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MANUEL DU BOUVIER
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La iibrairie d'agriculture de M106 V0 Bouchard-Huzard se compose d'un grand aombre de livres ayanl pour objet de repandre la couaaissauce des amöliöratioas consfat^es par la pratique dans les diverses parties de l'industrie agricole; nous en donnons I'liidicatiou sommaire dans l'ordre de la classification du catalogue que Ton pent se procurer en s'a-drcssant, par lettre afTranchio, a M0quot;1 Ve Bouchard-Huzard, et doot un extrait se trouve a la fin du present volume :
Traites complets d'agriculture.
Engrais, fumier, amendement du sol.
Constructions burales, instruments de labour, pres artificiels, pres natubels, irrigations.
Pommes de terre, fecules, betteraves.
Sucre indigene , navets , choux , panais, lin, cbanvbe, cafe, coton, colza, gabance, olivier, mais, biz, tabac.
liconomie domestique, conservation des grains.
BOIS ET FOBETS, CIIASSE ET pfiCHE.
Jabdins potagebs, fruitiers et d'agrement. vlgnes, v1ns ; pommiebs et poib1ebs, cidre ; biebe, distillation, abt vetebinaire, haras, manege, equitation.
ANIMAUX DE BASSE-COUB, BfrTES A COBNES, BfiTES A LAINE, CHEVRES.
ABEILLES, VEBS A SOIE, OISEAUX DE VOLIEBE.
i¥. B. Les Annales de l'agbiculture fbanqaise font connaitre, le 1quot; de chaque mois, ce qui a pu paraltre d'ouvragos nouveaux sur ces raatitires; le prix de l'abonne-ment ä ce journal est de 15 francs.
BIBUOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
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2855 790 2
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DU
MANUEL
BOUYIER
Oü TRAITE DE LA
MEDECI1 PBATlöUE DES BETES A CORNES
raquo;raquo;All JOSEPH ROBINET
Siiivi de notes mr le belail traduites de l'anglais
PAH M. IICZAKD FILS
D'Uil TRAITE DE L'ENORMSSEHENT DES VEAÜX
DES BffiUFS ET DES TACHES
PAH M. 6R0GNIER
Professeur a l'Ecolo vctcrinaire de Lyon,
ET DE L'ENGRAISSEMENT DES BETES A CORNES, TRADOIT DE L'ALLEUAHD DE FABST
PAR är. MOLL Professeur au Conservatoire imperial des arts et metiers.
OUATRiEME Edition
BM'lJUtE3l£KT I.KIOMH ii ET COKSIDEBABLEniEraquo;! AIJtiUEM'EF..
TOME PREMIER.
PARIS
LIBRAIRIE DE MADAM R VEÜVE BOÜCHARD-HÜZARD
RUE DE L'ePERON, 5.
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PREFACE.
Gelte 6dition est la quatriöme d'un ouvrage dont c'est le meilleur eloge. La derniere date de 1837; la seconde, de 1826; la pre­miere, de 1789 et de 1797. L'auteur 6tait v6t6rinaire et öcrivait h une 6poque oh la science du b6tail etait ä peine n6e; cela se voit, du reste, ä son travail primitif, qui comprenait bien plus de th^rapeulique que de zootechnie. Ce n'en a pas moins 6te une ceuvre de bonne foi et entreprise, ainsi qu'il leditlui-möme, pourlaseule utilitedu public.
A l'öpoque oü il ecrivait, ä 1'exception des travaux de MM. Chabert, Huzard, Lafosse, de Sauvages et Faulet sur la pathologie et les maladies epizootiques, on neconnaissait, sur les maladies ordinaires des ruminants, que la Maison rustique de Liger, le Guide du Fermier traduit de l'anglais, avec le Parfait Bouvier de Boutrolle, tous remplis
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de recettes informes qui s'elaient perp6-tu6es d'äge en age parmi les palres.
La premiere partie de son travail com-prenait des notions tr^s-succincles sur l'education des animaux, 79 pages ä peine, et ce r6sume incornplet n'6tait plus tou-jours ä la hauteur do nos connaissances ac-tuelles. Ce n'est qu'^i la deuxifeme et sur-tout ä la troisifeme edition que le Manuel du Bouvier fut enrichi des travaux originaux et des traductions de MM. Huzard fils, Mangin, Grognier, Pabst et Moll sur la zootechnie. C'est M. Huzard fils qui fit ici le premier con-nattre le remarquable memoire de l'Anglais Kline sur la conformation des animaux.
Les trois premieres Editions elant com-pletement 6puis6es, nous avons cru devoir, en I'offranl au public, la mettre au niveau de la science actuelle, corriger et completer le premier travail de Uobinet, faire dispa-raitre cerlaines erreurs, certaines expres­sions d6sormais hors d'usage; revoir avec soin sa definition des maladies, ses formules m^dicales; enfin remettre 1'ouvrage sur le metier et le polir ä nouveau.
Nous avons done cherchö d'abord ä intro-
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PREFACE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; VII
duire de l'ordre dans la division des ma-lieres, Le premier volume traite exclusive-ment del'economie du b6tail; c'est le Iravail succinct de Robinet revu, corrige et consi-d6rablement augmente. Nous y avons con-servo comme appendice les extraits dont avaient 6t6 enrichies les deuxi^me et troi-sieme editions; ces memoires competent et commentent certains points que nous n'a-vons du dhs lors qu'effleurer dans la pre­miere moitie du volume. Le second a du 6tre en entier reserve a la pharmacie v6t6ri-naire, ä la palhologie et ä la Chirurgie.
Dans celte revision, nous nous sommes aide des travaux r^cemment publics sur ces difftirents points de la science v6terinaire et zootechnique, tels que :
La Maison rustique du XIXe siMe, par MM. Bailly, Malepeyre, etc.;
Cours de multiplication des animaux do-mestiques, par le professeur Grognier;
Cours d'hygiSne väerinaire, et Cours de Zoologie väerinaire, par le meine;
TraiU de l'Economie du Ulail (physiolo-gie, races, amelioration, alimentation, spe­culations), par A. Gobin;
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VIIInbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PREFACE.
TraiU des Maniements qu'on exerce sur les animaux domestiques, par Bardonnet des Martels;
Art de faire le Beurre et les meilleurs Fro -mages, par Anderson, Chaptal, Huzard, Bo-nafous, d'Angeville, de Valcourt, etc.;
Instruction sur la manure de conduire et gouverner les Vaches laitidres, par Chabert et Huzard;
Pathologie bovine, par Gell6;
Traue des Maladies aigues et chroniques qui affcdent les bestiaux, par Devillaine;
TraiU des Maladies des grands ruminants, par Lafore;
Manuel de l'Eleveur de betes a comes, par Villeroy.
Enfin nous avons 6t6, comme le premier auteur, guid6 surtout par le d^sir d'offrirau public un livrc utile; nous avons cherche a resler simple, clair et precis; nous avons 6cart6 de la science les theories arides pour n'en garder que les applications pratiques. Puisse cette öditionetre accueillie avec une faveur ögale a celle des trois pr6c6dentes.
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MANUEL DU BOUVIER.
PREMIERE PARTIE.
ifcONOMlE DES B^TES A CORNES.
CHAPITRE PREMIER. De l'histoire naturelle du boeuf.
Le boeuf est !e plus eslime d'entre les betes ä cornes; il est aise ä nourrir et rend beaucoup de services. Tout le monde doit convenir que le boeuf, le mouton et les autres animaux qui pais-sent l'herbe, non-seulement sont les meilleurs, les plus utiles, les plus precieux pour rhomme, puisqu'ils le nourrissent, mais encore ceux qui consomment et depensent le moins: le boeuf est, i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I
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surtout a cet egard, l'aniraal par excellence, caril rend ä la lerre tont autant qu'il en tire, etmöme il ameliore le fonds sur lequel il vit : 11 engraisse son pälnrage, au lieu que le cheval et la plupart des aulrcs animaux amaigrisscnt en peu d'annees los meilieures prairies (1). Les animaux qui ont des dents incisives aux deux mdchoires, comme le clieval, l'Anc, etc., broutent plus aisöment l'herbe courte que ceux qui manquent de dents incisives ä la machoiresuperieure; et, si le mou-
(1) L'opinion exprimöe ici par l'auteiir d'une manifere ab-solue n'est vraie que rclativement : les jeuncs animaux (;puiscnt plus Ii's pAluragcs que les adultes; ceux qui don-nent du lait ou d'autres prrduits, plus quo ceux qui assimi-lent ponr leur propre comple, comme lesboeufs ctvachesä l'engrais, compares aux vaches laitieres. Mais le boeuf ä l'en-groii lui-rrienio n'am^liorcqa'autant qu'il reste constammcnt nuitetjour au pAluragi'; il en sorait de mÄme pour ie cfte-val el la plupart des aulrcs animaux adultes si on les placait d.iiis des circonslances idenliqups. Encore, dcvons-nous ajoulcr que la cbimio moderne paratt avoir rcconnu qu'une quantile doim^edo fourragc prclev^e sur un champ, coüvertie en fiimier et rendue intcgralement a ce cbamp n'ctait pas cnliercmcnt süffisante pour cntrctcnir sa (icon-dite.
Les raisons sur Icsquclles Tauteur s'appuie un peu plus bas sor.t vraies, mais cllos prouvcnt surtout qu'il faut choisir pour cliaque espöce d'animaiu le püturage qui lui convient, et ä chaque pAtnrage son rspfcce de bctail; qn'on outre les aniniaus d'cspices dilTorcntes dnivent, autant que possible, so succi'dcr sur le mime pAturage. de fagon a ce qu'il n'y rcste pas de refui.
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DU BOUVIER.
Ion et la chevre la coupenl de tres-pres, c'est parce qu'ils les ont petites, et que leurs levres sont minces ;maisle boeuf, dontles levres sont epaisses, ne peut brouter que 1'herbe longue, et c'est par celte raison qu'il ne fait aucun tort au päturagc sur lequel il vit. Comme il ne peut pincer que l'ex-tremile des jeunes herbes, il n'en cbranle point la racine et n'en retarde que peu l'accroissement; au lieu que le mouton et la chevre les coupent de si pres, qu'ils dötruisent la tige et gätent la ra­cine. D'ailleurs, le cheval choisit l'herbe la plus fine, et laisse grener et se multiplier la grandc herbe, dont les tiges sont dures; au lieu que le boeuf coupe ces grosses tiges et damp;ruit peu ä peu l'herbe la plus grossiere, ce qui fait qu'au bout de quelques annees la prairie sur laquelle le cheval a vecu n'est plus qu'un mauvais pro, tandis que celle que le boeuf a brout^e devient un pAlurage fin. Mais ce ne sont pas les seuls avantages que ce betail procure a l'homme. Sans le boeuf, les pauvres et les riches auraient beaucoup de peine a vivre, la terre demeurerait inculte (dans les en-droits oü il n'y a point de chevaux), les champs et les jardins seraient sees et steriles : c'est sur Imquot; que roulent tous les travaux de le campagne; il est le domestique le plus utile de la ferme, le sou-
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tion du menage champßtre; il fait toute la force de Tagriculture. Autrefois il faisait loute la ri-chesse des hommes, et aujourd'hui il est encore la basä de l'opulence des Etats, qui ne peuvent se soutenir et fleurir que par la culture des terres et par l'abondance du bötail, puisque ce sont les seuls bicns reels; tons les autres, et mßme l'or et l'argent, n'etant que des biens arbitraires, que des representations, des monnaies de credit, qni n'ont de valeur qu'autant que le produit de la terre leur en donne.
Le boeuf ne convient pas autant que le cheval, l'äne, le mulet et le chameau pour porter les far-deaux; mais la grosseur de son cou et la largeur de ses öpaules indiquent assez qu'il est propre ä tirer et ä porter le joug. C'est aussi de celte ma-niere qu'il tire le plus avantageuseraent; etil est singulier que cet usage nesoit pas general, et que dans des provinces enlieres on l'oblige ä tirer par les cornes (1). La seule raison qu'on en puisse donner, c'est que, quandil est attelepar les cornes,
(1) Cette opinion de l'auteur a eu et a encore des parti­sans qui pröftrent le collier au joug, surtout pour les char-rois. Tout le monde reconnalt que le joug double met l'ani-mal dans des conditions de tirage dfcavantageuses, qu'il a inihne quelque chose de barbare par la g6ne cruelle qu'il cause pendant les chaleurs, mais, avec son aide, on obtlent
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on le conduit plus aisemenl. II a la töte tres-forte, et il ne laisse pas de tirer assez bien de cette ma-niere, mais avec beaucoup moins d'avantage que quand il tire par les ^paules. II semble avoir 6te fait exprespour la charrue; la masse de son corps, la lenteur de ses mouvements, le peu de hauteur de ses jambes, tout, jusqu'ä sa tranquillite et sa patience dans le travail, semble concourir ä le rendre propre ä la culture des champs, et plus capable qu'aucun autre de vaincre la resistance constante et toujours nouvelle qqe la terre oppose h ses efforts. Le cheval, quoique peut-6tre aussi fort que le bceuf, est moins propre ä cet usage ; il est trop eleve sur ses jambes, ses mouvements sont trop grands, trop brusques, et d'aiileurs il s'impatiente et se rebute trop aisamp;nent : on lui öte m6me toute la legerete, toute la souplesse de ses mouvements, toute la grace de son attitude et de sa demarche, lorsqu'on le reduit ä ce travail pesant, pour lequel il faut plus de Constance que d'ardeur, plus de masse que de vitesse, et plus de poids que de ressort.
des sillons plus rtguliers. Le joug simple,quand les animaux y sont dresses depuis leur jeunesse, lui est preferable et semble bien plus (Sconomique que le collier (voir les expe­riences de M. Eugene Gayot, Agriculture de VOuest, annde 1847).
I.
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Les animaux les plus pesanfs et les plus pares-seux ne sont pas ceux qui dorment le plus pro-fondöment ni le plus longtemps, Le bceuf dort, mais d'un sommeil court etl^ger; il se reveille au moiudre bruit; il se couche ordinairement sur le cöte gauche, et le rein de ce cöte esl toujours plus gros et plus chargö de graisse que le rognon du cöte droit.
Le cheval mange nuit et jour, lentement, mais presque continuellement 5 le bceuf, au contraire, mange vite et prend en assez peu de temps, dans une heure, toute !a nourriture qu'il lui faut; apres quoi il cesse de manger et se couche pour ruminer. Gelte difference vient de la differente conformation dans l'estomac de ces animaux. Le bceuf, dont les deux premiers eslomacs (qui sont la panse et le bonnet) ne forment qu'un mßmesac d'une tres-grande capacite, peut, sans inconve­nient, prendre ä la fois beaucoup d'herbe, et le remplir en peu de temps pour ruminer et digerer ä loisir.
Le cheval, qui n'a qu'un petit estomac, nc peut y recevoir qu'une petite quantite d'herbe, ctle remplir successivement a mesure qu'elles'af-faisse et qu'elle passe dans les intestins, oüse fait principalementla decomposition dela nourriture;
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DU B0UV1ER.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 7
car M. de Buffon ayant observe, dans le bocuf et dans le cheval, le produit successif de la d ges-tion, et surtout la d6composition du foin, il a re-marque, dans le boeuf, qu'au sortir de la partie de la panse qui forme le second estomac (ou bon­net) il est r^duit en une espece depute verte, sem-blable ä des 6pinards haches et bouillis, que c'est sous cette forme qu'il est retenu dans les piis du Iroisieme estomac (ou feuiilet), que la decomposi­tion en est entiere dans le quatrieme estomac (ou cailletle), et que ce n'est, pour ainsi dire, que le marc qui passe dans les intestins; au Heu que, dans le cheval, le foin ne se decompose guero ni dans l'estomac ni dans les premiers boyaux, ou il devient seulement plus sonple et plus flexible, comme ayant ete maccre et penelre de la liqueur active dont il est environne; qu'il arrive au coe-cum et au colon sans grande alteration, que c'est principalement dans ces deux boyaux, dont l'e-norme capacilö röpond ä celle des animaux rumi­nants, que se fait, dans le cheval, la decomposi­tion de la nourriture, et que cette decomposilion n'est Jamals aussi entiere que celle qui se fait dans le quatrieme estomac du boeuf. Voyons mainte-nant ce que c'est, et comment se fait la rumi­nation.
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La ruminaüon cst un mouvement natiirel de l'estomac, de la bouche et des autres parties, qui succede h une autre action des m6mes parties; en sorte que, par le moyen de ces deux actions, l'a-liment mange ä la hAte est de nouveau report^ ä la bouche, oü il est remäche, puis avalö une se­conds fois, et cela au bien et ä l'avantage de l'a-nimal. On voit, par ce que je viens de dire, que la rumination n'est autre chose qu'un vomisse-ment sans efforts, occasionne par une contraction particuliere du premier estomac sur les aliments qu'il contient.
Le bceuf remplit ses deux premiers estomacs tont anlant qö'ils peuvent l'ötre. La membrane tendue reagit done pour lors avec force surl'herbe qu'elie conlient, qui n'est quetres-peu müchee, ä peine hachee, et dont le volume augmente beau-coup parla fermentation.
Si l'aliment elait liquide, cette force de con­traction le ferait passer dans le troisieme estomac, qui ne communique a l'autre que par un conduit etroit, dont l'orifice est situea la partie sup^rieure du premier, et presque-aussi haut que celui de i'oesophage. Ainsi ce conduit nepeut pas admettre cet aliment sec, ou du moins il n'en admet que la partie la plus coulante. II est done n^cessaire
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que les parties les plus seches remontent dans l'cesophage, dont l'orifice estplus large que celui du conduit; ellesy remontent en effet, l'animal les remäche, les triture, les imbibe de nouveau de sa salive, et rend alnsi peu-ä peu l'aliment plus coulant : il le röduit en pdle assez liquide pour qu'elle puisse couler dans le conduit qui commu­nique au troisi^me estomac, ou eile se macere encore avant de passer dans le quatrieme, et c'est dans celte caillette que s'acheve la decomposition du foin, qui y est reduit en parfait mucilage. Ce qui confirme la verite de cette explication, c'est que, tant queles veaux tettent,ousont nourrisde lait et d'autres aliments liquides et coulants, ils ne ruminentpas; qu'ilsruminentbeaucoupplusen liiver, lorsqu'on les nourritd'aliments secs.qu'en ete, pendantlequel ilspaissent l'herbetendre.
Si le bceuf est le plus eslime d'entre les b^tes ä cornes, par les services qu'il nous rend pendant sa vie, il ne Test pas moins apres sa mort. La chair du boeuf est d'un usage familier et raquo;tile chez presque toutes les nations du monde; eile nourrit beaucoup, produit un aliment solide et resserrant pour le ventre. La chair du taureau, au contraire, est tres-seche, d'une saveur dös-agreable et de difücile digestion. La vache donne
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une chair de mauvaise quality, dare et sans sue, principalement lorsqu'elle est trop vieille (1). Mais on.fait grand cas du veau de lait, dont la chair est trös-agreable et tres-salubre; eile re-likhe le venire, convient aux personnes faibles, sedentaires et affectees de la poilrine. Tout le monde sait que le produit de la vache est un bien qui croit et qui se renonvelle a chaque instant, que son lait est 1'aliment des enfants, la creme et ie beune l'assaisonnement de nos mets, et le fro-mage la nourriture la plus ordinaire des habi­tants de la campagne. Outre ces avanlages, on sait que ces animaux nous fournissent, apramp;s leur mort, leurs peaux (2), leurs cornes, etc., qui servent ä une infinite d'ouvrages.
(1) Nous ne pouvons laisser passer saos commentaires ce qne dit ici Taiiteur : on est reveau, depuis quelques annees, de I'opinion qu'il exprime rclativemcnt a la viande de vache. A age semblablc, h qualitc d'engraisscment ögale, eile est plu-töt supiSrieure qu'inferieure an boeuf par la tendretö, la sa-veur et la finesse. Les concours de vaches grasses de Lille et de Poissy, les etudes de M. Baudemcnt, les efforts des cul-tivateurs instruifs et des bouchers intelligents ont r^habilite la viande de vache.
(2J On n'ignore pas que les peaux de ces animaux formcut une des principales branches du commerce; mais bien des personnes ignorent peut-ßtre que les maladies ^pizootiqucs peiivent sc propager par les cuirs qui nous viennent de Vi-tranger : e'est ce que Von verra dans la demure partie.
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DU BOUVIER.
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CHAPITRE II.
De l'äge des betes ä cornes.
Le moyen ie plus sür de connaitre Vdge du taii-reau, du boenf et de la vache, c'est Tinspection des denls et celle des cornes. Le bceuf, comme tous les autres animaux ruminants, n'a point da dents incisives ä la maclioire sup^rieure; mais, a leur place, il a une espece de bourrelet forme de la peau Interieure de la bouche, qui est fort öpaisse en cet endroit : le devant de la mAchoire infe-rieure est garni de huit dents incisives, qui sont de differente longueur, et disposees de maniere que celles du milieu sont les plus iongues et les plus larges, et que les aulres vont toujours en di-minuant. Le boeuf n'a point de crochets, c'est-ä-dire de dents canines; les premieres grosses denls, qu'on nomme molaires ou mächelieres, sont eloignees des dernieres denls incisives d'en-viron 0m,09; elles sont au nombre de douze h chaque mächoire, six de chaquc cöte.
Les premieres dents de devant ou du milieu Ini tombent a dix mois et sont remplacees par deux
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autres dents, qui sont plus larges et moins blanches.
A seize mois, les dents de lait, voisines du mi­lieu, tombent et sont remplacees par deux autres dents qu'on nomme müoyennes.
A trois ans, toutes les dents incisives ou du devant sont renouvel^es; elles sont alors egales, longues et assez blanches : ä mesure que le bceuf avance en äge, elles s'usent et deviennent ine­gales et noires (i).
Les perfectionnements que, depuis le commen­cement de ce siecle, les Anglais ont fait subir ä leurs races bovines et ovines, et qui avaient pour but de rendre leur d^veloppement plus pr^coce, eurent pour consequence aussi de hdter la denli-lion; si bien qu'il a fallu recourir h de nouvelies observations afin de pouvoir determiner I'äge dans les races. Un veterinaire anglais, M. Simonds, d'apres de nombreux renseigneraents, a determine
(1) Les autcurs sont partagds sur l'cpoque ä laquelle tora­beut les dents de lait; voici ce qu'il y a de plus certain i cet Igard : ä dix-hnit mois, les deux dents du milieu, ou les pinces, tombent et sont remplactäes; ä deux ans et demi, les dents suivantes et les deux premiircs mitoyennes; h trois ans et demi, les secondes mitoyennes; ü quatre ans et demi, les coins, de manifere qu'ä cet ige seulement, ou ä cinq ans au plus tard, toutes les incisives de lait sont remplacdcs. {Hole de M. Huzard flls.)
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les diverses phases de la dentition dans les races tres-pr^coces (Durham, Devon, Hereford, etc.) et dans les races precoces (Angus, Galloway, Suf­folk, etc.). Nous resumerons, dans le tableau sui-vant, ces donnees appliquees ä I'espece bovine et que ML Raynal nous fait connaitre dans son ar­ticle Age du Dictionmire pratique de medecine et de Chirurgie veterinaires :
Age.
21 mois.
Races tres-precoces.
Paires remplacees et numbie tie dents.
Pinces. Deux dents.
2 ans 3 mois..
2nbsp;ans 9 mois..
3nbsp;ans 3 mois. .
Premieres mitoyennes. Quatre dents. Secondes mitoyennes. Six dents. Coins.
Huit dents.
Races precoces.
Age.
2 ans 3 mois.
2nbsp; ans 9 mois.
3nbsp; ans 3 mois. 3 ans 9 mois..
Paires remplacees et nombre de dents,
Pinces. Deux dents. Premieres mitoyennes. Quatre dents. Secondes mitoyennes. Six dents. Coins.
Huit dents.
Dans nos races communes, le veau vient au monde avec ses pinces et ses premieres mi-I.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2
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toyennes, sinon, elles paraissent da 1er au 5e jour; les secondes mitoyennes font leur eruption du 5e au I0e jour. et les coins du iOe au 20e. Les coins sont rases au -lO6 mois, les premiamp;res mitoyennes au 12quot; mois, les secondes mitoyennes au 15deg; et les coins au 18deg; mois.
Les dents adultes ou de remplacement font leur eruption : les pinces, de 18 ä 24 mois; les pre­mieres mitoyennes, de 2 a o ans; les deuxiemes mitoyennes, de 5 ä 4 ans, et les coins, de la 4e h la 5quot; annee. Les pinces sont rasees ä 6 ans, les premieres mitoyennes a 7 ans, les secondes mi­toyennes ä 8 ans, et enfin les coins ä 9 ans. De 10 ä 11 ans, l'etoile dentaire apparait sur les pinces et les premieres mitoyennes ; del/läl2ans, sur les secondes mitoyennes et les coins; de 12 ä 14 ans, l'etoile dentaire prend sur les pinces et les premieres mitoyennes une forme arrondie, et de 14 ä IG ans sur les secondes mitoyennes el les coins.
Les corncs du boeuf et de la vache sont lisses, unies jusqu'a trois ans, et formtnt une pointc assez reguliere.
Quand l'animal a trois ans revolus, il se forme ä la base des cornes, pres la lete, une espece de bourrelet; a qualre ans, ce bourrelet est pousse
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DO BÜUVIEn.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 15
on avant par im aulre bourrelet, et ainsi de suite, d'annce en ann^e : ces bourrelels forment des nceuds annulaires qu'il est assez aise de dislin-guer, et par lesquels Vage se peat aisemenl compter, en prenant pour Irois ans la pointe de la corne jusqu'au premier noeud, el pour un an de plus chacun des bourrelels ou nceuds annu­laires.
Le taureau, a un an, peut couvrir avec fruit des genisses de neuf ä dix mois; mais il est, ä deux ans, en pleine pubertc, et la vache ä dix-huil mois. Quoiqu'il puisse dejä engendrer a cet age, on fera bien d'attendre jusqu'ä deux ans avant de lui permettre de s'accoupler. Ces ani-maux sont dans leur grande force depuis trois ans jusqu'ä neuf; mais on ne doit pas attendre ce der­nier age pour les livrer a la boucherie apres les avoir engraisses; quant au taureau, rarement on le conserve plus longtemps que cinq ä six ans, parce qu'il devient alors, le plus souvent, lourd el mechant; il n'y a guere que les reproducleurs d'elite pour lesquels on fasse exception. Comme iis prennenl en deux ans la plus grande parlie de leur accroissement, la dureede leur vie est aussi h peu prhs de deux fois sept ans; cependant il y en a qui vivent jusqu'a vingt-qualrc ä vingl-cinq ans.
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CHAPITRE III. Choix d'un taureau.
Le taureau, comme on sait, est le male ou l'^talon de la vache; il seit principalement ä la propagation de l'espece depuis un an jusqu'ä neuf.
Dans le choix qu'on veut faire d'un taureau, il faut tenir compte du service auquel on destine les produits, travail, lait ou engraissement pre-coce. Le semblable produit generalement le sem-blable, mais il faut aussi tenir compte de l'in-fluence qu'exerce la mere sur la conformation et les aptitudes des produits.
Le taureau pour le travail devra avoir : l'ceil noir, le regard fier; la töte courte et large, le front ouvert; les cornes grosses, courtes et noires, les oreilles longues et velues, le mufle large, le nez court et droit; le cou charnu et gros; les epaules obliques, la poitrine large; les reins et le dos droits; les jambes grosses et charnues; la queue longue et bien couverte de poils, l'allure
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ferme et sure; le fanon descendu et flollant; le poil luisant, epais et doux au toucher.
Le taureau pour le lait aura le train posterieur (bassin) plus developpe relativement que l'ante-rieur (poltrine); il aura la culolte descendue et volumineuse; le corps long, le ventre un peu ra-battu, le flanc etendu, les membres hauts et fins; le cuir souple et couvert de poils soyeux; ses cornesserontlongues et minces; la queue longue et fine; le perinee portera un large ^cusson (Sys­teme Guenon).
Le taureau pour l'engraissement sera conforme tout au rebours du precedent; il aura la töte large et courte, l'encolure courte et legere; les cornes grosses ä la base et courtes; l'ceil grand et doux; la poitrine tres-vasle en tous sens; le dos long et les reins courts; le bassin large; la queue grosse a la base et courte; le flanc court et le ventre peu tombant; le sternum tres-descendu; les membres courts, charnus a leur partie superieure, tres-Gns aux canons.
Comme les aptitudes sont, en general, Wredi-taires, on devra tenir grand compte de la qualite des ascendants: le taureau de travail descendra d'un pere et d'une mere ayant montre de 1'apti­tude a ce service; le taureau de laiterie sera tils
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d'une vache bonne laitiere; le taureau d'engrais (le?cen(lra d'une famille qui, depuis plusieurs an-nees, se sera fait remarquer par sa precocitü et son aptitude a I'engraissement.
Son age dependra aussi du service auquel on le destine : pour produire des animaux de travail, il devra 6tre adulte, et avoir de 4 a 7 ans; pour la laiterie, dc 3 ä 6 ans; pour la graissc, de 2 a 5 ans. De mtime aussi, suivant son tlge et les produits qu'on lui veut demander, on limitera on on etendra le nombre de vaches qu'il pourra saillir, moins s'il est jcune, plus s'il est adulle; moins si on veut des animaux de laiterie ou de travail, plus si on desire des betes d'engrais. Termc general, un taureau pent suffire ä 50 ou (JO vaches, parfois meme ä 80, mais c'est un abus, et sa fccondiie devient alors problematique.
Quoiqu'on puisse soumettre le taureau au tra­vail, on est moins sür de son obeissance que lors-qu'il a subi la castration, et il faut etre eu garde centre I'usage qu'il pent faire de sa force. laquo; La nature, dit M. de Bufifon, a fait cet animal indo­cile et fier; dans le temps du rut, il devient in-domptablc et souvent furieux. raquo;
Le taureau combat gencreusement pourle trou-peau et marche le premier a la tele. S'il y a deux
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du bouvieh.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;19
troupeaux de vachcs dans une prairie, les deux taureanx s'en dctachent et s'avancent Tun vcrs l'autre en mugissant. Lorsqu'ils sont en presence, ils s'entre-reganJent de travers et ne respirent que la vengeance; ils grattent la tcrre avec leurs pieds et font volcr la poussiere par-dessus leurs dos; ils se joignent bientöt avec impetuosile, se battent avec acharnement, et ne cessent le com­bat que lorsqu'on les separe, ou que le plus faible cst contraint de ceder an plus fort : pour iors le vaincu se retire tout triste et tout honteux, tandis que le vainqueur s'en retournc l6le levee, triom-phant, et tout fier de sa victoire. J'en ai vu qul passaient la riviere pour aller combattre avec le laureau du village voisin, et revenaient ä la nage pour rejoindre leurs troupeaux. Get animal va hardiment au devant de l'ennemi; il ne craint ni lo chien ni le loup, pas m^me l'ours ni le lion ; enfin, dans les combats, tant publics que particu-liers, qu'il a a soutenir, soit contre les hommes, soit contre les animaux, il fait face aiix assaillanls avec tant de courage, qu'il ne succombe qu'a la derniere extremile.
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CHAPITRE IV. Choix du boeuf de travail.
Un bon boeuf pour la charrue ne doit 6tre ni Irop gras ni trop maigre; il doit avoir, ainsi que le taureau, la t6te courte et ramass6e, l'oreille grande, velue et unie, la corne forte, luisanle et de moyenne grandeur, le front large, les yeux gros et noirs, les naseaux ouverts, la dent blanche et egale, les levres noires, le cou charnu, les epaules grosses, larges et chargees de chair, le fanon pendant jusque sur les genoux, les reins larges et forts, le ventre spacieux et tombant en bas, les flaues grands, les hanches longues, la croupe epaisse, les cuisses et les jambes grosses, charnucs et nerveuses, le dos droit et plein, la queue pendant jusqu'ä terre et garnie de poils Ans et touffus, les pieds fermes, les sabots courts et larges; il faut aussi qu'il soit jeune, docile, sensible ä l'aiguillon, obeissant ä la voix et bien dresse.
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CHAPITRE V.
Choix du bceuf d'engraissement.
Lorsque nous engraissons nos boeufs de trait pour en tirer parti avant Vage de la vieillesse, nous ne les choisissons pas; il en est autrement lorsque, en foire ou en ferme, nous achetons des animaux afin de leur faire consommer l'exeedant de nos fourrages; nous pouvons, dans ce cas, nous montrer difflciles et choisir les plus dignes d'esperance.
Prenons-le clone h Tage de quatre ä sept ans-, plus jeune, il profiterait en taille plus qu'en lar-geur; plusdge, l'organisme affaibli tirerait moins bon parti de la nourriture. Sa taille et son poids vif seront moyens; les petits animaux sont raieux conformes que les grands et assimilent mieux les aliments; mais ils sont d'une vente souvent moins facile et donnent un peu plus de d^chets. Sa poi-trine sera vaste en tons sens, mais gardons-nous qu'il soit sangle en arriere des ^paules; sattle sera un peu longue, mais etroite et fine; son en-
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colurc courlc et gr^le; ses reins larges el droits; son dos long, sa cöte bien arrondie; son flanc rempli; ses handles ecartees et bien arrondies; sa queue large ä rattache et fine au fouet; son venire bien soutenu, ses cuisses charnues et bien descendues; ses bras et avant-bras musclös; ses membres courts et fins; ses cornes assez grosses, rnais fines ä la pointe, courtes, lisses et blanches, plulot renversees en avant qu'en arriöre ; sa peau moyennementepaisse, et son poll court etsoyeux, ou frise el fin ; son pelage sera plutöt bianc ou de couleur claire que noir ou de couieur foncee.
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CHAPITRE VI.
Choix de la vache laitiere.
II y a longtemps que les praticicns ont remar-que que les meilleures vaches laitieres ne sont pas les plus belles du Iroupeau, et reciproque-ment. C'est qu'en effet il y a une conformation speciale ä chaque aptitude; si la conformation est mixte, les aptitudes seront mixtes, soil qu'elles coexistent, soit qu'elles alternent. Quoiqu'ou en ait pu dire, il n'y a aucunerelation normale entre la s^cnHion du lait et celie de la graisse. Mieux une vache est conformce pour I'engraissement et moins eile donne de lait, mais plus aussi son lait est cremeux. Si quelques individus a peine font exception a cette regie que la physiologie justifie de reste, les races y sont fideles, aussi bien celles de Durham, de Devon, d'Ajrshire, que celles normande, charolaise et bretonne.
Dans les races laitieres, chez les animaux lai-liers, c'esl le developpement du train posterieur qui Temporte sur celui de l'anterieur : le bassin
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large, la poitrine etroite, voila 1'observation; la science en donne jusqu'ä un certain point I'ex-plication. Mais, pour tout observateur de bonne foi, il est evident que la chevre est le type de la böte productrice de lait; plus une vache se rap-prochera de ce type de conformation, plus son aptitude sera developpee.
Faire le portrait do la chevre, c'est done faire celui de la vache laitiere. Voyons: comes longues, plates, pointues, recourbees en arriere, noires plutot que blanches; t6te Etroite, fine, mais un peu longue; l'üeil grand, doux, avec leglobe sail-lant; la poitrine haute (le garrot saillant), mais etroite, sangl^e derriereles epaules et peu descen-due pa* en bas; le dos court; les reins larges et longs; le flanc large; le bassin aussi large et aussi long que possible; la queue fine de son attache ä son extramp;nitö, cylindrique et non aplatie; les membreslongs, fins et sees; la derntereetl'avant-derniere des fausses cötes avortees, e'est-a-dire ne descendant pas s'attacher jusqu'au cercle car-tilagineux qui r^unit les autres; les ganglions de l'aine saillants sur la corde du flanc; le pis volu-mineux, mais souple et moelleux et non charnu, sillonne de veines grosses et nombreuses, avec les trayons allonges, dcartelaquo;, bienperces et, en arriere
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un, deux, trols, ou mörne quatre autres trayons rudimentaires; les portes du lait larges et pro-fondes, les veines du lait grosses et sinueuses; le perinee garni d'un e'cusson (SystemeGuönon) large et haut, descendant aussi has que possible entre les cuisses et jusque sur la mamelle; cet ecusson peut et doit renfermer, tant sur le perinee que sur le pis, d'un ä quatre ovales, mais pas d'epis; les veines du perinee seront grosses, flexueuses et raraifiees. Le ventre sera d^veloppe et descendu proportionnellenaent ä Vage; la peau sera jau-nAtre et couverte, sous le poil, de secretions se-bac^es, sous formed'^caillessemblables ä du son; rint^rieur des oreiiles pr^sentera l'indice abon-dantd'autres secretions, le cerumen; la peau sera souple, fine et bien dötach^e, surtout si l'animal est en lactation; le poil sera finetlisse, de couleur claire plulöt que fonc^e.
Nous ne pouvons entrer ici dans les explica­tions scientifiques de cette conformation; mais tous les veritables praliciens reconnaitront la jus­tesse des observations rassemblees par Lemaire, et pourront se reporter a ses travaux publies dans le Recueil encyclopddique d'agricullure.
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CHAPITRE VII. De 1'alimentation des betes ä cornes.
DE LA NOURRITÜRE.
L'experience de tous les lieux et de tous les temps a demon Ire que les betes ä cornes, trans-porlees d'un pays eloigne, exigent des soins par-liculiers jusqu'ä ce qu'elies se soient accoutumees au nouvcau climat sous lequel elles habitent, et que l'omission de ces soins entmine presque toujours le deperissement et la perte des ani-maux.
S'i! est essentiel de donner aux vaches, et sur-tout ä celles nouvellement importees, unc nour-riture abondante, il ne Test pas moins de la leur donner de bonne qualite : e'est meme un fait ge-neralement reconnu, qu'une petile quantile de nourritare bien choisie et bien soine est infini-ment plus profitable aux anlmaux qu'une grandc quantite de nouniture viciee.
La nourriture des vaches est de deux sortes, verle ou s^che.
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Ou Ton donne la premiere h I'ötable, ou on la laisse paltre, ce qui est, sans contredit, la meü-leure methode, celle qui est la plus conforme au voeu de la nature.
Dans le premier cas, on doit avoir attention de ne donner que pen de nourrilurc a la fols, et d'en donner souvent; on 6vite, par ce moyen, que les vaches n'en mangent une trop grande quantite et ne se donnent des indigestions, ou qu'eiles ne s'en dögoütent et ne la rejettent apres I'avoir alteree avec leur haleine. En ne mangeant que peu d'aliments ä la fois, elles les broient mieux, elles ruminent davantage, et la sante et l'embon-point sont toujours la suite de la perfection de celte operation.
II est fort pcu de plantes qu'on ne puisse ainsi donner en vert ä ratable; les plus ordinaires sont la luzerne, 1raquo; trefle, le sainfoin, les coqueli-cots (1), le colza, la piraprenelle, les carottes, les raves, les navets, les cboux, les turneps, la sanve ou faux seneve, les lailues, les pommes de terre,
(1) Je ferai observer que les coquelicols, et mömc la lu­zerne et le Irfefle, deviennent souvent funestes aui vaches, qui en mangent avec aviditö et sans discrölion; ces plantes, quoique bonnes, doivent 6trc mamp;lees avec des nourritures moius succulentes, afm d'eviter Ic3 euflurcs, et la mort niiVnc, si on ne les secourt a propos.
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le persil, les boutons et les feuilles d'orme, de frfene, d'erable, depeuplier, desaule, latralnasse, les vesces, les cosses de pols, de feves; enfin presque toutes les plantes de jardins, ainsi que celles qu'on trouve dans les champs apres la moisson.
Lorsqu'on donne des racines de carottes, de navels, etc., aus vaches, il est important de les leur hacher, autrement on les exposerait ä 6tre suffoquees, ce qui n'arrive que trop souvent.
II est essentiel d'etre tres-reserv6 sur la lu-zerne; outre qu'elle est tres-echauffante, et que le lait qu'elle fournit a peu de qualite, eile donne, aux vaches qui en ont mange avec exces, des indigestions dont elles perissent souvent.
On doit user de la möme reserve pour les feuilles d'orme, de fröne et autres arbres : prises avec exces, elles occasionnent le pissement de sang, des diarrhees dyssenteriques, des enflures du ventre et d'autres maladies graves et souvent morlelles.
On ne doit jamais donner aux vaches de ver­dure ^chauiFee; eile est la cause ordinaire d'un grand nombre de maladies.
On altendra, pour cueillir l'herbe deslin^e ä nourrir les vaches, que le soleil ait abattu la ro-
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samp;j 5 il serait tres-dangereux de la leur presenter lorsqu'elle en est encore couverte (1).
On ne donnera aux vaches, autant qu'on le pourra, quede l'herbe qui ait acquis la maturitö, c'est-a-dire dont les fleurs commencent ä s'epa-nouir. Plus tard, eile est trop müre, et ses tiges sont dures (2); plus t6t, eile manque de sue, nourrit moins et est plus sujelte ä fermenter dans l'estomac des animaux qul s'en nourrissent.
Lorsqu'on laisse les vaches prendre elles-m6mes leur nourrilure dans les champs, on dolt avoir grand soin de no les faire sortir que lorsque la
(1)nbsp; Ceci est une opinion reconnue fausse : lt;#9632; On a cru laquo; longtemps, dit M. Sanson, quo la ros£e avail une part dans laquo; la production de ees accidents (metcorisation ou ballonnc-laquo; ment), et Ton recoramandait de ne point faire consommer laquo; par les animaux ruminants, boeufs ou moutons, des four-laquo; rages de Wgumineuses qui en ^taient couverts. On sait a rnaintenant que cette part est, en tons cas, fort indireclc, laquo; et que e'est la chaleur du soleil qui dispose ccs fourrages 0 h fermenter. A telles enseignes que le meilleur moyen de laquo; les rendre inoffensifs, lorsqu'ils ont et6 insoles, est dc les n arroser d'eau froide. Ces lögumineuses couvertes de rosee laquo; ne produisent point la memorisation, quand elles sont con-laquo; sominlaquo;es avant d'avoir subi l'actioa des rayons solaires.raquo; (Notions usuelles de medecine veterinaire, p. 41.)
(2)nbsp; On sait que les herbes sont plus nourrissantes dans la force de leur croissauce que quand 1c froid arrtte leur ve­getation ; aussi remarque-t-on que le lait est moins bon quand les vaches mangent des herbes qui ne croissent plus que lorsqu'elles poussent.
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rosee sera dissipee, par les raisons qui ont dejä cle indiqntes. Si la pälure est peu abondante, on Ics y laisse en libertc ; si, au conlraire, eile l'etait beaucoup, commelesluzernes, les Irefles, les sain­foins, les piraprenelles, lespavots ou coquelicots, et les autres prairies arlificielles, on attache les vaches ä une corde fixöe ä un piquet plante dans le champ, et on ne leur abandonne que la quan-titequ'on veut leur faire depouiiler. Lorsqu'elles Font consommöe, on les laisse quelque teraps sans les changer, pour leur donner celui de ru-miner; apres quoi, on retire le piquet, qu'on re­place un pen plus loin. Ce deplacement doit fc faire quatre ä cinq fois par jour au moins. II no fant pas croire qu'on puisse s'en dispenser, en abandonnant a chaque fois une quantite conside­rable de nourriture; les vaches alors en mange-raient aveecxecsetsedonneraient des indigestions (rcs-dangereuses; ou, apress'6tre rassasiees, ellcs galeraient ce qui resterait, et prendraient du de-gout pour cetle nourriture. Peu et souvent, e'est une raaxime qu'on ne doit jamais perdre de vue lorsqu'on nourrit des vaches; elles s'en por­tent mieux , et fournissent une plus grande quantite delail (1). (I) La uourriture de cerlaincs plantes dout useat les
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Pour empfecher les vaches raises au piquet de se prendre dans leur longe (ou corde) et de la raccourcir en la lournant, on se sert d'une corde divis^e dans son milieu par un morceau de bois perce par les deux bouts, qu'on nomme tourillon : la corde est fix^e aux anneaux du tourillon, de maniere qu'elle puisse y tourner aiseraent. II faut que la corde qui tient a la t6te soitplus longue quele corps de la vache, afin que le tourrillon ne puisse la blesser.
II est tres-important de ne point faire paitrc les vaches (non plus que les boeufs) dans les mo-inenls les plus chauds de la journde ; la grande chaleur les fatigue exlr6mement, les moachcs les tourmentent, et la quantilö du lait diminuc sensiblement.
On doit faire sortir les vaches pour paitre , on seulement pour se promener, tons les jours, dans toutes les Saisons de l'annee, ä moins quo le temps ne soit extremement mauvais : on pro­file du moraent qu'elles sont dehors pour relircr les litieres et en remeltre de fraiches.
Lorsqu'on nourrit les vaches au sec, la pre­miere attention a avoir, c'est que la nourriture
vaches influe beaucoup sur la qaalite du lait. Voylaquo;, ä cet pffet, les Proprieles du lait, ci-aprte.
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soit de bonne qualite; et la seconde, qu'elle soit donnee en quanlilc süffisante. Sans ces deux con­ditions, ce serait en vain qu'on attendrait du be-nöfice des vaches qu'on nourrit (1).
Les fourrages echauffes, rouiiles, mal recoltes, poudreux, nourrissent mal, donnent peu de lait et de mauvaise qualite, et sont la source d'une infinite de maladies. Les foins artißciels de se­conde et m6me de troisieme coupe, lorsqu'ils sont de bonne quality, et qu'ilsont 6le coupes etserres par un temps favorable, paraissent convenir mieux k la nature des vaches que ceux de premiere coupe, dont les tiges plus dures se digereut moins bien et donnent moins de lait.
Toutes les plantes vertes dont nous avons dit qu'on pouvaitnourrir les vaches peuvent leur 6tre donnees desstehees : on leur donne, en outre, les pailles d'avoine, de seigle, de ble, ou battues ouen gerbees; les menues pailles, les pois, les fe-veroles, les graines de lin, de chanvre, l'orge ou
(1) Dans les armces de disette, on est sonvent contraint de presenter aux bestiam des feuilles de briadille, d'ölagage, et autres nourritures extraordinaircs auxquelles ils ne sont pasaecoutumes. On invite et exhorte lescultivateurs ä asper. ger, avec de l'eau l^girement salee, les nourritures de leurs bestiaux ; ils les mangeront avec plus d'appetit, et cet usage prtviendra une partie des maladies qui suivent ordinaire-racut les disettes.
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crueou bouillie, ce qui est pröförable; le son, les criblures, le gland, les feuilles d'arbres fan^es, les marcs de navelte, de noix, de colza, de raisin, etc.
Les vachess'aecommodenttres-biendecesdiffe-rentes nourritures, lorsqu'on les leur donneavec menagement, et qu'on les affoure six foispar jour au moins. Si cette attention exige quelques soins de plus, on en est amplement dödommag^ par la quantite et la qualiti; du lait.
On rend les pailles plus appetissantes, lorsqu'on les mole, couche par couche, avec le foin qu'on veut garder pour l'hiver : on a l'attention, dans ce cas, de ne pas laisser le foin se dessöcher au-tant que si on le serrait pur; 11 n'est pas sujet ä s'echauffer, son humidite ötant absorböe par la paille, ä qui il donne plus de saveur.
Une des attentions les plus essentielles ä avoir lorsqu'on nourrit des vaches, c'est de ne les Ja­mals faire passer brusquement de la nourriture verte üi la nourriture seche, et de eelle-ci k la premiere; on doit, au contraire, les y amener pen ä peu et par gradation.
DES B01S30NS.
On doit abreuver les bceufs et les vaches deux
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fois par jour; celle precaution est surtout essen-lielle lorsqu'on ies nourrit au sec. L'omission de ceüe attention est une des principales causes de maladies inflammatoires auxquelles Ies bötes a cornes sent si sujettes. Pendant Ies chaleurs de Tete, il faut Ies abreuver, surtout a midi, afin de leur donner plus d'appetit pour päturer le reste du jour; cetle precaution leur augmentera le lait.
II faut, en outre, que 1'eau dont on Ies abreuve soit la plus pure et la plus claire qu'il soit pos­sible; on doit toujours donner la preference ä celle qui court. La meilleure de toutes est celle qui coule au-dessous des moulins; le battement qu'elle a eprouv^ en passant sous Ies roues I'a rcndue plus douce et plus lagere. Voyez Ies Pro-prieles de l'eau h la seconde partie.
Les eaux fangeuses et croupissantes des mares, des fosses, etc., sont toujours tres-dangereuses et causent souvent des maladies mortelles. Cepen-dant, lorsqu'on n'a pointd'autre eau, pour abreu­ver Ies vaches, que celle de ces mares, ou de l'eau de puits quis'oppose ä la cuisson des legumes, on doit la battrc, en la laissant tomber plusieurs fois d'un vase dans I'autre; ou, ce qui est bien plus cconomique, la filtrer a travers le sable. Pour cet elfel, on se sert d'un tonneau defence par le bout
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d'en haut. On perce Je fond d'en bas de plusieurs petits Irons, puis on l'enveloppe exterieurement d'une toile qui laisse passer l'eau et retienne le sable qu'on a jete dans le fond; celte couche de sable doit avoir 0m,H ä Om,lö d'epaisseur. L'eau filtree doit 6lre regue dans un baquet qui servira d'abreuvoir.
On rendra l'eau bien plus saine encore en la blanchissant avec le son de froment ou la fa-rine d'orge : cette pratique procure aux vaches beaucoup de lait.
Dans les chaleurs de l'ete, on mettra un verre de vinaigre par seau dans la boisson des vaches, lorsque l'eau ne sera pas de bonne qualile ; et, si la secheresse etait fres-considerable, on ne fera que bien d'aciduler ou vinaigrer ainsi leur bois­son, de quelque nature qu'elle seit. Voyez, pour le surplus, l'article Boisson.
Dans toules les maladies inHammaloires qui tendent ä la gangrene, rien n'est mieux indiqne, pour la boisson ordinaire des animaux, que le vinaigre etendu dans l'eau ou dans du pclil-lait, dans la proportion d'un sixieme de vinaigre sur iatolalitede iaboisson, pendantlestrois ou quatre premiers jours de la maladie, comme dans les charbons, les fievres malignes, etc.
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Les observations qui precedent sont de la plus grande justesse, mais nous croyons utile de les completer par les indications suivantes :
On appelle re'gime le mode d'alimentation du belail, suivant qu'il se compose d'alimenls sees ou verts, farineux, detourteaux ou de racines.
On appelle ratioreg; la somme des aliments don-nes chaque jour ä 1'animal pour sa nourriture, en im nombre variable de repas. L'eau se trouve en dehors de ce dosage, elant donnee le plus souvent ä discretion.
La ration se compose physiologiquement de deux parties : 1deg; le lest, comprenant les parties ligneuses, dont la plus grande partie ne sera pas digeree, mais qui est indispensable pour remplir l'estomac qui, sans cela, ne pourrait digerer; 2deg; la partie nourrissante de la ration, celle qui doit fournir tant ä la reparation des pertes qu'a l'accroissement du corps. On ne saurait nourrir une vache exclusivement de farine, ni un homme exclusivement de viande; e'est pourquoi on donne en outre, ä la premiere, du foin et de la paille, et pourquoi le second mange de la soupe et du pain. Le foin, la paille, le pain et la soupe jouent en partie le röle de lest; la farine ou le lourteau, la viande, forment la partie nutritive
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de la ration. Celle-ci doit done etrc calcnlee en consequence, afin que, l'animal etant raisonna-blement rassasie, l'estomac soit rempli sans 6tre distendu; ce n'est qu'ainsi qu'on evite les indi­gestions et qu'on obtient une assimilation com­plete. Ainsi, 8 kilog. de foin, 25 kilog. de racines et 2k,50O de tourteaux forment une ration conve-nable pour im boeuf d'engrais; 4 kilog. de foin, 50kilog. de racines, 4 kilog. de paille et 4 kilog. de grains forment, pour une vache laitiere forto et bien nourrie, une proportion economique. Quand le lest est trop abondant, le ventre tombe, et l'animal, mal nourri, deperit ou n'engraisse pas ; il est lent, mou et expose aux maladies ady-namiques ; quand il n'est pas assez abondant, 1c ventre remonte, se levrette, l'animal reste maigre, raais vif, ardent, et il est expose aux maladies in-flammatoires.
La ration, enfin, doit 6tre calculee selon le ser­vice qu'on veut demander a l'animal, son äge, sa laille et son poids; on a distingue deux parties dans la ration : Tune destiuee a reparer la perte physiologique des organes; I'autre qui doit servir h l'accroissement de ces organes, c'est-ä-dire du corps de l'animal, ou aux secretions anormales qu'on en exige. T.es animaux qu'on rationne dans '#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4
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le seul but de les empecher de mourir, mais sans leur demander ni services ni produits, qu'on se borne a entretenir enfln, recoivent la ration d'entretien; ceux auxquels on demande des ser­vices ou des produits doivent recevoir la ration de production. Celie-ci est calculee devoir 6tre le double de la premiere, qui a ete reconnue lt;Hre, en moyenne, de lk,500 de foin on i'equivalent par chaque 400 kilog. du poids vif de I'animal; la ra­tion de production serait done de o kilog. p. 100. C'est lä une idee speculative des Aliemands, qui ne saurait elre d'aucun seconrs dans la pratique, ou rien n'est plus ruineux que de nourrir a moi-tie des animaux sans leur rien demander que leur fumier, et oü rien n'est plus produclif que d'ali-menter ä discretion pour obtenir le maximum de produits. Aussi lescultlvateurs habiles rationnent-ils leurs vaches laitieres et leurs bceufs d'engrais ä 4, 5 et mßme 5k,500 de foia par 100 kilog. vif. La distribution de ces rations doit se faire avec la plus grande rögularite et la plus stricte pro-prete; c'est le meilleur preservatif des indiges­tions et du degoüt. En general, c'est en trois re-pas donnös dans la journee qu'est distribuee la nourriture consomm^e en vingt-quatre heures; il faut que le bötail ä cornes ait le loisir de rumi-
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ner, c'est-ä-dire d'operer la seconde mastication prealabie ä l'acte digestif. II n'en est pas de m6me quand le betail recueille lui-mßme sa nourriture au pAturage.
DU PATUEAGE DES VACHES.
Le päturage est Tendroit ou les bestiaux vont ä i'herbe pour se nourrir. On dit aussi commune-ment que les vaches vont ou sont en päture. Ce dernier mot s'entend d'une terre qu'on ne cul-tive point, et que Ton nomme vulgairement pd-quis ou pdlis.
II y a deux sortes de pätures, les grasses et les vaines. Par grasses pätures, on entend les pros, les pacages oü I'herbe est abondante, les bois, etc. Par vaines pätures, on entend les chemins pu­blics, les terres ä grains et les pres, apres la de-pouilie des uns et des aulres, les guerels et terres en friche, generalement tous les heritages oüiln'y a ni fruits ni semences. Les droits de conduire les bestiaux dans les vaines pätures sont autorises par differentes coutumes, pour maintenir l'abon-dance des bestiaux; mais aujourd'hui Ton fait, sans doute, peu de cas de maintenir ces droits dans la plupart des communes, puisque Ton a mis les deux tiers au moins de ces päquis en
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lerres labourables, et puisque les unes les louenl par adjudication chaque six ou neuf amiees, pour en tirer de l'argent et eteindre, par ce moyen, quelques dettes; d'autres se sont partage ces es-peces de prairies, qui n'etaient destinees qu'ä la subsistance des bestiaux, pour les cultiver au de­triment du betail. Si ces defrichements ont un pen diminue notre betail ä laine, ils ont aug­ments le nombre et le poids de notre belail a comes el la production cereale.
VICES ET MALADIES DES PLANTES.
Les plantes les plus saines, dit Paulet, sont susceptibles d'alteration et peuvent produire les accidents les plus graves. On pourrait, dit ce doc-tcur, appeler les vices auxquels elles sont sujetles les maladies des plantes, qui se reduisent a cinq ou six principales, qui sont la rouille, le charbon, la nielle, le miellat, 1'ergot, le grain vicie ou bruine, c'est-ä-dire qu'il est d'un gris fonce ou violet.
Parmi ces maladies des plantes, il n'y a que le grain vicie, bruine, ou qui n'a pas müri sur pied, le charbon et l'ergot, dont les mauvais effels soient bien constates.
On remcdie aux accidents qui proviennent de
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leur usage en suivant les indications qui se pre-senlent ä remplir. Les principaux sont, dans quelques circonstances, un engourdissement ge-n6ral ou particulier, qui degenere bientot en une gangrene seche ou en ulceres internes ou ex­ternes; dans d'autres, ie vertige, des mouvements convulsifs, l'assoupissement, etc.
II y a encore d'autres vices des plantes, dont l'effet peut 6tre dangereux pour les bestiaux, tels quecette alteration des pousses des plantes qu'on appelle brouissure du printemps, et qui depend des gelees.
Mais, s'il y a dans le regne vegetal une plautc non alteree que les bestiaux soient exposes a manger, et qui leur soit vöritablement nuisible, c'est l'ivraie (1), qui croit dans les champs, parmi les froments, et surtout parmi les seigles et les mauvaisesavoines : lorsqu'elle commence ä pous-ser, le belail qui en mange en eprouve quelque-fois les effets funestes. Gelte ivraie, ou zizanic ä long epi, cause tres souvent Tassoupissement, le vertige ou mal de tlaquo;Me, l'engourdissement des membres, des faiblesses, des mouvemenls convul­sifs, et il peut en resulter des maladies epizoo-tiques.
(1) Lolium perenne, Linue.
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II est aujourd'hui ä peu pres generalement ad-mis que les fourrages qui ont ele avariös par rhumiditö et qni sont moisis, c'est-ä-dire recou-verts de champignons microscopiques, sont mal-sains et sonvent cause de maladies enzootiques ou epizootiques m6me. Avant de les faire consom-mer, on doit les exposer ä l'air et les secouer, ou bien les faire passer dans une machine ä battre dont on a enleve le contre-batteur, puis les ar-roser d'eau samp;Ue.
I'LANTES QUE LES DESTIAUX MANGENT QUELQÜEFOIS, MAIS Qül LES INCOMMODENT.
Les bötes ä cornes mangent quelquefois des vegetaux qui produisent toujours quelques acci­dents, tels que la gratiole, qui leur cause le de-voiement; les renoncules, ou boutons-d'or, qui les echauffent beaucoup; l'anemone des bois, qui letir cause la dyssenterie ou flux sanglant, etc.
On pent reduire enfin les plantes dangereuses pour le betail ä trois classes ; la prämiere com-prend les äcres et inflammaloires, telles que les colchiques ou tue-chien ä fleurs purpurines, les renoncules, les anemones, les tithymales, les elldbores, !os clematites, etc.
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La seconde comprend les acres echauffantes et putrides, telles que les plantes qui portent leurs fleurs en croix, et que Ton nomme cruciferes.
Cependant le colza d'hiver ou de printemps et la moutarde blanche peuvent, la derniere surtout, entrer avec grand avantage dans Talimentalion des b6tes ä cornes ; le colza, jouissant de pro-prietes assez relächantes, ne doit 6tre seme pour fourrage qu'en melange avec des graminees et des legumineuses.pois, vesces, avoine, millet, etc.
La troisieme classe comprend les narcotiques ou convulsives, telles que les jusquiames, les so-lanums, la belladone , I'herbe aus tanneurs, les coquelicots, la plupart des champignons, connus sous le nom de house de vache, et qni paraissent dans les bois aux mois de juin et de juillet, d'aoüt et de septembre;
Enfln toutes les plantes suspecles qui portent des fleurs en parasol, et qu'on appelle ombelli-feres, telles que la grande cigue, l'oenanthe, etc.
II serait injuste, cependant, de proscrire en masse toute la famille des ombelliferes : la berce brancursine, l'achillöe mille-feuille, la carolle sauvage, par exemple, sont non-seulement con-sommees sans danger, mais encore elles donnent au lait une excellente saveur.
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Suivant done qu'on alimente les bestiaux au püUurage ou ä l'etable, il faut dislinguer le Sys­teme du pdturage et celui de la stabulation; tous deux ont leurs avantages et leurs inconvönients.
Le piüturage expose aux accidents plus que la stabulation ; quand il se fait en libertö, il y a les lultcs, les chutes, les coups de cornes, les sauls de haies et de barrieres, le dommage cause dans les recoltes par les bötes mal gardees ou tour-mentöes des mouches; il y a les m^teorisations; il fait perdre plus de la moitie des engrais produits par les animaux. Mais aussi il e.4 plus econo-mique : le betail recolte lui-möme sa nourriture, sans frais de fauchage, de fanage, de transport et d'engrangement; un homme ou un enfant peut garder et soigner au päturage quatre foisau moins autant d'animauxqu'ä la stabulation. II convient mieux ä la sante du betail et surtout des eleves; il permet d'utiliser des secondes ou troisiemes coupes, des regains, des chaumes, des marais, des pälurages, etc., dont la faux n'cüt tire aueun parti.
