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L'INOCULATION CRITfiRE
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LA PERIPiiülÖIII laquo;OmGIlüSi
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BETES BOVINES
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Par If. le docteor WIIiLEHS,
Mödecih principal de rhöpital civil de Hasselt,
Pröfesseur ä l'Ecole provinciale d'accouchemenls du Liinbourg,
Membre de la Commission medicale de la province du Limbourg,
Membre correspondant des Academies de medecino
de Belgique, de Turin, de GSnes,
De la Soci|ät6 impöriale et royale de medecine de Vienne,
Membre honoraire de 1'Association mödicale des Etats-Sardes,
De la Societö royale et nationale de mödecine vötörinaire de Turin,
De la Sociöte de medecine vötörinaire de Toscane,
De la Sociötö d'agriculture de la Prasse rhenane,
President honoraire ä perpötuitö de la Sociötö agricole
de la Lommeline (Italie), etc.
Chevalier des Ordres de Leopold, du Lion Neerlandais.
Des SS. Maurice et Lazare, etc.
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(Ext. du Bulletin de l'Acadimie r. äemtäecine, 3e sörie, t. XV, nraquo; 7.)
BRUXELLES LIBRAIRIE H. MANCEAÜX,
1MPRIMEUR DE L'ACAD^HIE ROTALE DE MEDECINE DE BELGIQUE,
Kue des Trois-Tfites, 12 (Montagne de la Cour).
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1881
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3383
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RIJKSUNIVERSITEIT TE UTRECHT
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2671 690 6
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CJjcPÜ
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L'INOCULATION CRITfiRE
LA PiRlPÜGIIPIli COraGIEHSH
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BETES BOVINES
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Par lt. le doctenr %VIL,L,EMS,
Medecin principal de l'höpital civil de Hasselt,
Professeur ä l'Ecole provinciale d'accouchements du Limbourg,
Membre de la Commission medicale de la province du Limbourg,
Membre correspondant des Academies de medecine
de Belgique, de Turin, de Genes,
De la Societe imperiale et royale de medecine de Vienne,
Membre honoraire de l'Association medicale des Etats-Sardes,
De la Societe royale et nationale de medecine veterinaire de Turin,
De la Societe de medecine vötirinaire de Toscane,
De la Societe d'agriculture de la Prusse rhenane,
President honoraire ä perpetuite de la Societe agricole
de la Lommeline (Italie), etc.
Chevalier des Ordres de Leopold, du Lion Neerlandais,
Des SS. Maurice et Lazare, etc.
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(Ext. du Bulletin de VAcaaamp;mie r. de midecine, 3laquo; s^rie, t. XV, no '.)
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''j^\\Klt;sui%gfnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; BRUXELLES
LIBRA1RIE H. MANCEAUX,
1MPRIMEUR DE L'ACADSsUE ROYALE DE MEDECINE DE BELGIQUE,
Hue des Trois-Töles, 12 (Montagne de la Courh 4881
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L'INOGULATION GRITJ^RE
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Depuis un grand nombre d'anuees, je me suls efforci de prouver que les animaux de l'espece bovine auxquels j'ai inocule les germes de la virulence de la pleuropneumonie, sont premunis centre les atteintes ulterieures de cette mala-die. Les fails cliniques que j'ai recueillis dans la pratique, pour etablir cette verite, sont nombreux, constants et ne laissent plus de doute sur la prophylaxie octroyee par I'inoculation aux animaux qui I'ont subie.
Des sujets bien portants, les uns inocules, les autres pas, ont ete places, en nombre egal, dans les memes conditions destabulation et d'alimentation, soit dans des endroits infec-tes par la peripneumonie, soit en contact direct avec des animaux malades, et les uns sont restes constamment indemnes, lä oü les autres ont succombe ä l'infection pleu-ropneumonique.
Ces fails se sont repetes d'une maniere si constante et si evidente qu'ils ont necessairement enlraine la conviction inebranlable de I'lmmense majorite des praticiens et des detenleurs de betail. 3Iais les adversaircs de I'inoculation preventive ont oppose ii ces fails si probants, d'autres faits qu'ils appellent negalifs, c'est-ä-dire, oü cette operation serait restee en defaut, et ils ont pretendu que la certitude, quant aux vertus preservatrices de I'inoculation, n'est pas encore suftisamment etablie.
