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PLEUROPNEUMONIE
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DE L'INOCULATION
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PLEUROPNEUMONIE
DE L'ESPta BOVINE.
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Le travail que nous publions aujourd'hui differe de ceux consacres pröcedemment au meme objet, en ce que nous nous y occupons de l'inoculation envisagee sous le point de vue scientifique. Jusqu'ici nous nous etions borne ä nous occuper de notre Systeme sous le rapport des resultats pra­tiques qu'il produit; ces rfeultals etaient tels qu'ils pouvaient rendre inutile toute demonstration du bien fonde de l'inocu­lation sous le rapport theorique. Depuis longtemps meme nous nous sommes renferme dans un silence complet sur ce point; nous avons laisse la parole aux experimenlateurs et aux savants de tons les pays qui, unanirnement pour ainsi dire, se sont montres pour nous des auxiliaires aussi ölo-quents que convaincus.
Nous sortons aujourd'hui de celte reserve, et voici pour-quoi :
II reste encore ä rinoculalion quelques adversaires obsün6s qui se croienl engages d'honneur ä perseverer dans une hos-
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lilite declaree jndis a priori, et qui, dans rimpuissauce uü ils sonl de nier l'evidence des fails, ont cru habile de se draper dans le manteau de la science pour imposer au public et pour cmbrouiller la question, si c'etait possible.
Ils n'auront pas cetle derniere et puerile satisfaction : il nous sera facile de refuter leur oeuvre collective, produile sous la forme d'un opuscule de huit pages, signc d'un seul nom et adressö aux membres de la Cliambre et du Senat, — supreme effort qui ne fait que prouver qu'on u'ose plus se hasarder sur le domaine des faits, et qu'on en est reduit ä se plongcr dans de nöbnleuses theories scientiliques, qui d'ail-leurs auraient du etre soumises a des Academies et non a des assemblees legislatives.
Quoi qu'il en soit, nous allons etablir ä l'övidence que l'ino-culation de la pleuropneumonie exsudative est une operation parfailement en harraonie avec toules les donnees actuelles de la science; que Iheoriquement et scientifiquement eile est au moins aussi justifiable que l'inoculalion de la variole, de la rage, de la peste bovine, de la clavclee, etc., et que, de plus, eile est I'unique rcmfede pröservatif centre les alleintcs de 1'epizoolie qui pese depuis tant d'annees sur le bötail.
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Essayons de definir d'abord, pour rendre noire argumen-talion plus saisissable, ce que nous enlendons par pleu­ropneumonie exsudative el par virus.
La pleuropneumonie exsudative du betail, — qu'on a designde encore sous differentes autrcs dönoniinations et plus particuliferemenl sous celles dc peripneumonie epizoo-tique et de maladie de poitrine, — est une affection parli-culiere et exclusive h I'espece bovine, affection qui se Iraduit
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par un 6tat particulier de l'organisme, preexislant h la lesion locale. Elle choisit ordinairement, comme lieu deleclion pour ses manifeslalions morbides, les poumons et les plevres, en y determinant une exsudation inflammatoire specifique el abondante de matieres plastiques.
La pleuropneumonie est done une maladie gönerale, talius substantice, qui attaque tout l'organisme, et non pas une affection inflammatoire locale des poumons et des plevres, comme beaucoup d'auleurs Font suppose aulrefois, et comme quelques-uns le croient peut-eire encore aujourd'hui.
L'opinion qui precede, conforme aux idees qui avaient cours depuis longteraps, dans les ecrits des auteurs allemands surtout, a ele soulenue par nous de ja dans noire premier memoire adressc au Ministre de l'inlörieur de Belgique en 1852. Les investigations necroscopiques retablissent surabondamment, car h I'autopsie d'une bete morle de pleuro­pneumonie, on rencontre des alterations pathologiques dans presque tous les organes, el particuliferement dans la rate el le foie.
Ce qui caraclerise anatomiquement la pleuropneumonie, e'est I'enorme quantite de malifere plastique qui desorganise les plövres et les poumons, et donne ä ces derniers I'aspect marbre si propre h cette maladie. Cela est tellement vrai que quand les deux poumons sent malades, ils peuvent, d'apres Gurlt, atteindre de cinquante h soixante livres de poids, tan-dis que le liquide epancbö dans les plevres pent mesurer jusqu'ii trente litres.
Les alterations si considerables de ces organes ne peuvent s'expliquer que par une modification profonde dans les ele­ments constitulifs du sang qui reagit ainsi sur tout l'orga­nisme.
Aussi, pour guerir cette terrible maladie, nous avons experimentö depuis longtemps differenfs agents thdrapeu-liques propres h modifier la masse du sang; nous devons
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citer parmi eux, comrne nous ayant le mieux r^ussi, les mer-curiaux, — medicaments altöranls et antiplastiques bien connus — et plus particuliferement le sulfure noir de mer-cure et le calomel, adrainistr^s h la premiere pöriode de la maladie.
C'est cette grande facilite de reproduction de matieres plastiques qui nous a fail preförer la queue h tout autre organe pour pratiquer I'inoculation, car plus les endroits sont riches en tissus celluleux et vasculaires, plus aussi l'exsudation est abondante et plus est grand par consequent le danger que court Tanimal. Voilä pourquoi les inoculations faites imprudemment au fanon ont caus^ tant de d^sastres entre les mains de quelques novoteurs.
Get exsudat plastique ou plasma pent, d'aprfes la definition que nous venons de donner de la pleuropneumonie, se porter partout ailleurs qu'aux poumons, et meme n'est pas absolu-ment necessaire a l'existence de cette affection. Voici ce qui le prouve : Nous avons fait l'autopsie d'animaux morts de pleuropneumonie dans des foyers epizootiques, entre autres äWaremme, en 1832, en sociöte de M. le vetörinaire Janne, et nous n'avons rencontr^ chez ces animaux d'aulres lesions cadaveriques qu'un epanchement abondant de sörosite citrine et floconeuse dans les plövres.