Par conlre, la stabulation est moins favorable ä la sante et ä la feconditö du belail; eile ne con­vient, en quelque sorte, qu'aux animaux ä l'en-grais; eile exige beaueoup de main-d'oeuvre, de
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vastes vacheries ou bouveries bien aerees, d'im­menses bälimenls pour engranger les fourrages, enfin une mise dehors de capital importante. Mais eile recueille soigneusement lous les engrais pour les rendre exactement aux terres, enrichies des urines, sans deperdition a l'air ni au soleil.
En somme, le päturage est inherent ä une cul­ture arrive et pauvre; la stabulalion ä une agri­culture progressive et riebe. Aux inconvenients de la stabulation on peut parer en partie, en eta-blissant des cours ou paddocks attenants aux eta-bles et dans lesquels les animaux peuvent aller s'ebattre et respirer en liberty et en plein air. On peut encore, comme en Anglelerre et dans une grande partie de la France, mettre les fourrages et les litieres en meules, dans les champs ou dans les cours, en les couvrant de paille de seigle, et les faisant assurer centre l'incendie; enfin les maigres päturages et les chaumes peuvent 6tre utilises par les b6tes ä laine.
Pour rendre, dans la stabulation, les aliments d'une consommation plus economique, on leur fait subir differentes preparations qui augmentent leur valeur nutritive, qui permettent leur me­lange, ou qui facilitent leur usage en eloignant les accidents.
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On fait tremper ou mac^rer des fourrages sees peu nourrissants, comme la paille, dans des li­quides qui renferment des principes nutritifs, comme les residus d'usines agricoles, distilleries, feculeries, amidonneries, etc. On melange les fourrages verts et sees, le foin avec la paille, et tons deux avec les racines coupees, les racines avec le tourteau ou les farines, les diverses fa-rines entre elles, afin de menager les transitions de regime, ou d'introduire dans la ration la varied des aliments. On coupe le foin et la paille pour rendre leur melange plus facile, et emp^cher les animaux de trier le foin seul; on coupe les racines afin qu'elles soient plus commodement mangles et pour que les animaux les avalant entieres ne ris-quent point de s'etrangler. On fait cuire les grains et les racines, afin d'augmenter leurs proprietes nourrissantespourles bamp;esal'engrais. On faitfer-menterlesdiversfourragessecsapresles avoir cou­pes, et en leur ajoutant de l'eau, des tourteaux, des racines et parfois des farines; enfin on sale les fourrages sees de mediocre qualite, soit en les engrangeant, soit avant de les distribuer au bamp;ail; le sei est en dissolution dans I'eaudont on asperge les foins ou les pailles.
II est encore diverses preparations accessoires
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qu'on ne peut nögliger pour la nourriture a l'e-table ; ainsi les racines sont lavees dans un instru­ment special noram6 lave-racines; quelques graines comme l'orge, la graine de lin^ I'avoine, sont aplaties ou concassees grossierement dans un instrument assez simple nomme concasseur, qui sert aussi ä reduire les tourteaux en poudre.
Tons les aliments n'ont pas la m^me propriete ni les mtimes valeurs; les fourrages verts sont, en general, rafraichissants, ainsi que les racines; les fourrages sees et les farines sont, au contraire, en general, echauffants.
La luzerne, le sainfoin, le trolle rouge et in-carnatgt; la minette, la spergule, sont les fourrages verts qui conviennent le mieux au betail ä cornes •, la vesce, les pois, les gesses conviennent mieux aux bßtes d'engrais qu'aux vaches laitieres. Le colza, la navetle, les choux peuvent meleoriser, et sont souvent echauffants ; ils conviennent plus aux b6tcs de travail qu'a celles de graisse ou de lailerie. Le sarrasin, quand il a ^le semeseul, fournit un mediocre fourrage, et produit un lait pauvre.
Les fourrages sees conviennent ä peu pres ä tousles animaux, mais ils ont diverses qualites hygiöniques qu'il Importe de corriger par leur
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melange reciproque et par l'adjonction d'aulres fourrages-racines dans la ration. Les vaches ex-clusivement nourries an sec, sans buvees ni racines, donnenl peu de lait et un lait pen cre-meux. Les vesces, gesses, pois doivent (Hre re­serves pour les btites ä l'engrais et donnes avcc beaucoup de discretion, comme tres-echauffants; la luzerne et 1c sainfoin conviennent egalement bien aux boeufs de trait et de graisse, aiu vaches lailieres et aux eleves, mais pour une partie seulement de la ration, et additionnes de bette-raves. navels, etc.
Les pailles peuvent etre economiquement uti-lisees au moyen du coupageetde la fermentation ; on les melange au foin et aux racines, et on ar-rose le tout avec de l'eau dans laquelle on a de-laye des tourteaux. Les pailles de froment et d'a-voine sont les seules dont on doive tirer aussi parti ; celles de seigle et d'orge, de colza et de navette doivent etre reservees pourlitieres.
Le panais est, de loutes les racines, la meil-leure comme valeur nutritive ; puis viennenl les carolles, les betteraves, les rutabagas, les navels; loutes doivent 6tre donnees crues et hachees ; les pommes de lerre ne doivent etre donnees que cuileset seulement aux animaux qu'on engraisse;
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crues, elles meteorisent, relächent le corps, don-nent un lait tres-pauvre, et le lanin qu'elles renferment peut causer de dangereuses affections du tube intestinal.
Les residus d'usines sont doues de proprietes et de valeurs diverses ; en gamp;i(5ral, ils convien-nent peu aux eleves, mais peuvent 6tre distribues aus bßtes de travail, de lait et de graisse. De ce nombre sont les tourleaus, dont les plus nour-rissantssont ceux de noix, puls ceux de lin, d'oeil-letle, de colza, de sesame et d'arachide. Ceux de colza, de chanvre et de faine sont plus ou moins laxatifs, ceux de lin rafraichissants et ceux de noix echauffants. Les residus de distilleries debet-teraves sont tres-echauffants lorsqu'ils ont (5td obtenusä lapresse; ils sont, au contraire, rafrai­chissants quand ils proviennent de maceration; les premiers sont beaucoup plus nourris-ants que les seconds. Les residus de brasseries (malt, dr6-che) conviennent aux animaux d'engrais, comme ä lous les autres; les residus de /eculeries, ami-donneries, etc., le plus souvehl donnes sous forme de buvees liquides et chaudes, peuvent ser-vir de boisson et 6tre donnes ä discretion.
Les grains peuvent 6tre donnes sous Irois formes : maceres dans l'eau, pour le seigle, sans i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5
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qne la germination soit encore sensible exterieu-rement; le grain est seulemeat gonfle et atten-dri; ce procedö ne convient guere que pour les chevaux. Moulus ou concasses, sous forme de fa-rine, pour les feveroles, le ble, le seigle et l'orge, ce qui est preferable pour le gros betail ä cornes; sous forme de pain fabrique de divers grains me­langes, ce qui est peut-6tre preferable pour le betail d'engrais. Le b!e convient exclusivement aux betes de graisse, de m^me que le seigle, qui ne doit 6tre donne qu'a la fin de l'engraissement. L'orge convient parliculiferement aux eleves, et aussi aux boeufs de graisse et de travail sous forme de farine ou de pain, et aux vaches lai-ti^res dans des buvees. L'avoine, rarement dis-tribuee au gros betail, doit 6tre prealablcment moulue ou du moins concassee.
Pour nous resumer, nous dirons que I'alimen-tation des animaux est regie par cinq grandes lois de la production economique : variete dans 1c regime, dans la ration et dans les aliments, regularite dansla distribution des repas et des rations; il ne faut point d'alternatives d'abon-dance et de pnrcimonie. Proprete la plus scrupu-leuse dans la preparation des aliments, leur dis­tribution et les vases ou auges qui les re^oivent.
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Qualite nourrissante et quality hygiönlque; les aliments bien röcoltes, bien conserves, non ava-ries sont les seuls donl on puisse attentlre une digestion complete et des produils abondants, comme ce sont les seuls aussi qui puissent conser-ver, entretenir la sanle des animaux; enfin abon-dance,il n'y a que le betail bien nourri qui puisse donner des produils economiques. Ce sont lä des regies essentielles qu'on neglige trop sou-vent; la prodigalite et l'avarice sout deux ecueils qu'on doit eviter avec le plus grand soin.
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CHAPITRE VIII.
Du pans age journalier.
C'est une erreur de croire que le pansement •Je la main soil moins necessaire aux boeufs et aus vaches qu'aux chevaux, et la negligence dont est trop souvent suivie cette opinion est la source d'nne infinite de maux de toute espece. Les b6tes a comes ne sont bien porlantes que lorsqu'elles transpirent bien, ce qui ne pent pas 6tre lorsqu'on les laisse sejourner dans l'ordure et qu'on n'a pas le soin d'enlever la crasse qui bouche les pores de la peau. Dans les pays oü 1'usage salutaire d'etril-ler et de bouchonner les vaches est etabli, on re-marque qu'elles sont moins sujettes aux mala­dies, qu'elles ont plus d'embonpoint et de vi-gueur, qu'elles donnent un lait plus abondant el surtout de meilleure quality.
On etrillera done les boeufs el les vaches une fois par jour, el on ne laissera point leur fiente s'allacher ä leur poil, comme cela se pratique trop souvent. Cette operation sera Ires-facile, si Ton a le soin de leur donner tous les jours une litiere
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fraiche et abondante : ces animaiix s'en porteront infinimcnt mieux et le benefice sera bien plus considerable.
On doit aussi avoir soin d'etriller ou de bou-chonner les bceufs, surtout lorsqu'ils sont de re­tour de leurs travaux et qu'ils sont en sueur : on lenr lave la queue, lorsqu'elle est sale, avec de l'eau tiede, ainsi qua les pieds, pour en 6ler soit les pierres, les chicots, etc.; ou bien on les fait passer dans un gue, une mare, etc.
On lavera egalement le pis des vaches de temps en temps; on previent par la les engorgements durs et indolents ausquels il est tres-sujet, les poireaux, les fongus ou excroissances de chair en forme de champignon, et autres de differentes sortes dont il est tres-souvent convert; il n'est pas m6me tres-rare que les trayons soient rouges et entierement consumes par des ulceres qui ne sont dus qu'aux ordures qui s'y attachent et ac-quierent, par leur s6jour, un caractere acre, caus-tique, destructeur.
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CHAP1TRE IX.
Du logement, — Etables.
Je n'entrerai point dans le detail de la con­struction des belles etables, tout le monde n'est pas en etat d'en bätir de telles (1), Je dirai seulement quo les etables les plus saines sont celles qui sont exposees an levant et places dans un endroit sec et eleve; celles qui sont sur un terrain bas et humide, et peu eclairees par le peu ou point de fenötres, ou que Ton tient fermees, et qui sont pleines de boeufs ou de vaches, produisent en peu de temps un air si epais, que, quand on y entre, on a peine ä res-pirer; les lumiöres y perdent leur vigueur, n'6-clairent presque point et s'eteignent quelquefois. La raison en est que l'air des etables s'est lrouv6 decompose par la respiration de ces animaux et par le melange des vapeurs de leurs transpira­tions, de maniere que la masse aerienne (ou de
(1) Voyez Tratte des conslruclions rurales et de leur disposition, indique ci-aprte, page 59.
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l'air) qui se trouve resserree dansles etables, cir-culant plusieurs fois dans la poitrine de ces b6tes a comes, doit necessairement perdre de ses qnali-tes et doit, par consequent, influer sur la sante de ces animanx. II n'est pas etonnant, d'apres cela, de les voir tomber subitement malades.
Lent defaut le plus general est d'etre beaucoup trop fermees; le pr^juge oü l'on est que le froid nuit aux boeufs et aus vaches, et qu'on ne saurait trop les en garantir, est la cause la plus commune des accidents de tout genre auxquels ces animaux sent si sujets. Non-seulement la plupart des etables n'ont qne des ouvertures tres-etroites, mais les bouviers et les marcaires s'attachent a les boucher exactement pour peu que l'air soit froid : il n'est peiit-6tre pas une pratique aussi funeste, aussi meurtriere, et contre laquelle il soit plus important d'etre en garde.
L'experience a demontre que les boeufs et les vaches pouvaient rester sans abri sans qu'il en resuMt aucun inconvenient, dans les saisons m^me les plus rigoureuses. II est mieux, sans doute, de les tenir dans des Stables; mais elles ne sauraient 6lre trop ouvertes : quelque froid que soit l'air, il fera certainement moins de mal que celui qu'on y laisse corrompie en les tenant exac-
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tement ferraees. On doit regarder commc une regle generale qu'elles le sont trop, toutes les fois qu'en y entrant on eprouve de la difficulte ä res-pirer, et qu'elles exlialent une odeur pene­trante.
S'il est important que les etables soient bieti aerees, il ne Test pas moins qu'elles soient sou-vent nettoyees; la fienle et le furnier qu'on y laisse trop longtemps sejourner alterent l'air et causent beaucoup de maladies pulrides.
On doit prendre garde aussi que les vaches ne soient trop gtinees; elles doivent avoir chacune un espace de lm)60 au moins.
II y a bien des manieres de disposer les ^tables: on en fait decirculaireset dcparallclogrammiques, de simples et de doubles. Les simples sont les pins economiques, parce qu'elles demandent moins de place et coütent moins eher ä construire; les doubles, comprenant un passage au milieu, avec deux rangs de betes la tete au passage et un pas­sage le long de chaque mur de facade, sont plus hygiöniques et d'un service plus facile. Les etables circulaires doivent couter plus eher, et elles sont encore ä l'etude, qui revelera peut-6tre des avan-tages et des inconvenients.
Le pavage doit avoir peu de pente et prösenler.
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derriere les beles, une rigole peu profonde qui emmene les urines au dehors; le ciment Coignet forme un excellent dallage pour les etables. En Hollande, les litieres salies sont tiroes derriere les animaux, dans un leger enfoncementous'amasscnt les urines et ou le tout fermente; ce Systeme, fa­vorable ä la production du fumier, ne peut l'amp;rc ä la sante du betail. En Angleterre, beaucoup de cultivateurs creusent les boxes de leurs animaux, et y accumulcnt les litieres pendant plusieurs se-maines ou möme plusieurs mois, en les saupou-drant de temps en temps de pldtre, de cendresou de terre.
Toutes les elables sont bonnes, en general, mtime celles bäties sans luxe, comme celles en sapins et bruyeres de la Bretagne, pourvu qu'elles soient suffisamment aert5es et tenues assez pro-prement; le luxe n'est rien sans les precautions hygieniqucs et la proprete. Ainsi, des auges en bois de ch6ne,bien etanches, peuvent sufflrepour les fourrages verts et sees, les racines, farines et tourteaux; les räteliers sont inutiles, mais les auges doivent 6tre fermees en avant, du c6te de la l6te du betail, soit par des barres de bois ou de fer, soit par des planches laissant une ouverture ovale sufßsante pour passer la tete, afin que l'ani-
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mal ne puisse y manger qu'en engageant ses cornes l'une apres l'autre, et qu'il ne puisse jeter son fourrage dans la litiere en jouant ou en s'^-mouchant; afin, en definitive, que chacun ne puisse manger que sa ration. Chacun sera fixö ä sa place par une attache double en fer rivee ä Tun des montants de Tauge, fermant ä anneau, et faisant le tour du cou en arrifere des cornes. Mais ii est essentiel que les auges soient parfaitement nettoyees apres cliaque repas, pour eviter la fer­mentation putride des aliments, qui amenerait le degout du betail, des indigestions et des maladies.
Les veaux, qu'on les allaite naturellement ou ortificiellement, reclament un petit logement spe­cial situe pres de la vacherie, une petite bassc-goutte, par exemple, dans laquelle chacun d'eux aura sa case, son box special ou il sera en liberty.
Les boeufs, les vaches et ies veaux a Tengrais doivent occuper aussi un logement particulier, dis­pose d'apres les m^mesprincipes, mais mieux a6r6 encore, s'il est possible, et eloigne de tout bruit.
Enfin, a proximite des etables, devront se trou-ver d'abord un abreuvoir a. fond solide, d'une etendue proportion nee ä l'importance de la ferme. contenant une eau pure et bien a^ree, ou dont on corrige au moins les mauvaises quality,
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ainsi qu'il a etö indique plus haul; puis unet'osse ä fumiers dont l'eloigiiement rendrait long et dis-pendieux le service des vacheries (1).
(1) Voyez Traile des constructions rurales et de leur disposition, par Louis Bouchard, propridlaire. Tun des secre­taires de la Societe imperiale et ccntrale d'horticulture, membre de celle zoologique d'acclimatatioa, etc. 2 volumes eu 3 parties, grand in-8 avec nombreuses figures dans Je texte et 150 planches.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Prix, 2ä fr.
laquo; L'art de loger les hommes, les animaux et les recoltes avec simplicite, solidite, economie est le premier problfeme que Ton ait ä resoudre daos la scieuce des campagnes .Oli­vier de Serres, Theatre d'agricullure, edit. 1805, 2 vol. in-4, lig.). raquo; L'ouvrage ci-dessns indique a pour but d'en faciliter les moyens aux proprielaires de bieus ruraux. L'auteur a parcouru les principales exploitations de la France, et quelques-unes de celles de l'Angleterre, de la Belgique et derAllemague; il a Studie et compare les diverses disposi­tions qui y sout appliqu^cs. Dans son travail, il a reproduit les constructions les plus simples ct les plus avantageuses pour les cultivateurs, en y apporlant les modifications que I'usage a fait reconnaltre comme utiles. La description de ces bälimenls est accompagnee de figures reproscntant les plans, les coupes ct les Elevations de chaeun d'eux; des vues a vol d'oiseau des plans d'eusemble des domaines ru­raux placees en regard monfrent leur disposition generate. Tous les plans, coupes et elevations sont cotes suivaut des echelles metriquesqni permettent d'appr^cier les dimensions des details; ceux-ci sont figures a part lorsque cela est necessaire, comme les riteliers, les auges, les crfeches, dans les logements d'animaux domestiques. Une etude spdeiale des dimensions qu'il convient de douner ä ces constructions pour concilier I'economieavec la salubrite et la commodity du service fera consulter ce livre par toutes les personnes qui auront a construire lt;i la campagnc.
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MAMOEL
CHAPITRE X.
De la reproduction.
DE LA CHALEUR DES VACHES ET DES SOINS QU'EXIGE LA CONCEPTION.
C'est communement au printemps que les vaches entrent en chaleur; la plupart re^oivent le taureau et deviennent pleines depuis le 15 avril jusqu'alaquo; 15 juillet. II ne laisse pas neanmoins de s'en trouver beaucoup dont la chaleur est plus pr^coce et d'autres plus tardives (1).
Les vaches qui ne sont pas pleines reviennent ordinairement en chaleur toutes les trois se-maines; on doit profiter, pour les conduire au taureau, du moment oü eile est la plus forte : elles en retiennent plus facilement. II estquelques vaches dont la chaleur a peu de duree; on doit se häter de les faire couvrir.
La chaleur se reconnalt aux signes suivants :
(1) L'^poque naturelle du rut chez le male et de la chaleur tliez la femelle est bien celle indiquöe ci-dcssus; mais, en (iomestication, les vaches vicnncnt en chaleur pendant tout.quot; I'ann^e et en toutes les Saisons, ä peu prts iudifferemmeut, de 7 ä 11 jours apris le part, puis postörieurement, si elles ne sent Ifoonddes, tons les 18 h 21 jours.
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les vaches mugissent presque continuellement, elles sautent les unes sur les autres, elles s'a-gitent, se tourmentent et bondissent aussit6t qu'on les lalsse libres. On reconnait encore la chaleur au gonflement des parties g^nitales.
Lorsqu'elles ont ete couvertes, on doit attendre qu'elles donnent de nouveaux signes de chaleur pour les faire couvrir derechef.
Les vaches retiennent souvent des la premiere, seconde ou troisieme fois, et, sitöt qu'elles sont pleines, le taureau refuse de les couvrir, quoiqu'i! y ait encore apparence de chaleur; mais, pour l'ordinaire, cette chaleur passe aussitöt qu'elles ont congu, et elles refusent aussi les approches du taureau.
On ne fera point couvrir les genisses avantdeux ou trois ans 5 elles deviendront beaucoup plus grandes, et seront mieux d^velopp^es que si elles concevaient plus tot (1).
(1) L'opinion exprimöe par l'auteur est trop absolue, et sou conseil ne doit s'etendrc qu'aux vaches appartenaut ä des races destinees ä la production des animaux destines ä Tcn-graissement ou au travail ; ccllcs dont on vcut obteuir des genisses pour le lait et qui sont destinees clles-mßnies h devenir des vaches laitiferes peuvent et doivent mßmc fitre saillies pour la premiere fois ä 15 ou 18 niois, suivant leur taille, leur force et les dispositions qu'elles manifestent. Les chaleurs negligees, surtout dans la jeunesse, sufflsent pour rendre les genisses taurcliires.
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DE LA C1IALEUK DES VACHE3 TAUREL1ERES.
On appelle vaches taurelieres celles qui ne se font point remplir, et qui neanmoins se font ser-vir par le taureuu ä chaque instant sans relenir ; d'autres ne recherchent le taureau que tous les mois, ce qui fait dire aux paysans que ieurs vaches sont dessaisonnees.
Pour y remcdier, on les saignera au cou, comrae les chevaux, suivant leur force; si on pent, pen­dant ce mtime temps, leur faire prendre assez d'exercice pour les fatiguer legerement, on sera plus sür de reussir. Cela etant fait, on ne leur donnera pour toute nourriture, dans le premier jour, que du son mouille et de l'eau blanche.
En un mot, il faut s'appliquer k faire maigrir I'animal; on ne voit, en effet, de vaches taure­lieres que dans les fermes ou le betail est abon-damment nourri, et surtout chez les nourrisseurs des environs des grandes villes; le plus souvent, celte sterilile momentanee cede avec I'amaigrisse-ment par une demi-diete ou le travail. Lorsqu'il est prouve que la diele est sans effet, c'est qu'il y a fureur uterine ou nymphomanie, ou encore de-faut de conformation des organes; on pent en-graisser i'animal, apres surtout I'avoir fait cas-
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trer, ainsi que nous !e dirons plus loin. On peut, d'apres M. Villeroy, essayer de calmei1 une vache qui est frequemment en chaleur et qui ne concoit pas, en lui donnant pendant six jours conseou-tifs : camphre, 2 grammes; sei de nitre, IS grammes. Ce moyen peut etre bon pour cal­mer les vaches taurelieres mises a I'engrais sans avoir et6 castrees, et auxquelles les chaleurs causent des deperditions par l'inquiötude ou elles les plongentetlesmouvements qu'elles sollicitent.
soms qu'exige la plenitude.
Les vaches portent neuf mois et mettent bas au commencement du dixieme. Quelques-unes donnent du lait pendant tout le temps de leur plenitude, d'autres tarissent deux mois environ avant d'etre ä terme. On doit cesser de traire les unes et les autres ä la fin du septieme mois, a moins que le pis ne s'engorge : dans ce cas, on ne trait qu'ä demi; outre que le lait qu'on aurait apres celte epoque serait de mauvaise qualile, il est necessaire au foetus {ou veau) que porte la mere.
On doit ne conduire les vaches pleines que sur un terrain uni; on les expose souvent a avorter lorsqu'on leur fait sauter des fosses.
Les vaches pleines, et surtout celles qui appro-
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chent du part, c'est-ä-dire de 1'accouchement, doivent 6tre nourries plus abondamraent et avec une nourriture plus substantielle qu'ä l'ordinaire. Les grains leur conviennent tres-bien, comme quelques poignees d'orge, d'avoine, de la gor-bee, etc. On leur reserve aussi du bon regain, ou foin de la seconde coupe, pour cette epoque.
Lorsque plusieurs vaches pleines paitront en­semble, on doit les veiller tres-exactement pour les empteher de se battre: on en a vu souvent avorter apres des coups de cornes ou de töte re^us en se battant.
DE L'AVORTEMENT DE LA VACHE.
L'avortement pent 6tre determine par une foule de causes : les plus ordinaires sont les coups, les heurts, les sauts, les efforts; mais il faut y joindre encore I'usage, pour abreuver les boles, d'eaux malsaines, le päturage ä la rosee et surtout ä la gelee blanche, une nourriture insuffisante ou de trop mauvaise quality puis I'exces contraire, c'esl-a-dire une ration trop abondante composee d'aliments trop peu nutritifs, sous un volume donne, comme des racines, et surtout les pommes de lerre crues; enfin, des indigestions soit solides, soil gazeuses (m^teorisation). Enfin, et en dernier lieu, il peut 6tre la suite d'une maladie. Toute
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b^te ayant dejä avorte est pramp;lisposee ä cet acci­dent pour les gestations subsequentes.
Un regime süffisant, mais non trop nutritif, compose d'aliments d'une digestion facile et de bonne qualite, non moisis ni vases, une saignee si la vacheserable faire des efforts expulsifs et a la conjonctive rouge, voilä autant de moyens pre-venlifs. Neanmoins, I'avorfement prend, dans cer-taines annees, dans certaines contrees ou dans certaines fermes, un caractere epizootique contrc lequel {'emigration et l'isolement paraissent 6fre les meiileurs remedes,
Lorsque la vache vient a avorter, il faut la tenir chaudemenl, la secher en la bouchonnant legerc-ment.si eile aetemoui!lee,etlnidonnerunc bonne litiere. Deux ou trois heures apres, on iui presen-leraun seau d'eau blanchie avec une bonne jointee (plein les deux mains jointes) de farine d'orge, et ensuitedu son m^leavec un peud'avoine et de sei.
Si, apres Tavortement, ou l'extraction forceo du foetus ou de l'arriere-faix, Ton apercevait que la vache füt abattue, qu'elle eüt des baltements de flaues et de la difficulte de respirer, on lui donnerait de plus quelques lavements d'eau tiede, et on la mettrait au son mouille, a la paille et ä l'eau blauche pour toute nourriture, jusqu'ä ce
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(jue les battements de flancs fussent calm(5s; en-suile on lui donnerait peu ä peu du regain, etc.
DES SOINS QU'EXIGE LE PART OU l'ACCOUCHEMENT.
On reconnait que le part sera prochnin aux mugissements, au gonflement du pis, aux agita­tions de l'animal, ä i'abaissement des flancs et de la croupe. On veillera la vache, afin d'etre pre­sent lorsqu'elle mettra bas, et de l'aider dans le cas oü le part serait trop laborious.
Du reste, un eleveur soigneux, tenant comple de la date des saillies, sait tonjours ä l'avance l'epoque presumable du vßlage. A son approche, indiquee par le pietinement de la bete, son in­quietude, ses mouvements successifs pour se lever et se concher, il faut lui donner une abondante litiere, plus relevee vers le bassin que sous les membres anterieurs.
Dans le part normal, qui ordinairement se fait la mere etant couchee, il apparait d'abord, par l'ouverture vulvaire, une bouteille de liquide, une vessie contenant un liquide qui s'epanche par la rupture, le plus souvent naturelle, et lu-brifie le passage; puis saillent bientöt les deux membres anterieurs et le museau du jeune ani­mal. Les efforts les plus violents de la mere se
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produisent au moment oü la t6te franchit le bas-sin ; mais, des lors, si les membres posterieurs occupant leur position normale, c'est-a-dire sont etendus en arriere du corps, I'expulsion se fait sans difficulte. On peut l'aider en operant, sur les membres antörieurs, de legeres tractions si-multanees avec les efforts de la mere, apres s'6lrc bien assure pourtant que la töte est bien placee, c'est-ä-dire appuyee droite sur les membres ante-rieurs. Nous parlerons, dans la secondepartie, du part anormal.
Dans les soins ä donner au völage de la mere, lorsqu'il se prolonge, il faut bien faire deux dis­tinctions : si la böte est maigre et a souffert, si eile ne peut faire d'efforts assez energiques et as-sez soutcnus, il est bon de lui donner un demi-litre de vin rouge tiede et sucre; si, au contraire, eile est jeune, vive, grasse et parait dans un etat d'excitation, il faudrait lui donner une saignöe moyenne. Enfin il arrive parfois chez les genisses que, le bassin etant trop etroit ou la tete du fcelös trop volumineuse, le part devient impossible. Dans tous les cas, il faut se garder, avant tout, d'efforts violents, precipit^s et malencontreux, et, si le part est long et difficultueux, il faut re-courir au plus löl aus secours d'un veterinaire.
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Deux ou troisheures apres, on donne ä la vaclie un demi-seau d'eau tiede blanchie avec de la fa-rine d'orge grossierement moulue ou avec le son de froment.
On continue de lenr donner cette boisson pen­dant cinq a six jours. On a soin de ne remettre les vaches nouvellement voices ä la nourriture or­dinaire que par gradation ; lorsqu'on neglige cette precaulion,onleurdonnedesindigestionsd'autant plus dangereuses que les vaches sont plus faibles.
On doit avoir pour regie generalede ne donner a celles nouvellement v/Mees qu'une assez petite quantity de regain a la fois, avec quelques poi-gnees d'orge m61ee avec du son de froment.
Le premier lait de la mere est purgatif, et nc-cessaire au jeune veau pour debarrasser ses intes-tins des excrements qui s'y sont accumules pen­dant la vie foetale; ces proprietes vont en dimi-nuant du premier au douzieme jour, epoque h laquelle seulement on peut, au plus tot, melan­ger ce lait h celui des autres vaches, si le veau est mort ou vendu; si on l'^löve, mieux vaut lui con-tinuer celui de sa mere.
Beaucoup de personnes de la campagne sont dans 1'usage de vendre leurs veaux au bout de quinze jours ou trois semaines aprös le part; la
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raison qu'elles en donnent est que c'est par besoin d'argent ou de lait pour Clever leur famille. Nean-moins je pense que la chair d'un tel veau n'est point salutaire au corps; et ie lait dont on fait usage, n'etant point encore perfectionne par la nature, bien loin d'6tre un aliment nourrissaot aux enfants, il peut leur causer des devoiements, des coliques, etc. Quoi qu'il en soit, on peut, dans un besoin pressant, sevrer ou vendre les veaux aux bouchers six semaines apres le part, parcc que tout le monde n'est point dans la facility de les garder jusqu'ä l'äge de deux mois.
II arrive quelquefois que les vaches portent deux veaux, qu'elles ne mettent bas qu'ä des in-tervalles plus ou moins ^loign^s. Lorsque le pre­mier est ne, on reconnalt qu'il y en a un second ä l'agitation de la mhre, qui regarde continuelle-ment son flanc, qui continue de faire des efforts, et qui ne parait pas faire attention au veau deiä ne.
Les parts triples ne sont point extraordinaires, et j'ai vu trois genisses jumelles s'elever parfaite-ment avec le secours d'autres meres, pour 6lrc vendues au boucher ; on a mdme des exemples de part quadruple, temoin le cas cite par M. Hamon [Recueilde medecine vet4rinaire,iSsect;8, p. 310),et celui rapporte en PiemontparMM. Cassina et Les-
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sona {Recueil de medecine veferinaire, 18S5, p. 615). Un veterinaire anglais, M. Garrard, de Ticknall, a m6me rapporte un cas de part quin­tuple qui se produisit en 1854, et donna qnatre males et une g^nisse, tons vivants et vigoureux. [The Veterinarian, \quot; sera. 18S4. — Recueil de medecine veterinaire, 1855, p. 679.) Mais ces par­turitions anormales sontle plus souventregrettables par leurs consequences; la mere, epuisee par la nutrition foetale, est longtemps ä se reraettre, pro-duit peu de lait et meurt souvent meme des suites du part. Dans les Plages multiples, la meilleure garantie centre les consequences possibles est done, la p^riode de la fievre vitulaire passee, de donner a la mere une alimentation abondante et choisie, et de tocher de faire adopter une partie des nourrissons par d'autres vaches.
Personne n'ignore que, dans le part naturel, le veau presente la t6te la premiere ; mais, s'il est mal tourn^ et qu'il präsente une autre partie, il faut huiler la main et le remettre en situation.
Dans le cas pressant oü la mere manquerait de forces, ou si le veau 6tait mort ou trop gros, it faudrait injector un litre de decoction tiede de mauve (mauve sauvage, malva silvestris, qui croilautour des habitations) dans la matrlce, pour
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adoucir le passage et faciliter la sortie du vcau, qu'on tirerait avec des cordes.
Si cependant la retention du veau dans ia ma-trice causait une grande difflculle pour le lirer, il landrail, en ce cas, augraenter la force de la mere en lui faisant avaler un demi-litre de vin, dans le-quel on aura delaye 50 grammes d'extrait de gentevre et 15 grammes de gentiane; ensuite on lui donnera deux lavements ttedes fails avec une poign^e de sauge infuste dans 2 litres d'eau bouillante. On n'aura pas renouvele ces lavements deux ou trois fois que les douleurs se renouvelle-ront, les muscles du bas-ventre se conlracteronl, lecol de la matrice s'ouvrira et le veau sorlira.
Si, au contraire, la retention du veau esl occa-sionnee par la forte contraction de la matrice, 11 s'agit pour lorsde la relächer, en saignant la more au cou, a la quantite d'un Hire seulement; si celle saignee ne produil aucun relächement, on la reitcrera six heures aprhs, et on lui adminis-trera souvent des lavements de mauve ou d'eau tiede simplement.
On lui mettra sur les reins un drap pile en quatre doubles et imbibe dans l'eau tiede et, pour toute nourriture, du son legerement mouille et de l'eau blanche, jusqu'a ce qu'elle ait mis bag.
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Si le part s'est bien passe, huit ä dix jours plus tard, la vache revient en chaleur; 11 faut done lui donner le taureau et faire executer la saillie. Eile peut se faire de deux manieres, en liberte ou a la main. Eile sefait en liberte lorsque le taureau sort au pAturage avec les vaches; mais on nepeutguere ainsi tenir note des dates ni prevoir ces v61ages, le taureau s'usepromptementjet souvent plusieurs vaches ne sont pas fecondees; cependant, en ge­neral, la saillie en liberl^ est plulöt suivie de fe-condation que celle a la main, et les taureaux qu'on lache dans les päturages sont plus doux et plus prolifiques que ceux qu'on retient a I'etable.
La monte ä la main s'opere dans un endroit approprie et dispose en pente, de maniere ä ce que, suivant la taille reciproque du taureau et de la vache, on puisse avanlager Tun ou I'autre. La vache, dont latfete est garnie d'un licol auquel est jointe une longe en corde, esttenueparunhomme au moyen de celle corde entourant le mufle, et unoudeuxhommes latiennent, en outre, chacun par une corue. Le taureau, ayant un anneau na­sal auquel append une laniere, est araene aupres d'clle et on la lui laisse sentir, pour ne le laisser s'cnlever que lorsqu'il paratt bien prepare. II est inulüede lui faire faire doux sailiiesconseculives.
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et plus inutile encore de jeter de l'eau froide sur les reins et vers la vulve de 1a vache, de lui frotter le dos d'un baton ni de le lui enduire de beurre. Le mieux est de la reconduire tranquillement au päturage ou de la rentrer ä l'etable.
Bien qu'elle ait amp;t6 föcondee, la vache revient parfois encore en chaleur; neanmoins il est bien rare qu'alors eile accepte le taureau. On tient compte, sur un livre special, de chaque saillie, et ä partir de la derniere on calcula sur une periode raoyenne de gestation de 285 a 290 jours, afin de prevoir l'epoque du v^lage. Des qu'elles appro-chent du septieme mois de leur port6e,il est pru­dent de cesser deles traire, si Ton tient surtout ä menager la m^re et ä obtenir un bon veau.
Des le cinquieme mois, on peut parfois consta-ter l'etat de gestation de la vache. Pourcela, aprös lui avoir fait boirede l'eau un peu fraiche, on peut presser un peu le flanc droit vers la moitie de sa hauteur, avec la main ä plat et le creux centre la peau; on sent souvent alors les mouvemenls d'os-cillation du foetus. M. Villeroy, d'apres des jour-naux allemands, indique d'autres precedes d'ex­ploration par le lait, mais ils n'ont pas ete suffi-samment v^rifi^s pour que nous puissions encore y ajouter foi.
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CHAPITRE XI.
Des veaux. — Elevage, engraissement.
II faut, immamp;liatement apres le part, porler le veau devant sa mere pour le lui faire lecher; le plus souvent, son instinct l'y pousse, mais quel-quefois eile a besoin d'y felre excise; on sau-poudre alors le jeune animal de son, de farine ou d'un pen de sei; si enfin la mere refuse, on l'es-suie avec un linge ou de la paiile bien brisee; une legere friction ne lui estpas inutile pour bien eta-blir la circulation du sang.
Lorsqu'il est bien ressuy6 et qu'il peut se tenir sur ses jambes, on l'approche du trayon de sa mere, et on le lui met dans la bouche pour le faire teter. 11 faut beaucoup de patience et de douceur, surtout si le veau est faible.
II y a deux methodes pour elever les veaux: l'une qui consiste dans l'allailement naturel ou au pis de la mere; lautre qui se fait artificielle-ment ou au baquet. Chacune d'elles a ses avan-tages et ses inconvenients, et on doit choisir d'a-
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pres les circonstances dans lesquelles on se trouve.
L'allaitement naturel operant par la succion des trayons favorise plus que la traile la produc­tion du lait, et convient mieux pour les veaux is-sus de jeunes bMes ä leur premier part; avec ce Systeme, les diarrhees, les indigestions sont plus rares, les veaux enfin reussissent mieux. Mais on ne peut determiner la quantite de laitconsommee ni substituer au lait pur, pour les veaux d'el^ve, les farines, le tourteau, l'eau ni le the de foin. 11 convient seul, en revanche, aux veaux qu'on veut livrer gras ä la boucherie; ils ont ainsi la viande plus blanche et plus savoureuse.
L'allaitement artiflciel se fait en habituant 1c veau h boire dans un baquet; pour cela, les pre­miers jours, on lui fait teter le doigt ou un chif­fon de linge places dans le lait möme. Alors, il faut donner le lait des qu'il est sorti du pis, ou le ramener, avec de l'eau tiede, ä cette möme tem­perature de 8 ä 10deg; cent. On doit avoirsoin aussi, pendantlesdixädouze premiers jours, dedonnerau jeune animal le lait de sa mere sans aucun me­lange-, plus tard, on peut lui donner le lait m6Ie de la vacherie, ou bien du lait ecröme additionne d'eau tiede, de farines, de tourteau, de the de
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foin, etc. Ce Systeme permet de rationner leveau, de tenircompte de la consommalion, d'economi-ser le lait en lui substituant en partie d'aulres ali­ments. Mais, nous le r^petons, les indigestions et lesdiarrhees, souvent mortelies, toujoursfunestes, sont plus fröquentes avec ce Systeme, qui neces-site aussi la separation immediate, apres la nais-sance, du veau et de la mere. Le jeune animal doit 6tre mis dans un bdtiment voisin, mais s6-parö de la vacherie, pour eviter que sa mere aussi bien que lui se tourmentent et s'agitent. Or il est des vaches qui, pendant les premiers jours de la separation, refusent de donner leur lait h la traite.
En somme, je crois pouvoir conseiller l'allaite-ment naturel pour les animaux dont on veut faire de beaux reproducteurs ou ceux qu'on veut livrer ä la boucherie, et l'allaitement au baquetpour les animaux de service, qui doivent 6tre sobres et rus-tiques. Mais j'ajoute que, dans un cas comme dans l'autre, la plus grande reguiarite dans l'heure des repas, la plus extreme proprete dans les soins sont une condition essentielle de reussite. On fait teter ou on fait boire les veaux trois fois par jour au moins, et,quand ils sontun peu plus tgis, qualre fois. Lorsque la vache n'a point assez de lait pour
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nourrir ceux qu'on allaite au pis, on leur fait te­ter, outre leur möre, une autre vache qui s'y ac-coutume, en general, assez promptement.
On sevre les veaux d'el^ve ä des äges trfes-va­riables, depuis 5 semaines jusqu'ä 6 mois; ce sont lä deux extremes ä 6viter. Ceux qu'on destine au travail ou ä la laiterie doivent, selon la valeur qu'on attache au iait, 6tre sevres de 2 ä 5 mois; ceux qu'on destine ä la reproduc­tion et dent on veut faire des bamp;es d'^Iitepeuvent n'6tre sevrös qu'ä 4 mois. Mais le sevragc doit etre une oeuvre intelligente et non brusquöe; il faut, quelque temps ä I'avance, habiluer le veau ä boire d'autres liquides que le lait et ä manger quelques fourrages; il est important de distendre successivement son rumen jusqu'ici ä peu pres reste sans fonctions. Les farines, un peu de four­rages verts ou sees de bonne quality, des racines conviennent fort bien dans ce but. En möme temps, on commence h le faire teter ä des inter-valles plus eloignös, trois fois au lieu de quatre, puis deux fois et enfin une fois seulement; quand on a bien prepare d'avance l'animal ä se nourrir seid, le sevrage peut s'operer complötement en huit ä dix jours.
Mais c'est toujours une ^poque critique pour le
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vean; ce n'est qu'ä force de bons soins et de bons aliments qu'on l'empßche de depörir trop sensi-blement.
Lorsque le sevrage s'opöre au printemps ou ä l'automne, on peut envoyer les jeunes animuux au pdturage, non point avec leurs meres, mais dans un petit enclos reservö. S'il a lieu en ete ou en hiver, par les chaleurs ou les froids, quand 1'herbe est brülee ou gelee, il est preferable de les nourrir ä l'etable. Les bceufs de travail, les vaches laitieres, dans leur jeunesse, ne doiveut point 6tre pousses en nourriture; des aliments un peu grossiers, sans 6tre malsains, et en quantity süf­fisante, voilä ce qu'il leur faut : du foin de pres has, mais bien recoite, et de la paille d'avoine ou de froment non rouille. Quant a ceux dont on veut obtenir des reproducteurs pour la graisse, leur engraissement a du commencer du jour de leur naissance, et rien n'est de trop pour eux, fourrages naturels et artiflciels de premiere qua-lite, farines, tourteaux, racines, etc.
C'est qu'en efiet il est d'observation et incon­testable que les animaux bien nourris font une poitrine ample et vaste, un squelette leger, des extramp;mites fines, qu'ils sont precoces et disposes ä prendre la graisse; que ceux qui ne sont que mamp;-
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diocrement nourris viennent plus hauts de taille, conservent une poitrine un peu etroite, des mem-bres plus longs, restent plus sobres et plus ener-giques, donnent plus de lait. Les soins et le re­gime sont presque aussi puissants pour la confor-matiou des unimaux que les parents eux-m^mes; or les aptitudes dependent ^videmment de la conformation.
Rien done ne s'oppose ä ce que dans l'^levage on introduise le calcul economique toutes les fois que cela est possible, et ä ce qu'on utilise les dif-ferentes matieres d'un prix peu ^ieve qu'on peut avoir ä sa disposition, comme le lait ecreme, le lait de beurre, les residus de distillerie, d'ami-donnerie, de feculerie, etc., le son, les racines, les soupes, les fourrages verts ou sees, baches ou fermentes, la paille, etc., etc., dans le but de com­poser des rations d'un prix peu elev^, mais süffi­santes pour atteindre le but qu'on s'est propose. II est bien entendu pourtant que le päturage, sur-tout lorsque, par l'enclos des pieces, on a rendu le gardiennage ä pen pres inutile, est, de tous les modes d'alimentation pour lejeune Wtail, leplus convenable et le moins coüteux. Nous devons dire, neanmoins, que les herbages de marais ne sont pas sans certains dangers, ä cause de l'humi-
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dite du sol et de l'abondance des planles nnisibles qui y croissent; les maladies cachectiques pour-raient bien en 6tre la consequence; il reste les prairies, les regains, les chaumes, les päturages speciaux, elc.
L'^poque a laquelie on doit commencer a ele­ver el celle oü on doit finir est determinee par le climat et par la nature des fourcages dont on dis­pose : on peut Clever toute l'annee ä ratable, il n'en est pas de m6me au päturage; il fautque les veaux soient assez forts au printemps pour qu'on puisse les faire sortir aux premieres herbes, qu'ils aient pris assez de vigueur pour ne pas 6tre trop tourmentes par les mouches pendant les grandes chaleurs de l'ete; on öleve alors les veaux qui na'ssent de decembre en fevrier; ce temps passe, on engraisse les veaux pour la boucherie; c'est ainsi qu'on opere en Normandie, par exemple. Lorsque, au sevrage, on est contraint, faule d'en-clos, de mettre des veaux ä 1'herbe avec les meres, il est bon d'affubler les jeunes animauxd'une mu-scrolle garnie superieurement de petits piquanls, afin de les empßcher d'aller lourmenter les vaches pour teter. J'ajoulerai qu'on doit se garder de les cnvoyer dans les enclos planlos en pomcaiers ou poiricrs, des que les fruits sont assez gros, parce
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qu'ils s'6trangleraient en les avalant, qu'on doit veiller h ce qu'ils ne puissent derober de linge qu'ils sont generalement enclins ä mä-chonner, puis ä avaler; qu'enfin ils doivent 6tre conduitsdoucementaux champs, pour eviter les sauts, le passage des haies, les morsures des cbiens, etc.
Nous arrivons maintenant a l'engraissement des veaux, Industrie devenue plusgönörale qu'au-trefois, oü eile ^tait ä peu pres exclusivement cantonnee dans les environs de Paris (Brie,Vexin), en Normandie et dans le Gätinais. C'estä Paris toujours que se consomment les plus beaux et les meilleurs veaux, Ages de 5 ä 6 mois, tandls qu'aux environs des petites villes ils n'ont pas toujours atteint 5 a 6 semaines. Depuis que notre r^seau ferre s'est developpö et complete, le lait a acquis une plus grande valeur, et cette In­dustrie, comme tant d'autres, s'est deplacee, ou plutöt s'est generalisee, car on engraisse aujour-d'hui des veaux aux environs des villes comme dans les campagnes reculees.
Mais, pour pouvoir payer le lait ä un bonprix, il faut que l'engraissement soit conduit avec rapi­dity, et le probleme consiste ä faire absorber au veau le plus de lait dans le moins de temps pos-
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sible : c'est l'appötit du veau qui doit former la seule limite.
On choisit, en g^n^ral, de preference, lesmAles qui consomment plus, mais profitent plus aussi quelesgenisses;onles met dans de pelits boxes en planches, de lm,30 de c6tamp;, fournis d'une abon-dante liliere. On leur donne.troisoumßme quatre fois par jour, du lait pur, ttede, dans un baquet de 3 jM2 litres ou davantage par jour, suivant leur äge, c'est-ä-dire autant qu'ils en peuvent consommer. Pour faire de bons veaux de bouche-rie, rien ne saurait remplacer le lait pur. Quel-ques ^leveurs cependant öcrement le lait, et don-nent le lait maigre additionn6 de farine d'orgeou de froment. En tous cas, entre les repas, le veau doit 6tre rauni d'une muserolle pour l'empfecher de mächonner sa litiere ; un animal qui a mang6 du fourrage vert ou sec, paille, etc., a la viande rouge, et la premiere condition du beau veau, c'est d'etre blond. D'autres engraisseurs enfin ajoutent au lait laquo; soit des echaud^s, soit du pain blanc de laquo; premiere qualile.soit de la farine de riz, soit du laquo;rizcuit etcrev6;beaucoup leur cassent des oeufs laquo; dans la bouche, matin et soir. Cesaliments, associes a aulait, donnent au veau de la taille et du poids, laquo; mais alterent sensiblement la qualite de sa
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laquo; chair et de sa graisse; ils ne sont, en outre, laquo; reellement utiles que vers la fln de l'engraisse-laquo; ment. raquo; Nous ne saurions blArner cependant Fusage des ceufs (jaiine, blanc et coquilles) qui agissent physiologiquement dans l'acte digestif et blanchissent la viande.
L'engraissement du veau dure, selon les cou-tumes locales, le prix du lait etcelui de la viande, dedeux ä six mois et plus, et quelquefois un an, comme dans les comles de Norfolk et de Lanarck (lies Britanniques). En general, on n'a pas intöröt ä le pousser au delä de deux ä trois mois. Un anU mal de cet äge peut peser vif, en moyenne, 4 SO ki­logrammes et donner 55 pour 400 de son poids vif en viande. II faut, en moyenne, iO litres de lait pur pour produire 1 kilogramme de poids vif, dont le prix varie de 0f,60 ä l',30, selon l'^ge et la qualite.
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CHAPITRE XII.
Du lait, du beurre et des from ages.
PROPRIETES DU LAIT.
Le lait de vache est une boisson tres-agreable,
que toutes les nations (Tailleurs mettent au nom-
bre des aliments les plus doux et les plus exquis,
pourvu, neanmoins, qu'il soit de bonne qualite.
C'est lanourrilure ordinaire des enfants; mais il
convient aussi aus adultes, je veux dire k ceux
qui sont arrives au point de leur croissance, de
leur force et de leur vigneur; en un mot, aux
hommes faits qui, par son usage, semblent ra-
jeunir s'ilsle prennent pur et seul. C'est avec le
lait qu'on repare les corps maigres et epuisös,
pourvu qu'il soit exempt de salure et d'aciditö, et
qu'il soit tire d'une vache entre quatre ou six
ans, qui ne soit point actuellement pleine, et qui
ait laquo;He nourrie d'herbages verts et de bons sues.
Lorsque ces conditions se trouvent ramp;inies, 11
est utile aux phthisiques et aux goutteux; il
adoucit les humeurs acres et irritantes, et corrige
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les vices de leur essence; il est utile dans les he-morragies; il est propre a envelopper et emousser les particules corrosives des poissons, et les autres matieres qui irritent ou piquent les fibres ner-veuses.
Le lait qu'on vient de traire est celui qui con-vient le mieux. Si on ne peut pas se le procurer ainsi, il faut du moins lui donner, au moyen du bain-marie, un degre de chaleur approchant de celui qu'il aurait en sortant du pls de la vache.
II faut encore observer que le lait cuit ou qu'on a fait bouillir remedie meme ä la diarrhee et ä la dyssenterie, et qu'il s'aigrit plus difficilementdans Testomac.
Enfin je ferai remarquer que la nourriture dont usent les vaches influe beaucoup sur la qua-lite du lait. On sait que lo safran, la garance, la casse, le vin, etc., cornmuniquent leur couleur an lait; que le thym, la sarriette, la sauge, etc., lui donnent un goüt aromatique, et qu'il prend le goütdel'ail, du celeri, de l'absinthe, elc.
Quant ä 1'usage externe du lait, on s'en sert pour faire des lavements, des fomentations, des cntaplasmes, etc. : c'est un excellent remede ano­din, adoucissant et Emollient.
Le bon lait n'est ni trop 6pais ni trop clair; sa i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 8
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consistance doit 6tre teile, que, lorsqu'on en prend une goutte dans une cuiller avec la l6te d'une grosse dpingle, eile conserve sa rondeur sans couler ; il doit 6tre aussi d'un beau blanc et sans odeur. Celui qui tire sur le bleu ou sur le jaune ne vant rien. Sa saveur doit 6tre douce, sans ancune amertume et sans dcrete : il est meil-leur depuis le mois de mai jusqu'au mois de sep-tembre que pendant l'hiver; et il n'est parfaite-ment bon que quand la vache est en bon äge et en bonne sante.
Le lait des jeunes genisses est trop clair; celui des vieilles vaches est trop sec, et pendant l'hiver il est trop epais. Ces dilKrentes qualites sont rela­tives ä la quantite plus ou moins grande des parties butyreuses, caseeuses et sereuses qui le com-posent.
Le lait d'une vache qui est en chaleur, ou qui approche de son terme, ou qui a mis bas depuis peu de temps, n'est pas de bonne qualite; ainsi on ne devrait en faire usage que deux mois avant qu'elle n'accouche.
Remarquez que le resultat des observations sur le lait trait des vaches, au commencement d'une maladie, est qu'il est moins blanc que celui des saines, un peu sale, legeremenl amer, et en
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moindre quantite; que, mis sur le feu, ii ne leve pas comrae le bon lait, mais qu'il se decompose et se grumelle. Son usage est, dans ce cas, tres-dangereux.
Organiquement, le lait est le produit d'une secretion, compose d'eau et de divers principes, et qui par le repos, l'exposition ä l'air se divise en trois parties, se superposant dans l'ordre sui-vant, en commencant par le haut : le butyrum cr^me ou beurre, principe gras qui renferme de la bulyrine, de la margarine, de l'ol^ine, de l'a-cidebutyrique et un principe colorant particulier; le samp;'um ou petit-lait, qui renferme, outre l'eau, de l'acide lactique, des chlorures de soude et de potasse et du sulfate de potasse; enfln le cas6um ou caill^, portion la plus lourde et la plus nour-rissante, qui renferme un principe azote (le ca-seum), des sels ammoniacaux et une huile par-ticuliere.
Inorganiquement, le lait renferme des chlorures de soude et de potasse, des phosphates dechaux,de fer et de magnesie en proportion variable, outre 80 ä 92 pour 100 d'eau. La proportion relative de ces divers Moments varie selon la Periode de la traite, le premier lait tire etant moins riebe que le dernier; Tage de ranimul, les genisses et
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les vieilles vaches donnant un lait moins cremeux que les Mtes adultes; la periode de la lactation, la qualite du lait s'accroissant ä mesure que son abondance diminue; enfin, suivant la nature des aliments consommös, le regime vert ou sec, la temperature, etc. J'ajouterai que 1'aptitude spe-ciale de la race, le temperament de l'individu, dont la couleur du pelage est le plus souvent I'in-dice, la nature du sol qui a produit les aliments consommes, la flore des pdturages et leur alti­tude, influent considerablement sur la qualite et l'abondance du laitage.
On sait, par exemple, que la vache bretonne produit, sur les bruyeres de son pays natal, une grande abondance d'un lait tres-rlche relative-ment ä sa taille et a la nourriture qu'elie re^oit, tnndis que, mise dans une autre conlree ä un re­gime plus succulent, eile engraisse'et ne produit plus que tres-peu de lait. On salt que les races charolaise et limousine sont moins laittäres que celles normande et hollandaise; que les races de Jersey et d'Alderney donnent im lait tres-riche et d'une belle couleur jaune. II est de notion 61e-mentaire que les päturages aromatiques des mon-tagnes produisent un lait et une creme plus sa-voureux que les marais et les ötüngs ; que le lait
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et le beurre sont plus delicats, plus savoureux au prinlemps qu'en hiver, par line temperature mo-döröe que pendant les extremes de chaleur et de froid; enfin des experiences de M. le professeur May (Baviere) on peut conclure que la tempera­ture, de 10deg;R., soit 120,S C, est la plus fa­vorable ä la secretion du lait.
Le lait est vendu ou consomme en nature, ou bien converti soit en beurre, soit en fromagcs mais, dans tous les cas, il faut le traire avec ia plus grande proprete; les traites doivent avoir lieu trois fois en ete et deux fois en hiver, chaque jour. II est important, avant de commencer ce travail, de laver ä l'eau tiede ou froide, suivant la saison, les trayons de chaque vache pour les de-barrasser du fumier qui peut s'y 6tre accumule pendant que l'animal s'est couche; il n'est pas moins essentiel que les traites aient lieu avec une grande regularity aux m£mes heures; les usten-siles dans lesquels on recevra le lait ä la sortie du pis, le seau, le tamis dans lequel on le coulera ensuite avant de le porter ä lalaiterie, seront chaque fois parfaitement laves ä l'eau chaude; enfin les vaches seront traitees avec douceur, seul moyen d'en obtenir tout leur lait.
Apres la mulsion ou traite et le conlage ä tra-
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vers un tissu de crin ou une passoire, le lait doit 6tre porte ä la laiterie, pour s'y refroidir et y 6tic conserve.
La temperature de la laiterie doit 6tre compriso entre 12 et 15deg; C; c'est celle oü ia creme monlc le plus completemenl sans s'alterer; mais, si on veut conserver le lait pour la vente, les precau­tions doivent tendre ä pr^venir le montage de la cr^me, et pour cela on plonge les vases en fer battu qui contiennent le lait dans un rafraichis-soir ou äuge en pierre, remplie d'eau fralche. Cette laiterie doit 6trc installee dans un apparle-ment expose au sud avec des ouvertures au nord, vaste, d'une aeration facile en ^le, chauffe en hiver, dallö ä joints etanches, bien plafonne, garni de volels aux fenßtres et de doubles porles. La plus grande proprete,jele repete, estindispen­sable dans toutes les manipulations du laitagc ; aussi la laiterie doit-elle 6tre frequemment lavee, surtout en ete, et les tablettes et vases soigneuse-ment nettoyes. Si l'on fabrique des fromages, il est indispensable de consacrer ä cette Industrie un appartemenl distinct et sans aucune commu­nication directe avec la laiterie.
Apres vingt-quatre h quarante heures de repos dans la laiterie, la creme est suffisamraent mon-
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tee, et il est temps de la recueillir a la surface du lait, aumoyend'une 6cramp;noireoud'une öcumoire. On verse celte creme dans un vase en gn^muni, äsonextremiteinförieure, d'un robinetpar lequel s'^coulera le petit-lait qui descendra au fond. Douze heures apres le premier icremage, on en opere un second, afin de recueillir le peude creme qui sera remontee. Apres deux ä trois jours en ete, cinq ä six en hiver, la creme est bonne ä b; ratter.
On emploie, ä cet effet, un moulin ä beurre ou baratte baignant dans de l'eau tiede en hiver, dans de l'eau fraiche en ete, et on tourne une ma-nivelle placke sur un axe arme de palettes de diverses formes et percees de trous qui, par leur mouvement accölere, agitent le lait en tous sens, rompent les globules dans lesquels est renferme le butyrum qui s'agglomere en morceaux, se se-parant du lait de beurre. II y a des barattes de toutes formes et de tous systemes; celles qui ope-rent le plus rapidement ne sont pastoujours celles qui donnent le beurre de meilleure qualite. Celle qui exige le plus de temps, mais produit le meil-leur beurre est la baratte normande a piston dite ribot. La baratte Valcourt presente cet avantage qu'elle permet de modißerexterieurement la tem-
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peraturc trop elev6e ou trop basse, au moyend'eau tiede ou fraiche; mais dans un cas eile produit du beurre mou et sans parfum, dans l'autre un beurre suifeux : mieux vaut tenir la laiterie ä une teraperalure moyenne et baratter sans ces moyens auxiliaires.
II y a egalement divers precedes de baratlage ; on peut battre la creme seule; le lait pur, le lait et la creme apres les avoir laisses legerement ai-grir, ou la creme apres l'avoir fait bouillir. Le premier procede parail devoir 6trepref^re, quant a la qualite et ä la quantite des produils obtenus.
Le beurre etant forme, il faut en röunir les grumeaux, les laver et les presser, et en former des pains de formes diverses. Le residu, ou lait de beurre, peut 6tre donneaux veaux, aux porcs, ou employe ä la nourriture de Thomme, ou en­core ä la confection du pain.
Quand la temperature de la laiterie est main-tenue entre les points extremes que nous avons indiqu^s, il est inutile d'employer de presure, la qualitö du beurre est alors bien superieure. Quand ce produit n'est pas destine ä une consommation immediate, il faut proceder ä sa salaison. Pour cela, on l'etend sur une table bien propre, et on le roule en lous sens, a mesure qu'on le sale, en
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employant de 40 ä 100 grammes de sei par kilo­gramme; lorsqu'il est suffisamment malaxe, on en forme de gros pains qu'on entoure d'nn linge fin et frais, ou, si sa conservation doitfetre longue, on le tasse dans des pots de gres qu'on beuche hermötiquement, ou dans des barils de bois blanc cerclös de fer; enfin on peut encore le fondre au bain-marie et le placer ensuite dans des vases semblables.
II faut, en moyenne, 25 litres de lait pour ob-tenir 1 kilogramme de beurre; ou i'jSO de crfcme pour obtetiir le möme resultat en beurre. iOO litres de lait produisent, en moyenne, SSSOO de beurre, H litres de lait de beurre et 85 litres de lait ecreme ou de fromage maigre et petit-lait.
On peut fäbriquer des fromages de quatre sortes : gras ou maigres, suivant que le lait a ete ecreme ou non ; des fromages crus ou cuits, sui­vant que le lait a subi ou non une cuisson plus ou moins prolong^e. Les fromages gras contien-nent la creme et le caille; les fromages maigres ne renferment que le caille ä peu prfes seul. Pour les uns comme pour les autres, et afin d'obtenir la coagulation du cascum ou caill6, on emploie la prösure.
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On trouve, dans le troisieme et le quatriäme estomac des veaux eleves au lait de leur mere, des grumeaux de lait caiile, impregnes d'acide lac-lique, secrete par la membrane möme de 1'esto­mac; on les lave bien dans plusieurs eaux afin de les damp;mrrasser de toute impurete, on les laisse bien egoutter, puls on les broie avec deux cuille-ries de creme qu'on assaisonne avec du sei et du poivre; on met ce melange dans la caiilelte du veau qu'on attache dans un lieu sec pour s'en ser-vir au besoin. Pour s'en servir, on en coupe de petits morceaux qu'on met pendant quelques heures macerer dans de l'eau liede, et c'est cetle eau qu'on verse dans le lait, ä raison de 15 gram­mes de celte dissolution pour 100 litres de lait. II faut beaucoup moins de presure en ^te qu'en hiver; il en faut plus pour unlaitpauvre quepour un lait träs-cremeux.