Dans le but de rendre ä ces faits si probants et parfois cependant encore contestes toute leur evidence, il fallait trouver le moyen de leur appliquer la preuve scientifiquc experimcntale. A cet effet, j'ai eu recours, depuis longtemps
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— 4 — dejä, mais plus particulierement dans ces demiers temps, k la methode experimentale des contre-epreuves, au moyen de la reinoculatlon, methode qui fournit le criterium de l'im-munitö acquise par une premiere inoculation fructueuse.
La demonstration scientifique de reflicacite de l'inocula-tion, au moyen de cette methode rigoureuse et certaine, peut etre donnee aujourd'hui ä volonte, car I'inoculation doit etre reconnue efficace, puisque le virus de la peripneu-monie, insert dans le tissu cellulaire des regions oü il est tres abondant, demcure sans effet. II en est de meine pour I'inoculation du charbon des moutons et celle du cholera des poules qui, selon MM. Chauveau et Pasteur, n'ont plus de prise, des que rimmunite est acquise par une premiere saturation de l'organisme au moyen de relement virulent.
Un enfant vaccine une premiere fois avec succes n'est plus apte, au moins pendant un certain temps, ä etre influence une seconde fois par le vaccin.
Tout le monde sail que quand I'inoculation se pratique pour la premiere fois sur un animal, vierge de toute impregnation de virus peripneumonique, dans des endroits riches en tissu conjonctif, tels quo le cou, I'encolure, derrierc les oreilles, au fanon, etc., l'acuite du virus est teile que la repullulation sur place de ses elements virulents donne naissance ä des tumeurs si considerables qu'elles determi-nent rapidement la mort.
D'un autrc cote!', j'ai relate un grand nombre de fails oü des sujets, inocules a la queue une premiere fois avec succes, out acquis une immunite parfaite contre une deuxieme et troisieme inoculation, meme quand la matiere virulente est inser^e dans des endroits dangereux, parce que leur
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organisme se trouve par lä transforme en un milieu inapte ä la culture des germes de la virulence.
C'est lä le criterium de Timmunite acquise par I'ino-culation.
31. H. Bouley, l'illustre inspecteur des ecoles veterinaires en France, qui, sa vie durant, s'est beaucoup occupe de l'etude de la peripneumonie, a applique Tinoculation cri-tere derriere l'oreille et au fanon, et en rendant compte, devant la Societe centrale de medecine veterinaire de Paris (seance du 24 fevrier dernier), de ce fait en meme temps que des nombreuses experiences d'inoculcitions entires signalees dans le memoire sur la non-reddive de la peripneumonie que j'ai eu l'honneur de communiquer ä l'Academie, il ajoute :
laquo; Les fails cliniques temoignent de l'efficacite preventive de l'inoculation, mais ils n'en donnent pas la preuve scien-tifique irrefragable.
laquo; Cette preuve, Jlessieurs, eile est trouvee; nous la posse-dons actuellement, et il nous est devenu possible de resou-dre, d'une maniere definitive, je le crois, cette question, tant controversde dans la pratique, de savoir si l'inoculation proposee par Willems, depuis plus de trente ans, confere on non, aux animaux qui I'ont subie, I'immunite contre les attaques de la peripneumonie. raquo;
Et dans une autre söance, celle du 23 novembre 1880, ce savant s'exprime ainsi :
laquo; Quoi qu'il en soit des conclusions que lexperience que je viens de rappeler peut autoriser, voilä un moyen scienti-fique certain, rigoureux, de juger la valeur de Tinoculation. Si les vaches inoculees out acquis une immunity demontree par Tinipuissance d'une deuxieme inoculation a produire des effets, meme dans une region defendue, la question de
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— 6 — l'eflicacite preventive sera resolue. U n'y aura plus qu'ä rösou-dre le probleme de son iiiefficacile dans les cas oü eile se manifeste, c'est-ä-dire a trouver la raison des faits negatifs. raquo;
Si je reviens aujourd'hui sur cette question si importante et si pleine d'actualitö, c'est pour repondre ä une objection dont mes experiences ont 6te l'objet et qui consiste ä pretendre que les re inoculations que j'ai rapportees n'ont pas pu produire leurs pleins effets, parce qu'elles (jtaient faites ä la queue, oü le tissu cellulaire est serrö et pcu abondant, ou ä la pcau de la face exterieure de la fesse, qui est dure, coriace et par consequent peu propre a I'ex-pansion de l'exsudat plastique et ä la manifestation de l'ac-tivite de la mattere virulente.
