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EPIZOOTIES
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D'AFFECTIONS TYPHOIDES
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PAEMI LES OIIEVAUX DU 3rae REGIMENT DE GUIDES
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KN GARNISON A TOÜRNA1
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PENDANT LES ANNEES 1879-80 ET 1880-81
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II. IIL'CiLES,
Correspondant de l'Acaclemie royale de mödecine de Belgique, etc.
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(Ext. du Bulletin derAcad.r.demedecinedeBelgigüe; ?,lt;: ser.,x.X\,iiquot;'i.)
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BRUXELLES, H. MANCEAUX, LIBRAIRE-EDITEÜR,
IMl'lllMEUn DE 1,'ACADEMIE ROYALE DE MEDEC1NE DE BELGIQUE,
Rue ties Trois-Teles, 12. 1881
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BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
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2912 784 6
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Cwn.
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ßPIZOOTIES
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D'AFFEGTIONS TYPHOIDES
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QUI ONT SEVI
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PARMI LES CHEVAUX BU 2nie REGIMENT DE GUIDES
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EN GARNISON A TOURNA]
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PENDANT LES ANNEES 1879-80 ET 1880-81
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raquo;I. IIUGUES,
Correspondant lt;le l'Academie royale de medecine de Belgique, etc.
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(Ext. du Bulletin de VAciul. r.de medecinedcBelgigue; 3eser., t.XV, no7.
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BRUXELLES, H. MANCEAUX, LIBRAIRE-EDITEUR,
IMPRIMEUR DE L'ACADEMIE ROYALE DE MEDECINE DE BELGIQUE,
Rue tics Trols-Tetes, 12.
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ÜPIZOOTIES d'aiTections typhoides laquo;lui oat sevi paruii lei* chevaux du rJ111^ regiment de guides, en garnison A. Tour nai, pendant les anuses 1879-1880 et ISH0-IHS1: par BE. III'laquo;raquo;! ES, correspondant.
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Une maladie grave, a caractere epizoolique, a, dans ces derniers temps, occasionne des pertes considerables dans l'espece chevaline. Elle a pris une extension et un caractere inquietants en France, oü, aujourd'hui encore, eile n'a pas completement cesse d'exercer ses ravages. En Belgique, eile a ete observee dans diverses localites, et particulierement au 2'quot;deg; regiment de guides, oü, k deux reprises diflferentes, ä la meme epoque annuelle, eile a attaque un grand nom-bre de chevaux.
C'est le resultat des observations faites pendant le cours de cette double epizootic, que je me propose d'exposer a grands traits.
Si nous avons place en tete de ce travail la suscription : affection typhaide, ce n'est pas, disons-le bien vite, que ce titre nous paraisse irreprochable. Mais, si nous I'avons adopte, c'est que c'est celui qui repond le plus exactement !i la nature de raffection, pendant la principale periode de
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Tepizootie. Nous disons que ce litre n'est pas irrcprochable, parce que la maladie ne s'est pas toujours montree iden-tique il elle-meme. Les symptdmes et les lesions, observes pendant la derniere periode de l'öpizootie, avaient beau-coup d'analogiesavec ceux de la seconde periode, mais ne ressemblaient que de tres loin ä ceux de la premiere. Au debut, c'etait une affection inflammatoire; plus tard, le ca-ractere adynamique se substitua au caractere sthenique; enfin, ce fut le caractere typhoide qui domina et eftaQa tous les autres. Nous aurions pu reserver la denomination : influenza, pour designer la maladie de la seconde pbase, et ceiie de maladie typlioule pour la troisieme; mais dans notre esprit, il n'y avait pas lä deux maladies distinctes, mais deuxdegres differents, repondant ä une alteration, toujours la meme dans son essence, mais plus ou moins profonde, plus ou moins intense, du liquide circulatoire. Quant aux premiers cas morbides, ils pourraient etre places sous la rubrique : pleuresie, pneumonic et plcuropneumonie.
Marehe de l'fyizoolie.—Vers la fin de novembre 1879, en deux ou trois jours, on nous presenta une quinzainede chc-vaux, dont les uns rcfusaient simplement le manger, ct dont les autres,outrelerefusd'aliments,etaient tristes ettoussaient frequemment. Chez les premiers, ä part l'anorexie et un peu de fievre, il n'existait aucun Symptome serieux. Chez les autres, il y avait inflammation aigue des bronches, et meine des pouinons, inflammations ä laquelle Tun d'eux succomba.
La se borna cette eruption, qui n'avait guere souleve d'inquietude.Maissoudain,surviennentcesfroidsrigoureux et de longue duree, dont longtemps encore on conservera le souvenir. Le 30 novembre, la neige tombe en abondance.
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— 8 — et le Ihermonu-tre descend ä 16 et 18 degres sous zero. Pendant dix jours, les routes sont impraticables, et les chevaux doivent rester ä la chaine. D6s le 11 decembre, et -jours suivants, un grand nombre d'entre euxrefusent toule nourriture; chez plusieurs, il y a da la fievrlaquo;, de la gene dans la respiration et de la toux.
Le 14 et le 15, les pleuresies at les pneumonies sont par-faitement dessinees sur trois sujets; elles le sont sur six au-tres les 16 et 17. En fin de compte, au dernier jour du mois, nous avions eu ä combattre 24 affections serieuses, parmi lesquelles six avaient eu un denouement fatal.
La maladie continue ä sevir. Mais, a partir de la fin decembre, et surtout du second jour de Janvier, eile change d'aspect: sa physionomie se modifie considerablement; de sthenique qu'elle etait, eile devient asthenique, adyna-mique.
Huit jours plus tard, une sorte d'accalmie se dessinc, non seulement par une quantite moindre de malades, mais aussi par la diminution dans la gvavite de l'aflfection. Le 9 et le 10, deux escadrons se mettent en route plaquo;ur concou-rir ä la repression des greves aux environs de Mods; ils font deux etapes, et rentrent k Tournai. Durant cette absence, tous les chevaux ont joui d'une excellente sante. U est vrai de dire que, pendant ces deux jours les trois au-tres escadrons restes au quartier n'avaient pas fourni de nouveaux malades.
Vers le 20, survient une nouvelle recrudescence, et, cette fois, raffeclion prend le caractere d'une epizootietyphoide.
Enfin, aux derniers jours de fevrier, une trove serieuse et franche, cette fois, se dessine peu ä peu. Les cas devien-
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— 6 — nent plus rares; et sauf deux qui resteat isoU-s et qul sont particulierement graves (XIV et XV), on peul dire que I'ep.-zootie a pris fin. Elle avait dure plus de trois mo.s, avail attaint 130 sujets - y compris quelques chevaux d'oft.c.ers — el avail fait 23 viclimes.
L'epizootie dc Tannee suivanle a commence le 18 no-vembre. c'est-Jgt;-dire a peu presi la meme epoque. Le premier cas avait ele precMe et etait accompagnö de plus.eurs cas de simple indisposition, n'ayant pour expression que rinappetenceplusoumoinsabsolue. Ce premier fut sum d'un second, le 26 ; le troisieme n'arriva que le 19 decem-bre A partir de ce jour, le* malades se succederent par ä-coups jusque vers la mi-mars, epoque apres laquelle d n'y eut plus que quelques cas isolcs.
Mais, k IMnverse de l'epizootie de 1879-80, qui avait in.l.f-feremment attaque les chevaux de tout age et de tous les es-cadrons, celle de 1880-81 s'est bornee presque exclusive-ment aux chevaux acheles dans le courant de l'annöe. Sur un eöeclif dc 98 chevaux, 66 furenl malades. En 1879-80, tous les escadrons, toutes les ecunes du quartier fournirent leur contingent au ileau , a I'except.on absolue des 24 chevaux de fourgons, qui, pendant les plus grands froids, n'onl jamais cesse un scul jour de fa.re un service d'autant plus actif et plus penible, que les routes etaient plus mauvaises, par suite de la neige et de la gelee. De ces 24 chevaux, pas un seal n'a ete malade. Tandis que I'annee suivanle, pas un cheval des escadrons ne ful allemt, la maladie se concentra exclusivement sur les chevaux de la remontc de I'annee el sur 4 chevaux de fourgons. Coux-ci apparlenaient a deux attelages et etaient pia-
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— 7 — c^s, les uns ä cote des autres, dans une ecurie de 16.
Cette tSpizootie a ele aussi meurlriere queson ainee; eile a fait 11 victimes.
Chez plusieurs malades, la convalescence a etd tres lon-gue; eile a meme dure, dans certains cas, trois et quatre
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mois. Chez plusieurs, une pneumonic chronique, ou unnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;|
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deperissement lentement progressif, a amene la inert apres cinq et six mois.
Plusieurs chevaux d'ofticiers leges en ville ont aussi subi lesatteintes du mal. Tandis que chez les propriölaires civiis, il n'y a pas eu, que nous sachions du moins, de cas observes.
Vers le 15 aoiit 1880, une epidemic typho'ide s'est egale-ment declaree parmi les homines loges dans le meme quartier. Elle s'est eteinte vers le 13 Janvier suivant.
Symplomatoloyie yenerale. — 11 est assez difficile de faire une Symptomatologie generaie. Car, ainsi qu'on pent le voir par la relation succincte de quelques faits particuliers, la maladie ne s'est pas manifestee d'une fagon identique chez tous les sujets. iNous avons choisi les faits les plus mar-quants dans chacune des phases de l'epizootie, et ceux sur-tout donl la tenninaison defavorable a permis de preciser les lesions pathologiques.
Nous voyons ainsi que, pendant la periode de debut, la maladieaffectait un caractere stheniquebien prononce : eile se traduisait par des inflammations tranches qui appelaient un traitement antiphlogistique. Peu ü peu, la maladie se modifia. Sa periode prodromique devint plus courte; elie se caracterisait par la nonchalance, la perte de vigueur, 'J'energie et l'absence d'appetit. Le pouls etait petit, filant; la respiration irreguliere, souvent saccadee et precipitee;
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— 8 — les tnuqueuses apparentes prenaient une teinte jaunätre, une teinte ictörique plus ou moins foncee. Puis, vers le quatrteme ou cinquieme jour, la maladle se localisait sur I'appareil pulmonaire ou sur les visc^res abdominaux, Alors la marcheetait toujours chancelante; les reins etaient insensibles; les paupieres etaient infiltrees; la toux etait fre-quente, secheetquinteuse; rexpiration*5tait plaintive et sou-vent accompagnee d'un bruit de chevrotement prononce.
D'autres fois, la localisation se produisait sur les organes abdominaux, et l'on constatait des douleurs sourdes, du meteorisme, de la constipation ou l'expulsion de crottins rares, petits, sees et coiffes d'une couche de mucus blan-chätre. La diarrbee etait assez rare.
Dansquelquescas, survenaient des pbenomenes nerveux, des acces vertigineux qui duraient quelques minutes.
Gentkalement, la maladie arrivait k sa periode d'etat du sixieme au neuviöme jour. L'amelioration etait ordinaire-ment marquee par une crise quelconque, soit la diarrhee, soit la diurese, soit les acces vertigineux dont nous venons
de parier.
Quand la maladie devait avoir une terminaison fatale, la prostration et la dyspnea augmentaient; le pouls devenait filant et irregulier, et l'animal, qui s'etait j usque-lä main-tenu debout, se laisgait tomber et mourait, o ä 10 heures plus tard.
C'est k la maladie caracterisee par ces principaux symp-tomes que Ton donne, d'ordinaire, le nom A'mjluenza. Elle ivest pas, tant sous le rapport des symptomes que sous celui des lesions, nettement separee de la forme plus grave h la-quelle nous avons reserve la denomination de typlwMe;
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l'une et l'autre forme ontdes caracteres communs, mais ils ont aussi des dissemblances assez prononc^es.
