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MEMOIRE
I'LBIIROPNKl MdNIE KI'IZIKITKJII-:
DU BETAIL.
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MEMOIRE
PLEUROPNEUMONIE EPIZOOTIQUE
DU BETAIL,
Adresse a II. le Minisire de I'lnte'rieur,
Par Wl. Iovih tv I I, mo !ti m,
Dorlenr en m^iledae ;i IfassHr.
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BRUXELLES. ^IMPfilMEfilE DE\TH. LESIGNE,
li fi. VBOVt it BE 10 UTA I Wr.'\
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MEMOIRE
PLEUROPNEUHONIE JPiZOOTIftUE DU BfiTAIL.
Monsieur le Ministre .
Depuis un grand nombre d'annees, la fortune publique a etc cruellement epouvee et dans notre patrie et dans presque tons les Etats de l'Europe, par un de ces fleaux devastateurs quon appelle epizooties, et qui jettent lalarme partout oü ils vont s'abattre pour y ebranlerle plus ferme soutien des gouvernementset des nations. Leboeuf represente les destinees de lagriculture, il en est lem-bleme, il joue un grand role dans les annales de la civilisation; il sert au soutien materiel des peuples, et lesgouvernements et les particuliers doivent reunir tous leurs efforts et leurs lumiferes pour
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ameliorer (;( conserver la race bovine, et en eloigner toules les causes de destruction.
Depuis 1828 il existe en Belgique une maladie epizootique qui nous est venue du midi de ['Europe, oü eile existait depuis tres-longtemps, ü laquelle on a donne diß'ercnts noms et qui est aujour- , d hui parfaitement connuc do tous ceu\ qui sen oeenpent, sous Ic nom pleuropneumonie eoesudative, denomination qui lui a ete'; donnce avec raison par uu savant prolcsseur beige, M. Gluge.
Vous le savez, M. le Ministre, Hasselt a 1c triste privilege d'avoir constamment un grand nombre de betes atteintes de la pleuropneumonie. Getto maladie nous est venue des Flandres, en 1 836.par des betes achetees au marchand Moras et introduites d'abord dans les etables de mou pereetdans cellos de M. Platel. distillatcur.Depuiscc temps jusqu aujourd'bui,tous lesdistillateurs en ont souffert considcrablement, et beaueoup de petits cultiva-teurs ont cte entierement ruinös. Getto maladie, d'abord epizoo­tique chez nous, y est devenue eiizootique,et deeime cbaque annce un nombre considerable de betes de la race bovine.
Efl'raye et douloureuseinontafTectoa la vue des ravages presquo journaliers qui s'operaient sous nies yeux sur des betes atteintes au dernier degre de la pleuropneumonie, et lese d'ailleurs dans mes propres interets, j'ai cru de inon devoir, pour le bien de l'huma-nile, pour le bien de mes concitoyons et dans mon propre inleret. de me livrcr a 1 etude d'une maladie dont un foyer permanent d'infection existait pros de moi.
Medccin de l'boinme, j'ai tire de la medecine humaine co qu'ellepouvait jeter, dans cette question, de lumieressur celle des animaux. J'ai ctudie la maladie sous toutes ses phases, dans sa nature, dans ses causes, dans ses symptömes, dans son traite-mont; j ai fait subir aux animaux difi^rents traitemenls connusct jireconises. J'ai basarde moi-meme differents medicaments nou-
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vcaux; j'ai Irouve. ehtre aiitres, dune efficacile retuarquable le sulfure rioir demercure, a la dose de 2 hi 3 gros, duns les \iiigt-([ualre heures, associe a un demi-grosdo calomel, lc tout suspeadu dans un mucilage opals do gomme ct adininislre surtout dans la premiere periode do la maladie.
De vingt-trois betes quej'ai traitees par cetle metliode, il y ;• pres dun an, j'en ai gueri quinze. J engage MM. les veleri-naires a m'imiter dans l'emploi de ce medicament. L'idee de son emploi ni'est venue par ines etudes et par nies recherclies sur la nature meine de la maladie, quo je considere comme une maladie generale, maladie dans laquelle le sang est vicie, soil pri-mitivement, soil consecutivement a la lesion du poumon, qui est loujours constante, toujours la ineme, toujours cetle remarquable bepatisation marbree. J'ai ossaye beaucoup de rnoycns preven-lifs, maisje parlerai de loutcela dans un mcmoire que je prepare sur la pleuropneumonie et que j'adresserai a lautorite compe-lenle. Aujourd'hui, M. le Ministre, je ne veux appeler votre attention, ainsi que celle des hommes competents, que sur un seul moyen preservalif, qui a lui seul vaut mieux quo lous les autres. Tous les moyens curatifs, quelque efficaces quils soient, sont impuissants pour mettrc un obstacle au mal el pour reparer les pertes considerables que le mal occasionnc tous les jours. Les beles traitees qui gucrissent, maigrissent rapidemenl, et ne se reinetlent que diüicilement el lenlemenl de 1 allaquc qu'elles ont ('prouvee.
Le seul vrai el bon moyen que tous doivent s'attacher ä recher­cher, c'est un moyen preservalif. Ce moyen, M. le Ministre, je crois I'avoir trouvc. La metliode que j'ai suivie est tres-ralionnelle el Ires-simple dans son execution, et on dira peut-elre, quand on en aura pris connaissance, cc qa'on disait autrefo'is a Christophe (]olomb qui venail de docouvrir un nouveau mondc : laquo; Quo ncn nelait plus simple el plus facile;raquo; concevoiret a execuler. raquo;
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Le moyen que j'ai employe est sanctionne par l'autorite des faits, Depuis le jour oü je l'ai employe avec timidite pour la pre­miere fois, apres l'avoir müri longtemps dans mes idees, il ne s'est pas dementi un seul instant dans la pratique.
Mes observations et mes experiences sont faites sur une grande echelle : mon pere possede constamment, dans ses etables, de quatre-vingts a cent dix tetes de gros betail, qui etaient toutes ä ma disposition pour servir ä mes experiences. Celles-ci datentdu 10 fevrier 1 851 , et ont ete faites sur cent huit individus de la race bovine; une note relatant mes experiences se trouve de-posee depuis plusieurs mois dans les mains de l'autorite compe-tente.
Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous le dire, depuis 1836 jus-qu'aujourd hui, la pleuropneumonie a sevi avec intensite dans nos etables, comme dans celles de lous les distillaleurs et des petits agriculteurs de la ville et des environs.
Depuis le moment de l'apparition du fleau, nous n'avons pas ete ä l'abri de ses coups ; nous avons eu un nombre considerable de betes malades et nous avons essuye des pertes importantes.
Enhardi par le raalheur, j'essayai un moyen qui peut-etre devait tourner a mon desavantage; je fis d'abord mes expe­riences clandestinement, a l'insu de mon pere, dans la crainte d'envoirresulter des suites funestes, et.eneffet, soit par ignorance, soit par la mauvaise application de mon remede, je tuai trois beaux boeufs, ensemble de la valeurde 'I ,000 francs. A cöte de ces revers, je constatai des succes et je demandai ä mon pere ä continuer mes experiences. Aujourd hui l'experience que je fis a mes depens, a fait son chemin, et tons les inconvenients de ma nouvelle methode sont vaincus. Ces experiences, dont je donnerai plus loin I'histoire detaillee, furent continuees suc-eessivement sur cent huit betes bovines, et toutes ces bötes, ä mon grand contenternent, furent prcservees de la maladie. Pour
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faire la contre-experience , cinquante betes non experimentees furent eparpillees parmi les autres, et, de ces cinquante betes, dix-septsontdevenues malades de la pleuropneumonie. Jen don-nerai, en peude mots, l'histoire plus loin. Voilä done des etables qui n'ont jamais ete exemptes de malades pneumoniques de-puis 1836, et qui le sont depuis le 10 fevrier 1851 jusqu'au-jourd'hui. Comment pourrait-on expliquer autrement que par lefficacite du remede, la singuliere coincidence de centhuit betes soumises ä celui-ci et exemptes de la maladie, tandis que dans les mömes etables, dans des conditions absolument les mömes, pla-cees pöle-m6le parmi les autres, de cinquante betes non soumises au remede, dix-sept sont devenues malades?