Pour repondre ä cette objection, je viens mettre sous les yeux de l'Academie deux series d'experiences propres a cnlcvcr tout doute relativement ä la valeur experimentale des reinoculations que j'ai faites, et c'est lä le but de ma presente communication.
En 18o2, la pleuropncumonie envahit les etables de la ferme de Herckenrode, pres de Hasselt, et y fit quelques victimes. 16 belles vacbes qui se trouvaient encore k la forme furent iuoculees, toutes au fanon, avec du virus peri-pneumonique frais. Cos inoculations produisirent des desas-tres rapides et effrayants; olles furent suivies de tumeurs enormes formees par la matierc d'exsudation envabissant le tissu connextif; de profondes scarifications y furent prati-quees, et un liquide plastique, sereux, en tout semblable ü celui qui vient sourdre ä la surface des tranchees faites dans un poumon bepatise, s'en ecoula avec une abondance h remplir plusieurs seaux par jour. Au bout de trois ä quatre semaines, douze de oes betes succomberent a la violence des
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progres du processus exsudatif, ou durent etre livrees ä l'abattoir.
Les pertes etaient grandes, et le veterinaire du Gouvernement, qui avait pratique ces operations, contrairement ä l'avis du proprietaire, M. Claes, mis en cause par celui-ci, dut demander k radministration de l'agriculture d'intervenir ä Feffet de l'indemniser.
L'experience de tons les temps nous a suffisamment prouve qu'il en est toujours ainsi quand rinoculation est faite dans des endroits du corps de Tanimal oü 1c tissu cel-lulaire est laxe et abondant. C'est pour ce meme motif que j'ai constamment preconisö la partie inferieure de l'appen-dice caudal, comme I'endroit le plus favorable pour y depo-ser les germes de la virulence.
Si maintenant— et c'est lä la contre-epreuve dent je viens faire part ä TAcadiimie — je choisis seize betes ä comes bien portantes ayant subi une premiere inoculation caudale fructueuse, que je pratique ;\ ces animaux une dcuxieme ou une troisicme inoculation avec du virus provenant d'une bete memo gravement atteinte de pleuropneumonie; que j'insere ce virus soit au fanon, soit derriere les oreilles, soit dans la gouttiere de la jugulaire, endroits oü la peau est tres souple et se prete parfaitement ä renvahissement de la matlere exsudee, et que par cette operation je n'obtienne, contrairement a ce que nous venous d'observcr sur le lot des betes precedentes, aucune manifestation morbide, aucun gonflement, aucune reaction ä I'endroit inocule, ne suis-je pas autorise a conclure que la premiere inoculation a öte infectante de tout l'organisme et qu'elle a procure aux sujets Fimmunite contre l'infection inoculatrice et contre l'infection naturelle?
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C'est cette preuve, Messieurs, faite avec toute la rigueur etnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ?
toute la precision possible, que je viens vous apporter et soumcttrc ti votre jugement eclaire.
Ces experiences ont ete faites il y a quelques semaines, k mes risques, dans les etables de quatre distillateurs du chef-lieu du Limbourg, sur le betail qu'ils ont bien voulu mettre k ma disposition.
Avant de faire Thistoire de ces nouvelles experiences, il est bon de faire remarquer que tous les sujets qui ont ete soumis ä la methode des contre-epreuves, avaient ete prea-lablement iuocules avec succes quelque temps auparavant et clioisis k dessein parmi plusieurs autrcs, parce qu'ils avaient tous perdu, par le fait de l'inoculation, une partie plus ou moins considerable de l'appendice caudal.