Ces cas, oü I'examen necroscopique ne revile aucune alte­ration dans les poumons, ne sont pas rares, et la Commission officielle beige elle-merae cite un exemple frappant h I'appui de ce que nous avangons :
laquo; Une vache, n0 18, non-inocuiee, mise en experience dans un foyer epizootique, toussait toujours, restail couchee, ne prenail ni aliments ni boissons, prfeentait une infiltration söreuse et des exsudations plastiques au cou et sous la ma-choire. Cette bete meurt et l'autopsie ne decfele aucune lesion ni dans le parenchyme pulmonaire, ni dans les pl^vres; mais sous la peau, depuis la region de l'auge jusqu'au fanon, on
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remarquait un gonflemenL assez volumineux, formö d'iin lissu lardace, jaune, presentant de la resistance ä riocision par rinstrumenl trancliant, et dans les areoles de ce lissu se trouvait un liquide sereux de couleur citrine, etc. (1). raquo;
Voilh, certes, un beau cas de pleuropneumonie exsudative sans lesions pulmonaires, ct. M. Delwart, Tun des commis-saires, avait pleinement raison quand, pendant la vie de la vache, il diagnostiquail celle affection.
M. Corvini, professeui' ä röcole veterinaire de Milan, ne dil-il pas aussi, dans un memoire couronnc par TAcademie lomharde, laquo; que la pleuropneumonie exsudative epizootique ost une maiadie generale prösentant des phcnomfenes iocaux dans des sieges autres que les poumons, et non une pleuro­pneumonie simple; quelle peut par consequent se manifeslor dans toules les parties du corps oil se depose son virus (2). raquo;
La Commission scientifiquc frangaise, inslituee pres ie Ministöre de l'agriculture, du commerce et des travaux pu­blics pour l'etude de la pleuropneumonie, est aussi de cet avis; car, apres avoir constate differents cas de pleuropneu­monie exsudative bien caracterisee, sans que la percussion et Tauscultation pussent faire reconnaitre la moindre lesion des organes thoraciques, eile formula la conclusion suivante :
laquo; II est des animaux qui, exposes a la contagion de la maiadie par cohabitation, n'eprouvent sous son influence qu'une indisposition legere el de peu de duree (5). raquo;
II est done prouve que la pleuropneumonie exsudative est une maiadie generale, qui peut porter ailleurs que dans les poumons ses manifestations morbides, et meme ne pas pre­senter de lesions organiques bien appreciables.
(1) Cinqatäme rapport do la Commission beige, page 21.
(-2) Dell'inncslo nella peripnetimonia opolmonera de' bovini, page C5, Milan,
(:i) Rapport general dos travaux dc la Commission seienlifique inslitm;laquo; pros le Minislere de ragricullurc, du comraerce el des travaux publics. Paris, 18.quot;)i, page quot;?gt;.
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t Aussi, dit M. Bouley, l'eminent professeur de l'ecole vetörinaire d'Alfort, — et c'est lä un fait considerable, — le virus de la peripneumonie peut saturer un organisme et le rendre inaltaquable aux alteinles futures de celte maladie, sans cependanl manifester sa presence par la fluxion inflara-matoire pulmonaire et les transudations plasliques qui en sont rinevitable consequence (1).raquo;
L'inoculation de la pleuropneumonie n'est pas non plus toujours suivie de manifestations objectives h l'endroit de riraplantation du virus dans les lissus, et malgre l'absence de ces manifestations, la preservation n'en est pas moins un fait acquis h la science.
Le virus introduit dans I'economie animale lui fait subir une modification organo-dynamique, Aut naitre une pleuro­pneumonie sans lesions pulmonaires, au moins dans la gene-ralite des cas. — Cependant il y a des exceptions ü cette r6gle, car Delafond, le regrette directeur de l'ecole vetöri-naire d'Alfort, dit ; laquo; II est des cas oü la fluxion qui fait suite h l'inoculation fait son election, comme dans rinoculalion naturelle, dans les organes pulmonaires. Ces fails se sont pro-duits sous mes yeux conseculivement ä une inoculation pra-tiquee chez M. Chevrier de Melun (2). raquo;
A l'appui de ce que nous venons de dire, nous pouvons citer le passage suivanl du 3deg; rapport ofiiciel de la Commis­sion neerlandaise : laquo; Le changement opcre dans l'öconomie animale soit par une premiere atlaque de la pleuropneumonie, soil par rinoculalion de celleci, preserve les animaux d'une seconde attaque, et il est probable que le virus introduit dans le corps de I'animal, quand memo il ne donne pas nais-sance i\ des phönomenes apparenls, possede la meine vertu preservative (3). raquo;
(I) r.ecueil de mddecine veterinairedc Paris, lomc III, 4C sciic, page 883.
['}] Idem, decembre 1861, page 1057.
(3) Troisieme rapport lt;Ip In Commission oflicielle des Pays-Bas. 1855, p. 80.
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M. Jenncs, professeur h I'ecole veterinaire d'Utrecht, dit ögalement : laquo; L'experience semble conlinuer a prouver que meme une inoculation sans effet apparent, pent cependant avoir produit dans le corps de l'animal des changements qtii le preservent contre la pieuropneumonie, ainsi que cela s'ob-serve dans d'autres inoculations (1). raquo;
N'en est-il pas de meme du typhus contagicux du Letail ? M. Jessen, professeur veterinaire h Dorpat, le plus ardent propagaleur de l'inoculalion de la peste bovine en Kussie, ne dit-ii pas laquo; que les betes inoculees avec du bon virus et cliez lesquelles on n'a pas observe d'effels apparenls, sent egaie-ment pröservees (2)? raquo;
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Maintenant que nous savons ce que c'est que la pieuro­pneumonie exsudative, voyons ce que Ton entend par virus. et puis nous examinerons si la pieuropneumonie possede on virus, et par suite si sou inoculation est une operation ap-prouvee par la science.
