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L'INOCIMTION DU
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DESTIHEE i PBllENlR LA PLEURO-PNEUMONIE EXSUDATIVE
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BÄTES BOVINES,
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J. M. J. DE SAIVE,
' LOCTEUK EM MiDECINE, ANCIEH MEHBBB DE LA CIUMBRE DES REPRfSESTASTS BE
BBLGIQDE, EX-BIRECTEUR-PROFESSEUR A L'ECOLE OK MgDECINE TETfiRINAIRE
DE LIEGE ET SECRETAIRE DO CONSEIL SDPERIEUR D'AGKICDLTUBE, HEHBRE
CORRESPOHDADT DE LA SOCIETE CEMTRALE D'AGRICÜLTÜRE DE FRANCE,
DE Li SOCIKTE D'AGRICDLTDBE ET DES ARTS DU DEPARTEMENT DE
SEINE-ET-OISE, DE LA SOCIETE CEMTBALE DAGR1CÜLTIIRE DD
CASTAL, DE L'ACADEMIE DU GARD, DE LA SOCIETE
• SB HEDECINE PRATIQUE DE LA PROVINCE
D'ANVEBS, ETC., ETC., ETC.
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Prix: 2 fr. SO c.
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Librairie agrieole de Unascq,
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\ie Bouchard-Hazsrd, Libraire,
HUE DE L'^PERON, 5.
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RUE JACOB, 36.
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3335
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1853
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HISTOIRE ET DECOUVERTE
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L'INOCULATION DES BfiTES BOYINES.
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.'-^#9632;CONSIDERATIONS PR^LIMINAIRES.
. 'quot;teKoeuf, ce premier et courageux compagnon du laboureur, est, de tons les animaux domestiques, le plus docile aux volontes de son maitre, le plus precieux au point de vue agricole et economique.
En effet, embleme caracteristique de la production agricole, le boeuf constitue la base de l'opulence des Etats, dont la prosperite est inseparable de la culture intelligente du sol et de l'abondance du betail. Toutce qui concerne cet interessant auxiliaire du culti-vateur ne saurait done etre indifferent aux hommes qui compren-nent l'immense utilite de l'agriculture.
Les savants, les agronomes, dans tons les pays, ont constam-raent dirige leurs etudes, leurs travaux, leurs experiences vers ce but: la multiplication et l'amelioration graduelle de l'espece bovine. Ce n'est guere que depuis la fondation encore recente des ecoles veterinaires, dont la premiere, celle de Lyon, date de 1769, qu'on s'est preoccupe de la conservation des animaux; et, disons-le, dans la plupart des ecoles veterinaires existantes, la medecine du boeuf, malgre son importance, passe apres la medecine du cheval.
L'etude des maladies de tons les animaux domestiques est trop intimement liee ä la pathologie de l'homme pour etre negligee par les medecins, qui comprennent unanimement que si I'anatomie comparee a ete utilealaphysiologie, la pathologie comparde doit avoir, ä son tour, des resultats hod moins utiles pour la science de la medecine generale.
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( 2)
C'est clans celto conviction qu'aktfl de quelqoes confreres amis, j'ai contribue a fonder h Liege, en 1835, une ecole de medecine veterinaire, oü, pour la premiere fois, la medecine des animaux a ete enseignee en regard de toutes les autres branches de sa soeur ainec, de la medeeina hutnainei
Les äVdnläges qili poUVaienl i^SUlter de l'ötüde sihlültähöe d6 la medecine veterinaire et de la medecine humaine, les services qu'elles se rendaient, les consequences heureuses do leur union etaicnt la seule recompense qui fut ambitionnee par mes collogues et par moi. Nos efforts n'ont pas ete infructueux pour rhumanite. C'est ä mon adjonclion a mes savants collcgucs (1) que je dois la decouvertc du ttlöycn de preVeliir le plus fedoutable fleau qui puisse atteindre I'espece bovine, la plel'ro-p.neumonie exsudative, centre lequel tons les efforts de la science sont restes jusqu'ä ce jour impuissants.
11 n'est pas inutile de tracer I'historiqUe de cette döcOUVfette, dont le monde agricole se preoccupe, eh raisoil des grands services qü'eUe est appelee a rehdre h la society.
DßCÖÜVERTE DE L'INOCÜLÄTION.
Dans les cours que j'etais chäfg^ de professef, eh 1835, h l'd-cole de medecine veterinaire de Liege, je dus, en me Üvraht ä
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(1) L'eiole se composait de #9632;
H. ie docteuf Lombard, proftesseUr ä l'universilögt; (iiesirtenl de 1laquo; cOmftiis-sion medicale, membre de TAcademie de medecine, etc.
M. C. Davreux, docteur es sciences, chimiste, membre de l'Academie de medecine, etc.
M. P. Salpetlfer, döüteüf cii medecliie, etc.
M. le docteur Gh. Phellips;
M. le docteur i. Sewildt, midecin de regiment.
M. Fi Decnmps, docteur en [ihiirmacie, elc.
M. A. Petry, medecin veterinaire du gouvernement, membre de l'Academie de medecine, chevalier de la Couronne de ebene, etc.
M. Everts, mcdeclllvMerinairc de premiere classe.
M. H. Sl6pbcns, ftgronome, aneien dleve de Boville.
M. de Saive, docteur cn medecine.
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( 3 ) . l'etude des animaux utileSi etablir des cönipäraisons entre la pa-thologie hUraaine et la pathologie vötürlnaire, et flo ces cohiparai-sohs ressortit la necessite de fait-e profiter la iiiödecihc des animaux des progres que 1amp; medecine do rhomme avftit fails.
Pour ötablir le diagnostic difförentiöl des diverses maladies qui onl leur siege dans la poitrine, et qüö lös vetörinäires confon-daient sous la denomination commluie de raquo;ialaüies de poitrine, je dus necessairement recourir au steioicope ( et signaler* les services que cet instrument avait rendüs dans la Inödecine humaine. Je conseillais derecouHrad meme instrument et ä la percussion, pour obtenir de semblables resultats en medecine veterinaire. J'ignore si, avant l'annec 1835raquo; ön s'etait souvent servi de ccs deux raoyens d'exploratidn. Les veterinaires les cöndamnaient, souslepretexte que l'epaisseur dela peau, les poils qui la recouvrent, le degre d'embonpoint, y opposaient des obstacles insurmohtables.
Je doute qu'avant les essais que nous avohs entfepris siir les animaux avec M. le docteur Lombard j aujourd'hui professeur a l'uhiversite de Liege* on se soit sotivent servi du sKitoscope en medecine veterinaire. Ce t|ui ost constant, e'est qu'adjourd'hui on emploic avec succös Get instrument pour le diagnostiü des nläla-dies de poitrine des animaux.
Jenepouvais, enl835, m'oecuper du diagnostic difföreutiel des maladies de poitrine des animaux, sans fixer l'atlention de mes auditeurs sur une maladie de poitrine qui exerqait; ä cette (jpö-^ que, de grands ravages sur l'espece bovine en Belgique^ Ge fleaU jetait partout i'öpoüvante et la desolation • 16 goüvernement pres' crivait des mesures de police sanitaire, et les vßtörinaires de-ployaient inutilement toutes les armes de la theräpeutl(}üe pout combattre la maladie. On lui donnait differents noms, ce qui snf-sait pour demontrer qu'elle n'etait pas connue. L'etude des lesions pathölögiques, rencontröes dans les poumons des animaux tjui avaient suecombei prouvait que des dßsordres aussi pföttipts et qui aequeraiehti en quelques joürs, une teile ötendüöj ^taiebt aü-dessus des ressources de la science; Cette impuissance de l'artj bieil cOristatcc pär de nottibreux echoes, me fit diriger Wies vues vers les tnoyens de la pröVertifi
La premiere idee qui vint ä mon esprit flit la memorable decoli
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( U) verte du cowpox, et rimportance de son inoculation pour debar-rasser l'espfece humaine de la variole. Je caressai cette idöe; je cherchai des analogies; je fls des rapprochements, des comparai-sons, el je m'adressai les questions suivantes:
Une maladie comme celle dont il s'agit, qui tue en quelques heures, en d^veloppant des productions morbides si considerables, ne serait-t-elle pas le resultat d'un empoisonnement par un vims?
La pleuro-pneumonie est-elle contagieuse?
Les maladies sont plus meurtrieres quand elles se presentent sous forme epidemique. N'en seraitLil pas de meme de la pleuro-pneumonie epizootique?
L'experience nous apprenant qu'il existe des maladies qui ne se manifestent qu'une fois, dans le cours de l'existence de l'individu, le medecin est tres-heureux de pouvoir communiquer a volonte ces maladies sous forme benignc, pour cviler des ravages qui franchissenl Wen vite les limites de la therapeutique, quand elles apparaissent sous forme epidemique. Examples : la variole , la scarlatine, la rougeole chez I'homme, le typhus contagieux chez I'espece bovine, la clavelee chez les betes a laine.
En attendant, qu'il soit possible de constater si le ba'iif est aple a contracter une seconde fois la pleuro-pneumonie, imitons Jenner, recourons a I'inoculation. Nos essais, nos experiences, doivent nous enseigner ce que nous ignorons. Je n'entreprendrai pas de reproduire mes paroles avec tons les developpements dans lesquels j'entrais , en 1835, pour appuycr I'opinion que j'avan-^ais, alors que I'inoculalion pouvaitetre le moyen de prevenir cette redoutable maladie qui sevissait successivement sur les differentes parties du continent europeen, en defiant partout les efforts de la medecine.
Je recourus a rexperiinentation.
Loin de moi la pretention de croire que je sois rinventeur de I'inoculation pour combattre les maladies contagieuses. Je con-nais depuis longtemps I'opinion du savant fran^ais Guersent. J'ai etudie avec soin les essais d'inoculation tentes en Angleterre par Dodson, en Hollande par Camper, pour neutraliser le typhus contagieux des betes bovines. L'inoculation est fondee sur cette observation bien constatee en pratique : que les animaux qui ont
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(5) echapjxj uue premiere fois au typhus contagieux ne sont plus aptes ä en 6tre infectös de nouveau et que l'inoculation ne prend plus une seconde fois sur le meme animal.
Les exemples de l'inoculation-du vaccin dans I'espfece humaine, de l'inoculation de la scarlatine chez les enfants pour prävenir les ravages de cette maladie lorsqu'elle survient sous forme epidö-mique, de la clavelisation pour preserver l'espöce ovine de la clavelee, m'engagerent ä persister dans la voie de l'inoculation expörimentale ou j'etais entre.
Je ne suis done pas l'inventeur de l'inoculation; mais je suis le premier qui en ai fait I'application pour prevenir la pleuro-pneu-monie inlerlobulaire exsudative ephootique des betes ä comes. Personne ne pourra me contester efficacement cette idee ; des 1835, j'enseignaisque, dans mon opinion, cette maladie, parvenue a un certain degre, n'elait pas curable; que tous les efforts de la science devaient tendre a la prevenir; que l'inoculation me parais-sait le moyen le plus rationnel d'atteindre ce but.
Mes previsions se sont enfin reallsees.
Mes premieres experiences remontent a 1836. J'obtins des suc-cks qui ne m'enivrerent point, des echoes qui ne ralentirent pas mon zMe. J'avais confiance dans I'avenir. J'etais en presence d'un fteau devastateur, d'une calamity publique; je ne voyais qu'un service ä rendre a l'agriculture, et les bienfaits qu'elle devait en retirer.
Ni les plaisanteries de mes amis , ni les sarcasmes des hommes qui passent pour graves, parce qu'ils sont mediocres, ou pour se-rieux, parce qu'ils sont chagrins, ne purent diminuer mon ardeur. Au lieu de refuter mes raisonnements, on trouvait beaucoup plus commode de me considerer comme un reveur, un utopiste. Mais n'est-ce pas le sort de tous ceux qui s'attachent a une idöe nouvelle ? Combien de verites, utiles aujourd'hui, que les hommes dits serieux considöraient hier comme une chimere ? Les decouvertes, on les accueille d'abord par des railleries , ou bien on les conteste avec une espece d'acharnement qui tend h faire croire que l'immobilitö est prtKrable au progrfes.
On cherche ü amoindrir le mörite de l'inventeur et l'utilitö de sa döcouverte. Si un jour pourtant eile se confirme, si le sucete parait
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certain, des coneuvFents sur-gissent pour s'approprier le merite de travaux auxquels ils n'avajent jamais songe. Us essaient d'abord de changer l'etiquette de leur plagiat, ä l'instar deceähommes adroits qni font graver leur chiffre sur l'argenterie qn'ils vous ont sous-Iraite pour faire croire ä une trfes-ancienne possession. Quelquer fois ils poussent I'outrecuidaiiGe jusqu'ä erier au voleur, pour de^-tourner les soupcpns, au monjent oü ils sont occupes a vous depouiller.
Je n'ai pas 6chappe ä ce genre d'industrie.
Un hopime d'etat qui, pendant les annees 1847 a 1852 , a occupd avec tant de distinction le minisföre de l'interieur en Belgir que et qui y a marqu6 son passage par des actes dont ragriculture reconnaissante conservera longtemps le souvenir, s'estjaisse seduire et mystifier par les apparences d'une erudition factice, par un impudent plagiat.
Les accidents qui venaient, en quelque sorte, contrebalancer ou detruire les succes que j'avals observes me preoccupferent long-temps. Cherchant a m'en rendre compte, je ne pouvais en attribuer la cause qu'ä la nature de la matifere employöe qui n'etait pas toujours lamßme. J'en etais ä faire des suppositions, lorsque le remarquable travail de M. le docteur Gluge, aujourd'hui professeur a l'universitö de Bruxellos, vint ä inon secours en me facilitant les moyens de sprtir de mes inoertiludes (1).
Fixe sur le choix ä faire de la mauere ä inoculer, il me restait ä verifier si la maladie etait contagieuse et si les animaux etaient aptes ä la contractor une seconde fois.
. Dans les etablissements d'industrie agricole, comme cpux de Hasselt, on n'entretient du bötail que pour le preparer ä la bou^ eherie. Je ne pouvais, en consequence, trouver ä Hasselt, ni dans des foyers analogues, les elements necessaires ä la solution des questions qui m'intöressaient le plus. Les animaux n'y sejournent pas assez longtemps, ou on les sacritie au debut de la maladie pour 6vilcr la contagion et dos perl es plus considerables, ou on les livre au commerce de la boucherie aussitöt qu'ils ne paient
(1) AÜai der Pathologischen anatomie, fur Aerzte und Studirende; I^na (1843).
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(7) plus, par m benefice asse? ölevö, la valeur des alunepta qu'on leur donne.
C'^tait done pros des cultivateura, des vetörinaires et des auto-ritös habitant lea localitös qui ayaient etö las premieres visilees par le fl^au, queje pouvajs recueillir d'utiles renseignements.
Je fjs part de mes eseais et du but que je poursuivais k M. le ministre de l'intdrieur de Belgique, en le priant de oonsiderer ma communication comme confidentielle, et de laisser möme ignorer a ses bureaux l'objet de la missiop que je sollicitais de sa bienveiU lance öclairee.
Gp haut fonctionnaire, le 15 mai 1843, m'adressait la döpßche suivante i
Broxclles, tc mal I8i;i.
Monsieur,
J'aj examine avec inturet tons jcs |natlaquo;riaus que vous avez (Ujä reoueillis et
ip p|an du travai' qw vlaquo;4s prfljfiejs...,
V'pus pQuyez done, Morisieur, (Jans yfis voyages, vpus presenter fihe? HW, ks goiiverneurs des provinces, MM. les commissaires d'arrondissemeiit el bourg-mestres, MM. les membres des commissions provinciales d'agriculture et me-üecins vßtirinaires du igouvernemeRt.
Celte Ipttve sjuflii'a [mir lew faire eonnaitre le but et l'utlliU de vos exeur-sjpiis; i)s s'entprpsseront, je n'pn (loi(te pas, de vouf seconder fans, ^es \ie]\afr dies dQnJ 1^ payg dojj fgciieilljp |e frujt.
Le mitiistre Qe finUrieur, Signi Nuthomii.
Je visitai plusieurs localites des Flandres oft la maladie avajt le plua rtignu. Partout on me til, part de faits qui prouvaieqt que la plepOrpneumonie etait oontagieuse, et on ne eonnaissait pas im seul example qui temoignätque cette maladie föt susceptible de se developper une secopde fois sur la möme böte. J'apprismömß que les tres-rares sujets qui n'avaient pas suecombe etalent restös longtemps maigres, mais qu'aussitöt que l'embonpoint reprenait, il marohajt rapidement \ que les animaux conservaient presque tons une toux incurable, qui ^'alt^rait en rien leur sante. Dans Tabattoir public de Liege, je rencontrais souvent d'anciennes lesions pathologiques de la pleuroxpneumonie, qui n'avaient pas empechs les animaux d'acquörir up dagrö oopsiderable d'obäsitö.
Les animaux porteurs de ces anciennes lesions pneumoniques.
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provenaient, pour la plupart, d'amp;ables de Hasselt, oü la maladie n'a cessö de regnerdepuis 1836.
Je ne bomai point la mes recherches, et, apres avoir accumulö investigations sur investigations, je fus autorisö k considerer comme faitsacquisä la science: QUE LA PLEURO-PNEUMONIE 1NTERLO-BULA1RE EXSUDAT1VE fiPlZOOTIQUE EST CONTAGIEUSE ET QU'ELLE N'ATTEINT PAS DEUX FOIS LE MfeME SUJET.
Toutes les fois que I'occasion s'en est presentee, j'ai cherchß ä constater le fait que la pleuro-pneumonie ne se manifestait pas deux fois sur la meme bete. C'est surtout dans les abattoirs, comme je 1'aidit, que j'aipu acquerir cette conviction. En effet, j'y voyais abattre des boeufs dont l'embonpoint et la santd ne lais-saient aucun doute sur l'etat physiologique des organes, surtout lorsque ces animaux provenaient d'une localite oil 1'^pizootie avait pour ainsi dire fixe sa residence. Et si je rencontrais d'anciennes adherences pleurales et ces bandes induröes de tissu cellulaire interlobulaire, qui sont caracterisliques de cette maladie, j'ötais bien fondö ä croire qu'une premiere alteinte du mal avait 6te suspendue, arretee dans ses progres, et qu'elle n'avait pas 6t6 röveillee au sein de l'epizootie. Cette opinion se trouve confirmee aujourd'hui par d'autres observateurs. Le savant inspecteur des icoles vöterinaires de France, M. Yvart, dans le beau rapport qu'il a adresse, en 1851, a M. leministre de l'agriculture et du commerce, cite des fails qui corroborent I'opinion sur laquelle repose la thßorie de ma decouverte.
Pourquoi la pleuro-pneumonie, cette affection öminemment con-tagieuse, pourrait-elle se produire plusieurs fois sur le mamp;nesujet, quand il est constant, aujourd'hui, que le claveau du mouton et le typhus contagieux du boeuf n'attaquent qu'une fois le memo animal ?
Cette opinion que la maladie n'est susceptible de se produire qu'une fois est, aujourd'hui meme, admise par les propriötaires de bestiaux, dans les localites oü regne l'epizootie. 11s choisissent les animaux qui ont 6t6 guöris de la maladie pour remplacer ceux qu'ils ont perdus. Cette opinion n'a pu s'accröditer ä la lögfere : l'experieiice, en effet, a prouvö qu'elle ^tait fondee et conforme aux fails bien observes.
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Ce ne fut done qu'ä la suite de mes recherches et de mes investigations de 18^3, que men opinion put se fixer sur le caractfere contagieux de la pleuro-pneumonie et sur la propriamp;6 sp^ciale que je lui ai reconnue de ne pouvoir attaquer deux fois la mrme böte. Jusque-lä je ne croyais pas ä la contagion; ä cette äpoque les anti-contagionistes amp;aient en majority.
Avant 1843 , mon opinion sur l'inoculation et sur son efficacit^ preventive ne reposait que sur des analogies , des deductions , et sur mes experiences personnelles qui n'avaient pas toujours obtenu un heureux resultat.
Jusqu'a I'epoque oü je pourrais obtenir des succfes constants, je ne devais rien faire paraltre au hasard. Dans mon ouvrage Sur les animaux domestiques, je cherchai a reculer la publication de l'article qui devait trouver sa place au chapitre de l'espöce bovine. G'est pour cela qu'arrive ä la vaccine, aprös avoir donnö sommairement Thistorique de cette decouverte, dont la premiere idöe revient ä un pasteur protestant de Montpellier, M. Babaud-Pommier, et ä laquelle Tillustre Jenner, en la propageant, a donne droit de cite chez tous les peuples civilises , je me contentai d'in-scrire au bas de la page 504 la note suivante :
laquo; Je ne m'ocaipe pas ici de la pneumonic et cela pour en laquo; donner une monographic specialc ä la fin du volume , de ma-laquo; niere ä la trailer avee plus d'etendue et scion /'importance laquo; quelle reclame. raquo;
Cette note, inscrite ä la suite de la vaccine, prouve que la decouverte de Jenner occupait mon esprit en meme temps que la pleuro-pneumonie.
Je publiai mon livre a la fin de 1841, en annon^ant que j'allais faire paraltre le journal La Sentincllc des Campacfncs, dont le lernumero date du 13 mars 1842.
Mon livre, comme I'indique son titre Livre des Campagnes, etait un ouvrage destine aux proprietaires ruraux. Ce n'etait pas une ceiivre purement medicale, mais un livre populaire, un guide agricole termine par un article de generates sur les epizootics, comme acquit de la promesse que j'avais faite ä mes lecteurs a la page 504.
J'ai donne dans cet article, ä la pneumonic epizootique, le nom
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d'lnlhinmaiim Urn vesieules jmlmonahes au du tism eellulaire itKervewculaire, J'ai indique les trois degres qui la constituent i Etftfiouemenl, hepafisalion rouijc et hepatUation grise. J'ai men-tjonn^ la percusmn et l'ctuscultaiion comnae les aeuls moyens de reconnaitrecettemaladie, qui, pour se developper, doit rencontrer chez les animaux une predisposition dont l'essence öchappe aux ipyestigations des gens de J'art.
J'ai do me borner ä indiquer aux proprietaires les moyens de reconnaitre cette maladie avec certitude et proposer un traitement rationnel. A celte epoque je no pouvais en dire plus.
En 1841, je u'ayais pu regoudre encore) les questions qui me firent solliciter aupres de M. le ministre de l'intorieur la mission que j'ai obtenue au mois de niai 18/|3.
' On cherchera sans doute ä opposer h mes assertions d'aujourd'hui I'opinion que j'ai emise dans mon Livre des eampayms mr (es animunx dpniesliques, ecrit en 18/|1. Mais, apres les dätaila en quelque sorte chronologiques et les motifs indiques dans ce Mö-moire, on n'arrivera pas a me contester la priori te de ripoculation, pratiquee en vue de prevenir la pleuro-pneuponie du betau. All sein de l'Academie royalede medecine deBelgique, M. le profe$r senr Lombard a declare que mes essais, faitg avec sa cooperation, remontaient ä l'annee 1836. Get homme eminent a reclame pour moi la paternite de la decouverte; il a jnvoque le temoignaga d'un formier *de la province de Liege, qu'il visitait, en 1852, en sa qualite de president de la commission medicale, accompagne du secretaire M. Gh. Davreux, du medecin vetörinairedugouvernement, M. La-: cour, et du docteur Boens, chef de clinique mödlcale ä l'universitö; il a dit que ce fermier leur avait declarö qu'en 1840, je lui avals propose d'inoculer son bdtail; qu'il s'y etait refuse, malgrö mes instances reiterees, et qu'il avait perdu quarante-cinq betes de la pleuro-pneumonie. Une circonstance qu'il est bon de noter ici, e'est que deux vaches qui m'appartenaient et que j'avals inoculees sent les seules que I'epizootie ait respectees dans la ferme.
Chaque folg que j'avals roccasion de m'entretenir du fleau avec les veterinaires, je leur demandais de recourir ä rinoculation comme moyen preservatif. Voulant m'assurer si d'autres ötaient plus avances que moi dans la vole qusect; j'avals le premier indiqu^e.
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je pri^ le psni da nieitre, en 4sect;/(7, ä ja rtispoaUion draquo; gouveme-ment beige, la somroe de 300 fr,, en fayeur dw niejlleur raquo;nemoire sup la pleiiro^pneqnionje du bplaij et Jes moyeps de la pr^venir. he minister? attach^ upe si grande ipopprtsnce^ la solution de cette question, qu'il ajouta une somme feale ä la mienne en favour de l'antepp (iu ipeillevir p^enioire qui serait envoye ä l'iVcad^fnie rgyale de jnamp;leeincopy; ^e gplgique avantje 1er nvril 1849.
Aucune röponse n'est parvenue ä I'Academie pour ]e terrpe fl^e, Je n'avais qu'une pensee, celle d'etre utile a l'agricwltiire, en con-tribuant ä faire disparaitre un fleau qui, chaque annee, fait de si nombreuses victimes.
Mes occupations et mon söjour dans la capitale de Belgique me rendaient diffiQJles Jes experiences que j'aurais voplu eontipuer saps interruption,
. {Ji lg fevrier 1851, jeine rendis ä Hagselt, oü Tepizoptie faisait de grands ravages. J'y ßs la rencontre d'un jeupe confrere, et lui donnai le conseil d'essayer l'inoculation pour prevenir la pialaT, dig qui faisait, dans les etables de M, Wüleips ^pn pere, de poni-brepges victiipes,
tes rppherehes jlopt je m'occupais deppis longtemps ni'avaient convaincu que je fleau ne pouvpit disparaitre que par l'inocula-lign. Mqp pqpseil fijlecpute avec beaucoup d'atteption. ]e pepondis apx questions que M. Willem^ rp'adressa, esperant qu'il me ferait connaitre pn joup le resultat des essais que je lui ayais sigpales. Mais je ne recms point la communication que j'etais en drpjt d'ab tepdre,
Qepepdapt, un an apres, au cpmmenpeipept d'avril 1852 (le 7 de pe mpis, si ma mempire ne me tmnpp pas), je yis a rabattpir de Bruxelles quelqpps bfflufs qui avaient perdu le bout de la queue. Je Ips examinai avee soin, et je reconpps bjentot que cgtte piuti-r latiop ^tait 1p rögpltat dß l'ippculatiqn,
Je erus prudent alors, daps l'intergt de la ppiqpile, de pe pag tarder ä dppqser, daps des pjiscacbetps, a rin^tjtpt de France, a la Societö centrale et nationale d'agrigultupe de Paris, a la Socjete de Versailles, du Captal. dupapd, ä rAcadeniierqyaledes sciences de Berlin, le rösuUal (Je nia deßPHverto {le sijence de M. WiUems Fen(}ait ceüf! prfgaption prgeptg):
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Un journal politique beige, Vlndependanee, lit connaitre, sous la date du 3 mai 1852, que M. Willems de Hasselt ötait l'auteur de la döcouverte de rinoculation pour prevenir la pleuro-pneumo-nie; que ses experiences remontaient au mois de fevrier 1851.
Cette publication dut me surprendre; le meme jour, 3 mai 1852, j'^crivis ä M. le docteur Willems pour voir s'il aurait la bonne foi de reconnaitre que le conseil d'inoculer lui avait 6tö donn6 par moi.
Voici la lettre que je lui adressais:
Bruxelles, 3 mai 1853. lt;( Monsieur et honors confrere,
laquo; Je lis dans le journal Vlndependanee de ce jour un article oü laquo; on vous Signale comme l'inventeur de la decouverte de l'inocu-laquo; lation pour prövenir la pleuro-pneumonie exsudative de l'es-laquo; pece bovine ; que vos experiences remontent au mois de fö-laquo; vrier 1852.
laquo; Je vous felicite trfes-sineferement des r^sultats que vous pa-laquo; raissez avoir obtenus dans vos experiences relatives a une mala-laquo; die qui exerce tant de ravages dans un des premiers elements laquo; de ragriculture, base de l'existence des nations.
laquo; Je ne doute pas de vos succös, Monsieur, car de mon c6t£, laquo; dös 1835 et 1836, j'ai signal^ l'inoculation comme le pr^ser-laquo; vatif par excellence de la pleuro-pneumonie ^pizootique, comme laquo; on l'appelait alors.
laquo; Je me suis livre ä une serie d'experiences, et, dans des cours laquo; publics de pathologie generale et de thörapeutique g^n^rale v6-k törinaires, que je donnaisä l'^cole de Ltege, lorsque je cherchais, laquo; avec quelques-uns de mes confreres, ä faire profiter la medecine h vft^rinaire des conquötes de sa soeur ain^e, la mamp;iecme butt maine, surtout pour les maladies qui ont leur siöge dans la laquo; poitrine, je proposal d'imiter Jenner et de recourir ä l'inocula-laquo; tion de la maladie elle-m6me, pour 6viter son apparition sous laquo; les influences ^pidömiques.
laquo; Je n'entrerai pas ici dans les döveloppements dont je me laquo; servis pour proc^der par analogic et deduction, qu'il y avait des laquo; maladies qui ne se raanifestaient qu'une fois dans le cours de
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( 13) laquo; l'existence de rindividu ; que le medecin etait quelquefois tres-lt;( heureux de pouvoir les communiquer, ä volontö, sous dose mo-laquo; leculaire, sous forme Wnigne, pour ^viter des ravages qui fran-laquo; chissent bien vile les limites de la therapeutique, quand ces laquo; maladies apparaissent sous forme ^pidömique. Exemple : la va-laquo; riole, la scarlatine, la rougeole chez l'homme; le claveau dans laquo; l'espfece bovine, etc.
laquo; En 1842, je continual mcs experiences ; elles n'eurent pas laquo; tout le succös que j'en attendais, parce que je n'etais pas par-laquo; venu ä moderer la trop brusque absorption du virus inocuM, laquo; ou parce que je le choisissais mal. Depuis lors, je. n'aipas eu laquo; assez d'occasions de continuer mes experiences sur une grande laquo; echelle. J'ai cependant remarqu^ que les animaux soiunis ä laquo; I'inoculation, qui avaientechappe ä l'effet toxique de ce moyen, laquo; n'ont pas ete atteints de la pneumohie, malgre toutes les tenta-laquo; tives de contagion auxquelles je les ai soumis. Mon opinion alors laquo; aelefixee, et j'ai depose sous pliscachett'S.äl'Institut de France, laquo; k l'Academie des sciences de Berlin et dans plusieurs autres so-(( cietes savantes, le moycn de I'inoculation, comme lepreservatif n certain de la pleuro-pncumonie exsudative.
