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L'mftCULATION PREVENTIVE
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DU GROS BETAIL;
DISCOURS PRONONCE A L'ACADEMIE ROYALE DE MEOECIPiE
PARnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;(
Mcmbre tilulaire de TAcademie royale de medeciae de Bclgique,
r Professeur amp; l'Universitä de Bruxelles,
MMecin A Tböpital Saint-Pierre, Chevalier desOrdresde Leopold, de Notrc-Dame
de la Coiiceplion, etc., etc.
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(t'xtrail du Bulletin de l'Academie royale de medecine de Belgique, deuxtäme s^rie, tome IX. n0 1.)
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itr-^m
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BRUXELLES,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; -
L1BRAIRIE DE HENRI MANCEAin
IMPRIMEUR DE l'aCADKMIE ROYALE DE MEDECINE DE BELGIQUE,
. Rue de 1'Etuve, 20.
1866
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3356
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DE
L'INOGUJLATION PREVENTIVE
DE LA
PEUROPNEUMONIE EPIZOOTIQUE
DU GROS BETAIL.
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RIJKSUNIVERSITEIT TE UTRECHT
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2671 512 2
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DE
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L'INOCULATION PREVENT1VB
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^.C.33
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36
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EEPI
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DU GROS BETAIL;
DISCOURS PROMNCE A L'ACADEIUIE ROYALE DE MEDECI.NE
PAS
I.K DOCTEUB Jgt; CBOCQ,
Membre titulaire de TAcadeinie royale de medecine de Belgtque,
Professeur A runivcrsilfi deBruxelles,
Hedectn ä l'liöpital Saint-Pit i rt-, Chevalier ties Ordres de Leopold, de Notre-Damc
de la Conception, etc., etc.
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( Kxtrait laquo;in Bulletin de r^endemie royale de medecine de Belgu/ue, deuxiime sitie, tume l\, 11raquo; 1.)
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BRUXELLES, LIBRAIRIE DE H. MANCEAÜX,
IMPRIUEUR OB l'aCADEMIE BOYALE DE MEDECINE DE BELGIQVE,
Rue de l'Etuve, 20.
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1866
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INTRODUCTION.
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Lorsqu'en mai 1852, M. le docleur Willems annonca au monde savant qiie, parl'inoculation de la serosile exprimee des poumonsdes beles alleinlesde pleuropneumonieepizoo-tique, on pouvait les preserver de celle terrible maladie cette nouvelle Cut accueillie avec une defiance bien legitime. Nous ne devons en effet jamais perdre de vue Taphorismo du pere de la medecine : Ars longa, judicium difficile, expc-rientia fallax; nous ne devons jarmis accepter definitivement que des fails bien posilivement demontres.
La defiance elait d'aufanl mieux justifiee, que la contagio-site de la pleuropneumonie etait encore a celle epoque revo-quee en doute par beaucoup de bons esprits, parmi lesqueis je cilerai Verlieyen et M. Fallol. Mais qui dit defiance, dit reserve, el non negation; avanl de se prononcer defmilive-menl, les hommes sages devaient altendre les rcsullals d'ex-perimentalions plus nombreuseset plus etendues.
Les Gouvernements devaient s'emouvoir de la publication de la decouverte de notre collegue; plusieurs d'entre eux chargerenl des Commissions d'hommes compelenls d'insli-tuer des experiences. Parmi eux figurenl les gouvernemenls neerlandais, francais et beige. Les Commissions neerlandaise
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II
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el fran^aise se prononcerenl bientol en faveur de l'inocula-lion; elles le firent, selon moi, un peu prematurement. I.eurs conclusions.elaienl sans doute en rapport avec les fails recueillis par elles, mais ceux-ci etaient trop peu nom breux pour pouvoir servir ä l'elablissement d'une loi de rela-lion conslanle de cause a effet. La Commission beige resla surla reserve, et eile fit bien; eile garcla celte position ex-peclative jusqu'au moment oü les circonstances I'eurent mise en elat de se livrer k des experiences sur une grande ecbelle, et de se prononcer ainsi en connaissance de cause.
Ces experiences exigent, pour etre a l'abri de loule objec-lion, d'etre enlourees de cerlaines garanties. Si toutes les beles qui peuplent une elable sont inoculees, et si loutes sont preservees, on pent objecter que, non inoculees, elles I'au-raient etc de meme. Si I'inoculation n'a pas reussi, on pent supposer qu'elle a ete mal faite. Si clle a ete praliquee par des personnes non competentes, les memes objections peu-vent etre mises en avanl. Si la maladie se developpe peu de temps apres I'inoculation, on peut supposer qu'elle existait deja a la periode d'incubation, voire meme dejä a une periode plus avancee, mais a I'etat latent. Dans nos experiences, executees avec soin el suivies par nous-memes, ces objections ont etc prevues et evitees. Leur nombre est d'ailieurs tellement considerable, qu'on ne peut un instant supposer que les resultats soient reffet du hasard. Elles ont porle sur un chiffre total de 861 betes, repartics dans les
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Ill
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communes de Desteldonck, d'Oostacker, de Gand (faubourg de la Colline), de Loochristy, de Destelbergen et de Gend-brugge. Voici le resultat brut de ces experiences :
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COMMUNES.
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Desteldonck.......
Oostacker........
Faubourjj de la Colline.
Loochristy........
Destelbergen.......
Gcndbrugge.......
Totaiix........
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D'apres ces experiences, les sinistres dus ä I'inoculalion ne depassent pas le chiffre de 1 pour 100. L'inoculation a die praiiquee sans succes 9 fois sur 100. Les betes non inoculees sonl lombees maiades dans la proportion de 25 pour 100, et les betes inoculees avec succes, dans la proportion de 11/10 pour.100. Pour oblenir ce dernier chifl're, nous avons re-tranche toutes celles qui sont tombees malades pendant le premier mois de l'inoculation, et cela pour deux raisons. La premiere, e'est que les effets de l'inoculation ne se produisenl
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IV
pas immedialement apres l'inserlion de la matiere; la se-conde, c'est que l'incubation de la maladie peut durer un mois ot plus. Le nombre des beles inoculees avec succes lombees malades n'alleinl done pas la vingtieme parlie de ceiiii des betes non inoculees.
Ces experiences sont parfailemenl d'accord avec les fails nombreux que la Commission beige a recueillis (ant dans le pays qu'ä I'elranger, el ceux-ci, quoique ne presenlanl pas les memes garanties d'exactitude, viennent pourlant confir-mer d'une maniere frappante les resullats obtenus par nous.
Nous en avons lire les conclusions suivantes, expression stride des fails :
laquo; 1quot; L'inoculation est une operation inoffensive el genera-lemenl couronnee de succes, lorsqu'elle est pratiquee aver, les precautions convenables; les sinistres produits par eile dans ces conditions se presentenl dans une proportion mi-nime.
laquo;2quot; L'inoculation ne constltue pas un preservalif afeo/raquo; de la pleuropncumonie epizoolique, puisque des betes inoculees avec succes onl pu etre atteinles par la maladie apres des semaines et meme apres des mois, cependant ce fait est ex-ceplionnel el concorde avec cet autre, qu'une meme bete peut, dans certains cas, contracter deux fois la pleuropncumonie.
.t 3deg; L'inoculation possede une vertu prophylactique evi-dcnle, el dans les localitcs infeclees, le nombre des beles
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V
inoculees avecsucces qui sont frappees par le fleau, eslinsi-gnifiant vis-ä-vis de ceiui des Leles non inoculees, surlout si Ton tienl comple de la longne duree possible de I'incuba-lion de la maladie.
laquo; 4deg; Nous devons done recommander aux eleveurs et aus cultivateurs la pratique de l'inoculalion; its doivent I'appeler ä leur aide des que la maladie se declare dans leurs etables, et surtoul y soumetlre immediatement le nouveau belail qu'ils y introduisent.
laquo; 5deg; Lorsque i'inoculation a ete une premiere fois prali-quee sans succes, il faut y proceder une seconde fois, afin d'etre bien sür que des circonstances accidentelles n'en onl pasenraye la manifeslalion. raquo;
Du reste, les adversaires de I'inoculation ne denieut plus generalement aujourd'hui toute efficacite a celte operation; ils reconnaissenl son pouvoir preservalcur, raais ils I'oxpli-quenl ä leur facon. Ainsi font MM. Boens et Gerard, a I'in-slar de M. Maurice Reviglio. Ils prelendent que radmission du virus pneumonique est en opposition avec les principes de la science, sans dire comment ni pourquoi. Ils le nient parce qu'ils ne retrouvent dans ses produils rien que ce qu'oo rencontre dans tout produit d'inflammation. Ils ne re-flechisseni pasqu'en raisonnant ainsi, il leur seraittres-facile de demontrer la non-existence du virus varioieux et celle du virus syphililique, ce qui reduit a I'absurde leur argumentation.
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VI
Rapporteur de la Commission beige de la pleuropneumo-nie, je suis convaincu de l'efficacite de l'inoculalion. Voila ponrquoi je livre ä la publicite le discours que j'ai prononce dans la seance du Tl Janvier de l'Academie royaie de medecine de Belgique. Je crois y avoir refute toutes les ob-joclions serieuses faites a cette pratique, et avoir demontre qu'elle esl parfaitemenl conforme ä toutes les donnees et analogies scientifiques.
Je crois que les Gouvernements et toutes les administrations feraient chose utile en encourageant la pratique de l'inoculation, et en en provoquant rapplication dans tous les points menaces ou ravages par la pleuropneumonie.