Dans la forme typho'ide, la maladie eclate brusque-ment, sans que rien, dans I'attitude, dans la maniere d'etre du sujet, puisse faire pressentir son invasion. C'est
ainsi que trois chevaux, places dans la meme ecurie, maisnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; J
eloign^s les uns des autres, avaient, le matin, fourni le travail ordinaire. Ils avaient bien mange ä midi; ce n'est qu'au repas du soir qu'ils refuserent toute nourriture. Dejä ils sont frappes de semi-paralysie; c'est ä peine s'ils peuvent faire le trajet de deux centaines de metres pour gagner I'in-firmerie. La prostration est grande. Le pouls est mou, petit, filant, irreguiier; les battements du coeur sonttumultueux; les yeux sont larmoyants, les paupieres sont gonflees, la
conjonctive d'un rouge brique plus ou moins fonce, ounbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;|
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bien aussi, les capillaires sanguins sont dessines en relief par suite de leur repletion et de la stagnation sanguine. La muqueuse nasale est cyanosee; eile est parsemee de petechies; la muqueuse buccale est brunätre, parfois couverte d'aph-thes, ou eile est dejä depourvue de son epithelium. La respiration est acceleree, penible, accompagnee de gemisse-ments et de chevrotements ä l'expiration. L'animal reste debout, completement immobile, insensible ä tout ce qui se passe autour de lui, insensible meme aux excitants, tels que appels de la voix, coups de fouet, frictions h la tereben-thine. Les mcmbres anterieurs sont campes et ecartes, la tete est basse, ä la hauteur des genoux, ou meme louche la litiere. D'autres fois, la tete repose sur la mangeoire, ou bien le malade appuie le front centre la muraille; il pousse au mur, connne dans le cas d'affection cerebrale. Dans ces derniers cas, le malade est comme frappe de torpeur; le
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— 10 — collapsus cst profond. On remarqüe des tremblemenls et une sueur abondante dans diHerentes regions du corps, ainsi que des alternatives de froid et de chaud aux extre-
mit^s.
Ce qui caracterise cette affection, c'est son äclosion sou-daine, c'est I'adynamie, c'est sa generalisation et sa grande instabilite quand une localisation se produit, c'est la pro-fonde alteration du sang. On ne constate jamais d'in-• llammation, mais seulement des congestions passives ; aussi la plevre nquot;accuse-t-elle pas de douleur h la percussion; la toux meme manque assez souvent. Son caractere melasta-tique est tres prononce. Ainsi, la localisation parait se pro-duire sur les poumons, et en quelques heures, eile Emigre sur 1'intestin, puis sur le tissu podophylleux, pour revenir de nouveau a la poitrine.
Dans tous les cas pourtant, I'intestin prend une large part ä la manifestation. Vers le troisieme ou quatrieme jour, il y a presque toujours diarrhea pendant plusieurs jours.
Les matieres rejetees sont brunätres, melees de sang et de substances fibroalbumino'ides soit en decomposition, soit en cylindres, comme dans 1'enteritc couenneuse. Les urines sont abondantes, brunätres, quelquefois sanguinolentes. Elles forment mousse en tombant sur le sol, sans doute ä cause de l'albumine qu'elles renferment. Les hemoptysies sont aussi assez fröquentes, ainsi que les hömorragies buc-cales provoquees par la toux. Si Ton pratique une saignee exploratrice, on obtient une petite quantite de sang noir fonce, coulant en nappe et ne se coagulant pas.
La temperature du corps est variable : eile va quelquefois jusqu'ä 41deg; o et descend, en quelques heures, u 38deg; 8. L'amaigrissement s'opere pour ainsi direä vued'ceil.
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La marche de cette forme est tres rapide; eile est quel-quefois foudroyante; des animaux sont morts en moins de 30 heures de maladie. Le retour ä la sante est aussi quel-quefois trßs brusque, aussi brusque meme que Teclosion de la maladie.
La maladie ne s'est pas toujours ouvertement rövelee. II est notamment deux cas (nos XIV et XV) oü eile a couve sournoisement, minant sourdement l'economie, et ecla-tant enfin tout d'un coup par la formation d'une lesion mortelle, teile que la perforation de la parol intestinale.
Lesions necroscopiques. — Dans toutes les autopsies des animaux morts avant la fin decembre, nous avons toujours rencontre (en 1879-80) les lesions de lä pleuresie, avec ou sans epanchement, et de la pneumonie ä difförents de-gres. Plus tard, les alterations etaient plus profondes.
Le pericarde etait ^galement epaissi, avait contracte des adherences.
Le cceur etait ramolli, gonfle, et presque toujours ses cavites gauches renfermaient un caillot volumineux de nature fibrineuse, lequel s'etendait parfois jusque dans les gros vaisseaux.
D'autres fois, les organes thoraciques sont moins älteres, et c'est Tintestin qui a le plus souffert. 11 otfre alors une teinte brunätre, quelquefois cyanosee. La muqueuse est un pen epaissie, ramollie; mais rarement on y rencontre des ulceres. Les glandes de Peyer sont peu ou point modifiees.
Le foie est, en partie ou en totalite, devenu jaune, sec, friable. La rate et les reins sont plus ou moins ramollis.
Le sang est noir, se coagule difticiiement et offre k sa surface des goutlelettes graisseuses.
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Voilä pour l'inflaenza.
Les lesions que nous avons observees dans la forme ty-phoide sont autrement graves; nous les resumons.
La rigidity cadav(5rique est excessivemenl rare et, quand eile existe, eile est faible et de tr^s courte dur^e.
Le sang est noir, non coagulable; il se presenle sous forme de bouillie analogue ädu sirop de mures.
II tache fortement les mains, ä la facon d'une matiere co-lorante.
Le coeur est gonfle, ramolli et couvert de taches pete-chiales nombreuses qui lui donnent un aspect brunätre, surtout vers la pointe. Ses cavilös ne renferment jamais de caillot, mais sont remplies de sang öpais, sirupeux. L'endo-carde est brun fonce, couvert de petechies et se detache faci-lement du tissu sous-jacent.
Le pt5ricarde est quelquefois tapisse d'une couche de matiöre albumineuse, faiblement adherente; d'autres fois, sa surface est chagrinee, pyohömique, et le liquide que con-tient sa cavite est epais et de couleur chocolat; on dirait un melange de pus et de sang.
Les plevres ne portent aucune trace d'inflammation; on ne decouvre, dans leur epaisseur et ä la surface, ni vascu-larisation ni production de fausses membranes. Mais leurs surfaces en contact sont recouvertes d'une couche epaisse de un ii deux centimetres, couche formee par une matiere qui semble etre de l'albumine coagulöe et que je ne puis mieux comparer qu'ä du blanc d'oeuf cuit. Cette couche s'enleve facilement par le simple grattage fait ä l'aide du dos d'un scalpel. L'adherence est minime, car la surface de la sereuse est lisse et polie, comme eile Test ä l'etat normal, et, je le repute, il n'y a nulle trace d'inflammalion.
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L'epanchementpleuraln'est pas frequent; quand il existe, il renferme des flocons albumineux.
Les poumons offrent des alterations de diverses natures que Ton peut rapporter seit ä la stase ou congestion passive, seit ä la pneumonic caseeuse, soit a la pneumonic in-terstitielle. Mais, une lösion que nous n'avons vu decritc nulle part (pas plus que cette couche d'albumine dont nous venons de parier, et qui recouvre les plövres), e'est celie formee par les amas de fibrinc que Ton trouve dans la trame du poumon. Ces amas, d'un volume variant de celui d'une noisette k celui d'un poing, sont constitues de fibrinc pure, analogue ä cclle que Ton obtient par le fouettage du sang.
L'oedeme du poumon est frequent. Les interstices lobu-laires sont remplis d'une matiere albumineuse qui donne h la coupe un aspect analogue ä celui que Ton observe dans les poumons d'une bete atteinte de pleuropneumonio exsudative.
L'estomac n'a jamaisoffert la moindre alteration.
L'inteslin grele est souvent de couleur plomböe; sa face exterieure presente de nombreuses taches suffusees; sa muqueuse est plus ou moins tumefiee, ramollie, mais tres rarement ulceree. Les glandes de Payer sont peu ou point hypertrophiees. C'est le gros intestin, et notamment legros colon et le ccecum — vers la pointc — qui, d'ordinaire, sont les sieges d'alterations les plus nombreuses et les plus graves. A I'exterieur, sous le feuillet peritoneal, souvent il y a de nombroux foyers hemorragiques. La muqueuse est toujours Ires epaissie et irregulierement mamelonnee. tile est le siege de nombreux ulceres dont quelques-uns ont plusieurs centimetres de diametre. Plusieurs entament
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toute l'epaisseur de la muqueuse, et thiissent par perforer la paroi intestinale et par donner issue aux matieres ex-crementitielles. Celles-ci sont toujours tres liquides, bru-nätres, sanguinolentes et exhalent une odeur gangreneuse repoussante.
Le foie est ramolli, se reduit facilement en bouillie entre les doigts qui le malaxent; sa couleur est verdatre, rarement jaunätre. Rarement aussi, il est altere dans tout son volume : ainsi, ä cote d'un lobe sain, on trouve un lobe noi-rätre, d'autres fois un lobe sec et friable.
La rate n'a ete que bien peu alteree, et ces alterations consistaient en un gonflementet en un certain degre de ra-mollissement de la pulpe.
Les reins etaient presque toujours mous, flasques, mais ;#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; sans alteration anatomique.
1 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Le peritoine etait presque toujours exempt d'alteration.
Nature de la maladie. — II est dans notre travail une la-Hnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;cune que Ton pourra sans doute trouver regrettable : e'est
Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;l'absence d'examen microscopique et cliimique. Mais nous
sommes d'avis que ces sortes d'analyses ne peuvent et ne doivent etre faites que par des personnes d'unc competence assuree. C'est precisement parce que aujourd'hui tout le monde a la pretention de voir au microscope qu'il y a tant d'opinions differentes, opposees sur un meme sujet. Nous avons done prefere nous abstenir. D'un autre cote, quel-|nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ques ecrivains, et entre autres M. Salle, auteur d'un me-
moire couronne, sur la maladie dont nous nous occupons, ont eu I'occasion d'observer plusieurs epizootics. M. Salle declare que les signes hematometiques ne sauraient etre d'un tres utile secours pour le diagnostic et pour le prono-stic de ces affections.
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Quoi qu'il on soil, la nature typho'ide de l'aft'ection me pa-rait asse/ bien justifiöe, si nous en jugeons par la nature de raltciation sanguine, des lesions anatomiques et meme dös symptomes observes. La lesion la plus constante ost la separation de 1'albamine ctde la tibrine du sang, et le depot de la Abrioe et de l'abuniine dans les tissus de l'orga-nisme, notamment du poumon, et amp; la surface de la plövre. C'est en outre rincoagulabilite du sang, la decomposition de ce liquide, dont la matiöre colorante est pourainsi dire mise ä nu; c'est aussi une tendance tres prononede au travail de desorganisation, ä l'ulceration.
Dans les cas siderants, on pourrail trouver une grande ressemblance avec les attections charbonneuses, et peut-etre aussi un degre de parente avec les affections scepti-ques.
Les tentativcs d'inoculations auxquelles nous nous som-mes livre ne sont guere de nature ä nous fournir des renseignements positifs. L'inoculation a ete pratiquee avec succes sur plusieures generations de lapins, avec du sang pris dans la cavite du coeur et du liquide pris dans la caviti' pericardiaque; mais les inoculations ont etc faites le matin, avec du sang recueilli sur un animal mort depuis la veille au soir (XI). Ces liquides ont ete pris dans des cavites closes, il est vrai, mais est-on bien certain neanmoins qu'il n'eüt dejä subi une alteration posl-morlem ? Je suis d'autant plus autorise k le supposer que les memes inoculations, faites avec du sang du cheval, qui fait I'objet do I'observa-tion X, sang pris immediatement apres la mort, n'a pro-duit aucun effet.
D'un autre cote, un cheval, qui avail une fracture incurable, a egalement ete inocule sans plus de succes.