(( Je tiens moins ä revendiquer la priority de la decouverte qu'ä laquo; la conduire ä im resultat utile pour l'agriculturc, et je regrette, laquo; dans l'interet de la r^ussite du moyen, que vous ou un de vos laquo; amis ayez donne a un journal polilique I'inoculation comme laquo; une decouverte a l'abri de tout insucces ; car je puis vous dire laquo; que l'experience m'a prouve que, si l'on inocule du virus pro-laquo; venant des poumons atteints au dernier degre de la maladie, laquo; ondeveloppe des accidents mortels ; que cette operation, con-laquo; liee ä des mains inexperimentees, peut compromettre le succes.
laquo; Je me vois en quelque sorte oblige de publier quelques re-laquo; flexions au sujet de l'article insere dans l'Indepemlance. Cepen-lt;( dant, conmie mon but n'est pas de faire une chose qui pourrait laquo; vous contrarier, je vous prie de me faire connaitre vos observa-laquo; tions et d'agreer l'expression de ma parfaile consideration.
laquo; Dr de Saive. raquo; Gelte lettre exigeait une reponse; on devait l'attendre d'un
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hoinme qui, par sa profession^ no devait pas ctro ötranger au sentiment des convenances: Uil confrere loyal devait s'expliquer, et dire d'oü lui etait venue la premiere idee d'inoculer la pleiiro-pueumonie. Mi Willems ne repondit pas. J'adressai ä M. Willems iihe Seconde lettre qlie void :
Bruxelles, 26 mai 1832. laquo; Monsieur et houore confrere,
laquo; Vous n'avez pas juge ufile de repondre ä la lettie qite j'ai eu laquo; l'honneur de vous adresser le 3 de ce inöisi
laquo; J'avais eü soin cependant de he rien vous dire de l'entrevue laquo; que j'avais eue avec vous le 16 fevrier 1851raquo; esperant que vous laquo; auriez la loyaute de reconnaitre que ce jolir-läj dans une con-laquo; versatiou au sujet de la pneumonie exsudative, je vous avals laquo; indique I'inoculation conime pouvant seule prevenir cette fu-laquo; neste maladie, en vous engageant a recoiirir a ce moyen. Votre laquo; silence aurait-il pour but de chercher h vous appMprier laquo; l'idee de rinoculatioii que j'experimentais des 1836?'^- Jene laquo; puis le croire; car les depots que j'ai faits aiix societössaväutes, laquo; et le temoignage des homines tres-huut places dans la science laquo; protesteraiebt Centre cette pretention. Je dois done regarder laquo; Votre silence, s'il est calculeraquo; comme un manque d'egards qui laquo; me degagCj pour l'avenir, de touteS reserves au sujet de la re-laquo; vendication de la priorite ä laquelle; comme je vous le disais, laquo; je tenais moins qu'ä conduire I'inoculation a un resiiltat utile laquo; pour I'agriculturei
laquo; Je vous prie d'agreer mes salutations.
laquo; Dr De Saive; IS
Cette seConde missive eüt le mimö sort qüe iä prettiiöfe. Mi Willems garda le plils profond silence. On expliquera difflcilement ce mutisme de la part de mon jeime confrere, a tine epoqlte sLu'tOilt 0Ü il etait si desireux de publicity, que chaqtte joitr il adressait aux journaUx des reclames en sa faveuf polir se faife proclamef le Jenner du bcelif.
Enfm, le 18 septembrc 1852, M. Willems, en reponse au Journal medical le Scalpel, adresse la leltrc que je reproduis litteralementi
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( 15 ) 4 Monsieur FesthAeüts, rMacteur du Scalpel.
Je lis, dans le numero du 30 aoüt de rotre journal, un article qui me concerne. Je vous prie, Monsieur, dans l'interet de la verite, de vouloir inscrer, dans le procliain numero du Scalpel, les lignes suivantes :
Qüatit ä k debdUvevte de I'inoculabilite en eiie-meme, je il'en diral rien; .j'attendrai le resullat des experiences qui se font en ce mortieht sür Uilö Vasle Schellei
Aujourd'hui; je ne veux eclairer le public quo sur les pretendus rapports qui, d'apres volre correspondant, auraient existe entre M. Desaive et moi.
Je nie de la maniere la plus formelle et la plus energique que l'idee de l'i-riöculaüöil de la plcitro-pheumonie m'ait etc suggeree par M. ticsaive. Je nie qu'il ait jiimais parle d'inoculalion soitä mon pere, soit a moi. Lörs de sa visile a Hasselt) en fevricr 1831, il y etait venu uniquement pout- engager MM. les distillateurs ä assurer leur belail; e'est olors que je i'ai rencontre dans la rue, et e'est la seule fois de ma vie que je lui aie dit quelques mots indifferents el en passant. Du reste, cette rencontre ibrtuite a eu lieu alors que je pratiquais dejä I'ihoculalion. (Voir le Memoife.)
Je Hie que M, Desaive iii'ait ecrit iis rapparilion de moh Memöire; il he I'a fait que six semaines apres. Eh! le premier venu ne peut-il pas en faire autant? Aussi je n'ai pas daigne lui repondre.
Lors de la publication de mon Memoire (le 22 mars 1832), j'experimentais I'inoculation depuis quinze mois ['#9632;IS decembre 1830). Une foule de betes sou-mises ä moh pfbeede d'inoculation etaient dejä livrees a la consomiiiation dans les villes de Bruxclles et de Liege;
Quahd M. Desaive m'a ecrit, le pays tout entier etait en possession de mon secret, tout le mondc etait preoecupe de mon invention. Une commission speeialc cbargee de l'experimentalion etait nommde en Belgique, par arrete ministeriel en date du 3 avril 1832.
Dans totis les pays itfäiigefs on cn ävail connaissahee : en Hollande, une commission etait dijä nommee par le göüvernement, ä l'effet de s'occüper de mon precede de preservation conlre la pleüfO-pneumonic 6pizootiquei Toules les feuilles en avaient parle; entln partout on s'oecupait de rinoculation. Et voila que, apres un long silence (le 3 mal 1832), M. Desaive m'ecrit une lettre dans laquelle il me dit: J'ai fait, cn 1836, la meme chose que vous faites aujourd'hui. Remarqucz bleu que dans cette lettre il ne fail aueune mention de ce qu'il ni'aurail suggerc l'idje de I'inoculation. Le 26 mai sculement, mon honorable collfeguo aVec lequel je n'ai Jamals eu les moindres relations, me dit: Votre invention est la mienne, je vous I'ai communiquelaquo;..; La bon sens du public appreciera.
Agreez, Monsieur le redacteur, l'assurancc de ma parfaite consideration.
Hasselt, le 18 septembre 1832;
Draquo; L. WiLlEÜs.
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Cetle lellre esl trop curieuse pour qu'on puisse la laisser passer saus observation. Reprenons-eu quelques passages.
laquo; Je nie de la maniere la plus formelle et la plus energique laquo; que l'Ulee de Cinoculation de la pleuro-pneumonie m'ait ete (( tuggeree par M. Desaive. Je nie quit ait jamais parled'raquo;laquo;o-laquo; culation suit a mon pere, soil ä nioi. raquo;
Apres un silence de pres de 5 mois, une pareille declaration me parait avoir perdu de sa sincerite, surtout quandj'auraiprouve que M. Willems commet parfois des erreurs, puisqu'il fait inter-venir son pere dans le debat; je dirai bientot quelle confiance on pent avoir dans ce temoignage.
M. Willems pere, dans la session de 1847 du conseil superieur d'agriculture de Belgique dont il faitraquo;partie, lit connaitre au conseil que les fumigations de chlore dont il faisait un usage quoti-dieh avaient chasse de ses etablcs la pleuro-pneumonie qui lui avait fait eprouver tant do pertes. Que la maladie, depuis Temploi regulier desmoyens avait cesse chez lui: qu'on pouvait considerer ces fumigations comme un preservatif certain de la funeste epizootie qui desolail les ^tables des distillaleurs de Hasselt.
Le conseil d'agriculture, saisi de cette communication fit re-marquer a M. Willems que cette pratique pourrait bien etre utile; mais que, confiee ä des mains inexperimentees, eile serait de nature a provoquer la toux par l'action stimulante du chlore sur les voies respiratoires; que le conseil ne pouvait recommander d'une maniere generate etabsolue aux cultivateurs, des fumigations qui n'elaient pas exemptes de dangers. Le conseil superieur d'agriculture, dont je faisals partie, ne voulut pas ralentir le zele de ce respectable vieillard, de ce Nestor des distillaleurs, en lui faisant remarquer que ce qu'il voulait faire passer comme une decou-verte due a ses recherches chimiques etait une preparation bien connue et employee a la desinfeclion des etables depuis pres d'un demi-siecle ; que le Journal du Limbourg avait public que ce moyen, recommande par un medecin veterinaire tres-experi-mente a Hasselt, M. Maris, paraissait avoir amene quelques bons resultats.
11 resulte clairement de ce qui precede que les idees dont MM. Willems pere et Ills s'attribuent remission premiere, en fait
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(17) de chlore comme d'iuoculalion, peuvent fort bleu ne pas leur ap-partenir.
Voyons cependant si MM. Willems möritent d'etre cms sur parole.
En 1846 , M. Willems pere annonce comme une conquete due ä son initiative les fumigations de chlore et afflrme qu'elles ont eu chez lui un tel ramp;ultat que la maladie est bannte de set etables.
Dans sa lettre qui porte la date du 22 mars 1852 (publiee ä la fmdu mois de juin 1852), adressee ä M. le ministre de rinterieur de Belgique, M. Willems fils s'exprime comme suit:
laquo; Les etables demon pere n'ont jamais etö exemptes de malades laquo; pneumoniques depuis 1836 jusqu'au 10 fövrier 1851. raquo;
Lequel des deux de M. Willems pere ou de M. Willems fils ne dit pas la stricto verite ? Tous les deux peut-etre. Quelle coniiance peut-on avoir dans le dementi publie dans le Scalpel par M. Willems fils (1) ?
laquo; Lars desa visile ä Hassell, en fevrier 1851, ?7(JU. deSaive.) y elait vctiu uniquemenl pour engager MM. les disiillaleurs ä assurer leur belail; c'esl alors que je l'ai rencontre dans la nie , et ccst la seule fois de ma vie que je lui aie dit quelques mols in-differents et en passant. Du reste, cette rencontre fortuite a eu lieu alors que. jepratiquais dejä l'inocutation. (Voir le Memoire.)raquo;
Si on pouvait s'en rapporter absolument ä M. Willems, il sem-blerait qu'il m'a vu dans la rue, en passant a cötö de moi sans me connaitre. Serait-ce l'habitude ä Hasselt d'aecoster dans la rue les gens qu'on ne connait pas, pour leur dire des choses indifferentes ? Mais M. Willems se souvenant que j'etais ä Hasselt au mois de fevrier 1851, pour engager les distillateurs ä faire assurer leurs bestiaux centre la mortalite qui ravageait les etables, fera difflcile-ment croire que jene l'ai pas entretenu, lui fils de nourrisseur, de la maladie qui m'avait fait choisir cette epoque de l'annee pour entreprendre cette excursion. Au mois de fevrier, la ville de Hasselt n'offre aux touristes ni les plaisirs de la ville, ni les delices de
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(1) Le Scalpel, journal medical beige, pnblie ä Lieglaquo; sous la direction d'un hemme tres-distinpue, M. le docteur Fcstraets.
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la campagne; et les charmes ,d'une conversaliou au coin d'une borne soul peu desirables, on I'avouera.
Gelte rencontre fortuite, cette conversation en plcin air, ont eu lieu alorsque M. Willems pratiquait deja rinociilation,dit-il.Comine preuve de mon assertion voycz mon Memoire, dit M. Willoms 1
La rencontre a eu lieu lo 16 fevrier 1851, et 1c Memoire fait re-montcr au 10 du meine mois les essais d'inoculation de M. Willems, six jours avant la rencontre fortuite dans la rue apres line conversation insigniliante.
Eh bien, qu'apprend ce Memoire, dont j'aurais a m'occuper ; e'est qu'avant ma visile a Hassclt, M. Willems aurait pratique quatre inoculations ct qu'il dit les avoir failcs le 10 fevrier. Comme M. Willems sera pris plus d'une fois en flagrant delit d'iuexactitude, n'aurait-il pas involontairement indique la date du 10 fevrier au lieu de celle du 20 ?
laquo; Je nie que M. Dcsaive m'ait ecrit des l'apparilian. de mon Memoire; il ne I'a fait que six semaines apres. Eh I le premier venu ne peut-U pas en faire autanl? Äussi, je n'ai pas daigne lui repondre. gt;
La premiere lettre quo j'ai adressec a M. Willems portc la date du 3 mai 1852, la seconde celle du 26 du meme mois.
11 semblerait quo le Memoire de M. Willems eilt ele public avant le 3 mai.
Examinons les fails.
Le Memoire porte la date du 22 mars et il n'a ete rendu public qii'au mois de juin 1852. Void comment M. Willems le termine :
laquo; J'espcre, Monsieur le minhtre, que vans saurex m'indemniier dignemenl lie mes pe'mes et de mes sacrifices. En veritable cceur bien ne, comme enfant de cetie belle et florissante Belgique , je me suit adrcsse tout d'abord au (louvernement de mon pays , el s'il resuile qttelquc l/ien de mes recherckes el de mes experiences, je veux que lout d'abord aussi ma patrie en retire le benefice. raquo;
11 resuile de ce langago que M. Willems a voulu laisser a son
pays la primeur , la virginite de ses travaux, de ce qu'il nomme
sa decouverte , qui n'a ctö connuc da public quo par le journal
I'Indepcndancc qui publia la premiere reclame le 3 mai 1852.
' Le meme jour j'ecrivis a M. Willems une leltre qui aurait dii lui
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montrer la faussc route oil il s'ongngcait; vmiraquo; il hi daigna pns mcrcpondre, L'avcnir protivcra s'il a eu raisotlt Jusqu'au 3 mai 1852, jo n'avais eu aucuiiG connaissance du travail deM. WillcniSi quc ce dernier avail confie ü la discretion et ä la loyautö do M. le ministro do riilterlour. Co ne fut cju'au mois de juin , lorsque j'etais occupe en Allemagne k mettre en prfttique ma mamp;hode d'inoculation, que le journal beige A'Agrictdlure pratique publia le travail de M. Willems. Lc ministere do I'intdrieur le publia, de son cote, dans le courant du mois de juin, C'est alors seülemcnt que je pus voir que M, Willeras avail mal compris mon conseil, qu'il n'avait relcnu qu'uno partie de ma communication doiit il avail maladroitement fait usage.
Des ce moment, je mis de la reserve dans mes operations. Jo dus laire un secret de ma decouvertes Une premiere confidence avail tout compromis. Je dus operer en silence el subir les reclames maladroiles. Tel fut mon role, me reservant de rompre le silence quand M. Willems aurait echoue, Get dchec que jo prövoyais devait inövitablement se produirö.
Quand M. Dcnaive m'a cerit, le pays tout emier MuH eti put* sestion de mon teeret: tout le monde etait preocctipe de mon ilaquo;-venlion. Une contmimion raquo;pccialCi cliai'gee de I'experimentation^ clail nommde en lielgique, par arrtle niinisicriel eft date du 3 aoftt 1852.
M. Willems so trompd, le monde h'a 6t6 saisi de Uli, de son merite, de sa renommee, par des reclames bruyantes, qu'd partir du 3 mai 1852. Avant celte epoque, Mi Willems vivait scientifl-quement dans la plus profondc obscurite, obscitritö d'ofi 11 n'aurftit jamais dii sortirpar la porto du plagial et do I'usurpation.
L'arretö du 3 avril invoque par M. Willems, n'a ete publie dans le Monitetir beige que le 3 juillet 1852, el dans sa circulaires aüx gouverneurs, qui porte la date du 2li juin 1852, M. le ministre de l'interieur en adressant le Memoire ä ces hauls fonclionnaires, les informe que la commission qu'il a instituee a commence $e$ operationraquo; depuis plusieurs jours*
Que devient rassertion de M, Willetos en presence de ces dates alilhenliques?
M. Willems a chcrchd par k bruit a ötoUrdii1 tout lc toofldc! il
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(20) a eleve la reclame ä sa plus haute puissance pour faire croire ä une decouverte qu'il n'a pas faite, qu'il n'a pas tneme su compren-dre, semblable aux enfants qui se blessent en jouant avec des armes que l'imprudence a laissöes a leur portöe.
Voici la narration exacte de mon excursion ä Hasselt, le 16 fe-vrier 1851, oü j'avais appris que l'öpizootie exergait de grands ravages.
Le 16 fevrier 1851, accompagne de M. Maris, mödecin vöteri-naire distingue a Hasselt et qui y jouit d'une consideration meritee, jeme rendischez M Vanvinkeroy, distillateur, ou I'epizootie r^gnait et oü eile faisait de si nombreuses victimes, que cet honorable nour-risseur avail pris la resolution de remplacer les betes bovines par des pores pour consommer les dechetsde sa fabrication de genievre.
Je fis visite ä mon ancien collegue du conseil superieur d'agri-culture, M. Willems pere, qui me presenta un de ses Ills, qui etait docteur en medecine.
Nous parcourümes ensemble les Stables de M. Willems oü plu-sieurs boeufs etaient atteints de la pleuro-pneumonie. La conversation roula d'abord sur cette terrible maladie, sur les lesions patho-logiques qui la caracterisent, sur l'impuissance de l'art a la guerir. Cefut, pendant cette visite, que je donnai le conseil a mon jcune confrere d'essayer I'inoculation pour prevenirce lleau, etjeluidis que, depuis longtemps, je m'etais occupe de cette question, et que, dans ma conviction, I'inoculation etait le preservatif par excellence de cette redoutable maladie. M. Willems fils me preta une attention soutenue, m'adressa quelques questions auxquellesje repondis, sans reserve, sans defiance, heureux que j'etais de rencontrer quel-qu'un qui mit mes conseils a I'epreuve dans le foyer epizootique, fit de nouvellos experiences et me tint au courant des resultats. M. Willems pere me fit remarquerune innovation qu'il avaitintro-duitcdansle Systeme de stabulalion de quelques-unsde sesanimaux.
Gelte innovation, ayant pour but d'Oconomiser la litiere, consistait dans une fosse recouvcrte d'un grillage sur lequel reposait le becuf.
Cette innovation, je ne pus I'approuver, et je fis valoir de nombreuses raisons qui devaient la faire abandonner. Une discussion s'engagea; ma conclusion fut quo rexpürience fcrait bicntol renoncer I'eleveur l\ cette malheureuseconception. J'ignore si, ä I'lieure qu'il
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( 21 ) est, les bceufs de M. Willems sent encore sur la grille. Ce qui est certain, c'est que le fils de M. Willems, convaincu d'usurpatiqn, se trouve aujourd'hui dans une position un pen embarrassante. A qui la faute ? Si, au lieu de garder le silence, il avait daignö repondre ä ma leltre du 3 mai 1852, je lui eusse signale son erreur; car, ainsi que je le lui ecrivais, laquo; Jc lenais mains ä revendiquer la priorile de la decouverle qu'ä la condnire ä un resullat ttlile pour I'acjri-culluie. gt;
Poursuivons rappreciation de la leltre de.M. Willems. Dequelque maniöre qu'on I'examine, on en fait sortir une contradiction ou une contre-vörite; et le sujet en vaut la peine.
n Duns lous les pays eirancjers, on en avail connaissance: en (( Hollande, une commifsion etait dcja nommee par le ifouvirne' lt;( menl, d l'effei de s'occuper de mon procede de preservation a coutre la pleura pncumonie epizooiique. Toutes les feuilles en laquo; avaienl parle; en fin parlout on s'occupait de I'inoculation. Et. laquo; voilä que, apres an long silence {le 3 raquo;jai 18^2 seulement), laquo; 3/. Desaive m'eerit une leltre dans laquelle il me dil : Jai fail, laquo; tn 1836, la meme chose que vousfaites aujourd'hui. Herfiarquez laquo; bien que dans celte leltre il ne fait aucune menlion de ic qn'il laquo; m'aurail mqqere l'idee de I'inoculation. Le 26 mai seulement, laquo; mon honorable colltyue, avee lequcl jc n'ai jamiis eu les laquo; moindres relations, me dil : Votre invenlioii esl la mienne, laquo;je vous I'ai conimuniquee... Le bon sens du public appic-laquo; ciera. raquo;
Ainsi M. Willems soutienl qa'avant 1'article-reclame public dans le journal politique V Independance, le 3 mai 1852, tons les pays Strangers avaient connaissance de sa pretendue decouverte?
Cette connaissance a du leur parvenir, ou par la presse, ou par lui. Or, je lui oppose le defi le plus formel de produire une seule publication qui ait cM son nom, ses travaux, sa decouverte avant le journal beige VIndependance. C'est ce journal qui a revile son nom au public pour la premiere fois le 3 mai 1852. C'est done par lui, par lui seul que les paysetrangers ont ete informamp;s? Et il n'a gufere tenu I'engagement pris envers le ministre beige, lorsqu'il sollicitait de lui une indemnity digne de ses peines et de ses sacri' fices; lorsque, en veritable cwur bienne, comme enfant de celte belle
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et floriitatite Belfjique, il offrait sa döcouverle au gouvernement de son pays, qui devait le premier en retirer bönöflce.
Ah! Monsieur Willems, pourquoi n'avez-.vouspasaltendu que votre pays eiit ramp;coM les bienfaits de votre invention? Vous aurez sans cfoute tenn le mßme langage, faitla m^me promesse, demandd les mömes recompenses a chaque gouvernement. C'est ce qui vous fait dire qua les pays ötrangers ötaient en possession de votre dö-couverle. Comment ont-ils repondu ä votre cosmopolite döslntö-ressement?
Si dans ma premiere lettre ä M. Willems, je ne lui parlais pas de mon entrevue, de ma communication et du conseil que je lui donnai de recourir k I'inoculation, c'est que j'avais voulu laisser a sa pudeur le sein de reconnaitre que I'id^e lui avait 6l6 inspire par moi. Je voulais immödiatement appröcier sa moralite sclenti-lique; savoir a quoi m'en tenir.
Je ne devals done en rien goner sa conscience; mon role devait se borner ä aider sa memoire j les meilleurs sourds sont ceux qui ne veulent pas entendre.
De ces details, qui seraient trop longs et trop personnels, s'il ne s'agissait pas d'un fait qui appartient a l'histoire de l'agriculture, il r^sulte que mon jeune compatriote a cherche h s'approprier une idee, une decouverte qui ne lui appartient pas, qu'il ne I'a pas comprise; que, pressö de l'exploiter, il I'a compromise aux detriments do la fortune publique et de sa consideration privee; une pareille conduite est reprouvee par la morale, et l'opinion publique la fldtrira.
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DU H^MOIHE SUR LA PLEUHO-PNEUMONIE fiPIZOOTlQUE 1)U BliTAIt, PAR M. LOUIS WILLEMS, DOCTEUR EN MÄDECINE A HASSELT, PUBLII? PAR LE MINISTfeRE DE l'iNTÄRIEUR DE BELGIQUE ET ADRESSE LE 24 JÜIN 1852, A TOUS LES GOUVERNEURS DES PROVINCES, AUX COMICES, AUX SOClf.T^S AGRICOLES, AUX VÄTfiRINAIRES, AUX COMMISSIONS d'AGRICULTURK ET AUX COMMISSIONS MÄDICALES.
D'aprös l'äuteUP, le t/aufjotic mw yramlröle dam les anvalcs de la civilhathn. Ce n'est pas nous, assurdment, qui contesterons au beeuf sa haute utilitö agricole; mais, s'il en es( ainsi, aux yeux de
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laquo;tfiä
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M. Willems, nous craignons bien que son Mamp;noire, avec lequel il a fait lant de bruit, ne seit appelö aux mömes destinöes dans la littd-rature mödicale.
Quel sort, en effet, pourrait 6tre r^servö ä un travail od la logique et la science re^oivent ä chaque pas de cruelles entorses?
A qui M. Willems pouvait-il s'adresser, lorsqu'il a öcrit ce singu-lier factum ? 11 est impossible de voir tant d'erreurs et tant de contradictions rassemblöes en un si petit nombre de pages.
Commengons parciterici lejugement formula, le 31 juilletl852, par la commission de Tacadömio de mödecine de Belgique, chargöe d'examiner le cöte scientifique du Memoire de M. Willems.
laquo; Les opinions sctoiiißqnes dontM. Willems a semi son travail, laquo; ont Hamp; examinees avec la plus yrande attention et debattues laquo; contradictoirement avec sain et impartialite; la commission laquo; a pense, d I'unanimiie, qu'elles sent en (jiniral loin d'itre suf-laquo; fisamment jusiißies, qiiil en est mimed'ividemment contradtC' u toires, inconciliables. raquo;
Get arr6t, ömanö d'un corps qui presente toutes les garanties de science et de capacite, devrait rendre notre examen superflu; mais M. Willems a afflehö par ses reclames un charlatanisme si audacieux; il a si mal traitd tons les vötörinaires beiges; ceiix du moins, et le nombre en est grand, qui n'ont pas voulu le croire sur parole, tons ceux enfin qui ont refusö de s'incliner devant son gönie avant de s'ötre öclairös sur la portdo de ses prdtendues dd-couvertes , que nous croyons devoir donner ici l'analyse rapide de son Mömoire.
Cette partie de notre travail est devenuc nöcessaire surtout depuis la ramp;ente publication du rapport de la commission beige, rapport bien modere, bien sage, mais que M. Willems a fait attaquer dans un journal politique de Belgique, parceque les membres dont cette commission ötait formte n'ont pas chants ses louanges, proclamö sa bonne foi, admire sa science, parce qu'ils n'ont pas fait plier les fails scion les desirs et l'ambilion de notre jeune compalriote.
Le mddecin de Hasselt ne devra en vouldir h personne qu'a lui-meme d'un pared desappointement. Sa conduite, son langage, ses reponses, son ignorance lui ont vain une le^on. Puisse-t-elle lui profitcr ! Nous reviendmns sur co prdcieux document.
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M. Willems dit avoir puisö, dans l'arsenal de ses connaissances medicales, de nombreux ^l^ments de mamp;lecine comparöe pour en faire l'application ä l'ötude de la pleuro-pneumonie; il a soumis a rexpörimentation tons les traitements connus et pröconis^s. Nous voudrions bien le croire; mais tout ce travail a quoi a-t-il abouti? A constater l'efficacite remarquable du sutfure noir de mercure associe au calomel et a engager les veterinaires a recourir k ces agents therapeutiques; ce dont ils se garderont bien, car tout le monde, M. Willems excepte, sait que le mercure et ses preparations exercent une action toxique dangereuse sur le boeuf et sur le chien.
Comme tamp;noignage de l'efficacite de ce moyen, M. Willems affirme qu'il a gu^ri quinze betes pneumoniques sur vingt-trois malades. Toutefois, ces resultats annonces avec tant de pompe, pourraient etre soupQonnes de ne pas etre parfaitement authen-tiques, car ce beau succes n'a pas empeche M. Willems d'aller a la recherche d'un autre moyen preservatif, apparemment plus eflicace, ä moins de vouloir modifier les lois de la nature qui veut que tous les elres doues de la vie meurent. M. Willems aurait du arreter lä ses investigations et en etre tres-satisfait. Quinze gu^risons sur vingt-trois boeufs reellement atteints de la pleuro-pneumonie exsudative ! C'est lä assurement un resultat imposant; mais est-il vrai! Le doute est permls surtout quand nous voyons comment M.Willems ecritl'histoire de son invention, comment il rend compte des operations qu'il a faites on qu'il a surveillees, des resultats qu'il a obtenus; quand nous voyons comment il traite les personnes qui se sont fait un devoir de suivre les experiences, qu'elles ont pris au serieu x leur mission.
