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BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
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DE
L'INOCULATION PROPHYLACTIQUE
DE LA
DISCOURS
PROKOJICE
A L'ACADEMIE ROTALE DE MEDECINE DE BELGIQUE
DANS SA STANCE DU 28 AVRIL 1866
PAK
AUG. THIERNESSE,
Chevalier de l'Ordrc de Leopold,
Professeur d^anatomie ä TEcole de m^decinc väterinaire de l'Ktat,
Membre titulaire de TAcadeniic ruyale de mäüecine de Belgfqtie,
Hembre eorrespondant de Iq Soclete de Biologie de Parts, de la Soclete
des sciences nufdicales et naturelles de firoxetles, etc, etc.
(Exlrait du Bulletin de l'Academie royale de medecine de Belgiqne, deuxiöme sörio, tome IX, na 4.)
BRUXELLES, ^^^^^'BRAIRIE DE HENRI MANCEAUX,
IMPIlllUEL'B DE l'iCADEMIS KOYALE DE MEDECINE DE BELGIQUE,
Hue de l'Etuve, 20. 1866
attM-i'.s^i
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DE L'IKOCULATION PROPHYLACTIQUE
PLEUROPNEMONIE fiPIZOOTIQUE
Messieurs,
Dans le long discours qu'il vous a In ä l'une de vos pre-ccdentes seances, M. Boens monlre des prctenlions qui out clü d'aulanl plus elonner qu'elles manquenl de loule base scienlifique. En prenanl connaissance de ce travail, vous aurez pu, en effet, vous convaincre qu'il ne consiste guere qu'en un assemblage de phrases, habilemenl agencees, il esl vrai, mais sans valeur dans la question de fails donl il s'agif, et que cel honorable correspondant semble avoir eu en vue d'embrouil-ler plutöt que de concourir ä son elucidation. C'est ce qui ressortira des details que jevais avoir Thonneur de soumellre ä votre bienveillanle allenlion.
M. Boens debute en declarant qu'il se place parmi lesadver-saires les plus decides de l'inoculation prophylaclique du bäail, et qu'en cela il cede ä un sentiment impcrieux : laquo; la passion
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de la science, la passion de la verile. raquo; II annonce ensuile qu'il va examiner la grande et interessante question de l'inocu-lation an point de vue historique, au point de vue doctrinal et au point de vue pratique; puis il pose un grand nombre de conclusions, comme autant d'aphorismes qui lui paraissent devoir etre acceples, parce qu'ils resultent, non de l'experience ni de robservalion, mais du travail de son imagination excilee par laquo; la passion de la science et de la verite,raquo; dont il se dit anime, et que, s'il n'avait en soin de nous en prevenir, nous serions tentes de considerer comme une passion inspiree par un sentiment tout autre. Mais, comme en loutes choses I'ap-parence est souvent trompeuse, j'acceple, pour ma part, la declaration de M. Boons, avec cette restriction pourtant que, comme je crois pouvoir le demontrer, sa noble passion de la verite ne I'a pas empeche de s'egarer dans un coin du champ scientifique par lui tres-peu connu, et dans lequel il me parait s'etre legerement aventure.
Et tout d'abord, avant de passer a l'examen des aphorismes de ce grand mailre, — qui naguere a fait de renseiguement medical de nos universiles une appreciation dont vous avez, sans doule, conserve le souvenir, — je crois devoir lui de-demander quels sont ces nombreux adversaires de I'inocula-tion parmi lesquels il dit se placer et auxquels il fait plusieurs fois allusion dans le cours de son travail? II ne pourra pas en citer, je pense, qui,apres avoir fait de la pleuropneumonie exsudative une etude approfondie d'apres nature, et non d'apres des vues o priori ou des considerations speculatives imaginees dans le cabinet, se sont ensuite occupes d'une ma-niere experimentale de l'jnoculation prophylactique de cette maladie.
J'ajoulerai que si, en elaborant son ceuvre, sans s'enquerir
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par lui-meme des fails qu'il avail resolu de combatlre, M. Boens s'elait au moins donne la peine de compulser les nombreux rapporls el memoires qui ont ele pubiies depuis 1852 sur cette question par les savants les plus competentsde la Hollande, de TAIlemagne, de l'Ilalie, de la France, etc., il se serait peut-etre arrele devant leur jugeraent, etaye sur des fails inconleslables.
Mais ces adversaires de l'inoculation preventive de la pleu-ropneumonie, auxquels M. Boens fait allusion pour avoir I'air de se trouver, sous ce rapporl, en bonne el nombreuse com-pagnie, ils existent parloul, suivant lui, el meme dans cette enceinte. Or, nos discussions anlerieures de 1834 et de 1855, qu'il a invoquees a ce sujet, n'ont revele d'aulre adversaire de la melhocle prophylaclique de M. le docleur quot;Willeras que feu noire savant collegue Verheyen qui, dans cette occur­rence, s'est prononce prematurement d'apres ses vues a priori el non d'apres les fails. Nous voyons bien encore quel-ques mcmbres de cette assemblee qui, n'ayant pas ete dans le cas d'etudier par eux-meraes la question de fails qu'il s'agissait de resoudre, hesitaient et hesitent peut-etre encore d'accepter comme decisif le resullat des observations et des experiences qui sont parvenues ä leur connaissance, ou qui sent meme portes a douler de l'efficacite du moyen preservatif; mais il n'y en a pas qui s'en soient declares les adversaires.
Parmi ces honorables collegues, qui se tenaient alors el qui se tiennenl encore sur la reserve, se trouvent MM. Vleminckx et Marinus. Cela resulle du rapport que celui-ci vous a lu dans une precedenle seance sur une note emanee de M. le medecin veterinaire Maris, signalant a charge de I'inocu'ation des fails conlrouves, ainsi que M. Willems vous en a donne immediatemeut la preuve.
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A eel egard, je n'ai pas compris que, se basanl exclusive-ment sup des assertions conlestees de M. Maris, ne tegant au-cun comjile des fails qiii onl ele produits et pubiiös depuis i852 dans tous les pays, ne s'arretant meme pas ä ceux si pre­cis el si conciuanls de MM. Malhieu el Auzias-Turenne, que j'avais fail connailre a la precedenle seance, M. Marinus soil venu vous dire que la question en esl restee au point oü eile se trouvail il y a dix ans, el que les conclusions, — non pas conlraires a I'inoculalion, mais dubilalives, — posees ä celle epoque par une autre Commission dont il etail encore I'or-gane, sonl les seules que Ton puisse adopter aujourd'hui!
Oui, c'esl pour moi une chose inconcevable. Comment! la question n'a pas fait un pas depuis 1855! M. Marinus a done considere comme de nulle valeur les nombreux fails qui onl ele observes depuis celle epoque dans tous les pays, el qui pourtant deposent clairemenl en faveur du Systeme quot;Willems? C'etait son droll; mais il lui incombait, au moins, le devoir de chercher a le demontrer. Pour faire l'apprecialion du tra­vail qui lui etail soumis, eel honorable commissaire ne pou-vail pas se baser uniquement sur les assertions de son auleur; il devait, avanl de proposer des conclusions au vote de l'Aca-demie, discuter tous les fails qui soul acluellement du do-maine public, el notamment ceux lout recenls de MM. Auzias-Turenne el Malhieu.
Mais il parail que, en ce qui concerne I'inoculation prophy-lactique de la pleuropneumonie, cet honorable collegue croit pouvoir so dispenser d'un examen, meme superficiel, des fails qui se rallachenl a la question; car, ayanl ele charge, depuis lors, de vous rendre comple d'une note presentee par M. le professeur Gerard, de l'Ecole velerinaire de Cureghem, pour soutenir la these de MM. Boens el Maris, il s'est borne
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ä vous faire l'analyse ou plulot la reproduction textneile de la plus grande parlie de ce travail, dont il avait cependaut ä determiner la valour.
En presence de cettelacune dans le rapport de laGommission, je pourrais egalemenl passer la note de M. Gerard sous silence, el avecd'autant plus de raison qu'elle a ete faile, moins pour I'Academie k laquelle on 1'a adressee, que pour le public, au-quel eile etait dejä distribuee sous forme de brochure lorsque M. Marinus est venu vous en entretenir; mais je ne puis ne-gliger de vous dire que ce travail, que son auteur s'est (ant empresse de hvrer a I'impression, n'esl guere que la ree-dilion de celui qu'il vous a dislribue le memejour, et qui, comme vous I'aurez remarque, a ete publie, il y a trois ans, pour etre mis aux mains des membres du Senat et de la Chambre des representants, lesquels n'avaient cependant pas ä resoudre la question de rinoculalion prophylactique de la pleuropneumonie. Or, cetle derniere note a ete reproduite par le Journal des velerinaires du midi, publie ä Toulouse, el a recu ensuile, dans le Journal de medecine veteritiaire de Lyon, l'honneur d'une refutation en regle, qui est, restee jusquä present sans replique. C'etait cependant, pour M. Gerard, une occasion tres-favorable poursoutenir et developper ses idees anli-inoculaloires avec tons les details qu'elles pouvaienl com-porter.
Cetle refutation etant applicable au travail dont M. Marinus aurait du vous faire l'apprecialion, vous me permetlrez den lire un extrait.
