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MEDEGINE VETERINAIRE.
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MEMOIRE
SUK yKE DE SES CAUSES r.ES PLUS PREQUENTES DAMS LV.S AMM.iUX DOMESTIQUES ;
WftECTiEÜIl DE L'liCOLE D'ALFOBT, quot; , PROrESSEyft.DB-'CLINiellK ET DE^MÄBECINJ; OPErATOIRE.
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PARIS
BECHET JNE et LABE,
LIBRAIRES DE LA FACULTE DE MEDEGINE
Place de l'Ecole-de-Medecine, 4,
1840
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BIBUOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
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MEBECWE VEXEBIHAIBE.
GANGRENE TMÜMATIQUE.
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Imprimerie et Fooderie de F. Locijuin et Comp., 16, rue H.-D. des Victoires.
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MEMOIRE
OBSERVATIONS CLINIQUES
SDR UKE DE SES CAUSES r,ES PLUS FÄEQUENTES DAKS LES AMMAIIX DOMGSTIQOES ;
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PAR II. REMAUIiT,
BinicTEuu sb l'ecole tgt;'hi,iort , raquo; IÜS3E0R DE CHtSM*SrSri)fquot; ^EDECWE OPERAIOIRraquo;.
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BECHET J8 et LABE,
LIBBAXKES DE LA FACHLTE DB MEDBOXME,
Place de l'Ecole de M6decine, n. 4.
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La gangrene est un mode de terminaison si grave dans les maladies quelles qu'elles soient, le Iraite-ment en est si incertain, les suites funestes en sont si frequentes, que I'on a de lout temps, et avec rai-son , attache la plus grande importance ä la recherche des causes prochaines ou eloignees qui peuvent la produire ou y predisposer les malades. Je crois done digne a un haut degre de l'interet des medecins et des veterinaires, tout ce qui se rattache d'une ma-niere direcle ou indirectea son etiologie.
Or, il est une cause dont I'effet m'a paru constant, immediat,incontestable, dont le mode d'action est evident et facile a comprendre , qui donne souvent naissance ä la gangrene dans les animaux domesti-ques, dans le cheval surtout, et qui m'a paru ä peine connue, ou n'a ete quo vaguement indiquee dans les ouvrages gencraux de medecine et de Chirurgie hu-maines que j'ai pu consulter. Je n'avais rien vu non
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plus dans les ecrits des veterinaires qui constatilt qu'elle cut 6te pratiquement reconnue par leurs au-teurs avant i833, ^poque ä laquelle je crus devoir appeler sur eile l'attention de mes confreres en publiant cfOelques observations recueillies soil dans ma pratique particuliere, soit ä laclinique de M. Va-tel alors que j'etais attache en qualite de chef de service aux hopitaux de l'ecole d'Alfort.
Dcpuis, ma position de professeur de clinique a cette ecole et le grand nombre de malades qüi fre-quentent ses infirmeries, m'ont mis a mamp;me de reu-nir sur ce point de doctrine une masse de faits si imposante et si decisive, que ce que j'avais d'abord indique comme une probabilite a acquis ä mes yeux tons les caracteres d'une demonstration ,et qu'il m'a suffi de faire suivre ä ceux de mes collegues qui s'oc-cupent de pathologic, quelques cas de ce genre, pour les convainere du fondement de mes observations.
Ce qui meritera peut-dtre ä ce memoire 1'interet particulier des praticiens, c'est que, dans les gan­grenes externes produites par cette cause, il est tres souvent possible, quand on la soup^onne a temps, de l'enlever, et ainsi de couper court aux progres du mal : c'est qu'il est possible meme de la prevenir, dans les cas oü eile aurait pu naitre, par certaines
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precautions faciles h prendre, et qui, depuis que je leaai raises en usage surnos malades^ ont rendu la gangrene des opercs dans nos iufirmeries aussi rare qu'autrefois eile y etait frequente et meurtriere.
II m'a done paru utile de soumettre a I'apprecia-tion des hommes qui s'occupent de science ou de pratique medicales, les elemens de ce que je crois 6tre, sinon une verite nouvelle,du moins un point d'öliologie trop peu connu ou trop neglige eu ^gard a son importance sous le point de vue de la patho­logic comparee. Tel est le but de ce memoire.
Bien que j'y aie fait entrer un grand nombre de faits, je n'ai point rapporte, a beaucoup pres, tous ceux du meme genre que je poss6de. J'ai choisi ceux dans lesquels la verite que je cherche a demontrer m'a semble le plus evidente; je me suis attache aussiä donner des exemples de gangrene survenue sur di­verses parties du corps, a la suite d'operations qui ne sent pas les memes, pour prouver que sur quelqae region que ce seit, et dans differentes circons .ances, la cause que je signale agit toujours d'une maniere identique.
Quant aux reflexions, j'en ai ^t^ sobre. En pre­sence de faits aussi nombreux et significa tifs, j'ai pense que de longs commentaires seraient au moins super-flus. C'est pourquoi je me suis borne ä rappeler en
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leur lieu les traits les plus saillants de l'ensemble des observations; j'ai indique plut6t que developpc le lien commun qui les unissait,*la theorie qu'ils concou-raient ä etablir, les consequences pratiques qui en decoulaient. Parfois, seulement, j'ai cru devoir ap-peler 1'attenlion sur certaines circonstances de pa-thologie generale ou d'anatomie pathologique qui m'ont paru meriter d'etre signalees, en ce sens qu'elles peuvent jeter quelque lumiere sur 1'histoire de la gangrene envisagee au point de vue de ces deux sciences.
Si, cornme je le crois, le fait d'etiologie que je cherche ä etablir est pen connu ou a souvent ^chappd a 1'observation en Chirurgie humaine,, et si, pourtant, il s'y presente quelquefois, ce leger travail ne sera pas sans quelque iitilite pour la medecine de l'homme, et je me feliciterai de l'avoif public.
Que si cie fait Vest pas nouveau pour les medecins de l'homme, ou s'il n'est vrai que pour la Chirurgie des animaux, j'aurai du Uioins la conviction, en cher-chant a en repandre la connaissance parmi nos con­freres, d'avoir rendu un service de quelque valeur ä la medecine velerinaire, en cclairant un point de pa­thologic et de Chirurgie pratique jusque lä äpeu pres completement inapenju.
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MEMOIRE ET OBSERVATIONS
SUR ONE DES CAUSES
IjA gangrene traumatique.
L'applicalion d'un seton a meche ou ä rouelle, I'ouverture avec le bistouri de tumeurs sanguines ou incompleternent abcedees qui se developpent sur dilferentes parties du corps, une phlebotomie, et en general toutes les operations sanglantes, quels qu'en soient le siege ou I'importance, sont quelquefois suivies, le troisierne ou to quatrieme jour de Tope-ration, d'un engorgement ordinairement chaud, douloureux et tendu, qui fait des progres rapides, s'accompagne d'oedetnatie a sa circonference , arrete ou empcthe toute suppuration, donne naissance ä une succession de phenomenesgeneraux progressive-ment alarmans, et pent causer la mort de l'animai, si on ne lui oppose a. temps un traitement convenable.
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De tous les animaux domestiques, le cheval est celui sur lequel j'ai eu le plus souvent occasion d'ob-server cette sorte d'accident que je crois plus fre­quent sur les herbivores que sur les chiens. Je dirai plus loin les conditions particulieres qui en favo-risent le ddveloppement dans les individus ä quelque espece qu'ils appartiennent.
Le petit noinbre des veterinaires qui, dans leurs ecrils ou dans leurs cours, ont parle de ces accidents, lesont consideres comrneun effetdu developperaent de la gangrene dans la partie operee : les uns attri-buant cette fächeuse terminaison a l'exces de la reac­tion inflammatoire locale; les autres a son insuffi-sance; d'autres enfin, tan tot ä Tune, tantot k I'autre de ces deux causes, suivant la constitution plus ou moirs forte ou debile du sujet.
N'ayant point eu entre les mains tous les ouvrages de medecine et de Chirurgie humaines dans lesquels il a ete traite d'une maniere generate ou particuliere de la gangrene, il y aurait temerite de ma part k af-firmer que ces accidents n'y ont point 6te decrits, que leur cause n'y a point e'te signalee. Tout ce que je puis dire, c'est que dans ceux des ouvrages modernes que j'ailus, et qui resument sans doute 1'etat actuel des connaissances pathologiques, je n'ai rien trouv6 d'explicite ni sur cette variete de ia gangrene a. la suite des operations, ni sur la cause que je regarde comme la determinant plus specialement.
Je ne rechercherai point s'il est bien exact de re-
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garder commefrappesdcg-aragreneces engorgements oü la vie n'est point Steinte , puisqu'ils peuvent sou-vent disparaitre et guerir sans eschare, sans ablation et par un traitement approprie. Les pathologistes n'etant point d'accord sur la definition qu'on doit donner de la gangrene , j'entrerais dans une dis­cussion generate que je veux eviter. Aussi bien mon intention n'est-elle pas de disserter sur la na­ture de la gangrene ;mais principalement, d'appeler I'attention sur la cause la plus fr^quente suivant moi, et la moins remarquee jusqu'a present, de ces engorgements qu'ä tort ou a raison je conti-nuerai ä appeler gangreneux. Dans tous les cas , si je fais erreur sur le mot, je m'efforcerai, par la clarte avec laquelle j'exposerai les caractöres de raffection, de prevenir toute erreur sur la chose.
Mais avant d'entrer dans I'exposition d'aucune idee , je crois rationnel de rapporter d'abord, avec les details qu'elles coraporteront, un certain nombre d'observations choisies parmi les plus concluantes de celles que j'ai pu reunir.
J'indiquerai ensuite, en les raotivant, les induc­tions etiologiques que je crois pouvoir en tirer d'une maniere rigoureuse, sans negliger toutefois les re-marques accessoires auxquelles ces observations pourraient donner lieu etqui, sous un autre rapport, me paraitront presenter quelque interet scientifique en ce qui regarde l'histoire de la gangrene.
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PBEMIERE OBSERVATION.
Tumeur gawgreneuse, suite d'un seton a la fesse, Mart de l'animal. Caillots pbtkefies trouvis sur le trajet du seton.
Cheval hongre, tres age, sous poll bai clair, de grande taille, propre au cabriolet, de constitutiou molle, n'ayant cependant jamais ete malade jusque la chez son proprietaire, loueur de voi-tures, qui le possede depuis trois ans.
Renseignements. II y a six seinaines qu'ä la suite d'un. coup de pied sur le jarret gauche , un engorgement chaud et douloureux dans le principc, devenu plus tard froid et indolent, s'est mani­feste dans toute la partie inferieure du membre correspondant. Des bains Emollients d'abord, puis aromatiques, ensuile I'emploi des frictions d'eau-de-vie camphree et du bandage compressif, sontrestes sans succes : I'engorgement a persiste. C'est pourquoi on s'est decide ä amener le cheval aux höpitaux de l'ecole d'Al-fortle i5 octobre i833.
Etat de l'animal a son arrivee. II est d'un moyen embonpoint; le flanc est un peu retrousse; le poil pique et lerne; les mu-queuses apparentes rose-päle ^ I'appetit bon, l'oeil vif.
Le membreposterieur gauche, a partir du pied jusque un peu au dessus du jarret, est engorge, dur , peu chaud, peu doulou­reux. La boiteriesembleresulter plus de la gene.que le membre eprouve dans les mouvements de flexion, que de la douleur que ces mouvements occasionnent. Lepoulsest dans son ctat normal.
Prescription. On fera chaque matin sur I'engorgement, jus-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ; V.
qu'ä nouvel ordre, une \igoureuse friction avec deux onces de pommade mercurielle. Promenade au pas, une heure par jour. Bandage matelasse legerement compressif. Deux onces de nitrate de pofasse dans les boissonsde la journee. Ration eniiere.
Ce traitement, continue jusqu'au 26, n'ajant produit aucun changement, j'ordonne ä l'elevc charge de la surveillance du
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cheval de lui placer un scton sous la peau de la fasse gauche; ce qu'il fit le matin m^me. Mais comme le cheval etait tres irritable, il se defendit beaucoup pendant l'operation, et malgre qu'il füt maintenu avec une plate longe, il se mit ä ruer brusquement dans un moment oü I'alguille a seton etait engagee de plus dun derai pied entre la peau et l'aponevrose d'enveloppe des muscles ischio-tibiaux. L'lnstrurnent ayant son talon en haut et la pointe en bas, penetra obliquement de haut en has a travers l'apone­vrose dans l'epalsseur des muscles. L'eleve ne croyant pas la bles-sure aussi grave qu'elle I'etait en realite, ne continua pas moins son operation, et le seton fut place. Soit crainte d'une repri-mande , soit qu'en effet il ne cnit pas que 1'accident put avoir de suite facheuse, il ne m'en informa point a la visite du lendeinain: il me dit seulement qu'une legere hemorrhagie avait suivi le pla­cement du seton, qu'un peu de sang s'etait, une heure apres, formö en caillot sous la peau, mais qu'il I'avait fait sortir par une legere pression. Je ne fis aucune attention a cette circon-stance assez frequente dans la Chirurgie veterinaire, et passai a d'autres malades.
Le 27 , rien de particulier.
Le a8, je remarque que le trajet du seton est un peu turnend et douloureux, que le inembre se meut plus pcniblement pendant la marche. On m'explique ces circonstances en me disant que le cheval s'est frotte la fesse pendant la nuit sur le mur centre le-quel il se trouve. (Lotions emoliientes. On mettra I'animal entre deux barres.)
Le 29, l'engorgement du seton a un peu augment^. II y a tension et douleur tres vive. Quelques symptömes de reaction febrile. Pas encore de suppuration. Je fais enlever le seton. (On fera des lotions calmantes d'eau de tetes de pavot. Saignee de six livres. Regime blanc. Cessation dc la promenade. )
Le 3o,la tumefaction s'etend ä tout le membre gauche et gagne le perlnee. L'animal parait souffrir beaucoup. Le pouls est vite, fort et dar. La conjonctive tres rouge. La respiration
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accel^ree, l'air expire chaud, les reins raides. Le membra ma-lade est tenu dans l'extension et en dehors ^il ne peut etre porte en avant. La plus legere pression sur la place qu'occupait le ruban donne lieu|a des elancements douloureux qui se manifestent par des soubresauts. Un peu de serosite roussatre de mauvaise odeur s'echappe par l'ou-verture inferieure du trajet du scion.
(Nouvelle saignee de six livres. Debridement de Touverture inferieure du seton : on tächera de faire penetrer des injections chloruröes dans le trajet qu'il occupait. Lotions calmantes sou-vent r(5petees sur Tengorgement. Diele sävere. Breuvages adou-cissants acidulrs.)
Le3i, I'oedeme a fait de nouveaux progres; il a gagne le pourtcftir de l'anus, en haut; et s'etend, en bas, jusqu'aux organes gcnitaux. II est moins douloureux et moins tendu que la veille. Les souffrances du malade paraissent moins aigues, mais il est plus abattu. Le pouls a perdu de sa force et de son developpe-ment: il est petit et vite. On commence ä sentir les battements du coeur. Les mouvements du flanc sont convulsifs. La serosite san-guinolente qui s'ecoule par I'incision debridee a une teinte de bistre. Son odeur, de venue pics penetrante, se sent quand on entre dans I'ecurie. (On enfonce profondcment dans toute la partie centrale de la tumeur une douzaine de cauteres en pointe chauffes a blanc. Les deux ouvertures du seton sont agrandies. Quelques caillots filamenteux de sang brundtre et infect sortent de I'incision inferieure. On fera de frequentes injections de chlorure de chaux liquide. On pressera souvent de haut en bas sur le trajet du seton pour en exprimer le sang altere qui pour-rait y sejourner.)
Le iquot; novembre , I'engforgement semble avoir diminue danraquo; le haut de la fesse, sur la cuisse et autour de l'anus; il augmente dans toute la partie inferieure da membre. L'animal ne peat se porter sur ce membre; et pourtant le toucher est moins doulou­reux que les deux jours precedents. L'abattement est extreme.
Pouls tres petit, accelere et confus ; battements da coeur tres
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forts; respiration profbnde et saccadee; air expire fade; teinte rouge livide des conjonctives; crins de rencolure et de la queue s'arrachant saus effoyts. Une toux faible et quinteuse a ete en-tendue de temps ä autre pendant la nuit par les eleves de garde. L'odeur de gangrene qui s'exhale de la plaie est si forte, qu'il a fallu tenir la porte de l'ecurie ouverte toute la nuit pour n'en ctre pas incommode.
La mort paraissant inevitable et prochaine, je fais cesser tout traitement.
Le soir, ä neuf heures, je revois le malade. II est dans un etal Gontinuel d'agitation. II pietine sans cesse, meme avec le membre malade; et il est si faible qu'il parait pret a tomber. II a I'oeil tres ouvert, brillant etbagard; la respiration est penible ;l'air expire a une lagere odeur de gangrene. Le pouls est miserable; on entend a plusieurs pas de distance les battements du cceur qui percutent violemment la poitrine. Les extremites sont froides ainsi que les muqueuses apparentes qui sont entierement ex-sangues. Chute ä une heure du matin; agitation convulsive pres-que incessante; raort a deux henres et demie sur le cote droit,
Autopsie a onze heures ( neuf heures apres la mort).
Siege de la tumeur. Le trajet du seton decou-vert par une in-cisiou qui s'etend de haut en bas et penetre toute l'epaisseur de I'engorgeEQent, laisse voir au centre de ce trajet, sur I'apo-nevrose d'enveloppe, une ouverture transversale de la lon­gueur de ua pouce, ä bords maches, penetrant dans un vaste foyer qui s'est forme dans l'epaisseur et en dessous du muscle ischio-tibial, postdriear. L'ouverture de Taponevrose est evidem-ment le rds iultat de l'incision faite par I'aiguille aa moment du placement du seton. Elle se trouve a la partie la plus superieure du foyer. Celui-ci coniient environ un demi-litre ctun melange de caillot. s noirs tres difßuents, de liquide poisseux brunätre et de debris musculaires ramollis; le toutformant un putrilage des plus fetides. Les muscles environnants sont päles, tacWs de rouge livide et se tlechirent tres facilemeat. Le tissu cellu-
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( 16 ) laire inter-musculaire voisin est infiitre de sdrosile roussätre.
Abdomen. 11 n'existe que quelques ecchymoses sous le peri-toine; elles se trouvent dans la longueur de la region sous lom-baire autour des gros -vaisseaux. — La rate est molle; le liquide qu'elle renferme est sans consistance.
Thorax. Le pericarde contient environ un demi-litre de sero-site sangiiinolente. Le tissu musculeux du coeur est decolore et facile ä döchirer. Les cavites droites sont remplies d'un sang noir ayant la consistance de po:.x fondue; lesparois internes de ces cavites sont uniformement teinles en rouge brun. Cette colora­tion s'etend dans toute la veine cave posterieure et ses principales affluentes. Le sang contenu dans ce treue veineux est liquide et a une odeur frappante de gangrene. Un morceau d'aorte pris sur un die v al de dissection et laisse un quart d'heure dans ce sang en est retirö avec une teinte rouge de sa face interne que le lavage ne peut faire dispat-ajtre. Le sang contenu dans I'arbre veineux anterieur est, au contraire , presque generalement coagule : les vaisseaux qui le renferment ne sont pas sensiblement colores; il
n'a aucune odeur, et le morceau d'aorte qu'on y plonge et qu'on
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y laisse pendant un quart d'heure reprend sa couleur ä peu pres naturelle quand on le lave apres I'avoir retire. — De nombreuses ecchymoses existent dans le parenchyme des poumons. Tout le bord inferieur et anterieur du lobe gauche offre les caracteres d'un ramollissement gangreneux, au \oisinage d'une h^patisä-tion ancienne dont il dtait affecte dans I'etendue d'a peu pres quatre a cinq pouces.
(Le sujet de cette observation etait surveille par l'tijeve Eure.)
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DEUXIKME OBSERVATION.
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GANGniNE survenue h la suite iVun siton a rouelle sous le ventre. Mart de I'animal, — C aillots dk sang pdtref IE trouves sous la peau qui recouvrait le seton.
Cheval entier propre au gros trait, de forte constitultion, Uvr6
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ä des travaux fatigants, raais n'en paraissant pas ^puise, appar-tenant a M. Rollet voiturier ä Bercy.
Renscignements. II y a quatre jours que le marechal du sieur Rollet en visitant ce cheval, jugea utile, sans en dire aulrement le motif, de lui placer un seton ä rouelle sous le milieu du ventre. L'operalion fut sulvie d'une hemorrhagie veineuse, assez abon-dante pour inquieter Toperateiir qui l'arreta en placant un tam­pon d'etoupes ä Touverture resultant de l'incision de la peau, et soutint ce tampon avec un surfaix. Le bandage et l'etoupade furent retires le soir (sept heures environ apres leur application). Le sang ne coulait plus; mais une tumeur aplatie de la largeur d'une assiette ordinaire existait sous le ventre, ayant pour centre le caulere : on n'y fit pas d'autre attention; et le lendemain le cheval ctait soumis a son service journalier, le marechal ayant assure que le travail ferait disparaitre la tumeur. II n'en fut point ainsi cependant. Elle fit au contraire de tels progres pendant les jours qui suivirent, que M. Rollet crut prudent de conduire son cheval ä l'ecole, oü il l'amena lui-meme et me donna les rensei-gnemenls qui precedent.
Etat de Vanimal le a septembre 1837, jour de son entree aux höpitaux. 11 porte sous le milieu du ventre un engorgement circonscrit, aplati ä son sommet, s'etendant en arriere jusqu'au fourreau qui est dejä oedematie, en avant jusqu'ä l'inter-ars, sur les cötes jusqu'au bas des flancs. Get engorgement est chaud et douloureux, surtout ä son centre oüil offre un peu de renitence. L'ouverture du seton laisse suinter un liquide sanguinolent tres fetide, au milieu duquel se trouvent des parcelles de cailloit uoir quand on presse legerement la tumeur au voisinage de cette Ou­vertüre. Le doigt introduit dans la cavite dont eile est l'orifice plonge sous un dAollement assez considerable de la peau, au travers cT une masse sanguine demicoagulie, s'ecrasantfaci-lement et d'une odeur putride bien caracterisee.
La saute generale du sujet ne parait pasgravement affectöe. II
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est gai, a de Tappetit; seuleinent sa marche est rendue difficile par l'extension de rengorgement entre les membres ant^rieurs.
Traitement. Je debride rouverture par line incision prolongee en a^ant, j'extrais la rouelle de cuir qui constiluait le seton, et je retire le plus qu'il m'est possible des caillots putrides amasses sous la peau. (Des injections chlorurees feront detacher et entrai-neront ceux que le doigt ne pent atteindre. Une douzaine de pointes de feu sent plongees dans l'etendue] de rengorgement sous-abdominal. L'animal sera promene souvent dans la journee. Electuaire avec extrait de gentiane, sei de cuisine et poudre de quinquina. Ration entiere.)
Le 3, I'engorgement a fait des progres en arriere ; il a envahi tout le fourreau au point dc rendre difficile la sortie du penis. La s(5rosite qui s'ecoule des points cauterises est jaune citron clair; le liquide qui Vechappe de l'incision est toujours sangui-nolent et de mauvaise odeür. Au pourtour la tumeur est dure et sensible. Pas de modification dans I'etat general. (On continuera les memes soins.)
Le4, les en-veloppes testiculaires partlcipents l'infiltration du fourreau qui, lui-m6me, est plus engorge que la veille. Marcbe tres difficile ä cause de la gene qu'eprouve le jeu des membres. II y a un peu de fievre , moins de gaite et d'appetit. ( Demi-ration. Lavements emollients. Memes soins que les jours precedents.)
Le 5 , meme etat que le 4. La mauvaise odeur du liquide rous-sätre que fournlt la plaie ne peut etie masquee que momentane-ment par les injections chlorurees. (Un bandage matelasse san-poudre de chlorure de chaux solide sera maintenu sous le ventre. Du reste continuation des memes soins.)
Le 6, I'engorgement s'est encore etendu en avant et sur les cötes; il parait pourtant moins saillant lä 011 il a ete traverse par des cauteres en pointe. Les eschares produites par ces cauteres sont presque toutes tombeesjmais la suppuration dans les plaies qu'elles deeouvrent est presqulaquo; nulle ; le peu de pus qu'on y re-marque est clair et de mauvaise nature. L'appetit a bien diminue;
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l'animal mange a peine et lentement un quart de ration.; il a perdu sa gaite; le pouls, jusque-lä normal, a pris de la \itesse et de la durete; on commence a sentlr nettement las battements du coeur. (Debridement de la plaie ep arriere pour cxtraire quelquex caillots sanguins qu'on y sent avec le doigt. Leur odcur est in­supportable. Memes soins quo les jours precedents. Quart de ration seulement.)
Le 7,'rengorgement du ventre s'est notablement affaisse, excepte ä son centre et aux bourses oü il est devenu tres con­siderable. Pouls dur, peu developpe, marquantHquatre-vingt-six pulsations. Les flancs se creusent. Les crins tiennent moins solidement. Abattement, anorexic, marche tres penible. (On scarifie l'engorgement des bourses et du fourreau; il s'en ecoule du sang pur mele ä un peu de serosite. Suspensoir. Memes soins.)
Le 8, i! ya diminution sensible de rengorgement des bourses et du fouireau; celui du ventre n'a pas augmente j il'est toujours aussi considerable autour de i'ouverture. L'etat general devient inquietant. Le pouls, tres accelere, est aussi ires faible. La force des battements du coeur est teile qu'elle imprime une legere se-cousse au corps de Tanimal. La respiration est laborieuse et un peu saccadee; la t^te basse; la temperature des extremites pres-que froide. L'animal etaut juge sans ressource ct abandonn6 par son proprietaire, je fais cesser tout traitement et ordonne seulement d'observer la marche de la maladie.
Le 9, Fanimal tombe a cinq heures da matin sur le cote gauche apres avoir longtemps chancele. Je le vn is ä la visite de sept heures. L'engorgement a presque disparu partout ailleurs qu'au centre, la oil se trouvait le cautere. II n'y a plus de pouls; les battements du coeur sont tumultueux; la respiration spasmodique. II suffit de la plus legere traction pour arracher une grosse meche de crins. Päleur generalc des muqueuses apparentes. Agitation con­vulsive des membres. Cependantiamort n'a lieu qu'a trois heures de l'apres-midi.
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Autopsie ä quatre heures (une heure apres la mort). Tumeur. Tous les muscles de la region sous-abdoniinale pos-terieure ainsi que ceux de la partie inferieure de la poitrine sont decolores et flasques. Le tissu cellulaire environnant est gorge de serosit^ jaune cltrin jusque sous la peau du perine: niais autour de la place qu'oceupait le cautere, il est epais, dur , presque lar-dace. Deux principales excavations existent dans l'epaisseur de cette induration , en. arriere et un peu ä droite, ä cinq pouces au tnoins de l'ou-verture exterieure: elles sont remplies exactement par deux masses sanguines ayant chacune a peu pres le volume d'un oeuf de poule. L'alteration profonde de ces deux caillots qui sont noir encre de Chine et d'une odeur pulride insuppor­table, ne perme^pas de douter qu'ils ne datent du jour du pla­cement du seton; et il est evident que ce sont eux qui ont occa-sionne la persistance et l'aggravation des accidents que semblait devoir arreter Textraclion des caillots qui eut lieu le 2 et le 6. II est clair aussi que c'est leur situation profonde qui les a de-robes a l'atteinfe du doigt lors de ces extractions, et que leur adaptation dans un sinus de la p'aie a empeche qu'ils ne soient entraines par les injections chlorur^s.
Abdomen. Quelques legeres ecchymoses sur le feuillet parietal inferieur dirperitoine. — Foie volumineux, pale et mou. — Rate d'un noir violace, plus grosse que dans I'etat normal, se depouil-lant an plus liger grattage, ou seulement ä la moindre pression, de la matiere qu'elle contient dans les areoles de son parenchyme. Cette mauere tessemble ä de la bouillle de sang.
Thorax. Rien de notable dans les poumons.—Le coeur est mou et a une teinte lavee comme s'il etait cuit, Lecaillot qu'il contient dansles cavites droites est entierement noir, sans consistance et sans odeur. La face interne de ces cavites n'est que legerement co-loree en rouge terne. Plusieurs ecchymoses, dont quelques unes ont la largeur d'une piece da cinq francs, se remarquent sous la sereuse du ventricule gauche dont les parois internes ont, a cela pres, leur couleur naturelle;un coagulum blanc jaunätre, peu
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volumineux, plaqu^ d'une mince lame de caillot noir, y est contenu; il est assez resistant.
(Le sujet de cette observation etait surveille par I'eleve FilleUe.)
TROISIEME OBSEEVATION.
Gangrene dans la rdgion tnguinale drohe apres la eastratloA, Mart de tanimal, Caiixots fibriitedx älteres trouvds dans le tissu des enveloppes testiculaires.
Cheval recernment chatre, de huit ä neuf ans, propre au ser­vice du gros trait, ayant beaucoup d'embonpoint, paraissant d'une constitution molle, appartenant ä M. Qautier marchand de chevaux rue de Charenton a Paris, conduit aux hopitaux de l'ecole le 3o mars i83i.
Renseignements. II y a six jours (le a 5 mars) que ce cheval a ete chatre. La methode op^ratoire a etc celle par les casseaux, dite a testicules decouverts. L'operation faite par un chatreur a e(e rapideraent terminee. Les souffrances appa rentes ont ete presque nulles. II y a eu un peu de trislesse les deux premiers jours, mais presque pas de fievre. L'appetit a toujours ete bon; cependant la diete blanche a ete prescrite et observee.
Le 27 mars au matin, M. Gautier entrant dans I'ecurie, voit la litiere de son cheval ensanglantee. Du sang coule goulte a goulte de la plaie du cöle droit; le testicule du meme cote ne tient plus a la portion saine du cordon que par quelques fibres posterieures qui paraissent avoir ete tiraillees : il y a eu dechirure presque complete du cordon immediatement au dessus du cas-seau. M. Gautier evalue ä deux ou trois livres la quantile de sang qui a du s'^couler. Le cheval etant seul dans I'ecurie, il ignore quelle a pu efre la cause de cet accident. Quoi qu'il en soit, il envoie chercher un sieur Dufay, marechal du voisinage, qui le rassure sur les suites. Cet homme complete d'un coup de bis-louri l'excision du cordon, acclimule une masse önorme d'ctoupes
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dans la plaie, les y maintient a I'aide d'un point de suture a bourdonnets, et arrÄte ainsi l'hemorrhagie.
Le lendemain a8, il excise le testicule gauche et enlevc le cas-seau. On ne touche point au tamponnement du cote droit. Le clieval a unc demi-ration qu'il mange bien.
