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QUELQUES MOTS
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L'INOCULATION DU BfiTAIL
ADRBSSES
A M. le Docteur DIDOT
PAR
J. M.J. OESAIVE,
Docteur en mcSdccine , ancien membre de la Chamhre des Repr^gentanls de
Belgique, Ex-Directeur-Professeur ä l'Ecole de Mßdecine veWrinaire de '
Liege et Secretaire du Conseil sup^rieur d'AgricuIture , membre
correspondant de la äociöte centrale d'agrlculture de France ,
ueraquo;la Societö d'AgricuIture et des Arts du dlt;5parte-
ment de Seine-et-Oise, de la Societö Centrale
d'AgricuIture du Cantal, de l'Acadömie du
Card, de la Soci^tö de mädecine
pratique de la province
d'Anvcrs, etc.
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Combien de temps une pensRp^teraquo; Vierge obscure, attend son epoux ! Les sots la traUent d'insensee;j I e sage lui dit: Cacbez-Tdus. Mais la rencontrant loin du monde, Un fou qui croit au lendemain, L'epouse; eile derient feconde Pour le boDbeur du Konre bumain.
fBERANGRR.)
PARIS,
LIBRAIRIE AGRIGOLE DE DUSACQ, RUE JACOB, 26.
1853.
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BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
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QÜELQÜES MOTS
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L'INOCULATION DU BETAIL
ADEESSES
A M. le Docteür DIDOT
PAR
J. M. J. DE SAIVE
Docleur cn m(5decine, ancien rnembrc de la Chambrc des Reprösentants de
Belgiquc, Ex-Directeur-Professeur ä l'Ecole de Mcidecine vetamp;rinaire de
Liege et Secretaire du Conseil supßricur d'AgricuUure , membre
correspondant de la Sociöte centrale d'agriculture de France ,
de la Sociötö d'AgricuUure et des Arts du dßparte-
ment de Seine-ct-Oise, de la Society Centrale
d'AgricuUure du Cantal. de rAcademie du
Gard, de la Soci(He de medecine
pratique de la province
d'Anvers, etc.
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Combien de lemps une pensöe, Vierge obscure, attend son 6pouxt los sots la traltent d'tnsensee; 1c sage lui dit : Cachez-yous. Mais la rencontrant loin du monde, in fou qui croit au lendemaln, L'epouse; e!le deviant feeonde Vuur Ic bonheur du genre humain.
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PARIS,
L1BRAIRIE AGRICOLE DE DUSACQ, RUE JACOR, 26. I8S3.
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Paris, Imprimerie d'AtinussoN et Kugelmann, 13, rue de la Grangc-Bateliamp;re.
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I 1.
Tout le monde a conserve le souvenir du bruit qni so fit a propos d'uue deeouverte, dont l'effet devait etre de pre-venir la pleuropneumonie exsudative des betes bovines.
Monsieur le Miuistre de Tinterieur de Belgiqne, ['hono­rable M. Charles Rogier, dans laquo;a vive sollicitude pour tout cequi Interesse le premier element de la fortune publique, s'est einpresse de choisir parmi les hommes speciaux du pays, ceuxqui, parleur savoir etleur impartialite, offraient le plus de yaranties pour examiner le travail que lui avait presente M. le docteur Willems, et soumettre ä des expe­riences completes le precede que ce jeune medecin disait avoir decouvert pour preserver les betes bovines de la pleuro­pneumonie exsudative.
Cette Commission fut composee de :
MM. le docteur Sauveür, inspecteur general du service de sante civil, secretaire de 1'Academic rovale de mode-cine de Belgique.
Verbeten, directeur - professeur ä i'ecole veteri-naire de Bruxelles, inspecteur du service veterinaire de l'armee beige, vice-president de 1'Academic de raedecine.
Le docteur Beixefrot, chef de division de l'agri-culture au ministere de l'interieur, membre de l'Aca-demie de raedecine.
Thiehnesse, professeur ä recole vet6rinaire, membre de 1'Academic de raedecine.
Defays et Hessen, veterinaires-repetiteurs u I'ecole veterinaire de Bruxelles.
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MM. Dodterldigne , vet6rinaire du gouverncment, a Bruxelles. Theis, medecin praticien ä Bruxelles. Le docteur Glcge, professeur a l'Universite de Bruxelles.
L'Academie royale de medecine do Belgique avail charge trois de ses mcmbres :
MM. Faixot, ancien medecin principal dc Tarraee beige, vice-president de TAcademie.
Marinus, docteur en medecine, membre secretaire adjoint de l'Academie.
Didot, docteur en medecine, membre de l'Aca-damp;nie;
De suivre les recherches et les experiences qui devaient ctre instituees a Vecole veterinaire de VEtat, pour-verifier la methode de M. Willems, qui avait adresse a la compagnie le meme memcireqnecelui qu'il avait remis ä M. le Ministre de I'mterieur.
Lorsque l'Academie s'occupa, la premiere fois, du me-raoire de M. Willems, M. le proi'esseur Lombard reclama la paternite de la dßcouverte de l'inoculation de la pleuro-pneumonie exsudative en ma favour.
Divers ecrits ont ete publies sur rinoculation. Dans une premiere brochure, publiee le 30 aoüt -1852, et dans une secondequi a paru le 50 juin -1853, j'ai expose mes titres et mes droits a la priority de cette decouverte.
La Commission beige n'a pas eu a s'occuper de mes tra-vaux, ni de mes droits de priorite, eile s'est renfermee dans les limiles du mandat qu'elle tenait du gouvernement.
Le Ofevrier 4853, la Commission a adresse ä M. le Mi­nistre de l'interieur le rapport de ses travaux.
Ce document officiel, luet approuve en seance, est re-vßtu de la signature de tousles membresdela Commission, moins celle de M. Didot.
Cet honorable academicien, dans une brochure qu'il vient de publier, rend compte des motifs qui Tont force a se se-parer de ses collegues, pour puiser u une autre source les
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elements de sa conviction sur la valcur du moyen propose par M. Willems.
Ils'est done rendu a Hasselt, oüil asejourne le 30 et ie 31 mars 4 833.
Le memoireoü M. Didot rend compte de son voyage, porte pour titre:
Deux jours a Hasselt.
Essal sur riuocnlatlou dc la pleuropncuiiioiilc cxsudatlvc des betest liovlnes,
D'apres la methode du docteur Willems. — 23G pages.
Cetouvrage, dedie ä S. A. R. Monseigneur le Due de Brabant, a ete soumfs ä l'Acaderaie de medecine de Bel-gique.
En voyant M. le docteur Didotseseparer de ses collegues, ctse poser eujugesouverain dans une question qui interesse le present et lavenir des betes bovines, en I'entendant reie/a-mer 1'indulgence et surtout Vimpartialite de ses lecteurs, plus d'une persoune pourra se demander : pourquoi M. le docteur Didot s'esl-il separe de ses collegues ? Quels sont ses titres, sa competence, son aptitude, pour entreprendre la mission agricole qu'il s'est imposee ?
Voici comment s'exprime le savant acad^micien liegcois avant d'entrer en matiere :
laquo; Je comhattrai de toutes mes forces le rapport de l'ho~ i) norable M. Ferhejen raquo; (le travail du president-rap­porteur de la Commission instituee par le gouvernement beige). Mais, avant d'engager la discussion, feprquve le hesoin de declarer quelle n älterem en rien les sentiments d1 affection, de haute estime et d?admiration quefai voues a I honorable rapporteur ; sentiments que compren-dront tons ceux quiontpu apprecier son coeur, son carac-tere et son immense savoir. raquo;
C'est probablement aGn de manifester son admiration d'une maniere aussi eclatante que'possible, que lefier ecri-vain, dont la protestation avait du etre on ne plus sensible
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a la Commission, dont il etait membre, qu'ii triture et broie le rapport de son excellent, honorable et Ires-savant collegue.
Mais, non content de temoigner ainsi de son affection personnelle ä Fauteur du rapport, M. Didot a voulu que tons les autres membres de la Commission eussent leur part, cornme lui, de flalleuse intention, et, aßn que leur satisfac­tion fut complete, il a imagine de faire hommagea S. A. II. MonseigneurleDucde Brabant, a l'occasion du manage dece prince, de son travail sur les betes ä cornes, ou tout, jusqu'aux intentions de ses collegues, est incrimine !
Peut-clre est-ce une maniere habituelle ä M. Didot de prouver aux gens son estime ? Ce n'est pas la maniere de tout le monde.
sect;n.
L'amour de la science et de la gloire ont engage M. le docieur Didot ä se separer de ses honorables collegues, a abandonner ses nombreux clients et ses travaux habituels de cabinet, pour entreprendre une excursion ä Hasselt, dans le but d'y puiser a une source pure d'exagerationet de partia-lite, les elements neccssaires ä se former une opinion quel-conque sur la valeur de Tinoculalion preveutive de la pleu-ropneumonie exsudalive des betes bovines.
Jusqu'a la date du 30 mars \ 853, le monde agricole et les velerinaires ne s'elaient jamais apergus de la Sympathie qui vient de se reveler subitement chez M. le docteur Didot.
En parcourant la liste de ses ceuvres publiees et ä publier, qu'il annonce a la fin de sa brochure, je n'ai rien decouvert qui put reveler la competence et l'aptitudo du fecond 6cri-vain pour les questions agricoles ; mais chez les hommes superieursvouloircest pouvoir.
Je n'ai pas a examiner les motifs qui out pu porter M. Di­dot a se separer de ses savants collegues et a se croirc plus
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juste apprecioteur de faits suivis ot etudies par des houimes dont tous les noms sont synonymes de science et d'impar-tialite. La commission doit h la confiance que le gouverne-ment beige lui avait accordee, eile se doit ä elle-meme de se justiGer des attaques dont eile vient d'etre l'objet. C'est ä eile de se defendre comme eile pourra contre ce rude ad-versaire.
Dans son excursion, M. Didot n'a pas rencontre un seal cas d insucces, partout il n'a entendu que des actions de grace en faveur del'inoculation qui a chasse le fleau, renda la confiance, la securite et la fortune a tous les engraisseurs.
La commission, en attribuant ä la coincidence la dispari-tion du fleau, a manque ä son mandat et n'a point repondu a i'attente de ceux qui comptaient sur la valeur personnelle deses membres pour oblenir une solution suffisamment mo-tivee.
Pour disposer favorablement le lecteur, M. Didot a soin de lavertir qu'*7 n'est pas une nullite physiologique asraquo;ez marquee pour däsesperer de trouver Vexplication dun fait qui n'a rien que de fort naturel.
Ensuite il pose les quatre faits suivants :
i0 Qu'au moisd'avril -1852 la maladie continuaitä exer-cer ses ravages ä Hasselt et en Belgique en general.
2deg; Que rien n'avait pu combattre ni neutraliser rinfluence dpizootique.
3deg; Que le fleau a cesse partout ou rinoculation a ete in-troduite.
4deg; Que I'inoculation suflit pour preserver le betail.
Je n'ai pas ä ma disposition tous les documents necessaires pour appr^cier les premiers faits; d'autres, inieux places que moi, pourront montrer quelle confiance on peut avoir dans ces assertions. M. Didot ne parait pas avoir eu con-naissance des heureux resultals obtenus par M. Willems pere; peut-etre n'y a-t-il pas cru plus qu'a l'efficacite du sulfure noir de mercure associe au calomel, avec lequel M. W illems fils dit avoir gueri ^ 5 betes pneumoniques sur 23 malades?
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Je ne puis partager l'opinion de M. Didot, quand il avance que I'inoculation, coinme la pratique M. Willems fils, suf-fit pour preserver le betail, trop de faits ont prouve que cette methode est vicieuse, qu'elle repose sur une erreur.
Poor justifier son assertion, M. Didot a du donner aux fails, consciencieusement suivis et observes, par d'autres, une explication diffdrente. II a eu recours ä un moyen peu usile dans les discussions scientiGques, mais qui revele cbez son inventeur un certain lour original, qui, s'il n'a rien d'agreable pour ceux centre lesquels il est employö, a du moins ce grand avantage qu'il tend a abreger la discussion d'une maniere tres-notable, e'est de dire aux uns : vous avez mal vu, mal observe, vous ne vous y connaissez pas ; aux autres : vous etes des ignorants systematiquement bostiles ä I'inoculation. Aux membres de la commission, que, par convenance, il a bien voulu ne pas accuser d'ignorance, il leur a reproche, de la maniere la plus douce et la plus de­licate, de coder ä un rigorisme par trop exagere et ä des preoccupations. laquo; J7 ne suffit pas, pour etre jusle et im­partial, dit M. Didot (page 43), de montrerune complai­sance exageree en faveur de Vaccusation, il faut au8$i respecter les droits de la difense et ne point enregistrer les cas d'insucces, sans rechercher s'ils sent bien ou mal interpretes. raquo;
M. Didot se bäte de donner immediateraent I'exemple de cette justice et de cette impartialite. Pour cela il raconte les faits survenus cbez le sieur Dumoulin; seulement, au lieu de les raconter selon ce qui en a ete public, il fait le contraire de ce qu'on fait ordinalrement et adople, afin, sans doute, de rendre I'exemple plus frappant, la version et rintcrprelation de M. Willems.
Voilä ce que M. Didot appelle de !a justice et de Timpar-tialilö. D'autres diront que c'cst de la complaisance.
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sect;111.
Comme la commission s'estattaohee, dit M. Didot, avec une sollicitdde TOCTE speciale , A dimitiuer la portee de Vimmunite procuree par Vinoculation laquo;t meme a la rtier dans un certain nombre de cas, je me voit force de re-prendre Vexamen interprätatif des insucces afin de ledr
BESTITUER LE€R VERITABLE SIGNIFICATION.
Ce langage modeste signifie que les membres de la com­mission, sous le poids de pröoccupalions, ont pousse le ri-gorisme et la partialite jusqu'ä l'aveuglemcnt. M. Didot, mieux eclaire sur la valeur des faits mal compris, sait leur restituer leur veritable signification. C'est ce qu'il essaie d'abord en contestant les cbiffres de la statistique fournis )ar la commission, et, sans autres documents que ceux guises dans son impartialit6, il admet que les operations s'e-event au cliiffre de plus de 8,000! Cette maniere inge-nieuse de poser les cbiffres permeltra ä I'ecrivain de se montrer genereux en exagerant des insucces admis par la commission.
Quelques gouttes d'cau de plus dans un grand vase no font pas dcborder le liquide.
Quand on sait restituer aux faits leur veritable significa­tion et donner ä chacun sa valeur particuliere, quelques insucces de plus on de moins signifient peudecbose, quand on les compare ä un total general considerable.
C'est en pröcedant ainsi, qu'on est bien fonde a accuser une commission de produire une statistique essenliellemeut defectueuse, sur laquelle aucune appreciation serieuse ne pent ötre basee ! Gelte petite Iwjoa de statistique serait eminem-inent profitable au corps medical tout en tier si, par megarde, M. Didot n'avait pas oublie dans ses calculs le cbapitre de la necrologie des animaux operes et celui des mutilations.
Get oubli offre si peu d'itnportance, quand on a pris
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la resolution de donner ä tous les faits une signification utile, que nous ne le eitons qua pour memoire.
Voici comment raisonne racaderaicien impartial: tous les animaux de l'espece bovine qui ont ete inocules etaient vouesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I \
ä une mort certaine; le genie epizootique, semblable ä 1'epee de Damocles, elait suspendu sur leurs tetes; tous seraient morts, sansuneseule exception, si laiancettemiraculeuse... 88 sur 8,000 ont succombe, c'est vrai, mais 7,742 betes out ete arracbees a I'implacable fleau ! Voilä un succes im­mense, il faut elre mauvais citoyen pour ne pas I'admirer et rendre graces ä celui qui L'a fait obtenir. II faut que les veterinaires, quine gu6rissent jamais cetle maladie, soient bion maiveillants pour ne pas s'incliner devant un pareii succes.
Quanta la commission, eile s'est montrce tellement in-grate et deraisonnable, que M. Didot finira par paraitre faible envers eile; car, cnfin, avec la merae maniere de rai-sonner et de poser les chiffres on arriverait ä prouver que, sans la methode de M. Willems, Tespece bovine aurait dis-paru de la Belgique.
sect; iv.
M. le doctenr Didot ayant bien voulu admetlre que la methode dc son jeune et nouvel ami a ^prouve quelqucs insucces, il a imagine une ingenicuse theorie, a l'aide de laquelle ces insuccös ne sont qu'une veritable fiction. Voici cette theorie :
Les animaux inocules, et qui ont contract la maladie, etaient toüs refuactaiiies a I'operation preservative ou etaient infectes avant que Tiuoculation eul eu le temps de produire la reaction organique qui luiest propre, ou n'ont pas ete convenablemest opebes!!!
