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LA DISTOMATOSE
ou
GAGHEXIE AQÜEUSE DU MOÜTON
SA NATURE, SES CAUSES
ET LES MOYBNS NATÜRELS DB LA OOMBATTBE
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A. SKUWfDEL
VETfiRINAIKE aUPÖEIEÜE D'ALSACE-LOKKAINE
Memoire honore d'une medaille d'or par la Socicle nalionale d'agricullare de France
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STRASBOURG
TYPOGRAPHIE DE G. FISCHBACH
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BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
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LA DISTOMATOSE
ou
CAGHEXIE AQÜEÜSE Du MOÜTON
SA NATURE, SES CAUSES
ET LES MOYENS NATURELS DE LA COMBATTRE
A.. ZUIVDEL.
VßTKRINAIEE SUPßKIEUR D'ALSACE-LORRAINE
Memoire honorlaquo; d'une medaille d'or par la Sociele nationale d'agricullnre de France.
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STRASBOURG
TYPOGRAPHIE DE G. FISCHBACH 4880
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LA DTSTOMATOSE
ou
CACHEXIE AQUEUSE DU MOUTON.
Autrefois, lorsqu'nne epizootie venait frapper le bötail de nos cultivateurs, on attribuait toujours la maladie ä quelque influence surnaturelle et souvent on la considerait comme une punition du ciel. Avec cette croyance ä quelque cause occulte, le proprietaire ne faisait rien ou presque rien pour combattre le fleau ; on se soumettait ä la volontö de Dieu, et, tout au plus par des prieres et des actes de devotion, cher-chait-on ä apaiser la colere du Tout-Puissant; quelquefois par des charmes, des incantations, voire meme des exor-cismes, on essayait de conjurer l'influence de l'esprit malin, si l'on admettait que l'epizootie etait l'ceuvre de celui-ci.
Une partie de cette superstition, de ce fatalisme surtout, s'est conserveejusqu'ä nosjours et souvent encore, quand une epizootie vient ä se declarer dans les etables de nos culti­vateurs, ceux-ci se soumeltent humblement ä leur sort, ils ne recherchent pas la cause du mal, n'essayent pas d'en arröter les progres par des moyens que, souvent deja, le simple bon sens leur dicterait; surtout ils ne cherchent pas les secours de la scieace veterinaire, ne font pas la decla­ration que la loi et la police sanitaire exigent; ils aiment, au contraire, a recourir aux pratiques des empiriques et des
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bergers. G'est lä le cas bien souvent encore pour les epizoo-ties de nos grands animaux, oü l'on voit les proprietaires cacher le mal ä leur vöterinaire habituel, ä celui qu'ils appel-lent de suite pour tous les cas sporadiques; c'est le cas presque constant pour les epizootics des petits animaux, des moutons, des porcs, des animaux de basse-cour. Pour ces derniöres maladies, le veterinaire n'est presque jamais con-sulte, les autorites locales ne jugent pas utile d'en prevenir l'administration, et tres souvent nous assistons ä des pertes qui se chiffrent par des milliers de francs, sans que l'admi­nistration ou les veterinaires en aient ete informes, sans que ceux-ci aient eu l'occasion, par une police sanitaire ration-nelle, d'attenuer ou d'arreter ces pertes.
Tel est parliculierement le cas de la distomatose ou cachexie aqueuse des Mtes ovines, maladie qui, en ces derniers temps, a fait perir des troupeaux entiers de moutons, tant en Alsace-Lorraine qu'en d'autres pays. Si nous prenons des informations dans les plus proches environs de Strasbourg, dans diverses communes des cantons de Haguenau, Bischwil-ler, Schilligheim, Brumath, Erstein, Benfeld, etc., nous n'en trouvons que peu oü, durant les deux ou trois derniers mois l, on n'ait pas constate une mortalite extraordinaire des betes ovines; cette mortalite est montee jusqu'a 70 et 95 p. 100; en moyenne, nous croyons pouvoir l'etablir ä 75 p. 100 pour les troupeaux contamines ; ä environ 50 p. 100 pour la popu­lation ovine des cantons susindiques; or la population de ces cantons est, d'apres la statistique de 1873, de 18,056 betes ovines ; si done il y a 9000 moutons qui ont peri ou qui ont du etre vendus a vil prix, nous pouvons, en estimant la perte a 20 fr. par tete, admettre une perte de 180,000 fr. La mortalite en Lorraine n'etait pas moindre qu'en Alsace, surtout dans les arrondissements relativement riches en
1 Ce m^mnire a ete ^crit dans les premiers jours d'avril 1880.
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moutons de Sarrebourg, Chäteau-Salins, Meiz et Thion-vllle. Durant toul l'hiver, les cultivateurs lorrains ont vendu ä vil prix ce qu'il y avait de plus fortement atteint; mais ce qu'ils esperaient sauver, ce qu'ils sauvaient les ans passes, leur a echappe en ces derniers temps. Nous croyons etre au-dessous de la verite en disant qu'un tiers environ, soit, en chiffres ronds, 30 p. 100 des moutons d'Alsace-Lorraine, ont peri de la distomatose ; sur les 49d ,000 cju'on compte en Alsace-Lorraine, cela ferait une mortalite de 57,000 tetes, soit, encore ä 20 fr. piece, une perle de 1,150,000 fr. Les pertes par la meme maladie Syant ete les deux annees ante-rieures d'environ 10 p. 100 chaque fois, nous pouvons compter, pour les trois dernieres annees, un deficit s'appro-chant de 2 millions de francs, rien qu'en moutons. La perte doit avoir ete superieure, car les chiffres que nous avons adoptes sont au-dessous des chiffres reels, tant pour les pertes eprouvees que pour la valeur des betes perdues.
Si maintenant nous sortons de notre pays, si nous aliens en Allemagne, en France, en Angleterre, nous constatons partout de grandes pertes de moutons par la cachexie aqueuse, pertes qu'assez generalement on attribue a I'extreme humidite des frois dernieres annees et qui ont du devenir extraordinaires, puisque le degre de I'liumidite de I'annee 1879 a ete lui-meme extraordinaire. De par cela meme que cette epizootie n'est pas declaree ä l'administration, que la police sanitaire n'est pas appelee a la combattre, on ne sau -rait, meme approximalivement, indiquer les pertes qu'elle occasionne dans les divers Etats de l'Europe; nous nous contenterons de dire que e'est a cette epizootie, peut-etre plus qu'ä la concurrence des laines d'Auslralie, qu'est due la diminution de la population ovine des divers pays de l'Europe, diminution qui sera surtout tres forte apres les prochains denombrements.