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DE L'INOCULATION PREVENTIVE
DE tX
PLEUROPNEUMONIE fiPIZOOTIQUE
raquo;V GROS laquo;KTAil..
Messieurs,
Si je prends la parole aujourd'hui, c'est d'une part, afin de bien poser la question, de la faire envisager sous toules ses faces, et de porter dans vos esprits la conviction qui existe dans le mien ; c'est, d'autre part, afin de refuter les allegations qui ont ete produites par M. Boens, dans l'avant-derniere seance, conlre la Commission gouvernemenlale et en particu-iier, contre moi, le rapporteur de cette Commission.
La question de l'inoculalion presenle d'abord ä considerer deux questions differentes.
Esl-ce que l'inoculalion de la pleuropneurnonie epizooti-iiue preserve reellement?
Si cela esl, si cette preservation existe, de quelle maniere s'u|jere-t-elle et comment peut-on la comprendre?
Teiles sont les deux questions que je vais examiner. Ces deux questions sont d'ailleurs bien dislinctes : celle de savoir si rinoculalion est reellement preservatrice, est avant lout une question de fait, que je lächerai de resoudre; je vous dirai ensuile de quelle maniere, si la preservation existe, on
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peut la comprcndre, sans s'ecarler des doctrines el des don-nces de la science meclicale.
Dans la seance du 30 juin 1855, I'Academie a adople la proposition suivante, redigee par M. Burggraeve : laquo; L'Academic, consideranl que l'inoculation de la pleuropneumonie est nnc question de temps et d'experimentation, ajourne la discussion jusqu'a l'epoque oü le temps et l'experimentation auront suffisamment parle. raquo;
Gelte epoque est-elle arrivee? Pour moi, oui; el si je disais autre chose, je me meltrais en contradiction avec moi-meme, puisque j'ai redige et signe sans restriction aucune le rapport de la Commission gouvernementale, que vous connaissez.
Que demandaient a cette epoque M. Burggraeve, etl'Aca-demie aussi, puisqu'elle a adople sa proposition? Du temps el de rexperimentation.
Le temps, quoi qu'en dise M.Boens, a toujours marche. II y a dix ans et au delä que vous avez admis cette proposition.
L'experimenlalion a ete faite, et stir une large echelle, non-seulement en ßelgique, mais dans tons les pays; et nous devons nous rendre a nous-memes le temoignagc d'avoir pris une large part ä cette experimentation.
Je liens d'abord ä etablir d'une maniere bien nette ma position dans cette question.
Si la foi est une vertu, je ne la possede pas. Je suis fort peu dispose a croire de prime abord toutes les allegations dont on vient nous gratifier. Une affirmation csl une chose teile quelle, devant laquelle je reste parfailemenl indifferent. C'est vous dire que dans cette question de IMnoculation, quand M. Willems a produit pour la premiere fois ses fails el ses doctrines, j'ai commence par douter et je me suis
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promis de resler daus le doute, jusqu'a ce que des motifs peremploires, decisifs, m'obligeasseul de sortir de celte posi-lion pour en prendre une autre.
Je ne suis done pas, permetlez-moi I'expression, un inocu-laleur de la veiiie. Si je suis inoculateur, je le suis du len-demain. C'esl assez vous dire que je n'ai apporle dans I'exa-men de la question, ni prevention, ni idee preconcue d'aucune espece, rien d'aulre que le doute. Je me suis pose toutes les objections que Ton peul se poser et notamment ceiles que M. Boens vous a failes. Tout ce qu'il y a d'arguments serieux dans le discours qu'il a prononce dans I'avant-derniere seance, vous pourriez le trouver dans les rapports succes-sifsde la Commission gouvernemenlale. La, toutes ces objections sont formulees, etM. Boens n'a euj je puis le dire, qu'a les ramasser dans nos publications. Par consequent ces objections, nous les connaissons, nous en avons conscience; nous sommes peut-etre pour quelque chose dans la maniere dont elles ont etc formulees.
Relisez les rapports de la Commission gou verneinen tale de la pleuropneumonie exsudative depuis son institution ; el vous verrez qu'ä tous les faits que Ton nous apportail, et Ton en produisait tous les ans de nouveaux, en grand nom-bre, nous faisions aussi des objections, que nous tächions de les contredire. Chaque fois que Ton nous annonQaitqiie dans une exploitation, la maladie avail disparu en presence de l'inoculation, nous demandions imperlurbablement: n'aurait-clle pas cesse, si ce moyen prophylactique n'avait pas ete mis en usage? Souvent nous avons provoque chez M. Willems et ses partisans de Timpatience el du mecontentement par cette objection que nous leur opposions en toute circonstance.
Dans une de nos dernicres seances, M. Pelry a fait passer
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_ 4 — sous vos yeux la serie des fails qui ont ele observes a Hasscll depuis 1852. Pour moi, e'est peut-elre la cenlieme fois que je les enlends defiler devant moi, at certainement ils etaient bien propres a inspirer tout au moins des preventions favora-bles. Cependant ils n'ont pas pu vaincre mon scepticisme et lorsque M. Willems nous les presentalt nous avons toujours repondu : qui salt si, sans 1'inoculalion, les memes resullals ne se seraient pas produits? La Commission a vu de la meme maniere defiler devant eile un nombre tres-considerable d'ob-servations semblables, recueillies soil en Belgique, soit a l'etranger, et nous ne les avons pas jugees süffisantes pour nous prononcer; nous leur avons fait a toutes la meme objection ; aucune d'cntre elles n'a trouve grace devant nous; au-cune ne remplissail,selon nous, toutes les conditions d'une experimentation scientifique rigoureuse. Sans doule cette accumulation de faits, et ils sont nombreux, on en remplirait des volumes, n'elait pas sans valeur. Loin de lä, ils en ont une grande, et le soin que la Commission gouvernementale a mw a les colliger, proave l'importance qu'elle y attachait. Mais si ces fails sont importantlaquo;, si reellement ils merilent d'clro pris en consideration, ce n'est pas comme moyen de demonstration ; c'est comme moyen de confirmation. Pour de-montrer, il faut autre chose; mais, lorsque par des precedes plus cerlains et plus rigoureux, on est arrive a des resultats positifs, alors ces fails sont tres-imporlants pour appuyer ces resullals. Par consequent, lorsque nous les avons recueillis, lorsque nous les avons rassembles avec soin, nous n'ayons pas fail, croyez-le bien, une ceuvre inutile. Vous savez, Mes sieurs, qu'en 185)2, immedialement apres que le docleur Willems eut produit pour la premiere fois sa decouverle de rinoculalion, le Gouvernement, dans sa sollicitude eclai ee
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pour lout ce qui louche aux inlerets de ragricullure, chargca une Commission de determiner la valeur de celte methode, de s'en assurer par tous les moyens possibles. Celte Commission recueillit d'abord des fails sur differents points du pays oü I'inoculation avail ele praliquee. Elle se livra ensuite, et eile fit bien, nous l'imilämes plus lard, a des experiences; eile fit des inoculations. Les experiences de la premiere Commission constituent la partie la plus importante de son travail; et dans ce travail, qu'est-ce que nous voyons? Que toutes les betes inoculees en sa presence out ete preservees de la pleuropneumonie, bien qu'ayant ete, a de nombreuses reprises, exposees ä la contagion. Elle a recueilli dans les diverses parties du pays, un total de o301 cas d'inoculation, sur lesquels eile a constate S5 cas de pleuropneumonie; mais sur ces 55 cas, 1 est douteux, et 12 ayant eciate pendant le mois de I'inoculation, doivent, conformement au principe que nous avons pose relativement a la duree de la periode d'incubalion, elre defalques. II reste done 42 cas de pleuropneumonie survenus plus d'un mois apres I'operation, parmi 5301 betes, soil moins de 1 %.
Ainsi, Messieurs, les fails rassemb'.es par la premiere Commission sont de deux especes. D'une part, ce sont des fails recueillis dans differenles parlies du pays et qui indi-quent un cas de pleuropneumonie sur au delä de cent betes inoculees; d'autre part, ce sont des fails produits par la Commission elle-meme; et la toutes les betes inoculees out ele preservees de la maladie. Vous voyez qu'il nquot;y a la absolu-ment rien de contraire a la pratique de I'inoculation.
Cependant, la premiere Commission ne conclut pas en faveur de celle-ci et eile fit bien. Mais eile ne conclut pas non plus contre I'inoculation et eile ne le pouvait pas, puisqulaquo;
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dans les fails rapporles par eile, il n'y a rien de contraipe a cette pratique; seulement ces fails ne suifisaient pas. Aussi est-elle restee dans un doute tres-prudent. Elle a dit, apres avoir fail ses experiences, apres avoir recueilli les fails : nous doulons, nous reslons dans la reserve. On a cherche a nous rneltre, nous membres de la deuxieme Commission, en con-Iradiction avec la premiere Commission, on a cherche a nous mellre en conlradiclion avec nous-memes. On nous a repre-senles comme ayant en quelque sorle vire de bord el fait volte-face. On s'est applique a representer la premiere Commission comme ayant ete systemaliquemenl hostile a I'ino-culation, et M. Willems lui-merae a peut-elre ete pour quelque chose dans celte appreciation. Mais il n'en esl rien. La verile esl qu'elle n'a pas ose se prononcer, qu'avec les fails insuffisantsqu'elle possedait, eile ne la pas pu.