Dans la fabrication des fromages crus, on verse la prösure aussitöt que le lait, apres la traite, est refroidi; pour la plupart des fromages cuits, on n'ajoute la presure que pendant ou apres ia cuis-son. Apres une ou deux heures, la coagulation est complete; apres huit a dix heures, le caillot etant devenu compacte, on le malaxe en tous sens avec une cuiiler ou dans une sorte de baratle, puis on
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verse dans des monies ou des faiscelles. 11 s'e-goutte, et le petit-lait s'ecoule; pour certaines sortes tie fromages, on soumet la partie supe-rieure ä 1'action plus ou moins energique et pro-longce d'une presse. Pendant Tegouttage, on rem-plit le moule ä plusieurs reprises, afin que le fromage ait une epaisseur determinäe et egale. Lorsqu'ilestsuffisamment debarrasse da petit-lait, on le retire du moule on de la faiscelle, et on le depose sur des tablettes a claire-voie ou sur de la paille de seigle gluitee, ou enfin sur de petifs paillassons; chaque jour, on le retourne et on le sale par-dessus.
Lorsqu'on vent faire affiner les fromages gras, on les expose h une temperature en möme temps chaude et humide, dans du foin ou enlre deux ardoises, apres les avoir saupoudres de cendres ou les avoir trempes dans du vin blanc. On ne fait affiner que les fromages gras ; les maigres se font secher au soleil ou ärairchaud, et se conservent longtemps ainsi, ä condition qu'on ail le soin de les brosser de temps en temps.
Les fromages cuits s'obliennent en exposant le lait ä une temperature qui varie, suivant la va-riete que Ton veut oblenir, de 20 ä 33deg; C. ; e'est pendant cette demi-coction qu'on verse la pre-
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sure, en ayant soin d'agiter presque constamment le lait. On retire du feu, on laisse cailler, puis on verse dans des moules en bois qu'on soumet h une pression assez forte pour faire ^couler lepetit-lait. Vingt-quatre heures apres, environ, le fro-mage est sorti du moule et porte au magasin, ou il est sale et frotte tons les jours, et retourn6 de temps en temps. En deux mois d'el6 et trois mois d'hiver, le fromage de Gruyeres absorbe en sei de 4 ä 4,50 pour lOOdesonpoids. Lorsqu'il est bien sec, on l'empile, et il ne reste plus, en attendant la vente, qu'a le frotter ou le brosser de temps en temps.
II y a une foule de manieres de faire des fro-mages, et chaque contree s'applique ä obtenir un produit distinct: Brie, Livarot, Camembert, Ma-rolles, Fertois, Montpellier,Sassenage, Roquefort, Septmoncel, Gerardmer, Hollande, etc. On com-prendra que nous ne pouvons ici entrer dans de plus grands details; nous engageons ä recourir ä des traites speciaux, tels que VArl de faire le beurre et les meilleurs fromages, d'apres Ander­son, etc. (1).
Apr^s la fabrication du fromage, il reste un r6-sidu, le petit-lait.
(1) Librairie de Mme veuve Bouchard-Huzard, 1 vol. in-S
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PROPRIETES DU PETIT-LAIT.
Le petit-lait esl du nombre des rafraichissants et des temperants; il est legerement purgatif, et il excite encore les urines. Ces vertus le font em­ployer dans les Sevres, les inflammations, la dys-senterie, les retentions d'urine, et dans les ma­ladies de la peau, tant en boissons qu'en lave­ments.
Si on ajoute au petit-lait la sixieme partie de vinaigre sur la totalite de la boisson, on aura un remede efficace centre les maladies epizootiques, qui sont du genre des phlogoso-gangreneuses, comme dans le charbon, les lievres malignes, etc. L'usage de cette boisson acidulee, administree aux bötes ä comes pendant les trois premiers jours de ces maladies, a surpasse (oute attente.
Le petit-lait pent 6tre utilise avantageusement dans la nourriture des jeunes porcelets, qui s'en montrent, en gönöral, tres-desireux ; mais il faut se garder de le donner aux pores et autres bfites ä l'engrais, ni aux vaches lailieres.
Somme tonte, et a moins de conditions anor­males, il est economiquement preferable de vendre son lait en nature toutes les fois qu'on se trouve i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;9
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aupres d'une grande ville ou sur une ligne de chemin de fer; rindastrie qui paye le mieux le laitage est ensuite le beurre ou la fabrication de certains fromages; et, en dernier lieu, l'engrais-sement des veaux. Ainsi, dans les grandes villes, le litre de lait se vend, en rnoyenne, Of,15 ; le kilogramme de beurre, 2 fr. environ; le kilo­gramme de fromages se vend, suivant la sorte, de 0(,20 ä lf,20. Or il faut 23 litres de lait pour faire 1 kilogramme de beurre; 9 litres de lait pour faire le mßme poids de fromage de Hollande ou de Roquefort; 10 litres pour le Chester, qui se vendent de Of,7S ä Of,80 pris sur place ; mais les residus de fabrication nesont point suffisants pour payer les frais göneraux et la main-d'oeuvre. Ainsi, ä la vacherie de Saint-Angeau, la fabrica­tion du fromage, fagon Hollande, paye le litre de lait ä raison de Of,H a 0f,12, net, en y compre-nanl l'emploi des residus a l'alimentation des veaux etporcs. M. Martin deLignac porteleprix paye du litre de lait a 0f,18 pourle Hollande, 0^19 pour le Chester et 0',225 pour le Roquefort; mais il suppose que les residus payent les frais de fa­brication, et il retire du petit-lait 1 kilogramme de beurre pour 100 litres.
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CHAPITRE Xin.
Du travail du boeuf.
L'homme eraploie soit simultanement, soit suc-cessivement I'espece bovine au Iravail, ä l'en-graissement ou au lait. Ses pieds fourchus sem-blent, dans les vues de la nature, la destiner au päturage des marais et au labour des terres fortes et argileuses, ou eile enfonce moins que le cheval; son allure lente, sa Constance dans les efforts pa-raissent ^galement la prödestiner au travail des terres en pente. Aussi, en France surtout, a-t-on utilise celte sorte d'aptilude naturelle de l'espöce dans un grand nombre de contröes. En Suisse, on fait m^tne, ainsi qu'en Allemagne, souvent tra-vailler, et les vaches laitieres et les taureaux; il y a quelques ann^es encore, dans l'ancien Berry et dans les contr^es meridionales de la France, dans la Bretagne, dans l'Est, on mettalt et on met en­core les vaches laitieres ä la charrue et ä la voi-ture. Dans l'Auvergne, le Limousin, le Choletais, la Bretagne, la Normandie, le Charolais, la
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Franche-Comte, etc., le boeuf est et sera long-temps encore lanimal de travail agricole presque exclusif. II y a plus, dans nos ports de met, dans nos uslnes de l'Ouest, du Nord et de l'Esl, le boeuf est applique ä tous les gros transports sur nos routes; ä Paris encore, les entreprises de camion-nage de plusieurs chemins de fer attellent des boeufs ä leurs lourds waggons de charbon de terre; un grand proprtetaire du Nord les applique raöme ä sa caleche. üepuis queiques annees, la Beauce, la Brie, le Vexin, tendent ä remplacer, pour les labours, le cheval par le boeuf, et c'est le manque de bouviers qui seul enchaine la rapidlte de cette Substitution.
Ce fait semble 6tre une reaction contre la manie, si souvent pousste jusqu'ä l'absurde, des croisements irreflöchis entre nos races chevalines indigenes, d'une part avecle cheval de race noble, et de l'autre entre nos races bovines sobres, rus-tiques, travailleuses avec les races anglaises ame-lioröes pour la graisse. Le travail du boeuf est plus lent que celui du cheval, il est vrai, mais aussi quels immenses avantages ne possede-t-il pas sur ce dernier animal, dans la plupart des circonstances ? Se contentant de fourrages moins sapides, prenant, pendant plus des trois quarts
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de l'annee, sa nourriture au pälurage, n'ayant nul besoin d'avoine, ä peine sujet aux maladies et aux accidents, n'exigeant que des harnais peu coüteux et d'une longue duröe, perdant fort peu de sa valeur propre, presque toujours utilisable parla consommation et l'engraissement des qu'il doit 6tre röforme, lent, mais plein de courage, et ne cessant jamais de tirer , quelle que soit la charge, prompt ä prendre son repas, docile et ve-nant de lui-m6me se ranger sous le joug, se lais-sant conduire par un enfant; c'est bien l'animal du travail economique pour la grande culture.
La vache sembleraquo; au contraire, 6tre celui de la petite propriety. On lui demande, en effet, du lait en m^me temps que des labours ou des charrois 5 on nepeutdoncguere lalivrer aux soinsdemerce-naires qui, tropsouvent.d^barrasseraient ses ma-melles de leur prdcieux fardeau; Toeil du maitre est indispensable. Et puis, que de soins n^cessaires pour la preserver des accidents pendant sa gesta­tion ! Si le travail mod6r6 lui fait perdre, en moyenne, lorsqu'elle n'est attel^e qu'une demi-journöe, un quart environ de son produit normal en lait, eile a aussi Failure plus vive que le boeuf, et tous les ans eile produit un veau d'eleve ou d'engrais. Quelques grands proprietairesonttentc
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d'adapter les vaches aux fajons de la culture ä l'exclusion des boeufs, en Allemagne surtout; presque tous ont du y renoncer; il leur fallait un nombre de vaches double au moins de celui des boeufs, et le produit en lait se r^duisait nean-moins de trois cinqurämes environ. II n'en est pas de m6nae dans la petite culture, oü les travaux sont moins accumulös, moins pressants et oü le maitre lui-m6me conduit les animaux.
Nous avons indique plus haut la conformation speciale au boeuf de travail ; nous devons ajouter ici quelques considerations sur la namp;essitö d'ap-pareiller les deux compagnons dejoug. Us devront 6lre, autant que possible, de mörae taille et de ra^me force, de m6me allure et d'une egale do-cilite ; leurs cornes, r^guliörement dirig^es, se prMeront bien au joug sans se conlrarier; leur age sera pareil et compris entre trois et sept ans. Pour les labours cependant, on met, en ge­neral, le plus fort, celui qui doit marcher dans le sillon ouvert, ä la droite, si le versoir se trouve a droite. Les boeufs les plus jeunes ou les moins forts, ceux qu'on dresse, se placent en avant, et los plus puissants sont attelamp;ä en arriere, sur la charrue m6me, ^tanl seuls charges des tour-nees.
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MAJVIERE DE DRESSER LES BOEUFS POUR LE TRAVAIL.
Des Tage de 2 ans et denai 011 3 ans au plus tard, ii faut peu ä peu accoutumer le boeuf ä porter le joug, afin qu'il se laisse conduire ai-sement; si Ton attendait plus tard, il deviendrait indocile et souvent indomptable.
On commence ä apprivoiser les bceufs et ä les subjuguer : la patience, la douceur et les caresses sont les seuls moyens qu'il faut employer ; la force et le mauvais traitement ne serviraient qu'ä les rebuter pour toujours. 11 faut done leur frolter le corps avec un bouchon de paille, les gratler sous le cou, les caresser, leur donner de temps en temps de l'orge bouillie, des feves concassees, et d'autres nourritures de cette espece, dont ils sont le plus friands, et toutes m61ees d'un peu de sei qu'ils aiment beaueoup ; en möme temps on leur liera souvent les cornes, ou on leur mettra un harnais sur le corps. Quelques jours apres, on les mettra au travail, et on leur fera trainer un char ou une charrue avec d'autres bceufs de m6me taille, et qui seront tout dressös: on aura soin de les attacher ensemble ä la mangeoire, de les mener de meme au pAturage, afin qu'ils se connaissent
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et s'habituent ensemble, et a n'avoir que des mou-vements communs; et Ton n'emploiera jamais l'ai-guillon dans les commencements, il ne servirait qu'a les rebuter. II est necessaire aussi de les ma­nager et de ne les faire travailler qu'ä petites re­prises ; car ils se fatiguent beaucoup tant qu'ils ne sont pas lout ä fait dresses, et on les nourrira plus largement que dans les autres temps.
On peut aussi faire servir la vache k la charrue; et, quoiqu'elle soit moins forte que le boeuf, eile ne laisse pas de le rempiacer souvent. Mais, lors-qu'on veut 1'employer ä cet usage, il faut avoir soin de l'assortir, autant qu'on le pent, avec un boeuf de sa taille et de sa force, ou avec une autre vache, afin de conserver l'egalit^ du trait et de maintenir le soc en equilibre entre ces deux puis­sances : moins elles sont inegales, et plus le la­bour de la terre est facile et regulier. Au reste, on emploie souvent quatre ou six boeufs dans les terrains fermes, ou dans les terres en friche qui se levent par grosses mottes et par quartiers; au lieu que deux vaches suffisent pour labourer les terrains meubles et sablonneux.
TEMPS POUR METTRE LES BOEUFS AU TRAVAIL.
II faut, pendant l'ete, alteler les boeufs et les
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mener au travail des la pointe du jour jusqu'ä neuf ou dix heures; ensuite les ramener k ra­table, ou les laisser päturer dans les bois, ä l'ombre, pendant la grande chaleur, et ne les remettre ä l'ouvrage qu'a trois heures du soir.
Au prinlemps, en hiver et en automne, on pourra les faire travailler, sans interruption, de-puis huit ou neuf heures du matin jusqu'ä cinq ou six heures du soir.
Les boeufs ne sont propres pour le travail que jusqu'ä huit ans; ainsi, pass^ ce temps, si Ton veut qu'ils prennent bien la graisse, il ne faut pas differer de les engraisser de la maniere suivante, et la chair en sera beaucoup meilleure.
Le boeuf, d'apr^s la moyenne des experiences, produit un quart de travail de moins que le che-val, en moyenne, dans un cas donne, et dans des circonstances identiques, si nous considerons les famous culturales. La vache a I'allure un peu plus rapide que le boeuf, mais eile est moins forte, et la proportion rests ä peu pres la m^me; mais il n'en est plus ainsi, si nous etudions la question des transports; I'avantage reste bien encore au cheval sur les bonnes routes plates, mais il passe du cöle des boeufs s'il s'agit de mauvais chemins ou de routes montueuses. Encore, dans le premier
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cas, l'adoption du collier, pour leboeuf, lui rend-elle presque one allure ögale ä celle du cheval; le joug simple, outre une grande economie de har-nais, laisse aux mouvements de l'animal presque autant de liberte que le collier; mais c'est avec le joug double que le boeuf peut ebranler et trainer la charge la plus lourde,aux d^pensde la vitesse.
Pour nous resunaer, nous dirons que le cheval et le boeuf sont les animaux de la grande culture, les vaches l'animal de la petite ; que le cheval convient mieux ä la culture tres-avancee, dans les terres legeres, dans lesplalnes, pour les labours et surtout les hersages; que le bceuf convient plus specialement pour les labours en terres fortes, en coliines ou montagnes, lä oü les fourrages sont grossiers, pour les transports en chemins mauvais ou accidentes, enfin que la vache est speciale aux petits cultivateurs de terres legeres, eloignes des villes.
Au point de vue economique, nous ajouterons que, tandis que le prix de revient de la journ^e de travail du cheval, qu'on ne peut calculer qu'ä 25S jours par annee, s'eleve ä 2f,50 en moyenne, le prix de la journ^e du boeuf, calculöe a raison de 200 jours par annee, ne s'eleve qu'ä lf,55, et le prix de celui de la vache ä 0,80 par demi-attel(5e.
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Les animaux de travail doivent, en bonne ^co-nomie, 6lre toujours bien nourris, de facon h ce que, venant les maladies, les accidents ou l'^lge, on puisse de suite les vendre pour la boucherie, pour l'herbage, ou bien les engraisser soi-möme, Aussi beaueoup de cultivateurs ne demandent-ils ä leurs boeufs ququot;une demi atlelee par jour, de fagon ä n'arrßter ni leur croissance ni leur deve-loppement musculaire, et h pouvoir, ä chaque instant, les vendre ou les engraisser. Ce syslfeme est celui adopts depuis plusieurs annees dans une partie du Maine, dans Tarrondissement de CM-teau-Gontier, ou on eleve, fait travailler et en-graisse des boeufs croisös manceaux-durhams.
Nous ne pouvons omettre ici de parier du travail des taureaux. Le taureau est doue d'une plus grande Energie musculaire que le boeuf, et im travail modere entretient sa fecondite. On peut aussi tirer de lui un bon parti comme böte de travail exclusif, et on peut voir ä la belle ferme de Bresle, pres de Clermont (Oise), des attelages de taureaux operant tous les charrois de la su-crerie et de la ferme, atteles au collier, el le nez garni d'un anneau.
Reste encore la question de castration. On caslre par bistournage, marlelage et ablation. On
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prefere le premier mode pour les animaux des races de travail; le second est barbare et peu usit6 ; le dernier est considere comme lemeilleur pour les races plus specialement destinies ä Ten-grais. A tort ou ä raison, on croit que le bistour-nage laisse h V animal plus d'energie. tandis que I'ablation obtient une neutralisation plus com­plete du sexe. Quant a Tage, il faut faire la m6me distinction ; cMtrer de bonne heure, soit de 3 ä 5 mois, pendant I'allaitement, les animaux de races precoces ameliorees; et plus tard, de 15 ä 24 mois, les animaux des races vouees surtout au travail.
Nous r^petons qu'un boeuf de trait peut 6tre dresse k 2 ans ou 2 ans et demi, et mis, des lors, au travail avec menagements, mais qu'on doit le reformer des l'ägedeG a 7 ans au plus tard, pour le mettre ä l'engrais. Us6 et trop vieux, il devient dur, mange mal, et profile peu.
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CHAPITRE XIV.
De Tengraissement.
Nous avons esquisse döjä le portrait du boeuf destine ä rengraissemenl, de celui qu'on doit choisir lorsqu'on ne le reforme pas forcement des atlelages, de celui enfln qu'on achete ou qu'on elevedansle but special de le livrer älaboucherie apres lui avoir fait consommer pendant un temps variable lesfourrages de son exploitation oul'herbe desesembouches. Nous supposons toujours quela sante est bonne et que son äge n'est ni trop jeune ni trop avatice. Dans le premier cas, si l'animal fait partie d'une race indigene tardive, la nourri-ture profilerait plus au developpement en ossa-ture et en taille qu'ä l'accroissement en muscles, et surtout en suif. Dans le second cas, les dents fuisant souvent defaut, la mastication serait in­complete, et la digestion peu fruetueuse; l'orga-nisme, use et sans energie, n'assimilerait plus qu'une partie des fourrages.
II est des races cependant qu'on peul livrer ä i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 10
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la bouclierie des Tage de 2 ans et demi ä 3 ans : !es races anglaises ameliorees, par exemple, ou leurs croisements avec nos races fran^aises, ou encore, et dcpiüs quelques annces, des animaux de races indigenes ameliorees, comme la garon-naise.la chorolaise, etc.Ce sont des races precoces.
La precocite est une aptitude que Thomme com­munique ä certaines races, et qui, les amenant plus löt ä Tage adulte, niais plus t6t aussi a la vieillesse, leur permetd'engraisser rapidement et de tres-bonne heure, le developpement de leur squeletle et de leur Systeme musculaire etant pro-mature. On rend facilement, et en quelques ge­nerations, une race precoce, en la tenant ä l'en-grais avec d'excellenls et abondants fourrages depuis le jour de sa naissanoe, et en employant la consanguinite pour reproduire la famiile dont on a entrepris I'amelioration dans ce sens. La consequence, e'est que celte amelioration coin­cide avec une diminution d'energie, de vitallte, de fecondite; au point de vue dos sciences natu­relles, e'est une degenerescence. Mais Thomme, pour son service ou son agrement, a sollicite de la nature bien d'autres derogations a ses lois!
Pour etre vrai cependant, nous devons ajouter que, dans touleslesespeces, la precocite nes'oblient
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t]u'aud6liiment de la race, etde laqnalitcdes pro-duits qu'on en obtient. II est ä peu pres generale-ment reconnu aujourd'hui que la viandedes bteufs durhams de trois ans, quecelle des moutons soulh-downs de vingt mois, que celle des porcs new-lei-ceslers de huit mois, esl de beaucoup inferieure en goüt,en saveur, en deli'catesse ä celle de nosbceufs cholelais, normands ou salers de sepl ans, de nos moutons berrychons de trois ans, et de nos porcs limousins, normands ou craonnais de deux ans. I! est incontestable aussl que les races pre-coccs pechent par la fecondile et la ruslicite, qu'elles ne conviennent enfin qu'a des contrees ou des exploitations d'une grande richesse de sol et de culture.
Pour engraisser les animaux, 11 fautleurdonner en abondance des principes gras; on en trouve sous diverses formes dans l'herbe verte, les forn-rages sees, les racines, les grains, les tourteaux, qui renferment, en outre, des principes azotes, directement utilises pour l'entretien et l'accroisse-ment des organes. C'est lä la parlie organique des aliments; ils renferment, en outre, des principes inorganiques tres-nombreux que nous retrouvons portes parle sang dans tontes les parties du corps.
Au nombre des principes gras ou respiratoires
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noß azotes, on corapte le sucre, l'amidon , la fc-cule, etc.; ils sent charges d'entretenir la respi­ration, et se convertissent en graisse, suif, lard, lorsqu'ils sont devenus surabondants aux besoins de l'organisme. Au nombre des principes azotds on plastiques, se comptent la fibrine , la caseine ct I'albumine vegetaie ; ils sont cbargfe d'entre­tenir el de produire les lissus et les organes pro-prement dits, muscles, appareils, etc. Enfin les inorganiques ou mineraux concourent a la forma­tion et ä Tentrellen non-seulement du sque-lelte, mais encore des muscles, des tissus, des li­quides circulatoires, des excretions et des secre­tions.
Or tons les fourragesnecontiennent pas ou du moins ne renferment pas dans les memes propor­tions ces divers elements. 11 faut done savoir les choisirsuivantlebutqu'onveutatteindre.Lachimie d'un c6te et 1'observation pratique de l'autre sont la base de cette etude. C'est ainsi que la cliimie nous enseigne qu'il faut fournir aux animaux d'elevage le carbonate et le phosphate de chaux et de magnesia en süffisante quantite pour que le tissu osseux se forme dense et fin; il est done essentiel de choisir les fourrages, racines et grains qui renferment ces sels en proportions notables.
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Tl n'en est pas de mtime pour les animaux mis ä l'engrais, et dont la croissance normale doit etre terminee ; ce qu'il leur faut, ce sontles elements qui doivent entrctenir une respiration active, fournir abondamment ä l'entrelien des rouages de la machine vitale, et lui apporter un exces de nu-(rition qu'elle emmagasinera comme en reserve sous la forme de corps gras.
Les fourrages ont done une valeur nutritive variable, bas^e sur la chimie et sur la pratique et parfois fort differente; et une valeur nutritive va­riable encore seien l'espece et le genre des ani­maux qui les consomment. Pour determiner ccs valeurs, la chimie a dose l'azote; la pratique a compart les autres fourrages h de bon foin, et Ton a dit : pour remplacer 100 kilogrammes de bon foin, il faut 50 kilogrammes d'avoine-, raais, si cela est vrai pour le cheval, cela est faux pour le boeuf ou le mouton dont Testomac ne digere que tres-imparfaitement le grain; ces aliments n'ont point non plus la meme influence sur le boeuf de travail et le beeuf d'engrals, la genisse ou la vache laiträre. Ce n'est point une raison pour dedaigner a la fois la pratique et la theorie, les savants eultivateurs et les savants chimistes. Mais, en raettant sous les yeux du lecteur cette table
10.
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114nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MANUEL
des elt;]uivalenls, nous ne la luinbsp; presentons que
comme im renseignement ä consnlter;nbsp; ici !es au-tres alimenls sont compares o 100 kilogrammes
de bon foin de prös moyens, etnbsp; il faudra, pour remplacer celte quantite :
#9632; Fourragcs verts.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;*SZ^ *$$£
Herbe de bons pres, scigle veit...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;50ü
Luzerne, trille, vcsce vorts.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 240nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;450
Mais, moha verts...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 125nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;;.00
Feuillesde chouxeldebclteraves.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 300nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;550 fiacines.
Pauais.........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; mnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2(0
Carotles blanches füurrag6rcs... .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 350nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;250
DeUeraves champetres.....,.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 550nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;300
Rutabagas.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 075nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;550
Pommes de terre ernes..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 250nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2U0
Pulpe de bcltcraves eu cossctles. .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3U(1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;300 Fourrages sees.
Foin de pres moyens............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;100nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;100
Regain de pres.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;COnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;80
Foin de trfcfle.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;65nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;90
Foin de luzerne.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;flonbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;loo
Failles.
De froment....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;380nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 300
Dc scigle.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;480nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 350
D'avoioe.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;380nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 225
D'orge.........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;380nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;200
Siliqucs de colza................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;200
Balles de fröineut...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;140nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 150
Graines.
Fromeut.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;55nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;40
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DU BOUVIER.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; HS
Seigle, mais....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;05nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;45
Sanasin, orgc, avoioc...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;55nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;50
Gros son de fromeut............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;60nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 75
Graiue de lin..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;35nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 40
Tourleaux.
De noix........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;35
De lin.........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 45
De sesame.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 17nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;50
De colza.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;23nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;52
D'oeillette......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 19nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CO
De cameline, de chöneris........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;27nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;75
De falue.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;43nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;sect;0
Le premier soin de l'engraisseur consiste done ä examiner et loger les beeufs qu'il a acheles, puis ä composer leur ration.
II est bon d'abord de scruler les symplomes de leur santc: visiter la veine de reeii afin de voir si, par sa couleur foncöe, eile n'indique point ie besoin d'une saignee; manier la peau et s'assurer si, elant attachee et dure, eile ne temoigne pas que l'animal ait besoin d'etre d'abord rafraichi par des fourrages verts. C'etait une anciennc cou-tumc, suivie il y a peu d'annecs encore, de saigner tons les animanx avant de commencer leur en-graissement; c'est bien assez de le faire lorsque leur etat de sanle le reclame. On les löge ensuite deux ä deux, les compagnons de joug, s'il est possible, dans des Stalles, au milieu d'une ecurie
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bien aeree, mais ni trop chaude ni trop froide; une temperature ä la fois chaude et un peu humide, non pas pourtant jusqu'a rinsalubrite, est cello dans laquelle ils profitent le plus. Les rAteliers et creches sont et seront tenus avec la plus grande proprete; les animaux sont attaches avec des chaines en for faisant 1c tour du cou en arriere des cornes, fermant ä clavettes et h anneaux. Le pansage de la main, dans certaines limites, ne peut que leur clre favorable. Un peu plus tard, lorsque les polls commenceront a tomber, il sera bon de les tondre.
Composons maintenant leur ration dans diverses hypotheses, selon les fourrages dont nous pouvons disposer:
Les bceufs ä l'engrais, rappelons-le-nous, peu-venl et doivent recevoir de 4,50 ä 5 p. 100 de leur poids vif en foin ou son equivalent. Ainsi un animal pesant vif 500 kilog. devra recevoir de 22,5 ä 25 kilog. de foin ou son equivalent par 24 heures. Si on le lui donnait en foin, il ne le consommerait certainement pas, aussi une parlie de cette ration doit-elle etre donnee en ailments plus nutritifs sous uu plus faible volume; mais, d'un autre cote, il faut savoir graduer la saveur ct la qualile des aliments de maniere ä reveiller
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souvent Tappelit, je dirais volonliers la gourraan-•lise, et entrainer l'animal ä la plus grande con-sommation possible; c'est lä lo grand secret de Tengraissement.
C'est ainsi qu'on peut commencer par donner du foiu ou de la paille hachcs et fermentes, aux-quels, un peu plus tard, on ajoute des racines; puis on retranche la paille et on donpe le foin, toujours hache et fermente, avec les racines et les pulpes; un peu plus tard, ä cette cuisine on ajoute le tourteau de colza; puis vient le bon foin entier, les racines non fermentees raais hachöes, le tourteau de lin et les farines d'orge ou de sar-rasin; dans la derniere periode enfln, apparalt la farine de seigle. Outre la qualilc, on a du encore faire progresser les quantites suivant les progres et l'appetit de l'animal.
Ainsi, prenant toujours pour exemple notrc boeuf de 500 kilogrammes, poids vif, rationne ä 4.50 p. 100, et devant (Hre amcne ä la boucherie en quatre mois ou 120 jours, jious composerons ainsi sa ration journaliere divis(5e en trois repas.
Premiere periode
Durecnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Poidsnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;fiquivnlciU lolal
dclaperiodc.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Tifmoyen. Aliments.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Quantites. en foiu.
'iOjoiirs... 510 kil. paille...... ISUil. ,.,. ,,
foin........ 15nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;#9632; 'quot;
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118nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MANUEL
DeuxUme Periode.
Dtiiecnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Poitlsnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Equivalent total
de ia periode. vif moyen. Aliments.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Qnantites. en (bin.
15 jours.. . 525 kil. paillo....... 05nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;)
foin........ 08nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 23 kil.
beltcravcs .. 40nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;)
Troüieme periode.
15 jours... 510 kil. foin........ 08nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;)
betteraves. .45 [ 2-i kil. loiirt. colz.t. 00 .')00 )
Qualrieme periode.
30 jours... 555 kil. foin........ llnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
hettcraves .. 35nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;[ 25 kil.
lourt. colza. 01nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;)
Cinquieme periode.
30 jours... 570 kil. foin........nbsp; nbsp; 10nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;)
belteraves . .nbsp; nbsp; 15nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I or i i
farined'orgenbsp; nbsp; 04nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;( zy' Kquot;-
tourt. de lin.nbsp; nbsp; 01 500 )
Sixieme periode.
10 jours... 585 kil. foin........nbsp; nbsp; 08 500nbsp; j
caroltes....nbsp; nbsp; 15 •nbsp; nbsp; I „,, rfm
far. de soiglenbsp; nbsp;04nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;( 1{i 50U
touit.denoixnbsp; nbsp; 02nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;)
Pendant ces 120 jours, notre boeuf a gagne en poids vif iOOkilog., sans compter i'amelioralion vönale qu'a acquise son poids vifinilial; il aura consomme 575 küog. de paille, 1,25S kilog. de foin, 2,925 de racines, 282k,500 de lourteaux et 1G0 kilog. defarines.il aura produit, en oulre, 5,000 kilog. d'excellent fumier. Si nous estimons Ia paille ä 20 fr. les 1,000 kilog., !e foin a 40 fr. lesl ,000kilog., les racines ä 10fr. les 1,000kilog.,
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les lourteaux ä 18 fr. les 100 kilog. et les farines ä 16 fr. les 100 kilog., l'animal aura depense en somme IGo^O. S'll a ete achele maigre ä 0f,45 le kilog. vif et vendu ä 0f,60, il a rapporte brut löäfr., el les 5,000kilog. de furnier nereviennent qu'ä 27f,60, plus la litiere, plus les soins de pan-sage de l'animal, le logement, l'interet de l'ar-gent, les chances de mortalite, etc.
Nous avons tenu ä donner un exemple pratique d'engraissement, mais c'est un exemple seule-ment parmi les rations tres-variees qu'on peut composer selon le prix relatif des fourrages, des racincs, des grains el des tourteaux, selon qu'on dispose de residus d'usines, pulpes, dreches, etc., ou qu'on est reduit aux simples ressources d'une forme.
II y a, en eifet, divers systemes d'engraissement, et ce que nous avons dit plus haut s'applique par-ticulierement ä l'engrais dit de poulure, suivi dans la Vendee et la plupart des fermes ordinaires de toute la France. En Allemagne, on fait grand et frequent usage du regime fermente, qui augmenle singulierement la valeur nutritive des aliments, mais qu'il faut intenompre ä temps, parce qu'il produit de la viande rouge et du suif blanc. En Alsaco, dans les Flandres, et un pen partout oü il
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y a des fermes industrielles, on engraisse avec des residusd'usines, sucreries, distilleries, f^culeries, brasseries, etc. Enfin les Anglais ont essaye l'en-graissement avec les graines oleagineuses ou ir.eme les huiles. Toutes ces melhodes peuvent aussi etre combinees avec l'emploi du sei marin, de m6me que toutes aussi sont exclusivement ap-pliquees ä l'etable.
L'engrais de pouture emploie surtout les farines et les tourteaux, puls les fourrages verts et sees. 11 commence vers la mi-octobre; les animaux re-foivent, pour les rafraichir, des feuilles de choux ä vaches, des navets ou des betteraves; plus tard, un peu de son, des tiges de choux et de navets; ä la fin d'avril, ce sont des vesces et du seigle d'hiver; en mai, des vesces et de l'avoine en vert, du trefle et de rherbc. A ces fourrages on ajoute, dans les derniers temps, mais avec trop de parci-monie, des farines et des tourteaux. Nous pensons qu'un engraissement, pour etre avantageux, doit elrc conduit plus rapidement; aussi, dans la me-thode du Choletais, que nous venons de retracer, les boeufs restent-ils ä l'etable du 15 octobre au I ämai.c'est-a-dire pendant septmoisou 210 jours. Quaud les animaux sont en bon etat lors de la re­forme ou de l'achat, ii doit suffire de 120 jours
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ou quatre mois. Beaucoup de bons agriculteurs font panifier leurs dechets de grains, qui sont ainsi moins relÄchants que sous forme de farines.
Le regime fermente, nous l'avons dit, accroit d'une fa^on merveilleuse la valeur des fourrages, ä ce point que la paiile seule, pendant la premiere Periode, remplace avantageusement le foin. II prc-sente, en outre, cet avantage que l'animal nepcul trier les divers aliments et consomme bien vite 1c tout avec avidite. Ses seuls inconvenients sont, le repas ctant rapidement pris, d'exposer les boeufs au lie sur la mangeoire et de produire du suif trop blanc.
L'engraissement aux residus d'usines offre ce double avantage qu'en utilisant les dechets de fa­brications industrielles, sans autrc emploi pos­sible, il perraet encore de faire economiquemeiU consommer des fourrages sees d'une mediocre qualite. Tantöt on fait cuire au four, sous forme de pains, le gluten des amidonneries, tanl6t on donne liquides au bötail les residus de feculerics ou de distilleries; les brasseurs font consommcr par des vaches lailieres leur dreche fraiclie; les distillateurs de betteraves dislribuent leur pulpc press^e ou en cossettes. En general, les residus liquides conviennent mieux aux vaches laitieres et i-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;11
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las residus sees aux boeufs de travail ou d'engrais. Ces residus enfin, seion qu'iis sont sees ou hu­mides, entrant pour partie dans la boisson ou dans le lest, et pour partie dans la veritable ration ali-mentaire. Maistous, et quelle qua soit leur prove­nance, ne doivent etra distribuesqu'avecune cer-taine mesure, la pulpe prassle surtout et le glu­ten des amidonneries et feculeries da pommes da terra. Ajoutons, en dernier lieu, qua rian ne peut etre plus avantageux. ä l'amelioration d'une ferma qua Fadjoiiclion d'una usine travailiant des pro-duits agricolcs dont las residus sont consommes sur place par un nombreux betail d'elevage ou d'engrais.
Certains engraisseurs anglais ont cherchö ä accelerer I'engraissament en prodiguant les prin-cipes gras dans la ration; tant6t e'est da la graine da lin ou des grains dits farineux, tantöt e'e.-t I'huile elle-meme da colza, de lin, ou mtime de morue, dont on arroseles fourrages baches, qu'on laisse ensuitc fermenter. La viandc et lesuif sur­tout, ainsi obtcnus, n'ont qu'une mediocre qua-lite, a moins qu'on ait casse ce regime un cer­tain temps avant la fin da I'angraissement.
Quant k I'adjoncUon du sal marin dans I'opera-lion de l'engrais, son influence peut etre hygie-
traquo;
tt
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nique lorsqu'on veut faire consommer des four-rages avariös; en dehors de ce cas, eile nous semble pouvoir etre plus nuisible qu'utileen alte-rantiesanimauxet necessitantrintrocluclion,dans le corps, d'une grande quantite d'eau qui distend le ventre et les organes, et nuit ä une complete assimilation. Nous conseillons de ne Temployer qu'ä intervaües cloignes et irreguliers pour les bßtes qui perdraient l'appetit et auraient besoin d'une legere purgation,
Ce que nous venons de decrire, c'est l'engrais-sement ä l'etablc, la stabulation au regime sec ou vert. L'engraissement qui se fait au debut ä l'her-bage pour rafraichir l'animal sans grandes dö-penses, et qui se lermine en stabulation, s'ap-pelle l'engraissement mixte; il se pratique dans le Limousin et en ÄUemagne. L'engrais qui se fait exclusivement ä l'herbage regoit le nom d'en-graissement d'embouche. Voici comment il se conduit en Kormandie et dans le Charolais :
Les boeufs achetes en avril ou mai sont mis dans les herbages de qualite inferieure, ou ils restent jour et nuit; ils passent successivement dans les embonches de seconde, puis de premiere qualitd; ces boeufs sont vendus d'aoüt en octobre. Succes­sivement etä mesure de la poussede I'herbed'a-
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bord, puis du depart des boeufs engraisses, on achete des boeufs maigres jnsqu'en novembre; ceux qui rcstent alors recoivent aus pres des four-rages sees, foin et paille, ou bien sont renlres ä l'etabie avec des fourrages et des racines jusqu'ä leur etat de vente. Ceux qui passent l'hiver aux embouches ne s'engraisseront qu'au printemps avec ia pousse des herbes, mais de bonne heure; on les appclle boeufs trembleurs. On voit combien ce Systeme est simple et demande a la fois peu de capilaux, de main-d'ceuvre el de surveillance; mais il n'est possible que sur les sols doues d'une certaine faculte.
Dans tous les syslemes, mais sous la direction d'un engraisseur habile, les animaux doivent, en moyeime, gagner, par jour, de 0k,500 h 0k,800de poids vif; Tengraissement ne doit durer que de trois ä cinq mois en moyenne, soil quatre mois, (erme general; le benefice brut s'eleve de 100 ä 120 francs par tete et le benefice net de 13 ä 25 francs. II faut ajouler cependant que les memes herbages, apres le depart des beeufs, nonr-rissent des poulains, de jeunes betes a cornes, ou des moutons qui tondent l'herbe refusee par les bo3ufs,et quee'est encore une source de revenus ; enfin que les herbages sur lesquels le belail reste
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nuit et jour, et qui sont bien entrctenus, lendent ä s'ameliorer plutot qu'ä s'appauvrir, et que le prix de venle et de location de ces terrains sembic s'elever continuellemcnt.
On apprecie l'elat de graisse des onimaux par lesmaniemenls; ce sont les diverses regions du corps que Ton palpe doucernent avcc la main, afin d'estimer l'epaisseur et la lermele des depots musculaires et graisseux sur les points sailianls du squelette. On distingue parmi ces maniements, et dans l'ordre oü ils se developpent successive-ment sur la plupart des animaux :
Le grasset, hampe, lampe ou cciliet, situe au pli qui reunitle ventre et la cuisse; plus 11 est de-veloppe et ferme, plus abondante et de meilleure qualite sera la graisse exterieure. L'abord ou ci-mier, place des deux cöles de la base de la queue, indique,comme le precedent, la graisseexterieurc. Le dessous ou les rognons (teslicules) indiquent, au contraire, le suif inlerieur, de meme que la poi-irineou exlremite anterieure du sternum. Ceux qui indiquent le developpement musculaire sont : le travers ou aloyau, place sur la partie des reins qui forme la region superieure du flanc; la cote ou plutöt les trois dernieres cotes vers le flanc; la hanche, ä la region qui porle ce nom (ilium du
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, 126nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MANUEL
bassin), qui, dans l'engraissement avance,denote aussi la graisse exlerioure. -
Ces principaux manicments, presque les seals usites dans la pratique, s'appliquent au boetilquot;, ä la vache, au veau et au mouton. IIs servent ä ap-precier non-seulement la qnalile de la viande et du suit, et le poids net de i'animal, mais aussi et par centre son poids vif. II est vrai que, pour cela, ii fuut beaucoup d'experience et de coup d'oeil.
On snit que, en rnojenne et parmi les bceufsde commerce, les bocufs mi-gras donnent de 40 ä SO p. 100 de viande nelte, et de 4 ä G p. 100 de suif; les boenfs gras, de 50 k So p. 100 de viande nette otGüSp. iOOdesuif; enfin les boeufsfins-gras, de 55 ä 00 p. 100 de viande et de 8 ä 12 p. 100 de suit. Mais il est plus facile d'apprecier le rende-mentau poids net que de determiner le poids vif; pour y arriver, on empioie, ä defautd'babiietesüf­fisante dans les yeux, la bascule, ou au moins un cubage au moyen de formulas. Certains auteurs, MM.Dombasle,Quetelet, onlconstruit.surces for-mules.descordonsquidonnentpiusoumoinsexac-temenl le poids vif dont on peut deduire le poids net; mnis ce ne sent quo des approximations va­riant non-seulement suivant la conformation de cbaquerace, mais encorecelle de chaque individu.
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laquo;
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CHAPITRE XV. Des principales races de betes ä cornes.
Chaque rögion geographique, geologique ou m6me climnterique nourrit une race ou une sous-race particuliere de betes ä cornes. II est-vrai que, dans le melange si multiple et si incon-sidere des races, celles-ci ont trop son vent perdu lescaracteres tranches quiles distinguaientet qui, souvent, formaient une parlie de leurs qualites. Nous ne saurions trop mettre leseleveurs en garde conlre ce mouvement d'enlhousiasme irreflochi qui a dejä fait disparaltre queiques unes rle nos plus precieuses races indigenes sous pretexte d'a-melioration,
Cerles, les races ötrangeres ä la France ont des qualites precieuses; mais.avantde les importer ei de verser leur sang dans celui de nos vieiiles races indigenes, il faudrait eludier les rapports queces animaux exotiques peuvent avoir avec notre cli-mat, notre sol et les besoins economiques de notre temps. II faudrait savoir surtout si nos races
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ne sont pas susceptiblcs, par lessoins, la selection et le regime, d'une amelioration mieux appropriee et plus durable, en meme temps que moins coü-teusc. Or, dans la plupart des cas et pour la plu-part des races, c'cst lä ce que nos concours de boucherie et de reproductcurs ont demontre pos­sible et desirable.
Nous occupant des races fran^aises d'abord, nous les diviserons en races de laiterie, races de travail et races mixtes. Mais il faut bien convenir d'abord qu'une race laitiere est celle qui tire le plus de lait d'une quantile donnee de nourriture, et que celte qualite cbez les femelles n'exclut pas chez les males I'aptitude au travail. Une ap­titude decidee au lait ne coincide, au contrairc, qu'exceplionnellcment avec la predisposition a prendre la graisse; ce sont deux contbrmalions, deux aptitudes toutes distinctes, toules speciales.
Partant de ces bases done, nous citerons,parmi les races laitieres de la France :
La race bretonne du Morbihan, pie noir ou pie rouge, de tres-petite taille, de tres-faible poids, rustique, sobre, vivant toute 1'annee sur des landes souvent marecageuses, et donnant neanmoinsun hiittres-ricbe et relalivement abon-danl; la race bollaudaise, pie noir, de haute
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taille, grande mangeuse, nonpas tres-delicate ce-pendant, et produisant une grande quantile de lait; la race flamande, rouge vif avec quelqnes constellations blanches, de forte taille et de haut poids, forte mangeuse, bonne laitiere, supportanl assez bien la stabulalion ; la race norrnande, un peu moins grande, raais de formes plus arron-dies, habituee de longue main ä vivre ä l'herbage, presque aussi bonne laitiere que la flamande; la race bressane, blanche, blanc jaunAtre, ou gris souris, de taille moyenne, ä squelette trts-fin, vi-vant, la plus grande partie de l'annee, dans les 6tangs, bonne laitiere comparativement a son poids et ä son regime.
Les boeufs de ces races sont fort mcdiocrcs tra-vailleurs, et n'engraissent que mediocrement; c'est un defaut inherent ä la conformation qui constilue l'aptitude laitiere des vaches, savoir le developpement de l'appareil digestif aux depens de celui de l'appareil respiraloire.
Passant aux races plus specialement travail-Icuses, nous signalerons :
La race mancelle, aujourd'hui presque comple-tcment disparue sous le croisement durham; eile 6tait de pelage jaune froment ou pie rouge, de taille un peu plus que moyenne, assez mal con-
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formee; les femelles etaient trcs-peu laitieres, mais les males assez aptes et assez rcsistants au travail : la race limousine jaune froment, de ba.ute taille; les femelles peuvcnt ä peine elever lenr veau, mais les males sont tres-propres au travail et prennent ensuite facilement la graisse. J'en dirais aulant de la race auvergnate de Sa-lers, a la robe rouge vif, mais dont les femelles sont un pen plus laitieres; eile- est le type des bonnes races de montagnes et tend, chaque jour, a se repandre dans le Limousin, le Poitou et memo le Nord. Les races du Quercy, de la Saintonge, de la Gascogne nesontque des modifications de celle du Salers. La race garonnaise ou bordelaise est de Ires grande taille, tres-bonne travailleuse et aple a un engraissement assez rapide; eile porte la robe froment clair enfume. La race choletaise, parthenayse ou vendeennc est une de nos meil-leures races mixtes de travail et de graisse; eile est brune avec le devant enfume. La race nan-taise differo peu de la parthenayse, mais eile est un peu moins disposee ä I'engraissement. La race charolaise est peul-6tre moins resistante au travail quo toutes les precedenles, mais eile a plus de precocite et plus d'aptiludc a s'en-graisser; sa robe est blanche, et son sang, au-
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jourd'hui plus ou moins melange de durham.
Si nous voulons etudier les races mixles, nous sommes obliges de reprendre la plupart de celles de la categoric precedente; en effct, la destina­tion du bceuf au travail n'est pas exclusive, et il a bien fallu prevoir le parti qu'on en lirerait lorsque Tage de la reforme serait arrive. On a done du negliger la disposition au lait pourvu que la mere en eut assez pour elever son veau, et destiner les mAles non-seulement au trait, mais encore ä un engraissement assez prompt apres Tage de 7 ä 8 ans. Tel est le cas dans lequel se trouvent les races limousine, salers, garonnaise, choletaise, nanlaise et charolaise. Nous devons ajouter que ces races sont precieuses aux contrees qui les ont ou creees ou adoplees, et qu'il sera difficile de les rcmplacer par des races meilleures, plus rustiques et aussi laborieuses.
Les contrees etrangeres nous offrent d'excel-Icnls types, mais des types presque tons crecs pour un climat, des piUurages, des sols ou des bc-soins tous differents des nötres. Ainsi la race suisse de Schwitz, brun noir, de grande taille, gründe mangeuse, mais grande lailiere, perd, en France et. par la slabulalion, une partie de ses formes speciales et aussi de ses aptitudes. La race
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anglaise de Jersey, petite, pie rouge, produit un lait plus riche qu'abondant, et ne vaut pas pour nous notre exceliente petite bretonne, plus sobre et plus rustique dans les Landes. La race deDur-bam, de robes si diverses, depuis le blanc pur jus-qu'au rouge bringe, est une race peu laitiere et exclusivemeut propre ä un engraissementprecoce.
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J'en pourrais dire autant des autres races an-glaises ameliorees d'Hereford, de Devon, d'An-gus, ctc.,impropi-cs au lait et au travail, et seule-raent destinees ä la bouclierie des leur naissance. Quant ä celles anglaises aussi du Fifeshire, du Suffolk, du Ayrshire, etc., il est douteux qu'clles vaillenl mieux, comme laitieres, que nos nor-mandes, nos flamamles ou notre bretonne.
Los races sont la resultante des forces naturelles au milieu desquelles elles ont vecu et se sont
creees, lo plus souvent, en dehors des soins de riiomme. Exportez une race sous un climat etnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I
sur un sol autres que ceux du pays natal, et vous ne tarderez pas ä voir se modifier rapidement et sensiblcment les caracteres de la conformation et lesaptitudps qui ensont le resultat. II est done tou-jours plus prudent de chercher d'abord ä amelio-rer, au point de vue recherche, la race indigene; apres quoi, on pent verser dans ses veines une
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dose plus ou moins abondante, mais toujours pru-demment calculee, du sang dtranger qui reunit au plus haut degrc l'aptitude que Ton desire.
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MANUEL
CHAPITRE XVL
Des vices redhibitoires des betes bovines.
L'art. 1641 du code civil etablit quele vendeur esttenu de la garantie h raison des defauts caches de la chose vendue qui la rendent impropre ä 1' usage auquel on la destine, ou qui diminuent tel-lement cet usage que l'acheteur ne l'aurait pas acquise ou n'en aurait donne qu'un moindreprix s'il les avait connus. La loi du 20 mai 1838, con-cernant les vices redhibitoires dans les venles et echangesd'animauxdomesliques, faittomber sous Taction de l'art. 1641 du code civil, pour l'espece bovine, les maladies dites la phthisie pulmo-naire, l'epilepsie ou mal caduc ; les suites de la non-delivrance, le renversement du vagin et de l'ulenis, apres le part cliez le vendeur.
La phlhisie pulmonaire, celle maladie si com­mune chez les vaches laitieres des faubourgs de nos grandcs villes et qui, pendant sa periode u'in-vasion, semble augmenter !a production dulait, ne larde pas ä faire perir t'animal. Elle constitue
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un vice cachö pour l'acheteur, ä peine perceptible pour le seul veterinaire ä rauscultalion et a la percussion, lorsqu'elle n'est qu'ä son debut. Nous pensons que la maladie dite pommeliere doit 6tre comprise dans celle-ci comme egalement ramp;ihibitoire.
L'epilepsie, ou mal caduc,ou haut mal.esttres-rare chez le bceuf, et ne saurait nuire a I'engrais-sement de l'animal ni a la qualite de sa viande.
Les suites de la non-delivrance, apres le part chezlevendeur, n'entrainent I'action redhibitoire du vendeur qu'ä l'egard de son acheleur direct, et non en faveur de ceux auxqueis le premier acheteur aurait revendu l'animal. Cette action redhibitoire n'a lieu qu'autant que le part a eu lieu chez ie vendeur; les accidents qui sont la suite d'un v^lage laborieux ne sont pas toujours exlerieurement visibles avant un certain laps de temps,
Le renversementdu vagin ou de l'uterus, aprös ie part chez le vendeur, ne constitue egalement un vice redhibitoire qu'en faveur du premier acheteur.
Nous ferons remarquer que les vices mlhibi-toires, dans I'espece bovine, ont bien moins d'im-portance que dans I'espece chevaline ou mamp;ne
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ovine; on a toujours la ressource d'engraisser ranimal, et aucune des maladies redhibitoires n'est contagieuse.
L'art. 3 de la loi du 20 mal 1838 fixe ä Irente jours pour l'epilepsle ou mal caduc, ä neuf jours pour les autres vices, le delai pour intenter l'ac-tion redhibitoire, non compris lejour fixe pour la Irvraison. Si la livraison de l'animal a 6te effec-tuee, ou s'il a 6te conduit, dans les delais ci-des-sus, hors du Heu du domicile du vendeur, les delais seront augmentes d'un jour par 5 myria-metres de distance du domicile du vendeur au Heu ou l'animal se trouve. Dans tous les cas, l'acheteur, ä peine d'etre non recevable, sera tenu de provoquer, dans les delais de l'art. 3, la nomi­nation d'experls charges de dresser proces-verbal; la requite sera presentee au juge de paix du lieu oü se trouve l'animal. Ce juge nommera imme-diatement, suivant l'exigence des cas, un outrois experts qui devront operer dans le plus bref delai.
La demande sera dispensöe du preliminaire de conciliation, et l'affaire instruite et jugee comme maliere sommaire.Si, pendant la duree des delais fixes par l'art. 3, l'animal vient ä perir, le vendeur ne sera pas tenu ä la garantie, ä moins que l'ache­teur ne prouve que la perte de l'animal provient
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del'une des maladies considerees comme vices redhibitoires.
Lorsqu'il s'agira d'une maladie contagicuse, qu'elle soit ou non redhibitoire, en dehors del'ac-tion du ministöre public pour infraction aux lois et ordonnances ci-dessus relatees, il pourra y avoir encore lieu a une action en dommages-in-ter6ts de la part de l'acheteur.
Quant aux animaux vendus pour la boucherie, la loi du 20 mai 1838 ne leur est pas applicable. C'est Tordonnance de police du 23 mars 1850 qui, par Tart. 178, fixe ä neuf jours, pour tons les cas, la garantiedu vendeur vis-a-vis de l'acheteur, sauf, par le premier, d'apres le droit commun, ä prouver la negligence du boucher.
Dans I'action redhibitoire, l'ötendue de la ga-rantie pour l'acheteur embrasse le rembourse-ment du prix, des interns, des frais, et meme du prejudice encouru si le vice etait contagieux. Le vendeur est tenu d'aller, a ses frais, reprendre I'animal au lieu ou il se trouve au moment de la resolution prononcee par les tribunaux; mais racheteurdoitrendre Tanimal avec tous les acces-soires qu'il a regus; si I'animal etail mort, il ren-draitä l'acheleur les cordes ou licous, la peau, le harnachement, etc., ä moins que I'animal ayant
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succombe ä une maladie contagieuse ait du 6tre enfoui avec la peau tailladee et les harnais; le proces-veibal d'enfouissement tiendrait, dans ce cas, lieu de payement.
Dans la vente cledeux chevaux appareilles, pour le carrosse, par exempie, la cour imperiale de Paris a decide que le vice redhibitoire de Tun d'eux entrainait la resolution de la vente h l'egard de l'autre. 1! est douteux que les tribunaux appliquent la consequence de ce principe ä un attelüge de boeufs de travail.
Le vendeur, en declarant le vice redhibitoire dont son animal est alteint, et en faisantconstater par öcrit de son acheleur cetle declaration, peut se soustraire ä l'aclion redhibitoire, mais seule-ment pour le vice stipule dans cet ecrit. Cette de­rogation peut möme s'appliquer ä des vices non redhibitoires, ä 1'inverse de ce que l'acheteur oblient une declaration ecrite du vendeur qui affirme que l'animal possede certaines qualites ou csl exempt de certains defauts ou maladies; mais, dans ce cas, l'existence reconnue de ces defauts ou maladies, l'abscnce de ces qualites peuvent donner lieu ä une action redhibitoire.
L'animal qui meurt pendant les delais de la garantie est presume avoir succombe ä une mala-
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die non redhibitoire.sauf par l'acheteur ä prouver ce dernier cas. Dans les cas de maladies conta-gieuses, la garantie legale cesse iorsque l'animal a ete mis en contact avec des animaux atteints de celte maladie, si le vendeur prouve quo ce con­tact a eu lieu dans les delais de la redhibition. Enfin la garantieredhibitoirenes'appliqueJamals aus animaux vendus en justice par vcnte forcce. La procedure, enmatiere d'action redhibitoire, est la suivante : 1deg; l'acheteur doit, dans le d61ai de neuf ä trente jours, suivant le cas, faire con-stater l'existence du vice. Pour cela, il adresse an juge de paix du lieu oü se trotive Tanimal, nnc requite contenant l'expose sommaire des faits, et concluant a la nomination d'un on de plnsieurs experts. En l'absence du juge de paix, il s'adresse a son suppleant; en l'absence de celui-ci, il fait constaler par un huissier ou par un notaire l'ab­sence de ces raagistrats, afin de se mettre ä l'abri de la decheance. Les experts nommes font leur rapport dans un delai variable suivant les cas, mais aussi bref que possible. 2deg; II doit, dans le delai de neuf ou trente jours, augmente des dis­tances, faire assigner son vendeur devant le tri­bunal competent. Si la valeur de l'animal ne depasse pas 200 francs, e'est Ic juge de paix du
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domicile du d^fendeur qui devra connaitre de l'action redhibitoire, ä moins que ce defendeur ne soit commercant, ce qui reporterait la juridiclion au tribunal de commerce.
En matiere d'action en dommages-interßts, les formaliles sont les meines, mais les delais varient seien que l'animal est atteint de maladies conta-gieuses, qu'il est destine h la boucherie ou qu'il s'agit d'unegarantie conventionnelle.
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APPENDICE.
SUR LA FORME DES ANIMAUX
nELATIVEMENT A LEUU AMELIORATION.
Extrait de Kline (1), par M. Huzaud fils.
Les formes des animaux domestiques ont et6 beaucoup ameliorees par les soins qu'on a mis ä choisir les animaux les plus avanlageux ä clever; mais la theorie de ieur amelioration n'est pas assez bien comprise pour qu'on ne puisse pas donner encore quelques regies propres ä diriger les nour-risseurs dans la pratique. II est un point surtout sur lequel les opinions ont beaucoup varie , c'est de savoir si les croisemenls sont indispensables a l'amölioralion.
(1) Massachusett's agricultural Repository and jour­nal, nlaquo; 3, vol. VI.
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Le but de cette note est de determiner dans quelles circonstances le croisement est avanta-geux, dans quels cas il est prejudiciable et sur quels principes il faut le baser.
On a genöralement suppose que les races d'ani-raaux etaient ameliorees par l'emploi des males les plus forls. Gelte opinion a produit de tres-grands maux, et en aurait fait encore bien davan-tage, si eile n'avait pas ete contrarice par Tenvie d'avoir des animaux des pins belles formes et des meilleures proportions, qualites qu'on rencontre rarement avec la laille la plus elevee.
L'experience a prouve que le croisement n'est raellement suivi de grands succes que dans le cas ou les femelles sont, ä l'egard des mÄles, d'une ampleur plus grande qu'elles ne sent ordinaire-ment; qu'il est, au contraire, sans resullats avan-tageux quand les males sont trop forts.
Les formes exterieures des animaux domes-liques ont ete bien etudi^es et leurs proportions bien delermlnees; mais on n'a pas assez compris que les formes exterieures ne sont qu'un indice de la structure interieure, et qu'en consequence les principes de l'amelioration doivent 6tre fondds sur la connaissance de la structure et des usages dos organes Interieurs.
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Les ponmons sont de la plus grande importance: de leur ampleur et de leur 6tat parfait de sante depend principalement la bonne constitution de Tanimal; la faculte de convertir la nourriture en mateiiaux de nutrition est en proportion de leur ampleur. Un animal qui a de larges ponmons est plus propre ä convertir une quantite donneed'ali-ments en une plus grande masse de malieres assi-milees que l'animal qui a de petits poumons; il a, par consequent, une beaucoup plus grande dispo­sition ä s'engraisser.
DB LA. POITRINE.
L'ampleur des poumons est determinee exte-rieurement par ia forme et la hauteur de la poi-trine. Sa forme doit ßtre celle d'un cöne horizon­tal, dont le sommet est antärieur et situe entre les pointes des epaules, et dont la base est vers les lombes et la pointe du sternum, ou vers I'abdo­men': sa capacite depend de sa forme plus que de l'etendue de sa circonference. Ainsi, dans deux animaux dont l'ampleur sera mesuree derriere les epaules, et qui donneront la meme etendue de circonference, Tun peut avoir des poumons beau­coup plus larges que lautre : une poitrine eievee
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peut ne pas ßtre d' une grande capacitc si eile n'est pas en raeme temps suffisamment large.
DU PELVIS.
Le pelvis ou la cavite pelvienne est cette cavitö formte par T assemblage des os des hanches et de la croupe : 11 faut que cette cavite soit grande dans !cs femelies, pour qu'elles puissent metlre bas leurs pelits avec peu de difficulte. Si cette ca­vite est etroite, la vie de la mere et celle du petit sent en danger.
L'ampleur de cette cavite est indiquee suffisam­ment par l'ecartement des hanches, par celui des ischions ou des pointes des fesses, par l'ecartement qu'on remarque entre les estremiles h leur partie superieure. La largeur des reins est toujours en proportion de celle de la poitrine et du pelvis.
DE LA TETE.
La lote doit 6tre petite : cette condition rend la müssance facile. La pelitesse de cette partie apporte d'autres avantages et indique g^nerale-mcnl une bonne race.
Les comes ne sontd'aucun usage ä nos animaux domestiques.il n'estpas difficile de crcer des r aces
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sans cornes. Les nourrisseurs de gros betail et de betes ä laine avec cornes ne se doutent pas des pertes qu'ils en eprouvent, non pas parce que ces animaux ont ces defenses, mais parce qu'ils ont beaucoup plus d'os au crAne pour les supporter, et ensuite une quantite proportionnelle de ma­ttere ligamenteuse presque de nulle valeur, et de parties musculaires qui, dans la region du con, sont de moindre qualite.
Le crAne d'un belier ä cornes pesait cinq fois plus que le cräne d' un belier sans cornes; on avait pris pour cette comparaison deux crAnes d'ani-maux de möme taille, de meme force, de meme age, de quatre ans, par exemple. La grande diffe­rence de poids provenait entierement de la pre­sence des cornes; car le reste des os de la leie etait presque d'un poids egal; les os du crane, dans Tun des animaux, pesaient 0k,218, dans l'autre 0v,2li, ce qui prouve que l'ampleur de la tete etait ä peu pres egale dans Tun commc dans l'autre, en exceptant toujours les cornes et l'epaisseur necessaire des os qui leur servcnt de support. Dans un animal ä cornes, le cräne est tres-epais, particulierement dans la partie sur la-quelle croissent ces armes.