Nous citons les noms des personnes que le Gouvernement beige a dfeignees pour soumettre b. des investigations decisives le pro-cede preservatif indique par M. Willems:
MM. le docteur Sauveiw, inspecteur general du service de santö civil; Verheyen, directeur de l'ecole de mädecine velerinaire, vice-president de l'Academie de m^decine;
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MM. le docteur Bellefroid, chef de division de ragriculture au mi-
nistfere de l'int^rieur; Thiernesse, professeur ä l'öcole vetörinaire, membre de l'Aca-
dömie de mödecine; le docleur Gluge, professeur ä l'universite de Bruxelles; Douterluigne, medecin vötßrinaire du gouvernement; le docteur Theis, medecin ä Bruxelles; Defays et Husson, repötiteurs ä l'ecole veterinaire; les docteurs Fallet, Didot et Marinus, raembres de l'Acadömie
de mamp;iecine.
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Touscesnomssont synonymes de savoir et d'impartialite.
Comme il n'entrait pas dans les projets de M. Willems de recon-naitre que la premiere idee d'employer l'inoculation pour prevenir lapleui^o-pneumonie lui avait 6le inspiräe parmoi; comme il voulait se faire passer pour l'mventeur de la dlaquo;5couverte, afin d'en retirer honneur et argent; il s'est mis en frais d'imagination pour trouver un moyen de masquer ce petit larcin. II espörait ainsi que l'idöe envelopp6e de considerations physiques ne serait pas reconnue.
Pour atteindre son but, M. Willems s'est armö d'un microscope monstre; la precaution etait assez ingenieuse, car aux incredules tentes de contröler ses assertions, il pouvait repondre que, s'ils n'y voyaient rien, c'est qu'ilsavaient employe un instrument tropfaible.
Par malheur, la ruse a öte reconnue et n'a prouvö qu'une chose, c'est que M. Willems, pour vouloir y voir plus clair que tont le monde, a vu double; qu'il s'est trompß en cherchant a tromper les autres.
En effet, la partie de la brochure oü M. Willems s'amuse ä faire la description de ses recherches microscopiques sur des pou-mons malades et dans les intestins des animaux qui ont succombö ä la maladie, est extremement curieuse. II ne s'agit de rien moins que de deux decouvertes. Non content d'ambitionner le titre du Jenner du bceuf, M. Willems, arme de son immense lunette, vou-drait encore se faire passer pour le Leverrier de l'anatomie pa-thologiquc. Si on le croyait, on rencontrerait, dans l'intestin gr61e des animaux pneumoniques, des tubercules dorn le volume varie d'une tele d'epingle ä celui d'un gros pois, et, dans les poumoDg
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( 26) uialadis, de pi tils corpuscnks joutuanl d'tm mouvemeni mole-cnlahe #9632;parliculier.
Lcs mihncs elements microscopiques raquo;e retrouvaient dans les thsus inocules. (Kous citons textuellement.)
Voilasans doute de pröcieuses trouvailles, appuyöes de considerations trfes-savantes, devant lesquellestous les anatomo-microgra-phes n'auront qu'ä s'incliner. EUes n'ont qn'un defaut, celul d'etre contraires ä la röalitö. M. Willems, dans son ardent dösir d'in-venter, a pris, pour une döcouverte caraetörisant la pleuro-pneu-monie epizootique, des productions morbides qu'on rencontre dans tous les tissus inflammes, qu'ils appartiennent au boeuf pneumo-nique ou au cheval poussif.
En cherchant ä damp;ourner {'attention, M, Willems n'a pas 6te trfes-heureux; il a prouve , une fois de plus, qu'on se blesse en jouant avec des instruments dont on ne connalt pas I'usage.
Cette partie du travail de M. Willems, oü il s'oecnpe de travaux microscopiques, laissera croire aux mödecins habituös h ce genre derecherches, que cet habile inventeur n'a jamais maniö cet instrument, ou que, s'il lui est arrivö d'en toucher un, 11 n'a pas su s'en servir.
Dans le sein de la commission beige, M. Willems a vu s'öcrouler le petit ^chafaudage qu'il avait construit; il a eu beau s'etayer de son microscope monstre, il a inanquö son effet.
mS EXPERIENCES DE M, WILLEMS.
M. Willems öcrit l'histoire de ces experiences avec un luxe de dates digne d'un meillcur sort.
Examinons done actuellement la partie exp^rimentale de son travail. II dlvise ses experiences en deux series.
Dans la premi6re sent comprises les experiences lentees sur d'autres anlmaux que ceux appartenant k respfece bovine ; clans la deuxieme seric, les essais opdres sur des bötes a cornes.
Ce fut le 28 ddcembre 1850 que M. Willems fit sortir de son cerveau l'idöe premiere qui le conduisit a s'occuper de l'inocula-tion du betail. En suivant les raisonnements que M. Willems a
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exposes au niinistre beige, on pourra apprecier sa logique. Failaquo; sons mieux encore ; laissons-le parier lui-roßnie ;
laquo; Mon moyen pr^servatif, Monsieur le Ministre, consiste ä ino-laquo; culer aux aniinaux sains et bien portants la maladie elle^meme, laquo; au moyen du sang et des liquides expriraes du ponmon d'un (i animal malado de la pleuro-pneuraonie.
laquo; En etudiant la pleuro-pneumonie, j'ai cbercbe constamlaquo; laquo; jnent ä eclaircir un point excessivement important et encore laquo; tfös-obscnr, c'est-ä-dire la contagion de la maladie, admise par laquo; les uns, rejetde par les autres. Je coiiqus des doutes raquo;Mr la con-(i lafi'wu reelle de la maladie, et ces doutes ötaient pour nun une laquo;raison de plus pour entreprendre des experiences et pour tenter laquo; l'inoculation,laquo;
C'est pour lever ses doutes sur la contagion de la maladie que M. Willems choisit des lapins pour faire ses premieres experiences le 28 decembre 1850,
Les trois lapins, inocules ä ia cuisse, au cou et alaquo; thorax, avec Je liquide exprimö d'un poumon malade, n'ont rien ressenti, c'est-a-dire que M. Willems, n'ayant pu convertir la pleuro-pneumonie bovine en pleuro-pneumonie lapine, se repose du 28 decembre
185Öjusqu'aül0 fevrier 1851, pour faire choix........ du nez de
deux autres lapins pour y inoculer du sang et du mucus buccal provenant d'une vache malade !
On comprendrait cette maniere d'agir, si M. Willems avait voulu s'assurer de l'actiou de cette maladie sur des animaux ap-parlenant ä d'autres especes; mais, cherchant ä s'eclairer et ä lever ses doutes sur la contagion reelle de cette affection, on ne s'explique pas pourquoi il debute par experimenter sur des lapins.
On ne trouve d'autres motifs de cette maniere d'agir, que le be-soin d'arranger des experiences et des dates, pour les faire servir aux exigences de la priority, pour avoir l'air d'avoir concju, me-ditö et muri, depuis longtemps, une conception nouvelle.
Les essais fontös sur lo dindon, la poule, le chien, la chövre, le mouton, n'ont rien produit. M. Willems clot la siWe des experiences faites sur les animaux ötrangers h l'espöce bovine par une petite histoire ou sa maladresse lui a fourni l'occasion de s'ino-
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euler ä lui-mßme la mattere virulente de la pleuro-pneumonie sans plus de rßsultat que sur le dindon.
1 Infiu, le 10 fövrier 1851, M. Willems, avec timidite et en se caebant, comme s'il s'agissait d'une mauvaise action, osa se hasarder ä faire line petite incision h la base de la queue d'un petit boeuf de M. son pere, pour y deposer du sany de la veine juyulaire d'un bauf malade! Ce meme jour, il osa encore tenter I'mocu-lation, ä la base de la queue, de trois autres beeufs, avec des mucosiles sorties de la bouchc d'un Ixrnf malade, avec nn tuber-cute inleslinal delaijc dans de l'eun sucree, et, eiifm, en se servant du liquide exprime du poumon d'un animal pneumonique. Toutes ces experiences n'amenörent aucun r^sultat.
Mais ce que M. Willems oublie, e'est de faire connaltre dans sa brochure co qui est advenu aux quatre bceufs sur lesquels il a port6 une main timide. Sont-ils morts par le couteau du boucher aprfes avoir sejourn6 assez longtemps dans le foyer epizootique ? Ont-ils amp;£ preserves du fleau pour avoir servi ä des experiences clandestines et sans rdsultats ? C'est ä M. Willems liii-m6me qu'il faut adresser cette question.
Ces quatre boeufs wallons, M. Willems les fait-il figurer dans le total de ses succes? 11 n'en ditrien.
Suivons encore M. Willems dans la suite de ses experimentations du 10 fevrier au 5 mars. 11 se livra a ses meditations sur ce premier resultat negatif.. On ne devinerait pas quel fut le fruit de ses reflexions! -De la timidite, M. Willems passait a la hardiesse, en franchissant I'espace qui separe la queue de la tete. Il inocula cinq bceufs aux naseaux ! Voilä sans doute une heure'use conception.
Nous aljandonnons a M. Willems la priority et le monopole de cette idöe, qui lui appartient tout entifere.
L'illustre Magendie, ce grand experimentateur qui a fait faire aux sciences physiologiques taut de progres, n'a jamais eu cette pensöe des inoculations aux naseaux ! Comme c'est bien trouvö ! M. Willems, nous devons Tavouer, a renonce ä cette pratique, ä la vue de quelques accidents dont il crut eviter la r^apparition en choisissant rextramp;nite de la queue.
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Pourquoi M. Willems a-t-il fait choix de cette partie de Tanimal pour y lixer le domicile de sa decouverte ?
Mon savant confrere ne s'explique pas ä ce sujet; et il faitbien, car il lui serait assez difficile de justifler, par des raisons physio-logiques, les motifs de cette preference. Nous ne demandons pas de motifs ä M. Willems; il n'aime pas ä motiver ses determinations.
Du 5 mars 1851 au 10 mai de la meme annee, M. Willems ne teuta aucune nouvelle experience. Un des cinq boeufs inocules aux naseaux, le 5 mars, ayant offert des accidents dont il triompha le 10 juin seulement, reveilla sa timiditiS. Cependant, le 10 mai, il se decida ä inoculer du sang e.rpiimc des muscles et du liquide smiguinolent, spumeu.r, e.rprime d'un poumon malade, par deux piqüres ä la queue de neuf boeufs et de deux vaches.
Get etrange assemblage du sang sorti des muscles et du sang e.xtrail des poumons avec addition de serosite nous ferait croire que M. Willems experimentait sans but, et sans savoir oü il voulait arriver. En effet, le 10 fevrier, le sang de le veine ju-gulaire inocule au petit boeuf wallen n'avait rien produit. Le sang extrait des muscles pouvait-il amener un autre resultat le 10 mai ? Par le singulier melange que je viens d'indiquer, M. Willems se pla^ait dans l'impossibilite d'assigner ä aueun des elements inocules les resultats qu'il pouvail obtenir.
On comprendrait qu'un experimentateur intelligent fit des es-sais separes avec les divers elements que M. Willems a associes. Mais agir comme M. Willems l'a fait, e'est compliquer une question ä plaisir, et se meltre dans les tenebres pour y voirplus clair.
Qu'est-il arrive ? C'est que M. Willems a provoque des accidents qui lui ont fait jurer, mais un peu tard, qu'on ne l'y repreu-drait plus. Ces accidents, M. Willems ne les a pas compris, puis-qu'il les altribue na Heu mal clwisi pour l'inoculation et aux mauvaises qualites de la maticre virulente.
M. Willems se trompe: les accidents sont dus ä la phlebite qu'il a determinee, en faisant absorber des elements septiques. Sur les onze betes inoculecs le 10 mai, M. Willems a vu se reproduire des accidents. Neuf ont resistc, parce qu'elles etaient plus fortes (pie le mal produit, ou parce qu'elles avaient absorbe une plus
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( 30 ) petite dose de matiere putride. Dclix out süccolmbe, ce qui de-vait ctre, et M. Willems, au lieu de se plaindre, doit s'eslimef fort heureux de ne pas avoir vu succomber tons les animaux opöriis par lui le 10 mai. Son experience devait avoir ce resultat linaL
Ce que nous avons surtout admire dans le traitettlcnt des deux boeufs qui ont succombe h I'empoisonnemcnt traumatique^ e'est celte ingenieuse ressource de M. Willems qui lui a fait donner a des boeufs malades quelqucs ccufa crus en guise de lait de poule!
Enfin, les netif animaux qui ont dchappe au mois do mai 1851, que sont-ils devenus? Existaient-ils encore au mois do juin 1852, lorsque la brochure de M. Willems a ete publiee? MM. Willems pere et iils onHls conserve ces betes asscz longtemps pour prouver qa'elles etaient devenues inhabiles ä contraclcr la pleuro-pneu-monie? A ces questions, M. Willems ne nous a pas mis a meme de repondre. II se contente de signaler des succes. Pourtant aflirmer n'est pas prouver.
Le 19 juin 1851, effraye par les dcsaslres preccdeins (du lOtnai 1851), mes lentnüves,äitM. Willems, f'urenlplui limides, el je cherchai un lieu pltts convenable pour y depoter le virus pneuntonujue; j'inacitlai alors, par deux ptqures ä l'ertremile in' ferieure de la queue, six boeufs et deux voaux.
Ce qui frappe surlout en lisant la Serie des experiences de Mi Willems, e'est cette tenace preference pour les parties poste-rieures du boeuf, et son obstination ä voir du virus pneumonique dans le sang et les mucosites provenant de poumons malades.
M. Willems ayant aitribue les accidents du 10 mai au lieu mal tltoisi pour l'inoculation, ct aux mauvaises qualites dc lu 7natierc virulente prise sttr un animal ä la fin de In derniere periode dc la maladtCi modifle sa maniöre d'agir le 19 juin; ce jour-lä il passe de la base ä la pointe de la queue, et il abandonne le sang exprime des muscles pour n'employer que du tang el des mucosites du poümon d'vn bociif malade ä la premiere periode,
Comme si ces elements cessaient d'etre putrides, parce qit'ils etaient redleillis un peu plus t6t! Mais pourquoi M. Willems, qui est doued'une si merveilleusc aptitude pour les rechcrches micros-copiques, n'a-t-il pas soumis ;i l'examen le sang et les mucosites
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provonanld'un poumoa inalade, au premier, an second et au troi-sieme dcgrö ? II aurait trouve quo les corpuscules iuflauunatoirea elaient de meme nature, quoiqu'ä divers degres de dövcloppement.
Les accidents produits par l'absorption de matieres putrides sent d'autant plus prompts a se manifester que celles-ci sont plus avancees dans leur decomposition \ mais le danger de faire absorber des matieres putrides reste 1c metnei
Conlinuons l'examen de cette curieuse experience.
Onze jours apres, des symptömes inflammatoircs se produisent sur six boculs, un beeuf ot les deux veaux echappent. M. Willems tire celle conclusion, que cette experience est concluante en fa-veur de la prophylaxie de la maladie.
Tons les hommes habitues aux experiences, ceux qui raisonnent les phenomenes qu'ils observent, n'y verront que des piqüres ana-tomiques provenant de l'inoculation d'une matiere putride. Le boeuf et les deux veaux n'ont rien ressenti, parce qu'ils etaient doues d'une faculte d'absorption moins grande, ou plutot parce que lä matiöre inoculee n'a pas €te introduite dans le tissu cellu-laire.
Pour he pas fatiguer le lectcur par des redites, je ne m'occupe-rai pas des inoculationsfaitcs par M. Willems, les 26 juin, 16 juillet, 28 aoüt 1851. Toules ontete pratiquees avec le liquide exprimc de poumons malades,
Pendant deux mois et demi, M. Willems suspend encore ses experiences pour les reprendre le 16 novembre. Ce jour la il inocule quatre vaches avec le liquide exprime du poumon malade d'un boeuf sortant des etables de M. son pere.
A la date du 16 novembre, la pleuro-pneumonie r^gnait done encore chez M. Willems ?
Enün, pour s'assurer que la matiere exprimee du poumon malade au troisieme degre, e'est-k-dire ceux oü la decomposition est plus avanede, amene des accidents, M, Willems opere six boeufs le 19 Janvier 1862; cinq öchappent a la mort, le sixiemesuccombe ä la resorption purulente, le 10 fövrier 1852. M Willems vit se renou-veler la douleur qu'il avait dejä ressentie lorsqu'il inoculait ä d'au-tros endroits qu'a la pointe de la quelle.
Le 11 fevrier, il fait l'autopsie de sä Victime; et, afln de donner
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un caractere d'authenticite aux resultats des recherches microsco-piques, auxquelles il allait se livrer, il convoque a cette triste ce-remonie le fermler de son pöre et son flls, enfln l'equarrisseur et inadame son öpouse; et, de commun accord, ils reconnaissent que, pnisqtte tout le$ organes tie ce bwnf sont maladet, le bceuf a suc-
COMB^ AUNE MALADIE GENERALE LOG ALISÄE DANS LA PARTIE INOGUL^E ! !!
Cette conclusion est precieuse! Elle a sans doute ete formulae par M. requarrisseur et sa moitic, car je ne puis supposer qu'un docteur en medecine, recemment sorti des bancs de l'öcole, ait public une pareille ingenuite!
A la page 27 de sa brochure, M. Willems s'exprime ainsi ;
laquo; Quelques-unes des betes auxquelles j'ai inoculela maladie dans laquo; un KNDRorr convenable, et beaucoup d'autres encore auxquelles laquo; j'ai pratique une deuxieme et une troisieme operation, n'ontrien lt;( eprouve; la plupart ont ete bien portantesen peu de jours; treize laquo; ont perdu le bout de la queue, el un scul accident fächeux est laquo; survenu, c'est-k-dire la mort d'un bceuf. Vous voyez. Monsieur le laquo; ministre, que le bien qui resulte de l'inoculation est iniiniment (( grand, et que c'estle seul moyen aujourd'hui connu de detruire laquo; la pleuro-pneumonie lä oil eile regne, et de la prövenir lä oü n eile ne regne pas encore. raquo;
Pour tenir un pareil langage ä un ministre de ragriculture, il faut le croire denue de bon sens; il faut supposer que les person-nes qui Tentourent, pour le seconder et l'eclairer au besoin, sont completement etrangöres aux plus simples notions de Physiologie. M. Willems s'est-il imagine par hasard rencontrer, dans les person-nes dont il sollicitait le contröle, la meme complaisance que celle qu'il a trouvee chez quelques journalistes pour publier ses reclames?
INous ne nous sentons plus 1c courage de continuer l'appreciatlon des experiences de M. Willems. Toutefois, avant de discuter la me-thode operatoire de notre competiteur, et de reduire ses conclusions ä leur juste valeur, nous croyons devoir terminer par quelques mots qui feront juger du degre de conliance qu'on peut ajou-ler aux assertions de M. Willems.
M. Willems inocule ä la partie inferieure de la queue du liquide exprime d'un poumon malade au premier ou au deuxieme degre,
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il exclut 1e liquide prove nant du troisieme degrö de l'affoction. Voilä tout son systems en quelques mots.
Quelles sont les raisons sur lesquelles il s'appuie pour choisir la queue? Parce que, dit-il, la pointe de la queue est la partie dn corps la plus eloignee des organes essentiels de la vie. Cette raison est-elle bas^e sur la physiolögie? Non, sans deute, ä moins que M. Willems ne croie que le travail morbide de l'inoculation s'ar-rete dans la queue. M. Willems croit-il que la queue a sa mantere d'etre particuliere et independante des autres organes?
II n'y a done pas de raisons physiologiques pour choisir cette partie pour y 'pratiquer l'inoculation. Au contraire, la structure anatomique de la queue, pour laquelle M Willems a unepramp;grence si marquee quand il s'agit d'operer, et qu'il meprise lorsque les accidents la lui font sacrifier, s'opposerait ä ce qu'on choisisse cet organe pour le siege du traitement.
Dans nos essais d'inoculation ä la queue, nous avons eu en vue de ralentir la trop brusque absorption du virus ; cette partie amp;ant pen pourvue de tissu cellulaire, eloignee du centre circulatoire, douee de peu de vitality, nous paraissait favorable ä une intoxication lente, quand nous avions ä redouter des effets primitifs trop immediats, les effets secondaires devant seuls mettre I'animal hors des atteintes de la pleuro-pneumonie exsudative. Au reste, je n'ai pas borne mes essais ä cette partie de I'animal; döjä, en 1836, j'inoculai au fanon, ä l'oreille, ä l'epaule, au garrot. Depuis que jo suis parvenu a trouver une matiere inoculable, exempte de dangers, j'inocule partout; des considerations pratiques determinent le choix du lieu oil j'introduis le virus.
M. Willems s'est fixö ä la queue. II persiste aussi a voir dans le liquide sanguinolent, exprimc des poumons malades au premier ou au second degre, le virus. Pour prouver que les liquides extraits des poumons sains restent sans action lorsqu'on les inocule, ce qui n'a pas lieu quand on a recours aux liquides fournis par les animaux malades, il rapporte, a la page 28 de sa brochure, ses experiences a ce sujet.
M. Willems croit-il que les liquides extraits de parties malades enflammöes sont les memes que ceux provenant des organe.T sains ?
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Nous lui conseillons de recourir k son microscope pour s'assurer qu'ils changent de nature par l'inflammation, et que ses essais sur ce point sont encore sans valeur, de meme que ceux qu'il rap-porte comme contre-ßpreuve de l'excellence de sa möthode.
Puisque des cinquante bötcs introduites, et reslees sans inoculations, dans les ^tables demon pfere, dix-sept sont devenues malades au milieu de b6tes inoculöes, j'en conclus, dit M. Willems, que I'inoculation est un moyen certain de pr^venir la pleuro-pneumonie.
Ah! M. Willems, vous avez done pris le parti, la resolution arrfit^e de faire plierle bon sens et la logique de vos lecteurs au gr6 de vos caprices, aux exigences de votre ambition ?
Si la maladie avait cessamp; dans les Stables de M. votre pfere, par suite de vos operations, il est Evident que les dix-sept bfites, qui faisaient partie des cinquante non inoculöes que vous y avez introduites, ne sont devenues malades que parce qu'elles amp;aient at-teintes, avant leur entree, ä un degrö que vous avez möconnu. Les trente-trois qui ont continue ä jouir de la sant6, sans inoculation, ont-elles 6t6 präservöes par I'heureuse influence qne leurs voisines ont exercöe sur elles ? Votre mäthode possöderait-elle l'avantage non-seulement de preserver les betes que vous op6rez,*mais encore celles qui vivent en communaute avec eile ? Patience! at-tendons; vous irez jusque-lä; vous annoncerez dans peu que votre pramp;ence fait fuir le flöau et qu'a votre approche il recule 6pouvant4.
II faut övidemment supposer a tous ses lecteurs une immense dose de erödulitö pour oser apporter comme contre-öpreuve de semblables faits, et croire qu'on les admettra sans refutation. Mais vous n'y avez pas songe, Monsieur Willems; vous avez cru qu'on prendrait vos affirmations pour paroles d'evangile; qu'on neverrait que le but annoncö, et qu'il ne resterait qu'ä vous applaudir et a vöüs Clever une statue, statue plus solide que celle que vous vous 6tes fail voter par quelques savants nourrisseurs, vos compatrio-tes. Vous vous €tes trompö. Le gouvernement beige, ardemment dösireux de voir se confirmer, dans Tinter^t de 1'agriculture, vos ambitieuses assertions, vous a fourni tons les moyens possibles de pratique vos operations, en mettant ä votre disposition le plus
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vaste champ d'observation qu'un exp^rimentateur de bonne foi put damp;irer. II a amp;6 jusqu'a indemniser vos victimes sur les fonds du tr^sor ; il a nommö, suivant vos d^sirs, une commission com-posöe d'hommes aussi savants que justes et impartiaux, pour con-troler votre decouverte ; et parce que cette commission n'est pas aussi docile que la presse ä chanter vos louanges ; parce qu'ellfe tient a honorer le mandat qu'elle doit a la confiance du Gouvernement , vous suspectez sa bonne foi, ses intentions, ses actes, sa science? Oh ! c'est trop fort! II faut etre dövor4 d'une ambition chronique, damp;irante, pour oser opposer a I'opinion d'une commission composöe des lumieres de la science beige, tels que MM. Verheyen, Gluge, Thiemesse, Defays, Husson, Sauveur, Theis, Bellefroid, Doutherluigne, Fallot, Marinus, les attestations de quel-ques distillateurs de Hasselt et des reclames emanöes d'un journal politique incompetent I
Tons ceux qui liront le M^moire de M. Willems et les documents officiels que vient de livrer ä la publicity le Gouvernement beige, n'auront qu'une opinion : c'est que la commission a 6t6 extrfime-ment modöree, bienveillante meme et tres-sage. Cette moderation, eile la devait au caractfere de la mission dont eile 6tait rev^tue. Si eile n'a pas refute les assertions de M. Willems comme eile devait et pouvait le faire, c'est qu'elle a voulu manager un jeune hemme et avoir ögard au but de ses travaux et au bien que I'agriculture en aurait retire, sile succ^s cut justifie ses experiences etsamethode.
DE LA MfiTHODE OP^RATOIRE DE M. WILLEMS.
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laquo; Je prends le liquide exprimö du poumon d'un animal recem-laquo; ment abattu ou d'un animal mort par la maladie; j'y plongeune laquo; espece de grande lancette, puis je fais deux ou trois piqüres k raquo; l'extramp;nite inferieure de la queue de l'animal que je veux prö-lt;( server de la maladie : une seule goutte de liquide suffit pour lt;( faire l'inoculalion. raquo;.
Teile est la möthode operatoire que M. Willems dit avoir in-ventee, et pour cette invention qui lui a coüte tant de peines, tant de travaux, de si grands sacrifices, que n'a-t-il pas reclame ? En quoi consiste cette möthode ? A introduire dans I'economie d'un
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animal sain des produits animaux malades, plus oujnoins avancamp;ä dans leur decomposition. Tous les medecins connaissent les dangers attaches a l'absorption de matieres putrides, surtout lorsque le sujet qui absorbe est d'une constitution lymphatique. Le boeuf, pourtant, est un animal chez lequel le Systeme absorbant est tres-prononce, et, par cette raison, nul autre ne peut 6tre plus sensible que lui a l'action pernicieuse des matiferes septiques.
En comprimant un morceau de poumon malade, il en sort du sang, des liquides virulents, et de la substance'pulmonaire öcrasöe, le tout plus ou moins altßrß par la maladie. Voila ce que M. Willems CROIT fiTRE UN VIRUS.'
Mais l'inoculation d'un tel liquide doit n^cessairement engendrer une infection putride avec toutes ses suites. On ne peut attribuer les nombreux accidents qui ont suivi la mise en pratique de la mö-thode du m^decin de Hasselt qu'ä la nature et ä la composition de Ja matiere employee d'aprfes ses indications. 11 a beau rejeter les accidents et les nombreux insucces qu'on a constates sur I'inhabi-lete des Operateurs ou sur le mauvais choix de la substance inocu-lee; c'est la une veritable döfaite ; et, pour tous les hommes de bonne foi, c'est a la methode de M. Willems qu'on doit attribuer les fächeuses consequences des inoculations et le discredit oü sa methode est tombee.raquo;
11 faut ne jamais avoir reflechi, ni connaltre ce que c'est qu'un virus, pour donner au liquide tel que celui qu'il emploie cette qualification.
Oui, il y a dans le poumon d'un animal atteint de la pleuro-pneumonie exsudative un virus avec ses caracleres distinctifs, sa maniere propre d'agir; mais ce n'est pas en comprimant au ha-sard une partie du poumon qu'on peut l'obtenir. Voilä ce que M. Willems ne sait pas; c'est ce qu'il n'a pas compris dans I'en-tretien que j'ai eu avec lui le 16 fevrier 1851. L'id^e de i'inocula-tion a frappö son imagination a un tel point, qu'il a cm de suite tout savoir, et qu'il s'est arrfit^ au mot inoculation, sans s'occuper des details essentiels ä son execution. Le mot a pris dans son esprit la place de la chose ; et, quand il s'est cru assez fort pour marcher seul, il s'est hät6 de se faire passer pour I'inventeur, en adressant ä M. le ministre de rint^rieur de Belgiquc quelques expd-
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( 37 ) riencesd'inoculations assez malcoiiQues et des observations qui nc prouvent qu'une chose : c'est que M. Willems n'est pas initie k une operation qu'il veut faire passer pour une d^couverte due äses travaux, k ses experiences. Les röponses qu'il a faites aux questions qui lui out it6 adressees par la commission beige sent un tamp;noi-gnage öclatant de son incapacity. Nous reviendrons sur ces cu-rieuses r^ponses.
