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MANUEL DU B0UV1ER
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BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
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MANUEL
DU BOUVIER
OU TRAITE DE LA
MEDECll PRATIQUE DES BETES A CÖRNES
PAR JOSEPH ROBINET
V^TäRlNAIRB,
Suivi de notes sur le betail traduites de l'anglals
PAR M. HUZAKD FILS
D'DN TRAITE DE L'ENGBAISSEDIENT DES VEAUX DES BKUFS ET DES VACHES
PAIt M. GROGNIER Profcsscur a Plicole vctcrinaire (le Lyon,
ET raquo;S L'ENGRAISSEMENT DES HETES A C0BNE3, TRADD1T DE L'ALLEHAND DE PABST
PAR M. MOLL Professeur au Consci-vatoire imperial des arts et metiers.
QUATRIEME EDITION
ENTIEHEMENT REFONDUE ET CONSIDERABLEMENT AÜGMESTEE.
TOME SECOND.
PARIS
L1BRAIRIE DE MADAME VEUVE BOUCHÄUD-HUZARD
RÜE DE l'ePERON, 5.
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MANUEL DU BOUVIER.
DEUXIEME PARTIE.
PHARMACIE, THERAPEÜTIQUE, CHIRURGIE.
CHAPITRE PREMIER.
De la pharmacie et des medicaments.
L'onvrnge que je prcsente ou public m'a ete demande par des pcrsonnes de consideration. Quoiquc destine piiiicipaiernent a l'inslruction sommairc des bouviers, on sent bien que son uli-iite n'en cst pas moins etendue ä lous les fermiers en general, ä tous los marclinnds bonchers, ainsi qn'ä tons les pAtres et marcaires qni n'ont pn ncqnerir beaucoup de connaissance, ni se garanlir des pröjnges irop re^us. J'ai (flehe de le mcürc a n.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I
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leur porige, tant par la simplicite des formales que par la brievete des applications et la clarte des principes.
II en resulte, ce rae semble, plusieurs avantages; un des plus considerables est la reforme d'une in-finite'd'abus pernicieux auxquels on ne se livre encore que 'trop aujourd'hui; teile est, par example, cetle quantite Enorme de drogues echauf-fantes, d'huiles, d'onguents, etc., employes dans la medecine veterinaire, laquelle doit en etre absolument bannie, pour y substituer le petit nombre de remamp;des simples auxquels la nature et l'experience accordent la preference. II ne faut pas s'imaginer que les recettes les plus chargees et les drogues les plus cheres soient 'celles qui guerissent le mieux; on peut faire beaucoup avec peu de chose, puisque la nature, dans les mala­dies, fait quelquefois tout avec rien : ainsi il est tres-possible d'obtenir beaucoup de guerisonsavec peu de remedes, et souvent avec beaucoup de re-medes on obtient peu de guerisons. Mais, pour ne pas asservir l'opinion du lecteur h celte idamp;e et forcer sa conflance, je rendrai un compte exact des melhodes qui m'ont le mieux rcussi. J'ai ajoute ä mon travail, lorsqu'il m'est venu en pensee de le rcndro public, celiii de nos meilleurs
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praticiens (1). En puisant dans leursöcrits toulce qui pouvait enrichir celui-ci, je n'ai adopte que les faits qui m'ont paru les mieux constatamp;s et bien degages des fuliles productions de 1'esprit; j'al recueilli, en un mot, tant de mes observations que de celles des autres, tout ce que j'ai trouve de plus important et de plus sür dans l'arl de conserver la vie aux Mtes ä cornes.
En ofFrant au public cet ouvrage sur les mala­dies des bfites ä cornes (2), j'ai cru quo le point de vue le plus avantageux sous lequel on devait les considörer amp;ait de voir d'abord leurs descrip­tions, ensuite leurs causes, et enfln les moyens d'y remamp;lier,
(1)nbsp; C'est surtout dans les ouvrages de MM. Chabert, Ha­zard, Lafosse, de Sauvages, et spi'xialcincnt dans les Rv~ chcrches historiques et physiques sur les maladies epizoo-tiques, par M. Faulet, docteur en m^decioe des Facult^s de Paris et de Montpellier, que j'ai puis6. Get aveu est le temoi-gnage de la reconnaissance que je leur dois, et la marque du peu de pri'tciilioü que j'ai sur un ouvrage que je n'ai entre-pris que pour l'utilite du public.
(2)nbsp; A l'exception des bons auteurs qui ont ^crit sur les Ipizooties, je ne connais d'autres ouvrages sur les maladies ordinaircs que la .Waison rustique, le Guide du fermier, traduit de l'auglals, avcc le Parfail Bouvier, par M. Bou-trole. Je n'ai pu adopter ni Tun ni l'aulre, parce qu'ils ne sont remplis que de recettes informes, qui se sont perpä. tuies d'äge en age parmi les patres, etc.
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Mais ce n'est pas de la science pure que nous faisons ici, el nous nous atlacherons, avanttoul, ä metlrc ie ciillivateifp en etat de reconnaUrc les syrnjilömes de maladie, el de donner les premiers solus avant l'arrivee du velerinaire. 11 csl done prudent ä cliaque feimier d'etre muni de cer-lains instruments et de plusieurs medicaments de i'usage Ic plus frequent et !e moins dange-retix.
laquo; Pour contenir !es medicamenls, dit M. San-laquo; son, des vasos en gres pouvant fiicilement se laquo; neltoycr, quelques boites destinees aux poudres laquo; et aux substances salines sont ce qn'il y a de laquo; preferable. Un morlier en metal, un autre en laquo; poreeiaine, deux ou trois spatuies, line couple laquo; de casseroles en fer baltu et une balance, un laquo; entonnoir en verre et quelques bouleilles de laquo; differentes capacites, enfin une ou deux se­tt ringues, composent tout le materiel necessairc laquo; pour les besoins courants. raquo; (Lefour, Zoolechnie generate, blbliotheque du cultivaleur.)
Comme instruments, les plus indispensables sont : des ciseaux droils et des ciseaux courbes; plusieurs bistouris ä coulants; un trocart; une aiguilie ä setons; six aiguilles ä suture de diverses grosseurs; une flamme ä deux lames; unegrande
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seringue et unc plus petite pour les jcuncs ani-maux; diverses mesures de differentes capacitös; enfin une paire de balances tres-exaetes avec leurs poids gradues.
Comme medicaments, la pbarrmeie de la fermc doil contenir : del'alcool camphre; del'alcalrvo-liilil ou ammoniaque; de l'alocs suecolrin; des Sul­fates de fer, de cnivre et de zinc; de l'essence de terebentliine; de l'eau deRabel; de l'ölher sulfu-rique; de l'extrait de Saturne; de la liqueur de Villate; du sei de Glauber (sulfate de soude); du sei de nitre (nitrate de potasse); de l'ongucnt ogypliac, populeum, vesicatoire, fondant; des fleurs de camomille et de sureau; des poudres de gnimauve, reglisse, genliane et quinquina; de la farine de lin et de monlarde, de la graine de lin ; des totes de pavots; du savon vert liquide.
Tons ces medicaments doivent titre conserves sous clef et dans un endroitsec; on doit avoir soin de les renouveler des qu'ils sont avaries ou em­ployes, de fagon ä conserver tonjours un approvi-sionnement suffisant sans avoir besoinderecourir aux pharmaciens des villes dont on est souvent eloign^.
laquo; On appelle medicament, dit M. Beugnot, laquo; toule substance qui, administr^e ä rinlerieur
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laquo; ou appliquöe ä rexterienr du corps des ani-laquo; tnaux, concourt ä la guerison de leurs mala-laquo; dies. L'action des medicaments est locale ou laquo; genörale; on appelle locale celle qu'ils exer-laquo; cent directement sur les parties sur lesquelles laquo; on les applique. L'action locale est dite revul-laquo; sive lorsqu'on agit sur une partie saine pour yquot; laquo; appeler et y fixer une inflammation developpee laquo; ü 1'Interieur sur un organe plus important k la laquo; vie. On appelle gön^rale l'action qui s'exerce laquo; sur tout le corps.
laquo; Les effets des medicaments sont priraitifs ou laquo; secondaires. On nomme primitifs les change-laquo; ments produits par l'action directe des m^dica-laquo; ments sur les organes; secondaires, les effets laquo; qui ne se produisent que plus tard et qui sont laquo; la consequence des primitifs.raquo;{Maison rustique du XIXe siede, t. II, p. 289.)
On prepare les medicaments sous un grand nombre de formes, que nous diviserons en solides, molles et liquides.
Parmi les medicaments solides, se trouvent les especes, melange de plusieurs plantes ou fractions de plantes, jouissant de propriety semblables, samp;hees, couples menu et soigneusement m6-lees; ainsi, les fleurs de la camomille et de l'aiquot;
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moise, excitants g^n^raux, douöes de proprietes aromatiques et ameres; les racines de l'asperge, dupersil et de rarr6te-boeuf(onomÄ), toutes trois diuretiques ä divers degres. Puls nous rencon-trons les poudres, substances solides pulverisöes en particules fines, comme Tecorce de quin­quina, la racine de guimauve, le bois de la re-glisse, etc.
Parmi les preparations molles, produit mou de l'evaporalion d'un liquide obtenu, soit par simple expression, soit par infusion, decoction ou mace • ration dans l'eau, le vin ou l'alcool, des planles ou des parties des plantes, on distingue : les dectuaires ou opiats, formes de poudres ou d'au-tres medicaments melanges etagglutinös au moyen de miel, de melasse oud'un extra it vegetal; il y a des ölectuaires composes de poudres de reglisse et de guimauve, adoucissants; de poudres de gen-tiane et de quinquina, toniques, etc. On emploie ordinairement cette forme pour les medicaments insolubles dans l'eau, et qu'on ne saurait, par consequent, donner sous forme de breuvages. Les pommades, composöes de medicaments dissous ou melanges intimement ä une graisse quelconque. Les onyuent s ne different des pommades qu'en ce qu'ilentre, dans leur composition, des resines o
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des gommes-resines, et que leur consistancc esl un pen plus grantle. Les ce'rals different des pom-madcs'en ce qne rhuiie et la cire rcmplacent la graisse comme excipient des medicaments. Les einpldfres se rapprochent des onguents par leur composilion ; mais leur consistance est un peunbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; J
plus ferme, et la chaleur du corps des animaux sur lequel on les applique provoque leur ramo!-Ibsemcnt. Les calaplasmes sont des farinesou des poudres, ou des melanges des unes et des aulres, delayes dans un liquide, additionnes quelquefois de corps gras, et qu'on applique sur la region ma­lade. Quand c'est la farine de moutarde qui est employee, le cataplasme prend le nom de sina-pisme. On appelle extraü la preparation d'une substance animale ou vegetale qu'on prepare par digestion, infusion ou maceration dans I'eau, le vin, Talcool on I'elher, et qu'on amene a uno consislance demi-flnide et quelquefois mßme so­lide. Los hols sont des preparations d'une consis­lance assez grande pour conserver la forme de bonles qu'on fait avaler, et composöes de poudres agghitinces par du miel.
Les preparations liquides comprennent : les boissons, simples, alimentaires ou medicinales, ayant l'eau pour base, contenant, en solution ou
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en Suspension, des matieresfarineusesou medica-menleuses et que l'animal absorbe de Iui-m6mc. Les breuvages sont des boissons medicamenleuses qu'on fait avaler ä l'animal, parce qu'il ne les prendrail pas sans moyens coercitifs; on les lui verse au moyen d'un bridon ä entonnoir, d'une corne, d'une bouteille, etc. Les infusions sont dos preparations destinees ä charger un liquidebouil-lant, ordinairement l'eau, des substances volatiles actives des vegetaux pramp;dablement reduits en minces fragments. Les decoctions sont une disso­lution de certains principes actifs des plantes, ob-lenue en faisanl bouillir ces plantes dans un li­quide pendant un temps variable. La macöralion esl )a dissolution obtenue en plongeanl un corps dans un liquide a la temperature ordinaire pendant un temps plus ou moins long. Les teinlures sont des dissolutions alcooliques ou etherees dc substances mcdicamenteuses obtenues par maceration ou par digestion. Les vins et vinaigres medicinaux sont des dissolutions de medicaments dans ces liquides, obtenues par infusion ou maceration. Les Imiles me'dicinales sont des dissolutions medicamen­leuses dans des Imiles fixes ou volatiles. Les col-lyres sont des medicaments liquides destines ä
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MANUEL
btre appliquös sur les yeux. Le liniment est un compose, ä consistanceet ä base oleagineusCj dont on fait des imbrocalions sur une region du corps. La lotion est le liquide destine ä des lavages repu­tes ; quand il est abondamment repandu sur une partie notable du corps, l'operation prend le notn d'affusion; quand, au contraire, il est porte abondamment avec l'aide d'un corps interme-(iiaire, l'operation prend le nom de fomentation. Les injections sont des liquides que Ton pousse dans une cavite naturelle, artificielle ou acciden-telle; celles destinees ä ranus portent le nom de lavements; celles destinees ä la bouche portent le nom de gargarismes.
L'administration des medicaments necessiteune grande prudence. Les diverses especes animales nc sonlpasegalement influenceesparcesmatieres, ni par des doses meme proportionnees ä leur laille et leur poids relatifs. II est done essenliel d'apprecier d'abord d'une fa^on judicieuse la dose convenable suivant Vage, l'espece, l'^tat de santtS, les symptömes, le temperament, etc., puls de peser tres-exactement ces doses. Ces recomman-dalions s'appliquent surtout aux medicaments in­ternes.
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Quant numoded'administration, il ne demande pas de moins grandes precautions. Ainsi, pour les breuvages, et sur les ruminants, il est impor­tant de determiner, avant tout, le but qu'on veut attcindre. laquo; Vent-on, dit M. Sanson, faire pene-laquo; trer le breuvage directement dans la caillette, laquo; afin de produire nn effet general par son ab-laquo; Sorption, ou un effet sur l'intestin, dans ce cas laquo; la töte sera maintenue allongee, rencolure a lendue, et le liquide verse dans la boache par laquo; petites portions, de maniöre ä ce qu'il soit avale laquo; par petites gorgees. S'il s'agit, au contraire, laquo; de faire arriver le liquide dans la panse seule-laquo; ment, comme daus le cas de meteorisation, a par exemple, il faut tendre le moins possible laquo; l'encolure et verser le coijtenu de la bouteille laquo; sans discontinuer. Le liquide est ainsi aval^ par laquo; grandes gorgees et ne peut franchir la goutliere laquo; oesophagienne. II tombe tout de suite dans le a rumen. raquo; (Notions usuelles de medecine ve'le-rinaire, p. 153.) Dans tous les cas, et au milieu des efforts que fait l'animal pour se defendre, il faut prendre garde que, faisant fausse route, le liquide ne tombe dans les voies respiratoires au lieu de serendre.parroesophage, dansl'estomac ; il faut done que la (6te soil assez,, mais non frop
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soulevee, et ne verser qn'au fur et ä mesnre quo Tanimal a raisonnablement pu aviiler.
11 ne fnut point onblier surtout quo la dose des medicaments modifie sensiblement leurs effets : laquo; C'est ainsi, dit M. Beugnot, que ia plupart des .laquo; substances aslringentes, toniques et excitantes, laquo; n'ont guere qu'une action locale quand on les laquo; donne a petites doses, landis qu'au confraire, laquo; ä de plus hautes doses, ellcs elendent leur in-laquo; fiuence sur toute l'economie. raquo; C'est ainsi en­core que certaines substances, veneneuses ä pelites doses, sont inofTensives ou simplement purgatives quand on les donne en doses elevees.
Ceci pose, nons allons etudier successivement les diverses formes des medicaments, leurs pro-prietes et leur modg d'administration.
sect; 1quot;. — DES PLANTES MEDICINALES ET DES MEDICAMENTS D'ORIGINE YEGETALE.
Diverses plantes jouissent de certaines pro-prietes ulilisees en medecine veterinaire; nous les diviserons done en diflercntes classes suivant leur action.
EmoUienls. Pour ['usage inierne : les rarines et ies feuiües de la mauve sauvoge {malva svres-
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tris) et de la guimauvc officinalc [althasa ofßci-nalis); les feuilles du bouillon-blanc ou molenn {verhascum thapsus); de la pariötaire [parietaria ofßcimlis); de la grande et de la petite consomlc [symphytum ofßcimle]; les racines de chiendent Urilicum repens); les graines et les farines delin, d'orge, de chanvre, de feves, l'amidon et presque toutes les matieres farineuses; le son de ble.
Pour l'usage externe : l'arroche des jardins [nlriplex horlensis), dont on cmploie les feuilles en cataplasmes ; les farines de lin, le son de fro-ment, egalement en cataplasmes; le miel, la m^-lasse, les huiles grasses et fralches.
On emploie les emollients en infusions, decoc­tions, lotions, fomentations, bains, lavements, injections, breuvagesou cataplasmes.A I'interieur, ils calment la soif, la fievre, la chaleur; a I'exte-ricur, ils rendent de la flexibilile aux muscles, aux tendons, aux ligaments, de la souplesse aux articulations. C'est nvec leur aide qu'on combat les irritations aigues tanl internes qu'externcs.
Adoucissanls. La plupart des emollients sent des adoucissants; ainsj nous n'ajoulerons aux precedentes plantes que, pour I'interieur : la re-glisse (glycyrrlriza glabra), les feuilles de laitue [lactuca saliva), les gommes du prnnier, du ce-n.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2
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risier ou de l'abricotier, la gomme arabique; !es graines depoliron [cucurbita pepö); a l'exterieur : les feuilles de poiree ou bette sauvage [betta vul-garis), la morelle noire [solanum nigrum], l'as-traga\edeMonlfe\l[er[astragalusmonspessulanus]. On emploie les adoucissants sous les mömes formes que les emollients, dans les cas d'affections de la peau, dans les irritations de l'estomac ou des intestins, dans les dyssenteries, etc.
Narcotiques. Les plantes jouissant de ces pro-prietes ne doivent 6tre employees qu avec la plus grande precaution; ä doses un peu 6levees, elles devienncnt eminemment v^neneuses. De ce nombre sont : l'opium, extrait du pavot somni-fere (papaver somniferum), les baies de la bella-done {atropa belladona), Aont les feuilles entrent dans la preparation de l'onguent populeum ; les baies de la jusquiame noire ou blanche {hyoscia-mus niger vel albm); l'extrait des feuilles de la stramoine vulgaire {datura slramonium); les baies de la morelle noire {solanum nigrum), dont les feuilles entrent en tres-grande proportion dans la composition de l'onguent populeum; le sue ex-prime de la grande cigue {conium maculalum) est un narcotico-äcrCjComme la decoction fraiche ou seche du labac [nicoliana tahacum).
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L'opium s'emploie tantöt ä l'inlerieur, m61(5 aux breuvages, injections ou lavements, tantöt a l'exterieur, en addition aux cataplasmes, lolions ou fomentations. A l'interieur, on emploie sou-vent aussi les totes memes du pavot somnifere. La grande cigue ne s'emploie ä l'exterieur que sous forme de topiques, en poudre mölee aux ca-laplasmes ; ä l'interieur, on la donne sous forme de sue exprimö par pression. Le tabac s'emploie en decoctions de feuilles seches ou reduites cn poudre pour obtenir des lavements stimulants ou irritants; additionnees de sei marin,ces decoctions s'emploient h l'exterieur comme topiques centre certaines maladies de la peau, comme la gale. La belladone ne s'emploie le plus souvent qu'ä l'ex­terieur pour produire la dilatation de la pupilie, ou comme anesthesique; on en fait quelquefois usage ä l'interieur dans certains cas d'irritation chronique du pouraon ou des bronches.
Stimulants ou excitants. Parmi les nombreuses plantes qui jouissent de la propiiete de reveillcr les lissus vivants, d'aecrottre leur Energie et leurs mouvements, de stimuler, en im mot, et d'exciter les organes, nous ne nommerons quelessuivantes: la cannelle, ecorce du laurier-cannellier [laurus cinnamomum), qui se donne en infusion dans
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l'eau, on en poudreelsous forme d'opiat, m61ee lt;ä d'aätres medicaments toniques; legirofle, fleursdu giroflier aromatique [caryophyllim aromalicum), un des stimulants its plus energiques, qu'on ad-ministre h I'interieur en poudre ou en infusion, ou quelquefois sous forme de nonet ou mastiga-dour; Tabsintlie ou armoise-absinthe {artemisia ahsinlhium), dont les sommites fleuries et las feuilles sont donnees en infusions ä Vinterieiir, ou lotions ou fomentations a I'exterieur; la ca-momille romaine {chamomilla nobilis), dont les fleurs forment une infusion aromatiqueet amere; la matricaire (malricaria chamomilla vel Parlhe-nhtm), dont les fleurs sont moins actives quecolles de la camomille ; I'angelique (angelica arcliange-lica), dont on donne la racine en poudre on en infusion; la lavandeofficinale [lavandula officina-lis), dont on retire une huile qui sert ä faire des frictions irritantes; les bales du genievre [junipe-rus comtnunis), qui s'admini^tront ä Tinteiiieur, concassees avec du miel, ou servent ä preparer un extrait vineux ou aleoolique; le camphre, ex-trait du laurier-camphrier [laurus camphora); l'assa foetida, gomme-resine extraite de la ferule (ferula assa foetida); l'alcool et I'dlher, qu'on re­tire, par distillation, du vin, de la belterave, de
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la pomme de terre, etc. Enfin nous nous conlon-lerons de nommer encore la sauge, I'liysope, le romarin, !a menthe, le sureau noir, la scille ofG-cinale, l'ail, la germandröe aquatique, la vale-riane officinale, la moularde blanche et noire, la tiigonelle-fenugrec.
Aslringenls el loniques. — C'est au lanin qu'ils renferment que les vegetaux suivants doi-vent surlout leursproprieles.De ce nombre sonl : l'ccorce de chöne {querem robur) ou tan, qu'on emploieen decoction et qu'on administre en breu-voges ou en injections et lavements; l'ecorce du saule blanc [salix alha) et celle du fröne [fraxi-mis excelsior) moins astringenles que celle du chfene; celle du ratanhia (Gramma lt;mwrfra}dotieo de proprietös tres-aclives; la racine du rufnex-pa-lience {rumex palienlia); celle de la bistorle (poly-gonum bislorta); les feuilles de la ronce des haies (rubits fruticosus), du noyer (juglansregia), de la chicoree sauvage {cichorium inlybus), du pissen-lit {laraxacum dem leonis); la racine de genliane {genliana lulea); la pulpe du coing [cyilonia vul-garis); Ls feuilles et tiges de la potentille ram-pante [potenlilla reptans); la decoction de roses rouges (rosa gallica), d'aigremoine (agrimonia eupaloria), de beiioite {geum uibanum) ; l'infu-
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sion de fleurs de grenadier {punica gramlum).
On considere commc plus particulierement to-niques : I'ecorce du quinquina [cinchona lancifo-liä), qui csten nißme lemps anlipulride et febri­fuge et qu'on empioie ä l'interieur et ä l'exte-rieur; la racine de l'aunee [entila campana), ä la fois lonique etstimulanle; les racines, les feuiiles et la seconde ecorce du buis [huxus sempervi-rens]; la centaurce chausse-trape, ou chardon b6-nit [cenlaurea calcilrapa) dont on a quelquefois subslitue les feuiiles a la poudre de quinquina; la bardane officinale {arclium lappa), douce ä la fois de propriety astringentes, toniques, sudorifiques et diureliqucs; la fumcterre officinale [fumaria ofßcinalis), dont toules les parlies sonl toniques; la gcrmandrce petit ebene [teucrium chammdrys); la chironie petite cerilauree(c/i//omacen/onum), le menyanlhe ou trefle d'eau [menyanlhes Irifo-liala), les c6nesect; sees du houblon {humulm lupu-lus), etc., etc.
Purgalifs. — On les divise göneralement en laxatifs, minoratifs et drastiques, suivant l'inten-sile de leurs effets. Parmi les premiers on range : la manne, excretion du freue de la Calabre [fraxi-nus excelsior); la casse [cassia fistula) dont le pericarpeest purgalif; le tamarin (tamarindus in-
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dica),qm produit des fruits ä pulpe laxative; Ic ricin ou palina-chrisli(ncmMs cornmwmlaquo;),donl les fruits donnent une huile purgative; les racines des iris de Florence (ms florenlina) et germa-nique (germanica), dont la poudre tonlient un prineipe emetique et purgalif; la mercuriale an-nuelle {mercurialis annua) avec la decoction des l'cuilles et liges de laquelle on compose des lave­ments lasatifs.
Parmi les minoratifs on comple la seconde ecorce du sureau noir{sambncusniger}; les feuilles de l'herbe au pauvre homme ou graliole officinaie {ijraliola officinalis), dont loules les parties sont ömetiques et purgatives; le sirop de nerprun, pre­pare avec la pulpe des baies du rhammts cathar-licus, mais plus specialement pour les chiens; le lin catharllque {liuumcalharlictim), autrefois em­ploye frequemment; le sene, feuilles et gousses du cassia senna; le jalap, racine da convolvulus ofßcinalis; le sue de la scammonee (convolvulus scammonia) ,• les racines deia rhubarbe des moines {rumex älpim).
Parrai les purgatifs drastiques, nous citerons la rhubarbe palmee {rheum palmalum), dont les ra­cines jouissent de proprietes toniques et tres-pur-gatives; l'euphorbe-^purge [euphorbia lalhyris),
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doiil lo sue esl im des purgatifs les plus violenls cl fie ceux qu'on ne doit employer qu'avec la plus grande circonspeclion ; la raeine tuberculeuse du veratreblduc (veratnm album), im des drastiques les plus violents; l'huiio de crolon liglion [crolon liglium) extraite des graines de cette pianle, et tresaclive; la gomme-resine extraite de l'alous {aloes fruticosa), le sue de la coloquinte, celui de la bryone, etc. De tous ces purgatifs, le pluseuer-gique est l'huile de croton liglion.
Dniretiqucs. — On nomme ainsi les mediea-rnciits qui ont une action direcle et parliculierc sur les reins, et aclivent la secretion des urines. Nous nommerons surlout : l'infusion de bour-rache officinale [borrago ofßcinalis), dont les fleurs sont sudorifiques, et dont les feuilles et tiges sontlegerement diuretiques; la decoction de raeine de l'ache-persil [aphim pelroselinum), en nieme temps diaphoretique; l'infusion desracines de Tangelique officinale {angelica archangelica), legerement diuietique et en meme temps sudori-fique; l'infusion des racines de l'arrßte-boeuf ou bugrane {ononis repens vel spinosa),amamp;re et for-tement diuretique; la decoction de feuilles et tiges de la parietaire officinale (parielaria ofßci­nalis), appelee aussi herbe de Notre-Dame, casse-
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pierres, perce-pierres, ou perce-muraille, qui est Icgerement diurelique-, lesbulbes de la scille ma­ritime {seillamantima); ceux de ia colchique d'au-luinnc (colchiemn aulumnale), en meme temps ve-neneux par ia veratrine qu'ils renferment; l'ex-irait de baies de geniamp;vre {juniperus communis); les decoctions de guimauve, d'orge, de chiendenf, do grainesdeiin, de parielaires, prises ä grandes doses et qui sonl des diuretiques emollients.
] esicanls. — On appelie de ce nom les medi­caments qui, appliques sur la peau, y produisent une vive irritation, provoquent l'apparition d'une ampoule ou vesicule, puis determinent une abon-dante secretion sereuse. De ce nombre sont : la pinpart des renoncules et surtout la renoncule acre (rammciihts acris), dont la racine fournit un trochisque souvent employe parlesmarechaux, et dont les feuilles et tiges pilees sont un vesicant; Ia chelidoine-eclaire [chelldoniummajus), dontle suejaune est un vesicant-assez actif; Tail com-mun [allium cepa), dont les buibes pilöes sont as­sez energiques; le grand raifort [raphanus rapha-nistrum), dont la racine pilee aveedn vinaigre est en möme temps un excitant antiseptique; la mou-tarde noire {sinapis nigrä), dont les graines rö-duites en farines et appliquees en cnlaplasmes
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sont puissamment vesicantes; Ics ellöbores noir et blanc, ou roses de Noel [hellebonis albus et ni-ger), donl les tiges et les feuilles renfermenl un sue vesicant tres-actif, et dont la racine est em­ployee comme trochisque; le sue de l'euphorbe-epurge [euphorbia lalhyris); les feuilles ecrasees de la clemalite des haies [clemalis vitalbä).
Vermifuges, on anthelminliqties. — Medica­ments employes pour detruire ou expulser lesvers du corps des animaux. Nous citerons parmi les plus employes: la moussü de Corse [gigarlina hel-minthocorlon) et la poudre d'ccorce de la racine du grenadier(pu}w'cag'rawalt;Hm),administrees soit en bols, soit en breuvages, soit en lavements; l'huile de ricin, l'assa foelida; larue puante(nlt;lt;a graveolens), l'absinlhe [artemisia absinthium), la tanaisie [lanacelvm vulgäre), la camomille (on-themis nobilis) donnes sous forme d'infusions et comme adjuvants ä l'aloes; la racine du polypode tbugere male [polypodium filix mas]; la suie de cheminee administreea linterieur dans une infu­sion deplantes ameres, etc.
Emeliques ou vomitifs. — Parmi les mddica-ments le plus souvent employes pour determiner le vomissement, nous nous bornerons ä signaler : l'ipecacnana, ecorce pulverisee de Tip^cacuana
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stri^ (fsychotria emelica), on remelinü, piincipe exlraitde celte ecorce; les racines de la violette odorante [viola odorala); les semences de la sla-phisaigre {delphinium slaphisagria); le tabac (nt-coliana labacum) donne en decoction; les racines, l^gerement emetiques, de la betoineof0cinale(6e-tonica officinalis).
Emmenagogues ou ulerim. — Ce sont les me­dicaments qui onl une action plus particuliere snr Tuterus dout ils peuvent determiner de violenles contractions; on emploie parmi cux: la rue puanlc [rula graveolens), des sommiles fraiches de la-quelle on fait line infusion qu'on administre en breuvage; les feuilles ettiges sechees de la sabine {juniperus sahina]; ia poudre de seigle ergole.
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sect; 2. — DF.S MEDICAMENTS D'ORlGlNE AN1MALE,
Le regne animal fournil pen de medicaments a ia medecine veteiinaire. Nous nous bornerons ä citer : parmi les adoucissants, la ^raisse de pore, qui a haute dose et fondue pent elre un vomitif, et a dose plus faible un laxatif; I'huile empyreu-malique animate, un puissant vermifuge ; enfin la poudre de canfharides, a la fois irrilante, vesi-
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canie et dinrelique, suivant qu'elle est administree ü rinlmeiir ou ä rexlerieur.
sect; 3. — DES MEDICAMENTS CHIM1QUES OU D'ORIGINE MINERALE.
Gelte classe de medicaments est la plus nom-breuse, sonvent la plus active, et presque tonjours la pins employee dans la pratique. Nous aliens les cla^ser, comme nous I'avons fait pour les pre­cedents, selon la nature de leurseffets :
Emollients. — L'eau pure, tiede, ou legure-ment blanchie, employee en lotions ou en fomen­tations, conslitne un excellent emollient; eile assoupiit la peau, distend les tissus et calmela douleur locale; eile est en meme temps un adou-cissant.
Narcotiques. —Nous no cilerons parmi ceux-ci que I'acide hydrocyaniqne, incolore, transparent, tres-volalilel tres-inflammable; il s'allere facile-merit, meme hors du contact de Fair; il constituo un des poisons les plus aclifs qu'on connaisse, meme ä une dose infiniment petite. On ne doit done Temployer qu'en parfaite connaissance de cause, avec la plus grande prudence, et le conser-ver surtout ä l'abri de toutes mains etrangeres. I.es medecins de riiomme rempioient souvent
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avec sncc.es au trailement des maladies de poi-trinc.
Stimulants on excitants. — Parmi ceux-ci, ci-tons : le carbonate, 1'acetate et Vhydrochlorale d'amrnoniaque, et l'ammoniaque liquide ou alcnli volalil; ce dernier est donne souvent ä l'interieur dans les maladies determinees par la staseou I'al-teration du sang, les indigestions gazeuses; on le donne alors etendu d'eau ; pur et concentre, il est un des poisons irritants les plus energiques, ä Tinferieiir; mais, ä I'exterieur, il est caustique ct rubefiant; on I'emploie ainsi pour cauteriser ct nentraliser lamorsure oulapiqüre desanimanx el insectes vcnimeux; melange avec une hnile es­sentielle ou une huilegrasse, il forme un liniment calmant ou fondant. A I'etat gazenx, il esl utilise [)Our le traitcment de certaines affections chro-niques de l'oeil, comme I'amaurose. Le carbonate d'amrnoniaque est un excitant tres-energique, em­ploye tantot comme fondant, lantöt comme depu-ialif ou meme comme diaphoretique. II agit parti-culiörement sur le Systeme lymphalique. On le donne en electuaircs ou en breuvage. L'acetale d'amrnoniaque est en meme temps tonique, dia­phoretique el sudorifique; il est moins excitant que l'alcnli el que le carbonate; on I'emploie dans ii.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3
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les malatlies ciiarbonneuses et dans les cachexies; il s'adminislre fondn, en breuvages. L'hydrochlo-rate d'ammoniaque est un excitant modere, et en meine temps diunHiqiie, sudorifique et consUtue im prerieux fondant; il s'emploie contre les erup­tions cutanees, l'engorgement des glandes lym-phatiques, etc.; il s'adminislre en electuaires 011 en breuvage, ärinterieur; ä l'exterieur, il s'ap-piique soit en poudre, soit en dissolulion ponr faire des lotions ou des fomentations; parlbis on I'associe a l'eau-de-vie et au savon pour former un liniment.
Aslringenls et lomques. — Parmi les plus glt;5-neralement employes, se trouvent: I'eaii froide, la neige et la glace; la plnpart des aeides min6-raux ötendus d'eau; le sulfale de fer (vitriol verl); 1c sulfate de cuivre (vitriol bleu); le sulfale de zinc (couperose blanche, vitriol blanc); {'acetate de plomb (sei de Saturne); le tartrate depotasseet de fer (boules de Mars ou de Nancy); l'eau salee, c'est-ä-dire contenant du clilorure de sodium en disso­lution ; les eaux chargees d'oxyde de 1er qui pro-viennent de l'aiguisage sur les meules, ou celles dans lesquelles les forgerons trempent leur fer chaud, sont plus parliculiereiiient astringents; ils sont, en general, employes ä |Vxtericnc.
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Les loniqiies principaux sont : le deutoxyde c!e for ((^Ihiops martial); le tritoxydc de fer (rouge d'Angleterre^le carbonate defer (safran de Mars astringent); la limailie de fer (peroxyde de for, l'eau ferroe et l'eau rouillöe.
Plusieurs de ces substances, notammenl le Sul­fate de cuivre, le sulfate de zinc et l'acetate de plomb sont des poisons assez violents, et leur con­servation non moins que leur emploi ramp;lament beaueoup de prudence et de circonspection.
Purgalifs. — Panni les purgatifs laxatifs, nous n'en rencontrons aueun d'origine mineralc ou inorganique. Parrai les minoratifs et drastiques, nous dislinguerons : le sulfate de soude (sei de Glauber), minoratifd'un frequent usage, souvent employe encore k l'extcrieur comme fondant et dans quelques maladies chroniques de la peau; le sulfate de potasse (sei de Duobus) lögerement pur-gatif, rnoins soluble que le precedent et rnoins employe. Le sulfate de magnesie (sei d'Epsom, sei deSedlilz), purgatif minoratif tres-usitc; on Vad-ministre eu dissolution et sous forme de breuvage combing avec d'autres substances, surtout l'aloes; le tartrale aeide de potasse (creme de lartre), pur­gatif minoratif recommandeplus pailiculicrcment dans les affections chroniques du foie, les hydro-
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pisies, l'anasarquo et plusieurs maladies inflam-matoires; on ledonne dissousdans des breuvages; le tarlralo de polasse et de soude differe peu du precedent par scs propiieles, et ful ionglemps ä la mode dans la medecine huniaine.
Diuräiques. — Dans cette elasse, nous rcn-conlrons : le nitrale de polasse (sei de nitre), de lous le plus usile, le plus bur dans scs effets et le moins coüteux, assez facilement soluble; il se donne en breuvage, en elecluaire ou meme me­lange ä du son frise ; le carbonate de potasse (sei de tartre) et l'acelate de soude, qui jouissent Tun etl'autre de mamp;nes proprieles; le carbonate de soude moins employe queceluide potasse h cause de son prix; le savou (compose de stearate, de margarate et donate de soude et de potasse) est paiibis employe comme diuretique; celuide Mar­seille seul peut et doit (Hre adrainistre ä l'inte-rieur.
Vesican(s,causliques, e'pispastiques, rubeßants. — Au nombre des vesicants, on ne peut guere inscrire que l'ammoniaque liquide (alcali volatil). L'eau bouillante est un rub6fiant; au nombre des caustiques nous nommerons: l'acide sulfurique (huile de vitriol), un des plus energiquesavec l'a­cide nitrique (eau-forte), qui detruisent les lissus
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en les desorganisant; le premier ehtre dans la composition del'eau de Rabel, caustiqueemploye conlre le crapaud, le pietin, les aphthes, etc.; l'a-cide liydrochlorique (esprit de sei), un pen moins corrosif que les precedents, plus specialement usile pour la cauterisation des dartres, des aphthes el des ulceres de la bouche, oü on le porte avec un petit pinceau ; la polasse caustique (pierre ä cautere), employee sur la peau et les parties seches de rexterieur ; le nitrate d'argent fondu (pierre infernale), caustique tres-energique, dont il est facile de limiter 1'action, est plus employe que le precedent; on l'emploie parfois, dissous dans lean, contre certaines dartres ; le chlorine d'antimoine (beurre d'antiraoine), non moins ac-tif et plus prompt que le nitrate d'argent, est em­ploye pour cauteriser les plaies produites par des animaux enrages ouvenimeux, arrßter lesprogres de la carie, elc.; l'arsenic blanc, ou mieux acide arsenieux, est employe pour cauteriser les bou-tons de farcin ou combattre la gale ; c'est un poi­son violent; les sulfures d'arsenic jaune (orpin, orpiraent) et rouge (realgar) sont rarement em­ployes dans la pratique; le sulfate de cuivre (vi­triol bleu) est mis en usage contre le pietin des moutons; enfinTalun calcines'emploieen poudre,
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1 our rongcr los ulceros et les pliiies baveuses. Vermifuges, anlhclmmliqms. — Dans cellc classe, cilons : le sulfuro rouge de mercure, lo mcrcure (!ou\ ou calomelas (protochlorure de mer-ciin.'). Nous ajouterons qne cortains excitants, Id plupart des purgalifs, certains toniques ou as-Iringcnts cnergiques sonl egalement des vermi­fuges (lout I'aclion est plus benigne ou plus ener-
Emeltqucs.— I.es sulfatc's de zinc (vitriol blanc) ul de cuivrc (vitriol bleu) sent des vomilifs, mais as-ez dangereux pour qu'on en doive mesurer la do.ceen connaissance de cause. Le plus usite de tons les vomitifs est le tartrate de potasse et d'an-tiinoine(emelique), qui, ä I'exterieur, peut deve-n.r anssi un puissant revulsif.
llemostaliques. — On nomme ainsi les medi­caments qui jouissent de la proprietc d'arrfeter les hemorragies internes ou externes. Pour les he-morragies internes, on crnploie ks affusions, ä I'exlerieur, d'eau froitie, les applications de glace, des breuvages contenant du perchlorure de fer ou de I'alcool camphre; pour les liemorragies ex­ternes, avec le lamponnagc, le perchlorure de fer pur, Valcool si la plaie est limilee, I'eau froide si le vaisseau est d'un petit diametre.
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Fondants. — Nous rangerons sous cc litre : le mcrcure qui enlre dans la composilion de l'on-guent mercuriel, soil a V6lal de sei, soil ä Vela! de metal; le protochlorure de mercure (mercure (loux ou calomelas), ä la fois fondant assez benin, depnralif, purgatif et vermifuge; le deulochlorure de mercure (sublime corrosifj, fondant energique, caustique puissant, qu'.on administre cependant, dans certains cas, ä l'interieur, en poudre ou en dissolution, mais avec une exlr6me prudence; les iodures de mercure et de potassium, indiques pour les turaeurs froides et indolentes des lym-phatiques et des corps glanduleux ; l'iodure de mercure surtoul exige beaueoup de prudence pour sou emploi; le chlorure d'oxyde de sodium, a !a fois stimulant et fondant; le chlorure de so­dium (sei marin, sei de cuisine), en m6me temps fondant, apdritif, resolutif et vermifuge.
Presque tous les fondants, les toniques, les sti­mulants, les astringents, les aperitifs sent aussi rdsolutifs.
Sudorifiques. — On range communement dans cette classe : le soufre sublime (fleur de soufre) ; le sulfure de polasse (Pole de soufre); les sulfures dp soude et de chaux; le protosulfure d'antimoine qui est en mamp;ne temps diaphoretique, purgatif.
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fondant et sudoriflque; le kermes mineral (oxyde et salfure d'antimoine), ä la fois diaphorelique, incisif, fondant, depuratif et sudoriflque; enfin le soufre dore d'antimoine, done des monies pro-prieles quc le kermes, mais rarement employe.
sect; 4. — DES DOSES MED1CAMENTEUSES.
laquo; Lcs doses auxquolles on adrninistre les med'i-laquo; caments, dit un savant et ancien professeur laquo; d'Alfort, M. Beugnot, sont differcntes pourcha-laquo; cun d'eux, suivant leur nature et leur degrö laquo; d'activite. En general, les doses d'une meme laquo; substance medicamenteuse doivenl varier sui­te vant les effets qu'on se propose d'obtenir, suivant laquo; rage, le temperament de l'animal, et surtout laquo; suivant Tespece ä laquelle il appartient. Les cir-laquo; Constances qui font varier les effets des medica-laquo; ments sont trop nombreuses pourqu'il soit pos-m sible de fixer par des rapports simples les doses laquo; des medicaments qui conviennent pour les dif-laquo; ferentes esp^ces d'animaux; cependant on ad­it met que la quantite des remedes administres ä laquo; linterieur doit ötro, pour le chien , huit ou di\ laquo; fois, et, pour le mouton, trois ou quatre fois, laquo; moins considerable que pour le cheval. Bom-
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laquo; gelat estime que, pour le poulain d'un an, la laquo; quantite de medicament ä employer doit 6tre laquo; d'environ le tiers de celle qui est convenable laquo; pour un chevai adulle, de la moitie pour un laquo; poulain de deux ans, et des deux tiers pour laquo; celui de trois; il pense que les bases doiveul laquo; etre calculees de m^rae pour les autres animauv.
laquo; Les effels des. medicaments different souvent laquo; completement suivant la dose ä laquelle on les laquo; administre. C'est ainsi que la plupart des sub-laquo; stances astringentes, toniques et excitantes laquo; n'ont guere qu'une action locale quand on les laquo; donne ä petites doses; tandis qu'au contraire, laquo; ä plus hautes doses, elles 4tendent leur in-laquo; fluence sur loute I'economie. raquo; [Maison rus-tique du XIXquot; siede, t. II, p. 290.)
Les medicamr!lu'1quot;-oduisent leurs effets sur I'economie animai animate succession de pheno-raenes qu'on a di^ie ^ßn : 1deg; primilifs ou imme-diats, resultat de l'action directe du medicament sur I'organisme, so prodtiisant sur les animaux sains comme sur les animaux malades, et qui t-eraient mieux denommes physiologiques; 2deg; se-condaires ou consecutifs, action indirecte du me­dicament et •modiQ^e par l'amp;at de fante et les desordres morbides du sujet; iis ont encore ete
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nommes Ihcrapculiques. Mais cos effels n'oiil rien dcccrtnin, d'invariablc, ilt'circonscritd'une facon bien absoluc, et sonld'ailku s infliiehe^gparquel-qm-s tines des circonstancos decritcs plus haut, et nolammcnt par la dose ä laqueile onl ele donnes les mcdicamenls.
En general, Icur action est en raison directe de la dose a laquclle ils soul appliques; CQpen-(!anl curtains d'entre eux no produisent le resul-fal desire qu'autant qu'ils sont absorbes ä doses fr;;ctioniices, asscz faibles pour ne pas donner lieu ä d'abondantes evacuations, pour ne pas sur-exciter l'cstomac et les intcslins, pour ne pas 6tre enfin trop promplemcnt entrainees par les dejec­tions; on appellc ces doses aller antes; ceci s'ap-pliijue* plus particulierement aux medicaments qui ä d'aulres proprietesquot; aPPar/ii celle d'etre ex­citants on purgatifs; tel ies effekacuana.
Nous nous bornerons icfolirdoiiner les doses moyeunes pour le cheval ou les grands ruminants, en nolant les differences necessities par 1'espcce, ä l'egard de certains medicaments:
Absinthe (poudre), excitant. — Grands ani-maiu ,10 a 50 grammes.
Acetate de potasse, diurelique. — Grands ani-mnux, GO grammes.
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Acetate d'ammoniaque , excitant. — Bceuf, 100, 150 et mörne 230 grammes.
Acide hydrochlorique (en gargarisme dilue), astringent.— 15 grammes.
Alcali volalil, excitant. — Pour le bonuf, 30 grammes.
Aloes (en poudre ou en iarmes), purgalif. — Pour le boeuf, 90 h 120 grammes.
Alun , astringent. Pour les grands nniinaux , 15 ä 20 grammes.
Ängelique (poudre d'), oxcilün1.— I'oiir !es grands animaux, 50 ä 120 grammes.
Assa foetida (poudre d'), puigaiif. — Pour lo boeuf, 00 a 120 grammes.
Aunee (poudre d'), tonique. — Pour le boeuf, 50 ä 120 grammes.
Belladone (poudre a I'inlerieur), narcoliCjUe.— Pour les grands animaux, 20 ;quot;1 ,quot;0 grammes.
Bistorte (poudre de racine do), astringent.— Pour les grands animaux , 60 a TTi grammes.
Camplire, excitant. — Pour les gros animaux, 8 ä 45 grammes.
Caunelle (ecorce de), excitant. — Pour les gros animaux, 15 a 60 grammes.
Carbonale de polasse , diaphorelique. — Pour les gros animaux, 15 a 'jK grammes.
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Cnrbonate d'ammoniaque, excitant, pour les grands animanx, 20 ä 50 grammes.
Carbonate de ter, tonique, pour les grands ani-m.uix, 50 a 90 grammes.
Cantharides (poudre do), diuretiqne, pour les grands animaux, 2 ä 3 grammes.
Cascarille (poudre de), excitant, ponrles grands animaux, 15 ä 60 grammes.
Chlomre d'oxydc do sodium, fondant pour les grandsanimaux, 8 ä i5 et 90 grammes.
Chlorure de sodium, fondant, pour le boeuf, 30 5 40 grammes.
Cigue (racine fraiche de), narcolique pour les grands animaux, 10 ä 50 grammes.
Deutochlorure de mercure, fondant, pour les grands animaux, 1 a 5 grammes.
Deutoxyde do fer, tonique, pour les grands animaux, 50 ä 90 grammes.
Emeliquc,vomitif, pourlesgrandsanimaux,7 ä 50 grammes.
Ergot de seigle (poudre d'), ntcrin, pour la vache, 10 a 20 grammes.
Ether sulfurique, excitant, en breuvage, a la fois 50 a 120 grammes.
Fougerc male (poudre de), vermifuge, pour les gr^ni's animaux, 60 h 120 grammes.
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Gentiane (poudre de), tonique, pour le boeuf, 30 ä 120 grammes.
Gingembre officinal, excitant, pour le cheval, 15 ä 50 grammes.
Girofle (poudre de), excitant, pour le cheval, 15 ä 45 grammes.
Gomme ammoniaque (poudre!, fondant, pour le cheval, 7 ä 30 grammes.
Grenadier (poudre d'ecorce de), vermifuge, pour le cheval, 150 ä 220 grammes.
Huile de ricin, purgatif, pour les grands ani-maux, 550 a 450 grammes.
Huile empyreumatique animale, pour le bceuf, 15 a 60 grammes, vermifuge.
Hydriodate de potasse, fondant, pour les grands animaux, 5 grammes en 24 heures.
Hydrochlorale d'ammoniaqne, excitant, pour les grands animaux, 10 a 50 grammes.
lodure de potassium (en breuvagedelie), fon­dant, 5 ä 20 grammes.
Kermes mineral, sudorifique, pour le btouf, 15 a 200 grammes.
Laudanum de Sydenham, calmant (en breu­vagedelie), pour le cheval on le boeuf, 20aGOgram.
Magnesie calein^e, astringent, pour los grands animaux, 15 ä 20 grammes.
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Mercure doux, fondant, pour les grands ani-maux, 40 ä 60 grammes.
Mousse de Corse, vermifuge, pour les grands animaux, GO ä 90 grammes.
Nitrate de potasse, purgatif, diuretique, pour les grands animaux, 50 a 120 grammes en 24 hcures.
Opium, calmant, pour les grands animaux, 7 ä 50 grammes.
Poivre noir (en poudre), excitant, pour les grands animaux, 15 a 20 grammes.
Protochlorure de mercure, fondant, pour le bceuf, 15 ä 40 grammes.
Protosulfure d'antimoine, sudoriflque, pour le bceuf, 60 ä 90 grammes.
Quinquina (poudre de), tonique, pour nos grands animaux, 50 ä 120 grammes.
Rue en poudre, purgatif, pour le boeuf, 60 ä 180 grammes.
Rhubarbe en poudre, purgatif, pour le bceuf, 60 h 120 grammes.
Sabine (seche), uterin, pour les grands ani­maux, 10 a 30 grammes.
Safran, uterin, pour les grands animaux, 30 ä 60 grammes.
Sene, purgatif, pour les grands animaux, 40 ä 60 grammes.
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Sous-carbonate de fer, tonique, pour les grands animaux, 50 ä 90 grammes.
Sous-acetate de plomb liquide, astringent, pour les grands animaux, 2 ä 5 grammes.
Suie de cheminee, vermifuge, pour les grands animaux, 60 ä 90 grammes.
Sulfate de soude, purgalif, pour les grands her­bivores, 120 b. 565 grammes.
Sulfate de magnesie, purgalif, pour les grands herbivores, 120 ä 180 grammes.
Sulfate de zinc (en collyre dölie), pour les grands herbivores, 1 gramme h 1 gramme el demi.
Sulfure d'anlimoine, diapboretique, pour les grands herbivores, 90 h 120 grammes.
Tabac (feuille de), en lavement, purgatif,pour les grands herbivores, 90 grammes.
Tartrate acide de potasse, purgatif, pour les grands herbivores, 180 ä 240 grammes.
Teinture d'iode(en breuvage), fondant, pour les grands herbivores, 90 a 120 grammes.
Terebenthine (essence de), a I'int^rieur, diure-tique, pour le boeuf, 50 a 60 grammes.
Tritoxyde de fer, tonique, pour les grands ani­maux, 50 ä 90 grammelaquo;.
Val^riane (poudrede), anlispasmodique, pour les grands animaux, 50 ä 60 grammes.
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sect; S. — DES FORM ÖLES.
Nous nous bornerons, dans ce qui va suivre, ä indiquer les formules les plus usuelles de la me-decine veterinaire moderne, ä l'exclusion des for­mules empiriques qui remplissaient les anclens livres de medecine, et m6me les premieres editions de ce travail. Dans celte etude, nous suivrons le iii6me ordre que dans les trois premiers para-graphes, entrant quelquefois dans des details pra­tiques de preparation qui, pour les remedes les plus simples et les plus usuels, ne seront pasinu-liles aux cultivateurs et aux eleveurs.
i. ügcdicanicuts emollients et adaucisaants.
Le plus simple et le plus fr^quemment usite est l'eau de son; eile se prepare de la maniere sui-vante:
Eau de son. —Prenez du son de froment frai-chemenl moulu,un litre; petrissez-le ä froid entre vos mains, dans un seau d'eau, jusqu'ä ce que la parlie farineuse du son soit sortie et donne ä ileau une couleur blanche: abreuvez-en l'animal. Cette boisson convient aux animaux malades ou
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harasses que Ton veut rafraichir; eile est utile dans la toux et dans les maladies inflammdtoires qui ne lendent point a la putridile.
Verlus et remarques sur le son de froment.
— Le son est du nombre des medicaments pecto-
raux et adoucissants. C'est par ces proprietes qn'il
diminue la chaleur des visceres; il convient dans
le devoiement et la dyssenterie, surtout lorsqu'on
le fait bouillir dans l'eau l'espace de cinq on six
minutes. Enfin l'eau blanchie avec la partie fari-
neuse qui se trouve ä la surface interne du son
pent s'employer dans toutes les maladies inflam-
matoires pufridesou gangreneuses, pourvu nean-
moins qu'on passe l'eau dans un linge et qu'on
rejetle le son comme inutile; parce que l'exp^
rience a demontre, par une analyse chimique,
que le son, bien depouille de farine, ne conlient
que la substance fibreuse (ecorce) du grain , qui
ne nourrit pas; qu'etant un peu mouille il s'al-
tere bientot, et que, dans une temperature
moyenne, il passe en vingt-quatre heures ä la
putrefaction : c'est pourqnoi il faut le rejetcr dans
tons les cas ou les humours tendent ä la putridity,
et prefcrer l'eau acidulee ou l'eau blanche nitr^e.
Le son est encore employe comme lotion ^mo!-
liente ou comme bain, afin de calmer les inflam-
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mations, et m6me parfois comme cataplasme adoucissant; dans ce dernier cas, c'est le son bouilli et suffisammeut humecte qu'on applique.
L'eau blanchie est encore un adoucissanl, en m6me temps qu'un rafraichissanl et un tempe-rant.
Eau blanche. —Prenez de la farine d'orge (ou, ä son d^faut, de celle de seigle), un demi-litie, de-layez-!a pen ä peu avec de l'eau dans le fond d'un seau que vous remplirez d'eau legerement tiede, et abreuvez-en l'animal. Elle convient dans les cas oü les bestiaux sont 6chauflKs et epuises de fa­tigue, ainsi que dans toutes les maladies inflam-raatoires.
Si l'animal a la toux ou quelque autre maladie de poitrine, on rendra cette eau miellee, en y fai-sant dissoudre 2S0 grammes de miel.
On peut rendre cette boisson nitr^e et acidulee, dans les maladies inflammatoires qui tendent ä la gangrene ou ä la putrefaction, comme dans le charbon, les Gevres malignes, etc. On la prepare comme il suit: prenez un seau de l'eau blanche ci-dessus, faites dissoudre 50 grammes de sei de nitre ou autant de creme de tartre pulverisee, dans 2 litres d'eau bouillante, et mlaquo;Mez : ajnutez-y vinaigre de vin, un verre; oxymel simple,
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120 grammes (1); presentez ce melange h. l'ani-mal ä plusieurs reprises, et, s'il refuse de le boire volontairement, on Ini elövera le museau un peu haut pour iui en faire avaler 5 ou 4 litres de suite, au moyen d'une bouteille ou d'une corne.
Ces remedes, mis dans la proportion d'une agreable acidity, sont incapables d'echauffer les animaux; leurs proprietes les rendent propres li arr^ter la circulation trop rapide des humeurs, diminuer leur äcret^ et emp^cher leur putrefac­tion.
Dans la dyssenterie ou flux sanglant, on ajoute a I'eau blanche pure la decoction de riz, a la dose de 60grammes, qu'on faitbonillir, jusqn'äcequ'il soil crevö dans une süffisante quantite d'eau, et reduire ä 2 litres. La colature etant faite, on y fait dissoudre 60 grammes de gomme arabique.
On fait encore, avec I'orge en grains, une bois-son adoucissante; pour cela, on fait bouillir
(1) L'oxymel simple sc prepare de la manierc suivante : prenez miel ordinaire, 500 grammes; vinaigrede vin, 1 demi-litre; milez et faites bouillir le tout, h une chaleur mod^rde, jusqu'ä consistance de sirop cpais, oujusqu'kcc que le miel ait repris sa consistance ordinaire; remnez, sans disconti-nuer, avec une spatule dc bois, pendant l'cvaporation. ct etserrcz-le pour lusage.
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230 grammes d'orge dans un pen d'eau qu'on jette cl que Ton remplace ensuite par 10 litres d'eau ä laquelle on fait subir une scconde ebullition; on retire du feu et on ajoute 300 grammes de gros miel. On fait aussi un breuvage adoucissant en faisant dissoudre 60 grammes de gomme ara-bique et 120 grammes de miel dans un litre d'eau. Les graines de lin, les racines de giiimauve, I'a-midon, le riz en decoction sont souvent employes an m6me usage. Lorsqu'on a acomliattredesdiar-rhees persistanles, on ajoute au breuvage prece­dent 6 a 7 grammes d'extrail aqueux d'opium, ou bien on remplace I'eau ordinaire par une decoc­tion de riz et de quatre Itites moyennes de pavots. Breuvage adoucissanl. — Prenez racines frai-ches de guiraauve, qu'on appelle en latin allhcea, 30 grammes; ratissez, coupez-les en petits mor-ceaux; failes-les bouillir l'espace de sept a huil minutes, dans 5 litres d'eau; retirez le voisseau du feu, ajoutez-y fleurs de mauve (qu'on appelle vulgairement fromageon), une poignee; laissez infuser le tout jusqu'ä ce que la liqueur soil froi-de; passez-la dans un linge avec expression, et faites fondre dans cettecolature une bonne cuille-ree de miel, que vous ferez avaler ä ranimal pour une dose. Si on ajoute 50 grammes de
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graine de lin k ces racines, et qu'on en retranche les fleurs, on aura un breuvage adoucissant et mu-cilagineux.
Vertus. Ce remede calme la toux, adoucit I'a-crimonie des humeurs et reläche les fibres du go-sier qui sont irrilees : il convient dans les mala­dies inflammatoiresde la poitrine, etc.
Nola. Au defaut de racines fraiches d'allhcea, on se sert de celles qui sont seches, k la dose de 15 grammes, et on substitue les fleurs de guimau ve, ou de bouillon-bianc, ou de violettes, on de pas-d'äne, ä celles de mauve. Dans les cas de p6ri-pneumonie, on donne le breuvage adoucissant, be-chique et incisif ci-apr^s.
L'eau d'orge mielMe sert aussi, dans certains cas, a faire des gargarismes adoucissants. On fait des lavements emollients simples avec du son, de la mauve ou de la guiraauve, de la graine de lin, ou des t^tes de pavots, parfois m6me avec du lait.
Lavements adoucissants. — Prenez 2 litres de lait de vache qu'on vient de traire, ou faites-le chauffer aum^me degre de chaleur : donnez-le pour un lavement a I'animal. II faut avoir I'atten-lion de tenir la seringue droite et de ne point pousser le piston trop fort.
Ou bien, au defaut de lait, on lui substituera
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2 litres d'eau tiede, pure et sans melange, pour un lavement adoucissant.
Comma 11 y a des cas oü les excrements se trou-vent durcis dans I'intestin rectum, et sont comme en marrons, il est necessaire d'administrer d'abord plusieurs lavements d'eau tiöde, pour vider I'ani-mal. Siceux-ci ne debouchaient point leboyau, il faudrait que l'operateur coupät ses ongles, et, apres avoir trempö la main et le bras dans I'huile, les introduisit doucement dans I'inteslin, en allongeant les doigts pour en retirer les matieres fecales qui emp6cheraient l'effet des lavements. Si, au cbntraire, on mettait la main dans le fonde-ment des b6tes ä cornes, sans menagement, on causerait beaucoup d'irritation aux parois on clö-lures de cet intestin, et la main se trouverait en-sanglantee, ainsi que je l'ai vu plusieurs fois.
Je ferai aussi observer qu'il faut s'abstenir de fouiller ou de vider le rectum avec la main, dans les cas de charbon et autres maladies conta-gieuses.
On obtient un lavement adoucissant et mucila-gineux avec 60 grammes de racines fraiches de guimauve ou autant de graine de lin qu'on fait bouillir par chaque litre d'eau jusqu'ä ce qu'elles aient rendu leur mucilage; ou encore, en faisant
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bonillir une poign^e de tiges fraiches de mauve on de guimauve, avec une poignee de graines de lin dans 2 litres d'eau; on passe cette eau ä travers un linge ou une passoire assez fine; dans cerlains cas encore, on emploie 500 grammes de poudre d'amidon qu'on delaye dans un peu d'eau froide et qu'on melange avec un litre et demi de decoction de totes de pavols et qu'on fait bouillir ensemble pendant quelques minutes; ce dernier lavement convient surlout pour les irritations in-testinales, ou encore :
Lavements emollients qui adoucissent. — Pre-nez feuilles de mauve qu'on appeile vulgaire-ment fromageon, ou de mercuriale qu'on nomme foireuse, ou de pariotaire, ou de guimauve, ou de violette, ou de bouillon-blanc, ou enfln de celles de senecon; faites une lagere decoction de Tune ou de Tautre de ces plantes, ä la dose.de deux poignees pour 2 litres d'eau.
Ces remedes conviennent dans toutes les mala­dies inflammatoires; et, lorsqu'elles tendent a la gangrene, on ajoute un verre de vinaigre dans chaque lavement.
Dans la dyssenterie ou flux sanglant, au lieu de vinaigre, on met autant de graine de lin que de feuilles. Lorsqu'on a passe la decoction et qu'elle
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est un peu refroidie, on y delaye deux jaunes d'oeufs sans 6tre cuils.
Les injections emoliientes s'obtiennent : avec nne decoction de fleursde bouiilon-blanc,50 gram­mes, et 60 grammes de racine de guimauve, dans un litre d'eau.
On oblient des lotions emoliientes avec 1 SOgram-mes de racine de guimauve, une idle de pavot et 4 litres d'eau par decoction; ou bien 30 grammes graine de lin, nne poign^e de feuilles de mauve fraiches et 4 litres d'eau, en decoction.
Fumigation emolliente el adoucissanle. — Les fumigations emoliientesse font avec de l'eau tiede, ou une legere decoction de mauve, de guimauve, de parielaire, de bouillon-blanc ou de violette, des feuilles et tiges fraiches de mauve ou de gui­mauve oudesracines qu'on fait bouillir dans de l'eau; ou.encore avec du gros son de froment bouilli dans del'eauI'espaced'un quart d'heure aumoins.
Apres ce temps, retirez-les du feu et mettez ces herbages dans un petit sac de toile, auquel vous au -rez attache deux montants de ficelle, qui s'^tendront jusque sur les comes; et, apres avoir mis le mufle de fanimal dans cc sac, pour lui faire respirer la vapeur chaude do ces veg^fnux, on nouera ces deux bouts de ficelle apres ses cornes, jusqu'ä ce
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qu'ils ne donnent plus de vapeur. Cette fumigation se reitere de trois heures en trois heures.
Au döfaut de ces plantes, on fera bouiilir legere-ment du son de froment dans une süffisante quanlite d'eau; et, apres l'avoir mis tout chaud dans le sac, on le pendra ä la töte de l'animal, comme ci-dessus.
Ces remedes conviennent dans les maladies de la poitrine, oü il y a difficulte de respirer, et dans tous les ecoulements des naseaux.
On prepare unepoudre adoucissanteavec l kiiog. de poudredeguimauve seche, et 500 grammes de gomme arabique pulverisee; on conserve, apres avoir melange, dans un endroit bien sec, pour s'en servir suivant les besoins et composer des elec-tuaires.
On fait un^lectuaireadoucissantavec: 60gram­mes de poudre de reglisse, 60 grammes de poudre de guimauve et 250 grammes de gros miel; on peut remplacerl'une de ces poudres par autant de gomme arabique pulverisee. Si Ton agit centre une toux opiniätre, on peut ajouler ä cet electuaire 7 grammes d'extrait aqueux d'opium.
On prepare des cataplasmes emollients avec : 2 poignees de feuilles fraiches de mauve qu'on fail bouiilir dans une quantity d'eau süffisante; on n.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5
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ajoule une poignee de farine de graine de lin; on remue pendant quelques moments et on ap­plique chaud; on arrose ce cataplasme de lemps en temps avec un peu d'eau tiede. et on le renou-velle toutes les douze heures. M. Barthelet en a indique un autre, ainsi compost : faites bouillir 500 grammes de farine d'orge tamisee dans la quantity süffisante de lait, puls ajoutez-y de la graisse ou du beurre. On emploie parfois les tiges et feuilles de mauve seules; on les lave bien pour en öter la terre, on les hache el on les fait bouillir dans une quantite süffisante d'eau, jusqu'ä ce que ces herbes soient cuites et que l'eau soit ^vapor^e en partie; on retire du feu et on laisse un peu re-froidir. Ce cataplasme doit etre employe plus que tiede sur la partie, et veutötre renouvele au moins quatre fois par jour, non pas en faisant rechauffer le m6me, mais en en mettant un nouveau; 11 s'emploie avec succes sur toutes les tumeurs in-flammatoires oü il j a chaleur, duret^, tension, douleuret damp;nangeaison. Si c'est en hiver et qu'on ne puisse se procurer de feuilles vertes, on pourra employer le cataplasme anodin suivant: prenez de la mie de pain blanc, 750 grammes; 5 litres de lait de vache; faites bouillir le tout ensemble, en re­mnant constamment et jusqu'ä consistanoe de
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bouillie; retirez alors du feu, ajoutez-y un jaune d'oeuf et mölez, pour en appliquer une partie sur l'enflure, ä un degre de chaleur supportable. Pour qu'il produise tout son effet, ce calaplasme doit 6tre renouvele lorsqu'il commence ä se dessecher, c'est-ä-dire chaque deux heures environ, parce que la chaleur du corps fait aigrir le lait et des-säche la mie de pain, ce qui le rend alors plus irritant qu'adoucissant.
Nous feronsobserveraussi que, chaque foisqu'on change un cataplasme, il faut avoir soin de laver la partie avec de l'eau tiede, afin d'emporter le mucilage qui forme une espece de crasse sur la tumeur, ce qui bouche les pores de la peau et em-pMie la transpiration. Sans cette precaution, le cataplasme ne produirait plus sou effet; il ne fe-rait, au contraire, qu'augmenter la douleur et retarder la guerison.
On compose un colly re adoucissant, en faisant infuser 50 grammes de guimauve dans un litre d'eau, y ajoutaut 15 grammes d'amidon et faisant bouillir un instant; il est bienentendu quel'ami-don ne s'ajoute que dans 1 infusion tiree au clair. On emploie tiede.
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II. Medicaments narcotiqnes (stupeOanla, laquo;cilatiflaquo;, calmants).
laquo; Administrös ä une tres-faible dose, dit M. Beugnot, ces medicaments n'ont guere qn'une action purement locale et n'agissent qu'en diminuant la sensibilite et l'irritabilite des par­ties avec lesquelles ils sont en contact. A des doses un pen plus fortes, leur action s'etend da-vantage ; ils produisent un leger affaiblissement el un etat de calme general, qui quelquefois sont suivisdesommeil. Mais, si la quantity est plus forte encore, ilsdonnent lieu aunensembledesymptömes qu'on a nomme narcotisme. L'effetde ces medica­ments sur les organes digestifs est encore plus raar-q\i6; car, m6me a tres-petite dose, ils diminuent l'appetit, et, lorsqu'ils produisent le narcotisme, la digestion est presque entierement arr6töe. raquo;
On compose un breuvage narcotique avec 60 grammes de laudanum de Sydenham et un litre de decoction de t6tes de pavots; on mole et on adminislre tiede. On fait un breuvage calmant et narcotique avec 7 grammes d'extrait aqueux d'opium dans un litre de decoction d'orge ä la-qnelle on ajoute 120 grammes de gros miel; on mtMe, on agite et on donne en une seule fois.
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On prepare un lavement calmant ainsi qu'il suit : on dissout 15 grammes d'extrait de pavot dans 2 litres de decoction de graine de lin, et on administre tiede en deux fois. Pour un lave­ment adoucissant et calmant, on fait bouillir GO grammes de tetes de pavots blancs ecrasees avec 60 grammes de graine de lin ; on passe au tamis de crin et on ajoute 60 grammes d'huile d'olive ou de beurre frais, on laisse refroidir au degrö convenable, puis on administre. Un autre lave­ment emollient et calmant s'obtient de la facon suivante : on fait bouillir trois poign^es d'esp^ces d'herbes emollientes avec six poignees de totes de pavots blancs; on passe la decoction au tamis de crin et, au moment d'administrer, on ajoute läOgrammes d'onguent populeum, d'huile d'olive ou de bäume tranquille.
On administre des injections Emollientes etano-dines ainsi composees : on fait bouillir une poi-gnee d'especes emollientes, 30 grammes de graine de 1 i n et 30 grammes de totes de pavots blancs Ecra -p s, pendant tin quart d'heure, dans une quanlite ( eau süffisante pour avoir un litre de decoction ; jpres avoirpasseautamis,onajoutelSgrammesde audanum liquide, puis on m^Ieavccsoin en agitant.