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— 16 — Je ne puis non plus me rallier ä l'opinion d'unassezgrand nombre de medecins-vet^rinaires francais, qui consi-derent cette maladie comme une maladie saisonniere, attaquant les jeunes chevaux de la remonte. Bien que dans l'öpizootie de 1880 ä 1881, la maladie se soit presque exclu-sivement limitee aux animaux achetes dans le courant de l'annee, il n'en est pas moins vrai que ces animaux etaient pour ainsi dire acclimates. En effet, les premiers cas sede-clarent le 18 novembre, et le dernier achat remonte au 18 aoüt; le premier malade avail, lui, ete achete le o juin, c'est-ä-dire elait au regiment depuis six mois.
Tandis que tons les malades de l'annee precedente peu-vent se repartir de la maniere suivante :
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Par annee de remonte :
6 de 4 ans. 33 de 1879. 23 de 1878. 18 de 1877. 10 de 1876. 17 de 1875. 10 de 1874.
7 de 1873.
4 de 1872.
2 de 1870.
1 de 1868.
1nbsp;de 1867.
2nbsp;de 1865.
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La maladie, pouvons-nous conclure, est bien une mala-die speciale, de nature typhoide, dont Pinfluenza est un premier degre, et qui reconnait pour lesion esssentielle la dissociation des elements du sang, notamment de la fibrine et de raibumine.
Nous n'avons jamais constate de recidive. Serait-ce pour cette raison que les anciens chevaux out ete exempts de l'öpizootie de 1880-81, les uns, parce qu'ils avaient ete malades l'annöe precedente, les autres, parce qu'ils jouissaient del'immunite?
Etiologie. — Au point de vue pratique, disait derniere-ment un savant professeur de Louvain, M. Lefebvre, l'avenir est ä la medecine etiologique. Et il ajoutait : laquo; cette thöse, vraie pour les maladies sporadiques, est surtout applicable aux maladies epidemiques. La prophylaxie de ces maladies est d'autant plus importante, qu'une fois declarees, nous n'avons souvent ä leur opposer que des moyens curatifs in-suffisants raquo;. Ces judicieuses paroles sont surtout applica-bles a la medecine des animaux. Malheureusement, les causes morbigenes reellement eflicientes sont souvent bien difficiles ä decouvrir; elles le sont surtout lorsqu'il s'agit d'uns epizootic. C'est pour nous un devoir imperieux de les rechercher. Dans ce but, nous avons d'abord ä nous enquerir des conditions au milieu desquelles la maladie s'est developpee.
Les principales influences se rapportcnt naturellement aux conditions exterieures atmospheriques, aux habitations et au travail.
Conditions atmospheriques. —L'h'wer de 1879-80 a ete re-marquable par sa precocite; il l'a ete surtout par ses lon-gues periodes de froid, d'une rigueur excessive.
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Deja le commencement de novembre avail eu ses brouil-lards humides, puis de petites gelees anodines, suivies de pluies froides. Le 30, arriverent les neiges abondantes, ac-compagnecs d'un abaissement considerable dc temperature, abaissement rendu d'autant plus sensible, que le vent nordest soufflait avec assez d'intensite. Les routes devinrent im-pralicables; pendant dix jours Ton fut forcö de laisser les chevaux a Tecurie. Plus lard, ä l'aide de cerlaines precautions, il fut possible de les promenerä rinterieurdu quartier.
Ces froids intenses durerent jusqu'au 28 decembre, c'est-ä-dire 29 jours. El encore le degel qui commenca alors ne dura-l-il que jusqu'au 14 Janvier, epoquea laquelle la neige tomba de nouveau el s'accuniula en se durcissant par suite de la gelec. Le second degel n'arriva que le 7 fevrier; il fut complet el se conlinua par la pluie et le vent.
L'hiver de 1880-81 a ele moins rigoureux, mais les froids furent cependant assez intenses pourjeter la perturbation dans la maniere de vivre des animaux, el meme dans cer-taines de leur fonclions physiologiques.
L'action de ces conditions inclemenles ne pouvail etre li-mitöe ä rexterieur des habitations; elles franchissaient celles-ci, donl elles niodifiaient profondement les milieux. Pour se faire une idee de ce degre d'influence pour les cas qui nous occupent, il est bon de connaitre l'exposition el la distribution des locaux.
Les chevaux sont loges dans 51 ecuries, reparties en 12 blocs, donl rorientalion est differente pour la plupart. Les dimensions des ecuries sont egalement Ires variables : les unes abritent 10 chevaux, d'autres 14, d'autres 20, el, enfin, deux peuvent en contcnir 60 a 70. Dans celles-ci, il
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— 19 — y a absence de plafond. Le loit cst en tuiies, dont un certain nombre en forme de manchon ouvert vers le bas.
Dans prcsques toutes les dcuries, il y a des portes et des fenetres placees en face les unes des autres. Joignons a cette disposition, l'exposition variee ä tons les points car-dinaux, la contenance si difterente, et nous aurons de-montre combien il est difficile de ventilcr sans provoquer de vifs courants d'air. Quelles que soient les prescriptions les plus s^veres, quelles que soient les recommandations les plus pressantes, il est impossible d'obtenir une surveillance assez active, asscz soutenue pour regier la ventilation sans amener de trop grands froids. Je dirai plus : pour les petites ecuries, dans des temps rigoureux, comme ceux de I'hiver 1879-80, il est materiellement impossible, surtout pendant la nuit, de fournir un air pur en meme temps qu'un bon abri. Si Ton ferme portes et fenetres, on trouve,le matin, les animaux dans une atmosphere chaude, humide, chargee d'ammoniac et d'autres produits de lair confine. Si, dans ces conditions, Ton fait sortir les animaux, on les tire d'un milieu de -18 ä 20 et 22 degres de chaleur, pour les plonger brusquement ä l'air libre, dont la temperature etait souvent de 10 ä 18 degres de froid. Si, au contraire, on laissait une fenetre ouverte, le cheval place ä proximite de cette ouverture, recevait directement les at-teintes de Fair glace.
Bien souvent, en presence de ces difficultes, nous avons ete tres embarrasse pour fournir aux animaux l'air pur ne-cessaire. Des prescriptions speciales furent donnees pour chaque ecurie en particulier.
Malgre ces differences notables dans la disposition et clans l'adration des habitations, nous avons vu la maladie
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— 20 — atteindre indifferemment les chevaux de toutes indislinc-tement, grandes ou petites; on peut dire qu'il n'en est pas une qui n'ait fouiMii son tribut.
11 laquo;st pourtant une exception qu'il est important de no-ter : c'estcelle des chevaux de fourgons. Ceux-ci, loges un peu moins bien peut-etre que les autres, n'ont jamais cesse un seul jour, bon ou mauvais temps, de faire un service actif de camionnage pour les besoins du service. Eh bien! de ces 24 chevaux, pas un seul n'a souffert de l'affection en 1879-80; mais rannee derniere, 4 d'entre eux en ont et6
attaints.
Un assez grand nombre de chevaux d'officiers, loges en ville, dans de bonnes conditions hygieniques, ont egale-ment ete malades.
Aliments. — Les aliments etaient de bonne qualite. Sur ma demande, on a distribuö successivement des fourrages de provenances ditferentes. Ainsi, on a substituc ravoine blanche k l'avoine noire, puis l'avoine indigene ä cclle de Russie. On a agi de meme avec le foin et la paillc. Du reste, cette annöe, les aliments etaient les meines pour tous, et une fraction seulement a ete malade. Done l'influence des aliments ne peutetre prise en consideration.
L'eau provient de quatre pompes eloignees les unes des autres; une cinquieme pompe se trouve a I'lnfirmerie. L'eau a toujours ete tres bonne, potable, et n'a jamais offert la moindre alteration.
Le travail. — On a voulu trouver dans l'excös du travail musculaire, une cause des maladies caracterisees par l'al-teration du sang. M. Bouley, entre autres, a cru trouver dans l'exces d'aeide carbonique, d'aeide lactique, de crea-tine, etc., une cause morbide efficiente. Cette influence
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— 21 -n'est pas encore demontree. En tous eas, nous dirons quo I'epizootie a eclate ii 1'epoque de l'annee pendant laquelle les chevaux travaillent le moins.
P/wfo/wsfV/oH. —Quelquesauteurs, entre autres M. Salle, admettent une predisposition qu'ils trouvent dans I'etat d'embonpoint des aniimux. Nous n'avons jamais constate cette influence, et ne croyons guere ä une prödisposition de cette nature.
Contagion. — Apres toutes ces causes banales que Ton a pour habitude d'accuser dans toute maladie, nous arri-vons k une autre, bien autrement importante, celle de la contagion.
Cette maladie, dont nous venons de retracer I'histoire, est-elle ou n'est-elle pas contagieuse? Les avis sont parta-ges, mais la majorite opine pour la contagion. Quant k nous, nous declarons franchement que nous n'y croyons pas. Aucun fait positif ne nous a fait voir cette propriete; au contraire; il resulterait d'un ensemble de fails, dont le detail serait trop long, que la maladie ne s'est pas transmise lä oü les conditions de voisinage, de contact, en favori-saient la propagation.
On crie vite et volontiers k la contagion, quand on se trouve en presence d'un grand nombre de malades.
Ensuite que voyons-nous? La premiere annee, la maladie eclate sur place, si pas dans toutes les ecuries k la fois, au moins dans tous les escadrons. L'annee suivante, malgrö toutes les conditions favorables ä la propagation, eile reste limitee au chevaux de remonte, loges dans des ecuries dif-ferentes plus distantes entre elles qu'elles le sont des ecuries d'escadrons.
Si la maladie eüt ete contagieuse, pourrait-on admettre
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quc sur pres de 600 chevaux, un nombre aussi petit fütde-venu malade? Qu'un nombre aussi grand eüt joui de 1'im-
munite?
Quant aux inoculations que nous avons tentees, la reus-site obtenue avec le sang d'un cadavre ne donne pas une preuve süffisante.
Notre conviction est done que la maladie n'est pas infec-tieuse; quelle s'est developpee sous l'influcnce de causes raquo;neonnues, insaisissables, causes vers la decouverte des-quelles doivent tendre tous nos efforts. N'oublions pas de dire que les grands froids paraissentne pas avoir ete Strangers a l'eclosion de l'epizootie.
Puoi-hvlaxie. — La prophylaxie n'a etc que I'applicalion plus rigoureuse des principes de l'hygiene. Des le debut, en presence de ces nombreuses phlegmasies des voies respira-toires, nous avons cherche a altenuer, dans la mesure du possible, les rigueurs excessives des froids que nous accu-sions elre le facteur morbigene le plus efficient. Tout travail fut momentanement suspendu et fut remplace par des promenades au pas. La ventilation desecuries fut I'objet dune attention toute speciale. Elle fut executee et surveillee d'apres les indications que, pour le jour et la nuit, nous avions donnees pour chacun des blocs en particulier. A ce point de vue, nos efforts visaient a donner la plus grande somme possible d'air pur, tout en ne laissant pas tomber la temperature Interieure au froid glacial.
Des que la maladie se montra avec son inquietante tena-cite et avec son caractere adynamique, on redoubla d'as-siduite dans la surveillance. Les denrees alimentaires furent tirees d'une source autre que celle qui les avail four-
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nies jusque la. Chacun des repas fut surveille par nous; et les oftlciers et sous-ofFiciers devaient nous signaler tout cheval qul boudait centre ses aliments, ou qui offrait, dans sesattitudes, quelque chose d'anormal. Des que le temps le permit, le regiment fit de longues promenades hors ville. Duranf cette evacuation momentanee des ecuries,lesportes et les fenetres etaient largement ouvertes de fagon ä renou-veler toute la masse d'air.
Ceux qui etaient malades furent places dans les petites ecuries de I'infirmerie; toutes les autres affections, boite-ries, blessures, etc., furent traitees dans les escadrons.
Deux autres ecuries furent momentanement mises ä notre disposition pour y placer les convalescents.
Quand le nombre de malades fut moindre, chaque ecurie n'en re?ut plus que deux, places de chaque cote. Tous les 8 ou 10 jours, les murs furent badigeonnes k la chaux.