Tout ce que M. Willems a toit sur le virus, la lymphe, le liquide ä inoculer, la manure de l'extraire, le choix des bates qui doivent fournir les Elements de l'inoculation, prouve jusqu'ä I'e-vidence qu'il traite des choses qu'il n'a pas comprises, et les r6-sultats consignes dans le rapport de la Commission beige, chargöe de contröler les assertions de M. Willems, ne nous ont pas ötonne.
Le jour oü nous avons lu, pour la premiere fois, la brochure pu-bliee par le Gouvernement beige, nous avons prödit ce qui est arrive, et si M. Willems avait daignö r^pondre ä la lettre que je lui adressais, le 3 mai 1852, lorsque je tenais moins ä revendiquer la priority de la decouverte qu'ä la conduire a une fin utile pour I'a-griculture, il se serait öpargne bien des humiliations. A cette epo-que, j'dtais tout dispose ä le seconder et ä lui faire connaltre le moyen d'eviter les ecueils oü lui et sa prötendue decouverte vien-nent de faire naufrage. Si mes bonnes intentions d'alors ont fait place k d'autres sentiments, M. Willems ne doit en accuser que lui-meme. Sa conduite m'a contraint de revendiquer la priorite d'une decouverte qui m'appartient et qu'il a compromise par une aviditö et une ambition honteuses; car sa möthode est p^rilleuse, en ce qu'elle introduit dans l'economie des elements putrides; alle offre encore un autre danger, celui de laisser croire, a ceux qui liront sa brochure, que tons les liquides rencontres dans les pou-mons des animaux atteints de la pleuro-pneumonie peuvent etre inocules indistinctement, sans precautions pour prevenir cette maladie.
La methode de M. Willems, nous devons en convcnir, pent quelquefois avoir de bonnes applications ; mais ces cas heureux sont trfes-rares; ce sont des exceptions.
Quand on comprime un morceau de poumon malade, le liquide qui en sort pent contenir un peu de virus 5 I'animal qui absorbera
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cet atome de virus sera affranchi de la pleuro-pneumonie exsuda-live, s'il rösiste ä l'infection putride qui sera la consequence obligee du melange de matieres septiques.
On comprendra qu'une operation qui repose sur une teile Eventuality ne pent donner que de trfes-rares et trös-incertains ramp;ul-täts. Les nombreux accidents d'une part et les rares succös de l'autre qu'on a observes en suivantles experiences deM. Willems, et celles faites d'apres samöthode, trouvent leur explication natu-relte dans les considerations qui pröcfedent.
Poursuivons l'examen de la raethode de notre competiteur, qui s'exprime comme suit:
ilt; Aprfes une inoculation du liquide virulent, qui va ordinaire-laquo; mentde douze a trentejours, les phenomenes de l'inoculation laquo; se manifestent et ont parfois dure chez quelques animaux jus-laquo; qu'ä deux et trois mois. raquo;
Si la matiere inoculee Etait un veritable virus, les phenomamp;ies qui suivent son absorption n'offriraient pas une marche si irr^gu-liere dans leur manifestation. Ce n'est pas a des dispositions parti-culieres des animaux qu'on pent attribuer cette irregularity, mais bien ä la nature du liquide inoculö. Les affections virulentes se distinguent au contraire par la constance et la regularity des phenomenes qui les accusent. La pöriode d'incubation du meme virus ne peut pas varier de douze a quatre-vingt-dix jours pour trahir sa presence dans l'economie d'animaax de meme espece.
Quand M. Willems aavancö unepareille erreur, c'est qü'ilapris pour phenomenes virulents des accidents resultant de rabsorption putride.
Quand M. Willems a decrit les phönomenes qui se manifestent chez les animaux inocules , il aurait du remarquer qu'un virus , toujours le meme , ne pouvait pas determiner des troubles si variables. II etait difficile ä M. Willems d'avouer d'une maniere plus claire qu'il n'avail que des idees confuses et superficielles sur les matieres qu'il croit avoir traitees dans son memoire.
Pour justifier notre assertion, il suffira de dire ceque M. Willems pense de l'inoculation :
laquo; La maladie que I'on ivocule n'est pas une maladie pure-lt;( ment locale..*, Puisque lous les organes sonl malades chez ce
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laquo; baeuf (mort par l'inoculation), c'est done une matadie gän^rale , laquo; LOCAiisiE, dam lapartie inoculie...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;#9632;
(( En inoculant la pleuro-pneumonie , on cree une maladie laquo; nouvelle, on localise en quelque sorte Caffection du ponmon laquo; avec tout ses caracleres particuliers a Cexterteur. raquo;
II serait difficile de comprendre ce que M. Willems a voulu dire par ces paroles; nous avouons ne pasles comprendre; M. Willems lui-mtoie ne les a pas comprises.
Avant ses conclusions, M. Willems termine son mamp;noire par qaelques considerations; elles lui sontinspir^es paries experiences malheureuses qu'il cherche äexpliquer; il attribue la mort de deux b6tes d son inexperience, pour avoir inocule dans un endroit trap rapprochi des organes essentiels ä la vie et pour avoir mal choisi la mattere ä tnoculer. M. Willems nous apprend que la base est moins öloignöe du coeur que l'extramp;nite de la queue. Cette utile verity nous l'admettons, et, en retour, nous lui apprendrons que c'est a la nature septique du liquide inocule qu'il doit attribuer la mort de ces deux betes, ä moins qu'il ne prouve que la base et la pointe de la queue ont une vie independante Tune de l'autre.
M. Willems declare qu'il avait mal choisi la matiere ä inoculer. G'est la seule vöritö que renferme son travail; mais il considere comme une exception ce qui doit 6tre la regle de sa melhode. Quand on est mödecin, on ne doit pas faire de grands efforts d'imagination pour se rendre compte d'accidents survenus a la suite de rinoculation de matiferes putrides comme celles dont M. Willems fait usage ; et lorsqu'il nous apprend que la mort d'un troisiemo boeuf, inocule comme il 1e fait toujours, est le ramp;ultat du transport du virus par les vaisseaux lymphatiques et par lesveines dans la cuisse et dans I'arbre circulatoire, il nous prouve une fois de plus qu'il n'est pas tres-vers6 dans la connaissance de la Physiologie. En attribuant la mort de ce boeuf a I'emploi d'un virus puisä sur une bete qui avait la maladie a un degretrfes-prononco et äune Periode trop avancöe, c'est commettre une erreur grossiere, a moins qu'il n'entre dans la theorie de M. Willems d'admettre qu'un virus se modifle avec le temps. II n'est pas plus heureux lorsqu'il dit que le virus n'amene aueun phamp;iomene morbide sur les veaux ag^s de moins de six mois, et que la privation d'aliments r^para-
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teure e^t une cause prMsposante ä la pleuro-pneumonie. M. Willems est un observateur peu attentif, car si ses inoculations n'ont pas ete faites avec succes sur les veaux, c'est qu'il ne leur a rien inocule du tout. Nous pouvons affirmer que ce sont les animaux les plus jeunes chez lesquels I'inoculation parcourt toutes ses pe-riodes avec le plus de r^gularite. La ville de Hasselt est, depuis 1836, le siege de la pleuro-pneumonie exsudative qui y est devenue enzootique. Nulle part on ne donne une nourriture ä la fois plus abondante et plus nutritive a tous les animaux que dans cette ville. Cela n'empeche pas M. Willems de dire que la privation d'aliments est une cause predisposante ä la pleuro-pneumonie.
M. Willems termine son mamp;noire par des conclusions qui sont aussi fausses que sa möthode operatoire est dangereuse. Les voici:
PREMIERE CONCLUSION.
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laquo; La pleuro-pneumonie n'est pas contagieuse par I'inoculation u du sang ov d'aütres mati^res puisnes sür des animaux malades lt;( et deposees sur des animaux sains. raquo;
II y a dans cette conclusion plus d'erreurs que de mots. Comment la pleuro-pneumonie n'est pas contagieuse, et M. Willems inocule le liquide exprime des poumons malades ? Dans quel but se sert-il de ce qu'il nomme le virus pneumonique ? Pourquoi ne prend-il pas la mature a inoculer sur des animaux sains ? M. Willems a oublie sa petite histoire qu'il a 6cnte ä propos de ses recher-ches microscopiques? On trouve danslemonde des personnes qui, a force de repeterun mensonge, finissent par y croire eux-memes. Nous ne croyons pas M. Willems atteint de la m6me aberration, mais nouslui supposons peu de memoire, et nousavons de bonnes raisonspour le regarder commetrte-oiiblieux. En effet, a la page 7 et ä la suivante de son memoire, il admet la contagiosite de la pleuro-pneumonie en enumerant les raisons qui Tont engagö a es-saver I'inoculation.
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DEUXlfeME CONCLUSION.
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lt;( Par la methode quej'ai employee, cent Imit betes onl ete preset-yees dc la pleuro-pneumonie, tandis tjue sur les c'mquante betes non
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( 41 ) inocttlces, placed dans les mimes elables, 17 soni deveuues malades, el aujourd'hui la maladie esi bannie de ces elables, qui nont jamals ete exemptes de la pleuro-pneumonie depuis 1836. raquo;
Le docleur de Hasselt admetici comme fails constants ce qui est loin d'etre prouve. Pour etre en droit d'affirmer que les cent huit betes inoculees ont amp;e rendues inaples a contracter la maladie, il faudrait les avoir conservees toutes au moins pendant un an, en les laissant vivre en communaute avec des animaux malades ou dans un foyer ^pizootique. C'est ce que MM. Willems pere ct flls n'ont pas fait.
Ce que nous avons dit des cinquante bete$ introduces dans les etables de M. Willems, et placßes au milieu des animaux inocules, tandis que dix-sept des cinquante op^rees sont devenues malades, nous dispense de r^futerune assertion pramp;entöe comme uns contre-epreuve qui raste dönuöe de fondements et ne merite nulle con-ßance.
TROISlfeME CONCLUSION.
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laquo; Linoculation de la maladie elle-meme, faite de la maniere laquo; que je viens- de decrirc, quelle ait donne lieu ä des manifesta-lt;( tions morbides, apparentf.s ou non , est le moyen qui preserve (( les animaux de la plcuro-pneumonie. raquo;
L'introduction de matiöres putrides dans le torrent circulatoire d'un animal sain peut le rendre malade et souvent le tuer; mais eile ne peut le preserver d'une maladie contagieuse.
SuivantM. Willems, que les symptömes del'inoculation soient ap-parcnls ou non, l'opöration est de venue preventive du fleau. C'est done lapiqure qui preserve et non l'introduction d'un virus. Car comment sait-on que l'inoculation aopere une modification quelconque dans l'economie de l'animal, si ce n'est par les symptömes re velaleurs de l'action de la matiöre inoculöe ? M. Willems s'est mal expliquö; il aura voulu dire: les animaux qui demeurent insensibles ä l'inocu-fc,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lation du virus pneumonique ne sont pas susceptibles de contrac-
ter la pleuro-pneumonie exsudative.
Son langage est si tortueux, si mal couqu , qu'il est difficile de croire qu'il soit la traduetion d'une pensee saine , jusle, logique,
C'est surtout dans les röponses qu'il a faites aux questions que
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la commission beige lui avait adressees, que se trahit I'embarras de M. Willems.
1 Nöus aurons a revenir sur ce sujet, lorsque nous examinerons le rapport de la commission beige et les difförents documents offi-ciels qui ont trait a 1'inoculation, suivant le procödö de M. le doc-teur Willems.
QUATRlfeME CONCLUSION.
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Le sang et le liquide sereux el spumeux exprimes du jxoumon d'un animal malacle,et ä la premiereperiode de la plevro-pneu-nioniey est la matiere la plus convenable ä inoculer.
Cette conclusion est en opposition avec celle rapport^ sous le n0 i. Ce que nous avons dit dans le cours de ce mömoire nous dispense de faire une plus longue refutation de cette conclusion et de celles qui portent les nos 5, 6,7, 8 et 10. Nous terminerons cette partie de notre travail en rapportant textuellement la neu-vieme conclusion, oü M Willems dit:
laquo; En inoculanl la pleuropneumonie, on cree une maladie nou-laquo; velle , on localise en qnclque soHe l'affection du poumon avec n tout ses caracleres ä Cexterieur. raquo;
M. Willems possede, il faut en convenir, a un trfes-haut degr^ le talent de parier pour ne rien dire , ou , s'il se comprend, son but aurait amp;e de ne pas 6tre compris de ses lecteurs ?
Comment I'inoculation faite avec un virus r^colt^ dans des pou-mons malades de lapleuro-pneumonie donne une maladie nouvelle en localisant l'affection du poumon dans la queue ?
Cette conclusion nous parait une grosse absurdity, et nous en-gageons M. Willemsä modifier son langage, ou ä chercher uh traduc-teur de sa pensee pour se faire comprendre dans une seconde Edition de son memoire.
Le travail que M. Willems a dresse a M. le ministre de l'inte-rieur de Belgique, le 22 mars 1852, nour se faire passer comme l'inventeur de I'inoculation preventive de la pleuro-pneumonie des betes a cornes, n'est pas seulement une action deloyale commise envers un confrere, c'est un tissu d'erreurs, d'absur-ditös, de contradictions que les hommes de sciences ont jugö, et
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( W) que tous les hommes impartiaux appelleront une absurde mystification.
DE L'INOCULATION PREVENTIVE DE LA PLEURO-PNEÜMONIE EXSUDATIVE DES B^TES BOVINES.
L'un des plus redoutables fleaux qui puisse frapper I'agriculture est sans contredit la pleuro-pneumonie interlobulaire exsudative öpizootique des betes bovines.
Cette funeste maladie, qui enlfeve chaque annee a la richesse pu-blique des sommes immenses, ne peut plus etre consideröe comme un mal passager qui atteint a de longs intervalles; c'est une calamity qui a fix6 son domicile dans I'Europe entifere, en defiant par-tout les efforts des gouvernements et les ressources medicales de la science (1).
Gelte affection est sans doute aussi ancienne que le boeuf; mais les descriptions qui en ont 616 donnees sont si confuses, qu'il est difficile de distinguer si c'est la meme maladie que les auteurs ont voulu indiquer par desnoms si divers. 11 faut arriver jusqu'ä 1769 pour la reconnaitre dans la definition que Bourgelat, I'illustre fon-dateur des öcoles veterinaires, en a donn^e, pour diagnostiquer les principaux symptömes qui caracterisent le fleau special dont nous allons faire une description trfes-rapide. Elle n'est que trop facile ä reconnaitre. Si nous pouvions en dire autant du traitement!
Peu importe du reste que la connaissance de cette maladie soit ancienne ou röcente; nous n'entrerons pas dans des details histo-riques qui n'ont qu'une utilite mediocre, et qui nous öcarteraient du but de notre travail.
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(1) La statistique n'enregistre pas les pertes que cette maladie fail eprouver a ragriculture, mais on peut sans exoneration afßrmer que la pleuro-pneumonie enleve, chaque annee, ä la France pour 50 millions de francs de betes ä cornes.
Le depailement du Nord seul perd annuellement par le Heau douze mille betes bovines; la lielgique et la Hollande perdent, par les mimes causes, plus de 3 millions de francs par annee. La Prusse ne parviendrait pas a reparer ses pertes annuelles avec 20 millions de francs. Est-il necessaire de faire ressortir les fächeuses consequences qu'un pareil fleau exerce sur la nourriture da peuplc, sur la fertilite du sol J
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Le poumon du boeuf se distingue du poumou de lous les auimaux domestiques par l'abondance du tissu cellulaire qui separe les lobules pulmonaires.
Ce tissu cellulaire est en rapport avec les lofeules pulmonaires au moyen de ses vaisseaux capillaires et de ceux des lobules et des plevres.
Cette disposition anatomique particuliere explique les pheno-menes pathologiques si remarquables qui se manifestent au sein de I 'organe pulmonaire et de ses annexes pendant le cours de la pleuro-pncumonie, h laquelle le savant Gluge a donne les noms de pleuro-pneumonie interlobulaire exsudative des bites bovines. Ces mots donnent la definition de la maladie en indiquant les lesions pathologiques qui la constituent.
Toutes les recherches anatomiques auxquelles les savants alle-mands , et surtout M. Wagensfeld, ont pris une si large part, out constate que le poumon du boeuf, aussibien a l'exterieur qu'äl'in-terieur, se divise en une infinite de cloisons constitutes par un tissu cellulaire trös-abondant. Elles encadrent et isolent tous les lobules pulmonaires dont se compose l'eponge aerienne de la vie, et que les vaisseaux capillaires de la plevre, du tissu cellulaire interlobulaire, et du tissu des poumons font communiquer entre eux.
Ces details anatomiques suffisent pour se rendre compte des phenomamp;ies pathologiques qui se manifestent dans la cavite tho-racique des animaux de l'espece bovine quand ils sont frappös par la pleuro-pneumonie interlobulaire exsudative.
La pleuro-pneumonie interlobulaire exsudative epizootique des betes bovines est UNE MALADIE CONTAGIEUSE DE NATURE SPECIFIQUE QUI N'ATTEINT QU'UNE FOIS LE MfiME ANIMAL.
Cette affection, particuliere h l'espece bovine, a son siege dans le tissu cellulaire interlobulaire des poumons, dans les vdsicules pulmonaires, dans les plevres et dans les bronches.
L'observation tendrait a faire croire que la maladie qui nous oc-cupe pent se developper spontanement sous rinfluence du froid et de l'humidite, des variations brusques de temperature et d'une infinite d'autres causes que, par habitude,' on assigne a d'autres maladies.
On a remarque quo la pleuro-pneumonie exeudative attaque de
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( h'o) preference les animaux soumis a. une alimentation uniforme et substantielle dans des etables trop peu spacieuses, et ceux surtout chez lesquels on perpetue la secretion laiteuse par speculation, en leur prodiguant une nourriture choisie. On n'a pas manque d'en conclure qu'une nourriture trop riche, I'inaction dans des ^tables trop etroltes et la lactation prolongee etaient des causes qui de-lerminaient la maladie. Nous pensons que ces causes n'exercent d'autre influence sur le developpement de la pleuro-pneumonie exsudative qu'en favorisant les congestions dans des organes ou cette maladie etablit son siege habituel.
Nous ne pouvons partager l'opinion de ceux qui croient a la pleuro-pneumonie exsudative spontanee. Nous pensons que toutes ces causes que Ton assigne a cette affection n'exercent d'action sur les animaux qu'en les prödisposant davantage k etre conta-gionnös.
Cette maladie se döveloppe sous tous les climats, dans les plaines comme sur les montagnes, dans les etables du riebe comme dans les mauvais reduits oü le pauvre loge son unique vache; peu Importe l'endroit oü eile se montre; partout eile se jouedes causes qu'on presume etre de nature äla faire naitre, commedes barrieres qu'on lui oppose. Partout eile se presente avec le m6me cortege de symptömes; toujours eile offre les memes lesions cadaveriques.
L'invasion, la marche, la duree, les terminaisons, les desordres cadaveriques, tout en un mot dans cette maladie la distingue des affections ordinaires du poumon. Pourquoi les causes feraient-elles exception ä cette rtgularitö, a cette manure d'etre sp^clale de la pleuro-pneumonie interlobulaire exsudative, qui ne ressemble a aucune autre maladie ?
Des causes variables pourraient-elles amener toujours des effets constants ?
Nous n'h^sitons pas a repondre non a ces questions, parce que notre conviction est que cette serie d'effets constants preceded'une cause qui est toujours la meme, d'une cause unique : LE VIRUS.
Demfime que toutes les maladies virulentes, la pleuro-pneumonie interlobulaire exsudative parcourt toutes ses phases, a I'exception de la marche de cette maladie, qui est tantot plus, tantot moins pr^cipit^e, avec une regularity remarquable.
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Cette singuli^re maladie frappe toujours les animaux sans qu'on puissesupposerqu'ilsen sontatteints; et alors seulement que le mal a d£jä fait de grands ravages, on s'apenjoit que la bete est malade.
Les premiers signes qui fixent l'attention des personnes char-göes de soigner le betail, sont la toux, qui est d'abord sfeche et rare (matin et soir); ensuite, la diminution de la secrötion du lait.
Ce n'est gufere qu'en cet ötat que Ton songe a ramp;lamer les se-cours de l'art; mais, dejä arrivsect; ä cette pöriode, presque toujours la science demeure impuissante. .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;
Pour reconnaitre cette maladie, a son debut, il faut un vamp;öri-naire exercö ä la pratique de l'auscultation, et habituö au diagnostic des maladies qui ont leur si^ge dans la cavite thoracique.
Voici les symptomes dans I'ordre ou ils se manifestent ordinai-rement.
L'animal, assez göneralement, est plus triste et mange avec moins d'aviditö; il s'ecarte de sa creche; il a le mufle sec; il öprouve des alternatives de chaleur et de froid, qu'on reconnait en touchant, a diverses reprises, lescornes et les oreilles; I'air expirt est chaud; la membrane muqueuse des yeux est rouge, avec une teinte jaunätre ; la respiration est troublee, ce qui accuse une lagere acceleration des mouvemenls des flancs. Dans l'etat de sant£, on compte 18 ä 20 mouvements respiratoires par minute; dans le premier degre de la pleuro-pneumonie, le nombre des mouvements respiratoires va de 30 a 40. Le pouls, qyi, dans I'amp;at normal, bat 50 fois, donne 60, jusqu'a 80 pulsations par minute, dans la pleuro-pneumonie. La main appuyee derriere le garrot oblige l'animal a se flechir pour se soustraire a la douleur qu'il 6prouve dans cette region. La toux, d'abord rare et presque in-signifiante, reparait a des intervalles successivement plus rappro-chäs; les mouvements d'inspiration et d'expiration sont in^gaux ; l'inspiration parait douloureuse, les alles du nez se dilatent, I'air inspire sort d'une maniere tres-brusque; le poll se h^risse, la rumination cesse. La secretion laiteuse, diminuöe d6s le debut de l'affection, se tarit lorsqu'ont lieu les symptomes que je viens d'amp;iumerer tres-rapidement. La respiration s'embarrasse et de-vient de plus en plus courte; l'animal geiuit; il tend le cou pour chercher I'air, qui n'entre dans ses poumons qu'avec douleur,
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( 47) pour en sortir par une esp^ce de saccade et avec un bruit plaintif. L'amaigrissement a lieu ä vue d'neil; des mucosit^s sortent par la bouche et les naseaux; Tanimal ne se couche plus j les yeux pa-raissent sortir des orbites ; raaimal meurt asphyxie.
Notre but n'etant pas de faire une monograpbie de la pleuro-pneumonie, nous ne pouvons qu'effleurer un sujet que le savant Oelafond, professeur ä Alfort, a traitö avec une supßrioritö de talent qu'on trouve dans tons les Merits des professeurs de ce camp;kbre Etablissement. Tons les passages que nous pourrions extraire du remarquable öuvrage de M. Delafond ou du beau rapport du savant inspecteur des öcoles vöUirinaires et des Bergeries de France, M. Yvart, nous forceraient ä sortir des limites assignees ä cette partie de notre travail, et ne feraient que cohürmer ce que nous avons dit.
La pleuro-pneumonie exsudative a sa manifere d'6tre particuliöre. Au nord comme au midi, sur les montagnes comme dans les plaines, cette maladie etant partout la memo, se manifestant de la mtoie maniere, affeetant la meme marche, se terminant par les mömes lösions pathologiques, cette maladie devait proeöder d'une cause unique, le VIRUS.
Presque tous les auteurs qui ont öcrit sur la pleuro-pneumonie exsudative, et qui ont apportä des faits consciencieusement observes ä l'appui de leur opinion, admettent que cette maladie est contagieuse.
En France, en Allemagne, en.Suisse, en Hollande, en Belgique, en Italie, partout enfin ou cette affection regne, on a reconnu, apres de nombreuses discussions, qu'elle elail contagieuse.
MM. Delafond, Lecocq, Yvart, Hertwig, Veith, Nieman, Ithen, Hermann, Virth, Numan, Wellenberg, Jennes, Verheyen, Delwart, Pötry, Toggia, Brugnone, Laurin, proclament trös-haut que les faits les ont obliges ä se proclamer contagionistes.
Nous aurions aisöment grossi cette nomenclature, mais nous avons cru pouvoir nous borner a ne citer que trois noms pour chaque pays oü la pleuro-pneumonie exsudative exerefe le plus de ravages. Nous avons choisi ceux qui, ä notre connaissance, sesont le plus oecup^s de cette maladie.
On trouve encore quelques vamp;6rinaires qui persistent dans
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( 48 ) leur erreur en sc declarant anli-conlagionistes. Lo temps n'est pas eloigne oil ils imiteront la bonne fei du savant professeur Dela-fond, qui a abandonne sa premiere opinion quand les faits, bien constates, I'ont mis dans l'obligation de reconnaitre son erreur.
Au reste, chaque jour, le nombre des anti-contagionistes dimi-nue. Et comment en serait-il autrement? Dans les locality oü cette maladie regne habituellement, on cite des faits concluants si nombreux, qu'un vetärinaire perdrait toute la confiance du public s'il osait revoquer en doute la contagiositö de ce fl^au. Pour qu'une opinion devienne gen^rale, pour qu'elle passe dans la conviction de tons, eile doit etre fondee sur I'experience, qui met seule a mamp;ne de trancher des questions de ce genre.
S'il m'etait permis d'ajouter mon nom a cotö de celui des savants que je viens d'indiquer, je dirais que j'ai aussi partage I'o-pinion des anti-contagionistes, et que, pour admettre la contagion, je ne me suis pas content^ de paroles; ce sent les faits nombreux que j'ai suivis et consciencieusement observes qui ont fonde la conviction dont je süis maintenant animö.
Si la pleuro-pneumonie exsudative est une maladie contagieuse, c'est a la presence d'un virus qu'on doit attribuer la propriamp;e qu'elle possöde de se reproduire, de passer d'un individu ä un autre.
L'amp;ude des virus a fait les frais de nombreuses et interessantes discussions entre les savants. Souvent les mots virus, poisons, venins, tniasmes ont 6te confondus, et cette confusion des mots a amend la confusion dans les idees.
Tächons d'exposer quelques notions claires et precises sur cet objet. Jusqu'a ces demiers temps on donnait au mot virus la signification suivante:
laquo; Le virus est une production morbide capable de developper sur un sujet sain la meme maladie que celle ä laquelle eile devait sa formation. raquo; Cette reproduction du virus dans un animal a etd comparde a une germination. On admet des virus gazeux, liquides ou solides.
Une definition des virus, qui repond mieux a I'idde qu'on doit se former sur leur action, est celle-ci; nous l'empruntons ä un m£-decin francais, le docteur Hameau;
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laquo; Toule maiicre heierogine qni peul s'introdvire dans vn corps vivnnt, y resler un certain temps dans I'inaction, s'ij multiplier et en sortir ensnite pour agir de meine dans un autre corps, parait avoir un principe de vie ; il s'appelle VIRUS. raquo;
Un virus agit sur Teconoinie animale en produisant invariable' ment les mamp;nes phönomenes, la meme maladie, les memes lesions, quoique a des degr6s divers. La difference qu'on pent observer dans I'etendue ou la gravity des lesions, le plus ou le moins, provient de la force de resistance dont est anime tout 6tre vivant; mais tout virus determine les phenomfenes qui lui sont propres.
Ainsi, le virus, qui produit la pleuro-pneumonie exsudative, determine constamment rinflammation avec secretion plastique du tissu cellulaire intervamp;iculaire des poumons de I'espöce bovine. Cette inflammation pent n'occuper que quelques centimetres de l'amp;endue d'un poumon ou envahir les deux poumons; mais c'est toujours le m6me virus qui a agi.
Le virus, en passant d'un sujet dans un autre, ne subit pas la moindre alteration. 11 est compost des mamp;nes foments sur le second bceuf contagionn^ que sur celui qui lui a donne la maladie. Ainsi, le virus ne perd jamais de sa force, de sa virulence, de sa manure propre d'agir, de sa speciality d'action. En admettant qu'une Stable peuplee de dix vaches seit envahie par la pleuro-pneumonie exsudative, dans l'espace de dix mois le virus aura agi sur toutes les betes de la m6me maniere, et le virus ramp;olte sur la demräre vache qui aura succombe dix mois apramp;s la premiere sera identiquement le m6me, aura la meme force.
Le virus possede encore une propriamp;6 qui le caract^rise, c;est qu'il jouit de la mamp;ne activity sous une petite dose que sous une forte. Un grain de virus d^veloppe les effets, les mamp;nes accidents que dix grains. Un virus agit toujours lentement; cette lenteur varie pour chaque virus, tandis que les poisons, les venins, les miasmeS agissent instantanement. Les effets qu'ils produissent varient selon leur dose : un grain d'arsenic ne developpe pas les inernes lesions que 10 grains. Pendant leur action, ils s'affaiblis-sent, ils obamp;ssent aux lois chimiques, se decomposent en d^com-posant les tissus avec lesquels ils sont mis en contact.
