, maladie croupale, angine couenneuse, angine diphtheritique, angine pseudo-membraneuse, car souvent on observe pendant la vie des malades des symptömes d'angine, que l'examen des lesions conflrme ä l'autopsie.
SYMPTOMATOLOGIE
La diphtherie est assez frequente, on l'observe encore assez souvent, c'est du moins ce que prouvent les nombreuses observa­tions recueillies et les diverses experiences faites en France, en Italie, en Angleterre, en Allemagne, en Antriebe et en Belgique. Les travaux les plus recents, ceux qui ont ete executes depuis quelques annees, sont les plus importants en ce sens qu'ils nous ont donne une idee exaete de la nature de la maladie.
II regnait jadis une certaine contusion au sujet des maladies pseudö-membraneuses; les auteurs reunissaient sous le nom de maladies croupales des affections, qui sont reconnues aujourd'hui comme fort differentes les unes des autres quant ä leur nature et quant ä leur gravitö.
Les differentes especes animales sont plus ou moins aptes ä contractor la diphtherie. De tous les animaux domestiques, ce sont les oiseaux de basse-cour qui la presentent le plus souvent, et ils la transmettent facilement aux autres oiseaux; viennent ensuite les animaux de l'espece bovine, surtout les jeunes veaux, puis les animaux de l'espece ovine, le porc, le lapin, et enfm le chien et le chat. Le cheval parait refraetaire ä cette affec­tion, mais on n'en est pas absolument certain. Malheureusement l'homme lui-meme pent contractor cette maladie; on cite des cas de transmission de la diphtherie des oiseaux et des jeunes veaux ä l'homme et aussi des cas de^transmission du croup de I'enfant ä des animaux.
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Pour proceder avec methode et avec fruit, il faut etudier d'abord la maladie sar un individu, il faut passer en revue les symptömes que peut fournir chaque appareil, et chemin faisant il faut faire ressortir ce qui est particulier a certaines especes; puis il faut suivre revolution et la marche de l'affection, noter les principaux caracteres qu'elle presente quand eile sevit k I'etat epizootique, et terminer cette etude symptomatologique par I'ex-pose des bases du diagnostic et par quelques considerations sur le pronostic.
La diphtherie s'annonce chez les individus, qui Font contractee, par des symptömes generaux, par de la fievre; rnais I'apparition de ces symptömes est precedee d'une periode d'incubation, qui est generalement tres courte, qui dure 24 heures, deux, trois jours tout au plus (cette determination n'est pourtant pas tres precise et meriterait peut-etre d'etre corroboree par de nouvelles experiences et de nouvelles observations). La fievre se presente avec des caracteres plus au moins prononces, suivant que l'affec­tion est plus on moins grave, suivant qu'elle occasionne des lesions plus ou moins etendues. La circulation et la respiration s'accelerent, la temperature du corps s'eleve, puis surviennent de l'abattement, de la faiblesse, de la tristesse, de la prostration, l'inappetence et un amaigrissement tres rapide. L'intensite et la marche de ces symptömes variant du reste avec les individus, avec les saisons, avec la forme sous laquelle se presente la mala­die, et avec quelques autres circonstances; ainsi ces divers carac­teres sont surtout prononces, quand la maladie envahit tous les les organes de l'appareil respiratoire.
Les symptömes fournis par l'appareil digestif sont tres varies; il y a toujours, quand la maladie est grave, de l'inappetence, une salivation plus abondante qu'ii I'etat de sante. Les oiseaux entr'ou-vrent le bee, et il s'en echappe une bave filante, blanchätre ou grisätre, que leurs voisins s'empressent le plus souvent d'ingerer. Les malades sont done, par ce seul fait, un danger imminent pour les individus sains, qui vivent avec eux ou ä cote d'eux. Les autres animaux presentent parfois egalement la beuche entr'ouverte et laissent voir aisement la langue, qui est quelquefois pendante et presque toujourstumefiee. Dans ces cas les premieres portions de l'appareil respiratoire sont egalement malades; il y a de l'angine, et l'introduction de 1'air est genee. Les muqueuses buccale, labiale,
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linguale, palatine et pharyngienne sont aussi gonflöes, congestion-nees, tumefiees, rougeätres et violacees. Ellas sont recouvertes par places de concretions fibrineuses, mollasses (veritables fausses membranes blanchätres, jaunätres ou grisätres), qui ferment une pellicule plus ou moins epaisse et ordinairement bien adherente ä rorgane qui l'a produite. Gependant il se detache de temps k autre des fragments de fausses membranes, qui sont expulses au dehors, soit avec la salive, soit avec le jetage. Les muqueuses presentent aussi quelquefois de veritables erosions, dans les endroits oü les fausses membranes detachees ont laissö ä nu le derihe. La langue, les amygdales et le voile du palais sont tume­fies, ei presentent une coloration bleuätre, facilement visible, lorsqu'on entr'ouvre la bouche; cette tumefaction se propage h la gorge, au cou, ä la tete et se manifeste exterieurement par des infiltrations plus ou moins considerables du tissu conjonetif sous-cutane. II s'ensuit que la respiration et la deglutition s'executent tres difficilement. L'alteration se propage quelquefois (exception-nellement) du pharynx ä l'oesophage.
Lapartie du tube digestif qui offre les lesions les plus frequentes et les mieux caraterisees est l'intestin; aussi frequemment on observe les symptomes d'une inflammation, d'une veritable ente­nte diphtheritique, qui se complique parfois de stomatite et de pharyngite. Elle s'annonce d'abord par de la constipation; les ex­crements sont coiffes, reconverts de fausses membranes; peu ä peu ils se ramoll issent, et la diarrhee succede ä la constipation, en-trainant toujours avec eile des debris de fausses membranes, sous forme de flocons ou de plaques, et des mueosites. Quelquefois les fausses membranes, melangees aux excrements, se presentent sous forme de tubes ou d'anneaux. II n'est pas tres rare de voir la diarrhee etre suivie de dysenterie. Les fausses membranes, en se separant de la muqueuse intestinale, ont laisse son derme h nu, il en est resultö de petites plaies, de petites erosions, qui peuvent etre le siege d'exsudations et d'hemorrhagies plus ou moins abon-dantes. Lorsque la diphtherie se complique de dysenterie, on pent dire qu'elle se presente avec une de ses formes les plus graves; l'amaigrissement est tres rapide et les animaux ne tardent pas ä suecomber. La diarrhee elle-meme affaiblit d'ailleurs rapi-dement les malades et provoque un prompt amaigrissement.
Du cote de l'appareil respiqatoire les symptomes sont encore plus nombreux, Les localisations sur les organes de cet appareil
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sont tres frequentes; elles se montrent sur les muqueuses pitui-taire, laryngienne, tracheale, bronchique, sur le poumon et quel-quefois meme sur la plevre et le pericarde. II arrive parfois que la maladie envahit tous ces organes d'emblee ou successivement; mais souvent eile se limite aux muqueuses laryngienne, tracheale et pulmonaire. La respiration est genee; il y a presque toujours une dyspnee plus ou moins prononcee, s'accompagnant pendant l'inspiration d'un sifflement plus ou moins rauque, produit par le passage de l'air ä travers l'ouverture retrecie des premieres voies respiratoires. Pour eviter la compression sur le larynx et la trachee et t'aciliter autant que possible la respiration, l'animal etend la tete et la maintient dans la position la plus favorable ä raccomplissement de l'inspiration. Les naseaux sont alors forte-ment dilates, et presentent souvent sur leurs bords des mucosites concretes qui les obstruent. La bouche reste ouverte ; l'animal a un facies indiquant la plus grande anxiete, h cause de la difficultö qu'il eprouve pour respirer. On observe un jetage jaunätre, sereux ou pseudo-purulent; on entend des eternuments et de la toux. Les voies respiratoires sont obstruees par un mucus jaunätre, se-reux ou pseudo-purulent, melange de fausses membranes et par la tumefaction etle gonflement des muqueuses; il n'y a done rien d'etonnant quo la respiration soit bruyante, stertoreuse. L'auscul-tation fait entendre avec la plus grande facilite, un gargouillement laryngien auquel on a donne le nora de rede croupal. Le meme gargouillement pent se produire dans la trachee et les bronches, si les lesions enumerees ci-dessus s'y sont formees. On est done expose, dans le coursde cette maladie, ä rencontrer des symptomes de coryza, de laryngite, de laryngo-pharyngite, de tracheite et de bronchite diphtheritiques, avec un etat catarrhal des muqueuses tumefiees et le rejet de fausses membranes par les voies naturelles, avec des sifflements, des räles plus ou moins intenses. Des lesions peuvent egalement se produire dans le poumon, et ä l'auscultation on entend alors des bruits anormaux; on observe souvent des symp­tomes de pneumonie et quelquefois des symptomes de pleuresie.
Les autres appareils de l'organisme peuvent egalement presen­ter certains symptomes. Ainsi il est frequent de voir se montrer des fausses membranes sur la conjonetive, et quelquefois meme sur la cornee; on observe alors en meme temps des symptomes de blepharite, de conjonetivite, de keratite et quelquefois d'oph-thalmie. II peut meme en resulter une ulceration de la cornee,
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une inflammation grave des milieux de l'oeil et enfin la perte de lavue. Le larmoiement, qui seproduit toujours dansces differents cas, est jaunätre, quelquefois sanguinolent. Si la localisation sur l'appareil visuel est grave, en ce sens qu'elle peut entrainer la perte de la vue, eile Test beaucoup moins au point de vue de Tissue de la maladie; il est rare en effet qu'elle arnene une terminaison fa­tale, tandis que dans les autres formes la mort est la terminaison la plus ordinaire.
On observe aussi, surtout chez les animaux de Tespece bovine, des concretions fibrineuses dans l'espace interdigite et meine sur le bourrelet.
Lorsque les malades offrent des plaies, ont les voit tres souvent se recouvrir de fausses membranes chez tous les animaux.
Enfin il n'est pas rare de rencontrer, dans l'epaisseur de la peau et dans le tissu conjonctif sous-cutane, des tumeurs no-dulaires, formees d'une matiere analogue k celle qui constitue les fausses membranes.
La maladie croupale, bien qu'etant une aifection generale, se localise le plus souvent et se presente, suivant les cas, avec des symptömes de rhinite, d'angine, de laryngite, de bronchite, de pneumonic, de stomatite, de pharyngite, d'enterite, de conjoncti-vite, d'ophthalmie et de dermite diphtheritiques. Ges diverses in­flammations n'existent pas toutes en meme temps. Hi dans tous les cas; mais elles peuvent se präsenter en plus au moins grand nombre ä la fois. La localisation la plus frequente s'observe sur la pituitaire, sur le larynx, sur le pharynx et sur la trachee.
Lorsque la diphtheric est epizootique, on a remarque qu'elle se presente parfois, pendant toute la duree d'une epizootic, sous une seule et meme forme. Suivant que la maladie croupale est plus ou moins localisee, ou qu'elle envahit un plus ou moins grand nombre d'organes, eile est plus ou moins grave. Elle s'accompa-gne quelquefois de la formation d'abces, surtout dans les paren-chymes, abces qui semblent plutöt des noyaux analogues k ceux signales dans la peau et le tissu conjonctif sous-cutane.
L'enterite diphtheritique est la forme la plus grave de l'aflection croupale; en un, deux ou troisjours les malades succombent; eile provoque la mort en afiaiblissant les individus rapidement. La laryngo-pharyngite vient ensuite par ordre de gravite; eile fait mourir les malades huit fois sur dix et amene la mort par asphyxie en un, deux ou trois jours tout au plus.
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La diphtherie n'est pas toujours incurable, surtout lorsqu'elle est localisee h la pituitaire ou ä la muqueuse buccale ; mais Ja­mals la guerison ne se produit bien rapidement; il fcut toujours un certain temps pour que les animaux se remettent de l'amai-grissement et de la consomption dans laquelle les a fait tomber la maladie. La guerison est surtout longue ä se produire lorsqu'il y a eu de la diarrhee, car celle-ci debilite beaucoup le malade et est toujours difficile h arreter. G'est surtout ä l'aide d'un traitemeht antiseptique approprie, qu'on parvient ä arreter la formation des fausses membranes et ä en provoquer peu ä peu la disparition. Cette terminaison heureuse s'annonce par la diminution de vo­lume des productions membraneuses, par leur expulsion au dehors et enfin par l'amendement des symptömes generaux.
I Sur un troupeau, la maladie diphtheritique se comporte comme toutes les maladies contagieuses en general, et on peut lui recon-naitre plusieurs phases. Elle debute sur un individu, puis s'etend, se propage ä d'autres, et fmit par atteindre le plus grand nombre des animaux composant le troupeau. Elle peut non seulement se transmettre d'un individu ä un autre de la möme espece, mais encore eile peut passer d'une espece h une autre, des oiseaux aux veaux, aux moutons et meme ä l'homme. Des auteurs afflrment en effet que la transmission des animaux ä l'homme est possible; d'autres nient au contraire cette transmission. On admet assez ge-neralement que la diphtherie des animaux peut se communiquer a l'homme, et on a cru remarquer que la maladie ainsi contractee est moins grave que lorsqu'elle a ete transmise de l'homme ä l'homme. La maladie est generalement plus grave, plus souvent mortelle, au debut des epizootics que dans la periode finale.
On pourrait maintenant se demander si la maladie croupale est toujours la meme, si sa nature est toujours identique chez les dif-ferentes especes animales. Cela est probable, puisqu'elle se trans-met de l'une aux autres; mais c'est lä un point qu'il serait peut-6tre utile d'eclairer par de nouvelles recherches.
Le pronostic est toujours tres grave, attendu que cette maladie est contagieuse meme pour l'homme, qu'elle est presque toujours mortelle, attendu enfm qu'elle empeche d'utiliser, pour la con-sommation, les animaux qui en sont atteints.
Le diagnostic est en general facile, surtout lorsque les fausses
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membranes sont visibles. Grace ä ce Symptome, il est toujours permis, sinon d'afflrmer, au moins de soupgonner 1'existence de la diphtheric. II n'en sera pas de meine lorsqu'on n'apercevra pas de fausses membranes; alors les renseignements, las commemo-ratifs, les symptömes et la marche de la maladie, consideree en tant qu'epizootie, seront d'un grand secours. On pourräit joindre äcela les lesions observees en pratiquant des autopsies d'animaux malades qui ont succombe. Si malgre tout on n'etait pas fixe sur la nature de l'affection, il faudrait recdurir h I'inoculation sur un lapin ou sur une poule; ce precede est merae indique chaque Ibis qu'il y a lieu de distinguer la diphtheric contagieuse de la pseudo-diphtheric, qui n'est pas transmissible et qui pent etre produite par l'action de causes exterieures non specifiques.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Gette maladie, comme toutes celles qui ont ete etudiees prece-demment, est contagieuse, generale et parasitaire, et, lorsqu'ellc tue les animaux, a I'autopsie on trouve des lesions sur les princi-paux appareils. Ges lesions sont plus ou moins prononcees; ordi-nairement insignifiantes sur certains organes, elles sont au con-traire fortement accusees sur d'autres, oil elles semblent plus specialement localisees.
Les cadavres laissent voir, s'echappant par les ouvertures na­turelles ou y adherant, des debris de fausses membranes, avec cet ecoulement morbide observe avant la mort.
La peau, le tissu cellulaire et les muscles offrent des lesions evidentes. Dans le tissu du derme on rencontre parfois de verita-bles fausses membranes, des nodules caseiformes, jaunätres et peu volumineux. Ges tubercules ne sont autre chose que des fausses membranes, qui se sont formees dans le tissu propre de la peau; il y a eu une veritable exsudation de nature flbrineuse, qui s'est concretee sous forme de tubercules ; en somme le nodule est une fausse membrane, differant seulement par sa forme de celles de la surface des muqueuses. Ges nodules pseudo-membra-neux s'observent aussi dans le tissu cellulaire sous-cutane, jusque dans les muscles at meme a l'interieur des organes parenchyma-teux, tels que le poumon, le foie, ainsi que dans l'epaisseur des tuniques intestinales. Gette lesion a fait reconnaitre par certains auteurs deux formes dans la maladie croupale: une forme pseudo-
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membraneuse et une forme tuberculeuse, qui serait caractörisee par la formation de nodules dans le tissu cellulaire, dans les mus­cles, dans les parenchymes et dans les tuniques intestinales. II n'y a pas lieu d'adrnettre cette distinction, il faut considerer les nodules comme des fausses membranes, formees au sein des tissus.
L'oeil offre souvent des lesions; on peut en rencontrer dans son interieur, ii la surface de la conjonctive, h la surface de la cornee et dans les paupieres. Assfez souvent, lorsque la inaladie est loca-lisee ä l'oeil, il se produit une tumefaction plus amp;u moins conside­rable des paupieres, une blepharite accompagnee d'exsudation interstitielle; et cette lesion, si eile est seule, n'est pas grave, car eile ne porte pas atteinte h une partie essentielle de l'organe de la vision. Des alterations se remarquent aussi h la surface de la con­jonctive, ä la face externe de la cornee transparente ; la conjonc­tive est hyperämiee; eile a ete le siege d'une exsudation fibrineuse, qui s'est concretee h la surface de la membrane et y est restee adherente ; cette exsudation constitue la fausse membrane dont I'epaisseur n'est jamais bien grande. La cornee est parfois malade, trouble, epaissie, blanchatre; eile est aussi 1c siege d'une exsudation interstitielle. II n'est pas rare de trouver dans l'interieur du globe les lesions de l'ophtlialmie interne; il y a congestion, exsudation, coloration rougeätre de l'humeur aqueuse et quelquefois perte de l'oeil par l'alteration de ses milieux.
Assez souvent, surtout chez les animaux de l'espece bovine, la tete, la gorge, I'encolure sent le siege d'une tumefaction conside­rable, qui regne dans le tissu cellulaire sous-cutane et qui est le resultat de rexsudation. Cette tumefaction existe aussi au pour-tour des ouvertures naturelles, au pourtour des naseaux, des commissures des levres, etc.
Mais c'est dans I'appareil digestif et l'appareil respiratoire qu'on trouve les alterations les mieux caracterisees et les plus pronon-cees.
La muqueuse digestive est alteree, depuis sa partie initiale jus-qu'ä sa portion terminate. Les muqueuses buccale, labiale, palatine, linguale, pharyngienne et parfois cede de l'oesophage presentent des lesions, qu'on retrouve aussi dans le jabot chez les oiseaux, dans I'estomac chez les autres especes. La muqueuse buccale est couverte de fausses membranes, especes de con­cretions pultacees, de nature fibrineuse. Elle est congestionnee, epaissie, et il n'est pas rare de rencontrer des places oü il y a eu
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desquamation epitheliale; il y a parfois de veritables erosions pro-duites h la suite de la chute des fausses membranes. Les regions de la muqueuse buccale, oü on rencontre surtout ces alterations, sont les cötes et la base de la langue. La muqueuse du voile du palais, celle du pharynx, la muqueuse labiale sont öpaissies; leur tissu conjonctif sous-muqueux est infiltre d'une serositö jaunatre. Dans Toesophage ces alterations sont tres rares; cepen-dant il peut tres bien se faire que la congestion, l'exsudation, et par suite la formation de fausses membranes se propagent ä la muqueuse oesophagienne, mais ce sont lä des exceptions. Le jabot presente parfois aussides fausses membranes ä la surface de sa muqueuse. Chez les animaux de Fespece bovine, il y a quel-quefois une congestion legere et un peu d'exsudation h la surface de la muqueuse del'estomac. G'est clans Tintestin que siegent les lesions les plus evidenteschez les oiseaux et chez les mammiferes. Get organe offre un contenu, qui varie suivant que les malades presentaient de la constipation oude la diarrhee; ce contenu n'est pas different de celui evacue par les malades durant la vie; il consiste en matieres fecales durcies, coiffees de fausses membranes, ou en matieres diarrheiques ou dysenteriques, melangees de matieres fibrineuses. L'intestin 6tant vide de son contenu, sa muqueuse presente des alterations etendues et quelquefois diffuses. II y a congestion, exsudation, gonflement; les fausses membranes adherent a. la muqueuse, elles ont une couleur grisätre, une consistance molle, elles s'ecrasent facilement, elles sont plus ou moins epaisses et adherent plus ou moins fortement, elles occupent une etendueplus ou moins considerable de l'intestin, ou bien elles existent sur des points circonscrits, au niveau desquels la muqueuse est alteree, congestionnee. Le tissu sous-muqueux est infiltre; il s'est produit un oedeme sous-muqueux; et dans l'epaisseur des tuniques intestinales on observe des nodules pseudo-membraneux, analogues ä ceux de la peau. Le peritoine est congestionne, hyperemie; la congestion est Is plus souvent localisee en quelques points, et quelquefois il y a meme exsuda­tion pseudo-membraneuse ä sa surface. Dans le foie on retrouve les nodules pseudo-membraneux precites.
Dans l'appareil respiratoire, des lesions existent sur la pituitaire et sur les muqueuses laryngienne, tracheale, bronchique, dans le tissu pulmonaire et sur les plevres. La muqueuse respiratoire, con­gestionnee, epaissie, infiltree, montre h. sa surface des fausses membranes, et ces alterations sont surtout frequentes sur la
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pituitaire et sur la muqueuse laryngienne, puisque souvent la diphtherie se montre sous forme d'angine laryngo-pharyngee croupale. Cependant on rencontre assez souvent aussi des fausses membranes dans la trachee et dans les bronches. Les alterations sont souvent disseminees par places. Les fausses membranes ne sont pas ordinairement continues, elles existent de distance en distance; par leur volume elles ont pu gener la respiration. La tumefaction de la muqueuse respiratoire, l'infiltration du tissu conjonctif sous-muqueux, l'oedeme de la muqueuse pituitaire, de la muqueuse laryngienne genaient ainsi l'entree de Fair. Le pou-mon est souvent le siege de certaines lesions; lorsque la maladie est grave et qu'elle se propage h eel organe, on pent rencontrer des points hepatises, surtout des nodules pseudo-membraneux; il arrive meme que, ä la suite de la congestion et de l'hepatisation,il y a gangrene pulmonaire, et cela se congoit, car, la respiration etant genee, et l'introduction de l'air 6tant moindre, le poumon devient un milieu de plus en plus favorable au developpernent de la septicemie, dont les germes sont anaerobies. Sur la plevre on voit aussi de la congestion et de l'exsudation pseudo-membra-neuse. Le pericarde est hypereraie ä sa face interne et convert parfois de fausses membranes; dans le muscle cardiaque lui-meme on constate des points ecchymotiques et de l'infiltration.
Les lesions de la dyphth6rie,quisont pathognomoniques, se ra-menent h deux principales: ce sont la formation de fausses mem­branes et le developpernent de nodules pseudo-membraneux. On peut rencontrer en outre toutes les lesions de l'asphyxie, car lorsque la maladie se termine fatalement, la mort est souvent le resultat de cette complication.
Toutes les muqueuses sont dans un etat congestionnel et sont le siege d'une exsudation et de troubles plus ou moins prononces. Les fausses membranes, defmitivement constituees, se presentent sous forme de pellicules assez molles, plus ou moins etendues, plus ou moins epaisses, plus ou moins adherentes; leur coloration est d'un gris jaunätre. Au debut eile sont tres minces et ne consti­tuent qu'une pellicule grisätre, qui recouvre plus ou moins com-pletement la muqueuse; en I'enlevant on enleve en meme temps l'epithelium de la muqueuse, qui se trouve entraine par la concre­tion dont il fait partie. La fausse membrane results d'une exsuda­tion, qui s'est produite aux depens du reseau vasculaire de la
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muqueuse, et qui s'est concreteea la surface de l'epithßlium, sous forme de pellicules. Quand eile est devenue opaque et a aequis une certaine epaisseur, eile offreune assezgrande resistance; eile ne se dechire pas facilement. Elle est constituee par de la fibrine coagulee. Elle peut se presenter sous forme d'amas isoles et plus ou moins rapproches. L'examen microscopique fait reconnaitre dans les parties superficielles des microcoques, au milieu d'une masse fibrineuse granuleuse, et de nombreuses cellules epithe-liales plus ou moins alterees. Les couches moyennes et profondes ont un aspect tres nettement fibrillaire, et on rencontre en outre dans leur epaisseur les elements suivants : des microcoques, des cellules epitheliales, des globules du sang et des globules de pus. Teile est la constitution des fausses membranes et en partie celle des nodules. Ceux-ci ne sont ni purulents, ni caseeux; ils sont constitues par une matiere fibrineuse sous forme de granulations ou sous tonne de fibrilles. Dans leur partie centrale la flbrine est granuleuse; eile est fibrillaire dans la partie peripherique; eile est melangce a des bacteriens. Les microcoques se rencontrent aussi dans differents produits secretes par la surface des muqueuses digestives ou respiratoires; dans les produits diarrheiques et dysenteriques on retrouve ces parasites, de meme que dans les mucosites secretees par la muqueuse respiratoire.
ETIOLOGIE
Pour expliquer le developpement de la diphtheric, on a accuse a tort de nombreuses causes tirees de la patliologie geuerale, que je passerai sous silence, pour ne m'occuper que de la cause essen­tielle de la maladie, qui esttoujours le resultat de la contagion.
La cause efficiente est done un contage, un virus dont la nature parasitaire est admise par presque tous les auteurs. Le croup se transmet des malades aux sains; sa contagion est dömontree par des faits d'observation et par des faits d'experimentation. De nom-breux auteurs ont observe des epizootics diphtheritiques, pendant lesquelles la maladie s'est transmise successivement des animaux malades aux animaux sains d'une meme espece ou d'une espece differente. La science possede des faits de coiitagion, observes pendant les epizootics qui ont sevi sur les volaiües, et pendant les epizooties qui ont sevi surges animaux de l'espece bovine. La diphtherie est d'ailleurs inoculable; le croup de l'enfant est ainsi
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transmissible aulapin, aux oiseaux; etlamaladie quise developpe chez ces animaux est transmissible h d'autres animaux. On a pu transmettre le croup des veaux ä d'autres veaux, aux oiseaux, au lapin et au mouton. La marchedela maladieet son extension dans une ferme prouvent qu'elle est evidemment le resultat de la repul-lulation d'un germe contagieux. Quand eile s'introduit dans une etable, dans un poulailler, on constate toujours des cas nombreux et successifs de croup; eile dure plus ou moins longtemps. si on n'y remedie pas par les moyens tires de la police sanitaire et de la therapeutique.
Oil siege son virus'?
Aujourd'hui on admet que le croup est du a un parasite, dont la nature et les caracteres ne sent pas encore bien determines; et ce germe se mpntre dans tous les produits morbides, clans les no­dules pseudo-meinbraneux, dans les fausses membranes, dans les produits diarrheiques ou dysenteriques et dans les produits de la muqueuse respiratoire. Pour le trouver dans les produits diphthe-ritiques, on est obligö de le chercher soit ä la peripherie des nodules ou dans les parties profondes des fausses membranes. Existe-t-il dans le sang? A cesujet les avis sont partages; mais on a de la tendance h admettre son existence dans le fluicle sanguin; certains observateurs pretendent I'y avoir vu.
Le virus est-il bien resistant ?
On est egalement k ce sujet en presence de deux opinions un pen differentes. Certains auteurs le croient tres resistant; il se conserverait d'apres eux pendant six mois dans une etable ä la surface des boiseries, des räteliers, etc. Gela semble vrai pour le contage du croup de l'espece bovine, car des observateurs out constate que le germe s'etait reellement conserve six mois dans des etables. Qnant au contage du croup de l'oiseau, sa resistance serait moindre, et, suivant des observateurs, il se detruirait facile-ment par I'eau chaude, par la lessive concentree, par le chlore, par I'alcool, par I'acide phenique. Ces deux opinions ne sont pas si opposees qu'on serait tente de le croire au premier abord, car on comprend tres bien qu'un virus puisse se conserver six mois lors-qu'il est abandonne ä lui-meme, et que neanmoins il se detruise facilement lorsqu'on I'attaque par des agents puissants. II ressort de ces faits une indication pour se guider dans la pratique, quand on sera en presence d'objets souillös: il faudra toujours adopter I'opinion qui consiste ä admettre que le virus est doue d'une grande
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resistance, afln d'employer les agents qui sont les plus capables de le detruire.
Les modes de transmission sont tons ceux que nous avons etu-dies dejä; la maladie peut se propager par contagion immediate, par contagion mediate et par contagion volatile. La contagion vola­tile est demontree par des faits d'observation; ainsi des personnes ont eu contracte la diphtheria des oiseaux et celle des veaux par l'intermediaire de l'air. La diphtheriepeut etrele resultat d'une con­tagion mediate, lorsque des animaux ingerent des aliments ou des boissons int'ectees.
La periode d'incubation est courte; eile peut durer un, deux, trois, quatre jours et peut-etre plus; mais il reste ä determiner, d'une maniere exacte et precise, la duree de cette phase de la maladie.
Sous le rapport de la receptivite des animaux, on trouve des variations suivant les especes et suivant Tage. Les animaux les plus aptes a contracter le croup sont les oiseaux, les animaux dc I'espece bovine, le mouton, le lapin et le chien; ces divers ani­maux peuvent contracter la diphtheric de l'homme et la trans-mettre k d'autres individus. La receptivite existe surtout chez les individus tres jeunes. Elle diminue chez les oiseaux apres un an, chez les veaux et les agneaux apres les premiers mois et chez I'enfant apres les premieres annees; souvent les individus adultes sont refractaires, ou bien ils contractent une maladie moins grave. L'homme, qui contracte le croup, le presente souvent sous la forme d'angine laryngo-pharyngee; il en est de meme du mouton et du boeuf. Les jeunes oiseaux sont les plus gravement attaques.
Le croup de l'homme est-il le meme que celui des animaux ? Cette question est difficile ä resoudre. Des auteurs pretendent qu'il n'y a aucune analogie entre ces deux maladies, que le croup des oiseaux est toujours du a des parasites, qui n'existent pas dans celui de l'homme. Mais s'il existe des doutes sur l'identite de ces deux affections, il n'en existe pas sur la transmission du croup de l'homme aux animaux et vice versa. Gela icsulte des inoculations et des faits d'observation. Ainsi un auteur aurait vu un chien mourir du croup trois jours apres avoir ingere les excrements d'un enfant atteint de cette maladie, et k I'autopsie, il aurait trouve des ulcerations sur le voile du palais et des fausses mem­branes sur la muqueuse respiratoire.
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TRAITEMENT
Quand la diphtherie est attaqu6e ätemps, on a certaines chances de la guerir, surtout si Ton emploie les agents antiseptiques.
Le traitement peut etre d'ailleurs preventif ou curatif.
Le traitement preventif comprend l'application des moyens hygieniques ainsi que des moyens tires de la police sanitaire et de certains agents thörapeutiques. Ainsi, lorsqu'on craindra l'ap-parition de la maladie, il y aura lieu de faire surveiller l'hygiene des aliments et des boissons, auxquels on pourra ajouter des agents antibacteriens, tels que l'acide phenique, i'acide salicy-lique, etc. Les habitations devront etre tenues propres; on les desinfectera par des fumigations de chlore ou d'acide sulfureux. ou d'acide phenique. A titre de moyen preventif, on prescrira l'acide phenique dans les boissons, ou on le fera repandre sur les aliments; on joindra enfm ä cela les precautions tirees de la police sanitaire.
Le traitement curatif comprend des moyens locaux et des moyens generaux. Le traitement local doit etre chirurgical et therapeutique; il varie suivant les formes et les localisations de la maladie. II faut s'inspirer de l'etat des malades, des symptömes predominants; il faut faire de la medecine des symptömes, en meme temps que de la therapeutique rationnelle. S'il y a gene de la respiration, il faut pratiquer la tracheotomie, il faut essayer d'amoindrir la turgescence des voies respiratoires au moyen des revulsifs, il faut faciliter la chute et l'expulsion des fausses mem­branes. En outre il sera utile d'employer un traitement local directement sur les surfaces malades; on aura recours ä l'acide phenique, ä l'acide salicylique, au phenate de soude, au chlorate de potasse, au nitrate d'agent, etc. L'ecouvillonnement des voies respiratoires sera fait avec l'ecouvillon treinpe dans des solutions desinfeetantes ou legerement caustiques; mais ce moyen n'est pas toujours facile ä appliquer; il est en effet difficile d'aller tou­cher les fausses membranes situees profondement. Aussi sera-t-il preferable d'employer les agents antiseptiques, sous forme de fumigations, si les fausses membranes existent dans les voies res­piratoires ; on prescrira done alors des fumigations ä l'acide phe­nique. Lorsque les fausses membranes seront localisees ä la beuche, on emploiera les memes moyens, sous forme de gar-
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garismes et de badigeonnages. Si la maladie est localisee ä l'oeil, on aura recours aux collyres faits avec las memes substances.
Quoique la maladie soit localisee, le traitement general est utile, car il s'agit d'une affection generale. Ce traitement exige l'emploi d'agents antiseptiques, tels que la chlorate de potasse, le sulfate de fer, l'acide phenique, etc. On peut aussi attaquer la maladie au debut par des vomitifs, pour amener le rejet des fausses mem­branes des premieres voies digestives et respiratoires; lamoutarde est egalement indiquee pour determiner des localisations externes et empecher les localisations internes. Si la maladie est tres vio-lente sur les voies respiratoires, alors que les voies digestives sont saines, on essayera de produire une derivation de ce dernier cöte, en employant de legers purgatifs. Des laxatifs seront ordon-nes quand la maladie sera localisee ä l'intestin et accompagnee de constipation; dans lo cas de diarrhee on s'adressera aux toni-ques, aux analeptiques, aux antidiarrheiques (opiaces, astrin­gents, etc.). On a conseille dans le traitement du croup les for-mules suivantes: 1deg; chlorate de potasse 3 et eau 150; 2quot; acide salicylique 3, eau 100, phosphate de soude 2, glycerine 10, sirop d'ecorces d'oranges ameres 39; 3deg; acide salicylique 3, eau 50, phosphate de soude 2, glycerine 10.
POLICE SANITAIRK
La diphtherie n'est pas designee dans le nouveau projet de loi; mais dans l'etat actuel de notre legislation, il est permis de re-querir l'application de certaines mesures centre cette affection, en s'appuyantsur les anciens documents legislatifs.
Les proprietaires devront declarer h l'autorite les animaux ma­lades.
Un veterinaire devra etre designe, qui procedera h la visite, tont en evitant de propager lui-meme la maladie, qui examinera les malades, les locaux et les conditions hygieniques dans lesquels ils se trouvent. Si le diagnostic est difficile, il sera necessaire de recourir ä l'autopsie ou äl'inoculation.
La mesure, qui devra etre conseillee ä l'autorite, est la seques­tration des malades, qu'on laissera dans le lieu infecte; tandis que les animaux sains seront places dans un nouveau local. On deman-dera le traitement des malades, et on exigera aussi le traitement preventif des suspects, ä titre de mesure sanitaire. S'il s'agit d'un
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troupeau de veaux, on söquestrera les malades et on isolera les animaux sains, que l'on soumettra tous ä im traitement antisep-tique.
Dans certains cas, lorsque la maladie viendra d'apparaitre et qu'elle s'annoncera grave, on fera sacrifier les premiers malades et Ton pourra ainsi arreter l'epizootie.
On dcmandera l'enfouissement des malades avec toutes les pre­cautions desirables; s'il y a im clos d'equarrissage aux environs, les cadavres y seront transportes.
Le commerce des animaux malades sera interdit rigoureuse-inent, ainsi que l'exportation et la mise en vente des suspects.
Lorsque la maladie aura cesse dans le poulailler ou dans l'eta-b!e, on procedera ä une desinfection et ä un nettoyage complet; on lavera plusieurs fois ä l'eau bouillante l'habitation, le sol, les mors, les mangeoires, les objets souilles; on fera ensuite des lavages ä la lessive chaudeou avec unequot;solution bouillante d'acide phenique; on badigeonnera avec une solution concentree d'acide phenique brut, et on blancbira ensuite ä la chaux. II sera memo uLile de laisser l'habitation sequestree une huitaine de jours apres la desinfection; il faudra l'aerer et faire dans son interieur des fumigations d'acide sulfureux ou d'acide phenique.
En resume, quand la diphtheric regne dans un poulailler, dans une basse-cour, dans une etable, il convient d'y sequestrer les animaux dejä malades et de placer les autres dans un autre local, sauf ä les surveiller avec sein et h enlever aussitöt ceux qui tom-beront malades, pour les mettre avec les premiers. Lorsqu'on arrivera au debut d'une epizootie de diphtherie sur les oiseaux, il vaudra mieux s'attacher ä prevenir l'extension de l'affection qu'a traiter les malades. II sera bon de faire sacrifier, des le debut, les animaux les plus malades, de les enfouir loin de la basse-cour, de separer les malades des sains et de les faire soigner par des per-sonnes dilferentes, d'enlever les animaux sains du poulailler pour le nettoyer, le desinfecter, le laver h l'eau chaude, h la lessive chaude, badigeonner les parois ä un metre de hauteur avec l'a-cide phenique brut un peu dilii6 et ensuite avec la chaux, etc., etc.
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CHAPITRE VII
FIEVRE TYPHOIDE DU CHEVAL
Y a-t-il lieu de faire ici l'etude de cette affection'?
Oui, il convient d'etudier ici la flevre typho'ide du cheval; c'est une maladie importante, qu'il ne faut pas meconnaitre, comme le font certains veterinaires; c'est une maladie assez frequente er;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;*
France, surtout dans le Midi et en Afrique,et qu'on rencontre aussi dans les autres pays; d'ailleurs, si la fievre typho'ide du cheval n'est pas regardee comme contagieuse par tout le monde, quel-ques observateurs la considerent bien neanmoins comme teile.
Definition, considerations genörales. — La maladie typho'ide, ou fievre typho'ide des solipedes, est une affection gene­rals, qui se traduit par de la fievre, de l'abattement, de la pros­tration, de la stupeur, de l'adynamie, quelquefois aussi par une excitation insolite, par de l'inquietude, de l'agltation, par des alternatives d'excitation et de somnolence, de stupeur ou de coma. Elle est ordinairement enzootique ou epizootique et pro-teiforme; eile s'accompagne de localisations variables et desymp-tomes divers suivant les formes qu'on observe. Mais en general, quelle que soit la forme observ6e, el!e est caracterisee, au point de vue anatomo-pathologique, par une alteration tres manifeste du sang, et par des lesions, qui, bien que souvent localisees sur certains organes, peuvent aussi se montrer dans presque tout I'organisme. Les localisations morbides se remarquent surtout sur les muqueuses digestive et respiratoire.
La nature de cette maladie est encore aujourd'hui diversement interpretee par les auteurs.
La flevre typho'ide du cheval offre des analogies evidentes: 1deg; avec le typhus des grands ruminants; comme le typhus eile s'accompagne de lesions tres manifestes sur la muqueuse diges­tive ; 2deg; avec la fievre typho'ide de l'homme; cette derniere affec­tion est une maladie infectieuse, generate, avec alteration du sang
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388nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;FIEVRE TYPHO'lDE DU GHEVAL
parasitaire, eile s'accompagne toujours de lesionsintestinales, eile semble naitre, au moinsdansquelquescas, sous I'influence d'agents infectieux, qui passent dans Torganisme, eile se caracterise aussi par des alterations tres manifestes du sang et par des lesions souvent localisees sur les organes digestifs; 3deg; avec le cholera des oiseaux, qui presente aussi des lesions tres manifestes du cötö des voies digestives, mais qui differe sürement de la flevre ty-phoide du cheval, car si, pour celle-ci, la contagion est encore douteuse, eile ne Test plus pour le cholera des oiseaux; 4deg; avec le charbon; les analogies avec le charbon sont quelquefois tellement prononcees, qu'elles nous expliquent bien la confusion que cer­tains auteurs ont faite de ces deux maladies; on trouve souvent cette confusion dans les ouvrages et les publications qui traitent de ces deux affections.
• La fievre typhoide se caracterise done par une alteration du sang et par des symptömes adynamiques.
L'alteration du sang est tres manifeste, et eile le devient surtout lorsque la maladie a dure un certains temps. Le fluide sanguin cprouve dans ses caracteres physico-chimiques et anatomiques des modifications tres accusees, qui en provoquent d'autres dans les divers appareils.
II y a par consequent des troubles fonctionnels dans la circula­tion, dans l'innervation et dans la nutrition en general. Ces trois fonctions sont considerablement modifiees; et ce qui frappe par-ticulierement, quel que seit du reste I'organe qui devienne le plus malade, ce sont ordinairement les symptömes adynamiques, e'est-ä-dire la debilitation, qui est progressive et tres rapide dans sa marche, la stupeur, I'abattement, la prostration. Quelquefois au debut il y a de l'anxiete, de l'agitation et meine des convulsions, de veritables acces de delire ou de vertige, separes par des inter-mittences de somnolence ou de coma. II y a toujours de la fievre et celle-ci est plus ou moins intense. La tete est lourde, pesante, portee basse ou appuyee sur la mangeoire; la demarche est mal assuree, les membres sont traines sur le sol; quand le malade se deplace, on entend souvent un craquement au niveau des articu­lations ; il y a de la raideur, de la faiblesse, surtout au niveau des lombes, aussi observe-t-on un signe qui ne fait presque jamais damp;aut, e'est la vacillation du train posterieur pendant la marche; il y a aussi voussure de la colone vertebrale au niveau des reins, insensibilite des lombes ou parfois hyperesthesie; on note quel­quefois des frissons locaux ou generaux. La s^nsibilite generate s'emousse.
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FIEVRE TYPHOiDE DU CHEVALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;389
La circulation se modifie, s'accelere; les battemeuts cardiaques sont forts, tumultueux, tandis que les pulsations arterielles res-tent petites. faibles, ä peine perceptibles. II y a presque toujours embarras de la circulation capillaire; aussi il se produit souvent des congestions. Celles-ci sont tres manifestes dans les organes tres vasculaires, et elles sont assez souvent accompagnees d'un phenomene particulier, qui s'explique par rulteration du sang. II y a de la diastashemie, c'est-a-dire separation de la matiere colo-rante du sang; h la surface des muqueuses et ailleurs apparais-sent alors des taches noirätres ou violacees appelees petechies. Quelquefois ce sont de vrais points hemorrhagiques qu'on observe sur les muqueuses ou dans les organes. Dans tous les cas, la con­gestion s'accompagne d'une exsudation assez prononcee et par consequent d'une infiltration du tissu conjonctif, particulierement du tissu conjonctif sous-cutane dans les parties declives et du tissu conjonctif sous-muqueux. II existe aussi des infiltrations dans les parenchymes internes; parfois la congestion est suivie d'une mortification, d'une gangrene locale. Ges differents pheno-menes se presentent plus particulierement sur les organes les plus vasculaires, sur les teguments, sur les muqueuses, sur les sereuses et sur les organes parenchymateux internes.
A la surface des muqueuses et quelquefois a la surface de la peau, il y a une perversion de la secretion, il y a des vices de se­cretion. La temperature est souvent surelevee, et vers la fin de la inaladie eile eprouve des modifications. La respiration est aussi modifiee, acceleree; et du cöte de cette fonction on pent observer en outre bien d'autres symptömes, variables avec les lesions qui se produisent. De meme I'appareil digestif est quelquefois le siege de lesions importantes, et la fonction de la digestion est tres mo­difiee. Nous en dirons autant de I'appareil genito-urinaire.
La fievre typho'ide du cheval est assez souvent gFave, surtout si on ne la traite pas avec sein des son debut; neanmoins, quand les animaux sont dans de bonnes conditions hygieniques et quand la maladie est attaquee au debut, on peut guerir le plus grand uombre des malades.
Teile est la physionomie d'ensemble de la fievre typho'ide. C'est done une inaladie par alteration du sang, caracterisee par des symptömes adynamiques accompagnes d'autres symptömes varia­bles avec le siege de la localisation de la maladie, et permettant de reconnaitre ä celle-ci plusieurs formes.
Synonymes. — La maladie typhoid^ du cheval est encore
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390nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; FIEVRE TYPHOiDE DU CHEVAL
appelee : fievre typhoide, typhöse, typhus, diathese typhoide, fii;-vre catarrliale, fievre muqueuse, fievre gastro-bilieuse, fievre adij-namique, fievre adeno-catarrhale, fievre pernicieuse, fievre ma­ligne, fievre nerveuse, fievre putride, fievre gastrique et enfin gastro-enterite typhoide epizootique ou pneumonie typhoide, sui-vant, que les symptömes predominants se rencontrent sur tel ou tel appareil. Ces noms se comprennent sans explication.
SYMPTOMATOLOGIE
Cette maladie est assez frequente, eile s'observe dans tons les pays de l'Europe, dans notre colonie d'Afrique, en figypte; on I'a signalee en Amerique; en Europe, on I'a 6tudiee surtout en France, en Allemagne et en Autriche.
Elle attaque tons les solipedes, mais non pas tons avec une (Sgale frequence; toutes choses ötant egales d'ailleurs, eile attaque beaucoup plus souvent le cheval que le mulet, et plus souvent le mulet que l'äne, qui est presque refractaire k la maladie.
Commenous l'avons dejä dit, la fievre typhoide est une maladie generale; mais eile est souvent caracterisee par des lesions plus specialement localisees h certains organes. Elle est proteiforme, eile se presente avec des formes variables et qui ne sont pas tou-jours bien tranchees, qui sont plus ou moins melees plusieurs en­semble. Ainsi il n'est pas rare de trouver chez un sujet la maladie localisee aux premieres voies respiratoires et aux voies digestives, ou bien eile est localisee exclusivement au poumon ou a Fintestin; chez d'autres sujets, eile est localisee aux appareils digestif et genito-urinaire, ou bien au Systeme nerveux, etc. Ces localisa­tions ne sont jamais aussi bien tranchees qu'il vient d'etre dit, elles sont melees les unes avec les autres, et par consequent il y a un melange de symptömes, parmi lesquels ceux qui predomi-nent sont fournis par I'appareil le plus malade.
Ce qui precede, nous fait pressentir que l'etude de la fievre ty­phoide est assez difficile, assez compliquee.
Si on voulait suivre les errements de certains veterinaires, il faudrait decrire une a une un nombre considerable de formes de la maladie; mais il convient de proceder autrement, il vaut mieux tracer d'abord un tableau dans lequel seront passes en revue, un ii un, tons les appareils de l'organisme, et chemin faisant seront indiques tous les symptömes que cet appareil peut fournir. Apres
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FIÄVRE TYPHOIDE DU CHEVALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 391
cette description generale, il conviendra d'indiquer brievement les principales formes que la maladie peut presenter, car il suflira de se reporter au tableau deja tracö, pour trouver les symptömes qui caracterisent teile cm teile forme, localisee ä tel ou tel appa-reil.
La flevre typhoide du cheval debute le plus souvent d'une fagonsoudaineet brusque, sans qu'aucune cause apparente puisse en expliquer le developpement. Les premiers signes dela maladie sont le plus souvent difficiles k constater, aussi il arrive frequem-ment que les proprietaires ne la reconnaissent que quelque temps apres son apparition. Les changements qui se sont operes chez les animaux sont tellement peu prononces, que les personnes, qui ont l'habitude de les voir, ne les considerent pas comme malades.
Ges premiers signes sont les suivants : diminution de l'appetit.,, aptitude moins grande au travail, fatigue plus prompte, decubi-tus plus frequent et plus prolonge; les oreilles sont portees moins droites, les paupieres sont plus flasques et quelquefois presque h demi tombantes au devant de Tceil; l'attitude est nonchalante, et quand le malade est debout, il change frequemment le pied ou le bipede qui est h I'appui; les allures sont modifiöes, l'animal se deplace plus difflcilement, le pas est plus lourd, les membres sont moins releves dans la marche, ils trainent quelquefois sur le sol, le trot est difficile, et pendant cette allure les membres s'entre-croisent, se heurtent, se touchent; le train posterieur est faible, vacillant; on entend un craquement au niveau des articulations; il y a surtout de la difflculte dans l'action de reculer et de tourner en cercle, a cause de la faiblesse du train posterieur; les sujets sont exposes ä faire des chutes, h se toucher, ä se blesser.
La circulation et la respiration ne sont pas encore bien modi-flees au debut, cependant la moindre fatigue les accelere; le coeur bat tumultueusement et le pouls reste petit. La temperature s'e-leve un peu au-dessus du chiffre normal, mais cette elevation n'est pas considerable tout h fait au debut; on peut observer des frissons dans quelques regions musculaires.
La maladie se caracterise bientöt mieux. II se produit une mo­dification de la coloration des muqueuses apparentes, oculaire, buccale et pituitaire; ces muqueuses sont plus foncees en couleur et presentent une teinte jaune-rougeätre, icterique. La conjonctive est plus humide, comme infiltree et legerement larmoyante.
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39!$nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;FIEVRE TYPHOIDE DU CHEVAL
L'appetit est plus ou moins diminue; souvent il est capricieux et trompeur, souvent les animaux commencent ä manger avec en­train, et h ne les voir qu'un moment, on pourrait croire que rieu n'est change dans leur etat, mais bientöt ils s'arretent; la masti­cation est difficile, penible, les muscles des mächoires semblent fatigues. La soif, h cette periode, est souvent accrue, mais il peut arriver qu'elle ne soit pas modifiee.
Comme on le voit, les symptömes du debut ne sunt pas tres ca-racteristiques; cependant, pour un ceil exerce, et surtout dans les pays oil I'affection est enzootique, ils peuvent deja faire soupgon-ner son developpement et engager h entreprendre de suite un traitement.
Mais au bout de 12, 24, 48 heures, trois jours au plus, la mala-die est mieux caracterisee, et quelquefois meme, eile est alors tout k fait localisee h certains organes. II n'en est pourtant pas toujours ainsi, et il peut se faire que la maladie, quoique mieux caracterisee par ses symptömes generaux, ne soit pas encore lo­calisee.
Alors les symptömes d'ensemble, devenus plus apparents, peu­vent neanmoins mettre sur la voie du diagnostic. II y a adynamic et depression de toutes les fonctions en general, abattement, etat de stupeur et de prostration tres prononce, affaissement, somno­lence, torpeur et immobilite; il y a en un mot exageration pro­gressive des symptömes du debut. La station devient plus peni­ble, les mouvements plus difficiles; et il y a obtusion et aflaiblis-sement des sens en general; I'oeil est terne, larmoyant, a demi-cache par les paupieres, qui sent plus ou moins gonflees; la sensi-bilite generale est tres affaiblie, bientöt les malades ne cbassent plus les mouches; la fievre est alors tres manifeste, et on observe des exacerbations et des remittences, les premieres k la fin de la journee surtout, et les secondes ordinairement le matin apres le repos de la nuit.
Au fur et k mesure que la maladie se localise, on observe des symptömes plus manifestes.
Du cöte de la peau, on constate une secheresse plus ou moins prononcee; les polls sent piques, herisses; il y a quelquefois ä la surface du tegument cutane une veritable moiteur, un veritable commencement de transpiration; la peau est plus chaude qu'ä l'etat normal, cependant la temperature ne .semble pas uniforme-ment repartie dans toutes les regions; dans certains points la peau
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est chaude, tandis que dans cl'autres eile est froide; du reste on observe assez souvent des alternatives de chaleur et de froid, surtout aux extremites, sur les membres, sur les oreilles. Les fris­sons observes au debut sent quelquefois plus manifestes; d'abord partiels, ils deviennent parfois generaux. On voit apparaitre des sueurs, d'abord partielles, puis generales; quand elles se mon-trent, ces sueurs sont quelquefois critiques, c'est-ä-dire qu'elles peuvent annoncer, de meme que la diurese, une amelioration de i'etat du malade; mais il n'en est pas toujours ainsi. Les sueurs, surtout les sueurs generales, sont quelquefois epuisantes; quot;dues a un etat febrile tres accentue, alles annoncent la fatigue du malade. La peau, avons-nous dit, est quelquefois tres seche, mais d'au.tres fois, il y a un accroissement de la secretion sebacee, la peau est plus sale, plus gluante, eile encrasse da vantage la main. Sur la peau, on pent encore rencontrer des eruptions, une eruption miliaire, un exantheme, des pustules, de l'erysipele, des boutons. II n'est pas rare de rencontrer, principalement sur les cotes et en des-sous de la poitrine, sur les cötes et en dessous du ventre, et dans les regions oil la peau est fine, des boutons, des phlegmons meme, des inflammations du tissu conjonctif sous-cutane, ou des infiltra­tions de ce meme tissu, des oedemes. Assez souvent on observe des tumours, qui ontä la fois les caracteres du phlegmon etdei'oe-deme; ce sont des oedemes chauds, qui peuvent se terminer quel­quefois par abcedation. Parfois aussi il se forme des tumeurs crepitantes, e'est quand il y a complication de septicemie; et celle-ci se montre dans quelques cas, car la fievre typhoide y predis­pose. On pent aussi rencontrer sur les taches de ladre de verita-bles petechies, des ecchymoses. Les crins et les polls sont plus faciles ä arracher. La region genitale, le fourreau, le scrotum se tumeflent; le tissu conjonctif est le siege d'une infiltration oede-mateuse ou oedemato-phlegmoneuse. Quelquefois ä la surface du scrotum il y a des efflorescences blanchätres, presque analogues d'aspect a celles qu'on observe ä la surface des terrains sales, qui se dessechent. La plupart de ces accidents de la peau sont la consequence du mouvement congestionnel que nousavonssignalö plus haut.
Du cöte des muqueuses conjonetive, pituitaire, rectale, buccale, vaginale, on observe de la congestion, une teinte rouge-jaunätre, icterique; on remarque aussi sur ces membranes, mais pas tou­jours au debut de la maladie, des petechies; il y a larmoiement, ebrouement et jetage sero-sanguinolent, jaune-rougeätre.
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Ainsi quenous l'avons dejävu, le pouls s'accelere de meme que les battements cardiaques ; mais tandis que ceux-ci sont forts, tu-multueux, les pulsations arterielles sont de plus en plus faibles. II est important, au point de vue du pronostic, de s'assurer de l'etat du pouls ; le pronostic sera d'autant plus defavorable que le pouls sera plus petit, plus imperceptible; et ses modifications, dans un sens ou dans I'autre, seronttoujours utiles pour suivre la marche du mal.
La temperature varie beaucoup suivaht les cas; et durant le cours de la maladie eile est sujette ä des oscillations, dont la con-naissance est importante au point de vue du pronostic et surtout au point de vue du traitement. Ces variations offrent en general quelque chose de regulier. La temperature se modifie dans la meme journee, sans que l'etat dumalade en soit aggrave, ainsi toujours la chaleur du malade s'accroit a la fin de la journee et diminue ie matin; mais il ne font pas tenir compte de ces oscilla­tions diurnes et nocturnes. Outre ces variations, il s'en produit d'autres tresimportantes, au debut, la temperature s'eleve presque toujours et iln'est pas rare qu'elle atteigne 40deg;, 41deg;, 42deg;. Dans ces cas il y a lieu de porter un pronostic defavorable, car la maladie pent alors marcher rapidement et il est tres difficile d'en obtenir la guerison. Mais si la temperature oscille aux environs de 39deg;, si eile ne depasse pas 40deg;, on pent esperer la guerison. En general toutes les fois qu'elle s'elevera, il y aura lieu de porter un pronos­tic plus grave, tandis que son abaissement seraun signe d'amelio-ration. Dans le cours de la maladie, il n'est pas rare d'observer des elevations brusques de temperature, qui se produisent par exemple quand le malade alia it dejii mieux et semblait devoir gue-rir; ces elevations brusques de temperature indiquentunerechute, elles indiquent que la maladie reprend le dessus, et cette rechute est presque toujours mortelle. Quahd la temperature s'abaisse brusquemment de un, deux ou trois degres, cet abaissement n'est un bon signe, qu'autant qu'il est accompagne de l'ame-lioration des autres syraptömes; sinon il y a lieu de craindre une complication, la septicemie ou la production d'une hemorrhagie interne; c'est en effet ce qui arrive quelquefois. Quand enfiri la temperature descend ä 35deg; ou 36deg;, c'est presque toujours le signe certain d'une mort prochaine. II sera done important de prendre la temperature pour prevenir Tissue de la maladie et graduer Tin­tensite du traitement.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
Ainsi quenous Tavons dejii vu, le tissu conjonctif est assez sou-
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vent le siege de certaines lesions ; il y a principalement des oede-demes et quelquefois des phlegmons. Ges CBdemes s'observent sur-tout sur les membres, dans les parties declives du tronc, ä la face inferieure de la poitrine et du ventre, dans la region genitale, au fourreau, au scrotum, h la mamelle ; on en observe aussi ä Fenco-lure et ä la tete, et meine il pent exister une veritable anasar-que, une infiltration dutissuconjonctif plus ou moins generalisee.
Non seulement la circulation est toujours modiflee, mais le sang lui-meme a eprouve des alterations importantes dans ses caracte-res physiques, chimiques, anatomiques. Ge n'est pas au' debut, mais apres les premiers jours, que les alterations du fluide san-guin sont manifestes. Au debut, le sang est plus coagiüabie et plus flbrineux qu'ä 1'etat normal; plus tard, il devient noiratre moins flbrineux, moins coagulable; il perd de ses globules rouges, qui semblent avoir une certaine tendance ä se detruire, c'est ce qui explique la formation de ces taches petechiales qu'on observe assez souvent. II y a embarras de la circulation capillaire, d'oü resultant les congestions, qui se montrent ä pen pres partout, et les infiltrations qui les accompagnent. Enfin cette alteration du sang et cette modification de la circulation expliquent bien pour-quoi raffection accroit chez les malades la receptivite pour la sep-ticemie. Tous les observateurs ont constate que, chez les solipe-des atteints de fievre typhoide, on voit survenir assez frequem-inent la septicemie a la suite de plaies, d'operations ou de sctons, etc. Ainsi quand, dans le cas de pneumonic typhoide, on place un seton, pour produire une derivation, ii arrive tres souvent que 1'engorgement produit se complique de gangrene septique.
Ordinairement la maladie n'a pas une rnarche foudroyante; ce-pendant, si l'alteration du sang est tres prononcee d'emblee, il n'est pas rare d'observer une terminaison rapide, meme fou­droyante. Alors la temperature est surelevee, eile atteint 40deg;, 41deg; et meme 42deg;; il y a un empoisonnement general du sang ; la cause determinante de la maladie a agi avec une tres grande intensite; aussi se produit-il des congestions generales, de veritables apo­plexies sur les organes internes, on observe des frissons et c'est h peu pres tout, le pouls devient inexplorable et l'animal succombe presque subitement. Gette marche, la plus rare, s'explique par la profonde alteration du sang.
La fonction de l'innervation pent etre plus ou moins modifiee et presenter des troubles, qui s'expliquent par les alterations du sang, par la fievre qui en resulte et par les modifications fonctionnelles
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qui en sont la consequence. Les symptomes qu'on observe de ce cöte sont ä peu pres les suivants: les animaux sont inquiets, ils trepignent, ils se deplacent, ils ne se couchent pas, leur physiono-mie est plus ou moins anxieuse, ils s'agitent frequemment, et quel-quefois meme ils poussent au mur ou tirent sur leur attache; ils semblent difficiles k approcher et quelquefois ils entrent dans de veritables acces de fureur. L'agitation n'est pas constante, eile fait place k des acces de torpeur, de coma, de somnolence. II y a aussi des grincements de dents, des convulsions dans les muscles de la face, de l'encolure, du grasset, de la paroi abdominale. II n'est pas rare d'observer du delire, du vertige caracterise par les signes ordinaires ou par des mouvements desordonnes. II pent y avoir aussi du tetanos, du trismus; et il n'est pas rare d'observer I'immobilite, soit pendant, soit apres la maladie. II y a affaiblisse-ment des sens et il se produit parfois des paralysies, surtout de la paraplegie et des boiteries intermittentes, qu'aucune cause n'ex-plique, et qui probablement sont dues ädes modifications nerveu-ses ou k un allaiblissement de l'influx nerveux. Quelquefois I'a-maurose se montre aussi.
En 2,3, 4, 5 jours la maladie se localise tressouvent sur certains appareils, principalement et le plus souvent sur I'appareil respira-toire et sur I'appareil digestif.
II arrive frequemment que des lesions multiples se produisent sur les differentes parties de I'appareil respiratoire, sur la pitui-taire, sur le larynx, sur la trachee, dans les bronches, dans les poumons, sur les plevres, dans le pericarde. On pent constater des symptömes de coryza, de laryngite, de tracheite, de bronchite, de pneumonie, de pleuresie. II y a assez souvent de l'ebrouement quand la pituitaire est congestionnee; cette membrane a une co­loration rouge-jaunätre, une teinte icterique, eile offre aussi des taches petechiales comme la conjonctive; eile est le siege d'une exsudation abondante, qui se traduit au dehors par un jetage sero-sanguinolent. Quelquefois on observe un veritable epistaxis. D'au-tres fois, dans le cas de laryngite et de coryza violents, il y a un jetage noirätre, qu'il ne faut pas confondre avec le jetage gangre-neux, dont il se distingue en ce qu'il n'est pas fetide. Ge jetage noirätre s'explique par la congestion tres intense de la muqueuse respiratoire. Assez souvent il y a une toux seche ou grasse, laryn-gee ou pectorale, suivant son point de depart. II y a parfois cor-nage, quand la pituitaire et la muqueuse laryngienne sont infil-
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trees, ced6matiees, ou quand il s'est produit un oedeme, un engor­gement sous la gorge, dans la region sous-maxillaire, cedeme qui comprime le larynx et les premieres parties de la trachee. II n'est pas rare d'entendre, dans presque toutes les inspirations, un bruit de roucoulement ou de gargouillement larynge, perceptible ä dis­tance, et qui s'explique par la presence de mucosites ä la surface de la muqueuse laryngienne, ou par un oedeme sous-muqueux de cette membrane. Les lesions de la trachee, des bronches, du pou-mon rendent la respiration difficile, pressee; et souvent les ani-maux ecartent les membres anterieurs pour faciliter le deveioppe-ment du poumon. Suivant que la maladie est localisee aux bron­ches ou au poumon, on peut observer les symptöraes de la bron-chite ou de la pneumonic. L'air expire est presque toujöurs plus chaud, surtout quand on l'etudie ä une periode oü la maladie no marche pas encore vers une terminaison fatale. La region de !a gorge est souvent douloureuse et est le siege d'une tumefaction, plus ou moins etendue. Par la pression, la percussion et l'auscul-tation on peut constater des symptömes de pleuresie, de pneumo-nie ou de bronchite. Parfois dans le cours de la maladie il se pro­duit une congestion pulmonaire subite; cette congestion peut disparaitre, comme eile est apparue, subitement et sans traitement; eile peut se deplacer, mais le plus souvent eile persiste et eile a de la tendance ä se terminer par la septicemie, par la gan­grene.
Dans I'appareil digestif il se produit souvent de nombreuses le­sions, aussi observe-t-on de ce cote des modifications fonctionnel-les importantes et faciles ä etudier. li y a diminution ou perte de 1'appetit; la soif est quelquefois accrue, mais il n'en est pas toujours ainsi. Souvent il y a engorgement des ganglions intra-maxillaires, du tissu conjonctif de la gorge, de la parotide, inflammation des poches gutturales; etces engorgementspeuvent se terminer et se terminent assez souvent, dans le cas de guerison, par la formation d'abces ordinairement multiples, qui s'ouvrentsuccessivement. On constate assez souvent de veritables 6ructations, absolument ana­logues ä celles du tic; il y a en outre tres souvent des nausees, des bäillements tres frequents, des grincements de dents. La muqueuse buccale est congestionnee et chaude, surtout celle de la langue; la muqueuse linguale est en outre chargee, sedimenteuse, fetide; les bords, la pointe, la face inferieure de l'organe presentent une teinte rougeätre assez intense ou une teinte icterique. La mu­queuse gingivale est congestionnee, rougeätre; les papilles et les
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follicules de la muqueuse linguale sont cougestionnös, quelquefois ulceres. Souvent la salivation est abondante; la mastication est difficile, I'animal essaie quelquefois de mächer, mais il s'arrfete bientöt et conserve les aliments entre les mächoires comma le cheval immobile. La deglutition est penible, meme celle des li­quides, car il y a souvent une angine laryngo-pharyngee. Le ven-tre est tendu, retracte, douloureux ; quelquefois 11 y a meteorisa-tion, ballonnement. La pression de l'abdomen est douloureuse, sur-tout du cöte droit, au niveau du foie; il en est de meme de la pression des lombes, parfois cependant il y a insensibilite de ce cöte. On constate aussi assez souvent des symptömes de coliques, qui peuvent diparaltre momentanement et reparaitre plus tard, qui sont reinittentes on intermittentes, et qui sont plus ou moins intenses, quelquefois sourdes, d'autres fois violentes. Frequem-ment on entend des borborygmes; c'est surtout quand les animaux doivent presenter ou presentent dejä de la diarrhee. Au debut, et souvent meine durant tout le cours de la maladie, il y a de la constipation; les excrements sont durs, coiffes, odorants, rendus avec peine, quelquefois sanguinolents. La diarrhee pent se mon-trer, et c'est toujours un signe defavorable; on peut constaterdes alternatives de diarrhee et de constipation. La muqueuse anale est congestionnee, infiltree et se renverse quelquefois. Ges differents symptömes et notaminent les coliques, les borborygmes, la consti­pation, la diarrhee s'observent surtout quand la maladie est prin-cipalement localisee dans les voles digestives; mais on les trouvc aussi dans les autres formes.
Du cöte de l'appareil genito-urinaire on observe aussi des mo­difications tres apparentes. Les reins sont ou insensibles ou sen­sibles ä l'exces. Les urines sont rendues difflcilement; elles sont rares et pen abondantes; quelquefois elles sont claires comme de l'eau de roche, mais le plus souvent elles sont tres foncees, vis-queuses, filantes, plus denses qu'ä l'etat normal, jaunätres ou roussätres ou meme noirätres, toujours fetides. Les urines sont ordinairement moins riches en matieres calcaires, en phosphates terreux, en acide phosphorique, en carbonate de chaux, en chlo-rures (chlorure de sodium); elles sont plus riches en uree, en mucus, en oxalate de chaux et en acide urique; elles ont presque toujours une reaction acide; souvent elles sont comme sanguino-lentes, elles renfermenf les elements du sang, elles contiennent de l'albumine, des globules rouges, des globules blancs. L'albu-mine vient d'une hyperhemie renale ou meme d'une veritable
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nephrite catarrhale; en effet il pent y avoir une simple congestion du rein ou une veritable inflammation. II y a aussi dans I'urine des depots mucoso-purulents, des cellules epitheliales, des glo­bules de pus en degenerescence et en plus ou moins grande abon-dance, de la matiere colorante de la bile. Du reste dans cette ma-ladie il semble bien que le foie ne fonctionne plus normalement et que la matiere colorante de la bile passe dans le sang, d'oü la couleur jaune icterique des principales muqueuses. L'urine ren-ferme done les elements de desassimilation en plus grande quan-tite, c'est I'urine d'animaux qui vivent de leur propre substance; on n'y trouve pas les materiaux derives de l'alimentation ou ils sont pen abondants; cela n'est pas etonnant, vu la presque com­plete disparition de l'appetit. Par contre, il s'y trouve des produits de desassimilation, dont la presence indique que Tanimal se nour-rit aux depens de sa propre substance et denote aussi une altera­tion manifeste du sang. Du reste lorsque les reins sont malades, il est facile de s'en rendre compte, raeme dans le cas oü on ne pourrait pas examiner I'urine; il sufflt de mettre en pratique I'ex-ploration rectale; arrivee au niveau du rein la main, par une pression legere, determine une reaction violerite, ce qui indique que la region est malade, douloureuse. Chez le male le penis est presque toujours sortant ou meme pendant ou en demi-erection. Cette erection s'explique par une simple congestion passive de l'organe; eile constitue un signe, qui ne fait presque jamais d6-faut, et qui h lui seul permet souvent de soupconner la maladie. Chez la femelle la vulve est tumeflee; les muqueuses vulvaire et vaginale sont hyperemiees, tumefiees et presenteiit des petechies, des ecchymoses; elles sont quelquet'ois le siege d'un ecoulemeut sero-sanguinolent. Les malades semblent cprouver assez frequem-ment le besoin d'uriner, mais la miction est difficile; ils se cam-pent et ils ont de la peine ä rendre de I'urine; s'ils y parviennent, ce n'est que grace a des efforts reiferes et apres avoir pousse des plaintes. Quand la diurese arrive, quand les urines sont plus abon-dantes, moins odorantes, moins visqueuses, moins chargees, etc., c'est le signe du retablissement, de la guerison.
Comme complement h. ce tableau, il nous reste h signaler les modifications qui surviennent dans la nutrition. Quand ia maladie dure un certain temps, les animaux maigrissent presque ä vue d'oeil, il y a consomption musculaire, affaiblissement tres rapide; la demarche est titubante; la station debout devient quelquefois impossible; I'emaciation, I'affaiblissement soat d'autant plus ra-
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400nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;FIEVRE TYPHOl'DE DU CHEVAt
pides que les malades prösentent des symptomes plus nombreux; ils sont surtout rapides quand las malades sont atteints de diarrhöe,
Maintenant 11 faut önumerer les formes que la fievre typhoide peut presenter. Ces formes sont variables suivant les individus, suivant les epizooties, suivant les annees et surtout suivant les circonstances ambiantes. Ainsi certaines annees on observe sur­tout des localisations dans les voies respiratoires; d'autres fois c'est surtout dans les voies digestives, etc. Les formes, nous I'a-vons cut, ne sont jamais bien nettement tranchees, il y a toujours un melange de plusieurs d'entre elles; cependant I'appareil lo plus lese est celui qui fournit les symptomes predominants.
On distingue la forme apoplectique, dans laquelle la mort est foudroyante, la forme adeno-catarrhale, la forme pectorale ou pulmonaire, la forme abdominale, la forme nerveuse, la forme nephreiique, la forme cedemateuse.
La forme adeno-catarrhale est surtout caracteris6e par I'engor-gement des ganglions intra-maxillaires, par l'engorgement du tissu conjonctif qui entoure la region pharyngienne et par I'engorge-ment des poches gutturales, ainsi que par un etat catarrhal de la muqueuse laryngo-pharyngienne. Cette forme est la moins grave de toutes; presque toujours, quand eile ne determine pas Fas-phyxie, et celle-ci est relativement rare, eile se termine par la guerison.
II n'en est pas de memo de la forme ptdmonaire. Quand la ma-ladie se propage au poumon, quand il y a pneumonie typhoide, le cas est particulierement grave; c'est alors surtout qu'il faut craindre la septicemie, et toujours la guerison est rare si on n'in-tervient pas des le debut, cependant eile est encore possible.
La forme abdominale est celle qui se localise surtout sur les voies digestives, sur l'intestin et meme sur le foie. Cette forme est grave, surtout lorsqu'elle s'accompagne de diarrhee, mais eile Test beaucoup moins que la precedente. Aussi un traitement convenable permet d'obtenir la guerison au moins neuf fois sur dix.
La forme nerveuse, beaucoup plus grave, est celle dans laquelle se montrent des symptomes de vertige, ou d'immobilite, ou de tetanos, ou de paraplegie; dans ces cas la guerison est bien rare, et si la mort n'est pas toujours la consequence de l'immobilitö, les animaux sont inutilisables. Par centre la mort est Tissue la plus commune dans le cas de vertige et de tetanosraquo;
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La forme nephretique est caracterisee par la predominance des syrnptömes fournis par Tappareil urinaire. Cette forme, quoique restreinte, est cependant d'une certaine gravity; eile indique que le rein est malade, congestionne et peut-etre enflammö. Si I'in-flammation est arrivee k un certain degr6, si les urines sont tres alterees, il y a beaucoup h craindre.
La predominance des syrnptömes fournis par le tissu conjonctif (oedemes) caracterise la forme cedemaieuse, qui n'est pas grave, car toutes les fois qu'on voit des oedemes exterieurs, on pent les considerer comine des crises favorables dechargeant d'autant les organes internes.
En outre de ces formes, il est possible de rencontrer des cas oil il existe des syrnptömes fournis par les appareils nerveux. et respiratoire, et frequemment on observe en meme temps des alte­rations du foie, de Fintestin, du rein.
La forme abdominale öst la plus frequente, notamment dans les pays chauds; et en general c'est la pneumonie ttjphdide et la gas-tro-entero-hepato-neplirite typholde qu'on observe le plus sou-vent.
II n'est pas rare de voir des formes plus ou moins complexes et d'autres pen caract6Fis6.es, qu'on pourrait appelerincomplctes, latentes. Dans ces cas on observe quelques vagues et legers syrnp­tömes, et il n'y a pas de localisations, pas de syrnptömes precis apparents ä l'exterieur; la maladie alors n'est pas grave, eile se termine toujours d'ellc-meme, et sans traitement, par la gue-rison.
Des comjdicutions sont possibles; la fievre typhoide pent coexis-ter en meme temps que d'autres maladies, comrne la gourme, qui pent venir la compliquer ou sur laquelle eile peut se greffer. Fre­quemment, quand eile se developpe chez les femelles en etat de gestation, eile entraine I'avortement. II n'est pas rare non plus d'observer l'inflammation des sereuses, des synoviales articulaires ou tendineuses; il y a alors des syrnptömes d'arthrite ou de syno-vite. Quelquefois il y a de la fourbure; nous savons que le sang est altere, que la circulation est embarrassee, et cet embarras de la circulation peut determiner des stases sanguines dans le tissu du pied, d'oii resulte la fourbure. On observe parfois aussi des eruptions, des cedemes et de veritables phlegmons dans les mus­cles, dans le tissu conjonctif sous-cutanö, qui peuvent ensuite s'abceder, de veritables conjonctivites, des conjonctivo-bl6pharites
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402nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;FIEVRE TYPHOi'DE DU CHEVAL
et de veritables ophtalmies internes, d'ou pent resulter plus tarcl la perte de Foeil, I'amaurose.
On observe une grande vai-labilite dans la marche de la fievre typhoide, suivant une foule de causes et suivant les formes que revet la maladie. Dans certains cas eile est tres rapide, et la mort survient presque d'une maniere foudroyante. Dans d'autres cas au contraire, la maladie marche plus lentement, et on pent la suivre, I'etudier; dans ces circonstances eile s'aggrave peu ä peu et peut determiner plus ou moins rapidement des lesions, qui devlennent mortelles, si on n'y porte pas promptement remede.
La forme nerveuse, celle qui se caracterise par l'apparition do symptom es nerveux (vertige, tetanos), est celle qui marche le plus rapidement, et qui se termine le plus promptement par la mort.
La forme pulmonaire est plus rapide et plus grave que la forme abdominale; il se produit quelquefois alors des congestions pul-monaires enormes, qui peuvent se compliquer de gangrene, de sopticemie, qui entralnent rapidement la mort.
Puis vient par ordre de gravite la forme abdominale; lorsqu'il y a gastro-enterite, eile donne parfois lieu ä une terminaison fa-tale, mais le plus souvent on a le temps de suivre la maladie et de prescrire un traitement efflcace. Gette forme est beaucoup plus grave lorsqu'elle s'accompagne de diarrhee, a cause de l'adynamie, de la faiblesse extreme Ji laquelle eile donne suite.
La forme nephretique et la forme adeno-catarrhale sont celles qui marchent le plus lentement; cependant la forme nephretique proprement dite, lorsque les reins sont le siege de lesions tres prononcöes, est tres grave et il est difficile d'en obtenir la guc-rison.
La forme ad6no-catarrhale, se caracterisant par des adenites, par un engorgement des tissus de la region laryngo-pharyngienne, par de la laryngo-pharyngite, est bien moins grave. Elle se termi­ne dans la plupart des cas par la guerison, qui arrive il est vraj lentement; car il se forme des abces, qui ne murissent pas en meme temps et s'ouvrent successivement.
II y a d'autres conditions qui peuvent accelerer ou ralentir la marche de la maladie typhoide. Celles qui la ralentissent sont les bonnes conditions hygieniques, une alimentation de bonne qua-lite, les boissons pures, etc.; outre ces conditions ambiantes, il y a encore les conditions individuelles, telles qu'une bonne consti­tution et un bon temperament. Les conditions hygieniques con-
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traires, c'est-ä-dlre une mauvaise alimentation, J'ingestion de boissons alterees, de meme qu'une mauvaise constitution, un temperament lymphatique, l'existence de lesions h la suite d'une inaladie anterieure sont deta\rorables aux malades, aggravent le pronostic de la maladie, en font varier la marche, et nous en expliquent la terminaison plus ou moins prompte.
Quand la mort survient, eile pent etre produite par diverses causes : tantöt eile arrive par apoplexie, lorsque il y a congestion intense sur I'encephale, sur le poumon, sur les reins, sur la rate, sur I'intestin; et dans ces cas eile pent arriver au bout de queiques heures, avant meme qu'on ait eu le temps de reconnaitre que les sujets etaient malades; c'est la cause de mort la plus framp;juente. D'autres Ibis la terminaison fatale vient h la suite de l'adynamie, de raffaiblissement general, qui se manifeste progressivementsur le sujct malade. La mort est alors precedee parfois d'une agonie plus ou moins douloureuse. Les lesions du cöte de l'appareil res-piratoire et de l'appareil digestif sont ordinairement multiples, aussi l'execution de ces deux fonctions est entravee; il en resulte des deperditions notables, qui affaiblissent rapidement le sujet, et cette faiblesse est teile que dans certains cas les malades ne peu-vent bientöt plus se tenir debout, ont une marche titubante et lombent rapidement dans Tadynamie.
L'orsque les lesions sont localisees dans l'appareil respiratoire, la mort survient leplus souvent par asphyxia. Lamuqueuse respi­ratoire est congestionnee, oedematiee; il existe souvent un engor­gement considerable autour de la gorge; le poumon est plus ou moins engoue; toutes ces lesions peuvent expliquer la production de l'asphyxie. Parfois il est impossible de prevenir cette termi­naison meme enpratiquantlatracheotomieäla base de I'encolure, car I'engorgement s'etend sur toute l'etendue de cette region jus-qu'ä l'entree de la poitrine.
La mort pent aussi arriver ä la suite de complications septice-miques, car nous savons que la typhöse predispose les malades h cette nouvelle complication ; dans ce cas on observe les sympto-mes de la septicemie.
La maladie se termine assez souvent par la gu6rison, qui est complete ou incomplete. On obtient le plus souvent la gu6rison si on trade la maladie d'une fagon rationnelle et de bonne heure, avant qu'elle se soit trop aggravee. Dans les cas de laryngo-pha-ryngite, qui, comme nous l'avons dejä dit, est la forme la plus
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b6nigne, on obtlent la guörison sans qu'il y ait une veritable con­valescence. G'est que dans ces cas on n'observe pas des symptö-mes de fievre bien accentues et l'adynamie n'est jamais biea marquee. II n'en est pas de meme lorsqu'on aeu affaire ä la forme abdominale; ä la pneumonic, h. la pleurösie, etc; alors le retour h la sante se fait attendre, il y a toujours une convalescence plus ou moins longue, suivant que le malade a ete plus ou moins debilite, plus ou moins affaibli.
La guerison s'annonce par certains signes qu'il est bon de con-naitre. Ainsi, lorsque chez le malade on constate un abaissement progressif de la temperature, coincidant avec des modifications favorablcs du cöte de l'appareil circulatoire et de l'appareil respi-ratoire, el qu'avec cela il y a une diurese abondante, que les urines sout moins colorees, toutes ces modifications sont d'un bon signe et font prevoir que la maladie marche vers la gue­rison.
II n'est pas rare que les malades fassent des rechutes, que la maladie eprouve un retour en arriere; alors les symptömes, qui avaient d'abord diminue d'intensite, s'aggravent de nouveau; dans ces circonstances il y a presque lieu de desesperer des malades.
Les sujets malades doivent recevoir des soins nombreux et bien diriges, pour en arriver ä un retablissement progressif et h une guerison complete, qui peut dans certaines circonstances se pro-duire au bout de dix a douze jours. Le plus souvent la maladie dure plus longtemps, par exemple quand eile s'est accompagnee de diarrhee, qui a affaibli les animaux; aussi la guerison pourra se faire attendre trois semaines, un mois environ, et lorsqu'on obtient un retablissement complet, on a encore lieu de se feliciter du resultat.
La fievre typhoide laisse quelquefois apres elles des lesions persistantes, telles que des oedemes, des hydropisies, qui ne se rösorbent pas completement, de l'hydrocephalie (immobilite), de l'hydropericardite, de l'hydrothorax, de l'ascite, ces boiteries, qui peuvent etre intermittentes et dont la cause est difficile ä apprc-cier quelquefois, de l'amaurose ou meme la perte de I'oeiL
La maladie typhoide est assez facile ä reconnaitre, surtout dans les pays oü eile regne habituellement ä l'etat enzootique. II est assez difficile de confondre cette affection avec d'autres; de plus, les symptömes qui Taccompagnent sont assez nombreux et ordi-nairement assez caracteristiques pour ne laissar aucun doute ä
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tout observateur attentif, surtout si Ton considere que les symp-tomes önonces, c'est-ä-dire l'abattement, la somnolence, la stu-peur, la faiblesse du train posterieur, la marche titubante, le craquement des articulations, la coloration jaune des muqueuses, les coliques sourdes, la haute temperature, les battements cardia-ques violents, la pneumonie h invasion subile et se deplacant, la diarrhee, etc., s'observent sur un animal qui n'a 6te soumis en apparence ä aucune influence defavorable pour sa sante. Outre les symptömes (^nonces, on peut en constater d'autres, en auscultant la poitrine dans laquelle il peut y avoir de l'hepatisation, fctc; et en outre les taches petechiales, qu'on voit souvent sur la conjonc-tive et sur la pituitaire, aident beaucoup h. porter un diagnostic.
II est fort difficile de contbndre cette maladie avec la pneuino-nie, la pleuresie, la nephrite ordinaires; car dans ces maladies il n'y a pas ces formes melangees, ni ce cortege de symptömes, ni cette coloration jaune qu'on observe sur les muqueuses des ty-phiques.
Pour reconnaitre I'afTection typhoide, on ne peut pas avoir recours h Finoculation, car eile ne semble pas inoculable. Cepen-dant on pourrait recourir ä cette pratique toutes les fois qu'on serait porte ä la confontlre avec des maladies inoculables, telles que le charbon, la septicemie; car les lesions qu'on observe dans ces trois affections ont quelque analogic, et alors I'inoculation peut permettre de les differencier. A. cet eftet on inocule du sang du sujet affecte h un lapin; si on a affaire h une des deux maladies inoculables, I'animal inocule succombe au bout de 2-i ä 60 heures, et dans le cas contraire il ne manifeste aucun etat pathologique.
Le pronosiic de la fievre typhoide est toujours assez grave; en effet, il s'agit d'une maladie generale, qui donna lieu h des lesions generalisees, souvent mortelles, et qui regne ordiuairemeut ä Fetat enzootique; ce qui ne veut pas dire cependant qu'elle soit conta-gieuse, car il peut tres bien se faire que les animaux, qui contrac-tent la maladie en dernier lieu, en soient atteints parce qu'ils ont ete exposes aux memes influences que les premiers. Nous savons que la maladie est plus ou moins grave suivant les formes qu'elle revet, et suivant les individus atteints. Elle est plus frequente chez le cheval que chez le mulet, eile est relativement rare chez l'äne, eile est aussi plus grave chez le premier que chez les deux autres et la convalescence est beaucoup plus longue chez lui.
Cette affection est aussi plus ou moins grave, et la guerison se
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406nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;FIEVRE TYPHOIDE DU CHEVAL
fait plus ou moins attendre, suivant que le malade a tel tempera­ment, teile constitution; les individus qui ont un temperament sanguin, une forte constitution resistent mieux; sur eux on pout agir plus önergiquement, aussi la maladie est-elle bien moins grave quand on la traite rationnellement. II est plus difficile de la guerir chez les sujets debilites ou tres nerveux, qui succombent pour ia plupart. La terminaison fatale se remarque surtout lorsqiie les individus atteints ont 6te malades auterieurement, lörsqu'il s'agit de chevaux poussifs, de chevaux qui ont ete mal npurris, do chevaux anemiques, etc. La maladie est encore plus ou moins grave suivant les äges. Elle est beaucoup plus frequente chez les jeunes animaux, chez les animaux äges de 3, 4, 5 et 6 ans; passe ce dernier äge l'alfection peut s'observer, mais eile est beaucoup plus rare; et lorsqu'elle apparait ä, 8, 9, 10 ans par exemple, elie est bien moins grave. Lorsque les conditions defavorables exte-rieures et celles venant de l'individu ne sont pas modifiees, il est difficile de guerir les malades. Aussi lorsqu'on a ä trailer des animaux atteints de la flevre typhoide, doit-on faire changer l'ali-mentation et les boissons et parfois modifier les conditions de milieu.
La maladie est d'autant plus grave qu'elle s'aecompagne de complications; aussi quand il snrvient de la fourbure, il vau-drait presque autant dans ce cas sacrifier l'animäl que de lui faire suivre un traitement, la guerison etant ä peu pros impossible. Les femelles pleines avortent generalement, succombent presque fata-lement. Quelquefois on observe une fievre persistante et exageree, des symptömes de coliques violentes; tous ces signes sont defavo­rables et autorisent ä porter un pronostic fächeux.
D'autres signes, tels que la diurese, un abaissement de tempera­ture, une sueur abondante et qui s'aecompagne d'un pouls plus fort avec des pulsations moins nombreuses, etc., permettent de pre-voir au contraire une terminaison favorable.
ANATOMIE PATH0L0GIQUE
Les lesions sont multiples; le sang altere est la source de toutes les alterations. Au debut de la maladie le sang est encore coagu-lable et renferme peut-etre plus de fibrine qu'ä l'etat normal; mais bientöt il devient moins coagulable et s'appauvrit en fibrine. Dans le cadavre il est incoagulable, sirupeux, epais, poisseux, noirätre;
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il tache les objets. On y remarque de nombreuses gouttelettes graisseuses, qui sont faciles k voir; quelquefois il a une reaction acide. II est tres dispose h se putrefler; les cadavres des animaux ayant succombe a. I'affection typhoide, se putrefient tres rapide-ment meme en hiver. Les leucocytes semblent etre plus nom-breux, cependant cela n'estpas toujours exact; cequi est certain, c'est que les globules rouges sont moins nombreux, ils se sont detruits en plus ou moins grand nombre, bien souvent ils sont älteres, irreguliers, franges, etoiles; et quelquefois ces modifica­tions se manifestent meme avantla mort. Dans le serum on trouve la matiere colorante de la bile; on la decele avec I'acide azotique, qui donne une coloration en bleu ou en vert; on y rencontre aussi des cristaux roses- ou rouges de diflerentes formes et quelques auteurs pretendent meme y avoir constate la presence de baton-nets, de bacteriens.
Des alterations se sont produites dans la peau, dans le tissu conjonctif et dans les muscles. Sur la peau et dans le tissu con-jonctif sous-cutane on rencontre parfois des nodules, des boutons, des tumeurs, des infiltrations gelatiniformes, qui existent surtout au niveau des regions oil se trouve beaucoup de tissu cellulaire lache, au pourtour des organes genitaux, ä la base de l'encolure, etc. D'autrefois ce ne sont pas de simples infiltrations, mais de veritables phlegmons qu'on rencontre; alors le tissu conjonctif est congestionne, liyperemie, et le centre du phlegmon a quelquefois eprouve un commencement d'abcedation.
Les ouvertures naturelles, la bouche, lesnaseaux, I'anuslaissent ecouler des produits morbides, qui sont les meines que ceux qui etaient excretes pendant la vie de l'animal. Lorsqu'il y a eu loca­lisation de la congestion ä la pituitaire, au larynx, I'ecoulement nasal est quelquefois sanguinolent; souvent la muqueuse rectale est renversee, et dans ce cas, il y a parfois un commencement de sphacele, de gangrene de la region.
La face interne de la peau presente presque partout une colo­ration rouge intense. II y a eu congestion, stase sanguine, imbibi­tion de la matiere colorante du sang, diffusion du plasma sanguin. Dans certains points, il y a des hemorrhagies sous-cutanees qui se presentent seit comme de simples points, soit sous forme de pla­ques plus ou moins etendues. Ces taches et ces plaques s'obser-ventmeme dans le tissu conjonctif, qui s'enfonce clans les intersti­ces musculaires. Le tissu conjonctif qui entoure les vaisseaux et les nerfs, est aussi congestionne et infiltre de matiere sanguino-lente.
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Les muscles sont pales; ils ont une coloration terreuse et res-semblent, par leur aspect, au foiequi a eprouve la degenerescence graisseuse; ils sont infiltres, ramollis, faciles h dechirer, et si on les etudie au microscope, on trouve des fibres qui ont öprouve un commencement de degenerescence granuleuse, on en voit meme qui sont completement degenerees. Dans les muscles on trouve en outre des points ecchymotiques, des taches petechiales, quelquefois des foyers hemorrhagiques plus 6tendus; parfois, mais plus rarement il est vrai, certains muscles sont frappes de gangrene, sont sphaceles, desorganises, et les fibres musculaires sont alors presque toutes alterees.
Las sereuses des articulations sont quelquefois alterees, conges-tionnees; on rencontre dans leur cavit6 de la serosite sanguino-lente ea plus ou moins grande abondance. Les synoviales tendi-neuses sont souvent dans cet 6tat. On remarque aussi des oedemes dans les membres. Quelquefois on observe enlin les lesions de la fourbure, et il y a dans ce cas, non seulement congestion des tis-sus keratogenes, mais meme sphacele, gangrene, mortiflcatio de ces tissus.
Les ganglions lymphatiques sont toujours älteres; ils sont plus volumineux, congestionnes, hyperemies, infiltres, ramollis; sou-vent on rencontre dans leur Interieur des foyers purulents.
Le cceur est hypertrophie, decolore, jaune-terreux et comme cuit, quelquefois brun-violace, ramolli; parfois ses fibres sont on voie de degenerescence. Dans sa trame et ä sa surface on voit des ecchymoses, des taches petechiales, qui sont autant de points he­morrhagiques. Le pericarde est tachete, epaissi, et contient dans certains cas une notable quantite de serosite rougetitre. Les vais-seaux sont remplis d'un sang noirätre, sirupeux, incoagule h peu pres partout; les capillaires sont souvent ruptures, surtout dans les points oü le tissu conjonctif et lache et abondant.
Les lesions, qui se presentent dans l'appareil de la respiration, quoique tres nombreuses, peuvent etre indiquees en peu de mots. Ce qui domine e'est la congestion, 1'hyperhemie, I'exsudation, la 'liastashemie, e'est-a-dire la tendance de la matiere colorante du sang k se döposer dans les tissus, et l'etat catarrhal ä la surface des muqueuses. Outre la congestion, il y a done un veritable fluxus inflammatoire avec diapedese des globules blancs du sang et proliferation accompagnee de la degenerescence des elements inflammatoires. Dans l'etat catarrhal des muqueuses, ce qui do-
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mine, c'est la coloration en rouge du produit exsude et secrete.
Des alterations peuvent se rencontrer sur la pituitaire, sur les muqueuses laryngienne, tracheale et bronchique, dans le pou-mon, sur les plevres. On pent done constater les lesions du coryza, de la pharyngite, de la laryngite, de ^inflammation des poches gutturales, de la tracheite, de la bronchite, de la pneumonie, de la pleuresie, suivant la localisation de la maladie. Lorsqu'il s'agit d'un coryza du k la fievre typhoide, il y a, en outre de i'hyperhe-mie et de l'etat catarrhal de la muqueuse, une infiltration sous-muqueuse considerable. II en resulte une gene de la respiration proportionnee h Fobstacle qui s'oppose h la rentree de Fair dans les premieres voles respiratoires. On constate aussi la presence de petechies h la surface de la pituitaire et la secretion d'un jetage sero-sanguinolent. La muqueuse des poches gutturales estinjectee, infiltree et couverte parfois de petechies. Memes lesions dans le larynx; I'inflltration sous-muqueuse provoque toujoursmi engor­gement considerable du cote de la muqueuse laryngienne. Quel-quefois il existe de veritables plaies, des ulceres indiquant qu'il y a eu des pertes de substance, qui se sont ordinairement procluites ä la suite des taches petechiales, des ecchymoses, les points ainsi älteres et prives du renouvellement du sang se mortifiant, se se-chant et donnant ainsi des plaies, des ulceres. II y a parfois une veritable gangrene de la muqueuse laryngienne, lorsque la con­gestion a ete tres considerable et generalisee. Cette complication s'observe dans certains pays et dans certaines circonstances, lors­que les causes exterieures ont irrite les premieres voles respira­toires et en ont accru Fetal congestionnel. Dans la trachee on trouve les memes alterations. La muqueuse tracheale est epaissie, injectee, infiltree, maculee; eile präsente des points hemorrhagi-giques; il y a un etat catarrhal tres prononce; la muqueuse est couverte de mucus sanguinolent; ses follicules sont hypertro­phies et quelquefois ulceres.
La muqueusebronchique est catarrhale, congestionnee, infiltree, epaissie, maculee; eile est couverte d'un mucus spumeux et san­guinolent; on y trouve toutes les lesions de la bronchite ordi­naire. Les bronches sont quelquefois dilatees et parfois il y a aussi de la peribronchite.
Le poumon presente presque toujours de l'oedeme dans son tissu conjonctif interlobulaire et un 6tat congestionnel plus ou moins prononcö. On volt ä sa surface et clans sa frame des mar-brures, des petöchies, des foyers hemorrhagiques, des taches apo-
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plectiques uoirätres, des extravasations, des transsudations, des hemorrhagies, de la congestion, de l'engouement, de la splenisa-tion, de l'exsudation, de Fhepatisation, etc. Dans certains cas ii y a un veritable engouement d'une partie de l'organe, quelquefois, 11 s'est produit une veritable hepatisation. Le sang contenu dans les vaisseaux du pouxnon est toujours noinUre, poisseux; certains points du poumon sent fortement älteres et reduits en putrilage. 11 y a parfois une mortification et une desorganisation plus ou moins etendues, avec formation d'une matiere brunätre ou noirü-tre, avec formation de poches analogues a celles qu'on observe h la suite des abces, qui constituent de veritables cavernes; d'autres fois eirfin, il y a aussi les lesions de la septicemie et celles de l'as-phyxie. Il peut done y avoir gangrene, mortification pulmonaire plus ou moins etendue; parfois une ou plusieurs bronches sent ruptursect;es, et Fair exterieur, ayant eu communication par ces voies avec la matiere mortifiee, 11 s'ensuit une putrefaction locale (jui se generalise bientöt; 11 en resulte les lesions de la gangrene septique. Dans les parties malades et dans leur voisinage on ob­serve des arterites et des lymphangites. Les plevres sont conges-tionnees, infiltrees, epaissies, raaculees, etc. Dans le sac pleural, il y a presque toujours un epanchement appreciable et sanguino-lent.
Comine dans l'äppareil respiratoire, les principales lesions da tube digestif consistent en hyperhemie, en congestion, en diastas-hemie, en essudations, en infiltrations, en macules, en epaississe-ment des membranes muqueuses et en un etat catarrhal assez prononce ä leur surface. II y a de rinflammation proprement dite ; il y a eu diapedese des globules blancs du sang, proliferation des elements cellulaires et degenerescence da ces elements, qu'ils proviennent du sang par diapedese ou du travail inflammatoire local.
Dans la bouche, ce sont le plus souvent les lesions de la stoma-tite qu'on observe. La muqueuse buccale estcongestionnee, hype-remiee dans toute son etendue ou dans quelques points seule-ment, principalement au niveaudes follicules, qui sont hyperthro-phies, turgides, et qui deviennent quelquefois le siege d'une veritable ulceration, par suite de la degenerescence des elements qu'ils renferment.
Le pharynx presente les lesioTis de la pharyngite; la muqueuse est congestionnee, hyperemiee, maculee de petechies; le tissu
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conipnctif sous-muqueux est infiltre. La muqueuse epaissie est egalement le siege d'un etat catarrhal prononce, surtout quand la maladie s'est localisee ä cette region et s'est presentee sous la forme adeno-catarrhale; il y a aussi inflammation et turgescence des glandes et des tbllicules. On pent rencontrer ä la surface de la premiere partie de la muqueuse cesophagienne, quoique tres rarement, certaines alterations resultant de i'inllamrnatioii qui s'y est propagee.
Dans la cavite abdominale, leperitoineestinjecte, congestioijne, inflltre, surtout dans le tissu conjonctif sous-sereux ; ii sa surface se trouvent des petechies, des ecchymoses; souvent ii y a aussi dans sa cavite ua epanchemeot de liquide colore en rouge. Le mesentere et l'epiploon sont rougeatres; et les taches ou macules sont surtout abondantes sur le feuillet visceral du peritoine; los vaisseaux qui rampent dans son epaisseur contiennent toujours un sang noir et incoagule.
Ordinairement restoinac est vide, puisque les malades out perdu I'appetit, aussi est-il ratatine. Gependant quelquefois on le trouve distendu par les gaz que produit la fermentation. II est ma-cule, congestionne, ecchymose exterieurement. Sa muqueuse n'est pas egalement alteree dans toute son etendue; la partie poste-rieure est plus profondement atteinte que la partie anterieure. Celle-ci presentedes ecchymoses, des plaques hemorrhagiques plus ou moins 6tendues, que cache plus ou moins Fepithelium tres epais de la muqueuse. La partie posterieure est beaucoup plus alteree; eile est injectee, hyperemiee dans toute son etendue; eile est rougeatre ou violacee, epaissie, infiltree; eile est enflam-mee ainsi que les glandules situes dans son epaisseur; eile est le siege d'un etat catarrhal plus ou moins prononce. Souvent I'epithelium se detache facilement; les glandules sont turgescen-tes; la muqueuse offre un aspect pointille; on remarque h sa surface et dans sa trame des ecchymoses, des petechies, des vergetures, des plaques hemorrhagiques; eile a une apparence chagrinee, qu'elle doit aux glandules hyperthrophiees, qui font saiilie h sa surface. Quelquefois on trouve ineme des erosions, des pertes de substance produites parl'eliminationdestissus mortifies ä la suite d'hemorrhagies plus ou moins etendues. Les glandules, d'abord enflammees, peuvent s'ulcerer. Dans l'epaisseur de la mu­queuse et pres du pylore on observe parfois des abces peu volu-mineux; mais ces cas sont rares ä cause de revolution rapide de la maladie. La muqueuse est surtout epaissie et boursouflee pres
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du pylore; lä eile est souvent vivement congestionnee et enflam-mee. Elle offre des plaques hemorrhagiques, des plaques morti-fiees; ces plaques ont quelquefois fait place, apres leur elimina­tion, h de vedtables plates rougeatres ou violacees. Mais souvent I'elimination n'a pas ete complete et la plaque mortifiee est encore adherente h la muqueuse. L'estomac renferme un mucus jaunätre et plus ou moins abondant. Dans l'epaisseur des parois on ren­contre aussi de la congestion, de l'inflltralion, des exsuda-tions.
L'intestin grele est tres altere; c'est lä qu'on rencontre le plus do lesions, quand c'est sur lui que s'est localisee la maladie. De memo que l'estomac, il est ordinairement vide; on le trouve re-treci, revenu sur lui-ineme, h moins que des gaz ne I'aient dilate. II est occhymose exterieurement; il contieut un mucus jaunätre, sanguinolent, grisätre, plus ou moins adherent ä la muqueuse. CoLte matiere, qui rappelle le pus par son aspect, est tbrmee d'ele-ments cellulaircs en voie de degenerescence granulo-graisseusc; eile est lournic par les follicules clos, par les glandules et par la muqueuse. Celle-ci est hyperemiee, injectee, infiltree de siirosite, öpaissie, mollasse.
L'infiltration existe principalement dans le tissu conjonctif sous-muqueux; eile est assez considerable quelquefois pour soulever la la muqueuse et la separer du plan charnu. A sa surface on ren­contre toujours des ecchymoses, des arborisations, des petechies, des plaques hemorrhagiques, des 6rosions, des ulcerations, qui peuvent provenir de l'ouverture d'un ou de plusieurs follicules clos. Ces derniers sent hyperemies, hypertrophies, plus gros qu'ä I'etat normal; ils prennent une forme pustuleuse; ils font saillie ä la surface de la muqueuse, ils se ramoilissent dans leur centre et secretenten abondance dans leur Interieur une matiere puriforme grisätre. II en est qui s'abcedent et s'ouvrent pour se transformer en veritables plaies ulcereuses, recouvertes parfois d'un exsudat Obrino-purulent. Cette matiere, qui adhere h la surface qui I'a produite, ressemble h une veritable fausse membrane. Les glandes de l'intestin sent enflammees, catarrhales, de meine que la mu­queuse ; elles sent le siege d'une hypersecretion tres manifeste. Les plaques de Peyer sent aussi enflammees, hypertrophiees; elles secretent plus abondamment qu'ä I'etat normal, leurs follicules et leurs glandules ont eprouve les alterations que nous connaissons. Les villosites sent plus vivement colorees qu'ä I'etat normal, plus faciles ä distinguer; elles se desquament ä leur surface, elles sont
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hyp6r6miees. II y a done hypertrophie des follicules solitaires et des follicules agmines, qui s'ouvrent et 6vacuent leur contenu; leurs ouvertures se montrent dilatees, grisätres etbordees de rouge ou de noir. Au pourtour des follicules il y a eu congestion et par-fois hemorrhagie meme, puis le sang s'est altere et a produit la coloration noire qua Ton observe. On a Signale aussi, au niveau de ces follicules, de veritables ulcerations, qui sont quelquefois tenement developpees, qu'on les a vues dit-on perforer la tunique intestinale. II peut y avoir enfln enterorrhagie, quand la maladie cst grave, lorsqu'une cause irritanto vient agir sur la muqueuse intestinale.
Dans le coecum on trouve moins de ravages; cependant quelque­fois la muqueuse est rouge-noirätre, maculee, plombee, catarrhale, Des observateurs pretendent avoir vu ä la surface de la muqueuse coecale, des ulcerations semblables i\ cellos qui siegent dans Tin-testin grele; Jamals je n'ai pu voir cette lesion, je ne veux pas en nier I'existence, cependant je dois exprimer un doute ä ce sujet, car je me suis assure que certains veterinairos out pris pour des ulcerations de la flevre typhoide du cheval de simples nids de scle-rostomes.
Le gros colon est ecchymos6, injects exterieurement; sa mu­queuse est egalement congestionnee, epaissie, infiltree, sa surface est tachetee d'ecchymoses, de petechies, de plaques hemorrhagi-ques et recouverte de mucus grisätre. On a pareillement signale la presence d'ulcerations sur la muqueuse colique; mais il fautici, comme k propos de celles du coecum, faire certaines reserves.
Le colon flpttant renferme des matieres assez dures, h moins qu'il y ait eu diarrhee avant la mort; ces matieres sont coiffces d'un mucus tresodorant, grisätre, gluant, visqueux, tres adherent. La congestion, que Ton rencontre h la surface de la muqueuse, so presente sous forme de bandes, de vergetures, detaches; I'epithe-lium se desquame en masse.
La muqueuse rectale est congestionnee, soulevee paruncedemo sous-muqueux, tachetee d'ecchymoses; eile presente des plaques plus ou moins etendues, mortifiees, rougeätres, noirätres; on y a rencontre quelquefois des plaies ulcereuses.
Les ganglions mesenteriques sont egalement congestionnes, hyperemies, hypertrophies, rougeätres et ramollis.
Le foie est toujo urs malade; il est hypertrophie et päle; il a pris une coloration jaune-terreuse; ilestdevenu plus friable; sa coupe est brunatre et parsemee de taches plus ou moins foncees; le tissu con-
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jonctif interbobulaire est infiltre, oedemateux et hypertrophie. Sous le microscope les cellules hepatiques se presentent avec une de-generescence granulo-graisseuseassezavancee; c'est cequi expli-que la coloration jaune-terreuse de l'organe.
La rate n'est pas toujours malade; cepcndant on la voit quel-quefcisavecun developpement anormal, presentant danssa masse de veritables foyers apoplectiques, mollasses, qui etant ouverts, laissent ecouler un sang noirätre incoagule.
Dans les orgaaes genito-urinaires les lesions ne sont pas rares; on les trouve bien accusees dans certains cas. L'urine dans la vessie a les caracteres que nous lui avons reconnus dans notre etude symptomatologique. Les reins sont parfois hypertrophies, plus volumineux qu'ä l'etat normal, congestionnes, friables, ramol-lis, pales; leur tissu est parseme d'hemorrhagies, d'ecchymoses, de taches petechiales. Le tissu conjonctif, qui en forme la chapente, est infiltre, oedemateux; il offre quelquefois des foyers purulents. Souvenl aussi 11 y a infiltration ihterstitielle et meme inflammation parenchymateuse avec un etat catarrhal plus ou moins prononce.
La muqueuse vesicate est hyperemiee, infiltree, epaissie, cou-verte de petechies, d'ecchymoses, de vergetures, surtout presdu col.
La muqueuse uterine presente les memes alterations, avec un etat catarrhal prononce h sa surface; il en est de meme de la mu­queuse du vagin, ainsi que de la vulva.
On pent rencontrer des alterations dans les meninges, dans le cerveau, dans la moelle et dans les nerfs. Ces alterations con­sistent toujours en hyperhemie, injection, infiltrations, oedeme, ecchymoses, petechies. L'arachnoide est quelquefois le siege d'uno inflammation evidente avec hyperhemie, epanchement, fausses membranes et meme hcmorrhagies. Les vaisseaux de la pie-mere sont congestionnes, et il en est de meme de ceux du cerveau et de la moelle. Dans les ventricules cerebraux les plexus sont con­gestionnes, et quelquefois il se produit un epanchement sero-sanguinolent. Dans les nerfs on trouve encore cet etat congestion-nel des vaisseaux; le tissu conjonctif perinerveux est infiltre ainsi que celui qui entre dans lacharpente du cordon.
ETIOLOGIE
La flevre typhoide du chevd est une maladie dont I'etiologie est mal connue. Pour expliquerson developpement, on a invoquö
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h peu pres toutes les causes de la pathologie generale; mais ces causes ne semblent pas avoir une influence efflciente dans le de-veloppement de cette affection.
II parait bien de prime b. bord que la maladie est provoquee par une cause specifique, par un agent infectieuxpeut-etre, quiserait introduit dans I'organisme soit par les voies respiratoires, soit par les voies digestives, soit enfin par les plaies que les animaux peu-vent presenter ä la surface de leur corps. C'est cet agent infec-tieux, qui, une fois introduit dans rorganisme, determinerait I'al-teration du sang et produirait ä mon avis un veritable empoi-sonnement ou une veritable maladie infectieuse selon d'autres.
De nombreuses causes, de nombreuses circonstances peu vent etre considerees comme predisposant les animaux a subir Tia-fluence de cet agent, de cette cause efflciente; ce sont lä autant de causes preparatoires. D'autres circonstances, d'autres causes peuvent etre considerees comme determinantes, bien que la cause veritablement efflciente, soit unique et consiste en un veritable poison ou en un agent infectieux; ce sont toutes celles qui favori-sent la production et la multiplication de 1'agent morbigene.
Les causes preparatoires sont nombreuses; on a invoque le tra­vail excessif, les fatigues, la preparation des animaux ä la vento, les changements de regime, la transition d'une saison h I'autrc, i'acolimatement, le transport des animaux, les variations de tem­perature, ralimentation insufflsante, I'alimentation alteree, I'ali-mentation par les legumineuses, etc. Gertaines especesy sont plus predisposees; ainsi la maladie est frequents, avons-nous vu, chez le cheval, plus rare chez le mulet et tres rare chez l'äne. Elle est aussi plus commune chez les chevaux mous, h. temperament lymphatique, appartenant h des races communes. Elle est moins frequente chez les sujets k temperament sanguin ou nerveux, et chez eux eile ne s'accompagne pas d'une debilitation aussi mar­quee. L'age semble exerger une certaine influence sur le develop-pement de cette maladie; lesjeunes y sont surtout predisposes, et, passe l'äge de huit ä neuf ans eile est plus rare. Ces diverses cau­ses, insuffisantes par elles-memes, ne font que preparer les quot;ani­maux h selaisser plus facilement et plus sürement impressionner par la cause morbigene.
La veritable cause efflciente est un agent particulier, toxiqueou infectieux; et tout ce qui favorise sa production et son intro­duction dans I'organisme est consider^ comme cause determi-nante.
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On peut ranger au nombre des causes döterminantes, les cha-leurs, surtout les chaleurs qui accompagnent les temps humides, les effluves et les miasmes, les localites insalubres, les sous-sols argileux, l'abaissemeut du niveau des eaux, les aliments et les boissons älteres, l'air vicie, etc. Dans les pays oü la maladie regne, eile est presque toujours enzootique, et Tenzootie dure tant que les conditions qui la font apparaitre persistent.
La maladie typho'ide du cheval est-elle contagieuse ?
Je ne le crois pas; mais je crois qu^il y a introduction d'un poi­son clans Forganisme, par l'intermediaire des aliments, des bois­sons ou de Fair. Je n'ai jamais constate un cas de contagion veri­table et je n'ei pas pu transmettre experimentalement la maladie au cheval. Mon opinion n'est pas cede de tout le monde, et cer­tains observateurs admettent ici la contagion. On a merne relate des observations qui prouveraient que la maladie s'est transmise par simple cohabitation, par I'introduction d'un animal maladc clans une ecurio oü tons les animaux etaient bien portants. On pretend meine l'avoirinoculee du cheval au cheval; on a condense la vapeur d'eau d'une ecurie ou sejournaient des animaux mala­des, puis.onl'a injectee dans le torrent circulatoire chez un cheval bien portant, et on l'a ainsi rendu malade. Mais en injectant ce liquide, on a pu injecter un simple poison, I'cxperience ne prouve done pas que lamatiere injectee fut virulente.
Ceux qui admettent que la maladie est contagieuse, pretendent que son germe pent etre rejete au dehors avec l'air expire et avee les difierents produits d'excretion, meme avec ia transpiration cu-tanee, et qu'ensuite il peut se deposer dans les boissons, sur les fourrages ou rester ensupension dans I'airpour contaminer d'au-tres animaux; mais dans le monde exterieur il ne se conserverait que pendant un temps assez court. Introduit dans I'organisme, il provoquerait I'apparition d'une maladie apres une periode d'incu-bation qui peut varier entre trois et neuf jours.
Pour moi, je le repete, cette maladie est simplement toxique; et le poison, qui la determine, ne peut pas se reproduire dans I'or­ganisme du cheval; mais il y a encore de nombreuses recherches ä faire au sujet de son etiologie.
Peut-elle se montrer deux ou plusieurs fois sur un meme indi-viclu'?une premiere atteinte contere-t-elle l'immunite? Je crois d'apres mon experience que la maladie typhoide ne confere pas l'immunite proprementdite. lt;
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TRAITEMErjT
Le traitemeut de raffection typho'ide comprend cinq indications qu'il faut s'efforcer de remplir. II est tres important, et lorsqu'il cst bien suivi, il triomphe tres souvent de la maladie.
lü II faut prevenir I'alteration du sang ou la combattre si eile s'est dejä produite.
2U II faut prevenir ou combattre les localisations sur les orga-nes internes; il faut essayer de les attenuer, si elles se sont pro-duites.
3deg; II faut favoriser l'elimination de l'elöment morbigöne, en activant certaines secretions, telles que la secretion urinaire, la secretion intestinale.
4deg; II faut combattre les formes particulieres que la maladie pent affecter, en se guidant sur les symptömes et en employant un traitement approprie ä chaque forme.
5deg; II faut favoriser le retablissement des malades, prevenir les rechutes et abreger autant que possible la duree de la convales­cence.
Les malades etant souvent debilitös ou se d6bilitant prompte-ment, il ne faudra Jamals, malgre l'existence de symptömes föbri-les, abuser de la diete. II sera bon memo de ne jamais la prescrire d'une maniere absolue, il faudra proscrire la saignöe, les setons et les vesicatoires.
Le sang est alterö, il faut done, au lieu d'en diminuer la quan-tit6 et la richesse, lui restituer son etat normal; les setons, en pa-reilles circonstances, pourraient amener des complications de septicemie; enfm I'onguent v^sicatoire pourrait produire des en­gorgements de mauvaise nature et donner lieu ä l'absorption d'une certaine quantite de cantharidine, qui irriterait les voies urinaires et digestives. II faut rejeter d'une maniere generale tous les medi­caments alterants ou irritants, commc I'emetique, le nitrate de po-tasse, qui pent irriter les voies urinaires; il faut en un mot rejeter tous les agents debilitants.
1deg; II faut prevenir ou combattre I'alteration du sang. — Pour cela il faut faire cesser l'action des causes qui agissent d'une facjon defavorable sur I'organisme; il faut modifier
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les conditions hygieniques, diminuer le travail, purifier les ali­ments et les boissons, ou en donner de meilleurs. II est bon, lorsque les animaux se trouvent dans un milieu insalubre, de leur administrer des toniques, surtout des ferrugineux; 11 est egale-ment tresbon de s'adresser aux antiseptiques, äl'acide phenique. Les toniques ont pour but de soutenir et d'augmenter les forces du malade; les antiseptiques agissent comme toniques et peüvent con-tribuer h prevenir toute complication de septicemie. Dans I'emploi de ces agents, il ne faut Jamals perdre de vue que les voies diges­tives sont ou plus susceptibles ou dejä malades, et qu'il Importe ä tout prix d'eviter de les irriter par des agents medicamenteux et de les surcharger d'aliments indigestes.
2deg; II faut prevenir et combattre les localisations internes. — II Importe done de revulser vivement la maladie des son apparition: agir le plus promptement possible est tou-jours le meilleur, sans attendrele lendemain pour verifier son dia­gnostic. II faut provoquer des localisations exterieures pour pre­venir la formation de pareilles localisations dans les organes inLernes, ou pour attenuer celles qui se sont dejä produites et en liiciliter la resolution.
II est de toute necessite de recourir h I'emploi des revulsifs, tels quo la moutarde, l'ammoniaque, l'essence de terebenthine, etc. G'est h la moutarde qu'il faut toujours accorder la preference; on I'emploie sous forme de lotions sinapisees, et surtout en forme d'applications sous la poitrine et sous I'abdomen. On pourrait aussi employer le liniment ammoniacal; mais il faut delaisser l'essence de terebenthine, car eile produit simplement de la dou-leur et non pas une veritable revulsion. Proscrire la saignee, les setons et les vesicatoires, pour s'en tenir h I'emploi de la mou­tarde : voilä la conduite qui m'a toujours mene h de bons resultats.
3deg; II faut favoriserl'elimination de 1'element mor-bigene. — Pour cela on pent recourir ä un grand nombre de moyens pris parmi les diuretiques et parmi les laxatifs. Par des-sus tout et avant tout, il faut eviter d'irriter le tube digestif. La diete doit etre proscrite, line faut pas laisser donner aux malades leur nourriture habituelle, mais il faut les sustenter en leur faisant donner des barbotages ä la farine d'orge. II faut leur faire donner souvent, et peu ä la fois, pour ne pas surcharger et fatiguer les voies digestives; on peut leur donner une petite quantite de bar-botage toutes les deux heures. Les boissons ne devront etre ni froides ni tiedes, mais seulement degourdies, afin de ne prove-
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quer ni reaction dans Je tube digestif, ni degoüt chez les malades. On associera aux boissons des agents emollients, tels que la tisane de graine de lin; des agents laxatifs ou purgatifs, teis que le Sul­fate de soude et surtout la creme de tartre soluble, qu'ondonnera h doses faibles, mais souvent repetees. On prescrira des lavements emollients ä la tisane de graine de lin, auxquels on pourra ajou-ter, pour les rendre plus efficaces, seit de l'huile, seit du miel. Les diuretiques irritants doivent toujours etre rejetes ; les laxatifs et les purgatifs lögers conviennent d'autant mieux qu'il y a presque toujours ä combattre une constipation plus ou moins opinitUre; et lorsque les voies digestives ne seront le siege d'aucune irritation, on pourra avoir recours ä des agents un peu plus actifs, ou em­ployer les meines ä doses plus fortes.
4quot; II faut combattre les differentes formes de la maladie. — En outre des prescriptions qui precedent, il faut toujours s'inspirer des caracteres de la maladie et de la forme sous laquelle eile se presente. II faut combiner h l'occasion, avec le traitement dejä indique d'une maniere genörale, celui qui con-vicnt ä chaque complication et ä chaque localisation particuliere; il faut, en d'autres termes, traiter la bronchite, la pneumonie, la gastro-enterite, l'hepatite, la nephrite, le vertige, la fourbure, etc.
5quot; II faut favoriser le retablissement des malades, prevenir les rechutes et abreger la convalescence. — II faut done öviter de debiliter les animaux, en proscrivant la saignee et la diete, en donnantaux malades un regime reparateur, auquel on combinera les toniques, les antiseptiques. Si, comme cela arrive quelquefois, il y a diarrhee, on doit la combattre par les astringents administres soit par les voies directes, seit par les voies retrogrades; ceux qui conviennent le mieux sont les ferru-gineux. Les rechutes sont tres graves; on les prövient en amelio-rant les conditions hygieniques des malades, en les entourant de bons soins, en leur donnant des aliments de facile digestion et en leur appliquant un traitement rationnel.
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CHAPITRE VIII
PESTE BOVINE
La peste bovine est une maladie dont I'etude est tres impor-tante; on ne I'observo pas souvent dans notre pays, mais eile s'y introduit parfois et y occasionne de grands ravages. II faut done I'etudier afin de pouvoir, le cas echeant, savoir la reconnaitre et employer les moyens capables d'en arreter l'extension et d'en hater la disparition.
Definition, considerations generales. — Le typhus est une maladie generale, contagieuse, virulente, tres facilement transmissible, toujours epizootique, caracterisee par un ensemble de symptömes et de lesions, qui permettent ordinairement de la reconnaitre sans beaucoup de difflcultes.
Parmi les symptömes qui la caracterisent, on pent citer comme plus ou moins predominants : la flevre, une elevation de la tempe­rature des le debut, des frissons, des tremblements, un etat con-gestionnel des teguments, du larmoiement qui est vite remplace par de la chassie, du jetage, une salivation plus abondante qu'ä I'etat normal, un boursouflement de l'epithelium buccal, une for­mation exageree des cellules epitheliales de la muqueuse buccale suivie de la desquamation des elements superficiels et de la chute par places d'amas epitheliaux, une diarrhee fetide, et enfin de la prostration, de la stupeur et un amaigrissement tres rapide.
Les lesions, qui caracterisent le typhus, sent ögalement tres importantes et tres nombreuses; les plus importantes se ren-contrent sur les teguments et principalement sur les organes digestifs. Elles consistent en congestions, stases sanguines, rup­tures vasculaires, infiltrations, gonflement, production cellu-laire, etc.
La virulence est disseminee dans tout Torganisme; eile existe dans le sang, dans tous les liquides, dans tons les solides et dans toutes les matieres provenant des animaux malades.
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La nature de cette alfection n'est pas encore exactement connue; on suit bien qu'elle se transmet tacilemeut, qu'elle est tres contagieuse et tres virulente, mais on ne connait pas tros bien la cause intime de la virulence. Gependant d'apres les der-nieres recherches faites en Angleterre, en Alleinagne et en Russie, il semble probable que la peste bovine a pour cause effi-ciente un parasite.
Si la peste bovine ne se inontre qu'exceptiounelleinent dans nos contrees, il n'en est pas de meme dans d'autres pays. En Europe eile regne d'une maniere permanente dans les steppes de la Russie; et lorsqu'elle fait son apparition dans les pays occiden-taux, c'est parce qu'elle a deborde, c'est parce qu'elle a ete propa-gee, disseminee, importee dans ces contrees par le commerce ou par les armees enneraies.
Dans les regions oü le typhus ne se montre qu'exceptionnellei aent, il est ordinairement beaucoup plus grave que dans celles oil ilsevit continuellement; ainsi il est beaucoup plus grave et occasionne beaucoup plus de ravages en Allemagne, en Hollande, en Bel-gique, en Suisse, en Angleterre, en Italie, en France, lorsqu'il y fait son apparition, que dans les steppes de la Russie oil il regne constammcnt et oil il passe parfois inapeiru. On ne salt pas exactement äquoi il taut attribuer cette diflerence, ou admet que la race bovine des steppes est plus resistante, on incline memo ä penser que la maladie ii perdu de son intensite intrinseque dans les pays oil eile est acclimatee depuis longtemps. Ge qui est bien certain, c'est que souvent les bpeufs russes Importes en Occident ont transports le typhus avec eux, sans qu'on ait pu ineine les soupconner d'avoir la maladie.
La peste bovine n'est pas, comme on pourrait de prime abord le croire, originaire de la Russie; eile y a ete importee de l'extreme Orient, de la Chine ou peut-etre de plus loin, par les migrations des peuples. Ce sont les Huns qui I'ont introduite en Europe.
Synonymes. — Cette maladie regoit ordinairement le noin de jpesfe bovine; on I'appelle aussi (typhus), typhus contagieux, peste ou typhus du gros betail. Cette derniere designation n'est pas tres exacte, car la peste bovine atteint aussi les petits rumi­nants; I'expression typhus contagieux convient done mieux. On i'a appelee quelquefois epizootie bos-hongroise, parce qu'on la croyait originaire de la Hongrie; Vicq-d'Azyr et quelques autres i'ont designee sous le nom de peste varioleuse, h cause des erup­tions cutanees dont eile s'accompagne quelquefois. La dyarrhee.
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qu'on observe presque toujours dans le cas de typhus, lui a fait donner le nom de peste dyarrheique. On a encore applique k la peste bovine un certain nombre d'autres denominations pour indiquer la predominance de tel ou tel Symptome, c'est pour-quoi on I'a appelee fievre typhoide, fievre varioleuse, fievre bilieuse, fievre putride, fievre continue, fievre ardente, fievre ma­ligne, fievre pestilentielle, fievre ataxique, fievre adynamique, etc. En Allemagne, la peste bovine porte le nom de Rinderpest, et en Angleterre eile est designee sous le nom de cattle-plague.
Associations. — La peste bovine peut coexister avec cer-taines autres affections contagieuses, avec lecharbon, avecla fievre aphtheuse, avec la phthisie, avec la peripneumonie. De pareilles associations s'etant parföisproaüites, Ü en est resulteque certains auteurs out parfois commis des confusions regrettables.
SYMPTOMATOLOGIE
Le typhus contagieux, bien que sevissant principalement sur Tcspece bovine, ne lui est dependant pas particulier; il peut etre observe sur tous les ruminants (bovins, ovins et caprins), memo chez les ruminants sauvages. II parait aussi que certaines especes du genre Sus, entre autre le pecari, peuvent le contracter. Vicq-d'Azyr croyait meme que la peste bovine etait transmissible au cheval, au chien et au chat, mais il s'etait trompe.
Le typhus n'est pas frequent chez nous, et, quand il est intro-duit, il fait, avons-nous dit, des ravages bien plus etendus que dans les steppes de la Russie, oü il regne d'une maniere ä peu pres permanente.
Pour connaitre la physionomie complete dc I'affection, il faut l'etudier et la suivre d'abord sur un individu, et puis se rendre compte de sa marche en tant que maladie epizootique.
Observee sur les individtis, la maladie peut se presenter avec des formes diverses, variables suivant un certain nombre de cir-constances, suivant les pays, suivant les Saisons et l'hygiene, suivant les epizooties, suivant les races, etc. Elle est plus com­plete et plus grave chez les individus mous et lymphatiques que chez les sujets rustiques et robustes; eile est plus grave enhiver, quand les animaux sont enfermes, que pendant l'ete; eile est
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moins grave chez les betes soumises k une bonne hygiene, quc chez celles qui sont mal soignees, mal nourries, etc.
Le typhus, comme les autres maladies contagieuses, ne se de-elare pas subitement apres Tintroduction de son germe dans I'organisme; il y a toujours une periode d'incubation, dont la duree est un peu variable, quoique toujours relativemant courte. Getto periode comprend ordinairement de quatre h vingt-un jours; mais le plus habituellement eile ne depasse pas le huitieme ou le dixieme jour. La duröe moyenne de la periode d'incubation est done de six a dix jours.
Lorsque la peste bovine commence ä devenir apparente chez un individu, eile se decele presque toujours au debut par une 61evation de la temperature generale du corps. G'est lä le premier Symptome qui se manifeste; et ce signe, qui, dans le plus grand nombre des maladies, n'a pas une valeur diagnostique bien pre­cise, en acquiert une lorsque le typhus existedejä dans la localite ou dans la forme; il permetau moins de soupQonner, si non d'affir-mer, que le sujet, sur lequel on observe cette Elevation de tempe­rature, est atteint de cette maladie. La temperature animale s'eleve h 39deg;, ^^ 4iquot; et quelquefois 42deg;, voire meme dit-on ä 420,5; et cette Elevation est plus ou moins prononcee, suivant que la maladie s'annonce comme devant etre plus ou moins grave. II faudra toujours avoir soin de nettoyer le tliermometre, dont on se sera servi pour evaluer la temperature, aiin de ne pas trans-mettre, par sop intennediaire, la maladie aux sujets qui sunt seulement suspects, et qui peuvent ne pas devenir malades. Pourtant cette elevation de temperature fait quelquefois del'aut; e'est lorsque la maladie aflecte la forme adynamique ou lorsqu'elle marche lentement et n'offre pas une grande gravit.6.
L'affection s'annonce encore par d'autres symptömes generaux, qui, bien que n'etant pas pathognomoniques, aident neanmoins beaucoup h la faire soupc-onner.
II y a de la tristesse, de la prostration, de l'abattement; le ina-lade porte la tete hasse; la colonne vertebrale est voussee en contre-haut; la sensibilite generale est exageree, surtbut ii la re­gion dorsale; la peau est plus chaude qu'ä I'etat normal, eile est seche et quelquefois congestionnee; les polls sont herisses; la station est penible, la locomotion difficile et la marche chance-lante; la lassitude se montre rapidement.
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L'appetit est diminue, capricieux ou nul; lu rumination est inoins longue, eile est irregulifere ou n'a plus lieu. La respiration s'accelere rapidement par le moindre travail. La circulation s'ac-celere aussi, et bientöt les battements cardiaques et arteriels deviennent plus faibles qu'ä Fetat normal. La lactation elle-meme est modifiee; le lait est moins abondant et plussereux. Les urines sont plus foncees, plus chargees, surtout en uree.
La peste bovine reste peu de temps caracterisee par ces symp-tömesvagues; eile marche rapidement et bientöt, en un, deux, trois, quatre jours tout au plus, apparaissent des symptömes plus accentuös et plus nombreux
La temperature s'eleve alors 1140deg;, 41deg;, 42deg;, 420,5: mais eile no se maintient pas ä ce chiffre pendant toute la duree de la maladie; eile s'abaisse bientöt, soit parce que I'affection typhique s'amendc ce qui est rare, soit parce que les sujets mines par eile vont en s'affaiblissant tres rapidement; alors la peau devient froide, sur­tout aux oreilles et aux extremites.
Les malades tombent bientöt dans im ötat de somnolence, de stupeur, de coma; et ces symptömes se montrent ordinaircment avec des intermittences, pendant lesquelles on remarque souvent des exacerbations.
La physionomie devient sombre et inquiete; les yeux sont sans vigueur, ils sont ä demi-recouverts par les paupieres. La conjonc-tive est hyperemiee, eile presente une coloration rouge-jauna-tre, uniforme ou maibree de points plus fences, de täches ecchy-motiques; eile est toujours le siege d'une hypersecretion, qui se traduit d'abord par un lannoiement limpide, auquel succede bientöt, d'une maniere progressive, une chassie jaunätre, qui devient peu h peu purulente et verdätre et qui irrite vivement la peau sur laquelle eile coule.
Comme la station est penible, les malades sont souvent couches et restent longtemps dans cette position.
Les oreilles, penchees en arriere, presentent, de memo que les extremites, des alternatives de froid et de chaud.
La peau est chaude, congestionnee et seche; quelqucfois au contraire eile est recouverte de sueur, surtout dans ccrtaines regions, au pourtour de la base des oreilles, aux ars, h I'aine, etc; repiderme s'exfolie et se detache facilement; les polls sont piques; la sensibilite generale est exageree.
Les tremblements, les frissons, d'abord partiels, se montrent
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dans certaines regions musculaires et deviennent bientöt gene-raux. La locomotion devient surtout penible et difficile lorsque la maladie dare dejä depuis quelque temps.
Du cöte de l'appareil et de la fonction digestive on observe de nombreux symptömes. L'inappetence devient complete; la soif disparait; la rumination est suspendue; des baillements frequents se produisent. La bouche exhale une odeur fetide; la muqueuse buccale est gonllee, hyperemiee, chaude; la langue est chargee, congestionnee et rougeätre, surtout sur ses bords et ä sa face infe-rieure. La salivation est tres abondante; la saliva, d'abord claire et limpide, devient grisätre, epaisse, jaunätre, visqueuse, fetide, flo-conneuse et quelquefois sanguinolente; eile s'ecoule par les com­missures ties levres,entrainant avecelle des pellicules, des plaques, des grains d'epithelium grisätres ou jaunätres. Frequemment le malade mächonne et grince des dents. Le mulle se gonfle; son Epidemie se ramollit, se fendille, et se detache par plaques. La muqueuse buccale preseate quelquefois, outre son etat conges-tionnel et sa coloration rouge-icterique tres manifeste aux gencives, aux bords et ä la face inferieure de la langue, des taches ecchy-motiques, des taches petechiales plus ou moins cachees par I'epithelium, qui s'est epaissi. Les papilles sont congestionnees. L'epaississement do la couche epitheliale, qui recouvre la mu­queuse de la bouche, n'est pas toujours regulier. La muqueuse prcsente souvent un aspect plus ou moins tourmente, avec un plus ou moins grand nombre de points plus saillants, au niveau desquels l'epaississement a ete plus prononce. En ces points le derme de la muqueuse a ete plusvivement congestioime qu'ailleurs. A cause de cet epaississement, I'epithelium de la bouche se des-quame facilement; il se detache memo en petites masses des points les plus epaissis, et la salive entraine le tout. Cette desquamation est done assez etendue; eile a lieu sur toute la surface de la mu­queuse et eile se fait plus particulierement en certains endroits (sillon labio-gingival, joues, langue, etc.), sous formes de plaques, de pellicules ou de grains; il en resulte que le derme est mis h nu sur un grand nombre de points et se presente lä avec une couleur rougeätre plus ou moins icterique. La couleur rougeätre, que prend parlbis la salive, s'explique par cette desquamation epithe­liale; le derme etant mis h nu, ses capillaires etant congestionnes, distendus, peuvent se rupturer et produife de petites hemorrha-gies, dont le sang se melange h la salive. Presque toujours les
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levres sont gonflees, et on voit parfois h leur surface exterieure et a leui- face interne des vesicules, analogues aux aphthes, for-niees par Fextravasation d'une matiere sereuse en dessous de l'epithelium. G'est la un Symptome qui peut tres bien se montrer dans le cours de la peste bovine, sans qu'elle soit compliquee de la fievre aphtheuse.
Le ventre est devenu tres sensible, douloureux ä la pression; ranimal regarde son flanc, comme dans le cas de coliques; 11 pietine des raembres posterieurs, qui sont forteraent engages sous le tronc; il agite frequemment la queue, et indique ainsiquot; qu'il eprouve des soulfrances abdominales. La muqueuse rectale est hyperemiee, gonflee, rougeätre, infiltree. Souvent on enteud, meme ä une certaine distance, des gargouillements, des borbo-rygmes, qui indiquent que la maladie s'aggrave et que la consti­pation, qui existait d'abord au debut, va faire place ä la diarrhee. Gelle-ci est d abord excrementitielle; eile devient ensuite plus fluide, plus liquide; puis les matieres diarrheiques sont melangees de produits muqueux ou mucoso-purulents, grisätres; elles devien-nent de plus en plus fetides et de plus en plus molles, voire memo liquides; frequemment elles sont sanguinolentes et la diarrhee se transforme en une veritable dysenterie. Les matieres excremen-titielles sont d'abord rendues frequemment, mais avec douleur, ainsi qu'en temoigne l'attitude et le fades du malade; elles sont rejetees äune certaine distance; bientot Fainmal, de plus en plus faible, ne fait plus aucun effort, la diarrhee coule d'elle-meme salissant la queue et les membres posterieurs. Les symptömes fournis par I'appareil digestif sont les plus irnportants et il est facile de les observer.
La respiration, qui n'est que pen ou pas modifiee au debut, s'embarrasse peu ä pen; il y a parfois du cornage. L'air expire, d'abord plus chaud, se refroidit ensuite et devient fetide. II s'agit ici d'une fedite particuliere, qui d'ailleurs se degage du malade et de tous ses produits morbides et qui constitue un caractere essen-tiel; cette fetidite se repand dans toute I'liabitation. La pituitaire epaissie, congestionnee, rougeätre ou tachetöe, est toujours' le siege d'un 6tat catarrhal tres prononce; le jetage est d'abord sereux, limpide, puis il devient plus epais,jaunätre,grisätre, rou­geätre ou verdätre, il est irritant comme la chassie et laisse des traces sur les parties qu'il touche.
La circulation est plus ou moins acceleree suivant les cas; le
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pouls peut arriver k battre 120 et 430 pulsations. Celles-ci sont d'aulant plus faibles que le malade est plus affaibli et plus pres de la mort.
Le sang est modifiö; il contient la matiere colorante de la bile; c'est cette modification du fluide sanguin, qui explique la colora­tion rouge-jaunätre que presentent les muqueuses. Le reseau capillaire est partout congestionne; c'est ce qui explique I'hyper-hemie et la coloration des teguments. La peau, la conjonctive, la pituitaire, la muqueuse buccale, la muqueuse rectale, la mu-quease vaginale sont en effet congestionnees et rouges-icteriques ou rougeätres et marbrees de taches plus foncees. II se produit souvent un gonflement et quelquefois des vesicules h la vulve, aux levres et dans la bouche.
La lactation, qui 6tait seuiement diminuee au debut de la ma-ladle, devient presque nulle h la periode d'etat; les mamelles se rampllissent et ne donnent plus qu'un produit sereux et peu abon-dant.
La laquo;ecretiou uriuaire est diminuöe et les urines sont plus char-gees qu'a I'etat normal.
II n'est pas rare que des localisations se produisent sur le Sys­teme nerveux, et ces localisations se traduisent chez les malades par de l'agitation, par des symptömes de vertige, par des acccs de fureur ou par du coma, de la somnolence ou encore quelque­fois par des symptömes rabiformes.
Suivant la race des animaux, suivant le climat, suivant les Sai­sons, suivant le regime, suivant les epizootics et suivant unc foule d'autres circonstances, le typhus peut affecter des formes variables et plus ou moins graves. Ainsi il se montre dans certains pays (steppes) sous une formebenigne, abortive, il s'accoinpagne d'une congestion moderee des teguments, d'un derangement intestinal passager et peu marquö, et il se termine ordinairement par la guerison. C'est cette forme que 1'on observe ordinairement dans les steppes de la Russie et quelquefois dans certains pays occi-dentaux de l'Europe sur des sujets rustiques et tres robustes. Dans nos contrees la peste bovine est toujours plus grave et prä­sente deux periodes successives : une periode congestive et une periode typhique proprement dite. La premiere est caracterisec par l'elevation de la temperature, par l'acceler ition du pouls et par la congestion des teguments; puis survient la deuxieme phaee.
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dans laquelle on observe du coma, de la somnolence, de la stu-peur et un amaigrissement rapide. Ces deux periodes sent presque toujours difficiles ä separer; la plupart du temps elles sont con-fondues Tune avec l'autre. Des symptömes de la seconds se mon-trent pendant la premiere, et röciproquement les sympiömes de la premiere persistent en se modifiant plus ou moins pendant la seconde.
Dans le döbut de la maladie, il y a chez les malades de la pros­tration ou de la surexcitation. Les teguments et surtout les mu-queuses ne presentent pas toujours cette teinte icterique, que nous avons signalee comme un Symptome ordinaire; quelquefois leur coloration n'est pas uniforme, elles sont tachees de jaune, de rouge ou de noir.
Le jetage devient quelquefois sanguinolent comme la salive; il pent meme y avoir un veritable epistaxis. II n'est pas rare de voii se produire de l'emphyseme pulmonaire et meme de Temphyseme sous-cutane. Cette complication pulmonaire a pu faire confondre, dans des cas tres rares il est vrai, le typhus avec une autre ma­ladie de poitrine; mais l'emphyseme simple ne s'accompagne pas de pareilles congestions sur les teguments, ni de jetage sangui­nolent, ni de chassie, etc., et l'auscultation ainsi que la percus­sion rendent impossible toute confusion avec la peripneumonie.
Suivant la predominance de tels ou tels symptömes, on dit que le typhus affecte la forme nerveuse, vertigineuse ou comateuse ou furieuse, la forme bronchique, la forme pulmonaire, la forme gastrique, la forme enterique; mais ordinairement ces diverses formes sont combinöes et reunies plusieurs ensemble.
Dans certaines epizootics, on observe une forme cutanee, une forme varioleuse, exanthemateuse, vesiculeuse, pustuleuse ou phlegmoneuse; il se montre des rougeurs en saillie a, la surface de la peau, ou il se produit des vesicules, des pustules meme et quelquefois de veritables tumeurs phlegmoneuses.
Le typhus, quelle que soit la forme qu'il affecte, pent se com-pliquer quelquefois de fievre aphtheuse et memo de charbon; il pent coexister avec la peripneumonie; il pent aussi se declarer sur des animaux phthisiques. Dans ces differents cas il est toujours plus grave. Lorsqu'il atteint les femelles en etat de gestation avan-cee, il provoque presque toujours I'avortement.
La marche de la maladie est variable suivant la forme qu'elle affecte, ordinairement eile est tres rapide; eile se termine presque toujours par la raort au bout de 4, 6, 8 ou 10 jours au plus; mais
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generalement on se debarrasse par assommement des sujets re-fionnus atteints de typhus.
Gette affection debilite promptement les animaux, qui toinbent dans un etat de prostration et de stupeur tres marques; la nutri­tion est arretee, l'amaigrissement est tres rapide, les malades sont entoures d'une atmosphere fetide; ils gpröuvent des paroxysmes, des exacerbations.
A la derniere periode du mal, la salive, la chassie et le jetage s'epaississent et deviennent sanguinolents; la diarrhöe devient sero-muqueuse, sanguinolente et tres fetide. Finalement les indi-vidus, fi bout de force, restent constamment couches, la tete ap-puyee sur le sol; la respiration devient profonde et ebranle tout le corps, et enfin les malades succombent apres une courte agonie, pendant laquelle on constate parfois des mouvements convul-sifs.
Le typhus ne se termine pas toujours fatalement par la mort; dans certains pays (steppes) les malades guerissent en tres grand nömbre; dans les pays occidentaux, il pent aussi se produire par­fois un certain nombre de guerisons, et, d'apres Delafond, ces cas de guerison seraient surtout frequents h la fin des dspizooties. La guerison, quand eile accompagne des formes graves, ce qui est rare, est toujours precedee d'une periode de convalescence, pen­dant laquelle les animaux peuvent encore eprouver des rechutes, et apres laquelle peuvent aussi persistercertaineslesions, certains troubles permanents. G'est la forme benigne ou abortive qui s'ac-compagne le plus souvent de guerison. Les animaux gueris en apparcnce doivent etre consideres commc suspects pendant une quinzaine de jours, parce que la matiere virulente pent se conser-ver pendant ce laps de temps h la surface de leur corps.
Le typhus inocule differe peu du typhus naturel; ses symptomcs sont lesmemes, Jil'intensite pros; sa periode d'incubation moyenne est de 5ä 6 jours et pent varier entre 3 et 21 jours; sa gravity semble ä peu pres aussi grande. Le virus typhique ne s'affaiblit guere par des cultures successives, aussi I'inoculation en casd'epi-zootie ne peut et ne doit pas etre recommandee; pourtant il est des cas od le typhus inocule semble plus benin.
La paste bovine sevit toujours h I'etat epizootique dans les pays oü eile est introduite; eile se transmet rapidement des premiers malades aux autres animau* de la meme habitation, puis eile so propage et envahit d'autres habitations, d'autres localites, d'autres
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communes, etc. La maladie tend toujours h se propager; eile ne disparait pas seule, ou si eile disparait d'une localite, c'est taute d'aliments. On croit assez generalement que vers la fin des epi-zooties la virulence et la gravite de la maladie s'attenuent, que les guerisons peuvent etre plus nombreuses. D'ailleu,-s les epi-zooties de typhus ne se ressemblent pas toujours d'une maniere absolue; elles sent plus ou moins graves, suivant les pays, suivant les saisons, suivant les races animales. Ainsi dans teile epizootie, c'est teile forme qui predomine; ainsi les epizootics s'etendent plus facilement en ete et la maladie est plus grave en hiver;. ainsi dans les steppes la peste bovine, qui est enzootique, n'est pas mortelle ordinairement.
Le typhus est une maladie exceptionnellement grave dans la plurulite des cas; le plus ordinairement il entraine la mort des malades; il provoque done une mortalite tres considerable. II est tres contagieux, il se propage tres facilement, il ne s'etcint pas seul; il occasionne des pertes immenses, car le plus ordinairement on n'utilise pas les cadavres.
Quand il existe dans les pays volsins, quand on constate d'une facon certaine son importation dans une localite, dans une ferme, son diagnostic n'est pas fort difficile. Mais ordinairement, en 1'ab-sence de renseignements precis, les premiers cas sont parfois dif-ficiles h bien reconnaitre; les symptomes au debut ne sont pas pa-thognomoniques. Si pourtant on a quolque raison de soupconner l'existence du typhus d'apres les renseignements, d'apres les pre-soinplions creees par l'existence probable de cas anterieurs on par Tenquete ii laquelle il est bon de se livrer en pareilles circon-stances, ou par I'importation connue ou soupgonnee d'anirnaux malades ou suspects, il faudra sc conduire toujours avec prudence et prendre les precautions que comporte l'existence probable do la maladie. D'ailleurs on ne restera pas longtemps dans rincer-titude.
11 faudra dans tous les cas recueillir tons les renseignements qu'on pourra obtenir et proceder ä une sorte d'enquete, pour sa-voir si le typhus regne dans les pays voisins, si des animaux ont ete recemment Importes dans la localite, etc.; il ne faudra jamais negliger de pratiquer les autopsies, s'il y a deja eu des cas de mort ou d'abatage, car les lesions du typhus sont tres importantes et peuvent contribuer beaucoup a appuyer le diagnostic. Si ces diverses donnees font defaut, il faudra se borner h 1'observa-
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tion des malades, tout en prenant les precautions nöcessaires (sequestration) pour empecher l'extension de la maladie. Mais le diagnostic deviendra facile, quand les symptömes vagues du d6-but (flevre, ölevation de temperature) s'accompagneront de fris­sons, de tremblements, de congestion sur les teguments, de lar-moiement, de chassie, de jetage, de salivation, de desquamation 6pitheliale sur la muqueuse buccale, de diarrhee, de stupeur et des autres symptömes qui caractörisent le typhus; on sera alors h peu pres fix6 sur la nature de la maladie, et pour lever toute difficulte et avoir une certitude absolue, il sera encore utile d'stu­dier les lesions et au besoin de recourir ä l'inoculation sur des petits ruminants ou des veaux.
Le diagnostic differentiel de la peste bovine peut quelquefois offrir quelques difficultös, surtout lorsqu'elle presents des symp­tömes appartenant ä d'autres maladies, au charbon, au vertige, ä la rage, au coryza gangreneux, h la diarrhöe ou ä la dysenterie ordinaires, h la peripneumonie, ä la fievre aphtheuse. N6anmoins la dißerenciation est facile dans le plus grand nombre de cas; la rage, le vertige ordinaire, le charbon, le coryza gangreneux ne s'accompagnent pas de cette coloration ictörique des teguments ni de cet etat catarrhal des diverses muqueuses, etc.
La fievre aphtheuse se caracterise par la formation de vesicules ti la surface de certaines regions, et lorsqu'elle ne s'accompagne d'aucune complication, on ne peut pas la confondre avec la peste bovine. Mais lorsque l'eruption vösiculeuse se produit aussi h l'interieur des organes digestifs, lorsque la diarrhee survient, il faut alors, s'il y a quelques doutes, avoir recours ä l'inoculation, qui donnera une maladie plus ou moins grave suivant qu'il s'agira du typlus ou de la fievre aphtheuse,
La peripneumonie peut aussi s'accompagner de diarrhee, de chassie, etc.; on peut 6galement recourir ä l'inoculation et il faut verifier les lesions s'il y a döjJi des cadavres.
La simple observation suffit pour empecher de confondre la diarrhee ou la dysenterie ordinaire avec celle qui accompagne la peste bovine; la diarrhee et la dysenterie ordinaires ne se trans-mettent pas aux animaux voisins et ne s'accompagnent pas de l'etat catarrhal des autres muqueuses.
Quant ä l'identite du typhus avec la fievre aphtheuse et le cow-pox, que certains auteurs ont soutenue, eile est tout ä fait mal fondee, ces maladies sont en'effet tres distinctes les unes des au­tres, elles sont tres differentes d'ailleurs au point de vue de leur
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gravite; cette confusion ft'est pas permise dans les pays oü le ty­phus se presente avec la forme maligne. A.ussi dans notre pays on ne peut pas etre tente de confondre ces maladies; la peste bo­vine est presque toujours mortelle, tandis qua la flevre aphtheuse et le cowpox ne le sont qu'exceptionnellement.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Les lesions du typhus sont tres variables quant ä leur nombre, quant ä Years sieges, quant a leur etendue et quant ä leur inten­sity, suivant que la maladie a eteplusou moins complete etsuivant qu'elle est plus ou moins avancee. Presque toujours, lorsqu'on constate l'exislence du typhus, on n'attend pas que la maladie se termine naturellement; aussi il arrive ordinairement qu'on observe des lesions plus ou moins accentuees suivant que I'affection a evo-lue plus ou moins completement.
Les principales alterations siegent sur les muqueuses des voies digestives, des voies respiratoires et des voies genito-urinaires; on peut en rencontrer aussi sur la peau, dans le tissu conjonctif sous-cutane, dans les muscles, dans les centres nerveux et dans I'appareil circulatoire.
Les lesions de la peste bovine presentent h peu prestoutes cer­tains caracteres generaux; elles se montrent partout avec une coloration rougeätre, rouge-jaunätre, brunätre, noirätre, uni­forme et reguliere, ou marbree, irreguliere et parsemee de taches plus foncöes. Gette coloration est due h l'hyperhemie des tissus et h l'altöration du sang, qui s'accompagnent d'une exsudation plus ou moins abondante, entrainant avec eile une certaine quantite de la matiere colorante et imbibant plus ou moins les tissus. Quand la coloration n'est pas uniforme, quand eile est marbree, c'est parce qu'il y a eu des points oü il s'est produit des stases sanguines, des ruptures des capillaires, des hemor-rhagies.
L'etat congestionnel des teguments et des divers organes leses, qui explique la coloration signalee, est lui-meme produit par I'ac-tion du sang, qui, en s'alterant, devient irritant, surexcite et para­lyse les nerfs vaso-moteurs, d'oü resulte une dilatation des vais-seaux capillaires et la congestion, qui est suivie d'un mouvement
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exosmotique entrainant le plasma du sang et de nombreux ele­ments cellulaires.
L'hyperhemie, qui a lieu surles muqueuses est toujours suivie d'une hypersecretion, qui se traduit par la production et le rejet de mattere morbide constituant un ecoulement sero-sanguinolent ou mucoso-sanguinolent; une desquamation epitheliale tres active accompagne I'etat catarrhal; c'est lä un caractere constant; eile a lieu regulierement sur toute la surface malade ou bien ellc est plus manifeste et plus profonde en certains points.
Des ruptures vasculaires se produisent apres la congestion, et oul ro ces ruptures, il se forme toujours, dans le tissu conjonctif sous-muqueux, une infiltration due ä l'exosmose du plasma san-guia. Gelte infiltration est plus ou moins prononcee et eile est tres manileste dans certains organes (caillette et intestin grele); eile explique cette turgescence que presentent les muqueuses.
Non seulement le mouvement exosmotique entraine des eU-inenls cellulaires ä la suface de ces muqueuses, mais il s'etablit aussi un etat inflammatoire; les elements cellulaires, aptes a se multiplier, proliferent et les cellules ainsi formees ou arrivees aux surfaces enflammees eprouvent tres rapidement la degenerescence granulo-graisseuse, se transforment en elements de pus ou se de-sagregent.
L'etat des cadavres est variable, suivant que les animaux sent morts naturellement du typhus, ou suivant qu'ils ont ete sacrifles avant que la maladie fut arrivee h son declin. Sur les cadavres des animaux sacrifles au debut de la maladie, on ne constate pas de modifications prononcees dans leur aspect ordinaire; mais il n'en est plus de memo, quand la maladie a evolue completement oü est arrivee a son apogee. Dans le cours de la peste bovine il se produit tres rapidement un amaigrissement tres accuse, qui debute par le train posterieur. Les yeux sont chassieux; le jetage est purulent; la salivation est fetideet epaisse; leflux diarrheique est plus ou moins abondant. Apres la mort on constate un amai­grissement plus ou moins prononce; les ouvertures naturelles sont salies des produits morbides qu'elles laissaient öcouler du vivant des malades; le cadavre exhale de tous ses points une odeur caracteristique, differente de celle de la septicemie, mais tres fetide. Les yeux sont plusou moins enfonces et plus ou moins noyes dans un amas de chassie purulente.
Des accidents eruptifs sont-visibles h la surface de la peau; ce sont des exanthemes, des vesicules, des pustules, des phlegmons.
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Souslapeau existe de roedeme, qui estsurtout abondant dans les parties declives. Dans le tissu conjonctif sous-cutane on trouve des gaz, quand le malade avait presente des symptömes d'emphy-seme pulmonaire et sous-cutane; ces gaz sont analogues ä ceux que ranimal inspire, iis ne sont pas fetides. La face interne de la peau est toujours plus ou moins imbibee et coloree en rouge-icte-rique; sesvaisseaux laissent suinter un sang noirätre et incoagule, quand la maladie est avancee.
Le tissu conjonctif sous-cutanö est congestionn6, rouge-ictöri-que et il presente de distance en distance des taches plus foncees, brunätres, noirätres, des ecchymoses; ces alterations existent aussi dans le tissu conjonctif interstitiel des muscles, dans le tissu peri-norveux et pörivasculaire. La viande pourra done presenter des raracteres speciaux quand I'animal aura sucombe a la maladie.
Les synoviales articulaires et tendineuses ont une coloration vineuse, brunatre, uniforme ou tachetee; elles renferment une se-rosite sanguinolente.
Les muscles sont quelquefois peu ou point alterös; mais leurs alterations sont profondes chez les animaux qui ont succombe na-turellement; ils sont ramollis, leurs fibres sont alterees, certaines d'entre elles ont eprouve la degenerescence colloide ou granu-louse. On a enfin rencontre dans les fibres musculaires certains corps oviformes, regardes comme des germes d'entozoaires, mais dont la nature n'a pas ete determinee. Dans la substance du mus­cle on peut rencontrer, comme ailleurs, la coloration rouge-ietö-rique, des ecchymoses, des taches brunätres ou noirätres, des epanchements sanguinolents, surtout dans les interstices mus­culaires.
Ces diverses alterations ne permettent pas de reconnaitre, par I'inspection cadaverique, la viande dquot;un animal qui a suecombö au typhus; elles ne sont pas pathognomoniques et n'ont une certaine valeur qu'autant que d'autres circonstances mettent sur la voie du diagnostic.
Les veritables lesions pathognomoniques sont celles de l'appa-reil digestif; elles sont nombreuses et se montrent presque sans interruption depuis la bouche jusqu'ä I'anus. On rencontre par-lout un etat congestionnel tres intense et une coloration uniforme ou tachetee, qui est surtout manifeste dans la caillette, an voisinage du pylore et sur l'intestin grele. Partout l'infiltration est tres abondante. L'etat catarrhal et l'etat inflammatoire se traduisent par une hypersöcretion de matiere mucoso-purulente, accompa-
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gnee d'un gonflement et d'une desquamation de l'epithelium ainsi que de la degenerescence granuleuse des elements cellu-laires amenes par le mouvement exosmotique, ou resultant de la proliferation cellulaire.
Dans la bouche on trouve des lösions bien caracteristiques. Les levres sont toujours plus ou moins gonflees, leur tissu conjonctif est infiltre: elles presentent quelquefois des vesicules ou des pus­tules, que la maladie ait ete ou non compliquee de fievre aphtheuse. La langue est hypertrophiee. La muqueuse buccale est gonflee. La bouche exhale une odeur fetide; et il existe dans sa cavite, ä la surface de sa muqueuse, une salive epaisse, visqueuse, tres adherente, mucoso-purulente, fetide, tres riebe en elements figu­res, en Cisilulesepitheliales degenerees, en elements embryonnai-res et en cellules de pus. L'epithelium est gonfle, epaissi, ramolli; il se detache facilement; il est desquaine plus ou moins profonde-inen;, en certaines places plus ou moins nombreuses; il s'est de­tache dans quelques regions (sillon labio-gingival, region labiale, face interne des joues, face inferieure de la langue, etc.,) sous forme de pellicules ou de plaques, ou de grains jaunatres ou gri-sätres, qu'on trouve en plus ou moins grand nombre dans la sa­live. Les points, d'ofisedetachent des fragments d'epithelium, sont le siege d'une vive congestion, d'oü est resultee une exsudation qui a souleve l'epiderme et en a determine la chute, en l'imbibant plus ou moins de la matiere colorante du sang. En effet, dans les points oil la desquamation a laisse le derme h nu, celui-ci se montre congestionne, brunatre ou noirätre; et quelquefois, bien que ra-rement, ces points se transforment en plaies ulcereuses. Le derme de la muqueuse est le premier altere, il Test avant l'epithelium; il est tres vivement congestionne, et si la coloration rouge n'est pas facile ä voir, cela tient a l'epaisseur de son revetement. Dans les points oil l'epithelium est moins epais, le derme se montre co-lore en rouge icterique ou brunatre, ou noirätre, ou marbre. II y a toujours gonflement et infiltration de la muqueuse et du tissu conjonctif sous-muqueux. Les follicules et les glandules de la mu­queuse sont hypertrophies et congestionnes ä leur pourtour; leur secretion est plus abondanteet les follicules peuvent, en s'ouvrant, se transformer en plaies ulcereuses..
Ces diverses lesions se montrent aussi dans le pharynx, dont l'epithelium gonfle se desquame facilement. La muqueuse pharyn-gienne congestionnee est le siege d'un etat catarrhal; eile est re-couverte d'un mucus purulent; le tissu sous-muqueux est epaissi et infiltre; les glandules sont hypertrophiees.
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Ces alterations se rencontrent quelquefois meine, quoique ä un moindre degre, dans Toesophage, dans le rumen, dans le reseau et dans le feuillet. G'est surtout dans le rumen qu'on les observe le plus souvent. L'epithelium est epaissi et se detache; la mu-queuse est congestionnee unitbrmement ou presente des ecchymo-ses, des taches, des arborisations, des liemorrhagies intra-mu-queusesou sous-muqueuses; le tissu conjonctif sous-muqueux est infiltre at epaissi.
Le peritoine est hyperemie, rougeatre, parfois tachete; il con-tient une serosite jaune-rougeätre.
Dans la eaillette les lesions sont tres nombreuses et tres variees; eile renferme une matiere muqueuse, visquease, grisätre, jau-nätre, rougeätre, fetide et tres riche en cellules epitheliales, en cellules embryonnaires et en cellules purulentes; quaud le pro-duit stomacal est jaune-rougeätre, la. congestion estitröaintense. La muqueuse gastrique est le siege d'un etat catarrhal tres pro-nonce, qui existe äla surface de la membrane et dans ses glandu­les. L'epitbelium epaissi, gonfle et ramolli, se desquame facile-ment; il se detache en masse et laisse h decouvert de veritables plaques, qui se transtbrment quelquefois en plaies ulcereuses. Ces denudations epitheliales s'observent surtout au sommet des plis de la muqueuse et au voisinage du pylore. Le derme est evidem-ment congestionne; il est rougeatre, rouge-icterique ou brunätre. La coloration est irregulicre. die a souvent un aspect marbrc, c'est-ä-dire qu'on apercoit des taches ou des plaques plus foncees et plus ou moins nombreuses, tranchant sur le fond general de la muqueuse. Parfois des heinorrhagies se sont produites sous I'e-pithclium et soulevent ce revetement; elles peuvent aussise pro-duire dans la frame du tissu sous-muqueux, oil rinflltration est constante. Ces diverses formes (taches, hemorrhagies) s'observent principalement au voisinage du pylore et aussi sur les plis de la muqueuse. Assez souvent on rencontre des plaques sphacelees dans des points (pylore), oil la congestion de la muqueuse a amene une mortification superflcielle ou profonde de cette membrane; c'est encore au voisinage du pylore qu'on les observe. Ces pla­ques sont plusou moins etendues et ordinairement peu nombreu­ses; elles sont noiratres; quelquefois elles sont dejä en voie d'eli-mination et se montrent entourees d'un sillon disjonctif; d'autres fois la separation est elfectuee totalement, et, k la place de cette eschare detachee il reste une plaie, dont le tissu est vivement congestionne. Les sommets des plis de la muqueuse presentent
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parfois des ulcerations superficielles assez nombreuses. La mu-queuse gastrique offre souvent l'aspect d'un crible, surtout ä cause de l'alteration des glandules, qui sont enflammees, conges-tionnees, plus saillantes et dont roriflce est agrandi. Le tissu con-jonctif sous-muqueux est tres infdtrö.
Dans l'intestin grele on trouve en abondance un contenu mu-coso-purulent ou caseeux, grisätre, jaunatre ou rougeätre, exhalaut une odeur fetide et tres riebe en elements figures. Cette matierc recouvre toute la muqueuse intestinale; au niveau des follicules solitaires et des plaques de Peyer eile est plus epaisse, plus ca-seeuse et plus adherente. La muqueuse et son appareilglandulaire sont dans un 6tat catarrhal tres manifeste. L'epithelium, epaissi, gonfle et ramolli, se desquame facilement et il s'est detache par places en certains endroits. Le derme est vivement congestionne; il a uneteinte rougeätre, brunätre, noirätre; sa coloration est irre-guliere; des taches et des points plus fences se montrent surtout au sommet des plis de la muqueuse; on rencontre ä sa surface et dans son epaisseur des points ou des plaques hemorrhagiques plus ou möins etendues. Une exsudation abondante existe dans tons, les points, surtout au niveau des follicules et des plaques de Peyer; le tissu sous-muqueux estinfiltre; la muqueuse est epaissie.
On rencontre quelquefois des plaques mortifiees comme dans la caillette; et ces plaques sont adherentes ou en voie d'elimina-tion; d'autres fois elles out fait place ä de veritables plaies, avec perte de substance. Des plaies ulcereuses peuvent aussi etro la consequence de l'alteration des follicules solitaires ou agmines. Las glandes de l'intestin sont bypertrophiees; mais ce qui est le plus remarquable dans les lesions de rintestin grele, e'est assure-ment l'alteration des follicules solitaires et des glandes de Peyer. Les follicules clos sont le siege d'une inflammation tres manifeste, dont les caracteres varient suivant la periode de la maladie. Ils sont d'abord hypertrophies, plus saillants, entoures d'une zone rouge; ils sont le siege d'un mouvement fluxionnaire tres intense et d'une proliferation exageree; ils contiennent une plus grande quantite d'elements cellulaires, qui sont toujours en voie de degenerescence granulo-graisseuse. Ils torment alors autant de petits foyers ou nodules caseeux, qui ne tardent pas ä s'ou-vrir, pour evacuer leur contenu dans l'intestin; aussi observe-t-on souvent, ainsi que nous ravonsdejädit,des plaies ulcereuses, qui se sont formes de cette ftt^on.
Dans une deuxieme phase repithelium s'est done rupture, et le
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follicule, ainsi ouvert, a evacue plus ou moins ccmpletement son contenu caseeux dans l'intestin. Parfois ce produit caseeux et jaunätre, adhere encore, en plus ou moins grande quantite, ä la surface qui I'a secrete; et Ton constate alors la presence d'un noyau grisätre ou jaunätre au centre de la plaie cupuliforme, qui est resultee de l'ulceration du follicule. D'autres fois )e produit a ete completement chasse et les plaies sent nettement cupuli-formes. Dans cette troisieme periode les follicules sont done trans-formes en ulcerations bien caracterisees; les bords de ces plaies sont saillants et indures; ils sont toujours entoures d'unl'. aureole rougeätre ou brunätre ou noirätre.
La zone hyperemique, qui entoure les follicules, est rougeätre au debut, mais eile ne tarde pas ä se modifier et ä devenir bru­nätre ou noirätre, et e'est ainsi qu'elle apparait lorsque la maladie a dejä dure quelques jours. Les plaques de Peyer sont hypertro-phiees, toujours recouvertes d'une matiere visqueuse grisätre, qui est produite en grande abondance et qui peut les cacher presque completement. Elles sont entourees d'une zone excen-trique de congestion, rougeätre d'abord, puis brunätre ou noi­rätre. Les elements qui les constituent presentent les memes alterations que les elements analogues dissemines dans la mu-queuse. Les follicules y sont hypertrophies, entoures d'une zone rougeätre ou brunätre ou noirätre; ils donnent ä la plaque I'aspect d'un fragment de peau fortement chagrine; ils sont tur-gides, quelquefois ulceres et peuvent presenter les memes carac-tcres que ceux qui sont dissemines sur la muqueuse. Les villosites sont. hyperemiees, et tres souvent leur epithelium est desquame. Des pigmentations brunätres ou noirätres existent au pourtour des follicules solitaires, au pourtour des follicules ngmines et des ulcerations; on les rencontre aussi sur d'autres points de la mu­queuse sous forme de taches, de plaques, de trainees, etc. Ces pigmentations remplacent peu ä peu la coloration rougeätre du debut; elles se montrent dejä quand la maladie a dure quatre ou cinq jours; elles sont la consequence des modifications qui surviennent dans la matiere colorante du sang.
Dans les autres parties de l'intestin (coecum, colon, rectum), on observe des altörations qui ressemblent beaucoup ä celles de la muqueuse de l'intestin grele. On trouve lä aussi une matiere mu-coso-purulente, visqueuse, tres adherente, grisätre, jaunätre, rou­geätre et riche en ölements figures. L'epithelium est gonfle, ramolli, et en voie de desquamation active; la muqueuse est
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hyperemiee et le tissu sous-muqueux est infiitre. Dans le cce-cum on rencontre parfois en plusieurs points one matiere caseeuse, d'apparence fibrineuse, exsudee et adherente h la surface de la muqueuse. Cette matiere se presente sous forme de filaments; si on la detache, il reste un point denude et vivement congestionne h sa place; eile semble etre le produit resultant d'une exsudation qui s'est 6tablie aux depens de certaines plaques ecchymoti-ques.
Le foie peut presenter certaines alterations; il est quelquefois jaunatre ou jaune terreux, et ses elements sont en voie tie degc-nerescence.
Les ganglions mesenteriques sont hyperemies, congestionnes; ils sont colores en rouge, brunätres, ramollis. La muqueuse des voies respiratoires est plus ou moins alterce. La pituitaire est hyperemiee, rouge-icterique; sa teinte est uni­forme ou marbree de taches plus foncees; eile presente des points ou des plaques hemorrhagiques; eile est catarrhale et recouvertc d'un produit mucoso-purulent jaunätre ouverdätre; eile est epais-sie et son tissu sous-muqueux est infiitre; son epithelium se des-quame; eile presente parfois de veritables plaies avec perte de substance et recouveites d'un produit pseudo-membraneux.
Dans les muqueuses laryngienne, tracheale et bronchique, on trouve les memes alterations (hyperhemie, coloration uniforme ou marbree, etat catarrhal, produit mucoso-purulent, etc.).