Si les phenomenes de I'inoculation ne sont pas generaux, s'ils s'arretent dans la queue, I'operation rcste impuissante pour prevenir la maladie.
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Comment distiiijjiie-t-ou que les phenomenes locaux de-viennent generaux? M. Didot oublie de s'expliquer; M. Wil­lems lui a avoue son im puissance.
Les reponses aux demandes que la commission officielle avail adressees au mödecin de Hasselt, avaient dejä donnä la mesure de celte impuissance. Mais M. Didot, qui se charge de donner a tons les phenomenes physiologiqucs et paihologiques leur veritable signification, s'arrete pour si peu; il confesse qu'il n'est pas possible, dans I'etat actuel de la science, de distinguer les effets secondaires d'avec les effets primilifs de l'inoculation; c'est ce que Ton pourra difficilement admettre. Get aveu cache peut-etre un argu­ment tenu en reserve pour la discussion publique ? Pour tous ceux qui ont eludie les phenomenes de l'inoculation, pendant plus de decix jours, rien n'est plus facile que de reconnaitre une inoculation vraied'une inoculation fauste: d'abord, dans la resgularite de son apparition, de son deve-loppement.et de sa marche; ensuite, dans la manifestation des phenomenes generaux que le patricien sait reconnaitre. Une seconde inoculation, pratiquee sans delai et sanssucces, esl le veritable criterium d'une inoculation vraie.
La melbode de M. Willems, comme je l'ai dejä dit dans d'autres publications, ne donnant que des resultatsacclaquo;/en.-tellement preservatifs, ne pent fournir que des symptomes irreguliers, incerfains et necessairement variables, tels que ceux qui accusent rinfection septique.
M. Didot n'ayant ecoute que son bon cceur, et sa tendresse pour son protege I'ayant aveugle sur le sens de ce qu'il a lu, il a neglige de comprendre ce qui pouvait le detourner de son but et lui faire reconnailre qu'entre la methode de M. Willems et la mienne, il y avait la distance qui separe rinoculation fausse de l'inoculation vraie.
L'elogedonne ä mon competiteur par M. le docteur Di­dot, ne me contrarie que parce que I'ecrivain me parait iujuste envers tous deux.
Ne pouvant faire disparaitre les reponses de M. Willems, consignees dans le rapport officiel, M. Didot, auqucl il en pouvait couvenir de fairc connaitre toute sa pensec, se
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borne ä dire qu'elles sont unpeuvagues et ne peuvent sa-tisfaire I'esprit; il trouve plus juste den faire retomber la responsabilite sur la commission et sur tons les ecrivains qui ont traite de Tinoculation; personne n'a comble la la-cuae que M. Willems a laissee dans ses reponses.
On serait en droit de croire qu'un animal iquot;efraclaire ä I'inoculation est celui sur lequel aucun phenomene apparent ne se produit ä l'endroit on le virus a ete introduit, en un mot, que I'inoculation avorte cbez le boeuf, comme cela se remarque chez I'liomme qui n'est pas impressionnable par le vaccin. On se tromperait. M. Didot considere comrae refra eta ires ä rinoculation des animaux qui ont perdu tout ou partie do la queue. Ou ils etaient infectes d'avance, parce que l'infection naturelle et la contamination artificielle peu­vent cheminer ensemble; ou ils n'ont pas 6te convenable-ment operes!!
M. Willems opcre done quelquefois mal ? Gelle tbeorie, je le pense, fera peu de proselytes. — II serait plus logique d'admeltre que ces insucces sont düs ä la mamp;hode ou tout est doute et incertitude par l'absence de I'inoculation du virus speciüque. Mais cette logique n'est pas celle de M. le docteur Didot.
sect;v.
Pour admcttre que la plcuropucumonie exsudative peut se developper par contamination naturelle, concurrem-ment avec rinoculation artificielle de son virus, M. Didot invoque son experience personnelle. A-t-il souvent observe cette maladie et cette progression simultanöe de la contami­nation naturelle et de l'infection artificielle dont il parle en maitre? A Hasselt, il lui a et6 impossible d'en rencontrer im seul cas, comme il l'ecrit page -13 de sa brochure. A-t-il cte plus heureux dans d'autres localites? II est permis d'en douter et de croire quo e'est dans le silence du cabinet que
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l'honorable academiclen a observe la pleuropneumonie ex-sudative et les phenomenes de rinocuiation. Quoi qu'il en soil, M. Didot, dans son cssai, admet que la pleuropneu­monie exsudative peut se developper par contamina­tion naturelle, concurremment avec Vinoculation arti-ficielle de son virus.
Ge qui revient a dire que le meme animal peut etre attaint deux fois, en meme temps, de la meme maladie : dans le poumon d'abord, ensuite dans la queue.
Cette opinion , qui, au premier abord, peut sembler un peu hasard^e, tient sans douie aunefacon particuliere d'en-visager les pbenomenes physiologiques.
II nous semble, ä nous, que la pleuropneumonie exsuda­tive ne se produit pas deux fois sur le meme sujet, ni sepalaquo; reraent ni simultanement,
Le savant academicien regreltera sans doule que son desir de lout interpreter d'une maniere favorableä l'inocula-tion, comme la pratique M. Williems, I ait pousse ä avan­cer un fait si controire ä Texperience, et que lui-meme a proclame dans sa remarquable brochure, ce qui prouve qu'il n'a pas la moindre obstination dans I'esprit.
Oserais-je, sans etre academicien, adresser encore une petite observation a mon tres-savant compatriote ?
Pour I'inoculation dont il s'agit, elle se pratique avec 1c meme virus que celui qui produit la pleuropneumonie ex­sudative, qui n'atteint pas deux fois le memesujet.
Les observations du docteur Bosquet, sur la marche pa­rallele de la variole et du vaccin, invoquees par M. le doc­teur Didot, pour en tirer la consequence que ce qui a lieu pour la vaccine, peut se produire dans I'inoculation du be-tail, oil, d'apreslui, les deux injections, naturelle et arliC-cielle, peuvent cheminer en compagnie, me paraissent sans valeur, a moins que M. le docteur Didot n'admette que le virus vaccin et le virus variolique sont une et meme chose. II n'y a done pas de comparaison possible a faire entre des phenomenes morbides analogues, mais qui sont le resultat d'agents differents qui ont chacun leur maniere propre d'a-gir leur specialite d action.
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— u —
Apres ccla, M. ledocteurDidot a-t-il raison de se croirc plus impartial et plus competent que ses collegues, pour juger en dernier ressort la question de l'inoculation du betail ? Heureusement M. Didot revient volontiers sur ce qu'il a dit; aussi esperons-nous qu'il reviendra sur leslignes suivantes:
laquo; Si la vaccine, qui est le preseivatif par excellence
contre les atteintes de la variole, ne pent Hen quand I'in-
Jecllon variolique preexiste, ou marche simultanement,
pourauoi voudrait-on que Vinoculation du virus pneumo-
niquefut plus puissante et preservät. raquo;
11 est heureux vraiment que de temps a autre il surgisse des missionnaires de la science^ des genies privilegies, pour interpreter les mysteres pathologiques et leur donner leur
veritable signification! !
sect; VI.
Loin demoi lapensee de chercher ä juslifier le rapport de la Commission, et les vetärinaires beiges qui out repondu a son appel: — mais je ne puis me dispenser de signaler avec quelle merveilleuse reunion de mots M. Didot ap-precie tons les cas d'insucces signales dans le document officiel.
Tous ces faits sont sans valeur, sans la moindre impor­tance, parce que les veterinaires les ont mal observes ; ils ont confondu la pneumome ordinaire, avec la pleuropneu-monie exsudative; ils ont neglige de faire les autopsies, et, quand ils les ont faites, elles ont ete pratiquees sans atten­tion, et sans indiquer la date des lesions pathologiques ; en un mot, tous les veterinaires sont systematiquement hostiles ä la decouvertede l'inoculation, moins l'empirique de l'ab-baye de la Trappe, qui a observe avec une si louable solli-citude toutes les betes du convent.
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Quant u la Commission, eile a manque a son mandat, et par sa partialite, eile a cherche ä amoindrir le merite d'uue decouverte nationale.
Avec une pareille maniere de juger les gens et les choses, on pourrait, sans grands efforts d'imagination, donner ä des milliers d'insucces une signification tres-utile ; on par-viendrait meme ä les metamorphose en autant de succes.
Tons ceux qui liront la brochure intitulee: Decs joürs a Hasselt, se rendront difficilement compte de la disposition d'esprit oü a du se trouver M. Didot, lorsque, s'adressant a la Commission, il l'accuse de ne pas avoir ccmprisla na­ture de son mandat, d'avoir trompe l'attente de ceux qui comptaient sur la valeur personnelle de ses mernbres, pour obtenir une solution motivee. Que sa maniere de rai-sonner tend ä consacrer I'injustice etl'ingratitude qu'elle a lance un manifeste contre Tinoculation, plutot......
Cette disposition d'esprit pouvait etre consequente, mais eile ne saurait passer pour 6tre affectueuse et admirative.
M. Didot cherche ä veiouter ces paroles au moyen du correctif suivant:
laquo; Jesuisloin, jele repete, de suspecter les intentions en
raquo;nbsp; quoique ce soit; je m'empresse d'ajouter que la cons-
laquo;nbsp; cience du devoir, qu'une delicatesse exageree, ont seuls
raquo;nbsp; inspire les membres de la Commission centrale, et parti-
raquo;nbsp; culierement 1'honorable Rapporteur. Mais qu'importent
raquo;nbsp; les intentions les plus pures, si le resultat est le meme,
raquo;nbsp; et si Ton a trop accorde aux preventions accusatrices ? raquo;
Teiles sont les amenites que M. Didot adresse sur tons les tons, dans sa savante brochure, ä ses estimables col-legues, en designant les veterinaires dont les noms sui-vent, comme les ennemis acharnesde la methodedeM. Wil­lems, et, par consequent, ignorants et indignes ä l'avenir de la confiance des cultivateurs.
MM. Crevecceur, Dupont, Dumont, Dele Delays, De Mar-bais,Foelen, Garot, Gerard, Guillemyns, Hoonaert, Husson, Jaune, Lacour, Lienard, Lecomte, Marsi, Micholle, Noel, Vanhaeken,DeVleescho\ver.
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sect; vn.
Si ceux qui ne se sont pas fait les claqueurs de M. Wil­lems, ont ete tons impitoyablement accuses de partial!le et d'ignorance, je ne pouvais, cedes, echapper au bläme du savant et illustre docteur Didot,dont le but, trop evident, a ete d'ouvrir les deuxbattans de la publicite ä la melhode de M. Willems, de lui tenir rechelle pour monier derriere la gloire de son candide et ingenieux protege,
Pour arriver a ce resultat, M. Didot a trouve juste et impartial de gardcr le plus parfait silence sur la partie bis-torique de Tinoculation tres-fidelement reproduile dans mes ecrils. II s'est fait le redacteur-Daguerreotype de toules les inspirations deM. Willems. L'esprit du savant academi-cien a rempli Toffice d'une plaque metallique, sur laquelle sesont reproduites toutes les paroles vraies ou non de son jeune confrere, et, apres les avoir clichees danssa mcraoire pendant une seance de deux jours passes ä Hasselt, ii les a 6crites dans sa brochure, avec quelques retouches deslinees ä cachcr quelques imperfections qui deparaient l'oeuvre du medecin de Hasselt.
M. le docteur Didot a approuve tous les dires, toutes les opinions, jusqu'aux conclusions du premier memoire de M. Willems, avec une confiance juvenile qui fait le plus grand honneur a sa bonne foi naturelle. En un mot, il a, sans la moindre reserve, adopte la methode du docteur de Hasselt, dont il a fait sienne. C'est done a lui que je crois devoir adresser quelques observations sur le fond de la question.
M. Didot croil que le liquide exprime du poumon d'un animal alteint de la maladie, est le virus dont linoculation artificielle suffit pour prevenir la pleuro-pneumonie exsuda-tive:et il considere comme nulles les objections que j'ai emises sur ccsujet. Je ne recomtnencerai pas une nouveile el longue discussion sur ce point; je ne me chargcrai pas de
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guerir cet aveuglamp;nen tde mon illustre confrere. Je considere la cecit6 volontaire comme incurable, et je me borne a plaindre sincerement les sujets qui en sent attaints.
Je crois devoir encore presenter quelques rapides ob­jections devenues neeessaires depuisl'oilicieuse intervention de M. le docleur Didot dans ,le debat.
Pour prouver que le liquide employe par M. Willems n'est pascelui qui convient, qu'il n'est pas un virus, e'est que, pour expliquer les nombreux faits de pleuro-pneumo-nie exsudative survenus cbcz les animaux qui avaient pre­sents un gonflement considerable de la partie inoculee, M. Didot doit faire menlir la, regie-priincipe, admise par
lui , QDE LE MiME ANIMAL N'EST PAS IMPRESSIONNABLE DECS FOIS PAR LE VIRCS PNECMONIQDE.
Je me base sur une serie d'experiences faites, suivies et observees par moi-meme, et je suis autorise ä proclamer que Tinoculation vbaie ne pent marcher simultanement avec une pleuro-pneumomie preexistante. De deux cboses Tune, ou ranimal est malade, on il ne lest pas. S'il est, ou a ete malade, rinoculation du veritable virus reste irnpuis-sante; si Tanimal n'est pas, ou n'a pas ele contagione, Tino-culation bienfaite prend plus de quatre-vingt-quinze fois sur cent.
On peut bien, avec les ressources d'une imagination ar-dente et feconde, donner des interpretations plus ou moins ingenieuses; mais, devanl l'expörieace, on doit s'incliner.
Cette regie, cependant, n'teant que generale, il se peut qu'elle ne s'applique pas ä M. le docleur Didot.
Les cas nombreux oü on a signale des traces evidentes d'inoculalion, sur des animaux qui n'en ont pas moins con-tracte la maladie, sont autantde fausses inoculations, autant de piqures anatomiques, provenant de la transplantation d'une maliereseptique dans des tissus sains. Si M. Didot y avait reflecki, s'il avail eu, comme moi, I'occasion d'obser-ver les fails avec moins de precipilaliou, il aurait recomiu que la maliere que M. Willems inocule, ne contient que tres-aceidenlellement le virus pneumonique, et que les nom-
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breux accidents qui succedent si souvent a l'emploi de la metbode dont il s'estfait le defenseur, envers et contre tous, sont das ä la resorplion putride qui ne tue pas necessaire-ment, comme le pease M. Didot.
Qaandj'ai ecritque les accidents ctaient la consequence de l'emploi d'une mauere qui ne prcscntait pas les elements ni les caracteres d'un virus, j'etais fonde a m'oxprimer ainsi.
Voici les experiences comparatives qui m'ont donnecette conviction :
Au mois dejuin18ö2, lorsque j'ai connu la methode queM. Willems avoit adressee a M. le MInistre de Tinte-rieur, comme constituarit sa decouverte, je l'ai raise en pra­tique concurremment avec la mienne. A mon arrivee cbez M. Minten, a Surlh (regence de Cologne), je (Is abaltre une genisse qui presentait les premiers symptomes de l'epi-zootie qui regnait dans la ferme. —J'exprimai unmorceau da poumon presentant rbepalisalion marbree, pour en ob-tenirla serosite spumeiise et sanguinolente. Ce liquide elait encore cbaud lorsqueje rinoculai ä quelques beles.— D'au-tres furent opperees avec le virus puise, d'apres ma me­thode, dans la genisse sacrifiüc. —Les animanxsur losquels les symptomes de rinoculation se manii'esterent, lurent reinocules.
La seconde inoculation ^cboua sur ceux des animaux qui avaient ete opei'es, une premiere fois, par ma methode, et eile prit, une seconde fois^ sur les betes operees avec le li­quide sero-sanguinolent.
Je continuai, pendant le mois de juillet 4852, a inoculer unepartiedes animaux par Tune et par Tautre metliode. Quelques accidents ayant ete la suite de l'emploi du liquide spumeuxet sanguinolent, je reconnus ä l'autopsie, par les lesions patbologiques rencontreesdansrinterieur du bassin, dans les lames du mesentere,etsurtout dans lemesorectum, desddpots purulents, qui me lesiirent attribner a la resorp-tion purulente. N'elais-je pas fonde ä rejeter sur la methode employee ces accidents que je ne remarquai pas sur les ani­maux operes par ma methode particulicre?
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C'est surtout dans les communes d'Ossendorf et de Bic-kendorf que les experiences comparatives eurent des re-sultats bien tranches : ainsi, chez M. Ferdinand Jussen, plusieurs des animaux operes par le precede et avec !e li­quide indique par M. Willems, suecomberent ä 1'infection putride, malgre les incisions pratiquees au debut; — tandis que les autres betes n'offrirent aucun accident.