Le Galignani a recemmentparle des grandes pertes qu'oc-
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casionne la rot dropsy en Angleterre et surtout dans les contrees occidentales de ce pays, oü la population ovine est horriblement döcimee. En Allemagne, les plaintes relatives ä YEgelfäule ne sont pas moindres. II parait qu'en France, dans la Haute-ltalie, dans certaines parties de rAutriche, en Pologne, etc., les pertes par la cachexie aqueuse ne le cedent en rien a ce qui arrive en Angleterre et en Allemagne, et qu'en maint endroit on peut tout simplemenl les taxer de desastreuses.
La maladie n'est cependant pas nouvelle; eile est meme tres anciennement connue et parait menlionnee dans les ecrits d'Hippocrate ; cependant la premiere description de la maladie epizootique ne date que de 1542 et est de Gentiles Arnulphus ; ce travail est cite par Haller, ainsi qu'un autre de Cornelius Gemma, qui date de 1552; I'illustre savant suisse mentionne encore un travail de Fromann, datant de 1663. Les meilleurs travaux datent de la deuxieme moitie du siecle dernier et du commencement de celui-ci; ils sont de Schaeffer (1753), de Desmars (1762), de l'abbe Rozier (1774), de Bilhuber (1791); de Ghabert (1791), de Fromage de Feugre (1810), de Lessoha (1812), de Waldinger (1816), de Hazard et Teissier (1817), de Hamont et Fischer (1834). Nous ne comptons pas, bien entendu, les travaux modernes, qui touchent surtout le cote helminthologique. Ici il faudrait nommer Emile Blanchard, Davaine, Gerlach, Leuckart, Florance, Zürn, Baillet, van Beneden, etc.
Ge n'est pas la premiere fois non plus que la cachexie prend ce caractere meurlrier ; au contraire, on 1'a toujours rencontree avec ce caractere destructeur quand il y a eu plu-sieurs annees consecutives de pluie, suivies de debordements et produisanl de mauvais fourrages ; alors meme I'infection prend souvent les betes bovines qui päturent et en fait perir un grand nombre; tel fut le cas cette annee partout oü la slabulalion permanente n'est pas introduite.
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Par cela möme que la maladie qui nous occupe est sur-tout frequente apres les annees humides, qu'elle est propre aux pays a prairies marecageuses, a sol argileux ou tour-beux, aux vallees facilement submergees, aux embouchures des fleuves, meme aux environs de la mer ; par cela meme que c'est quand les animaux sont pour ainsi dire penetres d'eau de toute part, oü, suivant l'expression de M. H. Bou-ley, ils sont comme une eponge plongee dans ce liquide, qu'on constate la maladie, on a fait jouer ä cette humidite le role essentiel dans l'etiologie de l'epizootie 11 n'en est rien cependant, et si l'eau qui sature les päturages, les fourrages, les animaux eux-memes , joue un role impor­tant dans celfe etiologie, si son influence est meme indis­pensable, eile n'est cependant pas essentielle; le role principal est joue par un parasite, par un helminthe, par les di-stomes, les douves, que les animaux malades logenttoujours par milliers dans le foie et les conduits biliaires de cet organe. L'exces d'humidite et la mauvaise qualite des four-rages peuvent produire I'hydroanemie, cet etat constitutionnel que cette annee on constate malheureusement un peu partout et chez toutes nos especes domestiques ; mais ils ne peuvent produire la cachexie avec ictere et pourriture, tous les des-ordres graves, souvent mortels, constituant l'epizootie qui nous occupe et pour laquelle nous preferons le nom de disto-matose a celui de cachexie aqueuse ; le langage populaire I'appelle la douve; en allemand die Egelfäule ou Egel-seuche. Fromage de Feugre I'appelait la phtisie vermi-neuse du foie; M. Wehenkel, d'accord avec M. Roell, Fa nommee la cachexie ictero-vermineuse; les anciens I'appe-laient la pourriture.
Si la distomatose ne s'observe que dans les terrains ou les päturages humides, apres les annees humides, c'est que les germes de la douve ou du distome, que le mouton doit deglutir dans le päturage pour subir I'infection distomatique,
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ne vivenl que dans les terrains humides et sont tues par la secheresse un peu prolongöe. La maladie est presque incon-nue, et surtout pas mortelle, la oü les moutons päturent le long des chemins, sur des päturages un peu escarpes, dans des terrains sablonneux ; il est facile de s'assurer de ce fait en parcourant les communes d'une region donnee. Presque partout oü Ton trouve encore un troupeau de moutons, on constatera que le päturage habitual n'etait pas inonde ou ' bien que, ce qui est essenliel, Ton n'est pas alle en automne au päturage que les moutons frequentaient au printemps. On trouvera aussi la preuve que le päturage humide n'est pas la seule cause de l'epizootie, car on verra des troupeaux qui n'ont pu päturer que dans des terrains tres humides, dans des parties inondees, et qui n'ont pas la cachexie, parcc que leurs päturages ne renfermaient pas les germes des di-stomes.
Quand on voit la gale, la bronchite vermineuse, une ma-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'^l
ladie parasilaire quelconque des ruminants s'accompagner de malaise general, de cachexie, ä plus forte raison I'infec-tion parasitaire du foie, de cet organe essentiel pour les func­tions nutritives, doit-elle produire des desordres bien plus graves et une alteration profonde de l'economie et de toute la constitution.
L'influence de l'humidite dans l'etiologie de la cachexie ne saurait etre contestee, et ce n'est en effet que dans l'humidite que les moutons peuvent trouver les larves de distomes, les embryons sortis des ceufs qu'ils ont avec leurs excrements laisses dans les päturages du printemps. En outre ces causes concourent ä augmenter le lymphatisme des animaux et con-tribuenl ä la cachexie en diminuant les forces de resistance de l'economie. — Une autre cause de la distomatose se trouve dans l'habilude oü Ton est de faire päturer les animaux. Autrefois, quand les betes bovines etaient moins condamnees ä la stabulation, la cachexie aqueuse etait plus frequente sur
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cette espece animale; on la voit encore sur les pores de la Hongrie ou des Provinces danubiennes qui päturent con-stamment; aujourd'hui eile est surtoutfrequente chez le mou-ton, qu'on ne saurait toujours garder a I'etable. La distoma-tose ou cachexie aqueuse ne s'observe pas sur le betail sta-bulant; tout au plus peut-on y rencontrer rhydrohemie, la chlorose, mais alors sans distomes dans le foie.
Una mauvaise alimentation, qu'elle soit insuffisante ou de mauvaise qualite, trop aqueuse, ne saurait influer qu'en en-gageant les animaux a etre plus gloutons dans les päturages, en leur faisant avaler meme les mauvaises herbes ou celles salies par les mollusques; eile peut encore influer en facilitant I'etat cachectique consecutif.
La cause reelle de la cachexie est done la migration du distome; non pas que les moutons trouvent ces parasites tout formes dans les eaux des marais, comme I'admettaient Linne, Schaeffer et d'autres, mais ils les trouvent a I'etat d'ötres agames, ä I'etat de larves qui ne deviennent distomes qu'apres une metamorphose; ce sent alors des etres qui ne sont capables de se reproduire qu'apres un sejour de plu-sieurs mois dans les canaux biliaires du ruminant.