Les lotions calmantes peuvent se preparer
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ainsi : on fail une decoction do deux poignöes de feuilles de belladone et de totes de pavots n0 4 dans 2 litres d'eau ; ou bien on fait bouiiiir 60 grammes de racine de guimauve dans 3 litres d'eau, et on y ajoute GO grammes de lauda­num liquide. Lapoudre antispasmodiquesuivante doit entrer dans toute pharmacie, en provision de besoins; on reduit separement en poudre 80 grammes de racine de valeriane, 10 grammes d'opium et 10 grammes de cnmphre, on ies passe au tamis, on melange soigneusement et on con­serve a l'abri de rimmidite et de l'air. La dose moyenne, pour un animal adulte, est de 40 a 60 grammes.
On prepare un electuaire calmnnt ainsi : 60 grammes de poudre de gomme arabique , 7 grammes d'extrail aqueux d'opium, malaxesin-limement avec 250 grammes de gros miel; ou un aulreainsi: delayer Tgrammesd'oxtruitaqueuxd'o-pium dans une petite quanlited'eau; I'incorporer dans 250 grammes de gros miel, avec 60grammes de racine de guimauve en poudre el 60 grammes de gomme arabique en poudre; on donne cat electuaire en une demi-journee et en deux fois. Un cataplasme cnlmant peut se faire ainsi qu'il suit : faire bouiiiir deux poignees de farine
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de lin et une poignee de feuilles de jusquiame ou de belladone dans une quanlite d'eau süffisante, appliquer tiede et arroser frequemment avec une decoction de totes de pavots.
On constilue un collyre anodin en faisant dis-soudre 15 grammes de gomme arabique dans 60 grammes d'eau distill^e de roses; on ajoute 6 gouttes de laudanum de Sydenham, et on ap­plique des compresses imbibees de celte liqueur sur les yeux atteints de fluxion douloureuse. M. Le-bas a compose un collyre mircotique : faitesinfu-ser i gramme et demi de safran en feuilles dans 220 grammes de decoction de pavol blanc et de laitue; appliquez des compresses imbibees de ce liquide.
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#9632;II. iHi'-dicunieiilK stimulauts ou cxcl(an(s.
On prepare les breuvages excitantsou stimulants de plusieurs manieres ; pour un breuvage stimu­lant, on fait tiedir un litre de vin vieux, puis on y delaye 15 grammes de Iheriaque et 60 grammes d'exlrait de genievre et on donneen une seule fois j il s'applique plus specialeraent aux jumenls ou vaches qui, par faiblesse, out eprouve un part laboiieux. On pout le remplacer par eel autre :
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faire une infusion de 60 grammes de menthe poi-vree et IS grammes de camomille romaine dans un litre et demi d'eau, et administrer un peu chaud. On compose un breuvage cordial en me-langeant 30 grammes d'exlrait de geniövre et d 5 grammes de cannelle en poudre daus un litre de vin rouge, et on administre en une dose pour les grands animaux adultes ; ou bien on fait infu-ser 15 grammes de camomille romaine dans un litre d'eau ordinaire; on tire ä clair, on ajoute 90 grammes d'eau-de-vie ordinaire et on donne tiede. Ce dernier breuvage est träs-efQcace contre les coliques provenant d'indigestions; on pent y remplacer I'eau-de-vle par 15 grammes d'ether; mais, dans ce dernier cas, il faut que ['infusion soil froide.
Lc lavement suivant est stimulant, carminatif: failes bouillir des totes de pavots ndeg; 4 dans 2 litres d'eau et laissez-y infuser 60 grammes de fleurs de camomille et 60 grammes de semence d'anis. Celui-ci est simplement stimulant: faites dissoudre 30 grammes de sei ammoniac dans un litre et demi d'infusion d'absinthe, et administrez en une seule fois. Bourgelat avait recommandö, comme ayant les m6mes proprietes et plus simple ; 06 grammes de savon noir et 60 grammes de sei
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de cuisine dissous dans 2 litres d'eau, pour un seul lavement.
L'injection suivante est excitante et detersive : mamp;angez 60 grammes de teinture d'alo^s et 60 grammes d'eau-de-vie camphrte dans un litre d'une infusion aromatique, et ajoutez-y un demi-litre de gros vin rouge ; mfelez et agitez le vase, avant d'employer. L'eau-de-vie camphr^e peut 6tre suppleee par une dose ögale de teinture d'aloös.
On peut preparer une lotion excitante de la ma-niere qui suit : faites une infusion de fleurs de sureau dans 2 litres d'eau ordinaire et ajoutez-y 60 grammes d'hydrochlorate d'ammoniaque ; ou bien dissolvez 30 grammes de sei ammoniac (hydrochlorale) dans un litre d'eau, ajoutez-y ISO grammes d'eau-de-vie et employez de suite; ou encore : faites infuser trois poigneesde sauge officinale dans 2 litres d'eau, ajoutez-y un litre de vin rouge, coulez et employez tiede; ou faites infuser, pendant quelques heures, deux poignees de menthe poivree dans un litre de vin rouge, coulez et ajoutez-y 60 grammes d'eau-de-vie cam-phröe; ou enfin faites infuser une poignee de fleurs de sureau dans 2 litres d'eau, coulez au clair, et ajoutez 60 grammes de sei ammoniac.
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On prepare une poudre excitante avec 100 grammes poudre de reglisse, 50 grammes poudre d'aunee et 50 grammes d'assa foetida pul-verisee; on melange bien exactement et on con­serve au sec pour employer selon les besoins; eile est prescrite sur le declin des maladies de poitrine et s'adminislre ä la dose de 60 grammes par jour pour les grands animaux adultes.
Les electuaires excitants les plus recommandes sont le suivant, qui est cordial : incorporez 50 grammes de cannelle de Chine en poudre, 30 grammes de racine d'angelique en poudre et 15 grammes d'hydrochlorate d'ammoniaque en poudre, avec 250 grammes de grosmiel, et admi-nistrez en une seule fois; celui-ci, qui est antispas-modique: incorporez 30 grammes de poudre de va-leriane, 30 grammes d'assa foetida et 20 grammes de camphre pulverise a l'alcöol avec250 grammes de gros miel et administrez en une demi-journee en deux fois. Enfin le suivant est aussi cordial : cannelle de Chine en poudre 30 grammes, gin-gembre30grammes, incorpor^s dans 125 grammes de gros miel.
Le cataplasme excitant le plus usit6 est celui-ci : faites infuser dans du vin rouge deux poi gnöes de feuilies de mentlie, ajoutez deux jointees
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de son etfaitesbouillirpenilant quelqucsminutes, puis employez li^ide. II convient surtont pour re-soudre les engorgements chroniques.
On obtient un collyre excitant en faisant une infusion de fleurs de sureau 500 grammes, dans laquelleon fait dissoudre 7 grammes d'hydrochlo-rale d'ammoniaque et a laquelle on ajoute ensuite 60 grammes d'eau-de-vie camphree.
On recommande, comme liniment excitant r6-solutif, de faire dissoudre 8 grammes de camphre dans 120 grammes d'essence de lavandeet autant d'huile de laurier qu'on y ajoute ensuite; on l'em-ploie en frictions sur les engorgements froids.
IV. IHedicaments astringents et toniques.
M. Sanson recommande centre la diarrhee des veaux le breuvage astringent compost de creme de tartre soluble, dissoute dans de l'eau tiedo edulcoreeavec dumiel, ä la dose de 60 ä 75gram-mes dans4 litres, suivant Tage el la force du jeune animal. Lorsque la diarrhee est aecompagnee de coliques, on ajoute au breuvage un centilitre de laudanum.
Comme gargarisme astringent detersif, nous iudiquerons : dans un demi-lilre d'infusion de
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sauge, ajoutez 240 grammes d'oxymel et 15 grammes d'aeide hydrochlorique; mfelez et employez ä plusieurs reprises dans la journee, pour combatlre les aphthes de la bouche.
On prepare une lotion astringente avec 10 grammes de sous acetate de plomb liquide et 40 grammes d'eau-de-vie ordinaire, melanges h 240 grammes d'eau de riviere; on m61e et on agite. Ce melange a re^u le nom particuiier d'eau de Goulard, eau vegeto-minerale, eau blanche. On pent employer en lotions et en injections as-tringentes les dissolutions d'alun et de sulfate de for, ou la decoction d'ecorce de ch6ne ou tan.
L'^lectuairequi suit est astringent et opiace, et s'emploiepourcombattrelesdiarrheeschroniques: incorporez 50 grammes de racine de bistorte en poudre et 7 grammes d'extrait aqueux d'opium dans 180 grammes de gros miel. Administrez en une fois et reiterez les jours suivants, selon le be-soin.
On fait un cataplasme astringent avec 1 kilogr. de pulpe de pomme de terre crue arrosee d'une quantite süffisante d'extrait do Saturne. On ap­plique la pulpe et on la maintient au moyen d'un bandage, et on arrose de temps en temps avec l'extrait de Salurne.
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Le collyre astringent se compose de : sulfale de zinc 1 gramme dans 250 grammes d'eau de roses disliliee h laquelle on ajoute 8 grammes d'alcool ä 22deg;. I! s'emploie ä froid. Get autre est plus simple : sous-acetate de plomb liquide 3 grammes 1/2, dans 250 grammes d'eau de roses ou d'eau ordinaire; il faut agiter avant I'em-ploi.
Pour obtenir un breuvage tonique, prenez 60 grammes de racine de gentiane, 30 grammes de petite centauree, 15 grammes d'absinlhe; faites bouiilir le tout dans2 litres 1/2 d'eau et reduire ä 1 litre 1/2 ; tirez h dair et administrez tiede. Si vous voulez un breuvage tonique ä la fois et an-tiputride, faites une decoction de 60 grammes de quinquina jaune en poudre dans un litre d'eau; passez dans un linge et ajoutez 240 grammes d'a-cetate d'ammoniaque; vous administrerez en une seule fois. Si vous desirez enfin un breuvage doue des mömes proprietes, mais plus economique, faites une decoction de 30 grammes de racine de gentiane, 30 grammes d'^corce de ch6ne, ajoutez sur la fin 20 grammes de camomille romaine dans i litre 1/2 d'eau; couvrez le vase, laissez refroidir, passez dans un linge et ajoutez alors 8 grammes d'acide sulfurique.
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Comme gargarisine astringent et tonique, on fait un litre de decoction avec une poignee d'orge en graine, en jetant la premiere eau; on y ajoule 60 grammes d'ecorce de grenade, une poignee de roses rouges, on passe, puis on ajoutc quelques gouttes d'acide nitrique pour aiguiser seulement. On pent encore faire une decoction dun litre d'orge, y ajouter 180 grammes de miel el aigui­ser avec quelques gouttes d'acide hydrochlo-
rique.
On emploie comme poudre tonique la composi­tion qui suit : poudre de gentiane 40 grammes, sulfate de soude pulverise 40 grammes, oxyde brun de fcr 10grammes; m61ezbienexactementetdon-nez la dose de 50 a 60 grammes dans un peu de son leg^reinent humecle.
On fait un electuaire tonique fortifiant en incor-porant 50 grammes de sous-carbonate de far et 30 grammes de poudre de gentiane dans 2S0 gram­mes de gros miel. Si on a besoin d'un electuaire tonique et antiputride, on IncorporeOO grammes de quinquina jaune en poudre et 15 grammes de camphre pulverise ä i'alcool avec 250 grammes de miel. Un electuaire simplement tonique est le suivanl : incorporez GO grammes de poudre de quinquina rouge el GO grammes de poudre d'au-
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nee dans 250 grammes de miel; on adminislre en une ou deux doses.
M. Lebas a compose le cataplasme antiputridc que voici : carotte räpee 300 grammes, quinquina en poudre 100 grammes, eau-de-vie camphree 100grammes; m6Iez et appliquez avec un ban­dage. M. Moiroud recommande comme cataplasme tonique : faire infuser deux poignees de feuilles de sauge ou de menthe dans du vin rouge, ajouter ensuite deux jointöes de son, relirer du feu et appliquer ttede, en arrosant ä nouvean avec du vin rouge; il le conseille pour fortifier les articula­tions faligu^es et dissiper les engorgements qui menacent de passer ä l'etat chronique.
V. JHadlcnments purgatifa.
Lebreuvage purgatif le plus usite pour le boeuf se compose : faites infuser 60 grammes de sene dans un litre d'eau bouillante, passez ä travers un Huge, ajoutez 60 grammes d'aloes en poudre et donnez en une seule dose; ou encore, et tou-jours pour le boeuf, faites dissoudre 350 grammes de sulfate de soude dans un litre et demi de decoc­tion degraine de lin et administrez en une fois le matin a jeun.
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Comme lavement purgatif, on fait : prenez feuilles de sen6 et faites-les infuser pendant cinq a six heures dans 3 litres d'eau; faites-y dissoudre ensuite 30 grammes de sei d'Epsom (sulfate de magnesie); ou bien : faites bouillir trois poigntes de mercuriale dans 3 litres d'eau; passez, puis ajoutez 180 grammes de sulfate de soude et 250 grammes de miel et donnez en deus fois. Le suivant est ä la fois purgatif et irritant : faites bouillir pendant six ä huit minutes60 grammes de feuilles de sene et 60 grammes de feuilles de ta-bac dans une quantity d'eau süffisante; passez au tamis de crin et faites dissoudre dans le liquide 30 grammes de sei marin et 3 grammes et demi d'emamp;Jque; administrez en deux doses.
On constitue un electuaire purgatif en incorpo-rant 60 grammes de sulfate de soude (sei de Glauber) 30 grammes d'aloes en poudre et 15 grammes de sen6 en poudre dans une quanlite süffisante de miel, et on administre en trois ou quatre bols ä jeun.
VI. nedieaments diiiretiqueraquo;.
On peut administrer des breuvages diuretiques ainsi composes: melangezOO grammes de nitrate
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de potasse, 180 grammes de miel el 90 grammes de vinaigre dans 3 litres de decoction de graine de lin. M^lez, agitez et adminislrez en deux fois äcinq on six heures de distance, et, au besoin,renouvelez lendemain. Unautreplus simple, c'esl: failesdis-soudre 30 grammes de sei dans un litre de decoc­tion de graine de lin, faites avaler en une fois et röpetez deux olaquo; trois fois la dose dans la journee.
La formule suivante est celle d'un lavement diuretique : incorporez 60 grammes d'essence de terebenthine dans trois jaunes d'ceufs, delayez le tout dans 3 litres de decoction de pariamp;aire et donnez en deux fois.
Le melange que nous indiquons ici fournit une poudre diuretique fondante: prenez 100 grammes de colophane en poudre, 50 grammes de sei de nitre, 5 grammes de creme de tartre, 5 grammes de potasse du commerce, 5 grammes de sei ammoniac et 30 grammes d'oxyde brun de fer. M^langez intimement dans le mortier, et conser-vez h l'abri de l'air; la dose est de 30 ä 60 gram­mes par jour.
On fait un electuaire diurötiqife en incorporant 30 grammes de nitrate de potasse et 120 grammes d'oxymel scillitique dans une quantity süffi­sante de poudre de reglisse. Un autre plus actif
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est celui-ci : 3 grammes et demi de pouilre de canthtirides, 7 grammes d'aloes en poudre et 30 grammes de terebenthine, incorporcs dans une quantite süffisante de miel.
Til, Medicaments vesicants, caustiques et rubeflauts.
On oblient des- cataplasmes rubefiants sim­ples, on sinapismes, en delayant de la farine de moularde avec du vinaigre sur un feu doux. On applique sur la peau, dont on a du d'a-vance raser les poils, et a une temperature con-venable, au moyen d'un bandage en loile. M. Le-bas compose un cataplasme irritant beaueoup plus aclif en melangeant ä froid 6 poignees de farine de moutarde, 50 grammes de poudre d'euphorbe et 50 grammes de poudre de canlharides, au moyen de vinaigre en quanlite süffisante. On ob-tiont ainsi une irritation locale assez forte. Les autres medicaments vesicants sent simples et s'em-poient sans formule.
VIII. Hcdlacmenis vermifuges ou antbelmintiques,
Les vermifuges s'administrent ä l'inl^rieur, en breuvages, elecluaires ou lavements.
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On compose im breuvage vermifuge en delayant 30 grammes d'huile empyreumalique animate dans deux jaunes d'ceufs et on la m61e ensuite a un litre d'infusion detanaisie, et on administre le matin; on ramp;tere les jours suivants, selon le be­sohl. Un autre plus 6nergique est le suivant: fairc unc decoction de 60 grammes de racine de fou-gere male dans 2 litres d'eau qu'on laisse reduire ä la moitiö; on passe et on y delaye 45 grammes d'huile empyreumatiquc animate prealablement mßlee a deux jaunes d'ceufs, et 60 grammes de gros miel. On administre en une seule fois.
On obtient un lavement vermifuge en faisant unc decoction de 120 grammes d'especes vermifuges, on passe au lamis, puis on y verse 90 grammes d'huile empyreumatiquc prealablement m^lee a 60 grammes de snvon vert. On administre en une seule fois, ayanl eu sein de faire preceder ce lave­ment d'un autre lavement simple avec 120 gram­mes de miel. On pent encore employer cet autre : broyer 120 grammes de suie de cheminee dans 240 grammes d'alcool, et faire dissoudre cette espamp;ce de teinture dans 60 grammes d'infusion d'absinthe.
On prepare divers ^lectuaires vermifuges : on incorpore 180 grammes de poudre de racine de
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foug^re male, et 3 grammes et demi de mercure doux.dans unequantity süffisante de sirop de ner-prun ; on fait du toutquatre bols qu'onadministre en plusieurs fois. Encore : incorporez 180 gram­mes de poudre de racine de fougere mdle, 50 grammes de mercure doux, 120 grammes d'huile empjreumaiique animale dans une quan-tite süffisante de miel; faites douze bols que vous roulerez dans de la farlne d'orge et administrez ä raison de trois chaque matin pendant quatre jours; le cinquieme jour, purgez avec 50 grammes d'a-loes et 120 grammes de sulfate de soude. Ou en­core : incorporez 120 grammes d'assa foetida en poudre, 120 grammes de poudre de gentiane, 45 grammes de mercure doux, dans une quantity süffisante de miel; faites du tout seize bols dont vous administrerez frois chaque matin; purgez ensuite comme il a ete dit plus haut.
IX. MeilienmeiilH vomitifs.
Ils ne sont jamais administr^s au cheval, qui ne peut vomir, rarement au bceuf, et sont plus sp6-cialement employes pour les chiens; on emploie Tem^tique pour le boeuf comme purgatif, ainsi que nous l'avons vu plus haut, dans les formules purgatives que nous avons indiquees.
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X. Medicaments emm^nagogacs ou utcrinn.
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On les administre sous les deux scales formes de breuvages ou de lavements.
On compose un breuvage utörin simple en fai~ sant infuser 120 grammes de sommiles de rue odorante dans un litre de via rouge vieux pen­dant une heure, et on donne tiede en une seule fois h la vache dont le part est laborieux par suite d'inertie de la matrice; ou bien : on fait infuser 30 grammes de sabine seche et 30 grammes de cannelle de Chine concassöe, dans un litre d'eau ordinaire, et on administre Tinfusion tiede; ou enfin : on fait tiamp;lir un litre de vin rouge, on y delaye 180 grammes de miel, et on y ajoule 50 grammes d'ergot de seigle; on melange exac-tement en agitant et on donne sur-le-champ. On peut reitörer ce breuvage deux ou trois fois dans la journöe si les precedents n'ont pas produit l'effet dösirö.
On fait des lavements uterins dans le but de favoriser la parturition: faites infuser une poignee de sommites de la rue odorante dans 2 litres d'eau ordinaire, passez au tamis et faites dis-soudre dans cette infusion 60 grammes de sei
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de cuisine; faites prendre tiede par l'anus; ou celui-ci : faites infuser GO grammes de sabine dans 2 litres d'eau; passez et faitcs-y dissoudre 15 grammes de sei ammoniac.
XI. IHcdicameiits fondants.
On ies administre sous la forme de breuvages, lavements, elecluaires, liniments ou pommades.
On prepare de celte maniere divers breuvages fondants : dissolve? tin gramme de sublime cor-rosif (ou deulochlorure de mercure) dans 60gram­mes d'alcool; ajoutez cette solution dans un litre de decoction d'orge et faites prendre le matin a jeun ; on reitere les jours suivants. M. Moiroud a compose le suivant : melangez 15 grammes dc tclnture d'iode dans un litre et demi d'eau ordi­naire; melangez et administrez en deux fois dans lim; journöe. On pent encore employer celui-ci : faites dissoudre 10 grammes de teinture d'iode et 4 grammes d'iodure de potassium dans un litre el demi de decoction de gentiane, et administrez en deux fois dans une journce. On doit encore ä M. Moiroud cette formule: melangez 15 grammes de chlorure d'oxyde de sodium dans un litre d'eau; melangez et donnez en un matin, et sem-
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blable dose le soir. On prepare aussi divers amp;ec-tuaires fondants; celui-ci e^t fondanl et anti-far-cineux : incorporez ensemble dans un mortier: 120 grammes d'assafcetidaen poudre,45 grammes de mercure doux, 60 grammes d'onguent mer-curiel double et 30 grammes de poudre de ga-langa; faites du tout douze bols que vous roulerez dans la farine d'orge, et dont vous donnerez un tous les jours. M. Moiroud donne une aulre for-mule : incorporez dans un morlier 90 grammes d'onguentmercuriel double, 60 grammes de savon blanc räpö et 60 grammes d'amidon; faites en douze bols que vous roulerez dansla farine d'orge et donnez-en un tous les matins.
On compose des liniments fondants de la ma-niöre qui suit : pulvörisez au mortier 50 grammes de camphre a l'aidc de I'alcool, mfelezle avec 245 grammes d'onguent mercuriel double et en-suile avec 120 grammes d'ammoniaque que vous ajoutez peu ä pen; II est recommande contre les engorgements froids et indolenfs. On en fait un autre ainsi : meiangez 120 grammes d'huile d'o-live avec 30 grammesd'ammoniaqueliquide; agilez et employez contre les engorgements froids dos glandes.
Les pommades et onguenls fondants soul de
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diverses sortes : on obtient une pommade fon-dante en reduisanl en poudre impalpable 30 grammes d'iodurede potassium et 50 grammes d'iode et en les melangeant pen a pen dans 250 grammes de graisse fraiche de pore. M. Moi-roud compose une pommade iodee en melangeant 10 grammes d'iode dans 160 grammes de graisse de pore prepares. M. Lebas conseille, pour r6-soudre les engorgements lymphatiques et glandu-leux, la pommade suivante : divisez dans un mor-tier 15 grammes d'iodure de potassium dans un melange de 40 grammes de graisse de pore et 10 grammes de suif de mouton, en n'ajoutant ces graisses qua petit ä petit. M. Moiroud con­seille la suivante : 10 grammes d'iodure de mer-cure tritures avec 120 grammes de graisse de pore. Enfin M. Lebas a compose un onguent fon­dant employe centre les boutons de farcin : t6-duisez en poudre 10 grammes de sublime corrosif et m6lez-le inlimement avec 40 grammes d'huile de laurier, et 40 grammes d'essence de Idrebentbine. On frictionne la parlie malade une ou deux fois par jour et on la recouvre avec un bandage de laine.
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XII, medicaments antlpsoriques.
Ceux-ci ne s'appliquenl qu'en poramades, lo­tions ou bains pour les beles ä laine; ils ne sont usites que sous les deux premieres formes pour les b6tes ä cornes.
La pommade antipsorique d'Helmerie se pre­pare en broyant dans un morlier 60 grammes de soufre sublime et 30 grammes de carbonate de potasse, et en les triturant avec 2S0 grammes de graisse de pore. On conseille aussi : reduire en poudre 240 grammes fleur de soufre, 120 grammes de sulfure d'anlimoine, 50 grammes de cantha-rides et 30 grammes d'cuphorbe, tritures ensuite avec quatre parlies de graisse de pore pour une partie de poudre.
On peut faire des lotions antipsoriques; on les obtient en faisant bouillir une poignee de chaux vive et une poignee de fleur de soufre dans 6 litres d'eau pendant 20 minutes et passer en-suite dans un linge; ou bien faire une decoction de 100 grammes de feuiiles de tabac, puis y faire dissoudre 150 grammes de sei de cuisine et 100 grammes de savon blanc, dans un litre et demi d'eau; passoz au (amis et employez tiede.
Nous nous sommes borne, dans ce paragraphe, ii.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;7
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ä reproduire les formnies les plus usuelles; quant a cellos qui sont du rcssort de la pharmacic, aus medicaments specianx, comme la liqueur de Vil-l.ille, l'eau de rabelle, l'onguent egyptiac, nous n'avons pas a nous en occuper. En traitant de la pathologic, nous aurons occasion encore d'indi-quer quelques formules particulieres ä certains cas; dies sc trouveront mieux ainsi ä leur place.
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CHAPITRE II.
De la Chirurgie veterinaire.
Nous ne pouvons avoir cn vue ici de trailer qne des operations chirurgicales les plus usuelles, cclles que tous les cullivateurs, efeveurs, bouviers-eux-m6mes peuvent executor sans danger pour eux-memes ou pour les animaux. Quelques-unes de ces operations tres-siraples, faites a temps, peuvent, en I'absenced'un veterinaire, sauver un animal; ou, si !e veterinaire est present, il est utile qne le cultivateur lui puisse servir d'aide intelligent.
Pour toute operation, il est indispensable d'as-stijettir d'abord l'animal, de le contenir de facon ä ce qu'il ne puisse ni se blesser ni blesser les aulres. Nous examinerons done d'abord lesmoyens de contention les plus simples a appliquer aux boles ä cornes.
Supposons d'abord qu'on vcuille operer l'ani­mal debouc : pour les operations les plus simples, on pent se rontenler d'appliquer a l'animal les
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mouchetles ou pince toscane, instrument qui em-brasse par l'extremit^ de deux branches mousses la cloison mediane du nez, et se ferme avec un rcssort; ä l'aulre extremity, la brauche unique se termine par un anneau dans lequel on passe une corde. Mais, lorsqu'on applique plusieurs fois de suileia mouchetle, ou lorsqu'on a du s'en servir vio-lemment pourmaintenir une bötevive et irritable, eile Gnitpar iui causer une douleur teile,qu'il de-vientdifficile de la lui placer de nouveau, et qu'elle excite encore sa fureur. Aussi a-t-on fait subir a la mouchettc toscane des modifications qu' permeltent de la fixer en place pendant queiquc temps; pour cela laquo; il faut que lesdeux branches, laquo; courbees en forme de croissant, soient coud^es laquo; h angle droit a leur base, afin que le corps de laquo; l'instrument puisse 6tre applique verticalement laquo; contre le chanfrein, au moyen d'une brauche laquo; montante en cuir, qui s'adapte ä l'anneau de la laquo; mouchette, et de lä au frontal de la tfetiere. raquo; (Bardonnet, Traile des maniements, p. 523 (1).) Lestaureauxont düßtre^esleurjeuneäge.mu-nisd'un anneau nasal äderaeure.Celanneau,et il y en a de divers modeles, est maintenu en place par
(1) Un vol. in-12 avec 33 planches et gravurcs, 4 fr. 50 c. Librairie de Mquot;1' veuve Bouchard-Huzard.
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une t^tiere, et on peut y passer i'extremite d'un Mton conducteur qu'on peul fixer sur le dos de l'animal, afin de lui tenir la tele haute et lui en-lever ainsi la plus grande partie de sa force qui reside dans sa musculeuse encolure, ou qui peut servirä conduireletaureau ä la main et ä le main-tenir suffisamraent pour une operation legere.
On peut encore entraver le boeuf ou la vache : laquo; L'entrave faite avec la longe passee autour des laquo; comes, et de lä assujettie par deux tours au-laquo; dessousdu genou, sur le canon, erap6che l'ani-laquo; mal de s'emporter, en raöme temps qu'elle l'o-laquo; blige ä ob^ir ä la main qui le presse de mar-laquo; eher en avant. raquo; (Bardonnet, ut suprä, page 322.)
Pour les maladies du pied ou des membres, on peut se servir d'un travail employe pour ferrer les beeufs et les chevaux, ou, a defaut, tirer parti de la plate-longe,comme pour le cheval.
Pour les operations graves, douloureuses et longues, on abat l'animal. Pour cela, on com­mence par preparer un öpais lit de paille sur une terre molle, bien debarrassee de pierres, ou mieux encore sur un tas de fumier sec; on place sur la tete du boeuf, de la vache ou du lanreau une ca­pote ä lunettes, afin de l'aveugler momentane-
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mcnt. On adaple ensuitc les entraves avec toules los precautions indiquees pour le cheval, et on les serre progressivement, en pla^ant les aides de fa-gon ä co que I'animal tombe sur le flanc droit; le rumen, ordinairement rcmpli, seraittrop violem-ment comprime par le poids du corps, s'il reposait sur le flanc gauche, et pourrait determiner I'as-phyxie ; aussi ne doit-on abatlre les sujets de l'es-pere bovine qu'apres un jeüne süffisant. L'animal 6tant abattu, on fait tenir la töte tendue sur 1'en-colure et le bout du nez en I'air, au moyen do l'anncau ou des mouchettes, et on fixe les lacs sc­ion Toperation qu'on doit executer.
sect; 1quot;. — DES PANSEMENTS.
On appelle ainsi les soins donnes ä la guikison dos plaies provenant d'accidents ou d'operations. Ils s'effecluent au moyen d'etoupes, de ligatures et de bandages. Les etoupessonl do chanvre plus ou moins brut, mais fines et debarrasseesdetous corps etrangers; on les applique sous formes de plumas-seaux, de boulettesou de bourdonnels. Les plumas-seaux ont la forme de pelils coussins plus ou moins epais, plusou moins longs et larges, et qu'on su­perpose sur la plaie pour y elablir une compression plus ou moins puissante. Les boulettes sent do pe-
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[Us globes tres-legers formes d'etoupes qu'on ap­plique sur des plaies inegales ou etroites. Lesbour-donnets sont des pelotes ovoides de la grosseur d'un doigt environ, quo 1'on introduil dans les plaies etroites dont on ventagrandir on maintenir I'ouverture. Enfin, sur les plaies superficielles et qui suppdrent pen, on se contente d'appliquer des etoupes hachees en filaments tenus et courts. Les etoupes, suivant les cas, peuvent titre employees seches ou imbibees d'un liquide medicamenteux.
Pour maintenir ou serrer les eloupes, on em-ploie du ruban de fil, bis oublanc, large del cen­timetre i/2 ä 5 centimetres; c'est ce qu'on ap-pelle la ligature. A defaut de ruban, on pent em­ployer des bnndes de toile neuve reduitcs aux ciseaux a la largeur et ä la longueur voulues.
Les bandages sont des bandcs de toile plus ou moins larges disposees suivant la region du corps qu'elles doivent envelopper, maintenir ou prote­gee ; elles servent ä donner plus de fixitc aux etoupes et aux ligatures, el sont maintenues elles memes par des liens cousus ou noues.
Avant d'appliquer un pansement, il est essen-liel d'arrtiter le sang d'abord , s'il y a hemorragie, et, dans tons les cas, de bien nettoycr la plaie du pus oudes malieres elrangeres qui peuvent la
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souiller. On arröte les hemorragies de liois ma-nieres : par tamponnement, par cauterisation et par ligature, suivant l'importance du vaisseau blesse et suivant la region qu'il occupe.
Lorsque l'hemorragie provient d'un vaisseau unique, on recherche d'abord la lumiere de ce vaisseau pour y introduire des matieres absor-bantes, telles que la charpie, les etoupes, I'ama-dou, I'eponge, les toiles d'araignees, ou des sub­stances ayant la propriete de coaguler le sang, comme la resine en poudre, le perchlorure de fer, l'eau de Rabel ou I'alcool. Souvent, on combine ces deux moyens, et on tamponne avec des etoupes imbibees de Tun des liquides que nous avons nom-mes. En m^me temps, on pent employer les affu­sions d'eau froide, l'application de glace pilee ou de neige. Quand l'hemorragie a son siege dans une region inferieure du membre, on emploie simultanementla compression indirecte^aumoyen de l'application d'un lien circulaire place au-des-sus du point ou a lieu l'ecoulement du sang, afin de diminuer l'afflux de ce liquide. Mais ce ne pent 6lre que lemporairement a cause des acci­dents de gangrene que pent determiner cet arret de la circulation dans le membre.
Quand le tamponnement est impossible ou in-
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süffisant, c'est-ä-dire quand les vaisseaux ouverts sont d'une certaine importance, on emploie la cauterisation au moyen d'un fer rouge de forme variable suivant la region oü il doit agir. II en resulte la formation instantanee, ä la surface de la piaie, d'un charbon animal qu'on nomme escarre, qui, par son öpaisseur, son impermamp;ibilite et son adherence, ferme toute issue au sang. On peut ajouter ä ce moyen un pansement compressif qui maintient en place l'escarre obturatrice.
Enfin, si le vaisseau lese est d'un calibre con­siderable, il ne reste ä tenter que la ligature; eile consiste ä rechercher la direction du vaisseau, ä isoler, par la dissection, son extremite, des nerfs et des lissus qui l'enveloppent, et ä ligaturer cette eüramp;nitd; mais c'est lä l'operation d'un veteri-naire. Le cultivateur doit le plus souvent se bor-ner ä faire une ligature en masse. laquo; Au moyen laquo; d'une aiguille courbe munie d'un fil cir^, on laquo; passe par-dessous le vaisseau, embrassant le laquo; moins possible les tissus environnanls; puis, le laquo; fil ainsi passe, on fait un double noeud, S'il laquo; s'agit d'une hemorragie arterielle, reconnais-laquo; sable ä la couleur rouge vif du sang qui s'ecoule laquo; dans ce cas par un jet saccad6, le lien devra laquo; 6tre applique dans un point intermediaire entre
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laquo; la blessure el le cceur, c'est-ä-dire en rcmon-laquo; lant le cours du sang dans le vaisseau. II est laquo; quelqucfois nccessaire möme d'en appliquer laquo; deux, Tun au-dessus, l'autre au-dessous de la laquo; blessure : c'cst ce qui arrive lorsque l'hemor-laquo; ragie continue malgre la presence du premier, laquo; circonstancedueä l'exislcnced'uneartörecolla-laquo; terale s'ouvrant en un point du vaisseau lie situe laquo; enlre la plaie et la ligature. Cela est toujours laquo; obligaloire pour les veines, dont i'heraorragie laquo; donne du sang d'un rouge plus fonce et par un laquo; jel continu.raquo;{Smson, Notions usuelles,]gt;. 149.) L'hemorragie arrötee, il faut laver la plaie avec une epongo (Ine, ou de l'etoupe bien douce, sans frotlement, et ä l'aide d'cau froide. C'est alors qu'on applique les eloupes, la ligature et le ban­dage s'il y a lieu. Dans les pansements opercs aux membres, on doit commencer renroulement de la ligature et de la bände par la partie infericure et proceder en remontant, chaque nouvcau tour re-couvrantle bord superieur du precedent. La com­pression ne doit jamais etre assez forte pour s'op-poser ä la circulation du sang ou comprimer trop vivemenl le gonflement qui resultera du mouvc-ment inflammatoire dans la region blessee. Dans les autres parlies du corps, les bandages sont fixes
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soit avec des cordons ou rubans disposes autour des parties voisines, soit au moyen de substances agglulinatives ou adherentes, comme !a poix.
Ce pansement doit rester en place jusqu'a l'efa-blissement de la suppuration ; on enleve avec pre­caution les bandages, les ligatures et surtout i'etoupe qu'on doit imbiber d'eau liede pour di-rninuer l'adiierencc de la derniere couche sur la piaie, sans tirailiements, sans secousses brusques, avec patience. Quant a la piaie elle-mtime, il ne faut point la laver, mais se contenler de faire ab­sorber, parune eponge douce, de la charpie ou de l'etoupe hachee, le sang et le pus qui se trouvent h la surface, mais tont cela sansfroüemenls. Si le pus avait une odeur fetide, on humecterait les premiers plumasscaux avec du chlorure de chaux liquide; s'il est inodore, on se contente de re-metlre en place l'etoupe, la ligature et les ban­dages. Lorsque les bords de la piaie sont reunis, se gedient et tendent ä se cicatriser, on ne rcmet plus d'etoupcs, on humccte avec de I'cxtrait de Saturne ou de la teinlure d'aloes, ou bien on en-duit de cerat saturne et on saupoudre d'eloupes Iiachees. En (He, on doit proteger ces plaics contre les mouchos par une toüe mollc et flexible appli-qucc contre la region malade.
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sect; 2. — SA1GNEE.
Pour saigner un animal appartenant ä l'es-pece bovine, ä la jugulaire, on l'attache ä un poteau ou a un arbre au moyen d'une longe entourant la base des cornes; on entoure son encolure, Vers sa base, d'une petite corde bien souple et bien unie et arramp;^e par un noeud cou-lant ou demi-rosette. Ce lien fait gonfler la veine en dessus du point oü il est applique, et lui donne l'aspect d'un cordon saillant qui remplit toute la goutliere qui le löge. On fait boucher reell par un aide, puis on prend une flamme assez longue et surtout propre, et un bätonnel. On frappe vio-lemment afin de traverser la peau du premier coup, et aussi la veine tres-large chez le boeuf. Pour arrßter le sang, on delie doucemenl et sans ä-coup le lien place ä l'encolure, on place une epingle et on la maintient par le noeud de saignee.
On saigne quelquefois les animaux de l'espece bovine ä la veine sous-cutaneeabdominale; il faut frapper moins vioiemment sur la flamme, et se placer le long de l'epaule pour ^viter les coups de pied. On arrßte le sang par une epingle et le noeud de saignee, ou par un bandage compressif maintenu quelques heures sur la saignee, au
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moyen d'une bände faisant le tour du corps. Nous ne saurions trop rep^ler combien il est urgent de n'arrMer le sang que doucement et sans produire d'aspirations, l'introduction de l'air dans la veine pouvant causer la mort immediale de !'animal.
La quanlite de sang que Ton a a tirer aux b6tos a cornes n'est pas aisee ä fixer; cependant on peut ieur en tirer depuis lk,500 jusqu'ä 4k3S0O; on ramp;tere la saignee suivant la force, Tüge ou l'era-bonpoint de l'animal, et suivant le cas; ce qui ordinairement est plus ou moins necessaire dans la plethore et dans l'etat des maladies plus oraquo; moins inflammatoires, annoncees par la difBcnlUS de respirer, par les battements des flancs, par un pouls dur, ou serre, ou concentre, par le sang qui est rouge et tres-epais, etc. (1).
Dans les fievrcs aigues, inflammatoires et d'un mauvais caractöre, on connait la necessite de sai-gner, ä l'inspection d'un sang rouge, qui forme un coagulum tres-fort ou qui s'epaissit; celui qui demeure, au contraire, delie et fluide apres la
(1) Dans les graodes inflammations, la partic s^rcuse du sang cslen bien moindre quantity que dans l'etat de santti, la partie lymphatique moindre, et la partic rouge ou le cail-lot est la plus considerable. Daus les maladies de langueur, dans les oedemcs g(hieraux, la partie süicuse est la plus con­siderable.
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saignce indique l'inutilited'iuic pareilleoperation.
II est bon d'observer que la partie coagulee, que Ton nomme coimmeuse, et qui se voil, apres la saignec, enlre la partie aquense et la partie rouge du sang, ne devient teile que par le plus ou moins de chaleur a laquelle le sang a ete expose. Cette partie couenneuse a la propriete de reunir les fibres dans les solutions decontinuile non con­tuses.
La saignee est tres-nuisible dans les fievres pu-(rides, oü il y a phlogose gangreneuse avec abal-tement considerable de forces, et dans celles oü il y a amas et abundance d'ordure putride dans les premieres voies. Dans le premier cas, le pouls est ordinairement faible, lent et quelquefois inegal. Tel est celui des fievres malignes proprement ditcs, oü il y a prostration generale de forces soit vitales, soit musculaires. Dans cet etat, la saignee, en diminuant les forces, rend la maladie plus longue et pins difficile ä guerir : l'infection des humeurs a deja non-seulement alteint la masse du sang, mais le fluide nerveux lui-meme a atta-que la vraie source de la vie de l'animal.
Dans le second cas, quoique la rarefaction du sang donne quelquefois plus d'amplilude aus vais-seaux, ce n'estpoint une raison defairela saignee.
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surtout s'il n'y a point d'engorgement dans les vis-ceres, aucunedouleur, aucun signe quil'annonce, aucune rupture des vaisseaux h craindre.
Non-seulement la saignee diminue alors les forces necessaires et rend les efforls de la nature incapables d'operer la coclion parfaite des hu-meurs viciees, mais fait rentier dans les secondes voies une partie do la matiere putiide contenuc dans les premieres. L'csperience prouve que, si Ton saigne I'animal en cet etat, les redouble-menls rcviennentcomme äl'ordiuaire; il y a tou-joürs la m6me ardeura la peau, et la maladie de-vient plus difficile ä guerir.
Si la saignee etait suivie de thrombus, on reme-dierait ä cette inflammation par des aspersions frequentes d'eau froide et l'applicalion d'une soitc d'emplätre de blanc d'Espagne delaye dans de fort vinaigre.
sect; 3. — SETON.
On designc sous ce nom un corps ctranger qu'on introduit sous la peau afin d'y determi­ner de rinflammation d'abord, puis de la sup­puration. C'est un remede dont les marechaux et m6me les cultivateurs, mais surtout les cmpi-riques abusent irop souvent; il ne doit s'appliquer
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qu'en connaissance de cause, sous peine d'etre plus nuisible qu'utile. II s'applique dans les par­ties ou le tissu cellulairesous-cutane est abondant lorsqu'il doit produire un effet general; quand on en attend un effet local, c'est le siege du mal qui determine le lieu de son application; en general, c'est au poitrail (fanon), sur les coles sternalcs, a l'encolure, aux fesses, ä la partie externe des cuisses qu'on 1'applique, sous trois formes : seton a meche, seton a rouelle et trochisque.
On place le seton a meche ä l'aide d'une ai­guille ä seton, d'un bistouri et de ciseaux. La meche est un ruban defil ou unetressede chanvre d'une longueur proportionnee a. celle de la region sur laquelle le seton seraappliquö et d'une lar-geur moyenne d'un centimetre et demi ä2 cen­timetres. L'animal etant fixe et maintenu, on coupe les polls vers le point oü Taiguille doit pe-netrer, on fait a la peau un pli sur lequel on pra­tique avec le bistouri une legere incision; par celte ouverture on introduit alors I'aiguille dans le chas de laquelle on a fait passer le ruban, et on dirige avec la main gauche sa marche dans le tissu cellulairesous-cutane,en veillantti ce qu'eile n'in-leresse point les tissus adjacents et ne sorte ä tra-vers la peau qu'au point determine.
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Le ruban est muni alors, h. chacune de ses exlre-mites, d'un petit morceau de bois, ou bien ces extremiles sont r^unies ensemble par un noeud, en laissanl assez de longueur ä ce ruban pour qu'on puisse le faire jouer sur tout son Irajet. Le plus souvent, sur le bceuf, et pour augmenter son action, la meche est enduite d'onguent vesicatoirc ou de basilicum, d'essence de terebenthine, ou saupoudree avec de la poudre d'euphorbe ou de canlharides, apres qu'elle a ^te enduite de beurre ou de saindoux.
Le samp;ton a rouelie est une rondelle de vieux cuir ou de feutre, de 5 ä 4 centimetres de diametre, percee, ä son centre, d'une Ouvertüre assez large, et qu'on introduit sous la peau, apr^s l'avoiren-touree d'une mince couche d'etoupes. Pour cela, on pratique ä la peau, ä l'aide du bistouri, une petite incision, on d^colle la peau tout autour, et on introduit la rondelle repliee, puis qu'on deplie, de fa?on ä ce que son trou central corresponde a. I'incision cutanee et permette Tissue du pus. Lorsque l'effet est produit, on incise un peu la peau, l'ouverture s'etant un peu refermte, et on enleve la rondelle avec des pinces. La plaie se cicatrise sculc.
Le trochisqne est un corps irritant ou caustique
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(meine d'ellebore blanc ou noir, faiseeau d'ccoree de garou ou de clematite, garou; ou substance minerale, causüque ou excitante : sulfure ou deu-toxyde d'arsenic, sublime corrosif, etc.). Les sub­stances vegetales sent reunies en pctils brins, puis en petites bottes; les substances minerales sont enveloppees dans un petit linge clnir el on les in-troduit sous la peau comme le selon ä rouelle, pour les relirer quand ellesonl produit un engor­gement süffisant. Ils n'en different, du reste, que par leurs proprietes plus actives et se placent or-dinairement au fanon comme la rouelle.
Ces troisoperations ne donnenllieu,en general, qu'a l'effusion de tres-peu desang; rengorgemeut sc produit le plus souvent apres huitä douze heures et la suppuration s'etablit pendant le troisieme jour. C'est alors que commence le pansement; il consiste, mulin et soir, h presser de la main sur le trajet de la meebe, pour faire ecouler le pus, et ä laver les ouvertnres avec de l'eau tiede. Quand l'cngorgement ne parait pas süffisant, on anime la meebe avec de I'onguent vösicatoire. Le panse­ment de la rouelle et du trochisque est le m6me.
sect; 4. — AMPUTATION DES CORNES.
F,n Anglelcrrc, en Allemagne et meme un pen
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cn France, on a bcaucoup parle de l'ablation des cornes pour desarmer les animaiu et rcndre au budget de developpement du corps les elemenls qu'il aurait employes ä produire un tissu tres-iiche et inutile. ?.Iais on pourrail simplement se borner a eraployerdes reproducteurs sans cornes (colentine desarmee ou raceSarlabot de M. Dutröne, angus, Suffolk, etc.) plutöt que d'operer chaque animal. Neanmoins le professeur Numann d'Utrecht a, depuis un certain temps, invente des instruments destines ä l'ablation des cornes chez les jeunes animaux ; ils ont ete encore, ainsi que le manuel de l'operation, perfcctionnes par MM. Matbieu et Charlier. Mais cette operation est du ressort desve-terinaires, etl'eleveur ferabien de les leur laisser.
sect; 5. — CASTRATION DU TAUREAU.
On castre les taureaux par quatre melhodes differentes: par les casseaux, par le bistournage, par le martelage ou par les casseaux ä vis.
Pour castrer par les casseaux, on abat l'animal, puis on incise l'enveloppe testiculaire (tantöt le scrotum et le dartres seals, et c'est alors ä tcsli-cules converts, (antöt aussi la troisieme tunique ou erylhroide, et c'est alors ä teslicules döconverls). On o du preparer a l'avance les casseaux ou bil-
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lots, c'esl-ä-dire deux morceaux de bois in­flexibles, droils, demi-cylindriques, qui,lorsqu'ils sont rapproches Tun de l'aulre par le plat, reprö-sentcnt im cyiindre de 27 ä 53 millimetres de diametre sur une longueur de 15al6centimetre.laquo;-. Le testicule elant debarrasse de sesenveloppes, on place le casseau qui embrasse alors le cordon tes-liculaire, c'est-ä-dire les vaisseaux et les nerfs tcsliculaires, le canal spermalique et le peritoine qui les lie entre eux. Le casseau est place de fagon ä nc pas pincer les enveloppes; on s'assure qu'il est au-dessus de l'epididyme, on lefixe solidement sur le cordon testiculaire, afin d'interromprc completement la circulation, puis on fait relever l'animal. M6me operation pour chaque testicule.
laquo; Le marlelage consiste, dit M. E. Renaud, ä laquo; ecraser successivement chacun des cordons en laquo; les appuyant sur un corps dur et les frappant a laquo; pelits coups ä l'aide d'un marteau h bouche laquo; large. raquo; Ce precede n'est guere usite que dans la Bresse, et il semble avoir quelque chose de bar-bare, l'operalion etant assez longue.
laquo; Le bistournage, d'aprfes la meme autorite, laquo; consiste, apres avoir fait monter et descendre laquo; plnsieurs fois les testicules dans leurs enve-a loppes, pour detruire les adherences qui ponr-
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laquo; raient exister, a faire basculer d'abord Tun de laquo; ces organes dans l'int^rieur des bourses de ma­te niere ä ce que sa base qui fait continuite au laquo; cordon soit inferieure et sa base superieure..., a puis ä faire tourner le testicule deux ou trois laquo; fois autour de l'espece de pivot que represente laquo; le cordon. II en resulte sur celui-ci une torsion laquo; süffisante pour empßoher la continuation de la laquo; circulation dans I'interieur des vaisseaux qui ie laquo; composent. raquo; [Maison rustique du XIXquot; siede, t.II,p. 265.)Aprfes avoir ainsi traitelesdeuxtesti-cules, on les remonte dans le haut des bourses; puis, pour les empöcher de redescendre et empfi-cher le cordon de se detordre, on erabrasse toute la parlie des enveloppes dans un noend form^ par un lien de plusieurs brins de laine, qui en fait deux ou trois fois le tour et qu'on serremedioere-raent. On retire ce lien vingt ä trente heures en-suite. II est d'opinion generale, et on s'explique assez bien d'ailleurs, que les beeufs castres par bis-tournage conservenl plus d'energie et de vigueur que ceux caslr^s par enlevement de teslicules.
La castration par les casseaux ä vis est la plus simple et la plus facile; lous les eleveurs peuvent l'ex^culer sans danger. Le casseau h vis est laquo; une laquo; sorte de pince articulee en compas et portant ä
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laquo; rexlremite libre de l'une de ses branches une laquo; vis mobile, dont l'^crou ä oreilies, une fois que laquo; cetfe vis est rabattue dans l'echancrure que pre-laquo; sente rextrömito correspondante de l'autre laquo; branche, rapproche celle-ci de la premiere en laquo; se serront. II suffit d'embrasser les bourses, laquo; au-dessusdes leslicules, entre les deux branches laquo; de 1'instrument et de les yserrer. La com pres­et sion determine la mortification et la chute des laquo; parties comprises au-dessous de la pince, et il laquo; en resulte une plaie simple qui se cicatrise laquo; ensuite tres-1'acilement. raquo; (M. Sanson,p. 163.) Quelques Operateurs graissent les casseaux, puis les saupoudrent d'nn causlique.
La castration se fait de preference au prin-lemps et ä l'automne. Vage auquel on doit cas-trer varie suivant le service auquel on destine 1'animal; il en est de möme du Systeme de cas­tration ä preferer. Pour obtenir des animaux des­tines ä un engraisseraent precoce, on chatte de 3 ä 6 mois par ablation avec casseaux ordinaires ou casseaux ä vis. Pour obtenir des animaux de travail, on bistourne de 12 ä 15 mois; pour ob­tenir des boeufs destines au travail d'.ibonl, puis ä l'cngraissement, on caslre par casseaux ä l'äge de 15 ä 18 mois. Mais il est certain que les ani-
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manx marteles ou bislournes sonl moins prompts n prendre la graisse et que leur viande cst moins bonne; c'estun fait connu de tousles engraisseurs.
sect; 6. — CASTRATION DES VACHES ET GENISSES.
ün Americain nomme Winn paralt avoir eu le premier l'idce de castrer les vaches pour perpotuer leursfaculleslaitieres et rendreleur engraissement plus facile. Un veterinaire de Lausanne, M.Levrat, vingt ans plus tard, continua les mömes expe­riences, mais ['operation par le flanc, difficile, longue etincertainedansses resultals, reslaäl'etat d'essai sans passer dans la pratique. II y a quelques annees, un savant veterinaire, M. Char-lier, reprit ces tentatives, et institua la castration par la vulve au moyen d'une serie d'instruraents speciaux. Des lors l'operatiori commenca ä se r^-pandro, quoiqu'on n'en ait pas paru comprendre encore la simplicile, l'innocuit^ et surtout i'uti-*'Iite (1). Quoique la castration par le flanc soit pra-tiquee depuis longtemps en Angleterre sur les genisses, quoique celle par la vulve ait (5te failc par des eleveurs eux-m6mes, il est prudent de la confier aux veterinaircs, qui rendraient de grands
(1) y'oir Üconnmie du betail, par A. Gobin, t. 1, p. 250, 2 voKin-Sraquo;. Librairie do Mquot;1quot; veuve Boucliurd-Huzard, 1861,
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services a la produclion, en se familiarisant avec le manue/ operaloire de cette operation assez simple.
sect; 7. — CAUTERISATION.
On distingue la cauterisation inhärente, celle qui a pour but de detruire les tissus, comme dans les engorgements charbonneux ou gangreneux, dans cc-rlainesplaies ulc^reuses, dans certaines tumeurs froideset indolentes, etc.; et la cauterisation trans-currente, plus generalement appelee feu ou cautere actuel, qui a pour but d'enflammer certains tissus sans les detruire. On applique le feu en raies ou en pointes, au moyen de cauteres, instruments en fer assez semblables au fer a souder, mais dont la partie active varie en formes selon qu'on veut rayer ou pointer seulement; il en faut un certain nombre qui chauffent successivement. Le cau­tere, lorsqu'on le retire du feu, doit 6tre de cou-leur cerise clair. Quand les polls sont trop longs, on les coupe avec des ciseaux.
Feu ou cautere ctclueL — De la maniere d'ap-pliquer le feu d^pen 1 son action, car il pent ramp;oudre ou relacher. L'intenlion de l'opera-teur etant de resoudre ou faire dissiper une ou plusieurs tumeurs (ou grosseurs), il doit tenir
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(lorsqu'il met le feu en raies ou en pattes d'oie) son fer droit et perpendiculairement entre le pouce et las deux premiers doigts de la main; ensuite meltre ia principale raie sur le centre de la lumeur, depuis le haut jusqu'en bas, en observant de descendre ou de proraener son fer ou couteau tout doucement et legerement, re-monter de m6me ets'en tenir lä; ensuite, passer ä une autre raie, pour former une espece de patte d'oie : le dessin, qui doit 6tre relatif a la gros-seur, doit elre juste et proportionne. C'est le vrai moyen pour que les escarres ou croütes tombent toutes en m6me temps. Le feu etant applique, on graisse la partie avec de l'huile de laurier, ou avec de l'onguent nervin. Lorsque les escarres sont tombees, ce qui arrive une quinzaine de jours ou environ apres l'operation, il est necessaire alors de fomenter souvent la partie avec du vin aroma-tique.
II est bon d'observer qu'il ne faut point trop appuyer le tranchant ou la pointe du fer, de crainte qu'on ne perce la peau d'outre en outre; car le feu, au lieu de donner du ressort et de res-serrer la partie, deviendrait relächant. On aura soin de faire promener l'animal un peu tous les jours, principalement b'il a eu le feu aux jambes. ii.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;9
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Le feu actuel est un remede des plus cfficaccs pour resoudre les lumeurs oedemaleuscs et squir-reuses qui surviennent aux jambes, sous le venire, etc.; pour les lt;5panchemcnts de synovie ou de lymphe tendineuse, et enfin dans tous les en­gorgements avec induration et qui n'ont pu citre dissipes par d'autres moyens : il fait cesser les douleurs que les points gangreneux occasionnent sur les parties tendineuses et nerveuses.
Le feu actuel s'applique encore quelquefois ä i'ouverture d'un vaisseau pour en arr^ter le sang, de meme que pour empörter la caric des os.
Enfin les escarres qu'on procure a la peau dans les maladies ^pizootiques, au mojen du fer chaud (1), produisent souvent de bons effets. Aussi la faculte de medecine de Montpellier in-siste-t-elle, dans sa consultation de 1'epizootic de 1775, sur ia necessite d'exciler des inflammations exterieurcs, comme d'appliquer vingt ou trente boutons de feu de Tun et l'autre cöle de l'epine,
(1) Lc poete Cecilc-S6vire rapporlc qu'on ue vil d'aiilrc rrssource, conlre I'epizoolie qui di'peuplait 1'Europc en Tan 370 de 1'ferc chr4ticDDe,'qu'lin fer rcpirsenlant le signo dp la croix, qu'on appliqua, tout rouge, sur le front des ani-ninux. A nc considrrcr cetle applicalion du i'eu que cuniine un elTet physique, on ne pout revoqucren doutc qu'unc Ou­vertüre faitc h la ppau, an moyen dn cautftrc actuel, tin puisse produire un bini reel dans nne innladie peslilcnlidle.
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ä trois travers de doigt de distance. Lorsque la gangrene s'est emparee d'une tumeur, comme dans le charbon, etc., on en arröte les progres en la circonscrivant avec une raie de feu. Lorsqu'on ne pent point enlever les tumeurs charbonneuses sans danger, avec le bislourl, on se sert encore avantageusement d'un bouton de fer, qu'on fait chauffer jusqu'au blanc, et on cauterise le char­bon le plus qu'il est possible, aßn d'arröter scs progres et l'attirer ä suppuration.
sect; 8. — INOCULATION DE LA PERIPNEUMONIE.
Pour opörer cette inoculation, laquo;11 fautchoisir la laquo; serosite citrine qui s'ecoule d'une Ouvertüre pra-laquo; tiquee dans l'epaisseur du poumon d'un ani-laquo; mal malade depuis peu de temps et depuis peu laquo; de temps abattu. On introduit cette serosite a laquo; l'aide d'une forte lancette cannel^e, sous l'epi-laquo; derme de la face anterieure de l'extremite de laquo; la queue, un peu au-dessus des poils qui for­ce mentle toupillon.Lorsquel'inoculation röussit, laquo; il se produit ä l'endroit inocule un engorge-laquo; merit plus ou moins considerable, du neuvieme laquo; au quinzieme jour. Pour eviter que cet engor-laquo; gement, qui est caracteristique de la puissance laquo; preservatrice de l'inoculation, depasse cer-
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laquo;nbsp; taines limites, il est bon de le debrider aussilöl
laquo;nbsp; qu'il se manifeste, en y pratiquant des inci-
laquo;nbsp; sions: cela rempöche de gagner les parties su-
laquo;nbsp; perieures de la queue et de la croupe, ou il
laquo;nbsp; prend des proportions considerables et peut en-
laquo;nbsp; trainer la mort. Avec ces precautions, la pra-
laquo;nbsp; tique de l'inoculation estä peu pres inoffen-
laquo;nbsp; sive. raquo; (M. Sanson, tit suprä, p. 165.)
sect; 9. — PONCTION DU RUMEN.
Dans le cas de meteorisation ou ballonnement, le remede le plus prompt et le plus sür est la ponc-tion; eile s'execute au moyen d'un trocart; cet instrument se compose de deux parties distincles : im poin^on cylindrique en acier de 14 ä 16 mil­limetres de diametre sur 21 ä 25 centimetres de long, non compris la poignee; une douille, ca-nule ou ötui un peu moins long que le poin^on dont il laisse passer la pointe et elargi en pavilion ä l'endroit ou il atteint le manche.
Pour operer, on incise avec un bistouri la peau du flaue vers le milieu de cette region, c'est-ä-dire ä peu pres a egale distance de 1'angle de la hanche, de la derniere cöle et de la ligne des ver-tebres lombaires. On enfonce alors perpendiculai-rement lepoingon garni de sa douille par l'inci-
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siond^ja faite;on retire aussitöt lepoincon.etles gaz s'echappent avec abondance par la canule qu'on debarrasse de temps en temps des sub­stances amp;rangeres que les gaz ont pu y enlrainer, et qu'on laisse pendant le temps n^cessaire flxee dans le rumen, au moyen d'un cordon qui em-brasse le corps et se rattache au pavilion de cette douille.
On peut employer, dans le m6me cas, un tube ou sonde en gomme elastique, qu'on appelle sonde oesophagienne, qu'on introduit par la bouche maintenue Millonnee de l'animal, jusque dans le rumen ä travers l'oesophage.
Quand les gaz sont tous sortis, on retire la ca­nule, on nettoie bien les bords de la plaie qu'on recouvre d'un linge enduit de c6rat ou de tere-benthine et maintenu par une bände qui ceint l'abdomen. Cette plaie, apres deux ou trois panse-ments et lorsqu'elle est proprement enlretenue, ne tarde pas ä se cicatriser. II arrive parfois que, l'indigeslion etant ä la fois solide et gazeuse, la ponction ne sufQt pas et qu'il faut recourir ä l'in-cision du rumen et a la tracheotomie. Ces deux operations sont du domaine des vamp;erinaires par leurs dangers, leur manuel et leurs conse­quences.
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CHAPITRE III.
Pathologie bovine.
La pathologic a pour objet l'etude et la gue-rifon des maladies : la recherche des causes pre-disposantes ou occasionnelles, les symptömes, la Iherapeutiqne ou ies remedes ä employer. II faut done procMer du connu ä l'inconnu, afin de pro-ceder logiquement.
Les signes de la sante, dans les animaux, se deduisent de la regularite, de l'harmonie avec laquelle chaque organe accoraplit le r6le qui lui a ete confie par la nature; on peut juger exterieu-rement de cette harmonie en examinant I'habi-tude geniale de l'animal, en scrutant les organes extörieurs de la respiration, de la circulation, de la digestion et des söcretions et excretions.
Les animaux bien portants de l'espece bovine, apres leur repas termine, commencent presqu e de suite ä ruminer, et, pour cela, se couchent les membres replies sous ia poitrine et le ventre, pen. dies un peu vers le cote droit, de fagon ä ne pas
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comprimer les estomacs. Lorsqu'ilsse relevent, ils s'etendent, se detirent, en cambrant et vous-sant alternativement l'cpine dorsale, elendant leurs membres poslörienrs; c'est ce qu'on appelle des pandicnlations. Leur regard est assez vif et suit les mouvements des personnes qui so meuvent autour d'eux.
La peau, siöge d'une fonclion annexe de celle des poumons, est souple, detachee, roulante sous Iqs doigts, onetueuse au toucher ; les poils sont lisses, d'une nuance vive et non lerne.
Quand vient l'heuredu repas, l'animal beugle, s'agite, dresse les oreiiles au moindre bruit, tourno vivement le regard et la töte vers les personnes qui enlrent dans l'etable.
Le repas fini, il se couche et rumine comme nous l'avons dit; mais la digestion normale s'ae-complit avec des bruits inlestinaux particuliers, appeles borborygmes, dus a la circulation des gaz dans l'intestin, et qu'il faut se garder de con-fondre avec des bruits pathologiques. Les excre­ments sont mi-solides, mi-liquules, et ne sont pas recouverts de cetle membrane d'aspect muqueux qu'on appelle coiffc.
Le mufle est rose, frais et reconvert de gout-teleltes liquides; les baltements du cceur regu-
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liers avec des mouvemenls synchroniques (simul­tanes) du pouls; on explore le pouls chez l'espece bovine, le plus ordinairement aus artöres coccy-giennes, situees ä la face inferieure de la base de la queue. Ces pulsations, dans l'etat de sante et chezles animaux adultes, varient en nombre, de quarante-cinq ä cinquante. Chez les jeunes, elles sontplusfrequentes; chez les vieux,un peu raoins rapprochöes.
L'e'lat de malaUie consiste dans 1'absence des signes precedents, et certaines manifestationspar-ticniieres ä l'affection dont sont atteints les ani-maux.
Presquetoujours,les maladies debutentpar une diminution dans l'appetit: la bouche alors de-vient, comme le mufle, seche etchaude; l'ani-mal ne se couche pas de suite apres son repas; la rumination est rare ou m6rae suspendue; la soif augmente; il y a fievre et acceleration du pouls. C'est ainsi que commencent la plupart des maladies des ruminants.
La temperature du corps s'elfeve et devient sen-siblement appreciable aux boulets des membres, an mufle, aux oreilles et aux cornes; c'est un etat inflaramatoire. Si, au contraire, la tempera­ture generale du corps s'abaisse, c'est le signc
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d'un trouble bien plus grave encore de la circu­lation. Dans le premier cas, les muqueuses de l'ceil, du nez, de la bouche sont d'un rouge plus ou moins vif; dans le second, elles sont päies et d'un jaune nacre; les battements du pouls, en intensite et en frequence, correspondent a ces deux amp;ats, forts et precipites dans le premier, en m6me temps pleins et tendus, precipites souvent encore dans le second, mais faibles et a peine percep-tibles. Dans la premiere hypothese, e'est h la sai-gnte qu'il faut avoir recours; eile pent se borner a o ou 4 litres de sang d'abord, en attendant la venue du v^terinaire. Dans la seconde hypothese, il faut agir de suite par des moyens propres ä re-tablir energiquement la circulation : des frictions vigoureuses sur tout le corps avec du vinaigre chaud ou de l'essence de terebenthine, des sina-pismes sur les membres, des breuvages composes d'infusions aromatiques dans du vin.
Le boeuf malade reste souvent couch6 säns vou-loir se lever; quand il se leve, e'est sans executor de pandiculations; la colonne vertebrale, lors-qu'on la pince en arriere du garrot, est tres-sen-sible. Lorsque l'animal se couche sur Tun des cötes du corps avec les membres ötendus et non replies sous lui, e'est un grave symptoms encore.
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Le diagnostic a pour objet la distinction de la maladie; il se fonde sur les symptömes actuels que presente I'animal et sur la recherche de ses antecedents, c'est-ä-dire des causes prcdispo-santes ou occaslonnelles auxquelles il a pu se trou-vcr soumis. Au nombre des premieres, il faut pla­cer : rht5redite quant aux maladies transmissibles par voie de generation, comme la phthisie, la cachexie, etc.5 et l'hygiene, c'est-ä-dire I'etude des causes qui ont pu ä la longue agir sur I'dco-nomie du corps; ainsi la stabulation au milieu d'un air chaud et humide peut predisposcr ä la phthisie, aux maladies charbonneuses, etc.; le sejour prolonge dans une atmosphere froide et iuimide peut predisposer ä la cachexie, aux ca-tarrhcs, etc.
Parmi les secondes, qui appartiennent encore ä I'liygiene, il faut chercher tout ce qui a pu de­terminer, provoquer le döveloppement de la ma­ladie actuelle; on trouvera le plus ordinairement celte cause dans un ecart de regime, un refroi-dissement, etc.; qui auront agi soit sur I'appareil de la respiration (poumon, poitrine), soit surcelui de la digestion (intestins).
Apres son enquamp;e, le vcterinaire etablit son diagnostic, c'est-ä-dire determine le genre et
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la nature de l'affeclion qu'il doit comballre, et son pronostic, c'est-ä-dlre la chance plus ou moins probable de guerison ou de mort. Ce pronostic est important quant a l'espece bovine, parce que, s'il est defavorable, l'eleveur a souvent plus d'a-vantage ä faire immediatementtuer Tanimal pour en tirer parti,qu'äle faire soigneravec les chances incertaines d'une guerison lente et coüteuse et d'une convalescence prolongee.
On divise les maladies en 1deg; sporadiques, celles qui n'attaquent qu'un seul animal ä la fois, quoi-qu'elles puissent etre contogieuses; 2deg; enzoo-tiques, celles qui regnent presque constamment dans une contröe sans s'elondro au delä, parce qu'elles liennent h des causes particulieres de sol ou de regime, comme le sang-de-ratc de In Bcauce; 5deg; epizooliques, celles qui atlaqucnt ä la fois et dans la memo contrec un grand nombre d'animaus, n'ont qu'une dur^e pins on moins limitee, puls disparaissent et ne rc-vienncnt qn'ä des intervallcs irreguliers, commc la peripneumonio conlagicusc du gros betail a cornes.
Toules les maladies pcuvent 6tre divisees en : 1deg; aignes, ß.'esl-ä-dire graves, d'une marche ra­pide et d'une courte duroe; 2deg; chroniques, dont
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les symptömes se d^veloppent et se succedent avec lenteur.
Sulvant leur nature encore, elles sont conta-gieuses ou non contagieuses, selon qu'elles sont transmissibles d'un animal ä un autre de möme espece ou d'espece difFerente par contact plus on moins direct; ainsi, la maladie aphtheuse ou co-cotte est contagieuse; la meteorisation ou tympa-nite ne Test pas; c'est une question non encore entierement fixöe que celle de la contagion ou de la non-contagion du sang-de-rate.
A ces divisions scienlifiques. nous prefererons dans cette etude, comme etant plus pratique, celie des maladies sporadiques, interieures et exte-rieures, ct celle des maladies enzootiques et epi-zootiques.
sect; Ier. — MALADIES EXTERNES.
Les maladies exlerieures peuvent se reduire aux turaeurs designees vulgairement sous !e nom d'enflures, et aux ulceres, y compris les plaies et les blessures : leur traitement n'est point aussi complique que voudraient le faire croire la plu-part des auleurs qui en ont traile, et qui, ayant neglige toute espece de m^lhode, onl accable le lecteur sous des amas informes de receltes. Ces
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compilations, bien plus propres ä degoüter un amateur qu'a l'^ciairer, doivent 6tre bannies da l'art veterioaire; et Ton ne doit plus considerer cet art comme tirant ses principales ressources de ce que lecharlatanisme annonce sous les noms ftc spamp;ifiques certains, de secrets, etc., mais comme une science raisonnee, fondee sur l'anatomie et la saine physiologic. Ainsi l'expert veterinaire est presque toujours sür de les maitriser, lorsqu'il joint ä la connaissance parfaile de son sujet et a nne excellente theorie la pratique (1).