D'ailleurs, ce ne sont pas des on dil, des allegations quel-ronques,des appreciations personnelles qu'il faul invoquer ici, il faul s'en rapporter uniquemenl a ce qui est ecrit. De celte maniere vous ne vous tromperez pas. Qu'a done ecrit I'an-cienne commission ? Ecoutez sa premiere conclusion:
laquo; 1deg; Que I'inoculalion avec le liquide extrail d'un poumon hepalise par suite de la pleuropneumonie exsudalive n'esl pas un preservalif absolu conlre cette maladie. raquo;
Elle n'a pas dit, notez-lebien, que ce n'etail pas un preservalif, eile a dit seulement que ce n'etail pas un preservalif absolu.
Ecoutez main tenant la troisieme conclusion de noire rapport de 1864;
laquo; L'inoculation -ne constitue pas un preservalif absolu de la pleuropneumonie epizcolique, puisque des betes inoculees avec succes ont pu elre alleinles par la maladie apres des
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semayies, et meine apres des mois; cependant ce fait esl exceptionnel, et Concorde avec cet aulre, qu'une meme bete peut, dans certains cas, contracter deux fois ia pleuropneu-monie. raquo;
Vous voyez, Messieurs, que nous reprenons la conclusion du rapport de la premiere Commission; nous sommes d'ac-cord avec eile ; ce n'esl pas un preservatif absolu; laquo; puisque des beles inoculees avec succes, ont pu etre atteintes apres-des semaines, et meme apres dos mois. raquo;
Vous voyez, Messieurs, qu'il n'y a pas le moindre desac-cord, qu'il y a au conlraire accord parfait eutre les deux conclusions ; oü git done la diflerence qui nous separe de la premiere Commission ? Oü est le pas que nous avons fait en avant? Oü est le progres ? Dans la phrase suivante enoncee egalement par la premiere Commission sous forme de question : laquo; Quant au point de savoir si I'inoculalion possede rcellement une vertu preservatrice, et en ce cas, dans quelle proportion et pour quelle duree eile conserve I'immunile aux animaux qui I'ont subie, cette question ne pourra etre resolue que par des recherches ulterieures. raquo;
Gelte question, que la premiere Commission ne pouvait pas meme aborder avec les documents qu'elle possedait, nous avons pu en grande partie la resoudre au moyen des fails recueillis depuis celte epoque, el surtoul de ceux observes par nous et relates dans noire rapport.
Par consequent, tout en reprenanl la premiere conclusion de la premiere Commission et en nous y ralliant, tout en disant que I'inoculalion ne constitue pas un preservatif ab~ solu, nous avons repondu a la question dont eile n'avait pas aborde la solution et nous avons dit:
laquo; 4deg; L'inoculalion possede une vertu prophylaclique evi-
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dente, el dans les localiles infecfees, le nombre des betas inoculees avec succes, qui sont frappees par le fleau, est insignifiant vis-ä-vis de celui des betes non inoc.ulees, surtout si Ton tienl comptede la longue duree possible de l'inocula-lion de la maiadie. raquo;
Nous aflirmons de la maniere la plus positive la vertu prophylactique de l'inoculalion; laquo;ous avons determine dans quelle proportion eile confere I'immunite aux animaux qui i'onl subie; nous avons dil que lorsque les betes non-inocu-lees etaient alleintes par la maiadie dans la proportion de 25 p. c, les belcs inoculces avec succes n'etaient atteintes que dans la proportion de 1 a 1 1/2 % Gela constitue une difference de plus de 1 a 20 entre les deux categories d'a-nimaux, e'est-a-dire qua les betes non inoculees sonl au moins vingl fois plus exposees a etre frappees par le fleau que les betes inoculees avec succes.
Nous ne sommes pas plus en cela en contradiction avec la premiere Commission qu'avec notre cinquieme rapport public en 1858, dans lequel se trouvenl les conclusions sui-vantes :
laquo; 6deg; L'inoculation ne constitue pasun presarvatif assure (c'est-A-dire absolu) contra la pleuropneumonie epizootique des betes ä cofnes.
laquo; 7deg; L'inoculation jouit peut-etre de la proprielö da randra moins frequents las cas de pleuropneumonie, et da retarder l'epoqua da leur apparition. raquo;
La seula difference, e'esl que, grace ä nos experiences, le peut-etre a disparu, la probabilite a fail place ä la certitude.
Dans ca qua je viens de vous axposer. Messieurs, vous ne voyez pas de traces de ces oppositions violentes, de ces contradictions donl on a fait tant de bruit. Vous assislcz au de-
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veloppemenl progressif d'une queslion, qui s'elucide el se precise davanlage ä mesure que les fails s'accnmulenl. Nous ne sommes pas resles slalionnaires; nous avons marche; nous nesommes plus aujourd'hui en 1832 ou en 183o, nous sommes en 1866, el nous ne pouvons nullemenl nous en reftircr ä ce qui a ele dil ou fail ä celle epoque. Vouiez-vous du resle une preuve de plus de la dislance qui nous separe des discussions qui ont eu lieu ä celte epoque dans celle enceinle? Jo vais vous radministrer.
La question de la pleuropneumonie et de rinoculalion ne pent plus meme elre posee aujourd'hui comme eile i'a ele lors de l'origine de ces debats. En 1852, I'honorable M. Faliol fit un rapporl sur le premier memoire qui nous avail ele adresse par M.Willems (Bulletin, lome II, pag. 840). Dans ce rapporl, noire collegue, qui elail a coup sur I'ex-pression la plus pure el la plus elevce de I'etat auquel se Irouvail la science, s'exprimail comme suil:
laquo; Toules les vues Iheoriques suivies par M. Willems dans son traite sonl dominees par une queslion de fail donl la (Commission n'avait pas ä connailre. Tout y est subor-doune ä I'existence, dans la peripneumonie exsudalive, d'un virus Iransmissible el apte a communiquer une maladie sem-blable ä celle dont il est le produit. Or, pour admettre un pareil virus, il faudrait du moins que la preuve de la transmission füt faite; aussi longlemps qu'elle n'esl pas acquise, I'existence du virus resle douleuse, et toules les consequences qu'on en deduil, toules les hypotheses, ingenieuses ou uon, imaginees pour expliquer, tantöl rinefficacite des inoculations, tanlöl les revers dont elles ont ete suivies, tombenl faule d'appui. raquo;
Ce passage du rapport de M. Fallot merile la plus seriease
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aüenlion, parce qu'il nous monlre bien loute la distance qui separe nolre epoque de celle ä laquelle il fut ecrit. L'auleur revoquc en doule la conlagiosite, la transmissibilite de la rnaladie. Je vous le demanderai, Messieurs, est-ce que dans l'etat acluel de la science on oserait encore la metlre en question? Je n'ai pas pour le moment ä m'occuper du virus; je vous dirai plus lard mon opinion a eel egard; je me borne seulement ä constater que si M.Fallot repugnait a radmeltre, e'est tout simplement parce que la conlagiosite meme de la maladie n'etait pas prouvee. C'est le seul argument positif qu'il opposait a son existence. Si done aujourd'hui on continue a nier ce virus comme le font MM. Marinus et Boens, c'est arbitrairement, sans raisons plausibles, puisque I'accord nnanime de tons les savants et de tous les praticiens les oblige a accepter la conlagiosite el la transmissibilite de la maladie.
Si nous afiirmons la vertu prophylactique de l'inoculalion, c'est que nous avons pu determiner dans quelles proportions eile confere I'immunite aux animaux qui I'onl subie. Nous ne sommes, comme je vous I'ai demontre, pas plus en contradiction avec I'ancienne Commission qu'avec nos premiers rapports; seulement nos recherches et nos travaux nous ont permis de faire un pas de plus; nous ne sommes plus en 1866 lä ou nous en elions en 1852.
Nous ne pensons done pas comme M. Marinus qui lermine son rapport de 1863 exactement comme celui de 1833, par les conclusions suivantes :
laquo; En fait, le merile de la pretendue decouverte de M. Willems, en lanl que preservation de la pleuropneumouie exsu-dalive epizoolique, attend encore sa solution du temps et de l'observation. raquo;
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Celle phrase ne prouve pas que nous ne pouvons pas aller plus loin; eile prouve seulement que depuis 1853 M. Marinus est reste stalionnaire, qu'il n'a pas pris connaissance des fails nombreux qui se sonl produits depuis lors; non-seulement il meconnait et nie le progres qui nous entraine, mais il cherche a l'enrayer, lui jetant des batons dans las roues, comme le font du resle tons les retrogrades.
Si M. Marinus est reste stalionnaire dans celte question depuis 1855, un autre de nos collegues se vante de i'etre resle egalement. II s'agit de celui par iequel nous avons ele le plus atlaque, de M. Boens. Seulement, s'il est stalionnaire, c'est d'une autre facon. II pretend professer aujourd'hui les prin-cipes emis par lui dans une note adressee a I'Acaderaie en 1855. Voyons jusqu'a quel point ses prelenlions sont fon-dees.
A cette epoque M. Boens etait en disaccord avec cette premiere Commission dont il semble soulenir aujourd'hui les conclusions qu'il ne comprend pas bien, comme je l'ai prouve tanlot. II etait inoculateur alors. II Test encore aujourd'hui; seulement il ne veut pas le paraitre. Lui qui aujourd'hui demande du temps pour resoudre la question, frois ans apres que M. Willems avail emis l'idee de linoculation, il etait inoculateur; il affirmait que I'inoculalion avail une vertu preservalrice evidenle; el pourlant lorsque nousvenons proclamer refflcacite de I'inoculalion, douze ans plus lard, il nous accuse d'aller trop vile. Et lui done, il n'allait pas trop vile, lorsqu'il resolvail la question au bout de trois ans! Sans doute, il a un cerveau fait autrement que les nolres; il va par train de grande vitesse, landis que nous devons nous con tenter de nous laisser trainer par une mauvaise diligence.