Les distomes sont done la cause essentielle de l'epizootie qui nous occupe ; sans eux, pas de maladie mortelle, mais une simple constitution plus ou moins lymphatique, pas de cachexie. Cette opinion, dejä admise au commencement de ce siecle par Schaeffer, Waldinger, Mortier, Guillaume, a et6 combattue par Faulet, Rozier, Huzard, Girard, et möme par Delafond et Reynal, qui ne voyaient dans les distomes du foie qu'un simple accessoire, un accident. Cependant, en pre­sence des travaux de Davaine, Blanchard, Gerlach, Florance, Leuckart, Baillet, Zürn, van Beneden, etc., le doute n'estplus possible, et la cachexie aqueuse est tout simpleraent a consi-derer comme une maladie parasitaire. On ne peut plus se demander, comme e'etait le cas il n'y a pas longtemps, si les
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distomes sont cause ou effet. Pour bien connaitre la disto-matose, il faut done l'ötude zoologique de son parasite, exa­miner las diverses phases de son existence, indiquer les diverses metamorphoses qu'il subit. Quoique la science n'ait pas encore dit son dernier mot sous ce rapport, quoiqu'on ne soit pas encore tout a fait fixe sur l'6tat de larve du distome, sur son etat agame, nous trouverons cependant dans cette (Hude tout ce qu'il faut pour, sinon empecher tout a fait I'in-fection parasitaire des moutons, au moins la reduire et rendre alors la maladie 6pizootique benigne.
Le parasite ä l'6tat d'etre parfait, capable de se repro-duire, est, nous l'avons dejä dit, le distome, quelquefois aussi appelö le fasciole, qu'on trouve dans les voies biliaires, ou il produit des desordres graves, agissant sur la sub­stance meme du foie, genant les functions de cet organe et consequemment influant nocivement sur la nutrition generale. Ces vers, de la famille des trematodes, sont de deux especes : Tun, le distome hepatique, plus grand
Dislome hepatiqne (animal pavfait en grandeur naturelle). — Dessin emprnntlaquo;? an Dictionnaire dc midecine vitdrinaire de Hurtrel d'Arboval, (Sdilion Ziindel.
et plus generalement connu parce qu'il est plus facile a trou-ver; I'autre, le distome lanceole, beaucoup plus petit; tandis que le distome hepatique a parfois jusqu'a 3 ou 4 centimetres de long sur 8 a 12 millimetres de large, le distome lanceole n'a que 8 ä 9 millimetres de long et 2 a 2 1/2 millimetres de large. Us portent deux ventouses, l'une anterieure, ovale, I'autre triangulaire, situee sur le cöte, pres de la premifere.
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Le tögument du distorae hepatique est couvert d'öpines aplaties; le distome lanceolö a le tegument lisse. C'est ce qui explique pourquoi le distome hepatique, grace ä ces armes, produit des lesions et des ddsordres plus forts que le lan-cöolö. Ces deux vers habitent le plus souvent ensemble; le distome hepatique occupe et obstrue les gros canaux biliai-res; le lancöole se trouve dans les canaux plus fins. Le chiffre ordinaire de ces vers pour un seul mouton malade varie entre 100 et 300, mais on en a comptö souvent plus de 500 ; Bidloo parle de 800 et Dupuy en a trouve plus d'un millier chez un seul individu. Dans les canaux biliaires ils sont enroules sur eux-mömes en cornet, aplatis et sou­vent tres serres; leur couleur est d'un gris clair verdätre ; leur forme ovale, oblongue ou lanceolee. Les conduits hepa-tiques et meme la substance du foie eprouvent des change-ments remarquables par l'accumulation des distomes.
Ces lesions, evidemment, varient avec le degr6 d'infec-tion et la periode de la maladie; ilnoussemble cependant inutile de les indiquer ici. II serait egalement superflu de faire ici une description des symptömes de la maladie ; celle-ci n'est que trop bien connue des vöterinaires et des proprietaires. Par centre, nous croyons devoir insister sur la marche de la distomatose, laquelle n'est pas suffisamment connue. Gette marche est generalement lente et dopend de l'intensite du mal, des conditions dans lesquelles eile fait son evolution. On pent, avec feu Gerlach, lui reconnaitre quatre p6riodes qui coincident exactemenl avec les pöriodes de l'infection parasitaire, avec les alterations que les distomes occasionnent au sein du foie.
La premifere periode, coincidant avec le phlogose du foie, avec sa tumefaction inflammatoire, se constate dans les mois d'aoüt, septembre etoctobre, epoque oü leshelminthes, deglu-tis avec les fourrages etregus dans lesvoies gastro-intestinales, iraquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; entrent dans les voies biliaires; le parasite est encore trfes
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petit alors et ne fait qu'irriter par sa presence, la bile est alors mölee de sang; c'est la periode a peu pros latente de la premiere infection, qui passe göneralement inapergue.
La seconde periode, qui coincide avec un certain resserre-ment du foie sur lui-meme et avec l'epaississement des canaux choledoques, appartient ä la fin de septembre et va jusqu'en novembre, durantainsi six a douze semaines; les vers reunis en pelote sent dans une masse gluante et verdätre mMee de mucus. Cette periode se denote par del'anemie et lacachexie commencante, oü l'animal est faible et abattu.
La troisieme periode, qui coincide avec l'atrophie du foie^ n'arrive qu'au bout de trois mois au moins et est a son sum-mum en Janvier, fevrier et mars. Durant cette periode il y a chlorose avec ictere, et la cachexie est au plus haut degre, entrainant souvent la mort du sujet. Alors aussi les distomes ont pris tout leur developpement, et le foie, lä oü il n'est pas atrophie, est turgescent. Les canaux hepatiques a parois fortement epaissies sont tres saillanls, souvent cartilagineux et incrustes de phosphate de chaux ou de magnesie.
C'est en avril et jusque vers le mois de juin, un peu plus tard dans les pays du nord, que les distomes quittent leur sejour d'hiver pour passer dans les intestins oü ils sont dige-res, mais non sans avoir pourvu a la conservation de l'espece. Des le commencement de mars et durant les trois mois sui-vants un grand nombre d'oeufs entraines par la bile sont expuls6s avec les excrements. Lors de cette derniere periode il y a de 1'amelioration dans I'etat general de l'animal, s'il n'a pas deja Irop souffert dans les periodes anterleures et n'est pas arrive au deperissement complet; souvent l'animal reste malingre, ce que l'obliteration des principaux canaux biliaires, leur incrustation par du phosphate ammoniaco-magnesien explique tres bien.
L'infection ne se faisant pas le meme jour, en la m6me proportion et pour tons les animaux d'un troupeau, il est
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evident que fous les individus qui constituent ce dernier ne peuvent pas se trouver en meme temps dans la meime periode et que la duree de chacune doit etre variable.