Le poumon est plus ou moins hyperemie; sen tissu conjonctil interlobulaire est le siege d'une exsudation plus ou moins abon-dante. II y a un oedeme pulmonaire et quelquefois de 1'emphy-seme interlobulaire plus ou moins etendu.Les ganglions bronchi-ques sont tumefies, hyperemies, rougeätres et ramollis.
Les plevres out une teinte rouge-icterique, uniforme ou tache-tee; elles renferment de la serosite coloree en rouge.
Les reins sont quelquefois tumefies, hyperemies, ramollis et friables. La muqueuse vesicale est injectee et boursouflee. La mu­queuse utero-vaginale est congestionnee, infiltree, epaissie, uni-formement rouge ou tachetee, catarrhale. Les mamelles sont flas-ques et infiltrees.
Le cerveau, la moelle, les nerfs, presentent une hyperhemie
plus ou moins vive et une exsudation dans leur tissu conjonctif.
Les lesions de l'appareil circulatoire sont pen prononcees au
debut. Le sang, d'abord peif-altere, eprouve dans le cours de la
maladie d'importantes modifications; 11 deviert noirätre et perd
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de sa coagulabilite ä la fin; ses globules blancs deviennent plus nombreux et 11 presente des batonnets, dont la signification est encore mal connue. Le pericarde est congestionne, rougeätre ou tachete; il contient de la serosite sanguinolente. Le coeur est jaunätre, päle, ramolli; l'endocarde offre des taches ecchymoti-ques, qui existent meine dans la substance du coeur:, l'inteneur des cavites cardlaques et des vaisseaux est rouge-icterique. Dans tous les organes, le reseau capillaire est reläche, turgMe, hype-remie.
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La pathogenie de toutes les lesions s'explique par l'alteration du sang. Le fluide cireulatoire altere agit sur les elements et sur les nerfs vaso-moteurs qu'il paralyse; alors les vaisseaux se dila-tent, la sang stagne dans leur Interieur, d'oü resultent ensuite rexsudation, l'infiltration, la dissolution de la matiere colorante. A la surface des teguments, oil le mouvement d'exsudation est tres actif, on observe un etat catarrhal qui s'accompagne de la prolife­ration des elements cellulaires et de leur degenörescence ra­pide.
ETIOLOGIE
Le typhus est une maladie qui se developpe toujours par con­tagion. Cependant certains auteurs assez nombreux out pretendu qu'il peut se declarer spontanement; et pour expliquer cette appa­rition spontanee, ils ont invoque un certain nombre de causes, principalement la mauvaise hygiene, l'exces de fatigue, la mau-vaise alimentation, le defaut d'alimentation süffisante, etc., en un mot les causes qui, en general, se trouvent reunies dans les pares d'approvisionnement des armees. Mais aujourd'hui 11 taut bien se garder de faire une part, quelque petite soit-elle, ä cette opinion; car 11 est absolument faux de dire que le typhus peut se develop-per d'une maniere spontanee sous l'influence des causes precitees. 11 est bien prouve aujourd'hui que la peste bovine est toujours lo resultat de la contagion, tant en Orient que dans les pays de l'Oc-cident; la seule cause efficiente de la maladie est done la conta­gion. Partout en Occident le typhus s'introduit et se propage par contagion; et dans les pays de l'Orient, oil il se conserve h I'etat enzootique, il se perpetue et s'entretient par contagion. Le role exclusif de la contagion, tout au moins en ce qui concerne le de-veloppement du typhus en Occident, a ete mis en evidence par
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Renaul, par les veterinaires allemands et las veterinaires russes.
La contagion etant reconnue la seule cause du typhus, il faut etudier avec sein les caracteres et la nature du contage, et deter­miner le mode et les conditions de la transmission.
La contagion, avons-nous dit, est la cause du typhus; cela resulte clairement de nombreux faits d'observation et d'experi-mentation. La peste bovine est certainement une inaladie conta-gieuse, puisque dans tous les cas on peut la transmettre d'un su-jet malade h an sujet sain; en outre on a observe de tous temps des faits qui ne laissent pas prise au doute et dans lesquels des sujets sains, places au contact des malades, ont 6te contamines. mais tout cela ne prouve pas que le role de la contagion soit exclusif et qu'il ne faille pas faire une part h laspontaueitö.
Ce qui prouve que la maladie n'est jamais spontanee, du moins en Occident, ce sont les nombreuses importations qu'on a consta-tecs depuis les temps les plus recules. En effet, toutes les fois que 1c typhus s'est declare en Allemagne, en France, en Italic, en Angleterre, etc., on a pu suivresamarche, determiner d'unefa-con presque malhematique sa provenance et son mode d'introduc-tion. Une Ibis Importe dans un pays quclconquo, il s'y est toujours etendu et perpetue plus ou moins, suivant qu'il y a ete plus ou moins mal combattu. Du reste, la possibility de cette importation n'est pas de nature h nous surprendre, etant connnu ce que nous savons dejä.
Dans certains pays, notamment dans les steppes, la maladie etant relativement benigne, h tel point que des animaux veritablc-ment atteints paraissent quelquefois peu malades ou meme ne lo paraissent pas du tout, on s'explique que des sujets dangereux puissent etre transportes dans des pays plus ou moins loititains, oil ils disseminent ensuite la maladie. 11 suffit d'ailleurs de depla-cer des animaux chez lesquels la maladie en est encore ä sa pe-riode d'incubation, les symptömes apparaitront plus tard, et la peste bovine pourra etre propagee et disseminee. On conQoit done sans peine que, sans qu'on s'en doute, la maladie puisse etre transportee au loin. Presque toujours du reste, quand eile appa-rait dans les pays occidentaux, eile vient des steppes de la Russie, oil primitivement eile a 6tt! importöe de l'extreme Orient, de la Chine, peut-etre de plus loin. On ne sail rien de precis au sujet de son origine; toujours est-il que ce sont les mouvements des ar-mees et les migrations des peuples, entrainant avec eux des pares d'approvisionnement, qui ont Importe au loin la maladie; le com­merce a concouru souvent ä la propagpr.
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Des le iBr siecle, les Huns, Venus de Test de la Chine, importe-rent la maladie en Europe, sur le littoral de la mer Caspienne oü ils s'etablirent. Plus tard, ces meines peuples et d'autres, parlis des bords de la mer Caspienne, importerentle typhus jusque dans l'extreme Occident.
Au ix0 siecle, pendant le regne de Charlemagne, le typhus se propagea dans les differents pays qui türent ie theatre de la guerre. II en tut de meme au xin0 siecle, quand les hordes mongolesarri-verent en Europe.
De 1709 ä 1717, la peste bovine ravageu presque tousMes pays de l'Europe; importee en Russie par les Barbares, eile se propa­gea en Allemagne, en Autriche, en Italic, en France; pendant cette epizootic, qui partait encore des steppes, la maladie fut etu-diee par Kanold, Lancizi et Ramazzini. Dejü ces auteurs avaient reconnu que le typhus etait du ä la contagion et que c'etait lü sa seule cause; ils avaient aussi reconnu qu'il (Hait contagieux, non seulement dans l'espece bovine, mais aussi de l'espece bovine h respece ovine.
De 1735 ä 1740, la peste bovine ravagea certaines conlrces de l'Europe; eile fut importee d'Autriche eu Italic,oü eile fut etudiec par Buniva, et puls eile se propagea en France et aux autres pays voisins.
En 1740, en 1745, en 1709, eile fut importee en Angleterre par le commerce, par l'introduction d'animaux contamines venant du dehors; eile fut importee aussi en France par le commerce, en 1770 et en 1774.
En 1792, en 1795, en 1796, en 1801, en 1812, en 1814 et en 1815, le typhus regna d'une facon presque indiscontinue en France et dans les pays voisins, avec lesquels la France etait en guerre ou que ses armees traversaient. Pendant cette longue periode de guerres, le typhus aecompagna presque toujours les pares d'ap-provisionnement des armees belligerantes.
En. 1827, pendant la guerre de I'lndependance de la Grece, il etendit ses ravages en Moldo-Valachie, en Prusse, en Autri­che.
En 1831, pendant la revolution de la Pologne, il penetra en Russie et en Prusse.
En 1841, il fut introduit en Egypte par l'importation d'animaux venant des provinces danubiennes.
En 1844, il fut introduit par le commerce en Russie, en Autri­che, en Prusse, en France, en Angleterre.
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En 1858, il a ete Importe en Siberie.
En 1862, il a ete Importe en Italie par des animaux qui venaient de la Dalmatie.
La peste bovine, ainsi que nous ravens dejä dit, est en perma­nence dans les steppes de la Russie, oü Ton eleve un nombreux betail, qui est I'objet d'un commerce considerable, et qui, il ost pennis de l'esperer, le deviendra de plus en plus, grace a la faci-lite des transactions, des communications et des transports. II re-sulte de ce fait que les pays, qui s'approvisionnentäcette source, sont ä tous les instants menaces de la peste bovine. La France, qui Importe relativement peu de ce betail, est moins menacee que d'autres etats; neanmoins il est bon que le gouveruement veille et prenne certaines mesures, qu'il fasse surveiller I'im-pbrtation aux frontieres de terre et de mer. Bien entendu, cette sLirveillance doit etre executee par des veterinaires, et ceux-ci no doivent pas se contenter de visiter les animaux Importes, ils doivent aussi se tenir au courant de l'etat sanitaire des autrcs pays, pour savoir si des animaux venant de teile contree doivent 6tre suspectes.
II est facile de prouver qu'en Occident le typhus est introduit par des animaux venant de la Russie; les importations de ces dernieres annees le demontrent.
En 18G5, la maladie fut importee en Angleterre, oil eile fit les plus grands ravages, avec des animaux venus de la Russie. La meine annee, eile fut de nouveau importee en Egypte avec des animaux venant des provinces danubiennes.
En 1866, alors qu'elle continuait a sevir en Angleterre, eile tra-versa le detroit, fit invasion dans la Hollande qu'elle ravagea, so propagea en Belgique et penetra en France oü eile fut prompto-ment etouffee. A cette epoque eile fut aussi importee d'Angleterre ä Paris par des animaux introduits an jardin d'acclimatation. La meine annee eile se propagea en Autriche et en Allemagne, ä la suite de la guerre entre ces deux pays; eile fut aussi importee de Vienne dans le Tyrol et en Suisse.
En 1870-1871, le typhus fut introduit chez nous par les annees allemandes; il attaquanos pares d'approvisionnement et se propa­gea clans une etendue assez considerable de notre territoire.
En 1873, il a fait une nouvelle apparition en Prusse et en Angle­terre. Meine apres cette epoque il y a eu de nouvelles importations en Allemagne et en Angleterre.
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De cette longue önumeration de faits, il ressort que la maladie est. contagieuse et que la contagion en est la cause unique.
Le typhus est done une maladie exotique; il se coi;serve vrai-semblablement dans un pays de l'extreme Orient a. I'etat enzooti-que; et dans les steppes, on il reste en permanence, il n'est pas plus spontane que chez nous, cela a ete demontre peremptoire-ment.
Contage typhique. — Le contage du typhus exists par-tout dans I'ofganisine, dans tous les solides et dans les liquides; il a son siege dans les liquides normaux, dans les produits des se­cretions normales, dans la lymphe, dans le sang, dans la salive, danfj les urines, dans le lait, dans les lannes; et il se trouve sur-tout en abqndaacßdans les produits de secretion pathologique, da.is le jetage, dans la chassie, dans les matieres diarrheiques et tlysen-teriques, etc. II faut done poser en principe indiscutable que tous les produits d'un animal malade sont virulents ; ainsi le produit des os, des muscles, des organes, les liquides normaux, le sang, la lymphe, le lait, les serosites, les produits morbides. Fair expire, los gaz, qui se degagent du malade on de ses produits clivers, ren-ferment le contage et peuvent propager la maladie.
La nature du virus typhique n'est pas encore parfaitement de-tenninee ; on a cependant de la tendance ä admettre que I'agent virulent est un parasite. Mais les bätonnets, qu'on trouve dans 1c sang des malades et qui ont des analogies d'apparence et d'aspect avec les bacteriens, ne semblent pas etre de la meme nature, car on a pu les dissoudre avec une solution de potasse. Neanmoins, d'apres les dernieres recherches faites en Angleterre, en Allema-gne et en Russie, certains observateurs attribuent le developpe-ment de la maladie ä un parasite.
Quoiqu'il en soit de sa nature intime, toujours est-il que le con­tage pent se presenter h I'etat de virus fixe ou k I'etat de virus volatil, mais le plus souvent sous le premier etat, soit qu'il se trouve en suspension ou en dissolution dans les liquides, soit qu'il ait ete depose ä la surface des corps ou mele ä des matieres solides. II pent aussi se montrer ä I'etat volatil, etre en sus­pension dansl'air, et cela explique la transmission de la maladie par l'intermediaire de l'atmosphere; ainsi il est certain que des sujets sains, places ä proximite des animaux malades, seront expo­ses ä contracter la maladie, sans avoir avec ces derniers des rap-
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ports directs ou indirects. Le virus peut done se maintenir un certain temps en suspension dans l'air; et s'il ne peut se volatili-ser, ses elements existent certainement dans l'atmosphere, oü ils sont entraines par les emanations qui s'echappent des malades et de leursproduits.
L'existence du virus dans toutes les parties de l'organisme prouve qu'il est produit par les malades en tres grande abon-dance; en effet un seul malade en fournit une quantite prodi-gieuse et est ainsi un foyer d'infection tres puissant; 11 en secrete dans tons les points de son organisme; ä tons les moments il re-jette en abondance des matieres virulentes par toutes les voies naturelles d'excretion, par la surface cutanee, par les ouvertures nasales, buccale, anale, genito-urinaire, par les voies respiratoires et par l'appareil secreteur des yeux, etc.
Le virus excrete, entre, au moins en partie, en suspension dans l'air; aussi se forme-t-il trös rapidement autour du malade une atmosphere contaminee et contaminante. Mais la majeure partie du virus rejete au dehors impregne les corps solides ou se me­lange aux liquides; et dans ces conditions 11 peut se conserver un certain temps. Un malade est done dangereux, höh seulcment par lui-meme, mais aussi par les corps solides, liquides, gazeux qu'il infecte autour de lui; et ces corps infectes, il serait impru­dent de les deplacer sans les avoir desinfectes, et de mettre en contact avec eux des animaux sains. Bien que le malade se forme autour de lui une atmosphere contagieuse, si cette atmosphere est confinee, la contagion ne se propage pas au loin; mais qu'il survienne des courants d'air ou du vent, il s'ensuivra une exten­sion de l'atmosphere contagieuse, qui pourra aller contaminer plus ou moins loin les animaux places sur la direction de cos courants d'air ou du vent.
Le virus typhique rejete ä l'extörieur, comme celui descadavres et des debris cadaveriques, peut se conserver quelque temps; sa vitalite sernble persister plus ou moins, suivant les conditions ambiantes; mais quelque mauvaises que soient ces conditions, il peut se conserver plusieurs jours semble-t-il. L'etude de cette question est tres importante; eile domine ^application de certaines raesures sanitaires. Mais coinbien de temps se conserve le virus? Sur ce point les donnees sont loin d'etre concordantes, elles sont nombreuses, mais parfois contradictoires. En effet, suivant les uns, le virus se conserverait des jours, des mois et meine des annees; tandis que suivant les autres, quelque propices que soient les
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conditions arabiantes, le virus ne pent se conserver au-delä de 30 jours, et encore ce delai ne serait guere atteint qu'autant que le virus serait bien scelle dans des tubes. On a pretendu, en invo-quant ä l'appui des faits mal observes on mal iuterpretes, que, ;lans les cadavres enfouis, le virus pouvait se conserver pendant des mois et meine pendant des annees, et qu'il 6tait par conse­quent dangereux de laisser paitre des animaux au-dessus des fosses qui contenaient des cadavres typhiques. On a pretendu aussi que les cadavres d'anhnaux typhiques exhumes quelques mois apres renfouissement, pouvaient encore transmettre le ty­phus. Gette opinion ne me semble pas etre 1'expression exacte de la verite; eile est beaucoup trop alarmiste. En 1871, M. Viseur d'Arras a exhume, apres 10 et 11 mois d'entbuissement, des cadavres typhiques, il a fait flairer la terre qui recouvrait la fosse et les de­bris cadaveriques par des animaux ruminants, et il n'a pas reussi h transmettre la maladie. M. Reynal n'a pas transmis le typhus, en inoculantle produit du cadavre 58 jours apres la mort. II semble-rait done que les cadavres, meme enfouis, ne conservent pas la virulence aussi longteraps qu'on s'est plu h le dire; mais la verite n'etant pas exactement connue encore h ce sujet, il y a lieu de se conduire avec la plus grande prudence et la plus grande reserve; aussi malgre les faits que je viens de signaler, il faudrait bien se garder de laisser päturer des animaux ruminants au-dessus des fosses, et de permettrei'exhumation des cadavres pour l'utilisation des os avant un certain temps, avant un an par exemple.
Le virus se conserve-t-il longtemps a la surface des corps solides, h la surface d'une creche, d'une mangeoire, d'un ratelier, dans les tissus de laine, dans une toison? La verity n'est guere mieux ctablie ici quo dans le cas precedent; cependant la science pos-sede dojä certaines donnees dont il faut tenir grand compte. II semble que le virus depose ä la surface des corps solides ne pout pas se conserver plus de 4 ä 5 jours en et6 etl5jours en hiver. Et meme ce delai pent etre bien abreg6 si les corps impregnes de matieres virulentes sont exposes h un courant d'air continu, et si en meme temps elles sont soumises Ji l'action de la chaleursolaire, ou si le temps est chaud et humide, car alors la putrefaction s'en empare tres vite. Dans ces divers cas, la conservation ne dure guere que deux jours parait-il. Le virus typhique non expose ä des courants d'air, celui qui se trouve clans une habitation, oü Fair ne se renbuvelle pas, pent se conserver plus longtemps, il pent se conserver pendant6ou8 jours d'aprescertainsobservateurs. Plac6
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dansunvasequelconque,dans unflacon, iIseconservede4ä8 jours; il se conserve un pen plus longtemps quand le vase ferme herme-tiquement et surtout quand on a fait prealablement le vide; ainsi, il pent se conserver deiZ ä 30 jours dans des tubes ä vaccin ou entre des lames de verre; mais quoiqu'il en soit, ce virus amoins de tenacite que les virus claveleux et vaccin. II peut aussi se con-server dans les eaux et dans les purins pendant un temps qu'il reste ä determiner.
Les circonstances qui favorisent sa conservation se deduisent facilement de ce qui precede; I'air confine, une temperature mo-deree ou basse, le defaut d'humidite et de lumiere, etc., sent de ce nombre. Gelles qui favorisent sa destruction sent: la chaleur, surtout quand eile est portee a un certain degrö; la dessiccation rapide, I'liumidite, surtout lorsqu'elle est combinee avec une tem­perature elevee; I'air qui se renouvelle, etc. II paralt qu'un froid tres intense, au-dessous de 0deg;, peut produire le memo effet. Ce qui est le plus ;i prendre en consideration e'est l'efficacitö du re-nouvellement de I'air, de la dessiccation et de la putrefaction pour detruire le virus; il faudra done recourir h faction de ces causes toutes les fois que cela nous sera possible.
Le virus typhique peut-il se reproduire hors de rorganisme?La reponse est facile; le contage de la peste bovine se conserve peu, avons-nous dit, dans le monde exterieur; il semble done bien de-montre qu'il n'est susceptible de se reproduire que dans I'orga-nisme vivant.
Contagion. — La peste bovine peut se transmettre par les trois modes de contagion que nous connaissons, par contagion im­mediate, par contagion mediate et par contagion volatile.
Quel est le role de chaeun de ces modes'?
La maladie est transmissible par le contact direct des malades avec les sains; et d'ailleurs quand un quot;animal sain est place ä cöte d'un animal malade, il est expose h se contaminer par les trois modes.
Quand le typhus se propage de proche en proche, quand il de-vient epizootique, il se transmet le plus souvent par contagion mediate; il passe d'une ferme ou d'une localite h une autre par l'intermediaire des solides ou des liquides(aliments,boissons), qui sent souilles de matieres contagieuses et qui sent flaires ou inge-res par les animaux; et memo dans une habitation e'est encore souvent de cette maniere que le typhus prend de l'extension.
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La maladie se transmet aussi, quoique moins souvent, par l'in-termediaire de l'air; et ä ce sujet il est bon de se demander si l'atmosphere contagieuse, qui entoure un ou plusieurs malades, est dangereuse ä de grandes distances. Tout en acceptant pour de-demontrö, et il est en effet demontre, le role de Fair comme agent de transmission de la maladie typhique, il faut reconnaitre que la contagion volatile ne s'effectue Jamals h de grandes distances, ä tel point que, dans des localites oü regnait ie typhus, on a vu des habitations bien soignees et bien sequestrees ne presenter aucun cas de maladie, quoiqu'elles fussent situees ä cöte d'autre's habita­tions oü la peste bovine faisait de nombreuses victimes. La dis­tance a laquelle la contagion volatile est possible n'est done pas grande; eile varie du reste suivant la richesse plus ou moins grande du foyer infectieux en germes, suivant que l'atmosphere contagieuse est ou n'est pas exposee aux vents et aux courants d'air, suivant que la maladie est plus ou moins grave, plus ou moins gcneralisee, et suivant les obstacles qui peuvent se trouver autour du foyer infectieux; ainsi un mur, une haie peuvent arreter I'exten-sion de cette zone dangereuse. Mais, je le repete, dans le plus grand nombre des cas, ce n'est pas la contagion volatile qui est la plus dangereuse. Dans les circonstances ordinaires, il est rare que la zone contagieuse soit susceptible de s'etendre iiplus de 15, 20,30, 40 metres. G'est done par la contagion mediate que la maladie se propage le plus souvent.
Les principaux moyens, agents, vehicules ou intermödiaires, qui peuvent servir ä la propagation de la maladie, sont assez nombreux. Bien que la peste bovine, quand eile s'introduit dans un orga-nisme, y penetre presque toujours par l'intermediaire des ali­ments, des boissons ou de l'air, il n'en est pas moins vrai que ces vehicules peuvent etre souilles de differentes manieres et par des agents nombreux.
Les aliments sont dangereux quand ils ont et6 infectes par les malades, par les produits morbides qu'ils excretent, par l'atmo­sphere contagieuse. Peuvent etre souilles de cette maniere : les fourrages et les litieres places ä proximite ou au-dessus de l'habi-tation des malades.
Les boissons peuvent sect;tre aussi infectees diversement, soit que les malades les aient salies eux-memes, soit qu'elles aient reQü les produits excrementitiels, soit que les eaux se trouvent placees de fagon que le purin ou toute autre matiere liquide provenant des
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malades peut s'y 6couler, soit, ce qui arrive souvent, qu'on y ait lave des viandes typhiques, ou des linges, des chiffons, des cor-beilles, etc., qui ont servi ä envelopper, ä porter ces viandes.
Las malades peuvent transmettre la maladie aux jeunes par le lait. On a aussi observe (M. Lemaitre) la transmission ä la vache par le taureau dans l'acte de la saillie, alors m6me que ce dernier ne presentait pas encore les premiers symptömes de la maladie.
Les cadavres, les chairs, les peaux fraiches, les divers dehris cadaveriques peuvent, tant qu'ils sont frais, communiquer la ma­ladie, soit que les animaux les flairent et introduisent ainsi des gennes dans leurs voies respiratoires, soit que ces produits aient ete deposes sur des fourrages et les aient rendus dangereux, soit qu'ils aient ete laves dans les eaux qui seront ingerees ulterieure-ment comme boissons, soit qu'ils aient ete mis en contact avec des linges ou dans des corbeilles, qui seront ensuite flaires par des sujets sains, ou laves dans des eaux qui seront ingerees. Sont done dangereux: tous les objets qui ont servi au transport des viandes typhiques; ces objets sont en effet impregnes de matiere virulente. 11 faut en dire autant des couvertures qui ont servi aux malades.
Les peaux conservent-elles longtemps la virulence? II faut ad-rhettre qu'elles la conservent un certain temps, quoiqu'on n'ait pas toujours reussi h transmettre la maladie avec les peaux fraiches. II semble bien qu'elles ne sont guere dangereuses au-delä de 3 ou 4 jours; mais ce temps n'est pas encore bien exaetement deter­mine. Quoiqu'il en soit des peaux fraiches, il paralt certain que les peaux qui ont ete exposees h une temperature elevee, ou qui ont ete soumises ä la dessiccation, ne sont pas dangereuses; le virus qu'elles renferment est annihile, et on peut en dire autant des peaux desinfectees, des graisses fondues, etc.
Les voitures, les charrettes, les wagons et les astensiles divers, qui ont servi au transport des animaux ou des cadavres typhiques, sont dangereux, conservent les germes pendant plusieurs jours et peuvent propager la maladie. Des moutons peuvent, meme sans contractor le typhus, en transporter les germes d6poses dans leur toison; mais les laines ne conservent assurement pas le virus plus longtemps que les flacons ou les tubes dans lesquels l'air ne pene-tre pas, et elles ne semblent guere dangereuses, quand elles sont dessechees, et d fortiori quand elles sont dessechees et desin­fectees.
Les fumiers sont peut-etrelt;les matiöres, qui, de toutes celles pouvant servir d'intermediaire ä la propagation de la maladie,
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sont les plus dangereuses; ils recjoivent des produits d'excretion tres nombreux et surtout tres riches en 616ments virulents. Les animaux qui les flairent, ou respirent les gaz qu'ils fournissent, peuvent devenir malades; les animaux et les personnes, qui mar-chent sur ces fumiers, peuvent empörter des germes et les trans­porter au loin. Ainsi par exemple un chien, qui sort d'une Stable infectee er, qui a les pattes, la peau, les polls impregnös de ma-tiere virulente, pent aller souiüer des eaux et des fourrages qui, donnes ä des animaux sains, leur coramuniqueront la maladie. Le meme fait pent se produire avec I'homme, avec le veterinaire, avec les personnes qui donnent des soins aux animaux. Si ces personnes ne changent pas de chaussures, ou si elles ne les nettoient pas, elles emportent des germes, et peuvent en souiller les fourrages, les eaux, les paturages, les chemins, etc., dans les localites oil elles passent. G'est en effet surtout par les chaussures que I'homme est dangereux, et c'est surtout par les pattes que Ic sont les animaux, tels que chiens, chats, ponies, etc. Mais ces ani­maux peuvent aussi transporter les germes dans leurs polls, dans leurs plumes, comme Fhomme dans ses vötements (surtout s'ils sont en laine), qui s'impregnent de matieres virulentes et peuvent cusuite, s'ils sont flaires par un animal sain, lui communiquer la maladie. Ces cas sont rares, mais leur possibilite fait un devoir de ne negliger aucune des mesures recommandees en cette circons-tance.
La maladie peut encore se transmettre par les paturages, par les creches, par les abreuvoirs. Un seul malade suffltpour infecter unabreuvoir public oil plusieurs sujets sains contracteront ensuite la maladie; de meme 11 suffit que des malades sejournent dans un päturage et y repandent leur have, leur chassie, etc., pourpropä-ger la maladie pendant 5, 6 et meme 42 jours aux sujets sains qui frequentent ces memes lieux. Les pres et paturages sont encore rendus dangereux quand on y a repandu des fumiers souilles.
II va sans dire que les cadavres et debris typhiques mal enfouis, enfouis trop superflciellement, constituent un danger. Ils laissent degager des gaz, qui pourront etre funestes pour les animaux du voisinage; mais le danger reside souvent dans cette circonstance que des carnassiers peuvent deterrer ces debris, qui alors pour­ront etre flaires par les sujets sains. De plus les carnassiers, en dövorant les viandes malades, s'impregnent les levres, les poils et les pattes de germes et vont les porter au loin.
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D'apres ce qui precede, il est facile de determiner les voies qui se pretent le mieux et le plus souvent k l'introduction du virus dans I'organisme. Quand il y a contagion volatile, le virus s'intro-duit par les voies respiratoires; mais le röle de ce mode de con­tagion etant relativement minime, il en resulte que les voies res­piratoires servent rarement h l'introduction du virus.
11 n'en est pas de meme des voies digestives, qui jouent a cet egard le principal role; ce sont elles qui reeoivent le plus souvent la matiere contagieuse par l'intermediaire des aliments et des boissons. Ce point, mis en evidence par plusieurs observateurs, est admis par tout le monde. Ainsi done dans les epizootics de typhus, 11 ne faut pas chercher ordinairement la cause de la pro­pagation duns Fair, mais bien dans les aliments et les boissons. On a vu en effet les fermes voisines des habitations intectees roster indemnes, tant que les animaux n'avaient ete exposes ii au-cune chance de contamination par l'intermediaire des aliments ou des boissons; et quand le typhus se montrait dans ces fermes, on pouvait toujours rattacher son introduction a l'ingestion de fourrages ou de boissons souilles, sans faire intervenir Faction de Fair. On a observe de nombreux faits de propagation ä la suite de l'ingestion d'eaux dans lesquelles on avait lave des viandes, des debris cadaveriques, des objets impregnes de sang, etc., etc. G'est done bien par les voies digestives que le typhus prend ordinairement possession d'un organisme.
Le contage pent aussi s'introduire par la peau, par le tissu con-jonctif, surtout quand le tegument est excorie; mais ce mode d'introduction est rare quoique possible.
Enfin les germes peuvent aussi s'introduire par les voies genito-urinaires (fait cite par Lemaitre), mais cela arrive assez rarement.
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La maladie est-elle toujours egalement contagieuse? Attaque-t-elle tons les animaux exposes ä ses coups? Enfin quelles sont parmi nos especes domestiques celles qui y sont le plus predis-posees? Dans toute la pathologie veterinaire il n'est peut-etre pas de maladie qui soit aussi contagieuse, aussi sürement et aussi souvent transmissible que le typhus; sur cent animaux bovins expqses ä la contagion quatre-vingt-quinze peuvent contracter la maladie. Gette contagiosite intense n'est pas de nature a nous surprendre; en effet le virus est secrete en si grande abondance dans tout I'organisme, que cheque malade devient un foyer d'infec-tion exceptionnellement puissant.
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On a appele cette affection typhus du gros betail, peste du gros betail, mais ces deux designations ne sent pas absolument exactes, car la maladie n'est pas exclusivement propre aux gros ruminants. De toutes les especes, c'est I'espece bovine qui y est la plus sujette, c'est eile qui la presente avec la plus grande intensite et la plus grande gravite; mais il n'en est pas moins vrai que la ma­ladie peut se transmettre ä I'espece ovine et ä I'espece caprine, et tel est I'ordre decroissant dans lequel on doit placer ces espe­ces (especs bovine, espece ovine et espece caprine). On a observe des cas qui demontrent la possibilite de la transmission directe du boeuf au mouton et ä la chevre, et celle de la transmission du mouton nu boeuf. il faut tenir grand compte de ces faits, car dans une ferme il est rare qu'il n'y ait qu'une seule espece animale, le plus souvent meme les trois especes precitees s'y trouvent. Le ty­phus est moins grave chez le mouton et chez la chevre, ilse carac-terise moins bien, les symptomes sont moins nombreux, moins pathognomoniques, il fait moins de victimes; mais le mouton et la chevre malades constituent neanmoins un danger, il y a done lieu de prendre certaines mesures pour le prevenir. La maladie a ete aussi observee chez le buffle, Faurochs, le yack, la gazelle, le cerf, le chevrotain, I'antilope, le chameau, le pecari.
Dans I'espece bovine la receptivite est la plus prononcee, mais eile n'est pas egale chez tons les individus. II est certain que des individus sont plus predisposes que d'autres, non a contractor la maladie (ce n'est pas prouve), mais ii presenter une forme plus grave. Les animaux des steppes ne sont pas plus que d'autres predisposes a contractor la maladie; s'ils I'ont plus souvent, c'est parce que I'epizootie n'est jamais eteinte dans ces pays. Moan-moms, seit que l'affection y ait perdu de son intensite propre, soil que les animaux offrent une plus grande resistance, le typhus est souvent benin dans les steppes, tandis qu'il est tres grave chez les individus faibles et lymphatiques dans les pays occidentaux oil il est Importe.
L'homme n'est expose h aucun danger, soit qu'il manipule des debris, soit qu'il mange de la chair d'animaux typhiques, soit qu'il prenne leur lait. Frequemment, surtout dans les villes assiegees, on a consomme la chair des animaux typhiques d'une fac-on cou-rante et on n'a jamais constate aucun accident.
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Quand le germe de la peste bovine a passe dans I'organisme, il ne tarde pas ä y faire sentir son action; il repullule, il se multi-
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plie et determine bientot l'apparition des premiers symptomes. La duree moyenne de la periode d'incubation est de 4 ü 40 jours; on a pourtant Signale des cas exceptionnels oü eile peut atteindrc 21 et meme 30 jours (Lemaitre). Le virus en repullulant provoque dans le sang des alterations, qui sent rapidement aecompagnees d'autres alterations se localisant principalement sur les tegu­ments. L'animal contamine est-il dangereux pendant la periode d'incubation? A quelle date apparait la virulence? La virulence apparait des l'instant de l'introduction du virus dans l'organisme et si l'animal n'est pas aussitöt dangereux, e'est que le virus ne s'est pas encore assez multiplie; d'ailleurs le fait de transmission par un taureau, qui n'etait encore qu'en periode d'incubation, prouve et sanetionne notre assertion.
La virulence persiste pendant toute la duree de la maladie; eile ne disparait pas avant la mort et meme eile persiste apres la mort. On a pourtant affirme qu'elle s'attenuait aux approches de la mort; mais tout le monde n'est pas d'accord ä ce sujet. Du reste quoiqu'il en seit, et en supposant meme que la virulence s'attenue quand la maladie arrive h son terme, il n'en reste pas moins etabli qu'elle persiste un certain temps apres la mort.
Que penser des animaux qui guerissent'?
A ce sujet, il est bon de se rappeler que peu d'animaux gueris­sent, car dans presque tous les pays on sacrifie ordinairement les malades. Cependant dans quelques circonstances, dans certains pays, ä la fin des epizooties, on peut conserver les malades et les voir guerir en plus ou moins grand nombre. Dans ces cas la viru­lence persiste-t-elle jusqu'ä la guerison ou meme apres eile'? La reponse n'est pas aisee, cependant on peut dire que la virulence persiste jusqu'ii la disparition de la diarrhee, de la chassie, du jetage, de la salivation; mais on ne salt si eile persiste apres la guerison; il y a lieu de croire qu'il n'en est rien. Mais malgre tout, les animaux gueris doivent etre considöres comme dange­reux pendant une douzaine de jours, car ils peuvent conserver du virus ä la surface de leur corps.
Les malades qui guerissent acquierent I'imrnunite; il en est de meme des animaux qu'on inocule et qui ne succombent pas h la maladie que fait eclater I'inoculation, qui est ordinairement dan-gereuse. Le typhus laisse done apres lui un etat particulier dans l'organisme, qui rend les animaux inaptes a contractor de nouveau la maladie pendant une periode de 3 a 5 ans.
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Les conditions, qui favorisent l'extension de Tepizootie, sont: 1c commerce, qui facilite son introduction dans un pays, et qui, lorsque la maladie s'est developpee, favorise encore son extension; les foires et les marches non surveilles; les chemins; les abreu-voirs et les puturages communs; la cohabitation; le voisinage; le transport avec des wagons non dösinfectes, etc.
TRAITEMENT
Dans le cas de typhus, y a-t-il lieu d'instituer un traitement, peut-on guerir cette maladie, doit-on la traiter?
On ne guerit pas cette affection, dont la terminaison doit etre le plus ordinairement fatale; cependant eile n'est pas toujours mor-telle, meme en Occident. Elle peut guerir seule, sans aucun trai­tement, par les seuls efforts de la nature. Neamnoins on doit en gönöral s'abstenir de traiter les animaux attaints de typhus, car en agissant autrement on conservarait das foyers de contagion. Le traitement des typhiques est prohibe en Allemagne et notre nouveau projet de loi sanitaire le prohibe aussi cl'une maniere generale, sauf dans les cas et aux conditions determines par le ministre de TAgriculture.
La peste bovine s6vit toujours ä l'etat d'6pizootie, et, lorsqu'elle n'ast pas trop etendue, on sacrifie ordinairement les animaux au fur et ä mesure qu'ils tombant malades, afin de faire disparattre aussitöt les foyers de contagion; mais si l'epizootie etait tres etendue, il y aurait lieu, dans certains cas, de recular devant la prescription qui consisterait ä demander le sacrifice de tous les malades. D'ailleurs, meme dans nos pays, la maladie semble perdre de sa gravite lorsque l'epizootie arrive ä sa derniere p6riode. Delafond, apres avoir rappale que le typhus, -dans sas diverses apparitions en France, semble avoir diminue d'intensite et de gra­vite depuis 1711 ä 1815, affirme qu'au debut des epizooties la ma­ladie, quoique grave, peut guerir sur un vingtieme des animaux attaints, malgre le defaut de tout traitement therapeutique. II pretend que, grace ä un traitement adjuvant, on peut parvenir ä guerir un cinquieme ou un quart des malades; il assure memo qu'ä la fm des epizooties on peut sauver les 3//i et meme les 9/io des malades. II y a vraisemblablement un peu d'exageration dans l'opinion de Delafond, mais il n'en reste pas moins evident qua dans les epizooties etendues il convient de s'en tanir parfois ä la
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sequestration des malades, en faisant intervenir un traitement approprie.
On ne connait pas de traitement qui convienne particulierement ä cette affection; on ne connait pas de moyens curatifs propre-ment dits. II conviendra done, quand on aura recours a un traite­ment, de faire, comme on dit vulgairement, de la medecine des symptömes; on devra done combattre l'etat catarrhal des mu-queuses, la diarrhee, au moyen des toniques et des astringents, les ecoulements nasal et buccal, la secretion morbide de la con-jonetive au moyen des astringents; les accidents de la peau, lors-qu'ils existent, doivent aussi etre traites. Ce traitement local ne sera pas süffisant, on devra en instituer un plus general; la mala-die debilite fortement les malades, il taut done soutenir leurs for­ces au moyen d'un traitement tonique, ferrugineux, analeptique, antiseptique (aeide phenique).
La maladie etant guerie sur un sujet, il en resulte une immunite qui peut durer de trois ä cinq ans; aussi a-t-on eu l'idee d'inoculer le typhus pour developper une affection moins grave et sauvegar-der par ce moyen les animaux exposes ä la contagion. De nom-breuses inoculations ont ete faites en Russie dans le siecle dernier et pendant ce siecle (1852, Jessen). On a inocule le produit pulse sur un sujet atteint de la maladie naturelle; puls on a eultive le virus h travers un bon nombre de generations successives d'ani-maux, afin de l'affaiblir, si e'etait possible, et donner ainsi une maladie moins grave, sans cesser de creer l'immunite. On a pousse jusqu'k la quinzieme generation et on a constate que le produit de cette derniere generation, inocule h un sujet sain, de-terminait tres souvent une maladie aussi grave, que si on avait pris du virus sur un malade quelconque. Le typhus inocule secoinporte de la meme fag.on et est tout aussi grave que l'affection contractee naturellement; il est tres souvent mortel. La mortalite est d'ail-leurs variable suivant les pays, mais eile est toujours considerable; en Russie eile avarie de 4 ä 60 % des animaux inocules. Aujour-d'hui on est done bien fixe sur ce point. Dans les pays oeeiden-taux on n'a Jamals serieusement pense h cette mesure, car la ma­ladie s'y montre rarement; et en Orient on a du renoncer com-pletement ä cette operation, car eile ne servait qu'a conserver et etendre les foyers de contagion. M. Jouet, veterinaire ä Rambouil­let, croyait que la cocotte pou*rait preserver du typhus; mais cela n'est pas, et les deux maladies peuvent evoluer ensemble sur le meme individu.
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POLICE SANITAIRE
Les documents, qui nous indiquent les mesures applicables au typhus, sent: l'arret de 1714, Vordonnance de 1739, l'arret del745, ceux de 1746, de 1771, de 1774, de 1775, le decret de Van V, l'or-donnance de 1815, le decret de 1865, la loi de 1866, le decret de 1871, l'arret de 1784, la loi de 1791, les articles 459, 460, 461, 462, 484 du Code penal, l'arramp;te du 11 mai 1877 et le projet de loi de 1879.
La peste bovine est une maladie si grave que son apparition necessite Faction et le concours de tons les agents et de toutes les autorites ä qui la loi confere des pouvoirs relativement aux epizooties. Le chef de üfitat devra intervenir pour interdire par decret l'importation des animaux ruminants et des debris sus-ceptibies de communiquer le typhus. Le ministre de 1'Agriculture et du Commerce, les prefets, les sous-prefets, les maires sont charges de diriger l'application de la loi et de prescrire les me­sures jugees necessaires par les veterinaires sanitaires. L'execu-de ces mesures est surveillee par la police et la gendarmerie, par les gardes-champetres, paries douaniers et au besoin par la troupe.
Les divers Etats de l'Europe ont un regime sanitaire plus ou moins severe; ainsi en Angleterre, en Russie, en Belgique, en Hollande, en Suisse et surtout en Autriche et en Allemagne, la police sanitaire relative ii la peste bovine est tres bien organisee.
La France est moins exposee que beaueoup d'autres Etats ä in-troduire le typhus chez eile, et cela s'explique par sa situation et par l'excellente organisation du service sanitaire de 1'Autriche et de l'Allemagne, qui surveillent avec la plus grande vigilance leur commerce et surtout le commerce du betail des steppes. Nean-moins nous devons continueräsurveiller notre importation; nous devons ameliorer meme notre service d'inspection sanitaire dans les bureaux de douane et les ports ouverts au commerce du be­tail ; il faut eviter l'introduction du typhus et il faut en häter la disparition quand il a ete introduit. La police sanitaire pennet d'atteindre ce double but; eile pennet de prevenir l'importation de la maladie quand eile regne dans un pays eloigne ou dans un pays limitrophe, et eile permet de borner, d'abreger et d'aneantir l'epizootie quand eile a ete importee.
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Notre regime sanitaire doit etre organise de fagon que nous ayons constamment un bon service dans toutes les villes par les-quelles se fait I'importation. II serait important que le ministre de l'Agriculture et du Commerce reoüt frequemment de nos agents diplomatiques et consulaires des renseignements touchant I'etat sanitaire du betail des diverses regions dans lesquelles la France s'approvisionne ordinairement; il serait bon que le minis­tre fit imprimer toutes les semaines un bulletin sanitaire dans le-quel seraient consignes tous les renseignements recueillis a 1'etran-ger et en France, et qui serait adresse regulierement aux vete-rinaires charges du service sanitaire des frontieres.
L'importation doit etre mieux surveillee qu'elle ne Test actuel-lement; et pour cela il est necessaire d'appeler a ce service un plus grand nombre de veterinaires. Les foires et les marches doi-vent elre Wen surveilles, surtout dans les localites voisines de la frontiers et dans celles oü arrivent des animaux Importes de l'e-tranger. II faut continuer h exiger des importateurs un Certificat d'oi'igine et de sante pour les animaux ruminants et porcins qu'ils introduisent en France, et il faut surtout se montrer beaucoup plus severe que dans le passö.
Lorsque les animaux Importes semblent suspects par leur pro­venance et par leur 6tat, on peut les faire soumettre a une qua-rantaine h. la frontiere ou leur refuser Fentree en France; mais il ne faut abuser ni de Tun ni de l'autre de ces deux partis, car il en resulterait une entrave au commerce, et d'ailleurs la quarantaino peut etre une mesure tres onereuse.
Le plus habituellement, si les animaux ne vicnnent pas directe-ment d'un pays infecte, et s'ils ne paraissent pas suspects, on les laissera passer; mais il y aura lieu d'en accelerer le transport en chemin de fer, de leur assignor une place particuliere dans les marches et au besoin de les faire diriger directement vers I'abat-toir, s'ils sont dejä vendus pour la consommation.
II faut en tous temps surveiller les transports qui se font en che­min de fer, et surtout les lieux et les gares d'arret ou d'embarque-inent et de debarquement; il faut toujours faire desinfecter les wagons, les voitures et les bätiments qui ont servi ä transporter du betail, ainsi que les remises oü sejournent frequemment des animaux.
Les Etats devraient etre lies entre eux par uns convention inter­nationale, et ceux qui verraient apparaitre le typhus chez eux, de­vraient etre tenus d'en informer les autres, qui se tiendraient des
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lors plus sur leurs gardes. Si un traite intervenait dans ce sens entre les nations qui out un bon regime sanitaire, 11 devrait etre complete par la publication d'un bulletin sanitaire international, qui serait imprime en plusieurs langues et envoye aux veterinai-res sanitaires.
Quand la peste bovine regne dans un pays plus ou moins rapproche, il en resulte pour nous un danger plus ou moins grand, centre lequel il y a lieu de prendre des mesures en con­sequence. II faut alors redoubler de vigilance dans I'application des regies precedentes; il faut surveiller avec le plus grand soin la frontiere de terre et les ports, surtout les ports de la Manche et du Sud-Est; et memo dans certains cas, il pourra etre utile que le gouvernement prohibe Fimportation des ruminants, des porcins et de certains debris cadaveriques provenant des pays infectes.
Si le typhus sevit dans un pays tout h fait limitrophe (Belgique, Suisse, Italie, etc.), le gouvernement doit toujours prohiber I'im-portation des animaux bovins, ovins, caprins, porcins provenant du pays infecte ou Fayant seulement traverse; il doit pareillement prohiber l'importation des debris frais, tels que peaux, os, suifs, etc., ou tout au moins, n'autoriser l'importation qu'apres desinfec-tion prealable.
II faudra alors exiger avec plus de soin les certiflcats d'origine et de sante pour les animaux dont l'importation restera permise; il faudra refuser ou faire soumettre h une quarantaine a la frontiere tons les animaux qui paraitraient suspects soit par leur prove­nance, soit par leur etat de sante; il faudra surveiller les frontie-res laissöes ouvertes ä l'importation; on etablira des cordons sani­taires lä oü ils seront juges necessaires, sur une etendue plus ou moins considerable de la frontiere.
Dans les localites voisines du pays infecte, on pourra interdirc les foires et les marches, les ventes, les echanges, les deplacements et la circulation du betail; on fera le denombrement des animaux qui sent susceptibles de contracter le typhus; la vente pour la boucherie sera autorisee, mais soumise a une certaine surveillance et aux garanties jug6es n6cessaires; I'autorite instruira ses agents ainsi que les populations au moyen de circulaires et d'affiches; eile prescrira les mesures reconnues necessaires; eile rensei-gnera les proprietaires sur le danger qui les menace, et leur en-
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460nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;FESTE BOVINE
joindra de declarer les mutations et les cas de maladie ou de mort, qui peuvent survenir parmi leurs animaux.
Mais cependant, malgre toutes ces precautions, le typhus peut penetrer en France et sevir dans une ou plusieurs regions. Alors tous les efforts doivent tendre ä en limiter l'extension, ä en abre­ger la duree, et ä l'eteindre dans le plus bref delai possible; ce triple resultat ne peut etre obtenu que par ^application des gran-des mesures sanitaires qui nous sont connues.
Declaration. — Les proprietaires, detenteurs, etc., d'ani-maux atteints ou soupgonnes d'etre atteints du typhus, doivent (art. 459 du Code penal, arret de 1771, arret de 1784, loi de 1791, projet de loi de 1879) en faire sans delai la declaration ä l'autorite locale. Cette obligation est done de rigueur lorsque la maladie a fait son apparition ou meine des qu'on en soupconne Texislence. Dans la suite, les proprietaires, malgre ce premier devoir accom­pli, n'en devront pas moins signaler k l'autorite tous les nouveaux cas qui apparaitront, afin que les mesures puissent etre prises en consequence.
Pendant les epizooties de typhus, les cadavres d'animaux sus-ceptibles de contracter la maladie, ne doivent jamais, quelles quo puissent etre les causes ayant amene la mort, etre enfouis, ni meine deplaces, avant que l'autorite ait ete prevenue, avant que l'autopsieait ete faite et la cause de la mortbien reconnue.
La declaration est obligatoire pour les proprietaires et les de­tenteurs d'animaux malades ou suspects; eile Test aussi et avee juste raison pour les veterinaires sanitaires et meme pour tout ve-terinaire qui en contestera ou en soupconnera l'existence. Getto formalite doit etre remplie le plus promptement possible, et il laut faire la declaration, qu'il s'agisse d'animaux malades ou simple-ment suspects, appartenant soit h I'espece bovine, soit ä l'espece ovine, soit h I'espece caprine, soit ä I'espece porcine; i! est bon, quand l'existence du typhus est demonlree ou scupQonnee, qu'on exige la declaration pour les maladies qui out quelque analogie avec lui, car il appartient surtout au veterinaire sanitaire deleguc d'eclaircir les doutes qui peuvent regner ä ce sujet.
Les cas de mort survenue parmi les animaux ruminants, de­vront aussi en pareille circonstance etre declares, et les cadavres devront etre laisses ä la place oü ils se trouvent, jusqu'a ce que l'autorite ait pris une decision, soit pour faire pratiquer I'autopsie, soit pour faire executer le transport et l'enfouissement apres I'avis du veterinaire deleguö.
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Celui qui fait la declaration doit etre sincere et exact; il doit faire une declaration aussi complete que possible. II doit faire connaitre, s'il le pent, les principaux symptömes presentes par ies malades ou les suspects; il doit indiquer les especes et le nombre de ses animaux et surtout le nombre des malades et des suspects, ainsi que les especes auxquelles ils appartiennent.
Outre robligation qu'elle cree ä l'autorite, la declaration en entrains aussi pour le proprietaire, qui doit sequestrer aussitöt les animaux malades, meme avant d'en avoir regu l'ordre, et qui ne doit pas les laisser Sortir des locaux ou ils auronfete en-fermes.
La declaration est faite ä l'autorite locale, au maire; on pent la faire aux commissaires de police dans les quartiers des gmndes villes. C'est h partir de l'accomplissement de cette formalite quo coinmencent les devoirs de l'autorite, qui, an pareilles circon-stances, doit agir avec la plus grande celerite. Elle doit ordonner et faire executer lä sequestration, si dejii eile n'a pas ete faite, sans attendre le rapport du veterinaire qu'elle delegue; eile doit aussitöt nommer un ou plusieurs veterinaires, suivant l'etendue de l'epizootie, pour etudier la maladie et preciser les mesures dont eile exige l'application. II va sans dire qu'ici plus que Jamals l'autorite doit donner sa confiance ä des veterinaires et rien qu';\ des veterinaires. Elle doit en outre porter h la connaissance de ses administres l'existence du typhus, en indiquant les points oil il regne, en signalant les dangers qui pourraient resulter du con­tact des animaux malades avec les animaux sains, et en rappelant aux proprietaires leur devoir; eile doit en outre informer aussitöt l'autorite superieure, et cela fait, eile attend le rapport du ou des veterinaires delegues.
Visite. — La visite des animaux typhiques par un veterinaire est de la plus grande importance; eile permet de reconnailre l'existence du typhus et d'apprecier quelles mesures doivent etre prescrites. Les experts doivent faire tout ce qui est en leur pou-voir pour ne pas se tromper. Ils doivent proceder avec prudence et avec celerite; leur decision est de la plus grande importance, et dans les cas douteux, ils doivent conseiller des mesures dictees par les circonstances.
C'est l'autorite locale qui nomme les veterinaires charges de faire la visite; mais l'autorite superieure (sous-prefet, prefet) peut intervenir, et quand le typhus est etendu, dissemine, eile peut,
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avons-nous dit, nommer plusieurs veterinaires sanitaires. Dans ce cas, eile fera bien d'accorder plus speclalement sa conüance ä Tun d'eux, au plus capable, et de l'investir d'un certain pouvoir de direction sur les autres, ainsi que du pouvoir de prescrire d'ur-gence certaines mesures. Le veterinaire ainsi delegue ä titre de cominissaire general centraliserait tous les renseignements relatifö ä l'epizootie et serait le conseiller le plus autorise de l'administra-tion.
Le projet de loi de 1879 porte, dans le troisieme alinea de L'article 4, que le veterinaire delegue par l'autorite aura le droit de prescrire en cas d'urgence la sequestration. Cette disposition est excellente, car personne mieux que le veterinaire n'est ä, meme de connaitre l'urgence d'une teile mesure et d'indiquer ä quels animaux il convient de l'appliquer; d'ailleurs l'autoritö elle-memc ne prend jamais une resolution grave sans le conseil du veteri­naire. p]n attendant la nouvelle loi, nous sommes sous l'empire des anciens documents sanitaires, et aucune disposition legislative ne doone ä I'expert le droit de prescrire des mesures.
Le veterinaire delegue doit reconnaitre la nature de la maladic qu'il est charge d'etudier, et il peut se trouver en presence de cas plus ou moins difficiles; parfois il arrivera plus ou moins aisement ä diagnostiquer l'affection, mais aussi quelquefois le doute regnera dans son esprit, comine dans les cas oü il aura sous les yeux des malades presentant des symptömes peu ou point pathognomo-niques ou des cadavres plus ou moins älteres; c'est surtout alors qu'il faudra etre circonspect et prudent; en attendant que de nou-velles donnees viennent s'ajouter aux premieres, il faudra conseil­ler les mesures propres ä empecher la contagion.
La visite doit s'etendre non seulement h tous les malades et ä tons les indisposes, mais aussi k tous les animaux ruminants, qui out eu des rapports directs ou indirects avec les malades, soit dans les habitations, soit dans les chemins, soit dans les päturages, soit aux abreuvoirs, etc.; eile doit s'etendre non seulement ä toutes les especes animales capables de contracterle typhus, qui setrou-vent dans la ferme infectee, mais eile doit encore etre etendue aux memes especes des fermes voisines, quand leur betail a pu avoir quelques rapports avec celui de la ferme infectee.
Pour eviter de faciliter la propagation de la maladie, et afin de ne pas devenir lui-meme un agent de transmission, le veterinaire sanitaire devra adopter l'ordre le plus rationnel dans ses investi­gations et s'entourer de certaines precautions, il visitera d'abord
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les animaux qui ne paraissent pas malades, ceux des fermes voi-sines de Fhabitation infectee; puls il passera ä la ferine infectee et examinera les animaux appartenant aux especes caprine et ovi­ne pour terminer par la visite des animaux de l'espece bovine, en laissant pour la fin les individus notoirement malades. Les appa-reils, qui sont le plus ordinairement atteints, attireroat plus spe-cialement son attention. II se lavera les mains toutes les fois qu'il aura explore et touche des malades on des suspects. En quittant les habitations infectees ou suspectes, il fera nettoyer ou desin-fecter ses chaussures, il fera aussi desinfecter ses vetements qui auraient ete souilles de mauere virulente; mais le meilleur et le plus sür moyen d'eviter tout danger de propagation par les habits consisterait ii se munir d'une longue blouse en toile, qu'on met-trait pour passer la visite et qu'on quitterait ensuite pour la faire desinfecter. Le therrnomelre, qui aura servi ä prendre la tempe­rature des aahnaux, sera lave soigneusement chaque fois, merae quand il n'aura ete employe que sur des sujets suspects.
Le veterinaire sanitaire devra en outre recueillir tons les ren-seignements qu'il pourra obtenir sur le mouvement d'importation et d'exportation relativement aux animaux susceptibles de con-tracter le typhus, dans le but de remonter äl'origine de 1'epizootie et de prevenir son extension au dehors par l'intermediaire des animaux receinment exportes. II se renseignera done aupres des proprietaires, aupres des voisins, aupres de l'autorite et de la po­lice locales, pour arriver a determiner le mode suivant lequel le typhus s'est introduit; et, pour prevenir 1'extension de la maladie dans les regions voisines, il s'informera des deplacements d'ani-inaux qui auront pu etre effectues depuis son apparition, alin qu'en pared cas l'autorite instruite puisse agir en consequence pour faire disparaitre les nouveaux foyers de contagion ou les empecher de s'etendre.
L'etude des lesions pent faciliter le diagnostic, et, quand il en sera besoin, il faudra recourir ä cette etude; mais il ne sera pas toujours necessaire de faire l'autopsie des cadavres d'animaux morts ou abattus, car il ne faut pas oublier que les debris sont dangereux pour tous les sujets qui peuvent subir leur contact; aussi pourrait-on a mon avis s'abstenir de pratiquer les autopsies quand le diagnostic sera bien etabli. Toutefois, quand on fera des autopsies, il faudra prendre certaines precautions; on les prati-quera soit dans l'etablissement de l'equarrisseur, seit au bord de la fosse destinöe ä recevoir les cadavres, et il faudra avoir sein de faire enfouir jusqu'aux raoindres döbris.
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Apres sa visite, le vetörinaire sanitaire peut etre en presence d'une des trois alternatives suivantes : 1deg; ou bien 11 a reconnu que la maladie est le typhus; 2deg; ou bien il le soupeonne seulement; 3deg; ou bien il est convaincu de sa non existence. Sa conduite evidernment ne doit pas etre la meme dans ces differents cas. Dans les deux premieres hypotheses il procedera au recensement des animaux bovins, ovins, caprins, porcins de la terme infectee ou soupcon-namp;e de l'etre. Le tableau qu'il dressera contiendra d'une part le nombre des animaux malades et de l'autre les suspects, qui seront ainsi classes d'apres les symptömes qu'ils auront presentös. II n'oubliera pas non plus de designer les fermes voisines, dont les animaux auraient eu des rapports directs ou indirects avec les premiers; il pourrait marquer les individus typhiques ou suspects, mais cette precaution ne me parait pas bien necessaire, car on doit faire executer une Sequestration tres rigoureuse. II sera bon de fixer la valeur approximative des ani­maux malades et suspects, afin que l'autorite Sache de suite quelle est l'etendue des sacrifices que il'Etat va s'imposer par ^application de certaines mesures de police sanitaire.
Le veterinaire deleguö devra, dans le plus bref delai possible, adresser ä l'autorite son rapport, dans lequel il resumera sa mis­sion, la marche qu'il a suivie, la description de la maladie, les symptömes pathognomoniques qui lui ont permis de porter son diagnostic, l'etat actuel de l'epizootie, ses previsions personnelles sur sa gravity, ainsi que les dangers que courent les fermes voi­sines. II ne presentera Jamals que sous une forme nette, precise, categorique, les donnees dont il sera sür; il indiquera clairement et tres categoriquement, en les motivant, les mesures dont il juge l'application necessaire ou utile. Des visites ulterieures auront lieu toutes les fois qu'elles seront reconnues utiles ou n6cessaires.
Si l'expert conclut h la non existence du typhus, il motivera son diagnostic et n'indiquera bien entendu aucune mesure.
Sequestration. — Dans les cas de typhus, comme dans les divers cas de maladies contagieuses, la mesure sanitaire la plus importante est la sequestration, l'isolement, qui est prescrit par l'article 459 du Code penal, par l'arret de 1771, par l'arret de 1784, par la loi de 1791 et par le projet de 1879:
La Sequestration est indiquee quand la maladie regne dans une habitation, dans une localite, dans une commune, dans un can­ton, etc.; eile est meme in(üquee quand le diagnostic n'est pas 6tabli d'une fagon definitive, quand on n'a que des presomptions.
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Elle est prescrite par l'autorite, mais les proprietaires doivent l'ap-pliquer h leurs anirnaux en meme temps qu'ils font la declaration (art. 459 du Code penal).
Elle sera executee le plus tot possible; eile s'appliquera ä toutes les especes animales susceptibles de contracter le typhus, non seuleraent aux sujets malades, mais aux animaux qui seront soup-Connes d'avoir eu quelques rapports avec eux, soit aux päturages, soit ä l'abreuvoir, etc.; on I'etendra aussi aux fermes voisines, en se basant sur la distance qui les separe de celle qui est infectee, et sur les relations anterieures que leurs anirnaux ont pu avoir avec ceux de la premiere.
La sequestration sera appliquee non seulement aux malades et aux suspects, mais meme aux habitations, aux divers objets qui auront pu etre souilles par les malades, aux animaux qui ne con-tractent pas le typhus, et h la rigueur meme aux personnes, h moins qu'elles se souinettent ä la desinfection au moment de sortir de la forme infectee.
Quand il s'agit du typhus, la sequestration doit etre executee avec la plus grande rigueur; parfois cependant on pourra s'en te-nir au cantonnement des animaux ovins et caprins. Cette me-sure esttres importante; et quand eile est bien executee, eile per-met d'arreter et d'eteindre I'epizootie.
Pour n'oublier aucun des divers details, que comporte I'applica-tion de la sequestration en cas de typhus, il convient de passer en revue plusieurs hypotheses, qui sontles suivantes: habitatioti s%is-pecte; habitation ou ferme infectee; localite infectee; communes ou regions infectees.
S'agit-il d'une habitation ou d'une ferme dans laquelle se trouvent des animaux qu'on soupgonne du typhus, on söquestrera les individus suspects et autres dans leur habitation, en isolant les sujets non suspects de ceux qui le sont; on fera veiller par la po­lice a l'execution de cette mesure; on fera des visites sanitaires rapprochees, car d'un moment k I'autre la maladie pent prendre des caracteres plus pathognomoniques. On denombrera les ani­maux bovins, ovins, caprins et porcins de la ferme. On cantonnera les moutons et les chevres. On interdira la sortie de l'habitation aux grands ruminants, et la sortie hors du lieu de cantonnement des petits ruminants. Les memes precautions (cantonnement, vi-site et surveillance) seront prises dans le voisinage de la ferme suspecte. Les proprietaires seront informes et eclairös sur la si-
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tuation; et on leur rappellera leur devoir pour le cas oü leurs ani-maux tomberaient malades. On pourra demander l'abatage des animaux suspects, afln d'extirper aussitot les foyers de contagion et de verifier, par l'autopsie, la probabilite du diagnostic. II sera defendu de deplacer, de transporter hors des locaux sequestres, les fumiers, les litieres, les fourrages, les ustensiles servant aux animaux, etc. La vente des animaux pour la boucherie sera auto-risee, mais ä condition qu'ils seront abattus sur place et consommes dans la localite. Pourtant les animaux, qui ne presenteront aucun Symptome morbide, et qui n'auront pas eu des rapports avec les suspects, pourront etre deplaces et sacrifies ailleurs, dans le plus bref delni possible; ils seront accompagnes d'un certificat d'ori-gine, qui devra etre presente ä l'autorite du lieu de la destination et renvoye ä celle du lieu de depart.
S'agit-il d'une habitation ou d'une ferme infectee, dans laquelle se trouvent des animaux malades, on prendra toutes les precau­tions dejä signalees ä propos de l'hypothese precedente, et il y aura lieu de se montrer plus severe, plus rigoureux encore. La ferme infectee sera sequestree tout entiere et d'une maniere absolue; mais le mieux est de faire abattre tous les animaux bovins et de desinfecter l'habitation, quand Tepizootie en est ä son debut. La sequestration sera etendue aux fermes les plus voisines, dont les animaux auraient pu avoir des rapports avec ceux de l'habitation infectee. On denombrera, dans les habitations sequestrees, les ma­lades, les suspects et les animaux sains, mais susceptibles de con­tractor le typhus; on isolera les sains d'avec les malades et les sus­pects; on cantonnera les moutons et memo les grands ruminants des fermes non encore infectees. L'isolement et la sequestration seront done appliques aux animaux susceptibles de contractor le typhus; on appliquera pareille mesure aux animaux inaptes h con­tractor la peste bovine, aux chiens, aux chats, aux oiseaux de basse-cour, aux solipedes et meme aux personnes qui soignent les malades et les suspects. Ges personnes ne pourront se deplacer sans se soumettre ä la desinfection.
Les habitations sequestrees seront fermees constamment; elles seront interdites aux etrangers et aux voisins; elles ne s'ouvriront que devant le veterinaire ou devant l'autorite; on ne laissera intro-duire ni chiens, ni chats, ni oiseaux du voisinage; on designera, autant que cela sera possible-, un personnel particulier pour soi-gner les categories d'animaux sequestres; les personnes chargees
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de cette besogne auront pour leur service des chaussures et des ha­bits de rechange. On maintiendra fermees les portes et les fenetres; on placera des desinfectants dans les habitations (acide ph6nique, essence deterebenthine, etc.). Les päturages seront interdits abso-lument auxanimaux malades on suspects. L'exportation desanimaux sequestres sera interdite. Les voisins seront avertis. II sera defendu de sortir quoi que ce soit des lieux sequeströs, sans en avoir obtenu l'autorisation et sans une desinfection prealable. On fera placer des signaux, des poteaux indicateurs devant les habitations in-fectees. Une surveillance active sera exercee, pour assurer I'exe-cution rigoureuse de toutes ces prescriptions. On pourra, selon les circonstances, fixer une zone a, surveiller pareillement autour des fermes infectees.
En Allemagne, une localite est consideree comme infectöe des que le typhus y existe, lors meme qu'il ne s'est encore montre que dans une ferme. En regie generale on peut considerer comme in-fectee une localite, dont les fermes sont agglomerees, des que la peste bovine a fait son apparition dans une habitation; tandis qu'il doit en etre toutautrement dans leslocalites dont les fermes sont eparses et disseminees.
Le projet de loi de 1879 decide que le prefet, sur l'avis du vöte-rinaire sanitaire, flxera par un arrete la zone d'infection. Dans lesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;*
cas de typhus cette zone devra toujours s'etendre a une certaine distance au pourtour des lieux infectes. Dans toute locality infec-tee les habitations, oü se trouvent des malades ou des suspects, doivent etre traitees comme il a ete dit ci-dessus. Dans les fermes non encore infectees on appliquera aussi la sequestration avec les adoucissements que comporteront les lieux et les circonstances. On fera le recensement des animaux bovins, ovins et caprins dans la localite infectee et dans la zone declaree infect6e. On interdira l'exportation d'animaux ruminants et autres. Les chiens, les chats, les oiseaux de basse-cour seront retenus chez leurs propri6taires. On interdira l'exportation des produits animaux bruts, des fu-miers, desfourrages, deslitieres, des ustensiles d'etables. Onpres-crira aux proprietaires des fermes non encore infectees de sortir tous les jours le furnier hors des habitations. On interdira les achats et les importations d'animaux susceptibles de contracter le typhus, surtout de grands ruminants. Les saillies seront interdites pour les animaux de fermes differentes. On prohibera les abreu-voirs publics, les chemins de grande communication, qui pourront
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6tre barres au besoin, l'acces des habitations sequestrees, le com­merce des animaux sequestres et au besoin les foires et les mar­ches dans la localite et la zone infectees. L'execution de ces me-sures sera assuree par la police, par la gendarmerie et au besoin par la troupe, par des cordons sanitaires. Les travaux indispensa­bles serontpennis; mais dans les fermes sequestrees on ne pourra y employer que des animaux solipedes, et encore k condition de prendre les precautions necessaires, pour eviter la propagation de la maladie par l'intermediaire de ces animaux. II faudra, dans tons les cas, faire surveiller les cours d'eau, et defendre aux habitants de les souiller de quelque maniere que ce soit avec des matieres contagiferes, afin d'eviter la propagation de l'epizootie dans les localites situees en aval. Les habitants des localites voisines seront avisos, et une certaine surveillance sera exercee.
Dans les villes, la maladie pent etre localisee dans un quartier plus ou moins isole, auquel on applique les mesures relatives aux localites infectees, sans les etendre ä la ville tout entiere.
Les animaux sains et les animaux suspects peuvent etre uti­lises pour la boucherie aux conditions ci-dessus indiquees.
Le passage et le transit a travers les localites infectees doivent etre permis, mais k la condition que les convois, tant par terre que par voie ferree, ne s'y arreteront pas. D'ailleurs le transit en che-min de fer offre peu de dangers, vu que les animaux de la localite ne peuvent pas etre exportes; et le passage par voie de terre pent toujours, ou presque toujours etre evite en faisant prendre aux convois des chemins detournes.
Dans toutes les localites infectees, chaque proprietaires devra declarer les cas de maladie, les mutations, les cas de mort, etc.
Pour les animaux de l'espece ovine et de Fespece caprine, il ne sera pas necessaire de montrer la meme severite; il sufflra sou-vent de cantonnerles troupeaux, de suspendre ou de reglementer leur circulation, etc.
Quand le typhus, au lieu de se borner a, une ou plusieurs locali­tes, a envahi une oü plusieurs communes, un ou plusieurs cantons, un ou plusieurs departements, une ou plusieurs regions, il y a lieu d'appliquer les diverses mesures de sequestration dejä signalees ä propos des localites et des habitations infectees. Les foires et les marches pourront etre suspendus quand cela paraitra neces­saire ; on interdira rimportaflon d'animaux susceptibles de con-tracter le typhus et l'exportation des divers animaux provenant
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des pays infectes; on fera surveiller les marches clandestins, les marchands et les commissionnaires; on interdira le trajet k travefrs les pays infectes pour les animaux conduits par voie de terre; mais on pourra permettre le transit des animaux transportes en chemin de fer, ä condition qu'ils passeront rapidement; on fera exercer uns surveillance particuliere dans les gares oü l'on peut embarquer des animaux; les chefs de gare seront avises et devront prefer leur concours ä Fautorite.
Les animaux simplement suspects et les animaux sains pourront etre utilises pour la consommation dans les localites de la contree infectee, mais ne devront pas etre exportes au dehors.. sauf de tres rares exceptions. Leur livraison äla boucherie seraaccompa-gnee des memes precautions que nous connaissons dejä. Les ani­maux malades et les suspects ne devront pas sortir de leurs eta-bles, et s'ils sont utilises pour la boucherie, ils le seront dans la localite, tandis qu'on pourra se montrer plus facile pour les ani­maux sains.
Les paturages seront interdits d'une maniere generale; mais cette mesure rigoureuse ne pourra pas toujours etre executee, et si les fourrages font defaut on pourra se contenter du canton-nement mixte, quand la saison le permettra, ä condition de ne l'appliquer qu'aux animaux ovins, caprins et aux animaux bovins des habitations non infectees. 11 faudra etre plus severe au sujet des abreuvoirs, qui peuvent parfois presenter de graves dangers; il faudra les interdire d'une maniere absolue, car il suffit qu'un troupeau d'animaux sains viennent boire apres un troupeau malade, pour contracter la maladie.
Les grands chemins seront egalement interdits; on indiquera des chemins speciaux pour les animaux qui devront 6tre canton-nes. Les animaux errants devront etre surveilles avec soin, car ils peuvent facilement passer d'une localite dans une autre, et y por­ter ainsi avec eux les germes de la peste bovine; il faudra done prescrire de les tenir ä l'attache ou de les maintenir pres des trou-peaux qu'ils doivent garder. On permettra l'utiiisation des solipe-des pour les travaux et les services publics dans les localites in­fectees, en prescrivant toutefois certaines precautions; on pourra meme permettre l'utiiisation, pour le travail dans les fermes non infectöes, des animaux de l'espece bovine, mais ils ne de­vront pas sortir de la ferme non infectee ou de la localitö non infectee.
Dans les communes et les localites oü la peste bovine n'aura
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pas encore penetre, il y aura lieu de se montrer moins severe, soit que les localites se trouvent au voisinage de la region infec-tee, soit qu'elles se trouvent englobees dans cette region. Aux localites englobees dans des regions infectees, on appliquera toutes les precautions pr6cedentes, mais on pourra se contenter de cantonner les animaux et on en permettra I'utilisation pour le travail. Dans les localites voisines des regions infectees, on fera operer le denombrement des animaux, on provoquera la declara­tion, on instruira les proprietaires sur les dangers que court leur betail et sur leurs obligations, on fera exercer une surveillance attentive, etc.
La sequestration, appliquee en cas de typhus ou de suspicion de typhus, durera tantque la maladie persistera; et, apres ladispari-tion du dernier cas, eile devra encore durer pendant un temps equivalent h la plus longue periode d'incubation de la maladie, soit pendant 21 jours ou 30 jours apres la disparition de l'alfec-tion; mais j'estime que Ton peut s'en tenir au delai le plus court, b. celui de 21 jours. Je crois aussi que les animaux suspects de-vront etre maintenus sequestres pendant 81 jours, alors memo qu'ils continueraient h etre bien portants. La sequestration ne peut etre levee que par l'autorite, sur l'avis du veterinaire; et si, apres l'expiration des 21 jours ou des 30 jours reglementaires, la levee de cette mesure n'etait pas prononcee, les proprietaires de-vraient continuer ä l'observer, sauf ä reclamer et ä faire valoir leurs droits aupres de l'autorite et du veterinaire sanitaire.
Dans le cas oü l'autorite aura nomme un commissaire special pour suivre les progres de l'epizootie et diriger l'application des mesures sanitaires, ce commissaire pourra, lorsqu'il le jugera ä propos, lever lui-memeia sequestration.
Abatage. — L'abatage, qui est present par les documents anciens et par le projet de loi de 1879, est une mesure onereuse qu'on ne devrait pas employer sans qu'il y eut necessite; mais en cas de typhus il est souvent indique.
L'abatage general des animaux d'une localite ou d'une contree ne doit plus etre conseille ni prescrit, comme il l'a ete quelque-fois; ce serait lä en effet une mesure irrationnelle, inutile en partie et surtout trop onereuse. Mais l'abatage, entendu et applique d'une maniere rationnelle, n'eh constitue pas moins une excellente mesure, qui doit oecuper une large place dans la police sanitaire
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du typhus, et qui est toujours indiquee au debut des epizootics, quand la peste bovine a fait son apparition dans une ou plu-sieurs habitations d'une ou plusieurs localites. Quand I'epi-zootie sera etendue, quand la maladie regnera dans une region, dans plusieurs communes, dans plusieurs cantons, dans plusieurs departements, ilne faudrajamais demander I'abatage general des malades et des suspects; il faudra se contenter de demander I'abatage general des sujets malades et encore pourra-t-on se con­tenter d'une bonne sequestration, s'il y a espoir de voir guerir un certain nombre de malades. Certains auteurs conseillenf une plus grande rigueur, et pretendent qu'il convient d'appliquer I'abatage dans une localite infectee, non seulement aux animaux maiades et aux animaux qui ont cohabite ou ont pu avoir des rapports avec eux, mais encore k tous les animaux bovins de la localite; d'autres vont meme plus loin et veulent que I'abatage seit etendu aux animaux du voisinage, h une distance plus ou moins eloignee. Je ne partage nullement cette maniere de voir, et j'estime que, sans occasionner tant de pertes inutiles, on peut empecher 1'extension ''el'epizootie et la detruire h son origins. II suffira toujours selon luoi, meine au debut de l'epizootie, de demander I'abatage des animaux malades, des animaux qui ont cohabite et de ceux qui ont pu avoir des rapports avec eux; mais il ne faudra pas hesiter par exemple ä demander I'abatage de tons les animaux bovins d'une habitation infectee. Si malgre cela la maladie apparaissait sur d'autres animaux, dans d'autres etables, il faudrait pareille-ment demander l'application immediate de la meme mesure dans les nouvelles habitations infectees.
En quel lieu et comment devra se faire I'abatage? D'apres le nouveau projet de loi, I'abatage devra etre execute sur place et les cadavres seront ensuite transportes au lieu d'enfouissement. Je n'hesite pas ä dire que cette disposition me parait regrettable, en ce sens qu'il sera plus dangereux de faire transporter des ca­davres sur le lieu d'enfouissement que d'y conduire les animaux vivants. Les vehicules qui seront employes pour ce transport seront infectes, et quel que soit leur degre de perfectionnement, ils pourront laisser echapper, par leurs fissures, des matieres virulentes. Aussi, pour mon compte, je conseillerai toujours de conduire ies malades sur le lieu d'enfouissement, pour y etre abattus et enfouis aussitöt. Ce precede, j'en conviens, a bien aussi quelques inconvenients; mais en prenant des precautions conve-nables, ces inconvenients seront moindres que ceux occasionnes
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par le transport des cadavres. On pourra, par exemple, conduire les animaux par un chemin particulier, leur faire laver les ouver-tures naturelles, en un mot leur faire faire une espece de toilette avant de les conduire au lieu de l'enfouissement et faire ramasser ou d6truire les dejections rendues en route par les malades; on pourra meme interdire ensuite la frequentation du chemin par-couru. Le meilleur mode k employer pour I'abatage est I'assom-mement, qui consiste h faire assener sur la tete des animaux uu violent coup demassue, de maniere ä defoncerla boite cränienne. Par ce moyen on evite l'effusion du sang et les dangers qui pour-raient en resulter pour les animaux, qui viendraient flairer ou lecher le lieu oil i) s'est repandu.
Reglementairement I'abatage devrait avoir lieu devant un repre-sentant de l'autorite ou devant un delegue de la police et devant 1c veterinaire sanitaire. Dans la pratique, cette disposition est tres rarement suivie en entier, mais il est indispensable que Tune ou l'autre des personnes designees soit presente. L'abatage execute et renfouissement pratique, il en est dresse un proces-verbal par l'autorite, ou par la police ou par le veterinaire delegue. Les autopsies seront pratiquees ou non suivant les cas.
Les frais de transport, d'abatage et d'enfouissement sont k la charge des proprietaires.
Tout ce qui precede s'applique aux animaux et aux cadavres, qui ne doivent pas 6tre utilises pour la consommation ou pour I'industrie.
Utilisation. — Enfouissement des cadavres. — On
peut, avons-nous dit dejä, consommer de la viande d'animaux sus­pects et meme d'animaux malades, sans qu'il en resulte aucun trouble pour la sante. Pendant certains blocus, surtout pendant celui de Strasbourg (4815) et pendant celui de Paris (1870-71), les assieges se sont nourris de viande provenant d'animaux typhiques, sans en etre incommodes. Mais si dans des circonstances excep-tionnelles il est necessaire de tolerer et de conseiller meme Futili-satlon des viandes typhiques, il ne faut pas en conclure que cette pratique doive recevoir cours danstoutes les circonstances. II con-vient dans certains cas de s'opposer non seulement k I'utilisation des chairs provenant d'animaux malades, mais aussi a I'utilisation et surtout au transport de celles provenant d'animaux suspects.
Quand le typhus n'occupe'encore qu'une habitation ou quelques fermes, ou une localite restreinte, certains auteurs conseillent
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l'abatage des malades et des suspects, renfouissement des malades ou leur livraison aTequarrissage et rutiiisation des suspects. Je ne suls pas de leur avis, et, en pareil cas lorsque l'epizootie sera restreinte, je conseillerai l'abatage des malades et des suspects, et renfouissement ou la livraison ä l'equarrissage de tous ies animaux abattus, afin de m'opposer plus sürement ä Fextension du typhus, car les chairs et les debris des animaux simplement suspects peu-vent etre eux-memes dangereux. C'est assez dire que dans ce cas, il n'y a pas lieu de permettre 1'utilisation des debris pour l'indus-trie, quand il n'y a pas de clos d'equarrissage, puisque tout devra etreenfoui.
Mais il ne doit pas en etre toujours ainsi ; et quand l'epizootie occupera dejä une certaine etendue, il y aura lieu d'etre moins rigoureux. On s'opposera toujours h Futilisation des animaux ma­lades et de leurs debris, tandis qu'on permettra Futilisation des animaux sains ou simplement suspects. Ces animaux devront etie, comme toujours, abattus etlivres ä la consommation dans les loca-lites infectees; on n'en permettra pas en general l'exportation, et c'est tout au plus si on conseillera h l'autorite de permettre de transporter la viande de ces animaux dans les localites voisines, ä condition qu'elle sera bien emballee et qu'on desinfectera les moyens de transport.
Lorsque les animaux malades seront morts naturellement, les proprietaires ne devront pus les enfouir, ni meme les changer de place avant d'avoir prevenu l'autorite, qui interviendra aussitöt et prescrira l'enfouissernent dans un lieu convenable, ä une distance variable, mais qui ne devra pas etre moindre de ISO ä 200 metres des habitations et des grandes voies de communications. L'en­fouissernent est en outre indique quand on abat des animaux ma­lades et quelquefois aussi quand on abat des animaux simplement suspects, ainsi que nous l'avons dejä dit. Les cadavres seront transportes avec les animaux solipedes, et ä leur defaut ä bras d'homme, mais Jamals avec des animaux de l'espece bovine. On evitera bien entendu Je semer, sur le chemin de parcours, du fumier ou d'autres produits pouvant contenir de la matiere viru­lente. Les fosses devront etre assez profondes (lmix 2 metres au moins) pour que les animaux carnassiers ne puissent pas deterrer les cadavres; on tailladera les peaux, on infectera les chairs avec des substances pyrogenees (acide phenique brut, phenate de soude, goudron, etc.), pour enlever k qui que cesoit Fenvie de les deter-
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rer; on recouvrira les cadavres avec toute la terre extraite de la fosse, apres les avoir prealablement couverts d'une couche de chaux vive ou de chlorure de chaux ou de cendres; on placera sur la fosse des pierres ou des branchages, ou bien on I'entourera d'une haie et on fera planter sur ses bords un poteau portant un ecriteau indiquant qu'en ce lieu on a enfoui des cadavres typhiques. Les debris, dont on permettra I'utilisation, devront etre desinfectes avant d'etre exportes hors du lieu infecte. Les cadavres enfouis ne devront pas etre deterres avant un an.
Dans les pays situes sur le littoral de la mer, renfouissement pent etre avantageusementremplace par i'immersion des cadavres; il sera meine touj ours preferable de jeter les cadavres ti Ya. mer, apres les avoir eventres.
Lorsque les animaux et les cadavres pourront etre livres ä l'equarrissage. II faudra conseiller ce mode de faire: la livraison ä requarrissage est ordinairement une bonne mesure, qu'on devra conseiller dans tous les endroits oü il setrouvera un clos d'equar-rissago a proximite. Les animaux livres ä l'equarrisseur seront abattus sans delai, et leurs cadavres, ainsi que les cadavres des animaux qui auront ete abattus ailleurs ou qui auront succombe ä la maladie, devront etre denatures et utilises ie plus vite possible. II sera bon que l'autorite fasse surveillerrequarrissage, afin qu'on ne puisse pas commettre de fraudes, afin qu'on ne puisse rien soustraire pour une autre destination. Les cadavres seront trans-portes avec des vehicules speciaux, et les malades conduits par des chemins detournes au clos d'equarrissage, pour y etre tues et utilises. Mais si la distance h parcourir est longue, et surtout si, pour arriver au clos d'equarrissage, il taut traverser des localitcs plus ou moins peuplees d'animaux ruminants et non encore infec-tees, il vaudra mieux s'en tenir a renfouissement.
Indemnite. — La loi de 1866 fixa, aux trois quarts de la valeur des animaux, 1'indemnite accordee en cas d'abatage pres­ent par l'autorite. Un decret de 1871 regla le modus faciendi pour l'estimation des animaux designes pour l'abatage, et le projet de 1879 consacre les dispositions du decret precite. L'evaluation des animaux est faite par deux experts designes. Tun par le pro-prietaire et l'autre par le maire; celui du maire opfere seul, si le proprietaire n'a pasnomme le sien. II est dresse un proces-verbal, et en cas de dissentiment des deux experts, le maire donne son avis a la suite du proces-verbal, qui est depose k la mairie. Ce proces-verbal est transmis au prefet; il doit 6tre accompagne
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de l'ordre d'abatage, d'un certificat du maire constatant que l'abatageaeu lieu, d'un autre certificat du maire constatant que le proprietaire n'a pas contrevenu aux lois et reglements de police sanitaire, et de la demande d'indemnite formee par le proprietaire. En cas d'utilisation le produit de la vente reste au proprietaire, et s'il excede un quart de la valeur de l'animal, Findemnite ä payer par l'Etat sera reduite de l'excedant. II est bleu enteadu que les experts doivent agir avec conscience, mais des abus nom-breux etant ä redouter, le montant de l'indemnite sera iixe par le ministre de l'Agriculture.
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Loi relative aux indemnites ä allouer pour tous les animaux dont l'autorite publique aura ordonne ou ordonnera l'ahatage par state du typhus contayieux des betes ä comes. (Du 30 juin 186C.)
Loi. — EXTRAIT DU l'RGCES-VERBAL DU CORPS LEGISLATIF.
laquo; Article unique. — Les indemnites aliouees pour tous les animaux dont l'autorite publique aura ordonne ou ordonnera l'abatage, par suite du typhus contagieux des betes ä cornes, serpnt fixees aux trois quarts de leur valeur.
Döcret du 30 septembre 1871
laquo; Article premier. — L'indemnite des trois quarts de la valeur, allouee par la loi du 30 juin 1866 aux proprietaires d'ani-maux abattus par l'ordre de l'autorite publique, sera flxee par le ministre de l'Agriculture et du Commerce, apres une expertise faite au moment meme de l'ordre d'abatage.
laquo; Art. 2. — L'evaluation de l'animal abattu est faite par deux experts designes, Tun par le maire, l'autre par la par-tie. A defaut par la partie de designer son expert, l'expert designe par le maire opere seul.
laquo; Le proces-verbal d'expertise est depose ä la mairie.
laquo; En cas de dissentiment entre les deux experts sur l'evalua­tion de l'animal abattu, le maire donne son avis ä la suite du proces-verbal.
laquo; Art. 3. — Ge proces-verbal est transmis dans les cinq jours de sa date par le maire au prefet; il doit etre accompagne :
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laquo; 1deg; De l'ordre d'abatage delivre par le maire, sur le rapport d'un veterinaire;
laquo; 2deg; D'un certifieat du maire constatant que Tordre d'abatage a regu son execution;
laquo; 3deg; D'un certifieat du maire constatant que la partie s'estcon-formee aux lois et reglements de la police sanitaire, notamment quant ä la declaration de la maladie de l'ainmal, des que cette maladie s'est produite;
laquo; 4deg; De la demande d'indemnite formee par la partie. laquo; Le ministre statue dans le delai de trois mois, ä dater de la reception des pieces.
laquo; Art. 4. — Quand la peste bovine äpparalt d'une maniere squdaine dans une localite, et qu'il n'y a qu'un petit nombrc d'aniinuux suspects, les cadavres doivent etre enfouis ou detruits sur place par las procedes connus de l'equarrissage.
laquo; Si la peste bovine s'est etendue ä une grande surface du ter-ritoire, l'usage des viandes abattues pourra etre autorise par un arrete du pretet.
laquo; Get arrete determinera :
laquo; 1deg; Les conditions sous lesquelles devra s'operer le transport, seit de ces viandes, soit des animaux vivants suspects, du lieu do provenance ju lieu de consommation ou d'abatage;
laquo; 2deg; Les precautions ä prendre pour que les animaux vivants ne puissent etre detournes de leur destination et soient abattus aussitöt apres leur arrivee ä l'abattoir.
laquo; Art. 5. — Dans le cas prevu par I'article precedent, le pro-duit de la vente des viandes sera laisse au proprietaire de l'animal abattu.
laquo; Mais s'il excede le quart de la valeur de cet animal, I'indem-nite des trois quarts dues par I'Etat sera reduite de Fexcedant.
laquo; Art. 6. — Les i'rais d'expertise, d'abatage, d'enfouissement, de desinfection, de transport des viandes et des animaux suspects, et tons autres frais accessoires, restent au compte des proprie-taires.
laquo; Art. 7. — Le ministre de l'Agriculture et du Commerce est charge de l'execution du.present decret, qui sera insere an Bulle­tin des lois et publie au Journal officiel Ai la Republique fran-Qaise.
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Projet de loi de 1879
TITRE II. — 1NDEMNITES.
laquo; Art. 14. — II est alloue aux proprietaires des animaux abat-tus pour cause de paste bovine, en vertu de l'article 7, une in-demnite ainsi reglee : la moitie de leur valeur avant leur raaladie, s'ils en sont reconnus atteints;
laquo; Les trois quarts de la valeur, s'ils out seuleraent ete conta-mines.
laquo; Dans le premier cas, rindemnite ne peut exceder la somrne de 400 fr. par tete, et dans le second, celle de 600 francs.
laquo; Art. 15. — Lorsque l'emploi de debris d'un animal abatta pour cause de peste bovine a ete autorise pour la consommation ou un usage industriel, le proprietaire est tenu de declarer le pro-duit de la vente de ces debris.
laquo; Ce produit appartient au proprietaire; s'il est superieur ä la portion de la valeur laissee ä sa charge, rindemnite due par l'Etat est reduite de Fexcedant.
laquo; Art. 16. — Avant l'execution de l'ordre d'abatage, il est precede h. une evaluation des animaux par deux experts designes, Fun par le maire, l'autre par la partie.
laquo; A defaut, par la partie, de designer un expert, l'expert de-signe par le maire opere seul.
laquo; II est dresse un proces-verbal de l'expertise; le maire et le veterinaire delegu6 contresignent le proces-verbal et donnent leur avis.
laquo; Art. 17. — La demande d'indemnite doit etre adressee au ministre de l'Agriculture et du Commerce, dans le delai de trois mois, ä dater du jour de l'abatage, sous peine de decheance.
laquo; Le ministre pent ordonner la revision des evaluations faites en vertu de l'article 16, par une Commission dont il designe les membres.
laquo; L'indemnite est flxee par le ministre, sauf recours au Conseil d'Etat.
laquo; Art. 18. — Touts infraction aux dispositions de la presente loi ou des reglements rendus pour son execution peut entrainerla perte de l'indemnite prevue par l'article 14.
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laquo; La decision appartiendra au ministre, sauf recours au Gonseil cl'Etat.
laquo; Art. 19. — 11 n'est alloue aucune indemnity aux proprietai-res des animaux abattus par suite de maladies contagieuses autres que la peste bovine. raquo;
Disinfection. — La desinfection est, apres la sequestration, la mesure la plus importante dans la police sanitaire des maladies contagieuses en general et du typhus en particulier. Elle est ins-crite dans les principaux documents legislatifs, et eile est indiquee apres la dispai ition de la peste bovine d'une etable, d'une localite, apres que des objets ont ete souilles, etc. Elle doit porter sur les habitations et leur diverses parties, sur tons les objets et tous les ustensiles souilles on soupoonnes de l'avoir ete. Elle doit porter sur les moyens de transport, sur les debris cadaveriques, sur les aliments et sur les boissons, sur les fourrages, sur les litieres, sur les fumiers et les purins, sur l'atmosphere des habitations infec-tees, sur les animaux meme non susceptibles de contracter le typhus, qui ont pu etre souilles de matiere contagieuse, et sur les personnes qui pourraient transporter avec elles des germes mor­bides.
Les agents desinfectants qu'il convient d'employer sent : I'air, I'aeration, les courants d'air dans les habitations; le serenage pour les fourrages, les litieres, les ustensiles, etc.; le calorique, la dessiccation, l'eau et les solutions bouillantes, la vapeur d'eau, le feu, le flambage, qu'on utilisera le plus souvent possible; les agents chimiques, tels que l'acide phenique et ses composes, qu'on emploiera en fumigations ou en lavages dans l'eau bouillante; le chlorure de chaux, et la chaux vive, qu'on emploiera en lavages a l'eau bouillante, en badigeonnages ou en recrepissages; les alcalins, le chlore, l'acide sulfureux, l'acide sulfurique, etc.
Nous connaissons d'une maniere generale le mode de procMer a.la desinfection; il faudra I'appliquer avec le plus grand soin, quand il s'agira du typhus; et, ä propos de chaque objet h desin-fecter, on procedera comme il a ete dit a propos de la desinfection consideree comme mesure generale. Ainsi, quand il s'agira de desinfecter une habitation, on enlevera le fumier, on le transpor-tera avec les solipfedes, on Se brülera ou on I'enfouira, ou on le traitera par des matieres chimiques (chaux, acide sulfurique,
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chlorure de chaux, acide phenique brut, phenate de soude, etc.); on traitera de meme les purins; on sortirä les fourrages et les litieres, qu'on brülera ou qu'on desinfectera (serenage, dessicca-tion) ou qu'on donnera aux solipedes; on sortira tous les objets mobiles et on les detruira ou on les desinfectera par lefeu, par les agents chimiques, etc.; on 6tablira une aeration complete dans l'habitation et on l'assainira; on desinfectera le sol, les murs, le plafond, les mangeoires, les räteliers; on emploira ä cet effet des läväges reiteres ä Feau bouillante avec des solutions aicalines, pheniquees, chlorurees, acidiflees, des jets de vapour d'eau, si on pent en avoir; on procedera au repavage, au grattage, au repi-quage, au plätrage, au goudronnage, au badigconnage ä la chaux, au chlorure de chaux, ä l'acide phenique; on fera des fumigations pheniquees, sulfureuses; on brülera, on flambera les objets en bois et autres. L'operation de la disinfection sera conduite, reglöe et surveillee par unveterinaire. Une fois la desinfection terminee, et apres que l'habitation sera restee deux jours calfeutree avec son atmosphere sulfureuse ou pheniquee, on ouvrira portes et fenetres, on la laissera ainsi encore sequestree pendant 15 jours ou seulement 12 jours, et on en permettra ensuite le repeuple-rnent avec des anirnaux de provenance non suspecte.
Ainsi done, apres l'extinction del'epizootie dans une localite, le repeuplement des etables, bien desinfectees d'abord, pourra etre autorise 15 jours apres, quoique certains auteurs conseillent un delai de 3 ä 4 semaines.
Quand les fumiers auront ete enfouis, on pourra en permettre l'utilisation trois mois apres.
Les frais de la desinfection sont ä la charge du proprietaire, en France, tandis qu'en Allemagne l'Etat lui vient en aide.
Instruction sur les mesures a prendre contre la peste bovine ou typhus contagieux des betes a coRNES. (Versail­les, le 20 mars 1871.)
laquo; Monsieur le Prefet, les instructions, qui vous ont ete prece-demment adressees par mon administration au sujet de la peste bovine, ayant ete diversement interpretees dans plusieurs depar-tements, 11 me parait utile de resumer de nouveau, et de maniere
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ä coordonner uniformement Faction gouvernementale, les mesures ä prendre contre cette epizootie. De toutes les maladies qui atta-quent le gros betail, la peste bovine est, vous le savez, la plus re-doutable. Aucune ne se repand aussi rapidement, aucune n'est aussi meurtriere. Une fois qu'elle a penetre dans une contree, on pent affirmer qu'elle y exercera de grands ravages, si on ne prend des mesures immediates et energiques pour I'eteindre ou pour limiter ses progres.
laquo; Le caractere essentiel de cette maladie, c'est sa contagion; eile est tellement contagieuse, qu'il n'est pas necessaire pour qu'un animal la contracte, qu'il soit mis en contact direct avec un animal malade; il pent la gagner ä distance et meme en plein air, s'il est place sous le vent d'un foyer infectieux. II y a plus; cette maladie pent etre importee dans une etable renfermant des animaux en sante par l'intermediaire des vetements de personnes qui ont sejourne dans des etables infectees, ou qui out eu des rap­ports avec des animaux malades. Les moutons, les chevres, les chiens, les fumiers, les tburrages, etc., peuvent, dans les me­ines conditions, servir de vehicule a la contagion. Mais la bete malade est toujours I'agent principal etle plus actif de la propaga­tion du mal.
laquo; La peste bovine, et c'est lä un point important h signaler, est une maladie etrangere h l'Europe occcidentale; eile ne s'atta-que ä nos bestiaux que lorsqu'elle a ete transmise par conta­gion.
laquo; Cette epizootie ne se decele pas ä l'exterieur par un ensemble de signes morbides constamment les memes; eile affecte an con-traire, dans ses modes de manifestation, des physionomies souvent differentes, qui expliquent le defaut de concordance entre les des­criptions qu'en ont doimees les auteurs et les difficultes de la re-connaitre au debut, quand on ignore son existence dans la con-tree. Aussi, au point de vue de la preservation de la peste bovine par le concours des proprietaires, on peut, sans inconvenient, ne-gliger l'expose des symptömes qui la distinguent. Dans les locali-tes envahies et dans celles menacees par l'approche du mal con-tagieux, les detenteurs de bestiaux agiront prudemment en con-siderant comme etant sous le coup de cette maladie tout animal chez lequel on observera des signes vagues de tristesse, d'inappe-tence, ou un changement quelconque dans son etat habituel. En un mot, quand on salt que le typhus contagieux regne dans la lo-calite ou dans ies localites environnantes, une indisposition du be-
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tail, meme legöre, etablit la presomption de l'existence du mal ä son debut. A ce litre, il devra etre immediatement isole el soumis sans retard ä la visite du veterinaire.
laquo; Dans le but d'eviter les desastres que cause d'ordinaire cetle terrible epizootie, il faul de toute necessite prendre des mesures pour prevenir son invasion dans un pays, pour l'eleindre et pour empecher sa propagation lorsqu'elle parvient a y penetrer.
laquo; Ges mesures sont de deux ordres. Les unes, edictees par les lois et les reglements sanitaires, comprennent: 1deg; la declaration; 2deg; Tisolement; 3deg; la sequestration; 4deg; la visile; 5deg; le denombre-ment et l'estimalion des animaux; 6deg; I'abalage; 7deg; I'enfouisse-ment des cadavres el des debris cadaveriques; 8deg; la desinfeclion; 9deg; la suspension des foires el marches; 10deg; les cordons sani­taires; 11deg; la surveillance du commerce et de la circulation du betail; 12deg; le transport et l'utilisation de la viande, des peaux, des suifs.
laquo; Ges prescriptions sanitaires, les autorites out le droit et le de­voir de les ordonner, en s'inspiranl toutefois de ropportunile des circonstances qui les reclament, el en les proporlionnant ä la gra-vite du danger centre lequel elles sont dirigees.
laquo; Les autres mesures sont du ressorl presque exclusif des per-sonnes inleressees a, la conservation de leurs besliaux.
sect; Ier. — OBLIGATIONS ET DEVOIBS DES AUTORITES.
laquo; Quand on a lieu de redouter l'invasion de la peste bovine dans une localite, I'autorile departementale, cantonale ou communale devra se preoccuper du commerce et du mouvement du betail. Les seuls moyens prfeservatifs, reconnus efficaces pour s'opposer ä l'importation de la contagion, sont la defense de rinlroduction de l'espece bovine de provenance de contrees infectöes; la sus­pension des foires el des marches dans la circonscriplion voisine des localites envahies; l'interdiction de l'imporlalion des fumiers, des peaux fraiches el autres issues d'animaux abaltus; la surveU-. lance des marchands el des conducleurs de besliaux; I'obligalion de faire visiler les animaux avant leur entree sur le territoire, en indiquant leur origine. Mais 1'Administration ne doit pas perdre de vue que ces mesures excessives nuisent toujours au commerce et ä l'industrie; que la necessite qui les commando ne saurait faire oublier qu'elLes doivent, dans las limites du possible, se concilier
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avec les interets genöraux du pays et avec les besoins de la con-sommation, et que, dans tous les cas, leur duröe est subordonnöe h la duree meme du danger. II y a done lieu, pour les autorites, ä examiner la situation froidement et nettement, et ä n'appliquer les mesures preservatrices dans toute leur rigueur qu'avec une sage reserve. En ce qui concerne notamment la suspension des foires et marches et la circulation du betail, il serait desirable que la prohibition restät limitee aux localites seules exposees a la con­tagion, etne s'etendit a tout le departement, que si lanecessite en 6tait imperieusement reconnue.
laquo; Dans quelques departements non attaques, on a cru devoir in-terdire absolument le transit de tout betail, meme en chemin de
I l'er, de teile sorte qu'on intereepte ainsi l'approvisionnement des grands centres de consommation; e'est lä unfait anormal presque inutile, et dont on aurait pu conjurer les eventualites par une sur­veillance severe dans les gares, en empechant les arrets prolonges et en exigeant que les wagons fussent garnis de maniere ä ne lais-snr echapper aucune dejection.
laquo; Sur d'autres points, on a interdit l'entree et la sortie du betail sans aucune distinction. II en est resulte que des localitös, sieges habituels d'exportation, quoique parfaitement saines, ont vu leur commerce et leurs transactions completement arretes, an grand detriment du producteur et du consoramateur. Une inspection ve-terinaire, organisee dans les gares de debarquement, aurait suffi pour ecarter tout danger.
laquo; Je me borne ä citer ces exemples pour demontrer rimportance de l'examen des faits locaux par les autorites avant l'adoption des mesures genörales et trop absolues.
sect; II. — INTRODUCTION DE LA FESTE BOVINE.
laquo; Si, malgre les mesures prises, la peste bovine penetre dans I'interieur de la contree, il faut recourir ä Yabatage immediat des animaux malades et des animaux suspects par suite de la cohabi­tation. Exöcutee des le debut du mal, cette mesure a pour resultat certain de limker les foyers de la contagion et de les eteindre sur place; I'autorite doit la prescrire aux propietaires, parce qu'elle constitue le moyen par excellence pour detruire la peste bovine, et pour empecher la propagation de la contagion.
laquo; A I'abatage succede la mesure de Tenfouissement. Sans eher-
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eher h. utiliser aueun de leurs produits, il faut enfouir les cada-vres dans un Heu isolö, dans des fosses de 2 metres de profon-deur, les couvrir de chaux et de substances desinfeetantes, si Ton en a ä sa disposition, surexhausser le sol au-dessus de ces fosses, Fentourer de barrieres ou d'obstacles pour empecher l'approche des animaux. On enfouira avec le raeme soin les fumiers, les li-tieres, les fourrages dölaisses par le b6tail malade; on desinfectera ensuite les etables en lavant d'abord h l'eau bouillante le sol, les murs, les mangeoires, et ensuite avec de l'eau chloruröe ou pheni-quöe; on degagera des vapeurs de chlore dans les locaux, on les ouvrira apres vingt-quatre heures; on etablira des courar:ts d'air et on attendra, pour les reoecuper, que la peste bovine n'existe plus dans la localite; on intereeptera toutes les voies de com­munication de la commune infectee avec l'exterieur, en 6tablis-sant des tranchees et barrieres, et, en outre on fera connai-tre, par des inscriptions apparentes, que l'epizootie sevit dans la commune.
laquo; C'est par rapplication rigoureuse de ces moyens sanitaires ä tous les foyers qui se manifesteront, que I'autorite, secondee par le hon vouloir des proprietaires, pourra arreter la marche du typhus contagieux. Quant aux demandes qui ont ete adressees pour reclamer des indemnites par suite de l'abatage des animaux malades ou suspectes de la peste bovine, je ne dois pas vous laisser ignorer, Monsieur le Prefet, que ces indemnites, aux ter-mes de la loi du 6 juillet 1866, ne peuvent etre allouöes que pour les animaux dont I'autorite publique aura era devoir ordonner l'abatage.
sect; III. — EXTENSION DE LA PESTE BOVINE.
laquo; Lorsque la peste bovine envahit k la fois une grande 6tendue de territoire, et qu'il existe de nombreux foyers de contagion dans l'arrondissement ou le departement, l'intervention de I'autorite se traduira par des mesures nouvelles, complömentaires des mesures precedentes, qu'elle maintiendra et continuera ä faire appliquer, suivant l'exigence des circonstances au milieu desquelies apparait cette epizootie.
laquo; Mais, pour rendre plus facile et plus efflcace cette interven­tion, et pour attenuer les pertes que la peste bovine occasionne aux proprietaires, 1'Administration ne s'opposera pas ä la vente de la viande des animaux abattus dans la localitö meme. Elle permettra
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6galement le transport de cette viande au dehors, en faisant sa-voir qu'elle pent etre consommee sans danger, ä la condition qu'elle ne laissera rien ä d6sirer sous le rapport de sa conserva­tion. L'expörience de plus d'un siecle demontre que la chair des Mtes atteintes de la peste bovine, mais abattues avant leur mort, ne presente aucun inconvenient pour la sante publique A plus forte raison, la viande provenant du b6tail place au milieu des foyers de la contagion peut-elle etre utilisee et transportee sans le moindre inconvenient.
laquo; Lorsque la peste bovine envahit une contree riebe en betail, I'autorite agira sagement, en vue de l'extinction de cette maladie, en autorisant le commerce des animaux non malades mais expo­ses ä le devenir, ä la condition qu'ils seront destines ä la houcherie, et qu'ils seront visites ä leur depart et ä leur arrives; toutefois, cette autorisation ne devrait etre aecordöe qu'aux acbeteurs qui justifieront:
laquo; 1deg; Que le transport pourra s'effectuer dans un court delai;
laquo; 2deg; Que le betail ne stationnera dans les gares que le temps n^cessaire a son embarquement;
laquo; 3deg; Que les wagons seront desinfectes, apres chaque expe­dition, par les soins de l'expediteur ou par ceux de la Compa-gnie.
laquo; Si, au debut de l'invasion, et alors qu'elle est localisee dans une etable ou un petit nombre d'etables, il y a avantage, apres I'aba-tage, h enfouir les animaux avec la peau, il n'en est pas de meme lorsque lemal a occasionne unegrande mortal ite; Tenfouissement, dans ce cas, offre souvent une securite trompeuse contre les dan­gers de la contagion; il est preferable de laisser aux proprietaires la liberte de tirer parti de leurs betes en les livant aux equarris-seurs dont les etablissements, places dans le voisinage, permet-traient de les transformer en produits industriels. Les maires des communes, dans lesquelles se trouvent situes les chantiers d'e-quarrissage, veilleront h l'observation des prescriptions sanitaires relatives ä ces Etablissements; ils defendront notamment I'en-combrement des cadavres et le transport des cuirs frais et des autres issues qui n'auraient pas ete, au prealable, desinfectes.
laquo; Mais, pour que Faction de TAdministration seit aussi efficace que possible, il faut que les personnes, directement interessees ä la conservation du betail, luij^iennent en aide, at que tous les ef­forts soient concertes avec intelligence pour lutter contre le mal
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commun qui menace la contree, et dont l'invasioa pourrait causer des pertes considerables. Vous ne sauriez trop rappeler, Monsieur le Prefet, que les mesures edictees par les reglements ne peuvent avoir de resultat effectif, que si l'Administration est secondee par l'initiative individuelle; sans son concours perseverant et devouö, il est ä redouter que la peste bovine ne dejoue tout; les moyens mis en pratique pour la prevenir et pour I'eteindre. Aussi vous devrez solliciter le concours des proprietaires, des divers deten-teurs d'animaux, des juges de paix, des membres des diverses societes d'agriculture, des medecins, des veterinaires, de la gen­darmerie, des gardes champetres. Ge ne sera pas trop du concours de tout le monde pour exercer une surveillance active, 5t pour empecher, le cas 6cheant, les considerations d'interet prive de Temporter sur les exigences de l'interet public.
laquo; De ce court expos6 sur la subtilite de la contagion de la peste bovine et sur les dangers de sa propagation, on pent deduire les prescriptions suivantes, que vous ne sauriez trop recommander a Tattention des proprietaires.
laquo; Ces prescriptions consistent:
laquo; 1deg; A. isoler les animaux dans les etables;
laquo; 2deg; A n'introduire dans la ferme aucuue böte du dehors;
laquo; 3deg; A suspendre la saillie qui, dans certaines localites, provo-que la circulation du betail;
laquo; 4deg; A fermer les etables et k en interdire 1'entree h toutes per-sonnes autres que celles preposees au soin du betail;
laquo; 5deg; A supprimer les päturages quand il est possible de nourrir les animaux h. I'etable;
laquo; 6deg; Si la necessite l'exige, h placer ceux-ci dans des pdturages clos, en ayant la precaution de les isoler autant que le permet la configuration du sol;
laquo; 7deg; A interdire les acces de la ferme en cloturant les passages, les routes communiquant avec les grandes voies de circulation;
laquo; 8deg; A tenir a l'attache les chiens et h renfermer les autres ani­maux de ferme, les chevaux exceptes;
laquo; 9deg; A faire visiter et h declarer les animaux au moindre signe de maladie;
laquo; 10deg; A prevenir I'autorite desle debut de l'existence de la peste bovine;
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laquo; 41deg; A faire tuer et ä faire enfouir las premieres bates atteintes et celles qui ont eu avec elles des rapports de contact;
laquo; 12deg; A placer dans un isolement complet le betail que les pro-prietaires, en raison de sa valeur comme reproducteur, dösirent conserver et traitor en vue de la guerison.
laquo; En resume, fermer toutes les voies ouvertes ä la contagion; voilä le but qu'il faut poursuivre et qu'on pent atteindre avec de la prudence et de la volonte.
laquo; Dans les circonstances penibles que traverse le pays, votre devouement et votre sollicitude ne sauraient faire defaut ä une mission aussi importante. Veuillez, je vous prie. Monsieur le Pre-fet, me tenir au courant de tons les faits qui peuvent se produire, et me renseigner sur la marche du mal, sur sa propagation et sur les mesures adoptees dans l'interet des populations de votre de-partement. Je vous adresserai prochainement, ä l'appui de cette instruction sommaire, plusieurs exemplaires d'une instruction plus detaillee, preparee par la commission des 6pizooties. Je vous recommanderai de la distribuer entre les associations agricoles, les vöterinaires et les eleveurs Interesses h connaitre les caracteres distinctifs de la maladie.
lt;t Recevez, Monsieur le Prefet, l'assurance de ma consideration tres distingu^e,
laquo; Le Ministre de Vagriculture et du commerce, laquo; LAMBREGHT. raquo;
POURSUITES A EXERCER POUR INFRACTIONS AUX LOIS ET REGLE­MENTS sur la police SANITAIRE. (Versailles, le 23 novembre 1871.)
cc Monsieur le Prüfet, parmi les causes les plus actives do la pro­pagation de la peste bovine, il faut placer en premiere ligne la circulation et le commerce clandestin du betail.
laquo; Les detenteurs sont trop enclins a enfreindre les dispositions qui prescrivent la sequestration des bestiaux dans les commurtes infectees, et, d'autre part, des marchands ne se font pas scrupule d'y acheter des animaux h yil prix, pour les vendre ailleurs avec un benefice scandaleux, au risque de röpandre la contagion par-tout oü ils seront conduits.
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laquo; Un pareil traue peut causer les plus graves prejudices ä la fortune publique, et ceux qui s'y livrent doivent etre recherches et deferes impitoyablement ä la justice.
laquo;II est necessaire que, quelles qu'elles soient, les infractions aux lois et reglements sur la police sanitaire soient reprimees avec la derniere rigueur. La coupable avidite des uns, l'incurie des autres font aux tribunaux un devoir de se montrer inflexibles et d'infliger les peines les plus severes, afin d'inspirer une crainte salutaire aux premiers et de secouer l'apathie des seconds.
laquo; Mais, si la simple violation des regies sanitaires ne peut don-ner lieu qu'ä l'application des penalites ecrites dans la led, il n'en est pas de meine lorsqu'elle a pour resultat de communiquer la maladie h d'autres animaux.
laquo; Ici, en effet, la question change de face, ou plutot s'elargit. Au delit vient s'ajouter le dommage cause.
laquo; L'epizootie, une fois introduite dans une localite par le com­merce clandestin du betail, entraine generalement l'abatage des animaux sur lesquels eile se propage. Mais, dans ce cas, c'est la responsabilite de l'Etat qui est aggravee, puisque, en definitive, c'est lui qui fait abattre les animaux contamines et qui en rem-bourse le prix en conformits de la loi du 30 juin 1866. Cependant, aux termes de Farticle 1382 du Code civil, l'auteur de tout dom­mage doit le reparer. Cette disposition peut etre invoquee en l'es-pece, et, comme c'est l'Etat qui subit reellement le dommage cause par l'introduction frauduleuse d'animaux infectes, c'est ä l'Etat qu'il appartient d'exercer son recours centre qui de droit.
laquo; Charges de veiller aux interets generaux, il y a lä pour nous une etroite obligation que nous ne devons pas negliger de rem-plir.
laquo; Ainsi done, Monsieur le Prefet,toutes les fois que l'instruction etablira que les delinquants ont eontribue ä repandre la conta­gion, vous voudrez bien intervenir au proces en vous portant partie civile. Vous aurez alors ä developper les considerations qui precedent, et ä reelamer, au profit de l'Etat des dommages-interets en rapport avec le nombre des animaux qu'il aura fallu abattre et et la somme des indemnites ä payer.
laquo; Les frais qui pourraient resulter de ces actions civiles seront nöcessairement Supportes par mon ministere.
laquo; Les doubles eondamnations prononeees de la sorte auraient un effet moral considerable, en montrant que les eoupables peu-vent etre atteints ä la fois dans leurs personnes et dans leur for-
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tune. II conviendrait aussi de porter toutes les condamnations de cette nature h. la connaissance du public, avec les noms des delin-quants, par tous les moyens de publicite dont vous disposez.
laquo; J'ajouterai qu'ä part l'obeissance due ä la loi, 11 Importe moins de frapper les individus que de faire des exemples capables de ramener les esprits au sentiment du devoir. Des lors, je considere comme indispensable que la plus grande celerite soit apportee dans la repression des delits relatifs ä la police sanitaire du betail, et je vous prie, en terminant, de faire appel dans ce but au con-cours de M. le Procureur de la Republique.
laquo; Recevez, Monsieur le Prefet, l'assurance de ma consideration la plus distinguee.
laquo; Le Ministre de Vagriculture et du commerce, laquo;. Victor LEFRANC. raquo;
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Interdiction absolue de tout traitement sur les animaux
ATTEINTS DE L'EPIZOOTIE OU SUSPECTS DE CONTAMINATION.
(Versailles, le 28 novembre 4871.)
laquo; Monsieur le Prefet, mon administration a remarque que dans quelques etats de situation de la peste bovine, transmis tous les dix jours de certains departements, des animaux etaient portes comme etant en traitement ou en observation.
laquo; Je crois devoir rappeler de nouveau que ces essais de medi­cation sont formellement interdits. II est plus que jamais neces-saire de proscrire toute temporisation ä l'egard d'une affection si redoutable. Tout animal reconnu atteint de l'epizootie ou suspect de contamination doit etre immMiatement abattu, et je vous re-commande de donner les instructions les plus severes dans votre departement pour cet objet.
laquo; Recevez, Monsieur le Prefet, l'assurance de ma consideration la plus distinguee.
cc Le Ministre de Vagriculture et du commerce, laquo; Victor LEFRANC. raquo;
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Question des indemnites pour pertes de bestiaux abattus par suite de la peste bovine, renvoi de pieces. (Versailles, 12 decembre 1871.)
laquo; Monsieur le Prefet, par votre lettre dunbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;vous
m'avez transmis les demandes presentees par des cultivateurs de votre departement, ä l'effet d'obtenir l'indemnitö accordee, en vertu de la loi du 30 juin 1866, pour pertes de bestiaux abattus par suite de la peste bovine.
laquo; En presence des exagerations remarquees par mon adminis­tration dans les proces-verbaux d'estimation produits ä l'appui de ces demandes, en raison de la persistance de l'epizootie et des sacrifices considerables qu'elle a dejä imposes ä l'Etat, il est de-venu indispensable de prendre de nouvelles dispositions pour assurer une repartition plus equitable des indemnites qu'il pent y avoir lieu d'allouer conformement a la loi precitee.
laquo; L'administration de l'agricultureadejä liquide des indemnites pour une somme d'environ 5 millions de francs, mais eile a lieu de croire que, dans un sentiment de complaisance qu'on ne sau-rait trop reprouver, les autorites locales n'aient quelquefois deli-vre des certificats congus de fatjon a faire participer leurs admi-nistres a une indemnite qui ne pent et ne doit etre accordee que dans les conditions speciales determinees par la loi de 1866 et le decret du 30 septembre 1871.
laquo; Ces fraudes deviennent un scandale, et il importe de leraquo; de-jouer. G'est le devoir de TAdministration de proteger la fortune publique contre les manoeuvres deloyales de ceux dont la cons­cience est assez aveuglee pour croire que Ton pent impunement tromper FEtat.
laquo; Les tendances a i'exageration dans les evaluations s'accusent de plus en plus, et il est absolument necessaire d'y porter re-mede.
laquo; Vous comprendrez, Monsieur le Prefet, que mon administra­tion n'est pas en situation de ramener elle-meme a leur veritable prix les animaux sacrifies, soit par ignorance des circonstances locales ou de la valeur habituelle du betail de la contree.
laquo; Je vous prie, en consequence, d'instituer au chef-lieu de votre departement une commission speciale chargee de reviser les de­mandes d'indemnites que je vous renvoie ci-jointes, et toutes celles qui vous seront adressöes ä l'avenir.
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laquo; Gette commission sera composöe de la maniere qui vous pa-raitra offrir ie plus de garantie pour un examen attentif, conscien-cieux et eclaire des pieces composant chaque dossier. Elle devra se faire rendre compte, toutes les fois que cela lui semblera utile, des circonstances qui ont amenö les abatages et des conditions dans lesquelles ils ont ete effectues. Les estimations seront exa­minees avec soin, mais la commission devra surtout s'appesantir sur la constatation de l'abatage, et uniquement de Fabatage pour cause de peste bovine. II est arrive en effet bien souvent que, malgre l'injonction adressee aux detenteurs d'animaux malades ou suspects, cette mesure n'a pas ete executee. Les sujets ont et6 abandonnes ä eux-memes, et ils ont succombe naturellement aux suites de la maladie; cependant on n'en reclame pas moins une indemnite en produisant I'ordre delivre par le maire. II y au-rait lieu do craindre encore que Ton nQ fit abattre, sous pretexte de peste bovine, des animaux atteints de toute autre maladie jugec incurable.
laquo; La loi du 30 juin 1866, vous le savez, n'a pas pour but de cou-vrir les sinistres causes par l'epizootie de peste bovine. Son objet unique est de completer les dispositions legales de police sani-taire applicables ä cette epizootic, en flxant la quotite de Findem-nite h accorder au proprietaire dont I'animal a ete sacrifie dans une mesure d'interet commun. Pour que I'indemnite soit acquise, il faut done de toute nöcessite que les conditions qui y donnent droit aient ete remplies.
laquo; On ne pent admettre, par exemple, qu'un proprietaire lais-sant la maladie se developper sur ses animaux, sans en faire tout d'abord la declaration au maire, serait fonde a invoquer les dis­positions de la loi en vue d'obtenir une indemnite, si Fautorite vient ä faire abattre ses animaux pour eteindre un foyer d'infection qui constitue un danger public. Bien plus, par le fait de sa negli­gence, ce proprietaire a pu contribuer k l'extension du mal conta-gieux. Au lieu d'avoir droit ä une indemnite, il serait passible de poursuites judiciaires, s'il etaitdemontr6qu'il a aggrave les charges de l'Etat, en communiquant la maladie aux bestiaux du voisi-nage.
laquo; C'est dans cet esprit que la commission devra proceder ä ses operations. Lorsqu'elle rencontrera quelques difficultes, eile vou-dra bien en tenir note, et je vous prierai de joindre ses observa­tions aux dossiers auxquels-elles se rapporteront.
laquo; Je vous serai oblige, d'ailleurs, de faire parvenir a mon admi-
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nistration, apres le travail de la commission, toutes ies pieces en les accompagnant d'un bordereau en double expedition dresse dans la forme ordinaire.
laquo; Recevez, Monsieur le Prefet, l'assurance de ma consideration la plus distinguee.
laquo; Le Ministre de I'agriculture et du commerce, laquo; Victor LEFRANG. raquo;
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CHAPITRE IX
PLEUROPNEUMONIE CONTAGIEUSE
Definition. — La peripneumonie contagieuse est une mala-die generale, decelee par de la fievre, par des modifications fonc-tionnelles plus ou moins prononcees, par des symptömes de pneumonie et de pleuresie, caracterisee par des lesions de la plevre et du poumon, par une exsudation plus ou moins accusee, par sa contagiositö, par sa virulence et son inoculabilitö.
Elle offre les plus grandes analogies avec Tinflammation ordi­naire des plevres et des poumons; mais eile s'en distingue par sa virulence.
On l'a encore appelee pleuropneumonie, pneumosarcie, pulmo-nie, maladie de poitrine du gros betail; on ajoute ä ces denomi­nations l'epithete contagieuse; on a parfois appele cette affection pleuropneumonie exsudative, pleuropneumonie maligne, pleuro­pneumonie gangreneuse, pleuropneumonie epizootique. G'est lä en effet, une affection contagieuse, epizootique, exsudative, souvent grave et quelquefois gangreneuse, comme toutes les inflammations pulmonaires, mais la complication de septicemie n'arrive qu'ex-ceptionnellement.
SYMPTOMATOLOGIE
Les symptomes de la pleuropneumonie contagieuse sont faciles ä retenir, mais ils ne sont pas toujours pathognomoniques. Ils ne suffisent pas toujours pour permettre de la diagnostiquer; aucun d'eux ne permet d'afflrmer que Ton est en presence d'une maladie specifique. Ils ont pourtant une grande importance, surtout quand on sait que la maladie regne dans un pays.
Quels sont les animaux qui sont atteints par la pöripneumonie? On observe cette affection chez les animaux de l'espece bovine; et autrefois on croyait qu'elle 6tait particulierement fr6quente
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chez les animauxlaquo; des regions montagneuses; on la disait meme originaire des montagnes du Jura. Mais on Fobserve cependant dans de nombreux pays, et eile ne prend pas naissance dans les montagnes comme I'ont avance certains auteurs; sa seule cause efficiente est la contagion, et cette cause peut la produire en tons lieux.
On l'a observöe et 6tudiee en France, surtout en Franche-Comte, dans le departernent du Rhone, en Auvergne, dans le Nord, etc.; eile se conserve parfois d'une fagon permanente dans certaines etables, dans certaines localites. Elle a ete egalement observee et etudiee en Suisse, en Hollande, en Belgique, en An-
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gleterre, en Italie, en Allemagne, en Autriche-Hongrie, en Suede,
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dans le Danemark, en Russie, en Pologne; eile a meme fait son
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apparition jusque dans la colonie du Gap, ainsi qu'en Amerique et en Australie.
II n'y a pas encore bien longtemps qu'on disait que la Suisse et la Hollande etaient ses pays de predilection; mais une pareille idee est absolument erronee, et si parfois la peripneumonie a sevi avec intensite dans ces pays (eile a occasionne de grandes pertes en Hollande encore dans ces dernieres annees), cela a tenu tout simplement h ce que Ton ne l'a pas toujours combattue ration-nellement et energiquement. Aujourd'hui eile est extirpee h peu pres completement de la Suisse, et quand eile y fait son appari­tion, c'est qu'elle y est introduite par le commerce.
On I'observe surtout dans les pays qui ont, besoin d'importer
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beaucoup d'animaux de l'espece bovine.
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La pleuropneumonie ne presente pas toujours les memes carac-
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teres symptomatologiques et anatomiques; les formes sent un peu variables suivant les epizooties, suivant les conditions et le milieu hygieniques qui entourent les animaux, suivant la constitution, le temperament et le degre de resistance des malades; sa gravity varie suivant ses formes.
La maladie se presente le plus souvent sous le type aigu, mais eile peut cependant passer ensuite ä Fetat subaigu ou meme a l'etat chronique. Souvant eile est sthenique et s'accompagne d'une flevre plus ou moins intense; d'autres fois eile peut etre plus ou moins asthenique; quelquefois eile est comateuse et alors les ani­maux presentent un aspect fort analogue ä celui des malades qui sent atteints de typhus, mais cette forme est rare. Elle est seche ou humide, suivant qu'elle s'accompagne ou non d'6coulements
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morbides (jetage, ohassie, diarrhöe); eile finit toujours par affai-blir considörablement les malades. Quelquefois eile se presente avec des caracteres peu accentues, et 11 arrive meme qu'on n'ob-serve pas de jetage, pas d'etat catarrhal de la muqueuse pitui-taire.
Quoique se localisant plus particulierement sur les voles respi-ratoires, eile pent neanmoins atteindre d'autres organes, et sa gravite est en rapport avec l'etendue des lesions dont eile s'ac-compagne.
Parfois eile est benigne, s'accuse par des symptömes lögers et alors eile se termine promptement par la guerison; ces cas sont rares et ne se voient guere qu'ä la fin des epizooties. II est en outre des cas oh eile pent meme passer inapercue, on dit alors qu'elle se presente sous la forme latente. La commission, nommee on 1849 pour etudier sa contagion, observa un certain nombre de ces cas.
La peripneumonie, qui evolue chez un individu, est toujours precedee d'une periode d'incubation, dont la duree peut varier de 8 h 14 jours et peut meme aller, dit-on, jusqu'ä 40 jours, 60 jours,90 jours; mais cette derniere affirmation n'est pas suffisam-ment verifiee et il ne faut I'admettre que sous certaines reserves. Les faits qu'on allegue pour justifier I'admission d'une si longue duree d'incubation ne sont pas assez demonstratifs et surtout pas assez sürs. Les animaux, transportes au Gap ou en Australie, quoique sains en apparence au moment de leur embarquement, etaient deja contamines, puisqu'ils devaient introduire la maladie dans les nouveaux pays oü on les importait; des lors, ii me sem-ble bien difficile de croire sans reserve que les sujets, tombes malades en arrivant, aient couve la maladie pendant deux ou trois mois, car 11 n'est pas demontre que ces animaux n'avaient pas contracte la maladie en route, au contact de ceux qui etaient contamines au moment du depart et qui ont pu presenter une peripneumonie benigne, latente, inapercue.
Lorsque la maladie debute, eile se manifeste par des prodromes ou des symptömes febriles vagues, qui peuvent d'ailleurs apparte-nir ä toute maladie inflammatoire grave, et par des symptömes moins vagues dont la signification n'est pourtant que relative. II survient une modification dans l'habitude exterieure des animaux; les malades sont tristes, abattus; la peau devient plus seche, les
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PLEUROPNEUMONIE CONTAGIEUSE
polls se plquent; les membres devlennent raldes; les allures sont moins degagees; la region lombaire est hyperesthesiee. L'appetit diminue plus ou moins, devient capricieux; la rumination ne se fait plus regulierement, eile est moins frequente et moins longue; les malades se meteorisent de temps en temps.
La circulation s'accelere, le pouls devient plus fort et plus fre­quent; les muqueuses apparentes, et surtout la conjonctive sont injectees et fortement colorees.
II se produit presque toujours une elevation de temperature, qui peut varier de 1deg; ä 2deg; et ä 3deg;. Ge signe, quoique non pathogno-monique, a ici la meme importance qu'en ce qui concerne le typhus; il pennet de souptjonner tres legitimement l'existence de la peripneumonie, quand il se produit sur des animaux, qui ont ete exposes ä la contagion. II ne s'observe pourtant pas chez tous les individus, ou bien il est parfois si peu prononce, qu'il est diffi­cile de le differencier de l'etat normal; cela se voit ainsi chez les individus qui doivent avoir une peripneumonie benigne ou latente. Chez les femelles en etat de lactation on constate toujours une diminution notable de la quantite normale du lait. La respiration se modifle, s'acc61ere, devient moins reguliere; une toux legere se declare.
Quelquefois, au declin des epizooties, on n'observe pas d'autres symptömes et les malades se retablissent alors rapidement; il Im­porte cependant de ne Jamals oublier que de pareils malades peu vent propager leur mal.
Ordinairement les symptömes vont s'aggravant. La respiration se modifie de plus en plus; la toux est d'abord seche, plus ou moins frequente, toujours profonde et douloureuse; il se produit parfois un leger jetage sereux ; la poitrine devient douloureuse ä la pression et h la percussion; l'auscultation n3 donne pas encore des renseignements bien precis, cependant eile permet de cons-tater une exageration de la rudesse du murtnure respiratoire. Tous ces symptömes permettent de reconnaitre le developpement d'une maladie des voies respiratoires, et, si Ton a des renseigne­ments sur l'existence antörieure de la peripneumonie dans l'habi-tation, dans la localite, etc., on se trouve alors dans la possibilite de porter un diagnostic ä peu pres certain.
L'apparition des divers symptömes du debut indique que le virus s'est generalise, qu'iks'est multiplie, qu'il aagi sur le sang et sur les difförents organes, principalement sur ceux de la respi-
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ration; ainsi s'expliquent la fievre et les symptomes fournis par I'appareil respiratoire, qui annonceat une localisation des lesions dans le poumon et sur les plevres, une hyperhemie et une exsuda-tion k la surface des plevres et dans le poumon.
Si h ce. moment on combat rationnellement la maladie, on pent en enrayer la marche et en hater ladisparition; mais le plus sou-vent l'aggravation progresse, et au bout de 3, 4,5 ä 9 ou 10 jours tout au plus, I'affection est arrivee it son apogee, ä une periode oü eile est franchement caracterisee.
Pendant la periode d'etat les lesions sont tres marquees; ce sont celles de la pleuresie, qui consistent en formation de fausses membranes et en production d'un epanchement, ce sont aussi celles de la pneumonic bien etablie.
Les symptomes vagues ae sont aggraves; les animaux sont plus tristes, quelquefois ils sont dans un etat comateux plus ou moins prononce; le pouls devient petit et s'accelere encore; la peau est seche, les polls sont herisses, et on constate quelquefois des cjedemes, des infiltrations dans le tissu conjonctif sous-cutane, surtout dans la region sous-sternale, sous le ventre et meme le long du bord inferieur de l'encolure.
La conjonctive devient rouge-icterique; les yeux sont en quel-que sorts voiles; ils sont larmoyants; quelquefois meme ce lar-moiement se transforme en une chassie jaunätre, qui ressemble ä celle des animaux atteints de typhus.
L'appetit diminue de plus en plus; la rumination cesse. La beu­che est chaude et degage une mauvaise odeur; la salivation est plus abondante qu';i I'etat normal. Les malades ont parfois de la diffi-culte pour respirer et ouvrent la bouche; la langue se montre alors pendante au dehors. La meteorisation se produit; 11 y a de la constipation; les excrements sont odorants et coiffes de matieres muqueuses; puis ä la constipation succede une diarrhee plus ou moins intense, excrementitielle, sero-muqueuse et tres fetide; ce dernier Symptome est tres grave.
La circulation se modifie; les battements du coeur sont plus frequents et de moins en moins forts; les muqueuses apparentes sont infiltrees et se montrent avec une teinte rouge-icterique. La temperature elevee persiste; mais, lorsque I'animal est debilite, eile baisse, bien qu'il ne se produise pas d'amelioration, ce qui annonce alors une terminaison fatale. Les malades maigrissent rapidement, La lactation cesse ä jpeu pies completement ou ne
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fnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 498nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PLEUROPNEUMONIE CONTAGIEUSE
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fournit qu'un produit sereux; les urines sont rendues en moins grande quantite; les femelles en etat de gestation avortent souvent.
La respiration devient de plus en plus difficile; les animaux ecartent les membres anterieurs pour que la poitrine ne soit pas !;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; comprimee. La marche est penible et difficile. La sensibilite gene-
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rale est exageree. La respiration est acceleree; il y a de la dysp-nee, et parfois, ä la fin de chaque expiration, les malades laissent echapper une plainte; les mouvements respiratoires deviennent irreguliers; la toux s'aggrave, eile est toujours profonde, eile devient plus frequente, eile est plus ou moins grasse et s'accom-piigne ou non d'expectoration. Le jetage devient plus manifeste, plus abondant et change de caracteres; il devient mucoso-puru-lent, parfois sanguinolent. La pression et la percussion de la poi­trine provoquent de la douleur. Grace a la percussion et h I'aus-cultation on peut constater les symptömes d'une pleuresie, d'une pneumonie unilaterales ou bilaterales, d'une bronchite. Dans les regions superieures il y a une sonorite exageree; il y a an con-traire matite dans les regions inferieures ou clans d'autres parties. L'auscultation pennet de constater une exageration du murmure respiratoire, un rale bronchique, un rale muqueux, un rale crepi-tant et un souffle tubaire. Souvent il y a broncho-pneumo-pleu-rite, quelquefois pneumo-pleurite, d'autrefois pneumonie ou pleu-rite, et parfois simple oedeme pulmonaire.
Arrivee ä ce degre, la maladie peut se terminer quelquefois par la resolution, par la guerison; mais le plus habituellement, lors-qu'elle en est venue ä ce point, eile progresse et a une grande tendance k se terminer fatalement.
Des complications se produisent assez souvent. On observe frequemment des oedemes sous le ventre, sous la poitrine, au fanon, le long de la trachee, ainsi qu'au niveau de la gorge, au pourtour du pharynx et du larynx; ce qui peut gen er considera-blement la respiration. Quelquefois il se produit un epanchement dans le pericarde (pericardite). II se forme aussi parfois des lesions dans le foie (hepatite) dans la rate (splenite). L'intestin peut etre vivement enflamme (entente). II se produit dans quel-ques cas des arthrites, des synovites, des eruptions cutanees, des tumours. Les femelles en etat de gestation avortent ou transmet-tent la maladie au foetus. Ljphthisie et la peripneumonie peuvent coexister sur le meme malade.
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La marche de la pleuropneumonie est plus ou moins rapide suivant l'äge des malades, suivant leur temp6rament, suivant leur constitution, suivant les conditions hygieniques au milieu des-quelles ils se trouvent. La maladie pent durer 5, 10, 15, 20 et ineme '25 jours. Ce sont les animaux adultes, les plus vigoureux, les mieux nourris, et ceux qui sont entoures de la meilleure hygiene, qui resistent le plus longtemps. Elle marche plus rapide-ment en hiver, quand les animaux sont entassös dans des etables calfeutrees, trop petites et malpropres; eile est toujours plus rapide et plus grave chez les animaux qui sont gras., chez les femelles en etat de gestation et chez les animaux qui sont mal nourris ou qui regoivent des aliments ou des boissons altörees. Du reste on pent observer de nombreuses nuances suivant les sieges et Tetendue des lesions,
Lorsque la pöripneumonie se termine par la guörison, au bout d'une duree variable, il se produit une resorption, qui fait rentrer clans le torrent circulatoire le plasma et les serosites 6panchees. Gette resorption pent etre complete ou incomplete. Elle devient complete quand la maladie est pen avancee. Quand eile est arri-vee a sa periode d'etat, il n'en est, pas ainsi, puisqu'elle se termine le plus sou vent alors par la mort; et, si les animaux guerissent, presque toujours il persiste certaines lesions et certains troubles fonctionnels; il est possible alors que les malades eprouvent des rechutes, car en verite ils ne sont gueris qu'en apparence, ils peuvent encore etre dangereux et transmettre la maladie. On dit avoir vu des faits de ce genre se produire au bout du huitiamp;ne et mcme du quinzieme mois apres la guerison apparente. II y a done lieu de considerer la peripneumonie comme longue h eteindre dans beaucoup de cas, et en police sanitaire il faut tenir compte de cette notion.
Assez souvent la maladie se termine par la mort, qui pent arriver plus ou moins promptement et de diverses facons. La mort est la consequence d'une asphyxie dans un bon nombre de cas; alors on observe des s^mptömes febriles trfes intenses, il y a dyspnee et coloration noire des teguments; quelquefois, et e'est le cas le plus habituel, eile arrive par le fait d'une asphyxie lente et graduelle et par un epuisement progressif, par suite d'une hematose impar-faite et d'une nutrition insufflsante; eile ne survient alors qu'au bout de 10, 15, 20, 25, 30 jours.
La septicemie peut se grelTer sur la peripneumonie et determiner
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rapidement la mort des malades; sous l'influence d'une congestion intense, une partie du poumon peut etre mortiflee, et quand une bronche se sera rupturee, on pourra voir apparaitre la septicemie, car I'air exterieur peut apporter les germes de cette affection ä l'interieur'du poumon. Dans ce cas la mort est inevitable; la sep-
ticemie est annoncee par la fetidite du jetage et de Fair expire. La peripneumonie peut passer a Fetat subaigu ou ä l'etat chro-
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nique; alors les lesions se transforment, le tissu inflammatoire s'organise ou degenere; il y a sclerose et il peut se former un ab-ces ou des cavernes pulmonaires. Quand la maladie passe a l'etat chronique, les animaux restent maigres; leur respiration est inodifiee, difficile, irreguliere; la fievre est continuelle; le pouls est petit, frequent; les animaux utilisent mal la nourriture qu'on leur donne; quelquefois cependant ils peuvent prendre un certain etat de chair, mais le plus souvent ils tombent dans le ma-rasme et la consomption. II peut arriver que les abces se transfor­ment en foyers caseeux, dont le produit peut etre resorbe et de-vonir le point de depart d'une infection purulente.
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Quand la peripneumonie fait son apparition dans un pays oü eile
n'existait pas, c'est qu'elle y a ete importee par des animaux ve-nant du dehors. Un seul animal suffit pour infecter une etable tout entiere; le foyer d'infection s'accroit rapidement; les ani­
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maux voisins du malade ne tardent pas h etre infectes ä la suite d'un contact direct ou indirect; la maladie peut meme se trans-mettre ä une certaine distance par l'intermediaire de Fair. Elle passe d'une etable a Fautre, se dissemine, gagne les localites voisines. Elle fait parfois des sauts dans la meme habitation, dans le meme localite; eile se montre parfois sur les animaux qui ne sont pas les plus rapproches des malades, et dans les fermes qui
ne sont pas voisines de celle qui est infectee.
Elle est souvent grave; mais ordinairement les animaux les pre­miers atteints sont les plus malades, et h la fin de Fepizootie, la maladie est beaucoup moins grave. Sa gravite varie aussi suivant
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les saisons, suivant les animaux, suivant le milieu hygienique dont ils sont entoures; eile est principalement grave en hiver, chez les animaux mous, lymphatiques et quand Fhygiene laisse ä
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desirer.
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Le diagnostic de cette affection est assez difficile k etablir dans beaucoup de cas; onne peöt le porter d'une fugon precise qu'au-tant qu'il s'est dejä produit des faits de transmission. Maislorsque,
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sans etre absolument convaincu, on a des doutes, il laut agir avec prudence et conseiller, en attendant, I'isolement, la sequestration des animaux malades.
On peut confondre cette maladie avec la peripneumonie ordi­naire, la pneumonie, la pleuresie et la phthisie, si Ton s'en tient aux syinptömes indiques precedemment. II est impossible par exemple de distinguer ce qui appartient a la peripneumonie con-tagieuse de ce qui appartient h la peripneumonie ordinaire. L'au-topsie peut bien fournir des donnees precieuses ; mais neanmoins les lesions ne sont pas speciliques et on peut les confondre avec cedes de la pneumonie ordinaire. Ainsi il ny a aucun caractere distinctif absolu, soit au point de vue de la Symptomatologie, soit au point de vue de Fanatomie pathologique; on ne peut done pas porter un diagnostic certain sans avoir des renseignements sur le mode, d'apparition de la maladie et sur sa propagation, sans qu'il se soit produit au moins un cas de contagion. Pourtant la peri­pneumonie contagieuse est plus grave ordinairement, eile est suivie de syinptömes generaux plus marques, eile evolue plus rapide-ment et s'accompagne d'un mouvement exsudatif plus prononce, eile est due ä la contagion, eile se developpe sans qu'aucune cause ordinaire soit intervenue; tandis quela peripneumonie sim­ple se montre apres Faction d'une cause ordinaire. On a eu con-tbndu la pleuropneumonie avec la phthisie; mais en pareils cas Fautopsie a toujours permis de reconnaitre Ferreur.
La pleuropneumonie differe par ses symtömes et par ses lesions de la fievre aphtheuse, du typhus et de la tuberculose; eile peut coexister avec Fune ou Fautre de ces affections, ou se greffer sur 1'une d'elles, ou se compliquer de Fune ou de Fautre avant ou apres sa guerison.
Le pronostic de la peripneumonie est grave; tres souvent cette maladie se termine par la mort; la mortalite peut s'eleverde vingt ä cinquante et a soixante pour cent des malades; eile est epizooti-que; eile est encore grave en ce sens qu'elle ne guerit pas toujours completement; eile peut se transmettre par les animaux gueris depuis huit ou quinze mois; apres une guerison apparente ou in­complete, eile peut iaisser un etat morbide persistant. Au point de vue de Fhygiene publique eile n'a aucune gravite, Fhomme n'etant pas expose ä la contracter.
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ANATOMIE PATHOLOGIQUE
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Les lesions de la peripneumonie sont, suivant les cas, variables dans leur intensite et au point de vue de leur evolution, de leur degre, de leur etendue et de leurs caracteres. Les alterations, que presentent les cadavres, sont assez nombreuses; neanmoins le plus ordinairement elles sont localisees sur sur les organes respira-toires; celles des autres organes sont moins importantes, moins caracteristiques. Ces lesions ont toutes un caractere general, elles debutent toutes par l'hyperhemie, et ce qui domine ordinaire­ment, c'est un mouvement d'exsudation assez prononce, d'oü re-sultent des epanchements et des infiltrations dans le tissu con-jonctif des organes enflammes, dans le tissu interlobulaire du poumon, dans le tissu conjonctif sous-cutane (il n'est pas rare en effet d'observer des cedemes exterieurs sur Fanimal vivant). L'or-gane, qui presente les lesions les plus evidentes, est la plevre; cettc membrane est en effet le siege d'une hyperhemie tres marquee et d'une exsudation abondante, d'oü resultent un epanchement et des fausses membranes. Ges caracteres, qui äppartiennent h l'etat aigu, se modifient quand la maladie devient, chronique.
L'etat du cadavre est variable suivant que l'animal a ete plus ou moins longtemps malade, suivant qu'il est mort ou qu'il a ete sacrifie avant la fin de la maladie. On constate un etat de mai-greur excessive lorsque la mort est arrivee naturellement. Les ecoulements morbides, qui s'echappaient avant la mort, ont laisse des traces aux ouvertures naturelles. La chtssie est abondante autour des yeux, qui sont caves et proibndement enfonces. La ma­uere du jetage salit encore les ouvertures nasales, la salive mouille les levres, la matiere diarrheique salit l'ouverture anale.
La peau est le plus souvent normale; quelquefois cependant eile presente des ecchymoses, de l'infiltration, de la tumefaction. Au debut, le tissu conjonctif est le siege d'un mouvement conges-tionnel intense, et comme consequence, il se produit dans ses mailles une exsudation abondante, surtout dans les points ou il est lache. Cette infiltration, qui est jaunatre et gelatiniforme, se montre au niveau du pharynx, au fanon, h l'encolure, ä l'abdo-men, sous la poitrine. Ella pent s'etendre dans les interstices musculaires et dans les muscles eux-memes: ici encore eile est
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gelatiniforme et jaunätre,ou plus ou moins coloröe par la matiere colorante du sang.
Les chairs, les muscles sont peu älteres au debut; et, quand l'animal est sacrlfie par effusion de sang, il est rare de trouver des alterations dans ces organes; mais il en est autrement lorsque la maladie est arrivee ä son apogee. Apres la niort naturelle, les muscles sont atrophies, mollasses, et oflrent une teinte noirätre, brunatre, analogue h celle du chocolat. Ces caracteres ne sont pas univoques, ils ne permettent pas h eux seuls de reconaaitre une viande peripneumonique; mais si Ton salt que la maladie regne dans la localite, on pent k hon droit soupgonner une pareille viande.
Les synoviales articulaires et tendineuses offrent parfois les le­sions de i'arthrite et de la synovite.
Les alterations de I'appareil respiratoire sont les plus impor-tantes et elles out une grandeanalogie, aupointdevuemacroscopi-que et microscopique, avec celles que Ton observe dans le cas de pncumonie ou de pleuresie ordinaires. Elles siegent seit ä la mu-queuse respiratoire, soit et surtout clans le poumon et k la surface des plevres. C'est dans ces derniers organes que les lesions sont le mieuxcaracterisees; elles sont toujours accompagnees d'altera-tions tres manifestes sur la muqueuse elle-meme, en sorte que la designation de broncho-pneumo-pleurite, appliquee k la peri-pneumonie, est bien exacte.
Ce qui domine, c'est d'abordrhyperhemie, iilaquelle succedent un mouvement exsudatif tres abondant, un epanchement dans les plevres, une infiltration du tissu conjonctif du poumon, un etat catarrhal ä la surface de la muqueuse respiratoire.
Pour bien comprendre la connexite des lesions pulmonaires et des lesions pleuretiques, il faut se rappeler la structure du pou­mon des grands ruminants; chez eux le tissu conjonctif interlo-bulaire est tres-abondant; il a des connexions intimes avec le tissu propre de la plevre, de teile sorte que les cloisons conjonctives, qui separent les lobules pulmonaires, semblent se detacher de celle-ci. On s'explique done bien que 1'inflammation ne reste pas localisee comme chez les autres animaux; on comprend que I'in-flammation, qui a debute par les plevres, se communique au pou­mon etreciproquement. II ne faut pas oublier non plus que dans la peripneumonie les lesions inflammatoires se produisent aussi dans les alveoles pulmonaires; il y a en effet un melange de pneu-
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monie interstitielle et de pneumonie catuiThale; et comme les in-fundibula comrauniquent avec la muqueuse bronchique, il n'y a rien d'etonnant que rinflammation s etende ii cette muqueuse.
Les lesions de la muqueuse respiratoire se rencontrent sur la pituitaire, sur la muqueuse laryngienne, sur la tracheale et prin-cipalement sur la muqueuse bronchique. Sur la pituitaire, sur les muqueuses laryngienne et tracheale, il existe quelquefois de l'hy-perhemie et un etat catarrhal; mais ces lesions peuvent faire delaut, tandis qu'il n'en est pas de meme pour la muqueuse bronchique. La, en effet, on rencontre des lösions dans les petites bronchcs, dans les moyennes bronches et souvent, mais non toujours, daus les grandes bronches. Ce sont les alterations de l'inflammatiüii ordinaire; il y a de la congestion, un gonflement de la mu­queuse, une hypersecretion donnant une matieire librineuse ou muqueuse, qui, dans les petites bronches, se presente parfois sous l'aspect de fausses membanes, adhere h la surface de la muqueuse et peut en certains cas obstruer le conduit bron­chique. Dans les moyennes bronches on rencontre bien un pro-duit mucoso-purulent grisätre, jaunätre, spumeux, mais il n'y a pas obliteration ä proprement parier. Le calibre des bronches est toujours diminue, ä cause de la compression qu'exerce sur ellcs le tissu malade qui les entoure, et ä cause du gonflement de la muqueuse.
L'hyperhemie des capillaires des parois aiveolaires est suivie d'une infiltration du tissu conjonctif interlobulaire, qui s'hypertro-phie, et en meme temps comprime les lobules pulmonaires ainsi que les bronches et les vaisseaux. II seproduit toujours des lesions plus ou moins etendues dans le poumon, et leur pathogeuie est la suivante : il y a toujours hyperhemie des capillaires des alveoles, congestion des lobules pulmonaires, mouvement d'exsudation consecutif, qui entraine le plasma sanguin, lequel se fait jour ä travers les mailles conjunctives et s'infiltre dans le tissu interlobu­laire, dans les infundibula pulmonaires. Plus tard ce produit ainsi exsude se modifie; si la maladie est traitee rationnellement et ä temps, les alterations s'arretent et les produits inflltres se resor-bent; alors il y a resolution complete. Lorsque la guerison ne sur-vient pas, les produits inflammatoires s'organisent ou se detrui-sent. La transformation du tissu inflammatoire embryonnaire en tissu adulte determine la formation d'un tissu lardace, sclerose.
Une fois que cette transljprmation est accomplie, une fois que le tissu inflammatoire est devenu tissu sclerose, la resolution est
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alors impossible et Ton a des lesions chroniques. La resolution pent ne pas arriver au debut de la maladie et le tissu inflainma-toire ne pas s'organiser, raais se detruire, eprouver la gangrene; c'est qu'alors Thyperhemie a ete tres intense, et la compression exercee sur les parties voisines par les parties malades a arrete la circulation; aussi les tissus prives de circulation se soot gangre­nes, et le produit, resultant de cette gangrene, offre un aspect va­riable suivant les circonstances. Le plus habituellement les parties mortifiees se tiansforment en une bouillie noirätre; et, si alors une bronche est lesee, si Tair exterieur se met en contact avec les tissus morts, il s'ensuivra une putrefaction locale. Lorsque la maladie est plus avancee, quand la gangrene survient alors que le tissu inflammatoire offre une certaine resistance, la partie modi-liee reste adherente et forme une masse compacte d'une e.ouleur noire (c est la un sequestre), qui se trouve placee au sein des tissus vivants, dont eile tend h se separer, car eile determine une inflam­mation disjonctive h son pourtour. A la suite de cette inflamma­tion, il pent se former une veritable caverne renfermant le seques­tre et la matiere purulente, que secrete le sillon disjoncteur. Lors meme que les choses se passent de cette derniere fagon, il pent arriver qu'une bronche soit interessee par I'inflammation disjonc­tive et qu'elle s'ouvre dans la poche; alors Fair determine une fermentation locale, qui pourra aussi se generaliser. Quelqufois les points enflammes eprouvent la fonte purulente et se transfor-ment en abces.
Les lesions pulmonaires varient avec l'etat aigu et l'etat chro-nique. Pendant l'etat algu elles sont encore variables par leur etendue, par leurs caracteres objectifs, par leur degre, suivant les periodes de la maladie. On les rencontre ä la fois dans le tissu conjonctif interlobulaire, dans les lobules pulmonaires; elles peuvent se montrer dans les differents points du poumon.
En ouvrant la cavite thoracique d'un animal peripneumonique, on est frappe parl'aspect des plevres, par la presence de fausses membranes plus ou moins nombreuses, par Fexistence d'un epan-chement pleuretique et par I'aspect exterieur du poumon. A la surface de cet organe et au niveau des points malades, la plevre est epaissie, rugueuse, recouverte de fausses membranes; sa colo­ration est plus ou moins rouge ou grisätre, son tissu est infiltre. Les lesions peuvent sieger sur Fun ou sur les deux pouraons, qui se montrent plus volumineux, non affaisses, plus denses, plus compactes, plus faciles ä dilacerer, plus lourds. Le poids du pou-
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mon peut atteindre 15 k 20 kilogramtneä; et si les lesions sont generalisees, I'organe meme, pris en masse, ne surnage pas. Sa co­loration est modiflee, les points malades sont d'un rouge-brunätre ou noirätre, il y a eu souvent asphyxie, et c'est ce qui accroit cette coloration noirätre.
En penetrant dans I'mterienr de I'organe on rencontre les lesions les plus importantes, qui sont plus ou moins etendues, plus ou moins avancees et plus ou moins disseminees. Una coupe, faite ä travers les points malades, laisse voir un aspect inarbre de diffe-rentes couleurs; sa surface est formee de zones rougeätres ou brunätres ou noirätres, separees les unes des autres par des mailles epaisses et jaunätres. Les zones, diversement colorees, ne sont autre chose que des coupes interessant les lobules pulmonaires. Les lobules sont sains quand leur coloration est rouge ordinaire; ils sont ougoues, hepatises, carnifies ou infiltres de pus quand leur coloration est brunätre, noirätre, grisätre. Les parties ainsi colorees sont separees les unes des autres par des cloisons assez epaisses, quisosonthypertrophiees, infiltrees et quise presentent avec une couleur variable. Quand rinflammation est tres viva et la congestion intense, elles sont infiltrees d'uneserosite rougeätre; dans les points ou rinflammation est moins vive, le tissu conjonclif est moins infiltre et il se montre avec une coloration jaunätre. On a compare l'aspect de la coupe du poumon peripneumonique ä celui du fromage d'ltalie ou a un damier.
Les parties malades different plus ou moins les unes des autres par leur constitution; il est des lobules pulmonaires qui sont pen malades, et qui out une coloration rougeätre plus ou moins fon-cee; au microscope on ne constate pas de grandes modifications, hormis un eto.t congestionnel. Sous l'influeiice de la compression exercee par le tissu conjonctif hypertrophie, ces lobules ont dimi-nue de volume, leurs vaisseaux ont ete comprimes et la circula­tion a ete genee. Si I'examen porte sur les lobules de couleur noirätre, on trouve dans leur tissu les elements de rinflammation, il y a eu congestion, exsudation, proliferation, hepatisation. Sui-vant que Talteration est plus ou moins avancee, ces lobules se laissent parfois ecraser facilement k la pression du doigt; en les grattant, leur substance s'enleve et on obtient unebouillie noirätre, qui renferme le virus en tres grande abondance. Dans le tissu interlobulaire il y a eu aussi congestion, exsudation, proliferation; on y trouve de la serosite et-des elements cellulaires, quelquefois meme ceux du pus. Quand les lobules sont k Fetat d'hepatisation
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grise, les globules purulents y sont tres abondants. Tres souvent, parini les vaisseaux qui sont comprimes, on en rencontre qui sont enflammes et qui contiennent des caillots decolores, meme des caillots adherents.
L'infiammation, qui se developpe dans le tissu conjonctif inter-lobulaire, pent s'etendre, non seulement aux vaisseaux, mais aussi aux bronches, d'oü resultant de la bronchite, delaperibronchiteet assez souvent des obliterations des petites bronches, qui se trans-forment en tissu inflammatoire. Les vaisseaux lymphatiques sont älteres, enflammes, obliteres et renferment du pus.
Ges diverses lesions de l'etat aigu peuvent etre resorbees au moins partiellement si la guerison survient, ou Men leur tissu peut se detruire (gangrene, deliquium, sequestres, foyers puru­lents) ou s'organiser. Dans ce dernier cas il s'est produit un etat chronique, qui, h l'autopsie, presente des caracteres pacticuliers; II y a alors de la sclerose, de l'hepatisation chronique; alors se torment encore des abces, des foyers caseeux, des cavernes. Lc tissu conjonctif eprouve des modifications; il s'organise, il se transforme en un tissu blanc, lardace, qui se substitue aux mailles infiltrees. L'hepatisation aigue des lobules pulmonairespeut s'orga­niser, et cela arrive quand rinflamination,n'etant pas tres intense, les vaisseaux n'ont pas tons ete obliteres. Le tissu inflammatoire se transforme en tissu adulte, et on voit des parties de poumon, plus ou moins etendues, se transformer'ainsi en tissu sclerose ou en tissu lardace. Quelquefois on peut saisir des intermediaires entre l'etat aigu et l'etat chronique; il est des points qui sont incompletement scleroses, et dont le tissu offre une teinte rouge-grisatre. Dans les portions malades du poumon, on peut, sur les lobules, suivre les intermediaires entre la coloration rouge et la coloration blanchätre, car l'hepatisation n'arrive a s'organiser completement qu'en se modifiant graduelleraent; eile devient moins coloree en rouge, et h un moment donne eile est plus ou moins grisätre. C'est cette hepatisation grise, qui est donnee ä tort par certains auteurs comme le caractere de la chronicite; ellc n'est que I'intermediaire entre l'hepatisation du debut et l'hepa­tisation finale; eile n'est pas absolument chronique, et au micros­cope on y rencontre les caracteres de 1'inflammation aigue avec ceux de I'lnflammation chronique. En general les points hepatises ne subissent pas tons h la fois les memes modifications. Chez le boeuf rinflammation du poumon n'a pas absolument les memes caracteres que celle du cheval; eile se compose d'autant de pneu-
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monies distinctes et evoluant separement, qu'il y u de lobules malades.
Tres souvent les lobules hepatises, ayunt ete comprimes par le tissu conjonctif interlobulaire, la circulation a ete genee; d'oü il resulte que I'organiSation du tissu inflammatoii'e en tissu con­jonctif adulte est I'exception. Le plus ordinairement rhepatisalion des lobules se transforme autrement. II se forme des abces ou des sequestres; des abces, quand la compression est süffisante pour gener la circulation et insuffisante pour I'arreter completement; alors les elements inflammatoires du milieu du lobule prives de sang eprouvent la fonte purulente; bientot le pus une fois forme, sa quantite augmente et quelquefois toute la partie malade se transforme en matiere purulente, d'oü resultent des abces plus ou moins volumineux. Dans le cas qui nous occupe, quand le pus s'est forme, il y a ordinairement absorption de la partie liquide. Los abces, qui persistent, necontiennent plus alors qu'une matiere caseeuse, et quand ils sent peu volurnineux, on croirait presque ä l'existejice delubercules ramollis, si d'autres lesions n'etaient lii pour indiquer leur signification. Ces abces sent entoures d'une membrane plus ou moins epaisse, qui secrete toujours; lorsque I'abces est ancien, la membrane est transformee en tissu adulte, I'abces est enkyste.
Quand la compression, exercee par le tissu conjonctif pulmo-naire, est süffisante, la circulation pent etre totalement intcrceptee; alors 11 se produit une mortification en, masse du lobule; et, si rinilammation est arrivee ä un certain degre, la partie mortiliee ne se desagregepas ; eile ne forme qu'une seule masse, qui est une matiere irritaute pour les tissus vivants. Aussi le sillon disjpnctif se forme-t-il au pourtour du sequestre, qui est bientöt isole com­pletement. La cavite, qui le renferme, est des lors une sorte de kyste, une caverne dans laquelle le sequestre se conserve plus ou moins longtemps, et oü il peut se dissoudre progress!veinent et se transformer, se desagreger en une masse molle ou liquide.
Dans I'etat chronique, on rencontre un certain nombre de vais-seaux et de bronchules obliteres, transformes en cordons scleroses et fibreux, plus ou moins confondus avec le tissu ambiant pareille-ment sclerose.
Les lesions de la peripneumonie peuvent etre quelquefois accompagnees de lesions tuberculeuses proprement dites.
Les ganglions bronchique'S sent toujours plus ou moins älteres, et leurs lesions varient suivant l'acuite et la chronicite des autres
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lesions. A I'etat aigu il sont hypertrophies, hyperemies, infiltres et ramollis. A I'etat chronique ils sont toujours hypertrophies, ils sont grisatres, plus resistants; alors le tissu conjonctif de leur charpente s'est organise.
Quand la guerison arrive, les lesions du poumon ne disparaissent pas toujours completement. La guerison obtenue en apparenee, il raste souyent des traces persistantes, qu.'on pent reconnaitre a l'autopsie des animaux, qui semblaient gueris ineme depuis long-temps. Ges alterations consistent surtout en un epaississement du tissu conjonctif interlobulaire.
Du cöte des plevres, les lesions ne sont pas moins evidentes que dans le poumon. Elles consistent en fausses membranes, en un epanchement pleuretique, en une modification de la membrane. Elles sont unilaterales ou bilaterales, et plus ou moins prononcees tantot d'un cöte, tantot de l'autre. L'epanchement est plus ou moins abondant suivant la duree de la maladie et suivant son intensite; il est sereux, jaunätre, quelquefois limpide; le plus iiabituellement au debut il est sanguinolent, rougeätre; il pent s'eclaircir h la fin de la maladie; il contient des ilocons pseudo-membraneux; il a les caracteres du plasma sanguin; il renferme des elements figures, des cellules de pus, des globules blancs, des hematies, des granulations proteiques, de la fibrine, etc. Les fausses membranes existent, d'un ou des deux cötes, h la surface des plevres viscerales et des plevres parietales. Elles sont consti-tuees par de la fibrine et renferment aussi des elements figures; elles sont jaunatres au debut; plus tard elles se modifient. A leur place, il se produit des vegetations, qui, de la sereuse parietale, s'etendent quelquefois ä la plevre visceraie. Les plevres sont epaissies, hyperemiees, colorees en rouge, chagrinees; les points les plus colores sont le siege de l'exsudation la plus abondante. Lorsquela maladie passe de I'etat aigu h I'etat chronique, la colo­ration de la sereuse se modifie; eile devient grisätre. Toujours les modifications des plevres sont en rapport avec cedes du poumon.
Dans I'appareil circulatoire, il s'est produit un mouvement con-gestionnel du pericarde, et ä l'autopsie on le trouve colore plus ou moins en rouge et epaissi; il existe parfois un epanchement dans sa cavite. Le sang est modifie; il offre les caracteres du sang des asphyxies; il a eprouve des modifications tres apparentes h la fin de la maladie. Au debut et ä I'etat aigu, il devient plus riebe on fibrine; plus tard, lorsque la maladie se termine par le marasme, il y a au contraire diminution de la matiere fibrinogene.
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Tous les ganglions sont älteres, congestionnes, infiltres, ra-mollis.
L'appareil digestif presente quelquefois certaines alterations. Independamment de l'infiltration du tissu conjonctif pharyngien, on rencontre parfois une inflammation de la muqueuse gastro-intestinale, surtout quand les malades ont presente de la diarrhee. Le foie offre des alterations, qui different pen de celles du tissu interlobulaire du poumon; il y a infiltration du tissu conjonctif interstitiel, hypertrophie de ce tissu et compression des cellules hepatiques. La rate est quelquefois congestionnee. On constate de l'infiltration dans le tissu perirenal et dans le tissu du bassin; les reins sont quelquefois congestionnes.
Les enveloppes cerebrales et medullaires sont parfois hypere-miees; elles pcuvent etre le siege d'une exsudation (pie-mere, arachnoide). Le cerveau et la moelle sont quelquefois conges­tionnes.
Les lesions pulmonaires de la peripneumonie ne sont pas veri-tablement pathognomoniques; elles ressemblent a celles de la peripneumonie ordinaire du boeuf; pourtant il semble que, dans cette derniere, rinflJtration et l'exsudation sont moins prononcees et moins generalisees.
ETIOLOGIE
La peripneumonie contagieuse est toujours due h Ja contagion; cependant on a cru longtemps, et certains veterinaires croient encore, h son developpement spontane, sans l'intervention de la contagion.
On a accus6 toutes les causes tirees de la pathologic generale, les circumfusa, les ingesta, les acta, etc. On a pretendu qu'elle se manifestait dans certaines localites par suite d'une influence inexpliquee, qu'elle se montrait plus specialement h certaines altitudes et ä certaines latitudes. Quelques auteurs I'ont crue ori-ginaire des pays montagneux, oü eile naitrait de toutes pieces; e'est la une erreur, car la peripneumonie contagieuse ne se montrc pas dans les pays montagneux, si eile n'y est pas importee. L'etat hygrometrique de l'air a ete aussi accuse ä tort, car la maladie se montre dans tous les^pays, quand eile y est importee, et seu-lement alois. La constitution geologique du sol, les terrains im-
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permeables ont ete regardes comme ayant une influence efflciente sur son developpement, c'est encore une erreur. Les climats out 6te accuses aussi et ils n'y sont pour rien non plus Les variations atmospheriques, les refroidissements ne determinont pas la peri-pneumonie contagieuse, mais une simple peripneuvnonie, une sim­ple inflammation ordinaire, qui pent se declarer sur plusieurs ani-maux, si ceux-ci ont ete exposes tous ii Faction des memes causes.
Les saisons ont ete invoquees, mais ä tort. Gepenclant Fete se prete mieux que l'hiver h la propagation de la maladie, vu la facilite plus grande des rapports des animaux entre eux durant cette sal-son ; mais alors I'affection est moins grave, car les animaux res-pirent l'air pur et non Fair viele des etables, comme durant Fhiver. On a dit que le passage des etables au dehors pouvait determiner la peripneumonie, on en a dit autant des boissons fraiches, alte-rees, corrompues; mais ces causes ne produisent jamais la mala­die dans les pays ou eile n'est pas importee. Les habitations mal tenues, mal aerees, oü les animaux sont entasses, ont ete aussi accusees; ces habitations expliquent une terminaison fatale, elles aggravent la maladie, elles predisposent les animaux h la contrac­tor, mais elles ne font pas naitre la peripneumonie contagieuse. L'alimentation a ete incriminee depuis longtemps, surtout par les veterlnaires du nord de la France, qui pretendent que, sous Fin-fluence de l'alimentation avec les residus des fabriques et des dis­tilleries, les animaux peuvent devenir peripneumoniques.
Ces diverses causes ne doivent etro considerees que comme de simples causes predisposantes; elles sont toujours insuffisantes pour produire la peripneumonie, qu'elles peuvent seulement ag-graver. La permanence de la pleuropneumonie dans certaines localites, dans certaines etables, a fait croire et fait encore croire parfois ä son developpement spontane, alors que Fepizootie n'avait pas cesse de regner, tout en etant moins grave.
D'ailleurs les nombreuses importations, qui ont ete depuis long-temps constatees, prouvent peremptoirement que la maladie est toujours le resultat de la contagion. Ainsi apres 1790, la maladie, cantonnee alors dans les montagnes jurassiques, prit une grande extension, grace aux deplacements des armees, grace aux depla-cements d'animaux. Elle s'etendit en France, en Italie, en Alle-magne, en Suisse, en Autriche. En 1822, eile fut importee en Flandre par des boeufs comtois; de la eile passa en Belgique et en Hollande. En 1826, eile fut importee dans FArdeche par des boeufs comtois. Elle fut introduite en 1833 en Hollande, en 1837
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en Belgique, en 1840 en Auvergne; en 1842 eile passa de Hollande en Angieterre. En 1847, d'Angleteire eile fut importee, toujours par le commerce, en Suede et en Danemarck. En 1854, eile fut importee de Hollande et d'Angleterre au Cap. Elle fut introduite en 1859 en Amerique, et en 1860 en Australie. De plus eile a ete importee en Autriche, en Pologne, en Russie, en Hongrie. Dans tons ces pays on ne I'a jamais vue sans qu'elle ait ete importee. D'ailleurs la maladie, une fois introduite, se repand de proche en pi'oche et d'autant plus que les mesures, prises pour la combattre, sont moins severes.