Apres des considerations relatives ä l'argumentation de M. Gerard sur le virus pneumonique, dont cet honorable collegue conteste i'existence, et sur l'assiinilation de ce liquide aux matieres sepliques,aiiisi qu'aux effets de son inoculation
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ä des betes saines, M. Saint Cyr, l'auteur de cet article, s'ex-prime dans les lermes suivants :
laquo; il nous semble, dil-ii, que M. Willems pourrait sc borner ä repondre :
laquo; Vous voulez ä toule force que l'operation dont j'ai cssaye de lt;loter la pmliquc seit une operation empirique; quelle ne soil pas faitc selon les regies de la science ofliciellc; qu'elle ne constitue pas une inoculation vraie?Si e'est etre empiri.jue que ds dire : a La peripneumonie des betes bovines est une afTection contagieuse etspeciGque; eomme la plu-part des maladies de cette Sorte, eile n'attaque, en general, qu'une fols le meme animal; le germe de ces maladies, quand on pent linoculer artificiellement, produit, en general, une afTection moins meurtriere que celle conlractee naturellement; peut-etre en est-il de meine pour la pe-ripneumonie; raquo; si raisonner ainsi et experimenter d'apres cette donnie. c'est agir empiriquement, soit; je vous l'accorde, j'ai agi empiriquement. Mais, aecordez-moi que, si j'ai tiouve, en agissant de la sorte, un moyen qui, de votre propre aveu, donne aux betes inoculees raquo; une force de re­sistance au mal qu'ellcs n'avaient pas anparavant. raquo; j'ai ete utile, plus utile que vous, cn vous evertuant ä demontrer que l'inoculation n'a p.is ete faite selon les regies de la science.
u Mais M. Willems, daus une brochure ecrite en reponse au memoire que nous anulysons, tient ä aller plus loin, et ä prouver que son operation n'est pas autant en dehors des lois scientifiques qu'on veut bien le faire croire; que la serosite peripueumonique, si eile n'a pas tons les attributs qu'on a l'habitude de trouver dans les veritables virus, en a au moins les principauxcaracteres; qu'elle est bien veritablement speci/ique, et que les effets qu'elle produit sont eux-memes des efTets speeißques, et nous croyons que sur ce terrain M. Willems a completement raison. C'est une erreur, en effet, une errcur capitale, de ne voir dans I'moculation, teile que la pratique M. Willems, qu'une piqüre anatomique, et quand M. Gerard avance qu'il se fait fort de produire les meines effets laquo; avec n'importe quelle substance animate qu'il recoltera sur le cadavre des individus qui n'auront jamais eu la moindre atteinte d'une pneumonic sporadique ou epizootique, raquo; M. Willems peut, croyons-nous, accepter
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Iiardiment le defi : les experiences de M. Molina, de Pavie, et cellos de la Commission francaise do la peripneumonie lui garantissent suflisam-iiunt le resultat de celles du meine genre qui pourraieut encore elrc failes.
laquo; Reste la question de savoir si une veitu preservative quelconque cst attacliee ä rinoculalion et au.\ effefs qui en dependent. Or, c'est la un iait qu'il n'est plus possible de conteslcr serieusement aujourd'huij un fait älteste par des milliers d'c-xpciicnces recueillies en Fiance, en Bel-gique, en Hollande, en Allemagne, en llalie, et parmi lesquelles il faut citer en premiere ligne celles de la CommissionJrancaise. parce quclles portent le cachet de l'exactitudu seientifique la plus rigoureuse; un fait, cnlin, que les adversaires les plus decides de la metbode sent eux-memes obliges d'admeltre, puisqu'ils avonent que celte operation o confere aux aniuiaux une force de resistance au mal qu'ils n'avaienl pas auparavant. raquo;
11 esl vrai qu'ils ajoutent laquo; que cette immunite n'esl que passagerc, qu'elle peut etre obtenuc par d'autres moyens qui ne seraient pas infe-rieurs a rinoculatiun j raquo; qu'on peul trouver notamment laquo; dansl'applica-laquo; tion de divers setons animes des moJificateurs de 1 economic tout aussi a puissants el bien moins dangereux. raquo;
o En verite, nous sommes bien tentes de leur dire :
laquo; Vouslecroyezserieusemcnt?£h bien,ä l'ceuvre, attiiqucz la piatique de M- Willems par le cole par oil eile peut 1 etre avec le plus de succes, si eile est attaquablej montrcz par des faits precis, nombreux, irrecu-sables, par des experiences rigonrenses, tclles, par exemple, que celles quon peut voir dans le rapport de la Commission francaise de la Peri­pneumonie, p. 60 a 72, de son rapport olficiel, montrez a qu'un seton #9632; anime investit Toiganisine de la plupart des animaux auxquelson 1'ap-laquo; plique d'uneimniuuite qui les protege contre la contagion de la peri-a pueumunie pendant six mois. r Faites cela, et, du memo coi;p, vons aurez ruine une decouverte qui parait vous importuner beaucoup, et rendu un grand, un signale service ä la science, a la pratique, ä l'agri-culture. Car rinoculalion Willems n'esl pas toujours innocentc, nous le savons bien; eile a ses desagremenls, ses inconvenients, ses dangers meme, que nous ne voulons ni dissirauler ni amoiudrir, et nous accep-terions avec empresscment toute metbode qui aurait les merries avantages sans avoir les meines inconvenients.
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— lO-ii Pourquoi done ne nous roffrezvous pas, cetle inelbode,environnee au moins d'uu commencement de preuves qui la recommandent a noire confiance? Ah ! e'est que vous-memes n'avez pas grande foi en son effica-cite; ou plutöt e'est que vous savcz bien vous-memes le cas qu'il faut faire de ces divers setons animes, dans lesquels, dites-vous, nous trouvc-rions des modificaleurs de lquot;economie tout aussi puissants et moins dan-gereux que linoculation. Helas ! cest un des vOtres, e'est M. Gerard lui-meme, qui nous l'apprend et qui nous dil :
laquo; Halons-nous d'ajoutcr que Ions ces moyens ne pnivent pas remplir laquo; le but final, et que, pour nous, il nquot;y a que la massue, Vimpitojrahle raquo; massce, employee ä temps et sur ike vaste echelle, qui conslilue le a seul et veritable moyen prophylaclique!... raquo;
oQuoi! e'est lä votre dernier mot?la massue du boucher ou de I equar-risseur!... Et e'est quand vous ne craignez pas de faire un pareil aveu que vous repoussez un moyen, — qui peut avoir, qui a des ilangers, — mais qui se prcsente a. nous environne d'une masse imposante de fails favorables, dont un bon nombre portent le caractere de l'experimenla-tion scienlifique la plus rigoureuse; e'est alors que vous refusez a I'ino-culalion loute valeur pratique, parce que, dites-vous, laquo; lui en accordcr raquo;uneseraitcontraireaux regies lie la science!...raquo; Et vous ne craigucz pas que quelque crilique ne i\'pete en souriaut ce mot si connu de Moliere . laquo; Et pour tout lor du moude, ils ne voiuiraient pas avoir gueriune per-
u sonne
avec d'autres remedes que ccux que la laciilte pcrmet (i)
II cst vrai que, dans la note analysee par M. Marinas, il se trouve, outre les assertions de la precedenle, rcfulees par M. Saint Cyr, I'opinion qui avail ete enoncce conlre I'inoai-lalion par M. le docteur Maurice Reviglio et par la Commis­sion du Nord de la France; mais votre honorable rapporteur, comme M. Gerard, s'esl soigneusement abstenu de vous dire qu'il y a ete repondu viclorieusemenl au moyen de fails nombreux el precis, rapporles: les uns, par M. Delpralo, doc­teur en medecine, medecin-veterinaire, directeur-professeur (i) Journal de midee'ne veterimirc de Lyon, .-nncc 18(3, p. 081-384.
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de rinslilut royal veterinaire et membre de l'Academie de Ravigo, et les aulres, par un veterinaire du Nord et par ie Cornice agricole de Lille.
Le travail de M. Delpralo, donl M. Willems vous a donne, dans la seance du 30 decembre dernier (p. 943 du Bulletin), ie resullat que lui avail fourni notre honorable collegue M. Janssens, a ele fait en suite du deuxieme rappoi tde M. Rc-viglio sur l'inoculation comme moyen prophylaclique de la pleuropneumonie epizootique. Je ne m'y arreterai pas davan-tage : vous pourrez le lire, et vous verrez que ce travail est line refutation complete des idees Iheoriques de M. le docteur Reviglio, rappelees par M. Gerard.
Quant aux communications emanees du Nord de la France, auxquelies j'ai fait allusion, et qu'on a eu soin de passer sous silence, elles ont ele adressees au Ministre de Tagricullure, du commerce, etc., qui, vu leur importance, les a soumises a la Societe imperiale de medecine veterinaire de Paris, oü elles devinrent l'objet d'un rapport et d'une discussion remar-quables en 1861-1862 (i), dont il est resulte que, comme je l'expliquerai lanlöt, la pleuropneumonie epizootique produil reellement un virus, et que rinocnlation de ce produil palho-logique assure aux animaux qui l'onl subie rimmunile conlre celte maladie conlagieuse.
En presence de ces derniers travaux auxqncls il n'a ele fait, je pense, aucune reponse, ni par M. Reviglio, ni par aucun des membres de l'ancienne Commission du Nord de la France, ni enfin par persönne; que signifient done les decla­mations de M. Gerard conlre une pratique qu'il n'a pas eu loccasion de soumeltreäune experimentation complete ? Rien, absolumenl rien ; car les experiences qu'il dit avoir failes avec (0 Recueil de medecine veterinaire, volumes des ann^es 1861 et 1862.
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le docleur Lejeune, de Verviers, el donl il conclul que I'ino-culation d'apres le sysleme quot;Willems n'est qu'une piqüre ana-lomique; ces experiences sont sans valeur ancune. 11 s'agit, en effet, d'inoculalions failes, ditil, laquo; avec la maliere sero-sanguinolenle exprimee d'une parlie musculaire d'un cheval morl (dequelle maladie?) depuis deux jours, et du liquide exlrail du foie d'un cheval morl egalement depuis deux jours, el rhaque fois, ajoule-l-il, sans avoir rien de parliculier ou de special, j'ai oblenu des eflels palhologiques locaux el generaux donl la gravile ou rimporlance elailen raison directe du degre d'alteralion ou de septicile qu'avait acquis la substance animale avec laquelle j'avais procede. raquo;
Mais quels sonl ces effets palhologiques auxquels il est fail ici allusion ? On ne le dit pas, el pour cause : c'est qu'ils onl du elre nuis; les matieres inoculees, provenant d'un muscle ou du foie d'un cheval morl depuis deux jours, d'une maladie or­dinaire apparemment, ne pouvaient elre eu putrefaction ni rcvelir,par consequent, les caracleres d'une matiere seplique. Ces quelques details me paraissent pouvoir sufflre. Mes­sieurs, pour vous faire apprecier l'oeuvre de M, Gerard; j'en revieus a celle de M. Boons.
Chose elrange. Messieurs, el qui, sans doule, vous aura frappe comme moi; quoiqu'il considere laquo;les precedes inocu-laloires comme devant figurer dans les fastes de l'histoire parmi les nombreuses utopies qui onl plus ou moins long-temps myslifie I'espril humain, raquo; eel honorable correspon-danl fail d'abord des efforts extraordinaires pour etablir que M.Willems n'en est pas rinvenleur;que laquo; c'esl a M. Desaive, et a lui seul, que revienl l'honkeub, dit-il, d'avoir inlroduil et applique le premier cetle pratique (I'inoculation) dans poire pays. raquo;
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On voit que M. Boens s'esl passionne au point de vouloir tout enlever ä M. Willems, meine une idee qui lui semble devoir etre releguee laquo; parmi les utopies qui ont mystifie I'esprit humain. gt;
Ce fait me parait digne de l'altenlion de l'Academie, qui doit deja y Irouver la mesure de la confiance qu'elie peut avoir dans la passion de cet honorable correspondant pour la science et la verite.