Mais laissons lä le cote purement pa-thologique; reprenons les distomes au moment oü ils sont arrives a leur com-plet developpement. Alors ces etres, qui sont hermaphrodites, se fecondent mu-tuellemenl et Ton voit I'oviducte formant des circonvolutions nombreuses, conte-nant un nombre infini d'oeufs colores plus ou moins en jaune, ovoides, pour-vus d'un opercule, longs de 13 a 14
centimillimetres, larges de 7 a 8 centi- Distome lanceoiö (grossi 4
millimetres. Les oeufs du distome lan-ceolö sont environ qualre fois plus petits. plus arrondis et d'un brun fonce. On estime a 4 ou 5000 le nombre d'oeufs que fournit chaque distome.
fois. — a) P^nis sabspiral (organe male) et eupule abdominale snbtriaugu-laire (organe feraelle). — b] 05uf. tDessin emprunte au Dictloiinaire de viede-cine veterinaire, de Hur-trel d'Arboval, edition Ziiudel.)
Les oeufs passent de Toviducte dans le cloaque, d'oü ils sont expulses et enlraines avec la bile que secrete le foie; de lä ils passent dans les intestins de l'höle, par le canal choledoque, et sont evacuös avec les excrements des ani-
maux malades. Dans un kilogramme d'ex-crements de mouton, M. Buuck a compte de 2 a 6000 oeufs. Dans
une goutte de bile, prise dans la vesicule biliaire d'un mouton malade, on rencontre toujours des oeufs de
(Euf du distome lanct'ult.:. — a} gross! 100 fois; h) grossi 350 fois; c) grossi 500 fois et präalabie-ment traitö par la potasse caustique pour en spa­rer l'opercule. (Dessin emprnnt^ au Dictionndire de midecine veterinaire de Hurtrel d'Arboval, edi­tion Ziindel.)
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distomes, de l'hepatique et du lanceole, et nous avons con­state que ce nombre peut varier de 60 ä plus de 200 oeufs; les oeufs du distome hepatique sont ordinairement plus abon-dants que ceux du lanceole. Ces oeufs ne se rencontrent dans la bile et les excrements des moutons atteints de distoma-tose qu'ä l'epoque oü les distomes sont mürs, ce qui coin­cide avec les mois de mars, avril, mai et juin; c'est le moment aussi oü la cachexie est ä son apogöe. Les distomes qui ont mis au monde tous leurs oeufs, quittent alors leur sejour d'hiver et passent dans les intestins de leur böte, oü ils sont dig6r6s.
Si l'oeuf, ainsi entraine avec les feces de l'höte, tombe dans un milieu favorable, c'est-ä-dire dans un endroit humide, l'embryon qu'il contient ne tarde pas ä se deve-lopper; cependant cet embryon ne quitte la coque de l'oeuf que plusieurs semaines, presque deux mois apres la ponte, d'apres M. Baillet. L'embryon s'y developpe en un cone tronque, tout couvert de longs cils vibratils. Une fois sorti
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de l'ceuf, dont il a detacbe l'opercule, l'embryon est long de 43 centimilli-mfetres, nage dans l'eau en faisant des girations comme les infusoires cilies,
s'abandonnant ä tous les ecarts de la vie
(Euf du distome hepatique, grossi 100 fois, avec 1 percule separd.
libre et vagabonde.
Malgre de norubreuses recherches, l'habifat et les transformations de ce petit etre ä l'etat de larve sont encore inconnus. Cependant il est probable que, comme pour les autres especes de distomes, notamment pöur le distome herisse du canard, il se developpe dans l'in-terieur de l'embryon un sac mobile, que l'embryon devient ce que les zoologistes nomment un sporocyste; si l'embryon a cesse sa vie vagabonde et s'est fix6 sur quelque mollusque, ce sac ou sporocyste est comme une nourrice, un scolex, dont il sort plus tard, par generation agame, un nombre assez con-
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siderable (des cenlaines) de cercaires, qui sont les vraies larves des dlstomes. Les cercaires, qu'on a longtemps consi-deres comme des infusoires, sont de petits animaux aqua-tiques, frequents sur le corps ou dans les tissus des limnees ou des mollusques de nos eaux douces. Les cercaires qui naissent du sporocyste
SOnt SOUVent libres , mais Csroalre, larve du distome du canard. (Des--. a laquo;i inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;sin exüvvMntä s.w Dictionnairede mddecine
bientot ll leur taut quelque v4UHnain de Hurtrel d'Arboval, .Sdi-
höte oil ils puissent s'en- raquo;onzündei.) kyster ; pour cela, ils recherchent particulierement les mol­lusques, les limaces, les vers, les larves d'insectes. Pour devenir distome, il faut que le cercaire enkyste passe avec son hole, litnace ou insecte, dans le tube digestif de quelque animal vertebre ; alors, tandis que leur premier böte est lui-meme digere, ils resistent k Faction dissolvante du sue gas-fynbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; trique et deviennent de veritables distomes, en penetrant dans
les canaux biliaires de leur nouvel böte, ou ils ne tardent pas a prendre tout leur developpement. Apres avoir acquis les organes genitaux qui etaient rudimentaires pendant leur etat de cercaire, ils vont, dans leurs nouveaux holes, pro-duire des ceufs qui, a leur lour, ne se developperont qu'au dehors et donneront bientöt lieu a une nouvelle generation aple aux memes transmigrations el aux memes metamor­phoses.
Cette Iransformalion de l'embryon en sporocyste, la mul­tiplication du sporocyste en cercaires, la relransformalion des cercaires en distomes etant un phenomene constant observe par MM. Sleenstrup, Siebold, Filippi, van Beneden, Pagenstecher, Leuckart, pour une douzaine d'especes de distomes1, il est probable qu'il a lieu aussi pour les di-
1 Le nombre des especes de distomes est trfes grand, et oes para­sites friSquentent, k quelques exceptions pres, toutes les classes du regne animal; leur nombre est grand, surtout dans les pois-
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stomes hepatique et lanceole, que ces distomes se developpent dans certaines petites limaces que les moutons avalent en automne avec l'herbe humide des prairies. M. Willemoes-Suhm designe nettement pour le distome hepatique la petite limace grise ordinaire {Limax agrestis), bien connue par les degäts qu'elle cause k Tagriculture et aussi par I'abondante viscosite qu'elle rejette, laquelle lui pennet parfois de se suspendre a l'extremite des branches.