II faut admettre, corame une verite bien demontree, que la peri-pneumonie nc se developpe jamais spontanement dans aucun pays, pas plus en Suisse ni en Hollande que partout ailleurs.
Contagion. — La peripneumonie, avons-nous dit, ne se de­veloppe pas spontanement, mais seulement ;i la suite de la con­tagion. Tons les anteurs ne sont pas de cet avis. 11 y a eu dans 1c temps des anti-contagionistes absolus, qui afflrmaient que la peri­pneumonie ne se developpait jamais par contagion. Rares autre-fois, 11 n'en existe plus aujourd'hui; mais il y a encore des spon-taneistes, qui admettent le developpement spontane de la maladie, sans nier cependant sa contagiosite. Les veterinaires h la fois contagionistes et spontaneistes, parmi lesquels se trouvent MM. Lafosse et Maury, de Toulouse, et beaucoup de veterinaires, sur-lout dans le nord de la France, admettent que, dans quelques cas, la peripneumonie pent, sous l'influence des causes dejä enu-merees, se developper spontanement. puis se transmettre par contagion. Je ne m'arrete pas plus longuement h cette maniere de voir; je ne la partage pas, attendu que je suis un contagioniste absolu. Chaque fois que la peripneumonie n'est pas due k la con­tagion, c'est qu'il ne s'agit pas de la maladie speciflque qui nous occupe.
Du reste, cette opinion absolue est demontree par de nombreux fails d'observations et d'experimentation. Les faits d'importation, qui ont ete rappeles plus haut, prouvent que souvent, sinon tou-jours, la peripneumonie a eu pour cause la contagion. Indepen-demment de ces importations, dues aux transactions commer-ciales, on voit toujours la peripneumonie s'etendre des qu'elle a fait son apparition dans une etable; cela a 6te constate par de nombreux observateurs; on a toujours vu un animal suspect ou malade transmettre la maladie h des sujets sains parmi lesquels il etait introduit, et röciproquement, on a vu presque toujours
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devenir malades des sujets sains qu'on placait dans une etable infectee.
Des faits assez nombreux d'experimentation prouvent egalement la contagion.
Je ne citerai que ceux qui ont ete observes et etudies par la commission francaise, nommee en 1849, qui etait presides par Magendie et dont M. H. Bouley etait le rapporteur. Gette commis­sion avait pour mission de determiner le degre de contagiosite de la peripneumonie; eile opera sur un grand nombre d'animaux at adopta la cohabitation comme mode experimental. A Charenton et a Versailles, eile placa des animaux sains (venus de l'Orleanais) dans des etables saines, oü ils furent observes pendant quelque temps; eile ne garda que ceux dont I'etat sanitaire fut reconnu excellent et la sante parfaite. Elle intercala ensuite des malades cntre eux. Sous l'influence de cette cohabitation prolongee(on remplacait. les malades qui mouraient par d'autres malades), eile obtint les resultats suivants : sur 46 animaux exposes ainsi a. la contagion, 15 devinrent tres malades et moururent, apres avoir presente tous les symptömes de la peripneumonie, on reconnut aussi h I'autopsie les lesions de cette maladie; 19 autres devinrent malades, presenterent les memes symptömes, mais se retablirent, les uns completement et les autres incompletement; sur 6 qui n'avaient pas presente les symptömes de la maladie, on trouva h I'autopsie les lesions de la peripneumonie. Done sur 46 animaux mis en experience, 40 contracterent la maladie, et 6 seulement furent refractaires.
Ces resultats prouvent peremptoirement que la maladie est contagieuse et meme tres contagieuse. Le rapport de la commis­sion parut en 1854; il declarait aussi qu'une premiere atteinte confere I'immunite aux sujets qui guerissent.
En 1851, Yvart constatait aussi le m6me fait, au sujet de I'im­munite, dans les montagnes de l'Auvergne, oü il avait ete envoye pour etudier la peripneumonie.
A la meme epoque, un medecin beige, le docteur Willems eut recours a l'inoculation experimentale de la peripneumonie pour conferer I'immunite. De ses experiences on pent conclure que la peripneumonie est inoculable. Des inoculations furent faites aussi par la commission francaise et par une commission instituee en Beigique. On fut amene d'un cote et de l'autre ä reconnaitre que la maladie est inoculable et que l'inoculation confere I'immunite. Depuis cette epoque, en France et dans divers autres pays, oü a
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sevi la peripneumonie, on a pratique de tres nombreuses inocula­tions avec le meme succes. La peripneumonie est done bien une maladie contagieuse.
Quels sont les caracteres du contage peripneumonique et dans quels milieux de l'orgänisme malade siege-t-il?
Ce sont lä des points sur lesquels il existe encore des obscuri-tes, des desiderata, malgre l'opinion de certains auteurs, qui pre-tendent que la peripneumonie est une maladie bien connue. II y a meme beaucoup a chercher et ii determiner en ce qui con-cerne los proprietes du virus. Celui-ci se trouve dans les produits morbkics; il existe sürement dans le liquide pulmonaire, dans le li­quide exsude par les pievres, et dansle poumon malade engrande quantite On le trouve aussi dans les produits secretes par la mu-queuso respiratoire, quand il y a jetage, etat catarrhal. II n'est pas encore bien demontre si le virus n'existe pas ailleurs; il est tres vraisemblable qu'il existe aussi dans le sang at dans certains produits de secretion et d'excretion. II paraltrait que, dans certains cas, il pent exister dans la salive; ct quelques observateurs disent que I'air expire, quand il y a etat catarrhal de la muqueuse res­piratoire, en contient une certaine quantite en suspension. Quand il existe des oedemes sur le corps, ä la gorge par exemple, quand, a la suite de Finoculation a la queue ou dans une autre region, il se forme une infiltration oedemateuse, on a beaucoup de chance de trouver le virus dans le liquide exsude. Dans les cas oil la ma­ladie est inoculee, on le trouve toujours dans le liquide de l'infil-tration qui entoure le point inocule.
II reste h determiner s'il existe dans le lait et dans les chairs. Certains observateurs assurent que ni le lait ni les chairs ne sont dangereux; cependant il est bon de ne pas accepter d'emblee cette maniere de voir, qui a, besoin d'etre demontree. Quel que soit d'ailleurs le siege du virus, il est un fait certain, admis par tout le monde, e'est qu'il ne s'inocule pas ä l'homme. L'autopsie peut done etre faite en toute securite.
Quelle est la nature du contage peripneumonique, est-il compose de granulations moleculaires comme celui de la morve et celui de la clavelee, ou bien consiste-t-il en germes, en microbes, en mi-crocoques'? Le doute plane sur ces questions. Zürn et Halber di­sent qu'il est, comme celui de beaucoup d'autres maladies, com­pose de microcoques, qui, erfgenhant, produisent la peripneumo­nie; et dernierement le docteur Willems annongait qu'il I'avait cultive hors de l'orgänisme.
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Le virus peripneumonique, comme presque tons les virus, est fixe, c'est-ä-dire qu'il est en suspension dans les liquides, ou qu'il impregne certains solides. Mais d'apres un bon nombre de faits, observes dans la pratique, il parait qu'il peut aussi rester plus ou moins longtemps en suspension dans I'air. II faut done savoir evi-ter la contagion volatile.
A quel moment apparait le virus? Ici, comme dans toutes les autres maladies, on peut et on doit repondre que la virulence ap­parait cerlainement des le debut de la maladie et meme avant les premiers symptomes; si h ce moment il est difficile de constater sa presence, cela ne prouve pas qu'elle n'existe pas. C'est surtout lorsque la maladie est ä sa periode d'etat, quand les lesions sont tres prononcees et les symptomes tres accentues, que le virus est secrete en grande quantite. Du reste il est produit dans 1'orga-nisme tout le temps que dure la maladie, et il semble meme en­core se produire apres la disparition des symptomes, car, avons-nous dejä dit, des sujets, gueris en apparence depuis 8 ou 15 mois, ont pu transmettre la maladie; mais il est actuellement im­possible de dire ä quel moment precis cesse la virulence chez les animaux gueris. L'abondance du virus varie avec l'acuite et le degre de la maladie; toutes choses egales d'ailleurs, sa quantite est d'autant plus considerable que la maladie est plus rapide, plus algae, plus etendue.
Encore un point suf lequel les idees ne sont pas non plus bien fixees, c'est celui qui a trait a la vitalite et ä la duree de conser­vation du contage peripneumonique. L'agent virulent peut se con-server sürement pendant un certain temps hors de l'organisme, ä la surface des solides, dans les tburrages, sur les litieres, sur les creches, sur les mangeoires, dans les boissons, dans I'air. Mais la duree de cette conservation, qui du reste doit etre subordonnee aux variations de la temperature et de l'atmosphere et au degre d'aeration, n'est pas encore exactement connue aujourd'hui. Ce-pendant quelques auteurs assurent que le virus peripneumonique peut se conserver pendant plusieurs mois; il n'y a la rien d'in-vraisemblable, mais il n'est pas encore permis de se prononcer a ä ce sujet; cette question est une de celles qui appellent le plus tot possible des travaux serieux.
La qualite du virus, de meme que sa quantite, semble varieravec le degre, avec l'acuite et l'etendue de la maladie. Les malades, qui ont les lesions les plus etendues, la maladie la plus aigue, donnent le contage le plus actif, le plus riche en germes. II sem-
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ble aussi que l'activite du virus est plus prononcee au debut des epizootics qu'ä la fin, vu que la maladie devient moins grave et se transmet moins facilement. Y a-t-il alors une deterioration des germes?
II semble bien que le contage peripneumonique doit son action a. la presence des germes, car I'agent le plus convenable, pour an-nihiler sa puissance, est l'acide sulfureux, qui, de tous les agents connus, est celui qui jouit peut-etre de la propriete desinfectante la plus prononcee at qui s'oppose avec le plus d'energie ä la fer­mentation.
Pour la peripneumonie, comme pour la plupart des maladies contagieuses, il y a lieu d'examiner le röle des trois grands modes de contagion. La contagion immediate est possible evidemment; et il esL vraisemblable que dans des habitations, oü les animaux sont entasses, les malades peuvent, en lechant ou en flairant leurs voisins, leur transmettre tres facilement la maladie. Mais dans ces cas, la contagion mediate et la contagion volatile peuvent aussi avoir leur part, car les sujets sains peuvent aussi recevoir le virus par les aliments, les boissons, les creches, les mangeoires et Fair que les malades out souilies. Daus l'etat ordinaire des choses, c'est meme la contagion mediate et la contagion volatile qui jouent le plus grand role, pour ne pas dire le röle exclusif. On a afürme que la peripneumonie ne pouvait pas envahir Forganisme par les voies digestives; d'oü il laudrait conclure que les boissons et les aliments souilies ne peuvent pas faire naitre la maladie. Mais c'est la une erreur; il y a lieu d'admettre tout le contraire d'une facon absolue. II est certain que c'est tres souvent par les aliments ct les boissons que la peripneumonie se transmet. Neanmoins il semble bien demontre aussi qu'elle pent se transmettre par I'in-termediaire de l'air, et que la contagion volatile joue un grand röle. Les animaux, qui habitent une ferine voisine d'une autre ferme in-fectee, ne peuvent pas evidemment contracter la maladie k cette distance. La contagion volatile n'est pas non plus possible quand des sujets sains se trouvent rapproches des malades dans le grand air; mais, dans la meme habitation, un sujet sain pent contracter la maladie par contagion volatile, et ce qui le prouve, c'est qu'on a constate des cas de propagation, lorsque les sujets sains etaient eloignes des malades ou separes par des cloisons ii claire-voie. La contagion volatile est done possible, eile ne Test que dans une atmosphere confinee, lorsque les malades sont dans le meme local
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que les sujets sains; eile semble absolument impossible ou tres rare a Tair libre.
De ce qui precede, il ressort que les agents, les vehicules et les moyens, qui servent h rinlroduction de la matiere \irulente dans I'organisine, sont en premiere ligne les aliments, ies boissons, I'air. La contagion pent done avoir lieu dans une foule de circons-tances. Tons les objets souilles, quels qu'ils soient, solides ou li­quides, introduits dans les voies digestives, dans les voies respira-toires ou mis en contact avec la peau d'un sujet sain, peuvent lui donner la maladie. Celle-ci sera encore communiquee, lorsque les objets souilles seront laves dans une eau qui sera ensuite donnee en boissons aux animaux. II en sera de meme, lorsque des debris cadaveriques auront ete deposes sur des fourrages ou exposes k Fair que doivent respirer des animaux sains. II parait meme, d'a-pres des foits bien observes, que I'homme pent etre un agent de propagation soit par ses mains (boucher, maquignon), soit par ses vetements, soit par ses chaussures, qui peuvent etre souilles de germes, lesquels pourront ensuite etre llaires, leches par des su­jets sains, ou etre deposes sur des fourrages ou dans des boissons qui seront ingeres par les animaux. On a aussi observe des cas oü la maladie a ete propagee par des animaux non susceptibles de la contractor eux-memes, par des chiens qui ont transporte au loin des debris cadaveriques, des fragments de poumon remplis de germes, et ont infecte les eaux, les herbages, les fourrages, etc.
Parmi les vehicules du virus, il faut done encore placer les chairs et les debris cadaveriques. Nous avons vu cependant que tout le monde ne croit pas au danger que font courir les chairs. Evidemment tout le monde s'accorde ä reconnaitre les dangers quiresultent de l'utilisation et du transport des organes malades, des visceres pectoraux, etc. Quant auxviandes, lesunspretendent qu'elles sont dangereuses, surtout quand elles sont fraiches, et qu'elles peuvent disseminer la maladie; les autres au contraire disent qu'il n'en est rien, et qu'on peut sans danger livrer k la con­summation et au transport les chairs des sujets peripneumoni-ques, qui ont ete sacrifies et qui ont ete juges utilisables. Quand il s'agira d'appliquer des mesures de police sanitaire, le plus sin-sera d'admettre, comme demontree, la nocuite possible des vian-des. Je ne veux pas dire par lä qu'il faudra en empecher 1'utilisa-tion; mais, si on en autorise le transport, on devra l'entourer de quelques precautions, et on ne devra le permettre, qu'autant
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qu'il se sera ecoule 12 ou 24 heures apres la mort ou le sacrifice des malades.
Quels sont les debris cadaveriques qui peuvent servir de vehi-cules?
En premiere ligne, il faut placer tous les debris provenant des organes malades, par consequent les plevres, les poumons et leurs produits morbides, la muqueuse respiratoire et le jetage meme, la pituitaire et la muqueuse laryngienne, iatete en un mot. II faut aussi ranger dans cette categorie tous les visceres digestifs; le foie pent en effet etre malade, son tissu conjonctif interbobulaire peut etre le siege d'une infiltration analogue ä cede du poumon; pareille infiltration se voit aussi dans le tissu conjonctif perirenal, et les ganglions de l'abdomen sont egalement malades; tous ces organes sont dangereux. Gombien de temps le sont-ils 1 Cela reste encore h determiner. On ne possede pour le moment aucune don-nee precise a ce sujet.
La contagion est favorisee par toutes les causes qui favorisent la dissemination de la matiere virulente, et par toutes cedes qui debilitent les animaux, qui accroissent I'impressibilite des orga-nismes. Parmi ces dernieres causes, il faut arranger toutes cedes que nous avons enumerees k propos de la spontaneite. Les causes favorables a la contagion sont de deux ordres: elles sont generales ou individuelles. Les causes generales, en tete desquelles nous plagons toutes cedes dejä passees en revue a propos de la spon­taneite, comprennent encore d'autres circonstances, telles que le sejour dans des habitations mal tenues, mal aerees, les transac­tions commerciales, les foires, les marches, la frequentation des chemins, abreuvoirs et päturages publics, le transport dans des wagons ou dans des bätiments qui ne sont pas desinfectes, le de-faut de cloison ou le cloisonnement a claire-voie quand on laisse les malades et les sujets sains dans la meme habitation en les iso-lant, etc, etc. Parmi les causes individuelles il faut citer I'espece, la race, Tage, la constitution, l'etat de gestation, etc. II est en effet certain que la; peripneumonie est une maladie plus parti-culierement speciale aux grands ruminants; mais, dans cette es-psect;ce, toutes les races ne la contractent pas avec la meme facdite, et eile n'est pas egalement grave chez toutes. Les races rustiques, cedes ä temperament sanguin, resistent plus äla contagion que les races amollies. L'äge aussi a une certaine influence; les jeunes sont moins resistants. II en est de meme de la constitution et de l'etat
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de gestation, les femelles pleines ne contractent pas la maladie plus souvent, maia elles la presentent plus grave; tres souvent il y a avortement ou transmission de la maladie par la voie uterine. Malgre Faction de ces causes diverses, il semble pourtaat qu'il y a des animaux refractaires ä la contagion. La commission de 4849 en a trouve ö sur46; ce chiffre n'est peut-etre si eleve, qu'a cause du mode de contagion mis en ceuvre, mais il est certain qu'il sem­ble y avoir des sujets refractaires.
Les voies par lesquelles le virus penetre dans 1'organisme sont les voies respiratoires, les voies digestives, la voie uterine, le tissu conjonctif. La contagion volatile peut avoir lieu, avons-nous dit, dans une atmosphere restreinte; le virus est alors introduit dans les voies respiratoires. Quant au role des voies digestives, il est impossible de le nier, quoique M. Reynal affirme n'avoir pas pu transmettre la maladie par ces voies; souvent la peripneumonie se transmet par la contagion mediate, par l'ingestion de boissons ou d'aliments souilles. La peau, recouverte de ses polls et intacto, ne se prete guere ä l'absorption du virus; mais s'il y a depilation, si le virus est applique sur une partie glabre, il faut craindre le developpement de la maladie; ä plus forte raison doit-on craindre s'il y a des eraillures, des ecorchures, des excoriations a la peau. On a observe des cas assez nombreux de transmission de la peri­pneumonie de la mere au foetus; sous ce rapport cette maladie ressemble done ii beaucoup d'autres affections contagieuses et diliere essentiellement du charbon. Teiles sont les principales voies naturelles d'introduction.
Maintenant il y a lieu de se demander si, clans une experience, il n'est pas possible d'obtenir la maladie par la voie du tissu con­jonctif sous-cutane ou par celle du Systeme circulatoire. Que l'inoculation seit faite sous Fepiderme ou sous la peau, dans le tissu conjonctif, eile peut conlerer rimmunite sans qu'on voie apparaitre les symptömes de la pleuropneumonie. On n'obtient pas non plus la peripneumonie en injectant la matiere virulente dans un vaisseau sanguin; cette experience n'a pas ete faite sou­vent et meriterait peut-etre d'etre contrölee. L'injection de la matiere virulente pulmonaire a ete pratiquee en Angleterre par Burdon-Sanderson; il reste ä savoir si une pareille injection, qui ne donne pas une maladie evidente, ne confere pas I'immunite. II serait tres important d'elucider ce point, afin de savoir si, par cette operation benigne, on pourrait preserver le sujet, sans pour ainsi dire lui communiquer la maladie.
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II Importe de faire en quelquesmotsrhistoriquedel'inoculatlon appliquee ä la peripneumonie. Dejä en 1851, Yvart avait observe que les sujets gueris de la peripneumonie etaient preserves ulte-rieurement des atteintes de la maladie. C'est a la suite de cette decouverte que Willems eut l'idee d'appliquer l'inoculation ä titre de moyen preservatif, et de faire pour la peripneumonie ce qu'on faisait pour la clavelee. II inocula done des produits peri-pneumoniques ä des ruminants. Tout d'abord il pratiqua ses inocu­lations au fanon, mais il dut renoncer ä operer dans cette region, car 11 obtenait souvent des engorgements considerables, qui se generalisaient; il provoquait souvent une affection tres grave, qui se caracterisait par des symptomes generaux et par des lesions sur les differents appareils. Aussi eut-il l'idee de pratiquer I'ino-culation a une region plus eloignee de la poitrine, ä la base de la queue, comme on le fait souvent pour la clavelee; ici encore, quoique moins souvent que la premiere fois, il obtint des engor­gements tres etendus, parfois gangreneux, qui se propageaient au tissu conjonctif du bassin; assez souvent meme il se declarait une maladie generale, avec des symptömes generaux et des lesions sur les appareils digestif et respiratoire. II choisit alors I'extre-mite de la queue, et cette fois il obtint un engorgement plus restreint, ordinairement localise au pourtour du point inocule; tres rarement, ä peine 2 fois sur 100, il obtint des complications plus graves (engorgements etendus et maladie generalisee). La maladie qu'il provoquait ainsi, quoique n'en offrant pas les caracteres, etait bien la peripneumonie contagieuse. Les animaux inocules se trouvaient des lors preserves de la peripneumonie; par ce moyen on leur conferait done i'iinmunite, en leur commu-niquant une maladie benigne. On pretend avoir vu des animaux inocules devenir des foyers d'infection, et transmettre la maladie a des sujets sains; mais beaucoup de veterinaires affirment, d'apres des fails d'observation, que les animaux inocules ne contaminent pas les sujets sains avec lesquels ils cohabitent. On cite de nom-breux cas dans lesquels des proprietaires n'ont fait inoculer qu'une partie de leurs animaux, sans que pour cela les sujets non inocules aient contracte la maladie, quoique etant en rapport avec les premiers. Si done les animaux inocules sont dangereux, ils le sont reellement fort peu.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
Les resultats obtenuspar ledocteur Willems, quoique probants, ne furent pas aussitöt adoptes par tout le monde; I'auteur rencon-tra des adversaires, surtout dans son pays, comme cela se voit le
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plus souvent. Le principal fut Verheyen, qui lutta taut qu'il put contre l'idee de l'inoculation. Cependant la commission francaise de 1849 conclut h peu pres dans le meme sens que le docteur Willems; et les memes conclusions furent admises aussi en Bel-gique apres la mort de Verheyen. Depuis on les a admises dans tous les pays oü sevit la peripneumonie. Du reste depuis cette epoque on a fait de nombreux travaux, de nombreuses inoculations; et aujourd'hui, si quelques auteurs contestent encore refficacite de l'inoculation comma mesure de police sanitaire, aucun ne con-teste sa valeur comme moyen de conferer l'immunite. II y a lä deux questions bien distinctes. Toutle monde admet querinocula-tion, pratiquee ä l'extremite de la queue, est un moyen excellent pour transmettre une peripneumonie benigne. Dans cecasil sem-ble presque inexact d'appeler la maladie peripneumonie, car il n'y a presque jamais ni les lesions ni les symptömes de cette maladie. Cependant c'est le virus peripneumonique, qui a ete inocule, qui s'est reproduit, et qui pent etre repris pour etre reinocule; d'ail-leurs, de l'avis de certains veterinaires, des animaux inocules ont pu transmettre la peripneumonie ä des animaux sains.
Mais, parce que ce moyen confere l'immunite, est-ce ä dire qu'il doive etre conseille dans tous les cas, comme mesure de police sanitaire, pour empecher la propagation de la maladie? A ce sujet il y a des reserves ä faire et nous y reviendrons plus tard. Du reste il y a sur ce point des dissidences; pour men compte je crois qu'il faut etre tres sobre de l'inoculation. Ainsi il faudra bien se garder d'inocuier des animaux habitant une etable oü la maladie n'existe pas; lorsque celle-ci existe dans une forme, ce serait une folie que de faire inoeuier les sujets du voisinage. Le meilleur moyen est toujours la sequestration des malades. L'ino­culation ne sera done conseillee que pour les sujets sains d'une etable, oü existent quelques cas de maladie. Reduite ä ces propor­tions, l'inoculation peut etre un excellent moyen pour empecher des pertes considerables, pour sauvegarder la fortune des parti-culiers. Dans certaines etables, notamment dans celles des nour-risseurs, qui entretiennentdes vaches laitieres pour fournir du lait aux grandes villes, il n'est pas rare de voir la peripneumonie regner plus ou moins longtemps, rester meme en permanence et causer des pertes, qui peuvent aller jusqn'ä 40, 50 et meme 60 pour 100. En pareils cas on peut recourir ä rinoculation, afin de preserver les animaux qui ne sont pas encore malades. Et encore je pense qu'il ne faut pas toujours conseiller cette mesure, meme
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reduite ü ces proportions; il est des cas oil il vautmieuxsedebar-rasser des malades, les faire abattre, les faire secjuestrer, faire desinfecter leur place et tout ce qu'ils ont pu souiller, et sur-veiller attentivement les sujets non encore malades, niais qui sent exposes a le devenir. Quoiqu'il en soit, I'iaoculation est fortement conseillee et reclamee par les veterinaires dans certains pays; alle a ete ordonnee en Hollande, eile est tres conseillee en Austra-Jie, en Angleterre, en Belgique et par les veterinaires du nord de la France. Ces derniers ont.presque tous conclu ä l'unisson sans s'etreentendus; ils disentque I'inoculation est une bonne mesure preventive, que e'est la seule capable d'arreter une epizootic de peripneumonie.
Comment pratique-t-on I'inoculation'? Le manuel en est tres simple; on se sert de la lancette ou d'un instrument piquant quel-conque, ou bien on pratique un incision ä l'extremite de la queue, qu'on fait ensuite baigner dans le produit morbide, etc. Je n'insis-te pas sur ce point de Chirurgie. Quant au lieu d'election, il a ete designe par le docteur Willems : e'est l'extremite de la queue.
(juelle matiere faut-il inoculer'? Quand on a le choix, il faut prendre la matiere pulmonaire, celle qui infiltre le tissu conjonc-tif interlobulaire; et, pour que I'inoculation soit fructueuse, il faut recueillir cette matiere encore fralche. Des veterinaires du Nord, tres partisans de rinoculation, conseillent meme de tuer un ma-lade atin d'avoir du virus frais. En eilet, quelque temps apres la mort le virus peut-etre altere, putrelie avec l'organe malade et detruit ou dangereux. II faut autant que possible employer un produit clair, limpide, debarrasse de tout detritus organique; il faut inoculer superficiellement, sans produire de grands delabre-ments.
Apres l'operation, il y a lieu de surveiller les animaux inocules.. car I'inoculation, quelque simple qu'elle paraisse, pent avoir de graves consequences. Ainsi il pent arriver (a peu pres 2 ou 3 fois sur 100) qu'elle provoque un engorgement, qui se propage, qui remonte jusqu'au tissu conjonctif du bassin, et qui pent se genera-User dans tout I'organisme. II faut done surveiller les animaux pourprevenir et combattre, quand il y a lieu, cette complication. Le plus souvent il ne se produit qu'un engorgement local, qui n'a rien de bien grave, et qui pent tout au plus occasionner une mu­tilation, provoquer la chute de l'extremite lie la queue. Quand I'engorgement s'etend, il y a lieu de recourir ä un traitement energique; et ce qui convient le raieux dans ces cas, e'est de sec-
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tionner la partie malade, et de cauteriser la surface de section; on pourrait se contentei- d'inciser longitudinalement la paitie engorgee, et de la cauteriser, ou d'y appliquer de la poramade stibiee (compose d'axonge et d'emetique en parties egales).
Les effets de rinoculation sont plus ou moins rapides; ils se raontrent ordinairement entre le 4e et le 21deg; jours.
Certains veterinaires ontsoutenu que rinoculation, pratiquee sur les anirnaux contaminesoumeme malades, attenuait la gravite de la maladie; mais d'autres soutiemieut qu'en pareil cas eile est abso-lument inefficace; il semble qu'elle accelere l'eclosion de la mala­die chez les individus dejk contamines.
II parait que rinoculation, pratiquee sur des jeunes anirnaux, leur procure une immunite moins complete et de moins longue duree.
On apretendu aussi que, dans certains cas, en inoculant la peri-pneumonie, on pourrait inoculer la tuberculose; cette crainte est chimerique, car, pour pratiquer rinoculation, on puise ordinaire­ment le virus dans un poumon qu'on a sous les yeux, et il est facile de reconnaitre les lesions de la tuberculose.
Quels sont les anirnaux capables de contracter la maladie'.' Nous avons dejä dit que la peripneumonie etait particuliere aux grands ruminants, .lusqu'ä ces demiers temps on la croyait speciale h ces anirnaux, et, si j'ai bonne inemoire, il me semble que le docteur Willems, qui a fait une etude suivie de rinoculation, dit quelque part que la maladie n'est pas inoculable a d'autres especes. II paraitrait cependant que, dans les pays du sud-ouest, dans le Lot-et-Garonne, les veterinaires en auraient vu des cas nombreux sur I'espece caprine. Ce fait est h noter, aflnde pouvoir appliquer, quand il y aura lieu, les mesures de police sanitaire aux chevres coinme aux grands ruminants.
II n'y a dans tous les cas aucun danger pour I'homme, qui n'a jamais ete victime d'aucun accident provoque par cette maladie.
Tous les bovins ne sont pas egalement impressionnes; suivant une foule de conditions on observe des effets fort differents: les uns sont fortement impressionnes, et leur maladie est grave, meme mortelle; d'autres out une maladie benigne, quiguerit facilement; enfln d'autres sont refractaires.
Apres combien de temps le virus est-il absorbe? C'est uno question non encore resolue; toujours est-il que ce contage,
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524nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PLEUROPNEUMONIE CONTAGIEUSE
comme tous les auti-es, une ibis introduit n'agit pas immediate-merit. Quoiqu'il soit absorbe plus ou moins vite, il ne produit des eftets visibles qu'apres une pei'iode variable avec les individus, avec les conditions ambiantes, avec la matiere introduite et avec la gravite de la maladie qui i'a fournie. II faut done au virus un certain temps pour se regenerer; et quand il s'est suffisammenl multiplie, il provoque les lesions et les symptömes qua nous connaissons.
Quand la maladie est tout ä fait developpee chez un individu, quand eile passe des sujets malades aux sujets sains, on observe quelquefois des irregularites dans sa transmission. Ainsi dans une meme habitation, ce ne sont pas toujours les plus voisins des ma-lades qui sont les premiers atteints, e'est quelquefois sur un ani­mal eloigne du malade que la maladie apparait, ce qui semble-rait demontfef que dans ce cas la contagion volatile a joue le principal role. Mais pour avoir la certitude de ce fait, il faudrait demontrer que ranirnal, qui est devenu malade, n'a pasingere des boissons et des fourrages souilles.
La duree de la periode d'incubation est comprise entre 7 et '21 jours. Mais cette duree peut aller, dit-on, ä 40, 60 et meme 90 jours.
Quant ä la duree de rimmunite, il est tres difficile de se pronon-cerd'une manieie absolue sur cette question; des auteurspreten-dent que rimmunite, conferee ou acquise, a une duree moins longue chez les jeunes que chez les adultes; eile est complete ordinairement et eile dure plus ou moins longtemps.
Certains auteurs ont pretendu que la maladie aphtheuse pouvait etre ä la peripneumonie ce que la vaccine est ii la variole, on au-rait meme observe des faits qui viendraient ä l'appui de cette maniere de voir; mais il faut se garder de croire ä cet antagonisme, car les deux maladies peuvent evoluer successivement ou simul-tanement sur le meme organisme.
TRAITEMENT
Doit-on traiter la peripneumonie, est-il rationnel de la trailer dans tous les cas?nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; *•
II convient de repondre affirmativement a ces deux questions. Neanmoins il est des cas oil il peut etre imprudent de traiter les
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animaux malades, c'est lorsque la peripneumonie vient de faire son apparition dans une localite, dans une etable, et sevit sur quelques sujets seulement; alors il y aurait plutöt lieu de de-manderFabatage des malades, si les proprietaires devaient etre indemnises. Mais comme ilsne doiventpas Tetre, il taut se bonier ä la sequestration des malades et la faire suivre d'un traitement curatif.
Le traitement de la peripneumonie doit repondre aux indications suivantes: il faut tächer de prevenir rimportation de la maladie (cette indication est du domaine de la police sanitaire et aussi de l'hygiene); I'affection s'etant declaree, il faut tächer de l'attenuer, de la rendre moins grave, il faut diriger sa marche afin del'amene!-vers une terminaison heureuse, il faut aussi avoir le soin de pre­venir les complications, et si elles surviennent, on doit les com-battre par le traitement qui convient a chacune d'elles.
L'hygiene doit occuper une large place dans le traitement de la peripneumonie ; il faut autant que possible ameliorer les condi­tions ambiantes, les logements, Tali mentation, les boissons, dimi-nuer les fatigues, le travail, etc.
Le traitement tlierapeutique doit etre approprie pour combattrc les diverses formes; il doit varier suivant que la maladie est ä la Periode de debut, ou h la periode d'etat, ou h la periode de declin, ot aussi quand les malades arrivent ii la convalescence. II doit etre h la fois local (externe) et general (interne).
Les revulsifs sent bien indiques au debut, ainsi que pendant la periode d'augmenl et meme pendant la periode d'etat. 11 faut employer surtout la moutarde en lotions sinapisees ou en applica­tions; ce moyen est excellent, surtout au debut de I'affection. Ou pent employer la pommade stibiee, composee de parties egales d'axonge et d'emetique; onl'applique au-dessous de lapoitrineou sur les cötes du thorax ; eile pout etre aussi employee pour coin-battro les engorgements survenus ä la suite de rinoculation. Cruzel dit s'eu etre toujours bien trouve. Pour l'appliquer, il faut avoir soin dese servir d'une spatule; il y aurait des inconvenients ä se servir de la main. Lorsque la maladie est dejii avancee, on pent recourir h I'onguent vesicatoire, mais on ne doit pas abuser de ce moyen, car il y a ä craindre l'absorption de la cantharidine, qui provoque des effets fächeux sur I'appareil genito-urinaire. On a conseille aussi les setons et les trochisques, et Ton pent obtenir de bonsresultats par les setons animes avec de la pommade stibiee, qui donnent des effets assez prompts. Je ne conseille pas de
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526nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PLEUROPNEUMONIE CONTAGIEUSE
recourir a. la saignee, bien que lamaladie s'accompagne tie fievre et de lesions inflammatoires, car eile debllite promptement les malades; c'est tout au plus s'il y a lieu de pratiquer cette opera­tion lorsqu'on est en presence d'anirnaux plethoriques, chez les-quels la peripneumor.ie debute. Gruzel a observe que les animaux auxquels on pratiquait la saignee guerissaient moins vite que les autresi Mathieu des Vosges avail preconise un vinaigre sternuta-toire forme des substances suivantes: vinaigre, 1 litre; camphre, 8 grammes; aluri, sult'ate de zinc, poivre, essence de terebenthine, 32 grammes de chaque; il I'employait en injections dans les cavites nasales, par ce moyen il provoquait l'ebrouement et le rejet des produits qui encoinbraient les voies respiratoires.
La medication interne doit varier aussi suivant la periode de la maladie. Au debut, pour amoindrir I'etat febrile, il taut recourir ä l'usage des emollients, des rafraichissants, des laxatifs, despurga-tifs lögers et des diuretiques, qu'on emploiesous forme de tisanes, sous forme de boissons; il taut prescrire aussi des fumigations et des electuaires adoucissants. Parmi les diuretiques, on devra pre-ferer les mucilagineux, le nitrate de potasse, la tisane de parie-laire; il faut toujours eviter d'irriter les reins ou d'accroitre leur irritation s'ils sent dejä malades. On a conseille d'employer aussi Temetique et le calomel, qui, ii mon avis, doivent etre delaisses comme trop debilitants; il vaut mieux leur preferer le sulfate de soude, la creme de tartre, le chlorate de potasse. Le kermes a (He preconise et conseille, inais il fnudra toujours lui preferer le protosulfure d'antimoine ou le sulfate de fer, qui est un bon tonique; il ne faut pourtant pas croire, comme on I'a dit sou-vent, que cette derniere substance soil le medicament speci-fique de la peripneumonie. On a parfois conseille I'acide phospho-rique et les antiputrides, tels qüe le camphre, le quinquina, I'eau dellabel, l'essence de terebenthine, I'acide phenique, le phenatc de soude, I'acide sulfureux; tons ces medicaments sont surtout bien indiques lorsqu'on craint la complication de septicemie. Les agents les plus efficaces, ceux qui semblent donner les resul-tats les plus favorables, sont I'acide sulfureux et I'acide arsenieux. Les toniques doivent toujours etre employes pendant la conva­lescence. Ces divers agents permettent, lorsqu'ils sont bien appli­ques, d'obtenir d'excellents resultats, mais il nc faut pas croire cependant qu'on obtiendra toujours la guerison complete de la peripneumonie.
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POLICE SANITAIRE
La peripneumome contagieuse exigel'application des principales mesures sanitaires qui oat ete etudiees d'une maniere generale. Cotte affection fait, encore parfois de nos jours, de nombreux ra­vages chez nous et dans les pays voisins. Le plus habituellement e'est par le commerce qu'elle est importee dans les pays oü eile n'avait pas apparue ou qu'elle avait quittes.
Les mesures propres h prevenir son introduction, Ji arreter et h eteindre l'epizootie quand eile regne, sont edictees par l'arret du 10 juillet 1784, par les lois des 16-24 aoüt 1790, des 28 septembre et 5 octobre 1791, par les articles 459, 460, 461 du Code penal et par I'arrete mimsteriel dull mai 1877. Une circulaireministerielle, du 3 avril 1873, invita les prefets ä metlre en vigueur, centre la peripneumonie, les lois sanitaires.
laquo; Versailles, le 3 avril 1873.
laquo; Monsieur le Prei'et,
laquo; Mon attention vient d'etre appelee sur les progres quo fait, dans certaines contrees, la maladie eplzootique du gros betail, tlesignee sous le noin de peripneumonie contagieuse, et sur les dommages qu'elle pourrait causer ä notre agriculture, si on la laissait se developper. La cause de ces progres n'sst autre que l'inobservation, h l'egard de cette maladie, des mesures sanitaires relatives aux maladies contagieuses. II resulte des renseigneinents parvenus h mon ininistere, qu'on n'a presque jamais recours, liour arreter les ravages decelte epizootie, aux moyens preyentifs par lesquels il est possible, quand ils sont bien executes, d'empe-cher l'extension de la contagion. Lorsque la peripneumonie s'est deelaree dans une etable, aucua avis n'en est donne, la plupart du temps, aux autorites locales, et celles-ci, prevenues ou non, s'abs-tiennent de prescrire les precautions qu'il serait necessaire d'em-ployer. Les proprietaires des bestiaux contamines ont done toute liberte de les livrer au commerce, comrne des animaux exempts de toute infection. Eclaires par leur propre experience ou les con-seils qui leur sont donnes sur la gravite de la maladie de leur be­tail et sur les dangers dont ils sont menaces dans I'avenir, ils se
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528nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PLEUROPNEUMONIE CONTAGIEUSE
hätent ainsi de realiser la valeur que representent actuellement leurs änimaux encore en sante et de se mettre h l'abri de pertes nouvelles. Les marchands, ä leur tour, n'ignorant pas la cause de ces ventes, profitent de la circonstance pour acheter ä bon mar-che des animaux infectes, et les revendre ailleurs au prix qu'ils vaudraient s'ils etaient absolument sains. G'est ainsi que la con­tagion se propage de proche en proche pendant un certain temps et souvent k d'assez longues distances, semant de nouvelles infec­tions sur son passage.
laquo; Get etat de choses, Monsieur le Prefet, ne doit pas plus long-temps persister. Qupique la peripneumonie contagieuse ne soit pas aussi meurtriereque la peste bovine, le chiffre de la mortalitö qu'elle entralne ne laisse pas que d'etre considerable, et comme en definitive cette maladie est permanente, la continuite des per-tes qu'elle occasionne dans les conditions de liberte laissees ac-tuellenioat au commerce des animaux contamines, finirait par produiro un doinmage peut-etre superieur ä celui que cause une invasion accidentelle de la peste bovine.
^ II y a done lieu de mettre en vigueur, contre la peripneumo­nie contagieuse du gros betail, les prescriptions edictees par no­tice legislation sanitaire contre les maladies contagieuses en ge­neral ,
laquo; Toutes les fois que la peripneumonie se manifeste dans une ('#9632;table, l'avis de son apparition doit etre transinis immediatement h I'autorite locale. Gette declaration est prescrite par 1'article 459 de code penal, qui oblige tout detenteur on gardien d'animaux soupconnes d'etre affectes de muladit contagieuse, ii en avertir sur le champ le inaire de la commune, et, meine avant que le maire ait repondu k 1'avertissement, ;i les tenir renfermes, sous peine d'un emprisonneinent de six jours a un mois et d'une amende de 16 ä '200 francs.
laquo; La meme mesure est ordonnee par les anciens arrets et re-glements qui n'ont pas ete abroges.
laquo; Une fois cette declaration recue par le maire, ce magistrat devra prendre immediatement des mesures pour que I'etable envahie soit sequestree, et, des le moment oil la sequestration aura ete prononcee, defense absolue sera faite d'introduire dans I'etable infectee de nouveaux animaux de l'espece bovine.
laquo; Les bestiaux malades devront etre nufintenus isoles des bes-tiaux sains, et, si leur proprietaire se decide k les faire abattre, I'abatage devra avoir lieu sur place, si ce n'est dans leslocalites ou
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PLEUROPNEUMOOTE GONTAGIEUSEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 529
ilexiste des abattoirs ou des tueries spfeciales. Dansce cas, I'auto-risation de faire conduire las malades jusqu'au lieu de l'abatage pourra etre accordee.
laquo; Quand l'abatage aura ete execute sur place, toutes les par­ties de l'animal abattu pourront etre exportees de la ferme, h l'exception des poumons, le la trachee et de la tete, qui devront etre enfouis ou detruits de toute autre maniere.
laquo; Quaat aux animaux contamines, ils ne pourront sortir de la ferme infectee pour aucune autre destination que pour la bou-oherie, et, dans ce cas, des mesures devront etre prises pour que l'abatage soil execute dans un delai de cinq jours apres leur sor­tie. Get abatage devra etre atteste par des certiflcats donnant tou­tes garanties que les animaux n'ont pas ete detournes de leur des­tination.
laquo; La duröe de la sequestration des etables infectees devra etre de trois mois, h dater de la disparition, dans ces etables, du dernier cas de peripneumonie, soit par la mort, soit par la gue-rison.
laquo; Pour assurer l'execution rigoureuse de la sequestration, il devra etre procede au recensement du betail des fermes infectees, immediatement apres la declaration faite de l'apparition de la pe­ripneumonie, et, autant que possible, la gendarmerie devra par-tout intervenir pour surveiller les fermes dont les etables sont soumises h la sequestration, et empecher les infractions qu'on ne manquerait pas de commetre, si 1'on pouvait compter sur la fai -blesse de l'autorite.
laquo; La sequestration, avec la longue dureeque rend indispensable la nature des choses, est sans doute une mesure rigoureuse; mais I'interet public commande d'y recourir pour prevenir les domma-ges d'une contagion de plus en plus envahissante. L'autorite n'e-tant pas armee du pouvoir de faire abattre les animaux malades et contamines, comme c'est le cas pour la peste bovine, on est bien force d'empecher ces animaux de nuire, en les maintenant enfermes pendant tout le temps oil ils peuvent etre nuisibles. J'ajoute que des dispositions serablables sont appliquees en An-gleterre centre la peripneumonie, et les populations agricoles s'y soumettent d'autant plus facilement qu'elles en apprecient la ne-cessite dans leur propre interet.
laquo; Les proprietaires auxquels I'obligationdela sequestration aura ete imposee se decideront, il faut l'esperer, ä faire abattre leurs animaux atteints, dans le oas ou la maladie se presentera avec un
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certain caractere de gravite. Par ce moyen, ils eviteront d'entre-tenir chez eux un foyer de contagion exposant incessamment leurs autres bestiaux k contracter la maladie.
laquo; Peut-etre aussi cette mesure necessaire d'une sequestration prolongee aura-t-eile pour consequence de determiner les pro-prietaires h recourir, plus souvent qu'ils ne le font aujourd'hui, h l'inoculation pröventive de la peripneumonie contagieuse. Cette precaution a fait suffisamment ses preuves dans quelques-uns de nos departements et dans les pays etrangers, pour qu'on soit pleinement autorise aujourd'hui a la recommander. Si tel devait etre un des effets de la mise en vigueur, centre la peripneumonie contagieuse, des mesures sanitaires que je viens de rappeler, ce resultat seul suffirait pour les justifier.
laquo; Je vous recommande. Monsieur le Prefet, de prendre un ar-rete, conformement aux prescriptions de la presente circulaire, et de tenir la main h l'execution rigoureuse des dispositions quo vous allez ordonner.
laquo; Recevez, Monsieur le Prefet, l'assurance de ma consideration la plus distinguee.
laquo; Le Ministre de Vagriculture et du commerce, laquo; E, Teisserenc de Bort. raquo;
En 1863, lors du Congres de Hambourg, la peripneumonie con­tagieuse fut consideree comme devant entrer dans les lois concer-nant les vices redhibitoires des animaux domestiques; je ne par-tage nullement cette maniere de voir et je vais meme plus loin, je crois qu'aucune maladie contagieuse ne devrait etre consideree comme redhibitoire. Dans de pareilles circonstances, I'acquereur ne peut pas se defaire aussitöt de l'animal malade qu'il a achete, car 11 faut que le proces en redhibition suive son cours, et pen­dant tout ce temps l'animal est un foyer d'infection. Neanmoins I'acquereur ne doit pas etre desarme, il doit meme etre mieux pro­tege qu'il ne Test actuellement. II faudrait que la loi lui permit d'intenter un proces en dommages-interets toutes les fois qu'il se-rait demontre que la maladie est anterieure a lavente.
En Suisse, les animaux qui out ete atteints de peripneumonie et qui sont gueris, ne peuvent plus etre vendus^que pour labouche-rie; toute autre transaction est interdite.
L'importation et l'exportation d'animaux peripneumoniques sont
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prohibees. Toutes les fois que les inspecteurs sanitaires des fron-tieres ou autres constateront ou soupoonncront l'existence de la penpneumonie sur des animaux Importes ou exposes en foire, ils devront leurfaire appliquer les mesures prescrites dansl'arrete du 14 mai 1877. Les animaux Importes (malades ou suspects) seront refuses ou soumis h la sequestration (quarantaine), les malades, jusqu'ä complete guerison et les suspects pendant vingt-un jours; ces derniers pourront etre diriges cependant immediatement vers I'abattoir oil ils doivent etre sacrifles, s'ils sont destines ä la con-sommation, et ils seront surveilles, afin qu'on ne puisse pas les soustraire ä leur destination. Le commerce de l'espece bovine petit 6tre prohibe avec les pays voisins, lorsque la peripneumonie y regne: l'Angleterre et rAIiemagneavaient interdit dernierement rimportation d'animaux bovins venant de la Hollande, oil regnait cette maladie. Dans tons lescas, lorsque la pleuropneumonie sevit dans un pays, il y a toujourslieu d'exercer line bonne surveillance de tons les instants ii la frontiere, pour prevenir I'importation d'animaux malades. II faudrait aussi (c'est le devoir de rautorite), lorsque la maladie regne dans les pays voisins, informer les pro-prietaires des dangers qu'ils peuvent courir, en achetant des ani­maux de teile provenance, et les engager ii isoler (c'est la une excellente precaution), pendant une quinzaine de jours, les sujets nouvellement achetes des autres animaux de la ferme, avec les-quels ils sont destines a vivre.
Gomnie pour toutes les autres maladies contagieuses, les pro-prietaires, detenteurs, etc., doivent faire une declaration ä I'auto-rite pour les animaux malades et les animaux suspects; ct en meme temps les animaux, qui font I'objet tie la declaration, doi­vent etre isoles et sequestres.
L'autorite informee nommera aussitöt un expert, un veterinaire sanitaire pour visiterles malades et reconnaitre la maladie.
Pour etablir son diagnostic aussi snrement que possible, I'ex-pert prendra, aupres de l'autorite locale, aupres des voisins et aupres des proprietaires tons les renseignements possibles, il se rendra compte du mode d'apparition de la maladie et surtout des cas de transmission; si cela ne suffit pas, il s'eclairera en pra-tiquant l'autopsie des animaux morts. II prendra le signalement des malades, il fera le recensement des betes bovines et des betes caprines; il demandera la marque des malades et des suspects, s'il le juge h propos; et, dans son rapport adresse ä l'autorite, il donnera la valeur approximative des sujets visites.
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PLEUROPNEUMONIE CONTAGIEUSE
• Les etables infectees seront aussitöt sequestrees; les malades seront isoles des animaux encore sains; on etablira des eomparti-ments dans les habitations pour separei- les sains des malades, si on n'a pas plusieurs locaux ä sa disposition.
La vente et l'exposition en vente seront interdites pour les animaux malades et meme pour les animaux suspects, c'est-ä-dire pour ceux qui auront cohabite avec les malades. Cependant pour ces derniers on fera une exception, lorsqu'il s'agira de les diriger immediatement ii I'abattoir. On peut meme, dans certains cas, autoriser la vente des malades pour la boucherie.
La circulaire ministerielle du 3 avril-1873 autorise non seule-ment la vente des suspects pour la boucherie, mais encore leur deplacement, leur transport dans le lieu oil ils doivent etre abat-tus, et eile accorde cinq jours pour en faire le sacrifice; mais ce delai est trop long et doit etre reduit autant que possible dans la pratique. II est bien entendu que le deplacement des animaux suspects de peripneumonie doit etre soumis a la meme surveillance et aux memes garanties que le transport des animaux suspects de typhus; par consequent les animaux devront etre accompagaes d'un certificat d'origine, qui sera presente h toute requisition du-rant le transport, et l'abatage sera constate par I'autorite ou la police du lieu de destination.
Les malades, dont on permettra I'utilisation pour la boucherie, ne devront jamais etre deplaces; ils seront sacrifies sur place; on les divisera en quartiers, qui pourront ensuite etre debites dans la localite ou dans les environs 12 ou 24 heures apres I'occi-sion; on fera enfouir ou detruire ou livrer ä Fequarrissage les visceres pectoraux et abdominaux, avec les sereuses et les gan­glions ainsi que la tete et tout ce qui offrirait des lesions; on fera desinfecter la peau, apres quoi eile pourra etre livree ä I'indus-trie.
La sequestration, appliquee aux etables infectees, devra etre ri-goureusement executee. II sera defend u d'y introduire de nou-veaux animaux appartenant aux especes qui peuvent contracter la maladie. Cette interdiction sera levee quand la maladie aura dis-paru et au besoin, si les conditions de l'exploitation I'exigeaient, on pourrait autoriser le proprietaire ä introduire de nouveaux animaux, qui seraient isoles et surveilles ou inocules, et soumis aux memes mesures que les suspects. Les flmimaux sequestres ne devront pas sortir de leurs habitations; les chemins, les abreuvoirs et les päturages comrauns leur seront absolument in-
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terdits. Pour les animaux simplement suspects, qui ne devien-draient pas malades, la sequestration, le cantonnement, la prohi­bition de vente et d'exportation ne devront etre leves qu'au bout de trois mois.
Neanmoins, pendant certaines Saisons, si la sequestration ainsi entendue offre des inconvenients, si le proprietaire ne peat pas nourrir son betail h l'etable, il y a lieu de se contenter, pour les animaux simplement suspects et meine pour les malades, dans les cas oil I'affection n'est pas grave, du cantonnement mixte, bien organise et bien surveille.
L'abatage doit etre rarement deinande, car il s'agit ici de mala­des qui souvent peuvent guerir; et d'un autre cote il nefaut pas ou-blier que les proprietaires ne sont pas indemnises; aussi la circu-läire de 1873 ne conseille-t-elle cettemesureque dans les casoü les proprietaires y consentiraient. Gelte mesure radicale permettrait, clans certaines circonstances, d'arreteri'6pizootieet de faire dispa-raitre les foyers d'infection. Elle serait particulierement indiquee au debut d'une epizootie, quand la maladie a ete importee par un animal venant d'un pays infecte, quand eile n'existe que sur un, deux, trois animaux; mais je le repete, pour pouvoir agir ainsi, il serait necessaire que la loi ITit plus equitable sur la question des indemnites; il faudrait en somme que les proprietaires fussent rem-bourses, au moins en partie, de la perte qu'on leur ferait subir. Quand l'abatage sera conseille et consenti, le sacrifice des animaux devra etre fait au clos d'equarrissage, au bord de la fosse, et pra­tique par assommement comme pour le typhus; mais il pourra aussi etre execute sur place, si Ton doit utiliser les chairs, ce qui devra etre tolere lorsque les malades ne seront pas trop mines par la maladie, quand il n'y aura pas maigreur excessive, ni compli­cation de septicemie. Dans ces cas, les visceres et la tete seront traites comme il a ete dit, et la peau sera desinfectee.
L'enfouissement devra done 6tre applique quelquefois apres l'abatage. On devra toujours faire enfouir suivant les regies, ou livrer ä l'equarrissageles cadavres provenant d'animaux morts dc la peripneumonie. Les cadavres seront charries avec les animaux solipedes; on evitera de repandre les produits morbides etonfera desinfecter les vehicules employes.
La chair des animaux peripneumoniques, n'etant pas dangereuse pour rhomme, pourra toujours, en prenant les precautions sus-
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534nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PLEUROPNEUMONIE GONTAGIEUSE
indiquees, etre consommee, hormis le cas de maigreur excessive, de septicemie, de mont ä la suite de la maladie.
Le lait des malades n'est pas dangereux pour I'homme; il peut done eti'e utilise ainsi que les produits (beuire, IVomage) qu'ii sert a preparer.
Lorsque la maladie aura disparu d'une ferme, soit par suite de la guerison, soit par suite du sacrifice des malades, il faudra faire proceder ä une bonne desinfection. Devront etre desinfectes, les habitations, les fumiers, les objets divers qui ont pu etre souilles, les fburrages, les litieres, les vehicules de transport, les wagons, 1'atmosphere des habitations, lespeaux, etc. On aura done recours au recurage, ä l'aeration, au lavage avec l'eau bouillante et avec les dissolutions bouiilantes d'acide plieuique, ou de sels alcalins, ou de chlorure de chaux, aux fumigations pheaiquees et raieux aux fumigations sulfureuses, an serenage (litieres et fourrages, etc.), an flambage, h la ventilation, etc. Les fumiers seront traites par des matieres chimiques, ou enfouis pendant deux mois ousimple-ment exposes h Fair et ii la putrefaction. Les fourrages et les li­tieres souilles ne devront pas etre deplaces, ils seront detruits (feu), ou mieux utilises pour lesanimaux solipedes ou exposes au serenage.
Les animaux gueris de la maladie ou do 1'inoculation devront etre maintenus sequestres ou cantonnes pendant uncertain temps, et en outre il continueraä etre interdit aux proprietaires de meler avec ces animaux d'autres sujets Importes. Les auteurs deman-dent ä ce propos une sequestration et un cantonnement de trois mois apres la guerison. C'est trop et e'est trop peu, e'est onereux pour le proprietBire et ce n'est pas assez pour efiacer tout danger. Aussi vaudrait-il beaucoup mieux conseiller et pouvoir prescrire aux proprietaires de livrerä la boucherie de pareils animaux.
Apres la desinfection, Jes habitations, les etables doivent aussi, d'apres I'opinion commune et d'apres la circuiaireduSavril, rester sequestrees pendant un certain temps, pendant un mois, pendant trois mois, je trouve que c'est la une precaution inutile et genante, ce serait beaucoup trop attendre, surtout si la desinfection a ete aussi complete que possible, je ine rangerais ä ropinion qui re­clame un mois, et meine je me contenterais de quinze jours, voire meine de quatre ou cinq jours.
Pour prevenir, pour empecher ['extension des epizootics de pe-
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ripneumonie, beaucoup de veterinaires preconisent I'inoculation, et ils pretendent que cette operation, pratiques sur des sujets sains, leur procure une maladie benigne et leur confere Timmu-nite; cela est vrai. Mais d'autres vont plus loin, ils pretendent que I'op'eration/pratiquee sur les suspects et meme sur las malades, provoque une localisation salutaire et rend la maladie existante nioins grave; cette assertion semble, avons-nous dit, sujette ä caution et d'ailleurs eile est loin d'etre avancee par le plus grand nombre des partisans de I'inoculation.
L'inoculation ne doit pas etre conseillee dans tous les cas, il s'en laut bien; on pent la conseiller et la pratiquer lorsquelepro-prietaire y consent, mais seulement sur les animaux sains qui se trouvent dans une habitation infectees, et jamais sur les animaux des habitations non infectees, qu'il vaut mieux preserver en appli-quant une bonne sequestration aux malades et aux suspects. Les animaux inocules doivent etre soumis aux memes mesures que les malades.
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CHAP1TRE X
PHTHISIE TUBERCULEUSE
Definition. — La phthisie tuberculeuse est une maladie ge-nerale, virulente et contagieuse, annoncee par ties symptomes du cöte de l'appareil respiratoire, du Systeme ganglioniiaii'e, de l'ap-pareil digestif et d'autresappareils, caracterisee par des inflamma­tions noduiaires tuberculiformes, par des lesions d'inflammation pi'oliferative et d'inflammation exsudative, et par sa transmissi-bilite.
Les lesions de cette affection se rencontrent surtout dans le poumon, sur les sereuses et dans le Systeme gaaglionnaire.
La phthisie tuberculeuse est encore appelee communement tu-berctdose, pommeliere, ä cause de la ressemblance plus ou moins prononcee que presentent ses lesions avec des tubercules de pommes de terre ou avec des pommes.
Le mot phthisie est une appellation plus generale. II signifie consumption, marasme, debilitation excessive, il pent done etre employe dans d'autres maladies, qui amenent le marasme et la consomption; aussi faut-il, quand on l'applique h la tuberculose, le faire suivre de l'epithete tuberculeuse.
SYMPTOMES
La tuberculose, ires frequente chez I'bomme, se montre sou-vent aussi chez les animaux, particulierement sur les animaux de certaines especes. On I'a observee ou produite chez le lapin, chez le pore, chez le mouton, chez la chevre, chez les solipedes, chez le chien, chez le chat, chez le cochon d'lnde, chez le singe, chez le lion et peut-etre chez les oiseaux; mais e'est particuliere­ment chez les animaux de l'espece bovine qu'on I'observe le plus souvent, a tel point qu'on pent presque la considerer comme une
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538nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PI1THISIE TUBERCULEUSE
maladie propre ä eette espece. Parmi les animaux de l'espece bo­vine, les vaches la presentent plus souvent que les ba3ufs; on I'a rencontree quelquefois chez les jeunes veaux, qui I'ont contractee peut-etre pendant leur vie intra-uterine, ou quisesontcontamines par le lait ou par 1'Ingestion de produits morbides. La tuberculose semble etre surtout frequente dans les etables oü Ton entretient des animaux pour la production du lait; eile est plus frequente en general ä la ville qu'ä la campagne.
Delafond admettait trois sortes de phthisic: la phthisic pul-monaire ou pommeliere ou tuberculose; la phthisie calcaire; et la phthisie peripneumonite. Une pareilie distinction n'a pas sa raison d'etre; la phthisie non calcaire se transforme toujours chez nos animaux ruminants en phthisie calcaire, sans changer de nature, sans cesser d'etre la meme maladie. 11 n'y a qu'une seule phtliisie tuberculeuse, dont les lesions eprouvent I'infil-tration calcaire.
La tuberculose des animaux de l'espece bovine est une maladie ii marchc et ii evolution ordinairement lentes; eile ati'ecte presque toujours le type chronique; eile peut d'ailleurs presenter, dans son expression symptomatologique ainsi que dans ses lesions, des degres tres nombreux, suivant I'ancien-nete du mal, suivant son degre d'evolution. Sa marche est influencee par toutes les causes exterieures ou individuelles qui peuvent agir sur les malades; auäsi peut-elle devenir parfois plus rapide et s'accompagner de paroxysmes, de symp-tömes febriles, quoique moins souvent que chez I'homme.
On peut, pour la commodite de l'etude, diviser revolution de la maladie en trois periodes, qui sent loin d'etre bion trauchees et qui se confondent insensiblement Tune avec I'autre.
Dans la periode de debut, les symptömes sont d'abord peu marques et le plus souvent equivoques. Les lesions precedent les symptömes et les expliquent; mais, pendant un temps plus ou moins long, elles peuvent etre peu considerables, peu etendues et ne s'accompagner d'aucune modification no­table dans les fonctions. Ainsi, en regie generale, quand les premiers symptömes se manifestent, on peut toujours assurer que les lesions remontent ä un temps plu* ou moins eloigne. II n'y a done pas au debut concordance entre les lesions et les symptömes, aussi est-il difficile ou impossible de soupconner la maladie. Le temps, qui separe l'apparition des premiers
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PHTHISIE TUBERCULEUSEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;539
symptömes de l'apparitioa des premieres lesions tie peut guere etre precise; ii varie suivant les animaux, suivant le siege et les localisations des lesions. Ces variations sont rendues tres manifestes par les resultats, que permettent d'obtenir les experiences ayant pour but la transmission de la tuberculose.
Quand on inocule la msladie sous la peau, on voit se pro-duire, au bout de 8 ou 15 jours, une inflammation nodulaire locale, puis des lymphangites, puis des adenites; rinflamma-tion se propage aux vaisseaux lymphatiques et aux ganglions, ct jusque lit on ne constate que des symptömes locaux, que des lesions localisees; mais 11 arrive un moment oil le produit, deverse dans le torrent circulatoire, se fixe sur les urganes internes, et y provoque des alterations; alors appa-raissent les symptömes generiiux. Quand la matiere tubercu-leuse est adressee aux voles digestives, on observe vite les premiers symptömes de l'infection (diarrhee); mais ce n'est aussi que plus tard que les veritables symptömes generaux se moutrent.
11 arrive assez frequemment de rencontrer ä l'abattoir des le­sions de tuberculose sur des animaux, qui ne presentaient de leur vivant aucun signe de maladie; la sante n'est done pas absolu-ment incompatible avec une tuberculisation commencante, avec une tuberculisation localisee et peu etendue; et quelquefois memo des lesions, dejä assez avancees, ne sont pas accompagnees de symptömes tres manifestes. 11 y a du reste ä ce sujet des differen­ces , qui s'expliquent par la localisation des lesions sur tel ou tel organe plus ou moins important au point de vue du fonctionne-rnent regulier de rorganisme.
Les premiers symptömes qu'on observe ordinairement sont peu prononces; la lactation est conservee, eile n'est pas sensiblement modiflee; les malades sont encore susceptibles de s'engraisser, el il n'est pas rare de voir des animaux en bon etat de chair ou demi-gras presenter k l'abattoir des lesions assez nombreuses de tuberculose. Au debut, ce sont toujours des symptömes plus ou moins vagues qu'on remarque ; e'est une diminution de la gaiete et de l'energie; e'est une surexcitation du Systeme nerveux peri-pherique, qui se traduit par une hyperesthesie de la colonne dorso-lombaire (ce dernier signe est tres peu important, car chez presque tons les animaux bovins cette region est assez sensible ä la pression ou au pincement); e'est un leger etat febrile, qui se inontre facile-ment pendant le travail ou la fatigue. Mais tout cela n'est meme pas süffisant pour faire soupgonner legitimement la plitlusie.Bien-
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540nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PHTHISIE TUBERCULEUSE
tot apparait ordinairement la toux, qui est le premier Symptome important; puis la secretion lactee ne tarde pas ä se modifier, le lait devient bientot plus sereux. Quelquefois les femelles entrant plus difflcilement en chaleur, mais le plus ordinairement c'est le phenomene inverse qui se produit, et meme les vaches deviennent parfois taurelieres, elles ne retiennent pas ä la saillie ou retiennent plus difflcilement.
La tuberculose peut parfois evoluer assez rapidement, et alors on observe, en meme temps que les symptömes locaux, des symp-tömes febriles; ces derniers se montrent d'ailleurs quand une cause aggravante vient tout a coup modifier la marche de la maladie.
Quand il s'agit d'animaux contamines experimentalement, la premiere periode est caracterisee par des accidents locaux, lors-qu'on a inocule le produit tuberculeux, par de la diarrhee, lors-qu'ou amp; adresse le produit morbide aux voies digestives, et par de lä loux, lorsqu'onafait parvenir de la matiere tuberculeuse dans les voies respiratoires. Ces divers symptömes ont la meme signi­fication, ils annoncent revolution de la maladie.
La toux se montre aussi, quoique tardivement, quand la contamination a eu lieu par les voies digestives; eile constitue done un Symptome important. Elle est due ä une inflammation de la muqueuse bronchique ou h un developpement de tubercules ä la surface de cette muqueuse. Elle est söche, legere, pectorale, sifflante, plus ou moins frequente suivant le degre etl'etendue de la lesion provocatrice; eile s'entend le jour, la nuit, d'heure en heure, ou plus ou moins souvent, pendant le repos, quand les ani-maux boivent, pendant le travail, au moment oü les malades sor-tent au grand air, pendant le repas, ä J'etable, quand les animaux rentrent dans les habitations; eile est provoquee plus ou moins facilement par les gaz irritants, par le travail, par la pression du larynx ou de la trachee, par la percussion du thorax avec le poing. Souvent ce Symptome est seul au debut; il n'est pas pathognomo-nique; il peut faire defaut et aussi il peut exister sans qu'il y ait tuberculose. On ne peut done pas en faire la base d'un diagnostic sflr; c'est tout au plus s'il permet de soupronner la phthisie. Mais il prend une signification plus precise, quand il s'accoinpagne d'au-tres symptömes; ce qui ne tarde pas h arriver, car au fur et ame-sure que les lesions s'etendent, s'aecroisseht et se generalisent, il se produit des modifications fonctionnelles de plus en plus appa-rentes. Bientöt en effet d'autres symptömes sent fournis par I'ap-pareil respiratoire et par d'autres appareils.
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PHTHISIE TUBERCULEUSEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;541
La respiration s'accelere par l'exercice et mamp;ne au repos; il y a quelquefois de I'oppression, de la gene; parfois la pression at la percussion de la poitrine sont douloureuses, ce qui annonce un etat maladif de la plevre.
II apparait ensuite du jetage; mats ce Symptome semontretard ct ordinairement apres la fatigue ou le travail; sa production s'ex-plique par la bronchite, par Finflammation de la muqueuse respi-ratoireou par le developperoent de tubercules sur cette membrane. 11 est, a cette periode de la maladie, pen abondant, sereux ou gri-sätre et mucoso-purulent, et il n'a pas non plus une grande valeur diugnostique.
La percussion apprend peu ou n'apprend rien pendant ce premier stade de la maladie, c'est tout au plus si ellepermetdeconstater ex-ceptionnellement une legere submatite; les tubercules n'occupent encore que des points isoles et separes les uns des autres par des parties saines.
L'auscultation ne tburnit pas beaucoup plusderenseignements; pourtant il est parfois aise de constater une rudesse anormale du murmure respiratoire, principalement en certains points, et aussi un leger räle sibilant localise. II faut bien se garder de prendre pour un phenomene pathologique le bruit d'expiration, qui s'entend toujours chez les grands ruminants en sante.
Parfois la circulation est acceleree et il peut se produire de l'opistaxis ou de Fhemoptisie; mais ces deux symptöines sont loin d'etre aussi frequents dans I'espece bovine que chez I'homme, ils sont excessivement rares.
On constate parfois des claudications, qui surviennent brusque-ment, et dont I'apparition semble inexplicable.
II n'est pas rare de trouver tumefies les ganglions lymphatiques du flaue, de l'ame, des epaules, de Tauge, etc; il ne faudra done jamais oublier, dans I'examen d'un animal suspect, de verifier I'e-tat de ces organes.
Tout ce qui precede s'applique plus specialement ä la forme pectorale de la phthisie; mais quand la maladie debute dans d'au-tres sieges (intestins, tissu conjonctif, etc.), on constate d'autres symptömes (diarrhee, engorgement local, puis lymphangites et adenites, etc.).
La duree de cette premiere periode est plus ou moins longue ; eile varie avec les conditions hygieniques ainbiantes et avec la constitution des individus qui sont atteints.
Peut-on diagnostiquer la maladie ii cette periode, et, dans une expertise par exemple, peut-on conclure ä la redhibition?
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542nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PHTHISIE TUBERCULEUSE
En pareil cas le veterinaire doit se montrer tres circoaspect; le diagnostic est difficile et il lui faut, pour affinner 1'existence de la maladie, nou seulernent constater la toux, du jetage, quelques mo­difications dans les bruits de la poitrine, mais encore tenir compte de l'tlge, de la fonction et de la conformation de l'animal, et com­biner ces renseignements avec les symptomes appreciabies. II pourra se prononcer pour Taffirmative, s'il s'agit par exemple d'uno vache laitiere ägee, mal conformee, h poitrine etroite, a tempera­ment lyinphalique, et s'il constate les symptomes precedemment enonces.
Peu ä pen les lesions s'etendent et se generalisent; alors les symptomes deviennent plus manifestes, la maladie arrive progres-sivement, et par une transition graduelle, ii sa periode d'etat; I'aggravation est ordinairement lente.
Les malades deviennent plus tristes, plus nonchalants; le tra­vail leur est plus penible et provoque facilement la sueur et l'es-soui'flement; le poll se pique, la peau devient moins onctueuse, plus seche, plus adherente, surtout au niveau des cotes, eile revient lentement ä sa position normale quand on la pince. La colonne dorso-lombaire est de plus en plus hyperesthesiee, de plus en plus sensible et le pincement provoque parfois du malaise ou de la toux. Le facies devient plus languissant; les yeux s'enfoncent et deviennent moins vifs.
La respiration devient courte, precipitee, irreguliere, soubre-sautante; quelquefois 1'expiration est, plaintive et annonce ordi­nairement un etat d'exacerbation; les animaux s'essoufflent fa­cilement. On entend plus ou moins souvent une toux sifflante, quinteuse, seche ou grasse, avec ou sans expectoration. On observe un jetage plus ou moins abondant, ordinairement grisätre ou jc.u-nätre et grurneleux. La pression et la percussion sont parfois dou-loureuses; on constate de la matite en certains points. Par I'aus-cultation on constate du silence en certains points, du souffle tu-baire, quelquefois des rates crepitants, sibilants, muqueux, caver-neux suivant les lesions qui se sont produites. Le silence et le souffle tubaire anhonceitt de rhepatisation; les rales muqueux et sibilants annoncent de la bronchite; le rälecaverneuximplique la formation d'une caverne dans le poumon*: Quelquefois la matite et le silence, s'etenrtant dans les parties inferieures jusqu'ä une ligne horizontale, annoncent une pleuresie avec epanchement.
La circulation s'accelere; le coeur bat fort et tumultueusement;
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PHTHIS1E TUBERCULEUSE
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parfois il presente une hypertrophie, qu'il est possible de delimi­ter par la percussion. Le pouls est petit, accelere. Les muqueuses sont pales ou bleuutres (indice d'hematose incomplete) ou jaunes-terreuses, infiltrees. La temperature s'abaisse au-dessous de son niveau normal.
La digestion est plus ou moins troublee. L'exploration de la langue peut parfois permettre de constater dans son tissu I'exis-tence de granulations tuberculeuses. Les ganglions de Tauge et du pharynx sont quelquefois tumefies et durs. L'appetit se modilie avec les progres de la maladie; il deviant capricieux, irregulier; la rumination n'a plus lieu pendant le travail. La digestion de-vient plus difficile, plus laborieuse ; on observe un ballonnement de temps en temps; le ventre s'atTaisse; on entend des borbo-rygmes; il y a parfois des eructations; on constate ordinairemeut des alternatives de constipation et de diarrhee; puis la tliarrhee persiste et annonce une atonie ou une alteration de l'intestin. Quelquefois on peut constater les symptöraes d'une veritable pe­ri tonite avec epanchement.
La nutrition est amoindrie; les malades maigrissent rapide-ment, surtout quand la diarrhee est persistante.
Les vaches phthisiques, arrivees ä cette periode, sont souvent taurelieres; elles ont souvent des chaleurs, mais alles retiennent diflicilement ä la saillie. Gelles qui sont pleines avortent quelque­fois et eprouventalors une aggravation considerable; d'autres fois elles donnent des rejetons chetifs et predisposes ä contracter la
tuberculose. La lactation devient moins abondante; le lait est
plus sereux et plus riche en calcaires; les urines sont moins co-
lorees. L'examen des ganglions a une tres grande importance ä cette
periode; il n'est pas rare de trouver tumefies ceux de Fame, des
flaues, de l'epaule, de la gorge, etc. Quelquefois on observe des tumeurs articulaires, des claudica-
tions, des infiltrations oedemateuses des parties declives, du stra-
bisme et une irregularite des allures quand la tuberculose s'est
propagee vers les centres nerveux. II arrive parfois qu'il se produit des paroxysmes et de la fievre
durant le cours de la maladie, sous i'influence de causes plus
ou moins irritantes; et, si la inort ne survient pas ii la suite de
ces exacerbations, le type chronique peut encore reprendre le
dessus. La duree de la periode d'etat est variable, eile estplusou moins
longue selon les cas.
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544nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PHTHISIE TUBERCULEUSE
Les symptömes particuliers varient du reste avec les localisa­tions diverses, qui se produisent soit dans le poumon, soit sur les plevres, soit dans les ganglions, soit a la surface du peri-toine, soit dans le ibie, etc. On observe, reunis ou isoles, des symptömes de pleuresie, de pneumonie, de peritonite, d'hepa-tite, etc.
La troisieme periode, qui est celle de l'apogee du mal, succedc insensiblement ä la seconde; les lesions s'etendent et se göne-ralisent encoi-e, aussi les modifications tbnctionnelles devien-nent-elles de plus en plus profondes. Les malades deviennent fai-bles, impropres ii tout travail, ilstombentdansun amaigrissement tres prononce, dans Taaemie et le marasme; la mue ne s'effectue plus; uue fievre de consomption se declare et dure jusqu'ä la mort.
La respiration devient plus agitee, pluslaborieuse, plus irregu-liere; pendant la station, les animaux ecartent les membres ante-rieurs, pour permettre h la poitrine de se dilater plus facilement. La toux est plus frequente; eile est faible, protbnde, penible, ca-verneuse; eile ebranletout le corps. Le jetage est plus abondant, grumeleux, jauniitre, strie de sang et a odeur cadavereuse. L'air expire, de ineme qua le jetage, prend une odeur cadavereuse. La pression et la percussion provoquent souvent de la plainte, la raatite est plus manifeste, plus etendue. Le murmure respiratoire ne s'entend plus dans les parties privees de resonnance; il est cxagere dans les autres; on ausculte des räles et des souffles de toute sorte; il y a presque toujours les symptömes qui annoncent 1'existence d'une ou de plusieurs cavernes.
La circulation est acceleree; le cceur est tumultueux et le pouls petit; il y a anemie generale. La calorification baisse en­core.
La digestion se trouble profondement; I'appetit diminue; la ru­mination devient de inoins en moins frequente; il y a souvent du meteorisme; la diarrhee est constante. L'assimilation et la nutrition deci'oissent; 1'amaigrissement se complete.
La lactation devient presque nulle; les malades ne fournissent plus qu'une faible quantite de lait sereux. La muqueuse vaginale devient quelquefoistuberculeuse et catarrhJUe.
Les ganglions sont plus malades. Le tissu conjonctif est infiltre dans les parties declives. Les articulations se tumefient. La co-lonne dorso-lombaire est de plus en plus sensible, Les polls
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sont piques et la peau devient de plus en plus seche. II y a cachexie, marasme, et la mort ne tarde pas ä survenir.
Les symptömes de la tuberculose varient sensiblement. sui-vant les diverses localisations des lesions, suivant les individus, snivant les clrconstanees arnbiantes.
La marchedelamaladie, quoiquetoujours lente, presente aussi des variations. La phthisie pent rester latente un temps plus ou moins long; eile presente parfois dans sa marche des remittences ou des paroxysmes, suivant Faction favorable ou defavorable de certaines influences; eile s'nggrave par des poussees successives. Elle se generalise toujours avec le temps et il n'est pas rare de voir des complications survenir: tantöt ce sont des maladies in-tercurrentes, telles que la pneumonie, la pleuresie, etc., qui se greffent sur la tuberculose; tantot c'est une caverne, qui s'ouvre dans la plevrc et determine une pleurite et un hydro-pneumo-tho-rax; tantot c'est une pericardite qui se declare. II y a toujours des adenites tuberculeuses, de la pneumonie, de la bronchite; sou-vont il se produit des pneumonies lobulaires, des abces dans 1c poumon et dans les ganglions, parfois de l'emphyseme pulmo-nairo. L'ecsophage et les nerl's recurrents sont frequemment com-priines par les masses tuberculeuses du mediastin, et c'est alors qu'on observe le metöorisme et qu'on entend parfois du bruit de cornage.
La tuberculose dure non seulement des mois, mais meme plu-sieurs annees; sa terminaison est toujours fatale, mais le plus souvent on se debarrasse des animaux malades avant le terme fatal. II arrive tres exceptionnellcment que la maladie guerisse, que les tubercules s'enkystent et soient resorbes, bien qu'on ait signaie dans ces dernieres annees des cas ou on aurait vu surve­nir la guerison sur des lapins tuberculises experimentalement. La mort est done la terminaison inevitable, et, quandon I'attend, eile est quelquefois la consequence d'une hemorrhagie, mais presque toujours eile est la suite de la consomption et de Fimperfection de l'hematose.
Le pronostic de la phthisie est tres grave, vu que la maladie dont il s'agit est contagieuse, vu qu'elle se termine par la mort, et vu qu'elle doit parfois faire rejeter de la consummation les chairs provenant d'animaux tubcrculeux livres h la boucherie.
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546nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PHTHISIE TÜBERCULEUSE
Le diagnostic est difficile, quand la maladie est recente; mais il devient plus facile pendant la 2e et la 3e periodes. Les symptö-mes les plus importants, au point de vue du diagnostic, sent: la toux, les modifications de la respiration, le jetage, I'engorgement des ganglions, etc. A. I'autopsie il est toujours facile de recon-naitre la tuberculose, qu'il est aise de ne pas confondre avec la phthisie vermineuse.
ANATOMIE PATHOLOGIQÜE
Les lesions de la phthisie sont de differents ordres; toutes sent inflammatoires, mais elles appartiennent ä des types differents. Ge qui düinine, ce qui donne son caractere essentiel h la maladie qui nous occupe, ce sont les lesions de rinflammation tubercu-leuse, e'est le tubercule lui-meme h ses diverses phases d'evolu-tion. Entre autre il y a des lesions de rinflammation ordinaire, proliferative, hyperplastique, qu'on observe dans le poumon, dans 1c foie ou ailleurs; et en troisieme lieu on trouveles lesions de rin­flammation exsudative, principalement ä la surface des sereuses. Lorsque la maladie est arrivee a un certain degre, par exemple ä sa periode d'etat et surtout a sa periode d'apogee, on trouve des lesions dans presque tous les appareils de reconornie, dans les di­vers tissus, dans un tres grand nombre d'organes. Du reste ces lesions sont tres variables suivant les periodes de la maladie et son degre de generalisation, suivant aussi la porte d'entree du vi­rus phthisique dans Forganisme. Nous savons dejä que dans les cas oü le virus penetre par les voles digestives, les premieres le­sions s'observent dans I'appareil digestif, dans Fintestin, dans les ganglions mesenteriques, sur le peritoine, sur I'epiploon, etc.
II convient d'etudier d'abord la lesion principale, le tubercule, au point de vue de son anatomie, de sa structure, de sa pathogenic et de son evolution. Gette lesion n'est pas toujours semblable a elle-raeme; ses caracteres sont differents suivant la periode de son evolution. II faudra examiner ensuite succinctement les prin-cipaux sieges de predilection des granulations tuberculeuses. En-fin, et ce sera lä l'essentiel de notre etude, il faudra passer en re­vue les appareils et les organes, et envisager -a la fois les lesions des differents ordres qu'ils peuvent presenter.
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Tubercule
Que faut-il entendre par tubercule? Le tubercule est une in­flammation nodulaire, qui par consequent se prösente le plus souvent avec un petit volume et une forme arrondie. Cependant cette inflammation nodulaire peut varier dans sa forme et surtout dans ses caracteres physiques et anatomiques, suivant les diverses periodes de son evolution. Au debut eile se presente sous forme de tres petits amas plus ou moins irreguliers, composös de cellu­les embryonnaires, de cellules elementaires; ä ce moment eile est tres difflcilement visible a I'oeil nu; que, si parfois il est possible de la voir, c'est parce qu'elle est entouree d'une zone de conges­tion, et se presente alors avec une coloration legerement rouge; eile apparait comme un simple point ecchymotique. A ce moment eile n'a pas encore la forme arrondie, mais eile ne tarde pas a I'acquerir, en passant de l'etat naissant ä l'etat adulte. Dans ce nouvel etat, eile se presente sous forme de granulation grisätre, semi-transparente. Plus tard la granulation devient opaque, puis blancMfre, grisätre ou meme jaunätre h son centre; eile est alors caseifiee. Enfin eile s'infiltre de calcaires; puis eile se ramollit ou eile s'enkyste, en s'entourant d'une gaine de tissu conjonctif adulte.
Le tubercule est done une inflammation qui debute, comme toutes les inflammations, par un processus vaso-formateur, et par la proliferation des elements cellulaires, qui evolue graduelle-ment, qui devio de l'organisation physiologique, qui meurt et de-genere ä son centre.
Les granulations tuberculeuses se presentent isolees ou reunies plusieurs ensemble, conglomerees; c'est seulement quand elles sont isolees qu'on remarque facilement autant de petits points rends tres bien caracterises et de forme tres reguliere. Mais assez frequemment, a cöte des premiers tubercules, il en nait d'autres en plus ou moins grand nombre, d'ou resultent bientot des amas de granulations: ce sont lä des tubercules agglomeres, conglome-rcs, förmänt des masses irregulieres, bosselees, tourmentees. Noanmoins il n'y a rien de nouveau dans ces amas, etudies au point de vue anatomique; il y a un certain nombre de tubercules separes les uns des autres par des gaines de tissu conjonctif inflarn-matoire.
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D'apres ce qui precede, nous pouvons appröcier la nature du tubercule; quelques auteurs ont pretendu qu'il constituait une veritable tumeur, mats il n'est qu'une simple nöoplasie inflamma-toire. De nos jours il est difficile de distinguer, quant a leur genese, las lesions inflammatoires des neoplasies proprement dites, c'est-ä-dire des tumeurs; cependant on admet encore que les tumeurs sont des productions morbides, qui ne s'arretent pas ordinairement, qui tendent constamment ä s'accrottre. II n'en est pas de meme des tubercules, qui sont des inflammations limitees, qui naissent et parcourent leurs differentes phases, mais qui ne sont pas susceptibies de s'accroitre indefmiment comme les tu­meurs. En eftet ils eprouvent rapidement la degenerescence gra-nulo-graisseuse et leur centre se mortifle. S'il est frequent de trouver des masses tuberculeuses plus ou moins volumineuses, elles ne sont pas dues a l'accroissemcnt des tubercules primitifs, mais bien au döveloppement de plusieurs granulations dans des points rapproches, h leur fusion et ä la destruction des cloisons qui les separaient, d'oii resulte une masse informe plus ou moins volumineuse. Le tubercule est done une inflammation dont I'ac-croissement est limite, contrairement ä ce qui a lieu pour les tumeurs.
La phthisie et les tubercules ont ete l'objet de nombreuses rechercbes, d'interessantes etudes et d'importantes decouvertes depuis le commencement de la seconde moitie de notre siecle.
La granulation tuberculeuse, une fois formee, evolue progressi-vement, eile parcourt diverses periodes et atteint rapidement la limite qui lui est assignee, c'est-ä-dire la mort et la degeneres­cence. II faut passer en revue les caracteres du tubercule naissant, du tuhercule jeune, du tubercule adulte, du tubercule vieux, du tubercule mort, du tubercule ramolli et du tubercule calcifie.
Tubercule naissant, jeune. — Tres souvent des granu­lations tuberculeuses, extremement petites, grosses ä peine comme la moitie d'une petite tete d'epingle, ont dejä övolue complete-ment; et, si on pratique une coupe h travers leur substance, on reconnait qu'il y a eu d6ja infiltration calcaire. Du reste, contrai­rement h ce qui se passe chez I'homme, ce phenomene se produit tres vite et tres facilement chez les ruminants. L'infiltration cal­caire est chez eux ia regie; tons les tubercules fmissent de cette maniere.
La granulation naissante, jeune, qui, ainsi que nous I'avons
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dejä vu, est constituee par un simple amas de cellules embryon-naires et par un reseau capillaire, peut etre tres facilement etudiee dans le poumon, sur las söreuses, ä la surface de l'epiploon. Elle se presente souvent avec une coloration rougeätre; h ce moment eile n'est pas reguliere, eile n'est pas franchement nodulaire; eile est tres petite, h peine visible ä l'oeil nu; les cellules qui la com-posent sont unies par une substance intercellulaire grenue ou fibrillaire qu'elles ont excretee. Au pourtour de I'amas cellulaire on voit des vaisseaux en plus ou moins grand nombre, qui pre-sentent souvent des dilatations; c'est la repletion de ces vaisseaux qui explique la coloration rougeätre signalee. Les cellules, qui composent la granulation tuberculeuse naissante, n'ont pas encore eprouve de modifications regressives; ce sont des elements actifs encore susceptibles de se multiplier, de proliferer, et ils derivent eux-memes par proliferation de cellules preexistantes, ou ils ne sont autre chose que des globules blancs du sang, sortis par dia-pedese des vaisseaux de la granulation.
Le tubercule prend une autre forme, lorsque au lieu d'evoluer au sein du tissu conjonctif, il se developpe au pourtour d'un vais-seau. Frequemment en effet il se developpe au pourtour d'un vaisseau, arteriole ou veinule; dans ces cas on trouve au pourtour du vaisseau une gaine de cellules embryonnaires, mais c'est dans l'interieur du vaisseau que se produisent les modifications les plus importantes. II y existe de la fibrine coagulöe; et, ä sa face interne, appliques contre eile, setrouvent en plus ou moins grand nombre des globules blancs. Alors, grace ä l'obstruction du vais­seau, grace ä l'arret du sang, on s'explique encore la coloration rouge de la granulation primitive.
Tubercule adulte. — D'ailleurs le tubercule naissant ne reste pas longtemps ainsi; il evolue rapidement, il deviant promp-tement nodulaire. Alors il est gros comme un grain de millet et il peut atteindre le volume d'un grain de ble chez les grands rumi­nants. II est forme, dur, difficile ä dilacerer, tres intimement uni aux parties voisines, proeminent, saillant, facile h voir, grisätre, transparent, ou tout au moins semi-transparent. Lorsque plusieurs tubercules se forment les uns ä cote des autres, il en resulte des masses dont l'aspect bossele est caracteristique.
Quand on pratique la coupe d'un tubercule ou d'une masse de tubercules, on constate dans chaque granulation la presence de deux zones bien distinctes, une zone centrale, grisätre, semi-trans-
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parente, entouree d'une zone peripherique plus ou moins coloree en rouge; aussi quand la coupe est pratiquee ä travers un amas de tubercules, sa surface presente un aspect bigarre, mais il est toujours facile de discerner sur cette coupe ce qui appartient ä chaque granulation.
Pour se rendre un compte exact de la structure du tubercule, qui a cet aspect, il y a lieu de pratiquer des coupes; mais pour reconnaitre seulement les elements qui le composent, il suffit de racier ou de dilacerer sa substance et de porter ensuite le produit obtenu sous le microscope. On y trouve des cellules tres grandes, multinucleaires, des cellules fusiformes, des cellules uninucleaires, des cellules embryonnaires assez volumineuses, et d'autres cellules embryonnaires plus petites, en voie d'atrpphie, renfermant par consequent un protoplasma moins abondant. Tels sent les principaux elements qu'on trouve dans la matiere obte-nue par le räclage ou la dilaceration d'une granulation grise. Pour etudier la disposition de ces elements, on peut s'adresser aux tubercules du poumon, de l'epiploon, de la surface des se-reuses, qui sont tres propices pour ce genre d'etudes. On y pratique des coupes, qui, portees sous le microscope, presentent les deux zones que nous connaissons d6jä. La zone peripherique est une zone de proliferation; eile est plus ou moins epaisse suivant l'aetivite, l'acuite de l'inflammation; eile est composeo d'elements cellulaires, surtoutde grandes cellules multinucleaires, de cellules fusiformes et de cellules embryonnaires; on y trouve aussi des vaisseaux plus ou moins nombreux, parfois dilates. Au fur et ä mesure qu'on se rapproche de la zone centrale, les cellu­les, d'abord fusiformes, vont en s'arrondissant, et bientot on r.e rencontre plus que des cellules arrondies, que des cellules em­bryonnaires; c'est alors la ligne de demarcation entre les deux zones. La zone centrale est composee d'616ments cellulaires serres, presses les uns centre les autres, en voie de s'atrophier; et, en allant tout a fait vers le centre, ces elements degenerent et so transforment en un detritus granuleux ou granulo-graisseux.
Au sein du tubercule, il y a toujours une certaine quantite de substance fondamentale, d'apparence grenue ou fibullaire, qui unit ses elements et qui est excretee par eux.
Les vaisseaux, qui se rendent dans la granulation tuberculeuse ou qui en font partie, sont ordinairement obliteres. Le vaisseau central est toujours oblitere, impermeable; il est rempli d'un coagulum fibrineux, plus ou moins granuleux, et presente, me-
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langes au caillot ou situes a son pourtour ct appliques centre sa face interne, des globules blancs facilement reconhaissables ä leur volume, qui est plus considerable que celui des cellules du tubercule. Generalement le tubercule ne possede qu'un vaisseau central; mais il peut en posseder plusieurs, quand par example il se developpe au milieu d'une anostomose ou d'une bifurcation. II est facile de se rendre compte de cette disposition et de la reconnaitre ä la premiere inspection. On voit done ä l'interieur du vaisseau central des globules blancs, dans les parois vasculaires des cellules embryonnaires plus petites que ces globules, enfin k l'exterieur du vaisseau, des cellules embryonnaires semblables aux precedentes, et au delä de celles-ci se trouvent les cellules fusiformes et polynucleaires, dont nous avons signale I'existence. Teile est la structure des granulations adultes, qu'elles soient isolees ou conglomerees. 11 faut signaler I'existence, entre les tu-bercules confluents, d'un tissu conjonctif inter-nodulaire, le plus souvent inflammatoire, et qui plus tard donnera du tissu adulte ou sera detruit. Dans ce tissu conjonctif sont des vaisseaux turgi-des plus ou moins gonfles et des elements inflammatoires en plus ou moins grand nombre.
Tubercule vieux, mort. — Le tubercule, constitue com-me il vient d'etre dit, a acquis tout ce qu'il pouvait acquerir, et meme les cellules du centre sont dejä en voie de destruction. A partir de ce moment il ne peut plus faire aucun progres; la zone centrale est privee de nourriture; les vaisseaux qui vont au centre du tubercule sont obliteres; les elements cellulaires de cette por­tion sont anemies, presses les uns contre les autres, ils se defer­ment, ils s'atrophient et se detruisent ensulte. Aussi peu h pen le tubercule, qui etait grisatre et semi-transparent, devient opaque, blanchätre ou grisätre et plus tard jaunätre, quand les elements eprouvent la transformation caseeuse.
A ce moment, si on fait une coupe dans le tubercule, on peut tres bien se rendre compte des alterations eprouvees par les ele­ments du centre. La zone peripherique se presente encore avec les rnemes caracteres; on y trouve meme ä proprement parier deux parties distinctes,une premifere attenante a la zone centrale, et for-mee d'elements cellulaires embryonnaires non encore degeneres.
Autour de cette partie mediane ou de transition, se trouve la veritable zone excentrique, qui est rougeätre, congestionnee, en-flammee, composee de cellules fusiformes, de cellules multinu-
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cleaires, de vaisseaux, de tissu conjonctif parfois en voic d'orga-nisation. La parlie centrale, qui s'est mortifiee, devient seche, friable, caseeuse; si on en examine un fragment an microscope, on la voit composee de cellules deformees, de gouttelettes grais-seuses, de granulations moleculaires, quelquefois de cristaux do cholesterine.
Des ce moment le tubercule, etant mort, irrite les tissus voisins; il agit sur eux comme un corps irritant quelconque; aussi lorsqu'il siege sur une muqueuse, quand 11 est tout h fait superliciei, il pent arriyer que I'irritation, entretenue par la partie centrale mor­tifiee, se propage peu h peu et s'etende meme jusqu'ä la partie la plus superiicielle de la muqueuse. 11 se produit alors le meme phenomene qu'ä I'ouverture d'un abces; le tubercule ayant pen ä peu amene un travail d'ulceration, il en resulte une ouverture qui se fait jour h travers la muqueuse, et le produit tuberculeux pent etre evacue. Sur la muqueuse respiratoire et dans i'intestin, il n'est pas rare de voir des tubercules s'eliminer de la sorte.
Les tubercules confluents, qui sont arrives h cette periode, pre-sentent toujours, quand on les incise, cette gangue de tissu con­jonctif qui unit les diflerentes granulations les unes aux autres. Mais il n'est pas rare de voir se produire des obliterations vascu-laires en dehors des tubercules, et alors les cloisons inter-nod u-laires peuvent se mortifier, comme les tubercules eux-memes, el se transformer en une matiere caseeuse.
Gette mortification et cette translbrination possible en matiere caseeuse du tissu conjonctif inter-nodulaire nous expliquent pour-quoi, clans certains organes, dans le poumon principalement, on pent voir des masses du volume d'une noisette, d'un ceuf de pi­geon, d'un oeuf de poule et au delä meme, n'offrant k leur centre aucune trace de tissu organise. 11 ne faudrait pas croire que ces masses de matiere caseeuse fussenfeleresultat d'un seul tubercule; alles resultent de la reunion d'un plus ou nioins grand nombro de granulations, qui se sont caseifiees a leur centre, et ont pro-voque la caseification du tissu conjonctif qui les unissait.
Tubercule cretace. — Quand le travail de caseification s'est opere au centre du tubercule, il pent survenir un ramoliis-sement; la granulation est definitivement morte, mais sa fina'ito est rarement d'etre evacuee et presque jamais d'etre resorbec. Elle doit encore, quoique morte, eprouver d'autres modifications, eile doit eprouver 1'iafiltration calcaire, qui est la regie chez les grands ruminants.
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Quand on pratique des autopsies, on rencontre toujours sur les divers organes des tubercuies plus ou moins avances dans leur
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evolution; les uns sont tout ä fait calcifies, d'autres sent encore en voie de calcification, d'autres sont h leur deuxieme periode et il en est qui sont encore h la premiere.
Les tubercuies calcifies se presentent avec certains caracteres, qui permettentdelesreconnaitretresfacilement, lors meme qu'ils sont tres petits, quand ils n'ont pas encore eprouve le ramollisse-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; j
ment, et meme quand ils sont isoles. ils sont jaunes, opaques, tres durs ä la pression, durs surtout quand on essaie de les inci-ser; il est difficile de faire une coupe de ces granulations sans avoir dissous la inatiere calcaire qui les infiltre. Ils out une partie centrale et une partie peripherique. La premiere est I'ancien noyau caseifle qui etait au centre du tubercule mortifle; eile est tout h fait infiltree de matieres calcaires, eile est jaune, pierreuse, I'instrument tranchant passe difficilement a travers sa substance. Autour de cette premiere partie est la zone peripherique, rouge ou grisätre et fibro-vasculaire; eile a la structure du tissu con-jonctif inflammatoire en voie d'organisation.
Les tubercuies agglomeres presentent les memes caracteres;
chacune des nodosites, qui composent la masse, presente au cen­tre une zone pierreuse, qui est entouree d'une zone conjonctive vasculaire, et il existe en outre du tissu conjonctif inter-nodulaire de meme nature. Ces cloisons sont plus ou moins epaisses; gene-ralement elles sont minces, quelquefois elles sont tout a, fait de-truites, et alors, quand ces enormes masses caseeuses, dont j'ai parie h propos des tubercuies morts, out subi completement I'in-filtration calcaire, on trouve un amas plus ou moins considerable de matiere cretacee, jaunatre, plus ou moins consistante.
La nature des sels calcaires, qui inflltrent les tubercuies, a etc bicn determinee; ces sels sont le carbonate et le phosphate de chaux; aussi a-t-on pu dire que les tubercuies agglomeres des grands ruminants, une fois qu'ils ont subi la calcification, repre-sentent de veritables carrieres de matieres calcaires.
Quand I'infiltration est arrivee h son dernier degre, il existe ii rinterieur des tubercuies un magma cretace, dans lequel il est difficile de reconnaitre la trace des anciens elements, qui sontnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
masques par I'incrustation, sans recourir a l'action des acides dis-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;quot;
solvants des sels calcaires. En effet, si on n'a pas rccours ii ce precede, on voit grossierement sous le microscope des grains jaunutres, calcaires, des granulations calcaires plus petites, des
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granulations d'apparence cristalline, des granulations plus ou moins irregulieres; mais en somme il u'y a que des ci'islaux ou des granulations de raatiere calcaire. Les elements ou les debris d'elements organiques, qui sont encore dans cette masse pier-reuse, sont masques par I'incrustation calcaire; mais si, apres avoir fait agir I'acide chlorhydrique, on examine le magma, on voit des cellules deformees, des fragments de cellules, des noyaux, des granulations moleculaires, etc.
Une coupe pratiquee dans un tubercule, en voie de subir I'in-crustation calcaire, pennet de constatcr le phenomene et de se rendre compte du mecanisme de cette alteration. On constate quo I'incrustation ou le depot de matieres calcaires commence dans le protoplasma des cellules quand celles-ci sont entieres; mais ce depot ne tarde pas ä envahir tons les elements, ainsi que la subs­tance inter-cellulaire et meme la substance inter-nodulaire, Men que celle-ci n'ait pas ete alteree encore. II y a toujours dans le sarig des sols de chaux, notainment du carbonate, qui n'est solu­ble que grace ü un exces d'acide carbonique, et du phosphate so­luble et combine a la matiere proteique. Autour de chaque tuber­cule existe une zone dans laquelle se trouvent des vaisseaux quelquelbis turgides et dans lesquels le sang stagne; un mouve-ment d'exosmose se produit, et la lymphe, le plasma, exsude ä travers les parois des vaisseaux, va servir de nourriture aux ele­ments des tubercules. Ce plasma, aiusi exsude, entraine avec lui les sels de chaux en dissolution dans le sang, et, comme I'acide carbonique tend continuellement ä diffuser, il en resulte que le carbonate de chaux devient insoluble; alors il se precipite dans les elements que le plasma exsude avail penetres. Le phosphate de chaux, entraine de meme avec le plasma, se depose et incruste aussi les elements des tubercules.
Tubercule ramolli. — Le ramollissement se produit soil avant, soit apres rinfiltcation calcaire. II n'est pas ordinaire chez les grands ruminants de voir le ramollissement avant la calcifica­tion ; cependant il arrive encore assez souvent de voir, principa-lement dans certains organes, dans les ganglions lymphatiques et meme dans le poumon, des tubercules, qui,_ sans etre primitive-ment infiltres de matieres calcaires, se ramollissent rapidement, sc fusionnent plusieurs ensemble et se transforment quelquelbis tres vite en un abces, en une veritable poche. Ce phenomene s'ob-serve dans les ganglions de la gorge et de l'abdomen; on I'observe
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auasi dans le poumon, quand, bien entendu, rinflammation, qui preside au developpement des tubercules, est tres vive et tres rapide.
Le plus souvent, quand le ramollissement survient, il n'a lieu qu'apres la calcification. 11 ne survient pas toujours; il est tres rare dans les tubercules isoles, car alors le tissu inflammatoire, qui entoure la masse centrale, s'organise et donne peu ä pen un tissu adulte, qui forme autour de la masse cretacee une veri­table gaine. II est beaucoup plus frequent dans les masses cal-cifiees.
Quand le ramollissement suit la cretiflcation, il se produit, sous l'influence de l'irritation constante que les parties mortifiees exercent sur les tissus voisins. Cette irritation entretient une in­flammation permanente au pourtour du tubercule; il y a une exsudation plus ou moins abondante; le produit exsude se me­lange ä la matiere morte, la ramollit, et il n'est pas rare d'observer alors, au centre du tubercule ou des amas tuberculeux, une ma­tiere plus ou moins molle, pultacee, granuleuse, molle, un mor-tier plus ou moins epais.
On a pretendu que le ramollissement, qui survient dans ces con­ditions, precede du centre ii la peripherie; mais il precede au con-traire'de la peripherie au centre. Ce sent d'abord les portions directement en contact avec la zone peripherique, siege de l'exsu-dation, qui se ramollissent; et cela est tellement vrai, qu'il n'est pas rare de trouver sur le cadavre, notamment dans le poumon, des poches contenant dans leur centre une matiere ramollie, au sein de laquelle flotte encore un noyau plus ou moins volumineux de matiere cretacee et concrete. Done le ramollissement, qui sur­vient apres la cretiflcation, commence par la peripherie de la masse calcaire.
Quand le ramollissement s'est produit, la lesion represente une poche, une cavite plus ou moins etendue, dans laquelle se trouve un contenu. La poche est ordinairement irreguliere; eile presente des diverticula, des infundibula, des anfractuosites; on y trouve encore des brides de tissu conjonctif, qui sont des vestiges des anciennes cloisons; sa surface est grisätre ou jaunätre, et non purulente; ses parois sont dures, rougeatres ou grisätres ou lar-dacees et formees de tissu vasculo-conjonctif. Quant au contenu, il est grisätre, jaunätre, caseeux ou plätreux, pyoide ou cretace et analogue a un mortier. II est forme d'un detritus cellulaire; on y rencontre des gouttelettes graisseuses plus ou moins abondantes
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et des granulations calcaires tres abondantes; sa consistance est tres variable; il est rare que le ramollissement soit tres prononce, le plus souvent on trouve une matiere plus ou moins molle, rnais qui n'est Jamals completement liquide. Gette matiere n'est Jamals totalement resorbee; il est tres rare que les tubercules soieut resorbes. Ils peuvent determiner une ulceration et etre evacues, quand ils siegent h la surface d'une muqueuse (bronches, intestin, uterus, etc.); mais dans les parenchymes, dans le foie, dans la rate, dans le poumon, etc., ils ne sont pas evacues ni resorbes. Par consequent la matiere reste dans les cavernes, oü eile s'est formee, oü eile s'est ramollie. La partie fluide pent etre reprise par la circulation, mais e'est lä tout ce qui pent arriver, et alors il y a epaississement de la partie qui reste. Cel!e-ci s'enkyste le plus souvent, c'est-ii-dire que le tissu conjonctif qui I'entoure s'organise completement, et on a alors le veritable tuberculc enkyste.
Quand le ramollissement s'est produit, il peut encore exister des cloisons on des debris des anciennes cloisons qui separaicnt les tubercules; mais, sous l'influence du ramollissement, il n'est pas rare que ces brides soient peu ä pen atteintes; aussi la cavite, qui primitivement eta it irreguliere, a de la tendance ii se regula-riser. La cloisonqui I'entoure s'organise en tissu conjonctif adulte; au microscope on y volt predominer les fibres et quelques vais-seaux; e'est alors que ces cloisons out un aspect grisatre, blan-chätre, et elles orient sous rinstrumenttranchant.
En resume done, tout tubercule est soumis a une evolution pro­gressive; il se presente avec des caracteres fort variables suivant ses periodes. II est forme par des elements qui sont primitivement vivants et qui ensuite s'alterent plus ou moins, degenerent et meme s'infiltrent de matieres calcaires. Les nodules, quels qu'ils soient, out une limite, et, quand ils Font atteinte, ils ne peuvent plus s'accroitre ; mais de nouvolles granulations peuvent apparai-tre a cötedes premieres. Hen resulteque plusieurss'agglomerent et donnent ces enormes masses qu'on voit dans certains organes, dont le volume peut atteindre celui de la tete (dans les poumons).
Ces masses out une coloration jaunätre, propre ä la matiere ca-seeuse ou cretacee; elles presentent parföis desrestes de cldisbns, de travees, qui, le plus ordinairement, se calcifient et so detrui-sent. Leur coupe est grenue et fait eprouver une sensation gra-nuleuse au doigt; elles se ramollissent en bloc ou en des points
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differents et forment des foyers considerables, de veritables caver-nes, dans lesquelles on trouve un mortier jaunatre plus on moins ramolll.
Origine du tubercule. — Les granulations tuberculeuses se developpent toujours au milieu d'un tissu embryonnaire resul­tant d'une phlegmasie prollterative. Elles apparaisseut ä la surface dos sereuses, dans l'epaisseur des muqueuses et des sereusos, dans les parenchymes, etc. Quand elles se montrent ä la surface d'une sereuse, elles peuvent avoir pour point de depart les cellules endotheliales, qui recouvrent la membrane; mais le plus souvent elles se forment dans la substance propre de la sereuse, et alors c'est aux depens d'autres elements qu'ellcs prennent naissance. II en cst de meme des tubcrcules qui apparaissent dans le tissu con-jonctif. Ils se forment parfois aux depens des cellules qui tapissent les maillcs de ce tissu; mais ce n'est pas non plus ainsi quo debute le plus souvent le processus, il a ordinairernent pour point do depart un autre element. Qu'il se montre clans les parenchy­mes on sur les membranes (muqueuses on sereuses), le tubercule prend naissance ordinairement dans les games lymphatiques qui entourent les arterioles et les veinules, dans celles qui entourent les bronchules, dans celles qui entourent les alveoles pulmonaires, ol dans celles qui entourent les canalicules(canaliculesseminiferes). Aussi peut-on dire que le tubercule consiste souvent en une accu­mulation de cellules lymphatiques dans les gaines perivasculaires, si on considere eclui qui se developpe autour des vaisseaux. Et il y a non seulement accumulation de cellules lymphatiques dans la gaine perivasculaire, mais encore inflammation proliferative aux depens des cellules endotheliales qui tapissent ces gaines.
Nous avons vu precedemment, ä propos des tubercules en voie d'evolution, que les parois des vaisseaux presentent dans lour epaisseur des elements cellulaires; et en eifet, quand une granu­lation se developpe dans une gaine perivasculaire, toujours les parois du vaisseau s'infiltrent de cellules nouvellement ibrmees, puis elles se detruisent et sont remplacees par des elements cel­lulaires. Aussi le tubercule, arrive a une certaine periode de son developpement, n'offre plus aucune trace du vaisseau qu'il pre-sentait ;i son centre. La formation du nodule perivasculaire consiste done en une triple inflammation; il y a en elfet periarterite, ar-terite et endarterite, e'est-a-dire inflammation du tissu perivascu­laire, inflammation des tuniques externes du vaisseau et inflam-
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mation de sa tunique interne; il y a d'abord obliteration du vais-seau. Ge qui se passe autour d'une artere se passe aussi autour d'un canalicule seminifere, il y a inflammation du tissu conjonctif pericanaliculalre, inflammation des parois du canal et inflamma­tion de sa tunique interne. Meme chose se passe encore autour d'une bronche ou autour d'une alveole; il y a inflammation du tissu conjonctif peribronchique ou peri-alveolaire, inflammation des parois de la bronche ou de l'alveole qui les tapisse; il y a done peribronchite et bronchite proprement dite, pneumonie interstitielle (inflammation du tissu peri-alveolaire) et pneumonie catarrhale (inflammation de la muqueuse de l'alveole).
Les tuhercules out one grande tendance h s'etendre le long des vaisseaux sanguins et lymphatiques.
En resume les tubercules sont le resultat d'une neoformation vasculaire, d'une accumulation de cellules lymphatiques, d'une proliferation de cellules endotheliales. Ils s'accompagnent de l'o-bliteration des conduits, autour desquels ils se ferment, de l'infil-tration des parois de ces conduits par les elements nouvellement formes et de la destruction de ces memes conduits. Les produits tuberculeuxne se montrent pastoujours avec la meme forme que nousvenons de reconnaitre h la granulation tuberculeuse. On pent rencontrer dans le foie, dans le poumon, etc., des produits tubercu-leux qui se presentent ä I'etat d'inflltration diffuse, sous forme d'inflammation disseminee.
Dans le poumon les tubercules se developpent soit autour des vaisseaux, soit autour des bronches, soit autour des alveoles pul-monaires; leur evolution dans ces trois cas est a peu pres celle que nous avons reconnue au tubercule en general.
Dans le larynx, dans la trachee et dans les bronches, on pent rencontrer des tubercules; ils ont toujours pour point de depart les vaisseaux de la muqueuse. Ge sont surtout les nodules de la muqueuse respiratoire, de meme que ceux des muqueuses diges­tive, vaginale et uterine, qui sont susceptibles de provoquer I'ul-ceration de la membrane et d'etre elimines peu äpeu.
Dans les sereuses, sur les plevres, sur le peritoine, dans le pe-ricarde, dans les synovialesarticulairesettendineuses, les tubercules peuvent se former de deux manieres; ilspeuveqt naitretout a fait ä la surface des sereuses, aux depens des cellules endotheliales qui les recouvrent; ou bien e'est encore autour d'un vaisseau qu'ils se developpent. II en est de meme dans le tissu conjonctif; le tu­bercule peut avoir pour point de depart les cellules qui tapissent
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ses mailles; mais le plus souvent c'est encore un vaisseau qui est son point de depart.
On pent aussi rencontrer des tubercules : dans le tissu de la lan-gue; sur les muqueuses pharyngienne, oesophagienne, stomacale; dans le tissu conjonctif qui unit les membranes de l'oesophage et celies de l'estomac; dans I'intestin, dans le foie, dans la rate, dans les reins, dans la vessie, dans les testicules, dans la prostate, dans les ovaires, dans I'uterus, dans le vagin, dans la mamelle, etc.; dans tons ces organes le tubercule a toujours pour point de depart un vaisseau. Sur quelques-uns d'entre eux (pharynx, oesophage, es-tomac, intestin, uterus), le tubercule peut provoquer une ulceration ct s'eliminer; dans le testicule, il peut se developper au pourtour des canalicules seminiferes.
On trouve aussi des tubercules dans les vaisseaux et les gan­glions lymphatiques, dans les centres nerveux. dans la pie-mere, sur l'ärächnoide, clans le cerveau, dans les os, et meme dans le tissu adipeux; ici encore, toujours un vaisseau est le point de de­part des nodules.
Ensemble des lesions dans les divers organes
On a rarement Signale la presence de tubercules clans le tissu conjonctif et sur la peau chez I'homme phthisique; il est encore plus rare d'en voir chez les animaux dans les memes points. Pour-t.int on a eu rencontre des granulations tuberculeuses dans le tissu cellulaire du boeuf, et dernierement M. Colin d'Altbrt en observait h la face interne de la peau d'un lapin inocule avec de la matiere tuberculeuse; j'ai de mon cote fait plus d'une fois la meme obser­vation sur le meme animal. Lorsque la maladie est arrivee h son apogee, on constate parfois une exsudation plus ou moins abon-dante et des oedemes dans le tissu conjonctif sous-cutane. Mais ce n'est pas lä une lesion propre h la phthisie, eile appartient plutöt a I'anemie.
Le tissu adipeux, et notamment celui des cavites, celui de l'e-piploon, contient souvent des tubercules, qui se developpent au pourtour des vaisseaux et aux depens des cellules adipeuses. M. Colin 11 trouve des granulations tuberculeuses ä la surface et clans I'lnterieur des muscles chez un lapin auquel il avait inocule la tu-berculose; mais de pareilles lesions sont excessivement rares chez les grands ruminants, et c'est a peine si on les rencontre une fois
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sur mille. En Belgique on a signale la presence de nodules dans le tissu sous-cutane et dans les muscles.
Chez rhomme on rencontre assez frequemment des tubercules dans le Systeme osseux; et ces lesions se font surtout remarquer dans les os qui contiennent une grande quantite de tissu spon-gieux, comme les vertebres, le sternum, les cotes: ce sent des tu­bercules isoles ou reunis en nombre plus ou inoins considerable. Quelquetois de pareilles lesions se presentent aussi chez les ani-maux et dans les os spongieux principalemeut, mais cela se voit tres rarement. M. Colin en a trouve chez le lapin tuberculise ex-perimentalement et arrive k la derniere periode du mal; il en a trouve dans les os du crane, clans les vertebres, clans le sternum, dans I'ilium, dans Fischium, clans rhumerus. Les tubercules, qui se developpent clans les os, ont a pen pres les memes caracteres qua ceux qui se developpent dans les autres appareils; ils peuvent rester isoles ou se reunir en nombre plus ou moins considerable; alors la resistance de l'os diminue; et il arrive un moment oü il pout se ramollir dans les parties malades, mais il faut pour cela que la maladie soit tres avancee.
Les sereuses articulaires et quelquefois les synoviales tendincu-sos peuvent etre, quoique tres rarement, le siege de granulationstu-berculeuses; M. Colin en a observe dans ces organes, chez le lapin tuberculise experimentalement.
Appareil respiratoire. — G'est surtout dans I'appareil respiratoire que les lesions de la phthisic sont abondantes; elles consistent en tubercules plus ou moins nombreux, en inflamma­tions diffuses, en inflammations exsudatives. II en existe sur la muqueuse respiratoire, clans les bronches, dans le poumon et sur les plevres. On trouve toujours, ä la surface de la muqueuse res­piratoire, la matiere qui formait le jetage durant la vie; cette matiere, grisatre, grumeleuse, est produite par la muqueuse tra-cheale et la muqueuse bronchique. La muqueuse laryngienne et la muqueuse tracheale presentent quelquefois, mais tres rarement, des granulations tuberculeuses arrondies et regulieres; ces tuber­cules sont situes immediatement sous I'epithelium ou dans I'epais-seur de la muqueuse et plus ou moins profondement. Lorsqu'ils sont superflciels, ils peuvent s'ouvrir a la surface de la muqueuse; aussi rencontre-t-on parfois de petites plaies ulcereuses, qui sont dues a revolution et ä l'elimination de nodules tuberculeux. On constate en outre sur les muqueuses laryngienne et tracheale, une inflammation diffuse et un etat catarrhal plus ou moins pro-nonce, qui expiique la production du jetage.
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Dans les bronches, les lesions sont plus constantes; on y trouve tVequemment des granulations tuberculeuses placees en dessous de l'epithelium ou dans l'epaisseur de la inuqueuse. Ces granula­tions fmissent quelquefois par se raraollir et s'ouvrir; il peut en resulter des ulceres en nombre plus ou moins considerable. La muqueuse bronchique est aussi le siege d'une inflammation aigue ou chronique, diffuse, qui s'accompagne d'un etat catarrhal plus ou moins prononce; eile est epaissie, depolie, irreguJiere ä sa surface. Dans les petites bronches, il est rare qua 1'inflainmation reste localisee k la muqueuse; le conduit propre de la bronche et le tissu peribronchique y participent, ils sont pareillement eiitlam-mes; il en resulte ä la fois de la bronchite et de la peribronchite. A l'interieur des bronches on trouve un contenu muqueux, mucoso-purulent, caseeux ou gruineleux, jaunatre ou grisätre; etil arrive assez souvent que certaines bronchules, en plus ou moins grand nombre, finissent par s'obliterer et ne former qu'une sorte de cordon libreux. La matiere que les bronches contiennent est par-fois tres abondante, tellement abondante, qu'elle est difficilement cxpcctoree, rejetee au dehors; alors eile sejourne dans certains conduits, les dilate ets'inflltre de calcaire en meine temps qu'elle prend une odeur fetide. On trouve frequemment dans les pou-mons tuberculeux des dilatations bronchiques; cette lesion n'ap-partient pourtant pas exclusivement ä la tuberculose, eile peut se produire dans tout poumon, dont les bronches sont enflarnmees et catarrhales; ellesemontresur une ou plusieurs bronches. Les dila­tations observees sont plus ou moins volumineuses, suivant le ca­libre des bronches dans lesquelles elles se sont formees; elles sont ovoides ou biconoides et plus ou moins regulieres; elles contien­nent ordinairement un produit mucoso-purulent, päteux, odorant, caseeux, et quelquefois cretace. La composition de ce produit est la meine que celle du jetage, que celle du produit rencontre k la surface de la muqueuse respiratoire; il est forme d'une partie liquide plus ou moins abondante selon sa consistance, de granula­tions, de cellules epitheliales, de globules de pus, etc. Lorsqu'on se trouve en presence de ces dilatations, on ne saurait les prendre pour des cavernes veritables, dont la paroi n'est pas revetue par la inuqueuse coinme celle de la lesion que nous envisageons. En elfet, chaque poche bronchique est tapissee par une muqueuse, qui, aux deux extremites de la cavite se continue avec celle de la bronche, sur le trajet de laquelle la dilatation ne forme qu'un accident. Ces dilatations sont occasionnees par la matiere morbide,
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qui est secretee en plus ou moins grande abondance, qui est epaisse, qui adhere fortement ä la muqueuse, qui peut s'accumu-ler peu ä peu et disteadrele canal dans lequel eile s'estformee.
Dans le poumon on trouve des tubercules plus ou moins nom-breux, qui se preseutent sous dii'ferents aspects et k diverses pe-riodes d'evolution. Ils apparaissent soit dans le tissu conjonctil' sous-pleural, soit dans le tissu interlobulaire propreinent dit, et on les rencontre un peu partout. Ils se developpent autour des vaisseaux, autour des bronches, autour des alveoles; ils soat iso-les aux confluents, agglomeres, et fonnent parlbis des masses enormes; ils se preseutent avec les caracteres etudies prccedem-inent. En outre des tubercules et des masses tuberculeuses, on rencontre presque toujours des lesions de pneumonie; tantö.t ce sont des pneumonies lobuluires, tantöt ce sont des pneumonies lobaires, et tantöt enfin ce sont aussi des pneumonies intersti-tielles ou mieux des pneumonies mixtes, ä la fois interstitielles et catarrhales. Ces pneumonies peuvent etre plus ou moins eten-dues, plus ou moins intenses, plusou moins nombreuses, plus ou moins disseminees. On rencontre presque toujours ces lesions on meine temps que les tubercules, et elles sont, comme eux, plus ou moins avancees, tantöt aigues ou subaigues et tantöt chroniques ou en voie de le devenir.
L'mflammation lobulaire peut se comporter comme un tuber-cule, avec cette seule difference qu'elle est un peu plus etendue; peu h peu les lobules enflammes eprouvent la degenerescence et se translorment en une matiere desorganisee, il y a alors une ve­ritable pneumonie caseeuse. Quelquelbis les lobules malades eprouvent la fonte purulente. La pneumonie lobulaire se terminc done par la formation de cavernules ou petites poches caseeuses ou purulentes. Les pneumonies lobulaires peuvent d'ailleurs se presenter avec les caracteres de l'etat subaigu ou de l'etat chro-nique, accompagne d'organisation cojnme la pneumonie lobaire.
Celle-ci occupe une etendue variable au voisinage des points tuberculeux; eile peut se presenter avec les caracteres de l'etat aigu ou de l'etat subaigu ou de l'etat chronique, ou bien assez souvent eile a ete suivie de la caseitication ou de l'abcedation, el de la fomiation de cavernes. Quand eile est h l'etat subaigu, la partilaquo; malade se presente avec une coloration rougeatre et avec Taspect de la chair (carnification); il y a dejä un commencement , d'organisation. Plus tard cette organisation s'acheve, et alors le
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tissu devient plus ou moins sclerose, plus ou moins lai'dace, plus ou moins dur.
Mais ce n'est pas ainsi que les choses se passent toujours. La partie malade eprouve souvent la degenerescence caseeuse en un ou plusieurs points, qui pourront ensuite se reunir; eile pent aussi eprouver la fonte purulente; etlapoche qui en resulte, dans Tun comme dans I'autre cas, uniloculaire ou pluriloculaire, ren-ferme une plus ou moins grande quantite de pus ou de mauere caseeuse; cette poche est designee sous le nom de caverne. Lors-que cette lesion s'est produite, il peut se faire qu'une bronche s'ouvre dans la caverne; Fair penetre dans la poche; le contenu peut etre chasse au dehors, et alors le jetage prend une odeur ca-davereuse. L'hemoptisie est assez frequente chez les personnes plitbisiquesj eile est tres rare chez les animaux tuberculeux, et, quand eile se produit, eile indique ordinairement la formation d'une caverne et la rupture d'un ou de plusieurs vaisseaux, dont le sang s'echappe et se mele au contenu de la poche.
Qu'il s'agisse de pneumonies lobulaires ou de pneumonies lo-baires, quand il y a eu caseification, il se produit toujours une infiltration calcaire, qui transforme la matiere caseeuse en un magma plätreux; et des lors il est difficile, sinon impossible, de reconnaitre si teile masse est due ä des tubercules ou ä une pneu-monie.
Assez souvent on rencontre une infiltration, une oedeme dans le tissu conjonctif interlobulaire, et quelquefois des traces d'emphy-seme.
Quelquefois la pneumonic lobulaire et la pneumonie lobaire peuvent se terminer par la gangrene, par la mortification; il en resulte alors des sequestres plus ou moins etendus, englobes dans les tissus vivantset provoquant la formation d'un sillon disjonctif.
Lorsque les cavernes sent situees superficiellement, elles peu­vent s'ouvrir dans la plevre; leur contenu tombe dans la cavite thoracique, et il en resulte un hydro-pneumo-thorax.
Chez les ruminants on rencontre souvent des echinocoques, qui, il est vrai, n'ont aucun rapport avec les lesions de la tuberculose; mais, chez les animaux phthisiques, leursenveloppes eprouvent des modifications; elles finissent par s'infiltrer de matiere calcaire, et h leur pourtour il peut se former des tubercules en plus ou moins grand nombre.
On trouve des vaisseaux sanguins älteres, obliteres, detruits et reduits en cordes fibreuses ou tuberculeux. Les vaisseaux lympha-
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tiques sont enflammes, gonfles, moniliformes et contiennent une lymphe alteree, epaissie, caseeuse.
Les plevres preser.tent ordinairement des tubercules plus ou moins nombreux et ä diflerentes periodes d'evolution, qiu se sont developpes soit ä leur surface, soit dans leur epaisseur, qui sont isoles ou aggloineres et qui forment tres souvent des masses plus ou moins considerables, plus ou moins irregulieres, tubereuses, mamelonnees. Partbis ces masses representent desgrappes sessiles ou supportees par un pedicule vascularise, developpe h la surface dp la sereuse. Lorsque lamaladie est tres avancee, les tubercules de la surface pulmonaire et les masses tuberculeuses de la plevre parietale peuvent se souder ensemble. La plevre presente en outre les alterations de rinflammation; eile est congestionnee, infiltree, epaissie; ses lymphatiques sont enflammes, moniliformes, et contiennent une lymphe epaissie; on peut rencontrer ä sa surface des points plus hyperemies, des points ecchymotiques, des faus-ges membranes, qui adherent et qui out de la tendance h s'orga-niser; il y a parfois de l'epanchement. Cette pleuresie ne se ter-mine pas par resolution; pen ä pen les fausses membranes sont remplacees par des bourgeons charnus, qui se forment aux de-pens de la sereuse; et ces bourgeons sont destines a se couvrir de tubercules. Souvent le mediastin Supporte de tres nombreuses granulations, et dansce cas les ganglions bronchiques sont egale-ment älteres; aussi en resulte-t-il une compression plus ou moins energique des vaisseaux, des nerfs, de l'oesophage et des bronches. L'epanchement thoracique et les lesions de rhydro-pneumo-tho-rax, quand ils existent, presentent les caracteres qu'on leur recon-nait ordinairement.
Appareil circulatoire. — Les tubercules se developpent surtout au pourtour des arterioles, dans le tissu conjonctif peri-vasculaire, ainsi que dans l'epaissour des tuniques vasculaires. Des tubercules, evoluant ainsi, peuvent s'observer dans tons les
organes qui regoivent des vaisseaux.
Les grosses et les moyennes arteres peuvent-elles etre le siege de ces lesions? II semble que non, bien qu'on ait observe par­fois h leur face interne des plaques infiltrees dequot;matieres calcaires; on n'a pas encore etabli la relation qui pourrait exister entrc ces plaques et les tubercules.
Le cceur, d'apres le dire de certains observateurs, peut aussi
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presenter dans son tissu des tubercules, mais cela est res rare. On en rencontre quelquefois sur l'endocarde, et il n'est pas rare d'en voir h la face interne du pericarde, qui se montre parfois hy-peremie, enflamme, et presente une exsudation plus ou moins abondante. Les tubercules du pericarde sent isoles ouagglomeres, en nombre plus ou moins considerable. Ils ferment parfois des Hots assez volumineux; quelquefois meme ils recouvrent toute la surface interne de la sereuse at s'accompagnent d'une inflamma­tion exsudative, qui fait adherer le pericarde avec le muscle car-diaque.
Le sang s'appauvrit et il en resulte une veritable leucocytose, lorsque la maladie est tres avancee.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;]
Les vaisseaux lymphatiques sont souvent enflammes, surtout dans les sereuses, dans la plevre, dans le peritoine; alors ils ren-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; :
ferment une lymphe jaunätre, coagulee.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1'
Les ganglions sont frequemrnent älteres, il est bien rare de lesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;|
trouver sains; aussi convient-il de les examiner avec soin, et e'est ä eux qu'on aura recours pour verifier si une viande est tuber-culeuse, quand on n'aura pas les visceres sous les yeux. Presque tous peuvent etre älteres, mais les plus malades sont ordinaire-ment ceux qui se trouvent pres de la porte d'entree du virus : ce sont les ganglions bronchiques, les ganglions mediastinaux, les ganglions mesenteriques, les ganglions pharyngiens, etc. Leur alteration est plus ou moins avancee, suivant la periode a laquelle la maladie est arrivee. Lorsqu'iis sont tres älteres, on peut dire hardiment que la viande provient d'un animal phthisique. Mais quelquefois ils sont peu älteres, legerement hypertrophies, et on peut alors etre embarrasse, si on n'a pas d'autres organes ;i exa­miner. Dans les ganglions les tubercules se developpent au pour-tour des vaisseaux et evoluent comme dans les autres organes; Sur des coupes, pratiquees h travers laglande tuberculeuse, on volt des taches opalescentes, jaunätres, opaques, seches, dures, caseeuses. Ces taches sont plus ou moins nombreuses et parfois rapprochees les unes des autres sous forme d'ilots irreguliers ou arrondis; elles representent autant de tubercules. Les nodules des ganglions passent par les memes periodes que ceux que nous avons trouves dans les autres organes. Le ganglion qui devient malade s'injecte, s'hypertrcphie; il peut etre rougeätre dans toute sa masse ou seulement dans certains points; il est strie, il est moins consistant, moins resistant; il devient ensuitegrisätre, plus mou, plus humide; les vaisseaux qui leparcourentsedilatent; les
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cellules lymphathiques proliferent, et il se forme un tissu intlani-matoire embryonnaire, qui subit ensuite la degenerescence case-euse, d'oü resultant des points tuberculeux blanchätres, puis jau-nätres. Souvent les tubercules sent telleinent nombreux, qu'ils se reunissent, et fmalement il en resulte une transformation du gan­glion en une matiere caseeuse reunie en une seule masse ou entre-coupee de cloisons conjunctives hypertrophiees. Quelquefois meme les ganglions s'abcedent, apres etre devenus tres volumiT neux; cette abcedation se fait surtout remarquer dans les gan­glions mesenteriques et aussi dans les ganglions pharyngiens. Dans les ganglions, comme ailleurs, lestubercules degeneres s'inliltrent de matiere calcaire.
Appareil digestif. — Les lesions de cet appareil sont les memes que celles de l'appareil respiratoire : ce sont des tubercu­les plus ou moins abondants, des inflammations diliüses et des le­sions d'inflammation exsudative. On a signale la presence de tu­bercules dans le tissu de la langue, mais cela se voit tres rarement. On en a eu trouve aussi dans la muqueuse pharyngien'ne, dans la muqueuse de l'oesophage et dans celle des estomucs, surtout dans lacaillette; de pareilles lesions sont egaleinent fort rares.
C'est l'intestin, et surtout I'intestin grele, qui presente les plus nombreuses lesions qu'on puisse rencontrer sur la muqueuse di­gestive, et on en voit principalement lorsque les animaux se sont contamines par cette voie. Le canal intestinal contient parfois un produit morbide plus ou moins abondant, grisätre et mucoso-puru-lent. La muqueuse intestinale presente assez souvent de nombreu­ses lesions, qui consistent en tubercules, en inflammations diffuses et en un etat catarrhal plus ou moins prononce. Les tubercules sont situes en-dessous de l'epithelium. On pent aussi les rencon­trer dans l'epaisseur de la muqueuse, entre les glandes, dans le tissu conjonctif sous-muqueux, dans l'epaisseur des diverses tuni-ques de I'intestin. Ils se ferment au pourtour des vaisseaux san-guins et des vaisseaux lymphathiques et dans le tissu conjonctif.
Presque toujours, quand I'intestin est tuberculeux, on constate une inflammation des lymphatiques des tuniques de I'intestin. Sur la muqueuse on rencontre encore des inflammations diffuses, aigues, subaigues, chroniques, accompagnees d'epaississement et d'un etat catarrhal. Lorsque I'intestin est malade, il y a des mo­difications profondes dans les follicules clos et dans les glandes de Peyer. Les follicules clos, qui normalement contiennent des el6-
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inents lymphoides, sont le siege d'une inflammation violente; leur contenu s'accroit puis se caseifie. Ils s'hypertrophient et finissent par se rupturer ets'ouvrir, pour evacuer leur contenu k la surface de l'intestin, en laissant a leur place autant de petites ulcerations. II y a ordinaireinent une infiltration bien evidente et memo un commencement de destruction du tissu conjonctif qui entoure les follicules.
Les glandes de Peyer sont hypertrophiees, plus saillantes, plus apparentes ; elles ofi'rent les meines alterations que les follicules isoles. Les villosites s'hypertrophient, se congestionnent et peuvent devenir le point de depart de tubercules. Les glandes de l'intestin sont presque toujours le siege d'un etat catarrhal bien marque.
Frequemment le foie renferme des tubercules, qui sont isoles ou qui torment des masses parfois tres volumineuses et qui aug-mentent considerablement son poids. II existe souvent aussi une infiltration considerable clans le tissu interlobulaire; ces altera­tions sont les memes que celles du poumon. Les elements propres du foie sont coinprimes par le tissu cunjonctif interlobulaire, et fi-nalement les cellules hepathiques se detruisent en plus ou moins grand nombre.
Souvent aussi on trouve des tubercules h la surface de la rate et meine dans son tissu propre, oü ils s'accompagnent d'une vive in-(lammation.
Lc peritoine presente ä pen pros les memes lesions que la ple-vre; il est ecchymose, hyperemie, phlogose, tuberculise; parfois ii y a peritonite, epanchement, exsudation, fausses membranes d'abord jaunätres, puis devenant fibreuses, bourgeonnantes et tu-berculeuses. Les portions les plus alterees, sont l'epiploon et le mesentere. Les ganglions mesenleriques peuvent aussi etre le siege d'une tuberculisation et meme d'abces plus ou moins vo-lumineux.
Appareil genito-urinaire. — Les reins sont parfois le siege de lesions plus ou moins etendues; ils presentent quelque-fois des tubercules en nombre plus ou moins considerable et k di­verses periodes d'evolution, suivant l'etat des malades. II peut se former lä, comme dans le foie, des masses tuberculeuses volumi­neuses; les elements du rein sont comprimes et se detruisent en partie.
La vessie peut etre enflammee; il y a queiquefois im peu de cystite. Le testicule presente queiquefois des granulations tuber-
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culeuses autour des canaux seminiferes et des vaisseaux; c'est principalement Fepididyme qui est le plus souvent malade. La se-reuse du sac testiculaire est alors congestionnee, tachetee, tuber-culisee et contient un. epanchement morbide.
Des tubercules se rencontrent encore dans la inuqueuse ute­rine, dans la muqueuse vaginale et dans la mamelle; ils peuvent meme etre tres nombreux et ti'es coidluents.
Enfin les centres nerveux peuvent aussi presenter les lesions de la tuberculose. Des tubercules existent parfois sur rarachnoide, sur la pie-mere et dans le cerveau meme.
II nous reste maintenant ä examiner l'ordre d'apparition des le­sions de la tuberculose developpee experimentalement.
Les moyens ordinairement mis en usage pour faire developper la tuberculose, sont l'inoculation, l'injection intra-vasculaire et l'ingestion de la matiere tuberculeuse.
Quand on inocule le virus tuberculeux, au bout de 12 ou 15 jours on obtient une inflammation locale, nodulaire, qui s'etend ; et au bout d'un certain temps les vaisseaux lymphathiques sont enflammes et tumefies; puis ce sont les ganglions dans lesquels ils se rendent, qui deviennent rnalades, qui se tuberculisent; de sorte qu'au bout de 3, 4 ou 5 semaines Fintection se generalise.
Lorsqu'on injecte le virus tuberculeux dans un vaisseau sanguin, on obtient rapidement une tuberculose generalisee, dont les pre­mieres lesions se montrent dans le poumon.
Quand on fait ingerer la matiere tuberculeuse, on transmet assez f'acilement la tuberculose; mais eile n'evolue pas comme dans les cas precedents. Les premiers symptömes sont fournis par I'appa-reil digestif, qui est aussi le siege des premieres lesions, et fina-lement la maladie se generalise.
De ce qui precede, il resulte que la maladie, une fois generali­see, se caracterise par des lesions que Ton rencontre un peu par-tout ; et, en pratiquant I'autopsie d'un animal phthisique, on peut facilement reconnaitre la porte d'entree du virus, car ce sont. les ganglions, qui avoisinent cette porte d'entree, qui sont les plus äl­teres. En effet, lorsque les animaux se sont infectes par les voies respiratoires, les lesions se concentrent principalement vers le poumon. Si au contraire ils se sont infectes par les voies digesti­ves, ce sont l'intestin et les ganglions qui lui sont annexes, qui sont le siege des lesions les plus marquees. Lorsque I'infection a
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eu lieu a la fois par les voies digestives et respiratoires, le pou-mon et Tintestin presentent a peu pres le meine degre d'alteration. En resume on pent done, en comparant les lesions trouvees sur les cadavres, etablir leur subordination et arriver ainsi ä determi­ner les plus anciennes et par consequent la porte d'entree de la matiere virulente. Cela est surtout vrai, quand il s'agit d'animaux tuberculises depuis peu de temps. J'ajoute que cela a unecertame importance pour arriver k etablir les modes les plus ordinaires par lesquels la maladie se trunsmet.
ETIOLOGIE
La virulence de la tuberculose n'est pas admise par tout le monde. De tout temps de nombreux autenrs et de nombreux obscrvateurs out considere cette affection, de ineme que les ma­ladies ordinaires, cormne pouvant apparaitre spontanement. De­puis longtemps cependant certains obscrvateurs Font envisagee comme une affection contagieuse et transmissible; enfin depuis un certain nombre d'annees, quelques auteurs ont prelendu que la tuberculose pouvait naitre ä la suite d'une resorption puru-lente.
II y a done sur I'etiologie de la phthisie trois opinions differentes qu'il faut examiner.
Spontaneity. — Les partisans de la premiere opinion (spon-läneistes) invoquent, pour expliquer la spontaneite de la tubercu­lose, un grand nombre de causes, presque toutes celles qui sont tirees de la pathologic generale. II me suffira ici de les enumerer tres sommairement, d'autant plus qu'il n'y a pas lieu de croire aujourd'hui que leur action puisse faire naitre la phthisie. Ces cau­ses se trouvent clans les circumfusa, clans les ingesta, dans les acta et dans certaines particulariles individuelles. On ainvoquel'humi-dite, les variations atmospheriques, le froid, les courants d'air, les pluies, les intemperies, les refroidissements, les arrets de transpi­ration, les fatigues, les voyages, les habitations malsaines, ihal tenues, mal aerees, I'agglomeration d'un trop grand nombre d'a­nimaux dans une habitation insuffisante, I'encombrement, 1'air conline, la misere, la mauvaise hygiene, I'alimentation insuffisante, avarice, ralimentation riche en caicaires; on a egalement invoque rexageration de certaines fonctions physiologiques, notamment de la lactation (parce que la tubercolose est plus frequente chez
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les vaches), les affections anterieures (pneumonie ou autres), Jes traumatismes, les mauvais traitements, les excitations genesiques, etc. Ce sont lä autant tie causes qui n'ont que pen ou pasd'influence sur le developpement de la phthisie; c'est tout au plus s'il con-vieut de les considei'er coninie causes predisposantes. Elles debi-litent les animaux etpreparent rorganisme ksubir plus facilernent rinfluence de la causeefliciente, inais elles ne peuvent, ä elles seu-les, provoquer Tapparition de la tuberculose. II en est de meine des conditions individuelles tenant ä l'espece, ä la race, ä la con­formation, au temperament, ä la constitution des animaux. La phthisie se voit plus frequemment, il est vrai, sur les sujets lym-phatiques, debiles, k poitrine etroite; mais cela n'lmplique bien certainement qu'une simple predisposition, et voila tout.
II laut se demander aussi si I'heredite ne joue pas un certain role dans le developpement de la tuberculose. II y a lieu selon moi de ne pas confondre I'heredite proprement dite avec la contagion uterine. II ne s'agirait que d'une simple contagion uterine, si le jeune animal etait tuberculeux en naissant ou le devenait apres sa uaissance dans un laps de temps equivalant ii la periode d'incu-bation de la phthisie. Nous verrons plus loin que la contagion uterine seinble s'effectuer peut-etre dans quelques cas de la mere au foetus. II y aurait heredite proprement dite, s'il y avait trans­mission k longue echeance, si la tuberculose n'apparaissait qu'un temps plus ou moins long apies la naissance, si eile apparais-sait apres un delai egal on superieur ii la periode d'iticubation. L'heredite ainsi comprise n'a pas lieu, et les veauxnes de vachss phthisiques ne deviennent pas pour cela phlhisiques, s'ils n'ont pas ete contamines pendant leur vie intra-uterine et s'ils ne sont pas ulterieurement exposes ä la contagion, tiuand ils le deviennent dans la suite, c'est qu'ils out pulse les germes de la maladie sod dans le lait de leur mere, soit dans leur nourriture, soit dans I'aii' expire par les malades. C'est egalement ce qui seinble se produire chez I'homme; un enfant ne d'une mere phthisique pent ne pas le devenir s'il est nourri par unc feinme non phthisique. II ne faut accorder que la valeur d'un prejuge a Fopinion du vulgaire, qui croit k I'heredite de la phthisie. En resume, si la contagion uterine est parfois possible, il ne faut pas croire ii I'heredite de la tuber­culose k longue echeance, il ne faudra y croire que lorsqu'on in-voquera des iaits indiscutables en sa favour.
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CONTAGION
La virulence do la tubercuiose est encore de nos jours forte-ment controversee; on se demande si I'etat maladif, resultant de Finoculation, est bien un fait de transmission de la phthisie, et s'il ne serait pas tout simpletnent le resultat d'une serie d'in-flaininations nodulaires provoquees par la matiere phlogogene inoculee. A ce propos, il y a done deux grandes opinions ä exa­miner.
Les partisans de la virulence (ils sent dejä nombreux) admet-tent que la tubercuiose est contagieuse et que I'etat morbide, re­sultant de l'inoculation de la matiere phthisique, est bien la tuber­cuiose. Les partisans de la seconde opinion croient au contraire que les accidents, resultant de l'inoculation de la matieie phthi­sique, ne sont pas speciliques, et qu'ils peuvent etre provoques par l'inoculation d'un pus quelconque, d'une matiere caseeuse ou cancereuse, etc. Ces derniers auteurs expliquent, l'apparition des phenoinenes morbides par la resorption du pus, que ce pus soit iutroduit du dehors accidentellement ou qu'il se soit forme dans Torganisme.
Admettons des a present (ce point sera discute plus loin) que les accidents, resultant de l'inoculation de matiere tuberculeuse, sont bien de nature phthisique et examinons les caracteres de cette transmission.
La contagion de la tubercuiose a ete admise, dans les deux me-decines, par un grand nombre d'observateurs et niee par d'autres. Dans le vulgaire on croit que la phthisie de Fhomme et celle des animaux sont contagieuses. Cette opinion, dont I'importante est grande, a ete provoquee et entretenue, de generation en gene­ration, par des faits qui, quoique insuffisamment observes et de-brouilles, ont neanmoins une certaine valeur. Elle est d'ailleurs contrölee et corroboree par des observations plus precises, par des faits de contagion bien etudies et bien interpretes.
La phthisie a toujours une rnarche lente; mais neanmoins on I'avue quelquefois se propager et regner pour ainsi dire epizooti-quement. Elle s'est montree plus frequente ä certaines epoques, clans certaines localites, dans certaines fermes oil on avait con­serve des animaux tuberculeux; mais sa propagation est toujours
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lente. Quelques observateurs, entreautres Gruzel, out Signale des faits de transmission de la tuberculose par l'intermediaire de l'air. Depuis quelques annees on a egalement observe, tant en France qu'ä l'ötranger, des cas de contagion par cohabitation, par des boissons et par des aliments, qui avaient ete souilles par des sujets tubercüleux. Lorsque la phthisic s'est introduite dans une habita-tipn, eile y persiste et s'y propage, bien qua cette etable soit par-faitement tenue, parce que le virus peut se conserver un certain temps. On a aussi pu transmettre la maladie par inoculation avec du jetage, avec les crachats desseches, provenant de personnes phthisiques. Ce qui demontre encore bien la contagiosite de la tuberculose, c'est que les etables, oil ont sejourne des sujets phthi­siques et qui n'ont pas ete desinfectees, peuvent transmettre cctte maladie aux animaux sains qu'on y introduit.
Les preuves les plus convaincantes que Ton puisse invoquer pour prouver la contagiosite de la tuberculose, sont tirees des experiences qui ont ete faites dans ces dernieres annees par un grand nombre d'auteurs, älatete desquels ilfaut citerM. Villemin et M. Chauveau.
Avant M. Villemin on avait reussi h inoculer la matiere tuber-culeuse, mais il ne lui en reste pas moins I'honneur d'avoir etudie la transmissibilite de la tuberculose et de l'avoir interpretee. 11 a transmis, par inoculation, au lapln, la tuberculose de l'homme et celle de la vache; il a ensuite transmis la tuberculose du lapin au lapin. II a aussi transmis la tuberculose de l'homme au cochon d'Inde. II n'a reussi que rarement a la transmettre au chien et au chat, qui la contractent difflcilement, mais quicependant peuvent la contracter. II n'a pas reussi ii la transmettre au mouton, ;i la chevre, aux oiseaux; et pourtant ces animaux ont ete tuberculises par d'autres experimentateurs. On a rneme constate chez eux des cas de contagion ä la suite de l'ingestion de matieres tuberculeu-ses. II a fait naitre la phthisie chez le lapin, en luiinjeclant, dans la trachee, de la matiere tuberculeuse proverant de l'homme. Dans toutes ses experiences de transmission, M. Villemin a toujours vu apparaitre, au point d'inoculation, un accident, un tubercule, dont le produit etait egalement inoculable. II a tubercuüse le lapin en lui inoculant du produit d'expectoration (crachats), en lui inocu-lant de la matiere tuberculeuse et de la matiere expectoree des-sechees, en lui faisant ingerer des crachats on de la matiere tu­berculeuse. II a conclu de ses experiences que la tuberculose est
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une maladie virulente, transmissible par inoculation, par ingestion et par inhalation; et, pour repondre d'avance h certaines objec­tions, il a inocule le lapin avec le pus, avec le produit de l'aa-thrax, mais jamais il n'a obtenu on etat comparable ä la tubercu-lose. Les experiences de M. Villemin ont ete depuis frequemment repetees.
M. Chauveau a egalement fait des experiences tres demonstra­tives ; il a cherche surtout ä etablir le role que peuvent jouer le lube digestif, le tissu conjonctif sous-cutane et les vaisseaux, dans la transmission de la tuberculose. II a constate d'abord que I'.in-gestion de matieres tuberculeuses produit toujours la phthisie. II a fait des injections hypodermiques et des injections vasculaires, arterielles et veineuses, cbez le veau et chez le cheval, apres avoir debarrasse la rnatiere employee de tous les elements capa-bles de provoquer des einbolies. II a ainsi toujours obtenu la tu­berculose chez le veau. Chezle cheval il a obtenu une tuberculose locale par I'mjection hypodermique, une tuberculose iniliaire du poumon par une faible injection dans la veine, et une pneuinonie quand I'injection a ete plus abondante. II a constate que I'inocu-lation cutanee, pratiquee sur les memes animaux, donne naissance ä une plaie, qui reste longtemps ulcereuse et qui n'est pas suivie de la generalisation de la tuberculose.
M. Chauveau a admis, lui aussi, la virulence, et ill'a places dans les granulations, car il n'a inocule qu'un plasma et des granula­tions. II a, comme M. Villemin, voulu repondre aux objections qui pouvaient lui etre posees; il a repete les memes experiences, avec du pus caseeux et du pus provenant d'abces froids chez le veau et chez le cheval, mais il n'a obtenu rien d'analogue ä ce que produitl'inoculationdelamatiere tuberculeuse. II reconnait cepen-daot que 1'inoculation d'une rnatiere phlogogene pent etre suivie d'accidents tuberculiformes chez le lapin; mais, ajoute-t-il, la rna­tiere, retiree de ces especes de tubercules, et inoculee au veau ou au cheval, ne leur donne pas la phthisie, comme la vraie tubercu­lose du lapin.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; J
Beaucoup d'experimentateurs se sont egalement occupes de
cette question, soit en France, seit ä l'etranger, et ils ont obtenu
las meines resultats que MM. yillemin et Chauveau; les fails
de transmission par les voies digestives sont aujourd'hui tres nom-
breux.
% Des medecins grecs (18G9) disent avoir transmis la tuberculosenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;]
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au lapin, en lui inoculant du crachat, du sang, du vaccin d'une persomie phthisique. Ils affirment la contagion par Tintermediaire de l'äir, et ils parlent d'utie experience faite sur Thomme, ils disent avoir tubercuiise im homme en l'inoculant avec de la matiere tu-berculeuse (crachat) provenant d'un phthisique.
La phthisie est done une maladie virulente, transmissible, non seulernent paries produitstuberculeux, par les crachats, mais en­core par le sang, par le vaccin recueillissur des sujets attaints do cette affection; ellc est transmissible de Thomme aux aniinaux et aussi de rhornme h I'homme; tout le monde est d'accord sur les faits, mais on ne les interprete pas de la meme facon.
Garacteres, nature, sieges du virus. — M. Chauveau croit que la virulence reside dans les granulations, absolument comme pour la niorve, le farcin; d'autres auteurs inclinent h. I'attribuer a des spores; il y a ä cesujet d'importantes recherches h faire.
Quant aux caracteres anatomiques et physiologiques de l'agent virulent, ils sont done difficiles ä preciser, vu que la science n'est pas Oxee sur sa nature. On salt pourtant que le virus phthisique est ordinairement fixe, qu'il pent se mettre en suspension dans les liquides (eaux), se repandre sur les solides (aliments, four-rages), et il faut croire, jusqu'ä preuve du contraire, que I'atmos-phere pent egalement tenir en suspension des germes de la tuberculose.
La duree de la resistance de ce virus aux causes ordinaires de destruction n'est pas non plus bien detenninee; eile est ordinai­rement de quelques jours et doit d'ailleurs varier suivant les ce,s. M. Villemin pretend avoir provoque l'apparition de la phthisie par I'inoculation d'une matiere tuberculeuse dessechee; il y a lieu de faire sur ce point de nouvelles recherches.
Oil siege la matiere virulente dans Forganisme malade?
On la trouve clans toutes les lesions, dans toutes les matieres et dans tons les produits morbides, dans les inflammations diffuses, dans les exsudats, dans le jetage; on la trouve egalement dans toutes les lesions developpees ä la suite de I'inoculation experi-mentale.
Existe-t-elle aussi dans les produits de secretion normale'? Existe-t-elle dans le sang, dans les muscles'?
Nous avons dejä vu que des medecins grecs avaient inocule et produit la tuberculose chez le lapin avec du sang pris sur un
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homme phthisique. Mais avaient-ils bien obtenu la veritable tu-berculose'? Pour qu'il n'y eut aucun doute, il aurait fallu qu'ils fissent comma M. Chauveau, qu'ils inoculassent au veau, par exemple, de la matiere tuberculeuse recueillie chez leurs lapins d'experlence. M. Toussaint a dernierement inocule fructueuse-ment le sang d'un pore mort de tuberculose generalisee, ainsi que le sang d'un homme phthisique. Depuis le mois d'octobre dernier jusqu'au mois de mai de cette annee, je me suis occupe de cette question; j'ai toujours inocule, par injection hypodermique h des lapins, du sang provenant de betes tuberculeuses refusees ä la consommation ou du sang provenant de lapins tuberculises expe-rimentalement par inoculation de matiere inorbide. J'ai obtenu des resuitats positifs dans deux experiences er, des resultats nega-tifs dans neuf autres experiences, bien que dans tons les cas il eut ete precede absolument de la meme facon. En resume done, le sang des animaux phthisiques, quoique souvent non virulent, doit etre considere comme pouvant contenir les germes de la ma-ladie, de meine que le sang de beaucoup de maladies virulentes. Les chairs des animaux phthisiques renferment-elles toujours le virus, sont-elles dangereuses? Beaucoup de veterinaires les croient dangereuses, et n'acceptent pas pour la boucherie les betes phthisiques, lors memes qu'elles sont en assez bon etat do chair, si la maladie se caracterise par d'assez nombreuses lesions. Est-ce la la conduite qu'inspirent les donnees de la science, et y aurait-il du danger ä livrer ces chairs ä la consommation? Oui, si elles sont malades et si elles renferment des granulations tuber­culeuses (ce qui se voit exceptionnellement); oui encore, lors-qu'elles paraissent saines, si d'ailleurs la tuberculose est genera­lisee sur las orgaties abdominauxetthoraciques et dans le Systeme lymphatique; oui encore, si la tuberculose est limitee ä la cavite thoracique ou ä la cavite abdominale; oui dans presque tons les cas, sauf ceux oil il y a simplement une tuberculose recente, pen etendue et peu avancee. Deja depuis plusieurs annees^lSTI, 1872), les veterinaires allemands (Harms, Günther, Zurn) ont demontrc que la chair d'animaux tuberculeux pent, lorsqu'elle est ingeree, transmettre la maladie au lapin et au pore. J'ai dans de nom­breuses experiences (15) inocule, par injection hypodermique, ä de nombreux lapins et h plusieurs moutons, d'assez fortes quanti-tes (1 centimetre cube pour les lapins et 8 centimetres cubes pour les moutons) de sue obtenu en exprimant des chairs do betes phthisiques refusees a la consommation. Dans deux experiences
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seulement j'ai obtenu un resultat positif, une fois sur le lapin et une fois sur le mouton. M. Toussaint a aussi transmis la phthisie au porc, en lui inoculant du jus de viaude de vache tuberculeuse. Les chairs, de meme que le sang, doivent done etre considerees comme etant parfois viruliferes, et e'en est assez pour les faire eloigner de la consornmation ou pour legitimer une bonne cuisson.
La lymphe et les ganglions lymphatiques sont-ils toujours viru­liferes'? On n'est pas bien fixe sur ce point; il y a ä ce sujet des recherches ä faire. II semble que, chez un animal tuberculeux, les ganglions neu encore malades ne renferment pas le virus, qui existe toujours dans les ganglions malades.
Les produits de secretion normale, le lait, les urines, la salive sont-ils virulents?
La question est pen importante, encequi concerne les urines et la salive; et du reste on n'est pas non plus bien fixe sur ce point.
Mais pour le lait, il est tres important de savoir s'il est ou non virulent. Plusieurs faits observes, surtout en Allemagne, semblent prouver que le lait est dangereux. Gerlach dit avoir vu la tuber-culose transmise au porc, au mouton, au veau et au lapin par l'ingestion du lait provenant de vaches phthisiques. Bollinger affirme egalement avoir observe pareille transmission au porc par le lait de vaches tuberculeuses. M. Peuch vient de constater ä son tour la transmission de la tuberculose par l'ingestion du lait de vache phthisique.Malgreces faits, je suispeu dispose ä considerer le lait des vaches phthisiques comme etant invariablement dange­reux; et je crois meme que le plus souvent il ne Test pas du tout. II faut cependant faire ici une distinction. Quand la mamelle est malade, quand eile renferme des tubercules, il n'y a alors rien d'etonnant que le lait devienne virulent; et e'est sans doute ainsi que s'expliquent les faits de transmission observes. Mais, quand la mamelle est saine, le lait ne semble jamais virulent. .T'a: derniereraent (octobre 1879) inocule trois lapins, en leur injec-tant sous la peau trois centimetres cubes de lait d'une vache tres phthisique, mais dont la mamelle etait en bon etat; un quatrieme lapin ä ingere 6 centimetres cubes du meme lait, aueun de ces animaux n'a jamais presente des lesions de la tuberculose. Dans une deuxieme experience, j'ai injecte sous la peau de plusieurs lapins le liquide obtetiu en exprimant un fragment de mamelle saine, provenant d'une vache reconnue impropre h la consornmation; et ici encore mes inoculations ont ete infructueuses. Dans une troisieme experience j'ai eu le meme
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insucces chez le lapin et chez le mouton. II ne faut done consi-derer corame dangereux que le lait provenant des vaches phthi-siques dont la rnamelle est malade; mats dans tous les cas 11 sera bon de prendre quelques precautions. On pourra laisser toujours consommer le lait des vaches phthisiques, dont les mameiles seront saines, en recommundant bien entendu de le porter a l'ebullition avant de I'litiliser. II n'est pas meme besoin de le faire bouillir, puisque d'apres des experiences que nous avons faites dans le courant de cette anuee, une temperature de 70deg; suffit pour detruire le virus de la phthisie.
Modes de contagion. — Gomme la plupart des maladies transinissibles, la tubeiculose peut se propager par contagion immediate, par contagion mediate et meme par contagion volatile.
La contagion immediaLe est tres rare et ne s'observe que lorsque les animaux malades touchent directement ou flairent des sujets sains.
La contagion mediate est la plus frequenle; eile peut se pro-duire par Fiatermüdiairc de tous les objets qui ont ete souilles par les malades, par les aliments, par les fourrages, par les boissons; e'est ce mode de contagion qui joue le principal role. Le virus penetre le plus souvent dans I'organisme par les voies digestives, dont le mle a du reste ete prouve par de tres nom-breuses observations et de tres nombreuses experiences. Les malades peuvent souiller l'eau des abreuvoirs, l'herbe des pätu-rages; et les animaux sains, qui y viennent apreseux ou en memo temps qu'eux, sent ainsi exposes ä la contagion; il en est de meme lorsque les animaux sains reeoivent une eau dans iaquelle on a lave des objets souilles ou des debris organiques fournis par les malades. L'ingestion de matieres tuberculeuses ou de debris tuberculeux est suivie de la phthisie.
La contagion volatile est egalement possible, quoique plus rare. On cite en eflet des cas oil la maladie s'est transmise par I'inter-mediaire de Fair; les germes sont alors absorbes par les voies respiratoires.
Quant ä la transmission experimentale de la phthisie, il est tres facile de l'obteiiir en procedant par inoculation cutanee, par in­jection hypodermique, par injection intra-vasculaire, par injection intra-sereuse ou meme par injection ultra-tracheale.
La contagion par les voies digestives est tres frequente, ainsi que le prouvent un grand nornbre de faits observes sur le veau, sur le pore, sur le mouton, sur le lapin et meine sur le chien et
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sur le chat. La contamination pent se faire dans la bouche. D'ailleurs, si le sue digestif pent annihiler de petites quantites de matieres virulentes, il n'en est pas de meme quand il y a intro­duction de grandes quantites de virus.
II faut maintenant preciser le role que peut jouer la voie ute­rine dans la transmission de la tuberculose. La mere phthisique transmet-elle sa maladie au foetus'? M. Villemin a inocule la tu­berculose ä des lapines pleines, qui ont avorte ou dont les petits nes vivants sent morts ensuite parce que la mere ne pouvait les nourrir, ou ont vecu et sont restes chetifs, maigres et rabougris; mais dans aucun cas il n'a observe la transmission de la phthisic par lä voie uterine; les memes resultats negatifs on ete obtenus en Allemaghe. Nous avons repete cette experience, nous avons inocule une lapine pleine 15 jours avant la mise-bas; les petits ont etc nourris par la mere, qui a succombe dans la suite ä la tuberculose, et trois sur cinq ont presents les lesions de la tuber­culose; M. Toussaint a obtenu le meme resultat. La tuberculose, qui est tres frequente chcz la vache, se voit aussi quelquefois chez le veau : c'est pourquoi on a ete tente de croire ii la transmission par la mere. Dans cescas la maladie resulte soit de la transmission uterine, soit de la transmission par le lait provenant d'une ma-melle malade ou par les aliments ou les boissons souilles.
Le plus habituellement le produit tuberculeux determine un accident local au point d'inoculation; cet accident ne se montre guere que du 10deg; au 13deg; jour; pen h peu les lesions se propagent et l'infection devient generale. II se produit d'abord des lymphan-gites, des adenites, qui, primitivement localisees, s'etendent et se succedent par suite du cheminement du virus; celui-ci est bientöt deverse dans le torrent, circulatoire, et porte dans tout I'organisme. C'est des ce moment que le sang peut etre virulent. Puis le virus ce fixe sur certains organes, surtout sur les organes parenchymateux, qui recoivent le plus de sang; Ui il se multiplie encore, tout aussi bien que dansle point inocule, dans les lympha-tiques et dans les ganglions. La marche de la maladie est presque toujours la memequot;; et, pour que la generalisation soit complete, il faut au moins 20, 30, 40 jours. L'incubation n'est done pas tres longue; eile est de 10 ä 15 ou 20 jours; et la generalisation peut exiger de 4 a 6 semaines.
Mais les choses se passent difTeremment, quand la maladie est transmise par injection intra-vasculaire.
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Au point de vue de leur receptivite pour la tuberculose, rhomme et les animaux se presentent dans l'ordre suivant: en premiere ligne Thomme, puis le singe, la vache, le lapin, le porc, et enfin le mouton, la chevre, le cheval, le chien, le chat, le cobaye et peut-etre les oiseaux de basse-cour.
II y a lieu de rechercher experimentalement si la tuberculose est une maladie identique chez toutes les especes et si eile est egalement contagieuse chez les divers animaux. On est porte ä admettre une complete identite ehtre la tuberculose des animaux et celle de l'homine; il y acependant bien quelques petites diffe­rences symptomatologiques. II n'y a pas par exemple ordinai-rement chez rhomme cette infiltration calcaire des tubercules, qu'on observe toujours chez la vache; maisla plus grande partie des symptömes, la marclie, revolution, les lesions, la gravite sont analogues. Du reste il est certain que la tuberculose de Thomme est transmissible aux animaux, et quela maladie ainsi obtenueest ügaleinent, contagieuse pour les animaux entre eux. II est ä pre-snmer que la tuberculose de la vache est transmissible ä rhomme, quoique aucune experience n'ait pu etre faite ä ce sujet.
LA TUBERCULOSE EST-ELLE UNE INFECTION PURULENTE?
II y a, avons-nous dit, une opinion, soutenue par un certain nombred'experimentateurs, parrni lesquels il faut placer M. Colin, qüi consiste h regarder la tuberculose, non comme une maladie specilique ou virulente, mais bien comme une forme de l'infection purulente.
Nous avons dit que tous les äuteurs sont d'accord sur les faits, que tous ont reussi, en inoculant de la matiere tuberculeuse, ä obtenlr des lesions generalisees ayant les plus grandes analogies avoc celles de la tuberculose ordinaire. Les partisans de l'opinion que nous examinons, se basant sur des faits assez nom-breux, pretendent que les lesions obtenues par l'inoculation sont tout shnplement des lesions d'infection purulente. Ces auteurs ont obtenu chez le lapin des lesions tuberculiformes, non seulement en inoculant de la matiere tuberculeuse, mais aussi avec d'autres produits, tels que du pus, de la matiere cretacee, du produit ca-seeux, des produits d'une inflammation ordinaire; d'oü ils con­fluent que, puisque les matieres non tuberculeuses sont suivies
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des memes accidents qua les matieres tuberculeuses, on s'est trompe sur la nature de la tuberculose, qui, pour eux, n'est pas une maladie virulente, et ils affirment que les lesions produites par rinoculation de matieres tuberculeuses doivent etre consi-derees comme une serie d'accidents inflammatoires locaux, pro-voques par l'action phlogogene de la matiere inoculee. Mais le plus grand norabre des experiraentateurs n'ont pas obtenu ces resultats; MM. Chauveau et Villemin, qui ont inocule du pus, du produit caseeux, du produit de l'anthrax, n'ont jamais provoque des lesions tuberculiformes. On se trouve done, au sujet de la nature de la tuberculose, en presence de deux opinions, qui re-posent toutes les deux sur des fails indeniables.
M. Colin, qui regarde la tuberculose comme une infection pu-rulente, dit I'avoir provoquee soit en inoculant le produit des tu-bercules, soit en inoculant de la matiere caseeuse, soit en inocu­lant de la matiere cretacee du tubercule, soit en inoculant la matiere obtenue en raclant une tumeur pulmonaire produite par dos strangles. II a fait ses experiences sur le lapin et la matiere cretacee, ainsi que la matiere de la tumeur a strangles, inocu­lee a des moutons, a produit des lesions tuberculiformes. Aussi M. Colin a conclu a l'encontre de M. Villemin, c'est-ä-dire ii la non virulence de la tuberculose. II a admis que la maladie est due b, la resorption d'elements irritants, aptes h vivre et h proliferer, qui se multiplieraient apres leur absorption. Nous avons vu en effel; que le virus phthisique se multiplie au point d'inoculation, dans les vaisseaux et les ganglions lymphatiques, avant qu'il soit deverse dans le torrent circulatoire, puis il se fixe dans les organes parenchymateux, oü il repullule et provoque les tubercules.
M. Colin, d'apres ses propres experiences, ne croit pas non plus ä la transmission de la tuberculose par les voles digestives. Lebert a soutenu la meme maniere de voir que M. Colin, et, quoique ayant obtenu la tuberculose, en injectant des matieres tubercu­leuses sous la peau, il a conclu qu'il ne s'agissait lü que de lesions inflammatoires, analogues ä celles de la phthisic, accompagnees d'alterations considerables dans le tissu conjonctif, dans les vais­seaux et les ganglions lymphatiques et susceptibles de se genera-liser.
Plusieurs pathologistes (Piorry, Pidoux, Empis, Chauffard, etc.) ont admis l'opinion de M. Colin et ont considere la tuberculose comme une infection purulente; ils ont pretendu comme lui quo l'inoculation de la matiere tuberculeuse, de memo que I'inocula-
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tion d'une matiere non tuberculeuse, provoque une inflammation locale, qul s'etend et se generalise par la vole des lymphatiques et des veines, qul s'accompagne de proliferation. Conheim, Nie-meyer, Rindfleisch considerent la tuberculose miliaire comme resultant de rintroduction dans les humeurs d'un detritus caseeux, qui a ete inocule ou qui a ete absorbe apres avoir pris naissance dans I'organisme. Alnsi d'apres eux les elements d'un foyer, re­sultant d'une pneumonie caseeuse, peuvent etre absorbes par les vaisseaux et determiner les lesions de la tuberculose. Le docteur Metzquer conclut aussi dans ce sens; il a obtenu des lesions tuber-culeuses, des nodules analogues aux tubercules, en inoculant seit de la matiere tuberculeuse, seit des substances diverses. II assimile la pathogenie et la nature de la tuberculose ä celle de l'infection purulente. La matiere inoculee est transportee par les vaisseaux lymphatiques et les veines; eile provoque la formation d'embolies, qui, en s'arretant dans les organes, y determinent des inflammations nodulaires, e'est-a-dire des tubercules.