Lorsque je vous dis que M. Boens elait inoculateur en
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— 12 -1853, vous croyez peut-etre que ce n'esl qu'nne assertion de ma pari; vous demandez uns preuve. Je vous la donne.
En 18oS, M. Boens a envoye ä l'Academle un memoire sur 1'lnoculation. Ce memoire n'a pas ete Imprlme dans les publications de 1'Academie, mais M. Fallol en a fall un compte-rendu consciencleux el delaille et voici ce que je lis dans son rapport, qui esl une Image fidele du travail de l'auleur (Bulletin, tome XIV, page 240) :
#9632; L'auleur admet comme un fait acquls la prophylaxie de la pleuropneumonle bovine par rinoculatlou el I'enonce d'une manlere calegorlque. 11 ne conlesle pas le dommage que cetle operation fait sublr aux Iroupeaux qu'on y soumel, mais 11 ne doule pas, qu'en I'instiluanl avec les precaulions neces-saires, appliquees surlout au choix de la mallere ä inoculer, on ne parvlenne ä s'en garanlir. raquo;
Je pense que la preuve est peremploire et que M. Boens elalt bien a celte epoque un inoculaleur plus feroce qu'aucun
de nous.
Plus loin (Ibid, page 243), M. Fallot, dit encore :
laquo; M. Boens admel, un peu premalurement ä noire avis, Vinfaillibilite lemporalre de la preservation chez les animaux inocnles. La preuve est loin d'en etre suffisamment faile jus-qu'ici (c'est M. Fallot qui parlo) pour juslifier la recherche d'une expllcalion ou en formula une theorie. raquo;
Ainsl pour M. Boens 11 y avail vifaillibilite temporaire de la preservation. 11 allail done plus loin que la Commission n'a jamais ete, pulsqu'elle dit que la preservation n'esl pas absolue; pour M. Boens, a molns qu'll n'ait change d'avis, eile Test.
Du resle. Messieurs, dans le dernier discours qu'il a pro-nonce, M. Boons s'est encore declare inoculaleur. II esl vral
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qu'ailleurs il dit le conlraire; el a ce propos, vous remar-querez que dans ce discours, vous pourrez, a une partie. opposer une centre parlie; certains paragraphes en refulent d'autres; de sorte que pour combattre les arguments de l'ho-norable membre d'une maniere complete, on est fort embar-rasse; car lorsqu'on croit le tenir d'un cote, il vous echappe d'un autre. II est reellement insaisissable. Cependant il y a quelques passages par lesquels je vous prouverai que lout en ecrivant un memoire qu'il intitule : De Vinoculation dite prophylactique de la pleuropneumonie, il est encore aujour-d'hui convaineu de la vertu reellement prophylactique decelle operation.
Ainsi il dit dans sa premiere conclusion :
laquo; Que rinoculation peut avoir pour consequence, dans certains cas et dans certaines conditions climaleriques, de pro-duire chez les beles bovines, pendant un temps qui n'est pas encore determine, mais qui n'est pas ordinairement bien long, une aptitude plus ou moins forte a eviter les atteinles de la pleuropneumonie epizootique, ainsi que de taute autre affection de nature miasmatique et contagieuse. raquo;
Et plus loin (page 848), il n'est pas moins explicite. Void comment il s'y exprime :
laquo; Ainsi concues et execulees, a quoi pouvaient aboutir ces laborieuses recherches? A vous apprendre ce que vous saviez dejä, ce que nous admellons, plus ou moins aujourd'hui presque lous, el ce que, pour ma part, j'avais dejä proclame, il y a dix ans, dans le memoire que j'ai cite plus haul; a sa-voir que Vinoculation peut procurer aux bestiaux une certaiiie immunite conlre les atteinles de la pleuropneumonie epizoo-lique.....n
Vous voyez par ces citations, Messieurs, que M. Boens a
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beau faire, mais qu'il n'est pas exaclement le meme en 1865 qu'en 185S. II est loujours inoculateur, mais il est descendu d'un cran; en 18SS la preservation sürvenz'ü infailliblement, en 1865 eile ne survienl plus ququot;eventuellement, dans cer-fains cas et dans certaines conditions, que M. Boensa soin de ne pas specifier. II dit que la duree de la preservation n'est pas determinee ; comment done sait-il qu'elle n'est pas bien longue? Mais laissons ces details; constalons seulement qu'ac-lueliement, clans les passages cites, M.Boens elablil qtie I'ino-adation possede une vertu prophylactique evidente, mais qu'elle ne constitue pas un preservatif absolu. Je ne lui demande pas plus, car ce sont lä les conclusions de la Commission dont j'ai fait partie et dont j'ai ete le Secretaire-rapporteur. Je me demande par consequent pourquoi il a fait un si long dis-cours, pour demolir notre rapport, alors que sur la question de fait, la seule que nous ayons traitee, il ne pent s'empecher d'etre d'accord avec nous.
M. Boens est done d'accord avec nos conclusions; il est inoculateur. Pourquoi alors nous combat-il? Pourquoi, sur les exemplaires de son discours qu'il a fait tirer a part, a-t-il inscril cet en-tete : De Vinoculation dite prophylactique, puis-qu'il accepte la prophylaxie, et qu'il y a cru longtemps avant nous?
Cependant, afin sans doute de justificr ce litre, dans un autre passage il revoque en doute cette prophylaxie (p. 846); eile ne vaul pas plus que I'ellebore dans la manie, ou la bella-donne dans la scarlatine. Puis il continue en ces termes :
laquo; Tous les fails nouveaux et recents si favorables qu'ils puissent etre a la pratique de I'inoculation, — et ceciest une hypotliese toute gratuite et bien large, puisque, malgre les de-negations des inoculateurs, cette methode subit en ce moment
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— 15 — ä Hassell plus de rcvers qu'elle ne compie de succes..........raquo;
Je vous dirai lanlöt, Messieurs, ä quelle aune 11 faul mesu-rer les revers de Hasselt. Pour le moment, je me borneni ä vous faire remarquer que l'inoculation, preservatif absolu en 1855, est devenue aux pages 834 et 848 im preservatif contingent; ä la page 846 il a perdu toute valeur; enfin, ä la page 856,oü il interprete nos experiences, it cherche, pour expliquer certains de nos resnltats, ä prouver que l'inoculation häte le developpement de la maladie. Nous aurions du laquo; attribucr ä l'influence nefaste de l'inoculation, si pas {'apparition de la maladie chez les 36 sujets inocules, au moins sa gravite exceplionnelle et son developpement hälif. raquo; Voilä done dans quelques passages du meme discours, trois idees diflerentes, trois faits contradictoires qui sont etablis.
1deg; L'inoculation preserve le betail.il n'ose plus dire qu'elle est infaillible, comme en -1855.
2deg; L'inoculation ne preserve pas le betail.
3deg; L'inoculation favorise le developpement de la pleuro-pneumonie.
Et tout cela en une heure de temps. Ne dirait-on pas que tous les moyens sont bons, pourvu qu'on courre sus ä l'inoculation? Que je prefere ä cette position hybride la position nette et franche de M. Marinas, niant purement et simplement les effets prophylactiques de la pneumonisation!
Si dans notre dernier rapport nous avons ete plus affir-matifs que dans les precedents, c'est principalement ä cause de nos experiences. En leur presence, le doute n'est plus permis et je defie n'importe qui de leur opposer une objection serieuse. Quant au lieu, nous avons choisi le foyer epi-zootique le. plus actif et le plus persistanl de la Belgique. Quant au nombre des beles soumises ä l'experience, il est
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süffisant, puisqae 861 y ont passe. Quant au modus operandi, Tinoculalion a toujours ete praliquee par des membres de la Commission. Quant au succes, il a toujours ete constate avec sein, et presque constamment il a ete eblenu. Quant aux conditions de cohabitation, partout on a place ensemble des betes inoculdes et non inoculees, de teile sorfe que les premieres restaat preservees, on ne pouvait pas objecter qu'elies I'au-raient peut-elre ele aussi sans Tinoculalion.
Le chiffre des sinistres n'a pas depasse 1 pour 100, el ne pent pas etre mis en parallele avec les ravages que fait habi-tueliement la maladie. Ici je dois relever une inexactitude commise par M. Boons. II dit que les accidents resultant de i'inoculalion sonl d'aulant plus desastreux qu'on la pratique dans des temps plus rapproches du regne de l'epizootie; c'esl-la une assertion sans preuve; et nos experiences la de-menlent, puisque nous avons inocule dans le foyer epizoo-tique le plus ancien, le mieux caractei ise du pays, et que nous avons eu le minimum des accidents.
Les conditions qui produisent les accidents, et que ['experience a fail reconnailre, sonl loules diflerenles.
Tous ceux qui se sont adonnes a la pratique de I'inoculalion onl reconnu qu'il etait dangereux de faire celte operation pendant les chaleursde Tele. Un regime excitant pent y contribuer.