M. Jussen, et leraquo; personnes qui avaient assistea I'opera-tion, me firent remarquer que tous les accidents s'etcient produils dans la rangee de betes que j'avais inocnlees en employant du virus puise dans une fiele differente de celle qui m'avait servi pour operer les autres avee un piuceau : que colles-Ia n'avaient presente aucun accident. — Je me gardai bien, ä cette epoque, de dire ce que M. Didot me force a avouer aujourd'hui, quelle etait mon opinion sur la cause de ces accidents; on n'eut pas manque d'en faire re-tomber la responsabilite sur mesessais; onaurait eu raison.
Les animaux de la veuve Deckers et B. Bliersbach, a Deulz, sont inocules par ma methode avec plein succes et sans accidents. La contre-epreuve sefait avant la disparition des phenomenes de la premiere operation, sans le moindre resultat. En meme temps, j'operais les animaux voisins chez M. Ziindorff, avec succes, en employant le liquidesero-sanguinolent.
Je fais une seconde operation qui provoque une tume­faction enorme. L'animal n'est sauve que par I'ablation totale de la queue par le fer rouge et l'usage de la medication stiraulante.
Ces divers essais se faisaient a la meme heure, de la meine maniere; chez M. Ziindorff, j'avais employe la matiereque MM. Willems et Didot appellent un virus.
Enfin, pour rendre mon experience plus concluante, j'i-noculai une des betes de Bliersbach (deux foisoper6e?par ma methode, la premiere fois avec succes, la seconde sans succes), en me servant du liquide exprime des poumons. Le dou-zieme jour la queue se gonfle, j'enleye la partie tumöliee, et je me hate de cauteriser avec le fer rouge pour eviter les memes dösordres que ceux produits chez M. Ziindorff.
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Je n'entreprendrai pas de consigner ici loutes les expe­riences comparatives que j'ai faites pour constater la diffe­rence quisepare les deux methodes, et pour m'assurer que le liquide employe par M. Willems, ne contient que tres-acci-dentellement, le veritable principe virulent de la pleuro-pneumonie exsudative, etc.
Si M. Didot avait pu joindre sa pratique ä sa theorie, s'il s'^tait depouille des preoccupations qu'il a cm, sans motifs, exister chez les autres , il n'aurait pas legerement avanc6: Quune bele Men inoculee pent contracter la maladie, Que I'inoculation peufyenforcer I'infeclionnalureUe.Queleliquide dont M. Willems se sert, perd de sa virulence spddfique pour contracter de nouvelles proprietes moins favorables.Qu'une grande ouverlure ou la quantite surabondante de matiere inoculable faisaient depasser lebutde Vinoculation. Qu'un virus peut acquerir de la virulence. Que le meme virus pent se modifier pour devenir secondaire. Que le virus, pris du poumond'un bmufatteint de pleuro^pneumonie, ayant traverse Veconomie d'un autre bwuf, suit la loi des virus en general, et parait s'etre purifie et avoir perdu de son intensite pri­mitive.
Ces assertions tendraient a prouver pour des gens malin-tentionnes et denues de l'esprit de conciliation, qui nous animc que M. Didot n'a pas bien vu, n'a pas bien etudie n'y compris les phenomenes de l'inoculation qu'il a cru devoir cependant aller etudier ä Hasselt pour s'y livrer a l'etude impartiale des faits.
Celteexcursion, entreprisedans une intention ties-louable, qu'a-t-elle produit ? Une approbation absolue de la conduite et de la metbode de M. Willems, une occasion de blame et de reproches pour ses collegues, pour les vet6rinaires et pour moi.
Je sth loin de faire un crime a M. Didot de preter son concours au jeune medecin de Hasselt (tout le monde sail aujourd'hui ce que valent ses oeuvres quand c'est lui qui les ecrit). Get acte de coufraternite, assez rare, n'aurait trouve que des approbateurs; inais pour cela M. Didot aurait du se montrer quelque peu juste et impartial envers lous; il
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aurait du conünuer ä etre ce que je 1'ai toujonrs conna, depuis ^-18, bon condisciple, excellent camarade, homme eclaire, impartial et capable, enßn bon confrere.
II faut avoir deux poids et deux mesures pour attribuer les accidents survenus, ä la suite de l'inoculalion, ä la mal-adresse et ä l'emploi d'un virus septique, quand les expe­riences ont ete praliquees par des Operateurs etrangers, et pour se refuser, quand les memes resultats se produisent par M. Willems, en a laisser retomber la responsabilite sur la methode.
La methode de M. Willems, repose sur Tidee que nous lui avons donnee et qu'il a faussement appliquee. Tons les jours de nouveaux fails viennent me prouver qu'entre ma methode et celle de mon jeune compatriote il y a la distance qui separe le diatrypteur de M. Didot du forceps-scie de M. Van-Huevel.
Les animaux inocules par mon precede ont tons ete, sans une settle exception, inhabiles ä contracter la pleuro-pneu-monie. La maniere doperer de M. Willems estdangereuse et eile ne previent qu'accidentellement la maladie.
Je suis desole dedeplaire, en quoiquecesoit äM. Didot; mais malgre toute ma bonne volonte, il m'est impossible d'abandonner la pretention de me croire le droit de priorite äunedecouverte que personne encore ne connait. M. Didot, par sa brochure, me prouve, de la maniere la plus evidente qu'ii ne sen doute pas, et sa partialite ä mon egard me fait senlir, de plus en plus, la necessite de garder le secret.
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Quelle a pu eti'c la pensec de M. Didot, pour croire, ou faire croire, qüef aurais ecrit quefetaisparvenu a ohtenir le virus pneumonique dans toute sa purete native? Rien, dans ma pensce, ni dans mes ecrils, ne ressemble a cette assertion, que mon savant critique n a inventSe, sans doute.
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que pour se dormer le plaisir inutile d'ecrire quelques phra­ses, ou de diriger quelques traits lumineux destines ä eclai­rer sa mission et ses recberches. Tous ceux qui connaissent M. Didot, savent avec quelle prodigieuse facilite il verse des ilots de lumieres chatoyantes sur les sujets qu'il traile. — Tous leslecteurs de ses impressions de voyage admireront la grace avec laquelle le savant academicien cumule toutes es seductions irresistibles du savoir, de la justice et des formes.
Apolre de la science, sans etre academicien, je serais venu expres sur la terre pour enseigner aux savants, M. Di­dot compris, que le virus pent etre isole de son vehicule naturel ä l'aide de precedes analytiques etsynthetiques mys-terieux ! !
Dans qu'elle partie de ma brochure I'impartial academi­cien a-t-il trouve cette absurdite dont 11 veut bien me gratifier? Lui qui ne rencontre dans les ecrils du medecin de Hassel^ que des apersect;us nouveaux, que des idees utiles et conformesaux preceptes de la science et de la Physiologie positive. On croit generalement que le premier merite de la critique est d'etre vraie et impartiale , e'est une erreur que M. Didot s'ost bien garde de commettre. (Test, dans mon propre interet, qu'il deplore que j'ai du me renfermer dans un Systeme de reserves inutilcs pour les medecins qui savent tous quihi'cst pas possible cTisolerles virus de la maliere qui leur sert de vehicule !!
M. Didot est un tres-grand medecin, sans doute, ce qui ne rempecuepasque, dans toutes les suppositions auxquelles ii se livre ä propos de l'exsudation pulmonaire, il confonde les eifets avec la cause qui les produit.
Moi, qui ne suisrien, pasmeme academicien, niaspirant-professeur, je pensais que pour avoir le droitde parier, ou de se moquerd'unechose,[iI fallait d'ahord lacounaitrepour I'apprecier. ou enrire. M. Didot a une logique qui lui est particuiiere.
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Dans tous ies memoires qn'il a ecrits ou fait ecrire sur l'inoculation, M. Willems laissant croire que tous lesani-maux indistinctement peuvent etre soumis äcette operation, j'avais mentionne, d'une maniere generate, que cette pra­tique ne pouvait, toujours et dans toutes les conditions, etre mise en usage. M. le doeteur Didot repioduit ce passage de ma brochure, pour prouver que ]sidmc\sque l'inoculation n'est pas exempte de dangers. Cette preuve n'est pas tres-conciuante,etM. Didot ue semontre pas d'une rigueur exces­sive enl'employant centre nioi. Maiss'ilcroitnecessairedela produire, en revanche il ne dit absolument rien qui puisse faire connaitre sa maniere de voir sur la possibilite d'ino-culer, sans distinction, tous Ies animaux de l'espece bonine. M. Willems n'en ayant rien dit, M. Didot a garde un si­lence prudent sur ce point. Ce qui ne laisse pas d'etre infi-niment flatteur pour M. Willems.
Quand il s'agit de me donner tort, oh, alors, M. Didot redouble d'elforts pour appuyer du poids de son autorite les assertions de M. Willems.
II estmeme extraordinairementgenereuxsur ce point. II fait un bon marche sans excmple de son savoir et de son in­telligence. II consent ä justifier les plus monstrueuses enor-raites avee une grandeur dame qui ne se trouve pas tous les jours dans un medecin. —C'estainsiqu'il cherche ä jus­tifier le choix de la queue. Sur ce point, plus absolu que M. Willems, il avance que l'inoculation ne peut et ne doit se faire qu'ä la queue et seulement au toupillon qui la termine. Pas de queue, pas de toupillon, pas d'inoculationl!
M- Didot croit-il qu'on ne pourrait choisir la jambe, au lieu du bras, d'un enfant pour levacciner?
II faut done necessairement que les effets dynamiques de I'inoculalion soient localises dans Textiemite de l'appen-dice caudale'?
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M. Didot voudra bien rne permettre de ne pas etre aussi exclusif. Depuis 1836, jusqu'a ce jour, j'ai fait un assez grand nombre d'inoculations au fanon, a la queue, ä la fesse et ailleurs.
Quandj'aicherche, dans ma brocbure, a prouver que la queue ne se liait pas necessairement ä l'inoculation, nous y sommes parvenus, je pense. L'inoculation est une operation qui ne pent etre utile (jue par une modification generale a produire dans lout I'animal. Que cette modification parte de la queue ou d'un autre point, peu Importe.
Je ne regrette done pas d'avoir ecrit que j'inccule par-tout. Des considerations pratiques determinent le choix du lieu oufintroduis le virus.
Pousse parson irresistible desir d'etre impartial, M. Di­dot a eu soin de retrancber les mots que je viens de sou-ligner. Gelte phrase formaitle complement de mon idee.
Mais peut-etre M. Didot a-t-il Pbabitude de ne s'arreter qu'ä des idees qui n'ontpas de complement? ou a confection-ner lui-meme les complements des idees d'autrui.... Cela prouve une tres-grande force d'esprit.
Partout, est un mot un peu vague, et que M. Didot ne me scmble pas avoir compris parfaitement. Cela tient ä une perspicacite naturelle an savant docteur; pcrspicacite qüi ne lui permet pas de s'arreter en chemin, une fois que son genie d'induction est lance. — Aussi a peine a-t-il vu ce mot: partout, qu'il fondit comme un aigle sur le coeur raeme de la question, et conclut immediatement que je de-vais inoculer dansl'oeil.
Comme on adejä me cherche ä deposseder de la prioritede ma decouverte, quelque docteur illustre, comme M.Willems, par exemple, pourrait vouloir, surlafoideM. Didot, s'empa-rer de ce precede; de sorte que nous aurions la douleur de voir eborgner tousles boeufsen noirehonneur. Nouscroyons done devoir declarer qu'il ne laut inoculer ni dans I'ccil, ni au muffle, niauxparlies geuitales, ni auxmamelles, ni a la langue, ni au licou, nia la mangeoire Iraquo;
M. Didot m'adressequelques questions, enlre autrescelle-ci: Si j'ai encore decouvert un moyen d'eviler les compli­cations ?
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Oui, en inoculant le virus pneumonique, l'emploi du liquide sero-sanguinolent exprime des poumons, ayant le triste privilege de produire des accidents sans prevenir la inaladie.
Si j'opere au fanon, demande M. Didot, que devient cette secretion exsudative que rinoculatiou provoque dans la place oüj'introduis le virus?
Si M. Didot avait bien lu ma brochure il y aurait trouve page 63, cette reponse.
laquo; Quand la partie inoculee menace de devenir le siege d'uu travail morbide trop considerable, il faut se hater, lorsque l'economie est sufßsamment impregriee de virus, de provoquer la sortie du principe infectant, dont il n'est pas toujours possible de l'imiter la reproduction, etc., etc.
M. Didot est un homme trop instruit, un praticiea trop experimente, pour avoir besoin de details plus etendus. Quand on a, comme lui, resolu toutes les questions medi-cales, chirurgicales et obstetricalcs, on pent bien sans le se-cours d autrui arracher le voile qui recouvre le mystere de l'inoculation des bßtes bovines.
Quand M. le Dr Didot a eu ä apprecier les phenomenes si divers, observes ä la suite des inoculations pratiques par la methode de M. Willems, il a trop bien compris que la m6-thode de son protege allait recevoir une mortelle atteinte, qu'on ne manquerait pas d'attribuer tons les accidents, tous les phenomenes produits, et la nature du liquide employe par M. Willems. Qu'a fait M. Didot?
II a admis que les phenomenes produits par I'infection artiGcielle ditFeraient de ceux qui sont la consequence de la contamination naturelle, et il les a classes en [jroupes pour tenter des interpretations dii'ferentes suivant les differents cas.
M. Didot ne pent ignorer cependant qu'il n'existe pas de inaladie qui parcourt ses diverses phases avec plus de
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regularitequela pleuro-pneumonie exsudative, partout eile se presenle avec les meines symptomes, toujours on ren­contre les memes lesions pathologiques. Mais, celte Cons­tance, M. Didot n'en tient aucun compte.
Ainsi quand le virus pneumonique agit par contamination naturolle il produit constammenl et invariablement les memes phenomenes! et quandoninoculerait artificiellement le meme virus, qui ne se modifie pas en passant d'un sujet dans un autre, il determinerait des phenomenes variables? Non, ce n'est pas possible, et M. Didot n'y a pas assez re-fleclii, son desir de donner raison a M. Willems lui a fait commettre des erreurs de complaisance qui compromettent son talent.
Quoi qu'il en soit, suivons I'honorable academicien dans ses divisions.
Le premier groüpe comprend les cas laquo;oü les phenomenes de 1'inoculation ont suivi une marcbe reguliere et benigne, dans ces cas on n observe guere de phenomenes generaux, dit M. Didot, et tensemble fonctionnel rien recoit qu'une faible atteinte.
Les phenomenes locaux agissent done sur I'economie ge-nerale sans que cette action manifeste sa presence par des signesapparents? Je croisque tons les symptomes revela-teurs d'une inoculation benigne, queM. Didot indique dans sa brochure, appartiennent a une fausse inoculation, ä une simple piqure qui n'exerce aucune modification dans lorga-nisme et parlant impuissante pour prevenir la maladie.
Tons les animaux convenablement inocules , ceux qui sont sous l'influence du virus pneumonique, introduit arti­ficiellement, presentent tons une serie de symptomes qui ne trompent pas I'oeil exerce.—Comme ces symptomes appar­tiennent aussi ä d'autres affections inflammatoires, je ne les decrirai pas, maisje crois devoir faire remarquor a M. Didot que s'il avail suivi un certain nombre d'operations bien faites, il aurait remarque qu'a partir du neuvieme jour, epoque oü commence la periode de regeneration du virus, la fievre s'allume, et que les principales functions de la vie
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sont sensiblement troublees. — Ensuite une toux seche plus ou moins forte ne manque jamais de se faire entendre.
L'apparition subite de cette toux a ete remarquee par tous ceux qui ont suivi I'inoculalion.
Dans bien des circonstances j'ai vu les proprietaires tres-inquiets d'entendrc leurs animaux tousser, les croyant attaints de la pleuro-pneumonie exsudative. Ce symptome queje n'ai jamais manque d'observer disparait immedia-tcment.
Le decxieme croupe. Dans cette categorie M. Didot place les animaux dont les pbenomeues de riuoeulation presen-tent une gravite plus marquee et determinent des accidents qui, sans compromettrelaviede I'animal, peuventcependant entrainer la perte de la partie sur laquelle le virus a ete de­pose. II admet que les faits de ce genre seiproduisent neuf fois sur cent inoculations.
L'honorable academicien admet la frequence de la perte de la queue et cette mutilation regrettable arrive par I'abon-dance de Vexsudaiion plastique qui distend et comprime les tissus, en meantissmt toute circulation, eile determine la mort locale, ou la perte du bout de la queue est due a la gangrene resultant de i'empoisonnement septique occasionne par I'ino-culation d'un virus decompose.