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C'est inövitablement au döfaut de distinction entre les virus, les poisons, les venins, les miasmes qu'on doit attribuer cette confusion qu'on remarque dans plusieurs ouvrages qui traitent des 6pi-zooties. En effet, on voll souventconsidörercomme virulentes des maladies qui ne sont que le produit de l'influence 4'ua miasme, d'une cause locale. Tout le monde salt que les Emanations des ma-rais engendrent des fievres; que la grande secheresse, comme l'humiditö excessive et prolongee, determine des affections souvent tres-graves. Mais ces causes ne developpent pas toujours ni con-stamment les memes üfevres, les memes affections sur tous les sujets soumis ä leur action.
Je ne saurais trop insister sur la nöcessite de bien distinguer la difference qui existe entre le virus et le miasme, pour appröcier et reconnaitre la distinction qui existe entre une öpizootie virulente et une enzootie.
Qu'il me soit permis d'entrer dans quelques details pour faire appr^cier la difference qui existe entre une epizootie et une enzootie , qui trop souvent sont confondues dans le langage meme des personnes qui ont etudie avec succes la medecine vöterinaire.
L'animal aussi bien que l'homme est expose ä une foule de maladies qui menacent sans cesse son existence.
Lorsqu'une maladie dependant d'influences exterieures insalubres s£vit sur un grand nombre de sujets a la fois, on lui donne le nom i'epidemie, si c'est l'homme qu'elle atteint; A'epizootie, si eile frappe les animaux.
Ainsi on donne au mot epizootie la meme acception qu'au mot Epidemie; le premier s'applique ä la brute, le second ä l'homme.
Generalement les medecins admettent qu'il y a des epidemics contagieuses et de non conlagieuses. De meme on doit reconnattre qu'il existe des epizootics avec et sans contagion.
Oepuis Hippocrate, le plus grand nombre des medecins pensent que la cause des epidemics reside dans I'air atmospherique, qui sert de moyen de transport a I'agent nuisible. La physique et la chimie ont renverse cette opinion trop generalisee; et, sans vouloir entrer dans toutes les discussions au sujet de la cause des epizooties, bornons-nous a constater que la cause des epizootics, I'agent per-nicieux special, sous l'influence duquel elles se developpent, parait
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( 51 ) inappreciable et insaisissable. Dans l'amp;alactuelde la science,ondoit reconnaitre qu'il y a des causes appreciables et d'aatresqui,echap-pant ä 1'investigation , n'en sont pas mains reelles par la constante manifestation des effets qu'elles produisent. Le s^jour des monta-gnes ölev^es, oü, pendant une grande partie de l'annöe, le vent, le froid , la gelöe se font sentir alternativement avec des chaleurs brillantes; le voisinage des marais desseches, I'usage d'aliments avaries, l'habitation des etables etroites et trop peuplfes, la s6cr6-tion laiteuse trop prolong^e par des aliments trop succulents, et une foule d'autres causes qu'il est inutile d'enumerer, peuvent contribuer a alterer la sante des animaux et determiner des maladies meurtrieres. Mais ces causes ne suffisent pas pour provoquer et expliquer les öpizooties, qui presentent toutes, comme nous I'a-vons dejä dit, un caractere de spöcialit^. Comment les mamp;nes causes pourraient-elles, dans un cas, determiner une epjzootie de typhus ou de charbon, d'autres fois la pleuro-pneumonie exsuda-tive? Pourquoi les memes causes agiraient-elles plutot sur le boeuf que sur le cheval? Le bceuf est-il moins resistant quele chevaj? II est done naturel et logique d'admettre que les epizooties proeödent d'un agenttoxique special, d'un virus particulier, quin'ad'influence que sur les sujets qui se trouvent dans des conditions d'aptitude propres ä son action.
Nous avons dit qu'on admettait des epizooties contagiemes et de non contagieuses. Celles-ci ne sont, a vrai dire, que des enzooties qu'il Importe de ne pas confondre avec les epizooties.
On entend par epizooties les maladies qui, dependant d'un wus, atteignent, pour un temps limite, un grand nombre d'animaux a la t'ois dans un rayon plus ou moins etendu. Les maladies enzootiques sont celles qui rfegnent habituellement dans une locality, et qui do-pendent d'une ou plusieurs causes locales passagäres ou permanentes d'insalubrite agissant sur les sujets qui offrent le moins de resistance a leur influence.
Aprfes cette distinction, nous pensons que les veritables epizooties sont toujours contagieuses, parce qu'elles sont le produit de 1'absorption d'un virus.
Cette distinction entre les epizooties et les enzooties est trös-importante a etablir. Pour guerir une raajadie enzootique , il suffH
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ordinairement de faire cesser les causes permanentes oupassageres d'insalubrite, sous I'influence desquelles elles semanifestent,tandis que les maladies epizootiques propremenl dites sont, dhs leur apparition , presque toujours au-dessus des ressources de Fart par la constance et la gravity des dösordres pathologiques resultant de l'intoxication.
La pleuro-pneumonie exsudative est souvent öpizootique; mais eile ne Test pas toujours. Elle affecte quelquefois la forme enzoo-tique.
Expliquons-nous:
Lorsque la pleuro-pneumonie exsudative regne sur un grand nombre de sujels dans une localite, dans un ou plusieurs villages voisins, on la dit epizootique. Mais si on ne rencontre que quelques ras dissöminös, on ne pent pas lui attribuer le caractfere epizootique. Chaque jour cependant nous entendons dire: la pleuro-pneumonie epizootique regne dans teile commune, dans teile ferme, alors qu'il n'y a qu'un seul sujet ou tres-peu de sujets atteints. Dans ce cas, on ne devrail pas dire que la maladie est epizootique, et re-server cette qualification pour la designer lorsqu'elle sdvit sur un grand nombre de betes en mamp;ne temps.
Cette redoutable affection prend quelquefois le caractere enzoo-tique, lorsqu'elle semble avoir fixe son domicile dans une localite, qu'elle y a en quelque sorte pris droit de cite. Ainsi, cbezles nour-risseurs de Paris et de sa banlieue, a Hasselt en Belgique, a Deutz prfes de Cologne , la pleuro-pneumonie interlobulaire exsudative rögne'enzootiquement. Ce n'est qu'en considörant de cette manure les affections diverses qui ont, ä plusieurs reprises, promene leurs ravages sur dif ferents points du globe qu'on parviendra ä en ^loigner oua en empöcher la rdapparition. Les distinctions scolas-ticpies ont leur utility, on ne doit pas s'y tromper; si on les avail moins negligees, les secours de I'arl auraient ete moins souvent inefficaces.
Comprend-on, apräs ces details, que des hommes places trfe-haut dans la science vetdrinaire admettent que la pleuro-pneumonie exsudative puisse se d^velopper spontanement, 6tre quelquefois höröditaire ?
La pleuro-pneumonie interlobulaire exsudative; qu'elle soit ou ne
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( 53) soil pas epizoolique, est vm affection virulente späciale et con-
TAGIEUSE QUI NE SE PRODÜIT Qü'üNE FOIS SUR LE MEME SUJET. Teile eSt
ma conviction. Je la proclame bien haut. Ceux qui ne partagent pas cette maniöre de voir I'adopteront un jour, parce que la puissance de la veritö est teile qu'elle finit toujours par triompher.
En medecine humaine on admet des maladies virulentes qui ne se manifestent qu'une fois dans le cours de l'existence d'un indr-vidu. En medecine vamp;erinaire on connait des affections qui proce-dent de msect;me. Pourquoi la pleuro-pneumonie interlobulaire exsu-dative ne pourrait-elle pas etre de ce nombre?
Le typhus charbonneux, le typhus contagieux des betes bovines proviennent de virus differents, de virus speciaux qui amenent toujours des phenomenes et des lesions identiques. Les faits nous ont amenö ä admettre le virus pneumonique. Nous lui avons reconnu un caractöre particulier parce qu'il n'exenjait aucune action sur d'autres animaux. Ainsi I'homme, le cheval, le chien, le chat ne ressentent rien de rinoculation du virus pneumonique. Voici comment nous avons acquis cette conviction :
Cherchant a modifier Faction souvent dangereuse de rinoculation du virus pneumonique au boeuf, j'ai cherche a 1c fairo passer dans la circulation d'un animal d'une autre especc, pour voir s'il conserverait toute sa virulence premiere. C'cstalors que jel'ai ino-cule au chien, au chat, a. divers oiseaux, a la chevre, au lapin, au singe, au cheval, äThomme, et toujours sans obtenir aucun pheno-mene, malgre les precautions prises pour m'assurerquc le liquide avait amp;e mis en contact avec le tissu cellulaire. Sur le singe j'ai re-marque quelques traces d'inflammation, que l'indocilite du seul sujet de cette espece que j'ai pu operer m'a empeche dc suivro avec attention.
Ces experiences m'ont fait admettre que le virus de la pleuro-pneumonie exsudative etait special au bceuf.
Cette speciality, cette disposition particuliere des animaux qui les rend inhabiles a etre influences par un virus qui fait tant de ravages chez le boeuf, n'ont rien de surprenant pour robservaleur. La nature nous offre une foule d'exemplcs de ce genre.
La morve ne passe pas du cheval au bceuf; le claveau ne se trans-met pas du mouton äla chevre. On ne doit pas trouver etrange que
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le cHeval ä son tour ne soit pas sensible a Taction du virus gen6-rateurde la pleuro-pneumonie interlobulaire exsudative!
L'immunite de certains sujets contre les contagions ne provient pas du virus. Son inaction, dans certains cas, ne prouve rien contre son existence. Öon caractere propre est de toujours agir; mais s'il rencontre des sujets r^fractaires a son action, il ne perd pas pour cela ses qualites virulentes en general.
Ainsi on rencontre des sujets qui se trouvent dans des dispositions oü le virus est repoussö, oü il y a un veritable antagonisme pathologique. Exemple, le vaccin ne prend plus chez un individu döjä vacciriö ou qui a eu la variole: dans ce cas, le vaccin cesse-t-il d'etre un virus? Tons les medecins ont eu l'occasion de rencontrer desindividus quibravaientimpunement la syphilis. Devra-t-on con-clure de faits exceptionnels de ce genre que le vaccin et la syphilis nesont pas des maladies virulentes?
L'experience dömontre chaque jour que tons les animaux de meme espfece ne sont pas tons egalement sensibles a Faction du meme virus; et c'est fort heureux qu'il en soit ainsi, car I'espece humaine et I'espece animale auraient disparu du globe depuis long-temps , si tons les sujets de meme espece etaient tous au meme de-grö vulnerables ä Faction du virus. D'aprfes la definition donnee, les virus ont pour caractere de pouvoir, rester latents, caches plus ou moins longtemps avant de manifester leur presence dans les corps vivants oü ils sont deposes pour s'y multiplier, pour en sor-tir, ensuite pour agirde meme dans un autre corps. Parce qu'il n'est pas toujours facile d'indiquer comment un virus a ete transporte d'un animal dans un autre animal, on ne pent rien en conclure contre l'existence du virus ni Mi enlever les caracteres distinctifs que nous avons indiques.
La variole eclate dans un endroitisole, dans uneile par exemple, et parce qu'on ne peut pas se rendre compte de son apparition ni expliquer comment s'est developpöe cette maladie dans un endroit qui ne communique pas avec les populations exterieures, pourrait-on contester a la variole son caractere virulent contagieux?
Voyons ce que nous apprend la pleuro-pneumonie?
L'observation de faits bien observes prouve que la contagion se transmetpar I'introduction, dans les Stables ou dans les herbages,
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{ 55 ) de bötes malades ou contagionnees que le commerce y a amenees. Lorsque la maladie döbute dansune etable, dans un troupeau, eile affecte une marche toute particulifere, eile attaque lentement et suc-cessivement les animaux. Parce que la contagion comparöe k celle des maladies charbonneuses est trfe-lente, il ne s'ensuit pas pour consequence h^cessaire que la pleuro-pneumoiiie ne soit pas une affection ögalement contagieuse.
La contagion, l'incubation et la regeneration du virus exigent un quot;temps plus ou moinslong. Ainsi, dans la pleuro-pneumooie ex-sudative, quinze ou vingt jours aprfes la mort d'un premier animal , une autre bete est attaquee et succombe; une troisifeme ne tarde pas a etre atteinte; puis bientöt deux, trois, et souvent cinq ou six sont malades ä la fois. L'affection ralentit ses ravages, en-suite eile ne frappe plus que quelques animaux, de loin en loin, jusqu'ä ce qu'elle disparaisse. Teile est la marche ascendante et decroissante de toutes les maladies contagieuses epidemiques; la maladie qui nous occupe ne fait done pas exception.
Les animaux epargnös, ceux qui ont rösiste aux dösastres du flöau sont inhabiles ä Faction du virus qui a tue les autres bfites vivant en communautö dans la möme Stable, nourris et soignös de la meme manure et respirant le mörae air.
Les maladies contagieuses ne se manifestent pas toujours par le contact d'un sujet porteur du virus avec celui qui est sain, parce qü'on rie pourrait, dans l'etat actuel de la science, expliquer d'une maniere satisfaisante, comment se transportent les virus ä des distances plus ou moins longues; on ne peut cependant revoquer en doute l'existence des virus.
L'homme peut-il toujours expliquer tons les phönomfenes qu'il admire et qui l'etönnent?
Ce que nous venons de dire de la variole est applicable ä la pleuro-pneumonie exsudative ? quot;Voulant expliquer ces difficultös, les auteurs ont admis des virus gazeux.
Comment la pleuro-pneumonie exsudative peut-elle franchir d'im-menses distances sans contagionner les animaux qu'elle rencontre sur son passage, pour transporter le siege de ses desastres meur-triers ä 200 lieues par exemple de son premier foyer?
A l'imitation des auteurs nous pourrions trouver a enumörer une
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( 56 ) serie de suppositions, d'hypothesespiusoumüiusingenieuses; nous niettrions ä contribution l'air, I'eau, lageologie.etc, pourexpliquer le transport de la maladie d'un point vers un endroit tres-^loigne.
Nous rtjpondons ä cette question d'une maniere tres-laconique: iVoui n'en savons rien, et nous croyons que beaucoup d'autres sont dans la meme ignorance. Nous ajouterons a cette premifere re-ponse : iVous n'cn savons rien et nous ne tenons pas ä le savoir : en inoculant nne substance convenablement choisie et intelligem-ment appliquee aux animaux, je les rends inhabiles ä contracter la pleuro-pneumonie exsudative. Appelez cette substance virus, vaccin; donnez-lui le nom que vous voudrez; je la nomme virus pneumoniquc : je tiens moins au nom qu'ä la chose.
Ne disputons pas sur les mots; on attaquera la theorie k I'aide de laquelle j'interprete, j'explique un fait pratique. Dira-t-on que la d^couverte est inutile parce que la theorie est aussi vieille que le monde ; qu'on s'occupait de virus et d'antipathies du temps des Romains. Laissons aux hommes sörieux, graves, savants, le plaisir des discussions historiques et theoriques sans utility pratique ; et convenons, sans amour-propre, qu'il y a des faits qui, pour etre difficiles a interpreter, a expliquer, n'en sont pas moins positifs.
Les savants peuvent-ils expliquer pourquoi certains fleuves, äl'en-droit oü ils entrent dans la mer, determinent une maladie specials? Pourquoi le Gange produit le cholera, le Nil la pestc, I'Escaut la (ievre inlennittente, le Mississipi la fievre jaune? Pourquoi tous les fleuves de IWfrique engendrent la dyssenterie dans le voisinage du Cap?
Est-ce que dans la science on n'admet que des choses dont la preuve materielle puisse etre fournie ? L'homme a-t-il la preten-tion de connaitre tous les secrets de la nature ? Sommes-nous done , parvenus aux limites des connaissances humaines, siirtout dans l'amp;ude de cette nature infinitesimale quiechappek tous lesmoyens d'investigations ? Combien de verite's proclamees hier par les savants sont detronees aujourd'hui ?
Les chimistes, les physiciens, les physiologistes peuvent-ils tou-jours expliquer tous les phenomencs qu'ils constatent et s'en rendre compte ? Le mouvement de la lerre; les chemins de fer annulant 1'espace; le teWgraphe electriquc transporlant la pens^e en quel-
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( 57 ) ques minutes d'un bout de l'Europe a i'autre; la galvanoplastie; la marclie des öpid^mics; la fecondation des plantesplacees.ä des distances tras-eloignees; la multiplication des poissons k volonte ont trouvc beaucoup d'incrödules. Lc mamp;nc sort est reserve a I'inocu-lation prophylactique de la pleuro-pneumonie exsudative des betes bovines, qui n'en triomphera pas moins de rincredulite, parce qu'elle est un fait incontestable, et que les animaux ausquels on a inocule un virus convenablement choisi, ne sont plus exposes a mourir de la pleuro-pneumonie exsudative. Lestroissignescaracteristiques des virus sont la contagion, I'in-
CUBATION et la RfiG^N^RATION.
La contagion est l'installation du virus dans un corps vivant se trouvant dans les conditions d'aptitude propres a 6tre contagionne.
L'incubation est le temps qui s'feoule entre la contagion et la manifestation des phenomenes qui accusent la presence du virus.
La regeneration est la pöriode qui succede a l'incubation ; eile est la consequence de l'introduction du virus dans I'economie ani-male. Cette periode (regeneration) se fait remarquer par un etat de malaise, de gene dans les fonctions de la vie, de trouble general qui annoncent qu'un travail anormal se produit dansl'individu; ce travail accompagne la reproduction du virus.
L'cxperience, commc je l'ai deju dil, demontreque lous les sujcls nepresenient pas la meme apliltide ä la contamination des virus. Exemple : la syphilis.
L'experietice prouvc encore qu'il y a entre certains virus un an-lagpnisme qui s'oppose ä leur action successive sur le meme sujet. Exemple : le vaccin et la variole.
L'experience enfin prouve encore d'une manure evidente qnc certains virus n'attaquent qn'une fois le meme individu: Exemple : la variole, la vaccine, la scarlatine, le claveau, le typhus conta-gieux, la pleuro-pneumonie exsudative sont des temoignages irre-cusables de cette observation pratique.
Les details dans lesquels je viens d'entrer n'ont eu d'autre but que de prouver que l'inoculation du virus pneumonique trouvait, dans l'etat actuel des connaissances, une explication satisfaisante et des antecedents analogues.
La pleuro-pneumonie exsudative rejitre-t-elle bien dans les cv
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racteres que nous avons traces des mjladies virulentes? Peut-on lui appliquer la definition du virus, qu'une mauere heterogene qui pent s'introduire dans un corps vivanl, y rester im certain temps dans I'inaclion, s'y multiplier et en sortir cnsuite pour agir de meme dans un autre corps?
II n'existe plus de doute sur la contagiosite de la pleuro-pneu-monie exsudative #9632; et comme toute maladie contagieuse est le re-sultat d'un virus, nous devons admettre par l'etude du ddvelop-pement, delamarcheet de lä transmission de cette maladie, qu'elle rentre parfailement dans le cadre rigoureux de cette definition.
Eh bien , les phenomtjnes produits par I'inoculation, ou maladie provoquee dans le but de prevenir des desordres presque toujours mortels, lorsqu'ils sont la consequence de la contagion ordinaire, s'appliquent de meme a la definition. Nous y retrouvons les signes distinctifs et caractamp;üstiques de faction des virus : contagion, incubation et regeneration.
Que se passe-t-il, en effet, lorsqu'on inocule ?
Quand on pratique cette operation, il y a toujours reaction orga-nique, epanchement plastique qui forme barriere et tend ä s'opposer a la penetration du principe infectant. Un virus actif, comme celui de la pleuro-pneumonie exsudative, quand il est bien choisi et prepare , franchit cette barriere lentement, et passe, sans secousses, dansl'economie. Voila ce qu'onpeut appeler la contagion volontai-rement produite; tandis que la contagion qui est le r^sultat del'installation pathologique du Virus pneumonique dans le poumon du bceuf, comme cela arrive lorsque le fleau survient dans une Stable, etablit de prime abord son siege dans un organe important a la vie sans y rencontrer aucun obstacle.
C'est ce qui explique la rapidity et la gravite de cette maladie.
On ne doit pas perdre de vue que les animaux auxquels on inocule un virus sont, ou doivent etre dans de bonnes conditions, et qu'on choisit une partie accessible a des moyens therapeutiques; tandis que ceux frappfe par le fl^au se trouvent dans un etat special d'ap-titude, et que c'est un organe tres-delicat et tres-important qui re-Qoit le premier choc et devient le siege de 1'agent toxique.
A quoi servent les explications, les theories ? On les accueillera comme des utopies. Mais les faits se pramp;entent; ils ont leur valeur,
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( 59) leur Eloquence. Que prouvent-ils? C'est que l'inoculation, comnae nous la pratiquons, preserve l'espece bovine de la pleuro-pneumonie exsüdative. On aura beau dire, on aura beau faire, ce fait sera coh-testö, mais il n'en est pas moins constant.
Lorsqu'apres dix-sept annees d'etude, de recherches, d'essais, d'expöriences, je me suis decide a proclamer que l'inocw/afion du betail, faite dans certaines condiliom, avec les precautions que cette operation delicate reclame, prevenait la pleuro-pneumonie exsüdative, je neme suis pas dissimule que cette decouverle ren-contrerait beaucoup d'incredules : d'abord les savants, qui avaient beaucoup plus de titres que moi ä cette precieuse decouverte; en-suite quelques veterinaires-bornes, qui, avec la disparition du fleau de la pleuro-pneumonie exsudalive, voient s'evanouir pour eux une source deproduits, un element de clientele.
L'incredulite des uns, l'hostilite des autres cesseront. Ma decouverte fera son chemin. On pourra bien ralentir sa propagation, re-tarder ses bienfaits en semant la defiance chez certains propriamp;aires. Semblable a un fleuve qui cherche a renverser tons les obstacles qu'on cherche ä opposer a son cours, l'inoculation du betail fera le tour du monde, sans que I'amour-propre blesse ou I'ignorance puissent ralentir son voyage.
Si je me suis attendu a rencontrer des incredules, j'etais loin de supposer qu'une decouverte destin^e a rendre les plus grands services a l'agriculture et a Thumanite düt trouver des adversaires passionnes, injustes. En effet, de quoi s'agit-il ? D'un fleau, d'une veritable calamite publique qui fait le desespoir de l'art et engendre la misere. Comprend-on que tons les voeux, que tons les efforts ne se reunissent pas pour seconder celui qui a fait le sacrifice de son temps pour arriver ä un resultat aussi heureux ? Toutes les decou-vertes ont rencontrö l'incredulite, I'opposition. La vaccination de l'espece humaine a eu aussi beaucoup de pcine ä surmonter toutes les repugnances, mais nous n'avons pas apprisque la decouverte de Jenner ait eu ä lutter contre la malveillance et cette espece de doute qui ressembleä de l'hostilite. Quel nom peut-on donner aux personnes qui, sans tenir compte des heureux resultats de l'opera-tion, cherchent a grossir quelques accidents qui sont encore inseparables de la pratique du moyen preventif que nous avons decou-
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( 60 ) vert ? Si on amp;ail assez heureux pour trouver un moyen capable de prövenir le cholera, ce fleau presque perlodique pour I'hunianite , chercherait-on , parce que ce moyen aurait (ait quelques rares vic-times, a ralentir la propagation de la decouverte ? Evidemment non. Chacun considererail conime un devoir de travailler ä öclairer les populations, surlout celies qui n'ont pas et6 en position de profiter desbienfaits de rinstruction. Chacun tiendrait a honneur decontri-buer au succes d'une decouverte utile. Pourquoi agit-on differem-ment dans une question agricole qui Interesse rhumanitc ?
J'ai häte de le dire , si j'ai rencontre des contrarietes et des per-sonnes hostiles a la propagation de l'inoculation, j'ai ete largement rdcompensö par les temoignages de Sympathie dont j'ai ete I'objet en Prusse.
Je conservcrai toujours le souvenir de 1'accueil dont m'ont honore MM. Sehaurte, bourgmestre de la ville de Deutz; Simons Landrath; docteur Merrem, conseiller intime du roi: Weyhe, directeur de l'ecole agricole de Poppelsdorf; docteur A. de Lengerke, du college d'economie rurale h Berlin; de Muller, president de la regence k Cologne; de Kleist-Betzow, president superieur des provinces du Rhin a Coblenlz; P. Graff, consul ä Cologne , etc., etc., dont les sages conseils el le concours eclaire m'ont prouve tout I'interet qu'ils portaient au succes de ma decouverte. Je saisis avec bonheur l'occasion de leur exprimer toute ma reconnaissance. Aujourd'hui (jue le temps a pennis de juger de la valeur de l'inoculation, l'hon-neur de l'introduction en Prusse d'unc heureuse decouverte leur re-vient de droit. L'agriculturc reconnaissante enregistrera leurs noms sur la liste de ses bienfaiteurs.
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DE LA METHODE OP^RATOIRE.
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L'inoculation, pour prevenir la pleuro-pneumonie exsudative. est subordonnec d'abord au cboix d'un virus convenable, ensuile k une serie de conditions que nous indiquerons un jour.
J'ai pense que le moment n'etait pas encore arrive de faire lomber dans le domaine public ma decouverte, avec tousles do-tails qui en assurent le succes, parce que, dans l'etat actuel de la question, il Importe que tons mes droits a la priorite soient main-
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( 61 ) tenus intacts. Cette reserve trouve son excuse naturelle dans le dösir legitime d'attacher son nom a une decouverte qui intdresse la prospörite agricole des nations.
Au commencement de l'annee 1852, j'ai offertktous lesgou-vernements des fitats europeens, oü rbgne la pleuro-pneumonie exsudative, la demonstraiion publique et graluitc de ma tnelhode, en me metlanl ä leur disposition pour inilicr les personnes qu'on me designait, ä tout ce quc rnes eludes et mes experiences m'avaient appris sur cette importante question.
Cette offre n'est pas d'accord avec la reserve que je crois devoir encore garder aujourd'hui. Mais pour la comprendre, on doit se reporter a l'epoque oü je me suis mis a la disposition des gouver-nements etrangers. J'etais alors sous l'improssion penible que de-vait eprouver un homme qu'on venait de depouiller du fruit de ses travaux. Je pensais que ma decouverte m'ayant ete ravie, il ne me restait plus qu'ä me bonier au role de propagateur de I'inoculation, ayant acquis la preuve que mon contrefacteur ne m'a pas bien compris, et les gouvernements n'ayant attache i mes offres qu'une mediocre importance. Je rentre clans la plenitude de mes droits d'inventeur et dans ma liberte d'action.
Dans l'interet de la propagation utile de la decouverte, comme dans celui de la vörite, il Importe d'agir avec circonspection.
Ce serait une grave erreur do croire que I'inoculation pent 6tre indistinctement mise en pratique sur tons les animaux de l'espfece bovine dans toutes les conditions, et que cette operation est exempte de certains dangers.
11 Importe d'abord de savoir reconnaitre I'etat normal et phy-siologique de tons les organes renfermes dans la cavitd thora-ciqae.
Lesquot; animaux jouissant d'une same parfaile peuvent seals etre inocuMs. A quoi servirait une operation preventive de la pleuro-pneumonie exsudative pratiquee sur des animaux dejä porleurs du virus de cette maladie, en d'autres termes, se trouvant dans la Periode d'incubation ? N'oublions pas qu'il s'agit d'une affection incurable, et que I'inoculation elle-meme provoque une maladie qui n'est pas sans dangers. 11 importe done de n'opörer que des animaux dans de bonnes conditions, et capables de supporter I'af-
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fection que I'op^ration determine pour les rendre inhabiles a con-tracter la pleuro-pneumonie exsudative.
La premiere chose ä faire, dans une elable oü regne la maladie, c'est d'isoler, sans delai, les animaux malades, et de faire abattre immediatement ceux qui offrent peu de chances de guerison.
Les animaux douteux, ainsi que ceux qui presentent les premiers symptömes du mal, doivent ögalement etre isoles, sans qu'aucune communication puisse s'etablir entre eux et les animaux sains.
Aprös avoir constatö l'etat des animaux, on precede ä l'opö-ration en choisissant la partie inferieure du fanon ou l'extrömite laterale et inferieure de la queue. On y introduit un atome de virus pneumonique ä l'aide d'une aiguille ou d'une lancetle ä rai-nure, en forme de gouttiere.
L'inoculation est vraie ou fausse.
La vraie seule preserve de la maladie; eile ne prend pas une seconde fois sur le meme animal; eile reste sans action sur les animaux qui ont echappe ä une premiere infection.
L'inoculation fausse ne possede aueune propriete preservative; on pent la produire plusieurs fois sur la meme böte et sur les animaux qui ont öte atteints de la maladie.
L'inoculation vraie affecte une marche lente et reguliere. Les symptömes de l'inoculation qui se developpent avant le neuvifeme jour appartiennent a la fausse inoculation.
Les trois caracteres distinctifs du virus, contagion, incubation et regeneration, font distinguer l'inoculation vraie de celle qui est fausse.