11 faul aussi bien faire altenlion aux proprielcs de la mauere avec laquelle on inocule, la prendre aussi fraiche que possible et sur des poumons dont la maladie n'esl pas irop avancee. Pourquoi nos operations ont-elles ele heureuses? parce que nous les avons failes nous-memes. Si nous avions charge un bouvier ou un proprietaire de ferine de praliquer l'operalion, soyez sürs que nous ne serious pas arrives aux
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memes resullals. C'csl comme si vous chargiez une nourrice ou une servante de vacciner les enfants. Cepenclant res experiences, dans lesquelies nous avons cherclie ä nous entou-rer de loutes les garanlies possibles, onl ete allaquees par M. Boens.
li nous a dil qu'il aitnail a s'inspirer des souvenirs des anciennes discussions qui avaienl eu lieu dans celte enceinle el auxqnelles taut de nos collegues avaienl pris part. Eh bien! je trouve qu'en voulant a loule force nous refuter, il ne s'en esl que Irop bien inspire. A cede epoque en effet, on connaissait deja le moyen d'exposer les fails d'une maniere avantageuse a I'opinioD qu'on voulait soutenir, sans trop se piquer d'exacliUule. En void un exemple que je vais — episodiquement, — vous raconter et qui appartient a celte discussion.
Dans un discours prononce par noire regretle collegiie Verheyen en 1853, void comment 11 s'exprlmait [Bulletin tome 13, page 137):
laquo; M. Willems dit, el M. Didol repele naivement, que le 10 juin la maladie sevissail avec grande intensite dans les etables de M. Marchand, bourgmestre a Thinnes, qu'il y avail vieme detix betes malades I L'inoculalion en a necessairemenl Iriomphe. N'admirez-vous pas. Messieurs, celte grande in-tensile, deux betes sur un troupeau de quatre-vingls teles sonl malades!raquo;
Ne croirait-on pas, en lisant cela, que la pleuropneumonie n'a Jamals regne dans le troupeau de M. Marchand, el qu'il a seulement, par accident, eu deux betes malades? En bien ! voulez-vous maintement connaitre le fait auquel s'adressait Verheyen dans sa refutation ? Je vais vous le lire dans le memoire de Didot, el vous verrez qu'il y est euonce d'une
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moniere loul-ä-faildiffcrenle; de manierequ'on ne croirail Jamals avoir affaire au meme fait {Bulletin, tome Ier, p. 732) :
laquo; La pieuropneumonie fit invasion dans les etables de M. Marchand, bourgmestre de Thinnes (Liege), en 1846, et sans cause connue. Elle signala son debut en enleVant sept victim.es ä son tronpeau. Kn 1850, les ravages de la maladie etaient tellement grands que ce cullivateiir vendit lout son belail pour faire desinfecler et blanchir leslocaux. En 1851 il repeupla ses etables, et en 1852, la pieuropneumonie y reparut de nouveau et lui enleva en peu de temps huit betes bovines. C'est alors (10 juin) quand la pieuropneumonie y scvissail avec une grande inlensite, qu'il y avait meme. deux betes malades, et que M. Marchand ne savait ä quel remede reconrir, que M. Nys, etc., Quatre-vingts betes bovines furent inocnlees, et depuis lors M. Marchand a ele totalement delivre de la pieuropneumonie. raquo;
Voilä qui est bien different! II y avait done la une epizootic qui avait dure de 1850 ä 1852, et qui pendant le premier semestre de 1852 avail frappe dix betes; il restait encore deux de ces betes dans l'elable au moment oü l'ino-culation fut praliquee. Or, ne croirait-on pas en lisant le dis-cours de M. Verheyen, que tout s'est ä tout jarnais borne ä la maladie de ces deux betes?
Je vous eile ceci, afin de vous prouver comment Ton peut presenter le meme fait sous des faces eminemment diffe-rentes, comment il peut varier lorsqu'il passe par le cerveau de plusieurs personnes,surtout lorsquecelles-ci sontanimees de certaines dispositions, obeissent ä certaines theories pre-coneues. Ce qu'il faul, Messieurs, c'est ne voir que les fails sans prevention, sans les torturer el en tirer les conclusions qui en decoulenl naturellement; c'est ce que n'a pas fait
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M. Boens, comme va vous le prouver Texamen de son dis-cours. II a voulu refuler noire rapport. Je vais lädier de le refuter ä men tour.
D'abord, comme je vous l'ai dil lanlöt, M. Boens, dans une parlie de son discours.atlribue ä 1'inoculalion line vertn prophylactique evidente, (seulement eile n'est plus que relative) non-seulement contre la pleuropneumonie, mais contre toutes les maladies contagieuses; de maniere que par I'ino-culation, on metlrait aussi bien l'animal ä l'abri du typhus conlagieus ou de loute aulre maladie transmissible que de la pleuropneiinionie epizootique. Comment cela ? Ce n'est pus M. Boens qui a observe la chose. Je ne pense pas qu'il ait vu un bceuf inocule; je dois le supposer. Mais il parld'une idee Iheorique que voici :
On produit une maladie artificielle qni dure generalernent longtemps, qui esl souvent accompagnee d'accidents graves; par-la laquo; leur econoinie est modifiee, leur sang clepure et ra-fratchi. Tout le secret de la puissance preservatrice de I'ino-culation est lä et pas ailleurs. raquo;
C'est bien im secret en efl'et, r.'est meme nn mystere que cette depuration et ce rafratchissement du sang, et je ne le comprends pas plusapres le discours de M. Boens qu'avanl.
Je regretle qu'il ne soil |gt;as ici pour me dire en quoi con-siste ralteration du sang qui doit etre epure par I'inocula-tion el comment cellc-ci s'y prend pour le depurer. Je me suis mainte fois livre k des recherches sur le sang; j'ai fait des analyses de ce liquide el j'avoue mon ignorance sur tons' ecs points.
Voila, Messieurs, I'idee Iheorique qui a ete le point de depart de toutes les observations de M. Boens; je vous la livre et vous l'avez dejä jugee.
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M. Willems avail fixe comme duree de temps endeans lequel on ne pouvail elre certain que 1'anirnal n'etait pas tlejä alteint de la maladie, le terme de f|uiiize jours, paroe-que scion lui et bf-aucoup dc veterinaires, rincubalian du la maladie pouvait duror aussi longlemps.
Nous avons cle plus loin, nous Commission gouvernemen-tale. Nos observations a la main, nous avons dil: le terme de quinze jours esl trop court. L'incubation peut durer plus longtemps; eile petit aller jusqu'a un mois. En faisanllacom-paraison avec d'aulres maladies contagieuses, nous y avons Iroovela confirmation de celte idee.
J'ai vu Tincubation de la variole clurer un mois, entre autres sur moi-meme. J'ai vu l'incubalion de la fievre ly-phoide durer un mois; peul-elre peut-elle aller plus loin. Par consequent, la duree d'un mois comme terme de l'incu-balion de la pleuropneumonie n'etait pas chose exhorbitante dans l'histoire des maladies contagieuses.
Gcpendanl M. Boens nous dit:
laquo; Gelte hypothese, creee uniquement pour les besoins de
t
la cause, ful adoptee sans examen, par la Commission olli-ciclle; bien plus, non conlenle de faire celle premiere concession ä la doctrine imaginaire des inocuiatcurs, eile elen-dil a un mois et plus le benefice de l'incubalion, et ponssa la longanimite a eel egard jusqu'ä proposer de defalquer du total des sujets inocules qui furent, apres Toperalion, at-teinls de Taffection epizoolique, tons ceux qui auraient suc-combe pendant la duree de celte tongue incubation. raquo;
Ne dirait-on pas en lisant cela, que nous avons invente la periode d'incubation des maladies contagieuses, pour laire plaisir a M. Willems?
Du reste en 1864, epoque de la publicalion de noire rap-
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porl.on pouvail nous Irouver hardis et novateurs,parce que nous fixions un mois comme terme d'jncubation de la ma-ladie. Mais aujourd'hui, en 1866, deux ans apres, nous som-mes devenus limides ä cöle d'autres qni nous ont de loin distances. 11 y a eu ä Vienne, ä la fin de I'annee derniere, un congres de medecine veterinaire oil siegeaienl les plus illustres velerinaires de I'Allemagne, des hommes qui font aulo-rile dans la science.
—nbsp; M.Thiernesse : El de tous les pays.
—nbsp; m. Crocq : Do tons les pays, mais surtout de TAIic-rnagne. Eh bien , ce congres a decide que l'incubalion de la pleuropneumonie pouvail aller jusqu'ä six semaines, qua-ranle-deux jours. Par consequent, lorsque nous avons ac-corde aux inoculateurs un delai d'un mois, nous n'avons pas ele genereux du tout; le Congres de Vienne I'aete beau-coup plus.
—nbsp; Hl. Willems : Delafond donne deux mois.
—nbsp; HI. Crocq : Nous ne demandons pas plus d'un mois, quoique M. Boens dise que nous etendons h un mois et plus le benefice de rincubation. Mais nous voulons vous prouver que nous sommes loin d'alteindre le terme que des hommes tres-competenls onl proclame.
Je vous ai deja dit tantot. Messieurs, que je vous ai prouve que lorsque M. Boens affirmait quelque chose dans une par-lie de son discours, il avail soin de se refuter lui-meme dans un autre passage. II en est ainsi pour l'incubation. Apres avoir accuse la derniere Commission de complaisance pour avoir pose le terme d'un mois, et l'ancienne Commission pour avoir pose le terme de qninze jours, 11 nous dit (p. 869) :
laquo; Tous ces animaux restcrent bien porlants, tandis que trois aulres, rmis depuis lors dans la meine etable, et pro-
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renant on ne dit pas d'oü, reslerent non inocules et succom-
berent dans le cours de l'tite.....D'oü venaient les trois betes
dont I'une succombait dejä ä la pleuropneumonie quelques jours apres son arrivee a Gendbrugge?.....raquo;
Pourquoi imporle-l-il ä M. Boens de savoir d'oü prove-naient les betes, puisqu'il ne croit pas ä Tincubation ? Pourquoi ne paiie-t-ii pas des deux aulres betes mortes qualre et cinq mois apres?