D'apres le docteur Metzquer, la tuberculisation par les voies digestives ne serait pas le resultat d'une veritable contagion, eile s'expliquerait de la maniere suivante : les matieres tuberculeuses provoqueraient, dans les portions de l'intestin oü elles s'arretent, une irritation, une phlogose, qui serait suivie de diarrhee; et do plus, rinflammation developpee s'accompagnerait de la formation dans les vaisseaux de caillots qui, en se deplacant, iraient deter­miner l'apparition de nodules inflammatoires dans les organes parenchymateux. En outre l'inflammation de la surface intestinale pourrait devenir ulcerative, et alors la voie serait largement ou-verte h l'absorpion des matieres tuberculeuses.
Faut-il admettre que la tuberculose est une simple infection purulente, une simple inflammation?
Je crois qu'il y a lieu d'admettre I'opinion, qui consiste h regar-der la tuberculose comme une maladie specifique, contagieuse et comme une maladie susceptible de se transmettre par les voies digestives. Mais cette conclusion etant contestee, il y a lieu de faire de nouvelles recherches pour la confirmer. On pent d'ailleurs essayer de refuter I'opinion qui considere la tuberculose comme une infection purulente.
La pathologie peut se resumer dans l'etude de l'inflammation et des principales degenerescences auxquelles sont soumis les elements apres la maladie ou l'usure; dans toute maladie on trouve
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en derniere analyse ces deux grands types et rien de plus. Les diverses affections ne peuvent done pas se distinguer par i'ana-tomie pathologique, les lesions n'ayant jamais rien de specificjue; et, si certaines peuvent se differencier par leur siege (phedmonie, hepatite), il en est qui, affectant des sieges variables ou plusieurs organes h. la Ibis (tuberculose, infection purulente, etc.), ne peu­vent etre differenciees que d'apres leur pathogenie, d'apres leur marche et d'apres les proprietes de leur agent morbigene. Le vrai critcriuin, pour distinguer les maladies contagieuses, est fourni par l'etude des propriettSs physiologiques des contages. Done le seul moyen de distinguer la tuberculose de l'intection purulente est I'inoculation.
Ge que je dis peut paraltre paradoxal, vu que j'ai dejii avance qu'on avait obtenu une tuberculose en inoculant des nialieresnon tuberculeuses; mais il n'en est rien, car, s'il ost vrai qu'on obtienne des lesions analogues ä celles de la tuberculose chez le lapin en lui inoculant des matieres non tuberculeuses, cela n'est pas vrai pour les grands ruminants par exemple. Et d'ailleurs le produit des lesions tuberculiformes, obtenues ehe/, le lapin on inoculant du pus, ne donne pas la tuberculose au veau, tandis qu'il en est tout autrernent des veritables lesions tuberculeuses. L'inoculation, mais I'inoculation ä un animal de l'espece bovine, est done bien le seul moyen de differenciation.
La tuberculose est une inaladie tres frequente sur l'espece bo­vine, tres rare chez les solipedes, qui sont en revanche les plus disposes h presenter I'infection purulente. II y aurait lä quelque chose d'inexplicable, si la theorie de M. Colin etait vraie; pourquoi en effet la tuberculose serait-elle si frequente chez les bovins et si rare chez les solipedes, qui sont tres aptes ii contractor I'infec­tion purulente?
Du reste, en experimentant sur des animaux peu aptes ii con-tracter seit la tuberculose, soit I'infection purulente, on obtienl des resultats propres ä elucider la question qui nous occupe; e'est ainsi que j'ai obtenu la tuberculose chez le chien en lui inoculant de la matiere tuberculeuse, apres I'avoir vainement inocule avec du pus. Enfin, tandis que la tuberculose evolue tres lentement chez les ruminants et les autres animaux, I'infection purulente evolue tres rapideinent, et les lesions de cette--derniere s'accom-pagnent toujours d'une congestion plus vive que celle de la tuber­culose.
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TRAITEMENT
11 n'est ni bien opportun ni bien important d'appliquer un trai-temeat ii la phthisie de nos animaux, contrairernent ä ce qui doit se faire en raedecine humaine, oil ii importe toujours de soulager les malades, si on ne peut les guerir.
Nous, veterinaires, nous sommes obliges de laisser de cote toute consideration qui ne devrait pas aboutir h un benefice pour les proprietaires; aussi deyrons-nous rarement trailer des animaux phthisiques. 11 vaudra mieux les faire livrer de bonne heure h la boucherie, pour eviter des pertes trop considerables aux proprie­taires, qui seraient exposes plus tard ä les voir refuser.
La tuberculose est une maladie incurable, lataleinent mortelle, quoique lente dans sa marche; les tubercules s'enkystent rare-nienl, et Jamals ils ne sent resorbes. Les premieres formes s'ac-compagnent de nouvelles poussees tuberculeuses; les malades se debilitent, s'epuisent et meurent dans le marasme et la con-somplion.
Malgre ces considerations, comme il est permis d'attendre d'un traitement rationnel un eft'et capable de ralentir la marche do la maladie, il est bon de savoir quel est ce traitement. Les indica­tions les plus importantes sent relatives ä Thygiene des animaux; on doit prescrire une bonne hygiene des habitations, du travail, des aliments, des boissons. 11 faut preserver les animaux de la contagion; il faut eloigner ou attenuer l'action des causes predis-posantes; il faut surveiller la reproduction, en evitant d'y employer les animaux tubercuieux, pour ne pas avoir des descendants con-tamines, et pour eviter d'avoir des sujets faibles, qui pourraient d'ailleurs contracter la maladie en tetant leur mere, si celle-ci avait la mamelle malade; il faut separer les animaux sains d'avec les malades et eviter de donner aux premiers les boissons, les ali­ments souilles par les seconds; il faut faire desinfecter les places occupees par ces derniers.
II faut conseiller de livrer ä la boucherie les animaux reconnus atteints de phthisie commencante; c'est lä un excellent moyen pour se debarrasser des sujets tubercuieux; mais comme un animal pent presenter des lesions tres etendues sans paraitre bien malade, il pourra arriver que la chair soit declaree impropre ä la consom-
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mation, et de cette faron le proprietaire eprouvera une certaiae perte, qu'il aurait retardee en conservant aussi longtemps que possible son animal pour le faire travailler ou lui faire produire du lait, ou en le vendant pour une autre destination que la bou-cherie.
II laut pallier les syrnptömes de la maladie et ralentir sa mar-che; il taut prevenir les complications et les combattre, quand elles se sent produites; il faut eloigner les causes perturbatrices qui peuvent accelerer la marche de la phthisie; il faut procurer aux malades les conditions les plus favorables h leur etat; il faut soutenir les forces des malades par de bons aliments et certains agents toniques. On pent employer divers agents therapeutiques qu'on administre par les voles digestives öü par les voles respi-ratoires sous forme de boissons, d'electuaires, de tisanes, de fumi­gations, etc. On a preconise le soufre et ses composes, ainsi que les composes antimoniaux ; de tons ces agents un seul merite de fixer ['attention, c'est 1c protosulfure d'antimoine, qui renferme des traces d'arsenic. L'acide arsenieux doit occuper un rang tout aussi elcve. L'huile de foie do morue, tres employee dans la me-decine de l'homme comme tonique, a ete conseillee dans le trai-tement de la phthisie, mais je suis persuade qu'elle n'a jamais ete employee chez les grands ruminants, et il me semblerait pueril de preconiser un moyen qui ne pent etre mis en pratique. Les ferrugineux divers, sulfate, carbonate, oxyde, perchlorure de for sont indiques comme toniques; ils doivent etre adresses aux voies digestives. Le goudron vegetal peut etre adresse aux voies diges­tives et aux voies respiratoires; il esftres bien indique dans le traitement de la phthisie. Les composes du chlore (sei marin) et de l'iode ont ete indiques, mais je ne les citerai que pour memoire. Les opiaces sont indiques pour combattre la toux, qui est si sou-vent quinteuse. A. titre de medicaments generaux, les toniques divers, les analeptiques, les anodins en general, les antiseptiques trouvent ici leur indication.
A l'exemple de ce qui se fait pour l'homme, on a conseille la migration des malades, mais ce moyen n'est pas pratique en veterinaire. Des moyens speciaux sont indiques dans quelques cas exceptionnels. Dans les cas d'epistaxis et d'hemoptisie, les hemostatiques s'imposent, le perchlorure de fer surtout. S'il y a des syrnptömes de tracheite, de laryngite, de bronchite, il faudra employer des fumigations emollientes, calmantes ou goudron-neuses, Dans les cas de pneumonie, on pourra revulser la mala-
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die, mais non pas par le vesicatoire, car les malades sont trop debilites. La pleuresie se traite comma d'ordinaire, en evitänt d'employer les debilitants. La peritonite, 1'enterite seront com-battues par les agents qui leur conviennent dans les cas ordi-naires. S'il y a des engorgements ganglionnaires, on fera des appli­cations fondantes. S'il y a boiterie, on aüra recours ä des frictions resolutives, sinapisees ou autres.
POLICE SANITAIRE, B0UCHE1UE
La phthisie n'est pas designee dans nos lois anciennes ni dans cellede 1879, mais l'arret du 16 juillet 1784 et Part. 459 du Code penal peuvent etre invoques pour determiner les mesures de po­lice sanitaire applicables ä cette affection. Dans la pratique Jamals aucnne mesure n'est prise, et e'est lii un fait regrettable, car s'il n'est pas necessaire de recourir ä des mesures tres rigoureuses, 11 serait au moins utile de prendre certaines precautions. Les pro-prietaires deyraient declarer les cas de maladie ä l'autorite, qui, ä son tour, ense basant sur l'arret du 16 juillet 1784, chargerait un veterinaire de visiter les malades et de decider les mesures qu'il convieadrait d'appliquer. On devrait presciire Tisoleinent, la se­questration des auimaux malades qui peuvent transmetti'e la ma­ladie autour d'eux, en souillant les fo.urrages et les boissons; comme les chevaux morveux, les animauxtuberculeux s'ebrouent li l'abreuvoir, et la matiere virulente, qui a souille l'eau, est ingeree par les animaux sains. Les malades resteraient dans l'habitation, isoles ou meine sequestres; mais le meilleur serait, aussitot la ma-kidie constatee sur un animal, de le faire vendre ä la boucherie, puis on desinfecterait la place qu'il oecupait ä l'etable, et tout se­rait termine. On devrait interdire formellement le commerce des malades. La loi du '20 mal 1838 a range parmi les vices redhibi-toires la tuberculose; mais 11 faudrait une sanction plus rigoureuse contre le proprietaire qui a vendu sciemment un animal atteint de la phtliisie tuberculeuse.
Les viandes d'animaux tuberculeux, inaigres et refuses ix la con-somraation, seront enfouies ou livröes h l'equarrissage. 11 convient loujours de faire desinfecter la place oecupee et souillee par uu inalade.
Y a-t-il Heu d'eliminer de la consommation les viandes et le lait provenant d'animaux tuberculeux?
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Le lait peut-il etre consomme? Les animaux Ires phthisiques nc donneat que peu de lait, et les laitiers out le sola de se debarras-ser de leurs vaches des qu'ils s'apergoiventqu'elles sont malades; mais cu supposant qus ces animaux soient conserves pour la lacta­tion, on devrait pouvoir demander relimination de leur lait de la consomination.
Quant aux vaches attciutes de phthisie cominenrunte, leur lait pourra etre utilise, car, d'apres mes recherches, il ne semble pas virulent, quand la mamelle n'est pas malade; et d'ailleurs quand on n'a pas devant soi la vache qui a produit le lait, il est impos­sible de reconnaltre s'il provieut d'une bete tuberculeuse. Je sais bicn que l'etat de la mamelle est difficile ä apprecier quand eile nc cohtient encore qu'un petit noinbre detubercules, aussi recom-manderais-je de soumettre ä rebullition le lait provenant do vaches suspectes-.
Eh resume: eliminei' de la consonnnation le lait des vaches at­tciutes de phthisie avancee et de Gelles quiont la mamelle malade, ct recomrnander I'ebullition pour le lait des vaches suspectes; teile est la ligne do conduite qui s'impose.
Les vinndes tourniespar les animaux tuberculeux peuvent etre divisees en deux grandes categories; 1deg; celles qui proviennent d'animaux tuberculeux tres maigres; '2deg; celles qui sont lournies par des animaux tuberculeux en bon etat, en moyen etat et en etat passable de chair. Les premieres presentent tons les carac-teres des viandes maigres, et je suis pleinement d'avis de les eli-miner de la consommation, parce qu'elles sont dangereuses comme viandes provenant d'animaux pbllnsiques et aussi parce qu'elles sont tres maigres; du reste, sur la question des viandes tuber-culeuses tres maigres, tout le monde est ä peu pres d'accord, elles doivent etre eliminees, elles doivent etres saisies par les ins-pecteurs des abattoirs, quel que soit le degre de generalisation de lä tuberculose, mais ä plus forte raison si les lesions sont general isees.
Mais que decider pour les viandes provenant d'animaux tuber­culeux en bon etat, en moyen etat et en etat passable de chair? G'estici que commence la difficulte; on est generalement d'accord pour demander relimination de toute viande, quel que soit son degre de qualite, toutes les fois que 1'animal qlii I'a fournie pre-sente une tuberculose generalisee aux organes des cavites thora-cique et abdominale. J'ai desapprouve jadis et j'approuve mainte-nant pour mon compte cette maniere de faire, quoiqu'elle puisso
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sembler empreinte d'une certaine exageration et quoiqu'elle no maaque pas de paraitre quelque peu arbitraire. J'estime qu'il taut se montrer tres severe, et en consequence voici la ligne de conduite que je suivrais inoi-meme, le cas ccheant : nou seulement j'eliminerais de la consonnnation les viandes tuber-culeuses tout ä fait maigres, mais j'en ferais de ineme pour les autres. Quand la tuberculose cst generalisee aux visceres thpra-ciques et abdominaux, non seulement les viaades en moyen etat ou en etat passable, mais meine les viandes qui sont en bon etat doivent etre saisies, alors meine qu'il n'y aaucune tuberculisatipn des muscles ni du tissu conjonctif, hi des ganglions du tronc cm des merabres. Dans tous les cas les brganes malades doivent tou-joursetreimpitoyablement elimines etlivi-esäl'equarrissageüude-truits ouenlbuis. Et de plus, s'ii convient parfois de laisser utiliser pour la boucherie des viandes provenantd'animäüxatteintsde tuber­culose recente, peu avancee et tout a fait localisee, il faut rejeter sans scrupules les chairs, meme en bon etat, des betes ollrant une tuberculisation avancee soit dans les organes thoraciques seule­ment, soit uniquement dans la cavite abdominale. J'ajoute cepen-dant que la viande des betes tuberculeuses ne saurait etre dange-reuse quand eile est soumise ti la caisson, puisqu'il sut'fit memo d'une temperature de 05quot; ou de 70deg; pour detruire le virus phthi-sique.
Actuellement, dans les grandes villes, l'inspection de la boucherie est faite d'apres les prinoipes qui viennent d'etre exposes; il y a pourtant un desideratum ii formnler. Lorsque les inspecteurs ren-contrent ä 1'abattoir un animal atteint de tuberculose avancee, ils s'empressent d'eliminer sa chair de la consommation ; tandis que tousles jours ils sont exposes a recevoir, parmi les viandes mortes qu'on introduit, des quartiers provenant d'animaux tuberculeux, parfois meine en inoins bon etat que ceux qu'on sacrilie h 1'abattoir. 11 est ties difficile, sinon absolumentimpossible de reconnaitre une viande tuberculeuse, quand on ne volt que les quartiers et quand les ganglions ne sont pas malades. Qu'on ne vienne pas dire que l'absence de la plevre indique un etat inaladif qu'on a voulu faire disparaitre, car j'ai vu frequennnent enlever la plevre costale sur des quartiers provenant d'animaux non tuberculeux; et d'ailleurs les poumons ou les organes abdominaux peuvent etre tuberculeux sans que la plevre soit malade et sans qu'il soit necessaire de la detacher pour faire disparaitre tonte trace de Faffection. Puisqu'il n'y a pas moyen de reconnaitre, en l'absence des visceres, si teile
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PHTHISIE TUBERCULEUSE
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ou teile viande provient d'un animal tuberculeux, les proprietaircs d'animaux malades, sachant d'avance queleurs betes seroutsaisies ä Fabattoir, n'ont qu'ä les sacrifier hors des villes; apres quo! ils pourront introduire en quartiers les chairs, qui de cette facon se-ront acceptees, tändis qu'elles auraient ete refusees si les ani-maux avaient ete sacrifies ä l'abattoir. Voilä certainement ce qui arrive tous les jours; pendant qu'on refuse de la viande en bon etat, on reeoit des viandes mortes moihs bonnes et provenant aussi d'animaux plus malades. Pour eviter de pareils resultats, les inspecteurs devraient exiger que les viandes mortes fussent introduites non par quartiers, niais par moities avec le poumon et le foie atteriant ä une moitie. Dans tous les cas, lorsqu'une viande sera suspecte, il faudra reporter son attention principalement sur les ganglions lymphatiques.
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CHAPITRE XI
OOURINE
Cette maladic so montro rarement en France; son etude est ce-pendant d'une grande importance, car on Tobserve souvent dans notre colonie d'Algeric; en France eile est toujours le resultat d'une importation.
Definition. — La dourine est une affection generale, qui, s'annoncant d'abord par des symptömes locaux dans les regions des organes genitaux et plus tard par des modifications dans les fonctions de nutrition et de relation, par de Famaigrissement, par des faiblesses, par des paralysies et aussi par l'apparition de tu­mours h la surface de la peau, est caracterisee par des alterations ganglionnaircsj par des lesions dans le Systeme musculaire et dans le Systeme nerveux, par sa contagiosite, par sa virulence.
Synonymes. — Elle a recu diverses appellations : vulgaire-tnent eile est designee sous le nom de maladie du colt, parce que la contagion est produite ordinairement h la suite de l'acte du coit; on I'appelle quelquefois maladie venerienne ou syphilis des \soli-pedes, parce qu'on l'a attribuee ä une infection provenant de l'homme; on l'a appelee affection paralytique des reproducteurs, parce qu'elle se caracterise, h une certaine periode, par des para­lysies et parce que ce sont les etalons et les juraents poulinieres qui en sontatteints le plus ordinairement; on lui a donne le noin de cachexie lymphatico-nerveuse, pour designer I'etat d'affaiblisse-ment dans lequel le malade est i'eduit et pour indiquer quels sont les principaux systemes qui sont atteints ; parfois on l'a appelee morve de l'appareil genital, car entre la morve et cette maladie, on trouve des analogies veritables; on la designe quelquefois sous le nom de maladie de l'etalon, et cette denomination est irnpropro, car les juments et les chevaux hongres eux-memes peuvent etre atteints de cette affection; eile est enfin dite maladie prurigineuse, parce qu'elle s'accompagne d'un prurit plus ou moins violent.
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SYMPTOMATOLOGIE
La dourine se niontre rarement en France, et quand eile fait son apparition, clleest importee par des reproductcurs venant d'autres pays oil eile rögne. Elle a ete observee et etudiee ä Tarbes en 1851 et en 1801; eile avait ete importee dans celte region par des -eta-Ions Syriens; on I'a encore etudiee en 1870 et 1877 ä I'Ecole Vete-rinaire de Lyon et h cede d'Alfort, on avaient ete envoyesdes eta-ions malades provenant de i'Algerie.
En AUemagne, en Autriche, en Russie eile a ete etudiee et de-crite par un grand nombre d'auteurs.
En Algerio la maladie du coit est assez frequente; eile y a ete eUuliee par un cert in nombre d'observateurs. Dans ce pays on est dans I'liabitude de croire qu'elle a ete transmise de Fhomme ä ränesse. i.a dourine provoque dans notre colonie des pertes assez considerables; ii y a done lieu de prendre des mesures serieuses de police sanitaire, surtout en ce qui concerne les reproducteurs.
Cette airection est particuliere aux solipedes et s'observe prin-cipalement chez les reproducteurs (etalons, juments); cependant les chevaux hongres en peuvent etre atteints. C'est une maladie a marche onlinairement lente; eile pent durer de quelques mois ä plusieurs annees, un an et au delä, deux ans et jusqu'ä trois ans. Sa duree est d'ailleurs difficile ä apprecier d'une maniere exaete, car au debut la maladie est difficile ii reconnaitre.
Parmi les auteurs, qui se sont oecupes de la dourine, certains lui ont reconiui deux formes-: l'une benigne, qui se terminerait assez facilement et assez rapideinent par la guerison; et l'autre maligne, ayant une terminaison fatale quand eile n'est pastraitee rationnel-lement. Nous n'admettons pas cette division, car la maladie semble presque toujours grave; localisee au debut, eile se generalise bientöt. Pour admettre la division que je viens de signaler, les au­teurs ont du se tromper et confondre la dourine avec quelque autre affection moins grave.
Pour la facilite de la description et ä cause de sa longue duree, nous reconnaitrons ä cette maladie trois periodes ou etapes, qui se suivent et se succedent insensiblement
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PREMIERE PERIODE
Pendant la premiere periode, ce sent les symptömes locaux qui predominent. Ces symptömes sont le resultat de modifications sur-venues dans les organes genitaux; ils sont variables, suivant qu'il s'agit d'animaux males ou d'aniinaux femelles. Nous allons les etu-dier separernent chez les uns et chez les autres.
Males. — Au delaut, les symptömes qui se montrent chez re-talon sont peu apparents; ils peuvent passer plus ou moins long-temps inapeirus, tellement ils sont parfois peu inarques. Ce qui fait (fuelquolbis soupcouner l'existence de la maladie chez retalon, c.'est la contaniination des jurnents qu'il a saillies, car les symp­tömes du debut sont plus prononces et plus prompts chez les fe­melles.
BiehtÖt cependant on observe des symptömes du cöte des or­ganes genitaux, quoique l'etat general reste encore saf.isfaisant.
Lc l'ourreau se tumefie, s'tiedematie; son tissu conjonctif s'in-lilüe. Le gonllement est plus ou moins etendu; tantöt il ne se ma­nifeste que d'un seul cöte; tandis que d'autres fois il s'etend sur toule la region, aux bourses et peut meine aller au delä. II est d'abord chaud et un peu douloureux, mais il ne tarde pas ä deve-nir froid et insensible; c'est alors un veritable oedeme passif, qui disparäit souvent au bout de quelques jours et revient ensuite, qui a un caractere intermittent.
La verge est parfois froide, llasque, quasi paralysee, en etat de collapsus, plusou moins pendante au dehors; quelquefois au con-traire eile est vivcment föträctöe; eile aussi, est souvent gonflee, ujdematiee. On constate souvent une urethritre legere; la mu-queuse du meat urinaire est plus rouge, enllammee, plus epaisse et plus humide qu'ä l'etat normal, ce qui denote un leger etat catarrhal. II y a aussi dysurie, difficulte pour uriner; les animaux se campent frequemment et urinent souvent, mais peu ä la fois; remission de I'lirine estdouloureuse; eile s'accompagne quelque­fois d'urie plainte et du trepignement des membres posterieurs; les urines sont plus visqueuses et plus epaissesqu'ä l'ötat normal.
Sur la peau du scrotum, sur le fourreau et sur la verge meme, apparaissent souvent des eruptions, qui pourtant ne sont pas cons-tantes, qui ne se montrent pas chez tous les malades, qui d'ailleurs peuvent disparaitre au bout d'un certain temps pour reparaitre de
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nouveau quelque temps apres, et cela pendant toute la duree de la maladie. Ges eruptions consistent tantöt en marbrures, tantot en taches rougeätres, en ecchymoses, tantot en papules, tantöt en vesicules, tantot en petits boutons; parfois ce sont de veritables plaques analogues aux plaques muqueuses, forraees par un exsudat sero-sanguinolent dans l'epaisseur du derme, et presentant un aspect jaunätre fence, violace ou macule, Quelquefois, bien que tres rareinent, on observe sur la verge et sur le fourreau de petites ulcerations passageres.
A ce moment le sujet est dejä dans un etat morbide assez pro-nonce ; outre les symptomes locaux que je viens do signaler, on s'aperQoit qu'il y a une atteinte grave portee ä 1'organisme. L'etalon malade a une ardeur bien moins prononcee pour accomplir I'acte du coit; les erections sont moins frequentes, moins completes, plus difficiles, plus lentes; le champignon est devenu plus volu-mineux, il est inflltre, engorge; il y a paraphymosis; le coit est devenu plus difficile et douloureux.
Les testicules sont quelquefois pendants; ils deviennent aussi le siege d'une legere inflammation; ils sont plus volumineux, chauds et douloureux ä la pression; c'est surtout I'epididyme qui est douloureux et engorge, il y a de l'epididymite.
Les ganglions inguinaux sont les premiers atteints; parfois dejii ils sont engorges, tumefies, durs, et le plus souvent indolents; ils n'ont aucune tendance ä se terminer par rabcedation; la durete persiste.
Tous les symptömes que je viens de decrire ne se trouvent pas associes sur le meme malade; et d'ailleurs il suffit d'en observer un, deux, trois des plus importants, pour etre en droit de soup-conner la maladie.
Femelles. — Chez les juments, les caracteres locaux sont plus prononces et plus faciles a constater que chez les males.
La vulve est gonflee, oedematiee; cette tumefaction s'etend plus ou moins; eile est unilaterale ou bilaterale; au debut eile est chaude et un peu douloureuse, mais dans la suite eile devient froide et indolente; eile est surtout prononcee au pourtour de la vulve, mais eile peut s'etendre au perinee et memejusqu'auxma-melles. La vulve, ainsi tumeflee, est le siege d'un prurit assez in­tense, qui porte la malade h se frotter aux parois de sa stalle ou centre son voisin, et si eile ne peut reussir ii se frotter, eile essaie d'y suppleer par les mouvements reiteres de la queue.
La muqueuse vulvaire est boursoufflee, epaissie, rougeätre,
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in'itee, congestionnee, quelquefois violacee; mais ordinairement cette coloration est irreguliere, on y apercoit des marbrures, des ccchymoses en certains points; il y a une infiltration manifeste du tissu de la muqueuse et du tissusous-muqueux. La muqueuse est d'abord plus humide; puis eile devient catarrhale et donne ecou-lement ä une matiere sanieuse, mucoso-purulente, irritante, plus ou moins abondante suivant les cas et suivant les circonstances. Chez la jument, comme chez le male, on observe parfois des erup­tions polymorphes, telles que des exanthemes, des vesicules, des papules, des pustules, des taches depigmentees, des follicules hypertrophies, des ulcerations, des cicatrices, des plaques mu-queuses jaunätres. Ces eruptions ne sont pas constantes, mais on les observe plus souvent chez la jument que chez le male. Elles evoluent assez rapidement; au bout de 10 ou 15 jours elles peuvent disparaitre; quelquefois elles se terminent par l'ulceration et celle-ci se cicatrise plus ou moins lentement. Apres avoir disparu, elles peuvent reappai*aitre une seconde et une troisierae fois durant le cours de la maladie. On les rencontre sur la muqueuse vaginale, sur la muqueuse vulvaire, sur la peau de la vulve et meme parfois jusque sur le perinee, sur le plat des cuisses et dans d'autres regions de la peau.
Le clitoris tumefie est dans un etat d'erethisme plus ou moins prononce, on croirait avoir affaire ä une jument en chaleur. Les mines sont plus epaisses, plus sedimenteuses, plus plätreuses; elles sont rendues plus frequemment et en petite quantite ä la fois; remission en est douloureuse.
Tels sont les symptömes locaux qu'on peut observer en plus ou moins grand nombre au debut; mais bientöt la maladie se genera­lise, et cette generalisation semble se faire par lavoiedeslympha-liques. Des lors les fonetions commencent ä se troubler; les ma­lades deviennent tristes et perdent de leur vivacite; ils ont parfois uu peu de fievre de temps en temps; la nutrition semble amoindrie, ct, bien que les malades recoivent la meme nourriture, il y a bientot de I'amaigrissement, surtout dans le train posterieur; le dos se vousse; les reins deviennent plus sensibles; et den est de meme de toute la surface cutanee. Bientöt aussi un affaiblissement mani­feste du train posterieur se fait remarquer; la marche devient moins agile et moins reguliere; si on soumet le sujet ä Failure du trot, il flechit parfois brusquement sur les membres, surtout au niveau des articulations inferieures. L'appetit est conserve, mais il devient moins regulier, il est parfois capricieux; la respiration
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s'accelere, mais seulement pendant I'exercice, car pendant lerepos eile est souvent plus lente. La premiere periode pent durer plu-sleurs mois; la maladie passe insensiblement ä sa seconde etape.
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DEUXIEME PERIODE
A cette deuxieme etape les symptömes locaux disparaissent quel-quet'ois; ordinaireinent ils s'araoindrissent ou se modifient; certains persistent et s'aggravent meme (engorgement, etat catarrhal); d'autres disparaissent, mais reapparaissent plus tard aux memes sieges ou aillours (eruption); enfin certains symptömes locaux apparaissent encore pendant cette periode (plaques cutanees, etc.)- Neanmoins ce qui doinine alors, ce sent les symptömes ge-neraux, les modifications fonctionnelles, que la generalisation de la maladie amene.
[.a generalisation des lesions semble se faire, ai-je dit, par I'in-termediaire du Systeme lymphatique. A ce moment les fonctions ue nutrition et de relation sont de plus en plus troublees; les ma-lades deviennent nonchalants, tristes; l'appetit est encore conserve, mais il est souvent capricieux, puls il diminue; la respiration et la circulation semblent se ralentir au dessous du chiffre normal, mais elles s'accelerent vite au moindre exercice; la temperature est moins elevee; le sang devient plus pauvre, tandis que le nombre de globules blaues augmente, celui des globules rouges diminue; la nutrition est diminuee, les malades maigr issent tres vite, d'abord dans le train posterieur et ensuite dans tout le corps; on constate alors tousles signes d'uneanemie progressive. Les urines deviennent plus rares, plus chargees, plus visqueuses, plus riches en uree. Les organes de l'appareil genital presentent ordinaireinent un ou plu-sieurs des symptömes de la premiere periode. Les femelles en etat de gestation avortent souvent a. cette periode, et cet accident peut amener une complication de metrite ou de metro-peritonite, qui elle-meme entralne la mort. Le Systeme nerveux est atteint et ses fonctions sont plus ou moins modifiees. La sensibilite de la peau est exageree, surtout sur la colonne dorso-lombaire. On observe desfai-blessesmusculaires, et plus tard, des quasi-paralysies ou de veri tables paralysies dans plusieurs regions. Le decubitus est plus frequent et plus prolonge. Pendant la station, les malades engagent plus qu'ä I'etat normal leurs membres sous le tronc, d'oü resulte un retrecissement de leur base de sustentation; ils changent tres fre-
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quemment le membre posterieur qui est h I'appui, aussi semblent-ils trepigner; les membres sont irregulierement places, et il n'est pas rare d'observer, en meme temps que la voussure en contre-haut de la colonne vertebrale, une deviation h droite ou ä gauche du rachis et un rapprochement anormal entre les deux pieds d'un bipöde lateral, alors que ceux du bipede oppose sont fortement ecartes. La demarche est roide, parfois mal coordonnee; la croupe est yacillante; les membres posterieurs se detendent moins ener-giquement; ils flechissent facilement aux allures vives. Le trot est penible; le cabrer devient difficile et bientöt impossible. Parfois on constate des boiteries, qui apparaissent instantanement, sans cause appreciable, ou qui sont dues h une arthrite, h une synovite, ä un gonflement cedemateux du membre. Ces boiteries, quand aucun accident local ne les explique, sont dues h des douleurs musculaires, et peut-etre ä des alterations musculaires en voie de se produire; ordinairement elles disparaissent seules apres avoir dure quelques jours, mais elles peuvent se reproduire. II y a pai-fois de la paraplegic; on pent observer aussi des paralysies partielles des levres, des joues, des paupieres, des oreilles, etc. Ces diverses paralysies peuvent disparaitre momentanement, en laissant apres olles un etat de faiblesse plus ou moins marque. II se produit quelquefois des arthrites, des synovites, des oedemes, des gonfle-ihents au niveau de certaines articulations.
C'est pendant la seconde periode, qu'on voit apparaitre un symptome local tres important, consistant en tumeurs plates, de-veloppees dans l'epaisseur du derme et dans le tissu conjonctif sous-cutane. Ces tumeurs sont ordinairement pen nombreuses a la fois; mais, apres avoir disparu, elles peuvent semontrer ä plu-sieurs reprises dans le cours de la maladie, aux memes regions ou dans des regions differentes. On les rencontre dans diverses regions, i\ l'encolure, aux epaules, aux cötes, au ventre, aux flaues, aux membres, etc. Elles sont arrondies, disco'ides, peu proeminentes, aplaties, variant en etendue depuis celle d'une piece de 4 fr. jusqu'ä celle de la paume de la main, molles, oede-mateuses, peu chaudes, peu douloureuses; elles sont formees par une infiltration du tissu du derme et du tissu conjonctif sous-cutane; elles apparaissent d'emblee; elles persistent quelques jours et elles disparaissent ensuite, le plus ordinairement sans laisser de traces et sans avoir fourni aucune secretion, mais quel­quefois apres avoir fourni une exsudation, dont le produit s'est concrete ä leur surface.
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II n'est pas rare de voir survenir certaines complications, telles que la maramite, l'orchite, l'epididymite, l'infiammation du cor­don testiculaire, I'hydrocele, un etat catarrhal de la conjonctive et de la pituitaire, rophchalmie, des abces dans le tissu conjonctlf du bassin, des adenites chroniques h i'aine, ä l'auge, qui ne ten-dent pas h la suppuration. On a remarque que la come des ani-maux atteints do la dourine pousse iiregulierement; les sabots presentent des cercles plus ou nioins irreguliers.
La deuxieme periode pent durer plusieurs mois; mais dans cet Intervalle il peut y avoir des reinittcnccs, commc aussi des pa-roxysines.
TROISIEME PERIODE
Les symptomes do la deuxieme periode s'aggravent de plus eu plus; l'appetit diminue de plus en plus; la station de: vient de plus en plus penible; les sujets atteints ont boaucoup de peine h se deplacer; raffaiblissement devient plus general; les malades restent presque constammcnt couches; les paralysies s'aggravent, d'autresse produisent; rEmaciation esttres accusee; il se declare un etat cachectique tres prononce, et la mort arrive par consomption ou par Teffet d'unc maladie intercurrente (pneu-monie metastatique, morve, etc).
Si on abandonne la maladie ä elle-meme, ce n'est que tres ex-ceptionnellement que la guerison survient, et il est meme tres difficile de Fobtenir quand on a recours ä un traitcment appro-prie. Souvent, ai-je dit, la mort est occasionnee par les complica­tions qui surviennent, par une pneumonie, par la morve, par le farcin, etc.; ces deux dernieres maladies sont le plus ordinaire-ment cause de la terminaison fatale. En Algerie, cette complication arriverait, parait-il, rarement; il n'en est pas ainsi en France et ä l'etranger, oü les auteurs reconnaissent que la dourine se terminc souvent par la morve. A. ce sujet nous devrons nous demander s'il y a transformation de la dourine en morve, ou bien si la maladie du coi't predispose seulement h la morve, oiubien encore si la morve nait spontanement dans ces cas et se greife sur la premiere affection.
La maladie du coit peut durer un temps variable, depuis quel-ques mois jusqu'ä deux ou trois ans; sa marche est done essentiel-
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lement lente. Son pronostic est tres grave, vu que c'est lä line raaladie transmissible, ordinairement mortelle, ou ne guerissant qu'apres un traitement fort long.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Les lesions de la dourine sont encore mal coimues. Lc plus or­dinairement on trouve, sur les cadavres des animaux morts de cette maladie, toutes les alterations qu'entraineat la cachexie et le rnarasme. Les muscles sont atrophies, les muqueuses pales, le tissu eonjonctif infiltre d'une serosite abondahte; mais ce sont lä des lesions generales qui accompagnent toutes les maladies, qui debilitent Forganisme et qui entrainent la cachexie.
Dans les divers pays d'Europe, oü se montre la maladie du coit, on rencontre frequemment, ä cöte des lesions de cette maladie, toutes celle de la morve ou du farcin, qui se presentent dans les oigaucs parenchymateux, sur les muqueuses, sur les sereuses, un pcu partout, dans le Systeme ganglionnaire et lymphatique, dans I'appareil genito-urinaire, dans I'appai-eil respiratoire, etqui appar-tiennent au type aigu ou subaigu, ou meme au type chronique le mieux caracterise. Parfois on trouve dans lepoumon des tubercu-les onkystes ou meme cretaces. II sernble, au dire de certains vete-rinaires militaires, qu'en Afrique la dourine se cornplique plus ra-remeat de morve ou de farcin.
Independamment des lesions appartenant manifestement ä la cachexie ou au rnarasme, h la morve, au farcin, on en trouve d'autres qui semblent plus specialement appartenir ä la dourine, et qui slegent sur la peau, dans le tissu eonjonctif, dans les muscles, dans les os, dans les organes genito-urmaires, dans le Systeme nerveux.
Sur la peau, on trouve les divers accidents locaux que nous connaissons dejä, c'est-ä-dire des plaques cedemateuses, des bou-tons, des papules, des vesicules, etc.; mais ces lesions sont rare-ment observees. Les plaques oedemateuses, plus ou moins eten-clues mais ordinairement peu saillantes, sont produites par une exsudation sereuse ou gelatiniforme dans le tissu eonjonctif du derme et dans le tissu conjonctii' sous-cutane; elles ne ferment or­dinairement qu'une simple proeminence, mais elles peuvent avoir ete le siege d'unprurit intense et d'une secretion abondante, qui a amene la formation d'une croiite jaunatre ä leur surface. Dans les
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regions oil la peau est fine, pres des levres de la vulvc, dans la re­gion scrotale et meme ailleurs, on apergoit parfois do petites pa­pules, de petites vesicules, de petits boutons.
Dans le tissu conjonctif sous-cutane, outre les infiltrations dif­fuses de l'anemie, il y a aussi des infiltrations gelatiniformes par-ticulieres, pen etendues, localisees dans certaines regions; en les suivant, on s'apercoit bientot qu'elles s'etendent profondement, qu'elles atteignent le tissu conjonctif des organes, qu'elles s'insi-nuent entreles muscles, entre les faisceauxmusculaires, et qu'elles se propagent au pourtour des nerfs et des vaisseaux.
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Les alterations des muscles sont importantes; elles sent en eifet, avec celles du Systeme nerveux, les plus caracteristiques de tou-tes. Les muscles sont pales, atrophies, moms fermes, moins re-sistants, principalement au niveau de leurs attaches. Cesmodilica-tions se montrent surtout dans les regions, qui, pendant la vie, etaient le siege d'une faiblesse ou d'une paralysie, dans les re­gions superieures des membres posterieurs, dans les muscles des oreilles, des levres, de Fencolure, etc., suivant les points od etait localisee la paralysie. Ges lesions, ainsi vuessupcrficiellement, no sont que le resultat de modifications plus intimes, qui se sont produites dans la structure intime des muscles, que le microscope decele facilement, et qui sont plus ou moins prononcees, suivant l'anciennete de la maladie, mais qui sont identiques partout. Les fibres musculaires sont atrophiees, moins volumineuses; leur stria-tion est moins evidente. De distance en distance, sur le trajet de certaines fibrilles, on apercoitdesetranglements; lastriation est en­core visible meme au niveau de ces retrecissements. A cöte de ces fibrilles ainsi modifiees, il s'en trouve d'autres plus alterees, qui out eprouve la degenerescence granulo-graisseuse ou collo'ide ou les deux ä la fois, et oü des gouttelettes graisseuses et des granu­lations de matiere collo'ide remplacent la substance musculairc striee. Ges fibrilles degenerees sont plus ou moins nombreuses, et dans certains muscles elles arrivent k former jusqu'aux 3/4 de la masse totale. Dans les muscles älteres, le tissu conjonctif in-terstitiel est predominant, il est infiltre, il renferme en abondance des cellules embryonnaires turgides et des cellules adipeuses, qui forment des amas et compriment les fibres musculaires, d'oii re-sultent les etranglements que nous avons signales. Ges diverses modifications se produisent d'apres un mecanisme facile ä concc-voir: les muscles, sous l'influence d'un relächement dans faction
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des nerfs vaso-moteurs, s'hyperemient, deviennent le siege d'une congestion passive; puis i'exsudation, rinfiltration, la diapedese se produisent; les elements du muscle s'atrophient et degenerent; tout s'explique done pai' le relächement des capillaires ou de Faf-faiblissement ou de la paralysie des nerfs vaso-moteurs.
Les sereuses articulaires, celles des inembres posterieurs sur-tout, sent parfois injectees, enflammees, et renfermeht tine quan­tity plus ou moins considerable de liquide synovial, louche et plus ou moins teinte de rouge. Au niveau des articulations ma-lades, il y a ordlnairement oedeme, infiltration des tissus exte-rieurs.
Lorsque la maladie est arrivee k son apogee, la rnoelle des os se ramollit, eile devient diffluente, liciuide, rnais e'est lii une mo­llification que ranemie produit egalement; les os sont en outre ma-nifestemont plus friables, quand la maladie a parcouru son evolu­tion complete.
Dans le tube digestif les lesions sont peu accentuees et n'ont pas une bicn grande valeur. Parfois on y trouve des traces d'in-tlannnation, mais qui ne sont point liees a la maladie du coit. Longtemps avant la mort, avons-nous dit, il y a diminution ou perte de I'appetit, aussi I'estoiriac et les intestins sont-il ratatines, revenus sur eux-memes. Le foie est souvent hypertrophie, parce qu'il est le siege d'une congestion passive.
L'appareil respiratoire ne presents pas non plus des lesions propres ä la maladie du coit. L'hepatisation, la congestion du pou-nion, qu'on pent rencontrer, proviennent d'une pneumonie, qui s'est greffeesur la maladie primitive. Si la morve est la terminai-son de I'affection, onvoit alors dans l'appareil respiratoire les le­sions de cette nouvelle maladie.
Le sang est plus pauvre en globules rouges, tandis que les glo­bules blancs sont en plus grande abondance; il est moins riebe en matiere librinogene; il est moins coagulable; il ne rougit pas vite sous l'influence de 1'air. Le cceur a une coloration jaunätre, terne, ct, quoique ses fibres n'aient point subi la degenerescence que presentent les fibres musculaires, il est moins resistant, moins tenace. Les vaisseaux renferment un sang noirätre et partout incoagule.
Toutes les sereuses sont injectees et renferment dans leur cavite une quantite' de serosite plus ou moins considerable et parfois teinteede rouge.
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Les ganglions lymphatiques sont toujours älteres. Quelques au-teurs considerent les lesions du Systeme ganglionnaire coinine les plus importantes, et les regardent comme identiques aux lesions syphilitiques de i'homnie. Mais aujourd'hui il est encore premature d'etablir une identite entre ces deux maladies, car les etudes dejä faites sont tout ä fait insuffisantes pour autoriser une pareiUe con­clusion. Chez lesindividus qui succombent äla dourine, on trouve toujours des lesions plus ou moins accusees dans certains gan­glions, principalement dans les ganglions du train posterieur, duns les ganglions inguinaux, dans les ganglions poplites, dans les gan­glions du bassiu et de l'abdomen. Apres une longue inaladie, I'al-teration gagne les ganglions de la tete, ceux du pharynx, les gan­glions pectoraux, etc. Quand la maladie suit soncours naturel, les ganglions du train posterieur sont seuls malades pendant long-temps. Tout ce que Ton pent dire aujourd'hui, au sujet des alte­rations ganglionnaires de la dourine, c'est que, independamment des lesions morveuses qu'on observe souvent, on pent rencontrer les ganglions hypertrophies, hyperemies, inflltres, tantöt ramollis et tantot indures.
Les vaisseaux lymphathiques sont älteres dans les regions ma-lades; ainsi on rencontre deslymphatiquesenflammes, hyperthro-phies dans le cordon testiculaire, dans la cavite abdominale, etc. Les lymphatiques älteres contiennent une lymphe jaunatre, con-cretee, caseeuse et parfois ramollie par place; ils sont cntoures d'une infiltration peripherique manifeste; ils constituent des Cor­des parfois grosses comme une plume ä ecrire; cette lesion s'ob-serve aussi dans la morve.
La muqueuse uterine se presente avec un etat catarrhal plus ou moins prononce; eile est tachetee, marbree ä sa surface, brunätre, hyperthrophiee, epaissie; eile offre parfois des papules, des vesicu-les, des ulceres; pareilles alterationspeuventse montrersurlcsmu-queusesvulvaireet vaginale. Leslevresde lavulvesontoedeinatiees, tumefiees; elles presentent des accidents eruptifs, des plaies. Les mamellcs sont parfois engorgees. Chez le male, les testicules sont engorges, principalement au niveau de l'epididyme; ä leur inlc-rieur on trouve des noyaux d'inflammation analogues aux tuber-cules morveux; l'epididyme est fortement infiltre; le cordon est infiltre et hypertrophie, ses vaisseaux lymphathiques sont älteres, obliteres; la sereuse est injectee, les enveloppes sont infiltrees; toutes ces alterations s'observent pareillement dans la morve.
Sur Tun des etalons, soigneset morts ä l'Ecole de Lyon en 1877,
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j'observai une alteration particuliere des vesicüles seminales; la muqueuse de ces organes etalt epaissie, congestionriee, boursou-flee, d'un rouge brunätre et presque d'apparence bourgeonneuse ; eile etait parsemee de nombreuses nodosites miliaires, tuberculi-ibnnes et en salllie sur le fond brunätre de l'organe; ces granu­lations avaient eu pour point de depart autant de follicules, qui, presque tous, etaient devenus le siege d'un travail phlegmasique, et dont quelques-uns avaient dejä subi un commencement d'ulce-ration. La prostate est parfois hyperemiee et infiltree.
A la surface des organes exterieurs, on voit les eruptions et les engorgements, qui out deja ete signales ä propos des symp-tömes.
Les reins sont congestionnes, hypertrophies et presentent meme parfois les lesions de la nephrite. La muqueuse vesicale se prc-sente aussi quelquefois avec un etat inflammatoire.
On trouve des alterations dans les nerfs, dans la moelle et meme dans la masse cerebrale. Tous les nerfs ne sont pas egalement altaques; les plus älteres sont ordinairement ceux des mem-bres posterieurs, surtout les nerfs obturateurs et les nerfs grands sciatiques, ä partir du point oil its s'inflechissent en arriere du trochanter, ainsi que les diverses branches qui en emergent; on trouve aussi des nerfs älteres dans d'autres regions, a la tete, aux cotes, aux membres anterieurs. Les nerfs malades sont en-toures d'une infiltration sereuse ou gelatiniforme tres-manifesle dans la gaine qui les enveloppe; pareille infiltration jaunätre existe dans le tissu inter-fasciculaire; aussi le volume des nerfs semble accru. On apercoit cä et la, sur leur trajet, des stries san­guines et des points oü Finfiltration est plus prononcee; ils ont ete le siege d'une hyperhemie et d'une infiltration mani­festes. Les vaisseaux perifasciculaires et intra-fasciculaires sont dilates, remplis de sang. Le tissu fasciculaire presente des vais­seaux distendus, une exsudation sereuse, de nombreux points hemorrhagiques et de nombreux elements embryonnaires. Une neoformation cellulaire s'est produite dans le tissu perifascicu-laire, et l'accumulation de nombreuses cellules, jointe ä l'exsu-dation et au gonflement des vaisseaux, produit la compression des faisceaux nerveux, qui eprouvent des transformations pro-fondes. De nombreuses fibres nerveuses, dans la proportion de 1, 2, 3, 4 sur 5, ont eprouve des alterations manifestes; elles sont degenerees ; les unes offrent une segmentation commenQante
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602nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DOURINE
de la myeline ; d'autres renferment, au lieu et place de la myeline, des cylihdreS ou des boules plus ou moius voluiniueuses et plus ou moins espacees, pröveniaht de la segmentation; d'autres enfin ne renferment que de rares gouttes de myeline et quelquesgranu-lations graisseuses.
La moelle est plus ou moins alteree, surtout au niveau du ren-flement lombaire et dans la substance grise; en ces endroits, elie presente de l'hyperheinie et frequeminent un ou plusieurs foyers de ramollissement plus ou moins etendus. La, le tissu m6dülläire, (substance grise) est plus mou que dans le voisinage; il forme parfois une bouillie rosee ou presque rougeätre, entouree d'une zone peripherique, oü I'alteration va en diminuant progressive-ment d'intensite. On trouve, dans ces points ramollis, unematiere amorphe, fortement granuleuse, des leucocytes noinbreux et une cruantite considerable de corpuscules amyloi'des, parfaitement re-connaissables h leur conligui'ation et h leurs reactions. On y trouve aussi boaucoup de globules sanguins. 11 y a eu, dans ces points, accumulation do cellules cmbryonnaires provenant des vaisseaux, et degenerescence amyloide de la plupart de cos elements.
Dans le cerveau, le reseau capillaire est parfois hyperernie, la substance cerebrale presente, ä la coupe un aspect sable, plus ou moins manifeste; on a signale parfois une inflammation de l'arachnoide et une surabondance du fluide cephalo-rachidien.
Ce sont, en resume, les alteration du Systeme musculaire et du Systeme nerveux, qui sont les plusremarquables. Mais de sembla-bles alterations peuvent s.e produire dans d'autres affections et meme dans la morve, elies n'ont done pas de valeur diagnostique.
NATURE DE LA DOURINE, DIAGNOSTIC
#9632; •
On a pretendu que la dourine n'etait autre chose que la syphilis de l'homme, qui aurait ete transmise, dit-on, par l'homme ä l'ä-uesse ou ä la jument et de celles-ci ä l'etalon; on a en outre in-voque, ä l'appui de cette identite, des analogies symptomatologi-ques et anatomo-pathologiques. Mais il est certain que ces deux maladies ne doivent pas etre confondues jusqu'ä present; elles offrent des differences dans leurs symptom.es, dans leurs lesions ct dans leur curabilite par tels ou tels agents, qui reussissent centre la syphilis et non centre la dourine; et, ce qui est bien plus
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peremptoire, quant a present, c'est que Jes nombreux experimen-tateurs, qui ont tente de transmettre la syphilis uuxsolipedes, ont echoue, bien qu'Auzias-Turenne affirme la possibilite de cette transmission, et qu'un auteur autrichien (Sigmund) semble avoir reussi h I'obtenir. II y a done lieu de se livrer a de nouvelles re-cherclies ä ce sujet.
La dourine se compliquant tres souvent de morve, au dire de presque tons les observateurs, on a ete porte naturellement a assi-miler ces deux maladies, et j'ai pour mon corapte einis cette opi­nion dans le temps, en prenant I'engagement d'etudier plus ä lond la question. Pour le moment, je suspends mon jugement et je considere la maladie du coit eomme une maladie speciale, sui generis, distincte de cedes avec lesquelles on a ete tente de Fassimiler.
Le diagnostic de cette affection est souvent assez difficile h eta-blir d'une maniere absolument sure. Les symptömes signales ne se montreut pas tous, et ceux qui apparaissent se montrent succes-sivement; aucun d'eux n'est d'ailleurs bien pathognomonique. Pour soupconner legitimement l'existence de la dourine, il taut assister ä son evolution, il fautsuivreattentivementles malades, il faut voir se derouler uue partie du tableau syinptoinatologi-que. Dans tous les cas, les renseignements, la connaissance des antecedents et des rapports des malades seront d'un puissant se-cours pour reconnaitre sans hesiter la maladie du coit; ainsi lors-que I'etalon suspect aura rendu malades les juments qu'il aura sail-lies, il n'y aura plus lieu d'heslter pour le declarer malade. L'ino-culation ne pent etre conseillee comme moyen de diagnostic, car la dourine s'inocule difficilement; tous ies experimentateurs ont echoue, sauf Hertwig. Mais la maladie se transmet bien plus faci-lement par 1'accouplement, qui realise apres tout une sorte d'ino-culation; souvent on n'a soupconne la maladie chez I'etalon qu'a-pres I'accouplement avec la jument, qui, plus sensible, a prescnte des symptömes plus tot et plus facilement visibles. L'accouplement est done un moyen de diagnostic, mais il vaut mieux söquestrer les suspects, que de multiplier les foyers de contagion pour arriver a la verite.
ETIOLOGIE
La dourine est une maladie essentiellement contagieuse; quel-ques auteurs croient pourtant ä la possibilite d'un developpement
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spontane; et, pour l'expliquer, ils invoquent les causes indivi­duelles et les causes genecales que Von incrimine, quand on adopte une opinion qui ne repose sur aucun tbndement et qu'on essaie d'etuyer par de mauvaises raisons. C'est ainsi qu'on a, bien a tort, accuse, le temperament nerveux, la constitution medicale, les croisements, la saillie apres un part recent, le coit trop sou-vent repete, les intemperies, les saisons, le regime, etc., etc.
De tout temps on a pu reconnaitre que la maladie du coit se trarismet et se propage par la saillie. La contagion de cette affec­tion est d'ailleurs generalement admise et prouvee par de nom-breux faits observes en Allemagne, en Autriche, en Russie, en Algerie et en France en 1851 et en 1861. 11 est bien vrai que la transmissibilite de la dourine a ete niee par Strauss, ä la suite d:i-noculations infructueuses, par Signol, par ia commission de Tar-bes en 1851, äla suite de saillies et d'inoculations non infectantes, et par lessen; mais d'un autre cöte, eile a ete demontree experi-mentalement par Hertwig et par Prince et M. Lafosse. Si I'inocu-lation est Ires rareinent suivie de succes, c'est parce que le siege du virus etant encore inconnu, il est tres difficile d'y mettre la main dessus et d'inocüler par consequent une matiere active. Pourtant Hertwig, qui a reussi h la transmettre plusieurs fois par la saillie, a pu aussi la transmettre une fois, en deposant des ma-tieres morbides sur la muqueuse vulvaire. Des experiences tres demonstratives furent fäites en 1861-62 par Prince et M. Lafosse de Toulouse. Quatre etalons rnalades furent accouples avec qiiinze juments absolument saines. Cinq juments ne furent pas infectees, mais dix devinrent malades; parmicesdix, cinq furent legereinent indisposees; des cinq autres, une se retablit et quatre möururent. Deux etalons sair^, accouples avec les juments inalade's, contractö-reht egalement la maladie, mais h des degres differenfs; chezl'un eile n'etait pas biencaracterisee, tandis que chez le second eile le ful. tres pleinement. Enfiri la contagion de la maladie du coit est en­core demontree par la marche de l'affection, qui tend a devenir cpizootique clans les contrees oü eile s'introduit, qui ne se montrc guere que chez lesanimaux utilises pour la reproduction, qui s'e-tend surtout ii l'epoque de la monte et qui disparait des qu'on ap­plique des mesures sanitaires rationnelles, des qu'on sequestrelcs malades, des qu'on les empeche de s'accoupler avec d'autres ar.i-maux.
Le contage de la dourine est indetermine; on ne connait ni ses caracteres ni sa nature; il n'est pas volatil, il n'entre pas en suspen-
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sion dans Fair. C'est tout au plus si Ton peut dire, vu que la ma-ladie se traasmet pendant Tacte du co'it, qu'ilse trouve dans les liquides norraaux ou pathologiques secretes par les organes geni-taux, tels quespenne, liquide secrete paries vesicules seminales, liquides secretes paries muqueuses malades. Le virus ne sembie pas exister dans le sang, car on a pu transfuser sans succes le sang des malades. Existe-t-il ailleurs, soit dans les ganglions mala­des, soit dans les nerfs, soit dans les muscles, soit dans le tissu conjonctif malade? On n'en salt rien. Est-il resistant, peut-ii so conserver longtemps'? On n'est pas mieux fixe sur cette question; il reste done ä faire ä ce sujet d'interessantes recherches.
La maladie se transmet, avons-nous dit, par le coit; eile peut aussi se transmettre sans le colt. On I'aparfois observee, parait-il, sur des animaul hongres, et Ton est dispose ä admettre qu'elle peut leur avoir ete transmise au moyen des eponges, qui avaient servi au pansage des malades et qui s'etaient iinpregnees de matiere morbide. Enfin la mere peut communiquer la maladie au foetus; la voic uterine permet done la transmission de cette affection.
La periocle d'incubation n'est jamais longue chez la jument, eile dure de 1 ä 8 jours. Elle reste la meine chez les males, et si quel-(juels auteurs lui assignent une duree de 60 jours, c'est parceque les premiers symptomes etant peu visibles chez I'etalon, on a mis au cornpte de la periocle d'incubation ce qui appartient a la pe-riode pendant laquelle la maladie, quoique declaree, est mal caracterisee et reste plus ou moins latente.
On ignore si une premiere atteinte confere l'immunite ii ceux qui guerissent.
La dourine a ete observee seulement chez les solipedes, chez le cheval et chez I'ane; on ignore si eile est transmissible h d'autres especes.
La virulence, quoique n'etant pas toujours facile ä constater, apparait certainement aussitot apres I'mfection. Mais il est impos­sible, pour le moment, de lixer l'epoque ä laquelle eile disparait lorsque les malades guerissent; il serait pourtant bon de le savoir, pour etre fixe sur le moment auquel il convient de permettre aux etalons de reprendre leur service et aux jumenls de recevoir le male. En Allemagne, les reglements sanitaires prohibent I'utilisa-tion de I'etalon pendant 2 ä 3 ans; cependant rien ne fait supposer que le virus persiste dans 1'organisme aussi longtemps apres la guerison.
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TRAITEMENT
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it #9632;
Le traitement est ici plus important cfue dans beaucoup d'autres maladies contagieuses, car la dourine semble curable; eile ne Test poürtänt pas toujours. De plus, dans les cas les plus favo-rables, on ne pent esperer la guerison avant un iriois, avaht un mois et demi, et eile peut se faire attendre trois mois et meme jusqu'ii vingtmois, parait-il.
Daus le choix des medicaments, on övitera soigneusement d'em-ployer ceux qui debilitent rorganisme, tels que les alterants, les mercuriaux, les iodures, etc. On entourera les malades de bonnes conditions hygieniques, soit au point de vue de Fhabitation, soit au point de vue de ['alimentation, soit au point de vue du travail. Le repos est necessaire; on cherchera ä reveiller, h stimuler et h inaintenir l'appetit, h reconstituer et a fortifier rorganisme, h prevenir ct a combattre les complications. On aura done rccours ä remploi des toniques, des toniques amers, de la gentiane, des toniques analepliques, des toniques ferrugineux, des tanniqucs, des excitants toniques.
Un traitement, comprenant remploi de l'essönce de tereben-thine pour stimuler l'appetit et l'emploi de la fibrine ou do la chair musculaire, du for et de l'arsenic pour reconstituer rorga­nisme, a eu donne de bons resultats a M. Trebut de Tarbes, qui a d'ailleurs aussi biea reussi, en empioyant l'arsenic sans le fer et sans la fibrine.
L'acide arsenieux est done I'agent elTicace pour amener la gue­rison de la dourine. Mais il ne faut pourtant pas compter d'une maniere absoluc sur son action curative; ainsi en 1877, il a ete impuissant ä l'Ecole de Lyon.
Qnand les symptömes locaux surviennent, il faut, les combattre par des moyens appropries. Centre les ecoulements morbides, on emplolera les astringents, et de preference ceux qui en meme temps sent toniques (ferrugineux, tanniques, cupriques); centre les engorgements, on emploiera les excitants locaux, l'essence de terebenthine, l'essence de lavande, ralcool camphre, I'eau slna-pisee, le liniment ammoniacal; on peut meine pratlquer des scha-rifications. Les meines medicaments et la teinture de noix vomique peuvent etre utilises en frictions centre les faiblesses et les para-lysies; en outre il convient alors d'administrer la noix vomique ä i'interieur.
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POLICE SANITAIRE
Les documents generaux sont applicables ä cette raaladie (arret de 1784, art. 459, 460, 461, 462 du Code penal); le projet de loi de 1879 la prevoit aussi. En 1879, une instruction du mi-lüstre de la guerre a determine les mesures de police sanitaire qu'il y a lieu d'sppliquer en Algeria.
La premiere de ces mesures est la declaration, qui doit etre faite h l'autorite, et qui doit etre suivie de la visite des animaux declares, faite par un veterinaire.
La sequestration doit etre ordonnee et appliquee aux malades et aux suspects, dont I'etat maladif est encore mal ou incomplete-mcnt caracterise. Ces derniers seront observes et attentivement surveilies. La maladie etant curable, on prescrira pour tous les malades, h titre de raesure sanitaire, un traitement rationnel dans lebut d'abreger la dnree de Fepizootie et la duree du clanger. La contagion so taisant ordinairernentpar le co'it, pouvant aussi avoir lieu par la voie uterine de la mere au foetus, et etant peut-etre susceptible de se produire h la suite de l'emploi de certains objcts souilles par les malades, il sufflra de parer h ce triple danger; aussi la sequestration devra-t-elle etre adoucie autant quo pos­sible. II suffira d'empeclier l'emploi des ctalons pour la monte, d'empecher qu'on presente les juments a la saillie et d'affecter exclusivement au pansage des malades des instruments et des objets ad hoc.
On pent demander la marque des malades, pour assurer l'exe-culion de la sequestration; mais on se contente generalement du signalemcnt. Duns tous les cas, si on se voyait oblige de la con-seiller, on la pratiquerait de preference sur le sabot.
II me sembie qu'on pourrait faciiemcnt se passer de la Seques­tration, en castrant les etalons malades, et enbouclant les juments infectees; l'accouplement serait ainsi rendu impossible, et il suffl-rait de trailer les animaux malades. Ce Systeme est ä conseiller loutes les fois que les proprietaires consentiront ä laisser pratiquer les operations dont il est question.
Combien doit durer la sequestration? II sembie que, apres le ictablissement complet de la sante et la disparition de tout Symp­tome, l'animal n'est plus dangereux et peut etre livre immediate-ment ä la reproduction ; pourtant en Allemagne la monte est pro-
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hibee durant ies trois annees qui suivent la guerison. II y a evi-demmeatlä une exageration; mais il n'en faut pas moins etre tres circonspect et conseiiler encore une attente d'un an apres la guerison.
Quand la mort survient, on livre ies cadavres ä i'equarrissage, ou on Ies enfouit, apres Ies avoir debarrasses de leurs peaux, qui sont utilisees pour I'industrie.
Une dösinfectiöh legere, portant sur le rateiier, la rnangeoire, Ies bat-flancs et Ies murs, jusqu'ä la hauteur de la croupe, devra etre pratiquee, d'apres las regies ordinaires, dans Ies places laissees par Ies malades.
Quand la maladie regnera ou se sera introduite dans une loca-lite, il conviendra que Fautorite en avLe Ies proprietaires voisins et leur indique Ies aniinaux dangereux. II sera bon aussi qu'elle fasse rediger, par le veterinaire, des instructions a. l'adresse des proprietaires et des etaloniers, pour leur apprendre ä reconnaitre la maladie et ä l'eviter.
Dans Ies pays oil la maladie regne habituellement, il sera bon que Ies etalons soient visites de temps en temps par un veteri­naire, qui portera surtout son examen sur Ies organes genitaux; et il ne serait que prudent d'exiger que Ies proprietaires d'etalons fissent visiter de temps en temps leurs aniinaux, afin d'obtenir tons Ies quinze jours on tons Ies mois un certiflcat de sante, qui serait une garantie pour Ies proprietaires de juments. D'un autre cote, ces derniers devraient etre obliges de faire visiter leurs ju-gements et de se faire delivrer un certiflcat de sante avant do Ies presenter äl'etalon.
Dans tons Ies cas, toute jument, presentant quelque Symptome de dourine ou de morve, doit etre impitoyablement eloignee de la saillie.
Les solipedes reproducteurs, introduits en France et venant de Syne ou d'Algerie, doivent etre visites ;i leur arrivee et surveilles pendant quelque temps.
Instruction ministerielle relative aux mesur.es ä prendre pour arreter la propagation de la Daourine en Algerie.
laquo; Article premier — Les proprietaires de chevaux, juments, änes ou anesses affectes de la Daourine, sont tenus d'en faire la declaration-
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laquo; Ceux de ces proprietaires soumis ä la loi frangaise feront cette declaration au maire de leur commune, s'ils sont en territoire civil, et ä l'autorite militaire, s'ils sont en territoire militaire. Les indigenes regis par le droit musulman, feront cette declaration au chef de leur douar, qui en informera le caid et celui-ci Pautorite francaise dont il releve.
laquo; Art. 2. — Aussitöt apres la declaration des proprietaires, l'autorite qui I'aura regue devra, en attendant la visite du vete-rinaire, si c'est dans une ville on un port francais, ordonner la sequestration des animaux; si c'est dans une tribu habitant sous la tente, l'autorite indigene veillera h ce que les animaux declares ne sortent pas du douar et n'aient aucun rapprochement avec d'autres.
laquo; L'application de cette mesure pent d'ailleurs varier selon la fa-cilite plus ou moins grande de faire visiter sur les lieux les ani­maux suspects: c'est a l'autorite superieure qu'il appartient d'employer les moyens les plus pratiques pour obtenir la seques­tration provisoire.
laquo; Art. 3. — Les animaux declares malades seront visitfe par un veterinaire. En territoire civil, l'autorite locale ne pourra le desi­gner elle-meme, qu'autant qu'elle aura a sa disposition un vete­rinaire civil; dans le cas contraire, eile devra s'adresser au com­mandant militaire de la place, pour que cette visite puisse etre faite par un veterinaire militaire.
laquo; Toutes les fois qu'un veterinaire militaire devra etre designe, soit pour une visite dans les regions soumises au regime militaire, soit en territoire civil, h la requete de l'autorite municipale, 11 est desirable que ce veterinaire soit celui du depot de remonte de la province, et qu'en cas d'impossibilite, le veterinaire designe soit choisi parmi les plus eleves en grade et ayant dejä une cer-taine anciennete en Algerie.
laquo; Art. 4. — Les sujets dont 1'etat maladif ne serait pas suffisam-ment caracterise et laisserait quelques doutes, seront maintenus en observation jusqu'ä ce que le veterinaire puisse se prononcer rlefmitivement.
laquo; Dans les tribus, sous la tente, oü la sequestration est impos­sible, les chevaux suspects seront saisis et conduits dans une ville voisine ou a un poste frangais designe par l'autorite militaire et possedant une infirmerie veterinaire oü ils pourront 6tre places.
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Ces animaux seront mis en subsistance dans le corps auquel ap-partiendra rinfirmerie veterinaire ou ils seront sequestres.
laquo; Quant aux juments. comme elles seraient dansune ville quel-conque ou dans un poste frangais un embarras h cause du voi-sinage des chevaux, et qu'elles ne peuvent communiquer leur maladie que par le coit, on les laissera dans leur douar, apres avoir pris la precaution de rendre impossible I'accouplement par i'ope-ration du bouclage, et le chef de ces douars sera responsable de la conservation de l'anneau metallique passe dans les levres de la vulve des juments suspectes.
laquo; Tons les animaux, y compris les etalons de l'Etat, reconnus alteints de la Daourine, devront etre abattus ou castres, selon que I'autorite locale le jugera plus avantageux pour la colonisation
laquo; Art. 5. — Pour engager les proprietaires ä faire la declaration de ceite maladie, qu'ils peuvent tres aisement cacher, et pour prevenir tout ce quo l'abatage des chevaux affectes peut avoir d'arbitraire dans l'esprit de la population indigene, et enfin dans l'interet de la colonisation et de la conservation chevaline en Algerie, le gouvernement applique ä la Daourine les principes de l'indemnite admise en Europe et en France aux proprietaires d'ani-maux atteints de certaines maladies contagieuses et abattus par l'ordre de I'autorite dans l'interet general pour eteindre promple-ment une epizootic.
laquo; En consequence, il sera accorde en Algerie, aux proprietaires de chevaux abattus comme etant atteints de la Daourine, une indemnity montant h la moitie de la valeur des animaux supposes atteints, et cette indemnite, dans tous les cas, ne pourra exceder 500 francs.
laquo; Art. 6. — L'indemnite ne sera pas due aux proprietaires qui auraient neglige de faire ä I'autorite la declaration de la maladie dont leurs animaux seraient atteints.
II sera fait d'ailleurs, en territoire civil, application delapenalite edictee par la loi (art. 459, 460, 461, 462 du Code penal).
laquo; En pays soumis au droit musulman, le choix des moyens de repression centre les proprietaires qui n'auraient pas fait la decla­ration est laisse au gouvernement de FAlgerie, quot;qui pourra, s'il le juge opportun, aller jusqu'ä rendre les tribus responsables.
laquo; Art. 7. — Les veterinaires des depots de remonte seront in­vites ä bien faire conualtre aux sous-officiers, brigadiers et cava-
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liers, charges du service de la monte, les signes auxquels iis pour-ront reconnaitre la maladie sur les juments et sur les etalons, et les commandants de depots auront soin de n'envoyer, autant que possible, dans les regions oil la Daourine a ete signalee, que des chefs de station et meine dss cavaliers ayant dejä vu cette mala­die et etant mieux que d'autres en etat de la reconnaitre.
laquo; Dans les stations, aucune jument ne sera donnee a I'etalon, qu'apres une visite minutieuse des organes genitaux. En cas de doute, la saillie sera refusee et la jument signalee ä l'autorite lo­cale, franpaise ou indigene, qui ordonnera les premieres mesures ä prendre et en informera qui de droit.
laquo; Les etalons meme seront I'objet d'une surveillance aussi atten­tive et visiles journellement au moment de la monte; au moindre signe maladif du cöte des organes genitaux, I'etalon cessera de saillir et le chef de station en previendra son superieur.
laquo; Le voterinaire principal sera toujours appele a se prononcer sur tous les cas de Daourine observes parmi les etalons del'Etat, aucun moyen de traitement ne sera employe et il ne sera pris au­cune mesure relative h la castration, ä l'abatage ou h la remise en service, que d'apres son avis et sous sa responsabilite.
laquo; Le Ministre de la guerre, laquo; Signe : Gresley. raquo;
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CHAPITRE XII
AFFECTION FARCINO-MORVEUSE (Farcin, Mom)
Quoique dc nos jours la morve et Je farcin soient moins frequents que dans le temps, I'etude de l'affection farcino-morveuse n'en est pas moins tres importante. Cette affection se presente sous deux formes (farcin, morve), qui peuvent etre etudiees separement, mais qui constituent bien au fond une seule et meme maladie, et qui doivent etre etudiees sous la qualification commune de morve ou de maladie farcino-morveuse.
Definition. — La morve est une maladie generale, h fonnes diverses, mais toujours identique au fond, decelee par des engor­gements, par des tumeurs, par des ulceres, par du jetage, etc., caracterisee par le developpement d'une neoplasie speciale, tuber-culiforme, dans le tissu de la peau et dans le tissu conjonctif sous-cutane, dans le Systeme ganglionnaire, dans le poumon, sur la muqueuse respiratoire et dans d'autres organes, ainsi que par la propriete qu'elle a de se transmettre par contagion et de s'ino-culer facilement.
Le farcin est en effet decele par des tumeurs, par des engorge­ments (boutons, cordes, tumeurs, engorgements), par des ulceres; ses principales lesions (boutons, cordes, etc.) ressemblent ä celles de la morve; 11 est inoculable, et son virus, inoculö, determine ordinairement la morve.
La forme connue vulgairement sous le nom de morve, est decelee par la tumefaction des ganglions, par des tubercules et des ulceres siegeant sur la pituitaire, par du jetage. Elle est carac­terisee par le developpement de tubercules dans le poumon et dans d'autres organes; eile est contagieuse et inoculable.
La neoplasie, qui caracterise l'affection farcino-morveuse, pent done se developper dans le tissu de la peau, dans le tissu con­jonctif sous-cutane, dans le poumon, sur la muqueuse respira­toire et dans un grand nombre d'autres organes.
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614nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
SYMPTOMATOLOGIE
L'affection farcino-morveuse s'observe specialement chez les animaux solipedes (cheval, ane, mulet); mais eile peut se trans-mettre a I'homme, au mouton, a la chevre, au lapin, au chat et au chien. On a bien pretendu que le chien ne la contractait pas, ou que tout au moins la morve, inoculee ä cet animal, restait localisee au point d'inoculation; or les choses ne se passent pas ainsi, comme nous le verrous plus loin. G'est chez les solipedes que la maladie se presente avec une physionomie bien tranchee, ainsi que nous allons le voir par la description suivante.
Elle etait plus frequente jadis; et, il n'y a paslongtemps encore, quand on croyait k la non-contagion et ä la spontaneite, quand on ne prenait pas toutes les mesures propres h prevenir sa propa­gation, eile se montrait frequemment et occasionnait des pertes considerables. Aujourd'hui meme, on I'observe dans les divers pays; et, dans certaines circonstances, eile prend parfois une extension extraordinaire. On la volt encore quelquefois ravager les ecuries, se propager dans les agglomerations d'animaux, dans les regiments de cavalerie, dans la cavalerie des armees en cam-pagne ou en expedition. Hormis ces circonstances, qui s'opposent quelquefois k l'application des mesures sanitaires, et qui expli-quent l'extension de la morve, la maladie se inontre ordinaire-ment k I'etat sporadique; on en observe des cas isoles ou en petit nombre ordinairement.
Pour faciliter l'etude des nombreux caracteres de cette affection, il est bon de lui reconnaitre plusieurs formes.
En prenant pour base d'une premiere distinction le siege des lesions et des symptomes locaux, on est amene a reconnaitre deux grandes formes : la forme farcineuse, dont les lesions et les symp­tomes locaux siegent k la peau ou dans le tissu sous-cutane; et la forme morveuse, dont les lesions sent principalement localisees dans les voies respiratoires.
D'apres la marche, la gravite et le degre de contagiosite de chacune de ces deux grandes formes, on doit reconnaitre plusieurs types. Quand l'affection, farcin ou morve, marofee rapidement et se termine rapidement par la mort, le virus est secrete en plus grande abondance, la contagiosite est plus prononcee; et Ton a alors ce qu'on est convenu d'appeler le type aigu. Quant au con-
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AFFECTION FARCINO-MORVEUSEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 615
traire I'affection evolue lentement, la contagiosite est moins pro-noncee, parce que le virus est secrete en moindre abondance; et Ton a alors ce que I'on appelle le type chronique. Sous ces deux types la maladie est egalement inoculable, et du reste ces deux extremes sont relies entre eux par de nombreux intermediaires plus ou moins voisins de l'un ou de l'autre type. Cette distinction, utile pour la description, n'en est pas moins arbitraire, si on se place au point de vue veritablement scientiflque. Les lesions des divers types se produisent d'apres le meme mecanisme, et il n'y a de difference que dans le plus ou moins de congestion qui les accompagne. Un tubercule grisätre, sans zone peripherique rou-gcätre, et un ulcere jaune-grisätre sans congestion apparente ne sont pas plus l'expression de la chronicite proprement dite, quo les meines accidents entoures d'une zone rouge. La distinction des types, n'etant basee actuellement que sur de simples appa-rences, ne peut etre bonne que pour la description des symp-lömes.
On peut encore etablir de nombreuses varietes dans la forme farcineuse et la forme morveuse, en prenant pour base les loca­lisations des lesions dans teile ou teile region, sur tels ou tels or-ganes, et l'extension des alterations produites. Ainsi le farcin est local, discret, general, confluent, etc., suivant que les symptomes locaux sont peu nombreux et localises dans une region, ou mul­tiples et dissemines dans plusieurs regions. La morve est dite na-sctielorsque ses lesions sont localisees sur la muqueuse pituitaire; eile est tracheale, pulmonaire, pleurale, etc., lorsque les lesions sont localisees ä la trachee, au poumon, aux plevres, etc. La morve est dite latente lorsque les lesions restent cachees et les sympto­mes inappreciables pendant un temps plus ou moins long; e'est la une forme tres importante, car eile permet de se rendre compte d'une foule de faits qui out parfois ete mal interpretes. On distin­gue aussi une morve seche et une morve humide, suivant que I'af­fection s'accompagne ou non de jetage. Le jetage peut faire defaut encore assez souvent ou etre remittent ou intermittent. On dit enfm que la morve est commencante, ebauchce, confirmee, inve-tcrce; et ces expressions signiflent seulement que les lesions sont plus ou moins nombreuses. Un cheval est dit suspect de morve, lorsqu'il presente des symptömes vagues, qui permettent seule­ment de soupgonner l'existence de la maladie.
Dans l'etude symptomatologique de I'affection farcino-morveuse,
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616nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINOMORVEUSE
il convient d'adopter les deux premieres divisions etablies; il con-vient d'etudier la forme farcineuse et la forme morveuse sous le type aigu et sous le type chronique.
L'espece, le temperament, le climat, I'hygiene et le service au-quel sont employes les animaux, exercent une certaine influence sur l'apparition de teile ou teile forme, de tel on tel type. L'äne et le mulct ne presentent guere la forme farcineuse; et c'est ordi-nairement le type aigu de la forme morveuse qu'on observe chez ces animaux. Chez'le cheval on peut rencontrer la forme mor­veuse et la forme farcineuse sous le type chronique ou sous le type aigu. Las chevaux ä temperament nerveux ou sanguin ont le plus souvent la morve aigue, tandis que la morve chronique se voit surtout chez les animaux ä temperament lymphatique. Le farcin se montre le plus ordinairement sur les sujets mous, vieux, qui travaillent dans un milieu humide et qui ne recoivent pas des soins hygieniques suffisants. Ces regies souffrent pourtant de tres nombreuses exceptions; on peut voir la morve subaiguö ou chro­nique chez le mulet et chez les chevaux fins, de meme que le farcin peut se montrer aussi quelquefois sur ces memes animaux. De toutes les formes, c'est incontestablement la morve chronique qu'on voit le plus souvent. Chez le meme malade on peut voir les diverses formes se melanger et se combiner plus ou moins; ct d'ailleurs, outre qu'il peut y avoir transformation du type aigu en type chronique et reciproquement, on voit assez souvent une forme primitivement pure se compliquer de symptöraes apparLe-nant a I'autre forme.
La marche que nous adoptons est la suivante : description du farcin et de la morve chroniques an point de vue de leurs symp-tomes locaux et de leurs symptömes generaux; description de ia morve et du farcin aigus.
FARCIN CHRONIQUE
Le farcin n'est autre chose que la morve cutccnce, caracterisec par le developpement de tumours et la formation d'ulceres h la surface de la peau. D'autres maladies peuvent se caracteriser aussi par des tumeurs et des plaies cutanöes; et ces maladies, ayant l'apparence du farcin, sont souvent confondues avec lui, parce que ceux qui les observent, oubliant que les symptömes sont souvent insuffisants pour permettre de se prononcer avec
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AFFECTION FARCINO-MORVEUSEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 617
verite sur la nature d'une maladie qu'on suppose contagieuse, prennent trop rarement la precaution de verifier leurs proprietes physiologiques en recourant h I'inoculation.
Le farcin chronique, qui se montre surtout chez les chevaux mous et lymphatiques, est la moins grave des formes de la morve, celie qui, toutes choses egales d'ailleurs, evolue le plus lentement. Mais neanmoins I'affection est toujours dangereuse, toujours trans­missible, toujours mortelle; c'est tout au plus s'il est permis d'es-pcrer dans quelques tres rares cas d'empecher la generalisation du virus, en detruisant les accidents primitifs encore recents et bien localises. On peut parfois, grace a un traitement approprie, reinedieraux accidents locaux, les arreter ou les faire disparaitre; inais ce n'est lä qu'une apparence de guerison, car quand il s'agit du farcin authentique, on voit survenir bientöt d'autres accidents, d'autres symptömes.
Symptömes locaux. — Les symptömes locaux sont les plus remarquables et les plus importants. Ils consistent en tu-meurs, qui offrent des caracteres variables, et qui ont une ten­dance assez generale a se terminer par I'ulceration. Ces t'umeufs varient par leur forme, par leur volume, par le siege qu'elles occupent et par leur evolution. On peut reconnaitte quatre types distincts, qui sont: les boutons, les cordes, les tumeurs, les engor­gements.
Les boutons sont de petites tumeurs arrondies, dont le volume peut varier depuis celui d'un haricot jusqu'ä celui d'une noix; ils siegent dans le derme ou clans le tissu conjonctif sous-cutane. Ils presentent quatre periodes dans leur evolution : une periode d'in-flammatlon, une periode de erudite, une periode de ramollisse-ment, une periode d'ulceration. Leurs caracteres varient suivant la periode k laquelle on les etudie.
Les tumeurs sont des accidents plus volumineux, gros comme un oeuf ou comme le poing, situes dans le tissu conjonctif sous-cutane et se ramollissant ordinairement tres vite, mais le plus sonvent sans s'ulcerer.
Les accidents farcineux se presentent quelquefois sous forme de cordes plus ou moins en relief et situees dans le tissu conjonc­tif sous-cutane. Ces cordes evoluent comme les boutons propre-ment dits.
Enfin il apparait parfois, dans les parties declives du tronc et sur les membres, des engorgements, sortes d'oedemes, qui, de meme que les boutons, les tumeurs et les cordes, presentent plu-
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618nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
sieurs periodes dans leur evolution et se terminent par I'ulce-ration.
Ges divers accidents ne se montrent presquejamais tons ensem­ble, surtout au debut de la malädie; mais dans la suite ils peuvent se reunir en plus ou moins grand nombre sur le mörne malade. Ils apparaissent et evoluent successivement, chacun en particulier se comportant comme s'il etait seul.
II est tres important de connaitre revolution de ces lesions at d'en suivre les caracteres a leurs diverses periodes.
Boutons. — Les boutons farcineux sont des neoplasies tuber-culiformes, dont le volume varie depuis celui d'un gros pois ä celui d'un ceuf de poule. Ils constituent la manifestation la plus frequente du farcin; il est cependant rare de les voir rester long-temps seuls sur le meme malade, presquetoujours ils sont accom-pagriös d'autres accidents, tels que cordes, engorgements, etc. Leurs caracteres variant avec les periodes qu'ils parcourent dans leurevolulion, il importe de passer en revue ces diverses periodes et d'analyser revolution d'un bouton considere en particulier; le resultät de cette analyse s'appliqueru ä tous les accidents ana­logues.
Les boutons farcineux apparaissent toujours sans cause provo-catrice appreciable. Leur formation est rapide; ils arrivent vite ä leur complet developpement; ils apparaissent et evoluent simul-tanement ou successivement et en plus ou moins grand nombre chez le meme individu. Le plus souvent ils apparaissent successi­vement.
Ils se developpent dans le tissu conjonctif sous-cutane ou dans le derme cutane, ou encore dans les deux ä la fois, c'est-ii-dire qu'ils peuvent interesser ä la fois le tissu conjonctif sous-cutano et le derme.
Dans tous les cas les boutons developpes dans le tissu conjonctif sous-cutane Interessent peu ä peu la peau, la rongent et finissent par en determiner J'ulceration. Quant aux boutons developpes dans le derme, ils peuvent arriver ä s'ouvrir au dehors sans avoir Interesse le tissu conjonctif sous-cutane. On pent rencontrer des boutons farcineux dans differentes regions du corps; on les trouve surtout dans les endroits oil la peau est fine, souple, ou le tissu conjonctif sous-cutane est lache et abondant, oü les vaisseaux lymphatiques sont nombreux; ainsi on peut en observer sur la face, sur les cotes de l'encolure, ä l'aine, h l'epaule, h la face in-
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AFFECTION FARCINO-MORVEUSEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ßlO
lerne des membres, sur les faces laterales de la poitrine et de Fab-domen, sous le ventre, au flanc, etc.
Ils ont une forme assez reguliere; tout d'abord ce sont de sim­ples bosselures assez mal delimitees, qui se confondent insensi-blement avec les tissus voisins; mais bientöt ils s'arrondissent, prennent une forme plus reguliere, deviennent lenticulaires, sphe-rotdaux, olivaires; plus tard ils deviennent pointus, acumines et lluctuants.
Les plus petits sont ceux qui se ferment dans le derme; ils ne sont queiquefois pas plus gros qu'un pois ou un haricot, et ils presentent souvent la forme lenticulaire.
Le bouton farcineux offre ä son debut tons les caracteres de rinflammation : il apparait sous forme d'une tumefaction plus ou moins evidente, chaude, douloureuse, dont les diverses parties, quoique fermes et resistantes ä la pression du doigt, se laissont pourtant egalement deprimer. II est souvent simple, constitue par im seul foyer inflammatoire; mais il n'est pas rare de le trou-ver forme de deux ou de plusieurs foyers agglomeres et plus ou moins rapproches; et dans ce dernier cas la tumefaction, qui cu resulte, est plus volumineuse, moins reguliere, bosselee; on a un bouton multiple ou compose. Les caracteres apparents du bou­ton compose ne sont tels, qu'autant qu'il est forme de foyers juxta­poses; quand il est forme de foyers superposes, developpes les uns au-dessus des autres, de faijon ä se superposer, 11 est difficile de reconnaitre sa complexite par la simple pression, c'est ä l'in-cision qu'on la decouvre. L'incision d'un bouton farcineux, encore ä l'etat d'inflammation primitive, permet de voir dans cette lesion locale une ou plusieurs zones rougeätres ou noirätres, constituees par des foyers hemorrhagiques et entourees d'une infiltration se-reuse ou gelatiniforme. Suivant qu'il y a une ou plusieurs zones rougeätres, on voit qu'il s'agit d'un bouton simple ou d'un bouton compose.
Le bouton farcineux, caracterise d'abord comme nous venous de le voir, se modifie rapidement; sa forme devient plus regu­liere; il est de moins en moins chaud et de moins en moins dou­loureux ; il se densifie au niveau de la zone ou des zones distinc-tes, qui torment le centre des foyers primitifs, tandis que la partie peripherique reste molle, oedemateuse. La pression permet alors de constater dans le bouton, suivant qu'il est simple ou compose, un ou plusieurs noyaux resistants, durs, entoures corapletement
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620nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
d'une partie infiltree, molle, cedemateuse. A I'ineision on constate 1'existence d'une ou piusieurs masses, non plus rougeätres ou noi-rätres, mais jaunätres, formees d'une matiere condensee, facile ä dissocieiquot;, et entourees d'un tissu infiltre d'une serosite jaunätre, congestioune et offrant ca et lä quelques points hemorrhagiques rougeätres. La partie oedemateuse diminue ensuite progressive-ment, tandis que la partie dures'etend et devient ä peu pres indo­lente et froide.
Bientöt il se produit un nouveau phenomene; le bouton de­vient le siege d'un travail Interieur plus ou moins hätif, souvent tardif, lent et progressif, qui debute au centre et amene la fonte ou le ramollissement progressif du bouton. Ce travail, analogue a. celui qui a lieu dans les abces chroniques, determine la formation d'une collection purulente, qui va peu ä peu s'accroissant aux dopens do rinduration, et qui devient de plus en plus manifeste h rexterieur. Le ramollissement s'explique aisement. Les elements cdnstitütifs du bouton, tres nombreux et presses les uns contre les autres, regoivent une nourriture insufflsante, les vaisseaux etant obliteres ou ruptures; ils s'atrophient, ils degenerent du centre ix la peripherie du bouton; ils irritent les tissus voisins et provoquent un mouvement exosmotique, d'oü resulte I'exsudation d'un plasma, qui vient se melanger avec le detritus resultant de leur destruction. Le ramollissement s'annonce h I'exterieur par une fluctuation et une depressibilite de plus en plus manifestes au centre du bouton. Peu ä peu celui-ci perd sa forme arrondie au fur et iimesure que le ramollissement gagne du terrain et se rap-proche de plus en plus de I'exterieur. Le derme est ronge peu ä peu; la peau offre exterieurement, en cette place une saillie plus ou moins accuminee; les polls y sent herisses et finissent par tom-bcr, quand la portion du derme, qui renferme leurs bulbes, est desorganisee; la peau s'amincit de plus en plus; la fluctuation devient de plus en plus sensible; la partie depilee offre une tointe violacee, apparente sur les robes claires; eile est froide. En ou-vrant le bouton ramolli avec le bistouri, on obtient un liquide dont les caracteres sont importants ä retenir. D'ailleurs, si on laisse le ramollissement poursuivre sa manche, bientöt la peau ne resiste plus et s'ouvre pour donner issuraquo; au contenu. Cette ouverturc peut se faire suivant deux modes un peu difTurents: par dechirure, fentc, eraillurc de la peau amincie, ou par mortifica­tion d'une portion de peau et chute de cette partie mortifiee. Dans
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le premier cas la plaie offre des bords irreguliers, dechires; mais la peau se mortifle aussi et la plaie se regularisant devient arron-die comme dans le second cas.
Le contenu des boutons farcineux ramollis est un produit li­quide, fllant, visqueux, oleiforme (huile de farcin), jaunätre, lie de vin, strie de sang; ces derniers caracteres annoneent qu'il tient en dissolution de la mattere colorante du sang plus ou moins alteree, ce qui n'a rien d'etonnant, attendu que les lesions farci-neuses sont accompagnees d'hemorrhagies. L'huile de farcin est formee d'un plasma sero-albumineux; eile est pauvre en elements figures; on y trouve quelques cellules purulentes, des hematies, des granulations moleculaires, des gouttelettes graisseuses; eile est irritante. Elle constitue un Symptome tres important an point de vue du diagnostic, ä cause de sa viscosite et de sa coloration jaunätre ou lie de vin; eile est virulente.
Quand il s'agit de boutons composes, qui se ramollissent, on peut constater d'abord plusieurs centres fluctuants et depressi-bles; peu äpeu ces centres se confondent, s'ouvrent les uns dans lesautres et ne forment a la fin qu'une poche plus ou moins anfrac-lueuse, qui, une fois ouverte, se montre constituee de plusieurs cupules rapprochees ou plus ou moins confondues.
Que I'ouverture ait ete faite artiflciellement ou qu'elle soit sur-venue natureliement, la plaie qui en resulte devient ulcereuse, et eile est simple ou composee, suivant qu'elle derive d'un bouton simple ou d'un bouton compose. Les ulceres ou chancres farci­neux sont plus ou moins etendus et ont une forme plus ou moins reguliere, suivant qu'ils proviennent de boutons simples ou de boutons composes. Leur ouverture est d'abord plus petite que ne I'etait le contour des boutons, eile est plus ou moins regulie-rement cupuliforme. Leurs bords sont plus ou moins fermes, cir-culaires, plus ou moins x'eguliers, failles h pic ou en talus; ils sont constitues par un tissu infiltre et donnent ä la pression de l'huile de farcin; ils sont quelquefois saillants, sureleves; leur coloration est jaunätre, grisätre ou plombee. Le fond des ulceres Interesse plus ou moins profondement le derme ou I'outrepasse; il est jau­nätre, grisätre, plombe, pointille de rouge; il a un aspect granu-leux, il est parseme de granulations ou bourgeons jaunätres, rou-geätres, plombes, mollasses, peu saillants, saignant facilement et se detruisant constamment.
Les chancres farcineux restent parfois plus ou moins stationnai-
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622nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
res; ordinairement ils progressent, ils s'etendent en surface et en profondeur; iis rongent et ils creusent; ils sont le siege d'une gan­grene moleculaire progressive et ininterrompue; ils fournissent constaniment de Thuile de farcin.
Le produit secrete par les ulceres est de mauvaise nature, comme le contenu de la collection; c'est un liquide albumineux, visqueux, filant, huileux, jaunatre, avec pen on pas d'odeur quand les plaies sont isolees, et ä odeur sui generis, de safran, quand les plaies sont nombreuses et confluentes. II se concrete sous I'in-fluence de l'actiou de l'air, il forme des croütes qui restent adhe-rentes aux chancres, qu'elles recouvrent et dont elles se detachent facilement; en s'ecoulant hors des plaies il salit les polls et la peau et y adhere sous forme de croütes jaunätres. Souvent des erosions ou de nouveaux chancres se ferment autour de ceux qui ont eu pour origine des boutons; elles sont determinees par I'action irri-tante du produit excrete et se reunissent aux plaies primitives, d'oü resultent des plaies farcineuses plus ou moins etendues. Quand les ulceres farcineux sont confluents, ils arrivent peu ä peu ä se cönfondre. Les plaies, resultant de la fusion de plusieurs chancres ou de l'adjonction de nouvelles plaies, offrent un aspect et une forme tourmentes et irreguliers; elles sont plus profondes en certains points, superficielles dans d'autres.
11 arrive parfois que les bourgeons, qui tapissent le fond des chancres, vegetent, s'accroissent, deviennent exuberants au point de depasser meme le niveau de la peau, se maintiennent juxtapo­ses sans se souder, secretent et forment une eminence fistuleuse (farcin en cul de poule), de laquelle s'echappe le produit se­crete.
Quelquefols la matiere secretee par les plaies decolle les bords, fuse sous la peau et forme des clapiers plus ou moins volumi-neux.
Les boutons farcineux, qui se developpent dans le derme, ont une evolution ordinairement plus rapide que les autres, car ils sont moins profonds; souvent ils sont alors confluents. Les chan­cres, qui en resultent, se reunissent peu ä peu et ne forment bien-töt qu'une vaste plaie ulcereuse toujours croissante.
Quelquefoisla erudite persiste dans certains boutons; et d'autres eprouvent le ramollissement sans en arriver äTulceration, mais ce sont la des exceptions.
Chez le meme malade on peut voir des boutons en plus ou
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moins grand nombre, dans le derme, dans le tissu conjonctif sous-cutane ou interessant a la fois le tissu sous-cutane et le derme. Ils sont localises ä une region ou dissemines dans plusieurs re­gions; ils sont plus ou moins rapproches, ils sont confluents ou discrets. Dans Tun comme dans I'autre cas, ces accidents ne se montrent pas tous ensemble, ils apparaissent successivement; aussi trouve-t-on sur le meme animal des boutons ä des degres divers d'evolution; les uns sont ä la premiere periode; d'autres sont ä l'etat de erudite; d'autres sont h la periode de ramollisse-ment; et d'autres enfin sont dejä ulceres. Ordinaireraent les bou­tons ne restent pas longtemps seuls; ils sont accompagnes de cor-des, de tumours, d'engorgements.
Cordes. — Les cordes sont des tumours allongees resultant de l'inflammation des vaisseaux lymphatiques; elles evoluent comme les boutons, parcourent les meines periodes et se terminent par I'ul-ceration. Elles sont ainsi appelees, parce qu'elles simulent plusou moins exactementunemecheou une corde passeesous la peau. Elles sont constituees par un vaisseau lymphatique enflamrne renfermant de la lymphe coagulee. L'inflammation ne se borne pas au vaisseau lymphatique; eile s'etend h son pourtour et gagne le tissu conjonc­tif ambiant.
Comme les boutons, les cordes presentent, dans leur evolution successive, les symptomes de l'inflammation, de la erudite, du ra-mollissement, de rulceration.
Ces accidents ne sont pas rares; ils sont cependant moins fre­quents queles boutons. II est rare quo le farcin s'annonce au de­but par des cordes; mais lorsqu'il y a des boutons ou des engor­gements, presque toujours elles les accompagnent ou ne tardent pas a apparaitre. De meme que les boutons, les cordes n'apparais-sent pastoutes ensemble, elles se montrent les unes apres les au-tres et debutent par une inflammation locale, qui va en progressant tres rapidement.
On les observe surtoutdans les regions riches en vaisseaux lym­phatiques; ordinairement elles se montrent le long du trajet des vetoes superficielles de la face, de l'encolure (jugulaire), du poi-trail (cephalique), des membres (radiale, saphene), du tronc (veine de Teperon), des organes genitaux, etc.
Elles sont cylindriques, droites aux sinueuses; placees dans le tissu conjonctif sous-cutane, elles sont plus ou moins saillantes et en relief, plus ou moins volumineuses, a diametre plus ou moins
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624nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
grand, variant depuis la grosseur d'une plume ä ecrire jusqu'ä celle du bras d'un enfant, ordinairement grosses comme le doigt. Leur forme et leur volume varient du reste avec les periodes; elles sont regulieres et cylindriques quand elles arrivent ä la pe-rlode de erudite; dans leur premiere periode elles sont plus vo-lumineuses et plus irregulieres dans leur forme, elles sont entou-ree d'une gangue infiltree et les tissus voisins sont tumefies. Pen ii pen leur volume diminue par suite de la resorption des produits infiltres.
Les cordes farcineuses partent d'un point excentrique et se di-rigent vers les ganglions les plus proches; elles procedent ordi­nairement d'un bouton farcineux, d'une tumeur, d'une plaie, d'un engorgement, quelquefois elles semblent emerger de la profondeur des tissus. Les ganglions auxquefs elles aboutissent ne tardent pas ä devenir malades h leur tour.
Quand elles font leur apparition, elles offrent les symptömes de l'inflammalion; elles sont chaudes, douloureuses, deviennent vo-lumineuses, sont mal delimitees; elles sont entourees d'une zone 03demateuse, infiltree et plus ou moins etendue; elles ferment une masse päteuse, au centre de laquelle on sent pourtant avec le doigt un noyau plus dur et plus resistant; elles sont encore uni­formes dans les divers points de leur trajet.
Bientot surviennent la resorption progressive de l'oedeme, la diminution et la disparition de la chaleur et de la douleur, I'orga-nisation et la densification du tissu enflamme; la corde devient moins volumineuse, mieux delimitee, plusdistincte, plus reguliere, plus uniformement dure et cylindrique. Le ganglion, vers lequel eile se rend, est engorge; il cesse d'etre empäte et devient dur comme la corde.
Quelques cordes restent regulieres; mais en general elles se tranforment en chapelets; elles deviennent moniliformes; il ap-parait sur leur trajet, de distance en distance, des renflements spheroides, gros comme des noisettes on des noix, inegalement distants les uns des autres, plus ou moins nombreux, durs, in-dolents.
Ces noeuds evoluent comme autant de boutons farcineux; ils passent de la periode de erudite a la periode de ramollissement et de celle-ci ä la periode d'ulceration; ils apparaigsent et evoluent successivement dans la meme corde; ils deviennent le siege d'un travail Interieur, qui les transforme en foyers purulents. Tout se passe comme dans les boutons: meme evolution; meme marche., memes caracteres; meme contenu; meme mode d'ulceration.
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Quelquefois un seul renflement parcourt les phases de son evo­lution et est ensuite suivi par d'autres; ordinairement plusieurs evoluent plus ou moins simultanement; d'autres nodosites appa-raissentsur la meme corde et evoluent a leur tour. Par consequent, sur le meme malade, on peut voir des renflements dejä ulcerös, des nodosites qui ne sent encore que ramollies, et d'autres enfin qui ne sont qu'ä la periode de erudite; celles-ci sont les plus recentes.
Les plaies, resultant de l'ulceration des renflements des cordes, presentent ä peu pres les memes caracteres que celles resultant des boutons farcineux. Elles n'ont aucune tendance a se cicatriser; elles rongent sans cesse; elles s'accroissent en etendue et en pro-fondeur; elles secretenl toujours; leurs bords sont dechiquetes, mollases, flottants, puis se fletrissent et mettent ä nu le fond; quel­quefois ces bords vivent et persistent quelque temps, s'agglutinent meine, mais bientot ils tombent ou sont ronges et regularises peu ii peu.
Ici le produit secrete est ordinairement plus abondant que dans les simples boutons et cela se comprend, car par la corde il s'e-tablit des communications et quelquefois plusieurs renflements se vident par une seule plaie. Sur la meme corde il se forme bientöt plusieurs ulceres, qui remplacent les nodosites. Ces plaies sont plus ou moins avancees, inegalement profondes, inegalement eten-ducs, elles sont separees par des parties oü la peau est restee in-tacLe. La matiere secretee se concrete quelquefois sous forme de ci'oütes jaunätres, ä la surface des ulceres et ä leur pourtour.
Sous l'influence de l'irritation qu'elles determinent, des erosions peuvent se produire, et bientöt ulceres et erosions, ayant une ten­dance fatale ä s'aecroitre, se reunissent de proche en proche, et il en resulte un ruisseau purulent, offrant gä et lä encore quelques ponts de peau intacts, qui ne tarderont pas ä etre detruits. Ge ruis­seau est inegalement profond et inegalement large, plus creux et plus vaste au niveau des points oü siegeaient les nodosites; ses bords sont plus ou moins irreguliers; son fond presente les memes caracteres que celui des simples chancres; la secretion morbide est alors tresabondante. Parfois, mais tres exceptionnellement, les plaies farcineuses bourgeonnent et se cicatrisent; ordinairement elles progressent, et, en se reunissant, elles forment de vastes ulceres, analogues ä ceux resultant de la reunion de plusieurs boutons confluents ulceres.
On observe parfois des cordes, qui restent regulieres et ne de-viennent pas moniliformes; elles se montrent surtout au plat de la
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cuisse et on peut les ren'contrer ailleurs; elles sont parfois refrac-taires au ramollissement ou ne donnent que des ulcerations isolees, petites et lenteraent croissantes.
Sur le ineme malade les cordes sont en nombre variable; elles apparalssent successivement et chacune d'elles evolue ä part et d'une maniere successive dans ses diverses parties.
Tumeurs. — Les tumeurs fareineuses sont des accidents plus ou moins analogues aux boutona, mais qui en different par leur plus grand volume, par leur evolution et aussi parfois par leur siege. II y en a de plusieurs sortes; on distingue des tumeurs gan-glionnaireSj des tumeurs sous-cutanees, des tumeurs de I'appareil testiculaire, des tumeurs de la mamelle et des tumeurs articu-laires.
Les tumeurs ganglionnaires sont le resultat de I'inflammation d'un ou de plusieurs ganglions lyrnphatiques; elles apparalssent lorsque d'autres symptömes locaux, boutons ou cordes, se sont dejä montres h la surface de la peau; elles sont assez frequentes, elles se reproduisent toutes les fois qu'il y a une corde, puisque celle-ci est le resultat de l'inüammation d'un vaisseau lymphatique, qui transmet rinflammation au ganglion. Elles peuvent semontrer dans les regions inguinale, pre-pectorale, pharyngienne, etc., et toujours apres que des boutons et des cordes se sont formes. On ne leur reconnait pas toujours les memes periodes qu'aux deux symptömes dejä etudies; il y a d'abord inflammation aigue pro-prement dite, qui se modifle bientot; survient ensuite un etat de erudite, caracterise par la durete et l'indolence; et parfois ä la pe-riode de erudite succede celle du ramollissement, qui peut lui-meme etre suivi de l'ulceration; mais ces deux periodes font souvent defaut, surtout la derniere.
L'inflammation est caracterisee par la tumefaction, I'empatement, la chaleur, la douleur. Le ganglion, qui devient malade, a au debut une consistance moyenne; il existe toujours a son pourtour une zone dans laquelle on reconnait les caracteres de l'oedeme actif. Peu a peu la tumefaction du ganglion diminue; la masse enflammee perd de son volume, car l'infiltration periganglionnaire se resorbe et le restant du ganglion se densifle; en d'autres terrses l'inflammation a une tendance vers I'organisation, e'est pourquoi le ganglion de­vient dur et perd de sa sensibilite. A un certain moment la tumeur ganglionnaire est dure, bosselee, irreguliere et adherente au tissu
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qui I'entoure; car le tissu periganglionnaire s'est sclerosö. Gette tumeur reste ordinairement dans l'etat de erudite; eile a peu de tendance a se ramollir. Quelquefois, dans un ganglion bossele, il pent se former un ou plusieurs foyers de ramollissement; mais dans ce cas la fönte est lente et n'est que partielle; parfois meme il est difficile de la constater par l'exploration digitale. II est encore plus rare que le ramollissement s'accompagne d'ulceration; et, si un ou plusieurs foyers se forment dans un ganglion malade, il est tres exceptionnel de voir le ramollissement amener I'abcedation. On peut obtenir l'ecoulement du produit au moyen d'une ponction artificielle; et alors on constate que le contenu est jaunätre ou giisätre, plus epais que celui des boutons farcineux. Le ganglion etaat ouvert artificiellement, il est rare que la plaie produite se cicatrise; eile tend h se transformer en plaie listuleuse ou en ul-cere; il en est de meme'quand le ganglion s'ouvre spontanement. Chez le meme sujet on peut rencontrer des ganglions malades a differeutos periodes, soit ä la periode d'inflammation, soit a celle de erudite, soit h celle de ramollissement, soit ä celle d'ulceration.
Les tumeurs sous-cntanees, qui apparaissent pendant revolution du farcin, sent des accidents inflammatoires du tissu conjonctif sous-cutane. Elles different des boutons: par leur volume, qui pent varlei' depuis celui d'un ceuf jusqu'ä celui du poing; par leur siege, elles sont comprises dans le tissu sous-eutane et n'interessent pas la peau; par leur evolution, elles se ramollissent plus vite et nes'uleerent pas. Elles ne sont pas tres frequentes, et, quand elles se montrent, il est rare d'en voir un grand nombre sur le meme malade; le plus ordinairement on en trouve une ou deux. Elles se förmeat de preference dans les regions oil la peau est epaisse, sur le tronc, principalement sur les cötes de la poitrine, sur les faces laterales de l'encolure, sur la croupe, etc.
MM. Reynal et Trasbot pretendent que ces tumeurs ne consti­tuent pas un Symptome du farcin, mais qu'elies sont simplement des accidents kystiques provoques par des coups, par des con­tusions, par des traumatismes, et qui, evoluant sur un organisme morveux, prennent des earaeteres particuliers, qu'on a invoques ä tort pour les considerer comme etant de meme nature et comme reconnaissant le meme mode de formation que les boutons. II est bien possible qu'une cause irritante, agissant sur un animal far­cineux, determine un kyste, une tumeur sanguine, il est possible que sous l'influence du farcin cette tumeur ne presente pas les
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628nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
memes caracteres que chez un cheval sain, mais on ne pent pas nier que les tumeurs sous-eutanees se produisent, chez les ani-mauxfarcineux, sans provocation exterieure. J'ai observe en Afrique des chevaux farcineux, qui ont presente sur la croupe les tumeurs dont il s'agit, et qui sürement ne pouvaient pas etre atribuees a un traumatisme quelconque, vu que ces animaux etaient isoles et attaches ii une corde tendue dans une cour.
Les tumeurs farcineuses se montrent generalement d'emblee, et en peu de temps elles ont acquis un volume considerable. D'a-bord elles se presentent avec les caracteres de Finflammation pro-pvement dite; elles sent peu ou pas dolentes, peu chaudes et plus on moiiis resistantes; mais il est bien rare qu'on puisse saisir leur debut; presque toujours, quand on lesaperQoit, onlestrouve ramollies.
Dans les tumeurs farcineuses sous-cutanees, le ramollissement survient en effet au debut; il s'opere tres vita et envahit toute la masse. Ces tumeurs se montrent alors sous forme de bosses plus on moins regulieres, sous-cutanees et tout a fait fluctuantes. Ce ramollissement lalsse la peau absolument intacte; h la surface des tumeurs on ne constate pas les alterations signalees ä propos des boutons, et on a beau les observer plusieurs jours, elles ne s'ulcerent pas ordinairement. Si alors on les ouvre artiflciellement, on constate dans leur Interieur la presence d'un contenu analogue ä celui des boutons farcineux, d'une matiere visqueuse, huileuse, jaunätre, filante, peu riche en elements figures et quelquefois strieede sang. La poche est rosee; eile n'a pas les caracteres de l'ulcerc farcineux; ses parois sont minces; sa surface est douce et lisse; et apres l'ouverture artificielle, il est rare cjue I'accident se transforme en ulcere proprement dit; ordinairement les levres de la plaie s'agglutinent et adherent; la poche continue a secreter; une nouvelle collection se forme et devient bientöt assez abondante pour exercer une pression süffisante sur la peau et faire eclater le travail dejii produit entre les levres. D'autres fois les levres restent ecartees, ouvertes et ont de la tendance h se detruire pro-gressivement; quelquefois I'orifice pratique devient fistuleux. II pent arriver que la peau ainsi soulevee se soude avec les parties sous-jacentes; il en resulte un tissu de cicatrice, espece de noyau plus ou moins dur, qui pent etre totalement resoj.-be ou bien per-sister en restant indure, ou bien devenir le point de depart d'une ulceration.
II pent se faire que les tumeurs sous-cutanees ne se ramollissent
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pas, qu'elles passent de la periode d'inflammation h la periode de erudite; elles peuvent rester dures et indolentes plus ou moins longtemps, mais ce h'est qu'exceptionnellement.
Lorsque le farcin evolue sur des chevaux entiers, frequemment un engorgement inflammatoire se developpe dans les bourses, dans la sereuse testiculaire, dans le testicule, dans repitlidyme, dans le cordon testiculaire, dans letburreau; et quand cet accident apparait, sa signification est claire, bien que les autres symptomes locaux soient mal caracterises. De metne que tons les autres ac­cidents, ces tumeurs se produisent rapidement, sans cause ap-parente; elles atteignent tres promptement leur developpement coraplet. On observe toujours en pareil cas certains symptomes rationnels; il y a de la gene dans la marche; la station est anor­male; lorsque les animaux se deplacent, ils ecartent les membres. Les symptomes locaux sont ceux d'une inflammation, qui s'accom-pagne d'une periode de erudite et quelqufois d'une periode de ra-mollissement; mais ici comme dans les tumeurs ganglionnaires, Tulccration arrive rarement. L'intlammation, d'abord localisee, ne tarde pas h se generalise!' an fourreau, aux bourses, ä la sereuse, au testicule, ä Tepididyme, au cordon testiculaire. Cette tumefac­tion presente les caracteres suivants : eile est chaude, doulou-reuse; il y a une infiltration oedemateuse considerable de la region scrotale et du fourreau, et on constate une eonsistanee molle, annoncant l'infiltration du tissu; on sent a travers cette exsudation le testicule lui-meme, qui est dur, tumefie, douloureux ii I'explo-ration et difficile h depiacer h cause de l'inflamraation de la sereuse testiculaire, car il se produit des adherences entre eile et le testi­cule; l'epididyme et le cordon sont tumefies, douloureux.
Peu h peu la partie molle est resorbee et diminue de volume; alors il est plus facile de verifier l'etat du testicule, qui se montre tumefie, plus consistant, plus dur. II est rare que le ramollisse-ment soit la consequence de cette alteration; au niveau de l'epi­didyme il se forme pourtant parfois un foyer de ramollissement, que la pression decele, mais il n'est jamais suivi d'ulceration.
Chez la femelle une pareille tumefaction se produit quelquefois au niveau des mamelles, et Ton rencontre alors une tumeur chaude, douloureuse, entouree d'une zone oedemateuse, qui passe h la periode de erudite et devient plus ou moins indolente.
Les synoviales articulaires et tendineuses peuvent s'enflammer,
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630nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINO-MORVEUSEl
et il se produit parfois des arthfites, des synoVites, qui d'abord ont tous les caracteres de l'acuite, mais qui tendeut ä devenir chroniques.
Engorgements. — Les engorgements t'arcineux sont des tumefactions plus considerables que celles que nous venons d'etu-dier; ils se montrent assez souvent pendant revolution du farcin, soit au commencement, soit plus tard; ils different des accidents, qui precedent, par leur forme, par leur volume et par leurs ca­racteres.
Ils presentent d'abord les caracteres de rinflammation, ensuito ceux de Fcedeme passif; ils peuvent eprouver le ramollissement et i'ulceration. On les observe dans le tissu cellulaire sous-cutane, dans certaines regions des parties declives du tronc, sous la poi-trine, sous I'abdomen, mais le plus habituellement c'est aux membres qu'on les rencontre et plus specialement aux membres posterieurs. Ils siegent au niveau d'une ou plusieurs articulations (genou, jarret, boulet), et ils ne tardent pas a s'etendre dans
! toutes les directions. Au debut la peau est tendue et chaude; la pression est doulou-reuse; il y a les caracteres de rinflammation aigue (chaleur, dou-leur, empatement); il en resulte une gene plus ou moins grandc dans la marche et une modification de l'aspect du membre.
L'inflammation passe pen h peu ä l'etat chronique et alors on observe les symptömes de l'oedöme passif proprement dit: un engorgement froid, päteux, indolent, qui, quoique plus volumi-neux, ne gene pas autant la marche. Son volume pent diminuer plus ou moins sous rinfluence de l'exercice, mais il s'accrolt de nouveau au repos.
Avec ces engorgements, il se presente toujours d'autres symp­tömes ; ainsi il n'est pas rare de voir emerger de 1'engorgement d'un membre une ou plusieurs cordes farcineuses, se dirigeant vers les ganglions les plus voisins, qui se tumefient; il n'est pas rare non plus de voir se former des boutons et des cordes meme sur I'engorgement farcineux proprement dit. Ces boutons appa-raissent successivement dans le derme, dans le tissu conjonctif sous-cutane; il en est de meme des cordes. Ces divers accidents non constants evoluent comme il a ete dit ciTdessus, et, a un moment donne, I'engorgement farcineux est crible de plaies ulce-reuses, qui, en s'accroissant, en se confondant, fmissent par occu-per de vastes espaces.
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L'eiigorgement peut en outre se ramollir dans certains points, au niveau desquels on observe d'abord une certaine tension et un oxces de sensibilite, qui sont bientöt suivies du ramollisseinent dans une etendue plus au moins grande; ici, de meine que pour las tumeurs farcineuses, rarement Fulceration survient. Si on pratique une ouverture aitificielle, le contenu de ces poches sort, et on lui reconnait ies meines caracteres qu'ä celui des boutons; la cavite est analogue ä celle des tumeurs; quelquetois ces poches s'ulcerent seules.
M. Reynal pretend que parfois I'engorgement farcineux peut etre resorbe plus ou moins completement, et que la disparition subite fait apparaltce une eruption de morve ä la surface de la muqueuse respiratoire; il dit que souvent les engorgements far­cineux, sans etre resorbes totalement, peuvent diminuer peu h peu de volume et cette diminution etre accompagnee d'une erup­tion progressive de morve Interieure.
Les symptömes locaux du forcin ne s'observent pas tous au debut; on ne les rencontre pas non plus tous chez tous les ma-lades ; tantöt on trouve soit des boutons, soil des boutons et des cordes, soit des boutons, des cordes et des tumeurs, soit tous les quatre ä la fois. Quand ils se montrent tous ou plusieurs, ils apparaissent successivement, Jamals tous ä la fois. Les divers symptömes locaux, qui existent sur un malade, peuvent se mon-trer ä diverses periodes de leur evolution; ils vont ordinairement en s'aecentuant, en s'aggravant.
La marche du farcin est plus ou moins rapide, suivant que les symptömes locaux sont plus ou moins abondanls; et, quand la maladie est ancienne, il se produit d'autres symptömes locaux. Le farcin peut se compliquer d'apparition, ä la surface de la pitui-taire, de tubercules, qui se transforment en ulceres. Le farcin en evoluant peut se compliquer de morve; il peut y avoir on eilet d'abord expression de farcin et ensuite expression de morve se greffant sur le farcin. Assez souvent pendant revolution du farcin, on observe des periodes d'arret ou d'amelioration et d'aggra-vation; et parfois, au moyen d'un traitement convenable, on peut faire disparaitre certains symptömes locaux. Un cheval farcineux peut meme,' ä un moment donne, ne plus presenter de symptömes locaux; il semble y avoir arret dans la marche de la maladie. Mais ces periodes d'amelioration sont ephemeres; bientöt en effet d'autres symptömes apparaissent et ceux qui existaient s'aggra-vent, aussi ä la longue les malades sont epuises.
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632nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; AFFECTION FAHCINO-MORVEÜSE
La terminaison du farcin est toujours la meme, eile est cons-tamment mortelle, car les cas de guerison signales ne se rappor-tait pas au farcin morveux, mais bien k des maladies non speci-fiques analogues seulement de forme avec le farcin. Les malades peuvent vivre des mois, des annees; la maladie a une duree fort variable, suivant les cas et suivant les animaux; mais les sujets malades sont mines peu ä pen et flaissent toujours par tomber dans un etat de marasme, auquel ils succombent, quand ils ne meurent pas ä la suite d'une complication, quand ils ne sont pas sacrifies.
En recherchant la valeur diagnostique des divers symptömes locaux, on volt qu'elle n'est pas la meme pour chacun d'eux. Si on observe seulement une ou deux tumeurs, on est embarrasse pour savoir s'il s'agit du farcin, car elles ne sont pas diagnos-tiques par elles-memes. L'engorgement farcineux au debut ne permet pas non plus de conclure k l'existence du farcin; et Ton pent dire que, des quatre symptömes, la tumeur et l'engorgement au debut ont le moins de valeur au point de vue du diagnostic. Lorsque plusieurs accidents se combinent, ils acquierent une tout autre importance. Si la tumeur et l'engorgement ne suffisent pas pour diagnostiquer siirement le farcin, il n'en est pas de meme du bouton et de la corde. C'est la corde qui est le Symptome le plus pathognomonique, surtout quand eile est bien moniliforme, quand eile presente des noeuds de distance en distance. D'autres maladies peuvent se presenter avec ce caractere, une simple lym-phangite par exemple; mais nous verrons plus loin le moyen de faire la differenciation. Done au point de vue du diagnostic, on pent classer ainsi les symptömes locaux par ordre d'importance : cordes, boutons, engorgements, tumeurs.
Les symptömes generaux, etantles memes que ceux de la morve chronique, seront etudies ci-apres.
La morve est la forme de I'afTection farcino-morveuse, qui est decelee par des symptömes du cöte de la pituitaire et du cöte du Systeme ganglionnaire, principalement du cöte des ganglions de l'auge. Ge qui distingue le type chronique c'est la marche relative-ment lente des lesions, qui constituent ses symptömes locaux.
MORVE CHRONIQUE
La morve chronique est la forme la plus frequente; eile peut apparaitre d'emblee, ou faire suite au farcin ou ä la morve aigue.
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Affection farcino-morveüsenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 633
Elle est caracterisee par des symptomes locaux et par des symp-tomes generaux, qui, les uns comme les autres, sont tres variables et preseutent des degres plus ou moins marques, suivaut que la maladie est plus ou moins avancee, et suivant qu'elle est localisee ä tels ou tels organes. On observe aussi des differences considera­bles, suivant qu'elle evolue sur tels ou tels individus, chez teile ou teile espece. La morve chronique est plus frequente chez le cheval, surtout chez le cheval mou, lymphatique. On peut aussi la ren-contrer quelquefois sur le cheval sanguin et meme sur le raulet; mais chez eux, quoique presentant le caractere de la chronicite, eile evolue plus rapidement.
De tout cela il resulte qu'on peut reconnaitre des varietes assez nombreuses dans la morve chronique, varietes qui peuvent etre etablies d'apres le plus ou moins grand nombre de symptomes locaux qu'on observe, d'apres leur siege et d'apres le degre plus ou moins avance de la maladie. Quoiqu'il en soit, cette forme est grave, ä peu pres toujours mortelle et eile est contagieuse.
Symptomes locaux. — Les symptomes locaux se remar-quent dans deux sieges principaux, sur la pituitaire et sur le Systeme ganglionnaire (ganglions de Tauge). La pituitaire offre deux symptomes principaux, le jetage et des lesions speciales. Quant aux ganglions de l'auge, ils offrent une tumefaction plus ou moins bien caracterisee, le glandaye proprement dit. Suivant les diverses combinaisons de ces trois symptomes, on peut ob­server des morves plus ou moins bien caracterisees. La morve typique ou classique est celle qui est caracterisee par les trois symptomes indiques; mais il arrive frequemment que la maladie ne se presente pas avec une physionomie aussi nette, et on peut n'observer que deux symptomes plus ou moins variables, suivant les combinaisons, ou meme qu'un seul; il peut, qui plus est, arriver qu'il y ait absence de tout Symptome, bien que la maladie existe, c'estalors un cas de morve latente.
Jetage. — Le jetage est le Symptome qui se montre le pre­mier, et pour le constater, un examen minutieux de l'animal n'est pas necessaire; il est constitue par I'ecoulement d'une certaine quantite de matiere morbide, qui s'echappe par une ou par les deux ouvertures nasales.
Le jetage est en effet unilateral ou bilateral; assez souvent il est unilateral dans la morve chronique, et il indique que jusqu'alors les lesions sont localisees d'un seul cöte de la pituitaire. On a
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634nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
pretendu que dans les cas assez nombreux oil le jetage est unila­teral, on le voit plus particulierement du cöte gauche que du cöte droit; mais 11 n'y a lä qu'une simple coincidence etrien ne permet d'expliquer ce fait autrernent.
La quantite du jetage est tres variable, suivant qu'en observe les malades pendant le repos ou pendant le travail, ou lorsqu'ils sont fatigues; toutes choses etant egales d'ailleurs, il est plus abondant pendant le travail que pendant le repos, et 11 Fest sur-tout quand les animaux sont surmenes, fatigues; on peut aussi lo rendre plus ou moins abondant, eninclinant plus ou moins la tete. II est ordinairement continu, persistant; mais parfois il se montre avec des caracteres de remittence et meme d'intermittence, c'est-ii-dire que tantot il diminue pendant quelque temps, pour redeve-nir ensuite plus abondant, et tantöt il cesse pour recommencer ensuite; quelquefois sa quantite est tellement minime, que ce Symptome est presque imperceptible, inappreciable. II peut memo faire completement defaut; il s'agit dans ce cas de la morve seche.
La couleur du jetage morveux est tres variable; ce produit est jaunätre, jaune-verdätre, verdäLre; ce sont lä les colorations les plus habituelles et elles s'expliquent par la presence d'une certaine quantite de matiere colorante du sang dissoute et plus ou moins alteree. D'autres fois le jetage estveritablement aqueux, limpide, presque sereux; parfois il est grumeleux, et ce dernier caractere n'est pas rare pendant revolution de la maladie, on l'observe de temps en temps; on trouve alors dans le produit nasal de petits grumeaux mucoso-purulents, qui proviennent vraisemblablement de l'ouverture d'un ou plusieurs tubercules dc la muqueuse respiratoire. La matiere de recoulement est parfois grisätre, presque puriforme; il n'est pas rare de la voir un peu rouillee, sanguinolente meme et stri6e.de sang; quelquefois le sang y est abondant, c'est qu'alors 11 y a eu epistaxis. Quand on observe un jetage rouille, sanguinolent, il y a fortement lieu dc soupoonner l'existence d'ulceres, de chancres k la surface de la pituitaire, lors meme qu'on ne les apercoit pas. II ne faut pas cependant outrer cette inaxime et croire que d'apres ce seul fait on peut aftirmer l'existence de la morve chez les animaux qui out presonle ce Symptome; car toute son importance lui vient de ce que, en meme temps que lui, il existe du glancfage ou de ce qu'il s'est presente des circonstances permcttant de croire, jusqu'ä un #9632; certain point, que I'animal a ete expose ä la contagion ou que
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AFFECTION FARGINO-MORVEUSEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 635
d'autres unimaux, places a cote de lui, ontete contamines. Le pro-duit qui s'ecoule des naseaux est ordinairement inodore; inais iJ peut devenir odorant et fstide, quand il sejourne dans les sinus ou dans les comets, ou quand l'ulceration, ayant pris de l'exten-sion, s'est accompagnee de la carie du cartilage ou de l'os. Nous verrons en effet que les chancres ont de la tendance k ronger et qu'ils peuvent atteindre la cloison cartilagineuse.
Ordinairement le jetage morveux n'est pas homogene, il cst mal lie; il presente des grumeaus; il est albuminolde, oleiforme, tres visqueux, comme poisseux; par consequent 11 adhere tres facile-ment et assez intimement au pourtour de la narine, aux levres; il est meme irritant, et il peut corroder les parties sur lesquelles il s'ecoule, s'attache ou se concrete.
Ce produit morbide est secrete par les chancres delamuqueuse respiratoire; mais on comprend qu'il doit avoir une autre source, car les chancres, quelque nombreux qu'ils soient, sont incapables de dormer une grande quantite de jetage; et en effet, dans la morve, en meme temps que les lesions tubercuiiformes se produi-sent, il y a toujours une inflammation plus ou moins diffuse et plus ou moins marquee de la muqueuse, un etat catarrhal plus ou moins etendu, qui peut etre limite k la pituitaire, mais qui peut aussi gagner les sinus, le larynx, la trachee, quand des tubercules morveux se montrent sur ces organes.
Le jetage a une certaine importance au point de vue du diagnos­tic de la morve, mais sa valeur est beaucoup moindre que celle des deux autres symptömes, surtout moindre que celle des tubercules ou des ulceres; et meine dans certains cas, il n'offrepas, ä propre-inent parier, decaracteres qui permettent deledifferencier de celui qu'on observe dans les maladies inllammatoires ordinaires. 11 n'esl veritablement important, qu'autant qu'il se presente avec les ca-racteres suivants: unilateralite, couleur jaundtreou jaune-verdatre, viscosite, adherence aux surfaces qu'il louche.
Du reste ce Symptome peut se modifier; si le type aigu de l'af-fection peut se changer en type chronique, la reciproque est vraie aussi, et quand la morve chronique setransforme en morve aigue, tons ses symptömes, le jetage comme les autres, se modiflent.
Etat de la pituitaire. — Tubercules.— Chancres.— Nous arrivons aux symptömes de la morve les plus importants, aux tubercules developpes sur les parties de la pituitaire accessibles k la vue, et aux plaies ulcereuses auxquellesils donnent fatalement naissance.
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636nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
Avant d'etudier ces tubercules, exarainons l'etat de läpitüitaire elle-meme, qui est souvent plus ou moins modifiee. II est ordihäi-rement facile de constater üne injection plus ou moins prononcee du Systeme veineux principalement. La muqueuse est quelquefois purpurine; le plus souvent eile est pale, plombee, plus l'roide qu'ä, l'etat normal, boursoufflee, tumefice, infiltree, mollasse, oedeina-teuse, plus humide; ses follicules sont hypertrophies et plus sail-lants, d'oii resulte un aspect rugueuxassez manifeste de la surface de la muqueuse, surtout au-dessous de 1'aile interne du nez; le ineme aspect rugueux se voit aussi quelquefois sur I'appendice anterieur du grand cornet.
Les lesions de la pituitaire ont toutes pour point de depart une neoplasie tuberculiforme; par consequent, quand on lit dans les auteurs quo les chancres de la morve peuvent etre la consequence do deux ou tröis accidents differents, qui se produisent h la surface de la pituitaire, il ne faut rieh en croire. Toujours les lesions rnor-veuses de la pituitaire sont identiques au fond et derivent de tu­bercules morvcux, tres analogues par leur mode d'evolution aux boutons farcineux. Les lesions initiales sont done des tubercules developpes plus ou moins profondement au-dessous de l'epithe-lium, dans le derme de la muqueuse, ou memo dans le tissu con-jonctif sous-muqueux. Au debut, ce sont de simples elevures qu'on peut rencontrer en differents points de la muqueuse pituitaire, mais qu'on observe principalement ä la surface de la cloison na­sale, ou bien encore sur les cornets. Ces elevures sont situees plus ou moins haut dans les cavites nasales, de sorte qu'il n'est pas toujours facile de les apercevoir. On peut encore observer ä la surface de la pituitaire, principalement sur la cloison nasale, de veritables cordes, qui ne sont autre chose que des lymphangites, des inflammations des vaisseaux lymphatiques, qui sont peu sail-lantes et qui ordinairement ne sont reconnues, que lorsqu'on passe le doigt sur la muqueuse et qu'on exerce une certaine pres-sion. Enfin on trouve aussi parfois sur la meme muqueuse des plaques infiltrees, mollasses, des plaques d'oedeme. En resume, il peut se former trois lesions distinctes sur la pituitaire; mais il n'y a guere que les tubercules qui evoluent comme les boutons farci­neux. Les cordes ne semblent pas se ramollir, sect;\\es ne deviennent pas noueuses, elles ne s'ulcerent pas; et il en est de meme des plaques muqueuses, des plaques d'infiltralion. Pourtant nous verquot; rons qu'il y a, ä propos de ces dernieres, quelques exceptions.
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Les tubercules, etant situes plus ou moins profondement dans l'epaisseur de la muqueuse, sont plus ou moins faciles h aperce-voir. Ceux qui sont situes dans les couches inferieures du derme ou daas le tissu conjonctif sous-muqueux, ne deviennent visibles qu'apres leui- complet developpement, et memo ils sont parfois si peu saillants, que, pour les reconnaitre, il est necessaire de prome-ner le doigt sur la muqueuse, en exergant une certaine pression; alors on sent tres bienles petites nodosites qu'ils forment. Ceux qui se developpentsousl'epitlielium ou dans les couches superficielles du derme muqueux, deviennent appreciables avant d'arriver ii leur complet developpement; en effet, ces accidents sontgeneralement precedesd'unetache rouge, qui apparait d'emblee sur la muqueuse. Peu h peu, au sein de cette ecchymose, on voit apparaitre une petite elevure,qui,d'abord peu saillante, s'accroit rapidement, de­viant blanchätre ou grisatre et roste plus ou moins longtemps en-touree ä sa base d'une zone rouge, trace de la congestion qui a precede son apparition. En memo temps qu'elle acquiert son com­plet developpement, eile devient dure ; et alors eile deviant ab-solument identique, au point de vue de la sensation qu'on eprouve en passant le doigt sur eile, au tubercule developpe pro­fondement.
II est bon ä ce propos de faire remarquer que beaucoup d'ob-servateurs, tous meme, affirment que I'existcnce d'une zone rou-geätre autour du tubercule signifie que lamorvc est aigue ou sub-aigue et non chronique; je ne suis pas du tout de cet avis, et je ne crois pas qu'il faille se baser sur I'existance ou la non-existence d'une zone autour du tubercule, pour en inferer qu'il s'agit de la inorve aigue ou de la morve chronique. Je suis persuade que tou-tes les fois qu'un tubercule morveux se forme ä la surface da la pituitaire, il est precede d'une tache ecchymotique et accompagnc d'une zone rougeatre, quand il s'est developpe superficiellement. Est-ce ii dire que le meme phenomene n'existe pas pour le tuber­cule qui s'est developpe profondement? II existe, seulement la tache rouge n'est pas visible ä cause de sa profondeur, et la zone rouge, qui entoure le tubercule profond, est invisible pour la meine raison; mats l'une et l'autre existent. Enincisant les tissusqui re-couvrent le tubercule, on constate leur existence. Du reste en fai-sant l'elude anatomo-pathologique des tubercules de la pituitaire, nous yerrons qu'il y a autour des uns et des autres des points he-morrhagiques.
II pent arriver que certains tubercules, tres superficiellement
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situes, soient rapidemeut suivis d'ulceration ; mais en general les lubercules de la pituitaire, comme les boutons farcineux, parcou-rent differentes periodes. Ce sent d'abonl de simples neoplasies inilammatoires; puis ils passentala periode de erudite et succesive-ment de l'induration au ramollissement, du ramollissement äl'ul-ceration. Les tubercules sontordinairement arrondis, assez regu-liers dans leur forme, peu volumineux, gros tout au plus comme un grain de seigle; ils peuvent etre plus ou moins nombreux, discretsou confluents, plusou moins rapproches les uns des autres. Quand il y en a un certain nombre sur la pituitaire, ils ont apparu successivement, de sorte que chacunevoluant separement, on pent entrouveruncertain nombre h chacune des diverses periodes que nous avons reconnues.
Les deux premieres periodes, inflammation proprement dite et erudite, sent ici moins bien caracterisees que dans les boutonsfar-cineiix; en effet, les syinptömes qui les accoinpagnent sont tres difüciles ä apercevoir, ä cause du tres petit volume des tubercules. La periode de erudite s'annonce, avons-nous dit, par l'indura­tion. Si ä ce moment on pratique une incision a travers les tuber­cules superficiels ou profonds, on constate que leur centre est forme d'une matiere grisätre ou jaunätre, absolument analogue ä celle que nous avons dejä vue dans !e bouton farcineux.
Lc ramollissement se produit ici d'apres le meme inecanisme que dans les boutons de farcin; il est plus difficile h constater; la fluctuation est peu apparente. Gependant, quand il s'agit de tuber­cules superfidiels, on les voit changer de forme, devenir pins pointus, acumines; et si ii ce moment on les ouvre, on obtient un produit trouble, visqueux, un produit, qui, en d'autres termes,
presente en petit les caracteres du jetage du cheval morveux. Quand il s'agit de tubercules profonds. L'ulceration arrive tres lentement, et cela se comprend sans peine. Il n'en est pas de meme quand les tubercules sont superficiels; une fois le ramol­lissement accompli, l'ulceration ne tarde pas ä se produire; quand les dernieres couches qui recouvrent le tubercule ont ete rongees, Tepithelium eclate, se dechire et le bouton se vide; ensuite les lambeaux d'epithelium qui le recouvraient se desqua-ment; ce sont eux qui peuvent constituer parfois ces petits grumeaux qu'on rencontre dans le jetage. Le bouton ainsi ulcere se transforme done en chancre, en ulcere.
Les chancres, qui resultent del'ouverturenaturelle des tubercu-
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les morveux, sont plus ou moins profonds, suivant qu'ils derivent de tubercules superficiels ou profonds. Leur volume est souveht tres petit; leur forme est celle des plaies resultant de l'ulceration des boutons de farcin; ils sont cupuliformes; ils n'ont aucune Icadance ä se terminer par la cicatrisation; ils progressent, ils rongent les tissus, ils s'etendent en profondeur et en surface. Mais ici 11 est facile de constater une difference entre les ulceres super­ficiels et les ulceres profonds; les premiers marchent plus rapide-ment que les seconds. Autour des plaies ulcereuses, surtout au-tour de celles qui sont superficielles, on peut constater I'existence d'une zone peripherique rougeatre; cette zone n'est pas visible autour des ulceres profonds, et meine h la longue eile tend ä disparaitre aussi dans les autres.
Les chancres morveux out des bords plus ou moins saillants, lailles h pic ou plus ou moins inclines; ces bords sont ordinaire-ment indures; sous le doigt ils presentent la consistance d'une inatiere cartilagineuse;'ils sont jaunätres, reguliers ou irreguliers dans leurs contours; par la pression on en fait sourdre une ou plusiours gouttelettes purulentes ou sanieuses. Leur fond est gri-satre ou jaunätre, plus ou moins pale ordinairement, parseme quelquefois de petites pointillations d'un rouge sanguin; il saigne facilement quand on le louche, quand on promene le doigt h sa surface; il est forme par de fines granulations bourgeonnantes, qui li'ont aucune tendance h I'organisation; il est le siege d'une gangrene moleculaire qui progresse toujours. Les ulceres secre-tent un liquide visqueux, trouble, quelquefois rouille ou strie de sang. II peut arriver, sous l'influence de Fair, qui entre et qui sort, que ce produit se condense, forme des croütes et adhere ä la sur­face des plaies; il n'est pas rare en effet de voir a la surface de certains chancres des croütes molles, jaunätres, ordinairement peu adherentes, car il y a toujours une secretion au-dessous d'elles; quelquefois la croüte est marbree, c'est-ä-dire qu'elle presente des taches rouges ou noirätres, ce qui indique que le produit qui I'a formee etait rouille, sanguinolent, strie.
Puisque les chancres creusent en profondeur et en etendue, lorsque plusieurs sont rapproches les uns des autres, ils peuvent se confondre, d'oii il resulte une plaie plus ou moins vaste, ordi­nairement irreguliere dans sa configuration et sa profondeur, plus creuse en certains points, au niveau des ulceres les plus an-ciens ou de ceux resultant des tubercules les plus profonds. Peu h peu l'ulceration, qui s'etend toujours, peut traverser la muqueuse
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tout entiere, interesser le tissu conjonctif sous-muqueux et atta­quer meme le cartilage. Parfois meme la perforation de la cloison nasale est complete. Teile est la marche la plus habituelle des tu-bercules de la pituitaire.
Parfois certaines nodosites, surtout celles qui sont profondes, ne se ramollissent pas; d'autres se ramollissent et ne s'ulcerent pas. Ces cas sont pourtant rares. On pent voir aussi des ulceres qui ue creusent pas ou qui crejisent lentemeut, qui restent plus ou iiioins longtemps superficiels, avec des bords plus ou moins irreguliers. Coinme dans le farcin, on pent voir des plaies fournir des bourgeons exuberants; ces bourgeons sont mollasses, ils sai-gnent tres facilement quand onles touche, ils sont grisätres, poin-tilles et se recouvrent souvent d'une croüte jaunätre, molle.
Connne les tubercules, les ulceres peuvent etre situesa diverses hauteurs, dans les cavites nasales, dans les regions explorables ou dans des regions inexplorables; ils sont discrets, confluents, ils se forment successiveraent, etc.
Rien de particulier h ajouter au sujet des cordes, qui peuvent se developper quelquefois au niveau de la cloison nasale.
Les plaques infiltrees sont plus etendues que les tubercules; ellesont quelquefois 1'etendue d'une piece de cinquante centimes; eliessont regulieresou irregulieres, plates, legerement saillantes, molles au toucher, grisätres ou jaunätres; si on les incise elles donnent une matiere visqueuse, jaunalre ou grisätre, quelquefois meme une matiere purulente; elles ne tardent pas ordinairement as'ulcerer, quand ellesdeviennent purulentes, mais souvent elles n'eprouvent pas cette transformation et ue s'ulcerent pas.
Avant de passer äl'etude du troisieme Symptome cardinal de la morve, il laut dire un mot des cicatrices, que les auteurs signalent comme etant un Symptome de ia morve. On voit dans les ouvrages, qu'on est assez dispose h croire,quela cicatrisation pent survenir ä la suite de l'ulceration, il parait meme qu'on a vu reellement des ulceres ailecter cette termiiialson. C'est pourquoi on a ete porte ii considerer L'existence d'une ou de plusieurs cicatrices rayon-nees et en saillie comme un Symptome de morve. Mais il ne faut pas ajouter ä ce Symptome une trop graude couQance; si, comme ceia semble exact, des plaies morveuses peuvent se cicatriser, il n'en est pas moins vrai que les cicatrices peuvent se voir en de-hors de la morve. En äffet, il sufflt de produire avec l'ongle des
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eraillures sur la pituitaire pour avoir parfois des cicatrices appa-rentes. Meme en admettant que le chancre morveux puisse se terminer par la cicatrisation, ce qui du reste est exceptionnel, il laut done se garder d'accorder trop d'importance ä la presence d'une cicatrice sur la pituitaire. Je vais plus loin et j'avance qu'on s'est assurement trompe souvent, et qu'on a pris pour des cica­trices de simples plaques morveuses on de simples tubercules su-perficiels et irreguliers dans leur forme. II arrive en effet que ces accidents, qui ont I'aspect d'une cicatrice, s'ulcerent comme les tubercules eux-memes; e'est que dansce cas il s'agissait non pas veritablement d'une cicatrice, rnais d'un tubercule se presentant sous une forme un pen differente de celle que nous voyons habi-tuellement. II faut done avant tout determiner avee soin la nature de l'aecident qui se presente; s'il s'agit d'une cicatrice, il n'y a pas lieu d'en tenir grand compte; mais si l'aecident n'a de la cicatrice que I'apparenee, il laut lui accorder de la valeur, car il s'agit alors d'un tubercule ou d'une plaque morveuse.
Quand la inorve passe de l'etat chronique ä l'ötat aigu, les carac-teres de la pituitaire et des accidents locaux se translbrment.
Les symptömes locaux de la pituitaire sont les plus importants, et parmi eux les tubercules et les chancres sont les plus patho-gnomoniques. II n'y auraitqu'un seul chancre, qu'on pourrait dia-gnostiquer la morve. Mais il faut pareillement prendre en grande consideration I'existence d'une ou de plusieurs plaques, telles que nous les avons deerites; il laut, aussi tenir compte de l'etat de la pituitaire et des modifications qu'elle a eprouvees dans ses fol-licules.
Glandage. — Par glandage on entend designer la tumefac-Uond'un ou de plusieurs ganglions sous-glossiens. Gesymptöme est assez frequent; car, on le comprend sans peine, il suflit que des lesions se soient produites ä la surface de la pituitaire, pour que conseeutivement les ganglions sous-glossiens deviennent malades, attendu que les vaisseaux lymphatiques, qui partent de la mu-(jueuse respiratoire, leur apportent les matteres morbides. On comprend aussi que ce Symptome ne se presente pas le premier, car il est toujours la consequence d'autres alterations deja pro­duites. II pent bien arriver qu'on observe la tumefaction des gan­glions chez un malade, sans pouvoir constater la presence des untres symptömes; mais il faut conclure alors que des lesions existent dans des regions nonaceessiblesäl'exploration. La tume-taetion des ganglions de l'auge presente les memes caraetöres que
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les tumeurs ganglionnaires dejii etudiees h propos du farcin chro-nique. II s'agit lä en effet d'une adenite, qui est unilaterale ou bi­laterale; lorsque les alterations de la pituitaire sont unilaterales, le glandage Test aussi et est situe du meme cote que les premieres.
Les caracteres de la glande varient avec les differentes periodes de son evolution. On peut en effet reconnaitre quatre periodes successives dans son evolution; mais Tune d'elle est incontestable-ment la plus importante au point de vue du diagnostic, c'est la seconde, c'est la periode de erudite.
L'adenite est d'abord analogue a toutes les inflammations des gnnglions; eile est caracterisee par de latumeur, par une consis-lance ä pen pies uniforme dans ses differentes parties, par de la chaleur et de la douleur. Au debut le ganglion enflamme est en­core roulant, quoique empäte; il n'est pas adherent, on peut le deplacer. 11 est entoure d'une masse de tissu enflamme et infiltre; aussi ne peut-il etre deplace avec la meme facilite qu'ä I'etat nor­mal, mais il n'adhere pas encore, ii proprement parier, aux tissus voisins. II est entoure d'un empätement plus ou moins etendu, d'un oedeme chaud, douloureux, ayant les caracteres de tout oedeme qui entoure un phlegmon ordinaire. C'est aussiä ce moment que le ganglion malade peut acquerir son plus grand developpe-ment. II ne I'acquiert que progressivement; mais, quand 1'inflam-mation dont il est le siege est arrivee h son apogee, il presente alors son plus grand volume. A partir de ce moment les carac­teres que nous venons de lui reconnaitre se modifient; il va pas­ser progressivement h la periode de erudite, il va diminuer de volume.
II se produit en effet, quand 1'inflammation est k son apogee, une resorption graduelle du liquide qui infiltre les tissus malades; il y a resorption de l'cedeme periganglionnaire; en outre il y a organisation et densification du tissu conjonctif periganglionnaire et du tissu conjonctif inflammatoire du ganglion lui-meme. En meme temps que ces derniers phenomenes se passent au pour-tour et ä l'interieur du ganglion, il se produit ordinairement, mais non toujours, un ou plusieurs centres caseeux dans le gan­glion lui-meme. Ces centres restent durs, mais je le repete, ils ne sont pas constants; et nous verrons plus tard que les observa-teurs, qui out dit qu'on pouvait, en extirpantlt;et en ouvrant les ganglions, diagnostiquer la morve d'apres les centres caseeux qu'on y trouve, se sont trompes, car il arrive assez souvent qu'ii n'y a pas de centre caseeux.
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Arrive h ia periode de erudite, le ganglion a diminue de vo­lume; la tumefaction est moins forte; il y a adenite induree, ade-nite chronique. Le volume des ganglions indures est variable; il est compris entre celui d'une noix et celui d'un oeuf de poule et pent le depasser. Leur forme devient plus reguliere, mieux deli-mitee qu'au debut; quelquefois eile est arrondie, spheroidale; le plus souvent cependant, les glandes de morve sont irregulieres dans leur forme, aplaties et ailongees dans le sens de lä longueur de la tete. Du reste elles se presentent souvent inegalement epaisses dans leur longueur; elles sont ordinairement lobulees, bosselees; ce qui se conceit tres bien, quand il y a eu formation de foyers caseeux; elles sont dures, resistantes, comme cartila-gineuses; elles sont devehues h peu pres indolentes; on pent les toucher, les presser, essayer de les deplacer presque sans provo-quer do la douleur, mais le plus souvent on ne peut les deplacer; elles sont peu mobiles ou memo tout a fait immobiles ; elles sont plus ou moins hautes dans Tauge, jamais au voisinage du menton; elles sont presque toujours plus ou moins adherentes aux tissus profonds, h l'os, ä la peau meme, et cette adherence s'explique tres bien, eile est le resultat de l'organisation et de la densifica-tion du tissu inflammatoire qui entourait le ganglion.
Les glandes peuvent se modifier, quand la morve passe de l'etat chronique ä l'etat aigu; elles peuvent recuperer, au moins en par-tie, les symptömes inflammatoires qu'elles presentaient ä leur pe­riode initiale. Les glandes morveuses, arrivees h leur periode de erudite, se ramollissent quelquefois. Bien entendu, quand elles se ramollissent, e'est qu'il y a eu prealablement formation d'un ou de plusieurs foyers caseeux; il y a alors un ou plusieurs foyers de ramolissement. En general ces foyers sont peu nornbreux et sur-lout peu etendus, ils le sont tellement peu, qu'il est difficile de eonstater le ramollissement par la pression, il faut pour eela re-eourir h l'ouverture de la glande. Dans ce cas on obtient un pro-duit grumeleux, glaireux, huileux, visqueux, poisseux, analogue au jetage, analogue au produit des chancres. La plaie, qui resulte de cette ouverture artificielle, n'a pas ordinairement de la tendance ä se cicatriser; eile se transforme au contraire en une plaie fistu-leuse, et eile continue ä fournirune tres petite quantite de matiere ayant les earacteres indiques.
Quand la glande se ramollit, eile n'eprouve la fonte qu'au ni-veau de points tres circonscrits, tres limitös; la portion non ra-mollie persiste non seulement quand on n'ouvre pas la glande,
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mais meme quand on l'ouvre et qu'on fait evacuer le produit re­sultant du ramollissement.
Bien que certaines glandes morveuses soient susceptibles de se ramollir, il est tres rare, quand on ne les ouvre pas, que le ramol­lissement seit suivi de l'ulceration; on peut meme poser en prin-cipe que jamais une glande morveuse ne s'ulcere, bien qu'elle soit ramollie en certains points. II y a h cela de tres rares excep­tions, et, dans ces cas exceptionnels, la plaie qui resulte de l'ul­ceration ne tend pas h se cicatriser; eile a les memes caracteres quo celle qui est due h I'ouverture artificielle.
La glande morveuse peut presenter des traces de traitement; on a quelquefois essaye de la faire fondre, de la faire disparaitre au moyeu de certains fondants tres energiques, ou bien on peut I'avoir cxtirpee. Dans Fun comme dans I'autre cas, on trouve des traces, qui permettent d'en soupconner I'existence anterieure. D'aiileurs les topiques les plus energiques ne peuvent pas faire fondre coinpletement la glande morveuse; ils peuvent tout au plus la faire diminuer de volume, et, comme ces medicaments sont tres energiques, ils laissent sur la peau des traces de leur action, telles que depilation, desquamation, plaie superficielle; s'il y a eu extirpation, il reste soit une plaie, soit une cicatrice, quand un temps suffisamment long s'est ecoule depuis Fopera-tion.
Le glandage n'est pas le Symptome le plus important au point devue du diagnostic de la morve; mais ä ce point de vue, il vient apres les tubercules et les chancres, et il a toujours une plus grande valeur que le jetage. Pourtant on s'accorde a dire que, dans la pratique, il ne faut lui attribuer touts sa valeur diagnos-tique qu'autant que la glande se presente avec les caracteres de la erudite, qui sont : la tumefaction, I'induration, les bosselures, I'adherence, I'indolence, le ramollissement et l'ulceration (qui sont rares, surtout l'ulceration), la production d'une matiere hui-leuse et la persistance de la partie induree.
Tels sont les caracteres de la morve classique; mais il n'est pas rare que la maladie se decele parfois par d'autres symptömes; et, quand ceux que nous connaissons sont seuls aujiebut, la maladie, en evoluant, en presente bientöt d'autres. Les lesions, primitive-ment localisees, out une tendance fatale ä s'accroitre, ä se gene-raliser; et bientöt ce n'est plus seulement la pituitairc et les glan-
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des de Tauge, mais c'est encore la muqueuse des sinus, du larynx, de la trachee qui deviennent malades. Des lesions se produisent aussi du cöte des synoviales articulaires et tendineuses, dans le tissu conjonctil' sous-cutane, sur la peau, dans les divers gan­glions, dans les testicules. clans les enveloppes testiculaires, dans les mamelles, sur le vagin, sur Futerus, etc., etc. A certains mo­ments done, d'autres symptomes importants viennent se ranger autour de ceux que nous connaissons dejä.
Quand la maladie remonte a une certaine epoque, il se produit quelquefois un boursouflement de la partie superleure du chan-freiii aü niveau des sinus; ce caractere est unilateral ou bilateral; il annonce une collection dans les sinus. A ce niveau on percoit un son mat ä la percussion, et parfois le boursouflement pennet d'expliquer l'abondance momentanee du jetage, surtout quand on incline tbrtement la tete du malade. Ce Symptome a-t-il une grande valeur? II n'est pas special ä la morve, on le voit dans les cas de eoryza chronique; cependant, quand il coexiste avec certains symptomes, avec le glandage par exemple, il pent suffire pour diagnostiquer parfois, ou tout au moins pour faire soupconner la morve, surtout si d'autres caracteres existent en meine temps.
J'en dirai autant de l'epistaxis, qu'on observe quelquefois dans le eours de la maladie. On a dit aussi que dans quelques cas il pouvaitse produire de l'hemoptisie; je crois que ces cas sent plus que rares, et qu'on les a admis par induction, en exagerant les analogies entre la morve et la tuberculose. Cependant il pent se former sur les muqueuses tracheale et bronchique des lesions de morve assez considerables et quelquefois des plaies ulcereuses tres etendues, il n'y a alors rien d'etonnant que, sous I'influence de la fatigue ou de la toux, il se produise quelquefois de petites hemorrhagies h la surface de ces plaies; mais, je le repete, ce fait est tres rare.
On entend quelquefois du gargouillementlaryngien ou tracheal, du sifflement, du cornage; tout cela indique bien entendu que la muqueuse laryngo-tracheale est malade et presente les lesions de la morve, qu'il y a de l'epaississemont et par consequent de la gene ix l'entree de Fair, qu'il s'est produit un etat catarrhal, d'oii resulte legargouillement.
La morve, qui est primitivement localisee aux premieres parties de la muqueuse respiratoire, ne tarde pas a s'etendre; des lesions peuvent se developper dans tout I'appareil respiratoire. Alors il n'est pas rare de voir das symptomes pulmonaires, tels que : irre-
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646nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARGINO-MORVEÜSE
gularite de Ja respiration, symptömes de pousse, toux pectorale, protbnde, plus ou moins avortee, plus ou moins difficile, plus ou moins douloureuse, quelquefois accompagnee de Texpectoration d'une matiere mucoso-purulente grumeleuse ou meme striee de sang. L'auscultation revele quelquefois l'existence de räles mu-queux, sibilant, de symptömes de pneumonia, de pleuresie, d'hy-drothorax. Ges maladies peuvent en effet, quoique tres rarement, compliquer la morve, mais surtout la morve aigue.
Assez souvent, dans le cours de la maladie, il se produit des arthrites, des synovites, qui apparaissent d'une maniere soudaine, sans cause appreciable. D'abord elles sent douloureuses et plus tard elles le sont moins; mais elles ont une grande tendance ä de-venir purulentes, et alors la douleur reapparait. Elles peuvent quelquefois disparaltre, comme elles sont venues, mais ensuite elles peuvent faire une nouvelle apparition dans les meines regions ou dans d'autres regions. En l'absence d'arthrites ou de synovites qui pourraient les expliquer, on observe parfois des claudicalions, qui sont tantöt continues, tantöt et le plus souvent intermittentes et qu'aucune cause n'explique. Ges claudications semblent dues ä des douleurs musculaires ou ä des arthropathies, ä des douleurs qui siegent dans les articulations. Du reste, comme les arthrites et les synovites, ces claudications sont quelquefois ambulatoires, elles peuvent passer d'un membre ä un autre.
Quand la maladie est assez avancee, il survient presque fatale-ment des engorgements farcineux aux membres. Ces engorge­ments sont quelquefois passagers, mais le plus souvent ils sont continus et persistants. On observe aussi les autres accidents far­cineux, tels que : tumeurs, boutons, cordes. On voit parfois, sur les regions exposees aux frottements, des tumeurs analogues aux tumeurs sous-cutanees du farcin; ce sont des tumeurs kystiques, dont le contenu s'est modifie sous l'influence de la maladie.
II peut se produire aussi quelquefois des abees dans diverses parties du corps, principalement dans les interstices muscu­laires.
Presque toujours il se developpe ä la longue des adenites plus ou moins generalisees.
Ici, comme dans le farcin, l'appareil testiculaire, le fourreau, les enveloppes des testicules, la sereuse, le testujule, l'epididyme, le cordon peuvent devenir le siege d'une inflammation analogue ä celle que nous avons etudiee; il en est de meme de la mamelle. On peut aussi quelquefois voir un ecoulement mucoso-purulent
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Affection FARciNO-MORVEUsfinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 6-47
parlevagin; c'est l'indice de l'existence de lesions ti la surface de la muqueuse utero-vaginale; les lesions de morve se rencon-trent en effet quelquefois dans ces divers organes.
Ces differents symptomes, en se combinant, peuvent donner lieu a des associations tres variees; on pent en effet observer un nombre considerable de groupements divers, d'oü resulte pour ainsi dire autant de varietes de morve.
Nous avons dejii dit qu'il se montre parfois une forme de morve non caracterisee exterieurement par des symptömes locaux, c'est la morve latente. Elle pent s'accompagner de certains symptömes generaux, mais les symptömes locaux font defaut. II est arrive frequemment qu'on a attribue le developpement de la morve a des causes ordinaires, parce que Ton n'a pas pu ou pas su recon-naitre l'existence de la maladie chez I'individu qui Favait trans-mise. Aihsi, quand on a vu devenir morveux un cheval qui, pen­dant plus ou moins longtemps, avait cohabite avec un autre che­val, qui n'avait aueun des symptömes de la morve, on n'a pas cherche assez ä s'assurer si ce dernier etait ou n'etait pas mor­veux; et on a dit qne la maladie etait spontanee, alors qu'il en etait tout autrement, alors que l'animal avec lequel le malade avait cohabite etait lui-meme le premier atteint d'une morve la­tente, seche, non decelee par les symptömes ordinaires. II faut done savoir que de pareils faits sont possibles pour ne plus error.
Du reste la notion de la morve latente n'est pas nouvelle; en 1797, Viborg signalait ce fait; Dupuy y insistait dans son traite de l'affection tuberculeuse, et il demontrait que Ja morve pent s'ac­compagner de nombreuses lesions interieures, sans se caracteriser au dehors par des symptömes locaux.
Dans ces dernieres annee.s on est revenu sur cette question; on a eu I'occasion d'observer assez souvent, en faisant des autopsies, des lesions de morve chez des chevaux, qui pendant leur vie n'a-vaient presente aueun symptöme. Par morve latente on entend une forme de l'affection farcino-morveuse, qui n'est caracterisee absolument par aueun symptöme local, et qui pent durer des jours, des semaines, des mois, des annees. A cöte des cas de morve absolument latente, il en est d'autres qui sont tres mal caracte-rises, soit qu'il y ait seulement un jetage non specifique ou une glande non bosselee, non adherente, etc. Dans ces cas il est bien difficile de reconnaitre l'existence de la maladie. On pourrait assi-
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miler ces varietes h la morve latente proprement dite; et ce sont bien Ik des cas de morve iticompletement caracterises, qui restenl meconnus plus ou moins longtemps.
Y a-t-il certains symptomes capables de faire reconnaitre ou tout au moins de faire soupgonner l'existence de la morve latente'? Oui, cette forme peut etre soupgonnee et meme parfois reconnue, grace a l'existence de certains symptömes generaux; mais Je plus souvent, ces signes etant peu marques et non specifiques, on ne s'avise guere d'examiner h fond, au point de vue de la morve, un cheval qui ne parait pas malade. II faut qu'une circonslance excep-tionnelle vienne attii'ei1 l'attention de l'observateur; 11 faut que I'animal suspect ait cohabite avec d'autres animaux malades et qui ont ete reconnus morveux, ou bien il faut que d'autres ani­maux, places ä cöte de ce meine animal, soient devenus malades eux-memes. Ce n'est que dans ces deux circonstances qu'on a I'idee d'etudier I'animal au point de vue des symptömes generaux, quand les symptömes iocaux font defaut.
La morve latente est contagieuse comme la morve ordinaire.
Symptömes generaux. — Les symptömes generaux du type chronique sont communs au farcin et a la morve; ils sont peu importants, peu prononces au debut de raliection. L'etat general reste bonplus ou moins longtemps, suivant les cas; et la morve chronique, comme le farcin chronique, peut durer longtemps, sans entrainer des modiiications fonctionnelles bien appreciables.
On signale, comme symptömes prodromiques ou consecutifs, les modifications suivantes: malaise plus ou moins appreciable, souvent nul;fievre symptomatique plus ou moins prononcee, sou-vent nulle; tristesse, somnolence; tremblements musculaires; energie moindre, nonchalence au travail, faiblesse; sueur et an-helation faciles ä provoquer; robe ferne et moiree de taches som-bres, poll tarne et herisse, crasse de la peau plus gluante; quel-quefois afflorescences blanchätres sur le scrotum; oeilterne, regard moins vif, decubitus plus frequent et plus prolonge; claudications a cause inconnue, dues ä des arthralgies ou ä des douieurs mus­culaires; amaigrissement sans changement de regime, deperisse-ment plus uu moins apparent; appetit capricieux, degoüt pour les aliments durs h triturer; quelquefois polyurie et urines incolo-res; respiration acceleree, un peu irreguliere, tgux pectorale, pe­tite et seche, soubresaut ä l'expiration, sensibilite ä la percussion, rales sibilant et muqueux, inurmure respiratoire affaibli; pouls petit, vite, serre; muqueuses apparentes moins colorees, etc.
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Quand les symptömes iocaux sont bien caracterises, quand Ta­il imal fait lies deperditions considerables, il y a bientot perte de l'ap-petit et ainaigrissement tres prononce; de teile sorte que les mala­des, sirien ne modifleTaffection, iinissent par toniber dans I'epui-setnent. La morve est done une maladie qui porte profondement atteinte h la nutrition. Ces differents symptömes s'aggravent au fur et ä mesure que la maladie evolue, et finaiement les inalades toinbent done dans le marasme et la cachexie. De nos jours lesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .
animaux ne sont pas conserves jusqu'a, cette limite, le plus sou-vent on les sacritie; mais si on les laisse vivre, la mort survient comma consequence de cet etat de marasme. Quelquefois la terminaison fatale est la consequence d'une pneumonie ou d'une pleuresie morveuse.
La morve chronique et le farcin chronique peuvent durer des mois, des annees.
Leur iiwMios^c est egalement grave; la maladie est incurable sous ses deux formes; eile se termine fatalement par la mort. D'un autre cöte I'afTection est toujours contagieuse pour les ani­maux et meme pour rhomrae, et eile Test plus ou moins, suivaut que son evolution est plus ou moins rapide. Le type chronique peut se transformer en type aigu; alors le degre de contagiositc devient plus prononce, car le malade secrete plus de virus. Une autre cause de gravite du pronostic resulte du fait suivant: on abat les inalades, mais les chairs ne peuvent etre utilisees pour la boucherie; e'est tout au plus si les peaux peuvent etre livrees a I'industrie. Sous tous ces rapports, la morve debutante est aussi grave que la morve achevee, eile est incurable et contagieuse.
MORVE AIGUE, FARCIN AIGU
Ces deux types ressemblent beaucoup aux types chroniques correspondants; il y a cependant des differences notables, princi-palement dans leur mode d'evolution. Quand la marche de la ma­ladie est rapide, quand les periodes, qui caracterisent, ses dilTerents symplomes Iocaux, se succedent tres rapidement, quand ces perio­des s'accompagnent de symptömes inllammatoirestres manifestes, on est convenu de dire qu'il s'agit du type aigu.
La morve et le farcin aigus sont assureraent moins frequents que les types chroniques; et on les observe surtout chez I'ltne, chez le mulet et chez les chevaux k temperament sanguin. Les
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deux formes peuvent exister ensemble; ainsi quand la morve exisle seule au debut, eile peut s'accompagner plus tard du farcin algu; ordinairernent, quand on observe le farcin aigu, c'est qu'il est venu compliquer la morve aigue.
La morve aigue apparait primitivement ou consecutivement, c'est-a-dire qu'elle arrive d'emblee apres la contagion, ou qu'elle est due ä la transformation du type chronique en type aigu.
Ce qui caracterise la morve et le farcin aigus, c'est revolution tres rapide dessymptömes locaux. Contrairement ä cequi se passe pour les types chroniques, il y a dans ces cas des symptömes ge-neraux, des symptömes febriles tres prononces. Les symptömes lo­caux, qui sont ä peu pres de meme ordre et de meme nature que clans les types chroniques, s'accompagnent de plus d'inflam-mation et evoluent plus rapidernent.
La morve aigue apparait brusquement lorsqu'elle est primi­tive. Quänd eile est consecutive a la morve chronique, eile ap­parait peu h peu ou presque aussitöt que la cause perturbatrice a agi. Les symptömes generaux sont tres intenses, tres manifestes, meme avant l'apparitiöh des symptömes locaux, ce sont les sui-vants: abattement, prostration, tristesse; lassitude, demarche dif­ficile; polls herisses; frissons d'abord locaux, puis generaux, tremblements rausculaires, parfois intermittents, et qu'on volt principalement sur les muscles de la cuisse et de l'olecrane; appe-tit tres diminue ou meine nul, soif conservee, quelquefois exage-ree, diarrbee ou plus souvent constipation et excrements coilfes; temperature surelevee; pouls plus vite, petit, mou, quelquefois dur et toujours efface plus ou moins; battements du cceur forts, retentissants; yeux enfonces, larmoyants. Leslarmes sont ensuite remplacees par de la chassie, qui devient peu h peu purulente. La conjonctive et la pituitaire sont congestionnees, hyperemiee, d'un rouge icterique, safranees, quelquefois cyanosees et presen-tent parfois des petechies. La respiration s'accelere, devient tu-multueuse, dyspneique; les flaues sont tremblottants; I'expiration est entrecoupee; on volt quelquefois survenir de la suffocation; il y a unetoux profonde, du sifflement et du cornage, qui s'expliquent par l'alteration et le boursouflement des muqueuses laryngienne et tracheale. Du cöte de la poitrine, il y a aussi des symptömes de pneumonie.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
Tels sont les symptömes qui annoncent l'invasion de la mala-die; ils ne permettent pas h eux seuls d'afflrmer l'existence de la morve, h moins qu'on soit prevenu de la contamination. Mais
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bientöt apparaissent les symptömes locaux, qu'on voit quelque-fois en meme temps que les precedents, et qui, en tons cas, les suivent de tres pres, ä deux ou trois jours d'intervaile au plus.
Les symptömes locaux sont ceux que nous avons dejä etudies, mais avec des caracteres un peu differents: ce sont des symptö­mes de morve et des symptömes de morve et de farcin ä la fols.
Le jetage apparait promptement; il est plus souvent bilateral que daus le type chronique; il peut cependant etre parfois unila­teral ; ii est d'abord peu abondant, sereux, limpide, citrin; puis jaunätre, verdatre, rouille, plus abondant, visqueux, adherent, puritbrme, safrane, sanieux, strie, sanguinolent; il adhere tbrte-mentau pourtourdes narines; iln'est pas rare qu'il entraine avec lui des eschares, des tissus rnodiües, des croütes forrnees ä la sur­face des ulceres dejä developpes sur la pituitaire et qu'il devienne fötide; il est secrete par les lesions et par toute la surface de la muqueuse malade.
La pituitaire est epaissie, infiltree, congestionnee, rougeätre, d'un rouge noirätre, violiace, livide, safrane; les alles du nez sont souvent enflarnmees, gonflees, tumeliees, infiltrees douloureuses chaudes. A la surface de la pituitaire, des eruptions se forment rapidement le premier, le deuxieme ou au plus tard le troisieme jour; on voit apparaitre, sur lefond violace ou rougeätre de la mu­queuse, des laches plus foncees, qui bientöt deviennent saillantes, forment des elevwres, des tubercules.