Un virus e.-t un principe morbifique, d'une nature speci-fique at incounue, materiel mais inaccessible a nos moyens d'invesligations acluels, appreciable seulement par ses effets el qui, clabore par un individu malade, et transmis a un sujet sain, determine en celui-ci, aprös un certain temps, des trou­bles organiques generaux el une affection semblable a celle qui lui a donnc naissance.
M. le docteur Michel Peter, praticien distingue de Paris, — dans un oüvrage oü il classe la peripneumonie bovine
(1) Qualrieme riijiporl sur les inoculations praliquees en Frise. 1838, p. 6. (-2) Annales de medecinc vetörinairc, caliier de novembre 1800, page ?i93.
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parmi les maladies virulentes et inoculables, — dit que laquo; un virus est un licjarde speciflque, un el toujours ideulique ä lui-meme (1).raquo;
Teile est ä pen pres la definition que donnent du virus tons les auteurs les plus compelents dans celte matiere, et principalement M. Ilameau.
Les virus ont done trois caraclercs indelebiles : la conta­gion, propriete affective et organique, c'est-h-dire susceptible de transmission; — Vmcubation, c'esl-ii-dire qu'ils ne mani-festent leur action qu'apres un certain temps d'absorplion, qui varie dans presque toules les maladies, et souvent dans In raeme maladie; —en troisifeme lieu la regeneration, ou fnculte de se reproduire.
Nous demontrerons plus loin que la pleuropnedmonie exsu-dative possede ces trois caractferes, qu'elle est inoculable par virus fixe, et qu'elle est par consequent une operation con-forme ä la science.
D'abord deux questions primordiales s'offrenl h noire examen :
La pleuropneumonie est-elle une maladie contagieuse? Est-elle une maladie speciflque?
Si eile est une affection specifique et contagieuse, c'est-a-dire transmissible, n'est-il pas logique de dire quellepeut elre inoculce?
laquo; Oui assurement, repond M. Prince, direcleur de fecole velerinaire de Toulouse; car toule contagion, pourvu qu'elle ait un agent fixe, peut etre inoculec, el Ion ne voit pas que la pfiripnciimonic contagieuse doive faire exception (2). raquo;
Puis, si une premiere atlaqnc de pleuropneumonie pre­serve I'animal d'alleintes ulterieures, rinoculalion est certes un moyen infaillible pour preserver le belail de celtq epi-
(1)nbsp; des maladies virulentes companies chez Vhommeel chez les animaux, Pni'is, 1883, page H.
(2)nbsp;Journal des Velerinaircs du Nidi, Janvier 1861, page 20.
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zootie; car en lui inoculant la maladie on lui donne, d'uue fagon plus benigne, rimmunile coutre une seconde altaque, tout jusle comme une premiöre attaquc de pleuropoeumonie, nalurellement contractee, prcservera d'une seconde. — Ce raisonnement dcfie loute refutation.
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II s'agit done de prouver, pour elablir notre those, ce qui ne sera pas difflcile : 1deg; Que la pleuropneumonie est une ailection contagieuse; 2deg; Quelle n'altaque, en regie generate, qu'une seule fois le meme individu; 5deg; Quelle est une ma­ladie specifique; et 4deg; quelle possede un virus fixe.
A.nbsp; Contagion. Si, il y a quelques annöes encore, le doule pouvait exister sur la nature contagieuse de la pleuropneu­monie, il n'en est plus ainsi aujourd'hui; tons les savants, tous les praticiens surtout, loutes les Commissions ollicielles, — meine celle de Belgique, — attcstent ce fait, sur lequel il est done parfaitement inutile de s'etendre.
Nous nous bornerons h transcrire ici la conclusion ä laquelle est arrivee la Commission scientifique fran^aise :
laquo; II resulte, dit le rapport, des experiences qui viennent raquo; d'etre relatees que la peripneuinonie epizootique des betes raquo; ä cornes est susceptible de se transmettre des animaux raquo; malades aux animaux sains dc la meme espece, par la voie raquo; de la cohabitation (1). raquo;
B.nbsp; liecidive. Que la pleuropneumonie n'attaque qu'une scale fois le meme~ individu, e'est-h-dire qu'une premiere attaque preserve d'attaques ultcrieures, e'est Ri uns vörite dont sent convaincus tous ceux qui ont ete h meme de suivre
(1) Rapport eile, page 23.
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peiidanl uii certain temps la marche de la maladie dans une contree. Nous pourrions invoquer notre experience person-nelle ä l'nppui de cetto proposition, si M. Yvart, inspecteur des ccoles veterinaires en France, n'avait signale ce fail im-porlant, ct aprcs lui la Societö centrale d'Agriculture de Bel-gique, la Socicte impcriale el centrale de medecine-veterinaire de Paris, MM, Deiafond, Lafosse, Bouley, Sanson, Wellenberg, Jennes el tant d'aulres veterinaires distingues de lous les pays. Dans les Pays-Bas, cette croyance est tellemenl enra-cince qu'on y payait jadis plus eher un veau gueri de la pleuropneumonie, que celui qui ne I'avait pas encore con-tractee.