Ceux qui n'ont pas approfondi ce snjet peu vent !•nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 13
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croire qu'il est de pen d'importance que les races de gros betail et de bötes ä laine aient ou non des cornes; mais un calcul non exagere montrera bien vite le deficit qu'on eprouve sur le produit que le betail donne pendant la vie, et sur celui qu'on en retire apres la mort. Un mode d'education qui empöche le developpcment des cornes apporlera une augmentation considerable de benefice par l'augrnentation de la vianderaquo; de la laine et des autres parties profitables (1).
La longueur du cou doit 6lre proportionnee a la hauteur de l'animal, afin qu'il puisse prendre a I'aise sa nourriture.
DES MUSCLES.
Les muscles et les tendons qui en dependent ou qui n'en sont qu'un appendice doivent etre
(1)11 cst, en effet, vecouau que, dans les vari^tes d'animaux, une portion du corps ne prend unc ampleur extraordinaire qu'aux depens de teile ou teile autre partie, et mime que le moyen de donner de Tampleur ä quelques-unes est d'eusup-primer d'autres quand cela est possible. Le talent de la personnc qui veut se crecr une race d'aniinaux (les races ne soul q-ic drs varieles) est dune de faire porter cetle ampleur sur ies parties qui donnent le plus de profit dans I'auimal : on pent dire que les cornes et les os du crane n'en donnent point; e'estpar consiSquenl avfc grande raison qtcJ!. lice coDseillo de supprimer les premifcrcs dans nos races d'aoi-
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larges, afin que l'aniraal puisse voyager avec une plus grandc facility et donner plus de chair.
DES OS.
La force d'un animal ne depend pas de la gros-seur des es, mais de celle des muscles; beaueoup d'animaux ä os volumineux sont faibles, parco que leurs muscles sont petits. Des animaux qui se sont mal nonrris pendant leur croissance ont les os disproportionnellement gros. Si un pareil döfaut de nutrition est cause par un vice consti-tutionnel, ce qui est le cas le plus ordinaire, ces animaux restent faibles tonte leur vie : les os vo­lumineux indiquent done gendralement une im­perfection dans les organes de la nutrition.
DE L AMELIORATION DES FORMES.
Deux manieres sont ordinaireraent mises en usage pour l'amclioration des formes : l'une con-siste ä n'employer constamment h la reproduction
maux domestiques; la nourrilurc, qui 6tait destince ä les alimenter et qui (Stall coosommee daas l'cpaisscur plus con­siderable des os du eräne qu'on remarque daos les animaui pourvus de comes, se portera sur quelque autre partie, an grand proöt du nourrisseur. {Voyez ma note sur quelques races de cochons d'Angleterre, t. XXII, 2e serie, page 289 des Annales cfagriculture.)
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que les animaux de la möme race; l'aulre ä choi-sir les mäles et les femelies de differentes races (varietes). Gelte derniere methode est celle des croisements.
Quand une Variete particuliere approche de la perfection , la premiere methode peut 6tre la meilleure quant ä la pratique, surtout pour les personnes qui ne sont pas tres-familiarisees avec les principes sur lesquels on doit baser l'amelio-ration (1).
II est cepeudant un point essentiel ä observer, et le voici: quand le male est beaucoup plus large que la femelle, la descendance a generalement de mauvaises formes. Si la femelle est proportion-nellement plus forte, la descendance, au con-traire, s'ameiiore. Par exemple, si un belier bien conforme est donne ä des brebis proporlionnelle-ment plus petites, les agneaux ne seront pas aussi bien faits que leurs parents; mais, si un petit be­lier est donne ä de larges brebis, les agneaux seront ameliores dans leurs formes (2).
(1)nbsp; Cette mdthodc, comme Von sait, consiste ä toujours prendrc, pour la reproduction, les animaux les plus parfails de la race qu'on veut conscrver et amcliorer.
(2)nbsp; Daus ce passage, M. Kliuc a Lien cu le soin d'ajouter proportionnelkmcnt. En cffct, il est des cspfcces d'animaux domestiques oü le mälc est geadralemcut plus gros que la
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La bonne methode d'amelioration des formes consisle done ä choisir des femelies bien con-formees et proporlionnellement plus larges que les males. L'amelioration depend de ce prineipe, que le pouvoir qu'a la femelle de bien porter son fruit est en raison de sa taille et de la faculte qu'elle a de se bien nourrir, seconde circonstance qui de­pend de la bonte de sa constitution.
La grandeur du foetus est, en general, propor-lionnäe ä celle du pere : des lors,quand la femelle est proportionnellement trop petite, eile ne four-nit pas assez de place et d'aliments ä son fruit, qui a toutes les disproportions d'un avorton (affume, dit l'anglais); mais, quand la femelle, par rapport a sa taille et ä sa bonne constitution, peut fournir plus que suffisamment de nourriture ä un foetus provenant d'un mAle plus petit qu'elle, la crois-sauce de son fruit doit lt;Hre proportionnellement plus grande. La femelle de plus grande taille a
femelle, dans les bßtes a laine, par cxeraple, et dans le gros betail; f'aurait douc ete unc errcur de dire que le male ne devait jamais fetre plus gros que la femelle; l'auteur dit que, proportionnellement, le mile doit fttre plus petit,c'est-ä-dire qu'ayant (5gard aus proportions naturelles du male relatiraquo;e-meut a cellcs de la femelle, il faut preudre, pour ameliorcr les races, des miles petits et des femelles grandes. On va voir comment il dcveloppe cette opinion, et de quclles preuves il l'appuie.
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plus de lait, et son petit trouve, apres sa nais-sance, une plus grande abundance de nourri-ture.
Pour avoir l'animal le plus parfait, il est namp;ces-saire qu'une nourriture abondante lui soit prodi-gu^e depuis sa naissance jusqu'ä sa croissance complete.
Nous avons observe, au commencement de cet ecrit, que la facultö de retirer d'une quantite donnee d'aliments le plus de substance nutritive dependait surtout de l'ampleur des organes res-piratoires, auxquels ceux de la digestion sont as-sujettis en quelque sorte sous ce rapport.
Pour obtenir des animaux ä larges poumons, le croisement est la methode la plus expeditive, parce qu'on peutchoisir de belles femelies de races de grandes dimensions, et les accoupler avec de beaux males de races un peu moins fortes.
Par ces croisements, les poumons et le cceur des productions deviennent proportionnellement plus grands. Cela depend d'une particularite dans la circulation du sang du foetus, par laquelle une quantity de ce fluide comparalivement plus grande est distribuee aus poumons. Comme la forme et la grandeur de la poitrine dependent de celies des poumons, il en resulte, dans les produits, despoi-
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trines largos d'une maniere remarquable (1). Cependant on doit llnaiter, dans la pratique, cette methode d'ameiioration; eile pourrait 6lre, en effet, port^e si loin, que la masse du corps, disproportionnöe ä l'etenduedes extremit(5s,met-Irait I'animal hors d'etat de se mouvoir avec faci-lile. Dans les animaux ou Ton veut de I'activite, on ne doit pas, par consequent, pousser cette methode aussi loin que dans ceux qui ne scrvent qu'ä la nourriture de l'hoinme.
DES CARACTEBES DES ANIMAUX.
Par caracteres des animaux nous entendons les apparences ext^rieures qui distinguent les varietes de la m6rae espece.
On trouve dans les produits les memes carac­teres que dans les peres el meres; mais ceux du mAIe predominent ordinairement sur ceux de la femelle. On se convaincra facilement de ce fait en elevant des varietes d'animaux, de moutons,
(1) Je ne comprends pasce que I'autcur a entendu en di-santque, dans le foetus, les poumons recevaient une quan­tity de sang comparativement plus grande que Ics aulres par-tics ; cela, qui pent 4tre vrai ä regard du coeur, qui est 1c viscfere le plusagissant dans le foetus, paralt difficile ä croirc a l'dgard des poumons, qui sout alors des organcs on pout dire presque inutiles, puisquc le sang ne les traverse pas.
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par exemple, dont les unes sont avec cornes et les autres sans cornes. Si Ton donne un holier sans cornes ä des brebis pourvues de cornes, presque lous les agneaux sont sans cornes, et ils ont plus des caracleres du mAle que de ceux de la l'cmelle.
Dans quelques comtes, tels que ceux de Nor­folk, de Wilts et de Dorset, la plupart des races demoutons ont des cornes. Dans le Norfolk, on peut faire disparaitre les cornes des races en crol-sant par des beliers de Ryeland ; ceux-ci araölio-rent en meme temps la forme de la poitrine et la qualite de la laine. Dans le Wiltshire et le Dorset­shire, on obtient les meracs avantages par l'em-ploi des beliers des races southdowns.
Des produits sans cornes peuvent ctre obtenus des grosses races de b6tes ä cornes du Devonshire, en employant des taureaux sans cornes du Gallo­way : ceux-ci ameliorent en meme temps la forme de la poitrine des races du Devonshire, qui pechent souvent de ce cote.
EXEMPLE DU BON EFFET DU CROISEMENT DES RACES.
La grande amelioration des races de chevaux en Angleterre vient des croisements fails par de peiils otalons, les barbes et les arabes. L'intro-
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duction des juments flamandes dans ce pays fut encore la source de l'amelioration des chevaux de tralt.
Les formes des races de porc ont egalement ete beaueoup am^liorees par l'introduction des pelits Verrats chinois.
EXEMPLK DES MAUVAlS EFFETS DU CROISEMENT DES BACES.
Quand la mode, ä Londres, fut d'avoir de forts chevaux bais de carrosse, les fermiers du Yorshire donnerent leurs juments aux plus forts elalons qu'ils purent trouver, et ils firent ainsi un mal enorme ä leurs races en y produisant des animaux ä poitrine etroite, ä longues jambes, ä larges os, et bons ä peu de chose.
Un semblable efifet eut lieu en Normandie, oü Ton donna de l'ampleur aux races de chevaux par l'emploi desetalons du Holstein. Par suite, de cetle m^thode, les meilleures races de chevaux fran-Cais auraient 6te completement detruites, si les fermiers n'eussent point reconnu leur erreur ä temps, en observant que les produits qu'ils obte-naient par ces croisements etaient inferieurs ä ceux que leur donnaient les etalons du pays.
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Quelques nourrisseurs del'ile de Sheppey pen-serent qu'ils amölioreraient leurs b6tes h laine en les croisant avec les langes beliers du Lincoln­shire; mais les produits qui resulterent de ce croisement furent inferieurs sous le rapport de 1'ensemble des formes et sous celui de la quality de la laine. Les troupeaux furent beaucoup dete-rior^s par cette tentative d'amelioration.
Ce n'est done qu'avec la plus grande precaution qu'on doit faire ces tentatives dans un pays; car une mauvaise pratique, suivie quelque temps, peut porter les prejudices les plus graves ä la bonte des races.
Dans toute contr^e ou une race particuliere d'animaux existe depuisplusieurs siöcles, il est de toute probabilite que sa constitution est en rap­port avec la nourriture et le climat du pays.
L'economic animale est si facile ä se plier, que l'animal peut s'aecommoder aux plus grands changements dans le climat et la nourriture, et par degres ^prouver un changement m6me dans sa constitution; mais ceci ne peut se faire que petit ä petit, et peut mßme exiger un grand nombre de generations pour s'aecomplir.
II peut 6tre avantageux d'ameliorer les formes d'une race originelle d'un lieu; mais 11 peut 6tre
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en mume temps hors d'un bon raisonnement de chercher ä en augmenter la taille.
Celle des races est ordinairement en rapport avec la localite qu'elles habitent: lä oü la nourri-ture est abondante et nutritive, les animaux sont grands; leur croissance est proportlonnelle ä la quanlite d'aliments que les generations sont habi-tuees a recevoir. Les betes ä laine du Lincolnshire et du pays de Galles en sont un contraste et un example frappants; les betes a laine du Lincoln­shire diminueraient de taille dans les montagnes du pays de Galles.
Les croisements de races d'animaux peuvent 6lre suivis des plus mauvais resultats dans diverses circonstances, quand m6me ils auraient d'abord ete bases sur de bons principes. Par exemple, supposons que quelques-unes des plus fortes brebis d'une conlree soient transportces dans les montagnes du pays de Galles, et donnees aux beliers de ces races; si les brebis de race etran-gere sont nourrics en proportion de leur taille, leurs agneaux auront des formes amelioröes et se-ront plus grands que ceux des races du pays; mais les males produits par ces croisements, quoique d'une belle conformation, seront d'une taille dis-proportionnte ä celle des brebis du pays; et, en
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consequence, si on leur permet de s'aliier avec elles, ils seront la source, la cause d'une prog6-niture mal conformee. De cette maniere, un croi-sementquid'abord avaitete une amelioration pout donner naissanceä un croisement mauvaiset, par suite, nuire a la race qu'on vonlait ameliorer (1).
L'erreur la plus generale dans les croiscments vient des tentatives faites pour elever la taille des races originelles; ce qui est un effort inutile qui contrarle les vues de la nature.
Les chevaux arabes sont, en general, les che-vaux les plus parfaits du monde; ce qui provient probablement du soin extreme qu'on met h les choisir, et de ce que, etant une variety qui n'a Ja­mals ete melee a des Varietes de la meme espece, les males n'ont jamais ete disproportionnes en grandeur aux femelles.
Les chevaux de l'Inde sont petits, mais bien proportionnes et bons. Dans l'intention de haus­ser leur taille, la compagnie des Indes a adopte la methode d'y envoyer de grands etalons. Si ces etalons sont employes sans choix, 11 en natlra une race disproportionnee, et il sera tres-difficile en-
(1) Ce passage est extremement rcmarquablc, et l'opinion de M. Kline, qui est tris-vraisemblable, donne la raisoo, jusqu'alors incoDDueeo France, d'une foule de uon-rcussites daus des tentatives dc croisement.
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suite d'y Clever une race de chevaux de quelque merite.
De latheorie, de la pratique, et d'observations nombreuses basees sur l'une et l'autre, on peut raisonnablement tirer les consequences suivantes : que l'on a tort de vouloir augmenter le volume des races originelles, parce qu'en raison de leur augmentation en taille elles deviennent mauvaises dansleurs formes, moins rustiques et plus sujettes aux maladies, si une augmentation proportion-nelle de bonne nourriture ne vient pas aider ä atteindre le but.
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DES FORMES A PREFERER
DANS LES RACES DU GROS RETAIL
Suivanl l'emploi auquel sontplus particulierement destines les animaux qu'elles doivent produire,
FAR M. HUZARD FILS.
(Extraitd'uu travail iucdit.)
Les animaux domestlques quadrupedes servent a Thomme de trois manieres: ou par l'emploi de leurs forces, ou par des produits que l'homme consomme, ou par un instinct dont l'homme se sert pour ses plaisirs et ra6me pour ses besoins.
Dans les premiers, plus les forces sont grandes et durables, plus l'animal est preferable; plus les produits que donnent les seconds animaux sont de bonne qualile, nombreux et moins coüteux, plus ces seconds animaux sont precieux; plus l'in-slinct des troisiemes est developpe et plus ils nous procurent de jouissances.
En consequence,quand nous parlons d'un ani­mal et quo nous disonsqu'il est hon, nous voulons
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dire qu'il a les qualites qui nous font rechercher son espece; quand il est question d'amelioration, de perfectionnement, il ne s'agit done ou il ne doit s'agir que de perfectionner, que de porter, aussi loin que possible, dans les indlvidus, ces qualites.
On a cru reconnaitre partout que les formes du corps indiquaient jusqu'ä un certain point le de-veloppement plus ou moins grand de ces qualites dans les animaux.
L'experience parait avoir confirme cette id^e. Malgre cet accord sur le prineipe, il s'en faut beaueoup encore qu'on s'entende dans son ap­plication. La mode, et des theories physiologiques plus ou moins mal basees, sont venues souvent faire preferer teile forme ä teile autre, sans qu'on se seit rendu compte si c'etait ä tort ou ä raison ; elles out fait mettre ä l'ordre du jour des erreurs graves et ont embrouille le sujet.
II est done loin d'etre epuise, et il reste beau-coup d'errcurs a ^carter, beaucoupde points dou-teux ä eclaircir et mßme des points fondamentaux encore ä fixer.
Mon but principal dans ce travail est d'analyser et de deraontrer par le raisonnement, et autant que possible par des faits ä l'appui, quelles sont
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les formes qui rendent Ics animaux les plus pro­pres ä tel ou tel service, et ensuite de faire voir comment ces formes se produisent, et enfin d'en lirer des conclusions surla raarche a suivre, non-seulement pour empöcher ces animaux de sc dc-leriorer dans leurs generations successives, mais encore pour perfectionner et ameliorer ces gene­rations autant qu'il est possible a l'homme de le faire.
Le bceuf est, de tous les animaux domestiques, celui sur lequel les opinions sont le plus partagees relativement ä la conformation qu'on doit choisir de preference dans sa construction ; cela devait etre. E.i effet, l'espece de cet animal est elevee dans trois buts differents, qui n'ont aucun rap­port entre eux, le travail, la boucherie et la laite-rie. L'un exige une conformation que l'autre repousse : il en resulte que, dans un pays, Ton pröfere teile forme, dans l'autre teile autre forme, parceque Tune est avantageuse dans le premier oü les animaux sont eleves pour la boucherie ou pour la laiterie, et l'autre dans le second oü les animaux sont eleves pour le travail. Ce n'est pas tout, beaucoup de pays, et particulrärement des provinces de France, eievent des boeufs que Von destine au travail d'abord et ensuite ä la beuche-
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de. Comment concilier alors les opinions sur les formes ä preferer? De iä resulte une dissidence qui a embrouille le sujet jusqu'a present, parce que peu de personnes se sont donne la peine de l'approfondir.
Avant d'entrer en matiere, j'avais penseä e(a-blir une espece de terme de comparaison, ä pre­senter un etalon, pour ainsi dire, qui anrait servi de point de depart, qui aurait servi de type duquel on serait parti pour voir les differences qu'il elait bon d'obtenir dans tei ou tel cas. Mais cet etalon n'aurait pu servir que pour la dimension des par­ties, il n'aurait puetre dequelque utiiite pour les formes elies-memes, j'y ai done renonec. D'ail-leurs, dans 1'espece bovine, ces rigoureuses pro­portions, qu'on exige pour le cheval, deviennent presque insignifiantes; l'usage que nous faisons de ces aniraaux ne les exige point; I'liabitude de les voir aura bientöt mis le eultivateur ä meme de re-connaitre si teile forme ou teile conformation est portee trop loin pour Hre regardee comme une qualite ou comme un defaut.
Qu'on fasse bien attention surtout que, si la conformation dont nous aliens parier est ä recher­cher dans les individus qu'on se procure pour le service, c'est particulicrement pour les animaux
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reproducteurs qu'il faut l'exiger, et que c'est sur-tout de ceux-ci qu'il s'agit ici.
RACES DE TRAVAIL.
Le boeuf n'est employe, en France, qu'aux la­bours et aux charrois difflciles etlents, parce que, pour les charrois faciles et acceleres, le cheval est bien meilleur. Gependant il y aurait encore beau-coup d'avantages ä pouvoir rendre le bceuf de travail plus agile pour ces travaux, et les formes a rechercher en lui doivent 6tre celles qui per-mettent d'esperer ce resultat. Quelles sent ces formes?
Un animal d'une grandetaillemarcheplus vite, parce que ses jambes et ses pas sent plus grands; il a aussi generalement plus de poids, et, comme I'animal tire par son poids autant que par I'ener-gie musculaire, le plus grand, en pesant davan-tage, lire un fardeau plus lourd.
Une grande taille est done une qualite ä recher­cher dans les races bovines qu'on destine au travail.
Comme Tanimal tire en raison de son poids, il est bon qne le corps soit ample; il ne faut pas cependant qu'il le soit trop, parce que les faits
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ont prouve quel'animal qui a Irop de ventre de-vient pesant, moins actif, marche moins vite, fait done moins de besogne dans un temps donne, et enfin ne pent pas travailler aussi longtemps que celui qui est d'une corpulence moyenne. Si le poids du corps fait done que le gros boeuf tire un plus lourd fardeau, en gön^ral le gros boeuf, c'est-ä-dire celui chargö de trop de chairs, tire moins vite et moins longtemps, parce que sa force musculaire s'epuise plus vite.
La force de l'action musculaire etant un objet fort important, puisque d'elle dependront la faci­lity du travail et, par consequent, sa plus grande duree, il faut choisir la conformation qui donne le moins de peine äl'action musculaire; or on a remarquö que les muscles agissaient avec plus de force dans les animaux qui avaient les eminences ossenses prononeees. La physique explique d'ail-leurs cette circonstance et est en rapport avec Texpörience sur ce point.
En exigeant que les Eminences osseuses soienl blen prononeees, necessairement la tßtedevra 6tre forle, parce que le Systeme osseux, en se develop-pant fortement, se developpera a pen pres egale-ment partout: aux hanches, aux extrefnit^s, ä la t6te; cependant, s'il est possible d'avoir une t^te
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polite avec le reste de la charpente osseuse bien döveloppe, ce serait un avantage. La l^te n'agit, dans l'action de trainer, que par son poids, et cet avantage est petit; il y en a beaucoup, au contraire, h avoir la tete petite dans les animaux de bouche-ric, et le bceuf de travail finissant toujours aussi par la boucherie, il est bon de penser ä cela en choisissant m6me le bceuf de travail. On peut par-venir, par des accouplements ou appareiliements bien entendus pendant une certaine suite de gene­rations, ä avoir la lele petite, quoique la charpente osseuse du corps reste developpee, comme on est parvenu ä augmenter le volume de certaines par­lies musculaircs beaucoup plus specialement quo les autres. Nous revientlrons lä-dessus ä rarticle du boeuf de boucherie.
Les membres vus de cole devront elre larges, parcc que les membres larges sent plus forts ct plus durables. Dans les chevaux qu'on use jusqu'ä ce qu'ils ne puissenl plus rendre aucun service, I'observation que les animaux pourvus d'exlre-miles larges sont bien plus solides se repete a chaque instant; au reste, c'est une consequence du precepte precedent que les eminences osseuses doivent elre bien prononcees; ces eminences, en eloignant les muscles et les tendons des parlies
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qu'ils doivent mouvoir, augmentent physique-ment leur pouvoir mptear,et le rendent, par con­sequent, plus grand.
Par la rafeme raison, les articulations devront etre fortes; le poids et les efforts dissemines sur de plus larges surfaces arliculaires les fatiguent moins; ensuite les articulations fortes, en ecarlant les muscles qui s'attachent a leur pourtour et les tendons qui y passent, des parties ä mouvoir, agissent de la meme maniere que les autres emi­nences osseuses non articulaires.
Le garrot sera eleve, aussi eleve que la croupe. Gelte conformation allonge les extremites ante-rieures et rend la marche plus libre et plus acceleree.
Le clos formera, autant que possible, une ligne horizontale avecla croupe; la colonne vertebralo en a plus de force.
Les tyaules seront grandes et hautes: plus cettc premiere region du mcmbresera ainsi conformee, plus, lors du mouvcment en avant, elie portera le restant de rextremite en avant et plus les pas seront grands.
La region du bras sera ötendue.
L'avant-bras sera long, large, vu de cöte, et musculeux.
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Les genoux forts et langes, vus de face.
Les canons courts, larges, vus de cöte. Si Ton desire que les epaules, les bras et les avant-bras soient longs, il faudra necessairement qu'une des aulres parties du raembre soit courte pour balan­cer cette longueur comparative : ce seront les canons qui devront supporter cette diminution; ces parties, n'etant qu'intermediaires entre des articulations, ne servent point, par leur direction, ä allonger les pas; elles ne servent qu'a completer le membre, et peu Importe qu'elles soient courtes.
Les bonlets seront Ports;
Les paturons forts et courts;
Les onglons noirs et sains; la corne noire est plus dure, moins sujette aux maladies.
Le poilrail sera ouvert, c'est-ä-dire que, vu par devant, l'animal devra presenter une distance large d'une pointe de l'epaule ä l'autre, et d'un ars anterieur ä l'autre 5 l'encolure pres la poitrine sera forte et muscuieuse, petite pros la töte.
La croupe sera large, c'est-ä-dire qu'il devra y avoir une large distance d'une hauche ä l'autre et d'une pointe de la fesse a l'autre pointe; eile sera muscuieuse; la queue sera haute et bien detachee.
La cuisse sera longue, muscuieuse.
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La/arnJesera egalement longue, musculeuse, tres-large, vue de cöte, et formera, avec la cuisse et le canon, des angles le plus fermamp;j possible. Les jarrels seront larges.
Les exlremiles, les posterieures surtout, seront d'aplomb, bien ecart^es, placees droit suivant Taxe du corps, ni lournees en dedans ni endehors. Cette belle position des exlremiles influe d'une maniere marquee sur la durtte des forces des indi-vidus, et c'est dans les exlremiles posterieures, chargees surtout des plus grands efforts, qu'il faut la rechercher avec soin; eile indique, d'ail-leurs,unemeilleure conformation du bassin; avan-tage inappreciable dans des races dont la fecon-dite est pour nous la plus precleuse des qualites.
Ce n'est pas tout, il y a des animaux et des races qui resistent aux fatigues beauconp plus que d'autres, qui sont ce qu'on appelle plus durs, ct qui, par consequent, sont preferables; ils ont, en general, des caracleres parliculiers auxquels on les distingue. Les caracleres principaux sont dans la peau el la t6te; le poil en est fort, epais, dur, frise sur la t6te; il se proionge herisse sur le cou et sur le dos; la peau est plus dense et plus epaisse dans quelques endroits, parlicujierement sur le cou et les epauies; la t6le est, en general,
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courte, mais large, botnbee entre les yeux; le re gard est vif, un peu inquiet; le mufle est large, les cornes ecartees, grosses h leur base et bien faites; la poitrine s'eiargit derriere les epaules, et le corps est ramasse, trapu (4). Ces animaux forment, dans les pays de montagnes, des races que Ton trouve dans les regions les plus elevees : en general, elles ne parviennent pas h une taille anssi elevee que celle qu'acquiörent les races nourries dans des päturagos abondants et fertiles, tols que ceux de la Normaudie et des bords de la Dordogne.
RACES DE BOUCHERIE.
La conformation des betes ä cornes de bou-cherie peut elre bien differente de celle des betes de travail; en eflet, la force, ici, n'est plus n^-cessaire, la celerite de la demarebe encore moins. Tout ce qui concourt ä produire ces deux qualites devient done inutile.
Mais, dira-t-on, les boeufs, avant d'etre des ani-
(1) Voyez, h cc sujet, un excellent mdmoire de M. Desire Ordinaire, intitule Observations sur la race bovine et sui­tes moyens de la perfectionner, insert dans les Memoires el Rapporls de la Soeicte d'ayricullure et arts du depar-lemcnl du Doubs, et dans les Annales de Vagriculture [ranfaise, t. XVI, 2raquo; s^rie, p. 87.
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maux de boucherie, sont des animaux de travail, et Tun ne peut aller sans l'autre. C'est vrai pour quelques contrees; mais, comme 11 y a des endroits oü Ton eleve des animaux seulement pour la bou­cherie, nous aliens parier d'abord des qualiles propres qu'on doit rechercher dans ces animaux: quand nos idees seront bien fixees sur ces qualitös comrae sur celles ä rechercher dans les boeufs de travail, nous chercherons ensuile a trouver celles qui conviennent le mieux aux races de travail et de boucherie,
Dans les b^tes destinees ä la boucherie seule­ment, on ne recherche que rabondance des pro-duits, et eile a lieu de deux mantöres : par la predominance des parlies qui ont le plus de va-leur, et par la faculte de l'animal d'acquerir le meilleur etat d'embonpoint dans le moins de temps possible et en consommant le moins de nourriture.
La taille elevee, avantageuse pour les betes de travail, est insignifiante pour les betes de bou­cherie; celles-cipcuvent done titrede toute taille: ce que Ton recherche le plus, ce sont les muscles et la graisse; I'appareil musculaire devra done 6tre tres-developpe, principalement dans les re­gions qui fouruissent les morceaux les plus deli-raquo;.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 15
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cats, aus reins, aus fesses, aus cuisses, ä l'enco-lure, aux ^paules. Les parties musculaires, qui, dans l'animal mort, sont de moindre valeur, peuvent done 6tie petites, coraparativement aux autres parties. Par des appareiilements bien en-lendus et suivis avec perseverance, des culliva-teurs elaient parvenus ä creer quelques races qui avaient les muscles des reins beaueoup plus deve-loppesquedausd'autres races. Mais, commetoutes les parties n'aequierent pas du volume ensemble, comme assez ordinairement, quand une partie se developpe outre mesure, eile prend toujours de l'accroissement aux depens des autres, non-seu-lement les parties qui ont le moins de valeur pourront 6tre petites, mais mßme elles devront etre petites. Un nourrisseur anglais me disait: Un boeuf ne peut manger avec fruit, pour se nour-rir, qu'une quantite donnee de nourriture, et cette nourriture se distribue dans toutes les parties du corps; celles qui sont les plus grosses en prennent le plus. Si done l'animal a de gros os et peu de chair, cesos prennent presquetoute la nourriture, et cette nourriture est consommee par des parties qui nedonnent presque rien, tandis que, dans un animal qui a de tres-petils os et beaueoup de chair, !a nourriture est employee ä des parties qui rap-
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portent beaucoup. Ce que ce cultivateur me disait des os comparativeraent aux muscles, on peutl'ap-pliquer aux parties musculaires, qui se vendent le mieux parce qu'elles sont plus delicates compa­rativeraent aux autres.
D'apres ces prineipes, les os devront 6tre petits, et toutes les parties oü les os sont en grande abon-dance devront 6tre petites, proportionnellement aux autres; ainsi la t6te sera petite; les extremi-16s, ä partir de l'avant-bras, seront courtes et minces, les pieds seront petits, les cornes seront petites, ä moins qu'on ne soit placö dans une lo­cality oü les cornes ne se vendent tres-cher. Les Eminences osseuses seront peu saillantes, les arti­culations peu fortes; les extremites de derriöre pourront 6tre droites.
Cette diminution dans la masse de la charpente osseuse ne devra cependant pas s'etendre ä la lon­gueur des os; pour quelques parties, cette dimi­nution de longueur serait un grand mal. Ainsi la poitrine devra conserver une etendue süffisante; n'importe, dans quelques animaux que ce soit, les organes de la poitrine doivent avoir I'espace n6-cessaire pour se developper largement, si vous ne voulez pas voir la race se d^teriorer et m6me de-venir sujetle h des maladies graves. L'abdomen
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devra etre large en tons sens, ample en un mot; la grandeur des visceres digestifs, quand eile n'est pas poussee trop loin, indique une digestion ac­tive, facile et, par suite, dans I'animal, la faculte de se bien nourrir, d'acquerir promptement tout le developpement dont il est susceptible, et m6me de s'engraisser facilement.
Le bassln se trouve dans le m6me cas que la poitrine et l'abdomen, quoique sa belle ou mau-vaise conformation soit en apparence de pen d'im­portance pour I'animal en particulier qu'on des­tine ä la boucherie; sa belle conformation est d'une grande importance dans toutes les races, parce qu'une conformation vicieuse, n'importe la destination reserv^e ä la race, est cause d'avorte-ments et, par consequent, de pertes toujours nuisibles h I'homme.
Si les eminences osseuses des hanches et des fesses ne doivent pas 6tre saillantes comme dans les animaux de travail, la croupe n'en doit pas etre moins large, moins bien conformee, et les extremit^s posterieures placees ä la distance con-venable et dans une bonne direction.
La seconde qualile que Ton recherche dans ces animaux est la facilite d'abord d'acquerir tout leur developpement et ensuite d'engraisser dans
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le moins de temps et avec le moins de nourrilure possibles. La marche ä suivre, pour avoir des races de pareils animaux, est simple; eile consistera ä toujours conserver, pour la reproduction, lesani-maux qui auront les qualites requises et ä en eloi-gner soigneusement ceux qui ne les auront pas. Une sante vigoureuse sera la premiere; un bon appetit, peu de delicatesse sur le chois des ali­ments, et cependant un etat ordinaire d'embon-point, sont les signes qui indiqueront cette pro-priete qu'on designe assez bien en disant que i'animal est de bonne nature.
On voit, par la, dans quelies erreurs tombent les personnes qui, par un interetdu moment mal entendu, livrent ä l'engrais des animaux qui y out le plus de propension; ce sont ceux-la, au con-traire, qu'il faut conserver avec le plus de soin pour la reproduction ; ce sont ccux qui transmet-Iront ä leurs descendants la qualite recherchce, et qui feront les races dont ello sera presque le signe caraclerislique. Conservez precieusement, pour la reproduction, les animaux qui ont les qualitcs que vous desirez dans une race; eloignez soigneu­sement de la reproduction ccux qui n'ont pas ces qualites. Voila le premier moyen de creer dc bonnes races; voilä celoi qui a ete cause
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de la perfection de quelques races ötrangeres. Co moyen ne suffllcependant pas, s'il n'est pas aide d'un regime approprie; je reviendrai plus tard sur cet objet.
VACHES LAITIERES.
I
Tout ce qui a ete dit, au sujet des bötes de bou-cherie, pent s'appliquer exaetement aux bfetes des-tinees spöcialement ä la secretion du lait; ce se-ront done les formes les plus propres aux animaux de boucherie qui seront en m6me temps les plus propres pour de bonnes vaches laitieres. Dans les animaux destines ä l'engrais et places dans des circonstances favorables ä cet etat, la nutrition se porlera vers les muscles et vers le tissu graisseux; dans les vaches oü la söcretion du lait sera con-slamment entretenue et excitee par le regime, cette secretion, pendant le temps qu'elle durera, emploiera la plus grande parlle de la nourriture prise par l'animal; de teilemaniere queles vaches laitieres les meilleures, si elles sont presque tou-joursles plus maigres pendant que la secretion du lait durera, seront, aussilöt que la secretion ex­traordinaire entretenue par les soins de l'homme cessera, ou autrement, aussitöt qu'on voudra les
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engraisser, les vaches les meilleures pour l'en-grais, si on ne les a pas ^puisees pendant une Se­rie consecutive d'annees par une secretion de lait cntretenue trop active.
Comme Ton parvient ä donner certaines formes ix des races, de m^rae on parvient ä donner au sexe masculinou feminin d'une race des qualilesparti-culi^res. II est constant qu'il y a des races de b6tes a comes dont les femelles sont meilleures lailieres que celles d'autres races, et je ne doute pas que la quaiite d'etre bonne laitiere ne puisse devenir I'apanage d'une race piacee, da reste, dans des circonstances favorables, si la precaution de conserver toujours pour la generation les ge-nisses provenant des meilleures laitieres se pro-longe pendant quelques generations. Cependant je ferai observer ici que, pour parvenir ä ce but, les soins et surtout les localities ont une influence beaucoup plus marquee que toutes les autres cir­constances; qu'il y a des lieux oü la maniere de gouverner les vaches est tellement en opposition au developpement de cette quaiite, que ce serait presque en vain qu'on chercherait ä l'obtenir; qu'enfin il y a des lieux oü le climat et la nature des päturages s'y opposent tellement, que Ton est dans I'habitude d'aller chercher ses meilleures lai-
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lieres dans d'autres pays, malgre le grand avan-tage qu'on aurait a les elever dans la contree : je citerai, a ce sujet, le pays de Lodi et !e Milanais obliges de prendre dans la Suisse les vaches lai-licres qui fournissent lelait necessaire ä la fabri­cation des fameux fromages connus sous le nom de fromages de Parmesan.
Je ferai observer aussi qu'il faut distinguer la qualite de la quantite de lait donneepar les indi-vidus comme par les races : ainsi les vaches du pays de Lodi et du Milanais donnent souvent au-fant de lait que los btStes de la Suisse; mais on prefere le lait de ces dernieres pour faire les fro^ mages, parce que ces races, d'une constitution plus robuste point affaibliepar un climat chaud et humide, donnent, en general, un lait plus riche en principes batyreux et caseeux, et moins aqueux. La qualite d'etre bonne lailiere ne de­pend done pas seulenaent de la quantite de lait donnee, eile dependaussi de la bonne qualite de ce lait.
Je citerai encore, ä cette occasion, les races des maremmes de la Toscane, si peu lailieres que Ton a et6 oblige d'introduire, dans ces maremmes, des betes de Suisse pour pouvoir y etablir des laite-ries un pen avantageuses.
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Je citeral enfin la süperbe race hongroise ä lon-gues comes, dont les femelles, dans les plus grands pouza, ne donnent que le lait necessaire pour elever leurs nourrissons et pour fournir a la fälble consommallon de leurs gardiens (1).
Comme Ton voit, la qualite d'etre bonnes lai-tieres depend d'une organisation particuliere, d'une constitution que le climat et la nourriture concourent aulant ä creer que les soins de l'homme; c'est pourquoi il y a des pays qui, ayant besoin de bonnes vaehes laitieres, et qui, ne pou-vant pas en creer, sont obliges d'en faire venir, par le commerce, des contrees oü elles sont abon-dantes.
II est presque toujours plus avantageux de s'en procurer ainsique de vouloir les elever soi-m6me. Cet avantage d'avoir les meilleures laitieres, peu considerable s'il ne s'agit que d'une vaclie ou deux, devient d'une tout autre importance quand il s'agit d'une etable de quinze ä trente bötes dont les produits forment un revenu de I'exploitalion, et peuvent etre augmentes d'un septieme ou rnöme bien davantage par le choix des bonnes laitieres, c'est-ä-dire de betes qui, pour la raeme
(1) Voyez encore, ii ce sujet, lo Nouveau Cours complcl d'agricullure, 2deg; edition, t. II, article Baiuf.
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quantite d'aliments consoramös, donnent un lait bien superieur en qqalite ou plus abondant.
Dans les bonnes races lailieres comme dans les autres, il y a des individus superieurs aux autres, et bien des personnes pramp;endent pouvoir les re-connaitre. A quels signes, demandera-t-on, puis-que c'est lä le but principal de cette notice?
Lesvoici :
Un ventre ample et large, les veines mam-maires bien prononcees, les mamelles amples, pendantes, mobiles, distinctes sous la main quand elles sont vides, et non pas dures, reslstantes, cc que les nourrisseurs appellent charnues (ces ma­melles charnues, quoique grosses, sont abon-dantes eu tissu cellulaire, ont les organes glan-dulaires pelits et donnent pen de lait); les trayons gros, les masses charnues peu prononcees, par consequent les os saillants, quoique petits; la peau fine, souple, ce qu'on reconnatt en la pin-C'ant legerement et l'attirant ä soi, si eile sc de-lache facilement du corps en formant un long et large pli sans que l'animal paraisse en soufTrir; Ig poil ras et doux, d'une couleur vive comme s'i! etait gras; les cornes petites, rabougries, souvent contournees; un bon appetit.
II faut cependant se garder de croire que ces
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signes soient infaillibles : bien des accidents peu-vent les rendre trompeurs dans un individu; mais, en general, ils militant en faveur de celui qui les präsente.
Des personnes demanderont peut-6tre quelles sont les circonstances qui ontfait naitre, dans cer-taines contrees, des races meilleures laitieres que d'autres, afin de savoir s'il ne serait pas possible de cröer de semblables races dans des contrees ou elles n'existent pas encore.
Nous avons vu que le climat et le sol nous avaient paru influer de la maniere la plus directe pour la production de cetle qualite dans les races et que les soins de rhomme ne venaient qu'en seconde ligne; si done on se trouve sous les m6mes influences qui rendent les races de Suisse, de Hollande et celles de quelques contrees de la Bre­tagne, de la Normandie et de l'Auvergne les meilleures laitieres, il n'y a pas de doute qu'avec des soins bien entendus Ton ne parvienne ä avoir des races aussi bonnes; mais si le climat et la lo-calile ne sont pas convenables, si surtout les päturages ne sont pas aussi bons, on pourra bien ameliorer les races, mais il sera tres-difficile de les amener au möme degre de perfection; il vau-da mieurs alors avoir recours aus races renoni-
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mees, el se les procurer par le commerce; on y trouvera plus de profit.
Une derniere question se presente alors : quels sont les moyens d'enlretenir les individus de ces races dans l'elat le plus favorable a la secretion du lait?
On ne peut que repondre ici d'une maniere ge-nerale, puisqu'il faudrait, dans le cas contrairc, parier de toutes les localites et de toutes les cul­tures; voici la reponse, je crois, la plus conve-nable : Vn regime bien enlendu, aussi hon au moins que cehd de leur pays natal, les entrelien-dradans eel Mat, sans pour cela empecher la de-generescence dans les produits qui en nallront.
RACES DE TRAVAIL ET DE BOÜCHER1E.
Nous avons vu que, dans les animaux destines a la boucherie et ceux destines au travail, il y avait des caracteres a rechercher presque en con­tradiction, par exemple la grosseur de la char-pente osseuse : en recherchant cependant un terme mojen on arrive, jusqu'ä un certain point, ä concilier ces exigences.
Ainsi on peut rechercher, dans les races dont nous parlous, une haute laille, pourvu qu'elie ne soil pas demesuree : i'animal sera d'autant plus
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propre au travail; et, s'il reunitd'ailleursloutesles autres conditions dont nous allons parier, il n'en sera pas moins propre ä la boucherie. Je ne fixerai point cettetaiile.parcequ'elledoitvariersuivantles races, les unes amp;ant beaucoup plus grandes que les autres,etcela,commeon lesait,smvant la na­ture des pays et suivant, surtout, la nature et la quantite de nourriturequ'ondonne aux animaux. C'est un point qu'il ne faut pas perdre de vue.
La seconds qualite sera une poitrine et un ab­domen bien arrondis, c'est-ä-dire determines par une bonne courbure des cötes. Plus les organes int^rieurs seront ä l'aise dans ces cavites, plus vous serez sür d'une bonne sante pour l'animal; plus il se nourrira bien, plus il aura de force pour travailler; et le travail cessant pour (Hre remplace parle regime de rengrais,plus l'animal, au moyen de l'integrite de ses organes pulmonaires et diges­tifs, digerera bien et engraissera rapidement, en etant moins difficile sur le choix de ses aliments. C'est done dans tous les cas, dans loutes les races, la condition indispensable dans l'animal destinö h la reproduction.
II est rare que cette ampleur de la poitrine ne soit pas aecompagnee de l'ampleur du bassin; cette autre conformation devra toujours exister; i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;16
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nous avons dejä dit qu'elle clevait etre rechercliee dans loulcs no'i races domestiques, parce qu'elle etait iieces?aire ä la factlile de la roise-bas, et qua certaines races du gros betail,sujeües aux avorte-inents, devaient ce defaut, sans aucun doute, au peu de soins apportes dans le choix quot;des animaux destines ä la reproduction. Et qu'on ne croie pas que celte ampieur de la charpente osseuse donne lieu a des eminences osseuses, grosses, saillantes; il n'en eslpas ainsi : Tune peut exister sansl'autre. Nous reviendrons tout ä l'henre sur ce point. TJnepoilrine large et nn bassin large doivent occasionner de la distance enlre les extremites soit anleiienres, seit posterieures. C'est done une conformation qui est la suite d'une aulre confor­mation bien excellenle; c'est done une conforma­tion qu'il faut non-seulcment desirer, mais qu'il faut rechercher avecsoin; eile estd'ailleurs bonne pour le boeuf de travail, qui par elie se trouve mieux dispose ä une marche libre et acceleree. N'ayant aucun rapport avec la propension a I'cn-grnis, eile indique indirectemeut cettequalite en donnant la presque certitude d'une belle confor­mation de la poitrine et de I'abdomen. 11 en est do mume do l'aplomb et de la bonne direction des exticmilcs, qui denolent la bonne conformation
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de la poitrine et du bassin. C'est done ä lort, ä tres-grand tort que, quand il s'agit de races desli-nees ä la boucherie, on vient dire que la confor­mation des extremites et du bassin importe peu. Certes, dans l'animal que les marchands achetent pour le boucher, cette conformation est insigni-fiante; mais il ne s'agit pas ici de l'animal qu'on va tuer, il s'agit de la race, il s'agit de l'animal qu'on destine ä la reproduction.
II est certains prejuges qu'on retrouve repeles dans beaueoup de livres, paixe qu'on a neglige de les approfondir-, ainsi on trouve repetö que le taure.au doit avoir une grosse I6te, doit avoir do fortes cornes, un fort chignon garni de polls rüdes abondants. Nous ne partageons point cette opi­nion. En effet, s'il est probable que letaureau, pourvu d'une grosse iHe et de grosses cornes, donnera un coup de töte plus dangereux, ce n'esl pas pour donner un coup de tete, un coup de corne que nous elevens celte race d'animaux, c'esl pour sa force musculaire, c'est pour sa chair. Or la force musculaire reside dans les muscles du corps, dans ceux des epaules surtout. II n'y a point de chair dans sa tete. Toute la nourriture qui se porte ä la töte est perdue pour les autres parlies. II faut done que l'animal destine a faire race ail
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wie petite lele, ait de petites comes, bien failes si Ton veut, mais il faut qu'elles soient pelites; et c'est en effet, parmi les races ä grandes cornes, de la Hongrie, de la Romagne, de Ja lerre de Labour, des Abruzzes et de la Sicile, qu'on trouve en Europe les races les moins bonnes lai-tieres et les races les moins bonnes ä l'engrais. Une grosse tamp;e ne va d'ailleurs jamais sans emi­nences osseuses tres-grosses, et si les eminences osseuses tres-fortes ne sont pas un vice dans le cheval destine uniquement au travail et ä des tra-vaux tres-acceleres qui demandent le plus grand developpement de la force musculaire, si möme c'est une qualite, il n'en est pas ainsi dans le boeuf, donl les travaux beaucoup moins penibles s'executcnt presque autant par le poids materiel que par l'energie musculaire. Nous ne rejetons point pour cela des eminences osseuses pronon-cees dans le boeuf, dans les races qui sont desti-nees au travail; mais nous disons qu'elles ne sont point necessaires comme dans le cheval: nous ajoulons que la grosse töte, etant d'ailleurs un vice, en ce qu'elle denote une grande affluence de sues nourriciers vers les os qui sont les parties les moins precieuses.il vaut raieux avoir dans ces races une petite töte et des extremites un pen
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grfeles en os qu'une grosse töte et de fortes extrö-mit^s; il est d'ailleurs bien posilif qu'avec de la perseverance dans le choix des animaux reproduc-teurs pendant quelques generations on parviendra h diminuer la grosseur de la töte en conservant aux extremitamp;3 toute la force necessaire.
La finesse de la peau, sa souplesse et sa facilite de se detacher des parties qu'elle recouvre, sont encore des qualites qu'on ne recherche pas assez. 11 est vrai que l'^paisseurde la peau et I'abondance des poils sont un indice que l'animal est plus rus-tique, qu'il supportera mieux les intemperies et les travaux, peut-6lre m6me qu'il sera moins de-licat sur la nourriture. Mais aussi c'est un indice qu'il prendra moins de graisse quand il sera sou-mis a l'engrais. Quand on pense d'ailleurs que, avec un bon regime, le bceuf de travail, d'un tem­perament moins rustique, supportera les plus rüdes Iravaux; quand on salt que, dansune exploitation rurale bien dirigee, il n'y a que perte ä ne pas entretenir le betail en bon etat, cette ruslicite des animaux est un vice, en ce qu'elle indique des races moins propres ä l'engrais, bien moins pro­pres surtout ä donner du lait, qui est souvent, dans notre agriculture perfectionnee, le principal produit du gros betail.
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Jusqu'a present nous n'avons point parle de la couleur des animaux, particularite ä laquelle on attache une grande importance dans quelques localites. Nous dirons, a ce sujet, que nous avons vu des animaux, provenant de races de toutes couleurs, aussi bons les uns que les autres pour le travail el ensuite pour la boucherle. L'objet principal, l'objet capital est d'avoir une race bonne, qui d'abord r^unisse les conditions que nous venons d'enumerer, et ensuite qui soit en rapport, par sa taille, ä la quantite de nourriture dont on pent disposer dans la ferrae : c'est le moyen d'entretenir, de creer une bonne race. Si eile est petite d'abord, sous I'influence d'une nour-rüure abondante et convenable, eile grandira bientöt sans perdre ses formes. Une couleur par-ticuliere ne devra done meriter une preference quelconque qu'autant qu'eile rendrait la ventede la race pluscertaine et, par lä, plus lucrative.
On voit, dans ce court travail, quelles sont les raisons des grandes dissidences qu'on remarque souvent parmi les ^leveurs ä l'egard des qualites qu'on doit rechercher dans le gros betail. Les raisons tres-plausibles que j'ai donnees de ces dis­sidences font voir ce qu'elles ont de bon et de mauvais, et amenent nalurellement ä determiner
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quels sont les formes et les caracteres qu'on doit rechercher dans les races de gros betail, suivant qu'elles sont destinees au travail et ä la bouche-rie, ou suivant qu'elles sont destinies soulement ädonner du laitet ensuite leursdöpouilies.Quand on se persuadera d'ailleurs que le bon regime est le vrai moyen de faire de bonnes races, et que le choix des animaux destines ä la reproduction, lüt-il le meilleur, serait tout ä fait insignifiant si les animaux etaient mal nourris et mal soigne-, on arrivera bienlöt ä faire tout ce qu'il faut pour avoir la race la plus convenable a I'exploitation. Avant de terminer, je reviendrai cependantsur une conformation que nousavonsindiqueecomme avantageuse, je veux dire l'ampleur de la poitrine; eile Test tellement que c'est sur celte conforma­tion qu'est basee cette maniere de mesurer le poids d'un boeuf, quiconsiste hprendre la dimen­sion de son corps, derriere les epaules, en entou-rant le corps aveeun ruban sur lequel est marque un nombre de kilogrammes, qui augmente en raison du nombre de pieds et de pouces qu'il faut pourmesurer l'animal. Getto partie etantjeneffet, la principale du corps, par sa masse et par ['im­portance des visceres qu'elle conlient, eile doit 6lre ou plulot eile est en rapports constants, ä
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tres-peu de chose pres, avec le reste du corps: ce doit done 6tre celle qu'il importe le plus de prendre en consideration. Nous finirotis, en con­sequence, en repetant que son ampleur dans les races bovines, plus encore que dans les autresgt;est unc des principales choses ä considerer.
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REMARQUES
SUR LA TENUE DES BESTIAUX A L'ETABLE.
Extrail de l'honorable Josiah Qüincy (1),
FAR M. HUZARD FILS.
Dans I'examen de cette m^lhode, l'auteur annonce qu'il va discuter bri^vement ce quel'on avance en sa faveur et centre eile:
En sa faveur,
1deg; On acquiert du terrain pour la culture;
2deg; On n'a pas besoin de clöture (2);
5deg; On economise la nourriture;
4deg; Le betail est dans un meilleur etat;
(1)nbsp;Massachusetl's agricultural Repository and journal, udeg; 2, vol. II.
(2)nbsp; Pour entendre ceci, il faut savoir que, pour empficher les degits produits par les bestiaux, les exploitation's rurales des £tats-Unis soul divisoes et subdivisccs en enclos, soit par des arbres poses en zigzag les uns sur le bout des autres, soit par trois perches paralleles attaches a des pieux, et que la fabrication de ces enclos devient, chaque aiiuee, plus dis-peudieuse, par la rapide destruction des bois.
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5deg; Le betail donne plus de lail;
6deg; On oblient plus de furnier.
Contre eile,
Le seul inconvenient ä opposera tons ces avan-tages est le travail necessaire pour preparer et couper la nourrilure, ensuite les soins qu'on doit prendre des bestiaux(4).
1deg; On ne peut pas mettre en doute qu'en gar-dant les bestiaux ä l'etable on n'acquiere du ter­rain pour la culture ; la difference d'opinion n'est que sur le plus ou moins de terrain acquis. II n'y a pas de doute, en effet, que tout le terrain de la ferme ne puisse etre cultive; tandis que, par I'autre methode, il faut toujours en conserver pour le parcours des bestiaux. La difference des opinions sur le terrain acquis ne vient que de la difference de culture. En effet, les uns se conten-tant d'ameliorer les päturages et d'en couper l'herbe pour la donner aux bestiaux tenus ä l'etable, les antres, au conlraire, labourant la terre et y se-rnantdes choux ou autresplantes nourrissantes, il doit necessairement resulter une difference dans les produits qu'on retire de ces melhodes.
Dans tous les cas, I'economie est suffisamment grande pour 6tre decisive.
(1) L'auteur ne parle pas de la qualite du lait.
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2deg; On n'a pas besoin de clöture : c'est encore une grande economie; car non-seulement on evite la depense des raaleriaux necessaires ä la formation de la cloture, le travail pour la faire, les soins annuels de reparations, mais encore on conserve le terrain que la ciöture occuperait; on conserve la lisiere, qu'on serait oblige de laisser de l'un et de l'autre cöte, qui sert de refuge ä toute la vermine, et, qui pis est, aux naauvaises plantes. Je n'ai point de calcul precis surl'econo­mie qui resulte du non-besoin de clötures inte-rieuresdans une exploitation; mais on sent qu'elle doit varier selon beaucoup de circonstances, sur-tout selon les reparations qu'on est oblige d'y faire annuellement. L'usage de la nourriture des besliaux a I'etable a l'avantage de rendre inutiles (oules les clölures interieures, c'est-a-dire celles qui rieseparent pas l'exploitation de 1'exploitation voisine ou de la grande route; de permettre ainsi la culture de tout le sol, de laisser ä la charrue le rnoyen de labourer jusqu'au plus petit coin, et de presenter ainsi ä I'oeil une scene continue de cul­tures propres, reguliereset belles.
5deg; Economie dans la nourriture des bestiaux. Les aniraaux perdent de la nourriture de six ma-nieres, en la mangeant, en marchant dessus, en
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If
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y deposantleurs excrements et leurs urines,en s'y couchant et en y deposant leur transpiration.
Dans le päturage, ces inconv^nients se trouvent reunis ä la fois; dans I'etable, un pen desoin les fait presque cesser completement. En empechant celte perte de fourrages, il y a done ^conornie manifeste sur la nourriture; eile est d'autant plus grande, que le sol et le päturage sont plus riches. A I'etable, en effet, rien n'est perdu, tout est mange; on a möme remarquö que certaines plantes que les animaux rebutaient dans la pAture etaient mangees a I'ecurie.
4deg; Les bestiaux sont dans un etat bien plus satisfaisant.
Le bon amp;at des bestiaux depend de la qualite, de la quantity de la nourriture, et de la r£gularil6 apportee dans sa distribution. Un peu de soin procure ces avantagesä I'etable; tandis que, dans le päturage, les animnux, abandonnes ä eux-memes, trouvent trop de nourriture quand il est bon, etn'en trouvent pas assez quand il est frappe de secheresse. II en resulte necessairement qu'aa päturage la condition du bfitail depend toujours de la quality plus ou moinsbonne de la päture. Le grand avantage de la nourriture ä I'etable est de rendre la condition des animaux aussi indepen-
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dantequ'ilest possible des intemperiesdes Saisons.
Le manque d'exercice, inseparable de cette m^thode,est une objection universelle ; mais tous ceux qui ont essaye la nourriturea l'etable, et qui ontemis uneopinion surcesujet.d^clarent unani-mement qn'il n'en resulte aucun mauvais effet.Un deces ecrivains assure qu'il a garde un nombreux tronpeau, pendant plusieurs annees, ä l'etable; qu'il n'a pas eu un animal grievement malade; qu'il n'en a pas perdu un seui; qu'il n'a meme pas eu d'avortement.
11 faut observer que la nourriture ä ratable n'exige pas que lesanimaux soient tenus conslam-ment renfermes, mais que la nourriture seule-ment soit toujours donnee ä la vacherie; il est meme essentiel, dans ce Systeme, que les animaux soient souvent dans les cours, abrites par des nrbres ou des hangars; qu'ils y demeurent ä l'aise, dans l'altitude qui leur convient le mieux pour ruminer, et qu'ils prennent Texercice qu'ils veu-lent. Quand on a observe que les animaux se pro-menent au pAturage avec lenteur, que presque toujours ils se couchent lorsqu'ils sont rassasies, on voit qu'il y a tres-peu de difference entre l'exercice qu'ils prennent dans un encloset celui qu'ils font au pAturage. Ouand amp; toutes ces con-I.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;17
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siderations on ajoule les suivantes : que les ani-maux soul ä Tabri des injures de l'air, des chiens, des mouches, qu'ils ne risquent point de manger demauvaises plantes,deboire demauvaise eau,on ne naeltra plus en question de savoir si ce regime cst le meiilenrpour la sant6.
5deg; Plus grand produit de lait. —Quoiqu'on re-garde cet avanlage comma constant, jene connais aucune comparaison precise ä cet egard; et les fermiers sont encore dans la crainte que, malgre le meilleur efat de l'animal, la production du lait ne soit moindre que dans le cas oü le betail est abandonne dans la püture. On peut neanmoins prouver aisement le contraire, et ma propre ex­perience est d'accord avec le raisonnement. Pen­dant le temps d'abondance, qui comprend a peu pres le premier mois de päturage, il y a peu de difference enlre la quanlite de lait de Fanirnal nourii au pAturage et la quantity de celui nourri a I'etable. Comme le premier trouve plus de nour-rilure qu'il ne lui en faut, il en prend ä son aise; mais, apres ce mois, tout est en faveurde la nour-riture a I'etable; si le nourrisseur a voulu se donner la peine de la mettre en pratique, ets'il a en soin de se procurer une succession de recoltes avantageuses a la nourriture de ses bestiaux, il
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pourra alors les entretenir dans une abondanle secretion de lait.malgre l'^tat de la Saison, jusqu'ä la fin de l'automne.
6deg; Plus grande abondance de furnier. — C'est un des grands avantages de la nourriture ä rata­ble. Au päturage, le furnier d'amp;6 est presque en-tierement perdu, les sues sent ^vapores par le soleil, parle bale, entraines par la pluie, detruits par les insectes; une bouse dure et infertile reste, une partie de l'annee, sur le sol, emptiche la ve­getation dans la place qu'elle occupe, et ne pent jamais engraisser la terre, comme lorsqu'elle est recueillie dans des reservoirs couverts, et port6e sur le sol dans la saison convenable pour Ätre re-couverte par la charrue.
Quoique les öcrivains d'Europe (l)aientbien constate l'avantage qu'il y a de conserver par ce moyen le furnier d'ete, c'est en vain encore pour nos contrees (2) ; cependant, comme le principal objet dans une ferme est d'augmenler la quantite des engrais, rien n'est mieux ima­ging, rien n'est plus profitable que des reser-
(1)nbsp; Tschiffeli : Nourriture des bestiaux a I'elablc, in-80 (1817). Prix, 1 fr. 50 c. Paris, chez Mraquo;? Bouchard-Huzard, rue de l'Eperon, 5.
(2)nbsp; On pourrait ajoufer et pour une grande partie de la France.
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voiis qui re^oiventtouteespece de matiferes excre-mentitielles, et qui laissent ainsi la faculte de les repandre sur le sol ä la volonte du fermier. Ce fut la conviction, suite de toutes ces conside­rations, qui m'engagea ä soumeltre raa ferme ä ce modedecouduite; sa situation parliculi^reparais-sait l'y rendre plus propre. C'est une plaine for-mee d'un sol d'alluvion, sur la glaise, entre-coupee de parties d'une terre plus legere; eile n'est point enclose de haies, mais de barrieres : en adoptaut le nouveau mode d'administration, je nie suis trouve exempt de reparer des clöturesint^rieures, dont la depense etait toujours tres-grande pour ma ferme. Depuis trois ans, j'ai adoptecette pra­tique : durant les deux premieres, en la modiflant un peu ; durant la troisieme, dans toute sa rcgu-larite; et je me trouve si bien du resultat, qu'au-cune consideration ne peut m'engager ä changer ce mode de gouverner mon betail.
II est toujours en bonne sante, dans un 6tat su-perieur a celui de mes voisins, qui font paitre le leur. Dans le mois de juin, le lait de mes vaches n'est point en quantity inferieure, comparative-ment au nombre des animaux. En juillet et en aoüt, mois oü la secheresse est forte dans mon voisinage, le lait des vaches diminue toujours, et
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quelquefois de moitie; le lait des miennes ne di-minue pas d'une maniere sensible. Les vaches ne montrent aucune tristesse, elles ne sont point ma­lades, et je n'en perds aucune.
De tout temps, on a eu, sur ma ferme, de dix k quinze tetes de betail; pendant Tele, 50 acres (1) (20h) deterre leur ^laient deslinees; en outre, on leur permettait, en automne, de pdturer sur les prairies. II resultait de cette methode que, dans les temps favorables, le troupeau etait tres-bien; que, dans les temps sees, il etait mal; que, dans les annöes tres-seches, on etait oblige de le ren-trer et de le nourrir ä l'elable avec du foin : teile etait la coutume; e'est encore celle qui subsiste ä peu pres dans mon voisinage.