Le 29, il existe beaucoup d'engorgement anx parties operöes, principalement du cote droit. La parlle anterieure de Vetoupade est un peu huraide. Le cheval est triste et hmuic sur son avoine. II n'a pas fiente depuis la veille. Le marechal, frappe sealement de rhumidite de la partie anterieure de Tappareil, I'attribue a l'insuffisance du tamponnement. En consequence , il denoue les fils de la suture, ajoute de nouvelles coaches d'ütoupes par dessus les premieres et refait les noeuds. Pour tout traitement il prfcerit des lavements et fait lui-meme une onction de pommade de peu-plier. Repos absolu.
Le 3o, ['engorgement a fait des progres considerables et s'ctend sous le -ventre. Les couches d'etoupes mises la -veille sont tra-versees par un liquide roussätre qui sent tres mauvais. Le cheval refuse tout ä fait de manger. II a le flanc retrousse et le rein ralde. Les parties sont tres douloureuses. M. Gautier etant absent cc jour lä, le marecbal fait laver l'exterieur de l'appareil avec de l'i.au de vaissel'e, substitue l'ongaent de laurier a la pomn'ade de peupller, et administre un breuvage dont il ne dit pas la com­position. M. Gautier, rentrant le soir et effraye de.l'dtat de son cheval, le conduit lui-meme aux hopitaux de l'ccole, ou il arrive s huitheures, apres deuxheures d'une raarche extremement lente et penible. — L'lt;51eve Corneille qui devait surveiller ce cheval recueillit tons ces renseignements de la bouche de M. Gautier qu'il invila ä se trouver present le lendemain matin a ma visite.
fisite du 3l. Etat du cheval. II est dans un'abattement complet; 1'oeil est morne, denii-fcrme, la tete basse; I'attitude denonce une grande faiblesse; il chancelle pour peu qu'on le pousse. Les reins sont inflexibles; les extremites froides; les crins s'arrachent faciiement. Conjonclive rouge lerne; pouls ä peine
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sensible; battements du coeur rcmarquablement forts; respira­tion accelerce, flancs retrouss(5s. II n'y a pas eu de defecation ni d'evacuation d'urine pendant la nuit. L'animal ne s'est pas cou-che. Un engorgement enorme, indolent et presque froid occupe toute la region ingninale, surtont du cote droit, s'etend en arriere jusqu'au bas del'anus, et en avant jusque sous Ja poltrine. La plaie du cordon droit est rcjnplie par une masse d'etonpes qui parait considerable et que soulienncnt trois points de suture a bourdonnets. Un liqaide roussatre, extremement fetidc, pe-netre tout cet appareil, et s'echappe par goutteleltes ä chaque mouvement des membres posterieurs que fait l'animal. Une ma-tiere scro-purulente humecte la plaie du cordon gauche qui est refoule dans I'aine par I'engor^ement.
Je fais enlcver la suture , et ä peine les fils en sont-Ils deta­ches, que I'apparcil n'etant plus soutenu tombe sur la litiere tout d'une masse et entrame avec lui un litre environ de cailloU noirs, difßuents, tdlcment infects que les clcves qui m'aident h cetle operation sont forces, ainsi que moi, de s'eloipner un instant, taut Vodcur est insupportable. Des injections chloru-rees sont faltes immediatement dans la plaie pour la deterger et perraettre d'en -voir i'aspect: cllc ost d'une teinte brune plombee; les bords en sont durs , les paroislisses: les doigts introduits dans le fond y sentent des enfoncements celluleux a droite et a gauche, et en relirent des lamheanx de cadlots mollasses #9632;putrefies.
Je previens le proprietaire de rimminence de la mort de son cteval, Ceperidant comme il temoigne le desir qu'on fasse quel-ques tentatives de traitement, je fais traverser I'engorgement par des scarifications nombreuses et profondes que l'animal ne sent pas, non plus quo le cauterc actuel blanchi au feu qu'on applique dans les parties scarifiees; on enduit celles-ci. d'une couche d'on-guent vesicatoire auime , et on recouvre et soutient I'engorge-raer.!; avec un suspensoir matelasse d'etonpes. (Vapeurs de baies do genievrs soud le venire; bcuclionnements frequenrs; couver-turcs; frictions dc vinaigre chaud sur les membrcs; injections de
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clilorure de chaux liquide dans la plaie droite; administration d'une bouteille de vin de quinquina ; lavements)
Malgre tous ces nioyens, aucun mieux ne se manifesta. Les symptomes allerent en s'aggravant. L'animal tomb.a ä onze heures du matin, apres avoir chancele pendant quelques minutes, se debattit de temps a autre et monrut a onze heures et demie.
Autopsie faite immediatement apres la mort.
Region inguinale, L'infiltration sereuse qui constitue Tengor-gement anterieur a lieu dans le tissu cellulaire qui separe le muscle sous-cutandabdominal de la tunique jaune de ces parois. Les capillaires sanguins en sont fortement injcetes. Les leVres de la plaie sont indurees; leur coupe est jaune marbre de brun et de bleiiätre. Le cordon droit est lermine inferieurement par un caiilot d'un pouce de long ä peu pres, dont le bout en contact avcc le cordon est ferine et adherent, et dont le bout fiottant dans la plaie est irregulier, mou, baveux et de mauvaise odeur. La partie superieure du cordon est infiltree, mais non gravement altüree ; eile adhere par presque toute sa peripherie a la surface interne de la gaine vaginale.
Deux sinus principaux, especes de cavitesirregulieres, se pro-longeant entre les enveloppes exterieures de la plaie droite et au milieu de l'epaississement dont elles sont le siege, renferment environ deux verres de sang noir, de consistance de poix fondue, sans aucun caiilot, exhalant une odeurinfecte.
quot;L'abdomtn renferme deux ou trois litres de serositö fortement sanguinolente, sans odeur. Le peritoine est partout tres injecte. Les vaisseaux rnesenterlques sont gorges de sang qui a transsude a travers leurs parois et leur forme une espece d'aureole. Plusieurs larges ecchymoses existent sur les grosses anses intestinales.—Le foie est volumineux, pale, comma lave et se dechire facilement. — La rate n'est pas sensiblement alteree.
Thorax, Quelques ecchymoses seulement se remarquent ä la surface extcrieure des poumons et dans leur parencliyme. — Les cavites gaudies du cceur sont largement ecchyraosees. Les cavites
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droi'tes renferment Tin gros caillot noirpeu consistant,iBais non diffluent; leur face Interne a sa couleur ordinaire.
(Le sujet de cette observation etait surveille par l'eleve Cor­neille,} ' t
#9632; laquo;JTJATRliME OBSERVATION,
GANGRENE'i^e^ enveloppes testiculaires a la suite de la castra­tion.Mort de Vanimal.Caillots de sang pütmfie trouves dans les bourses.
Cheval entier propre au service de cabriolet, äge de treize ans, d'une constitution molle, n'ayant cependant jamais ete malade, d'apres le dire du proprietaire, M. Bouquet de Paris.
Le 18 avril i834) cet animal entre aux hopitaux de l'ecole pour y etre chatre.
Le 19 ,, ü est soumis ä un regime convenable pour roperation qu'il doit subir le lendemain.
Le 20, castration; eile est falte a testicules converts. Un peu de sang s'ccou'e par une des veines scrotales posterieures blessee par Fincision du cote droit qu'un mouvement de l'animal a fait prolonger plus en arrlere que ne le voulait I'operateur. Cepen­dant cette legere hemorrhagie s'arrete au bout de quelques mi­nutes. ( Diete severe, promenade, lavements.)
Le soir, comme I'aninial est inquiet, agile, a le pouls fort et vite, on lui tire six livres de sang.
Le 22, le cheval parait souffrir beaucoup de la region ingui-nale. Attrlbuant cette douleur au tiraillement du cordon sur le-quel pesent de tout leur poids les testicules qui sont tres volu-mineux; on excise ces organes au dessous de Tepididyme. II en resulte un soulagement evident. (Continuation du regime, des lavements et de la promenade.)
Le as, apparition sur diverses parties de la surface cntanee , notamraent sur les ^paules et la croupe, d'elevures en forme de plaques, de grandeur variable depuis celle d'une piece de cinq
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francs jusqu'ä celle d'une piece de cinq sous. Ces elevures sont dures, indolentes et bien circonscrites; les poils qui les recon-vrent sont legerement herisses. ( Saigm's de six livres. '-ictions amrconiacees, breuvages emollients acidules, diete, laveii. nls.) On enleve les casseaux. L'engorgeraent des bourseSfcCst peu con­siderable. L'animal est moins souffrant.
Le a3, il ne reste plus aucun vestige de l'eruption de la veille. La plale resultanf de la caitration va bien; la suppuration com-raonce du cote gaucbc; rien ne l'annonce du cote droit. (Un quart de ration, meines soins.)
Le a4, les enveloppes test- culaires et le fourreau sont engorges. La suppuration cst sereuse dn cote gauche; eile est toujours nulle du cöte droit. Quelques gouttelettes sanguinolentes et de mauvaise odeur s'ecliappent de ce cote. (Suspeasoir. Injection d'eau tiede chloruree. Promenade.)
Le 25 , 1'engorgement est enorme aux bourses et au fourreau, surtout du cote dfoit. 11 s'etend de ce cote.jusqu'au dessous de la poitrine; la suppuration est tout a fait tarle a gaucbe. La plaie du cote droit laisse toujours ecbapper de son fond un liquide sanguinolent brunatre et infect qui s'ecoule goutte a goutte et salit la face interne du membre correspondant. L'animal eprouve une \lve douleur quand on presse sur la region inguinale de ce cote. On explore la face abdominale de cette region en introdui-sant le bras par le rectum: il n'y a qu'un peu d'empätement sons-sereux, mais le cordon n'a pas plus de volume qu'il n'en a ordlnairement ä la suite de la castration. Pouls petit, dur, acce-lerd; respiration vite et saccadee ; inappetence, anxi^te, marche penible et embarrassee dans les membres posterieurs; reins in­flexibles. (Scarifications profondes dans les parlies engorgees.) 11 s'en ecbule, et on en fait sortir par la pression beaucoup de serosite melee a du sang. (On lotlonnera ces parties avec une in­fusion aromatique cbloruree; on injectera du meme liquide dans les plaies inguinales. Promenades courtes et frequentes; lave-
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ments; continuation du suspensoir ärecurie;bouchonnements; couvertnres.)
Le soir, 1'engorgement des parties genitales s'est refroidi bnis-quement. II y a chute du penis qni devient rapidement 1p siöge d'une tumefaction froide et indolente. L'animal est faible ^igamp;ian-celant; le pouls presque efface ;les cxtremites glacees. (Nouvelles scarifications dans l'engorgetnent du penis; il s'en econle de la serosite citrine en abondance. Frictions vigoureuses sur Irs parties scarifiees avec de l'eau de vie camphree pure. Administration d'une bouteille de vin de quinquina chaud. Bouchonnements con-tinuels. Couvertures dc laine. Fumigations de bales de genievre.) Une beure apres, l'engorgement du penis a dlminue de moitie; un peu de chaleur y est vevenu ainsi quJaux extremites et ä la peau. Le pouls s'est releve,l'animal est mnins vacüln.nt. (On fera prendre un second breuypge, et on fera de nouvclles. frictions pendant la nuit.)
Le 26, mdme etat que la veille au soir apres I'administration du quinquina, si cfe n'est qu'on a remarquo une augmentation no­table dans la force des baltements du cceur. (Memes soins.)
Le 27, le malade peut a peine se tenir debout, Le pouls est insensible; la peripberie du corps presque froide; la respiration vite et saccadce; l'oell morne et eteint; les battements du cceur ebrar.lent le corps ä chaque secousse; les crins s'arrachent ä la moindre tractioiK On veut sortir l'animal de sa sta'lc; il ne peut marcher seal; on est oblige de le soutenir avec Acs barres de bois pour l'empecber de tomber. Chute ii trois heures de l'apres-midi. Les tcntatives pour le faire relever sont vaines. Dcpuisce moment il est dans un ctat d'agitation presque continnelle ct se debat sans cesse. Mort ä huit heures du soir.
Autopsie le lendemain 28 , a huit heures da matin ( douze heures apres la mort.)
Region inguinale. L'engorgement sous abdominal a disparu. Celui des parties genitales est produit par une grande quantite de serosite dont la conleur citrine est troublee par une teinte le-
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gerement sanguinolente. Des taches rouge-brun,\eritables ecchj-moses , sont disseininees cä et lä dans les tlssus infiltres, du cote droit oü les alterations sont plus etendues et plus prononcees que Äkcole gauche. Sous le dartos du cote droit, a I'extremite anterienre de l'incision faite pour diviser les enyeloppes lors de l'operation, un decollement existe se prolongeant en avant de trois ou quatre pouces, et logeant dans la cavite qui en resulte un coagiilum fibrineux, brun noirdtre, du volume d'une grosse noix, peu consistant, exhalant une odeur -penetrante de sang #9632;putrefie, et nageant dans environ un decilitre de liquide sangui-nolent non mains infect j semblable a celui qiHon avail vu s'icouler par la plaie drohe lors de I'apparition des premiers symptomes inquietants.
Le cordon gauche est termine a sa partie inferieure par un renflement creux, communiquant au dehors par une ouverture fistuleuse tres etroite, et renfermant du pus gris blanchatre, sereux, de tres mauvaise odeur.
Abdomen. Le peritoine est parseme dans toute son etendue d'ecchymoses nombreuses apparaissant comme des plaques au-reoiees le long des -vaisseaux mesenteriques, et sous forme de ver-getiires ou de piquetures. Dans ses autres parties il est unifor-mement rouge, mais sans trace aucune de fausses membranes dans la region inguinale droite.
Les ganglions lymphatiques sous-lombaires sont rouges sans avoir augmente sensiblement de volume.—La rate, plus grosse que dans I'etat normal, est inegalement raolle, d'un cpuleur bleuatre, et laisse couler ä la plus legere pression, quand on I'a coupee dans les endroits les plus mous, une bouillie rouge noiratre que le lavage seul suffit pour lui enlever en laissant ä nu sa trame fibreuse.
Thorax, Environ un verre de liquide scro-sanguinolent est contenu dans le pericarde. Le tissu du cceur est ramolli et decolore. De larges ecchymoses se remarquent sous la sä-reuse du ventricule gauche qui renfenne peu de sang. Les
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cavites droites et les troncs affluents des yeines caves sont rem-plis de sang tres noir et pris en caillots mous. La face interne de ces ca-vites et de ces veines est teinte d'une couleur rouge fonce uniforme, partout' oü elles sont remplies par des caillots de sang, c'est a dire en arriere jusqa'ä la division pelvienne, et en avant jusqu'a la naissance des jugulaires. II est remarquable pourtant que cette coloration est beaucoup plus foncee dans la veine cave posterieure que dans I'antcrieure.
Les poumons sont sains.
(Cecheval etait surveillepar I'eleve Thibaudeau.)
CINQDIEME OBSERVATIOW.
GANGRiNE a la region inguinale gauche a la suite de la castra­tion. Mart de i'animal. Caillots sanguiks putrefies trouves autour du cordon testiculaire gauche.
Poulain propre au service de diligence, äge de quatorze mo is, d'une bonne constitution, plein de vigueur et de sante. II appar-tient ä M. Verdure de Vincennes, qui I'envoie a I'ecole pour le faire chätrer parce qu'il tourmente les juments avec lesquelles il se trouve dans une m^me ecurie.
L'operation est falte le i3 mal 1887 par M. Maillet chef de service attache aux höpitaux d'Alfort. La methode qu'il emploie est celle dite ä testicules couveris. Le poulain avait ele prepaee a l'operation par une diete blanche. (Paille et eau legerement blanchie a^ec de la farine d'orge.)
Quand I'animal est releve, M. Maillet remarque que la ficelle qui etreint et rapproche les deux branches du-casseau en arriere, estun peu desserree du cote droit. II en replace une autre qu'il serre davantage. II y a aussi un leger relächement dans le lieu du cote gauche; raais il ne le croit pas asscz grind pour devoir y remedier. (Diete, promenade, lavements, couverture, Saignee de trois livres deux heures apres l'operation. j
Le 14, rien de remarquable. (Memes soins et regime.)
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Le i5 au matin , on observe un commencement de suppura­tion , et, comma il arrive ordinairement a la suite de la castra­tion , un leger engorgement des levres de la plaie. Le cheval a bon appetit, marche facilement, est aussi gai que son etat peut le permettre. (Memos soins; on lui donnera -quelques poignees de foin dans le courant de la jonrnee.)
Le soir, a quatre heures, on excise immediatement au drfs-sous des casseaux les testicules et la portion de cordon y atte-nant qui doivent etre mortifies. Puis on fait tomber les deux branches de cliaque casseau en les e'cartant, apres avoir coupe les liens qui les tenaient rassemblees Quelques minutes apres leur enlevement ^ on voit du sang s'ecliapper par le bout infericur du cordon gauche (i) , goutte a goutle d'abord, puis en filet leger. Cepend'.rjtcetie hemorrhagie s'arrele seule; c'est a peine si eile a fourni trois ou qüatre onces de sang. ( On surNeillera I'animal pendant la nuit.)
Le 16, il y a un peu d'engorgement et de douleur aux enve-loppes. La suppuration continue du cöte droit; eile y est presque de bonne nature; eile n'a point encore commence du cote gauche. Les reins sont peu flexibles. L'animal n'a rien perdu de son ap­petit. Sa marche est libre. II hennit plusieurs fois ä la promenade. (Memes soins. Diete severe. Embrocations de poramade de peu-plier sur les enveloppes engorgees. Lavements.)
Le 17, peu de changemens. .11 y aunpeu plus d'engorgement ä la partie infcrieux-e des enveloppes du cote gauche. Les mouve-mens du membre posterieur de ce cote sont plus raides pendant la marche. Les reins sont inflexibles. (Memes soinj; on fait quel­ques mouchetures dans I'engorgemeiit.)
(1) II nc faut pas oublier que ce cordon avail dte moins comprirae quc I'autre; qu'il ne I'avait pas 6ti aulant qu'il aurait du l'fetre, M. Maillct ayant nögligi de mettre un second lien pour en rappro-cher auffisamment les branches, lorsqu'ii s'apercut, aussitötapr^s l'opi-ralion, qu'elles s'etaient un peu ecartöes.
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Le 18 au matin, rengorgement a fait des progres effrayants. 11 occupe toute la region inguinale gauche, au point de forcer l'ecartement du membre correspondant pendant !a station : il s'elend en avant du meine cote jusqu'a Vombilic. La plaie cst mouillee par un liquide sanguinolent de tres mauvaise odeur. La tumefaction est nulle dans I'aine droile; mais la suppuration, louable la veille, cst plus claire dans la plaie de ce cole. L'animal est triste et abattu; II ne se remne que lorsqu'on le pousse ou le fruppe. Le pouls, qui avait peu varie apres I'operation, est petit et accelere. La conjonctive est tres rouge et injectee. On com­mence a sentir distinctement les battements du coeur. Les crins sont dejä tres faciles a arracher.
II faut noter ici, pour constater la rapiditc avec laquelle la ma-: , ladie a marche, que la veiile, ä dix heures du soir, Ve\e\eIJar/e, charge de la surveillance de ce cheval, avait tronve le pouls dans son etat ä peu pies normal, n'avait pas senti de liquide particu-lierement odorant dans la plaie du cöte gauche, et avait du. faire d'assez grands efforts pour arracher une meche des crins de I'en-colure.
Charge de la visitc ce jour- lä, SI. Maillet se borne ä debrider largement les cnveloppes du co.ci gauche. en. prolongcant en avanl et en arriere l'inclsion falte lors de la castration. Tout aussitöt im caillot de tang asstz consislant, noir,felide, at dans un iiat tres avarice de putrefacUon, s'echappe de la plaie. Sans s'assurer s'il en existe d'autres , M. Maillet scarifle profondement Vcedeme inguinal et celui du fourreau, lotionne avec du chlo-rure de chaux liquide, en fait faije des injections dans la plaie droite, entbnee des cautereÄoug;is au feu dans les points sca­rifies, et recouvre les eschares d'onguent vesicatoire pour fixer l'engorgement et y provoquer une suppuration franche. (L'animal sera promene plusieurs fois dan s la jourr.ee, huit ou dix minutes cliaque fois; on le couvrira bif in et bouchonnera souvent. Pour ration, un quart d'avoine cui te legerement salee, donnee en quätre ou cinq fois, un peu de.paille. On adminislrera de temps
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ä autre quelques palettes d'un ellaquo;ctuaire compost demiel, eitrait de gcntiane, poudre de quinquina et chlorure de chaux.)
A onze heures du matin, il y a ua mieux apparent; le cheval a mange un peu d'avoine; il est moins affaisse, moius faible; il s'est cooche deux fois et s'est releve assez facilement. Le pouls a pris un peu del argeur; mais les battements du cceur sont devenus plus forts, et les crins ne sont pas plus resistants. II y a eu une legere moiteur generate de la peau a dix heures et demie ; eile a dure environ un quart d'heure.
A quatre heures, Tamelloration qui s'etait soutenuejusque-lä, s'arrete. A dater de ce moment, des symptomes alarmants se de-clarent et se succedent dans Fordre suivant : Le malade, a peu pres tranqullle aupara-vant, commence ä s'agiter avec inquietude; il pietine , frappe le sol avec ses pieds anterieurs, saislt corrvul-sivcment la litiere avec ses dents, la mäche quelques secondes avec fureur et la laisse retoinber; il a l'oeil fixe, hagard; I'ex-pression de sa physionomie est celle d'une douleur vive et pro-fond e; une sueur gencrale et abondante se declare et cesse au bout de quelques minutes; la respiration est courte, saccadee et laborieuse; le pouls est filiforme, presque imperceptible; les battements du coeur ont encore augmcnte de violence. L'animal a peine ä se soutenir debout, il chancelle a chaque instant comma s'il allait tomber. Insensibilite generate; froid des extremites laquo;t des parties genitaleSj dont I'engorgement a diminue de nioltie; secheresse et fetidite des plaies; päleur des muqueuses appa-rentes. Get etat de choses va en s'aggravant jusqu'ä onze heures du solr. Mors, la faiblesse parait augmenter, l'animal chancelle et trebuche comme un homme ivre; il cherche ä se retenir en prenant un point d'appui sur laraquo; mangcoire avec sa tete, regarde souvent son flanc gauche. Au bout de quelques minutes, il tombe comme une masse sur le cote gauche, se debat un peu comme s'il avait des coliques, et essaie plusieurs fois de se relever sans pouvoir y parvenir. Mort a onze beures et demie.
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Autopsie le 19 a Luit heurcs du matin ( ncuf heures apres la mort).
Region inguinale, L'engorgement des parties gönitales qui exiitc principalement du cole gauche est produit par uue infil­tration sereuse jaune, marbree de gris pale, sanguinolente par places. La plaie de ce cote, incisee en long jusqu'ä ranneau inguinal, met ä decouvert le cordon dans toule sa longueur, et laisse voir entre la face interne du bout inferieur de ce cordou et le raphe, sous les enveloppes, uue poche de forme irrcgu-liere, de trois ou quatre polices de profondeur, communiquant largement avec la plaie, et contenant une masse de sangpu-trefie, de consislance de gelte ctaire, ?ioire avec un reflet bleudlre, d'uneodeur insupportable.
Les tissus qui entourent cette poche sont grisätres, ramollis , ecchymoscs et sc dechircnt avec facilite. Le muscle creinastcre est • comme cuit. Le cordon est sphacele jusqu'au delä de la region inguinale : le tissu cellulaire qui l'entoure dans l'abdomen est le siege d'une infiltration considerable jusque dans la region sous-lombaire. Les muscles de la face interne de la cuisse sont llasques et decolorcs, surtout dans leur partie voisine de l'aine.
Abdomen. Toute la face interne de la cavitö abdominale a une teinle generale rouge llvide d'antant plus prononcee qu'on I'examine plus prelaquo; de la region inguinale. Des ecchymoses nom-breuses, variant ä Tinfinl de forme el de largeur, des vei-getures, des piquetures se remarquent dans tons les points de son eteudue; on en voit beaucoup a la surface de 1'intestin.
Les veines mesenteriques sont gorgces de sang qui a transsudd a travers leurs membranes, et leur forme une aureole rouge livide jusqu'ä deux ou trois lignes da leurs parois.
La rate est volumineuse, molle , rouge bleuatre, marbree ä sa surface; la matiere qu'elle contient dans ses mailles est noire et diffuiente comme du raisine.
Le foie dccolore sedechire faciletnent.
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Rien do notable qu'un pen de rougeur dans tonte l'etendue de la muquensc gaslro-intcstinale.
Thorax. Le poumon , tres sain d'ailleurs, est parseme ä la surface de ses deux lobes dune multitude d'eccliyraoses sous pleurales tres rapprocliees les unes dts autres. Une aureole de sang accompagne dans presque toute leur etendue les vaisseaux qnl penetrent cet organe.
La substance du cceur est pale et sans elasticite. Les vaisseaux des scissurcs cardiaqucs et coronaires sont accompagnes d'une aureole rouge IWide, tachetec de nombreuses piquetures comme les vaisseaux rnesenteriques.
Le ventricule gauche renferme un pen de sang noir et peu consistant. De larges ecchymoses existent en grand nombresous sa membrane interne. Le sang qui distend le ventricule droit est noir fonce , mi-liquide, mi-caille en masses presque diffluentes. Les parois de cette cavite sont uniformement leintes en rouge brun. Cette coloration s'ötend jusque dans toute la portion tho-raciquc de la veine-caveposlerieure. Elle existe aussi,niais beau-coup moins sensible, dans la veine-cave anterioure. La meme teinte se retrouve moins uniforme dans la portion abdominale de la veine cave posterieure ; eile manque completement dans la veine porte. Une circonstance digne de remarque et que j'indi-quai aux eleves , e'est que dans tout I'arbre veineux posferieur le sang est reste liquide, tandis qu'il est pris en caillots plus ou moins consistants dans les brandies affluentes de la veine cave anterieure. De meme que dans les sujets de plusieurs observa­tions ci-jointes, on peut facilement distinguer une ties legere odeur de gangrene dans le sang de la veine cave posterieure, tandis que le sang puise dans la veine cave anterieure a Todeur du sang dans I'etat normal.
(Ce cheval etait surveill6 par I'eleve Barle.)
MMMMMHMflfln^
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SIXIKME OBSERVATION (l).
Ganckeme des enveloppes testiculaires et du cordon. —Mart de Vanimal. Caillots putrefies trouves, a. I'0'ivei lure, if ant L'epaisseur des enveloppes.
Cheval en tier, propre au service de la poste , ä{;o de neuf ans, alteint depuis quatre mois dela morve chronique, en etat moyen
(i) Ayantentrcpris des l'annee i83i de rt'unir tous les maWriaux d'un traite de Chirurgie vclcrinaire, m'etaut convaincu dans mes reclierches bibliograpliiques de la diversity des opinions cmises par les auteurs sur la v'aleur des ditlerentes operations mises en usage ou conseiilöcs sur les animaux domcstiques , et ne voulant rien ecrire qui ne reposät sur des faits cerlains et que j'aiepu juger par moi-mcme,je commen^ai une jerie d'cxp''riences clururgicaies que je continue encore aujourd'lmi, et qui ont eu pour temoins tons les professeurs et eleves de l'^cole d'Altort. Ces experiences consistent ä pratiquer un plus ou moins grand nombre de lois, suivant son im­portance , chaeune des operations en usage dans notre Chirurgie ordinaire ou couseillccs sans avoir recu le contröie de ['experience ; ä en Tarier les methodos el les procedes pour reconnaitrelcs plus la-ciles et les plus sius; ä constatei les accidents dont ellus peuvent etre auivies, et ä chercher lesmoyens de leseviter ou d'y porter remede. La castration, operation si fre(|uemment pratiqude sur le cheval, est une de celles qui a 1c plus fixe men attention. J'ai Studie cora-paralivernent, en les pratiquant, les diverses raethodlaquo;s et procedes d'aprcs lesquels on l'exdcute , et, enlre autres , la methode par excision timple du cordon que j'ai expiSrimentiSe sur trente-six chevaux presque lous morveux. De ces trente-six, virig!-cinq ont parfaitement gucri apres un temps qui a variii de douze a trente jours; six ont suc-combe au farcin aigu auquel a donnd lieu la suppuration ; cinq sont laquo;norts de la gangrene locale resultant de la putrefaction de caillots de sang dans l'epaisseur des enveloppes testiculaires. C'est parmi ceraquo; cinq observations que j'ai clioisi, pour les rapporter, celle-ci et la suivante. J'ai cru superflu de faire l'histoire deraquo; trois autres qui raquo;ont en tout seniblables a la premiere que Je vailaquo; consigner.
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d'embonpoint, mais mou et sans vigueur; abandonne aux hopi-taux de l'^cole par M, Labbe son proprietaire.
Experience. Le la octobre i836, le cbeval est abattu et en-travß corame pour la castration par les casseaux. D'un seul coup de bistouri j'incise dans toute la longueur du testlcule , le scro­tum, le daitos ct la tunique fibro-sereuse, de njaniere a jienetrer largement dans !a gaine vaginale. Le testlcule sort aussilot; je le saisis de la main gauche , je remonte les enveloppes de l'autre main et je coupe le cordon en travers au-dessns de l'epididyme. J'opere de la meme maniere sur chaque testlcule. Cinq minutes aprcs I'animal est relevej on le promene quelques instans et on le rentre a I'ccurie.
Le sang, qui d'abord ne tombe que goutte a goutte, s'ecoule bientöt par un filet continu, et s'arrete une heure et demie apres Toporation. J'evalue a huit a dix livres au plus la quantite que I'animal en a perdue. 11 n'en parait aucunement affecte et mange avec appetit la ration entiere qui lui est continuee. Les enve­loppes qui entourcnt le cordon dans sa pailie conservee, sont tumefiees ou plulot distendues par les caillots qui se sont formes et ancient rhemorrliagie. On ne fait rien; on se bornera ä noter ce qui pourra survenir.
Le i3, I'animal continue a bien boire et bien manger. II ne s'ecoule pas de sang par les plaies. On remarque que I'engorge-nient, qui du reste n'a pas augment^, existe principalement du cote gauche et est jjresque nul du cöte droit.
Le i5, le fourreau est oedematic, 1'engorgement un peu aug-mente, les parties operees un peu douloureuses. Aucun ecoule-ment par les piaies-, continuation de l'appetit.
Le i6, I'engorgement est considerable aux enveloppes et au fourreau. II s'ecoule un peu de pus clair par I'incision droite, I'incision gauche ne donne issue qu'ä un liquide f'ortement san-gulnolent et de mauvaise odeur. Le membre poslericur gauche est gene pendant la marche qui parait penible. Les reins sont
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raides, le pouls petit et accelere. II y a des moments de tristesse; l'appetit est molndrc. (Soins de proprete.)