Les belles experiences de la Commission scientifique fran-caise out acheve d'elueider ce point controverse etont amene la Commission ä formuler ä ce sujet la conclusion suivante : laquo; Les animaux de l'espöce bovine sont preserves contre de raquo; nouvelles atteintes de la peripneumonie, lorsqu'ils ont con-raquo; trade une premiere fois celte maladie, ou qu'ils n'ont pre-raquo; senteque des symptömes dune indisposition legere, a la raquo; suite d'une premiere cohabitation (1). raquo;
Du reste, la Commission beige elle-meme est forcee d'avouer ce fait, dans son dernier rapport oßiciel, adressc h M. le ministre de Imlerieur en 1860. Apres des reclierches ininutieuses faites dans toute la Belgique par MM. les veteri­naires du gouvernement, eile n'a pu constater pendant mi laps de deux ans, que trots cas, et encore discutables, de recidive de pleuropneumonie.
La pleuropneumonie n'attaque done qu'une seule fois le meine individu; s'il y a des exceptions h celte regie, elles sont d'une rarele extreme.
C. Specißcitd. laquo; La pleuropneumonie du gros betail, dit Deiafond, est pour moi une maladie contagieuse, et par con-
(1) Rapport cite, page 32.
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sequent, comme toutes ces maladies, de nature raquo;pedßque, altendu qu'elle donne naissance ä un element special ou ä un virus, susceptible de l'engendrei' et de la rcproduire (1).raquo;
Get clement special, nous le renconlrons principalement dans 1c poumon malade, qui renferme une substance sui generis, speciflque, engendrant une maladie parlicuiiöre h I'espece bovine, et distincte de toutes les aulres maladies que le gros b^tail est susceptible de contractor.
Le principe contagiftsre, specifique, ne se rencontre que dans le produit de I'exsudation. Cela est tellement vrai que nous avons inocule h differenles reprises des bceufs avec la bave, le lait, le sang fraichement recueilli sur un animal affecte de pleuropneuraonie, et nous n'avons jaraais pu pro-duire le moindre Symptome physiologique ou palhologique, pas meme une legere inflammation h l'endroit oü se prati-quait la petite incision, t Dans leurs experiences sur la con­tagion de la pleuropneumonie, Veith, Sick et Dietericks ont d^posd sur la pituitaire de la matiere de jetage nasal, de la salive provenant de betes malades; ils ont incise la pitui­taire et ont depose ces fluides dans la plaie; des setons, dont la mtehe en avait ete imbibee, ont ete passes sous la peau en arriere de l'epaule, mats ces inoculations ont ete sans re-sultat (2). raquo;
II est done positif que I'exsudat plastique renferme le contage, le virus, I'element specifique de la pleuropneumonie, et celui-ci n'a de Taction que sur les animaux de I'espece bovine. Nous I'avons inocule h des chövres, h des moutons, a des chiens, h des pores, h des oiseaux de basse-cour, etc., etc., ä l'homme lui-meme, sans que nous ayons jamais observe les'moindres suites, pas meme celle d'une piqüre anatomiqne entrainant souvent apres eile une sep-
(1)nbsp;V. Dclafond. Traite sur la maladie depoitrine du gros belail. Paris 1844, page 45.
(2)nbsp; Mem, page 210.
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ticeraie, — comme quelques personnes le pretendent, nie-connaissanl ainsi !es lois cl'iine saine pliysiologie, car I'inser-tion de la maliere qui occasionnerait line septicemie chez le bceuf. doit aussi la produire dans d'aulres organismes ani-maux.
Dans le rapport precite de la Commission ollicielle des Pays-Bas, M. Wellenberg, le savant directeur de I'ecole vete-rinairc d'Utrecht, dit ä la page 74 :
laquo; Les inoculations pratiquees ä dessein sur d'autres ani-maux, tels que chevaux, chiens, moulons, et celles foiles forluitement ä rhomme n'ont iamais monlre un indice d'ac-lion quelconque. II en est de meme des inoculations prati­quees sur des boles gueries de la picuropneumonie.raquo;
Le virus inocule direcloinent ne produit pas plus d'ell'ul sur tons ca. animaux que l'absorption du virus volalil reu-lenue dans I'air ambiant; car nous savons aujourd'hui que Ja pleuropneumonie exsudative n'est pas contagieuse pour les animaux autres que ceux de l'espece bovine. Nos expe­riences personnelles ä eel egard sent nombreuses : des ani­maux de diverses especes, out ete souvent places par nous en cohabitation avec des betes pneumoniques, et, jaraais ils ne se sont ressenlis du contact impur de ces voisins malades. Delafoud dit, dans Texcellent ouvrage que nous avons cite, que des pores paraitraienl avoir ete attaints de pleuropneu­monie par contagion. Ce doit elre une erreur. M. J. Van-vinckcroye, distillalenr a Ilasselt, a place pendant plusieurs annees, dans ses elables infeetees par la pleuropneumonie, un grand nombre de pores, sans que jamais aucun soit devenu malade.
Le virus de la pleuropneumonie determine dans les par­lies affecldes (poumon, queue, elc), une inflammation qui a un mode d'action lout particulier, differant du travail inflammatoiro ordinaire. — C'est ce mode specifique d'action qui produit la qualite specifique de l'exsudation plastique.
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La presence dans cet exsudat de corpuscules parliculiers ä mouvement moleculaire, — d^couverle an microscope par M. le professeur Van Kempen et par moi, el couslalee plus tarcl par MM, Gastaldi, Gurlt, Didol, Ercolani et d'autres, et que les deux savants cites en dernier lieu, considärent comme secondaire h 1'aifection generate, — cette presence, disons-uous, ne dcmontre-t-elle pas suffisammeiit la speeifleitö de cette affection et l'identite de ses produits, soil dans les pou-mons, soil ii la queue, soil ailleurs, qu'ils resultent ou non de la maladic contractee, natiireHement on ailidciellement par I'inoculation. N'est-il pas prouve aussi qu'on lie rencontre jamais des globules de pus ni dans le parenchyme pnlmo-naire, ni dans I'exsudat depose ä l'endroit de rinoculaliori, lant qucdure la periode de specilicite de la raaladie?