Une circonstance particuliere tres-importante, que tous les engraisseurs sauront parfaitement apprecier et sur laquelle j'ap-pelle encore votre attention , M. le Ministre , c'est que les bötes bo vines soumises au traitement sont en quelque sorte entierement ä l'abri des influences epizootiques, et s'engraissent mieux et plus rapidement que celles qui n'ont pas ete soumises au remede et qui cependant n'ont pas ete malades.
Voulant conserver le secret de mon remede, vous concevez, M. le Ministre, que je n'ai pas pu faire des experiences au delä des etables de mon pere, qui, du reste, m'offraient un champ assez vaste d'experimentation. J'ajouterai cependant que le maltre-gargon distillateur de mon pere, qui a sa demeure entre les etables de MM. Nys, distillateurs, chez lesquels la maladie regne toujours avec grande intensite, ayant eu successivement deux vaches malades dans la meme etable, me demanda d'admimstrer mon remede a une troisieme qu'il venait d'aeheter et pour laquelle il redoutait le sort des deux precedentes; ce que je fis. Cette vache est restee, depuis neuf mois qu'il la possede, dans un etat de sanle pariaite.
Voilä, M. le Ministre, un apergu general de mes experiences
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et de uies succes : je suis parvenu ä preserver de la maladie les etables de mon pere pendant plus d'uneannee, tandis que partout ailleurs ä l'entour de nous eile sevit avec force. Ce bienfait, que j'ai obtenu pour les etables de mon pere, je veux le voir se re-pandre sur toutes les etables de la Belgique et de l'etranger.
Je vais maintenant vous tracer les details de ce que j'ai fait et comment je lai fait. Je me suis adresseävous avecconfiance,M.le Ministre, parcequeje connais toute la sollicitude et toutl'interöt que vous portez ä l'agriculture, cette source de la vie materielle des peuples. J'espere que, d'apres votre habitude, vous accueille-rez avec faveur et avec avidite un nouveau moyen de rieh esse et deprosperile pour l'agriculture. Josecroireque vous me donnerez Toccasion de coufirmer mes experiences; vous meferez Ihonneur de faire juger la valeur de ma methode par les hommes les plus capables; vousen trouverez mieux le moyen que moi. Vous pour-riez, par exemple, faire executer nies experiences sous le con-trole d'hommes instruits et au courant de la question, dans les etables de la ville quej'habite et ou le nombre des animaux ma­lades est effrayant. Je desire que les beaux resultats dejä obtenus soient le prelude de nouveaux succes, et j'espere, pour le bien de notre chore patrie, pour le bien des nations qui sent sous le joug du fleau comme nous, que l'agriculture y trouvera quelques ressources nouvelles et que la pleuropneumonie sera arrelee dans sa marche destructive.
Mon moyen preservatif, M. le Ministre, consiste a inoculer aux animaux sains et bien portants la maladie elle-meme, au moyen du sang et des liquides exprimes du poumon dun animal malade de la pleuropneumonie.
En etudiant la pleuropneumonie, j'ai cherche constamment ä
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eclaircir un point excessivement important et encore tres-obscur, c'est-a-dire la contagion de la maladie, admise par les uns, reje-lee par les autres. Je congus des doutes sur la contagion reelle de la maladie, et ces doutes etaient pour moi une raison de plus ä entreprendre des experiences nouvelles et a tenter I'inoculation. La question de I'inoculation nest point encore resolue; les inocu­lations de Dieterichs, pour prouver la contagion, rest^rent sans resültat; aux inoculations de Vix succeda la pneumonic; mais quelle espece de pneumonic? probablement celle qui succede ä une phlebite ou ä une infection generale, resültat de lintroduction dans le sang de matieres putrides. La question de linoculation est reprise aujourd'hui en France par la Commission administra­tive chargee d'etudier la pleuropneumonie des bestiaux. Commis­sion ä laquelle le gouvernementlranQais, qui est si prodiguequand l'interet de lagriculture est menace, accorde des sommes consi­derables pour etudier le fleau et pour faire des experiences. Cette Commission , composee d'hommes eminents , propose, comme premiere question de son projet de plan, des experiences ä executer.
laquo; Une premiere serie d'experiences serait entreprise pour con-stater si la pleuropneumonie pentetre transmisepar linoculation du sang, et de certains produits de secretion puises sur des ani-maux malades et deposes sur des animaux sains.
Cette experience, que la Commission en France se propose dc faire, je lai etudiee dans tous ses details et je lai resolue. La Commission n'a probablement pas soupgonne que ce precede pour-rait devenir, au lieu dun moyen de transmission de la maladie, uu moyen de leteindre.
Une seconde raison qui m'engagea ä inoculer la maladie ä des animaux sains et qui ma meine suggerc 1 idee de 1c faire, cost qu'en medecinc humaine, on inocule souvent des maladies öpi-
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demiques et contagieuses qui, par le fait möme de l'inoculation, deviennent benignes.
La troisiöme et la principale raison qui me decida ä faire mes tentativesd'inoculation, cest que,depuisl 836,nous avonseudans nos etables plus de cinq cents b6tes malades de la pleuropneu-monie; beaucoup en sont gueries avec ou sans traitement, et jamaisjen'ai remarque qu'un bceuf gueri ait eu une seconde fois la maladie, et je puis dire ici avec Massie, medecin celebre qui s'est trouve au milieu dun foyer immense de contagion (dans son memoire adresse a Vicq-d'Azyr, en parlant du typhus contagieux), que lexperience lui a apprisqu'un boeuf gueri de la maladie epi-zootique estd'un prix inestimable, puisquil affronte impunement lous les dangers de la contagion. II pourrait peut-etre y avoir quelques exceptions ä cette regie ; mais si tant est qu'il y en ait, elles doivent etre excessivement rares.
Dureste, le faitd'observationque je constate ici, est admis par presque tous les observateurs. M. Yvart, inspecteur general des ecoles veterinaires en France, rapporte des fails qui prouvent que la maladie n'attaque jamais deux fois la meine bete. M. Lafosse, de Toulouse, dit la m6me chose; MM. Verheyen et Petry, deux savants beiges, parfaitement au courant de la question, sont du möme avis.
Je decrirai d'abord le mode operatoire, puis je donnerai les details de mes series d'experiences, et je les l'erai suivre de quel­ques observations importantes et de mes conclusions.
Mode d'luoculatlou.
Je prends le liquide exptitue du poumon dun animal receiu-rnent abattu ou dun animal mort par la maladie. j'y plonge unc
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espfece de grandelancette, puis je fais deux ätrois piqüres ä l'extre-mite inferieure de la queue de l'animal que je veux preserver de la maladie : une seule goutte de liquide suffit pour faire I'inoculation.
J'ai fait des inoculations avec la have et d'autres liquides, mais je ne les approuve pas; j'en parlerai plus loin. J'ai inoculo dans d'autres endroits qua la pointe de la queue; dans le detail de mes observations seront consignes les inconvenients de ces differents modes d'agir.