Le 17 , l'engorgement est enorme; l'cedeme s'etend en avant sous le ventre, et en arriere jusqu'en has du perine. Les plaies sentent tres mairvais; la droite a cesse de snppurer, Anxiete con-finiicllc; anorexie; affaiblissement dn pouls. On commmce ä sentir lesbatteinents ducoeur; les crins tiennent encore assezbien.
Le 18, la tumefaction a fait de teis progres que ranimai pent a peine porter en avant les membres posterieiirs qu'il tient tres ecartes. L'oed^nie a gagne le dessous de la poitrine. L'odeur exhalee par les plaies est infecte, surtout par la plaie gauche d'oii s'echappe une sanie sangulnolente quand I'animal fait quel-ques pas. La faiblesse est extreme,le pouls insensible, les extre-mitös presque froides, les muqueuses päles, les battements da coeur tumultueux. Les crins, la veille encore resistants, tombent par meches a la moindre traction. Mort a huit heures du soir.
Autopsie le ig a midi (seize heures apres la mort).
Le venire est ballonlaquo;. L'engorgement sous-abdominal ne ren-ferme que de la serosite claire; quelques vergetures se remarquent dans le tissu ceilulaire en avant du foarreau.
Region ingninale. Entrele bout inferieur du cordon gauche laquo;t lapartie inferieure des enveloppes, un peu en avant, une poche s'est formee dans le tissu ceilulaire tres lache de ces regions, et renferme un caillot noir presque diffluent, d'une odeurputride pinitrante et dans un etat tres avance de decomposition. Un peu de serosite roussätre ou plutöt de sang tres liquide infiltre les tissus environnants. Le bout inferieur du cordon se termine pa un caillot de pres de deux pouces de long qui lui est adherent et semble le continuer. Ce caillot, ferme a sa base, est trhs mou et ülamenteux a son extremite litre qui a subi un comnunee-ment de decomposition putride, moins avancee pourtant que celle du caillot des enveloppes. Le muscle crcmastere est mollasse, d6-colore et macule de rouge terne dans sa partie sous inguinale. Abdomen. Beaucoup de liquide sanguinolcnt est epanche dans
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cette caTito. Un grand nombre d'ecchymoses se remarque sous le peritoine et entre les lames du mesentere dont la plupart des vaisscaux sont aureoles.
La rate est peu alteree.
Cavite ihoracique. Kombreuses ecchymoses dans les deux pou-inons, moins sensibles cepemlant dans le poumon drolt ä cause de l'hyperemie cadaverique dont il est le siöge, l'animal etant inort et le cadavre etant reste seize heures couclie sur ce cote.
Le sang que renferment les cavites du occur est ties noir et siru-peux ainsi que dans toute la veine cave posterieure; il est demi-coagule dans les jugulaires et le tronc de la veine caveanterleure. Cependant l'odeur de la gangrene ne s'y fait pas sentir. L'inti:-rieur des ventricules, du droit surtout, aussi bien que celui des veines est rouge cramoisi.
(Le sujet de cette observation etait surveille par Vamp;.kMGBerthe.)
SEPTIEME OBSERVATIOK.
Gangräne des enveloppes testiculaires a la suite de la castra­tion par excision simple. Pneumonic gangre'neuse conse­cutive, Mort de I'anitnal.Caiixots PuTnEriis extraits des enveloppes peu de temps avant la mort,
Cheval ent'er, propre au trait, äge de 4 ans, faiblement con-stitue, abandonnä aux hopitaux de l'Ecole pour cause de morve. II tousse depuis deur mois.
Experience. Le i5 octobre 1837, je pratique la castration par excision simple, de la mcme maniere que sur le sujet de la pramp;-dd 3nte observation. L'operation est promptement faite et ne presente rien de particulier. L'hömorrliagie, nulle d'abord, ne se declare que cinq heures apres, et dure 10 heures. Le sang ton .be tantot goutte a goutte, tantot par un filet tres fin; il n'y a que de coirtes interruptions. J'cvaluai ä 20 livres la quantite de sang qui fut perdue. Pendant cette jouinee, fanimal mangea la ration entiere avec assez d'appetit.
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Le i9, il parait faible; il y a une legere päleur des muqueu-raquo;es, de la lenteur et de la mollesse dans le pouls. Les enveloppes sont un peu tumöfiees au dessus et en a-vant des incisions (admi­nistration d'une bouteille de vin de quinquina. Ration entiere).
Le 17,1'animal estgai, il a mango sa ration avec appetit. Les muqueuses sont rosees, le pouls plus fort. On supprime le vm de quinquina (soins de proprete). Dans la nuit, une lagere he-morrliagie a lieu, et s'arrete spontanement. II n'y a perte que de tres peu de sang.
Le 18, l'engorgement des enveloppes a augmente. Un liquide s6ro-sanguinoIent s'ecoule goutte k goutte par les plaies : il sent un peu mauvais. (On detache avec precaution la partie la plus exterieure des caillots qui se sont formes dans la plaie, sans oser enlever le tout, dans la crainte de renouveler I'liemorrhagie. In­jection de clilorure de chaux liquide; scarifications dans l'en­gorgement; ration entiere.) L'animal mange tres bien.
Le 19, les scarifications ont produit un peu dc degorgement. Je reconnais, en explorant l'int^rieur de la plaie avec le doigt qu'il existe en avant de Tangle antcrieur de I'incision droite, une poche sous-cutanee dans laquelle s'amasse et s'altere le li­quide exprime des caillots qui entourent le cordon. Je debride en avant jusqu'au dela de cette poche , et j'enleve encore un peu des caillots qui cominencent ä se decomposer. Une legere trans-sudation sanguine qui s'opfere au travers de ce qui en reste et mouille la plaie, me faisant craindre une hemorrhagie, m'emp^-che d'en enlever une plus grande quantite (Injections chlorurees; ration entiere).
Le 30, des symptomes de pneumonic se declarent. Fonde par de precedentes observations ä craindre la funeste influence sur cette maladie du sejour de caillots älteres dans une plaie, je prolonge en arriere et en avant les incisions du scrotum, et j'ex-trais tout ce qu'il m'est possible de saisir des caillots sanguins qui les rempllssent presque entierement, au risque de determiner une nouyeUe hemovihagie. Mais il ne s'ecoule que tres peu do
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sang veineux qni s'arrete quelqnes instants apres. Les caillots
extraits sont beaucoup plus älteres que ne me portait ä le penser
le peu d'engorgement des parties et l'etat general de Tanimal
jusqua ce moment. Ils sont tout ä fait decomposes et d'une
odeur tres forte de putrefaction. II n'existe aucune trace de sup-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; //
purition aux plaies qui ont toutes deux un niaiivais aspect. (On
repetera souvent les injections chlorurees, — Saignee de 4 livres.
— Electuaire avec le quinquina.)
Le ai, les symptomes sont argraves : c'est le poumon droit qui cat malade. Le coeur bat fortement; le pouls est a peine sen­sible; les crins ne tiennent presque pas. II y a anorexic complete, faiblesse tres grandc; Fair expire a une odeur fade bien sensible. II continue de s'ecouler par les plaies un liquide rougeatre, sa-nieux, infect.
Lecheval etant consacre aux experiences, et ne comproraet-tant les interets de personne par cette temerite, je fais abattre le clieval malgre I'existence d'une pneumenie aussi grave et la difficulte de respiration dent eile s'accorapagne. Je vcux recher-cher en examlnant les plaies plus complelement que je ne peux le faire quand I'anlmal est debout, s'il ne reslerait rien dans leur fond qui entretint les phenomenes gaugräneux dont I'enleve-ment des cnillols aurait du arreter les progres. A cet effet j'agrandis les incisions avec l'instrument tranchant, et je recon-nais que les parois des deux plaies sont laplssees par une couche de fibrine gris-sale, legerement adliercnte, sans aucune trace d'organisalion, et que j'a\ais prise, quand j'explorais avec le dolgt Tinterieur des plaies, pour des bourgeons charnus pro-duits a leur face interne. Ce que j'avais cm amp;re le bout du cor­don lui-m^me, est aussi un caillot fibrcneiix altere conlinu forme ä son extremite dont il a la forme, ayant une ccrtaine consislance et long d'environ deux pouces. Bien que je re-garde le clieval comme perdu, je detache avec asscz de faci-lite la couche de fibrine qui revet la face in!erne des plaies, et j'excise au raz du bout du cordon le caillot infect qui pend a son
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exlremite. On fait relever I'ammal ä grande peine. II est en nage; sa respiration est dans un etat d'agitation inexprimable: chaque baltement dn coeur imprime une secoussea tout le corps. II peut a peine se tenir sur ses jambes et on est oblige de le soutenir pour le conduire a recurie. La surface du corps et las cxtremiles sont froides. On le bouchonne et le couvre bien; et apres qu'il est un peu calme, on lui administre avec precaution un litre de Tin de quinquina, addltlonne de six gros de camphre. (Les plaies sont deltfrgees a-vec du chlorure de chaux liquide, et pansees avec la meme substance pulverisee; quelques pointes de feu sont disseminees dans l'engorgement deraquo; envelbppes. Je fais appli-quer un large -v^sicatoire sous la poitriue.) La journee et la nuit sont tres agitees.
Le 11 au matin, faiblesse extreme; I'animal ne peut se relever seal. L'odeur de l'air expire est cadavereuse. II y a jetage par les deux naseaux d'une matiere epaisse et brunalre ayant la meme odeur. Baltement de flancs. Pouls inexplorable; muqueuses pales; extremites glacces. On entend a plusieurs pas de distance les percussions du coeur centre les parois de la poitrine. Les crins ne tiennent plus. Le rale cayerneux avec gargouillement a rem-place au centre du poumon droit le bruit de frottement de la veille. Le räle crepitant humide existe dans presque toules les parties de ce poumon restdes saines jusque-lä. II n'y a pas d'icoulement par les plaies du scrotum qni sont seches et livides. L'engorgement environnant a presque entierement dis-paru pendant la uuit : le vesicatoire n'a produit aucun effet. A io heures I'animal se coucbe, ou plutot se laisse tomber sur le cote droitj essaie inutilement de se relever et meurt presque aussitot.
Autopsie an heures (i heure aprcs la mort).
Cavite abdominale. La rate est epaissie, molle, contenant une maliere analogue a duraisineun peu liquide. —Le foie est volumineux et laisse ecouler des incisions qui le penetrent da sang noir et comme poisseux. Tels sont aussi les caracteres du
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sang contenu en grande quantity dans la veine cave posrtrieure; tandis que dans les veineraquo; mesenteriques il y a ca et lä quelques caillots bien formes. Plusieurs des ganglions sous-lombaires sont engorges et ressemblent par leur couleur et leur eonsistance ä des caillots sanguins.
Cadte thomcique. Les poumons ne s'affaissent pas ä I'ouver-ture de la poitrine. La surface du lobe droit est dura , inegale, bosselee par places, marquee de teintes grises aux endroits des bosselures, et rouge, violacee ou bleuätre dans les points de-primes. Une coupe transversale a Taxe de ce lobe, pratiquce de haut en bas dans son milieu et interessant toute son epaisseur, donne ecoulement ä un liquide brunatre, trouble et d'une odeur infecte. On distingue sur les deux plans de eette coupe, dont I'aspect est celui d'une tranche de fromage de cochon, les diffe-rents degres d'alteration dont la surface pulmonaire est le siege. En haut et pres de la supeficie on voit quelques portions de tissu sain eccfaymose cä et la. En se rapprochaut du centre, on trouve de rengouement inflammatoire; puis des points hepatisös avec des noyaux albumino-fibrineux a leur centre, encadres dans des bandes Unfaires de tissu cellulaire infiltre; plus profondcment encore, un commencement de ramollissement des noyaux albu­mino-fibrineux, avec une teinte rouge plus foneee des tissus äl­teres qui les en teuren! j enfin des cavites creusees dans la sub­stance pulmonaire, veritables cavernes traversees par des de­bris de vaisseaax et de bronches et contenant un detritus gangre-neux d'une odeur repoussante. La principale de ces cavernes a pres de 2 pouces de diaraetre et se trouve dans le milieu meme du poumon tres pres de sa surface; ce qui a permis de la recon-naitre du vivant de l'animal.
Le poumon gauche a son bord inferieur a I'ctat d'hepatisation rouge; dans les autres points, il contient disseminees dans sa sub­stance de nombreuses ecchymoses ayant chacune pour centre un noyau blanchätre; plusieurs de ces noyaux ont une eonsistance qui doit faire admettre leur anciennete.
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Rigion inguinale. ^Jes plaies des envoloppes testiculaires ne renferment plus que quelques debris de caillots putrefies • elles ont ainsi que la partie sous-abdominale du cordon, tous les caracteres do la gangrene.
(Le sujet de cette observation amp;ait surveille par I'eleve Mor-let.)
HU1T1EME OBSERrATION.
Gakgränb suite d'un trombus a. la jugulaire. Pneumonle gangreneuse consecutive. Mart de ?animal. Caillots putrefies trouves autour de la jugulaire.
Cheyal hongre, propre au service de cabriolef, age de 9 ans, de constitution molle; appartenant a M. Rousseau, negociant ä Paris.
Renseignements, Le 1a Janvier 1837, ce cheval tomba dans les brancards en fuisant une course dans Paris. II n'en parut pas immddiatement affectc; mais le 17 il devint triste et refusa de manger. Le proprietaire I'enYoya aussitot chcz M. Collas, vete-rinaire a Paris, qui jugea a propos de lui tirer du sang et ouvrit a cet effet la jugulaire gauche. Dix minutes apres sa rentree a 1'dcurie, ranimal se frotta la saignee centre la mangcoire, ce qui donna lieu a un epanchemeat da sang dans le tissu cellu-laire qui separe la peau de la -veine : I'epanchement s'arrefa lorsque le trombus eut le volume du poing. Pour ce fait, le che­val fut reconduit, le lendcmaio 18, chez M. Collas qui pra-tiqua une incision de haut en has dans toute l'^tcndue de la tu-meur, en retira les caillots sanguins , puis remplit d'etoupes la plaie qui saignait beaucoup apres cette extraction, placa de la paille en dehors des etoupes, ramena la peau par dessus cet ap-pjreil, et en maintint les bords le plus rapproches possible par une suture des pelletiers. Le tout fat rccouvert par une couche de plätre däaye dans l'eau. Ce pansesnent resta jusqu'au a5, jour
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ou le proprietalre retira son cheval de champ; M. Collas pour I'en-voyer aux hopitaux de TEcole d'Alfort.
Etat de tanimal ä son entree aux hopitaux :
Je remarque d'abord que les poils de la portion de peau qui est situee au dessous de l'appareil de pansement, sont salts par une matiere sanieuse, rouge, grumeleuse et de tres mauvaise odeur. Le proprietalre me declare qu'il a deja remarque lui-meme cet ^coulement il y a trois jours, en allant voir son cheval chez M. Collas; mais qu'alors il ne s'en est pas inquiete parce qu'il ne sentait presque rien : que ce n'est qu'hier qu'il a reconnu la mauvaise odtur. Je fais ensuite enlever tout l'appareil qui eouvre la partie malade. La plaie resultant de I'mcision faite par M. Col­las a environ quatre ponces de longueur sur deux de large. Elle a un mauvais aspect. Sa teinte est rouge brnn tachete de blanc grisätre. Son odeur est tres fetide. Le sang qui la recouvre est en caillots rouges et blnncs. Ces derniers sont esscnticllement fibrineax, de consistance de fromage , et dans un eiat avancd de putrefaction. Sous un decollement de la peau formant poche a Tangle inferieur de l'incision se trouve un melange de sanie purulo-sanguinolente, a odeur putride , tenant en suspension des parcelles fibrineuses grisdlres, et pouvant s'echapper au dehors par le fond de la poche oü existe une petite ouverture qui parait resulter d'une ulceration gangreneuse de la peau : en elfet, les bords de cette ouverture que cachait la partie infe-rieure de l'appareil, sont bleuätres et denudes de poils. Les levres de la grande incision sont renversees, tumefiees, violacees par places, et gangrenees dans presque tous les points oü etaient passes les ills de la suture,
Le cheval est triste et abattu, tient la t^te bassequot; a la marche molle et nonchalante. L'air expire est chaud, la respiration tres acceleree et plaintive, les muqueuses apparentes rouges, le pouls plein, viteet fort, I'artcre tendue. L'auscultation fait reconnailre du rale crepitant humide dans une grande partie du poumon gauche, et dans quelques parties du poumon droit. II y a ab-
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sence du murmure respiratoire en arriere de l'üpaule gauche. Toux grasse et forte.
Diagnostic. Fneumonie double.
Pronostic grave. Ce pronostic est fonde sur l'etat actuel de ranimal, d'abord; et sur la declaration du proprietaire qui, ä la question de savoir si son cheval avail dej4 ete malade antörieu-reraent, repondit qu'ä deusepoqiies differentes il avait et^ traite pour des malades depoltrine. — (Saignee de 6 Hvres; electuaire adoucissant, fumigations legeres de vapeur d'eau; couverlures; diete. Pour la plaie, on la neltoie des caillots älteres qui la re-couvrent, et on panse avec des plumasseaux impregnes de chlo-rure de chaux liquide, qu'on maintient avec une suture ä bour-donnets.)
Le 26, la toux est plus frequente, mais eile est moins forte. 11 y a une teinte safranee dans la rougeur des muqueuses appa-rcntcs. Jetage par les naseaux d'un mucus jaunätre sale. La plaie du trombus a le müme aspect. (Meme traitement; nouvelle sai­gnee de 6 livres.)
Le 27, ä la visite, il n'y a pas de changement. Le soir 11 y a exacerbation. Le pouls devient petit, trcs accelere, I'air expire beaucoup plus chaud, la toux frequente et quinteuse. L'animal pietine des membres posterieurs. Get etat dure toute la nuit.
Visite du 28. A'ix symptömes de la veille s'ajoutent Igs sui-vants : la face est grippee, les naseaux sont tres ouverts et re-tractes en bant. Dilatation do la pupille; couleur jauneet infil­tration des muqueuses plus prononcees; pouls petit et raou; sueurs aux flaues, en arriere des laquo;Spaules et ä la base des oreilles; tremblementsfrequents dans la station; marche cbancelante. On a observe que l'animal eit reste long temps couche, se tenant indifferemmem sur Tun ou l'aulre cöte de la poitrine. L'auscul-tation accuse l'absence du bruit respiratoire dans la moitie de la portion auscullahle du poumon gaucbe; la percussion indique une matite complete dans les points correspondants. On entend du r41e muqueux dans les parties du poumon qui respirent. Les
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(46) mamp;nes phamp;iomamp;nes s'observent daus le poumon droit, mais la matite n'existe pas dans une aussi grande etendue que du cote gauche. ( Comiuuation de Telectuaire adoucissant et des fumi­gations. De plus, on place deux setons sous la poitrine. Saignee de 6 livres : le sang tire de la veine et recueilli dans une eprou-vette , se coagule en I o minutes. Six hcures apres il y a deux tiers de caillot noir.) A 5 heuies du soir, la respiration est extreme-ment accöleree. Las battements du cceur sont tres forts; les mu-queuses apparentes jaune roiigeütre; la pupille dilatee, l'ceil bril­lant, le regard fixe, le front chaud. Le pouls est scrre. (Sina-pistnes aux fesses. Une eponge mouillee d'eau froide sera plac^e et maintenue sur le sommet de la tete. On donnera d'heure en lieure une once de creme de tarlre dans dn raiel.)
Le 29 mem-: ctat De plus, envies de mordrc, refus absolu d'aliments solides, soif aid-nte. Rien de nonveau ä Texploration de la poitrine. Defecations molles. (Friclioiis irritantcs sur les membres. On aninie les setons qui n'ont encore produit aucun effet. Memes prescriptions medicaraenteuses. On bouchonnera souvent et on enveloppera tout le corps de couvertures. Saignöe de 3 Irvres, Le sang est completement coagule au bout de la minutes; il y a les trois quarts de caillot noir. ) — La plaie du trombus est hideuse. id teinte est noir livide; toute l'etendue des Lords de l'incisioa tombe succcssivement en gangrene; un li­quide putrilagineux infect mouille les plumasseaux qui ont servi au pansement. La peau se decolle ä son pourtour; un oedeme considerable tumefie les parties environnantes. La veine forme au dessus de la plaie un cordon saillant, dur et tres douloureux qu'on sent dans la brauche faciale jusqu'a la base de roreille. (On deterge avec du cblorure de chaux liquide et on pause avec des plumasseaux imbibes de teinture de quinquina. ) La soiree et la nuit sont tres agitees.
Le 3o, mtme etat a peu pres que la veille : mieux dans la journee; exacerbation le soir. II y eut des sueurs; et, chaque fois, dies furent precedes de tremblement et d'un etat d'agita-
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Üon inquiete, pendant lequel r.mimal graltait alternatiTement le sol avec l'nn et l'autre racmbre anterieur, ou pietinait des membres posterieurs. (Suppression de la creme de tartre; lave­ments de decoction de tetes de pavot pour arreter la diarrhee qui s'est declaree la nuit precedente. )
Le 3i, l'air expire a une odeur fade tres sensible. L'odeur est la meme dans la matiere roussälre qui s'ecoule par le nez. Le pouls est faible; ,il est toujours accelere et petit. Les battements du coeur ont une energie remarquable; les crins commencent ä s'arracher facllement; les naseaux sont tres dilates; l'inspiration est grande; il y a battement de flancs; sueurs frequentes. La tete est basse quand FanLuial est debout; mais il est presque toujours coucbe. Dans les deux poumons l'auscultatlon et la percussion donnent tous les caracteres d'une hepatisation de la partie moyenne des deux lobes avec inflammation au dcbut ä la pcri-pliorie des points Ltpati.ses. On entend de plus un räle muqueux ä grosses bulks. La respiration est grave dans les auires points du poumon. La diarrhee a cesse. La gangrene fait toujours des progres ä la plaie du trombus. La tumefaction s'etend jusqu'a la joue gauche.
La matiere qui s'ecoule des setons ressemble ä de la lie de vin claire.
Diagnostic. Gangrene comm^'ncante du poumon.
Pronostic fücheux.
( Ou ajoute du camphre et du c Morure de chaux ä Telectuairlaquo;. On supprime les setons et les familgatioos de vapeur d'eau.)
Le ier fevrier, les syraptomes s'aggravent. Le battement de flancs est augmente. L'inspiration de plus en plus difficile. Le jelage est rougeätre, grumeleux, et infect- L'air expire a l'odeur bien caracterisee de la gangrene. iVauscultation indique une ca-verne dans le poumon gauche en arriere de l'epaule, ä la hau­teur ä peu ptes de la moitie de la p oitrine. Of tire du sang de la jugulaire pour l'exapiiner: II est raquo;alt; jminutes ä se coaguler; il n'y
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a plus qu'un tiers de caillot noir. Le pouls s'effaee de plus en plus.
Pronostic. Mort prochaine.
Le a, Tanimal est reste constamment couche la nuit prece-dente, appuye sur le sternum, les membres ant^rieurs portes en avant, la tete etendue sur l'encoliire, le nienton posant sur lau­tiere. II n'y a plus de pouls. L'air expire est froid et d'une feti-dite insupportable. L'ecoulement du liquide sanguinolent par le nez est contlnuel. Toux tres faible, quinteuse et suffocante. Bat-tements du cceur considerables. Mort sur le cole droit dans la nuit du 2 au 3, a deux heures du matin.
Autopsie ä trois heures de l'apres midi (treize heures apres la mort).
La caviti abdominale ne presente rien de particulier.
Cavite ihoracique. Un peu de liquide sero-sangidnolent est epanche dans les deux sacs pieuraux. Les deux poumons pre-sentent dans plusieurs points de leur surface une teinte -vert sombre qui -varie d'intensite. Ils tiennent tons deux ä la face an-terieure du diaphragme par des adherences dont les unes re-centes peuvent ^tre facilement detvuites, les antres anciennes sont tres resistantes. La plus etendue de ces dernieres a lieu vers la partie moyenne du plan posterieur du poumon gauche, et a une etendue de quatre pouces erwiron.
Poumon gauche. Une incisio.n pratiquee sur le milieu de sa surface costale, precisement an point ou avait etc entendu pendant la vie le bruit de frottement avec gargouillement, penetie dans une -vaste caverne ayant prcs de cinq pouces de diametre longi­tudinal, et renfermant un liquide boueux forme d'un melange de matieres noiratres, grises- ct sanguinolentes, exhaiant une odeur repoussante de gangrene. Du cote de la surface coslale, cette caverne est separee du, sac pleural correspondant, i0 par une couche de tissu pulraonaire enflamme ayant a peine quatre lignes dcpaisseur, 2deg; par le, tissu cellulaire sous pleural infillre, 3deg; par la plevre qui n'est pas sensiblement alteree. Elle est douc
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presque superficielle. Sa face interne, rugueuse et mamelonnee, est constituec partie par Je tissu cellulaire interiobulaire infiltre de sang decompose, partie par la substance pulmonaire profonde-ment di'sorganisee. Elle est traversee dans son interieur par des debris de bronches et de vaisseaux. Elle comrnuiiique avec letube respiratoire par une grosse division bronchique qui s'ouvre dans sa cavite vers sa ])artie anterieure. Cette division et laquo;elles voi-sines sont rernplis de la matiere renfermee dans la caverne. Les alterations de la substance pulmonaire ne sont pas anivees au meme degre dans toute l'etendue de la partie malade du poumon. Au -voisinagc de la caverne, cette .substance est completement lu'-patisee; on la trouve corabinee en quclque sorte aTec des calllots rouges et gris, qui lui donr it la consistance de fromage de Ncufchalel, et 1'aspect marbre : au delä de ce degre de lesion le tissu pulmonaire a l'aspect grenu et la consistance demiferme de l'liepatisation nioins avancee : cnfin il est simplement en^oue de sang combine avec son tissu, ou largement ecchymose, dans celles de ses portions qui avoisinent le plus la partie saine.
Dans celle-ci, il y a ca et lä des noyaux plus ou moins consi­derables de tissu pulmonaire malade dans lequel se retrouvent moins en grand,, et au ramollissement gangreneux pres, tous les genres d'alteration que je viens d'indiquer; les plus avancds au centre, les plus riccnts a la circonference. Dans quelques points ou ne voit que de simples ecchymoses sans noyau fibrineux.
Ainsi on pent suivre dans le poumon toutes les phases de la maladie. depuis recchymose qui en marque le debut el qui en est le degre le plus simple, jusqu'au deliqnium gangreneux qui en est le tenne el le degre le plus avance.
Poumon droit. Une caverne en tout semblable a celle que je viens de decrire et dans laquelle on pourrait loger le poing, existo dans tout I'appendlce anterieur. Comme celle-la, eile est de formation evidemment toute recentc el communique avec une grosse division broncliique. Le tissu pulmonaire entourant offre les mcmes alterations que da c6te gauchej seulement elles sont
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moins etendues. Be plus on trouve dans ce lobe pulmonaire deux caverncs a parois fibreuscs, epaisses ct reslstantes, ren-fermant une raatiere blanche, pultacee, sans odeur. L'une de ces cavites pourrait contenlr une grosse noix; eile est situee dans l'cpaisseur du bord dorsal du poumon pres de la surface dia-phragmalique. L'autre un peu plus petite, se trouve an bord inferieur du memc lobe. Aucune des deux ne communique avec les bronches. Huit ou dix concretions blancliätres, i'dsislantes, disseminces dans ce meitie lobe droit, sont entourees de sub­stance hepatisee, ayant cprouve autour de tiois d'enlre elles un commencement de ramoliissement gangreneux. Ces concretions ayant presque la consistance des tubercules cretaces, preexis-taient manifestemcnt ä la maladie actuelle.
Coeur. Un demi-litre environ de serosite sanguinolente est contenu dans le pericavde. La substance du coeur est pale, molle et facile ä dechirer. Un sang ncir pris en un caillot peu consislant est renferme en petite quantite dans le ventricule gauche dont la face interne est maculee de nombreuses eccliymoses. Les ca­vites droites sont uniforraement teiutes en rouge terne et remplies par du sang tres fonce de consistance poisseuse.
Trombus. Jusqu'ä sa division parotidienne, la jugulaire est distendue par un caillot blanc et leime a son sommet, noir a sa partie inferieure et d'autant moins consislant quon s'approche davantage de VendroU de la saignce. La il ressemhlt tout a fait par sa couleur ft sa diffluence (i da raisine. Son odeur est celle qu'exhalait pendant la vie la plaie do/U il baigne encore la surface.
Tous les organes qui entourent celle-ci, presentent I'infiltra-tion sereuse ou sanguinolente, la decoloration ou les ecchymoses qui caracterisent les tissus cellulaire, cutane ou musculaire frap-pes de gangrene humide ou en contact avec des tissus gangrenes. Toute la partie de la jugulaire situee au dessous du trombus, est blanche ä I'interieur, luisante, polie, parfaitement saine.
Crdne. L'animal ayant presente quelques symptomes cere-
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braux, le cräne a ete ouvert. La substance du cerveau et du cer-velet a paru plus pale qua dans I'etat normal. Ce qu'on trouve de plus remarquable, c'est la distension du sinus caverneux sus-phenoidal, par un caillot blanc, tres forme, qui en rempllt exac-tement la cavite. Ce caillot est rcnfle a ses extremites, retreci et deprime au milieu. 11 avait du avoir un volume beaucoup plus considerable au moment de sa formation, alors qu'il contenait encore le serum et la matiere colorante dont il est completement depourvd.
( Le sujet de cette observation etait survelllu parleleve Pigot).
NEUVIEME OBSERVATION.
Gangreke suite d'un trombus a la jugulaire. Mart de l'a-nimal. Caiixots fibrikeux putrefies trouves entre la ju­gulaire et la carotide.
Cheval entier, degros trait, ägc de i/laquo; ans, fortement consti-tu6, appartenant ä M. Allot, rue du Son Pults Saint Victor, a Paiis.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,
Remeignements. Ce cbeval est tombe fourbu le 14 juillet i838. De ce jour au I b du meme raois il a ete saigne plusieurs fois. Le 20, les symplomes dc la fourbure avaient completement disnaru. Le 11, l'animal s'est trotte la jugulaire droite contre la mangeoire au point correspondant ä Tune des saignees; et, irumediatement, uu trombus s'est manifeste. Le 23 au matin le cheval est conduit aux höpitaux de 1'Ecole pour y etre traile.
Etat de I'animalloTS de son entree aux höpitaux. II nereste aueun Symptome de fourbure. La marche est facile et bardie; le poil frais et lustre, l'appctit bon, I'air gai, la respiration libre. II existe du cöle droit, au tiers superieur de la gouttiere trathe-lienne, une tumeur du volume d'un oeuf de pigeon, fluctuante sur tous ses points. Une legere incision presque fermee en marque le centre et indique I'endroit ou a ete faite la saignee. Du sang
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dessechc adherent aux polls qui reconvrent la peau du dessus de la turaeur an nonce qu'une hemorrhagle a eu lieu au moment de la forraatioii du trombus. Pen de chaleur et de douleur.