II est done probable que dans les päturages fangeux, submerges ou humides seulement par places, dans l'herbe ou le foin recolte dans ces lieux, dans les eaux stagnantes, on doit rencontrer les cercaires des helminthes hepatiques, ainsi que les limagons, les limnees et peut-etre aussi les insectes qui en sontinfectes. II est en effet tres vraisemblable que les mollusques si abondants dans les pres humides, les limnees et autres pelits animaux aquatiques, sent les princi-
paux holes des cercaires qui, introduits dans le reservoirnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,'m
gastrique des betes ovines et bovines, donnerit lieu a la for-
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mation des distomes. Si on observe les distomes plus parti-culierement sur les troupeaux qu'on fait päturer trop matin ou immediatement apres la pluie, cela ne provient-il pas de l'habitude qu'ont les mollusques de grimper le long des herbes apres la pluie et lors de la rosee, et d'etre ainsi plus facilement deglutis par les animaux ?
Quoi qu'il en soil, il est certain que l'embryon du distome
sons; mais il n'est pas moins eleve dans les mammiferes et les oiseaux. C'est par les mollusques, les vers et les crustaces que la plupart des animnux superieurs sont infestes, et c'est dans leurs rangs qu'il faut cherohet leur premier sejour. Oelui qui veut observer des distomes ä l'etat de cercaires, n'a qu'ä visiter quelques mollusques d'eau douce, soit des limnees, soit des planorbes des etangs, et, en lac^rant I'animal sur le porte-objet du microscope simple, il ne tardera pas K apercevoir une multitude de cette espece de tdtards qui se debattent et s'agitent. Les queues se tortillent, se recourbent, s'etendent, decrivent des arcs de cerclo comme si on avait un nid de serpents sous les yeux. (Van Beneden.)
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passe quatre ä six inois en dehors de son hote^ en dehors du mouton : deux mois dans l'oeUf et un temps encore indeter-mine a l'ötat de larve ou de ceroaire. L'infection'des moutons par les distomes ne pent done avoir lieu qu'en automne, ä partir du mois d'aoüt jusque vers novembre.
Ge qui est certain aussi, e'est que les ooufs des distomes hepatique et lanceole ne peuvent se developper dans l'höte oü ils ont ete produils par la fecondation; il faui qu'ils sortent du mouton pour eclore dans quelque endroit humide et vivre pendant quelques mois ä l'etat d'embryon inl'usoire, de sporo-cyste ou do cercaire. C'est ce que demontrent peremp-toirementles experiences de Gerlach, qui n'a jamais vu naitre de nouveaux distomes sur des moutons et des veaux auxquels il i'aisait avaler des distomes teconds ou des ceufs en grande quantite. Cela devait etre, car si les descendants d'un seul distome, lequel a des milliers d'eeufs, venaient a se deve­lopper, il y aurait de quoi tuer infailliblement I'hote qui les nourrit. L'observation clinique demontre d'ailleurs quel'infec-tion des moutons par les distomes ne se fait jamais au prin-temps, mais toujours vers la fin de 1'ete, en automne. Pendant l'ete, apres le mois dejuin, on netrouve plus de distomes dans les voies biliaires, a moins qu'ils n'y aient ete retenus par quelque obstruction de ces voies, auquel cas ils sont älteres, souvent cretilies. On pent en retrouver dejä en septembre, mais alors ils sont encore petits et les ceufs ne sont pas encore developpes ; le foie n'est encore que peu malade.
Dans les annees de secheresse , meme dans les annees qui ne sont pas pluvieuses, le plus grand nombre des larves de distomes perissent, malgre leur grande force de resistance et quoiqu'ils jouissent des avantages des animaux dits ressus-citants, e'est-a-dire qu'ils ne perdent pas la vie quand ils se dessechent pour quelque temps. Dans ces annees-lä les mou­tons et les betes bovines ne trouvent pas les larves de distomes dans les päturages, I'immigration d'automne n'a
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pas lieu, et Ton constate que dans 1'hiver suivant il n'y a que pen ou point de cas de cachexie aqueuse.
Un päturage, quelque humide ou fangeux qu'il soil, qui n'a jamais ete frequente par un animal atteint de distomatose, qui surtout n'a pas ete päture par de ces animaux au prin-temps, ne saurait provoquer la cachexie aqueuse. G'est lä un fait qu'on peut. facilement constater en ce moment; il y a bien des localites qui, n'ayant pas iraporte de moutons et n'ayant pas eu la cachexie depuis plusieurs annees, n'ont pas ete visitees par cette infection, malgre les deux dernieres annees humides et malgre le mauvais etat de leurs pätu-rages.
Les dislomes, ou plutöt leurs larves, ne peuvent pas vivre d'une annee a l'autre, et, s'ils n'ont pas trouve un hote en automne, s'ils n'ont pas ete deglutis, ils perissent suremenl en hiver.
Un traitement therapeutique de la distomatose est genörale-ment inefficace; il ne reussit plus des qu'il y a alteration organique des visceres. II faudrait pouvoir la trailer des le debut et on salt comment cette periode est difficile a saisir. Onaconseillel'usagedesanaleptiques, des toniques amers, des ferrugineux surtout; les grains grilles, la gentiane, I'ecorce de ebene, les bales de genievre , surtout combines au sei de cuisine, peuvent en effet reconforter l'economie, empöcher un peu la cachexie, mais non guerir la distomatose. II fau­drait ajouter des vermicides, mais il est difficile de faire par-venir ceux-ci dans le foie. Les bourgeons de sapin, la suie, si souvent recommandes, n'agissent pas en ce sens, tout au plus a-t-on obtenu quelques succes par l'emploi de l'huile empyreumatique, du petrole et surtout de la benzine.
De cette etude que nous venons de faire, il resulte claire-ment que le traitement de la distomatose est bien plus du domaine de l'hygiene, voire meme de la police sanitaire, que de celui de la therapeutique. En ce qui concerne I'humi-
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dite du sol, qui a un role essentiel au moins indispensable, on pourrait rempecher par des öcoulements, des drainages, par un meilleur soin des päturages en general.
Si les animaux recevaient a I'etable le supplement neces-saire de nourriture, on pourrait les laisser a I'etable pendant les journees de pluie et de brouillard, on n'aurait pas besoin de les sortir de trop grand matin.
On a quelquefois conseille I'emigration des troupeaux; celle-ci cependant ne peut pas guerir un troupeau infecte, et si eile a eu du succes, c'esl quand on faisait quitter a un troupeau infecte le päturage oil il avait depose ses oeufs au printemps et ou alors il ne s'infectait plus en automne.
Quant au parasitisme, dont le röle est essentiel, I'obser-vation scientißque ayant montre que les oeufs de distomes, elements de la conservation de i'espece, constituent aussi le mode de propagation essentiel et unique de la cachexie aqueuse, et que les excrements des animaux infectes renfer-ment des ceufs de distomes, il faut empecher que ces excre­ments n'arrivent sur des terrains propres au developpement des embryons.