A. Vumcnrs.
II faut, avant d'appliquer des medicaments su^ une tumeur, on ce qu'on appelle vulgairement une enflure, considerer de quel genre est le mal qu'on entreprend de traiter (2). Cette distinction
(1)nbsp; II ne faut point se tromper sur la vdritable expression du mot pratique; tous les jours il est employe dans un sens absolument faux, puisque, tous les jours, nous entendous dire que la pratique vaut niicux que la theorie.
La pratique n'est que l'application de la theorie; eile n'en esl que la perfection, et ne peut exister qu'avec eile. Nous nous garderons bien de rogarder comine praticien uu ou-vrierqui se dit marcaire ou maröchal, et qui taille, coupe, estropie ou guerit, au hasard, un tris-grand nombre d'ani-mauv par au.
(2)nbsp; On distingue, dans les maladies externes et internes'
II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 10
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estd'aufant plus naturelle, que toules les esp^ces comprises sous 1c m6me genre se comballcnt a pen pres el de la m6me manicre et par la m6me nature .le secours; tandis que chaqne genre de maladies en exige d'une qualite et d'une vertu differentes. Tar exemple, toutes les lumeurs ou enflores plus ou moins grosses, qui sent chaudes, dures, ten-dues et douloureuses, sont du genre du phlegmon, e'est-a-dire d'une nature inflammatoire. A ce signe, 11 est facile de distinguer ce genre de tu­mours, el d'y apporter ensuile les remedes appro-pries, ainsi que nous le dirons ci-apres, a Tarticle Phlegmon.
Si, an coi'.traire, la tumeur ou grosseur est durc dans son centre, froide et insensible, eile appar-lient an genre des tumours squirreuses, et de-mande, pnr consequent, des remedes tout diffe-rents de ceux du phlegmon.
Si I'enflure est egale, sans etre elevde cornme les autres tumours, si eile est froide, insensible
le genre ct I'espfece. Le genre comprend plusieurs maladies; I'espice n'en comprend qu'une. On pent rapportcr I'cspice an genre, ct on doil lonjours le fairc, quand on ne pent pas tü.imiitre Tcspece; e'est-a-dire qu'il Importe peu de savoir si celte espfcee se nomme hubon, charbon, ophlhnlmie, etc., pourru qu'ou les traite avec les remedes qui couvicimeut au genre.
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et molle, si, en appuyant le doigt sur la partie, l'empreinle y resle sans se relever, cette maladio apparlient encore ä un autre genre que Ton nomme cedeme ou enflure cedemaleuse. Gelte mala-die exige encore des reraedes differents des prece­dents.
Nous ferons observer aussl que ces tumeurs peuventquelquefoisparliciperde runoude I'autre genre, c'est-ä-dire que le phlegmon peut lenir de I'oedemeou de l'erysipele, de möme que rcedeme peut 6tre phlegmoneux, etc. Dans ce cas, il faut considerer l'enflure, et employer les remedes centre l'espece dont eile tient leplus.
Ilelativeraent aux tumeurs qui peuvent se pre­senter sur l'abdomen, il faut s'assurer d'abord si elles ne sont pas constituees par une hernie abdo­minale (ombilicale, inguinale, crurale, etc.). Le toucher donnant, dans ce cas, la sensation d'un corps elastique, que souvent on peut mfeme fairo rentrer partiellement ou entierement, suffit pour öclairer sur le diagnostic.
1deg; Phlegmon.—On designe sous ce aom 1'in­flammation du tissu cellulaire.
Le phlegmon est une tumeur inflammaloirc, qui se reconnalt par une elevation centre nature qui est plus ou moins grosse; par la chaleur, par
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la durete, la tension et la douleur que I'animal ressent lorsqu'on le touche.
On distingue dans le phlegmon le commence­ment, l'augmentation, l'etat et le d6clin.
Dans le commencement, le sang ne fait que se-journer dans ses propres vaisseaux, I'enflure est peu apparenle, et la douleur est Idgere. Ce premier degrö d'inflammalion se nomme phlo-f/ose.
Dans l'augmentation, le sangpamp;ietre dans les vaisseaux lymphatiques, et les accidents augmen-tent. Ce second degre se nomme phlegmon.
Dans I'^tat, la chaleur, la tension et lä douleur sont considerables. Ce troisieme degre se nomme inflammationparextravasation, parceque le sang, ä force de tirailler ou de distendre les vaisseaux, les rorapt, et s'extravase dans les interstices des parties molles, comme on le voit dans les fortes contusions.
Dans le declin, les accidents diminuent.
Causes.— La cause du phlegmon est l'amas du sang dans les extremites capillaires des vais­seaux sanguins; cetamas vient de la diKiculteque le sang trouve ä passer des extremites des arteres dans le commencement des veines.
Diagnostic. — On connait ais6ment le phleg-
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mon par l'enflure de la parlie qu'il attaque, par la clialeur, la durete, la tension et la dou-leur.
Pronostic, — Le phlegmon entraine avec lui plus ou moins de danger, suivant l'imporlance des organes qu'il affecte; celui des parties tendi-neuses, telles que les jambes, est plus dangereux que celui des parties charnues, mais celui des ar­ticulations Test bien davantage.
Le danger est moindre ou plus grand, ä raison de l'etendue du mal, de la douleur qu'il cause,du nombre et de la violence et des accidents, et de la maniere dont il se termine.
Le phlegmon peut se terminer par resolu­tion, par suppuration, par induration ou par gan­grene.
Par resolution, lorsque le sang reprend les routes de la circulation ; c'est la voie la plus salu-taire.
Par suppuration, quand le sang arr^tö secon-vertit en matiere ou pus : apres la resolution, celtevoie est la plus favorable.
Par induration, lorsqu'ilresteunetumeurdure, insensible apres I'inflammation ; cetteterminaison entraine souvent, apres eile, de mauvaises suites, telles qu'un squirre, etc.
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Par gangrene, quand les fibres ont perdu lenr ressort et sont tombees en mortification : e'est !a vole la plus fächeuse.
Trailement. — 1deg; Dans le commencement de rinflaramation, on etuvera souvent la tumeur avec une decoction deplantes emollientes, et, s'il est possible de faire contenir un cataplasme sur la partie, on y appliquera un cataplasme de mauve ou de son, Voila ce qui convient pour le premier degr^.
2deg; Dans I'augmentation, lorsque le phlegmon est forme (ce qu'on connait par le diagnostic pre­cedent), on remediera ä l'engorgement des vais-seaux par une ou deux saignees; et, apres avoir mis en usage les fomentations et les cataplasmes emollients, on tächera de resoudre la tumeur avec une fomentation aromatique que Ton continuera pendant trois ou quatre jours; mais, si, au bout de ce temps, on volt que ce renfede n'agisse point assez vite, on emploiera l'eau de Goulard, ou, a son defaut, un cataplasme resolutif ou fon­dant.
Si la chaleur, la douleur et le battemenl aug-mentent jusqu'au quatrieme ou cinquieme jour, e'est une preuve que la tumeur changera de na­ture, c'cst-a-dire que, n'ayant pu se resoudre.
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eile se terminera ou par suppuration, ou par in­duration, ou par gangrene.
Si, malgr6 l'usage des remfedcs emollients ct resolutifs, les accidents augmentent, et que 1'in­flammation subsiste aprös le huitieme ou le neu-viemejour, il y a lieu de croire que le sang de la tumeur est converti en pus ou matiere. Alors le phlegmon change de nom et prend celui d'abces, dont je vais parier.
Quand l'inflammation estl'effet du reltlchcment des fibres, comme apresles entorses, les chutes et les contusions violentes, les resolutifs, appliques sur-le-champ, ou, ä leur defaut, Tcaa commune .froide, dans laquelle on a mis du sei autant qu'elle en peut dissoudre, rendent la fermcte aus fibres, obvient ä l'cngorgement et arretent les pro­gress de l'inflammation.
Quand le phlegmon paratt devoir se tcrinincr par induration, ce qui n'a gu^re lieu que pour les mamelles ou les glandes inguinales, on a recours a des applications röpetees de sangsues et ä da ventouses appliqueessur leurs piqüres, ä un largo vesicatoire applique autour de la lumeur. Uno diete legere, des lavements pnrgatifs sontd'ulilcs auxiliaires. Quand l'inflammation marchc vers la gangrene, il faut pers^verer dans les anliplilogis-
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tiques; si la gangrene provient d'une apon6vrose, il faut la debrider par des incisions cruciales. Quand eile tourne a I'abci's, on la traite comme teile.
2deg; Abces.—On donnece nom ä tous les amas de pus ou depots, formes ä la surface du corps, sous la peau ou au milieu des parties charnues.
On connait que la suppuration commence, lorsque latumeur s'61eve en pointe, que le poll de cet endroit tombe et que la peau blanchit.
Le pus est forme ou la suppuration est etablie, quand la chaleur, la tension et ladouleurcessent, que I'abces est mou dans un endroit, at qu'on sent, en y portant les doigls, de la souplesse et de la fluctuation.
Pronoslic. —L'abc^s est plus ou moins dange-reux, suivant la nature du pus, suivant I'endroit oü il est et suivant sa profondeur.
Si le pus est de bonne qualite, il ne creuse pas, et I'abces n'a point de suites fAcheuses.
Si, au contraire, le pus est Acre et brülant, il creuse et fait du ravage, et l'abcös est de mauvais caractfere.
Enfin I'abces des parties charnues est moins dangereux que celui des parlies tendineuses et des articulalions.
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Traitement. — Lorsqu'au bout de huitou neuf jours on voit que la tumeur inflammatoire n'a pu se dlssiper par la continuation des resolutifs, et que la chaleur, la tension et la douleur subsistent toujours, ii faut graisser la tumeur avec du beurre frais ou avec du saindoux; ett s'il est possible d'y pouvoir faire contenir un cataplasme maturatif, on y en appliquera un de farine de lin.
Lorsqu'on connait, aux signes que nous avons enoncös, que l'abcesest dans sa maturite, on doit l'ouvrir avec le bistouri ou avec un canif; l'inci-sion doitÄtre faite du centre ä la circonference, et toujours dans lapartie laplusbasse, pour donner ecoulement au pus ou maträre.
La maniere de se servir du bistouri est d'en prendre la lame entre le pouce et le second doigt, ayant soin de n'enfoncer {'instrument que ce qu'il en faut pour percer la peau de l'abc^s. On intro-duit ensuite le doigt dans la plaie, pour en exami­ner Je fond, puis on y applique un plumasseau charged'onguent basilicum 5 et lorsque la suppu­ration est bien etablie; qu'elle est blanche et epaisse, I'abces change de nom et prend celui d'ulcere benin, dont la cure se termine de m^rae.
Tout abces dans les parties charnues telles que
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le cou, l'epaule, lebras, la fesse et la cuisse ne doit 6tie perce qu'au dernier degre de maturite, h moins que l'dcrete de la matiere ne fasse craindre la gangrene.
Ceux qui surviennent dans les parties tendi-neuseset arliculaires, telles que les genoux, les janels, etc., doivent 6tre hates, de peur que la matiere ne gäle ces parties, en s'insinuant plus profondement entre les muscles, dans les gaincs des tendons et les capsules articulaires.
5deg; Squirre. — On appelle ainsi une tumeur dure, mobile, circonscrite, egale, renitente, or-dinairement indolente ou peu douloureuse au toucher, sans changement de couleur ä la peau, ä laquelle eile n'adh^re pas, lorsqu'elle est superfi-cielle et susceptible de se terminer par resolution ou dcdegenerer en cancer.
Le squirre est, pour I'ordinaire, la suite du phleg­mon ou d'une autre tumeur qui n'a pu se re-soudre ni suppurer, et qui s'est terminamp;j par in­duration.
Causes. — Le squirre doit son origine au d^-faut ou au moins ä la lenteur de la circulation, principalement ä la partie lymphatique du sang. Enfln les coups, le defaut de transpiration, etc., peuvent occasionner des squirres.
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Traitement. —Le plussür moyen de guerir le squirre est d'ouvrir la pean avec le bistouri, dans loute la longueur de la lumeur. L'incision 6tant faite, on en detache les bords, ayant bien soin de iaisser le plus qu'on peut de tissu cellulaire apres la peau, et cela jusqu'a ce qu'on ait depass^ le contour du squirre qu'on enlöve ou d'une seule piece ou en c6te de melon.
L'op^ration etant faite, 11 ne resle plus qu'une plaie simple, et on lave le dedans du sac avec une dissolution de vitriol bleu, ä la dose de 60 grammes pour 1 litre d'eau froide. On röitere cette lotion de 2 heures en 2 heures, pendant deux jours, ayant soin de recouvrir la plaie chaque fois avec un plumasseau d'etoupe imbibee de cctte li­queur.
Le troisieme jour du pansemcnt, on applique sur la plaie un plumasseau charge d'onguent basi-licum, jusqu'ä cc que la suppuration soitbien ela-blie ; apres quoi, on termine la cure comme cc!Ie de l'ulcfere Wnln ci-apres.
Je ferai observer que, si le squirre 6tait situe sur unepartie tendineuse ou aulre, oü il y aurait du danger pour I'aniraal, il faudrait avoir recours aux boutons de feu, ou cautere actuel.
iMais on n'emploie l'ouverture du squirre qu'a-
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pres avoir tente de le resoudre au moyen des emollients, des relächants.telsquelescataplasmes de farine de lin, l'eau de guimauve, etc.; puis, quand il a commence ä se ramollir el h devenir indolent, de douloureux qu'il etait, on remplace les emollients par les resolutifset les fondants.
40Kyste.—On appelleainsi des sacs ou cavites membraneuses, sans ouverture, qui se montrent accidentellement dans les tissus (sereux,muqueux, carlilagineux, osseux, etc.) et renferment un li­quide de nature et de couleur variables. Quand les parois du kyste sont minces, que le liquide qu'il renferme est presque sereux, il peut se resoudre par l'eraploi de la cauterisation par le feu, des empldtres stimulants, des frictions avec le sei ammoniac tres-concentre. Lorsqu'il est volumi-neux et situ^ pres de gros troncs vasculaires, on emploie le seton, l'incision et la cauterisation.
On incise le kyste avec le bistouri comme l'ab-c^s; et, apres avoir fait sortir la mattere qui, pour Tordinaire, est jaun!Ure,on bassine le sac avec la dissolution de vitriol, de mamp;ne que celui du squirre, ou, mieux.avecla teinture d'aloes. Apres avoir 6tabli la suppuration, au moyen de t'on-guent basilicum, on cicatrisera la plaie comme celle (le I'ulcere benin ci-apres.
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8deg; Loupe. — C'est une tumeur plus ou moins dure et d6velopp6e, generalement molle et (51as-tique, lente dans son developpement, indolente, se developpant an milieu du tissu cellulaire, et formte tantöt de graisse, tantöt de differents tis-sus anormaux ou de sortes de bouillies plus ou moins fluides. Quand la loupe, d'apres les indica­tions du toucher, renferme une substance assez tluide, on l'ouvre comme un abces. Quand eile est considerable, on y passe un seton, lorsqu'elle est composce aussi de matieres fluides ; si eile paratt solide, on l'incise, puis on l'extirpe entoutouen partie ; on rapproche les bords de la plaie, on les maintient par une douce pression, et la reunion des chairs ne tarde pas k s'operer. Mais ces operations sont de la competence des veteri-naires.
6deg; OEdeme. — C'est le nom sous iequel on de-signe une tumeur molle, diffuse, cedant ä la pres­sion du doigt, indolente, bornee ä une region ou ä un point du corps et causee par IMnfiltration d'un liquide sereux dans les interstices du tissu cellulaire. II apparatt quelquefois avec unegrande rapidite, ä la suite d'une contusion, d'un engor­gement, d'une piqüre, d'une trop grande fatigue ou d'un repos trop prolonge; il n'est pas rare ii.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 11
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apres la castration, ni avant la parturition el apres ravorlement. S'il provient d'une cause ex-terieure, il disparait avec la cause; s'ilestleSymp­tome secondaire d'une aulre tnaladie, il gu^rit liabituellement avec l'affection elle-meme. II cede presque tonjours ä des frictions seches, aux frictions avec l'eau-de-vie camphree, aux fomenta­tions toniques on resolutives, avec une bonne nourriture, un exercice modere. S'il resistait ä tons ces moyens, on emploierait les mouchotures du bistouri, les scarifications, etc. Mais il faut se garder d'appliquer des irritants sur les cedemes, qui ne viennent jamais ä suppuration.
7deg; Emphyseme. — C'estune tumefaction plus ou moins elastique, crepitante, sans changement de couleur ä la peau, produite par le developpe-ment siontane, ou par rinfiltralion accidenleilc de l'air, ou queique autre fluide gazeux dans le tissu cellulaire. Elle ne retient pas l'impression du doigt comme l'oedeme. Si l'emphyseme se trouve aux environs d'une plaie, on pent en ex-pulser l'air en le comprimant avec le doigt; s'il est general, on emploie les frictions sfeches, les breu-vages toniques et sudorißques, et on procure äl'a-nimal un exercice modere. Les tumeurs emphyse-matiques qui apparaisscnt daus les maladies epi-
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zootiques, comme dans celles qui sont du genre des phlogoso-gangreneuses, annoncenlordinaire-ment l'etat gangreneux du tissu cellulaire.
8deg;Gangrene et charbon.—La gangrbneest un commencement de morlification et de corruption dans les parlies molles du corps. On distingue deux degres dans la gangrene.
Dans le premier degre, la chaleur, le mouve mentet le sentiment sont extrfemementdiminues, mais ils ne sont pas enlierement detruits; la mor­lification n'est qu'imparfaite. Get etat s'appeile gangrene.
Dans le second degre, la parlie est privee do chaleur, de mouvement et de sentiment; les fibres n'ont plus de ressort, eiies tombenten lambeaux, rendent une mauvaise odeur, et la mortification est totale. Get ^tat s'appeile sphacele ou gangrene parfaite.
Causes. — Les causes de la gangrene du pre­mier degre sont le defaut de ressort des parlies, la cessation du mouvement des fibres et de lactiou des fluides sur les solides prives de leurs mou-vements; les fibres ne jouissent plus de la vie, elles n'agissent plus sur les fluides, elles n'en fa-vorisent plus la circulation; de lä le sejour des li­queurs dans leurs propres vaisseaux; le sang s'ar-
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röte, fermente, se corrompt ou se patr6fle et dis-sout le tissu des solides.
Les fibres perdent leurs ressorts et leurs mou-vements, lorsqu'elles ont ete tiraillees au delä de leur etat naturel, ou lorsqu'elles sont trop relä-chees. Gelte distension ou ce tiraiilement outre arrive, 1deg; dans les grandes inflammations, lors­qu'elles ne se terminent ni par resolution ni par suppuration; 2deg; par les ligatures et les com­pressions fortes ; 5deg; par efforts violents et par les luxations; et 4deg; par les contusions, les mor-sures, etc.
Elle peut ßtreproduite par l'iriflammation, teile que I'erysipele ou le phlegmon, parune contusion qui en altere ou rompt des vaisseaux, par une compression lente et l'interruption accidentelle de la circulation, par la brulure, par la congela­tion, enfln par 1'introduction d'une substance de-letere introduite dans I'economie.
Tantöt eile agit en reduisant les tissus en une sorte de pulpe, c'est la gangrene humide; tantöt, au contraire, eile les durcit et les racornit, c'est la gangramp;ne sfcche. Dans tons les cas, eile commu­nique a ces tissus une couleur livide et noirdtre accompagnöe d'une odeur infecte et caracteris-tique. La sensibility, la chaleur^ le mouvement.
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la vie enfin sont complöteraent an^anlis dans les parlies atteintes. Eile presente quatre pdriodes dans la succession des phenonränes qu'elle deter­mine. D'abord, les effels locaux ou generaux, de­terminant tantöt l'inflammation, la frequence et la durete du pouls, la chaleur de la peau, la se-cheresse de la langue, la soif, etc.; tanlöt, au con-traire, amenant la faiblesse du pouls etdiminuant sa frequence, ralentissant la respiration, produi-sant des excretions fetides, etc. Ensuite, la forma­tion d'un cercleinflammaloirecirconscrivant I'es-carre; en troisicme lieu, la suppuration et la chute de 1'escarre; enfin la cicatrisation de la plaie qui en resulte.
Le pronostic, quant a la gangrene, est toujours grave ; a toutes les periodes du developpementde la maladie la mort pent survenir. Les affections de cette nature demandent ä etre traitees energi-quement et exigent les soins d'un habile v^teri-naire.
Le traitement consisle h pr^venir la formation de la gangrene, lorsqu'eile n'est pas encore de-claree; ces moyens different d'aprcs la cause qui a pu la produire. Arröler les progres du mal et combattre ä la fois les symptomes locaux el gene­raux, Si c'est i'inflammalionqui, par sa violence,
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a determine une gangrene aigue, il faut de suite moderer la trop grande acllvite du Systeme san-guin par une ouplusieurssaignees proportionnecs ä la force, au temperament, ä Tage du sujet, et administrer des boissons rafraichissantes, des breuvages d^layanls acidules et nitres, des lave­ments simples, des topiques Emollients, relächanls et anorlins.
Lofsque, au contraire, e'est la gangrene qui cause surtout l'inflammation, il faut avoir recours äun traitementtoniqueet antiputride,lecamphre, le quinquina, la cannelle, 1c vin, l'acide sulfu-rique elendu d'eau, etc.
En dernier lieu, reste ä favoriser la separation des parties frappees de mort, au moyen du feu, des caustiquesetdu bistouri.
Le charbon ou anthrax est une des formes do la gangrene attaquant surtout les herbivores et so revelant avec divers caracteres, suivant I'especc d'animaux qu'il atteint. II consiste dans le deve-loppement, sur differentes parties du corps, de tumeurs de formes variees qui augmentent sou-vent avec une grande rapidite, s'accompagnent d'une fievre plus ou moins forte, presentent une grande tendance a la gangrene et se terminent trop souvent par une mort rapide. Elle a regu les
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noms vulgaires de charbon blanc, avant-coeur, anticoeur, trousse-galant, tac, louvet, larron, bouffle, musette, grosse amere, venin souffle, ve­nin froid, etc. Nous ne nous occuperons ici que du charbon essentiel, de celui qui consisle en tu-raeurs isolees apparaissant sur differents points du corps. Nous Iraiterons ailleurs de la fievre char-bonneuse et du sang-de-rate.
Dans l'espece du bceuf, les tumeurs sont ordi-nairement multiples, rarement uniques, et elles affeclent plusieurs formes. Tanlöt elles appa-raissent au fanon, ä la pointe des epaules et sur les cötes, se developpent avec une cctröme rapi-dite et se propagent sur !e dos, l'encolure et sous le ventre; la mort est rapide. Tantot il s'annoncc par de simples taches blanches, livides ou noircs de la peau avec emphysfeme, la gangrene s'etablit en dessous; la ntaladie marche moins rapidement que dans le cas qui precede, mais la terminaison est loujours la m6me. D'autres fois, les tumeurs se montrent indifferemment sur toutes les parlies du corps, ä peine apparentes, penetrant dans la chair, reconnaissables seulement ä l'emphyserae; c'est ce qu'on appelle charbon blanc. Enfin, par-fois, les tumeurs se fi\ent h la langue, sous forme de phlyctenes; c'est le glossanlhrax.
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Etudions d'abord le charbon sous sa forme ge-nerale.
Cette tumeur paralt lout ä coup, ou se forme et s'aecrott peu ä peu; mais, dans ce dernier cas, ses progres sont ä leur derniäre periode au bout de douze h dix-huit heures au plus tard. Elle est presque toujours unique dansle cheval, l'äne, le mulet et le chien-, eile est quelquefois multipliee dansles bötesä comes; mais alors chaque tumeur est moins volumineuse et moins chaude.
La chaleur, dans le principe de cette tumeur, n'est pas toujours en proportion de la douleur; mais, des qu'ellc a acquis un certain volume,!'in­flammation est tres-marquee; quelquefois Tun et Tautre de ces symptömes marchent de front, et et ils sont en raison du degro de rapidite avec le-quel la tumefaction (ou l'enflure) s'aecrott.
Dans les uns et les autres de oes cas, des que le charbon est parvenu ä son point d'accroissement, qui n'excede guere celui de la forme d'un cha-peau, la chaleur et la douleur s'evanouissent, et le sphaeöle ou la mortification complöte (je veux dire la gangrene parfaite et portee ä son dernier dgre) se manifeste aussitöt par des phlyetönes ou vessies, l'insensibilite et le froid de la partie.
D'autres fois, il s'etend en iargeur entre cuir et
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chair; c'est une sörosite roussdtre qui se röpand dans le tissu cellulaire, qui denature dans l'instant les parties qu'elle baigne et qu'elle arrose. La peau est detachee, soufflee; et, dhs qu'on la com-prime, eile rend le bruit d'un parchemiu sec qui serait froisse entre les doigts. Ce bruit est ce qu'on appeWe cre'pilation; il est toujours un signe de sphacele. Cette espfece de charbon attaque or-dinairement les sujets pituiteux et d'une tissure flasque. Les temperaments irritables, bilieux et sanguins sont plus particulierement en proie aux charbons eleves et salllants. On a observe, de plus, que Teruption de ces sortes de charbons etait d'autant plus prompte et plus forte que le sujet etait plus vif et plus irritable.
Cette tumeur se distingue en charbon essentiel et en charbon symptomatique. Dans le premier cas, eile se montre sur une partie quelconque du corps de 1'animal, sans autres signes malad!fs que ceux qui resultent de son existence.
Dans le second cas, eile est subsöquente; eile ne paratt qu'ä la suite d'un mouvement febrile. (11 ne faut pas confondre ici ce mouvement febrile avec ceux qui proviennent des fievres putride, ma­ligne, ardenteet pestilentielle,dontles effets sont quelquefois suivis de l'eruption des tumeurschar-
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bonneuses, ainsi qu'on le vcrra ä la description des maladies epizooliques.)
Le charbon essenliel atlaque le sujet d'une con-slitution forte, qui se defend avec energie de l'en-nemi qui l'opprime. Le charbon symptomatique suppose moins d'activity et il est plutöt l'effet d'un resle de force que d'une energie absolue.
Quo! qu'il en soit, le caractere de la tumeur est de ne jamais suppurer; Thumeur qu'elle contient est un depot de matieres vraiment deletöres; sa resolution ou sa rentree est une delitescence (dis-parilion) mortelle. La gangrene, dans le cheval, ne se manifeste qu'apres que la matiere est de-pos^e; eile est plus prompte dans le boeuf. De lä, sans doute, la difference des symptömcs que Ton observe dans lesdifferenlsanimaux,relativementä cette humeur inilammatoire dans lesuns et froide dans les autres.
Causes.—La veritable causeducharbon est igno-ree jusqu'ici; cependant M.Chabcrt, directeur ge­neral et inspecteur des ecolesroyalesveterinairesen France (1), dit que les causes de cette maladie sont
(1) Vojcz le Trailö ducharbon ou anthrax dans les animaux, par M. Chabert, directeur et inspecteur general des Ecolcs royales veterinaircs de France, eorrespoudant de la Societe royale de medeciue, elc. A Paris, de rimprimerie rojale, 1783.
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cn Irfes-grand nombre, mais qu'elles sontleplus fouvent communes et generales; eile se montre, (lit ce grand maitre, apres des saisons pluvieuses qui ont succede ä de grandes samp;heresses; apr^s la consummation des fourrages vases, mal recoltes, submerges, rouilles, charges d'insecles, etc. Elle est tramp;s-frequente et m6me enzoolique dans les pays bas, aquatiques, marecageux, et dans les prairies qtii abondent en renoncnles, triglochins, carex, preles, etc.; eile s'ymontre meme epizoo-lique dans les annces pluvieuses, et eile atfaque un grand nombre d'animaux ; eile rhgne aussi clans les pays sees et elev^s; mais ce n'est qu'a-prts des steheresses et des chaieurs extremes, ou des orages frequents qui refroidissent le temps tout ä coup, ou apres des pluies continuelles.
Au resle, dit-il, le charbon essentiel nous a paru plus particuliamp;rement 6tre la suite d'une boisson chargee de parlies heterogenes; le char­bon symplomatique, de planlos ülcres et aqua­tiques; et la fievre charbonneuse {qu'il a ajoutee ä la division de ces deux especes de charbons et dont nous parlerons ci-apres), de la vicissitude des saisons, et notamment de l'exces de seche-resse.
Le charbon essentiel s'annonce le plus souvent
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par une petite tumeur dure, renitente, de la groS-seur d'une feve, tres-adherente dans le fond; eile parait quelquefois du volume d'une noix. Si Ton comprime celte tumeur dans le cheval.le mu­lct, etc., ces animaux temoignent la plus grande sensibility. Ce charbon offre rarement ces parti-cularites dans les bamp;es ä cornes. Les tumeurs se montrent toujours en elles, des les premiers in-slanls, sous un volume plus considerable; elles sont quelquefois moins douloureuses.
Symptumes. — Les signes maladifs dansl'ani-mal ne se manifestent qu'ä mesure que le char­bon fait des progres ; des qu'il est au tiers ou ä la moitie de son accroissement, tous les symptömes d'inflammalion, d'irritation et d'agitalion pa-raissent, et ils sont, au bout d'une heure ou de deux, au plus haut degre d'intensiteou d'augmen-tation; les yeux sont ardents, tres-enflammes et hagards; le pouls est souleve, tres-accelere (c'est-ä-dire qu'il va tres-vite); il fait sentir quatre-vingt-dix ä cent pulsations par minute; enunmol, sa vitesse est trois ouquatre foisplus considerable que dans l'etat naturel. Ces symplömes ne sub-sislent pas longtemps; des que la mortification s'est emparee du charbon, toules les forces sont aneanties,le pouls est efface, lent et intermittent.
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Tous ces symptömes se succedent dans I'espace de vingt-quatre ä trente-six heures.
L'ouverture des cadavres fait voir une coagula­tion generale du sang contenu dans les gros vais-seaux, dans les art^riels surtout; qnelquefois celui des veines cstdissous et en quelque sorle putrefie; Tun et l'autre sont toujours de couleur de char-bon.
Les visceres les plus voisins du siege du mal sont noirs et sphacöles; et, si Ton ouvre la partie tnmefiee ou engorgee, on voit les chairs et les vaisseaux noirs, maceres et gangrenes ; les os meme qui l'avoisinent sont teints de noir, etcette teinte s'observe encore dans la moelle et le sue moelieux.
Le traitement de ce charbon est le m^tne que celui que j'ai present precamp;lemment pour la gangrene.
II est un autre charbon de ce genre,dit M. Cha-bert, plus prompt, plus mobile et plus malin ; les hoeufs et les vaches y sont plus exposes que les chevaux, les mulcts et les änes; il se montre au poitrail, a la pointe des epaules, au fanon et sur les coles; il parait d'aborddu volume d'une noix; ses progres en grosseur sont tels qu'en une demi-beure ii a acquis celle d'une tele humaine; il se n.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 12
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propage ensuite, avec une promptitude extreme, a la faveur du tissu cellulaire de la penu, sous le venire, I'epine dorsale, rencolure et la gorge. L'a-nimal est, dansl'instant, d'une roideur insurmon-table; les coups les plus violents ne peuvent le de­terminer ä changer de place; les arteres sont ten-dues, pleines, dures et sans action; le sang sembie marcher dans les canaux artöriels par la seule et unique force du ccEur, dont les mouvemnts sont fort sensibles entre les intercostaux (ou entre les cötes), au defaut du coude, soit au toucher, soit ä la vue; ils le sont m6me ä l'ou'ie. Les coups de ret Organe centre les cötes etant tres-forts, il en resulte un bruit sourd qui se fait entendre d'assez loin.
Des que la tumeur s'est etendue sous la gorge, l'animal tombe et succombe. On trouve, a l'ouverture du cadavre, les poumons pleins do sang noir et öpais, un epanchement de sang dis-sous dans les cavites coniques de la poitrine, une inflammation tres forte dans la plevre (1),
(1) La plevre est unc membrane qui tapissc I'intdrieur dc la poilrinc; eile est humecWe d'une s^rositö qui facilite Ic Jen des poumons sur eile et sur le diaphragiuc : re dernier est un muscle ou une cloison qui söpare les parlies de la poitrine d'avee le basvcnlre.
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)e meJiastin (1) et dans le p^ricarde (2). Les tumeurs charbonneuses, en general, dit M. Chabert, peuvent et doivent 6tre regardöes comme le resul tat d'un effort que fait la nature pour se debarrasser de Fhumeur qui la surcharge, et dont il Importe defavoriser la sortie partoules les voies qui peuvent la lui procurer. Celle qui nous a paru la plus propre ä cet effet est sans contredil la parlie sur laquelle I'enflure s'est formee. II est piouvö par I'experience, ainsi que par toutes les particularites que presente cetle tumeur dans sa formation, ses progres et saterminaison,querhu-meur qui la constilue est un depot critique dont l'eruption et I'^vacuation delivrent la machine; que le charbon ne cesse d'etre curable qu'autant que le virus.a le temps el le pouvoir de porter at-teinle aux visceres et auxautres organes essentiels ä la vie; que, toutes les fois qu'il circule encore avec la masse gamp;i4rale des humours, il est tres-fa-cile d'aneantir les effets, soit en le denaturant par
(1)nbsp; Lc incdiaslin est une cloison membraDeuse, tris-mince, Iransparente, qui seiend d'uo bout de ia poitrine, autorieu-rcment, vers la partie anU'rieuro dupericarde, oil il forme deux feuillcts separts l'un de l'autre.
(2)nbsp; Le piiricarde est un sac membiancux plac6 entre les deux membranes du midiastin et qui enveloppe le coeur.
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les medicaments ci-apres, soit en l'övacuant par les voies excretoires, etc.
Le charbon essenliel est, en general, le moins dangereux et celui dont on triomphe le plus faci-lement, surtout lorsqu'il n'a pas le caractere de malignity que nous avons reconnu au charbon particulier dans les b6tes ä cornes, et qui est, ä ia verite, träs-rare.
Neanmoins nous entrerons , pour le traite-ment, dans tous les details relatifs ä ces diffe-rentes nuances, et nous chercherons, autant qu'il sera possible, ä enoncer les indications di­verses qu'elles presentent; mais on aura l'atten-tion de ne rien negliger dans les precautions g6-nerales qui precedent les maladies epizoo-tiques (1).
Le traitement du charbon essenliel ne differe en rien de celui que nous avons present pour le traitement du sphaceie ou gangrene parfaile, ä
(1) Lorsque cette maladie est 6pizootique (ou contagieuse), eile exige deux espÄces de Iraiterncnts : Tun prfeervatif et l'autre curatif.
Le traiteraeut prophylactiquc ou prt'servatif, qui convieut dans les circoustanccs d'uti charbon essentiel, ainsl que dans celles d'uu charbon symplomatique, est absolumcnt le inßme, et il deviendra curatif et preservatiflors de rexisteuce d'une fi^Yrc charbouneuse.
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l'exceptionseulement que, si lefond ou la base de la tumeur charbonneuse etait Irop enfoncöou en­gage dans des parties dont la section serait dange-reuse, 11 faudrait laisser la parlie qu'on ne pour-rait couper, et brüler le charbon le plus avant qu'il serait possible avec un bouton de feu chauffö jusqu'au point deblanchir. On remplit l'ulcerede plumasseaux charges d'onguent vesicatoire, et on le pause de m6me qu'il est dit ci-devant, tant ä l'exterieur qu'a l'interieur.
La tumeur est-elle plus volumineuse; ses progres, a l'exterieur, sont-iis tels que rinflammation etla fievre soient developpees, comme il est dit au Symp­tome du premier charbon essentiel, 1'operation pr^cödentepourrait devenir funeste,vu les grands delabrements qu'elle entrainerait necessairement. ScariQez-ladansplusieurs endroitsde son etendue et dans toute sa longueur et son epaisseur; lavez les incisions avec l'essence de lereben-thine, et employezl'onguent qui est present au traitement de la gangrene.
II faut surtout, dans le traitement du charbon, se garder de la saignee qui, en facilitant l'absorp-tion de la matiere charbonneuse qui est contenue dans la tumeur, pourrait rendre gönerale une malatiie qui d'abord est peut-etre toute locale,
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ainsi une terminaison funesle.
et amener
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L'essentiel ici est de conserver a la nature la force dont eile a besoin pour porter dans le lieu choisi par eile l'humeur qui la surcharge et dont eile s'efforce de se delivrer.
Le charbon ayantetescarifieouextirpe et pause de la maniere qui a öte prescrite au traitement de la gangrene, on emploiera, pour tout pansement (lorsqueles escarresseront lorn bees, que lescliairs se monlreront rouges et grenues), des plumas-seaux imbibes d'eau-de-vie, sur un litre duquel vous aurez fait dissoudre aloes et camphre, de chaque 50 grammes.
Bhs que le fond de l'ulcere sera rempli, il suf-fira de le laver journellement avec de l'eau com­mune tiede saluree de sei commun, et de le sau-poudrer, apres l'ablulion, avccdela charpierdpee on en poudre.
Les choses etant dans cet etat, l'animal est re^ gardö comme gueri et l'esteffeclivement. Le plus grand nombre des proprietaires se serl alors des animaux; mais la prudence exige que Ton ler-mine lacure par unoudeux purgatifset qu'on les metle pen ä pen ä la nonrriture et au travail ordi-naircs, ä l'effct d'eviler les rechutes, souvent plus fnnesles que la maiadie meme.
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Nous ferons observer, en ce qui concerne les tumeurs, qu'ilen parait souvent apresrexlirpation de la premiere qui a decele la maladie. Gelte cir-constance ne change rien ä la methode pres-crite.
Scariflez-Ies etpansez-les ainsi qu'il a ete dil au traitemenl de la gangrene. Souvent cette opera­tion est suivie d'enflures oedemateuses qui s'e-lendent sous le ventre, le fanon, etc. Ces oedemes sont un signe favorable, qui prouve l'effort que fait la nature pour se depurer. Percez-les de pe-lites pointes de feu dans differents endroits de leur ötendue, et couvrez le tout d'onguent ner­vin.
Le charbon est-il ancien, la gangrene s'est-elle emparee de la tumeur,armez-vous du cautereac-tuel; circonscrivez-la tout autour au moyen d'une raie de feu qui traversera la peau et qui penötrera jusque dans la chair, non par l'effet de la force que vous pourriez employer en appuyant sur le fer, mais par l'action seule et unique du feu,dont le cautere sera penetre, jusqu'äce qu'il ait acquis unecouleur rose; coupez tout ce qui estgangren^; cauterisez le fond de l'ulcere avec un cautere ovoide, et pansez comme ci-devant avec l'onguent antigangr^neux.
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L'animal jouit-il de toute sa force, les breu-vages temp^rants et antigangreneux et les lave­ments antiputrides, prescrits h !a fin du Iraite-ment de la gangrene, suffiront pour en triompher; mais, est-il faible ou abattu, ayez recours aux breuvages antiputrides et sudorifiques. Des que ces medicaments auront produit I'effet desire, suspendez-en l'usage, sauf ä y avoir recours de nouveau, si le cas le requiert.
Le charbon est-il mobile, s'etend-il prompte-ment, a-t-il tous les caracteres de maliguite que nous lui avons observes ci-devant, au second charbon, il importe de brusquer le traitement avec autant de promptitude que les progres du mal sont rapides.
Dans le cas ou le charbon se propagerait d'ani-mal malade ä animal sain, il faudrait separer ces derniers et les mellre au traitement pr^servatif pour les charbons, decrit aux Maladies 4pizoo-tiques.
Le charbon qui a son siege dans la louche et auquel on a donne le nom de glossanlhrax af­fects particulierement la langue, sa surface supe-rieure, sa surface införieure, ses coles, sa base, son frein ; il se montre par des phlyctenes, ou vessies blanchatres, ou blafardes, ou livides, ou
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noires, etc. La plupart de ces vessies s'ouvrent presque aussitöt qu'elles sont form^es.
D'autres vessies, plus epaisses et plus opaques, resistent plus loogtemps ä l'action de l'humeur qu'elles contiennent, quoique celle-ci agisse con-stamment sur elles.
Elle parvient cependant ä les diviser et ä los ouvrir; une salive epaisse, filante.infecte remplit la bouche et s'en ^chappe; le tissu de la langue est tumefie, ainsi que les parolides; la respiration devient difficile; un liquide abondant et glaireux s'ecoule par lesnaseaux; les conjonctives prennent une leinte rouge noirätre; le ventre se ballonne, et 1'animal ne tarde pas ä toraber mort et comme asphyxie.
Le charbon se montre encore ä la langue sous la forme d'une induration de figure ronde ou oblongue, plus serree, plus dureque la phlyctöne prec^demment decrite; c'est un soulevement de la membrane exterieure de la langue; sa durete est produite par une gangrene seche. Cettetumeur forme une espfece de capsule qui couvre, cache et derobe un sang decompose, ou une lymphe tres-brülante, qui creuse plus ou moins l'epaisseur de l'organe, sans endommager davantage la mem­brane qui la recouvre exterieurement. Pareille
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lumeur se monlre, mais plus rarement, ä la partie moyenne du polais ou dans sa parlie in-ferieure, dans l'endroit repondant aus fentes in-cisives. En ce cas, la membrane piluitaire est plus ou moins enflammee et plus ou moins cnftee.
Les symptömes qui aecompagnenf le glossan-Ihrax ou le charbon de la Louche ne paraissent, pour l'ordinaire, que lorsque la tumeur est ou-verte et que l'ulcere qui en resulte est grand et profond. Ces sorles de dilaceralions ou de divi­sions sont d'autant plus dangereuses, que leur marchc se fail moins apercevoir au dehors, ou qu'elle nous öchappe plus longtempspar la negli­gence ä inspector la bouche des animaux. Les symptömes exterieurs qui en annoncent les pro-gres sont la tristesse, le degoüt, la suppression du lait et la cessation dela rumination; mais, lorsque ces signes maladifs deviennent sensibles, les par­lies affectees du charbon ont d^jä ete tres-mal-trait^es. On a vu des langues pereees, coupees; on en a vu tomber en lambeaux; alors elles sont toujours plus ou moins enflees et plus ou moins gnngrenees. Si, au contraire, on a saisi l'instant de l'apparilion du premier symptöme, et qu'aus-silöt Ton examine la bouche, on Irouve des ul-
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ceres dont les bords sont plus ou moins epais.plus ou moins renverses et plus ou molus calleux; ces ulceres sont rouges etenflammfe, et möme leplus souvent noirs ou livides, etc. L'humcur qu'ils fournissent n'esl jamais un pus bien condilionne; c'est une serosile, ou plul6t une sanie plus ou moins Acre et qui agit avec plus oumoinsd'inten-site (ou de chaleur) ; on l'a vne retenue sous le frein de la langue creuser et endommager beau-coup cettepartie(i).
Quoi qu'il en soit, et nous le repetons, 1'hu-meur fournie par ces ulceres agit avec une celerite et avec une malignite telles, quelle detruit dans tres-peu de temps les parties sur lesquelles eile sc repand ; et, lorsque sa deglutition ne cause pas la mort dans un temps tres-court, eile etablit la gan­grene qui gagne de proche en proche, se propage dans le pharynx (2) et le larynx (3), et affecle le
(1)nbsp; Les ulc^rrs rdsultant, en giWral, de ces sortes de tu­mours se fonnent avec taut de celerite ou de vilcssc dans ciTtaines epizootics, qu'on a 6li le plus souvent porlc ii croire que nulle cnllure n'avait precede cos ulcerations; il ost vrai qu'clles Toni pr(5cedec, ququot;ellos se sont ouvertes, et que Teuflurc qu'on trouve dans la bouche de chaque malade ca ost la suite et reflet.
(2)nbsp; Le pharynx est le conduit qui donne passage am ali­ments dans Toesophagc ou gosier.
(3)nbsp; Le larynx est le commencement du conduit aericu,
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cerveaii. Les convulsions surviennent, et la mort termine une maladie qui s'est annonc^e par les sjmptömes les plus legers en opparence.
Les vessies qui s'elevent apres l'apparition des tumeurs du second genre et dont l'enveloppe est plus ou moins epaisse cedent beaucoup plus diffi-cilement que les pr^cedenles a l'aclion de I'hu-meur qu'elles renferment, qui les remplit,qui les forme. Ce fluide heterogene, lent ä agir, ä en ju-ger par ses effets, tant qu'il est renferm^ dans la tumeurqui lecontient,est cependantbien prompt h nuire lorsqu'il en est echappe. Teile est, sans doute, sa nature, qu'il n'acquiert ce caraclere in-signe de maligniteque lorsqu'il s'est fait jour de-hors et qu'il est frappe par l'air, soit dans la bouche, soit lorsqu'il est parvenu, dans les or-ganes de la digestion, semblable au phosphore qui ne brule etne s'enflamme,pour se consumer, qu'ä la sorlie de l'eau.
Le charbon qui se montre par une induration produit non-seulementla perforation de la langue, mais il altaque encore les parlies molles comprises enlre les deux branches de la mächoire.
Celui du palais a forme des spina ventosa (es-
qu'ou noinine Irach^c-artfere. Ccs deux cooduils sont sila€s au fond de l'arriire-bouche.
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peces de carles) qui ont creuscetperce cetlevoule osseuse; la membrane pituilaire en a ele gangre-nee; les cornets du nez, l'os ethmoide ont ete. plus ou molns carles; les sinus frontaux, maxil-lalres, etc., plus ou moins remplls de sanie ou de sang dissous et decompose, et lous ces ravages ont amp;e produits dans un temps fort court.
Trailemenl du charbon esseniiel dans la bouche. — Le charbon a-t-il forme des ulceres sur la langue, saisissez cet organe avec la main gauche, retirez-le hors de la bouche le plus que vous pour-rez, laissez la tfetepenchee en contre-bas,scarifiez les bords et le fond de l'ulcere, coupez ces mömes bords s'iis sont calleux, noirs ou livides. Si pa-reilles taches se trouvaient dans le fond de l'ul­cere, 11 faudrait pareillement les amputer avec l'instrument Iranchant. L'operation falte, pressez, comprimez pour faire sortir le sang et l'humeur; lavez et injectez une liqueur detersive; maintenez loujours la bouche ouverle, la langue hors de cette cavite et la töte en contre-bas, pendant ces ablutions et ces injections, afln que l'animal n'a-vale rien de l'ulcere ou de ce qui a servi h le net-toyer.
L'ulcöre est-11 tres-profond etla langue est-elle en danger d'ßlre perforce, les unes ou les aulres quot;•nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;13
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des operations ci-dessus faites, la langue et la töte maintenues et flxees comme il est dit, tou-chez l'ulcere au moyen d'un petit pinceau fait d'une hampe de bois et de quelques brinsd'6-toupe, apres l'avoirtrempe dans l'acidesulfurique ou l'eau de Rabel, en ayant attention de ne por­ter ce caustique que sur la partie blessee; vous la toucherez ä differentes reprises, jusqu'ä ce que l'ulcere präsente une couleur blanchätre.Injectez cnsuile dans la bouche une decoction de quin­quina et d'eau-de-vie camphree, et repetez cette operation loutes les trois ou quatre heures. Les ulceres qui auront etö touches par l'acide vitrio-lique, quelles que soient leur profondeur, leur ir-regularite et leur malignite, deviendront beaux au bout de trois ou quatre ablutions d'esprit de vi­triol, et tout progres de creuser et de ronger sera promplement arröte ä la faveur de ce remedo. Plusieurs epizooties d'un genre b^nin ont c6d6 ä ce seul topique.
L'ulcere n'est-il pas forme, la vessie est-elle en­core dans son entier, hätez-vous de prevenir sa (Hlaceration (ou sa separation); saisissez et tirezla langue de ranitnal comme dans le cas precedent; armez-vous de grands ciseaux ä lames etroites et bien affilees; s'ils sont courbes sur plat, vous ope-
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rerez plus commod^ment 5 dirigez chaque tran-chant sur les cötes de la tumeur, et amputez le corps ä extraire le plus pres de sa base qu'il est possible; ce que vous ferez en appuyant sur les branches et en levant la main,
L'opöration faite, maintenez toujours la langue hors dela bouche. Prenez une eponge, imbibez-la de la liqueur formee, comrae nous l'avons dit, d'une decoction de quinquina et d'eau-de-vie cam-phree; lavez et nettoyez ä fond la bouche et l'ul-cere resultant de l'amputation de la tumeur. Si le fond de l'ulcere a une leinte noire, scarifiez-le comme dans le cas precedent; pressez et lavez ainsi qu'il est dit, et touchez-le avec l'acide vitrio-lique.
La tumeur dure et renitente, qui couvre et de-robe un sang noir et decompose, doit 6tre coupee, lotionnee et lavee de möme.
L'ulcere a-t-il cave entre les deux branches de la mächoire, ouvrez et incisez cette partie en dos-sous et exterieurement, suivant sa direction, ä la faveur d'un bistouri; injectez un liquide delersif, et louchez l'ulcere, dans toute son etendue, avec l'esprit de vitriol, ou la pierre infernale.
La tumeur affecte-t-elle le palais, de simples scarifications faites ä temps et les lotions d'acide
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vitriolique ont suffi pour en arrfeler les progres. Mais la voüte osseuseest-elle endommagee, portez le cautere acluel sur la partie de l'os ä exfolier,et louchez !a partie brülee trois ou quatre fois par jour avec la teinlure d'aloes. Injectez tres-souvent dans la bouchela decoction dequinquinaet d'eau-de-vie camphr^e.
La langue est-elle gön^ralement enflte et l'en-flure est-elle flasque et mollasse, scarifiez-la sui-vant sa longueur ; lavez, lotionnez et injectez du vinaigre dans lequel on aura fait infuser du quinquina en poudre; mais, si eile est dure et renitente et que l'organe soit enflamme, injectez l'infusion de quinquina dans l'eau simple.
L'extremite de la langue est quelquefois en-flee, ulceree et d'une extreme sensibilite. L'acide vitriolique est le remede qui a eu le plus d'efflca-cit6 pour la nettoyer, la consolider et lui Mer la douleur.
Les unes et les autres de cesoperations faites, il Importe encore de trailer l'animal int^rieurement, et nous ne voyons rien ä changer a ce qui est pres­ent ci-devant.
Le charbon qui a eu son siege dans l'arriere-bouchea presque toujours ete morteI;namp;mmoins M. Chabert dit en avoir triomphe quelquefois,
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dans le principe du mal, en portant sur la partic affectöe l'alcali volatil pur, k la faveur d'un plu-masseau attache au bout d'un Mton, en le faisant humer au malade et en le donnant dans un breu-vage antiputride et sudorifique.
Nous avons parle d'une variätö de charbon cs-sentiel particulier aux b6tes ä cornes et qui se ma-nifesfe par des taches blanches, livides, ou noires de la peau.
Ces differentes nuances se succedent seien la progression de la maladie; ces taches n'intöressent que la peau, qui est presque (oujours soulevee, detachamp;j et crepilante.L'hnmeuräcreet corrosive creuse en dessous, et les chairs sont dissoutes ä divers degres.
La marche de ce charbon est moins prompte que celle du second charbon decrit plus haut; mais ses efforts, pour 6tre moins rapides, n'en sent pas moins funestes.
Le charbon qui semontre par de simples taches blanches, ou noires, ou livides, sur la surface de la peau, ou par le soulevement et la desunion des peaux, dont la compression est suivie de crepita­tion (ou de bruit), doit 6tre scarifie et incis6 dans tous les endroits maculcs. On peut se contenter, lorsque les taches sont petites, de donner a chaeune
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un coup de flamme et de frictionner, avec l'es-sence de t^rebenthine, toutes les parties ope-rees.
Apres avoir coupe les poils, les parties de peau dessechees et crepitantes seront scarifiees jusqu'au vif. Pressez les parties laterales des incisions pour faire sortir l'air deiötere dont le tissu cellulaire cslinfiltre; lotionnez et imbibez les plaies et les parties adjacentes avec l'essence de lerebenthine, chauffee jusqu'ä ce qu'elle soit tiede; saupoudrez l'interieur des plaies avec du quinquina, et arro-sez le tout avecTessence de lerebenthine.
Quant au traitement Interieur, M. Chabert dit que la saign^e a toujours paru funeste, mais un breuvage antiputride et sudorifique a 6t6 tres-efficace.
Ce breuvage, ainsi que des lavements rafrai-chissanfs, doivent 6tredonn6s matin et soir; et nous ajouterons que la promenade, les bouchon-nements et les fumigations de vinaigre ne sau-raient ötre trop multiplies.
Le charbon symplomatiqne ne se montre que six, ciouze, dix-huit, vingt-quatre, trente-six et mtime quarante-liuit heures apres les effets d'une agitation febrile. Ce mouvement est encore pre­cede par le degout, la Irislcsse et la cessation de
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la rumination; le froid des cornes, des oreilles et des extremitös; la douleur de l'epine dorsale et notamment des lombes, lorsqu'on comprime ces parlies; laduretede la panse, surtout si la maladie s'est declaröe apres que Tanimal a mange ; car alors toute digestion est suspendue, et le mal est d'autant plus grave que {'indigestion est plus forte.
Lepouls est concentre; las pulsations sont irrc-gulieres et trainees, les urines sont rares ou sup-primees, les dejections sont arr^töes, etc. Lo fris­son se manifeste ensuite, et quelquefois il precede ces symptömes. Des qu'il est passö, la chnleur du corps, des oreilles, de la bouche et del'air expire est plus forteque dans l'etat naturel;lemouvement des flaues est accelere; lepoulsest souleve, frequent et plutöt capricant ou inegal qu'intermittent. C'est ordinairement ä cette ^poque que les tumeurspa-raissent.
Cette eruption opere un relÄchement dans toute la machine; Tanimal parait mieux et Test effectivement; il est moins affaiss^, plus d^ve-loppe, plus libre dans ses mouvements et dans sa marche; TarUsre est souple, lepouls est libre, et la chaleur du corps est uniforme partout; il cherche a manger et surtout a boire; mais. si la
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nature n'est secourue ä temps, latumeur on les tumeurs se sphacelent de plus en plus. La gan­grene gagne de proche en proche, le pouls s'effaco, la prostration des forces estplus on moins grande, l'agitation succede ä la faiblesse; I'animal grattc le sol avec ses pieds de devant; il se conclie et se releve sans cesse, il mugit, se plaint plus on moins fortement; la respiration devient laborieuse, eutre-coupee; les mächoires se frottent convulsi-vement; il grince des dents; la bouche se remplit de bave, la tumeur ou les tumeurs s'affaissent; l'humeur qu'elles contiennent rentre, et I'animal succombe plus ou moins promptement: quelque-fois cette mfeme humeur se fait jour a travers les peaux; alors eile se r^pand sous la forme d'une sörosit^ roussülre, ou eile s'insinue dans le lissu cellulaire des parties adjacentes. Dans Tun et dans l'autre de ces cas, eile altere et gangrene loutes les parties sur lesquelles eile s'est r(5pan-due.
La mort, dans celte circonstance, est moins prompte;' il est meme des animaux qui en sont rechappös (1).
(1) Ces sortes de charbons sont presque toujours sans dou-leur, sans clialeur ; la gangrine s'en cnipare aussitöt qu'ils paraissent, et Thumeur qu'ils renferment est totalemcnt
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Cette humeur n'est pas cependant loujours d'un caractere aussi insidieux. M. Chabert dit avoir vu des animaux ramp;gt;isler ä ses effets l'espace de douze, dh-huit et m^me vingt jours, au bout duquel temps il survient une espece de dissolution. Leurs corps, leurs excrements et leurs haleines exhalent une odeur fötide et cadavereuse; ils sont constam-ment dögoütfe de tous les aliments solides et
pulrefiec. Elle est quelquefois si d^Ietfere (ou contagieuse), qu'elle produit, dans les hommes et dans les utiiinaux, chez lesqaels eile s'est insinuee par une voie quelconque, les di'sordrcs les plus effrayauls, et rneme la mort, s'ils ne sont secourus promptemeat. En voici des exemples :
Le charbon qui s'est manifeste sur les chevaux et sur les boeufs, en aoüt 1775, ä Chälons-sur-Marne, s'est communi­que ii plusieurs personnos qui cn sont mortes. De ce nombre sont : le berger de la Grange-le-Comte, mort au bout de huit heures, pour avoir üti le cuir d'un boeuf enlev^ par cette maladie.
Une femme, ä Villers-aux-Bois, qui a eprouvÄ le mime sort, pour avoir introduit sou bras dans le rectum (ou fon-dement) d'un cbeval attaquc ducharboa.
Deux hommes de la paroisse de Cahagne (en Normandie), qui ont eu l'imprudence de saigner, a la gorge, un taureau malade et sur le point da mourir, ont eprouve un gonflement trfes-consid^rable au bras droit, avec des taches livides, ä la suite de Tattouchement du sang sur la partie. Peu de temps aprts l'existence de l'enflure, ils ont Eprouve des maux dc coeur, une fiivre trts-violente, des sueurs copieuses, et ont iHr tris-dangereusemeut malades.
Nous citerons d'autres exemples aux Maladies epizoo-tiques.
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liquides. II en est dont le corps, la t6te et l'encolure s'enflent; d'autres qui döpörissent ä vue d'ceil, et les uns et les autres meurent meteorises et bour-soufles, ou entiferement dessech^s et atrophies.
Cette difference du plus ou moins de lenteur dans les progres de cette maladie peut dependrc du plus ou moins de maiignite de I'humeur qui l'a produite. Mais 11 a paru ä M. Chabert qu'elle dependait plus particulierement du plus ou moins d'importance desorganes affectes.
Dans le charbon symptomatique la saignee est rarement indiquee; eile a paru (ainsi que dans les deux especes que nous avons döcrites pröc^dem-ment) dangereuse. Les substances capables de determiner les liqueurs du centre ä la circonfe-rence sont, en general, celles qui s'emploient avec le plus de sucräs.
Envisageons la maladie sous deux aspects, c'est-ä-dire avanl ou apräs l'eruption de la tumeur ou des tumeurs charbonneuses.
Dans le premier cas, toutes les vues du v^t^ri-naire doivent tendre du cote qui peut favoriser la crise : plus Irruption sera prompte et complete, plus t6t le malade sera soulage et gueri. Assouplir les peaux, delayer le sang et la lymphe, augmen­ter le jeu des canaux arteriels, pour donner aux
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fluides qu'ils charrient une tendance vers lapeau, sont les indications ä remplir et auxquelles vous satisferez par un breuvage diaphor^tique. Donnez en grands lavages et ä doses ramp;terees : les lave­ments purgalifs, en facilitant les dejections, vide-ront les premieres voles, toujours tres-remplies dans ces circonstances.
Rendez encore la circulation plus libre par des bains de vapeur, c'est-a-dire par I'eau bouillante acidulee, que Ton fera evaporer sous le ventre de l'animal, que Ton aura tenu convert.
Enfin on fera bouchonner et promener souvent le malade, afin de relablir rexcretion de l'insen-sible transpiration, et on le liendra dans la plus grande proprete.
Dans le second cas, je veux dire aprts I'erup-tion, il n'est question que de consulter les forces de la nature, d'apres les efforts qu'elle a faits pour porter sur la peau l'humeur dont eile s'est debar-rassee.
Lorsque I'eruption a ete precödee du traitement precedent, la crlse a ele le plus souvent entiere et complete. Conlinuez ces remedes; I'experience a prouve constaament leur efficacitö, surtout lorsqu'ils ont ete mis en usage dans le principe de la maladie.
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Tenez les animaux ä la diele la plus severe; ne leur donnez pour toute nourriture que de l'eau blanche acidulee et nitree 5 mais ayez l'attention de donner cette boisson, avec lacorne, ä ceux de ces animaux qui refuseraient de la boirc naturellement.
Si cependant la maladie a (He negligee, si le malade n'a pas ete secouru ä temps, si la tumeur ou les tumeurs se sont affaisste, si la prostration des forces est manifestee, il n'y a pas un instant ä perdre, ayez recours ä un breuvage anliputride et sudoriflque, auquel vous ajouterez de l'alcali vo-latil.
A l'egard des tumeurs charbonneuses qui sur-viennent sur les aulres parties du corps, telles que la t^te, le fanon, le dedans des cuisses, etc., elles doivent 6tre cauterisees, scarifiees ainsi qu'ilaamp;(5 dit ci-devant; il en sera de m6me de tonte espece de charbon que nous n'avons pu decrire et qui neanmoins peut survenir aux parties de la gene­ration, auxmamelles, ä la face inlerne et supe-rieure des cuisses, au sabot, etc. Plusl'on mettra de celerity ä delivrer la nature des unes et des aulres de ces tumeurs, plus on se conformera ä ses vues et ä ses effets.
On appelait autrefois Irousse-galant dans le ehe-
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val, charbon-musaraigne dans le bceufj une pelite tumeur charbonneuse non limitoe ä la parlie su-perieure et införieure de la cuisse ; eile survient subitement et fait boiter l'animal; eile est accom-pagnee de degoüt, d'abattement •, la jambe enfle ä vue d'ceil, la fievre se declare et devient tres-forte: les accidents de toule espece se developpent avec une rapidite elonnante; les facultes vitales et organiquess'aneantissent bientöt,et l'animal meurt entre douze et vingt-quatre heures; plusieurs pe-rissent apres uneattaquedeparalysie de l'arriere-main. Cette tumeur differe de l'abces simple ä la cuisse en ce que dans le charbon il ne se fait point de suppuration, et que la gangrene s'y met en peu de temps, si l'on n'y apporte aucun secours, au lieu que l'abces ordinaire n'est pas mortel. On lui avait donne le nom de charbon-musaraigne parce que les anciens auteurs avaient attribue la cause de cette cnflure ä la morsure d'une petite souris qu'on appelle musaraigne ; d'autres ont prötendu que, lorsque cette m^me souris passait sur le dos ou sur les reins de l'animal, il se trouvait ereinte : mais M. Lafosse presenta en 17S7 un memoire ä I'Academic, dans lequel il demontra cette erreur. Ce cbarbon se traito interieurement et exterieu-rement comme les autres tumeurs charbonneuses. quot;•nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;41
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B. Contusions et plaies.
Les contusions sont toujours accidentelles ; il n'en est pas loujours ainsi des plaies qui peuvent provenir d'ulceres, de bubons, etc.
1deg; Contusions.—On nomme ainsi lameurtris-sure des parties qui se trouvent sous la peau, sans que ceile-ci soit entaraee. Cette meurtrissure e^t occasionnee par le chocraquo; la pression ou le frolte-ment d'un corps dnr qui n'est ni aigu ni tranchant, et que Ton nomme corps contondant. Si la peau se trouve entamee, la place qui accompagne la meurtrissure prend le nom de plaie contuse. La gravite de la contusion depend de l'intensite du choc, de la pression ou du frottement qui l'ont de-lerminee; tanlöt eile se borne ä une legere meur­trissure qui ne reclame aucun traitemenl; tantot eile a ecrase les muscles, detruit les vaisseaux, broye les os, et frappe de mort une parlle ou une region. Elle peut provenir de chocs, de coups, de chutes, de coups de cornes, de coups de pied, du froissement des harnais, de la maladresse ou de la cruaute des bouviers ou des vachers.
Quand eile se borne ä une simple ecchymose, c'est-ä-dire ä une lache d'un rouge noirÄtre qui
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indique une extravasation du sang, eile disparalt le plus sou vent alors par resorption, aidee de lo­tions astringenles, commc l'eau froide, la glace, l'eau vinaigree, l'extrait de Saturne. D'autres fois, et quand olle resulte de frottemenls ou de pressions reiterees, il y a production d'une sorte de tumeur sereuse qui peut aller jusqu'ä l'abces. Lorsqu'elle se borne h un epanchement de serosite, on em-ploie les lotions d'eau simple d'abord, puis les adoucissants comme les cataplasmes de mauve et defarine de lin, les onctions de saindoux et d'on-guent populeum, et en dernier lieu la teinturo d'aloes. Quand il y a abces, on traite comme nous l'avons indique plus haut. Lorsque, enfln, la con­tusion a profondement attaqu^ les tissus, il faut appeler un veterinaire.
2deg;Plaies.—On appelleplaie une solution decon-tinuite des parties molles, plus ou moins recente, produite soudainement par des causes externes, et assez generalement accompagnee, ä l'instant möme, d'un ^coulement de sang plus ou moins abondant. Les plaies peuvent etre superficielles et legeres, ou profondes et graves; elles peuvent n'a-voir attaque que !a peau et les muscles, ou avoir lacere les vaisseaux, ou mtime atlaque les os, les cartilages, les tendons, etc. Elles portent parfois
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sur une region musculeuse seulement, d'autres fois elles attaquent une region qui renferme des organes essentiels ä la vie, comme les cavites thoracique et abdominale. Elles peuvent provenir du choc d'instrumenls contondants, de l'action d'instruments tranchanls ou piquants, d'arra-chement, de brülures, de morsures d'animaux venimeux ou enrages. Nous ne nous occuperons ici que du traitement des plaies superficlelles et simples, et des premiers soins a donner dans les autres cas, avant l'arrivee d'un vetörinaire.
S'il y a eu hemorragie, le sang, en s'arr^tant pen ä pen, forme une croute dont la chute laisse couler une s6rosite simple. Si la plaie est consi­derable, les bords s'enflamment et suppurent le troisieme ou le quatriärae jour. La douleur, I'in-flammation et la fievre accompagnent souvent les grandes plaies, ainsi que les fortes contusions. La complication de ces deux cas est toujours fdcheuse ct donne quelquefois lieu ä la gangrene. On fonde enfln le pronostic des plaies non-seulement sur la structure et les usages de la partie blessee, mais encore sur la forme de l'instrument, tranchant, piquant, ou contondant.
La cure des plaies est l'ouvrage de la nature, que I'art pent, a la verite, favoriser en eloignant
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tont ce qui s'opposc 5 lenr gnerison, on en rap-prochant les bords. Le traitement des plaies simples, sans deperdition de substance, est des plus ais^s, et consiste surtout dans des soins de pro-prete. Ouancl ü y a eu plaie un peu penetrante et hemorragie, il faut nettoyer la surface de la plaie et faire la ligature des vaisseaux ouverls, puis pro-ceder ä la reunion des bords de la plaie avec une suture assez lache. On surveille ensuite la marche de cette plaie en n'y entretenant qu'une inflam­mation süffisante pour amener l'adherence des parties, mais non une suppuration abondante ; si 1'inflammation devenait trop vive, on aurait re-cours aux lotions et calaplasmes emollients, ou mamp;ne k la saignee generate. L'animal, si la plaie est un tant soit peu grave, aura du 6tre mis ä une diete proportionnte ä l'importance de la plaie, ä rirritabilite de son temperament, ä l'etat d'inflam-mation. Quand les bourgeons charnus, dans le tra­vail de reunion, vegetent avec trop de force, quand surtout ils sont päles et paraissent presque insen­sibles, on les cauterise legerement avec la pierrc infernale-, si, au contraire, ces bourgeons sont mous et comme boursoufl^s, si la plaie devient pAIe et blafardc, si la suppuration semble prendre une mauvaise nature, il faut raviver un peu i'inflam-
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mation au moyen de plumasseaux imbibes d'eau-de-vie ou, mieux, de teintured'aloes.
Si la plaie est due a la piqüre penetrante d'un corps dur, il faut la debrider, afin de favoriser le gonflement inflammatoire, et recourir ä la diele et ä la saignee, puis soigner la plaie comme nous venons de 1c dire.
Les plaies contuses doivent 6tre d'abord debar-rassees de tous corps Strangers, puis on rapproche, autantqu'on le peut, les divers lambeaux, et on panse avec des adoucissants et des narcotiques; quand la suppuration s'etablit, on reunit les parlies qui peuvent l'amp;re, et on panse comme nous l'avons dit pour les plaies simples.
Les piqüres ou morsures d'animaux venimeux (viperes, etc.) ou enrages (chiens) doivent 6tre im-mediatementcauteriseesavecl'ammoniaqueliquidc ou m6me avec le fer chaud, et aussi profondement que possible : en raöme temps on a pu donner an breuvage renfermant de l'alcali volatil; mais, avant la caiiterisalion, dans le cas de morsure par un animal enrage, il est prudent de laver soigneu-sement la plaie, de la laisser largement saigner et mamp;nc d'y appliquer des ventouses, puis de l'es-snyerjparfaitement. Apres la cauterisation, on pause avec de l'etoupe recouverte d'une couche
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de cerat et on arrose, pendant quelques jours, avec un caustique liquide ; on peut faire aussi des fric­tions mercurieiles sur le tour de la plaie; on panse ensuite comme une plaie simple.
Les plaies par brülures se trailent d'abord par les refrigerants et les astringents, l'eau froide ou glaeöe, l'aeetate deplomb, Teau acidulee, le sulfale de fer, la pulpe de pommes de terre; quand la brülure est superficielle, on a recours h l'huile, au cerat opiacc, ä un liniment oleo-calcaire; apres la chute des escarres, on enduit la plaie d'huile de lin ou d'huile d'olive combinee ä l'eau de chaux, de c^rat saturne.