Je ne m'arreterai pas davantageacelte question depriorite; eile est, du resle, depuis longlemps tranchee en faveur de noire savant correspondant de Hasselt, qui se chargera, sans doute, de repondro aux nouvelles observations qui ont elti produiles a ce sujet par M. Gerard. Je ferai seulemenl remar-quer que M. Boens n'est pas parvenu a dissimuler entiere-ment que, nonobstant son opposition, ii accorde en realile une grande importance a la decouverte de M. Willems.
Cependant, avant de passer äun aulre point, je crois devoir faire encore celte observation que, en abordanl la discussion de cetle queslion de priorile (p. 830 du Bulletin), M. Boons emet, relativement a la pleuro|)neumonie epizoolique, une premiere et bien grave erreur, montrant combien peu il connait cetle roaladie, qu'il confond, en effet, avec le typhus conlagieux du betail. Voici comment il s'est exprime : laquo;II est pour moi incontestable, dit-il, que si I'idee premiere de pra-tiquer Tinoculalion dans le but de preserver le belail de la pleuropneumonie epizoolique ou du typhus conlagieux date du milieu du xvme siecle, et est due a des medecins hollan-dais, il n'en est pas moins vrai que cetle idee elait depuis longtemps abandonnee, quand M. Desaive, le premier dans ce siecle et surlout le premier en Belgique, s'imagina de !a ressusciter et de la meltre de nouveau a I'essai. raquo;
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Or, la pleuropneumonie cpizoolique, qui n'esl guere conuue dans noire pays que depuis 1827, a ele tres-peu observee dans le xvmc sieclc, et jamais personne n'a songe, ä cede epoque, a Uli appliquer Tinoculalion. C'esl au typhus contagieux que cette operation a alors ete opposee.
Cette erreur prouve combien peu M. Boens est au conrant des questions qu'il a la pretention de trancher, et montre deja la valeur de ses autres assertions que nous allons main-tenant examiner rapidemenl.
Nous nous arreterons d'abord aux apborismes de noire correspondant de Charleroi.
laquo; Je souliens, dit-il, que la pleuropneumonie exsudative n't'st pas une maladie virulente transmissible direcletnent de bete ä bete par l'inoculation de ses produits morbides, mais une affection miasraalique, contagieuse, analogue, quant ä sa nature, aux fievres typhoides, lantöl graves, tantöt benignes qui regnent chez rhoinme. raquo;
Que la pleuropneumonie bovine ait de 1'analogie avec la fievre typhoide plus ou moins intense de l'homme, c'est depuis longtemps pour moi une cbose tres-probable; mais s'en suil-il qu'elle ne soit pas virulente, ni par consequent inoculable? D'ailleurs, est-il bien avere que la fievre typhoide ne produit pas de virus? Quelles sont done les experiences qui en out fourni la preuve? Je pense qu'il n'en existe pas qui aient cette signification, el j'ai des raisons de croire au contraire, avec M. 1c docteur Bourguignon, qui a adresse un memoire sur cette question ä l'Academie des Sciences de Paris, dans sa seance du 8 octobre 1835, que, si Ton pouvait recueillir les produits morbides de la muqueuse intestinale, dans cette maladie, el en inoculer a l'homme sain. Ton ferait naitre chez lui, par ce moyen, la meme affection. C'est
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au moins ce que quelques experiences sur des chiens avcc ies ]irocluils inteslinaux de I'liomme mort de fievre lyphoi'de, lendent ä me faire supposer. Qnoiqu'il cn soit, en ce qui con-rerne la pleuropneumonie exsudalive, la question de la viru­lence de ses produils esl cliose reconnue el adraise sans restriction par tous ies hommes les plus compelenls, nolam-meiit, d'une pari, par ies savants professeurs velerinaires de rAilemagne qui, dans le Congres international velerinaire, lenu ä Hambourgen 1863, Tont proclame avec (ous lesautres membres decette imposanteassemb!ee,en deeidant qu'ilyavait lieu de recommander l'applicalion de l'inocalation prpphy-lactique de la pleuropneumonie, et, d'autre part, par Ies directeurs et professeurs des troisecoles velerinaires de France, nolamment parmi ceux-ci, par Irois membres honoraires de celle Academic : MM. H. Bouley, Delafond el surtoul Renault, qui a consacre une grande parlie de sa brillante carriere scienlifique ä l'elude experimenlale des virus.
Or, lisez ä ce sujel la longue et remarquable discussion ä laquelle ces eminenls confreres out pris part en 186! et on 1862, au sein de la Sociefe itnperiale de medecine veleri­naire de Paris, et vous verrez que la qualile virulente de l'exsudat interlobulaire des poumons est reconnue par eux, comme par tons les aulres membres de ce corps savant,et que rillustre Renault, enleve depuis par unn maladie cruelle ä la science qu'il eultivait avec taut d'ardeur el de succes, a meme ele conduit par ses rcclierches, ä ndmellre que plusieurs autres liquides de l'economie et meme le sang sout aussi, quöiqu'ä un degre moindre, doue de cette propriele. Et c'est cc que vient de conslaler egalcmenl, quant au sang des betes pleuropneumoniques, la commission officielle de Prusse, des experiences de laquelle M. Willems vous a comraunique un
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apercu, ä la seance du 30 decembre dernier. Elle a oblenu , en effet, de l'inoculalion du serum sanguiii des betes alteintes de celle maladie, les memes resultats favorables que üel'ino-euiatiori du plasma exsude.
Cependant M. Boens semble elre dans le vrai quand 11 dit, avec MM. Gerard et Maris, laquo; qu'on ne peul pas inoculer la pleuropneumonie epizoolique au moyen de ses produils palhologiques; raquo; car on ne voit pas se former les lesions pul-monaires caracleristiques de cetle affection chez les animaux auxquels on en a inocule l'exsudal. Ce produit ne serait done pas virulent.
Teile est apparement la maniere de voir de notre hono­rable conlradicteur de Charleroi et de quelques autres per-sonnes qui n'ont pas mieux eludie que lui la maladie dont il est question.
II ne taut pas perdre de vue, Messieurs, qu'il s'agit ici, non d'une pleuropneumonie ordinaire el primitive, teile que celle dont tous les animaux, comme Thomme, peuvent elre alleinls, mais bien d'une maladie generale epizoolique et eminemmentconlagieuse, une espece de fievre.ayanl quelque rapport avec la fievre lyphokle, et qui ne debute jumais par les poumons, mais qui, par suile des efforts de la nature pour l'eliminalion de l'agent morbide, se traduit bienlöt par une exsudalion plaslique de plus en plus abondante dans le tissu conjonclif d'une ou de plusieurs parlies du corps, nolammenl de la region sous-glossienne, mais le plus sou-vent dans ce tissu tres-läche et dispose, chez le boeuf, en couches epaisses entre les lobules pulmonaires, ainsi que, par suite, dans les plevres, membranes qui onl des connexions fort intimes avec ce tissu au niveau des espaces inlerlo-bulaires.
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El remarquez, Messieurs, que ce lieu d'eleclion de l'ex-sudat ne resulle pas d'une inflammation, soil de ia plevre, soit du Ussu pulmonaire; c'esl que, en effet, dans la mala-die parvenue meme ä un degre avance, on observe encore un grand nombre de lobules pulraonaires complelement sains au milieu d'une infiltration plus ou moins considerable du Ussu cellulaire donl ils sont entoures; ce n'est que plus tard que s'etablil conseculivement, d'abord la congestion, puis l'inflammation du tissu pulmonaire.
On voit done, d'apres cetle courte explication du fait essenliel dans la maladie en question, que, apres une periode d'infeclion generale plus ou moins longue et latente, eile se manifeste par un exsudat plastique, dont le lieu d'election ordinaire, mais non exclusif, est le tissu conjonetif intersti-liel des poumons. Or, dans l'inoculation d'apres le Systeme Willems, on comprend que cette lesion ne se produise point dans ces organes, mais plutöl dans le tissu conjonetif au lieu d'insertion de Ia matiere virulente, eomme on l'observe generalement aussi dans la vaccination, operation ä la suite de laquelle les pustules ne se forment le plus souvent qu'au siege des piqüres; et celle exsudation provoquee par l'ino­culation du virus pneumonique est de meme nature que celle des poumons, c'est-ä-dire d'aspect sereux ou plasma-tique, et constitue un veritable virus secondaire plus efficace meme, semble-t-il, que le virus prirnitif.
C'est, en ce qui concerne l'identile du processus morbide dans les deux cas, ce qui a ete constate par differents obser-vateurs, comme par nous, et tout recemmenl encore parun savant professeur de l'Ecole veterinaire de Dresde, M. le docteur Leysering, dont les recherclies necroscopiques figurent dans un rapport quo son collegue, M. le doeleur
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— 18 -llaubner, vienl de publier sur l'etat de la medecine ve.leri-naire dans le royaume de Saxe.
J'ajoulerai que, lorsque I'inoculalion a ete praliquee avec une matiere non alleree, on n'observe jamais ä sa suite la moindrc suppuration. Co n'eslque quand cette matiere s'est decomposee par un trop long sejour au contact de l'air pen­dant les grandes chaleurs de i'ete, qu'elle determine des en­gorgements inflammaloires el meme gangreneux, comme dans la piqüre analomique,
Teile est, Messieurs, la valeur des deux premiers apho-rismes de M. Boens. Dans le troisieme, il dit laquo; que, ni quant a ses symptömes, ni quant a sa marche, il n'y a aucune espece do rapport entre cette maladie (la peripneumonie) ct les affeclions virulentes connues jusqu'a ce jour, lelles que la pustule maligne, le charbon, le farcin, la morve, etc. raquo; Or, ce n'est la qu'une atlirmation que rien ne justifie, el qui, par consequent, est inadmissible. L'analogie, que M. Boens conteste d'apres des vues imaginaires, est, au con-traire, une chose evidente pour quiconque a fait une etude comparative des maladies dont il s'agit. En effet, ces difTe-rentes affections sont des maladies generales donnant toutes lieu, apres une duree d'existence variable, ä des lesions lo­cales plus ou moins etendues el developpees, savoir : I'exsu-dation interlobulaire des poumons dans I'epizootie bovine; des engorgements bien connus dans les affeclions charbon-neuses.ainsi que dans le farcin el la morve, outre des tuber-cules assez frequents dans ces deux dernieres maladies; une eruption pustuleuse d'iine etendue variable dans la variole, — lesions qui, dans ces dernieres affections, peuvenl varier de siege, d'etendue et de gravite, suivant les individus, qu'elles se soient developpees sponlanement ou consecuti-
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vemenlä l'inoculalion, — el, d'un autre cole, loulesces ma­ladies se Iransmellent egalemenl par un contagium volatile. C'est une chose qua M. Boens ne pourra contester, ear i,l n'ignore pas que c'est de celle maniere que s'exerce, par example, la contagion de la variole, et, apres avoir fait une petite enquele dans, le domaine de la patliologie comparee, il
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reconnaitra que c'est encore le plus souvent par des emana­tions que la morve du cheval se propage aux individus de son espece, avec lesquels il cohabite, et meme a I'honjme.