Plus bas, oil il esl question d'une bete qui, mise en observation le 28 mai, contracta la maladie et ful abaltue le 16 juin, dit-il qu'ä la premiere date eile etait probablernentdeji malade?
Plus loin (p. 868), il s'exprime ainsi : quot; Le 18 juillet une nouvelle vache achetee on ne dit pas ok, enlrc ä l'clable, n'est pas inoculee et devient malade (rois mois apres..... raquo;
S'il n'y a pas d'incubation, que nous fait le lieu d'oü pro-venait cette vache? Et pour qu'au bout de trois mois, cela Importe, il faut done qu'elle puisse durer ce laps de temps? Nous voilä distances bien plus que par le Congres de Vienne et par M. Delafond.
C'est que la verite doit necessairement se faire jour quel-quefois; chassez-la (ant que vous voulez, eile revient au galop et vous poursuit sans reläche : laquo; Post equitem sedet. raquo;
Comme je vous I'ai dit lanlot, dans cette partie de son discpurs oü il veut nous refuter, il va jusqu'ä accuser I'ino-culation d'avoir favorise le developpement de la maladie.
Les animaux inocules sans succes ont ele frappes en plus grand nombre que les aulres ; je vousdirai tantöt comment ce fait s'explique lout nalurellement; done, dit M. Boons, I'ino-cuialion a prodnit ou favorise chez elles le developpemcnl du
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mal. Comment! Vous assimilez l'action de l'inoculalion ä celle des revulsifs, trochisques et setons, qui sonl precisemenl utiles pour detourner le mal, el vous I'acusez, surloul quand eile ne reussit pas, quand par consequent eile n'agit pas, de favoriser le developpement du mal! Vous l'assimilez ä une piqure analomique ; et dans les cas ou il n'y a aucun accident produit vous I'accusez d'amener la pleuropneumonie epizoo-tique! Est-ce assez d'absurdites?
Ailleurs (p. 859), il nous reproche d'avoir inocule ä la fin des epizooties, ou en dehors de l'ephootie. Or, les local ites oü nous avons opere constituaient un foyer epizootique permanent qui existait depuis plus de quinze ans, et la maladie n'a jamais cesse d'y exercer ses ravages; nous n'etions done pas en dehors de l'epizootie, et nous n'en avons pas vu la fin, car eile y existe encore actuellement.
Voici a cet egard une letlre qui m'a ete ecrile le 26 Janvier 1866, par M. Van Haeken, velerinaire du Gouvernement, ä Oostacker, la principale des localites oü nous avons experimente :
laquo; Je m'einpresse de vous informer qua du jour oü nous avons cesse les experiences de Finoculation, comme remede preventif contrela pleuropneumonie exsudative, cette meurtriere affection a cesse de regner pres-que dans toutes les fermes oü nous avions experimente, et que jusqu'ä ce moment aucunedes betes inoculees avec succes n'a contracte cette maladie. Le nombre de nos sujets en experience est devenu restreiut, Depuis cette epoque la maladie a sevi dans plusieurs fermes oü nous nquot;avions pas experimente. J'ai inocule encore beaucoup de betes depuis tors, et dans tuus les cas je men suis bien trouve. Aujourd'hui la maladie a cesse de regner dans (out man canton. Durant le cours de l'annee 1865, la maladie a reparu dans trois fermes oü nous avions encore des sujets en experience. Les betes qui y sont devenues malades y avaient ete in-troduites recemment et non inoculees. Toutes nos betes inoculees ont
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resistc ä Taffeclion. Je devicns de plus en plus partisan de rinoculation, et dans le couiant de cetfe annee je compte me livrer ä des experiences sur une grande cchellc. raquo;
Gelte letlre repond ä M. Boons, lorsqu'il aflirme la cessation de repizoolie en 18602. Elle lui repond aussi lorsque, sans preuve ni donnee aucune, il atlribue ä I'inocnlalion un pouvoir prcvenlif d'une duree qui n'est pas bien longue, puisque des beles inoculees en 1862 et 1863, aucune n'esl tombee malade depuis celte epoque. M. Van Haeken est un veteriuaire distingue, un habile observaleur, qui n'avait aucune idee proconcue relalivement a I'inoculalion, lorsque nous nous sommes rendus pres de lui pour experimenter. II nous a vu appiiquer I'inoculalion; il a constate que lous les animaux inocules par nous out resisle a Tepizootie el il est devenu partisan de cette operation.
II en a ele de meme d'une foule d'autres velerinaires, parmi lesquels je vous citerai MM. Lecomle, de Gand, Goenraets, de Puers, Michels, de Beveren, Delree, de Saint-Nicolas, Andre, de Fleurus,Ollevaere, de Deynze, elc; ces messieurs ne se sonl prononces,commeM.Van Haeken, qu'apres avoir experimente el constate.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; laquo;.
Messieurs, lorsque nous avons fail la stalislique qui ter-mine noire rapport, nous i'avons faile simplement en rap-porlantet en comptant les fails. M. Boons n'a pas agi ainsi; il a arrange la stalislique el lorsqu'on I'arrange on lui fail dire tout ce qu'on veut. Ainsi, ne faisanl aucune attention a la duree de l'incubalion de la maladie, il reunit toutes les betes qui ont ete alteinles a parlir du jour de I'inoculalion. II faudrait au contraire me sembie-l-ii, considerer ces beles comme dejä malades, au moment de I'inoculalion, lorsque
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celle-ci a ete pratiquee pendant la periode d'incubation. Cela est d'autant plus necessaire, que lörsqu'on abat des beles livrees ä la boucherie. Ton n'est pas certain de ne pas Irouvc a I'interieurles lesions de ia pleuropneumonie, quoiqu'aucun Symptome ne I'ait fail soupconner pendant la vie ; eile pent se developper d'une maniere latente, assez longlemps avant que lesphenomenes cxterieurs n'annoncentsa presence. Mais ce!a ne fait rien a M. Boens.
Les betes qui sont lombees malades pendant la duree de 1'incubation, celles qui le sont devenues apres I'expiration de cette periode, celles qui out succombe aux suites de l'ino-culation, celles qui ont eu des accidents plus ou moins graves, tout cela est reuni et porte au passif de la methode de M. Willems, de sorte qu'en definitive il arrive a la conclusion ququot;il veut avoir, c'esl-ä-dire, que les betes inoculees de-viennent malades a pen pres en nombre egal ä celui des betes non inoculees. Mais je demande si cela est juste, si cela est serieux, et si Ton pent faire une statislique valable en ras-semblant, pour en I'aire une olla-podrida, une foule de fails qui different par leur nature ou par des circonstances capi-talesl'Vous irez ainsi faire entrer en ligne de compte les eas de sinistre ou de perte de la queue, pour prouver que Tinocuialion ne preserve pas. Allons done! Cela n'est pas serieux.
M. Boens a releve un autre fait dont il se serl aussi a sa facon. Une de ses principales objections, e'est que les betes inoculees el non inoculees n'ont pas partout ete placees ensemble en nombre egal. Nous avons fail ce que nous avons pu; maisinoculant chez les cullivaleurs, sur des betes ä eux appartenant, nous n'elions pas les maitres de faire tout ce que nous voulions; ils voyaient les bons effets de rinoculalion,
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el lachaienl d'y faire parliciper le plus de beles [lossible.
Du reste, celle objection n'a aucune valeur. Des que nous avons fait cohabiter ensemble, dans les memes etables, des betes inoculees et non inoculees, et des que l'operation a porle sur un nombre de sujels suflisammenl eleve, toutes les conditions sont remplies. En efl'et, supposez qu'on experi-mente avec un tiers de betes non inoculees et deux tiers de betes inoculees; que! doit etre le resullat, si les uns et les autres presentenl la meme aptitude a contracler le mal ? C'est qu'il y aura deux fois plus de malades parmi les inoculees. Calculez le tantieme de malades pour 100, comma nous I'avons fait, et vous aurez des chiffres tout aussi compara-bles que si les beles des deux categories avaient ete en nombre egal. Du reste, Messieurs, la difference n'est pas aussi grande, puisqu'il y a eu 474 betes inoculees avec succes pour 334 non inoculees : eile n'est done que de 50 betes sur un total de 808.
Les seuls fails qu'il puisse invoquer a juste litre sont ceux oü la maladie a eclate plus d'un mois apres I'inoculation; ceux* lä, nous les admeltons, el ce sont eux qui nous font dire que le pouvoir prophylaclique n'est pas absolu; nous en avons d'ail^ leurs indique le ehiffre.
J'arrive mainlenant aux fails de M. Maris,
Toutes les fois qu'on viendra vous en presenter de pareils, posez-vous ces questions qu'on peul adresser ä la plupart des fails reunis de cette maniere : est-ce que les betes alteinles elaient en dehors de la periode d'incubalion ? L'operation a-t-elle ete faile avec succes? Si vous ne pouvez pas constaler ces deux circonslances, l'observation est nulle, vous ne pouvez en fairs usage. Les fails presentes par M. Maris ne pen-vent done enlrer eu ligne de conipte.