Apres une inoculation du liquide virulent, qui va ordinairement de douze ä trente jours, les phenomenes de linoculation se mani-festent et ont parfois dure chez quelques animaux jusqu'ä deux et trois mois. La maladie que Ton inocule, n'est pas une maladie purement locale : les autopsies des animaux morts par suite de l'inoculation me lout prouve ; puis, le malaise que l'animal eprouve souvent quelques jours apres l'inoculation, n'est pas en rapport avecle peu de lesion locale. Quand les premiers phenomenes se manifestent, l'animal souffre, il est moins vif, il mange moins; quand on louche l'endroit oü l'inoculation a ete faite, cette partie est ordinairement sensible, puis eile se tumefie, eile s'enflamme, eile se durcit fortement; cette durete inflammatoire des tissus morbides seiend quelquefois au loin, et quand 1 inoculation a ete faite dans un endroit mal choisi, la morl peut sen suivre. Dans la partie tumefiee se fait un depot de matiere exsudee excessivement abondant, absolument comme dans le poumon des animaux ma-lades. Souvent cette tumefaction se resoud, souvent aussi la gan­grene s'en empare et des lambeaux de peau, quelquefois meme tout le bout de la queue tombent. II y a au moins encore dix boeufs dans nos etables qui ont de cette fagon la pointe de la queue enlevee. Quand tous les phenomenes de linoculation se succedent regulierement, l'animal n'eprouve que peu de malaise, et, bien-l6t apres, il est plus gai qu'auparavant, il se porte mieux, et il s'engraisse beaucoup plus facilement, comme j'ai eu l'honneur de le dire.
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J'ai examine diH'erenles pieces palholo-:rr^—-—^ j giques dans le but d'etudier et d'elucider —quot;2L--r^'-' ! la question de linoculation; mes investi-^rr^j r77^! gat'ons sesont principalement porteessur ^^CZ-| les poumons malades et sur une espece :r=-J de tubeixule, möconnu jusqu'aujourd'hui et que j'ai cependant constamment ren-^Sr^IT-l centre dans les ouvertures cadaveriques -j faites sur les animaux morts a la suite de la pleuropneurnonie. Cos tubercules, SSJ repandus dans tout l'intestin et principa­lement dans lintcstin gi'ele, presentent un volume qui varie d'une tete d'epingle ä celui d'un gros pois; dune couleur
l'arlie d'inleslin ürilc avec les • a,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; iraquo;, -inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .'raquo;'i
lubercnles.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; jaunatre ou verdatre, us sent situes dans
le tissu cellulaire sous-muqueux, et en partie dans iepaisseur de la muqueuse de l'intestin. Us ne paraissent avoir aucun lien d'ori-gine avec les glandes de Peyer ou de Brunner. Sont-ce des folli-cules hypertrophiees? Rien ne parait le prouver; on ny voit aucune ouverture. 11s sont formes d'une rnatiere homogene, blan-chätre, plus ou moins dure, ofi'rant au microscope des noyaux granuleux et une quantite innombrable de petits corpuscules elementaires, quijouissent dun mouveincnt moleculaire, etqu'on rencontre aussi dans les poumons malades, ainsi que je le ferai connaitre bientöt. J'ai examine au microscope des parties de poumon d'animaux pneumoniques avec uu grossissement de cincj cent quarante fois le diametre, grossissement beaucoup plus consi­derable que celui dont s'ctait servi M. le professeur Gluge dans ses belles recherches anatomico-palhologiques sur la pleuropneu­rnonie. La rnatiere exsudee ne presentait aucune structure; je ny ai rencontre d'autres elements anatouiiques quo des noyaux granuleux et des corpuscules elementaires pourvus d un mouvc-ment particulier, le lout ressemblant assez bion ä une exsudalion
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inllannnatoire, remarquable par sa grande quantito. Lexsudation plastique so lormc tl'unc maniore si rapide et en masse si consi­derable, que des elements anatomiques d'un developpementsupe-rieur a colui de ces noyaux ne peuvent squot;y former; on n'y rencontre, par consequent, m cellules, niglobules de pus (je n'en aijamais trouvc), ni fibres. L'energie du tissu cellulaire semble sepuiser sur une trop grande quantitc de matiere exsudee, pour que celle-ci puisse ötre portee h an plus haut degre d'orgaui-sation. Cest comme on lobservequelquefois dans la regeneration des tlssus; par exemple, dans la section des nerfs et dans la frac­ture des os : lorsque le liquide exsude se trouve en trop grande quantitc, ou quo les fragments sont trop ecartes, une partie du liquide exsude , se trouvant hors du cercle daction de l'energie des tissus existants, reste toujours ä un degre de developpement inferieur ä celui des tissus voisins. Ce qu'il importe le plus de constater ici, et dont personne jusqua present n'a parle, c'est ['existence dans les poumons malades de petits corpuscules jouis-sant dun mouvcment molcculaire qui parait quelquefois se faire dans un sens donne. Ce sont comme des corpuscules en voie de formation, dont le mouveinent ressemble ä „ „nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^.amp;-.-:
celui des granules de pigment, ainsi qua ceux
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qui cnvironnent les corpuscules de la matiere VSraquo;^Xquot;quot;'-^ ^^S: tuberculeuse chcz fhomme. Dans toutes mesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;quot;.quot;,quot;,(raquo; ...\..
recherches microscopiques j'ai toujours trouve Ä,at''re.li'eideg;(lalio11 its plaquo;laquo;iraquo;m
1.1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ii.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; j la SI1jje jj pleüropneamonie.
la meme chose.
Voulant savoir si ces corpuscules existent dansdautres substan­ces encore que dans celles dojä examinees, je soumis ä lexamen du microscope :
1quot; La have dun boeuf sain sous linfluence epizootique;
2deg; La have d'une vache malade vers la troisieme periode de la inaladie;
3deg; Les urines de la meme vache;
4quot; Le sang de la memo vache;
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5deg; Le sang dun boeuf sain sous linfluence epizootique depuis cinq mois;
6deg; Le sangd'un boeuf sain horsde I'influence epizootique ;
7deg; Des parties du foie et du muscle grand pectoral droit de l'abdomen de la vache malade.
Dans toutes ces matieres, je n'al point trouve les petits corpus-cules a mouvement moleculaire, tandis que je les ai rencontres constamment dans le poumon et dans les tubercules de lintestin des animaux attaints de la pleuropneumonie. C'est done lä le siege principal de la maladie. Ces corpuscules sont-ils primitifs ou consecutlfs ä la maladie? Cette question ne pent 6tre resolue pour le moment; je ne veux ici que constater leur presence dans la pleuropneumonie.
J'ai examine au microscope des parties du derme de la peau externe (que je possede encore dans l'alcool) d'un des bceufs morts ä la suite de l'inoculation. J'y ai trouve les mdmes elements microscopiques et les memes caracteres chimiques que dans les poumons des animaux pneumomques,
Pour m'assurer de mes observations et pour les faire contröler, j'ai envoye , le 12 fevrier 1 852 , ä M. Yankempen, anatomo-pathologiste distingue, pour etre examine, un morceau de peau et de tissu sous-jacent de lanimal mort la veille ä la suite de l'inoculation, et voici ce que m'ecrit le savant professeur :
laquo; Je viens d'examiner les pieces que vous m'avez fait parvemr, en voici le resultat : J'y ai reconnu de petits corpuscules doues dun mouvement moleculaire particulier; ils sent dun volume tres-variable, quelques-uns sent punctiformes, d'autres offrent une lumiere centrale tres-marquee et ces corpuscules resistent ä faction de lacide acetique. Dans ce meme morceau de peau, j'ai rencontre des atnas de noyaux granuleux flp , dans lesquels se trouve un nucleole. Ces noyaux resistent a faction de lacide acetique, et c'est m^me lä le caractere propre des noyaux. C'etait
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absolument comme sil y avail eu une exsudation abondante dans le derme. raquo;
Veuillez remarquer, M. le Ministre, que M. Vankempen n avail alors aucune connaissance des inoculalions que je praliquais, et qu'il ne connaissait point la maladie a laquelle lanimal avail succombe.