Dans son quatrieme aphorisme, M. Boens elablil quo I'ino-culation, preconisee par M. le docleur Willems, a n'est rien qn'une piqüre anatomique avec introduction sous la peau, tunlot d'une maliere seplique extraile des poumons d'un animal atteint de la pleuropneumonie, tanlot de I'exsudat de l'engorgement caudal provoque par une premiere inocu­lation. raquo; Cette assertion indiquant que notre contradicteur n'a probablement jamais vu ni employe I'exsudat dont il parle, je repondrai seulement que s'il voulait, a cet egard, chercher l'occasion de faire quelques observations, il se con-vaincrail que, hormis le cas ou cette maliere est putrefiee, il ne se produit jamais des effets analogues ä ceux bien connus de la piqüre anatomique ou de la septicemie.
Si, comme j'aime ä le croire, il n'a en vue, dans cette occurence, que l'interet de la science et de la verile, M. Boens comprendra qu'il ne convienl pas de baser son ju-gement uniquement sur des vues a priori, mais bien sur des fails constates regulierement chez les animaux malades, en ce qui concerne I'exsndat, el chez les inocules pour ce qui a rapport aux effets tins a l'insertion de ce produit non de­compose. Or, s'il s'etait donne la peine de faire par lui-meme quelques observations, je suis persuade qu'il serail arrive ä
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des conclusions lout autres que celles que nous comballons. J'en trouve la preuve dans Taphorisme suivant.le cinquieme, enoncanl laquo; que les effets de celte operation (rinoculation), ainsi que les accidents qui en resultent frequemment, sont generalemenl en rapport direct avec le degre de decompo­sition ou de putrescence de la matiere raquo;noculec. raquo; Ceci est evident, quand it s'agit d'une matiere putrefiee, comme Test parfois celle que. des personnes imprudenles inoculent quelques jours apres qu'elle a ete recueillie el laissee au con­tact de Fair a nne temperature plus ou moins elevee, ou celle exprimee immediatement d'un poumon frappe de gangrene, lesion que Ton observe quelquefois, raais rarement, quand la maladie est a son summum d'intensite; inais ce ne sont pas la les effets de l'inoculation du plasma depose dans les epaisses couches du tissuconjonclif interlobulaire des poumons.Non, dans cette derniere operation, il ne se manifeste presque jamais d'engorgemenl considerable, mais une petite tume­faction ayant parfois I'aspecl d'un bouton pustuleux, el due surtout a l'exsudation plasmalique du lissu conjonctif, comme dans la maladie naturelle, dont rartificiellement pro-voquee differe seulemenl en ce qu'elle est moins etendue et plus benigne, en raison de son siege loin de lout organe comptant parmi les plus essenliels a la vie. Oui, Messieurs, quiconque a fait des experiences s'est convaincu que si, dans un cas, on introduit une matiere seplique dans I'organisme, il u'en est cerlainement pas ainsi dans l'autre cas, c'est-ä-dire, dans l'inoculation de l'exsudat fraichement recolte, lorsqu'on la pratique avec les simples precautions recom-mandees par M. Willems.
Tels sont. Messieurs, les aphorismes formulcs par M. Boons sur la question envisagee au point de vue scienli-
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fique. Jugez maintenant s'ils sont admissibles. Les quelques details que je viens de vous presenter me paraissent pouvoir suflire pour vous convaincre qu'ils manquenl de fondement. Mais j'aurais meme pu me dispenser d'en faire la refula-talion, notre coilegue s'etant borne ä les enoncer. Oui, pour la justification de ses vagues aphorismes, il s'en rapporte enlierement, dil-il, ä tout ce qui a ete si bien dit dans cetle enceinte en 1834 et en i85o par piusieurs membres de la Compagnie. Mais, sauf notre regrette coilegue Verheyen, quidejä anterieurement s'etait bäte de se prononcer d'apres ses idees a priori, aucun des collegues aux discours desqucls M. Boens fait allusion n'a pose des conclusions conlraires a Tinoculation. Tous ont, comme moi, reserve leur jugement jusqu'ä ce que des faitsconcluants leur permissentde se pro­noncer. Que signifie des lors celte assertion de notre contra-dicteur ; laquo; Si quelques-uns de ces orateurs ont pu changer de camp, en passant du röie d'adversaire ä celui de defenseur de la pratique de M. Desaive, il n'y a que les homines qui aient change; les idees et les maximes acquisesä la science, avec leur concours sont restees immuables.raquo; Ce n'est qu'une vaine declamation, d'autant plus deplacee qu'elle tend ä induire en erreur les personnes qui ne se donnent pas la peine de verifier les assertions de M. Boens, et qui, d'apres I'assurance avec laquelle il les enonce, sont disposees a les accepter comme fondees.
Non, Messieurs, nous ne sommes pas passe du role d'ad­versaire a celui de partisan de Tinoculation ; mais, conside-rant les fails qui, depuis cetle epoque, se sonl produits de toutes parts en faveur de cetle pratique, nous nous sommes rendus a l'evidence, et nous avons ete heureux de pouvoir enfin, apres une Irop longue hesitation peul-elre, prociamer
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l't fficacilc de l'inoculalion prophylaclique de la pleuropneu-monie, avec les savanls de (ons les pays qui, comme nous, onl fail des experiences.
C'est done egalement ä lorl que M. Boons repete ici (p. 838 dn Bulletin) que laut de savanls medecins el velerinaires de la Belgique et de l'elranger onl renverse la doclrine de la pneumonisalion par l'inoculalion, car e'esl precisemenl le conlraire qui exisle. Oui, parloul oil on a experimenle : en France, en Ilalie, en Hollande, en Allemagne, elc., 11 a ele reconnu que rinoculalion d'apres le Systeme Willems deter­mine une maiadie generaie exsndalive, de meme nature que celle qui a produil le virus. C'est ce qui a encore ele recem-menl constate : en France, par les experiences de MM. Ma-thieu el Auzias-Turenne, que je vous ai connnuniqueesdans la seance d'odobre dernier, el en Prusse, comme M. Wil­lems vous I'a demontre dans la seance du 30 decembre, en vous donnanl un resume du dernier rapport de la Commis­sion officielle de ce pays. Parlout les experiences onl de­montre la nature virulente de l'exsudat de la pleuro-pneumonie epizootique, ainsi que de celui resultant de l'inoculalion de celle maliere ä des betes saines.
Abordant le cole pratique de la question, M. Boens admet d'abord que, laquo; dans certains cas el dans cerlaines conditions climaleriques,raquo; quit n'indique pas, laquo; l'inoculalion peut pro-duire chez les betes bovines pendant un temps qui n'est pas encore determine, mais qui n'est pas ordinairemenl bien long, dit-il, une aplilude plus ou moins forte a eviter les atleintes de la pleuropneumonie epizootique, comme cer­laines blessures graves, lelles qu'un coup de corne (I), el qu'on obliendrait plus surement, pense-t-il, par I'application des setons, par un traitement general spoliateur el depuralif
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on par I'observalion sagemeut enlendue des regies de I'hy-giene animale. raquo; 11 ajoule que ces dernieres melhodes de preservation doivenl elre preferees ä Tinoculation, ä cause des accidents plus ou moins graves qui resuilent frequem-ment, suivant lui, de celle inlroduclion au lanon ou a lu queue de matieres septiqves extrailes du cadavre des ani-niaux atleints de pleuropnemnonie ou de l'engorgement caudal de ceux qui out ete ainsi inocules. Puis, conlbndant de nouveau celle maladie epizoolique avec la peste bovine, il declare que laquo; loules les experiences lentees pour apprecier la valeur de l'inoculatiott du belail dans le siecle dernier, apres avoir paru produire quelques resullats favorables i cette pratique ont ete abandonnees, el qu'il en sera proba-biement de meme de celles qui ont ete entreprises depuis ou qu'on voudrait encore enlreprendre par la suite. raquo;
M. Boens reconnait done une vertu prophylaclique i I'ino-culalion d'apres le Systeme Willems; mais il pretend que limmunile qu'elle donne au belail n'a ni plus d'efficacite, ni plus de duree que celle resultant d'un coup de come, de I'ap-plication d'un seton, etc. El quelles soul les experiences qui lui permettent de faire celle assimilation ? Aucune. Avant d'ctablir la chose comme fondee, il eiil cependanl fallu faire des experiences pour s'en assurer; mais M. Boens n'en avail pas besoin : ses idees preconcues lui suflisaienl pour formuler celle conclusion.
Cependanl, chose etraage, il reproche h la Commission de n'avoir pas enlrepris ces experiences, qu'il n'a pas cru devoir tenter, et donl il se borne ä prevoir les resullats, Oui, eile devait, suivant lui, les insliluer, afin de determiner la va­leur relative des diflerenles melhodes de prophylaxie qu'il indique.
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Or, la Commission n'avail pas a recherclier la prelendue action preservative des coups de come, des setons, etc.; eile n'avail recu d'aulre mission que celle de s'assurer si I'inocu-lation imaginee par M. Willems esl ou non preservatrice de la pleuropneiimonie epizoolique. Eile elait, an resle, depuis longtemps convaincne de rineflicacite des selons, ainsi que des Irochisques, meme de celui de sublime corrosif, auxquels on avail souvenl eu recours, et qui elaient complelement abandonnes longtemps avant l'annonce de l'invenlion de I'lnoculalion par M. Willems.