Puisque c'est au printemps que les excrements renferment de ces ceufs, il faut, a cette epoque, ou garder les animaux a I'etable, ou ne les faire päturer qu'en des endroits oü ils ne pätureront pas en automne. Les proprietaires et les bergers intelligents devraient bien noter les päturages que les mou-tons malades auront frequente en mars et les trois mois sui-vants, et qu'ils auront ainsi infectes des germes de distomes; ils n'y conduiront pas de moutons a la fin de l'ete ou en automne; ils se garantiront ainsi sürement de la maladie pour I'annee suivante. II suffit pour cela de diviser le päturage des le printemps. — Le fumier qu'au printemps on enleve des bergeries ne devra pas non plus etre conduit dans un champ que les moutons auraient ä päturer en automne. — Le fourragequ'onrecoltera sur les pres infectes
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au printemps par des moutons atteints de distomatose sera, autanl qua possible, donne exclusivement aux chevaux ; s'il faut en donner aux ruminants, ce ne sera pas en tout cas ä l'etat vert et non sans avoir Lien secoue le foin qu'on en a fait. — On veillera a ce que las moutons et les betes bovinas soient toujours abreuves ä une bonne aau et n'aient pas a boire aux etangs, dans les mares, dans les fosses des champs, oil les garmes de distomas peuvent vivra en liberte. M.Lydtin admet que l'eau de puits ou de pluie recavant du purin d'etabla pent ranfermer das germes de distomes, si dans ces etables il y avail au printemps des betes attaintas da cachexie aqueuse.
Ces precautions, que nous pouvons dire simples, previan-draiant sürement cette maladie, et tout le monde avouera avec nous qu'il ast regrettable que, dans cas cas, les cultiva-teurs n'aient pas toujours racours aux lumieres de la science veterinaire. Avec de la bonne volonte et de l'intelligence, on previendrait sürement cette redoulabla maladie et on evite-rait a I'agricultura das pertes considerables, incommen-surablas meme.
Nous ne pouvons mieux faira qua de faire suivre ce me-moire, d'abord präsente ä la Sociele das sciences, agriculture et arts de la Bassa-Alsace, a Strasbourg, puis a la Societe nationale d'agriculture de France, du rapport qu'a fait sur ce memoire el a celte derniera Sociele, M. Henri Bouley, mem­bra de 1'Institut at inspcctaur general des ecolas veterinaires de France. Les considerations dont notre illustre ami a bian voulu entourer notre travail at surlout la haute distinction qu'il nous a fait obtenir, onl considerablement augmente la valeur de noire memoire, at des lors celui-ci ne saurait paraitre sans le rapport qui est venu la couronner.
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RAPPORT
FAIT A LA SOCIETE NATIONALE I)'AGRICULTURE AU NOM DE LA SECTION d'eCONOMIE DES ANIMAUX
par M. BO U LEY,
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MEiMOIRE INTITULE :
CONSIDERATIONS SÜR L'ETIOLOGIE DB LA DISTOIHATOSB
OU CACHEXIE AQUEUSE DES MOUTONS
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M. ZUNDEL
V^t^rinaire superieur du Gouvernement d'Alsace-TiOrraine.
Ge nom nouveau, sous lequel M. Ziindel propose de de­signer la maladie epizootique redoutable que Ton appall e cachexie aqueuse, ou plus vulgairement pourriture, pro-cede des notions plus positives que Ton a acquises, dans ces derniers temps, sur la nature de cette maladie.
L'idee qu'on s'etait faite de la pourriture des moutons est exprimee par le nom scientifique qu'on lui a donne. On la considerait. comme une cachexie, c'est-ä-dire comme une maladie dans laquelle les humeurs du corps etaient alterees; et par le qualificatif associe au nom generique, on specifiait que cette alteration procedait de la predominance dans le sang de son element, aqueux.
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Cette predominance de l'eau dans l'organisme du mouton atteint de pourriture etait expliquee par rinfluence des milieux. La maladie se declarant a la suite des saisons Irks pluvieuses et rögnant en permanence dans les localitös marecageuses, on en avail infer£ que l'eau penetrait dans l'or­ganisme par l'air sursature de sa vapeur et par les plantes trfes aqueuses dont les animaux eLaient condamnes a se nour-rir, el rien ne paraissait plus justifie que le rapport etabli entre l'ötat cachectique des moutons et le milieu ou leur maladie s'etait developpee. L'inflltration aqueuse du tissu cellulaire, I'etat lave des chairs, la fluiditedu sang decolorö, tout venait ä l'appui de l'etiologie admise.
On n'avait pas meconnu, cependant, l'existence de vers particuliers dans le foie du mouton cachectique; mais ces vers, auxquels leur forme avait fait donner le nom de douves, etaient consideres com me un fait accessoire. Leur presence elait expliquee par l'epuisement de l'organisme. Si la douve s'y developpait, c'est que, dans ses conditions maladives actuelles, l'organisme lui etait devenu un milieu favo­rable.
Les etudes zoologiques ont conduit a une conception tout autre, que le memoire de M. Ziindel a pour but de faire con-naitre.
D'apres la nouvelle maniere de voir, qui est etablie sur des notions scientifiques certaines, les röles sont renversös. Si le mouton devient cachectique, c'est parce que, dans le milieu ou il vit et se nourrit, se rencontrent les conditions pour qu'il soit infestö par des vers. Sa cachexie ne derive done pas directement de l'influence de l'air et de la nourri-ture, par l'intermediaire desquels l'eau penetrerait en lui et le sursaturerait par une sorte d'imbibition mecanique. Le fait n'est pas si simple. L'ensemble des phenomenes procede de l'alteration d'un organe essentiel, le foie, qui devient l'habitat du ver, et se trouve empöche dans son fonetionne-
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ment par des modifications fondamentales que lui fait 6prou-ver la presence du parasite.
Ainsi la cachexie aqueuse doit elre consideree comme la maladie de la douve ou du distome, de la möme maniere que la gale est celle de l'acare. Identite des.phenomenes dans les deux cas, au point de vue etiologique; difference des manifestations, dependante de la difference des organes en-vahis et de l'importance des lesions produites.
II y a deux espöces de distomes, tons deux de la famille des trematodes : I'un appele hepatique, I'autre lanceole. Tous deux peuvent exister simnltanement. Le plus petit, le lanceole, penetre plus avant dans les canaux hepatiques et produit des alterations plus profondea.
La marche de la distomatose est generalement lente. On peut lui reconnaitre trois periodes, qui coincident avec les periodes de l'infestation parasitaire et les alterations que le foie subit successivement sous leur influence.
Premiere periode. — Elle coincide avec les mois d'aoüt, septembre et octobre, epoque oü les helminthes, deglutis a l'ötat rudimentaire avec les fourrages et regus dans Tappareil intestinal, penetrent dans les voies biliaires. Le parasite, tres petit alors, donne lieu a une irritation du foie, qui se traduit par un flux biliaire plus abondaiit.
Deuxieme periode. — Les vers, groupes en pelotons, ob­struent en partie les canaux choledoques, dont la muqueuse irritöe est plus epaisse et reduit leur calibre Interieur. G'est de septembre en novembre que cette alteration se constitue; avec eile coincide I'anemie, a son debut, se caracterisant par la decoloration des tissus et la faiblesse generale.