Voici ma pratique de l'ann^e pass^e et les re-sultats que j'en ai obtenus :
Mon troupeau, d*environ vingt vaches, est tenu toutel'annee ä l'etable; on donne de la nourri-ture aux animaux environ six fois par jour, et on les laisse se promener dans une cour de 80 pieds de cote (27m), deux heures le matin et deux heures rapres-midi; iis sont bien tenus sur une bonne litiere, et l'etable est bien cur^e pendant qu'ils sont dehors. Durant i'hiver, ils sont nour-
(1) L'acre (5gale 40 ares.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; {#9632;
17.
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ris, comme ä l'ordinaire, de foin frais et sale et de racines; dejuin ä novembreinclusivemcnt, ils font fournis de nourriture verte ä l'etable. Comme c'est le moment difficile, je vais detailler exacte-ment la maniere dont je m'y prends :
Dans l'automne dernier, j'ai fait semer, sur une pelouse retournee de 5 acres(lh,20), du seigle ä la volee et tres-epais. Dans le commencement d'avril, je preparai et semai 3 acres If A [V'^S) (de la maniere dont je parlerai plus loin) en ma'is en raies. Sur la fin du mois, je semai aussi envi­ron 3 acres (lh,20) de terre en avoine et en sar-rasin ä la volee, dans la proportion de 2 bois-seaux (721) (1) par acre ^O11). La quantite de terrain que je semai ainsi pour nourrir mes bestiaux ä l'etable, et en sus de l'herbe que je pouvais me procurer d'une autre maniere, fut d'un peu plus de 9 acres (öh,60). Les 5 acres (l'^O) semees en seigle donnerent si peu, que je ne pus nourrir le Iroupeau que cinq jours du produit de celte par-tie ; de maniere que le terrain restant amp;ait un peu plus de 6 acres (2h,40).
Vers le 1er juin, les troupeaux des environs fu-rent mis dans les prairies. Des le 30 mai, mon fermier commenga ä faire faucher le verger et les
(1) Le boisseau (bushel) egile 36 litres 33.
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cölis du chemin qui conduit de la grande route a mademeure; il put nourrir le betail äe l'herbe qu'il recnlta ainsi, jusqu'au 16 du mois. A cettc epoque, il commen^a ä faucher le seigie; on le trouva trop dur, et on retourna chercher de l'herbe dans le potager ; on en trouva assez jus­qu'au 24 juin, ou Ton futforc^ d'avoir recours au reste de mon champ sem6 en seigie, et ensuite ä mon trefle, que le formier fit donner jusqu'au 6 juillet, epoque ou il n'avait encore touche qu'ä mes miserables 3 acres (1^,20) de pelouse semees en seigie. II commenca alors ä nourrir avec l'avoine, il continua jusqu'au 21 juillet, oü le ma'is rem-plagia l'avoine jusqu'au 26; 2 acres (80a)d'orge, se­mees plus tard, succöderent au ma'is et servirenl jusqu'au 30 : alors il eut de nouveau recours au ma'is (1), et continua cette nourriture jusqu'au 31 aoüt.
A cette epoque, il recommenga ä faire fau­cher les cötes du chemin qu'il avail fait cou­per au commencement de juin, ce qui lui donna
(1) En fait, la quantitc du terrain employe n'est pas clai-rement dötermin^e dans Touvrage original : par exemple, dans cet alin^a, il est qnestion de trifle, dont il n'a pas (-If parle h I'alinca precedent, dans renumeration faile des champs cnsemcncös pour fonrrage : en lisant attcntivc-ment, ou apercevra quelques aulreslacunes.
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du fourrage pour deux jours. II revint alors aux 3 acres 1/4 (lh,2S) de maus semes pour four­rage, dont les tiges, coupees du 21 au 26 juin, avaient repousse vigoureusement et presentaient une abondance extreme de nourriture : eile dura jusqu'au 8 septembre.
Le 9 et le 10, les animaux mangerent un quart d'acre^O3) seme en millet et en sarrasin ; le 11, unc seconde coupe de trefle; lesiS, 15,14 et 15, la recolte d'une acre (40deg;) semöe en grains tendres, et, le 16, une piece de millet et d'avoine,qui fournit du fourrage jusqu'au 20. Mon fermier fit couper alors 2 acres (80a) de maus qui avait amp;e seme en raies, le 1er aout, sur une terre qui avait donn^ dejä une r^colle de pois. Cette nourriture dura jusqu'au 5 octobre. Depuis lors jusqu'au 15, la nourrilure consista en secondes coupes d'herbes, fauchees sur differenls points de la pelouse qui avait öte retournee et semee en seigie.
Du 15 octobre au 20 novembre environ, les vaches furent nourries de fanes de carottes et de turueps, coupees dans unchampdel2 acres (4',,80) d'elendue; une fois le jour, il leur etait donne une ration de foin sale : ä cette epoque, finit la nourriture d'ete. Depuis lors, mes b6tes furent nourries principalcment de foin anglais sale. Il
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ramp;ulte de ce compte que mes vingt totes de betail ont consomme le produit de :
2nbsp; acres et demie(l1') d'herbes donn^es paries
cötös d'un chemin et par un verger,
3nbsp; acres(I 'jSOjd'herbesd'unepelouse defoncee, 3 acres un quart (lh,30) de mais coupe en vert,
2nbsp; acres (Oh,80) d'orge semee tard,
3nbsp; acres (il,,20) d'avoine,
2 acres ^jSO) de mais seme apres une recolte de pois, 1/4 d'acre (O^dO) de sarrasin, 1 acre (Oh,AO) de millet, de sarrasin etd'avoine,
17 acres (6h,80) en tout (1).
Teile fut la quantile de terra employee ä four-nir la nouniture aI'etable. II est resulte, de cette operation et du compte que j'en ai tenu, que j'ai pu nourrir ä I'etable, avec le produit de 17 acres (6h)80), le möme nombre de t6tes de betail qui en exige 50 ^O11) par la methode ordinaire. Je pense m6me que le benefice est encore pi us grand; cette donnee suffit cependant pour montrer com-bien il est considerable.
Par rapport a I'economie sur la reparation des
(1) II n'est pas question du terrain qui a produit le trifle.
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clötures, voici ce qui m'est arrive pour ma ferme. D'apres restimalion la plus basse, j'ai de clö­tures interieures, en longueur, 5 milles(l),6gaux ä 1,600 rods, qui m'ont coüte ä etablir un dol­lar (2) le rod, et qui me coütent de reparations annuelles 60 dollars. Je n'ai plus maintenant un seul rod de cloture interieure, ce qui me laisse ces 60 dollars de benefice net.
Sous le rapport des fumiers, le benefice n'est pas molns incontestable, quoique je n'aie pas cherche ä Teslimer d'une maniere exacte. Je pense que, toute chose bien consideree, chaque t^te de betail me donne par mois un buck load (3), ce qui me fait cent vingt charges pour les six mois de nourriture ä l'etable. Je ne fais pas encore en-trer en consideration le benefice que je retire des urines regues sur des terres absorbantes, qui ser-vent ensuite d'engrais.
II me reste ä montrer que le prix de main-d'oeuvre necessaire pour couper la nourriture, l'apporter et la distribuer n'est pas plus eleve que les benefices ci-dessus. Sur cc point, mon
(1)nbsp; Le mille cquivauta t.COgquot;'^!.
(2)nbsp; Le dollar vaut de 5 ä 6 francs.
(3)nbsp; Bucket signifie scau; buck doit Ätre une mesure de capacity beaucoup plus grande.
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experience m'a rendu certain que la valeur seule du furnier obtenu en plus compensait ce prix, et que j'avais en benefice le terrain epargne, le prix des reparations des clötures et l'etat bien sup6-rieur de mon betail. Pour le prouver suffisam-ment, je vais donner un etat de mes depenses pour le travail qu'exige le Systeme de nourriture ä l'etable.
Durant le mois de juin, j'ai pris un homme pour faire tout l'ouvrage necessaire, c'est-a-dire pour couper le fourrage, pour le distribuer, et pour avoir soin du betail pendant le jour; il m'a coule 15 dollars, et sa nourriture fut ä sa charge: de cette maniere, je tire de son travail le mßme benefice que lui. En eilet, ä la fin du mois, j'ai mesure le furnier que j'avais recueilli dans une citerne, et j'ai trouve que, sans compter celui qui avait ete fait pendant les quatre heures du jour pass^es par les bestiaux dans la cour de la ferme, il y en avait quinze charges (loads), quan-tile de fumier que je n'aurais certainement pas procuree ä ma ferme ä moins de 50 dollars, et que je pourrais vendre 20 dollars au moins sans fetre chargö des frais de l'enlevement et du trans­port. On a vu que les salaires de mon ouvrier ne se monlaient qu'ä 15 dollars.
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Durant ces cinq autres mois, j'ai pris nn second ouvrier, parce que j'ai trouve qu'on pouvait faire une grande economie sur la nourriture verfe, en la coupant et en la mölant avec environ un tiers de foin ou de paille haches et sales. Je tiens un compte exact de tout le travail necessaire pour faucher la nourriture, pour l'apporter ä la grange, pour la hacher dans ce lieu, pour hacher la paille ou le foin sales, pour meler ensemble ces diverses nourritures et pour les distribuer aux bestiaux. Je trouvai que tout ce travail avait pu 6tre estime ä cent quarante-huit jours, k 1 dollar par jour. En ajoutant ä cette somme celle de 15 dollars de-penses dans le mois de juin, toute ma depense se raonta a 465 dollars.
A la fin du temps de la nourriture ä ratable, j' avais bien certainement cent trente charges [loads) de furnier, qui n'auraient point ete voiturees et amen^es ä ma ferme ä moins de 500 dollars. Estimez-les seulement ä 200 dollars; personne ne pourra, je pense, contredire mon assertion, que la voleur du furnier obtenu ne compense suffi-samment le prix du travail et toutes les depenses qu'entraine la nourriture a I'etable.
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DE QUELQUES QUESTIONS
#9632;
relatives
#9632;
AU METISSAGE
Dans les races d'animaux domesligues,
FAR H. HDZARD FILS.
L'operation qu'en economie rurale on appelle radtissage, et qui consiste h acconpler, pour la reproduction, un animal d'une race avec un ani­mal d'une autre race, parait simple d'abord; mais eile devient complexe quand on l'envisage d'une maniere approfondie dans les principales especes d'animaux que nous elevons pour nos besoins (1).
J'aidejä,dansun ouvrage (2),montrelamaniere dont les metissages devaient 6tre conduits par le
(1)nbsp; Le mot espece est pris, dans le cours de cette notice, dans un sens positif, et uon pour designer les varietes d'un animal ou les races : il ne faut done pas le confondre avec le mot race.
(2)nbsp; Des Haras domestiques et des Haras de l'Elat en France, par J. B. Huzard, 2laquo; Edition, Paris, 1843, 1 vol. in-S de 484 pages.
I.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;18
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cultivateur qui voulalt avoir sur son exploitation une belle et bonne racedechevauxdevente. J'ai fait voir les principales erreurs qu'on commettait or-dinairement, erreurs qui, en empöchant de par-venir au but, poiiaient le decouragement et en-gageaient ä abandonner l'eleve du c.heval; j'ai cru devoir m'abstenir, dans cet ouvrage, de toutes les considerations qui etaient relatives aux mamp;issages chez les autres especes d'animaux; c'est möme avec quelque repugnance que j'ai cit(5 un resultat obtenu dans l'espece ovine, pour venir ä l'appui decequej'avanfaispourl'especedu cheval, parce que les cas ne sont pas parfaitement analogues.
Mais j'ai ete bientöt convaincu, par les objec­tions qui m'ont ete faites, que j'avais eu tort; presque toujours on m'oppose, relativement ä l'espece chevaline, ce qui se passe dans les autres especes, du boeuf et du mouton. II me faul done faire voir que les circonstances dans lesquelles on opere le metissage, chez les unes, sont differentes de celies dans lesquelles on l'opere chez les autres, et que c'est une erreur de tirer des consequences de ce qui se passe dans l'une relativement ä ce qui doit se passer dans les autres. On verra, en y fai-sant bien attention, que ce sont ces fausses analo­gies qui embrouillent le sujet.
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La principale objection qu'on fait ä ce que j'ai avancö dans mon ouvrage precit^ est relative ä ce dire, que, dans un metissage bien suivi dans l'es-pece chevaline, il y a lieu äse passer, ä un certain degrd de metissage, des elalons purs de la race regeneratrice, pour y substüuer lews derniers mölis mäles.
Malgre l'exemple frappant de ce qui se passe en Angleterre, oü les chevaux qu'on appelle de pur sang ne sent que des metis tres-ameliorfe depuis une longue suite de generations, c'est ce pr^eepte qu'on a le plus attaque, parce qu'il pa-rait tout a fait contraire ä ce qui se passe dans d'aulres especes d'animaux, et meme ä ce qui se passe quelquefois dans l'espece chevaline, ainsi que je l'ai, au reste, d(5jä dit aussi, en faisant voir l'influence du regime sur ces metissages.
Pour montrer neanmoins combien ce qui arrive dans une espece est peu applicable äce qui se passe dans une autre, je vais prendre un fait qui parait le plus en opposition avec le preeepte pose ci-de­vant; on verra combien l'analogie est mal basee; quelques personnes trouveront mßme, peu|-6tre alors, que, loin de contredire men opinion, ce fait vient fortement ä l'appui.
Dans la Lombardie, depuis qu'on y fabrique
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des fromages iitsparmesans, on a la coulume de renouveler les vacheries avec des animaux achetamp;ä en Suisse (i), parce que l'experience a prouve que les races suisses donnaient un lait bien preferable, pour cette fabrication, au lail des races lombardes, et parce que l'experience a aussi prouve que les metis qui proviennent des croisements, faits en Lombardie, des races lombardes par les racis suisses, ä quelque degre qu'ils approchent de la race suisse, ne sont pas aussi aptes ä donner de bon lait que les animaux de cette derniere race amenes de la Suisse: voyons done si ce fait, en apparence si concluant contre l'opinion que j'ai 6mise par rapport ä l'espece chevaline, peut ttre objeete.
Les races suisses sont elevees sous un climat extrtimement rigoureux, oü les changements de temperature sont frequents, subits et tres-forle-ment prononces. Si, pendant une partie de ran­nte, ces animaux trouvent une excellente nour-riture dans les päturages des montagnes, pendant l'autre partie de l'annee, d'une duree presque aussi.longue, ils sont nourris dans les etables et assez mal nourris; 11 faut qu'ils soient d'une
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(1) Voyez^rt de faire lebeurre et les meüleurs fromages, 3e Edition, 1 vol. ia-8', fig.
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constitution tres-vigoureuse pour resister aux in­fluences du climat et de ce regime: c'est, en effet, ce qui est, et ces races, comrae toutes celles cle­vres dans les montagnes, sont dures,rust{ques, et ont tous les caracteres de cette rusticite. Les ani-maux transportes encore jeunes dans les pätu-rages de la Lombardie, sous un climat chaud, tramp;s-doux m6me en hiver, 011 cet hiver est tres-court, soumis ä im regime abondant en nourri-ture, et oü cette nourriture est fort bonne (l'herbe des prairies arrosees appel^es marchites); ces ani-maux, dis-je, bien constitues, se trouvent dans les meilleures conditions pour donner un lait cre-meux et caseeux et en m6me temps tres-abon-dant.
Les vaches de la Lombardie, au contraire, cle­vres sous le climat de la Lombardie et sous ses in­fluences si douces, sont beaucoup plus delicates; elles n'ont plus la constitution robuste des vaches suisses, et, sans parier ici ^a la difference des formes, il s'en faut de beaucoup qu'elles soient les m^mes qualites comme vaches laitieres. Leur lait, aussi abondant, mais elabore par une constitution moins rustique, est loin de contenir la mferae quantite de substance butyreuse et caseeuse, et il en faut non-seulement une bien plus grandequan-
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lite pour faire la m6me quantity de fromage, mais encore la fabrication de ces fromages, par cette raison, est plus difficile, et le fromage Jamals d'une aussi bonne qualite.
Certes, ii aurait ete avantageux de naturaliser en Lombardie, par race pure ou par m^tissage au moyen de taureaux suisses, ces races suisses; mais les experiences tentees dans ce but ont demontre que les races suisses pures deg^neraient rapide-ment dans ce climat, et que les mötis, ä quelque degre qu'ils fussentamends, ne pouvaient, comme races laitieres, avoir les bonnes qualites des races suisses; que sous ce rapport ils degön^raient rapi-dementsi Ton cessait d'avoir recours, pour la re­production, aux taureaux suisses.
On oppose alors cet exemple ä ce que j'ai dit pour l'espece du cheval, qn'ily a lieu ä se passer, ä tin certain degre' de melissage, des etalons purs de la race rcgeneralrice, pour y subüümr leurs derniers molts males; ou, en d'autres termes, que les metis, parvenus ä un certain degre de metis-sage, n'ont plus besoin de se renomeler par des elalonspurs pour conserver le type et les qualites de la race rege'ndralrice.
Cette objection est-elle fondöe? Resultera-l-il de ce fait que I'opinion que j'ai Praise relativement
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ä une espece d'animaux sera fausse, parce qu'elle sera controuvee par rapport a une autre espece? C'est cette question qu'il s'agit d'eclaircir.
Si ces circonstances qui doivent accompagner le metissage dans une espece, je le r6pete, devaient accompagner le metissage dans l'autre, je crois qu'alors on aurait raison d'opposer le fait prece­dent au precepte que j'ai etabli pour l'espöce che-valine; mais s'il n'en est pasainsi, si ces circon­stances sont toutes differentes, pourra-t-on en tirer lamÄme consequence?!! mesemble que non. On va voir que ces circonstances sont,en effetjen-tierement differentes.
Dans la vache de race suisse qu'on introduit dans laLombardie, c'est une abondanced'excellent lait qu'on recherche, et cette qualilö provient de deux elements: 1deg; de la bonne constitution de la vache sortant d'une race tres-robuste et dlevee elle-mfeme sous un climatrude.et 2deg; du trans­port de cette bonne constitution sous un climat doux et humide, et dans des circonstances noti-yelles extrßmeraent favorables ä la secretion du !ait.
Mais ces m^mes circonstances, si favorables ä la secretion du lait, deviennent conlraires ä la rus-ticite de la constitution pour les races elevees
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dans le pays; elhs de'tamp;iorent rapidement cette constitution en I'aniollissant, en rendant le Sys­teme lymphatique plus predominant surle Systeme sanguin, pour parier le langage physiologique; et sous ce rapport elles constituent des races et, par consequent, des individusmoinsaptesäfournir un lait riche en principes butyreux et caseeux. Les agriculteurs lombards, qui voudraient done m6tis-ser leurracede bestiaux par des taureaux suisses, devraient, s'ils voulaient parvenir ä conserver ä ces m^tis les quality des races suisses, prendre toutes les mesures propres ä conserver une rusti­city que le climat de la Lombardie tend ä leur faire perdre; ce serait une lutte a etablir contra le climat, et dont I'homme ne pourrait se flatter de sortir victorieux que par des moyens hygieniques, qui, en tendant ä conserver ä ces races suisses leur rusticity sous le climat de la Lombardie, ten-draient peut-6tre, quedis-je, peut-fetre! tendraient certainement ä leur faire perdre leurs qualites de vaches laitieres : ainsi, pour combattre les in­fluences du climat chaud et humide, qu'il n'est pas possible de remplacer par le climat dur et ex-tr^mement variable de la Suisse, on serait oblige de changer la nourriture verte, aqueuse des prai­ries arrosees, marchites (pourries), non pas par
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celle des päturages eleves, stimulants et delicieux des montagnes de la Suisse, qu'on ne pourrait avoir, mais par des grains, par des fourrages sees, par un exercicejournalieretsoutenu.Quedevien-drait alors l'abondance du lait, que cette nourri-ture et cet exercice feraient diminuer tres-rapi-dement? On conlt;;oit par lä quelle lutte Thomme serait oblige desoutenir pour arriver ä conserver aux metis les qualitesde la race suisse. II faudrait changer la maniere d'exploiter et le Systeme d'hy­giene des bfetes ä cornes, et en supposant qu'on pftt parvenir, ce que je ne crois pas, ä conserver aux mötis la qualite d'etre bonne race lailiere, of comprend que tout l'avantage ä nourrir des bötes ä cornes dans une exploitation rurale en Lombar-die serait delruit, et que le cultivateur, au lieu de bönttöces dans cette operation, n'auvait plus que des pertes. La tentative d'un pareil mamp;issage se­rait done une folie.
Nous verrons plus loin si, dans un metissage de chevaux, descirconstancessemblables peuvent ja-mais se presenter; auparavant, je vais faire une supposition qui ^claircira plus encore la question.
Voyons ce qui arriverait si, au lieu de suivre ce metissage en Lombardie, on le suivait dans les montagnes de la Suisse. Par exemple, si, au lieu
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de transporter des taureaux suisses en Lombardie, c'etaient des vaches lombardes qui fussent trans-portees dans les montagnes des Grisons, et qui fussent accouplees avec les taureaux suisses, pour ensuile leurs produifs femelles 6tre accouples de la m6ir.e man lere, peut-on alors douter qu'en quelques generations ces produits ne ressemblas-sent compl^tement h la race suisse par rapport ä leurs qualites? peut-on douter que ces produits accouples ensuite entre eux seulement (je suppose qu'on prit ce sein) ettoujourslaisses, dans lepays, au regime de la race suisse, sous les mömes in­fluences du climat et du regime, ne donnassent pas des produits tout h fait semblables ä eux, c'est-fi-dire ayant tout ä fait les qualites de la race des peres? II serait, il me semble, inutile d'insister sur ce point : il me semble meme inutile de faire I'experience, il y a de ces probabilites qui sont des faits.
Voilä done le m6me metissage qui donnera des resultatstout differents, seulementparcequ'il sera fait sous un climat et, par suite, sous un regime differents.
Maintenant faisons une autre combinaison. Transportons un troupeau de vaches suisses en Lombardie, faisons accoupler ces vaches avec des
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taureaux lombards, et ensuite leurs produils fe-melles avec ces ni6mes taureaux (ici ce n'est plus une supposition que je fais, puisque cela se pra­tique annuellement), que ersulte-t-il de ce me-lissage? des produits qui ressembient tout ä fait, en tres-peu de generations, aux races lombardes. Est-il possible, quand ces metis sont devenus tout a fait semblables aux bestiaux lombards, qu'il re-sulte de leurs accouplements entre eux, en Lom-bardie, autre chose que des productions semblables aus races lombardes?
Les consequences qui resultcnt de ces faits et de ces raisonnements sont positives, inevitables. C'est que les metis de taureaux suisses et de vaches lombardes, en Lombardie, ä quelque degre de m^tissage qu'ils soient parvenus et accouples entre eux seuls, ne produirontpas,en Lombardie, une race semblable, par les qualites, ä la race suisse, qu'il sera vraipour ce cas, par consequent, que les melis, ä quelque degre de melissage qu'ils soient parvenus, ne peuvent pas conserver les qualile's de la race regendratrice, si Von cesse de prendre des males dans celle race.
Mais il resultera aussi, des fails ci-dessus men-tionnös et des raisonnements, d'abord que cemöme melissage de taureaux suisses avec des vaches lom-
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bardes, fait en Suisse dans les circonstances sous lesquelles la race suisse s'est formee, donnera nais-sance ä des produits qui, accoupies entre eux en Suisse, donneront naissance h des productions tout ä fait semblables, pour leurs qualites, aux races suisses, comme le melissage des races suisses par des taureaus lombards, en Lombardie, pro-duit rapidement des metis qui, par leurs quality, ressemblent tout ä fait aux races lombardes, et qui, accoupies entre eux, ne donnent que des produits semblables, aussi, par leurs qualites, aux races lombardes; qu'il sera vrai, par consequent aussi, dans le mfeme metissage fait sous d'autres influences, que Jes metis, parvenus ä un certain degre de melissage, peuvent, accoupies entre eux, consercer les qualites acquises de la race re'gene-ratrice, quoique ton cesse de prendre des males de cede race.
Nous devrons conclure enfin de tout cela que le preceple n'est pas absolu dans I'elfevedes diffe-rentes especes d'animaux domesliques, et que les influences seules sous lesquelles le melissage se fait le rendent vrai ou errone.
Ces influences, par l'art de l'homme, peuvent 6lre modifiees, annulees m6me dans quelques cas de roetissages moins disparates que ceux que je
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viens de citer, soit entre les races de bamp;es ä comes, soit entre celles des bötes ä laine : cela rend encore les deux propositions contraires plus soutenables de la part des personnes d'une opi­nion differente, qui n'ont pas approfondi la ques­tion ; et c'est aussi ce qui a rendu sa solution plus difficile pour les personnes qui n'ont Studie ce sujet que superficiellement.
Maintenant, Haut bien reconnu que la solution de la question ä l'egard des bestiaux est affirma­tive ou negative, suivant les influences sous les-quelles se font les metissages, on sera fondö ä tiemander si eile doit 6tre affirmalive seulement ä l'egard des chevaux, comme je parais l'avoir avance dans le commencement de cette note et dans mon ouvrage sur les haras. Je ne balance point ä repondre non pour les eleveurs de che­vaux, qui, sans prendre garde ä la difference des influences qui creent les races diverses, voudront metisser leurs races par une nouvelle race difle-rente sans soumettre leurs animaux au regime qu'exigera la conservation de la race regen^ra-trice; mais aussi je repondrai oui pour les ele­veurs qui, ayant calcule les influences qui for-maient les races, modifieront le regime de leurs metis de maniere ä l'adapter entierement ä la race inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;19
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regeneratrice qu'il s'agit de conserver. II me sera aise do faire voir que si cetle modification de re­gime est impossible parfois, comme on vient de s'en convaincre pour ies bestiaux, parce qu'il n'y aurait que perte ä le faire au lieu de benefice dans I'exploitation, il me sera aise de faire voir, dis-je, qu'il n'en est pas ainsi ä l'egard des chevaux dont les qualites rechercliees sont entierement ditfe-rentes de celles qu'on prise dans le gros betail, et ä l'egard desquels les circonstances qui accom-pagnent le raelissage enlre les races sont diffe-rentes de celles qui Taccompagnent entre les races des aulres animaux domcstiques.
La rusticite ou une constitution vigoureuse, capable de resisler anx fatigues, est la quaütö que Ton demande d'abord, on pent m6mc dire la prin-cipale que Ton recherche dans toules les races de chevaux; et comme, sans cctte qualite, ces ani­maux sont a peu pres inutiles, toutes les races la possedent a un plus haut ou h an moindre degre. Quand on metisse une race par uneautre, on ne cherche done pas ä changer celle premiöre des qualites, on cherche ä raugmenter dans la race qu'on regenere. Or, partout, sous tons lesclimals, le regime auquel on doit soumellre les chevaux pour ieur faire conserver leur rusticite est prati-
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cable sans que ce regime leur fasse perdre d'autres qualites precieuses, et sans que le cultivateur seit force ä des precedes d'economie agricole qui di-minueraient ses revenus, comme nous avons vu que cela arriverait dans le Milanais, par exemple, si Ton voulait conserver la rusticity aux produc­tions des vaches suisses qu'on y amene; comme cela arriverait dans les pays de plaine, si Ton vou­lait conserver leur ruslicite ä des mdtis de b6tes ä cornes provenant du croisement des taureaux d'une race de montagne avec celles du pays, sorte de metissage qu'il est presque partout avantageux de faire et de renouveler de temps en temps, ainsi que je compte le faire voir plus loin.
Les autres qualites principales qu'on recherche dans le cheval sont une haute stature dans les chevaux de luxe, jointe h une grande corpulence dans les chevaux de trait. Pour les obtenir, il n'est besoin que de donner largement une bonne nour-riture, et j'ai demontre, je pense, dans mon ou-vrage dejä cite, que ce surcroit de d^pense pour le cultivateur lui etait bien pay^ par la plus-value de l'animal. Du reste, la nourriture h donner est toujours la memo, le regime est seulement un peu modifie; mais rien nevient changer l'economie de l'exploitation rurale. Les climats ne contrarient
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que peu ce developpement de taille et de corpu­lence.
Si Ton veut encore ä ces qualilis en ajouter d'autres qui donnent aux chevaux plus de valeur, parce qu'alors c'est le luxe qui vient ä grand prix les demander aux producteurs, telles qu'une le-görete tres-grande dans les allures, ou une rapi-dite extreme dans ces allures, c'est encore la m6me nourriture qui convient: sa repartition seule est im peu changee, et plus de soins deviennent ne-cessaires, il est vrai, mais rien n'est encore chang6 ä l'öconomie de l'exploitation rurale, et la valeur plus grande de l'animal compense encore les soins qu'on lui a prodigu^s. Dans ce cas, les influences du climat le plus contraire sont facilement annu-l^es par l'hygiene, et ä peine s'apercoit-on des obstacles qu'il oppose aux qualites que Ton cherche ä developper.
Quant aux formes, nousavonsvu, dans mon ouvrage cite, que les productions heritaient presque toujours de celles des parents, que c'^tait une loi de la nature : nous avons vu que le metissage, suivi avec soin pendant quelque temps, donnait indubitablement aux productions celles de la race regen^ratrice; et que, s'il etait quelques localites oü les pAturages gras et abondants s'opposaient ä
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ce que les formes sveltes, fiancees, et les extre-mit^s nettes, sans tissu cellulaire, sans gros crins, restassent telles dans les productions chevalines, nous avons vu, dis-je, que ces locality etaient rares; qu'elles formaient des exceptions compa-rativement h la masse des localites oü cet effet n'avait pas lieu : encore avons-nous fait remar-quer que lä on pouvait conserver aussi ces qualites aux races sans changer les precedes ou l'economie de l'exploitation; seulement qu'il fallait donner plus de soin aux animaux, et qu'il fallait alors peut-^tre en elever moins, afin de leur donner toute l'attention necessaire.
On concevra d£ja par lä pourquoi le metissage, parvenu h un certain degre dans les chevaux, pent donner naissance ä une serie d'animaux sem-blables, qui resteront toujours ce qu'ils sont de-venus, sans qu'on soit oblige d'avoir recours ä la race regeneratrice, tandis que souvent, dans les bestiaux, il ne pourra pas en ^treainsi, parce que les circonstances economiques de l'exploitation et de la culture ne permettront pas de faire ce qu'il faudrait pour conserver aux metis les qualites qu'ils auront regues.
Quelques considerations sur un fait qui se passe communement, et auqnel on n'a pas fait assez
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attention peut-6tre, viendront encore corroborer mon opinion.
Les personnes qui ont eludie I'agriculture de la France ont du remarquer que, dans les exploita­tions ou Ton a besoin de bceufs de travail, on a generalement la coutume d'acheter ces boeufs de cantons ^loignes; elles auront remarque aussi, dans les fermes oü Ton eleve le betail dont on a besoin pour la ferme, qu'il est assez ordinaire, si Ton n'a point l'habitude de renouveler les vacbes elles-mömes, d'aller au moins chercher le laureau dans une autre exploitation ou d'aller acheter le jeune veau destine ä devenir taureau dans un canton qui passe pour fournir de meilleurs tau-reaux. Ce sont merae ces observations faites par quelques personnes qui les ont encore engagees a dire qu'il fallait renouveler les races, qu'il fallait renouveler les mötissagos, dont les produits, sans cette precaution, degeneraient. Mais ce qui etait vrai pour le gros betail a cte applique par elles a toutes les principales races d'aniraaux domes-tiques, aux chevaux comme aux autres, et dans toutes les circonstances.
Mais si Von recherche avec soin les causes qui ont fait adopter machinalement, pour ainsi dire, la möthode de renouveler, dans bcaucoup d'en-
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droits, les races de bestiaux par des races etran-geres, on verra que ces causes ne sont pas appli­cablelaquo; au renouvellement ou au metissage des races de chevaux, et qu'on se trompe encore en appliquant ä ceux-ci ce qui est vrai pour les autres.
En effet, qu'est-ce qu'on recherche principale-ment dans les races du gros belail? la propriete d'ötre bonnes laitieres dans les femelles, et la propriete de donner une chair tendre et delicate dans les males, et möme, dans ceux-ci, la pro­priete d'acquerir beaucoup de chair en pen de temps avec pen de nourriture. Or les races ele-vees ä l'etat sauvage sont loin, sous ce rapport, d'etre comparables aux races elevees dans Vetat domestique : les races de la Polesine, de la Ro-magne, de la Hongrie, de l'Amerique du Sud ne donnenl point de lait; les races des raontagnes d'Ecosse en donnenl tres-peu.
Par rapport a la chair, si eile est savoureusc dans les races elevöes plus rustiquement, eile est chez elles generalement moins tendre, et les ani-rnaux, par le regime de l'engrais, acquierent moins de poids quo les races plus domestlques, plus ameiioie'es, qui, sous ce rapport encore, lour sont preferables. L'amelioraUon pour le gros
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b^tail consiste done ä developper chez lui une propri^te, celle de donner du lait abondamment d'une part, et de l'autre celle de fournir une chair plus delicate, en en donnant en peu de temps un plus grand volume ou plus de poids : or 11 n'est pas possible de donner a des races d'animaux des proprietes, telles que celle d'6tre bonnes laitieres au point oü nous avons besoin qu'elles arrivent, et celles d'avoir une chair tendre et de pouvoir acquörir beaucoup de poids en peu de temps, sans diminuer la rusticity de ces animaux, sans les rendre moins forts, plus faibles, plus sujets aux maladies. La physiologic est parfaitement d'accord sur ce point avec les fails, et 1'amelioration pro-duite par la domesticite est une veritable deterio­ration de la constilution naturelle.
En est-il de m^me par rapport aux races de chevaux?
(Test, au contraire, cette rusticity de l'etat sau-vage qu'on voudrait conserver chez eux : ce sont, au contraire, toutes les qualites de durete, de facility h resistor a la fatigue, aux intemperies de l'atmosphere, de se contenter de peu, d'etre, en un mot, robustement constitues, qu'on voudrait exalter, porter au maximum, parce qu'elles sont les plus precieuses pour nous; et tous les soins de
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la domesticite doivent tendre ä ce but. Ainsi, tandis que, par rapport aux races de bestiaux, nous sommes forces, par un inter^t majeur, ä diminuer la bonne constitution, la rusticity des races, c'est, au contraire, cette bonne constitu­tion, cette rusticite que nous avons le plus grand intent h conserver dans celles des chevaux (1).
(1) On dira peut-Ätre que les races de b4tcs ä comes que Ton destine au travail doivent 6tre dans le mfime cas que les races de chevaux, et que sous ce rapport mes consequences ne soul pas toutä fait justes ; mais, en cousiderant que tous les individus de ces races de gros bötail doivent flnir par la boucherie, on verra que I'objection n'est pas fondöe; on devra seuletnent en conclure que ramelioraliou de certaines races de bestiaux est trfes-difticile, puisqu'elle doit tendre h produire deux qiiuliles, celle de la rusticite et celle d'etre propre ä l'engrais, qui s'acqiiiorent par des moyens opposes: on en tirera pcut-^tre la consequence qu'il fant sacrifier Tune a I'aulre. Ce n'est cependant pas encore tout ä fait le cas, parce que le boeuf ne pourrait jamais, quel que soit le regime auquel on le soumettrait, faire les travaux du che-val. C'est, en effet, aux travaux qui n'exigent que la lenteur et Qour lesquels la masse agit autant que la force muscu-laire, qu'on l'emploie de preference chez les peuples riches. Par cette raison, on ne cherche pas ä faire acqu(5rir a ses muscles toute la rigidity qu'ils pourraient acquerir, comme on cherche ä le faire dans les races de chevaux, et its restent plus propres ä servir d'aliments diMicats. II est iK'aninoins constant que la quality d'etre propre h la boucherie ne s'al-lie pas avec celle d'etre propre au travail, et que les mar-chands qui ach^teut des boeufs de travail ne recherchent pas daus les animaux les inemes qualitäs qu'y ddsirent les mar-chands qui achitent les animaux pour l'engrais. Cela explique
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On peut dire, en consequence, que ce sont des qualites artificielles que nous creons dans nos races de Wtail, tandis que ce ne sont que les qua­lites naturelles que nous cherchons et que nous developpons dans les races de chevaux.
Cette difference dans le genre de qualites que nous recherchons dans les animaux et ä laquelle on fait g6neralement peu attention est extr6me-raent remarquable, en ce qu'une consequence de la plus haute importance en resulte pour la ques­tion dont la solution nous occupe.
En effet, l'amelioration domestique des races de bestiaux consistant, pour ainsi dire, dans une dögöneration forcee des qualites principales que leur a departies la nature, le regime auquel ces animaux sont soumis, auquel on est oblige meme deles soumettre, tend continuellement ä augmen­ter cette degeneration, et cela d'autant plus que I'agriculture estplusproductive, puisque alors, les champs etant le plus couverts de produits ä r^col-ter, on est obligö de nourrir davantage les animaux ä la creche : il en resulte que les races parvenues
pourquoi on trouve une diversity d'opinions si grande sur les formes et les qualites ä desirer dans le gros b^tail, snrtout par rapport aux animaux ii choisir pour la reproduction.
Heureuseraent que Ton peut negliger eelte nouvelle ques­tion dans la solution de celle qui nous occupe.
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peu ä peu au maximum d'amölioration domes-tique, et conservöes au regime qui les y a amenees et que le cultivaleur ne peut pas changer, sous peine de voir ses benefices se changer en perte; il en resulte, dis-je, que ces races doivent tendre ä degenerer encore et ä devenir de plus en plus d'une constitution moins bonne, d'une sanlö moins robuste.
Les maladies deviennent alors, h un certain degre de celte degeneration de l'elat de nature, frequentes dans les races, et les qualites möme qu'on avait developpees chez elles, celles d'6tre bonnes laitiferes et d'etre propres a la boucherie, s'alterent dans les individus. L'agriculteur, ne trouvant plus dans ceux-ci le benefice qu'il doit en attendre, est force d'avoir recours ä des mötis-sages, qui viennent renouveler la race en en retrempant, pour ainsi dire, la constitution; aussi, si Ton fait bien attention a la maniere dont ces mötissages ont lieu, quoique le plus souvent ils ne soient pas reflechis, mais purement d'habitude, et parce que I'usage a demontre qu'ils etaient avanlageux, si on en ecarte aussi les particulari-tes, et si on ne considere que I'ensemble, on trouve que ce sont presque toujours des races dune constitution moins robuste qui sont croi-
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s6es, ou, mieux, qui sont renouvelees par des races d'une constitution plus forte. Ainsi les races des montagnes fournissent les bceufs de travail, et viennent renouveler de procheen proche les races du fond des vallees et des plaines. Ainsi les races des pays d'eleve, oü le regime est toujours plus rustique que celui des pays oü Ton tire tout autre parti des animaux, fournissent aussi les boeufs de travail, et viennent renouveler, par des croise-ments, les races des plaines et des pays oü l'on ne tient que des vaches lailräres et oü tous les veaux sont envoyes ä la boucherie, parce qüils ne pourraient devenir de bons bceufs de travail ou d'engrais (1).
(1) Quoiqueles döboucWs etl'dconomie de la ferme soient pour quclque chose dans ce fait, il ngt;ii est pas moins constani que les herbagers ne vont point acheter les veaux produits dans ces sortes d'c\pIoitations rurales, parce que, ces veaux n'etaot grneralemont. pas aussi robustes que ceux des pays d'eleve, il y aurait plus de maladies panui eux et plus de pertes pour les herbagers ; ces veaux sont done consommes plus avantageusement comme veaux.
L'Angleterre m'a paru aussi offrir un exemple de cette espice de r^gle que je crois devoir 4tre posäe ponr l'amdio-ration des races domestiques du gros Wtail: c'est m£me en parcourant ce pays que l'idee m'en est venue d'abord. Quand on visite ses diverses provinces, ou voit que les races sont croisamp;s entre elles souvent; mais dans le premier abord on ne voit pas si ces croiseraeuts sont assujettis ä une marche constante. Ou croit que les races les meilleures, chez les
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Maintenant, en consideranl que, dans l'eleve des chevaux, tout le regime doit tendre k deve-
agriculteurs, se forment par des causes k pea pris fortuites, tcnanlsurtout a um; cortaiiic conformation qu'on a rccherclilie dans les animaux premiers producteurs de la race.
Les nombreuses hypotheses contradictoires qu'on rencontre dans l'esprit de Ja plupart des agriculleurs et dans les recueils d'ecouomie rurale semblent mime venir ä l'appui de cette opinion ; mais, en faisantplus attention, il m'a sernbM que ramälioration (#9632;lail soumise ä une marchegeneralc, inaper^ue des cultlvateurs, parce que, ne voyant que leurs localites, ils ne pouvaient juger de l'ensemble des faits.
Le premier qui frappe, c'est la production considerable de bestiaux qui a lieu en Kcosse et m6me daus quclqucs comtcs du nord de l'Aogleterre, production assez forte pour venir fournir h la coasommation enorme qui se fait non-seulement par les habitants des villes, mais encore pour les nombreux approvisionnemeots de la marine.
Les bestiaux arriveut en Angleterre par deux routes oppo­ses, l'une ä travers les couites de Fest et l'autre ä travcrs ceux de l'ouest.Le voyagenr, sur ces routes, voit une succes­sion non interrompue de troupeaux s'avancant tons vers le midi; mais ces troupeaux, dans lesquels on reconnait les types des principales races de l'Angleterre, sont rustiques, petits, a gros cuirs; ils tie sont point amelior^s pour I'agri-culture ; ils ne sont bons que pour la boucherie, et ils sont d'autant moins ameliores q u'ils viennent des pays montagneux et des climats les plus rudes.
Ce qu'on remarque en m^me temps, c'est que I'amdiora-tion des races qu'on 6lk\e chez les cultlvateurs des provinces par oü passent ces troupeaux voyageurs est d'autant plus avanc^e qu'on approche davantage du centre de l'Angleterre, ou, autrement, que cette bont6 des races, relativement a I'a-griculteur qui eleve son betail et qui en tire parti d'une ma­nure quelconque avant de l'envoyer a la boucherie, va en I.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 20
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lopper les qualites naturelles des animaux, a leur donner une constitution rustique, base de ces qualites, que c'est lä que doivent tendre lous les efforts de l'eleveur, qu'il est de son int^rfet bien raisonne d'y arriver, qu'il faut qu'il combine son regime entierement dans ce but, ou, si son interel s'y oppose, qu'il renonce ä l'^leve de ces animaux, on concevra que, dans un m^tissage bien suivi, sous un regime qui tend ä developper les qualites naturelles dans les animaux, ceux-ci, arrives k un certain degr^ de m^tissage, pourront se conserver ce qu'ils seront, sans qu'il y ait degeneration comma dans les races du gros belail soumises h un regime qui tend continue!lament ä affaiblir
(luiiiiiuaui a partir du Yorkshire k peu pris, ä mesure qu'oa s'avaace vers le nord et dans les pays moDtagneux ; et, si on observe de plus pr6s, on voit que pour am£liorer uue race oa prend de pr^ftrencedes iudividus d'une race tris-voisine, il est vrai, mais cependaut un peu plus rustique ; en sorte que les races amdiorecs sembleut se reuouveler coDtinuelle-ment par des races parreuues ä uu moiudre degrö d'am^lio-ratioa. Ce qui me confirme encore dans cette idee, c'est que, quand on voit une race qui passe pour olio la meilleure de toutes, on est presque sür que ses generations n'auront pas longtemps sa reputation. Aussi voit-on que ce n'est pas parmi les individus de cette nouvelle race qu'on choisit des types pour avoir une race semblable, mais parmi des indivi­dus semblables a ceux qui l'ont produite, et e'est pour cette raison que les pferes et mires de cette race acqui^rent quel-quefois une valeur si considerable.
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leurs qualites naturelles; que, par consequent, les raisons qui ont rendu vraie l'opinion que, dans les races de bestiaux, les metissages parvenus ä un certain degre devaient 6tre renouvelfe pour que les produits restassent au m6me degrä; ces rai­sons, dis-je, ne sont nullement applicables dans l'öl^ve des chevaux, dont les precedes, dans l'in-t^ret bien entendu du eullivateur, doivent btre tout differents, tout opposes m6me.
Ces raisons donnent l'explication d'un autre fait qui a paru singulier ä beaueoup d'eleveurs de bestiaux, e'est qu'apr^s avoir obtenu, par des croisemenls ou metissages, des races de bestiaux et m6rae des races de bfetes ä laine tres-propres h l'engrais, beaueoup plus propres que d'autres, il arrivait qu'apres plusieurs generations ces races perdaient leurs qualites, malgre tout le soin que l'eieveur prenait de les conserver, tandis que d'autres races acquöraient cette mÄme propri6te. En regardant, comme je viens de le faire, les pro-prietes domesliques des bestiaux comme une degeneration des proprietes naturelles, degenera­tion cree et entretenue par un regime particulier, on ne sera plus etonne que cette degeneration des proprietes naturelles, ou cette alteration de la constitution, toujours augmentee de generation
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en generation par le m6me regime, no fasse pas­ser peu ä pen les animaux d'un (Hat h un autre, et ne d^truise ainsi, au bout de quelque temps, les propri^s mömes qu'elleaura donn^esd'abord, et on concevra qu'il faille alors renouvelerles com-binaisons de metissages qui auront amene ces proprtet^s, en reprenant la degeneration ä un point molns avance, ou autrement en ayant re-cours ä des races moins degöner^es, C'est ce qui arrive par rapport aux races les plus propres ä l'engrais, corame aux races les plus propres ä don-ner du lait.
Ainsi, en Angleterre, Bakewell n'a pas pu laisser une race de gros betail qui se soit toujours conserv^e propre a l'engrais, comme on a cru d'abord que la race qu'il s'etait faite le serait con-stamment. Ainsi la race des moutons ä longue laine lustr^e, race qu'il avait en mfeme temps ren-due tres-propre ä l'engrais, a perdu bien vite aussi cette derniere quality, et si vite m6me qu'on a ele jusqu'ä accuser Bakewell, sans preuves il est vrai, de donner le germe de la pourriture aux animaux qu'il vendait, afln de se reserver le mo-nopole de cette race.
Par la qualite d'etre propre ä Vengrais, dont il est parie ici, il ne faut pas entendre seulement la
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propriöt^, pour les animaux, d'acquerir de la graisse ; les races les mieux constitutes, les plus sauvages y sont, sous ce rapport, propres comrae les autres, aussitöt qu'elles passent d'un regime, quel qu'il soit, ä un autre regime meilleur; il faut entendre la propriamp;e d'acquerir non-seulement de la graisse, mais en m6me temps, comme je l'ai deja dit, beaucoup de poids et unc chair tendre et delicate. C'est cette qualile que les races am^lio-ries, comme nous i'entendons, par la domesticity possedent ä un plus haut degre que celles qui le sont moins. Ainsi, tandis que les animaux eleves dans le pare de lord Tankarmlle h. Chiliingham-Castle et ceux eleves ä l'^tat demi-sauvage dans les vastes päturages du nord et de Fest de l'Europe sont bons ä ^tre consommes, ces mamp;nes animaux, amends chez les cuitivateurs qui font une specu­lation d'engraisser, ä cause de la nature de leurs päturages et du genre de leur exploitation ; ces animaux, dis-je, seraient refuses, parce qu'en consommant la m6me quantite de nourriture que les races plus amamp;ioröes ou plus domesliquees, s'il etait permis de se servir de cette expression, ils seraient loin d'acquerir, avec une quantite et une quality donnees de nourriture, la m^me augmen­tation en poids, et en damp;icatesse la m6me qualit^;
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ce qui procurerait, en produit net, ä 1'herbager qui fait le metier d'engraisser, une somme bien moins considerable et un revenu moins fort de son herbage.
Par ce qui pr6cMe, on a vu, on sera rnomc convaincu, je l'espfere,
1deg; Que les principales qualites que nous re-cherchons dans le gros betail sont produites par un regime qui tend ä affaiblir la constitution de Tanimal, et que Ton ne pent pas modifier ce re­gime sans modifier ä leur detriment ces mamp;nes qualiles de domesticity;
2deg; Que la prolongation, cependant, de ce re­gime, pendant une suite de generations, en affai-blissant successivement la bonne constitution des races du gros betail, am6ne celles-ci au point qu'elles perdent m6me les qualites de domesticite que d'abord ce regime leur avait procurees;
5deg; Enfin que la raison demontre que ces races, au bout d'un certain nombre de generations, ont hesoin d'etre renouvel^es ou au moins d'etre mö-tissdes pour regagnerles qualites qu'elles avaient perdues.
Avant de finir, une objection qu'on eieve centre cette derniereconclusion doit encore fetre exami­nee : cet examen servira k faire mieux voir com-
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mcnt, en appliquant ä toutes les races des diverses espkes d'animaux domestiques et d'une manure generale ce qui n'etait que des particulariles propres ä quelques-unes, on a tout embrouille.
Cette objection est que, dans les troupeaux de bStes ä laine fine cre^s par mdtissage, ia qualite d'avoir une laine trös-fine pouvait se conserver dans les troupeaux sans degeneration et sans qu'on eüt besoin d'avoir recours ä des regenerations ou a des metissages par d'autres races.
Si ce fait parait etre une objection contre ce que je viens de dire de la necessite de renonveler de temps en temps les races ameliorees de l'es-pece bovine par des taureaux de races plus rus-tiques, on ne fait pas attention qu'il vient alors corroborer ce quej'ai dit par rapportaux chevaux, que dans ces animaux le metissage, arrive ä un certain point, n'avait plus besoin, pour rester h ce point, de se continuer par des etalons de la race rögen^ratrice. Cependant je ne tirerai point avantage de ces similitudes ou de ces dissem­blances, parce que, les faits etant dus ä des cir-constances tout ä fait differentes dans l'une et l'autre espece, les arguments seraient mal bases.
En efifet, par rapport d'abord aux bStes ä laine fine, il est bien reconnu actuellement qu'une
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nonrriture peu abondante et peu substantielle et le regime des bergeries conservent au moins dans les races, s'ils ne les aiigmentent m6me pas jus-qu'ä un certain point, la finesse, la souplesse et regality de la laine. Nous avons vu, au contraire, que le regime qui, dans les races de l'espece bo­vine, creait les qualites de domesticite, quand ii avait dure trop longtemps dans une suite de gene­rations, en afTaiblissant par trop la constitution des races, leur I'aisail perdre les qualites qu'il leur avait d'aborddonnöes. Dejä done il n'y a plus similitude enlre les resultats que le regime de la domesticite produit dans les races de l'espece bo­vine et entre les resultats que ce regime produit chez les beles a laine, puisque, dans les pre­mieres, ce regime, apres avoir produit des quali­tes, damp;ruit ces qualites par sa prolongation, tan-dis que, dans les autres, ä quelque exces qu'il soit porlö, en supposant m6me qu'il I'ait et^ jus-qu'ä d^truire completement la sant6 des animaux, il conserve au moins la qualite de laine que le metissage a crdec. Mais on observera que ce n'est plus le m^me genre de service ou de produit qu'on retire des deux especes.
Cette premiere difference est suivie d'une seconde tres-imporlante, c'est qu'il suffit, pour
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retablir un troupeau de bftles a laine fine dont la sante a amp;6 trop affaiblie par le regime, de le re-mettre ä un regime un peu plus abondant et un peu plus stimulant, sans que pour cela le change-mentqui pourra s'operer dans laqualite de lalaine soit assez sensible pour venir porter un prejudice notable au proprietaire sous le rapport de la laine; tandis que, dans un troupeau de gros bctail oü la qualile d'etre bonnelaitiere ou d'etre propreä I'en-graiss'estperdue,!! n'y a de moyen economique de la lui faire recouvrer que des mötissages ou un re-nouvellementcomplet. Le retour dela raceä un 6tat de santö convenable pour qu'elle donne des indi-vidus ayant regagn6 ses qualitös de domesticite serait trop long ä attendre par le regime et trop ruineux pour le cultivateur.
Comme on voit, il n'y a done point de compa-raison ä 6tablir sous ce rapport entre les races de l'espece bovine et de l'espece ovine, encore moins d'induction ä tirer de ce qui se passe dans les unes pour savoir ce qui doit se passer dans les autres.
II ne sera pas difficile de faire voir maintenant qu'il n'y a plus de comparaisons ä faire et plus d'inductions ä tirer de ce que, dans l'espece cheva-line et dans l'espece ovine, un mitissage parvenu ä un certain degripeul donner des animaux ayant
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loujours les mSmes qualüfa sans qu'on ait besoin d'avoir recours ä des males de la race regene'ra-trice, parce que, les circonstances qui amenent ce resultat ötant differentes, il n'y a pas encore de similitude.
Dans l'espece du rnouton, en introduisant sur 1'exploitation, par metissage comme par race pure, une race de böles ä laine fine, on est oblig^, pour favoriser l'effet que Ton veut produire, de tenir les animaux ä un regime alimentaire tres-modörö; on est obligö de diminuer, en un mot, leur vita-lite. Dans l'espece du cheval, au contraire, dans les mömes cas, la premiere chose est non-seule-ment de conserver, mais encore d'augmenter la force corporelle et la vitality, ou la faculty de re­sistor ä tons les agents exterieurs qui peuvent äl­terer la sante et la bonne constitution. La diffe-renceestdonctres-grande, etiln'yapariteni dans le but, puisque, dans l'espeee chevaline, ce sont lesqualites naturelles principales qu'on recherche, ou la trös-bonne constitution ; tandis que, dans l'espece ovine, c'est une qualitepresqueartificielle, celle d'nne laine fine; ni dans les moyens, puisque, dans la premiere espece, ils doivent tendre ä augmenter la vitalite, tandis que, dans la seconde, ils doivent, pour ainsi dire, tendre ä la
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diminuer jusqu'au point oü il est possible de le faire sans qu'il y ait danger pour la vie des animaux et pour la conservation de leur gene­ration.
Je terminerai ici ces considerations : il me semble qu'elles doivent amener une consequence bien bas^e, precise par consequent, qui est :
laquo; iquot; Que lorsqu'il s'agit de metissagede races laquo; d'animaux domestiques et, par suite, d'am^lio-laquo; ration de ces races, les qualit^s que l'on re-laquo; cherche dans les diverses especes amp;ant diffe-laquo; rentes, et les principaux moyens qu'on emploie laquo; pour arriver aux buts proposes 6lant ^galement laquo; differents, il ne faut pas appuyer ou revoquer laquo; un fait, meme une opinion relative a une laquo; espece, pardesexemples dece qui se passe dans a. une autre espece ;
laquo; 2deg; Enfln qu'il n'y a aucune objection parmi laquo; celles que j'ai citees, relativement au metissage laquo; dans l'espece chevaline, qui puisse, je ne dis laquo; pas prouver, mais seulement faire soupgonner laquo; que l'opinion suivante seit fausse, que, dans laquo; cette espece, les produits d'un metissage laquo; bien süivi pedvent raquo;ester ab point oü ils laquo; sont parvenüs en se reprodüisant par eüi-laquo; memes et sans qü'on soit oblige de recoürib
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laquo; A DES ETALONS PURS DE LA RACE UEGENERA-
laquo; TRICE. raquo;
On con^oit combien cette derniere conclusion est importanle pour l'eleveur qui veut se creer une race de chevaux.
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UN MOT
LE ME1LLEUR MODE DE TIRAGE DU BOEUF.
S'il est, en mecanique, des questions sur les-quelles la theorie peut jeter un grand jour, il en est que la pratique seule peut resoudre : le plus grand nombre de celles d'agriculture sont dans ce cas. Fussent-elies möme solubles par la theorie, il est tant de doctrines mal basöes ou mal develop-p^es qui ont induit les agriculteurs en erreur, qu'il n'est pas etonnant qu'ils refusent souvent d'employer de nouvelles methodes, avant que l'experience-pratlque leur en ait demontre d'une maniere irrecusable la superiorite : c'est ce qui arrive peut-6tre pour la question, de la meilleure maniere de faire tirer les bcenfs et les vaches.
C'est en vain que des agriculteurs prötendent que le tirage des boeufs par le collier est beau-coup plus puissant que par le joug; les autres i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 21
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demandent des preuves ä l'appui de cette asser­tion ; l'exemple des pays qui emploient le collier ne leur suffit pas. Les raisonnements peuvent en­core moins les convaincre.
Les arguments des partisans de l'attelage par le collier sent cependant bien puissants; öcoutez-les en effet.
L'animal, n'ayant point ses mouvements su-bordonnes ä ceux d'un autre animal, ne perd pas une partie de ses forces ä vaincre mille resistances continuelles provenant des mouvements non com­bines de son compagnon.
Dans le collier, l'animal, libre dans toutes les parties de son corps, emploie touts sa contraction musculaire ä porter en avant son laquo;orps, et, par consequent, la resistance qui y est attachee. Sous le joug, au contraire, la töte, tenue dans une po­sition forcee, exige des muscles de l'encolure une contraction sp^ciale, perpetuelle, qui n'est que momentanem en t en rapport avec les autres con­tractions musculaires, el une grande partie de la force est perdue.
Attssi voyez la difference de Vouwage confec-lionne par les boeufs alteles par les epaules; eile est d'nn quart, d'un tiers, eile est du double en quantity, disent les partisans du collier. •
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Aussi voyez la difference de la sante et consul-tez les v^rinaires a cet egard : ils vous röpon-dront, disent encore les partisans du collier, que les bceufs attel^s ainsi sont bien mieux portants ; qu'ils peuvent m6me 6tre gras tout en travaillant; qu'ils sont moins sujets a ces attaques d'apoplexie pulmonaire et cerebrale, k ces pissements de sang mamp;me si dangereux dans les chaleurs.
Voyez encore, dans les pays oü Ton attelle les bceufs par le collier, la difference de c^ierite dans les travaux qu'ils font ; voyez ces animaux ex^cu-ter les labours aussi vite que les chevaux; voyez-les atteles ä la charrette qui va porter les denies au marchö; et, quand il n'y en a qu'un seul d'at-tele, voyez-le quelquefois trotter derri^re la char­rette attelee d'un cheval et la suivre; voyez les vaches laitiöres travailler, sansperdre entierement pour cela leur faculty de donner du lait.
Enfin, voyez, dans ces mamp;nes pays, les ani­maux genöralement plus doux, plus dociles, quand ils sont entre les mains de bons conduc-teurs, parce que les travaux 6tant moins penibles, etant exempts de souffrances, ils ne sont point disposes h s'y soustraire et ne prennent point en haine les hommes charges de les soumettre h ces travaux.
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En vain les partisans de l'attelage par le joug disent que la force du boeuf reside particuliere-ment dans les muscles des parlies anterieures du corps. Les partisans du tirage par le collier re • pondent encore avec avantage que, pour que celte force puisse 6tre employee intögralement, il faut qu'elle ne soit pas g6nee; il faut qu'elle puisse se developper en toute liberty. De plus, cette force ne reside pas seulement dans les muscles de l'en-colure, eile reside encore, et m6me principale-ment, dans ceux des epaules, et l'attelage par les cpaules permet l'emploi entier et surtout libre de tous les efforts musculaires; il n'y a done pas de discussion fondeeä cetegard.
En vain les partisans du joug disent qu'il est bien plus facile de mailriser par son moyen un si puissant animal que le bceuf; les partisans du collier leur repondent : C'est votre joug qui rend le boeuf mechant, en le meltant dans unegfine, dans un etat desouffrance perpetuels. Voyez nos boeufs atteles par le collier, ils sont gen^ralement doux 5 il est rare qu'on en trouve de retifs, et, dans ce cas, un anneau de fer passö dans les naseaux met encore le boeuf le plus mechant ä la disposition d'un enfant.
Si, enfin, les partisans du joug, s'appuyant sur
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les considerations si importantes de l'economie, disent qu'un seul joug et deux lanieres d'un prix roinirae sul'fisent pour un attelnge, tandis qu'il faut, pour le mßme altelage par le collier, deux colliers tres-couteux, plus deux sellettes, deux reculoirs, deux chainettes, deux paires de traits et plusieurs courroies, !es partisans des colliers mettent en opposition la quantite du travail exe­cute, sa celerite, la sante des animaux beaucoup meilieure, la facilite beaucoup plus grande d'at-teler avec le collier.
Sous tous les rapports, la theorie laisse done bien pen de chances en faveur de I'attelage par le joug, et tous les cultivateurs devraient en 6tre convaincus.
Pour nous, nous le sommes compl^tement. Pour cela il sufflt de parcourir quelques-uns des pays oü Ton attelie les boeufs et les vaches par le collier, entre autres la Suisse, le Piemont et une grande partie de l'Ttalie.
La seule objection qui puisse paraitre d'aboni plausible est le prix d'achat des colliers et ieur entretien ; mais, quand on pense que le boeuf fait au moins un quart de travail de plus et qu'il conserve une meilieure santö, on voit bientöt que, dans une annöe, l'achat du collier est remboursc
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plusieurs fois, et que son enlretien, dans les annees suivantes, ne peut entrer en ligne de compte.
Nous engageons done les cultivateurs ä substi-tuer le collier au joug pour faire travailler les beeufs et les vaches.