L'emigration nous parait une mesure excellente. II serait aise de le faire sans grand deplacement. II suffirait de con-struire des ecuries-volantes en bois. Ces ecuries serviraient au camp de Beverloo pendant les periodes de manoeuvres, ct remplaceraient tres avantageusement les abris en paille. Puis, des qu'unc epizootie eclaterait dans une garnison quelconque, il suffirait d'expedier ce matöriel, et en un jour ou deux, on pourrait elever ces ecuries sur un emplacement convenable, repondant a toutes les conditions dc l'hygiene et de la securite publiques.
TatfiRAPEDTlQUE. — Pendant la premiere periode, les anti-phlogistiques et les revulsifs out forme les bases de noire therapeutique. Nous avons employe, tour ä tour, ou en-
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— 24 — semble : la saignee, le seton, le vesicatoire, le sulfale de soude, le nitrate de potasse, le tartre stibiö, l'aconit en boissons, I'ipecacuanha, le chlorhydrate et l'acetate d'am-moniaque en elecluaire.
A la seconde et puis ä la troisieme periode, nous avons ajoute, suivant les cas, I'huile phosphoree, la creosote et l'acide phenique; nous avons supprimö le seton et sub-stitue, du moins pour les parois costales, le sinapisme au vesicatoire.
La saignee nous paraissait parfaitement indiquee aussi longtemps quela reaction febrile etait intense, que le pouls etait accelöre, l'artere dure et que le sang n'offrait d'autre modification qu'une plasticite plus grande. Nous I'avons completement abandonnee, des que ces indications eurent disparu. En tout cas, si eile n'a pas gueri la maladie, eile a aide a la guerir, en dloignant instantanement une cause de mort prochaine, la congestion des poumons. 11 n'a pas ete constate, non plus, qu'elle cut retarde la convalescence ni prolongc celle-ci.
Les salins etaient indiques, d'abord par leur action laxative, puis par leur action sur le liquide circulatoire dont ils modifient la plasticite.
L'einetiquo a une action contro-stimulante bien pronon-cee, qui en fait pour ainsi dire un specifique conlre les pneumonies.
L'ipeca a une action speciale qui a ete nettement mise ea evidence par les experiences directes et par les observations cliniques de Stolte, Trousseau, Peter et, dans ces derniers temps, de M. Pecholier, de la Faculte de Montpellier. Ces auteurs admetlent que I'ipecacuanha exerce sur la circulation interstitielle une sorte d'anemic parenchymateuse par
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contracture vasculaire. L'action physiologique de cette ra-cine a ete determinee (Academie des sciences de Paris, 1862) par denombreuses experiences faitessur les animaux par le d1' Pecholier. Cette action est sedative sur la circulation, la respiration; eile produit surtout Vatmnie des pou-mons, en portant la fluxion sanguine vers le tube gastrointestinal.
Son usage etait done indique dans les cas de pneumonic an debut de repizootie. Cependant, nous devons h la verite de dire que nos observations cliniques chez le cheval, ne nous permettent pas de parlager renthousiasme des savants fran^ais. 11 est vrai —et ceci a son importance— que chez nos malades, la periode de congestion etait de tres courte duree; que souvent meine eile passait inapercue; des que les lesions pulmonaires sont, non plus colics de la congestion, mais cellos de rinflammation, elles doivent, croyons-nous, parcourir leurs ditterentes phases, sans qu'aucun medicament, l'ipeca non excepte, puisse y apporter obstacle.
II nous a semble avoir obtenu de meilleurs etfets des sels annnoniacaux, le chlorhydrate et l'acetate.
Plus tard, le caractere aslhenique,adynainique et putride de l'affection, justifiait 1 emploi de la creosote, de l'acide pheniqueetde I'huile phosphoree.
Nous considerons le seton comme un excellent revulsif, surtout lorsque son application est combinee avec celle d'un agent dont l'action est plus prompte, teile que celle du sinapisme ou du vesicatoire. Dans la seconde periode de Tepizootie, deux engorgements de naturegangreneuse, nous avertirent que l'usage du seton etait devenu dangereux, en raison, sans doute, des alterations du liquide circulatoire.
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Le vesicatoire que. nous employons, produit une bonne revulsion et ne laisse pas de trace. II est applique sur les parois costales, de chaque cote, sur une hauteur d'environ 45 centimetres, et une longueur, d'avant en arrifere, de 3o ä 40 centimetres. Son action n'est pas seulement revulsive, maiseile produit uneexcitationgenerale,souventbienfaisante dans les maladies astheniques. C'est ä ce titre surtout que nous multiplions ses applications au poitrail et a la gorge. II produit le decollement et la chute de repiderme. Aussi, faut-il avoir la precaution d'empecher le chcval de se mor-dre, de se coucher, et de saupoudrer la partie dcnudee avec de l'ecorce de chene ou de quinquina. II taut reprimer ces nombreux petits bourgeons qui sedeveloppent surlederme; si on les laisse se developper, il ne tardent pas a compri-pnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;mer et ii atrophier le bulbe pileux et par consequent ü pro-
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voquer des tares.
Nous preförons le vesicatoire au sinapisme parceque, en produisant I'lnflammation de la peau et du tissu cellulaire et sous-cutane, il produit un engorgement dont on n'a pas ü craindre la disparition brusque. Tandis que la mou-tarde produit une sorte d'accumulation de serosite sans grande inflammation. L'engorgement qu'elle provoque peut disparaitre rapidement, sous rinflucnce d'un refroidisse-ment ou d'un derivatif quelconque.
Si, malgre ces avantages, nous avons substilue la mou-tarde au vesicatoire, c'est : \deg; parce que la premiere a une action plus prompte, une action pour ainsi dire instanta-nee; 2deg; parce qu'elle peut etre placee deux fois a la meme place sans provoquer de pertes de poils.
Les sinapismes etaient fails de deux kilos de farine et d'eau piquante. Ils etaient appliques pendant une heure et
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un quart ä une heure et demie, aprcs que les polls avaienf ete prealablement rasös.
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ANNEXES.
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FA1TS CLIXIQUES.
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I.
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N0 434, Brhama, äge de 9 ans, du 4deg; escadron , nous est presente le 16 decembre. Depuis la veille an soir, il refuse l'avoine et ne mange qu'un pcu de paille. A son entree ä l'infirmerie, il est triste; la respiration est acceleree, abdominale, l'expiration plaintive; la toux est fnkjuente, penible et quinteuse; les muqueuses sont rouges, injectees; lepouls est dur, accelere (68); la percussion thoracique est doulou-reuse sur toute l'etendue et accuse de la matite ä droite; le murmure respiratoire est presque eteint ä la region corres-pondante. La colonne vertebrale est flexible.
La phlegmasie des plevres et d'une partie des poumons nous parait bien laquo;5tablie.
Traitetnent. — Saignee, sous l'influence de laquelle le pouls acquiert plus d'ampleur et plus de souplesse; application d'un vösicatoire aux parois costales. A I'interieur : sulfatede soude et emetique en lavage.
Le soir, la temperature rectale est de 3809; le malade prend un peu de farine.
Pendant trois jours, I'affection semble ne pas s'aggraver; la gene de la respiration est meme moins prononcee.
Le 20, les symptomes prennent un caractöre inquietant. La fievre reprend de l'intensite, le pouls devient dur et rapide, la tristesse et l'anxiete augmentent; la permeabilite pulmonaire perd de sa capacite; la temperature rectale est de 41deg;.
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Nous faisons appliquer un nouveau vesicatoire au poitrail. et continuous l'emetique et le sulfate de soude.
21. Le pouls est petit, filant, precipite. II n'est pas possible de se faire illusion sur la manicre dont se terniinera la maladie; la niort nousparaitprochaine; cependant, eile n'arrive que le 24.
Autopsie. — Pleurite generale et p^ricardite, avec epan-chement, dans Tune et l'autre cavite, d'un liquide fonce. Ces sereuses offrent une riebe arborisation capillaire, mais sont indemmes de toute production pathologique a leur surface. Le lobe droit du poumon est presque totalement envahi par I'hepatisation rouge, ainsi que le tiers anterieur du gauche; le droit a considerablement augmente de volume et, dans son epaisseur, existent plusieurs foyers d'bepatisation grise.
Le coeur est sain, ainsi que I'endocarde; il n'y a qu'un petit caillot clans la cavite droite. Le sang, i\ I'oeil nu, pa-rait n'avoir subi aucunc alteration. Les organes contenus dans la cavite abdominale sont indemmes de toute lesion.
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11.
N0 808, Diadelphe, age de 7 ans, 3quot; escadron, est amene ä la visite le 21 decembre.
La physionomie symptomatologique est la meme que celle rapportee dans le cas precedent; seulement, la prostration est plus grande, la tievre est plus intense. Une sai-gnee de cinq litres ne produit aucune action sur l'etat du pouls. Le seton et le vesicatoire sont appliques immediate-ment, et Ton administre l'aconit et le nitrate de potasse.
Le lendemain, la pleuropneumonie double est ä sa pe-riode d'etat; la temperature est 40o5. Nous insistons sur
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— 29 ~ l'usage de l'ipeca, et du sulfate de soude et nitrate de po-lasseen boissons.
Des le 23, le pouls devient irregulier; les conjonetives s'infiltrent, la dyspnee augmente; la toux est plus penible; la temperature est descendue ü 39quot;6. L'animal fait con-stamment entendre des grincements de dents.
Le 24. Nouveau vesicatoire au poitrail.
Le 25. La revulsion est insignifiante. La respiration est saccadee avec mouvement de torsion des cötes. La matite s'etend a toute la surface thoracique, et il ne subsiste plus qu'une perception vague du murmure respiratoire. A la region cardiaque, les battements et les bruits du cceur sont elouffes. Le pouls est petit et irregulier dans le rhythme comme dans la force. L'animal est campe et se deplace difticilement; chacun des mouvoments qu'on lui fait faire est accompagne d'un gemissement plaintif. Le ventre est retracte; la temperature rectale est de 3908.
Diadelphe meurt le Ier Janvier.
Autopsie. — Les feuiilets parietal et viscöral des plevres sont rccouverts d'une epaisse couche d'albumine coagulee, analogue ä du blanc d'oeuf cuit. La cavite contient une grande quantite de liquide citrin fortement albumineux dans lequel nagent de nombreux ttocons.
Les poumons sont reduits ä un volume excessivement petit et presontont, dans leur trame, de l'hepatisation ä divers degres, avec des foyers ou la gangrene a produit un ramollissement sanieux. Le cceur a legerement augmente de volume. Le ventricule gauche renferme un caillot jaunätre, dense; le ventricule droil renferme du sang noir incompletement coagule. Le sang est noir, liquide.
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Les organes abdominaux sont sains, sauf le foie qui est jaunätre, sec et friable.
III.
N0 91 o, Docile, 5 ans, de la remonte, entre le 21 dö-cembre.
La pbysionomie generale est assez bonne, Tceil est vif, la muqueuse est legorement infiltree, mais de couleur normale; le pouls est bon, bien qu'un peu accelere. Les mou-vements respiratoires se font avec un peu de precipitation ; il y a de la niatite et de la diminution dans les bruits pul-monaires du cote droit. La temperature rectale est de 39deg;.
Nous ordonnons ipeca (20 grammes fractionnes pour la journee) uni au kermes, ainsi que le sulfate de soude en boissons. En meme temps on applique un large vesica-toire. L'appetit etant conserve, nous ne modifions pas la ration.
Le pronostic est trcs favorable.
Le 22. La revulsion est satisfaisante. L'animal presente toutes les manifestations exterieures d'un cheval en bonne sante, et cette situation persiste pendant presde huit jours. Le 29, brusquement, et sans qu'il y ait perte d'appetit, on constate de l'acccleration et de la difficulte dans la respiration ; celle-ci est abdominale. La percussion est doulou-reuse, et denote de la matite dans la partie inferieure des deux cotes dc la poitrine. L'auscultation est rendue confuse par le gemisscment qui accompagne l'expiration et par les grincements de dents. Nous renouvelons le vesicatoire et Tetendons sur le poitrail. Nous ordonnons le nitrate de po-tasse et la teinture d'aconit, ä la dose de 20 gr., en quatre fois dans la journee.