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Noire honorable president nous a rapporle dans la seance du 28 oclobre dernier, un article de la Vedette du Limbourg; Les faits qui y sent signales le sont de la maniere la plus vague, et tombent par consequent sous l'application de l'argu-ment precedent. On y parle de beles devenues malades apres avoir ete inoculees, sans rien preciser. Je ne sais jusqu'a quel point on doit lenir compte de publications anonymes faites dans un journal polilique, lout a la fois incompetent et irresponsable; mais je veux bien siipposer qu'ils soient vrais. Reste a poser vis-ä-vis d'eux, les questions que j'indi-quais tout a I'heure: quand, comment et de quelle maniere la maladie s'esl-elle declaree? Commenti'inoculation a-l-elle ete praliquee, et quelles en ont ete les suites?
Comment! vous vaccinez un iadividu. Huit ou quinze jours apres,cetindividu presente les caracleres de lavariole; et vous dites : la vaccine ne preserve pas de la variole. Ne faites vous pas la meme chose a l'egard de la pleuropneu-monie? Du reste, Messieurs, en general nous devons-nous defier des fails qui paraissent dans les journaux politiques, parce qu'ils sont trop souvent suggeres par les passions politiques, qui ne'devraient jamais intervenir dans les questions scientifiques.
—nbsp; IM. Tlemlnckx : Votre observation est juste quant aux journaux politiques, mais les faits de M. Maris ont ete envoyes k l'Academie et signes par lui.
—nbsp; M. Crocq : Je ne fais non plus aucune allusion aux faits produits par M. Marls, mais a ceux que le journal en question a signales.
J'arrive maintenant ä un autre point du discours de M. Boens dont il me repugne de m'occuper et dont je dois cependanl dire quelques mots.
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Get honorable membre a commence le discours qu'il a prononce (levaill nous il'une maniere que j'appellerai inqua-lifiable. 11 n'a pas seulement combaltu rinoculalion par hs arguments que j'ai indiques lanlol; il a cherche a meltre en doute la bonne foi de l'invenleur et il en a revendique la decouverle pour un aulre dont j'eprouve de la repugnance a ' parier ici, car il y a de ces noms qu'on n'aime pas a rencon-trer, ni dans sa bonche, ni sous la plume. Quand M. le cloe-leur Desaive, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a-t-il pour la premiere fois fail mention de se's prelenlions ä la decouverle de rinoculalion ? C'est en 18S2, au mois de juillet, longlemps apres que M. Willems eut publie son travail. Apres celle publication, M. Desaive vient vous dire que depuis dix-sept ans il pensait ä la chose. Je demande quelle foi vous pouvez accorder ä de pareilles allegations? II ne tiendra qu'a moi, avec cette maniere de faire, de revemliquer la decouverle de la premiere invention venue, de toules meme si je veux. Un inventeur publie im procede nouveau; je dis avoir fait depuis dix ans la meme chose; seulement je l'ai fait in petto, el si vous voulez, je produirai monsieur un tel ä qui j'ai parle de la chose; car il y a des gens qui ont toujours lout vu el tout entendu, meme cequi n'a jamais existe.
Mais j'ai encore une autre objection a faire. Nous savons tons comment M. Willems procede pour inoculer. II nous l'a dil et monlre. Chacun pent aller chez lui; on verra comment il procede et jamais il n'a rien demande a personne pour sa demonstration. II esl vrai qu'on ne lui a rien donnc non plus, ce en quoi je trouve qu'on a eu grand tort.
M. Desaive opere d'une tout aulre facon. J'ai ici son me-moire publie en 1853. Savez-vous en quoi consiste son mode d'inoculalion ? C'est un secret. II declare que la melhode de
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M. Willems est vü-ieuse; qu'elle ne peut donner que des resultats desavanlageux, qu'il regretle meme que M. Willems vienne porler un coup fatal a la mclhode qu'il a inven-tee, que le virus de M. Willems n'esl pas un virus; mais que lui a le virus de la pleuropneumonie, qu'il le tient en main, qu'il I'a dans une bouleille. Seulement cetle bouteille, il a soin de ne la monlrer a personne, il la lienl en poche. J'ai ici son memoire el je vons defie, apres l'avoir lu, de me dire quelle est la matiere d'inoculalion de M. Desaive. Un laps de Ireize aus s'est ecoule depuis lors; nous ne savons pas plus ce que c'esl la petite bouteille de M. Desaive, eile reste lt;hnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; dans sa poche, parce que personne n'a cru devoir la lui
acheler.
Voila I'homme, voila la melhode, la maniere de proceder pour laquelle on vient sans autre preuve que son assertion revendiquer la priorile de la decouverte de rinoculalion de la pleuropneumonie epizootique.
Mais on a ete plus loin. On a pretendu, et c'est M. le doc-teur Boinet de Paris, qui a emis le premier celte pretention, que I'inoculalion propbylaclique de la pleuropneumonie re-monle a plus d'un siecie.
M. Boens a fait la meme confusion ; il fait remonter I'inoculalion a un siecie en arriere. Or, k cette epoque, la pleuropneumonie n'etait pas meme connue ni en Belgique, ni en France. La maladie que Von connaissait alors est celle qui a malheureusement reparu depuis quelque temps en Belgique ; c'elait la peste bovine ou typhus conlagieux;
Teile est I'affeclion a laquelle Camper et Vicq d'Azyr ont oppose I'inoculalion, el depuis lors on la lui a opposee dans les steppes de la Bussie, toutefois avec des resullals divers et tellement incertaios, que dans les conlrees que Ton peut
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preserver par l'aballage, on n'a pas recours a I'inoculation qui occasionne des sinistres bien aulrement frequents que ceux produits par l'inoculalion de la pleuropneumonie.
Confondre ces deux choses, c'est cornme si Ton confondait I'inoculation variolique avec la vaccine, ou celle-ci avec la sy-philisalion on avec I'insertion d'un virus quelconque. Par cette confusion M.Boinet s'altira de la part de M. Renault, profes-seur ä l'ecole velerinaire d'Alfort, une reponse que M. Boens peut mediter et qu'il trouvera dans la Gazette medicate de Paris, annee 1852, p. 798. J'y lis entre autres ce qui suit :
laquo; Vous vous calomniez vous-meme pour essayer de sorlir de la situation embarrassee oü vous vous etes mis un pen lege-rement. La verile, la voici : vous avez cru de bonne foi que le lyphus conlagieux etait la meme maladie quo la peripneumo-nie epizoolique des betes bovines, vous avez lu que I'inoculation preservatrke de celte maladie (le typhus) avail ete es-sayee vers le milieu du siecle dernier et depuis. Sous I'em-pire de celle croyance erronee, mais sincere, vous avez ete elonne que deux commissions, dans lesquelles il y avail des savants, crussenl a la nouveaute de l'idee de M. Willems, el vous avez voulu leur faire la le^on. raquo;
Messieurs, jusqu'ä present je n'ai discule que la question de fait. Je crois vous avoir demonlre, en refutanl les objections qui avaient ele failes, querinoculation possedeun pou-voir preservatif evident relalivement a la pleuropneumonie. Je vous ai dit dans quelle proportion et de quelle maniero ce pouvoir existait, el quelles que puissenl etre vos idees theo-riquesi le fail esl lä, vous ne pouvez pas vous refuser a Tac-cepter. Supposez ce fail en opposition avec vos theories, je ne vous autorise pas a me dire : le fail n'existe pas. Je vous repondrai : vos theories sonl fausses; ce ne sonl pas les fails
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qui doivcnt plier devantelles, ce sont elles qui doivent s'ac-commoder aux fails, qu'elles doivent, non contredire, mais reunir et coordonner.
Mais apres avoir constate la realite de la preservation, qni ne pent plus etre niee aujourd'hui, voyons si les fails sont en opposition avec la theorie, ou s'ils ne sont pas plutöl dquot;ac-cord avec les principes d'une saine pathologic el s'ils ne s'ex-pliquent pas parfailement bien.
J'arrive ici a une question que la Commission dont j'etais le secretaire, n'a pas abordee el ne devait pas trailer. Le Gouvernement ne lui a pas demandedes theories; il ne lui a pas demande comment et pourquoi Tinoculation preserve, il lui a demande : L'inoculalion preserve-t-elle, oui ou non ? Les questions de doctrine, de Systeme, c'est au sein de 1'Academic qu'elles doivent etre debattues et pas ailleurs. La Commission n'a done pu s'oecuper de ce point, mais seulemenl de la question de fail.
On a rapproche, ä differentes reprises dejä, l'aclion de l'inoculalion de celle des revulsifs, trochisques ou selons.J'ai moi-meme cru pendanl quelque temps ä cette analogic. Mais les fails en onl demontre la faussete. Les revulsifs agissenl iramedialement apres leur application, tandis que lespheno-menes de l'inoculalion peuvent metlre ä se produire huit, dix jours et au delä apres qu'elle a ele pratiquee, comme ceia arrive en general pour les inoculations virulentes. L'aclion des revulsifs a la plus grande intensite de suite apres I'ope-ralion, et s'epuise bienlöt; l'efflcacite de l'inoculalion se fail surlout remarquer a une epoque plus ou moins eloignee, et est plus persislanle.
On a compare aussi la plaie de l'inoculalion a une piqiire anatomique simple, mais encore une fois dans celle-ci quand
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se produisenlles accidents? Immeclialement apres rinserlion de la maliere septique.