Si cependant on ne voulait pas faire cette sub­stitution, h cause tie la d^pense, ä cause des re­pulsions qu'on craindrait de la part des bouviers, il faudrait au moins tenter de substituer le joug isole, e'est-a-dire un seul joug par boeuf, au joug commun ä deux animaux. Des experiences prou-vent sans replique que le joug isole, en restituant au boeuf sa liberte d'actions, a le rn^me avantage que le collier sous ce rapport ; et que, s'il ne lui donne pas tout ä fait la m6me force de tirage que ce dernier, la difference est petite.
Lejoug isole e\ite la depense des colliers; mais il necessiie la depense de traits passes dans des games et d'un harnais convenable, non-seulement pour assujettir les traits, mais encore pour retenir la charrette dans les descentes.
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HfiHOIRE
sur la CACHEXIE AQUEÜSE (POURRITÜRE) DES BETES A CORNES
Memoire envoye ä la SocietS royale et centrale d'agricul-ture, et mentionn4 honorablement par eile dans sa seance publique de l'annie 1831;
FAR H. MAN6IN,
Vdtiirmaire ä Verdun (Meuse).
On a beaucoup ecrit sur la cachexie aqueuse, qui altaque si souvent les bßtes ä laine dans les contr^es humides, particuli£rement dans les an-nees pluvieuses; mais on a dit peu de choses, a ma connaissance, sur celie qui regne quelquefois dans les mßmes circonstances sur les bßtes ä comes. Quoique les symplömes soient a peu pr^s les mtmcs, ainsi que la marche de la maladie el le peu de succös dans le traitement, j'ai cependant pense qu'on accueillerait avec plaisir les notes que j'ai pu recueillir sur cette affection.
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Cette maladie, connue par les proprietaires du pays sous le nom de pourriture, a fait des ravages considerables dans ce deparlement, surtout dans les arrondissements de Monlmedy et Verdun, pendant les mois de decembre 1829 et Janvier, fevrier, mars et avril 1850. La mortalite a com­mence vers le 15 decembre, et a cesse vers le 20 avril; mais c'est particulierement du 15 Jan­vier au 15 mars qu'elle a enleve un plus grand nombred'animaux.
Symptomes. Dans l'arrondissement de Verdun, oü jel'ai principalement observ^e, cette affection etait caracterisee par la marche lenle de l'animal, qui presque toujours amp;ait convert de poux. Le poll etait long et pique, le pouls moins fort el moins frequent, les membranes muqueuses appa-rentes decolortes, la peau dure et adherente, la temperature du corps moins elevee, la circulation languissante, les yeux infiltres et presque tou­jours chassieux, l'epine du dos roide : l'animal maigrissait sensiblement, quoiqu'il mangeät et bütcomme en parfaite sanle; la rumination etait plus lente; les flancs se creusaient peu ä pen; quelques betes ^talent attaquees d'une toux plus ou moins forte, peu frequente d'abord et qui exis-tait presque toujours longtemps avant qu'on eüt
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du doute sur cette maladie. Les animaux s'affai-blissaient progressivement, le pouls devenait en­core plus lent et plus faible, et lous les autres symptömes s'aggravaient de plus en plus. II se developpait sous la ganache un engorgement mol­lasse, presquetoujours rempli d'un liquide sereux: quelquefois la diarrhee se manifestait; enfln les malades une fois couches se relevaient avec peine, et bientot on etait oblige de les relever, ce qui avait lieu plus de quinze jours avant la mort, sur-tout pour les vaches pleines.
Dans celles qui fournissaient du lait, les ma-melles etaicnt moins grosses et plus ou moins mollasses; ce liquide etait peu abondant d'abord, diminuait chaque jour, et enfin se supprimait to-talement.
L'avortement avait souvent lieu dans les vaches pleines, particulierement dans celles de sept a huit mois, et cet avortement 6tait quelquefois compliquö du renversement de la matrice : cet organe, une fois deplace, 6tait difficilement remis danssa position normale; et, tres-raquo;souvent, m6me lorsqu'on parvenait ä le remettre, il ne s'y main-tenait que tres-difficilement, parce que, d'un cötb, ses ligaments, ayant ete distendus avaient perdu leur force de resistance, et que, de lautre, la
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b6te n'ayant pas la force de se soutenir longtemps sur ses extr^mites, lorsqu'elle elait coucMe, le moindre effort suffisait pour le faire sortir de nouveau : dans ce cas, I'animal etait toujours perdu, et (I mourait dans l'espace de deux ä trois jours et (|iielquefois moins. Lorsque le renverse-ment n'avait pu 6tre reduit, la mort arrivait en­core plus promptement. Enfin, lorsque la gesta­tion etait h terme, il arrivait quelquefois que le veau mourait dans les premiers jours de la nais-sance, et la mere qnelques jours plus lard, dans un etat de maigreur excessif. En general, les ma-lades succombaient dans le marasme le plus complet.
J'ai dit plus haut que toutes les btStes affectöes etaient couvertes de poux; ces insectesont non-seulement attaque les malades, mais encore une grande quantile de bßtes saines, et toujours les plus maigres : en sorte que plus de la moilie en a et^ atteinte en plus ou moins grande quan­tity, surtout les jeunes. Ces insectes ^talent plus particulierement logfe dans la crinifere, sur le dos, la croupe, etc; ils etaient presque toujours les premiers symplömes de la maladie : cependant il y a eu un grand nombre d'animaux qui en ont etamp; attaques et qui ne sont pas morts, parce que,
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iiussilol qu'on sen cstaper^u,ilsont etcsoumisä une nourriture plus substantielle, et qu'ils n'etaient pas trop affaiblis dejä par le regime aqueux, cause generaiede la raaladie. Mais, si dejä la faiblesse etait trop grande, les poux disparais-saient bien momentanement par Tempioi, en to-piques, de substances Acres et irritantes, telies que des decoctions de tabac, 1'essence de teröben-thine incorporöe dans du saindoux, etc.; mais ils reparaissaient de nouveau, toutes les fois que les bestiaux ne reprenaient pas de la vigueur et de l'embonpoint, et la mort survenait quelque temps apres.
La marche de la maladie a ete d'autant plus rapide sur chaque animal, qu'il avait ete aban-donae plus longtenaps dans les päturages humides d'automne, sans fourrages sees ä l'elable, et qu'il avait ele nourri avec des aliments moins substan-liels pendant les grands froids de l'hiver.
A l'ouverture des animaux morts, on trouvait de la serosit^ limpide epanchee en plus ou moins grande quantite dans la poitrine et dans le bas ventre; les membranes etaient infiltrees, les visceres blafards, les glandes engorgöes, parlicu-liörement celles situees autour de la gorge; les ganglions du mesentere ötaient infiltrös, les pou-
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mons plus ou moins fl^tris, quelquefois parsemes de petits tubercules plus ou moins durs; quelque­fois aussi, mais plus rarement, on rencontrait des foyers purulents dans Tinterieur de cet organe.
Le foie se dechirait plus facilement; il presen-tait, dans quelques animaux, des parties squir-reuses; la v^sicule du fiel ötait plus ou moins grosse et contenail une bile noire; on rencontrait aussi parfois, dans rintamp;ieur descanaux biliaires, des vers plats, connus dans le pays sous le nom de punaises (douves hepatiques), au nombre de plus de deux cents. Une observation tres-impor-tante, c'est que le coeur et les vaisseaux sanguins contenaient ä peine 2 ä 5 livres de sang et quelquefois moins. II semble que les animaux ne mouraient que lorsqu'ils n'avaient plus assez de sang : resultat evident de rinsuffisance et de la mauvaise qualite de leur alimentation. En general, tous les autres organes etaient pales, moliasses, et avaient perdu une partie de leur couleur na­turelle.
Les causes de cette maladie, qui paraissaient avoir agi lentement, dataient du mois de sep-tembre. A cette öpoque, les pluies Etaient presque continuelles; les bestiaux etaient, toute la jour-n^e, abandonn^s dans les pälurages bumides et
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aqueux, continuellement mouilles par des pluies plus ou raoins froides, qui, loin de cesser bientöt, comme on l'esperait, ont continue avec plus d'abondance encore jusque vers le 15 d^-cembre, 6poque oü les grands froids leur ont succamp;ie.
Pendant cette saison pluvieuse, beaucoup de fourrages ont ete perdus (presque la totalite de la deuxieme coupe des prairies artlficielles et le re­gain) ; les avoines et les orges ont ete rentr^es avec beaucoup de peine; leurs pailles (Haient noires et moisies; leurs graines avaient ^galement peu de qualite. La culture d'automne fut tres-difficile; les chevaux avaient peu de courage, bien qu'on leur donnät le double de fourrage des an-nees ordinaires pour les entretenir, et suppleer ä la nourriture qu'ils prennent habituellement dans les prairies, qu'ils ne pouvaient frequenter ä cause dela mauvaise saison. II en resulta que les pro-prietaires, craignant de ne pas avoir assez de fourrage pour attendre la nouvelle recolte, avaient nourri, autant que possible, toutes les bamp;es ä cornes dans les parcours, sans autre nourriture. jusqu'au moment des grandes gelbes, et que, pendant l'hiver rigoureux qui succ6da, presque tons ne donn^irent encore ä leurs bestiaux que i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 22
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des aliments (res-mediocres, pour ne pas dire de mauvaisc qualite.
Gelte inaladie avait done pour causes les pluics continuelles de raulomne, et une nonrriture trop aqueuse et relikhanle. A l'action de ces causes se sont joints un hiver tres-froid et une nourriture pen subslantiellc pendant cette saison : nourriture qui consislait, cliez presque fous les proprietaires, dans des pailles de marsage dc mauvaise qualite et quelquefois un peu de foin; encore ^tait-ce le moins bon : les pailles de ble etaient presque loutes reservees pour la nourriture des chevaux.
Cette affection a ete d'autant plus meurtriere que les päturages ont ete plus abondants et les prairies naturelles en plus grande quantite; plus meurtriere surlout, dans les localites oü les ter­rains de nature argileuse conservent plus long-lemps les eaux ä leur surface. Mais e'est principa-lement dans les fermes champetres quo la mortalile a ete plus considerable, parce que, dans ces fermes, les animaux sont toujours abandonnes sans patres dans les prairies pendant I'automne; tandis que, dans les communes oü les bestiaux ont ete abandonnes, ä la meme epoque el dans ces mfimes prairie^, la morlalite, bien que tres-lorlc, a cependant etc moins considerable; rouis/
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dans ces communes, les troupeaux elaienl gardes par des patres qui, iorsque les pluies elaient Irop fortes, ramenaient les bestiaux ä l'etable : ils etaient done moins longtemps sous 1'influence d'une temperature humide; et, d'un autre cöle, les proprietaires ^talent en quelque sorte forces de les nourrir ä l'etable avec des aliments sees. D'ail-leurs, dans les communes, chaque proprielaire n'a, le plus souvent, que quelques vaches; et ordinairement le cultivateur qui n'a qu'un petit nombre de bestiaux prend plus de precautions que le formier qui en a une grande quantite.
line observation essentielle, e'est que, dans les communes oü les maires (malheurensement le nombre en a ete petit) ont empöch^ que, pendant I'automne, on condnisit les troupeaux dans les prairies naturelles et surtout dans celles reservees pour le regain, on a perdu peu de bestiaux. Mais il ne faut pas croire que cette mesure ait ete prise pour prevenir la maladie et pour suivre les con-seils, sur lesquels plusieurs personnes et moi avions insisle , de donner de temps h autre quelques fourrages sees aux bestiaux pendant les grandes pluies, et de ne pas les abandonner aussi longtemps dans les parcours, surtout dans ceux des prairies naturelles inondees : en prescrivant
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cette mesure salutaire, les autorites municipales n'avaient pour but que d'emp^cher qu'un piamp;i-nement continuel, par un lemps humide, ne de-truisit ces prairies. Quoi qu'ii en soil du motif, eile eut un effet tr^s-favorable, non-seulement ä la conservation des prairies en bon amp;at, mais encore ä la sante des bestiaux. Puisse cette obser­vation n'6tie pas perdue pour MM. les maires et les propriamp;aires, si malheureusement une pareille morlalitö se renouvelaitl Enfin, dans les com­munes oü les prairies sont en petite quantity el oü les terrains sont generalement pierreux, les pertes onl 6te peu considerables.
En resume, il resulte des nombreuses observa­tions que j'ai recueillies que, suivanl la nature des localites et des prairies qui y existent, les pertes ont eu lieu dans les proportions suivantes :
1deg; La mo ilk; des bamp;es ä cornes sont mortes dans les fermes champ^tres situ^es dans les ter­rains bas et humides;
2deg; Un quart dans les fermes champ^tres situees dans les terrains hauls ;
3deg; Un quart dans les commuues situöes sur les terrains bas et humides: la mortalite y a ele d'au-lant plus forte que les prairies naturelles sont en plus grande quantite;
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4deg; Un dixieme dans les communes dont le sol est de möme nature que celui des precedentes, et dans lesquelles les ammaux n'ont presque pas frequente les prairies naturelles pendant l'au-tomne;
5deg; Enfin un quinzieme dans les communes situees sur les terrains pierreux, et oü les prairies naturelles sont en petite quantite.
II existait, dans l'arrondissement de Verdun, au moment oü cette affection s'est declaree, 20,682 bßtes ä cornes, savoir :
3,572 jeunes biles de deux ans et
au-dessous, dont........nbsp; nbsp; nbsp; 818 sont mortes;
13,830 vaches, dont.............nbsp; nbsp; 1,221 sontmortes,
3,280 boeuls, dont..............nbsp; nbsp; nbsp; 161 sont morts.
20,682 b6tes,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2,200 mortes.
La mortalite a done enleve deux mille deux cents b^tes sur vingt mille six cent quatrevingt-deux : ä peu pres un neuvieme. Elle a ete beau-coup plus forte sur les jeunes b6tes, dont eile a enleve ä peu pres un quart; ensuite sur les vaches, dont un dixieme a peri, et enßn sur les beeufs, oü les morts sont dans le rapport de 1 ä 27. Elle a presque toujours commence par les veaux, puls eile a altaque les vaches les plus faibles, sur-
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toutcelles qui etaient pleines, et enfin les bojufs. 11 n'est mort qu'un seul taureau, del'äge de 5ans.
II est bien constant que les pluies continuelles de l'automne et les pälurages humides, particu-lierement ceux des prairies naturelles dans les-quelles les eaux ontsejourne plus ou moins long-temps, sont les causes de la maladie. On peut ajouter a ces causes I'hiver rigoureux qui a suc-ccde, et les aliments de mauvaise qualile avec lesquelsles animaux ont ele nourris pendant cette saison. Cependanl ces dernieres causes etaient in-suffisantes toutes les fois que les bestiaux avaient pen frequenle les parcours humides d'automne; car j'ai vu, au mois d'avril, chez plusieurs pro-prietaires et cultivateurs, des vaches et des boeufs qui n'avaient mange, pendant I'hiver, que des pailles de marsage de qualite tres-inferieure (les vaches seules avaient eu de temps ä aulre quelques eaux blanches), et cependant ces animaux etaient en assez bonne chair; mais ils n'avaient frequente les päturages d'automne que pendant quelques heures de la journee, et lorsqu'il faisait beau.
II rösulterait de ces observations que les pAtu-ragesdes prairies naturelles, souvent inond^es, et dans lesquelles les b6les ä cornes sent abandon-nees pendant un certain temps, sans autre nour-
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riture, agiraienl sur elles de la m6me maniere que sur les b6les ä laine, en leur occasionnant la pour-rilure. Cependant il est certain qu'il faudrait qu'elles y sejournassent plus longlemps que les bötes ä laine, pour contracter cette maladie; ce qui tient, a n'en pas douter, ä la constitution de ces dernieres, qui est beaucoup plus delicate et moins aple que celle des b6tes ä cornes ä rdsister a I'liuraidite de la temperature et des pAturages. J'alfirme, en effet, que si, en 1829, les betes ä laine avaient ele abandonnees dans cej mömes prairies, toutes seraient morles: cequi le prouve, c'est que, bien qu'on les ait conduites le plus ge-neralement sur des terrains dlevös (1), la pourri-ture n'a pas moins enleve 19,064 bötes ä laine sur 49,047 qui existaient dans rarrondissement de Verdun.
Le trailement curatif a presque toujours 6te infructueiu, parce qu'il n'a ete le plus sou-vent mis en usage que lorsque la maladie avait dejä fait de grands progres, que les animaux etaient tellement faibles, que les medicaments les plus puissants ne pouvaient plus exercer la
(1) Le peu d'inlelligencc et trop souvent rentfitement dos bergers onl emp6ch6 que cette prtoiulion füt anssi bion observee qu'elle aurail pu et qu'elle aurail du l'fttre.
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moindre influence sur l'organisation. Les setons, les v^slcatoires, !e vin, les poudres amferes ont quelquefois retard^ la morl, mais ont rarement gueri les animaux. Neanmolns, chez les sujets qui n'elaient pas trop affaiblis et chez lesquels la ma-ladie datait depuis peu, ce traitement combine avec un bon regime, lorsqu'il a ete possible de le mettre en usage, a prodult assez souvent de bons resullats; mais que de difficultes n'^prouve-t-on pas, en pareille circonstance, de la part des pro-prietaires, pour leur faire sentir combien il est ur­gent de faire suivre ä ces animaux un regime plus nutritif,afindeprevenirla maladiel Ilspromettent bien, maisla plupart, souvent, ne suivent les con-seils que lorsque les bestiaux sont au moment de mourir : alors il est trop lard ! Que si, parhasard, quelques-uns, bien que soumis ä temps ä une me-thode curative convenable, viennent encore ä perir.ilsenconcluent de l'inefficacitö de touttrai-tement, et abandonnent tous les autresaux seules ressources de la nature. Gelte affection etait d'au-tant plus difficile ä traiter, que la plupart des proprietaires ne connaissent le danger des ma­ladies que lorsque les animaux cessent de boire et de manger, et que, danscelle-ci, ilsmangeaient jusqu'au moment de mourir.
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Le traitement preservatif etait done celui qui convenait le mieux, puisque le traitement curatif etait si incertain et presque toujours inefficace. Ce traitement consistait essentiellement dans un bon regime, ce qui tHait facile ä suivre; h ne pas abandonner les bestiaux toute la journöe, en au-tomne, pendant les grandes pluies, dans les pä-turages humides et inondees, surtout dans ceux des prairies naturelles, et ä remplacer la nourri-ture aqueuse, qu'ils y auraient trouvee, par des fourrages sees. Ces moyens que nous avons con-seilles n'ont et^ suivis que par quelques proprie-taires, surtout par ceux qui n'ont qu'un petit nombre de bestiaux : aussi ont-ils et6 preserves de la maladie. Les grands eultivateurs ont rare-ment suivi cet avis; chez eux, la mortalite a en-leve un grand nombre d'animaux. Je dois rap­peler ici, pour les excuser jusqu'ä un certain point, qu'ils avaient perdu la presque totality de la deuxieme coupe des prairies artifieielles et tout le regain, et que, pour les raisons que j'ai annon-cöes plus haut, ils avaient du faire consommer ä leurschevaux le double de fourrages que les annees ordinaires; circonstancequi, leur faisant eraindre de manquer de fourrages, avait pu les empßcher d'en donner ä leurs bestiaux. Mais je dois dire
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anssi qu'en general ce sont ces cultivafeurs qui nourrissent le moins bien la race bovine.
Lorsque les troupeaux ne pouvaient plus rester dans les parcours, je recommandais de nourrir, autant que possible, les bestiaux avec des four-rages sees de bonne qualite, de leur donner, de temps ä aulre, des eaux blanches et un peu d'a-voine; si les fourrages, e'est-a-dire les pailles, ölaient de mauvaise qualite , de les arroser avec l'eau salee, et de joindre a cette nourriture un peu de bon foin et quelques racines; et enfln de donner de temps en temps aux plusfaibles et plus delabres, surtout aux vaches pleines, et en ge­neral ä toutes les betes qui avaient frequente long-temps les pAturages, les breuvages vineux ou des decoctions ameres et aromatiques, telles que celles de gentiane, de Chicoree amcre, etc., etc.; les infu­sions aromatiques desauge, delavande, etc.,etc.; enfln des eaux ferrugineuses. Ces moyens ont ete rarement mis en usage.
C'est dans celte circonstance surtout qu'on doit reprocher aux proprietaires, et principalement aux cultivateurs, de negliger la culture des diffe-rentes racines propres ä la nourriture des bes­tiaux, telles que les betteraves,les carottes, les na­vels, etc., etc.; racinesquidevraient former la base
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clela nourriture des bötesäcornespendanll'hiver, ot qui, par cette raison, economisant beaucoup de fourrnges, ne les mettraient plus dans le cas d'en manquer. D'un autre cöte, cette nourriture eco-nomique entretient les bestiaux en bien meilleur e(at que toute autre, et procure aus vaches une plus grande quantite de lait. II est yrai que beau­coup de propriölaires et de cultivateurs s'adonnont ä la culture des pommes de terre, qu'ils font gamp;nöralement assez en grand ; mais, comme cette racine est employee ä beaucoup d'usages, eile ne peut durer assez longtemps.
J'ajouterai, en terminant, que, bicn quelesbötes ä cornes qui sont restees aient beaucoup souffert des causes qui en ont fait perir un si grand nombre, et que j'ai signalees, toutes generale-ment se sont bien rölablies. Quinze a vingt vaches seulement sont mortes en novembre 1830.
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MANUEL
DE L'ENGRAISSEMENT
des
VEAUX, DES BOEUFS ET DES VACHES
PAR H. I. F. GROGNIER,
Professeur i l'amp;ole fitinnalK de Lyon.
AVANTAGES ET LOCALITES.
L'engraissetnent, autrement dit engrais, est line operation agricole qui a pour but d'augmen-ter, ä la faveur du regime et des soins conve-nables, la quantite de graisse dans des animaux destines ä la consommation, tout en rendant leur chair plus abondante et plus savoureuse.
L'engraissement des betes bovines est, sous le rapport de l'agriculture et de Teconomie sociale, beaucoup plus important que celui de tous les autres animaux domestiques reunis; il fournit h la consommation plus de comestibles, k 1'Industrie plus de matteres premieres, ä la terre plus de tnoyens fertilisants.
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Nous engraissons trop peu de bfetes bovines; il en rdsulte que, malgrö l'extröme exiguity de notre consommation en viande de boucherie, nous en achetons de l'etranger; il nous fournit aussi, pour des sommes enormes,, des cuirs tant verts que lannes, du suif et autres produits des bötes bovines.
Si nous engraissions plus de b6tes bovines, nous cultiverions mieux !a lerre : elles nous donne-raienl le moyen de fumer avec plus d'abondance, et nous pourrions varier plus souvent ies genres de culture; d'un autre c6t^, en cultivant avec plus de vigueur, nous aurions de plus grands moyens d'engraissement : c'est ainsi que tout se lie, que tout s'enchaine dans l'economie rurale.
L'industrie de l'engraisseraent devrait doubler en France, et neanmoins ce n'est pas dans toutes les localites, meme abondantes en fourrage, qu'il convient de s'y livrer; on doit s'en abstenir rigou-reusement partout oü le foinestd'un prix elevo (8 ä 10 fr., terme moyen, par quintal mötrique), comme aux environs de Paris ou de Lyon; les autres fourrages correspondant generalement au prix du foin.
On a calculi que la ration de 20 kilogrammes de bon foin (ou 1'Equivalent en autres fourrages), i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; -nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;£3
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donnee a un bceuf ä l'engiais, augmentait jour-nellement, sous des conditions favorables, le poids de l'animal d'un kilogramme; ainsi, dans ces localites, on depenserait jusqu'ä 2 fr. de fourrage pour obtenir un kilogramme de viande valant environ 1 fr. On peut, il est vrai, mettre en ligne de compte le furnier, et celui des betes ä l'engrais est abondant et de qnalite snperieare; mais il faut de la litiere, et la paille est obere aus environs des grandes villes; il faut des soins, et la main. d'ceuvrc y est d'un prix eleve; on peut, d'un autre cöte, s'y procurer, ä peu de frais, de grandes masses de furnier, produits du enrage des ecuries, du nettoiement des rues, de l'exploitalion des fosses d'aisances, etc.
C'est l'induslrie de la laiterio qni convient en ces localites; lä 12 kilogrammes de foin ou l'equi-valent en d'autres fourrages donnent 10 litres de lait, valant 2 fr., resultat plus que double de celui que l'on y.pourrait espörer de l'indusfrie de l'en-graissement, sauf un peu moins de furnier. Les betes bovines peuvent 6tre engraissees avec grands avantages dans les localites oü le fourrage ne revient pas, pour celui qui le recolte, ä plus de o fr. le quinlal metrique, et encore oü il aurait pen do moyens de le vendre ä ce prix; les bötes
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grasses se rendenl elles-mßmes au lieu de consom-mation souvent fort eloigne, tandis que le lait en nature doit 6tre consomme ä proximite du lieu oü il a ttte produit.
Au reste, les localites oü le lait se vend en na­ture sont fort restreintes en France; elles nc s'ötendent guere, en effet, au delä de la banlieue des villes, et, pour une population de trente-trois millions d'ämes, les villes en France sont peu nombreuses et pen peuplöes, ä l'exception, pour-tant, d'une seule qui Test beaucoup trop.
Partout ailleurs, il y a au moins autant d'avan-tage ä changer le fourrage en viande qu'en lait, et, pour ne pas sacrifier äl'autre Tun de cesgenres d'inclustrie, il faut augmenter les fourrages; et on pourrait les doubler sans nuire aus autres re-colles.
Un vegetal, en quelque sorte providenliel, se prösente ä notre economie rurale; teile est sa föcondite que, sur une etendue de terrain donnamp;j, il fournit trois fois plus de maliere nutritive que loute autre plante fourragere; il s'offre encore comme matiere premiere ä une Industrie manu-facturiere, susceptible d'un immense developpe-ment, et, par laplusheureuse combinaison, i'ac-tivite de cetle Industrie se lie, de la maniere la
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plus intime, ä l'engraissement d'un nombreux betail; il s'agit de la betterave : ou commence ä l'apprecier, et Ton est bien loin d'en connaitre toute la richesse, surtout pour Tengraisseraent des Mtes bovines.
L'engraissement des veaux est, comme celui des boeufs, onereux aux environs des villes popu-leuses; il vaut mieux y vendre le lait que de le faire boire aux veaux, et les substances suppletives du lait y sont trop cheres pour les changer en viande de boucherie; d'un autre cöte, comme il faut transporter les veaux gras, on ne peut les engraisser qu'ä la distance de quelques lieues, tout au plus, des boucheries qui les attendent.
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Engraissement des veaux.
NOURRITURE.
Peu de vaches sont assez bonnes laitieres pour nourrir leurs veaux jusqu'ä la fin de l'engraisse­ment, il leur faut plus de nourriture que s'ils devaient 6tre eieves; aussi, dans les lieux oü on les engraisse au lait, leur donne-t-on ä chacun plusieurs nourrices, et pour cet effet on a habitue toutes les vaches ii se laisser teter par tous les veaux.
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Ailleurs, les produits de la traite de toutes les vaches sont recueillis dans des baquets et dislri-bues ensuite en plus ou moins grandes quantites, selon le volume, l'äge, l'appetit; cette methode est suivie ä Avondale en Ecosse, et dans les envi­rons de Londres et de Hambourg; on y nourrit les veaux ä l'engrais exclusivenaent de lait pendant 8 ä 12 semaines.
A Pontoise, dont les veaux de boucherie sont si justement renomm^s ä Paris, ces jeunes ani-maux sont s^paramp;s de leur mere des le moment de leur naissance, on leur presente d'abord, dans des seaux, le premier lait qui est secr6t6 apres le v6iage (lait nomm6 colostrum), ensuite le lait or­dinaire; on leur apprendä teter en leur inlrodui-sant dans la bouche le doigt mouille de lait; leur plongeant ensuite le mufle dans ce fluide, ils savent bientöt boire seuls.
Dans les premiers jours, c'est le lait maternel qu'on leur donne; quand il ne suffit pas, on ajoute celui d'une vache ^trangöre fraichement vßlee; s'ils se refusent ä boire, on leur passe les doigts dans la bouche en inclinant le vaisseau ; on leur porte du lait pendant le premier mois, le matin, ä midi et le soir; dans les deux mois sui-vants, le malin et le soir seulement.
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En supplement de ce fluhle, on donne, ä Pon-loise et ailleurs, quatre ä cinq ceufs par jour, qu'on ecrasedans la bouche; on ajoute im pen de farine. Surles montagnes situees a l'ouesl de Lyon, oü Ton engraisse les vcaux pour la consommalion de cctte grande ville, on fait des boulettes de forme et de volume ovalaires, en incorporant de la farine dans des jaunes d'oeufs; on la delaye encore dans du lail ecreme liede allonge d'eau.
Ailleurs, ce n'est pas dans du lait cntier, mais seuiement dans du petit-lait, qu'on delaye cettc farine; il est des contrees oü, apres les quinze ou vingt premiers jours, on fait prendre des soupes legeres de raves, de betteraves et de pommes de tcrre.
Arthur Young conseille la nourrilure suivante, comme propre a remplacer le lait pur dans I'en-graissement des veaux : 2 litres de lait, 6 litres d'une bouillie falle avec de la farine de lin (on pourrait avantageusement faire cuire cetle farine avec du the de foin).
On se loue beaucoup, en Angleterre, d'une forte decoction de foin mßle ä du lait, d'abord a parties egales; les veaux boivent, en general, cetle liqueur avec la plus grande avidite; on diminue par degres la dose du lait, et on finit par la suppri-
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iner cntierement (vers le qninzieme ou vingliemc jour). La bonne melhode de preparer ceüe especc de the consistc a metlre la qnanlitc de foin qu'on juge necessairo dans un cuvier, de verser dessus une quantitösuffi^anle d'eau bouillante, docouvrir le cuvier et delaisser ä l'eau le temps de s'impre-gner du sue du foin.
Ce procede est usite dans quelqncs cantons des Vosges et du Jura.
Au lieu de foin, on pent employer des trefles bien sees, on pent encore ajouler de la farine, des racines bien cuiles, de la mclasse, du petit-lait, quelques substances animates, telles qu'un peu de lard, etc.; nous pensons quo ces diverses sub­stances ne doivenl pas elre employeei avanl que le jeune animal ait atteint quinze h vingt jours, qu'on doit l'y habituer par degres, et Ics suppri-mer si elles causaient la dianhee.
PBOCEDES PARTICULIERS DANS GET ENGRAISSEMENT.
On a reraarque quo les voles prennent plus fa-cilement la graisse que les veaux, et qu'elles ont la viande plus fine; on a attribuc celte difference ä la turbulence de ces derniers; et, pour les rendre plus calmes,plus tranquilles,on a prisle parli de
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les cMtrer dans les premiers jours apres leur naissance; cet usage est suivi en plusieurs pays.
C'est dans les mömes vues que Ton cherche ä provoquer le sorameil dans ces jeunes animaux.
En Trlande, on leur fait prendre des boulettes de farine et de craie trempees dans de l'eau-de-
vie.
En Flandre, on leur donne du lait chaud, dans iequei on a fait bouillir des tamp;es de pavots et de­layer des oeufs.
On a obtenu, en Russie, des veaux enormes en introduisant de la biere dans leur lait.
Lorsqu'on ^crase dans la beuche des veaux quelques oeufs frais, on n'a pas seulement pour but de les nourrir, on se propose encore de neu-traliser, au moyen des coquilles, substances cal-caires, les acides qui se developpent frequemment dans la caillelte des jeunes animaux; cette indica­tion est mieux remplie par les boulettes lyon-naises, ou Ton fait entrer, dans la proportion d'un quart, de la craie pulverisee; on peut aussi, comme on le pratique ailleurs, se contenter de mettre de la craie ä la portee des jeunes ani­maux, qui la lechent. On m61e, si 1'on veut, cette craie avec du sei; on les laisse lecher ainsi une demi-heure avant chaque repas; la soif el I'app^-
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lit sont augments, rengraissement va plus vite, et il est pouss6 plus loin.
C'est uue erreur de croire qua les veaux, allai-tes mßme naturellement, puissent se passer de boisson aqueuse; les bons engraisseurs ont soin de tenir constamment. devant ces jeunes ani-maux, de l'eau degourdie.
II est des pays dans le nord oü les veaux ä l'en-grais sont renfermes daus des niches de maniere ä ce qu'iis puissent se coucher et se lever sans avoir la liberte de se relourner; c'est dans ces cages, bien disposees pour l'ecoulement des de­jections, qu'on leur prodigue la nourriture, et ils n'en sont extraits que pour 6tre transportes ä la boucherie; on voit, en quelques etables, dix a douze de ces cages rangees a la suite les unes des autres et disposees corame celles qui servant ä l'engraissement des chapons; comme elles na se-raient pas assez exigues pour interdire des mou-vements aux veaux dans les premiers jours, on a soin da las y attachar, on les delle quand ils rem-plissent ä peu pres toute la capacite de cette es-pece d'epinette.
Dans le pays de Waes, en Flandre, les logos des vaaux sont tellement ^troites, qu'il faut les faire entrar ä reculons, de manure qu'iis ne
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bougenl plus pendant lout le temps de l'engrais. Nous ne regardons pas cette methode commo indispensable, mais nous n'en sommes pas moins convaincu que le repos absolu , le silence et Tob-scurite sent des moyens d'engraissement pour les veaux, par la m6me raison qu'ils seraient des obstacles au developpement de leurs forces s'ils deyaient 6tre 61ev6s.
ECONOMIE DE CE GENRE D'lNDUSTRIE.
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Plus des deux tiers des veaux de la France arri-vent ä la boucherie avant 1' age de six mois; on peut ovaluerätroismillionscinqcentmillelenombrede ceux qui naissentannuellement dans ce pays; ilse-rait difficile d'evaluer, meme approximativement, la masse de subsistances que peuvent fournir les veaux de boucherie; on en consomme d'Ages de quatre ä cinq mois, on en mange qui n'ont pas plus de quatre ä cinq jours. Les premiers don-nent en viande nette, c'est-ä-dire sans les issues, plus de 100 kilogrammes; les seconds, moins de 17. M. le comte Chaptal evalue, je ne sais d'apres quelles donnees, ä 22 kilogrammes et demi la quantite dc viande de boucherie fournie (terme moyen) par chaque veau; e'est supposer que la
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plus grande partie des veaux qui naissent pour la boucherie sont consommes avant l'äge d'un mois; car ;\ cet äge les veaux vivants pesent (terme raoyen) 90 livres (45 kilogrammes), et, en evaluant les issues a im Hers, ii resle, viande nette de bou­cherie, 50 kilogrammes au iieu de 23.
II rösulte, du depouillement des regislres de l'octroi, que, de 1803 a 1828, il est enlre a Lyon, annee commune, 23,664 veaux, tandisque, dans le memeespace de temps, Paris n'en a pas con­somme annucllementplus de 70,000; la popula­tion de Paris etant quadruple de celle de Lyon, et la consommation en veau n'etant pas triple, il laut supposcr de deux chosesl'une: ou que les Parisiens usent moins que les Lyonnais de ce genre de comestible, ou qu'ils obliennent beau-coupplusde viande d'un nombre d'animaux don-ne, et que, por une suite necessaire, les veaux entrent plus jeunes dans les boucheries de Lyon que dans celles de Paris ; ce dernier fait est, au reste, prouve par le prix des uns et des autres. Le prix moyen des veaux, ä Paris, est, d'apres les etats publies par M. le prefet de la Seine, de 07 francs, et ä Lyon il est au plus de 22 ä 30 fr., d'apres les renseignements que je me suis procu­res; ainsi, proportionnellement a h popaialion
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des deux villes, Paris ne recoil pas nn aussi grand nombre de veaux que Lyon, et cependant il con­somme de la viande de ces animaux en beaucoup plus grande quantity.
Tous ces veaux doivent 6tre engraissfe ä plu-sieurs lieues de ces grandes villes; plus pros, il serait ä dfeirer que les vaches donnassent con-stammentdu lait pour etre vendu en nature et ne velassent jamais; il est des economes probes et intelligents qui livrent aux chiens les veaux nou-vellement nes. D'autres nourrisseurs en beau-coup plus grand nombre vendent 5 a 6 francs leurs veaux de cinq a six jours; cette viande est gluante, visqueuse, indigeste; le d^bit en est defendu par des ordonnances qui, au delri-ment de la salubritepubiique, sont rarement exe-cutees.
A queläge la viande des veaux est-elle ce que Ton appelle faite? Elle Test ä un mois, selon le respectable M. Tessier del'Academic des sciences; e'est Tage du plus grand nombre de ceux qui arri-vent aux boucheries lyonnaises; cependant les anciennes ordonnances exigent six semaines; d'autres qui furent rendues pendant la revolution prescrivaient quatre decades.
En exigeant un temps plus long, on deconra-
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geraitl'engraisdes veaux, on le rendrait onereux, ä moins d'une prime considerable, en faveur d'un comestible de luxe, comme la viande des veaux de Pontoise et de quelques localiles en Angle-terre.
Un veau bien nourri augmentera en poids jour-nellemcnt d'un kilogramme et demi, et sa viande acquerra successivement une qualite meilleure; mais, au bout de six semaines, raccroissement journalier diminueraja qualite de la viande sera, ä peu de chose pres, la m6me, et cependant la depense de nourriture ira toujours en augmen-tant, et dans une assez forte proportion. Le veau qui, ä un mois, vaut de 22 ä 25 francs döpensera plus d'un franc, par jour, jusqu'a deux mois, et alors il ne se vendrait pas, ä Lyon du moins, plus de 45 francs, et, si Ton attendait jusqu'ä la fin du troisieme mois, la nourriture et les soins seraient encore plus mal payes; 11 aurait, en effet, inde-pendamment des risques, d^pense, dans cet Inter­valle, environ 40 francs, et on ne le vendrait pas au delä de 70 h 75 francs.
Fassons h une question bien plus importante, l'engraissement des boeufs.
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Engraissement des Boeufs.
C1I0IX D'APRES LA CONFOBMATION ET L ETAT DES SUJETS.
Void le portrait d'un boeuf eminemment propre h l'engrais: tete fine, legere, un peu longue; yeux saillants, regard doux, assure en quelquc sorte feminin, mfime chez les males; cornes cour-tes, lisses, blanchAtresou semi-transparentes; en-colure courte peu chargee, la chair de cette par-tie nommee viande de collet etant peu estimee; poitrail evase, poitrine haute, epaules rondes; dos large et horizontal; corps aIlong(5; c6tes ampies arrondies; flancs pleins ; ventre volumineux, ce qu'on appelle un bon dessous; forme du cörps a peu pres cylindrique; reins larges; fesses bien charnues, ce qu'on designe en disant que l'ani-mal est bien culolte; hanche, croupe, cuisses äga-lemenl volumineuses, ce qui annonce la predomi­nance de Tarrtere-main, dont les parties oflVent une meilleure viande de boucherie; extremites aussi courtes, aussi menues que possible : le fa-meux nourrisseur BaAetüe/is'attachait a ce carac-lered'unemaniere touteparticuliere; peaudo'ucc, souplc, flexible, elaslique, se detachant facile-ment; polls longs, brillants, clairs, moelieux;
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veines superücielles apparentes; il faul qu'apres la saign^e l'epingle entre aisemenl, et, pour mieux saisirce signe, il est des engraisseurs, dans le departement du Rhone, qui saignent expres.
Certains boeufs se refusent ä l'engraissement, et m6me sans ddfectuosites apparentes, et saus signes de maladie; on les nomme, en quelques pays, betes hrulees; d'autres ne s'engraisscnt qu'ä force de temps et de depenses: tels sont ceux qui sont fort maigres, ou parce qu'ils sont trop vieux, ou qu'ils out trop travaiile, ou n'ont pas ete suf-fisamment nourris. Dans tons les cas, plus la mai-greur est ancienne, plus il est difficile de la repa-rer-, afin de determiner onsuite l'engraissement, et pour parvenir successivement ä ce double rö-sultat toujours douteux, il faut trop de temps et de depenses pour qu'on doive tenter l'operalion; on le devrait encore moins si l'animal manifestait quelques symptömes de maladies chroniques ou sculement line constitution valetudinaire. II est des signes g^neraux de l'un comme de l'autre de ces amp;ats: la marche est nonchalante, la tete basse, les yeux enfonces, le regard fixe, le mulle sec ou peu humide, les muqueuses apparentes d'un blanc mat ou lögerement jaunätre; la peau seche, adhe-rente; les polls piques s'arrachent facilement;
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lupine du dos inflexible ou trop mobile quand on la presse fortement avec la main.
CONSIDERATIONS TIREES DE LA TAILLE ET DE L'AGE.
On ne pent pas choisir entre les grands et les petits boßufs quand on veut engraisser en des prairies peu ferliles; car les b6tes colossales n'au-raient pas le temps d'y prendre la masse alimen-taire qu'elles doivent convertir en graisse; mais, quand l'herbage est tres-succulent, ou mieux, lorsqu'on pent nourrir abondamment ä Triable, est-ce avec un grand boeuf ou deux petits qu'on depensera moins et qu'on obtiendra plus? 11 y a parite, seien M. Malhieu de Dombasle, etant, selon lui, assez indifferent d'obtenir un certain nombre de quintaux de viande en un ou deux beeufs; car cette viande a amp;,e produite, dans les deux cas, par la m^me quantity de nourrilure, toutes choses Egales d'ailleurs.
11 n'y a pas parity selon M. Victor Yvarl; il pense que deux petits boeufs de S00 livres con-somment ensemble plus qu'un boeuf unique de 1,000 livres, et ne donnentpas du furnier dans la möme proportion. II soutient, et les bouchers de Lyon que j'ai interrogäs sont de son avis, qu'en
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lYnmissant les squeleltes des deux petits boeufs, leurs estomacs, leurs intestins, toutes leurs issues, tons leurs rebuts, on a une masse notablement plus considerable que celle de ces tn6mes malleres tirees du gros bceuf unique; celui-ci, quoique ne faisant qu'une fois plus de d^pense, donne au dela du double en viande et en suif.
Les bouchers de Lyon payent plus eher un bceuf gras de Bresse ou de Charolais, du poids de 1,200 livres, que deux petits bceufs engraisses autour de Lyon, pesant chacun 600 livres; ils re-gardent comnae d'egale quality la viande de Tune et celle des autres, et ils pr^rent comme amp;ant plus ferrae le suif du premier; quant aux cuirs, comme ils se vendent au poids, et ceux des grands animaux olaut neccssaires dans beaucoup de ma­nufactures, I'avantageest encore, sous ce rapport, en faveur des gros boeufs.
En ce qui concerne l'dge auquel il convient de livrer les boeufs ä I'engrais, on le fixe d'apres des considerations indöpendantes du succes de l'ope-ration : c'est ainsi que, dans les pays oü ces ani­maux labourent, on les garde jusqu'ä 12 ou m£me 15 ans quand ils se montrent bons travailleurs; les autres sont deteles beaucoup plus tot. En An-gleterre, oü ce sont principalement les bfites che-
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valines qu'on emploie h la culture et oü de nom-breuses races bovines sont ölevees exclusivement pour la boucherie, on ne laisse guere vlvre les bceufs au delade quatre ans; on a ainsi, dans I'es-pacede douze ans, sur une population bovine don-nee, troisboeufsäconsoramer au lieu d'un;on n'a pas depense plus de fourrage, on a obtenu presque autant de furnier; on a perdu, ä la vthit^, du tra­vail, mais on met, en Angleterre, beaucoup plus d'importance ä la viande qu'aux labours des bceufs; les races que Ton y a creees s'engraissent mieux, plus tot et avec plus d'economic que les nötres.
Nous pensons qu'un boeuf dont le developpe-ment n'est pas complet ne prend pas, ä l'engrais, de la viande et de la graisse en proportion de l'augmentation du volume du corps, ce qul sup­pose que la nutrition se porte sur les os, les liga­ments, les membranes et autres parties du corps de peu de valeur; quoique gras en dehors, ces bceufs le sont peu en dedans, et ilsont peu desuif; cette substance est, chez eux, peu compacte, eile cst mel^e avec beaucoup de gelatine et de tissus adipeux, aussi fait-elle, en fondant, nn grand de-chet; la viande, quoique de bon gout, est moins nutritive, moins tonique; le cuir est moins ferme,
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il n'est pas tnür aux yeux des tanneurs, qui, ä egaiile de poids, le pajenl moins eher.
On croit generalement, en France, que l'äge le plus favorable pour l'engraissement csl de G ä 8 ans; qu'apres cet äge l'opöration devient de plus en plus difficile : le tissu adipenx perd de son elasticite; ses alveoles se r6lrecissenl, ils s'effa-cent; la viande durcit, le suif jaunit; ce qu'on nomme le fin-gras est ä peu pres impossible, et souvent in6me 1'operation manque entierement.
MOYENS EE FAVOBISER L'ENGRAISSEMENT.
Ces moyens sont ceux sous 1'influence desqucls la sensibilite s'emousse, la circulation se ralen-lit, l'energie musculaire s'affaiblit, les secre­tions diminuent; on peut compter, parmi ces moyens, la castration, le repos, le silence, l'ob-scurite, la chaleur humide, la saignee.
Des la plus haute antiquite, on a fait subir la castration aux animaux mules destines ä la con-sommation ; ce n'est que dans les temps modernes qu'on s'est aviso de cMtrer les femelles; ce moyen est ^minemment propre a augmenter la puissance digestive et assimilatrice en attenuant les forces ncrveuse, sanguine et musculaire.
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Ce but n'est pas compl^tement atleint dans les taureaux qu'on chätre par bistournage ou marte-lage : ces animaux conservent trop du caraclere de leur sexe pour prendre facilement de la graisse.
L'ablation est un moyen beaucoup plus sftr; il devrail 6tre seul employ^ sur les b^tes speciale-ment destinies ä la boucherie; si Ton chälre apres le developpement de la pubert6, il faut metlre un Intervalle de six mois au moins entre I'operation et l'engraissement pour donner ä l'animal le temps de perdre la chair de taureau; cet Intervalle sera plus grand s'il a 6lamp; employe ä la reproduc­tion.
Le repos, le silence, l'obscuritö, une chaleur humide sont plus faciles ä obtenir ä l'ötable qu'au päturage-, aussi l'engraissement est-il toujours plus facile, plus prompt et plus complet sous le regime de la stabulation (de pouture); c'est pour Jaisser dans un repos absolu, dans une quiötude profonde les bceufs ä l'engrais, qu'en Limousin on entre dans leur Stable le plus rarement possible et seulement pour renouveler la litiere; a I'ext^-rieur de cette habitation, regne une galerie qui communique, par des fenötres, avec les auges et les cröches pour la distribution des aliments et
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des boissons, les boeufs 6tant, chacun, dans une stalle en ce söjour Iranquille oü pdnetre peu de luraiöre; ils sont, la plupart du temps, sur la li-tierepour ruminer, digerer et dormir; ils ne se Invent guere, sur la fin de Vengrais, que pour re-cevoir leurs aliments. Quand ces animaux sont d^goüles, le nourrisseur, qui,ätravers le guichet, leur presente la nourriture, se met a chanter, et les bceufs mangent; le chanteur (noteur) s'arrßte-t-il, les boeufs blasts Gössent de manger, et ils recomraencent avec les chants.
Si on ne pent employer de pareils moycns au päturage, il laut, du moins, que les boeufs y soient aussi tranquillement que possible; on en ^cartera soigneusement les chiens. On se rappeile, dans la vall^e d'Auge, en Normandie, uneannee oü l'engrais ne reussit pas, parce qüune route avait 6t6 tracamp;) dans le pr6 pour le transport bruyant des mat6riaux de la construction d'un Edifice.
La saignlt;5e favorise l'engraissement, non-sen-lement comme moyen debililant, mais encore en procurant une reparation superieure aux deperdi-tions; on saigne au commencement de l'engrais et dans le courant de ce regime; on abuse souvcnt de cette pratique. Les nourrisseurs en Normandie
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ont, dans leurs herbages et leurs etables, des moyens de se procurer un raets de plus, s'il leur survient inopinement un convive : ils envoient saigner un boeuf a l'engrais, n'importe lequel.
Ce n'est pas au debut de l'engraissement qu il faut saigner, mais au milieu ou vers la fin; encore faut-il qu'il y ait signe de plelhore; ces signes sont: regard vif, oeil brillanl, vaisseaux de la conjonclive rouges, cornes chaudes, ainsi qua la muqueuse de la bouche; pouls plein; flaues un peu agiles; marche lourde, beaueoup de soif, peu d'appetit; si ces symptömes sont bien prononces, II y a debut de fiövre inflammatoire; on ne se contentera pas de saigner m6me plusieurs fois, on metlra encore ä la diete rafralchissante.
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ENGRAISSEMENT AU PATURAGE.
On engraisse les boeufs au päturage ou ä l'e-table (celui-ci se dit engrais de ponture ou de jmulure].
Le premier suppose des prairies tres-ferliles, telles que celies de la Normandie et du Charolais; il dure rarement moins de cinq mois; le plus sou-vent il est plus long, et il ne peut queiquefois se terminer qu'a l'etable.
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Les boeufs gras dits d'hiver, qui sortent de la Normandiepour laconsommation de Paris, avaient amp;amp; mis dans de riches päturages, en automne; on leur y a porte du foin, on les a recueiliis ä i'etable pendant 1'hiver; ilsont ensuite consomme 1'herbe du printemps ; l'engraissement a dure huit mois; d'autres boeufs, en ce pays, ont et6 introduils aux pÄturages en printemps et en ete, et ils se sonl engraissös en six mois. Dans le Charolais, les boeufs sent, vers la fln de mars, mis dans les pros d'embouche; ils en sortent, vers la fin d'aoiit, pour l'approvisionnement des boucheries de Lyon. U est, dans la partie de la Vendee nommee le Marais, des boeufs qui ne restent pas moins de deux ans ä l'engrais. En Normandie,on divise les herbages de graisse en enclos ; cette melhode est preferable, eile diminne les degiits et favorise la repousse. On regarde comme un avantage I'inega-lite de ferlilite dans les diverses parties de la prai­rie, afin que les bfetes päturent successivement les mediocres, les bonnes, les excellentes. Des lors on n'a pas h craindrc, d'un cole, que des betes accoutumees a travailler beaucoup et ä 6tre pen nourries ne prennent des indigestions en se trou-vant tout a coup bisives dans de gras pälurages, et, de l'aulre, que des boeufs presque gras, et
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devenus fort difficlles sur leurs aliments, ne se d^-goütent et ne cessent de manger ä la vue d'une nourriture inferieure ä celle qu'ils viennent de quit­ter-, on ne doit pas mettre plus de six ä huit b6tes dans chaque division; l'herbe la plus courte aura au moins 15 centimetres; si l'herbage etait sans eau, 11 faudrait mener, au petit pas, les bötes boire ä la source la plus prochaine, et, pour pen que l'a-breuvoir füt öloigne.l'engrais serait long et diffi­cile. Les b6tes soumises äce regime doivent mar­cher le moins possible; dehors comme dedans, les boles qu'on engraisse sont lourmentees par des demangeaisons, et quand il n'y a pas, au pAtu-rage, des arbrcs centre lesquels elles puissent se frolter, il faut y planler des pieux. On volt, en Ilollande, des herbages qu'on a, dans ce but, he-risses d'os de baieine. Les bceufs ä l'engrais sup-porlent les intempcries quand elles ne sont pas trop fortes et prolongees trop longtemps ; mais jes eflels de cctle influence pourraient 6tre de na­ture ä necessiter la rentreedesanimauxäl'etable, temporairement ou pour toujours; on pourrait souvent eviter cclte extremile au moyen de han -gars ou aulres abris places dans 1c pälurage.
II ost convcnable qu'un gardien seit löge dans riierbago de graisso; il visilcrait plusieurs foLs par
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jour le troupeau, et, s'il decouvrait quelques b6tes malades, il se hälcrait de faire son rapport au maitre.
ENGRA1SSEMENT A L'ETABLE DU DE POUTURE.
On pent engraisser k Triable, dans toutes les saisons, et l'^te presquc exclusivement, avec du fourrage vert; c'est une bonne pralique de com­mence!' loujours la pouture par des vegötaux frais; eile ne peut 6tre pratiquee avantageusement au fuin que dans les contr^es ou une grande parlie du sol est en prairies naturelles, donnant du four­rage tres-nutritif, comme dans quelques contrees montagneuses sans ßtre trop ^levees : telles sent quelques tocalitesdu Limousin, oü Ton engraisse, avec du foin excellent qu'on ne pese pas, des boeufs de 12 ä 45 ans. L'operation duresix mois, parce qu'on n'y emploie que du foin ; on devrait y m61er du bon regain sec. Nous ovaluonsä 22k,500 ou 25 kitog. de foin et regain la ration journaltere dun boeuf limousin ä l'engrais, pesant, au com­mencement de l'engrais, 550 ä 400 kilog.; ce foin profiterait mieux s'il 6tait, en partie du moins, hache,trpmpe dans l'eau chaude, s'il etait sale.
Les engraispeurs de ia Bresse distribuent jour-i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;25
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nellemenl ä leurs boeufs d'engrais 15 ä 23 kilog. de fourrage sec, avec 10 kilog. de racinescuites et 40 kilog. de ma'is melangö avec du son. L'op4ra-tion dure ä peine 3 mois. De mßme que ia Nor-mandie est la province de France ou il s'engraisse le plus de boeufs ä l'herbe, la Bresse est celle oü Ton fail le plus d'engrais de pouture. Les boeufs gras bressans, dont le poids est de450äSOOkilog. approvisionnent, en tres-grande parlie, les bou-cheries de Lyon, depuis Noel jusqu'en mai.
Sur quelques monlagnes voisines de Lyon, la pomme de terre cuite est la base de l'engraisse-ment de poulure; ailleurs, c'est la carotte ou le panais, ou la belterave; chaque contrte a ses res-sources et ses precedes de pouture.
On engraisse en peu de lemps avec les rosidus de fabriques de fecule, d'alcool, surlout de sucre indigene.
L'engraissement de pouture exige beaucoup plus de soin et d'intelligence que celui de pülu-rage.
L'etable doit 6tre assez vaste pour que chaque böte puisse se coucher commodement en lout sens; on conseille de la curer'et d'y renouveler la liliere le plus souvent possible ; cependant on peut y laisser du furnier, pourvu qu'il ne soil pas
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sous les betes ; c'est ainsi que les Flatnands I'accu-mulent an milieu de l'liabitalion ou les httes soul sur deux rangs; elles ne sent point enfoncöes dans la fange et elles se trouventsousl'influence d'une humidite favorable ä l'engraissement. On attache peut-6tre trop d'importance k la production abon-dante d'un excellent fumier, et on ne songe pas assez ä la sante des animaux et au succes de l'o-peration.
Ou ne doit pas nögliger le pansage ; on a re-marquö que, pendant cette manoeuvre, les boeufs de pouture eprouvalent une sensation agreable qui, se refl^chissant sur l'estomac, devait aug­menter l'energie digestive; les Bressans pensent que l'excitation de la peau attire lagraisse h l'extö-rieur et la melange avec la chair. On se sert, en quelques pays, pour etriller les boeufs, d'un bois deutele, esp^ce de peigne auquel on a donnö une poign^e ; on emploie, en Bresse et en Lyonnais, un instrument semblable ä celui dont se servent les cardeurs. Toutes les frictions rudes sont utiles pour faciliter le gras en dehors; on cesse de les employer sur la fin de I'engrais; les lotions d'eau tiede qu'on met en usage, en certains pays, sur les boeufs de pouture nettoient et assouplissent la peau; elles calment, mieux que le pansage, le
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prurit qui, surtout au commencement de 1'opera­tion, accompagne une esp^ce de mue ; on fait quelquefois dissoudre, dans cette eau, du savon noir ; on a remarqu^, en Angleterre, qu'en bor-nant cette lotion h quelques parties di) corps c'est sur elles qu'on d^terminerait I'afBux de la graisse.
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COMBINAISON DES DEUX MODES D'ENGRAISSEMENT.
lls sont quelquefois simultanes ou successifs. Dans le premier cas, qui se pratique en Franche-Comte, les bceufs qui päturent dans d'excellentes prairies trouvent, ä de cerlaines heures, dans des pares, sous des hangars et möme dans des ^curies temporaires, des racines crues ou cuites, des fari-neux, du sei; ä la faveur de ce precede, I'opera-tion est plus courte et plus assurde.
L'autre proced^, qui est pratiquö en Limousin, consiste ä introduire, dans le mois d'aoüt, des boeufs dans les regains, pour y rester nuit et jour, jusque vers la mi-oclobre, epoque h laquelle on les fait entrer ä l'etable, oü des raves crues et cou­ples leur sont donnees avec du foin, pendant un mois ; on substitue ensuite ä ces racines un melange de farine de seigle et de froment de-
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laye dans l'eau ; cette nourriture est ä discretion.
A la cröche est appendu, en face de chaque bceuf, un petit sac rempli de sei; l'animal leleche ä volonte, sa sallve dissout le mineral; il boit et mange davantage, surtout il digere mieux et s'en-graisse plus vite et plus completement.
Au reste, soit que la pouture soit absolue ou seulement mixte, il Importe beaucoup de varier le regime alimentaire; c'est bien dans ce cas que s'applique ce proverbe : changement de mets pro­rogue Vafpetit. II faut bien se convaincre aussi que les m6mes substances changent de proprietes alimentaires selon qu'elles sont entieres, ou ha-chees, ou moulues, ou tremp^es, ou cuites, ou ferment^es, et que, sous ces deux derniers modes, elles determinent l'engraissement d'une manifere toute particuliere.
Ce n'est pas seulement pour la nourriture de notre espece qu'il convient de faire subir des pre­parations aux substances alimentaires.
Lorsque l'engrais de pouture est pramp; ä s'accom-pür, l'appetit, pour l'ordinaire, diminue et m6me tombe; il Importe de s'assurer si la cause en est le goüt blase ou la faiblesse et la surcharge des organes digestifs. Le premier etat a lieu graduelle-ment; le bceuf regarde les aliments avec un air
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de dedain, il ne se remplit pas. Le deuxieme ^tat, qui se prononce tout ä coup,offre des signes d'in-digestion, tels que des bäillements, la blancheur blafarde de la membrane buccale, le malaise, la difficulty de digörer due ä la cessation de la rumi­nation.
Dans le premier cas, on varieles mets.on donne les meiileurs, on les sert chauds, on les fait d^sirer en eloignant les repas, on prodigue les condi­ments, on donne du sei jusqu'a 0k,180 par jour, on pent ajouter de la gentiane en poudre, des baies de genievre concassees, m6me un peu de vin 5 dans le deuxieme cas, la diete est de rigueur; on met devant l'animal de l'eau lihde legerement salee ou nitröe, on donne un peu d'exercice, on s'assure s'il y a indigestion, plethore reelle, in­flammation, auquel cas il landrail recourir aux moyens therapeutiques iiuliqucs.
EFFETS DE L'ENGEAISSEMENT.
Ce n'est guere qu'a ratable, ou Ton devrait presque toujours engraisser les boeufs, que Ton pent bien observer les effets de ce regime.
Le premier degr^ de l'engraissement est I'em-bonpoint; l'animal^ dans cet ötat, a Fair gai, con-
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tent, joyeux; tout en lui annonce la santö et la vigueur : les excretions et les exhalaisons sont abondantes; la transpiration est onctueuse, sur-tout aux ars post^rieurs; les polls s'ailongent, grossissent, tombent; le volume du corps aug-mente a peu pres de I kilog. par jour (soil de 100 kilog. en cent jours, temps d'une pouture favorable). Les protuberances saillantes semblent s'affaisser, les cavites exterieures se comblent.
A mesure que I'engrais fait des progres, la gaiete diminue; bientöt eile disparait; la demarche devient lourde, embarrass^e; lessaillies, tant os-seuses que musculaires, s'effacent entierement; le ventre s'affaisse, le corps s'arrondit, la sensibflrtö s'emousse; I'animal est arrive a ce qne Ton ap-pelle le fin-gras; on pent le comparer ä un fruit mür qu'il faut se Mler de cueillir; plus tard, a I'hydropisie graisseuse succedera I'hydropisie ca-chectique; I'animal ne pourrait pas rester long-temps en cet ölat, il mourrait, ou il y aurait re-sorption de graisse, et dans ce second cas un nouvel engraissement serait fort difficile.
Independamment de ces inconvenients, il ne convient pas, sous le rapport economique, de pousser I'operation jusqu'au fin-gras; les der-nieres portions de graisse coütent plus a produire
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que les autres, elles resultent d'aliments plus suc­culents, par consequent plus chers et d'une quan-tite proportionnelle plus forte, etant fournies de l'excedant d'entretien d'une plus grande masse; cette masse pent 6tre elevee ä un point prodi-gieux. On a vu, en Angleterre, un boeuf de Lin­colnshire pesant 7,000 livres, poids anglais (3,1751,500, poids frangais). La viande de ces colosses n'est pas meilleure que celle des boeufs ordinaires; eile est peut-6tre de qualite införieure, n^anmoins eile devfait se vendre beaucoup plus pour indemniser le nourrisseur.
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Signes exterieurs de l'engraissement.
MAN1EMENTS.