Les phenomenes de la fausse inoculation doivent 6tre arretös dans leur developpement par le fer rouge.
Lorsque l'inoculation commence a manifester sa presence par des signes apparents, il convient de dimiuuer la nourriture habituelle des animaux, de leur administrer des breuvages abondants, des lavements emollients ou des purgatifs salins.
L'inoculation provoque, dans la place oü le virus a ete introduil. une secretion exsudative, dure et resistante, d'une nature particu-liere.
Dans les periodes de contagion et d'incubation, I'animal ne t^-
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moigne aucune douleur; on ne pourrait apercevoir aucun chan-gement dans sa maniere d'etre. Les proprtetaires des animaux croient cette operation insifignifiante, et y attachent d'abord pen d'importance. Ce n'est que lorsque la periode de regeneration commence que la fievre s'allume, que l'appetit et la secretion lai-teuse diminuent. Les animaux alors sont visiblement malades. Cette indisposition disparalt insensiblement, et bientot tout rentre dans I'etat normal.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; v
La periode de regeneration du virus amene quelquefois des accidents dans les etables oü la pleuro-pneumonie exsudative exerce depuis longtemps ses ravages. G'est surtout dans les en-droits oü cette affection est enzootique que les accidents sont les plus frequents.
Quand la partie inocuiee menace de devenir le siege d'un travail morbide trop considerable, il faut se hater, lorsque I'eco-nomie est suffisamment impregnee de virus, de provoquer la sortie du principe infectant dont il n'est pas toujours possible de limiter la reproduction.
Pour atteindre ce resultat, il faut recourir a un homme de l'art parfaitement initie a la pratique et au traitement consecutif de rinoculation.
Les animaux operes doivent etre surveilies chaque jour avec beaucoup d'attention; il est difficile de tracer, pour tons les cas, les soins qui doivent etre donnes, lorsque les phenomenes de l'inoculation sortent de la voie commune, qui est generalement tres-facile ä suivre ; c'est a l'intelligence et au savoir de l'homme de l'art qu'on doit abandonner la direction de cette partie de l'inoculation.
La partie essentielle de la decouverte est le choix du virus, )a maniere de l'extraire des poumons malades, et de le degager de tons les elements capables de nuire ä son action, en lui conservant ses principes speciaux.
L'etude approfondie des lesions pathologiques de la pleuro-pneumonie exsudative apprend ä connaitre et ä distinguer le virus propre ä l'inoculation prophylactique.
Quand l'operatipn a parcouru toutes ses periodes, on fait la contre epreuve, c'est-ä-dire qu'on soumet de nouveau les mamp;nes
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( ö/, ) animaux ä une seconde operation, qui ne donne plus le moindre phönomene si la premiere a ete bien faite. L'inoculation du betail, de mamp;ne que la vaccination de l'hoimne, ne prend plus sur les animaux inocules ou qui ont deja eu la maladie.
Pour bien se rendre compte de l'operation et de la contre-epreuve, on doit se rappeler qu'il y a antagonisme entre la ma-tiere que j'inocule et la pleuro-pneumonie exsudative. C'est-ä-dire que les sujets qui ont absorbe le virus que j'ai introduit dans leur ^conomie sont rendus inhabiles ä etre influences par l'agent producteur de la pleuro-pneumonie exsudative. J'attends que les savants viennent a mon aide pour expliquer un fait pratique aujour-d'hui bien constatö. En attendant, je considere la substance que j'inocule comme incompatible avec la maladie. L'important, c'est que les animaux operes d'aprfes ma methode soient affranchis du llöau qui fait la ruine de ragriculture. Je laisse ä d'autres le sein d'interpröter ce beau ramp;ultat.
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L'INOCULATION JUG^E PAR LES FA1TS.
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Au mois de juin 1852, lorsque fut publi^e la lettre par laquelle M. Willems faisait connaitre au gouvernement beige qu'il avait invents l'inoculation preventive de la pleuro-pneumonie, je vis que mon jeune confrere avait mal compris ma decouverte, qu'il n'avait retenu que le nom de l'operation. Je dus forcöment, pour conserver mes droits ä la priorite, que j'avais compromis par ma communication du 16 fövrier 1851, conserver le secret de ma methode, agir avec beaueoup de circonspection, et prouver, par de nombreuses experiences, qu'elle mettait sürement les animaux de l'espöce bovine ä l'abri des atteintes du fteau, tandis que la prt-tendue decouverte de mon compamp;iteur devait necesiairement öchouer, parce que l'erreur n'est pas nöe viable. Les ^laments dont se compesait la commission beige, chargee par le gouvernement de contröler les assertions de M. Willems, me rassuraienl compl^tement.
Des hommes places si haut dans la science, et surlesquels l'Europe avait I'ceil fix6, ne pouvaient que dire la \6nt6, sans se pr^occuper de questions personnelles. Je savais done que la lu-
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( 65 ) laquo;licre jaillirait du rapport si impatiemment atlendu, et qu'un jour je pourrais confondre 1'usurpateur en opposant la victoire ä sa döfaite.
Ce jour est enfin arrivö.
On n'a pas oublie le bruit que fit l'annonce de la döcouverte du moyen de prövenir cette redoutable calamite, qui ruine 1'agricul-ture de presque toutes les nations. Dans ce moment d'esperance et d'engouement, j'aurais amp;e tres-mal accueilli si j'avais älevö des doutes sur le succes de cette heureuse trouvaille, et surtout Si j'avais reclamö pour moi la priority de la decouverte de I'mocu-lation preventive de la pleuro-pneumonie exsudative, en faisant connaitre que la pramp;endue invention de M. Willems ötait une action mauvaise en meme temps qu'une grosse erreur. A cette öpoque, tout le monde esperait. Ma position particultere me com-mandait d'attendre, de laisser dire, de laisser faire. Je devais me renfermer dans le silence le plus absolu, et fournir des preuves k l'appui de ma decouverte.
Voulant soustraire ma methode et mes experiences au funeste contact d'une atmosphere viciöe par la partialitö et la camaraderie, et surtout par les reclames sonores et mensongferes de la presse beige, il ne me restait qu'ä transporter en pays Stranger le siöge de mes experiences, en laissant au temps et a la raison le soin de calmer les esprits et de faire juger sainement les choses.
Je m'estime heureux d'avoir choisi la Prusse, oü, ä l'abri des influences de la prevention et de la politique des coteries, j'ai pu me livrer ä mes experiences, et prouver que ma decouverte est un moyen assure de prevenir le fieau de la pleuro-pneumonie exsudative du betail, qui sevit dans ce royaume avec un si deplorable acharnement.
Je savais que dans ce pays je rencontrerais des populations ini-liees aux bienfaits de l'instruction, des fonctionnaires bienveil-lants et senses, qui apprecieraient !e service que I'agricuUure de-vait en retirer, sans se preoccuper du pays oü l'inoculation du betail avait pris naissance.
Aujourd'hui que ma methode d'inoculation est confirmee par une annee d'experiences, pendant laquelle aucun animal opere far mes soim n'a ete atteint de la matadie an milieu du fleau
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epizootique, combien les fonctionnaires pmssiens doivent se t€\i-
citer du bienveillant patronage qu'ils ont bien voulu m'aceorder !
Q\ie\s services ils ont rendus a leurs administr^s en leur conser-
vant un- des premiers elements de leur fortune !
Pendant que la commission beige etudiait dans mon pays, avec la plus scrupuleuse attention, la question de i'inoculation, comme l'avait posöe M. Willems, je mettais ma decouverte en pratique dans un pays etranger, dont je ne connaissais pas la langue, mais dont le souverain m'avait honorö de ses Mcitations en m'6cri-vant: que mes travaux me donnaient de justes litres ä la recoil' naissance de met concitoyens; et en m'exprimant ses remercS-ments, le roi de Prusse m'engageait ä accepter la medaillequit
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m'adressait comme une marque de sa satisfaction et de sa bien-veillance.
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Arrive en Allemagne au mois de juin 1852, j'y ai pratique, jus-qu'en octobre de la meme ann^e, un tres-grand noinbre d'opära-tions dans les conditions les plus desavantageuses. C'est-a-dire que, partout oil j'ai opere, la maladie regnait dans I'etable ou dans I .,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;la commune; et e'est surtout chez les proprietaires qui n'avaient
plus d'espoir de conserver leur betail que les premieres inoculations ont pu etre pratiquees.
Convaincu de l'infaillibilite de ma decouverte, je garantissais le succes de mes operations et leurs consequences. Les proprte-mnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; laires des animaux qui ont succombe pendant la pöriode des cha-
leurs excessives du mois de juillet 1852 ont ete indemnis^s.
Cette maniere d'agir et les rösultats inspirerent la confiance; pouvait-il en etre autrement, en presence d'une conviction m6-branlable, en presence de faits qui demontraient chaque jour que le Man epargnait les bestiaux inocules ?
Le gouvernement prussien, dans sa sollicitude paternelle pour tout ce qui interesse ses admluistres, fit surveiller et suivre mes operations. Le bourgmestre de chaque commune devait envoy er un rapport mensuel au landrath du cercle administratif (sous-prefet), pour lui indiquer les operations faites, avec tons les do-tails capables d'en faire apprecier la valeur au point de vue pro-
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phylactique. Chaque landrath, a son tour, redigeait un rapport
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general qu'il adressait au president de la regenco. De cette ma-
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(67) nifere, l'autoritä connaissait, ä des epoques röguliferes, les rfeul-tats obtenus.
Nous pouvons affirmer que tons les rapports tails avec cettlaquo; scrupuleuse exactitude dont radministration prussienne donne l'exemple, n'ont pas signal^ un seul insuccfes pour ma döcouverte. Douze mois ont passö sur les nombreuses experiences de l'Alle-magne, et aujourd'hui (30 juin 1853), aucun des animaux op6ramp; par mes soins n'a etd atteint par la maladie, au milieu du fläau qui a continue ä sevir sur les betes non inocul^es.
11 a done 6l6 dämontre que l'inoculatiop rendait les animaux impropres ä contracter la maladie, puisqu'aucun animal, sur le-quel l'inoculation vraie a manifesto ses phönomenes particuliers, n'a' 6tä atteint. Quelquefois pourtant, on voit des sujets vaccinös contracter la petite vörole, ce qui n'empöche pas le vaccin d'etre le prtiservatif par excellence de la variole.
Dans toutes les communes de l'Allemagne ou j'ai opörö, en 1852, rinoculation a triomphe de Tincrödulite et conquis !a con-üance genörale. Je n'entreprendrai pas de consigner ici ramp;ium6-ration longue et fastidieuse, et desormais inutile, des milliers d'inoculations, pour röpöter sans cesse: La maladie regnail dant l'etable ou dans la commune; toutes les inoculations vraies ont empeche les animaux de devenir victimes du ßeau. La maladie a continue ä sevir sur les animaur qui n'avaient pas ele soumisä, l'inoculation preservatrice.
Aprte les rapports des autoritös d'Allemagne, un pareil travail fatiguerait mes lecteurs par les continuelles repetitions qufil ne-cessiterait.
J'ai pense devoir me borner au resume rapide de quelques cas qui temoignent de la puissance preservatrice de l'inoculation, et des accidents qui arrivent quelquefois. Comme nous l'avons döjä dit, dans la ville de Deutz, la pleuro-pneumonie exsudative est en-zootique; eile y fait, depuis longtemps, de nombreuses victimes. 11 a fallu tout l'ascendant et toute l'influence de rhonorable M. Schaurte pour determiner les proprietaires les plus maltraites par le fleau ä essayer, en desespoir de cause, l'inpculation.
Dans cette ville, j'ai inocuie tous les animaux appartenant ä MM. Muller, Franck, Hiffter. Romer, Zundorff. Hilgers, Schu-
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( 68 ) macker, Wirz, ßliorsbach, V. Deckers, J. Deckers, Kaebe, Pos-thofen, Sauer, Neuhoffer, Hassel, Cicnvini, Hurten, Barlh. Partout oü l'inoculation vraie a manifeste ses phenomenes, la maladie n'a plus fait, de victimes.
On me communique a I'instant un document authentique, qni Anane de la mairie de Deutz, sous la date du 30 mai 1853, et du^ quel il resulte :
1deg; Que toutcs leu betes inoculecs auec succes sont resides saines, el fju'aucmic n'a auccombe a la pleuro-pneumonic cxsudalive;
2deg; Qt(e ii toules les heles ä comes de la commune de Deuts avaient ele hwculees avec succes, et si les aitribulions de la mairie I'avaienl pennis, les mesurcs de police sanitaire qui em-pechent la circulation du beiail auraient ele levees,
Un propriätaire cultivateur, M. Sieger, qui habite Ralshofen, localite situöe h pen de distance de la ville de Deutz, fit, aux de-mandes que lui fit M. le bourgmestre, les reponses que nous re-prodiiisons lilteraloment :
Cologne, 25 mai 1835.
laquo; Ayant ä repondie aux questions qui m'ont ete adressees pour connaitre quelle confiance on pent avoir dans la methode d'ino-culation dc M. 1c docleur de Saive, pour prevenir la pleuro-pneu-monie des betes ä cornes, je vous prie de röpondre, de votre cölö, aux questions suivantes, d'aprfes l'expörience acquise chez vous el ehez vos amis : laquo;A. — Depuisquand a-t-on fait reparation dans vos Stables?
laquo; Le 20 septembre 1852. laquo; B. — Quel fwt le resullat de cette operation ?
laquo; J'ai fait inoculer trenle sujets par M. le docleur de Saive; dies quinze, ioperation a pris ; chez les atitres, eile est reslee sans phenomeve apparent. II est possible que I'epizoolie, qui regnail dejä depuis longtemps dans mes etables, soil cause de ce resullal, car, le 8 du mois de seplembre, le premier cas de maladie se presenlait, et, le 20 septembre settlement, je faisais inoculer. k C. — Ou'avfv-Vüiis observe dans la santt; de vos bet^s?
laquo; Defriiis leM septembre 18.i2,/'cflaquo;lt; tanitnise de mon hetwl
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( 69 ) eil hcs-bon, el je nai perdu aucune bile ä la suilc de linoeu-lalion. laquo; D. — Avez-vous mis dans vos (Stables, parmi vos betes malades, des betes chez lesquelles l'inoculation a reussi, et qui etaient placees dans d'autres communes ?
laquo; J'avais vies biles dans deux ctables, placees ä irente pas l'tine de l'aulre; dans une des etables, la pulmonie n'existait pas. J'ai place, avant comme apres, des betes de celle elable chez lesquelles I'inoculalton avait pris, parmi les bcles malades, meme dans une elable oü d'aulres elaient dejä crevees. Malgre cela, les beles sont rcstecs saines jusqu'ä ce jour. laquo; E. Seriez-vous tout a fait tranquille dans le cas oü la maladie viendrait de nouveau ä .reparaitre dans vos etables, et separe-riez-vous rigoureusement vos betes des betes suspectes ?
laquo; Si la pulmonie revcnail dans mes elables ou duns les environs, par precaution, je ferais inoculer de suite tons mes bes-liaux,apres quoi je serais parfaitemenl tranquille, quand meine mes beles se trouveralenl en conlact avec des beles malades, puisque, d'apres ma conviction, je considere rimculalion comme la mcilteure qaranlie contre la pulmonie,
Lc maire de la ville dc Deutz, SCHAURTE. raquo;
Cette declaration, emanee d'uu homme aussi honorable que SI. Sieger, et auquel M. le bourgmestre de la ville de Deutz a cru devoir s'adresser pour connaitre son opinion , ne peut laisser au-cun doutc sur la valeur de l'inoculation,
Cette opinion est basec sur des faits bien observes, conscien-cieusement suivis, au centre d'une epizootie; et si M. Sieger n'a-vait pas t5te satisfait, son interet, comme son devoir, lui auraicul dicte d'autres reponses.
Rappelons quelques circonstances qui ont precede ma visite chez M. Sieger.
Au mois de juin 1852 , on proposa a M. Sieger de faire inoculer son Mtail, en lui disant que e'etait une mesure que la pre-voyance conseillait, bien que sa ferme, isolee, eitt toujours dte epargnöe par le fleau; que le voisinage de Deyf.z pouvait lui ^tre
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( 70 ) fatal. Rien ne put decider M. Sieger, qui se croyait, pour toujours, a l'abri des atteintes de l'epizootie.
Tout a coup, la maladie entre dans ses etables, au commencement de septembre 1852, et y fait, en quelques jours, de nom-breuses victimes. Aussilöt, M. Sieger me prie d'inoculer tout le betail qui lui restait. Je me rends k ses desirs, en lui garantissanl que tons les animaux sur lesquels I'inoculation prendrait seraieni 6pargnes par la maladie. La declaration de M. Sieger me fait con-naitre ce qui est arrive, car je n'ai vu M. Sieger qu'une seule fois. le 20 septembre 1852.
Une des plus belles vacheries de Deutz, sous le rapport de l'hygiene, de la valeur des animaux et des soins intelligents donl ils sont I'objel, appartient a M. Muller, proprietaire de l'hötel de la Gouronne. L'epizootie n'a pas cesse, depuis plusieurs annöes, d'y faire des ravages et de nombreuses victimes. Le 16 juin 1852. j'opere indistinctement les quinze animaux restant k M. Müller, en lui d^signanl d'avance la vache qui devait encore succomber. Le 26, mon pronostic se realise, et l'autopsie a decouvert des pou-mons du poids de dix-huit kilogrammes, sans que cette bete portal la moindre trace d'inoculation. Le proprietaire me fit remarquer quatre betes qui, d'apres lui, avaient eu la maladie. L'inoculation. pratiquee deux fois sur elles, la premiere fois, le 16 juin, la se-conde fois, le 2U, a donne des symplomes tres-lents et tres-peu apparents, presque conlestables.
M. Muller fut l'objet des plaisanteries de ses voisius, de ses amis, pour avoir ose soumetlre ses animaux, de si grande valeur, ä une operation nouvelle dont on ne pouvait rien dire encore; mais M. Müller est un homme r^flechi, qui aime le progres, qui raisonne. Le souvenir des pertes considerables qu'il avait 6prou-vees, et qui n'avaient pas cesse, occupait son esprit; rien n'avait pu arreter sa determination. Ses etables sont ouvertes au public: les curieux, les incredules, les adversaires de ma methode s'y donnaient rendez-vous ; on discutait, on se livrait a des dissertations, plus ou moins savanles, sur une operation qu'on ne connais-sail pas. L'inoculation, pourtant, rencontrait des adversaires ; d'airtres trouvaient absurde un moyen qui ne döterminait aucun phamp;KHDamp;ie. Enfin, apres dix-huit jours apparurent des symptö-
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nies que Ton vit, que Ton toucha; les prophfetes de mauvais augure changerent d'avis : insignifiante la veille,' l'inoculation devint, du soir au matin, une operation dangereuse. Une chose dont on ne paraissait plus s'occuper, c'ötait de la maladie et de son incurabilite. M. Muller n'avait pas perdu ce souvenir. Au nom-bre des animaux- inoculös, se trouvait un jeune taureau, äg6 de iU mois. Ayant etö opörö deux fois, on le croyait r^fractaire ä I'action du virus, lorsque, aprfes quelques saillies, il entra dans un ötat d'excitation que le vacher crut pouvoir calmer en lui permet-lant de nouvelles et IWquentes saillies. Petit, comparativement ä la taille des vaches qu'il servait, il faisait de longs et penibles efforts pour atteindre son but; chaque fois que I'acte avait ete consomme, il retombait en se renversant sur sa croupe. Tout ä coup, l'inoculation se manifeste, et, du soir au matin, un gonflement considerable de la croupe apparait (vingt-sept jours apres I'ope-ration).
Rien ne put arreter ce gonflement, et, le 30 juillet, I'animal suc-comba ä une entero-peritonite avec phlebite et epanchement.
Une vache a aussi öprouve des accidents a la suite de l'inoculation. Elle est devenue malade au mois de juillet 1852, et a suc-combe au mois de septembre suivant, mais a. une autre affection que la pleuro-pneumonie exsudative, cette maladie ne mettant pas trois mois pour tuer les animaux quien sont atteints.
M. P. Müller a eUj recompense de sa conflance. Ce proprietaire. dont les pertes etaient journaliäres, n'a plus sect;prouve de cas de pleuro-pneumonie exsudative. Ce flöau a quittö ses etables, et les animaux, pour y etre admis a I'avenir, devront avoir 6te inocules. Ma decouverte, appliquee a. Deutz, sous les yeux de l'autorite, a prouve les services qu'elle pouvait rendre.
L'administration communale, presente aux operations, lesasur-veillees chaque jour ; eile a done pu prendre les conclusions que nous venons de rapporter, et qui sont le plus eclatant temoignage en favour de l'inoculation, puisqu'elle declare que, d'apres ce qu'elle a vu, si tous les proprietaires avaient fait inoculer leurs animaux, la maladie aurait disparu de cette commune.
Avant de parier des accidents, fort rares du reste, qui se pro-duisent quelquefois aprös l'inoculation, nous croyons devoir en-
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core consigner ici un fait qui en montre I'lieureuse influence.
Le 21 juiltet 1852, on me pria de me rendro dans la commbne de Surlh, oil l'epizoolie faisait de grands ravages.
M. Mintcn fut 1c premier qui reclama la mise en pratique de l'o-peration sur son betail. La maladie venait de lui enlever six va-ches, el, ä mon arriv^e, en presence de M. Wa^hn, bourgmestre de la commune, de M. Adolphe de Thielmann, j'examinai avec la plus scrupuleuse attention les animaux de M. Minten.
j'etais au milieu d'un foyer de contagion; j'etais heüreux de trouver une si belle occasion de prouver le pouvoir de l'inocula-tion. J'avais un ^cueil ä öviter, celui de laisser s'accrediter I'opi-pinion que I'inoculation pouvait gu^rir la pleuro-pneumonie. M. Minten, homme d'une intelligence remarquable, comprit trös-t bien la distinction a faire entre un moyen pröventif et un moyen curatif; il reclama avec instance l'operation de tous ses animaux indistinctement, et je la pratiquai en presence des tamp;noins i6si-gnlaquo;5s ci-dessus et d'autres curieux dont je n'ai pas inscrit les noms.
J'annoncai que sur les animaux atteints de la maladie, I'inoculation ne prendrait pas, et que la mort aurait lieu. Je designai quelques vaches qui devaient n^cessairement perir sans que I'inoculation püt manifester ses phönomönes particuliers. Avec toutes ces reserves consignees par ecrit, j'inoculai tous les animaux; l'imminence du danger justifiaöt l'emploi de tous les moyens, je fis Topöration a trois reprises differentes, pour m'assurer que I'ab-sorption du virus aurait lieu ou qu'elle etait impossible.
Quatre vaches, une genisse et un veau succomberent encore a la pleuro-pneumonie exsudative. Sur aucun de ces animaux, I'inoculation ne produisit aucun phenomene. Un beau taureau et une vache robe isabelle etaient consideres, par le veterinaire de la maison et par M. Minten, qui avaient acquis une si terrible experience des dangers de cette maladie, comme devant necessaire-ment succomber. On se proposait de les faire abattre pour purger ratable des elements de contagion. Je les inoculai comme essai, et, apres la seconde operation, les premiers symplömes de l'i-ooculation parurent, et les accidents cesserent.
Ces deux betes ont parfaitement gueri.
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üne vache qui presentait les signes de la maladie fut inoculöe; sans succfes, ä trois reprises differentes, et donna im veau mort-ne, presentant les lesions pathologiques de la pleuro-pneumonio exsudativo au second degre. Gelte bete a encore gross! les pertes de M. Min ten.
Enfin, de vingt-trois betes inoculees, M. Minten n'a conserve que celles, au nombre de onze, sur lesquelles l'inoculation a pris. Toutes les autres, malgre desoperations ramp;teröes, ont suecombö au Mau dövastateur, sans que l'inoculation ait reussi.
La maladie cessa chez M. Minten j tont le monde le savait; il amp;ait oecupe ä repeupler ses ^tables par des animaux qu'il faisait inoculer avant de les y introduire, lorsque tout ä coup, le 1er aoüt, sans cause connue, une vache sui'laquelle l'inoculation avait par-couru röguliferement toutes ses pöriodes, avorta,
Le 3 aoüt, me rendant dans la commune de Surth pour d'autres operations, je donnai ä M. Minten le conseil de s'adresser ä son vetamp;inaire ordinaire pour op^rer l'extraction du delivre, qui n'a-vait pas amp;e expulse, annongant que la retention du placenta pour-rait determiner des accidents. Le vamp;erinaire ne put operer la de-livrance ; la vache devint malade; vite il jeta sur le compte de la pleuro-pneumonie exsudative les accidents auxquels il n'avait pu soustraire l'animal.
Je voyais habituellement cette bete, que je tenais en observation. Chaque fois, j'examinai l'etat des organes contenus dans la poitrine, et j'affirmais, apres chaeune de mes visites, que la bete suecomberait, mais que les poumons resteraient sains.
La vache toussait un pen ; on fit grand bruit de ce Symptome; on voyait un echec, ma m^thode allait inevitablement faire nau-frage. Le propriamp;aire lui-meme fut dbranle dans sa confiance; inquiet, il vint me chercher le 24 aoüt. J'examinai l'animal avec toute I'attention dont j'etais capable, et j'acquis la conviction, par le stamp;oscope, que les poumons etaienl permeables k l'air. Je ras-surai M. Minten en lui garantissant le payement de trois fois la valeur de cet animal s'il succombait a la pleuro-pnenmonie exsudative. Je lui dis qu'il fallait attendre la mort; qu'elle ne tarderait pas ä me donner raison, en prouvant une fois de plus la puissance preservatrice de l'inoculation, Le 26 aoüt, l'animal succombe. Le
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(74) vamp;ärinaire se häte d'en faire I'autopsie en mon absence. Pour justifier son opinion et ses funestes predictions, il balbutie, en presence de curieux avides de savoir qui avait raison, quelques explications qui ne trompent personne.
Le proprietaire, qui n'a pas etudie la medecine vötörinaire, mais qui a fait un triste apprentissage des lösions de la pleuro-pneumonie exsudative, vit que les poumons ötaient petils, maus et sans marbrures; aussitot il vint me trouver ä Cologne pour m'annoncer, avec cette bonne foi qui le caracterise, que j'avais gagne mon proces, que j'avais raison.
Je me rendis le 27 aoiit ä Surth avec M. Smits, vamp;^rinaire, qui jouit ä Cologne de la confiance et de la consideration generate; et en presence de M. le bourgmestre, de M. de Thielmana, de M. Minten, on procöda ä l'exhumation du cadavre.
Les poumons etaient mous, legers, permeables ä l'air, ne pre-sentant aucune trace d'exsudafion plastique, caracteristique de la pleuro-pneumonie exsudative1
Cette vache a succombe ä une metrite avec resorption puru-lente, comme l'attestaient l'organe utörin reduit en putrilage, ainsi que les reins. Le poumon droit contenait quelques tubercules ä l'etat de suppuration, mais il n'existait pas de lesion qui püt laisser le moindre doute dans l'esprit sur la cause de la mort. Les eslomacs Etaient volumineux; le feuillet surtout avait triple de volume et renfermait une grande quantite d'aliments sechfe et durcis comme du carton.
ün fait a frappö tout le monde, c'est que les poumons etaient les seuls organes restes en bon 6tat.
L'opinion unanime fut que la methode d'inoculation avait gagnö son proces.
Tous les animaux de M. J. Waahn, frere du bourgmestre de la commune, qui avait pu apprecier la valeur de reparation, furent inoculös, parce que la maladie venait d'äclater dans ses Stables. L'affection a cessö, et depuis lors n'a plus reparu. A Purth, la maladie se declare dans les Stables de M. Wivys, qui reclame rinoculation. J'opdre tous les animaux; un succombe, et tous les autres r^sistent au ftöau, qui disparait sans cesser de faire de nom-
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breuses victimes chez les voisins qui n'avaient pas fait inoculer leurs bestiaux.
L* opinion, mal gee certaines tracasseries suscitees ä tous ceux qui produisent une idee nouvelle, et dont il est inutile de parier, a conquis tant de partisans a I'inoculation que tous les propriötaires de bestiaux demandent ä faire operer leurs animaux. 11 y a plus, e'est que les propriötaires des animaux InocuMs par moi, il y a un an, ont une teile confiance dans la valeur de l'imtnunitd donnöe par I'inoculation, qu'ils cönsentent a laisser placer des animaux malades a cöte de ceux que je leur ai inocules. Ils considferent reparation comme rendant infailliblement les animaux impropres h etre contagionnes par le virus de la pleuro-pneumonie exsu-dative.
M. Borlatti, propriötaire, dont le devouement et la bienveil-lance sent si justement apprecies dans la commune de Lechenich, oü il habite, a beaucoup contribuö a fournir la preuve que I'inoculation mettait les animaux a l'abri des atteintes du flöau.