M. Wellenberg dit h ce sujet :
laquo; L'intlamination produite par rinoculalion n'a pas pour suite la secretion purulente, inais eile produit une exsuda-liou plastique particuliere, laqneile, absorbee par les lissus, fait gonfler la peau, et lui communique cet aspect marbre qui dislingue si bien le poumon dun animal allaquc de cette maladie (1). raquo;
Le savant Ercolani, professeur a I'ecole royale velerinaire do Turin, — qui s'est lant ocenpe de la question do I'inocula-lion des virus, el qui par de judicieuscs observations anatu-miques, patbologiques et microscopiques, laites en commun avec le celcbre docleur Gastaldi, — a egalement etabli la spe­cilicite des lesions pathologiques, resultant de rinoculalion anliperipneumonique (2).
Si, aprcs cola, ii restait encore quelque doulc dans fespril du lecteur sur la spöciflcite de la pleuropneumonie el de son inoculation, nous lui metlrions sous les yeux le raisonne-
ii) Wellenberg. Premier rnpporl ofnciel. Janvier I83;i, page 13. (2) Corvini, memoire eile, page 63.
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ment suivant de M. Sainl-Gyr, professeur a I'teole veteri-nairc de Lyon :
laquo; Je prends de la sörosile dans im poumon atleint d'une inflammation ordinaire, je l'inocule, el je nobtiens rien, jamais rien. — Jc prends, d'aulre part, de la serosite dans un poumon alteint de peripneumonie conlagieuse; je l'ino­cule comme la premiere, et le plus souvent, quand I'inocula-tion est bien faile, j'obliens : 1deg; Au point inocul^ un engor­gement chaud, douloureux, inflnmmaloire, en un mot, avec depots de produils plasliques plus ou moins abondants; 2deg; Un mouvement febrile plus on moins accuse, mais, en general, facilement appreciable pour l'observateur altentif et non prevenu. Nolez-bien qu'il ne s'agit pas ici de produils septiques, mais, dans les deux ens, de serosite parfaitement pure, prise ä la premiere, on, au plus, h la deuxieme periode de la maladie, chez un animal qui vient de succomber, ou, ce qui est mieux encore, cbez un animal sacrifie cxpres pour fournir la matiere d'inoculation. Or, si, quand je vois (es resullats si differents de cette double experience, je dis que cette difference nest pas due au hasard; que l'une de ces deux serosites a des qualiles donl I'aulre est depourvue, con-lienl quelque chose que I'autre ne conlient pas, fais-je autre chose qu'cnoncer un fail palpable, evident pour tout le monde? Et si j'ajoute que celte action si rcmarquablement differenle ne peul s'expliquer que par la difference exislant entre les deux maladies dont ces deux sorles de serosites pro-viennent; que la peripneumonie conlagieuse, maladie d'une aulre espece que la pneumonie simple, e'est-h-dire speeißque-ment differenle de celle-ci, engendre une serosite qui diflere aussi sped flauem enl, c'esl-h-dire comme espece, de la serosite ordinaire; que les effets de celte serosite sont eux-memes d'une espece parliculiere, spidßques en un mot; si, enfln, quand je vois les animaux inocules avec cette serosite peripneumonique (permellez-moi eel adjectif qui m'evite une
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longue p^riphrase), resister ä la contagion de la peripneu-naonie, je crois pouvoir attribuer cetle pröservation h i'aclion speciflque de cette inoculation, serai-je done dit laquo; imperit architecte de consequences naturelles raquo;, suivant rexpression de Rabelais? (1)raquo;
II semble impossible que cette argumentation no porle pas la conviction dans l'esprit de ceux qui, de bonne foi, ne voient aulre chose dans rinoculation qu'une piqure anato-mique ou un moyen revulsif qnelconque.
D. InoculabiMte. La pleuropneumonie exsudative est con-#9632;4jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; tagieuse et speciflque, maiscomment s'operesa transmission?
#9632;Quel est son agent contagifere?
D'apres ce que nous venons de dire il y a evidemment deux modes de transmission pour celte maladie, comme pour beau-coup d'autres, parexemplerophthalmie granuleuse, la variole, la peste bovine, la stomatite apbteuse, etc.; Tun par contage volatile qui se rencontre dans l'air sortant des poumons d'un animal malade et pent ainsi agir h distance; I'autre par virus fixe, puise dans la mattere exsudee du poumon ou de la plevre et transmis directement par rinoculation. Ainsi le virus, in-troduit par infection dans l'economie du boeuf, agit de prefe­rence sur les poumons; introduit h la peau par inoculation il agit de preference sur ce!le-ci et sur les tissus avoisinants. C'est done toujours le meme virus, mais sous une forme dif-ferente.
laquo;La nature du virus de la peripneumonie, de meme'que celui de toufes les maladies conlagieuses, dit Delafond, est encore inconnue; le lieu oil ce virus reside parait etre le pou­mon malade; l'air expire, le mucus nasal, la have, les emana­tions qui s'öchappent des organes alleres en sontles vehicules ordinaires (2). raquo;
Independamment de ce virus volatil qui n'est pas contest,
(1)nbsp; Recueil de medecine veterinaire de /ViWs, decembro 1862, p. 1089,
(2)nbsp;Ouvrage cite, page 214.
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So­la pleuropneumonie posscde un virus lixc, ayant les carac-leres essenliels des virus en gcnöral : la contagion, luicuba-lion et la regoneralion. — Cela ressort clairemenl de lout ce qui a cte dit sur la specilicite.