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Le soir, la toux est frequente, avortee et penible; les naseaux sont dilates et la dyspnee fait des progres. La temperature rectale est de 41deg;. Nous ordonnons pour la nuit les sels ammoniacaux unis, dans un electuaire, k la digitale et ä l'aconit.
Le lendemain, le pouls est fort et accelere; la dyspnee tres grande; la respiration saccadee, abdominale; la percussion nous indique clairement qu'il y a epanchement dans les plevres.
Les memes agents therapeutiques sont continues.
Le 31. La fievre a diminue, tnais I'appetit est presque nul. L'aiiimal est abattu. La pliysionomie est anxieuse; I'epanchement pleural occupe environ les deux tiers de la hauteur. Get epanchement progresse avec une rapidite in-quietante, et cela malgre une diurese abondante. II se passe un travail profond do desassimilation qui se traduit par un amaigrissement rapide qui dessine, ii vue d'oeil, les formes angulaires du squelette. F^a thoracentese, pratiquee imrae-diatement, donne issue a dix litres de liquide cilrin, et per-met rinjection dans la cavite pieurale de 65 gr. de teinture d'iode.
Deux heures plus tard (10 heures), nouvelle ponction, nouvelle soustraction de 8 litres; administration de 30 gr. d'aloes.
Le soir meme, commence la purgation. En meme temps que setablit la diarrhöe, il se manifeste une amelioration generale.On remarque notamment une plus grande aisance dans la respiration; 11 y a moins d'anxiete. Neanmoins, le pouls reste petit, un peu irregulier, et Ton pergoit tres dis-tinctement, ä la region cardiaque, un tintement metallique correspondant a la systole ventriculairc.
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Le lendemain, repanchement a completement disparu de la cavitepleurale, et l'animal a repris de la gaiete et de l'appetit.
Le 2, il mange les deux tiers de la ration normale; il se couche la nuit, et toutes les fonctions paraissent s'executer regulierement. Mais l'etat de maigreur est grand, et la toux, loin de diminuer, semble plutöt augmenter.
Traitement, — Alimentation choisie: carottes, pain, farina et avoine. Medicaments : quinquina at autres toniques.
Le 3. La diarrhee a cesse. En meme temps que s'est tari le ilux intestinal, nous avons constate et nous avons suivi pour ainsi dire heure par heure la reapparition de repanchement pleural. Cette poussee liquide fut tellement rapide que le 4, ä midi, son niveau atteignait, en hauteur, plus de la moitie da la cage thoracique. Le tintement metallique }l(nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; persiste toujours, et aussi prononce; on entend des rales
sibilants tres nombreux. Le pouls est petit et filant. La temperature rectale est de 3807.
Nous operons une nouvelle thoracentese, mais cette fois le liquide est trouble, albumineux; il en est de meme de l'urine qui est brune et abondante. L'appetit est mil, meme pour les carottes dont le malade etait si friand deux joursauparavant. Le pouls est petit, filant; les naseaux sont fortement dilates; la dyspnee est grande et la maigreur est extreme.
L'animal succombe le S.
Autopsie. — Les chairs sont flasques et fortement ema-ciees.
La cavite pleurale renferme beaucoup de liquide (oac6 dans lequel nagent des (locons d'albumine. Les plevres sont tapissees d'une couche epaisse d'albumine coagulea analogue ä du blanc d'ceuf cuit. Cette coucha n'est qu'un sim-
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— 33 — pie depot sans adherence bien grande, puisque un leger grattage ä l'aide du dos du scalpel suffit pour l'enlever, et pour laisser ä im le feuillet sereux dont les caractöres ana-tomiques ne paraissent pas modifies.
Les poumons, dont la majeure partie du tissu a subi Thc-patisation rouge et grise avec des lobules en plein ra-mollissement gangreneux, n'ont plus qu'un tout petit volume et sont farcis de nodosites morveuses.
Le pcricarde a subi les memes alterations que les plevres. Le coeur est petit, ramolli; ses cavites ne renferment pas de caillot; le sang n'offre, h l'oeil nu, aucun caractere particu-lier.
Le foie est jaune, sec et friable.
L'intestin est exempt de toute lesion pathologique.
En terminant, disons que ce cheval, achete le il juin, c'est-ä-dire depuis un peu plus de six mois, n'avait jamais ete glandö, et n'avait jamais, par aucun signe ou Symptome, attire l'attention, ni souleve de suspicion relativement a la morve.
IV.
Nquot; 613, du oc escadron, devient malade Ic 23 decembre. Comme la plupart de ceux qui avaient le pouls fort, la reaction febrile intense, il est saigne; on lui applique un seton et un vesicatoire sur les parois costales.
Le pronostic est tres grave.
Nous nous abstiendrons d'entrer dans l'enumeration des symptomes qui, du reste, sont tous a peu pres les memes que chez les sujets precedents. Disons neanmoins que, pour 613, la matite s'etend k tout le cute droit, et que, s'il y a pleuresie, celle-ci est peu intense.
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— 34 — On administre les sels ammoniacaux et l'ipeca en elec-tuaire, ainsi que le sulfate de soude en boissons.
Vers le sixieme jour, une amelioration se manifeste, et eile fait des progr^s suffisamment serieux, pour que, le 12 Janvier, nous puissions considörer l'animal conime entrant en convalescence.
Malheureusement, ce mieux ne devait etre que de bien courle duröe. Deux jours plus tard, 613 devient triste, et refuse completement de manger au repas du matin. Vers le milieu de la journee, il trahit des douleurs abdominales par des mouvements insolites : il se couche, se releve; il est tres agite; ses flaues battent tumultueusement; le pools est tres accelere, irregulier; I'artere est petite, tendue; les reins sont sensibles et flexibles; les crottins sont rares et coiffes par un mucus jaunätre, condense sous fofine d'une membrane. Meme en dehors des moments oü se fait I'expul-sion des malleres fecales, le malade rejette des lambeaux de celte production pathologique.
Nous sommes en presence d'une sorte d'enterite couen-neuse, forme nouvelle sous laquelle la maladie regnante se manifeste.
Traitement. — Boissons et lavements mucilagineux, frictions scches sur le corps.
Durant six jours, l'animal est en proie k ces coliques sourdes et k cet etat d'agitation. II va, il vient dans sa stalle, se couche, se releve. Parfois etendu sur le cöte, il reste quelques minutes dans une sorte de repos relatif; mais bientot une douleur aigue le fait se debattre ou se relever. A la fin du sixieme jour, la diarrhea se declare, diarrhee d'une grande fetidite.
Du moment que ce flux intestinal s'esl declare, les bois-
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— Bosons mucilagineusesn'ont plus de raison d'etre; dies sont remplacees par des boissons legerement astringentes, dans lesquelles enlrent le quinquina et l'ecorce de chene en decoction, ainsi que deux grammes de creosote et deux grammes d'acide phenique (dose pour une journee).
Ce n'ost qu'ä i'aide de soins conlinus et minutieux, tant sous le rapport du choix des medicaments que sous celui des aliments, que l'intcstin recupere peu ä peu son fonctionne-mcnt normal au bout de trois ä quatre semaines. Meme apres ce laps de temps, l'aniinal reste maigre, et conserve un pouls petit et accelere. Ses matieres excrementitielles ne sont plus enveloppees ni accompagnees de mucus, mais elies out une consistance boueuse, parfois meme liquide. II est vrai que la nourriture, pendant plus de deux mois, est exclusivement composee de.carottes cuites ou crues, et de farine.
La guerison s'est confinnöe et s'est maintenue, sans quo de nouvelles coliques soient venues mettre en doute la dis-parition complete des lesions intestinales.
V.
Nquot; 913, 6 ans, entre le 30 decembre.
Symplomes. — Perle complete de l'appetit;. toux fre-quento, sßche et douloureuse; pouls petit, frequent; mu-queusejaunätre, legerement oedematiee; respiration abdominale, saccadee; percussion thoracique douloureuse; malite des deux cotes; notable diminution dans le mur-mure respiratoire; marche assez forme, assez reguliere. Temperature rectale 40deg;2.
Diagnostic. — Pleuropneumonie adynamique.
Pronostic. — Grave.
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— 36 — Trailement. — Suton et vesicatoire; ömetiquc en lavage, et sels ammoniacaux en electuaire.
Le soir, meme etat; le frottement pleural est ires distinct
ä gauche.
Le 31, le pouls est moins accelere, la respiration moins agitee; I'animal mange un peu ; il a I'air moins aceable; la temperature est ä 40deg;. Le 1 et le 2, I'amelioration se confirme. Uans la nuit du 3 au 4 aoüt, le cheval se livre soudaine-ment ä des mouvements desordonnes : il se laisse tomber, ou s'abat brusquoment, se releve, trepigne sur place, gratte le sol des pieds de devant; les naseaux se dilatent; la respiration devicnt bruyante, tumultueuse; le pouls est filant, irregulier; le corps est couvert do sucur; les extre-;/nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; mites sont froides.
Get acccs dure environ 7 ä 8 minutes; puis le ralme se retablit; le pouls perd peu a peu de son irregularite, tout en restant petit, accelere ; la respiration reste plaintive, abdominale; le choc du coeur est fort, le frottement pleural tres prononce.
Nous appliquons immediatemenl un large sinapisme, et faisons faire des frictions sechcs, puis des frictions legcre-ment excitantes sur les membres.
L'iodure de potassium et l'aconit sont administres, en alternance avec le nitrate de potasse.
Durant toute la journee, le malade reste triste; la face est anxieuse; ladyspnöeestassez forte; I'expiration s'execute par une contraction energique des muscles abdominaux, et est accompagnee d'une sorte de räle ayant son siege dans le larynx. Tous ces bruits rendenl I'auscullation impossible. L'animal succombe le 5, au soir.
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Autopsie. — Hepatisation rouge et grise du poumon droit, qui est r^duit ä un Ires petit volume; le poumon gauche est fortement emphysemateux. Les plevres sont enflammees, sans depot ;\ leur surface, mais avec epanche-ment d'un liquide citrin qui remplit environ la moitie de la cavite pleurale. Le pericarde est epaissi et renfermc du liquide. Le coeur est de volume normal; son tissu est mou. Le ventricule gauche renferme un volumineux caillot blanc-jaunätre, tres dense, qui s'etend du ventricule i roreillette correspondante; les valvules sont exemptes d'alterations. Le ventricule droit contient un petit caillot noir; de plus, de petits caillots sont adherents aux cordages valvulaires.
Ces caillots ne se prolongent pas dans les gros troncs vas-culaires.
Le sang parait n'avoir subi aucune alteration.
Les organes abdominaux sont sains.
VI.
N0 586, 7 ans, entre le 2 janvier.
Symptumes. — Grande prostration; naseaux dilates; respiration penible; on dirait que l'aniinal vient de faire une course h une allure vive. Le pouls est frequent, l'artere petite, c'esl ä peine si Ton peut en sentir les pulsations. Les conjonctives sont tumefiecs, jaunätres; la toux est quin-teuse, seche: la percussion accuse de la douleur thoracique, mais n'indique pas de matile; l'auscultation revele un melange de bruits confus difficiles ä demeler. La colonne ver-tebrale a conserve sa sensibilite; la marche est hesitanle, chancelante dans l'arriere-main.
II y a lä une affection gcnerale asthenique non localisec pour le moment, mais qui, dans quelques heures, sera bien
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— 38 — certainement une pleuropneumonie adyuamique ou I'in-
fluenza.
Quoi qu'il en soil, le pronostic est d'une excessive gra-vite.
Traitement : large sinapismc; frictions seches sur les membres ; a rinterieur, I'huilc pbosphoree el les sels am-moniacaux.
Le soir, meme etat. Le sinapismc n'a produit qu'une mediocre revulsion. La temperature rectale est de 3807. Un vesicatoire est applique sur toute l'etendue du poitrail. Le 3. La prostration est grande; le pouls est tres mau-vais; la dyspnee tres prononcee. Nouveau sinapismc sur les parties laterales superieures de la poitrine. Cette fois, la revulsion est marquee. Neanmoins, l'etat du malade no I jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; s'ameliore pas.