Mais un grand nombre de plaies rfeultent de l'incuiie ou de la brutalitö des bouviers, ou de 1'ignorance des proprietaires; un mode d'attelage defectueux, comme le joug de garrot employe en Normandie, un joug frontal ou de nuque mal ap­plique, un collier trop grand ou trop petit ou mal rembourr^, la pression de brancards trop etroits, l'habitude que prend un boeuf de se jeter sur le timon pour fuir l'aiguillon, peuvent 6tre autant do causes de contusions ou de plaies faciles ä prevenir avec du soin et l'ceil du maltre.
3deg; Ulceres.— On appelle ainsi toute solution de continuiteordinairementancienne, siluee dans
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une partie molle ou dure, avec öcoulement de pus, d'ichor ou de sanie, et entretenue par une cause locale ou generale. II y en a de simples, de benins, de malins etgangröneux, de fistuleux, de calleux, de carcinomateux, etc.
Toute plaie qui produit une suppuration blanche et epaisse ne doit 6tie traitöe qu'avec un plumas-seau d'etoupe, charge de terebenthine (1) seule-ment jusqu'ä ce que le pus, qu'on nommevulgai-rement matiere, aitdetruit entierementles debris de rulcere,telsque des bouts de mauvaises chairs, de tendons ou de fllandres, etc. Si l'ulcere benin ou de bonne qualitö est simple, c'est-ä-dire qu'il
(1) La törebenthine est un bäume pur, fluide et nature]; on lui recounatt la vertu vulniSraire, rösolutive, suppurativc et detersive. Os proprictfe la font employer sculc, ou ani-mde de qnelqucs gouttes de son essence, dans le traitement des contusions, des plaies et des ukeros. Enfin, lorsque la suppuration esl bien etablie, on la mile avec un ou plusieurs jaunes d'oeufs cms, pour former le digestif ordinaire.
On fait, avec l'huile essentielle de t6rcbenthine, des diges­tifs aoimcs centre le charbon ct la gangrene, et eile entre dans la composition du bäume de soufrc teiebcnthiui, ainsi qu'on le verra sous I'article Vomique.
II est encore bon d'observer que l'huile ou essence de te­rebenthine s'emploie avee succfes sur les brulnres recentes ; eile arrÄte rinflammation et empfiche qu'il ne s'y forme des serosites, etc. Sa propnetc vuluerairo ct antiputride la fait employer dans les piqürcs ct les plaies; eile tue les vers ct arr^te la gangrene.
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n'y ait point de filandres, il faut supprimer la te-rebenthine et ne plus appliquer sur 1'ulcere que de la charpie sans autre ingredient.
Des que le fond de l'ulcere sera rempli, que les chairs seront de niveau avec la peau et qu'elles ne fourniront plus de sörositö, il suffira de le laver journellement avec de l'eau tiede saturee de sei de table, et de le saupoudrer avec la charpie rdpee ou en poudre, apres rablution. Au d^faut de charpie, on y appliquera de la poudre de lycoper-don ou du plomb brule.
Apres avoir leve son appareil, il faut 1deg; avoir le soin de tenir son plumasseau tout pr^t ä poser sur l'ulcere ; 2deg; s'il s'y trouve beaucoup de pus, on doit le pomper doucement avec des 6toupes,de maniere ä ne pas faire saigner la plaie, ni mörne en augraenter la rongeur, ce qui retarderait la guerison; au contraire, lorsque la matiere est blanche et de bonne qualite, il faut en laisser un peu sur la plaie, parce qu'elle est elle-m6me le bäume des ulceres et sert ä Mter leur guerison.
S'il se trouvait des vers sous la mattere, on les detruirait avec 1'essence de terebenthine.
Toute plaie qui fournit une eau roussätre, et oü les chairs sont quelquefois baveuses, forme un ulcere malin, c'cst-ä-dire qu'il est de mauvaise
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qualite et tend a la gangrene; dans ce cas, il doit 6tre rase ou coupe avec le bistouri ou un rasoir jusqu'au sang. Get ulceire, de malin qu'il etait, forme une plaienouvelle,sur laqueileon applique unplumasseau charge d'un digestifanime. Lorsque la Suppuration est bien etablie, on en termine la cure comme celle de l'ulcörebönin.
Toute plaie noiriUre, seche et d'une couleur plombee, annonce la gangrene et doit etre extir-pee et traitee comme l'ulcere malin.
Tout petit bouton noirlltre, qui existe dans une plaie ou ulcere de bonne qualite, annonce un fond fistuleux. Dans ce cas, Ton doit ouvrir ou debrider ce fond avec le bistouri et la sonde canneles, comme l'ulcere fistuleux. On caut6rise avec des lotions d'acide nitrique etendu d'eau, puis on rc-couvre d'etoupe seche.
S'il y a des vers dans l'ulcere, on les d^truira avec I'essence ou l'huile de terebenthine.
Toute petite plaie qui produit une grande sup­puration annonce que l'ulcere s'etend profonde-ment ou sur les cotes. On apergoit souvent un ou plusieurspetitsboutons qui annoncent non-seule-ment des fonds, mais qui conduisent encore ä plusieurs foyers etqui sont toujoursentretenuspar desfilandres que la suppuration et les remedes dö-
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tachent difficilement, telles que quelques portions de tendons, de ligaments, etc.
Traitemenl. — Lorsque le praticien connail bien la structure de la partie sur laqnelle il doit operer, et qu'il n'y a pas de danger d'estropier l'animal,il dolt insinuersa sonde jusqu'au fond de lafistule, puis conduire son bistouri dans la rai-nure de ladite sonde, afln d'inciser la fistule sans danger; et cela de maniere que l'entree soil plus large que le fond, afin que la fistule ou ce qui la produit puissese detacher aisement et elre entrain^ par la suppuration. Le boulon ou les filandres ctant tombes par le moyen d'un digestif anime, i'ulcere ou le fond du sinus ne tarde pas ä se rem-plir de bonne chair, et forme une plaie unie, qui prend la quaiite d'ulcere benin etsetraitedem6me.
Je ferai observer que, lorsqu'il y a plusieurs sinus ou cavites dans I'ulcere fisluleux, et qu'on no pent pas y porter I'instrument tranchant sans danger, il faut faire plusieurs ouverturesetcontre-ouvertures, et faire en sorte qu'il y ait communi­cation de ces sinus entre eux d'une maniere libre ; ensuite y faire des injections irritantes.
Toute plaie dont la chair est blanche, dure, seche et sans donleur, qui couvre les bords et quelquefois le dedans des vieux ulceres, et
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qui semble approcher de la nature du squirre, doit 6tre extirpee jusqu'au sang, pour former une plaie nouvelle.
Le trailernenl est le m6me que celui de l'ulcere malin.
C. Maladies de la tamp;te.
Tontes les parties de la töte sent exposes aux tumeurs phlegmoneuses ou inflammatolres, aux tumeurs oedemateuses, squirreuses et charbon-neuses. Rarement eile est enflee dans son entier; mais la nuque, les paupräres, les yeux, lenez,les levres, la bouche, la langue, etc., n'en sent pas exempts.
II faut toujours se rappeler ce que nous avons dit en parlant du genre des tumeurs, afin d'y appliquer les remedes approprife ä la nature de la maladie.
1deg; Fracture des cornes. — La fracture des cornes peut 6tre incomplete ou complete. Dans le premier cas, c'est l'ötui corn? qui tend ä se s^parer de la base osseuse de la corne. laquo; Si la corne n'est laquo; d^tachee que d'un cöte, on peut, dit M. Kautz, laquo; au moment m6me ou raeeident vient d'arriver, laquo; la replacer dans sa position natureile et la fixer a. soit avec du chanvre, seit avec une bände im-
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laquo;nbsp; pr^gnee de blanc d'ceuf, soit mamp;me avec de la
laquo;nbsp; colle forte, dont on couvre la fente ou la gercure,
laquo;nbsp; en l'enveloppant ensuite avec une bände soli-
laquo;nbsp; dement fixee et appliquee de maniere ä main-
laquo;nbsp; tenir la corne en place. II est essentiel que la
laquo;nbsp; böte soit placee de maniere ä ne pouvoir 6tre
laquo;nbsp; heurtee. Si la corne proprement dite est de-
laquo;nbsp; tach^e dans tout le pourtour de sa base, on ne
laquo;nbsp; doit pas essayer de la replacer; mais on fait d'un
laquo;nbsp; morceau de teile une gaine dont on couvre la
laquo;nbsp; base de la corne, aprfes l'avoir enduite d'un me-
laquo;nbsp; lange d'huile de lin et de goudron. On fixe cet
laquo;#9632;nbsp; appareil au moyen d'un bandage appropriö
laquo;nbsp; qu'on laisseainsi jusqu'ä guerison. J'ai vu, par
laquo;nbsp; ce moyen simple et sans autre traitement, la
laquo;nbsp; corne se regenerer entierement.
laquo; Quand la fracture est complete, le prolon-
laquo;nbsp; gement de l'os frontal qui constitue la base de
laquo;.nbsp; la corne est tout a fait casse, et il en r^sulte k
laquo;nbsp; la surface fractur^e une Ouvertüre par laquelle
laquo;nbsp; on peut voir jusque dans les sinus frontaux qui
laquo;nbsp; communiquent avec les cavites nasales, de sorle
laquo;nbsp; qu'il y a ordinairement ecoulement de sang
laquo;nbsp; par les naseaux. Le premier soin ä prendre,
laquo;nbsp; c'est d'arrßter l'hemorragie en couvrant la
laquo;nbsp; plaie de compresses imbibees de vinaigre, que ii. 15
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laquo; l'onmaintient humectees jusqu'acequel'^coule-laquo; ment du sang ait cesse. Quelquefois il est ne-laquo; cessaire de cauleriser la plaie avec an fer rouge. laquo; On ne doit pas negliger de nettoyer les naseaux, laquo; afin d'empecher que le sang coagule ne les laquo; bouche.
laquo; Des que I'hemorragie est arrölee, on laquo; pause la plaie avec des compresses imbibees laquo; d'eau, et Ton continue ce traitement jusqu'a la laquo; guerison, qui a lieu au bout de quinze k vingt laquo; jours. II est essentiel de laver chaque jour avec laquo; de l'eau tiede la plaie, afin de la tenir propre; laquo; on la couvre de maniere ä la preserver du con-laquo; tact de l'air, de la poussiere et des ordures qui laquo; peuvent tomberdu rätelier. Si des parcelles d'os laquo; se detachent, si la plaie d^gage une odeur f6-laquo; tide et qu'il en decoule un pus jaune ou ver-laquo; dätre, on panse la plaie avec la teinture d'aloes, laquo; et on la couvre de poudre decliarbon.raquo;(il/anMe/ de l'eleveur de bStes ä comes, par F. Villeroy, 4e Edition, p. 217-218.)
2deg; Maladies des yeux. — Les maladies des yeux sont moins fr6quentes, moins graves et moins interessantes chez le bceuf que chez le che-vnl; la perle d'un ceil ou mtoe des deux yeux en-leve souventtres-peu ou m6me pas de valeur ä un
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bceuf de travail ou ä une vache laittere; il n'en est pas de mörae chez le cheval.
La chassie est une fausse ophthalmie, qui a son siege aux paupieres du bord desquelles il suinte une humeur gluante qui les colle. Cette petite in-coramoditö, lorsqu'elle est recente, se guörit en lavant souvent la partie avec l'eau de guimauve; si, au contraire, eile est ancienne, on l'etuvera avec une infusion de fleurs de roses rouges dans du vin.
Si les paupteres sont enflees par la piqure des insectes, par quelques coups, ou teile autre cause que ce seit, il faut considerer si la tumeur est du genre phlegmoneux ou de celui de I'oedeme, ou de l'emphyseme, etc. •, lorsqu'on se sera assure du genre ou de la nature dont eile tient le plus, on meltra en usage les remedes que nous avons pres-crits a ces articles.
L'ophthalmie aigne externe peut 6tre produile par des causes ext^rieures, telles que des corps etrangers (sable, poussiere, moucherons,brins de fourrages, ordures) introduits entre le globe de l'oeil et la paupiere; par des contusions, des coups de fouet, etc.; par l'impression d'unelumieretrop vive; par Faction de gaz irritants. Elle accom-pagne souvent comme symptöme secondaire une
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maladie aigue. Elle debute par le prurit, le lar-moiement, la rougeur de la conjonctive qui est tapissee d'un reseau de vaisseaux sanguins en­gorges ; la Gevre survient; au bout de quelques jours, las larmes ulcerent la peau sur leur trajet. La premiere chose ä faire est de rechercher la cause de la maladie et de la supprimer; quelques lotions d'eau fraiche sufflsent souvent ensuite ; si le mal ne cedait pas, on inslillerait plusieurs fois par jour un collyre astringent. Si la maladie prend un caractere grave, on a recours ä une sai-gnee genörale, ä la demi-dtete, a des compresses imbib^es d'un collyre calmant, et, quand l'inflam-mation est calmee, on peut revenir aus collyres astringents et placer un seton derri^re l'oreille.
Vophlhalmieaigueinterne est celle qui Interesse les parties Constituantes du globe oculaire; eile peut provenir d'une violente ophthalmie externe, ou de coups ou chocs violents. Elle commence par une ophthalmie externe; puis surviennent la suppuration, le trouble des humeurs, l'opacite des membranes internes de l'oeil, des abces Interieurs, mbme la rupture du globe. II faut la traiter au plus tot par les antiphlogisliques, la saignee gene-rale, Tapplication de sangsues autour de l'oeil; puis par les sedatifs, collyres adoucissants, cata-
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plasmes calmanls, Quand rinflammation aura disparu, on emploiera les colljres astringents. Les purgatifs, au d6but de la maladie, peuvent 6tre favorablement mis en oeuvre comme derivatifs.
L'ophthalmie chronique succede, en general, ä rophthalmie aigue et s'elablit sur la muqueuse interne des paupieres; il en resulte la samp;r^tion de chassie et une augmentation plus ou rnoins abon-dante de celle des larmes. On pent, pour cette maladie, recourir aux collyres astringents, aux derivatifs, comme un seton derriere roreiile, aux purgatifs et ä un regime fortiflant.
La fistule lacrymale est trts-rare chez les animaux; eile rösulte du retrdeissement des voies lacrymales et succede ä l'abces lacrymal; eile pent encore avoir 6t6 determinee par 1'introduction d'un corps elranger ou quelque exeroissance anormale comme un polype dans les narines, ob-turant l'extramp;nite de ce canal; cette affection ne saurait 6tre traitöe que par un homme de l'art.
La taie (albugo, nuage de la cornöe, nöphe-lion,etc.) consiste dans un obscurcissement de la corn^e transparente occupant toute l'^tendue de cette membrane, ou seulement un point circon-scrit,parfoisconsistantdans un simple nuage. Elle est la suite de fluxions ou d'ophthalmie, de coups ou
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de chocs plus ou moins violenls. On la traite d'abord par un collyre d'eau de guimauve avec quelques gouttes d'alcool caraphre; si ce traile-menl nesuffit pas, on present un collyre sec com­pose de sucre candi reduit en poudre impalpable et m61e d'un peu de nilrate de potasse, de sulfate dezincoud'os de seche. Ce collyre excite beau-coup la secretion des larmes et triomphe le plus ordinairement de la maladie.
La cataracte ou dragon consiste dans l'opacite soit du cristallin, soit desa capsule, soitdel'un et de l'autre. C'est une maladie sinon incurable, du moins reputee d'une guörison difficile et anti-economique pour lesanimaux; le mieux alors est d'engraisser les animaux pour les livrer ä la bou-cherie.
3deg; Catarrhe des cornes.—Cette maladie est causee soit par une insolation trop prolongee, soit par des chocs vlolents sur les cornes, un mauvais ajustement du joug double au travail. II debute par de 16göres hömorragies nasales repetees pen­dant plusieursjours ; nonchalant et comme cour-batu, le boeuf cesse de ruminer d'abord, puis de manger; il setient a l'etable la töte basse et ap-puyee sur 1'äuge, penchee d'un c6l6 ou de l'autre, et les oreilles pendantes. La corne alteinte ou les
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cornes atteintes sont chaudes ä la base; l'oeil du c6te atteint, ou les yeux, sont fermes; c'est du c6t6 de la come malade que se penche la töte. Le repos, la saign^e et les aspersions d'eau froide ä la base de la corne et sur le front sont les remedes conseilles par M. Sanson. Quand cetteaffection estpass^e ä l'etat chronique, il y a flux constant, par le nez, d'un pus infect provenant du sinus frontal; il faut amputer la corne malade et em­ployer les astringents. Ceci est du ressort du vete-rinaire.
D. Slaladlcs de la bouclic.
Les ulc^res de la bouche sont plus communs que les tumeurs. On donne le nom d'aphlhes ä ceux qui sont superficiels et de peu d'ötendue, si-tues sur la langue, les I^vres, les gencives et le palais. C'est une maladie des plus legeres, lors-qu'elle est renfermee dans la bouche; mais il ar­rive quelquefois qu'elle s'elend tout le long de roesophage, des estomacs et des intestins, et qu'elle excite la fiävre, ledevoiement et la dyssen-terie.
Les aphthes simples ou superficiels qui sont blanchätres d^notent toujours une bouche echauf-fee et souvent une putridite teües qu'on les voit
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ä la suite des maladies inflammatoires et dans cclles qui deviennent epizootiques. Leur traile-ment consiste ä les laver souvent avec une decoc­tion d'orge miellee, additionn^e d'un peu de vl-naigreou, mieux,d'unpeud'acidechlorhydrique, poussee avec une seringue ou en lotion avec un linge attache h un bätonnet.
Quand il y a un trop grand nombre d'anitnaux malades, M. Raynal conseille de se borner ä aci-duler ou saler les boissons blanches qu'on leur donne et de se contenter de gargariser les plus malades. Les v^sicules aphtheuses qui viennent sur les levres doivent ötre lotionnees avec le m6me li­quide dans lequel on augmente un peu la propor­tion d'acidehydrochlorique. Cesaphthes sont con-tagieux et forment Tun des symptömes de la ma-ladie appelee fievre aphtheuse ou cocofte , dont nous parierons plus loin.
Les barhillons sont les deux filets de la langue que la nature a places dans tons les quadrup^des. C'est done une erreur de les couper, ainsi que je I'ai vu faire par des marcaires et bouviers, pre-tendant, disaient-ils, que ces filets ^talent la cause du degoiit.
Quant aux barbesquise trouvent naturellement au coin de la bouche dd'animal, c'est encore une
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erreur de croire que, lorsque ces excrois-sances sont trop longues, elles sont la cause du de-goüt; et e'en est encore une plus grande de les couper avec des ciseaux et de les frotter ensuile avec rail, le sei, dans du vinaigre, pour y re-medier.
Cette ignorance n'6te point la cause du degoüt dont je parlerai plus loin ; mais eile cause un mal reel ä l'animal, pour levouloirguerir d'une ma-ladie imaginaire.
Nous avons parle plus haut du charbon de la langue ou glossanthrax et des moyens de le trailer.
K. IHaladles des mcmbrca.
Les maladies des membres sont beaucoup plus rares, chez le boeuf qui travaille ä une allure beaucoup plus lente et qu'on n'use pas jusqu'ä ia fin, que chez le cheval. Du reste, elles portent bien moins atteinte a sa valeur aussi, parce qu'on a presque toujours la ressource de l'engraissement et de la boucherie.
La varice est un boursouflement de la capsule articulaire, qui survient quelquefois au dedans du jarret, sur son articulation. Cette tumeur n'est
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souvent qu'une dilatation de la veine qui vient a la suite d'un ancien effort de jarret, dans lequel 11 s'est fait un epanchement de la lymphe, qut, par un long sejour, a cause un retöchement dans les tuniques de la veine, d'oü vient la varice veineuse.
Cette maladie, assez rare chez le boeuf, necessi-teraitun traitement long et incertain; il vaut done mieux reformer l'aninaal du travail et l'en-graisser.
Veffort ou entorse consiste dans un tiraille-ment douloureux, une distension violente des muscles, des tendons et surtout des ligaments qui maintiennent les rapports des os entre eux et li-mitent leurs mouvemenls. L'effort peut resulter de travaux trop violents, de faux pas, de glissades, de chutes, etc. On distingue l'effort d'epaule ou ecart, qui atteint I'articulation scapulo-hume-rale; l'effort de cuisse ou de hauche ou allonge; reffort du genou, l'effort de jarret, de gras-set, de boulet; l'effort de reins ou tour de reins. Tous sont reconnaissables aux symptomes qu'ils produisentdans la locomotion de l'animal.
Le traitement consiste a calmer I'inflammation d'abord, au moyen des bains froids, si la region atteinte le permet, sinon des affusions d'eau froide, des saignees generates ou locales, des cataplasmes
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du BouviEn.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;179
emollients. Lorsque rinflaininatiou est calmee, si l'affection persiste, on pent avoir recours aux re-solutifs, sous formes de frictions, d'onctions ou de cataplasmes. Si la suppuration s'est etablie dans l'articulation, il faut donner issue au pus, et employer les bains ou ies cataplasmes emollients jusqu'ä disparitiondessymptömes inflammatoires, et garantir la plaie de l'air exterieur. Dans ce cas, l'ankylose est souvent la suite de l'effort.
Je ne m'arröterai point ici ä decrire les pre-tendus secrets des personnes qui entreprennent de guerir les entorses ou autres maladies par des signes et des paroles-, je ferai observer, d'apres ce quej'aivuetouidesempiriques,quelaplupart sont des gens illettres et sans principes; que, le plus souvent, ils mclent le saint avec le profane, sans distinction, tant dans leurs signes que dans leurs discours; et, lorsqu'ils parviennent ä guerir l'ef­fort de boulet ou l'entorse, c'est une preuve que l'animal n'a eu aucune distension dans les liga­ments de l'articulation, vu que, dans cet accident, les fibres sont distendues ou tiraillees au delä de leur ton (ou de leur fermet^ naturelle), qu'elles se reldchent et perdent leur ressort. Vull decipi, de-cipiatur.
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F. nialadies da pied.
Lorsque Tanimal boite, il faut examiner si le mal est apparent ou non. S'il n'y a ni plaie ni tumeur, il faut täter la jambe depuis la pointe de l'^paule jusque sur le sabot; et, si Tanimal boite de derriere, on passera doucement la main depuis le haut du plat de la cuisse jusqu'en bas, pour voir s'il feint plus dans un endroit que dans l'autre.
Si enfin vous n'apercevez ni enflure ni sensibi-lite, il faut lui prendre le pied; et, apres avoir nettoye les ordures, chicots, pierres, etc., qui s'y rencontrent, il faut parer legerement la sole de corne avec le boutoir; puis, prenant la trieoise, on pince doucement et egalement celte sole dans tout son pourlour, pour la sonder (ainsi qu'on le pratique pour les chevaux). Si I'animal feint en retirant son pied, il faut faire une legere ouver-lure ä cet endroit, pour tocher de decouvrir la cause qui le fail bolter.
Si I'animal ne feint pas, et que vous ne voyiez aucune cause apparente, il n'y a point d'autres remedes que les bains, le temps et le repos.
Des qu'on a leve le pied, il faut examiner l'entre-deux des sabots, la fourchelte et les ta-
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bü bOüViEtt,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I8i
Ions. S'il y a un clou, un caillou, une ^pine, un morceau de verre, etc., il faut le retirer; et, quoique le sang sorte, i! n'y a pas ordinairement de danger. On y met un plumasseau imbibe d'es-sence de teröbenthine, et cela suffit. C'est un mal leger, qui se guerit souvent de lui-m6me.
Mais, si la matiere est formee par le sejour du clou, on du chicot de bois, etc., il faut faire une ouverture pour donner issue au pus, et empöcher qu' 11 neremonte ä la couronne ouaux environs; en-suite panser laplaieaved'essencedeterebenthine.
II ne faut jamais suivre la routine aveugle de ceux qui emploientles resolutifs ou restriclifs, tels que le vitriol, le blanc d'ceuf avec la suie de che-m'mie, le vinaigre avec laterre, etc., dans I'in-tention de ronger les chairs baveuses, les fi-landres, etc., ou d'empScher la suppuration. IIs ne font, comme dit le proverbe, qu'enfermer le loup dans la bergerie; parce que la matiere, ne trouvant point de sejour pour sortir, scjourne dans le pied,creuse, fuse et produit un ravage en attaquant les tendons et les ligaments,ce qui rend souvent la maladie incurable.
La limace ou foulure des pieds est une affec­tion ulc^reuse ayant son siege entro les deux on-glons, attaquant la peau de cetle parlic ct s'eten-ii.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;16
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dant souventjusqu'au ligament interdigite. Elle est causee par la terre ou les graviers qui s'accu-mulententre les onglons; par rücretedesfumiers sur lesquels les animanx auraient fait un sejour prolonge; par la malproprete enfin et la fatigue. La peau interdigilee s'enflamme d'abord, puis il survient un gonflement en avant et au-dessus des deux onglons; cetle parlie secrete bienlöt une substance assez ferme et infecte, puis il s'y forme des crevasses et desulceresqui penetrent jusqu'au ligament interdigite; il en resulle rimpossibilitc d'appui sur le membre malade et une fievre de reaction plus ou moins intense. Le traitement, au d^but, consiste dans une litiere fraiche, propre et abondante, et des bainsfroids; si I'lnflammation ne camp;le pas,, on a recours aux calaplasmes emol­lients, qu'on remplace, aprb le mieux, par des astringents et des dcssiccatifs. Si les ulceressedö-clarent, on les panse avec Tonguent egyptiac anime d'un peu de sublime corrosif, ou on les cau­terise legerement avec le fou et une pointe mousse. Des que la plaie a pris un bon aspect, on panse avec la teinture d'aloes.
L'engravee est une maladie des pieds causee par l'usure de l'ongle sur la terre, le sable ou le pave pendant une longuc route, lorsqu'on n'anss
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eu la precaution de ferrer les animaux. Des por­tions plus ou moins grandes de cornes se de-tachent, surlout aux pinces; les tissus plantaires d^chires et enflammeslaissentpassage au sang; la marche devient un veritable supplice et souvent devient impossible; parfois il en resulte mörne la fourbure, souvenl des bleimesä lasole etaux ta­lons. II faut d'abord eiciser les parties dechirees, laver la plaie et la recouvrir de plumasseaux im­bibes d'eau-de-vie. Si la suppuration devenait sa-nieuse, on panserait avec de la teinture d'aloes. Lorsqu'il n'y a pas eu plaie, le repos, les bains de pied, les cataplasmes emollientsobtiennent facile-ment la guerison d'un malqu'une ferrure peu dis-pendieuse eut evite.
La fourbure, appelee aussi fourbature ou four-bissure, consiste dans l'afflux du sang vers le tissu reticulaire du pied et l'inflammation de ce tissu, qui produit des desordres variables et plus ou moins graves. Elle peut fitre causee par un travail excessif ou trop prolonge, ou m6me par une marche faligante, sans que le pied soit proteg6 par un fer;par I'appui trop prolonge d'un membre supporlantseul la moitie du poids du corps; par une ferrure defectueuse qui comprimelepied; par une alimentation trop richeenprincipes excitants.
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Chez le boeuf, eile a pour symptömes une forte boiterie, la roideur du membre et la chaleur du pied affecte; l'animal reste constamment couche, et il lui est impossible de se relever seul; il refuse de marcher; il n'y a pas toujours fievre. Quelque-fois la fourbure determine la formation d'excrois-sances cornees, la deviation et ralteration de l'os du pied et des onglons, parfois m6me la chute de l'onglon lui-m6me qui, avec le temps, se repro-duit. Les bains froids, la saignee g6nerale et lo­cale (ä la couronne du membre malade), des lave­ments simples et une demi-diete sont le premier traitement a suivre. Du reste, on ne voit guere tomber fourbus que les boeufs qu'on conduit aux marches d'approvisionnement,afin de les y vendre pour la boucherie; or les chemins de fer rendent la fourbure de moins en moins frequente.
C maladies fies orgones de la gcneraHon.
Le boeuf et la vache sont sujets, suivant leur sexe, h diverses maladies des organes de la generation.
L'engorgement du fowreau, chez le boeuf, con-siste dans une tumefaction de la partie inferieure du fourreau, entretenue par une ulceration de l'orifice du canal de I'uretre. Cette maladie per-
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sisle parfois pendant un assez long temps, etant entretenue par l'äcrete des urines, et parce que, souvent aussi, il s'amasse dans le canal une ma­ttere glutineuse qul s'oppose ä l'expulsion de l'u-rine. M. Kaulz recommande d'abord de couper le poii autour de l'orlfice du canal, de bien net-toyer le fourreau en dedans et en dehors au moyen de lotions et d'injections emollientes, puis de le graisser ä l'interieur avec du .laquo;aindoux, afin de detacher les croütes et la matiere qui en-gorgent le canal, d'entretenir constamment ces parlies dans leplus grand etat de proprete. Si les fomentations emollientes ne sufßseutpas et qu'il y ait beaucoup de chaleur et de sensibilite, il con-seille d'employer les lotions composees d'un litre d'eau et de 20 grammes d'extrait de Saturne.
Les veaux, peu apres lenr naissance, sont Su­jets ä une inflammation du cordon ombilicalqu'on designe sousle nom de mal au nomhril; eile est causee par faction de la languc de la mere qui leche son veau, lorsqu'il reste aupres d'elle. Les vachers out coutume, pour eviter cet accident, d'enduire le nombril des jeunes veaux avec de la bouse de vaches pour emp^cher leur mere de le lecher. Desqu'ons'apercoit decetle inflammation, il faut la combattre par des lotions emollientes
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(eau de guimauve) frequemment röpelöes. S'il se forme un abces, on le panse avec de l'ongiient digestif, et on ie traite comme uneplaie simpleraquo;
Les mamelles (on pis de la vache) sont sujettes ä im certain nombre d'affections plus ou moins dan-gereuses aussi. Les tettes ou trayons pcuvent 6tre atleints de crevasses peu dangereuses il cst vrai, mais qui font beaucoup souffrir l'animal et l'em-pöchent de donner tout son lait au vacher comme ä son veau ; la mulsion ou la succion, necessai-rement repetees chaque jour et renouvelant la cause, rendent la guerison lente. Elle s'oblient neanmoins en ayant soin de graisser frequemment les trayons avec du saindoux, ou, mieux encore, avec un liniment forme de cire jaune fondue dans de l'buile d'olive, apres que ie veau a tete ou apres qu'on a Irait.
II se forme parfois des engorgements dans les mamelles [mammite] peu apres le part, et cela surtout chez les genisscs ; un seul ou deux trayons sont atteints et ne donnent que difdcilement quelques gouttes de lail; le pis tout enlier ou Tun seulement de ses lobes s'engorge, durcit et tend quelquefois m6me ä s'abceder. Get accident provient le plus ordinairement d'nn refroidisse-meot. li faut, des Ie debut, employer des fernen-
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tations ömollientes, auxquelles succedent des fomentations aromatiques dhs que 1'inflammation parait avoir cede ; sinon et si l'induration persiste ou augmenle, il faut recourir ä des imbrocations d'onguent d'aithaea et d'huilede laurier melanges, ou ä des frictions composees d'alcool camphru m61e ä de Tonguent mercuriel. S'il y a abces et qu'il s'ouvre exterieurement, on l'entretient propre par des lotions et des injections d'eau tiede ou d'eaux emollientes, et on pause avec l'onguent digestif simple, auquel on ajoute quel-ques goultes d'eau-de-vie ou plulöt de teinture d'aloes. Pendant toute la durce de I'affection, il est indispensable de traire a. fond, le lait fut-il decompose et inulilisable. Les engorgements an-ciens peuvent 6tre resolus par l'cmploi de l'iode, mais la guerison ne retablit pas l'activite de la secretion.
La chule et le renversemenl de la matrice et du vagin sont un accident qui se presente assez fr^-quemment chez les vaches apr^s un avorlement, ou apres un part laborieux. 11 est souvent deter­mine par les efforts brulaux et excessifs exerces sur le veau pendant 1'accouchement, ou par la meteorisation pendant la gestation. Enfin il se präsente assez souveut, pendant la derniere pe-
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riode de la gestation, chez les genisses qui sont trop abondamment nourries.
Le renversement du vagtn seul est assez fre­quent dans la vache; il pent mömefitre caust5 par les chaleurs, sans autre cause. Cot Organe se pre-sente au dehors de la vulve sous l'aspect d'une lumeur rougeAtre, lisse et humide; c'est alors une chute complete du vagin : quand la chute est incomplete, on n'apercoit rien au dehors, mais en ccartant les levres de la vulve on distingue une tumeur rapprochee de l'ouverture, et qu'on peut repousser puisqu'elle est mobile; c'est le moyen ä employer dans ce cas. Apres qu'on a coupe ses ongles et huile sa main et son bras, on repousse prudemment l'organe ä sa place. Quand la chute est complete, on lave l'organe avec de l'eau tiede, ou avec de l'eau emolliente de mauve ou de graine de lin; si I'inflammation et la tum6-faction etaient trop fortes, on pratiquerait quel-ques mouchelures ou scarifications avec le bis-louri, puis on replace le vagin dans sa position normale avec les precautions indiquees ci-dessus. Pour celte operation et cellos qui suivent, I'ani-mal a du 6lre place le train posterieur plus eleve que rantärieur au moyen de la littere.
Le renversement de la malrice se denote exte-
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rieurement par une tumeur volumineuse et en forme de poire, d'un rouge plus ou tnoins fonce, d'un volume variable suivant que la chute est complete ou partielle; dans le premier cas, eile pend jusqu'aux jarrets. L'organe en contact avec l'air et le fumier s'enflamme de plus en plus, et plus on attend, plus la reduction devient difficile. Comme la matrice, dans sa chute, a entratne le vagin, d6place la vessie, ploye et comprime le conduit excröteur de Turinlaquo;, il pent y avoir de graves accidents a redouter. II faut done appeler le vtHerinaire aussi rapidement qu'il est possible, si on n'est pas en etat d'operer soi-m^me. Pour cela, on commence par laver les organes renverses avec de l'eau tiede ou dmolliente, si I'accident est recent; avec du vin chaud et des liquides aro-matiques, s'il remonte a un certain temps, et que l'organe soit froid et infillre. On vide ensuite la vessie au moyen d'une sOnde qu'on introduit par l'ouverture du canal de l'uretre. On enleve les portions de delivrequi peuvent etre restees adhe-rentes ä la matrice. Celle-ci, aprös avoir etc lavee, a du 6tre soutenue sur un drap huile ou trempe dans l'eaude graine de lin. II s'agit maintenant de remettre l'organe en place; on cherche d'abord la grande corne de la matrice qu'on pousse par le
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fond, de maniere ä la faire rentrer en elle-möme, et on fait suivre tout le reste avec precaution, poussant avec le poing ferme, en ayant soin d'alterner ses efforts avec les efforts expulsifs de l'animal. Lorsqu'on a röussi, on fait une suture ä la vulve, ou on applique un pessaire ou bandage special, qui ne laisse d'ouverlure que pour l'ex-pulsion des urines ou pour les injections. Si la böte est jeune et vigoureuse, on lasaigne; on donne de frequents lavements, et on pousse par le vagin quelques injections de vin tiede coupe ou de damp;octions de plantes aromatiques ou astrin-gentes. On eloigne de raninoal tout ce qui peut le tourmenler; on le tient ä une demi-diele avec de bons fourrages sees. EnGn on a soin de tenir le corps, au moyen de la litiere, plus eleve du derrifere que du devant.
H. IHaladica des os.
La plupart des maladies des os proviennent de causes exlerieures, coups, chutes, efforts exces-sifs, et sont plutöt des maladies externes qu'in-lernes par leur nature et leurs suiles.
Les coups, les chules et les efforts extraordi-naires sont les causes les plus frequentes des
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luxations. Lorsqu'un os est d6range de sa cavitt^, il faut lädier de 1c remettre ä sa place, pour le rejoindra a celui auquel il etait uni, tel que le femnr ou os de la cuisse au tibia, ou os de la jambe proprement dit, et ainsi des autres.
Pour y remedier, il faut faire tirer doucement la jambe en avant, ou en arriere, ou sur les cötes, suivant les cas et l'aisance qu'on a, et repousser l'os avec les mains pour le faire rentrer. L'opera-tion elant faite, on etuve la partie avec de l'eau-de-vie camphree, ou, ä son defaut, avec de l'eau salee, et on laisse l'animal en repos. Si l'inflam-mation survlent, on mettra en usage le Iraitement des entorses.
Nous ne parlerons point ici de la fracture des os de la cuisse ou de l'epaule, parce qu'ils seraient trop difficiles ä contenir, lors m£me qu'on reussirait ä reunir leurs extremites. La grande quanlite de chairs qui entourent ces os ne permet pas de les assujetlir assez pour qu'ils ne soient point deranges par le mouvement de f animal.
II est incomparablement plus facile de remeltre les os des canons, des paturons, elc, tant luxes quo fractures, dans leur vraie situation que de les y muintenir; et ce dernier point doit etre le prin-
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cipal du traitement, qui a encore pour objet de remedier aus accidents qui accompagnent ou suivent ces desordres; telles sont les contusions, lesplaies, l'inflammation, les douleurs, la gan­grene, la fievre, etc. Si, dans Tun et l'autre cas, on ne donne pas au bandage le degre de tension convenable, il faut craindre un second d^place-ment de l'os. Si on le serre trop, on expose la partie aux accidents qui resuitent de la forte compression, comme ä l'engorgement inflamma-toire ou oedemateux, h la gangrene, etc.
En general, les fractures sont difflciles ä gue-rir chez les animaux, parce qu'ils ne peuventpas rcster dans l'etat de repos et de tranquillite ne-cessaire pour la reunion des os separes; cepen-dant on y reussit souvent de la maniere suivante:
Lorsque la fracture est simple , c'est-ä-dire qu'il n'y a qu'un os de casse, sans lesion des parties voisines, apres I'avoir reuni on le contient en situation par le moyen d'une compresse irabi-bee d'eau-de-vie camphree, par-dessus laquelie on met un gros plumasseau d'etoupe que Ton contient avec des eclisses ou morceaux de bois tres-minces, qu'on soutient avec une bände de toile. Ceci etant fait, on arrose I'appareil trois ou quatre fois le jour avec cette eau-de-vie, et i'on
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abandonne le reste aux soins de la nature.
La fracture composee, qui est celle oü il y a deux os dans la meme partie, comme au paturon, ä la couronne, et qui sont casses, se traite dc m6me que la fracture simple; Tune et l'autre se reconnaissent assez par le boitement, le cliquetis, la douleur de la partie lorsqu'on la touche, et rinflammation qui donne quclquefois lieu a un depot.
Quant aux c6tes cassees, on ne pent pas les contenir avec I'appareil; on les bassine souvent avec de l'eau-de-vie camphr^e, ct on abandonne le reste aux soins de la nature. S'il s'y formait une tumeur, il faudrait l'ouvrir, et la traiter comme la carie ci-apres, afin de favoriser la sortie des esquilles.
On nomme carie une maladie des os, des liga­ments et des cartilages, qui est ä ces parties ce que I'ulcere est aux parties molles. La carie des os porte le nom de necrose. Elle ne se produit ja-mais sans plaie des parties molles, et sans ecou-lement d'un pus sanieux, grisätre et meme noi-rMre, parfois sanguinolent et d'une odeur infccte et caracteristique, dont la consistance est grumeleuse. Les chairs de la plaie sont boursou-flees, blafardes, molles, et saignent facilement. II u.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 17
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faut attaquer vigoureusement le mal des son ori-gine, et il y a pour cela deux moyens, 1'instru­ment tranchant et le feu. Pour enlever la partie cariec, on excise au bistouri et aux ciseaux toutes les chairs de mauvaise nature qui entourent l'os que Ton met ä nu; puis, avec une rugine, on en-leve l'os couche par couche jusqu'a ce qu'on alt alteint les parties saines. On panse avec des ^toupes seches d'abord, puis les jours suivants avec de I'eau-de-vie faible ou de la teinture d'aloes. II est preferable, pour enlever les parties cariees, d'employer le feu; le cautere chauffe ä blanc est introduit dans la carie sans timidite, et de fagon ä brüler radicalement toutes les parties atteinles de necrose. A la suite de l'operation, se declare une inflammation suppurative qui elimine les portions brülees, qu'on doit soigneusement extraire pour ne pas entraver la marche de la cicatrisation. Mais c'est lä une operation reservee aux vet^rinaires.
On connait, sous le nom d'ankylose, une mala-die des articulations, qui prive les animaux de leur mouvement; eile depend de la reunion ou de la soudure des os, qui ne torment alors qu'une seule piece incapable de plier, ou de l'etat, contre nature, des ligaments, qui leur a fait perdrc leur
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flexibiüte; mais la partie, dans ce dernier cas, peut conserver un mouvement plus ou moins sen­sible. Les contusions, les luxations, les fractures, les entorses, ie gonflement des os et des liga­ments, les vices de la synovie, les depots puru-lents, la carie, etc., sont les causes les plus ordi-naires de l'ankylose, ä laquelle le cliquetis des os annonce une disposition prochaine. Lorsque les os sont soudes, 11 n'y a point d'esperance de guerison, mais on peut remedier ä la secheresse et ä la roideur des ligaments en bassinant sou-vent la partie avec des fomentations emollientes et en y appliquant des cataplasmes emollienls.
On donne le nom i'exoslose a toules les tu-raeurs et aus gonflements des os. On connail cette maladie ä une elevation dure, insensible, qui se trouvesiluee sur un os, ou sur une articu­lation dont la peau est detachee. Des qu'on s'aper-Coitde l'exostose, on peut en tenter la resolution avec l'extrait de Saturne, ou avec le cautere ac-tuel. Si ce dernier ne fond pas la tumeur, il n'y a point d'esperance de la guerir.
I. JUaladies de la poau.
Les animaux mal soignes sont sujels ä diverses
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maladies de peau, comme les poiu, les dartres et la gale.
Les poux apparaissent d'abord sur le bord su-perieur de l'encolure, chez les jeunes bules mal soignees et mal nourries, puis, de lä, ils gagnent les oreillcs, les opaules cl !e dos. Des qu'on s'en apergoit, 11 faut frolter ces parties avec un peu d'buile de colza on encore avec un demi-litre d'huile de poisson ä laquelle on a melange 30 grammes de noix vomique. Les lotions avec une decoction de tabac, les frictions avec la ben­zine, los onclions avec I'onguent mercuriel ne doivent que rarement utre employees. Les meil-leurs remedes consisteraient, comme preservatifs et curalifs, dans un pansage regulier et une ali­mentation convenable et süffisante.
Les dartres sonl une affection cutanee qui se manifeste par des eruptions locales et qu'ilfaut se garder de confondre avec la gale. Quelquefois clles sont seches, d'autres fois humides, c'est-ä-dire qu'elles laissent suinter un peu de serosite. Eiles n'attaqucnl que les animaux mal nourris et mal soignes, et d;dent ä un meilleur regime et ä des soins de proprcte, aides de lotions savon-neu;-es ou dc lotions emollientcs. M. Kautz re-commande un melange de 15 grammes d'acide
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chlorhydriquc et de 250 grammesd'eau.et unon-guent compose de 15 grammes de fleur de soufie, 15 grammes de sulfate de zinc et CO grammes de saindoux.Les dartres qui, apres le sevrage, appa-raissent quelquefois aulour do la Louche etmfime sur toule la l6lc des veaux, en taches blancMtres et arrondies qui s'ecaillent fucilement, dispa-raissent sous des lotions emollientes et savon-neuses.
La gale se reconnait ä la chute des poils, a la presence des croütes sur la peau, au prurit qui porte les animaux a se frolter avee ardeur contre tons les corps solides qu'ils renconlrent. Elle se transmet par contact d'animaux de möme espcce ou mßme d'especes differentes, et la plus difficile a guerir est celle transmiseaux ruminants par les volailles. II faut tondre les poils sur les parlies at-teintes, savonner cnergiquement ces regions avec une brossedure, puis les enduire d'un melange, ä parties egales, de goudron et de savon vert ou d'huile empyreumatique ou d'huile de cade. En mtime temps on ameliore le regime et 1'hygiene de proprel6. Mais il ne faut pas oublicr que la gale est contagieuse au premier clief, et il est in­dispensable de sequeslrer les animaux qui en sont alteints,
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L'erysipele est une maladie cutan^e, aigue, su-perficielle, parfois tres-etendue, sans gonflemenl sensible et susceptible de so deplacer; eile se re-connait ä des plaques d'un rouge jaunätre, irregu-Iteres, que Ton distingue en ecarlant les polls. Elle ne se denote d'abord que par des demangeai-sons, puis l'inflammation angmentant, il s'eleve des vesicules remplies de serosite jaunAtre; l'in-flammation peut memo gagner le tissu cellulaire sous-culane, et l'erysipele devient alorsphlegmo-neux.
D'autres fois, c'est dans le lissu cellulaire sous-cutane quese depose la serositö, et l'erysipele est dit cedemateux. L'erysipele simple se fixe ä toules les parties du corps, mais surtout ä la tfete et aux raembres; mais il cede ä la derni-diete et auxapplications ^mollientes.S'il devenait intense, il faudrait employer la saignee gönerale, les ap­plications emollientes, les boissons acidulees et les onctions d'onguent mercuriel. L'erysipele phleg-moneux se terminesouventpar suppuration. Cette maladie provient des ecarts de regime, de I'ali-mentalion trop excitante, de 1'usage d'eaux mau-vaises, de la suppression brusque de quelque se­cretion, de malproprete, depiqüres d'insectesve-nimeut.etc.jsouvenlaussi eile n'est que le symp-
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tome secondairede maladies aigues, d'oedemes.de phlegmons de plaies imporlantes, etc.
sect; 2. — MALADIES INTERNES.
Avant d'entrer dans le detail des maladies in­ternes, il m'a paru indispensable de faire ä mes lecteurs les observations suivantes:
1deg; II ne faut jamais forcer un bceuf ou une vache qui renonce sur des aliments, parce que le degout des animaux est ordinairement le pre­mier Symptome apparent de leur maladie. Au con-traire, supprimez-les et ne satisfaites pas uneap-parence d'appetit qui vient plus souvent de la douleur que d'un desir reel.
2deg; Ne saignez jamais l'animal que dans la plö-thore et dans les maladies inflammatoires. Voyez, a cet effet, les observations que j'ai faites, tant sur la saignee que sur le pouls.
5deg; Ne donnez jamais des remedes öchaufFants, tels qua les cordiaux faitsavec levin, latheriaque ou la muscade, ä moins que la circulation et le battement ducoeur ne soient ralentis, el sans au-cun Symptome de maladie. Evitez aussi tous ces olmrs, ces baumes, cos poudres cordiales, etc.,
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que Ton distribue dans les campagnes ; cet abus ne fait qu'aggraver le mal.
4deg; Ne medicamenlez jamais l'animal que vous ne sachiez la cause de la maladie, ou que vous ne connaissiez son espece; il vaul mieux le meltre a la diele et aus remedes generaux ci-apres que de contrarier la nature.
Nous avons indique plus haut (sect; 1er) les symptomes generaux auxquels on reconnait l'etat de sante et de maladie du gros betail ä cornes. Nous n'y reviendrons ici quepour noter avec Chabert les symptomes particuliers ä trois genres de maladies dues ä la sccheresse et produites par la disette et la mauvaise qualile des aliments.
Les veteiinaires , dit M. Chabert, doivent craindre trois sorles de maladies. Les premieres, dues ä la secheresse du temps, s'annoncent par une flevre ardente, la chaleur expirce de toute Ihabitudedu corps, l'etincellement des yeux, la durele et l'embarras dupouls, l'ariditede la peau, la secheresse du mufle et de la bouche, la rougeur des urines, la solidite des excrements, le defaut d'appetit ou le degout pour les aliments, tous les signesenfin d'une violente inflammation.
Los maladies de la seconde classo, produites par la diseile d'aliments, se reconnaissenl ä l'aba
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tement et ä l'extenuation des malades, ä l'adhe-rence de la peau aux os, a la couleur terne et pi-quee du poil, ä tous les signes enfin qui an-noncent rappauvrissement du sang et des bumeurs.
Les maladies de la troisierae classe, dues ä la mauvaise qualite des aliments que la disette aura force de donner aux animaux, porleront tous les caracteres de la corruption, de la putrefaction des humeurs, et surtout la petitesse du pouls, la feti-ditede l'haleine et de toutes les excretions, la proslration absolue des forces, etc.
Les remedes propres ä calmer l'inflammation due ä la secheresse sont la diete, la saignee, la boisson de l'eau acidulee et surtout le petit-lait acidule, tant en breuvages qu'en lavements.
Les armes propres ä combattre les maladies de la seconde classe seront l'usage d'aliments de bonne qualitö, donnös d'abord avec moderation et augmentes par gradation. Les plantes fraiches de bonne nature, la paille d'orge ou d'avoine fraiche, et l'eau blanche, rempliront toutes les indications; il sera bon seulement d'y joindre les fumigations et les fomentations emollientes pour detendre la peau et en faciliter le detachement.
On prlt;5viendra les effels de la putrefaction par
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!a di^te, la boisson de l'eau acirlulee, les breu-vages lemperanls et les lavements antiputritles. Deux ou trois jours apres 1'usage de ces remedes, on purgera l'animal. Loisqu'il aura evacue, on lui fera avaler un litre de vin, dans lequel on aura delaye des baies de genifevre et de laurier pul-verisees, de chaque une poignee.
La diele comprend tout ce qui a rapport h la con­servation des animaux. Le regime de vivre y est essenliel, et la moindre erreur qu'on y commet peut eloigner la guerison ou möme häterla mort.
Comme les maladies dea animaux (alnsi que celles des homines) sont en partie commises ä la nature, le grand point cousiste a ne pas opposer d'obstacle ä ses efforts. Si la nourriture est don-nee ä propos, eile devient une source de forces a la nalurej sinon, c'est un fardeau penible qu'on lui impose, qui l'accableplutötquede la soulager.
Des qu'on s'aper^oit que l'animal est triste, abattu, degoüte, et qu'il ne rumine plus ou que tres-peu, il faut lui supprimer le foin, la paille, l'orge, l'avoine, ou tous autres aliments solides, et ne lui donner, le premier jour, que de l'eau blanche, avec le son de froment ou la farine d'orge. On lui fera une litiere plus abondante qu'ä l'ordinaire-, et, s'i! va mieux le lendemain,
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on lui presentera un peu de son saupoudre avec un peu de sei, et on lui continuera sa boisson d'eau blanche.
Si, le surlendemain, Vanimal va de mieux en mieux, et qu'il fasse apparailre qu'il a de l'appe-tit, on lui donnera deux ou trois poignees debon regain meie avec autant de paille, ensuite de l'eau blanche; et, quelque temps apres, on pourra lui dormer un peu d'orge ou d'avoine melee avec du son. On aura 1'attention dene pas perdre de vue cetle,maxime qui dit : peu et souvent, et de se con-former a ce qui est dit ä l'article de la Nourrilure.
Si, au contraire, on s'aperfoit, le lendemain de la maladie, que le bceuf ou la vache soit dans le mfime elat, ou dans un etat pire que le jour pre­cedent, on lira exactement les observations im-pbrtantes que j'ai faites sur la saignee et sur le pouls, afin de savoir si Ton doit pratiquer cette operation ou non. On tiendra toujours lanimal a la diete, comme ci-dessus, et on lui donnera, pour boisson ordinaire, le petit-lait dont j'ai de-crit les proprietes, ou bien on acidulera ou Ton nitrera l'eau blanche, et, suivant les diverses in­dications, on donnera ou les breuvages et les la­vements adoucissants et emollients, ou des breu­vages et des lavements rafraichissants.
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On peut arröler par ces remedes generaux bien des maladies qui, conduites selon toule autre me-thode, auraient ete tres-longues et dangereuses. Si Ton n'obtient pas cot avantage, on diminue au moins la violence du ^al et, par cons6quent, le peril.
Hippocrate (l'oracle de la medecine) nous re-commande d'entrer dans ses vues, et nous en fait un precepts : Quo nalura vergit, eb ducere opor-tel. II semblc que rien ne favorise mieux ces mou-veraents salutaires que la diete la plus severe et l'eau simple pour boisson ordinaire.
Du degoul.— Considerez d'ou peut venir I'a-version pour ies m^mesaliments que le bceufou la vache mangeait autrefois avec avidity. Ce degoüt est ordinairement le commencement d'une raala-die dont la cause est inconnue. Dans ce cas, il faut mettre l'animal k la diete et aux remedes generaux que j'ai decrits ci-devant.
Si le degoül est occasionne par la lassitude et la fatigue, il ne faut lui donner que de l'eau blanche et le laisser reposer.
S'il est cause pour avoir mange de jeunes pousses d'arbres ou herbes fraiches sans discre­tion, il faut mettre l'animal ä Iadtete,et faire usage des remedes presents pour I'indigeslion, ci-apres.
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Si, au contraire, le degoüt est produit par des aliments malsains, ou quelques boissons mal­propres ou de mauvaise qualite, on remettra l'a-nimal en appetit en lui faisant avaler une poignöe de sei de cuisine. Peu de temps apres, on lui donne du bon foin ou de la bonne herbe, et de l'eau propre.
Si l'on soupgonne que le degoöt a etö cause par quelques plantes äcres et brülantes, on reme-diera ä l'inflammation qu'elles ont produite en faisant avaler ä I'animal un breuvage adoucissant c( pour boisson ordinaire le petit-lait acidule.
On pent encore adoucir l'äcrete du gosier et des estomacs, dans le commencement, en lui fai­sant avaler un demi-kilogr. d'huile d'olive; mais je ferai observer que, lorsque Tinflammation est formee, l'huile peut se rancir dans le corps par la chaleur de la fiövre, et augmenter l'erethisme (ou roideur) et la douleur.
Si enfin le d6goüt est cause par les aphlhes ou ulceres de la bouche, etc., il faut voir ce que nous avons dit des maladies de la bouche.
Mais, si 1c degoüt est suivi de tristesse, d'abat-
tement, ou de quelque autre des symptömes de-
critsci-devant, 11 faudra trailer Tanimal suivant le
genre de la maladic, ainsi qu'on le verra ci-apres.
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Les Anglais composent, pour leurs animaux de graisse, une poudre aromalique qui coraprend de l'aloes, de l'anis, du cumin, etc., pour les cas de degout; on en saupoudre la mangeoire, et on en barbouille mßme le mufle de l'animal. J'ai tou-jours vu celte poudre produire un bon effet, lorsque le degout provenait de saliete et non de maladie. Les Anglais font grand usage aussi, pour stimuler Tappelit de leurs betes ä l'engrais, de gousses de caroubes melees a leurs aliments.
Indications et conlre-indioalions du Iraitement. —L'indicalion est le jugement que I'artiste vet^-rinaire porte sur le cbois des moyens de guerir une maladie, en consequence des circonstances qui l'accompagnent, et qui se tirent des causes, des svmptomes, des accidents, de l'äge et des forces de l'animal. L'indicalion est done la con-riaissance des clioses que Ton doit faire sur-le-champ ou ä l'aveiiir, suivant la connaissance de ce qui indiqve.
11 y a deux especes d'indications, savoir : l'in-dication prophylactique ou preservative, et l'indi-cation curative.
L'indication prophylactique ou preservative regarde la conservation de la sante, en prevenant les maladies, et l'indication curative enseigne ä
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les guerir. II y a encore une autre indication appelee urgente, mitigalive, ou palliative, qui traite des moyens d'adoucir les symptömes, lors-qu'ils sent tramp;s-violents, pour les negliger jusqu'a la fin de la maladie.
La conlre-indication est une connaissance qu'on a par certains signes, qui d6tournent et empßchent de mettre ä execution les moyens que 1'indication fournit pour la guerison des maladies. Par exemple, une maladie inflammatoire, teile qu'une pleuresie, indique la saignee; mais la faiblesse excessive de l'animal indique le contraire, et c'est la ce qu'on appelle conlre-indicalion.
Dans les tranchees, les purgatifs sonl indiques pour evacuer les raatieres qui en sont la cause; mais ils sont contre-indiques par rinflammalion et l'irritation des inleslins, qui ne manqueraient pas d'augmenter.
Je suppose encore, par exemple, qu'on ait ä trailer une pleuresie, aecompagnöe de toux, d'in-flammation, de fievre, de difficulle de respirer; il faut examiner chaque indication : 1deg; la toux de-mande des adoucissants, rinflammation indique les rafraichissants, la respiration laborieuse ou difficile se calme par la saignee, et la fievre par les purgatifs; mais, comme ceux-ci sont irritants,
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echauffanls et capables d'augmenter la loux, rinflamraation, etc., on doit coramencer par la saignee, les breuvages, et les lavements adoucis-sants et rafraichissants; ensuile on pourra pres-crire les purgatifs sur la fin de la maladle.
La fievre n'est ordinairement que le produit d'une aulre maladie, puisqu'on en connait tres-peu qui ne puissent exciter la fievre.
Sans ra'arrßter aus causes prochaines et imme­diales de la fievre, je dirai que la cause de la Gevre est tout ce qui peut augmenter le mou-vement du cceur. Or la cause de ce mouvement est l'impression que fait le sang sur les parois des oreillettes et des ventricules; la cause de cette impression est la quantity ou la qualite du sang.
Dans les inflammations , le sang est oblige de s'arröter et de se porter en grande quantity vers le cceur.
Dans l'irritation et la douleur considerable, il se fait alors dans les parties un resserrement tonique, qui diminue le calibre des vaisseaux, interrompt la circulation, et oblige le sang de s'accumuler dans les oreillettes ou les ventricules du cceur.
Lorsqu'on fail boire de l'eau tres-froide a un boeuf qui a chaud, le froid subit qu'il eprouve fait
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crisper et resserrer les extremites capillaires des vaisseaux, empfiche le passage du sang et cause la fievre.
Enfin les nourrilures et les boissons de mau-vaise qualite, le defaut de regime, ou un Irai-tementmal entendu, bouleversentcommunement l'ordre qu'on remarque dans le cours ordinaire des maladies, et il resulte de ce desordre des fievres qui deviennent tres-dangereuses.
Les signes auxquels on reconnait que les b6tes ä cornes ont la fievre varient suivant le genre de la maladie qui l'a causee; raais, pour l'or-dinairc, l'animal est d'abord degoüte et ne ru­mine pas, ou presque pas; il a la t6te pe-sante, ses paupieres sont enflees, et ses yeux sont quelquefois larmoyants-, il lui sort de la bouche, et quelquefois des naseaux, des humeurs glaireuses; son haieine brüle et sent mauvais; les oreilles, les cornes, et souvent le reste du corps, sont tres-chauds; il bat des flaues, il chancelle, et quelquefois il est affecte d'un tremblement plus on moins fort; le pouls et les arteres battent plus ou moins frequemment.
Le traitement des fievres doit etre tres-simple. II faut meltre Tiinimal a la diete et aux rc-rnedes generaux pendant Irois ou quatre jours !
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ces remödes ne dispensent point de saigner ]'animal, lorsqu'on le juge necessaire, des le commencement. Les purgatifs sent ordinaireraent d'une grande efficacit^, pourvu qu'on les place dans le courant du premier ou second jour de l'invasion de la fievre. Mais il n'en est pas de m^me dans le cours de la maladie; ils ne pro-duisent alors de bons effels qu'ä la fin de la coc-#9632;lion (ou digestion des humeurs), ou dans le temps du relächement. Concocta medicari oporlet, non cruda, disent tous les anciens, apres Hippocrate. Deux jours apres l'evacuation, on administrera un breuvage febrifuge, si le cas l'exige.
Tels sont les remedes g^neraux qui peuvent 6tre appliques ä loutes les fiövres, lorsqu'on en use avec menagement et dans le temps conve-nable. M. Lieutaud, premier medecin du roi, avec qui j'ai eu l'honneur de converser tres-sou-vent au chAteau de Versailles, me dit un jour qu'il avait traite des animanx avant moi, et qu'il me recommandait toujours de prefererles remedes simples ä ceux qui sont composes avec les drogues rares et cheres, parce que la mnitiplicile des remedes ne faisail que bonleverser les mouve-ments salutaires de la nature, et ne pouvait qu'exciter les plus grands orages, cn fdsanldegö-
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nerer la maladie, qui devient alors mcconnais-sable dans les homines et dans les animaux.
Ceux qui ont donnö un temps convenable ä !a lecture des bons auteurs savent lies-bien qu'Hip-pocrate ne traitait ses malades que par le regime; et rien ne favorisaitmieux les mouvementssalutaires que la diete la plus severe, je veux dire l'eau, ou toule autre boisson legere, prise pendant trois ou quatre jours, pour toule nourriture. Celse, qui en connaissait tous les avantages, ne permettait des aliments que vers le quatrieme jour de la maladie. Sydenham, ires-capable d'en juger, prctendait qu'il fallait rapporter aux remedes donnes ä contre-temps la plupart des maladies les plus graves, Baglivi criait conlre Tabus qu'on en fai-sait de son temps. EnGn Ramazzini, Santorius, Hoffmann et Stahl s'clevaient hautement tant centre les remedes trop composes que contre leur multiplieite.
La flelhore est une quanlile de sang louable, plus grande qu'il ne faut pour pouvoir supporter les cliangemenls qui sont inevitables dans la vie, sans occasionner des maladies.
La trop grande nourriture et le repos donnent lieu a la plelhore; on la reconnait par la pleni­tude du pouls et le gonflenient des veines, quo
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los divers degres d'embonpoint rendent plus ou moins saillantes; par la chaleur de tout le corps, par la disposition ä la flevre, parl'assoupissement et les yeux pleins d'eau (ce qui an nonce la dou-leur de t6te), par les lassitudes et l'engourdis-sement des merabres, etc.
Sans examiner ici si la pl^thore doit 6tre rangee au nombre des maladies ou entrer seulement dans la classe des causes, je dirai que cet etat pent exciter les plus grands dcsordres, comme des ver-tiges, des convulsions, des maux de töte ainsi que des yeux, la fievre, les engorgements inflamma-toires, et plusieurs autres maladies qui, quoiqu'en apparence d'un caractere tres-different, ne cedent cependant qu'aux m^mes secours, que quelques circonstances peuvent seulement faire varier.
Lorsque la surabondance du sang ou de sa masse, contenant la matiere de toule.s les hu-meurs, n'a pas produit encore d'amas dan-gereux, on n'a d'aulres remcdes ä lui opposcr que la diete, le travail ou I'exercice. On pense bien que, clans les autres cas, la saignee la plus prompte est le meilleur remede.
Les autres remedes.que Ton pent faire doivent 6tre regardes comme des arcessoires, que la com­plication, la nature des signes el les autres cir-
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Constances de la maladie peuvent rendre neces-saires; tels sont les purgatifs, dont on doit attendre de bons effets, lorsqu'on aura fait pre-ceder la diete et les saignees. Voyez, ä cet effet, les observations sur la saignee et la diete.
Quoique les principales inflammations internes aient chacune leur article particulicr (1), je ne laisserai pas de placer ici quelques observations generales, qu'on pourra non-seulement leur appliquer, mais encore ä toules celles dont on ignorera le siege.
Tous les visceres, les glandes, les membranes, et principalement le corps cellulaire et graisseux, s'cnflamment tres-aisement.
L'exercice ou le travail excessif, les coups, les chutes, les aliments de mauvaise qualit6, les boissons malsaines, etc., sont les causes les plus frequentes de rinflammation : eile peut laquo;Hre encore excise par les purgatifs, les cor-diaux, et par les planles dcres et aulres dont j'ai parle precedemment.
(1) Oq distingue plusiciirs cspfcces de maladies iaflam-matoires, ä raison du siege qu'elles occupeut: elles formcut ordinairement ce quo les auteurs onl appelö esquinancie, pleuresie, peripneumonie, dyssenlcrie, pissStnent de sang, charbon, etc.
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On peut se rappeler ici ce qua j'ai dit en par-lanl de l'inflammation externe, a Tarlicle du Phlegmon.
Le sang est porte dans toutes les parties du corps par les arteres. Apres plusieurs divisions, les arteres se terminent par des ramifications extrß-mement fines, rcsserablant ä des cheveux, lesquelles, par cette raison, ont ete appeiees extremites capillaires.
Chaque extreraite capiilaire se divise en deux branches; Tune, qui est la continuation de l'ar-tere sanguine, et qui va former le commencement d'une veine sanguine; I'autre est le commen­cement d'une arlere lymphatique. Ces extremites capillaires sont le si6ge de rintlammation, et l'arröt du sang dans ces petils vaisseaux en est la cause. L'arr6t du sang, dans ces dernieres divi­sions, vient de la difficulle que le sang trouve a y passer; et cette difficulte vient, ou du vice du sang ou de celui des vaisseaux, ou de Tun et de I'autre tout ä la fois.
Le vice du sang a pour cause, ou son epaissis-sement, ou son acrimonie, ou sa trop grande quantite, ou sa rarefaction. Lorsque le sang est trop epais, il s'insinue avec peine dans les extre­mites capillaires; il coule lentement, y fait de
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fortes impressions qui excitent des crispations et des resserrements dans les dernräres divisions des alleres en diminuant leur calibre, et obligent le sang de s'arr6ter et de s'accumuler; de lä, l'in-flammation.
S'il y a pl^thore, le sang se porte dans les extre-mites capiilalres en plus grande quantity qu'il ne pent etre repris par les veines; il s'y arr6te, s'y accumule, distend les vaisseaux et produit I'in-flammation.
Lorsqu'il y a rarefaction, c'est-ä-dire que le sang est gonfle, il occupe plus d'espace, distend les vaisseaux , s'accumule dans les exlrcmites capiilaires, et produit les mömes effets que la plethore et l'epaississement.
L'inflammation est presque toujours accompa-gnee de la fievre, qui consiste dans une obstruc­tion des extremites capiilaires.
Le siege des inflammations internes n'est pas aise ä connaitre, si Ton en excepte celies du poumon, du foie et des reins; encore a-t-on souvent de la peine ä prononcer snr ces cas. Mais, pour I'ordinaire, on reconnatt que I'a-nimal est attaquö d'une maladie inflammatoire par la perte de l'appelit, par le battement du pouls, par la pesanteur de la tetc, par la seche-
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resse du mufle et de la bouche, par la respiration quiest gönee, par l'agitation des flancs, par la chaleur et quelquefois le froid des cornes et des estremites, par la fiente qui est durcie et comme en marrons, souvent par la rougeur des yeux et des urines, par la toux, par la fievre, etc.
I/inflammation des parlies internes est plus ou moins dangereuse, suivant les parties qu'elle attaque et l'etendue qu'elle occupe.
L'inflammation inlerne se termine de quatre manieres, ainsi que je l'ai dit ä l'article du Phlegmon.
Les indications curatives de rinflammation se reduisent, en general, a empecher les progres du mal, ä rem^dier ä celui qui est fait, a rendre et conserver la fluidite et la douceur a la ma­ture de 1'engorgement, ou, si 1'on ne pent y parvenir, a la faire retrograder dans les gros vais-seaux (1).
(1) On duit se rappeler qu'il faut s appliqucr ä tächer de distinguer le genre ou la nature de la maladie. Par exemple, rcsquinancie, la pleurdsic, la plaquo;ripneumonie, la dyssenterie, le pisscment de sang, etc., sent des espices do maladies qui sent du genre de l'inüammalion, el qui, par consequent, se trailcut a peu pres de la meine manifere et par la memo na­ture do secours; tandis que les maladies qui sent du genre des phlogoso-gangreneuses, ou dc celui des pnlrides ct ma-limes, etc., en exigent d'une qualitc ct d'uuo vertu diflcrentes.
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Si la resolution est la voie la plus salutaire, on doit faire tons ses efforts pour la procurer. II n'est pas douteux que les saign^es ne puissent la favori-ser et m^me la Mter; mais elies doivent dire failes les trois premiers jours de la maladie, et leur nombre ne doit pas 6tre excessif, pour les raisons que j'ai tlitesaux observations de la saignee.
On mettra I'animal a la diete et aux remedes g^neraux. Lorsque la matifere de l'inflammation reprend les routes de la circulation (ce qu'on con nait par les accidents qui sont diminues au bout de quatre ou cinq jours), on aidera la resolution en faisant avaler a I'animal un breuvage reso­lut! f.
II est bon de dire que lesdelayants.les adoucis-sants et les temperants, tels que les boissons abon-dantes depelit-lait, ou d'eau blancheacidulee on ni-Iree, ainsiqueles lavements,sontles remedes dent on fait usage des le commencement de la maladie, avec le plus de succes.Cependantradminislration de ces remedes simples doit 6tre sage, parce que leur exces pourrait ^teindre celte chalcur neces-saire ä la resolution ou ä la suppuration.
I/onguent-vesicatoire, ou le seton frotte de cet onguent et placö le plus prts qu'il est possible de la partie souffrante, a ete souvent suivi de la ramp;o-quot;•nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 19
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lution la plus heureuse, surlout dans l'inflamma-tion du poumon el de la plevre.
Les fumigations emollientes, ainsi que les fo­mentations sout des secours dont on ne peut at-tendre qne de bons effets, pour ce qui concerne l'exterieur; car, outre leur principalepropriete, qui esl de relächer et, par consequent, d'apaiser les douleurs, ils peuvent encore faire les fonctions de resolutifs et de maturatifs, selon les circon-stances de la maladie.