En inoculant, au moyen de la lancette, h un animal sain, la seroöite extraite du poumon d'un animal malade, on lui com­munique ime maladie generale identique ä celle dont provient celte serosite, mais dillerente quant ä son siege ordinaire. On lui donne ainsi, arlificiellement et d'une manifere benigne, raffection presque toujours mortelle qu'il contracle naturelie-ment, etant expose aux influences epizootiques; et il resulte porir lui de cctte operation, une immunite qui le protegeconlro de nouvelles altaques.
Par i'inoculation onappelle lefluxus morbide sur un organe moins important ä la vie que le poumon, et Ton no fait abso-lumenl rien autre chose que ce que Ton fait tons les jours en medecine luimaine el velerinaire pour beaucoup de maladies, les exanthenies febriles surtout.
M. le docleur Michel Peter dit : laquo; La difference dans le mode de developpement de la maladie virulente implique sou-vent une difference clans sa forme, ainsi, la maladie virulente contractee par contagion mediate cst generale d'abord et ne produit qu'ensuite des determinations morbides locales; par exemple I'elat general morbide precede l'apparilion des pus­tules dans la variole el des lumeurs charhonneuses dans le charbon. Inversemenl, la maladie virulente Iransmise par contagion immediate pent presenter d'abord une determination specifique locale, et ne devenir qu'ensuite maladie gene-rale (1). raquo;
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(I) Onvrage cili;, \y^o. 31.
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M. le professeur Jennes, dans son 4e rapport sur les ino­culations praliquees en Frise, apres avoir discule differents points de science, a joule :
laquo; J'ai cm devoir rappeler encore ces points pour demon-trer la correlation qui existe enlre les phdnomönes patholo-giques de l'inoculatiou et ceux de la pleuropneumonie, et pour prouver quo rinoculalion est une operation qui s'appuie sur la science (I). raquo;
Dans le oe rapport de la Commission oiTicielle des Pays-Bas, nous lisons ce qui suit :
laquo; Maintenant si nous examinons quelles reponses peuvent etre donnees aux questions posees en lete de cctlc partie de notre rapport, il parait, h notre avis, que I'experience qui precede a prouve d'une maniere frappante : 1deg; Que I'inflam-mation produite dans une partie du corps, — teile que la queue dans les experiences dont il s'agit, — au moyen de Imoculation de la mattere exlraile des poumons, engcndre reellement une matiere qui, employee igt; la reinoculation, pos-sede la propriele de creer une affection et une secretion morbides, ayant la plus grande analogic avec celles dont elles derivent (2). raquo;
Voici comment s'expriment h ce sujetMM. Bouley el Dela-fond, deux noms qui font autorite dans la science, l'un pro­fesseur et l'autre ancien directeur de 1'ecole veterinaire d'Alfort:
laquo; Ce qu'il nous est permis de dire, ecrit M. Bouley, en nous appuyant sur les fails observes, c'est qu'il y a un etal parti-culier de Torganisme qui prcexiste ä la lesion locale et qui en est la cause prochaine, immediale; en d'aulres lermes, que l'inflammation pulmönaire et l'exsudation qui laccompagne ne sont que l'expression materielle dun elat general nnlerieur.
(I) Rnpport eile, page 13. (-2) Rapport ciiii, page U',.
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de merae que l'druption cutanöe dans la clavelöe, dans la va-riole, que les tumefactions sanguines et söreuses du tissu cellulaire dans le cbarbon no sont quo les effels d'une condi­tion genmle preexistante de rorgnnisme. — L'inflammation et l'exsudalion pulmonaircs qui caractörisent anatomiquement In maladie du bceuf, appoice, par ceia meme, peripneumonie, doivent done etre congucs comme une sorle de mouvement fluxionnaire eruplif sur l'appareil pulmonaire, mouvement öruptif qui esl la consequence et l'expression la plus ordinaire d'une condition latente tonte speciale de l'organisme, matlaquo; qui n'en esl pas la consequence necessaire et inecitable, car cetle condition peut exister saus qu'elle se manifeste fatale-ment par une inflammation pulmonaire ou autre{\). raquo;
Delafond, qui a ctudie cette mauere duranl une grandc partie de sa vie, dit qu'avant la manifestation des effets locaux de l'inoculation 11 a observe, ordinairement du quinzieme au vingtieme jour, im mouvement febrile qui indique les effets sur tont l'organisme du virus absorbc, et que quand meme ces effets ne se Iraduisenl pas par uo travail local, l'action preven­tive du virus n'en est pas moins efllcace. A cette epoque nussi il a observe que les animaux inoculös sont afl'ecles d'une toux particuliöre qu'on ne peut confondre avec la toux procedant d'une simple irritation des voies respiraloires. laquo; Suivant M. Bouley, dit-il, les phönomfenes qui se passent ä la queue, a la suite de rinociilation, seraient identiques a ccux qui se produisent du cole des poumons clans l'inoculation naturelle. Je parlage cornpletement cette opinion. La preuve qu'une fois le virus inocule, il y a tendance ä la manifestation de tumeurs qui sont le resultat do rirapregnalion de l'organisme, e'est que ces tumeurs peuvent, par exception, apparaitre dans d'autres regions que cellos oil l'inoculation a ele pratiquee. J'en ai vu survenir an poitrail, au fanon, aux fesses, etc., dans
(1) Rectieil do mwlecine völerinairo. PuriS: I8ö(i. Paso 801.
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ces cas elles acquierenl loujours un döveloppemenl excessif et emportent les animaux (I). raquo;
Ce que le savant et consciencieux directeur de l'öcole d'Al-fort a observe, nous I'avons constate souvenl et en avons vu un exeraple frappant cliez M. L. Vanvinckeroye (raembre de la Commission offlcielle beige), sur un bceuf inocul(sect; h la queue etqui porlait, quelque temps apres cette operation, une tumeur vraiment enorme et comme squirrheuse au poitrail.