Ces concessions sont precieuses, en effet il n'est pas pos­sible d'admettre d'une maniere plus claire les objections que nous avons faites ä la melhode de M. Willems, d'abord en blämant le cboix absolu qu'ilfait de la queue pour y de-poser le virus, ensuite en lui reprocbant que le liquide quil employait n'etait qu'une matiere septique presque toujours depourvue de Telement virulent.
Je crois qu'il serait impossible d'adopler mieux ma ma­niere de voir.
M. Didot a voulu, a force de distinctions, aneantir le rapport de la commission en cbercbant ä prouver que la perte de la queue n'est pas une signe d'une inoculation pre­ventive ; mais le savant academicien oublie d'indiquer com­ment on reconnait une bonne e t une mauvaise inoculation.
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A defaut de renseignements precis, la coinmission a du admettre pour caracteres pathognomoniques d'une bonne inoculation les signes qua M. Willeras lui-meme avail indi-ques dans sa quatrieme reponse. II est \rai qu'il avail dit : que les signes soient apparents ou non, tinoculation pre­serve de la pleuropneumonie. II avail encore avance quVZ n'etait pas necessaire que les phenomenes locaux a la partie inocnlee fassent apparents.....
Avec de pareilles indicalions, des donnees aussi contra-dicloires, pouvait-on comprendre quelque cliose de positif?
La commission a done du considerer ies animaux qui avaienl presente des phenomenes apparents, comme ayant ele plus süremenl inocules que ceux qui n'offraienl aucun indice. Pouvait-elle agir aulrement?
M. Didotel M. Willems parviennenl, parait-il, a locali-ser dans un point Ires-circonscrit de la queue du boeuf les effets d'un virus donl I'action generalc bienfaisante se fait ressentir dans loute Teconomie; mais ils ne savent pas comment ils obtiennent ce succes, ce qui n'empeche pas l'academicien liegeois de proclamer que la commission raisonne d'une maniere vicieuse. Ainsi, quand I'animal perd la queue, ou quand il la conserve inlacte, on ne pent ja-mais etre assure que I'moculation a ele bonne, qu'elle sera preventive!
Toutes ces subtilites, loufes ces distinctions accusenl Tiu-lention bien arretee d'etre favorable a une methode qui n'offre qu'incertitudes, accidents, sans presenter de garanlies eontre le fleau.
M. Didol ne pouvant pas convenir que la methode de M. Willems pechait par la nature de la matiere qu'elle iuocule, conseille : devitersurtout Vemploidaliquideex-prime des poumons des bales arrivees aux derniers ttrmes de la rnaladie.
Ce conseil fait croire que M. Didol estd'avis que 1c virus jeune esl meilleur que le virus vieux. Dans ce cas, a quel age faul-il le choisir ?
Sij'aidit quele virus provenantdes poumons atteints au dernier degre de la maladie, pouvail developper des
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accidents mortels, c'etait pour indiquer Timportance qa'il y avait d'eviter, qu'au vehicule du virus, pussent se joindre des elements putrides qu'on rencontre abondamnient dans les poumons dont la decomposition est plus avancee. Les frequents accidents qui ont suivi la metbode de M. Willems, on ne pent les expliquer autrement que par rabsorption d'elements putrides, et on doit les attribuer h la metliode et pas ä une autre cause.
On doit, sans doute, admirer les efforts tentes par M. Di-dot pour justifier une methode dangereuse. Eu fouillant dans les arcbives de la sciencepour y trouver des arguments, il y a rencontre une observation consignee par M. le doc-teur Jobert de Lamballe, qui attribue la gangrene secbe des extremites de l'bomme h la piqüre faite avec un instru­ment impregne de matiere sceptique. Vite M. Didot s'en empare pour attribuer les accidents de l'inoculation ä une cause identique. Cette maniere d'agir est habile, evidem-ment; mais un casexceptionnel ne pent devenir la regie. Par une exception vouloir justiüer les nombreux accidents de la metbode de M. Willems, ne me parait pas admissible. II est vrai que cette theorie scientilique, etant toule nouvelle, il ne convient pas de la condamner sans examen.
C'est encore a la meme maniere d'agir que M. Didot a recours pour prouver que l'inoculation peut avorter sur place sans agir sur Tindividu. Dans les annales de la Chi­rurgie, on cite des cas oü la gangrene a detruit des tumeurs cancereuses qui n'ont pas eu le temps de produire la dia-these obligee. Cequiarrivepourl'infectioncancereuse, pour-quoi ne se produirait-il pas pour l'inoculation, qui peutbien aussi avorter sur place? M. Didot a-t-il vu souvent des fails comine ceux qu'il invoque? Ces tumeurs cancereuses pre-sentalent-dies les cellules specifiques ? Etaient-elles conta-gieuses?
Le tkoisieme grodpe est reserve ä donner une ulile inter­pretation aux phenomenes graves qui compromeitent la vie des animaux inocules.
Le (jomiEME grocpe comprend les cas oü des pheno-
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menes generaux se seraient produits sans manifestations locales, sans indices d'inoculation.
laquo; En bonne logique, dit M. Didot, il parait assez naturel laquo; de commencer par bien etablir les fails, pour en deduire laquo; ensuite les consequences naturelles qu'ils suggerent. raquo;
II y a beaucoup de nalurel dansce conseil et nous allons voir cörmnent M. Didot le met en pratique, lui, qairecon-riait que les subtilites de lang age trop soiwcnt embrouillent les discussions scientifiqu.es i
Pour resler fidele ä sa maniere naturelle de raisonner, il admet que les accidents, qui out eu une issue nialheureuse, sont rares etforment une exception, alors que le contraire est prouve par la commission qui e;i a enregistre 80 cas, plus 378autrcs moins graves. — Voilä des exceptions qui ressemblent assez par le nombre ä une regle qui domine la melhode. Pour rester dans sa 'voie naturelle, logique et im-parliale, M. Didot cberche, par des explications qui parai-tront ä plus d'un lecteur ressembler ä des subtiütes de Ian-gage, ä en diminuer l'importance. G'est ainsi que pour ex-pliquer lesmauvais effetsde la melhode de Willems, meme en Hollande, il en fait retomber la responsabilite sur l'inex-periencedeM. le professeur Wellemberg, qui nesauraitpas faire des debridements avec assez de hardiesseü
M. Didot, fidele a sa devise, aurait du attribuer les nombreux accidents ä leur veritable cause, ä la matiere iuoculee qui est depourvue de proprietes specifiques deler-minees; mais cuique suum, dans la brocbure de M. Didot, n'est pas applicable ä M. Willems.
Quand des accidents graves arrivent ä la suite de l'ino-culation, lorsque les phenomenes locaux et generaux les de-terminent, on doit les attribuer ä des causes generales, ades conditions speciales, ä l'emploi d'un liquide peu conve-nable, mais se bien garder d'en accuser la melhode 11
Pour appuyer les pretcnlions de M. Willems, et sou pro-cede qui est bon quand il donne des phenomenes apparents, et qui est excellent lorsqu'il ne produit rien, M. Didot a pris soin de nous averlir qu'il n'y avail rien d'efrange, si la melhode de M. Willems pouvait faire du biencachettement,
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d'une maniere anonyme, sans reveler son action par des signesvisibles. Que I'observation medicale admettait bien, dans la syphilis des huhons d'emblee ou des chancres d'ab­sorption, sans manifestations locales !I
Je l'avais prevu qu'un jourM. Willems annoncerait qu'ä son approche le fleau reculerait epouvante. M. Didot a com­mence cette demonstration.
C'est loujoui-s au nom de la justice et de i'impartialite, commecliacunsait,queM. Didot confectionne lesarguments precedents, afin d'altirer sur l'objet de son affection scien-tifique lindulgence des hommes serieux et des observateurs de bonne foi; lequels observateurs serieux soiit pries de re-maiquer que lesconlradictions qui se rencontrent, un pen souvent, dans la brochure de M. Didot, nesontqu'apparentes et out pour objets d'exercer la foi.... bonne ou mauvaise, des hommes serieux.
D'ailleurs, comme le dit M. Didot, avec cet a propos qu'il a toujours ä son service: les sublilites de langage trop souvent embrouillent les discussions scienliQques. —11 n'en est pas de meme des contradictions.
C'est une erreur de croire que les accidents habituels de Vinoculation du veritable virus pneumonique proviennent tou-joons de l'abondance de l'exmdation plastique, comme le dit M. Didot, et d'admettre, comme le lui a fait croire M. Wil­lems que la tumeur cesse de faire des progres et s'affaise tou­jours apres une large incision.
Si M. Didot avail suivi par lui meme et observe les phe-nomenes qui succedent h riiioculalion, il aurait remarque que les accidents ne dependent pas toujours de l'abondance de Texsudation. Jai vu un grand nombre d'accidents se produire, dans mes experiences comparatives, sans deve-loppement considerable de la partie inoculee, et c'est ä l'ab-sorption d'elements putrides que j'ai du les allribuer.
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Les incisions auxqucls il donnc le pouvoir d'arreter les progres du mal sont trop souvent impuissantes, et dans le plus grand noinbre de cas les plus grands debridements pratiques, memeau debut, n'empechcnt pardesgonflements nouveaux de se produire. En faut-il plus pour acquerir la certitude de la veritable cause deces accidents?
Avant de proclamer ma conviction, que la metbode de M. Willems reposait sur une erreur, voici, entre aulrcs, quelques experiences que j'ai failes:
10 Avec du sue de viande et du sang corrompus.
2deg; Avec du lissu cellulaire, d'un bceuf sain, conserve pendant huit jours dans unefiole.
3deg; Avec un fil de coton a broder qui avait traverse un poumon qui presenlait I'bipatisation marbree.
4deg; Avec le liquide indique par M. Willems.
S0 Avec le liquide exprime du poumon d'une vacbe exempte de toule maladie.
Dans toutes ces experiences, ä Texception de celle indi-quee sous le numero 5, qui n'a rien produit, j'ai obtenu les memes pbenomenes que ceux qui sont la suite de la me­tbode de M. Willems.
A\ecmon virus miraculeux, pour me servir de l'expres-sion romanlique de mon savant contradicteur.des operations praliquees en meme temps, ont donne des pbenomenes r^-guliers, pramp;entant les caracteres qui leur sont propres. — Je dois cependant convenir que dans les etables oü le genie 6pizootique regne et exei ce de grands ravages, les pbeno­menes locaux ont quelquefoie döpasse niou attente et amene des accidents que le for rouge, employ^ au döbut, a souvent arretes.
IIX sect;
Jecrois inutile tie reproduire toutee que j'ai dejä public sur i'inoculation, et de r6peter que les nombreux cas oü rinoculalion n'a donnc aucun phCnotnene par la möthode
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de M. Willems, devaient 6tre altribueä ä son procöd6, par lequel, tres-souvent, on n'inocule absolument rien. II y a des individus röfraclaires, j'ai dit dans qu'elles cireonslances on les renconlrait. Mais je suis tMonne d'entendreM. Didot admettre commo röfractaires, a l'inoculation artiOcielle.des sujels qui ontete atteinlsdela pleiiro[)neumoiiie cxsudative, par infection naturelle, apres avoir 6l6 inoculös inutilement. Au reste, cen'ost pas la seule alteinte que le savant et lo-gique aeadömicien porle ä sa lliöorie. — Voici comnie H s'exprime : laquo; L'inoculation du virus pneurnonique reste' raquo; sans effet sur les beles qui out subi une premiere alteinte raquo; de la maladie raquo; (pag. ^37).
M. Didot, lorsqu'il s'afjit d'annuler les assertions des ve-lerinaires, oublie celtj regle pour proclamer : que l'inocu­lation arlillcielle [ eat marcher concurremment avec la contamination naturelle (page 51).
L'impartialite n'interdit pas l'emploi et larrangement de^ petites variantes sur une regie admise. Cela fait bien, cela donne du montant a la phrase, de la Ii5geret6 au style, et un tour original qui apporte le plus grand charme a la ma­nierede präsenter les faits.— M. Didot use largement de ce moyen söducteur et ingenieux, destine ä ebluuir les gens superficiels et a entrainer d'une fasect;on irresistible les obser-vateurs serieux.
Quand des aniinaax inocules succombent ä la maladie, c'est que Topöration n'a pas el6 faite avec succes, que les in­dices ä la queue sont contesläs ou contestables, ou que la matiere insöree est restte inerte, ou que les sigues reconnus n'amp;aient (pie des piqüres anatomiques.
Quand on a vu et senli cette tumefaction que Tinoculatioa a provoqu6e sans prevenir la pleuropneumonie, M. Didot sc hate d'ajouter que le tumelaction est un signe banal. Ce signe cesse d'etre banal, quand les animaux sont Iivr6s ä la boucherie avant d'avoir 6t6 atteints par le fleau.
Quand une bete succombe a la maladie, dix-neuf jours apres une inoculation legitime, ce delai n'cst pas sullisaut
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pour que Topöration produise ses effets, pour que la preser­vation soit acquise. Mais si on place, pendant trois jours, une bete pneumonique, et si on y laisse son cadavre, pendant dix heures, 5 cote d'animaux inocul^s, ces dolais deviennent suf-fisants pour constater, suivaut M. Didot, que rinoculatiou rend les animaux inhabiles ä conlracler la pleuropneumonie.
.....Avec une logique qui ressemble ä la conscience
de Bazile, on doit s'atteodre ä de grands succes dans la car-rierederinoculatiün...
sect; xni.
Les trop nombreux fails qui constatent que la pleuropneu­monie exsudative pent affecler les animaux inocules, par la no^thode de M. Willems, ne pouvant pas tons etre conteslös par M. Didot. D'autres eossent ete embarrasses, et peut-etre M. Didot I'a-t-il ele lui-meme r.n instant. Mais M. Didot esl un logicien serre, auquel il est difficile de fenner la bou-che, et qui possede, en outre, un arsenal de connaissances variecsau moyen dcsquelles il peut toujours se tirer d'af­faires.
Aussi son hesitation n'a-t-elle pas ete longue. On aurait pu s'attendre 4 voirl'illustre docteur inventer un argument, yoire meme une idee? Pas du tout! M. Didot est au-dessus de toute argumentation, et ne s'amuse pas ä avoir des id^es comme le comrnun des martyres; on peut se convaincre, ä chaque instant, de ce superbe dedain, en parcourant sa bro­chure. M. Didot, d'un seul bond, sans chercher, de prime-saut, a decouvert la physiologic positive.
Jusqu'a present, on avail cru connailre, laut bienque mal, one physiologie naturelle qui ne demandait qu'ä progres-ser tout doucement, et qui s'elforcait de tout sou petit pou-voir de se rendre compte des phenomenes de la vie.
Helas! pauvres medecins, pauvres facultes, pauvres com­missions, qui avicz travaille laborieusement a enregistrer
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Bo­des conies de ma mere I'oie! vous aviez fait des histoires a dormir debout, et voila que vous allez retoiirner ä rdcole de M. Didot, avec votre petit panier sous le bras, emportant le petit dejeuner destine ä soutenir le petit corps qui porte la petite lete dans laquclle s'agitc le petit esprit qui doit s'appliquer ä bien des jieSils travaux, pour acquerir la con-naissancc de la physiologie positive.
Tons ces cas, qu'on cite pour insucces, ont eu lieu parce que le miasme epizootique avait pris possession de I'orga-nisme avant ou pendant ( la Commission ajoute : apres ; maisson rapport porte le cacbet d'une observation incom­plete et legere) l'incubation du virus inocule.
Cette physiolosie positive est, il faut en convenir, une science bien belle et bien precieuse! Avec cette sublime de-couverte, il n'y a plus d'insucces! Vous inoculez des boeufs ä la queue: ils meurent commeside rien n'etait; vousleur couperiez la queue, qu'iis ne vivraient pas d'avantage. Vous ne les inoculez pas du tout; il nen est ni plus ni moins. Enfin, de teile maniere qae vous vous y preniez, vos sujets tombent comme la grele; il vous pleut desraorts, et ceux qui ne sont pas morts, sout ä I'agonie ! Selon Tancienne physio­logie imaginaire, cela tendrait ä prouver que Tinoculation neleur a pas ete extraordinairement favorable. Eh bien! voilä comme on a toujours ele dans I'erreur ! — Selon la physiologic positive, les choses vont tout autrement : la guerison ne prouve rien, et la mort pas d'avantage; au contraire meme, plus les bosufs mcurent, plus on leur prouve q'a'ils n'en avaient pas le droit, qu'il? ont agi contre lebonsens,et qu'iis ne connaisseut pas la physiologie po­sitive.
De sorte que les triomphes sont des preuves de genie, et que les insucces sont des triomphes!