/%. Maladies du systöme nerveux.
Le Systeme nerveux des b6tes äcornes est moins irritable, moins impressionnable que celui des chevaux ; il est aussi moins frequemment atteint de maladies.
Le vertige (verlige abdominal, indigestion ver-tigineuse, vertigo) est excessivement rare dans l'espece bovine; il en est ä peu prös de rneme du vertige proprement dit (meningite); nous ne nous en oecuperons done pas ici.
L'apoplexie (ou coup de sang) est due ä un 6pan-chement de sang ou de sörosite dans le cerveau, e'est pourquoi on la divise en apoplexie sanguine et en apoplexie sereuse; en outre, suivant que
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I'^panchement est plus ou moins rapide et plus ou moins abondant, on ia dit faible, forle, tres-forte, ou foudroyante. Elle peut avoir pour causes : une insolation prolongee, des coups sur ia t6te, un regime excitant et des aliments indigestes, le se-jour dans des etables trop chaudes et peu venti-lees, l'arr^t brusque de la transpiration, un tra­vail excessif, une transition trop brusque du re-pos et de la ration d'entretien ä une ration plus riche et plus abondante, un collier mal ajusle et comprimant les jugulaires et la trachte, etc. Elle se manifeste soudainement; l'animal tombe a terre presque immobile, moins quelques convul­sions des membres; le flanc bat träs-fort, quoique le pouls soit large et rare, les naseaux sont tres-ouverls; la mort ne tarde pas ä survenir. II faut agir promptement; on traine l'animal ä l'ombre, on lui fait sur la tamp;e'd'abondantes lotions d'eau tres-froide ou des douches d'eau vinaigr^e; on lui fait respirer du vinaigre chaud ; on friclionne vi-goureusement ses membres avec de l'essence de töröbenthine. Lorsqu'on a obtenu un peu d'ame-lioration, on saigne ä la saphöne (plat de la cuisse). La paralysie, qui consiste dans la diminution ou la perle complete de la motilite ou de la sen-sibilite ou de ces deux fonctions h la fois, est lies-
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rare chez les animaux et surtoul chez I'espece bo­vine. Elle peut 6tre generale, quand clle occupe lout le corps; lorsqu'elle atteint les membres ab-dominaux,*on I'appelle paraplegic; lorsqu'elle n'affectequ'une moitiö du corps, eile reg-oit le nom d'hemiplegie. •
B. Maladies dea organes do la respiration ot iilaquo;' la circulation.
Pour 6tre moins nombreuses chez le boeuf que chez le cheval, ces affections n'eu sent pas moins graves.
Le catarrhe nasal, morfondure, enchifr^nement, ou coryza, encore appele casque, consiste dans rinflannmation de la muqueuse nasale ou mem­brane pituitaire; il est presque tonjours occa-sionne par un refroidissement. L'animal atteint ne mange plus et ne ruraine plus; le mufle et la peau deviennent sees; la respiration est bruyante; la muqueuse nasale engorgee prend une leinte violette, se recouvre de chancres et donne ecoule-ment a de la matiere purulente; les yeux se tume-fient et la vue se trouble; les flaues sent retrousses; la demarche devient chancelante et les reins tres-sensibles; ranimal meurt d'ordinaire le cin-quieme jour. Pour combaltre cetle affection, on a
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recours ä de larges et imporlantes saignees, deux de 4 kilogr. chacunepar jour, pendant deux ou trois jours; on applique des s^tons ä rouelle pendant vingt-quatre heures au cou et au fanon et plusieurs trochisques; on fait des injections d'eau de mauve et des fumigations d'eau bouillante dans le nez; on applique sur la t^te tin cataplasme de mauve et de farine de lin, on lave plusieurs fois par jour le mufle et les yeux avec de l'eau de mauve, on ad-ministre tous les jours plusieurs lavements d'eau de son; on a du s^parer 1'animal el le mettre ä la diele. Le mieux, quand il doit survenir, apparait le quatrieme jour. Teile est la medication pro-posee par MM. Cruzel et Laborde et qui parait avoir donne les meilleurs r^sullats. II est impor­tant de noter que cette affection est contagieuse ä un haut degre,
Vangine ou esquinancie (mal de gorge, etran-guillon) consisle dans i'inflammation de la mem­brane muqueuse du larynx (I) ou du pharynx. Elle est partielle ou gönerale, laryngöe ou pha-ryngee, primaire ou secondaire, sporadique ou
(1) Le larynx est la partie sup^rieure de la trachee-artfere ou conduit de l'air; son ouvcrlurc est situce au fond de rarriÄre-bouche. Le pharynx est le conduit qui donne le passage aus aliments dans I'oesophage ou gosier.
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^pizoolique, suivant qu'elle se borne ä une in­flammation du gosier, du larynx, du pharynx, de la Irachee ou de l'oesophage, suivant qu'elle appa-rait seule ou comme Symptome de la gourme, qu'elle est ou non gangreneuse. Elle a pour causes la transition brusque d'une Stable chaude ä un air froid et humide, sous la pluie, dans des pdtu-rages marecageux. Elle attaque de preference les animaux jeunes, vifs et sanguins. Elle debute par la rougeur des parties enflammees, la secheresse de la bouche, une salivation abondante et vis-queuse, la difficulte d'avaler les boissons qui par-fois ressortent par le nez, une fievre generale. Dans I'angine laryng^e, la respiration frequente et penible est accompagnöe de sifflement ou de cornage et d'une toux quinteuse; les naseaux sont fortement dilates et leur muqueuse d'un rouge violacö; l'animal ne peut que difflcilement d^pla-cer la tfete; il y a menace de suffocation ct d'as-phyxie pendant les acchs de toux. L'angine gan­greneuse se denote par de la fatigue, du malaise, une fiövre intense, battement de flancs, difficulte extreme de respireret d'avaler, rougeur des mu-queuses de la bouche et du nez, chaleur des oreilles et tumefaction des yeux. Puis apparais-sent, sur la muqueuse de la bouche, des tachesli-
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vides et des aphthes nombreux; ä celte periode le pouls devient petit et concentrö, les forces de ranimal diminuent, le nez et les membres de-viennent froids, l'air expire devient fetide et l'a-nimal meurt.
Le traitement de l'angine varie suivant sa gra-vite : souvent, un regime doux et un peu de repos sulfisent pour la faire disparaitre; sinon, on em-ploie latliete avec de l'eau blanche miellee tou-jours tenue h la disposition de 1'animal; on ponsse dansl'arriere-bouche, avec nne seringue, des gar-garismes d'eau miellee et vinaigree; on entoure exterieurement la gorge d'une peau de mouton, la laine sur la peau du malade; on donne des fumi­gations ^mollientes; s'il y a fi^vre un peu intense, on donne une ou plusieurs saignees, des lave­ments legerement laxatifs avec le sei d'Epsom, enfln des electuaires adoucissants. S'il ne survient pas d'amelioration, on pent placer un vesicatoire autour de la gorge lorsque la suffocation ne parait point ä redouter; lorsque cet accident devient imminent, il faut avoir recours ä la tracheo-tomie.
L'angine gangreneuse doit se trailer au debut par des saignees abondantes et repet^es; lors-qu'elles n'obliennent pas la guerison, on ne pent
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conserver que peu d'espoif. Nous reparlerons du resle de cctte maladie epizoolique.
La toux consisle dans les expirations violentes, courles, plus ou moins frequontes, plus ou moins sonores, dans lesquclles l'air expire produit, en traversant rapidemenl le larynx et en heurtant les parois des fosses nasales, un bruit particulier d'une ^tendue variable. Tant6l eile est un simple moyen employe par la nature pour expulser les mucosites qui s'amassenl dans les bronches et la trachee-arlfcre, c'est la toux simple; tantöt eile est le syraplöme d'autres affections graves, comme la phthisie, I'angine, etc. Le traitement de la toux simple consisle dans la diete ou la deml-diete avec le son mouillö, l'eau blanche, les breuvages adoucissants, les fumigations emollientes. II est rare qu'on soit oblige de recourir a la saignöe lorsqu'il n'y a qu'une legere phlogose. L'animal atteint de toux doit 6tre attentivement etudie et surveille; outre que cette toux peut 6tre le Symp­tome de la phthisie, eile peut encore 6tre I'avant-coureur de la peripneumonie contagieuse.
La phlhisie luberculeuse ou calcaire (pomme-liere) des bötes ä cornes atteint surtout les vaches laitieros fortement nourries et logics dans des etables trop peu aerees, d'ou elles ne sortent que
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rarement pour aller au pdturage. Elle parait done avoir pour cause un travail excessif impose aux poumons au milieu des circonstances les plus de-favorahlcs h leur exercice. Elle peut 6tre heredi-taire, et plusieurs pensent qu'elle est contagiense par l'haleine et la consommation du lait. Elle d6-bule par une legere toux faible et penible qui se produit de loin en loin; le poll se herisse et la peau devient seche, et souvent la maladie s'arramp;e exterieurement ä ce point pendant plusieurs mois jusqu'a ce qu'une cause determinante vienne de­terminer de nouveaux progres. Alors I'animal tousse plus frequemment, maigrit, cesse de pro-duire presque completement du lait; un pen plus tard, la respiration devient gönee, les mouve-ments sont faibles et lents, la maigreur s'accrott chaque jour, et l'anitnal meurt bientöt de con-somption. On peut suivre, par I'auscultation, les progres de la maladie dans les poumons. A I'au-lopsie, on trouve le poumon plus volumineux que dans I'etat normal, adherent aux plevres, plus ou moins atteint de tubercules ou de kystes, les uns remplis de pus, les autres de concretions calcaires. D^s que la maladie s'est declaree, il est ä peu pies inutile de la combattre, et mieux vaut vendre I'a­nimal pour la boucherie ou I'engraisser si la ma-
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ladie n'est qu'a sa premiere periode. Le mieux est de la prevenir par l'hygiene du grand air, de 1'exercice, d'un regime approprie et d'un loge-ment salubre. C'est chez les nourrisseurs ou lai-tiers des environs des grandes villesqu'elleexerce surtout ses ravages.
La fluxion de poitrine (pneumonic, p^ripneu-monie) consiste dans une inflammation du tissu pulmonaire. Elle a pour causes les arröts de transpiration, les transitions brusques d'une tem­perature chaude ä un air froid, qu'il soit sec ou humide. Elle se manifeste plus souvent en hiver et au printemps que pendant l'etö ou I'autorane. Elle aflfecte tantöt un seul, tantol les deux pou-mons, tantöt seulement un ou plusieurs lobes du m6me poumon. Elle pent fetre aigue ou chronique, et c'est ce dernier caractere qu'elle rev6t ordinai-rement chez le bceuf. Sous la premiere forme, eile est caracterisee par de la tristesse, la dilatation des naseaux, des frissons, I'amplitude et la fre­quence du pouls, l'etendue des mouvements du flanc; puls les muqueuses prennent une teinte rouge; une toux seche et frequente se manifeste; ä l'auscultation on per^oit un räle crepitant: s'il y a resolution, les symptömes morbides disparais-sent successivement; s'il y a induration ou hipa-
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tisation, l'absence de bruit respiratoire persiste, et la percussion de la poitrine donne un bruit mat, le pouls devient petit et serre, la peau reste seche, 1'animal ne se couche pas, les flaues restent irre-guliers, la convalescence est longue. Lorsque les muqueuses pälissent, qu'il y a ecoulement, par les naseaux, d'une matiere gris^lre et infecte, c'esl qu'il y a gangrene, et la mort arrive prompte-ment.
Lapneumonie chronique succede tres-rapide-ment, chez I'espece bovine, a la pneumonic aigue, et se con fond alors avec la phthisic ou pommc-liere.
Le Iraitement dc la pneumonie aigue consiste dans le large emploi des Emissions sanguines des le debut, et tant que Tindiquent la g6nc dc la respi­ration el l'amplitude du pouls; entre-temps, des boissons ^mollientes, des electuaircs adoucissants, la diete severe avec le repos absolu au milieu d'une temperature douce. Si Ton n'obtenait pas de micux sensible, 11 faudrait avoir recours aux fric­tions irrilantes sous la poitrine, aux sötons et aux vesicatoires; on obtienl souvent aussi de bons re-sultats de l'emploi du tartre stibi^ ou du kermes en doses alterantes, pendant le deuxtöme degre dc !a maladie.
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La pneumonie ou peripneumonie gangrineuse est contagieuse et sevit souvent d'une maniere epizootique, ainsi que nous le verrons plus loin.
La pleure'sie est une inflammation de la plfevre, c'est-ä-dire de la membrane qui tapisse la paroi inlerieure de ia poitrine, avec fievre et difficulte de respirer. Gelte maiadie est ordinairement ac-compagnee de degoüt, de tristesse, d'abattement, de sueurs, quelquefois de la toux, de battements de flancs et de la sensibility des cotes; le pouls est dur, la bouche et la langue sont seches; il survient une chaleur considerable par tout le corps.
Les causes de la pleuresie sont 1'engorgement du sang dans les vaisseaux de la plevre et de la poitrine. On pense bien que la plethore, la rare­faction du sang et son epaississement peuvent y dormer lieu; les exercices violents, les coups sur la poitrine, le passage d'un air chaud ä un air tres-froid, les plantcs äcres et les bolssons echauf-fantes, et generalement tout ce qui peut enflam-mer le sang.
La pleuresie, ainsi quela peripneumonie, peut se terminer, par ia resolution, en trois ou quatre jours. La durce de la fievre et des aulres acci­dents, apres ce temps, ne laisse aucun doule
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sur la suppuration on rengorgement squir-reux.
Pour parvenlr ä la voie de la resolution, on aura recours aux saignees, qu'on ramp;terera ä deux heures de distance, suivant les forces de i'animal et la violence de la maladie. On suivra enfin le traitement que j'ai ci-apres prescrit pour la pe-ripneumonie.
Si, au bout de quatre ou cinq jours, les acci­dents ou les symptömes sont diminues, on conti­nue, pendant quelque temps encore, de tenir l'a-nimal ä une demi-diete avec I'eau blanche, et on n'augmenle la ration que prudemment. Si, au contraire, la fievre et les autres accidents subsis-tent jusqu'au septieme ou huitieme jour, il est ä craindre que la pleuresie ne se termine par la sup­puration ou par la gangrene.
La fievre du lau est une reaction febrile qui pent survenir peu de temps apres la parturition; souvent benigne, eile pent neanmoins devenir dangereuse et mortelle. Elle s'attaque particulie-rement aux vaches bien nourries et souraises h la slabulation permanente et pent etrc determinee par un refroidissement; aussi est-ceune indication d'eviler, pour les vaches qui viennent de vßler, les transitions soudaines de temperature et les cou-u.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20
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rants d'air. Les symplömes consistent dans la tristesse, la fievre, les frissons et le tremblement dans les cuisses; le poll devient rude et herissej le pis enfle plus ou moins, en parlie ou en tota-lite; la secretion du lait diminue. Le traitement doit tendre ä stimuler la circulation du sang par des frictions g^nerales, l'elevation de la tempera­ture du corps au moycn de couvertures et I'admi-nistration du breuvage suivant recommande par Mi Kautz : a fleurs de camomille vulgaire, 50 grammes; fleurs d'arnica, 15 grammes; ra-cine de valeriane, 15 grammes; le tout infuse dans un litre d'eau bouillante, puis passe ä travers un linge. On fait avaler ce breuvage chaud, en deux fois, h une heure d'intervalle. L'efficacit6 du remede est augment^e si on ajoute, ä chaque breuvage, du camphre delaye dans un jaune d'oeuf, ou dissous au moyen de quelques gouttes d'alcool. En meme temps on fait, sur le pis, des lotions chaudes avec une infusion de fleurs de su-reau, des onctions avec de l'onguent de laurier ou de populeum, ou avec un faible liniment volatil camphre; enfin des fumigations ömollientes. raquo; (Villeroy, Manuel de l'eleveur de betes ä comes, 4quot; ed., p. 229.)
La/i^we r/tii/afre est encore une raaladie spe-
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ciale aux vaches qui viennent de mettre has. Elle alteint surtoutlesvachessoumises ä la stabulation permanente etabondammentnourries, etpeut^lre determinee par un refroidissement avant ou aprös le part. C'est encore ä M. Kautz que nous aurons recours pour decrire les symplömes et le traite-ment de cette maladie peu etudiee en France. L'af-fection consiste dans une inflammation particu-liere des estomacs et des intestins, souvent aussi de 1'uterus. Elle est accompagne de fievre et com-pliquee d'inflammation partielle avec induration du pis, et de diverses altöralians dans la secretion du lait. Les vaches, au döbut de 1'affection, sont tristes,ne mangent ni ne ruminent plus; elles res-tent constamment couchees, la t6te appuyee sur le flanc ou ötendue sous la mangeoire; alternalives de frissons et de chaleur; parfois elles semblent plongees dans la stupeur, d'autres fois dans 1'irri­tability; laquo; les cornes, les oreilies et le mufle sont froids; la Louche, plus ou moins chaude, laisse couler une have gluante; la peau est chaude, le poil terne et herisse; le pouls est petit, dur et ac-cei^re, 50 ä 60 pulsations ä la minute; la respi­ration est lente et profonde, le ventre tendu, quelquefois gonfle; le rectum et le vagin, plus ou moins tumefies, font saillie au dehors; il y a ordi-
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nairement constipation; les urines sont rares et
de couleiJr foncec; le pis est dnr et enflamm^; le
lait presque supprime et altere. Un peu plus tard,
le corps se couvre d'une sueur froide, la bouche
devient froide, la langue pendanter et la böte
meurt le troisi^me ou le quatrieme jour de la ma.-
ladie, apres quelques convulsions. Quelquefois
aussi, la fievre et rinflammalion sont moins in-
tenses; il n'y a pas de convulsions, et la guerison
est prompte. raquo; Le pronostic ötant toujourstres-in-
certain, il est preferable, le plus souvent, de faire
abattre l'animal pour la boucherie. Si on tenle la
guamp;ison, il faut d^buter par une saign6e a la ju-
gulaire, de 2 ä 4 kilog. de sang, suivant Vage et
l'etat de la böte; puls on donne, de trois en trois
heures, un breuvagecompose de : Sulfate de soudc
60 a 90 grammes, salp6tre 15 grammes, dissous
dans de l'eau chaude, puis ötendus dans une
decoction emolliente, comme graine de lin,
mauve, etc. Ces breuvages sont continues jusqu'ä
ce que la fievre et les symptömes inflammatoires
soient apaisfe. Si la constipation est opiniätre, on
ajoute a chaque breuvage 120 a 200 grammes
d'huile de lin et Von administre des lavements
emollients. On joint a ces moyens des frictions
seches et des couvertures. Si les symptömes per-
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sistent, on renoiivelle la saignee et on administre des breuvages composes de dS ä 30 grammes de salpamp;re, avec 2 ä 4 grammes de camphre pulve­rise et delaye dans un jaune d'oeuf, 4 grammes de sulfure de sodium ou l'oie de soufre, le tout etendu dans un kilog. d'une decoction mucilagi-neuse. On donne ce breuvage toutes ies trois ä quatre heures. Lorsque la maladie passe ä l'etat putride,on emploieavec succes i'acide hydrochlo-rique ä la dose de 50 grammes dans un litre d'eau de son. On continue les lavements et les frictions, les fomentations et onclions sur le pis (Villeroy, Manuel de l'eleveur de betes ä comes, 4deg; ed., p. 226-228.) #9632;
C. Maladies des organcs de la digestion.
Ce genre de maladies n'est ni raoins frequent ni moins grave pciit-6tre dans l'espece du bceuf que dans celle du cheval.
On nomme indigestion tout trouble passager et subit de la digestion caracterise par des symp-tömes variables avec l'espece des animaux, les causes qui I'ont produit. L'indigestion peut avoir pour causes pramp;lisposanlcs : un r6gime insuffisant suivi, sans transition, d'un repas copieux; I'im-
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pression des extremes de temperature, grande chaleur on, froid intense pendant que s'opere I'acte digestif, ou un travail violent aussitöt aprfes le repas, I'ingestion, dans restomac, d'une eau tres-froide, sont autant de circonstances occasion-nelles. Ajoutons que les aliments peuvenl 6tre, par eux-m6mes, plus ou moins digestifs, et que leur mauvaise qualite, I'etat dans lequel ils sont pr^-sentös aus animaux peuvent les rendre indi-gesles; que ceux dont les dents sont malades ou usees, qui ne peuvent completement mastiquer, diviser et broyer les fourrages, y sont plus pro-disposes. Ainsi, les racines donnees en morceaux trop volumineux, les grains non moulus ou non maceres, les grains et les fourrages sees trop r6-cemment rccoltes, les fourrages verts qui ont cm sur un terrain plätre et avec une grande vigueur et qui ont fanö au soleil, peuvent produire des indigestions.
Chez les ruminants, les fourrages ne parvenant dans le veritable estomac, la caillette, qu'apräs avoir subi une seconde mastication, pendant la rumination, les indigestions sont rares. Elles sont caracterisees par la tristesse, la perte de l'appetit, l'arr^t de la rumination, la petilesse et la con­centration du pouls, la rougeur de roeil qui de-
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vient larmoyant, les borborygmes du ventre, le leger met^orisme du rumen, la constipation ou diarrhee rare et fetide, la peau seche, le poil lerne et pique, la söcheresse du mufle, la fratcheur des oreilles et des membres. Le traitement consiste h stimuler les fonctions des muqueuses intestinales et de la peau, ä delayer les matieres accumulees dans les estomacs et ä solliciter leur expulsion. On donne done des breuvages aromatiques, vi-neux ou spiritueux mßles d'un leger purgatif, et ä des doses repetees frequemment; puis des la­vements emollients ou aussi legörement purgatifs; on emploie d'energiques frictions sur tout le corps avec un bouchon de paille, sur les membres avec du vinaigre chaud ou de l'essence de tere-beuthine. On a dCld'abord vider le rectum avecla main, les ongles coupös et le bras enduit d'huüc d'olive, et en extraire tons les excrements qui s'y trouvaient aecumules. 120 grammes de sulfate de soude et 50 grammes de salp^tre constituent le purgalif ä employer, apres qu'on les a fait dis-soudre dans l'eau et melanges ä une decoction de son ou de graine de lin; on donne en plusieurs fois ä trois ou quatre heures de distance; on laisse boire de l'eau tifede et pure ou blanchie ä discre­tion; mais diete complete d'aliments solides.
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Si Ics symptömes paraissent provenir d'une in-flammalion intestinalc, c'est par la saignee et les emollients qu'il faudrait proceder. Maiscelte der-niere maladie est rare aussi chez les ruminants.
Vindigestion gazeuse [tympanile, mäeorisa-tion) est, en somme, la plus frequente et aussi la plus dangereuse. C'est une indigestion aigue, simple, accompagnee d'un grand developpement de gaz dans le rumen. Elle est facile ä reconnaitre au ballonneraent du flanc gauche qui tend rapide-ment ä s'accroitre, rend la respiration difficile, et peut faire mourir l'animal d'asphyxie en pressant ontre mesure les poumons et rendant leur jeu impossible, üfes le d^but, l'animal devient triste, inquiet, grince des dents, et a de frequentes eruc-lalions; puisil ramasse ses membres pluspres du centre de gravite, lamp;ve les jambes posterieures de temps en temps comme ayant des coliques; il voüle les reins; le pouls s'efface, la station devient chancelante; enßn l'animal tombe subitement et meurt en rendant, par la bouche et les naseaux, des matieres alimentaires bouillonnantes. Elle a pour cause l'ingestion de certains fourragesverls, trefle, luzerne, qui ont amp;c un peu s6ches au so-leil, et sont venus sur un sol riebe et apres avoir tie plAlres, ou de certaines planles-racines comme
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les pommes de terre crues, les navets; le seigle vert, les choux, le foin lui-mßme, peuvent me-töoriser sous Tinfluence de causes prödisposantes. Le traitement doit tendre ä neutraliser les gaz qui se sont, dans le rumen, degag^s et se degagent encore de la masse ingör^e et qui fermenle. Les affusions d'eau tres-froide constamment failes sur le flaue, radministration du breuvage d'eau salee, d'eau desavon, de lessive de cendres, condensent ou neutralisent ces gaz. Mais ce qu'on doit re-commander surtout, et ce qu'on pent toujours avoirsouslamain, c'est un breuvage composed'eau pure etde 6äl0grammesd'ammoniaque liquide, ou de 5 ä 6 grammes d'öther, d'heure en heure. On emploie souvent aussi 25 centilitres d'eau-de-viebienmölangöeavec 125 centilitresd'huile. Mais c'est des le ddbut et avant que le ballonnement soil devenu trop intense qu'il faut administrer ces breuvages; plus tard, ils peuvent augmenter la suffocation et determiner l'asphyxie. Dans ce der­nier cas, c'est-ä-dire dans celui oü on n'est prevenu qu'alors que le meleorisme fait redouter pour la vie de l'animal, 11 y a deux moyens ä employer : 1deg; l'introduction, dans le rumen, par l'cesophage, de la sende oesophagienne, long tube en cagut-chouc dont une extremite, celle qui doit penamp;rer
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dans I'estomac, a une forme olivaire ct esl percee de trous nombreux; I'autre, celle qui reste au de-hors, est lerminee par une sorte de pavilion : on place done dans la bouche de l'animal un pas-d'Ane, sorte de Millon qu'on pent remplacer par un billot de bois maintenu en place par une corde qui se rattache aux comes, et on introduit la sonde dont la cavite donne issue aux gaz; 2deg; la ponction du rumen, a l'aide du trocart, ainsi que nous I'avons ddcrite dans le chapitre deuxieme. Mais ce n'est en quelque sorte qu'a la derniere extremite, lorsque la suflocation est devenue im-minente, qu'on doit recourir k ce dernier precede surtout.
La m(Heorisation est parfois produite par un corps etranger qui s'est arr6t6 daus I'oeso-phage, une pomme, un navet, une pomme de terre, uu fragment de betterave, par exemple. 11 faut done s'en assurer d'abord en palpant avec la main lout le trajet de l'oesophage du gosier a son entree dans la poitrine; quand 1'obstruction se trouve dans cette cavitö, on en est reduit aux con­jectures aidees par 1'anxiete que presente la phy-sionomie de l'animal et qui ne parait justifiee par aueun aulre Symptome exterieur; il faut alors ou pousser I'obstacle vers le rumen avec une sonde
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elastique, ou le faire remonter vers le pharynx, ou le diviser en l'^crasant prudemment; pour ces manipulations, on s'aide d'un peu d'huile qu'on verse dans le pharynx, et on essaye de manoeuvrer du dehors 1'obstacle avec la main. Pendant ce temps et si on eprouve des difficultes, il faut en-voyer chercher un veterinaire.
L'accident disparu, M. Sanson conseille, s'ilest l)esoin,pourr^tablirla rumination, de preparerun melange de teinture d'aloes 60 grammes, et de poudre d'ipöcacuana 4 grammes; ce melange, divisö en quatre doses, est administre d'heure en heure, apres agitation, chaque fois dans un litre environ d'infusion aromatique vineuse, vers^dans la bouche coup sur coup, de manifere que le li­quide soit avale ä grandes gorgees et tombe ainsi directement dans la panse. {Nottons usuelles de medecine vetörinaire, p. 40.)
L'indigeslion est souvent acconapagn^e dediar-rhe'e (devoiement, flux de ventre); eile est causee parun regime mal combine, la consommation trop considerable de pommes de terre crues, de Tcuilles de betteraves, de pulpes macerees.etc. On y remedie par un changement de regime, en fai-sant cuire les pommes de terre, en reduisant la proportion de feuilles de betteraves ou de pulpes,
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ou m6me en les supprimant completement pour les remplacer par des fourrages sees. M. Kautz con-seille, quand cette diarrhee est rebelle, de donner 30 ä 50 grammes de poudre de racine degentiane par jour, en deux fois, pendant plusieurs jours de suite, afin de donner du ton ä I'estomac et de sti­muler l'appamp;;it.
Les veaux sont sujets aussi, pendant I'allaite-ment artificiel, ä une diarrhee souvent persis-tanteet grave, ä laquelle on a trouve beaucoup de remedes plus ou moins efficaces. Thaer indique un melange de 30 grammes de rhubarbe et de IS grammes de creme de tarlre, maceres dans de l'eau donton donne une cuilleree trois fois par jour, une heure avantle repas. M. Villeroy em-ploie 60 grammes d'amandes ameres pilees et bouillies dans un demi-litrede lait. Dans la Brie, on se contente d'oeufs crus qu'on fait avaler avec la coquille, ou d'un peu de vin froid coupe d'eau par moitie, un demi-verre. Ces moyens peuvent dire uliles ponr une diarrhee legere. Quand eile persiste, on pent employer les remedes suivants: M. de la Trehonnais indique comme usites dans le Cheshire anglais 2 grammes et demi de rhubarbe, 00 centigrammes de gingembrc, moles a 56 grammes d'huile de ricin. On peut encore mo-
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ler au iait que boit le veau dans son baquet un pen de farine de ble torrefie ou de farine de graine de lin; ou encore donnernn demi-Iitre d'infusion de camomille ou de menthe poivree avec 20 grammes de magnesie ou de rhubarbe. Enfin M. Sanson recommande 60 ä 75 grammes de creme de tartre dissous dans 4 litres d'eau qu'on ednlcore ensuite avec du miel; si la diarrhöe etait accompagnee de coliques, on y ajouterait un centilitre de laudanum.
Par conlre, les veaux peuventfetreatteintsaussi deconstipalion.caract^ris^eparla raretö ou la sup­pression des dejections. Mais cetteaffection neles at-teintguörequ'apres le sevrage etpendantl'ölevage. Nous ne pouvons mieux faire encore que de citer MM. Villeroy et Kaulz, qui se sont specialement occupes des maladies des Mtesä cornea, trop ne­gligees dans les Merits et la pratique de la plu-parl des veterinaires. laquo; La constipation des veaux, laquo; avec gonflement, provient quelquefois, disent-laquo; ils, de ce qu'ils ont el6 pendant longtemps ali-laquo; mentes avec une trop grande proportion de fa-laquo; rine, mais le plus souvent eile a pour cause des laquo; aliments sees, foin ou regain, qui sejournent laquo; dans Teslomac ou dans I'intestin sans pouvoir laquo; elre expulses naturellement au dehors. On la u.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 21
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laquo; gu^rit avec des lavements Emollients, la diele laquo; ou le lait pur pour toute nourriture. Si la con-laquo; stipation persiste,on peut administrer le Sulfate lt;( de soude. raquo; {Manuel de l'eleveur de bSles ä comes, 4e Ed., p. 207.)
Chez ie boeuf, la diarrhee n'est pas rare non plus; eile se traite paries toniqueset les astrin­gents, les decoctions de gentiane, d'ecorce de saule, d'aunee, les infusions de petite cenlaurEe, de camomille ou d'absinthe, ä la dose de 4 ä 6 litres par jour ; les lavements fails de dEcoction d'ecorce de saule, de ch6ne,denoix de galle oude feuilles de noyer dans lesquelles on a jete deux ou trois ikies de pavots. Mais souvent la diarrhEe, chez les animaux adultes, n'est que le Symptome secondairc d'affections aigues ou chroniques.
La dyssenlerie est une maladie qui est accom-pagnee de frequentes envies de fienter, de co-lique, de tenesme, avec de violents efforts, sans aucune dejection, ou avec une matiere glaireuse ct sanglante.
On distingue deux sortes de dyssenlerics : une benigne qui n'est accompagnee d'aucun fächeux accident, et qui est m6me exempte de fievre; l'autre maligne, qui est inseparable de la fievre, el qui peutse communiquer. Dans celte derniere,
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l'animal rend quelquefois le sang tout pur; sa langue devient seche, baveuse et gerc^e; il se forme des aphthes dans sa bouche, il est accablo et a une grande fievre, des coliques, etc. Je parlerai de cetle dyssenterie aux maladies epizoo-tiques.
La dyssenterie ordinaire s'annoncepar un fris­son qui estsuivide chaleur; l'animal paraitressen-tir des coliques dans les inteslins; ses dejections sont glaireuses et melees de sang; quelquefois il survient de la fievre, qui est mfime tres-violente.
Tout ce qui peut irriter vivement les intestins, en excorier les membranes, en enlever le muci­lage qui les couvre, etablit les causes de la dys­senterie; telles sont les plantes acres et amp;hauf-fantes, les boissons de mauvaise quality, les pur-galifs violents, les humeurs bilieuses, acres, cor­rosives, et les matieres purulentes fournies par les abces.
On commencera par faire saigner l'animal, proportionnellement ä ses forces et a la violence delamaladie; et Ton renouvelliera la saignee, si les douleurs, la fievre ou l'etat de la böte sem-blent I'exiger; on lui donnera des lavements adoucissants et mucilagineux, fails avec le son et la graine de lin; on lui donnera un breuvage
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forrn6 d'une decoction d'eau de riz et de gomme arabique, et on le mettra h !a diete et aux remedes generaux, avec des lavements detersifs ä l'eau d'orge miellee. Lorsque les accidents seront diminues, on le purgera avec du sei d'Epsom. Ceux qui sont ä la portee des eaux minörales froides peuvent les substituer aux breuvages ci-dessus, parce qu'elles sont d'une grande efficacit^ centre les dyssenteries rebelles.
On appelle Iranchees ou coliques toute douleur vive qui a son siege dans 1'abdomen et qui se ma­nifeste par lesmouvemenlsdesordonnesdel'animal quienestalteint.Elles se reconnaissent ä cequela bete s'agite, se couche, se rouIe,se releve, piötine, regarde son flaue, etc.; elles sont occasionneespar une irritation plus oumoins vive d'un desorganes abdominaux \ il pent done y avoir des coliques de bien des espfeces, et en effet on distingue les co­liques calculaires (calculs intestinaux ou url-naires) , coliques d'indigestion (Indigestion), co­liques d'etranglement (hernie), coliques inflam-matoires (gastrito, enterite, gastro-enterite), co­liques nephretiques (nephrite), coliques sanguines, rouges ou de miserere (enterite suraigue), coliques vermineuses (entozoaires), etc. Les coliques sont done seulement un symptöme et non une maladie.
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La gastrite est une inflammation de la mu-queuse de l'estomac (de la caillette, chez les ru­minants) fort rare et encore pen definie dans ses symptömes, sa raarche et son traitement.
L'entiriteest 1'inflammation de la muqueuse de l'intestin; eile revßt plusieurs formes ayantcha-cune des syraptömes generaux et particuliers.
L'cn(eW(e ßi'f/Me est difficile ä distinguer de la gastro-enterite par ses symptömes, sa manche et sa terminaison, et se confond presque toujours avec eile.
Venlerüe suraigue, sövissant le plus ordinaire-ment sous la forme enzootique, sera traitee au pa-ragraphe quatrieme.
L'entdrile diarrheique atteint souvent les b^tes au printemps, lorsqu'elles pMurent avidement l'herbe nouvelle; eile se montre parfois subite-ment, et consiste dans 1'expulsion framp;juente d'ex­crements liquides, avec accompagnement de co-liques non constantes; I'appetit diminueoudispa-rait, la fievre se developpe, la soif augmente •, les yeux sont rouges et injectes, la bouchc est chaude et seche; le pouls plein, dur et frequent, les flancs cordes, le ventre retrousse. Elle pent 6tre aigue ou chronique, mais eile est rarement mortelle. Le traitement consiste ä eloigner les causes occasion­al.
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nelles; la diele plus ou raoins complete, la sai-gnee, des aliments rafraichissants cn tres-petite quantile, des brenvages adoucissants el anodins, des lavements de mfone nature, composes avec de l'eau de guimauve ou de son et des tetes de pavots. Quand il y a eu amelioration, on remplace les breu #9632; vages adoucissants par des astringents opiac^s, tels que le suivant : faire une decoction de 60 grammes d'ecorce de chöne dans un litre d'eau, passer dans un linge, y ajouter 7 grammes d'extrait aqueux d'opium et administrer le matin en une fois. On ne remet que graduellement le malade ä son regime accoulume.
L'entente dyssente'rique differe de 1'enteilte diarrheique en ce que les excrements sonl m6les de sang; eile esl due auxmömescauses quecelle-ci, mais sous rinfluencedemiasmesputridesoude longues intemperies. Elle est plus sp^ciale ä l'es-pece bovine et prend le plus souvent les caracteres d'enzootieou d'öpizoolie. L'animal dprouve d'a-bord du malaise et des frissons; il est opiniätre-ment constipe, ou bien il y a legere diarrhee pen­dant queiquesjours seulement; il y a t^nesmes, ou epreintes etcoliques; la rumination et la secre­tion du lait sont arrötees; le pouls est un peu serre ; la langue se recouvre souvent d'uu enduit
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blanchätre; il y a ä la fois degoüt, fievre el soif. L'animal pieline, se couche et se releve ä chaque instant. Un peu plus tard, le rectum se resserre, fait saillie au dehors et se renverse; cessymp-tomes augmentent pendant cinq ä six jours, puls les excrements deviennent fetides et m^les de sang, l'anus s'excorie j les forces diminuent, le flanc se creuse, les yeux se renfoncent, le ventre se gonfle, les extremites se refroidissent, le pouls devienl insensible et l'animal meurt. Letraitement de ceüe maladie est le m6me que celui de l'ente-rite diarrheique.
La gaslro-enlerite consiste dans l'inflammation a la fois de la muqueuse de l'estomac etdecelle des inlestins. Elle peut ßtre produite par des causes tres-variees : le sejour dans des etables ou dans des päturages malsains, une mauvaise alimenta­tion, des travaux excessifs, des refroidissements subits, etc. Elle rev6t plusieurs formes et, suivant sa marche, on l'appelle fievre inflammaloire, bi-lieuse, muqueuse, putride, adynamique, ataxi-que, etc. Quand il y a soifvive, langue rouge aux bords et h la poinle, blanche au centre, salive rare et epaisse, pouls plein et frequent, rougeur des yeux, fievre inflammatoire en un mot, il faut employer les saignees, les lavements emollients,
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les breuvages adoucissants ou acidules, la diete. Quand il y a diarrhee, faiblesse et en tntime temps frequence du pouls.coliques irramp;julieres, soif mo­derne, langue grisAtre et comme limoneuse, ex­crements coiffes, c'est une fifevre mnqueuse; la saignee alors est rarement opportune et doit tou-jours 6tre moderne. II en esl encore de m6me lorsque la maladie revöt la forme adynamiquejon recourt, dans ce cas, auxtoniques amersetaux an-tiseptiques,le quinquina,l'acetated'ammoniaque, des damp;octions de gentiane ou de chicor^e sau­vage; cette forme de la maladie est la plus dange-reuse. Dans la fievre ataxique, il faut employer les vesicaloires aux fesses, les frictions irritantes sur les membres, l'application des quot;refrigerants sur la tfele. Sous toutes ses formes, la gastro-enterite est tellement grave, que, des le debut, il est prudent de confier l'animal aux soins d'un veterinaire.
Les maladies vermineuses du tube digestif sont beaucoup moins frequenteschezle boeuf quechez le cheval et le mouton. Elles sont dues ä la presence de vers intestinaux qui se ddveloppent dans le tube digestif qu'ils irritent plus ou moins vive-ment, mais au point de produire parfois des co-liques, la diarrhee, ou m6me l'^pilepsie; ranimaj pcrd l'app^tit, se frotte souvent le nez ou i'anus;
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ses excrements renferment des debris de ces vers. Le traitement consiste dans l'administration de substances anthelmintiques continuöe pendant un certain temps et aid^e de legers purgatifs; les to-niques aides d'une bonne alimentation doivent succeder ä ceux-ci.
D. JUaladies delaquo; orgauos de secretion.
Les maladies de ce genre sont assez frdquentes dans l'espece bovine.
Vesquinancie interne (parotidite, avives, oreii-lon) consiste dans I'inflammation des glandes sa!i-vaires dites parotides et situöes au-dessous des oreilles entrela mächoire inferieure etla premiere vertebre de rencoiure. Elle atteint surtout les jeunes veaux, et provient d'un refroidissement ou de coups; la glande se gonfle, gsect;ne le mouve ment des mächoires; le veau ne peut ni teter ni manger; la respiration m6me est gönee, la bouche laisse passer une bave visqueuse et abondante; la fievre survient, plus ou moins intense, et il se forme un abcfes, soit dans le tissu m6me de la glande, soit dans les tissus voisins. Le traitement doit commencer par garantir la gorge et la glande du froid au moyen d'une peau d'agneau placke
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la laine en dedans,par nourrir I'animal d'aliments liquides et nourrissants; on enduit le gonflement d'onguent populöum ou de cataplasmes adoucis-sants; s'il y a fievre un pen vive, on saigne et on met a la diete, et on administre des breuvages temperants et des lavements emollients. S'il se forme un abces, on I'ouvre, d^squ'il est parvenu a maturity, avec la plus grande precaution;, pour ne point offenser la glande et ne pas donner lieu a une fistule salivaire.
Le calarrhe vesical (cystite, inflammation de la vessie) est assez rare, mais toujours dangerous. II est du au sejour trop prolonge de I'urine dans la vessie, a i'abus des medicaments diuretiques ou excitants, ä des coups ou a des chocs violents sur la region abdominale, ä des arrßts de Iranspira­tion, etc. II se reconnait aus efforts röpetes que fait en vain l'animal pour uriner; ä I'urine trouble, rougeätre et rare qu'il parvient a expulser aprfes de grands efforts, aux symptomes de coliques qui se manifeslent; la peau est chaude et seche; l'animal regarde ses flaues, s'agite, Irepigne, mais ne se couche pas. Le traitement doit döbuter par des saignöes legeres et repetees, des lavements adoucissants, des breuvages emollients ä la graine de lin, des fumigations d'eau bouillante sous le
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ventre, ['application, sur les reins, d'un sachet contenant du son et de la farine de lin bouillis et qu'on arrose fWquemment avec de l'eau tiöde. Les diuretiques doivent 6lre severement proscrits. Quand le mieux est survenu, on administre des breuvages d'infusions ameres, comme la gentiane, l'absinthe, la sauge, etc.; on donne peu ä man­ger ä la fois, en choisissant des aliments de bonne qualite; exercice modere ou travail leger; fric­tions seches et frequentes sur tout le corps.
La nephrite ou inflammalion des reins (fievre nephretique, colique nephretique) est rare chez les animaux, mais chez les ruminants surtout. Elle reconnait pour causes des plaies penetrantes (Jans la region des reins, des coups sur la region lombaire, de violents efforts, des secousses ener-giques, 1'administration de diuretiques ou d'exci-lants puissants, la presence de calculs dans les glandes rdnales, l'usage de certains aliments acres et astringents, comme le genet, le frone, les arbres resineux, etc. Elle se manifeste par un brusque anßt de la transpiration culanee, par la rarete ou la suppression meme des urines, qui sont claires, mais laissent, par le repos, un abon-dant sediment; l'animal cherche souvent ä uriner; chez les males les testicules se retraclent et re~
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montent dans le scrotum; 1e ventre se ballonne;
il y a diarrhee ou constipation; le pouls est plein
et dur, ou petit et intermittent; la peau est chaude
et souvenl couverte de sueurs, la soif vive. L'in-
flammation peut se terminer de trois fagons : par
resolution, par suppuration ou par gangrene.
Dans ce dernier cas, la mort est imminente. Le
traitemenl consiste ä peu pres uniquement dans
des saignees repetees, la diete avee des boissons
rares, froides et acidulees, des lavements muci-
lagineux, I'application, sur les reins, d'un sachet
emollient frequemment arrose d'une decoction
mucilagineuse tiede. Ouand 1'inflammation est
un pen calmöe, on pent employer quelques vd-
vulsifs, ä l'exclusion, toutefois, des cantharides,
des setons aux fesses, des embrocations d'huile
liede camphree sur les reins, enfin quelques laxa-
tifs benins.
L'hemalurie ou pissement de sang est, le plus ordinairement, le symptöme d'une maladie, comme 1'inflammation des reins ou de la vessie. Cependant il apparalt parfoischez les ruminants, sans qu'on puisse dire qu'il soit consecutif d'une autre lesion; il provient alors d'un travail force, de chaleurs excessivelaquo;; ou bicn du pätunige pre-Uialur^au printemps,de la pointe de Fherbe dans
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les prairies naturelles; ou encore du päturage dans les marais et les bois, ou les animaus brou-tent des pousses d'arbres ou d'arbrisseaux. C'est de la mi-mai h la fin d'aout que se presente cette maladie dont les symptömes sont one Gevre gen^-rale avec alternative de chaleur et de froid et tremblements partiels du corps; diminution de l'nppetit et du lail; respiration courte ; pouls dur etacceiere; bouche chaude etseche; venire bal-lonn6; constipation d'abord, puis souvent diar-rh^e; parfois il apparait, sur diverses parties du corps, des lumeurs soit dures, soil molles; la marche est variable dans sa rapidile, la mort par­fois subite, la gu6iison le plus ordinaire. M. Kautz recommande la medication suivante : le lait caillö administre plusieurs fois par jour a la dose d'en-viron 2 litres chaque fois. Un celebre agro-nome allemand, M. de Weckeiiin, recommande Temploi de la racine de Tormentille. Qnand les symplomes sont tres-inlenses, on doit administrer des breuvages de decoction de graine de lin legfe-rement nitree, appliquer sur les reins un sachet emollient, tenir les animaux ä la chaleur et ä la diele. Quand le mieux reparait, eau blanche el un ] eu de bon foin.
La didyinile ou inflammation des lesiicules esl II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 22
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Irös-rare chez le gros bamp;ail ä cornes; eile peut resulter cependant de coups, contusions, com­pressions, frottements, efforts violents. Les testi-cules sont engorges, chauds et sensibles, la marche penible, les reins roides. Quand rinflam-mation est intense, eile peut gagner les cordons et se propager jusque dans l'abdomen. Elle peut se lerminer par guerison pure et simple, par abets ou par induration du testicule. Les saign^es ge-nerales ou locales (ä la saphene), les cataplasmes adoucissants sur les bourses, le repos absolu, la diülc avec de l'eau blanche legerement nltree, des lavements emollients r^petes frequemment, lel est le traitement le plus efficace. Lorsqu'il y a abees, on l'ouvre; si 1'induration se produit, on la combat par des frictions resolutives et des appli­cations savonnenses.
sect; 3. — MALADIES ENZOOTIQUES ET EPIZOOTIQÜES.
Divisions, causes, mesures de police (1).
Les mnladies epizootiques sont pour les ani-raaux ce que les 6pidemiques sont pour les hommes; elles peuvent olre deflnies des maladies
(1) Nous avons cru devoir conserver ä peu prfcs intact le travail de l'auteur de ce livre, ence qui ceuceme les mala-
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subites, accidentelles, pour I'ordinaire aigues, qui se repandent sur un grand nombre d'animaux ä la fois i^insi, une maladie semblable, qui n'exis-teralt pas d'abord, et qui devient tout a coup gö-nerale sur une espece d'animaux ou sur plusieurs, est ^pizootique.
On peut diviser les maladies epizootiques ou generales en deux classes: en epizootiques simples et en pestilentielies.
Les maladies epizootiques simples ne different des pestilentielies que par degrös; leurs symp-tomes sont en tout moins graves, moins dange-reux, et se terminent le plus souvent par des eva­cuations de matieres sereuses, muqueuses ou san-guinolentes du cöte du nez, de la bouche, des voies de la poitrine ou des inteslins, ou bien par quelque eruption exanthömalique simple.
On appelle pesle ou maladie pestilentielle, en general, toute fievre aigue subite, accompagnee de symplömes graves et tres-dangereux, tres-con-lagieuse, et qui se röpand sur plusieurs sujets en lr5s-peu de temps. Ces series de maladies ont
dies Epizootiques ; il forme, en effet, uu ensemble serieux et assez complet, une elude historique interessante a tous ögards. Aussi nous sommes-nous boruö ä anooter les pas­sages dubitatifs ou qui laisseut i desirer au point de vue des connaissances actuelles.
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presque loujours des mouvements critiques qui se terminent, en trfes-peu de jours, ou par la mort, ou par des suenrs enormes, on par quelqüe eva­cuation de matiere extrfemement pulride ou san-guinolenle, ou par la gangrene manifeste sou-vent par une boursouflure generale ou partielle dans les besliaux, ou par des erysipeles malins et gangreneux, ou par des charbons, des bubons, des puslules ou taches pourpreuses, ou enfin par une eruption de boutons quelconques, pour 1'or­dinaire d'un mauvais caractere; terminaisons qui peuvent servir a 6tablir leurs differentes esp^ces. Voyez leur description et leur traitement, ci-apres.
Si le gönie du v6terinaire pouvait se porter ä deconvrir promptement toutes les causes des ma­ladies, 11 ne serait pas bien difficile d'en terminer les dangers, et de pourvoir ä I'extinction d'un mal qui, par le voile qu'il r^pand sur la nature möme des choses, en derobe jusqu'a la moindre connaissancc. Cependant il n'y a pas jusqu'au plus petit eleve qui ne veuilie rendre raison de tons les phenomenes d'une maladie, I'expliquer a sa maniere, en developper toutes les causes avec le m6me ton d'assurance, la m6me conviction qu'il aurait s'il avait recu la clef de la nature, ou
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si cette bonne mere lui avail confiö son secret; sans savoir que, pour parvenir ä la science des causes, il faudrait commencer d'abord par celie des fails, el qu'au lieu de repeler sans cesse lout ce que les aulres ont dil il faudrait s'assurer une fois si ce qu'ils ont dil est vrai. Que ne dil-on pas, par exemple, au sujel de l'air, qu'on voit loujours rempli de miasmes, d'alomes peslilentiels, for-mant une atmosphere pesliferee, dans laquelle lout ce qui vlt, tout ce qui respire est sans cesse plonge impunement, sans fournir jamais un seul exemple qui prouve qu'une maladie contagieuse s'esl communiquee une fois par celle voie el sans faire la distinction des maux particuliers produits par les vapeurs mephiliques, et ceux qui sont reffet des causes geniales qui les produisent ou des contagions qui les repandent? Aussi I'illuslre Colhenius, medecin du roi de Prusse, dil, en par-lant des causes des maladies, dans un des me-moiresqu'il a donnas, en 1766, ä l'Academie de Berlin, qu'il est essentiel d'avoir auparavant exa­mine, pese, compart, refl^chi loutes les circon-slances qui peuvent donner lieu aux maladies con-tagieuses, el qu'il n'y a qu'un physicien eclairlt;5 el sans pr^juges qui soil en elal de faire quelque bonne observation sur ce point.
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D'aprös une teile lefon, je pense qu'il vant mieux se taire sur les causes qu'on ignore que d'asservir l'opinion publiqueä quelque hypothese, et qu'il vaut encore mieux ignorer la vraie cause d'une maladie que d'en adopter une fausse. Mais il ne font pas perdre de vue l'aveu qu'a fait l'ecole v^rinaire de Paris, sur les veritables causes de la maladie epizootique de 1770, qui furent ignores. Ce qu'elle rapporte ä ce sujet mörite d'ßtre re-marque : En ce qui concerne les causes, dit-on, nous ne nous livrerons pas ä des recherches vaines. Dans une circonstance aussi funeste, il est important de ne pas perdre un temps precieux a systematiser. Que Tepizootie depende ou non de la temperature d'une atmosphere perpetuellement humide et pluvieuse, du sejour des eaux abon-dantesqui ontcroupisur la terre,de 1'interception de la transpiration, etc., ou qu'elle soit due ä l'action particuliere d'un venin inconnu, il nous suffit d'avoir examine les effets, puisque ce sont eux seuls qu'il nousestpermisdesaisiretdecom-battre.
Reduits h recueillir des fails, pour arriver enfin ä quelque conjecture vraisemblable sur l'origine des maladies epizootiques, nous ne pouvons qu'adtoirer la sage retcnue de l'ecole vetcrinaire;
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en effel, on ne peut pas se flatter de connaitre toutcs les causes des maladies, meme les causes qu'on appelle secondes, et qui agissent sur le corps animal d'une maniere directe et immediate.
Dans ces tenebres, examinons ce qu'il y a de plus clair.
C'est dans les 6tres principalement, dit M. Fau­let, dont 1'usage est le plus commun, le plus fa-milier a tous les bestiaux, tels que l'air, les eaux, les herbages, qu'il faut chercher principalement l'origine de la plupart des maladies.
Si Ton examine les effets de Vair, dit ce doc-teur, soit mecaniques, soit physiques, sur le corps animal, on trouve d'abord qu'il peut agir mecani-quement par des mouvements impetueux, et par une impulsion aussi forte que les corps les plus puissants de la nature; mais I'effet qui en resulte ne difFere point de ceux des autres corps qui agis­sent mecaniquement sur nous.
Quant a ses effets physiques, I'air peut agir par son poids, sa chaleur, sa rarefaction extreme, sa secheresse, I'humidite dont il est charge, et dont il penetre les corps, souvent d'une mantere trhs-sensible, surtout les parties faibles, dölicates, qui ont souffert, qui ont cle blessees, etc.; mais la plupart des maux qui en resultent ne sont alors
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que momentanes : tout ^prouve son influence du plas au moins.
Si, dans quelqu'une de ces dispositions ou con­stitutions particulieres, il survient une maladie generate parmi tons les animaux exposes ä son action, comme une toux, un catarrhe, un mal de gorge, une inflammation de poitrine ou quelqne maladie semblable, il semble qu'on ne peut rai-sonnablement raltribuer qn'ä quelque intemperie generate de l'air, qui agit sur tous en m6me temps. Cette idee se fortifie lorsqu'on voit tous les animaux s'en resseulir a la fois; maiscombien a-t-on vu de maladies semblables devenir g6ne-rales?
On n'a peut-6tre jamais observ^ une m6me ma­ladie, ou ses modifications, affecter indistinctement tous les animaux en mßme temps, pas m6me la classe seule et entieredesgros quadrupfedes; elles se hornent ordinairement ä une seule espöce d'a-nimaux, ä un seul canton; et, si elles suivent un cours irr^gulier, detourne, comme cela arrive souvent, n'est-on pas oblige d'avolr recours a une autre origine, ä une autre voie que celle de l'air, a une autre cause particuliöre, ou ä un concours de plusieurs, pour expliquer celle de la maladie rcgnante, sa marche, ses effets m6me lorsqu'elle
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paratt d^pendre, le plus clairem^nt, d'une action immediate de l'air.
Depuis qu'on s'est convaincu que la plupart des causes ne residaient point dans i'atmosphöre; de­puis qu'on les scrute mieux, qu'on las voit agir, qu'on les demontre fixes sur les substances ani-males, v^getales, etc., on commence ä 6tre molns ingrat envers cet element salulaire, et on lui ac-corde la qualile bienfaisante qu'il a toujours eue de servir, lorsqu'il est libra, h l'entretien de la vie de tous les animaux.
A l'exemple des anciens, on doit considerer deux principales qualites ou ^tats dans l'air, dont Texces ou la continuite peut egalement produire des effets dangereux sur le corps des animaux. Ces deux etats sont ceux de steheresse et d'humi-dite.
Nous neconnaissons que deux maladies qui de­pendent clairement de ces deux qualites, et qui porlent en in£me temps l'empreinte sensible de la cause qui les produit: celle qui eslproduite par la secheresse a tous les caractferes d'une violente in­flammation ; eile s'annonce par une fievre ar-dente, l'etincellement des yeux, la samp;heresse du mufle et de la bouche, la duretö et l'embarras du pouls, Taridil^ de la peau, la solidity des excre-
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merits. L'autre,qui estcauseepar rhumidite,pro-duitune surabondance d'humeurs aqueuses, et un relächement de fibres intercepte la transpiration, cause im refoulement, une quantile d'humeurs qui inondent le corps; de lä Tinaction des so­lides, ie defaut de consistance dans les fluides sur­charges de serosites,d'oür^sultentn^cessairement des maladies humorales proprement dites, l'ce-deme, l'bydropisie, soit par epanchement. soit par infiltration; le devoieraent, le flux sanglant; enfin toutes celles qui peuvent dependre de l'hu-midite.
Je ferai observer, et je crois 6tre fonde ä dire, qu'une constitution chaude et humide dans l'air, longtemps continuee, pent donner lieu, en dispo-sant tout h la putrefaction,ä une maladieputride, maligne et gangreneuse.
Ce n'est point dans l'air surtout qu'il faut cher-cher les principes des maladies pestilenHelles, c'est bien plutöt dans les eaux, surtout dans celles qui sont stagnantes et corrompues ; elles sont, pour l'ordinaire, le receptacle d'une infinit^ d'in-sectes, de debris, de plantes, etc., qui seputre-fienf, se corrompent, et ieur communiquent une qualite pernicieuse et malfaisante. Sur vingt exemples de maladies ^pizootiques pestilentielles,
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qui naissent tout ä coup dans un pays sur un grand nombre d'animaux ä la fois, il y en a au moins quinze qui paraissent dependre de l'usage des eaux croupissantes et corrompues; et, depuis Columelle jusqu'ä nous, elles ont ete regardees comme les causes les plus puissantes de ces ma­ladies. Dans cet etat, elles sont capables, par elles-roemes, d'echauffer d'abord le sang (au Heu de I'humecter et de le rafraichir, comme elles de-vraient faire, si elles etaient pures), de lui öter sa consistance naturelle, en le divisant, l'alcalisant; et, s'ilse joint ä leur mauv'aise qualite quelque corps Stranger, quelque principe deletamp;re et mal-faisant dont elles peuvent 6tre chargees, alors leur effetpernicieusparait immanquable; et il en re-sulte ordinairement une maladie du genre des in-flammatoires, ou des putrides, ou des gangre-neuses, selon la nature du corps nuisiblequiaagi avec elles. Gelles qui ont un effet analogue au principe qui les produit, telles que les maladies pulrides et les gangreneuses, paraissent les plus ordinaires dans celte circonstance, et cela est na-turel. Alors tous les animaux qui boivent de ces eaux, lout le betail indistinctement, en sont at-taques. C'est, ditM. Faulet, ce qu'on a observe plu-
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sieurs fois, surtout en 1757, 1738 et 1762, etc., dans diverses parlies de la France et de l'Europe. Le sang, au lieu de recevoir unfluidehumectant, balsamique, se trouve decompose, dissous par ces eaux, s'allume, s'enflamme; et des tumeurs oed6-mateuses, pleines d'une humeur pulride, des in­filtrations sereuses et gangreneuses, sent la suite de leur usage. Lorsqu'un principe metallique, ar­senical, s'y trouve möle, et que cette circonstance se joint ä celle de la fatigue, des tongues courses par un temps chaud, d'un echauffement quel-conque, alors le produit du concours de ces causes est une maladie encore plus grave que la pre­miere, et d'un caraclere gangröneux plus decide. Jusqu'icice genre de maladie, trös-contagienx, et qui fait les progres les plus rapides, ne paraitavoir eu d'autre source que les eaux pernicieuses de la Hongrie. Pour eviter ces dangereux accidents, il n'y a d'autre parti ä prendre qu'ä dessecher les mnrais, ä faciliter recoulementdeseaux,etä n'en donner que de pures et fraiches aux bestiaux, ou du moins ä les faire bouillir ou filtrer ; ce qui est im moyen de les corriger.
II n'y a pas de cause de maladie parmi les bestiaux qui paraisse plus naturelle que celle qui derive d'un principe pernicieux renfermö dans leurs a/imenW;
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les eaux monies ne paraissent pas si puissantes. II y a des bestiaux qui peuvent rester plusieurs jours sans boire; mais il n'y en a point qui puissent vivre, möme un teraps tres-court, sans manger. Gelte fonction, inevitable pour ie soutien de leur vie, est presque continuelle chez les ani-maux ruminants; ou ilsbroutent.ou ilsruminent. On ne doit point 6tre surpris, dit M. Faulet, lorsque, parmi les substances qui leur servent de nourriture, il y en a de viciees, qu'ils en eprou-vent bientot les effets, surtout si l'on fait attention que la voie de la deglutition chez les animaux est presque la seule qui donne entree aux principes de kurs maladies contagieuses. Mais la difficulte de la connaissance des causes ne consiste point dans celiedes moyens par lesquels ces agents per-nicieux penetrent jusqu'ä leurs visceres (la voie de la deglutition suffit pour rendre raison de ce phe-nomüne); c'est bien plutöt la connaissance des substances vraiment nuisibles qui est la plus dif­ficile a acquerir.
Ind^pendamment des corps etrangers, tels qu'une inflnite d'insectes que les vegetaux (ou les plantes) peuvent contenir, iis sonl encore quel-quefois pernicieux pareux-m6mes.
Les prejuges des personnes de la campagne op-ii.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 23
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posent souvent autant de difficulte que les ma­ladies epizootiques elles-mömes en offrent. Plu-sieurs croient fermement que de telles maladies ont pour cause quelque chose de surnaturel; qu'elles sont l'effet d'un sort jete surles animaux; qu'il n'y faut, pour tout remede, qu'un contre-sort et quelques prieres. C'est ainsi que Virgile nous represente les bergers de son temps, tran-quilles sur la maladiede leur troupeau, en negli-ger la guerison, et se contenter d'implorer pieu-sement le secours des dieux :
Dum mcdicas adhibere manus ad vulnera pastor Aboegat, et meliora Deos sedet omina poscens.
Lib. Ill, Georg.
La communication mediate on immediate de l'epizootie, c'est-ä-dire son passage d'un animal a j'autre, se demontre par les fails, par I'observa-tion et par l'epreuve de l'inoculation : pour s'en convaincre, il suffit de meltre dans line etable saine une bete infectee; bienlot toutes celles qni sont dans la meme demeure conlractentla meme maladie, et la communiquent a d'autres a leur tour. C'est ainsi que, parmi les fails les plusau-thenliquement prouves, on trouve, dans les ecri-vains, qu'un boeuf malade, amene de Hongrie, en
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1711, dans le territoire de Padoue, et recu dans une etable du comte Bonomee, infecta tous cenx qui y etaient; que d'autrtss boeufs conduits, en i 745, ä la plaine des Sablons, ä Paris, et, de nou-veau, ä Is-sur-Tille, dans le dache de Bourgogne, eu 1748, etc., infecterent tous ceux avec les-quels ils furent meles.
L'histoire est toule remplie de faits semblables, et ce serait former les yeux äla plus vive lumiere, et vouloir s'aveugler, quo de douler d'une vtS-rite qu'une experience constante confirme tous les jours.
Ce que l'observation nous apprend snrla trans­mission du mal d'un individua l'autre, l'inocula-tion le met en evidence et le confirme. Qu'on prenne une b6te saine, qu'on fasse parvenir dans son corps quelque luimeur sortie d'une böte ma­lade, quelques jours apres la möme maladie se declare dans celle qui etait saine. II est done de-montre qu'elle est contagieuse, communicative; qu'elle se transmet non-seulement, par une com­munication direcle et immediate, d'animal malade ä animal sain, mais encore d'une maniere indi-recteet mediate.
On est parvenu ä transmettre la maladie d'un individu de la m6me espece ä l'autre, en prenant
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de la bile (Tun boeuf malade, ou la bave, ou la morve, ou I'humeur qui coule de ses yeux, ou cells qui sort des boyaux, ou des tumeurs en sup­puration qu'on leurfait avaler, on qu'on a ins^-rees dans des plaies faites ä leur peau.
C'est ainsi quo M. le marquis de Courtivron parvint, en 1748, ä communiquer la maladie ä un veau, au moyen de la bile d'un autre animal infecte, qui en etait mort, qu'il fit avaler au pre­mier dans du lait.Le troisieme jour-, il commenga ä eprouver les symptomes de la maladie, et le hui-tteme il mourut. Cetteseule experience demontre deux v^rit^s importantes a connaitre. La premiere, que la bile d'un animal malade est capable de com­muniquer cette maladie, et la seconde, c'est qu'un autre, de la m^me espece, peut aussi la prendre par la voie de la döglulilion, qui est vraisembla-blement la plus ordinaire, et peut-6(rc la seule pour ces animaux, lorsqu'ii n'y a point de plaie ä la peau.
On lit dans les papiers anglais qu'en 1754, dans une maladie epizootique, on parvint, au moyen de la filasse imbibee de la morve et de I'humeur qui decoulent des naseaux et des yeux, ä la communi­quer ä des boeufs, des vaches et des veaux aux-quels on avait fait- une incision ä la partie ante-
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rieure du cou. La mfime experience fut repet^e, l'annee d'apres, en Hollande, sur dix-sept ani-maux, et la maladie se manifesta egalement au bout de trois jours. 11 resulle done, de ce qu'on vient d'etablir, que, lorsqu'un animal qui n'est pas blesse s'infecte, il avale ordinairement le prineipe de la maladie : les ravages qui se fontre-marquer,principalementdansles premieres voies, viennent ä l'appui de cette verite; et l'exemple de la morve proprement dite, qui se communique de mfrmeparmileschevaux,laconfirme.Toutconcourt done a 6tablir que, lorsqu'un boeuf, dans un temps de contagion semblable, vient ä eprouver les effetsde la maladie,il est plusqueprobable qu'il a avale quelque partie de morve ou de bile,etc., qui etait repandue sur quelqu'une des surfaces ou son mufles'estexerce. Celapose,eten supposantqu'un päturage, un breuvage, les herbes qu'on donne ä manger, une creche, les bords d'une äuge, d'un abreuvoir, im linge, un morceau de bois ou bil­lot qui a servl ä un malade et qu'on met dans la bouche d'un boeuf sain, la main d'une personne qui le frotte, enfin le cuir d'un autreanimal, etc., soient infectes de cesmatieres, oneoneoit aisement avec quelle facilite un boeuf, par son mufle, ses le-vres toujours humides,salbtemobilequ'il pronröue
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cn tous sens, peut 6tre expose ä une infection en avalant un virus ainsi repandn sur les surfaces, seit en se lechant, ce qu'il fait sans cesse, soit en buvant, soit en broutant les herbes, soit en pre-nant son fourrage, etc.; et, s'il y a beaueoup de surfaces infeclees autour de iul, cet effet parait immanquable. Ainsi on ne doitpasamp;xe surpris de la difficult^ qu'on a ä detruire leurs prineipes, iorsqu'ii y a beaueoup de surfaces qui en sont em-preintes.
On peut juger du mal qu'un boeuf malade peut faire, dans certains cas, par celui qui en resulla en 1711. II fut prouve que celui qu'on avait em-mene de Hongrie dans 1c territoire de Padoue causa la perte de plus de quinze cent mille bötes a cornes, en Europe, en moins de trois ans. On est amp;onne des progres qu'une maladie semblable peut faire en si peu de temps; mais on cesse de l'elre, quand on considöre la quantite de surfaces qu'un seul boeuf malade est capable d'infecter en un jour, avec les humeurs qui sortent de son corps, et la facilite avec laquelle ceux qui y sont exposes peuvent contracter le mal en flairant, en lechant, en buvant, enfln en avalant quelques parties de ces ferments conlagieux, dont unatome suffit pour donner la maladie. Sa multiplication
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ä l'infini offre un calcal effrayant a I'imagina-tion.
La maladie epizootique de 1745, qui n'eut peut-6lre pour principe qu'une b6le infeclee, en a fait perir plus de trois millions en moins de dix ans. Uneseule vaclie,emmenee de Flandre en Pi-cardie, en a fait perir plus de six mille; une autre, plus de cinq mille dans l'Ärtois. Un seul cuir ap-poit6 ä Bayonne est pent-etre la cause d'une perte de plus de cinq millions d'ecus. Quels resullats af-freux d' une si petite, d'une si faible cause en appa-rence! 11s n'ensontpasmoinsreels. SiTon demande comment ces cuirs, portes aux tanneries des envi­rons deBayomie, ont pu produiretant d'accidents, onrepondra qu'il est aussi facile qu'un cuir frais, suspect, depose dans un lieu humide, aux envi­rons d'un pMurage ou des demeures de besliaux, puissent infecter les herbes sur lesquelles on le depose, qu'un bceuf malade peutcommuniquer sa maladie ä d'autres par les humeurs qui sortent de son corps.
En 1773, on remarqua, ainsi qu'on I'avait fait en 1714' el 1743, que le chien d'un laboureur du village de Morcourt, silue ä une lieue de Saint-Quentin, en Picardie, suivait sesdomesliques, qui conduisaient des voitures au village de Fonsorame.
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En passant aupres des fermes de Courcelles, ou presque toutes les vaches etasent mortes, mais pas assez profondement enterrees, ce chien fut arr6te par l'odeur de leurs chairs; il les decouvrit, s'en i-epnt, et retourna chez son maitre. Presse par la soif, il but d'un breuvage destine pour les veaux, puis il se vaufra sur le fumier. Quelques jours apres, ces veaux tomberent malades et mou-rurent. La contagion se communiqua aux vaches, qui eurent le meme sort, et gagna blentdt dans tout le reste du village.
Un maquignon qui promenait deux b^tes en mauvais elat, s'etant arrßte pros de la Fere, en Picardie, dans le päturage d'un fermier qui etait absent, elles I'infecterent au point que le fermier cut la douleur de voir perir ses vaches, aprfes avoir pacage au m6me endroit. C'est par des moyens semblables que ces maux contagieux s'etendent d'une province ä l'autre.