Ces elevures, plus ou moins superficielles, se difierencient bien­töt des taches au milieu desquelles elles se sont forrnees; elles deviennent jaunätres, grisätres, et restent entourees ä leur base d'une zone rougeätre ou violacee. Leur volume, qui n'est Jamals considerable, Fest cependant plus que dans la morve chronique; elles ont quelquefois le volume d'un gros pois. Elles sont plus ou moins nombreuses, discretes ou confluentes; elles apparaissent successivement ou plusieurs ä la fois. On peut en voir sur les di­vers points de la pituitaire. Elles out une forme reguliere, arron-die. Leur consistance est ordinairement moiudre que dans la morve chronique. Leur evolution est plus rapide; le ramollissement ar­rive tres promptement et l'ulceration aussi; et il n'y a plus une aussi grande difference ä ce sujet entre les tubercules profonds et les tubercules superficiels. Le produit de l'ulceration est une ma-tiere visqueuse, sero-puruiente ou sanguinolente, qui quelquefois
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se concrete et forme h la surface des plaies des croutes, qui sont entrainees avec le jetage au moment de rebrouement.
hes chancres, qui resultentde 1'ulceration, sont cupuliformes, ils sont plus on moins etendus, plus ou moins profonds; ils se diffe-rencient de ceux de la morve chronique par leurs caracteres et par une rnarche plus rapide. Les bords de ces uleeres sont rouges, sureleves, saillants, infiltres d'une serosite sanguinolente, moins durs que ceux des ulceres de la morve chronique; leurs contours sont reguliers ou irreguliers, dechiquetes, denteles; ils sont tallies h pic ou plus ou moins inclines. Leur fonds est rougeatre et il saigne facilement; quelquefois il est grisätre ou jaunatre, mais tou-jours pointille de rouge; il a un aspect chagrine, granuleux, bour-geonneux.
L'ulceration marche rapidement; eile s'etend en surface et en profondeur; les tissus sous-jacents ä la muqueuse peuvent etre inlcresses trfes rapidement. Plusieurs ulceres, en se reunissant, formeni, une plaie plus ou moins etendue, qui finit par envahir quelquefois toute la cloison nasale. Gelte plaie, resultat de la reunion de plusieurs ulceres, est irreguliere dans sa forme et dans sa profondeur, ce qui tient au degre d'anciennete et au degre d'evolution des ulceres qui se sont reunis. Dans tons les cas les ulceres ont de la tendance h s'accroltre, et, meme ainsi etendus, ils sont encore entoures d'une zone de congestion, qui ne les quittepresquejamais; e'est-a-dire que Fulceration s'acccompagne d'une vive inflammation presque toujours persistante.
Dans la morve aigue, comme dans la morve chronique, on trouve quelquefois des plaques grisätres, infiltrees; et ces plaques, plus souvent que dans la morve chronique, peuvent se ramol-lir et s'ulcerer, donner des plaies qui sont d'emblee assez eten-dues.
On observe aussi tres souvent dans la morve äigue des plaques de mortification, ä la suite de la congestion intense de la pituitaire et de l'obliteration des vaisseaux; ilen resultedes eschares noirä-tres, violacees, qui sont bientöt eliminees; les plaies qu'elles lai-seht sont irregulieres, anfractueuses, ulcereuses.
A la surface des plaies et des ulceres de la pituitaire, squot;ecoule un produit de secretion assez abondant, qui se concrete assez sou­vent et forme des croütes, qui sont pen adkerentes, jaunatres, marbrees de rouge oudenoir, et qui, jointes ä l'epaississement de la muqueuse, occasionnent un enchifrenement tres manifeste. II est facile d'amener le detachement et l'expulsion de ces croü-
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tes, enprovoquantla toux. En regie generale, toutes lestbis qu'on reacoatre dans le jetage des croütes presentant les caracleres de ceJles que je viens d'indiquer, il y a fort h presurner qu'on a af­faire ii un cheval morveux.
La tumefaction des naseaux gagne les levres, la face, I'auge. II n'est pas rare de voir de veritables cordes se diriger vers I'espace intra-maxillaire, et se compliquer de nodosites, de boutons, qui s'ulcerent tres rapidement.
Les ganglions de I'auge sont egalement malades; il y a glan-dage, mais ses caracteres sont moinspatliognomoniques quo dans la morve chronique. Le glandage est unilateral ou bilateral, les ganglions sont hypertrophies, tumefies, chauds, douloureux; ils sont entoures d'un oederne peripherique tres etendu; ils sont mol-lasses; ils persistent avec ces caracteres, ä moins que la morve passe de l'etat aigu h Fetat chronique, cas oü on pent les voir se modifier et arriver a la periode de erudite. Dans la morve aigue, les ganglions eaflamines peuvent eprouver le ramollissement et l'ulce-ration, et donner un produit sanieux, safrane ,visqueux, huileux.
Les symptömes du farcin aigu (boutons, cordes, tumeurs, engor­gements) sont les memes que ceux du farcin chronique, avec cette difference qu'ils apparaissent d'une facon soudaine, que les lesions sont plus nombreuses, plus confluentes, qu'elles se montrent a la fois dans plusieurs regions, qu'elles sont toujours accompagnees d'une inflammation considerable et qu'elles parcourent leurs di­verses phases tres rapidement.
Les houtons farcineux se montrent le plus generalement sur la face, sur les levres, sur les joues, sur l'encolure, au niveau des llancs, aux epaules, aux mernbres; ils sont en nombre conside­rable, ils sont discrets parfois, mais le plus habituellement ils de-viennent confluents; ils apparaissent promptement sur diverses regions; ils sont chauds, douloureux et entoures d'oedemes, d'infll-trations diffuses considerables. Ils se ramollissent rapidement; on ne constate pas de periode de erudite proprement dite; I'ulceration suit de pres le ramollissement. Le produit, que donnent ces lesions, est beaucoup plus abondant que dans les boutons du farcin chronique; il est visqueux, mal lie, couleur lie de vin, il offre I'aspect d'une huile safraaee, ou il est noirätre, sanieux, san-guinolent; il se concrete sur les plaies ou ä leur pourtour et forme des croütes jaunätres, marbrees de taches sanguinolentes.
Les plaies, resultant de devolution des boutons, sont cupuli-
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formes; leurs bortls sont gonfles, saillants, tallies ä pic ou en biseau; leürfond estgrehu et rougeätre; elles secretent en tres grande abondance; elles prehnent une extension rapide; elles se reunissent et forment de vastes ulceres plus ou nioins irreguliers, qui tendent toujours ä s'accroitre. Dans ces vastes plaies on observe la formation de bourgeons charnus, mollasses, friables, de couleur violacee, parfois extiberants et saignant facilement. Leurs bords deviennent festonnes, declnquetes, et ä im moment donne ils se ronversent.
Des cordes, qui sont le resultat de rinflammation des lympha-tiques, qui sont des lymphangites, apparaissent, de meme que los Loutons, tres rapidcment; elles se montrent dansles memes regions que pendant le farcin chronique; elles partent d'une autre lesion, d'une plaie et se dirigent vers les ganglions les plus rapproches.
Ceux-ci s'enilamment h leur tour et prennent les caracteres de la glande de morve aigue.
Les cordes n'ont plus, dans le farcin aigu, le meme aspect que dans le type chronique; elles sont moins regulieres, plus doulou-reuses, plus volumineuses, plus chaudes et moins consistantes; elles sont entourees d'une inliltration peripherique considerable; elles sont suivies de ramollissement et d'ulceration, qui se pro-duisent tres promptement, des que des nodosites se sont formees sur leur trajet; h partir de ce moment, tout se passe comme dans les boutons, dans les nodosites.
Les ganglions s'enflamment, et les caracteres qu'ilspresentent, sont exactement les memes que ceux que nous avons reconnus k la glande morveuse, dans le cas de morve aigue; il y a inflam­mation, tumefaction, chaleur, döüleur, empatement, oedeme peri­pherique; puis surviennent le ramollissement, l'abcedation et l'ul-ceration.
Souvent on observe rinflammation des organes genitaux; le fourreau, les enveloppes testiculaires, la gaine testiculaire, le tes-ticule, Tepididyme, le cordon s'enflamment, sont tumefies; et tout se passe comme dans la morve chronique, seulement rinflam­mation est plus considerable, marche plus vite et ne tend pas ä passer h l'etat de erudite. Chez les femelles, on pent observer la meme inflammation aigue du cöte des mamelles.
Des engorgements apparaissent sur les membres, avant ou apres les autres symptomes locaux, et ilsevoluent rapidement. L'inflam-mation est active et s'accompagne de tumefaction, de chaleur, de douleur; eile s'etend tres rapidement. Bientöt des cordes emergent,
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de ces engorgements; et des boutons ainsi que des cordes appa-raissent dans les engorgements eux-memes. Enfln le ramollis-seinent et l'ulceration surviennent, d'oü resultent des plaies plus ou moins etendues.
Parfois il se produit des arthrites aigues, des synovites aigues, des phlegmons et des abces inter-musculaires.
On comprend qu'avec ces diverses lesions, I'affection farcino-morveuse aigue marche rapidement; eile pent amener la mort des malades en 2, 3, 4, 5, 6 jours.
Gependant il est des cas oil eile pent durer plus longtemps; et meme, lorsque les accidents locaux ne sent pus trop multiplies, la maladie pent se transformer en perdant de son intensite. Lessymp-tomes generaux diminuent peu ä peu, eile pent, en passant par des intermediaires successit's, devenir morve chronique, c'est-ä-dire prendre les caracteres d'une affection qui est compatible avec certaines apparences de la sante. Cette terminaison s'observe par­fois, lorsqu'il s'agit d'animaux mous, lymphatiques; mais le plus habituellementla morve et le farcin aigus, s'observantsurdes sujets ä temperament sanguin, sur certains chevaux fins et principaleinent sur l'äne et le mulet, la terminaison est la mort assez prompte. Certains auteurs ont avance et soutiennent encore que cette ma­ladie peut avoir une terminaison favorable; rien n'est moins sür que cette assertion. La mort, dans les cas de morve aigue, est le re-sultat seit de l'epuisement du malade provoque par |a souffrance et par la generalisation des lesions, soit de l'asphyxie ou de la septi-cemie. En effet, dans la morve aigue, il y a ordinairement un etat congestionnel tres prononce et un epaississement de la rnuqueuse respiratoire qui gene l'entree de l'air; d'ailleurs le poumon est plus ou moins altere, congestionne, hepatise, tuberculeux; d'oü resulte forcement une hematose incomplete. Et d'un autre cöte il peut y avoir mortification d'une portion congestionnee du poumon, qui pourra, si eile recoit le contact de l'air introduit, devenir le point de depart d'une septicemie.
Lepronostic de la morve aigue est tres grave, plus grave meme, pourrait-on dire, que celui de la morve chronique; non pas parce-qu'on a moins de chance de la guerir, puisque le type chronique n'est pas plus curable que le type aigu, mais parce que les lesions, etant plus generalisees et evoluant plus rapidement, il y a production d'une plus grande quantite de germes morbides; et parce que de ce fait la transmission devient plus facile, car les
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animaux, qui seront exposes ä la contagion, auront ainsi un plus grand norabre de chances pour introduire des germes dans leur orgaulsme.
DIAGNOSTIC
Savoir bien reconnaitre la morveest de la plus grande impor­tance ä plusieurs points de vue. II s'agit en effet d'une maladie qui est contagieuse, qui peut non seulement se transmettre a di­verses especes animales, inais aussi ä I'liomme; et d'un autre cöte il ne taut pas oublier que, dans l'etat de notre legislation sanitaire, le proprietaire d'un cheval condamne comme raorveux est astreint ä l'abattre sans recevoir aucune indemnite. II ne faut done jamais agir ä la legere; et, dans la pratique, pour condamner un cheval comme morveux, il faut pouvoir etre absolument certain de ce qu'on avance; et taut qu'on ne sera pas bien fixe, il faudra atten-dre, tout en faisant appHquer les mesures sanitaires propres ä prevenir la contagion. Dans I'armee on peut suivre une ligne de conduite un peu tlifferente.
Le diagnostic de l'affection farcino-morveuse est parfois tres dif-licile a etablir, car les malades ne presentent pas toujours, tant s'en laut, tous les symptömes ou assez de symptömes visibles et Men caracterises.
II n'y a pas ä hesiter evidemment, lorsqu'on se trouve en pre­sence d'un Jetage, d'un chancre et d'une glande dans I'auge, bien caracterises; ces symptömes reunis sont sufflsants et plus que suf-fisants meme pour pennettre de porter un diagnostic certain. Mais souvent ces trois symptömes n'existent pas tous a la Ibis, soit que les lesions n'aient pas encore acquis un degre de generalisation süffisant, soit qu'elles aient evolue dans les organes internes.
II peut en etre de meme pour le farcin, qui sera facile ä recon­naitre, quand on observera des boutons h diverses periodes de leur evolution, surtout quand il y aura secretion de l'huile de farcin, et quand d'autres symptömes, tels que cordes, engorgements se montreront en meme temps. Mais ici encore, il est des cas assez frequents, oil Ton ne rencontre pas des signes sufflsants, parceque tla maladie n'est pas assez avancee ou parce que ses symptömes ne sont pas assez bien caracterises.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; lt;
Le farcin chronique, caracterise par des boutons, par des cordes. par des ulceres et par des engorgements, n'ofTrira jamais ou pres-que jamais aucune difflculte de diagnostic; 1'animal qui presentera
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ces symptömes devra etre declare farcineux. Mais il peut fort bien se faire qu'on observe seulement Tun ou l'autre de ces divers ca-racteres et alors on peut etre tres embarrasse.
Si on n'observe que des boutons, on pourra hesiter certainernent; on devra alors les ouvrir pour voir s'ils contiennent un produit jaunätre, oleiforme; ets'il en est ainsi. ie sujet pourra alors etre suspecte tres legitimement. Si les boutons sont accompagnes de cordes moniliformes, le diagnostic est alors plus facile.
Nous savons que le farcin se traduit quelquefois par un ou plu-sieurs engorgements, qui, lorsqu'ils sont seuls, sont insuffisants pour permettre de se prononcer, mais qui, s'ils sont accompagnes de boutons ou de cordes, permettent d'affirmer l'existence de I'affection.
II sera de meme tres difficile, pour ne pas dire impossible, de se prononcer, lorsqu'on ne rencontrera que de simples tumeurs sous-cutanees ou meine des tumeurs ganglionnaires.
Le farcin chronique peut quelquefois etre confondu avec cer-taines maladies. Ainsi dans le cours de la gourme et du horsepox, il se produit souvent des lymphangites, suivies d'adenites, qu'il est. difficile de differencier d'avec cedes qui appartiennent au farcin. Pourtantdanslescasde gourme et de horsepox, les cordes formees ne se comportent pas comme cedes du veritable farcin; ordinai-rement alles nese ramollissent pas et ne s'ulcerent pas; et si ces phenomenes se produisent parfois, la matiere excretee n'est pas oleiforme, mais plutot puriforme; de plus les adenites se terminent par la resolution ou par l'abcedation, contrairement ä cedes du farcin, qui s'organisent et se caseifient.
On a souvent conföndu le farcin morveux avec une autre maladie, designee sous les noms de farcin d'Afrique, de farcin de caserne, qui se decele aussi par des boutons, par des cordes et par des tumeurs ganglionnaires, qui se comportent amp; peu pres comme les cordes et les tumeurs farcineuses proprement dites, qui se ter­minent souvent par I'ulceration. Mais dans ce faux farcin, ce n'est pas un produit oleiforme qui est secrete, c'est plutöt un produit purulent, riche en particules figurees; et si on inocule ce produit au cheval on n'obtient ni la morve, ni le farcin proprement dit, inais bien des accidents particuliers. D'ailleurs tandis que le farcin morveux se montre sans cause, appreciable a la suite de la contagion, on voit ordinairement le farcin d'Afrique faire suite k une plaie, ä un traumatisme, a I'action d'une cause occasionnelle ordinaire. Pourtant la question du farcin d'Afrique, qui se montre aussi en
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France, et qui est curable, est loin d'etre completement elucidee : voici les conclusions auxquelles sont arrives MM. 'fixier et Delamotte d'apres leurs etudes.
Le farcin d'Afrique se caracterise par des boutons purulents, par des cordes, par des tumours, par des engorgements et par des plaies ulcereuses, qui donnent une matiere visqueuse, jaune^ver-dutre ou sanieuse. II apparait spontanement sous l'influence de certaines causes occasionnelles; mais il est inoculable. Son pro-duit, inocule aux solipedes, provoque la memo affection apres une longue incubation; il est inoculable h I'homme, chez qui il produit les lesions de la morve et du farcin et determine la mort. Cette affec­tion ne gueiit que grace a, un traitement local approprie; abandonnee ä elle-meme, eile se generalise et se termine par la morve. Le farcin d'Afrique semble done etre l'expression de la memo diathese que la morve elle-meme.
II ost probable qu'on a souvent confondu et qu'on confond encore, sous la denomination de farcin, des affections dissemblables par leur nature; lesauteursprecites ne mesemblent pasavoir evitecette confusion. G'est ä l'avenir qu'il appartient de nous fournir les ob­servations et les experiences necessaires pour elucider la ques­tion.
11 ne faut pas prendre pour des plaies farcineuses les plaies es-tivales, qui s'observent chez certains animaux; ces plaies, quoique grenues, et quoique restant longtemps sans se cicatriser, n'offrent pas les caracteres des ulceres farcineux et secretent un produit different.
Si, malgre les symptömes que Ton observe, on se trouve em-barrasse pour asseoir defmitivement son diagnostic, il faudra re-courir a l'inoculation des produits morbides sur un animal soli-pede.
II ne faut pas, en visitant un animal suspect de farcin, sur lequel on observe un ou plusieurs des symptömes designes, oublier d'examiner avec soin toutes les regions du corps, surtout celles oil se trouvent des ganglions; il faut porter aussi son attention sur les voies respiratoires, et surtout explorer la muqueuse pituitaire.
Le diagnostic de la morve chronique est tres facile ä etablir, si les trois symptömes cardinaux existent; il est memo parfois pos­sible et assez facile, dans certains cas, oü il n'y a pas reunion de ces trois symptömes.
Ainsi un seul tubercule, un seul chancre bien caracterise, suffit
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pour permettre d'affirmer que la morve existe. Puisque ce Symp­tome pathognomonique suffit ä lui seul, h plus forte ralson se prononcera-t-on pour Taffirmative, s'il est accompagne d'un ou de plusieurs autres caracteres.
Les plaques, les infiltrations, que Ton observe sur la pituitaire, sont loin d'avoir la meme valeur diagnostique; mais si, avec elles, on observe du glandage et du jetage, on pourra encore admettre l'existence de la morve; tandis que seules elles ne peuvent que faire naltre des presomptions, qui pourtant se transformeraient presque en certitude, si Ton savait que le sujet qui les presente a ete mis en contact avec d'autres animaux morveux ou si d'autres olaient devenus morveux ä son contact.
Le jetage, s'il existe seul, eut-il tous les caracteres du jetage
morveux, ne sera Jamals süffisant pour permettre de conclure ä
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l'existence de la morve; mais il augmentera de valeur et de signi-fication suivant les antecedents du inalade et suivant la coexis­tence d'autres symptömes plus ou moins precis. Le jetage et le glandage, observes sur le meme animal, peuvent quelquefois etre sufflsants pour autoriserä porter le diagnostic morve; maiscepen-dant, s'ils ne sont pas tres bien caracterises il y aura souvent lieu de temporiser, de faire sequestrer 1'animal, en attendant I'appa-rition d'autres symptömes plus pathognomoniques.
La glando, lorsqu'elle existe, a une tres grande valeur. Certains auteurspretendentinemequela presence, clans rauge,d'une glande bosselee, dure, indolente, adherente aux parties voisines est süffi­sante pour permettre de diagnostiquer la morve. Pour moi ce Symptome n'est pas süffisant, h moins que des circonstances ante-rieures viennent corroborer sa signification; cependant, pour le cheval glande, il faudra prendre des precautions, il faudra le faire sequestrer, et, dans I'armee, on pourra le faire abattre. La valeur de ce Symptome devient plus grande, s'il est accompagne d'autres signes.
II faut prendre en consideration l'infiltration de la muqueuse, l'hyperthrophie des follicules, la presence de plaques molles ou cicatricielles, le gonflement des sinus, les boiteries, les oedemes, les engorgements, qui se produisent sans cause connue, les modi­fications de la respiration, l'alteration du flanc, I'epistaxis, la toux la tumefaction de la region testiculaire, etc. Ges divers symptömes sont adjuvants el deviennent d'autant plus significatifs, qu'ils se reunissent en plus grand nombre.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
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La morve chronique peut etre confondue avec d'autres mala­dies; avec le coryza chronique, qui peut s'accompagner de jetage et de glandage; avec la collection simple des sinus; avec la gourme; avec la bronchite chronique; avec I'angine; avec I'ana-sarque; avec le horsepox; avec la carie dentaire, qui se fait jour par les cavites nasales, etc. Dans ces divers cas on ne rencon­tre pas les svmptomes propres de la morve ordinaire; on n'ob-serve pas de tubercules ni d'ulcerations sur la pituitaire; et la glande de l'auge presente rarement les memes caracteres que la glande morveuse; d'ordinaire eile n'est ni adherente, ni bosselee, ni indolente comme dans la morve; enfin le jetage peut bien cer-tainement avoir des caracteres plus ou moinsanalogues ä ceux du jetage morveux, mais ordinairement, dans les affections ci-dessus enumerces, il est mucoso-purulent, grisätre et plus ou moins epaissi.
Pour bien examiner un cheval qu'on soupconne d'etre atteintde la morve, on porte d'abord son attention sur la pituitaire; on fait lourner le cheval du cöte du soleil, de facon que les cavites nasales soient bien eclairees, et on regardeaussi profondement que possible, pour voir s'il n'existe pas d'ulceres ou de tubercules sur cette mu-queuse; on explore en outre ces cavites a l'aide du pouce et de l'index, qu'on plonge dans les divers recoins. Puis on passe h l'examen de l'auge et ä celui des autres regions oü se trouvent des ganglions pour constater leuretat.
II ne faut pas oublier qu'il peut exister des lesions localisees au larynx, ä la trachee, aux poumons; il faut done examiner ces or-ganes et etudier leur fonetionnement. II faut comprimer le larynx et la partie initiale de la trachee, pour provoquer la toux et l'ex-pectoration. Ce moyen doit etre souvent mis en pratique, car les symptömes de la morve laryngee ou tracheale, qui est plus ou moins latente, ne peuvent se constater que par ce seul moyen. II faut done presser la trachee sur son trajet cervical, pour s'assurer si on ne provoque pas de la douleur et de la toux; il faut saisir en meme temps la langue et l'attirer au dehors, afin que I'animal ne puisse pas deglutir le produit de l'expectoration, qui s'etend des lors sur la muqueuse linguale, oü on peut I'examiner. Lorsque ia matiere expectoree est traversee par des stfies de sang, on peut presque affirmer que la morve existe. Ce moyen de diagnostic a ete preconise par M. Abadie, veterinaire ä Nantes. II faut aussi etudier la poitrine, surtout l'ausculter et etudier les mouvements du flanc.
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L'examen du cheval suspect ne doit pas s'arreter lä, il taut en­core passer en revue les diverses regions qui peuvent etre le siege de lesions plus ou moins caracteristiques; il faut verifier l'etat des testicules, des mamelles, du vagin, etc.
Malgre toutes ces precautions, malgre un pareil exaraen, il ar­rive trop souvent qu'on ne peut sortir d'embarras et qu'on reste dans le doute; on doit en pareil cas prendreles mesures indispen­sables pour eviter la contagion, et on attend la manifestation d'au-tres symptomes plus caracteristiques. Mais comme dans ce cas il faudrait souvent attendre longtemps, on peut essayer d'autres inoyens pour eclairer le diagnostic.
Pour mieux examiner les cavites nasales, pour les explorer plus profondement, on pourrait se servir d'un instrument special, le nasoscope, preconise en Allemagne. On peut faire coucher ranimal suspect et examiner la muqueuse pituitaire, en lui relevant I'extre-mite. de la tete; il devient ainsi facile de plonger le regard profon­dement et d'explorer une etendue considerable. On pourrait pra-tiquer une fente ä la trachee, introduire les doigts par cetto fente ct explorer une etendue plus ou moins considerable de l'organe.
On a conseille de compter les globules du sang avec I'liemati-metre; mais ce precede est absolument incertain : la leucocytose se produit dans toutes les maladies longues et debilitantes. On a encore conseille l'auto-inoculation, Finoculation du malade avec son produit morbide; mais on n'obtient pas de resultats par cctte nouvelle maniere de faire, car si ranimal est morveux, Finocula­tion de son produit d'excretion ne peut lui dormer la rnaladie qu'il a deja, et s'il n'est pas morveux, son produit n'etant pas virulent ne lui communique rien. Dans Tune comme dans I'autre Iiypo-these, le resultat est forcement negatif.
On a aussi conseille la trepanation des sinus, lorsqu'ils sont gonfles; mais ce moyen, ne permettant de verifier qu'un espace restreint, est tout ä fait insufflsant; neanmoins on pourra y recou-rir quand on le jugera ä propos.
L'eglandage, l'extirpation et Texamen de la glande ont ete pre-conises comme un moyen excellent de iiagnostic; mais il ne faut pas lui accorder une grande valeur; car, ainsi que nous le verrons plus loin, la glande de morve est loin d'etre toujours caracteristi-que au point de vue de l'anatomie pathologique.
Un precede facile ä employer, mais qui n'est pas toujours suivi d'un resultat immediat, consiste ä imprimer ä l'organisme suspect une violente secousse, au moyen d'un ou de plusieurs purgatifs
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energiques, par le regime du vert, par une fatigue exageree, etc., afin d'amener une acceleration dans revolution de la maladie et la generalisation des lesions, qui des lors s'accompagneront de symptömes plus evldents.
Si tout cela ne reussit pas, il ne reste plus d'autres ressources que celle de I'inoculation faite ii un autre animal de la meme es-pece, h un äne par exemple. S'il s'agit de la morve, I'inoculation sera ordinairement fructueuse; et, au bout de 5, 7, 8 jours, 15 jours au plus, on sera sürement fixe sur la nature de la maladie primitive. Dernierement M. Degive, de Bruxelles, signalait chez Fane meme une periode d'incubation de trois semaines h an mois apres I'inoculation; j'avais de mon cote, en 1877, observe chez l'äne une periode d'incubation de trente-deux jours apres une ino­culation; la morve, meme inoculee, pent quelqueibis evoluer k l'interieur avant de devenir visible äl'exterieur. Cependant il nefaut rien exagerer; I'inoculation du produit d'un animal morveux peut quelquefois ne pas etre suivie de morve. Lorsque I'inoculation ne reussit pas, il y a fort ä presurner que le sujet, qui a fourni le pro­duit, n'est pas morveux; inais d'une maniere absolue on n'en est pas sür, car il pourrait arriver que par exemple I'animal inocule flit lui-meme, et sans qu'on s'en doutät, atteint de morve latente, ou que le produit, pris sur le sujet morveux, ne fut pas virulent. Dans ces cas une nouvelle inoculation serait ä la rigueur neces-saire. Mais par centre, si le sujet inocule devient morveux, alors il n'y a plus lieu d'hesiter, on est sür de l'existence de 1'aifection sur le sujet qui a fourni le produit inocule.
Le diagnostic de la morve et du farcin aigus est tres facile ; les symptömes sont tres marques, tres nombreux et se completent les uns les autres. La maladie marche tres rapidement et la mort survient vite. Parfois on peut etre porte h la confondre avec le horsepox, qui peut s'accompagner de congestion et d'eruptions pustuleuses sur la pituitaire, qui se transforment ensuite en petits ulceres; mais ceux-ci ne tendent pas k ronger les parties voisines, ils se clcatrisent rapidement, et alors, si on a attendu, le doute n'est plus possible. On pourrait confondre la morve aigue avec I'anasarque. Cette derniere affection peut, de meme que la morve aigue, marcher plus ou moins rapidemenU et s'accompagner d'engorgements k la surface du corps; eile se caracterise aussi par des taches petechiales ä la surface de la muqueuse pituitaire, et ces taches ressemblent aux ecchymoses, qui preludent au de-
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vcloppement des tubercules morveux. Si la maladie se termine i-apidement par la mort, on pent etre embarrasse, on pent se trouver dans le doute. quand on n'a pas eu le temps de voir se produire des tubercules, des ulceres; il taut alors recourir aux donnees que peut fournir I'autopsie. On pent encore etre porte ä confondre la morve aigue avec la gourme maligne, avec le charbon, avec les affections typhoides, avec la septicemie; mais cependant, dans ces diverges maladies on peut faire la difference facilement, parce qu'elles ne s'accompagnent Jamals de tubercules ni d'ulcerations sur la muqueuse pituitaire.
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ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Les autopsies de cadayres d'animaux atteints de l'affection far-cino-morveuse doiventetrepratiquees avec certaines precautions, vu les dangers qu'elles peuvent presenter pour ceux qui les font.
Les lesions de la morve sont nombreuses, on peut en rencon-trer dans les divers appareils, dans les divers tissus, dans la plu-part des organes; elles sont de nature inflammatoire et elles se presentent le plus souvent sous un aspect tuberculiforme. Elles sont surtout frequentes et nombreuses dans certains sieges de predilection, dans les organes de l'appareil respiratoire, dans le Systeme ganglionnaire et lymphatique et la peau. Elles ont de l'analogie avec cello's de la tuberculose par leur forme, par leur siege, par leur mode de developpement; mais elles en different pourtant par leur evolution, at surtout par les proprietes phy-siologiques de leur produit. Au fond, les lesions morveuses sont ii peu pros les meines, qu'il s'aglsse du type aigu ou du type chro-nique, de la morve aigue ou de la morve chronique; les differen­ces que I'on observe sont relatives k leur degre de congestion et d'inflammatiou dont elles s'accompagnent. II convient d'etudier clans son evolution le tubercule morveux, et de passer ensuite en revue les principales lesions qu'on peut rencontrer dans les divers appareils.
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TUBERCULE MORVEUX
La neoplasie morveuse est une inflammation nodulaire, tubei'-culiforme, dont les caracteros varient suivant qu'ou l'etudio ä une
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664nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARGINOMORVEUSE
periode plus ou moins avancee de son evolution ; on peut en effet lui reconnaitre plusieurs degres. L'etude micrographique des lesions tuberculiformes de la morve et du farcin a ete faite dans ces dernieres annees par M. J. Renaut.
On peut distinguer trois varietes de tubercules morveux : des tubercules pulmonaires; des tubercules developpes dans les mu-queuses; et des tubercules developpes dans la peau; ils sont isoles, simples ou conglomeres, formes de plusieurs neoplasies reunies.
Tubercules pulmonaires. — Les tubercules pulmonaires parcourent trois periodes dans leur evolution. A leur origine ils sont constitues par de la congestion, des hemorrhagies et des foyers d'inflammation proliferative. Ils se decelent h I'oeil nu par une tache ecchymotique plus ou moins foncee, plus ou moins restreinte; ils sont encore pen caracteristiques. La microscope pennet de voir, dans ces taches, des vaisseaux gonfles et remplis de ce sang, des foyers hemorrhagiques plus ou moins nombreux conlenant du sang non encore altere. II y a en meme temps accu­mulation de cellules embryonnaires dans les alveoles du point malade et dans le tissu perialveolaire, proliferation de ces ele­ments et des cellules endotheliales des alveoles et du tissu inters-titiel. Les infundibula malades se remplissent d'une substance grenue ou flbrillaire de nature fibrineuse, jaunatre, provenant des vaisseaux, et melanges de cellules embryonnaires et de glo­bules sanguins. Dejii, ä cette periode, le tubercule presente deux parties : une partie centrale, inflammatoire, quot;dont les elements sont en voie de proliferation; et. une partie peripherique, conges-tionnelle et hemorrhagique. II n'est pas toujours aise de voir a I'oeil nu les caracteres de cette premiere periode, car il est des cas nombreux oü la congestion est pen intense et les hemorrhagies peu nombreuses et peu etendues; mais elles existent toujours, meme dans les tubercules, qui se developpent pendant la morve la plus chronique.
Des modifications surviennent rapidement; la partie inflamma­toire s'etend, en meme temps qu'elle se transforme ä son centre en une mauere caseeuse. Bientöt les tubercules se montrent plus saillants, plus volumineux, plus reguliers dans leur forme, plus consistants; ils deviennent arrondis, gros conyne un grain de mil ou un grain de ble, un haricot, et meme comme un oeuf de poule, surtout quand ils sont conglomeres. Ils sont impermeables ii I'air ; ils apparaissent jaunätres k leur centre, qui est entoure d'une
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portion grisätre ou gris-rouille; ils sont entoures d'une zone rou-geatre, ou noirätre, ou violacee, plus ou moins etendue, plus ou moins appreciable. En les incisant dans leur milieu, on voit sur la coupe une partie centrale, jaunätre, seche, friable, caseeuse, fes-tonnee a son pourtour, et entouree d'une zone grisätre, brillante, orangee par places ä sa psripherie; celle-ci se confond insensible-ment avec la zone peripherique, qui est h6morrhagique, rougeä-tre, noirätre, plus foncee par places. Quand on incise des tuber-cules composes, on constate les memes caracteres, repetes un plus ou moins grand nombre de fois, chaque nodule partiel evoluant pour son propre compte, comme s'il etait seul.
Des coupes, pratiquees sur des tubercules adultes et examinees au microscope, permettent de bien voir la structure des diverses parties. On voit parfois, au sein du nodule, une brauche a. epithe­lium desquame et ä parois infiltrees de cellules embryonnaires. La zone centrale est un ilot plus ou moins irregulier de pneumo­nic lobulaire; ses festons sont formes de lobules pulmonaires, obliteres par des elements embryonnaires, et dont les alveoles sont depouillees de leur endothelimn. Get ilot de pneumonie lobu­laire est opaque au centre, oil les elements sont presses, ratatines, entoures d'une masse granuleuse, moins distincts dans leurs con­tours, moins colores par le carmin. A la peripherie de l'ilot, les elements se colorent mieux, offrent des noyaux multilobes, sont en voie de proliferation et gardent longtemps leur vitalite. Autour de la zone centrale, on voit la zone moyenne qui est translucide, et dont les alveoles sont depouilles de leur endothelium et remplis d'une matiere jaune-verdätre, qui englobe quelques cellules em­bryonnaires. Gette zone est'formee par des hemorrhagies ancien-nes. La matiere renfermee dans les alveoles est de la fibrine granuleuse ou librillaire; on y rencontre aussi quelques globules rouges plus ou moins decölores, des leucocytes, des cellules endotheliales devenues actives, globuleuses, chargees de pigment sanguin, ayant englobe des globules rouges et les ayant digeres. La zone excentrique est formee d'hemorragies recentes, dissemi-nees. Endehors de cette partie, le poumon devient permeable; 11 est hyperemie k une certaine distance; 11 öftre ca et lä de petites hemorrhagies miliaires; les veines son dilatees par places et en-lourees de globules blancs sortis par diapedese, quelquefois ellcs sont obliterees par des caillots.
Le nodule morveux s'entoure d'hemorrhagies, qui se caseifient en allant du centre a la peripherie du bouton; il s'accroit par des
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exsudations sanguines et des hemorrhagies k su peripherie; et il se caseifle progressivement h son centre, sans passer a la suppura­tion. Le centre caseeux s'accroit et la zone moyenne se caseifle a son tour. Plus tard le ramollisement se produit et le neoplasme peut s'ouvrir dans une branche; quelquefois il se transforme en un veritable abces. D'autres fois il se raccornit et finit par s'en-tourer d'une coque kystique; parfois, mais tres rarement, il se calcifle.
II n'est pas rare que des tubercules pulmonaires ne se caseifient pas et forment du tissu conjonctif, d'abord jeune, vasculo-em-bryonnaire, puis s'organisant et devenant analogue h celui des cicatrices. Autour de ces points, qui ont l'apparence des cicatrices, le poumon est modifle; les alveoles, d'abord remplies de cellules endotheliales gonflees, s'applatissent; les travees inter-alveolaires s'epaississent et se transforment en tissu fibreux.
On peut done trouver, dans un poumon morveux, des taches ecchyinotiques, des tuberbules adultes, des tubercules ramollis, des tubercules enkystes, des tubercules ulceres, des points scle­roses, etc.
Tubercules des muqueuses. — Les muqueuses respi-ratoires, qui cleviennent le siege de lesions morveuses, presentent une inflammation diffuse et des inflammations nodulaires.
Les nodules debutent, comine ceux du poumon, par de la con­gestion, par de l'exsudation fibrineuse, par des hemorrhagies et par une inflammation proliferative; ils se caseifient ensuite, puis il se ramollissent, et enfm ils s'uicerent. Ils sont isoles ou agglo-meres; ii leur pourtour la muqueuse est epaissie, congestionnee et plus dure; ils deviennent jaunätres, quand ils se caseifient; ils sont gros comine une tete d'epingle; leur section est irreguliere dans son pourtour, eile presente des ramifications jaunatres, allant en sens divers, et s'anastomosant avec celles des nodules voisins; des nappes hemorrhagiques sont entremelees avec ces ramifications, et montrent, ä leur centre, des arterioles et des veinules dilatees. Des nodules peuvent se former dans le tissu sous-muqueux. Au niveau des tubercules, les vaisseaux sont dilates, le derme muqueux est infiltre de cellules embryonnaires melees de globules rouges, et enfoncees dans un reticulum fibrineux; ca et lä, dans et autour de Filot, on voit des heiijorrhagies; puis la fibrine devient granuleuse et granulo-graisseuse; les cellules dc. centre du nodule meurent; les vaisseaux s'obliterent; bientöt le centre est caseeux, puis se ramollit et finalement I'ulceration S3
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produit. Les plaies, resultant de l'ulceration, sont atones; leuiquot; fond repose sur une inflammation fibrineuse, degenerative, qui n'a pas d'elements de vitalite; ii y a desagregation progressive de la substance subjacente.
Tubercules de la peau, boutons farcineux. — De meme que sur les inuqueuses, on observe sur la peau les lesions de la dermite diffuse et des dermites nodulaires, tuberculiformes.
Les inflammations nodulaires de la peau s'annoncent par de la congestion, de l'exudation fibrineuse, des hemorrhagies punc-tiformes, et par une inflammation proliferative diffuse, interessant le derme ou le tissu conjonctif sous-cutane ou les deux ä la tbis. Puis, dans cette inflammation diffuse, apparaissent des nodules, arrondis ou lobes, for.nes de cellules actives, qui proliferent; les vaisseaux sont tres dilates; les nodules croissent, deviennent con­fluents, et se caseifient. Alors on volt des dots jaunatres multilo-bes, faciles ä dissocier, entoures d'une zone translucide, tbrmee d'elements jeunes. Le tissu du derme est devenu homogene et transparent, a. cause de 1'inflammation diffuse; 11 est friable, car il y a eu disparition de la substance fondamentale et fönte des reseaux elastiques; les arterioles sont enflaramees. Les nodules se ramollissent h leur centre, croissent par la caseification pro­gressive de la zone moyenne et par l'adjonction de nodules nou-veaux. La zone embryonnaire s'etendant, se rapprochant peu ä peu dc la surface cutanee, l'ulceration se produit, comme dans les abces. Les chancres, resultant de ce travail, sont anfractueux et övoluent comme ceux de la pituitaire.
LESIONS DES DIVERS ORGANES
Dans la morva on trouve des lesions un peu partout, dans la peau, dans le tissu conjonctif sous-cutane, dans les organes de de l'appareil locomoteur, dans le Systeme lympbatique et ganglion-naire, dans l'appareil respiratoire, dans l'appareil circulatoire, dans l'appareil digestif, dans l'appareil genito-urinaire et meme dans le Systeme nerveux.
A la peau et dans le tissu conjonctif, on trouve des boutons, des ulceres, des tumeurs et des engorgements. Dans le Systeme lym­pbatique sous-cutane, on trouve des lymphangites, des cordes; et dans les ganglions superficiels, on observe des adenites, des tumefactions inflammatoires.
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Les boutons presentent des caracteres variables suivant leur age; ils sont plus ou moins nombreux; ils sont simples ou com­poses, formes de plusieurs nodules juxtaposes et se coufondant ensuite. Les boutons farcineux debutent par une inflammation, accompagnee de congestion et d'hemorrhagie; aussi presentent-ils tous les caracteres de rinflammation pendant leur premiere pe-riode. Ils sont formes de deux zones, dont 1'une centrale, offrant du tissu embryonnaire, et l'autre peripherique congestionnee, hemorrhagique, inliltree.
Des modifications surviennent tres rapidement; et, si on incise des boutons arrives ä la periode de erudite, on les trouve formes par trois zones concentriques presentant des caracteres bien dit- _ fcrents. La zone centrale est caseeuse, jaunätre, homogene, in-vasculaire, arrondie ou plus ou moins irreguliere dans soil con­tour; elie cst formee par une mattere caseeuse, comppsee de cellules ratalinees, deformees, de granulations, de gouttelettes graisseuses, de noyaux et de debris de cellules; eile est la conse­quence de la mortification et de la degenerescence des elements inflammatoires.
Autour de cette zone jaunätre, on voit une zone mediane gn-sätre, lardacee, humide, inflammatoire, assez consistante, formee de tissu conjonctif infiltre, enflamme et offrant un certain nombre de points hemorrhagiques anciens, dans lesquels le sang s'est modifle, s'est detruit. G'est cette zone qui constitue le fond et les bords des ulceres, quand les boutons se sont ramollis et ulceres.
En dehors de cette couche mediane, se trouve la zone periphe­rique, qui offre tous les caracteres de rinflammation debutante, qui est rougeatre, vasculaire, congestionnee, enflammee, et qui presente des foyers hemorrhagiques recents, dans lesquels le sang se voit encore en nature
L'inflammation s'etend au delä des boutons ; il y ,a souvent une veritable dermite diffuse; on voit de distance en distance des noyaux inflammatoires plus ou moins etendus; et bien souvent, sur i 1'animal vivant, on peut constater un epaississement plus ou moins prononce de certaines regions de la peau, au niveau des-quelles on voit ensuite les lesions de la dermite.
Quand le bouton se ramollit, e'est la partie centrale qui cprouve la fonte; quelquefoisleramollissement debute en plusieurs points ä la fois, e'est lorsque le bouton est compose; ensuite ces divers foyers se confondent. Le ramollissement progresse peu a peu, s'etend aux depens de la zone centrale et de la zone mediane, quand
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la premiere est completement ramollie. Tous les boutons ne se ramollissent pas; et, si ceux qui se ramollissent s'ulcerent ensuite ]e plus ordinairement, il en est qui persistent avec leur etat de ramollissement. Le contenu des boutons ramoilis est jaunätre, oleiforme; autour de la matiere ramollie existe une poche dure, dont le tissu est infiltre. Apres I'ulceration, il reste quelquefois une partie du noyau primitif. Les chancres ont une coloration jau­nätre ou plombee; le tissu qui les circonscrit est dense, dur, resistant, lardace, etc. Certains boutons, restes durs, sont exclusi-vement fibro'ides, mais ordinairement ils sont caseeux.
Les tumeurs sous-cutanees, ordinairement rares et toujours pen nombreuses, ne sont autre chose, an point de vue anatomo-patho-logique, que des kystesä contenu jaunätre, sanguinolent, sanieux.
Les engorgements farcino-morveux, qu'on observe dans cer-taines regions, sont caracterises au debut par de la congestion, par des hemorrhagies et surtout par une infiltration considerable dans le tissu conjonctif sous-cutane. Une fois forme, I'engorge-inent devient peu ä peu chronique, il passe ä Fetat d'osdeme passif. On pent rencontrer, ä son voisinage ou dans son etendue, descordes, des boutons, des foyers de ramollissement, des abces, des plaies ulcereuses. II n'est pas rare de le trouver en partie dur, consistant, organise, lardace; au niveau de l'oedeme il y a en meme temps dermite et infiltration de la peau.
Les cordes, de meme que les autres lesions, peuvent se mon-trer h diverses periodes de leur evolution. A leur premiere periode, on constate l'inflamtnation du vaisseau lymphatique, I'alteration de la lymphe et de la congestion ainsi que de rinfiltration au pourtour du vaisseau malade. La lymphe est trouble, jaunätre, grisätre, coagulee par places ou dans une etendue considerable et adherente aux parois du vaisseau, qui sont alterees, depolies, epaissies, infiltrees; la cavite du vaisseau est interceptee en en-tier ou seulement (ja et la par des caillots adherents; la surface interne du vaisseau est alteree.
Le tissu perivasculaire est infiltre par une serosite jaunätre, quelquefois gelatiniforme. II se produit des dilatations au niveau des valvules; et ces dilatations constituent les nodosites qui doi-vent ensuite se ramollir et s'ulcerer.
La coupe d'une corde, definitivement formee, montre troiszones: une centrale, caseeuse, jaunätre, formee par la lymphe coagulee; une moyenne, dure, grisätre, formee par les parois du vaisseau, enflammees et infiltrees; et une peripherique plus vasculaire et infiltree.
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670nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
Les nodosites se ramollissent et s'ulcerent ensuite comme les boutons; les plaies qui en resultent sont caracterisees comme cellesqui derivent des boutons.
L'inflammation des ganglions lymphatiques est consecutive ä celles des vaisseaux lympbatiques qu'ils recoivent. Lorsque les ganglions deviennent malades, ils eprouvent une congestion plus ou moins intense suivant la marche de la maladie.
A la periode initiale de son alteration, le ganglion est hypertro-phie, rouge, congestionne, infiltre, ramolli; et, dans l'interieur de sa substance, en trouve des points plus ou moins fonces, qui sont constitues par des hemorrhagies et qui sont accompagnes d'in-flammations proliteratives; bientot en effet on y rencontre des ele­ments embryonnaires nouveaux en tres grand nombre, qui sou-vent finissent par degenerer. C'est ainsi que la glande passe ä sa deuxieme periode, car les elements inflammatoires qu'elle contient se transforment en une masse caseeuse; et en ouvrant le ganglion, on apercoit des points jaunätres entoures d'une coloration plus foncee; ce sont lä des caracteres ä peu pres constants.
Mais il n'y a pas que le ganglion qui seit malade; le tissu qui I'entoure deviant le siege d'une infiltration plus ou moins abon-dante, plus ou moins coloree en rouge. Puis peu h peu ces carac­teres se modifient; l'infitration peripherique est resorbee et dimi-nue; en outre le ganglion lui aussi diminue peu ä peu, car l'inflam­mation se transforme et amene la formation d'un tissu adulte, qui peut meme dans certains cas envahir tout le ganglion. Ge tissu de nouvelle formation crie sous rinstruinenttranchant; il est dur, fi-breux, grisatre ou jaunatre.
La glande, qui presente dans toutes ses parties ces caracteres, ne se termine jamais ni par le ramolissement, ni par la resolution, ni par Fulceration; eile conserve cet etat et persiste pendant le reste de la vie du malade.
Le plus habituellement les choses ne se passent pas ainsi, et, meine dans la morve chronique, il se forme des foyers caseeux, qui restent au sein du tissu lardace avec leurs caracteres primitifs. Les ganglions sont alors mamelonnes, bosseles; lorsqu'on les incise, on trouve au sein du tissu sclerose, qui les constitue, un ou plusieurs points jaunätres: ce sont Ik autant de foyers caseeux.
Les lymphatiques intra-ganglionnaires sont 'enflammes.
En resume, I'adenite morveuse est variable. Dans la morve ai-gue, il y a inflammation diffuse du ganglion, accumulation de globules blancs, formation de points purulents. Dans la morve
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chronique, le ganglion est dur, dense, homogene ou caseeux par places; sa section est seche et presente ga et la des lignes ardoi-sees, pigmentees ; les vaisseaux sanguins sont gorges de sang ä la Peripherie du ganglion, ils sont obliteres et obstrues par des cail-lots dans les parties caseeuses. On a pretendu que l'etude de la glande morveuse, apres son extirpation, pouvait faciliter le dia­gnostic ; mais les alterations precitees, outre qu'elles ne sont pas toujours bien caracterisees, peuvent se produire en dehors de la morve; aussi ne faut-il pas comptersurrexpedientdel'eglandage, pour etablir le diagnostic de Faffectiou morveuse.
Dans I'appareil locomoteur on rencontre parfois certaines le­sions. Les muscles n'ont pas ete etudiessufflsammentjusqu'ä pre­sent. Cependant, dans les cas de farcin et de morve aigus, il n'est pas rare d'observeruneinliltrationrougeätre, quiest surtout mani­feste dans le tissu conjonctif perimusculaire et inter-musculaire. Les sereuses articulaires et tendineuses peuvent etre malades; elles se montrent parfois congestionnees, enflammees, et renfer-ment un liquide plus ou moins colore en rouge; quelqueibis ces inflammations deviennent suppuratives et les germes peuvent s'ul-cerer; d'autrefois il se produit de veritables hydarthroses. A la longue les os deviennent plus friables et leur moelle plus diffluente.
Dans I'appareil respiratoire on constate ordinairement I'exis-tence de lesions nombreuses et importantes, de nodules, de tuber-cules plus ou moins nombreux et ä diverses periodes d'evolution. Ces lesions peuvent se montrer sur la pituitaire, sur la muqueuse des sinus, dans le larynx, dans la trachee, dans les bronches, dans les poumons, sur les plevres.
La pituitaire ofTre les lesions de la morve aigue ou les lesions de la morve chronique. Elle est hyperemiee, epaissie, rougeätre, safranee, violacee, pale, infiltree, tachetee. Ses vaisseaux sont distendus, enflammes, obliteres, obstrues par des caillots plus ou moins adherents. On trouve parfois des lymphatiques enflammes et passes a l'etat de cordes. II existe des elevures, des nodules, des tubercules h differentes periodes d'evolution, entoures ou non d'une zone rougeätre. Ces elevures peuvent se montrer dans les diverses parties de la pituitaire. On rencontre quelquefois des plaques infiltrees et aussi des plaques gangrenees dans la morve aigue. Les follicules de la muqueuse sont hypertrophies. II y a souvent des ulceres plus ou moins nombreux, plus ou moins
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etendus, appartenant au type aigu ou au type chronique. Les chancres de la pituitaire, comme ceux de la peau, sont atones et ne tendent pas k se cicatriser. Par suite de la marche de la mala-die et de l'iaxtensiofa des lesions, il peut se produire des caries cartilagineuses ou osseuses (cloison, cornets, ethmoide).
Dans les sinus, la. muqueuse peut offrir des modifications pro-fondes: täntöt eile est simplement congestionnee, hyperemiee, epaissie et catarrhale dans la mbrve aigue; tantot eile est pale, epaissie, catarrhale, bourgeonneuse dans la morve chronique et s'accompagne d'une collection purulente, qui finit par determiner le gonfleinent de Tos.
Sur la muqueuse respiratoire, comme sur la peau, rinflamma-tion se propage au delä des tubercules; ceux-ci sont entoures d'une inflammation diffuse plus ou moins etendue. La muqueuse est irritee profondement et superficiellement autour des chancres; l'epithelium se renouvelle räpidement; il y a une infiltration ma­nifeste et des globules blancs,sortis des vaisseaux, se sont accu-mules sous l'epithelium et interposes entre les cellules epithe-liales. Les glandes muqueuses sont irritees, leurs elements de-viennent granuleux, leur secretion est plus abondante.
La muqueuse laryngienne peut presenter les meines lesions que la pituitaire (congestion, infiltrations, epaississement, turgescence de l'appareil glandulaire, tubercules, chancres, etc.).
On peut aussi rencontrer parfois des lesions de morve (hypere-mle, tubercules, epaississement, chancres) sur la muqueuse des poches gutturales.
II n'est pas absolument rare de voir, sur la muqueuse tracheale ct sur la muqueuse bronchique, les meines lesions que sur la pituitaire, notamment des tubercules et des ulcerations; parfois ineme ces dernieres acquierent des proportions considerables et peuvent s'accompagner de la carie du cartilage.
Dans les poumons, les lesions sont ordinairement tres abon-dantes, surtout quand il s'agit de la morve aigue. Elles varient dans leur aspect et dans leurs caracteres macroscopiques, suivant qu'il s'agit de Tun ou de l'autre type. Elles consistent en ecchy-inoses, en points hemorrhagiques, qui ne sont autre chose que des tubercules naissants, en tubercules ä diverses periodes de leur evolution, en bronchite, en peribronchite, en^pneumonies lobu-laires, interstitielles, en scleroses, etc. Dans la morve aigue, il arrive souvent qne Ton rencontre des points ou des foyers hemorrhagiques plus ou moins nombreux et dissemines partout.
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Les tubercules sont plus ou moins nombreux, miliaires, pisi-formes, profonds, superflciels, isoles, confluents. Ilssontjaunätres, grisätres, entoures ou depourvus de zone congestionnelle appa-rente, i-ainollis, abcedes, enkystes, calcifies, etc. Souvent on observe une inflammation aigue ou chronique autour des petites bronches, dont les parois s'enflamment ä leur tour; il y a peri-bronchite et bronchite envahissante. Les bronches attaquees dimi-nueat de calibre, puls s'obstruent et se transforment en cordons libreux.
II n'est pas rare de rencontrer, dans les poumons tuberculises, des points de pneumonie lobulaire et de pneumonie interstitielle (morve aigue) et des points scleroses (morve chronique), formes de tissu dur, lardace et derivant d'une inflammation aigue qui s'est organisee. Les chevaux qui sont morveux depuis un certain temps, presentent souvent des lesions d'emphyseme pulmonaire. Quand les malades ont succombe naturellement ä la suite de la morve et principalement de la morve aigue, on pent observer les lesions de l'asphyxie ou de la septiceinie, si la mort a 6t6 la con­sequence de Tune ou de l'autre de ces complications.
Les plevres sont parfois congestionnees (morve aigue) et pre­sentent des ecchymoses, des points hemorrhagiques, dissemines, quelquefois confluents; il y a parfois de la pieuresie avec epan-chement. Dans la morve chronique, on pent rencontrer sur les plevres des taches blanchätres, opalines, formees de tissu sclerose et plus ou moins en relief, et des plaques inolles, grisätres, lais-sant echapper une matiere colloide. II pent arriver que, sous I'in-fluence de la generalisation du virus, la plevre entiere se soit enllammee et qu'il en soit resulte une pleurite chronique ou sub-aigue avec hydrothorax et fausses membranes.
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Les lesions de l'appareil circulatoire, si on en excepte celles du Systeme ganglionnaire et lymphatique, sont moins importantes. Au debut de la maladie, il y a hyperinose, exces de fibrine dans le sang, qui s'appauvrit quand la morve dure et evolue lentement.
Les globules blancs deviennent bientöt plus abondants, et la morve finit par amener une sorte de leucocytose; mais ce caractere n'a pas une grande importance au point de vue du diagnostic, car dans beaucoup de maladies epuisantes, le nombre des globules rouges diminue pendant que celui des globules blancs augmente. Quelquefois le coeur lui-meme presente des alterations, qui sie-gent surtout sur ses sereuses, et qui consistent en taches ecchy-
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motiques et en tubercules. Enfln las vaisseaux sanguins et surtout les veines des parties malades peuvent etre le siege d'mflamma-tion, s'obstruer, presenter des caillots, des thromboses.
Dans I'appareil digestif on ne trouve pas habituellement des lesions de morve. Cependant le tubercule pent evoluer dans I'in-testin et donnev lieu ii des ulcerations. On trouve parfois des ec-chymoses sur le peritoine. Lefoie, la rate sontquelquefoisälteres; ä la surface de la rate on trouve des taches, des tubercules; dans le foie ces memes alterations ne sont pas rares.
Enfln, dans le cas de morve avancee, les divers ganglions peu­vent etre älteres, ainsi que de nombreux vaisseaux lymphatiques dans diverses regic!:s, dans divers organes.
Dans I'appareil genito-urinaire, les lesions de la morvj sont assez frequentes. Elles consistent surtout en congestion, inflam­mation, exsudation; on pent en rencontrer dans tous les organes de cet appareil.
Chez les chevaux entiers, il y a souvent : inflammation et infil­tration dans le fourreau, dans les bourses; inflammation uniforme ou ponctuee et exsudation dans la sereuse testiculaire; inflam­mation et tuberculisation du testicule, qui est hypertrophie, en-flamme dans toute sa masse ou seulement en des points plus ou moins nombreux; inflammation, turgescence et parfois abcedation de 1'epididyme; inflammation et infiltration du cordon, qui est, plus volumineux et dont les lymphatiques sont enflammes, obs-trues, obliteres, transformes en cordes. II y a aussi parfois con­gestion, epaississement de la muqueuse des vesicules seminales, dont les follicules peuvent se montrer plus ou moins hypertro­phies.
Chez la jument les lesions de la morve peuvent se montrer dans les mamelles (engorgement, inflammation), dans l'uterus et le vagin, dont la muqueuse est quelquefois, comme la pituitaire, congestionnee, boursouflee, catarrhale, tuberculisee, ulceree.
Les reins presentent quelquefois aussi des tubercules aigus, sub-aigus, chroniques, etc.
L'appareil de l'innervation semble, lui aussi, offrir des lesions, mais on est peu avance dans leur etude. Pourtant il est certain que dans quelques cas (morve aigue ou subaigue), il se produit de la congestion dans les centres nerveux, de l'exsudation dans
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les meninges et des foyers de rainollissement rouge au niveau du renflement lombaire de la moelle.
ETIOLOGIE
Le developpement de 1'affection farcino-morveuse, comme celui de la plupsrt des maladies contagleuses, a ete attrlbue ä deux ordres de causes bien differentes. Le plus souvent on l'ä consi-deree commesedeveloppant par le seul fait de la contagion; mais un certain nombre d'auteurs et de veterinaires ont cru, et quel-ques-uns croient meme encore ä la spontaneite de cette maladie. Depuis tres longtemps 11 y a eu des spontaneistes et des conta-giormistes. A la fin du siecle dernier et meme au commencement de celui-ci, il y a eu des anticontagionnistes, qui ont nie la conta-giosite de la morve chronique. Aujourd'hui tous les veterinaires admettcnt la contagion de la morve et ils sont meme, pour le plus grand nombre, contagionnistes absolus, c'est-ä-dire qu'ils n'ad-mettent que la contagion comme cause de la morve. II en est en­core quelques-üns qui, tout en admettant la contagion, croient neanmüins que la morve pent se developper spontanement sous l'irifluehce de certaines causes.
Histoire de la contagion de la morve. — L'aflection farcino-morveuse est connue depuis fort longtemps; les Grecs et les Romains la connaissaient dejä; Aristote en parle dans ses ecrits.
Au iv0 siecle de notre ere, Absyrthe, qui 1'observa dans la ca-valerie de Gonstantin le Grand, reconnut la morve aigue et nota sa contagiosite.
Vegetius Renatus (Vegece) distingua plusieurs formes dans cette affection, 11 rapproche le farcin de la morve, dont il admit la con­tagiosite; il conseilla la pratique de I'lsolement.
En 1682, Solleysel disait que le farcin etait le cousin germain de la morve; il affirmait, d'apres son observation, que la morve etait une affection contagieuse, et il reconnaissait que la contagio­site etait variable suivant les cas.
En 1734, Gaspard de Saunier, et Garsault en 1746, reconnurent l'incurabilite et la contagiosite de la morve sous toutes ses for­mes.
Lafosse pere (1749) regarda la morve comme une maladie in-flammatoire, localiseeä la pituitaire et niasa contagiosite. II recon-
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nut pourtant plusieurs varietes de morve, savoir : une morve proprement dite, localisee ä la pituitaire et non contagieuse; une morve de farcin, caracterisee par des lesions de la pituitaire et par des lesions pulmonaires, et contagieuse; des morves de pul-monie, de courbature, de fausse gourme, de morfondure, non contagieuses.
II n'y avait pas lä une doctrine nouvelle, il y avait tout simple-ment une confusion; le meine nom etait applique h des maladies differentes par leur nature.
Lafosse fds distingua deux sortes de morve proprement dite : une morve non contagieuse, caracterisee par un jetage abondant, jaunätre ou grisätre, et par l'absonce de chancres ou par la pre­sence de chancres tres pen nombreux; une morve contagieuse, la morve aigue, la morve de farcin, caracterisee par un jetage noi-rätre, sanieux, sanguinolent et par des chancres nombreux sur la pituitaire.
La doctrine des Lafosse, ou pour mieux dire de Lafosse flls, se resume done dans ces deux idees : distinction d'une morve aigue et d'une morve chronique; negation de la contagiosite de cette derniere. Gette doctrine eut un retentissement qu'elle ne meritait pas et entraina dans la suite des consequences deplorables; eile devint et resta longtemps, trop longtemps, la fille adoptive des professeurs de l'Ecole d'Alfort, qui la flrent adopter ä leur tour par leurs nombreux eleves.
Bourgelat, et avec lui las veterinaires de la fin du siecle dernier, rejeterent les idees de Lafosse et resterent contagionnistes.
Vitet (4771) afflrmait que la morve etait toujours contagieuse. Paulet (1775) epousait an contraire la doctrine de Lafosse.
Les ecoles veterinaires admirent ä leur origine les idees de leur fondateur; et celle de Lyon y est toujours restee fidele.
A Alfort, le successeur de Bourgelat, Chabert, enseigna d'abord les idees du maltre; puis il changea d'opinion, il admit les idees de Lafosse, il devint anticontagionniste et pretendit que la morve est une maladie due a des dispositions individuelles, provoquee par un vice d'alimentation, par un exces de travail, par la mau-vaise hygiene des habitations, etc.
A l'Ecole de Lyon, Gohier restait le vrai disciple de Bourgelat; il etait contagionniste, et, non content de demofitrer la contagion par des faits d'observation clinique, 11 avait recours k I'experimen-tation. 11 transmit experimentalement la morve, au moyen du jetage morveux mis en contact avec la pituitaire, a six animaux solipedes.
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II observa des cas de contagion provoquee par l'emploi de couver-tures ayant servi pour des morveux, par la cohabitation avec des animaux malades et par le sejour dans des locaux non desin-fectes.
Apres Gohier, Rainard observa des faits analogues, et bien d'autres veterinaires constataient des cas innombrables de conta­gion.
Malgre tout cela, l'ecole d'Alfort devenait anticontagionniste et persistait dans son erreur; professeurs et eleves devenus veteri­naires niaient h qui mieux mieux la contagion de la morve, qu'ils consideraient comme une simple maladie inflammatoire.
Godine, d'abord contagionniste, devenait anticontagionniste, parce qu'il avait vu la cohabitation avec un animal morveux rester sans consequence, et parce qu'il n'avait pas vu la morve se de­clarer apres une injection de pus morveux dans la pituitaire.
Ghabert, Fromage de Feugre et Ghaumontel firent des expe­riences, mais ils procederent avec un parti pris bien evident, et, quoique leurs experiences eussent demontre la contagiosite, ils resterent anticontagionnistes.
Dupuy nia, lui aussi, la contagion de la morve, malgre les ex­periences de Gohier.
Rodet etait pareillement anticontagionniste, et il pretendait que la morve etait clue h des influences constitutionnelles ou ä des causes accidentelles.
Morel et Louchard affirmaient avec une singuliere desinvolture que la morve n'est pas contagieuse.
Vatel et Hurtrel d'Arboval consideraient la morve chronique comme une maladie inllammatoire simple.
Gilbert et Barthelemy reconnaissaient, comme Lafosse Ills, une morve chronique non contagieuse et une morve aigue bien difTe-rente par sa nature.
La doctrine de Lafosse avait done a cette epoque un grand nom-bre de partisans; les veterinaires rnilitaires ct civils sortis d'Alfort en vinrent naturellement ä ne pas prendre toutes les precautions necessaires pour empecher l'extension de la morve. On comprend sans peine quelles consequences deplorables devaient resulter de cette incurie chaque fois que la morve apparaissait dans un quar­tier de cavalerie, dans une ecurie quelconque et surtout dans les grandes agglomerations de chevaux.
Renault, DelafondetM. H.Bouleynelaisserentpas perdrele triste heritage de leurs predecesseurs; ils furent des apotres de la spon-
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taueite et des anticontagionnistesopiniätres; ils accumulerent les fails de non-contagion et les faits tendant ä prouver que la maladie peutnaitre sans l'intervention de la contagion, et ils eurent le tort d'oublier qu'un seul cas de contagion bien observe etait plus que süffisant pour detruire tout leur etalage de preuves incompletes.
Les faits de non-contagion et les faits de spontaneite n'ont au-cune valeur probante. II serait peu rationnel de conclure ä la non contagiosite de la morve, parce que des animaux exposes n'auraient pas contracte la maladie, attendu que les neuf dixiemes des ani­maux exposes ä la contagion naturelle ne contractent pas la ma­ladie, attendu que le virus n'est pas introduit necessairement dans I'organisme, k la suite de la cohabitation par exemple. II est aussi illogique et aussi faux de conclure au developpement spontane de la morve, parce qu'on n'en a pas pu ou pas su ou pas voulu sui-vre la filiation. On nepouirait pas non plus nier la contagion, par­ce qu'une fois on n'aurait pas produitla morve en inoculant de la matiere morveuse; et d'ailleursil nefaut pas oublier que les expe-rimentateurs d'alors meconnaissaient de parti pris le resultat de leurs experiences et voyaient une autre maladie dans la morve qu'ils avaient provoquee.
La doctrine de Lafosse fut done acceptee et defendue par les trois professeurs precites, qui admettaient que la morve aigue est seule contagieuse.
L'administration de la guerre s'emut de ce qui se passait dans les regiments, oü la plupart des veterinaires, etant spontaneistes, negligeaient souvent les mesures sanitaires necessaires pour em-pecher l'extension de la morve; eile nomma, en 1836, une com­mission pour etudier la question de la contagion de cette affection. Yvart, Dupuy, Magendie et un veterinaire militaire, Berger-Pe-rieres, en firent partie; Yvart fut bientöt remplace par Renault. La commission, ainsi composee d'anticontagionnistes, proceda avec ienteur et avec un parti pris, qui paralyserent ses efforts; eile con-tinua ses operations pendant plusieurs annees, sans tirer aucune conclusion. Elle obtint la morve par l'inoculation et par la coha­bitation des animaux sains avec des animaux malades; mais eile eut grand soin de ne pas voir la verite et d'attribuer la maladie a d'autres causes ou de la considerer comme etant non la morve, mais bien le farcin ou la phthisic. Quand eile n'avait aucune autre ressource pour echapper h la conclusion logique et vraie de son ceuvre, eile pretendait que les chevaux mis en expörience etaient glandes ou en puissance de morve. Le ministre se plaignit; mais
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la commission persista dans son parti pris et objecta qu'on lui avail donne des sujets d'experience dejä malades ou en voie de le devenir. Denouveauxmembresfurentadjoints aux premiers, cet'u-rent William-Edwards, Boussingault, Rayer, Breschet, Barthelemy et Tassy. Deux essais de cohabitation donnerent des resultats pro-bants. Dans un premier essai, sur dix chevaux sains intercales en-tre des morveux, neuf devmrent malades; et dans un second, il y en eut quatre sur sept. Ensuite les experiences furent interrom-pues, et les resultats obtenus ne furent pas publies; ils ne devaient etre connus qu'en 1849.
En 4837, Bayer demontra que la morve est transmissible ii riiomme; d'autres faits de transmission du cheval ä rhonune avaient ete observes auparavant, et depuis il en a ete relate un certain nombre. En 1837-38, s'engagea devant l'Academie de me-decine une discussion sur la morve dans laquelle la doctrine anti-contagionniste fut ebranlee.
En 1839, Urbain Leblanc de Paris prouva la contagiosite de raffection farcino-morveuse par des observations cliniques et par des faits experimentaux.
Et malgre tout, Delafond et M. H. Bouley, consultes en 1842 par le tribunal d'Avallon sur la contagiosite de la morve, declare-rent que la morve chronique n'est pas contagieuse, tout en ajou-tant cependant qu'elle devait etre consideree connne conta­gieuse, ä cause de sa transformation possible et difficilement sai-sissable.
Enfln en 1843, M. Bouley, dans un memoire sur cette affection, a encore aflirme que la morve absolument chronique n'est pas contagieuse, que la morve aigue est seule contagieuse, mais que la morve chronique doit etre consideree comme contagieuse, parce qu'elle se transforme en morve aigue, sans qu'on s'en apercoive.
Des ce moment la partie etait gagnee par les contagionnistes, attendu que les anticontagionnistes en etaient reduits ä confesser que la morve doit toujours, en pratique, etre consideree comme contagieuse.
En 1849, Biquet et Barthelemy communiquerent a la Societe centrale de medecine veterinaire les derniers resultats positifs obte­nus par la commission que le ministre de la guerre avait nominee. Renault se defendit, en invoquant les raisons dejä invoquees par la Commission, et conserva son opinion anticontagionniste; pour-taht la contagiosite de la morve chronique etait tres bien etablie par les faits.
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En 1854, parut une circulaire du ministre de la guerre, or-domiant aux chefs de corps de considerer la morve comme etant toujours coutagieuse et de prendre les mesures propres h sa pro­pagation.
En 1861, il y eut encore aevaht l'Academie de medecine une discussion sur la morve, clans laquelle la spontaneite i'ut sou-tenue.
En 1862-63, M. Saint-Cyr etablit experimentalement que la morve, reconnue chronique a. I'autopsie, est contagieuse.
Oii a soutenu que la morve pouvait deriver de certaines mala­dies suppuratives, telles que la gourme, I'infection purulente, etc.; maisnous verrons plus loin que c'est lä une pure hypothese ; si la morve apparait apres une maladie pyogenique, c'est que par suite de la contagion, eile est venue se greffer sur la maladie preexis-tante; et d'ailleurs il est arrive sans doute que des observateurs mal avisos ont pris pour de la morve ce qui n'etait que de 1'infec-fection purulente.
En resume, s'ilest encore deparle monde veterinaire quelques personnes qui croient h. la spontaneite de la morve, on ne trouve plus d'anticontagionnistes.
La meme diversite d'opinions qui s'est produite en France a existe aussi dans les pays voisins de nous, en Allemagne, en Italic, en Angleterre.
Spontaneite. — Le mot sjiontcmeite, applique an developpe-mentd'une maladie, signifie qu'elle apparait sous rinfluence d'une cause ordinaire, sans qu'il y ait eu introduction d'un contagc, d'une germe provenant directement ou indirectement d'un indi-vidu malade. Ainsi comprise, la spontaneite d'une maladie conta­gieuse, de la morve en particulier, n'est plus guere admise de nos jours. Pourtant eile est encore acceptee par de bons esprits, et de nombreux fails sont invoques a I'appui; mais ces faits n'ont jamais une valeur probante. C'est ainsi qu'on pretend, sans que cela soit demontre, que la morve, qui se grelle sur une maladie suppurative, surunemaladiequelconque, est uneffet de la maladie preexistante. Tons les faits invoques h I'appui d'une demonstration en favour de la spontaneite, sont incapables de faire naitre la certitude; et, quand on les examine de pres, on s'aperoott qu'ils ne peuvent meme pas engendrer la moindre probabilite. La morve etant une maladie contagieuse, il faudrait, toutes les fois qu'on la croit spon-tanee, demontrer qu'elle s'est developpee en dehors de touts con-
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tagion; il faudralt pouvoir la creer ä volonte, ou au moins uue bonne tbis; or les spontaaeistes y ont renonce. On a vu la morve se declarer apres ou pendant certaines maladies ou certaines plaies suppurantes, et en vertu du laquo; post hoc ergo propter hoc, raquo; on en a conclu h la spontaneite; or c'est lä un fort mauvais argu­ment dans la circonstance, car, en supposant qu'il n'y ait pas eu contagion, ondevrait peut-etre accepter une transformation de Fiii-fection purulente en morve, et des lors ce ne serait pas a propre-ment parier la spontaneite. D'ailleurs beaucoup de causes, invo-quees pourexpliquer la spontaneite, agiraient de la sorte, si eiles etaient susceptibles de produire la morve. Certains experimenta-teurs affirment avoir obtenu la morve legitime, en injectant du pus non morveux dans les veines du cheval, et disent I'avoir vu se produire ä la suite d'une resorption purulente. II s'agit de savoir si rinfection purulente peut se transformer en morve; cela n'est guere probable, ainsi que nous le verrons plus loin. En attendant, retenons ce fait, c'est que le plus grand nombre des experimenta-teurs n'ont jamais obtenu la morve avec du pus non morveux. On a vu la inorve se declarer quelquefois apres une operation doulou-reuse, apres une suppuration abondante, apres un trauinatisine, apres des synovites articulaires ou tendineuses, apres des caries, apres une phlebite, apres la gourme, etc., et ona cru ä son apparition spontanee, sans avoir demontre qu'elle n'existait pas deja et sans avoir prouve qu'elle n'etait pas le resultat d'une contagion ulte-rieure. Ges fails sont absolument denues de toute valeur scientifi-que; ils constituent le roman de la morve.
Aujourd'hui on accuse volontiers du mefait, qui consiste ä cn-gendrer la morve, le travail epuisant et la nourriture insuflisante par la quantite ou par la qualite, parce qu'alors il y a, dit-on, rupture de l'equilibre entre la depense et la reparation. Gette rupture d'equilibre se produit souvent, et ce n'est pas toujours dans les pays, dans les localites, dans les fermes oil eile se produit le plus souvent, qu'on voit apparaitre le plus ordinairement la morve. On a vu la morve ravager une ecurie, parce que les che-vaux avaient tout ä coup travaille sur une route plus malaisee, el disparaitre ensuite quand la route devenait roulaute. Ge fait ne prouve rien en favour de la spontaneite, et c'est tout au plus s'il prouve que la fatigue peut accelerer la marche de la maladie et en accroitre la contagiosite. A l'epoque de la construction, des forti­fications de Paris, on voyait la morve plus frequeinment dans les ecuries des petits entrepreneurs que dans cedes des grands entre-
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preneurs; et cela devait etre, non pas parce que la morve etait le resultat des mauvais soins et de la mauvaise alimentation, comine on 1'a pretendu, riiais parce que les petits entrepreneurs s'appro-visionnent ordinairement chez les marchands de bas etage, qui font parlois le commerce de la morve. On dit aussi avoir vu la morve sevir dans des ecuries, apres qu'on avait substitue une ra­tion de pain ä une ration d'avoine; et ce fait doit etre interprete comme les precedents, car ii ne prouve rien moins que la spon-taneite de la morve. Travail epuisant, tatigue outree, nourriture insufflsante, telles sont les causes invoquees par la plupart des spontaneistes, d'apres lesquels le virus morveux serait ainsi le re­sultat d'une secretion troublee, pervertie, oü d'une resorption des inatieres de desassimilation produites en exces.
Jadis on invoquait, avec aussi peu de raison, pour expliquer l'apparition spontanee de la morve, la mauvaise hygiene, les ha-bitalions mal tenues, trop etroites, etc., les arrets de transpiration, le mauvais ciioix des chevaux, leur incomplete adaptation au ser­vice exige, les lieux humides, les climats froids et humides, les saisons h temperature changeante, les saisons pluvieuses, le tem­perament des animaux, les maladies anterieures, surtout les ma­ladies de poitrine, la gounne, le crapaud, les courbatures, etc.
11 n'y a pas lieu d'insister en detail sur l'action de ces diverses causes, qui sont toutes incapables de produire la morve et qui peuvent agir seulement comme debilitantes, predisposer k la con­tagion, ou acceierer la marche de la morve deja existante.
Transformation de l'infection purulente en morve,. — L'infection purulente peut-elle se transformer en morve'.' Peut-on faire naitre la morve en injectant du pus ä un animal sain'.' La morve peut-elle se produire ä la suite d'une resorp­tion purulente'? La reponse ä cette question n'est pas bien facile: ä ce sujet, les observateurs et les experimentateurs sont divises. Les uns pensent qu'on peut obtenir la morve en injectant du pus dans les vaisseaux et que la maladie est quelquefois la consequence d'une resorption purulente; parmi eux on peut citer Renault, M. H. ßouley, Hering, Liautard, Degive, etc. D'apres ces auteurs, la morve peut naitre accidenteliement chez un cheval h la suite d'une plaie suppurante, ä la suite d'un foyer ouvert dans un vaisseau.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
Or quelle conclusion doit-on tirer des faits d'observation et d'experimentation sur lesquels ils s'appuient? II est certain que la morve s'est manifestee sur des chevaux ä qui on avait injecte
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du pus ou chez lesquels avait eu lieu une resorption purulente, et il est non moins cei'tain que cette morve ii pu etre transmise par inoculation a d'autres animaux; mais il est probable que le pus iujecte ou resorbe etait un pus morveux; et il est arrive sans doute plus d'une fois qu'cn n'a pas verifie par I'inoculation la nature de lamaladie, etqu'on a considere comme la morve 1'infec­tion purulente. D'ailleurs le plus grand nombre des experimenta-teurs n'a jamais obtenu la morve en injectant ou en inoculant du pus non morveux.
La morve equine, transmise ä I'homme, s'accompagne souvent de lesions analogues ä celles de Finfection purulente, et il en est souvent de meine quand eile est transmise au lapin. D'un autre cote, I'lnfection purulente prend quelquefois meme chez le cheval les apparcnces de la morve. Ges deux affections ont des analogies au point de vue de ranatomie pathologique; mais elles different par los proprietes de leur contage et ne se transtbrment pas; la morve ne devient pas I'intection purulente simple et rint'ection purulente simple ne devient pas la morve.
CONTAGION DE LA MORVE
La morve est une affection contagieuse; cette propriete a ete inise en evidence par Fetude historique qui precede; eile est demontree par une observation dejä tres ancienne, et eile Test encore par l'observation clinique de tous les jours; on voit en ofiet, tous les jours des faits de contagion se produire. Du reste, ce n'est pas seulement l'observation clinique qui demontre la contagion de la morve sous toutes ses formes, c'est encore I'expe-rimentation. Depuis Gohier, toutes les experiences que Ton a faites, ont demontre ce que l'observation avait dejä appris. La cause unique de l'affection farcino-morveuse est la contagion. La inaladie est contagieuse sous toutes ses formes et sous tous ses types; sous toutes ses formes (farcin, morve), eile est transmissi­ble; et quand, en inoculant le produit recueilli sur un animal, qui parait farcineux, on n'obtiendra pas la morve, il faudra en con-clure que ce n'est pas au veritable farcin que Ton a eu affaire. Elle est transmissible sous tous ses types (type aigu, type chroni-que); il resulte de l'observation clinique et de l'experimentation, que la morve chronique est contagieuse. Du reste il n'y a pas de limites, anatomiquement et physiologiquement parlant, entre la
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morve aigue et l'etat que nous appelons morve chronique. Cer-taines formes et certains types sont plus contagieux que les autres. II est reconnu que la forme morveuse se transmet plus facllement, dans la pratique, que la forme farcineuse; lesanimaux morveux salissant de leur jetage tout ce qui est ä leur portee, on s'explique ainsi pourquoi la morve se transmet plus souvent que le farcin. II est avere aussi que le type aigu est plus contagieux que le type chronique, et la raison en est k ce que le type aigu determine des lesions plus nombreuses, qui evoluent tres rapide-rnent et qui produisent une plus grande quantite de matiere virulente, laquelle est rejetee dans le monde exterieur en plus grande abondance. II ne faut pas oublier que sous rinfluence de causes perturbatrices, de traumatismes, de la fatigue, de la mau-vaise hygiene, etc., le type chronique pent se raviver, se trans­former en type aigu et devenir ainsi plus contagieux.
Lorsqu'on met en contact, avec un meine animal morveux, plusieurs autres auimaux, tels que : chevaux, mulcts, aaes, ces animaux exposes ä la meme contagion ou inocules tons de la meine maniere, avec la meme quantite de virus, presentent des differences-dans la forme et surtout dans le type de la maladie qu'ils contractent. Les chevaux en general contractent une mala­die h marche moins rapide que les mulcts et les dues; et plusieurs chevaux, exposes h la meme contagion, ou inocules de la meme maniere, presentent les uns la morve aigue, les autres la morve subaigue, d'autres la morve chronique. II arrive done que le meme virus, inocule ä des animaux de meme espece, de meme Age, de meine faille, en un mot aussi semblables que possible, provoque l'apparition de types differents suivant les individus.
Si la contagion est la seule cause qui puisse produire la maladie, il est cependant d'autres causes qui peuvent faciiiter la contagion, soit en debilitant les organismes, soit en les preparant et les pre-disposant en quelque sorte ä la contagion, soit en amenant des rapports directs ou indirects des animaux sains avec les animaux malades.
Sieges du virus, ses caraetöres. — II est certain que le virus existe dans tons les produits morbides, dans le jetage, dans le produit des boutons, des tumours et des ulceres, dans le pus des plaies accidentelles, dans le puslaquo;;secrete par un seton qu'on a place sur un cheval morveux, dans le produit des collec­tions, qui peuvent se former dans les tissus ou dans les poches gutturales ou ailleurs; il existe aussi dans l'ecoulement utero-
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vaginal de la jument morveuse, dans les lymphatiques et les gan­glions malades, qu'ils soient ramollis ou non. 11 existe egalement dans le sung des animaux malades, et Ton pent tres bien trans-mettre la morve, en transfusant ä un animal sain le sang d'un cheval morveux; on pent aussi faire apparaitrela morve, en injec-lant ä un animal sain du sang morveux sous la peau ou simplement en rinoculant; le sang des animaux morveux est done virulent. Renault transmit la maladie, en transfusant ä un cheval du sang pris sur un animal inocule, avant que les symptömes de la morve se fussent montres. Les muscles eux-memes son virulents; leur sue contient le virus, 11 est inoculable. 11 en est de meme du sue des os. Ceux qui pratiquent des autopsies ne doivent jamais per-dre de vue ces notions, qui les previennent des dangers qu'ils peuvent courir. Les serosites du tissu conjonctif, des cavites sereuses, pleurale, abdominale, gaine testiculaire, etc., seat viru­lentes. II en est de meme de la synovie et du sperme. II est facile de comprendre que ces divers produits ne deviennent virulents qu'autant que la maladie est generalisee.
La salive est-elle virulente'? Gette question a de Uimportance, car un animal morveux, qui ne jette pas, pent, si sa salive est virulente, devenir tout de meme un foyer de contagion, en souil-lant les objets divers qui sent h sa portee, en bavant sur les four-rages, dans les abreuvoirs, etc.; le mors d'un cheval morveux pent meme transmettre la maladie. Renault n'a pas trouve la salive du cheval morveux virulente; mais Viborg l'a trouvee viru­lente; et dernierement j'ai transmis la morve a un äne, en I'ino-culant avec de la salive recueillie dans la bouche d'un cheval morveux. II faut done admettre que la salive buccale d'un animal morveux pent etre virulente, et il faut dans la pratique se condui-re en consequence. On ne sait pas si la salive prise dans les glan-des contient le virus, mais ne le contiendrait-elle pas, qu'elle pourrait devenir virulente une fois arrivee dans la bouche, soit parce que des lesions de morve peuvent exister dans I'arriere-bouche, sur le voile du palais, soit parce que I'animal, en toussant, en expectorant, peut amener dans la bouche des produits mor­bides des voies respiratoires, qui se melangent avec la salive.
La sueur, les larmes, les urines, sont-elles virulentes'? Renault i-epond non et Viborg dit oui. Relativement h la virulence de la sueur, il n'y a pas de doutesä avoir, car Gerlach a pu transmettre la morve en inoculant le produit condense de la perspiration cu-tanee; ainsi done des couvertures ou des harnais, mis sur un
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animal morveux, peuvent s'impregner de raatieres virulentes et devenir des agents de propagation, s'ils sent ensuite mis sue le corps d'animaux sains.
D'upres Renault, la bile, I'humeur aqueuse, les mucosites intes-tinales, les matieres de l'intestin ne seraient pas virulentes. On pent done considerer les purins et les fumiers comme n'etanl pas dangereux. Gependant une teile maniere de voir est tvop absolue; car les purins, les fumiers, les litieres, etc., peuvent etre souilles par des produits morbides, par du jetage. De plus, il est difficile d'admettre rinnocuite absolue des mucosites intestinales, car on pent observer des lesions de morve dans l'intestin, et sürement alors les produits de cet organe doivent contenir du virus. En realite done, il pent arriver que les fumiers contiennent de la ma-tiere virulente et qu'ils occasionnent des cas de transmission, s'ils sont flaires par des animaux sains, s'ils sont laves par des eaux, qui sont ensuite donnees en boissons, si les fourrages sont deposes sur eux.
Le virus morveux, qui est produit en plus ou moins grande abondance suivant les individus, suivant le nombre des lesions, suivant la marche de la maladie, est-il toujours fixe, est-il quel-quefois en suspension dans I'air? Le plus habituellement il est fixe, et il est introduit dans I'organisme par l'intermediaire de vehicules solides ou liquides, par les fourrages, par les boissons, par des corps solides ou liquides qui sont souilles.
L'air expire par les malades est-il virulent? L'animal morveux infecte-t-il l'air qu'il respire, forme-t-il autour de lui une atmos­phere contagieuse? Et s'il inlecte l'air, ä quelle distance l'atrnos-phere est-elle dangereuse? Renault a demontre que l'air expire par des chevaux morveux n'est pas susceptible de transmettre la maladie aux animaux sains qui habitent avec eux; il a fait respirer une, deux heures par jour et durant plusieurs jours, k des chevaux sains, l'air expire par des chevaux atteints de morve aigue, et il n'a pas reussi a transmettre la maladie, il a conclu qu'il n'y a pas de danger ä laisser cohabiter les animaux sains avec les malades et que la contagion par l'air n'a pas lieu.
On s'est appuye, pour tirer la meme conclusion, sur I'observa-tion de nombreux cas, ou les animaux sains avaient cohabite pen­dant plus ou moins longtemps avec des anlYnaux malades, sans contracter la morve. Malgre ces faits cliniques, malgre I'expe-rience de Renault, il serait temeraire de conclure toujours ä lin-nocüite de l'air expire paries chevaux morveux. Les faits invoqaes
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sont suffisants pour montrer que la morve ne se transmet guere par l'intermediaire de 1'air; mais il ue sont pas suffisants pour demontrer que le danger de transmission n'existe jamais. II est meme prouve que ce danger existe quelquefois; en effet, en outre des cas d'observation clinique, demontrant que la morve pent se transmettre par le simple fait de la cohabitation, la meme de­monstration resulte encore d'un fait d'experimentation relate par Gerlach.
Get auteur a transmis la morve au cheval, non seulement en lui inoculant le produit condense de la perspiration cutanee, mais aussi en lui inoculant siinplement le produit obtenu en conden-sant Fair expire par un cheval morveux. II faut done regarder comine dangereuse l'atmosphere de l'ecurie dans laquelle vit un animal morveux, tout en se souvenant que ce n'est qu'exception-nellcrnent que la morve se transmet par l'intermediaire de Fair. De ce que souvent les anirnaux sains,qui cohabitent avec des che-vaux morveux, restent indemnes, pourvu qu'ils n'aient pas d'au-tres rapports avec les malades ; de ce que les personnes, qui out couciie dans les ecuries ou se trouvaient des anirnaux morveux, n'onl pas contracte la morve, il n'en faut pas moins condamner une pareille conduite, surtout quand il s'agit de l'homme.
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La nature et les caracteres morphologiques du contage morveux sont ä pen pres inconnus. M. Chauveau attribue la virulence a des granulations; mais on n'est pas fixe sur la nature de ces gra­nulations, que l'auteur considere comme des granulations anato-miques. Le contage morveux, d'apres M. P. Bert, resiste ä Faction de Foxygene comprime, ce qui impliquerait, dans l'etat actuel de la science, qu'il est k l'etat de diastase, k l'etat de ferment dissous ou k l'etat de corpuscules-germes vegetaux. Zürn et Hallier disent avoir vu des microcoques dans les liquides morveux et ils ne sont pas les seuls; mais il reste k demontrer que les microcoques sont les agents de la virulence.
A. quel moment apparait le virus et quand disparait-il ?
En se reportant a Fexperience precitee de Renault, on pent conclure que la virulence existe avant Fapparition des premiers symptömes; et il est bien certain qu'elle existe quelque part dans l'organisme, aussitöt apres la contamination; seulement il n'est pas facile de la mettre en evidence, tant que les lesions ne sont que localisees, tant que les germes n'ont pas suffisamment pro-lifere.
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raquo;
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La virulence dispacait-elle ?
La rnorve et le farcin etant incurables, la virulence persiste tant que I'animal vit. Cependant cette conclusion esttrop absolue; car, bion qu'on ne connaisse pas de traitement capable de guerir la morve et bien que le plus habituellement la maladie se termine par la mort, certains auteurs et certains veterinaires admettent que la morve chronique pent s'eteindre d'elle-meme, que ses le­sions, lorsqu'elles sont pen etendues, peuvent s'entourer d'une coque fibreuse, s'enkyster, se calcifier, et leur produit perdre ses proprietes.
D'apres quel mecanisme le virus se regenere-t-il ? Oü se multi-plie-t-il?
11 est difficile de repondre a la premiere question, attendu que la nature du virus morveux est inconnue; on ne salt pas en etfet si I'agent virulent est line granulation, ou une spore, ou Une dias­tase. Mais on pent dire qu'll se regenere dans tout l'organisme, et ce qui le prouve, c'est sa diffusion, son existence partout; toute-fois il repullule de preference dans les points malades. 11 se pro­duit pendant toute la duree de la maladie; sa production est con­tinue, eile clure tant que la vie persiste. La matiere virulente est excretee par la muqueuse respiratoire (jetage), par la muqueuse utero-vaginale (ecoulements), par la muqueuse intestinale (melan-gee aux excrements), ou bien par les divers accidents; eile est aussi entrainee par I'air expire et la perspiration cutanee.
Tenacite et conservation du virus morveux. On croit generalement, depuis les experiences de Renault, que le virus morveuxperd son activite par la dessiccation; maisonajoute qu'il pent la recuperer quelquefois par l'action de l'humidite et etre contagieux, inoculable encoreau bout de cinq k six semaines. D'apres les observations cliniques et les faits d'experience, il sem-ble prouve que la dessiccation detruit pour toujours la virulence dans le plus grand nombre des cas, au bout de cinq ä six semaines. Pourtant on a cite des cas, oü le virus, deposesur les mangeoires, les räteliers, les fourrages, etc., aurait propage la maladie des semaines, des mois apres avoir ete rejete dans le monde exterieur; on a meme vu, dit-on, des chevaux devenir morveux pour avoir habite dans une ecurie abandonnee depuis un an. Ges faits nedoi-vent pas etre interpretes comme ils Tout ete^ils sont tout simple-ment I'expression d'une coincidence, et ä coup sur les animaux devenus morveux dans de pareilles conditions, avaient puise les germes ailleurs que dans les habitations ä tort suspectees.
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Combien de temps se conserve le virus morveux, combien de lemps une habitation et des objets infectes restent-ils dangereux quand ils ne sent pas desinfectes'?
On ne saurait encore assigner une limite exacte; et d'ailleurs la duree de la conservation doit varier selon les circonstances; tou-jours est-il que le contage morveux pent se conserver un certain temps. Renault demontra I'influence destructive de la dessiccation et de la putrefaction. M. Peach a trouve lejetage morveux inactif, apres I'avoir laisse dessecher pendant deux mois.
J'ai constate la disparition de la virulence clans un fragment de poumon morveux desseche a la temperature ordinaire, pendant les mois de novembre et de decembre; et dernierement j'ai en vain inocule a un äne de la mattere d'abord humectee, ramollie dans l'eau, et provenant d'un fragment de poumon tres morveux, etale sur une planche et desseche pendant quinze jours a la temperature de '10deg; h 12deg;. II semble done qu'une dessiccation d'une quinzaine de jours tout au plus, k la temperature ordinaire, est süffisante pour detruire le virus morveux; et des lors il est permis d'affir-mer que les habitations et lea objets solides souilles, qui ne sont pas desinfectes, se purifient naturellement et n'offrent aucun dan­ger quinze jours apres qu'ils out ete souilles.
On ne salt pas encore si la matiere morveuse, melangee avec l'eau, se conserve longtemps; et e'est lä une question importance ä etudier. Dans beaucoup de circonstances la morve se propage par les abreuvoirs. Ainsi dans lesquartiers decavalerie, ainsidans les grandes ecuries, ainsi dans une localite, des ehevaux, en plus ou moins grand nombre, sont conduits ensemble au meme abreu-voir ou s'y succedent sans que I'abreuvoir ait ete desinfecte ou lav6. Or il arrive que des sujets morveux, que des animaux atteints de morve latente, que des ehevaux non encore reconnus morveux, quoique dejä malades, s'ebrouent h I'abreuvoir et rejettent par la bouche ou par le nez de la matiere morbide, qui se mele h l'eau et infecte les animaux qui I'ingerent. C'est ainsi que certains regi­ments de cavalerie ont seme la morve dans les localites qu'ils ont traversees. II est urgent de savoir combien de temps le virus morveux, qui se trouve dans l'eau d'un abreuvoir, peut conserver sa virulence et entretenir le danger de la contagion; I'experience, que ce point reclame, n'est ni difficile ni longue k executer.
La dessiccation n'est pas le seul moyen qui permet de detruire la virulence. La putrefaction, une certaine temperature, I'humidite, le renouvellement de i'air favorisent la destruction du virus mor-
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veux. Les agents desinfectants, le chlore, 1'acide sulfureux, etc., le detruisent egalement.
Mais de ce qui precede, il est permis de conclure qu'il n'y a pas lieu de desinfecter autrement les habitations et les objets souilles, qui out ete soumis k la dessiccation pendant deux semaines.
De ce que le virus morveux est detruit par la dessiccation, on pourrait etre tente de le considerer comme etant de nature ani-male; mais une pareille conclusion serait prematuree. II pent se faire que I'agent virulent soit de nature vegetale et se detruise pourtant sous l'intluence de la dessiccation, comme certaines grai-nes perdeiit la propriete de germer, parce qu'elles ont ete desse-chees avant leur maturite ou parce qu'elles ont ete dessechees trop vita.
Le virus morveux ne semble pas s'affaiblir par des transmissions successives, non plus qu'en passant d'une espece ä I'autre.
Modes et voies de contagion. — La morve se trans-met par contagion immediate, par contagion mediate, par conta­gion volatile.
La contagion immediate a lieu lorsqu'un animal sain est en con­tact direct avec un animal malade, lorsqu'il prend lui-meme I'agent virulent sur le malade, soit en le flairant, soit en le lechant, soit lorsque I'etalon infecte la jument et reciproquement; ce mode n'est pas le plus frequent.
Le plus habituellement, la maladie se transmet par contagion mediate, par l'intermediaire de solides ou de liquides que le ma-lade a souille de matieres virulentes. La contagion mediate ou in-directe pent s'eifectuer sur les muqueuses, sur la peau, sur les plaies, par l'ingestion de fourrages et de boissons infectes, par les harnais, par les couvertures, par les objets de pansage, par les instruments de travail, etc., qui ont ete souilles.
La morvepeutaussi se transmettre par Fair, mais cette transmis­sion n'est pas tres frequente. On serait cependant portö h admettre que la contagion volatile est le mode de transmission le plus fre­quent, quand on considere que le plus ordinairement les lesions de la maladie sont localisees dans I'appareil respiratoire, ou que tout au moins les lesions de cet appareil sont les plus anciennes. Cette maniere de voir est en effet motivee par la connaissance du mode variable d'evolution de la maladie, apres les divers modes de contagion, suivantque le virus est entre partelleou teile porte. Ordinairement les premieres lesions se ferment dans les points par lesquels le virus a penetre dans I'organisme; cela est presque
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toujours vrai quand on inocule la morve ii la peau ou dans le tis-su conjonctif. II y a neamnoins des exceptions ä cette regle; et les exceptions deviennent la regie, quand il s'agit de la contagion m6-diate par Ingestion d'aliments ou de boissons souillees. 11 ne faut done pas accepter Topinion qui consisterait ü attribuer le role pre­ponderant a la contagion volatile.
Les animaux, qui contractent la morve par les voles digestives, presentent ordinairement les premieres lesions de la maladie dans les voles respiratoires; ou bien, s'il existe des lesions primordiales ailleurs, elles sont ordinairement beaucoup moins developpees et molns prononcees que celles de l'apparell resplratolre. Quand on inocule la morve par piqure, par injection hypodermique, par in­jection intra-sereuse, on pent ne voir survenir aucun accident ou
qu'un accident de peu d'importance au point d'inoculatlon, alors
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que des lesions multiples et considerables se produisent dans les voies respiratoires, qui sont le siege de predilection des alterations morveuses. En resume, bien que la morve semble due ordinaire­ment h la contagion volatile, 11 n'en est rien le plus souvent.
Les principaux agents, qui servent ä propager la maladie et qui dolvent etre desinfectes, sont tons les objets solides ou liquides im-pregnes ou souilles dematieres virulentes, tels que: ecuries, murs, mangeoires, rateliers, stalles, cloisons, objets de pansage, brasses, seaux, eponges, etrilles, couvertures, licols, instruments de travail, mors, harnais, fourrages, litieres, eaux. L'atmosphere des malades, lesinaladeseux-memes, leurs debris, les personnesqullessoignent, etc., peuvent propager; transmettre la maladie. Le contage mor-veux peut aussi etre dissemine par les animaux carnivores, tels que chiens, chats, etc.
La propagation de la morve est facilitee par la cohabitation, par 1'ngglomerationd'ungrand nombrede chevaux, parl'encombrementnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;!
des animaux dans des locaux trop etroits, par le sejour ou le passagenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .'
dans des habitations ou des wagons non desinfectes, par les repas pris en commun, par la frequentation des memes abreuvoirs, des memes chemlns, des memes päturages, par I'exposition sur les champs de folre ou de marche, par I'usage d'objets non desinfec­tes, par l'utillsatlon de fourrages ou de litiere souilles, par les changements de place ä l'ecurle, par les associations variees des animaux pour le travail, etc.
Malgre tout, la morve est une maladie qui se transmet lente-ment, difflcllement, rarement vu le tres grand nombre d'animaux qui sont exposes ä la contagion: e'est tout au plus si, sur 100
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chevaux exposes ä la contagion, il y en a de 5 a 40 en moyenne qui deviennent morveux, land is que tons ceux qu'on inocule con-tractent la maladie. II taut, pour qu'il y ait contagion, que le virus s'introduise dans Torganisine et y repullule. II agit alors comme une matiere phlogogene, et determine des lesions inflammatoires.
Le contage morveux peut penetrer par diverses voies, par la peau, par le tissu conjonctif, par les plaies, par la muqueuse di­gestive, par la muqueuse respiratoire, par la muqueuse oculaire, par la muqueuse utero-vaginale, par la voie placentaire; on peut le t'aire penetrer, en Finjectant dans le Systeme circulatoire sanguin ou lyinphatique, dans unesereuse, etc.
La peau absolument intacte se prete dit'ficilement ä 1'absorption; on a observe la transmission de la morve par les couvertures, par les harnais, par les moyens d'attache, quand les animaux pre-sentaient des plaies, des excoriations.
Les voies digestives se pretent tres bien k l'absorption du virus morveux. Renault a rendu morveux, dansla proportion de6 sur9, les chevaux auxquels il faisait ingerer de la matiere morveuse. On a vu des chiens, des chats, des lions, des ours, des chevres, des rnoutons et meme I'homine contractor la morve, les uns pour avoir mange des viandes morveuses, les autres pour avoir ingerc des fourrages souilles, et rhomme pour avoir bu I'eau souillee par un cheval morveux.
Les voies respiratoires, la muqueuse oculaire, la muqueuse ute­ro-vaginale, quoique se pretant bien ü l'absorption du virus, sont rarement le lieu d'election de la contagion.
La jument morveuse transmet la morve a son produit.
Le virus, mis en contact avec la voie par laquelle il doit penetrer, est rapidement absorbe; ainsi, d'apres Renault, une heure apres I'inoculation il serait trop tard pour empecher le developpement de la maladie, en cauterisant le point inocule. . Dans la morve, comme dans les autres maladies contagieuses, le Systeme lymphatique joue le role d'appareil absorbant, collec-teur, regenerateur et propagateur.
Lorsque le virus s'introduit dans 1'organisme, la maladie n'ap-parait pas de suite ä 1'exterieur; il y a une periode d'incubation, qui est suivie quelquefois elle-meme rt'une piiriode plus ou moins longue, pendant laquelle la morve reste latente. La duree de la periode d'incubation varie entre deux et douze jours; on a preten-du qu'elle pouvait aller jusqu'a trente jours, mais c'est peut-etre
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lü une exageration provenant de ce qu'on est embarrasse pour Ijieu reconnaiti'e les symptornes clu debut. Quaud la inaladie se caracterise seulement par de legers troubles plus ou moins vagues, sans symptornes locaux bien apparents, il y a bienmorve; on n'en est plus ä la perlode d'ineubatioii, on en est h la periode latente, pendant laquelle les symptornes geueraux peuvent meine faire ä peu presdet'aut; ce qui revient ii dire que la periode latente peut se eontbndre avec la per'iode d'ineubatioii et en allonger la duree au delä de plusieurs semaines, meme au delä de plusieurs mois. Quand on inocule la morve ä la peau, on volt apparaitre les symp­tornes locaux entre le second et le douzieme jour. Quand la morve s'introduit par un organe interne, on ne peut pas saisir le moment exact de rapparition des lesions qui annoncent la fin de l'incuba-tion.
Outre les circonstances qui favorisent la transmission de la morve, il est des causes, qui, en agissant directement sur les in-dividus, peuvent les rendre plus impressionnables a la contagion ou moditier la marche et le type de la maladie; ce sont toutes ces causes invoquees par les spontaneistes pour expliquer la creation du contage morveux; ce sont toutes les causes capables d'allumer la fievre chez les malades, d'accelerer la marche de la maladie et de la rendre plus facile a reconnaitre.
Receptivite des diverses especes. — L'affection farcino-morveuse, qu'on a observee plus particulierement chez les soli-pedes, peut se montrer aussi sur les autres especes. Mais il en est trois dont les representants semblent relractaires: ce sont les grands ruminants, les oiseaux et les porcins; pourtant Spinola et Gerlach ontpretendu que la^morve etait transmissible aux pores et peut-etre meme aux grands ruminants; mais ce point appelle de nouvelles recherches, surtout en ce qui regarde les grands rumi­nants. Ces derniers aniinaux etant employes pour purifier le virus vaccin pulse sur le cheval, chez lequel la morve peut cooxister avec le horsepox, il imports d'etre bien lixe sur la question de sa-voir s'ils sont ou non refractaires at s'il n'y a aucun risque de transmettre la morve ä I'homme, en l'inoculant avec du vaccin qui n'a fait que passer sur la genisse.
La morve est transmissible aux petits ruminants, moutons et chevres, non seulement par 1'inoculation, mais encore par les divers modes de contagion naturelle, par contagion volatile et surtout par contagion mediate, par Ingestion; on observe chez ces animaux une morve generalisee avec jetage, etc.
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Les carnivores, ehien, chat, loup.lion, ours, nesont, pas non plus refractaires. On a pretendu que la morve se transmettait difflcile-ment au chien, et que, transmise ä cet animal, eile restalt ordinai-rement localisee au point inocule; inais on a vu aussi la maladie generalisee chez le chieu se deceler par ses symptömes cardinaux, et s'accompagner de lesions dans I'appareil respiratoireetailleurs. On a vu des chiens devenir morveux par Ingestion de matieres morveuses, et presenter du jetage, du glandage, desulceres, etc.; ä l'autopsie on a trouve des lesions dans les organes de I'appareil respiratoire. Ces faits permettent d'affirmer que la morve peut evoluer chez le chien comme chez les solipedes.
II est vrai qu'apres la simple inoculation ou la simple injection hypodermique, il se produit le plus souvent un travail local, qui est longtemps le seul signe apparent, et qui peut rester le seul signe de la morve inoculee; c'est un engorgement suivi d'une plaie, qui reste plus ou moins longtemps ulcereuse et qui flnit par se cicatriser. Mais il est certain aussi que la morve, inoculee au chien en un point quelconque du corps, peut se generaliser, soit que cette generalisation se revele par des symptömes appreciables, soit que le plus souvent eile ne s'annonce par aucun signe. J'ai parfaitement etabli ce fait sur un chien que j'avais inocule au ni-veau des reins et qui fut sacrifie 40 jours apres, sans avoir presente aucun Symptome de morve. Le produit des ganglions de Tauge et de l'epaule fut inocule a un äne, qui devint morveux, bien que ces ganglions n'eussent pas paru malades. En somme si le chien jouit, vis-a-vis de la morve, d'une receptivite moindre que d'autres animaux, il peut tres bien la contractor et memo il peut Tavoir sans en presenter aucun Symptome. Et qui salt si, parmi les chiens qui n'ont pas presente des symptömes de la maladie, apres avoir ingere des matieres morveuses, il ne s'en trouvait pas qui I'a-vaient pourtant contractee. Si, en inoculant la morve au chien, on n'obtient souvent rien ou si on ne provoque qu'un simple accident local, qui est memo susceptible de guerison, il ne faut pas en con-clure que la maladie ne se generalise pas, puisque, lors meme qu'elle ne se caracterise pas par ses symptömes ordinaires, eile n'en est pas moins generale quelquefois. Le chien peut done contractor la morve; mais il ne peut etre employe comme un ter­rain de culture, comme un reactif pour establir ou verifier an diagnostic dans les cas douteux. La maladie determinee chez le quot;chien, quoique moins grave en apparence, n'attenue pas la puis­sance du virus morveux; qui, pulse sur cet animal, est aussi actif que le virus puise sur un solipede quelconque.
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La morve peut aussi se traiismettre au chat; on cite des cas assez nombreux dans lesquels cet animal s'est infecte, seit en cohabitant avec des animaux morveux, soit en respirant L'air des habitations oil sejoumaient des malades, soit en ingerant des matieres mor-veuses. 11 en est de meme du loup, de Fours et du lion des mena­geries, qui ont contracte la morve en ingerant des viandes mor-veuses.
Enfin la morve peut attaquer le lapin, le cochon d'Inde et meme la souris. On peut appliquer au lapin ce qui a ete dit pour le chien; la maladie se transmet tres bien ä cet animal par Ingestion, par contagion volatile et par inoculation; inais eile n'a pas ordinaire-ment la veritable physionomie de la morve des solipedes, et e'est cependant la morve, car le produit des ganglions de lapins inocules et sains en apparence a donne la morve aux solipedes. J'ai bien etabli ce fait deja constate en Alleinagne; I'annee derniere j'ai transmis la morve a l'äne avec le produit des ganglions d'un lapin inocule depuis 25 jours, qui n'avait Jamals paru malade et qui ne presentaitaucune lesion de morve. Le lapin, pas plus que le chien, ne peut done servir de reactif pour diagnostiquer la morve.
L'homme peut contracter la morve assez facilement; de nom­breux fails ont ete observes, qui prouvent la transmission de la maladie du cheval a Fhomine. La contagion peut avoir lieu par inoculation, quand l'homme, qui pause des animaux morveux ou qui manie des objets souilles, des debris, ou qui pratique une au-topsie, a des blessures, des excoriations ä la main. 11 n'est peut-ctre pas impossible qu'il se contamine par I'inhalationd'un air in­fecte ; rien ne prouve ce que j'avance, mais 11 y a lieu de conside-rer le fait comme possible et de prendre des precautions en con­sequence. II y a lieu aussi de considerer comme certaine la con­tagion par les voles digestives. Un seul fait dans la science prouve la possibilite de cette contagion: en Angleterre, on a vu la morve se declarer chez un homme qui avail bu de l'eau souillee par un cheval morveux. A l'encontre de ce fait, il y en ad'autres tout ä fait negatits, mais us ne peuvent infirmer la valeur du precedent; et, quoique M. Decroix ait ingere plusieurs fois de la chair crue d'a-nimaux morveux sans avoir contracte la morve, il ne taut pas con-clure ä la non-possibilite de la contagion par les voies digestives. La maladie qu'on observe chez l'homme se presente avec le type aigu, subaigu ou chronique, et sous la forme farcineuse ou mor-veuse. Souvent les formes et les types sont melanges; le plus souvent I'affection evolue rapidement, s'accompagne depyogenie,
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AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
et ressemble plus ou moins ä l'infection purulente. La morve de rhomme est transmissible ü Thomme et aux solipedes.
Immunite. — La morve conföre-t-elle rimmunite aux indi-vidus qu'elle attaque'? La question seinble d'abord sanshiteret; la maladie etant incurable, il n'y a pas lieu de s'occuper si eile con-fere I'immunite, qui suppose la possibilite de la guerison apres une premiere atteinte.
Gependant, quoique la morve passe avec raison pour incurable, dans quelques cas tres rares eile a pu se terminer par la guerison, du moins au dire de quelques observateurs. 11 est possible que ses lesions, si elles sont en petit nornbre, s'enkystent, se mortiileat et qu'aiusi la guerison se produise. On rencontre parlbis dans des poumons des noyaux cretaces, enkystes, qui peuvent etre des traces d'une morve eteinte. L'immunite existe-t-elle dans de pa-reils cas'? On n'en salt rien k proprement parier, bien qu'on ait pretendu que I'immunite etait acquise lorsqu'une premiere at­teinte guerissait; c'est lä une question ä etudier. Le chien, surle-quel on a pretendu observer I'immunite, n'etait peut-etre pas gue-ri de sa premiere atteinte.
Existe-t-il, dans les especes capables de contracter la morve, des sujets naturellement refractaires ? Y en a-t-il par exeraple parmi les solipedes? II semble que tous les solipedes soient aptes h con­tracter la morve inoculee. 11 en est dememe pour le mouton et la chevre, mais non pour le chien et 1c lapin. 11 est certain que des chiens et des lapins inocules n'ont pas contracte la maladie. L'ob-servation a ete faite, en ce qui concerne les chiens, par M. Laquer-riere, et je l'ai faite moi-meme pour le lapin; j'ai inocuie avec de fortes doses de matieres virulentes, et dans les meines conditions, plusieurs lapins; les uns sont devenus malades, tandis que d'au-tres sont restes absolument refractaires.
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TRA1TEMENT
Comme pour beaucoup d'autres maladies contagieuses, le traite-ment curatif a ici bien peu d'mportance, puisqu'on ne salt pas encore guerir la morve. Aussi n'y a-t-il pas lieu de traitor les malades, quand on est en presence d'une mofve bien caracterisee ou (Fun farcin bien authentique; et meme dans ces cas, U est absolument contre-indique, il est expressementdefendu, de par la loi (art. 4de I'arret dul(i jnillet 1784) d'iriätituer un traitement ; il
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est mterciit, a qui que ce soit, de trailer des animaux reconnus morveux ou tarcineux.
L'autoi'ite peut accorder la permission de traitor tei ou lei malade; mais clans tous les cas, il taut avant tout se soumettre aux prescriptions de la loi, et ne jamais trailer un animal morveux ou larcineux, lant que la declaration n'aura pas ele taile.
Un Iraitement est indique, seulement quand il s'agil d'animaux suspects de morve ou de farcin, d'animaux presentant les symp-tomes incoinplets de la morve ou du farcin; et encore dans ces cas, les animaux soupconnesdoivent faire l'objetd'une declaration ä 1'autorite. Le Iraitement, qui convient alors, comprend I'emploi d'une medication externe el I'usage d'une medication interne. ' En outre les animaux suspects, qui sont ainsi traites, doivent etre maintenus isoles, tant que dure leur etat morbide, qui fait soup-conner en eux l'existence de la morve. Le traitement local est ordinairement medical ou medico-chirurgical.
Le traitement interne est exclusivement medical. Dans tous les cas, il faut conseiller aux personnes, qui soignent les malades, les precautions necessaires, pour qu'elles ne se contagionnent pas dans leur service. Le traitement interne est lerneme, qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre forme. Le traitement externe varie, selon qu'il s'agit d'accidents larcineux ou d'accidents faisantsoupconner la morve.
Pour les accidents de farcin, les indications a remplir sont les suivantes:
1deg; Favoriser la resorption ou la maturation des tumeurs ou engorgements divers, par I'emploi des astringents sous forme de topiques, par I'emploi de preparations irritantes, resolutives, vesi-cantes, caustiques, fondantes, par l'application de l'onguent vesi-catoire, des preparations mercurielles, par I'emploi d'un melange de vesicatoire et de pommade mercurielle, par des applications de topique Terrat, etc.
2deg; Ouvrir les accidents ramollis soit avec le bistouri, soitavec le cautere, et extirper parfois certaines tumeurs, telles que les cordes.
3deg; Favoriser la cicatrisation des plaies; cauteriser les bour­geons exuberants, debrider les decollements; aiodilier la nature des bourgeons, accroitre leur l.onicite. Ces indications peuvent etre reinplies par I'emploi des caustiques, des toniques, des cica-trisants, des antisepbiques, des medicanients aromatiques, des
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AFFECTION FARCINO-MORVEÜSE
excitants, des astringents, des siccatifs, de l'acide phenique, des feiTugineux, des tanniques, des pyrogenes, etc., sous forme de lotions, de compresses, d'applications, etc.
Quand il s'agit d'un cheval suspect de morve, quandun animal presente certains symptömes analogues h ceux de la morve, tels que : jetage, glandage, collection des sinus, etc., sans qu'il existe des tnbercules ou des chancres dans le nez, on peut recourir k un traitement local, dans le but de faire disparaitre les symptömes visibles, taut qu'on a des raisons de croire qu'il peut n'y avoir qu'un simple coryza chrouique, qu'une simple maladie inflamma-toire. Le traitement du coryza chronique doit etre mis en pra­tique.
Pour tarir le jetage et modifier la pituitaire, on a recours aux injections detersives et astringentes ou meme legerement cathe-retiques, avec des solutions d'acetate de plomb, desulfate de zinc, de sulfate de fer, de nitrate d'argent; on peut aussi employer en fumigations le goudron, l'acide phenique, etc.
Quand il y a collection des sinus, on pratique la trepanation, et on fait ensuite des injections, comme dans les cavites nasales.
Pour lesgiandes, on applique le traitement dejä indiqueii propos des accidents farcineux; on emploie les resolutifs, les maturatifs, les vesicants, les fondants; on ouvre les glandes, on les extirpe, on les cauterise, on facilite la cicatrisation de la plaie qui en resulte.
Si 1'on a des raisons serieuses de soupQonner l'existence de la morve, il convient de ne pas se borner ä l'application du traitement local; il laut, k moins qu'on prefere la simple expectative, recou­rir k Femploi d'un traitement general, dans le but de modifier, d'amender la maladie, ou dans le but de porter une perturbation dans l'organisme et derendre la morve plus rapide et plus facile k reconnaitre, si tant est qu'elle existe.
Presque tous les agents de la therapeutique ont ete essayes, mais en vain, contre la morve; les excitants, les aromatiques, les alcooliques, les sudoriflques, les diaphoretiques, les alterants, les purgatifs, les excitateurs, etc., ont echoue; les diverses methodes suivies n'ont pas donne de resultats.
Le professeur Brusasco de Turin, afflrme cependant avoir guen la morve et le farcin, en employant l'acide phenique ou l'acide thymique; il y a done lieu de verifier, par des experiences, si les assertions du professeur Italien sont fondees. Le traitement par
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l'acide phenique et par l'acide thymique doit etre continue jusqu'ä la disparition des symptomes; et, pour obtenir des eflets plus salutaires avec l'acide phenique, il laut arriver ä provoquer les premiers symptömes de l'empoisonnement; ces agents s'adminis-trent sous forme de bols ou sous forme d'injections hypodermiques. L'acide thymique est administre au moyen d'un pulverisateur ou vaporisateur et dirige dans les cavites nasales. Ce traitement, comme toujours du reste, doit etre combine avec une bonne hygiene, avec une bonne alimentation et avec l'administration des toniques ferrugineux.
Dans les cas douteux, on peut administrer k l'interieur de l'acide phenique, de l'acide arsenieux, de la noix vomique, de l'aloes; on pent reiterer ^administration de l'aloes, on pent combiner ce moyen avec de la noix vomique.
POLICE SANITAIRE
La morve est une maladie tres contagieuse; eile est transmis­sible par contagion immediate, par contagion mediate et par con­tagion volatile; eile pent se transrnettre ä l'homme et ii diflerentes especes animales; eile est toujours incurable; on ne saurait done prendre des mesures trop rigoureuses pour empecher son exten­sion. Du reste les mesures necessaires en pared cas sont bien indiquees par l'arret du 16 juillet 1784, rendu plus particuliere-ment en vue de cette maladie, par les articles 459, 460, 461 du Code penal et par le nouveau projet de loi. Ces mesures sont ii peu pres les memes que pour les autres maladies contagieuses graves.
II A'a sans dire que les solipedes, introduits en France ou expor-tes, doivent etre exempts de morve. L'arrete du 11 mai 1877 est applicable aux cas de morve comme aux autres maladies conta­gieuses graves. Les aniinaux reconnus morveux seront abattus; les animaux suspects seront sequestres ou bien on leurfera repas-ser la frontiere. Les wagons qui auront servi k leur transport se­ront desinfectes, etc.
Dans toutes les legislations sanitaires la morve est prevue, et partout eile doit, une fois constatee, faire l'objet d'une declaration k I'autorite.
Declaration. — La declaration est ici, comme toujours, la
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AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
condition sine qua non de toutes ies mesures sanitaires; elie est tees itnijortante. Eile est prescrite par les documents pi'ecites; inais dans la pratique, les personnes, tenues de t'aire la tleclara-tion, ne se conl'orment qu'exceptionnellement h celte exigence de la loi, et ordinairement quand la declaration est i'aite, ce p'estque tardivcment. Leplus souvent les proprietaires coaservent plus on moins longtemps leurs unimaux malades, sans informer I'autorite; et il arrive qu'ils ne se mettent en regie, qu'autant qu'ils ne peu-vent plus faire autreinent. Cest au ministere public ä poursuivi'e les infractions commises h cesujet et ädonner ainsi des exemples salutaires pour I'avenir.
11 n'est pas rare que des proprietaires, conseilles ou non paries veterinaires, aiment mieux se debarrasser de suite, en les sacri-liant, de leurs animaux morveux, pour se soustraire ä toutes les autres mesures, h toutes les autres formalites. Gette inaniere de faire, quoique bonne en elle-meme, ne doit pas etre encouragee; ii est boii que tout animal morveux soit declare, afln que I'autorite puisse faire rechercher si d'autres cas n'existent pas, soit dans le meine lieu, soit dans ie voisinage, soit dans le lieu d'oü les ani­maux ont ete tires. En effet, i'autorite prevenue doit designer un veterinaire pour visiter le malade; et 1'expert a le devoir, non seulement de constater l'etat de i'animal declare, inais aussi de s'assurer, quand il a reconuu la morve, que la maladie n'existe pas ailleurs dans le voisinage, et de proceder ii une enquete sommaire pour remontcr h la source de l'affection.
D'apres rinterpretation, donnee de l'article 4 de l'arret du 16 juillet 1784 par la jurisprudence et par le pouvoir administratif, le veterinaire est tenu de declarer les cas de morve qu'il constate chez ses clients. II doit etre condainne, s'il traite un cheval mor­veux, farcineux, ou suspect de morve ou tie farcin, sans que la declaration ait ete faite par lui ou par le proprietaire. Mais der-nierement un tribunal a juge que le veterinaire u'etait pas punis-sable, pour n'avoir pas fait la declaration,tant qu'il n'avait institue aucun traitement. Le veterinaire avait ete appele chez son client pour traitor un cheval morveux; reconnaissant la morve, ii avait refuse d'instituer un traitement et il avait conseille au proprietaire d'en faire la declaration; celui-ci avait fait la sourde oreille. Dans la suite tons deux furent poursuivis; le proprietaire i'ut condainne et le veterinaire absous.
Le veterinaire peut-il etre ponrsuivi par le proprietaire, lorsquil a fait la declaration malgre la volonle de ce (leinier'? Non. Ainsi le
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veterinaire qui, appele pour soigner un cheval morveux, refuse ses soins, conseille au proprietaire d'informer Fautorite, puis fait lui-meme la declaration, contrairement h la volonte du proprietaire, lie pent etre actioune par ce dernier en doramages-interets.
Visite. — Le veterinaire delegue par I'autorite doit proceder sans retard ä Faccomplisseraent de sa mission. La visite qu'i) est charge de faire est tres importante; elle doit etre faite avec le plus grand soin, et elle doit porter nrvi seulement sur les ani-inaux declares, mais encore sur ceux qui ont ete en contact direct ou indirect avec les malades ou des objets souilles, et meme sur les animaux du voisinage, qui ont pu avoir des rapports avec les malades. L'examen du veterinaire doit porter aussi sur les locaux, sur les habitations. L'expertdoit toujours prendre des precautions, pour eviter de devenir lui-meme un agent de propagation ; apres qu'il aura visite un animal malade, il se nettoiera bien les mains. 11 procedera toujours methodiquement ä l'examen de chaque sujet: il examinera les cavites nasales; il etudiera les caracteres du je-tage; il verifiera l'etat des ganglions de Tauge et des autres re­gions ainsi que l'etat des organes genitaux; il auscultera et pres-sera la trachee; il provoquera la toux; il etudiera le produit expectore; il examinera les flaues; il auscultera la poitrine, etc. II examinera les habitations; il s'assurera si le malade a occupe plusieurs places; il determinera les objets qui ont pu etre souilles. II recueillera, aupres de I'autorite, aupres dela police, aupres des proprietäires et gardiens, aupres des voisins, tons les renseigne-ments qu'il pourra obtenir et qui seraient de nature h l'aider h remonter ii l'origine de l'affection ou ä soupeonner des cas de transmission. Et quand les animaux reconnus malades auront ete en contact avec des sujets du voisinage, soit pendant le travail, soit aux abreuvoirs, soit au päturage, soit dans les remises, ces derniers devront etre surveilles ulterieurement. II sera bon aussi que I'expert constate l'etat des animaux, la nature de leur service, le degrede leur travail, les conditions hygieniquesetalimentaires. S'il y a eu des cas de mort, il fera les autopsies pour donner plus de certitude h son diagnostic.
Apres avoir fait sa visite, il donnera des conseils aux proprie­täires, afin d'eviter la transmission de la morve aux autres ani­maux et ä l'homme; il leur indiquera les mesures ä prendre provi-soirement; il demandera la sequestration absolue des malades et des suspects. Puis, dans un rapport concis, clair et simple, adresse
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ä l'autorite, il decrira ses operations, il enumerera les principaux symptomes et les principales lesions de la maladie, il indiquera l'etat des divers animaux et des habitations, les conditions hygie-niques de travail et d'alimentation. Enfln il donnera des conclu­sions, qui seront toujours motivees, qui devront toujours deriver de Texpose fait dans le corps du rapport et des modes de conta­gion de la maladie, et qui consisteront dans l'indieation des me-sures de police sanitaire a prendre. Ces mesures seront indiquees et detaillees suffisamment, afin que l'autorite les prescrive avec connaissance de cause et les fasse executer convenablement.
Abatage, equarrissage, enfouissement. — Quand il s'agit de la morve et du farcin bien confirmes, la premiere mesure que l'autorite doit prescrire et faire executer est le sacrifice des malades. Tons les animaux morveux ou farcineux incurables doi-vent etre abattus (art. 5 de l'arret du 16 juillet 1784). Cette me­sure est tres efflcace; eile permet d'extirper de suite les foyers de contagion. Elle est tres bien indiquee dans les cas qui viennent d'etre precites.
Mais il n'en est pas de meme dans les cas douteux. Le veleri-naire doit alors etre tres prudent; il ne doit pas se determiner avec trop de precipitation. II doit etre bien convaincu et bien siir de ['existence de la morve ou du farcin morveux pour demander I'abatage, car le proprietaire a le droit de faire verifier par un autre expert l'assertion de celui qui a ete delegue par l'autorite; et d'ailleurs, ä l'autopsie de l'animal abattu, il sera toujours facile de reconnaitre s'il est morveux et si I'expert s'est trompe. Le ve-terinaire, qui se sera prononce sans symptömes suffisants et aura demande I'abatage, aura de ce fait encouru une certaine respon-sabilite morale. Apres une pareille laute, il perdra de la consi­deration dont il jouissait avant. Mais ce n'est pas lui qui sera tenu des dommages-interets, dus an proprietaire en vertu de l'ar-ticle 138!2 du Code civil; car il n'a pas agi par lui-meme, il n'a fait que conseiiler l'autorite, et c'est celle-ci qui, ayant ordonne I'abatage, est responsable. II est done prudent et sage, pour le ve-terinaire, de ne demander I'abatage qu'autant que son diagnostic lui parait hors de tonte contestation.
II n'en est pas tout a fait de meme dans les regiments de cava-lerie; lä on pent agir avec moins de schipules, on pent ä l'occa-sion demander I'abatage des animaux simplement suspects. C'est parfois meme une bonne mesure, car on evite ainsi une seques­tration plus ou moins longue^ qui n'est pas toujours bien observee;
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el d'un autre cote, il vaut mieux sacrifier un suspect, qui peut-etre n'est pas morveux, que de s'exposer a. conserver un malade.
Quand on en a la posslbilite, on conduit les sujets qui doivent etre sacrifies ü un clos d'equarrissage, oü ils sont abattus et utili­ses pour I'industrie.
Dans les cas contraires, les animaux sont sacrifies (assomme-inent) sur place, puis transportes au lieu d'entbuissement, ou conduits et assommes sur le bord de la fosse. Lorsque I'abatage a eu lieu sur place, le transport des cadavres sera fait avec les memes precautions que pour les autres maladies; et les memes regies seront aussi observees dans tons les cas ä propos des fosses (profondeur, surveillance).
Faut-il enfouir les cadavres en entier? La loi (art. 6 de l'arret du '16 juillet 4784) veut que les cadavres soient enfouis en totalite avec les peaux tailladees; mais ce n'est pas ainsi qu'on fait habi-tuellement; on enleve les peaux pour les utiliser et on enfouit ensuite les cadavres. Gette pratique est contraire a la lettre et a l'esprit de la loi, mais eile est pour ainsi dire sanctionnee par 1'ex-perience et par I'habitude; c'est ainsi que les choses se passent ä pen pres partout, et il n'y a pas veritablement lieu de s'y oppo-ser. La peau, il est vrai, n'a pas une bien grande valeur, mais neanmoins on la laissera utiliser apres qu'on I'aura desinfectee avec une solution phenique ou. chloruree, etc. En aucun cas les chairs ne doivent etre livrees ä la consommation.
Pendant toutes ces operations, il ne faudra jamais negliger les precautions capables de prevenir la contamination de 1'homme; les personnes exposees se laveront, cauteriseront les plaies des mains, etc.
La livraison h I'equarrissage est une excellente mesure, mais seulement ä deux conditions : ä condition que le deplacement des malades ou le transport des cadavres ne sera pas une circonstance favorisant la propagation de la maladie; a condition que les clos d'equarrissage seront surveilles et que les equarrisseurs ne pour-ront pas detourner des animaux qui leur out ete livres pour etre abattus.
Dernierement un proprietaire et un veterinaire etaient traduits devant le tribunal correctionnel de Reims, pour avoir fait con-duire ä I'equarrissage, sans en prevenir I'autorite, un cheval mor­veux, qui avait d'ailleurs fait I'objet d'une declaration. L'article459 du Code penal dit que les animaux atteints de maladies conta-gieuses ne doivent pas etre sortis du lieu oil ils se trouvent; le
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704nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; AFFECTION FAHCINO-MORVEUSE
tribunal de Reims a reconnu qua la loi avait ete transgressee, mais il a eu egard h ce qu'on etait dans l'habitude d'agh- ainsi et il a pro-nonce racquittement. Ce jugement a de Fimportance; il consacre une derogation a la loi etablie par l'habitude. On pent done con-tinuer a agir de ia sorte, et je ne crois pas que le proprietaire, qui se debarrasserait ainsi de son animal, sans meme avoir fait la de­claration, put etre condamne, mais il est toujours plus correct de la faire.
Quand on livre les malades vivants, ils doivent etre conduits directement, saus arrets, et autant que possible par des chemins detournes, au clos d'equarrissage; il faut en outre veiller h ce que I'abatage soit execute immediatement et surveiller l'utilisation et la denaturation des produits.
Desinfection. — Apres le sacrifice des animaux morveux, apres le changement tie place ou d'habitation, apres les trans­ports, etc., il laut faire proceder ä la desinfection de tout ce qui a pu etre souille. Cette mesure, tres sage et tres importante, est presciite par I'article 6 de l'arret du 16 juillet 1784.
La desinfection doit porter : sur les habitations et sur tous les objets souilles par les malades; sur les inoyens de transport, wa­gons, bätiments; sur les murs, le sol, les rnangeoires, les räteliers; sur les divers ustensiles et objets de pansage et de travail; sur les fourrages, les boissons, les eaux des abreuvoirs; sur les fu-miers; sur l'air de 1'habitation.
Les agents convenables sont ceux dejii enuineres h propos do la desinfection en general; les plus importants sont : I'acide phe-nique, I'acide sulfureux, le chlorure de chaux, le chlore, les car­bonates alcalins, etc., et par dessus tout la vapeur d'eau, dont I'emploi est excellent pour les wagons et les batiments de trans­port et en un mot pour tous les objets souilles.
On fera done des fumigations pour purifier i'air; on ventiiera; on fera racier, nettoyer, gratter I'ecurie, les divers objets, les murs, les creches, les rnangeoires, le soi, etc.; puis on fera pro­ceder h des lavages avec 1'eau bouillante ou avec des solutions bouillantes de carbonates alcalins, de chlorure de chaux, d'acide phenique, ä des badigeonnages avec des dissolutions concentrees de chlorure de chaux, d'acide phenique, avec un lait de chaux; on flambera les objets capables de suppotter la flamme; on expo-sera au serenage, ä l'action de Fair, du soleil, de la rosee, les four-rages, les litieres, les pailles, etc.; on aerera I'habitation.
La desinfection est ordonnee par I'autorite; eile doit se faire
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ux frais du proprietaire, d'apres les indications ou sous la direc-ön du veterinaire, ou sous la surveillance de la police.
Les divers moyens de desinfection ci-dessus enumöres peuvent tre employes, mais ordinaireraent on precede d'une maniöre plus imple et plus expdditive. Je crois qu'il n'y a pas lieu en effet de hercher k compliquer l'operation, et qu'il suffit de proceder ä un on nettoyage avec la solution bouillante de carbonate de soude u de potasse, puis de faire un second lavage avec la solution 'acide phenique; on peut y joindre des fumigations d'acide sul-ireux. Si on avait une source de vapeur, il suffirait d'en prome-er des jets sur les objets ä desinfecter, et tout le reste pourrait tre delaiss6.
Enfln je crois que, sans recourir ä aucun mode de desinfection, n peut, si cela ne gene pas le proprietaire, vider l'habitation et i laisser largement ouverte pendant quinze jours; la dessicca-on aura aneanti le virus apres ce laps de temps. Neanmoins, omme on ne saurait jamais etre trop prudent, et comme on im-uterait au veterinaire les accidents qui surviendraient, il vaut lieux etre un pen plus exigeant, et faire proceder ä la desinfec-on.
Aussitöt aprfes la disinfection, l'habitation ou les places dösin-;ctees peuvent etre röoccupees.
Sequestration. — II peut arriver que le veterinaire delegue 3 trouve que des animaux suspects, ou qu'il y ait des suspects i meme temps que des malades. On ne doit pas 6tre aussi rigou-sux pour les animaux suspects que pour les malades; on ne doit is en demander I'abatage. Les mesures appliquees dans ees cas jvront avoir pour but de faciliter l'observalion des suspects et 5 les empecher de communiquer avec d'autres animaux, qu'ils mrraient infecter s'ils etaient morveux; il faut done appliquer solement, la sequestration.
On peut, si on le juge utile, demander la marque des sujets sus-icts, dans le but de permettre ä la police et a l'autoritö de recon-iltre aisement les animaux qui auraient et6 deplaces, mis au avail ou exposes en vente. II peut etre utile, dans quelques eas, i ne pas se contenter du simple Signalement et de recourir aux oyens dont il est question. Dans ces cas on pratique la marque i fer rouge, soit ä l'eneolure, soit, ce qui tare moins, au sabot, rtte precaution est surtout utile quand il s'agit d'un certain nom-e de chevaux suspects; et d'ailleurs il est bon, quand dans une ande 6eurie se trouvent plusieurs chevaux suspects et plu-
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706nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
sieurs chevaux ayant cohabite avec eux ou avec des malades, d'o-bliger le proprietaire a tenir un registre, sur lequel le veterinaire sanitaire inscrira chaque cheval, avec son signalement, son etat d'embonpoint, son etat de sante, les symptomes qu'il presentera h chaque visite. Ainsi l'etat des animaux pourra etre bien suivi et bien apprecie.
Les animaux suspects de morve ou de farcin seront maintenus isolös ou sequestr6s (art. 4 de l'arret du 46juilletl784, art 459 du Code penal).
La sequestration et l'isolement des suspects sent tres importants; ils sont indiques toutes les Ibis que des symptomes font soupgon-ner l'existence de la maladie; ils doivent etre appliques aux seuls animaux suspects et non aux animaux reconnus morveux ou at-teints do farcin incurable, qui doivent etre abattus. On doit consi-derer comme suspects, les individus qui presentent queiques symptomes de morve, tels que jetage, glandage, etc., ou de farcin, tels que boutons, engorgements, etc. Quant aux animaux qui ne presentent aucun Symptome, mais qui ont ete en contact avec des sujets morveux ou suspects, il ne faut pas a proprement parier les considerer comme suspects au meme titre que ceux qui offrent des symptomes; il faut se contenter de les surveiller, de les visiter de temps en temps. Les chevaux, qui ont cohabite avec des malades, ne sont pas tous fatalement voues k prendre la morve, il s'en faut bien; aussi je ne crois pas qu'on puisse d'emblee sequestrer des animaux, qui ne presentent aucun Symptome de morve, bien qu'ils aient ete en contact avec des chevaux morveux; nous verrons ci-apres comment il faut les trailer.
La maniere d'appliquer l'isolement ou la sequestration est bien simple; ou le proprietaire a plusieurs locaux disponibles, ou il n'a qu'une seule habitation pour ses divers animaux sains et suspects. Dans la premiere hypothese, on place les sujets sains dans un lo­cal et les animaux suspects dans un autre, en les isolant toutefois les uns des autres, de fagon qu'ils ne puissent avoir aucun rapport direct ou indirect; on laisse les suspects dans l'habitation oü ils se trouvent dejä, ou, si on les loge dans un autre local, on a soin de faire desinfecter les places anterieurement occupees par eux. Quand il n'y a qu'une seule habitation pour les divers animaux sains et suspects, quand il n'y a pas possibilite d'en improviser une seconde, il faut desinfecter les places occupees par les suspects et releguer ces derniers dans une extremite de l'habitation, en les isolant las uns des autres, et en laissant entre eux et les sains une certaine distance inoccupee.
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Les animaux isoles ou sequestres ne devront pas 6tre deplaces; ie surveillance active sera exercee au nom de l'autorite par la lice. La sequestration, pour parer aux dangers qu'on veut evi-r, doit etre executee avec soin; etcertaines precautions sont en tre indispensables, pour qu'elle puisse donner les resultats qu'on t en droit d'attendre.
Les personnes chargees de soigner, panser, surveiller les ani-aux suspects, ne devront pas coucher dans I'ecurie; elles de-ont se laver les mains apres le pansage de chaque cheval; elles uteriseront lesplaies, les ecorchuresqu'ellespourraient avoir aux iins. On affectera au service de chaque suspect, si cela est pos-)le, des objets speciaux pour faire le pansage, pour donner k inger, k boire et pour le traitement, ou si non on nettoiera les jets chaque fois qu'ils auront servi, avant de les employer pour i autre animal suspect. En aucun cas, les objets mis au service s malades ne devront etre utilises pour le service des autres imaux, sans avoir ete bien desinfectes.
Combien durera la sequestration? il est impossible de fixer k ce jet une limite invariable; la sequestration durera plus ou moins, ivant les cas, suivant l'etat des animaux. Quand les sujets se-lestres ne presenteront plus aucun Symptome, il faudra lever sequestration, sauf ä les soumettre encore quelque temps ä des ?ites sanitaires, comme les chevaux qui ont ete en contact avec s malades et qui n'offrent aucun Symptome. Quand un animal ^uestre sera reconnu morveux ou farcineux incurable, il faudra demander I'abatage.
Pendant tout le temps que durera la sequestration, le veterinaire nitaire proc6dera k des visites hebdomadaires, dans le but d'ap-ecier l'etat des animaux.
On pourrait enfm appliquer la sequestration k des animaux 'on soupconnerait d'avoir transmis la morve, bien qu'ils ne pre-itassent aucun Symptome. Les animaux maiades ou suspects iventtoujours etre refuses a la saillie.
Les animaux suspects, gueris en apparence, et pour lesquels on eve la sequestration, ne devront pas, ai-je dit, 6tre tout k fait rdus de vue; les symptömes de la morve sont quelquefois re-ttents ou meme intermittents, de teile sorte que des chevaux, i ont d'abord presente du jetage et chez lesquels ce Symptome lisparu, peuventde nouveau presenter le meme phenomene; il it done les visiter de temps en temps encore pendant quelques irs, pendant un mois ou six semaines, tout en en permettant I'n-sation.
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708nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINO-MORVEUSE
Le proprietaire doit, sous peine d'etre poursuivi, se plier aux exigences de la loi et observer toutes les prescriptions de Fauto-rite. Les animaux isoles ou sequestres comme suspects de morve ou de farcin ne doivent pas etre deplaces; ils ne doivent ni etre exposes en vente, ni vendus, ni employes ä aucun service; et c'est pour assurer rexecution rigoureuse de ces prescriptions, que la marque et la surveillance sont utiles. Les memes prohibitions s'appliquent aux animaux malades ou simplement suspects non encore declares (art. 7 de l'arret du 16 juillet 4784, art. 4(30 du Code penal); pourtant ici il y a lieu de tenir compte de la bonne foi et de l'ignorance du proprietaire, qui enfreint la loi, si toutefois le contmirc n'est pas demontre. Le cas est beaucoup plus grave, et expose le delinquant ii toutes les rigueurs de la loi, si I'infraction a ete commise apres que la declaration avait ete faite, apres que I'autorite avait prescrit la sequestration.
Les animaux suspects, les animaux soustraits h la sequestration et saisis sur les voies publiques, sur les marches ou sur les champs do foire, seront mis en fourriere aux frais du delinquant, sans pre­judice de la sanction penale qu'il a encourue. S'ils sont ensuite re-connus morveux, ils seront abattus; dans tons les cas, ils reste-ront en fourriere tant qu'ils seront suspects, et seront soumis ä des visites reiterees. Si les animaux guerissent, s'ii est ensuite reconnu qu'ils ne sont pas affectes de morve, le proprietaire devra encore payer les frais de fourriere, et cela est juste, car il a commis une faute, en utilisant ou en exposant en vente des sujets suspects.
On a parfois conseille aux experts de ne pas se montrer trop severes, et de demander pour leurs clients la permission d'utiliser les animaux suspects et meme les animaux farcineux ä certains travaux dans des lieux isoles. Le veterinaire ne doit jamais bene-volement prendre une pareille responsabilite.
Surveillance des animaux qui ont cohabits avec des chevaux morveux ou suspects. — Les chevaux qui ont cohabite, travaille, eu des rapports avec des sujets morveux, peuvent etre utilises, tant qu'ils ne presentent aucun Symptome. II sera hon neanmoins de ne pas les faire travailler avec ceux qui n'ont pas ete exposes, si cela est possible, et de les isoler, autant que faire se pourra,dans les habitations,lt;aux abreuvoirs, etc; en outre ils seront, pendant cinq ou six mois, visites toutes !es se-maines d'abord, puis tons les quinze jours, par le veterinaire sa-nitaire. Pendant ce laps de temps, ces animaux ne pourronl pas
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vendus, ou tout au moins ils ue devront pas I'etre, sans que oprietaire avertisse l'autorite et fasse connaitre leur situation Duvel acquereur, chez lequel ils continueront ä etre soumis aux 3s du veterinaire sanitaire pendant le temps vouiu. i abus regrettable s'est introduit et se perpetue dans les regi-ts de cavalerie, au sujet des chevaux de cette categorie, qui partbis proposes pour la refonne, reformes et ensuite ven-ii des particuliers chez lesquels ils apportent quelquefois la re.
i cheval, qui, ayant ete en contact avec un animal morveux, endu sans les formalites precitees, tombe-t-il sous le coup de i du 20 mai 4838, peut-il etre considere comrne suspect'? La tion a ete resolue dans un sens at'firmatif; le vendeur pent contraint de reprendre son cheval, si I'acheteur se met en j dans les delais et prouve que l'animal, ä lui vendu, a ete lieurement chez le vendeur en contact avec un cheval mor-i.
land la morve se declare dans les ecuries d'un proprietaire qui ouve äla tete d'un service important, et qui possede un nombre iderable de chevaux pour l'exploitation de son entreprise, id plusieürs cas de morve y sont constates, on prend toutes les jres de police sanitaire qui conviennent en pareille circons-e, lesanimaux malades sont sacrifies, leur place ainsi queleurs ais et les ecuries sont desinfectes, les suspects sont sequestres • le moindre signe pouvant se rapporter h Fexistence de la re; les autres sont visites au moins une fois par semaine, et des nenrencontre unpresentant quelque Symptome, onlesequestre itöt. II est expressement defendu au proprietaire malheureux )ger ses animaux dans les ecuries ou remises publiques, de lisser mettre en contact avec d'autres animaux et de les ven-m de les exposer en vente. Tout cela est-il süffisant et le pro-;aire peut-il, par de nouvelles acquisitions, combler les vides la maladie a occasionnes dans sa cavalerie, aftn de satisfaire exigences de son service'? Je suis persuade que le proprietaire etre autorise a acheter d'autres chevaux; les nouveaux arri-s seront soumis aux memes mesures de surveillance et d'ins-lon que les anciens, ils seront meme utilises a. part, si cela est ible.
t-ecautions complementaires. — Les marches et les s aux chevaux devraient partout etre surveilles, inspectes par reterinaires; et il serait bon que l'autorite fit operer de temps
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710nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AFFECTION FARCINOMORVEUSE
en temps des inspections generales dans les localites oil regne la morve. Les veterinaires, charges du recensement des chevaux, doi-vent en meme temps passer une visite sanitaire de tons les ani-maux qui leur sont presentes; ils ont dejä rendu des services a ce sujet et il est äesperer qu'ils en rendront de plus grands encore. Le ministre de Fagriculture adressait dernierement aux prefets la circulaire suivante a ce sujet.
laquo; Paris, le 6 avril 1880. laquo; Monsieur le Prefet,
laquo; Comme I'annee precedente, les Commissions de classement des chevaux susceptibles d'etre requis pour le service de Tarmee ont, en 1879, fait porter leur examen sur Fetat sanitaire des animaux amenes k la visite et Signale ceux d'entre eux qui etaient atteints ou suspects de morve.
laquo; Apres la clöture des operations de ces Commissions, vous avez bienvoulu me faire coimaitre le resultat des mesures que vous aviez prescrites, ainsi que les renseignements qui vous ont ete fournis par les veterinaires auxquels avait ete confiee la mission de visiter les animaux signales.
laquo; Sur 217 chevaux signales par les Commissions de classement, au cours de leurs operations en 1879, 84 ont ete abattus comme morveux; 106 n'etaient pas atteints de la morve et, apres avoir ete mis en observation pendant un temps plus ou moins long, il a ete constate que les affections, dont ils presentaient les symptömes, n'etaient pas contagieuses; enflu, il reste 27 animaux sur le compte desquels Fadministration n'a encore pu obtenir de rensei­gnements.
laquo; Ces chiffres prouvent tous les avantages qu'il y avait a utili-ser, au point de vue sanitaire, les visites annuelles prescrites par la loi sur la conscription des chevaux. Les animaux morveux, de-signes paries Commissions de classement ä l'autorite departemen-tale ont pu etre ainsi immediatement abattus, et Ton a fait, par suite, disparaitre autant de foyers d'infection qui, äleur tour, au-raient pu en engendrer de nouveaux.
laquo; Je viens done vous rappeler les instructions que j'ai dejä eu l'honneur de vous adresser ä ce sujet. Des que des chevaux mor­veux ou suspects leur ont ete signales, MM. les sous-prefets doi-vent, sur-le-champ, deleguer un veterinaire du service des epi­zootics, avec mission de visiter les animaux et de requerir de l'au-
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irite locale les mesures reclamees par I'etat dans lequel ils trou-jront lesdits animaux. Dans tons les cas oil la morve seca confir-iee, I'animal devra etre immediatement abattu, en vertu de l'ar-cle 5 de l'arret du 16 juillet 1784. Enfin, je vous serai oblige de ie faire connaitre le plus promptement possible, apres la fin des perations des Commissions de classement, la suite dont leurs jmmunications auront ete I'objet.
laquo; Grace a la stricte execution de ces dispositions, je ne doute is que chaque annee un meilleur resultat ne soit obtenu et ie, dans un avenir prochain, le raorve ait beaucoup diminue en ranee.
laquo; Recevez, Monsieur le Prefet, l'assurance de ma consideration plus distinguee.
laquo; Le Ministre de Vagriculture et du commerce, laquo; P. Tirard. raquo;
L'autorite pent, si eile le juge ä propos, ordonner des visites smiciliaires chez les proprietaires soupgonnes de receler des limaux morveux. Enfin l'autorite, qui a fait saisir un animal ve-int d'une autre localite, doit informer l'autorite du lieu d'origine, in que celle-ci puisse faire rechercher s'il n'existe pas dans son •ssort d'autres animaux morveux. II serait bon d'obliger les equar-äseurs ä declarer tous les cas de morve qu'ils ont l'occasion de mstater.
Les chevaux livres ä la boucherie devront toujours etre tres rieusement visites sur pied et apres l'abatage; et tous ceux li seront morveux oü suspects, seront impitoyablement refuses.
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CHAPITRE XI11
GOURME DES SOLIPEDES
Definition. — La gourme des solipedes est une maladie ge-erale, contagieuse, virulente, inoculable, pyogenique, suppura-ve, catarrhale; eile est proteiforme, eile est plus ou moins com-lexe, plus ou moins bien caracterisee; eile est decelee par une mdance tres manifeste de l'economie h secreter du pus, par des iflammations catarrhales et purulentes des muqueuses respira-dres et quelquefois de la muqueuse digestive, par la formation 3 phlegmons et d'abces dans diverses regions, surtout dans I'auge ; au pourtour de la gorge. Elle est caracterisee anatomiquement ar des lesions inflammatoires dans l'appareil respiratoire et ail-urs; eile emprunte son eijtite h ses proprietes physiologiques; le est specifique, eile est inoculable, virulente, contagieuse. Les hippiätres et les anciens veterinaires consideraient la gourme )mme une maladie specifique et contagieuse. Au commencement i ce siecle, les partisans de la doctrine physiologique pretendi-jnt qu'elle n'etait qu'une affection inflammatoire ordinaire et erent sa contagiosite. Aujourd'hui tout le monde pense comme s anciens hippiätres; on salt que la gourme est une maladie spe-flque, virulente et contagieuse.
M. Charles Martin, veterinaire a Brienne, appelle la gourme yogenie specifique. Gette denomination est assez rationnelle, car le rappelle le principal symptoms et la propriete essentielle de affection.
M. Trasbot a essaye d'identifier la gourme avec le horsepox, et a propose de confondre ces deux affections sous le nom de va-lole du cheval. II a pretendu que, dans tons les cas de gourme, il a une eruption primitive ou consecutive, et que, si on ne I'ob-jrve pas toujours, c'est qu'on ne salt pas bien la chercher. II est rai que parfois des eruptions vesiculeuses ou vesico-pustuleuses i produisent dans le cours de la gourme, mais ces eruptions ne
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714nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; GOURME DES SOLIPEDES
sontpas toujours de nature greasienne; et, si quelquefois on ob­serve, en meme temps que les symptomes ordiuaires de la gourme, les verit-nbles pustules du horsepox, cela tient a ce que les deux maladies, gourme et horsepox, coexistent; inais elles ne se confon-dent pas. II est d'ailleurs possible que le horsepox entralne du coryza, du jetage, du glandage, etc., et simule la gourme, sans pourtant se confondre avec eile.
SYMPTOMATOLOGIE
La gourme est uue affection qui se montre frequemment, surtout dans les pays d'eleve, dans les regions humides; eile s'observe moins souvent dans les pays chauds et sees. Elle se developpe ex-clusivement chez les solipedes, et e'est principalement sur les jeunes sujets de un h cinq ans, qu'on la volt ordinairement; au delä de ce tonne, eile est beaucoup plus rare. Cependant on peutl'ob-server sur des animaux de tout äge, au dela de cinq ans cotnme avaat un an.
Elle est frequente chez le cheval, moins frequente chez le mulet, rare chez l'äne. M. Lafosse avail pretendu ä tort qu'elle pouvait se montrer sur d'autres animaux. Et, si on admettait les idees de M. Trasbot, on serait amene a considererla gourme comme pou-vant se transmettre ä toutes les especes auxquelles le horsepox lui-meme est inoculable; or cela n'est pas conforme ä la verite scientifique.
La gourme etant proteiforme et s'accusant par des symptomes plus ou moins nombreux, on peutlui reconnaitre un certain nombre de formes et de varietes, suivant ses localisations; mais la distinc­tion de ces varietes sera mieux h sa place apres la description des divers symptomes, qu'on peut observer pendant le cours de la gourme envisages d'une facon synthetique.
Le debut de l'affection s'annonce par des symptomes generaux, par des prodromes qui sont plus ou moins prononces, plus ou moins marques, suivant l'intensite du mal, suivant que les lesions ont plus ou moins de la tendance k se generalise!'. Aussi tantöt les premiers signes passent inapergus, tellement ils sont atte-nues; tandis que dans d'autres cas on constate des symptomes febriles plus ou moins marques. La fievre est souvent intense quand le mal atteint le poumon. Les habitudes exterieures sont plus ou moins modifiees; les animaux deviennent tristes; la station
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GOÜRME DES SOLIPEDESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 715
est parfois penible; la demarcheest embarrassee; la bouche devient chaude; l'appetit diminue; la soif persiste; 11 y a de la constipa­tion. La circulation s'accelere; les muqueuses s'injectent; la con-jonctive devient plus coloree; la temperature du corps s'eleve plus ou moins, suivant que la maladie doit etre plus ou moins grave; on constate des alternatives dechaudet de froidauxextre-mites; la respiration est parfois acceleree.
Gas divers symptömes du debut, quoique vagues, ont pourtant tme certaine valeur, et, si ä eux seuls ils ne permettent pas de diagnostiquer la maladie, ils permettent neanmoins de la soupgon-ner, lorsqu'on sait que l'animal, qui les presente, a pu etre conta-mine par un malade.
La periode prodromique est bientöt suivie de l'apparition de symptömes plus pathognomoniques. C'est dans l'espace de deux a sinq jours, que des modifications plus profondes apparaisseiit, parce que deja la maladie s'est localisee plus particulierement sur jertaiös organes; et, comme cette affection peut entrainer des le­sions dans de nombreux sieges, on peut constater des modifi­cations fonctioimeües dans les divers appareils de l'organisme.
Celles qua presentent la respiration et l'appareil respiratoire, sont les plus importantes et les plus frequentes.
Frequemment, vers la lin de la periode prodromique ou apres, on observe de la toux, une toux plus ou moins frequente, seche, dou-loureuse et se raodiflarit bientöt, devenant grasse, plus facile, uioins douloure.use et s'accompagnant d'expectoration ou d'ecou-#9632;ement nasal. La respiration s'accelere; son rythme devient irre-^ulier, si des lesions se produisent dans ie poumon; on peut aus-julter des bruits anormaux.
La pituitaire est presque toujours congestionnee, hyperemiee, rouge, boursouflee, plus chaude, seche et il y a de l'ebrouement. Elle presente parfois des taches, des petechies, desplaies, des ero­sions epitheliales; ses folicules sont hypertrophies; bientöt eile levient plus humide; eile devient le siege d'une hypersecretion morbide; il se produit un ecoulement plus ou moins abondant. Nejetage est d'abord sereux, jaunätre et plus ou moins clair; puls il devient plus abondant, plus epais, mucoso-purulent, blau-chätre, grisätre, jaunätre ouverdätre; il est plus ou moins visqueux it adherent; ordinairement il est bilateral; il est plus ou moins iopieux et plus ou moins persistant, suivaut les cas.
Les lesions de la maladie peuvent se propager aux sinus, au
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716nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; GOURME DES SOLIPEDES
larynx, au pharynx, aux poches gutturales, a la trachee, aux bron-ches, au poumon.
On peut done observer les symptömes de la collection des sinus, la matite et le boursouflement de Tos; mais ces modifications ne se produisent que lentement.
II n'est pas rare de constater la tumefaction des poches guttu­rales et la formation d'une collection purulente dans leur Interieur, qui se traduit par la fluctuation.
Assez souvent la gourme se localise aux premieres voies res-piratoires; et dans ces cas eile n'est jamais grave; mais les cas oil eile s'etend au larynx et au pharynx ne sont pas rares. Quand il y a laryngite, on remarque une hyperesthesie manifeste, une sensi-bilite anormale du larynx ä la pression et au pincement, qui pro-voquent de la douleur et la toux. Le bruit laryngien est plus rude; parfois meme il y a du sifflement, un bruit de cornage. La respiration peut etre genee, difficile, anxieuse, penible; d'autres fols e'est un bruit deroucoulement, qui seproduit dansle larynx, et s'entend ii distance. L'inflammation laryngienne etle gonflement dc la muqueuse peuvent etre si prononces et gener ä tel point la respiration^ qu'il y a parfois menace et meine commencement d'as-pliyxie. Pourtant, quand il y a danger d'asphyxie, la respiration est ordinairement genee par d'autres lesions, soit par le gonflement de la pituitaire, soit, et par dessus tout, par rinflammation et le gonflement des tissus et des ganglions de la region de la gorge.
L'inflammation de la muqueuse respiratoire peut s'etendre, ga-gner la trachee et les bronches; on observe alors une toux pecto-rale, d'abord seche, puis grasse, im räle bronchique sonore, puis des rales inuqueux, qui annoncent laperiode catarrhale. La bron-chite gourmeuse n'est pas grave par elle-meme; mais il n'en est pas de meme de l'inflammation pulmonaire.
La pneumonie gourmeuse, celle qui resulte de l'extension naturelle de la maladie et non de causes exterieures, est tres grave. Et du ' reste la pneumonie, qui se montre dans le cours de la gourme, qu'elle soit le resultat de l'extension des lesions primi­tives, ou qu'elle ait ete provoquee par une repercussion, par un refroidissement, ou qu'elle soit I'expression d'une resorption pu­rulente, esttoujoursou k penprestoujours mortelle; eile se termine par la suppuration, par la formation de foyers jiurulents ou par I'ip.-liltration purulente. On constate alors les symptömes de l'inflamma­tion du poumon; il y a surelevation de la temperature; la conjunc­tive est rouge-icterique. La percussion de la poitrine denote de la
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matiteen certains points. A I'auscuitation, on constate l'absence du murmure respiratoire dans les memes points; on entend du räle crepitant, du souffle tubaire; le murmure respiratoire est exagere dans les parties saines; on pergoit aussi des räles inuqueux et quel-quefois du räle caverneux, lorsque des foyers purulents se sont ouverts dans les bronches. II peut arriver parfois que la maladie se cornplique alors de septicemie; I'air expire devient fetide, le je-tage devient aussi fetide et sanieux. La pneumonie gounneuse etant excess! vement grave, il faut tout mettre en oeuvre en temps opportun pour en empecher revolution. Dans le cours de la gourme, ineme de la gourine benigne, les malades peuvent, s'ils sont soumis h un refroidissement, eprouver une metastase, qui amene la formation de lesions sur le pournon et quelquefois ailleurs, et qui est presque toujours mortelle. Enfm il peut arriver que le pus, produit par les lesions gourmeuses, soit resorbe et donne lieu ä une infection pu-rulente.
La gourme peut aussi s'accompagner de lesions sur les plevres, de symptömes de pleurite avec epanchement; cette complication, heureusement rare, est aussi tres grave.
Dans le Systeme lymphatique les lesions sont tres frequentes. On observe des lymphangites, des cordes plus ou moins en relief, quelquefois moniliformes, däns diverses regions, surtout ä la face. Cette localisation se comprend sans peine, attendu que la pitui-taire est ordinairement malade et les vaisseaux lymphatiques, qui enpartent, s'enflamment. On voit aussi des cordes, des lymphan­gites au poitrail, en avant des epaules, sur les cotes de la poitrine, ä la face interne des membres, etc.
Les lymphangites gourmeuses ont une marche qui les diffe-rencie de celles qu'on observe dans le farcin; elles evoluent plus rapidement et se terminent promptement par la suppuration. Le pus secrete est grisutre, cremeux, riche en elements figures; il est de bonne nature, et les plaies resultant de l'abcedation ne sont pas ulcereuses; elles tendent au contraire ä la cicatrisation et se cicatrisent en effet assez rapidement.
Outre les lymphangites, il se produit aussi souvent des ade-nites, des inflammations ganglionnaires, qui ne ressemblent pas non plus aux adenites farcineuses. Ces accidents se produisent le plus habituellement dans I'auge, dans I'espace intermaxillaire, dans la region de la gorge et enfin dans toutes les regions oü il existe des ganglions. L'inflammation de ces organes est phleg-moneuse; le tissu conjonctif periganglionnaire y participe; eile se
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termine toujours par la formation d'un ou de piusieurs foyers purulents, qui ne tardent pas ä s'abceder et h s'ouvrir, laissant ochapper et continuant k secreter pendant quelque temps un pro-duit purulent, analogue a celui des lymphangites, riche en elements figures et tres dilferent de l'huile de farcin.
Dans le tissu conjonctif de diverses regions, on peut voir se pro-duire frequemment des phlegmons, qui se terminent par I'abce-dation, par la suppuration, et quelquefois par la formation de plaies fistuleuses. Ges inflammations s'observent surtout dans la region de Tauge et dans eelle de la gorge; quand elles s'abcedent, elles peuvent interesser la glande parotide, si elles se sont developpees dans son voisinage, d'oii resulte alors une listule salivairc. On peut voir les meines inflammations se produire dans le tissu con­jonctif d'autres regions, vers les organes genitaux, etc.
Lorsque depareiis accidents se produisent, on constate tous les syinptomes des phlegmons ordinaires: la tumefaction, la chaleur et la douleur. lls sont plus ou moins etendus et plus ou moins volumhieux;ilsevoluent,tresrapidemefit; ilsse terminent quelque­fois par resorption, inais le plus habituellement ils s'abcedent, ils se ramollissent, pourpeuquerinflammationsoitintense. L'abcedation so produit souvent en piusieurs points en meme temps ou successive-ment; on percoitalorsde la fluctuation; lesabcessereunissent et s'ou-vrent ensuite; mais le plus souvent ilss'ouvrent isolement etsucces-sivement. Parfois desabces s'ouvrent dans labouche, sous la langue ou sur ses cötes; la cavite buccale exhale alors une odeur fetide, l'odeur du melange de pus et de salive. Les phlegmons de l'auge et de la gorge peuvent s'etendre a la region parotidienne et aux po-ches gutturales; des plaies salivaires, tres faciles h guerir du reste et meme guerissant seules, sont quelquefois produites par I'abce-dation. Quand il s'agit de phlegmons developpes dansle tissu con­jonctif de la region inguinale on de la region pelvienne, les abces, qui se forment, peuvent s'ouvrir dans I'abdoiuen; use produit alors une peritonite, qui devient rapidement mortelle. II en est dc meme pour toutes les adenites et les phlegmons pouvant se de-velopper et s'ouvrir dans les cavites closes; aussi les ganglions bronchiques et les ganglions sous-lombaires enflammes peuvent s'abceder et s'ouvrir dans la cavite thoracique, dans la cavite abdo­minale, et y provoquer une inflammation mortelle.
On peut parfois reconnaitre, ä certains signes, I'inflammatior de ces divers ganglions. Les ganglions bronchiques, en s'hypertro-phiant, compriment les organes voisins, genent la circulation du
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sang veineux, d'oii resulte un gonflement insolite des jugulaires. Quand les ganglions mesenteriques ou sous-lombaires sont ma-lades, on observe des symptomes de cbliques; en outre, quand il s'agit de ces derniers, il y a hyperesthesie dorso-lombaire, et, s'il s'agit de ceux situes au voisinage du rectum, on peut assez facilement verifier leur etat, en recourant ä l'exploration a travers le rectum.
Du cote de la peau on voit aussi se produire des symptömes assez marques : c'est de l'eezema; ce sont des eruptions, des vesi-cules ou des vesico-papules plus ou moins analogues a celles qu'on observe dans le horsepox. Ces meines eruptions se mon-trent aussi sur certaines muqueuses, sur la pituitaire, sur la mu-queuse buccale. Elles peuvent se muntrer, ä la peau, aux memes points que celles du horsepox; on les trouve surtout ä la face, au pourtour de labouche, sur les levres, autour des yeux, autour des naseaux, dans les points oü la peau est fine, sur tout le corps. L'eruption gourmeuse proprement dite differe de celle du horse­pox, par son evolution plus rapide, et par la propriete de son pro-duit, qui n'est pas vaccinogene comme celui du horsepox. II est bon de ne jamais oublier d'ailleurs que la gourme et le horsepox peuvent coexister sur le meme individu, et que le horsepox peut s'accompagner partbis de coryza, de lymphangite, d'adenite, etc. tout comme la gourme. Tandis que dans le horsepox l'eruption est toujours primitive, eile est au contraire ordinairement consecu­tive dans la gourme et n'apparait qu'apres les autres symptömes.
On peut voir aussi, pendant revolution de la gourme, se former des boutons, des oedemes, de l'anasarque; et quelquefois la gan­grene fait suite h cette derniere complication; ces divers accidents se montrent principalement dans le cas de gourme maligne. Les boutons apparaissent sur la face; ils sont gros comme ceux du farcin; ils s'abcedent tres i apidement et donnent du pus de bonne nature; les plaies, qui en resultent, se cicatrisent assez vite. Des infiltrations passives, froides, plus ou moins etendues, se produi-sent dans les regions declives, du cöte de la region inguinale, vers les organes genitaux, sur les membres, etc.; et quelquefois ces oedemes sont tellement etendus, qu'ils constituent une veritable anasarque, complication grave, qui peut etre suivie de mortifica­tion ou de nouvelles complications sur les organes internes (me-tastases). Quand l'anasarque s'accompagne de la mortification de la peau, la guerison est encore possible, malgre les plaies plus ou moins etendues resultant de l'elimination des parties mortes;
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L'appareil locomoteur est aussi quelquefois le siege de certaines alterations. On peut rencontrer des phlegmons dans les interstices musculaires; et ces phlegmons, comme toujours, se terminent par la suppuration. II se produit parfois des arthrites, des syno-vites, qui ont une grande tendance ä la suppuration; aussi ces accidents sont-ils tres graves, surtout I'arthrite, qui peut occa-slonner la mort. La fourbure se montre quelquefois comme com­plication de la gourme, et eile est alors tres grave, eile peut se terminer par la gangrene des tissus du pied. II Importe done de se premunir centre ces diverses complications et de les combattre aussitöt qu'elles apparaissent.
La gourme entraine quelquefois des lesions et s'accompagne de symptömes du cöte des voies digestives. Les malades perdent l'appetit, deviennent constipes et temoignent de la difficulte pour executor la mastication et la deglutition, h cause de la pharyngite, qui accompagne toujours la laryngite et ä cause de l'inflammation de l'auge et de la gorge. La bouche est tres chaude; la muqueuse buccale est congestionnee; les gencives sont plus rouges. Les aliments et les boissons reviennent en partie par le nez. La sensi-bilite, au niveau de la gorge, est exageree; la compression de cette partie est douloureuse. Quelquefois les glandes salivaires sont englobees dans l'inflammation. II n'est pas absolument rare de constater des symptömes d'enterite; il y a ordinairement de la constipation; quelquefois la muqueuse intestinale devient catar-rhale et il se declare de la diarrhee; on observe parfois des symp­tömes de coliques plus ou moins intenses, tres intenses, quand, h la suite d'une repercussion, il s'est produit une metastase sur I'in-testin et le m6sentere, ce qui peut arriver dans quelques circons-tances; il peut meme se produire une veritable apoplexie intesti­nale, une enterorrhagie rapidement mortelle.