Bien plus! Tetude de cette science incomparable vous dispense de toutes les antres 6tudes. Les queitions les plus embarrassdes sont elucidees en deux jours ; les ordinaires, en deux heures, et les problemes de la vie commune sent resolus deux minutes avant d avoir ete proposes.
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Apres cela, cetlc rapidite de conception dont nous faisons honneur aux adeptesde la physiologie positive, est peut-etre particuliere a M. Didot tout seul ?
Mais ne ferait-elle pas perdrela memoire ? Je serais tente de lecroire, quand je lis ce passage, pag. gt;I56, de la bro­chure deM. Didot:
// est evident que, si au moment de Finoculation , Le miasme pneumonique ä dejapris possession de Veco-nomie, toute nouvelle infection naturelle ou aiiißcielle res-tera sans effet.... Cette maniere de voir est conforme, en tous points, aux f aits observes par les experimentateurs. Elle suffit pour se rendre compte de Vine/ficacite des ino­culations pratiquecs, soit sur des animaux anciennement infectes et porteurs des lesions anatomiques d'une pleuro-pneumonic exsudutive, heuieusement combattue, soit sur des betes recemment atteintes et recelant le miasme epi-zootique a Vetat dineubation.
sect; XIV.
Pousse par cette irresistible besoin que possedent les coeurs sensibles, d'attaquer tont ce qui, de loin ou de pres, ponrrait porter alteinte ä la methodede M. Willems, M. Didot fait un reproche ä la Commission ofücielle, dont il faisait partie, de ne pas avoir meme effleure, dans son rapport , la question scientifiquc de la pleuropneumonie exsudative. L'bonorable academicien ne pouvait ignorer ce-pendant que, dans une de ses premieres seances, la com­mission avail decide qu'elle s'attacherait exclusivement an fait pratique.
Au reste, il a bien voulu nous rendre le service de remplir cette regrettable lacune en soumeltant a un examen serieux l'etude dc cette maladie, recliercher ce qu'elle est, en quoi eile consiste, qu'elle est sa nature ?
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II debute par demander si cette affection est unc maladie inflammatoire simple, ou bien si eile est de nature speciale et presenle des caracteres distinctifs?
laquo; Si nous inlerrogeonslesauteurs, etparliculierement les laquo; Allemands, nous les trouvons cmammes, dit M. Didot, ft pour reeonnaitre que la pleuropneumonie exsudalive laquo; est une maladie generale, Tolius substantio.'., qui afl'ecte laquo; tout lorganisme, et dont les manifestations naturelles se raquo; localisent dans les poumons et les plevres, au moyen raquo; d'une exsudation surabondante de lymphe plastique, qui raquo; produit une hepatisation complete de l'organe respira-raquo; toire. raquo;
Cette opinion est done celle qu'adopte M. Didot. Cette unanimite, qu'il dit avoir remarquee cbez les auteurs alle­mands, est loin d'esister. Si je me permeis de m'exprimer ainsi, e'est uniquementpour faire remarquer que les savants, en general, dedaignentvolontiersrerudition, et que M. Didot, en parliculier, ne s'abaisse pas a comprendre les idees de ses confreres.
Si M. Didot a lu les aufeurs allemands, comme tout sa­vant doit le faire, illesa Ires-mal compris, en leurpretant la definition: que la pleuropneumonie exsudative serait une affection generale dont les manifeslalions naturelles se loca­lisent dans les poumons et les plevres, au moyen d'une ex­sudation surabondante de lympbe plastique, qui produit une hepatisation complete de l'organe de la respiration.
Si celle deflnilion etait vraie, cette maladie n'aurait pas line duree de dix h quarantn jours.—Jamais, en Allemagne ni ailleurs, on n'a trouve Vhepatisation complete de l'or­gane respiratoire, si ce nest dans les ouvrages de physio-logie positive.
Mais, selon la pbysiologie imaginaire, on pourrait dire que, si la pleuropneumonie etait une maladie generale, elie ne debuterait pas invariablement par le tissu cellulaire in-terlobulaire des poumons, pour dclii se propager dans le tissu cellulaire sous-pleural, dans les lobules pulmonaires, ensuite dans les plevres.
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Les phenomenes qu'on rencontre dans toute reconomie sont consecutifs a la maladie speciale qui debute tocjocus dans ie tissu cellulaire des poumons.
Voyons maintenant comment M. Didot repond aux ques­tions qu'il a posees, qnels renseignementsnouveauxjailliront de ses sericuses meditations?
Aux divers ecrivains qui ont traite de cette maladie, ii fait des emprunts pour en donner une monographie nou-velle. Ainsi la definition, I'etiologie, 1'evolution appartien-nent ä tout Ie monde.
Avec celte maniere de proceder, on pourrait enseigner, sans Etudes prealables, la tlieologie, le droit, etc. Mais e'est surtont lorsqu'il s'agit du diagnostic diflerentiel de la pleuro-pneumonie exsudative, que M, Didol se livre ä decurieuses reflexions, — Les vetcrinaires, selon lui, avouent leur im-paissanceä distinguerla pleuropneumonie exsudative de la pneumonie ordinaire. ML Didot posscde-t-il celte habilele de diagnostic, qui saisit de prime-abord les caracteres diffe-rentiels de la pneumonie ordinaire, de la pleuropneumonie exsudative, que le savant directeur-professeur de l'ecole ve-terinaire de Bruxelles, M. Verheyen, a declare ne pas pos-sedcr ? Je n'en doute pas, mais je serais tres-curieux d'en avoir la preuve.
Ce n'est que par une cohabitation de tous les instants avcc les betes bovines qu'il est possible, dit-il, desurprendre les modifications symptumatiques qui se produisent dans Thabitude exterieure de l'espece bovine. Ces modifications echappent aux velerinaires parce que leurs visitcs sont trop couries. Les bouviers sont plus competentsparce qu'ils vivent en communaute avec les animaux, ilssont ainsi plus aptes ä saisir les nuances symptömatiques qui font distinguer la pleuropneumonie exsudatife de la pneumonie inflam-matoire !!
On aura de la peine a comprendre comment M. le doc-teur Didot a pu recourir ä un pareil argument pour com-battre l'aveu de MM. Verheyen et Dele 1!
Pendant son court, mais fecond sejour ä Hasselt, M. Didot a du avoir de bien interessantes et instructives conferences
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avec lesbouviers de cctte ville, pour leur reconnoitre unesi prodigieuse aptitude dans Tart si difficile de distinguer la pneumonie ordinaire de la pleuropneumonie exsudative ? Voyons ce qu'il nous apprend pour elueider cette partie de la pathologic ?
Dans la pleuropneumonie exsudative l'animal est triste, il ne mange plus, il a la tele pencheevers la terre, ses mou-vements sont diiTiciles, incertains; Tanimal atteint de pneu­monie ordinaire a lo regard vif, il porle latete et les narines hautes; son habitude generale indique une souffrance, mais la vie n'est pas deprinoee!! I
Je m'attendais que M. Didot se serait livre ä une etude plus approfondie des animaux malades et que ses recherches, aidees do la percussion et de Tauscultalion, auraient ete couronnees par la decouverte d'un son pathognomonique nouveau ou d'un bruit inconnu, que la reconnaissance des v^törinaires n'aurait pas manque de designer par une ex­pression bien caracteristique, comme celle de tarn tarn ou de trompette.
Mon atlente a ete trompee. M. Didot, afin de n'luunilier personne par une superiorite d'apergu qu'il a puisee dans J'ötnde de la physiologic positive, n'a ecrit que des choses que tout le monde connait; et il s'est bien garde de rien ia-diquer, qui puisse faire supposer qu'il aurait une plus grande babiletä que MM. Verheyen et Dele, pour distinguer, de prime-abord, les deux especes de pneumonie.
Sans avoir tenu ses promesses sur les moyens d'etablir la distinction entre la pleuro-pneumonie exsudative et la pneu­monie ordinaire, M. Didot passe aux lesions pathologiques ausquels il consacre une large place dans son travail.
Les details qu'il donne paraissent, encore cette fois au point de vue de la physiologic imaginaire, entaches d'un vice capital:—celui d'avoir ete ecrits dans le silence dn cabinet, sans avoir fait l'autopsie des animaux morts a la suite de la maladie, dont il a neammoinscru devoir parier en maitre; ainsi qu'il appartient aux grands hommes.
L'exsudation speciale caracteristique de la maladie, noulaquo; en demandons bien pardon a M. Didot, presente toujours
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lt;lu pus. Non-seulcment la masse gelaliniforme encoiitlent mais dans le poumon lui-memeon Irouve tres-frequemment, u cole de rhepatisation marbree, de petils depots purulenls qui me font admettre qju'il n'y a pas de pneumonie exsu-dative sans pneumonie inflammatoire concomilante.
Si M. Didot, qui s'estsenti une vocation si subite, et une aptitude plus grande que cellc de ses collegues, pour I'inte-ressante question de rinoculation, avait vu uncertain nom-tie de poumons attcints de pleuropneumonie, il aurait reconnu que rien n'est plus rare que l'absence du pus.
Cette fois encore son imagination ardente I'a conduit ä ce que des gens, qui puisent leur science dans la pratique, au lieu de la puiser dans leur fauteuil, pounaient appeler une '•erreur.
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#9632; Je neprofesse pas, disait un jour M. Didot ä I'Acaderaie de inedecine de Belgique, un amour de felichisme pour le jnicroscope. Mais, quand il s'agit des travauxde M. Willems, lorsqu'il laut lui donner raison, et accuser la commission departialite,alors M. Didot devient amoureux du mieros-,cope, il le voitd'untoutautre ceil et lui fail une petite place .danssoncoeuraeötede M. Willems. 11 invoque les servicesdu microscope, ils'enempare, il I'adapteii sou ceil, ilnelequitte plus et ne peut plus faire un pas sans son microscope. Malheur aux savants sur lesquels it le braque, son micros-cope devient un mousquet avec lequel il lusille iudistiiicte-ment les savants, les ignoi ants et les incredules. Toujours cependant sans attaclier une bien grande valeur, comme produitou comme cause de la maladie, aux corpuscules ima­gines par M. Willems, il reproduit avec les memes cliches, qui avaient dejä illustre les premices medicales du medecia de Hasselt, les trouvailles decet inventeur.
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Je laisse a la Commission et a M. le professear Gluge, autorite bien competente, le soin de faire connaitre la verite et de repondre si l'existence des corpuscules apres avoir, comme Taffirme M. Didot, ete conslatee par tous les mem-bres de la Commission, n'a ete rejeteo que par M. Ginge.
J'ajouterai encore une observation qui me parait avoir certaine importance.
MM. Willems el Didot, qui onl une disposition tonle spe-ciale pour les travaux microscopiques, eommenl nonl-ils pas soumis au grossissemenl le liquide puintonaire, le seul inoculable d'apres eux? Cette experience aurail dii etre le complement de leurs travaux sur cette question. A defautnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i
de corpuscules a mouvement moleculaire, ils y auraient trouve la confirmation des reproches donl j'ai accuse la me-
thode de M. Willems.
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Pour celui qui voit et veut voir, le liquide conlient des produits septiques.
Comment cette lacune n'a-t-elle pas ele comblee par M. le docteur Didot qui annonee qu'il est, dans ce moment, occupe ä rassembler de nouvelles observations deslinees a completer les travaux des Sebelling, Henle, Siebold et Ha-meau ? S'il a etudie les travaux de tousces experimentateurs comme il a lu celui de M. le docteur Hameau qui n existe quä Tetat de manuscrit, depose dans les archives de l'Academie impcrialc de medecine de Paris, depuis le 28 mars ^843 (I'illustre assemblee I'aura sans douteadresse ä M. le docieur Didot pour avoir son avis), on doit attendre une appreciation bien approfondie des raquo;suvres de ces sa­vants.
sect; XYI.
L'analyse, publiee par la Presse medicale francaise, du rapport quo M. ledocteurLonde avail lu, le 14 Janvier gt;! 831, a 1'Academie de niedeciue de Paris sur un travail de M. le
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docteur Hameau, mödecin inspecleur des bains ä la Teste-de-Buch, d^partement de la Giroade (de la Nature des virus), a fourni a M. le docteur Didot l'idee de presenter, a son tour, a l'Acadeaiie de medecine de Bruxelles, un Essai sur la prophylaxie du cancer par la sfphilisation.
Le savant academicien me reproche d'avoir copie, dans cet essai, les developpements que j'ai donnes a ma theorie de l'inoeulalion publiee dans ma brochure qui a paru, ä Paris, au mois de juin 4853.
Pour bien preciser les termes de Taccusalion de M. Didot, je les reproduits litteralement.
laquo; J'ai cite maintes fois la brochure de M. le docteur de Salve, et j'ai rendu justice enliere aux opinions scientifiques dcveloppces par l'autenr, quand, onbliant des prctentions impossibles, ilse borne ä trailer la question dc I'inoculation ellc-meme. Malhcureusement, ces elogesonlete temperes par la uecessite oüje me suis trouve de signa­ler des tendances regrettables et une tactique que peu de personnes approuveront. Ainsi, maintenant encore, je suis force de denoncer un de ces actes difficiles a caracteriser, parce qu'ils sont incompatibles avec le sentiment de de'licatesse innee qui nous enjoist de respecter la proprietc d'autrui. Je m'explique.
La theorie adoptee par 51. de Salve est celle de M. le docteur liameau, teile que je l'ai exposee dans mon Essai sur Cantagonisms du Cancer et de la Syphilis.
(Le titre primitif etait: Essai sur la pbophylixie du Cancer par la svpHiLisATioN. Ct-ux qui ont lu ou liront I'accueil fait par 1'Acade­mic ä ce travail dc M. Didot, ne serunt passurpris du titre nouveau qu'il adopteaujourd'hui). De ce chef je n'ai rien ä reclamer. Mais ce dont je me plains, c'est que la plupart des developpements que M. de Saive a domies ä cette theo -ie, sont PRESQUE LITTERA­LEMENT COPIES dnns ce travail et dans la discussion que j'ai soutenue a rAcademic royale de medecine de Belgique, pour justifier les opinions que j'avais t'miscs, sans que l'auteur de la brocnure raquo;it cite une seule fois mon noin, ou la source a laquelle il avail puise!..
C'est un oubli, sans doiite, mais cet oubli est d'autant moinsexpli­cable en cette circonstance, que toute la brochure de M. de Saive, ecrite en vue de la revendication de la priorite de I'inoculation, u est, en realitc,qu un plaidoyer en faveur de la propriete de la pcnsee; or, pour se montrer consequent avec lui-mcme, l'auteur aurait du, ce me semble, commencer par respecter les droits d'autrui!,'..
II est pcrinis d'emprunler, personne nc le nie, mais c'est a charge de rendre. M. de Saive a eu tort dc I'oublier, car par cela seul il a fourni un argument formidable centre la Icgilimite de ses preten- #9632; tions. #9632;
{Brochure de M, Didot, page 201.)
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Cette note n'a ete ecrite que pour ctre utile ä la cause de riiioculation. J'aimerais ä le croire, si la forme et le choix des expressions ne decelaient un peu de nriecontente-ment qne M. Didol regrettera, j'en suis certain, dans un moment on il sera mieux dispose. Trop de qualites sont reunies ä la fois chez M. Didot, pour le supposer capable de melcr h une discussion scienlißque des questions qui y sont etrangeres. Cela dit, j'examine la valeur du reproche qu'il m'adresse:
En -1855, ayanterais I'opinion que la pleuro pneumonie epizoolique des betes bovines devait etre attribuee ä ua virus, j'ai toujours cherche, dans toutes les publications qui ont traite cet important sujet, ä m'eclairer sur une maladie qui n'a cesse d'occuper ma pensee.
Le remarquabie travail de M. le docteur Hameau ^laquo;r la nature des virus, le rapport de M. le docteur Londe, I'essai de M. Didot, de raeme que tous les ecrits sur les virus et les maladies virulentes, avaient pour moi un trop grand interet pour me dispenser d'en prendre connaissance et de les ctudier avee la plus grande attention. Ce besoin se jus-tifle par la necessite dc m'eclairer sur une question qui fai-sait I'objet de mes etudes et de mes travaux depuis si long-temps et que je tenais ä resoudre. Je ne repeterai pas ici comment un jeune confrere, profitant de l'idee que je lui ai communiquee, a cherche ensuite a me ravir la priorite que je n'ai reclamee qua cause de sa conduite a mon egard. M. Didot, qui s'est constitue le defenseur impartial de mon competiteur, ni'accuse maintenant d'avoir copic presque Htteralement dam son Essai sur laptophylaxie da Canctr les developpements donnes ä la theorie que j'ai adoptee pour appuyer mon opinion sur la virulence et linoculabi— lite de la pleuropneumonie exsudative du betail.