On voit, par ces exemples, qu'on ne saurait 6(re trop attentif aux chiens, aux maquignons, et aux marchands de besliaux qui courent d'une ferme ä l'autre, la plupart du temps, avec des bötes suspectes, et qui repandent la maladie.
Je ferai observer encore qu'il faut se mefler dos marochaux, des marcaires, et autres personnes
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qui vont d'une Stable ä l'autre visiter sans atten­tion les aniraaux sains etles malades, qui metlent la main dans lour bouche sans precaution, ou qui les fouillent. Ils portent la contagion partout.
Les personnes qui soignent les malades doivent proscrire les habillements de laine ou de coton, et ne se vötir qu'en toile, afin de pouvoir lessiver les habits, vestes et culottes avant d'en toucher d'autres; elles doivent aussi se laver le visage et les mains avec du vinaigre.
Comme il est plus aise de preserver les besliaux sains qui sont menaces de la contagion que de guerir ceux qui en sont attaquamp;j, rien n'est a ne-gliger dans une maladie epizootique; la plus 16-gere omission, le plus leger retard dans les se-cours ne sont souvent que trop funestes.
Les plus sürs de tons les pr^servalifs contre les maladies contagieuses sont: 1deg; de ne pas laisser sortir les bestiaux des etables jusqu'a la fin de la contagion, et, si Ton a des enclos assez vastes, tels qu'un jardin, ou une cour, ou une grange, on les fera sortir deux ou trois fois le jour pour leur faire prendre l'air. Cette regie doit 6tre scru-puleusemenl observee, lors surtout que I'epizoofle regne dans les villages qui entourent une ferme ou une commune saine.
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2deg; De tenir leurs etables aerees et tr^s-propres, en les nettoyant tous !es jours, en leur donnant chaque fois une bonne et fraiche litiöre. On aura egaleraent le soin de les bouehonner souvent, afin de procurer rexeretion de 1'insensible trans­piration, qui pourrait etre supprimee.
5deg; D'eviter toule communication directe ou indirecte entre les bßtes saines et les malades.
4deg; Les bötes a cornes saines seront nourries au foin et a la paille, mais en moindre quantite qu'ä l'ordinaire : on tamp;cbera de melangerces fouirages avec des feuilles d'oseille, de mauve, de chiendent, et les herbes qu'on mange en salade. On leur don-nera pour boisson l'eau pure, et on leur presen-tera, tous les deux ou trois jours, de l'eau blanche, sur un'seau de laquelle on ajoute 50 grammes de nitre ou de vinaigre, jusqu'ä une agräable aeidite; on leur donnera aussi un peu de sei soir et malin.
5deg; D'emp6cher les etrangers, les voyageurs, les marcaires, et surtout les pretendus guerisseurs qui courent d'un endroit ä l'autre, de venir exa­miner, toucher les bestiaux, sous pretexte de donner quelques speeiflques (1) pour empecher la
(1) Animal preserve ou animal non expose, non altaquö, sont des termes synonymes pour ceux qui prönent des pre-servatifs.
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contagion ; parce qu'il n'y a pas d'autres preser-valifs que les precautions generates ci-dessus, et d'autres specifiques ou remedes curatifs pour les bestiaux qui sont atlaques de Ja maladie, que la diele la plus severe, l'eau acidulee, les breuvages antiputrides et rafraichissants, les lavements emol­lients et antiputrides; les masticatoires, les ster-nutatoires, les frictions, les setons, quelquefois le cautere actuel.
6quot; Lorsque la maladie est declaree, il faut sur-le-champ que le particulier fasse sa declaration au principal officier de police de la ville, ou au mairc de la paroisse oü il reside, des bestiaux ma­lades ou soup^onnes de maladie, et qu'il se con-forme en tout ä l'arrfet du conseil d'Etat du roi, qui est rapporte ci-apres (1).
(1) Code p(?nal, art. 459: Tout detenteur ou gardien d'a-niraauxou de bestiaux soupconnes d'iUre infectcs de mala­dies contagieuscs, qui u'aura pas averti sur-le-champ le maire do la commune oü ils se trouvent, etqm, mÄnic avant que le maire ait ri'pondu h ravertissement, ne les aura pas tenus renfermes, sera puni d'un cmprisoanement de six jours a deux mois et d'uue amende de 10 fr. ä 200 fr.
Art. 460. Serontegalcmcnt punis d'un emprisonnerneat de denx mois ä six mois et d'une amende de 100 francs a 200 francs ceux qui, au mepris des defenses de l'adminis-tration, auront laissö leurs auimsnx ou bestiaux infectcs communiquer avec d'autres.
Art. 461. Si de la communication mentionnce au precedent
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7deg; Aussit6t qu'on s'apercevra que l'animal est malade, on le separera des sains, dans un lieu eloigne le plus qu'on pourra; et alors, au lieu de le tourmenter inutilement par des remWes in­ternes et ^chauffants, pour le garantir de la con­tagion, on lui appliquera un seton, au bas de la nappe ou fanon; on lui donnera des lavements Emollients, avec des boissons abondantes et ra-
article il est rcsulte une contagion parmi les autres ani-maux, ceuxquiauront contrevenu aux dfifensesdcrautorite administrative seront punis d'un emprisonnement de dem ä cinq ans et d'une amende de 100 francs ä 1,000 francs, le tout sans prejudice de l'execution des lois et rfeglcmcnts re-latifs am maladies (5pizootiques et de l'application des peiues y portöos.
Loi des 28septembre, 8 deccmbre 1791, sur la police ru-rale, art. 13 : Les bestiaux morts seront eufouis dans la journee hi piods (1quot;',30) de profoudour par lo propriötaire, et dans son terrain, ou voitures ä l'endroit dfcigne par la municipality, pour y Ätre ^galement enfouis, sous pcine, par le delinquaut, de payer une amende de la valeur d'une journäe de travail, et los frais de transport et d'cnfonis-sement.
Art. 23. Un troupeau atteint de maladie contagieuse, qui sera rencontre au pAturage sur les terres du parcours ou de la vaine päture, autres que celles qui auront 6lc designeos pour lui seul, pourra 4tre saisi par les gardes champÄtres rt m^mc par tonte personne ; il sera ensuite meue au lieu de dßpöt qui sera indiqu^ ä cet effet par la municipality. Le maitre de ce troupeau sera condamn6 ä une amende de la valeur d'une journee de travail par töte de bfite a laine et a une amende triple par Uted'autrebetail.II pourra, en outre,
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fraichissantes de petit-lait ou d'eau adduce, ou enliu une decoction de plantes anliseptiques, ä la dose de 3 litres chaque fois. Les remedes sur lesqnels on doit le plus compter, ä la fin de la ma-ladie, sont le vin, la theriaque, le quinquina et le caraphre. On ne lui donnera pour toute nourri-ture, pendant les trois ou quatre premiers jours, qu'un peu de paille, avec quelques poign^es de feuilles d'oseiile, de mauve, de laitue, de chicoree
suivaat la gravite des circonstauces, fitre respoasable dn dommage que son troupeau aurait occasionne, sans que cette rcsponsabilitä puisse s'^tendre au dela dcslimites de la municipalitc. A plus forte raison, cette amende et cette res-ponsabilite auront lieu, si ce troupeau a (•l(: saisi sur les terres qui ne sout point sujettes au parcours ou ä la vaine päture.
Enfin, l'arrfitiS du 27 messidor an V, applicable seulement eu temps de contagion, et aujourd'hui encore ed vigueur, enjoint, sous peine de 500 francs d'amende, au pro-priutaire ou d^tenteur d'animaui malades ou suspects, d'en avertir sur-le-champ le mairedela commune, et de les tc-nir rigoureusement euferm^s sans les condaire au päturage commun ni aux abreuvoirs publics, sous peine d'une nou-vellc amende de 100 francs. Le mairefait uiarquer d'un fer chaud ä la lettre M tous les animaux de sa commune, qui doivent Ätre saisis et abattus, lorsqu'ils sont saisis sur les chemins, dans les foires et marches. Toute bÄte morte de co.utagion doit 6tre Iransportee et non trainee ä 500 metres au moins de toute habitation et enfouie ä une profondeur de lquot;,Gö au moins avec sa pean lailladee sur le corps, puisre-couvorte avec toute la terre sortie de la fosse.
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et de pommes crues aigrelettes ou sauvages, si toutefois on peut s'en procurer, plulöt pour les amuser que pour les nourrir. Voyez, pour le sur­plus, le traitement des maladies inflammntoires de la premiere espece, ainsi que celui des phlo-goso-gangreneuses, ci-apres.
8deg; On examinera, soigneusement et avec toute l'attention possible, toutes les parties du corps de l'animal, les unes apres les aulres, de la maniere suivante. Lorsqu'on aura remarque le plus leger degoüt, la plus legere tristesse, le relardement de la rumination, on regardera si les yeux ne sont pas larmoyants, si la bouche est affiectee, h Vintü-rieur, de tumeurs ou d'ulceres, ou. si son etat est inflammatoire ou putride; si le lait n'est pas al­lere ; et, en un mot, on reconnaitra s'il n'y a pas quelques symptomes du charbon.
9deg; Si la maladie est interne, on tdchera de re-connaitre, leplus tot possible, si eile est du genre de i'inflammation vraiö ou proprement dite, ou si eile tient du genre de celles qu'on peut appeler carbonculaiers ou charbonneuses, ou enfin de celles que M. Faulet nomme phloyoso-gangre-neuses, des putrides et malignes, etc.; et on les combaüra avec les remedes appropries au genre ou ä la nature de la maladie.
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II faut toujours se rappeler que les maladies peuvent, en general, 6tredivisees en deux classes, savoir: les inflammatoires, provenant d'iin exces de forces vitales, et celles qui, par defaut de vi-gueur dans les parties organisees, sont putrides et gangreneuses.
iOquot; Le marechal, ou celui qui soignera les besliaux malades, ne s'exposera pas ä aller voir ceux qui sont sains, parce qu'il leur porterait la contagion. Le bouchon de paiüe qu'il emploiera pour les bouchonner ne servira qu'une fois et pour la mßme böte; il aura egalement le soin de tenir ses flammes propres, ainsi que ses aulres in­struments, pour le moment de s'en servir; qu'il soit tres-propre sur lui-m6me, et qu'il ne seit v6tu qu'avec des habillements de loile et des bas de fil, afin de les pouvoir lessiver avant d'en tou­cher d'autres.
Quant aux saignees, on n'aura recours ä cette operation qu'apres avoir lu avec attention les ob­servations que j'ai faites ä ce sujet.
11deg; On veillera scrupuleusement sur les per-sonnes qui sont habilleesde laine, et qui viennent d'un endroit ou regne la contagion, afin qu'elles ne rapportent pas la maladie. Qu'on veille egale­ment sur les domestiques, et surtout sur les en-
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fants et les chiens, qui sont presque toujonrs la cause innocente des plus grands ravages en pareil cas, en allant d'une etable ä l'autre.
12deg; Si, apres avoir employö infructueusement les remMes que l'art prescrit, et que les raatieres fecales soient sanguinolentes et puantes, il n'y a plus de ressources, il faut, le plus tot possible, et sans attendre la mort de l'animal, ou qu'il ait tout infectö par ses excrements, le trainer, sur un tombereau, dans une fosse de 3m,30 de pro-fondeur, eloignee des pAturages; et la, apres I'a-voir tue et avoir tailiade sa peau, l'enterrer sous un gros monceau de pierres, d'epines, y jeter beaucoup de semences de chiendent, et Clever lm,50 de terre par-dessus. Ces precautions sont d'autant plus necessaires, qu'on previent non-seulement les effets de la cupidity et de l'avarice de ceux qui ont la tem^rite d'enlever les cuirs, mais encore de les sauver des affections charbon-neuses, etc., le plus souvent mortelles, dont ils ont ete tant de fois afFectes.
#9632;150 On brülera, ä la porte des Stables infectees, le furnier qu'on en retirera chaque jour, afin que les particules contagieuses qu'il renferme ne puissent, en s'etendant au loin, propager la con­tagion. On empörtere les mauvaiscs odeurs en fai-
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sant bouillir du vinaigre dans un vase, sur un re-chaud : on en dirigera encore les vapeurs sous la poitrine, sous le ventre, et dans les naseaux de l'animal. On parfumera les etables avec des plantes aromatiques qu'on y brülera, et on y en-tretiendra des brasiers de feu dans des vases. On desinfectera enfin les auges et tous les ustenslles avec de l'eau bouillante (1).
ARRfiT DU CONSEIL D'ETAT DU ROI
Du 19 JBILLET 1746
ßui indique les prScaulions ä prendre contre la maladie
epidemique sur les bestiaux.
(Eitrait des registres du conscil d'Iitat.)
Le roi etant informe que la maladie epidemique sur les boeufs et sur les vaches, qui depuis quelque temps s'amp;ait ralentie, se fait sentir de nouveau dans quelques provinces du royaume; qu'il y a
(1) L'arret du conseil du 19 juillet 1746, qui, avec celui du 16 juillet 1784, a servi de base ä l'arrÄtö du 27 messidor aa V (15 juillet 1797), nous a paru si bicn redige et contient des precautions si sages, que nous avons cru devoir le traus-crire ici en eulier.
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lieu de penser qu'elle s'y est communiquee, soit parce que des proprietaires de bestiaux, dans la crainte de voir pörir chez eux ceux de leurs bes­tiaux dont l'etat elait suspect, se sont determines ä les donner ä des prix mediocres, el les ont fait conduire, ä cet effet, ä des foires et marches, dans des lieux ou la maladie n'avait point encore penetre, soll parce que ceux qui font le commerce des bestiaux, voulant, par une avidit6 condam-nable, profiter de l'inquietude desdils proprie­taires, ont achete leurs bestiaux a des prix extre-mement bas, et les ont revendus, par preference, ä ceux qui venaienl des cantons non suspects, en les donnant ä des prix inferieurs, ce qui, dans i'un et l'autre cas, a porte ia maladie dans les lieux oü lesdits bestiaux ont et6 conduits; en sorle qu'elle pourrait s'etendre successivement dans les endroits qui, jusqu'ä prösent, en ont ete preser­ves, s'il n'y etait pourvu par des dispositions ca-pables de remamp;ller ä un abus si prejudiciable au bien public et ä l'inter^t de chaque province en particulier; et l'experience ayant fait connaitre que le moycn le plus assure, pour entraver la marche de cette maladie, est d'empöcher toute communication des bestiaux qui en sont attaques avec ceux qui ne le sont pos; comme aussi que les
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bestiaux d'un lieu ou la maladie s'est fait senlir ne soient conduits dans un lieu ou eile n'a point penetre; Sa Majesty, voulant sur ce'expliquer ses intentions, oui le rapport du sieur de Machault, conseiller ordinaire au conseil royal, contröleur general des Gnances; le boi etant en son con­seil, a ordonne et ordonne ce qui suit:
Art. 1quot;. Tous proprietaires de betes h cornes, habitant dans les vilies ou paroisses de la cam-pagne, dont les bestiaux seront malades ou soup-^onnes de maladie, seront tenus d'en avertir, dans le moment, le principal officier de la ville, ou le syndic de la paroisse dans laquelle ils habi-teront, sous peine de 100 livres d'amende, ä l'ef-fet, par ledit officier de police ou ledit syndic, de faire marqner en sa presence lesdits bestiaux ma­lades ou soupgonnes, avec un fer chaud, d'une marque portant la lettre M, et de conslater que lesdites bßtes malades ou soup^onnees de maladie ont ete separees des bestiaux sains, et renfermees dans desendroits d'oü elles ne puissent commu-niquer avec lesdits bestiaux sains de la m6me ville ou paroisse.
Art. 2. Ne pourront lesdits proprietaires, sous quelque pretexte que ce soit, faire conduire dans des päturages ni aux abreuvoirs lesdits bestiaux
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attaqufe ou soupgonnes de la maladie, et seront tenus de les nourrir dans las lieux ou ils auront ete renfermes, sous la m6me peine de 100 livres d'amende.
Art. 3. Les syndics des paroisses dans les-quelles il y aura des bestiaux malades ou soupcon-nes de maladie seront tenus, sous peine de 50 livres d'amende, d'en avertir, dans le jour, le subdelegue du departement, et de lui declarer le nombre des bestiaux qui seront malades ou soup-Connes, et qu'ils auront fait marquer, et les noms des proprietaires. Veut Sa Majeste qu'au dernier cas le tiers des amendes qui seront prononcees eontre lesdits propriötaires, faute de declaration, appartienne h ceux qui auront donne le premier avis.soitau principal officier de police dans les vil-les, soit aux syndics des paroisses delacampagne.
Art. 4. Le subdelegue, conformement aux ordres et instructions qu'il aura re^us du sieur In­tendant de la province, et les officiers de police dans les villes, tiendront la main, nonseulemenl pour emp^cher que les bestiaux malades ou soup-{onnes n'aient aucune communication avec les bestiaux sains de la möme ville ou paroisse, mais encore pour empecher que tous les bestiaux, soit malades, soit soupfonn^s, soit sains, du lieu oü la
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maladieseseramanifestöe, n'aientaucunecommu­nication avec ceux des villes ou paroisses voisines.
Art. 5. Fait Sa Majestölres-expresses inhibitions et defenses, aux habitants des villes ou des pa­roisses de la campagne dans lesquelles la maiadie se sera manifestee, de vendre aucun boeuf, vachc ou veau; et k tous particuliers des autres paroisses on Strangers, d'en acheter, sous peine de 100 livres d'amende, tant contre le vendeur que contre l'acheteur, par chaque t6te de betail vendu ou achete en contravention de la präsente disposi­tion, sans prejudice neanmoins de ce qui sera re­gle par l'article 8, ci-apr^s.
Art. 6. Fait pareillement Sa Majeste defenses a tous particuliers, soit proprietaires de bötes ä cornes ou autres, de conduire aucuns des bestiaux sains ou malades, des villes ou paroisses de la campagne ou la maiadie se sera manifestee, dans aucunes foires ou marches; et ce, sous peine de 500 livres d'amende par chacune contravention, de laquelle amende les proprietaires desdits bes­tiaux, qui pourraient se servir d'etrangers pour les conduire auxdites foires et marches, seront responsables en leur propre et prive nom.
Art. 7. Permet Sa Majestö ä tous particuliers qui rencontreront, soit dans les päturages publics.
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soit aus abreuvoirs, soit sur les grands chemins, soit aus foircs ou marches, des bötes h cornes marquees de la lettre M, de les conduire devant le plus prochain juge royal ou seigneurial, lequel les fera tuer sur-le-champ en sa presence.
Art. 8. Pourront neanmoins les proprietaires des betos ä cornes qui auront des besllaux sains et non soupfonnes de maladie, dans im lieu oü quelques-uns des bestiaux auront ete altaques, vendre lesdils bestiaux sains et non soupgonnes de maladie aux bouchers qui voudront les ache-ter, mais ä la charge qu'ils seront tues dans les vingt-quiitre heures de la vente, sans que lesdits bouchers puisscnt, sous aucun pretexte, les gar­der plus longlemps; ä peine, (ant centre lesdils proprietaires que centre lesdits bouchers, de 200 livres d'amende pour chaque contravention, pour raison de laquelle amende lesdits proprie­taires et lesdits bouchers seront solidaires.
Art. 9. Seront, en outre, tenus lesdits bou­chers qui, dans les lieux oü il y aura des bestiaux malades ou soupgonnes, achfeteront des bestiaux sains, de prendre un certificat des proprietaires desquels ils feront lesdits achats, lequel sera vise de l'officierde police de la ville oudu syndic de la paroisse dans laquelle les achats auront amp;e faits,
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et contiendra le nombre el la designation des bes-liaux qu'ils auront achet^s, et qu'ils n'ont eu au-cun Symptome de maladie, comme aussi de reprc-senter lesdits certificats ä l'officier de police de la ville, ou au syndic de la paroisse dans laquelie ils conduiront lesdits bestiaux, ä l'effet de constater que lesdits besliaux seront tues dans les vingt-quatre beures du jour de l'achat; le tout sous la mßme peine,contre lesdits bouchers,de 200 livres d'amende par chaque contravention, et par chaque töte de b^tail qui n'aurait pas ete tue dans lesdites vingt-quatre heures de l'achat.
Art. 10. Si aucuns desdils bouchers, abusant de la faculte qui leur est accordee par les deux articles precedents, revendaient aucuns desdils bestiaux ä teile personne que ce puisse 6tie, veut Sa Majeste qu'ils soicnt condamnesen 500 livres d'amende par chaque töte de betail, meme qu'il soil precede extraordinairement centre eux, pour apres rinstruetion faile, t;tre prononce teile peine afflictive ou infamante qu'il appartiendra.
Art. 11. Les bouchers qui, pour s'approvision-ner des bestiaux dont ils auraient besoin, cn acheteraient dans les lieux oü la maladie n'aura point encore penelre, seront tenus de prendre un certifieat de l'officier de police de la ville, ou du
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syndic de la paroisse dans laquelle ils feront lern*raquo; achats, lequel certiflcat fera mention de l'etat de la paroisse sur Je fait de ladite maladie, et du nombre et de la designation des bestiaux qu'ils y auront achetes; comme aussi de representer ledit certiflcat ä I'officier de police de lavilie.ou au syn­dic de la paroisse de leur domicile, toutes fois et qiia.ntes qu'ils en seront requis, pour justifler que lesdits bestiaux ont ete achetes dans les lieux sains, et peuvent 6tre conserves sans danger, sous peine de confiscation desdits bestiaux, et de 200 livres d'amende par chaque t6te de b6te a cornes.
Art. 12. Veut et entend pareillement Sa Ma-jesteque tousles particuliers et habitants des villes ou des paroisses de la campagne oü la maladie n'aura point penelre.qui voudrontconduircouen-voyer des bestiaux aux foires et marches, pour y etre vendus, soient tenus, sous peine de confisca­tion de leurs bestiaux, et de 200 livres d'amende par chaque t6le de böte ä cornes, de se munir d'un certificat de I'officier de police de ladile ville ou du syndic de lodite paroisse, vise par le cure ou par un des officiers de justice, lequel certificat fera mention de l'etat de ladite ville ou paroisse sur le fait de la maladie, et contiendra le nombre et la dc-signatiou desdits bestiaux; et sera ledit
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certiflcat repr^sent^ aus officiers de police, si au-cun y a, ou aux syndics des paroisses des lieux ou se tiendront les foires et marches, avant l'exposi-tion desdits bestiaux en vente.
Akt. 13. Fait Sa Majesle tres-cxpresses inhibi­tions etdefensesauxdits officiersde police des villes et aux syndics des lieux et communautes ou les-dites foires et marches se tiendront, de permeltre l'exposition d'aucun desdits bestiaux, sans pramp;da-blement s'etre assures, par la representation des­dits cerliflcats, du lieu d'oü ils viennent, et que la maladie n'y a point penetre; ä peine, contre les syndics des paroisses, de lOOlivres d'amende, et, contre lesdits officiers de police, de destitution de leurs offices.
Art. 14. Si aucuns des officiers de police des villes et des syndics des paroisses de la campagne, dans le cas ou ii leur est enjoint, par le present arr6t, de donner des cerlificals, en donnaient de contraires ä la virile, veut Sa Majeste qu'ils soient condaranes en i ,000 livres d'amende, m6me pour-suivis extraordinairement, pour, apres I'inslruc-tion faite, Hre prononce contre eux teile peine afflictive on infamantequ'il apparliendra.
Art. 13. Veut Sa Majeste que, dans tous les cas ou les amendes prononctes par le present or-quot;•nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 23
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rel seront encourncs, les clelinquants soientcon-traignables par corps au payement desciites nmendes, el qu'ils ticnnent prison jusqu'au parfait payement d'icelles.
Art. 16. Lesdites nmendes seront remises au grcffier de police pour les villes, et au greffler de subdelegations dans chaque departement pour les pnroisses de la campagne, pour elre distribuees, savoir, un tiers en conformite et dans le casporlö par l'aiiicle 5 du present arret, et le surplus ainsi qu'il sera oidonnc par Sa Majeste. sur l'avis du sieur lieutenant general de police de la ville de Paris, et des sieurs inlcndanls dans les provinces. Enjoint Sa Majeslö au sieur lieutenant general de policeä Paris, etauxsieursinlendants et commis-saires deparlis dans les provinces, detenir la main a rexeculion du present arret, qui seralu, publie et affiche partout oü besoin sera, ä ce que per­sonne n'cn ignore; et execute nonobsfant opposi­tion on autres emptichemenls quelconques, pour lesquels ne scra dilTere, et dont, si aueuns infer-viennent, Sa Majeste se reserve et ä son conseil la connaissance, icelleinterdisant ä toutes ses cours et autres juges.
Fait au conseil d'Etat du roi, Sa Majeste y elanf;
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tenu ä Versailles le dix-neuvicme jour de juillet mil sept cent quarante-six.
Signe Phelypkaux.
Je ferai observer ici qu'on plaga des cordons de troupes, pour empöcher la communication desbßtes saines avec les malades. M. de la Galaisiere, Inten­dant en Lorraine, fut un de ceux qui apporterent le plus de vigilance a cet arrßt. Les b^tes saines, cn Lorraine, furent preservees d'une maniere qui semblait tenir du miracle. Raon-l'Etape, peilte ville de Lorraine, instruite que la contagion la me-nafait du cöte de 1'Alsace, 6tablit de son chef deux corps de garde, l'un sur la riviere, I'aulre sur la grande route d'Alsace, avec ordre de ne laisser passer aucun cuir,aucune böleä cornes. Cet ordre fut execute a la rigueur, et celte vilieconserva ses bestiaux.
Avant d'enlrer dans le detail de ces maladies, j'ai cru devoir faire ici une distinclion tres-impor-tante de deux sortes d'inflammation, dont Tune est causee par un cmbarras, un arr6tdhumeurs, un veritable engorgement inflammatoire dans les vaisseaux, avecdouleur fixe.gontlement phlegmo-neux h la partie, durete dans le pouls si les parlies
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membraneuscs sont offensees, plenitude scule-nicnt, si ce sont les parenchymes ou substances des visceres, sans un abattement trop considerable de forces; et l'aulre espece, qui marche sans les conditions susdites, qui se manifeste, ä la virile, par une phlogose ou inflammation qui degenere bienlöt en un ctat gangreneux, ou resolution pu-tride, mais dans laquelle le pouls n'a jamais ni la plenitude, ni la force, ni la durele de celle du cas precedent, et oü l'abattement des forces et l'acca-blement sont marques; ce qui indique plulöt la necessite des cordiaux antiputrides que celle des siiignees, qui, bien loin d'ßtre avantageuses, sont mortelles dans les inflammations gangre-ncuses.
Les observations d'Huxham(l) sur le traitement d'une esquinancie gangreneuse sur les hommes ont donnc lieu ä cetle distinction ; cet auteur a sn diviser les maladies pestilentielles surtout en deux classes, en inflammatoires vraies, c'est-ä-dire de-pendantes d'un engorgement marque dans les vaisseaux, joint ä un exces de forces vitales, et en putrides ou gangreneuses, dans lesquelles on re-marque, au lieu de cet execs de forces, un defaut
(I) Yoycz surtout la disscrlaliou sur les maux dc gorge gaugrcucux, par Itasham, traduite dc I'augluis,
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devigueur dans toutesles parties organiques, joint ä une depravation alcaline ou putridedans les hu-meurs. Cette distinction est d'autant plus neces-saire, que les maladies de la premiere classe exigent des secoursd'un genre tout oppose ä ceux pour la seconde, et qui peuvent möme devenir tr^s-nuisibles dans ce cas (1).
Les maladies comprises sous le premier genre des aigues(2),ou les inflammatoires decidees avec un caractere epizootique surtout, se dis-tinguent facilement des autres par la facilite qu'elles ont de devenir generales ; par le sang qu'on tire aux animaux, qui est rouge, ecumenx ou couenneux ; par l'ardeur de la flevre qui les accompagne constamment et sensiblement; par les urines, qui sont ordinairement tres-rouges ou sanglantes, ou par leur suppression totale, lorsque 1c siege du mal est a I'interieur; par la soif, qui
(1)nbsp; Toutcs les especes comprises sous le memo genre se corabaltenl ä peu präs de la m6me mauifere et par la mfime nature de secours, tandis que chaque geure cu exige d'uue qualite et d'une vertu differeutes.
(2)nbsp; M. Paulet nous fait observer, dans sou Resume gene­ral, que les maladies aigues des bfitcs a comes peuveut filre comprises sous trois principaux genres, dout le premier con-tieut les maladies inßammaloires propremeut diles, le second celles qu'on peut appeler carbonculaires, ct le troi-sicme ccilcs qu'il uouime phlogoso-gangreneuscs,
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est quelquefois inextinguible ; par la chaleur, la lumeur ou la tension phlegmoneuse, et lasensibi-lite de la partie affectee ; par la rupture des vais-seaux ou leur engorgement, par la plenitude, par le ressetrement ou la concentration du pouls avec duret6, dans presque tous les cas, ou bien par quelque evacuation sanguinolente ; par la courte duree de la maladie, dont la violence ne s'^fend Jamals au delä de quinze jours; par les circon-stances, les causes qui on^ precede ; par la facilile qu'on a souvent de ia guerir; enfin par le defaut de prostration gdnerale de forces vitales et muscu-laires ; ce qui forme un signe caraetcristique tranchant, qui ne permet pas de confondre ces maladies avec les autres, surlout avec les maladies gangreneuses proprement diles, quoique les in-flammatoires puissent se terminer par un etal gangreneux. Elles ^ont ordinairement produiles par la presence de quelque corps irritant, tres-äcre, qui enflamrae les parlies internes ou externes. On ne les combat avantageusement qu'au commencement, par les saignees, la diete, les breuvages adoucissants et mucilagineux, les boissons abondantes de petit-lait ou d'eau vinai-gree, les lavements emollients et rafraichissants, les setons, les masticatoires, et quelquefois les fu-
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migalions, les lotions emollicntes, elc. Lorsqucla coclion ou la digestion des hnmeurs est faite , on peut evacuer l'animal sur la (In de la maladie.
PREMIERE ESPECE. !•raquo; gcnrc. — Slaladics inflammatoiros aignelaquo;.
Fievre inßammatoire aigue (1746).
Ens (1) a donne la description d'une maladie epizootique, observee ä Halborsladt, dans la basse Saxe (2). La dissertation qu'il en a donnee est
(1)nbsp; Abraham Ens, Mcd. disquisitio anatomico-palhologica de morbo bourn. Halberlsladt, 174G, in-4.
(2)nbsp; Cctte öpizoolie, nee eh 1745, si5vit surtout cn 1746, cn France, en Hollaude, en Allcmagne, en Pologne, en Angle-terre,en Dänemark, etc.; eile ne disparul cnlifercincnt d'An-gleterre et de Hollande que dix ans aprts. Elle a surlont ct(;
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etudice et dficrite cu France par Sauvages et Raodot, en Hol­lande par Leclerc, en Allemagnc par Ens. On peusc qu'elle prit uaissance en BoliAine, pendant le siege de Prague, et se repandit de la, d'un cöte en Hongrie, en Baviöre, en Styric, cn Cariuthie, en Tyrol, en Italic, puis en Provence par les Alpes; de l'autre, en Luxembourg, en Alsace, en Franchc-Comte, en Lorraine, en Hollande, en Flandre et en Picardie. En Angleterre seulemcnt, de 1745 a 1750, celtc pcsle rulova 160,000 t6tes au moins, oulre 80,000 qu'on abattit par mc-sure de precaution. On presume avec foademcut que e'etait nn typhus charboimeui.
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d'autant plus Intciessanle, qu'elle ofFre des con-naissaiices sur les causes capables de produire ces sortes de maux, et un Iraitement fonde sur les plus saines lois de la pratique.
La maladie se manifestait d'aboid par une tievre aigue, marquee par un pouls dur, une chaleur ar-dente, une soif excessive; I'haleine etait puante, les urines enflammees et en petite quanlile, le sang couenneux, les naseaux morveux, et tout lo corps agitc, la marche chancelantc, les mcmbres vacillauts. L'animal portait la töte basse, mugis-sait souvent; la secretion du lait etait supprimee dans les vaches; on voyait mourir ces animaux tranquillement, le troisieme, le quatrieme, le cinquieme ou le sixiemc jour de la maladie ; quelques-uns au bout de deux ou trois semaines. Un petit nombrc cprouva la dyssenterie ou flux sanglant.
Ens parait avoir ctabli le pronostic, oules signes de la maladie, principalcment sur la nature des excretions intestinales. Si Tevacualion des excre­ments, qui diminuaittoujours au commencement, se rclablissait ensuite tout ä fait, tons les symp-tömes cessaient en trcs-peu de temps; mais la dyssenterie futtoujours mortelle lorsqu'elleparut. On rcmarqua quo tous les bceufs qui furent atta-
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ques etuieut gras, bien porlants, vigoureux,et que les maigres et faibles n'en furcnt.point du tout atteints, quoique les uns et les autres vecussent dans les rm'mes päturages.
L'ouverture de douze boeufs qui en etaient morts prouva que c'etait une maladle inflamma-toire, dans laquelle les premieres voies etaient principalement attaquees. On leur trouva ä tous l'^piploon (c'est-ä-dire la membrane graisseuse qu'on appelle coijfe) enflamme, la pause et le bon­net rempiis d'aliments un peu humectes; le troi-sieme eslomac ou feuillet plus enflamm^ et plus dislendu que les deux premiers; les feuillets noirs et sphaceles, entre lesquels etaient des matieres dures et dessechees; le quatrräme estomac, ou la caillette, vide, contracte et resserre ; les boyaux dans le intime etat; le rectum, ou l'intestin qui r^pond au fondement, contenait, dans quelques cadavres, un mucus teint de sang ; en gene­ral, tous les visceres qui touchent aux intestins parlicipaient ä leur inflammation, particuliere-ment la vesicule du fiel. Les visceres de la poi-trine n'etaient point allerös; dans le cerveau, il y avait quelques vaisseaux engorges; les yeux etaient enflammes , et la queue etait morte; car, aussitöt qu'on avait 6te la peau qui la re-
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couvrait, eile se divisait en plusieurs portions.
Dans la recherche des causes de cette maladie, on fait remarquer que ies pälurages avaient ete arrosamp;i, durant le mois d'aoüt, d'une grande quanlite d'eaux de pluie lombees des montagnes voisineset chargees d'unlimon quiavaitcorrompu Ies plantes ; d'ailleurs, ces päturages contenaient beaucoup de plantes veneneuses, comme le col-chique, l'ivraie, la eigne, la pomme epineuse, la jusquiame, la viorne, diverses especes de renon-cuies, l'herbe-aux-gueux, etc. Dans le mois de septembre, il survint tout ä coup une forte gelee, aecompagnee d'une rosöe quiproduisitune rouille generaie sur Ies plantes. Les besliaux qui avaient passe toute la nuit dans leurs etables allaient, tout echauffes et presque en sueur, manger ces plantes veneneuses, qui vraisemblablement furent leprin-cipe de l'epidemie, qui consistait en une fievre inflammatoire tres-aigue.
C'est avec raison quece praticien s'eieve centre l'usage dangereux, et maiheureusement trop com-mun, des remedes echauffants; centre tous ces elixirs, ces baumes, ces poudres, ces opiats qu'on dislribue tons les jours dans Ies campagnes, pour garanlir ou guerir les bestiaux de la peste, qui out tous pour base des substances chaudes, aroma-
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llques, tandis que, dans le plus grand nombre de maladies epizootiques, il faudrait s'alfacher plulöt aus remedes mucilagineux,, aux rafraichissants, aus acides, qu'aiu remedes echauiftints, capables de produire les plus grands mau\ et d'aggraver celui qni existe.
Ens veut qu'on commence d'abord par une saignee, jusqu'ä faire tomber l'animal de fai-blesse; ensuite il interdit tout aliment pendant quelques jours, recommande les boissons abon-dantes de petit-lait, l'eau acidulee, l'eau blanche miellee et nitr^e; les fomentations et les cata-plasmes emollients, les setons; le cautere actuel aux cuisses, a la croupe, pour faire derivation des humeurs; les lavements adoucissants et mucilagi­neux, et un ou deux purgatifs avec le sene et la creme de tartre, dans une decoction de racine d'altheea. II prescrit encore les lotions de tout le corps avec de l'eau chaude un peu vinaigree,avec la precaution de ne pas la laisser refroidir; le re-nouvellementet la purification de I'airdesetables; les parfums avec le vinaigre en evaporation.
Dans la convalescence, il conseillc de leur donner pour nourrilure du chiendent frais ou du tres-bon foin, du lait ecreme avec un peu de pain, defarineou dc son, et pour boisson de l'eau pure.
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8Ö0nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MANUEL
Les secours preservatifs sont la saignee, les purgalifs doux, une eau pure, le soin de tenir chaudement. II recommande, d'ailleurs, d'öloi-gner les bßtes saines de celles qui sont infectöes; de tenir leurs ^curies trös-propres; de brüler le furnier, le foin et tous les aliments qui ont (He presents aux malade*; d'empßcher l'approche de toules sortes d'animaux qui peuvent avoir touche les vaches ou les boeufs malades; d'obliger les marechaux et les bouviers, avant d'entrer dans les ötables et apres, de changer d'habits, de se laver les mains et le visage avec du vinaigre, de porler un vetement de toileciree; de fie plus condnire les besliaux aux pAlurages et aus abreuvoirs communs; de ne laisser passer d'un bourg ä l'autre aucune vache, sans un cerlificat bien aulhentique de sanl^, etc.
Autre fievre inflammaloire.
quot;Au printemps de 1741, il y eut une mortalilü parmi le betail d'un canton de la Marche de Brandebourg. C'tHait une flevre inflammatoire avec des douleurs, des crampes et des signes sen­sibles d'inflammation au bas-ventre, accompagnee de constipation et d'un flux copieux d'urine
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ötr BouviEB.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;301
^paisse, fouge, Ou d'un brun fort noirAtre. Le betail qu'on envoyait ä la prairie etait subitement attaquö, et le mal faisait !es progres les plus ra­pides,' en sorte que les bceufs et les vaches ma­lades mouraient le six, le sept ou le huitieme jour. Cette fievre fnt caract^risee de fievre inflamma-toire avec pissement de sang, hcBmaluria bovi-lium. On remarquaitque, lorsque Turine devenait d'un rouge noir, c'etait un signe mortel.
M. Gleditsch, de rAcademie de Berlin, d'un mörite distinguö parmi les medecihs et les bota-nistes, charge, par ordre du roi de Prusse, de faire des recherches sur les causes de cette mor-talite, setransporta surleslieux, et voici quel fut le resultat de ses observations :
II trouva que le Mtail, ä cause de la rarete du päturage dans ce printemps, avait copieusement broute les plus tendres rejetons des plantes, et, entre autres, celles qui se trouvaient sur les col-lines et dans les endroifs les plus exposes a la chaleur, telles que celles des haies, etc. II remar-qua que, parmi ces plantes, il y en avait d'äcres et d'ameres qui appartenaient au genre des ane­mones, surtout la pulsatille (puhalilla flore minore nigricanle, C. B.; anemone pulsatilla, Lin,), qu'on appelle encore, en France, coque- #9632; ii.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;26
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lourde, dont la fleur est d'un bleu ponrpre, et quelquefois d'un violet clair, et d'autres fois d'un blanc de lait, tres commune en Allemagne, dans les parlies meridionales de la France, etc. Cette espece d'anemone est aussi dangereuse pour le belail que les renoncules des bois, designees par Clusius sous le nom de ranunculus sylvamm. C. Bauhin les a designees sous le nom d'anemone nemorosa flore majore; et Linnajus sous le möme nom, anemone nemorosa. Elles fleurissent au printemps, etpassent tres-vite; on nelesvoit que trois mois de l'annee. Ces especes d'anemones ou renoncules sont ordinairement cachees dans les buissons : leur tige est petite, et ne portejamais qu'une fleur blanche, ou pourpre, ou ecarlate ; et trois feuilles, ordinairement tres-decoupees, sonl placees au milieu de la tige. Leurs racines sont fortes, tortueuses, horizontales et comme ram-pantes.
M. Gledilsch fait aussi observer qu'il yavait encore une troisieme espece de renoncules, que Linnaeus nomme anemones ranuncvloides, parmi les plantes dont on vient de parier, et que c'est ä leur usage principalement qu'on doit attribuer la cause de cette mortalile.
Si Ton compare les circonstances de l'^pizootia
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DU B01JV1ER.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 303
observ^e par Ens en 1746 h Halberstadt, et les causes qui lui donnerent Heu, avec celle-ci, on trouve beaucoup de conformite entre elles, tant par rapport au caractere de la maladie qu'aux causes qui les ont produites; et il est vraisem-blable qu'elles n'en eurent pas d'autre que les principcs pernicieux fournis par quelques-unes des plantes äcres et caustiques dent on vient de parier, toujours dangereuses. On sait que les boeufs ne les broutent que par rnegarde et faute d'autres; mais, lorsqu'ilsenontavale, les accidents ne tardent pas ä se devoilcr par les signes dont on a parl6.
Quant aux remedes, M. Gleditsch fait observer que les forts astringents, ainsi que les eaux fer-rugineuses qu'on donnait ä ces animaux, ne ser-vaient qu'ä aggraver le mal; et, en effet, c'etait bien plutötlecasd'employer lesboissonsacidulees etl'eau blanche nitramp;e. Les breuvages et les lave­ments mucilagineux, faitsavecracine deguimauve et graine de lin, de chaque 15 grammes, pour chaque litre de decoction; les breuvages temp^ rants; la saignee, surtout au commencement de la maladie; et, enfin, tous les remedes qui sont presents plus haut par M. Ens (1).
(1) Voyez iWe'moircs dlaquo; l'Academie de Berlin, aimce 1759.
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Pteuresie ou fausse pe'ripneumonie (1).
En 4769, une maladie ^pizootique se d6clara en France, dans le Hainaut et la Champagne, sur les chevaux et sur les bötes ä cornes. Cette mala­die est connue en Franche-Comte sous le nom de murie, qui sert au peuple de cette province ä es-primer la plupart des maladies pestilentielles des bestiaux accompagnöes de toux, etc.
La toux, une fievre sensible et l'oppression sont les premiers symptomes qui se presentent; ils augmentent ä mesure que le mal fait des pro-gres. Le degoüt survient, la rumination cesse dans les animaux ruminants, l'haleine a une odeur desagreable (ce qui annonce presque tou-jours dans tous une suppuration d'un mauvais caractere, dans la poitrine ou dans l'arrierc-bouche); la bouche, la langue, les orifices des naseaux sont presque toujours dans un etat de secheresse, surtout au commencement de la ma-
(i) Ea 1769-1770, la päripneuniouie gangrcncuse attaqua äpizootiquementdans diverses coutrces dcla France, notam-uieut en Champagne, les chevaux, eteu Franche-Coml^, eu Hainaut et en Champagne, les Lotes ä cornes. Elle fut etu-di(ie par Bcauvais, Falconnet, Blausard, et surtout Girard pire. Elle fit de grands ravages, mais cdda promptemeut aun mcsures de preservation iudiquees par Girard.
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ladie ; quelquefois il se fait un ecouleraent, par les naseaux, de malieres plus ou moins öpaisses et plus ou moins blancMlres.
L'abattement, la faiblesse, une grande difficul­ty de respirer, une loux continuelle, la rougeur des yeux, la secheresse de la langue, le rälement, la puanteur de l'haleine, sont des symplömes mortels, comme l'absence de ces. mömes symp-tömes donne lieu d'espererla guerison, surtout si l'animal respire avec facilite.
L'ouverture des cadavres fait observer, dans les poumons, de l'engorgement, de la lividite, des ecchymoses, des pustules ulcereuses, des taches gangreneuses, qui en couvrent la surface; des croütes comme gelalineuses de diverses couleurs, qui y tiennenl legörement. On y remarque des abces, des infiltrations purulentes qui ont delabre l'interieur des lobes, et quelquefois une seule portion; leur adherence ä la plevre, enflammce, qui quelquefois parait plus epaisse, suppuree ou gangrenee ; des epanchements considerables d'une eau roussdtre, putride, ecumeuse, et assez souvent de sanie, de pus, etc.
On croit que les variations de l'atmosphere, les pluies froides et abondanles, auxquelles les ani-maux se trouvent souvent exposes, le passage su-
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bit d'une etable chaude h un air froid, ou ä ces mfemes plules, etc., sonl les causes les plus ordi-naires decette maladie,
Comme lout annonceune fievre aigue, inflam-matoire, c'est-a-dire une pleuresie ou une fausse peripneumonie maligne, cette maladie demande les secours les plus prompts (1). II est de la plus grande importance de saigner au cou les ani-maux, du premier moment qu'ils en sont at-teinls; de röpeler la saignee le second et le troisieme jour, s'il en est besoin. (On en connait la necessite ä l'inspection du sang couenneux, qui forme un coagulum tres-fort; car celui qui ne se coagule point, qui demeure, an contraire, delie et fluide apres la saignee, indique rinutilit^ d'une pareille operation.)
On donne, de deux heures en deux heures, des lavements emollients acidules; on met les ani-maux malades a la diete, el on ne leur donne, pour lout aliment solide, que la farine de fro-ment, m6lee avec du miel, donl on forme une
(1) Ou comprend bicn que ces traitements indiques par le primilif auteur, M. Robiuet, nlaquo; sent reproduils ici, eo qupique sorlc, qu'ä litre de rcnsfiguemenl hiitorique. Nous indiquerons plus loin la m^dicaliou propre, de nos jours et d'aprfes les progrfes de la science vetdrinairc, au typhus charbonncux et ä la pdripneumoioe gangrlt;5Deu8e.
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DO BOUVIER.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 307
esp^ce d'opiat qu'on leur met sur la langue avec une spatule, ou on en forme des pilules nulrilives qu'on leur jette dans la bouche d'une main, tan-dis qu'on tienl la langue a cöte et hors de la bouche de l'autre main. ApresTadministration do cliaque pilule, on lache la langue; et on fait en-suite avaler ä l'animal une cornee d'eau blanche. . La boisson ordinaire est I'eau blanche miellee; et, lorsque la toux est violente et qu'on peut se procurer des flours de coquelicot et de violette, on en fait infuser deux poignees de chaque dans 3 litres d'eau bouillante, pendant une heure, et, apres l'avoir passee, on ajoute a cette infusion bechique 90 grammes de miel, qu'on donne tiede en une dose.
On met en usage les fumigations emollientes. Deux jours apres, si la toux est opinialre et qu'elle soit trop repetee, on fera avaler ä l'animal, outre les remedcs ci-dessus, un breuvage bechique et incisif.
Lorsque la fifevre, roppression et les autres symptömes diminuent, on donne, tousles matins a jeun, un hol compose d'agaric en poudre, de fleur de soufre, d'iris de Florence, pulverises, 8 grammes de chaque, qu'on mete avec süffisante quantitedemiel.
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Mais, si l'affaissement, la putridite (suites ordi-naires des fortes inflammations] sont ä craindre, on leur donne im bol fait avec 20 grammes de fleur de soufre, 8 grammes de blanc de baieine, 5 grammes de poudre de liehen , aulant de gomme ammoniaque et 3 grammes et demi de myrrhe pulv^risee Je tout incorpore avec süffisante quantite de miel blanc, pour en donner deux fois.
On pent mome employer, dans ce cas, un bol fail avec 10 grammes de quinquina, 4 grammes de camphre, qu'on incorpore dans süffisante quantite d'oxymel, qu'on donne le malin a jeun, en faisant boire par-dessus une corne on deux d'une decoction de bales de genievre ou d'enula-campana.
Si I'animal jetlc par les naseaux, on lui donne un breuvage dötersif et vulneraire, fait avec les feuillesde pervenche, de lierre teirestre,de mille-feuille (ou teile autre vulneraire qu'on pourra se procurer), de chaque une poignee qu'on fait bouillir dans 3 litres d'eau, jusqu'ä diminution d'un tiers : on ajoute h la colature 15 grammes de miel rosat, et Ton donne en deux fois. Alors on ne donne le bol, fait avec la fleur de soufre, qu'une fois le jour, e'est-a-dire le soir. Co dernier
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breuvage est surlout d'une necessite absolue, dans le cas d'une pöripneumonie maligne : on en ter-mine la cure par un ou deux lavemenls purgatifs; raais on ne doil avoir recours a ce remede que lorsque les prineipaux symplömes sont dissipes, et que la rumination est revenue, ce qui annonce le retablissement des fonetions des estomacs.
On renouvelie l'air des etables, el on les puriße avec le vinaigre bouillant.
Quant aux secours preservatifs, ils consistent k remedier ä la cause generale de la maladie, qui peut encore exister dans les aliments solides ou liquides, etc. Pour garanlir les animaux sains, on les tient bien couverts, on les inet ä la diete, et on evile tonte communication.
Aulre maladie inßammatoire, ou peripneumonie.
Pour ne rien laisser ä desirer aux bouviers et autres praticiens qui peuvent avoir occasion de voir et de trailer les animaux attaquös de mala­dies inflammatoires, je joins aux observations des auteurs cölebres celles qu'a bien voulu me com-muniquer M. Chabert, directeur general de l'Ecole royale veterinaire d'Alfort, qui a eu l'occasion d'en faire trailer un tres-grand nombre par ses
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eleves, et avec tout le succes qu'on devait at-tendre de leurs lumieres.
Pendant l'ete de d780, le sieur Pasquier a traite une pöripneumonie sur les bcEiifs, vaches et che-vaux du village de Belle-Ile, qui s'est manifeslee par les symplömes suivants : l'animal portait la tfete basse, il avail les yeus charges, 11 jetalt un flux par les naseaux, et toussail.
Les causes furent atlribuees ä l'habitude des habitants de meltre leurs animaux dans les val-lons apres le travail; aux eaux vives, ä l'arröt de l'insensible transpiration.
Get eleve, apres avoir mis les animaux ä la diete, leur administra les bechiques adoucissants et incisifs-, il ordonna la proprele, etc.; et son trailement finit en disant: laquo; Un animal est mort pendant le traitement, et cent ont etö gueris. raquo; Je ferai observer ici que les artistes velerinaires supposent presque toujours parier h des personnes de l'art; mais, comme mon intention est de mettre tout le monde ä meme de traiter ses besliaux, je renvoie mon lecteur ä l'article Pe'ripnetimome pour le traitement.
Autre maladie inßammatoire, en Flandre. Gelte maladie s'annoncait par la cecit6 (ou pri-
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valion de la vue), par rengorgemetlt de la glande lacrymale, par un ccoulement contiiuiel des larmes, par la suppuration du globe de i'oeil dans plusieurs, et enfin par ia tristesse, !e degoüt et la fievre.
Les causes furent, dit-on, la chaleur excessive, les fourrages charges d'insectes appeles, par les habitants, onninques.
Saignee repetee, dtete absolue, breuvages et lavements temperanls, collyre fortifiant, vesica-toires sur les larmiers : voilä les remedes que le sieur Boudier a mis en usage.
Le traitement preservatif que ce veterinaire a mis en usage etait la saignee, la diete, les bois-sons temperantes de petit-lait, les breuvages et des lavements rafraichissanls et la propretö des etables.
Dyssenterie contagietise des bestianx.
Quoique celte maladie soil rare, il est tres-cer-tain qu'on l'observe quelquefois, surtont apres de tongues pluies, une constitution d'air trop hu­mide, qui altere les fruits, les grains, les pätu-rages, etc. Elle pnrait principalement lorsque, apres des saisons pluvipuses, il survient des cha-
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leurs cxcessives. I! y a dans Hippocrate deux
nphorismes qui justifient cette assertion (1).
On distingue plusieurs especes de dyssenterie ; la symptomatique, comme dans la peste dyssen-terique et morveuse des boeufs, et dans le claveau confluent des boles ä laine, oü on I'observe aussi quelquefois. Lorsqu'elle n est point Symptome d'nne autre maladie, eile est encore de deux especes; Tune simple, sans fievre et point conta-gieuse; l'autre accompagnee de fievre et conta-gieuse : c'est celle dont il est question ici.
Les principaux symptömes qui la caracterisent sont : 1deg; la fievre, qui est legere dans son prin-cipe, rnais qui devient ensuite tres-forte, et au point d'en imposer pour la maladie principale; 2deg; les dejections sont sanieuses, purulentes, san-glantes ; il y a tenesme, chute du fondement, et les signes qui annoncent un dechirement d'en-trailles et des tranchees. A l'ouverlure des ca-davres, on trouve communement les intestins ou desstehes ou dilates par des vents, renfermant une matiere purulente, toujours enflammes, ulct5-res, ou sphaceles. La rate est enllee et putride; le rectum surtout est dans le plus mauvais etat, et
(1) Voyez Hipp. Aphorism., sect; 3, Aphor. 11 et 16.
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on y trouve des caillols de sang pur, m6I6 quel-quefols de sanie, etc.
On distingue deux etats dans cette maladie; celui de tension, d'irritation ou de phlogose, que Strack appelle stadium molimmis [l); et celui de crise, c'est-a-dire celui dans lequel les dejections commencent ä changer de couleur, ä devenir pu-rulentes, jaunes, etc. Gelte maladie differe essen-tiellement des autres semblables, par le temps de la duree, qui est quelquefois tres-long; par l'ötat des visctres, surtout de la rate, qui est toujours viciee; et par 1'absence des symptomes qui accom-pagnent toujours les autres maladies.
Le danger de la dyssenterie ou flux sanglant se mesure toujours sur le degre de violence de la fievre : plus il y en a, plus eile est daftgereuse. Le degoüt et les autres symptomes, dont j'ai d6ja parle ci-devant, qui s'y joignent quelquefois, la rendent encore plus mauvaise. Plus les dejections sont de diversescouleurs, plus eile est ä craindre. Les sujets vieux la supportent plus difficilement que les jeunes. Plus les excrements sont fetides, plus la maladie est grave. Si eile est compliquce avec quelque autre qui existait pr^cedemment, le
(1) Yoycz Tenlamen medicum de dyssenterid Caroli Strack, llogmtiae, I7t0, page 39.
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malade est dans le plus grand danger. S'il sort par l'anus comme des morceaux de chair, eile est ordinairement mortelle.
La eure de la dyssenterie conlagieuse est ä peu pres la möme que celle de la dyssenterie ordinaire; c'est-ä-dire que tout l'art consiste ä corriger le vice de l'humeur elrangere et caus-tique qui agace, irrite, enflamme les boyaux, et a prevenir rinflammation, qui en est souvent la suite. Lorsque Vanimal n'est pas dans I'abaUe-ment, on y remedie par une saignee a la jugu-laire seulement, parce que, si on la reittürait, on affaiblirait ses forces, qui s'^puisent toujours Irop tot dans cette tnaladie. On lui donne pour boisson ordinaire l'eau blanche acidulee, et on lui administre les breuvages et des lavements adou-cissants et mucilagineux. Lorsque les douieurs sent tres-vives, on pent ajouter aux lavements emollients 15 grammes d'ipecacuana en poudre, ct trois ou quatre tetes de pavots blancs, avec leurs graines. On lui donnera tons les jours, le matin ä jeun, la decocllon de 60 grammes de riz, qu'on aura fait bouillir, jusqu'ä cequ'ilsoitcreve, dans une süffisante quantile d'eau, et reduire ä 2 litres. Lorsque la colature est passee, on y ajoute 60 grammes de gomme arabique pulvö-
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risee : lorsqu'elle est dissoute, on fait avaler ce breuvage froid ä l'animal.
Si i'usage des ^mötiques n'etait pas inlerdit pour les animaus ruminants qui ne peuvent pas vomir (non plus que les chevaux), il n'y aurait point de remede plus efficace', mais il faut s'en tenir ä ceux que je viens de prescrire. La nourri-ture ne doit amp;re que de l'orge ou du seigle, qu'on fait bouillir. Voiiä pour le premier etat.
Dans le second elat, lorsque l'animal est trop affaibli par les dejections et les efforts continuels qu'il fait pour fienter, on lui fait avaler un breu­vage purgatif. Lorsque rhumeur estsuffisamment Evacuee, on lui donne 15 grammes de diascor-dium damp;ayesdans un demi-litre de vin, ou dans un litre d'eau acidulee.
Si les dejections deviennenl comme purulentes, il faut avoir recours aux lavements detersifs ou vulneraires.
Dans le cas de tranchees vives, rien ne les calme mieux et n'est plus approprie que 30 gram­mes de creme de tartre pulverisee, qu'on fait dis-soudre dans un litre et demi d'eau bouillante, ä laquelle on ajoute une poign6e de fleurs de camomille, qu'on laisse infuser comme du the. Lorsque la decoction est un peu refroidie,
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on la passe, et on la fait avaler en une dose.
Gelte maladie, lorsqu'elle est öpizootique, est trfes-contagieuse. On a observe que les malades etant ramasses en un petit espace, eile se corn-muniquait encore plus ais^ment. Ainsi on a soin, dans ce cas, de tenir les animaux tr^s-propres, de les nettoyer souvent, de les parfumer, de brü-ler, dans les etables, du genievre macerö ou trempe dans le vinaigre.
On empöche les insectes de venir se reposer sur leurs excrements, pour s'en nourrir et porter la contagion ailleurs: pour les chasser et leseloigner des etables, on brüle souvent des plantes aroma-liques. On aura l'attention de ne point laisser les bestiaux sains frequenter les malades; et les marechaux ou autres personnes auront soin de ne point enlrer dans les etables des btles saines, sans se laver le visage et les mains avec du vinaigre, ni sans avoir öle leurs habits delaine ou de colon, qui se chargent trop aisement des corpuscules de ces maladies.
2* genre.—Maladies inflaiumatoires charbonneuaea.
Les maladies epizootiques aigues carboncu-laires, ainsi appelees parce qu'elles sont accom-
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pagnees d'anthrax ou charbon, ou de tumeurs semblables, different des maladies purement in-flammatoires, et des autres qui paurraient avoir quelques rapports avec elles, par la rapiditö, la violence, et le danger des symptöraes avec les-quels elles se manifestent etparcourent leurs p6-riodes (leur duree ne s'etendant pas au delä de cinq ou six jours, et le plus souvent n'en ayant pas un entier); par le genre de tumeurs, lorsqu'ii y en a au dehors, ce qui arrive presque toujours, qui sont aecompagnees de gangrene et souvent du premier abord, et qui ne viennent Jamals ä une suppuration parfaile qu'apres la chute d'une escarre gangreneuse ; par i'accablement subit de l'animal; par l'incurabilite de la maladie, lorsque le charbon est en dedans, etc. ; enfln par la faci-lite qu'elles ontde se communiqueraux animaux, möme de differentes especes, propriete qui ne pa-rait appartenir qu'a ce genre de maladies.
M. Chabert divise le charbon en essentiel, symp-tomatique et fifevre charbonneuse ; mai?, comme je me suissuffisamment etendu sur ces differentes especes, pour pouvoir les dislinguer et les trailer, je renvoie mon lecteur a l'artide Anthrax ou CÄarfom, traite plus haut, et aux articles Scmg-de-rale et Charbon traites plus loin.
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MANUEL
De Ja fievre charbonneuse ou charbon inte'ricur.
Gelte maladie egtextrßmementaigue : TaninKil n'en est pas plutöt afteint qu'i! perit dans l'in-stant, sans avoir donne le plus leger Symptome maladif, et souvent mßme pendant qu'il tra-vaille, etc. Le delai le plus long qu'elle donne est une heure ou deux : l'animal parait etourdi, ^ga­re; ii leve et baisse ia tamp;e ; il se secoue, se tour-mente, sepiaint, mugit, etc. Les yeux sortent, pour ainsi dire, deleurorbite; il chancelie, tombe et meurt dans les convulsions plus ou moins vio-lentes.
Outre qu'on remarque en general, ä l'ouverlure des cadavres, les mamp;nes desordres que dans le charbon essentiel, on voit encore des ecchymoses dans le cerveau, sur la surface exterieure du cceur, dans son epaisseur, dans les poumons; des epan-chements de sang noir et dissous dans les diffe-rentes cavites, dans l'^paisseur des chairs, tie la graisse, etc. On apergoit des lumeurs noires, san­guines etcharbonnees dans le mesentöre, dans la rate, le foie, etc.
Ce que M. Chabert nommefi^vre charbonneuse e$t un charbon Interieur qui peut exister sans
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aucune Eruption ext^rieure quelconque; il n'ai-taque guere, dit-il, que les jeunes animaux : il lui a paru que ceux qui avaient au de\h de 6 ä 7 ans en etaient exempts; pent-6tre que!a force plus grande du Systeme arteiiel en est la cause. Mais, s'il n'est guere possible de reconnattre celte muladie qu'a l'ouvcrlure des cadavres, on sent bien qu'il n'y a pas moyen de la pouvoir guerir. Lorsque cette maladie eslepizootique, il faut, ainsi que dans les autres charbons, employer pour les animaux sains le preservatif suivant.
Diminuez le volume du sang parlasaignee,que vous reilererez deux el m6me trois fois dans les animaux sanguinsetplethoriques: ceux qui seronl maigres el en mauvais elat ne subiront cette opd-ralion qu'une fois; eile ne sera pas proscrite dans les vaches laitieres.
Donnez, pour dctremper el laver le sang, pen­dant les trois ou quatre premiers jours, des breu-vages ddlayanls et calmants ; reil^rez ces breu-vages, ainsi que les lavements anjiputrides quatre fois le jour. Lorsque les dejections seront faciles, que les urines seront copieuses, prenez infusion de plantes calmantes, 1 litre; ajoutez-y aloes pulverise, 15 grammes ; camphre, 8 grammes : on fera dissoudre, avant le mölange, le camphre
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dans 60 grammes d'oxymel simple. Donnez a I'a-nimal, ä jeun, pour une dose. Si ce purgatif n'a pas decide revacuation, on en conlinuera I'usage deux jours apres, et on promenera le boeuf ou la vache, pour faciliter I'evacuation desiree.Lorsque le purgatif aura produit son effet, on donnera a i'animal une infusion de plantes aromatiques et slomachiques.Passez un seton souschaque muscle de la poitrine, dans Tendroit qui repond äla par-tie moyenne du sternum. Cette operation faite, donnez, pour purifier le sang et pour faciliter la suppuration, une infusion de plantes antiputrides et sudorifiques, a laqueile on ajoutera oxymel simple 60 grammes, quinquina 8 grammes, camphre 10 grammes ; ce dernier sera dissous dans 15 grammes d'esprit-de-vin. Ce breuvage doit 6lre administre ä I'animal tous les matins ä jeun, jusqu'ä ce que la suppuration soit bien eta-blie. Remettez ensuite peu a peu les animaux a la nourriture et au travail ordinaires, mais avec I'al-tention de faire netloyer et graisser les setons tous les jours une fois, et de les maintenir en place pendant tout le temps de l'epizootie (1).
(1) Le momentd'öter les setons est celui d'un beau temps souleiiu depuis quelqucs jours ; mais, si ralmospliere est trop rari'lice ou trop coudeusee, si I'uir est Irop chaud ou
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M. Chaberl nous fait observer que, lorsque les cauteres ou salons ont etabli la suppuration, il arrive quelquefois que ce traitement est suivi de l'eruption d'une ou de plusieurs tumeurs. Gelte eruption, dit-il, n'a jamaiselenuisible, lorsqn'on a mis en usage le traitement du charbon sympto-matique.
II arrive encore, dit ce grand maitre, que la cure des uns et des autres de ces charbons, et particuliörement du dernier, est suivie d'erup-tions sur loute la surface du corps, ou seulement sur quelques parties, telles que la löte, l'encolure et i'epine. L'existence de ces eruptions s'annonce par le souieveraent du poil, la durete et la saillie de la peau. Ces petits boutons s'ouvrent plus ou moins promptement; l'humeur qu'ils fournissent est epaisse, eile se desseche aussilöt apres sa sor­tie, eile se montre ä l'exlerieur sous la forme de poussiere et d'ecaille. Celle eruption prurigineusc est une crise tres-salutaire, qu'on doit favoriscr par des boissons legerementdiaphoretiques, telles que l'infusion de fleur de sureau, aiguisee d'uu peu de sei ammoniac, les vapeurs d'eau chaude, les boucbonnements, les couvertures, la promc-
trop fruid, ou charge d'evbalaUoas putridus, elc, il laut purger les auiuiaux, aßu d'eviter tout accident.
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nade, la bonne nonriiture; et Ton doit eviter, avec le plus grand soin, tout ce qui pourralt re-froidir l'animal et arieleren lui l'insensibletrans­piration.
Observations sur quelques maladies charbonneuses.
Sur la fin de l'ete de 1780, le sieur Lauzeral, eleve des ecoles, a traite, dans les paroisses du Puifolet et de Monlmiral, une maladie charbon-neuse qui rcgnait non-seulement sur les bceufs, mals encore sur les chevaux, les mulets et les änes.
Get elfeve observe que cette cpizootie estcomme cnzootique dans ces deux paroisses, oü eile se ufonlre toutes les annees ä la mßme epoque : eile cause toujours des pertes considerables, et eile elail beaucoup plus meurtriere cette ann6e-la que les autres.
Cent quatre-vingt-seize bßtes avaient suc-combe, lorsque cct e\h\e fut appele pour en arr6-fer les progres. A peine les proprielaires recon-naissaient leurs animaux malades, qu'ils les voyaient p6rir presque au möme instant.
Les causes de celte maladie ont paru 6tre la chaleur excessive de l'ete et la sechcresse des pä-turages, dont les plantes sont comme grillees par
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les rayons du soleil : elles avaient ete submcrgecs cette annee, en sorte que, outre leur exsiccalion excessive, elles etaient vasees et couvertes d' insectes desseches. Ce veterinaire ajoute que les animaux n'avaientpour bolssonquedel'eaudc mareouceüe des grands fosses que les fermiers eloignes des mares creusent pres de leur metairie, pour ro-cueillirreaude pluie, avec laquelle ils abreuvent leurs animaux. Ces eaux slagnantes, epaissies par suite des evaporations continuelles, etaient de plus infectees, celle de marepar lechanvre qu'on yf;iit rouir, et celle des fosses par l'eau corrompue qui s'ecoule des fumiers, ainsi que par les immondices de toute espece qui s'y rendent.
Les sytnptömes Etaient un frisson plus ou moins long,ä la suite duquel paraissait unetumeurchar-bonneuse : son si^ge le plus ordinaire etait une glande lymphatique (sous la ganache); eile 6tait d'abord du volume d'un ceuf de poule; eile parve-naitensuiteä lagrosseurd'unetetehumaine. Lors-qu'clle affectait les glandes inguinales (au baut du plat de la cuisse), eile se propageait bientöt sous le venire el le long de l'exlremite affectee; si eile avait pour siege les glandes axillaires (au baut du platdu brasou des ars), ellese prolongeait lelong del'encolurc et gagnait la ganache. L'humeur con-
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tenue dans cette tumeur etait söreuse, roussätre el si corrosive, qu'elle rongeait les parties sur les-quelles eile se repand;ilt. Le lissu cellulaire, les muscles, les vaisseaux et la peau oü cetle humeur s'infiltrait elaienlsur-le-champgangrenamp;etspha-cöles; le pouls s'eievait ä mesure que cette tu­meur faisait des progres, il etait ondulant et tihs-accelere; et Ton a comple jusqu'ä quatre-vingts pulsntions par minute. La chaleur de la bouche, du rectum et de toute l'habitude du corps ötait fort considerable, la saiivefortepaisse:cependant, malgre tous ces symptomes alarmants, les ani-maux mangeaier^t et ruminaient, circonstance qui empßchait que le cultivateur ne les crüt malades; neanmoins la rumination etait plus lente et se fai­sait ä de plus longs intervalles que dans l'elat de sanle; eile ötait peut-6tre plutöt en eux un reste d'habitude qu'une fonclion desireeet appetee par la nature. Los yeux ötaient hagards, tres-enflam-mes et larmoyants; le poil terne et herissö; la peau secheet adhörente aux cöles : il y avail cre­pitation sur tout le long de l'epine; les urines elaiont limpides et assez copieuses; la membrane piluilaire etait trcs-enflamm^e, le mufle sec : les animaux restaient constamment debout, ils ne se couriiaient que pour mom ir.
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La progression de ces symptömes se faisait dans l'espace de six ä douze heures. Alors la scene changeait de face; plus de rumination; les ali­ments qu'on leur presentait amp;aient saisis par eux avec une sorte de fureur; ils etaient gardes dans la bouche et n'6taient point avails; les tumdfac-tions s'effagaient, les forces s'aneantissaient, le pouls etait insensible. Acette faiblessesuccedaient les convulsions; leglobe de Toeil pirouettait sur son axe et sortait presque de l'orbite; le trem-blementsuccamp;iait ä cesmouvementsdösordonnes, I'animal mugissait, s'abattait, et pörissait quatre a cinq minutes aprös.
L'ölöve a observe, dans les diflFörentes ouver-tures qu'il a faites, les estomacs plus ou moins remplis de fourrages desseches; leurs membranes internes sphacölees; le sang contenu dans les vaisseaux, noir et coagule; les visceres qui avoi-sinent les tumours charbonneuses, decomposes; et les parties occupies par ces m6mes tumours enticrement sphacel^es.