Dans la commune de Lechenich, laraquo;pleuro-pneumonie faisait de nombreuses victimes; I'administration communale avait present la sequestration de toutes les betes ä comes, et interdit toute circulation. MM. Borlatti et Wierz, ce dernier bourgmestre de la commune, ont fait tous leurs efforts pour engager les proprietaires h laisser inoculer leurs bestiaux. Ceux qui ont consenti ont vu ces-ser la maladie dans leurs etables.
La maladie, dans une seconde apparition a Lechenich, fournit k M. Borlatti le moyen de prouver la valeur de I'inoculation. Son betail, mis en contact avec des animaux malades, resta sain. M. Borlatti est si convaineu^ de l'immunite dont jouissent les animaux que j'ai inocules chez lui, qu'il les place avec confiance dans les ^tables oü la maladie sevit en respectant les siens.
Je pourrais citer une foule de faits semblables, qui tous, sans la moindre exception, temoignent que ma mamp;hode d'inoculation est. un pröservatif assurö de la malädie pulmonaire qui nous occupe depuis si longtemps.
Ainsi, les animaux inocules par mes soins au mois de juin 1852 resistent en 1853 ä une nouvelle invasion du fleau, qui enl6ve tous les animaux non inocules et introduits dans lelable. La con-
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(#9632; 7o ) viction qui m'anime est passee dans I'opinion. Cost ainsi que les compagnies d'assuranccs agricoles ont considerablcment reduit la prime d'assurances a payer pour les anhnaux iuocules par moi. Cette confiance ne leur est venue que par la juste et impartiale observation des fails. Les autorit^s communales declarent que, si tous les animaux de la commune avaient ete inoculfe, elles n'he-siteraient pas k lever les mesures de police sanitaire, si cette me-sure tombait dans leurs attributions.
Je pourrais citer de nombreuses experiences faites en France; mais elles sont trop recentes et presque toutes ont ete pratiquees dans des conditions si mauvaises que je ne pourrais les invoquer a l'appui de la bontd de ma decouverte, ni les citer comme des re-vers. On ne manquerait pas de me repondre que ces betes, ino-culees dans des elables oil la pleuro-pneumonie exsudative ne cesse jamais de regner, epargnees jusqu'aujourd'hui, pourront devenir malades demain. Tous les hommes senses savent que, pour apprecier la valeur d'un moyen qui ne doit avoir de resultats quo dans I'avenir, il faut attendre la confirmation du temps, en tenant note des faits qui se produisent.
Pour nous, comme pour tous les hommes impartiaux, Tiuocu-lation, faite avec un virus convenable dans de bonnes conditions, csl un preservatif certain de la pleuro-pneumonie interlobulaire exsudative des betes bovines.
Mais combien de temps dure I'immunite resultant de l'emploi de la methode pröservatrice ? Teile est la question qu'on ne man-quera pas de m'adresser, et je me hale d'y repondre.
Dans ma maniere de voir, je pense qu'elle doit durer autant que Tanimal lui-m6mo, qui a ete inocule. S'il est vrai, comme I'expe-rience le demontre, que les animaux qui ont eli une fois atteinls do la pleuro-pneumonie exsudative ne sont plus aptes a contracter cette maladie, on doit admetlre comme consequence logique qu'a-pres une premiere contamination du virus pneumonique, une se-conde ne se produira plus. Cost ce que prouve d'ailleurs I'expe-rience de l'inoculation qui resle sans effet, lorsqu'on la pratique une seconds fois sur 1c meme animal.
Quelques cas de variole survenus chtz des sujets vaccines onl fjiit admetlre que riintnunite due au vaccin n'elait que tempo-
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raire, et qu'il etait prudent de revacciner, k quelqiies annees d'in-tervalle, pour pramp;mmir avec certitude I'espece humaine centre la variole.
Les memes craintes, les m6mes precautions peuvent amp;re etni-ses, pratiquees, quand il s'agit de I'espece bovine; mais on ne doit pas oublier que le boeuf a atteint le but de sa destinöe en tres-peu d'annees, et que rimmunite n'a pas le temps de s'affai-biir dans le court espace qui söpare sa naissance de sa mort.
Au reste, en admettant que rimmunite ne flit qu'annuelle, et qu'il fallut pratiquer plusieurs fois I'inoculation, cette operation serait encore une immense garantie. un bienfait que les amis de l'agriculture sauronl appröcier.
A peine le public avait-il ele averli que rinoculalion de la pleuro-pneumonie exsudative pouvait mettre les animaux de I'espece bovine a l'abri des atteintes ultörieures de ce fleau, que de toutes parts on eleva des doutes, on s'ingönia ä trouver des objections, on fit la critique d'une decouverte rest^e un secret jus-qu'ä ce jour, car il n'est plus possible aujourd'hui de considamp;vr comme serieuses les pretentions de M. Willems. Tout ce qui a amp;^ dit dans ce Memoire prouve surabondamment qu'il a cherchö, et tres-maladroitement, a s'approprier mes idees pour en faire un tres-mauvais usage.
On ne s'esl pas contente de dire que la decouverte amp;ait impossible, qu'il faudrait, si eile se realisait, refaire tout ce que la science avait enseignß sur les virus et sur la contagion.
L'honorable M. Fallot, membre de l'Academie de mödecine de Belgique, a oppose a ce scepticisme pramp;entieux quelques paroles qui acquierent, dans la beuche de ce savant mödecin, la valeur d'une lecon. Voici comment il s'est exprime au sujet de la decouverte de I'inoculation du betail dont s'occupait l'Academie. (Seance du 31 juillet 1852.)
lt;( Dans une question aussi palpitante d'actualite, qui prcoccupe laquo; si fortement les esprits et louche k de si grands intenHs, et qui, laquo; en definitive, nepeut 6tre resolue que par le temps et l'observa-laquo; lion, on comprend qu'il faille redoubler de precaution, et veiiler laquo; soigneuseraent a ne fournir d'armes, ni a ces esprits hasardeux
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( 78 ) laquo; qui s'engouent de toutes les nouveautds et les accueiilent satw laquo; examen, ni a ces caracteres timides ou chagrins qui les repous-laquo; sent systematiquement et d'avance.
laquo; Nous aurions beau r^peter qu'une chose ne peut pas Stre, ii parce qu'elle semble en desaccord avec nos idees; si eile ^tait, laquo; il faudrait bien s'incliner devant son existence. Si les fails don-u naient raison au veritable auteur de la decouverte, ce serait ä laquo; nous ä modifier nos idees scientifiques. u
Les adversaires quand meme de l'inoculation persistent a re-garder la pleuro-pneumonie exsudative comme une maladie locale, c'est-k-dire qui n'exerce ses ravages que dans I'organe pul-monaire, et qu'un agent general de toute reconomie ne peut la pr^venir sans limiter son action aux poumons, en admettant mfime que celte affection soil contagieuse et ne puisse se manifester qu'une fois sur le meme sujet.
Ceux qui tiennent un pareil langage ne doivent jamais avoir 6tudi6 cette maladie ni le genre de lesions qu'on rencontre gönfi-ralement dans les animaux qui y ont sucombö.
Les foetus portös par les vaches atteintes de la pleuro-pneumonie exsudative naissent avec des poumons qui pramp;entent les lesions pathologiques de la meme maladie.
Nous avons suffisamment repondu au reproche qu'on adresse ä l'inoculation de determiner des accidents pour qu'il soit encore utile de röfuter une accusation aussi peu fondle.
Nous avons encore entendu formuler un autre genre d'objection en soutenant que l'inoculation doit etre r^servde pour les animaux jeunes et maigres.
Parce qu'on vaccine gön^ralement l'homme dans son enfance, on croit qu'il ne faut inoculer que les veaux qu'on suppose, sans raison, devoir supporter plus facilement reparation que les b6tes adultes.
C'est encore la une de ces erreurs dont il n'est pas difficile de faire justice.
La pleuro-pneumonie exsudative n'epargne aucun äge; eile t6-moigne une preference marquee pour les vaches laitteres, celles qui sont dans les meilleures conditions; mais, en general, ce sont les animaux adultes qui sont le plus souvent atteints; ce sont done
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les animaux les plus exposes, ceux qui ont le plus de valeur, qu'on doit ee hater de mettre amp; l'abri du fleau.
Notre experience personnelle nous a appris que les animaux jeunes ou vieux, gras ou maigres, les vaches pleines ou donnant du lait, et les bfites a I'engrais, indistinctement, peuvent 6tre operas s'ils se trouvent dans de bonnes conditions physiologiques.
DES ACCIDENTS.
Avant que l'inoculation füt parvenue ä ce .degrö de certitude, ou j'ai 6t6 assez heureux pour la conduire apr^s de nombreux essais, les accidents consecutifsä cette operation se produisaient fröquemment. Ils ^talent la consequence de l'impossibilite oü j'ötais de rencontrer un virus, toujours le m6me, capable de pro-voquer les memes phamp;iomenes et d'en limiter l'action.
Jusqu'a l'äpoque, comme je l'ai dejä dit, oü parut le travail de M. le professeur Gluge, qui me facilita les moyens de sortir de mes incertitudes, j'en dtais ä faire des suppositions pour m'expli-quer la cause de ces accidents.
Maintenant, je suis fixe sur le chore de la matiere inoculable, sur les moyens de •Ja degager des divers elements qui peuvent I'alt^rer, sur les considerations physiologiques qui autorisent ou interdisent I'usage d'un virus tr6s-actif dans I'espece bovine, sur la nöcessitö de moderer son action lorsqu'elle tend a sortir des bomes d'une intoxication süffisante pour mettre I'animal a l'abri des atteintes du fleau. Je puis done affirmer que les accidents sent trös-rares, surtout lorsque l'inoculation est confine ä une personne experimentäe et bien initiöe aux mille details qui rendent cette operation utile et certaine.
Ainsi, tons les poumons malades ne sont pas indistinctement propres a fournir un virus susceptible d'etre employe. La parfaite öpuration du virus n'est pas toujours possible, sans lui enlever ses principes speciaux d'activite. Tons les animaux, dans toutes les conditions, ne peuvent pas etre soumis a l'action du virus pneu-monique. Les moyens de diminuer ou d'arreter ä propos les effets de l'intoxication, varient, de meme que les agents thära-peutiques a employer dans le traitement consecutif.
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Dans les laquo;kables depuis longtemps iiifectees par la maladie, oü eile a fixe en quelqufe sorte sa residence ITabituelle, dans les loca-lites oü eile apparail avec toute l'acuite et l'intensite que manifeste toujours a son damp;mt toute affection virulente epizootique, le choix a faire de la partie ä inoculer n'est pas sans importance.
Dans ces conditions desavantageuses oü le virus a d^ja conta-mine les animaux, et oü la maladie est deja a I'etat d'incubation, on comprend que l'usage de l'inoculation n'est pas sans dangers; que c'est mfime s'exposer ä ajouter au mal existant, a provoquer des accidents el häter une terminaison fatale. Mais que faire en pareille circonstance ? La pleuro-pneumonie tue tons les animaux qu'elle atteint; l'inoculation, de son cote, affranchit tons ceux qui ne sont pas encore contagionnes en determinant quelquefois dos accidents. L'hesitation, le doute, ne sont pas permis. II faut inoculer avec loutes les precautions que I'experience indique. L'im-minence du danger justifie l'emploi immediat de tous les moyens propres a arreter la propagation du fteau.
Lorsqu'il y a im an, je me suis rendu dans les provinces rM-nanes, je me suis trouve dans ces conditions desavantageuses dont je viens de parier, et, fort de la conviction qui m'animait, j'ai attaque le fleau avec cette resolution forte qui m'a fait tout braver pour atteindre mon but; c'etait de prouver que mo meihode mettait les animaux ä l'abri du fleau de la pleuro-pneumonie e.vsu-dative.
Suis-je arrive ä ce but 7
Personne ne peut elever de doute ä cet egard. Les incredules, comme les adversaires de l'inoculation, ne peuvent plus se re-trancher derrifere des suppositions. Les faits ont parlö ; ils ont une Eloquence brutale et le temps les a sanctionnes.
Une petite digression, qui se rattache ä l'histoire de l'inoculation dans les provinces du Rhin, doit trouver sa place dans ce Mamp;noire.
Le 20 juin 1852, je me rends aux pressantes sollicitations d'un riebe proprietaire, M. J. H., qui possede, h. proximity de Cologne, une grande exploitation rurale, oü l'äpizootie rögnait et faisait ohaque jour des victimes nouvelles. Plusieurs bßtes, comme le tcn'oigne le proces-verbal signe par le proprietaire, presentenl
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encore les premiers symptömes du mal. A sa demancle, j'inocule tout son betail, compose de 20 betes ä cornes. L'inoculation se manifeste lentement, ce qui arrive souvent dans lesetablesoü s6vit la maladie ; deux Mtes succombent ä l'inoculation, lesautres sont ravies au flamp;iu qui cesse ses ravages.
Le voisin de M. J. H., M. W. G., tömoin de l'operation, me fit aussi la demande d'op^rer son betail, composö de 26 betes.
Voici ce que mentionne le procfes-verbal r^dige etsigne, seance tenante:
laquo; La nialadie a fait de grands ravages dans man elable. Plu-laquo; sievrs betes, atteintes de la pleuro-pneumonte ä un degre plus o olaquo; moiws fort, sont en vote de guerison, d'autres donnent encore laquo; des inquietudes. raquo;
Tons les animaux sont inoculös le 20 juin.
Le 29 juin, M. W. G. m'ecrit que l'operation n'a pas pris sur son betail. Le 5 juillet, a une reunion de la societe agricole de Cologne ou j'avais regu I'invitation d'assister, M. W. G. annonce que l'operation n'a amenö aucun phenomene. Je lui fais observer qu'il faut attendre ; que les phenomenes se reproduiront.
Comme on elevait des doutes sur ce point, je me rendis ä l'instant meme dans la ferme de M. W. G., et lä je constatai qu'il s'etait trompö. Je lui fis toucher et reconnaitre son erreur. 11 eut la bonne foi, il est vrai, de publier qu'il s'etait trompe, qu'il considerait ma methode d'inoculation comme bonne pour prevenir la maladie, mais a la condition de we la mettre en pratique que sur le jenne betail.
Une discussion publique s'engagea, et M. W. G. n'en eut pas tons les honneurs de son cöte. Les motifs qui pousserent M. W. G. dans une voie que la reconnaissance, sinon I'interet, devait lui interdire, furent l'objet de longs et regrettables debats. De quoi M. W. G. avait-il a se plaindre ? II n'avait eprouve aucun accident, la maladie avait cesse dans ses etables.
Comme toute action trouve tot ou tard sa recompense, le fleau est revenu au mois de mai 1853 chez M. W. G. Tous les animaux inocules par moi en 1852 ontresistö. Ceux qui ont amp;6 operespar la methode de M. Willems, par le vamp;erinaire, ami de M. W. G., continuent a pörir de la pleuro-pneumonie.
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Revenons a notre sujet. Dans les conditions cpizooliqucs oü je inc suis Irouve, jc devais m'attendre a voir surgir des accidents a. la suite de rinoculalion, surtout dans un moment oü la temperature s'est elevee, dans certaines etables, jusqu'ä 38 a U degres. Mais je ne pouvais croire que, dans Timpossibilite physique oil j'etais de voir et de survciller chaque jour les nombreux animaux operes, les veterinaires se refuseraicnt ä donner les premiers soins, ceux que le bon sens soul indique.
Au reste, je n'ai pas a cacher lo nombrc des accidents, au con-traire. 11s doivent, scrvir a constater quo I'inoculation est quelque chose, que cctte opuralion cst im actif et puissant modificateur de l'etat du boDiif. Les accidents rares, compares aux nombreux suc-ces, temoigncnt ogaleinent en favour do rinoculation.
Afin de bien appröcier la valour qu'on doit attribuer aux accidents qui se manifestent quelquefois a la suite de I'inoculation, et dont le nombre diminue chaque jour, depuis que I'experience continue a m'eclairer dans la voie oü je suis entre, posons franche-ment cette question : Corabien, avec les ressources de la science medicale veterinairc, guerit-on d:animaux atteints de la pleuro-pneumonie ?
Sur cent animaux, la medecin n'en guerit lo plus souventaucun. C'est tellement vrai que les nourrisseurs de Paris et environs, si cruellement frappes dans lours interets par 1c fleau, ne reclament jamais les secours de la medecine. 11s s'adresscnt au boucher, le-quel, prolitant de la circonstanco, paye, a vil prix, line viande dont I'usage n'est pas sans dangers pour la sante publique.
Admettons que sur 100 malades, la medecine en guerisse 5 ou 10 sur 100.
Combien I'inoculation tue-t-elle d'animaux ?
Je veux etre tres-largo dans mes appreciations.
Depuis que je me livre ä Tetude de cette question, dans toutes mes experiences je n'ai pas perdu, a beaucoup pros, une bete sur 200 inoculations. Soit 5 pour 1,000.
Quelle consequence doit-on tirer de la comparaison des chiffres que nous venons de poser, sous le rapport de la valeur des accidents ? C'est que les accidents ne sont rien compares aux bienfaits de I'inoculation *
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11 est constant que le fleau de la pleuro-pneumonie euleve chaque annee 30 millions a la France I
Si ma decouverte n'avait d'autres resultats que de duninuer de moitie cette perte enorme, en tenant compte de quelques accidents, ne serait-elle pas digne encore des sympathies des homines eclaires 7
Je suis tres-peu sensible aux reproches qu'on pent faire a. ma decouverte, quand on l'accuse de protluire des accidents.
Les gens timores, ou qui n'appnScient pas sainement les choses et l'importance des services que I'inoculation pent rendre, sont seuls capables de se laisser influencer par une semblable consideration.
Une seule pensee m'a occupe: celle de trouver un moyen capable de prevenir la pleuro-pneumonie exsudative. Ce raoyen est trouve; voila rimportant.
Je n'avais pas a me preoccuper des accidents qu'on pent tou-jours evitcr ou guerir lorsqu'ils se produisent. La pensee qui a du me guider dans mes experiences en Allemagne, le but que je vou-lais atteindre, la conviction que je voulais faire partager, c'etait que I'inoculation bien faite prevenait le fleau!
Peut-on remporter une grande victoire sans faire des victimes ?
Un general habile doit menager ses soldats, c'est son devoir; son but doit etre de gagner la bataille sans compter les morts; il ne doit considerer que les bienfaits de la victoire.
Si la pleuro-pneumonie exsudative est un des plus grands enne-mis de la richesse agricole, I'inoculation doit etre consideree comme un immense bienfait pour I'humanite.
Dans la lettre que j'ecrivais, le 3 mal 1852, a M. Willems, je m'exprimais ainsi :
laquo; Je tiens moins a revendiquer la priorite de la decouverte qu'ä laquo; la conduire a un resultat utile pour l'agriculture , et je regrette, laquo; dans Tinteröt de la reussite du moyen , que vous ou im de vos a amis ayez donne a un journal polilique, I'inoculation comme une (( decouverte ä l'abri de tous insucces; car je puis vous dire que laquo; l'experience m'a prouve que, si on inocule du virus provenant laquo; des poumons atteints au dernier degre de la maladic, on deve-laquo; loppe des accidents mortels; que cette operation, conliee ä des
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laquo; mains inexperimentees, pent compromettrc le succes (1). raquo; Dans ma brochure sur I'inoculalioH prophylaclique de la pleura-pncHmoiiie cxsudalive des betes d comes, publiee en langue alle-aiande ä Cologne, le 30 aoiit 1852, page 34, je disais : laquo; Tout ce lt;( qui a ete dit et ecrit jusqu'ä ce jour sur le virus, la lymphe, le laquo; liquide a inoculer, la maniere de l'extraire , le choix des betes laquo; luees ou raortes naturellement, prouve qu'on parle ou qu'on Gcril laquo; sans rien connaitre de ma decouverte.
laquo; Ce qui a donnö lieu a la propagation de toutes les erreurs (( qu'on debite sur rinoculation, c'est evidemment le memoire oü lt;( M; le docteur Willems se donne comme l'inventeur de la decou-laquo; verte. Gette brochure, de mon jeune confrere, a dejä fait et fera laquo; encore beaucoup de mal a rinoculation, en semant des erreurs laquo; et en exposant a des resullats funestes tons ceux qui mettront laquo; en pratique ses conseils et sa methode. raquo;
Je prevoyais done, au mois de mai et au mois d'aoftt 1852, les dangers et les insucces do la methode de M. Willems; je savais que cette methode, tomMe dans le domaine public, ne tarderait pas a etre frappöe de discredit. Pour eviter la defaveur que ma decouverte pouvait eprouver de cet echec, defaveur d'autant plus facile que la confusion des mots pouvait amener la confusion dans les resullats, je resolus de faire tenter de nombreuses experiences comparatives en faveur du principe de rinoculation , par une methode plus utile et moins dangcreuse que celle de M. Willems, que tons les veterinaires pratiquaient.
Je ne pouvais prolonger indefmiment mon sejour dans les provinces du Rhin; je ne voulais pas, en outre , retarder les bienfaits d'une operation oil chaque jour la pratique, venant en aide aux idees qui depuis si longlemps occupent mon esprit, me fournit des observations precieuses, qui m'ont fait introduire dans I'execution de ma methode-des ameliorations importantes. En consequence, je me suis adresse a un veterinaire qui possede a Cologne et dans les communes voisines la plus nombreuse clientele, et je lui ai
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(1) Yoir page 13.
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remis la quautite de virus necessaire ä l'inoculation d'un grand nombre d'animaux pour continuer mes experiences.
Je lui ai indique en mamp;ne temps, d'une maniere gamp;ierale, ce qu'il devait faire, ce qu'il devait öviter pour se procurer im virus d^pouille d'elements septiques. Cette maniere d'agir me permettail de grossir le nombre des fails en faveur de ma decouverle; en meme temps eile offrait au public le moyen d'etablir des compa-raisons avec les operations pratiquees par les autres veterinaires, sans m'enlever le monopole de la connaissance du veritable moyen de prevenir la pleuro-pneumonie exsudative; car entre ce couir mencement d'initialion, cette communication circonspectc que j'ai faite et la connaissance entiere de ma dccouverte, avec tons les döveloppements et les ameliorations qui la rendent utile et aasurent son succes, il y a une tres-grande distance.
Je n'ai qu'ä me feliciter d'avoir employe ce moyen d'etre utile, en prouvant, en meme temps, que la methode de mon jeune com-patriote etait dangereuse sans prevenir la maladie. Ainsi, tandis que M. Smits grossissait la serie des faits en faveur de ma melhode, les autres veterinaires n'obtenaient que des insucces qu'ils cher-chent ä mettre sur le compte general de l'inoculation , pretendant que ma methode et celle de M. Willems sont les memes. Tons se croient en possession de ma decouverte; c'est une grande erreur, d'oü ils ne sortiront que lorsquc les plis cachetes, deposes ä l'ln-stitut de France, seront.ouverts. Ils verront alors que {'#9632;inoculation n'est pas une chose aussi simple, et l'initiation attssi facile qu'ils se l'imaginent.
L'INOCULATION, COMME LA PRATIQUE M. WILLEM^, JUGISE PAR LA COMMISSION SPECIALE 1NSTITUEE PAR LE GOUVERNEMENT BELGE.
Les documents ofüciels, relatifs ä l'inoculation comme la pratique M. Willems, ont enfm paru. Ce volumineux travail, que tous ceux qui s'interessent ä Tagriculture attendaient avec une si legitime impatience, est destine b. occuper une place trop importante dans l'histoire de l'inoculation de l'espöce bovine, pour que nous nous abstenions d'en faire ici une analvse.
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On sc souvient que dans son Mömoire, adressöle 22 mars 1852, a M. le ministre de Tinterieur de Belgique, M. Willems demandait: Qn'ov fUjngcr la valeur de sa mefhode par les honmm les plus ca-pnblcs.
M. Ch. Rogier, alors ministre de rintörieiir, dans son dövoue-ment pour ragriculture, prit au sörieux la communication du jeune docteur de Hasselt, qni se disait inventeur de ladöcouverte impor-tante de prövenir la pleuro-pneumonie exsudative des b6tes bovi-nes. 11 nomma une commission spdciale composöe d'hommes aussi honorables que savants (1), pour soumettre ä des investigations le procede preservatif de la pleuro-pneumonie exsudative d^crit par M. Willems.
L'esperance qu'avait fait naitre en M. Rogier I'annonce d'une döcouverte si utile, lui fit prendre une foule de dispositions ten-dant ä faciliter au pretendu inventeur les moyens de prouver ses assertions. G'est ainsi que des commissions locales ont amp;e organi-söes; des recompenses ont ete promises aux vöterinaires qui four-niraient les renseignements les plus complets pour faire apprecier la valeur du moyen propose. Des ordres ont ete transmis de diri-ger des poursuites contre les personnes qui pratiqueraient des inoculations sans avoir un diplöme de medecin veterinaire. M. Willems a etd chargö de se rendre partout oü la maladie regnait en Belgique , pour y pratiquer lui-meme les premieres inoculations. Un arret royal decide que les animaux qui succomberont a I'ino-culation seront payds ä leur proprietaire comme s'ils avaient amp;e abattus dans un interet hygieniquc. Des animaux ont ete achetes par le tresor pour servir a des experiences qui avaient pour but de meltre en contact permanent des animaux inocules avec des b6tes atleintes de pleuro-pneumonie exsudative. Des instructions uniformes ont ete donnees ä tonics les commissions institutes dans les provinces pour controler les inoculations. Enfin le gouverne-ment beige, comme on le voit, n'a recule devant aucune mesure, n'a rien negligö ni epargne pour arriver h constater le fait annonce par M. Willems, et les resultats qu'il en csperait.
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(1) Voir les noms pages 24 et 83:
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Pendant que la commission procödait h l'accomplissement de son mandat, avcc cette sage prudence qui est la garantie de la sfi-rete de ses appreciations et de son jugcment, M. Willems, inquiet et fi^vreux, occupait ses loisirs a rddiger de longues lettres pour M. le ministre de Tinterieur et pour la commission centrale de la pleuro-pneumonie.
Ces curieuses missives de M. Willems occupent pres de 50 pages in-80, dans les documents officiels publics en Belgique. Si ces lettres h'avaient d'autres döfauts que leur longueur! Tächons de les t6-sumer.
Le 27 avril, M. Willems commence sa correspondance avec M. le ministre de 1'interieur, en lui revelänt un fait contraire ä la v^rite. Le voici: Avjourd'hni mon secret est repandu partout, et des experiences isolees se font tleja sitr divers points du pays.
Avant le 27 avril, une scule inoculation avait 6te faite, le 15 avril 1852, chez M. J. Vanvinkeroy, a Hasselt, par lessoins de M. Marls, medecin veterinaire.
Ce n'est done pas cette operation isolee qui a pu donner des inquietudes a M. Willems, et l'engager k ecrire a M. le ministre pour lui faire part des craintes qui l'obsedaient au sujet des dangers qui pouvaient resulter pour la methode d'experiences isolees faites a lt;orf et h droit. Le veritable motif des inquietudes de M. Willems etait de voir surgir ma reclamation avant que la commission eiit Commence ses travaux. Dans son impatience il aurait voulu que la commission nommee le matin eiit achevöe son rapport le meme jour au soir pour avoir une recompense le leridemain.
Voulant acquerir immediatement des litres a line recompense honorifique et obtenir en meme temps une remuneration d'un autre genre, il disait dans sa lettre du 22 mars 1852 : En veritable ccenr Inen ne je me suis adresselout d'abord an gouverne-ment dc mon pays, ct s'il resultc qnclquc hien de wies recherches, je veu.v que tont d'abord aussi ma pulrie en retire le beneßce.
Dans sa letlre du 27 avril, il dit encore qu'il est harcele par los nourrisseurs de Hasselt, qui redament avec instance rinoculation de leurs animaux, mais qu'il s'y est refuse, voulantlaisser au goti-vernvment l'honncur de faire les premihes experiences publiques. Cette deference est d'un goftt exquis.
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La meine politesse ne brille pas dans la lettre du 10 jiiin 1852, adressöe ä M. le president de la commission centrale. En revanche, eile se distingue par une erreur scientiflque bien grossiöre.
M. Willems attribue la difference qui existe entre Texsudation du tissu cellulaire et celle qui se fait dans le derme, ä la profon-deur plus ou moins grande de la ponction destinlt;5e ä introduire le virus.
Le 24 juin, M. Willems]continue ä obseder le Gouvernement de ses succes, de sa decouverte. Son imagination s'exalte, son impatience croit chaque jour; eile prend des proportions d£me-surees.
Au moment ou la commission s'occupait de la question de l'ino-culation, M. le Ministre attendait; M. Willems s'impatientait. Voici ses paroles : J'ose encore appeler sub moi et sur ma decouverte toute votre attention et tonte vptre bienvcillante soUtcitude,
Le 26 juin, M. Willems ecrit a la commission centrale pour lui faire part de son damp;interessement, de la gamp;ierosite qu'il met a gratilier son pays et ses concitoyens des fruits de ses Etudes et de ses sacrifices, en levant le voile qui couvrait son secret, dans son Memoire depose, le 20 mars 1852, entre les mains de M. le ministre de l'interieur.