Le pouls, tout en conservanl sa vitesse, est devenu irre-gulier; la temperature rectale est de 40o3. Le4. Le pouls est filant, tres irregulier. Le sect;. Apres une agonie penible, apres s'etre alternative-merit couchö et releve durant toute la matinee, le malade mourut vers midi.
Autopsie. — PIcurite intense, surtout ä la region dia-phragmatique, avec grand epaississcment de la screuse. De plus, la face interne de celle-ci est tapissee d'une cpaisse couche d'albumine coagulee (blanc d'oeuf cuit), sans qu'il y ait d'adherence.
Le liquide intra-pleural occupe environ le quart de la cavite; il est trouble, jaunätre et renferme de nombreux caillots d'albumine.
Presque tout le poumon a subi la desorganisation gan-greneuse; sa couleur est plombee, son odeur caracteristique.
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Le tissu alveolaire est presquc totalemcnt laquo;Ictruit; ä la suite d'incisions, il sen ecoule un liquide sanieux. Dans le poumon gauche, il existe encore quelques parties plus ou moins permeables, et quelques autres n'ayant subi que rhepatisation rouge. Dans ces parties, il existe cle nombreux depots jaunätres de fibrine coagulee et difförents degrös de ramollissement (pneumonie caseeuse).
Le pericarde a subi les memes alterations que la plevre. 11 renferme dans sa cavite environ un litre de liquide sero-purulent. La face externe des ventricules est non seulement ecchymosee, mais eile esl cluujrinee, bourgeonneuse, C'est une sorte de surface pyohemique. Le muscle cardiaque est jaune, graisseux. Les cavites droites renferment du sang incompletement coagule, d;; couleur noire. Les cavites au-riculo-ventriculaires gauches renferment un volumineux caillot jaunätre. La valvule auriculo-ventriculaire de ce cöte est epaissie considerablement. L'endocarde est eechy-mose et se detache facilement.
Le sang est noir, diffluent.
L'estomac est sain.
L'intestin grele presente sur sa muqucuse quelques ul-ceres superficiels qui n'ontament pour ainsi dire que l'epi-thelium.
Le foie est jaune, sec et friable.
La rate est rainollie et renferme une sorle de bouillie sanguine.
Tous les organes contenus dans la cavite abdominale sont sains, sauf la muqueuse du duodenum, laquelle offre quelques legeres erosions se limitant a la couche epithe-liale. Les glandes duodenales ne sont pas moditiees.
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VII.
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N0 813, 9 ans, entre le 7 janvior.
Le cheval marche franchement, la tete haute. Depuis la veille, il tousse frequemment et refuse une grande partie de son manger. Nous constatons, en effet, que la respiration est acceleree, qu'il y a de la malite ä droite; que le pouls est petit, accelere; que las muqueuses ont une leinte icte-rique. La sensibilite lombaire persiste; l'appetit se mesure ä la demi-ratioo.
Notre pronostie est tres incertain, car l'experience jour-naliere nous a montrecombien est irreguliere et capricieuse la marche de la maladie regnante, combien est imprevu le denouement qui la termine.
Dans la journee meme, le malade est pris d'un acces ca-racterise par des mouvemeuts divers, notamment par le cabrer. Ainsi, il se dresse sur les membres posterieurs, pose les pieds antcricurs dans la creche, puis contre le ra-telier. Apres etre reste dans cette position une demi-minute, il se replace en station naturelle, pour se cabrer de nou-veau, et cela trois ou quatre fois successivement. Puis, pi-votant sur l'arriere-main, il tourne a gauche et repose son avant-main sur le garrot du cheval, place a cöte de lui. Pendant cct acces, Panimal a les naseaux fortement dilates, l'oeil hagard, la physionomie anxieuse et le corps convert de sueur.
Appele immediatement, nous le trouvons, quclques minutes apres l'acces, dans un calme relatif. Le flaue est agite, le pouls est petit, irregulier en force comme en vitesse. L'auscultation ne laisse entendre qu'une augmentation du bruit respiratoire a gauche et peu ou point ä droite.
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— 41 — L'auscultation ä la rögion cardiaque ne i-evele que des cliocs violents.
La temperature rectale est de 40ol.
Imniediatement,on applique un sinapisme.on administre la digitale et l'iodure de potassium.
Le lendemain, la pneumonie est parfaitement caracte-risee u droite et Ton distingue, derriere le coude gauche, un tintement metallique correspondant avee la systole ventriculaire. L'expiration est plaintive, saccadee; le pouls est irregulier, intermittent. La temperature est de 40o7. On continue la digitale et l'iodure de potassium.
La maladie parat resterstationnaire pendantcinq jours. A chaque instant, nous nous attendions ä une terminaison fatale. La dyspnee etait inquietante, le pouls mauvais, les extremites froides, le battements du cceur forts et tumul-tueux; l'expiratioii est plaintive et s'execute par une contraction energique des muscles abdominaux.
Le 10, on reapplique un second sinapisme aux regions superieures des parois thoraciques.
Le 14, on elend un vesicatoire sur toute la surface du poitrail.
Le lo, c'est ä dire vers le huitieme jour, la respiration devient plus calme, moins saccadee; le pouls perd de son irregularite; la temperature est de 40ol. L'appetit parait se reveiller; mais la toux resle quinteuse et penible, et quelques räles sibilants se font entendre a droite.
11 y a tendance au passage a l'etat chronique.
La convalescence s'etablit lentement. L'animal est I'objet de soins speciaux; il repoit une nourriture variee et choisie; on lui administre le kermes, l'ipeca et le quinquina en electuaire.
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Neanmoins, le convalescent reste maigre et l'appetit ca-pricieux. On arrive ainsi au mois de mai. On profite de la bonne saison pour le mettreen prairie. La, son ötat s'avne-liora rapidement et profondement. La toux diminua et finit par disparaitre. Le pouls reprit son rhythme normal, et les lesions pulmonaires se dissiperent peu ä peu.
Rentre au quartier au mois d'octobre, 813 reprit son service ä l'escadron quelques jours plus tard.
VIII.
N0 772, 7 ans, entre le 12 Janvier, en presenlant les symptömes generaux de l'afifection rcgnante, avcc toux, acceleration de la respiration el matile a droite.
Son cas ne parait pas grave. Les grandes fonctions ne sont pas profondement troublees, et l'appelit est en partie conserve.
Tout d'un coup, la scene change d'aspecl. Le 14, vers le soir, le cheval trahit des doulcurs abdominales par des mouvements desordonnes. II se couche, se roule, se releve et se recouche de nouveau. Le pouls est accelere, Tariere petite; les reins sont sensibles. Le malade n'a pas fait de crottins depuis le matin.
Traitement, — Boissons.et lavements mucilagineux et laxatifs; frictions seches.
Le lendemain, les memes symplomes persistent, moins les mouvements desordonnes. Le malade reste couche pendant une grande partie du temps, en decubitus lateral, les membres etendus. L'appetit est nul pour les aliments solides, ete'est avec quelques diflicultes que Ton parvient ä lui faire prendre quelques boissons.
Le 16, la diarrhee s'est declaree pendant la nuit. Les ma-
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tieres rejetees sont brunätres et repandent une odeur in-fecte caracteristique de la gangrene. On n'y decouvre point de traces de mucus ni de sang.
Le 47. Mort.
Autopsie. — Le coecum offre, dans l'epaisseur de sa paroi, et surtout sous la sereuse qui I'enveloppe, une grande quantite de foyers hemorrhagiques de toules dimensions.
Les meines lesions existent ü la courbure diaphragma-tique du colon et meme dans le mesentere. Toute la masse formee par l'intestin grele et le colon llottant, offre une teinte grise plombee. Dans l'epaisseur de la paroi, surtout dans la couche musculeuse, on rencontre les lesions de l'in-tlammation.
La cavite intestinale ne renferme que des malieres liquides grisätres, ä odeur gangreneuse. C'est aussi cette meme teinte que Ton observe sur la muqueuse intestinale elle-meme.
L'intestin n'oft're aucune autre lesion. II n'y a ni ulcere ni alteration visible des glandes de Peyer.
La rate olfre un vaste foyer hemorragique.
ün lobe du foie (le gauche) est de couleur grise et sa texture modifiee le rend tres friable. Le restant de la glande presente les lesions d'une congestion.
Le poumon droit ottre les traces d'une legerehepatisation rouge dans le tiers environ du lobe anterieur.
Les plevres sont saines.
La cavite droite du coeur est remplie d'un sang noir boueux. La cavite gauche renferme un caillot jaunätre qui s'etend jusque dans l'oreillette correspondante et dans I'ori-gine du tronc vasculaire. L'endocarde est ecchymose et se detache facilement.
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IX.
Nquot; 533, 7 ans, entre le 18 janvier.
Cc cheval, doue d'un caractere tres mechant, frappe et mord malgre la maladie dont il souffre visiblcment.
L'lntluenza avec localisation thoracique est parfaitement bien declare.
La maladie poursulvit ses ditferentes phases en s'aggra-vant de jour en jour, en depit des revulsifs les plus ener-giques et des medicaments tels que : huile phosphoree, sels ammoniacaux et creosote.
ün Symptome que nous avons observe chez le n0 533, ainsi que chez plusieurs autres malades, c'est une espece de räle chevrotanl qui se produisait dans le larynx pendant le passage del'air, aussi bien pendant I'inspiration que pendant I'expiration. Ce bruit etait de nature h faire supposer la paralysie de la glotte.
Le 30. Jetage rouille par les deux naseaux. Pendant la journee, hemorragie assez forte et sang noir, par la bouche et par les cavilös nasalos, ä la suite d'unequinte de toux. L'animal meurt le 31.
Autopsie. — OEdeme des poumons. Ceux-ci ont acquis un volume considerable, avec une consistance assez grande. La section du poumon montre, sur la coupe, une lesion anatomique que nous n'avions pas encore rencontree dans les autopsies precedentes. C'est, outre I'oedenie, I'infiltra-tion, avec depot d'une matiere jaunätre dans le tissu cellu-laire interlobulaire (pneumonie interstitielle), laquelle donne ä la surface de section une ressemblance frappante avec la lesion caracteiistique de la pneumonie exsudative du bceuf.
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Les plevres sont epaissies, ontdefausses membranes. Le pöricarde a subi la meme alteration. Le coeur n'est pas altere, il ne contient pas de caillot. Le sang est noir et incoa-gule. Les organes abdominaux sont sains.
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Le cheval qui fait l'objet de cette observation etait la pro-priete d'un ofllcier. 11 a travaille le samedi. Le dimanche matin, il a manifeste un peu d'anorexie. Le lundi, la respiration etait acceleree, plaintive; le pouls petit et rapide. On applique un large sinapisme qui produit une bonne revulsion. On donne le sulfate de soude et le nitrate de po-tasse en boisson, ainsi qu'un electuaire contenant 15 grammes d'ipeca et 2 grammes de creosote.
Lundi soir. Artere petite, dure; pulsations mal dessi-nees; les reins sont flexibles; les muqueuses legerement ic-teriques. Le malade appuie la tete sur la creche et ecarte les membres. II mange assez bien de farine et de carottes.
Mardi matin. Le cheval pousse au mur; les quatre membres sont ecartes; sueurs abondantes; yeux larmoyants; reins insensibles ; les crins se detaclient facilement; le pouls t-sl presquc insaisissable.
A midi, le malade tombe et meurt une beure plus tard.
Autopsie. — L'ouverturc du cadavre est faite immediate-mentapresla mort. Les organes thoraciques sont sains, sauf un leger epanchement sanguinolent dans les plövres. Pas de pleurite ni de pneumonite; legere inflammation du cceur. Les cavites de celui-ci et scs vaisseaux sont remplis d'un sang noir, diffluent qui ne se coagule pas. A la surface nagent de nombreuses taches de graisse, analogues i\ des taches d'huile ä la surface de l'eau.
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Le foie est jaune, friable. Les glandes dc Payer, vues par transparence a travers la paroi inlestinale, sont fortement hypertrophiees. La cavite intestinale renferme des matieres liquides d'un aspect rougeatre, sanguinolent. La muqueuse du duodenum est parsemee de nombreux pelits ulcöres.