Traitetntnt. M. Henry Bouley, chef de service, qui visile le cheval, incise I'engorgement dans le sens de la longueur ( de haut en has), extrait les caillots qui soulevent la peau , et fait un pansement compressif avec des plumasseaux qn'il sentient par quatre points de suture a bourdonnets. (Diete blanche j pas d'aliments fibreux; le cheval est mis dans l'impossibilite de se frotter. )
Le a5, nouveau pansement. Rien de notable sur la plaie. Toux, jetage peu abondant par les naseaux. (Fumigations de vapeur d'eau, bouchonnements frequents, couvertures. )
Jusqu'au 27 l'aspect de la plaie s'ameliore : le jetage est de-venu tres abondant, la toux grasse. Diagnostic. Bronchite.
( Continuation de la diete, electuaire et fumigations adoucis-santes.)
Le a8, la plaie est en vole de cicatrisation. Apparition de nou-veaux symptomes As. fourbure.. (Saignöe de six livres a la velne de Tars droit. Cataplasmes astringents sur les sabots , promenade snr un terrain doux. )
Le 29 memes symptomes. (Nouvelle saignee de six livres. Memes prescriptions..)
Le 3o 11 n'y a pas de mieux. Le jetage par les naseaux con­tinue. (Memes soins que les jours precedents, moins la saignee.) Les ier et 1 aout. rien de remarquable.
Le 3 I'anlmal marche mieux, mais la tumefaction da trombus a augmente. Elle avait la veille le volume d'nne petite nolx ä peine ; le sang circulait librement dans la veine; 11 n'y avait plus de fistule apparente. Aujourd'hui la tumeur a la grosseur d'une forte orange, et se prolonge en bas par un oedeme qui s'etend jusqu'au milieu du bord tracheal de 1'encolure. La plaie a une teinte blafarde; les bourgeons qui la recouvrent sont mollasses:
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ä son centre se voit l'orifice d'une ßstule dont la profondeur per-pendiculaire est de deux pouces, et qui remonte ensuite du cote de la tete. La sonde en est retiree couverte de sang; et sa sortie est suivie de Fecoulement de quelques gouttes de ce li­quide. (Application d'onguent fondant de Lebas sur la tumeur. Memes soins pour la fourbure et la bronchife.)
Le 5 on fait faire quelques pas a lanimal pour juger de l'etat de la fourbure. II rnarche assez facilement. Mais a peine est-il remis a sa place qu'au moment ou il eleve brusquement la tile en haut pour chasser les mouches, une colonne de sang de la grosseur du doigt s'echappe par la fistule en jet continu, et vient avertir de la reonverture de l'incision faite a la jugulaire par le phlebotome. Un des eleves de garde arrlte aussitot cette liemor-rhagieen compriraant sur la partie superieure du vaisseau; I'autre va prevenir M. Bouley qui ne voit d'autre parti a prendre que de lier la jugulaire, ce qu'il fait sur le champ. La ligature est soutenue par quelques plumasseaux impregnes d'eau salee et maintenus au moyen de la suture ä bourdonnets. ( Barbottage clair pour tout aliment. On surveille'-a l'animal de tres pres.)
Le 6, il y a infiltration de la gorge et de l'espace inter-maxil-laire. La fourbure a en grande partie disparu.
Le 7 l'engorgement des regions parotidienne et inter-maxil-laire a fait de nouveaux progres. 11 s'etend aussi inferieurement jusque pres du poitrail. La difficulte de )a respiration augmente. L'auimal parait inquiet, a perdu I'appetit. Le jetage a cesse d'elre continu. Le pouls est vite, grand et naou. (On fait quel­ques scarifications dans les parties tumefiees; il s'en ecoule beau-coup de serosite, et il en resulte un degorgement sensible. Une saignee de trois livres est pratiquee a la saphene gauche.)
Le 8 la tumefaction est devenue tellement considerable en dessus du thrombus que toutes les depressions de la goultiere de l'encolure, de la gorge, de Tauge, forment des saillies difformes, du cote droit. La dypsnee est extreme et accompagnee de räle. On enlevc I'etoupade : la vaste plaie qu'elle recouvre a une teinte
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plombee; des couches minces de saug caille et dejä altere la re-vÄtent par place. Un liquide epais, espece de bouillie rougeätre, s'ecoiile par la fistule et exhale une odeur peni-trante de sang putrefie. Les battemenls du coeur, jusque-lä normaux , sont devenus Ires forts. L'infiltration de l'auge rend impossible l'ex-ploration du pouli ä la glosso-faciale : aux autres arteres il est insensible. Lcs crius offrent moins de resistance quand on les arrache; cependant ils tiennent encore bien. (La plaie est sau-poudree de camphre corase, et pansee avec des plumasseaux im­bibes d'un melange a parties egales de teinture de quinquina et d'eau-de-vie camphree. On renouvellera le pansement a quatre heures du soir.) —A sept heures l'asphyxie est tellement inimi-nente qu'il faut pratiquer la tracheotomie. On fait celte, opera­tion a la portion cervicale la plus inferieure de la tracbee, at-tendu rimpossibilite de la faire plus haut ä cause de l'engorge-ment qui reconvre le conduit.
Un mieux momentane a succede a I'operation. Les symptomes les plus alarmants ont diminue d'intensite, mais une heure apres, ils avaient repris leur premiere violence. (Saignee de trois livres, malgre l'imrainence de la perte de l'anlmal. )
Le 9 an matin, le malade existe encore, mais tellement faible et chanceiant, avec une respiration si difficile et si suffocante, qu'il est evident qu'il va toraber et mourir.
La plaie qu'on decouvre, a les meines caracteres que la veille. Dix minutes apres la visile, chute de l'animal surle cöte gauche; violente agitation pendant une derai-heure et mort ä huit heures.
Autopsie a midi (quatre heures apres la mort).
Tumeur. L'engorgement fendu profonderaent sur la jugulaire droite et suivant la direction de ce vaisseau, laisse voir tons les tissus circonvoisins impregnes de serosite citrine dans les parlies les plus eloignees de l'endroit de la saignee, et sanguinolente dans celles qui s'en rapprochent davantage. Un ichor gangreneux baigne le trajet de la fistule qui aboatit dans un foyer de trois pouces au moins de diamelre, silue dans le tissu cellulaire lache
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et abondant qui se trouve entre la jugulaire et la carotlde. Vn deliquium sanguin mi-partie caille , mi-partie liquide, de couleur lie de vin foncee et d'une odeur infecle , rem-plit ee foyer et parait elre le point de depart des accidents. Les nerfs lineumo-gastrique et tracheal recurrent sont entoures par du tissu presqae lardace au dessus de ce foyer; et, a leur passage au uiTeäu de ce centre des alterations, ils baignent, avec Tariere carotide, dans le detritus gangreneux et putride dont je viens de parier. II y avalt injection manifeste du tissu cellulaire qui unit les filets du pneumo-gastrique, dans une etendue de pres de eil q pouces, ä la liauteur des principales alterations. M. Bouley qui m'a transmis les notes de cetle Ouvertüre, a cru reconnaitre dans differents endroits de cette partie du ncrf, des points purnlents.
Thorax. De nombreux tubercules miliaires dejä anclens sont dissemines dans l'epaisseur du poumon droit; et autour de ces granulations, mais seulement autour d'elles, existent des eccby-moses, especes de petites liemorrhagies partielles, cvidenynent recentes, leur formant une aureole rouge d'une ä deux lignes au plus de diametre, qui se fond insensiblement a sa circonference avec la substance pulmonaire environnante. La congestion par Hypostase dontle poumon gauche est le siege, et, en meme temps, celle resultant de l'asphyxie, empechent de voir si les mamp;nes taches ecchymotiques existent autour des tubercules miliaires moins nombreux qu'on sent dans le poumon gauche.
Les cavitcs droites du cosur sont distendues par un volumi-neux caillot noir sans odeur. Quelques petites ecchymoses se remarquent ä la face interne des cavites gauches qui sont pres-que vides,
Abdomen. Les visceres abdomlnaux, la rate elle-meme, ne presentent pas de lesion notable.
(Le sujet de cette observation etait surveille par Televe Dayot).
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MXIEME OBSERVATION.
Gangrene locale suite de thrombus h la jugulaire. Gangrene pulmonaire consecutive. Mort de Vanimal. — Caillots pltrefies trouves dans la jugulaire ouverte.
Cheval de trait de six ans, de forle constitution, appurtenant k M. Maur, marchand tie chevaux a la barriere de Reuilly.
Remeignements. Le i3 juillet 1838, une saignee avail ele fäite a la jugulaire gauche par le proprietaire lui-im'me. Cetle saignee ne s'efait pas fermce; et, depuis qu'elle avait ete pratiquce, deux he.morrhagies s'etaienl; manifestoes qu'on avait eu beaucoup de peine ä arrcter par le tamponnement.
Etat de I'animal lors de son entree aux liopitaux de 1'ecole, le 17 juillet. Le thrombus forme une turaeur de la grosseur d'un ceuf de poule, situee vers le tiers superieur de la jugulaire gau­che. Cette tumeur est a peu pres egalement elastique sur tous les points de son etendue; les polls qui entourent la petitraquo; incision du centre sonl agglutines par du sang dessecbe. Un oedeme peu considerable existe k sa base et se prolonge ä deux ou trois pou-ces du eöte de la poitrine. La sante generalc ne parait pas affectee. (Application vesicante sur la tumeur; diete blanche; Tanimal est retourne dans sa stalle et attache ä deux longes.) — Deux hcures apres les mouveraents que fait Fanimal pour titer et mächer sa paille donnrnt lieu a une hemorrhagie. On öle la holte de paille qu'il a devant lui, et au bout de quelques iuslanls rheinorrhagie s'arrete spontaiiement.
Les 28 et 19 la tumeur augmente peu.
Le 3o eile est un peu affaissee et devenue conique. .Une fluc­tuation obscure a son sommet fait esperer la termlnaison par suppuration.
Le 3i il se detache du centre de la tumeur un lambeau de peau de la largeur d'une piece de vingt sols, qui laisse -voir en dessous un cailiol übrineux blaue roussälre, de la grosseur d'une
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petite noix, sans odeur. (Lotions de chlorure de chaux. Memes situation et regime. )
Le ier aout, M. Bouley, chef de service, remarquant que le caillot est sans adherence, et craignant sa putrefaction, le fait sortir en pressant avec les doigts et appuyant legerement k la base de la tumeur. L'expression ainsi exercce provoque la sortie de quelques caillots de sang et d'un pen de liquide de couleur et de consistance lie de -vin claire, que recouvrait la masse fibri-neuse. Un cautere chauffe a blanc est applique sur le trajet fis-tuleux. ( Memes soins.)
Le 3, une legere hemorrhagie a lieu ä travers l'escarrhe qui est trop mince. Nouyelle cauterisation apres Tintroduction prealable dans la fistule de crin hache qu'on reduit ainsi en une couche de charbon qui s'agglutine ä l'int^rieur de la plaie et augraente la resislancede l'escarrhe. Cependan^le /l,une nouvelle hemorrhagie se declare malgre que l'animal n'ait rien mache et ne se soit pas frolte. Voyant l'insucces de moyens ordinairement efficaces (la cauterisation simple et avec intermede), et redoutant les suites d'une hemorrhagie qui pourralt se renouveler en l'absence des eleves de garde et devenir proraptement mortelle, on se decide ä faire la ligature de la jugulaire et on la pratique ä trois pouces environ au dessus de l'ouverture de la saignee. L'incision faite pour decouvrir le vaisseau, et qui s'etend depuis l'endroit de la ligature jusqu'au dessous de la saignde, permel de s'assurer que ses parois sont saines au point ou le lien est applique. (Panse-ment avec une etoupade impregnee d'une dissolution dfe sei ma­rin et soutenue par des points de suture ä bourdonnets. )
Jusqu'au 9 la plaie est pantee tons les jours et devient de plus en plus belle. Le 11 eile est en pleine voie de cicatrisation.
Le 12, ä la visite du matin, on remarque de l'oedeme et un peu de douleur autour de la plaie qui est devenue luisante et ne suppure plus. L'animal a perdu la gaite qu'il avait reprise; il cst abattu et ne mange plus qu'avec lenteur la demi-ration qui lui
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est donnee depuls le 8. ( On panse la plaie avec le digestif anime. Quart de ration.)
Les 13 et 14,1'engorgement est reste a peu pres stationnaire. La douleur a un peu augmente, la plaie ne suppure pas. L'animal est toujours triste. ( Meme pansement,)
Le i5, I'infiltration qui constitue I'engorgement a gagne les regions parolidienne et intermaxillaire; les environs de la plaie sent tres douloureux; I'abattement est continuel; l'animal prend un point d'nppui avec son menton sur le bord de sa raangeoire, et reste des beures entieres dans cette position , la tele penchee du cole gauche. La plaie commence ä sentir mauvais. Le pouls est vite, large et mou; la respiration laborieuse, les mouvements du flanc acceleres s'executent en deux temps. (Saignee de six Ihres; electuaire adoucissant; onction de pommade de peuplier sur rengorgcraent qui entoure la plaie ; celleci sera saupoudree plusieurs fois de cLlorure de chaux solide dans le cours de la journee et de ia nuit. )
Le 16 il n'y a pas de mieux. I/engorgement est augmente. Quand l'animal n'a pas la tdte appuyee sur la raangeoire, il s'ac-cule au bout de sa longe tenant la tete elevee et l'encolure ten-due. Le pouls qu'on ne sent plus qu'ä travers l'sedematie de Tauge est toujours \ite, plein et mou. Les flaues sont plus agites; I'air expire a I'odeur fade qui precede la manifestation de la gangrene pulmonaire. La plaie d'un rouge lerne marbre de noir a tout a fait I'odeur gangreneuse. (Fumigation de vapeur d'eau legerement chloruree. Electuaire ä base de quinquina. Cauterisation en pointes penetrantes dissemin^es dans tout I'engorgement. Appli­cation de chlorure de chaux en poudre sur la plaie.)
Le 17, I'oedeme a gagn6 le poitrail inferieurement, et s'etend superieurement jusqu'ä la base des oreilles. La station est incer-taine et vacillante. La physionomie morne. II yabattement de flancs; I'odeur de gangrene est bien prononcee dans I'air expire; on sent distinctement les mouvements du coeur; cependant ils nc sont point aussi forts qu'ils le sont la plupart du temps dans
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des cas analogues. L'engorgement de l'auge empöche l'explora-tiou du pouls ä la glosso-faciale. L'aspect de la plaie est des plus mauvais, l'odeur qu'elle exhale est fetide et repoussante; mais ricn ne s'ecoule de la fistule qul est au centre. ( Mamp;me pan-sement local. Administration d'un electuaire tonique avec acetate d'ammoniaque et camphre. )
Le 18, ä la -visite du matin, le clieval est trouvö couehe sur le c6te droit. II est dans cette position depuis la veille ä dix heures du soir. La dypsnee est teile que M. Bouley se häle de pratiquer la tracheolomie qui ne produit ancun soulagement. Les ciins tombent au seul frottement de la litiere sur laquelle l'animal sc debat. Les extremites sent froides; le baltement de flanc considerable. Cet etat de souffrance et d'agitation se pro-longe jusqu'ä six heures du soir, oü la mort vient le terminer.
Autopsie le 19 ä huit heures du matin (quatorze heures apres la mort).
Tumeur. Le tissu cellulaire qui environne la jugulaire dans toute sa moitie superieure est dur, lardace, rougeätre par place, parseme de petits foyers purulo-sanguinolents. Autour du point correspondant ä la saignee, et dans la portion de jugulaire si-tuee au dessous de la ligature, existe un melange putrilagineux de sang altere, de pus el de noyaux fihrineux dune odeur infecte. A cote de la portion de veine situee au dessous de la saignee, au milieu du tissu cellulaire qui separe cette veine de la carotide, se trouve un paquet deßbrine dejorme irrcguliere, de couleur grisätre nieZc'e de rouge ohscur, s'ecrasani facile-ment sous le doigt, d'une odeur putride des plus fortes, et du volume environ d'ungros oeuf depoule. TJnpeu de sang liquide de couleur et de consistance de lie de vin entoure cette masse. Le muscle sous-scapulo-hyoidien dont la face externe touche ä ces matieres est d'une päleur et d'une flaeeidite extremes. Les mamp;nes caracteres, bien que moins prononces, se rencontrent dans les portions musculaires les plus voisines.
Poumons. Des noyaux gangreneux variant de volume depuis
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celui d'un oeuf de dinde, jusqu'a celui d'un oeuf de pigeon se presentent dissemines dans le poumon gauche , et entourent au-tant de points tuberculeux de formation eviderament ancienne. Le poumon droit est plus generalement envahi. La moitie an-tcrieure est dans un etat complet de desorganisation gangre-neuse.
Cceur. On ne nofa rien de remarquable dans le cceur que la leinte noire des cavites droites , due evidemmenl ä rimbibition cadaverique si prompte dans les animaux qui succombent a des affections gangreneuses.
M. Henri Bouley qui m'a remis ces notes d'autopsie, n'a pas recherche si le sang do la veine cave anlerieure avail une odeur differente de celle de la veine cave posterieure.
Abdomen. Risn de remarquable.
( Le sujet de cetle observation etait surveille par 1'eleve Guil-lern art).
OWZIEME OBSEaVATION.
GkVGKivt. du pied apres f operation dufavarl carttlagineux. Mart de I'animaL Cailiots putrefies trouvis sous le bourrelet.
Cheval entler, propre au trait, fortement constitue, d'un tem­perament sanguin, äge de quatorze a quinzeans, appartenant ä M. Bonichon, maitre paveur a Paris.
Renseignemenls. Voici tout ce qu'on peut savoir du rnarechal qui amene ce cheval ä l'ecole : il a boite quelques jours aprcs la ferrure. Une operation legere (il ne dit pas en quoi eile a con­sists ) a die pratiquee, a la suite de laquelle la boiterie a nota-blement diminue : mais sixsemaines apres, le proprietaire ayant fait travailler son cheval avant la guerison complete, (e mal s'est aggrave au point on il est aujourd'hui; ce qui a decide a re-courir aux soins de l'ecole.
Etat du malade ie 20 decembre 1884 , jour de son enlrce
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aux liopitaux. Boiterie tellement forte du membre anterieur gauche que ranimal peut ä peine le poser a terre. Pres de la moitie interne du sabot est decollee superieurement par du pus sereux ; tumefaction douloureuse do la couronne correspondante. II existe ä la partie inferieure du pied , entre la sole et la paroi decollee, au niveau du quartier, une excavation creusee sans doute par le marcchal, au fond de laquelle on apercoit I'orifice d'une fistule qui s'enfonce en haut sous la paroi du sabot, et dans laquelle une sonde introduite penetre jusqu'ä la couronne. Le membre est douloureux, denü flecliijrepaule amaigrie; fievre de reaction tres forte.
Pronoslic. Carie probable de l'os du pied et du cartilage lateral. ( Cataplasme emollient pour calmer la douleur et assou-plir la corne. L'operation sera pratiquee le lendemafn. Saignee de six livres, diete.)
Le 21, je pratique l'operation du javart cartilagineux, qui consiste a extirper tout le cartilage lateral de l'os du pied. J'en-leve en meine temps les deux tiers de la sole soulevee par le pus. Une partie du bourrelet completeinent reduite en putrilage est excise. Je rugine profondement l'os du pied carie dans une eten-due de pres d'un pouce: puis j'applique un appareil. Les mou-#9632;vements continuels de l'animal ont rendu l'operation et le pan-sement tres difficiles. Deux heures apres, les souffrances parais-sent tres vives. (Nou\elle saignee de six livres. Diete severe. Lavements emollients. Couvertures. )
Les 1% et raquo;3, meine etat. L'animal est souvent couche et se plaint beaucoup. La fievre de reaction ne diminue pas. ( Memes prescription et regime. Saignee de six livres le aS au soir.)
Le a4 , les douleurs et la llevre paraissant encore augmen-tees, je fais lever le pansement. II n'y a pas de suppuration eta-blie; la plaie a une teinte rouge luisant un peu piorabee ; une pellicule jaunätre recouvre sa partie sous-cornee et s'en detache facilement. Application d'un nouvel appareil qu'on serrera peu. ( Memes soins generaux et regime.) — Pendant la nuit, le pause-
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ment tombe, et la plaie reste a nu jusqu'au rnoiuent oü 1'^leve de garde s'en etant apergu, la replace avec l'aide du palefrenier; la plaie etait toute ensanglantee.
Le 25, I'eleve charge de la surveillance de ce cheval, igno­rant cette circonstance, ne la declare pas ä la visile. ( L'eleve de garde s'etant trouve indispose etait entre ä i'infirmerie le matin möme et avail oublie de dire a son camarade revcnement de la nuit.) L'enveloppe de toile qui recouvre le pansement emptkhe de voir s'il a ete derange.
Les 26 et 27, 11 n'y a pas de mieux. Cependant, ce dernier jour , bien que I'animal ne s'appuie pas sur le membre, I'inten-sile de la fievre de reaction parait moindre. L'animal est plus abattu, mais beaucoup moins agite. II a barbotte el cherche a tirer sa paille.
Le 28, le pouls est devenu petit et plus accelcre; la conjonc-live a päli; les battements du coeur ont augmente de force j il y a eu la nuil des defecations diarrheiques. Tout le membre droit anlerieur est d'une sensibilite extreme. J'etais absent ce jour lä; el mon chef de service qui faisait la visite ä ma place, n'etant en fonclions que depuis peu de temps, crut agir prudennnent en remettant le pansement an lendemain, pour que je pusse y assister. La journee et la nuil furent ties agitees.
Le ag, je trouve l'animal dans I'elat suivant : couche sur le cote gauche, les yeux fixes et brillants, la commissure des levies el les naseaux retractes, la levre inferieure pendanle, 1c pouls tres vile el ä peine sensible , les muqueuses apparenles pales , la respiration acceleree et saccadee, le flanc corde; les crins ne te­nant plus, les extremites froides. La main appliquee sur le cote droit dc la poitrine (I'aninial est couche sur ie cole gauche) sent neltement les secousses imprimees par les battements du coeur. Le membre anlerieur droit est le siege d'un engorgement dur el tendu a sa parlie inferieure , oedemaleux ä sa partie superieure, qui s'elend jusqu'au coude. Ce membre est dans une agitation presque continuelle. On essaie vainemeat de faire relever le ma-
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lade; il ne fait aucun effort pour se soutenir. Traitement nul. Mort ä neuf heures du soir.
Autopsie le 3o ä dix heures du matin (treize heures apres 1a mort). Teinps froid et sec.
Etat exterieur. Raldeur cadaverique. Ballonnement. Systeme inusculaire generalement un peu decolore. Cette de-coloration'est surtout sensible dans les muscles pectoraux droils et la masse olecranienne du meme coXL
Abdornen. Rien de remarquable, si ce n'est la päleur et la mollesse du foie et des reins.—La rate est gonflee, noire et telle-ment raiuollie, qu'il sul'fit, apres en avoir excise un morceau, de le presser legerement entre les doigls et de l'exposer sous un filet d'eau pour le reduire ä sa trame fibreuse.
Thorax. La substance pulraonaire est saine. Au milieu de celle du lobe droit, notamment vers son bord dorsal, existent un assez grand nombre de taches ecchymotiques , espece de pe-tites infiltrations sanguines du volume d'un gros pois ä celui d'une tete d'epingle.
Le pericarde renferme pres d'un litre de serosite roussatre, presque sanguinolente. Le coeur est completement decolore et tres flasque : les vaisseaux qui rampent ä sa surface sont au-rOolcs. Les cavites gauches sont occupees par un gros caillot blanc assez consistant qui s'otend jusque dans le tronc aortique et les veines pulmonaires. Leur face interne ä fond päle, est ma-cuk'e par places de larges ecchymoses. Les cavites droites ont leurs parois rouge-brun; le sang qu'eiles contiennent est noir, demi-coagule, sans caillot blanc, et exhale une odeur bien pro-noncee de gangrene. Ces caracteres du sang se retrouvent dans la veins cave anterieure et manquent dans les jugulaircs aussi bien que dans la veine cave postöricure et ses affcrentes. Un morceau de l'aorte d'un cheval sacrifie quelques instants avant pour les travaux anatomiques, plonge dans le sang des cavites droites , prend en peu de minutes une couleur rouge safrane que le lavage ne peut lui enlever. Un lambeau pareii reste le meme
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temps dans du sang retire des jugulaires, sans que sa couleur nor­male s'y altere sensiblement.
Membre droit. II est le siege d'une infiltration sereuse con­siderable. De nombreux capillaires rouges Ires injectes rampent au milieu de l'infiltration.
Aussltot que l'appareil est enleve du pied, im peu de sang liquide tres altere s'ccoule de dessous les portions reslees du bourrelet. Una odeur des plus infectes s'en exhale. En soulevant le bourrelet qui se dechire entre les pinces, on decouvre modele sur toute la place qu'occupait le cartilage avant son extraction, un caillot noir, mollasse et completement pulrifii. Les parois de la cavitu qu'il occupe sont elles-memes ramollies et ont une teinte plombee livide qui y dece'e l'existence de la gangrene. L'articu-lation du deuxierae avec le troisieme pbalangien n'est pas ou-verte. II est evident que ce caillot qui n'existait pas lors du pre­mier pansement, s'est forme lors de rbemorrhagie qui eut lieu dans la nuit du 25 au 26.
( Ce cbeval etait surveille par I'eleve Prevost (Pierre) ).
DOUZIEME OBSERVATION.
Gangrene suite de contusion au dessous de l'xil. Mort de I'animal. Caillots putrefies sous la peau de la region temporale.
Juraent de seile ägee de 9 ans, de constitution seche, appar-tenant aJVI. Truchon , rue Saint Louis, n0 n, ä Paris.
Renseignements. II y a sept jours, cette jument est tombee dans un fosse de huit pieds de profondeur; on l'en a retiree immediateinent. Elle avait en avant des genoux deux dechirures completes de la peau. Sur ia partie droite de la t^te qui avait porte sans doute sur un corps aigu, deux pouces au dessus de l'arcade orbitaire, existait tme plaie semblable ä une coupure, de la longueur d'environ un pouce et demi, et de laquelle le
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sang couiait en assez grande abondance. Gelte liemorrhaeie cc-pendant ne tarda pas ä s'arreter. La personne qui conduit le cheval ä l'ecole ne salt pas autre chose. Elle ignore si on a mis en usage, depuis, un traitement quelconque et quel a ete ce traitement.
JZtai de Vanimal lors de son entree aux hopitaux, U 14 jan-#9632;vier i83i3. II porte la tete bas; celle-ci est tres engorgee, du cöle droit suriout. L'oeil du meme cote est tres saillant: I'infiltration qui Tentoure, se propage siiperieurement et en arriere jusqu'ä quatre pouces environ de l'orbite; lä existe une plaie ayant forme d'incision, de deux travers de doigt au moins de largeur, ä bords tumefies et erailles. ün liquide purulo-sanguinolent s'en echappe quand on presse un peu sur l'engorgement. Ce liquide sent tres mauvais. A la surface de la plaie aboutit une iistule qui conduit la sonde en bas et en avant jusque sur l'arcade orbitaire qu'olaquo; sent lt;5tre denudee de son perioste. Plus en arriere du cöte des saueres, la sonde penetre dans un corps sans resistance et est retiree teinte en rouge noirätre : il est clair qu'elle a plonge dans du sang altere. Les paupieres sont considerablement tumefiees; la conjonctive, tres infiltree elle-mcme, est reponssee sur le globe de l'oeil qu'elle recouvre en avant au point de le cacher entierement: cependant cet organe est sain. L'infiltraiion qui a envahi toute la joue droite et la rend boursouflee, s'etend jusqu'aux ailes du nez qu'elle gonfle ä tel point que I'aniBial ne peut plus respirer que du cöte gauche. Toutes ces parties sonl chaudes et douloureuses, surtout autour de la plaie.
M. Maillet, mon chef de service , qui recueillit ces renseigne-ments et visita le malade laquo; son arrivee (il etait trois hcures de l'apres midi), fit de profondes scarifications sur toute I'etendue de l'engorgement, nettoya avec soin le pourtour de la plaie, ordonna des injections de chlorure de chaux liquide dans la fistule, et prescrivit de frequentes lotions emollientes. (Saignee de quatre livres a la saphene; diete blanche; lavements irritants pour prevenir une congestion cerebrale.) Dans la soiree, la jumept
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fut assez tranquille. Pendant la nuit ellc resta presque toujours coucbee, chcrchant quand eile se relevait a avaler unpeu d'eau blanche,-ce qu'elle faisait assez facilement, mais ne parvenant qu'avec pelne ä muclier quelques brins de paille qu'elle prenait dans sa litiere ne pouvant lever la tete jusqu'au ratelier. Dans la matinee du i5, ä six heurcs, le palefrenier I'ayant fait lever , eile rctomba peu dinstants apres et ne se releva qu'apres s'etre de-battu pendant quelques minutes.
Visite du i5. Huit heures du matin. Jc trouve la malade couchee sur le cote gauche dans un etat continuel d'agltation convulsive. Elle se roule de temps ä autre comine si eile eprou-vait des coliques j puis se releve, se couclie de nouveau, regarde son venire et se plaint beaucoup. II y a des sueurs partielles aux flancs, sur les parties lalerales dc la gorge, et en has des oreilles. L'cngorgcment de la tete qui a augmente empeche qu'on puisse apprccier l'elat du pouls : mais on sent les battements du coeur qui sent dune energie remarquable.
Je declare la inort inevitable et tres procliaine; mais voulant en reconnailre la cause, je debride avec un bistouri la fistule dc la tete, i'introduis le dolgt dans son fond , et j'en lais sortir un bon decilitre Ac sang deini-Uquide, enlicrcrnent decompose ct d'tine odeur repoussante. Ce sang etait amasse dans une exca­vation formee sous la pc.iu des saueres par un refoulement en avant du tissu graisscux qui remplit la face temporale. Mort ä onze heures du matin.
Autopsie ä deux heures de l'apres midi (trois heures aprcs la ruort ).
Tete. Toutcs les regions de la face, les joues, les naseaux, I'auge, sont infdtres d'une serosite jaunätre coagulec. Les pau-piöres, la, conjonctive et tous les tissus mous qui environnent 1'oeil droit sont eonfondus en une masse rouge noiritre marbree de bleu, completement gangrenee. La Cstule correspondante a la plaie va directement aboutir sur I'apophyse orbitaire dont le milieu, dans letewdue de pros d'uy pouce , cst denude, poreux,
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jaunatre et d'un aspect niacere. En arriere, et dans la fosse tem­porale se trouvent des debris de caillots noirs nageant dans du sang liquide , le tout extremement infect.