Les caracteres physiques, lexamen microscopique et les ana­lyses chimiques de la partie oil linoculalion a ete faite, prouvent que le mal local artificiel, provoque par I'inoculalion, a les plus grandes ressemblances avec le travail et les lesions morbides qu'on observe dans les poumons des animaux devenus malades sous le^ influences epizootiques de la pleuropneumonie.
Premiere serle d'experiences faltes anr des animanx d'une espfeet dUT^rente de I'esp^ee bovine.
Premiere observation.
Le 28 decembre 1850, experience sur trois lapins. Jinoculai ä la cuisse, au cou el au thorax, par une incision, dans laquelle je deposai le liquide exprime du poumon malade dun animal pneumonique a la troisieme periode de la maladie, assomme le mlt;3me jour. Ces animaux n'onl eprouve aucun accident.
Deuxieme observation.
10 fevrier 1851. Je repete mes experiences d'inoculation: •10 sur un lapin en lui inoculant ä la muqueuse du nez le sang dune vache malade depuis dix jours; 2deg; en inoculant au nez dun autre lapin le mucus spumeux recueilli au sortlr de la bouche de la vache malade; 3deg; inoculation ä la cuisse d'un lapin au moyen d'un tubercule de lintestin, delaye dans de leau sucree. Ces animaux n'ont rien eprouve.
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— 14 — Troisieme observation.
19 juin 1851. J'inoculai avec le liquide exprime du poumon dun animal pneumonique abattu : 1deg; ä la cuisse de douze din-dons; 20differentes poules; 3quot; a la queue dun chien; 40äcelle de deux chevres; 5deg; a celle d'un mouton ; 6deg; ä celle dun pore anglais; 7deg; a celle de trois pores indigenes. Ces animaux n'ont eprouve aucune suite do linoculation.
Quatrieme observation.
16 juillet 1851. Je deposai le virus pneumonique au moyen dune lancette dans la queue ; 1quot; d'un mouton; 2deg; d'un bouc; 3deg; dun chien; 4deg; ä la cuisse de huit dindons. Tous ces animaüx n'ont eprouve aucun accident.
Cinquieme observation.
26 fevrier 1852. Je prends du meme liquide avec lequel j'ai inocule le meme jour beaucoup de boeufs, et en presence de deux domestiques, j'inocule : 10älaqueuede deux chiens; 2deg; äla queue de trois pores indigenes ; 3deg; ä la cuisse de trois dindons ; 4deg; a la cuisse de quatre poules. Ces animaux ne presentent aujourd'hui aucune trace de linoculation, tandis que tous les bceufs en res-sentent les suites.
Pour completer cette premiere serie d'experiences , j'ajoulerai que le liquide virulent introduit sous l'epiderme de l'homme n'y produit aucun accident. Tous les jours des hommes, en ecorchant les animaux pneumoniques, se piquent avec des instruments souilles du sang de ces animaux. Le 1 6 juillet 1851 , en inocu-lant des boeufs, je me coupai au doigt avec le scalpel ä double tranchant, impregne de la matiere virulente. Cette petite plaie se guerit comme une plaie simple. Le 26 juin 1851 , en inocu-lant des boeufs, par les mouvements brusques et inattendus de I'un de ceux-ci, je coupai ä la main le domestique Vandenbeek,
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qui m'assistait, avec le scalpel impr^gne de la matiere virulente : la plaie etait entierement cicatrisee au bout de trois jours.
Le liquide virulent puise sur le boeuf pneumonique, d'apres toutes mes recherches, n'a evidemment d'action quesur lesgrands, ruminants.
Oeaxtöme s£rie d'exp^riences faltolaquo; sur des IndiTldns ile !a race bovine.
Premier groupe d'obsercations.
10 fevrier 1851. Je me hasardai ä inoculer clandestinement la matiere virulente : 10 par une incision ä la base de la queue dun petit boeuf (n01 ) de race wallonne, en ydeposant du sang tire de la veine jugulaire dun boeuf malade ; 2deg; sur un bceuf (n0 2) de la meme esp^ce et dans le m6me endroit, en y deposant les mucosites sortant de la bouche dun boeuf malade ; 3deg; a un boeuf (ndeg; 3) de la meme espece et dans le nujme endroit, au tnoyen dun tubercule de lintestin delaye dans de leau sucree; 4deg; ä un boeuf (nquot; 4deg;) de la meme espece et de la meme maniere, au moyen du liquide exprime du poumon dun animal pneumonique. Ces animaux n'ont presente que peu d'inflammation ä la partie inoculee.
Deuxieme groupe d'observations.
5 mars 1851. J'inoculai avec le liquide exprime du poumon d'une genisse malade et assommee le 4 mars, ä la troisieme periode de la maladie, appartenant a M. Martens, aubergiste :
Iquot; Deux bceufs maigres (ncs 5 et 6) de race indigene, achetes ä M. Constant, par deux piqüres k la base de la queue;
2quot; Cinq autres bceufs, de la meme race et dans les monies conditions, par deux piqüres aux naseaux.
Environ quinze jours apres l'inoculalion, je remarquai a la base
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de la (jiicne tics deux premiers bceul's, une petite lumeur qui la soulevait legörement. Chez Tun des deux, la disparition de la lumeur se üt rapidement et tout rentra dans I'etat normal. Chez J'autre, la tumeur grossit davantage ct presenta, un mois apres rinoculation, une tumeur tres-dure, du volume d'un gros ceuf de poule, situce entre l'anus et Tinsertionde la queue; je fis quel-ques scarifications sur la tumeur et je donnai un purgatif salin, et la tumeur disparut sans suppurer.
Des cinq bojufs inocules aux naseaux , quatre ne presenterenl aucune particularite. Le cinquieme, trois semaines apres rinocu­lation, presenta un gonflement duret tres-etendu des parties qui recouvrent la mächoire et la tote; du cöte oil I'inoculation avait etc pratiquee, je fis deux incisions pour degorger la partie et pour faire ecouler le sang, j'y fis appliquer des emollients et je donnai un purgatif en meme temps que je prescrivis la diete. Le 20 avril, tout le cöte de la tete est enormement gonfle, la durete qu'offre la tumeur est comme squirrcuse, et e'est la le caraothre principal des tumetirs produites par i'inocidation. J'y fis deux incisions pro-fondes et je ne trouvai pas de traces de pus. Le point des naseaux oil Tinoculation a etc faite, presente une plaie de mauvais aspect et il en sort du pus sanieux, Le boeuf maigrit considcrablement.
Le i 7 mai seulement, il s'ecoula un peu de pus des deux incisions prolbndes faitcs le 20 avril; depuis lors, il s'est ecoule beaucoup de pus par ces deux incisions, ainsi que des lambeaux de tissu cellulaire et des parties de derme gangrene. La tumeur s'affaisse.
Le 22 mai, au bas de la machoire se presente un gonflement avec fluctuation a la pression des doigts, je l'ouvre et il en sort une grande quantite de pus de mauvaise nature. Depuis lors, le boeuf commence ä bien manger; cependant, depuis le 22 mai jusqu'au 5 juin, la suppuration continue ä etre abondante. Le 10 juin le bceuf est entierement gueri, quoique les parties qui recouvrent le maxillaire restent plus volumineuses; la peau pre-
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sente des duretes et des engorgements, comme du reste cela arrive ordinairernent aussi ä la partie inoculee de la queue. J'ai craint serieusement pour les jours de ce boeuf, et je pris la reso­lution de ne plus inoculer dans cet endroit.
Troisieme groupe d'observations.