Ces inoculations critamp;res ont etc pratiquees ä la pcau au moyen de petites incisions de 1 ä 2 centimetres de long, en evitant avec soin l'ecoulenient du sang ct en introduisant dans ces petites plaics en grande abondance I'exsudat pul-monaire, recueilli sur une bete pncumonique.
Etables de M. Nys. — Le 9 avril dernier, je reinocule au fanon et derriere I'oreille gaucho :
1deg; Un boeuf blanc et noir, figurant a Tetablo sous le n0687, k demi-gras, de race indigene, äge de 4 ans, ayant perdu une partie de la queue par une inoculation precedentc, faite six semaines auparavant.
La matiere ä inoculer a ete prise dans le poumon d'un boeuf atteint de pleuropneumonie et abattu le meme jour.
L'inoculation de ce virus cst restee absolument sterile; tandis que son insertion k d'autres betes, vierges de toute impregnation virulente, a produit ses effets ordinaires.
Etables de MM. Croonenberghs. — Le 24 mars dernier, je
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reinocule au fanon par deux incisions, une de chaque cute;
2deg; Un taureau, robe roussc, äge de 2 ans, race indigene, bien portant, classe ä l'etable sous le n0 35, inocule une premiere fois le lo fevrier. Au bout de quelques jours les petites plaies faites au fanon sont parfaitement cicatrisees.
Le meme jour et avec le meme virus sont inocules une vache et cinq boeufs, vierges de toute inoculation, sur les-quels se manifeste la reaction locale ordinaire.
Le 9 avril dernier, j'ai reinocule au fanon et derriere Toreille gauche de la meme maniere que chez le sujet precedent :
3deg; Un boeuf, blanc-noir, äge de 2 ans, ä demi-gras, (n0463) dont la queue est mutilee par une inoculation faite le 25 decembrel880;
4deg; Un beeuf (nquot; 71), roux, äge de 4 ans, inocule le I01'Janvier precedent.
Le liquide lt;i inoculer a etc recueilli le meme jour sur une bete malade et a etc inocule aussi ä 9 boeufs, vierges de toute inoculation. Sur les deux premiers, la reinoculation n'a eu aucune suite, tandis que sur les 9 dernicrs eile a ete suivie de ses effets ordinaires.
Le 12 avril dernier, j'ai reinocule derriere I'oreille gauche et dans la gouttiere de la jugulaire :
5deg; Un boeuf (n0 38), roux, äge de 3 ans, inocule une premiere fois deux mois auparavant;
6deg; Un taureau (nquot; 74), äge dc 3 ans, blanc-noir, a demi-gras, tres bien portant, ayant subi une premiere inoculation caudale six semaines auparavant.
Le virus ä inoculer a ete pris le meme jour sur un boeuf malade provenant des etables de M. Ponet, distillateur. Ces inoculations sont restees steriles.
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Le 17 avril dernier, j'ai reinocule derriere I'oreille gauche et au fanou :
7deg; ün boeuf (n0 29) noir, äge de 3 ans, en bon etat de ijraisse, inocule avec succes le lb Janvier de cette annee;
8deg; ün taureau (n0 471) noir-blanc, age de 3 ans, inocule avec succ s le 15 Janvier precedent.
La matiere ä inoculer a ete prise sur une vache malade abattue le memc jour. Ces inoculations sent restees sans effet, tandis que seize autres betes, inoculees pour la premiere fois et avec le meme virus, out eprouve les suites ordi-naires de cette operation.
Elables de M. Vanrey. — Le 24 mars dernier, j'ai reino-lt;ule au fanon par une petite incision de chaque cote :
9deg; ün bceuf (n0 20), äge de 2 ans, blanc et roux, race indigene, ä demi-gras, ayant perdu la queue presque toute entiere par une inoculation faite trois mois auparavant.
Le 9 avril 1881, out etc reinocules dans la gouttiere de la jugulaire et derriere I'oreille gauche :
10deg; Un taureau (n0 23), gras, äge de 2 ans, blanc et noir, ayant la queue entierement cnlevee ä la suite de l'inocula-lion faite deux mois auparavant;
11deg; ün taureau (n03o) blanc et roux, gras, äge de 2 1/2 ans, ä queue coupec par inoculation faite trois mois auparavant.