Le traitement a etö le m6me que celui quo M. Chabert prescrit pour le charbon symptoma-tique, que j'ai demerit plus haut, et au moyen du-quel I'ei^ve a guöri dans ces deux communes trente-deux animaux, et preserve cent quarante. II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;28
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Le sieurHabert, vetörinaire, fnt requis dans le memo temps pour arrelerles progresd'un charbon essenlielquiafTectaitlesbßtesäcornesdesparoisses de Bnssy, de Cornue et de Crosses en Berry.
Les progres de cette epizoolie elaient on ne pent plus prompts. La tumeur, d'abord dure et insensible, se raontrait ou aux flancs ou ä ia tubö-rositede la mikhoire posterieure, etfrequemment au grand angle de l'cBil. A son apparition, eile ölait delagrosseur d'une noix; son accroissement etait sensible ä la vue, en sorte qu'au bout de douze a vingt-quatre heures eile etait enorme : aux yeüx du vulgaire, eile etait le seul symplöme maladif qui exislüt. En effet, les animaux pa-raissaient gais, buvaient et mangeaient comme precedemment; neanmoins le regard le plus pe­netrant du velerinaire distinguait les yeux plus ardents, souvent larmoyants, la chaleur de la bouche excessive, le pouls dur et accelere, la cha­leur exterieure du corps plus forle qu'^ l'ordi-naire, et les excrements plus desseches. Des que la tumeur faisait des progres, on apercevait des soubresauts dans les tendons et raeme dans les muscles; les oreilles et la peau devenaient IVoides, et la mort terminait cet etat.
La lapidile de la marclie de celte maladie a de-
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lermine le sieur Habcrt a extirper la tumeur (Ws qu'elle paraissait, et ä porter le cautere actuel dans l'ulccre qui en resultait. Le pansement etait une friction d'essence de terebenlhine, et un large plumasseau charge d'onguent-vesicatoire. Ce pan­sement etait i6ilev6 plusieurs fois par jour, dans l'intention d'entretenir l'inflammalion et d'etablir la suppuration; il ölait suivi de radministralion d'un breuvage antiputrideet sudorifique.
Douze bceufs etaient morls avant l'iirrivde de l'eleve; deux sont morts malgre ses soins : il eu a guöri ou preserve deux cent onze.
A l'ouvertnre des cadavres de ceux qui perirent sous ses yeux, il observa un sang noir et epaisqui gorgeait tous les vaisseaux sanguins; des iufla malions gangreneuses dans les petits boyaux, remplis de sang; la caillelle etait aussi trcs-en-flammee et comme gangrenee; le foie etait sec et cassant; la rate decomposee et tumeflee par le sang ; les poumons couvcrls de taches gangre­neuses et liydatiques; le cceur flasque ; et loules les parties sur lesquelles s'ölait ölabli le rharbon etaientinüllreesd'unehumeurhuileuseetjaundtre.
Une vache du convent de la Roquetle est aflec-tee, en 1781,d'unetumeurä rencolure,quidispa-ralt le lenderaain. Aussitöt la böte est triste, degoü-
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tec; eile (ombedans l'anxietö (ou dansragitalion). On appliquesur-le-champ un vösicatoiresur le lieu oüs'etaitmontreelatumeur;ondonneunbreuvoge antiputride et sudorifique, pour en favoriser I'ac-lion. La tumeur reparatt le lendemain de leur ap­plication. On continue ce breuvage malin et soir; el, pendant le jour, on donne pour boissou un breuvage temperant et antigangreneux, qu'on möle dans une infusion legere de fleur de sureau; on soumet, du reste, ranimal a une diete severe.
Les autres vaches sont saignees, mises au regime et ä 1'usage de ce dernier breuvage et de quelques lavements antiputrides. On fait aerer et nettoyer I'etable, on la parfume en y faisant brüler des plantes aromatiques; on abreuve les animaux avec de l'eau nitree et vinaigree. Aucune de ces vaches n'a eprouvö d'accidents, et la premiere malade a ete lt;5galement sauvee.
Le cbarbon blanc s'est declare, en septembre 1780, sur les vaches de la paroisse de Maubert-Fontaine, en Champagne. Le sieur Mayeux^ eleve, y a ete envoye.
La maladie s'annontjait par le froid des cornes, des oreilles et de loute la surface de la peau ; la bouche etait pleine de have, eile fluait copieuse-ment; ranimal ne se lechait plus, il tremblait; le
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dugout ^tait g^n^ra!, la rumination avait cesse; les betes p^rissaient ainsi dans l'espacede trente-six ä soixanle heures.
L'ouverture a fait voirun epanchement lympha-tique et sanguinolent sous la peau et entre les muscles; tous les visceres etaient pourris, gan­grenes, et le cadavre exhalait une odeur si forte, qu'il etait impossible d'y rösister.
Le traitementpreservatifa etö le mßme quecelui present ci-devant, avec addition de camphre et de quinquina, le tout dans la decoction de fumeterre Ce traitement a arrßte les progresde la maladie.
Le charbon Interieur s'est declare sur les bceufs des paroisses de Sicheaux, Poiseux, la Blouse, et autres des provinces de Berry et Nivernais.
Le sieur Habert a encore et6 chargö de traitor cette maladie.
Les paysans n'etaient frappes d'aucun Symp­tome maladif et ne pouvaient emaucune maniere juger que leurs animaux fussent malades; ils re-gardaient leur perte comme I'effet d'un coupinat-tendu qui detruit subitementles sources de la vie; aussi disaient-ils qu'ils perissaientdemort subite. Par un examen attentif, l'^löve a reconnu les signcs suivants. Les bceufs avaient de la peine k lever la töte, ils eprouvaient une peine plus
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grande pour la baisser au-dessous de la direction horizontale; ils machüienl,et broyaient negligem-ment l'herbe qu'ils arrachaient de la prairie; queiques-uns, apres en avoir rempli leur bouche, nelamächaientpas.IIa remarquö de la tristesse, un löger Iarmoieinent,lepoii hörisse, dela cbaleurdans la bouche, celle des cornes et des oreilles tres-su-perieure ä celle de l'etat nalurel; une excretion d'urine plus abondante et plus crue quc dans l'ö-tat de santö, ot une sorte de constipation plus ou moins marquöe. Tous ces symptomes se succe-daient avec plus ou moins de rapidite; ä peine ötaient-ils sensibles, que les animaux perissaient: les plus gras, les plus forts et les plus jcunes etaient les premieres victimes de ce fleau.
Aprös des recherches attentives, failes sur les causes d'une maladie aussi terrible, ce vöterinaire a cru les trouver dans les chaleurs excessives, ca-pables de dövelopper les maux les plus terribles dans les animaux les plus sains.
Trois vaches seulement ont eprouve un engor­gement au poitrail.presde la naissance de l'enco-lure ; une d'elles, qui a ele traitee ä temps, est re-chapp^e; eile a du son salut ädes scarificationstrfes-profondes dans la tumeur charbonneuse qui etait dejä gangrenäe, au cautereactual, aux vesicatoires
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aux breuvages antipulrides raentionnes ci-devant.
Sept de ces animaux, qui ont offert les symp-tömes decrits, ont ele sauves par des saignees co-pieuses, la diete la plus sevöre, des breuvages temp(kanls,ainsiquepardes lavements ömollienls.
L'ouverture dcscadavresa fait voir les poumons tres-enflammes.les visceres du bas-ventregangre-nes; larateetailspecialementd'un volumeenorme, sans consislance etcomme pourrie; les vaisseaux veineux pleinset gorges d'un sang noir et co^gule.
Quant au traitement preservatif, voyez, plus haut, celui du charbon inlerieur.
3quot; genre. Maladies inOainmatoirea phlogoao-gangreneuses (1).
Les maladies epizootiques nigues phlogoso-gangreneuses sent celles que M. Faulet a ainsi designees, par la raison que, sans avoir un ca-ractere deeidement inflammatoire, elles se mani-feslent neanmoins, ä l'inlerieur et a l'exterieur, par une rougeur ordinairement erysipelateuse, peu saillanle, aecompagnee d'une ardeur et d'une
(1) Les maladies de la secoude espeee d'inllammation, que BI. Faulet a desiguecs sous le nom de phlogoso gangre-neuses, ont (ite considöröes comnie des fiivres aigiics, pesli-lentielles tpütrides et guugrtnouscraquo;, ou comniö des fiovres ardentes maligiics.
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sensibilite extremes, d'un erelhisnae souventcon-vulsif, tres-difförente des rougeursphlegmoneuses et qui se change enfia en un elat de gangrene ou de putrefaction, sans cet engorgement sensible ou rupture remarquable des vaisseaux, qui caractö-rise principaiement les maladies vraiment inflam-matoires ou proprement dites; au lieu que celle-ci est plutöt marquee par une erosion, par des taches rougesoulivides,danslesquelleslesfluidesetles so­lides, commemeurtris, mac(5resetdivises,finissenl par tomber ordinaireraent dans une dissolution putride et gangrencuse, ou mortiflcalioncomplete. Cet etat, qui resserable aux effets de quelques poisons vegetaux, est toujours accompagne de tristesse, d'un accablement ou slupeur generale, d'une prostration considerable de forces vitales ou musculaires, qui s'annonce par rimpuissance oü est l'animal de marcher, de se soutenir mßme, ä moins qu'un delire furieux ne l'emporte au loin, et par la nature du pouls, qui est faible, petit, in­termittent, tressaillant ou convulsif; ce qui ne permet point de confondre ee genre de maladie avec aucun autre. L'etat des visceres et les symp-tömes sonl souvent les memes que ceux qu'on re-marque aux animaux qui ont pris .certains poi­son?, de la classe principaiement des plantes om-
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belliferes, des solanums et de quelques especes de Champignons, surtout du fungus phalloides an-nulatus sordide virescens et patulus de Vaill., les-quels, tandisqu'ils corrodent lesintestins, forment des taches livides et gangreneuses dans les vis-ceres du bas-ventre, contiennent, en outre, un principe döl^tere et volatil, une espece de gaz pernicieux qui se developpe dans le corps, attaque Torigine des nerfs, le cerveau, cause la stupeur, rassoupissernent, des mouvements convulsifs, le delire, etc., et la mort; ce qui pourrait favoriser l'opinion de ecux qui pretendent que le venin qui agit dans ces maladies vient ordinairement de ces plantes ou des insectes qui s'en sont nourris.
M. Faulet a distingue, dans son Resume gene­ral, deux principales especes de maladies phlo-goso-gangreneuses, qui ont et6 observees en dif-ferents temps sur les b6tes a comes.
La premiere et la plus formidable est cello qui a forme ces epizootics terribles parmi les boeufs e1 les vaches qui ont depeuple si souvent l'Europe de ce betail, telles que celles de I'an 576 de l'ere chrötienne, decritepar le poete Cecile-Severe (1);
(1) On volt, par la description de ce poete, que cette ma-ladie Hail accompagoec des symptömes Ics plus graves, de ceax qui caractürisent les pestilentielles les plus fortes : un
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celles du moyen äge; celles de 1771, de 1740 et des annees suivantes; et enfin celles de 4773,1774 et 1775, qui sont devenues l'objct principal des recherches de M. Faulet, et qui, par leur impor tance, leur danger, les pertes qn'elles enlrainent, sontdignes de rattention de tous lespeuples (1).
dögoüt universel, rabattement snbit, le verlige, des tensions spasmodiques dans les membres, un gonflemeut douloureux dans le bas-ventre, les nerfs violemment affectes h leur ori-giue et a leur distribution, une mort prompte, etc. On ne vit d'autre rcssource contre ce fleau, disent les öcrivains du temps, qu'un fer representant le signe de la croix, qu'on appliqua, tout rouge, sur le front de ces animaux. Par ce moyen seul, dit-un, on Tint ä bout d'en guiSrir une parlie et d'en preserver l'autre. A ue considörer cette application du feu que comme un c£fet physique, on ne pent r(Svoqucr en doute qu'une Ouvertüre faite ä la peau, au moyen d'uu cautfere actuel,ne puisseproduire un bien dans une maladie pestileuticllc, et cette seulc raison, fondle sur de bous prineipes, est bien capable de justifier le cri general qu'ou entendit alors eu faveur de ce secours.
(1) C'(;tait encore et toujours le typhus contagieux dont voiei les principales (Stapes en Europe. II sevit dans touto l'Europc pendant lesanndes 37laquo;, 558, 570, 592, 810, 820, 850, 870, 887, 941, 942, 943, 994, 1682, 1714, 1731, 1745, 1757, 177laquo;, 1780, 1811, 1814,1822,1825, 1837,soit 21 foisaii moins en 18 siieles. Ajoutoas les epizootics partielles de 1803,1807, 1811, 1822,1826,1834 en Hollande, de 1316 en Angleterre, de 1441 et 1617eriÄllemagne, de 1(gt;61 en Danemark, de lli93 en Hesse, de 1712 et da 1729 cd Hongrie; cnlin les öpizooties locales cn France de : 889 en Lorraine, 1705 dans le Dau-phine, 1731 dans le Bourbonnais et rAuvergQe,1746 eaBour-gogne, 1761-1762 en Nonnandie et en Lorraine, 1771 en Pi-
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Cetle maladie, sujette ä beauconp plus de Varietes appaicntes que les aulrcs, parce qu'elle a ete vue par des yeux clifferents, est devenue, par celte raison möme, la plus facile h saisir, la moins ca­pable d'induirc en erreur sur son caract^re. Vue de tous les sens, eile a enfin appris ä ce docteur ä lui donner des caracteres fixes et invariables. Outre ceux qu'elle a de commun avec toutes celles du m6me genre, et qu'on verra ci-aprös, eile n'altaque ordinairement que les animaux d'une rafime espece; eile ne s'annonce jaraais d'une ma-niere aussi subite que celles qui sont accompa-gnees de charbon; ä travers toutes ses varietes eile a une marche reglee, une duröe de sept ä huit jours, des alternatives de froid et de chaud ;
cardie et Arlois, 1773 en Picardie, Flandre et Haiaaut, 1774 ea Guienne, Gascognc et une partie de la Normandie, 1763 daos une partie de TAunis, 1779 en Picardie, 178G dans Je Qucrcy, 17Ü3 dans les departements du midi, le Nivernais, l'Älsacc, 1c Poitou ctlc Berry, 1772 dans leGevaudan, 1778 dans leBigorre, 1783 dansle Bourbounais, 1785 dansle Lot-el-Garonnc et la Normandie, 1786 dans l'Aunis, 1804 dans le Lyonnais, 1823 dans la Dordogne, 1822 et 1826 dans le Tarn, 1855 dans la Nifcvre, 1853 dans les Hautes-Alpes.
Le typhus de 1790 enlevaäla Hollande plus de 60,000 bütes ä cornes; d'aprts 1c Dr Faust, ccltc peste, de 1713 ä 1796, euleva 6,000,000 de bfites ä cornes ä la Iquot;rance, et 4,000,000 ä la Belgique; la peste de 1727 ä 1728 emporla en Allemagne plus de 28,000,000 de t6lcs.
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les signes evidents d'une putridite gangröneuse se manlfestent du quatrieme au scplieme jour, ou par des tumeurs emphysematiques, ou par des dejections de maliamp;res sanglantes, ou des debris putrefies d'escarres gangröneuses, etc.
Quant ä ce qui concerns radministration des retnödes, on doit distinguer plusieurs etats dans cette Oevre, celui d'erethisme ou de tension au commencement, et celui de dissolution putride ä lafin : en outre, l'etat d'intermission de lafievre et celui du redoublement; et, sous ce dernier, celui du froid ou du frisson, et celui de la chaleur febrile.
Dans le premier temps, qui est celui d'ere­thisme, il ne faut, ä rinterieur,quedes breuvages acides et tres-abondanls, et les lavements emol­lients et antiputrides. Lorsque le ventre est res-serre, on fait dissoudre 45 grammes de creme de lartre pulverisee dans 2 litres d'eau bouillante, qne Ton möleä la boisson acidulee; si, au con-traire, l'animal a de la difßculte d'uriner, on lui substituera 30 grammes de sei de nitre. Ces re-medes n'empöchent pas d'ailleurs de mettre en usage le petit-lait, tant en breuvages qu'en lave­ments. Quoique Von doive tenir les bestiaux lt;\ une diete severe, on pent leur presenter souvent
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quelques pommes aigres, des feuilles d'oseille et de mauve, plutöt pour les occuper que pour les nourrir. Voilä pour le premier etat de la fievre.
Dans le second etat (qui arrive le quatrieme jour de la maladie), je veux dire celui de la disso­lution putride, on continuera les boissons vinai-grees ; mais on leur donnera, de plus, deux fois dans la journöe, un melange, ä parties egales, de vinaigre et d'eau-de-vie (1), pour former la valeur d'un litre et demi par prise, ou bien la mamp;ne dose de vin blanc en place, dans lequel on aura damp;aye 30grammes dethöriaque. Le moment leplus favo­rable pour administrer ce dernier secours, c'est celui du frisson; et, si l'on a lieu de craindretrop de faiblesse ou d'accablement, si le devoiement fatigue ranimal, on peut donner le vin theriacal ci-dessus.
Le cinquieme jour, on £teindra dans les bois­sons ordinaires un gros morceau de fer rougi au feu.
Le sixieme, on continuera la boisson acklulee
(1) Apr^s avoir calnie d'abord I'ardcur de la Girre par l'usagc des acidcs donnls en abondance, le plus puissant et le plus sür antiputride qu'on counaisse cst le vin ou Tasso-ciation des acidcs avec l'cau-de-vie.
II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 29
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et ferree, en en faisant prendre a l'animal au moins la valeur de 10 ä 12 litres par jour ; et on lui fera avaler, maün et soir, le breuvage an-tiseptique fait avec le vinaigre et l'eau-de-vie, ou, ä son defaut, on lui donnera le vin blanc avec la theriaque.
Le septieme, on donnera, en placede cedernier, trois ou quatre fois dans la journee, un peu de pain trempe dans le vin, qu'on continueralesjourssui-vants, jusqu'au neuvieme, ou on purgera. Voila qui suftit, en general, pour le traitcment interne desmaladiesphlogoso-gangreneuses,c'est-ä-direde cellesqui sent dela seconde especed'inflammation, etdanslesqueileslessaigneesjbienloind'etreavan-tageuses,sontmortelles: d'oüderive la distinction du genre de rinflammation vraie ou proprement dite, d'avec celle qui degenere promptement en un etat gangreneux ou resolution putride.
Quant au traitement externe, qui est le princi­pal, le premier soin qu'on doit avoir, si on ne le fait avant la maladie, c'est de passer un seton au bas du fanon du boeuf ou de la vache. On lavera, en outre, deux ou trois fois le jour, la bouciie de l'animal avec un linge trempe dans un melange d'ail, de sei et de poivre dans du vinaigre. On fera usage en meme temps, deux fois le jour.
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matin et soir, d'un masticatoire anliputride. On injectera dans les naseaux l'uiie ou l'aulre des injections emollientes ou detersives, suivant les differents cas, ou bicn on y soufflera des poudres sternutatoires. On fera souvenl usa^fe de fumiga­tions sudorifiques sous !e corps de I'animal. On fera, en outre, des frictions seches ou humides el chaudes, emollientes, spiritueusesouaromatiques, sur tout le corps et en tout sens, avec des bou-chons de paille, qui ne doivent servir qu'une fois et pour la meme bete. Ces frictions doivent etre variees suivant les cas, c'est-ä-dirc que dnns le premier elat de la maladie, qui esl celui d'ere-thisme ou de tension, on doit mettre en usage les fomentations emollientes, auxquelles on ajou-tera un peu d'huile d'olive et d'eau-de-vie, au lieu que, dans le second etat, qui est celui de dissolution putride, on doit employer le vinaigre ou le vin aromatique. On couvrira ensuite I'ani­mal , seit avec des peaux de moutons nouvelle-ment ecorches, soil avec des couvertures de laine, dont on entretiendra la chaleur, etc. Pour eviter les convulsions qni en seraient la suite, a moins d'une necessite urgente, on n'emploiera les sca­rifications et les boutons de feu que lorsque I'ex-tramp;nesensibilite sera diminuee; mais, ä la moindre
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tumeur ou elevation ä la peau, on ne doit pas ba­lancer d'appliquer Tun ou l'autre de ces moyens de la mamp;ne maniere qu'il est dit au traitement de Vemphyseme. On etabliru deux setons aux par­ties les plus cfeclives, aupr^s des tumeurs emphy-sömatiques, apres les avoir ouvertes, et on fera tout autour des injections avec des damp;ersifs.
Si Ton juge, par les signes que je vais donner d'apres Layard, qu'il se forme quelque abcfes dans les cornes, on emploiera la m^thode de ce mamp;ie-cin anglais (1).
On doit presumer, selon Layard, qu'il se forme un depot dans les cornes, lorsque, apres le qua-trieme jour de la maladie, les violents symptömes ayant cesse, la b6te est toujours couch^e plus d'un cöte que de l'autre; quelquefois l'humeur qui coule desyeuxet des naseaux est plus abondante; la cha-leur dans les cornes est considerable, tandis que le reste du corps est dans une chaleur temp6ree. Si cela existe, il y a lieu de croire, dit cet auteur, qu'il s'y forme un abces. Alors il faut les percer ä 0m,08 ou 0m,0S au-dessous de la pointe, sans
(1) Voyez Essai sur la nature, les causes el la guerison d'une maladie contagieuse regnanl cn Angleterre sur les heles ä cornes; par Pierre Layard, docteur eo mcdeciue.— Loudres, 17ö7.
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blesser la moelle. On perce en m6me temps du c6te opposö, environ Om,01 plus bas, et on couvre ces ouvertures avec un morceau de peau, pour les defendre de 1'impression de l'air : on fait attention s'il n'en sort pas quelque maliere. En ce cas, on entretient cet ^coulement et la suppura­tion avec I'onguent basilicum ou suppuratif.
Si les ouvertures ne sont pas süffisantes pour donner jour ä la matiere, on en fait d'autres avec les mömes precautions; on percc m6me a la racine des cornes, si Ton aper^oit que l'abces y a son si^ge. II y a des exemples qu'une parlie des cornes a 6t6 cariöe et que la b6te a gueri; ce qui ne serail point arriv6 si la matiere eüt pu se faire jour. Les abces dans les narines peuvent the vides et de-truits par les feuilles de cabaret (asarum).
Fievre ardente maligne, aigue ou pestikntielle.
En 1711, Lancisi, premier medecin du pape Clement XI; Ramazzini, professeur de mamp;lecine h Padoue, ont laisse chacun un traite particulier d'une malarlie epizootique aigue qui se manifestait par les symplömes suivants(l):
(1) Laacisi, Dissertatio de bovella pcsCe.
An 1711. 29.
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Elle s'annonQait d'abord (selon Ramazzini) par un froidsubit, des frissons, auxquels succedait une chaleur ardente generale: il y avait agilalion, difficulte de respirer, quelquefois un rAlement, au commencemenl, un abattement general. II coulait de la bouche des bötes ä cornes et de leurs naseaux une mucosile epaisse, d'une odeur (orte et desaquot; greable : leurs dejections, qui ötaient frequentes, tres-felides, ötaient miMees quelquefois de sang. Les böles etaicnt degoütees de tout; la rumination cessait; ii survenait, le cinquieme ou le sixieme jour, une eruption de pustules semblables a celles de la petite-verole. Elles mouraient, pour l'ordi-naire, le cinquieme ou le septieme jour; presque toutes perirent (1).
Lancisi nous presente un tableau peu different de celui de Ramazzini, maisqui parait plus exact: 11 avjince, d'abord, que c'etait la vraie peste des bceufs; il se fonde sur la definilion de la peste tiree d'Hippocrale (lib. de Flatibus), et, appuyd d'un passage de Gesuer et d'Aldrovandus, il sou-tient que c'etait la möme maladie que le malis des Grecs (2).
(1)nbsp; Ramazzini, de contagiosa. — 1711,
(2)nbsp; Lc malis, ou malcos des Grecs, se inanifestait prin-cipalcment par un flux de mucosile dpaisse qui sorlait des
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Outre les symptömes rapportes par Ramazzini, il fail observer que la pltipart de ccs animaux pre-naient la fuiteet elaient comme saisis de terreur sitot qu'ils elaient alteinls de la maladie; d'autres mouraient presque subitcment. 11 y avait dans presque tous im larmoiement, des frissons, des nausees, des mouvements convulsifs, unesoif ex­treme, le ventre presque toujours libre, des de­jections sanguinoientes (1), I'haleine raauvaise, des pustules qui s'abcedaient dans l'interieur de la bouche, et qui couvralent la langue et le gosier.
Ceux qui allaient au dela de la premiere se-maine, ce qui etait fort rare, en rechappaient, surtout si, apres la chute du poil, leur cuir deve-nait plus ferme, ou si le mal, se portant sur les cuisses et les jambes, les empöchait d'aller. On leur trouvait des vers dans les narines, aux racines des cornes, etc. Lancisi les attribue a des insectes qui y avaient depose leurs ceufs, Les vacbes qui pouvaient donner du lait ä leurs veaux guerissaient
naseau*. Aristote dit que, si la maladie se borne a in lilo, rauimalgucril; si, au tontraire, eile touibe dansla poitriue, il meurt.
(1) Scroekius douua le uom de dyssenlerie maligne ä celte maladie phlogüso-gangr^ueuse. Cette diversity d'opi-nioos sur la dciiominalion d'une maladie prouve combieü il est difficile de les bim caracteiiser.
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pour la plupart, mais leurs veaux pdrissaient.
On leur trouva dans l'omasus, c'est-a-diredans letroisieme estomac (qu'on nomme livre on feuil-let), une masse fetide de foin, noire, semblable a ce que Pline appelle le tuf des gönisses, juvenca-rum tophus. Ramazzini ajoute que cette masse dure 6tait fortement adherente aux parols du feuillet, d'une odeur insupportable, et la re-garde comme le foyer du mal et de l'infection, comme le premier produit du miasme conta-gieux.
Dans quelques-uns, on ne trouva d'autre marque de la maladie que cette masse dure; mais, dans le plus grand nombre, on observait des especes de bulles ou vessies a la surface des visciferes, tels que le cerveau et les poumons; quelquefois, des ves­sies qui ne renfermaient autre chose qu'un air infect, et qui frappaient vivement i'odorat lors-qu'on les ouvrait: on leur trouvait presque tou-jours des ulceres ä la racine de la langue, et ä ses bords des vessies pleines de serosite.
Dans l'ouverture d'un boeuf mort le sixiamp;ne jour, on trouva lefoie, les intestins, les poumons sphacöliSs; dans un autre, lecoeur mou et le cer­veau presque fluide; dans plusieurs, quelques taches livides aux poumons : mais les ulceres ä la
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bouche, au gosier et ä Tcesophage etaient ce qu'on trouvait le plus fr^quemment.
Lancisi avoue qu'on ne trouva aucun remöde efficaco contre une si cruelle maladie. Selon lui, les sötons et les cauteres actuels furent les seuls secours qui reussirent le mieux.
Ramazzini confirme cette observation par la sienne, et prouve, en mamp;lecin habile, que l'es-carre et les ulceres qu'on procure ä la peau dans ces circonstances, au moyen d'un fer chaud et d'un s^ton, sont les moyens les plus capables d'amener la revolution critique la plus heureuse: Indiget enim natura aliquo emissario.
II assure que tons les boeufs dans lesquels tin s^ton ou des pustules avaient procure un ecouie-ment de matieres fetides, epaisses et purulentes en rechapperent, sans retour de maladie; ce qui confirme bien ce passage de l'oracle de la mede-cine : Quidquid suppuratur non reverlitur ipsa, namque maturatio simul et indicationis et excre-tionisrationemhabet. (Hipp., lib.vi, epid. sect. 3, v. 7, p. 1175, Foes.) Aucun boeuf ne gu^rissait, dit Ramazzini, sans 6prouver quelque Eruption de pustules qui suppuraient, ou sans quelque ul­cers ä la peau, fait par I'art ou par la nature.
Lancisi recommande l'usage intörieur des cor-
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diaux möles aux acides; Ramazzini, celui du quin­quina, ä la dose de 90 grammes infuses dans 360 grammes d'eau cordiale; celui du camphre, la däcoction des plantes ameres et vulneraires, tclles que la gentiane, la petite centauree, etc. II conseille de leur laver la bouche avec un me­lange de sei et de vinaigre.
Quant ä l'origine de cetle maladie, I.ancisi l'at-tribue au bceuf dont nous avons parle ä l'exemple de communication.
On fut altentif ä tout, non-seulement au dan­ger de la contagion , mais encore ä celui qui pou-vaitresulterdel'emploidelachairdecesanimaux.
Aulre ßevre ardenle maligne, aigue ou peslilentielle.
De toutes les maladies epizootiques qui ont me-rite Tallention des peuples et des souverains, il n'y en a point qui ait fait lant de sensation que celle qn'on a vue regner en Europe, pendant plus de dix annees consecutives, sur les b6tes ä cornes (1).
Ce fut principalement dans les annees 1745 et
(1) Gelte maladie a ete caractdrisec de fiivre ardente ma­ligne, putride et gaugmicuso.
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46 qu'elle exerca ses plus grands ravages en ranee, en Hollande, en Allemagne, en Pologne, en Angleterre, en Danemark, etc. Plnsicurs ob-servaleurs eclaires en ont laisse des descriptions qui ne laissenl rien ä deslrer. Tandis que M. de Sauvages Tobservaitdans le Gevautlan, et !es pre­miers praticiens de Paris dans les faubourgs de cette capitale, M. Raudot dans la Bourgogne, M. Leclerc dans la Hollande, d'aulres medecins eclebres, les Hanois surtout, faisaient leurs obser­vations dans le Nord.
C'est dans le deuxieme volume des Memoires de la Societe royale des sciences de Copenhagne (1) qu'on trouve le detail curieux et interessant des phenomenes que presenta la maladie en Dane-mark, et des experiences auxquelles eile donna lieu.
Symplömes. Du moment, dit-on, qu'un boeuf en est alleint, il porte la tßie basse, ses cornes sont froides, la langue et le palais blanchissent, le mouvement de la respiration est difficile et precipite : il perd I'appelit, la rumination cesse, et, si une mort prompte ne I'enleve, les symp-tomes deviennentplus graves, la respiration plus
(1) Voycz Ada hafniensia, torn. II, an 1746.
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difficile, l'abaUement plus considerable. II ^prouVe des tiraiUemenls dans les membres, des mouve-ments convulsifs, qui paroissent accompagnös de vives douleurs et empöchent leur libre extension. La soif est quelquefois ardente, et, dans ce cas, souvent ranimal ne fiente ni n'urine. Pour l'or-dinaire, il a un devoiement dont les matieres sont teintes de sang. Quelques moments avantde mou-rir, l'animal tombe comme frappe d'apoplexie sans sentiment ni mouvement; une mucosite ^paisse et gluante coule de sa bouche et de ses naseaux; on aper^oit autour de la langue comme des aphthes. Ceux qui peuvent resistor ä la violence de ces pre­miers symptömes eprouvent, vers la troisieme se-maine, une eruption de petils boutons au cou et au dos, qui deg^nerent en gale.
L'ouverture des cadavres fit voir des taches gan-greneuses dans les visceres du bas-ventre, surtout a la rate et ä l'omasus ou troisieme estomac, qu'on appelle feuillet; on apenjut toujours des traces d'inflammation , de putridite et de gangröne; le sang contenu dans la rate ötait un peu plus noir que dans l'etat nature!; la vcsicule du fiel 6ta\t toujours pleine de bile. On y trouva souvent des calculs de diverses grosseurs. Dans quelques-uns, de petits vers rampaient dans le conduit cho-
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l^doque; dans d'autres, on trouva le cerveau fluide, la surface des poumons semöe de taches livides et gangreneuses. Dans I'omasus ou feuil-let (1), on trouvait presque toujours une masse dure, aride, de couleur rousse, semblable ä un amas de foin menu, broye, comme cuit et durci par l'ardeur du mal. Les calculs qu'on trouvait dans la vösicule du fiel etaient ronds, pour 1'or-dinaire, de la grosseur d'un ceuf de pigeon, mais moins durs que ceux qu'on trouve chez les hommes; ils Etaient formes de plusieurs couches ou lames posees Tune sur I'autre, qui se d^la-chaient plus facilement que celies des pierres be-zoardiques. Ces lames n'etaient solubles ni dans le vinaigre, ni dans I'esprit-de-vin , mais elles prenaient feu a la flamme d'une chandelle. Le coeur 6tait quelquefois rempli de concretions san­guines polypenses.
(1) On cst couveuu, dcpuis Peyer, de dooucr 1c nom de venter ä la pause; celui de reticulus, reticulum, au bonnet ou ramp;eau, qui est le second estomac; celui (Vurinaceus, liber ou omasus, au psaulier, livre ou feuillet, qui est le troisräme estomac; et enlin celui de perfectibile ou oboma-sus au quatri^ue estomac, qu'on appelle caillette ou fran-chemule.
C'est dans I'omasus ou feuillet que se trouvent ordiuaire-mcnt ces masses dures, semblables ä du tau ou ä des mottes ä brüler, qu'on appclle gäleaux.
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Quant au traileraent, voyez cclui qui est prös-crit plus haut pour toutes les maladies phlogoso-gangreneuses.
En France, la maladie de 1743 fut examinee avec plus d'atlention. D'une part, plusieurs me-decins distingues de la Faculte de Paris epiaienl tous ses raouvements dans les faubourgs de la ca-pilale, tandis que M. de Sauvages faisait ses obser­vations dans le Yivarais. Voici ce qui fut observe:
La maladie semblait couver quelques jours, pour se developper ensuite tout ä coup avec vio­lence. On conaaissait qu'elle allait se declarer lorsqu'on voyait paltreces animaux d'une maniere nonchalante; que la rumination cessait, quoiqu'ils eussent avale de l'herbe; que le lait diminuait sensiblement dans les vaches; qu'elles etaient tristes et prises d'une petite toux.
M. Chomel (\) assure qu'on observa quelquefois, dans des vaches que les habitants de la campagne croyaient parfaitement saines, et qui fournissaient la mesure ordinaire de leur lait, un mouvement de fiamp;vre considerable; en sorte que le mouvement du cceur augmentait de vivacite et de rapidite
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(1) Voycz la Lelire d'un niMecin de Paris ä un medccin de province sur la maladie dos bestuuix. — Paris, 1745.
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presque du double, sans autre indice apparent de maladie. A ces symptömes se joignait souvent une toux. Tels etaient les signes piecurseurs de la maladie obscrvee par les medecins de Paris (1). Lorsqu'elle se declarait, eile s'annongait d'a-bord par des frissons irreguliers, qn'on observait plusieurs fois dans le jour, et auxquels succddail une ardeur febrile des plus fortes; le pouls aug-mentail du double en vivacite et cn rapidite; les redoublements de la ßevre ressemblaient ä des ac-ces de fievre intcrmiltente, et dans le frisson il y avait un Iremblement dans tout le corps, ou bien dans les cuisses. Alors les oreilles, les cornes et les sabols etaienl froids. Tandis que l'exterieur etait froid, Thaleine et les parties interieures pa-raissaient brillantes. II y avait une toux frequente, difficullö de respirer, batternent de flaues; la ru­mination cessait absolument; le lait se suppri-mait enlierement dans les vaches, quelquefois il diminuait seulement des deux tiers par jour; les yeux ätaient souvent larmoyants et toujours fixös vers la terre; il y avait un ecoulement de morve blanchfUre, sans mauvaise odeur; la fiente ötait liquide, muqueuse, teinte de sang; mais ce
(1) Voycz Registres de la Faculte de medecine de Paris, anuee1745.
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sfgne etait rare dans les premiers jours: sur la fin, les dejections devenaienl tres-fetides. Dans les vaches, les lamp;vres de la vulve etaienl enflöes, et 11 en döcoulalt unehumeur virulente; on apercevait a leur pis des taches pourpreuses. Sur la fin de la maladle surtout, on observa des tumeurs emphy-sematiques qui, etant comprimees, faisaient un bruit semblable ä celui d'un parchemin sec qu'on froisse entre les doigts.
On remarqua quelquefois qu'il survenalt des pustules dans l'lnterieur de la boucbe et sur la langue ; mais on observa generalement, h Paris, en Bretagne et en Franche-Comte, une eruption de petltsboutons par toute la peau, qui seconver-tissaient en ecailles. Ces deux derniers symptötnes ne furent observes que sur le petit nombre de bkles qui en r(5chapperent, et 11 n'y eut que quelques boeufs ou vaches maigres qui furent dans ce cas.
Dans quelques cadavres, on ne trouva d'autre alteration sensible dans les vlsceres que le gonfle-ment extreme de la vesicule du fiel. Dans presque tous, la panse se trouvalt remplie de leurs aliments un peu humectes, avec une odeur desagreable; les feuillets du trolsieme estomac (omasus) gan­grenes et conlenant une matiere semblable a des mottes ä brüler; les autres estomacs gangrenes et
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marques, d'espace en espace, de quelques laches pourpreuses; le foie, la rate et les poumons ötaient quelquefois couverts de pustules et de laches pourpreuses. On trouva quelquefois le coeur vicie de ces laches, de mamp;me que la matrice, et les foetus (ou veaux) suffoqu^s par !e sang; la racine de la langue, le pharynx, le larynx, I'oesophage, la trachee-artfere, avec les memes laches; les ca-vites du nez remplies d'une matiere purulente.
Teiles furent les observations faites ä Paris et aux environs.
Si jamais les boles a cornes avaient le malheur d'etre affeclees d'une äpizoolie semblable, et que Ton s'aperQÜt du plus l^ger symptöme de maladie dans les bestiaux que Ton croit 6lre sains, il fau-drait executer ponctuellement les precautions ge-nerales que nous avons prescrites ci-devant, et s'appliquer ä reconnaitre au plus lot le genre de la maladie dont ils sont attaqu^s, afin de suivre le traitement present plus haul.
Les observations de M. de Sauvages furent con-formes a celles-ci jusqu'a un certain point. Outre le mouvement du pouls, le batlement des flancs, le refroidissement des oreilles et des comes, les tumours emphysematiques, etc., qui etaient les memes, il observa que les yeux cUiient quelque-
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fois rouges, d'aulres fois larmoyants, que, le troi-sieme jour, la respiration etuit g^nee, que I'ani-mal soup!rait et soufflait avee un bruit qu'on pou-vait enlendre de vingt pas. Les urines, suivantlui, claient presque (oujours comme dans I'etat natu-rcl. Presque tous frissonnaient de tout le corps, surtout aux flaues et aux cuisses, et on voyail alors le poi! se herisser successivement et tres-rapide-ment de la croupe a la töte et de la töte ä la croupe : souvent les larmes claient chassieuses et purulenles, et creujaient un sillon sur la peau, depuis les yeux jusqu'aux naseaux.
L'espece de vertige qui les faisait courir dans les champs, observe par Lancisi en 1711, fut observe de mtime par M. de Sauvages en 1745 (1). En 6te, on apercevait des vermisseaux blancs, longs de 0m,028,de la grosseur d'un fil ordinaire, entre les paupieres et les yeux; ce qui ne fut point re-garde comme un effet de la maladie. La morve epaisse, blanchälre, quelquefois sanguinolente et quelquefois purulente, ne partait que des glandes sebacees du tour des narines; mais, outre cettc humeur, il en apergut une aulre sereuse comme
(1) Voycz Memoire sur la maladie cpütemique des hwufs du Viiarais, par M. de Sauvages, iQ-'i.—Monlpallier, 1718.
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les larmes, qui s'y m61ait et qui etailtres-sensible au commencement et ä la fin de la maladie. L'e-piderme des naseaux et de tout le museau se sou-levait quelquefois avec excoriation et tombait par ecoilles; cela arrivait surlout a ceux qui en re-chappaieut. Leur haieine elait tres-puante, leurs dejectionsliquideSjd'un vert fonce et d'uneodeur insupportable ; ce qui n'empöchait pas les autres boeufsdeleschercherdeloin eldelesrenifler. M.de Sauvages observa, en outre, que la region lom-baire et toute l'epine du dos etaient si sensibles, que, pour peu qu'on les pressät avec la main, I'a-nimnl tombait sur les genoux, reculait cn arriere ou fuyait avec precipitation. Les empbysemes se formaient quelquefois dans la region des flancs, ä quelques centimetres des vertebres. Lorsqu'on ou-vraiteestumeursparuneincision (comme onlepra-tique brdinairement), et qu'on froissait ces parties entre les mains, il en sortait un air fort elastique, avec un bruit semblable ä celui d'un parchemin sec.
Les symptömes les plus dangereux, suivant M. de Sauvages, etaient le degoüt invincible, l'e-coulement de morve trop copieux, et surtout les dejections sanguinolentes, ou mßme le d^voie-ment simple bien etabli.
Les signes qui annongaient, au contraire, la
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guerison amp;aient la prolongation de la maladie jusqu'a la seconde semaine ; le goüt pour les ali­ments et les boissons constamment soutenu, quoique diminue; la chute du poil de la croupe, le redressement de la t6te, la chute de l'epiderme du museau, les pustules ä la bouche, ou bien un depot sur le fanon ou sur les jambes: ce qui s'ac-corde trös-bien avec le pronostic donne par Lan-cisi et Ramazzini dans la maladie de Uli.
L'ouverture d'un boeuf mort le huitieme jour apprit que la morve puruiente du bout des na-seaux ne venait point des sinus maxillaires ni des frontaux. Les vers qu'on trouva en France et en Danemark sous les cornes dans les sinus sourci-liers parurent n'avoir rien de commun avec la maladie.
La masse dure qu'on appelle gdteau fut obser-vee dans le Vivarais. On y trouva constamment la pause remplie d'un tas immense de fiente jaune, puante et fort s^che, et le bonnet, ainsi que le feuillet, en contenait encore une plus seche et plus noirdtre. La tunique interne de ces estomacs etait livide, sans avoir rien de gangreneux; celle de l'intestin rectum 6tait parsemee de taches livides. M. de Sauvages trouva les poumons boursoufl^s et rouges en plusieurs endroits. On observa que, dans
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les animaux morts dans la revolution des trois ou quatre premiers jours, on trouvait tres-peu d'al-teration dans tous les visceres.
Teiles furent les observations faites dans le Vi-varais par M. de Sauvages.
M. Leclerc, qui observait la maladie en Hol­lande dans le mßme temps, en donne une des­cription conforme a celle des ra^decins danois et francais, mais qui präsente quelques phenomenes particuliers.
Suivant cet auteur, le poil des animaux se I16-rissait; bientöt aprfes il survenait un tremblement presque universel; les oreilles et les comes etaient froides; il y avait une rougeur inflammatoire aux yeux, qui occupait surtout la cornee. Dans quel-ques-uns, cette rougeur paralssait au commence­ment de la maladie, chez d'autres vers la fin et aux approches de la mort. La plus grande partie avait un öcoulement de larmes; d'autres avaient les yeux sees et abattus. Dans plnsieurs le nez pa­ralssait enfle, et il en decoulait une morve conti-nuelle; dans d'autres les narines etaient rötre-cies et tres-rouges sans ecoulement d'humeur. M. Leclerc a vu quelquefois le milieu du nez de travers, avec de petites convulsions ; et, peu de temps avantla mort,il ensortait unehumeursan-
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guinolente d'uneodeur insupportable, Dans pluquot; sieurs la 15vre superieureetait engorgee, tandis que l'inferieure etait pendante et comme privee de sentimentj la bouche fournissait une grande quanlite de bave et d'humeur. Les gencives ötaient quelquefois rouges, enflammees, pleines de varices et parsemees de pelits boutons jaunes, d'aphthes et de pelits chancres; ce qui etait suivi de l'ebranlement general de toutes les dents : le palais ainsi que la ianguesecouvraientaussi quel­quefois de pareils boutons, et la salive alors etait blancMtre et moisie. Les uns pouvaient se main-tenir sur leurs jambes et se coucher; d'autres avaientles jambessi roides, qu'ilsne secouchaient point jusqu'a la mort. Quelques-uns ne pouvaient se soutenir que sur les jambes de devant; celles de derriere'etaient si sensibles, que l'animal ne pouvait supporter l'attouchementiponrpeu qu'on le toucMt avec la main, il se penchait en arriere et se couchait. M. Ledere observa, le premier, qu'il survenait a plusieurs une tumeur inflamma-toire (ou bubon) vers le milieu dueou, au fanon et aux aines : le baltement des arteres etait tres-fort et tres-lrequent.
Vers la fin du second jour et ordinairement au troisieme, la respiration devenait difficile et sa
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dil'ficulte augmentait rapidement; tons les muscles du cou, de la poitrine, du bas-ventrc etaient dans im mouvement conlinnel 5 l'animal poussait des soupirs et gemissait; la morve et la bave etaient pleines d'ecumes ; elles devenaient sanguinolentes et infectes avant la mort. La plu-part ne dormaient pas du tont; presqnetous s'af-faiblissaient fort vite et mouraient subitement comme assommes d'un coup de massue, le qua-trieme, le cinquieme ou le sixierae jourau plus tard : les urines differaient tres-peu de l'etat na-turel. Dans les uns les excrements elaient fort durs, depuis le commencement jusqu'ä la fln de lamaladie; d'autres les rendaient dursau com­mencement et liquides vers la fin : il y en avait qui les rendaient toujours liquides jusqu'ä la mort. En general, dans tous, peu de temps avant de mourir, les excrements etaient plus ou moins noirs, jaunes, purulents et fetides. Boerhaave et M. Ledere ne remarquerent aueune difference sen­sible entre le iait des vaches malades et celui des saines. Les levresde la vulve Elaient engorgees et rendaient une humeur virulente.
Le resullat de l'ouverture de soixante-dix ca-davres fut 1deg; que le venire etait lantot tres-gonflö et ten'du, tantöt affaisse, surtout dans les ani-
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maus qui avaient eu de fortes evacuations;
2deg; Que le tissu cellulaire, les endroits gras etaient toujours attaques d'inflammation, de se-cheresse ou de noirceur;
3deg; Que leur chair etait ftresque toujours alteree dans sa couleur apres la mort; qu'elle 6tait sou-vent noire, d'autres fois brune;
4deg; Que les glandes du cou (qu'on appelle forme de bouclier) ^laient ordinairement rouges, livides ou gangrenees, qu'elles presentaient les marques d'un vrai bubon pestilentiel, et que celle qu'on appelle glande de la gorge etait souvent rouge et enflammee;
5deg; Que la substance du cerveau etait rarement alteree, mais que ses vaisseaux etaient souvent variqueux et ses membranes enflammöes, princi-palement dans ceux qni avaient eu des insomnies coniinuelles;
6deg; Que les poumons, surtout la trach^e-artere, n'etaient jamais sains, etaient plus ou moins rouges, livides, erysipelateux, gangrenes et con­verts de taches noires;
7deg; Que le diaphragme, la plevre et le pericarde etaient toujours enflammes ou gangrenes;
8deg; Que le cceur portait aussi des marques des atteinlcs Je la maladie; que ses caviles n'elaient
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jamais vides, mais contenaient im sang brüle ou un sediment semblable ä line lie brune;
9deg; Que le mesentere ötait enflammö, le foie et la rate d'une couleur noirätre ou ocracee, ou bien rides et dess^ches;
10deg; Que la bile contenue dans la vesicule du fiel ötait causlique et comme brülee;
11deg; Que la panse, ou le premier estomac, etait ordinairement enflamme, quelquefois gangrene et rempli d'aliments arides et desseches; le bon­net, quelquefois sain , quelquefois enflamme; le feuillet, couleur de plomb, gangrene et conte-nant des matieres noires, sfeches et brulees; la caillette, couleur de minium et remplie, au lieu de chyle, d'une matiere jaune, infecte, semblable aux excrements, quelquefois de sang extravasö, noir et fetide, comme Boerhaave l'avail observe;
12deg; Que les intestins etaient toujours vides et extrßmement distendus par la presence d'une grancle quantity d'air, souvent parsemes de laches livides; les gros boyaux rides, retires ou flasques, remplis d'excrements durs dans les animaux qui avaient ete constipes;
15deg; Que les reins Etaient presque toujours sains, rarement enflammcs, ainsi que les voies urinaires;
14deg; Que, dans les vaches, la mal rice elait en-II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 31
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flammee, et que les foetus (ou veaux) qui y ^taient renfermes avaient non-seulement les boyaux en-dommages, mais la poitrine et le ventre resrnplis d'une huraeur sanguinolente de mauvaise odeur.
En Franche-Comle, la maladie portait le nom de murie (1); chacun la caracterisait ä sa maniere: les uns la consideraient comme une fifevre maligne pestilentielle et pourpreuse; d'autres, comme une ftevre ardente eruptive (2); enßn quelques autres comme une simple dyssenlerie (5).
On vit tant de rapports entre cette maladie et celles de 1711 et 1714 (4), que tous ceux qui les ont compares se sont accordes ä dire que c'etait la meme qui s'elait reproduite de nouveau, ou qui, sans cesser de ravager l'Europe et l'Asie, s'y etait renouvelee avec plus de fureur (5).
En effet, si l'on compare attentivement les symptömes de l'une et de l'autre, on trouve que
(1)nbsp; Voyez Registrcs de la Faculte de Paris.
(2)nbsp; Voyez Dissertation sur la maladie cpidemique des bestiaua, par M. Blondel, mWeciD, p. '20.
(3)nbsp; Nosologia methodica Sdümgii, classe 9, p. 89.
(4)nbsp; En 171*, M. Fantoo, alors profcsscur en mödecinc, ä Turin, fit monier la pcrte du Piemont ä 70,000 bfeles ä cornes. et la Heilande enperdit alors plus de 200,000.
(5)nbsp;Voyez Memoircs de l'Academie de Berlin, anne'e 1768, laquo;t ließexions sur la maladie ipiddmigue des bestiaux, par M. Bloudel.
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le diagnostic, le pronostic, la marche dans les progres, les crises sont, ä tr^s-peu de chose pres, les mömes; mfeme caract^re pestilentiel, möme difficult^ dans le traitement, comme on va le voir. Mais, s'il est difficile d'asseoir un jugement cer­tain dans cette comparaison, il Test encore plus de decider affirmativeraent de l'identitö (ou de la nature) de celle de 4745, dont on vient de rendre compte.
Quoiqu'il seit evident que c'etaitla möme, nean-moins on doit distinguer plusieurs symptömes qui ne se sont pas ^galement montres dans toutes, soit que chaque auteur ait sa maniere de voir et de rendre les objets, soit que la difference des climals et des saisons en mette une reelle dans les symp­tömes.
II est certain, par exemple, que l'^pizootie des boeufs, observe en Danemark, celles de Franche-Comtö, de ßourgogne et de Paris, ont präsente presque toutes les m6mes accidents et les m6mes suites; tandis que celles de Hollande et du Viva-rais paraissent avoir eu beaucoup plus de rapport entre elles. A peine MM. de Sauvages et Ledere font-ils mention de quelques boutons observes dans l'interieur de la bouche et au museau des boeufs; tandis que tous les autres auteurs parlent
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d'une eruption generate de boutons qui rendaient la peau toute galeuse, et sur laquelle paraissait fonde tout l'espoir de guerison. Les bubons aus aines, aux glandesdu cou, dont parleM. Leclerc, ne se prösentent point dans la description des autres auteurs, ä moins que ce ne soient les de­pots naturels ou artificiels dont M. de Sauvages, surtout, a fait mention. Ainsi on peut dire que celle de Hollande serapprocheplusde celle du Vi-varais que lesaulres, et que celles-ci avaient aussi un plus grand nombre de rapports entre elles : il serait d'ailleurs superflu d'en chercher la cause. L'opinion la plus generate en Europe, sur I'ori-gine de cette maladie, fut (1) qu'apr^s avoir pris naissance dans la BoMme, durant le siege de Prague, eile se repandit, d'un cote, dans la Hon-grie, la Baviere, la Slyrie, la Carinthie, le Tyrol, I'ltalie, et par les Alpes en Provence, tandis que, d'un autre cöte, eile penetra dans 1'Alsace, le Luxembourg, la Franche-Comte, la Lorraine, les Pays-Bas, la Fiandre, enfin la Picardie, d'oü eile parvint ä Paris, et de lä dans plusieurs provinces de France.
Quoi qu'il en soit, on ne l'altribua gamp;iörale-
(i) Voyez surtout les Registrcs de la Facultd de Paris, annde 1745,
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ment, en Europe, h d'autre cause igu'ä l'nsage des feuilles pourries des arbres dont les bestiaux de BohÄme avaient etö obliges de se nourrir durant le siege de Prague, manquant de fourrage, qui avait et6 enleve pour les chevaux de l'armee frangaise.
II y a peu de maladies epizootiques dont les symplömes aient ete developpös avec tant de soins et de sagacite. Des ecriväins de premier merite, telsque MM. de Sauvages, Chomel, Blondel, Le­dere et Raudot, exercerent leHrplumeäce travail.
On ne peut s'empMier de rendre compte de deux theories brillantes auxquelles la maladie donna lieu, et qui sont capables de jeter beau-coup de lumiere sur le traitement.
D'un cöte, on dit, un virus d'une nature caus-tique, acre, inflammatoire, reeju dans les pre­mieres voies, irrite les tuniques, corrompt les-sucs, infecte le chyle : cette liqueur laiteuse, portee dans la masse du sang, ne peut y parvenir sans passer par les routes principales que la na­ture a destinees ä la lymphe : celle-ci en contracte necessairement le vice; de la l'engorgement des vaisseaux qui la contiennent, des glandes conglo-bees, etc. Si ce virus est d'une nature ä l'epaissir, la durerr, l'engorgement augmenle, la lymphe se deprave par son sejour, irrite, enflamme les tu-
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niques-, reportäe en cet clat dans la masse du sang, eile le corrompt: de lä la depravation g6-nerale des humeurs, le gonflemenl des glandes; Symptome qui indique toujours que la masse des humeurs a recu le levain de la contagion.
Si le virus se borne ou parait se borner aux premieres voies, 11 produlra differents symptömes dans tout le trajet du canal intestinal, des co-liques, des tensions spasmodiques, une crispation dans les bouches des vaisseaux lactes, la diarrhee, la dyssenterie, etc. C'est ce qu'on observait quel-quefois au commencement de la maladie, et on a ouvert des cadavres dont tous les visceres ont ete trouves sains, ä l'exception de l'omasus ou feuiliet, dans lequel paraissait 6tretout le foyer du mal. Dans quelques cadavres on ne trouva d'autre alte­ration, sensible dans les parties, que le gonfle-ment excessif de la vesicule du fiel. Mais cela suf-fisait souvent pour donner la mort: ce qui prouve ' la malignity et la subtiiite du levain contagieux, qui etait capable de devenir funeste, m6me avant d'avoir infectö sensiblement les humeurs. Tout porte done ä croire que son action d^lamp;^re sur les nerfs et sur leur origine etait le premier et le plus dangereux effet qu'il produisait dans l'economie animale, ce qui est toujours le propre des mala-
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dies les plus redoutables des hommes et des ani-maux, et qui decide souvent leur nature.
D'un autre c6t6, en suivant la th^orie de l'in-flamtnation de Boerhaave, on admettait, pour cause prochaine immediate de la maladie, I'arrfit, la stagnation du sang dans les extr6mit6s capil-laires des vaisseaux, suivie de prompte inflamma­tion et de gangrene rapide. Le sang, force de gon-fler, dit-on, les extremites des arteres sanguines, les engorge; les oscillations des vaisseaux aug-mentent ä raison de 1'obstacle opposö ä la circula­tion ; les arteres lymphatiques, forcöes, se di-latent, regoivent la partie rouge du sang: ce sang, ainsi engage dans des vaisseaux d'une texture de­licate, y croupit, les dilate et y cause une vraie in­flammation. Si on ne reined it; p r om piemen t a cet etat inflammatoire, les embarras des vaisseaux se multiplient.gagnentlesprincipauxvisceres, parti-culierement ceux dont le tissu tendre et d^licat cede plus facilementä l'impulsion et au tumulte des liqueurs. Les digestions, troubles et d^rang^es,ne fournissentplus qu'un chyle aigre, visqueux, d^-prav6, qui, se m^lant au sang, en augmente en­core le vice, le deprave de plus en plus. Les hu-meurs,en croupissant, contractent un mouvement de fermentation putride. Dans cet ^tat d'engorge-
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merit universel, toutes les fonctions languissent; les glandes ne filtrent plus les liqueurs qu'elies avaient coutume de s(5parer de la masse des li­quides; elles se gonflent par la stagnation de celui qu'elies conliennent : le foie ne filtre qu'une bile d'une acrimonie excessive, dont une partie crou-pit dans la vesicule du fiel, par l'engorgement in-flammatoire du conduit choledoque, tandis que Vautre, refoul^e dans le sang, en augmente la chaleur et l'ardeur.
Les intestins sont si enflammes, si irrites, que leurs vaisseaux capillaires se dechirent et laissent couler des raatieres ensanglantöes, qui forment une vraie dyssenterie. M. Raudot (1), surtout, qui fit valoir cette theorie fondee sur l'ouverture des cadavres qui offraient tous des traces d'inflamma-lion, de suppuration ou de gangrene, cherche ä etablir qu'une disposition inflammatoire generate etait l'etat le plus constant dans ces animaus, et que, perissant tous d'inflammation d^generee en gangrene, toute l'efficacite du traitement ne con-sistait que dans les moyens d'y remedier.
Les symptömes de la maladie ayant ete expli-ques d'une maniere si lumineuse, on ne pouvait
(1) Voyez Dissertation sur la maladie dpiddmique des bestiaux, par M. Raudot, m^dccin ä Dijon. 1745, in-12.
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manquer de plans de traitement fondds sur les meilieurs prlncipes; inais,malheureusement, pour combattre avec avantage une maladie dont les ef-fets etaient si rapides, on n'eut pas toujoursle temps ni le pouvoir de suivre les indications.
En France, on n'oublia rien pour conserver ou preserver des animaux si utiles. La Facull^ de Montpellier ayant ete consult(5e ä ce sujet, sur le rapport qui fut fait de la maladie par M. de Sau­vages, donna son avis pour attaquer cette flevre maligne par des remedes preservatifs, avant qu'elle füt d^claree; mais, malgr^ tous les secours qu'on y a donnös, M. de Sauvages convient lui-m6me qu'on ne peut trouver aucun spdcifique, aucun remede assur^ contre cette maladie, et que, sur vingt bötes malades, il en mourut dix-neuf.
Tandis que la Facultö de Montpellier s'occupait des moyens de remedier ä ce fleau, plusieurs membres distingues de celle de Paris s'exer^aient ä la mkme fonction. Dans le peu d'heures que ces mamp;lecins purent donner aux secours de ces ani­maux, on fit l'essai de plusieurs methodes; on tenta une infinite de secours en tout genre; on fit l'epreuve d'un grand nombre de recettes et de remedes vanl^s, envoyes de toute part; maistoutes ces tentatives furentinfructueuses,
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Cependant deux indications pressantes se pre-sentaient ä rempllr : l0(lebarrasser les estomacs de la prodigieuse quantity d'alimentsdonl ils etaienl farcis; 2deg; pr^venir 1'inflammation ou en arr^ter les progrfes. Pour satisfaire h ces indications, il fallait la diamp;te la plus austere : M. Chomel dit qu'on ne put jamais l'obtenir des paysans. On or-donna les saignees; dies furent sans succes, ainsi que les purgatifs, m6me les plus doux, au com­mencement de la maladie.
Enfin on ne vit pas de meilleur parti que de determiner, ä l'ext^rieur, des depots qui pussent devenir critiques, et d^tourner ainsi du centre la plus grande partie de la matiere morbiflque. On ordonua le seton au bas du fanon, la saignee, la diete, I'eau blanche, les masticatoires antipu-trides, et on les parfumait avec les plantes aro-matiques.
Plus t6t on döterminait le d^pöt avec les samp;ons, plus il suppurait, et plus il y avait d'espoir de guamp;isou. Lorsque ces bötes devaient gu^rir, on les voyait maigrir sensiblement, et elles ne gu6-rissaient jamais sans cette condition. Ce fut la methode qui reussit le mieux aux medeclns de Paris.
S'il faut ajouter foi ä M. Raudot, m^decin a Di-
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jon, il parait qu'il ne fut pas malheureux dans le traitement de cette maladie. Sa m^thode consiste ä faire tirer environ i kilog. de sang ä l'animal, et, six heures apres, on repfete 1a saignee; le len-demain, 11 conseille de le purger et de lui donner, le soir, 15 grammes de theriaque delayfe dans deux verrcs de decoction d'absinthe.
Apr^s avoir ainsi debarrasse les premieres voies, il recommande l'usage de l'opiat suivant.
On prend 500 grammes de quinquina en poudre; nitre purifiö, 120 grammes; camphre, 60 grammes. On mole le toutavec süffisante quan­tity d'un sirop fait avet 1'absinthe et le miel. On donne, soir et matin, pendant quatre ou cinq jours, 30 grammes de cet opiat, delays dans deux verres de decoction d'absinthe. On connait que l'animal est gueriquand il commence ä man­ger et ä ruminer.
Si la dyssenleriesurvient, on reit^re la saignee, on emploie 1'opiat de quinquina. On donne, en outre, deux fois le jour, les lavements emollients, auxquels on ajoute un peu de miel. II recom­mande la dtete, les sdtons au cou, au commence­ment de la maladie; pour boisson ordinaire, une decoction d'avoine, d'orgeoude seigle.
M. T-eclerc, d'apr^s les principes qu'il avail amp;a-
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büs et dont nous avons rendu compte, trace un plan de conduite donton a, dit-il, (5prouvel'avan-tage en Hollande. Sa methode consiste a defendre expressement de donner du foin aux malades, parce qu'il se s^che et se brüle, suivant lui, dans leurs estomacs.
II remplit la premiere indication avec une nourriturc falte de farine de seigle bouillie dans du petit-lait, ou, ä son defaut, avec des pommes deterre et du son, jusqu'a consistance de bouillie, ou bien avec des concombres, des citrouilles et un peu d'herbe verte, dont on leur donnera trois ou quatre fois par jour. Pour boisson ordinaire, il prescrit l'usage du petit-lait aigre, et, ä son de­faut, de l'eau pure, ä laquelle on ajoule un verre de vinaigre sur 1 litre 1/2 de boisson.
II remplit la deuxieme indication avec des sai-gnees au cou, selon l'äge et les forces de l'animal; les setons au cou et les purgalifs d'huile de lin.
Fievre inßammaloire et pulride.
En 1760, une raaladie ^pizootique, connuc, dans quelques cantons de Suisse, sous le nom de louvet ou loval, y flt perir quantite de boeufs et de chevaux. C'estäM. Regnier qu'on est rede-
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du BOüVififi.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;373
Vable de l'excellente description de cette maladie; c'est ainsi qu'il s'exprime :
Des qu'un boeuf en etait atteint, il perdait ses forces, tremblait et se couchait; il ne se relevait que pour chercher ä se rafraichir; il portait la t6te basse et les oreilles pendanles; il etait triste : ses yeux 6taient rouges, larmoyants: il y avait samp;che-resse et chaleur h la peau : la respiration ^tait frequente et difficile, suivie d'un battement de flancs, lorsque le mal avaitiait beaucoup de pro-grhs. II y avait une toux fröquente; le pouls etait acc^lere, fort; l'haleine fetide, la langue et le pa-lais arides et enfin noirätres, la soif considerable. L'animal perdait l'appetit et cessait de ruminer; il urinait peu et rarement, et rendait des urines rougeAtres : les excrements* etaient durs, noi-rätres dans les commencements, quelquefois li­quides et sanguinolents. Le lait se tarissait dans les vaches.
Dans plusieurs de ces animaux, il se formait des tumeurs inflamraatoires, tant6t vers la poi-trine, tantöt aux mamelles et aux parties de la ge­neration ; dans d'autres, il paraissait, dans toute 1'habitude du corps, des furoncles avec des bou-tons semblables ä ceux de la gale. II etait rare de voir tous ces symplömes sur le meme sujet; II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 32
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mais plus ils Talent nombreux, plus l'animal etait en danger.
Ordinairement la maladie se decidait, le qua-tri^me jour,laquo;pour la vie ou pour la mort, qui sur-venait ä ce terme, lorsque les symptömes etaient violents. Si ranimal passait le quatrieme jour et que le seplieme füt heureux, sa guerisoh etait comme assuree, quoique la convalescence n'arri-vät souvent que le quinzieme.
L'abondance des urines troubles d^posant un sediment blancMtre, les excrements plus abon-dantsque dans Fetat naturel,humectes et depour-vus de beaucoup d'odeur, la peau moite et lache, lesboutons pleins d'un pus blanchätre.l'alteration cessee, le retour de l'appetit, les jambes enflees, la rumination revenue et la chute des poils etaient les signes avant-coureurs d'une parfaite guerison; au contraire, la tumefaction du ventre, les mugis-semenls, les defaillances, la debilile ou l'abatte-ment, les tremblements, les convulsions, la sup­pression d'urine, la diarrhee et la dyssenterie n'annoncaient rien que de fächeux.
L'ouverture des cadavres offrit des tumeurs noires pleines d'une serosite jaunätre qui faisait effervescence avec les acides: les chairs etaient li-vides et pres de la putrefaction ; les poumons des-
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söches et remplis de tubercules oude petitsabces, particulierement les poumons des b6tes mortes le quatricme jour; les estomacs et les intestins par-sem^s de taches rouges et enduits d'une mucosite fort tenace.
Les principales indications que la maladie pre-senta ä remplir se reduisirent a remödieraux pro-gres de 1'inflammation et de la pulridile, ä com-battre ces deux etats, lorsqu'ils ötaient bien decides, et ä empßcher la gangrene dans les tu-meurs inflammatoires.
Pour remplir la premiere, on ne saigna pas les animaux; on eut recours ä i'eau pure, au petit-lait, au sue de laitue et aux decoctions d'orge et de son nitre, tant en breuvages qu'en lavements. La decoction de feuilles de mauve et de parietaire, ä la dose de chaque une poignee pour 1 litre d'eau, et ä laquelle on ajoutait une cuiller^e de miel et deux verres de vinaigre, parut pröferable ä tousles autres rem^des, soit en breuvages, soit en lavements.
Lorsque la diarrhee ötait considerable et que la dyssenterie commen^ait ä paraitre, on diminuait la quantity du vinaigre et on ajoutait ä la boisson de pelit-lait 60 grammes de quinquina en poudre.
Le seton place au bas du fanon et au bas-ventre
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produisit de tres-bons effets, ainsi que les fumi­gations de vinaigre.
La manifere la plus avantageuse de trailer les tumeurs inflammatoires fut de les ouvrir avec un rasoir, de faire des scarifications h l'entour, en-suite d'appliquer sur toute leur ^tendue un cata-plasme fait avec des feuilles d'absinthe, de rue, de menlhe, de sei ammoniac et de vin, qu'on renou-velait des qu'il commengait ä secher; enfln on pansait l'ulcere avec l'onguent egypliac (1), qu'on recouvrait du möme cataplasme.
Autre fievre inflammaloire, putride et gan-gre'neuse.
En 1773, ä peine la Flandre et la Picardie commengaient a reparer la perte de leur bötail, qnelefeu, peut-6tre mal Steint, de la maladie phlogoso-gangreneuse, ou bien quelque nouveau germe apporte de la Hollande, se ranima dans ces
(t) L'onguent (Sgyptiac se fait avec 425 grammes de miel blanc, 210 grammes de vinaigre et 150 grammes de \ert-de-gris en poudre. On fait bouillir le tout sur un feu mod^rö, en remnant, sans disconiiuuer, avec une spalule de bois, jusqu'ä ce qua le melange cesse de se gonfler, et qu'il ait une couleur rouge.
Vertus. On l'emploie pour nettoyer et ronger les chairs des ulcamp;res fongueux. II est encore autiputride.
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provinces avec une nquvelle fureur. Le Hainaut s'en ressenlit des premiers. La maladie s'y mani-festa d'abord ä Groisier, village voisin de T.an-drecy, dans la chätellenie de Bouchain. Elle ra-vagea une partie de la Flandre, surtout la cam-pagne de Lille, et bientöt celles des g^neralites de Soissons et d'Amiens eprouvörent le möme sort, surtout le long de la riviere d'Oise,oü il y eut des pertes tres-considerables.
II parait que dans le Hainaut, ainsi que dans la Picardie, qn n'eut que des conjectures vagues sur ce qui l'avait produile. Mais le sentiment le plus general fut qu'une vache malade, amende des Pays-Bas, oü Ton observait, dans le m6me teraps, une maladie epizootique semblable, l'apporta dans le Soissonnais en 1773. Elle offrit, dans ces pro­vinces, les m6mes varietes, les m6mes phamp;io-menes qu'avait offerts l'epizootie de 1745 en dif-ferenls endroits de l'Europe, et en outre quelques particularites dont on va rendre compte. Lestrois principaux auteurs (1) qui se sontoccupesdusoin
(1) Voyei Memoire pour preserver les betes ä comes de la maladie epizootique qui regne dans la generalile de ioissons, par M. Dufot, etc., 1773.