En outre des lymphangites et des adenites, l'appareil circula-toire peut offrir les symptömes d'autres alterations. La tempöra-ture des malades est tres variable suivant les localisations des alte­rations ; eile s'eleve surtout quand la maladieenvahit le poumon et les plevres; ce signe est important au point de vue du pronostic.
Certains cas de gourme peuvent se compliquer de pericardite, d'endocardite meme; mais heureusement ces complications sont fort rares. Le Systeme vasculaire peut absorber le pus secret^ par les accidents gourmeux, et on observe alors les symptömes et puis les lösions de l'infection purulente. Les malades, atteints de la gourme, sont en general dans un etat trös propice h la forma-
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tion du pus; la moindre plaie, la moindre operation est suivie chez eux d'une suppuration plus abondante que dans les condi­tions ordinaires; aussi est-il indique de ne pas pratiquer des operations graves, notarnment la castration, immMiatement avant, ni pendant le cours de la gourme. II y a, chez presque tous les chevaux gourmeux, surtout chez ceux qui sont lympha-tiques, un etat de leucocytose plus ou moins prononce; les glo­bules blancs sont plus abondants dans le sang; on peut meme, dans quelques cas, voir se produire de l'amaigrissement, de l'ane-mie, de l'hydrohemie, des infiltrations, du marasme, de la con-somption, des catarrhes et des suppurations chroniques.
Chez quelques animaux, on peut voir se produire de l'ophthal-mie, de la conjonctivite, de la chassie et quelquefois la perte de l'oeil.
Chez les chevaux entiers, ii se produit parfois des complications du cöte des organes genitaux, des infiltrations du fourreau et des bourses, ou une inflammation phlegmoneuse de ces parties, une inflammation de la sereuse testiculaire, un hydrocele. II arrive que, chez les chevaux qui ont ete castres, alors qu'ils etaient en puissance de gourme ou qui sont devenus gourmeux apres I'ope-ration, on voit se produire des abces dans la region inguinale; et ces abces peuvent, en s'ouvrant dans I'abdomen, determiner une peritonite rapidement mortelle.
Enfin dans le cours de la gourme, il peut se produire aussi des complications du cote du Systeme nerveux. Les lesions de la ma-ladie peuvent se former dans les centres nerveux et determiner des symptömes de vertigo, d'immobilite, de paralysies partielles, de paraplegie, de tetanos. Cette derniere complication se montre surtout chez les animaux qui ont ete operes pendant le cours de la maladie. Tous ces accidents sont de la plus grande gravite; le tetanos est ordinairement mortel; il en est de meme du vertigo et de la paraplegie, qui est occasionnee parfois par la formation d'un abces dans la moelle.
Formes de la maladie. — Suivant que les lesions sont localisees ä tels ou tels organes, h tels ou tels appareils, suivant qu'elles sont plus ou moins nombreuses, plus ou moins 6tendues, suivant que les symptömes sont plus ou moins nombreux et plus ou moins intenses, on peut reconnaitre ä la gourme des varietös, des formes assez nombreuses.
On la dit sthenique, quand eile s'accompagne de beaucoup de fievre, quand eile offre les caracteres de l'acuite. Elle presente
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ces caracteres, lorsqu'elle etend ses lesions au larynx, au pharynx, aux bronches, aux poumons.
Elle est asthdnique, quand les symptomes febriles sont pen prononces ou font defaut, quand la maladie est pen grave, pen etendue, quand eile attaque des sujets mous, lymphatiques, chez lesquels la reaction est toujours moindre.
Elle est henigne, promptement et facilement curable, lorsqu'elle est asthenique ou peu ou pas sthenique, localisee ä un petit nom-bre d'organes, k la pituitaire, ä la gorge, a I'auge, etc.
Elle est maligne, grave, quand eile s'etend aux organes internes, quand eile se generalise, quand eile s'accompagne de complica­tions pulmonaires, intestinales, sereuses, nerveuses, qu'elle soil d'aiilletirs sthenique ou asthenique. La gourme maligne sthenique ou asthenique se montre sür les animaux irritables, plethoriques, sur les animaux lymphatiques, debilites, places dans de mau-vaises conditions hygieniques, etc.
On peut d'ailleurs observer simultanement ou successivement, pendant la meme epizootie, dans la meme ecurie, dans la meme localite, ces diverses formes.
On peut distinguer aussi des gourmes seches, des gourmes catar-rhales et des gourmes purulentes.
Les gourmes seches sont celles qui sont caracterisees par des phlegmons, quinesuppurent pas et par I'absenced'hypersecretion, ou de catarrhe h la surface des muqueuses; elles sont tres rares, car I'affection gourmeuse s'accompagne presque toujours de ca­tarrhe et meme de suppuration.
Les gourmes catarrhales sont celles oü l'etat catarrhal des mu­queuses est le Symptome predomhiant.
Les gourmes purulentes sont celles qui s'accompagnent de suppurations abondantes, de phlegmons, de lymphangites, d'ade-nites et d'abces multiples dans diverses regions. Les gourmes catarrhales et les gourmes purulentes peuvent, si elles se prolon-gent longtemps, debiliter l'organisme; il Importe de tarir lours secretions le plus promptement possible.
Assez souvent la gourme se localise d'une maniere a peu pres exclusive h un certain nombre de regions h un certain nombre d'organes.
Le plus ordinairement eile se localise k 1raquo; pituitaire, ä I'auge et dans la region de la gorge; eile se traduit alors par les sympto­mes du coryza, par du jetage, par des lymphangites, des adenites, des phlegmons et des abces uniloculaires ou multiloculaires, par
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l'abcedation des poches gutturales, par l'hyperesthesie de la gorge, etc.
Pourtant assez frequemment aussi, la maladie envahit en outre le larynx et le pharynx; et on voit s'ajouter alors, ä i'expression precedente, les symptömes de l'anglne laryngo-pharyngee et une plus grande intumescence des tissus de la region de la gorge, ainsi qu'une gene plus ou moins prononcee de la respiration. Tandisquele coryza gourmeux est peu grave, I'angine gourmeuse Test au contraire beaucoup plus; eile pent s'accompagner de fie-vre, devenir maligne, et amener la mort par asphyxie, si on ne la traite pas h temps. L'angine gourmeuse, outre qu'elle se compli-que de coryza, de lymphangites, d'adenites, de phlegmons, d'ab-cos, peut aussi s'accompagner d'eruptions vesiculeuses ou vesico-pustuleuses sur la face, au pourtour de la beuche et du nez, sur la pituitaire, sur la muqueuse buccale, sur diverses regions du corps. La guerison de cette forme est toujours plus longue a obte-nir que celle du coryza; eile est plus ou moins longue suivant les cas, et eile peut etre suivie d'une convalescence pendant laquelle les animaux out encore besoin d'etre menages et soignes. Le co­ryza gourmeux peut guerir en 10,12,15 jours; tandis que l'angine gourmeuse peut neguerirqu'au bout de 20, 30 jours; et, dans I'un comme dans I'autre cas, quand on croit la maladie definitivemcnt guerie, on peut encore voir apparaitre, dans quelques regions, un phlegmon, un abces.
Les formes ordinaires de la gourme sont done le coryza et l'an­gine, accompagnes de lymphangites, d'adenites, de phlegmons et d'abces.
Quelquefois la maladie s'accompagne de bronchite; pourtant cette forme est tres rare, et, quand la bronchite se montre, eile resulte de {'extension de l'angine ou eile n'est que le prelude d'une complication plus grave du cöte du poumon.
La pneumonic gourmeuse, qui est heureusement rare, est en effet tres grave; eile a une tendance fatale a se terminer par la suppuration, qui suit d'ailleurs de tres pres I'hepatisation; aussi faut-il se hater d'appliquer un traitement approprie, des qu'on pout en soupconner I'apparition, sans quoi on est expose a n'ob-tenir aucun resultat, si on agit quand I'hepatisation est dejä pro-cluile.
On distingue encore des gourmes eruptives, des gourmes erratiques externes et internes (Ch. Martin) et des gourmes ner-veuses.
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Les gourmes eruptives sont celles qui s'accompagnent d'erup-tion; mais en ce cas I'eruption n'est jamais seule, eile coexiste avec d'autres symptömes.
Les gourmes erratiques sont celles qui se compliquent d'ade-nites, de phlegmons, d'abces dans diverses regions exterieures ou dans diverses regions internes; elles peuvent etre tres graves.
La gourme nerveuse est celle qui se complique de symptömes nerveux, de symptömes de paralysie, de vertige, d'immobi-lite, de tetanos; eile est toujours grave, presque toujours mor-telle.
Suivant les circonstances favorables ou defavorables qui entou-rent les malades, et suivant les formes, la maladiepeut durer plus ou moins longtemps et se terminer favorablement ou d'une ma-niere fatale. Elle n'est guere mortelle, qu'autant qu'elle s'accom-pagne de pneumonie, de complications nerveuses, de phlegmons et d'abces internes; pourtant l'angine gourmeuse peut quelquefois occasionner l'asphyxie.
Quand la gourme se termine par la guerison, il n'y a pas ordi-nairement de convalescence, sauf dans les cas graves; le plus sou-vent l'affection, en disparaissant, ne laisse aucune trace de son passage. Pourtant il peut arriver qu'elle laisse apres eile un oedeme, un epaississement de la pituitaire, d'oii resulte une gene dans la respiration et un bruit de sifflement ou de cornage; le meme etat peut persister dans la muqueuse laryngienne.
Quand la gourme se termine par la mort, celle-ci est la conse­quence de l'asphyxie, del'infectionpurulente, de l'epuisement, etc.
La morve ne peut pas etre la consequence de la gourme, comme certains observateurs I'ont avance; la gourme reste elle-meme, mais eile peut se compliquer d'infection purulente et meme de morve, si les gourmeux sont exposes h la contagion morveuse.
Les animaux gueris de la gourme ont acquis l'immunite; et ceux qui ont bien jete leur gourme, sont plus robustes que ceux chez lesquels la maladie a ete contrariee, mal guerie. En outre, il resulte des observations et des experiences de M. Gh. Martin, que cette affection facilite la guerison d'autres maladies, telles que le crapaud, les eaux aux jambes, les dartres* les oedemes. Des ani­maux atteints de ces affections se sont gueris plus facilement et plus rapidement quand on leur a eu confere la gourme.
Le pronostic de l'affection gourmeuse n'est pas grave ordinal-
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rement, bien qu'il s'agisse d'une maladie contagieuse, car le plus souvent la terminaison est favorable. Pourtant 11 ne taut pas ou-blier que la transmission est possible et meme facile. Quand la gourme s'introduit dans une localite, dans une habitation, eile se propage tres rapidement et devient epizootique.
Le diagnostic de cette maladie n'est pas toujoursfacile; on peut la confondre avec le coryza, avec I'angine, avec labronchite, avec la pneumonia ordinaires, etc. La Symptomatologie est souvent in-suflisante pour permettre d'etablir un diagnostic h peu pres cer­tain; il faut recourir aux renseignements, rechercher les antece­dents des malades et la cause morbigene. Le coryza, I'angine, etc., simplement inflammatoires sont provoques par faction de causes ordinaires, par un refroidissement, par le contact de poussieres irritantes, que l-'air introduit dans les voies respiratoires, etc. La gourme, au contraire, se montre sans qu'aucune de ces causes puisse etre invoquee pour expliquer son apparition; on la voit se propager d'un animal h I'autre. En 4, 8,10 jours, eile s'est eten-due, ellc a attaque successivement un nombre plus ou moins considerable d'animaux, eile s'est propagee pur contagion; et cette allure suffit pour permettre dela distinguerdes maladies inflamma­toires simples. Dans certains cas, le farcin et le horsepox peuvent simuler la gourme, mais il est pourtant facile de determiner ce qui appartient a l'une et a I'autre affection, en suivant revolution de la maladie ä diagnostiquer. Outre que les symptömes de farcin ne ressemblent Jamals absolumentäceux de la gourme, celle-ci tend ä se terminer par la guerison, tandis que le farcin tend toujours a s'ag-graver et äprendre de l'extension. Le horsepox, comme la gourme, peut presenter des eruptions, s'accompagner de lymphangites, d'adenites, de coryza, etc.; mais l'inoculation pennet de distin-guer les deux affections. Le produit de la pustule du horsepox n'est virulent qu'au debut; quand il devient purulent, il cesse d'e­tre actif. Dans la gourme, au contraire, le pus est inoculable, de plus, le horsepox confere une immunite de courte duree, tandis que celle donnee par la gourme est tres longue.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
L'etude des lesions de la gourme est peu importante. Cotte ma­ladie est accompagnee d'alterations sembiables ä celles qu'on ob-
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serve dans le coryza, la laryngite, la bronchite, etc., inflammatoires sauf quelques variantes peu marquees.
Les lesions sont plus ou moins etendues, plus ou moins avan-cees et se montrent sur unplusou moins grand nombre d'organes; elles consistent en congestions, exsudats, inflammations, phleg­mons, oedemes, catarrhes, suppuration, et quelquefois gangrene, septicemie, foyers d'infection purulente, metastases, etc.
A la surface de la peau, on retrouve les eruptions dejä signalees ou leurs traces. Dans le tissu conjonctif il y a des phlegmons, des abces. On voit parfois des lesions de synovite, d'arthrite, qui peu-vent etre suppuratives, des lesions de fourbure, accompagnees ou non de la gangrene des tissus du pied. Dans le Systeme ganglion-naire on observe des lymphangites h peu pres semblables, sous le rapport de leur constitution h celles du farcin, et des adenites riches en elements figures, abcedees ou en voie de s'abceder.
Dans I'appareil respiratoire, sur la pituitaire, sur la muqueuse laryngienne, sur les muqueuses tracheale et bronchique, il y a de la congestion, de l'oedeme, de l'epaississement, du boursouflement, un etat catarrhal, caracterise par la production de muco-pus gri-sätre. Dans le poumon, independamment des lesions de l'asphyxie, de la septicemie, de l'infection purulente, on rencontre parfois des lesions de pneumonie avechepatisation, de pneumonie purulente; on constate non pas seulement de la simple congestion, de la sim­ple hepatisation, mais des collections purulentes, des abces, qui peuvent etre en communication avec les bronches, de la suppura­tion disseminee; et, dans ce dernier cas, on voit sur une coupe de l'organe, en pressant legerement, sourdre un liquide rouge-grisä-tre, riche en elements purulents. On pent rencontrer aussi des lesions de la pleuresie, resultant de l'extension de la maladie ou survenues a la suite de l'abcedation des ganglions prepectoraux ou bronchiques et de leur ouverture dans la cavite thoracique. II y a parfois de la pericardite, etc.
La muqueuse de I'appareil digestif presente aussi parfois un etat catarrhal dans toute son etendue. De meme que dans la cavite tho­racique il y a aussi quelquefois inflammation de la sereuse, resul­tant de l'extension de la maladie ou determinee par l'abcedation des ganglions inguinaux ou sous-lombaires.
Les organes genitaux, les testicules, la sereuse testiculaire, les enveloppes testiculaires peuvent etre enflammes.
Dans les centres nerveux on pent observer de la congestion, soil des meninges, soit du cerveau et de la moelle, un epanchement
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dans les ventricules cerebraux, dans Tarachnoide, une infiltration du tissu de la moeile et du cerveau, des abces dans le cerveau, dans la moeile.
ETIOLOG1E
On a invoque et Ton invoque encore tous les jours certaines causes ordinaires, comme pouvant cxercer une influence plus ou moins efficace dans la production de la gourme.
Jadis on croyait que cette raaladie pouvait apparaitre spontane-ment; et de nos jours, de nombreux veterinaires admettent en­core qu'elle pent naitre k la suite de certaines influences venant du monde exterieur ou inherentes aux individus; mais ilest cer­tain que Ton a souvent pris pour de la gourme des etats morbides, qui la simulaient, et qu'ainsi on a transporte, dans Tetiologie de cette affection, les causes susceptibles de faire naitre un coryza, des angines, des bronchites ordinaires. En realite, la spontaneite de la gourme n'est pas demontree; il n'y a pas lieu de l'admettre, car lorsque la maladie se developpe, on peut toujours en suivre la filiation, qui montre qu'elle est le resultat de la contagion.
On a invoque, comme causes predisposantes ou comme causes occasionnelles susceptibles de provoquer la gourme, I'espece, le temperament, Tage, la domestication, la dentition, les climats, les saisons, les changements de saison, les variations atmospheriques, les migrations, racclimatement, le passage des animaux de Fecu-rie au päturage, les changements de regime, rencombrement et l'agglomeration des animaux, la preparation k la veute, le dres­sage, la mise en service, etc.; or aucune de ces causes ne peut determiner la gourme.
L'espece constitue une predisposition; mais la meme predis­position existe pour d'autres maladies, et, dans aucun cas, eile ne peut expliquer k eile seule I'apparition d'une affection con-tagieuse.
Le temperament lymphatique constitue aussi une predisposition, surtout une predisposition k la gourme suppurative.
Le jeunc age est egalement une condition predisposante, mais rien de plus; et d'ailleurs la gourme peut attaquer les animaux adultes et meme les animaux vieux, qui n'ont pas subi une pre­miere atteinte.
La dentition qui, au dire de. certains veterinaires, occasionne-rait la gourme, en determinant un afflux sanguin plus considerable
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vers la tete, ne joue pas le röle qu'on lui a attribue; parmi les chevaux qui font leurs dents, 11 n'y a que ceux qui sont exposes ä la contagion qui peuvent devenir gourmeux.
La domestication, l'etat de domesticite, peut bien eU-e une cir-constance favorable a la contagion, mais 11 ne fait pas naitre la gourme, qui se montre d'ailleurs sur les animaux vivant k Tetat sauvage dans certains pays.
Les climats humides, les Saisons froides et humides, les chan-gements de saison, les variations atmospheriques peuvent occa-sionner des maladies qui simulent la gourme et non la gourme proprement dite.
Les migrations, les deplacements, les voyages, les marches, les transports favorisent l'apparition de la gourme chez les animaüx deplaces, en faisant naitre ou en multipliant les occasions de con­tact avec des animaux malades ou des objets souilles; mais quand la maladie se montre a la suite d'une migration, d'un deplace-ment, et eile se montre assez souvent, c'est parce qu'elle a ete transmise aux animaux deplaces clurant le voyage, durant le trans­port.
Quand les animaux passent de 1'ecurie au paturage, ils sont exposes a raction des refroidissements, et 11 peut en resulter un coryza, des angines, etc., qu'on a pris quelquefois pour de la gour­me ; ils sont aussi, dans leurs rapports avec les animaux du voisi-nage aux abreuvoirs, aux päturages, dans les chemins, etc., expo­ses a contracter la gourme, si la maladie regne dans d'autres ecuries.
Les changements de regime ne peuvent produire la gourme qu'autant qu'on contamine les animaux avec le nouveau re­gime.
L'encombrement et les agglomerations d'un certain nombre d'animaux sont des circonstances qui favorisent l'extension do la maladie, quand eile existe sur un ou plusieurs sujets.
La preparation ä la vente, par l'emploi de tel ou tel regime, ne peut faire apparaitre la gourme, qui,, si eile se montre apres la vente, est le resultat d'une contagion produite pendant le depla-cement ou pendant I'exposition en vente, ou apres l'arrivee des animaux dans le lieu de leur nouvelle destination.
Le dressage et la mise en service favorisent la contamination des animaux, qui sont ainsi forcement exposes ä avoir des contacts directs ou indirects avec d'autres sujets.
La gourme ne nait Jamals spontanement; eile est toujours le
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resultat de la transmission; et, si on etudie attentivement lesfaits, on constate qu'elle est surtout frequente chez les chevaux qui voyagent, qui sont employes au roulage ou pour le service des voitures publiques; car ces animaux finissent toujours par etre mis en contact avec des chevaux malades, ou sont logees dans des habitations souillees et mangent dans des auges non desinfectees, ou regoivent des aliments ou des boissons infectes.
On s'explique d'ailleurs sans peine la propagation de la gourme; les animaux gourmeux ne sont I'objet d'aucune mesure sanitaire. Ceux qui sont peu malades sont utilises comme ä l'ordinaire, et ceux qui ont ete traites sont toujours remis a leur service avant d'etre completement gueris; enfin le virus gourmeux semble done d'une certaine puissance de resistance.
On comprend aisement que toutes ces conditions reunies faci-litent singulierement la propagation de la maladie et diminuent beaucoup les rares probabilites qu'on a invoquees en faveur de la spontaneite avec quelque semblant de fondement. D'un autre cöte il est avere que, malgre les causes de spontaneite, la gourme ne se montre pas, frequemment sur les chevaux de luxe, qui sont rarement mis en contact avec d'autres chevaux et qui ne sont pas exposes k la contagion. II en est de meine chez les petits proprie-taires, qui n'ont qu'un ou deux chevaux et qui ne les exposent guere ä la contagion, qui ne les mettentguere en rapport avec les animaux du voisinage.
En resume, la gourme est toujours contagieuse et jamais spon-tanee.
Contagion. — La contagion avait ete admise par les hippiä-tres et les anciens veterinaires; eile tut niee par les partisans de la doctrine physiologique, qui ne voyaient en eile qu'une maladie inflammatoire non contagieuse; aujourd'hui eile est admise ä peu pres par tout le monde.
L'observation ancienne et l'observation recente, comme I'ob-servation de tous les jours, demontrent la transmissibilite de la gourme; on a cite de nombreux cas de transmission bien observes. M. Charles Martin en a constate un bon nombre, et il a reconnu que la transmission se fait ordinairement par l'intermediaire des auges, des mangeoires, des abreuvoirs, des päturages infectes.
11 resulte de 1'observation clinique que la gourme devient ordi­nairement enzootique dans les ecuries oü eile est introduite; eile ne se borne pas ä un ou ä quelques animaux, si on ne prend au-cune precaution pour arreter son extension. Ella atteint un plus
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ou moins grand nombre d'individus, eile ne respecte que ceux qui ont dejii rimmunite ou qui sont isoles.
Done un cheval gourmeux, introduit dans une ecurie, infecte les autres animaux. Inversement, les animaux sains, introduits dans une ecurie or. existent des gourmeux, contractent la mala-die; et, d'une maniere generate, les animaux sains, mis en rapport direct ou indirect avec des malades, deviennent ordinairement malades k leur tour. Enfin quand on veut que les chevaux sains d'une habitation soient epargnes, il suffit d'isoler les malades, d'empecher tout contact direct ou indirect entre eux et les sujets sains.
La contagion de la gourme est d'ailleurs bien demontree par rexperimentation, par I'inoculation. On a bien dit que cette ma-ladie n'etait pas inoculable, quoique contagieuse, mais e'etait faute de n'avoir pas su trouver le siege du virus ou de ne I'avoir pas su inoculer.
Gobi er injecta, dans le nez de six animaux solipedes, du muco-pus gourmeux ; il n'obtint qu'un resultat positif et encore ce resul-tat n'u-t-il aucimc signification, car la suite de I'inoculation fut un simple coryza, et le pus ordinaire pourrait produire le meme resultat.
Toggia affirme avoir inocule avec succes la gourme ä 74 pou-lains et leur avoir ainsi confere rimmunite.
M. Charles Martin a, de son cote, purfaitement reussi a trans-mettre la gourme experimentalement et ä creer rimmunite. II a precede de difTerentes manieres ; il a inocule le produit gourmeux avec la lancette; souvent il s'est servi d'une baguette garnie d'e-toupe h une extremite, ou de l'index recouvert pareillement; il a impregne l'etoupe avec de la matiere gourmeuse, et ensuite il en a frictionne la pituitaire de la cloison nasale, de maniere ä en ex-corier un pea la surface. 11 a inocule differents produits avec suc­ces; il a obtenu la gourme avec le muco-pus du jetage, avec la serosite de ce muco-pus, avec le produit purulent des abces ou des plaies.
La premiere experience positive date de 1857; le muco-pus gour­meux avait ete inocule ii un cheval de quatre ans, par piqilres, au pourtour des naseaux et h la levre superieure;-trois jours apres I'operation, la gourme se montrait; il y eut de la lymphangite, de la toux, du jetage, de la flevre, un abces intermaxillaire et un autre abces sous-parotidien douze jours apres la guerison apparente. En 1857-58, il pratiqua deux nouvelles inoculations, qui furent
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suivies de gourme. En 1859-60-63, il eut l'occasion de faire qua-torze inoculations, dont douze furent suivies de gourme; les deux insucces furent constates sur deux chevaux qui avaient eu la ma-ladie. Les inoculations suivies de succes avaient ete faites : neuf avec du muco-pus; une avec du pus; deux avec la serosite du muco-pus. Parmi les douze chevaux ainsi rendus malades, sept transmirent la gourme par cohabitation a d'autres animaux; cinq etaient affectes de crapaud; un d'eaux aux jambes; un de dartres; un d'oedemes des membres; et chez tons la gourme sembla favo-riser la guerison de la maladie preexistante. La periode d'incuba-tion fut de trois, quatre, cinq jours; eile a la meme duree, quand il s'agit de la aontagion naturelle; mais il arrive parfois que les premiers symplomes, quoique manifestes dejä le 3deg;, le 4deg; ou ie 5deg; jour, lie sont apercus que le 6deg;, le 7deg; ou le 8e jour.
La contagion joue I'uniqae role dans la production de la gour­me; toutes les causes invoquees par les spontaneistes doivent etrc considerees tout au plus corame de simples circonstances adju-vantes ou preparatoires.
Le uontage gourmeux existe done dans le muco-pus du jetage, dans le pus et vraisemblablement dans tons les produits de secre­tion morbide; il existe probableinent aussi dans le sang, au moins a certains moments, car la maladie est transmissible par la voie uterine; la jument, qui est gourmeuse au moment du part, trans-met la maladie h son poulain, et lors meme qu'a I'accouchement eile semble guerie, elle pent encore mettre au jour un poulain gourmeux.
II y a lieu de se demander si le virus siege dans d'autres pro­duits de l'organisme. A ce sujet on n'est pas bien fixe, et, parce qu'une jument devenue gourmeuse en allaitant son poulain, lui atransmis la gourme, on ne saurait en inferer que le lait est viru­lent, car le jeune animal a pu puiser le virus ailleurs que dans le lait; il y a lieu de faire ä ce sujet deg recherches precises.
Le virus de la gourme est ce qu'on appelle un virus fixe; il pe-netre dans Torganisme par l'intermediaire de vehicules liquides ou solides. II pent vraisemblablement aussi se trouver parfois en suspension dans l'atmosphere et penetrer dans les voies respira-toires avec l'air. Ses caracteres et sa nature sont inconnus encore. II est produit en plus ou moins grande quantite, suivant I'exten-sion des lesions; il est excrete par les voies respiratoires, par les diverses lesions, oil il est secrete. 11 existe des le debut de la ma­ladie, aussitot apres la contamination, et l'epoque de sa dispari-
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tion reste a determiner. On ne sait done pas pendant combien de temps un animal gourmeux est dangereux; on ne sait pas s'il cesse d'etre dangereux quand il semble gueri en apparence.
Le contage gourmeux, rejete dans le monde exterieur, pent s'y conserver pendant un temps plus ou moins long, suivant les cir-constances. M. Charles Martin pensequ'il sedetruit lentement; et il cite des cas dans lesquels 15 jours, 49 jours apres son arrivee dans le monde exterieur, il s'est encore montre actif; un froid mo­dere, une chaleur moderee, i'humidite et la secheresse ne le de-truiraient que lentement; il se conserverait done sur les man-geoires, sur les räteliers, sur les fourrages et dans les boissons elles-memes.
Ces donnees, que de nouvelles recherches doivent preciser davantage, permettent de prevoir et de prevenir le danger, e'est-ii-dire la contagion par les objets infectes, qui devront etre sourais h une desiiit'ectlon.
La gourme pent se transmettre par contagion immediate; mais le contact direct des malades avec les sains n'est pas necessaire, et la maladie se transmet le plus souvent, suivant M. Charles Martin, par les fourrages et les boissons souilles, e'est-a-dire par contagion mediate ou indirecte; eile se transmet aussi parfois par l'intermediaire de l'air, attendu que, dans une ecurie oü regne la gourme, on pent voir la maladie se propager aux animaux qui sont eloignes des malades, tandis que les voisins ne sont contamines que plus tard.
Les agents de contagion sont done les malades eux-memes, les objets impregnes de virus, les fourrages, les litieres, les boissons, les objets de pansage, les personnes qui soignent les malades.
La transmission est plus ou moins facilitee par certaines condi­tions, par l'ägglomeration d'un certain nombre d'animaux, par la cohabitation, par les repas en commun, par la IVequentation des abreuvoirs publics, des päturages, par les transports, par les wa­gons et les habitations non desinfectees, par les voyages, etc., etc.
Lorsque la contagion s'eflectue, le virus penetre dans le nouvel organisme, quelquefois par les voies respiratoires, souvent par les voies digestives, parfois par la voie placentaire, par la peau ex-coriee,
Le Systeme lymphatique joue unröle important dans la genera­lisation de la maladie, comme dans les autres affections conta-gieuses; il est presque toujours le siege de lymphangites etd'ade-nites suppuratives.
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On s'est demande si I'affection est plus contagieuse a son debut qu'a la fin; des observations prouvent qu'elle se transmet plus t'acilement lorsqu'elle est k sa periods de debut que lorsqu'elle est arrives ii sa periode de declin.
line premiere atteinte confere-t-elle I'lmmunite ?
De nos jours, beaucoup de veterinaires pretendent encore que la gourme ne confere pas I'lmmunite, et ils disent qu'un animal pent contracter la meme maladie chaque fois qu'il est expose ä la contagion. Les observations de M. Charles Martin prouvent au contraire que la gourme confere l'immunite; et cette immunity dure pendant un temps assez long, encore indetermine.
La gourme est-elle une maladie inevitable, necessaire ?
De ce qu'on I'observe surtout chez les jeunes chevaux, il ne faut pas en conclure qu'ils doivent fatalement la presenter un jour, car on voit des animaux qui ne la contractent jamais ; le jeune age n'est done pas une cause capable de la faire naitre.
TRAITEMENT
Le traitement de la gourme consiste clans l'application de me-sures sanitaires et hygieniques et dans I'emploi d'agents thera-peutiques.
Dans la police sanitaire, on ne s'est guere occupe de la gourme. De meme que le nouveau projet de loi, notre ancienne legislation sanitaire, qui est encore actuellement en vigueur, ne laprevoit pas ; cependant on peut demander l'application de certaines mesures, pour empecher son extension; et dans certains cas il peut etre bon d'agir ainsi.
Actuellement on ne fait rien pour empecher sa propagation, et e'est lä un abus; on devrait au moins exiger l'isolement des ma-lades et la desinfection des objets souilles.
Dans tons les cas et quelle que soit la forme de la maladie, les soins hygieniques sont tres iraportants.
Dans les formes benignes, on se contente souvent d'une bonne hygiene et cela suffit. II faut toujours tenir les habitations propres, bien aerees, (üviter les refroidissements, les courants d'air, cou-vrir les malades, les laisser au repos si besoin en est, leur donner une nourriture de bonne qualite et de facile digestion, ne jamais
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les mettre a la diete, car la gourme est une maladie debilitante; la diete est toujours prejudiciable, et quand eile n'entraine pas de plus graves consequences, eile rend la convalescence plus longue et retarde la guerison.
II faut enfln, dans tous les cas, prevenir ou faire cesser les causes defavorables qui agissent sur les malades, ou en attenuer les effets.
Le traitement therapeutique doit repondre ä plusieurs indica­tions qui sont generales, convenant ä tous les cas, ou speciales, s'appliquant ä chaque forme en particulier.
Les indications generales qu'il importe de remplir sont au nombre de trois:
d0 II faut prevenir, empecher les localisations internes, les atte­nuer, les deplacer; il faut agir energiquement et ä temps, pour deriver le mal, pour le deplacer. Certains faits, que la nature nous fournit, prouvent que la derivation a sa raison d'etre et indiquent comment il faut I'obtenir. Ainsi, quand des animaux recemment operes de la castration contractent la gourme, il arrive parfois qu'un abces se produise dans la region malade, parce que lä il y a un stimulus.
II laut imiter la nature et deriver la maladie, enprovoquant une irritation dans une region, oü eile ne peut avoir aucune suite fä-cheuse.
M. Charles Martin conseille vivement dans ce cas l'emploi du seton au poitrail, sur les cotes du thorax, sur les cötes des poches gutturales, aux fesses/etc; il n'estpas partisan des autres moyens, pas meme de la moutarde, qui neanmoins doit trouver sa place, au meme litre que le seton, dans le traitement de la gourme.
Dans certaines contrees, le seton peut secompliquer plus facile-ment de septicemie, notamment dans le Midi, et la moutarde lui est bien preferable. Ce moyen, employe convenablement et laisse en place assez longtemps, peut amener la mortification d'une portion de peau, tout en provoquant un engorgement consi­derable; puis, quand I'elimination s'opere, il se produit une sup­puration abondante, qui remplace bien celle du seton, et la plaie qui en resulte est toujours sans gravite.
2deg; II faut abreger la duree de la maladie, en aneantissant son germe, qui est probablement de meme ordre que celui des autres maladies virulentes. II convient done d'employer les agents para-sitaires, les antibaetöriens, les antiseptiques et surtout I'acide
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phenique, qu'on administre en electuaires, en boissons, en fumi­gations, les pyrogenes en general, l'essence de terebenthine, le goudron, Tassa-fcetida, l'acide arsenieux, le protosulfure d'anti-moine.
L'acide arsenieux et l'acide pbenique sont les deux agents qui conviennent le mieux.
3Ü II faut soutenir et relever les forces des malades; et dans ce but recourir, suivant les lesions, aux toniques divers, a la gen-tiane, aux ferrugineux, etc., soit pendant le cours de la maladie, soil pendant la convalescence.
Les indications speciales sont relatives aux diverses formes qua revet la maladie. Ainsi on combattra le coryza, comme dans les cas ordinaires, par des injections astringentes, detersives, cathe-retiques; suivant les cas, on emploiera I'eau blanche, la solution de sulfate de zinc, la solution de nitrate d'argent, les fumigations de goudron. On ouvrira la collection des sinus et on pratiquera les memcs injections que dans le nez. On ponctionnera les abces di­vers, ceux des poches gutturales. On traitera les lymphangites, les adenites, les phlegmons par des applications vesicantes ou fon-dantes. On pansera les plaies avec des cicatrisants, avec la solu­tion d'acide phenique. On appliquera h l'angine et a la bronchite gourmeuses le meme traitement que dans les cas ordinaires; on fera des applications vesicantes sous la gorge ; on placera des se-lons sur les faces de l'encolure; on pratiquera la tracheotomie, s'il y a menace d'asphyxie; on aura recours aux fumigations de goudron, si la maladie devient chronique.
Quand il y aura menace de pneumonie ou pneumonie commen-cante, il faudra agir tres energiquement et sans retard; on appli­quera la moutarde sous la poitrine; on passera un seton sur chaque face du thorax. Quand la pneumonie s'est compliquee de suppuration ou de septicemie, le cas est desespere et la mort ne peut etre conjuree.
S'il y a ophthalmic, on fera des lotions avec des collyres astrin­gents, laudanises, avec l'infusionde fleurs de sureau, etc.
Pour I'enterite, on aura recours aux raucilagineux.
Centre I'anasarque, on emploiera un traitement local et un traitement general; on fixera les engorgements exterieurs au moyen de frictions legerement irritantes; puis on en facilitera la resorption par des frictions resolutives; on donnera aux malades des antiseptiques, de l'acide phenique, etc.
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Les arthrites et les synovites seront traitees comme d'habitude, pai' les vesicanls el les fondants.
Les formes nerveuses seront traitees comme le vertige, I'immo-bilite, la paraplegic, le tetanos ordinaires.
Les adenites et les phlegmons internes seront derives par I'ap-plicution d'un ou de plusieurs setons dans la region la plus voi-sine du point qu'on suppose malade; M. Charles Martin a fait avorter l'adenite du bassin, en appliquantun seton ä chaque fesse.
Quand la maladie a ete grave, la guerison est souvent precedee d'une periode de convalescence, pendant laquelle il faut donner aux animaux une bonne alimentation et des toniques.
Dans letraitement de la gourme, il faut toujours eviter certains ecueils; il faut delaisser absolument la saignee, les purgatifs vio-lents, qui pourraient provoquer une metastase sur I'intestin, I'eme-tique qui est alterant, et meine les purgatifs legers, les sulfureux, les antimoniaux, sauf le protosulfure d'antimoine, etc.; il faut en un mot delaisser les agents debilitants, les agents irritants et les alterants. II ne faut pas non plus employer le vesicatoire ä titre de derivatif, il faut le reserver centre les accidents locaux, les ad6-nites, les arthrites, las phlegmons, etc.
Le cheval atteint de gourme peut-il etre livre k la consommation ? Non; tous les animaux malades doivent etre refuses, et ä fortiori les chevaux gourmeux, surtout lorsqu'ils presentent de la flevre, des catarrhes, des suppurations, etc., et meme on devra refuser tout cheval ne presentant que des symptomes legers de la maladie.
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CHAPITRE XIV
MALADIE DU JEUNE AGE
Definition. — La maladie du jeune age, qu'on observe sur les jeunes chiens et les jeunes chats, est une affection generate, h manifestation plus ou moins complexe, decelee par un etat ca-tarrhal des principales muqueuses, surtout de la muqueuse res-piratoire, de la muqueuse oculaire, de la muqueuse digestive, par des symptomes nerveux et par une eruption assez frequente h la surface de la peau; eile est caracterisee par des inflammations catarrhales et purulentes des organes, qu'elle attaque ordinaire-ment, par la propriete qu'elle a de se transmettre et de pouvoir etre inoculee.
Elle offre des analogies avec la gourme des solipedes; eile pent se presenter avec les symptomes du coryza, de la bronchite, de la pneumonic, de la conjonctivite, de la gastro-enterite, etc; mais eile est specifique et contagieuse; eile se transmet des animaux malades ä ceux qui sont sains.
On 1'appelle encore mowe, gourme, rhinite catarrhale, bronchite catarrhale, maladie des jeunes chiens.
SYMPTOMATOLOGIE
Les symptomes de la maladie du jeune age sont souvent tres caracteristiques et tres nombreux; ils sont faciles ä apprecier. L'affection attaque les jeunes chiens et les jeunes chats, depuis la naissance jusqu'ä un an ou un an et demi. On 1'observe dans les diverses contrees. Elle est plus frequente et plus grave a la ville qu'ä la campagne. Elle s'annonce toujours par des prodromes, qui sont plus ou moins marques, suivant qu'elle doit etre plus ou moins grave, et qui consistent dans les modifications suivantes:
Les animaux perdent leur gaite, deviennent tristes, paresseux, ils tombent dans l'abattement et l'insouciance; ils sont plus sensibles
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au froid; ils ont unefievre plus ou moinsintense; le mufledevient chaud et sec; l'appetit diminue ou disparait; la soif persiste ou devient plus vive; la beuche devient chaude; les differentes fonc-tions se troublent.
Bientot apparaissent des symptomes plus caracteristiques et plus ou moins complexes; e'est assez dire que la maladie peut affecter des formes et des degrös variables, suivant la localisation de ses lesions, et suivant l'ensemble des symptomes dont eile s'aecompagne.
II convient de reunir en un tableau complet les divers sympto­mes dont eile peut s'aecompagner dans ses diverses formes, et de distinguer ensuite ses degres et ses varietes.
L'appareil respiratoire est toujours plus ou moins atteint; il est toujours le siege de lesions plus ou moins etendues et presente des symptomes de coryza, detracheo-bronchite, de pneumonie etmeme parfois de pleuresie.
On constate toujours les symptomes d'un coryza plus ou moins intense. La pituitaire est toujours alteree, hyperamp;miöe, epaissie, rougeätre, chaude, seche au debut; il y a des eternuments plus ou moins frequents; bientöt la secheresse fait place ä une hyper-secretion, k un etat catarrhal plus ou moins prononce, qui setra-duit par un ecoulement, dont les caracteres varient suivant la Periode de la maladie. Lejetage estd'abord clalr, sereux; il s'epais-sit peu ä peu; il devient plus abondant, mucoso-purulent, blan-chätre, grisätre, verdätre; quelquefois il est strie de sang; il adhere parfois aux alles du nez, gene la respiration, obstrue les naseaux, provoque de l'enchifrfenement et l'apparition du souffle labial.
Le larynx, la trachee et les branches, assez souvent älteres, fournissent des symptomes, qui, quoique moins constants que ceux que presente la pituitaire, sent neanmoins frequents et ira-portants: ce sont des symptomes de laryngite, de tracheite et de bronchite.
La toux, gutturale ou profonde, est d'abord seche, douloureuse, rare, quelquefois quinteuse, plus ou moins forte, parfois avortee; eile devient plus frequente et plus grasse; on constate les signes du catarrhe tracheo-bronebique; on entend des räles muqueux ä grosses, moyennes et petites bulles, et du räle sibilant; la sonorite de la poitrine est normale; mais, lorsquel'inflammation gagne les ramifications bronchiques les plus fines, lorsqu'il y a bronchite
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capillaire, la resonnance diminue et on entend des räles sibilant et sous-crepitant.
Quand la bronchite capillaire se declare, et cela arrive souvent, eile s'accompagne ordinairement de pneumonie. La fievre est alors tres intense; la respiration est genee, acceleree, difficile, doulou-reuse. Get etat est tres grave; la bronchite capillaire se termine presque toujours par la mort, surtout lorsqu'elle s'accompagne de pneumonie, lorsqu'il y a de la matite, du räle crepitant. La pneu­monie de la maladie du jeune äge se termine fatalement par la suppuration, par l'infiltration purulente, qui se produit presque en meme temps que l'hepatisation.
II peut enfin arriver, quoique tres exceptionnellement, que l'in-flammation gagne la plevre et determine une pleuresie avec epan-chement, dont on constate les symptömes.
Du cote des yeux, les alterations sent aussi frequentes que dans les voies respiratoires. La conjonctive, les paupieres et meme la cornee ainsi que les milieux de l'oeil, peuvent eprouver des alte­rations morbides. Les yeux sont pleureurs, chassieux. La conjonc­tive est hyperemiee, rougeätre, catarrhale; plus tard eile devient infiltree, oedematiee, pale, anemique. La chassie ne tarde pas ä devenir purulente, plus abondante, visqueuse, jaunätre, verdä-tre; eile agglutine parfois les paupieres, en sorte que les yeux peuvent etre clos totalement ou en partie.
Des troubles surviennent parfois dans la cornee et dans les mi­lieux de l'oeil. La cornee devient trouble, opaque; eile s'enflamme, eile presente parfois dans son epaisseur un abces, eile devient le siege d'une ulceration ordinairement croissante, qui peut se terminer par la cicatrisation, en laissant ä sa place une tache, ou par la perforation de la membrane et la perte de l'oeil.
Les symptömes fournis par la conjonctive et la cornee sont les plus frequents; ils manquent rarement, quelle que seit d'ailleurs la forme qu'affecte la maladie du jeune äge.
II arrive quelquefois que l'oeil tout entier est malade; il y a alors ophthalmic, les milieux se troublent, le malade craint la lumiere il y a photophobie; et cette ophthalmic peut aussi determiner la perte de l'oeil.
La maladie du jeune äge s'accompagne presque toujours de 16-sions dans l'appareil digestif, dont les differentes portions peuvent ofTrir des symptömes importants. La fonction digestive est toujours
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plus ou moins troublee; I'appetit est diminue ou nul; la soif est souvent accrue, surtout quand 11 y a de la gastro-enterite. La mu-queuse buccale est parfois enflammee, congestionnee, ulc6ree, catarrhale; 11 y a alors un ptyalisme plus ou moins abondant. Quelquefois les malades vomissent; les matieres rejetees sont d'abord alimentaires, puls glaireuses, muqueuses, bilieuses et par­fois striees de sang. On observe les symptomes de la gastro-en­terite, de l'ictere, de l'hepatite, de l'invagination; la soif est vive; le ventre est levrete et douloureux k I'exploration; 11 y a de la constipation ou de la diarrhee; les matieres diarrheiques sont fe-tides, jaunätres, noiratres ou incolores; parfois la dysenterie suc-cede ä la diarrhee. On a Signale l'existence d'une poche, d'un di-verticulum dans le rectum, qui resulterait de l'hypertrophie d'un ou plusieurs follicules reunis.
Frequemment le Systeme nerveux eprouve des alterations, qui se traduisent h I'exterieur par des symptömes varies, appartenant k diverses formes de maladies nerveuses.
On pent observer en effet, dansle cours de la maladie du jeune äge, des symptomes d'epilepsie, de choree, de coma, d'immobilite, de tetanos, de paralysies diverses. Ces complications se mon-trent soit en meme temps que les autres symptomes, soit apres.
Les malades presentent quelquefois de simples convulsions epi-leptiformes; mais souvent 11 se produit une veritable epilepsie, qui se montre habituellement apres les symptomes ordinaires de l'affection, qui progresse rapidement et se complete vite, qui est tres grave, et qui peut provoquer rapidement une terminaison fatale.
La choree se montre frequemment pendant la maladie du jeune äge; eile peut apparaitre au debut, au milieu ou k la fin de la ma­ladie; eile est d'abord partielle et peut rester localisee, mais souvent eile progresse rapidement, eile se complete, devient ge-nerale et se termine par la mort ou par la guerison, qui se pro­duit pendant ou apres la maladie; ordinairement sa disparition est lente.
Quelquefois on observe du coma, de l'immobilite^ de la stupeur. D'autres fois c'est de la contracture dans certains muscles, et meme du tetanos qui se produisent. Le tetanos est ordinairement partiel, localise aux muscles de la tete ou cites membres.
Frequemment on constate des faiblesses et meme des paraly­sies, qui se montrent seules ou apres d'autres complications nerveu-
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ses. Ces faiblesses, ces paralysies sont habituelleraent partielles, localisees ä certaines regions musculaires, aux muscles olecra-niens, etc. Elles s'accompagnent de boiterie et d'atrophie mus-culaire. Parfois cependant c'est une veritable hemiplegie, ordinai-rement incomplete et plus ou moins accusee. D'autres fois c'est une paraplegic plus ou moins prononcee. Les paralysies, quelles qu'elles soient, peuvent disparaltre ä la longue, meine sans trai-tement; elles s'amendent d'abord rapidement, mais ensuite elles s'effacent lentement, malgre l'emploi des excitateurs.
Quelques malades presentent des convulsions et des acces rabi-t'ormes.
II se produit assez souvent des modifications dans les nerfs de la sensibilite; certains malades deviennent sourds, d'autres aveu-gles, amaurotiques; d'autres enfin perdent l'odorat et deviennent impropres ä la chasse.
La peau offre frequemment des symptömes (des eruptions), qui sont tres importants, parce qu'ils permettent de rapprocher la maladie des jeunes chiens de la gourme des solipedes et des au-tres maladies eruptives. Ces eruptions sont ou des papules, ou des vesicules, ou des vesico-papules, ou des pustules. Ordinairement l'eruption cutanee debute par une tache rougeätre, arrondie, qui s'accompagne d'une exsudation sereuse; cette serosite souleve l'epiderme et forme une vesicule, qui, d'abord plate, s'arrondit, de-vient convexe, pisiforme, et reste entouree d'une zone rougeätre. Les vesicules ainsi formees sont peu consistantes; elles sont faci-les ä detruire; elles sont disserainees, discretes, eparses ou con-fluentes; elles apparaissent toutes ensemble ou successivement; elles se montrent de preference dans les regions oü la peau est line et souple, ä la face interne des cuisses, ä la region des organes genitaux, au dessous du ventre, etc., mais on peut les rencontrer partout.
Ces eruptions durent peu, mais elles peuvent quelquefois reap-paraitre dans le cours de la maladie une seconde et meme une troisieme fois. Elles peuvent se montrer a differentes periodes de l'affection, au debut ä la periode d'etat, et ä la periode de declin. Elles se dessechent tres vite et sans laisser ordinairement des ci­catrices apparentes. II arrive cependant, dans des cas exception-nels, qu'elles sont confluentes, qu'elles laissent apres elles des plaies superficielles, qui sont le siege d'un suintement plus ou moins abondant, et rpii sont suivies de taches cicatricielles visi-
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bles pendant un certain temps. On voit quelques rares cas, oü I'eruption est non seulement confluente, rnais encore generalisee ä toute la surface du corps.
L'eruption cutanee ne pent guere etre interpretee dans un sens favorable ou defavcrable; pourtant j'al vu guerir tousles animaux qui Font presentee, meme ceux qui Font eue confluente et gene­ralisee.
Le produit elabore par les vesicules ou vesico-pustules est viru­lent, inoculable; les experiences recentes de M. Trasbot ont leve tout doute a ce sujet.
On pent voir dans des cas, tres rares il est vrai, des tumeurs phlegmoneuses, ayant de la tendance äse terminer par I'abcedation, se former sous la peau.
II y a parfois de l'otite et du catarrhe auriculaire.
L'appareil circulatoire et surtout le sang offrent souvent des modifications importantes. Lorsque la maladie est grave, lorsque les lesions sont generalisees, le sang s'appauvrit rapidemeut, et 1'aneraie, le marasme en sont souvent la consequence. On pent constater les symptömes de la pericardite.
Les lesions de la maladie peuvent s'etendre ä l'appareil genito-urinaire. Les urines deviennent fetides, plus chargees; la mu-queuse genito-urinaire devient parfois catarrhale et secrete un muco-pus jaunätre, verdatre ou grisätre.
La nutrition est plus ou moins atteinte suivant la gravite de la maladie, suivant la generalisation des lesions; les malades s'affai-blissent, deviennent anemiques, maigrissent, tombent dans le marasme.
Formes de la maladie. — La maladie du jeune age pent s'accompagner d'un nombre plus ou moins considerable de symp­tömes ; eile peut se montrer sous diverses formes plus ou moins complexes et plus ou moins graves, qu'on distingue suivant la localisation des lesions et la predominance de tels ou tels carac-teres.
La forme la plus frequente est celle qui se caracterise par des symptömes de coryza, de conjonctivite, par du jetage et de la chassie. II arrive souvent que certains malades ne presentent que ces symptömes. La maladie est alors benigne, et il suffit ordinai-rement d'une bonne hygiene et d'une bonne nourriture, pour en triompher au bout de 10 ä 15 jours au plus.,
Une autre forme assez frequente est celle qui s'accompagne de coryza, de conjonctivite et de bronchite, et qui se decele par du
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jetage, de la chassis et de la toux; eile n'est pas non plus bien grave et eile peut guerir facilement ä l'aide d'un traitement con-venable, surtout si Ton s'attache a prevenir les complications ulterieures.
Mais lorsque la maladie s'etend au poumon, eile est beaucoup plus grave et se termine presque toujours par la mort. En effet, la forme thoracique proprement dite, qui s'accompagne de bron-chite capillaire et de pneumonie, est la plus dangereuse, c'est celle qui est le plus sürement et le plus rapidement raortelle.
La forme abdominale, qui s'accompagne de symptömes fournis par I'appareil digestif, de symptömes de gastro-enterite, de vo-missement, de diarrhee, d'invagination, est tres grave aussi, sur­tout quand cette derniere complication se produit.
Ces diverses formes peuvent se combiner, se melanger, et en outre elles peuvent se compliquer d'eruption et de symptömes nerveux, pas oü elles se trouvent naturellement plus ou moins aggravees, surtout quand elles s'accompagnent d'epilepsie, de choree, de paraplegic; la guerison est plus difficile ä obtenir, et eile se produit lentement; la maladie peut durer 20, 30, 40 jours et meme laisser des traces apres ce delai. En effet, apres la gueri­son apparente, les animaux conservent parfois des inflrmites, des vestiges de symptömes nerveux, des faiblesses, des quasi-paraly-sies, des mouvements choreiques dans certaines regions, etc.
Rien n'est done plus variable que I'expression, la gravite, la marche, revolution et la duree de la maladie du jeune age; tout depend du nombre, du siege et de l'intensite des lesions et des symptömes.
La terminaison de la maladie n'est pas toujours favorable, il s'en faut bien. Des statistiques montrent qu'elle tue en moyenne deux malades sur trois; mais c'est lä une note trop elevee, car les statistiques ne portent ordinalrement que sur les cas graves. Neanmoins la mort est souvent la consequence de la maladie; eile est occasionnee parl'asphyxie, parrempoisonnement purulent, par les lesions de l'innervation, par le marasme, par l'epuisement) par la generalisation des lesions.
Lorsque la guerison a lieu, il y a souvent une periode de con­valescence plus ou moins longue. Parmi les inflrmites, que la maladie guerie laisse parfois apres elles, certaines, telles que les faiblesses, les paralysies, etc., peuvent s'attenuer ä la longue et meme disparaitre; mais il en est d'autres qui persistent (perte de l'oeil, surdite, perte de l'odorat, etc.).
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Le pronostic de la maladie du jeune äge est grave, puisque la mort est sa terminaison la plus frequente; cette ali'ection est d'ailleurs contagieuse.
Son diagnostic n'est Jamals bien difficile; les symptomes et les formes sont faciles ä apprecier, et le jeune age des malades est toujours d'un puissant secours pour diagnostiquer la maladie dont ils sont atteints.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Les lesions, que Ton rencontre ä l'autopsie des animaux qui ont succombe ä la maladie du jeune äge, sont nombreuses. Les plus iinportantes existent dans l'appareil respiratoire, dans l'appa-reil de l'innervation.
On constate les signes de la maigreur et les lesions de l'a-nemie.
La peau presente des traces des eruptions qui ont evolue plus ou moins completement, des plaies, etc.
Dans l'appareil respiratoire, on observe les lesions du coryza, de la bronchite capillaire, de la pneumonie purulente. Les inu-queuses pituitaire, tracheale et laryngienne, ainsi que la muqueuse bronchique, sont hyperemiees, enflammöes et dans un etat catarrhal tres evident, qui s'accompagne de la secretion d'une matiere mucoso-purulente, grisätre, visqueuse et toujours tres adherente ä la membrane, qui l'a secretee. Quand il y a bronchite capillaire, une coupe du pournon laisse echapper, par la compres­sion, une matiere mucoso-purulente, melee de stries sanguino-lentes, qui sort des tuyaux bronchiques. La pneumonie se presente toujours avec une Infiltration purulente des parties hepatisees, qui sont rouges-grisätees, et qui donnent, au räclage, une sanie puru­lente. II y a parfois de la pleuresie, que Ton reconnait ä I'lnflam-mation des plevres et ä l'epanchement, constilue par une serosite purulente. II peut exister aussi une pericardite, qui s'accompagne toujours d'un epanchement dans la cavite de la sereuse.
Les yeux sont enfonces dans l'orbite; ils sont entoures d'une sanie purulente. La cornee montre les lesions de la keratite; eile est quelquefois ulceree. Dans l'oeil existent parfois les lesions de l'amaurose. Ces alterations n'ont rien de caracteristique par elies-rhemes, cependant il n'est pas d'autres maladies du chien qui s'aecompagnent de semblables lesions.
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L'appareil digestif est le siege de lesions importantes. II y a pärfois une stomatite generale ou partielle, et quelquefois la mu-queuse buccale est le siege de plaies ulcöreuses. II peut y avoir d'ailleurs des lesions de gastro-enterite, de jaunisse et d'hepatite. La muqueuse gastro-intestinale est parfois hyperemiee, enflam-inee, toujours catarrhale, et recouverte d'une couche de mucus grisätre, jaunätre, tres abondant, tres visqueux et tres adherent. G'est surtout dans l'intestin que cette couche de matiere muqueuse est abondante. La muqueuse est rougeätre, epaissie uniformement ou par places.
G'est dans le Systeme folliculaire, qu'on rencontre les lesions les plus caracteristiques. Les follicules solitaires et les plaques de Peyer sont tumefies, enflammes. Ghaque follicule a ete le siege d'une proliferation Interieure exageree, d'oü est resultee la mul­tiplication de ses elements lymphoides; il est entoure ordinai-rement d'une pigmentation noirätre, qui forme une zone peri-pherique, et qui parfois s'etend au contenu du follicule. Gette pigmentation resulte de la congestion qui s'est produite au pour-touf du follicule, et qui a ete suivie d'exsudation et de la diffusion de la matiere colorante du sang. II est facile de concevoir que, quand l'afflux sanguin a ete considerable, la matiere colorante ait difluse jusque dans l'interieur du follicule et colore ses elements. On peut rencontrer cette alteration ä peu pres dans toute l'etendue de la muqueuse intestinale. Les follicules älteres, qui ont secrete de nombreux elements lymphoides, peuvent s'ouvrir et deverser leur contenu dans l'intestin; et alors on apercoit tres nettement de petites ouvertures, comme faites h Femporte-piece, et qui sont entourees de la zone de pigmentation. Le contenu des follicules est une matiere jaunätre ou pigmentee, constituee par des cellules embryonnaires ou purulentes, dans laquelle il y a peu ou point de substance liquide. Les plaques de Peyer sont plus saillantes; elles sont hypertrophiees; les follicules clos, qui entrent dans leur composition, ont eprouve les memes modifications que les follicules solitaires; ils sont pigmentes, plus saillants, quelques-uns sont ouverts.
Le rein peut presenter des lesions de nephrite interstitielle ou parenchy mateuse.
Dans l'appareil de l'innervation existent sans douto les lesions les plus interessantes et les plus variees; mais on ne les connait guere; il y a.,a ce sujet des recherches ä operer. Les meninges cerebraleset medullairespeuveutetrecongestionnees, ainsique la
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substance cerebrale et medullaire elle-meme; celle-ci offre alors, sur la coupe, un aspect sable. Les plexus choroides sont parfois congestionnes; il se produit quelquefois une hydropisie ventricu-laire et une exsudation sereuse dans la trame du cerveau et de la moelle, comme dans I'arachnoide.
ETIOLOGIE
Souvent la maladie du jeune age a ete consideree comme nais-sant spontanement, a cause de la difflculte plus ou moins grande qu'll y a parfois pour constater la contagion. Pour expliquer le developpement spontane de cette affection, on a invoque bleu des causes, qui sont absolument incapables de la produire.
On a accuse l'espece, Tage, la race, les localites, les saisons, la nourriture, le logement, les intemperies, etc. De ce que la ma­ladie du jeune age est une affection de l'espece canine et de l'es­pece feline, on ne peut pas conclure que l'espece est une de ses causes. L'äge est une condition favorable k la contagion et une circonstance aggravante de la maladie, qui est toujours plus meurtriere chez les plus jeunes animaux. La race, comme l'äge, peut etre une circonstance aggravante, mais eile n'est pas une cause predisposante et encore moins une cause occasionnelle. La maladie se transmet ä toutes les races, seulement les animaux des races amollies, etant plus gravement malades, la statistique n'a le plus souvent enregistre que ceux-lä, et les esprits prompts ä tirer des conclusions, en ont induit que la race etait une cause de la maladie.
Les localites basses, froides, humides, marecageuses, aggravent la maladie, mais ne la font pas naitre, attendu qu'elle ne s'y mon-tre qu'autant qu'elle y est introduite. L'affection est plus frequente ä la ville qu'ä la campagne, parce que les chances de contagion y sont plus nombreuses. Les saisons froides ä temperature variable, les intemperies, ralimentation de mauvaise qualite ou insuffisante, aggravent la maladie, mais ne peuvent Jamals la faire naitre. II en est de meme de la mauvaise hygiene. Toutes ces diveres causes cloivent etre considerees comme des circonstances qui favorisent la contagion, ou qui aggravent l'affection, mais non comme des circonstances occasionnelles de la maladie du jeune äge.
Cette affection est contagieuse; eile se propage par contagion. Sa transmissibilite est demontree par des observations cliniques
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et par des experiences. On a observe de nombreux faits de conta­gion; on a vu un chien malade, introduit dans une meute, I'infec-ter et transmettre la maladie ä tons les autres.
M. Trasbot a inoculö fructueusement le produit des pustules et le produit du jetage des malades ä de jeunes chiens, qui, au bout de 7 ä 8 jours apres l'inoculation, ont presente une eruption lo­cale, suivie le lendemain ou le surlendemain d'une eruption gene-rale. Ce resultat a ete obtenu sur un grand nornbre de chiens. M. Trasbot a ensuite puise du produit dans l'eruption du chien inocule, l'a inocule ä un second chien avec Je meme succes et a obtenu les meines resultats; enfin le produit du second inocule a donne les meines resultats sur un troisieme chien.
Le virus siege done dans les produits de l'eruption, dans celui du jetage, et il n'est pas deinontre que les autres produits ne le contiennent pas.
M. Trasbot, qui a propose d'appeler la maladie du jeune äge variole du einen, l'a inoculee sans resultat h des chiens adultes, ä des porcs, ä des ruminants; il semble done que la plupart des chiens acquierent l'immunite par le fait de Tage. Le meme auteur affirme que la maladie se transmet par contact immediat et par simple cohabitation; ces modes de contagion ont ete reconnus par d'autres observateurs. L'affection se transmet aussi par contagion mediate et meme par contagion volatile. Au dire de Roll et de Hill, eile ne confere pas l'immunite.
TRAITEMENT
Le traitement doit etre prophylactique, hygienique et therapeu-tique.
Les moyens prophylactiques, tires de l'hygiene, sont tres utiles, car ils permettent de prevenir la maladie, d'attenuer sa gravite et d'eloigner les complications. Pour remplir ce but, il faut pre­venir ou attenuer faction des causes aggravantes; il est bon d'i-soler les malades et de desinfecter les locaux et les objets souil-les. Lorsque la maladie regnera, il faudra fournir aux malades une habitation convenable, les couvrir s'il fait froid, leur procurer un air pur, leur donner une alimentation reconstituante et tonique. Quand eile sera localisee ä la pituitaire et ä la conjonetive, on pourra se contenter du traitement hygienique; il ne sera pas ne-cessaire d'employer un traitement therapeutique.
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Mais si l'affection est grave, il faudra recourir au traitement therapeutique, qui doit remplir des indications generates et des in­dications speciales ä chaque forme.
Les indications generales sont au nombre de trois : 1quot; Prevenir et comhattre les localisations interieures. — Pour remplir cette indication, il y a lieu de deriver le plus prömpte-ment possible la maladie au moyen des revulsifs, tels que la mou-tarde, la ppmmäde stibiee, appliquee sur les cötes du thorax. Ces deux moyens conviennent tres bien lorsque la maladie menace de se compliquer de broncbite capillaire ou de pneumonie. Le se-ton est indique dans les cas de conjonctivite, de coryza, de bron­cbite; on l'appiiq'ue derriere la tete. On peut aussi, au debut, admi-nistrer nn vomitif, quand il s'agit de combattre une localisation pulmonaire. Enfin il y a lieu de calmer et d'adoucir la souffrance des prganes malades, par Fadministration de medicaments cal-mants, emollients, adoucissants, gommeux, mucilagineux, etc., etc.
2deg; Ayir sur l'agent virulent lui-meme. — La maladie doit son devoloppeineiit ä l'introduction d'un germe de nature indetermi-nee; par consequent, les agents indiques sont les antivirulents, l'acide pbenique, le goudron, l'acide salycilique, 1 essence de tere-benthine, l'acidesulfureux, etc.; on devra preferer l'acide pbeni­que, qui a dejä fait ses preuves ; on le donnera en boissons, en ti­sane, en fumigations, en lavements.
3deg; Soutenir et relever les forces, reconstituer I'organisme. — La maladie debilite rapidement les animaux, il faudra done leur don-ner une bonne alimentation, des medicaments reconstituants, des toniques, des ferrugineux, surtout le perchlorure defer; il faudra stimuler leur appetit,'en leur administrant des infusions de camo-mille, des tisanes ameres; on leur donnera des sirops ou des vins toniques au quinquina, de l'huile de foie de morue, du cafe non torrefle, qui est tonique et stimulant de 1'appetit. Gette troisieme indication devra etre remplie en tout temps, pendant la maladie et pendant la convalescence.
S'il y a ophthalmie, keratite, conjonctivite, plaie a la cornee, on emploiera le seton sur le cou, on fera des lotions avec des pre­parations emollientes, avec des infusions aromatiques, excitantes, de lleur de sureau, de camomille, avec des preparations anodines, calmantes, avec la decoction de pavot, avec^des preparations lau-danisees, avec la glycerine, avec la solution legere d'acide pheni-que, avec les solutions de sulfate de zinc, d'acetate de plomb, de nitrate d'argent, etc.
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Quand il y a coryza, bronchite, pneumonie, il faut recourir aux aromatiques, aux calmants;, aux Emollients, auxadoucissants,qu'on administre sous forme de boissons ou de fumigations; ainsi on prescrit des infusions ou des tisanes de violettes, de gomme, de pavot, etc.
Pour la stomatite, la gastrite, l'enterite, l'hepatite, on emploie les medicaments appropries ä chaque cas. Pour la stomatite et les ulceres, on prescrira des gargarismes au vinaigre, au permanga­nate de potasse, au chlorate de potasse, h la teinture d'iode. Pour la gastrite, l'enterite et l'hepatite, on ordonnera des tisanes et des lavements emollients, amidonnes, calmants, laudanises, pheni-ques. Pour arreter les vomissements, on aura recours au sous-ni-trate de bismuth ou h une potion laudanisee. Les tisanes de gomme, d'orge, de riz, conviennent bien centre la gastro-enterite. Dans les cas d'hepatite, on prescrira la creme de tartre. Si Ton croit que le malade est tourmente par les vers intestinaux, on prescrira un vermifuge tres doux.
Pour les accidents nerveux, on prescrira le traitement propre ä chaque forme; on emploiera les antispasmodiques, les calmants, les revulsifs, les cyanures, Tammoniaque; s'il y a ataxie, faiblesse du Systeme nerveux, on aura recours ä la noix vomique, ä l'elec-tricite.
Les accidents de la peau, s'ilsont quelquegravite, seront traites par des lotions emollientes, calmantes cicatrisantes, pheni-quees, etc.
II faut proscrire la saigne6, les medicaments irritants, les pur-gatifs et tous les remedes empiriques, qui sont ordinairement ir­ritants.
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CHAPITRE XV
RAGE
Definition. — La rage est une maladie virulente decelee par des symptomes nerveux, accompagnee souvent de fureur, ca-racterisee par une alteration primordiale des centres nerveux, et dont le contage existe dans la salive.
Cette affection, qui n'est ä proprement parier transmissible que par l'inoculation de la salive des malades, peut ne pas s'ac-compagner de fureur. Dans tous les cas, celle-ci n'apparait jamais au debut; et cependant la virulence, par consequent le danger, n'en existe pas moins.
On designe quelquefois la rage sous le nom cVhydrophohie; mais ce mot est tout a fait impropre pour qualifier cette maladie; car il repose sur une croyance absolument fausse, qui consiste k consi-derer les animaux enrages comme ayant horreur de l'eau, ce qui est absolument inexact. On lui a encore donne les noms de sia-locyniose et de toxoneurose, a cause du siege de la virulence dans la salive et k cause de l'action toxique que semble exercer son virus sur le Systeme nerveux.
La rage est une maladie tres grave, toujours mortelle, pouvant se transmettre non seulement aux divers animaux, mais aussi ä l'homme; et, k ces titres, eile est importante k etudier. Cette mala­die, bien que relativement rare, si on la compare k d'autres pres-que aussi graves et aussi souvent mortelles, est pourtant celle qui inspire le plus d'effroi a l'homme, parce qu'elle occasionne des souffrances aflfreuses, tout en laissant aux malades l'intelligence, qui leur permet d'apprecier toute la gravite de leur etat. II Importe done de prevenir par tous les moyens possibles, par I'application de mesures sanitaires rigoureuses, la transmission de la rage; et il faut avant tout connaitre exactement son expression symptoma-tologique, il faut savoir la reconnaitre ou au moins la soupQonner meme au debut, alors que, sans s'accompagner de fureur, eile peut deja se transmettre*
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SYMPTOMATOLOGIE
II regne certains prejugös dans le vulgaire qu'il faut faire dispa-raitre, parce qu'ils peuvent occasionner de graves mecomptes. Ainsi c'est ä tort qu'on exclut l'idee de rage, quand on voit un animal manger, boire, n'avoir pas horreur de i'eau, ne pas de-venir furieux.
La rage sevit dans de nombreux pays; eile a ete importee dans presque toutes les contrees du nouveau monde; eile est plus fre-quente chez le chien que chez les animaux des autres especes; c'est d'ailleuis chez le chien qu'on a le mieux etudie sa Symptoma­tologie.
Rage du Chiex. — La maladie presente chez les animaux de l'espece canine une expression variable; eile ne debute jamais par la fureur, et, quand celle-ci se declare, la maladie peut exister dejä depuis plusieurs jours; enfin il est des cas assez nombreux, oü la fureur ne se montre jamais. Malgre l'absence de ce Symp­tome, la rage n'en est pas moins contagieuse, et le chien enrage qui n'est pas encore furieux, comme celui qui ne le devient ja­mais, peut transmettre la maladie aux personnes qu'il leche, car sa salive est virulente.
On peut distinguer deux formes de rage chez le chien : une rage qui s'aecompagne de fureur, qui est la plus frequente, et qui peut offrir des degres nombreux; une rage non furieuse, tranquille, muette, mue, silencieuse, qui ne s'aecompagne pas de fureur, ni d'aboiement, dans laquelle il y a paralysie des masseters et ecartement des mächoires.
Rage furieuse. — La rage du chien, qui s'aecompagne de fureur, presente trois periodes: une periode initiale ou de melan-colie; une periode d'etat, d.'excitation, de manie, de fureur; une periode finale ou de paralysie.
La rage debute par une modification du caractere et des habi­tudes de l'animal, qui devient triste, inquiet, sombre, taciturne, moins attentif, moins vigilant, qui recherche le calme, la solitude, l'obscurite, qui se cache, qui reste parfois somnolent, abottu et grogne quand il est derange. Ordinairement le malade est er. proie
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ä une agitation presque continuelle; il ne peut rester en repos; il se couche, il se leve, va, vient, arrange, derange son lit, l'epar-pille, gratte le sol, flaire, leche les objets froids. Son inquietude et son agitation vont croissant. II est moins docile, moins obeissant, mais il ne mord pas et il respecte encore les personnes qu'il con-nait et ses maltres. ParfoLs rneme il devient plus aüectueux pour son maitre, qu'il leche et qu'il implore avec un regard triste. Pourtant le plus souvent il repond avec moins d'empressemcnt; et quand il s'approche de la personne qui I'appelle, il agite moins vivement la queue et le reste du corps, sa physionomie raste triste et ilretourne promptement k sa solitude. Souvent on constate des alternatives d'agitation et d'abattement, de somnolence memo; et d'ailleurs, suivant les individus, les modifications sent plus ou moins prononcees; quelquefois les animaux sont devenus plus irritables, et s'ils ne cherchent pas ämordre quand ils ne sont pas excites, ils grognent des qu'on les derange. A cette periode, comme plus tard du reste, le sentiment maternel semble exalte, la chienne leche plus souvent ses petits.
La voix ne tarde pas ä se modifier; le chien enrage pousse de temps en temps, sans y etre provoque, un hurlement particulier, sorte de cri de detresse, qui est tres caracteristique et qui a une Ires grande valeur diagnostique. En outre la voix devient rauque, se voile, et l'aboiement prend un timbre de pot fele. Le hurlement rabique est lugubre, sinistre; le chien, au moment ou il le pousse, est assis ou debout, le museau en I'air, il commence ä pousser un nboiement rauque et le termine par un hurlement plus eleve sans termer les mächoires.
II se produit des modifications de plus en plus manifestes et tres importantes au point de vue du diagnostic, dans la sensibilite et clans l'irnpressionnabilite des malades. La sensibilite du chien enrage diminue, tandis que son impressionnabilite augmente. II survient progressivement une anesthesie de plus en plus marquee clans le Systeme nerveux peripherique; la sensibilite est emoussec et parfois annihilee; les chiens enrages ne pergoivent pas ou per-coivent a peine les sensations douloureuses, aussi endurent-ils parfois, sans se plaindre, les coups, les piqüres, les blessures, les hmlures; quelquefois meme ils se mordent et se dechirent eux-memes et n'hesitent pas ii saisir a pleines dents une barre de fer chauffee au rouge.
Ge n'est pas h la periode initiale, qu'on peut voir une modifica­tion si accentuee, mais il y a lieu neanmoins de tenir grand compte
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de la diminution de la sensibility et de se metier des chiens chez lesquels on la constate.
La diminution el la perte de la sensibilite ne sont pas accom-pagnees de la perte de l'instinct de conservation ; le chien enrage fuit le feu et la pince qu'on avance pour le saisir, lorsqu'il a dejä eprouveune fois son action.
L'excitabilite centrale, l'impressionnabilite est exageree, et ce qui le prouve c'est ragitation, i'imtabilite du malade, c'est sur-tout la fureur, la tendance a mordre et u attaquer qu'il temoigne, quand il se trouve en presence d'un animal de son espece. Beau-coup d'animaüx enrages sont pareillcment impressionnes äla vue d'un chien et deviennent agressifs. Ambroise Pare avait conseille de se servir du chien comme reactif, pour reconnaitre I'existence de la rage. M. H. Bouley affirms avoir diagnostique cette affec­tion une fois sur un chien et une autre fois sur un cheval, qui n'etaient pas furieux, grace a son chien, dont la vue rendit les deux malades agressifs. Le chien peut done etre employe comme reac­tif; mais lors meine qu'il n'aura pas excite de la fureur, il nefau-dra pas conclure h la non-existence de la rage, car assez souvent des animaux enrages ne sont nullement impressionnes par la vue d'un chien.
La rage meme debutante entraine toujours une aberration pro­gressive et plus ou moins prononcee des sens. Les malades ont des hallucinations; la vue, I'ouie, I'odorat, le gout sont pervertis. On les apergoit de temps en temps se comporter comme s'ils voyaient, comme s'ils entendaient ou sentaient, alors qua rien ne peut frapper leurs sens.
L'ccil est injecte, le regard est triste, sombre, vague et fixe sans que I'animal semble voir clairement; il y a photophobie; I'animal semble par moments attentif; il rests immobile; il ssmble voir un objet clans le vide et il se precipite tout h coup comme pour saisir une mouche au vol, il happe dans le vide.
II eprouvs parfois du prurit dans I'oreille; il ecoute; il tendl'o-rcille comme pour percevoir un bruit qui serait produit pres de lui; puis il s'elance en hurlant contre le mur, comme s'il y avait un ennsmi de l'autre cots. L'ouie est d'ailleurs surexcitee par le moindre bruit; parfois cependant eile est affaiblie. L'odorat est perverti; I'animal flaire de tons cotes, sans que risn de particulier soil venu I'impressionner.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; lt;
Frequemment I'oeil s'altere, devient chassieux; il se produit souvent des plaies sur la comes; mais ces alterations arrivent or-dinairement plus tard.
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La locomotion est encore normale au debut de la maladie; eile devient ensuiteplus raide et trottinante, quandie mal est avance.
Le chien enrage mange et boit au debut de la maladie; il n'est pas hydrophobe, et quand il cesse de boire, c'est qu'il ne peut plus deglutir; mais meme alors il essaie encore de boire; On a vu des chiens enrages se jeter ä l'eau et passer une riviere ä la nage. L'appetit estegalement conserve, quelquefoisaccru, ordinairement diminue; le malade mange encore; puis survient rinappetence, le degoüt,ou l'appetit se deprave; et alors le malade leche son urine, mange ses excrements, ingfere des corps etrangers ä son alimenta­tion. II se produit parfois des vomissements avec ou sans matiere sanguinolente, suivant que l'animal s'est ou non lese en ingerant des corps etrangers.
La muqueuse de la bouche se congestiohhe; la salivation de­vient plus abondante; la have est parfois sanguinolente. Un spasme se produit au niveau de la gorge, et le malade exprime la sensation doulourcuse qu'il eprouve au gosier, en faisant avec les pattes les gestes d'un chien qui a un os dans le pharynx. Bientöt il y a dys-phagie, paralysie de la gorge; la deglutition finit par devenir im­possible, puis survient la paralysie des masseters; la gueule reste beantect la muqueuse buccale devient violacee; il y a ordinaire­ment constipation.
La respiration s'accelere et devient troublee. La circulation de­vient plus vite, irreguliere; il y a parfois de Fintermittence dans les battements cardiaques. Les muqueuses s'injectent. La tempe-ralure s'eleve. Quelquefois on constate des frissons, des tremble-ments generaux chez certains rnalades.
L'orgasme genital est plus prononce; le chien enrage se leche frequemnient les organes genitaux et semble avoir des instincts goneslques plus accuses.
Les urines sent plus denses, plus riches en uree et en principes salins, en phosphates, en sulfates; elles contiennent de l'albumine et des matieres colorantes de la bile; elles sont plus odorantes.
Frequeinment la cicatrice, resultant de la morsure ou de l'ino-culation, devient hyperemiee, prurigineuse, laquo; ea pars praipatihtr quce. morsu vexata fuerit. raquo;
La rage peut etre reconnue d'apres les symptömes du debut, et il devient difficile de la meconnaitre quand la fureur se manifeste.
Ce Symptome se montre plus ou moins vite; il est plus ou moins prononce, suivant les individus et suivant les excitations dont ils
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sont l'objet. Les chiens doeiles, habitues ä la societe de Thomrae, deviennent moins furieux que les chiens natureliement irritables, que les chiens de garde, etc. Ils restent plus longtemps sans te-moigner de l'envie de mordre, et lorsqu'ils commencent ä mordre les personnes etrangeres, ils respectent encore les personnes qu'ils connaissent.
Quand la fureur se manifeste, les symptomes qu'on observe sont variables, suivant que le malade est enferme ou selon qu'il est en liberte.
Dansla premiere hypothese on observe les symptomes suivants: la physiönömie du malade est profondeinent modifiee; l'ceil est triste, sombre, cruel et laisse par moments echapper des reflets fulguränts ä travers la pupille plus ou moins dilatee, pour rede-venir ensuite terne, sombre et farouche; Tanimal est facilement irritable; il saisit et raord silencieusement l'objet qu'on lui prä­sente sans s'acharner; il ne donne qu'un coup de mächoire et re-tom-ne ensuite au fond de sa niche. Mais il s'acharne, hurle et aboie si on l'excite; il bondit centre les parois de sa löge; il mord avec acharnement et violence, au point de se briser les dents et quelquefois la mächoire; il s'attaque ä tout ce qu'on lui presente et mord sur du fer rouge.
A la vue d'un autre chien il entre en fureur, et, si on le lui donne pour compagnon, il temoigne souvent d'une excitation genesique, puis soudain le mord sans pousser un cri, tandis que l'autre aboie et se plaint, puis le caresse et le mord encore, il souffre les morsures sans se plaindre. Les acces de fureur sont intermittents, plus ou moins raproches et plus ou moins longs, suivant que le malade est plus ou moins excite, plus ou moins tracasse. Pendant les remissions on observe les memes symptomes qu'avant l'apparition de la fureur, avec cette difference qu'ils sont plus accentues.
Quand le chien est en liberte, les symptomes sont un pen diffe-rents. L'animal, qui n'est pas enferme dans une niche, s'attaque aux animaux qu'il rencontre, mord les personnes qu'il ne connalt pas, puis celles qu'il connait; il rode, flaire,vaet vient, hurle centre les murs, ronge les portes, s'attaque ä ce qui lui fait obstacle, ronge son attache, s'evade, va devant lui, marche rapidement, porte la queue levee et la balance activement, mord les chiens, les autres animaux et les personnes qu'il rencoatre; il ne s'acharne qu'autant qu'il est excite par la resistance et les cris des patients et reste toujours silencieux; il mord de preference les animaux et sur-
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tout ses semblables, en sorte que l'homme, qui serait accompagne d'unchien, pourrait etre epargne. Bientöt, epuise par le mal, par les acces, par la fatigue, par la faim et la soif, 11 ralentit son allure, marche en trottinant, vacille, chancelle; 11 porte la queue basse, la tete penchee, la gueule ouverte, la langue bleuätre et salie de poussiere; 11 va droit devant lui, il mord encore ce qu'il rencontre, raais ne se detourne plus guere; sa vue s'obscurcit, son flair est emousse, 11 est moins excitable; il s'arrete, 11 se couche, 11 som-meille; et, si on vient ä le reveiller, il eutre en f ureur, puls il re-prend sa marche et succombe enlin d'epuisement. Quelquefois 11 rentre au logis apres une absence plus ou moins longue, sail de poussiere, de boue ou de sang; il repond aux caresses par des morsures.
La rage furieuse amene raffaiblissement et la paralysie progres­sive des masseters, du train posterieur et d'autres regions.
Les acces deviennent moins intenses, les remissions plus rares et moins evidentes; les yeux s'enfoncent, deviennent chassieux; la cor-nee devient opaque ou s'ulcere; la peau du front se plisse; la gueule est beante, la langue pendante, seche et bleuatre; Tanimal essaie encore de mordre, mais il ne peut plus; le hurlement devient fäl­ble, voile, rare et cesse; le coma devient de plus en plus profond; I'excitation est difficile a obtenir; il se produit quelquefois des convulsions dans certains muscles ou dans tout le corps et la mort arrive.
Rage mue. — La rage mue est identique, quant au fond, mais non quant ä la forme, h la rage furieuse, qui devient d'ailleurs souvent muette ä sa trolsieme periode.
On constate les memes symptomes dans la periode initiale; mais l'agitation est moindre, et eile cesse d'ailleurs des que la pa­ralysie s'est declaree. Gelle-ci arrive progressivement ou d'emblee et est d'abord localisee aux masseters. L'o3il est fixe, sans eclat, triste, sombre, nullement farouche; le regard est atone; il n'y a pas d'envie de mordre, pas de manifestations aggressives; l'excita-bilite est nulle; 11 n'y a pas hydrophobie; I'appetit est conserve, mais la prehension, la mastication et la deglutition sont impos­sibles ; la gueule est beante, la langue pendante et inerte, la salive visqueuse et abondante, la muqueuse buccale rougeatre, puis bleuätre et couverte de poussiere; quelquefois on entend le hurle­ment rabique au debut, mais 11 cesse bientot; quelquefois aussi la paralysie des masseters est incomplete et l'animal est excitable,
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puis cesse tie I'etre. Ordinairement le chien atteint de rage mue n'est pas excite par la vue de son semblable; il n'a pas d'excita-tions genesiques; il ne cherche pas a s'enfuir; il est faible; la pa-ralysie gagne bientot le train posterieur; la rage mue evolue sans remissions; eile s'accompagne d'une prostration tres marquee et d'une profonde depression cerebrale.
La rage est une maladie toujours mortelle. On a bien signale des cas de guerison spontanee ou provoquee par certaincs medi­cations, mais ils sent si rares et si peu rigoureusement observes, qu'il y a lieu de douter de leur valeur reelle. Dans la forme fu-rieuse, ce qui domine, c'est l'irritabilite de i'appareil cerebral et dans la rage mue an contraire, c'est une depression profonde ; la rage furieuse se transfonne souvent en rage mue vers la fin. La maladie, dont la tenninaison est toujours fatale, peut durer de un äquatre, h huit et meme.jusqu'ädix jours; ordinairement laduree varie entre un et quatre jours.
La rage a ete observee chez le loup, chez le renard, chez le hlai-reau, chez le chat, chez Vhyiine, chez le chacal, chez le pore, chez les solipedes, chez le chameau, chez les grands ruminants, chez les petits ruminants, chez le lapin, chez le cochon d'Inde, chez le rat, chez les oiseaux.
Rage du chat. — La rage est rare chez le chat, qui presente d'ailleurs les memes symptömes que le chien. On constate I'in-quietude, I'agitation, la depravation du goüt, la perversion de l'appetit, la modification de la voix, une impressionnabilite exa-geree; les yeux sent fulgurants; la salivation est abondaivte; I'animal devient d'une ferocite excessive; il sort les griffes; il s'e-lance contre les obstacles et sur les individus; il mord, il s'enfuit. On a observe des cas de transmission de la rage par le chat ä l'homme.
Rage des solipedes. — Les principaux symptömes de la rage du cheval sont, ii peu de choses pres, les mfimes que ceux de la rage canine; on peut les resumer ainsi : abattement, tristesse, inquietude, agitation, mouvements insolites, mouvements sur place, impatience, pietinements, ruades, deplacements, mouve­ments d'oreilles, fixite et ferocite du regard, Sensibilite h la lumiare, exaltation des sens, impressionnabilite au bruit, mouvements de tote, rire sardonique, ronflement et ebrouement, excitation ä la
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vue d'un chien, des autres ahirnaux et des personnes etrangeres, envie de mordre, symptömes de i'angine pharyngee, uppetit de­prave, dysphagie, deglutition difficile, impossible; inappeteuce, soif conservee, pas d'hydrophobie, sensibilite exageree de la gorge, grincement des dents, have ecumeuse, oscillations de la tete, inouvements convulsifs des raachoires, exaltation des desirs vene-riens, cris de detresse, ordinairemeat rauques et voiles, tumefac­tion des paupieres, corneite, ulceration de la coruee, hyperhemie et hyperesthesie ou prurit de la cicatrice d'inoculation, fureurs, coups de pied en avant et sur ie sol, propension ä attaquer, ä mordre, ä ruer, ä se dechirer, faiblesse et parulysie progressive d'arriere en avant, epuisement, decubitus, generalisation de la paralysie, convulsions, mort. La rage du cheval est transmissible h rhomme.
Rage des üetes bovines. — La rage des grands ruminants se presente sous deux formes principales, eile est plus ou moms fu-rieuse ou paralytique.
La rage furieuse est celle qui s'accompagne d'agitation, d'irrita-bilite et meme d'un etat de fureur plus ou moins prononceet plus ou moins facile ä proyoquer, Elle est decelee par les symptomes suivants : diminution brusque de la secretion lactee, anorexie et adypsie, agitation, inouvements presque continuels, signes de ehaleurs, anxiete, regard egare, ceil parfois luisant, sauvage, egare, devenant morne et luisant par acces, impressionnabilite exageree, beuglements sonores, rauques, sinistres, souvent repe-tes, hallucinations, gestes et attitudes divers apres des objets hna-ginaires, coups de tete dans I'air, ruades dans I'air, course subite avec mugissement, arret subit, action de gratter le sol avec les inembres anterieurs, ordinairement irritabilite et exaltation h la vue d'un chien ou meme d'un autre animal, d'une poulo par cxemple, acces de fureur et inouvements agressifs, hyperhemie et prurit aux points d'inoculation, etc. Bientöt ces symptömes deviennent. plus pathognomoniques; le malade ne mange plus, nc boit plus, bien qu'il ne soit pas hydrophobe, ne rumine plus; il y a de la constipation; on constate souvent des symptömes d'angine, une sensibilite exageree de la gorge, une grande difficult^ ou l'iinpossibilite de la deglutition, la paralysie de la gorge, une sali­vation abondante, l'ecoulement de la have hors de la bouche; la muqueuse buccale est plus foncee et devient bleuätre; le mutle est sec; on entend parfois des grincements de dents et Ton cons-
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täte des bäillements, surtout pendant les intermittences qui s6-parent les acces; l'appetit est quelquetbis deprave, et le malade ingere des corps etrangers; il y a parlbis du teuesine et meme des signes de coliques.
Le malade presente des acces d'agitation, separes par des pe-riodes d'intermittence, pendant lesquelles il est clans le coma, somnolent, hebete et indifferent, mais il est facile de le faire sortir de cet etat en l'excitant par le bruit, par un rayon de lumiere, par la vue d'un chien ou d'un autre animal; alors il entre en fureur, il deviant agressif, son ceil s'anime, devient brillant et menacant, il pietine, il beugle, il frappe de la tete et cherche ä donner des coups de corne, il ecume, il mord parfois.
La sensibilite est affaiblie ou annihilee; l'animal ne sent pas les coups qu'on lui porte. La faiblesse, Famaigrissement, la paralysie, l'insensibilite vont se pronon$ant de plus en plus tres rapideinent; la bete enragee tombe bientöt paralysee; sa voix s'afl'aiblit ou ne se fait plus entendre; les yeux pii'ouettent; on observe des trem-blements convulsifs; l'urine s'ecoule fetide et parfois teintee de sang; parfois aux approches de la mort, il se produitdu vomis-sement; le malade succombe apres un, deux, trois, quatre ou cinq jours de maladie.
La rage paralytique s'observe ehe/ les grands ruminants, comme chez les autres animaux; eile est difficile ä reconnaitre quand on ne co im ait pas les antecedents des malades; eile s'annonce par la diminution de la secretion du lait, par l'inappetence et l'iuru-mination, par la paresse, par la propension au deeubitus, par la faiblesse generale, par un etat comateux, par la paralysie prornp-tement generalisee et complete; eile entraine rapidenient la mort.
Rage des petits RUMINANTS. — La rage des petits ruminants se caracterise, ä peu de choses pres, comme celle des grands ru­minants; eile est furieuse ou paralytique. Les malades, qui ont la rage furieuse, frappent de la töte; mais ils ne cherchent guere ä mordre; pourtant ils s'aeharnent apres les objets qu'on leur in-troduit dans la bouche.
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Rage nu lapin. — La rage du lapin, quoiqu'en pensent et quoiqu'en aient dit certaines personnes, n'etait nullement connue avant mes experiences, on savait que la maladie peut se trans-mettre ä cet animal et e'etait tout.
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Symptomes de la rage du lapin. — Le lapin, chez lequel la rage se developpe, se montre d'abord triste et abattu, souvent somnolent, quelquefois agite et s'effrayant au moindre bruit, ou lorsqu'un objet ou un individu quelconque vient ä frap-per soudainement sa vue. Des le debut on constate une faiblesse tres marquee, qui est quelquefois localisee ä certaines regions, telles que les reins, les meinbres posterieurs, les membres ante-rieurs et meme la region cervicale. D'autres fois la faiblesse se remarque dans plusieurs regions, et dans tous les cas eile se ge­neralise tres rapidement, pour faire place h la paralysis.
Les mouyements sont genes, difficiles, irreguliers, saccades, mal assures et deviennent promptement impossibles. On voit alors des animaux qui, ayant dejä la partie posterieure du corps paralysee, conservent pendant queiques instants encore l'usage des membres anterieurs et peuvent se mouvoir, les membres anterieurs fonctionnant seuls et entrainant le deplacement de la partie posterieure devenue inerte.
La paralysie, qui arrive pour ainsi dire subitement, ou qui suc-cede au bout de tres pen de temps h la faiblesse du debut, com­mence ordinairement dans la region des reins et dans les membres posterieurs, puis eile se prononce de plus en plus, et envahit progressivement le tronc, les membres anterieurs, la region cer­vicale et les masseters, lorsque la maladie arrive a son apogee. Quelquefois la paralysie debute par les parties anterieures et gagne ensuite les parties posterieures, d'autres fois la faiblesse et la paralysie sont d'abord unilaterales et se generalisent rapide­ment.
L'animal paralyse reste etendu sur le cöte ou en position ster-nale; la colonne vertebrale est voussee parfois en contre-bas, et la tete est tantot device h droite ou a gauche, tantot portee dans Fextension exageree ou fortement inflechie.
On constate tres souvent, pour ne pas dire presque toujours, surtout apres queiques heures de maladie, des contractions brus­ques, convulsives et frequentes, des muscles des meinbres, du tronc, de la region cervicale et des muscles des mäcboires; la töte eprouve parfois des mouvements d'oscillation dans le sens de Fextension et de 1'inflexion; on observe quelquefois un mächon-nement continuel; d'autres fois les machoires sout animees de mouvements rhythmes d'ecartement et de rapprochement incom-plets, qui se produisent par acces et en meme temps que les mouvements convulsifs des autres regions.
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La sensibilite generale, peu modiflee en apparence dans le principe, est plus tard considerablement emoussee et souveut presque tout ä fait abolie. II devient en effet possible, ä un mo­ment donne, de piquer profondement le malade, de prätiqüer des injections hypodermiques avec des substances irritantes, de faire des incisions ä la peau et des entailles aux oreilles, sans determi­ner seit un cri, soit une reaction quelconque.
La sensibilite speciale parait eprouver ä son tour certaines modifications; quelquefois le moindre bruit fatigue le malade et provoque des convulsions. Pourtant il n'est pas rare de voir des animaux qui paraissent etre dans un etat h peu pres constant de proforide lethargic, surtout dans les derniere heures de la maladie; mais cet etat de lethargie est encore interrompu de moment en moment par des acces convulsifs. La vue s'affaiblit et se pervortit peut-etrc; I'oeil devient de moins en rnoins sensible ä la lumiere et au contact des corps Strangers; la conjonctivese congestionne; le larmoiement et la chassie se succedent; les milieux du globe et la cornee se troublent; quelquefois il se produit un commencement d'erosion ;i la surface de la cornee; ces modifications ne s'obser-vent completement que sur les individus qui vivent deux, trois ou quatre jours apres les manifestations de la maladie.
II n'est pas rare d'entendre certains malades se plaindre et pousser de temps en temps des cris de dctresse; on provoque tres facilement ces plaintes et ces cris, soit en deplacant brusque-ment les malades, soit en les suspendant par les oreilles ou par les membres posterieurs.
Le goüt seinble perverti, car les malades introduisent dans la bouche et j usque dans le pbarynx, l'oesophage et l'estomac des corps etrangers, tels que fragments de paille ct matieres fecales. Certains malades ont une tendance tres evidente h lecher le sol de leur loge, principalement quand ce sol est en dalles ou en brique.
Le lapin enrage ne cherche pas ii mordre ordinairement; j'en ai cependant vu un qui temoignait inanifesteinent d'une veritable cnvie de mordre, meine sans qu'il tut excite, mais surtout lors-qu'il y etait excite; il mordait sur le bois desa löge et sur la paille qu'on ltd presentait; il ne donnait le plus souvent qu'un coup de mächoire; il s'acharnait pourtant quand on jntroduisait et main-tenait dans la bouche une paire de ciseaux ; agace avec le pied, il mordait vigoureusement sur le bout de la chaussure, s'y attachait avec les dents et pouvait ainsi etre tralne ä une certaine distance.
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La salivation est assez abondante et la salive s'ecouie hors de la bouche ou s'etale sur la levre Interieure et sur ie menton.
La soif et l'appetit out disparu ürdinairement, en sorte qu'on voit des animaux rester ainsi un, deux, trois, quatre jours sans boire ni manger. Quelqueiois le malade essaie de boire ou de manger, inais il arrive un moment ou il ne peut plus ni deglutir, ni triturer les aliments, qu'il garde alors dans la bouche; et il n'est pas rare de trouver dans ces cas, en faisant les autopsies, des debris alimentaires egares dans le larynx et le commencement de la trachee.
La respiration reste calmele plus ordinairement. La circulation devient irregulioro; le coeur donne de 190 ix 200 pulsations.
Les malades rendent peu de matieres fecales et souvent n'uri-nent pas ou n'urinent qu'aux approches de la mort, en sorte qu'ä l'autopsie on trouve la vessie quelquefois vide, mais le plus ordi­nairement pleine etdistendue.
Tels sont, d'apres mes experiences, les priucipaux syinptömes de la rage du lapin.
RAGE du COGHON d'Inde. — La rage du cobaye est caractc-i'isce, ä peu de choses prös, comme celle du lapin. On a dit que le cochon d'Inde enrage etait plus dahgereux que le lapin; c'est lä Line affirmation hasardce; j'ai plusieurs Ibis transmis la rage ä cet animal et j'ai constate chez lui les meines syinptömes que chez le lapin, sans manifestations aggressives et sans propension ä mordre.
Rage des oiseaux. — Je n'ai encore Jamals reussi ä trans-inettre la rage ä la poule; pourtant certains observateurs citent des faits de transmission, et indiquent les symptömes qu'ont pre-sentes des poules et des canards enrages. On a vu, dit-on, des pouies devenir enragees, apres une periode d'incubation d'une quarantaihe de jours, presenter une attitude etrange, les plumes herissees, I'oeil hagard, la voix rauque ; on les a vues se precipiter sur les autres et leur donner des coups de bee; on a constate chez elles des acces de fureur tres rapproches; puls les ailes sont devenues tombantes, la demarche chancelante; les betes sautil-laient, donnaient des coups de bee en l'air, cherchaient äatteindre des objets imaginaires, etc.
Rage de l'homme. — La rage presente chez I'homme trois periodes distmctes: une periode initiale ou de melancolie, une
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periode d'etat ou d'excitation, de spasrhe, d'hydrophobie; et une periode finale, paralytique.
Au debut le point d'inoculation devient douloureux; le malade est triste, melancolique; son sommeil est agite de reves; ü eprouve une cephalalgie plus ou moins violente et une fatigue generale; puis des spasmes sdrviennent et une excitation plus ou moins prononcee; le malade est oppresse; il soupire, il eprouve des spasmes au larynx, au pharynx; il conserve la soif, mais il prend horreur de l'eau, et eprouve un acces, une crise, des spasmes lorsqu'on iui en presente; la deglutition est difficile ou impossible; la salive est abondante; les sens sont exaltes. On observe des acces convulsifs, de la dyspnee, des frissons, des mouvements convulsifs; la voix est rauque et convulsive. La mort peut etre le resultat de l'asphyxie, mais aussi la maladie continuant sa marche peut amener la paralysie progressive. Les malades conserveat leur connaissanco et se rendent ordinaire-mentbieü compte de leur etat, leurs souffrances sont atroces et souvent ils demandent qu'on les fasse mourir.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Les alterations anatomiques, qui caracterisent la rage et expli-qüent les divers symptömes qu'on observe pendant la vie des malades, sont de deux ordres; elles sont primordiales, primitives, ou secondaires, accessoires.
Les premieres se montrent dans les centres nerveux, sur les cellules uerveuses, et sont la condition sine quä non de toutes les autres. Celles-ci se montrent un peu partout, principaleinent sur les organes parenchymateux, sur les organes les plus vascu-laires.
Les lesions accessoires etant celles qu'on observe le plus facile-inent, il convient de les passer d'abord en revue, pour armer ensuite ä l'etude des lesions primitives.
Dans la rage il se produit un etat congestionncl des divers parenchymes; cet etat est la consequence d'une alteration du Systeme nerveux, provoquee par le virus rabique. La congestion s'explique par le relächement des parois vasculaires, par l'afTai-blissement ou la paralysie des nerfs vaso-moteurs, qui sont des nerfs constricteurs des vaisseaux.
L'amelioration momentanee, obtenue par le docteur Mennesson
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suv le veterinaire Moreau atteint de la rage, au moyen de la fara­disation, sembie appuyer cette maniere de voir. Mais ä quoi tient cette paralysie des nerfs vaso-moteurs'? Elle est vraisemblablement produite par le virus rabique lui-meme, qui agit comme un poison sur les nerfs, ou bien eile est le resultat d'une action reflexe, qui provient de l'alteration des elements nerveux de la protuberance, de la moelle allongee, du cerveau et de la moelle par le meine virus.
Le cadavre de l'animal mort de rage est plus ou moins amaigri; les poils sont plus ou moins en desordre; la rigidite cadaverique se montre tres rapidement; la muqueuse buccale et les autres muqueuses apparentes sont congestionnees; les veines sont gon-flees, principalement les veines du cou. Le sang est noirätre, incoagule, plus riebe en globules blaues, moins riebe en matiere fibrinogene; ses globules rouges sont parfois dechiquetes.
L'appareil digestif est le siege de certaines modifications, qui ont une grande importance au point de vue du diagnostic. La muqueuse buccale est hyperemiee, bleuätre, parfois exeoriee; on y rencontre quelquefois des corps etrangers, ainsi que dans le pharynx; les amygdales sont gonflees, hyperemiecs, et souvent les glandes parotides, maxillaires, linguales, molaires sont aussi congestionnees. On a bien Signale, a la face Interieure de la langue, l'existence de vesicules, de pustules, d'erosions (lysses de Marocbetti); mais je suis porte ä penser que ces lesions, quand elles se inontrent, sont le resultat d'une irritation traumatique, produite paries corps etrangers que l'animal a ingeres; je n'ai jamais eu l'occasion de les observer en dehors des cas ou elles pouvaient resulter d'une action traumatique. La muqueuse pharyngienne est irritee, hyperemiee, rougeätre, exeoriee; son appareil glandulaire est manifestement hypertrophie. Les gan­glions de la gorge sont toujours plus ou moins älteres, conges-tionnes, ramollis ä leur centre.
Dans l'estomac et quelquefois jusque dans l'intestin, on trouve des matteres diverses, etrangeres ä l'alimentation, en plus ou moins grande abondance; et ce Symptome post mortem quoique n'ayant pas une signification univoque,est cependant d'une grande valeur pour etablir le diagnostic de la rage. La muqueuse stoma-cale est plus ou moins enflammee et baignee souvent par un li­quide visqueux plus ou moins fonce. Ce liquide noirätre existe egalement dans l'intestin, dont la muqueuse est enflammee, et qui pent contenir des matieres analogues ä celles de l'estomac, mais qui le plus souvent est vide ou a peu pres.
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Le foie et la rate sont congestionnes; on y voit au microscope des vaisseaux distendus, d'autres obliteres par des caillots tibri-neux et d'autres ruptures; les cellules hepatlques sont plus granu-leuses.
Les muqueuses pituitaire, laryngienne, tracheale et bronchique sont congestionnees, rougeätres, noiratres ou violacees. Le pou-mon est parfois engoue. II n'est pas rare de rencontrer des corps etrangers egares dans les voies respiratoires.
Les reins sont toujours älteres, congestionnes; eu les etudiant au microscope on trouve, comme dans le tbie, des vaisseaux dis­tendus, des vaisseaux obliteres par du sang coagule, des vaisseaux ruptures en certains points; le sang passe en nature dans les tubes uriniferes. U y a aussi tressouvent de la nephrite parenchymateuse. Onrencontredestubesqui ont perduleur epithelium; d'autres, donl, les cellules epitheliales sont en voie de degenerescence; d'autres, quisont obliteres, remplisd'uneinatieregrenue.La vessie est sou-vent vide et ratatinee; parfois eile est pleine et meine distendue; sa muqueuse est quelquefois ecchymosee. L'urine est fetide, char-gee, parlbissanguinoleute. On a signale aussi la congestion et l'in-flanunation de la muqueuse uterine.
Cost dans le Systeme nerveux qu'on trouve les alterations les plus importantes, surtout quand on les recherche avec le micros­cope. Dans les nerfs, dans les meninges, dans la moelle, dans la moelle allongee, dans le cerveau et dans le cervelet, on observe ii I'oeil nu les memes lesions de congestion que dans les autres organes. G'est ainsi que l'on pent constatcr de la congestion, sous forme de trainees ou d'ecchyinoses, dans les nerfs de la region mordue, dans les nerfs de la langue (hypogiosse et lingual), dans le pneumo-gastrique, dans certains nerfs cervieaux, dans le grand sympalhique et dans ses ganglions. On remarque aussi toujours im etat congestionnel plusou nioins prononce dans les meninges, des extravasations sanguines dans les raailles de la pie-mere. Dans le cerveau, dans le cervelet, dans la moelle allongee et dans la moelle, il existe toujours une hyperhemie, qui pent ineme s'accom-pagner du ramollissement du tissu nerveux, quand lamaladie a dure assez longtemps; il y a aussi de petites hemorrhagies dans la substance cerebraleou medullaire, del'oedeme et meme un epan-chement ventriculaire. Les vaisseaux des Centres nerveux sout in-jectes, gorges d'un sang noiratre.
A I'examen microscopique, on trouve dans les nerfs älteres,
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dans la moelle, dans la inoelle allongee, dans le cerveau et dans le cervelet les lesions consecutives a la congestion et des lesions plus importantes, qui se montrent dans les elements nerveux, dans les cellules et clans les tubes nerveux, et qui sont les lesions primordiales de la rage. On rencontre dans la substance, qui sou-lient et entoure les cellules nerveuses, des leucocytes dissernines ou reunis en foyers, des vaisseaux remplis de sang ou de leuco­cytes, entoures d'unmanchon de leucocytes, etpresentarit les me­ines elements clans leurs parois. On rencontre c.h et la des hemor-rhagies, au sein desquelles on voit des cristaux d'hematouline et dont le pourtour est garni de leucocytes; on rencontre egalement (fa et lit des vaisseaux obliteres, remplis d'une matiere granuleuse, melangee de leucocytes, et parlbis on voit aussi dans I'interieur de ces vaisseaux des cristaux d'hemato'idine. Parfois on rencon­tre des cellules nerveuses entourees du produit de l'hemoniiugie, comprimees par les cristaux et penetrees par lös elements du sang; quelquefois il peut en resulter un deplacement du noyau et racme une destruction complete des elements nerveux.
Ces lesions, qui consistent dans la stase du sang, dans la dia-pedese des globules blancs, dans la rupture des vaisseaux, dans lalbrmation de cristaux et dans la compression des elements ner­veux, n'ont rien de specifique; mais il n'en est pas de meme des suivantes, qui, il est vrai, sont encore fort mal connues.
Dans le Systeme nerveux central et dans le Systeme peripheri-que, on observe une opacite plus ou inoins prononcee et un etat granuleux plus ou moins avance du protoplasrna des cellules ner­veuses; le meme etat se voit aussi dans certains :ierfs; parfois le cylindre-axe est presque detruit.
L'alteratiou des elements nerveux explique tous les phcnome-nes qui se deroulent dans lecours de lamaladie. Sa production, due ä l'action du virus rabique, permet d'expliquer d'abord les syinpto-mes nerveux qui annoncentla rage, et devient bientot la cause des phenomenes congestionnels qui se montrent par suite de la para-lysie des nerfs vaso-moteurs.
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Dans le cours de la rage, l'oeil eprouve souvent des alterations; il y a de la conjonctivite, de la keratite; souvent la cornee s'ulccre; il y a aussi parfois de l'ophthalmie, de l'amaurose. L'ulceration de la cornee semble bien se rattacher ä la maladie; car on I'observe non seulement sur les animaux qui ont pu se blesser pendant leurs acces de fureur, mais aussi sur les animaux atteints de rage tranquille ou paralytique.
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DIAGNOSTIC
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II n'est pas toujburs bien facile de reconnaitre la rage. II ne faut jamais perdre do A^ue qu'ä son debut la maladie ne se carac-terise pas par de la fureur. II faut accorder une grande impor­tance aux changements qui se produisent dans le caractere et dans les habitudes du chien enrage, qui devient triste, taciturne, inquiet, agite. I! faut prendre entresgrande consideration les mo­difications qui se inanifestent du cöte de La sensibilite et de l'im-pressionnabilite, du cöte des sens et dans lavoix; il faut aussi ac­corder toute son attention aux symptömes qui surviennent du cöte de l'appareii digestif; il faut par-dessustouteviter et dissiper cer-taines erreurs, qui peuvent entrainer des mecoinptes graves. II ne suffit pas tonjours d'etudier le malade durant sa vie; bien sou-vent, malgre robservatiou et rexamen les plus attentifs, il peut rester des doutes sur la nature de la maladie, aussi ne faut-il ja­mais negiiger de pratiquer l'autopsie, quand celaest possible, car souvent eile pennet de confirmer le diagnostic, grace au Symptome important qu'elle permet de constater et qui consiste dans la pre­sence de corps etrangers dans les voies digestives. En outre il ne faut jamais negiiger de recourir aux renseignements; il faut inter-roger les proprietaires et s'eclairer le mieux possible sur les ante­cedents des malades, sur les divers symptömes qu'ils ont presen-tes, sur leur genre d'existence, sur leurs rapports avec d'autres chienset surtout avec les chiens errants. Quahd il s'agit d'un ani­mal malade, et qu'on soupcomie tie la rage, on peut employer le chien ä titre de reactif.
Malgre toutes les precautions, il arrive assez souvent qu'on est embarrasse pour determiner surernent la nature de la maladie. II arrive souvent qu'on a lieu de se demandersi on a bien reellement affaire ä la rage et non ä une autre maladie qui se caracterise par des symptömes rabiformes. C'est qu'en effet certaines affections plus ou inoins graves, telles que l'epilepsie, l'introduction de corps etrangers sous l'influence d'une affection autre que la rage, on memo sans qu'il y ait h proprement parier un etat morbide, la maladie. du jeune äge, la gastro-enterite, certains empoisonne-ments, les maladies vermineuses, les affections morales peuvent s'accompagner d'un etat rabiforme plus ou moins manifeste, pro-voquer des symptömes de fureur, une depravation du gout. Tin-
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gestion de corps etrangers, recartement des mächoires et la sali­vation; mais pourtant, dans aucun de ces divers cas, on ne constate ni las hallucinations, ni la modification particuliere de la voix, ni l'anesthesie cutanee, ni la physionomie rabique, etc. D'ailleurs les antecedents, l'äge des malades, certains symptömes qu'on n'observe pas dans la rage, la marche de la maladie, sa terminaison, l'examen du cadavre, permettent souvent d'etablir la differencia-tion. II vasans dire que toutemaladierabiformeoblige ä unegrande circonspection etä la prudence; les malades doivent etremis dans rimpossibilite d'exercer leur fureur.
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ETIOLOGIE
Pour expliquer l'apparition de la rage, on a invoque l'action d'un certain nombre de causes ordinaires (spontaneite) et la con­tagion.
Spontaneity. — On n'admet l'apparition spontaneede la rage que chez les carnivores, chez le loupet chez lechien notamment. Cette idee s'est propagee et a ete entretenue par la relation de fails mal observes et mal interpretes; et d'ailleurs, quelques eve-nements, qui se sont produits a certaines epoques, ont sembl6 l'etayer et la fortifier.
Ainsi en 1803 on a, dit-on, observe au Perou, sous I'influence d'une chaleur exageree, une maladie frenetique, d'apparence rabi­forme, qui s'est montree sur les animaux et sur l'homme, et qui ctait transmissible par morsure. Mais il n'est pas demontre que ce fut la rage, et, si la maladie a paru se transmettre par morsure, on n'est pas pour cela autorise a I'affirmer, car les individus mor-dus etaient, eux aussi, soumis h I'influence des memes causes qui avaient fait apparaitre la maladie sur les premiers.
En Amerique, on parle aussi d'une maladie rabiforme, qu'on appelle rage mephitique, et qui serait provoquee par la piqüre d'un serpent; mais cette fois encore il ne s'agit pas de la rage, et cet exemple montre combien il est utile de recourir aux rensei-gnements, pour etablir le diagnostic de cette maladie. Enfin, ä di­verses epoques et en divers pays, on a aussi frequemment observe des recrudescences de rage, pendant lesquelles la maladie se mon-trait beaucoup plus frequente et parfois epizootique. Ces faits sont exacts et leur explication se trouve dans la contagion, qui n'a pas ete entravee par l'application de mesures preservatrices con-venables.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;49
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Pour expliquer le developpement spontane de la rage, on a ä tort accuse les iniluences meteorologiques, les influences hygie-niques et certaines causes tenant aux individus. On a accuse les climats, les saisons, les aliments älteres, la faim, la soif, la souf-france, le musellement, la peur, les affections morales, I'enleve-menl des petits, les excitations genesiques, la colere, la douleur, les morsures de chiens non enrages, de chiens en chaleur, la race, le sexe, Tage.
Les climats ne semblent avoir aucune influence sur I'apparition de la rage, qui s'observe dans les pays les plus disparates, et qui n'appäratt pas dans les pays chauds ou froids, sans y avoir et6 im-portee. Les saisons, malgre les statistiques qui nous montrent que la rage es!, plus frequente en ete qu'en hiver ou reciproquement, ne jouent, certainement pas le role de causes efficientes; il semble tout au plus que la chaleur de l'ete abrege peut-etre la duree de la periode d'incubation; et, si les cas de rage sont parfois plus fre­quents en ete qu'enhiver, cela tient uniquementa ce que, pendant la saison chaude, les chiens vagabondant plus que pendant la Sai­son froide et courant ainsi plus de dangers, sont plus exposes ä etre mordus.
_ Les aliments älteres et la mauvaise hygiene ne font pas davan-tage naitre la rage; ainsi I'hyene, quiest apte h contractor la mala-die, ne la presente pas spontanement, bien qu'elle se nourrisse toujours d'aliments plus ou moins älteres. La faim et la soif sont tout aussi impuissantes ä faire developper la rage; les physiolo-gistes, qui ont, etudie Fabstinenceet I'inanitionchez le chien, n'ont Jamals obtenu la rage en le privant d'aliments ou de boissons.
Les souffrances physiques ne semblent pas etre non plus ca-pables d'engendrer la rage; que de chiens sont frequemment tor­tures dans les experiencesde laboratoire, et pourtant jamais aucun d'eux n'est devenu enrage par ce seul fait. Comment comprendre que le musellement puisse etre plus efflcace.
Les aflections morales, la peur, l'enlevement des petits k la chienne qui les nourrit, ont ete invoques pour expliquer I'appa­rition de certains cas de rage; mais assurement on s'est trompe dans l'appreciation des faits, ou on a pris pour de la rage, ce qui n'etait qu'un etat rabiforme, ou on n'a pas pu connaitre assez exac-tement les antecedents des malades.
On avait cru parfois que les excitations genesiques pouvaient determiner la rage, parce qu'on I'avait vue apparaitreapres '.'action d'une pareille cause, parce qu'on avait ignore les antecedents des
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malades, ou parce qu'on avait ete dupe de declarations mensou-geres; mais il est admis aujourd'hui ä peu pres generalement, que les excitations genesiques sent sans effet au point de vue de in production de la maladie.
II en est de meme de la douleur et de la colere; il est vraiment singulier d'entendre encore soutenir que larage peut resulter de la morsure d'un chien en colere ou en chalour et non atteint de la rage. Une paroille assertion ne merite guere qu'on la premie au serieuxet encore moins qu'on la discute.
Les cas de rage .sont plus l'requents chez eertaines races, chez les individus du sexe male, et cela se comprend sans peine, cela doit etre ainsi, non pas que la race et le sexe soient des causes de la maladie, mais tout simplement parce que les representants de teile race et dusexe maleetant plusnombreux et plus vagabonds, il s'ensuit qu'ils sont plus frequemraent et en plus grand nombre exposes ä la contagion.
be jeune ;ige a une influence sur la duree de la periöde d'incu-bation, quiestordinairement plus coürtefchez les jeunes que chez les adultes.
Toutes les causes invoquees, pour explaquer le developpement spontane de la rage, n'ont done aueune action predisposante. Ceux qui lesont aecusees, soit qu'ilsaient pris des etats rabiformes pour de la vräie rage, soit qu'ils n'aientpasvoulu, soit qu'ils n'aient pas su, soit qu'ils n'aient pas pu se renseigner exaeternent sur les antecedents des malades, se sont trompes. D'ailleurs il est encore des pays oil la maladie n'existe pas, et pourtant les cliiens y sont soumis aux diverses influences qui viennent d'etre enumcrees.
GoxTAfiioN. — La contagion est la seule cause capable de faire naitre la rage sur un animal quel qu'il soit.
La maladie est-elle transmissible par la salive des divers ani-maux qui sont susceptibles de la contracter?
Pour repondre convenablement ä une pareille (juestion, il faut passer en revue les diverses especes animales. La rage du chien et des autres carnivores est siirementtransmissible; eile est trans­missible aux autres animaux et h I'homme, ainsi que cela est dc-inontre par de tres nombreux faits d'observation et d'experimen-tation. Le chien eiantranimal chez lequel on observe le plus sou-vent la rage, est aussi celui qui la transmet le plus souvent. Le loup transmet aussi la rnaladie, et il semble meine que sa morsure soit, toutes choses egales d'ailleurs, plus dangereuse que celle du chien.
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On a observe aussi des cas de transmission par le chat et par le renard. Du reste, ce qui prouve d'une maniere bien positive la contagion de la rage du chien, c'est l'introduction de la maladie dans les pays oil eile n'existait pas anterieurement. C'est avec les chiens europeens qu'elle a ete importee a la Plata, a I'lle Maurice, ä Malte, h Hong-Kong, a Shanghai, etc. Les morsures faites par les carnivores enrages sont de veritables inoculations; elles sont plus ou moins souvent suivies de succes, selon qu'elles ont ete faites dans des conditions plus ou moins favorables. Toutes choses egales d'ailleurs, elles reussissent plus souvent quancj elles sont faites sur des parties denudees, decouvertes, privees de polls ; les vetements et les polls peuvent en effet retenir le virus et l'empecher d'arriver dans la piaie.
II arrive rarement que les animaux herbivores transmettent la rage, puree qu'ils ne mordent pas habituellement, ou parce que, s'ils mordent, ils produisent une contusion ou une plaie contuse, qui ne se prete guere ä l'absorption du virus. Pourtant leur have est inoculable et leur rage transmissible. Youatt cite un cas dans luquel la maladie avait ete transmise ä l'homme par la morsure d'un cheval. Huzard et Dupuy croyaient que la rage des grands et des petits ruminants n'etait pas transmissible; et des experiences, faitesä Alfort, a Lyon et ä Toulouse par Girard, Vatel, Renault, M. Rey, M. Lafosse, confirmaient cette maniere de voir. Pourtant Delafond citait un cas de rage observe chez un pätre mordu par une vache enragee; et Tardieu rapportait un cas analogue, obser­ve chez unberger mordu par unmouton enrage. D'ailleurs Berndt, en 1822, avait demontre que la have de tout animal enrage est viru­lente; et Dreschet avait constate la virulence de la have des soli-pedes et des ruminants atteints de ia rage. Renault et M. Rey eurent d'abord des insucces; mais ensuite ils reussirent. M. Rey inocula fructueusement la rage du belier au belier, quand 11 pra-tiqua ses inoculations plus profondement. Renault reussit ä son tour, 11 transmit la rage du mouton au chevreau et au chacal.
La rage des divers animaux susceptibles de la contracter doit etre consideree comme transmissible dans tous les cas; celle du pore est transmissible; 11 en est de meme de celle du lapin, comme je l'ai demontre, et de celle du rat, ainsi qu'en temoigne un cas de transmission h I'eufant, observe dans FArdeche en 1878.
En resume la rage est toujours virulönte, meme celle de l'homme. Le chien peut transmettre lamaladie a tous les animaux et a l'homme; les autres animaux peuvent transmettre leur rage i\
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rhomme ou aux animaux de leur espece ou autres, et tres proba-blement, quoique plus dit'ficilement paralt-il, au chien.
Sieges du virus. — Tout le monde sait oü le virus existe, mais personne ne salt encore oü 11 se forme. La rage est toujours transmlse par rinoculatloa de la bave. La have est done virulente; cela resulte de l'observation et des resultats de l'experimentation. Mais ce produit est loin d'etre simple; 11 est au contralre tres com-plexe; il est forme par le melange de la salive parotidienne, de la salive maxillaire, de la salive des autres glandes, du mucus buccal et pharyngien et du mucus des voies respiratoires.
Quelle est la partle qui apporte ävec eile la virulence? Celle-ci nisulterait-elle par hasard du melange de ces diverses secretions et de leur sejour dans la beuche? M. P. Bert se posait derniere-ment cette question, et, apres avoir experimente, il reconnaissait que la salive de la parotide, de meine que celle de la maxillaire n'est pas virulente. De mon cöte, j'ai inocule un grand nombre de fois le produit de ces deux glandes et toujours sans resultat. J'ai procede de diverses facons : j'ai insere sous la peau des fragments de glandes; j'ai inocule ou injeete, sous la peau, le produit obtenu enles räclant ou en lesexpriraant; et jamaisje n'ai obtenu la rage. M. MC0Reynaud a, dit-il, transmis dernierementla rage ä unlapin, en lui inoculant le produit de la glande maxillaire d'un autre lapin enrage; mais ce fait n'a pas une grande importance, car il n'est pas demontre que le lapin, qui a ainsi suecombe trente-six heures apres l'inoculation, seit mort de la rage.
M. P. Bert dit n'avoir rien obtenu en inoculant le produit des glandes de la langue. J'ai de mon cöte inocule ces produits, et dans deux experiences j'ai obtenu une maladie rabiforme, une pre­miere fois chez un mouton et une seconde fois sur un chien. Le inouton avait ete inocule au plat de la cuisse; vingtjours apres, la region inoculee devenait prurigineuse, puis la paralysie envahis-sait le membre correspondant et se propageait rapidement ä tout le train posterieur et ä tout le corps; la salivation etait tres abon-dante; le malade resta dans cet etat pendant deux jours en prole ä des convulsions. J'ai obtenu un cas de rage mue, avec frissons, mouvements convulsifs et paralysie chez un chien, qui est tombe malade dix-sept jours apres l'inoculation. Malheureusement le chien en question etait en observation depuis trop peu de temps pour qu'il me soit permis d'affirmer qu'ilji'avait pas regu les germes de la maladie anterieurement.
Barthelemyaineobtint la rage, en inoculant au cheval le produit
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des lysses; mais cefait ne prouve pas que le virus soil secrete par la lesion, d'ailleurs hypothetique, (lu'on appelle lysse, car du ino-inentqu'il exlste dans la have, il peut facileinentsemelanger avec le cmitonu d'une vesicule qui se fonnerait sur la buccale; et d'ail­leurs il semble bien difficile de recueillir le produit de la lysse, sans s'exposer ii recueillir en nieme temps la matiere virulente qui impregne la muqueuse.
,ie crois, pour men compte, que la muqueuse bucco-pharyn-gienne secrete le virus; apres avoir bien lave et bien racle ia sur­face ile cette muqueuse, j'ai pu provoquer la rage, en inoculant le produit obtenu en procedaat a un dernier räclage. Neanmoins je ne presente pas cette conclusion comme etant absolument sure; car il est fort possible que le eontage, sans etre secrete par la muqueuse, Timbibe plus ou moins profondement.
Le sang et la chair sont-ils virulents'?
Ilertwig admettait la virulence du sang, particulierement de cc-lui des Jugulaires. Gependant Breschet, Magendie, Dupuytren, Renault n'ont jamais obtenu la rage dans leurs experiences avec le sang des animaux enrages; on a pu transfuser, sans resultat, ä un animal sain le sang d'un animal malade.
Eckoel de Vienne obtint chez le mouton une maladie, ä nature mal determinee, en lui inoculant le sang d'un animal enrage. Mi Lafosse obtint aussi, sur un des trois sujets qu'il avail inocules avec du sang, un resultat douteux. J'ai, depuisquelques mois, pra­tique de tres nombreuses inoculations avec le sang des chiens en­rages; je l'ai pris sur les malades vivants et je l'ai inocule de dif-ferentes manieres, par piqüres, par injection hypodermique, etc; jamais jo n'ai ainsi transmis la rage. Le sang ne me semble done pas renfermer le virus pendant le cours de la maladies; pourtant il doit etre virulent, au moins ä un certain moment. II y a d'ailleurs certains faits d'observation qu'il serait difficile de comprendre, si on n'admettait pas que le sang peut h un moment donne posseder la virulence. Ganillac rapporte le cas d'une vache enragee accou-chant d'un veau, qui devint enrage trois jours apres sa naissance; il est vrai que la mere avait leche le jeune animal, mais on est en droit de se demander si les germes de la maladie ne lui avaient pas ete transmis pendant sa vie intra-uterine. La science ne pos-sede d'ailleurs que ce fait dans cet ordre d'idees; et, en medecine humaine, on cite le cas d'une femme enragde, mettant au monde un enfant qui n'est pas devenu malade. On a dit aussi qu'un eleve de l'ecole de' Gopenhague, en pratiquant une autopsie, s'etait mo-
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cule la rage; mais de ce fait on ne saurait conclure que le sang est virulent, car cet eleve avait pu s'inoculer la salive aussi bien que le sang.
La chair est-elle virulente?
Gohier observa deux fois la rage chez des chiens nourris avec de la chair d'animaux enrages; mais 11 y a lieu de faire des reser­ves au sujet de ces deux cas, car les animaux qui devinrent enra­ges pouvaient avoir ete mordus anterieurement. Delafond et Re­nault n'ont pas provoque la maladie, en faisant ingerer de la chair d'animaux enrages. M. Lafosse a encore obtenu un resultat dou-teux dans ses experiences. De nombreux faits demontrent que la chair des animaux atteints de la rage n'est pas dangereuse; eile a ete consommee assez souvent, apres la cuisson il est vrai, sans qu'on ait jamais observe aucun accident. M. Thouvenin de Pont-ä-Mousson, pour rassurer des personnes qui avaient mange de la viande d'une vache enragee, mangea lui-meme un bifteck sai-gnant, pris sur le cadavre d'une autre bete qui venait de succom-ber ä la rage. M. Decroix a mange de la viande crue arrosee de have provenant d'un animal enrage, sans en eprouver aucun ma­laise; il ne croit pas d'ailleurs äla contamination par les voles di­gestives.
Theoriquement le sang et la chair des animaux enrages peuvent etre consideres comnie nonvirulents; mais dans la pratique il laut neanmoins en proscrire Futilisation, a cause de la repugnance et de l'effroi qu'inspire la rage.
Le lait ne semble pas non plus virulent, hi pendant la periode d'incubation, ni pendant la maladie. Delafond cite bien un cas oü il aurait ete virulent; mais, deux des animaux rendus malades ayant gueri, il y a lieu de croire qu'il ne s'agissait pas cette fois encore de la rage. Fleming cite egalement le cas d'une negresse, qui aurait trans-mis la rage a son nourrisson au moyen de son lait; mais dans ce cas, la maladie pouvait tres bien avoir ete transmise k I'enfant par la salive, que sa nourrice deposait involontairement sur sa figure en le caressant, en l'embrassant. De nombreux faits out ete observes, dans lesquels le lait d'animaux enrages a ete ingere sans accident, sans consequence. Ainsi on cite le cas de deux enfants nourris I'un avec le lait d'une vache enragee, et l'autre avec celui d'une chevre egalement enragee. De nombreuses personnes out, k des epoques diverses, bu sans le savoir du lait provenant de vaches dejä enragees. On a vu une chienne enragee allaiter sespetits, qui plus tard ne sont pas devenus enrages; on a vu une chevre enra-
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gee allaiter impunement son chevreau; jamais on n'a cite aucun fait de transmission. Baumgarten et Valantin en Allemagne et Re­nault en France ont demontre experimentalement l'innocuite du lait des animaux enrages. Dernierement j'ai inocule, par injec­tion hypodermique, ä quatre lapins le lait d'une chienne enragee, et je n'ai obtenu aucun resultat.
Puisque les lesions primordiales de la maladie se produisent dans les centres nerveux, il faut rechercher si le virus existe dans les nerfs, dans la moelle, dans la moelle allongee, dans la protu­berance, dans le cerveau, dans le cervelet. Si, comme le pretend M. le docteur Duboue, le contage rabique chemine a travers le cylindre-axe des nerfs, pour se rendre de la morsure aux centres nerveux, on doit I'y retrouver. Rossi de Turin avait, semble-t-il, obtenu la rage, en inserant sous la peau d'un animal un fragment de nerf pris sur un chat enrage; mais ce fait est unique dans la science. La meme experience a ete tentee plusieurs fois en Alle­magne et a toujours donne des resultats negatifs. De mon cote j'ai inocule, de nombreuses fois et de differentes manieres, le produit des nerfs de la langue, celui de la moelle allongee, celui de la pro­tuberance, celui du cerveau et celui de la moelle, sans produire la rage.
J'ai pareillement inocule, sans resultat, l'humeur aqueuse de l'oeil, le sue de la glande lacrymale et le sue du pancreas. D'un au-tre cote I'urine, les serosite, la sueur, les secretions genitales ont ete reconnues non virulentes.
Dans une experience j'ai obtenu la mort de trois animaux, en leur inoculant la chassie d'un lapin enrage. Je ne pourrais dire d'une maniere certaine que le virus rabique se trouve dans le produit morbide de l'oeil, mais il y a lieu de rechercher la verite ä ce sujet.
M. P. Bert a vu la rage se declarer sur un chien trois ou quatre mois apres I'avoir inocule avec le produit pulmonaire; mais il ne tire de ce fait aucune conclusion, attendu que le chien pouvait avoir dejä le germe de la maladie quand il I'a inocule.
Les matieres contenues dans I'estomac ont entraine avec elles de la have, de la salive, et il est important de savoir si la virulence a persiste, s'il y a par consequent du danger a toucher ces matie­res, quand on a une plaie ä la main. J'ai soumis a la pression les matieres renfermees dans I'estomac et la muqueuse stomacale d'un chien enrage, qui venait d'etre sacriflö; j'ai inocule ä plusieurs animaux le produit ainsi obtenu, et je n'ai rien vu survenir a la suite de mes inoculations.
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Enfln le virus rabique existe-t-il dans les ganglions pharyngiens, qui sont toujours älteres dans ie cours de la maladie? J'ai inocule leur produit et je n'ai encore obtenu aucun resultat positif.
En resume, le contage rabique existe seulement dans la bave (peut-etre dans la chassie), et il est vraisemblableinent produit dans les glandes linguales et sur la muqueuse bucco-pharyn-gienne.
Garacteres du virus. — Le virus rabique est fixe; il ne se transmet que par la bave et non par rintermediaire de 1'air. II se conserve au moins un jour sur le cadavre;je I'ai trouve actif apres I'avoir conserve 24 heures dans l'eau; enfln je I'ai inocule fructueusement une t'ois sur le cochon d'lnde, apres I'avoir con­serve pendant dix jours dans une cellule recouverte d'une lameile. On ne sait oü se trouve le virus pendant la periode d'incubation, et, la theorie du docteur Duboue semblant jusqu'ä un certain point en contradiction avec ines experiences sur la virulence des nerfs et des centres nerveux, il y a lieu de poursuivre les recherches ä ce sujet, pour arriver ä determiner la nature du virus rabique, son lieu de repullulation et son mode d'action sur le Systeme nerveux, oil il n'existe pas.
Dans la rage il y a certainement deux agents; il y a certaine-ment un germe, qui, en exigeant un certain temps pour se multi­plier, permet d'expliquer la periode d'incubation; et il y a non moins certainement un poison, qui est apporte par la circulation dans les centres nerveux et y provoque les lesions et les sympto-mes de la rage. M. P. Bert a parfaitement reconnu que les matie-res rabiques semblent avoir des proprietes septiques; il a vu des accidents locaux se produire apres Finoculation. II a obtenu la rage, en inoculant le residu de la bave rabique retenu par le filtre en plätre; et le liquide filtre ne s'est pas montre virulent, il s'est montre toxique, il a provoque des accidents locaux. J'ai ä mon tour constate plusieurs fois les proprietes septiques de la salive rabique. Dans quatre experiences sur des chiens inocules avec la bave, j'ai obtenu, non seulement des accidents locaux, mais un empoisonnement mortei. D'apresles donnees qui precedent, il est facile de se rendre compte du mode d'action du virus rabique, qui semble bien etre un germe. ainsi que mes experiences et mes cul­tures m'ont permis de le soupoonner.
A la suite de la morsure ou de Finoculation, le virus est absorbe par les voies ordinaires et lance ensuite dans les differentes par-
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ties de rorgaiiisme. Les germes, qui arrivent aux glandules de la langue et ä la muqueuse bucco-pharyngienne, se multiplient dans ce terrain qui leur est favorable; et leur multiplication s'aecompagne de la secretion d'un poison. Les nouveaux germes et le poison sont excretes avec la salive. Mais une partie plus ou moins consi­derable du poison est absorbee par les lymphatiques; eile provoque en passant l'alteration des ganglions de la gorge, et vaagir sur les cellules des centres nerveux, dont I'irritation retentit ensuite sur les nerfs vaso-moteurs. De la sorte tout s'explique, la periode d'in-cubation, les lesions et les symptomes, les proprietes virulentes et septiques de la salive. Be plus on conceit des lors tres bien que la virulence de la salive existe avant l'apparition des premiers syniptomes de la rage; et il suffirait probablement, pour empe-cher la manilestation des symptomes rabiques, d'empecher I'ab-sorption du poison ou dedetruire h temps le virus dans les points oil il se localise et ou 11 se multiplie.
Gohtre cette theoric on pout elever des objections, et jen'y tiens d'ailleurs qü^iutant qu'on ne m'en demontrera pas la faussete. Une piemicrc objection pent Sire tiree de mes experiences me­ines; j'ai cherche le poison dansle Systeme nerveux et je ne l'yai pas encore trouve. J'ai injecte sous la peau et dans la plevre, ä forte dose, le liquide obtenu en expriment la substance des cen­tres nerveux et je n'ai rien obtenu; mats il pent tres bien se faire que le poison, en arrivant dans les centres nerveux, s'y denature en agissant sur les elements (1).
La virulence existe certainement quand les premiers sympto­mes de la inaladie se montrent, et il semblerait qu'elle apparait avant la manifestation des premiers signes. On cite d'assez noin-breux cas do rage observes chez Thomme ä la suite de morsures faites par des chiens, qui n'ont presente les symptomes de la ina­ladie qu'apres avoir mordu. Notre theorie permet d'expliquer ces faits et au besoin eile donnerait l'explication des cas de transmis­sion observes h la suite de morsures faites par des chiens qui se sont retoblis.
Des que le virus a ete introduit dans Torganisme, la virulence existe quelque part; eile clevient plus facile ä mettre en evi-
(I) Derniamp;ement (15 aoftt 1K80) j'ai obtenu dos syinptömes'Yierveux el hi inort au bout d'un jourcliez deux moutons a qui j'avais injecte, en quantile conslduiable dans le peiiloine, le produit obtejiu en exprhnant la inatiere des centres nerveux d'un einen enrage sacrifij pour la circonstance.
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dence, quand les gennes se sont multiplies, et eile dure pendant toute la inaladie; eile persiste meme apres la ftiort.
Modes de contagion, ses caractöres. — La rage se transmet par inoculation. La peau intacte ne se prete pas ä la penetration du virus; il taut uue morsure, une plaie, une exco­riation, une eraillure, une piqiire. Le contage rabique est absorbe, comme tons les autres contages, par les vaisseaux sanguins et lymphatiques. II taut, pour qu'il y ait transmission, que le virus soit mis en rapport avec une surface absorbante.
D'apres les experiences de Renault et de M. Decroix, le contage rabique serait detruit par les sues digestifs, ou ne serait pas absor­be par la muqueuse gastro-intestinale. ,le n'ai pas non plus reussi ii transmettre la rage, en faisant ingerer a des animaux de la bave de chien enrage; mais ueaninoins il taut croire que, si les pre­mieres portions de la muqueuse digestive etaient le siege d'exco-riations, de plaies, etc.,rinoculation et la transmission pourraient s'ensuivre.
On n'a pas observe de cas de rage h la suite de l'introduction du virus par les voies respiratoires; mais il reste ä deinontrer si la muqueuse de ces voies ne se preterait pas ii l'absQrption des germes rabiques.
Quant ii la muqueuse oculaire, il reste encore ii faire des recher-ches pour savoir si eile est susceptible d'absorber ou non le virus rabique, et cc point a une certaine importance, surtout pour les personnes qui appioChent les animaux enrages et qui peuvent recevoir des projections de salive dans les yeux. J'ai badigeonne, dans diverses circonstances, la conjonctive de lapins avec la bave de chien enrage et je n'ai encore obtenu aucuu resultat.
Le virus rabique, injecte directement dans le torrent circulatoire, reste sans effet; e'est du moins ce que j'ai constate dans deux experiences, oil j'avais injecte dans la jugulaire du mouton une grande quantite de bave rabique.
En resume, la contagion rabique semble s'effectuer exclusive-rnent par inoculation ou impregnation d'une surface absorbante.
Quoiqu'en dise M. Duboue, I'absorption n'est pas league a se produire; les cauterisations tardives n'oli'rent done aucune secu-rite. J'ai vu apparaitre la maladie sur un jeune homme inordu iila figure et qu'on avait cauterise au fer rouge une heure apres. M. Reul, de l'Ecole de Bruxelles, a vu la ragese declarer sur plu-sieurs animaux, dont il avait cauterise les plaies (trois heures apres la morsure) avec la pierre infernale, apres les avoir net-
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toyees, raclees et lavees ä J'ammoniaque pure. Enfin, et cela est encore plus probant, j'ai vu la rage se montrer sur des lapins inocules ä la pointe de l'oreille, et ä qui javais ampute I'organe une heure et demie, une heure, une demi-heure, vingt minutes apres l'inoculation.
Les morsures faites par des animaux enrages sont assez fre-qaentes; mais elles ne donnent pas toutes, tant s'en taut, lieu au developpement de la maladie, soit qua le virus ait ete arrete par les vetements ou par les polls, soit qu'il n'ait pas ete absorbe; il y a ordinairement plus de morsures infructueuses que de mor­sures suivies de l'apparition de la rage.
La duree de la periode d'incubation est tres variable suivant les especes. Elle est, toutes choses egales d'ailleurs, plus courte chez lesjeunes; eile peut etre abregee paries impressions morales, par les excitations genesiques, par la temperature elevee. L'etat de gestation semble au contraire la prolonger; on cite des cas oü la rage se serait developpee chez la vachepleine et chez la femme enceinte, apres des periodes d'incubation beaucoup plus longues que celle que Ton constate ordinairement.
Chez rhornme, la duree de la periode d'incubation peut aller de quelques jours h un mois, a deux mois, h trois mois, k quatre mois, etc., et meme ä dix mois, et meme, dit-on, ii trois ans, etc. Mais ordinairement la rage se niontre du trente-cinquieme au cinquantieme jour apres la morsure.
Chez le chien, la periode d'incubation peut durer depuis cinq jours jusqu'ä un an et peut-etre au delä; le plus souvent eile oscilleentre trente, quarante, cinquante, ou soixantejours; nean-moins eile peut durer trois mois, quatre mois, etc., etquelquefois neuf ou dix mois.
Cette periode est egalement tres variable quand il s'agit d'ani-maux solipedes; eile peut aller depuis une douzaine on une ving-taine de jours jusqu'ä quatorze ou quinze mois; ordinairement eile est de 30, 40, 50, 60 jours.
Chez les grands ruminants, eile est de '20, 30, 40, 50 jours, quelquefois de 60 et de 70 jours.
Elle oscille entre 40 et 40 jours, quand il s'agit de petits rumi­nants.
Chez les omnivores, eile est de 45, 20, 30 jours.
Chez le lapin et le cobaye, eile est en moyenne de 5, 40, 45, 20 jours.
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En resume, la periode d'incubation de la rage depasse rarement, soixante jours.
PROPHYLAXIE, TRA1TEMENT, POLICE SANITAIRE
Lorsque des individus ont ete mordus par des animaux enrages, la premiere indication ä remplir est celle qui consiste k empecher l'absorption du virus; eest done un traitement prophylactique qu'il faut employer en pared cas. Pourtant il y a lieu d'adopter une ligne de conduite un peu differente, suivant qu'il s'agit de per-sonnes ou d'animaux.
Soins ä donner aux personnes mordues. — Pour empecher l'absorption du contage, il faut recourir ä des lavages, h des grattages executes sur la plaie, ä la succion, h Fapplication d'une forte ventouse, h la compression exercee autour du point oil siege la morsure, et surtout h la cauterisation. M. le docteur Duboue conseille la section des nerfs voisins de la morsure; et cette operation serait tres bien indiquee, si, comme le suppose I'auteur precite, le virus rabique cheminait iitravers les cylindres-axes des nerfs.
La cauterisation doit toujours etre employee le plus tot possible; mate, bien qu'elle seit tardive et qu'elle doive rester inefficace, il faut neanmoins y recourir encore pour rassurer le patient. Celse avait conseille l'extirpation de la partie mordue, quand I'operation otait possible sans danger; il avait aussi conseille la cauterisation avec le feu ou les caustiques et la succion. Pour pratiquer la cau­terisation, on pent employer les agents chimiques ou le cautere actuel, qui doit toujours etre prefere. Toutes les fois qu'il y aura possibilite, il faudra employer le fer rouge et cauteriser aussi profondement que la structure de la region le permettra. A defaut du fer rouge, on pent employer les divers caustiques, tels que le perchlorure de fer, I'acide phenique, I'ammoniaque, la potasse, la poudre k canon, qu'on allume sur la plaie, l'eau de Rabel, la tein-ture d'iode, I'acide chlorhydrique, I'acide sulfurique, I'acide azotique et le chlorure d'antimoine; il faut toujours donner la preference au plus energique, k I'acide nitrique, au chlorure d'antimoine, et ne pas hesiter k cauteriser aussi profondement que possible. La cauterisation doit etre precedee d'un lavage, de la compression exercee sur la plaie pour en faire sortir le sang et le virus qu'elle peut contenir, du räclage de la plaie avec un ins-
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trument tranchant, de la resection des parties dechirees, du debridement de la plaie, pour que le caustique ou le far rouge puisse bieu atteindre partout. L'application du caustique et du fer rouge sera reiteree h plusieurs reprises. Une fois ce traitemenl rnis en pratique, on pent ensuite appliquer des corps gras sur la partie cauterlsee et meine l'entonrer d'un vesicatoire.
Generalement on emploie aussi certains agents k rinterieur, notamment les excitants et les sudorifiques, rammoniaque; on pent aussi mettre en usage le xanthium splnosum, le jaborandi, les bains do vapour, et d'une inaniere generale tous les remedos populalres, einpifi([ues, mystiques, etc., dont I'einploi peut au moins contribuer a calmer le moral du malade, en lui inspirant une securite, qui, pour etre souvent trompeuse, n'en a pas moins un grand prix. II va sans dire ({u'aucun de ces moyens ne doit avoir le pas sur la cauterisation, qui est I'unique sauvegarde en pareils cas:
Lorsque la rage s'est declaree, il taut encore trailer les malades, sinon dans le but de les guerir, au moins dans le but d'attenuer lours soufl'rances. On cite des cas de guerison obtenue par les inhalations d'oxygene, par les injections hypodermiques de curare, etc.; mais rien n'est encore moins demontre que la curabilite de la rage, et 11 est grandement permis de douter de la nature de la maladie qui a ete guerie.
De tres nombreux agents out etc preconises pour les cas de rage declaree. On a conseille la saignee ä blanc, la transfusion du sang, les sudorifiques, I'electricite, les stryebnes, les hypnotiques, les narcotiques, les sels de morphine, le chloral, le chloroforme, Tether, I'acide cyanhydrique, les cantharides, les venins, I'acide salicylique, I'acide phenique, ie bromure de potassium, le berate do soude, les inhalations d'oxygene, le curare, I'hydrotherapie, etc., etc.
Ammaux mordus, animaux knkagks. — Ce qui precede nc doit pas etre applique aux animaux mordus ou enrages. II faut en ce cas recourir aux mesures sanitaires, qui sont rcconnues utiles ou necessaires, pour empecher la propagation de la maladie et prevenir tout danger. G'est ainsi qu'on doit toujours se conduire, lorsqu'il s'agit d'animaux enrages, qu'il ne taut Jamals trailer, afin d'eviter tout danger pour lespersonnes; e'est egalement, ainsi qu'il faut agir, quand on se trouve en presence d'animaux carni-
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vores, chiens ou chats, qui ont ete mordus. On peut neanmoins, quand il s'agit d'animaux qui viennent d'etre raoi'dus, et surtout si ce sont des herbivores, prendre les memes precautions et em­ployer les memes moye-ns dejä examines ä propos de la prophy-laxie applicable aux personnes; on peut cauteriser les plaies saus prejudice des mesures sanitaires qui doivent toujours etre appli-quees. Les animaux roules ou soupconnes d'avoir ete mordus, doivent aussi faire l'objet de l'application des mesures sanitaires, et ä plus forte raison les animaux qui ont ete les aggresseurs, qui ont mordu et qu'on a lieu de soupconner de larage.
Mesures sanitaires. — Les documents legislatifs, que l'autorite peut invoquer, pour prescrire les mesures sanitaires que necessite la rage, sont l'arret du 16 juillet 4784, la loi dos 16-24 aoüt 4790, les articles 459, 460, 464, 462 du Code penal et la loi du 5 mai 4855. Le nouveau projet de legislation saiütaire s'oecupe aussi de cette maladie.
L'article 475 du Code penal edicte une amende de 6 h 40 francs centre ceux qui laissent divaguer des animaux malfaisants oli feroces, qui excitent ou ne retiennent pas leur chiens, lors meine qu'il n'y aurait ni mal ni dommage.
L'article 479 du meme Code edicte une amende de 44 ä 45 francs contre ceux dont les animaux malfaisants ou feroces auront occa-sionne la mort ou la blessure d'animaux d'autrui.
II va sans dire que les proprietaires d'animaux enrages peuvent encourir l'application des articles4382,4383 et 4385 du Code civil; ils sont responsables des dommages causes par leurs animaux, et ces dommages peuvent atteindre des chiffres tres eleves, surlout quand des personnes ont ete mordues et sont devenues enragees.
Un arret de la Cour de cassation du 4er fevrier 4822 avait reconnu les droits de l'autorite municipale en matiere de police sanitaire. Dans un arret du 46 novembre 4872, la Ghambre haute declarait que le maire d'une commune, qui a ete parcourue par un chien suspect de rage, ne peut prescrire, comme mesure de sürete, l'abatage desanimaux que ce chien a mordus, qu'autant que cette mesure doit recevoir son execution dans les lieux publics; eile de­clarait dans le meme arret que l'abatage etait inapplicable aux chiens mordus qui etaient enfermes et tenus ä l'attache. Deux ans apres, le 20 aoüt 4874, la Cour de cassation revenait sur cet arret et deeidait que les reglements de police ordonnant l'abatage des chiens mordus et suspects de rage sont obligatoires, meme pour le proprietaire qui tient son chien mordu enfenne chez lui. Une
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circulaire ministerielle du 19 juillet 1878, rappelant aux prefets que les maires ont le pouvoir de faire abattre les chiens et les chats mordus ou soupconnes d'avoir ete mordus par des animaux enrages, les invite k exiger partout que les chiens soient munis d'un collier portant les noms et demeure de leur proprietaire.
Circulaire du ministre de l'Agriculture relative aux mesures preventives centre la rage.
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laquo; La frequence des accidents causes par la morsure des chiens enrages doit preoccuper votre administration et vous determiner ä faire appliquer exactement toutes les mesures de police sanitaire propres ä prevenir le developpement de la rage.
laquo; Dans prcsque tous les departements, dans presque toutes les villes, des arretes ont et6 rendus ä differentes epoques contre ce r,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; flöau; mais on constate qu'apres avoir ete observes plus ou moins
fidelement pendant quelque temps, ces arretes n'ont pas tarde k passer ä l'etat de lettre morte, par suite de la gene qu'ils impo-saient aux proprietaires d'animaux et par le defaut de concours des agents charges d'en assurer I'execution. Gependant, lorsque quelque evenement sinistre vient faire impression sur les esprits, on reclame l'intervention de l'autorite et on la presse d'agir. Cette annee, les accidents causes par la rage ont ete plus nombreuxque
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de coutume; ils ont montre que cette maladie est une de celles avec lesquelles il est toujours imprudent de composer, et que les mesures qui auront pour effet de prevenir son developpement doivent etre exöcutees sans intermittence, dans tous les temps et dans tous les lieux. Peut-etre faut-il attribuer les difflcultes qu'on a rencontrees au defaut d'uniformite dans les mesures at a ce que certaines d'entre elles, l'obligation de la museliere par exemple, pouvaient etre considerees comme d'une utilite contestable. En pareille mauere, il Importe que, par la simplicite des dispositions, les agents inferieurs puissent bien connaitre leur devoir, et que le public soit astreint au minimum de gene possible.
laquo; C'est k ce point de vue que s'est place le comite consultatif des epizootics dans l'etude que je l'ai invitö k faire de la question. Je me suis eclaire de ses avis pour la redaction d'un arrete qui serait pris simultanement par vous et vos collegues, et qui, reduit
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aux dispositions essentielles, donnerait cependant des garanties süffisantes. Le projet que je vous envoie ci-joint me paralt realiser ces conditions. L'economie en est facile ä saisir; je vais neanmoins Faccompagner de quelques explications.
a La rage trouve certainement un de ses principaux elements de propagation parmi les chiens errants, qui existent en grand nombre dans presque toutes les villes, et qu'ä Paris seulement on n'evalue pas ä moins de 5:0,000 individus. II y a la un danger s6-rieux, toujours imminent, car on salt que la rage se manifeste ä toutes les epoques de l'annee et meme, contrairement a une opi­nion tres repandue, ce n'est pas dans les mois d'ete, pendant les fortes chaleurs, qu'elle sevit avec le plus d'intensite.
laquo; II Importe done au plus haut degre d'employer tous ses efforts h faire disparaitre cette population de chiens vagabonds et errants, et h l'empecher de se reformer. C'est le principal but vers lequel on doit tendre. II sera atteint par la destruction de tous les chiens qui ne porteront pas la marque de leur proprietaire. C'est I'objet de l'article 2 dont j'ai ete amene a parier avant I'artice Ier.
laquo; Decider que la voie publique sera absolument interdite aux chiens, h moins qu'ils ne soient tenus en laisse, c'est une mesure qui pent etre prescrite dans les centres populeux, mais qui n'est guere susceptible d'une application generale. Au contraire, on peut exiger partout que les chiens soient munis d'un collier por-tant les noms et demeure de leur proprietaire; personne n'aura de raison plausible ä faire valoir contre cette obligation, et ceux qui voudront conserver leurs chiens devront s'y soumettre. Le col­lier associera ainsi le proprietaire ä la surveillance exercee par I'administration. II montre que I'animal a un maitre, qui exerce envers lui une certaine sollicitude et qui, incessamment place sous le coup de responsabilites penales ou civiles, doit s'attacher h prevenir les accidents que son animal pourrait causer. Grace ä cette mesure, qui n'a rien d'excessif, les proprietaires seront done determines par leur interet a donner ä l'autorite le concours de lour propre vigilance; et la perspective des graves responsabilites que leur negligence leur ferait encourir tern pour eux un puissant motif de ne plus laisser autant divaguer leurs chiens quand les circonstances feront craindre les dangers d'une contagion.
laquo; Mais la sürete publique n'aurait pas encore des garanties süffi­santes dans les mesures prescrites par les deux premiers ar­ticles.
laquo; Les chiens mordus par un chien enrage pouvant devenir et
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devenant en effet trop souvent les agents de la propagation de la maladie, dont le germe leur a ete inocule, le devoir de l'autorite est d'en ordonner l'abatage sans remission et d'user de la meme rigueur envers les animaux des especes canine et feline qu'il y a lieu de soupcjonner d'avoir ete mordus. Les maires n'auront pas d'ailleurs ä se preoccuper des resistances qu'ils pourraient ren-contrer de la part des proprietaires. Du moment oü un chien a 6te mordu ou qu'il y a des motifs de croire qu'il l'a ete, il doit etre impitoyablement abattu; aucune consideration ne doit le sous-traire a son sort. Les maires ont tout pouvoir h cet egard. — II a ete juge que laquo; lorsqu'un reglement de police ordonne l'abatage de certains cliiens mordus et suspects d'hydrophobie, il est obliga-toire meme pour le proprietaire qui tient son chien, ainsi mordu, renferme chez lui. raquo; (Arret de la Cowr de cassation. — Lespiault contre ministere public. 20 aoüt i8'74.)
laquo; Au moyen de ces seules mesures, on parviendrait, j'en suis convaincu, ä diminuer considerablement le nombre des accidents causes par les chiens enrages. Blies sont d'une application facile ; il suffira d'un peu de bonne volonte pour procurer aux popula­tions la securite qu'elles peuvent leur promettre. J'ai done I'hon-neur de vous prier, monsieur le prefet, de vouloir bien prendre pour votre departement un arrete conforme au projet ci-annexe et tenir 6nergiquement la main k son execution.
laquo; Je vous serai oblige de m'accuser reception de la presente lettre.
laquo; Recevez, monsieur le prefet, l'assurance de ma consideration la plus distinguee.
laquo; Le ministre de l'agriculture et du commerce, laquo; Teisserenc de Bort.
laquo; Paris, 19 juillet 1878.
Arret6
laquo; NOUS PREFET,
laquo; Vu les lois des 16-24 aoüt 1790 et 18 juillet 1837;
laquo; Vu les articles 319, 320, 475 et suivants, 459, 460, 479 sect; 2 et 471 sect; 15 du Code penal;
laquo; Vu les instructions de M. le ministre de l'agriculture et du commerce en date du 19 juillet 1878;
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laquo; Considerant que des accidents deplorables sont trop souvent causes par la morsure de chiens enrages;
laquo; Que le defaut de surveillance de la part des proprietaires de chiens et la divagation de ces animaux sont les causes les plus actives de la propagation de ia rage;
laquo; Considerant, en outre, la necessite de s'assurer que les chiens circulant sur la voie publique ont un maltre connu, et de fournir soit ä Tautorite, soit aux personnes qui seraient victimes d'acci-dents, les moyens d'intenter les actions penales ou civiles,
laquo; Arrkte :
laquo; Article premier. — Tout chien circulant sur la voie pu­blique, en liberte ou meine tenu en laisse, doit etre muni d'un collier portant, graves sur une plaque de metal, le nom et le do­micile de son proprietaire.
laquo; Art. 2. — Les chiens trouves sans collier sur la voie pu­blique, les chiens errants, avec ou sans collier, dont le proprie­taire est inconnu dans la localite, seront saisis et abattus sans de-lai; dans aucun cas ils ne peuvent etre vendus.
laquo; Art. 3. — Sont exceptes des dispositions contenues dans les articles precedents les chiens courants en action de chasse; mais ils doivent porter la marque du proprietaire.
laquo; Art. 4. — Seront immediatement abattus les chiens et les chats enrages et les animaux des memes especes qui ont ete mordus par des animaux enrages ou sont soupeonnes de l'avoir et6.
laquo; Art. 5. — Les infractions aux dispositions du present arrete seront constatees par des proces-verbaux et deferees aux tribunaux cornpetents.
laquo; Art. 6. — MM. les maires, commandants de la gendarmerie et commissaires de police, les gardes charnpetres et forestiers sont charges de l'execution du present arrete, qui sera publie et afliche dans chaque commune.
laquo; Fait ä.....raquo;
quot;'raquo;-ft
Mssures applicables aux animaux carnivores.
Toutes les fois qu'un animal carnivore, chien ou chat, aura 6t6 mordu, flaire, roule, ou sera soupconne d'avoir et6 mordu par un chien enrage, la declaration en devra etre faite ä l'autorite par le
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proprietaire. En pareilles circonstances, il serait ä desirer qu'ä de-faut du proprietaire, toute autre personne, ayant ete temoin du fait, en fit la declaration elle-meme. La declaration est ä fortiori obligatoire pour le pi-oprietaire d'animaux devenus enrages. L'au-torite et la police doivent veiller k ce que les proprietaires se con-forment a la prescription de la loi, qui, sous ce rapport, est trop souvent enfreinte. Un grand nombre de chiens mordus echappent ä l'application de toute mesure sanitaire, k l'applicaüon de l'aba-tage ou de la sequestration, et deviennent ensuite, quand la rage les prend, autant d'agents de propagation.
II y a souvent incurie, complaisance ou ignorance de la part des proprietaires et des autorites et indifference des populations; il faut done les instruire et les stimuler a faire leur devoir.
II va sans dire que le proprietaire d'un animal devenu enrage, d'un animal mordu, roule, flaire ou soupQonne d'avoir ete mordu par un chien enrage, doit, en meme temps qu'il fait la declaration, maintenir enferme, sequestre et attache le chien qui fait Tobjel de sa demarche.
L'autorite, qu'elle ait ete informee par le proprietaire ou par toute autre personne, doit faire proceder k une enquete et k une visite par un veterinaire assiste d'un agent de la police.
Le veterinaire delegue examinera les animaux qui ont fait I'objet de la declaration, s'assurera de leur etat et prendra toutes les pre­cautions utiles pour faciliter le diagnostic de la rage; il pratiquera l'autopsie des cadavres, s'il y en a; il prendra tous les renseigne-ments qu'il pourra obtenir des proprietaires et des personnes de la localite; il fera une enquete pour arriver k connaitre l'origine du chien enrage, pour savoir ce qu'il est devenu et pour savoir s'il n'a pas mordu ou roule d'autres animaux que ceux qui ont ete declares.
Dans ces circonstances on ne saurait agir avec trop de rigueur; tout chien enrage ou suspect de l'etre, tout chien ou chat mordu ou roule ou simplement flaire, ou suspect d'avoir pu etre mordu par un chien enrage, qui a traverse une localite, doit attirer I'at-tention du veterinaire sanitaire et de l'autorite. L'un doit deman-der categoriquement et l'autre doit prescrire et faire executer im-pitoyablement le sacrifice de tous les chiens et chats enrages ou suspects, de tous les chiens et chats qui ont ete mordus, roules, flaires ou qui auraient pu l'etre. Cette rnesure si sage et si neces saire est souvent incompletement appliquöe. II y a en efTet des chiens qui ont ete mordu a l'insu de tout le monde, at d'un autre cote les proprietaires ne se pretent pas toujours volontiers ä Tap-
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plication de l'abatage. Neanmoins il ne faut pas hesiter ä preconi-ser l'abatage sans pitie et sans exception pour tons ies chiens mordus et pour tous ceuxqui sont soupQonnes de l'avoir ete.
La Sequestration absolue pourrait suffire; mais eile devrait etre tres longue (dix mois ä un an); eile serait mal executee chez le proprietaire et devrait par consequent etre pratiquee dans une tburriere; aussi cette mesure doit-elle etre delaissee, sauf dans des circonstances tout ä fait exceptionnelles, sauf dans les cas oü eile peut etre executee dans une ecole veterinaire ou dans une fourriere bien organisee.
En resume, il convient de faire abattre immediatement tout chien qui a ete mordu; et il faut considerer comme suspects les chiens des maisons et des lieux ou un chien enrage a eu ou pu avoir des rapports avec eux; il faut considerer comme suspects les chiens divagants d'une localite ou a apparu un chien enrage; tous les animaux suspects devront etre abattus ou sequestres.
Nous verrons plus loin, ä propos des chiens conduits ä la four­riere, comment il convient de sacrifier les animaux dont l'abatage est prescrit. Les cadavres des sujets sacrifles sont ensuite enfouis ou livres ä l'equarrissage.
II faut enfin, quand il s'agit d'animaux enrages, faire pratiquer la desinfection sommaire de leur löge et des objets qu'ils ont pu souiller de leur have; on peut faire executer un lavage ä la solu­tion bouillante de potasse ou d'acide phenique ou un flambage, si la nature des objets le permet.
D'apres Tenquete de 1868, un bon tiers des chiens mordus echapperait ä toute mesure, pour les divers motifs que nous avons dejä signales. II y a done lä un grave danger, que l'administration doit attenuer autant que possible, en faisant rediger, pour les po­pulations, des instructions precises et simples, qui leur permettent de rsconnaitre ou de soupe-onner la rage et qui leur en montrent toute la gravite, en stimulant les autorites locales ä qui incombe l'administration des communes. Les maires des localites, oü se montre la rage, feraient bien d'adresser ä leurs administres des instructions et de leur rappeler leur devoir, tout en leur montrant la responsabilite qui incombe aux proprietaires de chiens enrages, qui n'ont pas fait tout ce que la loi leur impose.
En vertu des articles 459, 460, 461, 471, 319 et 320 du Code pe­nal, le proprietaire d'un chien enrage, qui n'a pas observe la loi et les reglements sanitaires, peut etre condamne ä une amende et
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ä remprisonnement correctionnel. D'un autre cote, en vertu des articles 1382, 4383 et 1385 du Code civil, il est tenu des dommages et interets.
En ce qui concerne les chiens, l'autorite a le droit et le devoir, de par la loi et les reglements, de prescrire certaines mesures pre­ventives, dans le but de restreindre ou d'empecher la propagation de la rage, de remonter ä rorigine des animaux enrages et d'arri-ver ä la determination de la responsabilite de leurs proprietaires.
De nombreuses mesures preventives ont ete conseillees par les veterinaires et parfois prescrites par les autorites. Aujourd'hui on semble les avoir delaissees toutes, parce qu'on les a reconnues inefficaces ou inapplicables pratiquement, pour s'en tenir ä la prescripion du collier indicateur (circulaire ministerielle du 19 juil-let 1878). G'est ainsi qu'on a renonce au musellement, ä l'empoi-sonnement dans les rues, ä l'emoussement des dents, ä l'emascu-lation, ä l'etablissement d'une taxe elevee, etc.
Le musellement, pratique meme avec une museliere reglemen-taire, outre qu'il est d'une application difficile, est incapable de produire les resultats qu'on en a attendus. L'empoisonnement dans les rues est un moyen illusoire. L'emoussement des dents, pre-conise par M. Bourrel, est absolument impraticable d'une maniere generale, et j'ajoute qu'il serait absolument inutile. L'emascula-tion, dans le but de rendre les males plus sedentaires, n'est pas un moyen serieux. L'etablissement d'une taxe elevee sur les chiens aurait un caractere exorbitant et ne remedierait pas ä grand chose.
II convient done de s'en tenir, comme le veut la circulaire mi­nisterielle, ä la prescription du collier indicateur; et il taut par-dessus tout se debarrasser le plus promptement possible des ani­maux enragös, suspects, mordus, roules, flaires, etc, ou les mettre dans l'irhpossibilite de devenir dangereux.
Dans les divers departements, les prefets ont, pour se confor-mer ä la lettre et ä l'esprit de la circulaire ministerielle, pris des arrötes deeidant que laquo; tout chien circulant sur la voie publique en liberte ou meme tenu en laisse, doit etre muni d'un collier, por-tant graves sur une plaque de metal le nom et le domicile de son proprietaire. raquo;
laquo; Les chiens trouves sans collier sur la voie publique, les chiens errants, avec ou sans collier, dont le preiprietaire est inconnu dans la localite, seront saisis et abattus sans delai; dans aueun cas ils ne peuvent etre vendus. raquo;
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Les chiens errants, les chiens non munis d'un collier indica-teur doivent etre saisis par la police au moyen d'un lasso en corde mince; puis 11s sont abattus, ou conduits ä la main ou sur un vehicule au Heu de la fourriere, s'il en existe une. Ils sont gardes un, deux, trois jours en fourriere; si le proprietaire les reclame il paie les frais de la fourriere et est passible d'une amende (art. 471-15deg; du Code penal); s'il ne sont pas reclames, ils sont sacrifles par assommement, par pendaison, par empoison-nement, par asphyxia (submersion).
Mesures applicables aux animaux herbivores. Comrne pour les animaux carnivores, les proprietaires d'animaux herbivores devenus enrages ou qui ont ete mordus ou qui sont suspects de l'avoir ete, doivent en faire la declaration ä l'autorite, qui delegue un veterinaire. Celui-ci se comporte, comme quand il s'agit d'animaux carnivores; seulement il ne propose pas tou-jours les meines mesures avec la meme rigueur. II demande l'a-batage des animaux reconnus enrages, ou se contente d'en propo­ser la Sequestration, si les malades sont en lieu sur, s'ils sont bien attaches ou bien enfermes et s'il n'y a aucun risque de les voir s'echapper.
Les cadavres d'animaux, morts naturellement ou abattus pour cause de rage, ne doivent pas etre utilises pour la consommation; ils doivent etre enfouis ou raieux livres ä l'equarrissage, si cela est possible. Dans les cas oü l'on devralesenfouir, onpourratoujours permettre l'utilisation de la peau et meme de la graisse pour l'in-dustrie. II faudra desinfecter les objets souilles par les malades. Quand il s'agit d'animaux mordus ou suspects de l'avoir ete, il faut toujours se contenter de la sequestration, qui devra durer soixante jours. Les animaux seront maintenus sequestres dans les habitations et surveilles attentivement. On pourra neanmoins au-toriser les proprietaires h les conduire au päturage, s'il n'y a pas possibilite de les nourrir dedans, mais ä condition qu'ils seront, ou places dans un lieu mure couvenablement, ou attaches solide-ment ä un piquet enfonce dans le sol ou ä un arbre, etc.