A peine M. Boons esl-il engage dans l'examen de la ques­tion de rinoenlation envisagee an point de vue pratique, qu'il prouve de nouveau combien pen il connail la pleuropneumo-nie epizoolique. II dil, en effet (p. 842 du Bulletin), qu'il a vu laquo; abatlre ä Charleroi bon nombre de boeufs qui avaient ete achetes dans les Flandres, et qui presentaient tantöt des abc6s, tantöt d'aulres lesions dans les poumons. raquo; Or, M. Willems, inlerrompant, vous I'a dil avec raison; il ne se forme pas d'abces dans les poumons des betes atleintes de la pleuropneumonieepizootique.Lesanimauxqui ont ete abattus en presence de M. Boons et chez lesquels il a constate des abces dans les poumons, n'etaient done pas alteints de cetle maladie, mais d'une affection lout autre,qu'il n'aurait point confondue avec celle-ci, s'il avail possede les premieres no­tions de la pathologic veterinaire. J'ajouterai que le vieux boucher auquel il s'est adresse, en repondant a son observa­tion par celle question : laquo; des abees el des duretes dans les poumons, qu'esl-ce que ceia prouve? raquo; a montre qu'il pos­sede, lui,ces notions permellanl de dislingner la peripneu-monie exsudative de la pneumonic propremenl dile, com-pliquee ou non de foyers purulenls on d'induralions.
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Celle demonstration donnee parM.Boens lui-meme, qu'il lie connait pas la pleuropneumonie epizootique, pourrait me dispenser de continuer la refutation du long discours qu'il vous a lu au sujet de celte maladie; mais je crois devoir pour l'edification de I'AtJademie, en poursuivre I'examen. Je ne releverai pourtant pas toutes les erreurs qu'il commet en ce qui coneerne la Commission ou plulöl les deux Com­missions que le Gouvernement a appelees successivement ä determiner la valeur de la deoouverte de M. Willems, et ä la position que Verheyen y a occupee, ces erreurs etantsans porlee pour la solution de la question; mais je dois pro­tester de nouveau contre le revirement d'opinion qu'il attri-bue a la majorite de la derniere Commission. C'est que cette majorite, apres avoir longteraps hesite ä se prononcer, a enfin emis une opinion favorable, basee sur des fails par eile ob­serves et parfaitement concordants avee ceux constates par les Commissions des autres pays, composees toutes de sa­vants bien connus, eldont la parfaite competence n'a jamais ete et ne pourra jamais etre serieusement contestee.
Les fails recents recueillis en Belgique el a I'etranger par la Commission beige ne lui paraissent pas justifier les con­clusions de aon septieme et dernier rapport, el ceux plus recents encore dont j'ai enlretenu I'Academie dans sa seance d'oetobre dernier ne sonl pas, suivanl lui, plus concluanls. Comment, ces fails si precis qui ont ete constates : en Bel­gique, par M. L. Crevccoeur, de Wavre, Tun des medecins veterinaires du Gouvernement les plus instruits et les plus consciencieux; en France, par deux observateurs dislin^ues MM. Auzias-Turenne et Mathieu; comment! ces fails seraient sans valeur! Mais est-ce bien serieusement que vous, dont la competence est fort contestable, vous osez vous prononcer
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de la sorle sur des observations aussi completes et aussi con-cluantes que celies dont il s'agit. Le dedain avec lequel vous les avez accueillies, et que vous avez cherche ä faire par-lager par l'Academie, m'oblige de les rappeler ä rallenlion de mes honorables collegues, animes tous, comme moi, du desir de pouvoir se prononcer en connaissance de cause sur les conclusions que j'ai proposees ä leur sanction. Mais je ne reproduirai cependanl que quelques-uns des fails relates par MM. Auzias-Turenne etMalhieu. Les void :
o Le 9 avril 1861, M. H. Bouley et Tun de nous constalons I'existence non equivoque de la peripneumonie contagieuse sur une vache du sieur P..., noumsseur ä Boulogne (Seine). L'inoculalion est conseillce et acceptee.
a Le 10, la vache visitee la vcille est sacrifiee ; les poumons encore chauds sent mis a notre disposition, mairaquo;, au morarnt de pratiqucr I'inoculation, le sieur P... ne consent pins a nous laisser opeier que six dc sesvaches, e'est-a-dire, le tiers environ de I'cffeclif de son etable.
u Trois mois aprcs, lesanimaux consliluant les deux tiers non ino-culcs avaient succombe, et les six yaches operees le 10 aviil etaient en parfaite sanle.
raquo; Lesvaclu-s non inoculees ne furent pas ici lesseules victimes.M. P... etant oblige, pour les necessites de sa clientele, de posseder dans sa vachcrie un nombre toujours le roerae de laitieres, les vides fails par la mort etaient imrncdialemcnt comblcs par des vachesnouvellcs. Celles-ci succomberent a leur lour et la maladie ne cessa que sous Tinfluencc de l'inoculalion praliquee, en aoüt, sur la lotalite de 1'etable.
laquo; Novembre 1863.— M. B., nourrisseur, route de Versailles, a Auteuil, possede trente vaches. Depuis les derniers jours de scplembre, il en a perdu dix-huit. L'affeclion, depuis son apparition, devient de plus en plus grave. En peu de jours, nous ne dotilons pas que la mort mellrail un termcau mal, si les betes alteinles du fleau n'claient livrees a la boucheric.
laquo; Le Ö novembre I860, I'inoculation est praliqiico par les precedes
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ordinaires. M. Symph. Bouley veutbion nous preter son bienveillanl et precieux concours.
laquo; Ici, une fois de plus, les resultals ilepasserenl nos previsions : la peripueumouie contagieuse s'arrela immedialcment.
laquo; En 1864, aout et scptembie,des vaches holljndaises imporlerent de nouveau la peripneumonie dans l'elable de M. B., peuplee alors de quinzc vaches inoculeps le 6 novembre 1863, et dun nombre egal de vaches nouvelles, plus ou moins fraiches de lait, appartenant au\ races normande, flamande et hollandaise. L'enzoolie sevit alors avec une grande intensite sur les dernieres arrivees, qui succomberent en partie, etrespecta toutes les inoculees du 6 noverabre 1863. L'inoculation rait encore un terme a celte seconde et tres-meurtriere invasion de la peripneumonie (i)........#9632;gt;
Voila, Messieurs, quelques-uns des fails que je vous avals deja communiques d'apres le memoire de MM. Auzias-Turenne et Malhieu.
Je vous le demande, mainlenant,en presence de ces fails si clairs, siconcluanls, peut-on, de bonne foi, hesiter a se pro-noncer en faveur de rinoeulalion ? Ce serait vous faire injure que de le supposer, surlout que ce ne sont pas lesseulsqui soient parvenus a volre connaissance, mais qu'iis viennent s'ajouler au Ires-grand nombre de fails sembiabies, qui avaienl dejä servi a elayer les conclusions favorables emises parloul sur la decouverle de noire honorable correspondanl de Hasselt.
Mais, M. Boons se monlre d'une habilele extraordinaire dans son argumentation. Pour soutenir ses assertions, il ne recule pas meine devant des inexacliludes, telles que celle-ci que je crois devoir relever : Apres avoir parle de ce qu'il appelle les instants de triompke et les heures de defaillance d$
(0 Bulletin de l'Academie royale de medecine de Belgique, tome VI11, deuxteme raquo;irie, p. 750-752 et Jiecueil de medecine vetäriiiaire, cahier de seplembre 1865.
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l'inocnlation.U declare qu'en 1861 encore, les seuls savantsqni la defendent aujourd'hui dans cette assemblee lui tournaient alors le dos, et disaient: lt; Cette doctrine est defectueuse, ses bienfaits soul ephemeres. raquo; Puis il ajoule : laquo; II y a trois ans, Toila ce que I'Academie pensait d'une maniere ä peu pres unanime, el on voudrait aujourd'hui qu'elle se dejugeät, etc.raquo; Aulant de mots, aulant d'erreurs : I'Academie ne s'esl point occupee en 1861 de l'inoculation prophylactique de la pleu-ropneumonie, el la Commission ofBcielle n'a nulle part ex-prime les paroles que noire conlradicteur lui allribue, et qu'il s'esl cependant permis de guillemeter. Jugez d'apres cela. Messieurs, de l'esprit qui a preside a I'apprecialion que M. Boens a falte du septieme rapport de cette Commission. Je ne \e suivrai pas dans les longs details qu'il vous a lus a ce sujel. Ce serail chose inutile el faslidieuse.
II rappelle d'abord que les experiences de la Commission consislerent ä mellre, aulanlque possible, un meme nombre d'animaux inocules el non-inoncules en contact dans des etables infectees par la pleuropneumonie, et a tenir comple des resultats qui se produisirent.
Nous pensions,en effet, et nous croyons encore, Messieurs, que c'elail le seul mode d'experimentation susceptible de fournir les elemenls de la solution du probleme qui nous etait pose; mais tel n'est pas l'avis de noire conlradicteur. laquo; Ainsi conlt;jues et execulees,ä quoi pouvaient aboutir, dit-il, ces laborieuses recherches? A vous apprendre, ajoute-t-il, ce que vous saviez dejä, ce que nous admetlons plus ou rooins aujourd'hui presque tous, et ce que, pour ma part, j'avais dejä proclame il y a dix ans, ä savoir que I'inoculalion peut procurer aux bestiaux upe certaine immunile centre les alteinles de la pleuropneumonie exsudative, immunile plus
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ou moins generale, plus ou moins durable, selon les cir-conslances, etc. raquo;
Mais il ajoute que lä n'est pas la vraie question; que mes collegues el moi le saviortS; que nous n'aurions pas du I'ou-blier; et pour preuve de cela, il rapporte des paroles que j'ai prononcees en 18S5, pour motiver mon abstention. C'est que, Messieurs, je voulais alors, comma toujours, avant de me prononcer, des faits assez nombreux, bien circonstancies el irrecusables. Or, ces fails se sont produits depuis, en grand nombre. II ne nous etail done plus permis de douler de refficacile du prophylaclique. Auparavant je pouvais me de-mander si raction preservative atlribuee a rinoculalion lie resultait pas d'une derivation capable seulement de retarder I'invasion de la maladie. El si MM. Boens et Maris ont emis alors cetle meme hypolhese, savoir : que celle operation n'a d'autre action que celle d'un revulsif quelconque, et que, fermant les yeux sur les faits qui, neuf ans plus lard, m'oat determine a proclamer refficacile de la methode du docteur Willems, ils croient devoir rester immuables dans leur erreur, c'est leur affaire; je ne pense pas que I'Academie sera disposee a les imitor dans celle espece d'obslination.