Le sang des veines jugulaires et de la \eine cave anterleure ne se prend pas en caillots solides; cependant il n'a pas de mau-vaise odgur. II est au contraire bien coagule dans toute I'etendue de la veine cave poslericure.
Thorax. Le coeur n'est qu'un peu ramolli et pale. Ses cavites ne sont pas teintes en rouge; mais l'interieur de chacun des ven-tricules est mouchete de petites taches rouge -vif en tres grand nombre, evidemment anciennes, tranchant sur le fond blan-chatre de la membrane interne et exist ant dans l'epaissear meine de cette membrane. Quatre ou cinq larges ecchymoses receates et sous-sereuses existent dans le ventricule gauche.
II n'y a qu'un peu d'engouement dans le lobe pulmonaire droit.
(Le sujet de cette observation etait surveille par I'ele-ve Dufils).
TE.EI21EJIE OBSERVATION.
GangbIne suite d'une operation sur le sommet de l'encolure. Pneumonie cakcreneuse consecutive. Mort de tanimal. Caillots sangüins pütrifies trouves dans le fond de la plaie.
Cbeval entier de neuf ans, propre au trait, forlement consti-tue, appartenant ä M. Cosnard de Nanterre.
Renseignements. II y a deux mois passds que ce clieval eut sur le bord superieur de l'encolure, un peu en avant du garrot, un cor occasionne par le frottement d'un collier mal rembourre. Le cor fut enleve par un veterinaire. La plaie qui en resulta de-vint belle, et, au bout de six semaines, paraissait cicatrisee, lorsqu'une fistule s'est ouverte a son centre et a permis de re-connailre la carie du ligament cervical. Le veterinaire, apres quinze jours de traitement, conseilla d'envoyer ce cheval aux
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höpitaux de l'ecole. II est bon de noter qu'apres l'enleTement du cor , une suppuration abondante avait eu lieu pendant pres d'uu mois, et qu'ä dater de l'epoque oü la secretion du pus avait di-minue, une petite tous seche, eourte , non quinteuse, s'etait dä-claroe (i), et persistait malgre les fumigations de la -vapeur d'eau, et l'electuaire adoucissant mis en usage pour la faire cesser.
Etat de I'animal lors de sou entree aux höpitaux , le 3o aoüt i836. Le cheval a toutes les apparences d'une saute florissante. II est en bon ctat et semble tres vigoureux. Mais cette vigueur ne se soutient pas ä l'exercice. II est en nage pour etre venu de INfanterre ä Alfort au pas, de cinq a sept heures du malin. Le pouls est lent et faible. La plaie de l'encolure a environ quatre pouces de longueur sur trois de largeur. Elle est grenue , rose päle et suppure peu. Pres de chaeun de ses bords, ä droite et i gauche, s'ouvre une fistule dirigee de haut en bas et d'arriere en avant. Chacune d'elles a une profondeur de huit pouces en­viron dans ce sens, et aboutit ä la lame du ligament cervical , en longeant sa corde qu'elle laisse ä nu. Celle du cote droit ar-rivee inferieurement a cette profondeur, se recourbe en haut et en avant, et s'etend d'ä peu pres quatre ou cinq pouces dans cette nouvelle direction, autant que permet d'en juger l'intro-
(i) Kien n'est plus comraun, dans nos höpitaux du moins, que cette petite toux sui- des aniraauxatfectes de plaies abondamment sup-purantes, notamment les plaies si frequentes du garrot et de l'enco-lurc. Je lacroisoccasionnee par les infiltrations sanguinesecehymoti-ques qni ont lieu dans le parencbyme pulraonaire lorsdesgrandcs sup­purations ;ccchymoses que j'aiconslaiument tiouvees dans lesanimaux qui suecombaient ou qu'on sacrifiait pour inpurabilite pendant ccs suppurations, et qui sont ä nies yeux l'ovigine de ces petits nojaux tibrineux ou purulcns qu'on rencontre dans le tissu pulraonaire des anirnaux ä la suite des longues et abondantes suppurations. De tres petites saignees, souvent rdpetdes quand les anirnaux dtaient assei robustes pour les supporter, m'cnt souvent rdusai pour faire dispa-raitre cette toux.
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duct ion d'une sonde flexible de caoutchouc. Des iilaments d'un jaune terne, raeles ä du pus clair, monsseux et de mauvaisc odeur, annoncent la carie du ligament. Le bord superieur de l'encolure est tumefie jusqu'ä six pouces environ en avant de la plaic, indice certain que le ligament cervical est malade jusqu'a cet endroit.
Pronoslic fächeux, meme dans I'hypothese d'une guerisou possible, ä cause du long temps qu'elle mettra ä s'effectuer.
Traitement. Soins de proprete, en attendant la reponse du proprietaire ä qui on ecrit pour lui faire part de la necessite d'une operation et lui demander son consentement a ce qu'elle seit pratiquee.
Le 7 aoüt I'auforisalion arrive. Pendant cet intervalle de temps, on a entendu le cheval tousser souvent; la toux a bien les caracteres que le conductcur avait indiques. Le poll s'est pique.
Le 8 on fait l'operation. Elle consisle ä pratiquer une con-tr'ouverture ä la partic la plus declive de cliaque fistule, a travel's les muscles epais des parties laterales de l'encolure, et ä engager une meche de chanvre dans ccs contr'ouvertures pour faciliter I'dcoulement du pus streux^ dont l'accumulatlon au fond de la plaie produit la maceration et entretient la carie du ligament cervical sur lequel il repose. Lne troisieme contr'ouvorlure esl faitc a la partie anterienre de l'engorgement, de rcaniere ä penetrer au point le plus declive du prolongement antericur de ia fistule du cote droit. On recouvre la plaic principalc avec des plumasseaux sees qu'on soutient par une suture ä bourdonnets.
Le cheval est ä peinc releve depuis quelques instants qu'il so manifeste unc hcraorrliagie nbondante par la demiere contr'ou-verture faite du töte droit. Oa nc parvient ä l'aiTeter qu'en tarn-ponnant fortement. Lc chc^al s'cst beaueoup debattu; il parait faiblc. (Diele. Le soir on nettoiera lc pourl. ur du pansement pour cnlever 'c sau;.; qui s'v sera concrete, )
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Le 8 rien de particulier.
Leg, on leve I'appareil. Les plumasseaux les plus profonds sont impregnes de sang. Les plaies paraissent assez belles; il n'y a point encore de suppuration ; rien ne s'ecoule par les con-tr'ouvertures. On deterge avec nne infusion aromatique chloru-röe, et on remarque que le liquide que I'injection a fait penetrer dans la profondeur des plaies, en sort teint de sang et entraine avec lul quelques legers caillots a odeur fade. Le pouls est tou-jours lent at faible, Tariere pleine , le poil de plus en plus pique. (On pause avec le chlorure de chaux. Deux quarts d'avoine pour ration. On administre six decilitres de vin de quinquina. )
Le ii,nouveaupansement.Laplaie superieureet les deux pre­mieres contr'ouvertures sont belles et coramencent a suppurer. La plaie resultant de la contr'ouverture anterieure droite est rouge violace, lerne et ne suppure pas; il y a de la tumefaction douioureuse a son pourtour. L'eau tiede qu'on injecte en sort roussätre et sent mauvais. (Pansement des plaies dcjä suppu-rantes avec du digestif anime ; pansement de la derniere avec du chorure de chaux. Administration d'un electuaire a base de quinquina. Demi ration.
Le 12, peu de ehangement.
Le i3 , il y amoins de pus surles plumasseaux des premieres plaies; il ne s'en est presquc pas ecoule des contr'ouvertures posterieures oü il est rcdevenu sereux. Un peu de liquide rous­sätre, de tres mauvaise odear, liumecte l'orifice-dela contr'ou­verture antdrieure; rengorgemeut circonvoisin a scnsiblement augmenteet es! plus douloureux que les j ours precedents ;l'artere est pleine, le pouls plus fort; il y a une legere agitation des flancs; l'animal a tousse plus souvent et jette un peu par les deux na-seaux depuis la veille au soir. L'auscultation de la poitrine fait reconnailre du räle muqueux eir sibilant dans toute l'etendue auscultable du poumon gauche, en meme temps que du räle cre-pitant humide en arriere de l'epaule.
Diagnostic. Broncho-pneumonie commencante.
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Pronostic tres grave ä cause de rimminence de la gangrene ä l'encolure. (On fera tröis pelifes saignoes de deux livres cbacune dans le- courant de la journee. Fumigations emollientes. Conti­nuation de l'electuaire a base de quinquina. Pansement de toutes les plaies de l'encolure avec le clilorure de chaux.}
Le 14 5 la gangrene est evidente ä la plaie anterieure de l'en­colure. L'engorgement cedemateux a envahi la gorge et la joue droite. La pneumonite est confirmee : II y a absence de bruit respiratoire et niallle dans les parties ou la veille II y avalt du räle cröpilant hiunide; ce dernier existe ä la partie moyenne de la poltrine et s'cteud aussi aux meines points du cole gauche. Odeurfade de I'air expire. Agitation convulsive des flaues. Pouls petit et fälble. Battements du ca'ur Ires forts. Les crins ne tlen-ncnl presque pas. Anxltlc et abattcmein. Cependant les mu-queuses out leur couleur ordinaire ct les extremites ne sont pas froides. ( Large vesicatoire sous la poitrine. On anlmcra les plales avec de l'onguent^pispastique. Cauterisation profonde de l'engor-gement du cou. Injections clilorurees daiis les plaies.)
Le i5 , la suppuration a ceshe dans les plaies posterieures qul ont une tcinte rouge violacö. Du liquide sangulnolent s'ecoule en petite qaantitc par la contr'ouverture anterleure. L'cedeiue s'etend en bas vers le bord trathcal de l'encolure jusqu'au pol-trail: II est molns douloureux. Les cscbares dc la cauterisation ne sont point ebranlces. L'air expire a une odeur de gangrene bien prononcee. II y a exasperation de tons les symptomes de la pneumonle. Pouls tres faible, petit el vite. Augmentation dans la force des battements du coeur. Les crins ne liennent plus. 11 n'y a pas do jetage par les naseaux.
Pronostic. Mort prochaine.
Trailement. Nul.
Mort a minult sur le cote drolt.
Autopsie falle ä neuf heures du matin (neuf hcures apres la mort).
Abdomen, Rien de remarquable.
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Poilrine. Les deux poumons sont'lc siege d'unc gangrene existant a la partie moyenne et anterieme du lobe gauche, et n'interessant que le tiers anterieur du lobe droit. Les taches grises ou jaunes se detachant sur un fond noir, violace ou brun rongeätre et lui donnant I'aspect marbre, les bandes celluleuses infiltrees qui encadrentdans line foule de cornpartiraents ces tissus degeneres, lecrasement facile de la substance ainsi alteree, son ramollisseraent dans quelques points, I'odeur infecte et pene­trante qui s'en exhale, sent les caracteres de cctte gangrene. II n'y a point encore de deliquium gangreneux ni de la caverne. Cependant les petites divisions bronchiques qu'on trouve au mi­lieu de cetle desorganisation sent d'un rouge violace, et con-tiennent de la sanie gangreneuse en notable quantite. Dans les parties du poumon qui ne sont point envahies en lotalite par I'alteration, on voit, ä differenls degres d'avanceraent, des points enflammes ou congestionnes dissemines cä ct la, ayant I'etendue d'une feve, d'un haricot, d'un pois, d'une tete d'epingle. Ces der-niers paraissent ne consister qu'en une simple eochymose : les precedents ont lememe aspect, aveccette difference qu'il se trouve un petit noyau grisAtre a leur centre, que ce noyau est entourc d'une aureole rouge fonce qui devient de plus en plus claire en s'eloignant du centre et finil par se fondre insensiblement dans la couleur rose päle de la substance saine environnante. Le noyau central de matiere grise est plus considerable dans les points enfiarnmes dont le volume attcint ou passe celui d'un haricot; et deja Taspect, la consistance et i'odeur des tissus gangrenes commencent ä s'y faire remarquer. II est probable que e'est ainsi que I'altera'ion a commence dans les parties moyenne et anterieure qui n'offrent plus qu'une masse gan-grenee; que ce sont ces points qui, en s'etendant rapidement, finissent par se joindre, se confondre, et ne presenter plus qu'un seul tout au milieu duque! toute trace d'organisation n disparu.
Le ceeur est pale et im pen mou. Le sang que contiennont ses cavites droites a la couleur et la consistance de la pois fondue.
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Lesparoisde ces cavitamp;ä sontd'un rouge clair uniforme.— Cctte couleur s'etend en se foncant davantage dans la veine cave ante-rieure, dont le sang a une legere mais evidente odeur de gan­grene; eile exisle a peine dans la veine cave posterieure dont le sang est demi coagule et n'a pas d'odeur particuliere. L'expe-rience de rimmersion de dlaquo;ux morceaux de l'aorte d'un cheval sain dans le sang de Tune et l'autre veine cave, donne pour re-sultat, apresun quart d'heure, la coloration rouge clair indelebile duniorceauplongedansla veinecaveanterieure; tandis quel'autre, mis sous un filet d'eau, reprend sa couleur a peu pres naturelle.
Encolure. L'examen de la plaie du cou met hors de doute le point de depart des accidents gangreneux. Un caillot sanguin, ou plutot une masse de fibrine de eoulenr gris sale avec un reflet rongedtre, d'une odeur repoussante, se trouve dans la direction de la contr'onverture anterieure et ä quatre pouces au moins de profondeur, entre le muscle grand coraplexus et la lame du ligament cervical. Cette masse aplatie, qui a plus du volume du poing, baigne dans un liquide sero-sanguinolent aussi tresfelide, semblable ä celui qui s'ecbappait ds la contr'ou-verture pendant la vie de l'aniraal. Les muscles environnants offrent la teinte p41e miancee de rouge livide par place, que presentent ordinairement les chairs au voisinage des matieres putrefiees.
Le crane n'a point etc ouvert.
( Le sujet de cette observation etait surveille par Telcve Porei.)
QUATORZIEME OBSERVATION (l).
Gangrene ä la suite de l'extirpation d'une tumeur a la pointe de tepaule. Mart de Vanimal.Caillots sangdins putre­fies exträits de la plaie deux jours avanl la mart.
raquo; Le 8 octobre, il entra aux hopitaux de l'ecole un cheval de CO Cette observation est textuellement extraite du registre dc.cli-
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raquo; trait, äge de six ans, portant depuis six mois ä lapointede raquo; lYpaule une tumeur qui, d'abord grosse comme une noix, iraquo; avait acquis progressivcment le volume d'une tcte d'enfant. raquo; Elle etait dure, non douloureuse, n'etait adlaerente qu'au raquo; mastoido-humeral dans la substance duquel eile paraissait raquo; s'efre formee. Tous les fondants connus ayant ete essayes sans raquo; succes par le -veterinaire du proprietaire, je conseillai I'extir-raquo; pation comme le seul moyen qui offrit quelques chances de laquo; succes. On y consentit. Elle fut arretee pour le lendemain.
raquo; Le 9, le cheval fut abattu. Je pratiqnai sur la pean qui rc-raquo; couvrait la tumeur unc incision en T. J'en delachai les lam-raquo; beaux, les fis tenir par des aides et cherchai a isoler la tumeur raquo; ä toute sa pcriphcrie, me reservant d'en ntlaquer la base au raquo; dernier moment ^ parce que e'etait la que je devais rencontrer raquo; les plus gros vaisseaux. Tout alia bien jusqu'ä ce que je fusse k arrive ä la parlie profonde; mais lä, le fond de la plaie se raquo; trouvant recouvert du sang qui s'c'coulait d'une foule de vei-a nules et arterioles nmsculaires que je ne pouyais lier ni tordre, raquo; ne pouvant les voir ni les saisir, je commencai a ccuper, raquo; sans les aperccvoir, de plus gros rarneaux vasculaires qui aug-raquo; menterentIhemorrhagie et m'aveuglerentdavanlage. Je n'avais gt;gt; pas assez etendu rnes incisions externes : 11 en resulla que raquo; j'elais gene pour agir librement au fond de la plaie que raquo; l'etendue du pedoncule de la tumeur rendait plus profonde raquo; que je ne I'avals prevu. Aussi, pour avoir la faciiite d'arreler raquo; prompteinent une heinorrhagle qui m'inquietait deja , mehätai-raquo; je de resequer ce pedoncule d'nn seul coup de bistourl, au raquo; risque d'ouvrir les vaisseaux considerables qui devaient s'y raquo; rencontrer. II arriva en effet que le sang sortit par gros jets
nique que tenait M. Maillet, men clief de service; eile a 616 recucillie en nion absence pendant les vacances de i83ö. Je la transcris litlora-lement, Jaissant M, Maillet raconter lui-m6mc ce qu'il a vu ct ce qu'il a fait.
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raquo; arteriels et -veineux et inonda promptement toute la plaie. raquo; J'aurais bien pu Her les branches arterielles, dmsions des tra-raquo; chelo et sterno-musculaires, que je saisissais aiscment avec les raquo; doigts; mais le sang coulait si abondamment par de larges raquo; -veines enfoncees dans les tissus, que je craignis que Fanimai raquo; n'en perdit une trop grande quantite pendant le temps que raquo; j'emploierais ä Her les arleres: je me decidai done a tam-raquo; ponner. Une succession de tampons d'eloupc mouillee d'eau raquo; froide fut introduitc et accumnlce dans la plaie. Les lambeaux v cutanes rapportes par dessus furent reunis et solidement main-raquo; tenus par une suture de pelletiers, et aussitöt je fis relever raquo; l'animal. Cependnnt le sang qui suintait et s'ecoulait meme ä raquo; travers 1'appareil, distendait la poau au point de me faire raquo; craindre la dechirure des levres par les points de suture. Je raquo; chargeai I'eleve, a qui la surveilllance de ce cheval olait eonfiee, raquo; d'ajipuyer avec le plat de la main sur rappareii et de le sou-raquo; tenir ainsi jusqu'ä ce qu'il s'a]gt;er(;üt de la cessation del'liemor-!gt; rhagie; en meme temps un autre aide projelait continucllemcnt raquo; de l'eau froide sur toute cette region. Au bout d'une lieurc, la ;gt; tumeur n'augmentant plus, et le sang ayant depuis plus de raquo; Tingt minutes cesse de transsuder, je fis cesser la compression laquo; et les aspersions. Un linge mouille qu'ou rafraichissait de raquo; temps ä autre fut seuleinent applique sur rappareii, Le cheval raquo; fut attache a deux longes.
raquo; Deux heuresapres I'operation, j'examinaile cheval; il s'agi-raquo; tait nn pen , le ponls etait petit, les rauqueuses pales, la respi-raquo; ration acceleree, mais il n'y avail pas d'affaiblijscinent notable. raquo; J'evaluai de quinze a dix-hnit livres la quantite de sang qu'il raquo; avait perdue. Un peu d'eau blanche qu'on lui presenta fut re-n fusee; il refusa aussi de prendre un.breuvage tonique qu'on raquo; chercha a lui faire avaler. Je m'opposal a ce qu'on insistät, laquo; dans la crainte qu'en se defendant il se livrät ä des mouveraents raquo; qui pourraient faire reparaitre I'hemorrhagic.
raquo; Vers cinq heures du soir , il but un peu d'eau blanche. Peu
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raquo; d'instants apres, le sang recomiaenca a couler clair , rouge sang raquo; arteriel, mais en petite quantite. Je fis renouveler les douches raquo; refrigerantes, et ordonnai qu'oii ouvrit les porles et fen^tres raquo; de l'ecurie pour y entretenir un courant d'air frais. Je defendis raquo;'qu'on donnät des boissons dans la soiree. L'heraorrhagie ne raquo; s'arreta cependant qu'a onze heures du soir.
raquo; Le io , au matiu , la tumeur elait considerable; la peau etait raquo; distendue par I'appareil etle sang. II y avait chaleurau pour-raquo; tour , pouls moins eleve que la veille. L'animal n'etuit point laquo; abattu. On entendait a plnsieurs pas de distance un rale ron-raquo; Jlant muqueux particulier qu'on percevait dans toute sa force raquo; en appliquant Foreille ä l'ouverture des cavites nasales, sur #9632; la gorge et sur tout le bord tracheal de rencolure. On I'en-raquo; tendait aussi distinctement, mais plus faible, en auscultant la raquo; poitrine (i).
raquo; Je me bornai ä faire nettoyer doucement le pourtour de la raquo; plaie, et prescrivis quelques lotions d'eau salee. Le soir, ä raquo; dix heures, je fis administrer un demi-litre de vin de quinquina.
raquo; Le ii, il y avait autour de la plaie un engorgement ires -vo-raquo; lumineux qui s'etendalt inferieurement jusque entre les mem-raquo; bres anterieurs. II s'exhalait de eette plaie une odeur infecte.
(i) J'ai souvent entendu ce ronflement, especc de gros räle mu­queux avoc bruit de soupape , dont parle ici M. Maillet. Celui qui I'cntemirait pour la premiere foisetne connaitrait pas l'etat du cheval, aliii meiail: sans hesiter l'existence du croup, ou de fausses membranes clans les voiesanUrieuresdu tuberetpiratoire, dans le larynx surtout; car e'est a eel organe que ce bruit est principalement sensible ä I'au-scuitation. C'est toujours a la suite de grandes operations pratiquees sur un des points de la goutliere de l'encolure, et par exemple , ä la suite d'eulevement de tumeurs situees en dedans de la pointc de I'epaule, d'extraction de grosses conies dc farcin accompagnant la jugulaire, de profondea incisions faites dans quelques cas dc trombus avec ulc(iiation dc la jugulaire, etc., que j'ai eti occasion d'obscrvcr cc singulier Symptome. J'eus besoin dc iairc l'onverture de deux die-
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raquo; Je defis les points de snlure et enleyai une ä une les couches raquo; d'etoupes quicomposaient l'appareil; mais arrive auxdernieres, raquo; je vis s'echapper en nappe ä travers les caillots qui s'y etaient raquo; amasses , une quantite de sang assez grande pour nie faire raquo; craindre une heiyorrhagie considerable si je tentais d'enlever raquo; les derniers caillots et Tetoupade qui les souteuait. Je me hatai raquo; done de les recouvrlr avec des plurrilsseaus imbibes de chlo-raquo; rure de chaux que j'avaisfait preparer ä lavance ; j'en remplis raquo; la plaie, et les maintins avec des points de suture ä bourdon-raquo; nets moins serres que la veille. J'ordonnai que deux fois Jans quot; la journee on imbibät l'appareil de chorure de chaux. Si ä raquo; craindre que me parüt la gangrene, j'etais cependant rassure raquo; par l'etat general du sujet dont l'appelit etait bon, les crins raquo; tenaces, le pouls et les battements du coeur nonnaux^ les mu-raquo; queuses rose vif, la physionomie eveillee.
raquo; Le soir, je fis penetrer huit cautcres effiles et chauffes ä n blanc dans l'infiltration inferieure qui avait beaueoup aug-raquo; mente depuisle matin.
:gt; Le 12, l'engorgement etait enorme. II s'eteudait en bas eten )#9632; arrierejusqu'al'abdomen, etlateralement gagnait lautreepaule. raquo; L'odeur de la plaie etait lamdme que la veille; ilsorlaitun liquide
vaux abandonnes au moment oü ce ronflement existait sur eux, | our nie convaincre qu'il n'y avait pas do fausses mernbianes, pas de lam-beaux quelconques, pas memc de rnueosites dans les cavitäs nasales, le l.ir\ nx, la ti-achec ou les bronches. Je crois done qu'il y a la un pli(Snomene puiement nerveux, qu'il taut rapporlcr a une lesion, compression on alteration du nert Ir.ichcil recurrent pendant ou apres rop^ration. On sail en eflet que ce nerf fournit des ramcaux aux rauBcles dilatateurs du larynx. Je sais bien que Ton serait en appa-rence aussi l'oiule ä croire ä la compression ou lesion du pneurao-gas-trique qui fournit le tracbdal rdcurrent; mais j'observe que dans aueun des cas oü j'ai remarque ce Symptome, les fbnetions digestives et pulmonaires n'ont paru modifides, ce qui aurait eu lieu si le pneumo-gastrique cut 6t6 int^ress^.
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raquo; sereux par les ouvertures resultant de la cauterisation. Jemede-raquo; cidai a faire le pansement et cnlever tons les caillots de la plaie, raquo; quoiqu'il pütarriver. Iln'yeutpasd'hemorr.hagie. Ze^nia^iei-rfe raquo; sang caille que je retirai avec les plumasseaux du fond de la raquo; plaie etaienta moitie decomposes etd'u eodeurrepoussante. raquo; Les wies etaient noires et mollasses, les duties dijaformees raquo; en noyaux fibrine,uamp;} le tout nageant dans un liquide brun m noirälre, et form ant un melange ptilride singulicrement infect, n Des eschares gangreneuses revetaient les points de la plaie sur raquo; lesquels reposaient ce liquide ou ces caillots älteres. J'enlevai raquo; avec le bistouri ces eschares encore tres minces sans que Tanimal raquo; parüt en eprouver la moindre douleur. II montra la meme in-s sensibilite quandjepratiquai unlaquo;incision alapartie laplus de-raquo; clive de la plaie, pour permetlre recoulement facile du liquide raquo; dont je -voulais prevenir 1'accumulation dans son fond. Je raquo; touchai ensuite avec le cautere tontcs les parlies a moitie raquo; gangrenees que je venais de depouiller de leurs eschares et raquo; pansai avec le chlorure de chaux.
p Le i3, I'engorgement a continue ses progres en arriere et
raquo;nbsp; lateralement. Iloccupe tout le poilrail et empeche tout mouve-
raquo;nbsp; ment des mcrnbres anterieurs. En haut il s'etend jusqu'a la
raquo;nbsp; gorge, forcant l'animal ä etendre la tete sur I'encolure pour
raquo;nbsp; respirer. Les plaies resultant de la cauterisation sont seches.
raquo;nbsp; 11 en est de meine de la plaie priucipale dont les parois se
i)nbsp; sont rccouvertcs de nouvelles eschares. La peau est decollee
raquo;nbsp; et llvide au pourtour dc la tumeur, surtout inferieurement;
raquo;nbsp; ce decoliement a lieu autour de chaque point cauterise. La
raquo;nbsp; plaie, comme la tumeur, sont completemcnt insensibles. La
raquo;nbsp; faiblesse et l'abattement sont extremes; Tappetit nui. On ne
raquo;nbsp; sent presque pas le pouls; les battements du cceur sont tu-
raquo;nbsp; multueux. Le cheval est mort ä sept heures du soir.
raquo; Autopsie le i4 ä 8 heures du matin (treize heures apres la raquo; mort).
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raquo; Toute la region de la tete et de l'encolure sont emphysema-raquo; teuses.
raquo; L'ouverture de l'abdomen ne fournit rien de remarquable.
a Les muscles pectoraux sont sees et colores en brim noiratre raquo; dans la partie de leur ^tendue la plus voislne de la plaie. II ne raquo; sort pas une goutte de liquide des incisions dont on les tra-raquo; verse. Cefte gangrene sc propage dans toutes les parties qui cn-raquo; tourent la plaie, surtout inferieurement. Le tissu cellulaire raquo; envitonnant est infiltre de serosite.
raquo; II n'y a plus ni caillots nl fibrine alteree dans la plaie. Dans raquo; son fond se trouvent des ganglions lympbatiques colores en raquo; rouge brunätre et ties tumefies, mais ils ne sont pas gangrenes. raquo; Au dessous sont les artcres et veines trachelo-iuuscuiaires dont raquo; les divisions ouvertes ont fourni tout le sang qui s'est ecoule raquo; pendant et apres l'operalion. La gangrene se propage entre ces raquo; vaisseaux sur le tissu cellulaire dans lequel ils sont plonges, et raquo; s'etend visiblement dans celui de la poitrine jusqu'ä la base du raquo; perlcarde.
raquo; La substance du coeur a presque le memo aspect que les laquo; muscles voisins de la plaie. Ses cavites ne renferment quc pen raquo; de sang tres noir et non coagule. Le ventricule gauche est cou-raquo; vert d'ecthymoses ä sa face interne dont la teinte est rouge raquo; clair; le droit est rouge tres fonce.
raquo; Le poumon, permeable partout, presente ä sa surface et raquo; dans son epaisseur un asscz grand nonibre de taches rouge raquo; noiratre qui sont evidcmment des eccliymoses. raquo;
(Le sujet de cette observation etait surveille par I'cleve Leelerc.)
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QUINZIEME OBSERVATION.
Morvechroniqae devenue gancreneuse a la suite d'une saiknee nasale. Mort de Vanimal. Caihot pdtrefie troupe autour de la plaie resultant de la saignie.
Cheval enlier, faisant le service de la poste d'Alfort, age de sept ans, de taille moyenne , forteraent constittie , mais fatigue depuis six mois par un travail forcd.
Renseignements. Deux des principaux symptomes de la morve chronique, le jetage par le naseau gauche et rengorgement des ganglions interrnaxillaires du meme cöte, se sont montres et persistent depuis six semaines. II n'y a pas de trace apparente d'ulceration. Les envcloppos testiculairesgaudies sont engorgees, dures, sensibles etadlierentcs a la partie posterieure du testicule. Le cheval boit et mange bien, ce qui ue rempeche pas de mai-grir tous les jours davantage. Les baltements du coeur ne sont pas sensiblement plus forts que dans l'etat de sante; le pouls ne presente rien d'anormal; les mouvements du flanc sont reguliers; I'animal n'a jamais tousse.
Desesperant de le guerir, et desirant faire une experience avanl de le sacrifier, je voulus tenter un des moyens de traite-ment conseille par Morel, la saignee aux sinus veineux de la pituitaire. Mais n'ayant pas d'instrument convenable pour pra-tiquer cette operation, je recourbai la pointe d'un clou a cheval, en forme de crochet, et fixai solidement la base de ceclou autour de rexlremite d'une petite baguette longue de douze a quatorze pouces.
Ce fut le 3 decembre i835, qu'apres avoir fait conduire le cheval aux höpitaux de l'Ecole pour mieux suivre I'experience, j'introduisis le crochet dans la cavite nasale, et en tournant la poiute du cöte de la cloison, ä la hauteur du milieu du sinus vei­neux supeneur, je la fis penetrer dans son interieur en appuyant
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legercment et tirant en bas, demaniere a en dechirer les parois dans I'elendue d'un demi-pouce environ. Un licouleraent sanguin, abondant, qui eut lieu immddiatement, m'annonca que le sinus etait ouvert. Je fis la m^me operation sur la partie apparente du sinus inferleur avec le mchne resultat. Le sang coula pendant dix minutes environ, et s'arr^ta ensutte presque instantanement. L'amraal fut alors mis ä l'ecurie et attache a deux lon^es. Une demi-heure apres, je fis injecter quelques litres d'eau froide dans le nez pour le nettoyer, et un peu d'eau blanche fut accordee au cheval, qui but sans que les mouvements qu'il fit renouvelasscnt l'hömorrhagie. La journee fut bonne.