\ 0 mai \ 851. Je fais linoculation par deux piqüres ä la queue de neuf bceufs, ä l'etable (sous les ndeg;quot; 21 ä 28), venant de la Hollande , achetes ä M. Keizer, marchand. Us sont a l'etable et places sous les influences cpizootiques depuis un mois. Ce sont des betes saines, vigoureuses, de bonne constitution et dun certain embonpoint. Je fais en memo temps Tinoculation a deux vaches maigres indigenes. Le liquide que j'inocule a ete recueilli par moi-meme une beure avant Tinoculation, sur une vache provenant du maitre-gargon distillateur de M. Rousseau, et presentant toutes les lesions, de la pleuropneumonie au troisieme degre. Le liquide est compose du sang exprirae des muscles et du liquide sanguinolent, spumeux, exprime du poumon malade.
Le 19 mai, le liquide inocule commence a produire ses effets sur differents bceufs, mais plus particulierement sur deux d'entre eux. Le 21 mai, il y a un gonflement tres-sensible a la queue de six bceufs et d'une vache; je fis des incisions pour degorger la partie, et j'y fis appliquer des emollients et administrer un pur-gatifsalin.
Le 26 mai, sept des neuf bceufs et une vache presentent un gonflement assez considerable a la base de la queue ; j'y fais des incisions et je continue lapplication des emollients. Le 31 mai, le gonflement des parties inoculees disparait, les animaux se trou-vent bien et reprennent leur appetit et leur gaiete. Deux d'entre eux souffrent beaucoup : ils ont la base de la queue et tout le pourtour de l'anus et une partie des fesses considerablement gon-fles et durs comme de la pierre; ils ne mangent presque plus. Ces animaux doivent faire de grands efforts pour defequer. Lave-
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mentemollient, purgatif, emollientsä lexterieur.L'anuss'oblitere tellement quo le bout de la seringue n y penetre que difficile-ment.
3 juin. Cette cspece particuliere de gangrene ou plutol d'exsudation abondante de matieres plastiques, qui envahit les tissus, va de l'exterieur vers l'interieur et gagne les parties pro­fundes. Les animaux s'epuisent en vains efforts de.defecation; l'anus est oblitere. Je prends un bistouri et je coupe dans ces parties comme dans du bois; lanimal n'y a plus le moindre sentiment. J'y creuseun anus artificiel, j'enleve tout le pourtour de l'anus et par lä je detruits lobstacle qui s'oppose au cours des matieres fecales. Tous les autres organes paraissent sains.
5 juin. L'irritation du sphincter, causee par I'envahissement successif du mal, est tellement grande, que les boeufs s'epuisent completement par les efforts repetes et continuels de defequer.
7juin.Lesdeuxboeufsviventrniserablementdansdessouffrances extremes, poussant continucllement des plaintes et refusant pres-que tout aliment; je leur fais administrer des oeufs crus. Les feces ne s'expulsent plus, le mal gagne de plus en plus les parties profondes, et j'enleve encore, au moyen du bistouri,des morceaux de tissu malade, qui presentent la plus grande analogic de structure physique avec le poumon ä hepatisation marbree, puis je me sers dune espece de speculum, de la longueur d'environ un pied, que j'introduis dans 1'intestin et qui permetaux matieres stercorales de s'ecouler au dehors. Ces matieres repandent une odeur infecte et sont melees ä de la sanie. Apres chaque operation semblable, le boeuf parait un peu soulage , mais, bientot apres, arrivent de nouveaux efforts de defecation. Le pouls devient petit, accelere, miserable; les boeufs n'ont plus la force de se relever, ils avalent encore une petite quantite de foin qu'on leur presente,etilsboiventbeaucoup; lejeu physiologique des organes respiratoires est un peu trouble ; la respiration devient haletante, la bouche ecumeuse, i'auscultation ne fait decouvrir aucun rale.
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les lorces de la vie seteignent lentement, et, enßn, le 8 juin ces deux boeufs me font payerdurement mon experience, que je jurai, inais un peu tard, de ne plus recommencer dans cet endroit; car je croisque ce n'estque le lieu mal choisi et la violence demesuree de cette espece particuliere d'inllanmiation qui ont occasionne leur mort; violence qui doit etre attribuee aux mauvaises qualites de la matiere virulente , prise sur un animal ä la fin de la derniere periode de la maladie.
Autopsie.
9 juin. De grand matin , pour ne pas eveiller lalarme, les cadavres sont transferes ä une de nos formes, ä une demi-lieue de la ville, pour y lt;Hre enfouis ä la racine des arbres. En presence de mon frere, du formier, de 1 equarrisseur et d'un domestique, je fais l'ouverture du cadavre, d'abord de Tun des deux boeufs (boeuf äpoils presque entrierement blancs); je lui trouve tous les organes presque sains, la lesion principale occupe le train pos-terieur, les muscles enveloppant l'anus et ceux des regions voisines sont dune couleur rouge pale et entrecoupes par une espece de tissu degenere. II n'y a pas de suppuration; lanus, avec ce qui lenvironne dans letendue dun pied, est comme sphacele. Les poumons sont d'une couleur noire ; il y a un peu d'engouement; il n'y a pas la moindre trace d'hepatisation mar-bree. La vesicule du fiel est remplie d'une bile epaisse et noire: il y a un leger epanchement de serosite dans le peritoine, et la muqueuse intestinale offre partout des taches rouges, brunes. pointillees, et dans certains endroits des plaques ä injection en forme d'arborisation.
Dans le deuxieme boeuf, dun poil presque noir, je trouve des lesions beaucoup plus graves. La mortification des tissus remonte ä un demi-pied dans l'intestin et offre les caracteres physiques des lesions locales precedentes. Ce boeuf etait atteint de perito-nile : un liquide sereux , do couleur roussätre, etait cpanche
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dans le peritoine; celui-ci presentait en differents endroits de legeres adherences avec les parties voisines. Le Ibie, cornme je l'ai trouve souvent chez les animaux morts a la suite de la pleuro-pneumonie, etait degenere , ramolli, de couleur jaune clair. La muqueuse de la trachee et de la langue etait de couleur brun fonce. Lespoumons, comme les precedents, offraient une couleur tres-noire; ils etaient diminues de volume, (lasques, et dans les plevres je remarquai un petit epanchement sereux de couleur
citrine.
Ce que j'ai trouve de plus curieux dans cette desorganisation generale des organes de ce boeuf, c'est un nombre considerable de pocbes a parois minces, du volume d'une tete d'epingle ä celui dune tete d'enfant, renfermant une mattere homogene , seche , de couleur blanc-grisätre, dure , ressemblant a la matiere ren-fermee dans les tubercules de Tintestin des animaux pneumom-ques, et que les assistants prenaient pour de la sciure de bois (je conserve encore une de ces poches dans Talcool); de ces poches, j'en ai trouve quelques-unes dans les replis du peritoine et le plus grand nombre (au moins 60) dans le tborax, ä la face interne des cotes et partout ä l'entour, ainsi qu'entre les deux pouraons.
Qvatrieme groupe i observations.
19 juin 1851. Effraye par les desastres precedents, mes tenta-tives dinoculation furent plus timides, et je cherchai un lieu plus convenable pour y deposer le virus pneumonique; j'inoculai alorspar deux piqüres alextremite inferieure de la queue, et en presence de mon pere et de deux domestiques, je praliquai lope-
ration :
]quot; Sur cinq boeufs maigres, acbetes ä M. Constant, venant des environs de Wavre , äges de cinq ä six ans, en etat de bonne sante, a letable depuis le 28 mai 1851 (sous les n09 56, 57, 67, 68 et 69);
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2deg; Lin bceul' hollandais, achole ä M. Daemen, age de trois ans, a letable depuis le 13 juin 1851 (nquot; 58);
3deg; Deux veaux, i'un äge de deux mois et lautre de trois mois. produits de deux vaches laltieres indigenes placees depuis long-temps dans nos etables.
La matiere ä inoculer fut prise en exprimant le sang et les mucosites du poumon dun boeuf malade ä la premiere periode de la maladie, abattuparle sieur Pricken, sortant des etables de M. Ant. Vinkenbosch, distillateur.