Si le proprietaire le veut, on pourra l'autoriser ä faire sacrifler aussitöt les animaux mordus ou suspects de l'avoir ete, pourqu'on puisse utiliser leur chair dans la consommation; et il suffira de re-trancher la partie qui est le siege de la morsure. Je ne suis guere partisan de cette maniere de faire, parce que s'il n'y a aucun danger dans une pareiile pratique, il est repugnant de consommer de la
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chair provenant d'animaux mordus, surtout si la morsure datedeja de quelques heures, et ä plus forte raison si eile date de plusieurs jours.
II va sans dire que les animaux mordus, ou suspects de l'avoir ete, ne peuvent etre vendus. Mais si la declaration n'a pas 6te faite et si d'ailleurs le proprietaire, ignorant ou feignant d'ignorer que ses animaux ont ete mordus, les expose en vente et les vend, l'ac-quereur n'aura de recours centre le vendeur, si dans la suite les animaux vendus deviennent enrages, qu'autant qu'il pourra de-montrer que celui-ci avait connaissance du fait dommageable avant la vente; e'est duns ce sens que s'est prononcee derniere-ment la Gour de Toulouse.
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CHAPITRE XVI
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Definition. — Le horsepox (variole du cheval) ou cowpox (variole de la vache) est une maladie virulente, contagieuse, ino-culable, caracterisee par la formation de pustules, de vesico-pus-tules ou de vesicules dans certaines regions de la peau et sur cer-taines muqueuses, sur la muqueuse pituitaire, sur la buccale, sur la conjunctive.
L'etude de cette affection est tres importante, plus peut-etre au point de vue de la medecine humaine qu'au point de vue de la medecine veterinaire, en ce sens que le produit morbide, fourni par l'eruption, jouit de la bienfaisante propriete de s'inoculer ä l'homme et de le preserver de la petite veröle ou variole.
Le horsepox ou cowpox et la variole ne sont pas une seule et meine maladie : ce sont deux maladies antagonistes. Elles ne peuvent pas evoluer ensemble ni successivement sur le meme in-dividu; Tune est par consequent un preservatif contre I'autre.
Certaines maladies conferent aux individus qu'elles atteignent une immunite plus ou moins longue; elles preservent contre elles-memes, telles sont la peripneumonie, le typhus, la clavelee, la gourme, etc. La variole de l'homme est dans le meme cas.
On salt aussi que certaines maladies inoculees sont moins graves, moins souvent mortelles, que lorsqu'elles sont contractees natu-rellement. La variole de l'homme elle-meme jouit de cette pro­priete; eile est en general moins grave lorsqu'eile est inoculee, que lorsqu'elie evolue k la suite de la contagion naturelle. Mais, comme les inoculations du virus varioleux sont parfois dangereuses, on prefere avec juste raison les inoculations faites avec le produit du horsepox, du cowpox, avec le virus vaccinal, qui sont tomjours suivies d'une eruption benigne. Neanmoins la pratique de la vac­cination n'est pas toujours exempte de dangers, k cause de la co­existence possible du virus vaccinal avec un autre contage dans le
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ineme organisme, ii cause de la coexistence possible du horsepox et de la morve chez le cheval, h cause de la coexistence possible du cowpox et de la phthisic chez la vache, h cause de la coexis­tence possible de la vaccine et de la syphilis ou de la phthsie chez rhomme. Le vaccin, recueilli dans de semblables conditions, peut etre associe h un autre virus, et son inoculation peut etre suivie de la transmission de lä mörve, de la phthisie, de la syphilis. II Importe done beaucoup d'eviter ce danger, en faisant passer le virus du cheval et de l'homme sur la genisse.
Synonymes. — La variole des solipedes et des grands ru­minants a recu differents noms, qui ont du reste varie avec les epoques et avec l'idee qu'on se faisait de sa nature. En Angle-terre. Jenner et Loy l'appelerent grease, sore-heels, grease consti-tutionnel. On I'a appelee maladie vaccinogene, equine, vaccine, #9632;javart inoculable, eaux aux jambes inoculables, rhinite pemphy-'golde, stuinatite aphtheuse, herpes pldyctenoide; on I'appelle quel-quefois maladie de Jenner, maladie de Loy.
HISTORIQUE
La decouverte de la vaccination est si importante et si recente, qu'il est bon de rechercher comment on y est arrive, et comment l'origine du vaccin a ete trouvee, perdue et retrouvee ensuite.
La variole de Thomme, propagee en Syrie, en Palestine, en Ai'rique par les Sarrazins, importee en Espagne par. les Maures, en France par les Croises, introduite dans le Nouveau-Monde et dans les iles par les vaisseaux europeens, a de tout temps occa-sionne une grande mortalite dans les nombreuses epidömies qui sesont produites. Dejä au XVPsiecle les marchands georgiens et circassiens variolisaient leurs esclaves, pour eviter qu'elles ne fus-sent enlaidies par la variole. La variolisation fut introduite ä Cons­tantinople en 1670; et de lä eile passa en Angleterre en 1730.
De temps immemorial on avait observe le cowpox dans divers pays, en Angleterre, en Irlande, aux Indes, en Amerique, en Perse, en France, en Hollande, en Danemarck, en Norwege, etc.; mais il etait mal connu; on ignorait son origine et sa propriete preser-vatrice contre la variole.
A la fin du siecle dernier, Jenner, en 'pratiquant la variolisation pour preserver de l'atteinte naturelle de la variole, rencomra des personnes refractaires, sur lesquelles ses inoculations de virus va-
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rioleux restaient sans resultat. Ces personnes avaient eu dejä la variole de la vache, qu'elles avaient contractee en trayant des betes atteintes de cowpox aux marnelies. Jenner sut tirer partie de cette decouverte due au hasard; il constata qua la maladie de la vache est inoculable ä rhömme, qu'elle le preserve de la petite veröle, et qu'elle n'occasionne jamais chez lui une eruption grave. A partir de ce moment la vaccine etait trouvee; I'lmportanee de cette decouverte a valu k son auteur le titre de bienfaiteur de l'hu-manite.
La vaccination prit la place de la variolisation, qui offrait sou-vent des dangers, et eile se propagea rapidement.
L'immortel auteur de la decouverte de la vaccine reconnut en outre que cette maladie vient du cheval. II observa le cowpox dans les fermes oü les vaches etaient soignees par des marechaux ou par das vachers, qui soignaient en mama tamps des chavaux. II constata des fails de transmission d'une maladie eruptive du cheval ä l'homme et a la vache; il denomma, sans la decrire, la maladie eruptive du cheval, qu'il considerait comme vaccinogene et qu'il appela grease, sore-heels.
Dans les nonis qu'il donna k la maladie vaccinogene du cheval, Jenner n'avail au an vue que l'eruption podale de cette affection, qui peut simular parfois las eaux aux jambas, ou compliquar le mal des talons, les plaies, le javart. II ne fut pas compris, et dans la suite medacins at veterinaires chercherent longtamps la vaccine dans le javart et dans les eaux aux jambes.
Pourtant un contemporain de Jenner, Loy, avail en 1802 decrit la maladie vaccinogene du cheval; il avait signale sa forme eruptive et sa generalisation k d'aulres regions qu'ä calle du pied; il avait appele la maladie grease constitutionnel, pour la distinguer des eaux aux jambes ou grease propremant dit; il avait inocule la pro-duit du grease k l'enfant et l'avait trouve plus pyrogene que celui du cowpox; il avait indique le moment de sa plus grande activite; il avait explique les insucces de ceux qui inoculaient le grease or­dinaire; il avait reconnu que la maladie ne sa transmet pas par Fair; il avait observe at cite des fails de transmission de grease k l'homme et k la vache.
Malheureusement l'ecrit de Loy ne fut pas compris ou rasta ignore en France jusqu'en 1861.
Aussi, aprfes Jenner et Loy, il y eut aberration de tous et partout, en France, en Italia, en Allemagne. On chercha partout le vaccin dans les eaux aux jambes at dans le javart, dont on inocula fre-
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quemment les produits ä la vache. Ordinairement ces tentatives resterent sans succes; pourtant I'erreur ne fut pas dissipee ainsi, car on obtint parfois le cowpox, lorsque le javart etait complique de horsepox, ou quand le horsepox simulait les eaux aux jambes et avait ete pris pour cette derniere maladie. Aussi la confusion et l'lncertitude etaient dans les esprits meme en Angleterre; on re-connaissait des lors un javart inoculable, des eaux aux jambes inoculables. L'idee de faire sortir du javart une maladie erup­tive et l'idee de transformer les eaux aux jambes en une maladie virulente nous semblentaujourd'hui pourlemoins bizarres.
Pendant ce temps, le horsepox avait ete vu souvent, sans etre reconnu; et, suivant les regions oil il avait ete observsect;, il avait recu les noms de rhinite pemphtjgoide, d'herpes phlyctenoide, de stomatite aphtheuse, etc.
En-I860 regna, h Rieumes, une maladie pustuleuse, contagieuse, qui se caracterisait par des eruptions aux extremites et sur d'au-tres regions, aux narines, aux levres, aux fesses, h la vulve. Cette maladie fut trarismise ä quatre-vingts juments par les entraves ap-pliquees ä une premiere bete, qui presentait Feruption aux patu-rons; eile fut etudiee et decrite par M. Sarrans, veterinaire de la localite.
Une jument malade fut conduite a la clinique de l'Ecole de Tou­louse, et M. Lafosse crut avoir affaire a un cas d'eaux aux jambes aigues; il inocula le produit de la maladie ä une premiere vache et obtint le cowpox, qu'il transmit ensuite a une seconde vache et de celle-ci a I'enfant.
Urbain Leblanc alia h Toulouse et reconnut que la maladie, dont le produit avait ete inocule, etait differente des eaux aux jambes. M. Lafosse, abandonnant alors sa premiere maniere de voir, appela 1'affection maladie vaccinogene.
A. cette epoque la question de l'origine de la vaccine fut discutee devant 1'Academic de medecine et M. Bouvier fit connaitre le me-moire de Loy.
La lumiere ne fut pas faite d'une maniere complete, mais bientot (1863-1864), grace aux recherches de MM. H. Bouley et Depaul, la question recut une solution complete.
Des lors il fut reconnu que le horsepox etait l'origine du cowpox, que les deux affections etaient identiques, que le vaccin n'etait autre chose que le virus du cowpox ou du horsepox.
Des lors aussi 11 fut demontre d'une maniere definitive qu'on peut obtenir le cowpox, en inoculant soit le produit de l'eruption
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podale, soit le produit, de Feruption nasale, soit le produit de toute autre eruption; deslors il fut defmitivement acquis que le horsepox engendre la vaccine, quelle que soit sa forme, quel que soit le siege de son eruption; des lors ilfut enfin etabli que le grease, le sore-heels, le javart inoculable, les eaux aux jambes inoculables, la maladie vaccinogene, I'herpes phlycteno'ide, etc., sont bien une seule et meine affection, le horsepox, le cowpox, la vaccine, le smalpox.
De nombreux travaux, de nombreuses recherches ont ete exe­cutes depuis par les medecins et les veterinaires; les resultats obtenus seront consignes plus loin avec les noms des experimen-tateurs qui en ont dote la science.
SYMPTOMATOLOGIE
La maladie vaccinogene est assez frequente; eile s'observe prin-cipaiement sur les solipedes, chez lesquels eile est ordinairement tellement benigne, qu'elle passe inapergue; eile se presente aussi chez les grands ruminants, qui, de meme que les solipedes, peu-vent la transmettre ä l'homme. II semble enfin qu'elle est inocu­lable au pore, au chien, a la chevre, et, d'apres I'observation an-cienne, eile le serait aussi au mouton, mais la veracite de cette assertion n'est pas assez demontree; eile n'est pas transmissible au lapin.
Nous I'etudierons done chez les solipedes et chez les grands ru­minants, et nous suivrons, pour sa description, la marche sui-vante:
'7deg; Evolution d'une pushile; 2deg; Evolution de la maladie sur unindividu {solipede, ruminant); 3deg; Marche de l'epizootie.
Evolution d'une pustule. — La pustule du horsepox ou du cowpox, qui evolue apres l'inoculation, offre, ä peu de cho-ses pres, les memes caracteres que celle qui evolue apres la con­tagion naturelle; mais suivant que Teruption a lieu ä la surface de la peau ou h la surface d'une muqueuse, on observe certaines dif­ferences.
Pustule cutanee. — L'eruption cutanee peut se montrer dans diverses regions, sur les membres, aux paturons, sur le tronc, sur la tete; eile se produit a la surface du derme et con-siste en une inflammation congestive limitöe ä une tres petite etendue.
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Gette inflammation est bientöt suivie d'une exsudation plus ou rnoins aböndante, suivant l'intensite de la congestion; le produit cxsude se fait jour k travers les couches inferieures de l'epiderme et arrive dans la couche moyenne du corps muqueux de Malpighi; lä il s'arrete, car les couches superficielles de l'epiderme, formees de cellules cornees tres adherentes, ne se laissent ni desunir, ni traverser par le liquide exsude, qui les souleve et les fait proemi-ner h 1'exterieur.
On peut reconnaitre trois periodes dans revolution de la pus­tule greasienne: 1quot; une periode initiale ou periode de congestion; 2deg; une periode moyenne ou periode de secretion, caracterisee par l'exsudation et par l'accumulation du produit exsude en dessous de la couche cornee de l'epiderme; c'est pendant cette periode que la pustule offre tons ses caracteres essentiels; 3deg; une periode finale ou periode de deformation ou de destruction de la pustule, pen­dant laquelle il se produit des modifications, qui ont toutes pour resultat d'amenerla destruction de l'eruption. Souvent le produit de la pustule s'epaissit et se transforme en matiere purulente; et danstous les cas, toujours k un certain moment, l'eruption se des-seche, se couvre d'une croüte, qui plus tard se desquame et met h nu une cicatrice resultant d'un travail d'organisation produit en meme temps que la croüte se formait et opere en dessous d'elle.
i0 Periode congestive. — La pustule s'annonce par une fache rouge, par une ecchymose, qui occupe une surface variable, tou­jours peu etendue, ne depassant jamais celle d'une piece de vingt centimes, ou ratteignant meme rarement. Gette ecchymose, ce point de congestion, qui se montre k la surface du derme, n'est visible que chez les animaux k robe claire et sur les regions ä peau fine et peu poilue; eile n'est pas visible chez les animaux k robe pigmentee. La congestion initiale s'explique comme celle qui precede la formation d'un foyer purulent metastatique, par l'arret et la greife des elements virulents dans les capillaires, dont ils provoquent I'occlusion, d'oii resulte une stase sanguine; en effet, I'ecchymose est due a une congestion, a une stase sanguine dans les vaisseaux du corps papillaire du derme.
Gette tache rouge, qui est d'abord peu ou pas en relief, de-vient bientöt saillante et forme une elevure appreciable ä l'oeil et au toucher. Elle devient lenticulaire; eile est dure et resistante k lapressiondu doigt. Sa coloration se modifie bientöt; eile pälit;
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son pourtour reste rouge, de sorte que la sur616vation, qui s'est produite dans la partie centrale de l'ecchymose initiale, est entou-ree d'une aureole rouge. Si on pratique une coupe ä travers une pustule naissante ainsi caracterisee et qu'on I'examine au micros­cope, on constate aisement l'etat congestionnel des capillaires du corps papillaire de la peau; et cet etat congestionnel est accompa-gne d'un mouvement d'exsudation et de diapedese assez prononce, qui a pour resultat d'entrainer, hors des vaisseaux, le plasma san-guin et de nombreux globules blancs. II y a en effet diapedese, car les vaisseaux de la partie malade sont entoures de leucocytes, et ces globules blancs sont appelesä etre entrain6s ensuite, par le liquide exsude, dans la couche mediane de l'epiderme, oü s'accu-mule le produit de la pustule.
Enresumö, la pustule commence par etre une simple ecchymose, qui devient peu a peu proeminente, qui se transforme en elevure, d'abord sans cavite, et qui a une tendance inevitable ä se trans­former en pustule.
3deg; Periode secretaire. — L'exsudation et la diapedese continuant h travers les vaisseaux congestionnes, I'eruption devient de plus en plus proeminente, en meme temps qu'ellesemodifie. L'elevure devient disco'ide et se transforme en vesicule ou en pustule, des le quatrieme jour apres l'apparition de Tecchymose. Presque tou-jours eile se transforme en pustule; eile se creuse d'une ou plu-sieurs cavites, dans lesquelles se collecte le produit virulent. Le plasma et les leucocytes, sortis des vaisseaux, traversent la couche inferieure de l'epiderme, arrivent dans la couche moyenne et sou-levent la couche cornee: on dit alors que la pustule est en etat de secretion.
A ce moment il est facile de reconnaitre, d'apres l'aspect de la pustule ou par la pression exercee a sa surface, qu'il existe, dans son Interieur une rnatiöre liquide, dont on constate la presence, si on I'ouvre.
Des lors eile devient bleuätre ou rosee, puis grisätre ou blan-chätre, argentee; eile est parfois encore entouree d'une aureole rougeätre ou rosee, visible sur les robes claires, et qui ne tarde pas ä s'effacer. Elle est ordinairement formee de plusieurs com-partiments, de plusieurs diverticula; eile est multiloculaire, et il est facile de reconnaitre cette particularite, en enlevant l'epiderme qui recouvre l'elevure. Son contenu est liquide, sereux, clair et limpide; mais il se modifle; il s'epaissit bientöt et devient plus riche en elements figures.
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La pustule, qui secrete, est tout h fait en saillie; eile est arron-die, hemtspherique, d'un volume variable suivant les regions, equi-valant ä celui d'un petit pois ou d'un haricot; eile devient tres sou-vent ombiliquee; eile se renfle sur les bords et se deprime au cen­tre. Ce dernier caractere est plusou moins accuse; il est tres fre­quent dans les pustules cutanees de horsepoxetde cowpox; mais il n'est pas absolument pathognomonique; iln'existepas toujours dans le horsepox et il pent se montrer dans d'autres maladies; neanmoins il a une certaine valeur diagnostique. M. Trasbot pre­tend qu'on ne I'observe que dans les pustules qui resultent de l'ino-culation, ilpense qu'elle est expliquee par la piqüre; or cela n'est pas absolument exact; on voit souvent I'ombilication se produire sur des pustules, qui ne sont pas la consequence d'une inocula­tion et qui se montrent sur des points oil il n'y a pas eu de piqu-res. Rindfleisch explique l'apparition de ce caractere, en admettant que la pustule qui le presente s'est developpee autour d'un folli-cule pileux ou autour d'une glande sudoripare. Gette explication, bonne peut-etre dans certain cas, nesauraitetreappliqueea tons, attendu que I'ombilication semontre parfois lä oü il n'y a ni polls ni glandes sudoripares. La depression, qui se produit au centre de la pustule, est simplement un efiet de l'afl'aissement de l'epiderme au niveau du point le premier et le plus fortement souleve, alors que les points environnants sont gonfles, plus resistants et incom-pletement detaches. L'epiderme, qui recouvre la pustule, peut etre compare a une toile tendue et iixee par ses bords, qui nean­moins s'affaisse plus ou moins vers son milieu.
Si on enleve l'epiderme qui recouvre la pustule, on voit suinter un liquide limpide, sereax, quelquefois sanguinolent, le plus ordinairement un peu jaunätre ou clair. Ce produit est constitue par une partie liquide et par une partie flguree, peu abondante dans le debut, formee de leucocytes, de cellules epidermiques, de granulations et de microcoques. Sa virulence est plus prononcee pendant cette periode que plus tard. Lorsque la partie flguree devient plus riche, lorsque le produit devient purulent, la viru­lence diminue et finit par disparaitre.
La pustule, qui a ete depouillee de son epiderme, laisse suinter un produit, qui se concrete a la surface denudee et la protege, comme I'aurait protegee l'epiderme qui a ete enleve; ensuite tout se passe comme dans les pustules intactefe.
La periode de secretion dure trois ou quatre jours; c'est durant son cours qu'on peut recueillir le virus pour l'inoculer. Elle com-
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mence done trois ou quatre jours apres 1'apparition de recehymose; et e'est le troisieme, le quatrieme ou le cinquieme jour apres l'inoculation du horsepox, qu'on pent puiser deja le virus pour vacciner.
3deg; Periode finale. — Au bout de sept ou huit jours apres I'ap-parition de l'ecchymose initiale, la pustule se deforme; eile s'a-platit, eile s'affaisse. Son contenu s'epaissit, devient de plus en plus blanchätre, de plus en plus trouble et puriforme, de plus en plus riebe en elements figures (globules de pus et vibrioniens); il devient en meme temps de moins en moins virulent et meme tout ä fait inactif.
Le pus se forme aux depens de l'epiderme, aux depens des globules blancs sortis des vaisseaux, et quelquefois aux depens des elements du derme enflamme. II arrive parfois (solipedes) que le pus est forme en assez grande abondance, pour transformer la pustule en un veritable petit abees, qui ne tarde pas ä s'ulcerer et a laisser place ä une plaie, qui se cicatrise rapidement. Le plus ordinairement le pus ne se forme pas en assez grande quantite pour transformer la pustule en abces; le contenu devient de moins en moins abondant; la partie liquide est resorbee; la partie solide s'epaissit, se desseche peu ä pen et fait corps avec l'epiderme qui recouvre la pustule.
II se forme, ä la surface de Feruption, une croüte noirätre ou jaunätre, ou grisätre ou moiree, d'abord mince et superficielle, puls s'epaississant, restant en relief, mais s'affaissant progressi-vement. Gette croüte, seche au dessus, reste humide en dessous encore pendant trois au quatre jours apres sa formation, apres la disparition de l'ombilication. Elle est alors facile ä detacher; et, si on I'enleve, on constate son epaisseur plus ou moins forte; on la trouve formee de cellules epidermiques et d'elements de pus desseches. La plaie, mise h decouvert, est circulaire, cupuliforme et finement granuleuse, pointillee, rose ou grise; eile laisse suinter un produit liquide, sereux, limpide, citrin, qui se concrete en croüte jaunätre peu adherente, au dessous de laquelle le suin-tement continue quelque temps.
Apres la formation de cette croüte, la pustule desquamee arti-ficiellement continue ä evoluer comme celles qui n'ont pas ete touchees. Celles-ci se modiüent profondement, lorsque la periode secretoire est arrivee a son terme. Le huitieme ou le neuvieme jour, a partir de leur apparition, la secretion se tarit; la croüte se desseche peu h peu, jusque dans ses parties les plus profondes;
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les partieales figurees se dessechent et font corps avec la croüte elle-meme, qui reste adherente et joue un role protecteur.
Le travail de cicatrisation s'opere en dessous, en meme temps qua la croüte se forme et se desseche ; et 45 ou 20 jours apres l'apparition de ia fache initiale, la croüte tombe et met ä nu la cicatrice toute formee. Gette cicatrice, generalement pen appa-rente, est plus claire que les tissus voisins; eile ne tarde pasii se confondre avec eux, de sorte qu'apres un certain temps, il est impossible de reconnaitre in place de la pustule.
Quelquefois, certaines pustules donnent lieu, si elles sent irri-tecs, ä des plaies suppurantes, dont la cicatrisation s'opere par douxieme intention; et, dans ces cas, la cicatrice resteapparentc.
Eruption des muqueuses. — Dansle cours du horsepox, on pent observer une eruption h la surface de certaines mu­queuses, ä la surface de la muqueuse buccale, h la surface de la muqueuse nasale et quelquefois a la surface de la muqueuse oculaire.
devolution de cette eruption differe un peu de cede des pus­tules cutanees; eile est plus rapide. D'ailleurs ici, comme sur la peau, Feruption a pour point de depart une ecchyinose, une tache rougeätre, qui se produit ä la surface du derme, immediatement en dessous de repithelium, et qui est tres facile h voir sur les muqueuses oculaire et nasale oü repithelium est mince. Cette ecchymose est masquee sur la buccale par repithelium epais de cette muqueuse. Gette premiere periode (congestive) est accom-pagnee d'exsudation et de diapedese; et, sous l'influence du mou-vement exosmotique qui se produit, repithelium est souleve dans toute son epaisseur, sur une etendue ä peu pres correspondante h cede de Fecchymose, par le liquide exsude, qui s'accumule ainsi dans une seule lege.
L'eruption, ainsi produite et arrivee ä sa periode secretoire, est une vesicule. Sa formation est toujours plus prompte que cede des pustules cutanees et sa terminaison est egalement plus rapide.
Sur les levres et ä l'entree des naseaux, au niveau des points oü la peau et la muqueuse se confondent, on observe ordinaire-ment de veritables pustules ombiliquees.
Les vesicules des muqueuses, soit qu^elles s'ouvrent sous l'in­fluence des mouvements de la langue et de l'action des fourrages qui passent dans la bouche, soit que le liquide exsude ramollisse et fasse eclater Fepithelium souleve par lui, se detruisent rapide-
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ment; elles s'ouvrent parfois le jour meme de leur complete formation:; ordinairement eilest se detruisent, deux, tiois, quatre jours apres leur formation; elles perdent leur Epithelium; et, a leur place, on trouve une plaie tres superficielle, qui, si eile n'est pas irritee, peut se recouvrir d'un nouvel epithelium en deux ou trois jours. Cette plaie est granulee; et l'epithelium, qui la limite, est toujours plus ou moins gonfle; eile se termine rapidement par la cicatrisation, si aucune cause irritante ne vient en retarder la marche et si la rauqueuse n'est pas trop enflammee. Quelquefois, lorsque I'eruption est confluente ou lorsque la muqueuse est irritee et enflammee, les plaies peuvent exiger un temps beaucoup plus long pour se cicatriser.
Evolution de la maladie sur un individu. Hor-sepox. — Que la maladie ait ete transmise experimentalement, par inoculation ou par d'autres procedes, ou qu'elle resulte d'une contamination naturelle, eile offre h peu de choses pres les memes caracteres.
On peut l'observer chez le cheval, chez l'dne, chez le mulet; et les eruptions se montrent sur la peau ou sur les muqueuses, mais le plus souvent h la Ibis sur la peau et sur les muqueuses.
A la surface de la peau, on peut en rencontrer dans diverses regions. Souvent elles apparaissent sur tout le corps; mais elles sent plus confluentes en certaines regions, sur les membres, sur la tete; on les voit plus particuliereraent ä la region podale, ä la region genitale, ä la face, aux levres. Frequemment on trouve sur la muqueuse buccale, sur la muqueuse nasale et meme quelque­fois sur la conjonctive I'eruption greasißnne, en meme temps qu'on l'observe ä la surface de la peau.
L'eruption cutanee est celle qu'on observe le plus souvent. L'eruption buccale accompagne ordinairement celle de la peau; quelquefois eile se montre seule. Quant ä celle de la pituitaire, olle accompagne ordinairement aussi celle de la face, celle des levres et celle des naseaux.
L'apparition des symptömes du horsepox est precedee d'une periode d'incubation. Lorsqu'on transmet la maladie experimenta­lement, les premiers symptömes se montrent des le second, le troisieme ou le quatrieme jour apres la contamination. On a dit que l'incubation durait parfois sept ou huit jours, quand on a mis sur son compte ce qui appartient ä la periode d'invasion, qui, trois ou quatre jours avant la formation des pustules, peut s'accuser par des symptömes generaux, par une legere flevre de reaction ordinairement inapergue,
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Les symptomes locaux consistent dans I'apparition et revolution d'eruptions sur les regions de la peau et de certaines muqueuses. Ces eruptions evoluent en meme temps, et chacune, selon son siege, offre les caracteres sus-indiques. Elles s'annoncent par de la congestion; elles secretent, elles se dessechent et elles se desquament.
A la surface de la peau on trouve des pustules plus ou rnoins nombreuses, ordinairement disseminees, isolees et peu nom-breuses, sauf dans certaines regions, comme aux paturons et ä la face, oil elles sent ordinairement conlluentes. Quels que soient d'ailleurs leur nombre et leur situation topographique, elles appa-raissent ä peu pres en meine temps et marchent simultanement, chacune evoluant pour son propre compte et comme si eile etait seule.
Dans les parties inferieures des membres, aux paturons, les pustules etant nombreuses et contluentes, il y a presque toujours, en outre de 1'eruption, une dermite diffuse, qui s'accuse par la tumefaction de la peau, par la chaleur et la douleur, par la resis­tance de la partie tumefiee, par une rougeur diffuse, qui n'est vi­sible que sur les animaux ä robe claire; quelquefois la rougeur n'est pas generale et se montre seulement par places. Bientöt on pent sentir, en promenant la main sur la region malade, des no-dosites qui annoncent la formation d'autant de pustules. Les polls de la partie ainsi enflammee sont herisses. Les pustules, une fois formees, secretent et s'ouvrent rapidement, soit parce que leur secretion a ete tres abondante, soit parce que les mouvements du membre ont provoque la dechirure de l'epiderme, qui les recouvrait. Elles laissent echapper alors un produit citrin, qui se coagule au contact de Fair, qui adhere aux polls et les agglutine en faisceaux, comme dans les eaux aux jambes, qui se concrete a la surface de la peau et forme des croütes qui masquent Te-ruption.
Aussi est-il facile de se meprendre, si on se borne h un simple coup d'ceil et de confondre le horsepox avec les eaux aux jambes, d'autant plus que la peau est plus ou moins enflammee et parfois oedematiee, d'autant plus que le produit secrete se modilie vite, s'altere au contact de l'air et repand bientöt la meme odeur am-moniacale que celui des eaux aux jambes. Mais, si on prend le sein de nettoyer la peau de la partie malade, on constate aiors les caracteres propres du horsepox. Apres avoir detache les croütes
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oil aperQoit des plaies plus ou moins nombreuses, qui sont circu-laires, superficielles, grenues et cupuliformes. II n'est pas rare de les voir devenir pyogeniques et se couvrir ensuite de bourgeons mollasses, plus ou moins exuberants. C'est surtout alors que la differeuciation est difficile, d'autant plus que I'inoculation est de-venue inutile, car, en supposant qu'il s'agisse du horsepox, le pro-duit a cesse d'etre virulent. Les plaies qui sont devenues pyoge­niques se cicatrisent par seconde intention.
II pent arriver parfois que rinflammattion de la peau soil tres vive, que la congestion soit tres intense et qu'une partie du derme soit frappee de gangrene (javart cutane), et s'elimine ensuite.
Quelquefois enfln le membre s'engorge h une hauteur plus ou moins considerable, et meme il pent alors se produire des lym-phangites, comme dans les cas de farcin.
A la surface du tronc, les pustules sont ordinairement petites, disseminees; elles passent souvent inapercjues; elles sont pen nombreuses; elles sont aiTondies, hemispheriques et rarement ombiliquees, de meine que celles des membres; elles se decelent ä l'observateur par une tres petite preeminence et par le herisse-ment des polls; elles n'entrainent ni dermite, ni plaies pyogeni­ques ; elles evoluent d'une facon tres reguliere et parfois elles se detruisent tres rapidement.
Au chanfrein, ä la face et aux levres, I'eruption se montre fre-quemment. La les pustules sont volumineuses, quelquefois isolees et discretes, mais le plus souvent confluentes; elles sont lenticu-laires, ombiliquees; elles s'accompagnent souvent de dermite et d'une intumescence plus ou moins forte de la region malade. II pent arriver, lorsqu'elles sont confluentes, que I'inflammation soit tres vive, et que les croutes, une fois formees, soient ramollies par la secretion sous-jacente et entrainees par la suppuration. Les plaies, ainsi mises h decouvert, suppurent et se cicatrisent ensuite par seconde intention.
Quand, sous I'lnfluence d'un traumatisme ou par suite de frot-tements reiteres, les parties malades sout irritees, les plaies peu-vent devenir ulcereuses et pyogeniques. Elles s'etendent alors et elles creusent; leurs bords se renversent; leur secretion est abon-dantc; elles donnent un produit mal 116, puriforme, qui se con­crete h la surface. Elles se reunissent, si elles sont confluentes, et prennent une forme plus ou moins irreguliere. Presque tou-jours il se produit alors une inflammation des lymphatiques et des ganglions; on observe des lymphangites, des cordes ä la face,
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des adenites dans la region intermaxillaire; et ces inflammations, lymphangites et adenites, donnent lieu a das abces, qui se forment dans les cordes et dans les ganglions.
II y a done une certaine analogie entre le horsepox ainsi carac-terise et le farcin de la face. Les memes complications peuvent se montrer dans d'autres regions; mais neanmoins il est toujours possible de ne pas confondre le horsepox avec le farcin.
L'eruption des muqueuses consiste ordinairement en une veri­table vesiculation.
Sur la buccale et dans les points oü lamuqueuse se confond avec la peau, on rencontre de veritables pustules discoides, ombi-liquees. Ailleurs ce sont des vesicules qui se produisent. Elles sont plus ou moins nombreuses, isolees ou confluentes; elles evo-luent simultanement; elles se montrent dans les diverses regions de la bouche, ä la face interne des levres, sur la langue, aux joues, aux gencives, etc. Gelles des regions, oü la muqueuse est tres epaisse (langue), donnent lieu a des plaies, qui se recouvrent plus lentement d'epithelium.
Les vesicules buccales ont un volume variable, depuis celui d'un petit pois jusqu'ä celui d'un baricot; elles sont hemisphe-riques ou aplaties; et, quand elles sont nombreuses, la muqueuse est plus ou moins enflammee, il y a de la stomatite, la salivation est plus abondante, il y a parfois une dysphagie plus ou moins accusee. L'eruption de la bouche se termine rapidement par la guerison; eile n'est jamais grave, bien qu'elle soit parfois con-fluente, bien qu'elle s'accompagne quelquefois de stomatite et d'adenite sous-glossienne.
La pituitaire, qui doit presenter l'eruption greasienne, s'injecte; eile devient rouge uniformement ou presente Qk et lä des taches plus ou moins nombreuses, isolees ou confluentes, qui font en-suite place a autant de vesicules. Les phlyctenes de la pituitaire, de memo que celles de la bouche, evoluent tres rapidement et se terminent vite par la guerison, mais a la condition qu'elles soient discretes; car, si elles sont confluentes, la pituitaire est toujours enflammee dans une etendue plus ou moins considerable, et dans ce cas, les vesicules donnent naissance ä des plaies plus ou moins etendues, qui exigent un temps plus long pour se cicatriser. Quel­quefois il y a un veritable coryza, une Writable rhinite unilaterale ou bilaterale, avec jetage plus ou moins visqueux, jaunaire, mu-coso-purulent et inflammation des ganglions sous-glossiens. Le
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horsepox peut done simuler inoinentuneraent la inorve; inais, en cas de doute, il suffira d'attendre quelque temps, et, s'il s'agit de de la maladie vaccinogene, la guerison ne tardera pas a se pro-duire.
En resume, le horsepox est une maladie qui n'a aucune gravite. Si eile n'est pas soignee, eile peut durer quelques jours de plus; mais meme dans ce cas, eile ne depasse jamais une vingtaine de jours et generalement eile se guerit en 12 ou 15 jours. Elle n'est pas grave, meme torsqu'il se produit des complications d'adenite et do lymphangite, de rhinite et de dermite, etc. Lorsqu'elle est dejä avancee dans son evolution, eile peut se compliquer quol-quelbis d'une eruption secondaire ä la surface de la peau; mais cette eruption n'a jamais les caracteres de la premiere; eile reste avortee, eile se caracterise par la formation de papules, qui ne contiennent pas ordinairement le virus greasier!.
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Dans la plupart des cas la maladie est facile ä reconnaitre; ce-pendant son diagnostic est parfois difficile dans les cas oil eile simule soit la morve, soit le farcin, soit la gourme, soit les eaux aux jambos, soit la maladie du coit.
Si Ton observe une pustulation, caracterisee comme cello qui a ete decrite precedemment, autour des naseaux, autour de la bou-clie, ii la face, dans la region genitale, on ne se trompe pas, bien qu'il y ait d'ailleurs des analogies entre le horsepox et teile ou teile autre maladie. Mais, quand reruption est denaturee, quand il y a du coryza, du jetage, des adenites, des lymphangites, de la dermite, des plaies pyogeniques, du suintement ammoniacal, etc., la confusion serait possible, si on se contentait d'un examen superliciel; aussi faut-il alors scruter attentivement le malade, et, si on est indecis, recourir ii I'inoculation.
On prendra pour la circonstance une genisse, iilaquelle on ino-culera le produit morbide; cette inoculation resteia infructueuse, s'il s'agit d'une maladie autre que le horsepox. S'il n'est pas pos­sible de recourir ii l'emploi de ce moyen, on attendra, on suivra la maladie; on prendra neanmoins les precautions que cominande la prudence en pareils cas pour preveoir la contagion.
Cowpox. — Chez les grands ruminants, le cowpox se montre de preference sur la vache et a la region niammaire, aux trayons; il peut cependant se developper chez les males et dans diverses regions, notamment au rnufle, aux naseaux, aux paupieres, etc.
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Le cowpox evolue comme le horsepox. Ses pustules se trans-torment tres rarement en plaies pyogeniques. On observe parfois une eruption secondaire apres I'eruption principale. L'eruptiou du cowpox reste parfois avortee, dure, verruqueuse; eile est quel-quefois vesiculeuse; eile peut simuler une tuberculisation cutanee; eile marche, eile evolue, eile se termine comme celle des soli-pedes. Le cowpox est tres facile a diagnostiquer; on pourrait tout au plus le confondre avec la fievre aphtheuse, et en pared cas il suffirait d'inoculer le produit ä un solipede, qui presentei'ait I'erup­tion caracteristique du horsepox, s'il s'agissait bien du cowpox.
Epizootie. — La maladie peut, dans certaines circonstances (Rieumes), se propager ä un nombre plus ou moins considerable d'individus.
Pronostic. — Le horsepox et le cowpox n'offrent aucune gravite, bien qu'ils soient contagieux; on peut meme dire que leur propagation est parfois un bienfait.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE, PATHOGENIE
Les pustules cutanees evoluent clans la couche de Malpighi.
II y a d'abord congestion du corps papillaire du derme, gonfle-ment du corps muqueux par suite de 1'exsudation dont la partie congestionnee est le siege, hypertrophies des papilles denniques, exsudation et diapedese de leucocytes dans les papilles et dans la couche sous-jacente, hypertrophie et hyperplasie des elements du corps papillaire, gonflement et degenerescence des cellules de la couche profonde et de la couche. moyenne de l'epiderme.
Bientöt il se forme des vacuoles dans la portion mediane de la couche de Malpighi, par suite de l'arrivee en ce point du produit exsude. Ces vacuoles sont incompletement separees par une char-pente reticulee; elles sont separees, du derme et de la couche cornee de l'epiderme, par des rangees de cellules du corps mu­queux.
Les cellules du corps muqueux, voisines des vacuoles, sont gon-flees, arrondies et moins adherentes entre elles. Les cloisons, qui separent les vacuoles, sontformees par des cellules du corps mu­queux, que la poussee du liquide exsude a redressees, par des cel­lules etirees et hypertrophiees et par de la fibrine fibrillaire. Les
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vacüoles se forment k la fois par Taccumulation du produit exsude du derme et par la degenerescence et la destruction des elements du corps muqueux.
Le contenu est forme d'un plasma, dans lequel on trouve des cellules du corps muqueux plus ou moins alterees, des leucocytes, des cellules polynucleaires, des granulations et des microcoques. La pustule une fois forme s'etend; les cloisons primitives sont refoulees et se detruisent; il se forme d'autres vacuoles h la peri-pherie et le centre s'affaisse. Quand la congestion du derme est violente, la diapedese est abondante et la pustule se transforme en un petit abces. Entre les pustules, on observe les alterations propres a la dermite.
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ETIOLOGIE
Le horsepox et le cowpox se developpent toujours sous l'inflü-ence exclusive de la contagion. On a bien vu la maladie se montrer sur des animaux, qui u'avaient certainement pas ete contamines par inoculation ni par contact indirect; mais il est impossible de conclure, de ces faits, ä un developpement spontane, car les gennes de I'alTection avaieut tres bien pu s'introduire dans I'organisme par rintermediaire de l'air. G'est done ä tort qu'on a invoque, pour expliquer un developpement spontane, qui n'a jamais lieu, cer-taines causes ordinaires.
La maladie est contagieuse; eile est transmissible par le virus qu'elle fournit. Sa transmissibilite est demontree par d'innom-brables faits d'observation et d'experimentation, et du reste eile est aujourd'hui universellement admise äl'exclusiondetouteautre cause.
II faut done etudier le contage et les modes de transmission, les proprietes du virus et les caracteres de la contagion.
Siege du virus. — Le contage vaccinal existe presque ex-clusiveraent dans le produit des eruptions, et encore se detruit-il assez rapidement. On I'y trouve le quatrieme, le cinquieme, le sixieme et le septieme jours apres l'apparition da premier travail qui aimonce I'eruption. Puis il se detruit progressivement.
La salive peut etre virulente, Iprsque des vesicules se sont for-mees dans la bouche et lorsque leur contenu est expulse.
Le sang ne parait pas virulent, d'apres les recherches de M. Maurice Raynaud; cependant a un certain moment • il doit ren-fermer le virus, car e'est par son intermediaire que celui-ci est
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portci dans les points oil il doit se multiplier et provoquer une eruption.
Quand on pratique une inoculation h la peau, on n'obtient, le plus ordinairement qu'une eruption locale; mais neanmoins ie virus est certainement absorbe par le Systeme lymphutique, car les ganglions lymphatiques voisins s'enflainment quelquefois. II y a sCireraent absorption du virus, meme iorsque son action doit se localiser au point d'inoculation, car, si on extirpe ce point quelques minutes apres I'operation, Feruption ne s'en produit pas moins et se montre aux lieux d'election, comme dans les cas oüle virusa ete indroduit dans rorganisme par injection intra-vasculaire.
Le contage doit done exister dans le sang a un moment donne; et peut-etremeine s'ytrouve-t-il durant tout lecours de la maladie, mais tellement dilue, qu'il est diflicile de produire un elfet sans employer une forte quantlte de sang.
D'apres les experiences de M. Maurice Raynaud, la lymphe charriee par les vaisseaux lymphatiques, qui partent du point d'i-noculation ou du point malade, est virulente; mais, pour obtenir un resultat (eruption, immunlte), ii taut l'inoculer ä forte dose.
Lemöme experimentateura reussi une fois h conferer rinnnunite sans accidents visibles, en injectant une forte dose de sang dans le torrent circulatoire. 11 a verilie si le produit des ganglions, en-tlainmes a. la suite de rinoculation, etait virulent; et ii n'a pas trouve le contage dans ces organes, qu'il considere comme des-tructeurs du virus vaccinal.
En resume, quand on veut inoculer le vaccin, on ne peut guere s'udresser, pour avoir le virus, qu'aux eruptions. Le vaccin peut, avons-nous dit, etre recueilli le quatrieme, le cinquieme, le si-xiemeetle septiemejours apres I'inoculation, apres I'apparitiondu premier travail de l'eruption. A partir de ce moment, son inten-site virulente s'affaiblit. On dit pourtant avoir reussi quelquefois, en inoculant du virus recueilli le huitieme et meme le dixieme jour; on a reussi enfln en inoculant, apres les avoir delayees, des croütes enlevees le dixieme et le quinzieme jours.
Caracteres du virus. — Le contage du horsepox et du cowpox est ordinairement melange ä un vehicule liquide, produit par les pustules; quelquefois il est associe ii un vehicule solide, (croutes, objets souilles de lymphe vaccttiale dessechee). II est or-dinairement introduit dans Torganisine avec Tun ou I'autre de ses vehicules; mais I'infection vaccinale est possible par 1'in-
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termediaire de l'air, et, si eile se produit, c'est parce que le virus peut etre maintenu en suspension dans I'atmosphere. Le contage vaccinal est done fixe ou volatil (susceptible de se maintenir en suspension dans l'air).
Nous connaissons dejä les caracteres unatomiques du produit virulent que contiennent les pustules. Au debut, ce produit est sereux, limpide et relativement pauvre en elements figures; ne-anraoins il en contient de diilerentes sortes; il contient des cel­lules diverses et des granulations, qui ne sont pas toutes de nature identique, puisque les unes sont dissoutes par la potasse, tandis que les autres resistent ä Taction de ce reactif et ä celle de rarninoniaque, et semblent etre des microcoques. A mesure que la pustule vieillit, son produit se modifie; il devient de plus en plus trouble, de plus en plus riche en elements figures, voire mfeme en microcoques, tout en perdant peu ä peu son activite. Le degre d'efficacite de la lymphe vaccinate ne correspond done pas au nombre de microcoques qu'elle renferme. Ce fait ne prouve pas que I'agent virulent ne saurait etre un microcoque.
Certains auteurs (Klebs, Hiller) affirment que I'agent vaccino-gene est un microcoque et cette opinion merite d'etre prise en consideration. Les vibrions vaccinogenes sont contenus dans le produit de la pustule; mais, des que celle-ci est tombee en sup­puration, les microcoques vaccinaux se detruisent ou deviennont infeconds, parce que le vibrion pyogene leur dispute la place.
D'apres les experiences et la theorie de M. Chauveau, I'agent vaccinogene serait une granulation moleculaire anatomique; mais il resulte des experiences de M. P. Bert, que le virus vaccin ne perd pas sa propriete, quand on le soumet k l'action de l'oxygcne comprime, qui tue les elements figures de nature animate. II est done probable comme le pensent Klebs, Hiller, etc., que la granu­lation vaecinale n'est autre chose qu'un microcoque, qui resiste h l'action de l'oxygene comprime. Du reste, ce que nous allons dire sur la conservation et les proprietes physiologiques du vaccin, tend aussi a. demontrer ou tout au moins permet d'induire la na­ture vegetale de I'agent vaccinal.
Le virus du horsepox et du eowpox peut etre conserve pendant plusieurs mois et meme au delii d'une annce, quand on prend les precautions eonvenables pour le recueillir et pour le preserver du contact de l'air, de la lumiere, de la chaleur, de l'electricite, de l'humidite, du froid, etc.
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Le froid ne semble pourtant pas agir trop döfavorablement sui1 le vaccin, puisque Ton a pu le refroidir (Melsens) jusqu'a —78deg;, sansdetruire sa virulence. En serait-il de meme, si 1'agent virulent etait une granulation anatomique ?
Dans les conditions ordinaires de la pratique, le vaccin pent, suivant les circonstances, se conserver plus ou moins longtemps h la surface des objets solides. A ce sujet nous manquons en­core de donnees precises. Toujours est-il que I'air, la lumiere, I'liumidite, la chaleur, I'electricite favorisent sa destruction.
Conservation du virus vaccin. — Mettant ä profit les donnees qui precedent, on peut recueillir le vaccin dans de bonnes conditions, et le conserver pour I'employer ulterieurement.
On emploie des plaques de verre et des tubes capillaires renfles ou non h leur milieu.
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Dans tons les cas, ilfautpuiser le virus dans des pustules jeunes, afin d'etre assure d'avoir un produit actif.
Rien n'esl plus simple que de recueillir et de conserver du vaccin avec des lames do verre. On ouvre la pustule, on applique tour ä tour sur sou produit chacune des plaques, puis on les place l'une contre l'autre et on les lutte avec de la cire; on les met ensuite dans robscurite et dans un lieu frais. Quand on veut utiliser le vaccin, on separe les lames, on delaie le produit, qui est sur chacune d'elles, avec une goutte d'eau et on I'inocule.
Pour recueillir le vaccin dans des tubes, il faut se servir autant que possible des plus capillaires, qui sont toujours plus faciles ii rcmplir. On ouvre la pustule au rnoyen d'une ou de plusieurs pi-qures; on biise le tube h ses deux extremites et on le plonge dans le produit qui perle, par son extremitela plus effilee, en le tenant horizontalement entre les doigts. Quand le tube est ä peu pres plein, on le lutte avec de la cire ii ses deux extremites, ou bicn on le ferme en fondant ses bouts ä la flamme d'une bougie ou d'une lampe. II faut alors eviter, autant que faire se peut, la formation de produits einpireumatiques, qui prennent naissance quand on chauffe l'extiemite du tube par oü le vaccin a penetre; et pour plus de securite, il convient de proceder de la maniere suivante.
On puise le vaccin a la facon ordinaire, en plongeant I'extre-mite du tube dans une pustule ou dans le liquide prealablement recueilli sur une plaque de verre; le virus monte par capiliarite et arrive ä une hauteur, qu'on fait varier en inclinant plus ou moins le tube. Le liquide introduit, on imprime quelques se-cousses au tube pojur le faire avancer et laisser une petite colonne
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d'air ä l'oriflce; puis on plonge cette extremite dans une goutte d'eau bien pure et on incline un pen la tube; I'eau s'inlroduit, tout en restant separee du vaccin par le petit cylindre d'air. Le vaccin ctant ainsi eloigne suffisamment de l'orifice et n'atteignant pas l'extremite opposöe, on ferme les deux bouts en les fondant (Melsens). Le vaccin ainsi recueilli peut se conserver plusieurs annees, si on maintient ies tubes ii Tabridelalumiere et ä la tem­perature ordinaire.
Quand on veut se servir du virus enferme dan's un tube, on en casse les deux extremites; on souffle dans 1'une d'elles, au moyen d'un chalumeau de paille, et on recoit le contenu sur une plaque, puis on s'en sert pour faire des inoculations.
Quand on veut expedier des tubes de vaccin, on les enferme dans un tuyau de plume on dans un petit tuyau en verre, qu'on ferme h ses deux bouts, soit avec du coton, soit avec de la cire.
Etant donne que le produit virulent des pustules perd de son activite a partir du septieme ou du huitieme jours et quelquefois ä partir du sixieme jour, il faut le recueillir ou s'en servir pour vacciner le quatrieme et le cinquieme jours apres i'apparition de l'eruption. La virulence existe d'ailleurs avant l'arrivee de ce terme; eile existe dans la pustule en voie de formation, seulement les agents ne sent pas encore assez multiplies.
Modes et caractöres de la contagion. — Le horse-pox et le cowpox se transmettent par contagion immediate et par contagion mediate.
Un malade place h cöte d'animaux sains peut leur communiquer I'aiTection en les flairant, en les lechant, en les mordant, s'il a des eruptions aux levres, a la bouche, au pourtour des naseaux, h la face; le horsepox peut aussi etre transmis dans l'acte du coit. Ge n'est pourtant pas ainsi que la maladie sepropage le plus souvent. Ordinairement eile se transmet par contagion mediate. Le virus est excrete par le malade et transmis h d'autres animaux par un intermediaire. La transmission peut se faire par l'intermediaire de l'homme, ainsi que le prouvent les faits observes par Jenner et Loy. Cost du reste de cette facon que la maladie est ordinaire­ment communiquöe, quand on I'observe sur les trayons, sur les mamelles des vaches, la personne chargee de les traire ne s'etant pas lave les mains apres avoir touche des malades. Les fourrages et les boissons peuvent aussi servir d'agents de propagation, quand ils ont ete souilles par des malades. Nous verrons ci-apres que les donnees experimentales dömontrent la possibilite de la trans-
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mission par l'ingestion de la matiere virulente, qui pent provo-quer de la sorte une eruption generale. La maladie se transmet aussi par les objets de pansage et de pansement, par les harnais, par les raoyens d'attache qui ont servi a des malades et qui se sont impregnes de virus. Le fait de Rieumes nous montre qu'elle pent se transmettre par les entraves, qui ont servi pour des ani-maux atteints d'eruption podale. Les animaux, qui ont des plaies i ur les regions inferieures des membres, peuvent contracter par cette voie la maladie, si les litieres sont souillees de matieres virulentes. Tous les corps solides, eapables de s'impregner de virus, peuvent devenir des agents de transmission: les eponges, qui ont ete employees pour nettoyer les naseaux des malades servent d'intennetllaire sur äla contagion, quand elles ne sont pas bien nettoyees, avant d'etre employees pour d'autres animaux.
On emit genöralement que la maladie ne se transmet pas par rintermediaire tie 1'air; on croit qu'elle ne se. propage pas par la simple cohabitation; eile ne serait pas infectieuse; ses germes ne se trouveraient jainais en suspension dans I'air. Mais une pareille maniere de voir est trop absolue, et de plus eile est inexacte. II cst certain que le virus, introduit dans les voles respiratoires, pent donner suite ä une eruption möine generalisee, et, d'un autre cöte, 11 est non moins certain que la variole de l'homme est iiilectleuse; or des experimentateurs soutiennent que lehorsepox ct la variole de l'homme ne sont qu'une seule et meme maladie. Quoiqu'il en seit de cette opinion, que nous discuterons plus loin, il est a peu pres sur que le horsepox pent se U unsrnettre par rin­termediaire de I'air. Cette transmission a lieu sans doute rarement; mais un cheval, qui a des pustules dans le nez ou au pourtour des naseaux, pent tres bien, en expirant, chasser des germes dans I'air ot infecter ainsi les animaux places ä cöte de lui.
Les voles d'introduction du virus, dans la contagion naturelle, sont done: la peau, lorsqu'elle est excoriee, eraillee, lorsqu'elle presente des plaies; les voies digestives, les voies respiratoires et les voies genitales.
La maladie, sauf de rares exceptions, s'acompagne d'eruption generale ou locale, suivant les modes de contamination. L'eruption est locale, quand le virus est inocule ä la peau; eile est generale, quand I'agent s'est introduit par les voies digestives ou par les voies respiratoires.
D'apres les experiences de M. Chauveau, Taptitude vaccinogene
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serait plus prononcee chez les solipedes que chez les grands rumi­nants et chez 1'hoinme. En inoculant levaccin au cheval, par piqüres ä la peau, on obtient une eruption localisee; pourtant qaelquefois sue les jeunes, il se produit une eruption generalisee, qui est ordinairement vesiculeuse et ne renferme pas toujours le virus.
Bien que I'eruption soit locale, il y a neanmoins absorption d'une partie du virus par le Systeme lymphatique, car ainsi que nous I'avons vu, si on enleve les points d'inoculation queiques Instants api'es 1'operation, il se produit ensuite une eruption gene-rale, qui se niontre aux lieux oil eile apparait ordinairement, quand on fait penetrer le virus par d'autres voies.
Ge fait permet de se rendre coinpte du mecanisine suivant lequel I'inoculation par piqüre preserve d'une eruption genera­lisee. Le produit insere h la peau est absorbe en partie; et pendant que le virus absorbe traverse le Systeme lymphatique, avant qu'il arrive dans le sang et soit dissemine dans tout le corps, la partie non absorbee evolue sur place et attire a eile les elements neces-saires ä sa multiplication; en sorte que le plus souvent, quand le virus absorbe revient ä la peau par la voie sanguine, rimunite est deja conferee.
On peut obtenir I'infection vaccinale, avec eruption generalisee, die/, le cheval, en introduisant le virus dans les voies respiratoi-res ou dans les voies digestives. On I'obtient aussi, en injectant lo virus dans le tissu conjonctif sous-cutane, dans le Systeme lym­phatique ou dans le Systeme sanguin. Quand, h la suite de Tune ou de l'autre de ces manieres de faire, on ne voit pas I'eruption cxterieure se produire, il n'en resulte pas moins, pour I'inocule, une veritable immunite ; en sorte qu'il est des cas oü rimmunite peut etre cree sans qu'on sans doute, soit parce que I'eruption a passe inapercue, soit parce qu'elle s'est faite ä l'interieur, soit parce qu'elle a fait defaut. Les solipedes semblent recuperer prompternent, au bout de quetques semaines peut-etre, I'aptitude vaccinogene.
Les inoculations et les injections hypodermiques reussissent aussi chez les ruminants et chez I'homme. Chez les ruminants les autres modes d'injection reussissent moins bien que chez le cheval.
En resume, lorsqu'on observe une eruption localisee h une region, ä la region podale (cheval), ii la region mammaire (vache)^ h la region buccale, ä la region nasale, h la region genitale, on est en droit de penser que i'animal a ete contamine par une sorte
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d'inoculation ou d'impregnation dans la region malade. Tandis qae, quand on a affaire ä une eruption multiple, il y a tout lieu de croire que le virus s'est introduit soit par les voies digestives, soit par les voies respiratoires.
Intensity virulente. Nature du vaccin. — II est toujours indique d'employer, pour la vaccination, le produit du cowpox, pris sur de jeunes animaux (genisses ou taurillons), parce que le virus des solipedes et celui de rhomme peuvent etre irnpurs, peuvent etre melanges avec un autre virus, avec le virus morveux, avec le virus syphilitique, avec le virus phthisique.
D'apres leur degre d'activite les produits vaccinaux peuvent, suivant leur provenance, etre ranges dans I'ordre suivant: virus du horsepox, virus du cowpox, virus de Fhomme vaccinö.
Le virus des solipedes est le plus actif, celui dont I'inoculation est leplussürement suivie de resultats positifs. II estinoculableä la vache et ii rhomme. On pourrait I'inoculer directement k I'homme, si on etnit bien assure que I'animal qui le fournit est indemne de morve. On avait cru que la vaccination avec le produit du horse­pox etait plus dangereuse, parce qu'on avait ete induit en erreur par l'experience de Loy, dans laquelle la flevre avait ete plus vio-lente qu'ii la suite des vacccinations avec le produit du cowpox. On avait ete confirme dans cette idee par le fait observe h Alfort sur un eleve, qui, en soignant un cheval atteint d'eaux aux jambes (horsepox), avait contracte une affection, qui s'etait traduite par une eruption grave sur les mains et par une fievre assez intense. Mais dans ce cas la gravite de l'eruption doit etre attribuee a Fac­tion des matieres septiques, qui etaient mölangees aux produits greasiens.
Le produit du horsepox, obtenu pur,puise dans des pustules de la face et inocule h I'homme, donne des boutons plus petits que le produit du cowpox. Cette eruption s'accompagne de pen d'in-flammation; eile n'est pas suivie d'a'utres accidents; eile est quel-quefois legerement furonculeuse; eile confere I'immunite.
Le horsepox, passant sur un ruminant, s'affaiblit et le produit du cowpox, quoique provoquant de plus grandes pustules chez I'enfant, est cependant d'une action moins sure. Neanmoins c'est toujours au cowpox qu'il faut s'adresser, pour la vaccination de I'homme. Le cowpox ne transmet ni la morve ni la syphilis, qui ne se developpent pas sur la genisse. II ne s'affaiblit pas par des generations successives sur la genisse. Le vaccin s'epuise par son passage chez I'homme; il Importe de le regenörer, en le faisant
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passer sur le veau, avant sa troisieme ou saquatriöme g6n6ratioa. U convient de donner toujours la preference au cowpox, pour pratiquer les vaccinations et les revaccinations. Le produit de la maladie du veau, inocule ä l'enfant, donne des effets plus mar­ques que ceux qu'on obtient avec le vaccin pris sur un autre enfant; il s'accompagne de pustules plus volumineuses et pro-voque plus souvent des pustules supplementaires autour des points inocules; ii determine plus de flevre; il provoque plus lentement I'eruption, mais celle-ci evolue plus rapidement et est virulente pendant les cinquieme, sixieme, septieme et huitieme jours; il est assez souvent suivi d'eruption secondaire, qui est d'ailleurs benigne (boutons epars sur le corps). Apres la vaccina­tion avec le cowpox, la periode d'incubation pent etre de huit, dix et meme douze jours, et le meme fait peut s'observer sur la genisse. Les pustules, resultant de l'inoculation, ont parfois une marche irreguliere et evoluent successivement au lieu d'evoluer toutes en meme temps. Le cowpox, reproduit par Tinoculation du horsepox ou du vaccin de l'enfant, agit comme le cowpox qui resulte de la transmission du virus dans la meme espece animals. Toutes choses egales d'ailleurs, les sujets en bon etat sent ceux qui donnent .les plus belles pustules et qui doivent par consequent etre choisies de preference pour la culture du vaccin. On peut d'ailleurs, sans crainte de les deprecier, utiliser, pour la culture du cowpox, les animaux de l'espece bovine, attendu que leur chair n'en ressent aucun effet. On doit choisir de preference les animaux jeunes, parce qu'on a plus de chances de les trouver non refractaires et en meme temps indemnes de la phthisie.
Quand on cultive le cowpox sur les veaux, il faut autant que possible les inoculer sur des regions oü ils ne peuvent pas se le­cher. On peut faire, par centaines, des piqüres sur le ventre, aux cuisses, au perinee, etc.; presque toutes reussissent, en sorte que le meme animal devient une source abondante de vaccin et four-nit du virus pour inoculer des centaines de personnes. Pour ope-rer dans les meilleures conditions possibles, on rase la peau sur les regions oü Ton doit inoculer, apres I'avoir bien lavee; on couche le veau sur une table et on proeöde ä l'inoculation par piqüres ou par incisions superflcielles. Enfln, pour eviter que les inocules se lechent, on leur met un collier ä chapelet. On recolte le vaccin les quatrieme, cinquiöme, sixieme et septieme jours; on enleve la croüte; on comprime la base de la pustule avec une pince et on charge les lames, les tubes ou l'instrument qui dort servir pour inoculer.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;52
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Le cowpox se conserve plus longtemps dans les tubes que le vaccin humain. Le virus du cowpox, comme celui du horsepox, comme celui du smalpox, est inoculable a l'homme et lui confere rimmunite. La vaccination est done preventive et doit etre prati-quee toutes les fois qu'il y a lieu de craindre l'apparition de la va-riole. Elle doit meme etre pratiquee sur les personnes dejä con-taminees et chez lesquelles la variole est en incubation, car eile agit alors comme palliative. Independamment de ces indications urgentes, la vaccination doit etre pratiquee chez l'homme de temps en temps; il serait bon de se faire vacciner une fois par an, surtout lorsqu'une epidemie de variole se declare, lorsqu'on doit traverser un lieu infecte. Quand on a le choix du moment, il faut, autant que possible, vacciner au printemps ou en automne. On pent vacciner les enfants des Tage de 4 mois. L'inoculation se pra­tique par incision ou par piqüre superficielle. On peut vacciner de bras ä bras ou avec du vaccin conserve ou avec du vaccin pris di-rectement sur la genisse. Le vaccin est bon des que la pustule com­mence a poindre; pour le recueillir, on peut enlever I'epiderme de la pustule, ou bien on se contente d'y faire des piqüres, par lesquelles on voit bientot sourdre le virus. On vaccine ordinaire-ment sur le bras; mais on peut vacciner ailleurs; on fait deux ou trois piqüres a chaque bras, et on peut se contenter d'une seule piqüre bien faite, car une seule pustule preserve aussi bien que plusieurs. Malgre ce qui a ete dit precedemment, on peut vacci­ner en toute saison quand le besoin l'exige. Le resultat de la vac­cination peut etre nul ou consister en une fausse vaccine, qui ne preserve pas de la petite veröle. Quand Finoculation produit la vraie vaccine, la vaccine preservatrice, on le reconnait aux carac-teres suivants: les pustules ne comraencent pas a apparaitre avant le troisieme ou le quatrieme jour; elles s'annoncent par une ele-vure rouge; celle-ci devient plus prononcee des le cinquieme jour, puis eile s'elargit, s'aplatit, s'ombilique et devient d'un blanc bleuätre ou argentee; eile est entouree d'uncercle rouge, etc. La fausse vaccine ne preserve pas de la variole; eile se montre plus tot que la vraie. Le jour de Finoculation ou le lendemain, la pi­qüre fait place ä un petit bouton entoure d'une aureole rouge; ce bouton reste arrondi et pointu et se desseche rapidement.
Le virus du horsepox, du cowpox, draquo; la vaccine, est-il un virus different de celui de la variole? Jl est reconnu que le horsepox, le cowpox et la vaccine preservent
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l'enfant contre la variole; il est reconnu que la variole de l'homme est inoculable au boeuf et au cheval, et qu'elle les preserve du horse-pox et du cowpox; d'ailleurs la vaccine inoculee au boeuf et au che­val les preserve aussi contre la variole. On admet generalement que la vaccine differe de la variole, qu'elle est son antagoniste, et qu'elle ne se confond pas avecelle; c'est l'opinion que je partage.
Pourtant il est des observateurs et des experimentateurs qui ont une maniere de voir toute differente, qui pretendent que le virus vaccin est le virus varioleux lui-meme attenue par son pas­sage sur les animaux, que I'eruption vaccinale est une eruption varioliquelocalisee. On va meme jusqu'ä affirmer que Ton trouve le-meme virus, non seulement dans la variole de Fhomme, mais encore dans la variole du pore, dans la variole du chien, dans la clavelee, dans la maladie aphtheuse.
On a vu, dit-on, des hommes vaccines avec le claveau, avec le produit de la variole du pore, devenir refractaires ä la vaccine at ä la variole.
En tirant toutes les consequences que comporte une pareille doc­trine, on a conclu que rhomme pent contracter la variole des ani­maux par infection, que la variole de l'homme est transmissible aux animaux et s'attenue en passant dans leur organisme, que les epidemies de variole peuvent s'etendre de l'homme aux animaux et reciproquement, que le vaccin pent etre reproduit en inoculant la variole h la genisse.
Gette doctrine n'est pas sufflsamment demontree; 11 est certain qu'on a pu inoculer fructueusement le cowpox a des animaux qui venaient d'avoir la fievre aphtheuse; il est certain aussi que le vac­cin s'affaiblit chez l'enfant et que, pour le regenerer, il faut le faire passer sur la genisse; et cela ne pourrait etre de la sorte, si le vaccin n'etait autre que le virus varioleux attenue en passant sur les animaux, car il faudrait admettre que la genisse pent a la fois attenuer la variole et regenerer son virus epuise chez l'enfant, ce qui serait contradictoire. Le virus du horsepox, la vaccine doit done etre consideree comme un virus;sp.ecial.
L'immunite, conferee par la vaccine, pent 6tre complete ou in­complete, et eile pent durer un temps variable, suivant les espe-ces et suivant les individus. On voit la variole se montrer parfois sur des personnes meme recemment vaccinees; seulement eile est plus benigne, ce qui prouve que l'immunite conferee a ete in­complete ou a commence dejä k s'effacer.
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On ne salt pas exactement combien de temps peut durer I'im-munite conferee par la vaccine; eile semble de courte duree chez les animaux solipedes (quelques semaines); eile est ordinairement plus longue chez les ruminants et chez I'homme; neanmoins il est bon de revacciner, de temps en temps, les personnes vaccinees, tous les deux ans, tous lestrois ans et mieux tous les ans, au moins lorsqu'il y a des epidemics de variole.
TRAITEMENT
Le horsepox et le cowpox ne reclament pas Fintervention du vöterinaire. Aucun traitement n'est indispensable. La maladie est benigne, eile evolue regulierement et disparait necessairement au bout d'un certain temps. II n'y a pas lieu de suspendre le travail des animaux ni de modifier leur regime.
Cependant, lorsque la maladie s'accompagne d'eruptions con-fluentes, de lymphangites, d'adenites, deplaiessuppurantes, quand eile siege sur les regions podäles, dans la bouche, dans les cavites nasales, il est sage d'intervenir, pour prevenir et faire disparaitre les complications.
Pour les plaies des paturons, on a recours aux astringents, aux disinfectants, aux cicatrisants, aux lotions avec I'eau pheniquee ou goudronnee, aux onctions avec des pommades calmantes ou cica-trisantes, etc.
Quand il y a des plaies sur la muqueuse buccale, qui genent la mastication, on modifie le regime, on donne des barbotages et des aliments de facile mastication, on traite les plaies avec des garga-rismes ou des lotions astringentes, cicatrisantes (solution de chlorate de potasse, de teinture d'iode, etc.).
Quand il y a coryza et jetage, on pratique des injections emol-lientes, cicatrisantes, astringentes (acetate de plomb, sulfate de zinc, acide phenique).
Les lymphangites, les adenites, les plaies suppurantes doivent etre traitees comme dans les cas de gourme.
POLICE SANITAIRE
On n'applique pas de mesures sanitaires ordinairement; mais le cas öchöant, il faudrait, si la maladie menacjait de se propager
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HORSEPOX — COWPOX
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outre mesure, exiger la declaration des malades et prescrire la sequestration et la desinfection.
Les chairs des animaux malades doivent etre considerees comme si elles provenaient d'animaux sains; elles ne doivent pas etre re-fusees a la boucherie.
Nota. — Dernierement M. Peuch a observe, aux environs de Rieumes et h Rieumes meine, une epizootic de horsepox, dans laquelle la maladie s'etait propagee par le co'it et se caracterisait par une eruption dans la region des organes genitaux (eruption ou traces d'eruption, plaies,- cicatrices sur la peau de la vulve, de la queue et du perinee chez la jument, memes lesions sur le penis chez I'etalon). L'inoculation a permis a notre collegue de verifier tres exactement la nature de la maladie. Ce fait a une grande im­portance, car, ainsi que le remarque justement M. Peuch, il per-met de supposer tres legitimement qu'on a parfois pris pour la dourine une simple eruption de horsepox.
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CHAPITRE XVII
CLAVELEE
Definition. — La clavelee, ainsi denommee parce qu'on a compare la pustule qui la caracterise a la tete d'un clou, est une maladie generale, eruptive, contagieuse, inoculable, decelee par une eruption pustuleuse plus ou moins abondante, qui se produit a la surface de la peau et quelquefois sur les muqueuses. Cette maladie, quoique parfois grave, guerit le plus souvent et con-fere I'immunite, centre une seconde atteinte, aux animaux qui se retablissent.
Synonymes. — On lui donne encore les noms suivants: on l'appelle variole du mouton, picotte, rougeole, clavelade, claviau, etc. On appelle claveau le virus secrete par i'eruption, et on ap­plique le nom de clavelisation h l'inoculation du claveau, pratiquee dans le but de donner une maladie localisee et benigne aux ani­maux qu'on veut ainsi preserver de la clavelee naturelle.
SYMPTOMATOLOGIE
La clavelee est une maladie d'espece, eile est propre aux mou-tons. Elle se montre ordinairement a l'etat d'enzootie et d'epizootic. On a relate dans le temps, et on observe de nos jours de nombreu-ses et frequentes epizooties de picotte. La maladie regne en per­manence dans certains pays, en Algerie par exemple, oü eile est ordinairement tout k fait benigne, en Allemagne, en Hongrie, en Italic, en Espagne, et dans certaines regions de la France, dans les regions du nord et du sud-est, depuis que les unes s'appro-visionnent en Allemagne et les autres en Algerie. Elle s'etait montree en Angleterre dans les siecles precedents; eile y fut in-troduite de nouveau en 1847 par des moutons venant du Danne-marck. Grace a l'extension et h la celörite deä relations commer-
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824nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CLAVELEE
ciales, cette maladie est de nos jours frequemment importee, dans des regions indemnes, par des animaux venant d'Allemagne, d'Au-triche, d'ltalie, d'Algerie, d'Espagne, etc.
Les auteurs ont etabli des divisions, pour faciliter l'etude de l'affection, iis ont distingue: une clavelee benigne, reguliere, dis­crete, une clavelee maligne, irreguliere, confLuente; une clavelee naturelle, spontanee, accidentelle, une clavelee inoculee; mve clave­lee volante; une clavelee simple, une clavelee compliquee; une cla­velee pourpree, une clavelee cordee; une clavelee de premiere, de seconde, de troisieme lunee, etc. Mais ces divisions, artificielles pour la piupart, n'ont pour resultat que de jeter la confusion dans l'esprit et de rendre difficile h retenir ce qui est tres simple.
Afln de n'oublier aucun detail dans notre description, sans etre pourtant expose a des redites, nous etudierons d'abord 1'evolutiou de la pustule claveleuse; en second lieu, nous decrirons la mar-che de la maladie sur un individu; en troisieme lieu, nous indi-querons la marche de la maladie dans un troupeau; et en qua-trieme lieu, nous ferons connaitre la marche d'une enzöotie ou d'une epizootie de clavelee.
Caracteres et evolution de la pustule clave­leuse. — L'eruption claveleuse se produit ä la surface de la peau et quelquefois sur les muqueuses (buccale, pituitaire, con­junctive, etc.); il y a done lieu d'etudier la pustule cutanee et l'e­ruption des muqueuses.
Que la maladie ait ete contractee naturellement ou qu'elle soit le resultat d'une inoculatioa locale, la pustule claveleuse de la peau evolue de la meme fagon.
Pustule cutanee. — L'eruption cutanee peut se montrer dans diverses regions du corps; eile se produit ä la surface du derme et consiste d'abord en une inflammation congestive, qui est ensuite accompagnee d'exsudation, de vesiculation ou de pustulation; puls l'eruption se deforme, se detruit peu a peu.
De meme que pour la pustule greasienne, on peut reconnaitre trois periodes dans revolution de la pustule claveleuse : une pe-riode congestive; une periode exsudative ou secretoire; une pe-riode de deformation, dans laquelle la pustule se desseche, se ci­catrise et se desquame.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
La periode initiale ou periode eruptive est caracterisee par Tap-
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OLAVELEE
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parition d'un point, d'une tache rouge, d'une ecchymose a la surface du derme, visible a travers repiderme qui la recouvre. Cette ecchymose, qui est due a une congestion du corps papillaire du derme, provoquee par Faction du virus, est plus ou moins coloree.
Au debut la rougeur disparait par la compression digitale et reparait ensuite; plus tard eile persiste malgre la pression exercee sur eile.
L'ecchymose claveleuse est plus ou moins etendue; eile a tou-jours plus de surface que celle qu'on observe dans le cas de horse-pox. Sa dimension varie depuis celle d'une lentille jusqu'a celle d'une piece de cinquante centimes; eile peut meme devenir beau-coup plus considerable, mais alors eile resulte ordinairement de la fusion, de plusieurs ecchymoses, qui se sent produites les unes a, cöte des autres et qui evoluent ensuite simultanement. La tache est, dans ces cas, plus ou moins irreguliere dans son contour, tandis que les ecchymoses simples sont assez regulierement ar-rondies.
L'ecchymose initiale devient peu a peu plus grande, plus rouge et convexe; eile devient de plus en plus saillante, sans acquerir pourtant une elevation considerable. Elle s'arrondit, eile devient dure, resistante; eile donne la sensation d'une nodosite interes­sant l'epaisseur de la peau; eile constitue bientöt une elevure hemispherique; toutes ces modifications se produisent en trois ou quatre jours. L'elevure, arrivee ä cet etat, est encore rougeätre, vineuse, bleuätre dans toute son etendue, sans depression ni proe-minence au centre.
La periode eruptive louche h sa fin et dejä la periode secrötoire a commence. Dejä le produit, exsude par les vaisseaux du derme, s'est fraye un passage a travers les couches inferieures de I'epi-derme et est venu se loger dans sa couche moyenne. Par conse­quent, ici comme dans le horsepox, quatre ou cinq jours apres l'apparition de l'ecchymose, I'eruption se transforme en pustule ou en vesicule. Le plus ordinairement elle se transforme en pus­tule; eile se creuse d'une ou de plusieurs logos, dans lesquelles se ramasse le produit virulent. Mais assez souvent, le mouvement exsudatif etant tres intense et tres abondant, il en resulte I'accu-mulation d'une grande quantite de lymphe sous I'epiderme, qui est souleve en masse; il se forme alors une veritable ampoule, une veritable phlyctene plus ou moins etendue et uniloculaire.
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En outre de la pustule ou de la vesicule principale, qui se forme dans une tache ecchymotique Initiale, et qui offre un volume plus ou moins considerable, il se produit souvent dans son voisinage, aux depens de la meme tache, de tres petites pustules, qu'on aper-goit a peine (sortes de petits grains blanchätres ou jaunätres), mais qui deviennent tres evidentes, lorsqu'on pratique des coupes au voisinage d'une grande pustule et qu'on les etudie au microscope.
La pustule claveleuse, une fois fonnee, est discoide, arrondie ou aplatie; eile s'affaisse peu ä peu et semble s'etendre; eile perd peu a peu sa coloration primitive; eile devient grisätre, blan-chatre; eile est areolee; eile contient un produit sereux, clair, limpide, parfois jaunätre. Son volume varie depuis celui d'une petite lentille jusqu'ä celui d'un haricot et meme au delä, car il peut arriver que des pustules, devjeloppees les unes ä cöte des autres, finissent par se confondre en une seule masse plus ou moins irreguliere. La pustule simple est reguliere dans sa forme ; eile est aplatie ä sa surface, et son pourtour est circulaire.
La pustule claveleuse est recouverte par une pellicule grisatre epidermique, imbibee de serosite, qui la gonfle et qui parfois suinte au dehors h travers cette membrane protectrice. Sous cette pellicule est accumule le claveau, dans les leges multiples de la pustule. Si on enleve I'epiderme qui recouvre la pustule, on ob-tient un suintement de claveau plus ou moins abondant. Au debut ce produit est parfois strie de sang ou sanguinolent; mais bientöt il devient limpide et clair; il estincolore ou jaunätre, jaune-paille ou un peu roussätre; il est pauvre en elements figures. Le fond de la pustule, ainsi mis a decouvert, apparait rouge, pointille en cul-de-de; il oifre des vacuoles plus ou moins nombreuses. Le claveau est produit par tous les points de la pustule.
La pustule ouverte se recouvre promptement d'une couche protectrice, qui se forme aux depens du produit qu'elle secrete, et son evolution se poursuit ensuite. C'est le moment oü la periode de secretion commence qu'il faut choisir pour recueillir le claveau. Au bout de deux, trois, quatre jours, la pustule se modifle, s'af­faisse, se deprime, devient plus seche; le claveau se trouble, s'epaissit, devient moins abondant, blanchätre, grisätre, puriforme, sans cesser pourtant d'etre virulent; la croüteelle-meme renferme le virus.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
II est h remarquer que, pendant I'ete, la pustule claveleuse par-court plus rapidement ses periodes.
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CLAVELEEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;827
Du reste, eile ne presente pas toujours les caracteres que nous venous de lui reconnaitre; eile reste parfois noiratre on violacee, ne söcrete pas de claveau ou ne donne, ä 1'incision, qu'un produit sanieux; eile Interesse alors plus profondement le derme et s'ac-compagne quelquefois de gangrene locale.
La vesicule, qui se forme parfois au lieu et place de la pustule, evolue plus rapidement et presente des caracteres differents. Elle est plate, grisätre ou jaunätre, parfois transparente, fluctuante k la pression; eile contient du claveau sereux; eile est formee d'une seule loge; mais, si on enieve 1'epiderme, on constate que son fond est areole comme celui de la pustule. La vesicule claveleuse n'est done qu'une pustule deformöe, dont les loges se sont con-fondues, par suite de la destruction de leurs cloisons.
Quoi qu'il en soit, cette forme de l'eruption claveleuse se detruit plus rapidement que la pustule proprement dite. Si on I'ouvre, la plaie qui en resulte se couvre d'une croüte et se cicatrise vite. Si on lui laisse suivre son cours, eile s'ouvre et son contenu s'echappe par une Assure qui se produit ä travers I'epiderme, puis la cica­trisation a lieu promptement. Et si eile ne s'ouvre pas, son con­tenu est resorbe en partie ou transude a travers I'epiderme ramolli, puis la cicatrisation a lieu tout aussi rapidement. L'epiderme s'at-faisse, se reapplique sur le derme, mais ne lui adhere pas; un nouvel epiderme se forme et chasse I'ancien. La cicatrice resultant de ce travail ne laisse aucune trace dans I'avenir, tandis qu'il n'en est pas de meme de celle qui se produit apres revolution d'une pustule proprement dite. Celle-ci dure d'ailleurs plus longtemps ; sa cicatrisation et sa desquamation sont plus longues ä se pro-duire.
La pustule se deforme, s'aplatit en meme temps que son contenu s'epaissit; eile cesse de secreter; la partie liquide de son produit est resorbee ou exsudee h travers I'epiderme. Quelquefois la pelli-cule epidermique se dechire et la matiere söcretee sort, se con­crete, se desseche ä l'air et forme une croüte, en dessous de la-quelle la cicatrisation se produit ensuite, et finalement la croüte se detache. Le plus ordinairement I'epiderme reste, se desseche, s'affaisse, se convertit en croüte grisätre, brunätre. Getto croüte, d'abord superficielle, va s'epaississant; eile est seche ä l'exterieur et encore humide en dessous. Elle s'epaissit, parce que bientöt les particules figur6es du claveau, qui n'ont pu etre resorbees ni
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exsudees, font corps avec eile et souvent meme la partie superfi-cielle du derme finit par entrer dans sa composition. Suivant que la croüte Interesse ou n'interesse pas le derme, on observe des differences dans l'accomplissement de la cicatrisation.
Quand la croüte n'interesse pas le derme, eile est ordinairement peu epaisse, eile se desseche rapidement et en meme temps la cicatrisation s'opere en dessous d'elle; en sorte que, quand eile se detache sous forme de poussiere ou d'ecailles, ce qui arrive huit ou douze jours apres que la secretion a cesse, on voit a sa place une cicatrice rougeätre ou vineuse, qui ne tarde pas h se confon-dre avec les parties voisines.
Lorsqu'au contraire la croüte comprend une partie du derme, eile est plus epaisse, eile irrite le tissu sous-jacent, eile provoque et entretient la suppuration, eile est detachee, eliminee, entrainee par le pus et laisse a sa place une plaie plus ou moins profonde, suppuraute, qui se cicatrise ensuite plus ou moins rapidement, quelquefois promptement, lorsque la perte de substance est peu considerable, d'autres fois plus lentement, quand la perte de sub­stance est plus etendue. II y a done, dans ces cas, une periode de dessiccation, pendant laquelle la croüte se forme, une periode de suppuration, une periode d'elimination, une periode de cica­trisation.
Ce travail pent durer de quinze h vingt jours, et la cicatrice, tou jours marquee et presque indelebile, est plus ou moins appa-rente; eile est rayonnee, retractile; eile devient blanchätre et reste glabre. II arrive parfois que la croüte Interesse profondement le derme, qu'elle l'entraine et laisse une plaie livide, qui se cica­trise lentement. La cicatrisation est quelquefois retardee par suite de l'irritation traumatique des plaies.
En resume, revolution complete d'une pustule claveleuse pent exiger un temps variable; eile pent durer dix-huit, vingt et meme trente jours ou au delä.
Eruption des muqueuses. — Dans la clavelee, comme dans le horsepox, I'eruption peut se montrer aussi sur certaines muqueuses, sur la conjonctive, sur la pituitaire, sur la buccale, etc. Elle offre une periode congestive, une periode secretoire, pendant laquelle eile se presente avec les caractferes des vesicules, et une periode finale. Les vesicules des muqueuses, une fois formees, se dötruisent rapidement, s'ouvrent promptement et guerissent vite
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CLAVELEE
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ordinairement. Pourtant il n'est pas rare que l'eruption des mu-queuses, de meme du reste que celle de la peau, s'accompagne d'une inflammation plus ou moins viva du derme, circonstance qui est toujours aggravante.
Caractöres et marche de la maladie 6voluant sur un individu. — La clavelee, 6voluant sur un individu, se caracterise par des symptomes locaux et s'accompagne de symp-tömes genöraux plus ou moins prononces, variables en intensite et en gravite, suivant des conditions et des circonstances nom-breuses plus ou moins faciles ä apprecier.
Les conditions hygieniques et les saisons exercent une grande influence sur la marche et la gravite de la maladie. L'affection est ordinairement d'autant moins grave que les conditionshygieniques sont meilleures, que les habitations sont mieuxtenues, bien aerees, etc. Elle est habituellemenr moins grave en automne et au prin-temps, qu'en ete et en hiver. Le froid peut occasionner des reper­cussions, des metastases sur les organes internes. En ete, l'erup­tion a lieu plus rapidement, mais eile peut s'accompagner de com­plications, de dermite, de gangrene cutanee, d'inflammation dis-jonctive, de septicemie.
Entre la contamination et rapparition des premiers symptomes, il s'öcoule toujours un certain delai; c'est laperiode d'incubation, dontla duree peutvarier entre quatre, huit, douze, quinze jours, suivant les individus, suivant les saisons et suivant le mode de contamination. La periode d'incubation est, toutes choses egales d'ailleurs, plus courte chez les animaux jeunes, chez les animaux bien portants; eile est plus courte pendant l'ete, apres Finocu-lation. Elle est au contraire plus longue chez les animaux vieux, debilites; eile est plus longue pendant I'hiver, apres I'introduction du virus par les voies digestives ou les voies respiratoires.
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La maladie s'annonce par des symptomes göneraux, lorsqu'elle est ie r6sultat d'une contagion effectuöe par les voies digestives ou les voies respiratoires. Elle s'annonce au contraire par les pre­miers symptomes locaux de l'eruption, quand eile a ete inoculee; alors on ne constate pas tout d'abord des symptomes febriles, mais bien de l'hyperhamp;nie et de l'extumescence aux points d'ino-culation. Quand le virus a 6t6 introduit dans les voies diges­tives ou dans les voies respiratoires, comme cela a lieu presque
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toujours dans la pratique, on constate toujours, avant I'apparition de 1'eruption, une periode prodromique, qui dure un, deux, trois, quatre, cinq jours, et qui est caracterisee par des symptömes fe­briles vagues, n'ayant une signification diagnostique, qu'autant qu'on les observe sur des sujets contamines.
Pendant cette periode, on constate de la tristesse, de l'abat-tement, de l'inappetence, une surelevation de la temperature ge-nerale et surtout de la temperature cutanee, une acceleration de la respiration et de la circulation, une hyperesthesie cutanee le long de la colonne vertebrale, la raideur des membres, etc. Ces symptömes sont plus oumoins prononces; ils vont en s'accentuant de plus en plus; ils sont surtout manifestes sur les animaux ple-thoriques; parfois ils sont peu intenses et passent presque ina-percus. Ils out une certaine importance au point de vue du pro-nostic; quand ils sont tres accuses, ils annoncent ordinairement une affection grave, et il est bon des lors d'entourer las malades des meilleures conditions hygieniques et de leur administrer, sibesoin en est, des agents propres k faciliter I'eruption.
Bientöt les symptömes generaux sont suivis de I'apparition des symptömes locaux, qui caracterisent la periode d'eimption pro-prement dite. La peau et les muqueuses conjonctive, buccale, pi-tuitaire, s'hyperemient; mais le plus souvent ce sont de simples taches ecchymotiques, qui se montrent sur les teguments. Ces taches se montrent un peu partout, principalement aux endroits oü la peau est fine, en dessous du ventre, aux plats des cuisses, etc. Elles sont plus ou moins nombreuses, plus ou moins etendues, discretes et disseminees ou confluentes. Elles ne se montrent pas toutes en meme temps; il s'en produit pendant deux,, trois, quatre jours de nouvelles, qui evoluent toutes de la meme fagon.
Une fois formees, elles s'agrandissent rapidement, elles de-viennent plus foncees, plus saillantes, plus convexes et se trans-forment tres vite en autant de petites elevures, dont le volume varie depuis celui d'une lentille jusqu'a celui d'une piece de un franc. Les elevures ainsi formees continuent a evoluer dans I'ordre de leur apparition; elles sont discoides, plus ou moins rcgulieres, legerement convexes, uniformement rouges. Au bout de deux, trois, quatre jours apres leur apparitiori, elles s'arrondissent, elles deviennent plus dures, plus resistantes et moins douloureuses; leur coloration se modifle ensuite progressivement et annonce bientöt
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une nouvelle p^riode, la periode secretoire, que chaque pustule atteint suivant son ordre d'apparition.
Parfois la peau est plus ou moins tumefiee, surtout dans les parties declives de la tete, du tronc et aux membres; eile est in­filtree et quelquefois enflamm^e.
L'eruption pent envahir, avons-nous dit, la conjonctive, la pi-tuitaire et la buccale, voire meme les muqueuses profondes ; on constate alors des symptomes de conjonctivite, de rhinite, de sto-matite, de gastro-enterite, de bronchite.
Pendant la periode eruptive, qui dure de quatre ä six jours, les symptömes febriles vont en s'attenuant, mais aussi quelquefois la flevre se rallume ä la fin de cette periode et s'accompagne d'infil-trations sous-cutanees plus ou moins etendues.
Les pustules, au fur et a mesm-e qu'elles passent de la periode d'eruption fi la periode de secretion, changent de caracteres; la peau est de moins en moins tendue a leur pourtour; elles de-viennent grisätres ou blanchätres; elles s'affaissent ä leur circon-ference; elles ne s'ombiliquent jamais. Le claveau est forme sous l'epiderme; il est clair, limpide, jaunätre ou incolore; il est se­crete pendant trois, quatre, cinq, six jours; puis, peu k pen, les pustules cessent de secreter et se dessechent dans l'ordre de leur apparition. Quelquefois l'epiderme se dechire et la matiere secretee se transforme en croüte protectrice, quisedesquameensuiteapres que le travail de cicatrisation s'est opere en dessous d'elle. Quand l'epiderme reste, il se ride. La pustule s'affaisse et se convertit en une croüte jaunätre, grisätre ou brunätre, qui se detache ordinai-rement sans suppuration, apres que le travail cicatriciel est ac­compli. II arrive parfois que la croüte tombe k la suite d'une in­flammation disjonctive qu'elle a provoquee, et dans ce cas la ci­catrice, qui se produit plus tard, est toujours tres apparente et in-delebile.
II se produit quelquefois, dans le cours de la clavelee, un erup­tion secondaire, au moment oil l'eruption principale est formte et en voie de se transformer; mais les elevures, qui se torment alors, ne secretent pas et se terminent ordinairement par resolution.
La clavelee dure habituellement de vingt ä trente jours sur un individu; mais la guerison pent etre retardee, soit parce que la saison est froide, soit parce que les pustules n'evoluent pas simul-tanement. D'ailleurs, ainsi que nous I'avons vu, la temperature
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peut modifier la marche de la maladie. Pendant les saisons donees et uniformes (printemps, automne) l'eruption est favorisee et la maladie dure moins; pendant l'hiver, l'eruption se fait plus len-tement, eile peut meme etre arretee; en ete la marche de la ma­ladie est acceleree, mais les complications sont ä redouter. L'e­ruption formee par un temps sec et chaud peut disparaitre sous rinfluence d'un brusque changement de l'atmosphere, pour re-paraitre ensuite. La marche de la clavelee est reguliere dans les bergeries bien aerees et bien tenues; eile est parfois irreguliere, alle s'accompagne de beaucoup de fievre et se complique souvent dans les habitations mal tenues, dans celles oü les animaux sont entasses. Enfin les dispositions et les conditions individuelles (age, temperament, constitution, etat d'embonpoint, plethore, gesta­tion, etc.) peuvent modifier la marche de I'afTection et l'aggraver.
Dans plusieurs circonstances, et sous l'influence de causes ge-nerales, agissant sur les individus malades, on sous l'influence de conditions individuelles, la clavelee peut done affecter une plus grande gravite, eile peut se caracteriser par des symptomes et par une marche un pen differente de celleque nous luiavonsdejä re-connue; eile devient maligne, eile est irreguliere dans son evo­lution.
Elle s'annonce quelquefois par une flfevre tres intense, accom-pagnee de symptomes tres accuses. La periode prodromique dure parfois quatre, six, huit jours. On constate de la tristesse, de l'a-battement, de la prostration; la sensibilite de la peau est exageree; bientot le tegument se congestionne; la laine s'arrache facilement; la faiblesse va croissant. La respiration est pressee, difficile; I'ha-leine devient fetide; les animaux toussent et sont essouffles; ily a des symptomes de coryza, de bronchite et quelquefois de pneu-monie. On observe un jetage plus ou moins abondant, epais, jau-nutre, grisätre, strie de sang, fetide, qui se concrete sur la levre et a l'entree des naseaux; la pituitaire est hyperemiee, gonflee; il y a gene de la respiration, qui devient bruyante et sifflante; il y a parfois menace d'asphyxie. Les yeux deviennent larmoyants, chassieux; il y a de la conjonctivite. La bouche est söche et fetide; les malades cessent de manger et de ruminer; il y a d'abord de la constipation, ensuite de la diarrhee. La peau et lesmuqueuses ap-parentes sont rougeätres, livides. Les parties döclives, les membres, la tete, les paupieres, les levres, les oreilles, etc., sont infiltrees, engorgöes, tumeflöes.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; le
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CLAVELfiE
L'öruption avorte quelquefois; les boutons se forrnent en petit nombre, ou disparaissent par metastase, et la maladie se termine promptement par la riiort. L'eruption, qui se produit dans ces con­ditions, est confluente et irröguliere dans sa marche. On voit ap-paraitre, sur la partie oü la peau est fine, et puis partout, des taches plus foncees, qui se transforment en tumours ou en plaques bosselees. Ces tumeurs sont ordinaiiement larges, aplaties, peu proeminentes, quelquefois peu etendues et plus saillantes; elles sont violacees, livides, lie de vin, noirätres; elles ne se trans­forment pas en pustules. Elles restent dures, indolentes, noires ou violacees; elles donnent, quand on les incise, une matiere sa-nieuse, noirätre; et si on les depouille de leur epiderme, on obtlent une plaie de mauvaise nature, saigneuse, noirätre. Quelquefois elles secretent une matierepurulente,jaunätre ou grisätre, epaisse et fetide, et se couvrent ensuite d'une croüte epaisse, qui reste adh6rente at qui entraine, en se detachant, des portions de peau, d'oü resulte une plaie livide et suppurante, qui se cicatrise lente-ment. D'autres fois les plaques eruptives sont frappees de gan­grene, elles deviennent froides, insensibles et provoquent une in­flammation eliminatrice. Mais le plus souArent, lorsque la ma­ladie se caracterise de la sorte, les malades succombent avant que l'eruption ait accompli son evolution; d'autant plus que souvent l'eruption se produit en memo temps sur les organes internes, sur la muqueuse digestive, sur la muqueuse respiratoire, sur le poumon, d'oü resultent des complications tres graves. Quand la clavelee est maligne, il arrive parfois que la mort se produit avant meme que l'eruption se soit, montree; d'autres fois la terminaison fatale est la consequence de l'asphyxie, lorsque les voies respira-toires sont malades.
G'est principalement dans la clavelee maligne, qu'on peut volr survenir diverses complications, dont quelques unes pourtant peuvent se montrer meme dans la clavelee reguliere. Dans le cours de la clavelee maligne, le Systeme ganglionnaire est mani-festement altere; les ganglions sont partout engorges. Les ma-lades maigrissent tres rapidement et tombent dans le marasme.
Les complications, qu'on peut voir survenir le plus souvent dans le cours de la clavelee, sont les suivantes.
La cicatrisation est parfois entravee par le frottement; les plaies deviennent alors livides, saignantes, rongeantes; leur bords s'6-paississent et s'indurent; le tissuconjonctifsous-cutanes'infiltre a leur pourtour; la cicatrisation se fait ensuite lentetnent et quel-
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quefois meme les plaies se compliquent de carie osseuse, de carie cartilagineuse, de necrose, de la chute d'onglons, d'arthrites sup-puratives, de tumeurs phlegmoneuses ou ganglionnaires, qui sont resorbees, qui suppurent ou se gangrenent. II y a quelquefois de la keratite, de Fophthalmie, et la perte de l'oeil peut en etrela con­sequence. La muqueuse buccale est parfois enflammee, tumefiee; et il en est souvent de meme de la pituitaire.
La muqueuse digestive peut etre le siege d'une eruption et d'une inflammation plus ou moins vive.
Quelquefois, bien que tres rarement, il se produit des compli­cations du cöte des centres nerveux.
La nuiladie, quand eile n'entraine pas lamort, peut laisser par­fois apn's eile des traces plus ou moins persistantes ou meme des accidents indelebiles. Elle laisse assez souvent, chez certains malades, un etat de maigreur plus ou moins accuse, des ophthal-raies purulentes, la cecite, des claudications, des ankyloses, des cicatrices difformes, des mutilations des onglons, des rayons inferieurs, des oreilles, etc.
Le plus ordinairement la clavelee se termine par la guerison; mais, suivant les pays, suivant les saisons, suivant les individus, etc., eile peut entrainer une mortalite variable de cinq, dix, quinze, vingt, trente pour cent et meme au delä. La mort, qui est la consequence de la clavelee, peut etre due a diverses causes; eile est due ä l'intensite de la maladie elle-meme ou ä des com­plications, a I'asphyxie, a la delitescence, a la metastase, a la gangrene, ä la septicemie, a Tinfection purulente, au marasme. Quand la maladie s'accompagne de beaucoup de fievre, quand eile entraine des lesions considerables sur les organes respiratoi-res, sur les organes digestifs, sur les centres nerveux, la mort est la consequence de cette generalisation et des modifications fonc-tionnelles qui en resultent. Quand, ä la gravite de la maladie, se joint la difficulte de la respiration, I'asphyxie peut se produire plus ou moins rapidement.
A la suite d'un refroidissement ou d'une perturbation organique provoquee par une indigestion, par une maladie interne, par la fatigue, etc., l'eruption peut etre arretee et resorbee; il se pro­duit alors un surcroit de fievre; et des congestions mortelles pen-vent se former sur les organes internes, sur les organes de la respiration ou de la digestion. Sous l'influence des memes causes, il peut se produire des mötastases mortelles, lorsque les pustules.
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etant arrivees h leur periods de secretion, cessent tout ä coup de secreter. Enfin la septicemie et I'infection purulente peuvent veiiir compliquer la clavelöe, et d'ailieurs la maladle est tres grave d'elle-meme, lorsque I'eruption s'accompagne de gangrene de lapeau.
Le diagnostic de la clavelee est focile; il est en effet bien pen de maladies avec lesquelles on pourrait la confondre, on pent meine dire qu'il n'en est pas chez le mouton; grace aux carac-teres que nous lui avons reconnus, il sera toujours permis de la diagnostiquer.
Les caracteres de la clavelee inoculee sent les memes; seule-inent la maladio ne debute pas par la fievre et meme eile s'accom­pagne rarement de symptömes generaux bien prononces; eile se caracterise par une eruption ordinairement localisee au point d'niöcuiation; quelquefois cependant eile devient grave et peut meme entrainer la mort.
Marchg de la clavelee dans un troupeau. — Les divers auteürs s'accordent ä reconnaitre que la clavelee, qui se declare dans un troupeau, procedepar bouflees, par lunees. Onditqu'elle attaque d'abord quelques betes, un cinquieme, un quart, un tiers du troupeau (premiere bouffee) et qu'elle est moins grave que dans la suite; puls eile se transmet de ces premiers malades ä une bonne partie (la moitie ou plus) des animaux non encore attaques (seconde lunee) et eile est plus grave que pendant la premiere bouffee; enfin les malades de la seconde phase trans-mettent I'affection aux moutons qui out ete epargnes jusque lä, c'est la troisieme lunee, pendant laquelle la maladie redevient moins grave comme au debut. Chaque lunee durant une trentaine de jours ou meme un pen plus, on comprend des lors que la cla­velee persiste dans un meme troupeau pendant trois, quatre ou cinq mois.
Les choses ne se passent jamais avec une teile regularity. La clavelee, qui s'introduit dans un troupeau, peut se montrer d'abord sur un nornbre tres variable d'individus, tantöt sur quel-ques-uns seulement et tantöt sur un grand nombre. Elle peut se declarer simultanement ou successivement sur les premiers indi-vidus qu'elle attaque. Puis, quand eile est arrivee chez eux ä sa Periode de secretion et de desquamation, eile peut se transmettre
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ä un nombre plus ou moins considerable d'individus encore indemnes, soit qu'elle se montre sur plusieurs ä la fois, soit qu'elle les attaque successivement. II en est de meme lorsque ces der-niers secretent du claveau; ils transmettent la maladie ä ceux qui ne I'ont pas encore contractee; et ainsi de suite, jusqu'ä ce que tout le troupeau, sauf de tres rares exceptions, ait paye son tribut.
Un seul animal malade suffit pour introduire la clavelee dans un troupeau. Une fois introduite, cette affection dure plus ou moins longtemps, quatre mois, cinq mois, six mois et quelque-fois plus d'un an. On pent, dans tons les cas, hater sa disparition, en rendant malades en meme temps tons les animaux qui cora-posent le troupeau infecte, au moyen de la clavelisation, qui est bien indiquee en pareille circonstance. Et alors un troupeau infecte pent etre completement debarrasse au bout de trente^ quarante, quarante-cinq jours. Les animaux gueris ne contractent pas de nouveau la maladie.
Marche de la clavelee dans une localite, dans un pays. — D'un premier troupeau infecte, la clavelee se transmet h d'autres, d'autant plus sürement et d'autant plus vite que les mesures sanitaires sont plus negligees. La transmission se fait dans les päturages, par les päturages, par les chemins, par les abreuvoirs, etc., qui sont frequentes par des troupeaux infecteset par des troupeaux sains. La maladie prend souvent une extension considerable, se propage aux troupeaux d'une localite, aux trou­peaux des localites voisines et aux troupeaux memes de localites plus ou moins eloignees, grace aux deplacements des animaux infectes (transhumance), grace au commerce et ä l'importation, dans les localites non infectees, d'animaux venant des localites infectees.
Pronostic. — La clavelee est une maladie tres grave; eile occasionne des frais considerables et pent entrainer de grandes pertes. La mortalite qu'elle provoque varie suivant une foule de conditions; eile est plus forte dans certaines annees, dans certains lieux, sous certains climats, pendant certaines saisons; eile est plus forte dans les races molles, dans les bergeries insalubres, pendant les fortes chaleurs, pendant tes grands froids; eile est plus considerable quand les malades sont dans de mauvaises con­ditions hygieniques, quand ils sont jeunes, vieux, gras, en 6tat de
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gestation, etc. Les pertes peuvent aller de quatre, cinq, a vi^gt, vingt-cinq pour cent et quelquefois jusqu'a trente, quarante et meme soixante pour cent dans quelques cas exceptionnels. Lors-que la maladie s'annonce par une fievre tres intense, c'est toujours un mauvais signe; on est ainsi averti qu'elle sera grave.
Le pronostic de cette affection est considerablement, aggrave par sa transmissibilite et sa longue duree, lorsqu'elle regne dans un troupeau, dans une localite. Les cadavres des animaux, qui succombent, sont absolument inutilisables.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Les lesions ordinaires de la clavelee se montrent sur la peau et n'entrainent pas, a elles seules, la mort. Pour les etudier, on peut neanmoins s'adresser au cadavre d'un animal qui a succombe k la suite d'une complication, car on les trouve dans tons les cas. Avant d'enumerer les alterations diverses qu'on observe sur les cadavres des animaux qui succombent, il est bon d'avoir une idee de la pathogenic des lesions essentielles, c'est-ä-dire de l'e-ruption.
L'eruption claveleuse peut, avons-nous dit, affecter des formes diverses; on peut voir, sur la peau d'un claveleux, des phlyctenes, des vesicules et des pustules provenant toutes de taches ecchy-motiques initiales.
L'epiderme est forme de trois couches : la couche superflcielle est constituee par des cellules cornees, lamelleuses et bien soudees entre elles; la couche inferieure, qui repose directement sur le derme, est formee de cellules dentelees; la couche mediane est formee de cellules granuleuses non dentelees et faiblement unies entre elles. Quand la derme est le siege d'une congestion intense, quand il se produit un mouvement exsudatif important, le produit exsude traverse, en la rupturant, la couche inferieure et vient soulever l'epiderme au niveau de la couche mediane. De la sorte I'ecchymose se transforme en phlyctene, dont le contenu renferme des globules blancs et des hematics plus un reticulum flbrineux. Bientot les globules blancs meurent et 1c contenu de la phlyctene dcvient opalescent; les couches cornees, qui la recouvrent, s'im-bibent se ramollisscnt et il se produit ensuite une fissure qui laisse echappcr le contenu, apres quoi la cicatrisation se produit et l'epiderme ancien se desquame.
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Quelquefois rinflammation du derme se propage ä la couche inf6rieure de l'epidenne, dont les cellules s'hypertrophieut, s'iu-filtrent, degenerent et se detruisent en s'ouvrant les uues dans les autres; I'ecchymose se translbrme alors en vesicule, qui evolue ensuite comme la phlyctene.
Le plus ordinairement. rinflammation congestive du denne aboutit ä la formation d'une pustule, d'apres le inecanisme dcjii etudie ä propos du horsepox.
Sur les cadavres des anirnaux, qui out succombe ä la clavelee, on trduve la peau plus uu inoins alteree; les pustules se modi-fient, s'affäissent; la peau devient bleuatre; on y apergoit des taches diverses, les unes päles correspondant ä des cicatiices, les aulres rougeätres ou violacees, proeminentes, representant de veritables pustules avortees; on y voit aussi des plaies, des pla­ques gangreneuses livides; la laine s'arrache facilement.
Du rests les alterations que Ton remarque sur les cadavres sent variables, suivant que la mort est arrivee ä une periode plus ou moins avancee de la maladie, et suivant qu'elle est ou non le re-sultat d'une complication. Lorsque la mort survient au commen­cement de l'affection, on ne constate presque rien ä la surface de la peau, si ce n'est une coloration rougeätre ou violacce; les lesions siegent alors surtout dans les organes internes. Mais il n'en est pas ainsi, lorsque I'eruption a suivi son cours naturel; on trouve alors, h la surface de la peau, les lesions produites par Teruption.
La mort pent etre la consequence d'une complication survenue dans les centres nerveux (ce cas est tres rare), d'une delitescence, d'une metastase, de Tasphyxie, de l'infection purulente, de l'in-fection septique, d'une eruption Interieure, d'un affaiblissement progressif et du marasme determine par la maladie; aussi peut-on rencontrer des lesions multiples et variees dans les cadavres cla-veleux, qui sont plus ou moins amaigris, qui se putrefient promp-tement, surtout en ete, et degagent une odeur fetidepar les diverses ouvertures naturelles.
Les yeux, les naseaux, la bouche, etc., sont parfois souilles de matiere morbide mucoso-purulente ou sanieuse. La face, les levres, les alles du nez, les paupieres, etc., sont tumefiees, infil­trees, couvertes de pustules, de plaies^de croütes, etc.; on ren­contre aussi dans d'autres points les memes alterations.
La face interne de la peau est congestionnee, infiltree, ecchy-
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mosee; il en est de meme du tissu conjonctif sous-cutane, qui est infiltre de serosite rougeätre, jaunätre, gelatiniforme. Les memes alterations se montrent dans le tissu conjonctif intermusculaiie et meine dans les muscles. Les chairs sont saigneuses, les vais-seaux sont gorges d'un sang noirätre, les muscles sont moins te-naces, parfois mollasses, päles, inflltres, faciles ä dilacerer. Dans les parties declives, sous le ventre, ä l'aine, etc., on trouve sou-vent des oedemes.
Ces lesions, qui n'ont rien de speciflque, sont cependant impor-tantes au point de vue de l'inspection de la boucherie, puisqu'elles permettent de reconnaitre que la chair, qui les presente, provient d'un animal malade et ne doit pas etre consommee.
Si les animaux claveleux ont ete sacrifies par effusion de sang, avant la terminaison fatale de la maladie, il po'urrä arriver que les chairs n'offrent aucune des lesions ci-dessus indiquees. Pour-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '.quot;'#9632;t;
tant, meme dans ces cas, il sera quelquefois possible de recon­naitre que la chair provient d'un animal malade, grace aux altera­tions du Systeme lymphatique. Presque toujours en effet, dans la clavelee maligne, les ganglions s'alterent, se congestionnent, s'in-filtrent, s'hypertrophient; et a l'autopsie. bien que les malades aient ete sacrifies par effusion de sang, on les trouve ordinairement noirätres ou rougeätres, congestionnes, hypertrophies, inflltres, ramollis, faciles ä ecraser.
Dans les organes internes, on trouve toujours des alterations tres marquees; mais on ne peut se baser sur elles, quand les visceres et la peau ont ete detournes, quand, en d'autres termes, on a ä se prononcer sur une viande morte Offerte ä la boucherie.
Les lesions que Ton rencontre dans les organes internes expli-quent la mort; elles se montrent dans divers appareils.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ;V
Dans l'appareil respiratoire, la rougeur, la congestion et l'erup-tion, accompagnees d'inflammation, peuvent exister sur la pitui-taire, sur les muqueuses laryngienne, tracheale et bronchique. A leur surface, on peut rencontrer un etat catarrhal plus ou moins prononce, des taches ecchymotiques, des vesicules en voie de for­mation, des vesicules formees et encore intactes, des vesicules al-terees et des plaies resultant de la destruction d'un certain nombre de vesicules.
Parfois l'etat congestionnel de la muqueuse respiratoire est ge­neral; et, dans ces cas, il en resulte une tumefaction plus ou moins prononcee, un epaississement qui a quelquefois contribue ä la mort, en rendant la respiration difficile.
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II n'est pas rare de trouver des lesions dans le poumon et sur les plevres. Les plevres sont quelquefois congestionnees, ecchymo-sees, enflammees; elles presentent parfois des taches blauchatres, alles sont le siege d'un mouvement exsudatif et contiennent alors un epanchement.
II arrive souvent que le poumon est congestionne, quelquefois hepatise; il presente des taches rouges, des taches grisütres ä sa surface et dans son epaisseur. Ges taehes, qui ont le volume d'un pois, d'un haricot, representent des pustules; ce sont des foyers d'inflammation pulmonaire, qui se transforment en matiere purulente, et dont le produit est virulent. En outre de ces lesions, qui sont claveleuses, on pent observer dans le poumon les carac-teres de l'asphyxie, les lesions de Finfection purulente ou de l'infection septique, lorsque ces complications sont venues se surajouter ä la clavelee.
L'appareil digestif presente souvent des lesions claveleuses. Sur la muqueuse buccale et sur la muqueuse pharyngienne, on cons­tate de la congestion, de l'inflammation, du boursouflement; et en outre on y rencontre des taches ecchymotiques, des vesicules en voie de formation, des vesicules formees, des plaies, des denudations epithelial es resultant de la destruction des vesicules; la muqueuse est recouverte d'un produit muqueux et sanieux ordinairement, Dans la caillette et dans Fintestin grele, on observe souvent les memes lesions que sur la muqueuse buccale et sur la muqueuse respiratoire. La muqueuse gastro-intestinale est hyperemiee, en-llammee, catarrhale; eile presente des taches ecchymotiques, des vesicules, des denudations epitheliales, des plaies, un etat inflam-matoire et une turgescence tie son Systeme glandulaire; eile est recouverte d'une matiere muqueuse parfois striee de sang. Les ganglions mesenteriques et autres sont hypertrophiös, conges-tionnes, noirätres, ramollis et s'ecrasent facilement. Le mesentere est parfois violemment congestionne; et il pent en etre de möme des tuniques intestinales,. Le peritoine pent aussi etre hyperemie, ecchymose. Le foie, la rate et les reins presentent aussi quelque­fois, h leur surface, des taches ecchymotiques ou des taches blau­chatres, qui ressemblent a celles du poumon, et qui sont des points d'inflammation nodulaire; ce sont lä encore des lesions claveleuses.
Dans l'appareil de l'innervation, il exisje frequemment certaines lesions; l'arachnoide et la pie-mere sont congestionnees; quelque­fois il s'est produit un epanchement sero-sanguinolent dans la
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cavite arachnoidienne, dans les ventricules cerebraux; la masse cerebrate est congestionnee, les vaisseaux y sont turgides.
ETIOLOGIE
La clavelee est une affection qui ne nait jamais spontanement; aucune des causes pathogenes ordinaires n'est susceptible de la faire apparaitre. Elle est toujoursleresultat de rintroduction, dans un organisme sain, d'un germe, d'un virus special, qui, en repul-lulant, provoque les symptömes et les lesions que nous connais-sons.
L'observation dejä ancienne, l'observation de tous les jours et l'experimentation demontrent clairement que la clavelee est conta-gieuse. Toutes les fois qu'elle apparait dans une localite, eile y a ete importee; toutes les fois qu'elle s'etend, c'est parce qu'elle se transmet des troupeaux malades aux troupeaux sains. La conta­gion est done bien la seule cause de la variole du mouton. Mais il est certaines circonstances, certaines causes adjuvantes, qui faci-litent la contagion, et ce sont d'une maniere generale toutes celles qui ont pour resultat de creer des rapports directs ou indirects des troupeaux sains avec les troupeaux malades.
La clavelee est-elle une maladie particuliere, ne se confond-elle avec aucune autre'.' Dans notre definition, nous Tavons consideree comme une maladie speciale, et c'est lä l'opinion du plus grand nombre; mais pourtant on l'a eue assimilee, identiflee meme avec le horsepox, avec le cowpox, avec la variole de l'homme, avec la flevre aphtheuse, etc. On a pretendu qu'elle pouvait s'inoculer ä l'homme et lui conferer l'immunite centre la variole; mais cette opinion n'est pas demontree. Quelques-uns ont vu en eile une ma­ladie qui serait originaire de certains oiseaux de basse-cour; cette idee ne repose non plus sur aucun fondement serieux. II faut done la considörer, jusqu'äpreuve du contraire, comme une mala­die specifique propre, qui ne se confond avec aucune autre. La clavelee, qui est propre äl'espece ovine, pent neanmoins setrans-mettre, quoique difficilement, äl'espece caprine et peut-etre äl'es­pece bovine, voire meme ä d'autres animaux, tels que les lapins et les oiseaux de basse-cour.
Contage claveleux, ses caracteres et ses pro-prietes. — Quel est le siege et quels sont les caracteres du virus claveleux?
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Le contage claveleux se trouve surtout dans le produit de l'erup-tion pustuleuse, et c'est lä qu'il faut le chercher, c'est lä qu'il taut le prendre, quand on veut le recueilllr ou s'en servir pour prati-quer des inoculations. On pent done se servir du produit de l'e-ruption cutanea ou de celui d'une eruption muqueuse; parfois meme il serait süffisant d'employer le jetage ou la chassie ou la salive lorsque des vesicules se sent developpees sur la pituitaire, sur la buccale, sur la conjonctive et ont deverse leur produit a la surface de la muqueuse, oil il s'est melange avec la matiere que celle-ci secrete. Les produits de secretion morbide sont done viru-lents; en est-il de meme des produits de secretion physiologique? La question n'est pas, pour le moment, susceptible d'une solution; on ne salt pas si le lait, si les urines, etc., ne deviennent pas viru-lents, quand la maladie est tres intense, tres generalisee. Mais il Importe surtout de savoir si le sang devient ou ne devient pas virulent. Coatrairement h ce qu'on observe dans le horsepox, le saug des aniinaux claveleux est virulent, au moins quand la ma­ladie est generalisee; dans le Midi, principalement dans le terri-toire d'Ailes, on se serf, frequemment du sang des claveleux pour pratiquer la clavelisation. La lymphe contient aussi le virus, qui se trouve du reste partout, qui impregne tons les solides de l'or-ganisme^ qui impregne les chairs et les os. En sorte qu'il faut con-siderer comme dangereux, au point de vue de la transmission de la maladie, non seulement les malades, les toisons, les peaux, mais meme les cbairs; ainsi un chien, qui, apres avoir ina nge de la chair claveleuse, va se desalterer dans un abreuvoir, pent en souiller l'eau et, si un troupeau vient y boire apres lui, il pourra y contractor la clavelee.
On ne connait pas la nature de l'agent virulent. On sait que cet agent est un element figure, et Ton peut affirmer que ce n'est pas une simple granulation anatomique; on peut meme, grace h la connaissance de ses proprietes, affirmer qu'il est de nature vege-tale. Ce qui le prouve en effet c'est, outre sa repullulation, sa fa-culte de resistance aux causes de destruction, c'est sa longue con­servation, c'est sa vitalite. Quand il est desseche lentement, ii une temperature moderee, comme cela se passe lorsqu'il se produit des croütes ä la place des pustules, il se conserve ensuite longtemps, pendant des semaines, pendant des mois, et meme pendant une annee. Assurement il n'en serait pas ainsi pour de simples granu­lations anatomiques, qui ne resisteraient pas non plus ä l'action des sues digestifs, tandis que l'agent claveleux resiste, puisquc la ma­ladie est transmissible par la vole digestive.
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Quelle que soit d'ailleurs la nature du contage claveleux, il est certain qu'il est produit en tres graude abondance dans les orga-nismes malades; sa proportion varie bien entendu suivant i'inten-site de l'eruption. Le produit de secretion de l'eruption clave-leuse est plus riebe en elements virulents que celui de l'eruption greasienne. Le claveau, d'apres les experiences de M. Chauveau, dilue dans 1500 fois son volume d'eau, et inocule ensuite a la ian-cette, est actif; tandis que le vaccin ne Fest pas ordinairement, quand il a ete dilue dans 50 fois son volume d'eau ; ce qui revient k dire que le virus claveleux, que la matiere claveleuse est au moins 30 fois plus riebe et plus active que la lymphe vaccinale.
Une fois introduit dans I'organisme, I'agent virulent se multi-plie. II est absorbe par les voies lymphatiques, il est deverse dans le torrent circulatoire et transporte ainsi dans tons les points de reconomie. Les germes, qui arrivent k la peau, s'y arretent et y determinent une inflammation qui se transforme en pustules, dans lesquelles ils se multiplient.
Le virus existe dans I'organisme contamine, des le moment de la contamination, et, s'il est difficile au debut d'en constater la presence, il n'en est pas de meine lorsque la periode d'eruption apparait. On peut en efl'et dejk puiser le virus dans la tache ecchy-motique qui precede la pustule ; plus tard il sera plus abondant, lorsque la pustule sera forraee; et il persistera lorsque la pustule se transformera, lorsqu'elle se dessechera, lorsque son produit s'epaissira et se transformera en croütes. On salt en elfet que les croütes claveleuses contiennent le virus.
Le virus claveleux, recueilli entre des lames de verre ou dans des tubes capillaires, et les croütes claveleuses peuvent conserve!1 leur virulence pendant des mois, pendant plus d'un an meme, si on les place dans un lieu convenable, k l'abri de l'humidite, de la lumiere, de l'electricite, de la chaleur, du froid, etc. Comrae tons les autres virus, le contage claveleux craintThumidite, la chaleur, etc. Le claveau, renferme dans des tubes, est detruit, ainsi que nos experiences le prouvent, par une temperature de 75deg; et par un froid de — 8deg;. II est probable que le claveau desseche est plus re­sistant; mais neanmoins, si les croütes claveleuses peuvent con-server la virulence quand elles nesont pas exposees k l'humidite, elles la perdent quand elles sent soumises k l'influence de l'humi­dite, car alors elles se putrefient. D'oü il resulte qu'on peut faci-leraent conserver le claveau, en prenant les memes precautions que pour le vaccin, en preservant les croütes de rhumidite. Les
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agents, qui, d'apres nos experiences, nous paraissent les plus aptes h detruire les proprietes du virus claveleux, sont la chaleur, I'acide sulfureux, I'acide arsenique; I'acide phenique doit etre employe ä plus forte dose.
L'inoculation du virus claveleux produit ordinairement une ma-ladie localisee aux points inocul6s; mais on peut obtenir une eruption generalisee, en adressant le contage aux voies digestives, aux voies respiratoires. Dans Fun comme dans I'autre cas, I'im-munite est conferee aux individus. Gonnaissant le moded'evolution de la maladie, suivant la porte d'entree du virus, et sachant que la clavelee se montre presque toujours generalisee, il est permis de conclure que, dans la pratique, la maladie est transmise par I'in-termediaire des voies digestives ou des voies respiratoires. La cla­velee n'atteint qu'une fois le m6me individu; les recidives sont tres rares; l'immunite conferee est done assez longue. La maladie, ämsi quo nous le verrons, peut se transmettre par la voie uterine; et les agneaux, qui out contracte de la sorte la maladie, sont refrac-taires, ils out acquis l'immunite. On dit que les agneaux, quinaissent des meres claveleuses, sans avoir contracte la clavelee, n'ont pas l'immunite; maiscette question merite d'etre mieuxetudiee. Y a-t-il des animaux qui, sans avoir deja contracte la maladie, soient re-fractaires ? Les auteurs ont de la tendance ä croire qu'il y a des re-fractaires; mais il faudrait äce sujet les lumieres de l'experience, et un mouton ne peut etre declare refractaire, qu'autant que l'ino­culation de claveau ne produit sur lui aucun effet.
Contagion, ses modes, ses caraetöres. — La clavelee peut se transmettre par contagion immediate, par contagion me­diate, par contagion volatile.
La maladie peut sürement se transmettre par contagion imme­diate, par le contact direct d'un animal malade avec des animaux sains; e'est ainsi que, dans un troupeau infecte, dessujets malades peuvent contaminer les autres. Ge mode de transmission est faci-lite par I'habitude qu'ont les animaux de se presser les uns con-tre les autres. 11 se produit d'autant plus souvent que la peau est denudee ou excoriee; il peut s'effectuer par d'autres voies, par les voies digestives et par les voies respiratoires, quand les animaux se flairent oü se lechent, etc.
Ce n'est pas par contagion immediate que la maladie se propage le plus souvent dans un troupeau; eile se transmet le plus ordi­nairement par contagion mediate ou par contagion volatile; et,
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quand eile se propage d'un troupeau ä l'autre, c'est encore le plus souvent par contagion mediate ou par contagion volatile que la transmission a lieu. Les germes de la maladie sent rejetes dans le monde exterieur et introduits ensuite dans d'autres organismes par des intermediaires solides, liquides ou gazeux. En effet les animaux claveleux rejettent dans le monde exterieur de graudes quantites de claveau forme a la surface de la peau et des mu-queuses.
Le claveau est depose sur des corps solides (parois des habita­tions, räteliers, fourrages, litieres, etc.), qui transmettront la cla-velee ä des animaux sains qui viendront les flairer, les lecher oil les ingerer. II peut etre aussi rejete dans les eaux des abreuvoirs et infecter les animaux sains qui viendront s'y desalterer. II est enfin quelquefois en suspension dans l'air, soitqu'il provienne des voies respiratoires, soitqu'il provienne des croütes; etil peut des lors etre introduit dans les voies respiratoires des animaux sains. II est bien demontre que les voies respiratoires et les voies diges­tives se pretent a Tabsorption du virus claveleux; et, comme le contage claveleux est susceptible de se conserver longtemps, il peut arriver qu'il se desseche k la surface des objets solides, ä la surface des fourrages, et que plusieurs mois apres y avoir ete depose, il soit susceptible de faire naltre la maladie s'il est in-gere.
Le contage se conserve quelque temps dans les eaux; mais au bout de deux ou trois jours il s'y detruit. Et du reste toutes les causes d'humidite, les brouillards, lesplaies, la rosee, etc., favo-risent la destruction du virus. Malgre cela, il est certain qu'il peut se conserver un certain temps dans les eaux, et ce temps, qui est estime en moyenne a deuxou trois jours, peut varier suivant les circonstances, suivant que la putrefaction est plus ou moins rapide.
Les eaux peuvent etre souillees de differentes manieres, par les malades qui viennent s'y desalterer, par les chiens qui viennent y boire apres avoir mange des debris claveleux, par le lavage des vetements ou autres objets souilles de matieres claveleuses, etc; et, quelle que soit la maniere dont elles ont ete souillees, elles peuvent infecter les animaux sains qui viendront en boire.
Les fourrages, les litieres, l'herbe des päturages peuvent aussi etre souilles de differentes manieres, par l'excretion des produits morbides, et dans tous les cas leur Ingestion est dangereuse, qu'ils aient ete souilles par du jetage ou par des croütes, etc.
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La contagion volatile joue egalement un role important. Les inalades infectent Fair qui les environne, d'autant plus souvent et d'autant plus copieusement que la clavelee est chez eux plus ge-nöralisee; et cet air peut des lors devenir un agent assez actif de propagation, s'il est respire par des animaux sains. On comprend aisement que las malades infectent Fair, car ils produisent en abondance le claveau ä la surface de la peau et souvent ä la sur­face de la muqueuse digestive et de la muqueuse respiratoire. L'air est done infecte par la pulverisation des croütes ou des pro-duits desseches (jetage), et par les germes qui sont detaches des voies respiratoires par les raouvements d'expiration. Get air ainsi souille peut conserver les germes dans leur integrite et les trans­porter plus ou moihs loin.
On ne sail pas exactement combien de temps les germes res-tent en suspension dans Tatmosphere; on ignore si un air infecte reste infectant pendant longtemps. Si on suppose l'air tranquille d'une habitation, il est tres probable que les germes, obeissant aux lois de la pesanteur, se deposent rapidement. Mais il n'en est pas ainsi quand l'air infecte est agite, quand il regne des courants d'air, quand il fait du vent; les germes sont alors deplaces et trans-portes plus ou raoins loin; ils restent plus longtemps dans l'air et ils peuvent aller faire naitre la maladie dans les troupeaux du voi-sinage.
C'est ainsi que Ton explique certains cas de transmission de la clavelee ä des troupeaux, qui n'ont eu d'ailleursaucun contact di­rect ou indirect avec des animaux malades, mais qui se trouvaient au voisinage d'un troupeau infecte ä cent, deux cents metres, et meme au delä. Mais quand Tatmosphere infectee est tranquille, quand il n'y a ni vent, ni courant d'air, la maladie n'est guere propagee par son intermediaire; c'est tout au plus si eile peut se propager alors ä une dizaine de metres du troupeau malade. L'atmosphere infectieuse peut s'etendre sous l'influence de la chaleur qui dilate l'air; eile est ramenee a son volume primitif par le refroidissement de la nuit; eile est purifiee par la rosee, par le brouillard, par la pluie.
Les germes, qui sont en suspension dans l'air, peuvent pene-trer dans I'organisme de differentes manieres: tantöt ils sont introduits dans les voies respiratoires, et c'est lä ce qui a lieu le plus souvent; tantot ils sont deposes sue la peau, qui peut les absorber si eile est excoriee, denudee; tantöt enfln ils sont de­poses dans les eaux, sur les fourrages, et sont ensuite ingeres.
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Le virus claveleux peut done penetrer dans rorganisme par dif-ferentes voies: il peut penetrer par las voies digestives, par les voies respiratoires et par la peau. Lorsqu'il est ingere avec les boissons ou avec les fourrages, il est absorbe et donne lieu, au bout d'une periode d'incubation de huit a douze jourSj ä une öruption generalisee.
II en est de meme lorsque le virus a ete introduit dans les voies respiratoires. Les voies respiratoires et les voies digestives jouent le plus grand röle dans la transmission de la clavelee. L'eruption etant toujours ou presque toujours generalisee, il y a lieu de pen­ser que, dans la pratique, la transmission ne se fait pas par la peau, attendu que Hnoculation du virus donne une eruption lo-calisöe. Du reste le role des voies respiratoires et des voies diges­
raquo;#9632;:
tives est bien etabli par de nombreux faits d'observation et d'ex-
perimentation.
L'absorption du virus claveleux se fait tres rapidement, quel-ques minutes suffisent.
Quand il s'agit d'appliquer des mesures de police sanitaire, il faut bien connaitre les modes de transmission, il faut de plus sa-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,
voir quels sont les agents capables de transmettre la maladie, et quelles sont les conditions et les circonstances qui favorisent la transmission. On peut dire, d'une maniere generale, que tout ce qui est souille de virus peut transmettre la clavelee.
Ainsi, peuvent etre des agents de propagation, non seulement les animaux malades, mais encore leurs cadavres, leurs debris, leurs chairs, leurs toisons, les fourrages, les litieres, les eaux qu'il out infectees, les päturages, les abreuvoirs qu'ils out frequentes, tous les objets qu'ils ont souilles, ou sur lesquels le virus s'est de­
pose, tons les corps qui sont impregnes de claveau, les chiens
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employes h la garde des troupeaux malades, les chiens qui ont devore de la chair d'animaux claveleux, et qui vont ensuite souil-ler I'eau oil iis se desalterent, les personnes elles-memes, les bcr-gors qui soignent, qui gardent les malades, les bouchers qui ont touche, qui ont tue et travaille des malades, etc. D'ailleurs les ve-tements du berger et du boucher peuvent aussi s'impregner de virus et devenir ensuite des agents de propagation.
Ordinairement la clavelee, lorsqu'elle existe dans une localite, y a ete introduite par l'iinportation d'animaux malades ou conta-mines venant d'un pays suspect ou infecte. Dans le midi de la France, oil on a frequemment l'occasion de l'observer, eile est sou-vent importee avec des animaux venant de l'Algerie, de l'Italie ou
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CLAVELEE
de l'Espagne. Dans le nord de la France, la clavelee est t'requente depuis qu'on Importe des animaux d'AUemagne. Le deplacement des troupeaux infectes, la vente d'animaux infectes sont frequem-ment la cause de rextension de la maladie. II sufflt en effet, que des moutons infectes, venant d'une localite infectee, soient vendus, deplaces, conduits dans une autre localite, pour y implanter la maladie. Aussi la clavelee, apres etre restee k I'etat d'enzootie dans une localite, pent tres aisement devenir epizootique, s'ötendre h des localites voisines, gagner de proche en proche, et meme s'etendre ä des localites plus ou moins eloignees.
Les conditions et les circonstances qui favoriselit la contagion, qui facilitent l'extension de la maladie sont nombreuses, ce sont non seulement le contact des troupeaux malades avec les trou­peaux sains, mais encore toutes les circonstances qui permettent ä des animaux sains d'introduire du virus dans leur organisme, ce sont: la cohabitation des animaux malades avec les animaux sains; 1c voisinage d'un troupeau sain et d'un troupeau malade; le voisinage d'une bergerie, d'un pare ou d'un cantonnement in-fecte; le sejour ou le passage d'un troupeau sain dans une berge­rie, dans un pare, dans im päturage, dans un cantonnement infec­tes par un troupeau claveleux; le passage d'un troupeau sain sur les chemins parcourus par un troupeau malade; la frequentation des abreuvoirs, aiguades, etc., frequentes par des animaux ma-lades; I'exposition en foire ou en marche, quand il s'y trouve des animaux malades ou recemment gueris, et dont la toison pent en­core conserver le virus; le transport dans des voitures, dans des wagons, dans des Mtiments non desinfectes, incompletement desinfectes, oil le virus claveleux, depose par des malades, peutse conserver longtemps; la libre circulation des troupeaux recem­ment gueris, dont lesindividus peuvent conserver le virus plus ou moins longtemps dans leur toison, tant qu'il n'auront pas ete ton-dus et laves ou desinfectes; un troupeau claveleux peut en effet rester dangereux quatre, cinq, six mois apres sa guerison, s'il n'est pas tondu ou desinfecte.
TRAITEMENT
La clavelee se termine le plus souventjaar la guerison, mais au-cun traitement curatif ne peut lui etre applique; eile suit son cours et il Importe meine de ne pas troubler sa marche, de ne pas
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arreter son Evolution, car on provoquerait une repercussion mor-telle dans le plus grand nombre des cas.
II fautse borner afacillter revolution de lamaladie, ä en diriger la marche, ä en attenuer la gravite, ä prevenir et ä combattre les complications.
Le traitement hygienique doit occuper la place la plus impor-tante, et neanmoins I'intervention d'un traitement therapeutique sera utile et meme necessaire dans certains cas. Les soins hygie-niques ou therapeutiques seront donnes a tout le troupeau; on pourra neanmoins separer et soigner d'une maniere speciale les animaux qui paraitront les plus malades.
II faudra veiller a la bonne tenue des habitations, qui devront etre propres, convenablement aereesetmaintenuesäune tempera­ture moderee. On evitera done, surtout en ete, d'entasserun trop grand nombre d'animaux dans la meme bergerie; onrenouvellera, de temps en temps, l'air des habitations; on donnera aux malades une alimentation saine, de bonne qualitö, de facile digestion, plus ou moins abondante et reconstituante suivant l'etat des animaux; on pourra meme y joindre des agents toniques et reconstituants (ferrugineux, sulfure d'antimoine), des condiments (sei marin, Sul­fate de soude, creme de tartre, etc.), qu'on mettra en dissolution dans les boissons, et qu'on melangera avec les aliments.
On n'aura recours ä un veritable traitement therapeutique, qu'autant que la maladie menacera d'etre grave, qu'autant qu'elle sera grave, qu'autant qu'elle s'aecompagnera de certaines com­plications. Quand il y aura h craindre une clavelee maligne, quand l'eruption se fera difflcilement, on isolera les malades sinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,. '.^
celaest possible, on leur administrerades agents excitants ou su-dorifiques, des infusions de sureau, de tilleul, de camomille, etc., pour faciliter l'eruption ou pour la retablir ; on leur fera prendre, dans leurs boissons, du sulfate de soude, de la creme de tartre pour attenuer laflevre. Dans aueun cas il ne faudra recourir ni ä la saignee, ni aux setons, ni aux vesicatoires. Dans les cas de deli­tescence, on pourrait stimuler la peau au moyen de lotions sina-pisees, ou par des frictions avec le liniment ammoniacal, dans le but de faciliter la reapparition de Teruption. Les prescriptions qui precedent ne peuvent guere etre mises en pratique dans les grands troupeaux; et il en est de meme jusqu'ä un certain point de celles qui suivent.
Quand la clavelee est maligne, quand l'eruption ne se trans-forme pas en pustules, quand il se forme des plaques gangre^
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neuses, on peut faire sur la peau des frictions excitantes ou irri-tantes, avec I'alcool camphre, avec le liniment ammoniacal. On donne en merae temps k l'interieur des toniques, des antisep-tiques, du perchlorure de fer, de l'acide phenique; mais le plus souvent on est oblige de se contenter d'un traitement externe, car il est difficile de faire prendre aux malades les medicaments qu'on destine aux voies interieures.
Quand la desquamation des croütes laisse apres eile des plaies suppurantes, il convient aussi de leur appliquer un traitement lo­cal : on les tiendra propres; on les lotionnera de temps en temps avec des liquides cicatrisants, avec la solution d'acide phenique parliculieroment.
Quand 11 se produira des complications du cöte des yeux, sur la conjonclive, sur la cornee, on appliquera le meme traitement lo­cal, on lotionnera les parties malades avec une solution de sulfate de zinc, d'acetate de plomb, d'acide phenique, etc.
Quand il y aura complication du coryza, de bronchite, de pneu-mpnie, de pleuresie, on appliquera le traitement special ä chacune de ces maladies; et, si la muqueuse respiratoire est boursouflee, s'il y a tendance ä l'asphyxie ou ä la septicemie, on administrera de l'acide phenique sous forme de boissons ou de fumigations; on procurera aux malades un air pur, on detergera l'entree des voies respiratoires, on pourra meme recourir ä la tracheotomie. mais sans grandes chances de succes.
Quand la clavelee se termine par la guerison, eile laisse parfois apres eile un etat valetudinaire, un etat de rnarasme et d'adyna-mie plus ou moins prononce; il convient alors de donner aux con­valescents une bonne hygiene, une bonne alimentation et des to­niques reconstituants.
POLICE SANITAIRE
Lorsqu'une epizootic de clavelee fait son apparition dans une localite, eile est parfois due h I'importation d'animaux etrangers venant de l'AUemagne, de l'Italie, de l'Espagne, del'Algerie, etc.; d'autres fois eile est due h la propagation de la maladie, qui etait d'abord restreinte ä une ou plusieurs localites. II faut done prevenir les importations et empecher I'extensionsie la clavelee; e'est a ce double but que doit tendre la police sanitaire.
1deg; Pr6venir I'importation de la clavelee. — Le gou-
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vernement et les autorites ont le droit et le devoir de faire exercer une surveillance assidue ä la frontiere; il faut faire visiter tous les aniinaux Importes en France, tous les troupeaux, quelle que seit leur provenance; il faut exiger des irnportateurs la presentation de certificate d'origine et de sante. II faut surtout visiter, avec le plus grand soin, les troupeaux qui viennent des pays suspects ou infectes. II faut appliquer h la frontiere, de la maniere la plus rigoureuse, des mesures sanitaires toutes les fois qu'il s'agira d'un troupeau malade ou suspect.
En Algerie, oil la clavelee est frequente, on ne constate pour ainsi dire aucune mortalite; la maladie est tellement benigne, qu'elle passe meme inapercue. Mais quand eile est importee et propagee en France, eile est plus grave sur les moutons du pays. Les moutons algeriens, coinme ceux des autres pays, doivent done etre soumis aux meines mesures, ;i la meine surveillance, lorsqu'ils sont Importes en France.
Les mesures ii prendre k la frontiere, sont d'une maniere gene-rale edictees par la loi des '28 septembre et 6 octobre 4791, et spe-cifiees par l'arrete ministeriel du 41 mai 1877, qui regie les con­ditions auxquelles est soumise {.'importation des animaux venant de l'etränger ou de l'Algerie. Getarrete, qui est en vigueur actuel-lenient, decide que tous les animaux susceptibles de presenter des maladies contagieuses seront visites h leur entree en France; il ordonne la sequestration des malades et la mise en quarantaine des suspects.
II est done tacile de prescrire k la frontiere, en se basant sur la loi de 4794 et sur Tarrete precite, les mesures sanitaires conve-nables pour empecher I'importation d'une maladie contagieuse quelconque.
Les troupeaux, introduits en France par les bureaux de douane ct par les ports, sont visites par les veterinaires sanitaires, qui de-mandent leur sequestration et leur mise en quarantaine, s'ils le jugent h propos. Mais cette visits, quoique bien faite, n'est pas une garantie süffisante pour les acheteurs, qui deviendront pro-prietaires des troupeaux.
Elle n'est pas une garantie süffisante de bonne preservation, car des troupeaux, reconnus sains, peuvent etre infectes et la clave­lee fera plus tard son apparition, alors que les proprietaires ne s'en douteront nullement; e'est ce qui arrive malheureusement Jtssez souvent. Et d'aiileurs, avant d'entrer en France, les irnpor­tateurs ont soin d'eliminer les individus malades ou en voie de le
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devenir; en sorte que des troupeaux sürement infectes sont fre-quemment admis, grace ä cette manoeuvre deloyale. Ensulte ces troupeaux vont propager la clavel6e.
Les acquereurs, comptant sur l'efficacite de la visite passee a la frontiere, n'hesitent pas a melanger les animaux recemment intro-duits avec les autres; de cette maniere, la maladie se propage dans une ferme d'abord et ensuite dans une localite. En sorte que, lorsqu'il s'agit des troupeaux Importes en France, venant des pays voisins at arrivant par la vole de terre, I'arrete ministeriel est absolument illusoire; grace an triage prealable, les troupeaux infectes entrent comme les autres. II serait done a desirer que les animaux introduits fussenl diriges immediatement vers les abattoirs oü ils doivent etre sacrifles, s'il s'agit de moutons destines k la boucherie; et s'il s'agit d'animaux destines ä l'ele-vage, il serait bon que l'autorite intervint et obligeät tout pro-prietaire devenu acquereur d'un troupeau venant d'un pays infecte, a. le maintenir en quarantaine sur ses päturages pendant une quinzaine de jours; apres ce delai, le troupeau reconnu sain cesserait d'etre l'objet de toute surveillance et de toute mesure preventive.
Les importateurs algeriens sont moins favorises que les impor-tateurs etrangers, parce que les troupeaux, quoique expurges a leur depart d'Afrique, peuvent. presenter de nouveaux malades ä leur arrivee dans les ports de debarquement, oü ils sont visites par les veterinaires, sans pouvoir etre prealablement soumis au triage. Malgre ces precautions, les troupeaux algeriens importent assez souvent la clavelee; cette importation a lieu surtout par les animaux qui se sont infectes dans les bätiments de transport, pendant la traversee, et qui, a leur arrivee ä Marseille ou k Cette, ne presentent encore aueun Symptome de l'affection.
Voici en detail comment il est precede pour les troupeaux afri-cains Importes en France. Non seulement on leur applique, ä leur arrivee, les prescriptions de I'arrete ministeriel precite, mais en outre, ä leur depart de l'Afrique, on leur applique celles de I'arrete du Gouverneur civil de l'Algerie, du 19 octobre 1879.
laquo; Article premier. — Tous les animaux de l'espece ovine, des­tines a etre expedies en France, seront soumis, avant leur embar-quement, a une verification rigoureuse -de leur etat sanitatre par un veterinaire.
laquo; Art. 2. — Les bureaux de douane d'Alger, d'Oran, de Phi-
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lippeville et de Böne seront seuls ouverts a l'exportation de ce betail.
laquo; Art. 3. — Les moutons reconnus claveleux et les troupeaux, dont ils font partie, seront sequestres. La sequestration ne pourra etre levee que trente jours apres le dernier cas de clavelee. Tou-tefois, si le proprietaire fait proceder a la clavelisation de son trou-peau, la sequestration sera levee quarante-cinq jours apres I'mo-culation constatee.
laquo; Art. 4. — Les frais d'inspection sanitaire seront payes sur le produit d'un droit de visite determine par I'autorite departe-mentale et ä percevoir sur les expediteurs; ceux de quarantaine resteront a la charge du proprietaire ou du conducteur des bes-tiaux.
laquo; Art. 5. —...........................raquo;
En appliquant l'arrete du Gouverneur de l'Algerie aux trou­peaux qui sont expedies d'Afrique, et en leur appliquant, a leur debarquement h Marseille ou k Cette, l'arrete ministeriel de 1877, on pent arriver h ce resultat singnlier, qu'un troupeau declare sain en Afrique soit reconnu claveleux ä son debarquement et sequestre comme tel. Et d'un autre cote, il pent se faire que le troupeau, s'etant infecte dans la travers6e, ne soit pas encore malade h son arrivee et aille ensuite propager la clavelee lä oü il sera conduit. D'ailleurs I'article 3 de l'arrete du 19 octobre 1879 ne permet pas de garantir suffisamraent nos provinces meridio-nales centre l'importation de I'affection, car trente jours apres le dernier cas de clavelee le troupeau pent encore etre dan­ger eux.
Pour toutes ces raisons et parce que la sequestration appliqu6e aux troupeaux, qui doivent etre embarques ou aux troupeaux qui debarquent, est une mesure ruineuse, je crois que les veteri-naires doivent conseiller a I'autorite une autre marche, differente de celle qui est suivie, plus sure et moins onereuse.
Puisque la clavelee est si benigne en Algerie, la clavelisation devrait y etre fortement conseillee et meme prescrite au besoin. Les troupeaux envoyes en France devraient etre accompagnes d'un certificat de clavelisation; ils devraient etre visites avant leur embarquement, et les animaux qui ne presenteraient pas les traces de la clavelisation; seraient seuls examines, separes en un lot special et surveilles a leur arrivee en France. Les troupeaux
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clavelises ne pourraient d'ailleurs etre embarques qu'un mois apres la guerison complete.
Tant qu'on n'en arriyera pas k l'adoption de ce precede, il y aura ä craindre Fimportation de la clavelee; et il faudra Veiller, mieux que par le passe, ä ce que les batiments de transport et les ustensiles ä l'usage des troupeaux embarques soient mieux desiu-fectes; il faudra en outre eclairer les acquereurs des troupeaux algeriens et les engager ä les tenir isoles pendant quelques jours apres leur arrivee en France. Mais, ii mon avis, il serait plus siir d'adopter et de faire adopter en Algerie la clavelisation; tons les animaux venant d'Afrique devraient avoir acquis Fimmunite et ils ne devraient etre embarques que trente jours apres leur gueri­son complete; on pourrait meme les faire laver ou desinfecter au moment de les embarquer, si on craignait qu'ils fussent encore porteurs du virus.
2quot; Gombattre I'^pizootie. — Les mesures, qui convien-nent pour empecher l'extension de la clavelee et pour amener sa disparition dans une localite, dans une contree, doivent etre puisees dans les documents generaux, qui sent applicables ä toutes les maladies contagieuses, c'est-ii-dire dans l'arret de 1714, dans celui de 1784, dans la loi des 28 septembre et 6 octobre 1791, dans les articles 459, 460, 461, 462 du Code pönal. Un arret du Parlement de Paris du 23 decembre 1778 prescrivait un ensemble de mesures, qui doivent etre conservees dans la pratique, bien que l'arret en question n'ait pas force de loi. Get arret irnposait aux proprietaires d'animaux claveleux de nombreuses obligations, qui sont les suivantes : la declaration de l'existence de la maladie sous peine d'amende; la separation et l'isolement des malades dans des habitations ou des cantonnements speciaux; la defense de deplacer les animaux des lieux infectes pour les conduiro dans des lieux non infectes; la defense de vendre les moutons des lieux infectes, d'exposer en vente les animaux malades; la defense aux bouchers de les acheter, de les tuer et de les debiter; la visite sanitaire des troupeaux des lieux suspects qui doivent etre conduits en foire ou en marche; la visite sanitaire de ccux qui sont exposes en vente; la defense de meler les animaux venant des pays suspects avec ceux des autres troupeaux pendant une huitaine de jours. L'enfouissement des cadavres entiers; la defense de jeter les cadavres dans les rivieres, de les deterrer, etc.
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Arret de la Cour du Parlement, qui ordonne que les mou-tons, brebis et agneaux qui seront atteints de la cla­velee, seront separes de ceux qui sont sains; fait defenses a toutes personnes de les exfoser en vente dxvns les foires et marches, et aux bouchers de les tuer et d'en dkbiter la viande. (Extrait des registres du Parlement, du 23 decembre '1778.)
laquo; La Gour ordonne que dans les lieux oü il y aura des moutons attaques de la maladie du claveau, les officiers, soit du rot, soil des sieurs hauts-justiciers, auxquels la police appartient, chacun dans leur territolre, meme les syndics des communautes, en cas d'absence des dits officiers, seront tenus de prendre des declara­tions exactes des moutons, brebis et agneaux de cbaque particu-lier, et de les faire visiter par personnes ä ce intelligentes, deux ibis la semaine au morns, le tout sans frais, pour connaitre s'il n'y a pas de moutons, brebis at agneaux infectes de la maladie, enjoint h tous ceux qui out ou qui auront des brebis, moutons ou agneaux malades, de les declarer aussitöt aux dits officiers, h peine de cent livres d'amende centre chaque contrevenant, pour etre, les betes' malades, separees de cedes qui seront saines, et mises dans d'autres ecuries, etables et lieux; qu'en cas que le betail malade puisse etre conduit au päturage, il soit mis a la garde d'un berger qui sera choisi par la communaute, et qui ne p.ourra conduire le betail que dans les cantons et lieux qui seront indiques par les dits officiers, h peine de punition corporelle et de tous dommages et interets dont la communaute demeurera res-ponsable; fait defenses h toutes personnes tie conduire des mou­tons, brebis et agneaux des bailliages et lieux oü la maladie du claveau est repandue, pour les vendre dans d'autres bailliages et lieux; ordonne qu'il ne pourra etre vendu de. moutons, brebis et agneaux qu'apres que ceux qui les conduisent auront prealable-ment represente aux juges des lieux oü la vente sera faite, un certificat des officiers du lieu d'oü les dits moutons, brebis et agneaux auront ete amenes, portant qu'il n'y a point de maladie du claveau dans le dit lieu sur le dit betail, ni a trois lieues au moins a la ronde; lequel certificat sera vise par le dit juge, sans frais, le tout k peine de trois cents livres d'amende pour chaque contravention, meme de confiscation des bestiaux, s'il y echet; fait pareillement defenses ä toutes personnes, sous les memes
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peines, d'exposer en vente, dans les foires et marches, aucuns moutons, brebris ou agneaux, meme aux bouchers de luer et de-biter la viande des dits animaux, qu'apres qu'ils auront ete vus et visitös par personnes ä ce intelligentes nommees par les dits offl-ciers, et ce a l'ögard des bestiaux qui seront exposes en vente dans les foires et marches avant que les dits bestiaux puissent etre amends dans le lieu de la foireou du marche, pour savoir s'ils ne sont pas infectes de la maladie du claveau, ou meme suspects d'en etre attaques, et etre, ceux qui se trouveront en cet etat, renvoyes sur-le-champ dans les lieux d'oü ils auront ete amenes; que les moutons, brebis et agneaux qui seront juges sains ne pourront etre meles avec ceux de celui qui les aura achetes, ni avec ceux des habitants des lieux oü ils seront vendus, qu'apres en avoir ete tenus separes au moins pendant huit jours, a peine de cent livres d'amende pour chaque contravention; ordonne qu'aus-sitot que les betes attaquees de la maladie du claveau seront mortes, les proprietaires et fermiers seront tenus de les enterrer avec leurs peaux dans des fosses de six pieds de profondeur, et de recouvrir exactement les fosses jusqu'au niveau du terrain; fait defenses k toutes personnes de jeter les dites betes mortes dans les rivieres, ni de les exposer a la voirie, meme de les enterrer dans les ecuries, cours, jardins et ailleurs que hors 1'en-ceinte des villes, bourgs et villages, a peine de trois cent livres d'amende et de tous dommages et interets; fait defenses h toutes personnes de tirer des fosses les dites betes, sous quelque pretexte que ce puisse etre, et aux tanneurs et autres d'en vendre ou ache-ter les peaux, a peine de trois cents livres d'amende, meme d'etre poursuivis extraordinairement : ordonne que les jugements qui seront rendus par les juges des lieux en consequence du present arret, et pour prevenir la mortalite du betall, seront executes par prevision, nonobstant toutes oppositions, appellations et empe-chements quelconques et sans y prdjudicier; ordonne que le pre­sent arret sera inrtprime, lu, publie et affiche partout oü besoin sera; enjoint aux substituts du procureur-general du roi d'y tenir la main, d'en envoyer des copies dans les justices de leur ressort, pour y etre pareillement lu, publie et affiche, et de certifier, le procureur-general du roi, de l'execution du present arret.
laquo; Fait en Parlement, le 23 decembre 1778.
laquo; Collectionne : Lutton. laquo; Signe : Du Franc. raquo;
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Ces mesures sont excellentesetmeritent d'etre conservees pour la plupart.
La declaration de l'existence de la maladie devra done etre faite a I'autorite chaque Ibis qu'elle fera son apparition dans un trou-peau. Les proprietaires des troupeaux clavelises doivent de meine en informer rautorita, attendu que les animaux inocules etant dangereux doivent faire l'objet des memes mesures que les trou­peaux claveleux. La declaratioti est exigee pour la clavelee au meme litre que pour les autres maladies contagieuses et sous peine de la meme sanction. II Importe beaucoup en effet que I'au­torite soit informee, afin qu'elle puisse prescrire les mesures sanitai-res preservatrices necessaires et afln qu'elle puisse faire proceder a une enquete sur le point de depart de la clavelee.
Les veterinaires, investis de la confiance de I'autorite et dele-gues pour visitor les troupeaux declares ou denonces ou soupQon-nes, ont une mission delicate k remplir, parce qu'ils doivent parfois visitor un nombre considerable d'animaux, parce qu'ils doivent non seulement etudier l'epizootie et tächer d'en decouvrir le point de depart, mais encore proposer les mesures sanitaires reconnues necessaires et determiner ordinairement le lieu du cantonnement. Le diagnostic de la clavelee n'est pas difficile a etablir. II est facile au veterinaire de reconnaltre la maladie, d'en verifier l'etendue et la gravite, d'apprecier les dangers que cou-rent les troupeaux du voisinage et d'adresser sur tout cela un rapport k I'autorite. Mais la difficulte commence quand il s'agit de conseiller l'application de teile ou teile mesure, parce que souvent teile mesure reconnue necessaire est inapplicable pratiquement; e'est ainsi qu'on hesite souvent k demander la sequestration des troupeaux, surtout quand il s'agit d'un grand nombre d'animaux, surtout quand les ressources des proprietaires sont insuffisantes pour subvenir h leur entretien dans les habitations; e'est encore ainsi que le cantonnement est parfois d'une application presque impossible.
Quoi qu'il en soit, le veterinaire sanitaire, apres avoir constate l'existence de la clavelee, doit proceder a une enquete pour remonter k l'origine de la maladie, ce qui, dans la majorite des cas, n'est pas difficile; il doit s'assurer que tous les animaux du troupeau sont marques, et s'ils ne le sont pas, il doit les faire marquer et surveiller, ou faire surveiller par le garde champetre
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l'operation, afin qu'on ne puisse distraire aucune bete du troupeau intecte. Personne mieux que le veterinaire n'est ä meme de choi-sir le lieu oil devra se faire le cantonnement.
Ses operations terminees, I'expert doit adresser son rapport a Fautorite, qui I'a delegue; il doit lui faire connaitre le resultat de sa mission; il doit lui indiquer categoriquement tout ce qu'il y a h faire dans la circonstance; il doit prevoir ce qui pourrait etre necessite par des complications; il doit precisertoutes les inesures qu'il convient d'appliquer aux malades et aux suspects; il doit se prononcer sur la question des debris et des cadavres ainsi que sur l'opportunite de la clavelisatiou; il doit demander la disinfection des locaux et objets souilles et en indiquer le modus faciendi.
II faut avant tout s'opposer desormais a 1'extension de la cla-velec; il faut empecher que les troupeaux malades n'aillent infcc-ter les troupeaux encore sains; et les modes de contagion etant connus, il faut empecher ie contact direct ou indirect des ani-maux malades des troupeaux infectes avec les troupeaux encore indenmes; il faut prevenir aussi le danger qui pourrait resulter du voisinage, bien que la transmission volatile ne s'elfectue guere qu'ä une faible distance. II faut done faire isoler, sequestrer, ou cantonner les troupeaux infectes; et il faut en outre prevenir les voisins et les engager h preserver leurs troupeaux de la contagion. Quand il s'agit de troupeaux claveleux, il faut le plus ordinaire-ment se contenter de l'isolement, sous forme de cantonnement, qui doit, autant que possible, etre pratique comme il sera indique plus loin.
Mais dans quelquescirconstances exceptionnelles, on pourrare-courir ä la sequestration pure et simple. Quand les proprietaires auront des locaux convenables et des ressources süffisantes en fourrages, quand les troupeaux seront peu nombreux, quand les proprietaires se preteront volontiers ä ce mode d'isolement, quand la maladie sevira pendant l'hiver et dans des regions couveites de neige, on pourra, on devra meine parfois demander la sequestra­tion des troupeaux dans leurs habitations. Et dans ces cas, comme du reste dans les cas oil Ton applique le cantonnement, ilfaudra conseiller vivement la clavelisatiou des betes encore indemnes, afin d'abreger la duree de Tepizootie et d'attenuer la gravite de la maladie. On pourra encore, en pared cas, faire separer et mettre dans des habitations differentes, si cela est possible, d'un cöte les betes malades, et de l'autre les betes encore indemnes. Les pre-
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mieres seront laissees dans le local infecte; les autres seront placees dans un nouveau local, et, des que Tune d'elles sera i'econnue ma-lade, eile sera eliminee et placee avec les premieres. Les troupeaux ainsi sequestres ne seront rendus k la liberle, qu'apres la guerison complete des malades et des inocules; auparavaut ils seront de-sinfectes ou laves.
Si les malades ont etc separes d'avec les sains, et si ces derniers n'ont pas presente des symptömes de clavelee quinze jours ou trois semaines apres leur separation, ils pourront etre rendus im-mediatement ä la liberte.
Lorsque la clavelee apparait dans un troupeau nombreux, et qu'elle ne se montre d'abord que sur un tres petit nombre d'indi-vidus, il sera bon, tont en t'aisant sequestrer ou cantonner le trou­peau, de separer les malades, en sorte que, si des nouveaux cas n'apparaissent pas dans le troupeau, la sequestration oule cauton-nement pourra etre leve au bout d'une quinzaine dejoursou trois semaines.
Lorsque le cantonnement devra etre prescrit, et c'est le plus souvent qu'il faudra y recourir, on devra l'appliquer autant que possible d'apres les priucipes que nous conuaissons dejä. On as-signera au troupeau inl'ecle uu cspace limite de parcours et de päturage; on lui appliquera le cantonnement mixte le plus souvent pour ne pas dire toujours; onchoisira autant que possible le lieu de cantonnement dans les terrains du proprietaire, comme il a etc dit plus haut; on fixera au troupeau malade un chemin particulicr et unabreuvoir special; on informera les voisins des dispositions qui auront ete prises, et on les mettra en garde centre I'extension possible de la clavelee ä leurs troupeaux. Les lieux de canton­nement et les chemins designes aux troupeaux infectes seront in-terdits aux autres troupeaux; et, s'il n'y a pas possibilite de spc-cialiser un chemin pour les anhnaux malades, il faudra en informer les proprietaires voisins, afin qu'au moins leurs troupeaux ne se rencontrent pas avec le troupeau infecte. Les chiens, employes h la garde des troupeaux, devront etre retenus dans le lieu de can­tonnement. Si des animaux succombent, leurs cadavres seront enlbuis ou brüles en totalite. L'autorite fera surveiller Fexecution du cantonnement par la gendarmerie ou les gardes champetres.
Dans la pratique, il est souvent difficile ou meine impossible de choisir un lieu de cantonnement qui realise toutes les conditions que nous avons enumerees precedemment. Les terrains du pro­prietaire peuvent etre plus ou moins rnorceles et traverses par des
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chemins; ce n'est qu'exceptionnellement qu'on trouvera un lieu isole, bien limite, etc. On est souvent oblige de se contenter d'un quasi-cantonnement. On cantonne letroupeau infecte sur les pä-turages de son proprietaire; on pent au besoin lui interdire les parcelles oil il y aurait du danger a conduire les malades; on de-signe les chemins que le troupeau peut parcourir; on lui interdit, autant que possible, les chemins les plus frequentes; on informe, par rintermediaire du garde champetre, les proprietaires voisins de toutes les dispositions qui out ete prises.
Quand il y a lieu de changer le cantonnement, soit pour cause d'insufflsance de päturage, soit pour cause de transhumance, on precede comma il a ete dit plus haut. Lorsqu'il sera necessaire de changer le cantonnement, on choisira de preference les päturäges les plus voisins; on y fera conduire le troupeau infecte par uu chemin peu frequente, que Ton fera connaitre aux voisins et que I'autorite pourra interdire aux autres troupeaux, si celaest possible; dans tpus les cas les voisins doivent etre informes.
Quand un troupeau est infecte de laclaveleeet cantonne, il faut loujours se preoccuper d'abreger la duree de l'epizootie et d'acce-lerer la disparition de la maladie, il faudra toujours adopter Tune ou l'autre des deux lignes de conduite suivantes. On pourra toujours diviser le lieu de cantonnement en deux parties; dans Tune on placera les animaux malades et dans l'autre on laissera les betes simplement suspectes. Celles-ci seront visitees tous les jours par le proprietaire ou le berger, qui fera un triage et qui fera passer, anssitöt qu'il les reconnaitra, les nouveaux malades avec les pre­miers; grace ä ce triage, on pourra toujours preserver de la ma­ladie une partie plus ou moins considerable du troupeau infecte. Que si on ne peut ou si on ne veut employer ce moyen, il faudra alors recourir a la clavelisation; il faudra conseiller vivement aux proprietaires cette pratique, qui, en rendant malades h la fois tous les animaux du troupeau, abrege considerablement la duree de l'epizootie, et permet de faire cesser plus tot l'application des me-sures de police sanitaire. La clavelisation doit toujours etre con-seillee quand la maladie s'est declaree dans un troupeau et quand on ne peut pas separer les malades; il faut alors claveliser imme-diatement tous les animaux du troupeau, qui ne presentent encore aucun Symptome de clavelee.
La sequestration et le cantonnement; des troupeaux c'aveleux ne seront leves que par I'autorite, sur l'avis du veterinaire sani­taire; leur duree sera variable suivant les cas. Ges mesures ne de-
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vront etre levees qu'autant qu'il se sera ecoule quinze jours apres la guerison complete du dernier cas de clavelee. Quand il s'agit d'une portion de troupeau infectee, qui a ete isolee et dans laquelle on a fait le triage des malades, on peut lever la sequestration ou le cantonnement quinze jours apres l'eliminatipn du dernier ma-lade, si pendant ce temps il ne s'est montre aucun cas nouveau. Quand il s'agit d'un troupeau clavelise, on peut lever la seques­tration ou le cantonnement quarante jours apres la clavelisation ou meme plus tot, au bout de trente k trente cinq jours. Quand il s'agit d'un troupeau claveleux proprement dit, la levee du canton­nement ou de la sequestration ne doit avoir lieu qu'apres la gue­rison complete des derniers malades.
Le lieu de cantonnement i'estera interdit pendant une quinzaine de jours auxautres troupeanx; il sera bon de le laisser ainsi se desinfecter par le serenage et paries pluies. Les troupeaux gueris devront aussi etre desinfectes (tonte, lavages, parcage, serenage), avant d'etre deplaces, vendus ou melanges avec d'autres, car ils peuvent etre dangereux.
II ne faut jamais demander l'abatage des animaux claveleux; les proprietaires pourront, s'ils le jugent ä propos, sacrifler ceux qui sent tatalement voues h la mort.
Dans tons les cas, les cadavres des betes mortes ou sacrifices ainsi in extremis doivent etre livres entiers h I'equarrissage, ou enfouis ou brules. L'enfouissement doit etre pratique d'apres les regies ordinaires, et la peau ne doit pas etre enlevee. On peut au besoin infecter les chairs at taillader les peaux.
La vente et 1'exposition en vente des animaux malades ou sus­pects sera interdite; ces animaux ne pourront, sous aucun pretexte et sans l'ordre de l'autorite, sortir des lieux oü ils auront ete se-questres ou cantonnes. On peut cependant autoriser I'utilisation, pour la boucherie, des suspects et meme de ceux qui sont lege-rement malades. Les premiers peuvent etre deplaces alors et con­duits au lieu oil ils doivent etre sacrifies; les autres sont sacrifies sur place, leur peau est desinfectee et leurs chairs transportees ensuite pour etre debitees apres leur refroidisseraent et avec les precautions necessaires pour prevenir la propagation de la ma-ladie. On peut meme laisser transporter k I'abattoir les animaux legerement claveleux (barbarins), qui doivent etre sacrifies; le transport sefait alors avec un vehlcule (charrette), qu'on desinfecte
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ensuite. Les moutons suspects ou malades, conduits k I'abattoir, doivent etre sacrifies le plus promptement possible.
Les aniraaux voisins des troupeaux infectes peuvent etre bieu entendu livres a la boucherie; rnais ils ne doivent etre exportes ou mis en vente que sous certaines conditions. Ainsi les animaux venant des localites infectees devraient etre accornpagnes d'un certificat d'origine delivre par le maire et d'un certificat de sante delivre par le veterinaire; ^t en outre ils devraient etre mairitenus en observation et isoles. dans la nouvelle localite oü ils sont con­duits, pendant une quinzaine de jours.
II n'est pas necessaire d'interdire les tbires et les marches dans les localites infectees; il suffit d'interdire la vente et 1'exposition en vente des animaux provenant des troupeaux infectes; il suffit de reglementer les foires et les marches. Tons les animaux exposes en foire ou en marche devront etre marques; les animaux malades et ceux provenant des troupeaux infectes n'y seront pas recus; il sera bon que les troupeaux exposes en vente soient visites par un veterinaire.
Quand la clavelee aura disparu d'une habitation, d'une fermo, quand des objcts äurönt ete souilles par des animaux malades, il faudra faire pratiquer la desinfection. Le troupeau, dans lequel la maladie a regne, reste dangereux apres la guerison, et il scrait im­prudent de ne prendre aucune precaution pour eTupecher la trans­mission de la clavelee. II sera bon de soumettre les animaux ä une desinfection, si Ton veut lever le cantonnement et si 1'on veut autoriserle proprietaire ä deplacer, ;i exposeren vente, ii vendre ses moutons.
II faut toujours faire desinfecter avec soin les wagons et les ba-timents de transport, qui out servi pour des troupeaux infectes; ii faut desinfecter l'habitation et les objets divers souilles par les malades; il faut desinfecter les fumiers, les fourrages, les litieres, les eaux, les päturäges, les chemins, !es debris cadaveriques (peaux) qu'on utilise, les laines, les bergers, les bouchers, etc. Les agents, qui conviennent le mieux pour pratiquer la desinfection, sont: I'eau bouillante, la vapeurd'eau, leslessivesbouillantes, I'a-cide pheniqtte, les solutions bouillantes d'acide phenique, les va-peurs d'acide phenique, le chlore et surtout l'acide sulfureux, etc.
On desinfecte les troupeaux gueris, eiiquot; faisant tondre ou laver les animaux qui ont ete rnalades, ou en les faisant passer dans une atmosphere chargee d'acide sulfureux, apres avoir legerement humecte leur toisom
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Les wagons et les bätiments de transport doivent etre nettoyes convenablement at laves avec une lessive bouiilante et a la brosse sur les parois et sur le sol; ils doivent etre laves ensuiteou badi-geonnes avec une solution bouiilante d'acide phenique. Si on aun generateur de vapeur, on fera bien de lancer des jets de vapeur surchauffee sur les parois et les ustensiles ou les objets divers qui se trouvent dans le wagon, dans le bätiment. A defaut des moyens precedents, on pourra se contenter d'un bon nettoyage fait avec la brosse et une lessive bouiilante, puls on humectera les pa­rois et les objets souilies, on calfeutrera toutes les ouvertures et on brülera du soufre dans les proportions indiquees precedem-ment.