Chez les rares boeufs morls, h la suile de ['inoculation, or-dinairement mal pratiquee, nous avons observe des epanche-menls de serosite dans le periloine et dans les plevres, et la presence de malieres plasliques dans les intestins.
Nous devons encore constater ici, d'abord que d'apres toutes nos experiences, l'inoculation de la pleuropueumonie produit des effels bien plus marques sur le belai! vivant sous l'influence de l'epizoolie que sur celui qui habite des etables non encore infeclees; que, en second lieu, eile n'a pas d'ac-lion sur un animal dejä prccedemment ou acluellemenl atleint de la maladie, ni sur un animal qui a subi avec succes une premiere inoculation. — Ce fait cst conflrme par bon nombre d'observateurs et meine par MM. les membres de la minorile de la Commission beige, dans leur rapport de 1860.
MM. les professeui's vetörinaircs Lessona et Vellada disent, dans leur rapport adressc en 1833 k M, le ministre de l'in-struction publique des Etnls-Sardes : laquo; Ainsi que nous I'avons deja dit, nous avons pu nous convaincre de la verite de cette autre assertion du medecin beige : que les boeufs, qui ont dejh eprouve la maladie, ne ressenlent aueun effet de l'application de rinoculation, et que selon toute probability, ils ne peuvent plus contracter la pleuropneumonie. laquo;
S'il est arriv^ qu'on ait vu les phenomenes de l'inoculation marcher simultanement avec ceux de la pleuropneumonie,
(I) Reciieilde mddecinc vpteriniiiin. Paris,4861, page 1057.
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cela ne presentescientifiquementrien d'anormal; aucontraire, cela prouve unc fois de plus que la pleuropneumonie est une maladie generale, mais qui pent produire ses manifestations pathologiques dans plus d'un organe h la fois. Ainsi, M. le docteur Foucart, — bien qu'on pretende qu'il y a anlago-nisme enlre la vaccine et la variole, — cite un cas dc devo-loppement simultane de ces deux affections chez un enfant. Ces fails ne sout pas rares. D'autres praticiens en ont vu des exemples. Nous-meme, en 18ö8, avec nos collogues de Has­selt, nous en avons observe deux cas, pendant une epidemie de petite veröle. M. Foucart cite aussi difierenls cas oü des enfanls vaccines et portant 1c bouton vaccinal, ont etc revac-cines quelques jours apres, et un nouveau bouton s'est prc-senle comme suite ä cetle revaccination (1).
Ces cas exceplionnels s'observent done chez riiomme comme chez les animaux, el ne prcsenleut rien de contraire aux interpretations scienlifiques.
VI
Mainlenant que Tinoculalion de la pleuropneumonie exsn-dalive par virus fixe est demontree sdentifiqicement, nous dirons quelques mots de son incubation.
Voici les phenoinenes locaux quo Ton remarque a la suite de rinoculalion : Les levres de la pelite plaie qne l'on vient de faire se desseclient d'abord el se couvrenl d'une legere croüte adhereule h leur surface, ce que Ton n'observe jamais dans la piquro anaiomique; puis, ordiuairement apres une incubation de dix ä quinze jours, rarement avant, ä fendroit oil I'inocn-lalion a ete faite, se manifeste un engorgement inflammaloire,
(I) Gazette des llöpilaux, 1860, 110 lOlaquo;.
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dur, chaud, douloureux h la pression et forme par des tran-sudalions plasliques. A cette periode, souvent I'animal inocule tousse, a de la fievre, est moins gai, etc. Gelte periode va­riable d'incubation n'a rien d'extraordinaire, car n'observons-nous pas la meme chose dans la rage, la syphilis, et meme dans rincubation naturelle de la pleuropneumonie? Le lemps entre le moment oü une bete a comes bien portante a etc exposee ä une contagion certaine et celui oü la pleuropneu­monie se manifeste, varie, d'aprfes Delafond, de six a soixante jours (1).
L'experience a prouvö que, de meme que dans toutes las maladies virulentes en general, l'incubation de la pleuro­pneumonie est de plus courte duree lorsqu'elle a lieu par voie d'infection, que lorsqu'elle est la suite de l'inoculation.
La fifevre que les animaux eprouvent au moment du deve-lopperaent des symptömes morbides de l'inoculation est un fait reel, incontestable. En depit de certain professeur de l'ecole de Cureghem, il est afflrme par presque tons les ob-servateurs. Dejh, dans notre premier memoire, nous avions dit que les animaux etaient trös-abattus, qu'on leur inoculait une maladie generale, etc.; en 1853, dans leur rapport offl-ciel, les professeurs Lessona el Vellada soutiennent avoir ob­serve la flövre chez les animaux inocules ; et plus tard MM. Corvini, Ponza, Wellenberg, Jennes, Bouley, Delafond, Sanson, Planlenga, Slicker, Ulrich, Bell; les medecins veteri-naires beiges, Dierickx, Delree, Guerin, Conrads, De Vlees-houwer, Luytgaerens, etc., atlestent, dans leurs differents ecrits el rapports, absolument le meme fait.
Tout le monde salt qu'une fois introduite dans une Stable, la pleuropneumonie pent s'y regenerer a I'infini au moyen de la contagion. II en est de meme pour le virus pris dans les poumons malades et depose dans les tissus, oil il reproduit
(1) Ouvragc eile, pnge208.
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l'exsudat plastique de nature speciflque, qui h son lour pent elre inocule ct donner naissance a un virus secondaire, ter-tiaire, etc. Ces experiences ont ötö faites par nous et ensuite paries Commissions ofTiciellcsdesPays-Bas et du cereleagricole d'Ober-Barnim, ainsi que par plusieurs praticiens distingues.