Le 4 au matin, deux ou trois parcelles de caillot rouge, moil et sans odeur, furent tronvees sous l'aile superieure du naseau gauche; l'ouverture du sinusinferieur est presque ferme. L'appctit est tonjonrs bon; mamp;ne etat general. (La ration est d'une demi-botte de foin, deux bottes de paille, un quart d'avoine, un quart de farine d'orge.) Le cheval est gai a la promenade au pas qu'on lui fait faire; pendant cet exercice i! s'ebroue plusieurs fois et chaque fois il expulse de petits debris de caillot des cavites nasales.
Le 5 au matin, I'air expire a une odeur fade tres sensible • la membrane pituifaire a une coloration rosee un peu terne. Le jetage n'a pas cependant change de caractere, et la matierc qui le constitue^est toujours d'un blanc sale, visqueuse et peu abon-dante. Rien de change' dans Mat general. Le soir ä quatre heures je revois le inalade : la matiere du jetage est tres le^ere-ment striee de sang, un peu odoranle. L'air expire laquo;'est plus seulement fade, il a une odeur ammoniacale assez prononcee. Les ganglions de 1'auge, sans ^tre plus engorges, sont plus dou­loureux. La muqueuse nasale a une couleur rouge plus foncee-une ecchymose de la largeur d'une lentille existe sur cette mem­brane en bas de la cloison, au-dessous du point oü a ^te faite l'ouverture du cornet inferieur, dont la trace n'est marquee que par une ligne rouge un peu irr^guliere. Pas de modification ap-
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( S3 ) prcciable dans Tetat general. (Fumigation avec nn melange de vapeur d'eau et de clalore. — Injection de clilorure de chaux liquide ties etendu dans les cavites nasales. — Meme regime.)
Le 3 , a la visite du matin, le jetage est tres abundant et plus liquide; l'odenr en est fetide; les stries de sang y sont p!us larges et plus nombrouses; il reflcte une teinte jaunatre. L'air expire a une odeur scmblable ä celle de la matiere du jetage; la couleur dc la muquease est la inome que la vcillo, sealement eile est plus tranchee; il n'y a pas de nouvellc eceliymose , et celle qui cxistait, Lien quc plus fonree, ne s'est pas sensiblement etendue. La respiration nasale est an pen genee, il y a de l'accöleration dans les mouvements du flanc. L'appdtit est beaucoup moindre; le cheval refuse tout ä fait l'avoine. Le pouls et les batteir.ents du cceur conscrvent ie meine caractere. (Meines fumigations que la -veille; de plus un elccruaire tonique c. aiplirc. ) Jc ncrevois pas le malade dans la journee.
Le 7 , il n'y a plus ä sc meprendre sur la nature du mal. Le mucus purulent qui s'öcoule par la narino gauche est plus abon-dant encore que la veille ; il a, ainsi que l'air expire, une odeur gangrdneuse des mioux caracterisdes; sa couleur est lie de viu päle, nuancee de janne. L'ecehymose reraarquee les deux jours pviceden;s est remplacde jiar une ulceration allongee de bas en haut qui a pres d'un pouce de long sur trois !ignis de largeur. Gelte ulceration parait i.itiircsser presque toute I'epaisse^r do la inuqueuse; le fond en est forme par le reseau veir.eux de cette membrane^ quelques tres petitraquo; grumeaux do sang noir qui s'y trouvent accoles indiquent epie quelques unes des veinules dc cc reseau ont etc perforees. Les ganglions iritermaxillaires sont tres gros et tics douloureux; les alles du ncz sent lumefices, la respi­ration nasale est difficile du cote mal ade, et un peu bruyan'e quand on bouche la narine saine ; la paupiere gauche est tume-fiee et l'oeil chasslcux.
L'aniraal a presque completement perdu I'appetit; il ne fait plus que iiKiclionncr quelques bouchees dc foin, qu'll prend dc
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temps ä autre et n'avale pas toujours. Les defecations sont rares, mais de consistance ordinaire. Le pouls, nolablement accelere, contraste par sa petitesse avec les battements ducoeur, qui ont beaucoup augmcnte de force. La marche de l'animal est lente et indecise; il parait comme absorbe. (On se bornera a observer le jnalade dont I'etat est juge incurable.)
Le 8', tous les symptomes locaux et generaux ont augmcnte d'intensite. Anorexie complete; respiration nasale bruyante. Plusieurs ulccralions existent sur la cloisou ducöte gauche qu'on ne pent plus examiner que difficilement ä cause de Tengorgement considerable des alles du nez. De petits grameaux de sang de­compose sont melanges aux nmcosites jaunätres qui s'ecoulent du nez. On observe un peu de jetage par la narine droite. Le pouls est plus faible, les battements du cceur plus forts et plus sees. Lamaigreur fait des progres rapides; l'animal semble trainer ses membres en marebant. Les crins commencenf ä s'arracher facilement. On a entendu plusieurs foistyie toux pectornle seche, courte et repetee. Cependant la percussion de la poitrine a de la resonnance, et l'auscultation fait entendre le bruit respiratoire dans to ute l'etendue des poumons accessible ä ce genre d'explo­ration. (Pas de traitement.)
Le 9, deux ulcerations sont apparentes sur la muqueuse na­sale du cote droit, elles sont situees sur la membrane qui revamp;t la cloison a l'extremite inferieure de la gouttiere, L'une a la lar-geur k peu pres d'une piece de dix sous un peu alongee, l'autre est de moitie plus petite; elles sont tres pres pres l'une de l'autre, l'une plus baut, l'autre plus bas. Le doigt introduitdans le nez sent distinctcnient d'autres ulcerations, que leur siege plus profond derobea lavue. Les alles du nez de ce cotecomraencent ä se turncfier. La respiration nasale est laborieuse. Aggravation des symplomes göneraux. Des meebes entieres de crins de Tenraquo; colure cedent ä la plus legere traction. Pouls tres faible. Mou-veinents du coeur de plus en plus forts. La toux a encore ete
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assez souvent entendue, eile a le meme caractere, Rien d'appre-ciablc dans la poitrine. (Pas de traitement.)
Le io , les deux cotes du nez sont presque dans le meme etat. L'odeur de l'air expire est insupportable. Le jetage sanieux a lieu par les deux naseaux. Cast a peine si Taninial peut respirer, tantles ailesdu nez sont engorges. Faiblesse extreme. Onne sent presque plus le pouls, malgre l'energie croissante des batte-ments du coeur. Pas de defecation. Chute de Tanimal k deux lieures de l'aprÄs-midi. Mort a troisheures.
Autopsie ä trois heures et demie (une demi-heure apres la mort).
Abdomen. On ne trouve aucune lesion remarquable dans les visceres digestifs abdominaux, si ce n'est dans la rate, dontla couleur est violet fonce, et la consistance un peu moindre que dans l'etat de sante.
Organes genilaux. Le tissu cellulaire qui unit la lunique eryquot; throide au dartos est inliltre , dur et epaissi, principalement au-tour de la partie posteMjure du testicule gauche, qui est forte-ment adherent ä ses enwfoppes ä cet endroit. Un peu de matiere blanche, inodore,molle et comme fibrineuse existe dans un foyer de la grandeur d'une coque de noisette ä la naissance de l'epidi-dyme. Le reste de l'organe, ainsi que le cordon, est parfai-tement sain.
Quelqnes uns des ganglions sous-lombaires sont infiltres d'on liquide sero-purulent, mais ont leur couleur, leur -volume et presque leur consistance ordinaires.
ZÄoroa. Les pouinons, vus exterieurement, paraissent par-faltement sains; ils sont partout souples et crepitants sous la pression des doigts. Cependant la coupe de ces organes, du lobe gauchesurtout, laisse voir une centaine au moins de taches ecchy-motiques , plus ou moins rapprochees, dont I'etendue est a peu pres partout d'une demi ligne a une ligne et demie, et dont quelques unes seulement presentent a leur centre un point blan-cbatre ä peine gros comme la tele d'une petite epingle et s'ecra-
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Santa lapression. La substance pulmonaive n'est point alturee autour de ces ecchymoses.
Les parois musculaires du coeur sont pales et sans elasticite ; elles se dechirt-nt avec assez de facilite. Plusieurs larges ecchy-moses existent ä la face interne du ventricule gauche, notam-mentsur les saillies qu'elle represente; ces ecchymoses se trouvent entre la membrane interne et le tissu musculaire qu'elles ne penetrent pas. On en remarque une seule peu etendue et peu foncee a la base des valvules auriculo-ventriculaires dans le ventricule droit.
II n'y a riea de remarquable dans la trachee.
Cavites nasales. L'ouverture des cavites laisse Toir la mem­brane pituitaire qui revct les deux cötes de la cloisop, presque entierement detruite par de larges et profondes ulcerations plus isolees et plus petiles du cöte droit, se confondant presque toutes entre elles du cöte gauche. En grattant avec le dos du scalpel a la surface de cette membrane, on en exprime une sanie rougealre, infecte, de consistance pulpeuse. Mais ce qui est bien remarquable est un calllot noir, ayant ä peu pres la forme el le volume d'une amande alongee et recouvranl la plaie Jaite au sinus veineux supirieur par la pointe da clou. Ce cail-lot,d'une mollesse qui le rend presque diffluent, a tine odeur repoussante j at on ne s'expliquerait pas qu'il eüt pu ne pas etre expulse depuis la saignec (car il est evident qu'il date de cette epoque), s'il ne seprolongeait par les radicules de sa base, qui a un peu plus de consistance, dans l'interieur des veincs for-mant le sinus. C'est autour de ce point que les desordres sont le plus prononces.
La surface des cornets ainsi que leurs replis , bien que labou--res par beaucoup d'ulcerations, sont cependant moins Uses. Sur le fond noir que reflete toute la membrane, on volt se dessiner, comme dans toute morve aigue , gangreneuse, soit des elevures lineaires blancliätres qui semblent des lymphatiques gonflees de
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lymphe concretee ou purulente, soil des ulcerations deforme et de grandeur diverses.
N'est-il pas evident que sur le sujet de cette observation, la morve chronique eüt conserve longtemps ses caracteres, sans la saignee locale faite aux sinus, ct notamment au sinus sn-perieur qu'on n'a pu , a cause de sa situation piofonde, nettoyer du sang qui s'est coagule a l'ouverture de la de-cliirure.
N'est-il pas evident que le devcloppement des caracteres de gangrene a coincide avec le moment oü le caillot forme autour dc laplaicdu sinus superieur a commence ä se putrcfler.
N'est-il pas evident, enfin, que ce caillot putrcfie est la cause, et le point de depart de tous les accidents qui onl amene la noort-
(Ce cheval etalt surveilld par I'eleve Queticr.)
SEIXliME OBSERVATION.
Ganorjene de la caisse, hla suite de Vextirpation d'unc corde de-farcin. Mort de Vanimal. Sejour prolonge et alte-RATioir he plusiedrs cAiLLOTs sanguins dans In pläie.
, Cheval entler de huit ans, de tallle moyenne , de constitution epuisee, faisant le service desvoitures Omnibus, apparlenant a M. Verdure de Vincennes.
Renseignerne.nU. Co clafxaH. a ele mis a rinfinnerie de Vin­cennes pour une corde de farcin cxistant a la face interne de la cuisse droite, sur laquelle toutes les applications medicaraen-teuses les plus energiques sont restees sans succes. II y a plus dc trois niois qu'il a cette corde, quand, d'aprcs le conseil de M. Mail'et, chef de service a la clinique de l'Ecole d'Alfort, on l'amene aux höpitaux de cet etablissement pour qu'on y tente rextirpalion du lymphatique altere qui constitue la corde.
Etat de Vanimal lors de son entree a l'Ecole, le 26 decembre
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l836. II a assez d'embonpoint, paratt önergique clans le pre­mier moment du trot, mais cst promptement ecliauffc' a cet exercicc. II a bon appctit, toutes scs fonctions s'executcnt librc-ment. A ia face interne dc la cuisse droile, on sent sur le trajet de la saphene, a pärtir du jarret, jnsque dans I'alne , une corde de la grosseur du petit doigt, sur laquelle la peau est adlierente et qui cst un pcu sensible ä la pression. Le membre est legerc-ment engorge, mais I'animal ne boitc pas. Les ganglions de l'augc sont sains, aussi bien que les cavites nasa'es. JMalgre ranciennete de la maladie qui offrc pcu de chances de guerison radicals, je regarde I'animal comme etant dans de bonnes conditions pour ttre opere sans danger immediat, d'aatant plus que son propri^-taire assure qu'il ne l'a Jamals entendu tousser depuis qu'il est ä A'inconnes.
Le 27 au matin , operation. EIlc consiste a fendre la peau sur toute la longueur de la corde, a Ten detacher par la dissection , a separer le lymphatique malade des parties soiis-jaccntcs et a I'extraire. Deox grosses divisions -veineuses afferentes dc la sa-phene son! coupees pendant roperation el liees inimediatement. II n'en est pas de raeme dc ces grosses branches #9632;veineuses qui raxupent au fond de lainc, cntourent la base du penis et se plongent sous )a jicau des enveloppes testiculaires : sur trois qui sont ouvertes, une seule pent ctre liee, les deux autrcs sont Irop profondes pour ctre saisies par les pinccs. On est force de tam­ponner pour arrcter Ic s: ig. Des plumasseaux impregnes d'eau salec sont appliques dans tonic rcfendue de la vaste plaie resul­tant de l'enlevement de la corde ct malntenns par plusieurs points de suture a bourdonnets. ( Dielc severe. On projettera ä chaque instant de i'eau froide snr Fappareil jusqu'ä la cessation de l'he-morrhagie. Repos absola.]—Deux heures apres,lesang a cora-ple'ement ces^e de coulcr. L'animal en a perdu de 9 ä 10 Ihres ^'e'est la quantite qu'on retire quand on fait a nn chcvnl une forte saignee). — Le soir, on donne un quart de ration, qui cst mange aveo appetit.
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Le ü8, rauiiiiiil est gai et cheicLe a manger; il ne parait pas plus at'fecte qu'avant roperation. On remarque seulement nn peu de vitesse et de durete dans le pouls. L'appareil de panse-uient n'est pas derange. (Eau legeremenl farineuse. Un quart de ration. On nettoiera ä i'eau froide les bords de l'appareil qui sont penetres de sang concrete,)
Le 29 , meme etar. general. On observe un peu d'engorgement au jarret du membre opere dont les mouvements sont cvidem-inent douloureux. Quelques gouttelelles de serosite sanguino-leme suintent de rexlremile inferleure de l'etoupade. Aucune mauvaise odeur. Les bourses sont considerablement engorgöcs , chaudes et sensibles ä la pression.
Desirant extr.iire de la plaie quelques uns des caillols dont la presence peut devenir dangereuse, jefaioenlever avee precaution i'appareil. On abstei ge avec lögerete le sang epaissi ä la surface de la plaie. Des caillots considerables sont formes dans le voisi-nage de l'aiue : on essaie de les dötacber, et on parvient a en faire tomber piusieurs. Mais quand on arrive aux couches pro-fondes, leur ebranlement est snivi d'un ecoulement de sang noir qui annonce que les veines blessees ne sont point encore assez solidement obstruees. On cesse toute traction et on fait un nouveau pansement compressif. (Projections d'eau froide jus-qu'a cessation d'hemorrhagie. Repos absolu. Quart de ration.) Le sang ne coule que quelques minutes; il en tombe nu plus une livre.
Le 3o au matin, l'engorgement du membre, celui des bourses surtout, a sensiblement augmente. Le membre est raide et se meut tout d'une piece. Sans etre preciseuient abattu , Taniraal a perdu sa gaite des jours precedents; il a laisse un peu d'avoine dans sa mangeoire. Le pouls est vite et serre. II y a eu un peu de frisson de trols a quatre heures du matin. Le poil est pique. Toute la partie inferieure de l'etoupade est penetree d'un sang clair. 01: plutöt de serosite sanguinolente qui mouillc, en s'ecou-laut goulto ä gouttc, la face interne du membre. II s'cxbale de
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l'appareil une legere odeur de sang altere. L'animal fuit avec anxiete le plus leger altouchement de la partie operee cm de son voisinage. Le pouls est moins fort que la veille, il est plus vite ct toiijours serre.
On defait le pansernent avec precaution : il est ä peine enleve, qu'une vapeur fetide s'ecbappe de la region inguinate. Une legere pression sur les bourses engorgees fait sortir par la plaie un liquide roussätre de mauvaise odeur; cependant it ne s'ecoule pas de sang en nature. Je retire avec les doigts , en les decLirant sans traction, plusieurs portions de caillots mous, noirs,putre­fies, qui sont amasses dans des bas-fonds formes par des poches dans le tissu cellulaire des bourses. La profondeur de cos poches et leur position dans l'aine m'empechent de tout enlever. (Pan­sernent avec des plumasseaux impregnes de chlorure de chain. Quelques scarifications sont faites dans reugorgemenl des bourses. On met un suspensoir mateiasse d'eloupes , saupoudre de chlo­rure dechaux solide. Uu quart d'avoine donne en trois on quatre fois; eau blanche. Trois lavements dans la journee. On fera un nouveau pansernent chlorure le soir, et on changera aussi le sus­pensoir. )
Visite du 31. La journee de la veille a ete assez tranquille; ranimal a mange lentement la moitie dlaquo; sa ration; le soir il I'a refusee; elle est encore dans sa mangeoire. La nuit il a ete inquiet, agite, a gratte plusieurs fois le sol avec un membre anterieur. — L'engorgement des bourses a augmente ; il gagne la region inguinale et s'etend sous le veatre jusqu'en avant de roinbilic. L'odeur du chlore ne pent masquer la fetidite de celle que repand le liquide roussätre qui suinte a ti avers le pansernent. Le membre sur lequel a ete faite reparation a plus que double de volume par la tumefaction dont il est le siege : il est dur, tendu et dou­loureux ; tout mouvemcut de flexion y est impossible; il est tenu ecarte en dehors de sa ligne d'aplomb ordinaire. Physionomie generale morne et inquiete, face grippde; ceil brillant; poil terne el pique; amaigrissement sensible. Flanc fortement re-
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tractt'. Respiration accelen'e ct un peu convulsive. Pouls petit, tres serre et vite. Augmentation notable dans la force des batte-ments du creur, qnl sonl sees et bicn dctaclies. Lcs crins s'arra-client facilmncnt. Anorexic.
Pcmseiucnt. Los plumasseaux sent penetres par le. liquide roussätre qui snintait a travcrs I'appareil. I'.s tombent on masse aiissitot qu'ils ne sont plus retenus par lcs noeuds ilc la suture et cntraincnt avec enx quatre ou cinq ponio/is de caillots mollas-seSj couleur encre de Chine, d'une odeur reppussanle, avant cliucun a peu pres le volume d'une grosso noix. Un ichor infect remplit les sinus que forme la plaie dans les baurses. Aucune trace de bo.urgeonnement ou de suppuration, {.a surface de la plaie, quand eile cst nettoyec cst d'une temle ardoisce livide. Lcs levrcs de peau dans lesquelles lcs points dc suture ont ete engages, tombent en gangrene. II faut rcplacer d'au'res fils ä co'ü des premiers tout u fait a la base des levres. ?tlalgre I'im-inincnce dc la moit, on fait de nombrenscs scarifications dans les parties engorgces; on en exprime, on les pressant, le plus possible de la serositc qui les infiltre : apres quol on fait pene-trer des caulcres actuels dans lcs plaies resultant des scarifica-tions. ( On adininistrcra une boutcille de vin dc quinquina ; et on fera prendre uu clcctuaire tonique camplu'e. )
A dix heures une sneur froidc reconvre les parties gi'nifalos. Les extrciniies se i-cfroidissnnt aussi; le pouls est imperceptible. Les battements du coenr sonl: si forts qu'ils cbranlcnt le corps dc ranimal. Respiration acceleree; rcouvements des flincs sac-cades ot convulsifs; \ cux hagards; faiblesse extreme;'cliancol-lomcnt. Chute a onze ijein'es un quart sur le cote gauclic. Faibles et inutiles efforts pnur sc relever; agitation continuelle des mem-bres. Mort ä midi moins dix minutes.
Autopsie a trois heures. ( Trois' heures apres la mort.)
Abdomen. Rien dc remarquable dans I'appareil digestif, si cc n'esl un peu de ramollisscment de la rate, dont on exprime
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facilement, aprfe l'avoir coupee, un liquide cpais rouge lie de
Pilcn dans I'appareil urinalre.
Les cavitc-s nasales, le larynx et la trachee sont sains.
Poumnn. Un asscz grand nombre de petits points comincpu-rulents, existent dans le lobe pulmonairc droit, notauiment d;ms son bord dorsal. Quelqnes uns de ccs petits corps se troiivent aussl dans le lobe gauche. Ils out la consistance ca-ecuse, et s'e-crasent facilement sous le doigt. Quelqnes uns sont plus formes et ne cedent qu'ä uric forte pression. Leur volume varie de celui d'un gros pois ä cclul dc la lefe d'une petite epingle. La sub­stance pulinon.ärc qui entoure la plupm-t d'entre eux es! parfai-tement saine. 11 en est qui sont enkyslcs. Independaminent de Ces alterations evldcmmcnt anciennes, bicn que d'une date dufe-rente (il ne faut pas oublier que ce cheval ctait, farcineux dcpii:s trois mois ), on rcmarque aussi daps la substance des deux lobes pulmonaires et pres de leur surface, une multitude de pelitcs extravasations sanguines, coulcur sang artericl, qui rendent comme sableede rouge vir'la coupe un peu ro;ee dutissn pulmo­nairc. Quelques unes de ces facbes ont la largeur dquot;une lentille; prosque loutcs sont bcanconp plus pctites.
La substance da cocur est pä!e et un peu ramollie. De larges eccbymoses existent sous ia sereuse du ventrJcule gancbe, sur-tout pi es des valvul.s auriculo-ventricu'aircs. Le pen de sang contenu dans ces cavites est pris en caillots dans lesqucls la ])artie blanclie est plus abondante et piqueiee lt;le rouge : le c.uliot noir e,-t en petite quantity et sans consistance. Le ventricule droit ne präsente que deux eccbymoses du cote du septum ventricnlaire; il est disfendu par du sang noir non pris en caillots, et exhälant une legere odeur de gangrene. — Cette odenr ctait surtout pro-noncce dans le sang que contenait la partie abdominale de la veine cave posterienre dont la face interne etait evidemment, je ne dirai pas enflaraiuee, mais rougie du cöic gauche, eelui sur lequel avail repose le sang, Taniiuai etant loiube sur cc cote.
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y etant mort, el ayant conserve cette position jusqu'au moment de l'aulopsie (i).
Region inguinale. Les ganglions sous-lombaires sont engor­ges mous, et d'un rouge brun, tellement foncc, qu'ils ressemblent a des caiilots de sang.
Le peritoine est marquet^ de plusieurs taches ecchymotiques de forme et de grandeur variables, rapprochees surtout du cote de la region pelvienne.
La surface de la plaie resultant de l'operation est llsse, d'une teinte bleuatre livide; les muscles de la face interne de la cuisse sont pales, ramollis, ecchymoses par plaies. Une sirosite san-guinolente engorge 1c IIssu cellulaire des bourses. — Sous la peau du scrotum, dans la region inguinale droite existe une poche communiquant avcc la partie superieure de la plaie, s'enfoncant ious la raoltie superieure de cette partie des enveloppes, et ren-fermant une masse sanguine noirdtre, epaisse, sans consi-stance, exhalant une tres forte odeur de putrefaction.
( Ce cheval elait surveille par I'eleve Samson.)
(i) Un morceau d'aorte thoracique d'un cheval sacriütf pour les dissections des (Sieves, fut plongd dans le sang odorant et presquc fluide qu'on vctira de cette partie de la veine cave posl^rieure. Un autre morceau fut plonge dans du sang du m^rae aninul retird dc la vciue cave anterieure oil il ctaiteu partie coagule ct n'avait aucunc o leur. Au bout d'un quart d'heiire , ces deux morceaux furent re­tires el examines comparalivemcnt. La face interne du premier avait pris une teiolc rougeätre uniforme, legerement veinulde, que le frottement et le lavage ne puren t faire disparaitre. II a suffi de faire couler un filet d'eau sur le second pour en enlever tout le sang et lui rendre sa coulcur jaune naturelle.
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IIIX-SEPTIEMF. OBSERVATION (l).
Gangrene ä la suite d'un seton au poitrail. Mort de l'ani-mal. Sangputrefie dans le trajet du seton.
Le 16 aout 1827, par nne temperature tres elevee, M. Causard, voiturier ä Maisons-Alfort, ramene aux höpitaux de I'ecole un vieux cheval qui en etait sorti cinq jours auparavant, apies avoir ^te traite avec succes d'une inflammation gastro-intestinale, dont la convalescence avait ^te tres longue (a). Le lendemain de sa sortie, le sieur Causard ayant eu occasion de faire voir son che­val ä un rnarechal de Bercy, celui-ci lui avait conseille de lui mettre un seton au poitrail, pour rendre sa guerison plus com­plete, attendu que ce moyen ayant ete neglige ä I'ecole, il se pourrait faire que son cheval retombät bicntot malade une troi-sieme fois. A I'inslant meme on avait procede ä l'operation, a la suite de laquelle, nous dit M. Causard, il avait coule beau-coup de sang clair comme de l'eau rousse. Comme le sang con-tinuait toujours a couler, M. Causard avait laisse son cheval chez le maröchal, et l'avaitrepris lesoir a son retour de Paris. Le 111a-rechal lui dit que le siton ayant encore donne une certaine quan­tity de sang, il avait ete oblige, pour en arreter recoulemenl, de mettre beaiicoup d'amadou et d'etoupes dans les deux ouver-tures, ce qui avait parfaitement reussi; qu'il y avait bien un peu d'engorgement au poitrail, mais que cet engorgement etait avan-tageux, parce que le seton ferait plus d'effet; qu'il ne devait done pas s'en effrayer; qu'il suffisait de le grcisser avec de l'on-guent populeum. Rassure par ces raisonnements, M. Causard
(1) Extraitde la clinique de M. Vatel. • (a) Ge m^me cheval avait ete affect^ de la gastro-entdrite ipiioo-tique qui rigna en 1826, et, au dire deM. Causard, nes'^tait jamais parfaitement rdtabli, bien qu'il cut toujours depuis continue son travail.
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avail ramenij le clieval chez lui, et ctait parti le lendcmain matin en vovage, laisiant son malade a 1'ecurie, el recommandant bicn au charretier [ul devait le soiyner, in:/roller le scton avec de l'onguent popileuin, si rcngoigcment continualt. II etait i-estc deux jours aosent; et ä son retour, eff'raye de l'etal oü il avail trouve son cbeval, il l'avail avec beaueoup de peine con­duit a I'ocole, laut etait gran de la didiculte qnll eprouvait a marcl.er! Tels sont les renseignements que nous donneM. Cau-sard, en les entreiuelant de maledictions fort energiqucs centre sou ami lo marccbal.
Le malade qu'il nous presentc porte au poitrail un engorge-nieiil considerable, traverse par on seton ä nicclie, dontles deux extremites. rcunies enscc ble par un cccud, sont tendues par la tumenr dent ellos. si-rrent dtroitemeat la panic quell es embras-sciit. Les membres antürieurs öcartes run do I'autrc sonl iuiiltrcs a pleine peau jusqu'au genou. L'animal parait accablö de la marche qu'il a i'aito ( il a ö'ö plus d'uue lieure ä parcourir un quart dc licue). II n'a presque plus de pouls; les inuqueuses ap-parentes sont pen cülorues, le flanc est corde, IVell fixe et ba-qard, la respiration courte, les alles du nez dilatoes; le centre dc I'engorgement est presque froid el a peine sensible. Ou coupe le scton, on retire la inccbe, el avec eile une donzaine au moins do tampons d'etoupes qui avaicnt scrvi au marechal a arrcter 1 lidmönbagie. Deux ou trois decililres dc scirii; epais, iioir et duns un cuit complet de dissolution putride , s'echappent par les ouvertures du sclo/i aussitol qu'elles sont dosobstruees.
La mort etait ir.uninente; et avant de rien esbaytr, on en pre-vient 31. Caus.ird, cjui, nc pouvant croire ä de pareils elf'ets d'un .scion, vent reconduire son clieval cbea lui, et prie qu'on lui envoie des eleves jiour le traltei. Une beure apres ies eleves sont' de retour; ils ont trouve le cbeval ctendu mort sur un des cotes de la route a deux cents pas de I'tcole.
L'ouverture n'en a point lt;ite faite.
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RIISUMl': DKS OBSERVATIONS ^UI PRECEDENT.
Sjmptoines, marche, dure'e, terminaison.
Au milieu de tous les rapports, jo dirai presque de In ressetnblance si frappante que presentent entre cux les dix-huitcas qui precedent, on aura reniarquc surtout une circonstance matörielle laquo;jui n'a manque dans aucun d'eux cl en constitue ovideiniiieut le ca-raclere principal : je veux parier de la presence au centre des engorgements qui out forme Ic point de depart des accidents gangTcneiix, de caillots saa-guinsoudü sang liquide, de couieur , cic consistauce et de quantite variables, mais touiours dans un dint plus ou 7/ioiiis avancd de ddconiposition putride. Or, e'est lä ä nies yeux uu fait capital que je mc borne quant ä present ä constater, et snr lequel je revien-diai bicnlot pour en develupper ['importance etiolo-gique.
Mais d'abord 11 me semble ulile de resumer dans une analyse rapide ['ensemble des caracteres (pie presente ia gangrene lorsqu'elle se manifeste dans les circonstanccs quo je vieus do rapporter j de rap­peler les phenomenes qui accompagnent et indiquent sun dcveloppement; d'en prcciscr autant quo pos­sible la marcbe el la duree generale, et enfin de re-tracer les lesions les plus sailiantcs qu'on trouvc ä l'autopsie des cadavres.
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Dans l'espece^ c'est generalement trois, quatre ou cinq jours apres qu'une operation ou une blessure Onl uccasionnc un eeoulement sanguin , que se nion-trent les symptomes qui precedent immediatement ou decelent dcjk la naissance de ia gangrene. Toute-fois, une condition est indispensable ä cette mani­festation ; c'est qu'une quanlite plus ou moins con­siderable de sang ail sejourne soil sous un appareil ä la surface de la plaie, soit dans des poches resultant du soulevement de la pcau, soit dans des sinus plus profonds existanl enlre les muscles ou sous les apo-nevroses. 11 est des cas cependant dans lesquels ce n'est que plus longtemps apres le moment ou la plaie a ele faile, oü le premier eeoulement de .sang a eu lieu, que les accidents se declarent: les 3e, 9% ioe et 1 ic observations en fournissent des exemples. Mais, dans ces cas, il est remarquable que trois, quatre ou cinq jours avantl'apparition des phenomenesgangre-neux,une cause parliculiere avaitde nouveau donne lieu a unehemorrha^ie,et que du sang s'etait amasse dans la profondeur ou ä la superficie de ia plaie.