J'ai lu le travail deM. le docteur Didot, comme je vais 1c hii prouver.
Je n'ai jamais pense qu'un ecrivain, sous peine de passer pour pirate scieutifique et de perdre ses droits a la justice commune, düt, chaque fois qu'il traite une question, indiquer les noms des auteurs des ouvrages ou il a acquis les con-
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naissances qui I'ont mis a memo de former et de soutenir son opinion.
On ne doit ciler qne le nona des ecrivains dont on repro-duit lopinion pertonnelle el parliculiere. Une pensee est line proprlete pour celui qni ('a emise le premier. Dans le \oluuiineux memoire de M. Didot, on n'y trouve jjuere quunc seule idee qui lui apparlienne reellement, celle de donner, avec certitude, la syphilis ä rtiommedans lespoir de le preserver du cancer, aulre maladic, assez rare heureu-senient pour riiumanite.
Je ne pense pas que le nombre de ceux qui voudront adopter celle opinion devienne jamais bien grand. Ce dont je suis certain, c est que personne ne voudrase soumetlre a i'essai propose par M. Didot.
J'ai emprunte a M. le docteur Hameau sa deOnition des \irus. Elle repondait ä mes vues; jel'ai reproduite lextuel-lement, en laissant au docteur frangais le merile de l'avoir emise, parcequ'elleclait sa propriele. Devais-je en faire au-lant pour M. Didot?
quot; Si j'avaisdit que la SjpJnlisation artificiclle prevenait le Cancer, que la Sjphilis et le Cancer sont incompa-tibles, que le merne siijet ne peul avoir la Syphilis quand il est atteint cVun Cancer, qiiil fallait donner la Syphilis ä l'komme pour rempechcr d? avoir un Cancer, -— que la vieillesse jouit d'une immuhite manifeste contre la Syphilis et du privilege dquot;avoir un Cancer, — Oh! alors, ces opinions olant parliculieres ä M. Didot, j'au-rais com mis une faule trfes-grave en ne laissant pas a mon savant condisciple tout le merile et la gloirede ses assertions, qui sont bien sa propriete. Si meme j'avais, comme il Fa fait pour expliquer le besoin de regeneralion des virus, com­pare cet acte morbide aux atlcrissements quon observe dans les rivieres au ä des essaims d'abeilles qui s'ins-tallent stir un arbre pour le quitter ä un moment donne; si je m'elais servi de sa comparaison zoologique avec la migration des oiseaux; — si, pour expliquer la localisa­tion du virus, je lui avals emprunte sa comparaison nauli-que avec Vencroütement de la Carene des vaisseaux ,
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j'aurais uvidcmment manque ä un devoir imperienx en n'in-diquant pas \e seul ecrivain au monde capable de faire ces ingamp;iieiix rapprochements.
L'acle inqualifiable, indelicat, inconsequent, inexplicable qui me procure laquo;n formidable adversaire, conlre la legiti-mitö de mes droits de priorile ä la decouvcrte de ('inocula­tion des betes a cornes, c'est..., puisqu'il (autl'appeler par sonnom, un plagiat!!!
La comparaison du travail de M. Didot avee ma brochure fera disparaitre lout ce bruit, cet orage, eteindre enQn cette chandelle romaine de la reclame du savant academicien Liegeois.
Dans tons les travaux de riutelligence, comme eeux de Tecrivain, du poete, du musicien, on y trouvedes reminis­cences involontaires que tous les savants, de la valeur de M. Didot, savent apprecier.
Si j'avais pu croii-e que rillustre academicien attachait a ses paroles, a chacune deses phrases, ä chaque mot tombe de sa plume, unesigrande valeur, une importance si consi­derable, j'aurais evidemment chercbe l'occasion de placer son nom dans ma brochure, au risque de lui rappeler que son travail n'avait obtenu qu'un tres-minime succes devant l'Academie de Belgique.
Pouvait-ilcn etre autrenaent d'un memoire oü M. Didot s'est amuse ä admeltre comme vrais des faits controuves, ä placer des suppositions sur des analogies et des ulopies sur des hypotheses.
Pour mapart,jesuisdesolequeratlaque immeritee, dont j'ai ete I'objel, m'ait mis dans le cas de legitime defense. Me forcer h rappeler le memoire ; Essai sur la prophy— laxie du cancer par la syphilisation, n'est-ce pas m'ex-poser ä une nouvelle accusation pour violation de se­pulture.
Non, certes, je u'ai jamais pris aucune ideeä M. Didot, et cela, par une excellente raison, bien facile a comprendre pour tous ceux qui ont parcouru ses ouvrages. Quant a re-produire des theories scientißques qui apparliennent ä la
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medecinc et non ä un medecin, j'ai pu les citer sans nommer les auteurs. Par la meme raison qui fait, qu'en parlant fran-^ais, je ne eile, ni la graimnaire, ni rinvenleur de l'alphabet. — M. Didot a iuvente la physiolpjgie positive , e'est vrai! Mais, enfii), il n'a pas iuvente la sypbilis, et lorsqu'il expose des arguments tendant a procurer celte inGrmite a tous ses concitoyens, il ne cite ni les auteurs dans lesquels il a etudie ranatomie, ni ceux qni Tont initie ä reconomie sociale et ä la logique.
sect;xYn.
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laquo; Les sublilites d'un esprit ingenicux, dit M. Didot, laquo; peuvent sans donte rendre une polemique piquante ; mais laquo; Jamals elles n'elucideront les grands points scientifiques laquo; dont Tetude reclame une malüiile de jugement qu'on ne laquo; rencontre pas en general dans les publications relatives a laquo; I'inoculation. raquo;
II ecrit encore, dans son memorable essai sur la pro-phylaxie du cancer, qui a eprouve quelques avaries pendant la traversee acudemique, essai dont j'ai recueilli quelques epaves. Jl riestjamais permis a un ecrivain qui se res-pecte d'emetfre des opinions hasardees, dit M. Didot,
Ces sentences, qu'on trouverait pretentieuseSj si elles n'e-taient sublimes, debitees magistralement, feraient croire que le Chirurgien Liegeois n'ecrit jamais que sur des sujets qu'il a etudies, experimentes et medites avec cette matürite de ju­gement qu'il ne rencontre dans aucun ecrit sur la pleurop-neumonie, pas meme dans les travaux de ses collegues. Comment met-il ses sentences en pratique ? Jamais, a I'ap-pui de ses assertions, il n'apporte aucun fait puise dans sa pratique particuliere, ce qui parait etre la methode fonda-mentale de la physiologie positive. S'il iuvente un instrument obstetrical, comme le diatrypteur dont il avait seul reconnu la necessite, il n'a pas eu une seule occasion de le mettre
JL
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en pratique. — Son volumineux mempire sur le cancer contienl, par contra, des id6es que I'experience repousse et que rinlelligence condamne. Au point de vue de nos faibles connaissances, en revanche, il ne renferme pas, ä la ma-niere desouvrages vulgaires, une seule de ces observations pratiques qui ne servant qu'a eclaircir les questions, ä appuyer les thöories, ä produire des method^s utiles et ä guerir les malades, comrne font les ignorants qui ne jugent pas les choses avec la matilrite convenable.
Si I'aspirant professeur ecrit sur la pleuropneuraonie exsudative des betes bovineraquo;, il avoue qu'il n'a pas vu un seul cas de cette maladie dont il trace iieanm:gt;ins la mono-graplne avec une assurance qui ferait croirc ä une expe­rience cousommee. En lisant cette curieuse parlie de la bro­chure, oü lescaraeteres distinclifset les lesions palhologiques sont decrits, on reconnait que M. Didot ne fait do la patho­logic que dans une bibliotheque, comme cela arrive natu-rellement ä tous les grands hommes.
Si la commission ofQcielle, composee d'hoinmes d'un merite universellement reconmi, emet un avis, un doute, M. Didot lui oppose üupinion des nourrisseurs qui sont au-jourd'hui les homines — alfiches de M. Vv illems, — Si les veterinairesapportent des fails puisesdaus leurs experiences, M. Didot les accuse d'ignorance, d'incompetence et d'hos-tilite systematique. ~- Si, par hasard, mes opinions parais-sent utiles ä M. Willems, il les adopte ou s'en etnparc. •— Si elles peuvent contrarier le medecin de Hasselt, il rn'op-pose l'autorile de M. le professeur Wellemberg. — Quaud M, Wellemberg n'est plus d'accord avec M. Willems, c'est qne le savant directeur de l'ecole d'Utrech a ete maladroit, qu'il n'a pas acquis encore I'experience ni suivi exactcment les prudentes indications de M. Willems.
Une pareille maniere d'argumenter pent, au premier as­pect, paraitre ingenieuse; toutes les subtibilites, toutes les contradictions qu'on rencontre dans l'ouvrage de M. Didot sont-elles la preuve d'un jugement müri et reflechi ? Reve-lent-elles done chez leur auleur une conuaissance approfon-diedes objets qu'il a trailes ? Ne sont-elles pas, au contraire,
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un temoigna^e eclafant de parlialite? Quand j'ai reproclie ä la melhodlaquo; de M. Willems d'etre plus dangereuse qua la pleuropneumonie elle-meme, en introduisantdans I'eeono-mie dcsanimaux des elements putrides, M. Didotcroit avoir refute mon opinion en alleguant que I'absorption purulenle entratne tonjours la mort.
Cetle assertion n'est pas serieuse sans doute, eile temoi-gue encore de la savante inexperience pratique de M. Didot, qui ne I'aurait pas emise s'il avail fait quelques autopsies. Si sa clientele medicale lui avail fourni de plus nombieux ele­ments d'obscrvalion, il aurait remarque que I'absorption purulente n'est pns toujours suivie de mort.
J'ai avance qu'un veritable virus, inlroduit dans I'econo-mie par inoculation, ne pouvail affecler une marche cons— tamment irreguliere lorsque les virus en general se dislin-guaienl de toutes les autres causes de maladie, par la regularile de leurs symptomes revelateurs et la Constance des meraes lesions palliologiques qui elaient la consequence de leur action sur les elres organises.
Cetle objeclion, assez puissante pourmontrer que la me-thode de M. Willems repose sur une fausse pratique de I'ino-culation, n'a pas echappe ä la merveilleuse perspicacite de M. Didot; mais, fidele a cetle belle didactique (ne lisez pas taclique), qui consiste a ne repondre aux objections embar-rassantes quo par la cilption de fails douteux, que fait-il? Ilmoppose une exception pour delruire une regie generale. Void comment s'exprime le savant academicien :
laquo; Oü done M. de Saive a-t-il vu que I'absorption des vi-laquo; rus determine toujours des phenomenes fatalement sou-laquo; mis ä une marcbe reguliere ? Ne savons-nous pas que la laquo; rage resle en incubation pendant une periode qui varie laquo; de dix h quaranle jours el plus ? Or la rage est bien, je laquo; crois, une affection virulente. raquo;
J'ai eu I'occasion d'observer frequemment la rage chez le chien ; une seule fois je l'ai vue chez Ihormne (chez un co­lonel de i'armee beige, qui habilait la rue devant la Made­leine, a Liege. MM. les docleurs Lombard, de Lavacherie etmoi, nous avonsconstate qu'elles'elait manifeste, parses
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symptömes habitnels dix jours apres la morsure d'un chien.) La rage se developpe d'une maniere beaucoup plus reguliere que M. Didot ne le dit. Les livres qu'il a consultes renfer-ment des exemples oü la duree de rincubation se serait pro-longee pendant deux et jusqu'a dix ans; mais ce sont des exceptions bien rares, si tant est qu'elles se soient produites. Toutes les affections virulentes offrent une regularite que tous les praliciens connaissent, et M. Didot ne m'a oppose celte exception] que par suite d'une originalite d'esprit qu'on ne rencontre pastoujours ä rAcademie.
Mes assertions sur la regularite des phenomenes d'une inoculation vraie sont done fondees , conformes aux ensei-gnements de la science; elles ont, en outre, le merite de reposer sur un grand nombre d'operations, etudiees et suivies avec attention et impartialite; M. Didot, qui n'y \a pas par quatre chemins, n'a eu besoin que d'un trait de plume pour les renvcrser au moyen d'experiences bibliograpbiques etun sejour de quelques heures passees a Hssselt.
C'est magistralement refute.! 1
g XVIII.
Entre autres clioses tres-remarquables, la brocbure du savant Academicien, que mes objections n'ont pu disposer ä l'indulgencc, contient ce passage:
laquo; II faut convenir que M. de Saive a du malheur dans le raquo; choix de ses tnoyens, car s'il veut faire croire ä la vertu de raquo; son vires perfectionne, raquo;7 faut qu'il renverse brutalement raquo; l'wuvre de M. Willems ; mais il ne s'apergoit point quen raquo; agissant ainsl, il risque d'ecraser la methode inoculatrice raquo; elle-meme... Ces lignes ont une bien grande signiOcatiou.
II importe qu'elles ne passent pas inapergues dans un travail, oü, trop souvent, M. Didot a laisse dominer les sen­timents qui Font inspire.
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Tous les efforts pour aneantir les reprochesadresses ä la methode de M. Willems, restant impuissants, M. Didot me donne I'avis cbaritable de prendre garde d'ecraser I'inocu-lation et ma m6thode, en renversant l'oeuvre du raedecin de Hasselt.
Je remercie beaucoup l'honorable ecrivain de cette nou-velle preuve de sollicitude ä mon egard; mais je lui repete
QÜE LA METHODE DE M. WlLLEMS ET LA MIENNE SONT DEUX CHOSES DIFFERENTES, QCI n'oAT DE COMMÜN QOE LE NOM D*INO­CULATION.
Pour se soutenir, l'unea besoin du concoursdela reclame, de la manne du ebantage, de la lumiere des lampions, de l'ergotisme de la passion. L'autre brave les attaques, les deßs, les detracteurs, se maintient sans le seeours des inter­pretations forcees, s'explique par la science, se justifie par les resultats.
L'inoculation est une verite, la melhode de M. Willems estune..... erreur.
Une chose evidente, encore, ressort de la brochure de M. Didot, c'est son impuissance ä me contester la priorite de l'idee, et des premieres experiences de l'inoculation pre­ventive, de la pleuropneumonie exsudative du betau.
Si je n'ai pas cru jusqn'a ce jour devoir rompre le silence et m'expliquer sur le virus, que M. Didot venlbien qualifier de perfectionne, il ne perdra rien pour attendre, le jour viendra oü il s'apercevra que la passion est une mauvaise conseillere. Les f'aits lui prouveront que le virus contre lequel il epuise sa spirituelle ironie, est une verite dont il ne se doute meme pas. Sa volumineuse brochure et toutes les suppositions qu'elle renferme le prouvent.
Qu'il le retienne bien, Tinoculation triomphera de l'in-trigue, de la partialite et du plagiat. — Je ne dis cela pour personne !
Ce n'est pas tout: Les nombreuses experiences que j'ai faites, pour prevenir la pleuropneumonie exsudative de l'espece bovine, m'ont amene aux plus heureux resultats pour la cure duFARciN dc cheval, autre affection virulente in curable de l'espece chevaline.
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Je fais encore un secret de ce moyen, n'en deplaise a M. le docteur Didot et aux savants vetörinalres, qui ne gue-rissent pas cette redoutable maladie; ils me critiqueront , c'est leur droit; ils me blämeront, c'est I'habitude.
Je n'ai pas la preteiilion d'aneantir cette propension, si framp;juente; qui porte trop de savants h nier, h blämer ou ä trpuver mauvais les resultats beureux obtonus par d'autres. J'ai pris nion parti, ä cet egard, de laisser dire, de laisser faire. Provisoirement je prouve que ma Methode rend les
BETE3 BOVINES INHABILES A CONTRACTEtl LA PLEÜRO-PNEDMONIE EXSÜDATIVE, Qü'eLLE GCERtT LE FARCIN DE CHEVAL.
sect;X1X.
DE LA PRIORITY.
Je pensais avoir donne des details assez precis, details appuyes de temoignages irrecusables sur riiistoire de la de-couverte de rinoculation preventive de la pleuropneumo-nie exsudative des betes bovines, pour avoir le droit de re-vendiquer la priorite de cette lieureuse application.