La rate est normale.
Le sang rccueilli dans les cavites du coeur, immediatc-ment apres la mort, a servi a faire des tentatives d'inocula-tion sur un cheval et sur deux lapins.
1deg; Un cheval qui, en tombant, s'etait fait une fracture incurable, a servi de sujet. Une goulle de sang provenant du cadavre, dilue dans la contenance d'une seringue de Pravaz, a e(e injectee dans la veine oplithalmique. üne aulre petite quantite de sang extrait du foie a etc introduite sous la peau, au poitrail.
2deg; A un premier lapin , je fais trois piqüres a l'oreille, et j'introduis sous I'epiderine du sang provenant de la veine-cave posterieure.
3deg; A un second lapin, je fais trois piqüres ii l'oreille, avec du sang provenant du foie.
Le cheval inocule ne put servir longlemps, ni utilement de sujet d'experience ; il mourut le troisieme jour.
Quant aux lapins, ils ne parurent nullement souffrir de l'inoculation.
XL
N0 740, 6 ans, entro a rinfirmerie le lquot;1' fevrier, oft'rant quelques symptömes peu accentues.
Le lendemain, perte complete d'appetit, grand abatle-ment. Les membres anterieurs sont campes, at ecartes; la. tete est basse; il se deplace diflicilement. Le pouls est tres
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petit, presque imperceptible. Les muqueuses de l'oeil sont tumefiees, jaunätres; les yeux sont larmoyants; la respiration est trös accelereu; il n'y a pas de niatite.
Le sinapisnie applique la veille a produit une bonne revulsion. Nous donnons acide phenique et creosote dissous dans I'alcool, ainsi que I'huile phosphoree.
Le 3. Les membres sont engorges , les muqueuses ocu-laires sont oedematiees; ie pouls est miserable.
La maladie n'offre aucun foyer do localisation.
Le 4. Le maladc est toujours reste debout, les membres anterieurs campes et ecartes, saus faire le moindre depla-cement. Aujourd'hui, la tete, toujours a peu de distance do la liliere, est dirigee sous la creche, et le cheval pousse for-tement au mur. Les membres de devant ont change de direction, ils sont diriges en arriere, at les genoux sont lege-ment flechis. Le corps est couvert de sueur; les reins sont insensibles ; le pouls est miserable, irregulier.
L'animal succombe le soir.
Aulopsie pratiquee le lendemain matin. II n'y a ni pleu-rite, ni pneumonite, mais lepanchement pleural est rouge, sanguinolent. Le pericarde est distendu, et renferme environ un litre de liquide rouge-brun fonce, compose presque uniquement de sang. Le muscle cardiaque est brun et mou. Le coeur, dans ses deux cavites, renferme du sang noir, boueux, lachanl les mains. L'endocarde est d'un brun fonce.
La cavite peritoneale renferme aussi de la serosile san-guinolente.
Le foie est jauue et friable; la rate un peu ramollie.
Les glandes de Payer sont peu ou point hypertrophiees. L'intestin grele renferme des matieres liquides rougeatres; on constate sur la muqueuse quelques ulceres.
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Le o fevrier, inimcdiatoment apres rouverture du ca-davre, nousfaisons des essais d'inoculation sur deuxlapins; savoir :
Lapin nquot; I. A l'oreille droite, trois piqiires avec du sang pris dans le ventricule droit du coeur, au moment meme de l'ouverture de cette cavite.
A l'oreille gauche, trois autres piqiires avec la serosite contenue dans le pericarde.
Lapin nquot; 2. Par une incision qui entame toute I'epaisseur de la peau du dos, je fais un injection hypodermique d'une goutfe de sang pris dans la cavite du coeur.
Le 6, aucun phenomene; les lapins mangent bien et sont dans un bei etat d'embonpoint.
Le 7. Le n0 1 est triste et ne mange plus depuis la veille au soir. A 4 heures de relevee, il meurt. Au moment de la mort, il y avait ecoulement sanguinolent par les naseaux. Nous I'envoyons intact, par express, ä M. le professeur Wehenkel, avec priere de vouloir en faire l'autopsie. Voici ce que notre habile et savant collegue a eu la complaisance de nous communiquer :
laquo; Le lapin, en bon etat, paraissait mort depuis assez pea de temps. La rigidite cadaverique, si eile avait existe(?), avait dejä disparu. Les veines sous-cutanees laissaient, lors de renlevement de la peau, ecouler une petite quantite de liquide noir, plus ou moins sirupcux. Les muscles ont une coloration k peu pres, sinon completement normale, et ne presentent rien de particulier. II y a un peu d'epanchement dans les cavites viscerales. Les poumons sont moderement gorges d'un sang noir, secoulant en nappe sur la surface de section, il n'y a point de petechic ä la surface pleurale. Le coeur, assez flasque, renferme un peu dc sang coagule,
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— 49 — teignant assez fortement les doigts, a corpuscules rouges, un peu irreguliers et k sörum legörement colore.
raquo; Les autres organes n'ont rien presents de saillant. Je n'ai pas rencontre de batonnets dans le sang, mais quelques granulations (microcoques). raquo;
Le 8 fevrier. Le lapin n0 2 est triste; ilmeurt ä 5 heures de relevee. L'autopsie est faite ä 7 heures; et voici ce qu'elle nous permet de constater :
Absence de rigidite cadaverique; les poils se detachent facilement et tombent meme spontanement. Tous les organes contenus dans la cavite abdominale sent exempts d'alteralion. Le poumon est legerement congestionne. Le cceur est gonfle, de couleur violacee; ses cavites renferment du sang non coagule, tres noir. L'endocarde est tres fonce. Le sang tache tres fortement les doigts.
Ce sang sert ä de nouvelles inoculations ßquot;10 serie). Lapin n0 5. Du sang pris dans le cceur du lapin n0 2, est inocule au lapin n0 3 par trois piqüres, dont deux ä l'oreille et une sous la peau du dos.
Cette operation a ete falte le 8 fevrier ä 7 1/2 heures da soir. Le sujet mourut dans la nuit du 9au 10, tres proba-blernent vers 2 heures du matin.
L'autopsie est faite k 5 heures du soir seulement, car, n'ayant pas d'autre lapin k notre disposition, nous avons attendu afin de faire rinoculation (3mi! serie) au moment meine de l'ouverture du cadavre. Cette autopsie nous mon-tre : pas de raideur cadaverique; cavite abdominale fortement distendue par les gaz developpes dans l'estomac et l'intestin ; ces visceres renferment encore ime grande quantity de matieres alimentaires. Dans l'intestin grele, 1c con-tenu semi-liquide est mele k un epanchement sero-sangui-
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nolent. Le meniü epanchement sero-sanguinolent cxisto dans les cavites des sereuses peritoneale, pleurale et pöri-cardiale. La vcssie est remplie d'urine rougeätre. Partout oü Ton fait une section, il s'ccoule un sang noir sirupeux.
Lapin n0 4. Le lapin n0 4 est inocule avec du sang pris dans la veins porte du lapin n0 3, le 10, k 8 heures du soir.
Le lendemain, le n0 4 est triste, refuse de manger, et meurt pendant la nuit suivante.
L'autopsie donne les resultats identiques k celle du lapin ndeg; 3.
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XII.
Nquot; 426, 9 ans, du 3C escadron, entre le 20 fevrier i\ l'höpital. Depuis quelque temps, il a sensiblement maigri, et i! a un appetit mediocre, capricieux. Aujourd'hui, 11 parait etre sous l'influence de douleurs abdominales, dou-leurs qui se trahissent pardes coliques sourdes; I'artere est petite, tendue, et les pulsations vont ä 60.
Les muqueuses sont safranees; les yeux larmoyants.
Traitemenl. — Boissons mucilagineuses laxatives, dans laquelle on fait dissoudre o grammes d'acide phenique.
Le2'l. Les crottins sont durs, coiffes d'une membrane fibrino-albumineuse resistante. Ces crottins sont rares, et sont immediatement suivis de l'expulsion d'excrements liquides. On peut dire qu'il y a alternativement diarrheeet constipation. Vers le soir, quelques caillots de forme cylin-dro'ide, composes de matiere alburainoide, sont egalement rejetes; puis enfin, la diarrhee survient sans intermittence. Les matieres rejetees sont brunätres et repandent une odeur fetide qui rappelle celle de la gangrene.
l)u 21 au 29, cette diarrhee persiste. L'animal reste tres
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— SI — souvent couche, en decubitus lateral. Le pouis est toujours petit, accölere; l'appetit presque nul. A I'acide phthiique, on ajoute 4 grammes (par jour) de cröosote,
A partir du 29, on commence ä voir quelques crottins monies, durs et souvent coittes. Le venire reste tendu, les reins insensibles; le maiade restait presque toute la journee etendu sur I'un ou sur I'autre cote. On le nourrit de carottes, cuites ou crues, et de farine alternant avec des soupes faites avec du pain et des graines de lin.
Le 20 mars. Les crottins sont de nouveaux coiffes d'une mince pellicule sanguinolente, et les douleurs abdominales ont repris une acuite qui donnc des inquietudes. Nean-moins, cette reclmte se dissipe a son tour, et Ton arrive ainsi en avril, epoque oü il est possible de nourrir I'animal de chardon d'abord, et d'herbe ensuite. Puis le convalescent est place en prairie oü il finit par se remettre complete-ment.
XIII.
Nquot; 334, äge de 13 ans, est entrc a rinfirmerie le 2 Janvier. Son bistoire est interessante, non seulement il cause des lesions que la maladie a laissees, mais surtout ä cause de l'erreur dans laquelle nous sommes tombe, car nous avons fait abattre I'animal comme atteint de morve.
Voici les faits :
Le l(',#9632; Janvier, au fort de Tepizootie, le cheval nquot; 334 nous est presente parce qu'il refuse les aliments et qu'il tousse. Nous constatons la faiblessedu pouls, rinfiltration et la teinte safrauee des muqueuses et l'acceläration de la respiration. II n'existe pas de llaquo;5sion serieuse dans la poitrine. Nous trouvons tons las symptomes de la ma-
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— 52 — ladie nignante, sans que celle-ci präsente de localisation.
Nous appliquons un sinapisme et un seton, et nous don-nons les salins et les ammoniacaux ä rinterieur.
Lelendemain,la revulsion est tres bonne; mais le seton, au bout de 8 jours, donnait encore un pus sanieux, fetide, raalgre les injections pheniquees que Ton faisait dans le trajet. L'engorgement qu'il avail provoque nous disait qu'il y avail danger a le laisser plus longtemps; il fut enleve.
Peu a peu l'etat du malade s'ameliora d'une facjon sensible, et vers le 20, il pouvaitelre considerc comme gueri. Neanmoins, vu son elat de maigreur, il fut conserve ä rintirmerie, sans aucun accident, pendant plus de six sc-maines.
Subitement, du jour au lendemain, sans signc precur-scur, survient, le 7 mars, un abondant jetage par les deux naseaux. La matiere de ce jelage est epaisse, jaunatre, melee de stries sanguinolentes; il forme croüte au pour-tour ties naseaux. L'auge se remplil d'une glande volumi-neuse, mal dessinee, indolente. Le malade refuse loute nourriture. Les muqueuses nasales, celle de druite comme celle de gauche, sonl parsemees de nombreux ulceres de forme ellipso'idale, a bords tailles ä pic. Bien que la membrane soil exempte de loute elevure caracteristique, el, par consequent, bien que nous n'ayons pas tons nos apaise-menls relalivement ä la nature intime de l'afl'ection, nous voyons devant nous une maladie mortelle a coup sür, et tres probablement conlagieuse.
Nous demandons et oblenons Tabattage de ranimal.
Autopsie. — Toule la muqueuse des naseaux, du larynx, de la tracbee et des bronches, est parsomee d'ulceres eilipsoides, tailles a pic, tous analogues sinon identiques
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les uns aux autres, comme etendue et comme profondeur. Le poumon gauche offre un peu d'h^patisation rouge.