La presence de sang epanche an certaine quanlile, ayant sejourne un certain temps dans la plaie, est done la condition materielle, la condition sine qua non du developpement de cette variete de gan­grene. Cela ne veut pas dire qu'elle soit la seule; car, ä ce compte , un tres grand nombre d'operations sanglantes auraient presque inevitablement cette fä-cheuse terminaison. II est besoin, au contraire^ pour
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(97) (jue ce resultat se prodnise, quc les malades sc trou-vent sous ö'aulres influences quejeferai connailre, et dont Teilet sur le sang amassc dans la plaie , im-prime ä ce liquide les modifications qui rendent son contact si funeste aux tissus vivants.
Avant que des signes certains de gangrene aient ete reconnus, on peut, jusqu'ä un certain point, soupgonner l'immioence de son dcveloppement. Un engorgement inaccoutume se forme rapidement au-tour des parties operees. Get engorgement s'etend dans lous les sens, est oedemateux aux limitos de sa circonference ; il est ordinairement lendu, chaud et douloureux au centre; la plaie autour de laquelle il a pris naissance (quand l'abscnce ou I'ddevement de l'appareil de pansement permettent de i'examiner), est rouge livide, plombee, luisante; rien n'yindique l'etablisseincnt prochain de la suppuration ; ou si dejä celte secretion morbide avail commence, eile s'esl supprimee presque tout ä coup. Le liquide qui s'cn ecoule est sero-sanguinolent, sans odeur d'abord; ou bien il a une odeur fade ou legerement amrno-niacale; il est rare que cette odeur nc soit pas deji tressensiblement fetide lorsque rengorgernent dato de plus d'un jour.
Le pouls, ä cette epoque, est surtout remarquable par son acceleration. II n'y a, comme phenonenes g^ncraux, que des symptomes de reaction febrile d'autant plus prononces que l'animal est d'une con­stitution plus forte et plus energique, Cependant sur
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(98) les individus debüites par l'äge, les fatigues ou les mauvais soins, ces phenomenes generaux sont ä peine sensibles; chez eux, il n'y a encore de saisis-raquo;ables que les symptomes locaux.
Que si, averli par ces premiers caracteres,le pra-ticien n'a pas, en enlevant avec soin tout ce qui se trouve de sang a la surface ou dans la profondeur de la plaie, et en appliquant un pansement approprie, prevenu l'aggravation des accidens, alors le mal fait des progres dont la rapidite est quelquefois effrayante. La tumefaction , de plus en plus chaude et doulou-reuse, envahit toute la region malade , puis les cir-convoisines, au point d'en gener considerablement ou empecher tout h fait les mouvements : eile s'etend principaiement vers les parties declives oü eile est plus oedemateuse. La liquide qui s'ecoule de la plaie, qu'on en fait sortir par la pression, ou qu'on en re­tire par un moyen quelconque, est roussätre, brun ou bistre, d'une odeur putride plus ou moins pro-noncee. L'animal fuitavec anxiete lemoindre attou-chement ou seulement un semblant d'atiouchement sur la partie malade; et l'exaltation de la sensibilitc y est teile, que, par la position parliculiere qu'il lui donne,il semble qu'il cherche a la soustraire ä une pression douloureuse qu'il y eprouverait incessam-ment. A cette epoque, on observe une acceleration notable dans le pouls qui ordinairement diminue de force etse serre. Les mouvements respiratoiressont plus presses^ ily a do I'agitation dansleflanc; les reins
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( 99) sont inflexibles; il y a quelque chose cle grippe dans la face; un air de vive soult'rance ou de malaise pro-fond dans la physionomie, se decelant par la relrac-tion des levres et des alles du nez, par rexpression alternativement morne ou brillante du regard. L'ani-mal est tantöt abattu et comme absorbe, tantot dans un 6tat d'agitation presque continuelle; il y a parfois des soubresauts dans la region malade. L'appetit est nul; cependant il n'est pas rare de voir les chevaux a temperament nerveux saisir convulsivement la paille ou le foin, les mächer avec une espece de fu-reur, et puis les laisser retomber a a bout de quelques instants sans avoir cherche ä les avaler. Fas de defe­cation. II y a chaleur vive a la peau.
Tons ces symptömes existent ordinairement des le dcuxieme ou troisieme jour de l'appariüon de l'en-gorgement. Ceux qui leur succedent annoncent que dejä le mal a fait des progres plus profonds et que I'infection gangreneuse commence a se generaliser. A ce moment, les phenomenes locaux n'ont plus qu'un intcret secondaire : c'est I'economie tout en-tiere qui est penetree par le poison morbide et en accuse la presence et les etfets par les symptomes suivants qui sent caracterisliques:
Le pouls devient de plus en plus vite et s'amoindrit: au fur et ä mesure qu'il perd de sa force; les balte-mentsducoeurdeviennent plus sensibles et augmcn-tent d'energiej ils sont sees, bien dessines, ne peu-vent etre sentis d'abord que par l'application de la
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( laquo;00 ) main sur le cot^ gauche; mais plus tard, et progressi-#9632;vement, ils deviennent plus distincls et finissent par heurter si violemment la poitrine, qu'ils ebranlent visiblement le corps de Tanimal ächaque contraction ct peuvcnt etrefacilement entendusa quinzeouvingt pas de distance. Je le repete, cette energie va crois­sant jusqu'aux derniers moments de l'animal; el, chose singuliere, c'est quand Je pouls est dcvenu in-cxplorable qu'elle a acquis son maximum d'intcn-site (i).
(i) Cette augmentation progressive dars la force des Latte-ments du cceur, correspondant a une diminution sensible et gra­duelle dans le developpement du pouls dont I'acceleration va croissant, s'observe presque invariablement, soit dans les maladies dans lesquelles les qualites du sang s'aiterent primitivement ou consecutivement sous l'influence de causes a action lente ct con­tinue ; soit, et surtout, dans celles oü l'alteration de ce liquide est due a TactioH presque instantauee de matieres virulentes ou sep-tiques quelconques introduites par voie d'injection ou d'absorp-tion dans le torrent circulatoire. A.insi, pour rest er dans le cercle des maladies naturelles (qu'on me permette cette expression), on la remarque dans le cours des maladies charbonneuses carac-terisees d'abord par 1'apparition de tumeurs ä la peripherie du corps; ainsi dans le cours et ä la suite de longues suppurations; ainsi quand la gangrene locale s'etend au lieu de se circonscrire, et doit se terrniner par la mort, etc.: dans tous ces cas, je re-garde ce phenomene comme le premier indice de la generalisa­tion des effets du poison morbide , et je l'attribue au commen­cement de l'alteration du sang dejä plus ou moins infecte par ce poison, La suite de ce memoire prouvera que cette derniere sup­position n'est pas sans quelque fondement.
Pourrait-on expliquer cette augraentaiion si remarquable dans
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( 'Öl ) Le iiioment oü les ballements du coeur commcn-cent a se faire sentir, coincide avec une augmenla-lion remarquable clans la fetidit^du liquide contenu dans la plaie ou qui s'en ccoule. A cede cpoque I'engorgement local fait encore des progrcs sur quel-quessujels,restestalionnairechez la plupart,eprouve
les battements du coeur, par i'impression parliculiere que doit percevoir cet organe a I'arrivee dans ses cavites d'un snng mo-difie dans ses qualites naturelles par son melange avec le poison, et devenant de plus en plus excitant, ou ineine irritant, au fur et a mesure que la quantite du poison augmente? Ccs Latteinents plus foits (que ce soit la systole ou la diastole qui les constitue) re seraient-ils pas unc manifestation de la reaction du coeur au contact du sang altere qui vient de le penctrer tout it coup? Ce qui est constant, c'est que dans les cas a niarclie si rapide de tumcurs charbonneuse ou gangreneuse, cVst peu de temps, souvent meine peu d'heurcs apres qu'ils out commence a sc faire sentir, mais toujours apres, qu'il devient evident par d'autres symptomes que la maladie, toute locale d'abord, du moins en apparence, est devenue generale: ce qui est constant, c'est que dans les maladies ä marche beancoup plus tente, qui resultent dans nos animaux domesfiques des resoi ptions puru-lentes, ils existent avec un caractere bien parl'iculier lonj'temps avant qu'aucune aotre modification fonctionnelle un peu frap­pante ait fait soupconner quot;infection de l'economie; ce qui est constant encore, c'est que ces battements augmenlent au fur et a mesure que le poison morbide est verse plus ahondamment dans le torrent circulatoire. Aussi ai-je depuis longleraps, a ma cli-niquc,appele l'attention des e'eves sur ce symptöme qui m'a toujours etc d'un grand secours pour le diagnostic et le pro-nostic des affections gangreneuses ou piinilentes , si frcquentcs dans no-i hypitanx.
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un leger affaissement chez d'autres; sur presquc tous il est moins douloureux et moins chaud. La res­piration s'accelere; les mouvements des flaues sont courts, saccades;il y a des sueurs partielles, quel-quefois des tremblements musculaires au grasset, en arriere dc 1'epaule,en avant du poitrail. Certains sujets out des paroxjsmes febriles caracterises par un frisson suivi de sueurs gcnerales(huilieme observation) jchez d'autres, ilscmanifeste dessymptümescerebrauxavec agitation violente, spasmes, envie de mordre, etc. (cinquiemeobservation);le plus grand nombretombe dans un elat d'affaissement qui durejusqu'ä la mort presque sans interruption. Dans ce dernier cas, la tete est basse, l'oeil terne et fixe, les paupieres demi-fermecs ; I'animal est,commeon le dit, au bout de sa longe; il ne parait pas entendre le bruit qu'on pent faire autour de lui, il sent a peine les coups qu'on lui donne pour le faire tourner ä droite ou a gauche; il laut le pousser si on veut le faire changer de place; il se couchc raiement; si on essaie de lui faire faire quelques pas, il se fait tirer par sa longe; sa marche est nonchalante et inccrtaine; il butte souvent pour pcu que le terrain sur lequel il chemine soit inegal. Dejä, a cette epoque, le tlanc se creuse; le corps s'arnaigril visiblement; le poil est pique ; les crins re-sistent. moins aux efforts qu'on fait pour les arracber; el meme, sur les sujets naturellement affaiblis, ils cedentk la plus legere traction.
Ces svmptoincs marquent, commc je l'ai dit, les
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( '03) premiers effets de l'infection gangreneuse generale.
Apres ce temps, la maladie marche vite, et tout annonce une mort prochaine et inevitable. Le pouls, dont l'acceleralion at la petitesse avaient ete crois­sant , s'efface progressivement et devient inexplo-rable; landis qua les mouvements du coeur onl une teile violence, et parfois une teile precipitation, qu'ils sont souvent tumultueux.La respiration est confuse; les mouvements du flanc sontconvulsifset irreguliers; les extremites et la surface du corps perdent leur chaleur naturelle; les sueurs, a'il y en a, sont froides j la faiblesse est extreme; c'est a peine si I'animal peut se tenir sur ses metnbres^ il ch.tncelle au moindre mouvement qu'il execute; 1'amaigrissement fait des progres rapides; les crins ne tiennent presque plus , des meches entieres en sont arrachees sans effort; les muqueuses sont pales ou d'un rouge livide. L'engorgement alors est considerablement affaisse , Iroid, indolent. Les plaies se sechent, ou le peu de liquide qu'elles laissent ecbapper est sereux et a une odeur insupportable; souvent la peau est decolleeä leur peripherie et tombe en gangrene a leurs bords.
Arrives acette periode de la maladie, certains ani-maux vivent encore un jour enlier dans un 6tat d'in-sensibiliteabsolue, pr^tsä tomber a chaque instant, ne sesouienantsur lesquatremembresquen lesecartant automatiquement pour elargir leur base de sustenta-tion, en m^me tcrnps qu'ils appuienl le mcnton sur le bord dc la mangeoirc cl le corps sur le mur voisin.
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Chez la plupart, ia mort se fait moins attendre : I'ani-mal se couche ou plutot ae laisse tomber cornrne une masse, fait quelquefois d'inutilcs efforts pour se relevcr, agite presque continuellement !es membres anlerieurs et finit par mourir au milieu de ces pe­nibles convulsions.
Teile est, en general, la marclie des accidents; teile est la succession ordinaire des svmptömes dans ces sortes de cas. La duree en est toujours ties courte. Le plis grand nombre des malades succombe du troi-sieme au cinquieme jour a compter de l'apparition
dos premiers symplomes gangreneux. Quelques uns
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rneurent plutot; peu resistent plus longtemps.
Dans tous les cas , si rapide qu'ait et6 la marche de la gangrene, eile öftre dans son developpemenl, comme on vienl de le voir, trois temps bien distincls qu'il n'est pas sans importance pour la pratique de signaler ici.
Itepremiei^ temps est marque par ia serie des sym­plomes locaux, tels que I'excessive doulenr de la
Manic, ic utuui uc 1 cugurgciuciii. ^ 1 uucur lauu uu
seulement un peu ammoniacale de la plaie ou du liquide qui s'en echappe, etc... La fievre n'existe pas ou n'est que legere; le pouls et la respiration ne sont point gravement älteres; 1'appetit n'a pas entierement cesse. A cette periode qui dure ra-rement plus d'un jour, I'affection est encore toute locale, el eile pent ctre nrrelee par l'enlevement de la cause materielle (le sang piUröfie) qui la produit.
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( i05 )
L'extension considerable tie renquot;or£fpment et 1'odeur putride exhalec par la plaie, co'incidant avcc plus de precipitation dans les mouvemcnts respira-toircs, avec une acceleration notable dans le pouls qui devient jictit ct serre, avec I'augmentation pro­gressive dans la force des battemems du coeur el dans les phenom^nes d'une violente reaction iebrilc ou d'un commencement d'abaltement, sont les carac-leres principaux qni marquent le debut du second temps. A ce moment , le pronoslic est des plus graves; une quantile plus ou moins considerable de maticre pulride ou d'ichor gangreneux a dejä ete transportee par voie d'absorption dans la circulation generale: les chances de succes pour un traitement quelconque sont done fort incertaines.
Enfin, le troisieme temps est caracterise par 1'affai-blissement graduel de l'animal dont le pouls s'efface en meme temps que les batlemenls du coeur redou-blent d'energic, donl les crins sont facilemcrt ar-raches,dont les extremilcs se re fro i dissent^ dont I'anxiete devient de plus en plus prokm(lc,elc. Je n'ai pas besoin de dire qu'ä cette periode qui est celle do I'infection generale, toute tentative dc traitement serait infructueuse : la mort alors est inevitable et tres prochaine.
11 est rare, quand le poumon est deja le siege de lesions quelconques plus ou moins anciennes au mo­ment ou la gangrene locale se declare, quc ces le­sions nc prennent pas trespromptcment le caractere
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( io6) gangreneux. Les premiere , septieme, huitiemc , dixieme et treizieme observations en sontdes preuves frappantcs.Eneffet,lesujetde la septieme observation toussait depuis deux mois quand on a pratique 1'ope-ration ä la suite de laquelle la gangrene locale d'abord, puis la gangrene pulmonaire, se sont declarees. II en etait de mcme du sujet de la treizieme. Le cheval qui a fait le sujet de la buitieme toussait, il est vrai, de­puis moins longtemps lorsqu'il est anive aux infir-meries de l'ecole; mais le proprietaire a dit qu'il avait etc traite anterieurement pour deux maladies de poi-trine. Quant aux sujets des premiere et onzieme, sur lesquels il no fut donne aucun renseignement de cette nature, et qui nc prcsentalentäleurarrivee au­cun Symptome apparent d'affection pulmonaire, I'au-topsie a demontre evidemment des lesions anciennes dans la substance du poumon.
Dans ces cas de complication, on congoit que la coexistence d'une maladie aussi grave qu'une pneu­monic imprime quelques modifications a la marche ordinaire de la maladie principale; on concoit que des symptomes particuliers doivent se produire: cepen-dant on pent voir par les cinq observations oü des fails de cette nature ont ete consignes, que la pby-sionomie generale de l'infection gangrcneuse n'en a pas ete sensiblement changee. II y a eu quelques symptomes de plus; il n'y a eu aucun Symptome de moins.
Ce quo je dois faire remarqucr, c'est quej dans
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( I07 ) quatre des sujets qui ont ete affectcs de pneumonic, cette maladie n'a pris le caractere gangreneux que 1c lendemain ou surlendemain du jour oü ce caractere s'est declare dans la plaie point do depart de la gan­grene. II est vrai que dans le sujet de la huitieme ob­servation la gangrene locale a paru cxisler six ou sept jours au moins avant la gangrene pulmonaire : nean-moins, si on lit avec attention les details de cette observation , on verra que ce n'est que le 29 Janvier qu'a commence autour de la plaie 1'engorgetnent que nous avons signale comme le premier indice de la tendance de la gangrene a se generaliser : or, c'est le 3i qu'a ete tnanif'estement reconnue dans I'air expire, cette odeur fade particuliere qui caracterisc le debut de la gangrene pulmonaire.
II est done de toute evidence que, dans tous ces cas, le developpement de la gangrene dans le poumon a etc la consequence directe du developpement de la gangrene dans la plaie exterieure; et il est bien re-marquable que le moment oil la pneumonic prend un caractere gangreneux, est precisement celui oü des symptömes certains indiquent que le poison gan­greneux a commence a etre verse par ['absorption dans la circulation generale.
Autopsie.
—Sur tous lessujets, sans exception, on a trouveau milieu des lissus ou a la surface des plaies d'oii I'en-gorgement gangreneux laquo;vait procedc, une notable
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( laquo;öS) quantite de sang dans mi etat complet de decom­position putride. Sur les uns ce sang lt;5tait a I'etat de caillots noirs generalement ramollis ou diffluents; sur lesautres a I'etat de masses ou plaques fibrineuses, jaune terne, facile a ecraser^ sur d'autres, il se trou-vait ä I'etat de liquide epais ou clair, de couleur rouge-brun ou bistre; sur bcaucoup, il y avail a la fois dos caillots noirs ou des paquets fibrincux, et unc quautite plus ou moins considerable de sang liquide ou de serosite sanguinolentc alleres.
Le tissu cellulaire entourant ces maticres pu-trides eslinfiltre a une profondeurel dans une eler-due variables , mais toujours ires grandes, de liquide sereus, ordinairement rougealre Ires pres du foyer pulrilagineux, jaune citrin partout ailleurs. On y rencontre assez souvent aussi des rougeurs ecchy-motiquesou dc Pinjection capillaire. Je n'y ai jamais trouve de pus.
Jj'etat des muscles qui environnent la plaie varic peu. Ceux qui torment ouavoisinentle plus ses parois sont generalement mous, faciles a dechirer, et d'un pile jaune macuiede rouge leine livide. Ces carac-teres, mais beaucoup moins prononces,se retrouvent dans les muscles de toute la region siege de I'engoi-gement, lorsque le foyer gangieneux a ete un peu ctendu.
Si j ajoute que, dans quelques cas, la peau s'est decoilee on e.sl tombee en gangrene aiitourousur les bords de la [dale , j'aurai indiquc lous !os dcsoidrc.s
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( too ) observes dans ces circonstances sur la partie mahde
ou a son voisinagn.
— Quant aux lesions profondes, elles nesont ni aussi nombreuses ni aussi apparentes que I'intensile des symplomes et la terminaison si promptement funestede la maladie pourraienl le faire supposer.
Coeur. Dans quelques sujets, dans ccux surtout qui sent ouverts assez longtemps apres la mort, unc quantite plus ou moins considerable de liquide sero-sanguinolent est epanchee dans le pericarde. Dans certains cas aussi, des laches desang,des piquetures sablees, ou une aureole rougeatre accompagnent dans leur trajet les vaisseaux qui racnpent dans les scissuresspiroides et coronaires. Le tissumusculeux du coeur est loujours pale, flasque, et sedecliire avec la plus grande facilile : mais ses cavites ne se pre-sentent jamais l'une et l'autre dans le meme etat :
Ventricule gauche, l.e sang que renferme co veutricule est gencralement en moins grande quan­tite que celui contenu dans le ventricule droit: il est prisj ordinairement, en une petite masse dont la plus grande partie est du caillot blanc lame sur l'une de ses faces d'une couohe plus ou moins ^paisse de caillot noir tres peu consistant. D'autres f'ois il n'y a que du caillot noir; rarement il s'y trouve du sang ä l'etat liquide. Dans aucun cas il ne m'a paru exhaler l'odeur de la gangrene.
Dans tousles sujetsde rnes observations sur lesquels le coeur a ete ouvert, (et sur presque tous il I'a ete),
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( no) j'ai trouve a la face interne du ventricule gauche des ecchjmoses en quantite variable, ayant depuis la largeur d'une lentille jusqu'ä celle d'une piece de cinq francs; existant par fois sur presque toute 1'e-tendue de la face interne du ventricule, mais se trouvant le plusordinairement sur lessaillies forraees par les colonnes charnues. Ges ecchymoses consistent dans des couches de sang pur, epanche et etale entre la membrane interne du ventricule et son tissu mus-culeux qui s'en trouve quelquefois impregne ä une profondeur de un on deux millimetres. Ces couches ont rarement plus d'epaisseur qu'une feuille de pa­pier ordinaire; cependant j'en ai vu dont cette di­mension egalait celle d'une piöce de vingt sous. La membrane sereuse qui les recouvre est parfaitement saine (i).
(i) SI j'insiste autant sur la description de ces ecchymoses #9632;ventiiculaires, e'est quo, bien qu'elles se rencontrent tres fre-quemment dans les herbivores dornestiques, on n'est pas bien fixe sur leur nature qui a etc et est journellement encore me-connue par un grand nombre de veterinaires. Les uns, en effet, les rapporlent ä rinflammation des caviteraquo; du cocar; d'autres les considercnt comine des taches gangreneuses; ceux-ci les regar-dent comine des lesions partieulieies aux maladies typhoides; ceux-lä convmc des effets caracterisliques de certains agents toxiques. II est vrai qn'on remarque presque constamment ces ecchymoses dans les atiimaux qui ont succombe ä des maladies charbonneuses, typhoides, gangreneuses, on ä la suite de Tad-ministration de certains poisons : mais, par cela ineme qu on les
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Sur tous les points oü ces ecchymoses manquent, la face interne du ventricule a sa couleur ä pen pres naturelle. Elle n'est rouge ou brune dans toute son etendue qne dans les cas rares oü le sangqu'elle ren-ferme etant liquide et tres fence f on a laisse beau-coup de temps s'ecouler avanl de faire l'autopsie (6e observation).
V^entricule droit, Le sangcontenu dans cette ca-
retrouve dans tous ces cas , il est evident qu'elles ne sont partl-culieres ä aucun d'eux.
II est pourtant, je ne dis pas une maladie ni meine un genre de maladie, mais un phenomene morbide, un symptome com-mun ä plusieurs maladies, dontla coincidence avec ces ecchy­moses est de nature a frapper tous les observateurs : je veux parier des batfements du coeur quand ils se sont montres avec une certaine violence dans le cours de l'affection , quelle qu'elle soit. En eff'et, dans les maladies qne j'indiquais tout a I'Leure comme celles ä la suite desquelles tous les veterinaires ont re-connu ces taches sanguines dans les ventricules, les battcments energiques du coeur sont signals comrae un des symptomes les plus constants. Y aurail-il done entre ce Symptome et cette Msion un rapport de cause a effel ? Ne pourrait-on pas regarder ces ecchy­moses comme de vöritables hemorrhagies resultant de la döchi-rure de quelques unes des fibres du tissu musculeux du coeur, de-chirure produite elle-meme par la violence extraordinaire des contractions de ce tissu? Pour ma part, je le crois. 11 est remar-quable, en effet, que e'est dans le ventricule gauche que ces ec­chymoses ont lieu constamment; tandis qu'elles sont moins fre-quentes et bien moins considerables dans le ventricule droit dont Faction est beaucoup moins energique: il est remarquable aussi
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vite, independamment de ce qu'il est plus abondant et plus fence en couleur, est toujours plus dif­fluent que dans le ventricule gauche. Je n'y ai jamais trouve de caillot blanc. Tantöt it est pris en caillots iioirs extremement mous; tantöt il est tout ä fait li­quide et ressemble pour la consistance et la couleur a de la poix fondue. Dans quelque cas il a une odeur qui rappelle a un degre plus ou rrioins prononce celle de la gangrene (i ie, i6e et 20e observations.)
que, lorsqu'elles sont en petit nombre, elles existent aux points correspondants ä l'insertion des colounes charnues, lä oü les pa-rois musculaires sont le plus epaissc et les pins puissantes; et que, lorsqu'elles sont nombreiiscs , e'est ä ces points que se trouvent les plus el endues. J'ajouterai, pour donner une nouvelle proba-bilitc ä mon opinion, que ces ecchymoses s'obser\cnt sur un grand nombre de chevaux qui, sans avoir ele malades, ont suc-cornbe apres avoir beaucoup souffert et s'fitre violemrnent debat-tus plusieurs heures avant leur mort: par exemple, les chevaux qui scrvont aux exercices operatoires de nos eleves , et qui meu-rent apres avoir subi chacun pendant une journce entiere plus de soixanle operations , la plupart longues et douloureuses. C'est pour la meme raison, sans doute, qu'on ouvre pen de chevaux morts ä la suite de coliques violentes ou d'affections vertigineuses, sans rencontrer des ecchymoses dans les grandes cavitcs du coeur. Cependant, je rae bäte de reconnaitre que si dans certaines maladies (typhoides , gangreneuses etc.), ces ecchymoses sont plus constantes , plus nombreuses et plus etendues, cela ne de­pend pas seulement de la violence des contractions du coeur; mais aussi, et en m^me temps, dune part, du plus de liquidite du sang; d'antre part, de la plus grande mollesse du tissu du coeur ii facile a dechirer dans ces maladies.
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A moiiis que I'ouverture n'ait lieu immediatement ou trcs peu d'heures apres que I'animal a succombe, la face inlerne des cavites droites a, dans toule son etendue , uneteinte rouge d'autantplusfonceequ'on s'eloigne davantage du moment de la mort, Que si on procede a I'autopsie une, deux ou trois heures sculement apres, il est ties rare, quel que soit I'elat physiquedu sang, que cette coloration existe (2% 3% 7deg;, 9', i2e, iß' et 20' observations.)
II est facile de se convaincre, en detachant avec soin la membrane interne, quo le tissu musculaire raquo;ous-jacent est parfaitement Stranger a cette colora­tion; qu'il n'a etc le siege d'aucune exsudation san­guine qui pourrait I'expliquer; que la sereuseseule est rouge; qu'elle Test ä peu pres uniformement dans toute son etendue; qu'elle a son poli naturel; qu'elle n'est recouverte d'aucun produit de secretion mor­bide , et qu'elle n'a pas une epaisseur plus grande que dans I'dtat normal.
Les ecchymoses sont aussi rares dans le ventricule droit qu'elles sont frequentes dans le gauche. On v en rencontre cependant quelquefois : dans ce cas, elles ne sont facilement apercevables que lorsque la face interne de cette cavite n'a point encore pris cette teinte rouge plus ou moins foncee dont il vient d'etre question.
Arteres. Je n'ai jamais rencontre dans le Systeme arteriel de lesions notables. Dans aucun cas le sang n'y a para bien sensiblement altere. Mais je dois
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( raquo;4)
avouep qu'il n'a pas autant fixe mon attention quo celui des veines.
Vein es.Sang veineux.—Les alterations que j'ai observecs dans le Systeme veineux, se trouvaient principalement dans les grostroncs et leurs affluents les plus considerables. Soit qu'elles existassent sur la Face interne des veines ou dans le sang que conte-naient ces vaisseaux, en a pu remarquer qu'elles n'e-taient ni constanles sur tous les individus, ni sembla-bles d'intcnsite sur ceux qui les presentaient. Et, par exemple, la coloration de la face interne des veines, d'un rouge cramoisi dans plusieurs sujets, etait rouge vif, rose ou normale sur d'autres, suivant Tepocfuc plus ou moins eloignee de la mort a laquelle I'au-topsie avail lieu. Sous ce rapport^ les observations que j'ai faites a l'ofcasion de la rougeur de la face in­terne du ventricule droit sont ici parfaitement ap-plicables. Je ne les repeterai done pas (i).
fi) II est hors de doute pourmoi que rette coloration, qu'on I'aif observfie dans le coeur ou dans les vaisseaux, est ici mi phenomena puroment physique, un effet de 1'imbibition cadavc-rique, etnon une lesion qu'on puisse rattacher äl'inflammation. 11 suffirait, pour le prouver, de ce que je -viens de dire de rnbsenco de toute rougeur dans le coeur et les veines quand on avail ou-vert peu d'heurcs api cs la mort , el de 1'existence d'une colora­tion d'autant plus foncee dans ces organes, qu'on avail tarde da-vantage ä faire l'autopsie du cadavre. Je rappellerai pourtant, en complement de preuve, la remarque consignee dans la seizierae observation , dans le sujet de laquelle une seule nioitic de la face
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( quot;5 ) Mais it s'est presente, en ce quiregarde Ics veines, une particularite fort remarquable et quc je crois digne de fixer I'attention : c'est que, suivant que la gangrene s'etail developpee sur une region ante-rieure ou posterieure, la coloration etait sensible-ment plus prononcee a l'interieur des veines qui rap-port'alent le sang des parties anterieures ou poste-rieuresducorps(ir% 4%SC, i3eet i6e observations); c'est que, lorsque le sang veineux exhalait une odeur de gangrene, eette odeur ne se remarquait que dans les veines afferentes de la partie gangrenee et dans las troncs oüelles se degorgent (ir% 5deg;, ii0, i3e, i6e et 30deg; observations) ; c'est que le sang etait toujours notablement plus noir, plus diffluent, plus boueux.
interne de la veine-ca^ve posterieure etait coloree en rouffe, la moitie gauche, parce que Tanimal etant mort et reste plusieurs heures couche sur le cöte gauclie, eile seule avait ete en rapport a\ec le sang qui ne remplissait que la moitiö du diametre de la veine. Et j'ujouterai, non plus pour le fait dont il est ici question mais ä propos de la coloration des veines en general, que sur un assez grand nombre de clieyaux que j'ai ouverts et qui avaient succombe ä difftrentes maladies , j'ai vu la face interne des vei­nes marquee cä et lä de laches rouges plus ou nioins foncees , et ces taches repondre exacteraent ä des parties de caillots rouges avec lesquelles elles ctaient en. rapport depuis plus ou moins longtemps: tandis que la meme veine avait sa couleur naturelle partout oü eile etait en contact avec des caillots blancs ou avec elle-meme. C'est lä une observation que les veterinaires peuven t faire tres frequemment.