Troisieme periode. — Le foie s'atrophie. Cette alteration fondamentale s'effectue gradtiellement dans les mois de Jan­vier, fevrier et mars. Elle se caracterise par I'etat cachec-tique qui est symptomaliquement bien connu, et entraine frequemment la mort des sujels. Les distomes, arrives a
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leur complet developpement, distendent les canaux hepa-tiques. G'est depuis avril jusqu'ä juin, un peu plus tard meme dans les pays du nord, qu'ils quittent leur habitat hepatique pour passer dans les intestins, ou ils sont digeres. Mais avant ils ont pourvu a la conservation de l'espece. Des le mois de mars et pendant les trois mois suivants, un grand nombre d'oeufs, entraines par la bile, ont 6te expulses avec les aliments, dans lesquels on peut les reconnaitre par I'in-spection microscopique avec un grossissement de 70 diametres seulement.
On en a compte de 2,000 ä 6,000 dans un kilogramme d'excrements, et jusqu'ä 50 ou 60 dans une seule goutte de bile.
Ges oeufs, qui sortent du corps de l'animal distomatosique, deviennent les instruments de la propagation de la maladie. Les moutons ne trouvent pas les distomes tout formes dans les eaux des marais. Ils les rencontrent a I'etat agame, c'est-a-dire ä I'etat de larves qui ne deviennent distomes qu'apres metamorphoses, et ne sont aptes a la reproduction qu'apres un sejour de quelques mois dans les canaux biliaires des ruminants.
Les migrations par lesquelles passent le distome hepatique et le lanceole du mouton ne sont pas encore parfaitement connues. Les experiences de M. Baillet ont demontre que I'embryon ne sort de Fceiif que vers le soixantieme jour et parfois meme le cent vingtieme, et qu'il se transforme en un petit animal aquatique tres mobile, assez analogue aux rotiferes. G'est ä cet etat de cercaire ou de scolex que les distomes rudimentaires penetrent dans I'appareil intestinal des moutons soit avec les eaux des boissons, soit avec les limagons, les insectes, les limnees et autres mollusques dont les scolex des distomes peuvent etre les parasites1.
1 II n'est pas inutile de rappeler les notions acquises h, la science sur la vie et le ddveloppement des trdmatodes, en parti-
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Une fois que ces distomes agames sont iniroduits dans Testomac du mouton, soil avec le mollusque qui leur sert d'hote, soil en liberte dans l'cau des boissons, ils sont de-livres de l'hote qui les a regus ou de leur enveloppe propre
culier de la douve du foie, l'auteur du m^moire qui vient d'etre analyse s'en etant trup faiblement preocoupe. II y a tronte-deux ans, M. Emile Blanchard, qui avail deja publie une etude anatomique tres detailleo de la douve du foie (Annales des sciences naturelles, 3e serie, t. VII, page 278; 1847), poursuivant des recherches en vue de l'hygiene des animaux doinestiques, affirmait pour la premiere fois que les douves se developpent dans des conditions particulieres. Ayant rencontre les oeufs par myriades dans les canaux biliaires, il les avait suivis h travers le canal oholedoque et dans toute la longueur de l'intestin,' constatant le developpeinent embryonnaire toujours d'autant plus avance que les oeufs sont plus pres d'etre expuls^s.
laquo;11 est mis hors de doute, disait alors M. Blanchard, que les ceufs de distomes sont entraines avec les residus de la digestion. Plu-sieurs phases du de'veloppement de ces vers doivent par conse'quent s'effectuer dans des conditions bien diflcrcntes de cellos oü vivent les adultes. Selon toute probabilite, parvenus k une certaine periode, ils revienncnt dans le corps des ruminants iutroduits avec les aliments.raquo;
S'attachant ä l'idee de suivre les douves dans toutes leurs con­ditions d'existence, il ajoutait: raquo;C'est vers co but que tendent actuellement mes efforts, mais l'impossibilite oü je me suis trouv^ d'observer pendant longtemps dans les localites oil 1'on tient habi-tuellement les bestianx, ne m'a pas pcrmis jusqu'ici do completer mes recherches sur le sujet. Ce sont surtout los moutons des bords du Khin qui paraissent etre le plus ordiuairement infestes.
laquo;Quand nous connaitrons mieux les circonstances qui favorisent l'introduction des vers chez l'homme et los animaux, il est prosque certain qu'on pourra les diminuer sensiblement. — Ces vers subis-sent evidemment des metamorphoses. Leurs formes dans le premier fige sont sans doute tres differentes de celles de l'adulte, et quand les observations auront ete poussees plus loin, on sera peut-etre plus d'üne fois surpris de rencontrer dans I'animal range dans quelque autre classe le joune d'un trematode. raquo; {De la propagation des vers qui habitent le corps de Plwmme et des animaux. Compies rendus de l'Academie des sciences, t. XXVI, p. 355, 20 mars 1848.)
Depuis trente ans, la question relative au developpement et aux migrations de la douve du foie (Fasdola hepatica ou Distoma hepa-
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par l'action digestive, et lorsqu'ils ont passe dans I'intestin, ils se rendent dans leur habitat predestine, le foie. La Us demeurent le temps nöcessaire pour leur achevement.
Ges notions acquises, qu'y a-t-il a faire pour prevenir l'expansion de la distomatose et sa perpetuation d'une annöe a I'autre?
La cachexie aqueuse ou la distomatose, comme I'appelle
ticum) a peu change. Si Ton a vu Tembryon a la sortie de l'oeuf, on n'a observe de la vie de l'espeoe aucune des phases qui precedent I'etat adulte.
II en a etd autreraent pour differentes petites especes de trd-matodes. MM. de Siebold et Steenstrup ont indique les formes larvaires de certains distomes ou monostomes, et M. van Beneden ayant repris la question {Mimoire sur les vers intestinaux. Parisgt; 1858) et porte Vetude sur plusieurs especes voisines, il est devenu possible de concevoir une idee K peu pres complete de la serie des metamorphoses des trematodes qualifies de dvjenhses. De l'ceuf sort une larve couverte de cils qui nage dans I'eau. A 1'interieur se de-veloppe une nouvelle forme: scolex, et la larve ciliee rencontrant sur son passage un mollusque ou un insecte, le scolex y est depose. Fixe, le scolex grandit et sur son corps plusieurs regions se des-sinent; il engendre des cercaires caraotdrise's par la presence d'un appendice caudal. Les cercaires, que Ton a souvent compares aux tdtards des grenouilles, etant mis en liberty, nagent d'une allure tres rapide. S'anetant sur un animal: insecte, mollusque, poisson ou batracien, ils s'attachent k la surface ou k I'mtdrieur du corps k l'aide de leur ventouse. Une couche visqueuse ne tarde pas k couvrir le corps: c'est une enveloppe qui se forme; le ver est en-kyste, sa queue, desormais inutile, se fldtrit et disparait. Des cer­caires enkystes chez les limnees, lorsqu'ils sont ingurgit^s par des oiseaux aquatiques, deviennent des distomes {Distoma militare). Chaque espece de distome ne se developpe que chez l'animal oü la nature l'a destin^ ä vivre et k parvenir au terme de son Evo­lution.