30 juin. Les premiers symptömes de l:inflammation caracteris-tique commencent ä se montrer; la partie- oü linoculation a ete faite se tumefie legerement et eile est tres-sensible au toucher. Les boeufseprouventdu malaise et mangentmoins bien que dhabitude. Un boeuf etlesdeux veaux n'offrent aucun phenomene apparent de la maladie inoculee. Les symptömes inflammatoires continuent leur marche, comme j'ai eu Ihonneur de le decrire dans les genera-lites, et le 22 juillet la pointe de la queue de quatre boeufs est entierement sphacelee; eile n'est plus attachee au reste que par quelques ligaments que je coupe. Des lors les boeufs sengraissent dune maniere admirable.
Cinquieme groups d'observations.
26 juin 1851. Je fais linoculation avec le liquide exprime du poumon d'un boeuf malade ä la premiere periode de la maladie, sortant des etables de mon pere et abattu par M. Gilkens, bou-cher :
1deg; A douze boeufs indigenes, venant des environs de Waremme. achetes k M. Constant, ä letable depuis deux jours et places sous les n08 79 ä 90 ;
2deg; A deux genisses (n 77 et 78) agees de deux ans, race hollandaise, achetees au sieur Daemen, a letable depuis quinze jours.
Le 26 juillet seulement la moitie environ des betes inoculees
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presentent les symptöines caracteristiques de linoculation. Quel-ques jours apres, (lautres offrent les memes symptomes, et tous les animauxdecegroupe se remettent parfaitementet rapidement.
Sixieme groupe d'observations.
16 juillet 1851 . Je fais l'inoculation avec le liquide exprime dun poumon ä hepatlsation marbree , provenant d'un boeui sortant desetables deM. Ant. Vinkenbosch, distillateur, et abattu par M. Pricken. Deux beures apres la mort de lanimal, j'inocule a la pointc de la queue :
1deg; Dix bceul's maigres, venant des environs de Wavre, achetes au sieur Constant, le 3 juin 1 851, de force et de taille moyennes
(rT 98 a 107);
2deg; Une genisse provenant dune de nos vaches, ägee de six
mois;
3deg; Un taureau hollandais, äge de deux ans (n0 97), achete a M. Keizer, le 30 juin-1 851 ;
4deg; Un veau de quatre jours.
Le 24 juillet, quatre de ces bamp;es presentent dejä un gonflement douloureux ä la queue. Le29 toutes les bötes inoculees presen­tent les symptomes decrits, resultant de linoculation. Le 10 aoüt, je coupe la pointe de la queue sphacelee ä quatre d'entre elles. Depuis lors, toutes les betes comprises dans ce groupe se portent a merveille et s'engraissent a vue d'oeil.
Septieme groupe d'observations.
28 aoüt 1851 . Linoculation est pratiquee a la pointe de la queue :
1U De sept betes maigres, ägeesde deux ans, jeunes et vigou-reuses, de taille moyenne, provenant des environs de Wavre, achetees a M. Constant, le 7 aoüt 1851, placees ä lelablc sous lesn1quot; 108 a 114.
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2deg; Une vache laitierc hollandaise, ägee de cinq ans, achetee ä M. Lynen; le 1 4 aoüt 1 851 (nquot; 115);
3deg; Quatorze bcBufs maigres, äges de trois ä quatre ans, grands et forts, achetes ä M. Constant, le 17 aoüt (ndeg;quot; 116 ä 129);
4deg; Une vache laitiere indigene, appartenant ä notre raaitre-gargon distillateur.
La matiere pour faire linoculation a ete prise sur un boeuf de trois ans, malade au commencement de la deuxieme periode de la pleuropneumonie, k lengrais depuis quatre mois, et achete a M. Ant. Vinkenbosch, distillateur, par le sieur Pricken,boucher.
Le 9 septembre, la vache hollandaise et les deux boeufs pre-sentent les symptomes de linoculation, et, le 14, presque toutes les betes offrent les symptomes ordinaires de cette operation ; toutes ces betes sont entierement remises en peu de jours.
Huitieme groupe dobservations.
1 6 novembre 1851. J'inocule avec la matiere exprimee du poumon dun boeuf malade a la premiere periode de la majadie, sortant des etables de mon pere et livre a la boucherie. J'ai con­serve cette matiere pendant huit jours ä l'effet de constater si eile n'avait pas perdu ses vertus.
J'inocule quatre petites vaclies indigenes (n09 1 30 ä 1 33); dix jours apres linoculation, je remarque les premiers symptomes de 1 inflammation specifique, et tout le cours des symptomes mor­bides de cette operation se passe regulierement.
Neuvieme groupe d'observations.
19 Janvier 1852. Linoculation est faite avec le liquide exprime du poumon dune vache malade a la troisieme periode de la ma-ladie, abattue par ordre de l'autorite et transferee a la voirie la veille (cette vache appartenait au sieur De Leeuw, cultivateur a Hasselt) :
Iquot; Sur cinq bceufs indigenes de force inoycniie, ayant un cer-
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tain degre d'embonpoint (n0quot; 1 3^7 ä I 41); achetes a M. Martin, le 12 decembre ISäl ;
2deg; ün bceuf hollandais, achete ä M. Adams, le I 4 decem­bre 1851.—Le 2 fevrier, la plupart de ces betes offrent les symp-tömes de l'inoculation, et, vers le 20 du meme mois, tous les boeufs de ce groupe vont pariaitement bien, a Texception d'un seul, le n0 138, qui dejä, des le 3 fevrier, presentait un gonflc-ment ä la partie supcrieuredu rnembre posterieurdroit. Le 4 fe­vrier la tumefaction augmente, le boeuf souffre beaucoup, il maigrit et il ne mange presque pas; la tumeur presente la durete d'une tumeur squirreuse; j'y fais plusieurs incisions, j'y fais ap-pliquer des emollients, et je fais en meme temps administrer un purgatif salin et des lavements emollients; le pouls du boeuf est un peu accelere et la respiration se fait comme ä i'ctat normal.
Du 5 au 8 fevrier, la durete de la tumeur augmente encore et celle-ci envahit presque toute la fasse droite, eile empicte meme un peusur la ligne mediane, et la queue est fortement device du cöte oppose. Le sphincter de lanus est pris dans les trois quarts de sa circonference et le bceuf rejette avec peine scs excrements. L'animal pousse des plaintes quand on l'approclie et quand on le panse; le pouls devient petit, lappetit est un peu conserve, quant aux aliments sees; l'animal maigrit considerablement et il tombe dans unaffaisement profond.
Le 9 et le 10, le boeuf peut ä peine se relever quand il est couche; il n'a pour ainsi dire pas de ficvre: les yeux rentrent dans les orbites; la respiration devient difficile, les urines sent rares. La durete de la partie malade, malgre lapplication bien entendue des emollients devient de plus en plus grande et eile envahit une grande etendue de tissus. Le pouls est de plus en plus faible, l'animal de plus en plus debile, et le 10, vers midi, il expire insensiblement. Je vis ainsi se renouveler la douleur que me cau-sait la perte d'un beau boeuf victime de mes experiences. C est le premier et le seul bceuf de tous ccux qui out ele inoculcs dans un
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endroit convenable qui ait succouibe aux suites de linoculation. D'oü peut venir ce funeste accident? j'aurai l'honneur de lexpli-quer plus loin; je me contente ici de faire remarquer que la matiere servant ä linoculation, a ete prise sur un aninal a la troi-sieme periode de la maladie, et que plus la matiere ä inoculer est prise sur un animal ä une epoque plus avancee de la pleuropneu-monie, plus eile a de violence.