II n'existe aucunc trace de tumeur morveuse. Les plevres, le pöricarde et le coeur sont exempts d'alteration ; il en est de meme des viscöres contenus dans la cavlte abdominale.
Le sang est noir, ne se coagule pas et se recouvre rapi-dement de ces taches qui surnagent a la fa?on des taches d'huile.
II n'y avait nulle part trace de morve, mais il existaitdes lesions typho'ides; des lesions qui indiquaient la nature destructive de l'aft'ection, temoin notamment les ulceres et surtout la rapidite avec laquelle ceux-ci.se sont formes.
XIV.
Nquot; 337,11 ans, du 2* escadron, est presente k la visite du lor avril, parce qu'il a refuse I'avoine la veillc au soir; on unit meme paravouer que, deux jours auparavant, il avait cu la diarrhee; mais, comme son appetit ne s'en etait pas ressenti, on avait cru bon de ne pas s'en occuper da-vanlage.
La marche est franche, la tetc est bien portee, I'ceil est ouvert, le rein est sensible. La respiration est acceleree; le pouls petit ct accelere; les muqueuses sont rougeätres; les capillaires d4 la conjonctive sont dilates et gorges de sang.
Notre diagnostic estindecis; il n'y a pas d'affection loca-lisee, mais I'etat general est adynamique et offre certaines ressemblances avec celui que nous avons remarque dans plusieurs cas de l'epizootie qui paralt s'eteindre. Nous fai-sons administrer des boissons mucilagineuses dans les-quelles nous faisons dissoudre 4 gr. d'acide pbenique
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(pour la journee), ainsi qu'un clectuaire ä base de quinquina.
Le lendemain, son etat s'est aggrave. Le prostration est grande; la respiration precipitee; le pouls petit; les conjunctives sent infiltrees et de couieur safranee; les excrements sont nious, sans etre liquides. Le quinquina est continue ainsi que I'acide phenique.
Le3. Uouleurs vivcs; diarrhee aqueuse fetide, en meine temps qu'une diuresc abondante donnant une urine brune. Kefus absolu d'aliments solides, soif ardente. Les mu-queuses de l'oeil, du nez et de la bouche ont une teinte safranee des mieux caracterisees; pouls mauvais.
L'acide phenique est remplacapar la creosote; nous don-nons le quinquina en decoction.
Le 4. La face interne des levres, toute la surface de la langue et notamment les bords de celle-ci, sont parsemes d'ulceres do forme ellipsoule, tallies k pic, identiquesä ceux que nous avons rencontres dans les premieres voies respi-ratoires du cheval nquot; 334. Comme chez cc dernier, ces ulceres se sont creuses pour ainsi dire en quelques heures, sans etre precedes d'aucun indice local precurseur. Leurs bords sont nettement tranches, comme s'ils etaient tallies ä remporte-piece. II y en avail 7 on 8 sur la muqueuse de la levre inferieure; deux ou trois sur la partie visible des joues et une dizaine sur la partie libre de la langue. Le malade est moins abattu que la vcille; 11 cherche ü manger dans sa litiere; mais le pouls est petit, filant, un peu irregulier. La diarrhee continue et les matieres rejetces ont une odeur fetide qui rappelle exactement celle que nous avons constatce dans plusieurs cas precedents. Ce qui nous fait supposer rexistence d'ulceres analogues sur la muqueuse intestinale.
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La muqueuse nasale, ä part sa coloration, est exempte d'alteration. Les coliques ont cesse.
On administre, dans les 24 heures, et ä doses fraction-nees, 20 gr. de perchlorure de fer, 2 gr. de creosote et 30 gr. de laudanum, le tout dans un exciplent different dont l'ensemble represente environ 10 litres.
Le soir, la diarrhee a sensiblement diminue, rodeur pu-tride est moins penetrante; mais le pouls est presque imperceptible, les extremites sont froides.
Le malade meurt le lendemain matin.
Autopsie. — Comme nous l'avions constate pendant la vie, la muqueuse de la bouche est couverte d'ulcercs qui tons ont la meme forme, les memes caracteres, tous parais-sent enleves a remporte-piece. Cette similitude a quelque chose de singulier. A la base de la langue, un peu du cote gauche, ainsi que sur la face anterieure du voile du palais, deux ulceres voisins, en se confondant par un de leurs bords en conlact, n'en ferment plus qu'un seul dont 1c grand diametre a au raoins 2 cent, et le petit, 1 cent.
Les muqueuses du pharynx et de de Tcesophagc sont in-demnes. Gelle de la moitic droite de l'estomac et cellc dc I'intestin grele en oft'rent quelques-uns, mais ccux-ci, quoique ayant la meme forme, sont moins profonds.
C'est surlout le ccecum qui a le plus souttert. En effet, pres de l'extremite libre, sa paroi est totalemcnt perforce par un processus ulceratif. Le pourtour de cette ouverture presente un bord epaissi, de couleur plombee. Dans le voi-sinage, se trouvent de nombreux et profonds ulceres dont un a dejä traverse toute l'epaisseur de la membrane muqueuse el une partic de la musculeuse; un peu plus tard, une seconde perforation se serait produite. Les matiercs
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alimentaires qui ont passe par cette ouverture, ont provo-que une peritonite legere.
Le colon flottant est, ä la face externe de sa paroi, recou-verte de taches suffusees, d'ecchymoses.
La rate et le foie sont ramollis et renferment du sang noir tachant fortement les doigts.
Le cceur est un peu gonfie; ses cavitös contiennent du sang sirupeux.
Les poumons sont sains; il n'existe aucun ulcere sur la muqueusc des voies respiratoires.
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XV.
N01!24,13 ans, est trouve, le matin du 1quot; mai, tremblot-tant, les membres froids, I'air abattu. II est amcne de suite ä rinfirmerie. Nous conslatons : flaues agites, ceil terne, pupille dilatee; pouls tres mauvais, ßlant, irregulier; in-sensibilite de la colonne vertebrale; contracturcs des levres, etc. Ces symptomes sont ceux d'une mort pro-chaine; ils ne peuvent, en aucun point, nous indiquer la nature de I'aft'ection qui a precede et amene cette agonie. 11 est ä supposer, croyons-nous, qu'un acte gangreneux aura succede ä une violente inflammation d'intestins. Mais I'en-quete nc nous apporte quo des renseignements negatifs; c'esl-a-dire que les gardes d ecurie n'ont absolument rien remarque d'anormal; que le cheval n'a pas eu de coliques.
Quoique l'etat du malade Cut desespere, nous lui falsons appliquer un sinapisme. Celui-ci laisse Tanimal complete-ment insensible, ainsi que les frictions irritantes faites sillies membres.
Le cheval meurt h 2 heures.
Aulopsie. — Epanchement de matieres fecales dans la
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— 57 — cavile peritoneale; inflammation partielle de la sereuse. L'origine du colon flottant presente une large döchirure, longue de '12 c., k bords irreguliers, franges.
L'iieon, pres de sa terminaison dans le coecum, est per-t'ore; l'ouverture est ovale; son diametre est d'un centimetre environ ; eile communique dans une poche formte par le mesentere. Cette poche renferme une masse grosse comme le poing, composee de sang et de malieres alimen-taires en voie de digestion.
Un peu plus en avant, Tintestin presente un elargisse-ment, sorte de besace herniaire, formee par la sereuse et remplie de matieres alimentaires, traversant la paroi par une perforation des couches muqueuse et musculeuse.
II y avail done trois perforations k des endroits diffcrents de I'intestin, sans que celui-ci presentät la moindre trace d'inflammation. La peritonite elle-meme n'avait pas laisse de trace suflisante pour expliquer la mort.
La muqueuse intestinale n'oifre aucune autre alteration, pas plus que les organes de la respiration et de la circulation.
De quelle nature est cette affection? A quelle cause premiere peut-on rapporler ce processus ulceratif? II serait ditlicile de donner une reponse affirmative, avec raisons a I'appui. Neanmoins, nous n'hesitons pas ä rapprocher la maladie — et ä la confondre avec eile — de celle que nous avons remarquee chez le cheval nraquo; 337; e'est selon nous, un reliquat de la maladie typho'ide, qui a fait tant de vic-times. Trop peu intense pour se devoiler a I'exttirieur, eile pril d'emblee les allures de la chronicite; eile a mine sour-noisement Teconomie en general et le tube intestinal en particulier; puis a tini par amener la mort.
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Quoi qu'il en soil, ces lesions sont curieuses ä plus d'un litre. N'est-il pas etonnant, en ett'et, de rencontrer des lesions anatomiques aussi graves sur trois points ditterents, lesquelles ne produisenl reellement des desordres dans les grandes fonctions que quelques heuresavant la mort?
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XVI.
Nquot; 938, jeune cheval, achete dans le courant de rannee, entre ä rinfirmerie le 8 fevrier 1881, otfrant les symptömes de l'affection regnante, avec localisation sur I'appareil pulmonaire.
La maladic est ires grave, et la mort nous parait devoir arriver en deans un temps tres court. Le pouls est tres petit, Hlant; les pulsations presque iinperceptibies. Les con-jonctives sont rouges, infiltrees; les yeux sontlarmoyants; la prostration tres grande.
Coup sur coup, ;i quelques lieures d'intervalle, nous appliquons trois sinapismes ä des endroits dülerents, et faisons faire des frictions irritantes sur les extremiles. A l'interieur, nousdonnons les sels ammoniacaux et lesulfale de soude en boissons.
L'animal resle a peu pres dans cet etat de torpeur pendant quatre jours. Le 13, son etat est desespere; le 15 sur-vient une diarrhee abondante, fetide, laquelle produit une amelioration immediate. Les matieres rejetecs sont de couleur lie de vin; elles renferment des traces de sang, et des debris de matieres animales, tres probablemcnt de la matiere albumineuse ou des debris de la muqueuse.
L'appetit se reveille, nous donnons le quinquina. Le 17, la diarrhee s'est arretee, et l'animal, redevenu triste, est comme plante sur quatre pieux, ne sachant plus changer
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— bO-de place. II y a f'ourbure des quatre membres et arthrite aigue des quatre articulations metacarpo-phalangiennes.
Nous revenons ä radministration des salins et ä l'emploi de nouveaux revulsifs sur les rayons supörieurs des membres. Le 18, vers midi, les membres reprennent la liberte des mouvements; la fourbure et l'artlirite se dissipent comme par enchantement; mais, en meme temps, des douleurs abdominales se manifestent ; la dyspnee devient tres grande, et l'animal meurt le meme jour au soir.
Autopsie. — La plevre et le pericarde sont epaissis et portent les traces d'une organisation pathologique ä leur surface et dans leur epaisseur. Dans la cavite du pericarde setrouveun liquide lie de vin et un depot jaunätre de matie-res tibrino-albuminoides. Le cceur est gonflö et ramolli. Les quatre cavites renferment du sang noir, formant une sorte de bouillie, teignant les mains fortement. L'endocarde est ecchymoseet se detache facilement.
Les poumons sont hepatises dans leurs deux tiers poste-rieurs et offrent, dans leur epaisseur, do volumineux amas de tibrine de la grosseur d'un poing.
Le foie est brun-fonce; il est ramolli et se reduit en bouillie entre les doigts qui le malaxent.
L'estomac est sain, la muqueuse de I'intestin grele otl're une leinte plombee et on y rencontre quelques foyers he-morragiques. Le colon est remarquable par le grand nombre de points rouges, de la grosseur d'une tete d'epingle, sortes de foyers hemorragiques que Ton voit tres disSinctement dans l'epaisseur de sa paroi, sous I'enve-loppe sereuse. Sa muqueuse, surtout celle du gros colon, est d'un rouge brunätre; eile est epaissie et offre ä sa surface de petites productions bourgeonneuses, a cole de tres
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nombreux ulceres de toutes dimensions et de toutes pro-
fondeurs. Trois de ces ulceres ont perfore completement la
couche muqueuse de la paroi intestinale.
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un peu plus mous que d'habitude.
Les articulations phalangiennes n'offrent aucune trace
de l'acte morbide dent elles ont ete le stege pendant une
journee.
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