Ces inoculations ont ete faites avec du virus frais, le meme ([ue celui qui a servi aux inoculations pratiquecs le meine jour chez MM. Croonenberghs.
Le 17 avril, le n0 23 presente derriere I'oreille, ä l'endroit de l'implantation du virus, une petite tumeur dure, de la grosseur d'un oeuf de pigeon, et au cou une autre petite tumeur de meme nature, de la grosseur d'une noisette. Le 27 avril, la tumeur derriere I'oreille s'est ramollie et il s'en
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echappe un liquide transparent; quinze jours apres les deux tumeurs out disparu.
Etahles de il. Ponet. — Le 12 avril dernier, j'ai reino-cule, avee du virus pris le meme jour sur une bete malade, derriere I'oreille gauche et dans la gouttiere de la jugulaire:
12deg; Un boeuf (n0 27), äge de 3 ans, noir et blanc, inocule pour la premiere fois le 24 Janvier 1881;
13deg; Un taureau (n0 83), ägö de 2 ans, roux et blanc, inocule une premiere fois le 8 decembre 1880.
Le 27 avril :
14deg; Un boeuf (n0 11), noir et blanc, äge de 4 ans, inocule le 24 Janvier precedent;
15deg; Un bceuf (n0 21), roux, gras, äge de 3 ans, inocule une premiere fois avec succes, le 24 Janvier precedent, et une seconde fois, sans succes, le 13 avril dernier.
'16deg; Un boeuf tres avance en graisse, äge de 4 ans, inocule avec succes le 24 janvier et reinocule sans suite, le 13 avril de cette annee.
Le virus ayant servi ä ces dernieres inoculations provenait d'une vache malade abattue le meine jour. Dix-sept autres betes, vierges de toute impregnation virulente, ont ete ino-culees pour la premiere fois avec ce virus et ont presents les suites ordinaires de cette pratique. L'une d'elles meme offrait le 17 mai un engorgement tres considerable ä l'appen-dice caudal.
Le 3 mai, le n0 11 presente derriere I'oreille une petite tumeur dure de la grosseur d'un ceuf de pigeon et aussi un peu d'engorgement au fanon, ä l'endroit des petites incis-sions oil a etc depose le virus. Ces gonflements restent sta-tionnaires jusque vers le 20 mai, et puis apres, ils disparais-sent insensiblement.
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Je ticns ä dire que, lorsque l'experience a ete ffiite sur ces animaux, j'ai eu soin de prendre comme temoins un certain nombre de sujets, vierges de toute inoculation, pour con-stater la difference d'action du virus sur les deux groupes d'animaux.
Toutes ces betes, qui ont subi rinoculation critere, sont restees parfaitement bien portantes et n'ont pas ressenti le moindre effet de cette operation, sauf deux d'entre elles, sur lesquelles j'ai remarquc un leger engorgement, -a I'cndroit oü s'est faite rinoculation. Ces animaux n'etaient done pas encore parfaitement invulnerables, rimmunite n'etait pas complete, puisque le virus, dans des limites fort restreintes, il est vrai, a encore pu pulluler sur place; ce cjui tend a faire croire qu'il y a des degres dans rinnnunite; que dans certains cas eile n'est pas complete au moyen d'une premiere inoculation et qu'une seconde est necessaire pour empecher la recidive. C'est ce que comprennent tres bien aujourd'hui plusieurs distillateurs de la ville, et no-tamment M. Nys, qui font inoculer regulierement deux fois leur betail. Aussi est-il vrai que les cas de pleuropneu-monie sont beaucoup moins frequents dans leurs etables que dans celles de MM. les distillateurs qui ne suivent pas cette sage pratique.
Psous constatons par le resultat de ces experiences, d'un cote, que sur seize betes bovines, inoculees au fanon pour la premiere fois, douze succombent aux suites de cette pratique, et de l'autre, que seize betes, ayant subi une premiere inoculation fructueuse, inoculees une seconde fois aux memes endroits que les precedentes, ne ressentent aucun effet de cette seconde operation.