Les habitations et les objets souilies par les malades, tels qua rateliers, auges, etc., seront desinfeetes comme les wagons, comme les bätiments de transport.
Les fumiers seront mis en tas et abandonnes pendant quelque temps (au moins une vingtaine de jours) ii la putrefaction; on pourra, le cas echeant, les laisser utiliser s'ils doivent etre en-fouis dans le sol; on pourra aussi en faire arroser la surface avec une solution d'acide phenique brut ou d'acide sulfurique.
Los foorrages et les litieres seront employes pour les animaux bovinsou solipedes; oubien ils seront desinfeetes par le serenage, de meme que les päturages et les chemins; Faction de l'air et do larosee, continuee pendant quelquesjotrs (une quinzaine de jours) pent amener la destruction du virus.
Les peaux claveleuses seront dessechees rapidement, ou passees dans un bain phenique, ou exposeesäun degagement d'acide sul-fureux. Les laines seront lavees ou dessechees ou exposees ä l'ac-tion de l'acide sulfureux; les vetements des bergers et des bou-chers, leurs chaussures pourront, le cas echöant, etre desinfeetes avec l'acide sulfureux.
Clavelisation. — La clavelisation a et6 conseillee et prati-quee depuis bien longtemps. Gette operation offre de serieux avantages; eile est ordinairement suivie d'une maladie benigne, lo-calisee aux points d'inoculation; et cette maladie benigne confere Timmunite aux animaux clavelises, eile les preserve de la clave-lee. Si les suites de la clavelisation etaient toujours benignes, il y aurait lä un moyen preservatif qui devrait toujours etre conseille et que la legislation devrait rendre obligatoire; mais ii n'en est pas toujours ainsi, et il arrive parfois que les animaux clavelises presentent une maladie grave et l'operation peut etre suivie de
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pertes assez considerables dans certains pays. N6anmoins on pent dire d'une maniere generale que la clavelisation n'est pas dange-reuse dans les pays temperes et pendant les saisons temperees (printemps, automne).
On pent, au point de vue sanitaire, distinguer trois sortes de cla­velisation : une clavelisation de necessite, une clavelisation de pre­caution et une clavelisation de preservation. On appelle clavelisa­tion de necessite celle qui est pratiquee sur un troupeau deja in-fecte; oa appelle clavelisation de precaution celle qui est prati­quee sur les troupeaux voisins des troupeaux infectes; enfm on appelle clavelisation de preservation celle qui serait pratiquee, et qui a ete conseillee dans le midi de la France et en Algerie, pour tous les troupeaux en general. Quoi qu'en aient dit certains au-teurs, la clavelisation, meme celle dite de necessite, ne peut etre imposee aux proprietaires par l'autorite; et ämon avis les arretes prefectoraux, qui I'ont eu prescrite dans le temps, en invoquant la loi de 1791, sont illegaux; l'autorite ne peut, dans I'etat actuel de la legislation sanitaire, que conseiller la clavelisation quand eile est jugee utile.
Voyons done dans quel cas cette operation peut etre utile et doit etre conseillee. Quand la clavelee a envahi un troupeau, il faut immediatement separer les animaux malades et verifier les jours subsequents I'etat des animaux simplement suspects, afin d'eliminer les nouveaux malades au fur et a mesure qu'ils se pre-senteront; de ia sorte on peut toujours preserver la plus grande partie du troupeau.
Mais si cette maniere de proceder, qui est la meilleure, est im-praticable, il faudra toujours, quelle que soit la saison et quel que soit le climat, conseiller la clavelisation des moutons qui ne sont pas encore malades, tant de ceux qui ne sont pas encore contami-nes, mais qui peuvent se contaminer d'un jour a l'autre, que de ceux qui sont dejä infectes et qu'on ne peut distinguer encore. En pareilles circonstances, la clavelisation a des avantages incontes-tables; eile abrege la duree de l'epizootie et de la sequestration; eile confere une maladie moins grave a des animaux voues pres-que fatalement ä une clavelee beaucoup plus grave.
Quand dans une local ite les troupeaux infectes sont bien se-questres, bien cantonnes, il ne faut jamais conseiller la clavelisa­tion pour les troupeaux voisins, tant qftt'on sera assure de les preserver efflcacement. Si les päturages sont morceles, si le can-tonnement absolu est impossible, on pourra, notamment dans le
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midi de la France et surtout en Algerie, autoriser et conseilier meine la clavelisation des troupeaux exposes ä la contagion, ä con­dition que ces troupeaux soient ensuite traites comme claveleux et soumis au cantonnernent.
Dans le midi de la France cette clavelisation de precaution pent avoir une certaine importance et des avantages incontestables, attendu qu'elle est ordinairement benigne et que, pratiquee au printemps, eile permet aux proprietaires de voir leurs troupeaux debarrasses de la clavelee, lorsque le moment de la transhumance ' arrive.
La clavelisation des troupeaux d'une region, d'un pays, dans le but de les preserver de la clavelee pour l'avenir, ne doit pas etre conseillee, sauf dans certains pays, sauf dans le midi de la France, saufen Algerie. En Algerie, oü la clavelee est frequente mais be­nigne, la clavelisation de tous les troupeaux serait une excellente precaution et il est ä souhaiter qu'une loi rende obligatoire cette pratique. Si tous les troupeaux algeriens etaient clavelises, si on n'acceptait aux ports d'embarquement, pour etre transportes en France, que les moutons portant les traces de la clavelisation, si on ne permettait Texportation qu'apres la guerison absolue des cla­velises, on arriverait facilement ä ne plus introduire la clavelee en France avec les moutons africains.
Dans le midi de la France la clavelisation de preservation peut quelquefois etre autorisee, mais eile ne doitjamais etre conseillee quand eile ne pare pas ä un danger certain. Ainsi eile pourrait etre conseillee quand la inaladie regne dans les localites voisines, quand il se fait des echanges entre les diverses localites infectees et non infectees, etc. Quand on conseille la clavelisation, il ne faut jamais perdre de vue qu'elle peut entrainer certaines pertes en France et que les troupeaux clavelises peuvent propager la maladie.
Lorsqu'on pratique la clavelisation, on choisit le claveau; on le prend autant que possible sur un individu atteint de clavelee benigne; on le puise dans les pustules les mieux formees; on evite de le recueillir sur des individus atteints de clavelee mali­gne. II est ä peu pres indifferent de claveliser avec du claveau provenant d'un animal qui a contracte la maladie naturellement, ou avec du claveau provenant d'un animal clavelise experimenta-lement. Le virus claveleux ne semble pas s'attenuer par des cul­tures successives; on l'a trouve doue de la meme activite apres deux cent quatre-vingt-dix-sept cultures ou inoculations succes-
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sives. Et d'ailleurs, si Ton ne peut pas puiser le claveau sur un animal atteint de clavelee bönigne, 11 ne faut pas pour cela renon-cer ä I'operation; on peut puiser le virus sur un mouton atteint de clavelee maligne; on peut meine inoculer le sang des plaques ecchymotiques, le sang des papules, le sang du voisinage de la pustule.
La maladie, qui evolue sur un individu, emprunte sa gravite plutot aux dispositions de cet individu et aux conditions hygieni-ques qui l'entourent, qu'ä la qualite et k la provenance du virus.
Le claveau, de meme que le vaccin, peut etre recueilli dans des tubes ou entre des lames, et conserve d'apres les memes prin-cipes; on peut aussi conserver des croütes dessechees, qui servi-ront plus tard h pratiquer des inoculations, apres qu'on les aura ramollics dans I'eau.
Quand le moment est venu de se servir du claveau, conserve dans des tubes ou entre des lames, on precede absolument comma quand il s'agit du vaccin. Quand on pratique la clavelisation de necessite, on ne saurait choisir le moment de I'operation; il faut y recourir des quo le besoin s'en fait sentir; on puise le claveau sur Tun des malades et on clavelise tous les suspects, quelle que soit la saison, quelle que soit la temperature, etc.
Quand on pratique la clavelisation de precaution on peut, sinon choisir la saison, au moins operer pendant une journee favorable; on peut se servir de claveau conserve ou puiser le virus sur un des malades emprunte au proprietaire voisin pour la circons-tance.
Quand il s'agit de la clavelisation de preservation, on peut choi­sir la journee et meme jusqu'a un certain point la saison; il vaut mieux, toutes choses egales d'ailleurs, operer pendant une saison douce, pendant le printemps ou pendant I'automne. On se sert alors de claveau conserve, ä moins qu'on puisse se procurer un animal malade pour la circonstance.
Le precede, qu'il convient de suivre dans la pratique de la clave­lisation est bien simple, e'est le meme que pour la vaccination. On peut se servir d'un bistouri, d'une lancette, d'un instrument piquant ou incisant quelconque; on fait une piqüre sous-epider-mique ou une fente ä travers l'epiderme et la partie superficielle du derme, et ony insere le claveau. On peut se contenter de faire deux ou trois inoculations.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
II est bon, quand on pratique l'inoculation, de choisir )e lieu le plus convenable. On a conseille de claveliser a la face inferieure
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CLAVELEEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;867
du ventre, au plat de la cuisse, ä la face inferieure et k la base de la queue; il faut abandonner ces lieux d'election, oil la clave-lisation pent quelquefois etre dangereuse. II vaut mieux claveli-ser h l'extremite des oreilles ou ä l'extremite de la queue, apres avoir rase les polls ou la laine, si cela est necessaire. L'inoculation, pra-tiquee dans ces regions, entraine souvent de petits accidents lo-caux; mais ces accidents sont sans gravite; il en resulte parfois une perforation du cartilage auriculaire, une mutilation de l'extre­mite de l'oreille ou de l'extremite de la queue.
Depuis plus d'une annee, je me suis occupe de chercher un moyen de claveliser les moutons, de maniere ä leur conferer I'im-munite sans leur donner une maladie grave et sans les rendre dangereux pour les autres. J'ai cherche ä prevenir la transmission de la maladie par les animaux clavelises. J'ai cauterise ou extirpe les pustules formees ä la suite de l'inoculation, et voici les resul-tats qui se degagent de mes experiences :
L'extremite de l'oreille ou l'extremite de la queue, mais surtout l'extremite de l'oreille, doit toujours etre choisie comme lieu d'e­lection pour pratiquer la clavelisation; une fois l'inoculation pra-tiquee, par une ou deux piqüres, h l'extremite d'une ou des deux oreilles, on attend le developpement complet des pustules, ce qui a lieu du dixieme au quinzieme jour; puis on ampute la partie de l'oreille qui les supporte et on cauterise legerement avec I'eau forte la plaie, ou bien on la laisse en l'etat. De la sorte on confere aux animaux clavelises une maladie benigne ct on previent tout danger de propagation par les betes inoculees.
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CHAP1TRE XVIII
FIEVRE APHTHEUSE
Definition. — La fievre aphtheuse est une maladie generale, eruptive, contagieuse, enzootique ou epizootique, phlycteno'ide, qui s'accompagne d'un mouvement febrile plus ou moins intense et qui se decele par une eruption vesiculeuse, dont le siege est presque toujours la muqueuse buccale et tres souvent la region mammaire et la region podale (espace interdigite).
Le produit de l'eruption est virulent.
Gette maladie est ainsi appelee a cause de ses caracteres symp-tomatologiques; eile s'accompagne de fievre et se caracterise pres­que toujours par la formation d'aphthes (phlyctenes) h la surface de la muqueuse buccale.
On I'appelle encore epizootic aphtheuse ou maladie aphtheuse, fievre eiiiptive phlycteno'ide, cocotte, exantheme stomato-interpha-lange, mal de hauche, stomatite aphtlieuse, maladie aphthongulaire, phlyctene glossopede, exantheme interphalange, etc.
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SYMPTOMATOLOGIE
La fievre aphtheuse se montre plus particulierement sur les grands ruminants, mais on peut I'observer sur d'autres animaux; eile est transmissible a tons les herbivores. On peut I'observer sur le pore, sur le mouton, sur la chevre; eile est transmissible au cheval, au chien et k I'homme.
Elle a ete etudiöe depuis longtemps, elle a sevi et sevit encore un peu partout; elle a ete etudiee a de frequentes reprises en France, en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Hollande, en Au-triche, en Angleterre, en Belgique, en Russie, etc. Dans ce siecle, on a observe de tres nombreuses öpizooties de fievre aphtheuse, soit en France, seit ix l'ötranger.
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Cette affection peut rester en permanence dans certains pays, oü on ne prend pas centre eile des mesures sanitaires süffisantes, et de lä eile peut ensuite irradier sur d'autres regions, grace au commerce et aux deplacements d'animaux. G'est qu'en effet, quand la cocotte apparait dans une localite, eile est ordinairement impor-tee par des animaux venant du dehors; eile se propage dans la ferme envahie, puis eile passe ä d'autres fermes, ä d'autres loca-lites, etc.
En Russie, la fievre aphtheuse precede souvent ou aecompagne le typhus et affecte assez souvent une certaine gravite.
En France, la cocotte n'est pas grave ordinairement; quelquefois cependant eile peut presenter une gravite exceptionnelle.
II convient de suivre, dans la description symptomatologique de la flevre aphtheuse, la meme marche dejä suivie dans la des­cription du horsepox et de la clavelee; il faut done etudier d'abord l'aphthe dans son evolution; puis la maladie evoluant sur uuindi-vidu et restant simple et benigne ou se compliquant et devenant maligne; en troisieme lieu il faut etudier la marche de la maladie dans une ferme, dans une localite, dans un pays.
Aphthe. — L'aphthe est une phlyctene, une ampoule deve-loppee ä la surface de la muqueuse buccale; on appelle aussi du meme nom les plaies ulcereuses de la bouche.
Le mot aphthe s'applique done non seulement aux phlyetenes et aux plaies de la cocotte, mais encore indistinetement aux phlye­tenes et aux plaies de la bouche, occasionnees par toute autre cause. Que les aphthes appartiennent ou non ä une maladie spe-eifique, ils offrent toujours la meme evolution et les meines carac-teres; rinoculation seule permet de reconnaitre si reruption est ou n'est pas speeifique. Dans la fievre aphtheuse, le diagnostic est facilite par la transmission observee de la maladie et par les .'esions qui se produisent presque toujours dans d'autres regions.
La phlyctene est precedee d'une ecehymose plus ou inoins vi­sible, quelquefois tout ä fait cachee par l'epithelium epais de la buccale. De meme que les phlyetenes de la buccale, celles qui se forment ailleurs, seit sur la pituitaire, seit sur la conjonetive, seit sur la peau de la mamelle ou de l'espace interdigite, sent prece-dees d'une congestion locale, d'une ecehymose, d'un exantheme.
La partie malade est tumefiee et douloureuse. Bientöt, en un ou deux jours, l'ecchymose se transfortpe en une elevure aplatie, rougeätre, qui devient blanchätre ou jaunatre et se transforme en ampoule par suite de l'exsudation et de l'accumulation du pro-duit exsude sous l'epiderme.
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Les vesicules, une fois formees, ne tardent pas k se detruire, surtout celles qui siegent sur la muqueuse buccale, oil elles sont exposees ä des frottements ineessants. Gelles de la muqueuse respiratoire et celles de la peau peuvent se conserver deux, trois, quatre jours.
La destruction des phlyctenes survient naturellement, quand eile n'est pas le resultat du frottement. La pellicule, qui recouvre les ampoules, peut done etre dechiree par les frottements, et sinon eile peut eclater sous la pression du liquide secrete, ou etre ra-mollie pen ä peu et se rompre. Alors le contenu de l'eruption est evacue. Ge produit est sereux, limpide ou jaunätre, peu riche en elements figures.
A la place de la phlyctene reste une plaie superficielle plus ou moins large, suivant l'etendue de l'eruption, arrondie ou irregu-liere. Gette plaie est le resultat d'une simple desquamation epithe-liale ou epidermique; eile est grenue; ses börds sont peu ou pas saillants; quelquefois ils sont gonfles; eile secrete un produit se­reux, qui s'epaissit ensuite.
Parfois les aphthes et les plaies qu'ils donnent sont entoures d'une inflammation plus ou moins vive, surtout quand l'eruption est confluente. Une fois transformes en plaies, les aphthes ne tar­dent pas ordinairement ä se cicatriser, et la guerison peut arriver ainsi tres rapidement, k la condition que les plaies ne soient sou-mises ä aucune irritation traumatique. Ainsi, ii la surface de la pituitaire et meine k la surface de la buccale, les plaies peuvent se cicatriser en un jour, deux jours; l'epithelium se regenere et tout est fini.
Mais, lorsque les plaies sont irritees par des frottements inees­sants ou par toute autre cause, 11 en resulte une inflammation plus ou moins vive, qui peut devenir suppurative, retarder ou empe-cher la cicatrisation et s'accompagner de complications plus ou moins graves (inflammation des tendons, de l'os, de l'articulation, etc., etc.).
En resume, hormis les cas oü il survient des complications, les plaies resultant de l'ulceration des aphthes se cicatrisent rapide­ment; l'epithelium seul ayant ete detruit, on le trouve bientöt regenere, en sorte que, dans cinq, six, sept, huit ou dix jours, I'aphthe peut avoir accompli son evolution et ne laisser presque plus trace de son passage.
Independamment des cas oü la cicatrisation est empechee par une irritation traumatique, on peut voir la guerison des aphthes
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FIEVRE APHTHEUSE
retardee par suite de l'extension de rinflamraation. G'est ainsi que nous verrons plus loin que I'eruption buccale peut s'accompagner de stomatite ou de glossite plus ou moins violentes; pareillement I'eruption podale peut s'accompagner de dermite, et I'eruption mammaire peut se compliquer de mammite.
Evolution de la maladie sur un individu. — La fievre aphtheuse, evoluant sur un individu, se decele par des symptomes generaux et par des symptomes locaux. Les symp-tömes generaux sont des symptomes febriles; les symptomes lo­caux sent ceux des eruptions multiples, qui peuvent se produire dans le cours de la cocotte, et qui se montrent sur les levres, sur la muqueuse buccale, dans I'espace interdigite, sur les mamelles, sur la pituitaire et quelquefois sur les muqueuses internes. La maladie, ainsi consideree sur un individu, oli're ordinairement une marche reguliere; eile offre plusieurs periodes dans son evolu­tion.
Les premiers symptomes n'apparaissent chez I'individu affecte que 2, 3, 4, 5, 6, 8 jours apres la contamination. La periode d'in-cubation, dont la duree est variable, est plus courte en ete qu'en hiver; eile est egalement plus courte chez les jeunes, etc. Lorsque la maladie fait son apparition, elie parcourt rapidement les quatre periodes que nous avons dejä reconnues ä la phlyctene (periode d'invasion, periode d'eruption, periode d'ulceration et periode de cicatrisation).
Avant l'apparition des symptomes locaux eruptifs, oil constate facilement une modification dans I'etat general du sujet; il se produit ordinairement un etat febrile plus ou moins accentue, qui se caracterise par de la tristesse, de l'inappetence, des frissons, par la diminution du lait, par une elevation de la temperature, par une acceleration de la circulation, par I'etat congestionnel, la tu­mefaction et l'hyperesthesie des parties, qui doivent devenir le siege de I'eruption. La beuche est seche et chaude; la muqueuse buccale devient rouge et douloureuse; la salive devient plusabon-dante et filante; on entend parfois des grincements de dents; et frequemment ä cette periode le malade fait entendre un bruit de succion caracteristique, qui annonce I'eruption buccale. Le mutle et les alles du nez sdtit chauds et sees; la pituitaire est chaude, rouge et seche d'abord ; la conjonctive ast parfois congestionnee.
Quand I'eruption doit envahir la region podale, on constate presque toujours de la lassitude; I'animal reste plus longtemps
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couche; les mouvements sont genes; ranimal semble marcher sur des epines; il y a parfois une boiterie tres evidente d'un on de plusieurs membres. Quand ranimal est au repos, il pietine sou-vent.
Chez les vaches, reruptionsemontrantsouventsurlesmamelles, on constate la rougeur, la chaleur, la tumefaction et l'hyperesthe-sie de la region ; les animaux se laissent traire difficilement.
Cette periode febrile, qui annonce l'invasion de la maladie, dure pen; eile dure tout au plus im jour ou deux; puis eile se modifie et fait place h la periode d'eruption proprement dite.
La fievre diminue et l'eruption apparait sur les levres, sur le mufle, sur la muqueuse buccale, sur la peau de Fespace interdi-gite, sur la marnelle, et quelquefois dans d'autres regions, par exemple sur la conjonotive, sur la pituitaire, dans des regions oil la peau est fine, et parfois sur les muqueuses internes. Mais, dans ce dernier cas, la maladie affecte quelquefois une forme particu-liere dont il sera question plus loin.
Partout ou doivent se former des ampoules, on constate d'abord de lä congestion, une extumescence, une elevation de la tempera­ture locale et un accroissement de la sensibiiite, une veritable douleur.
La muqueuse buccale est douloureuse, congestionnee; eile presente des taches ecchymotiques, qui sont ordinairement diffi-ciles ii apercevoir, surtout ä la face superieure de la langue, ä cause de l'epaisseur considerable de l'epithelium. Mais ces taches sont bientöt suivies d'autant d'elevures, qui deviennent plus fa-ciles ii apprecier. Ces accidents sont plus ou moins nombreux, isoles ou dissemines, confluents; on pent les voir sur toutes les par­ties de la muqueuse buccale. Ils s'accornpagnent d'une stomatite plus ou moins prononcee, d'ou resultent la salivation et la dyspha-gie. Parfois il se produit une veritable glossite; la langue se tume-fie et pent acquerir un volume considerable, surtout vers sa base, au point d'amener une gene de la respiration et de faire craindre l'asphyxie. En general cependant la stomatite est pen intense et setermine promptement par la guerison.
L'exantheme se transforme rapidement; les vesicules apparais-sent partout oil s'etaient formees des ecchymoses, a la face interne et sur lebord des levres, k la face inferieure et iila face superieure de la langue, aux gencives, etc.; elles sont, plus ou moins nom-breuses, elles empechent la mastication; elles sont analogues aux
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ampoules qui seproduisent surla peau ä la suite d'une brulureou du frottemenl; elles sont recouvertes par l'epithelium et contien-nent un liquide sereux, limpide ou jaunätre; elles sont plus ou moins volumineuses, plusou rnoins etendueset plus ou moins re-gulieres dans leur forme.
Les unes sont petites comme un pois; d'autres sont plus volu­mineuses et moins regulieres dans leur forme; toutes sont proe-minentes; les plus volumineuses sont aplaties. Elles sont recou­vertes d'une pellicule blanchatre ou grisatre. Elles se reunissent parfois plusieurs ensemble, et il en resulte des ampoules irregu-lieres, oblongues, ä bords ondules, etc. A la langue, les vesicules conservent la couleur de la muqueuse et ne sont reconnaissables que par la saillie qu'elles torment.
La pellicule epitheliale, qui recouvre !es phlyctenes, est facile ä enleyer; on evacue ainsi la serosite produite par l'eruption, et au-dessous 1c derme semble intact; il est seulement byperemie. Si on ouvre les phlyctenes, leur contenu s'echappe, et ensuite leur epi­thelium toinbe par lambeaux.
Les manifestations de la cocotte peuvent se rencontrer sur un, deux, trois, ou les quatre pieds. Dans la region podale, les symp-tömes du debut ne disparaissent pas; la gene des mouvements est plus manifeste, la boiterie est plus accusee. La peau de l'espace in-terdigite est tumeüee et rougeätre; eile devient le siege d'un suin-tement et se couvre de phlyctenes. Gelles-ci se forment h la partie anterieure de l'espace interdigite; elles s'etendent en arriere et il s'en produit sur tout le bourrelet.
L'epiderme, macerant dans le produit exsude, blanchit et se de-tache. La partie malade continue äsecreter, et bientöt son produit se modiüe, devient purulent et fetide. Parfois I'ongle se decolle au niveau de la partie malade. Les vesicules de la region podale sont difflciles k voir, parce qu'elles sont rarement bien developpees et parce qu'elles se detruisent rapidement.
Quand l'eruption se produit a la mamelle, eile est precedee de la congestion de l'organe. Les phlyctenes sont ordinairement petites et peu nombreuses sur cette region; on les voit plutot sur les trayons que sur les mamelles; elles sont blanchatres ou jaunatres, arrondies quand elles sont isolees, irregulieres quand elles sont confluentes; elles sont souvent entourees d'une aureole rouge-pale; souvent une entoure et bouche ^'orifice du trayon, qui est gonfle, luisant et douloureux.
L'eruption aphtheuse peut se montrer dans les trois regions que
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nous venons d'enumerer; eile peut aussi se montrer dans d'autres points, oil son evolution est d'ailleurs analogue ä celle que nous venons de decrire.
La periode eruptive proprement dite peut durer quatre, cinq ou six jours; mais 11 arrive parl'ois que I'eruption se fait successive-ment dans les diverses regions, et la periode eruptive peut ainsi se prolonger pendant deux ou trois jours de plus. Quand la maladie fait eruption sur les trois regions a la fois, il arrive ordinairement que Tune d'elies est plus fortement endommagee que les autres; ainsi, quand I'eruption buccale est tres intense, les regions po-dales sent moins malades ainsi que la region mammaire et reci-proquement. Les prodromes s'attenuent ordinairement lorsque I'emption s'est formee; mais cela n'est pas ainsi, quand la region podale et la region mammaire sent fortement attaquees. Lorsque la periode d'eruption est arrivee, les symptömes generaux s'amen-dent done ordinairement, hormis les cas oü 11 se produit des com­plications.
En tons cas, les vesicules line fois formees ne tardent pas ä se detruire. Gelles de la bouche sedetruisent promptement le lende-main ou le surlendemain de leur formation; elles se ruptureat; leur contenu se mölange avec la salive; leur destruction est an-noncee par un mächonnement et par une salivation plus abon-dante. La salive devient filante; quelquefois eile est sanguinolente et melee de plaques epitheliales, resultant de la chute des pelli-cules qui recouvraient les phlyctenes rupturees. On constate alors un mouvement presque continuel de la langue. L'epiderme de la muqueuse buccale se detache facilement en differents points, surtout au niveau des phlyctenes. En dessous, on trouve des plaques denudees, rougeätres, saignantes parfois, superficielles et h bords reguliers ou irreguliers. Tant que la bouche est dans cet etat, surtout lorsque I'eruption a ete confluente, il y a de la dys-phagie; parfois les plaies superficielles, resultant de la destruction des aphthes, se reunissent et on trouve alors de larges places de­nudees.
Dans I'espace interdigite, les vesicules se detruisent assez rapi-dement, et les plaies, qu'elles laissent apres elles, deviennent or­dinairement suppurantes et donnent une matiere purulente, qui repand une odeur ammoniacale tres prononcee, comme dans le pietin. Quand I'eruption podale est grave et quand les soins font defaut, les plaies deviennent ulcereuses et des complications ne
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tardent pas a se montrer. Mais si l'eruption est peu etendue et si les malades sont tenus proprement, il peut se faire que les plaies, resultant de l'ulceration des phlyctenes, suivent a. peu pres la meme raarche que partout ailleurs.
Dans les autres regions, les vesicules se rupturent moins prortiptement, au bout du second ou du troisieme jour aprfes leur formation. Les plaies qui en resultent ont un aspect lisse ou gra­nule ; elles sont rougeatres et se recouvrent vite d'une matiere jau-nätre, qui se concrete en croüte.
Quelquefois les vesicules exterieures disparaissent par resorp-tion de leur contenu, leur epiderme se desseche et tombe ensuite par pellicules ; cela se passe ainsi sur les trayons, lorsqu'aucune cause d'irritation ne vient troubler cette marche.
La cicatrisation se produitordinairement duhuitiemeaudixieme jour a compter de l'eruption. Un nouvel epithelium ou un nouvel epiderme se forme tres rapideraent, quand aucune cause irritante n'entrave la cicatrisation. Dans la bouche, la cicatrisation se pro-duit sans qu'ü se soit forme de croütes ä la surface des plaies.
Dans les regions oü il s'est forme des croütes, le nouvel epi­derme se produit en dessous, et la croüte se desquame. Dans la region podale et ailleurs,quot; quand les plaies sont irritees, la cica­trisation est retardee, les plaies deviennent suppurantes et se cicatrisent plus tard par seconde intention, en laissant une trace appreciable.
Quelquefois il se produit des complications qui aggravent et allongent la duree de l'affection. Mais lorsque les complications font defaut, lorsqu'on a su les eviter, on voit la maladie guerir dans l'espace de huit, dix, quinze jours, suivant la gravite des eruptions et suivant les regions qui sont !e plus fortement atteintes; ainsi l'eruption buccale guerit ordinairement plus promptement que l'eruption podale, que l'eruption mammaire meme.
II n'est pas rare de voir se produire des complications dans le cours de la fievre aphtheuse; mais meme lorsqu'aucune complica­tion ne se produit, il arrive souvent que les malades maigrissent et perdent plus ou moins leur lait. Quand aucune complication ne laquo;urgit, la cocotteguöritrapidement, et les pertes qu'elle occasionne consistent uniquement dans l'amaigrissement et la diminution mo-mentaneo du lait qu'elleprovoque. II erfest tout autrement quand des complications se manifestent. Les complications qui peuvent se produire dans le cours de la cocotte, sont la consequence de
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l'extension des lesions, ou bien elles sont occasionnees par cer-taines causes, telles que le defaut d'hygiene, les refroidissements, les fortes chaleurs, etc.
Quelquefois il se produit k la surface de la peau des plaques analogues a celles de l'echauboulure, qui se rencontrent surtout chez les animaux exposes a un refroidissement passagev ou ii une pluie froide; ces plaques disparaissent ensuite par resorption gra­duelle et quelquefois par delitescence, cas oü il se produit une congestion plus ou rnoins grave sur les organes internes. Chez certains animaux, on pent voir se produire une eruption vesicu-leuse dans les regions oü la peau est fine; cela se voit chez le pore par exemple. II n'est pas rare de voir se former des oedemes, des engorgements oedemateux dans les membres. Parfois il s'etablit une inflammation dans les cornes et il se produit un gonfleraent de la tete, qui devient lourde. On pent constater dans certains cas la presence d'une eruption vesiculeuse ä la vulve, au perinee, dans le vagin, a I'anus.
II arrive aussi que la conjonctive devient malade; eile se con-gestionne; il y a du larmoiement; des vesicules se ferment et evo-luent.
Le larmoiement se transforme en chassie parfois puriforme. Des vesicules peuvent se developper sur la cornee, qui s'enflamme et devient opaque.
II n'est pas rare non plus que des eruptions se developpent sur les muqueuses profondes, sur la pituitaire, sur la muqueuse pha-ryngienne, sur la muqueuse cesophagienne et sur la muqueuse gastro-intestinale. Ainsi on peut observer les symptömes du co-ryza, tels que congestion de la pituitaire et jetage, en outre il se montre une eruption vesiculeuse sur la muqueuse. Lorsque I'e-ruption se produit sur les muqueuses pharyngienne et cesopha­gienne, il en resulte un hyperesthesie des regions correspondan-tes et une grande difflculte dans l'acte de la deglutition, ;d'ou l'inappetence et l'arret de la mastication.
L'eruption aphtheuse peut se produire sur les estomacs et prin-cipalement sur la caillette et l'intestin, ce fait a ete observe ä dif-förentes epoques et par divers observateurs. Gette complication, que Ton designs sous le nom de complication catarrhale, se mon­tre chez les animaux de tout age, mais principalement sur les jeunes. Elle se montre sur les animaux qui sont dans de mauvai-ses conditions hygieniques, qui sont loges a l'etroit; eile est ac-cusee par un etat catarrhal, par une diarrhee abondante, excre-
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mentitielle, sereuse, quelquefois sanguinolente; une fievre in­tense, un abattement profond et un amaigrissement rapide accom-pagnent cette complication, qui est toujours tres grave et qui en-traine la mort ordinairement en peu de temps.
On voit parfois apparaitre chez les malades deja en convales­cence, ou au moins six ou sept jours apres le debut de la mala-die, une complication grave, une sorte d'etat typhoide, qui se montre principalement sur les jeunes, qui entraine une mortalite considerable, qui se decele parfois par un etat apoplectique du cot6 des voies digestives, par un etat catarrhal de l'intestin, par une congestion pulmonaire, etc. A I'autopsie on trouve dans l'in­testin et la caillette des lesions analogues a celles du typhus, des ulcerations sur les plis de la caillette et au niveau des follicu-les de l'intestin.
Les veaux ä la mamelle offrent assez souvent des complications du cöte des voies digestives; ils presentent une diarrhee sereuse, qui les epuise rapidement; ils sont abattus; la tete se tumefle; les yeux sont larmoyants et la mort arrive promptement.
Les femelles pleines avortent quelquefois, soit pendant le cours do I'affection, soit pendant la convalescence.
On a eu constate des complications du cote du Systeme ner-veux; on a eu observe chez certains malades des accidents ner-veux, des mouvements convulsifs, des symptömes epileptiformes, des symptömes de vertige ou d'immobilite.
Enfin il n'est pas rare d'observer chez les malades des symptö­mes de coliques, d'indigestion, de meteorisme, etc.
L'affection devient assez souvent maligne pendant les fortes chaleurs et peut occasionner une mortalite considerable.
Independamment des complications que nous venons d'enume-rer, il s'en produit frequemment d'autres dans les regions memes ou l'eruption se localise le plus habituellement; ainsi il peut s'en produire sur la muqueuse buccale, dans la region podale et dans la region mammaire. Gelles de la region podale sont parfois tres graves.
Dans la bouche la cicatrisation peut etre retardee par I'irritation, que determinent les aliments. La langue se tumefie quelquefois au point de simuler le glossanthrax et de gener la respiration. D'au-trefois c'est une stomatite violente avefrgonflement de la muqueuse buccale qu'on observe; il y a parfois gonflement de la töte, in­flammation des ganglions, etc.
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Dans la region podale, le defaut de soins et le defaut de proprete peuvent occasionner de graves desoudres, tels que decollements, claudications, plaies suppurantes, carie osseuse, necrose, arthrite, engorgement des membres, inflammation des tendons, inflamma­tion du Systeme lymphatique, lymphangite et quelquefois infection purulente, chute de i'ongle, etc.
Du cote des mamelles, il y a lieu de redouter aussi certaines complications.
Lorsque la mamelle est fortement interessee, le lait est plus ou moins altere; il semble donner plus de creme; il est parfois rou-geätre ou couleur cafe-au-lait ou jaunätre; il est plus riche en ele­ments figures et il contient parfois des globules de pus. A la suite de manoeuvres trop brusques, ä la suite de coup de tete donnes par le veau, etc., on voit quelquefois la mamelle s'enflarnmer; c'est quelquefois une mammite accompagnee de suppuration, ou une induration plus ou moins persistante qui se produit.
Suivant les saisons, suivant les conditions hygieniques, suivant Tage des malades, suivant la localisation des symptömes et des lesions, Faffection est plus ou moins grave. Elle est plus grave en ete et en hiver; eile est plus grave quand il y a encombrement; eile est plus grave chez les animaux jeunes; eile est surtout grave quand eile devientcatarrhale, quand eile secomplique de symptö­mes nerveux, quand eile entraine des lesions capables de gener la respiration, quand il se produit des delabrements etendus du cote des pieds ou de la rnamelle. Elle occasionne parfois une mor-talite assez considerable, et, quand eile se montre benigne, eile entraine neanmoins certaines pertes resultant de l'amaigrisse-ment des animaux, de la diminution de la lactation, du repos im­pose aux malades, etc, etc. Ordinairement la gravite de la maladie est en rapport avec l'elevation de la temperature et l'ötat febrile du malade. Enfin il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une maladie contagieuse.
Marche de Faffection dans une ferme, dans une lo­cality, dans un pays. — Quand la cocotte se montre dans une ferme, c'est ä la suite de rimportation d'une bete infectee ou malade, c'est ä la suite de la contamination d'un ou de plusieurs animaux de la ferme, k la suite de teile ou teile circonstance ayant amene leur contact direct ou indirect avec d'autres animaux ma-lades.
Si le ou les premiers malades ne sent pas sequestres, ils ne tar-
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880nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;FIEVRE APHTHEUSE
dent pas ii communiquer la maladie aux autres animaux qui sont en rapport avec eux. L'affection se propage aussi aux animaux de la meme espece et passe ensuite aux autres especes susceptibles de la contracter; puis eile se propage aux animaux du voisinage, et peut etre transportee au loin si des animaux malades ou infec-t6s sont exportes. On voit done porfois la cocotte regner h I'etat d'enzootie et meme d'epizootie dans une etendue plus ou moins considerable. Dans le cours de la meme epizootie, on ne la voit pas se montrer deux fois sur le meme individu. Grace ä l'insou-ciance des autorites et ä l'ignorance des proprietaires, la fievre aphtheuse peut s'etendre considerablement et regner en perma­nence dans certaines localites, si on ne fait pas appliquer les me-sures sanitaires convenables.
Le diagnostic de la cocotte est ordinairement rendu facile par les caracteres et la localisation ordinaire de ses symptömes, par les renseignements que peuvent fournir les proprietaires, parl'ex-tension de la maladie h plusieurs animaux, par la constatation de sa transmission, etc. Gependant on a ete parfois porte h la confondre avec d'autres affections, lorsqu'elle se complique; ainsi on a pu quelquefois la confondre aver le typhus, avec le glossanthrax, avec le cowpox, avec le pietin. La flevre aphtheuse, accompagnee de lesions gastro-intestinales, peut simuler le typhus. Si Ton etait embarrasse pour faire la difference, comme cela peut arriver en Russie, il faudrait recourir h I'inoculation; la fievre aphtheuse est transmissible au cheval, et il n'en est pas de meme pour le typhus. On la confondra difficilement avec le glossanthrax, car, outre les symptömes de la bouche, eile s'accompagne ordinairement d'au­tres eruptions; et d'ailleurs l'examen microscopique du sang et I'inoculation peuvent lever tons les doutes. Dans le glossanthrax, ontrouve des bacteridies; le sang est inoculable et tue le lapin. Le cowpox se differencie facilemennt de la fievre aphtheuse; il ne se montre pas h la region podale ordinairement; il est plus facile-ment inoculable et donne une eruption pustuleuse. Le pietin ne semble se developper que dans la region podale, et il ne parait pas se transmettre aux grands ruminants.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Dans nos pays, la cocotte entrainant rarement la mort, on n'a pas souvenU'occasionde pratiquer des autopsies. Les lesions, qu'on
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FIEVRE APHTHEÜSEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;881
peut observer sur las cadavres, sont celles qui se montrent aux regions de prMilection et que nous avons etudiöes en tant que symptömes locaux; elles siiegent ä la region podale, h la region mammaire, dans la Louche, etc.
On peut trouver sur la peau des vösicules, des plaies sup-purantes, des plaques sanguines ou oedemateuses. A la region podale, on observe rinflammation de la peau, des plaies sup-purantes, le decollement de l'ongle, rinflammation des tissus intra-cornes, rinflammation de l'os, les lesions de l'arthrite, des javarts tendineux, etc. Du cote de la mamelle on remarque les lesions des aphthes et quelquefois celles de la mammite.
Le cadavre est amaigri, les ouvertures naturelles, telles que I'anus, labouche, les naseaux, sont souillees de produits morbides; les yeux sont enfoncös et couverts de chassie.
Le tissu conjonctif sous-cutane est parfois congestionne, ecchy-mose, infiltre; ainsi on peut rencontrer des infiltrations oedema­teuses, jaunätres ou jaunes-rougeätres, dans diverses regions, a la tete, aux membres, au fanon, etc. La meme alteration peut se montrer dans le tissu conjonctif intermusculaire; et parfois les chairs elles-memes sont saigneuses, infiltrees, ecchymosees.
G'est ordinairement dans I'appareil digestif, qu'on observe les alterations les plus caracteristiques et les plus accusees. Dans la bouche, on constate la presence d'une have Alante et parfois san-guinolente a la surface de la muqueuse; on trouve des phlyctenes, des plaies; la muqueuse buccale est tumefiee, enflammee; la langue est engorgee, congestionnee, enflammee. Les memes alte­rations peuvent se montrer dans le pharynx, oü la muqueuse peut offrir les alterations d'une veritable pharyngite et presenter des phlyctenes ou des plaies.
Quand la maladie a entraine la mort, surtout quand il y a eu complication catarrhale, on rencontre des lesions tres manifestes dans les parties profondes des voies digestives. L'oesophage et les premiers estomacs eux-memes peuvent offrir parfois les lesions des aphthes; maiscela est rare. G'est principalement dans la cail-lette et dans les intestins, qu'on trouve les lesions les plus nom-breuses. On trouve dans ces parties un produit mucoso-purulent, jaunätre, grisätre ou strie de sang. La muqueuse gastro-intesti-nale est hyperemiee, inject6e, epaisSie, infiltree; eile offre parfois Qk el, lä de veritables aphthes ou des plaies superficielles, saignantes ou recouvertes d'une matiöre grisätre. On peut rencontrer d'ail-leurs, dans la caillette et l'intestin, des lesions analogues ä celles
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882nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; FIEVRE APHTHEUSE
du typhus, destaches ecchymotiques et des erosions epitheliales sur les plis de la muqueuse stomacale, l'inflammation et l'hyper-trophie des follicules clos et des glandes de Peyer sur la muqueuse intestinale.
Le foie est alors plus ou moins altere, jaunätre, ou d'aspect ter-reux, congestionne, plus friable, en voie de degenerescence.
Le peritoine est parfois congestionne, ecchymose. Les ganglions abdominaux, mesenteriques et autres, sont hypertrophies, conges-tionnes, infiltres, noirätres ou brunätres, ramollis, facilesaecraser.
Les reins sont aussi quelquefois älteres, congestionnes.
Du cote de l'appareil respiratoire, les lesions ne sont pas rares non plus. Outre les lesions de l'infection purulente et de l'as-phyxie, que Von y trouve lorsque ces complications se sont pro-duites, on pent y rencontrer des lesions appartenant en propre ä la cocoLte. Sur la pituitaire et la muqueuse laryngienne et meme quelquefois sur la muqueuse tracheale, on constate les lesions de l'inflammation (coryza, laryngite, tracheite) et la presence de ve-sicules ou de plaies superflcielles. Lesmuqueuses sont quelquefois fortement epaissies; elles sont plus ou moins catarrhales. Lespou-mons sont quelquefois congestionnes. Les plevres sont aussi par­fois hyp6remiees.
Le Systeme ganglionnaire est plus ou moins altere. Les gan­glions se montrent souvent partout congestionnes, infiltres et ra­mollis.
Du cote des centres nerveux on pent aussi rencontrer des alte­rations, soit une congestion des meninges ou des centres nerveux eux-memes, soit un epanchement dans la cavite arachnoidienne ou dans les ventricules cerebraux.
ETIOLOGIE
La fievre aphtheuse peut-elle naitre spontanement ? On l'a cru et certains veterinaires le croient encore. Tout le monde a ignore et ignore les causes capables de la produire en dehors de la contagion; et c'est pourquoi on a accuse tour a tour toutes les causes gene-rales, les variations de temperature, le froid, I'humidite, les ali­ments älteres, la mauvaise hygiene des habitations, les conditions de climat, de situation topographique, .etc. Un veterinaire a pre-tendu dernierement, mais sans le demontrer, que la fievre aph­theuse pent etre provoquee par les aliments rouilles, et il a meme
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avance que le champignon de la rouille se trouvait dans les pro-duits de secretion morbide. On a eu observe parfois des faits on la flevre aphtheuse ne semblait pas resulter de la contagion, mais ces observations ont ete plus ou moins imparfaites; on n'a pas assez scrute, on n'a pas suremonter k I'origine de la maladie. De pareils faits ne meritent plus aucune creance; aujourd'hui il faut absolu-ment rejeter tout ce qui a ete invoque en dehors de la contagion pour expliquer le developpement de la cocotte. Lafievre aphtheuse proprement dite ne nait jamais spontanement.
Faroe qu'on n'a pas toujours vu la maladie se transmettre par la cohabitation ou par le contact des animaux malades avec les animaux sains, parce que des inoculations, faites avec le pro-duit des aphthes, sont parfois restees infructueuses, on en a con-clu alors que la cocotte n'etait ni contagieuse, ni inoculable. La ve.rite est que la flevre aphtheuse est une maladie contagieuse et inoculable, ainsi que cela resulte de l'observation clinique et de Fexperimentation. Denombreux faits attestent la contagion de la cocotte; on a frequemment observe et relate des faits de trans­mission ; on a vu toujours et on voit encore la maladie s'introduire et se propager par contagion; on la voit apparaitre et se propager dans une ferme, dans une localite, dans un pays a la suite de l'im-portation d'un malade, ä la suite des rapports des malades avec les sains. On a vu la maladie se declarer sur des animaux qui avaient ingere des fourrages souilles par la have des malades; on a vu la flevre aphtheuse passer d'une espece ä l'autre et parfois se trans­mettre h I'homme. Ces faits sont tres probants, ils ne laissent aucune place au doute, ils demontrent bien que la cocotte est con­tagieuse. Et en outre, la meme demonstration est fournie par de nombreux faits d'experimentation. Si des experimentateurs n'ont pas reussi h inoculer la maladie, d'autres, assez nombreux, ont pleinement reussi a la transmettre, en badigeonnant la muqueuse buccale d'un animal sain avec la have d'un animal malade ou avec le produit des phlyctenes. Un, deux, trois jours apres I'operation, ils ont vu se former une eruption aphtheuse, dont le produit a pu ä son tour etre inocule fructueusement k d'autres animaux. On a aussi fait naitre la maladie (Burdon Sanderson), en faisant ingörer ä des animaux sains des fourrages souilles de la have des malades. Quand la flevre aphtheuse a ete transmise de la sorte, par le badi-geonnage de la muqueuse buccale avec la bave, ou par I'ingestion de fourrages souilles, on voit I'eruption se former des le second ou le troisieme jour; eile est precedee d'un etat febrile et d'uneele-vation de la temperature.
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En resume, la fievre aphtheuse ne doit son developpement qu'ä la transmission de son contage, qu'ä l'introduction de ce contage dans les organismes aptes ä la faire fructifler.
Sieges du virus aphtheux. — Le contage de la cocotte a'est pas connu dans sa nature. II existe dans toutes les lesions phlyctenoides qui se montrent dans le cours de la maladie; ainsi on le trouve clans les vesicules de la peau, dans celles de la r6gion podale, dans celles de la region mammaire, dans celles des mu-queuses apparentes, dans celles de la muqueuse buccale, des mu-queuses profondes, de lä pituitaire, de la muqueuse laryngo-tra-cheale, de la muqueuse gastro-intestinale. Les produits de secre­tion normale de ces diverses muqueuses, le jetage, la have, la chassie, etc., sont aussi virulents, car le contenu des phlyctenes se melange avec eux. On comprend done que les malades sement autour d'eux le virus et en impregnent tous les corps sur lesquels Lombent leur jetage, leur bave, leur chassie, la secretion morbide de la region podale, etc.
D'autres produits physiologiques deviennent-ils virulents? La question est surtout interessante en ce qui concerne le lait, qui, s'il est virulent, peut transmettre la maladie ä l'homme, a I'enfant. D'une maniere generale, il faut, d'aprös de nombreuses obser­vations et de nombreuses recberches, accepter comme demontrö, que le lait des malades n'est pas virulent par lui-meme, tant qu'il n'est pas melange avec des produits morbides. Toutes les fois en effet qu'on a eu soin d'obtenir le lait avec des tubes trayeurs, de maniere a eviter son melange avec les produits morbides, qui peuvent se former k l'extremite du trayon, on I'a trouve depourvu de la virulence. Pendant le cours de nombreuses epizooties de co­cotte, le lait des malades a ete consomme sans qu'on ait vu se produire des accidents sur l'homme. Mais lorsque I'eruption aph­theuse est situee de fagon que son produit puisse se melanger avec le lait pendant la mulsion, celui-ci peut devenir virulent; e'est ce qui arrive quand des aphthes se sont formees h l'entree des canaux galactophores. C'est ainsi qu'il faut expliquer les nombreux cas de transmission observes meme chez l'homme par Sagar, Bredin, Hertwig, M. Boulay d'Avesnes, par les medecins du nord de la France, etc. II est en effet incontestable que la fievre aphtheuse est transmissible ä l'homme, ainsi que nous le verrons plus loin, et il est certain que le lait des malades pent transmettre 1'affection aux personnes et aux betes qui I'ingerent cru.
En resume, le lait des femelles atteintes de cocotte peut etre dan-
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gereux lorsque I'eruption se montre sur la raamelle, et surtout quand eile apparait a l'extremite du trayon. En pareil cas, 11 y a lieu de prevenir les populations des dangers du lait cru et de con-seiller aux proprietaires de pratiquer la mulsion h l'aide de tubes trayeurs, si on ne veut pas soumettre le lait a rebullition avant de Tutiliser.
Puisque la cocotte est transmissible k 1'homme, il est important de savoir si le sang et les chairs des malades contie.nnent le virus, car on peut dans quelques cas se trouver en presence d'animaux aphtheux livres ä la boucherie. La viande etant soumise k la cuis-son, I'homme ne court pas de ce cöte de grands dangers; mais il est neanmoins bon de savoir le dernier mot sur cette question, car les debris cadaveriques et le sang peuvent, en supposant qu'ils soientvirulents, propagerlamaladie, s'ils sont laves dans les abreu-voirs, s'ils sont deposes sur les fourrages par des chiens, etc. On ne salt pas d'une maniere bien precise si le sang et les chairs sont, virulents; pourtant il y a tout lieu de le supposer et de les consi-derer comme tels, en attendant que I'experimentation ait defi-nitivement prononcö k ce sujet.
Les matieres excrementitielles doivent aussi etre considerees comme virulentes, surtout lorsqu'il s'est developpe une eruption dans les voies digestives et peut-etre aussi parce que la bave deglutie conserve ses proprietes virulentes en traversant ces voies.
Bien qu'on n'ait pas encore determine la nature de Fagent vi­rulent, il est permis de la soupgonner tres legitimement. II est tres probable, en effet, vu la periode d'incubation qui precede ^apparition des premiers symptomes, vu la propriete que possede le virus de se conserver un certain temps hors de l'organisme, que la virulence reside dans des germes de nature vegetale. On a eu vu la flevre aphtheuse faire son apparition sur des animaux qu'on avait leges dans des habitations non desint'ectees, qui avaient ete abandonnees par les malades depuis quiuze jours. Une teile duree de conservation s'explique difficilement, si on n'admet pas que I'agent virulent est un germe.
Le virus aphtheux ne se^conserve pas longtemps quand 11 est soumis k l'influence de l'humidite, d'une temperature elevee, d'une dessiccation rapide; mais, dans les conditions ordinaires, il peut se conserver pendant quinze jours et au delä sur les räteliers et les mangeoires, sur les murs, sur les fourrages, etc; il se conserve aussi un certain temps dans le fumier et dans les eaux; il y a ä ce sujet d'interessantes recherches ä faire.
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Le contage de la cocotte existe certainement chez le malade aussitot apres la contamination; mais il ne deviant vraiment facile d'en demontrer la presence, qu'au moment oü 1'eruption se pro-duit. II existe dans l'organisme malade, tant que dure la maladie; il disparait lorsque celle-ci a disparu, quand la cicatrisation s'est produite, quaad les plaies sont devenues purulentes au lieu de se cicatriser. Pendant toute la duree de la maladie, les animaux ex-cretent, dans le monde exterieur, d'innombrables germes de con­tagion.
Modes, voies, agents et caracteres de la conta­gion. — La fievre aphtheuse est inoculable gt eile peut se transmettre par les divers modes de contagion, par contagion immediate, par contagion mediate et par contagion volatile.
La cocotte est inoculable, et la maladie ainsi conföree serait, d'apres le temoignage de Cezard de Varennes, toujours benigne et de facile guerison; pour l'obtenir sürement, il n'y a qu'ä badi-geonner la muqueuse buccale avec la bave d'un malade. On a eu inocule fructueusement le produit des aphthes a I'homme.
La fievre aphtheuse se transmet facilement par contagion im­mediate; eile peut etre propagee par le contact des animaux malades avec les animaux sains dans les habitations, dans les che-mins, aux abreuvoirs, aux päturages, sur les foires et les marches; il sufflt que les animaux sains flairent les malades, ou que ceux-ci lechent ceux-lä; dans ces cas, le virus s'introduit par la peau ou par les muqueuses digestive ou respiratoire.
La femelle, en etat de gestation, peut transmettre i'affection a son produit; le veau qui tete une vache malade peut se contami-ner par le moyen du lait; enfin on a vu des personnes contracter la cocotte en trayant des betes malades. Dans ces divers cas, la transmission se fait sans intennediaires; c'est le malade lui-meme qui cede directement ses produits morbides aux individus qui se contaminent. On a vu quelquefois des animaux recemment gueris transmettre la maladie, parce qu'ils etaient encore porteurs de produits morbides, qui s'etaient desseches et etaient restes adhe­rents aux regions oü ils avaient ete secretes.
Le role de la contagion mediate est aussi tres important dans la propagation de la fievre aphtheuse; eile a lieu par I'intermediaire de vehicules solides ou liquides souilles de matifere virulente, et eile peut se faire par la peau ou par les-yoies digestives. Eile peut se faire par I'intermediaire des habitations souillees; par I'inter­mediaire des murs, des mangeoires, des creches, des räteliers,
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des auges, des seaux, des abreuvoirs; par 1'intermediaire des tburrages, des litieres, des furniers; par l'intermediaire des che-mins, des moyens de transport, des wagons, des bätiments; par l'intermediaire des päturages; par l'interraediaire des cours; par rintermediaire des issues provenant d'animaux malades; par l'in­termediaire des personnes, pötres, bouviers ou bouchers, qui peuvent transporter du virus avec leurs mains, avec leurs habits, avec leurs chaussures; par l'intermediaire de certains animaux, qui peuvent transporter le contage, sans contracter eux-memes la maladie; par l'intermödiaire des objets de pansage ou de travail, qui ont servi aux malades; par rintermediaire du lait cru, prove­nant d'animaux malades, etc., etc. Elle peut avoir lieu, en resume, par l'intermediaire de tout objet solide ou de tout liquide impre-gne ou melange de virus. Le plus souvent, le contage est introduit dans les voies digestives et absorbe par elles; mais il peut aussi s'introduire par la peau, par les plaies, etc. Aussi on a vu la mala­die naitre a la suite de l'ingestion de tburrages ou de boissons souilles, a la suite du pietinement de litieres ou de fumiers impr6-gnes de virus, ä la suite de Tingestion (Tissues provenant d'animaux malades, ä la suite du passage sur des chemins, dans des cours, dans des habitations, dans des wagons non desinfectes, etc. On n'a pas constate des cas de transmission par les produits tires du lait (beurre, fromage).
Puisque las malades produisent parfois de grandes quantites de virus, puisque des phlyctenes se forment, non seulement a la surface du corps, mais encore sur les muqueuses, il n'est pas surprenant que les germes de la fievre aphtheuse se trouvent parfois en suspension dans 1'air, soit qu'ils proviennent directe-ment des accidents cutanes, soit que le malade les rejette avec Fair expire, soit que des produits virulents, deposes ii la surface des corps solides et desseches, viennent h etre pulvörisös et en-traines en partie dans I'air sous forme de poussiere. Dans ces cas, le virus reste plus ou moins iongtemps en suspension dans l'air et peut etre introduit dans les voies respiratoires des animaux sains. La contagion ne s'effectue pas a une grande distance quand Fair est tranquille; mais, s'il fait du vent, si Fair est deplace, les germes peuvent etre portes plus ou moins loin. Le virus, qui est en sus­pension dans Fair, s'introduit ordinairement par les voies respira­toires; mais il peut aussi bien se deposer sur la peau, sur les plaies, sur les fourrages, dans les boissons et penötrer de la sorte par la peau ou par les voies digestives. L'air charge de virus de
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quelque nature qu'ils soient, est purifie par I'humidite, par la rosee, par les brouillards, par les pluies, qui entrainent les gennes, les deposent a la surface des corps ou dans les eaux et en facilitent la destruction.
En resume, le virus de la fievre aphtheuse peut etre absorbe par la peau, par les plaies, par le tissu conjonctit' mis a decouvert, par les voies digestives et par les voies respiratoires.
La maladie se transmet dans les conditions et dans les circons-tances suivantes: contact direct des malades avec les animaux sains, frequentation des routes, abreuvoirs et päturages infectes, habitation des locaux infectes, transport dans des wagons infectes, cohabitation des sains avec les malades, repas en commun, Inges­tion de fourrages souilles, voisinage des malades et des sains, etc., etc.
Quand il y a eu contamination, quel que soit d'ailleurs le mode de transmission, la maladie apparait rapidement, la periode d'in-cubation est tres courte, eile dure 1, 2, 3, 4, 5, 6joursau plus; ordinairement eile dure en moyenne deux jours; eile peut etre plus longue en hiver, eile est plus courte en ete.
Receptivity des diverses espöces. — La fievre aph­theuse, avons-nous dit, s'observe surtout chez les animaux de l'espece bovine et eile se localise ordinairement ä la bouche, ä la region podale et aussi ä la region mammaire. Elle se voit aussi chez les animaux de l'espece ovine et de l'espece caprine et se lacalise souvent ä la region podale; il en est de meine chez le pore. Les autres ruminants peuvent la contracter. On l'aobservee quelquefois chez les solipedes, ä la suite de l'ingestion de four­rages souilles; eile se localise alors ä la bouche. On l'a observee aussi chez le chien et chez les oiseaux de basse-cour, ä la suite de l'ingestion de lait provenant de vaches malades. Enfin on a ob­serve la üevre aphtheuse chez l'homme.
Certains observateurs ont pretendu que la fievre aphtheuse n'est pas transmissible a l'homme; mais la transmission a ete observee un grand nombre de fois et dans diverses circonstances, soit sur des bouviers, soit sur ceux qui trayent les vaches malades, soit sur les personnes qui consomment le lait cru. La transmission a l'homme peut avoir lieu par la have, par la serosite des phlyc-tenes des malades et surtout par le lait, qui entraine avec lui, lors de la mulsion, le produit morbide des phlyctenes, qui se sont developpees ä l'extremite ou a fentree^du trayon. On a eu inocule fructueusement a I'enfant la serosite des aphthes; on a vu des
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vachers presenter une eruption aphtheuse sur Je bras et sur la main, apres s'etre inocules accidentellement le virus de i'eruption mammaire. Michel Sagar observa en 1764 la fievre aphtheuse sur un grand nombre de religieux, dans leur couvent, a la suite de l'usage du lait cru provenant de vaches malades. Des faits analo­gues furent observes dans le Rhone, an commencement de ce siecle, par Bredin. Pareille transmission fut observee en Allemagne en 1834. Hertwig et deux de ses collegues se contaminerent volontairement, en prenant du lait de betes malades, et eurent ä la suite une eruption buccale precedee de fievre. M. Boulay d'Avesnes a observe, dans ces dernieres annees, des cas de trans­mission k rhomme, par l'intermediaire du lait cru et il a observe aussi la transmission par inoculation accidentelle. A cote de ces nombreux faits de transmission, il y a de plus nombreux faits encore, qui sembleraient attester que le lait des malades n'est pas dangereux; mais il faut bien se garder de raisonner ainsi; ces faits de non-transmission ne peuvent en aucune fagon infirmer les faits contraires. On aeu I'idee d'attribuer I'eruption provoquee par le lait, non k sa virulence, mais a ses proprietes irritantes, qu'il devrait ä de nombreux globules purulents jouant le role d'agents phlogogenes; mais cela ne saurait etre admis. II est done bien etabli que la fievre aphtheuse est transmissible k Phomme et il est hon de ne jamais perdre de vue qu'elle pent parfois presenter chez lui une certaine gravite, car on a eu vu la contagion chez I'enfant etre suivie d'une maladie mortelle.
Immunite. — Une premiere atteinte confere aux animaux gueris I'immunite, mais cette immunite peut etre souvent incom­plete ou de courte duree. Ainsi, dans beaucoup de cas, on a cons­tate que la maladie n'attaque pas deux fois les memes individus dans le cours de la meme epizootic. Ainsi on a vu des cas oü la fievre aphtheuse introduite dans une etable avec de nouveaux animaux, lorsqu'elle venait de s'y eteindre, n'a atteint que ceux qui n'avaient pas dejä ete malades. Quoi qu'il en soit, cette immunite semble etre de courte duree, et il est vraisemblable qu'elle ne depasse guere quelques mois, un an, deux ans. Bien plus, on a vu assez souvent la maladie apparaitre sur le meme individu une seconde fois et meme unetroisieme fois dans le cours de la meme annee, avec un delai de quelques jours seulement apres chaque guerison; mais alors les atteintes ulterieures sont moins graves que la premiere.
Sp6ciflcite. — On a eu I'idee d'identifier la cocotte avec le
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cowpox, avec la variole, avec la clavelee, avec le pietin; mais I'experience demontre que la fievre aphtheuse est une maladie specifique, qui se distingue nettement de toutes celles qui viennent d'etre enumerees. Le cowpox differe, rneme au point de vue symptomatologique, de la cocotte; et d'ailleurs les deux maladies peuvent evoluer ensemble ou successivement sur le meme indi-vidu. La variole ne preserve pas de la cocotte et celle-ci ne pre­serve pas de celle-lä, tandis que chacune de ces affections preserve contre eile l'animal qu'elle atteint ou auquel on I'inocule. La fievre aphtheuse se differencie aisement de la clavelee; et eile ne doit pas etre contbndue avec le pietin, qui ne s'inocule pas aux animaux de 1'espece bovine.
On I'a consideree comme identique a la scarlatina de l'homme et on a pretendu que l'inoculation de l'une produisait l'autre et reciproquement; mais il y a ä ce sujet des recherches h faire. Auuunc assimilation n'est possible entre le glossanthrax et la fievre aphtheuse compliquee d'engorgement de la langue. On a eu avance, avec l'appui de certains fails dus ä de simples coinci­dences, que la fievre aphtheuse pouvait preserver les grands ruminants de la peripneumonie; mais ce n'est lä qu'une hypothese dejä renversee par de nombreuses observations, qui montrent la peripneumonie s'attaquant ä des animaux ayant eu anterieurement la fievre aphtheuse. On a pareillement avance, en s'appuyant sur des fails qui semblent demonstratif, que la fievre aphtheuse est l'antagoniste du typhus, qu'elle preserve de cette terrible maladie les animaux qu'elle attaque; cette opinion est basee sur des faits trop peu nombreux, et d'ailleurs il est avere, d'apres de nom­breuses observations cliniques, que la cocotte etle typhus peuvent se succeder ou evoluer ensemble sur le meme individu. Enfln on a pretendu, en s'appuyant sur des faits, que la vaccination, que l'inoculation du cowpox preserve les betes bovines de la cocotte; c'est la un point a etudier plus amplement par des experiences d'inoculation; il faudra essayer d'infecter experimentalement de la cocotte des animaux vaccines.
TRAITEMENT
La fievre aphtheuse disparait ordiufiirement quand eile a ac­compli son evolution. II ne faut pas songer k I'arreter dans sa marche par un traitement quelconque; il faut au contraire favo-
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riser son evolution, attenuer sa gravite, hater sa disparition, pre-venir les complications et les combattre rationnellement lors-qu'elles se sont produites.
II faut, avant tout, fournir aux malades un regime approprie ä leur etat et les entourer d'une bonne hygiene. On leur procurera des aliments de facile prehension, de facile mastication et de facile digestion; on ne les mettra pas a la diete, puisque la maladie les fait maigrir, hormis les cas tres graves oil les animaux s'y mettent d'eux-memes. On leur donnera des farineux, des barbotages, des betteraves, des carottes, des racines cuites au besoin, des four-rages verts. On pourra rneme les conduire aux päturages, si les chemins ne sout pas trop difficiles, car de la sorte les malades trouveront a la fuis un regime approprie a leur etat et un air pur; mais il faudra avoir sein de ne pas les exposer a des refroidisse-ments ni aux pluies. II sera bon d'arroser leur nourriture avec de l'eau salee ou vinaigree, pour faciliter la cicatrisation des plaies de la bouche. Quand les malades presenteront une fievre intense, on pourra leur administrer des laxatifs legers, tels que le sulfate de soude, la creme de tartre; il faudra en outre maintenir de bonnes conditions hygieniques, il faudra tenir les etables propres et aerees.
Dans le traitement de la fievre aphtheuse, I'indication la plus importante k remplir est celle qui consistc h prevenir, a attenuer et combattre les complications, tant celles qui se produisent sou-vent du cote des regions exterieures, que celles qui se montrent plus rarement du cote des organes internes.
La region podale, devenant frequemment le siege de compli­cations, doit etre l'objet de soins particuliers. II faut tenir les extremites malades dans le plus parfait etat de proprete; il faut eviter les decollements, en combattant I'inflammation au moyen des astringents; il faut recourir parfois a certaines operations et panser les plaies ou autres accidents qui peuvent survenir. II faut combattre I'inflammation par des bains frequents d'eau froide, par des bains ou des applications astringentes (solution saturnee, solution de sulfate de fer, cataplasme de suie, de miel, etc.). II faut faciliter la cicatrisation des aphthes par I'emploi d'une solution alunee, d'une solution iodee ou de la teinture d'iode, par Temploi de solutions pheniquees. II faut enlever la come decollee et pan­ser les parties decouvertes soil avec I'onguent egyptiac, soil avec un pyrogene, avec le goudron, avec l'huile de cade, avec la tere-benthine. II faut trailer les diverses complications qui se produi-
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sent, en s'inspirant des donnees de la pathologie chirurgicale. II taut quelquetbis amincir ou extirper une partie de l'ongle, ruginer I'os, traiter les caries, les arthrites, etc.
II faut prevenir les complications qui peuvent survenir du cöte de la mamelle; ii faut traire les malades avec precaution; il laut separer les veaux des meres malades; il faut prescrire des appli­cations emollientes et des fumigations emollientes ou resolutives (eau tiede, infusions de fleurs de sureau, etc.).
Quand la mamelle est en voie de se tumefier et de s'enflammer, on pent recommander aussi des onctions avec la pommade mer-curielle, avec I'onguent populeum, avec la pommade camphree. S'il y a mammite, on appliquera le traitement qui convient a cette maladie; on ouvrira les abces, on facilitera la resolution (pom­made mercurielle, teinture d'iode) de Tinflammation et la cica­trisation (acide phenique, cicatrisants) des plaies.
II faut eulin prevenir et corabattre les complications qui peu­vent se montrer du cöte de la bouche; il faut calmer la douleur, deterger les plaies, faciliter leur cicatrisation et la resolution de rinflammation; on emploie des gargarismes avec des solutions diverses, avec de l'eau acidulee, avec de l'eau vinaigree, avec une solution d'acide chlorhydrique, avec une infusion de sureau, avec une solution de borax, de chlorate de potasse, d'alun, d'acide phenique, etc.; on injecte la preparation dans la bouche avec une seringue ou mieux on badigeonne les parties malades avec un tampon trempe dans la solution employee.
Quand les ulceres sont atones et envahissants, on pent les toucher avec de l'eau de Rabel, avec le nitrate d'argent, avec la teinture d'iode, avec une solution plus forte d'acide phenique. On a encore conseille, en gargarismes, la decoction de feuilles de ronces, l'infusion de quassia amara, etc.
Le meme traitement est applicable aux aphthes des autres par­ties, a ceux des levres, ä ceux des yeux, etc.
Si des complications internes surviennent, ilfaut leur appliquer le traitement qu'elles reclament; s'il y a complication catarrhale (gastro-enterite), on la traitera par l'emploi des emollients donnes en boissons ou en lavements, par l'emploi des opiaces, des toni-ques astringents, (gentiane, ferrugineux, ecorce de saule), par l'emploi de l'acide phenique; on pourra aussi, quand cela paraitra necessaire, provoquer une revulsion a Ja peau.
Les autres complications susceptibles de se produire seront traitees, suivant leur siege et suivant leur nature et leur gravite.
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d'apres les regies fixees en pathologic chirurgicale et en patholo-gle mödicale.
Les complications nerveuses seront combattues par le traite-ment appropri6 au vertige, ä rimmobilite.
Les complications de la pituitaire eront combattues comme le coryza ordinaire.
Les oedemes seront trait6s par des frictions resolutives, etc., etc.
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POLICE SANITAIRE
La flevre aphtheuse, etant une maladie ordinairement benigne, ne doit pas faire l'objet de mesures trop rigoureuses; neanmoins il faut toujours prendre certaines precautions, certaines mesures pour empecher son introduction, pour prevenir son importation et pour arreter son extension, lorsqu'elle regne dans une localite.
Ici, comme pour la clavelöe, il y a deux indications h remplir : 1deg; prevenir l'importation de la maladie; 2deg; lorsqu'elle existe dans une localite, restreindre ses ravages et arreter son extension.
1deg; Prevenir I'iniportation. — En Suisse, on visite tres mi-nutieusement tons les bovins ä la frontiere; ceux qui sont recon-nus atteints de la cocotte sont refuses ou soumis k des mesures sanitaires.
En France, on agit de meme ou du moins on devrait agir de meme. La loi des 28 septembre et 6 novembre 1794 et Farrete mi-nisteriel du 11 mai 1877 s'appliquent k la flevre aphtheuse comme a la clavelee et aux autres maladies contagieuses.
On devra done exercer une surveillance active k la frontiere et refuser I'entree en France k tons les animaux malades ou suspects de cocotte ou leur appliquer certaines mesures. On pourrait exiger un certiflcat d'origine et de sante; mais ces certiflcats, ai-je dejä dit, sont sans valeur, car, le plus souvent, ils sont delivres en fraude.
Tons les animaux d'un troupeau, dans lequel ont ete reconnus des malades, seront mis en quarantaine, et il faudra separer les malades des suspects. On observera ces derniers pendant au moins six jours, et ceux qu'on reconnaitra atteints seront aussitöt places avec les premiers malades; quant aux autres, on les laissera pas­ser apres le sixieme jour. Les malades resteront sequestres jus-qu'ä leur guerison, c'est-ä-dire pendant au moins quinze jours. Neanmoins, s'il s'agit d'animaux destines ä la boucherie, on pourra
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laisser passer les sujets simplement suspects et möme les malades dont l'etat ne paraitra pas devoir empecher I'utilisation. Mais en pared cas, leur transport devra se faire rapidement; ils devront etre conduits le plus directement et le plus promptement possible ä l'abattoir, accompagnes d'un certificat du veterinaire de la fron-tiere; leur arrivee, leur conduite ä l'abattoir et leur sacrifice seront surveilles.
II n'y a pas lieu de montrer une plus grande rigueur ä la fron-tiere; cependant, si des animaux succombent, on les fera enfouir ou livrer a I'equarrissage. II va sans dire que les wagons infectes et le local qui aura servi h la quarantaine seront desinfectes.
En raison de la promiscuite dans laquelle sont places les ani­maux exposes en vente, les foires et les marches publics sont des circonstances de transmission de la maladie, qui, passant des ani­maux malades aux animaux sains, pourra se repandre ensuite dans les differentes localites oil ces derniers seront conduits. II y a la un danger qu'il faudrait ecarter; il faudrait empecher I'exposition en vente des malades; il faudrait faire inspector par des veteri-naires les foires at les marches dans les pays oü la fievre aphtheuse regne habituellement.
La cocotte, comme les autres affections contagieuses, pent etre aussi introduite et propagee par les moyens de transport; ainsi un wagon infecte h Marseille, a Lyon, etc., et amene ä Paris sans etre purifie, pourra infecter les sujets sains qu'il recevra. La ma­ladie pent done ainsi se propager h de tres grandes distances. II y a lieu par consequent de se montrer plus rigoureux et d'exiger des compagnies de chemins de fer la desinfection reguliere des wagons.
Comme pour la clavelee, quand des proprietaires s'approvision-nent dans des pays infectes ou suspects, il y a lieu de leur con-seiller d'observer pendant cinq ou six jours les nouveaux sujets avant de les placer avec les anciens animaux de la ferme.
2deg; Combattre I'epizootie. — Quand la maladie a fait son apparition dans une localite, il convient de prendre certaines pre­cautions et de prescrire quelques mesures sanitaires pour en pre-venir la propagation et pour en amener I'extinction.
Les mesures ä prendre en pared cas ne doivent pas etre bien rigoureuses.
La fievre aphtheuse n'est pas bien ä*raindre par elle-meme; eile n'acquiert une gravite reelle qu'en raison des complications qu'elle pent presenter. Son resultat le plus immediat est de cau-
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ser ramaigrissement des sujets qu'elle atteint, amaigrissement qui peut etre assez prononce pour occasionner des pertes serieuses a I'eleveur. II taut done, sans recourir ä des mesures vexatoires ou trop onereuses, empecher I'extension de l'epizootie des qu'elle fait son apparition.
L'arret du Conseil de 1714, celui du 16 juillet 1784; les lois de 1790 et 1791, les articles 459,460,461 du Code penal et le nouveau projet de loi s'appliquent h la cocotte.
Dans tous les cas, ia premiere obligation que la loi impose aux proprietaires d'animaux suspects ou atteints de flevre aphtheuse, e'est la declaration. L'autorite ainsi informee, designera immedia-tement un veterinaire, qui sera charge d'etudier Fepizootie, Ce veterinaire se transportera aussitot dans la ferme, dans la localite infectee; il procedera avec beaucoup de soin k la visite des ani-maux suspects et des animaux malades. II s'eclairera autant qu'il 1c pourra aupres des proprietaires Interesses; puis, dans un rap­port adresse ä l'autorite, il rendra compte de sa mission, en insis-tant tout particuliereraent sur l'indication des mesures sanitaires qui lui paraitront propres a combattre I'epizootie. L'expert se guidera, bien entendu, d'apres la gravite et I'extension de la ma-ladie et d'apres les conditions locales; il ne devra jamais se mon-trer bien severe; il conseillera simplement I'isolement, la seques­tration et la desinfection; il se prononcera sur la question de l'uti-lisation du lait.
II sera necessaire de separer les animaux malades des sujets encore sains, car ces derniers peuvent fort bien echapper ä I'epi­zootie. Si plus tard la maladie se declare sur des sujets regardes jusqu'alors comme sains, on devra immediatement les eliminer et les mettre avec les malades. Les animaux ainsi isoles seront mainte-nus sequestres; et les personnes chargees de les soigner, eviteront de transmettre l'affection ä ceux qui sont simplement suspects. Ces derniers pourront au besoin ne pas etre sequestres, et dans tous les cas la sequestration ne devrait leur etre appliquee que six ou sept jours. Si la sequestration et I'isolement ne peuvent pas etre appliques dans I'habitation meme, si le proprietaire n'ia pas ä sa disposition des locaux suffisants, on se contentera d'un simple cantonnement et on conduira, lorsque la saison le permettra, les animaux suspects et meme les malades au päturage. Cettemaniere d'agir est excellente et peut, grace a certaines precautions, parer
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aux dangers de l'extension. En consequence, on designera pour les animaux malades des päturages speciaux, en ayant sein de con-cilier autant que possible les interets des proprietaires avec I'inte-r6t general et avec les necessites de la loi. En outre, les troupeaux infectes devront etre conduits ä ces päturages par des chemins particuliers, dont on interdira la circulation aux animaux sains, si toutefois la chose est possible. En usant du cantonnement, on pourra aussi isoler, dans les päturages, les animaux encore sains des sujets malades. Les abreuvoirs communs, les päturages com-muns et autant que possible les chemins communs seront inter-dits aux malades. La sequestration et le cantonnement ne doivent pas durer longtemps; on les levera huit ou dix jours apres la gue-rison du dernier cas.
Les malades et les suspects ne pourront pas etre sortis des lieux oü ils auront ete söquestres ou cantonnes; leur exposition en vente et leur exportation seront done formellement interdites. Gette interdiction de la mise en vente, de meme que les autres precautions, s'appiiquera aux animaux ovins, caprins, porcins malades ou suspects comme aux bovins. On pourra cependant au-toriser la vente des suspects et meme des malades pour la bouche-rie; mais dans ce cas les animaux devront etre conduits k Fabat-toir entoures de certaines precautions et d'une bonne surveillance; ils seront sacrifi6s immediatement. II sera parfois plus prudent de sacrifier les malades sur place et de livrer ensuite leurs chairs ä la consommation. Faut-il interdireaux proprietaires d'introduiredans leurs habitations des animaux susceptibles de contracter la co-cotte, tant que dure I'epizootie? Ge n'est pas ma maniere de voir; les proprietaires doivent etre laisses libres d'introduire de nou-veaux animaux, a conditions qu'ils les isoleront, qu'ils ne les ex-poseront pas k la contagion, qu'ils ne les mettront pas avec les malades.
Afm que les prescriptions de l'autorite soient plus flde'ement executees, afm que les animaux malades ou suspects ne puissent pas etre soustraits k l'application des mesures prescrites, on fera le recensement dans les fermes infectees et on fera au besoin exer-cer une certaine surveillance.
Les foires et, les marches tenus dans le voisinage ou dans les lieux infectes, devront etre surveilles avec quelque soin. En resume, les mesures sanitaires applicafcles ä la cocotte sont peu nombreuses, et au besoin il pourra suffire, dans certains cas, de s'en tenir ä l'interdiction de la vente et ä l'interdiction des pätu­rages et des abreuvoirs communs.
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La maladie aphtheuse etant generalement benigne et tres excep-tionnellement mortelle, meme dans les cas oil eile s'accompagne de flevre intense et de catarrhe intestinal, le vetörinaire sanitaire ne devra jamais demander l'abatage des animaux qui en seront atteints. Si cependant, ä la suite d'une complication, la mort sur-venait, on ne devrait pas permettre l'utilisation de la viande des animaux qui auraient succombe; les cadavres seraient livres h l'öquarrissage ou enlbuis, apres avoir ete prealablement depouil-les, car dans tous les cas la livraison de la peau au commerce de­vra etre permise.
Lorsque les animaux du voisinage seront exposes a etre conta-mines, il sera bon que l'autorite previenne du danger les proprie-taires Interesses par des avis, par des instructions, par des afflches.
Une question, qui a une assez grande importance et sur laquelle le veterinaire doit se prononcer, c'est celle qui a trait ä l'utilisa-tion du lait. Doit-on permettre la consommation du lait provenant de betes atteintes de flevre aphtheuse'! Gette question a ete vive-ment debattue; eile a ete resolue dans des sens differents par des auteurs, qui presentent tous a l'appui de leur maniere de voir des fails d'observation plus ou moins nombreux et plus ou moins exac-tement observes. Pour mon compte, je crois qu'on pent generale­ment permettre l'usage du lait provenant d'animaux atteints de flevre aphtheuse. Si les lesions de la mamelle etaient trop mar­quees, si on constatait dans les conduits ou dans les sinus galacto-phores l'existence de vesicules, il faudrait obligor les proprietai-res h le faire bouillir avant de le livrer k la consommation, ou re-commander aux populations qui l'utiliseraient, de le soumettre a I'ebullition avant d'en faire usage; c'est lä une precaution essen­tielle qu'il Importe d'ailleurs de ne jamais negliger dans les cas douteuX, quand la mamelle est malade.
Lorsque la flevre aphtheuse a disparu d'une localite, d'une ha­bitation, il y a lieu ordinairement de proceder a une desinfection serieuse; car, ainsi que nous I'avons vu, le virus pent se conserver assez longtemps, une quinzaine de jours environ, a la surface des räteliers, des mangeoires, etc. Tous les objets souilles doivent etre desinfectes; les fumiers doivent etre mis en tas hors de l'ha-bitation et abandonnes ä la fermentation; les etables doivent etre nettoyees, lavees avec une solution bouillante de carbonate de potasse ou d'acide phenique; on peut degager des vapeurs sulfu-reuses dans leur Interieur.
La flevre aphtheuse etant une affection inoculable et l'inocula-
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tion communiquant aux animaux une maladie tres bamp;iigne, qui leur confers neanmoins assez souvent une immunite passagöre, il y a lieu de conseiller cette pratique (quand on ne peut pas iso­ler les sujets sains des animaux malades), dans le but d'abreger la duree de l'epizootie. II est bien entendu que I'inoculation ne doit etre conseillee que pour les animaux de la ferme infectöe qui sont exposes a la contagion; on la pratique en badigeonnant la muqueuse buccale des animaux sains avec la bave des malades.
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CHAPITRE XIX
PIETIN
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Definition. — Le piötin est une maladie specifique, conta-gieuse, propre au mouton, consistant en une inflammation spe-ciale, pustuleuse et ulcereuse, du tissu keratogene, debutant ä la partie superieure et interne, a. la cutidure, amenant le decollement de la corne, un suintement ichoreux, et entrainant peu a peu des alterations organiques plus ou moins graves dans les tissus du pied.
Le nom de pietin, qu'on donne h cette maladie, est tire de son siege et aussi de l'action de pietiner qu'elle amene chez les ani-maux qu'elle atteint. On I'a encore appelee crapaud du mouton, cutidite pustuleuse, pesogne. II n'y a pas longtemps qu'elle a fait son apparition en France.
SYMPTOMATOLOGIE
Le pietin introduit dans un troupeau se propage peu a peu aux animaux qui le composent. II a regne a differentes epoques ä l'etat enzootique dans les Pyrenees, dans le Vivarais, dans le Bas-Medoc; il s'est montre ä l'etat epizootique dans certaines contrees depuis l'introduction des merinos.
II convient d'etudier la maladie evoluant sur un individu et de suivre ensuite sa marche dans un troupeau, dans une localite.
Marche du pietin sur un individu. — Le pietin debute par une inflammation pustuleuse; il attaque un ou les deux on-glons; il se montre a un ou k plusieurs ou aux quatre pieds; il de­bute ordinairement par un ou deux pieds et se declare ensuite ä d'autres ou a tous; on n'observe ses manifestations sur aucune autre region du corps.
L'affection s'annonce par une hyperhemie de la peau interdigi-
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tee et surtout de la cutidure, accompagnee de gonflement, de rou-geur, de chaleur, de douleur et d'une exsudation plastique, qui, se produlsant h la surface de l'organe secreteur de la corne, amene un soulevement de celle-ci, un decollement qui va croissant; une claudication plus ou moins marquöe accompagne ces premieres manifestations, les animaux pietinent.
Sous le biseau de la corne et sur la cutidure, on apercjoit bien-töt une ou plusieurs plaques grisätres, tranchant sur le fond hyperemie et rougeätre de l'organe et temoignant d'un travail de pnstulation. Les pustules continuant leur evolution, netardent pas h etre mieux caracterisees; elles deviennent plus saillantes, s'arrondissent, sont entourees d'une aureole rougeätre; on voit ä leur sufacc une pellicule grisätre; un produit plus ou moins lac­tescent souleve cette pellicule; le suintement continue, s'insinue toujours entre la corne et le tissu podophylleux et augmente l'eten-due du decollement, il se fait jour aussi au-dessus du biseau. Tous ces symptomes s'observent tres bien en enlevant la corne decol-lec. Les pustules une fois formees secretent done une matiere grisätre, epalsse, puriforme.
La periode de secretion est bientot suivie de l'ulceration, sur­tout quand les animaux marchent; il se produit alors, au niveau des parties malades, un fcottement qui amene la rupture des pus­tules, l'evacuation de leur contenu, leur transformation en plaies ulcöreuses, ä bords irreguliers, ä fond grenu, rougeätre, secre-tant une matiere grisätre, puriforme, qui s'altfere tres rapide-ment, devient fetide, ammoniacale et acquiert alors des proprietes corrosives tres marquees. La claudication devient plus intense; les malades deviennent moins gais et perdent de leur appetit. Parfois on pent con stater un 6tat febrile assez prononce, surtout quand la maladie evolue sur plusieurs pieds ä la fois. La matiere secretöe continue ä s'insinuer sous la corne, qui se decolle progres-sivement en dedans et en talons, qui macere et se dissout en par-tie au niveau des points malades. D'un autre cöte, sous l'influence de la congestion et de l'inflammation, dont la membrane kerato-gene est le siege, la secretion de la corne se fait plus abondam-ment dans les parties non decollees, mais sa poussee est irregu-liere; eile se fait surtout en dehors et en pince. La corne se cercle et devient rugueuse; et l'onglon, qui a bientot acquis une lon­gueur exageree, se recourbe en haut sons l'influence de la dessic-cation.
Si on donne öcoulement ä la matiere secretee, si on enleve la
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corne decollee, on voit la matiere morbide insinuee entre les lames podophylleuses, qui se sont hypertrophiees ainsi que les papules de la sole. II n'y a encore que peu ou pas de tumefaction du cöte des paturons et du canon. Les accidents consecutifs a I'ulceration etant provoques par Faction phlogogene de la matiere morbide, quireste enfermee sousl'ongle, on peut obtenir aisement la guerison du pietin, si on previent les complications, si on donne issue au produit secrete. Alors en effet la secretion se tarit vite, les produits inflammatoires sont evacues ou se resorbent, la cica­trisation s'opere, une nouvelle corne est secretee et reste emboitee sous I'ancienne.
Quand des complications doivent se produire, quand elles n'ont pas ete prevenues, I'action phlogogene du produit secrete conti­nuant ä s'exercer sur les tissus, les alterations deviennent plus marquees et plus nombreuses. Le decollement s'etend toujours en dessous de la muraille et de la sole; les tissus vifs s'allerent de plus en plus; la matiere secretee est de plus en plus abondante, grisätre, fetide, ammoniacale. L'alteration gagne les paturons, le canon et les tissus profonds de la region podale. L'os s'enflamme, bourgeonne, forme des saillies, se necrose, se carie. Les memes alterations se propagent aux tendons et aux ligaments, qui s'en-flamment, se carient. II se produit des arthrites, des synovites. II se forme des abces ä la couronne, au paturon, au beulet, et il en resulte des plaies flstuleuses, des plaies articulaires. II y a ordi-nairement complication de fourchet et de limace. L'etat general des malades est plus ou moins influence suivant l'extension du mal, suivant les complications qui se produisent; il arrive un mo­ment oü les animaux ne peuvent plus marcher, restent couches ou marchent sur leurs genoux, tombent dans la consomption, dans le marasme.
Au debut, on peut toujours arreter ou au moins prevenir toute complication fächeuse, en amincissant la corne de la region ma-lade, en enlevant celle qui recouvre les pustules, celle qui est de­collee, en facilitant l'ecoulement de la matiere morbide. Grace ä cette precaution, le pietin peut guerir en trois, quatre, cinq, six semaines. Avec un traitement prompt et rationnel, la guerison est prompte est facile, eile est favorisee par la depaissance et par le temps sec, tandis que les temps humides, la stabulation et la mal-proprete favorisent l'extension du mal et les complications; et l'af-fection peut alors durer des mois, determiner meme la mort ou laisser apres eile certaines alterations, telles que exostoses, anky-loses, etc.
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2deg; Marche de la mala die sur un troupeau. — Quand la maladie a fait son apparition dans un troupeau, eile ne tarde pas a s'etendre des premiers malades a d'autres individus; mais eile se propage moins rapidement que la fievre aphtheuse. Quand des animaux sains sont mis en contact avec des animaux malades, dans des päturages, dans des chemins communs, dans les habita­tions, la contagion, qui pent alors se produire sur un plus ou moins grand nombre d'individus, est ordinairement restreinte, n'atteint que quelques individus h la fois; mais eile peut se repeter de temps en temps si on n'isole pas les malades. On a vu en effet le pietin persister pendant des mois et meme pendant des annees dans le meme troupeau. Par la depaissance en commun, par la fre-quentation des memes chemins, etc., les troupeaux infectes peu-vent transmettre le pietin h d'autres troupeaux et la maladie se propager ainsi dans une localite.
Diagnostic. — Le pietin est facile ii reconnaitre quand on examine les malades au moment de revolution des pustules; mais quand celles-ci ont disparu, ou quand elles ne se sont pas encore produites, il peut etre difficile de dire si on a aflaire au pietin oü a une affection locale simplement inflammatoire. Fort heureusement dans ces cas, le diagnostic peut etre facilite par les renseignements, par l'extension constatee de l'affection et par I'observation ulte-rieure.
On a bien a tort confondu parfois cette affection avec le cra-paud, qui est propre aux solipedes et qui ne semble pas contagieux, avec la limace et le fourchet, qui n'ont ni le meme siege, ni les memes caracteres initiaux et qui ne sont pas contagieux. On a aussi pretendu que le pietin n'etait autre chose que la fievre aph­theuse evoluant sur le mouton et localisee a la region pcdale. L'etude de la transmission nous prouve la faussete de cette asser­tion, le piötin n'ayant jamais ete obtenu chez le boeuf.
D'un autre cote, il est bien prouve que cette affection existait en Angleterreavant que la fievre aphtheusey futimportee. Quand des boeufs sont meles a des moutons atteints de pietin, on remarque que la maladie se transmet du mouton au mouton et non du mou­ton au boeuf; il n'en serait pas de meme si le pietin et la cocotte etaient une seule affection; d'ailleurs la cocotte peut evoluer sur d'autres regions que sur le pied.
Pronostic. — Le pronostic du pietinoest peu grave ordinaire­ment ; la maladie est le plus souvent tres benigne. Mais dans les cas oü des complications se produisent, eile est plus grave. Quand
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piamp;tinnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 903
l'affection a ete longue, compliquöe, souvent les animaux restent boiteux, ankyloses, depr6cies, amaigris, etc. Si le pronostic de la maladie, envisagee sur un individu, n'est pas grave, il en est tout autrement quand le pietin deviant enzootique ou epizootique, car alors il occasionne des pertes serieuses.
Anatomie pathologique. II n'y a rien de particulier ä ajouter au sujet de quot;anatomie pathologique; on rencontre seule-ment les lesions precedemment indiquees au point de vue de la Symptomatologie; on pent voir les accidents, les desordres provo-ques par le produit de secretion que fournissent les plaies. Quand la maladie a ete grave et s'est prolongee, on trouve quelquefois les lesions de l'ankylose dans les articulations interphalangiennes, et celles de l'amaigrissement, de l'anemie, etc.
ETIOLOGIE
Comma dans les autres maladies contagiausas, on a invoque une foule de causes pour expliquer l'apparition du pietin; on a accuse las saisons, las climats humides, la mauvaise hygiene, I'humidite, les boues, la malproprate, les habitations mal tenues, les fumiers, I'alimentation azotee, les localites, le temperament, la race, etc. Ges diverses causes peuvent aggraver la maladie, retarder sa gue-rison, mais non la faire naitre de toutes pieces. On faisait surtout intarvenir Finfluenca das causes generales, quand on ragardait le pietin comma une maladie locale, non specifique, quand on le con-fondait avec le fourchet at la limace. On a considere la race comme cause determinante de la maladie. Le pietin n'a ete etudie chaz nous que dapuis l'introduction das merinos qui Tont Importe, il n'existait pas dans notra pays avant l'introduction de cette race, mais la maladie se transmit ensuite des merinos h nos moutons indigenes, qui cependant etaient demeures dans les mamas con­ditions; il y a done une autre cause que la race a invoquer pour expliquer le döveloppement du pietin. Gatte causa, la seule reelle, e'est la contagion.
De nombreux faits de contagion naturelle ont et6 observes de-puis longtemps par Pictat, Gohiar, Sorillon, Dalafond, par des agronomes et des veterinairas. D'un autre cote, Gohier, Veilhan et Favre de Geneva sont parvenus a inoculer la maladie a des ani­maux sains. Mais il faut dire aussi que de nombreux faits de non-
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904nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PIETIN
contagion ont ete observes dans la pratique et que les tentatives d'inoeulation de certains experimentateurs sent demeurees ste­riles. Neanmoins dans aucun cas ces faits negatifs ne peuvent in-firmer en rien les faits positifs observes et provoques. On a eu de-puis de nombreuses occasions d'assister ä l'extension de lamaladie dans un troupeau, ä sa transmission d'un troupeau ä un autre.
La contagion pent s'effectuer par contact immediat, mais eile alien presque toujours par contact medial. Les sujets malades, qui secretent de la matiere morbide, salisseut les fumiers, les litieres et les purins, les chemins, les päturages; si, apres eux, passent des moutons sains, la contamination pent avoir lieu. Le virus du pietin s'introduit toujours par la peau de la region podale; iln'est pas inoculable a d'autres regions, ni aux autres ruminants. Quand I'inoculation s'est effectuee, I'eruption netarde pas a se produire; 3, 4, 5, 6 jours suffisent pour qu'elle fasse son apparition (incuba­tion). La contagion est favorisee par la depaissance en commun, par la cohabitation, par la frequentation des meines chemins (pen). On a observe de nombreux faits de transmission par la cohabitation et par la depaissance en commun.
On ne connait encore absolument rien sur la nature du contage; on salt que le virus existe dans le produit de secretion des pus­tules, mais on ne salt pas s'il existe dans d'autres liquides de l'economie, dans le sang par exemple. Le contage du pietin ne semble pas s'affaiblir; on ne sait pas s'il est done d'une grande tenacite, on ne sait pas s'il se conserve longtemps dans le monde exterieur, on ne sait pas ii quel moment de la maladie il cesse d'etre secrete.
TRAITEMENT
Le traitement du pietin comprend diverses indications; il laut trailer la partie malade, il faut prevenir l'extension de la maladie. Le traitement que Ton doit appliquer a la region podale dole sur-tout avoir pour but de prevenir les complications, de les combattre quand elles surviennent, et de hater la disparition de la maladie. II n'y a rien h faire pour empecher revolution de l'affection qui doit necessairement suivre son cours; mais il faut prevenir les complications par des soins de proprete, par une bonne hygiene; il faut obvier ä la compression que la corne exerce sur le bour-relet tumefie, douloureux, il faut amincir ou enlever la corne pour prevenir la compression et la stagnation des prockrits secre-
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P1ETINnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 905
tes; il faut enfln employer certains agents modificateurs, astrin­gents, cicatrisants, caustiques, pyrogenes, etc.; on pent faire prendre des bains dans des solutions saturnees, ferrugineuses, cupriques, pheniquees, etc.; on pent faire des pansements soit avec les memes substances, soit avec de l'huile de cade ou de la terebenthine ou du goudron.
Si des complications se sont produites, il faudra les traitor; s'il y a decollement de la corne, il faudra enlever la partie detachee et faire un pansement avec les pyrogenes, le goudron, l'huile de cade, la terebenthine, I'acide phenique ou un astringent quelcon-que. S'il y a inflammation, carie de l'os du pied, il faudra ruginer la partie cariee et faire un pansement avec les agents ci-dessus enumeres; si l'inflammation ä atteint Farticulation, il y aura lieu de prescrire des bains astringents, etc., etc. S'il y a des abces, on les ouvrira; on debridera les plaies fistuleuses. On renouvellera les pansements tons les deux jours. Les bains au sulfate de fer sont excellents; on a conseille aussi le sulfate de cuivre, mais il est trop caustique; on a conseille Fonguent egyptiac, I'acide azotique, les sels de cuivre, les caustiques, le lait de chaux, etc., etc.; tons les moyens sont bons quand ils sont appliques rationnellement.
POLICE SANITAIRE
Quoique le pietin ne soit pas une maladie grave, il sera bon neanmoins de prescrire quelques mesures propres a prevenir son extension. On pourrait et on devrait meine interdire I'entree en France aux animaux atfectes de pietin (arrete du 11 mai 1877); ceux qui seraient reconnus malades, devraient etre soumis a une quarantaine ou renvoyes hors de la frontiere. Ordinairement on n'applique pas cette mesure. II est d'abord souvent difficile de diagnostiquer le pietin, surtout quand le troupeau malade reste enferme dans le wagon qui doit le transporter. Ce n'est qu'autant qu'on fait debarquer les animaux, que la claudication presentee par les malades peut appeler l'attention du veterinaire sur la re­gion podale et faire reconnaitre la maladie.
L'arret de 1784, les lois de 1790 et de 1791 et les articles 459, 460, 401, 462 du Code penal peuvent etre appliques au pietin; le projet de 1879 ne mentionne pas cette maladie.
Lorsque le pietin regne dans un troupeau, le proprietaire devrait en faire la declaration ä l'autorite; cette prescription est
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906nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PIETIN
generalement observee dans certains pays, les proprietaires sachant fort bien que les mesures ordonnees en pareil cas ne sont pas tres onereuses.
L'autorite, qui aura re^u la declaration, nommera un vet^rinaire, qui procedera avec soin k la visite des animaux composant le troupeau infecte; il adressera ensuite, k l'autorite qui Fa nomme, un rapport dans lequel il fera connaltre les resultats de sa mission et les mesures de police sanitaire qui lui parattront propres k enrayer la marche de 1'epizootie.
On ne devra pas se montrer bien severe; on se contentera de I'lsolement et du cantonnement des malades, qu'on separera autant que possible des sujets sains; on ordonnera un traitement therapeutique, qui n'est ici qu'une particularite de la desinfection, car par ce moyen on desinfecte les malades eux-memes; on inter-dira les päturages communs aux malades; on pourra informer les voisins pour qu'ils veillent sur leurs troupeaux.
Quand I'epizootie aura disparu, on pratiquera une legere desin­fection. II suflira, pour prevenir tous les dangers, d'enlever la litiere souillee, le furnier, de donner ecoulement au purin, et de faire un lavage de l'aire de Thabitation avec un lait de chaux. Le plus souvent meme on pourra se contenter de couvrir le furnier ou la litiere souillee d'une nouvelle et epaise litiere. Les malades ne devront pas etre vendus, inais ils pourront etre livres k la bou-cherie.
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CHAP1TRE XX
OEQUELQUES AUTRES MALADIES DONT LA PROPAGATION PEUT ETRE ARRETEE PAR L'APPLICATION DES MESURES DE POLICE SANITAIRE
GALES
Les gales des principaux animaux domestiques (gales des soli-pedes, gales du boeuf, gale du mouton, gale du pore, gales du chlen) sont faciles a reconnaitre, surtout quand elles sont deja anciennes. Elles s'accompagnent d'un prurit plus ou moins in­tense, de la formation de papules, de vesicules ou de boutons, d'une depilation plus ou moins etendue suivant ranciennete du mal, de la formation de croütes dans les parties malades, de l'epaississement de la peau au niveau des points atteints. Elles en-vahissent d'abord une ou plusieurs regions et s'etendent plus ou moins rapidement; elles sont surtout caracterisees par la presence d'acares dans les parties alterees, et ces acares sont ordinairement faciles a trouver (excepte dans la gale sarcoptique des solipedes et du chien), parfois on les apenjoit ä l'oeil nu et ordinairement il sufflt de les chercher dans les croütes avec une loupe. La gale d'une espece est transmissible aux animaux de la meme espece et parfois a d'autres especes; la transmission a lieu par la migration des acares ou l'ensemencement de leurs ceufs sur des animaux sains.
Les acares et leurs oeufs peuvent se conserver un certain temps clans les couvertures, dans les litieres, sur les harnais, sur les boiseries des habitations, etc. La transmission de la gale est loin d'etre aussi subtile que celle des maladies dites virulentes; eile ne se fait que par le contact immediat et prolonge des animaux sains avec les sujets malades ou avec les objets sur lesquels ont ete deposes les acares; eile pent done avoir lieu dans les circons-tances suivantes: cohabitation, travail en commun, frequentation d'habitations infectees, utilisation d'objets non desinfectes, depais-
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908nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES CONTAGIEUSES DIVERSES
sance en commun (mouton), etc. Un traitement de quelques heuites ou au plus de deux ou trois jours etant süffisant pour guerir la gale (excepte la gale tblliculaire du chien) et la contagion etant si peu intense, il y a lieu de se demander si reellement des mesures sanitaires doivent etre prescrites. II faut a ce sujet exami­ner ce que reclame la legislation sanitaire et voir ensuite ce qui se fait habituellement dans la pratique ordinaire.
L'arret du 16 juillet 1784 est applicable h la gale, il en est de meme des lois de 1790 et de 1791, des articles 459, 460, 461, 462 du Code penal et de Tarticle 1382 du Code civil; le projet de loi de 1879 conserve la gale dans sa nomenclature des maladies con-tagieuses. On devrait done exiger la declaration, I'isolement, la sequestration ou lecantonnement; on devrait informer les voisins, defendre la vente et l'exposition en vente des malades, etc., etc. Dans la pratique, on ne fait habituellement rien de tout cela, on traite les malades et tout se borne lä. Sans se montrer d'une seve-rite outree et sans suivre la loi a la lettre, il y aurait lieu de con-seiller et au besoin de prescrire certaines precautions qui sont les suivantes : traitement des malades obligatoire; vente des ma-lades prohibee (sauf pour la boucherie), si ce n'est dans les cas oü l'acquereur, connaissant l'existence de la maladie, consent h passer outre; ecuries et z-emises publiques interdites aux animaux galeux; disinfection (solution alcaline bouillante ou fumigations sulfureuses) des habitations et des objets (wagons, etc.) infectes; importation des animaux galeux non autorisee. En resume, pres­crire le traitement des malades et la desinfection des objets qu'ils ont pu infecter, voila ii quoi doit se reduire, selon moi, la police sanitaire de la gale.
Bronchite vermineuse, Trichinose, Cachexie vermineuse, Ladrerie.
En invoquant l'arret du 16 juillet 1784,1'autorite pourrait, le cas echeant, prescrire certaines mesures quand il s'agit de la bronchite vermineuse, de la trichinöse, de la cachexie, de la ladrerie, savoir: l'interdiction de la vente pour les animaux atteints de trichinöse ou de ladrerie, dont la chair est dangereuse pour I'homme; Tin-terdiction de la vente, sauf pour la boueherie, des animaux atteints de cachexie vermineuse, dont le deplacement pent introduire la maladie dans des localites oü eile n'existe pas; la meme mesure
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MALADIES CONTAGIEUSES DIVERSES
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et de plus l'interdiction des abreuvoirs et des päturages communs pour les animaux atteints de bronchite vermineuse, qui peuvent par ces intermediaires propager leur maladie. Mais dans la pra­tique, on ne prend aucune mesure saiiitaire contre ces affections; seulement ä 1'abattoir on refuse pour la consommation les viandes ladres et trichineuses, ainsi que les organes (foie, poumon) qui contiennent les parasites de la each ex ie ou de la bronchite vermi­neuse.
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RAPPORTS
Rapport sur l'ensemble des mesures ä prescrire en cas de maladies contagieuses.
Monsieur le Prefet,
Par votre lettre en date du trente-un mai, vous me demandez de vous faire connaitre, avec rindication des lois et reglements qui les prescrivent, l'ensemble des mesures de police sanitaire, que vous pouvez etre appele ä prendre contre une maladie conta-gieuse qui vient de se declarer dans la commune de Tarare et dont vous ne connaissez pas encore la nature. .T'ai l'honneur de vous adresser un rapport dans ce sens, en passant en revue les principales mesures edictees par les iois et reglements, pour empecher la propagation des maladies contagieuses.
Les proprietaires ou detenteurs d'animaux atteints de maladie contagieuse sont tenus d'en faire immediatement la declaration au maire de la commune, en indiquant l'espece, le nombre et l'etat des individus malades. Le maire de son cote, une fois averti, cher-chera a obtenir le plus promptement possible la declaration des nouveaux cas qui pourraient se montrer; il informera I'autorite prefectorale de ce qui se passe dans les communes et portera ä la connaissance de ses administres l'existence de la maladie con­tagieuse, afln de les premunir contre les dangers de la contagion; en meme temps il enjoindra aux proprietaires, qui lui ont fait leur declaration, de tenir leurs animaux sequestres dans leurs habi­tations ordinaires, et de separer, s'ilsne l'ont dejä fait, les malades d'avec les sains. La declaration, qui a pour but de renseigner I'au­torite et de provoquer d'autres mesures propres a circonscrire ou a etouffer le mal ä sa source, est rendue obligatoire par I'article Ier de l'arret du Gonseil d'etat du roi du 16 juiilet 1784, par le decret de la Constituante du 6 octobre 1791 (t. Ier, sect; iv, art. 19) et par i'art. 459 du Code penal.
Un veterinaire sera nomme sans delai, pour proeöder ä la visite
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912nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;RAPPORTS
des animaux malades et suspects, constater la nature et les dan­gers de l'affection, eclairer Tadministration et lui proposer les me-sures necessaires. La visite des animaux et des lieux par unhomme de l'art est prescrite par les art. 1 et 3 de l'arret du Conseil d'etat du roi du 16 juillet 1784. Pour prevenir tonte fraude de la part des proprietaires, il sera bon que le veterinaire fasse le recense-ment des animaux qu'il visite et prenne le Signalement de ceux qui sont malades ou suspects, ou les fasse marquer s'il s'agit d'a-nimaux de petite taille; s'il doit y avoir lieu äaccorder desindem-nites, 11 sera bon egalement de faire proceder h l'estimation des animaux dont on devra demander l'abatage.
En vertu de l'art. 7 de l'arret du Conseil d'etat du roi du 16 juillet 1784, le commerce des animaux malades ou suspects sera interdit; et qui plus est, en cas de maladie h marche envahissante (typhus), foires et marches seront suspendus dans la localite af-fectee; en outre, defense sera faite aux proprietaies d'y introduire des animaux venant du dehors.
L'autorite, en invoquant l'arret du 16 juillet 4784, le decret de la Constituante du 6 octobre 1791 et les articles 459,460 et 461 du Code pönal, pourra prescrire l'isolement, la sequestration des betes malades ou suspectes et meme de celles qui paraissent saines, suivant la nature, le mode et le degre de contagion de la maladie. S'agit-il d'une maladie qui ne se transmet que par contact im-mediat, teile que la rage, la morve, le farcin, ou d'une maladie qui ne se transmet, sans contact immediat, qu'ä une faible distance, teile que le charbon et la maladie aphtheuse, il suffira de faire isoler ou sequestrer les animaux malades ou suspects. S'agit-il au contraire d'une maladie transmissible ä distance, teile que la cla-velee, la peripneumonie, le typhus, la sequestration doit avoir des limites plus etendues : le troupeau, dans lequel la clavelee aura fait invasion, sera sequestra tout entier dans sa bergerie ou can-tonne sur des pfiturages dont on ne laissera approcher aucun autre troupeau. Les etables dans lesquelles auraapparu laperipneu-monieseront sequestrees egalement tout entieres; en cas de typhus, la sequestration sera plus rigoureuse encore, eile pourra porter non seulement sur des etables entieres, mais sur des villages entiers et meme sur des communes.
L'autorite a le droit de faire tuer immediatement les animaux atteints de morve ou de maladies cofitagieuses reconnues incu­rables (art. 5 de l'arret du 16 juillet 1784); et eile pout ordonner l'abatage des animaux malades ou meme de ceux qui sont simple-
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RAPPORTSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;913
merit suspects, quand eile le juge necessaire (lois du 24 aoüt 1790 et du 6 octobre 1791) pour arreter la propagation du mal.
Les cadavres des animaux morts ou abattus pourront etre livres k I'equarrisseur, s'il y en a un dans la locallte, sinon ils seront enfouis avec leur peau tailladee. Dans tous les cas, I'enlevement des cadavres devra etre oper6 avec beaucoup de precautions pour 6viter la dissemination de la maladie. Les fosses auront une pro-fondeur convenable (2 metres) et seront creusees loin des pätu- . rages et des lieux de passage. L'enfouissement est prescrit paries arrets du 10 avril 1714 et du 16 juillet 4784 (art. 6 et 9) et par le döcret de la Constituante du 6 octobre 1791 (tit. n, art. 13).
Une fois qu'on sera debarrasse des animaux suspects ou malades et des cadavres. II importera, conformöment aux dispositions de l'art. 6 de l'arretdu 16juilletl784 et d'apres lesdecrets de la Cons­tituante (24 aoüt 1790 et 6 octobre 1791), de prescrire la disinfec­tion complete des lieux et objets qui auront eu le contact des ani­maux affectes: le nettoyage suivi de lavages et de fumigations chlorees ou pheniquees et l'aeration plus ou moins prolongee, tels sont les moyens principaux que comporte cette mesure.
S'il s'agissait de la peripneumonie et surtout de la clavelee, I'ino-culation, non prescrite par la loi, pourrait etre conseillöe par I'autorite, pour sauvegarder les animaux non encore atteints et eviter de recourir longtemps a des mesures genantes, telles que celles qui precedent.
Telles sont. Monsieur le pröfet, les considerations que j'ai cru devoir vous presenter.
J'ai I'honneur d'etre votre tres respectueux et tres obeissant serviteur.
G. P. V. Le 2 juin 1873.
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Rapport sur la Peripneumonie et les mesures qu'il convient de lui appliquer.
#9632; ' #9632; Monsieur le Ppefet,
Par votre lettre en date du 16 juin, vous m'avez charge de me transporter de suite dans la commune de Saint-Clement, oü existe la peripneumonie contagieuse du gros betail, et de vous faire con-naltre, dans un rapport, l'etat actuel de l'epizootie, son origine, si des mesures de police sanitaire- ont ete prises, et celles qu'il me paraitrait utile de prescrire pour empecher la propagation de la maladie. Je me suis rendu aussitot sur les lieux pour remplir ma mission, et j'ai l'honneur de vous exposer le resultat de mes operations, en repondant aux questions sur lesquelles vous desirez eti'e informe et en vous signalant les mesures auxquelles il serait bon de recourir.
Apres avoir porte ma nomination h la connaissance du maire, qui m'a appris que la maladie sevissait dans les villages A et B, et qui a bien voulu m'accompagner, j'ai commence ma visite dans le village B, le dernier affecte. Depuis le lor juin, quatre vaches y sont mortes, dans deux etables differentes, et actuellement on y compte cent quatre-vingt-dix betes bovines, reparties dans qua-rante etables; je les ai toutes visitees, en commengant par celles qui m'ont ete signalees comme non atteintes. Trente-sept ont ete reconnues exemptes de maladie, et dans trois j'ai constate I'exis-tence de la peripneumonie, savoir celles des sieurs X, Y, Z. Dans celle du sieur X, la maladie n'existe, bien declaree, que sur une vache; I'autorite n'en a pas ete prevenue et nulle mesure n'a ete prise; la bete malade est restee en contact avec deux autres, dont une me parait sous le coup de la maladie et est tout au moins tres suspecte.
Le proprietaire, interroge avec ioin, nous a appris que ses ani-maux avaient ete frequemment en contact, soit ä l'abreuvoir, soit ailleurs, dans les chemins, par exemple, avec ceux de ses voisins et entre autres avec ceux des sieurs Y et Z, dans les etables des-quels regne raffection.
Le proprietaire Y a perdu, le 10 juip, une vache, qui etait restee malade une quinzaine de jours; il en possede encore trois, qui toutes ont cohabits avec celle qui est morte, et dont une me pa-
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OH RAPPORTSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;915
räit fortement suspecte; toutes s'etaient trouvees en maintes cir-sonstances en rapport plus ou moins immediat avec celles du sieur Z, dont Fetable a ete envahie la premiere.
Ce dernier a actuellement deux betes, dont I'une gravement malade et l'autre suspecte. Le 30 avril il introduisait dans son etable une vache bien portante achetee k un proprietaire du vil­lage A; les animaux de celui-ci avaient ete en contact avec ceux d'un voisin, dans I'etable duquel regnait la maladie. Cette vache tombait malade le 13 mai, puis raffection se declarait sur une deuxieme douze jours apres et enfm sur une troisieme le 27 mai; la premiere succombait le lor juin, la 2e le 4 et la 3e le 10 du meme mois.
Depuis le 19 fevrier, sept betes ont succombe et il en reste quatre-yingt dans le village A, oü treize etables me paraissent saines, et trois, celles des sieurs R, S, T, renferment des malades. R possede deux vaches, dont I'une encore en sante et l'autre gra­vement atteinte depuis sept jours; ses betes avaient eu des rap­ports avec celles du sieur T. Trois animaux, dont un malade, res-tent au proprietaire S, qui, le 15 Janvier, en avail porte le nombre a sept, en introduisant dans sa ferme une vache nouvellement achetee h la foire de 0. Celle-ci tombait malade vingt jours apres et succombait le 19 fevrier; quinze jours apres, une 2e, puis une 36, enlin une 4e etaient saisies a leur tour et mouraient depuis la fin du mois de mars jusqu'au 20 mai.
Vers le meme temps, T, dont les animaux etaient conduits au meme abreuvoir que ceux de S, voyait la maladie faire invasion dans sa ferme; une premiere bete devenait malade dans le mois de mars et succombait quelques jours apres, puis une 2e et enfln une 3e, qui mourait le 7 juin. Actuellement ce formier possede trois vaches, qui paraissent saines.
Teile est la statistique a laquelle m'a conduit une visite attentive et rigoureuse. Une maladie, dont la nature n'a pas ete sur le mo­ment determinee, s'est done declaree le 5 fevrier sur un sujet achete depuis vingt jours et dont la provenance est restee ignoree; la bete malade euccombait le 19 fevrier, mais la maladie faisait plus tard d'autres victimes et irradiait dans deux etables voisines.
Dans le village A, nombre d'animaux ont ete en contact avec ceux des fermiers, dont les etables ont ete envahies, mais pour le moment ils paraissent sains. Neanmoins une vache, qui du reste paraissait saine, conduite dans le village B, y apportait la maladie qui, quelques jours plus tard, prenait I'extension que j'ai signalee.
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Dans les fermes infectdses se trouve done un total de 15 individus, dont 7 me paraissent malades ou tres suspects, et 8 jouissent en­core d'une parfaite sante, mais peuvent dejä reeöler en eux le germe du mal.
Les sujets que j'ai signalös comme malades presentent les symp-tömes suivants : tristesse, faiblesse, nonchalance dans la marche, fievre assez intense, inappetence, irrumination, constipation et metöorisation frequente ou diarrhee, injection ou decoloration des muqueuses suivant la date de la maladie, sensibilite exageree de la colonne dorso-lombaire, ecartement des membres anterieurs, encolure tendue et tete baissee, respiration plaintive, toux profonde frequente, courte et douloureuse, jelage parfois sanguinolent et parfois cedeme sous le ventre; dans la poitrine resonnance et mur-mure respiratoire exageres en certains points, matite et silence en d'autres, bruits anormaux, souffle tubaire et räle crepitant dans les points qui separent les precedents, amaigrissement plus ou moins prononce. Geux que j'appelle suspects offrent en partie les syraptomes precedents, moins ceux que fournit la poitrine h la per­cussion et ä l'auscultation.
N'ayant pu faire aucune autopsie, je ne puis joindre aux don-nees precedentes les lesions que Ton rencontre dans les cadavres, mais je m'empresse de dire que, vu la marche de la maladie et les symptomes ci-dessus enumeres, il est permis de conclure har-diment sur sa nature.
Je dois neanmoins ajouter que les proprietaires, qui ont perdu des animaux m'ont affirme avoir remarque, pour la plupart, la presence d'un liquide jaunätre dans la poitrine; ils ont surtout remarque le poids enorme du poumon, k la surface duquel flot-taient, disent-ils, des fragments jaunätres plus ou moins conside­rables.
Ces donnees, bien qu'elementaires, doivent etre prises en con­sideration ; elles temoignent d'une maladie des plevres et du pou­mon et viennent corroborer le diagnostic porte.
La peripneumonie contagieuse est done bien la maladie qu'il s'agit de combattre; son etat actuel ressort pleinement de ce qui precede : eile regne dans deux villages; six etables sont evidem-ment infectees. La maladie peut eclater d'un jour a I'autre dans d'autres etables; onze individus ont dejä ete enleves par I'epi-zootie; sept sont notoirement malades ou suspects. L'crigine de l'epizootie ressort egalement de l'enquete ä laquelle je me suis livr6: une böte, importee dans un premier village, y a apport6 I'affection
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qui s'est propagee et qui a passe de lä dans un second village, oü eile s'est egalement propagee.
Des mesures ont ete conseillees plutot que prescrites, aassi n'ont-elles pas 6te toujours observees. Les proprietaires ont ete invites ä tenir leurs malades dans leurs habitations, mais cette quasi-sequestration, qui n'a pas ete ordonnee ä temps ni executee rigoureusement, etait du reste insuffisante pour parer aux dangers de la contagion, car les animaux n'etaient reconnus malades et sequestres que lorsque l'affection etait avancee et avait pu etre quot; communiquee ä d'autres. Les cadavres des animaux morts ont ete utilises en par tie, le reste a ete enfoui, aucune disinfection n'a suivi et du reste eile eut ete peu efficaue, car la maladie pouvait etre et etait assurement en germe dans d'autres individus. Les fermiers dont les etables n'ont pas ete envahies, surveillent depuis quelque temps un peu mieux leurs betes, afin d'eviter leur contact avec celles des etables infectees, mais cette surveillance a dii etre mise souvent en defaut, au moins en ce qui concerne les voisins des fermes oü regne l'epizootie. En un mot rien ou ii peu pres rien n'a ete fait pour empecher la propagation du mal.
La peripneumonie contagieuse, propre aux individus de l'espece bovine, se transmet tres facilement par contagion immediate et par contagion mediate. Elle se transmet aussi par I'intermediaire de Fatmosphere, mais h une faible distance; tout objet sali par le jetage des animaux malades devient dangereux pour les animaux sains. La maladie n'apparait pas d'emblee des que le germe en a ete communique, les premiers symptömes se montrent apres un temps plus ou moins long, pouvant varier de quelques jours, a 20, 30, 40 jours et meme au dela. II importe de tenir grand compte de ces notions dans l'execution des mesures de police sanitaire que jevais proposer.
Vu la nature, la contagiosite et la gravite de l'affection, il est urgent d'en arreter les progres et de la faire disparaitre le plus tot possible. II faut que Fautorite municipale avise les proprietaires dont les etables ne sont pas encore atteintes dans les deux villa­ges oü regne l'epizootie, et leur fasse bien comprendre que la loi (art. 5 de l'arret de 1784, art. 459 du Code penal, circulaire minis­terielle de 1873) et leurs interets les obligent ä faire connaitre a la mairie les cas de maladie qui pourront se montrer sur leur betail et a sequestrer immediatement les individus tombes malades. La plus grande vigilance sera exercee, afin que cette mesure si importante regoive une execution rigoureuse. Les etables dans lesquelles
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Fepizootie fera son apparition seront l'objet des memes mesures que celles qui sont actuellement infectees.
Quant ä ces dernieres, il est urgent, pour empecher I'extension dufleau qui menace I'agriculture de la commune deSt-C, de les sequestrer immediatement et tont entiferes, et de faire veiller ä ce qu'il ne se produise aucune contravention qui pourrait etre suivie de nouveaux desastres; les proprietaires qui enfreindraient t'br-dre qui leur aura ete donne seraient traduits devant la justice; (arretdel784, art. 459,460 et 461 du Code penal, circulaire minis­terielle de mai 1873). Aucune bete bovine ne devra etre introduite dans les fermes sequestrees et ä plus forte raison en sortir. II peut paraitre excessif de defendre les päturages aux betes saines, et on pourrait h la rigueur se contenter de sequestrer les individus ma­lades ou suspects, apres les avoir separes des autres; mais dans cette demi-mesure il y aurait un danger continuel, on risquerait de laisser la maladie se propager et s'eterniser dans la localite, car les animaux qui paraissent sains portent probablement en eux, au moins certains, le germe de la maladie, qui pent se declarer d'un moment ä l'autre et la contagion avoir ainsi grandes chances de poursuivre ses ravages. Je crois done que si Ton veut tenter serieusement d'enrayer la marche de l'epizootie, il laut s'en tenir ä une Sequestration rigoureuse ettellequejeviensde la proposer.
Dans l'interet des proprietaires et en vue d'abreger la duree de l'epizootie, il sera bon que dans chaque ferme sequestree les in­dividus malades ou suspects soient separes d'avec les sains, afin que ceux-ci ne soient pas contamines, s'ils ne le sont dejä.
Le mode d'apres lequel la peripneumonie s'est implantee et pro-pagee dans la commune de St-C., montre avec quel sein il faut veil­ler ä ce qu'aucune bete bovine, meme saine, ne sorte d'une etable infectee pour etre importee ailleurs, et qui plus est, il faut meme defendre l'exportation des animaux des etables saines, car quel-qu'un de ceux-ci pent avoir pris le germe de la maladie, aiosi que le demontre l'apparition de la peripneumonie dans le village B. La sequestration, pratiquee de la sorte, produira un bon resultat.
Si ä un moment donne l'abatage des malades reconnus incura­bles est consenti par les proprietaires, si d'un autre cote la vente ä la boucherie des sujets legerement malades et des sujets sus­pects est demandee par eux, on devra leur aecorder rautorisation sollicitee, mais on devra proceder de la fagon la plus rationnelle et la moins dangereuse, afin d'öviter toütes chances de contagion. Malades et suspects seront abattus sur place, leur chair pourra
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etre utilisöe et vendue pour la consommation, ies peaux seront livrees ä l'industrie (circulaire de mai 1873), mais le contenu de la poitrine, son revetement interne, les poumons, la trachee ei la tete des malades seront enfouis solgneusement h une profondeur d'un metre et demi. Quant aux animaux sains, ils pourront etre veadus au boucher, qui sera tenu de les sacrifier sans delai, ce ä quoi veillera et fera veiller I'autorite; mais le plus prudent dans ce cas serait d'exiger I'abatage sur place, les debris pouvant etre en-suite transportes lä oü il plaira au boucher de les debiter. Si on s'en tient h la sequestration sans recourir ä I'abatage des malades incurables, il faudra prescrire l'entbuissement des animaux qui succomberont k la maladie; cet entbuissement devraetre effectue dans un lieu ecarte et dans les terres des proprietaires. L'enleve-ment des cadavres et des döbris devra etre opere avec soin pour eviter la dissemination du mal. Le transport sera fait avec le che-val, et Ton veillera ä ce que lejetage, qui s'ecoule des naseaux, ne reste pas sur la voie publique, oü il pourrait devenir un agent de contagion. Les fosses auront un metre et demi de profondeur. La pcau pourra etre livree ä l'industrie aprös une desinfection prea-lable, les chairs etant de peu de valeur seront enfouies avec tout le reste. II sera bon de jeter une couche de chaux sur les cada­vres. Toute la terre extraite de la fosse sera employee a recouvrir les cadavres.
Quand la maladie aura disparu d'une etable, il faudra en ordon-ner la desinfection et la faire executer. La desinfection portera sur tout ce qui a ete sali par le contact des animaux malades. Les fumiers provenant des etables infectees peuvent renfermer des ma-tieres du jetage et devenir, s'ils sent flaires par d'autres individus, le point de depart d'une nouvelle apparition de la maladie, aussi seront-ils mis en tas et abandonnes k la putrefaction pendant un mois. Les proprietaires neanmoins pourront etre autorises k les utiliser pour leur culture, mais ils seront tenus de les couvrir avec des chevaux; leur enlevement devra se faire aussi avec des che-vaux, et il sera veille ä ce que point n'en seit laisse sur la voie pu­blique. Sol, murs, creches, räteliers et ustensiles divers, en un mot tout ce qui a pu etre sali par le jetage des malades, sera gratte, nettoye, flambe, lave avec une lessive de cendres bouillante ou une solution de chlorure de chaux on d'acide phönique. Le la-vage avec la lessive de cendres bouillante est excellent et peu coüteux, mais il doit etre pratique avec un soin extremement mi-nutieux. Ensuite on fera pratiquer dans I'etable, dont toutes les
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ouvertures seront closes, une bonne fumigation avec l'acide phe-nique ou mieux l'acide sultüreux, apres quoi l'habitation ainsi de-sinfectee ne devra pas encore recevoir des animaux sains; eile sera laissee ouverte au grand air et demeurera sequestree encore quelques jours. La circulaire ministerielle du mois de mai dernier prescrit une sequestration de trois mois apres la desinfection; cette düree qua vous pourrez adopter me parait excessive, eile est de nature ä froisser bien des interets; une sequestration d'une dizaine de jours me paraitrait süffisante, surtout apres une desin­fection teile que celle que je viens de proposer. Dans tous les cas, la police locale et l'autorite veilleront ä ce que cette mesure soit parfaitement executee.
II va sans dire que toute vente ou echange et exportation de betes bovines seront interdites aux proprietaires des villages A et B, tant que l'epizootie n'aura pas ete declaree eteinte.
L'inoculation de toutes les betes bovines des etables infectees serait une mesure excellente, eile leur communiquerait une mala-die en general benigne, qui guerit assez promptement et qui pre­serve au moins pour un certain temps de la peripneumonie. Nul animal ne pourrait etre deplace ou soustrait ä la sequestration jusqu'ä complete guerison, toutefois il pourrait en etre introduit d'autres, qu'on inoculerait pareillement ä leur entree. L'inocula­tion n'est pas prescrite par la loi, eile donne ordinairement de tres bons resultats; dans quelques cas tres rares eile amene la mort. Elle deplait aux proprietaires, qui toujours ne se rendent pas un compte exact de leurs interets.
II faudrait faire entendre raison aux cultivateurs et les convain-cre plutot que les intimider ou les contraindre, et s'ils consen-taient, il y aurait lieu de deleguer un veterinaire pour proceder ä l'operation.
Tel est, Monsieur le Prefet, le resultat de la mission que vous m'avez confiee et telles sont les considerations dans lesquelles j'ai cru devoir entrer pour repondre aux questions que vous m'a­vez adressees.
J'ai l'honneur d'etre votre tres respectueux et tres obeissant serviteur.
G. P. V. 18 Juin 1873.
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RAPPORT SUR LE PIETIN lt;raquo;
Monsieur le Sous-Prefet,
laquo; Par votre lettre en date du 27 septembre 1832, vous me faites l'honneur de me designer pour me transporter dans les communes de St-Leger, de Vermahton et de Bouy, dans le but de faire la vi­sile des troupeaux de betes a laine, reconnaitre si les betes qui les composent sont uttaquees de la maladie connue sous le nom de pietin, de m'assurer des voies de propagation de cette maladie et de vous indiquer las mesures de police administrative propres k en preserver les troupeaux des proprietaires voisins, enfin les moyens de guerir les betes qui en sont atteintes. Les journees des 29, 30 et 31 septembre ont ete consacrees k la visite des trou­peaux de la commune de St-Leger, celles des Ier, 2, 3et4octobre a celle des deux communes de Vermanton et de Bouy. [Je me suis assure, Monsieur, de l'existence de la maladie parmi plusieurs troupeaux; j'ai pris des informations aupres des proprietaires pour m'assurer si eile s'y etait transmise par contagion; j'ai fait quel-ques experiences pour demontrer cette meme contagion; je me suis convaincu, autant que le temps me l'a permis, des bons effets de quelques moyens curatifs dont j'ai fait usage; enfin j'ai pense devoir, M. le sous-prefet, consigner toutes mes observa­tions dans le rapport ci-joint.
laquo; Description de la maladie. — Parmi les betes composant les troupeaux qui sont atteints du pietin, il m'a ete facile de recon­naitre l'etat de la maladie des son apparition; pendant la duree de son existence, de pouvoir apprecier les ravages qu'elle occasionne dans les pieds des betes qui en sont atteintes; enfin de constater toute sa gravite.
laquo; Le pietin debute par une inflammation de la petite portion de peau situee entre les deux onglons; les animaux ne boitent que pen ou point: plus tard I'ongle sedecolle a Fun ou aux deux onglons. De la douleur et de la chaleur se declarent, et l'animal boite alors
(1) Rapport emprunte au traite de Polios sanitaire de Delafond.
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sensiblement. Tels sont les symptömes qui annoncent le debut de la nuüadie et qui accusent son existence depuis 8 ä 10 jours.
laquo; Si le sol est humide, si les bergeries sont malpropres, I'ongle se detache, les tissus vasculaires sous-jacents (tissus podophilleux) s'enflarament, se gonflent, s'epaississent et secretent un fluide epais, graisseux, blanchätre, inodore d'abord, qui, expose au con­tact de Fair, deviant fetide et noirätre. La suppuration de I'ongle ü la face interne ne tarde pas h s'etendre en arriere aux talons, en has ä la sole, et bientöt eile se propage ä la face externe de I'ongle. La corne, ainsi separee des tissus qui lui apportaient des sues prp'prgs h entretenir sa souplesse et son elasticity, se ride, se couvre de cercles et se durcit.
laquo; A cette periode de la maladie les betes boitent tout bas; quel-ques-unes meme, etant aux champs, paissent en se tenant sur les genoux; les ongles s'allongent beaucoup et les animaux souffrent et mäjgnssent. Dans cet etat la maladie date de trois semaines ä un mois, quelquefois plus : eile est deja rebelle, et ce n'est qu'avec beaucoup de soins qu'on parvient ä la guerir radicalement. Plus tard les tissus sous-cornes se gonflent, changent de nature, s'hy-pertrophient et se transforment en tissu squirrheux; une matiere grasse, caseeuse, infecte, ramollit et detruit la corne Qh et lä. D'autres fois ce tissu s'ulcere; et l'ulceration, attaquant bientöt les tendons qui s'attachent^a I'os vasculaire renferme dans laboite cornee, detruit cet os en donnant lieu h des fistules, des clapiers, des abces, desquels s'echappe une matiere purulente infecte. Quelquefois la chute de I'ongle est la suite de ces graves lesions. laquo; Tel est l'etat de la maladie lorsqu'elle est arrivee a son der­nier degre; alors eile est ancienne et date de 3 ä4 mois, quelque­fois plus : un seul onglon pent en etre ätteint, souvent les deux; quelquefois ce sont les deux membres anterieurs qui sont attaques, d'autres fois ce sont les deux posterieurs: rarement les quatre membres h la fois sont envahis.
laquo; Lorsqu'elle est ancienne, la gravite de cette maladie est teile, qu'on parvient difficilement a la guerir. Souvent, apres un traite-ment rationnel on croit la guerison certaine, lorsqu'elle n'est qu'in-complete; l'humidite des päturages et des bergeries la fait quel­quefois reparaitre subitement.
laquo; Apparition du pietin ä St-Leger. Causes qui l'ont propagi dans les communes environnantes. — Le pietin a ete apporte ä St-Leger par un troupeau merinos metis, achete par M. Viment, fermier ä Bellevue, h la foire de St-Laurent, le 10 juillet.
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laquo; My Viment ignoraitla nature du mal et sa contagion. Son trou-peau fut conduit dans ies paturages de MM. Petit et Perrot, ses voisins : 15 jours apres, la maladie se declara dans le troupeau de M. Petit, et huit jours plus tard dans celui de M. Perrot; et c'est de ces trois foyers Je contagion que le raste des troupeaux de St-Leger a gagne le pietin, soit sur les paturages communaux, soit en passant par les cheinins suivis par les troupeaux attaques. Le troupeau de M. Silvain, qui pacageait sur les terres de le commune de Vermanton, transmit bientöt le pietin aux troupeaux des fer-. miers de cette commune, et ce furent ceux-ci qui le communi-querent aux troupeaux de la commune de Bouy, qui sans doute ä leur tour le transmettront aux troupeaux des communes environ-nantes, si des mesures preservatrices ne sent point immediate-ment mises en execution. La matiere contagieuse a pour vehicule la sanie sero-purulente secretee sous la corne par les tissus ma-lades, et c'est cette matiere qui, deposee sur le sol oü passent les troupeaux encore intacts, ou sur les plantes des paturages oü ils sont conduits, touchant la peau de l'espace interdigite, transmet par son simple contact la maladie dont il s'agit. II suffit que quel-ques betes la contractent dans un troupeau, pour qu'ensuite celles-ci, impregnant de cette sanie virulente la litiere des bergeries ou le sol des pares, le pietin soit transmis k un plus grand nombre de betes.
laquo; II est facile de containers les personnes les plus incredules sur ce mode de propagation; car il suffit d'essuyer avec un petit linge ou un peu d'etoupe la matiere occupant l'espace interdigite d'un animal attaque de pietin, et de la deposer sur la peau entre les deux ongles d'un mouton sain, pour voir deux jours apres la ma­ladie se declarer. Nous n'avons point entendu parier que les ber-gers, que les chiens qui gardent les troupeaux aient transmis le mal: les annales de la science veterinaire se taisent aussi a cet egard. Tels sont. Monsieur le sous-prefet, les renseignements po-sitifs que j'ai pu me procurer sur l'origine de la maladie et sur la maniere dont eile s'est propagee. Dans le but de m'assurer de Te-tendue du mal, j'ai du proceder k la visite des troupeaux et k leur recensement: le tableau ci-apres renferme le resume de ce que j'ai constate.
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laquo; II rßsulte du tableau ci-contre : 1deg; que, dans la commune de St-Leger, sur cinq troupeaux, trois sont attaques par le pietin, et forment un total de 1,190 betes, dont 70 sont atteintes; 2deg; que dans la commune de Vermanton, sur quatre troupeaux, formant un total de 670 betes, 240 animaux sont affectes de la meme ma-ladie; 3deg; que dans la commune de Bouy, trois troupeaux sur ciuq sont atteints, et que le nombre des betes malades s'eleve ä 95; 4deg; enfm que dans les communes de Dampierre, Bitry et Brianne, la maladie n'a point encore penetre parmi les nombreux et beaux, troupeaux existant dans ces deux communes limitrophes.
laquo; Mesures preservatrices. — Preserver du pietin les betes qui n'en sont point encore atteintes dans les troupeaux attaques ; evi-ter Faeces de cette maladie parmi les troupeaux encore sains; gue-rir les betes malades: telles sont les indications ä remplir pour arreter la multiplication du mal. Pour parvenir ä ce but desirable, voici, M. le sous-prefet, les mesures que j'ai l'honneur de vous proposer, et que, si vous les trouvez bonnes, il vous plaira de vouloir bien faire mettre ä execution par un arrete.
laquo;1deg; Les proprietaires des troupeaux affectes du pietin devront declarer au maire de leur commune l'apparition du mal. 2deg; Ils devront söparer les animaux malades de ceux qui sont encore sains. 3deg; Les premiers pourront sejourner dans labergerieou dans leparc infectö; mais ils seront conduits dans des pacages isoles et indiques par l'autorite communale, oü ils seront traites convena-blement par un veterinaire jusqu'ä guerison. 4deg; Si les betes sont en etat d'etre vendues pour la boucherie, le proprietaire pourra en faire la vente le plus tot possible, mais ä son domicile. 5deg; De­fense sera faite de conduire les animaux atteints du mal contagieux aux foires et marches et aux abreuvoirs communs. 6deg; Les contre-venants a ces dispositions devraient etre traduits devant les tribu-naux competents, et condamnes aux peines et araendes voulues par les articles 459, 460 et 461 du Code penal.
laquo; Moyens curatifs. — On visitera souvent les pieds des betes non boiteuses, et aussitot qu'on apercevra un leger suintement entre les deux onglons avec decollement de la corne, on cauterisera cette partie en la touchant avec l'extremite de la barbe d'une plume im-pregnee d'acide nitrique, connu sous le nom d'eau forte.
laquo; Si la bete commence a bolter, on enlevera avec un instrument tranchant toute la corne decollee; et alors les tissus sous-jacents
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seront touches avec la barbe d'une plume penetree par le melange suivant, dont je puls garantir les excellents effets. Vinaigre blanc, 78 parties; deuto-sulfate de cuivre, 10 parties; acide sulfurique, 12 parties; total 100 parties. On pulverise le deuto-sulfate de cuivre, qu'on fait dissoudre dans le vinaigre froid, et on ajoute en-suite l'acide sulfurique.
laquo; Si le mal est plus ancien, si la corne de la sole et du talon est detachee, si une matiere blanchätre et fetide recouvre les tissus sous-jacents, si ce tissu lui-meme est pale et boursoufle; apres avoir enleve toutes les parties de corne detachees, on placera le pied au-dessus d'un vase contenant de Vacetate de cuivre ou verdet bien pulverise, et on saupoudrera toutes les parties detachees avec cette poudre legerement caustique et dessiccative. II sera bon alors, si les parties de corne enlevees ont mis beaucoup de tissus ii decouvert, d'entourer l'ongle avec de la filasse ou des etoupes. Si l'os est carie, on le rugiiierä; si les ligaments sont exfolies, on enleveru scrupuleusement les parties alterees; si des fistules exis­tent, on les debridera et on les cauterisera, dans le but d'obtenir une plaie simple et une cicatrisation prompte. On ne negligera point, pour assurer le succes de la guerison, de eurer les bergeries, d'en recouvrir le sol avec beaucoup de litiere; enfin on ne conduira les animaux aux päturages que par le beau temps, l'humidite des pieds s'opposant constamment k la guerison du pietin. laquo; Agreez, etc.
laquo; 0. D., veterinaire. raquo;
FIN
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TABLE DES MATIERES
PREMIERE PARTIE
pages
Preface.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;v
Introduction....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
Tableau analytique................. H
GHAPITRE PREMIER
Symptomatologie et anatomie pathologique des ma­ladies CONTAGIEUSES................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;13
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 14
Congestion......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 15
Hemorrhagie.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 15
Exsudation......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 15
Phlegmasies.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 16
Metastases......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;16
Hypersecretion.................• • •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1^
Epanchement.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;17
Pyog6nie......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 17
Pyohamp;nie......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;17
Gangröne..........'.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;17
Ulceration......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;18
Hyperplasie.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 18
Degen6rescence....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;18
Forme congestive...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 19
—nbsp; nbsp; nbsp; Eruptive...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20
—nbsp; nbsp; nbsp; exsudative..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 20
—nbsp; nbsp; nbsp; purulente...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20
-ocr page 942-
928nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TABLE DES MAXIERES
Forme hyperplastique ou interstitielle .........nbsp; nbsp; nbsp;quot;quot;aö
—nbsp; nbsp; nbsp; tuberculeuse.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 20
—nbsp; nbsp; nbsp; ulcerative..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 20
—nbsp; nbsp; nbsp; diphthöritique.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 20
Evolution sur un individu...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 20
Incubation......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 21
Invasion.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 21
Augment.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 21
Etat.........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 21
Declin........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 21
Type.........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 22
Marche.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 23
Complications....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 23
Terminaison.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 23
Marche de la maladie dans une iocalite, dans un pays. . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 25
Pronostic.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 27
Diagnostic.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;27
Anatomie pathologique.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 28
CHAPITRE II
Etiologie des maladies contagieuses, contages, con­tagions ......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 31
Causes predisposantes.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 31
Causes determinantes, spontaneite...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 32
Contagion......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 39
Infection.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 40
Miasmes.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 41
Effluves.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 44
Virus, Contages....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 46
Historique......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 46
Etat naturel des contages...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 48
Caracteres physiques.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 53
—nbsp; nbsp; nbsp; chimiques.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 53
—nbsp; nbsp; nbsp; anatomiques................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 53
-ocr page 943-
TABLE DES MAXIERESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;929
,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; pages
Caracteres physiologiques...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 54
Nature des virus...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 56
Theorie de la matiere devenue virulente........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 57
—nbsp; nbsp; nbsp;des virus solubles...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 60
—nbsp; nbsp; nbsp;des virus figures...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 62
—nbsp; nbsp; nbsp;des granulations virulentes...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 63
—nbsp; nbsp; nbsp; du parasitisme virulent............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 72
Bacteriens..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 79quot;
Organisation.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 79
Nature.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 81
Classification......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 82
Physiologie......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 80
Röle desbactwiens dans la fermentation.........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 91
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; dans les lesions chirurgicales.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;92
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; dans les maladies cdntagieuses. ...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 94
Mode d'action des bacteries..............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 96
Finalite des matieres virulentes............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 98
De la contagion....................nbsp; nbsp; nbsp; 100
Modes de contagion..................nbsp; nbsp; nbsp; 102
Contagion immediate ou directe............nbsp; nbsp; nbsp; 104
Contagion mediate ou indirecte..........'f. .nbsp; nbsp; nbsp; 105
Contagion volatile...................nbsp; nbsp; nbsp; 106
Voies d'introduction de virus.............nbsp; nbsp; nbsp; 109
Absorption des virus..................nbsp; nbsp; nbsp; m
Immunite, receptivite......•...........nbsp; nbsp; nbsp; 114
Activity d'un meme virus................nbsp; nbsp; nbsp; 117
Action, mode d'action des virus............nbsp; nbsp; nbsp; 118
Incubation...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 119
Classification de maladies virulentes.........nbsp; nbsp; nbsp; 122
CHAPITRE III
Traitement, legislation et mesures sanitaires. , . 125 Traitement........,...... ,...... 125
59
-ocr page 944-
930nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TABLE DES MAXIERES
pages
Police sanitaire...................nbsp; nbsp; nbsp; 126
Historique......................nbsp; nbsp; nbsp; 129
Arret du 16 juillet 1784...............•nbsp; nbsp; nbsp; 135
Arret de messidor, an V................nbsp; nbsp; nbsp; 141
Articles du Code penal relatifs h la police sanitaire.....nbsp; nbsp; nbsp; 146
Arrete ministeriel relatif ä l'importation des animaux en
France.......................nbsp; nbsp; nbsp; l^
Avantages et defauts de la legislation ancienne......nbsp; nbsp; nbsp; 151
Caracteres d'une loi sur la police sanitaire des animaux. .nbsp; nbsp; nbsp; 152
Projet de loi sur la police sanitaire vote au Samp;iat. . . .nbsp; nbsp; nbsp; 154
Projet de loi sur la police sanitaire...........nbsp; nbsp; nbsp; 159
Devoirs des proprietaires, gardiens, detenteurs d'animaux
malades......................nbsp; nbsp; nbsp; 161
Devoirs de l'autorite.................nbsp; nbsp; nbsp; 161
Devoirs des veterinaires................nbsp; nbsp; nbsp; 162
Moyens et mesures employes par la police sanitairenbsp; nbsp; nbsp;165
Declaration.....................nbsp; nbsp; nbsp; 165
Visite.......................nbsp; nbsp; nbsp; 169
Recensement, marque. . ..............nbsp; nbsp; nbsp; 170
Isolement......................nbsp; nbsp; nbsp; 171
Sequestration.....................nbsp; nbsp; nbsp; 173
Cantonnement....................nbsp; nbsp; nbsp; 174
Quarantaine.....................nbsp; nbsp; nbsp; 177
Cordons sanitaires..................nbsp; nbsp; nbsp; 178
Emigration......................nbsp; nbsp; nbsp; 178
Suspension des foires et des marches..........nbsp; nbsp; nbsp; 178
Estimation, indemnity.............. .nbsp; nbsp; nbsp; 179
Abatage.......................nbsp; nbsp; nbsp; 180
Enfouissement....................nbsp; nbsp; nbsp; 182
Equarrissage.....................nbsp; nbsp; nbsp; 184
Disinfection....................nbsp; nbsp; nbsp; 187
Disinfectants.....................nbsp; nbsp; nbsp; 188
AgeRts preferables..................nbsp; nbsp; nbsp; 196
Pratique de la desinfection..............nbsp; nbsp; nbsp; 196
D6sinfection des habitations...............nbsp; nbsp; nbsp; 196
-ocr page 945-
TABLE DES MATIERESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;931
pages
Desinfection des objets qui ont ete en contact avec las ma-lades ......... .............nbsp; nbsp; nbsp; 197
Desinfection des vehicules, des wagons, des charrettes, des
Mtiments de transports...............nbsp; nbsp; nbsp; 198
Desinfection de I'atmosphere..............nbsp; nbsp; nbsp; 200
Desinfection des fourrages, des litieres, des boissons, des
fumiers......................nbsp; nbsp; nbsp; 200
Desinfection des cadavres et des debris cadaveriques. . .nbsp; nbsp; nbsp; 201
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; des animaux vivants, des persoimes......nbsp; nbsp; nbsp; 203
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; des abreuvoirs, des chemins, des päturages. .nbsp; nbsp; nbsp; 203
Role de l'autorite...................nbsp; nbsp; nbsp; 203
Role du veterinaire..................nbsp; nbsp; nbsp; 204
Role du proprietaire.................nbsp; nbsp; nbsp; 204
Sequestration ulterieure................nbsp; nbsp; nbsp; 204
Inoculation......................nbsp; nbsp; nbsp; 204
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE PREMIER
Infection purulente................nbsp; nbsp; nbsp; 209
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 209
Synonymes.....................nbsp; nbsp; nbsp; 210
Associations.....................nbsp; nbsp; nbsp; 210
Importance.....................nbsp; nbsp; nbsp; 211
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; 212
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 215
Pathogenie......................nbsp; nbsp; nbsp; 220
Caracteres du pus, pyogenie..............nbsp; nbsp; nbsp; 220
Proprietes physiologico-pathogöniques du pus......nbsp; nbsp; nbsp; 222
Pathogenie de l'infection purulente...........nbsp; nbsp; nbsp; 224
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 231
Utilisation des viandes.................nbsp; nbsp; nbsp; 232
-ocr page 946-
932nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TABLE DES MAXIERES
CHAPITRE II
Septigemie.....................nbsp; nbsp; nbsp; 233
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 233
Synonymes...............,.....nbsp; nbsp; nbsp; 234
Associations.....................nbsp; nbsp; nbsp; 235
Importance......................nbsp; nbsp; nbsp; 235
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; 235
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 247
Lösions du sang, de l'apparoil circulatoire, des sereuses.nbsp; nbsp; nbsp; 251
—nbsp; nbsp; nbsp; de l'appareil respiratoire....... ...nbsp; nbsp; nbsp; 255
—nbsp; nbsp; nbsp; de l'appareil digestif............nbsp; nbsp; nbsp; 256
—nbsp; nbsp; nbsp; de l'appareil genito-urinaire..........nbsp; nbsp; nbsp; 257
—nbsp; nbsp; nbsp; de l'appareil de l'innervation..........nbsp; nbsp; nbsp; 258
—nbsp; nbsp; nbsp; de l'appareil locomoteur. ,..........nbsp; nbsp; nbsp; 258
Etiologie et pathogenie......... ......nbsp; nbsp; nbsp; 259
Causes preparatoires . . ........,......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;260
Cause efficiente....................nbsp; nbsp; nbsp; 265
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 277
Boucherie......................nbsp; nbsp; nbsp; 278
CHAPITRE III
FlEVRE TYPHOIDE DU PORC..............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;281
Symptömes.....................nbsp; nbsp; nbsp; 283
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 287
Etiologie, pathogenie.................nbsp; nbsp; nbsp; 290
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 291
Police sanitaire....................nbsp; nbsp; nbsp; 291
CHAPITRE IV
Ghouera des oiseaux.......t........nbsp; nbsp; nbsp; 295
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; 296
-ocr page 947-
TABLE DES MAXIERESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;933
pages
Anatomie pathologique. ,............ .nbsp; nbsp; nbsp; 300
Etiologie........................nbsp; nbsp; nbsp; 301
Culture du microbe..................nbsp; nbsp; nbsp; 303
Contagion......................nbsp; nbsp; nbsp; 304
Traitement.....................nbsp; nbsp; nbsp; 306
Police sanitaire...................nbsp; nbsp; nbsp; 306
CHAPITRE V
Charbon.......................nbsp; nbsp; nbsp; 3il
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 313
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; 314
Anatomie pathologique.................nbsp; nbsp; nbsp; 325
Nature, etiologie, pathogenie.............nbsp; nbsp; nbsp; 334
Nature du contage charbonneux, ses proprietes.....nbsp; nbsp; nbsp; 334
Contagion.......................nbsp; nbsp; nbsp; 346
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 355
Police sanitaire....................nbsp; nbsp; nbsp; 361
CHAPITRE VI
Diphtherie......................nbsp; nbsp; nbsp; 369
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 369
Synonymes......................nbsp; nbsp; nbsp; 370
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; 370
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 376
Etiologie..........;........^ . . .nbsp; nbsp; nbsp; 380
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 383
Police sanitaire....................nbsp; nbsp; nbsp; 384
•CHAPITRE VII
FlEVRE TYl'HOÜÜE JJU CHEVAL...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 387
Definition, considerations generales...........nbsp; nbsp; nbsp; 387
Synonymes......................nbsp; nbsp; nbsp; 389
-ocr page 948-
TABLE DES MATIERES
pages
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; 390
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 406
Etiologie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 444
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 417
GHAPITRE VIII
Peste bovine.....................nbsp; nbsp; nbsp; 421
Definition, considerations generales...........nbsp; nbsp; nbsp; 421
Synonymes......................nbsp; nbsp; nbsp; 422
Associations.....................nbsp; nbsp; nbsp; 423
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; 423
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 433
tftiologie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 441
Gontage typhique...................nbsp; nbsp; nbsp; 445
Contagion......................nbsp; nbsp; nbsp; 448
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 455
Police sanitaire....................nbsp; nbsp; nbsp; 457
Declaration......................nbsp; nbsp; nbsp; 460
Visite........................nbsp; nbsp; nbsp; 461
Sequestration.....................nbsp; nbsp; nbsp; 464
Abatage.......................nbsp; nbsp; nbsp; 470
Utilisation, enfouissement des cadavres.........nbsp; nbsp; nbsp; 472
Indemnite......................nbsp; nbsp; nbsp; 474
Desinfection.....................nbsp; nbsp; nbsp; 478
Instruction sur les mesures ii prendre centre la peste
bovine.......................nbsp; nbsp; nbsp; 479
GHAPITRE IX
Pleuropneumonie contagieuse............nbsp; nbsp; nbsp; 494
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 494
Symptomatologie..........•;.........nbsp; nbsp; nbsp; 494
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 502
Etiologie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 510
-ocr page 949-
TABLE DES MAXIERESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Ö35
pages
Contagion......................nbsp; nbsp; nbsp; 512
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 524
Police sanitaire....................nbsp; nbsp; nbsp; 527
CHAPITRE X
Phthisie tuberculeuse................nbsp; nbsp; nbsp; 537
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 537
Symptomes......................nbsp; nbsp; nbsp; 537
Anatomie pathologique.................nbsp; nbsp; nbsp; 546
Tubercule......................nbsp; nbsp; nbsp; 547
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;naissant, jeune...............nbsp; nbsp; nbsp; 548
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;adulte...................nbsp; nbsp; nbsp; 549
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;vieux, mort.................nbsp; nbsp; nbsp; 551
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;cretace...................nbsp; nbsp; nbsp; 552
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ramolli...................nbsp; nbsp; nbsp; 554
Origine du tubercule.................nbsp; nbsp; nbsp; 557
Ensemble des lesions dans las divers organcs......nbsp; nbsp; nbsp; 559
Lesions de Tappareil respiratoire...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 560
—nbsp; nbsp; de l'appareü circulatoire.............nbsp; nbsp; nbsp; 564
—nbsp; nbsp; de Tappareil digestif............nbsp; nbsp; nbsp; 566
—nbsp; nbsp; de Tappareil genito-urinaire..........nbsp; nbsp; nbsp; 567
Etiologie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 569
Spontaneite.......... ..........nbsp; nbsp; nbsp; 569
Contagion................;.....nbsp; nbsp; nbsp; 571
Caracteres, nature, sieges du virus. . . . ;......nbsp; nbsp; nbsp; 574
Modes de contagion..................nbsp; nbsp; nbsp; 577
La tuberculose est-eile une infection purulente ? ....nbsp; nbsp; nbsp; 579
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 583
Police sanitaire, boucherie...............nbsp; nbsp; nbsp; 585
CHAPITRE XI
Dourine.......................nbsp; nbsp; nbsp; 589
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 589
-ocr page 950-
936nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TABLE DES MATIERES
pages
Synonymes......................nbsp; nbsp; nbsp; 589
Symptomatologie..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;590
Premiere periode..................nbsp; nbsp; nbsp; 591
Chez les males....................nbsp; nbsp; nbsp; 591
Chez les femelles...................nbsp; nbsp; nbsp; 592
Deuxieme periode..................nbsp; nbsp; nbsp; 594
Troisieme periode ..................nbsp; nbsp; nbsp; 596
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 597
Nature de la dourine, diagnostic............nbsp; nbsp; nbsp; 602
Etiologie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 603
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 606
Police sanitaire.....................nbsp; nbsp; nbsp; 607
CHAPITRE XII
Affection farcino-morveuse.............nbsp; nbsp; nbsp; 613
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 613
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; 614
Farcin chronique...................nbsp; nbsp; nbsp; 616
Symptömes locaux..................nbsp; nbsp; nbsp; 617
Boutons.......................nbsp; nbsp; nbsp; 618
Cordes........................nbsp; nbsp; nbsp; 623
Tumeurs.......................nbsp; nbsp; nbsp; 626
Engorgements....................nbsp; nbsp; nbsp; 630
Morve chronique...................nbsp; nbsp; nbsp; 632
Symptömes locaux..................nbsp; nbsp; nbsp; 633
Jetage........................nbsp; nbsp; nbsp; 633
Etat de la pituitaire, tubercules, chancres........nbsp; nbsp; nbsp; 635
Glandage......................nbsp; nbsp; nbsp; 641
Autres symptömes...................nbsp; nbsp; nbsp; 645
Symptömes generaux.................nbsp; nbsp; nbsp; 648
Morve aigue, farcin aigu...............nbsp; nbsp; nbsp; 649
Diagnostic.............^.........nbsp; nbsp; nbsp; 656
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 663
Tubercule morveux..................nbsp; nbsp; nbsp; 663
-ocr page 951-
TABLE DES MAXIERESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;937
pages
Tubercule pulmonaire..........-..-.....nbsp; nbsp; nbsp; 664
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; des maqueuses...............nbsp; nbsp; nbsp; 666
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; de la peau.................nbsp; nbsp; nbsp; 667
Lesions des divers organes...............nbsp; nbsp; nbsp; 667
Etiologie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 675
Histoire de la contagion de la morve......... .nbsp; nbsp; nbsp; 675
Spontaneite.....................nbsp; nbsp; nbsp; 68Ö
Transformation de l'infection purulente en morve. ...nbsp; nbsp; nbsp; 682
Contagion......................nbsp; nbsp; nbsp; 683
Sieges du virus, ses caracteres.............nbsp; nbsp; nbsp; 684
Tenacite et conservation du virus...........nbsp; nbsp; nbsp; 688
Modes et voies de contagion..............nbsp; nbsp; nbsp; 690
Receptivite des diverses especes............nbsp; nbsp; nbsp; 693
Immunite . . . ,..................nbsp; nbsp; nbsp; 696
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 696
Police sanitaire....................nbsp; nbsp; nbsp; 699
Declaration.....................nbsp; nbsp; nbsp; 699
Visite . . ,.....................nbsp; nbsp; nbsp; 701
Abatage, equarrissage, enfouissement..........nbsp; nbsp; nbsp; 702
Desinfection.....................nbsp; nbsp; nbsp; 704
Sequestration....................nbsp; nbsp; nbsp; 705
Surveillance des animaux qui ont cohabite avec des che-
vaux morveux ou suspects.............nbsp; nbsp; nbsp; 708
Precautions complementaires..............nbsp; nbsp; nbsp; 709
CHAPITRE XIII
GOURME DES SOLIPEDES................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;713
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 713
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; 714
Formes de la maladie.................nbsp; nbsp; nbsp; 721
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 725
Etiologie.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;727
Contagion......................nbsp; nbsp; nbsp; 739
Traitement....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;733
li
-ocr page 952-
TABLE DES MATTERES
CHAPITRE XIV
pages
Maladie du jeune age................nbsp; nbsp; nbsp; 737
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 737
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; 737
Formes de la maladie.................nbsp; nbsp; nbsp; 742
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 744
Etiologie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 7'i6
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; '*'
CHAPITRE XV
Rage........................nbsp; nbsp; nbsp; ^
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 751
Symptomatologie......... .........nbsp; nbsp; nbsp; 752
Rage du chien....................nbsp; nbsp; nbsp; 752
Rage furieuse....................nbsp; nbsp; nbsp; 752
Rage mue......................nbsp; nbsp; nbsp; 757
Rage du chat.....................nbsp; nbsp; nbsp; 758
—nbsp; des solipedes..................nbsp; nbsp; nbsp; 758
—nbsp; des betes bovines................nbsp; nbsp; nbsp; 759
—nbsp; des petits ruminants...............nbsp; nbsp; nbsp; 760
—nbsp; du lapin....................nbsp; nbsp; nbsp; 760
Symptömes.....................nbsp; nbsp; nbsp; 761
Rage des oiseaux...................nbsp; nbsp; nbsp; 763
—nbsp; de l'homme...................nbsp; nbsp; nbsp; 763
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 764
Diagnostic.....................nbsp; nbsp; nbsp; 768
Etiologie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 'Dt'
Spontaneite.....................nbsp; nbsp; nbsp; 769
Contagion......................nbsp; nbsp; nbsp; quot;quot;
Sifeges du virus...........quot;.........nbsp; nbsp; nbsp; 773
Caracteres du virus..................nbsp; nbsp; nbsp; 777
Modes de contagion, ses caraetöres...........nbsp; nbsp; nbsp; 779
-ocr page 953-
TABLE DES MATIERES
Prophylaxie, traitement, police sanitaire........nbsp; nbsp; nbsp; 781
Soins ä donner aux personnes mordues.........nbsp; nbsp; nbsp; 781
Animaux mordus, animaux enrages..........nbsp; nbsp; nbsp; 782
Mesures sanitaires..................nbsp; nbsp; nbsp; 783
Mesures applicabl es aux animaux carnivores.......nbsp; nbsp; nbsp; 787
— — aux animaux herbivores.......nbsp; nbsp; nbsp; 791
GHAPITRE XVI
Horsepox, COWPOX..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;793
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 793
Synonymes.....................nbsp; nbsp; nbsp; 794
Historique......................nbsp; nbsp; nbsp; 794
Symptomatologie..................nbsp; nbsp; nbsp; 797
Evolution d'une pustule................nbsp; nbsp; nbsp; 797
Pustule cutanee...................nbsp; nbsp; nbsp; 797
Eruption des muqueuses...............nbsp; nbsp; nbsp; 802
Evolution de la maladie sur un individu, horsepox. . . .nbsp; nbsp; nbsp; 803
— — — cowpox . . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 807
Epizootie.....................nbsp; nbsp; nbsp; 808
Pronostic......................nbsp; nbsp; nbsp; 808
Anatomie pathologique, pathogenie..........nbsp; nbsp; nbsp; 808
Etiologie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 809
Siege du virus....................nbsp; nbsp; nbsp; 809
Garacteres du virus................. .nbsp; nbsp; nbsp; 810
Conservation du virus vaccin..............nbsp; nbsp; nbsp; 812
Modes et caracteres de la contagion...........nbsp; nbsp; nbsp; 813
Intensite virulente, nature du vaccin..........nbsp; nbsp; nbsp; 816
Traitement.....................nbsp; nbsp; nbsp; 820
Police sanitaire.....................nbsp; nbsp; nbsp; 820
GHAPITRE XVII
Glavelee......................nbsp; nbsp; nbsp; 823
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 823
-ocr page 954-
940nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TABLE DES MATIERES
Synonymes...................• •nbsp; nbsp; nbsp; 823
Symptomatologie.................'#9632; .nbsp; nbsp; nbsp; 823
Caracteres et evolution de la pustule claveleuse......nbsp; nbsp; nbsp; 824
Pustule cutanee...................nbsp; nbsp; nbsp; 824
Eruption des müqueuses................nbsp; nbsp; nbsp; 828
Caractöres et marche de la maladie evoluant sur un indi-
vidu........................nbsp; nbsp; nbsp; 829
Marche de la clavelee dans un troupeau.........nbsp; nbsp; nbsp; 835
Marche de la clavelee dans une localite, dans un pays.nbsp; nbsp; nbsp; 836
Pronostic......................nbsp; nbsp; nbsp; 836
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 837
Etiologie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 841
Gen tage claveleux, ses caracteres et ses proprietes. . . .•nbsp; nbsp; 841
Contagion, ses modes, ses caracteres.........nbsp; nbsp; nbsp; 844
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 848
Police sanitaire. .................. #9632;nbsp; nbsp; nbsp; 850
Prevenir rimportance de la clavelee..........nbsp; nbsp; nbsp; 850
Combattre Fepizootie.................nbsp; nbsp; nbsp; 854
Clavelisation......................nbsp; 863
GHAPITRE XVIII
FlEVRE APHTHEUSE..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;869
Definition.......................nbsp; nbsp; nbsp; 869
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; 869
Aphthe.......................nbsp; nbsp; nbsp; 870
Evolution de la maladie sur un individu.........nbsp; nbsp; nbsp; 872
Marche de l'affection dans une ferme, dans une localite,
dans un pays............. .. ,.....nbsp; nbsp; nbsp; 879
Anatomie pathologique.................nbsp; nbsp; nbsp; 880
Etiologie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 882
Sieges du virus aphtheux...............nbsp; nbsp; nbsp; 884
Modes, voies, agents et caracteres de h-b contagion....nbsp; nbsp; nbsp; 886
Receptivite des diverses especes. .•....#9632;.....-nbsp; nbsp; nbsp; 888
Immunity......................nbsp; nbsp; nbsp; 889
-ocr page 955-
TABLE DES MAXIERESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;941
pages
Speciflcite......................nbsp; nbsp; nbsp; 889
Traitement..................... .nbsp; nbsp; nbsp; 890
Police sanitaire....................nbsp; nbsp; nbsp; 893
Prevenir l'importation.................nbsp; nbsp; nbsp; 893
Gombattre l'epizootie.................nbsp; nbsp; nbsp; 894
GHAPITRE XIX
Pietin. .......................nbsp; nbsp; nbsp; 899
Definition......................nbsp; nbsp; nbsp; 899
Symptomatologie...................nbsp; nbsp; nbsp; 899
Marche du pietin sur un individu............nbsp; nbsp; nbsp; 899
Marche de la maladie sur un troupeau.........nbsp; nbsp; nbsp; 902
Diagnostic......................nbsp; nbsp; nbsp; 902
Pronostic......................nbsp; nbsp; nbsp; 902
Anatomie pathologique................nbsp; nbsp; nbsp; 903
Etiologie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 903
Traitement......................nbsp; nbsp; nbsp; 904
Police sanitaire....................nbsp; nbsp; nbsp; 905
GHAPITRE XX
De quelques autres maladies dont la propagation
PEUT ETRE ARRETEE PAR L'APPLICATION DE MESURES
DE POLICE SANITAIRE................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;907
Gales........................nbsp; nbsp; nbsp; 907
Bronchitevermineuse, trichinöse, cachexie vermineuse, la-
drerie.......................nbsp; nbsp; nbsp; 908
Rapports......................nbsp; nbsp; nbsp; 911
Rapport sur l'ensemble des mesures a prescrire en cas de
maladies contagieuses................nbsp; nbsp; nbsp; 911
Rapport sur la peripneumonie et les mesures qu'il con-
vient de lui appliquer................nbsp; nbsp; nbsp; 914
Rapport sur le pietin.................nbsp; nbsp; nbsp; 921
FIN DE LA TABLE DES HIATIERES
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ERRATA
Page 85, ligne 11: barteridie lisez bact^ridie __ 89—22 et 26 : dessication lisez dessiccation
—nbsp; nbsp;242 — 21 : obsolument lisez absolurnent
—nbsp; nbsp;292 — 8 : sa lisez la
_ 341nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;17 ; critaux lisez cristaux
_ 351nbsp; nbsp; _nbsp; nbsp; 8 : ploplitö lisez poplite
—nbsp; nbsp;353nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 7 : barbariens lisez barbarins
—nbsp; nbsp;428nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;10: rouges-icteriques lisez rouge-icteriques _ 479nbsp; nbsp; _ 8 : emploira lisez emploiera
—nbsp; nbsp;482nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;37 : propietaires lisez proprietaires
_ 518 — 10 : interbobulaire lisez inteiiobulaire
—nbsp; nbsp;527 — 6 : apparue lisez apparu
—nbsp; nbsp;571 — 31: importante lisez importance
_ 694 _ 41; morveux; qui lisez morveux, qui
—nbsp; nbsp;744 — 32 : rouges-grisätres lisez rouge-grisatres
—nbsp; nbsp;814 — 36: s'acompagne lisez s'accompagne
_ 853 — 38 : clavelisation; seraient lisez clavelisation, seraient
—nbsp; nbsp;893 — 5: eront lisez seront
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