Mais je me trompais, M. le docteur Didot me dit que mes pretentions sont impossibles! ! Serait-ce une indiscre­tion de demander ä ML Didot oü il a puise cette conviction ? Dans ma brochure il n'a aborde aucune de mes assertions relatives ä la priorite; il eüt ete difficile de les combattre avec succes. Dane les afßrmations de M. Willems ? mais tout le monde sait la confiance qu'on peut avoir dans les diresde ce medecin qui nie que, le -16 fevrier 1854, je me sois rendu chez lui. Dans une brochure de M. Maris, page 20, on trouve cette nota : Dans sa brochure, M, de Saive dit avoir m une entrevue avec M. PFillems ä Hasselt, le 16 fivrier 1854. Cette date est exacle, moi-meme fai conduit M. de Saive en la demeure de M. Willems,
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J'attacbe le plus grand prix a ce temoignage, parce que M. Maris, velerinaire ä Hasselt, eslun hommc d'une loyaute a toute epreuve, qui a su, par ses qualites privees et son in­contestable talent, conquerir l'estime et la confiance de tons ses concitoyens.
En -1855, lorsque M. Willems avait 12 ans et demi, je m'occupaisde medccine coinparee, j'elais charge de plu-sieurs cours ä Tocole de medecine velerinaire de Liege. J'ai lt;lit, dans ma brochure, comment j'ai ele amene, dans mes lesect;ons de tberapeulique generale et de pathologic, h entre-tenir men audiloirc de la pleuropneumonie des betes ä comes qui faisail, dans ce temps-la, de grands ravages en Belgique. J'ai dit aussi comment m'est venue la pensee de proposer 1'inoculation pour prevenir une maladie incurable qui, parses lesions, devaitelre considereecomme leresultat d'un empoisonnement par un virus.
J'etais, ä l'cpoque de 1835, bien loin.de viser auxhonneurs d'une decouverle. Je laisais descomparaisons, des analogies pour voir jusqu'a quel point on pourrait utiliser et mettre en pratique une idee due a Vicq d'Azyr, que j'avais trouv^e dans les recherches historiques et medicales du docteur Husson, #9632;i™ edition de 1801, Paris, oü on lit la note suivante du docteur Odier, extraite de la BibliothequeBritannique, vol. XVI, page 289.
laquo; Vicq d'Azyr desirait qu'on enseignät la medecine com-raquo; paree comme on enseigne I'anatomie comparee.
raquo; ......Jenner a inocule la vaccine ä plusieurs chiens^
jo Cette inoculation a produit chez eux louraquo; les symptömes raquo; de ce qu'on appelle maladie des chiens, mais d'une ma-raquo; niere si benigne qu'il n'en est mort aucun.
raquo; Tous se sont trouvds depuis inaccessibles ä la conta-raquo; gion. Cette experience, qu'il faut suivre, peut conduire a raquo; des decouvertes de la plus haute importance... Qui sait raquo; si la pulmonie qui fait tant de ravages parmi les betes ä raquo; comes, ne pourait pas etre preveuue aussi par quei-raquo; qu'artiflce semblable ä la vaccination. raquo;
Je n'ai done Jamals pu avoir la pretention de me faire passer pour l'inventeur de I'moculalion connue depuis longtemps
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en therapeulique, niais, pour tous les hommes Je bonne foiY amis de la justice et de la verite, j'ai le premier fait I'appli-cation de 1 inoculation de la pleuro-pneumonie epizootiqae pour prevenir ce ileaxi, en puisant dans le poumon ie virus convenableau succes de cctte operation.
Je fais appel aux souvenirs et a la loyante des eieves qui ont fr6quente mes cours a l'öcole velerinaire de Liege. En presence de la spoliation morale dontM. Didot voudrait merendre victime, qu'ils declarent la verite—qu'ils disent: si en traitant des medicationsdebilitantes, stimulantes et re­vulsives appliquees aux orgnnesde la respiration , j'ai appele leur attention sur la pneumonie epizootique. Si apres avoir montre l'inutilite du tartre emetique et des emissions sau-guines, etc., je n'ai pas conclu que des lesions anatomiques aussi promptes et aussi etendues etaient le resullat d'un vi­rus centre lequel je proposais rinoculation tellequ'elle avail ete pratiquee pour prevenir le typhus contagieux, le cla-veaudu moulon. Les details dans lesquels je suis entre, pour signaler que les maladies virulentes ne se produisent qu'une fois et qu'en medecine humaine on avail souvent recoursä rinoculation, ont fait une impression assez grande sur l'esprit de mes auditeurs pour qmils en aient conserve le souvenir.
J'attendsdoncdelaloyautede mes ancienseieves, un.temoi-gnage consciencieux, je les prie d'adresser leur declaration a l'Academie royale de medecine de Belgique.
M. Didot, qui a tres-peu de Sympathie pour les veteri-naires beiges, qu'il accuse dignorance et d'imcompelence, n'attachera qu'une bien mince importance au ternoignage d'hommes qu'il considere comme ennemis de tous progres et systematiquement hosliles ä une decouverte destinee ä rendre service a I'agriculture.
Peu Importe, ils doivent surmonter toutes repugnances, — il laut que la partialile, l'imposture et le plagiat succom-bent devant une manifestation qui n'empruntera rien an charlatanisme de la camaraderie, mais qui prendra sa source dans des sentiments de justice et de verite. üue teile manifestation sera accueillie par rAcademie royale de mä-
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decine de Belylqne, oü deja la voix de M. le professeur Lombard s'est faile entendre pour reclamer la paternite de la decouverte en ma faveur.
Voici comment s'est exprime le savant professeur ä l'üni-versite de Liege, M. Lombard :
laquo; .... S'il s'agissait du merite de la decouverte, une autre laquo; question se presenterait, ce serait celle de la priorite, et laquo; je viendrais la reclamer pour un antre.... Ce n'est pas laquo; ainsi, nous devonsle declarer, qu'ä fait M. de Saive, qui, laquo; en 1836, iiiocula le premier, avec ma cooperation, la laquo; pleuropneumonie epizootique des beles boviues. raquo;
..... Nous ne persislons pas moins, en presence des mu­tilations etendues et nombreuses de la queue des betes bovi-nes, ä reclamer fortement en faveur de l'idee mere, l'idee premiere d'inoculalion, celle qui, en 1836, a porte M. de Saive ä inoculer au fanon.... Sans vouloir entrer, pour le moment, dans la discussion de priorite, nous devons ä la #9632;verite de consigner ici un fait remarquable qui nous a 6te revelö ä Malaxhc, en presence de MM. Davreux, secramp;aire de la Commission medicale, Lacour, medecin veterinaire du gouvernement, et H. Boens, mon cbef de clinique. M. Collette, fermier ä Malaxhc, nous racontait qu'il avait, en 1840, perdu tout son betail, compose de quarante-cinq bamp;es, par suite de la pleuro-pneumonie; laquo; mais n'aviez-tous pas connaissance de l'inoculation ? raquo; Oh oui! me r6-pondit-il, M. de Saive m'a propose bien des fois d'inoculer mes bates, mais je n'ai pas voulu le laisser faire, et j'ai tout perdu.raquo; (Une circonstance qu'il est bon de noter, e'est que les deux vacbes qui m'appartenaient furent inoculees, dans le meme moment, et qu'elles ont seules brave le fleau qui a enleve leurs voisines.)
Eh bien! en presence d'une declaration aussi solennelle, faite par un des homme les plus considerables de la Belgi-que, le professeur Lombard, dont la loyaute et la justice egalent le talent, M. le docteur Didot, qui a enteudu et lu les paroles que je viens de transcrire litteralement, cberche ä faire eroire que e'est if. Lombard qui a parU de la possibilile d'inoculer la pleurcpneumo-
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— So­wie ipizootique, dans des conferences puhliques ante-rieures ä \ 836 ; mats sa mocleslie I'a empeche de rappe­ler un fait qui doit etre present encore a la memoire des anciens eleves de l'ecole veterinaire de Liege. M. Didot a donne assez de preuves des sentiments qui lui ont inspire sa brochure — pour qua je doive refuter tres-longuement ce paragrapbe.
M. Lombard a ete un des fondateurs de l'ecole veteri­naire de Liege; son nom a figure sur le programme. Le ministere de 4835 lui ayant fait comprendre qu'il ne pou-vait pas cumuler les fonctions de professeur de clinique a l'üniversite avec...., M. Lombard n'a pas ouvert son cours a l'ecole veterinarire et n'a pas enlretenu les eleves de la possibilite d'inoculer la pieuropneumonie. — M. le pro­fesseur Lombard est place trop baut dans i'estime de ses concitoyens et dans la consideration de ses collegues pour descendre jusqu'ä epouscr les passions de M. Didot.
Les adulateurs exercent sur certains esprits one certaine iuflnence, en eveillant leur amour-propre; mais supposer qu'un homme parvenu par son travail, son talent et tant d'autres qualites, a la plus baute position medicale de la Belgique, supposer que M. le professeur Lombard pourrait ceder ä de si perfides instigations, que de retracter ses decla­rations academiques, e'est une veritable injure quepeuvent sepermettre ceux qui n'ont pu I'appricier, ou qui ne l'estiment qu'en raison des services de clientele qu'ils en ont espere en quittant leur ville natale, pour se placer dans son voisinage.
laquo; Les liomme justes et impartiaux, dit le savant direc-raquo; teur de l'ecole d'Alfort, M. Renault, rendent justice raquo; ä ceux qui ont emis les premiers I'idee d'une invention t) utile qnand bien meine ils n'auraient pas fait de nom-raquo; breuses applicattons. raquo;
Get avis est trop juste, M. Didot ne pouvait le partager.
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Le Journal cVagriculture pratique fournissait a M. le docteur Didot, une trop belle occasion de m'attaquer pour ne pas reproduire dans sa savante et impartiale brochure, tout ce que M. le professeur Bouley avait publie ä mon in­tention, danssa chronique veterinaire du 5 septembre -ISdS.
Mais le savant academicien beige, — oubliant ce passage de son travail : laquo; 11 ne suf'ßl pas, pour elre juste et impartial, de montrer une complaisance exageree en faveur de l'ac-cusation; il faut aussi respecter les droits de la defense, et ne point exagerer les cas d'insucces, sans recher-clier s'ils sont Men ou mal interpretes (page 43), a trouve bon, par esprit d'impartialite et de justice, de reproduire l'accusalion sans dire un seid mot de ma defense. raquo;
Cette maniere d'agir du tres-illustre, et tres-impartial academicien, rn'oblige a consigner ici la reponse inseree dans le meme journal, qui avait publie la chronique vete­rinaire de M. H. Bouley.
Monsieur,
Vous avez publie, dans le numero du 5 septembre, la Chronique veterinaire de M. H. Bouley, Chronique dans laquelle le professeur d'AU'ort s'etonne de la divergence des opinions emises en Prusse, en Hollande, en Belglque, sur 1'importante question de l'inocula-tion preventive de la pedpneumonie exsudative des befesbovines. Il n'y a pourtant rien de bien extraordinaire dans ces divers resul-tats,*car la pretendue invention de M. Willems, la seule dont on se soil occupe, comme nous I'avons demontre dans nos diverses publications sur cet objet, ne pouvant donner qa'accidenlellement de bons resultats, on devrait etre bien plus surpris si partout eile fournissait les memes appreciations, si dans tous les cas on pouvait en tirer des conclusions identiques.
M. Bouley se faisant ensuite Techo des rapports inexacts et peut-etre malveillants sur des experiences d'inoculation tentees dans les environs de Paris, avec notre cooperation, prolite de son röle de chroniqueur pour nous adresser une le?on dont nous tächerons de tirer avantage pour I'avenir.
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Voici comment s'exprime le savant professeur, en s'adressant aux agriculteurs dont les interamp;s paraissent exclusivement le preoccuper:
laquo;.... II faut surtout quails setiennent en garde centre les ma— nceuvres de certains speculateurs qui commencent ä s'emparer de cette mattere et cherchent a I'exploiter. Ainsi, il nous est revenu qu'a Paris tine Sociele se serait constituee pour la propagation de l'inoculalion de la piripneumonie par un procede dont eile veut gar-der le secret. Cette Societe garantirait aux nourrisseurs, mojren-nantla somme de vingt francs par lete inoculee, non pas les suites de l'operation en tant qu operation, mais ses resultats comme moyen preservatif da la peripneumonie pendant un an an mains. raquo;
Dans ce paragraphe il y a presque autant d'erreurs que de mots. Laissons parier les fails.
Un veterinaire frangais, M. Thiebaut, diplome a I'ecole d'Allort en 1837, qui a exerce la profession de vöterinaire dans le deparle-ment de l'Yonne oü il cumulait, en meme temps, les fonctions de professeur a une ecole d'agriculture, setrouvaiten Belgique (18S2) lorsque les journaux signalörent ä l'attention du monde agricole I'inoculation preventive de la pleuropneumonie exsudative. Cher-chant a s'eclairer sur la valeur de cette decouverte, M. Thiebaut visita notre pays, oü il ne tarda pas a apprendre que nous etions l'auteur de cette innovation, dont M. Willems se faisait le plagiaire. Pour comparer les resultats de la Belgique avec ceux obtenus par la methode que nous experimentions, a cette epoque, en Allema-gne, M, Thiebaut se rendit en Prusse, oü il visita plusieurs pro-prietahes dont les aaimaux avaient ete operes par nos soins. II apprit les heureux succes de I'inoculation dans des localites oü depuis tres-longtemps le lleaa etait enzootique. A son retour en France, M. Thiebaut, edifie sur la valeur de notre decouverte, nous parla pour la premiere fois; il etait accompagne d'un de ses confreres, M. de Chaträte, diplöme aussi ä I'ecole d'Alfort la meme annee (1836) que M. le professeur Bouley. M. de Chatrete a exerce la medecine veterinaire, pendant treize ans, dans le depar-tement de la Nievre. Dans l'Yonne et dans la Niftvre, ces messieurs ont eu de-belles occasions d'acquerir des connaissances pratiques de la medecine du boeuf, qui ne s'enseigne que theoriquement a I'ecole d'Alfort. MM. Thiebaut et de Chatrete nous proposerent de faire, en France, un certain nombred'experiencesnouvelles.Com-prenant et apprcciant les motifs qui nous obligeaient ä tenir en­core notre decouverte cachee, ils ne cherchamp;rent jamais a surpren-dre ce que nous ne voulions pas leur reveler.
De nombreuses experiences furent faites avec notre cooperation, et toutes ont ete pratiquees dans les plus fächeuses conditions d'en-zootie. A peinenos essais avaient-ils ete commences, que certaines personnes chercherent ä ebranler la confiance des proprietaires par des propos que ni l'interet de la science, ni celui de I'agricul-
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ture ne pouvaient inäpirer. L'immixtion de ces imprudents pro-plietes eutceresultat, qu'ä l'epoque de la reproduction du virus, des proprielaires se refusaut h laisser toucher leurs animaux pour le traitement, plusieurs cas de mort eurent lieu par defaut de soins consecutife. Nous ne dlrons pas le genre de moyens employes pour provoquer des actions en dommages interets contre des confreres qni n'attendaient de remuneration qu'apres qu'il aurait ete bien etabli que les animaux operes pouvaient braver impunement le fleau contagieux. II faut s'eti'i; faitune idee bien et range de la res-ponsabilite medicale, il faut eire bien ignorant ou bien mauvais confrere pour crolre ou faire croire k la possibilite de la reussite de reclamations formulees dans des conditions comma celles que nous venous de rapporter !
Comment, dans une Chronique veterinaire, M. le professeur Bouley, qui porte un nom qui est presque synonyme de aelicatesse, de talent, peut-il rapporter une si grossiere erreur ? Le savant pro­fesseur guerit-il done tous les animaux couties a. ses soins ? Que dirait-il de sesrivaux, de ses concurrents envieux de son savoir, cherchant ä ameuter.contre lul les proprielaires des animaux que toute sa science n'a pu enlever ä la mort ?
Poursuivons :
a IS inoculation du virus se ferait a la region dufanon, ä l'aide de piqüres et d'incisions. Or, teile est Vacuile du virus de la perip-neumonie, que son inoculation, partout ailleurs qu'ä l'extremite de la queue, pent entrainer les accidents les plus redoulables. raquo;
M. le professeur Bouley a encore ete tnis-mal renseigne sur la methode suivie, en annoncant que les operations ont ete pratiquees par des incisions. Depuis dix-huit ans, nous avons pratique un tres-grand nombre d'operations, et nous pouvous atfirmer n'eu avoir fait aucune par incision.
Pour justifier le choix du fanon, nous devrions entrer dans des details trop longs, qui sont consignes dans nos ecrits. oü nous di­scus que des raisons pratiques nous foul choisir quelquefois la queue, quelquefois le fanon.