Ne suis-je, par consequent, pas autoriseii dire que Tino-
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— 13 — culation caudale est efficace, puisqu'une seconde inoculation reste absolument sans effet, et ces experiences ne prouvent-elles pas que, dans le premier cas, le terrain oil sont deposes les germes de la virulence peripneumonique est propice ä leur culture, et que, dans le second, il est epuise, il est inipropre ä leur regeneration ?
Si, apres cette demonstration de rimmunitc acquise par les animaux inocules, les adversaires de cette doctrine, qui deviennent de jour en jour plus rares, invoquent encore h l'appui de leur maniere de voir, les faits negatifs qui s'ob-servent parfois dans la pratique, il reste ä rechercher les rai-sons de leur existence. Ces raisons pcuvent tenir h une foule de circonstances, mais ne sauraient en aucune maniere prö-valoir contre ce qui est etabli h I'evidence, car les faits ne sauraient etre contradictoires, dit M. Bouley, et il ajoute quo la seule conclusion ä tirer des faits negatifs de l'immunite, c'est que I'action preservatrice, inherente au virus, n'a pas pu etre effective, ä raison des conditions particuliercs, qui doivent etre recherchees et determinees, telles que I'altera-tion du liquide virulent, au moment oü on en fait I'appli-cation ; I'liemorragic de la plaie d'insertion; la trop grande densite du tissu cellulaire ä l'extremite caudale; la pre-existencc de la maladie a I'etat encore latent d'incubation au moment oü on a recours 11 rinoculation, etc.
J ai tenu, Messieurs, a vous prouver la verite do la doctrine que je soutiens, non au moyen de phrases, de seduisantes hypotheses, d'ingenieuses inductions; mais en vous presen-tant des faits indeniables, -resultat direct de la methode experimentale, que tons vous pouvez, ä volonte, controler et verifier. Du reste, si quelqu'un parmi vous n'etait pas suflisamment convaincu de la verite et de larealite des con-
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tre-epreuves que je viens de relater, je m'offre volontiers u les refaire en votre presence et sous votre controle.
Messieurs, la relation des diverses series d'experiences d'inoculations criteres auxquelles je me suis livre depuis quelque temps a ete fort bien accueillie en France et a porte la conviction dans les esprits des savants de ce pays; la confiance dans I'inoculation prophylactique est devenue si grande et si universelle que le gouvernement a cru devoir inscrire dans le nouveau projet de loi sur la police sanitaire des animaux domestiques une disposition tendant ä rendre ob 'igatoire I'inoculation dans les localites dMarees infedees de pe'ripneumonie (1).
Cette nouvelle importante nous est donnee par Jf. Bouley, le savant inspecteur des ecoles veterinaires.
Voici ce qu'il dit, dans sa chronique du mois de juin inse-röe dans le Recueil de medecine veterinaire de Paris.
laquo; L'inoculalion de la peiipneumonie consaaeepar la loi sur la police sanitaire. — Le projet de loi sur la police sanitaire des animaux contient, dans son article 9, une disposition que M. Desrotours y a fait introduire et qui va donncr, ä I'inoculation, comme mesure prophylactique, une consecration legale. Elle est ainsi redigee :
laquo; Akt. 9. — Dans le cas de peripneumonie contagieuse, raquo; le Prefet devra ordonner I'abatage, dans le delai de deux raquo; jours, des animaux reconnus attcints de cette maladie par raquo; le vöterinaire delegue, et Yinoadation des animaux d'espece raquo; bovine dans les localites dedarees infedees de cette maladie. raquo;
laquo; Le legislateur va-t-il au-delä de ce que les faits autori-sent en adoplant cette clause qui implique, comme decide-
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(1) La loi rendant rinoculation obligatoirc a öle volec par les cliani-bi-es francaises (10 aoüt I88Jj.