Memoire du sieur Maillard.... _...................sur
la maladie epizootique, etc. — A Amiens, 1773, in.4.
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de la decrire sont MM. Dufpt, Rolin, m^decins; les sieurs Maillard et Le Nocq, eleves de l'Ecole vetörinairc de Paris.
Dans le Hainaut, eile se manifesta par les signes suivants :
Elle commence, dit-on, d'abord par une toux assez rare, mais qui devient insensiblement plus frequente. L'appelit diminuo et cesse bientöt en-tierement. A ce premier periode, l'aninial refuse toute espece d'aliment; il devient triste, morne, tient la t6te baissee; ses yeux sont rouges, lar-moyants; ses oreilles et ses cornes froides. Les vaches donnent peu de lait et flnissent par n'en donner plus du tout.
A mesure que la maladie augmenle, la respira­tion devient de plus en plus laborieusc; la fievre s'etablit, s'allume, fait des progrfes violents, et l'on y distingue des redoublements considerables, toujours precedes du frisson. Dans l'ardeur de l'acces, les oreilles et les cornes s'echauffent : l'animal se plaint souvent; il pousse m6me quel-quefois des gemissements que Ton peut entendre de loin.
II rend, par la bouche et par les naseaux, une espec? de bave ou matiere ecumeuse, avec des marqhtrf de purulence et de putridite. Les
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yeux se flamp;rissent, se depriment et s'enfoncent dans leur orbite. Les dejections sont constamment fötides pendant le cours de la maladie, et quel-quefois tres-sanguinolentes. L'haleine est alors infecte.
En partant du moment ou les b6les ont un dc-goüt absolu, jusqu'ä celui ou quelque Evacuation decisive termine la maladie, on peut compter en­viron huit ou dix jours. Quelquefois la matiere de la maladie se porte ä la peau, sous la forme de boulons inflammaloircs; celte eruption se fait du cinquteme au septiäme jour, particulierementaux oreilles, au cou, au pis et ä la partie interne des cuisses. II survient quelquefois, pendant le cours de ia maladie, un gonflement venteux le long de l'epine du dos, qui s'etend jusque sur les flancs. II est aise de reconnoitre cet accident, en passant la main le long de l'epine : la peau paratt d^tachee en cet endroit, et fait une esp^ce de crepitation ou bruit semblable h celui d'un parchemin sec qu'on froltc.
A I'ouverture d.es cadavres, le cerveau a paru presque tonjours dans un etat inflammatoire; les naseaux, la bouche et la trach6e-arlere etaient rcmplis d'une humeur purulente et infecte. L'in-terieur de la bouche, la langue et l'arriere-
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bouche paraissaient parsem^s de taches gangre-nenses. Les premieres voies ^taient ä peu pres dans le möme ^tat, et renfermaient une masse alimentaire, dure et solide, designee ailleurs sous le nom de gäleau. Rapprochant les principaux symptömes de cetle maladie, et les phenomencs que pr^sentait l'ouverture des cadavres, on la considera comme une fievre putride inflarama-toire.
On observa que les bceufs, les genisses et les veaux guerissaient plus facilement que les vaches qui etaient toutes pleines alors de six,sept ou huit mois; ce qui rendait la maladie toujours tres-grave et souvent mortelle.
On trouva ceUe masse alimentaire et dure que M. Dufot appelle gdleait (observee plusieurs fois par les auteiirs, surtout dans le feuillet), cette fois, dans le second eslomac, qu'on appelle le bonnet, et le remplissant au point d'en occuper toute la capacile. Ce gäteau se trouva constam-ment dans toutes les vaches dont on fit l'ouver­ture; il etait si compacte et si dur, qu'ilparaissait presse par une force superieure ä celle d'un tor-doir : il etait sec et sans aucune humidile, com­pose de fibres, d'herbes entass^es les unes sur les aulres, qui n'avaient subi aucune digestion. Cet
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estomac ötait tres-distendu et volumineux : ses alveoles, qui, dans l'etat nature), doiventcontenir une grande quantited'humeursgastriques, etaient sees et fletris; ses membranes noirAtres; elles se dechiraient et s'enlevaient facilement. Latunique qui forme les alveoles ou reservoirs de cette li­queur essentielle a la nutrition, et qui, dans l'etat naturel, doit 6tre dure et calleuse, ölait molle, seche, se dechirant avec facilite. La vösicule du fiel etait distendue par une bile tres-fluide et d'un vert moins fence que dans l'etat nature!.
La maladie fut encore observee, dans le m6me temps, dans les Elections de Peronne et de Saint-Quenlin, et decrile par les sieurs Maillard et Le Nocq, sieves de l'Ecole veterinaire de Paris (1). Mais, si l'on rapproche tous les symptömes rap-portes par ces divers auteurs, et qu'on les com­pare avec ceux que presenterent röpizootie de 1714 et celle de 1745, il est aise de se convaincre que c'^tait la möme avec ses variations. L'ecoule-ment de larmes, bave et surtout de morve; l'abat-tement, la stupeur, la tristesse, ralternative de froid et de chaud, le refusdes aliments, le degout
(1) Voycz Observations sur la maladie episootique qui regne dans plusieurs paroisses de Veleclion de Saint-Quenlin, etc. — A Saint-Quentin, chezHautoy, 1773,
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general, dans quelques circonstances une erup­tion äla peau, dans d'autres point du tout, comme Lancisi et M. de Courtivron l'avaient observe; dans la plupart, une toux qui pr^cedait tous les autres symptömes ; dans presque tous, des tu-rneurs emphysdmatiques qui paraissaient ä la fin de la tnaladie; dans le plus grand nombre, une alteration sensible dansles matieres des dejections, qui 6taient presque toujours liquides, la plupart du temps sanguinolentes et fetides; dans tous, sans exception, une masse dure et seche, formee par les aliments desseches dans Tun des estcjmacs, surtout dans le troisieme, qu'on appelle feuillel; enfin la m6me marche dans la communication, la mfime violence dans les symptömes, le m6me periode dans le cours de la maladie, les m^mes phenomenes dans les progres, la m6me difficulle dans le tfaitement.
Mais s'il y a quelque avantage, quelque lumtere h tirer des differentes observations r^unies des au-teurs, pour remedier aux atteintes d'une maladie qui, ä raison du climat, de la saison, du si^ge du virus, de l'etat des humeurs, des circonstances particulieres ou l'ariimal se trouve, et peut-6tre aussi quelquefois du traitement, est tantöt erup­tive, tantöt bornee principalement a un ecoule-
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ment de morve, ou ä des dejections liquides et toujours depravees; s'il y a, dis-je, quelque avan-tage ä tirer, c'est surtout de la connaissance des premiers symptömes de la maladie, soit pour avoir le temps de mettre promptement les animaux sains ä l'abri de ses coups, soit pour y remedierä proposetavanlageusement.avantqn'ellesedeclare.
Ce premier etat est difficile ä saisir, möme pour desyeux observateurs, comme le reraarque M. Du-fot. Si Ton ajoute aux autres signes la diminution du lait, la flaccidite du pis dans lesviches, et sur­tout la toux jointe ä une acceleration dans le pouls, on aura, je crois, les principaux signes qui pre­cedent la maladie, et qu'il est essentiel, danstous les cas, de bien connattre.
Quant au pronostic, il est toujours relatif aux symptömes que presente la maladie. M. üufotre-marque que, lorsque l'excretion des matieres in-testinales amp;;ait abondante (sans tilre sanguino-lente), l'animal ne mourait pas. Ce qui avait 6te observe de m6me en 1743, et en gönöral tout ce qui fut observe alors peut s'appliquer au cas pre­sent.
La matiere morbißque n'ayant que trois issues favorables, dans cetle maladie, pour se faire jour, ou la voie des naseaux, ou celle des intestins, ou
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celle de la peau, et ces deux dernieres etantles plus propres ä la perfection des bonnes crises, elles sont plus ou morns heureuses, selon que Thumeur s'y porte en plus ou moins grande quan-tite, en totalite ou en partie, et se trouve d'une bonne qualite.
Les voies salivaires offrent encore une aulre issue au virus. Quoique ce couloir ne soit pas lo plus favorable, la nature pent aussi s'ouvrir par lä une vole de guerison. Mais celle de la peau est toujours la plus avantageuse pour un mouvement critique, soit que I'art la determine, soit que les efforts de la nature la produisent. Ainsi le danger de la maladie est toujours relatif au genre d'eva-cuation et ä la qualite de la mattere övaeude,
Le traitement se dirige sur la nature des diffe-rents symptömes qu'elle offre et qui annoncent l'etat des fluides et des solides, et les efforts plus ou moins puissants que la nature fait pour se de-barrasser plulöt par une voie que par l'autre.
II y a done deux principales indications ä rem-plir, corriger le vice des huraeurs et diriger les efforts de la nature, d'aprös ce prineipe incontes­table : Quo nalura vergü, eö ducendum.
Pour remplirla premiere vuegenerale, M. Du-fot, apres avoir pose en fait, ainsi que Lancisi
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dans une tnaladie semblable, que la formation du gdteau dans les premieres voies etait la source et le foyer primitif des autres accidents, dit que l'in-dication la plus urgente et la veritable est de rendre liquide cette masse alimentaire ainsi dur-cie, d'emp^cher- la formation de ce gäteau par toute sorte de moyens, et que le plus puissant est I'eau rendue purgative. D'apres ce principe, il conseille (du moment que l'appetit commence ä diminuer) la diete, l'eau blanche ä la dosede I litre chaque prise, pour toute boisson, pendant deux ou trois jours, plusieurs fois dans la journöe, et en meme temps on donne des lavements Emol­lients. Le purgatif le plus propre, selon lui, est le tarlreEmetique,ä la dose d'un demi-gramme, sur i litre d'eau blanche tiede,le matin äjeun, qu'on repete le lendemain.
Que la formation du gäteau dans les estomacs soit la cause de plusieurs accidents, qu'il ne soit qu'un efiet de la chaleur interne et de la fievre, ce qui est meme plus vraisemblable, les delayants copieux, aqueux, mucilagineux surtout, sont ceux qui conviennent le mieux, dans ce cas, soit pour delayer la masse d'aliments durcis, soit pour moderer l'ardeur de la flevre.
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Aulre fievre inflammaloire en Beam et Navarre.
Parmi les auteurs qui se sont occupes du soin de ddcrire cette maladie, on doit distinguer sur-tout M. Doazan, premier syndic du college des medecinsde Bordeaux (1); M. Vicq-d'Azyr, mede-cin de Paris (2); M. Bellerocq, eleve de l'Ecole veterinaire de Paris (3).
Suivant M. Doazan, d'abonfja cessation de ru­mination est le signe le plus caractdristique de la maladie. Le lait dirainue sensiblement dans les vaches le premier jour. L'animal tousse quel-quefois; il ^prouve des alternatives de froid et de chaud ; ce qu'on connait en touchant la ra-cine des comes et des oreilles. Le cuir est comme plisse ou ride, et le poil est terne et Wrissö. En passant la main sur l'epine du dos, l'animal parait
(1)nbsp;Voyez Memoire sur la maladie epizootique regnanle^ par M. Doazan, premier syndic du college de Bordeaux, doc-teur cn mddecine, etc. — A Bordeaux, 1774, in-8.
(2)nbsp; Voyez Observations sur les moyens qu'on peut em­ployer pour preserver les animaux sains de la conta­gion, etc, par M. Vicq-d'Azyr. — A Bordeaux, 1774, in-12.
(3)nbsp; Voyez necherches sur la maladie epizootique gut altaque les beeufs et les vaches, par M. Bellerocq, artiste vöt^rinaire. — A Bordeaux, 1771, in-fol. Cct ölfevc u'a consi-dere cette maladie qae comme cclles qui sont dft genre de rinflamraation ordinaire proprement dite.
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sensible, s'abaisse et plie jusqu'ä terre, poureviler rattouchement. La mdme sensibilite existe sousle ventre, ainsi qu'aux os du genou. Les pulsations du pouls sont plus fröquentes que dans l'elat na-turel. La b6te est fort triste, inquiäte, abattue, courant tantöt q,k et lä; ses yeux sent ternes, son museau sec; sa queue faible, rapprochee du fon-dement; il laremueavec peine. Voilä ce qu'on ob­serve, en general, dans ies deux premiers jours, sur Taniinal.
Vers le troisieme jour, il refuse de manger. Le lait tarit tout a fait dans les vaches, et il ne sort du pis qu'une liqueur roussätre, acre et de mau-vaise odeur. II d^coule des naseaux une espece de morve sanieuse et purulente, les yeux sont chas-sieux; il sort quelquefois de la bouche une ma-tiere ^cumeuse; il y a des mouvements convul-sifs. L'animal est affaisse, il se couche tout ä fait.
Du quatrieme au cinquieme jour, il survient une diarrMe d'une matiere fluide, verdAtre, quelque­fois sanguinolente, tres-fötide, qui fait pousser des cris a l'animal. Alors la sensibilite sur le dos cesse et fait place ä un leger boursouflement qu'on appelle emphyseme, avec crepitation. Enfin la respiration est precipitde; il bave beaucoup; ce
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qul annonce une mort prochalne, qui arrive ordinairement du sixicmc nu huitieme jour.
M. Bellerocqrapporte la plupart de ces signes; mais il fait remarquer, en outre, que le mal s'annonce par une tristesse qui dure un ou deux jours; que, dans quelques-uns, les nariues ont fourni une mattere epaisse, muqueuse et fetide; que la bouche etait quelquefois bamp;mte, la langue päle et pendante, et que, dans presque tous, les yeux amp;aient rapetiss^s, enfonces ; les paupteres deprimees etenduitesd'une matiere cerumineuse, tenace, qui se dessöchait promptement et les collait ensemble; que l'anusse reMche quelquefois et qu'on voit sortir l'extramp;mte du rectum.
Dans VAvis re'digö sur les Memoires du di-recleur de l'Ecole ve'te'rinaire (1), on considere la maladie sous deux temps: dans le premier, qui s'etend jusqu'au quatrieme jour, I'animal parait triste, abattu, et porte la t^te penchöe quel­quefois jusqu'a terre. Les comes et la bouche sont fort chaudes, les oreilles de m6me et pen-dantes; les yeux sont enflammös, enfles et larmoyants; et alors les naseaux sont tres-secs. II sort de la bouche une matiere ecumeuse, plus
(1) Voyez Avis redige sur les Memoires du directeur de I'Ecole veterinaire. — A Pan, 1774, in-4.
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ou moins abondante. II y a un ebranlement et une agitation fWquente ä la töte. L'anitnal pousse des soupirs plaintifs; le pouls est dur et acceler^; Je cuir est adherent et comme co\\6 sur les cötes; d'ailleurs on y rapporte les autres symptömes in-diquös par M. Doazan.
Dans le second temps, qui commence du qua-trteme au cinquieme jour, il y a un battement de flaues tres-considerable. Le pouls est faible, irregulier; l'abattement des forces tres-marquö; l'humeur qui sort des narines est epaisse et fe-tide; les excrements liquides, möles quelquefois de sang noir et d'une odeur insupportable : l'em-physeme parait; et les Iremblements, les frissons, la froideur des cornes, des oreilles, et les convul­sions, precedent la mort.
M. Vicq-d'Azyr a confirm^, parses observations, l'existence de la plupart de ces symptomes, sur-tout le gonflement inflammatoire des yeux, I'al-ternative du froid et du chaud, le mouvement con-vulsif des muscles de la töte, du cou et des epaules, et celte extreme sensibilile de tout le corps au commencement de la maladie, sensibi­lile dejä observee, surtout par M. de Sauvages, en 1746, dans une circonslance semblabie.
11 faut observer que les symptömes decrits ci-
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(lessus ne se rencontrent pas tous dans le mßme tujet, qu'ils se bornent quelquefois h quelques-uns des principaux, et que les plus constants sont la sensibilite extrörne au commencement de la maladie, la tristesse, l'abattement des forces, le defaut de rumination , 1'alternative du froid et du chaud, semblable, le plus souvent, a un acees de ficvre intermiltente, l'augmentation conlinuelle du pouls, la diminution du lait dans les vaches, la diarrhte ou la dyssenterie vcrs le quatrteme ou le cinquifeme jour, avec les signes de putridite ou de gangrene qui se manifestent alors, soit par la letidite extreme des humeursqul sortent des yeux, des naseaux, de la bouche ou de l'anus, soit par un emphyseme general ou particulier, qui an-nouce l'etat gangr^neux du tissu cellulaire, etc. M. Guyot, elöve de l'Ecole vetörinaire, a fait observer, avant que la maladie soit declarde en-lierement, que si Ton passe la main un peu avant dans le rectum, pour fouiller l'animal, on sent beaucoup plus de chaleur, et que les art^res battent auss.i beaucoup plus fortement que dans I'etat or­dinaire. Ainsi ce symptöme, joint ä la diminution et a l'alteration du lait, ä la toux, ä la difficulte qu'a l'animal de se tenir sur ses jambes, ä sa tris­teste, et au döfaut de rumination, peut former
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un concours de signes avant-coureurs de la ma-ladie.
L'oiiverture des cadavres a presents ä pen pres les mfemes phenomenes que l'^pizootie de 1745.
Dans quelques boeufs, on a trouvö, suivant M. Bellerocq, les anfractuosites des os du nez pleines d'une maliere morveuse, plus ou moins epaisse, souvent ichoreuse, mfileed'un sang noir, et toujours exhalant une mauvaise odeur; dans quelques cadavres, le cerveau ferme, sans aucune alteration, mais dans la plupart mou, sans con-sistance, et quelquefois entierement reduit en une liqueur roussätre. Lorsque le cerveau a amp;e trouve en cet etat, les narines n'etaient pas sans alteration. Le coeur a paru fletri dans quelques-uns, d'un rouge fonce, tirant sur le livide on le noir; les principales arteres contenant un sang noir et tres-fluide. Dans la trachee-arlere, on a vu quelquefois une matiere muqueuse tres-battue, d'une couleurrembrunie, avecdes taches gangreneuses, noires, qui oecupaient la mem­brane interne, tandis que le reste de la surface etait d'un rouge obscur. Dans quelques-uns, la portion du poumon la plus voisine de la trachee-artere etait tres-dilatee et remplie d'une humeur brune,semblable a celle du larynx et de la trachee-
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artere; tandis que les bords des lobes paraissaient d^primös, quoiqu'en apparence dans leur amp;at na­ture!, quant ä la couleur et ä la consistance.
Le bas-ventre, ouvert, a constamment offert les differents estomacs de ces aniraaux remplis de fourrage seuleraent divis^ par la mastication; le volume de la panse excamp;lant celui de l'etat natu-rel; eile etait presque entiereraent pleine d'ali-ments trfes-peu älteres, mais dans un etat plus sec: eel organe n'offrait, d'ailleurs, aueun chan-gement sensible; mais sa membrane interne ^tait molle et se dötachait aisöment, pour peu qu'on la racldt, sous la forme d'une pulpe verddtre, lirant vers le noir par son intensite. Le bonnet 6tait plein des m6mes aliments: le livre ou feuillet offrait ex-terieurement une grosse masse dure, renitente, coupee transversalement: on y voyaitdes aliments plus durs que dans la panse: ses feuillets, ainsi que touts sa face interne, etaient mous, noirs, se d6-chiraient facilement. La caillette s'est trouv^e plus ou moins remplie d'une substance h demi fluide, noirätre, röpandant une odeur tres-fetide; et, dans ce cas, ce quatrteme estomac ötait flasque et de couleur d'un brun fonce.
Tout le canal intestinal s'est trouve enflamme, et, dans la plus grandepartie de ces animaux, ddjä
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dans un amp;at de gangrene decidte: leurs tuniques se dechiraient facilement, et leur cavitö ne ren-fermait qu'un sang infect et dissous,, avec une certaine quantity d'air Irfes-fetide. Le rectum pa-raissait encore plus altere; sa chute, au dela de l'anus, offrait comme une sorte de caroncule, semblable aux bords des ulceres sordides.
La peaude ces animaux n'a Jamals paru alteree, ni portant aucune marque d'amp;uption ou de tu-meurs quelconques.
Dans quelques-uns, on a trouvö les lobules du rein droit noirs et ramollis, tandis que le reste de la substance 6tait comme dans l'ötat nalurel.
M. Vicq-d'Azyr a conflrme toutes ces observa­tions par les siennes; elles se trouvent parfaite-ment con formes ä ses resultats.
Quant au pronostic, qui est tres-fächeux dans cette maladie, on n'a aper^u, en general, qu'une circonstance dans laquelle il est favo­rable, M. Prat (1), medecin de Montauban, dit que, lorsqu'il parait une tumeur (11 faut en ex-cepter Temphysematique), il fautl'inciser profon-d^ment pour en faire sortir la sanie, et qu'alors la guerison de l'animal est assuröe. Cette circon-
(1) Voyez Gazette d'agriculture, du mardi 28 Kvrierl775.
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stance a ele confirmee et annoncee par M. Vicq-d'Azyr d'une manifere non equivoque, et se trouve conforme ayx observations deM. de Sauvages, dans la m6me maladie (1).
Done, pour traiter cette maladie, ainsi que toutes celles qui sont du mßme genre , avec quelque succes, puisqu'il parait, par toutes les relations qui nous sont connues jusqu'ä präsent, qu'il n'y a de bonnes issues a attendre, de la part des efforts de l'art ou de la nature, que celles qui sont capables de produire un depot salutaire dans quelque point de la surface du corps, ou dans les parties eloignees du centre, il faut done diriger toutes ses vues de ce cote-lä : Quo natura vergit, eo ducendum; e'est-a-dire qu'il faut seconder la nature.
Observations. D'abord, si Ton compare les symptömes qu'on vient d'exposer avec ceux qu'of-frirent les ^pizooties de 1711, de 174S, surtout avec cette varidte non eruptive de la derntere, observee en Hollande, en Vivarais et dans la Bour-gogne, on ne saurait douter que e'est la m6me maladie qui s'est renouvelee plusieurs fois depuis, et dont les symptömes essentiels onl 6te dejä ex.
(1) Voyez liecueil d'observations: p. 7.
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poses, el a laquelle les circonstances, tirees du dimat, des päturages, de la saison, ont apporle quelque changement, mais pas assez marquö pour constituer une nouvelle espece de maladie. En effet, si Ton considere sa duree de sept, hnit on neuf jours, qui est la memo, la continuite et la nature de la fievre, Tabattement des forces, la diarrhee, ou la dyssenterie qui parait constam-ment ä la fin, les tumeurs emphj sematiques, les signes de putridite ou de gangrene, les variations dans la fievre, le resultat de l'ouverture des ca-davres, la nature du pronostic, et la difficulte du traitement; tout prouve que c'est la mbme ma­ladie qui vient toujours, ou des mömcs sources que les precedentes, ou se reproduit et se renou-velle sans cesse dans quelque partie de I'Europe, ou ses germes paraissent mal eteints. D'ailleurs eile se borne egalement k une espamp;ce d'animaux. Mais la ressemblance la plus frappante est celle qui existe entre les moyens employes infructueu-sement k toutes ces epoques, et ceux dont on fait usage aujourd'hui. En 1711, 1712, les saignees, tous les alexi-pharmaques, les cordiaux m6me. les febrifuges, les sudorifiqucs, etc., sont em­ployes sans succes; en 1745, 1746 et 1748, on fait Tessai de presque toutes les mikhodes con-
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nues et deji tenths-, aucune ne r^ussit: les md-decins avouent que toutes les guerisons ont lt;H6 plutöt l'effet des efforts de la nature que celui de l'art. On a vu des medecins celebres condamner, Tun apres l'autre, presque tous les remamp;ies in­ternes employes, mörne les plus doux, enfln jus-qu'aux huileux, qui peuvent se rancir dans le corps, par la chaleur de la fievre, et augmenter l'erethisme, etc.
La maladie actuelle est une esp^ce de peste dont il n'y a peut-6tre pas d'exemple semblable, ä la rigueur, dans l'espece humaine; c'est une fievre aigue, pestilentielle, putride et gangrö-neuse, ou, si Ton aimemieux, une fievre ardente maligne, fomentee par un principe delfHere et contagieux, d'une nature erysipelateuse, capable de produire une inflammation ou une phlogoso-gangreneuse dans les boeufs, d'infecter leurs hu-meurs, el dont le si6ge est ordinairement dans les premieres voies, le cerveau et la moelle epiniere, et generalement dans tout le Systeme nervenx, surtout ä son origine; ce qui est prouvö par la sensibilite extreme, principalement de l'epine du dos, l'abattement des forces et l'etat des visceres.
Remarques sur le pronoslic. Dans les maladies plilogoso-gangreneuses epizootiques, on ne peut
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se flatter de trouver aucun specifique proprement dit; et, quand on le trouverait, on ne pourrait pas l'employer : il faudrait toujours commencer par calmer les accidents quiaccompagnentcette fiövre. Ainsi il n'y a point de specifique, ä moins que par speciGque on n'entende les boissdns copieuses. C'est done un etat purement febrile, une ardeur, une disposition generale spasmodique (ou monve-ments convulsifs qui deviennent involontaires) dans les solides, qui sera bientöt suivie de leur affaissement et d'une dissolution pulride et gan-greneuse dans les fluides, qu'on a principalement ä combaltre dans cette maladie.
Cet ^tat est plus ou moins h craindre, selon que le principe heterogene sera plus ou moins eloigne.des sources de la vie, que les pulsations du pouls seront plus ou moins fröquentes et irre-gulieres, etc. Ainsi, par analogic, on peut presque assurer que, lorsque le pouls sera petit, faible, precipite, inegal, desordonne, le reste etant egal, il y aura beaucoup plus ä craindre, pour l'animal, que lorsqu'il sera plein, m6me fort, bien deve-loppö, quoique accelere du double de Tetatnaturel.
On peut dire encore que plus le virus (ou venin) exercera d'action sur les parties eloignte du centre, comme ä la peau, h la membrane pituitaire, ä la n.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 34
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langne, ä la bouche, etc., moins il y aura de dan­ger pour la böte, parcequ'il est d'observation que, dans toules les maladies pestilentielles, plus la force d'un venin de celte nature est eloignee du centre, moins il y a de danger. Voilä ce qu'on pent statuer, en general, pour le pronostic; et sl l'on y ajoute ce qu'on a dit pröcedemment, et les observations faites en 1745 et 1748, surtout en Bourgogne, on pent dire que l'animal n'est peut-etre pas toujours sans ressource dans cette mala-die, lorsqu'au lieu de la dyssenterie il n'y a qu'un devoiemcnt simple.
Remarques sur le traitement. On ne saurait nier (el tous les observateurs en soht convenus) que presque toutes les eures qu'on a vues ont ete plu-tötl'effet des efforts de la nature que celui des remedes. On est done en droit de conclure que quelquefois la nature sert avantageusement l'ani­mal et raöme beaueoup mieux que l'art. II ne s'agit plus que d'examiner dans quelles circon-slances ces eures ont ete operees, et si en rappro-chanl les plus anciennes observations de celles des modernes, en les liant avec les indications genö-rales donnees, il exisle des cas ou l'art, conjoin tement avec les efforts de la nature, peut obtenir quelque succes.
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Parmi les fails le plus authentiquement recon -nus, parmi les cures les mieux constalees, on n'en voit pas de mieux prouvöes que celles qui ont ete operees par les secours externes, soil en ouvrant ia peau, soil en irritanl ou en relächant son tissu par le fer, le feu, les setons, les cauleres, les ca-taplasmes, les lolions, etc. Ainsi, loules les ope­rations ä Ia peau, faites dans la vue d'y allirer quelques depots salulaires ou de fuciliter une issue au venin, doivent 6tre reputees comme les prin-cipaux et les plus puissants de tous les secours, et qu'on ne doit jamais negliger dans un cas sem-blable, soil comme preseryatifs, soil comme cura-tifs, parce qu'ils ne s'opposent point au but de Ia nature, et remplissent la principale indication.
On ne dit rien de la törebration des comes, pratiquee avec succes dans le cas du depot dans ces parlies, par Layard, ni des saign^es locales, ni des vesicatoires; tous ces moyens rentrent dans la classe de ces premiers secours, mais ne doivent pas 6tre employes indiffererament. Les fumiga­tions sous le corps de l'animal, dans la vue de le faire suer; les lotions d'eau et de vinaigre aroma-tique chaud; les frictions avec des bouchons de paille, sees ou trempes dans ce mbme vinaigre, doivent 6tre encore comprises dans la m6me classe;
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ainsi on nc saurait trop recommander de medica-menler exterieurement l'animal de toute maniere, si on pent s'exprimer ainsi.
Apres ces secours, ceux donl 1'observation constante a demontre quelque succes sont les masticatoires antiputrides, les lavements Emol­lients, auxquels on ajoute un peu de vinaigre.
Quant aux remedes internes proprement dits, aux boissons qui conviennent le mieux aux ani-maux,qui sont les plus analogues aleurshumeurs, l'exp^rience, jointe au goüt des b^tes ä comes, prouve qu'il n'y a rien de mieux indique que des pommes crues, on autres fruits aigres et acerbes, dans un cas oü Unites les huraeurs tendent a la putridite et ä une dissolution gangreneuse pro-chaine. Les nourrilures vegetates, dont la plupart sont acides, telles que les pommes sauvages, I'o-seille, etc., le vinaigre eiendu dans I'eau pour boisson ordinaire, sont peut-6tre les plus puislaquo;ants antiputrides qu'on connaisse, et les plus analogues aux humeurs des herbivores.
Quant aux saignees, on s'est dejä expliquE, en general; leur usage doit 6lre toujours relatif ä l'etat plus ou moins inflammatoire, annoncö par la qualite mßme du sang et par les autres symp-t6mcs; a celui du pouls, dont la qualite en decide
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loujours la namp;essite, a Tage, ä la force du sujet, pour la quantite qu'on doit tirer; mais, dans celte maladie, ellessont tres-inutiles, pour ne pas dire dangereuses. Voyez et suivez le traitement indique plus haut pour toutes les maladies phlo-gosp-gangreneuses.
SECONDE ESPECE. Maladies phlogoao-sangrencusclaquo;.
Esquimncie gangrSneuse.
En 1770, on avu une maladie contagieuse de la nature des phlogoso-gangreneuses, qui faisait les plus grands ravages parmi les bötes a cornes en Hollande. La maladie penetra bientöt du cöle de la Flandre, dans quelques provinces de France, et mörita l'attention du gouvernement.
L'Ecole veterinairede Paris (1), ayant amp;16 con-sultee alors, donna la description de la maladie et
(1) Voyez — ivole v^Wrinaire. — Paris, de rkuprimerie royale, 1770, in-4.
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les moyens d'y remedier. Voici le detail qui fut public dans le temps :
Symplömes. Des les premiers moments de la maladie, y dit-on, le pouls des bamp;es attaquees est fortement elev6 et beaucoup plus accelere que dans l'etat naturel. On sent une chaleur Ires-vive aux comes, aux oreilles, aus extr^mit^s et sur presque tonte la superficie du corps, sans une grande söcheresse. Les yeux sont vifs, larraoyants, la conjonctive enflamm^e. L'animal mange, mais moins qu'ä l'ordinaire ; il rumine; toutes les excretions se font comme dans l'elat sain ; le lait n'est point encore deprave dans les vaches; le sang qu'on tire alors est convert, pen de temps apres, d'unepellicule couleur de rose, d'une ligne environ d'epaisseur, qui recouvre et cache un sang trfes-epaiSjd'un rouge fence.Voilace qu'on observe le premier jour de la maladie.
Dhs le second jour, il survient une toux seche; l'arriere-bouche et la membrane qui tapisse les fosses nasales sont legerement enflamm^es; les flaues sont agites; le pouls devient plus fort et bat jusqu'ä soixanle eldix fois par minute (1). La
(1) t'endroit le plus favorable pour later le pouls dans ces bfUcs cst la parlic voisine Ue la tuberosile de la mAchoire par oü passe rarere, sous 1c muscle massetcr ou de !a joue.
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chaleur devient piquante et seche. Le lait paralt l^gerementlerne et plusöpais que dans le principe da mal : il y a dugout, inappelence ; la rumina tion a lieu, mais ä des distances de temps plus eloign^es.:
Dhs le troisieme jour, 1c mal est dans son elat et entierement declare. La toux est plus frequcnle et plus fatigante, la respiration tres-laborieuse, et le mouvement des flaues tr^s-accelere. II decoule de la bouche une bave tres-abondante et ecu-mense, que l'animal leche souvent. La membrane piluitaire est exeoriee etenflee au point de gfener le passage de l'air dans les fosses nasales. Les par­ties de rarriere-bouchesontvivemenlenflammees; il sort des naseaux une humeur jaunälre et ecu-meuse ; la rumination a encore lieu, mais a des temps plus distants ; l'animal fiente et urine tres-peu ; le lait, dans les vaches, est plus epais etjau-ndtre, I'appetit plus deprave; la pellicule du sang plus mince et d'un rose moins vif qu'au premier jour; lesangqu'ellerecouvre plus noiret plus epais.
Au quatrifcme jour, le mal est ä son dernier pe-riode : toutes les parties dans lesquelles on obser-vait leplus de chaleur devlennent froides. Le froid commence ä l'extremile des cornes et des oreilles et parvient peu ä pen jusqu'ä leur racine. L'animal
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frissonne, etle mouvementd'horripilationest sen­sible dans tout le pannicule charnu, tout le long des cötes et des flaues. On sent ä peine le pouls. L'animal se plaint continuellement, est oppress^; les yeux sont chassieux et presque toujours fer-m^s. La gangrene se met dans la membrane pi-tuitaire ; alors la morve est Ktide, sanguinolente et sans consistance. Les autres Evacuations sont supprimöes; la fiente que Ton retire du fonde-ment a une odeur alcalescente et insupportable. Le lait est tr^s-öpais, rouille, et comme un pus ichoreux. L'animal ne tousse plus; il y a perle totale de TappEtit; la rumination cesse entiere-ment; enfln une diarrh^e colliquative, qui suc-cede imm6diatement aux frissons, annonce la fin de l'animal, qui meurt sans effort le quatrieme ou le cinquieme jour de la maladie.
Dans l'ouverture des cadavres, surtout d'une vache, oü tous ces accidents s'dtaient montr^s successivement, on trouva d'abord tous les vais-seaux de la face interne des teguments (oupeaux), du tissu cellulaire et des muscles, gorges d'un sling noiretepais; la membrane de la base de la langue et du voile du palais, noire, livide, gangrende, et couverte d'ulceres qui avaient delruit et rongö les mamelons de la base de la langue. La chair des
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muscles de cette partie, couple en travers, dtait blafarde, sphacel^e, denuee de sang. Le pharynx amp;ait lögerement gangren^. II y avait dans I'ceso-phage quelques traces d'inflammation. Les esto-macs, ainsi que tous les visceres du bas-ventre, etaient dans l'etatnaturel; la membrane pituitaire beaucoup plus epaisse qu'elle ne Test ordinaire-ment, noire, parsemee d'ulcöres, et gorgöe d'un sang semblable ä de l'encre ; l'os ethmoide et les cornets du nez etaient carids et depouilles de leur enveloppe; la membrane du larynx et de la tra-ch^e-artere etait aussi sphacel^e, maismoins noire que la membrane pituitaire ; celle des bronches etait dans le m6me ötat, mais d'un violet fonc^ ; on voyait, ä des endroits, un peu de sang laquo;Scu-meux; dans d'autres, un sang noir et concret, et plus loin une filandre jaune et dure.
La substance des poumons etait flasque, sans ^lasticile; les bords des lobes tumefies et, vers la partie anterieure de la poitrine et sur la trach^e-artere, boursouflös, noirs, tendant au sphacele ; les glandes bronchiques n'etaient point engorgdes; la graisse qui enveloppe le cceur et le pericarde, jaune et sans consistance; la substance du coeur molle. La plevre et le mamp;iiastin offraient des traces d'inflammation.
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L'Ecole vetörinaire considerala maladie comme une esquinancie gangr^neuse; et, en effet, il yen a peu de pestilentielles, observeessur les animaux, qui aient autant de ressemblance que celle-ci avec l'esquinancie maligne et gangreneuse, toujours accompagnee du pins grand danger, observöe plu-sieurs fois sur les hommes en 1752 et 17S3, en Angieterre, oü eile a ete tres-bien decrite par les docteurs Fothergill et Huxham (1).
Les veritables causes de cette maladie öpizoo-tique furent ignorees; mais l'Ecole veterinaire ayant examine ses effets, eile aima mieux les sai-sir et les combattre que d'asservlr I'opinion pu-bliqueä queiquehypolhesc.EneßFet.il vaut encore mieux ignorer la vraie cause d'une maladie que d'en adopter une fausse.
Les secours preservatifs qu'elle indiqua furent les m6mes queceux que j'ai presents aux precau­tions generates.
Traüement. Lesmoyens curatifs indiquös furent, outre les soins concernant la proprete et la desin-fection des (Hables, qui etaienl les m6mes,de pros-crire la saignee.qu'on regarda comme un secours
(1) Voyezsurtout la Dissertation sur les maux de gorge gangreneux, par Huxbam, traduite de l'anglais. — A Paris, chez d'Houry.
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impuissantetm^raeflangereuxdanscettemaladie; d'appliquer sous la gorge, apres en avoir rase 1c poil et en avoir approcheune pelle rougieaufeu,un emplAtre-vesicatoire compose de cantharides et d'euphorbe, de chaque 5 grammes et demi et de 7 grammes et demi d'huile de laurier incorpores ensemble, dont on applique d'abord la moitie sur la partie, ensuite l'autre, et qu'on contient par un bandage, le tout recouvert d'une peau de moulon, de fagon que le poil soit en dedans; de donner, im-mamp;liatementapres,unbreuvagefaitaveclagomme ammoniaque et l'assa foetida, chacun a la dose de 15 grammes, bouillisetdissousdans un demi-litre de vinaigre, ä laquelle on ajoute 15 grammes de camphre dissous dans I'eau-de-vie, ou un jaune d'oeuf; d'injecter trois ou quatre fois le jour, dans les naseaux, une liqueur detersive.
L'Ecole veterinaire fait remarquer que I'effct des vesicatoires, combine avec celui du breuvage antipulride, se manifeste rarement dans le dernier degre de la maladie, ä moins qu'pn ajoute a la boisson 5 grammes et demi d'esprit volatil de sei ammoniac, et encore son activile n'est quelquefois ni plus grande ni plus sensible. L'effet ordinaire de ces deux secours, adminislres ensemble, est de produire, dans les autres degres de la maladie, un
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ecoulement abondant et continuel de larmes, et de rhumeur aqueuse des naseaux, un mouveraent frequent dans la mächoire poslörieure (ou infe-rieure), un flux copieux de salive, Televation du pouls, raugmenlalion de la fievre et de la chaleur, et une inflammation plus vive ä la conjonctive. Celui du vesicaloire sur la partie m6me est l'en-gorgement de la ganache, qui presente d'abord un gonflementflasquededeuxoutroistraversdedoigt, sans inflammation apparente; le lendemain il devient dur, renitent,, sensible, douloureux, accompagne de chaleur; mais ceUvenement n'est pas toujours certain. Lorsque la flaccidile subsiste ou que la tumeur s'evanouit, on conseiüe de rei­terer le vesicatoire, ainsl que le breuvage avec l'esprit volalil de sei ammoniac. Si la tumeur, rnalgre la douleur et la renitence, ne s'approche point de la terminaison qu'on attend, on doit y praliquer Irois ou quatre scarifications, pour y insinuerle vesicatoire,qui agira avec plus deforce sur le vif. Lorsque la tumeur survenue a le carac-tere qu'on desire, on en bäte la suppuration avec ronguent-basilicum et le vesicatoire indique, k parties egales, jusqu'ä ce qu'on apergoive de la fluctuation : alors on ouvre aussil6t, avec le cau-tere acluel, I'abces qui annonce la guerison de l'u-
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nimal.Pendant le temps de la suppuration,on fait prendre, soir et matin, le brcuvage antiputride, et a la place du vinaigre on ajoute une decoction de baies de genievre. On traite I'abces ouvert ainsi qu'il est dil a son traitement.
L'abcös cicatrise on gu(5ri, on prepare I'animal, par trois ou quatre lavements emollients, ä une purgation faite avee 50 grammes de sene in­fuses dans un litre d'eau bouillante ä laquelle on ajoute sei de nitre etaloespulverise, de chaque 50 grammes. Pendant ce. traitement on interdit loute nourriture solide, et on ne leur donne que de l'eau blanche. On trait les vaches deux ou trois fois le jour; on renouvelle l'air apres la purga­tion, et on les remet peu h pen h la nourriture solide (1).
(1) Uc melange de uilre, dc quinquina, d'assa foetida, de camphre, d'cau-de-vie et de vinaigre, fut rcccnnu el eon-state si puissant pour le traitement de la maladic, que le gouverncmcnt des Pays-Bas autrichicnsordomia de i'itiscrer dans la Gazette de Bruxellcs.
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APPENDICE.
Du sang-de-rate des betes ä comes
(maladie du sang).
Gelte maladie, enzootique dans certaines con -trees, porte vulgairement les noms dsect; sang-de-rate, maladie du sang, coup de sang, apoplexie de la rate. Elle regne surtout dans les grandes plaines calcaires,Ia Beauce, la Brie, laChnmpagne, la Bonrgogne, la Picardie, la Lorraine, le Berry, I'Orl^anais, le Gätinais, les departements des Hautes-Pyrenees, de la Haute-Garonne, du Var, deVaucluse, etc. Elle n'apparait que rarement en Angleterre, et dans les annees les plus seches seulement. II en est de m6me en France aussi, car c'est dans ces annees seclies qu'elle sövit avec le plus d'intensitö, t^moins ses ravages en 1775,. 1780, 1782, 18H, 1825, 1855, 1838, 1840,
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1842, 1844, 1846, 1850, 18S3, etc. Elle regne en Belgique, ou M. Verheyen l'appelle typhus charbonneux foudroyant, et en Allemagne, oü M. Kautz la considere comme un anthrax, une fievre charbonneusetres-aigue. En France, M. De-lafond la considerait comme due ä la surabon-dance d'un sang trop riche, et la distinguait du charbon. Plusieurs veterinaires laconfondent avec cette derniere affection et la considferent comme contagieuse.
Les symptomes du sang-de-rate sont toujours tres-alarmants au döbut: la vache laittere perd son lait tout a coup, s'agite, se couche, se releve, tr^pigne comme sous l'influence de coliques; toutes les muqueuses sont rouges et injectees de sang; le pouls, d'abord concentre, vite et dur, devient bientöt petit et faible; la respiration est petite et profonde •, puis surviennent des tremble-ments generaux et des contractions musculaires de l'encolure qui amenent un branlement parti-culier de la t6te; si on saigne, le sang est baveux, tres-noir et se coagule rapidement en laissant peu de serum. L'urine est rougeätre; les naseaux laissent couler un liquide rouge et spumeux; les malleres fecales sont souvent teinles de sang; I'animal beugle, regarde son abdomen, appuie sa
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töte sur son epaule, et ineurt ainsi sans se de-baltre. Sans signes pr^cursetirs, ces sympt6mes se succedent souvent dans l'espace de deux ä trois heures au plus, parfois dans le delai de six ä vingt-quatre heures. Les guörisons sont des exceptions rares.
Quelquefois la congestion est externe et accom-pagnee de tumeurs ä la peau, aux levres, naseaux, paupieres, h la gorge, au fanon , aux mamelles, ä la vulve ou ä l'anus, aux membres; dans les re­gions les plus vasculaires enfin. Ces tumeurs peuvent entrairier la gangrene. Ces tumeurs sont tantöt sanguines, tantot sereuses, tantöt enfin ern-physemateuses. Leur disparition spontanee amene toujours infailliblement la mort.
Le sang-de-rate altaque de preference les vaches de 18 mois ä 3 ans, les plus grasses, les plus vives du troupeau; eile respecte, en general, les plus jeunes et les plus ägees, celles qui donnent du lait, celles qui sont maigres. Les animaux re-cemment amenes dans la circonscription du foyer enzoolique, ceux qui ne sont pas acclimates y sont plus exposes que les bötes indigenes. La perle causee par celte maladie dans toute une contree s'eleve parfois de 6 ä 10 p. lOO de la population totale. Ainsi, en 1842, eile s'(51eva, dans la Beauce,
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de 6,70 a 8,30 p. 100; mais, tandis qu'elle n'^tait que de 4 a 5 p. 100 pour les boles noes et elevees dans le pays, eile montait de 9 a 12 p. 100 pour les animaux non aeclimatös.
M. Delafond lui assigne pour cause une hygiene mal dirigee : une alimentation trop abondante et trop substantielle, composee snrtoul de plantes legumineuses; l'insalubrite des Stables et de l'eau. Les races rustiques a charpente osseuse, ä peau 6paisse et d'une constitution alhletique, les mancelle et bretonne, resistent beaucoup mieux aux causes de la maladie que celles ä peau fine, delicates comme la normande.
D'apres le m6me auteur, les moyens pr^servatifs consisteraient a mieux regier l'hygiene: rationner les animaux; varier ralimentalion au raoyen des legumineuses, dos gramin^es et surtout des ra-cines en liiver; saigner des que les muqueuses paraissent injectees; abreuveravec des eaux pures, mais aerees ; ventiler les Stables.
Dans le traitement de cette maladie, il ne fant pas oublier que, sous toutes ses formes et quel que soit le nom qu'on lui donne, eile est conta-gieuse par contact immediat, par les dejections, la salive, le pus, les urines, le sang, I'ecume, etc., el que celle contagion ne se borne pas aux boles,
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maiss'etcnd aussi ü I'liomme. M. Delafond, la re­gardant comme incurable des qu'elle s'esl mani­feste, se borne ä indiquer les moyens preservalifs que nous avons decrits. Des le debut de l'invasion dans une ötable, 11 conseille de sequestrer les Mtes alteintes; de desinfecler l'etable en enlevant la terre qui forme le plancher, le furnier qui la re-couvre; de faire des fumigations de chlore; d'ad-ministrer tous les jours, le matin, a midi, et le soir, ä chaque animal, un breuvage compose d'un litre d'eau miellee, dans laquclle on ajoutera une suffisanla quantity de vinaigre ou d'eau de Rabei, afin de rendre ces breuvages rafralchissants et antiseptiques; d'administrer, tous les matins et h jeun , un breuvage legerement astringent, com­pose de 15 grammes de miel, 8 grammes de bon vinaigre, 15 grammes d'alun du commerce, dans 1 litre l/2d'eau; enfin le changement de regime, et surtout l'cmigration, si eile est possible. [Traili de la maladie de sang des beies ovines.)
M. Verheyen conseille la saignöe, des l'invasion du mal, sur les b6tes plelhoriques; l'administra-tion du sulfate de soude, dont on favorise l'aclion par des lavements. Des que le ventre est libre, on passe aux breuvages excitants, dont le camphre, l'esscnce de teröbenthine, l'ammoniaquc ferment
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la base; la boisson consiste en eau acidulee par 1'acide sulfurique. Les douches et les bains d'eau froide, reputes toutes les deux ou trois heures, sont un puissant moyen trop neglige. Des que la maladie semble vouloir se ralentir, on pose des setons fortement ninmos par l'essence de tere-benthine. Les tumeurs charbonneuses reclament un trailement special; les tumeurs etendues, non circonscrites, les emphysemes sont largement in­cises, puis injectes avec l'eau de Rabel et panses a l'essence de terebenthine. Les tumeurs circon­scrites peu volumineuses sont extirpees; on cau­terise avec un fer rouge et on couvre la plaie d'es­sence de terebenthine, d'onguent-vesicatoire. Les pansements sont renouveles jusqu'ä cicatrisation. [Manuel de medecinevele'rimire, t. II, p. 524.)
A ce traitement M. Kautz ajoute les frictions seches tres-energiques apres chaque douche ou bain.
ENTER1TE SURAIGÜE DU GROS RETAIL A CORNES.
L'enterite suraigue, souvenl confondue avec le sang-de-rate, präsente, en effet, certaines simili­tudes avec cette affection. Comme le sang-de-rate, l'enterite est souvent enzootique. Elle sevit parti-
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culiörement ä l'aulomne et au printemps, dans le Kivernais, Ja vallee de Braye, le Bessin, le Coten-tin et la vallee d'Auge; la basse Vendöe (Marals) et les Deux-Sevres; dans la Charente-Inl'erieure (marais). Quoiqu'elle alteighe toules les tuHes ä cornes, eile prefere surtout les betes de 2 ä 4 ans, les plus grasses ou celles ä l'engrais, les vaches dans leur septieme ou huitieme mois de gestation. En 1825, eile fit de grands ravages dans le depar-tement de la Nievre, et fut observee par M. Taiche, qui la decrivit sous le nom d'entero-peritonite. Elle a pour causes une hygiene defectueuse, les transitions brusques de temperature et de regime, le pälurage pendant la nuit et l'exposition aux brouillards, l'eau croupie des mares pour boisson, les chaleurs extremes du printemps ou de l'aü-tomne, les plantes äcres et irrifanles des herbages, les fourrages avaries de l'hlver.
Au debut de l'affection, l'animal continue a manger, mais 11 est tres-altöre; puls surviennent quelques coliques avec ou sans meleorisation; les flaues se creusent, la bouche est chaude et laisse couler une salive filante; les muqueuses sont tres-injectöes, les mamelles deviennent flasques et ne donnent plus de lait; la respiration est saccad(5e, petite, irreguliere et souvent plaintive; le pouls
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estvite, plein et dur; la peau chaude, le flar droit douloureux, la colonne vertöbrale trös-sei sible. Apres quinze ä vingl-quatre heures con mence la seconde pöriode; des larmes s'^coulei sur le chanfreln; constipation ou diarrhea, excr menls recouverls d'une matiere jaunätre et sai guinolenle, infects. Le pouls devient petit, vi et mou; urines claires ou legerement jaunätre ces symplomes durent un ou deux jours; alor si la maladie n'est pas enrayee, le pouls deviei petit, vite et insensible, la respiration s'acceler les yeux se creusent, la peau devient froide, I'ar mal chancelle, tombe et meurt sans se debattr apres deux a six jours de maladie.
Les moyens preservatifs consistent dans le r tour ä une hygiene rationnelle: rentrer les b6t la nuit, ne leur donner que des päturages sain oü on ne les envoie qu'aprös la rosee et avant apres la grande chaleur du jour-, les abreuv d'eau pure et bien aeree, fermer les mares et 1 fosses oü I'eau a croupi.
Les moyens curatifs consistent dans les an phlogistiques et les revulsifs energiques: saigm reiterees de 3 ä 6 kilog. ä la jugulaire, a la vei mammaire ou aux arteres caudales. On adminis d'heure en heure 1 litre de petit-lait ou de dec(
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lion de graine de lin, de raauve, de guimauve, de chiendent ou de pain bouiili, additionnee de miel et d'un peu de vinaigre. En mdme temps et lorsque la maladie resiste a ces moyens, on a re-cours nux sinapismes sous le ventre, k des Iro-chisques suivis, sur 1'engorgement, de scarifica­tions ou de cauterisations; le regime consiste, suivant les cas, dans ia diete ou la demi-diete.
Quand la maladie est prise h son debut, on en , triomphesouvent; maislorsqu'elleremontecideux, trois ou quatre jours, lorsque la phlegmasie est vio-lente et parvenue a la periode de romollissement ou de destruction de la muqueuse intestinale, la guetison est tres-rare. Lorsque, dans le cours de la maladie, on sent ['engorgement du rumen, et qne la rumination ne s'execute plus, il est impor­tant de chercher ä retablir cetle fonction au moyen d'un electuaire forme de 6 a 8 grammes d'ip^ca-cuana et de 12 a 15 grammes d'aloes, administre pendant trois ou quatre jours; ce moyen ramene presque toujours la rumination et rend I'estomac libre.
PERIPNEUMONIE C0NTAG1EUSE DU GROS RETAIL A CORNES.
La peripneumonie contagieuse ou pleuropneu-monie exsudative du gros belail, laquo; cantonnee
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d'abord, dit M. Loyset, dans qnelques regions isolöes des montagnes du Piemont, de la Suisse, de la Franchfi-Comte, du Jura, du Dauphine, des Vosges, des Pyrenees, de l'Auvergne, elc, ne causait ä ragriculture quedcs dommages parliels; mais lorsque, apres 1789, les barrieres furent le­vees, surtout lorsque la guerre generale necessita pour rapprovisionnement des armees le deploie-mcnt de grandes troupes de bestiaux, alors l'öpi-zootie descendit des montagnes dans les plaines, et, aujourd'hui, eile sevit de la maniöre la plus meurtriere sur la population bovine do plus de quaranfe de nos departements. Ce sent ceux de l'Ain, Allier, Aveyron, Cantal, Cher, Cöte-d'Or Deux-Sevres, Dordogne, Doubs, Haute-Garonne Jura, IIIe-et-Vilaine,Tsere, Loire, Loire-Inferieure Loiret, Lot-et-Garonne, Lozere, Maine-et-Loire Mayenne, Marne, Meurlhe, Nievre, Nord, Oise Orne, Pas-de-Calais, Haute-Saöne, Saöne-et-Loire Seine, Seine-Inferieure, Seine-et-Marne, Sotnmev Vendee et Vosges. En Italie, en Sardaigne, en Suisse, en Belgique, en Prasse, en Autriche, en Hanovre, en Su^de, en Danemark, en Hollande et en Angleterre comme en France, eile exerce des ravages tramp;j-considerables. Dans 1c döparte-raent du Nord, de 1830 h 1830, pour le liers des
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communes, la mortalite de chaque annee, par la maladie conlagieuse , fut d'environ 14/100quot; de tonte la population bovine du departement; dont 12/100quot; dans las etables des genievreries et des nourrisseurs, et 2/i00es seulement pour le betail des exploitations rurales. Dans les annees les plus desastreuses, le Chiffre de la mortalite s'est eleve jusqu'a 25 et 26 p. 100, et pendant plus de quinze ans il n'a jamais ete au-dessous de 10 p. 100. raquo;
M. Yvarl a fait connaltre, dans son rapport officiel sur la peripneumonie dans le Cantal, TAveyron et la Lozere, une perte moyenne de 35 p. 100 pour les trois d^partemenfs, et Rele­vant , pour certaines etables, ii 30, 40 et möme 77 p. 100, dans les annöes 18äO-1851. Elle ap-parut en Angleterre en 1840, et en Irlande en 1841; elie a ä peu pres disparu des lies Britan-niqnesdepuis 1844. Seien M. de Tracy, eile serait enzootique dans le Morvan depuislSIS; on estime que, de 1837 k 1857, elie a enleve h la France 200,000 bßtes a cornes au moins. Döjä , sous le nom de pneumonic gangreneuse, elie avait, en 1769, ravage la Champagne et le Hainaut. En 183S seulement, eile fit perir, en Hollande, 70,000 tfetes, et ses ravages n'ont guere diminue, depuis lors, dans ce pays,
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Elle consisledans 1'inflammation des poumons, avec exsudalion de matiere plaslique organisable, dans le tissu cellulaire interlobulaire. L'inflam-raation se transmeltant ä la plövre, un liquide samp;-reux ainsi que de la lymphe plastique s'epanchent dans le sac pleural correspondant. Le tissu du poumon deg6nere, prend un poids considerable et un aspect caracteristique.
On doit distinguer, dans la manche de cette maladie, deux periodes, l'une d'evolution, l'autre febrile. Dans la premiere on trouve, comme carac-teres saillants, une toux particuliere, courle, rare, d'un timbre sec, le malin, le soir et au retour de l'abreuvoir, puis l'appetit diminue, les frissons allernent avec la chaleur de la peau, le poil se herisse sur les reins; les bfeles maigrissent, le lait des femelies diminue. Dans la seconde periode, la pneumonie aigue se manifeste accompagnee d'une reaction febrile. La respiration s'acc61ere,lesflancs s'agitent, les naseaux se dilatent; une toux petite, avortee, douloureuse se fait entendre; la pression de la poitrine, le pincement du garrot eveillent la sensibilite-, la b6te malade ne se couche plus; le pouls s'accel^re, il estplein, dur, tendu, et donne 60 pulsations ä la minute; les muqueuses sont injectees, le mufle secj des mucosiles s'^coulent
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par les naseaux-, la respiration devient de plus en plus penible, la toux plus frequente, et l'animal ne tarde pas ä perir par suffocation.
Les animaux les mieux nourris, les plus gros, les plus robustes sont atteints de preference, et la maladie suit chez eux une marcbe tr^s-raplde; eile est bien plus benigne sur les sujets faibies, cachecliques, sur les vieilles vaches laitieres.
Cette maladie est eminemraent contagieusepour tons les animaux. Dans les contrees oü eile regne, on en preserve avec de grandes chances de succes les animaux encore sains par l'inoculation de la maladie (voir 2epartie, chap. II, sect; 8). L'inocu­lation ne produit, en moyenne, que 1 ä 2 p. 100 de perte des animaux inoculamp;s.
Quant au (raitement de cette terrible maladie, il est tres-difßcile et hasardeux, et la gu^rison n'est que rarement complete. On ne peut, d'ail-leurs, compter sur le succes que pendant la periode d'invasion; la medication consiste alors dans une ou plusieurs saignees abondantes, l'administration de nitrate de potasse ou de tartrestibte; la potasse et l'eau de goudron, un revulsif au fanon com-pletent la eure. Dans la seconde periode, quand la fievre se calme, on emploie le calomel et le tartre stibte. Les aliments doivent amp;re legers,
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digestibles, les dtables largement aerdes. (Ver-heyen, Manuel de midecine velerinaire.)
F1EVRE APHTHEUSE OU COCOTTE.
On notnme ainsi une Eruption bulleuse de la rauqueuse buccale, soit isolöe, soit accompagnee d'une Eruption identique aus pieds et aus ma-melles. La ßevre aphlheuse se montre ordinaire-ment sous forme epizoolique; eile est conlagieuse et atleinl le cheval, le moulon, la chevre, le porc, et surlout l'espece bovine. Le lait des femelles qui en sont atteintes est möme d'un usage dan-gereux, non-seulement pour les animaux , mais aussi pour l'homme. Elle est contagieuse, d'apres beaucoup de veterinaires, sans m6me que le con­tact immediat soit necessaire, et eile sdvit sans distinction d'äge ni de sexe.
On ne connalt contre eile aucun preservatif; eile n'est que bien rarement mortelle, mais eile annule la secretion du lait et le travail pendant un temps plus ou moins long, et eile fait consi-derablement ddpdrir les betes ä l'engrais.
L'invasion de la maladie s'annonce par la tris­tesse, l'abattement, la perle de l'appamp;Jt, la ces­sation de la rumination; le poil se hörisse, les yeux deviennent troubles et larmoyants, le pouls
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est accamp;er^; les frissons alternent avec la chaleur de la peau; les muqueuses de la bouche et du nez s'enflamment, la langue se tumefie, la bouche se remplit de bave et d'ecurae. La secretion du lait diminue ou cesse rnfime compl^tement. Deux ou trois jours apres I'invasion de la maladie, appa-raissent, äla langue, au palais, au pis, quelquefois aux naseaux et autourdu mufle, des aphthes, sortes d'ampoulesqui, apres vingt-quatreheures, crevent et laissent ecouler une sdrösite jaunätre et infecte. Peu aprös, aux talons et entre les onglons, appa-raissent 6galement des aphthes; il y a gonflemcnt et rougeur intense ä la couronne; ces aphthes percent aussi, et la sörosite qui s'en ecoule, jau-nälre et limpide d'abord, s'6paisslt et repand une odeur felide. Un, deux, trois ou les quatre mem-bres sont attaques, et, parfois, il y a chute com­plete des onglons. (Kaulz et Villeroy, Manuel de l'Meveur de Utes ä comes, p. 222.)
Le traitement est simple et facile: regime ra-fratchissant et grands soins de proprete. On lave deux ou trois fois par jour la bouche avec de l'eau l^remcnt acidulee et miellee, ou mieux avec une infusion miellee et vinaigree, de fleurs de sureau. On lave les pieds plusieurs fois par jour avec de l'eau fraiche, en les arrosant ou en tenant
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les animaux pendant un quart d'heure dans un ruisseau; on frotte le pis avec du beurre frais, apres avoir lav6 les plaies avec uns döcoction emolliente. Le furnier doit 6lre frequemment en-lev6 et remplace par une abondante litiere fraiche. Pendant la convalescence il faut donner de bons fourrnges, mais avec parcimonie, afln d'^viter les troubles gastriques.
CACHEXIE OSSIFRAGE.
La maladie epizootique des os (cachexie ossi­frage) a regnö, en 1836 et 1837, en Autriche, en Boheme, en Hongrie et en Prusse. Dans la seule principaute de Birckenfelds, eile enleva 400 tßtes sur H,500, chiffre de la population bovine totale. On presume qu'eile avail pour cause une alimen­tation insuffisante; la medication est done facile ä determiner : regime abondant et choisi, auquel on ajoute de la craie, frictions s^ches, toniques, Infusions aromatiques, exercice, aeration.
FIN DU TOME SECOND ET DERNIER.
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TABLE DES MAT1ERES
CONTENÜES DANS LE SECOND VOLUME.
DEUX1EME PARTIE.
PHARHACIE, CHIRURGIE, PATHOLOGIE.
Pagei.
Chapitrb lquot;.— De la pharmacie et des medica­ments.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
sect; 1quot;.— Des plantes medicinales et des medi­caments d'origine vegetale. ...nbsp; nbsp; nbsp;12 sect; 2. — Des medicaments d'origine animale.nbsp; nbsp; nbsp;23 sect; 3. — Des medicaments d'origine minerale.nbsp; nbsp; nbsp;24
sect; 4. — Des doses medicamenteuses.....nbsp; nbsp; nbsp;32
sect; S. — Des formules.............nbsp; nbsp; nbsp;40
Chapitbe II. — De la Chirurgie veterinaire. ...nbsp; nbsp; nbsp;73
sect; 1quot;.— Des pansements...........nbsp; nbsp; nbsp;78
sect; 2. — De la saignee............nbsp; nbsp; nbsp;84
sect; 3. — Du setonquot; et des trochisques.....nbsp; nbsp; nbsp;87
sect; 4. — Amputation des cornes........nbsp; nbsp; nbsp;90
sect; 5. — Castration du taureau........nbsp; nbsp; nbsp;91
sect; 6. — Castration des vaches et genisses. . .nbsp; nbsp; nbsp;95
sect; 7. — Cauterisation.............nbsp; nbsp; nbsp;96
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428nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TABLE DES MAXIERES.
Page..
sect; 8. — Inoculation de la peripneumonie. . .nbsp; nbsp; nbsp;99
sect; 9. — Ponction du rumen..........nbsp; nbsp;100
Chapitre 111.— Pathologie bovine.........nbsp; nbsp; 102
sect; 1quot;.— Maladies externes. .-........nbsp; nbsp;108
A..Tumeurs................nbsp; nbsp;109
Phlegmon...............nbsp; nbsp;HI
Abces.................nbsp; nbsp;116
Squirre. ...............nbsp; nbsp; 118
Kyste.................nbsp; nbsp;120
Loupe.................nbsp; nbsp;121
OEderae................nbsp; nbsp;121
Emphyseme..............nbsp; nbsp;122
Gangrene et charbon.........nbsp; nbsp;123
B.nbsp; Contusions et plaies..........nbsp; nbsp;158
Contusions...............nbsp; nbsp;158
Plaies.................nbsp; nbsp;159
Ulceres................nbsp; nbsp;163
C.nbsp; Maladies de la tele..........nbsp; nbsp;168
Fracture des comes..........nbsp; nbsp;168
Maladies des yeux..........nbsp; nbsp;170
Ophthalmie aigue externe.......nbsp; nbsp;171
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;— interne.......nbsp; nbsp;172
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;chronique.........nbsp; nbsp;173
Fistule lacrymale...........nbsp; nbsp;173
Tale.........s........nbsp; nbsp;173
Cataracte ou dragon.........nbsp; nbsp;174
Catarrhe des comes..........nbsp; nbsp;174
D.nbsp; Maladies de la bouche........nbsp; nbsp;175
E.nbsp; Maladies des membres........nbsp; nbsp;177
Varice arliculaire...........nbsp; nbsp;177
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TABLE DES MAT1EUES.
429
Effort ou entorse...........nbsp; nbsp; 178
F.nbsp; Maladies du pied...........nbsp; nbsp; 180
Limace................nbsp; nbsp; 181
Engravee...............nbsp; nbsp; 182
Fourbure...............nbsp; nbsp; 183
G.nbsp; Maladies des organes de la generation.nbsp; nbsp; 184
Engorgement du fourreau.......nbsp; nbsp; 184
Inflammation du nombril.......nbsp; nbsp; 183
Engorgement des trayons et du pis. .nbsp; nbsp;186 Chute et renversement du vagin et de
la matrice..............nbsp; nbsp; 187
H. Maladies des os............nbsp; nbsp; 190
Luxations...............nbsp; nbsp; 191
Fractures...............nbsp; nbsp; 191
Carie.................nbsp; nbsp; 193
Ankyloses...............nbsp; nbsp; 194
Exostoses...............nbsp; nbsp; 195
I. Maladies de la peau..........nbsp; nbsp; 193
Poux.................nbsp; nbsp;196
Gale..................nbsp; nbsp; 196
Dartres................nbsp; nbsp; 196
Erysipele...............nbsp; nbsp; 198
— Maladies internes..........nbsp; nbsp; 199
A.nbsp; Maladies du Systeme nerveux.....nbsp; nbsp;218
Vertige................nbsp; nbsp;218
Apoplexie...............nbsp; nbsp;218
Paralysie...............nbsp; nbsp;219
B.nbsp; Maladies des organes de la respiration
et de la circulation.........nbsp; nbsp;220
Catarrhe nasal.............nbsp; nbsp;220
sect;2
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430nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TABLE DES MATIEEES.
Pages.
Angine ou esquinancie........nbsp; nbsp;221
Phthisie tuberculeuse ou calcaire. . .nbsp; nbsp;224
Pneumonie chronique........nbsp; nbsp;227
Fievre de lait.............nbsp; nbsp;229
Fievre vitulaire............nbsp; nbsp;230
C.nbsp; Maladies des organes de la digestion.nbsp; nbsp;233
Indigestion solide...........nbsp; nbsp;233
Indigestion gazeuse ou meteorisation.nbsp; nbsp;236
Diarrhee................nbsp; nbsp;239
Dyssenterie..............nbsp; nbsp;242
Tranchees ou coliques.........nbsp; nbsp;244
Gaslrite................nbsp; nbsp;245
Enterite diarrheique..........nbsp; nbsp; 245
Enterite dyssenterique........nbsp; nbsp;246
Gastro-enterite............nbsp; nbsp;247
Maladies vermineuses du tube digestif.nbsp; nbsp;248
D.nbsp; Maladies des organes de secretion. .nbsp; nbsp;249
Esquinancie interne..........nbsp; nbsp;249
Catarrhe vesical ou cystite.......nbsp; nbsp;250
Nephrite................nbsp; nbsp;251
Hematurie...............nbsp; nbsp;252
Inflammation des testicules......nbsp; nbsp;253
sect; 3. — Maladies enzootiques et epizootiques.nbsp; nbsp;254
Divisions, causes, mesures de police. . .nbsp; nbsp;254
Description et traitement.........nbsp; nbsp;295
1'raquo; espece. Maladies inflammatoires.
iquot; genre.— Maladies inflammatoires ai-
gues............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;295
Fievre inflammatoire aigue(1746). .nbsp; nbsp;295
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#9632;rABLE DES MAT1ERES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 431
Pages.
Autre fievre inflammatoire (1741)........... 300
Pleuresieou fausse peripneu-monie (1780)....... 309
Autre maladie inflammatoire en Flandre........310
Dyssenterie contagieuse. . . 311 2laquo; genre.—Maladies inflammatoires char-
bonneuses.......... 316
Fievre charbonneuse ou char-bon interieur........318
Observations sur quelques ma­ladies charbomieuses. . . . 322 3laquo; genre.—Maladies inflammatoires phlo-
goso-gangreneuses.....331
Fievre ardente , maligne , aigue ou pestilentielle (1711)............ 341
Autre fievre ardente, maligne, aigue ou peslilentielle (1743)............ 346
Fievre inflammatoire et pu-, tride(1760).........372
Autre fievre inflammatoire, putride et gangreneuse (1773)............376
Autre fievre inflammatoire en Beam et Navarre (1774). . 386 2' espece.— Maladies phlogoso-gangrcneuses. Esquinancie gangreneuse......, , , ioi
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432nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TABLE DES MATIERES.
\ppendice.— Du sang-de-rate des betes a comes. 411 De rcnierie suraigue du gros betai!
a comes.............416
Dc la peripneumouie contagieuse du
gros beiailä comes........ 419
De la fievre apbtheuse ou cocotte. . 424 De la cachexie ossifrage des betes a
comes..............426
FIN DE LA TABLE DU TOME SECOND ET DERNlEn.
J'aiiraquo; — 1laquo;1U. Jo Jlnie Vc Boili'banl-Uuunl, rue lie rEprran, 5. — iBlgt;tgt;.
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