Or, pour la piqüre de l'inoculation de la pleuropneumonie, c'est hull, dix jours et quelquefois trois et qualre semaines apres, que vous voyez apparaitre le bouton caraclerislique du succes. II y a done line periode d'incubation, comrae dans la vaccine, et meme une periode d'incubation beaucoup plus longue. Quiconque a vu ce bouton caracteristique el son suintement sereux, ne ie confondra d'ailleurs pas avec les accidents de la piqüre anatoraique. Ceux-ci pourraient elre soupconnes dans les cas dans lesquels il y a lymphangite, inflammation phlegmoneuse, suppuration et gangrene de la queue; mais ces cas-lä sont exceplionnels; ils sont consideres comme des cas malheureux, et on fait ce qu'on peut pour les eviter. C'est justement pour y parvenir que nous recomman-dons avec tant d'insistance de prendre la matiere a inoculer la plus fraiche possible, el de l'emprunler aux parties du poumon qui ne sont pas encore desorganisees. Ce serait le contraire si la matiere en question devait posseder des qua-liles sepliques pour produire la preservation.
Nous avons vu que les betes qui ne presentaient qu'un bouton peu volumineux a la queue, etaient preservees aussi bien que celles qui onl presenle des accidents graves. Invo-querez-vous les proprietes prophylactiques de cet imperceptible furoncle qu'elles portent lä? 11 y a la autre chose. Qu'esl-ce que celte autre chose? La pleuropneumonie se transmet indefmiment des betes malades aux betes saines par I'inler-mediaire de l'air expire par les premieres. Cet air doit done se charger d'un principe qui a la propriete de produire dans le poumon sain, dans lequel il est introduil, une lesion iden-lique, avec reproduction d'un compose idenlique,ä son tour
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susceptible d'etre entraine par l'air et transmis par cette voie a des animaux sains, chez lesqueis ii produira les memes consequences et ainsi de suite indefiniment. Qu'est-ce qu'un semblable principe? C'est un virus, et la pieuropneumonie est une maladie coutagieuse et virulente analogue a la variole, a la scarlatine,ä la fievre lyphoide.ä la niorve,ä la syphilis. Ou bien c'est lä un virus, ou bien il n'en existe pluselvous devez rayer ce mot de votre diciionnaire.
On nous a demande de raontrer le virus de la pieuropneumonie. Eh bien ! je vous le montre aussi bien qua je vous montrerais le virus de la vaccine, celui de la syphilis ou celui de la variole, comme compose chiraique albumino'ide susceptible de reproduction indefinie lorsqu'il se trouve dans un milieu convenable. M. Boens nie le virus; il est vrai qu'il avoue que la pieuropneumonie est une affection coutagieuse. A lui le soin de concilier ces deux assertions.
Je sais bien, Messieurs, que dans la discussion qui a eu lieu dans celte enceinte il y a dix ans, si Ton avait prononce ce mot de virus, on aurait ete considere comme venantsou-tenir des paradoxes. II n'en est plus ainsi aujonrd'hui, at pourquoi? Parce que depuis dix ans, la question a fait des progres; le point capital qui manquait n'etait pas demontre alors, c'est la contagiosite de la maladie que les recherches de la Commission francaise ont largement contribue ä prou-ver, et que plus personne ne nie aujourd'hui. Le virus de la pieuropneumonie produit dans l'economie de l'animal une modification en vertu de laquelle il devienl beaucoup moins susceptible d'en recevoir encore l'influence. Cette modification est analogue a celle que produisent la variole, la vaccine et la fievre typhoide. Voila pourquoi les betes qui ont ele une fois atleintes de la pieuropneumonie en eprouvent beaucoup
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rnoins facilemenl et moins frequemment les alteinles, bien quc ceia arrive quelquefois. Si done vous faites conlracler celle maladie virulente aux animaux, ils seront, le plus sou-vent, preserves de ses allaques ullerieures. Mais {'affection des organes respiratoires etant toujours redoutable, on a eherclie a la faire nailre sur d'autres points, sur iesquels son action serait beaucoup moins compromettante.
Les inoeuialeurs ont prouve que sur tous les-points de l'economie.le lissu cellulaire pouvaitjouer ce role. Ceci n'est pas en contradiction avec les donnees de la science, comme onl voulu le faire croire ceux qui ont pense faire de l'espril en parlant de pretendues pneumonies de la queue. En effcf, quelle est la partie du tissu pulmonaire qui est prinoipale-menl affectee par la pieuropneumonie? G'est le tissu cellulaire, qui existe en grande abundance chez les betes ä cornes, et qui constitue les cloisons qui separenl leurs lobules pul-monaires. G'est ce tissu cellulaire abondant qui devient le siege principal de l'inflammation et qui augmente considerable-ment de volume; e'est lui qui est surtout le siege de l'exsuda-tion. Quoi done d'etonnant que le meme tissu soit, dans les autres points de l'economie, susceptible de subir les memes influences, et d'etre affecte de la meme maniere ?
Les donnees de I'anatomie generale viennent confirmer les rcsullats de la pratique. Vous me direz sans doute que tout ceci est de la theorie; mais e'est une theorie qui decoule im-mediatement des fails, et remarquez bien que pour la refuter, vous devriez nier ceux-ci; ils y conduisent falalement.
Par consequent je suis dans le vrai, et sur le terrain oü je me suis place, je delie qui que ce soit de me refuter. Ce terrain, sur lequel je me sens solide, je ne le quilterai pas.
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M. Boens, lout en reconnaissant lanlöt plus, tanlöl moins les vertus prophylacliques de l'inoculalion, a cherche un moyen de les expliquer. II a invoque a son aide la sep-ticemie. J'ai prouve tanlot que la septicemie n'exisle pas. El supposez qu'elle exisle, pouvez-vous admetlre qu'elie preserve d'une maladie quelconque? Croyez-vous qu'un indi-vidu atteint d'une infection punilente est moins facilemenl alteint de la scarlaline, de la vafiole, de la fievre typhoide? Quanl ä moi, je ne le pense pas. II a aussi releve ce fait, qui ressort de nos experiences, que les betes inoculees sans suc-ces ont ete frappees plus que loutes les autres. II en conclut que rinoculalion produit ou favorise le developpement de la maladie. Comment cela se fait-il, si ce n'est pas un virus, puisque c'est dans les cas oü il n'y a ni revulsion, ni piqüre analoraique, que ce phenomene se produit? C'est done un produit special que Ton introduit par cetle piqüre; M. Boons le reconnait implicitement, en le faisant agir par absorption, independamrnenl de tout phenomene local. Du resle, a mes yeux, ces fails s'expliquent parfaitement : ces betes ne sont pas tombees malades en si grande porportion parce qu'on les a inoculees, mais l'inoculalion n'a pas reussi, parce qu'elies etaienl deja frappees par la maladie, parce qu'elles elaient dans la periode d'incubalion.
Pour expliquer cetle prophylaxie qu'on allribue a I'ino-culalion el que ses adversaires meme ne peuvent lui denier, on a invente aulre chose, c'est cetle loi de palhologie gene-rale enoncee ici en premier lieu par Verheyen et que je vais vous repeler. Ecoulez bien, parce que cetle loi je ne I'accepte pas; je la repousse lout d'abord : laquo; Toute maladie generale ou generalisee qui a dure pendant un cerlain temps el qui a ele suivie du relouräla santc, premunil generalement ceux
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qu'elle a frappes centre la plupart des maladies de nature epidemique ou epizoolique. raquo;
C'est le conlraire qui a lieu; vous etes des praticiens Mes-sioiirs, et pour juger cette pretendne loi de palhologie generate, je n'ai qu'ä en appeler a votre observation de lous les jours. Essayez de l'appiiquer aux fails particuliers; ear e'esl toujours aus fails qu'il faut en revenir. Eli Lien ! je vous le demande a vous lous, esl-ce qu'un individu alteint par une maladie grave queiconque est preserve de la scarlaline, de la variole, de la fievre typhoide? Esl-ce que la scariatine empeche I'an-gine couenneuse, la variole ou la rougeole et reciproquement? C'est souvent le conlraire.
Je niedoncformellementla loide Verheyen et je dis qu'une maladie generate ou generalisee, qui a dure quelque lemps, ne vous preserve pas d'une aulre; eile vous rend peul-elre, par la debililalion qu'elle produit, plus aple ä la con-tracler.
Si done I'inoculalion possede coiilre la pleuropneumonie un pouvoir prophylaclique evident, ce n'est pas en vertu de celle loi evidemment fausse. Si vous n'admellez pas le pouvoir preservateur de I'inoculalion avec toutes ses consequences, vous n'avez qu'un seul moyen d'expliquer les fails noinbreux oü die s'est produite : c'est d'invoquer l'aclion du hasard, de dire : vous inoculez, les animaux resislent a la pleuropneumonie ; c'eslle hasard qui en est cause. Messieurs, pour un fait, pour deux fails, Ton pent invoquer le hasard. Mais allez-vous I'invoquer pour tous les fails qui se passent sous vos yeux? direz-vous que lous ces fails sonl dus ä des hasards ? Ce raisonnement ne serait pas digne d'hommes serieux, si vous I'accepliez, vous nieriez les lois generates de la nature; vous reconnaitriez que tout ce qui se passe est
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Teffet du miracle, el il ne vous reslerail plus qu'ä vous en aller el ä fermer les portes de l'Acadeinie.
Nous devons au contraire chercher ä expliquer les fails, et ä les rapprocher de ceux qui leur sont analogues et ä les raltacher ainsi ä des principes generaux, qui sonl ceux de la palhologie, necessairemenl loujours d'accord avec les fails. (Applaudissements#9632;)
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