Le 1 1 fevrier, je fais I'autopsie , dans le verger de la ferme de mon pere, en presence du fermier Geuns, de son fils, de lequar-risseur et de sa femme. J'examine d'abord les parties malades, siege des effets de 1'iuoculation ; le derme presente une epaisseur considerable et constitue presque ä lui seal toute la partie dure. Une coupe verticale me le presente de couleur blanc-grisätre; j'y
Aspect d'une coupe Terticale da dtrmc.
rencontre comme des couches superposees, et dans les interstices se trouve une matiere plastique, plus foncee en couleur que le reste. Les tissus sous-jacents, la graisse, le tissu cellulaire et la chair sent durs ; il n'y a pas d'apparence nide gangrene, nidepus (pas plus que dans les poumons des animaux pneumoniques). Immediatement sous la peau, dans le tissu cellulaire, je trouve un epanchement de serosite de couleur citrine, remplissant ä peu presdeux tassesä the. Dans cegonflement enorme, je ne remarque pas de vaisseaux sanguins injectes, lo gonflement se fait comme par linterpositionentre les tissus existants d'une matiere exsudee.
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J ai conserve dans lalcool, a l'appui de ce que j'avance, des parlies de ces tissus malades.
J'ouvre le ventre et j y trouve la panse enormement distendue par des aliments non encore digeres. Les intestins presentent une couleur bleuätre, et ä leur interieur je trouve des plaques inflam-matoires ä injection, ä arborisation. Les reins sont ramollis et le foie est decolore et friable. Les muscles sont poreux et flasques. Dans la poitrine, les poumonssont considerablement diminues de volume; ils sont dune couleur tres-noire et d'une odeur extreme-ment fetide, crepitant un peu sous les doigts qui lespressent; il n'y a plus de traces de cette belle couleur rosee de letat normal et encore moins de traces de l'hepatisation marbree. Presque tous les organes sont malades chez ce boeuf, cest done une raaladie generale, localisee dans la partie inoculee.
Cest de la peau de ce bceuf que j'ai envoye une partie äM. Van-kempen, comme j'ai eu l'honneur de le dire ; je voulais soumettre äson controle I'examen physique et microscopique que je fis des parties malades, et acquerir par la une conviction plus forte, que le mal que je produis artificiellement ressemble au mal qui se produit normalement sous les influences de la pleuropneumonie.
Dixieme groupe d'observations.
30 Janvier 1852. Je prends le liquide exprime du poumon dun boeuf gras, livre ä la boucherie, sortant desetablesdusieurThiers, distillateur, et abattu par le sieur Pricken.
Le boeuf est ä la premiere periode de la maladie. J'inocule ä la pointe de la queue.
Cinq bceufs hollandais maigres , forts et grands , achetes ä M. Keizer, le 27 Janvier 1852 (nquot;s 1 ä 5).
Le 12 fevrier, les boeufs presentent les premiers symptomes de Tinoculation, et toutesles periodes de cette maladie artificielle sont parcourues tres-regulierement. Deux d'entre eux ne presen­tent aucun pbenomencde linoculation.
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Onzieme groupe d'observations.
2() fevrier 1852. M. Pricken, boucher, menvoie un morceau de poumon de la grosseur de la töte d'un enfant, et formant ce quil y avait de malade dans le poumon d'un boeuf pneumonique ä la premiere periode de la maladie, sortant des etables de M. Thierset abattu lejour möme de l'inoculation; j'en exprime le liquide et je linocule k la pointe de la queue :
4deg; De six bceufs hollandais maigres, achetes ä M. Keizer, le 9 fevrier 1852 (n™ 6 a l-I) ;
2deg; De six autres boeufs, beaux et forts, ayant un peu plus d'em-bonpoint que les precedents, achetes egalement au raarchand Keizer, le 1 7 fevrier I 852 (n0quot; 12 3 17):
3quot; Dune genisse hollandaise (nquot; I 28), charmante bete, que nous possedons depuis le 11 decembre 1850 et que mon pere tient ä voir inoculer, vu les heureux resultats que nous obtenons de l'inoculation;
4deg; Dune vache indigene, achetee ä un formier des environs, le 24 fevrier 1852.
Le 1 3 mars, ces betes commencent a presenter les effets de l'inoculation, etaujourdhui, 20 mars, ä l'heure oü j'ai 1'honneur de vousecrire, 31. le Ministre, elles presentent les traces visibles de loperation. Ün des bceufs du nquot; 1 est meme sur le point de perdre une partie de la queue, et presque tons les autres sent remis de loperation.
Quelques-unes des betes auxquelles j'ai inocule la maladie dans un endroit convenable, et beaucoup d'autres encore aux­quelles j'ai pratique uno deuxicme et une troisieme operation , n'ont nen eprouve, la plupart ont etc bien portantes en peu de jours, treize ont perdu le bout de la queue, et un seul accident facheux est survenu, e'est-a-dire la mort dun bceuf. Vous voyez, M. le Ministre , que le bien qui resulte de l'inoculation est infi-
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riiment grand , et que c'est le seul moyen aujourd hui connu de detruire la pleuropneumonie lä oü eile regne, et de la prevenir la oü eile ne regne pas encore.
J'ajouterai pour completer, autant que possible, la solution de la question de l'inoculation de la maladie:
10 Que le 19juin I 851, j'ai inocule ä differents bceufs le liquide exprime des poumons d'un boeuf sain, venant de la campagne et se trouvant hors des influences epizootiques. Ces bceufs, places dans les memes conditions que ceux auxquels j'inoculai le liquide exprime des poumons d'animaux pneumoniques, n'ont presente aucun phenomene quelconque a la partie oü j'ai fait les piqüres;
2deg; J'ai inocule le virus pneumonique ä un boeuf qui avait eu, quelques mois auparavant, la pleuropneumonie, et j'ai reinocule ce virus a differents autres animaux qui avaient ete prealablement inocules, et tons ces animaux, a I'exception d'un seul, qui a pre­sente une petite tumour ä la partie inoculee, n'ont plus offert aucun phenomene de linoculation. Ainsi, le 28 aoüt 1851, je reinocule :
A.nbsp; Un boeuf inocule six a sept mois auparavant et ayant eu düment la maladie, puisqu'une partie de la queue ctait tombee;
B.nbsp; Deux petites vaches indigenes se trouvant dans le möme cas que le boeuf precedent. Le 19 Janvier 1852, je reinocule le virus pneumonique a trois grands boeufs, ayant etc inocules le 19 Janvier 1851, et ayant eu tons les symptömes de l'inflamma-tion caracteristique.
Le 26 fevrier 1 852, je reinocule trois boeufs ayant ete inocules sept mois auparavant et ayant presente düment alors les symp­tömes de linoculation.
Pour faire la contre-epreuve , ainsi que j'ai en l'honneur de le dire, j'ai place dans les etables, pele-mele avec les bceufs inocu­les, cinquante boeufs auxquels je n'ai point pratique linoculation.
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et dix-sept en sont devenus malades. Voici, en resume, les obser­vations que j'ai faites ä ce sujet :
Au mois de mai 1852, trois bceufs sont devenus malades. Je neu ai pas tenu une note exacte.
Le 22 juin I 8S1 se presente un cas de maladie sur un boeuf des environs de Wavre ; il est vendu ä M. Pricken pour 6tre livre a la boucherie.
Le 26 juin se presente un cas de maladie sur un boeuf de race indigene ; il est vendu ä M. Gilkens, boucher ä Hasselt. Lesions anatomiques de la pleuropneumonie au deuxiemedegre.
Le 26 juillet 1851 , un cas de maladie se presente sur un boeuf hollandais maigre. Le boeuf est traite et se remetaubout de trois jours.
Le 3 aoüt, nouveau cas de maladie sur un boeuf indigene. II est traite et se remet au bout de cinq jours.
Le 6 aout, un boeuf presque gras estatteintde la pleuropneu­monie et il est immediatement vendu ä l'efiet d'etre abattu.