Ce sont des coussinets graisseux qu'on touche sur les cötes au defaut de l'öpaule, sous le poi-trail, entre les cuisses et le ventre, au tron^on de la queue, ä l'endroit ou etaient les teslicules. A 1'exploration de ces signes on joint l'examen de la poilrine, de I'epinc dorsale, des hanches; on s'assure que les parties osseuses saillantes sont bien couverles de chair; il faut surtout que ledos et la croupe soient bien garnis; encore tons ces indices n'annonccnl-ils que l'etat de graisse en
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dehors, lequel n'est pas toujours proportionnö h celni de graisse en dedans. Les boeufs gras, qui ont fait une longue route, reorient gen^ralement plus de graisse que n'en annoncent les manie-ments, parce qu'une partie de cette substance qui etait isolee s'est m61^e ä la chair qui est devenue plus savoureuse, amoins,toutefois, que la marche de ces boeufs n'ait ete forcöe, auquel cas la graisse s'est concentröe dansuntissu adipeux durci;cile est devenue ce qu'on appelle ßandreuse.
Les bouchers jugent, d'apres la physionomie et l'allure, si un boeuf est plus ou moins gras que ne ledenotent les maniements; ceux de Lyon, qui s'approvisionnent aus marches de Villefranche, pesent, avec les yeux, un boeuf gras de la Bresse ou du Charolais, et ils se trompent ä peine de quelques livres; il leur suffit d'un coup d'oeil ra­pide pour distinguer le boeuf gras qui sort de l'dcurie de celui du mßme genre qui vient du pä-turage. Le premier offre les caracteres suivants : embarras dans l'attitude; plus de lourdeur dans la marche, plus de lenteur dans tous les mouve-ments, hörissement du poil; regard terne, lon­gueur des ongles, traces de furnier ou celles de la carde qui a enlev^ cette ordure, sur les fesses, particulierement du cöt6 gauche, car c'est de ce
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cote qlie l'animal s'est coucW le plus souvent, aussi trouvera-t-on, en I'ouvrant, le rein gauche plus volumineux, plus charge de graisse que le rein droit.
M. Mathieu de Dombasle a proposö une mö-thode propre ä indiquer sur un boeuf le poids de la viande nelte qu'il fournira; eile est fondee sur un principe reconnu par cet eminent agronome .ipres mille (5preuves : c'est que le poids de celte viande est constamment en rapport avec le peri-metre du thorax; on mesure ce perimetre au moyen d'un ruban dont on fixe un bout sur le point le plus eleve du garrot, tandis qu'on fait passer l'autre autour du thorax pour rejoindre le premier : le ruban est divise par des noeuds en plusieurs parlies; l'anterieur, dont l'^tendue est de 1 metre 820 millimetres, denote, en se con-tournant sur le thorax, 175 kilog. de viande nette; les noeuds suivants, placesä des distances inegales, annoncent chacun 25 kilog. de viande nette, d'a-pres les observations et les calculs de l'auteur.
PRODUITS DES B0EÜFS ENGRAISSES.
Us se divisent en viande nette, y compris les os qui se debitent avec eile, et en issues se compo-
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sant du reste du squeleüe, de la masse inlcstinale, du sang, de la graisse, du cuir, etc.
Les issues constituent environ un tiers du poids total, autrement dit brut, de l'animal; cette pro­portion n'est pas la möme dans les bceufs de la Bresse et dans cenx du Charolais. Les premiers, qui sont de pouture, ont, respectivement ä leur volume, les os plus petits, le cuir plus l^ger, le suif plus abondant; ilsfournissentplusde viande, cette viande est plus savoureuse et se conserve plus longtemps; le suif lui-meme est plus abon­dant ä l'int^rienr, proportionnellement h la sur­face, il est plus ferme, plus blanc; des fondeurs fabricants de chandelie reprochent, au suif des animaux engraissamp;s ä l'herbe, d'etre verdätre, peu consistant, de faire h la fönte beaucoup de dachet, de n'elrc pas mur.
D'apres tons ces motifs, les bouchers de Lyon et ceux de Geneve payent plus eher, h egalitö de poids, les bceufs bressans de pouture que les cha­rolais engraisses dans les meilleurs embouches.
Quant ä la proportion entre la viande et le suif, on a cru remarquer qu'elle etait, dans un animal en chair n'ayant pas encore engraisse, h peu pres comme 55 k 4, dans un boeuf demi-gras comme 55 a 6, dans un boeuf gras ordinaire comme 55
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ä 8 ou 9, et dans celui qui est fin gras comme 55 ä 40 ou 12; cette proportion, au reste, admet de grandes variations. M. Pabst dit que les boeufs deWurtemberg/ms-gTOÄ.pesant 300 a 350 kilog. chair nette,ontordinairemententre40et 70kilog. de suif.
La graisse n'a pas la m6me qualite dans toutes les parties du corps; cellequi recouvre les rognons est la plus blanche et la plus compacte, celle qui garnit le m6sentere et l'epiploon est plus fine et moins blanche.
La graisse des jeunes animaux est preferable comme comestible, inKrieure comme mature pre­miere de l'induslrie.
Dans quelques races et chez quelques individus, la graisse est naturellement jaune, eile Test tou-jours dans la vieillesse ; il est des maladies, telles que les cachexies et les hydropisies, qui donnent ä la graisse une teinte blanchdtre et I'aspect gru-meleux du fromage blanc.
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ENGRAISSEMENT DES VACHES.
On engraisse beaucoup moins de vaches que de boeufs en France : il r^sulte des renseignements gtatistiques que j'ai recueillis que (terme moyen),
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sur vingt-deux annöes, il n'est entr6 aunuelle-ment, dans les boucheries de Lyon, que 688 va-ches r^; tandis que le nombre des boeufs qu'on y a regus s'est eleve ä H.SSe f^. La proportion entre les vaches et les boeufs consommes ä Paris n'est pas aussi faible; il resulte, d'un tableau de consommalion pubiie, en 1823, par M. le com to de Chabrol, alors prüfet de la Seine, qu'annee moyenne, depuis 1812 jusqu'en 1822, Paris a consommö 72,874 boeufs, et seulement S,956 va­ches. Et, cependant, la population des vaches est beaucoup plus considerable en France que celle des boeufs: il rösulte, d'un tableau de notre po­pulation generale bovine, trace, en 1812, par M. le comte Chaptal, que nous poss^dions alors :
Taureaux...............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;214,131
Boeufs..................................nbsp; nbsp; 1,701,740
Vaches................................nbsp; nbsp; 3,900,959
G^oisses................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;856,122
Total gtinöral du bdtail de France en 1812. 6,672,952
Nous avons lieu de croire qu'ä Tepoque oil ecrivait M. Chaptal nous ütions plus riches en gros bötail qu'il ne le dit, et nous avons la certi­tude d'une augmentation notable en ce genre de richesse depuis cette öpoque.
D'ou vient qu'on engraisse. si peu de vaches; I.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 26
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leur viande serait-elle de qualite inferieure; Tope-ration serait-elle plus difficile, plus dispendieuse? II est reconnu que la viande des vaches bien en-graissees est plus delicate que celle des meilleurs boeufs gras, et il faudrait peut-6tre moins de temps et de fourrages pour produire la pre­miere que la seconde; mais on devrait mettre les uns et les autres animaux dans les mamp;nes con­ditions, et Ton a generalement int^rM a s'en abstenir.
On conserve les vaches jusqu'ä lavieiIIesse,pour profiter de leurs veaux et de leur lait, et ä cet äge Tengraissement n'est pas facile; dans leur longuc existence, les vaches ont mis bas souvent; elles ont ete fatiguees par une mulsion excessive contre nature; plus que les autres femelles domestiques, elles ont eprouve des ardeurs sensibles, toutes circonstances peu favorables ä 1'accumulation de la graisse; aussi consomme-t-on, dans les cam-pagnes, des vaches maigres ou tres-legerement en-graisste; les vaches laitieres, quifournissentaux villes du lait en nature; les beurrieres, qui, a quelque distance de ces memes villes, donnent du beurre; celles de monlagnes, qui produisent les fromages durs, susceptibles d'etre gardes long-temps et transport^ au l0in, sont, apres avoif
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vecu dix-huita vingt ans, salees dans une grande partie de la France, comme on sale les pores.
II serait bien plus facile d'engraisser des genisses que des bouvillons, et on n'aurait pas besoin de cMtrer cellesci; mais, avantd'envoyer les uns et les autres de ces animaux a la boucherie, on veut profiter de leurs services et de leurs produits.
On croit que, lorsque les vaches ont v6le et donne du lait, il convient de les cMtrer pour en faciliter l'engraissenient. Gelte methodeetait usilee en Allemagne, dans la vue d'assimiler I'engrais des vaches h celui des boeufs, avanl qu'ou l'eüt propos^e pour reduire les vaches ä la condition de machines a lait, en les dispensant de la gestation, de la parturition, de Tallaitement d'un veau donl la valeur, hors les pays d'eleve, ne compense pas le deficit dans la quantite de lait.
Une vache pleine est, plus qu'une vache vide, dispos^e ä I'engrais; aussi les nourrisseurs qui veulent engraisser des vaches s'assurent-ils de leur plenitude avant de les livrer ä ce regime; il fuutqu'il soit combine de maniere ä ce que I'ani-mal puisse 6tre envoy6 ä la boucherie avant le sixieme mois de la gestation; apres ce terms, le veau absorbe trop de nourriture, et l'engraisse-raent s'arramp;e et m6me retrograde.
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Ce ne sont guöre que les mauvaises laitieres que Ton livre ainsi ä l'engrais; mais souvent il a lieu sans que le proprietaire s'cn mftle. II est des va-ches pleines qui, sans 6tre nourries difiF^remment que lesautres portieres, s'engraissent rapidement: certains genres d'aliments plus que d'autres de-terrainent cet effet; telles sont les pommes de terre, surtout cuites. Le proprietaire peut regarder cet ^v^nement comme fAcheux, ne trouvant pas, dans la venle de sa vache au boucher, un d^dom-magement süffisant de la peite du veau, surtout s'il voulait l'elever, et de celle du lait, si la b6te en fournissait beaucoup, et qu'on föt h portee de le vendre en nature.
Au reste, la lactescence et Tengraissement sont incompatibles; tout au plus, la bete pleine peut fournir du lait, quoique toujours diminuant en quantite, jusqu'ä ce qu'elle arrive a un 6tat d'em­bonpoint qu'on peut consid^rer comme le pre­mier degr6 de l'engrais; on diminue graduelle-ment le lait, on facilite I'accumulation de la graisse, en Poignant les traites, les rendant im-parfaites et les supprimant ensuite entierement : on conseille encore, dans la vue de tarir plus tot le lait, de mouiller de temps en temps les ma-melles avec de l'eau froide; quant aux proc^dfe
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d'engraissement, ilssontlesmßmes ponrles boeufs et pour les vaches.
BENEFICES DE L ENGRAISSEMENT ; SES AVANTAGES SOÜS LE RAPPORT DE l'eCONOMIE SOCIALE.
Le benefice de l'engraissement est subordonnü ä l'abondance et aux prix des fourrages. Le culti-vateur qui en achete fait toujours une mauvaise speculation; celui qui engraisse dehors et ä l'herbe doit sacrifier pour chaque boeuf une ötendue de pre qui suffirait au päturage de deux boeufs de travail, ou de deux vaches bonnes laitieres; d'un autre c6t6. les boeufs ä l'engrais sont beaucoup plus difßciles que les autres b6tes bovines sur leur nourriture, ils dedaignent un grand nombre de plantes dont s'accommodent les chevaux; les plantes grossieres rebutces pullulenf, et la prairie se det^riore graduellement; c'est pour prevenir cct inconvenient qu'il est convenu, en Normandie, qu'un herbage de dOO boeufs ne peut etre mange ä profit qu'en y joignant iO chevaux pour con-sommer le refus desdüs 100 bosufs.
Si l'herbe ^tait portee ä l'ötable, il ne faudrait pas le tiers de la prairie livr^e au pdlurage pour alimenter le boeuf äl'engrais. La proportion serait plus forte si Ton s'en rapportait ä des calculs air-
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glais, il faudrait 6 acres de terrain pour nourrir convenablement 5 boeufs au paturage; tandis que, sur le mSme sol, 1 acre de terre sufflrait pour nourrir 5 boeufs ä l'etable (l'acre legale anglaiseest de40a,46).
C'est, au reste, fort rarement qu'on apporte, ä l'etable, de l'herbe verte pour engraisser des boeufs; il serait cependant utile de commencer, quand on le pent, par ce genre d'alimentation.
L'engrais de pouture, bien plus rationnel, comme nous I'avons dit, que celui de paturage, se fait avec du foin, des racines, des farineux, des huileux, des residus de fabriques; il dure environ cent jours en Bresse et sur les montagnes voisines de Lyon : on y a evalue a 1 franc le prix de la ra­tion journaliere de chaque boeuf; il a acquis 100 kilogrammes, il se vendra 100 fr. de plus qu'il n'a coüte : benefice net, la valour du fu­rnier; c'est du moins ce que nous ont dit plusieurs engraisseurs que nous avons consultes; nous n'a-vons pas pris leur calcul ä la lettre, nous avons pensö qu'en evaluant ä 1 franc la döpense jour­nalise d'un bceuf a l'engrais on assimilait le prix du marche ä celui de production, et ce n'est pas a une cer/aine distance de toute vilh que 20 ou m6me 25 kilog. de foin, pas plus que les fourrages
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equivalents ä cette quantite, valent, pour le pro-ducteur, 1 fr. Nous sommes porle ä croire qu'en quelqnes localites du Limousin ou de la Marche, par exemple, oü la journee d'un homme vaut ä peine 70 centimes, on nourrit largement un boeuf ä l'engrais de pouture ä moins de 75 centimes, et ce bceuf, dirigö vers la capitale, y colporte, ä peu de frais, le foin, les raves, las pommes de terrc, la farine de seigle et de ble noir, qu'il a changes en viande et en graisse; et, sans l'industrie de l'engraissement, ces fourrages n'eussent pas amp;e produits, ou le produeteur n'en eöt trouve qu'un emploi beaueoup moins avantageux.
Dans tous les cas, c'estaucultivateur a creer la plus grande quantite de fourrage possible, car la prosperite de l'agriculture est dans l'abondance du fourrage : il en vendra le plus qu'il pourra s'il est ä portee des casernes et des hötelleries, et il verra s'il lui convient d'employer l'excedant de la nourriture de ses bßtes de travail et de ses mou-tons, ou ä l'ölevage, ou ä la laiterie, ou ä l'engrais­sement; il se d^terminera, ä cet egard, d'apräs les localites.
Apres avoir considere l'industrie de l'engraisse­ment, dans rintamp;^t de l'agriculteur qui croit de­voir s'y livrer, si nous l'envisageons sous le point
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de vue de l'^conomie sociale, nous verrons qu'en donnant ä cette industrie un plus grand dövelop-pement nous serions exempts d'un tributon^reux que nous payons ä raranger, pour en obtenir do la viande, du suif, des cuirs, etc. Nous perfection-nerions nos cultures en fumant mieux la terre, en variant davantage les assolements; nous pourrions reduire le sol emblave, d'ou resulterait une plus grande laquo;Stendue de terrain, pour la culture de la laine, du chanvre, du lin, del'huile, j'ose ajouter de la vigne et de la soie; car desseigles cluHifs usurpent trop souvent la place des pampres et des müriers. En donnant de l'extension aux cultures industrielles, textiles, tinctoriales, saccharines, nous alimenterions de plus nombreuses manufac­tures, dont les produits trouveraient de plus nom-breux acheteurs parmi les ouvriers et les paysans rendus plus heureux; mieux nourris, en effet, ils executeraient plus de travail et obtiendraient plus de salaires: c'est ce qui a lieu en Angleterre, oü 1'on engraisse, proportionnellement h I'etendue du territoire et au nombre des habitants, quatre fois plus qu'en France, et oü 1'on consomme de la viande dans les m^mes rapports.
L'usage de la viande est provoquö, en Angle­terre, par son has prix, comparalivement k celui
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du pain : en effet, en ce pays, terre classique de bonne öconomie rurale, si Ton excepte des mor-ceaux de luxe qui se vendent fort eher, un kilog. de beeuf ne se paye pas (terme moyen) le double d'un kilog. de bon pain, et eile nourrit comme trois; en France, au contraire, le prix du pain, tel que le mange le peuple, esl triple et quadruple de celui de la viande, et il est sujet ä de calami-teuses variations, landis que le prix de la viande est presque toujours le m6me.
Le summnm de l'agriculture, a dit Arthur Young, est lorsgue le prix du pain et celui de la viande se rapprochent.
Pour atteindre ce resultat, il faut doubler, tri­pler l'industrie de l'engraissement, ne pratiquer celte operation en plein air que dans quelques riches herbages de la Norreandie, dans quelques embouches succulents du Charolais; partout ail-leurs on mettra en usage la mdthode plus econo-mique de la pouture, et Ton doit bien se pen6-trer que, pour l'engraissement des b^tes bovines, la belterave cuite ou crue, enliere ou apres avoir fourni du sucre et de l'alcool, est un present pro-videntiel encore plus pr(5cieux que ne le fut le turneps pour la Grande-Bretagne, et la pomm de terre pour l'Europe entire. On verra alors dimi-
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nuer le prix de la viande grasse dans la mfirne proportion que le bönefice de l'engraisseur aug-mentera, I'operation, rnieux dirigee, 6tant deve-nue beaucoup moins couteuse.
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DE L'ENGRAISSEMENT
DES BETES A COBNES,
Traduil de Vallemand de J. W, Pabst,
par H. MOLL,
Profcssear de mtoiiique agricole au Conservatoire imperial des arts et metiers.
Actuellement que l'engraissement ä ratable est en pleine activite, l'exposition des principes ra-tionnels qui doivent diriger l'agriculteur dans cette branche importante de reconomie rurale pourra ne pas 6lre sans interöt, surlout lorsqu'on saura que l'auteur de l'excellent ouvrage dont j'extrais cet article a dirige, pendant longues annees, l'engraissement du betail ä Hohenheim (1), dans ie Wurtemberg, pays qui nous envoie, cha-que annee, un nombre considerable de betes
(1) Süperbe domaine appartenant au roi de Wurtemberg et consacrö a unc ferme modele.
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grasses, et qui ne doit qu'ä sa mantere rationnelle de procedcr et h sa bonne agriculture de pouvoir soutenir la concurrence avec les producleurs fnuigais sur nos propres marches, malgr^ le droit protecteur impose ä i'importation des bestiaux.
sect; 1. — BUT DE L'ENGRAISSEMENT.
L'engraissement a pour but la production d'une grande abundance de chair et de graisse, par le moyen d'une nourritwe trös-substantielle, et de cette maniöre I'emploi profitable des fourrages.
Aussi longtemps que les betes ne regoivent que peu de nourriture, aussi longtemps que la sub­stance alimentaire cst employee, soit ä l'agrandis-sement du corps, soit ä la production du lait ou a la reparation des forces necessairespour un tra­vail constant, la formation de la graisse se reduit äpeu de chose; eile devient, au contraire, consi­derable par une nourriture abondante et substan­tielle, jointe ä un repos absolu de l'animal a un Age oü ceiui-ci a dejä acquis toute sa croissance. La suppression de toute fatigue corporelle et 1'absence de toute distraction qui puisse a Hirer fortement l'attention de l'animal, des mpyens debilitants, l'excitation ailiüciclle de l'appetit,
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enfin des aliments de plus en plus nutritifs, aug-mentent ä un tel point cette formation de chair et de graisse, qu'il s'ensuit un veritable etat de ma-ladie, dont le dernier pdriode serait une mort na­turelle si notre interöt n'exigeait pas qu'avant ce lerme la vie de l'animal ne finil ä la boucherie.
Consid^re sous un point de vue, l'engraisse-ment oflre 1'occasion de realiser et d'exporter les fourrages; d'un autre cöte, il est un moyen effl-cace d'obtenir une grande abondance d'excellent fumier. Et en effet, dans aucun autre moded'em-ploi du betail, le fourrage et la litiere consommes ne produisent autant et d'aussi bon fumier que dans l'engraissement, Aussi, ä profits du reste egaux, cette Industrie, par ce seul motif, merite-rait-elle la preference sur la lailerie ou l'eleve, outre qu'elle a sur ces deux branches l'avantage fort grand d'une circulation plus prompte du capital.
sect; 2. — REGLES PR1NCIPALES DE L'ENGRAISSEMENT.
Les rdgles principales ä observer, dans l'en­graissement du b6tail, sont: le bon choix des indi-vidus;la preparation et le choix judicieux des aliments [la methode d'engraissement) ; •— ime transition convenable du systöme de nourriture suivi jusqu'alorsä celm de l'engraissement; la I.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;27
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suppression de toute influence fächeuse qui pour-rait troubler l'animal;enfin ['observation du moment le plus propice pour l'engraissement.
Ces regies sont fort simples en elles-memes ; mais c'est leur bonne application, dans las di­verses circonstances de la pratique, qui offre des difficultes,ainsi quele demontreront de plus longs details.
sect; 3. — CHOIX DES BETES A ENGRAISSER.
Les animaux destines ä l'engraissement doivent präsenter les conditions suivantes :
lquot; Ils doivent 6tre dans un äge oü ils ne crois-sent plus beaucoup; mais, d'un autre cöte, ilne fautpas que leur croissance soit terminamp;e depuis long temps.
2deg; Ils doivent avoir 6te chätres dans leur jeu-nesse.
3deg; II faut qu'ils soient parfaitement sains et qu'ils ne soient pas trop maigres.
4raquo; Ils doivent avoir les formes et les signes qui indiquent gänäralement, dans les hötes, de lapro-pension ä prendre graisse.
1deg; Chez les individus trop jeunes et encore en plelne croissance, les aliments servent plutöt au developperaent du corps qu'a la formation de la graisse; chez les bßtestrop vieilles, les organes de
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la digestion sont dejä afflaiblis, la circulation des sues est diminu£e,la fibre musculaire est devenue grossiere, et le tissu celiulaire est desseche: on n'a qu'ä comparer, pour s'en convaincre, la viande d'une vieille vache ä celle d'un boeuf gras de moyen äge. L'dge qui convient le mieux est celui oü les forces de l'animal sont le plus developpees; c'est, chez le gros betail, de cinq a nouf ans.
Outre l'äge, le regime auquel a ete soumis l'a-niraal jusqu'alors influe beaueoup sur sa disposi­tion ä prendre graisse. Une mauvaise nourriture, surtout dans la jeunesse, un travail excessif et commence trop t6t, une secretion trop abondante de lait proportionnellement ä la nourriture et h la grandeur de l'animal, sont autant decirconstances defavorables et qui detruisent plus t6t chez les animaus la faculty de s'engraisser. Gela explique comment il se fait que de vieilles b6tes s'engrais-sent quelquefois plus facilement que de jeunes. Cependant l'engraissement de bamp;es trop jeunes est, en general, moinschanceux que celui de b6tes trop vieilles : on engraisse, par exemple, avec avantage, dans quelques pays d'61öve, des bfetes de trois äquatre ans. Nöanmoinsil est certain que plus l'animal est jeune, moins la chair en esl ferme et sueculente, et moins il s'y trouve de
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bonne graisse en proportion de la viande.
2deg; Le desir d'accouplement emploie toules les forces de l'animal; aussi les b6tes chez lesquelles il se manifeste frequemment sont-eliesbien moins propres ä l'engraissement que celles chez les­quelles on I'a delruit par la castration.
La chair des taureaux, surtout de ceux qui ont ete employes longtemps au service de la monte, est, en outre, fort grossiere; de teile sorte que, m6me lorsque ces animaux sont cMtramp;gt; plus tard et engraisses, leur viande est toujours plus mau-vaise quecelle des boeufs ordinaires, excepte dans le cas oü ils n'auraient que peu sailli, et oü ils auraient etc employes, apres cette operation, au moins une annee, au service de trait, Intervalle pendant lequel leur chair se renouvelle en grande partie (1). C'est par ce motif, et parce qu'ils de-
ll) Cctte methode est souvent fort avaotageuse ; jel'ai vu pratiquer en Saxe dans une ferme oü je me trouvais comme apprenti cultivatcur. Les taureaux, chAtr^s Ji 6 ou 8 ans, (!taieut employes, un an au plus, aux travaux de l'exploita-tion; aprßs quoi, ils (itaient engraisses avec les autres boeufs, au moyen des resldus d'une brasserie considerable, les bou-chers ne faisaicnt que peu de difference dans le prix de la viande, lorsque ces animaux etaient gras, tandis que 1c fer. raicr trouvait ä les acheter maigres a un prix de moitie ou dos deux tiers införieur ii celui que coütaient les boeufs.
{Note du traducteur.)
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viennent plus propres au travail, que Ton cMtre cUijä, avanl l'äge d'un an, tous les individus miUes quo l'on ne destine pas ä la propagation de l'es-pece.
On n'a pas la coutume de chätrer les vaches; mais il est n^cessaire de faire saillir celles qui entrent en chaleur pendant Tengraissement; il est mßme ä desirer qu'elies deviennent pleines, carcetetat nuitbeaucoup moins a l'engraissement, pendant les premiers mois de la gestation, que le renouvellement frequent de la chaleur. — La viande de jeunes vaches engraissees apres avoir mis has une ou deux fois sculement, et avant d'a-voir donne beaucoup de lait, ne le cede en rien a la viande de boeuf; eile est m6me plus tendre quo cette derniere (1). On assure que ceile des gc-nisses grasses, qui ont prealablement subi la cas­tration, est preferable ä toute autre. La castration des vaches est plus difficile que celle des boeufs; eile est meme dairgereuse chez les Mtes d'un cer­tain hge; aussi est-elle raremenl usitee, excepte peut-6tre en Angleterre et en Italia, oü l'oo
(1) teuchs (dans son ouvrage sur l'engraissement) re-garde avec raison les femelies comme plus propres ä l'en. graisseraent qua les males, parce qu'cllcs ont 1c lissu ccllu-laire et les muscles plus mous et plus dilatables, conditions essentielles pour reugraissement.
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cMlre m6me de jeunes vaches: on la voit aussi pratiquer quelquefois en Suisse et dans la haute Souabe (4).
La mauvaise opinion que Ton a genöralement de la viande de vache provient de ce qu'on ne tue guere qne de vieilles bßtes usees par un long ser­vice. Ces bötes ont naturellement une mauvaise viande qui ne peut fetre amölior^e beaucoup par rengraissement, attendu qu'elles s'engraissent tres-difßcilement. Gelte circonstance est souvent un sujet de desagrement et de perte pour les pro-prietaires de marcaireries (2), qui cherchent tou-jours ä se döfaire, aussi avantageusement que pos­sible, des bfetesqu'ils reforment.
On remarque ordinairement, dans ce cas, que les meilleures laitieres sont celles qui s'engrais­sent le plus mal; cependant on voit aussi des vaches qui, apres avoir donne longtemps du lait en quantite, s'engraissent facilement lorsqu'elles
(1)nbsp; D'apris des experiences faites en Fance it y a quelques anndes,'il paiaitrait que, cn chAtrant les vaches peu de temps aprfcs le vßlagc et avant qu'elles aient 6te saillies de nouveau, clles^conservcraient inddfinimcut la faculty de produire du lait, sans £tre sujettes aux interruptions pdriodiques qu'au-raient la gestation et le part chez les autres vaches.
(Note du Iraducteur.)
(2)nbsp; Etablissements de vaches lailiÄres.
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cessent de servir ä cet usage. Ce sont surlout des bötes ou des races pareilles qui' conviennent dans les grandes marcaireries oü Ton peut joindre la speculation de rengraissement ä celle de la laite-rie; on achete alors des vaches fratches au lait (qui ont mis bas recemment); on les garde jusqu'a ce que la production du lait diminue notable-ment; aprös quoi, on les engraisse au bout de l'annöe. Cette speculation est ordinairement fort avantageuse ä proximite des grandes villes, et lorsqu'on a une brasserie, une distillerie, ou autrc brauche technique analogue dans l'exploitation. 3deg; II est Evident qu'un animal destine h l'en-graissement doit 6lre en bonne santö. Ce sont sur­lout les organes de la digestion et ceux de la res­piration qui doivent amp;tre parfaitement sains, attendu qu'ils ont besoin de toute leur energie pour que l'engraissement s'opere promptement et avec succös : les premiers, h cause de la plus grande quantity d'aliments; les seconds, h cause de la surabondance de sang, qui determine une circulation plus forte. Des animaux qui, par un travail excessifou par une autre cause quelconque, ont soufiert des poumons ne s'engraissent Jamals bien. — En g^nöral, on se trompe fort lorsqu'on esp^re tirer, par l'engraissement, lemeilleurparti
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MANUEL
possible de bamp;es maladives, faibles et en tout ira-propres ä dcvenir grasses; on y perd doublement, car, apres bien des döpenses de fourrages et de temps, la böte vaut ä peine un peu plus qu'aupa-ravant. On doit done se defaire, aussitöt que pos­sible, de toute böte qui montre peu d'accroisse-ment et reste en arriere des autres; eile paye d'au-tant plus mal le fourrage qu'on la garde plus longlemps, tandis qu'une böte saine, mise ä sa place, peut compenser la perte qu'on a ^prouvee sur la premiere.
Les indices d'une bonne sante, chez le gros Letail, sont la vivacitö de l'ceil, la r^gularite du pouls, la nature lisse du poil, la souplesse de la peau, un certain embonpoint.
L'etat dans lequel il convient d'acheter les betes est un point important et sur lequel les opi­nions sont partagees.Un boeuf maigrecoute moins queceluiqui est dejä en chair; mais si Ton con-sidere, d'un autre c6t6, qu'on est moins sür qu'il s'engraissera bien, et qu'on court d'autant plus de risque, sous ce rapport, qu'il est plus maigre; qu'en outre, möme dans le cas le plus heureux, son engraissement est toujours tres-long; si Ton considere que des animaux pareils s'emploient avec plus d'avantage pendant quelque temps, les
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boeufsä an travail modere,les vaches ä donner du lait, et qu'au moyen d'une bonne nourriture, payee en grande partie par ces produils, ils arri-vent bientöt ä un ötat oü Ton peut esperer des chances favorables de l'engraissement; si l'on con-sidere, dis-je, toutes ces circonstances, le des-avantage qu'il y a d'engraisser des b^tes entiere-ment maigres paraitra demontre. Aussi je me range tout ä fait ä l'avis de Favre, qui conseiile laquo; de ne jamais entreprendre l'engraissement laquo; d'une bäte d'un degre tres-bas de maigreur, laquo; quand bien mSme eile serait, du reste, en bonne laquo; sante; raquo; — et je puis ajouter h un prix en ap-parence tres-modique.
4deg; Une condition tres-importante de succes pour quiconque se livre ä la speculation de l'en­graissement, c'est de savoir reconnattre, par I'cx-törieur de Tanimal, la disposition qu'il a de s'en-graisser facilement, car, en observant avec atten­tion les progres d'un certain nombre de b^tes raises a l'engrais, on s'apercevra bien vile qu'ä nourriture egale elles n'augmentent pas toutes uniformement. La difference peut titre teile, que, dedeux boeufsdepoids ögal, Tun exigera le double de fourrage de l'autre pour atteindre le möme degr6 de graisse.
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Les signes caracleristiques principaiu d'un en-graissement facile sont : un corps cylindrique, large et long; une charpenle osseuse, plut6t fine que grosse; une peau souple, dlastique et douce au toucher, recouvrant un tissu cellulaire lache et poreux. L'animal doit avoir, en outre, un tem­perament doux et tranquille, sans toutefois 6tre paresseux , et surtout sans avoir une allure lente et trainanle; il doit montrer un appetit bon et constant, sans avidite. Ces b6tes ont ordinaire-ment une large poitrine, une petite töte, les jambes courtes, mais dcartdes.
Les signes contraires, c'est-ä-dire une peau tres-epaisse et surtout serree, le poil piqud, rude et long, un corps ötroit et des formes saillantes, sont les indices certains d'une mauvaise disposi­tion ä l'engraissement. Si, joint ä cela, l'animal gonfle plus faciiement et plus fortement que d'autres apres avoir mange, s'il raontre, en gene­ral, peu d'appetit, ou s'il a peut-6tre m6me des dejections liquides par le bas ou des acces de toux, on pent 6tre convaincu que son engraissement sera particulierement long et difficile. Du reste, je ne chercherai pas ä decider si les robes claires sont pr6ferables, pour l'engraissement, aux robes foncees, ainsi que le pretendent Leuchs et Favre.
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Le bon choix des bestianx presente de grandes difficultes et demande beaucoup d'experience; m6me le plus habile praticien peut parfois y 6tre trompe. Neanmoins, comme le profit que l'on retire de l'engraissement depend presque entie-rement de ce choix, il est indispensable, pour celui qui veut se livrer en grand ä cette specula­tion , d'acquerir des connaissances precises dans l'appreciation du betail.
Quant ä la taille, il faut se regier, avant tout, sur la facilitd que l'on a de vendre el d'aeheter des bötes grandes ou petites. I.es bouchers, dans les pelites villes et ä la campagne, achetent plus volontiers des bfetes de pelite taille; les bouchers des grandes villes et les marchands qui conduisent des boeufs au loin, et surtout dans les lieux ou ils payent par t6te un droit d'octroi 61eve, recherchenl, au contraire, des animaux de grande taille. Mais, en general, on doit eviter les deux extremes sous ce rapport; la nourriture que consomment des bötes de taille enorme, appliquee ä des btilcs moyennes,procurera presque toujours plus de pro­fit. D'unautrecöle,lebetailtrfes-pelitpeut souvent ne devoir cette petilesse qu'ä un vice d'education ou de regime alimcntaire, et dans ce cas doit otre necessairement peu propre ä l'engraissement.
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sect; 4. — METHODE D'ENGRAISSEMENT.
Le choix et Vassortiment des differentes sub­stances aümentaires, leur preparation et la ma-niere de les employer constituent difßrentes m6-thodes d'engraissement, qui toutes, ndanmoins, doivent se baser sur les principes gdneraux de la nutrition, si Von veut en obtenir du succds dans l'engraissement.
Sous certain rapport, rengraissement est une aberration des principes de la conservation de la vie, car les aninaaux sont mis par la dans un etat contraire ä la nature. II est d'autant plus essen-liel, par ce motif, de ne s'^carter de ces principes que juste ce qu'il faut pour atteindre le but desire.
Je crois necessaire de m'etendre ici un peu plus sur cet objet.
a) Volume des aliments. — Les b6tes ä l'engrais consomraant une bien plus grande quantite d'ali-rnenls quo les aulres, et, ce qui est surtout indis­pensable, devant les digörer parfaitement, I'aug-menlation du volume ne doit pas 6tre en propor­tion de celle de la faculte nutritive de la nourri-ture, sans quo! les organes de I'animal se trouve-i aicnt faliguts, et il en r^sulterait des maladies r.u iicu de rengraissement.
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Le celäbre agriculleur, M. Block, en Silesie, a fait sur ce sujet des experiences, d'oü ii resulte qu'une vache de moyenne taille a besoin, par jour, d'une nourriture qui, avec le degre neces-saire de faculty nulrilive , ait un volume de 0rac,020 en hiver et de Omc-,0o6 en ete (avec des fourrages verts et de la paille). 100 kilog. de fein se reduisant, par la pression, h uu volume d'environ Oquot;10,252 , il s'ensuivrait qu'on aurait besoitgt;, sous le rapport du vo­lume, et pour une böte de celte taille, de 10 ä 12 kilog. defoin, quantite egalement convenable, sous le rapport de la faculty nutritive, pour l'en-trelien d'un animal pared. Si Ton veut I'engrais-ser, on lui donriera done le surplus, non pas en foin,mais en aliments qui, sousun m^me volume, renferment beaucoup plus de valeur nutritive.
b) Preparation et changemenl des aliments. — La digestion doit 6tre secondee par une prepara­tion convenable des fourrages, en les faisanl ha-cher, moudre, tremper, cuire ou fermenter. Ces trois derniers modes surtout conviennent ä l'en-graissement, parce que les aliments traites ainsi favorisent d'une maniere toute parliculiere la for­mation de la graisse.
Un changement et une variation ronvenablcs i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 28
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dans les fourrages, ou m^nie seulement dans la preparation d'une meme substance, contribuent aussi puissamraent ä l'engraissement en excitant l'app^tit de l'animai.
c) Henres de distribution de la nourriture. Donner pen d'aliments ä la fois, mats souvent, en quantite süffisante, mais jamais teile que l'a­nimai ptiisse manger jusqiCau degoüt, est une regle des plus importantes dans la nourriture de tous les bestiaux, mais plus importante encore dans celle des b6tes ä l'engrais, ä tel point que, si Ton ne pouvait trouver des bouviers qui la sui-vissent exactement, qui missent, en general, la plus grande attention , un zele soutenu, un amour ve­ritable, dans l'accomplissement de leurs devoirs, jamais on ne pourrait compter sur un rösultat avantageux dans l'engraissement du betail. —On tomberait namp;mmoins dans im extreme tout aussi prejudiciable, si l'on voulait donnerä manger jour et nuit sans interruption. Les animaux ruminants ont besoin, ächaque repas, de remplir leur pause jusqu'a un certain point; apr^s quoi, il leur faut un long Intervalle de repos, pendant lequel, cou­ches sur leur litiere, ils puissent ruminer ä leur qise; ce repos leur est indispensable, si Ton veut aue la nouniture leur profile. II suffil de donner
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Irois fois ou tout au plus quatre fois, par jour, h. manger, en faisant durer chaque repas deux heures, et enles divisant en plusieurs services (1). d) Transition de la nourrüure suivie jusqu'a-lors ä la nourrüure de l'engraissement. — L'ex­perience aussi bien que ie raisonnement in-diquent assez que cette transition doit s'operer peu ä peu; et je regarde comme mal fondes les principes de cerlains engraisseurs qui veulent que, des ledöbut, on force sur la nourriture, aßn, disent-ils, d'activer davantage les organes de la secretion. II peut 6tre avantageux de donner, des Ie commencement, des substances tres-nour-rissantes et en m6me temps emollienles, comme, par exemple, de Yeau blanche (boisson preparöc avec des matieres farlneuses), afin de fortifier et d'agrandir les vaisseaux; mais on atteindrail mal ce but en doublant de suite la quantity de nour-rHure jusqu'alors donnee. Un boeuf qui pendant longtemps n'a eu que 10 kilog. de foin en man-gera 20 si on les lui donne, surtout si on s'entend ä les bien preparer; neanmoins il ne pourra s'ap-
(1) A Roville, oü l'eDgraissemeDt des bceufs est pratique avec beaueoup de suecös, ou ne douue a maoger que deux fois par jour, ä 6 heures du matiu jusqu'a 8, et ä 3 heures de l'aprfes-midi jusqu'ä 5; aprfes quoi, on ferine les portes, et personne o'eatre plus ä l'etable.
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proprier de suite toutes les parties nutritives de cette masse de fourrages, et ISkilog.donnös pen­dant quelque temps avant de passer aux 20 kilog. auraient produit les m6mes resultats.
Un autre fait non moins avere par 1'experience de tous les bons engraisseurs, c'est que, dans les commencements, les b6tes ä l'engrais se con-tentent de toute espece d'aliments ordinaires, et augmentent plutot en chair qu'en graisse; qu'au contraire, plus tard, lorsqu'elles ont acquis un certain degre d'embonpoint, il faut une nourri-ture plus recherchee, et en particulier des ali­ments renfermant plus de substances nutritives sous un moindre volume, si Ton veut qu'elles contihuent a faire des progres dans I'engraisse-ment. On a remarque, en outre, que les fourrages grossiers, composes,en grandepartie,de fibre v6-getale, de mucilage et de fecule brute (comme le foin, le fourrage vert, les pommes de terre, etc.), influent particulierement sur la formation de la viande; tandis que d'aulres, renfermant beaucoup de gluten, de mucilage sucre, d'huile, de fecule changee par Teffet de la fermentation (comme le grain, surtout apres qu'il est fermente, les tour-teaux d'huile, les dröches de brasseurs, etc.), in­fluent davantage sur la formation de la graisse.
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De ces divers fails il resulte la regle suivante pour le regime convenable h suivre chez un ani­mal qui, comme cela a lieu ordinairement, se trouve dans un amp;at moyen de maigreurlorsqu'on commence h l'engraisser :
Dans les premieressemainesde l'engraissement, on augmentera peu ä peu la nourriture que Vani­mal a eue jusqu'alors (foin, fourrage vert.racines avec paille, etc.), en y ajoutant peut-etre wie boisson nourrissanie. Jusque-lä, les bites peuvent encore itre employees soit ä un travail modere, soit ä donner un peu de lait. Lorsqu'on a atteint le point oü l'animal ne se soucie plus d'une aug­mentation de cette nourriture et qu'il denote im accroissement marque, on cessera de tirer de lui tout service quelconque, et on ajoutera ä sa nour­riture des aliments plus substantiels et agissant davantage sur la production de la graisse. A me-sureque les bates deviendront grasses, on suppri-merapeu ä peu une par tie des fourragesgrossiers, et on les remplacera par des aliments plus con­centres et plus nutritifs.
Quänd, au contraire, on engraisse des b^tes qui sont d^ja en chair, on congoit qu'il est plus avan-lageux de d^buter incontinent par la ration en-tifere de l'engraissement, sans avoir besoin du re­gime transitoire, car il ne faut pas oublier que
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les anitnaux n'emploient ä la formation de la graisse que le surplus des alimenls qui lew sent necessaires pour persMrer dans lew 4lal, d'ou il suit qu'un engraissement prompt est plus avanla-geux que celui qui est lire' en longueur.
Je passe maintenant ä la description des prin-cipales m^thodes d'engraissement, bashes sur les diverses substances alimentaires qui y sont parti-culierement employees; il est entendu qu'aucune de ces substances n'est donnee seule, mais qu'elle compose seulement la partie essentielle de la nour-riture.
Chacun jugera, d'apres les circonstances oü il se trouve, laquelle de ces methodes est la plus profitable pour lui.
[a] Engraissement avec les fourrages sees.
Cette mäthode n'est praticable et avantageuse que dans les contrees oü une grande partie du sol est en prairies naturellesj et oü les fourrages sont d'une qualite superieure, comme cela a lieu dans quelques contrees basses ou montagneuses.
Le foin ordinaire influe peu sur la formation de la graisse; d'ailleurs il en faut un trop grand volume pour former la quantite de parties nutri­tives nöcessaire ä 1'engraissement de l'animal;
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une addition de bon regain, en supprimant une partiedu foin, ameliore la nourriture. Dans tous les cas, une bonne preparation du fourrage est in­dispensable avec ce mode de nourriture; une partie au moins doit 6tre hachee, ou, mieux encore, trempee. Leuchs conseiile d'employer du foin brun (foin mis en tas lorsqu'il n'est encore qu'ä moitie sec); et, en effet, ce fourrage est tr^s-propre ä l'engraissement, ayant subi sa fermen­tation et renfermant plus de parties nutritives sous un volume bien moindre que le foin ordi­naire. 11 est seulement ä regretter que sa confec­tion präsente autant dedifficultes et demande au-tant d'habiletö et d'experience pour qu'on en ob-tienne de bons resultats. Le foin sale est aussi meilleur que l'autre pour l'engraissement (1).
Thaer (2) suppose qu'un boeuf de moyenne taille qui consomme journellement 20 kilogr. de foin et regain augmente par jour de pres de 1 kilogr. Mayer (3) calcule aussi, avec une nour-
(1)nbsp; L'auteur veut parier probablement de foin auquel oo a m(-U. du sei au moment oü on l'eotasse daus les (cuils ou en mcules, pratique usitöe daus plusieurs contr^es de l'Al-lemagne, oü le sei n'est pas somnis ä de lourds imp6ts. Ce foin, au dire des eultivateurs, est, en effet, sup^rieur ä l'auire pour la nourriture du betail. (Note du traduclcur.-.
(2)nbsp; Principes raisonnös d'Agriculture, tome i.
(3)nbsp; Traits des baux.
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riture pareille, sur une augmentation journaliere de 960 grammes pendant les cent douze jours que dure rengraissement. Des boeufs de tres-grande taille peuvent aussi consommer jusqu'ili 24 kilogr. et plus de bons foin et regain. On peut compter qu'un boeuf en etat ordinaire de maigreur ac-querra, avee cetle nourrilure, un degre passable de graisse en vingt ä vingt-cinq semaines. Une addition d'un peu de grain, dans la seconde pe-riode de l'engraissement, se payera certainement par un accroissement plus rapide et une plus grande quantite de graisse.
Le bon foin de trifle est gdneralement estime pour l'engraissement du betail, surtout lorsqu'on donne en meme temps des aliments liquides, comme, par exemple, des residus de dlstillerie, parce que ce foin a la propriety d'exciter la soif. Le trefle seche par la raethode Klappmayer (par consequent, fermente) jouit probabiement des me-•Mes qualites que le foin brun. Favre regarde le foin d'esparcette ou sainfoin comme le meillcur fourrage sec pour l'engraissement.
Du reste, une addition de fourrage sec est utile ou m6me souvent indispensable dans ious les aulres modes d'engraissement.
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(6) Engraissement avec des fourrages verts.
On pent ausst engraisser avec du trefle, de la luzerne ou im autre fourrage vert qui ne contient pas trop de sues aqueux; nöanmoins, avec cette nourriture employee seule, on ne peut jamais pousser ses bates' qu'ä un degre mediocre de graisse.
En general, il est toujours chanceux de donner au bötail la qnanlitö d'aliments verts necessaire pour les engraisser; car il y a ä craindre, d'une part, la metöorisation, de l'autre des affections des voies digestives, accidents qui tous deux re-tardent de beaueoup Tengraissemerit. On rempla-cera, par ce motif, avec beaueoup d'avantage, une partie du vert, quand m6me ce serait la plus pe­tite, par du foin ou un autre fourrage sec, et m^mepar la paille que l'on m^lehachee aux four-rages verts. On atteindra encore mieux le but en ajoutant, au moins dans la derniere moitie de l'engraissement, une boisson nourrissante faite soit avec du grain moulu, soit avec des tourteaus d'huile.
Un boeuf de moyenne taille consomme jusqu'ä 100 kilogr. de trefle vert; on arrive ä cette quan-
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tite en augmentant progressivement, de m^rne que pour les fourrages sees, dans la proportion de a ä 2 kilogr. 1/2 de vert pour 1 kilogr. de foin. Riem fait mention d'un mode particulier d'en-graissement au vert. Le fourrage de vignes, em­ploye dans ce but, est tass6 dans des corbeilles qu'on laisse, pendant six jours, dans des cuves remplies d'eau, oü il eprouve une certaine fer­mentation, a Dans les commencements, dit Riem, laquo; le betail n'aimepascette nourriture; aussi ne laquo; la lui donne-t-on qu'a moitie, avec des ali-laquo; ments qui lui sont plus agreables; plus tard, il laquo; la mange avec plaisir, et s'engraisse prompte-laquo; ment. raquo;
(c) Engraissement au päturage.
Dans la plupart des conträes oü Von possdde de bons päturages et oü Von s'entend ä les bien entre-tenir, on est dans l'usage de s'en servir ä l'en-graissement du bitail, et, lorsqu'ils sont d'une qualite suptrieure, les betes y acquiörent un haut point de graisse.
11 s'entend que les päturages qui produisent une nourriture abondante peuventseuls 6tre employes ä cet usage. Ges päturages sont ou naturels ou ar-tificiels. Les premiers se rencontrent dans les con-
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trees basses de l'Allemagne, de la Hollande, de l'Angleterre et de la France : on cmploie aussi, avec succes, en Suisse, dans le Tyrol et dans las Vosges, etc., les meilleurs päturages des mon-tagnes a Tengraissement des b6tes ä comes. Les päturages artificiels se voient principalement en Angleterre, dans le Mecklembourg, etc.
Selon la nature des päturages et l'etat dans le-quel se trouve le betail au moment oü on l'y met, on peut changer ce dernier (on pent emboucher) une ou deux fois dans l'espace d'un etö, et Ton compte dix a vingt semaines pour I'engraissement complet d'un bceuf. Dans des cas extraordinaires, et lorsque le betail est dejä en bon etat au debut de I'engraissement, on peut emboucher jusqu'ä trois fois, depuis le printemps jusqu'en automne.
Selon la nature du päturage et la taille des betes, il faut de 58 ä 75 ares de superficie pour chaque boeuf.
Quant aux soins ä donner aux animaux pen­dant leur engraissement, on observera les regies suivantes :
1deg; On leur procurera les abris ndcessaires pen­dant le mauvais temps.
2deg; On övitera tout ce qui peut les distraire et les troubler.
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3deg; On n'embouchera que lorsque I'herbe a, au moins, la hauteur de la main.
4deg; On donnera au betail dejä gras les parlies ou I'herbe est la plus haute; celles qu'llquitle seront donn^es au betail en chair, qui, de son cote, abandonnera au betail maigre, nouvellement achete, les places oü 11 s'est nourri jusqu'alors.
5deg; On divisera les pAturages en autant de par-celles separ^es que possible, afin de ne nourrir qu'un petit nombre de bötes; 11 est de regle de ne pas mettre plus de six ä dix Utes dans chaque di­vision.
6deg; On procurera au betail l'occasion de se frotter, car l'excitation qui en resulte ä la peau est tres-favorable ä la formation du tissu grais-seux; de lä, aussi, le bon effet des frictions et du pansement ä la main dans l'engraissement du be­tail. 11 s'entend que le betail ne doit pas man-quer d'eau pour boire.
Dans plusieurs contrees, par exemple dans le Voigtland (Saxe), on se sert du pälurage au pi­quet pour engraisser des boeufs (1).
(I) Par ce mode de päturage, chaque Ute est attacWe, au moyen d'une lonsue corde, ä un piquet plaotö cn terre, et que l'on transporte d'une place a une aulre ä mesure qu'elles sont broutees. (Note du tradueteur.)
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[d] Engraissement avec des racines.
Tonte espdce de racine alimentaire est propre a servir ä l'engraissement du Mtail; mais, pour employer ces aliments avec (wantage, il ne faut pas quits forment plus de la moitie de la nourri-ture; le reste doit se composer de fourrages sees, et, s'il est possible, d'une petite quantite de grain.
En ne donnant que de la paille avec les radncs, on ne pousse les animaux qu'ä un degre mediocre de graisse; on arrivera plus loin avec de bon foin ou de bon regain, tout en supposant qu'on donne encore en m6me temps un peu de paille hachee en melange avec les racines. Au moyen d'une ad­dition de grain, surtout vers les derniers temps, afin de favoriser la formation du tissu graisseux, on pourra produire des animaux fins-gras.
On fait subir aux differentes racines des prepa­rations variees qui tendent h les rendre plus pro­pres ä l'engraissement. La plus simple consiste ä les hacher toutes les fois qu'elles sont trop grosses. C'est ainsi que Ton fait ordinairement consommer toutes les especes de raves; il est rare qn'on les cuise. En Souabe, on les fait aussi aigrir a la ma-i,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 29
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niere de la choucroute (choux aigres) (4). Les pommes de terre se donnent plus souvent crues qua cuites. Toutefois, lorsqu'elles entrant pour beaucoup dans la nourriture des betes, il vaut mieux en faire cuire au moins une partie, car elles favorisent beaucoup plus I'engraissement 6tant cuites qua crues; outre cala, les pommes da terra crues, consomm^as en forte proportion, causent de la faiblesse et des maladies dans les or-ganes digestifs. La mamp;hode de Pictet, qui con-siste ä les räper, puis ä les soumettre ä une pres-sion qui laur anleve leur eau de vegetation, serait aussi fort applicable dans I'engraissement das boeufs (2).
Du raste, las bouchers estiment peu la chair et la graisse d'animaux engraisses principalamant avac des pommes de tarre; ils pröförent celle des bötes engraissees avec d'autres racines.
Un melange de cas dernieres avec das pommes
(1) II n'est pas douteiu que les r^sidus des fabriques de sucre de betterave ne soient aussi une trfes bonne nourriture pour Tengraisseineut du bdtail.
[2] Dans Ips Vosges, on nc cuit les pommes de terre qu'ä moittä, souvent mime on ne fait que les lebauder; e'est ce qu'on appclle leur enlever leur erudite, llparattque cette preparation simple et peu coüleuse leur enlive, en effet, une partie des principes döletferes qui rendent dangereuses les pommes de terre crues. (Note du Iraducteur.)
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de terre convient tres-bien pour l'engraissement du betail.
Thaer compte, par jour, pour 1 boeuf moyen, 50 ä 55 kilogr. de pommes de lerre et betteraves m^I^es, et avec cela S ä 7 kilogr. 1/2 de foin et pailie; il suppose qu'avec celte nourriture il aug-mente, dans l'espace de vingt semaines, journel-lement de 1 kilogr.; ainsi autant qu'avec 20 kilogr. de foin.
A Hohenheim, de gros boeufs qui atteignaient un poids d'environ 400 kilog., chair nette, rece-vaientpar tÄtejournellement :
35 kil. de betteraves,
41/2 de grain moulu, 6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; de foin et regain,
11/2 depaille.
Dans un autre engraissement, chaque boeuf re-cevait par jour :
An com. de V. le milieu de A la flu de „ ,.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;l'engr.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; l'engr.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I'engr.
Betteraves et pommes
de lerre.......nbsp; nbsp; 15 kil.nbsp; nbsp; nbsp; 22 kil.nbsp; nbsp; nbsp;10 kil.
Regain........nbsp; nbsp; nbsp;7,50nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 7,50nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;10
Grain moulu.....nbsp; nbsp; nbsp; 3nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 5nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 7 50
Plaquo;aie.........nbsp; nbsp; nbsp;2,50nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2,50nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2^50
Au moyen de celte nourriture, de gros boeufs, passablement maigres, se sont engraiss^s parfaite-ment dans treize ä quinze semaines.
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(e) Engraissement avec des residus.
Les rdsidus de brasseries et de distilleries de grains ou de pommes de terre ne peüvent, dans la plupart des cas, 6tre mieux employes qua l'en-graissement du betail.
Lcs aliments liquides et chauds conviennent, en general, aus b6tes a l'engrais; mais il leur faut en rn^me temps des fourroges sees. Une partie de ces derniers, foin ou paille, peut se donner en-liere; l'autre est couple et m61ee aus residus. Lorsquece sont des rfeidus de distilleries, onopere ce melange pendant que ceux-ci sont encore chauds, et on laisse le tout tremper l'espace d'une demi-journee; la partie liquide est donnee comme boisson. De celte maniere, les fourrages sees, en se ramollissant, deviennent plus nutritifs.
Un boeuf de moyenne taille consomme, chaque jour, de 65 ä 80 litres de residus de distilleries, provenant d'environ 15 ä 20 kilogr. de grain, ou de 60 ä 70 kilogr. de pommes de terre (1). On lui
(1) la valeur nutritive des residus dopend noD-seulement des matures employees, mais aussi des precede ; eile est d'autant plus grande que la fermentation, ou la distillation, ou le brassage, out cu lieu plus imparfaitement, en suppo-santque celte imperfection n'ait pas rendu les residus plus ai^res qu'a Vordinairc. {Hole du traducleur.)
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donnera, en outre, 8 ä 10 kilogr. de foin et paille, dout une partie sera hachee et trempee, l'autre entiere. Au Heu de foin, on peut aussi faire trem-per du trefle sec, du regain, des tiges de trefle porte-graine, des balles de trefle, de ceröa-les, etc. (1).
Les boeufs nourris avec des ramp;sidus de distille­ries, quoique devenant tres-gras, ont ordinaire-ment la chair et la graisse un peu spongieuses, et sont peu propres ä lt;Hre conduits au loin. On ob-vie ä ces defauts en leur donnant, vers les der-niers temps, moins de residus, que l'on remplace par de bon regain et nn peu de grain moulu. — En Angleterre,. on regarde la viande de ces boeufs comme une des plus mauvaises, et les bouchers ne les achetent, dit-on, qu'en secret; neanmoins il esl probable que celte opinion repose en partie sur un prejugö; pent-ßtre aussi donne-t-on trop peu d'aliments solides avec les residus.
Les residus de brasseries (la dr6che) sont prefe-rables ä ceux de distilleries, parce qu'ils contien-nent plus de substance solide, qu'ils proviennent de grain germe, et qu'ils ne sont pas aigres; ilsle
(1) Daos plusieurs fermes d'Allcmagnc oü je me suis Irouve, oo employait avec succ^s, dans ce but, les siliques de colza el les geriues d'orge resullaut du maltage du gtaiu daus les brasseries.
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deviennent toutefois lorsqu'on veut les conserver. C'est ce qui a lieu dans plusieurs contr^es de la ßaviere et de la Belgique, oü Ton ne brasse qu'en hiver. On met alors les residus dans des especes de citernes pour les employer en 6i6; on 6vite de donner au betail beaucoup de ces rösidus conser­ves ä cause de leur aciditö. Du reste, on regarde les rösidus provenant d'un kilog. de malt (grain germ^) comme öquivalant ä un kilog. de foin. Un boßuf a l'engrais consomme, par jour, 18 ä 24 kil. de malt, avec 6 ä 8 kilogr. de fourrages sees, qui, au besoin, peuvent n'6tre que de la paille.
Les residus de fabriques d'amidon sont tres-nu-tritifs, et, par consequent, un bon moyen d'en-graissement; mais ils demandent ä 6tre donnfe avec precaution (1).
(/quot;) Engraissemenl avec du grain et des tourteaux d'huile.
Ces substances sont regardees avec ruison comme des aliments qui favorisent le plus la for­mation de la graisse; toutefois il n'est avantageux
(1) L'eraploi de ces diverses substances exige, du reste, la plus graude propret6 et les plus grands soins. Jamals on ne doit mettre de nouveaux residus solt dans les vaisseaux oü on les conserve, solt dans les mangeolres des auiraaux, avani
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d'en composer la majeure partie de la nourriture des animaux que lorsque le prix en est bas et que celui des bates grasses est trös-elevä.
S'il y a rarement profit reel ä engraisser des boeufs presque uniquement avec des grains ou des tourteaux, il y a avantage, dans lous les cas et avec presque tous les modes d'engraissement, ä les donner en petite quantite, comme addition aux autres aliments, surtout vers les derniers temps.
Plus le grain est pesant et riche en albumine, en gluten (1), en matiere saccharine, plus il est propre ä Pengraissement. Le mais, les feves, les pois, les vesces conviennent, par cette raison, specialement ä cet usage.
Les bons effets des grains dans l'engraissement dependent encore davantage de la preparation qu'on leur fait subir, la plus simple consisteä les faire moudre : on les melange alors avec de la paille hach^e, des racines et autres aliments; une
d'avoir enlevö cc qui roste des aociciis, et d'avoir bicn net-toj'6 ces vaisseaux. On aura la precaution d'y passer, dc temps ä autre, de l'eau de cbaux, pour enlever toute aci-dit6. (Note du traducteur.)
(1) Deux substances de nature animate qui se trouvcnt dans les semences des plantes et qui en Torment les parties les plus nutritives. (Note du traducteur.)
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parlie pent anssi 6tre deblayee dans de l'eau, avec un peu de sei (eau blanche]. Ces deux methodes peuvent s'employer simulfanement, lorsqu'on donne en möme temps une ration süffisante de fourrages sees. Neanmoins, si la portion de grain est tres-forte, il vaut mieux ne pas tout faire con-sommer de cette maniere, mais en faire cuire ou fermenter une partie. Les grains quelconques cuits jusqu'a ce qu'ils crevent offrent une nourrl-ture tres-agrcable au betail et sont ires-faciles ä 6tre digeres; si i'on emploieen möme temps l'eau qui a servi ä les cuire pour faire tremper du four-rage hache, on tirera certainement de cette ma­niere le meilleur parti possible de la nourriture avec des grains, sans compter que la caisson est souvent moins chere que la mouture. Cette me-thode est pratiquee avec succes dans plusieurs contrees de l'Allemagne, par exemple dans le duche d'Altenbourg, dans le district du Voigt­land, etc.
Le grain mis en päte et fermente ä l'instar de la pate qui sert a faire le pain est regarde, par les engraisseurs de la Franconie (1), de l'Alsace, du
(1) M. Schlier, fermier des domaines de la couronne ä Wiirtzbourg, engraisse, chaque auace et avec le plus grand succes, uue quaniiie notable de bites par cette metbode.
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Limousin et de plusieurs autres contröes, comme le moyen le plus efficace d'engraisser lebetaii. On delaye, ä cet effet, chaque jour, le grain moulu avec del'eau tiede, de maniere ä en faire unepäte epaisse, ä laquelle on ajoute du levain. On peut y metlre des pommes de terre et autres substances analogues. Au bout de vingt-quatre heures, on delaye la päte avec de l'eau tiede, et on la donne au betau, partie comme boisson, partie comme nourriture melangee avec des fourrages haches. On aura sein, avec cette methode, de tenir les vaisseaux et les mangeoires tres-propres, sans quoi ils prennent un goüt et une odeur repous-sants. II est, en oulre, bon d'alterner de temps h autre la nourriture aigre avec une nourriture non fermentee (du grain simplement concasse, du foin, etc.).