C'est certainemenl a tort que ces deux conlradicleurs soutiennent que I'inoculalion n'a ni plus d'imporlance, ni plus de duree preservative que les revulsifs, car ils ne peuvent invoquer a l'appui de celle idee aucune experience; loutes celles qui ont ele faites a differenles epoques ayanl demonlre, au contraire, que ces moyens sont sans influence sur la marche de la pleuropneumonie dans les foyers epizootiques, lels que celui des communes de l'arrondissement de Gand, et particulierement de celle d'Ooslaeker, oü nous avons instilue nos dernieres experiences. Oui, inlerrogez les velerinaires el
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— SO-les cullivateurs de ces localiles : ils vous repondront una-niment qu'ils n'ont jamais obtenu un resultat avantageux des revulsifs employes a litre de preservalifs de la peripneii-nionie. Mais laquo; les partisans et les adversaires de IMnocnlalion eux-memes onl souvent repele, dil M. Boens, avec trop de complaisance que cettlaquo; operation est generalemenl inoffen­sive quand eile est convenablement praliquee. C'est, suivant lui, ce qui ne peut etre admis. Sans doute, ajoute-l-il, eile est inoffensive quand eile ne provoque aucun effet ou quand la serosite inoculee est si peu septique, qu'elle ne produilqu'une pustulation insignifiante. Elle est alors inoffensive et meme nulle aussi bien dans ses effets morbides que dans ses resul-tats prophylacliques. C'est une piqure benigne, uii coup d'epingle, rien de plus. Mais lorsque I'inoculation est suivie de ses phenomenes locaux et generaux ordinaires, comptez ses victimes, etc., et vous verrez que celte pretendue inno-cuite n'existe que dans les stalisliques mal failes. raquo;
On volt, d'apres cette citation, que M. Boens refuse d'ad-mettre comme prophylactique Tinoculation de Vexsudat non encore decompose, parcequ'il ne produit qu'un faible engor­gement; mais a defaut d'experiences qui lui soient propres, qu'il veuille done se donner la peine de prendreconnaissance de celles qui ont ete insliluees dans divers pays, et il se con-vaincra que son imagination, quoi qu'excilee par la passion de la verite, I'a completement egare; il verra que, lorsqu'on insere le liquide virulent non encore frappe de decomposi­tion, I'operation est constammenl inoffensive et fructueuse, les betes, chez lesquelles il se developpe conseculivement une legere tumefaction, une espece de bouton indiquant, avec la fievre qui precedö son apparition, que le virus a produit son effet sur I'organisme tout entier; il verra, dis-je, que gene-
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ralement ces belcs ne sont plus susceplibles de subir la con­tagion de la pleuropneamonie.meme dans les foyers d'infec-tion les plus marques. C'esl ce qui se trouve consigne dans les rapports hoilandais, prussions, ilaliens el francais, comme dans eelui de la Commission beige.
Mais M. Boens nc considere comme preservatrice que I'i-noculalion de la maliere pulmonaire devenue septique par la putrefaction, el, comme ses effelssonl, dit-il, en raison de sa putrescence, il en resuile quelle esl souvenl suivie d'acci-denls graves et meme de la mort. A eel egard, nous sommes d'accord : nous proscrivons aussi cette desastreuse operation, a laquelle nous denions, nous, toule action prophylacliquc, el les rares accidents ou sinistres que nous avous eus dans nos experiences de i'arrondissemenl de Gand, demonlrent combien nous avonseu soin d'eviter l'emploi du liquide dans ces conditions.
En effet, si nous avons eu quelques accidents a deplorer, c'esl que Ton ne nous a pas loujours foarni une matiere exempte d'alteralion, ainsi que nous en avons quelquefois etc averlis par la mauvaise odeur qu'elle repandait au moment ou nous nous disposions ä en faire usage.
La pluparl de nos inoculations onl donccle failes avec un liquide virulent depourvu de toule septicite, et les animaux qui en ont ete Tobjel onl generalement resiste au contagium peripneumonique, meme dans les foyers cpizooliques les mieux caracterises. M. Boens doil en etre convaincu; mais 11 lui a paru convenable de Iravestir le rapport de la Commis­sion, d'en faire une interpretation a sa facon, afin de se donner l'occasion de le combattre avec quelqu'apparencc de fondement.
C'esl parce que nous connaissions les graves dangers de
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l'inoculalion de la matiere seplique donl il s'agil que nous nous sommes attaches ä I'eviter autant que possible, en nous abstenant, comma a Hasselt et ailleurs, de praliquer cette operation a l'epoque des grandes chaleurs qui delerminenl une prompte decomposition de la matiere.
Selon noire contradicleur, les experiences de la Commis­sion, et specialement celles faites a Oostacker, demonlrent, en outre, que I'inoculation est d'autant plus desaslreuse, qu'elle est praliquee ä une epoque plus rapprochee de celle du regne de Tepizootie. Mais il n'en est rien : cette muladie est, du reste, permanente, par consequent enzootique a Oostacker.
M. Boens insinue ensuite que la gravite des consequences desastreuses de I'inoculation a determine la Commission ä refuser de continuer ses experiences a Winkel, ä Seeveneeken el dans plusieurs fermes des communes de Desteldonck et de Loochristy, son budget lui ayant paru, dit-il, ne pouvoir suffire pour le payemenl des sinislres qu'elle redoutait. Mais oü done a-t-il vu cela? Ce n'esta coup sür pas dans le rap­port. Au resle, la Commission n'avait pas de budget.
Quant a I'innocuile dans toutes les Saisons des pretendus autres moyens de prophylaxie : le seton, les Irochisques, etc., auxquels noire correspondant de Charleroi fait allusion, eile n'existe pas toujours a l'epoque des grandes chaleurs, du-rant laquelle I'applicalion d'un simple seton, chez le boeuf comme chez lecheval, esl quelquefois suivie d'engorgements graves el meme mortels. D'ailleurs, le seton el autres exu-loires analogues, que Ton avail abandonnes parcequ'an n'en avail obtenu aucun resultat avantageux, comme moyen pre-ventif de la peripneumonie exsudalive, el que, malgre cela, M. Boons preconise de nouveau, consliluent des revulsifs
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utiles seulement centre la maladie declaree, en donnant lieu a l'elimination des principes qui Tentreliennent et I'aggra-vent: ils n'ont aucune vertu propbylactique.
La Commission, qui, commc je i'ai dejä dit, n'avait qu'ä s'assurer si Tinoculation est ou non preservative, ne pouvait s'arreter ä l'examen comparatif de ce moyen avec les selons, etc., partout abandonnes depuis longtemps comme ineffi-caces. Les seuies experiences a faire pour la solution du Pro­bleme pose a la Commission, ce sont celles qu'elle a insti-tuees: mettre en cohabitation dans la meme etable un memo nombre d'animaux inocules et non inocules, dans une loealite oü regne habituellement, sinon conslamment, l'epizoolie, et enregistrer les cas de maladie survenant chez ces animaux. Or, ces experiences seront acceptees par tous les hommes competents avec les conclusions qui en deconlent.
Se basant sur la longue duree, dans certains cas, de la maladie artificielle qui est la consequence de Tinoculation, notre contradicteur dit qu'il n'est pas surprenant laquo; que des betes qui ont etc malades pendant plusieurs semaines, et qui out presente des engorgements quelquefois enormes, des sup­purations plus ou moins longues, acquierent, lorsque leur sante est retablie, une aptitude moins grande qu'auparavant a contracter des maladies conlagieuses, leur economic etant, ajoute-t-il, roodifiee, leur sang depure et rafraichi (sic). raquo; Mais qu'est-ce done qu'un sang rafraichi ?....
Je pensais et je crois encore, contrairement a l'avis de notre honorable correspondant de Charleroi, que les ani­maux affaiblis par une affection quelconque, loin d'etre a l'abri des maladies contagieuses, y sont plulöt predisposes, comme cela se remarque, notamment pour la morve, clans les regiments de cavalerie.
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Si I'efrange assertion de M. Boens pouv-iit etre fondee, il serail facile de se premunir contre loule epidemie que Ton voit apparaitre : il suffirait de s'exposer a nne maiadie epui-sante quelconque ou de se spolier reconomie au moyen des purgalifs et des vomitifs assez souvent repetes, pour oblenir laquo;n complel rafratchissement du sang! Je deute fort que celte doctrine ail quelque chance d'etre jamais adoptee par aucune Faculte medicale. Quoiqu'il en soit, le princi^e de physio­logic pathologique formule par Verheyen, el sur lequel M. Boons elablit sa Iheorie, n'esl nuliement admissible. Si, en effet, comme I'a exprime ce regrelte collegue, laquo; tonte ma­iadie generate ou genamp;ralisee, qui a dure pendant un certain temps et qui a ete suivie du retour ä la sanU, premunissait generalement ceux qu'elle a frappes contre la plupart des ma­ladies epidemiques ou epizootiques,raquo; les personnes qui ont etc atleintes de la fievre typhoide ou de loute autre affection ge­nerate ou generatisee,seraiienl inaptes k contracter la variole, le cholera, ainsi que loute autre maiadie epidemique, el reci-proquemenl. Or, on sail que les choses se passenl aulrement. II suffit done de rappeler I'axiöme de Verheyen pour le re-fufer. Et c'esl ce que ce savanl veterinaire avail perdu de vne, car il savail parfaitemenl que, dans les regiments dont le service veterinaire etail place sous sa surveillance, ce sonl precisemenl les chevaux qui onl souffert de la maiadie gene­rate designee communement sous le nom d'influenza, ou de loute maiadie locale de longue duree et par suite generalisee, qui paienlle plus large Iribut ä la morve el au farcin.
Mais si M. Boens adople, pour le besoin de sa cause, ce prineipe mal londe, il s'elöve par contre, avec energie, contre celui, bien juslifie pourtant, de la longue incubation de la pleuropneumonie exsudalive, incubation que M. Willems
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avail fixee ä quinze jours seulement, mais dont la Commis­sion a evaiue ä un rnois la duree moyenne. c Cette concession accordee k M.'Willems, dil-ii, ne fait pas seulement com-ineltreä la Commission ministerielle une erreur de chiffres, eile consacre, ajoute-t-il, une veritable heresie stalislique. raquo; laquo; Cette hypolhese, conlinue-t-il, imaginee pour les besoins de la cause fut adoptee sans examen par la Commission offi-cielle. raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,
Or, ce n'est pas une hypolhese, mais un fail avere, reconnu depuis longlemps par les veterinaires les plus instruits de tons les pays comme par nous, el c'esl ce que vienl de pro-ölamer de nouveau, a la face de l'univers, un corps scienli-fique des plus imposDnts,leCongres international veterinaire de Vienne, lenu au mois d'aoüt dernier, el ou siegeaient les sommiles veterinaires de l'Allemagne et de la plupart des autres pays de I'Europe.