Le 13 aout, un boeuf gras devient malade; il est vendu ä M. Gilkens, boucher.
Le 24 aout, un boeuf presque gras devient malade et est vendu h M. Dumoulin, ä Liege.
Le 1 4 octobre, un boeuf malade et presque gras est vendu au metne.
Le 1er novembre, un bceuf gras, a letable depuis cinq mois, devient malade, il est vendu ä M. Dumoulin et il est expedie pour Liege.
Le 6 novembre, un boeuf tres-gras, ä letable depuis six mois, presente tous les symptomes du debut de la pleuropneumonie et il est vendu le lenderaainä M. Pricken. pour etre livre äla bou­cherie. A l'autopsie, jetrouve dans un des poumons un noyau ä hepatisation marbree.
Le I 4 novembre, nouveau cas de maladie. Un bceuf hollandais,
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ä 1 etable depuis cinq mois. devient malade, et il est vendu a M. Dumoulin, de Liege.
Le 24 novembre, un bceuf hollandais ä moitie gras devient ma­lade, et il est vendu au sieur Pricken.
Le 2 decembre, un boeuf hollandais h moitie gras est atteint de la pleuropneumonie, et il est vendu au sieur Pricken pour etre livreä la boucherie.
Le 1 0 mars, une petite genisse indigene est vendue ä M. Belle­fontaine, de Tongres, et lors de son abatage on lui trouve les premieres lesions de la pleuropneumonie.
Apres ces details, M. le Ministre, qui vous paraissent peut-ßtre bien longs, je me permettrai cependant encore d'appeler votre attention sur quelques points importants de linoculation. Vous avez remarque que trois animaux sent morts par suite de lin-oculation, deux parce que, dans mon inexperience, javais pris d'abord un endroit trop rapproche des organes essentiels a la vie et que j'avais mal choisi la matiere ä inoculer. Le troisieme boeuf est mort, et cependant il a ete inocule par la methode que j'emploie encore tous les jours. Quelle est done la cause de cette mort? Le virus ici, comme sur les cent cinq autres individus inocules.ne s'est point borne ä une petite etendue de tissus :ila ete transporte probablement par les vaisseaux lymphatiques et paries veinesjusque dans la cuisse eb meme dans larbre circulatoire qui est larbre de la vie , et le bceuf est mort par lalteration du sang et par l'epuisement du fluide nerveux qui s'exerQait sur une trop grande etendue du derme. L'inoculation do la variole a ete preconisee dans ces derniers temps, par des hommes recomman-dables, comme moyen preservatif; mais cette inoculation, qui donne ordinairement une variole benigne, a donne parfois aussi une variole d une violence extreme. II en est de meme de la pleu­ropneumonie qui donne ordinairement, par l'inoculation, une maladie locale et generale exressivement benigne, mais qui, quel-
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quefois aussi, peut depasser ses limites. La cause principale cepen-dant, selon moi, de la mort de ce bceuf, c'est que le virus a ete puise sur une b(He qui avail la maladie avec une violence extreme et qui avait succombe au dernier degre ä la pleuropneumonie. Et je fais ici la recommandation expresse de ne prendre le virus que sur des animaux ä la premiere ou tout au plus a la deuxieme periode de la pleuropneumonie.
. Chez quelques animaux, je n'ai remarque aucun Symptome apparent de linoculation. Probablementces animaux netaient-Ils pas susceptibles de contracter la pleuropneumonie et par con­sequent aussi etaient-ils refractaires ä 1 action du virus pneumo-nique, ou peut-etre memo ce virus n'est-il pas venu en contact avec les vaisseaux absorbants.
Ln animal inocule peut-il encore contracter la pleuropneumo­nie dans un temps limite? L'immunite que lui donne la premiere inoculation se perd-elle par le temps, comme on lobserve, par exemple, chez I'homme vaccine? Le temps ne ma pas encore permis de resoudre cette question.
Linoculation de la maladie n'a aucune influence funeste parti-culiere sur les vaches pleines ni sur les vaches laitieres. Le virus inocule h plusieurs veaux, depuis läge de quelques jours jusqu a celui de six mois, n'a pas presente de phenomenes morbides appa-rents. Quelle en est la cause? je Lignore. Parmi ces veaux, il y en a auxquels j'ai inocule le virus jusqu a trois fois.
Aujourd'hui toutes les betes de la race bovine des etables de mon pere sont saines et s'engraissent rapidement, a tel point que tous les marchands qui frequentent ces etables s'en etonnent sans pouvoir s expliquer cet heureux evenement. Cependant, nous ne prenons plus ces mills precautions liygieniques dont nous entou-rions autrefois nos bötes, et c'est lä encore un avantage nouveau; nous ne faisons plus que rarement ces fumigations lentesde chlore que mon pere et d'autres ont tant preconisees, et nous ne crai-
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gnons plus de donner une nourriture tres-abondante, parce que nous croyions d'abord, et je pense avec raison, que la privation est une cause predisposante ä la pleuropneumonie.
Coiicluraquo;ioiis.
I deg; La pleuropneumonie nest pas contagieuse par Tinoculation du sang ou d'autres matieres puisees sur des animaux malades et dcposees sur des animaux sains ;
iquot; Par la methode que j'ai employee, cent huit betes ont ete preservees de la pleuropneumonie , tandis que de cinquante betes non inoculees placees dans les memes etables, dix-sept sont de-venues malades, et aujourd hui la maladie est bannie de ces etables qui n'ont jamais ele exemptes de la pleuropneumonie depuis 1836;
3deg; L'inoculation de la maladie elle-meme, faite de la maniere que je viens de decrire, qu eile ait donne lieu a des manifesta­tions morbides apparentes ou non, est le moyen qui preserve les animaux de la pleuropneumonie ;
4deg; Le sang et le liquide sereux et spumeux exprimes du pou-inon dun animal malade et a la premiere periode de la pleuro­pneumonie, est la maticre la plus convenablea inoculer;
5deg; L incubation du virus se fait de dix jours ä un mois avantde se manifester par des symptömes sensibles ;
6deg; La matiere servant ä l'inoculation ne prend plus, en general, sur un animal deja inocule ou ayant eu la maladie;
7deg; L'animal inocule brave impunement les influences epizoo-tiques, s'engraisse raieux et plus rapideraent que ceux qui se trouvont avec lui dans la meme atmosphere et qui n'ont point ete inocules ;
8deg; L'inoculation doit etre faite avec prudence et avec circon-
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speclion, de preference sur des animaux maigres. et, vers le dizieme jour apres loperation, on leur fait administrer un pur-gatif salin, que Ion repete aubesoin ;
9deg; En inoculant la pleuropneumonie, on cree une maladie nouvelle, on localise en quelque sorts l'afifection du poumon avec tons ses caracteres partic uliers a I'exterieur;
10deg; Le virus recueilli sur des boeufs pneumoniques a quelque chose de tout ä fait specifique, ce nest pas un virus quelconque ; la race bovine sevle eprouve des accidents par son inoculation, tandis que tons les autres animaux de races differentes. inocules de la meme maniere et avec le meine liquide, n en eprouvent aucun accident.
Vous le voyez. M. le Ministre. je vous ai parle en toute confiance, sans detour aucun ; je vous ai fait connaitre mon secret et je compte sur votre loyaute. En cas que le nouveau moyen que j'ai decouvert soit reconnu par vous bon et efficace, j'espere que vous saurez m'indemniser dignement de mes peines et de mes sacrifices. En veritable cceur bien ne, comme enfant de cette belle et florissante Belgique, je me suis adresse tout d'abord au gouvernement de mon pays, ets'il resulte quelque bien de mes recherches et de mes experiences, je veux que tout d'abord aussi ma patrie en retire le benefice.
Agreez, etc.
Hasselt, le 22 mars 1852.
t.. WILLEMS,
Vti'ur tu medmue.
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