II est prouve aujourd'hui que le grain germö (ä la maniere des brasseurs), le grain petri et cuit comme lepain, engraissent parfaitement le bötail, et ces experiences reiterees tendraient möme ä faire croire que la valeur nutritive plus grando qu'acquiert le grain par ces preparations com-pense, dans la plupart des cas, les frais qu'elles occasionnent.
Lorsque le grain compose la nourriture princi-
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pale des bates ä Tengrais, il en faut, h un boeuf d'environ 350 kilogr. de chair nette, 8 ä lOkilogr. par jour, avec un poids egal de fourrage sec (foin et paille) en partie hach6 et m616 au grain d'une maniere ou d'une autre, et en partie entier. — Avec cette nourriture, on pent compter sur un accroissement de 10 kilogr. et plus par semaine. Les tourleaux d'huile ne sont pas moins pr^-cieux que les grains pour l'engraissement des bes-tiaux, surtout comme assaisonnements de four-rages plus grossiers; neanmoins on peut aussi les employer en forte proportion et en faire con-sommer par jour ä un boeuf jusqu'ä 8 kilogr. en partie öcrasds et melangds de fourrage hachö, et en partie d^layfe dans de l'eau comme boisson. On suppose naturellement, outre cette nourriture, la quantity de fourrages sees et autres n^cessaire pour remplir convenablement l'estomac de l'ani-raal. — Les tourteaux de lin sont gön^ralement regardes comme meilleurs que ceux de colza et de navette; ceux de faines ne valent rien (1). Les tourteaux de noix sont, au contraire, fort estimös. — On pretend, du reste, que les tourteaux don-
(1) Cependant les huiliers qui engraissaient beaueoup m'ont assure; les avoir employes avec succ£s, et m6me ne pas avoir remarque beaueoup de difference entre ces tour-
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nes en grande quantite communiquent ä la graisse une nuance jaune. — En Angleterre, on a trouv^ les substances huileuses si efficaces pour l'engrais-semenl, que non-seulement on fait manger aux b£tes de la graine de lin (ecras£e et trempee dans del'eau bouillante), mais qu'on leurdonne encore, vers la fin de l'engraissement, une addition d'huile de lin [I).
Nous avons encore ä mentionner ici les glands et les marrons d'Inde comme pouvant servir ä l'engraissement. Comme ces substances ont n^an-moins des qualites astringentes et ('chauffanles, il est necessaire de donner en m6me temps des ali­ments aqueux et rafraichissants, comme raves et autres. En automne, aussi longtemps que les glands et les marrons sont encore frais, on se contente de les öcraser. — Pour I'hiver, on les fait sicher et moudre; dans tous les cas, on les ^chaude avec de l'eau bouillante en m6me temps que des four-rages baches; on peut aussi laisser tremper les glands dans Teau pendant plusieurs jours avant
team et ceux de navette sous le rapport de la faculty nutri­tive : au reste, on ea fait consommer actuellement aux boeufs de ramp;ablissemeut, et ('experience! demontrcra bientdt leurs effets sur reugraissemeot. (Note du traducteur.)
(1) Thaer, Inlrodwtion ä l'agricullure anglaise, tome 3.
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3ägnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MANUEL
de les faire consomraer; ils perdent ainsi une partie de leur amertume.
A Hohenheim, nous avons une fois engraissd des boeufs avec des glands, des betteraves, du foin et un peu de grain moulu. Ils ont bien pris; mais la proportion de la graisse avec la chair n'a pas ete satisfaisante pour les bouchers; d'oü on pourrait conclure que les glands influent plus sur la production de la viande que sur celle de la graisse.
sect; 5. — QUANTITE NECESSAIRE d'ALIMENTS.
Determiner la quantite d'aliments nöcessaire ä un bceuf, d'apräs le poids de Vanimal, est chose d'autant plus difficile que cette quantiU depend non-seulement de la preparation et du melange des difförentes substances alimentaires, mais en­core des soins que l'on donne ä Vanimal, de mamp;me que de la disposition qu'ilaäs'engraisser.
En supposant, du reste, toutes les circonstances favorables, on ne pent jaraais admettre que comme approximatif le calcul d'apres lequel un bceuf, pour s'engraisser parfnitement et aussi prompte-ment que possible, aurait besoin, pendant tout le temps de I'engraissemenl, du double de la nourri-
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ture qui lui est ne'cessaire pour persevamp;er dans vn etat moyen de maigreur avec un travail mo­dere. En partant de cette base, un gros bceuf qui consomme ordinairement 12 kilogr. 1/2 de foin devrait en recevoir 2S dans rengraissement.
J'ai precedemment pose en principe qu'un boeuf, en etat ordinaire de service, a besoin par jour, pour cbaque SO kilogr. qn'il pese en vie, de 2 kilogr. 250 de foin, ou I'amp;juivalent en autrcs aliments (1); ii suivrait de la quo, dans I'engrais-sement, 2 kilogr. 1/2 de foin seraient necessaires pour le m6me poids vivant de SO kilogr. Toute-fois ce calcul n'est juste que chez les animoux maigres; chez un boeuf dejä gras, la valeur de 2 kilogr. de foin pour chaque SO kilogr., poids
(1) M. le comte d'Angcville, dans son excellent Mdmoire sur les /Vinfi'eres, prend ce m4me chiö're pour base ; je vois ccpeudantque,ärexception dequclques localiU's privilegR'es sous le rapport de la quality des fourrages, ce chiffre est trop bas, et que, dans la plupart des cas, 1 kil. 400 ou mfemi; 1 kil 5;:0 dc foin sont necessaires pour chaque50 kil. du poids vivant de l'aniraal. Je ne saurais, par esemplo, ddcider s'il cxiste ä cct egard une dilTerence cntrc les vaches laitiires et les boeufs de travail; cependant jc serais portc ä croire que la ration d'enlrelicn (celle avec laquelle les boeufs n'augmentent ni ne diminuent) doit 6lre uu pen plus (Slev(5e pour les premiferes, surtout lorsqu'cllcs sont bonnes' laitiires, que pour les seconds, en supposant un travail mo-diir^. [Note du Iraducleur.)
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vivant, suffit ordlnairement; et, pour tout le temps de l'engraissement, une moyenne de 2 kilogr. 250 peut fetre consider^ comme assez juste. Ainsi, un bceuf de 4SO kilogr., poids vivant, lorsqu'il aura atteint la pleine ration d'engraisse-ment, consommera par jour 22li,500 de foin (ou l'dquivalent en autre nourriture); vers le milieu de l'engraissement, il pourra peser 500 kilogr., et vers la fin 550 kilogr.; arriv6 ä ce point, il n'aura plus besoin que de 2 kilogr. de foin tout au plus par 50 kilogr. de poids vivant; mais aussi n'augmentera-t-il plus que lentement.
Un autre calcul, employe dans plusieurs con-trdes, est qu'un boeuf, pour arriver de l'ölat maigre ä un bon point d'engraissement, a besoin d'autant de nourriture qu'une vache de la m6me espece pendant toute l'annee pour persevörer dans un etat moyen en donnant son prodult ordinaire en lait. En supposant qu'une vache consomme par jour 40 kilogr. de foin, un boeuf s'engraissant en cinq mois, la nourriture serait ä celle de la vacbe comme 12 ä 5; 11 recevrait done journellement 24 kilogr. de foin.
Du reste, les regies qui viennent d'etre don-n^es sont des g^nöralit^s que lecultivateur pourra prendre pour point de depart dans ses operations,
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mais qu'il modifiera selon les circonstances, comme, en general, il doit le faire en tout.
sect; 6. — MOYENS D'ACTIVER l'ENGBAISSEMENT.
On compte parmi ces moyens ; 1deg; Ze sei; 2quot; les substances amdres; 3deg; l'antimoine et le soufre; 4deg; l'eau-de-vie; 5deg; les saignöes; 6deg; l'obscuritö dans les etables; 7deg; lapropreU.
Si le sei, consid^ g^neralement comme faci-litant la digestion et stimulant l'app^tit, est em­ploy^ dans ce but avec succös pour tous nos bes-tiaux, ä plus forte raison doit-il presenter de l'avantage dans Tengraissement des animaux, et Ton ne manque pas de faits qui prouvent qu'une forte addition de sei se paye, en effet, largement dans l'engraissement. Du reste, il faut avoir ^gard a la nature des aliments pour la quantite ä donner; une nourriture ferment^e, acide, en necessite moins que des aliments raucilagineux, meteorisants ou difficiles ä dig6rer. Une trop forte dose affaiblirait les b6tes et leur causerait des diar-rh^es; n^anmoins on pent, en toutesurete, donner aux bamp;es ä l'engrais le double et m6me le triple de ce qu'on donneordinairementaux bMes, cequi peut aller jusqu'ä 1 kil. 1/2 ä 3 kil. par mois.
Le sei se donne melange aux aliments ou dans
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la boisson : on peut encore le präsenter ä lecher aux animaux. La premiere methode m^rite la preference, parce que les b6tes mangent plus vo-lonliers les fourrages impregnes de sei.
Quelques substances ameres et aromatiques, comme la gentiane, les grains de geniövre et au-tres, employees de temps en temps a la dose de 60 k 100grammes par b6te, peuvent favoriserl'engrais-sement en fortifiant les organes digestifs (i).
Quant ä Tantimoine, les opinions sont parta-gees sur ses effets : plusieurs personnes le regar-dent comme tr^s-convenable, d'autres comme un moyen de supercherie pour faire parattre I'animal plus gras qu'il ne Test en realite. — II est bieii reconnu qae cette substance a la propriety de
(1) II n'y a aucun doute que tout ce qui angmeoterenergic des organes digestifs ne favorise I'engraisseraent; mais, d'un autre töte, il est tout aussi noloire qu'uu ctat d'excitation ct dVchauffement du corps animal est enti^rement eoiitrairc ä la formation du lissu graisseux. Malheureusemeut tons les moyens toniques, et particuliferement ceux mentionuös ici, out pour etfet, sur I'economie animale, de produire cctetat : aussi je regarde leur emploi comme inutile ou niöme nui-sible chez les b4tes saines et vigoureuses, surtout au com­mencement; mais il peut presenter de l'avantage chez les animaux vieux, debiles ou trfes-lymphatiques, nourris avec des fourrages aqueux et malsains. 11 peut encore (Stre bon vers la fin de l'engraissement, lorsqu'ou ycat le pousser loin. (Note dutraducteur.)
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1)U BOUVIEB.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 353
dilater fortement la peau et le tissu cellulaire ; sous ce rapport, donnee en m6me temps qu'une bonne nourriture, ä la dose de 15 grammes tout au plus en huit jours par töte de betail, eile peut, en effet, favoriser et acliver 1'engraissement; mais, si on voulait I'employer a plus forte dose dans l'espoir d'epargner des fourrages, on n'ob-tiendrait plus, en effet, qu'un embonpoint appa­rent et trompeur. — Le soufre agit de la mtime maniere; mais il convient moins encore. Des ex­periences norabreuses out demontre que I'eau-de-vic en petite quanlite favorise la formation de la graisse; aussi a-t-on trouve avantageux d'en donner jusqu'ä la dose journaliere de 1/2 kilogr. par bceuf vers la fin de i'engraissement. II est probable que e'est la presence de ralcoo! (esprit) qui rend les aliments fermentes si convenables aux b6tes ä l'engrais et qui fait que les residus ma! distilles sont meiileurs que les autres.
Quant aux saignees, en Angleterre et ea Italie, on assure avoir eprouve qu'elles favorisaient la formation de la graisse; mais ce resullat est tene­ment contraire ä loules les lois de l'alimentalion, qu'on ne peut, avec raison, en faire une regie ge-nerale ; les saignees sont applicables tout au plus chcz des individus exlrßmement sanguins et vifs,
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et encore seulement vers lafin de l'engraissemenl, lorsque la masse du sang est devenue trop consi­derable (1).
L'obscurit^ et une cbaleur moderne des elables sont des moyens plus gönöralement reconnus comrae favorisant l'engraissement; mais, de tous ces agents, celui qui influe le plus, apres la nour-riture, sur un engraissement prompt et facile est sans contredit la proprete, aussi bien sur l'animal mamp;me que dans les rÄteliers, les auges et, en ge­neral, dans tout ce qui concerne la nourriture. II a dejä 6t6 question des excellents effets du panse-ment de lamain sur les b6tes h l'engrais; l'in-fluence de cette operation sur les animaux est si marquee, qu'on s'est souvent apenju qu'elle en-graissait les vaches laittäres au prejudice de la production du lait.
(1) L'actioQ favorable des saign^es sur rengraissement dans beaucoup de circonstaaces n'est plus douteuse; mais je crois qu'on abuse souvent de ce moyen, et c'est ce qui fait qu'on s'en trouve quelquefois mal: il en est ainsi lorsque, par cvemple, on les multiplie par trop, ou qu'on etcnd cette pratique sur les animaax faibles, vieux, d'un temperament lache et mou, de m£me que sur des betes encore maigres. Eu general, les bonsengraisseurs, mime dans les contrlesoü les saigndes sont le plus usit^es, ne les prodiguent pas et ne les emploient jamais que versle milieu ou la finde rengrais­sement. (iVote du traducteur.)
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line liliere abondante est de toute necessitc';, ä moins que Ton n'ait, comme en Hollande, des Stables munies d'un canal plac6 derriere les ani-maux et qui facilite l'enlävement instantanc des excrements.
sect; 7. — DE LA SAISON LA PLUS FAVORABLE
POUR l'engraissement.
Dans le choix de l'epoqueoü Von veutengraisser, on a, en gönöral, quelque egard ä la convenance de la saison, sous le rapport de la facilite de l'en­graissement ; mais on considamp;re Men plus encore /'occasion favorable de vendre et d'acheter les bötes, et la possession de fourrages appropriis ä l'engraissement.
II est reconnu que, pendant l'etö, on engraisse avec peu de succes, ä cause de la trop grande chaleur et de ragitation qu'occasionne au b^tail la multitude d'insectes qui se tiennent dans les Stables ä cette saison. Le froid n'est pas avanta-geux non plus ; neanmoips, excepte dans un cli-mat d'une extreme rudesse, il n'est pröjudiciable que lorsque les Stables sont mal garanties, ou qu'on met les b6les au päturage pendant les mau-vais temps. En resumd, la saison temple est, sous ce rapport, de m6me que sous d'autres, la plus convenable ä l'engraissement. Cette regle
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s'applique egalement au climat en general. La si­tuation n'est pas indifferente non plus, du moins pour l'engraissementau pMurage, qui a lieu avec moins de succes dans des endroits sieves, exposes a de grands vents, que dans des pdturages abrites.
Mais, je le repete, la temperature et la conve-nance materielle d'une saison sont des considera­tions sccondaires. Cc qui doit principalement diriger I'engraisseur dansle choix qu'll fait d'unc epoquepour engraisser.ce sont les considerations economiques, c'est-ä-dire l'occasion de vendre et d'acheter les bötes avec profit. Or, comme a cet cgard les regies varient suivant les localites et peuvent 6tre influencees par diverses circonstances mercanliles et poliliques, il est impossible de pre­senter des donnees generales sous ce rapport.
On considere encore, dans cette circonslance, l'epoque de l'annee oü Ton possede la nourriture la plus convenable pour l'engraissement, et en m6me temps la moins chere ; et enfin, lorsqu'on n'engraisse qu'en petit et qu'on n'achete pas le betail ä l'engrais, on considere aussi l'epoque la plus favorable pour reformer les bfetes de rente et de travail que Ton destine k l'engraissement.
Les deux dernieres circonstances mentionnees sont souvent en opposition avec l'occasion favo-
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rable de vendre avec profit: ce n'est, paresemple, qu'au commencement de l'hiver que Ton pent reformer ses boeufs de-trait; ce n'est non plus que vers cette saison que Ton aime ä se debarrasser des vaches de peu de valeur que Ton a. Comme ce cas a lieu chez beaucoup de cultivaleurs en m6me temps, il arrive que le betail d'engrais baisse subltement de prix a une certaine cpoque de l'annee, comme, par cxemple, au commence­ment et vers le milieu de l'hiver, tandis que, dans un aulre moment, son prix augmente, parce que ' peu d'agriculteurs se trouvent alors dans la posi­tion favorable et avec les fourrages nteessaires pour engraisser; c'est ce qui arrive assez fre-quemment depuislecommcncement duprintemps jusque vers l'etö.
La ou I'engraissement repose sur des branches techniques, on se regie necessairement sur I'e-poque oü celles-ci sont en activite; il en est, comme, par exemple, la distillerie de grains et de pommes de terre, qui peuvent aller tonte l'an­nee, et qui permettent alors I'engraissement ä toutes les epoques.
sect; 8. — DDREE ET TERMINAISON DE L'ENGRAISSEMENT.
La durde de I'engraissement et l'epoque ä la-
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quelle il est le plus convenable de le terminer de­pendent d'abord de l'etat dans lequel se trouvaitle bdtail lors du döbut, de la disposition qu'il a de prendre graisse, et enfin de la methode d'engrais-sement et de l'occasion de vendre avec profit.
Un boeuf d6jä en chair et susceptible de blen s'engraisser peut, avec une bonne nourriture, 6tre fin-gras au bout de dix ä douze semaines, tandis qu'un boeuf tres-maigre, vieux, de taille enorme, ou, en g6n6ral, d'un engraissement difficile, aura besoin du double de temps pour arriver au m6me
point.
II est plus difficile encore d'indiquer ä quel
degre de graisse on termine, en general, l'en-
graissement avec le plus d'avantage. Le boucher
pr^före sans doute la Ute fine-grasse ä celle qui
ne Test qu'ä la moitiö; la premiere contientpro-
portionnellement plus de suif, et, parconsdquent,
peut 6tre vendue ä un prix plus 61ev6 que la se-
conde; mais le principal, ici, est de savoir dans
quel rapport est le prix avec les frais chez les deux
b6tes. Sous ce point de vue, les chiffres ne seront
pas toujours en faveur de l'animal fin-gras; car,
une fois que les bfetes ont atteint un bon point de
graisse, sans toutefois 6tre parfaitement grasses,
on s'aper^oit que l'accroisseraent se ralentit d'une
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mani^re bien sensible, et, si,-d'un c6t6, elles con-somment alors une moindre quantity de nourri-ture qn'auparavant, en revanche elles exigent des aliments plus substantiels et plus recherchös.
Aussi trouvera-t-on göneralement du profit ä terminer l'engraissement dks que l'on s'apergoü d'une diminution notable dans Vaccroissement de l'animal, si toulefois il n'est pas avanlageux de vendre mSme plus tot ,#9632; car, ä part le degr^ d'em-bonpoint, il est toujours profitable de se defaire d'une böte des que l'on en trouve un prix conve-nable : il vaut mieux la remplacer par une nou-velle que de s'opiniätrer ä atteindre le plus haut degrö d'engraissement ou un prix delerminö. D'un autre c6te, l'engraisseur est souvent obligö d'attendre plus longtemps qu'il ne le voudrait et que ne le Supporte l'avantage de sa speculation, avant de trouver un acq^ereur raisonnable.
Ceux qui s'occupent constamment d'engraisser et qui s'entendent au commerce trouvent ordinai-rement leur profit ä vendre leurs b6tes aussi promptement que possible, en se contentant d'un gain modere. II laut seulement, dans ce cas, sa-voirbien acheter; alors il est facile de bien re-vendre.
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sect; 9. — ESTIMATION DES BETES GBASSES.
La methode ordinaire d'estimation repose sur une gründe pratique; eile comiste ä juger l'ani-malpar un coup d'ocil juste et ä determiner ap-proximativement sa (jrosseur et son embonpoint en le mesurant avec les bras et en le touchant; on jwocede avec plus de certitude encore en le pesant en vie et en le touchant en möme temps.
II n'estpas necessaire de demontrer ici combien est important, pour l'acquereur et le vendeur, l'art de pouvoir eslimer avec exactitude les b6tes grasses. Certains bouchers et marchands de boeufs possedent une teile habilete sous ce rapport, qn'lls se trompent rarement de plus de 5 pour 100 dans revaluation du poids de la viande. II est plus difficile d'estimer la graisse interieure (le suif!, parce que les indices en sont bien moins sürs, et que la proportion dans laquelle eile se trouve, rdativement ä la viande, depend beaucoup de la nature particuliere des individus et du mode d'engraissement. Sous ce dernier rapport, l'en-graisseur a un avantage sur l'acquereur; aussi les marchands et bouchers inlelligents ne manquent-ils pas de prendre desrenseignements sur le mode de nourriture, et ils achetent toujours plusvolon-
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tiers etpayentplus eher dans des exploitations oü ils sont sürs que ie b^tail est nourri d'aliraents substantiels que partout ailleurs.
Les places oü l'on täte ordinairement pour s'as-surer de la presence de la graisse sont: les plis de la peau au-dessous des flancs entre la cuisse et le ventre, et ä l'endroit oü ötaient les testicules; toutefois, ces indices ne sont exacts que chez la majonte des boeufs : il en est, en revanche, qui paraissent de cette mantöre (qui se touchenl) plus gras ou plus maigres qu'ils ne le sont reeliement. On juge plus sürement, au moyen du toucher, de la masse de graisse ext^rieure (sous la peau) et de chair en general; ä ceteffet, on examine soigneu-sement la poitrine, les cötes, l'epine dorsale, les hanches, les os saillants du bassin aupres du point de depart de la queue; et suivant que les os sont plus ou moins recouverts de chair, suivant l'etat souple et mou des parties charnues, on conclut le degre d'engraissement de l'animal.
Pour estimer la valeur d'une böte grasse, on doit chercher ä evaluer, en general, 1deg; ce que pese la viande avec les os; on y comprend les quatre quartiers sans la tamp;e et sans les extr^mites des jambes (les rognons et la graisse qui les en-toure sont ordinairement compris avec la viande); l.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 31
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2deg; la quanlite de suif qui se trouve entre les in-teslins avec ou sans celui des rognons; 3deg; le poids de la peau. La löte, les pieds et les inteslins, ctant des parties de peu de valeur, n'entrent pas en ligne de compte. II serait juste aussi d'avoir egard ä la quanlite plus ou moins grande de viande qui se trouve dans les parties les meilleures et les plus recherchees, de mötne qu'ä la propor­tion de la viande aux osT C'est ce que font les Anglais; ils tiennent surlout a ce que le dos et la troupe soient bien garnis de chair, parce que c'est lä qu'elle est la meilleure; ils estiment un peu moins celle de la cuisse, et moins encore celle du cou.
Ils tiennent de meme ä ce que les os pesent aussi peu que possible en proportion de la viande. Nos bouchers, en Allemagne (1), s'inquietent, au contraire, fort peu s'ils achetent peu ou beaucoup d'os, si le cou est tres-charg6 de viande el si la croupe et le dos en sont au contraire d^nues, et cela par la raison loule simple que, d'un cöte, nous sommes assez bons pour leur payer les os comme la viande, et quo, d'un autre cote, nous sommes assez peu justes pour mettre la viande
(1) II en est de meme dans b.'atcoiip de parlies de la France.
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des meilleures parties au möme taux que celle des plus mauvaises.
La proportion du poids de la peau ä celui du reste du corps n'est pas indifferente, non plus, la peau ayant ordinairement un prix plus amp;eve que la chair, quoique moindre que le suif. Beaucoup de bouchers aiment par cette raison les bötes qui ont un cuir ^pais ; neanmoins ce sont ordinaire­ment celles qui ont le moins d'aptitude ä s'en-graisser.
L'acqu^reur poss^de presque toujours plus d'habilet^ dans l'estimation des b6tes grasses quo le vendeur, ce dernier manquant ordinairement de pratique, et n'ayant pas, ainsi que le premier, l'occasion de s'instruire, comme cela a lieu lors-qu'on peut assister ä l'abatage apres l'estimation faite. Par ce motif, il serait avantageux, pour l'a-griculteur qui veut se livrer en grand ä l'engrais-sement, de se procurer une balance au moyen de laquelle il puisse en tout temps peser ses boeufs en vie; car on a des formules assez exactes pour calculer le poids de chair nette d'apr^s le poids de 1'animal en vie. Des balances pareilles seraient, en outre, fort utiles pour observer le cours de l'engraissement et pour juger ses progres. La dis­position de ces balances peut varier; mais eile doit
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364nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MANUEL
(Hre de nature ä ce qu'on puisse facilement y pla­cer un boeuf; les balances ä bascule conviennent Tort bien ä cet usage,
Quant au rapport du poids de Tanimal en vie avec celui de la chair nelte, on a fait, autant en Angleterre qu'en Allemagne, de nombreuses re-cherches sur ce sujet (1), d'ou il resulte que ce rapport varie suivant la taille de 1'animal et son degre d'embonpoint. De ces diverses expe­riences 11 ressort, en resume, la moyenne sui-vante :
Chaque 100 kilog. de poids en vie donne
0) Chez un animal en chair, mais qui
u'a pas encore pris graisse......
6) C\\ei un boeuf h demi gras.....
c) Chez le boeuf ön-gras........
Kil.
en viande.
53 ä 55 55 GO 60 64
Kil. en suif.
4nbsp;ä5
5nbsp; nbsp; 8
6nbsp; n
On pent compter aussi, par chaque 100 kilog. de viande (chair nette), 8 ä 18 kil. de suif, y compris la graisse des rognons, suivant que la bete est maigre ou grasse, et 9 ä 10 kil. de peau. La proportion la plus forte de la peau se rencontre ordinairement chez les bßtes pelites et raaigres, la
(1) Ce fureut Sinclair, Anderson el autres auteurs anglais, qui d'abord en Drenl mention : plus tard on les a rep^es frequemineut en AUemague.
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DU BOUVIER.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;365
plus faible chez les boeufs de grande taille et gras (1).
De ces diverses donnöes il snitque, mferne lors-qu'on a le poids de l'animal en vie, l'eslimation juste dopend encore beaucoup de l'habilete de l'expert, surtout ä l'egard du poids de la graisse et de la peau comparö a celui de la viande.
II est une methode proposee par MM. Kanton et Strachwitz pour trouver le poids de ehair netle des b6tes grasses; eile consiste dans le mesurage du contour et de la longueur de l'anima!. D'aprös les chififres obtenus, on mesure, au moyen de ccrtaines formules arithmeliques, le poids de la viande. Neanmoins les essais nombreux de M. Scell-ner, en Carinthie, prouvent le peu d'exactitude de cette methode et, par consequent, le peu d'usage que l'on peut en faire dans la pratique (2).
(1) Ici (en Wurlcmberg) des bceufs fins-gras, pesaut 300 ä 350 kil. chair nette, ont ordiuairenient cntre 40 et 70 kil. de suif, et leur peau pamp;se de 35 ä 50 kil.
^2) L'auteur ne parait pas connaltre la melhode proposee par M. de Dombasle. Cette methode, qui a sur celle dont il est question ici le grand avantage d'etre simple et ä la portro de tout le monde, parait, en outre, presenter plus d'exacti-tude; car, depuis sept ans que M. de Dombasle s'en sert, eile ne s'est trouvee qu'une seule Cois en disaccord notable (do 40 kil. sur ud boeuf de 400 it 450) avec le n'sultat que Ton a obtcnu lors de l'abatage. Du reste, cclte mclhodc, do lufime que toutes cellos qui se baserout sur ie mesurage
31.
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366nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MANUEL
sect; 10. — ENGRAISSEMENT DES VEAUX.
L'engraissement des veaux s'effectue en nour-rissant ces animaux, depuisleur naissancejusqu'ä im certain (ige, avec abondance de laitet d'autres substances analogues, jusqu'ä ce qu'ils arrivent ä l'6tat de graisse.
Cet e(at ne peut 6tre atteint chez les veaux avant l'äge de quatre semaines, et pour en avoir de par-faitement gras on est mtme souvent oblig6 de les tenir le double ou le triple de temps. Ainsi il y a une grande difference ä faire entre 1'engraisse­ment, d'oü rösulte une chair excellente, et la maniere ordinaire d'entretenir les veaux et de les vendre lorsqu'ils ont ä peine quinze jours, et lorsque la viande est encore de mauvaise qualite.
La nourriture au moyen de laquelle on obtient l'engraissement le plus prompt et la viande la plus dölicate, c'est le lait; plus on s'en ecarte, plus la qualite de la chair en souffre. Neanmolns, I'en-graissement au lait seul etant ordinairement trop couteux, on est oblige de recourir ä d'autres ex­pedients pour y supplier en parlie.
*
des animaux, demande ä tlrc üadite sur chaque race parti-cnliörc, parcc que la difference des formes influe beaueoup sur les rdsultats que Von obtient. {Note du traducleur.)
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DU BOUVIER.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;367
Dans les localites oü il y a profit ä engraisser les veaux avec du lait seul jusqu'ä Tage de 10 ä 12 sernaines, on peut se servir avantageusement de la methode usilce dans les Pays-Bas, dans les environs de Hambourg, de möme qu'en Angle-terre. Peu de temps apres leur naissance, les veaux sont renfermes dans des cases sombres et etroites faites en planches, et on les y attache avec des cordes, ou mieux encore on leur met line muse-liere, de fagon ä ce qu'ils ne puissent ni se lieber, ni lecher d'autresobjets, ou manger de leur litiöre, choses que I'.on regarde comme nuisibles ä l'en-graissement. Pendant que les jeunes b6tes sont obligees de demeurer dans celte triste situation, on leur apporte trois fois par jour du lait a boire; la quantite s'eleve bionlot jusqu'ä quatre maas (pres de 8 litres), et plus. On continue Tengrais-sement de cette maniere pendant huil ou douze sernaines. Vers les derniers temps, la plupart de engraisseurs sont dans l'usage de faire avaler ä chaque veau un ou deux oeufs chaque jour; il en est aussi qui leur donnent des pilules dont ils tiennent la composition secrete, et qui, dit-on, favorisent beaueoup Tengraissement, ä l'instar des oeufs (1). Un veau engraissö de cette maniere
(1) il est probable qu'il y entre de Tantimoiue.
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368nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MANUEL
atteint un poids de 70 ä 80 kil. chair nette.
L'avanlage que pent offrir cette mcthode de­pend uniquement de la valeur locale du lait et du prix que Ton est ä m6me d'obtenir des veaux; ce n'est ordinairement que dans les grandes villes oü la viande de veaux gras se paye a un prix suf-fisamment elev6 pour rembourser les frais de l'en-graissement. Lorsqu'on se trouve avec une laiterie trop eloignee d'un debouche semblable pour pou-voir y veudre le lait en nature, mais assez prfes pour y transporter les veaux gras, cette specula­tion peut meltre ä m6me de realiser le lait ä des prix encore tres-avantageux (4).
Dans les localites oü le lait se vend bien, ou du moins passablement, et les veaux mal, il est, au contraire, profitable de se debarrasser aussi promp-tement que possible de ceux que Ton ne veut pas elever, et il n'y a jamais de benamp;ice h en conser-ver au delä de trois semaines; mais, en revanche, tout le temps qu'on les a, il faut les bien nourrir,
(1) Le dernier veau gras sorli de la ferme de Roville, le 13 mars 1834, et pesaot 58 kil., a eli veudu 38 fr.; il avait consomme, daus l'espace de 26 jours, 191 1/2 litres de lait, de sortc qu'cn diminuant une somme de 18 fr. pour prix du veau au moment de la naissance, il resterait 20 fr. pour prix du lait, ou plus de 10 centimes par litre, ce qui fait un trfes-beau prix pour la localile.Lessoius sontpayes parle furnier. (Note du Iraducteur.)
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sans quoi le lait se payera encore plus mal. Comme succedanes du lait, on peut employer principalement le gros lait (lait ecrem6), le lait de beurre, la farine de lin dölayee dans l'eau, le pain trempe, le the de foin (decoction de bon foin), etc. A. Young conseille, par exemple, la nourriture suivante comme propre ä remplacer le lait dans l'engraissement des veaux : 2 litres de lait, 6 litres d'une bouillie faite de farine de lin (on pourrait avantageusement faire cuire cette farine dans du the de foin), et 30 grammes de melasse ; le tout, melange, se donne tiede.
Du reste, ces diverses substances, quelque bonnes qu'elles soient, ne peuvent 6tre em­ployees que lorsque l'animal a atteint l'äge de 3 ä 4 semaines; on ne doit y arriver que progressi-vement, et il faudrait cesser si Ton s'apercevait qu'elles occasionnassent des diarrhees aux ani-maux, chose que Ton doit eviter avec soin dans l'engraissement.
Un veau bien nourri doit augmenter, chaque jour, de 750 ä 8S0 gr.; et, chez un veau fin-gras, 50 kil., poids vivant, donnent 30 ä 55 kil. chair nette (y compris la töte), et 5 ä 6 kil. de peau.
FIN DU TOME PREMIER.
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TABLE DES MATTERES
CONTENUES DANS LE PREMIER VOLUME.
Paglaquo;s.
IY.eface de l'editeur sur la 4e edition.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;v
PREMIERE PARTIE.
ECONOMIE DES BETES A CORNES.
Chapitre Ier.— De l'histoire naturelle du boeuf..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
—nbsp; nbsp; nbsp;II. — De Tage des bötes ä cornes. ...nbsp; nbsp; nbsp;11
—nbsp; nbsp;HI. — Choixd'un taureau........nbsp; nbsp; nbsp;16
—nbsp; nbsp;IV. — Choix d'un boeuf de travail. ...nbsp; nbsp; nbsp;20
—nbsp; nbsp; nbsp;V. — Choix d'un boeuf d'engraissement.nbsp; nbsp; nbsp;21
—nbsp; nbsp;VI. — Choix d'une vache lailiere. ...nbsp; nbsp; nbsp;23
—nbsp; VII. — De ralimenlation des betes ä
comes.............nbsp; nbsp; nbsp;20
—VIII. — Du pansage journalier......nbsp; nbsp; nbsp;52
—nbsp; nbsp;IX. — Du logement, des etables ....nbsp; nbsp; nbsp;S4
—nbsp; nbsp; X. — De la reproduction........nbsp; nbsp; nbsp;60
—nbsp; nbsp;XI. — Des veaux, elevage et engraisse-
ment..............nbsp; nbsp; nbsp;71
—nbsp; Xll. — Dulait.dubeurreetdesfromages.nbsp; nbsp; nbsp;84
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372nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TABLE DES MATIERES.
l'ageraquo;.
Chap. XIII. — Du travail du boeuf........ 99
—nbsp; nbsp; XIV. — De l'engraissement........109
—nbsp; nbsp; nbsp; XV. — Des principales races de betes a
comes.............127
—nbsp; nbsp; XVI. — Des vices redhibiloires des bötes ä
comes.............134
Appendice.....................141
1deg; Sur la conformation des animaux, par
Klyne................... 141
2deg; Des formes ä preferer dans le gros belail,
par Huzard fils.............158
3deg; De la tenne des besliaux ä l'etable, par
Josiah Quincy..............189
4deg; Du melissage dans les animaux domes-
tiques, par Huzard flls.......... 205
5deg; Sur le mode d'attelage des boeufs de tra­vail...................241
6deg; De la cachexie aqueuse des boles a comes,
parM. Mangin.............. 247
7deg; De rengraissemenl des betes ä cornes, par
M. Grognier...............264
8deg; De rengraissemenl des betes a cornes, par
MM. Pabst et Moll............. 311
FIN DE LA TABLE DU TOME PREMIER.
Fm-is.—imp. de Mmlaquo; Ye Boucharil-Hiuard, rue de TKperon, 5. — 18t0.
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EXTRAIT DU CATALOGUE
DE LA
Librairie de Mnraquo;e Ve Bouchard-Huzard.
ART DE FAIRE LE BEÜRRE ET LES MEILLEUUS FROMAGES,
ou Iraile complet de la laiterie, contenant la manieie de preparer le lait el la creme, de faire le beorre selon les melhodes de Normandie, de Bretagne el d'Anglelerre ; de le saler, de le colorer et de le conserver; de fabri-quer toute espece de fromages, avec les donnees les plus completes sur le choix, la nourriture et la conduite des vaches laitleres ; les moyens les plus sürs pour recon-naitre la falsilication du lait et la quanlite de creme qu'il contient. 3raquo; edition, 1 vol. in-8 orne de planches gravees representant le plan d'une luilerie, les differenles especes de barattes, et tous les outils et appareils servant ä la fabrication des fromages, par Anderson, Desmarels, Chaptal, d'AngeviUe,Grognier, Bonafous,Vilteneiive, Gobin et Huzard.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 4 fr. 50 c.
CATficniSME des bergers, ou exlrait de l'instruction pour les bergers et les proprietaires de troupeaux, par lgt;au-benton. 5' ed. augmcntee d'une leijon sur les merinos, d'une plancbe indiquant l'äge des bfetes ä laine, et de notes, par/. Ii. Huzard fils. 1822, in-18. 1 fr. 50 c.
instruction sommaire sur la maladie des beles ä laine appelee pourriture, par MM. Huzard et Tessier. Wou-velle edit., 1822, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;40 c.
lapin (le) dojiestique, manierc de le soigner, de le multi­plier et d'en lirer un grand profit, ou nouveau moyen d'industrie applique ä loules les fortunes et h toules les nlelligences,elc.,parM.i9espoui/. 1838,in-8. 1 fr.25c.
i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 32
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CATALOGCE.
MANUEL DE LA FILLE DE BASSE-COÜR , COntenailt des
instiuclions pour elevcr, nourrir et engraisser tous les aniraaux de la basse-cour, poules , dindons, pinlades, faisans, perdrix, cailles, paons, cygnes, oies, canards, pigeons, lapins, vaches et cochons, pour en tirer le plus grand produit, pour distinguer leurs principales races, guerir leurs maladies, etc., etc. Nouvelle edition revue et completee par F. Malezieux. 1 vol. in-18 avec 39 planches.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3 fr.
siEMoiKES sur I'Education, les maladies, I'engrais et I'emploi du porc, ses diflerentes races et les moyens de les amelioier, par E. Viborg et Young. 2' 6d\t. conside-rablement augmentee de notes traduites de l'anglais.
1nbsp; vol. in-8 orne de 8 gravures.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4 fr, 50 c.
tiuitE de l'espEce bovine.— Specialisation, perfection-nement, education, engraissement, travail des lioeufs et des chevaux , par Emile Jamet (de Chäteau-Gontier). iquot; partie : Specialisation et perfeclionnement. 1856, in-8, avec 4 planches.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5 fr.
traite des bEtes a laine, leurs maladies, avec la Manierb de les guerir ; leur education, l'etude des races, leur perfectionnement, la construction des ber-geries,l alimentation et le parcage des troupeaux ; leur engraissement et leur pi oduit, la tonte, le lavage, le triage et le commerce des laines, par E. Martin, d'Elbeuf. 1 gros vol, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 6 fr.
traite de l'economie du betail. Physiologie , races , amelioration, alimenlalion, speculations, par A. Gohin. 1861,2 forts vol. in-8 avec 16 planches.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;is fr.
traite de l'Education des modtons, contenanl les moyens d'accroitre et d'amelioi er un troupeau , par Chambon,
2nbsp; vol. ia-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 6 fr.
traite de l'engeaissement des animaux domestiques, oil Von decrit les qualites physiques qui disposent les boeufs, les moutons, les cochons et les volailles ä en­graisser, les vices de conformation qui les en empechent, les precedes les plus eoonomiques d'engraissement, les moyens preservatifs et les remedes curatifs des maladies qui surviennent pendant el apres leur engraissement, par Chabertel.Fromage.tS01,ia-t2.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 fr. 60 c.
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CATALOGUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 375
tbaite sur les BfiTES a laine d'espagne, leui- education, leurs voyages, la tonle, le lavage et le commerce des laines, les causes qui donnent la finesse aux laines; auxquels on a ajoule l'histonque des voyages que font les moutons des Bouches-du-Rhone et ceux du royaume de Naples; l'origine, les succes, l'elat actuel du troupeau de Rambouillet, et les moyens de propager et de conserve!-la race espagnole dans toute sa purete, par C. P. Las-teyrie. An vn, in-8, fig.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3 fr.
zootechdjie. — TVailö des maniements, ou de I'apprecia-tion des animaux domestiques, des epreuves et des moyens de contention et de gouverne qu'on emploie sur eux, suivi de la coupe des animaux de boucherie en France et en Angleterre, par le docteur Bardonnet des Marleh. I beau vol. in-12 avec planches et figures dansie texle.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4 fr. 50 c.
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boürgelat, fomlaleur des ecoles veterinaires, portrait in-folio.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2 fr. 50 c.
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cours d'hippiatbique, contenant des notions sur la char-penle osseuse du cheval, la description de toutes ses parties exterieures, suiyies des prdcaulions que cet animal exige pour la conservation de sa sante et sur la ferrure, par M. Valois. 2' edit. 1825, in-12.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2 fr. 50 c.
essai sur les mErisos, par Girou de Buzareingues. 1811, in-8, fig.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2 fr. 50 c.
cours d'hygieise vetErinaire, ou pHocipes d'apres les-quels on doit conduire et gouverner les animaux domes­tiques, alimentation et habitudes des animaux, stabula-tion, päturages, prairies, fourrages, leur valeur nutritive et comparative, leur alteration et leurs effets dans I'eco-nomie auimale, grains, son, legumineux, vegetaux cuits.
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376nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CATALOGUE.
abreuvoirs, temperature et son influence, pansage, bains, lolions, harnachement des chevaux et des boeufs, ton-dage et ses effets, etc., par Grognier, professeur a l'Ecoleveterinaire de Lyon. 1837, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;7 fr. 50c.
couus de Zoologie vfiTERiKAmE, ou description spe-eifiqiie des caracteres zoologiques, des races, du nature!, des services et des produits des animaux, suivi de nolions raisonnees sur les insectes nuisibles et utiles, par Gro-gnier, professeur ä l'Ecole veterinaire de Lyon. 28 edit, revue et augrnentee. 1837, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3 fr.
abod beckr iBN BEDit. — EL-NACERi. —La perfection des deux ails, ou Iraitd complet d'nippoLOGiE et d'uippiA-trie arabes, par I'dmlr El-Nacer, ouvrage traduit et niiblie par ordre du ministre de ('agriculture, traduit de i'arabe par M. Perron. 1852-18GO, 3 vol. in-8 avec figures.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 21 li-.
essai sur les appareils et sur les bandages propres aux quadrupedes, par Bourgelal. Nouvelle edit., 1813, in-8 avec 21 planches.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5 fr.
essai theorique et pratique sur la ferrcrE, par Bourgelal. 3deg; edition, 1813, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3fr. 50c.
ferrüre (de la) sous le point de vue de I'hygiJne ou ds son influence sur la conservation tant des animaux qua de leur aptitude au travail, etc., par J. B. C. Bodet. 1841, in-8, fig.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2fr. 50 c,
Garantie (de la) et des vices KiäDHiBiTOiREs, ou jurispru­dence veterinaire, concernant les vices redhibitoires dans le commerce des animaux domestiques, d'apres la loi du 20 mal 1838, et dans le commerce des animaux destines ä la consommation. Nouvelle edition entierement refon-due, considerablement augmentee et contenanl le texte des jugements et arrets rendus en cette matiere, avec des observations critiques, par J. B. Buzard, medecin veterinaire, et Adrien Harel, avocat. In-12, 1844.
3 fr. 50 c. Omrage adoptedans les ecolesveterinaires.
GENfiRATiON (de la) chez l'homme et principalement chez les animaux; ouvrage contenant un grand nombre de
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CATALOGUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;377
recherches, de fails et d'experiences sur ce sujnt, et suivi de considerations raisonnees sur le Systeme de reproduction des vegetaux, par M. Girou de Buza-reingues. 1828, in-8 de pihs de 400 pages.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3 fr.
HARAS (des) DOMEST1QÜES et des HARAS DE L'ETAT CO
France, ouvrage contenant tout ce qui est relalif !• a l'elevage des chevaux dans la ferme, au choix des races, au metissage ou croisement,ä la monte, a I'avorlement, ä la mise-bas, ä I'ailaitement, au sevrage, aux soins du poulain et ä Tenlrainement du cheval de course, ä la cas­tration, a la ferrure, a I'etablisseraent d'un haras; 2deg;aux courses, remontes, et a toules les institutions et Etablis­sements que le gouvernement a tentes pour encourager l'exlension de l'elevage du cheval, par /. £. Huzard, 2deg; edit., 1843, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;c fr.
INSTROCTIONS SUr leS SOINS A DONNER AUX CHEVAUX pour
les conserver en sante sur les routes et remedier aux accidents qui pourraient leur arriver, pav ffuzard. Nou-velle editionaugmentee. 1817, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 fr.50c7
PRficis anatomique du corpsdu cheval compare avec celui du boeuf et du mouton, par Bourgelat, ä l'usage des eleves des ecoles veterinaires. 4e edit, augmenlße, 1807, 2 vol. in-s.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;6 fr.
TRAiTß laquo;es haras, auquel on a ajoutc la maniere de fer-rer, marquer. hongrer et anglaiser Ice poulains, avec un traite des mulcts, par Harlmann; trad, de 1'allemand par Huzard. 1788, in-8, fig.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 5 fr.
TRAiTß d'amatomie vßTEniNAiRE, par Girard, ancien directeur de l'ecole veterinaire d'Alforl. A' edition revue et augmentee. 1841, 2 vol.in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 12 fr.
traite de la conformation exteuieure du cheval, de sa beaule, deses defauls, et des conskleraiions auxquelles il Importe de s'arreler dans le choix qn'on doit en faire, des scins qu'il exige, de sa niultiplinalion ou des haras, etc., par Bourgelat, a l'usage des ecoles veteri­naires. 8laquo; edition publiee, avec des notes, par/. B. J/usard. 1832, in-8, fig.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;6 fr.
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378nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CATALOGUE.
TRAITC elementaire et PRATIQUE sur le gouvornement des abeili.es, suivi d'une indication des soins h leur donnec pendant chacun des douze mois de i'annee, par F. Desormes. 3e edition, in-18, fig.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2^. 50 c.
TRAITfi DE L'fiDUCATION DES VERS A SOIE et de la culture
du mürier, d'aprfes la melhode de Dandolo, suivi de divers memoires sur Tart s^ricicole. 4' edit, revue et augmentee, avec 5 planches gravees representant les differentes phases de la vie du ver ä sole jusqu'ä sa transformation en chrysalide, plusieurs modules de magnaneries modeles a ventilation, et tous les usten-siles d'une magnanerie, par M. Bonafous. 1 gros vol. in-8, 1840, fig. coloriees.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 7 fr.
fiCOLiERS et vers a soiE, ou la petite magnanerie du pere TOUSSAiNT, par £. Lerferc. In-12, fig., 1851. 2 fr.
Lecture amüsante et instructive sur l'une des meii-leures industries de la France, — resume de toutes les connaissances, me'lhodes et pratiques en sericiculture au point de vue parliculier de la petite production.
Kruses (les) du braconnage raises ä decouvert, ou memoires et instructions sur la chasse et le braconnage, par L. La-bruyerre, garde de S. A. S. Mgr. le comte de Cler-mont. Nouvelle edition, avec une introduction par Adolphe d'Houdetot. 1857,1 vol. in-12, fig. 4 fr. 50 c.
vieux (le) chasseur, ou traite de la chasse au fusil, orn^ de 55 gravures sur acier, representant la maniere de tirer le gibier dans toutes les positions, et augmente de la nouvelle loi de 1844, par M.Deyeux. In-18. 2 fr. 50 c.
TRAiTß des procödes de multiplication naturelle et artifi-cielle des poissons, ou Pisciculture pratique raise ä la portee de tout le monde, par F. Fraiche , 1864, 1 vol. in-12 avec figures.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2 fr.
TfuiiE pratique du chien; histoiie, emploi, mala­dies, etc., par Gohin, in-12 (sous presse).
caleniirier (le) du Bon cultivateur, on manuel de l'agri-culteur pratlcien, par C. J. A, Malhieu de Dombasle. 10e edition notableraent augmentee de renseignements utiles, par de Meixmoron-Dombasle. 1861, 1 fort vol. in-12 de plus de 900 pages, avec 5 planches. 4 fr. 76 c.
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conns complet d'aguiculture pratique, d'economie ru-rale, d'educatioo du betail, de medecine veterinaire, de culture des arbres fruiliers, forestiers, de la vigne, etc., par MM. les eonseillers et professeurs Burger, Pfeil, Rohlwes et Ruffing; trad, de I'allemand par M. Noirol, augmeiite d'un Traite de la culture des müriers et de l'e-ducatiön des vers ä sole, par M. Bonafous. 1 gros vol. in-4, üg.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;T fr. 50 c.
cours de culture, comprenant la grande et la petite cul­ture des terres, celle des jar dins, les semis et planta­tions, la taille, la greffe des arbres fruiüers, la con-duile des arbres forestiers et d'ornement, un traite de la culture de la vigne et des considerations sur la natu­ralisation des vegetaux, 3 vol. in-8 de 500 pages cha-cun, avec un atlas de 65 planches in-4 gravees, repre-sentant toutes les greffes, tallies, boutures,marcottes,les serres et bäches, les modeles de haies et de clötures, les instruments, outils, ustensiles et machines d'agriculture et de jardlnage, par A. Thoüin, membre de l'Inslitut de France et professeur au Jardin du roi; publie par Oscar Ledere, professeur d'agriculture au Conservatoire des arts et metiers.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 18 fr.
coors d'economie rurale, professe ä Tinstitut agricole de Hohenheim, par M. Gaeritz; trad, sur manuscrit alie-mand et annote par M. Jules ßieffel, direcleur de l'eta-blissement agricole de Grand-Jouan. 1850, 2 vol. in-8, (ig.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 12 fr.
On trouvera dans cet ouvrage tous les prineipes auxquels esl due la prosperite si renomme'e des exploi­tations agricoles modöles de l'Ailemagne, et dont M.Bieffel a fait la judicieuse application ä nos contrees.
Elements d'agriculture pratique, ou traite de la con-naissance des terres, des engrais et de leur application, des instruments aratoires et des machines, des assole-menls, du labourage, de la culture des cereales, des plantes sarclees, textiles, oleagineuses et tinctoriales, des prairies naturelles et artiGcielles; suivis de notions tres-etendues sur les fourrages, l'elfeve des animaux domes-tiques, la stabulation; le tout termind par un calendrier des travaux ä faire chaque mois dans une exploitation
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riirale, par David Zolaquo;o,pi-ofesseiird'agriculture ä I'uni-versite d'Edimbourg; trad, par M. Laine, consul a Li­verpool. 2 vol. in-8 avec 205 figures intercalees dans le texte, 1838.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;J2 fr.
Ouvrage adople par le minisire de Vinstruction publique pour I'enseignement agricole.
elements de CHiMiE agricole et de gEologie, par James F. G. Johnston: trad, de i'anglais par M. Exschaw, ancien eleve de I'ecole d'agrlculture de Grand-Jouan, et revus par M. J. Rieffel, direcleur de cet elablissement. 2e edit., ausmentee de tout ce qiie conlient la nouvelle edition publiee ä Londres par M. Laverriire. 1849, 1 beau vol. in-12, figures.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3 fr. SO c.
guide pour la pnoFESsiON d'agriculteur, ou principes generaux et fondaraentaux d'agrlculture et d'economie rurale : travail, capital, eraploi des capitaux, prix des produils, sol, domaine, energie productive du sol, en-grais, betail, assolemeuts, talents,direction, comptabilite, industries accessoires, par ^. Thaer; traduit par Sar­razin. 1842,in-12.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2 fr. 50 c.
manuel de DfiFRiciiEMENT des terres incultes et d'AMEuo-hation des terres maigrescultivees, etudes pratiques sur la situation et les moyens d'arnelioration generaleet agri­cole des provinces formant la region des ajoncs et des bruyeres, par Breton de la Gitonniere. 1864, 1 vol. in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4 fr.
manuel pratique du LAROUREUR, par ChahouilU-Dupe-titmont, cultivateur. 2e edit., 1826, 2 forts vol. in-12, fig-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2 fr.
mEtiiode nouvelle de gomptadilitE commercials des marches a terme ou a livrer, appliquee au commerce des grains et farines, a la meunerie, ä la boulangerie et a la bourse, contenant le nouveau tarif de taxe et regies de caisson, par P. Quevy (d'Ouge). 1 vol. grand in-8,1843.
3fr.
MihioiRus et experiences sur l'agricalture, et particulie-rernent sur la culture des terres, le desseciiement et la culture des etangs et des MARAis ä ineltre en prairies, par Farennes-Fenille. 1808, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2 fr. 50 c,
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preceptes d'agriculture PRATIQUE de Schwerz, direc-teur de 1'institution royale d'experiences et d'insirucliou agricoles de Hohenheim, trad, de l'allemand par P. if. de Schauenburg, deputd, cultivateur ä Geuderlheim. 4 vol. in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I9fr.
—nbsp; Vraquo; Partie, connaissance des terres en agriculture, de la temperalure et de ses ett'ets, des amendements, des engrais, preparation des fumiers, leur valeur compara­tive et leur application. 1839.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 5 fr.
—nbsp; 2e Partie. Culture des plantes a grains farineux, ou Cereales et Plantes ä cosses, assolemenls, labours, quan-tite de semence, recolte et son rendement; de la paille, son rapport avec le grain, ses proprietes comme fourrags pour la nourriture des animaux. 1840.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;6 fr.
—nbsp; 3e Partie. Culture des plantes fourrageres, leur recolte, leur conservation et leurs differents emplois cco-nomiques dans l'alimentation des chevaux el du betail. 1841.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 6 fr.
—nbsp; nbsp;4'' Partie. Culture des plantes economiqces, olea-ginegses, textiles et tixctoriales, trad. parM. La-verriere. 1817, 1 vol. in-8, fig.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3 fr. 50 c.
Cet ouvrage a obtenu la grande medaille d'or de la Sociele cenlrale d'agriculture de Paris.
Les Preceptes d'agriculture de Schwerz sont le traite le plus recotmnandable au point de rue de la pratique qui ait jamais ete public ; aussi les cornices et societes laquo;gricoles ront-elies adopte comme premier livre de prix destine ä enseigner aux agriculteurs les methodes quo I'experience indique comme les plus simples et les meil-leures a la fois.
—nbsp; assolements et culture des plantes de I'alsace, par Schwerz; trad, de l'allemand par f.Jicndu. Ouvrage couronnepar la Societe cenlrale d'agriculture, is39, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3 fr.
les paysans, ou la polilique et l'agricuiture ; ouvrage cou­ronne au concours ouvert p.ir M. de Cormenin, par M. Mix Sauzeau. 1849, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3 fr. 50 c.
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CATALOGUE.
traitä ELEMENTAiRE d'agricdltüre, par M. Lecouteux, directeur des cultures a l'institut agncole de Versailles. 1840, in-I2.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ifr. 25 c.
Ce traite a ete couromgpar la Sociele centrale d'a-griculture.
THEATRE (le) D'aGRICULTüBE ET MESNAGE DES CHAMPS
A'Olivier de Serres, seigneur du Pradel.dans lequel est represenle tout ce qui est requis et necessaire pour bien dresser, gouverner, enricbir et embellir la maison rus-tique; contenant Part de bien employer et cultiver la terre dans toutes ses parties, ses diverses qualites et cli-mats, d'augmenter sonrevenu.Nouvelle edition conforme au lexte ancien, augmenlee de notes et d'un vocabulaire, publiee par la Sociele d'agriculture de la Seine. 2 gros vol. in-4, fig.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 25 fr.
TRAITE COMPLET DE DROIT RURAL applique OU GUIDE THEO-
rique et pratique des proprietaires, fermiers, juges de paix, maires, sieves des ecoles d'agriculture, veterinaires-experts, presenlant le dernier elal de la legislation, de la • doctrine et jurisprudence sur las droits et les obligations du proprletairedefondsruraux, I'exploitation etlelouage de ces fonds, les chemins, les cours d'eau, les produits agricoles, la garantie en matiere de vente d'animaux do-mestiques, les attributions des juges de paix, la police rurale, etc., par y4. Bourguignat, avocat au conseil d'£-tat et i la cour de cassation. 1852, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;7 fr.
traitE de coMPTABiLiTfi rurale, ä l'usage de tous les cul-tivateurs, proprietaires, fermiers, regisseurs, maitres de posle aux chevaux, etc., par M. Royer, culiivateur, professeur ä Grignon. 1840, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 4 fr. 50 c.
AGRICULTURE DE LA FLANDRE FRANQAISE et economie ru-
rale, par7. Cordier. 1 vol. grand in-8 de 550 pages, et atlas in-folio de 20 planches, donnant les details de con­struction de tous les outils, charrues, instruments, berses, chariots, cave aus engrais liquides, voitures pour leur transport, etc., employes dans cette contree, fig. noires et colorizes.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;12 fr.
TRAITE DES PRAIRIES NATURELLES ET ARTIFICIELLES OU
flore fourragire, par Boitard. in-8, 48 pi.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 10 fr.
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agiucclture du royaume lombardo-venitien, contenant 1 agriculture proprement dile, la culture de la vigne, des oliviers, des chätaigniers, des orangers et autres arbres ä fruit, la production de la sole, la culture et recolte des prairies, etc., par Burger, trad, de I'allemand par JRendu, inspecteur general de 1'agriculture. In-8, fig., 1842.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 6fr.
agriculture de I'ouEST de la France etudiee plus specia-lement dans le de'partement de Maine-et-Loire, par M. O. Leclerc-Thoiiin, professeur au Conservatoire national des arts et metiers, secretaire perpetuel de la Societe nationale etcentrale d'agriculture, etc. 1 vol. grand in-8, orne de 135 gravures intercalees dans le texte, et d'une jolie carte du departemenl, 1844.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 12 fr.
agriculture (de I') en Europe et en amErique ; dtat de 1'agricullure dans leurs differents pays, les ame'liorations qu'ils reclament pour la prosperite publlque, comme puissant auxiliaire pour la securite et le maintien de leurs gouvernements; de la direction des bras et des idees vers la culture des champs; principes Condamentaux etrfegle-raents pour retabllssement des Instituts et des colonies agricoles, etc., par Dehy. 1826, 2 vol. in-8, fig. 6 fr.
ceres FRANgAiSE, ou tableau raisonne de la culture et du commerce des cereales en France, par M. Gautier, an-cien administrateur des vivres de la guerre de la marine et de l'approvisionnement de reserve pour Paris, avecune carte des regions agricoles de France. 1833, in-8. 6 fr.
Cultivateur (le) anglais, ou oeuvres choisies d'agricul­ture, d'economie rurale et politique d'Arthur Young ; trad, de I'anglais. 18 vol. in-8, fig.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;45 fr,
ETUDES AGRICOLES SUr la GRANDE-BRETAGNE^ar/?'. A/a-
lezieux. 1868,1 gros vol. in-8 avec 14 pi. 7 fr. 50 c.
manüel du proprietaire de mEtairies, principa'eraent dans l'oucst de la France, par M. Jules Jtieffel, directeur de I'ecole imperiale d'agriculture de Grand-Jouan. 1864, gr. in-18-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;fr. 50 c.
instruments agricoles; choix, emploi, etc.,parZolaquo;(Zlaquo;lt;. 1858, in-8, avec planches.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 7 fr. 50 c.
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biffebents (des) MOYENS d'amender le sol , ou tralte de la chaux, de la maroe, du sulfate de chaux, de I'd-cobuage, des cendres pyriieuses dePicardie, de la tourbe tie la homlle, des os, des engrais de mer, du nitrate de polasse, etc., par M. Puvis, correspondant de 1'Inslitut. 1837, 1 vol. in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2 f|.. 50 c_
esgrais. Disposition des places a fumier et d - Utihnes dans les exploitations rurales, par L. Bouchard 1869 in-8, avec 62 figures.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;( fr. 25 c!
des PAYSAiss et de I'agrieulture en France au ixraquo; sifecie, par Mquot;quot;' Romteu. 1865, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 9 f,-.
marxe (de la), de sa veritable nature, des diverses sub­stances confondues avec eile, de son emploi tu ricul-ture, des substances terreuses qui peuvent la rem 'lacer par Desvmx. 1847, 1 vol. io-s.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2 fr. 60 c.
kolveau Systeme de culture sans fumier, ni cha x, ni j.ichere d'ete, pratique h la ferme de Knowle, d ns le comte de Sussex, par le major general Mex. ßsa.sor. • trad, de 1'anglais par Cavoleau. 1827, in-s, avec planches.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3 f,.. so ..._
art de s'enrichir par Tagriculture en creant des pra ries par Fellault. 2- edit., 1849, iD-12, fig.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3 fr. 50 c.
traitE de la pierre a platre et de ses proprietös reialives k l'art des bätiments, ä la culture des prairies arlificielles et naturelles, des ccrdales, des arbres I .ui-ticrs, etc., par Dratet. 1837, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3 fr.
traitE theorique el pratique des amendemekts et des esgrais, precede de notions raisonnees sur la cotniws-sance des terras, l'analyse des sols et l'etude de la -e-getation, par M. E. Martin. In-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; t fr,
h.vuitations ä l'usage'des cultivateurs, dispositions Sj)4-ciales pour les ouvriers ruraux, pour le chef d'une petite culture,d'une moyenne exploitation, d'un granddomaine, par L. Bouchard. 1863, gr. in-8, 22 planches. 4 fr!
feri
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