La conclusion tiree de I'acuite da virus ne nous a pas peu laquo;tonne de la part d'un savant aussi distingue que M. Bouley, qui laisse croire qu'un virus est plus actif, depose dans le fanon que dans la queue. Personne ne doit mieux savoir que lui qu'un virus ne perd jamais de sa force, de sa virulence, de sa maniere propre d'agir, de sa specialite d'action. Les maladies virulentes sont trop frequentes chez les animaux, elles occupentune trop grandlaquo; place dans les cadres de la nosologie veterinaire, pour supposer que i'etudedes virus aurait ete negligee par M. Bouley qui parait, au contraire, en avoir fait une classification nouvelle, si nous avons bien lu l'expression de virus fixe qu'il domie dans la mamp;ne chro­nique au virus producteur du charbon-
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laquo; Les expe'rimentateurs de la societe propagandiste de Paris onU ils ete plus heureux que ceux qui les ont precedes en pratiquant Vinoculaüon du fanon P Nous ne le crayons pas, si nous en jug/eons par quelques fails qui ont ete communiques ä la Societe imperiale et cenlrale de me'decine veterinaire dans sa seance du mois de juin dernier par deux de ses mempres, MM. Prudhomme et S. Bouley. II resulte des renseignements donnes ä la Societe par ces deux vet6— rinaires, que I'inoculation pratiquee att fanon, rTapres le precede secret de ceux qui se sont fails les propagateurs de cette methode, dans un but qui n'esl peut-etre pas celui de l'inte'ret de la science et de I'agriculture, a eti suivie d'accidents graves. raquo;
La question de la pleuropneumonie, dont nous nous occupions lorsque M. H. Bouley se trouvait encore sur les bancs de 1'ecole, merite ä tons egards la sollicitude des hommes d'Elat, des agricul-teurs et des ecoles veterinaires.
Nous avons dit, dans notre brochure, comment, en Belgique, on avait cherche ä nous enlerer la priori to de nos travaux, et pour-quoi nous avions choisi TAliemagne pour y faire des experiences.
En venant en France, pour faire donner a notrc decouverte le bapt£me d'uu gouvernement intelligent et d'une nation gamp;iereuse, nous savions que toute excursion sur le domaine des sciences vete-rinaires seraitsystematiquement consideree comma une usurpation, et quelle opposition toute idee nouvelle est sure de rencontrer chcz quelques professeurs charges de l'enseignement veterinaire.
De trop nombreux exemples anterieurs nous avaient avertis que e'etait s'exposer a etre accuses d'empirisme, etc.
Tout le monde sait qua la medecine est nee des essais soil utiles. soit prejudiciables, at que e'est aux depens de nombrauses victi-mes qu'elle s'est instruite das choses pernicieuses comma das salulaires. Tout la monde sait encore que la plupart des decouver-tes n'ont pas ete faites par les gens dits du metier. Ainsi, la decou­verte da la vaccine est due ä un pasteur Protestant; celle de la clavelisation du mouton, qui a eu pour adversaires presque tous las veterinaires et que tous pratiqueut aujourd'hui, appartient a un paysan. Les plus precieux modilicateurs dont le medecin dis­pose, par example, le quinquina, le camphre, I'opium, etc., etc., nous viennent des barbares las plus iguorants, qui les employaient #9632;avec succös avant nous.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '
L'ecole d'Alfort, nous aimons ä ne palaquo; en douter, a enrichi la science de nombrcuses decouvertes, mais ne reste-t-il plus rien ä faire? Sulfit il deblämer rempirisme et d'employer les moyens qu'il tous a indiquös ? Les maladies qui, du temps de Bourgelat, etaient incurables, la medecine veterinaire d'aujourd hui en triom-phe-t-elle T
A quoi doit-on attribuer la preference que trop souvent les cul-tivateurs accordent aux empiriques ? Pourquoi la castration des
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animaux r6ussit-elle, pratiquee par les empiriques, et echoue-t-elle presquo toujours dans les ecoles veterinaires ? II y aurait la matiere k de nombreuses observations qui nous entruineraient trop loin au-jourd'hui. Nous y reviendrons. Reprenons notre sujet.
Si des veterinaires desireux de s'initier ä la pratique d'une ope­ration utile se sont adresses a nous, et ont genereusement seconde nos eiforts, out-ils done commis une faute si grave ?
Si la qualification d'ex'pemmentateuns propagandistcs s'adresse aux veterinaires fran^ais, nos collaborateurs, ils doivent s'en enor-gueillir autant que les ecoles dont ils ont ete les 61eves et oil ils ont puise le gout dc la science et le damp;siv de ces utiles applications. Si cette elegante expression cache un reproche pour nous, nous I'ac-ceptons avec reconnaissance, car on peut et on doit etre heureux et fier d'etre l'auteur et le propagateur d'une grande decouverte. Nous aimons le progrfes et nous avons tres-peu dc sympathies, nous I'avouons, pour rimmobilite. Dans ce temps, tout ce qui n'a-vance pas recule.
Le vulgaire agricole, qui tient beaucoup moins aux eternelles dissertations sur la contagion ou la non-contagion de la morve qu'ä la cure de cette maladie, et qui pretere la guerison de ses ani-maux aux plus eloquentes legons, ue pourrait-il pas un jour adres­ser aux ecoles veterinaires cette simple demande :
Messieurs les professeurs, ' Du temps de nos aieux dejä. le cheval et le boeuf, les seuls ani-maux domesliques dont vous vous occupiez, elaient atteints comme aujourd'hui de la morve, du farcin, de la pousse, du typhus con-tagieux, du charbon, de la peripneumonie ; ces terribles maladies continuant a elre mortelles; elles ne sont pas moins t'requentes au­jourd'hui que jadis. Soyez assez bons, messieurs les professeurs, vous qui avez fait de ces fleaux 1'cbjet de vos longues etudes et de vos savantes discussions, de nous indiquer le moyen de les rendre plus rares ou de les guerir quelquefois. Nous vous tenons quittes, Messieurs, des autres maladies que nous guerissons nous-m6mes sans avoir ete vos disciples ?
Nous n'avons pas l'avantage de connaitre les deux veterinaires qui ont fait a la Societe, dont ils sont membres, des communica­tions sur le danger des inoculations pratiquees au fanon, par un procede secret, dont ils ont neanmoins entretenU I'assemDlee.
M. Prudhomme, dont il s'agit dans la Chronique, serait-il I'elcve de Brard et Saint-Omer, expert asserraente pres les cours et tribunaux, dont le spirituel H. Monnier a trace le portrait? Dans ce cas, son rapport devrait presenter des gaianties d'impartialite; ou serait-ce le meme M. Prudhomme qui a reconnu et constate refficacite du vinaigre siernuiatoire, administre dans les naseaux des bötes bovines pour les guerir de la pleuropneumonie oxsu-
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dative ? Dans cette derniere supposition, nous devons le considerer
comme träs-peu competent sur les questions de pleuropneumonie.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;k
Voici nos raisons :
Les animaux gueris par M. Prudhomme h l'aide du dnaigre stemutaioire n'etaient pas atteints de pleuropneumonie, cette maladie 6tant le resultat d'une lesion pathologique au-dessus des ressources de la polypharmacie. La bizarrerle d'une composition oü Ton s'amuse a associer le nitre, le zinc, I'alun, la potasse, le poivre, la cannelle, etc., n'ajoute rien a sa valeur therapeutique. Dans la Chronique veterinaire du premier semestre 1852, inseree dans le Journal d'agriculture pratique, M. le prot'esseur H. Bouley recommande aussi, comme un moyen ä la foispreventifetcuratii de la peripneumonie du gros betail, le vinaigre stehnutatoire administre en guise de prise aux hceafs pneumoniques !
Doit-ou s'etonner encore de voir contester k la medecine vete­rinaire son utilite! La concurrence que les empiriques lui font dans les campagnes, d'oü provient-eile?nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,
laquo; On ne saurait trap hldmer les gens dont la mission profession* nelle est de propager avec desinteressement les bonnes doctrines et les pratiques miles, et qui font metier de les exploiter dans un interet prife tout actuel.raquo;
Nous n'avons pu nous defendre d'un sentiment penible en enten-dant le savant professeur employer un pareil langage pour stigma-tiser des fails qu'il ne connait pas, pour chercher a discrediter une decouverte dont il n'a pas la raoindre idee. M. Bouley parait avoir coufiance dans la dangereuse et impuissante methode operatoire de M. Willems, qui n'est qu'un monstrueux avorton de notre decouverte, qui n'a de commun avec celle de notre maladroit pla-giaire que le nom. Entre la methode de M. Willems et la notre, il y a toute la distance qui separe la verite de l'erreur.
Sans autres motifs, pensons-nous, que le mecontentement de nous voir conserver le secret de notre decouverte, le savant pro-fessem nous blame, nous o dont la mission professionnelle, dit-il, est de propager avec desinteressement les bonnes doctrines et les pratiques miles, et quifaisons metier de les exploiter dans un interet prive tout actuel. s
Sans doute, la profession de medecin I'emporte sur toutes par Tutilitc, et eile ne le cäde ä aucune autre par l'elevatiou des objets dont elie s'occupe; aussi pensons nous ne nous etre jamais ecarte des devoirs nombreux qu eile impose. Nous avons toujours pense qu'un medecin se devait a ses semblables, et que celui qui, assez lieureux pour decouvrir un moyen capable de prevenir un tleau, comme le cholera, par exemple, s'obstiuerait a conserver le secret de sa decouverte, serait un charlatan indigne d'exercer la noble profession de medecin. Mais, entre la medecine qui a I'homme pour objet et la medecine veterinaire qui s'occupe des brutes dont i'entretien, ramelioratioa et la conservation constituent une Indus-
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trie, il y a uue distinction qui parait avoir ecbappe ä Fattention et ä la perspicacite du savant redacteur de la Chronique veterinaire du Journal ^agriculture pratique. Pour notre compte, nous pro-fessons un trop prot'ond mepris pour tous les genres de charlata-nisme pour laisser sans reponse les observations de M. le profes-senr Bouley.
Nous avons assez vecu pour avoir observe que le cbarlatanisme, variant sa physionomie, s'insinue partout, quelquefois meme il se glisse jusque dans reuseiguement. Ainsi il y des cbarlatans de politique, de religion, de savoir, d'esprit; ce qui a fait dire que, pour bien les connaltre, il faudrait les classer comme Linnee et Jussieu ont fait des plantes. On pourrait en faire des ordres, des genres, des varietes, tant ils sont nombreux, tant ils se presentent sous des formes diflerentes. On en voit qui, pedantesquement, cherclicnl a occuper I'attention publique, en attaquant et en cher-chant a etouffer, ii leur apparition, jusqu'aux idees les plus utiles. Cette variete de charlatans n'est pas la moins dangereuse, car eile remplit les functions d'eteignoirs, eile forme barriere au progres dont les efforts echouent si souvent centre la borne qu'on appelle la routine. On avudes medecins attaquer la vaccine; desveteri-naires contester a la morve et a la pleuropneumonie exsudafive des betes a comes leur principe contagieux; des physiciens denier au telegraphe electrique la possibilite de transporter la pensee; mais la puissance de la verite est teile qu'elle finit toujours par Irancbir les barriferes que le cbarlatanisme, I'ignorance ou 1'incre-dulite cherchent a opposer ä sa manifestation, a son triomphe.
L'homme qui consacre sa vie ü l'etude, qui en fait sa passion dominante, son bouheur, qui s'occupe du plaisir de faire une decouverte qui a pour effet d'arriver a un resultat utile, iuespere par ceux auxquels I'Etat a confie la mission de faire progresser la science; celui-lä n'est pas un charlatan, car il ne craint pasl'exa-men, il cherche au contraire les discussions approfondies qui eclairent, celles-la seules qui sont utiles.
Une idee est et doit etre la propriete de celui qui la possede le premier, eile lui appartisnt. II est le maitre de la divulguer ou de la conserver aussi longtemps qu'il juge necessaire de la tenir cachee. Elle lui appartient amp; bien plus juste litre que le domaine dont le seigneur herite de sa famille, car ce domaine n'ayant pas ete fait par et pour lui, un autre en jouirait s'il ne I'avait regii par heritage. L'inventeur qui a fait une decouverte en est done le maitre absolu.
Quand il s'agit d'industrie mecauique, I'auteur d'une decou­verte pent garantir sa propriete par un brevet, et parce qu'il s'agit d'une invention qui Interesse 1'industrie agricole, en garder le secret serait, aux yeux de M. le professeur Bouley, un acte de cbarlatanisme? Etrange erreur! !
. Quand, dfes 1'annee 1835, nous avons emis I'opinion que I'inocu-lation pourrait bien prevenir la pleuroprteumonie exsudative des
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betes bovines, que la medeciae veterinaire ne guerissait pas plus alors qu'aujourd'hui, nous etions loin de prevoir que laseriede travaux auxquels nous allions nous livrer, pour verifier la valeur de notre assertion, devraient eveiller unjour de si illustres suscep-tibilites; nous ne nous attendions pas ä les rencontrer dans les rangs des proiesseurs veterinaires. Si a cette' epoque, dejä reculee, nousavionspu deviuer qu'en t8a2, M. le professeur H. Bouley quot; aurait recommande, pour preveuir ct gueiir le fleau, le viruugre sternutatoirf. administre dans line cassolette; si nous avions eu-trevu que Tavenir ne reservait ä nos efforts ([ue le bläme du sa­vant professeur, nous nous serious sans doute arrete. Mais, apres dix-huit annees d'cssais qui nous ont conduit a. la conquete d'une verite utile, apres nous avoir vu contester la paternite de notre enfant, nous avons resolu de nous roidir contre tons ces petits desagremenls. On salt que toutc verite qui vient au monde, doit renverser mille erreurs, ecarter antant d'ambitieux pour accuper une petite place au solcil. Aussi, nous sommes bien decide a ne pas la laisser etoulfer par la coalition des routiniers qui, dans tons les pays, faisant la guerre a toutcs les inventions, sont coosideres comme les freins du char du progres. Nous garderons le secret de notre deeonverte jusqu'ä ce qu'on ait fait justice de 1'usurpateur. Ge jour lä I'invention pourra tom'oer dans le domaine public.
En attendant, nous exploiterons notre idee. Que M. Bouley ne trouve pas cette couduite desinteressee, qu'il nous bläme de voir attacher une remuneration ä des services constates, qu'il fustige fegoisine, qu'il fletrisse Vauri sacra fames, nous en serons desole, sans doute; mais qu'il nous permette, a notre tour, de lui faire cette petite observation :
Pourquoi M. Bouley, si genereux, si desinteresse ; lui, attache au rätelier du budget; lui, qui doit k 1'Etat son temps et son savoir; pourquoi a-t-il cesse de faire des experiences, depuis que M. le ministre ne soutient plus son ardent scientifique par une nouvelle ration, sans laquelle tous les sacrifices anterieurement faifs seront steriles ?
Quand un fonctionnaire salarie tient un pared langage, a-t-il bien le droit de donner, dans la meme Chronique, des lemons de desinteressement a ceux qui depuis dix-huit ans ont fait des milliers d'operations a leurs frais, et qui ont pousse l'abnegation et le de-vouement jusququot;ä indemniser les victimes de leurs experiences?
L'inoculation comme nous I'entendons est une chose utile, une decouverte precieuse, voilk ce que nous avancons. Cela est ou cela n'est pas.
Des fails nombreux etablissent que les animaux que nous avons inocules deviennent insensibles a faction du fleau, jusqu'ici sans remede; qu'ils prosperent a cote d'autres animaux non operes qui succombent.
Pour contester notre affirmation avec loyaute, lui denier sa va­leur, il faudrait au moins savoir en quoi consiste notre decouverte
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qae nous avons, non sans raison, tenue seeröte. L'offre de sa com­munication et de sa demonstration gratuites ayant ete falte a tous lesgouvernements, ilest bon qu'on sache qu'ilsy ont repondupar
le silence, l'indifference ou le refus.
Paris, 15 septembrelSöS.
Docteur de Saive,
Ancicn reprfeentanl i la Chambre beige, Membre correspondant de la SociJtü cen-trale d'agriculture de France, etc.
Gelte lettreest restee sans reponse jusqu'a ce jour.
J'ai appris, depuis sa publication, de bien curieux de­tails que je me reserve de faire connaitre dans un autre temps.
Puisque M. Didot, qui eullive la science avec amour et conscience, et qui ne publie jamais rien ä la legere (c'est lui qui le dit), n'a pas trouve bon de faire connaitre ma re­ponse ä M. le professeur Bouley, ni les resultats definitifs des operations faites en France, par ma methode et mon virus perfectionne, j'ai l'avantage de l'informer que pas une seule bete inoculee riest morte de la pleuropneumonie dans les memes etables oü les animaux non inocules suecom-ient tous au fleau apres quelques mois de sejour.
M. Didot, le savant historiologue des betes ä comes, a eu raison dans l'avant-propos de son impartiaie brochure de-diee au Prince royal de Beigique, de reclamer l'indulgence de ses lecteurs.— II en avail grand besoin.
Paris, 24 decembre 1853.
Docteür DE SAIVE.
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