Voussavez, Messieurs, que la pleuropneumonieexsudalive est partout classee parmi les vices el maladies redhibiloires, et que le delai de la garantie accordee dans les venles el echanges d'animaux de l'espece bovine, n'est generalement, pour ce cas, que de 20 a 2S jours. Or, le Congres interna­tional de Vienne, considerant la duree toujours tres-longue de l'incubation de cette maladie, ;i emis, a I'unanimite, le vneu que ce delai soil, a rimilation de ce qui est etabli dans la Hesse electorale, eleve ä 42 jours dans lous les pays. On voil done que ce n'est pas, comme M. Boens se permet de l'insinuer, par complaisance pour M. Willems, mais pour se conformer aus fails el sauvegarder la verile, que la Commission a defalque les betes devenues malades pendant les trenle jours apres celui de l'inoculation, et que, pour elre complelemcnl equitable dans sa stalislique, eile aurait du
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aller alaquo; delä; de sorle que les resultals de ses experiences eussenl encore ete plus favorables ä la decouverle de notre honorable collegue de Hasselt.
Si done on pouvait l'accuser, avec. M. Boens, d'avoir fail, ^n celle oecurence, laquo;ne concession, ce ne serait pas ä l'in-vention de M. quot;Willems, mais ä ses delracteurs quand tneme.
Que signifient apres cela les calculs evidemment errones que nolre confradicteur est venu subslituer ä ceux de la Commission? Rien, absolument rien. Je ne m'y arrelerai done guere. Je croirais, en cela, faire un hors d'oeuvre et abuser de volre bienveillante altenlion. Au surplus, j'ai cm devoir abandonner au rapporteur de la Commission, l'ho-norable M. Crocq, cette lache dont il s'esl acquitle, ä la der-niere seance, infmiment mieux que je ne pourrais le faire, dans son brillant discours que l'honorable M. Vleminckx a dit, avec raison, irrefutable.
Nous devons cependant relever les passages les plus sail-lants du travail de M. Boens, qui se rapportent k i'apprecia-tion des experiences de la Commission officielle.
11 s'atlache d'abord ä demontrer que celles de Desteldonck sontsans valeur. Sans vouloir admetlre comme entierement fondee sa critique, je veux bien reconnaitre que, prises iso-lement.ellesnesont pas entierement concluanles.Elles furent d'ailleurs trop peu nombreuses et nous ne tinmes pas ä les multiplier davantage dans cette commune, parce que l'epi-zoolie n'y etait pas generale. II en futdememeä Loochristy, ainsi qu'ä quot;Winkel et ä Seeveneeken,oüles cultivaleurs refu-serent, des le debut, de les laisser conlinuer, malgre les perles considerables que la pleuropneumonie leur occa-sionnait.
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Mais, il en fut autrement ä Destelbergen, oü l'inoculation fut generalement cfficace, comme ä Gendbrugge et surtoot ä Oostacker, commune dans laquelle la maladie est enzooti-que, et n'a en grande partie cesse ses ravages que pap suite du Systeme Willems, qui, vu ses bons effets, finit par etre applique, conformement au desir des cullivaleurs, ä uu boa nombre de betes restees jusque-Ia non inoculees et pami lesquelles l'epizootie continuait ä faire des victimes, tandis que les inoculees echappaient ä ses atleintes. Et nous hesi-lämes d'autant moins ä souscrire ä cette infraction ä nolre convenlion-'programme, que nous devions bieulöt clöturer nos experiences.
La grande commune d'Oostacker constituant im verita­ble foyer de contagion, nous i'avons choisie pour le siege principal, le centre de nos operations.
Les nombreuses experiences que nous y avons institutes sent surlout celles auxquelles nous avons accorde une grande importance; et, en effel, saineroent interpretees, elles sent decisires en faveur du Systeme Willems. Tel n'est pas pour-tant l'avis de M. Boens, qui, apres avoir conteste I'efficacite de celles de Desteldonck, cherche a demontrer quc celles d'Oostacker n'ont pas ete beaucoup plus favorables au Sys­teme prophylactique.
II rappelle d'abord que la Commission a accuse, dans cette local!tc :
lt; 281 betes inoculees avec succes, dont 18 sont tombees malades; j'ajoule (ce qu'il n'aurait pas du negliger): 15 pen­dant le premier mois apres l'inoculation, et 5 apres le pre­mier mois;
•i 15 beles inoculees sans succes, dont 9 contractereni la
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maladie (7 pendant le premier mois el 2 apres le premier mois, a parlir du jour de l'inoculation);
#9632;i 19S beles non inoculees, dont 43 devinrent malades; laquo; 4 beles qui succomberent aux suiles de l'operalion. raquo; Mais a ces releves, M. Boens fait des reclificalions et des additions loutä fail forceeset parlatit inadmissibles. laquo; Ainsi suivant lui, une centaine de sujets inoeuies doivent etre eli-mines du total, parce que les uns furenl inoeuies apres la disparition de Tepizoolie, et que les autres, apres I'inocula-culation, resterent seuls dans les elables sans sujets non ino­euies. raquo; Je ferai d'abord remarquer que ces derniers furent tres-rares el constituerent une exception, dont on ne pent pas, en bonne logique, se servir pour infirmer la regie. Quant aux betes qui n'auraient ete operees qu'apres la disparition de l'epizoolie, elles n'existent point, puisque celle-ci n'a cesse de regner qu'apres que Ton se fut decide a inoculer presque tous les animaux; c'est-ä-dire, vers le lerme de I'ex-perimentalion. Ce qui prouve d'ailleurs que I'influence epi-demique a meme persiste alors dans cette commune, e'est que, plus lard, des betes, qu'on y a inlroduites sans les inoculer, ont encore ete atleintes de la pleuropneumonie, dont les inoculees n'ont cesse d'etre respectees.
D'un autre cote, aux qualre victimes renseignees par la Commission, il faut ajouter, suivant notre conlradicteur, 20 autres betes qui ont ete plus ou moins gravement ma-lades ou mutilees. Mais ce n'est pas dans notre rapport que M. Boons a constate cela. II a evidemment exagere les acci­dents qui y sont consignes, el dont les animaux n'ont gene-ralement quo pent ou point souffert. C'est a peine si, outre les qualre cas de mort, on peul ciler trois ou qualre cas
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d'accidentsqui aient etc prejudiciables aux cullivaleurs ch^z lesquels ils se sont produits.
M. Boens demande ensuite a quel compte il faut porter les sujels inocules sans succes qui sontdevenus pneumoniques? Ils doivent sans doute elre consideres comme non inocules : ce sont des animaux qui, n'ayanl pas eprouve ies effets du virus inocule, sont lout a fait dans ie meme cas.
II en est de meme, ä eel egard, que de la vaccination humaine : lorsqu'elle n'a pas ele suivie de ses effets ordinaires, vous ne la considerez sans doute pas comme preservatrice. De la, Ie preceple tres-recommande, surlout par notre honorable pre­sident, el acceple par lous les medecins, je pense, de revoir les personnes que Ton a vaccinees ou revaccineeSjafin de s'as-surer si I'operation a etc fruclueuse. Or, quand cetle precau­tion a etc negligee, et que la variole atteint des personnes vaccinees depuis peu de temps, n'en concluez-vous pas que I'operation n'avait pas produit ses effets? Ne la considerez-vous pas comme une inoculation sans succes? C'est de toule evidence.
Nous devons doncaussi considerer comme betes non ino-culees celles chez lesquelles roperation n'a pas donne lieu a la plus petite lumeur, ni a la moindre exsudation. Ces cas ont ete rares a Ooslacker, oü la reeeptivite du virus a ete beau-coup plus marquee que dans les aulres communes; d'oü Ton pourrait conclure qu'elle est en raison directe de la predis­position des animaux ä Tepizoolie. Sur 294 inoculations pratiquees a Ooslacker, il n'y en a eu, effectivement, que 13 qui n'ont ete suivies d'aucun effet, et qu'il faut necessaire-ment additionner avec les 195 betes non inoculees, ce qui porte a 208 le nonibre de cellcs-ci.
raquo; Quant a l'hypothese de l'incubation, dil M. ßoens, eile
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ne saurail rendre compte de Tenorme proportion des cas de pneumonie, 70 pour 100, qui se declarerent immediatement, c'est-ä-dire peu de jours apres les inoculations dites sans succes. raquo; Ces cas doivent, suivant lui, etre portes au passif de la methode, comme des cas oü I'inoculalion aurail pro-duit la maladie (!).
On ne se serait sans doute pas attendu ;i un semblable rai-sonnement,donl it resulle, d'une part, la revocation de toute periode d'incubalionde la pleuropneumonie, el d'autre part, rhypolhese que Tinoculation produirait cette maladie avec ses lesions pulmonaires caracleristiques el semblables a celles de la maladie naturelle! Mais, c'est ce que conlredisenl les fails observes dans tous les pays, el surlesquels ieCongres de Vienne s'est base pour fixer ä quarante-deux jours la duree ordinaire de cette periode d'incubalion de Taffeclion epizoo-lique dont il s'agil, el meme sans aucune apparence de pro­dromes pouvanl faire supposer que les animaux portent deja le germe de cetle maladie, donl its sont pourtanl des­tines a devenir plus ou moins löllesvictimes.C'esl que, chez les animaux de l'espeee bovine, les alterations doivenl dejä etre considerables, avanl qu'elles ne donnenl lieu a une reac­tion organique sensible, a des troubles fonclionnels aperce-vables. El il en est de meme, a eel egard, pour toutes les maladies donl ils sont susceplibles d'etre alleinls.
Je ne suivrai pas davanlage M. Boens dans ses longues perigrinations, 11 serail oiseux de refuler toutes ses asser­tions. Cependant, je ne puis me dispenser de revenir avec lui sur quelques-unes, qu'il reproduil plusieurs fois dans son discours, parcequ'il leur accorde sans doute une grande im­portance.