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ment demontree, I'efRcacitö preventive de l'inoculation? II n'y a pas encore longtemps qu'ä cet egard des doutes auraient pu etre formules, car la preuve scientifique de cette efficacitö n'avait pas ete trouvee. On ne pouvait invoqueren sa faveur que le chiffre eleve des fails cliniques qui en temoignaient, mais dont le temoignage n'etait pas accepte comme süffisant par un certain nombre de praticiens, parce qu'ils croyaient pouvoir lui opposer des faits assez nom-breux oü l'inoculation s'etait montree defaillante. Ces faits negatifs, dont il faut rechercher les conditions, ne laissaient pas de jeter de l'incertitude dans les esprits ä l'endroit de la valeur certaine de l'inoculation, et meine les croyants se trouvaient ebranles dans leur foi, lorsqu'apres des faits positifs qui Tavaient affirmee, ils voyaient survenir tout ä coup des insucces dont la raison leur öchappait. Pourquoi, dans des conditions en apparence identiques, l'inoculation ne donnait-elle pas des resultats constants, invariables, comme fait la variole ou la vaccine? Pourquoi, dans des cas, etait-elle suivie d'une immunite complete, absolue, contre les atteintes de la contagion? Pourquoi, dans d'au-tres, laissait-elle les animaux vulnerables tout autant que s'ils ne l'avaient pas subie? La raison de ces oscillations dans les effets doit se trouver dans les differences de composition des liquides qu'on inocule, lesquels, sous des appa-rences semblables, peuvent etre doues de virulence ou en etre depounus. A cet egard, il y a des recherches ä faire et le probleme deviendrait facile ä rösoudre par les precedes de culture, si l'on parvenait h. bien etablir la nature micro-bienne de la peripneumonie, car, le microbe trouve, on pourrait reussir k l'obtenir pur, et, une fois maitre de lui, k lui faire produire des eifets constants et certains, comme ceux, par exemple, que Ton determine avec la bacteridie
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— 16 — charbonneuse des liquides de culture, qui, toujours, se monfre fidele ä elle-meme.
laquo; Mais si le probleme de la condition d'oü precede, dans de certains cas, rinefficacite de l'inoculation de la peripneu-monie demeure, une chose est acquise des maintenant et suflirait seule pour justifier Tobligation de l'inoculation que la loi doit prescrire dans les circonstances qu'elle determine : e'est la demonstration scientißque de rimmunite que l'inoculation est susceptible de conferer. Cette demonstration ressort evidente et absolument incontestable de l'invul-nerabilite des animaux inocules ä la region caudale, contre les effets du virus insere dans toute autre region du corps : effets si puissants, si energiques sur les animaux vierges de toute inoculation, qu'ils se traduisent par des engorgements envahissants qui deviennent en quelques heures gangröneux et mortels. raquo;
Vous le voyez, Messieurs, l'inoculation preventive de la peripneumonie bovine, qui depuis im certain nombre d'an-nees a eu i soutenir des lüttes si passionnees et meme quelquefois injustes, touchc au termc final de son triomphe; cette Operation appuyee sur les faits de la pratique, confirmee par la methodc experlmentale, va etre consacree par la loi fran^aise.
L'inoculation a ete aussi rendue obligatoire par la loi, depuis 1878, dans un autre pays voisin, la Hollande. Or, depuis cette epoque, d'apres les derniers documents offi-ciels, dans ce pays, on ne connait pour ainsi dire plus la peripneumonie que de nom. Cependanf la Neerlande avait ete depuis un grand nombre d'annees le foyer principal de l'epizootie peripneumonique en Europe.
La France, par la loi qu'elle va decreter, affranchira, j'en
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suis sür, ses riches troupeaux du tribut qu'ils payent depuis longtemps ä ce fleau meurtrier.
Les frontieres de la Hollande sont fermees h I'introduc-tion en Belgique, du betail malade, et d'ici ä quelque temps il ne lui en arrivera plus, tres probablement, de la France.
II n'y aura done plus alors qu'une voie par laquelle les betes malades pourront etre introduitcs dans notre pays : I'Allemagne.
II est ä esperer que la Belgique, eile aussi, suivra I'exem-ple donne par les pays limitrophes que je viens de citer et qu'elle accueillera desormais avec plus d'empressement la pratique de l'inoculation; que cette pratique recevra plus d'encouragements de la part du Gouvernement, auquel incombe le devoir de veiller aux interets de Tagriculturc, cette grande artere nourriciere des nations.
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