(Le Memoire porte la date du 22 mars; il a done amp;e döposö avant d'etre redige).
Voici encore un curieux passage de cette lettre, qui a du faire sur l'esprit de la commission centrale une singulifere impression :
lt;( Plein de confiance dans la loyaute du Gouvernement, et cowsi-laquo; der ant qu'une decouverte interessant au plus haut degre le bien-laquo; etre materiel dc tout un peuple ne peüt bester sans b^com-laquo; pense, je me snis adresse aw Gouvernement.
laquo; J'espere que bientot la verite sera reconnue, et que tous se laquo; rendront ä (evidence des faits, devant laquelle doivent tomber
laquo; TOUS LES RAISONNEMENTS. raquo;
M. Willems n'aime pas les raisonnements; s'il les aimait, il devrait en faire usage, raisonner, mais ce n'est pas son habitude.
Geniest point par la verite, la science, lalogique que brillentses Perils; si on n'y rencontre que des erreurs, des faits controuvös ou mal appi öcies, ils se distinguent, en revanche, par cette espece
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de monomanie qui le pousse irresistiblement ä sollkiter mi genre de recompense qui n'a de valeur que lorsqu'elle est le prix d'une action loyale, d'un service veritable.
Les plagiaires, dans tous les pays, sent l'objet du möpris g6~ n^ral.
La correspondance de M. Willems avec M. le ministre de l'intö-rleur et avec la commission chargöe de controler ses affirmations, nous obligerait ä sortir des limites que nous nous sommes imposes dans ce travail. Bornons-nous ä la ramp;umer, en nous servant de ses propres expressions :
laquo; fat fait wie decouverte qui se confinne de jour en jour da-vantage, Tous les habitants de Hasselt admirenl mes succes; toules rnes operations remsissent. Hasselt est delivre du fleau comme par enchantement; e'est ä moi que ma ville natale doit de ne pas elre minie.
laquo; De loutes les betes inoculees par moi, aucune n'a contracte la pleuro-pneumonie.
laquo; Les accidents qu'on a observe sont dus a la maniere vicieuse de se servir de ma metkode.
laquo; L'inoculation, mal el impnidemment appliquee, pent devenir dangereuse. Les innovations qu'on a cherche ä introduire dans la pratique de l'inoculation ont fait un tort considerable ä ma me-thode de preservation. J'ai la satisfaction tres-grmule de votts informer. Monsieur le ministre, que la ville de Hasselt continue laquo; elre delivree du fleau depuis que je vous ui remis mon secret. Je vous prie de remarquer que les betes inoculees qui succombent a la maladie ne portent pas de traces de [operation, ce qui n'a pas lieu lorsque je la pratique moi-meme. Partout oil j'ai suivi moi-memc l'inoculation, la maladie a cesse. Aujourd'hui, j'ai constate I'exis-tence d'un virus sccondaire qui a moins de violence que le virus primaire. Mes convictions grandissent de jour en jour davantage quant a reffwacile de l'inoculation. 11 ne me reste pins I'ombre de doute. Si des animaux succombent ä l'inoculation, et qu'on rencontre dans les poumous les lesions lie la pleuro-pneumouie, e'est qu'il s'ugil d'une pleuro-pneumonie concomilante on consecutive ä la violente lesion dc la queue. Si des animaux inocules avec
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le virus secondaire sont devenus malades, c'exl qu'au lieu de hjmphc on s'est servi de put. raquo;
La commission beige, voyait M. Willems s'engager dans nne correspondanco ou chaque jour il donnait au meme fait line signi-licalion et une porlee nouvelles. En presence des reclames perpe-luelles dont ce jeune homme aurait dii, sinon par pudeur, au moins par convenance, s'abslenir, pendant que les investigations ordonnees par le Gouvernement beige se faisaient, eile crut devoir lui poser la serio de questions que nous reproduisons.
lrc Question. — Pour quels motifs preferez-vous I'inoculation par piqüre ä celle faite par une incision simple ?
RiipoNSE. — Je prefere la piqüre h I'incision, parce qu'on fait une plaie moins grande, qui suppure moins, et qu'il est tout ä fait inutile de faire une lesion etendue, puisqtte, pour alteindre mon but, on n'a qu'ä deposer une seule goutte de virus.
2C' Question. — La plaie pratiquee pour rinocalation doit-el!e depasser l'epaisseur du derme ?
Reponse. — Que la plaie inoculatrice depasse le derme ou qu'elle ne le depasse pas, cela doit Ctre indifferent, quant aux ef-fets de I'inoculation, pourvu toutefois que le virus soit mis en contact avec les vaisseaux absorbants. Da reste, en pratique, on ne limite pas son action corame Ton veut.
3deg; Question. — Considerez-vous la matiere inoculatrice, prise a un degre determine de la maladie (le Ier, le 2lt;quot; ou le B1-), comme identique, c'est-a-dire comme devant produire les mfimes effets preservatifs ?
Reponse. — Je suis fonde ;i croire que les effets preventifs du virus, qu'il soit pris k la premiere, ä la seconde, ou ä la troisieme Periode de la pleuro-pneumonie, sont toujours les memes; cepen-dant j'ai toujours rcmarque que la tumefaction et l'inllammation sont plus grandes quand le virus est pris a une periode plus avan-cee de la maladie.
4quot; Question. — Quel degre de developpement doit avoir la tumefaction qui se manifeste sur le point d'inoculation, pour qu'on puisse considerer I'animal comme etant a l'abri de la pleuro-pneumonie? Cette tumefaction doit-elle etre nöcessairement accompa-gn6e d'un engorgement tres-marque des parties circonvoisines ou
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d'une portion plus etenduo de la queue ? Je fais abstraction de la sensibilitö et de la douleur. — La plaie doit-elle suppurer ?
RfipONSE. — Pour que nous soyons assures que I'animal est quot; reellement inocule, il faut qu'il y ait une tumefaction teile qu'il soit facile au premier venu de la voir on, au moins, de la sentir. 11 n'est pas nöcessaire qu'il y ait suppuiation.
5deg; Question. — Vous avez dit : laquo; L'inoculation de la maladie elle-msect;nie, faite do la maniere que je viens de döcrire, qu'elle ait donne lieu ä des manifestations morbides apparentes ou non, est le moyen qui preserve les animaux de la plearo-pneumonie.raquo; Specifiez ce que vous entendez ici par I'expression : manifestations 'morbides ?
Mponse. — En introduisant le virus pneumoniqtie dans I'eco-nomie du boeuf, on y produit une espece de dynamomisation, c'est-a-dire que ce virus va agir sur le sang et sur tons les organes de ce boeuf, le modifie, le rend inaptc h contracter la pleuro-pneu-monie, et agit homoeopathiquement, si vous le voulez; il n'est done pas absolumcnt necessaire que nous voyions des phenomenes locaux a la partie inoculee. Cependantnous n'avons pas de moyens, pour nous assurer que cettc action ait (5te produite, autres que la tumefaction, etc. ; e'est pourquoi, quand on n'a pas vu de phenomenes locaux, on ne pourra jamais affirmer que le virus ait 6tö absorbe et que, par consequent, il ait produit son action, et il faut ramp;ncouler. Cent commc la vacciualion chez I'hommc,
6quot; Quhstion. — Dans quelles proportions s'obscrve, chez les animaux inocules, la tumefaction locale resultant de l'absorption de la matiere inoculatrice ?
RßpoNSi:. — La tumefaction locale s'observe ici dans la proportion de 7 sur 10 betes inoculees.
7* Question. — Comment vous rendez-vous compte de la diffö-rence de temps qui s'observe dans la manifestation des effets locaux de l'inoculation ?
Ri5ponse. — La difference de temps qu'on observe entre le moment de l'inoculation et la manifestation des symptomes morbides, tienl a mille causes differentes : aux dispositions individuelles, ä la qualite du virus, au climat, h la stabulation, a I'alimentation, etc.
8e Question. — Des animaux out Hi inocules avec une matiere
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conservee pondant huit jours, Le coma des symptomes morbides de 1'operation a ete regulier. Considerez-vous, la matiöre inocula-trice qui a ötö employee comme ayant conserve ses vertus pröser-vatrices, malgre le temps qui s'est ecoule depuis le moment oil eile a ete recueillie jusqu'ä celui oü eile a etö employee ?
RtfpoNSE. — En hiver, j'ai conserve le virus pendant huit jours, et il determinait encore absolument les memes effets que le virus employe de suite apres la mort de l'animal. — La question de la conservation du virus reste encore ä rösoudre.
Voilä, Monsieur l'inspecteur, quelques mots de reponse que j'aurai I'occasion d'etendre, quand j'aurai le plaisir de m'entrete-nir avec vous.
Tons ceux qui liront ces reponses ne seront pas pen elonnes qu'un medecin reformateur et inventeur puisse tenir un pared langage, qui n'est pas seulement contraire a lascience, alaverite; mais oil il donne a son memoire, h sa theorie, a sea paroles, a sa decouverte meme le plus formel dementi. M, Willems promet, il est vrai, d'etendre ses reponses qaund U aura le plaisir de s'en-trctenir avec la Commhsion.
Plus longues, ses reponses verbales en deviendront-elles meil-leures ? il est permis d'en douter, d'apräs l'^chantillon de son. erudition que nous venons de reproduire.
A moins que M Willems, croyant la commission incapable de le comprendre, n'ait garde sa science pour une mcilleure occasion; on serait tente de le supposer.
Le role de plagiaire - inventeur n'est pas aussi facile que M. Willems se I'etait imaging.
La commission beige, par egard sans doute pour M. Willems n'a examine la question de l'inoculation qu'au point de vue des fails. Si eile s'etait livree a l'appreciation des idees th^oriques dont M. Willems a seme son travail, eile n'aurait pu que repamp;er ce que la commission de l'Academle royale de medecine de Belgique en avait dit le 31 juillet 1852. Ce jugement, nous I'avons reproduit page 23 de ce Memoire.
La commission a done pense que la question pratique seule devait' 6tre examinee avec la plus scrupuleuse attention et
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( 03) c'est cc qu'elle a fait avec cette bienveillante impartialite dont son lapport est uneclatant temoignage.
Void comment la commission a precede.
Elle a fait appel a tons les vöterinaires de la Belgique, et les a pries de tenir une note exacte de toutesles operations qu'ils pra-tiqueraient en indiqnant, dans un cadre trace a I'avance, tons les renseignements capables d'eclairer la question.
Les membres de la commission se sont transportes partout pour apprecier les resultats des operations.
Elle a encore entrepris une serie d'experiences directes, afm de constater si les animaux, apres avoir etc inocules par M. Willems, ne contracteraient pas la maladie par leur cohabitation avec des animaux atteints de la pleuro-pneumonie exsudative.
Comme M. Willems niait l'existence des fails bien et diuneut constates par tons les membres de la commission, et comme il leur donnait une interpretation qui variait suivant les besoins de sa cause, la commission jugea necessaire de poser les questions que nous avons reproduites avec les reponses que M. Willems y a faites.
Enlin , eile pria M. Willems d'assister ä une de ses seances pour demontrer l'existence, daus les poumons malades, de la pleuro-pneumonie exsudative, des corpuscules microscopiques, jonissant d'un mouvement moleculaire qu'il disait avoir de-cou verts.
Voici comment s'exprime la commission sur cette decouverte microscopique:
sect; 11 resulte de la demonstration faite par M. le docteur Willems lt; et de nos propres recherches :
f 1deg; Que la pleuro-pneumonie epizootique ne possede pas laquo; des produits anatomiques caracteristiques et appreciables au t microscope ;
laquo; 2deg; Que le produit inflammatoire de l'inoculation ne se distin-e gue d'aucun autrc produit d'inflammation par des caracteres t anatomiques;
laquo; 3deg; Que les assertions de M. Willems sur ce point ne sont pas (i exactes.
Cette grande enquetc a ete faite avec le soin que rcclamait l'importance du probleme ä resoudre. La commission, secondee
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par 5k veterinaires beiges, a enregistre tous les fails avec exactitude et impartialite pour en deduire des conclusions justes el lo-giques.
Voici las resultats de cette enquete :
5,301 betes bo vines ont ete inoculees. Ce chiffre se decompose comme suit:
Betes a I'engrais.............................. 2,732
—nbsp; nbsp; maigres ou laitieres....................... 2,189
Veaux et jeune betail.......................... 380
Total................. 5,301
Betes habitant des etablcs saines................. 2,330
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;infectecs............... 2,971
Total................. 5,301
Betes inoculees avee succes..................... 4,324
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;dans les etables saines........ 2,030
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; infectöes...... 2,294
Total................. 4,324
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Sur ce nombre 4,324, representant celui des, betes inoculees avec succes, la commission a constate que :
86 betes sont mortes des suites de rinoculation. 74 belcs ont perdu la queue jusqu'ii la base. 304 betes Tont perdue en partie. 55 betes ont contracte la pleuro-pneumonie exsudative, apres avoir ete inoculees avec succes.
55 DKTES, INOCULKES AVF.C SUCCES PAR LA MfiTHODE DE M. WILLEMS, ONT ETE ATTEINTES DE LA PI,EÜIU)-PNEüi\IONIE EXSUDATIVE !!!
La commission beige conclut de toutes les inoculations prati-quees par la methode de M. Willems :
laquo; 1deg; Que iinocnlalion avec Ic liquide eXlrail d'un poumonlw-u pulise par suite de la pleuro-pneumonie exsudative n'esl pas laquo; im preservalif absolu conlre cclle maladie;
laquo; 2deg; Que les phcnomhies succedani ä I'hioculatioit peuvenl se
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( 95 ) laquo; produire pliwieurs fois ches Ic mamp;me animal, (jh'U ail ou qu'il laquo; nail pas ele alleint de la pleuro-pnentnonic e.vmdalive, et que laquo; les deux affecliom pcnvcnt marcher de pair sur uri seid el laquo; meme individu; des disordres considerables se manifestem ä In laquo; panic inoculec tandis que l'acte morbide des poumons pro-laquo; (fresse vers unc terminaison fatale.
(( Quant au point de savoir si I'inoculalion posside reeltcment laquo; une vertu preservative, et en cc cas, dans quelle proportion el u pour quelle duree eile conserve iimmunile atix animaux qm laquo; font subie, celte question ne pourra elre resolue que par des laquo; rcclwnhcs ullcrieures. raquo;
Lu et approuvö en seance de la commission, ou amp;aient presents MM. Verheyen, president; Beliefroid, Doulerlui^ne, Ginge, Sau-veur, Theis, Thiemesse, Fallot et Marinus.
Le Presidcnl-rapporlcur, Verheyen.
La commission beige a done confirme toutes mes previsions, M. Willems et sa methode out fait naufrage.
A qui la faute ?
Tons ceux qui liront ce que nousavons ecrit, dans cc Memoire, sur l'histoire et la decouverte de l'inoculation preventive de la pleuro-pneumonie exsudative do I'espece bovine, sur la brochure et la methode operatoire de M. Willems, sur les fails qui tö-moignent en faveur de ma decouverte, comprendront qu'entre l'inoculation comme je la pratique etcelle de M. Willems, que la commission a seule examinee, il y a la difference qui distingue la vörite de l'erreur.
En effet, si la commission beige, apres Tappröciation des fails, avait examine la tbeorie sur laquelle repose la pretendue decouverte de M. Willems, eile aurait publiö comme nous que cettc methode est une erreur, que l'inoculation des matiöres que ce medecin emploie ne sont quo des elements putrides capables de produire la piqftre anatomique et tons les accidents qui sont la consequence obligee de leur absorption, sans influence sur le de-veloppement futur de la pleuro-pneumonie exsudative.
Mais ce röle trop facile, la commission beige, par son silence,
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( 96) uous a laissö le soin dc le remplir ; c'est ce que nous croyons avoir fait (Time maniere tres-incomplete, sans doute, mais assez claire pourtant, pour faire comprendre que rimpuissante et dangereuse invention de M. Willems n'est qu'un monstrueux avorton de ma decouverte qui n'a de common avec celle de mon competiteur que le nom.
M. Villems ne manquera pas d'attaquer ce rapport. Dans son impuissance de lui opposer des raisonnements scientiflques et des fails consciencieusement observes, il s'en prendra aux membres composant la commission, et les representera comme envieux de sa decouverte et, par contre, hostiles ä sa methode. .
Lc meme journal qui a entrepris la difficile mission de soutenir la renommee scientifique, si ephemere, de M. Willems, lui est venu en aide au mois de decembre 1852 ; par impartialite, il refu-sait I'insertion d'un document qui atlaquait les doctrines de M. Willems, sous le pretexte qu'il elail inconvcnanl d'ouvrir tin debal sur la question dc I'inoculation avanl que les travaux de la commission imtilnec par le Gouvernement beige fussenl conmis dune maniere ofßciellc.
Le jour oü ces travaux ont ete publics, ce journal qui s'etait declare incompetent, malgre les nombreuses reclames qu'il n'avait cesse de publier, soutient que la commision a eu tort, que la nou-velle methode preservatrice ne recevra aucune atteinte des faits contradictoires, des hypotheses plus ou moins contestables, des conclusions deslineesä semerledoute-et la defiance dans les cam-pagnes, que contient le volumineux Memoire livre ä la publicite.
Nous n'avons pas mission de defendre le travail de la grande commission beige; tons les Membres qui en font partie sont places trop haut dans l'estime et la consideration du public et dans l'opinion du monde savant pour avoir besoin de nos eloges. Cette commission doit etre tres-peu sensible a des attaques du genre de celles dont eile a ete et sera encore I'objet.
Laissons parier les faits.
Toutes les observations propres a metlre en relief la valeur de la methode de M. Willems ont ete consignees avec soin, tandis que celles qui, dans un sens defavorable, ne portaient pas le cachet de l'authenticite et de la plus rigoureuse precision, ont amp;6
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( 97) ccartöes des appreciations de la commission. Devait-elle, pour 6tre agreable ä M. Willems, cacher les insuccös de sa m^thode, lors-que ces öchecs lui ötaient signalös par des personnes dont la bonne foi ne peut 6tre suspectöe ? et ceux qu'elle-möme avail control's, pouvait-elle les passer sous silence ? Pouvait-elle se refuser ä enregistrer les.faits malheureux ou mensongers dont les preuves authentiques lui ötaient transmises ?
Aurait-elle du pousser la complaisance jusqu'ä accepter comme paroles d'Evangile les assertions, si souvent reproduites, que le fläau de la pleuro-pneumonie exsudative avait 6tä chassö des Stables de Hasselt par l'inoculation de M. Willems ?
La commission s'amp;ant assuröe que les animaux de Hasselt, qui n'avaient pas 6t6 inoculös, jouissaient comme ceux qui avaient subicette operation, d'une bonne santä, devait signaler cette observation.
La commission a divisä les faits comme suit:
1deg; Ceux oü l'inoculation semble avoir preserve ;
2deg; Ceux oü l'inoculation et rimmunitö ne paraissent 6tre qu'une simple coincidence.
3deg; Ceux oü l'inoculation n'a pas ötä pr^servätrice, soustraction falle des faits doüteux, des faits contests, et ceux oü le temps 4co\x\6 entre l'inoculation et Involution des premiers symptömes morbides n'est pas indiquö, ou ne Test que d'une manure confuse.
La commission a fait tous ses efforts pour donner satisfaction k M. Willems en rapportant, jusqu'ä la moindre circonstance, des faits qui paraissaient favorables a l'inoculation et en pr^sentant comme faits douteux ou conLestös tous ceux qui avaient donn6 lieu a observation de la part de M. Willems. Elle a 6tä mamp;me jusqu'ä inscrire parmi les faits contests deux cas de pleuro-pneumonie exsudative qui ont eu lieu sur des animaux inoculamp;ä d^ps les Stable de M. Willems p^re.
Aprte toutes ces concessions, il est restö cinquante-cinq cas oü l'inoculation a Öt6 impuissante ä pr^venir la pleuro-pneumonie exsudative.
La commission devait-elle les retrancher de son rapport ?
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( ^8 ) Ponvail-elle se dispenser de faire la narration curieuse dn fail qui s'est passe ä l'ancienne abbaye de la Trappe (province d'An-vers), ou toute la commission a constate, nvant comme apres la mort de 1'animal, im cas de plenro-pneiimonie exsudative döve-lopp^ le trente-neuvieme jour aprts I'inoculation ? Si la commission a mis tanl de soin a reprodnire toules les circonstances se rattachant a cet insuccös de la methode du medecin de Hasselt, c'est que celui-ci 1'avait presente comme nne errenr de diagnostic de la part de la commission.
Aprfes la lettre du 10 aout 1852, par laqnelle M. Willems rendait complo ä M. le ministre de l'mtörienr de la mission qu'il avail remplie ä Nimy-Maisieres, la commission pouvait-elle, sans manquer a son mandat, se dispenser do reprodnire les fails nombreux d'insucces qu'elle y a conslales ? Si M. Willems n'avait pas rlit la verite. la commission devait-elle commettre nne erreur volontaire ?
M. Willems invoquanl publiquement, ä l'appui de sa melhode. les inoculations qu'il avail pratiquees chez MM. Vauvolsem, la commission aurait-elle pu refuser I'inserlion, clans son rapport, de la lettre de ces industriels qui signalent des fails conlraires?
Les variantes. dans les narrations failes par M. Willems et celles que plusieurs veterinaires onl donnees des mcmes fails ne pouvaient, pas etre passees sous silence.
C'est ainsi que MM. Willems el Foelen raconlenl l'histoire des inoculations opörees chez M. le baron de Chestrel, d'une maniere toute differente. Le premier y montre un succes; le second, a i'appui de sa maniere de voir, adresse a la commission un pou-mon hepatise provenant. d'un boeuf inocule par M. Willems, le 16 septembre, et mort de la pleuro-pneumonie exsudative. le 12 octobre.
La mtoie contradiction se fait remarquer dans le langage dc M. Willems et celui de MM. Maris el Vaes, au sujet de deux vaches inoculöes, placöes dans l'etable infectee du sieur Dumoulin, pour les mettre en contact permanent avec des animaux malades, cettc contradiction a du (?tre mentionnee dans le rapport de la commission.
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Les fails et les chiffres out, dans le rapport que nous veuons d'analyser, une valeur significative.
Comme nous tenons, avant tout, a etre juste, nous devons signaler quo sur les 5,301 operations pratiquees par la methode de M. Willems 4,324 ont produit certains symptömes, 977 n'ont pas donne les phenomenes revelateurs de Tinoculation.
En relranchant le nombre des animaux morts ou tares par i'inoculation et celui des betes qui ont contracte la pleuro-pneu-monie, du total des operations faites avec succes, il reste 3,797 animaux qui out resiste a la methode de M. Willems.
Ces animaux que sont-ils devenus? Sont-ils restes dans des conditions h pouvoir tirer la consequence que rinoculation leur a #9632;lonne une immunite reelle? C'est ce que nous ne pouvons ad-metlre sans preuve, parce que, dans notre conviction intime, l'inoculation d'une matiere qui n'a rien dc commun avec un virus (le virus pneumonique) no pent communiquer aux animaux la pleuro-pneumonie exsudative pour les soustraire ä une seconde infection.
Toutefois, dans ce nombre 3,797, plusieurs betes peuvent avoir accidentellcment absorbe (juelques atonies du veritable virus pneumonique qui ont pu se trouver fortuilement dans le liquide employe pour rinoculation. Gelles de ces betes qui ont eu I'avan-tag.e de recevoir ce virus resteront pour toujours insensibles a Faction du fleau (1).
La commission beige a annexe a son travail le rapport quequot; les professeurs de l'ecole veterinaire d'ütrecht ont adressö ä Son Excellence M. le ministre de l'interieur du royautne des Pays-Bas. ou la pleuro-pneumonie exsudative exerce tant de ravages depuis I'annee 1833.
Ce precieux document emaue de ces savants professeurs fera lobjet d'une nouvelle et prochaine publicalion. J'ai häte de tenniner celle-ci, parce qu'il Importe dans l'interet de l'agricul-kire d'empecher la confusion des deux methodes d'inoculation.
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(I) Voir re f|ue nous avons dit do ccltu cxceptfoh, pages 37 el .quot;quot;gt;ö.
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Tous les hommes impartiaux pourront aujourd'hui comparer les ramp;ultats, en attendant que j'aie fait connaitre en quoi consiste toute ma döcouverte.
Si M. Willems, aveuglö par l'ambition et la cupidity ne s'etait pas tarit hat6 de se I'approprier, pour en retirer les avantages de tous genres qu'il en espörait, il eüt mieux compris ma communication du 16 fövrier 1851, et il en eüt fait meilleur usage. II n'aurait pas ainsi compromis l'inoculation prophylactique de la pleuro-pneumonie exsudative des betes bovines, au detriment de la fortune publique et de sa consideration privee. D'autres resultats, semblables a ceux que j'obtiens tous les jours par ma methode, se seraienl produits; et M. Willems ne se serait pas expos6 a recevoir, a son entree dans la carrifere medicale, la cruelle legon que sa conduite, son langage, ses räponses et son incurie lui ont möritee.
On a Bouvent dit que les chiffres sont Moquence des faits. En voiei un qui resume en quelque sorle l'importance de la question agricole que nous venons d'examiner.
Suivant la statistique, la France possede 10 millions de betes bovines, qui representent une valeur moyenne (a 100 francs par töte) de un milliard de francs ; mais, sur cette richesse, le il(5au de la pleuro-pneumonie preleve fatalement, chaque annee, 30 millions de francs a I'agriculture franqaise, ce qui divise par deux cents francs (valeur moyenne des animaux enlevös par le fleau), accuse une mortality de 150,000 betes.
Ainsi en cinq ann^es, duree moyenne de la vie de l'espece bovine, la pleuro-pneumonie tue 750,000 animaux, representant en valeur 150 millions.
La pleuro-pneumonie exsudative n'est pas curable. L'inoculation est un moyen certain de la prevenir.
Supposons maintenant que toutes les betes bovines de la France soient inoculees et que par döfaut de soins on continue a en perdre cinq sur mille des suites de l'operation. II y aurait de ce chef, pour cinq ans, une perte de 10 millions et un bamp;iefice net de 140 milions.
S'il est done un fleau qui mierite de fixer l'attention et la sollici-
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tude des hommes d'Etat, non-seulement en France, mais dans I'Europe entiere, c'est, sans contredit, celui de la pleuro-pneumo-nie äpizootique qui sövit sur les betes h comes dans une proportion semblable. Que de pertes, que de miseres sont la consequence de cette desastreuse situation ! Gombien d'engrais fatalement en-levös ä la terre! Gombien d'infecondites et de malheurs, suite inevitable de ces affreuses catastrophes ! Mais elles ne s'arretent pas la; elles ne se constatent pas seulement par l'infection des etables, ia sterilite de la terre et le desespoir du laboureur; elles influent de la maniere la plus deplorable sur Talimentation m6me du pays.
Ou les populations sont condamnees a ne pas manger deviande, a voir leur sang s'appauvrir, leurs forces s'epuiser, et les generations nouvelles se trouvent livrees d'avance a l'etiolement, k la degenerescence, parce que la substance la plus necessaire h I'ali-mentation genörale est d'une cherts excessive et inabordable pour les travailleurs des champs et de l'atelier; ou des döbris corrompus sont jetes dans le commerce de la boucherie et empoisonnent la santö publique.
A ce double point de vue qui Interesse plus encore le philoso-phe que I'agronome, la question de la pleuro-pneumonie est unp veritable question sociale.
Penetre de cette verity, bien qu'enfant d'un pays qui tient no-blement sa place parmi les peuples agricoles, je suis venu en France pour faire donner a ma decouverle le bapteme d'un Gouvernement intelligent et d'une nation genereuse ; je suis venu de-mander ä ce Gouvernement et ä cette nation de l'adopter, parce qu'elle est utile a l'humanite, ä la civilisation ; et, dans ce but, je me suis mis courageusement ä l'oeuvre au milieu des campagnards et des vöterinaires frangais, pour en produire l'application ct en pratiquer la demonstration.
Je me suis souvenu enfm de ces belles paroles de Napoleon III : laquo; Mes amis sont dans tcs eampagnes cl dans les ateliers. raquo;
Lquot;Empereur imprime l'impulsion ä tons ies progres; le Gouvernement s'inspire de la politique elevee du chef de l'Etat; les pro-prietaires du sol partagent, sur cette question mere, toutes les
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vues du souveraiu. J'en ai done la couvictiou prpfonde, le Gouvernement et les proprietaires entreront d'un commun accord dans les sentiments d'une solidarile nationale et chretienne. Us s'uniront pour restituer k la France agricole 30 millions de francs qui lui sont enlcves chaque anuee. 11s empecheront quo celts va-leur immense ne soit ravic au budget de la fortune publique; et en vertu des droits et des devoirs initiateurs de la grande nation, 11s donneronl a I'Europe un sage et puissant cxemple de prevoyance.
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ar.;, tmpii.T.ciie de Paul Duponl, nip -le Grt'n:'lle-S!-!lfgt;norp, 15
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