Tout concourt k donner I'assurance que les phamp;iomenes sont tout ä fait analogues k l'egard de la douve du foie, mais les observations at les experiences directes font encore de'faut. Pour se mettre com-pletement en mesure de soustraire les moutons au danger d'etre envahis par les douves dans les localites oü ils sont le plus expose's, il importerait de suivre le ver dans toute sa vie evolutive et ses migrations, de constater en un mot dans quelle condition les cercaires du Dinloma hepaticum sont avales par les ruminants,
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M. Ziindel, est une maladie qu'on pent considerer jusqu'ä un certain point comme contagieuse, car eile pent proceder d'elle-rneme.
Son virus, ce seraiept ses cercaires, ses scolex, qui vivent soil dans les eaux oü les ceufs sont tomhes avec les excrements des moutons infestes, soit a l'etat de parasites surou dans les mollusques des eaux douces.
Par eux-memes, des päturages, si humides, si mar^ca-geux qu'ils soient, ne peuvent donner la pourriture si le distome ne s'y trouve pas sous son elat agame.
Or ce n'est qu'en automne que I'infestation distomasique pent avoir lieu, car c'est pendant cette saison seulement que les ceufs, sortis des moutons infesles, font leur eclosion.
Done, ce qu'il y aurait a faire, ce serait d'eviter de con-duire les moutons au päturage pendant cette saison, ou si cela n'est pas possible, de s'abstenir de les condnire dans le-s parties les plus marecageuses.
Si I'onpouvail, rien que pendant une seule annee, s'abstenir de faire päturer les moutons dans les lieux infestes l'annee precedente par la depaissance de troupeaux cachectiques, il y aurait des chances pour que ces lieux cessassent d'etre dangereux, car les larves des distomes ne peuvent pas vivre d'une annee a l'autre, et si elles n'ont. pas trouve un böte en automne, c'est-ä-dire si elles n'ont pas ete degluties par un ruminant, elles pöriront sürement pendant I'hiver.
Si done on pouvait ne pas leur donner l'occasion de ren-contrer cet böte qui leur est indispensable pour leur evolu­tion, le päturage infeste se desinfesterait de lui-meme par I'influence seule des agents exterieurs.
Le drainage, l'amendement du sol seraient aussi des moyens excellents de prophylaxie de la distomatoseen modi-fiant les milieux oü les larves des distomes trouvent des conditions trop favorables a leur existence.
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Les excrements des moutons distomatosiques renferment des ceufs depuis la fin de marsjusqu'enjuin; ilimporte, pour empecher la perpetuation de la pourriture par intermö-diaire de ces oeufs, quo les fumiers provenant de ces moutons ne soient pas portes sur des terrains propres au developpe-ment des embryons. Autant que possible ces fumiers no devraient etre employes que pour la fumure des terres sur lesquelles ni les boeufs ni les moutons ne devraient aller paitre. Le mieux serait de differer de les repandre pendant line annee, afin de laisser aux oeufs et a leurs larves surtout le temps de s'eteindre avant que celles-ci aient rencontre leurs hötes necessaires.
Enfin il faudrait s'abstenir de faire manger aux ruminants, grands et petits, les fourrages verts recoltes sur lespäturages infestes. Ces fourrages doiventetre reserves pour leschevaux, et quand on est oblige de les donner sees aux ruminants, il faut bien les secouer avant de les distribuer.
II faudrait aussi, a la saison automnale, ne pas laisser boire les moutons dans les mares infestees. En les abreu-vant avec de l'eau pure, on diminuerait d'autant les chances de leur infestation par les cercaires auxquels ces mares servent d'babitat jusqu'au jour oil viendra s'y abreuver ie ruminant destine par les fataliles de la nature a devenir leur hole.
Voila, messieurs, en substance, le tres interessant travail oü M. Zündel, resumant les connaissances acquises sur les mueurs des distomes, s'en est inspire pour tracer les me-sures propbylactiques qu'il est indique de prescrire afin de diminuer les chances des pertes si considerables que cause trop souvent la cacbexie aqueuse dans les localites favorables au developpement des distomes.
Les considerations qui viennent d'etre exposees montrent une nouvclle fois combien pent etre feconde Tintervenlion
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de la science experimentale pour reclaircissement des faits de la pathologie. L'observation seule des manifestations symptomatiques est impuissanle, dans la plupart des cas, ä donner une idee exacfe de la nature reelle des choses. 11 faut aller plus profondemant pour que cette nature se de-voile. L'histoire du charbon, du cholera des poules, de la septicömie, en porte tömoignage. Gelle de la cachexie aqueuse en fournit une nouvelle preuve. Dans un milieu humide, les moutons s'infiltrent d'eau et meurent dans un etat d'extreme anemie, oil le sang est bien moins du sang qu'une sorle de lavasse de ce liquide. Naturellement, enne s'en tenantqu'aux apparences, on a etabli le rapport entre les influences du milieu ou l'humidite predomine et la maladie dont la carac-teristique essentielle apparente est la predominance de l'ele-ment aqueux dans le corps des malades, et ce rapport de causality est si vraisemblable qu'on I'a accepte comme vrai.
Mais la science experimentale intervient; eile etudie le ver de la cachexie et eile montre que, loin d'en etre un simple accident, il en est la cause efflciente, car sans lui il n'y a pas de cachexie aqueuse veritable, quelles que soient les conditions d'humidite auxquelles les moutons sont exposes.
Rien de plus interessant que de tels resultats; rien de plus rassurant pour l'avenir de la medecine, deslinee a devenir de plus en plus positive et puissante, grace au concours que lui donne la science experimentale.
Nous devons des remerciments a M. Zündel pour I'Jus-truction si pleine d'interet a l'usage des agriculteurs que re-presente son memoire.
Ces notions si nettes sur l'ötiologie d'une des plus graves maladies öpizootiques qui sevit sur notre betail ne peuvent manquer d'etre profitables ä ceux qu'elles intöressent, et tons s'en inspireront, dans les limites du possible, pour se meltre
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ä l'abri d'un fleau dont la cause aujoürd'hui connue doil 6tre visee par les mesures prophylacüques en rapport, avec ce que la science a appris.
Votre quatrieme section a Thonneur de vous proposer d'accorder ä M. Ziindel une medaille d'or ä I'effigie d'Olivier de Serres.
Gelte proposition est mise aux voix et adoptee.
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Strasbourg, typ. U. Fischljacli. — 3347.
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