Apres avoir admis puis conteste la vertu prophylactique
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— Ai­de l'inoculation, cct honorable correspondanl insiste de nou-veau (p. 873 du B.) sur la plus grande efficacile des sefons et autres moyens analogues qu'il lui plait de decorer du litre de prophylacliques, malgre qu'on y ait renonce depuis long-temps, apres avoir reconnu leur insuflisance, leur constanle inefficacile dans les foyers epizootiques. II les prefererait neanmoins, parcequils laquo; out sur I'inoculalion, dit-il, I'incon-testable avantage de ne jamais tuer, ni mutiler, ni deprecier les sujets auxquels on les applique. raquo; Cependanl ces moyens de revulsion ne soul pas toujoursje l'ai dejä dit, inoffensifs, el ils offrent, en outre I'inconvenient d'affaiblir parfois les animaux au point que, par suite, ils deviennent plus aptes a subir rinfluence epizootique.
Mais notre contradicteur insiste sur la pretendue action prophylactique des selons ou trochisques, laquo; avec d'autantplus de salisfaclion, dit-il, que mes idees ont recu depuis lors l'approbalion de plusieurs savanles autoriles. raquo;
Nous avons dejä demande ä M. Boons quelles sonl ces savantes antorites, auxquelles il fait de nouveau allusion clans ce passage de son discours. Pourquoi done ne les cite-t-il
pas?.....C'esl parce qu'elles n'existent pas. On sail, en effel,
que, contrairement a cette supposition, la plupart des pra-ticiens experimenlateurs de tons les pays se sont prononces en faveur du Systeme Willems, et qu'ils n'ont pas songe ä l'assimiler aux setons et autres revulsifs. C'est que tous ces hommes pratiques se sont convaineus, par leurs experiences et leurs observations, qu'il n'y a aneune similitude entre l'inoculation bien reussie, qui ne determine gencralement aueune alteration de quelqu'importance, et ces revulsifs, non plus que la saignee et les purgatifs qui sont seulement uliles dans le traitement des animaux dejä atteints par l'epizootie.
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Knnemi de toule inoculation quelconque, semble-l-il, M. Boens dit que laquo; la veritable sauvegarde conlre les epi-zoolies et les epidemies reside specialement dans i'observa-tion stride et rainutieuse des lois de la nature et des regies de l'hygiene,raquo; que laquo; tous les agents modificateurs qui ont ele preconises comme preservalifs de ces grands fleaux, ne doivent guere etre appliques qu'aux sujets qui se trouvent places dans des conditions insalubres, ou dont la constitution est plus ou moins alleree et compromise.raquo;D'apres cela, la vaccination devrait done etre generalementabandonnee : on ne devrait plus la mettre en pratique que dans les localiles insalubres et sur les sujets alleres! Si notre honorable cor-respondant persisle dans cette voie.vous devez vous attendre, Messieurs, a ce que, a l'occasion de la discussion ouverte sur les vaccinations et revaccinations,il reproduise la singuiiere hypothese du docteur Verde-Delisle.
laquo; Quoi! s'ecrie M. Boens, on tiendra les animaux immo­biles, inactifs souvent des mois entiers, et Ton voudrait que de semblables produits fussent a meme de resister aux flcaux epizooliques! raquo; Personne ne pretend cela; tout le monde est convaincu que les animaux dans ces conditions sonl predis­poses a toutes sortes de maladies. laquo; C'esl, au conlraire, ajoute-t-il et disons-nous avec lui, sur ces produits que les principes contagieux se jettent d'abord et de preference. El, laquo; ces idees, continue-t-il, que les Anglais eux-memes com-mencent a comprendre, malgre I'aveuglement avec lequel ils se sont attaches depuis longtemps a creer des races d'anitnaux absurdes, impossibles, ne sont pas seulemeut applicables i ia pleuropneumonle, mais ä toutes les epizootics, 4 toutes les epidemies. raquo;
Si cette derniere observation etait fondee, noire Gouver-
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nement, comme celui de plusieurs pays voisins, commellrait la plus grave faule qui se puisse imaginer, en important chaque annee et a grands frais un bon nombre de sujets d'une de ces races bovines d'Angielerre, qualifiees d'absurdes, (Vim-possibles par notre conlradicteur. Mais ces animaux, aussi remarquabies par leurs belles formes, que par une granclc propension a I'engraissement, ne sonl ponrtaut pas plus sou-venl visiles par le fleau epizootique dent il s'agit. Non, e'est le contraire qui a lieu : la pleuropneumouie exsudalivo deci-mail depuis longtemps le betail en Belgique, comme en Hol-iande, qu'ellc etait encore presqu'inconnue en Anglelerre ; et si, depuis qu'elle y a ete inlroduile par des beles hollan-daises, elie y sevit habituellement, eile y est moins desas-treuse, je pense, que chez nous et dans les Pays-Bas.
Maintenant, voici, conformement ä ces idees erronees de M. Boens, les conseiis que ce medecin s'est empresse de don-ner par ecril i quelques eleveurs de ses connaissances, ä I'e-poque de l'apparition d'une aulre epizootic, la peste bovine: laquo; Preparez vos besliaux ä resister ä I'epizootie. Ils viennent de traverser une saison exceplionnellement seche el chaude; leur sang si plaslique de sa nature et surlout dans les condi­tions d'engraissemenl oü vous les lenez. Test devenu an point que dans quelques saignees que j'ai vu faire par un habile veterinaire de mes amis, M. De Tbibault, il se coagulait presque au sortir de la veine. Eh bien, il faut deßbriner ce sang, il faut le rafraichir, sans affaiblir Veconomie^etc, Pour cela, ajoule-l-il, je ne connais Wen de mieux que les boissons nitrees avec ou sans addition d'une legere infusion aroma-lique de feuilles de menlhe, par exemple, et les bains de vapeur.raquo;
Voilä, Messieurs, des idees qui, si elles sonl nouvelles, ne
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sont pas moins absurdes. Je me garderai bien de les refuter: il suffit de les avoir rappelees pour les faire apprecier daus tout ce qu'elles ont d'anti-scientifique. Je suis bien sur, Mes­sieurs, que vous ne serez pas disposes a reproduire a vos connaissances de la campagne le conseil de deßbriner et ra-/rafcArr le sang des animaux, et cela au moyen d'un sei alca-lin, d'une infusion aromatique et des bains de vapeur, afin de les premunir contre le contagium du typhus epizoolique, eontagium qui, bien cerlainement, ne respecte pas plus, mais bien au contraire, les betes donl le sang esl pauvre en fibrine, que celles oü cette matiere organique se trouve en
exces.
Cependant, c'est la, suivanl M. Boens, le mode de prophy-laxie (p. 876 du Bulletin) qu'il faudrait inlroduh-e dans I'eleve du belail ä la place de l'inoculation et meme du selon et des Irochisques, qu'il semble vouloir repudier, apres les avoir eleves au-dessus de tout, quant a l'efficacile et ä l'innocuite. C'est que c'elait, pense-t-il l'avis des regrellables Lombard et Verheyen, et que c'est encore, ajoule-t-il, celui laquo; d'un grand nombre de nos savants conlemporains de la Belgique et de l'etranger.raquo; Mais quels sont ces nombreux savants qui professent les idees prerappelees du medecin de Charleroi! C'est doromage qu'il ait oublie de les ciler nominalement. Esl-ce que, peut-etre, ils n'existeraient que dans son imagi­nation excitee par la passion de la science et de la veritif... M. Boens dil seulement que, depuis deux mois, les journaux anglais repelent a I'envi, a propos du typhus contagieux, ub article qu'il rapporle ensuite texlnellement, et oü je re-marque que les Anglais se glorifient d'avoir opere des mer-veilles en creanl les varietes d'animaux les plus appropriees a l'usage de l'homme, mais en donnanlun developpemenl arli-
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ficiel el premature ä une obesile hälive, qui delruit toules les idees de la beaute naturelle de l'animal, et cela par une alimentation speciale, par un regime tout ä fait artifieiel.
Or, le savant auteur contemporain qui a ecrit ces lignes, lie me parait pas etre plus que M. Boens au courant des crea­tions nouvelles qu'il condarane apres les avoir admirees, parce que les animaux de ces races arlificielles, absurdes et impossibles, comme dit notre collegue, seraient laquo; moins dis­poses a resisler aux influences deleteres et ä echapper aux affeclions typhoides, que les animaux trailes plus nalurelle-ment et par cela meme plus robustes. raquo;
On salt, en effet, que ce n'est point par un regime artifi­eiel, consistant — comme l'auleur de l'arlicle en question I'in-sinue—ä bourrer les animaux de neurriture et ä les tenir en-fermes sousunehaute temperature,prives de tout exercice, etc., que les Anglais sonl parvenus a creer leurs remarquables races ou variclesde chevaux.de pores, de chiens,de moutons et de boeufs, mais bien en les meltant dans les meilleures conditions hygieniques possibles, quant a la nourriture, aux logemenls, ä rexercice, etc., en les enlourant, en un mot, des soins les plus eclaires, et prlncipalement par la selection ou le choix des reproducteurs les plus robustes et les mieux conformes, afin d'oblenir insensiblement par ce dernier moyen, ainsi que par des croisements judicieux, les difle-rents caracteres, les formes et les aptitudes qu'ils ont en vue. Et, bien cerlainement, ces animaux perleclionnes, si gra-cieux, si elegants dans leurs allures, si energiques, loin d'etre predisposes aux maladies, y resislent generalement mieux que ceux des races abalardies, par suite de l'accouple-ment d'individus plus ou moins defectueux, et moins bien soignes a l'epoque du developpement ou de la procreation.
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Ce langage des journaux anglais, clout nous venons de faire rapprecialiou, esl, dit M. Boens, celui lt; que nous (enions il y a dix ans. gt; Or, ce langage elait et est reste con-traire aux fails. II n'esl done pas possible que, com me noire honorable collogue le prelend, le Gouvernement et les ele-veurs s'arrelenta ces idees absurdes, qui pourraient les en­gager dans une voie pernicieuse.
II resulle evidemment. Messieurs, de Texamen que je viens de faire du discours de M. Boens, que ce medecin ne connail que Ires-imparfailement la pleuropneutnonie exsudative, el que les longs details dans lesquels il est entre, relativement ;i I'inoculalion preventive de celte maladie. epizoolique, n'ont abouti qu a jeter de la confusion dans la discussion et ä don-ner quelque satisfaction aux rares adversaires quand meine de rimporlante decouverte de M. quot;Willems.
Je persiste done. Messieurs, dans les conclusions que je vous ai proposees, et j'ai le ferme espoir que vous les sanc-lionnerez.
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