M. Ch. Lenglen, dans une note qu'il vient d'adresser h rAcademie des sciences de Paris, dit avoir inoculä plus de mille sujets avec du virus pris dans une incision faite h la queue d'un animal inocule, et il ajoute : laquo; Aujourd'hui jc me scrs d'un virus arrive h la vingt-cinquieme gemralion, lequel n'a en rien perdu de sa vertu preservative (1). raquo;
Ce mode d'operer peut cependant exposer ä des mc-comples, parce que la periode de la virulence n'ötant pas encore netlement determince, on pourrait recueillir un liquide ou inerte, ou dejä purulent, au lieu de vöritable virus, et ainsi no rien produire, ou trop produire, e'est-h-dire une infection purulenle et nullement la preservation. C'est pourquoi nous avons toujours conseille jusqu'h present de se servir du virus primilif exlrait recemment du poumon ii la premiere periode de la maladie.
VII
L'inoculation dc la pleuropneumouic exsudalivc est done uue opöration scienliflque, parfoilement d'accord avec toutes nos connaissances physiologiques et medicales actuelles.
Elle est soutenue en principe et en fail par les sommites veterinaires et scienlifiques de tons les pays du monde, et si nous ne craignions d'etre trop long, nous citerions parmi eux les noms les plus illustres dans la science, en opposition avec
(t) Seance du 13 avril 1863 de rAcatlemie des sciences de Paris.
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le noinde certain professeur vclörinaire beige qui veul nc voir tmlre chose dans l'inoculation laquo; qu'une piqüre anatomique, un moyen revulsif, semblable au scion, etc.; raquo; — assertion absurde dont M. Didot, le savant direcleur de l'ecole vele-rinaire de l'Elat, a fait du reste bonne justice en disant laquo; qu'elie pechc sur tous les points, parce que le veterinairc en question ne s'est donnö ni la peine ni le temps de reflechir assez miirement sur une question complexe et herissee do difficulles (1). raquo;
Avant de flnir, nous dirons que chaque jour des faits de plus en plus probants sont signales par les experimentaleurs consciencieux de tous les pays. Dans l'impossibilite oü nous sommes de les relater tons, nous nous bornerons au suivant:
M. P. Claes de Lembecq, un des industrials les plus im-portants du pays, dit dans une lettre en date du H avril I860, adressee h la Societe ccntrale d'agriculture de Bel-gique, que, depuis qu'il a eu connaissance de notre Systeme, il soumet regulierement son betail ä l'inoculation, et que grace a cette pratique ses etables sont preservees de la pleuropneumonie. Puis il ajoule : laquo; J'ai fait des essais tres-nombreux sur la valeur de l'inoculation preventive, et entre autres celui-ci : un marchand, M. Louis Decock de Tubise, mit en pension chez moi 23 vaches au centre de mes-etables, en compagnie de 20 autres betes inoculees m'appartenant. Un mois apres la pulmonie frappe une vache des 23 non-inoculees. Ce mal se propage, et 13 des 23 sont sorties malades en trois mois, tandis qu'aucune des 20 betes inocu­lees n'a ete atteinte, quoique soumises au meine regime alimentaire dans la memo ctable, ce qui demontre que le mal csl contagieux, et n'atteint pas les animaux traitös par le procedc Willems.raquo;
Nous ajouterons encore qu'aucune Academic, gu'aucun
(I) Diilnl. Iwux jours ä llassell, |inf;i'2(iS.
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corps savant na desapprouve notre Systeme, pas meme l'Academie de Belgique, qui renferme cependant dans son sein la plupart des professeurs de I'ecole veterinaire de l'Etat; qu'au contraire, la Societe centrale d'agricullure de Belgique, la Societe centrale et impöriale de medecine vötörinaire de France, la Chambre de commerce et d'iudustrie de Pavie, le Comite medical de Lomelline, diverses Societes agricoles des Pays-Bas, celle du Hanovre et une foule d'autres Societös savantes de toutes las parties du monde; — les Commissions officielles et seientifiques de France, d'Italie, des Pays-Bas, de la Prusse et une notable fraction de la Commission beige elle-meme, — aprös avoir scientiflquement et experimentale-ment examinö le syslöme d'inoculation, l'approuvent com-pletement.
Qü'une voix discordante se soit ölevee au milieu de ce concert de voix imposantes et unaniraes, tant mieux! Elle montre que les adversaires de l'inoculation ont pour ainsi dire disparu de la scene, et qu'il ne reste plus ä leur dernier interpröte, pour l'attaquer, d'autres armes que d'obscures declamations soi-disant scientiflques, des affirmations que rien ne prouve, que lout condamne au contraire, et qui au-ront eu cela d'utile de nous perraettre de reduire ä neant la seute objection soulevee encore centre notre Systeme, aussi solidement fonde sur la science, — on vient de le voir, — que reconnu efficace dans la pratique, depuis onze annees que le succes n'a cesse de couronner des centaines de mil-liers d'experiences faites dans toutes les parties du globe.
Les conclusions suivantes decoulent done logiquement des preuves rapportees dans ce travail:
\deg; L'inoculation de la pleuropneumonie bovine, d'aprös noire syslöme, est une operation basee sür les donn^es acluelles de la science;
2deg; La pleuropneumonie exsudative, est une affection epi-
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zootique, contagieuse et inoculable, par consequent viru­lente, attendu que les poumons malades d'une bete pneumo-nique renferment un virus doue de la propriete affective et organique, c'est-ä-dire transmissible, donnant naissance ä des resultats organiques generaux, et ue manifestant son action sur l'organisme qu'aprös un temps d'incubalion;
3deg; L'inoculation de ce virus possede une vertu preserva­tive ; eile investit l'organisme des animaux auxquels on I'ap-plique, d'une imraunile qui les protege centre la contagion du fl^au epizootique.
laquo;--T?-e*!(tlaquo;ö-g^-.
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