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( quot;6) dans celui des systemes veineux qui rapportait le sang des parties desorganisees (i) (ire, 5% 6', 7% 11% 12, i3c et i6e observations). Les differences, sous ce dernier rapport,etaient si tranchees dans les deux arbres veineux, qu'on pent voir, en se repor-tant aux huit observations auxquelles je renvoie, que dans plusieurs des sujets qui les ont fournies, tandis que le sang etait plus ou moins liquide ou poisseux dans la veine cave posterieure et souvent dans la plupart des veines qui s'y rendent, il etait, soit en-tierement, soit en partie coagule dans la veine cave anterieure, et vice versa. II y a meme eu cette par-licularite dans le sujet de la 7deg; observation,qui a succombe a une gangrene suite de castration, que le sang qui ctait poisseux dans la veine cave posterieure, presentait plusieurs caillotsbien formes dans les vei­nes mesenteriques.
II m'a ete du reste facile, par un moyen fort simple, de demontrer clairement, i0 que le sang veineux avail reellement ^prouve des modifications dans ses qualiles et proprietes physiques, et que ces modifi­cations existaient principalement, sinön exclusive-ment, dans les branches et troncs veineux qui rap-
(1) C'est, je crois, ä cet etat particulier, a cette veritable disso­lution du sang dans les veines ou troncs veineux charriant au coenr le sang puise dans les parties gangrenes, qu'il faut attribuer la coloration plus prompte et plus foncee qu'on observe dans ces vaisseaux apres lamort.
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( quot;7) portaientau cceur le sang de la partie gangrence; 2deg; qu'il elait raisonnable d'attribucr ä cette modifica­tion dans les qaalites du sang de certaines veines, la coloration plus prompte et plus intense de la face in­terne de ces vaisseaux; 3deg; que cette coloration etait un phenomene purement physique. Ce moyen esl celui qu'ont employe MM. Trousseau et Rigot dans les belles experiences qu'ils ont faices ä l'Ecole d'Al-fort sur les colorations cadaveriques des vaisseaux. Voici comment je le mettais en usage : je prenais deux morceaux de tissu arteriel sur un cheval recem-ment mort et dans lequel ce tissu etait ä l'etat normal; je plongeais Tun de ces morceaux dans le sang de la veine cave posterieure, l'autre dans le sang de la veine cave antörieure; je les y laissais 12, iSouao minutes, et, ensuite, je les retirais et les lavais dou-cementsous un filet d'eau. La face interne du mor-ceau plonge clans celle des veines dont le sang etait altere, conservait apres le lavnge une feinte rou^e safrane'e d'autant plus prononcee que Timmersion avail dure plus longtemps; tandis qu'il suffisait du passage del'eau, sans lavage, pour faire reprendre au morceau plonge dans la veine dont le sang n'etait pas allere, la couleur qu'il avait avant l'experience.
Rate. La rate a ete troavee engorgee et surtout considcrablement ramollie dans les sujets d'un tres grand nombie d'obscrvalions : et il est remarquable que, presque constante, lorsquc la gangrene a existe dans les pai'tjcs poslcrieures du corps, cctlc lesion
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a manque assez souvent lorsque le siege de la gan­grene se trouvait vers les regions anterieures. La coulcur exterieure de ce viscere, dans cet etat, est violet fonce ou bleu noirälre; il est d'une mollesse remarquable. Si on 1'incise, la mauere renfermee dans sa trame fibreuse en est facilement exprimee par un leger grattagc; eile rcssernbJe alors ä du raisine un peu clair : ou bien memo, il suffit d'une faible pres-sion pour que celte matiere s'e'coule sous forme de bouillie noire.
Je ne crois pas inutile de dire en passant, que cet etat de gonflcment et de mollesse extreme de la rate, est peut-etre la lesion pathologique la plus constante dans toutes les maladies oü le sang est altere, soit primilivement, soit consecuiivcment (i).
(i) J'ai Tun des premiers, et depuis longfemps dejä , Signale cet etat particulier de la rate comrne une des lesions qui ne rnan-quent jamais dans les maladies typhoides ou charbonneuses , el, en general, dans toutes celles oü on s'accorde ä reconnaitre que le sang est plus ou moins profonderacnt altere. Voici 1'exemplc d'un cas oil la connaissance de cette \ijrite patliologique, m'a mis ä ineme d'empecher un veterinaire fort instruit de commettre une grave erreur dans les conclusions dquot;un rapport dont il ctait cliarge comme expert.
Un marchand de chevaux des environs de Paris aclietc en foire plnsieiirs chevaux qu'il fait parlir le lendemain ct ramener chcz lui par un de ses garcons. Ces chevaux font vingl-quatre lieucs en trois jours. A. leur arrivee, le marchand Ips examine et s'aper-coil. que fun d'enx boite un pen ct porte une petite tumeur en has du thorax;, en dedans et en arriere du coude gauche. Le
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( quot;9 ) A part les lesions et alterations quo je viens de faire connattre, il n'y a plus rien de constant a I'au-
garcon ne s'est apercu de rien; il ne sait d'oü eile peut provenir. Au bout de quatre heures, cette tumeur, qui etait ä peine du vo­lume d'un gros oeuf de poule quand le raarchand 1'a rcconnue , avail presque le volume d'une tete d'honime et continuait ia s'ib-tendre. II la regarde comme une tumeur charbonneuse , se hate d'amener son cheval aux Lopitaux de l'ecole, et se met en regie contre son vendeur. La tumeur fait des progres rapides en gros-seur plutot qu'en largeur, la fievre se declare et l'animal meurt trois jours apres son entree aux hopitaux. M. Maillet est nomine expert par le tribunal pour constater la cause de la mort. Examen fait de la tumeur, et n'ayant rencontre dans les visceres abdo-minaux et thoraciques, aucune lesion qui put expliquer la mort, cc veterinaire en conclut que l'animal a succombe a une maladic charbonneuse; et il faut convenir qu'en l'absence de toute autre lesion, la tumeur avait certains caracleres qui pouvaient si non legitimer, du moins excuser jusqu'a nn certain point cette croyance. J'arrive sur ces entref'aites dans la cour oil se faisai l'autopsie; et ayant su de M. Maillet l'opinion qü'il y avait pui-see, j'examinai le cadavre. Mon attention se porta d'abord sur la rate : ne la voyant point alteree , j'exprimai mes doutessur I'exi-stence reelle d'une affection charbonneuse, et engageai M. Maillet ä examiner de nouveau et avecplus d'attention les parties ma-lades. L'epaule avait bien ete detachee; mais on n'avait point incise le grand pectoral qui paraissait parfaitement sain. M. Mail-let le fit enlever, et tout aussitot il feconnut la cause de la tu­meur. C'etait une fracture recente des cinquicme et sixicme cötes sternales, ä leur partie superieure. La etait le point de depart de rinfilfration qui constituait rengorgtm ent el qui s'elcndail dans le lissu cellulaire abou'danl et lache qui sc liouvc cnlrc l'epaule et la poilrine.
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topsie des animaux qui ont succombe aux accidents gangreneux objet de ce memoire. On ne trouve plus quo quelques ecchymoses sous peritoneales et sous pleurales lorsque la partie gaogrenee avoisinait le periloine ou la plövre; quelquefois des infiltrations sanguines et sanguinolentes des ganglions envi-ronnants; des aureoles rougedtres ou livides au-tour et sur le träfet de quelques vaisseaux, etc. Mais on n'observedan s aucun viscere principal rien de notable, auoune modification morbide se ratta-chant originairement et comme lesion immamp;liate-ment dependante, ä 1'affection gangreneuse; rien qui explique par un etat phlegmasique quelconque une mort aussi rapide.
II ost vrai que, sur quelques sujets, on a trouve dans les poumons des desordres bien suffisants pour faire succomber tres promptement les animaux chez lesquels ils existaient; mais il est evident pour rnoi, et il le sera sans doute pour ceux qui liront avec quelque attention les observations qui concernent ces animaux, que, sur eux, des lesions organiques pulmonah'espreexistaient a la gangrene locale, qui a eile - mfane precede la gangrene pulmonaire; qu'elles ne sauraient des lors en etre consideiecs ni comme un accident connexe, ni comme un effet; que si elles ont revetu la forme gangreneuse, c'est qu'elles conslituaicnt dans le poumon un point ou des points d'irritation , autour desquels le sang s'est infiltre avec d'autant plus d'abondancequ'ilelaitrendu
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plus fluide par le virus septique. Or, une inflamma­tion franche ne pouvait se developper dans de pa-reilles conditions; et il est arrive ce que j'ai toujours vu arriver lorsque despneumonies existent ou se de-clarent sur des herbivores places sous rinfluence ou dejä affectesde maladies gangreneuses ou typhokles: ces pheumonies ont pris tres rapidement le caraclere gangreneux. La terminaison par gangrene peul et doit done seule etre rapporteea I'affection qui nous occupe; mais la lesion primitive du poumon, cause premiere, condition indispensable des desordresqui y sont survenus, en elait tout a fait independante, et ne saurait s'y rattacher en aucune maniere.
En resume done, s'il est vrai, comme jelecrois, et commej'ai cherche ä le demontrer, que les colora­tions plus ou moins foncees remarquees ä la face in­terne des ventricules du cceur et des vaisseaux ne soient ici qu'un effet de 1'imbibition cadaverique, I'autopsie n'a en reaüte revele de lesions morbides principales que, iquot; \e leger gonflement et surtout le ramollissement plus ou moins considerable de la rate qu'on a observes sur un grand nombre de sujets; 2deg; Valteration particuliere du sang, mani­feste surlout dans les veines ou troncs veineux ema-nant de la region malade, et meme, sur beaucoup, reconnaissable encore dans le ventriculc droit du cceur, bien que, dans celte cavile, le sang provenaut des parties gangrcnees soit dejä melange a eclui dc toules les antics parties du corps.
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Or, le genre de lesion de la rate que je viens d'in-diquer n'ayant jamais ete observe par moi dans les herbivores domestiques, que dans les maladies spo-radiques ou enzooliques dans lesquclles I'altiiration du sang etait manifeste, et qu'apz-es que ce liquide avail evidernment subi dans son etat normal des mo­difications profondes; n'ayant ct(5 signale par la plupart des auteurs que dans de pareilles circon-stances; n'ayant du reste etc reconnu dans les ob­servations rapporlces dans ce memoire que sur un certain nombre des animaux qui en font le sujet; n'en resulte-t-i! pas qu'a la suite des accidents gan-grcneux que jc viens de decrire, ra!teratio:i, et pour-quoi no le dirais-je pas, Petal pathologique du sang, a ete, en tant quel6sion profonde, le fait capital, es­sentielle seul fait constant mis en evidence par I'au-topsie : la lesion de la rate, quand eile a exisle, n'en ayant gt;ite qu'une consequence morbide;la coloration desvaisseaux n'en ayant ete qu'une consequence ca-daverique.
Ccpendant je m'empresse de le reconnaitre; cette alteration morbide du sang n'etait pas sensiblcment generale; eile n'etait physiquement reconnaissable que dans les grosses veines ou dans les troncs vei-neux dans lesqucls ctait verse le sang emane des par-tics oanfjrcnecs, Mais, la, ellc elalt incontestable.
En effet, comment ne pas regarder comme une alteration morbide les caractercs presentes par le sang dans toutes les autopsies? Quelle autrc raison
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( 1*3 ) qu'un etTet pathologique pourrait expliqirer cette coloration si noirej cette non coagulation, cette li-quidite poisseuse constamment observee dans une partie notable de ce liquide, et toujours precisement dans les veines et troncs veineux situes du cote de la region malade dont ils cbarrient le sang; tandis qu'aücun de ces caracteres n'existait dans les autres vaisseaux, ainsi qua cela a ete constate dans les iquot;, 4deg;, 5% 6% 7', 11% 12% tSquot; et i6c observations?
A quelle autre cause attribuer cette odenr evi­dente de gangrene qu'exbalait sur quelques anirnaux le sang de certaines veines, et seulement encore des veines ou troncs veineux dans lesquels etait verse le sang provenant des parties gangrenees (ir%5%i i% i3' ct 16C observations)?
Ne sont-ce pas aussi Tun des caracteres de 1'alte-ration du sang, que ces ecchymoses qui ont cte ren-contrecs sous les plevres, sous le peritoine ou dans les poumons de plusieurs anirnaux; que ces aureoles livides^veritables transsudations,quiaccompagnaient le trajet de certains vaisseaux ?
Quelques personnes m'ont fait observer que ces dilferents phenomenes se rapportent cgalement, ct, des lors, pourraient elre tout aussi bien attribues ä la putrefaction. Sans doute, tels sont aussi, ou a pea pres, les cffets de la putrefaction cadaveriquc ! Mais, je le demande, serait-il raisonnablement pos­sible de regarder comme lesullat de la decompo-silion putride,dcs phenomenes observes quelques
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( quot;4 )
heures seulement apres la mort? Or, qu'on veuille bien se rappeler, entre autres fails, que les sujets Je la plupart des observations que j'ai rapport(5es ont ete ouverts le jour meme oü ils ont succombe! Qu'on dise, par exemple, si la putrefaction a pu entrer pour quelque chose dans ce qui a cte remav-que sur les sujets des 3' et i5c observations dont I'autopsie a eu lieu une demi-heiwe apses la mort ? dans ceuxdesa^t ^dont I'ouverturea ete faite une heure aprös; dans ceux des gc, iae et 16% pour I'au­topsie desqucls on n'a pas tarde plus de trois aquatre heures? Et, pourlant,on n'a pas oublieque dans cetie derniere, dont le sujet etait atteint d'une gangrene de la cuisse et ne fut ouvert que trois heures apres sa mort, on fut frappe de l'odeur rcmarquable de gangrene qu'exhalait le sang contenu dans la veine cave poslerieuquot;e, odeur qui se retrouvait meme, bien que moins sensible, jusque dans les caviles droites du coeur.
Ce n'est done pas la putrefaction qui a fait eprouver au sang les caracteres particuliers, les alterations ma­nifestes qu'il a presentees : le peu de temps qui s'esl generalement ecoule entre la mort et I'autopsie suf-firait deja pour enlever meme le doute a cet egard. Mais une aulre reflexion,qui nait de l'observation des faits eux-memes, rend encore cetle proposition plus evidente: si, en effet, les modifications eprouvees par le sang dans ses caracteres physiques avaienl ete i eilet dc la decomposition pulridc, pourquoi n'au-
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raient-elles existe que clans certains vaisseaux et au-raient-elles manque completement dans la plupart des autres? Pourquoi dans tels sujets etait-ce le sang de la veine cave anlerieure ou de l'une de ses affluentes, et dans tels autres celui de la veine cave posterieurc? Et pourquoi, dans beaucoup, tandis que ce liquide etait noir, plus ou moins dissous, et meme quelquefois dejä odorant, dans une veine de la partie postörieure du corps ou dans le tronc dans lequel eile se rend, se prcsentait-i!avecses caracteies de couleur et de coagulation ordinaires dans tout l'arbre veineux anterieur, et vice versa?
Dira-t-on que c'est parce que le sang provenant des parties malades a des qualites particulieres qui le rendent plus facilement et plus promptement pu-trescible? Mais alors,.c'est admettre en d'autres tei-mes ce que 1'ofl pretend contester : car si le sang a des qualites nouvelles qui le rendent plus putresci-ble, c'est qu'il n'est plus dans son etat normal 5 c'est qu'il est altere; or, lalteration, pendant la vie, d'un element quelconque de l'organiaation animale, c'est une maladie.
Comme on le voit, la raison des caracteres parti-culiersque presente le sang dans ces circonstances, qui reste comme un probleme insoluble quand on la cherche dans la putrefaction, se trouve bien facile­ment, bien naturellement, quand on admet, ce qui est si evident, que les modifications eprouvees par ce liquide sent dues a Faction d'un principe septique puise par les veines de la partie gangrönee, au mi-
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( 126 ) lieu ou a la surface des tissus ou elles plongent, et verse par elles dans le torrent de la circulation.
Cetle explication si naturelle, a, en outre, 1'avantage d'etre en rapport avec les symptomes generaux obser­ves pendant la vie et de rendre raison de leur succes­sion, de leur developpement, de leur intensity pro­gressive. Elle nous fait comprendre comment la ma-ladie reste locale tant que ne srest point encore ope-ree la desorganisation gangreneuse; comment,'aussitot que ce!lc-ci a commence, quelques phenomenes generaux apparaissent sous l'influence du virus sep-tiquc quo {'absorption commence äverser dans I'eco-nomie; pourquoi les premiers, les plus graves, les plus saillants de ces phenomenes se manifestent dans les actions circulatoires; comment, des que I'infection a commence, I'absorption continuant a puiser et re-pandre le principe gangreneux, I'affection se gene­ralise si rapidement et les symptomes prennent si vitc un caractcre aussi alarmant; comment, enfin , la mort cst si prochaine alors, et si inevitable; et pourquoi les modifications eprouvees par le sang sont plus sensibles dans les vcines, ou troncs veineux les plus voisins du siege de la maladie gangreneuse. Nous comprenons ainsi quo e'est la un veritable em-poisonnement, op^re par un agent incessamment et directement verse dans I'economie avec une abon-dance toujours croissante jusqu'au moment de la mort; et nous nous expliquons rationnellement la puissance at la promptitude de ses effets?
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( I27 ) Etiologie.
Je l'ai diL ailleurs, et je le repete, ce qu'il y a eu de plus constant, de plus materieUement appreciable ä l'autopsie de tous les animaux dont j'ai rapporte I'ob-servation, c'est la presence au centre ou ä la surface des tissus gangrenes de caillots sanguins Jioirs et diffluents ou de masses fihrineuses ramollies ,
DANS UN ETAT COMPLET DE 1 UTREFACTION. On a VU
aussi quo, sur un grand nombre de ces animaux, cet etat des caillots et de l'ichor sanguinolent dans lequel ils baignaient presque toujours, avait pu etre recon-nu pendant la vie au sein des parties, avant la mani­festation d/aucun signe gangreneux dans leur intc-rieur, et alors qu'elles ne presentaient encore que les caracteres L.'une inflammation locale plus ou moins vive.
Cen'etait done pas apres le developpement de la gangrene que le sang qui avait fourni ces caillots s'etait 6panche; ce n'etait done pas non plus sous son influence qu'il s'etait ainsi decompose : evidemment, au contraire, dans tous ces cas,repanchement du sang avait eu lieu lout d'abord par suite dune blessure ou d'une operation; evidemment aussi sa putrefaction avait precede la manifestation des phenomencs gan­greneux. Or, cette circonstance est ici bien irapor-tante a constater dans l'intcret et pour la demonstra­tion de l'etiologie que je cherche ä etablir ; puisque, suivant moi, c'est a la presence et a Vaction de ce
ba
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sang putrdfie qu'il faut, dans tons ces cas, rap-porter le developpement de la gangrene. II me sera facile, je- pense, do justifier cette proposition.
En these generale et dans les cas ordinaires, lors-qu'a la suite d'une operation, d'une blessure ou d'un accident quclconque, du sangs'amasseet sejourne en plus ou moins grande quantite dans la profondeur de la plaie qui en resulte, il donne lieu par sa presence a I'un des phenomenes suivants :
Ou bicn, s'il est en tres petite quantite et ä l'abri du contact de Tair,!! est promptement et presque entierement repris par l'absörptiön ;
Ou bieu, ce qui est plus frequent, il ne tarde pas ä se sepagt;er en deux parlies, dont une liquide qui sort de la plaie, ou est resorbee; l'autre, solide et librineuse q .i adhere aux tissus, s'organise, et finit generalement par se confondre et s'identifier avec les parties environnantes;
Ou bien, enfui, s'il n'est point absorbe et ne s'or­ganise pas, des bourgeons charnus se forment dans la plaie, la suppuration s'y etablit, et il est entraine au debors avec le pus.
Mais s'il arrive qu'aucun de ces phenomenes ne se produise; si le sang epanche n'est point resorbe; s'il sejourne dans la plaie sans s'y organiser, et saus que, pourtant, de la suppuration s'y developpe et Ten traine; alors il devra necessairement subir les modifications qu'eprouve toute maliere animale qui ne fait plus partie de l'organisation et n'est plus protegee par
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w.
( raquo;29 )
eile, il rentrera sous l'einpire des lois physiques et chimiques, en un mot, ilse putrefiera; et sa putre­faction sera d'autant plus prompte qu'ilsetrouve prd-cisement dans toutes Ics conditions sous I'influcnce desquelles ce pberiomdno se produit le plus rapide-ment, l'airet la chaleur humides.
Ceci pose d'une iriauiöre generalej si nous nous reportonsa ce qui s'est passd sur les sujels des obser­vations qui servent de base ä ce mömoirCjil nous cst facile de reconnaitre que, dans tons, du sang s'est dcoule pendant ou immediatcment apres one operation ou uric blessurc; qu'une cerlainc qiian-lilc en est restee plus ou moins profondement dans la plaic, y a sejöurnö sans qu'aucun travail d'or-ganisation s'y manifeste, el n'a pas tardc ä s'y pulre-fier. Nous reconrialssons encore sur ccs animaux cet aulre fait, que, pendant ics quelques jours que la decornposilion du sang a mis a s'operer, auctm travail d'isolementou d'elimination n'a eu lieu dans la plaie; desorieque le tissu vulnere s'csl bientot trouve en contact immediatavec les caiiluts et 1'idior aprives au degre de putrefaction que nous avons constate dans chaque observation.
En cet etat de choses, il y avait done parile de con­ditions cntrc ces animaux ct ccux sous la peau ou dans l'epaisscur des tissus desquels on inscre,dans un but experimental, des matiercs animates, solides ou liquides, dejä pulrefiees.
Y a-t-il eu parite dans les effets? On va en juger:
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( ^8) sang putrdfie quil faut, dans tous ces cas, mp-porter le developpement de la gangrene. II me sera facile, jo pense, dc juslifier cette proposition.
En lliese generale et dans les cas ordinaires, lors-qu'a la suite d'une operation, d'une blessure ou d'un accident quelconque,du sangs'amasseet scjourne en plus ou moins grande quantite dans la profondeur de la plaic qui en resulte, il donne lieu par sa presence a l'un des phenomenes suivants :
Oo igt;icn, s'il est en tres petite quantite et a l'abri du contact de Pair,!! est promptement et presque entieremcnt repris par I'absorption ;
Ou bieu, cc qui ost plus Ircqucnt, il ne tanle pas ä se separer en deux parties, dont une liquide qui sort de la plaie, ou est resorbee; l'autre, solide et tibrineuse q .i adhere aux tissus, s'organise, et finit generaiement par se confondre et s'identifier avec les parties environnantes;
Ou bien, enfin, s'il n'est point absorbe et ne s'or-ganise pas, des bourgeons charnus se forment dans la plaio. la suppuration s'y etablit, et il est entraine au dehors avec le pus.
Mais s'il arrive qu'aucun de ces phenomenes ne seproduise; sile sang cpanche n'est point resorbe; s'il scjourne dans la plaie sans s'y organiser, at sans que, pourtant, de la suppuration s'y developpe et 1'entraiae; alors il devra nccessairement subir les modifications qu'eprouve toute maliere animale qui ne fait plus partie de l'organisation et n'est plus protegee par
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( I29 ) el!e,il rentrera sous rempire des lois physiques et chimiques,en un mot, il se putrefiera; et sa putre­faction sera d'autant pluspromple qu'il se trouve prd-cisement dans toutes les conditions sous I'influence desqueiles ce phenom^nn se produil ie plus rapide-ment, I'airet la chaleur luimides.
Ceci pose d'une maniere generale, si nous nous reportons a ce qui s'est passe sur les sujcls des obser­vations qui servent de base a ce memoirc, il nous est facile de reconnaitre quo, dans tous, du sang s'est ecoule pendant ou immediatcment apres une operation ou une blessure; qu'une certaine quan-litc en est restee plus ou moins profondement dans la plaie, y a sejourne sans qu'aucun travail d'or-ganisalion s'y manifeste, el n'a pas tardc ä s'y pulre-fier. Nous rcconnaissons encore sur ces animaux cat autre fait, que, pendant les quelques jours que la decomposition du sang a misä s'opercr, aucun travail d'isolement ou d'elitnination n'a eu lieu dans la plaie; desorle que le tissu vulnere s'est biemot trouve en contact immediataveclescaillots et ricLor arrives au degre de putrefaction que nous avons constate dans chaque obseivalion.
En cet etat dc choscs, ii y avail done pa rile de con­ditions entre ces animaux ct ceux sous la peau ou dans l'epaisseur des lissus desquels on inscre,dans un but experimental, des matiercs animales, solides ou liquides, dejä pulrefiees.
Y a-t-il eu parite dans les effets? On va eu joger:
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( '30 ) MM. Barthileniy atne et Dupuy ont fait ä 1'ecole d'Alfort, chacun k une epoque difierente, des expe­riences assez nombreuses sür l'inoculation des ma­tures putrides; et ils en ont consigne les resultats dans le cotnpte rendu annuel des travaux de 1'ecole. Voici ce qu'on y lit:
— laquo; 11 resulte des nouvelles experiences tenUes par M. Bar-thdlemy aini:
1deg;...................
aquot; laquo; Que des tranches de muscles coupees apres un cheval de raquo; dissection et introduites, lorsqu'elles commencaient h se pu-raquo; trefier, sous la peau de la fesse de denx chevaux , ont fait tgt; mourirl'un quatre^onvi, I'autre cinq fours apres roperation, o quoique Ton n'ait mis que vingt grammes de cette chair dans raquo; la plaie du premier cheval, et deux grammes dans celle du raquo; second. ( Compte rendu des travaux de l'ecole dHAlfort, no-raquo; vcmbre 1816.)
— U resulte des experiences auxquelles s'est livre M. Dupuy, laquo; que des matieres provenant d'aniraaux pleins desante tuds dans raquo; les boucheries, telles que du sang on de la chair musculaire, raquo; introduites sous la peau de che\aux -vigoureux, apres avoir dte raquo; alterees ä fair, ont determine des affections qui reunissaient raquo; tous les caracteres des maladies charbonneuses et qui ont fait raquo; perir ces chevaux en cinq jours. A leur ouverture on a trouve raquo; les lesions indiquees par les auteurs qui ont traite de ces ma-raquo; ladies. raquo;[Compte rendu des travaux de l'ecole d'Alfort, octobre 1818.)
Je le demande, \ part les details qui manqyent, le resultat general n'est-il pas le meme, ne s'est-il pas accompli dans le meme espace de temps, sur les animaux sujels de ces experiences et sur ceux sujets
, ;
,
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(-I)
domes observations? n'est-ce pas presque constam-ment quatre ou cinq jours apres la manifestation des caracteres putrides dans le sang epanche, que ces derniers animaux ont succombe 5 c'est ä dire quatre ou cinq jours apres que ce sang s'est trouve au degre d'alteration qu'avaient ^prouvö, au moment de leur inoculation, les matieres qui ont servi aux expe­riences de MM. Barthölemy et Dupuy ?
II est regrettable que le cadre trts restreint des comptes rendus annuals des travaux des ecoles v^-terinaires, n'ait pas permis ä ces deux experimenta-teurs d'entrerdans quelques details sur la nature et la succession des symptömes qu'ils ont du observer pen­dant la duree deleurs experiences, non plus que sur les lesions qu'ils ont rencontrees apres la mort. Nous y eussions sans doute retrouve, sous ce double rap­port, 1'analogie que nous venons de montrer si frap­pante dans le point de ddpart des accidents gangre-neux, leur duree, leur terminaison.
Cependant M. Dupuy a etlt;5 plus explicite dans un memoire qu'il a publie en 1823 avec ce titre : laquo; De Yaffection gangreneuse dans le cheval.raquo; {Nouvelle Bihlioiheque medicale^ t. i'r,p. 321.) Parmi les experiences nombreuses dont la narration compose ce travail, on en trouve quelques unes qui, ayant consiste dans 1'inoculation sous la peau ou 1'injection dans lesveinesde matieres animalesputrefiees,repro-duisent sous le rapport de la marchc des accidents locaux, des symptömes generaux et de l'autopsie,
l,
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(rt*)
les principaux traits qui se remarquent dans mes ob­servations.
Toutefois, il m'elait tiop facile de me convaincre par mcs propres yeux, de la verite de cette analogic; et, pour eclairer davantagc le fait etiologique que j'ai entrepris de demontrer, il m'6tait trop important de le faire, pour que je n'aie pas repete moi-meme ces experiences.
Done, cinq chevaux affectes de la morve chroni-que, mais assez bien porlants du reste, y out ele sou-mis. Sur trois,l'inoculation a ele faite avec un decilitre de sang putrefie provenant d'animaux parfaitement sains; sur deux, je me suis servi dcopy; chair musculaire egalement putrefiee. Sur le premier, la matidsre de Tinoculation a etc deposee sous la peau de 1'encolure, region posterieure;surle deuxieme sous la peau cor-rcspondantc aux ganglions de l'entree de la poitrine; sur le troisieme, sous la peau de la region costale gau­che ; sur le quatrieme, sous la peau de la face interne de l'avanl-bras droit; sur le cinquieme , sous la peau de la face interne de la cuisse droite, region ingui-nale.
Le sujetde la troisieme experience a scul survecu; rcngorgement qui avait apparu aulonr dc I'incision n'ayant point etc ties considerable, et la suppuration s'ctant etablie dans la plaic des 1c quatrieme jour.
Les qualrd autres sonl morls du quatrieme au sixieme jour. Eh bien , sur eux , le caractcre des en­gorgements qui out commence dans la journ.ee nieme
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( loo )
dc I'inoculation, leur mode et leur rapidile d'accrois-sement, la nature el la succession des symptomes generaux et surtout de ceux presenles par lecoeur et le pouls, la physionomie particuliere des moments qui ont precede la mort, ont ele si completement semblabies ä cc qu'on observe sur les animaux af-fecles des tumeurs gaogreneusesque j'ai appelees traumatiques at que j'ai decrites dans cememoire, qu'il m'eüt ete impossible de dire, par le seul examen de l'animal, si 1'affection s'etait spontanementouavait ete artificiellement produite.
Les lesions cadavcriques ont egalement prcsentc la plus parfaite analogic : de l'infiltration sereuse jau-nätre et quelquefois roussätre , constituant rengor-gement; un deliquium putride lä ou la maliere de Finoculation avait ete deposee; des laches sanguines 9k et la a la surface des pouinons,sous la plevre et sous le peritoine; des ecchymoses dans le ventricule gauche du coeur; les parois musculeuses de ce viscere päles et flasques; le sang contenu dans les veines poisseux ou forme en caillots noirs peu consistants, surtout du cote des inoculations: telles ont ete , en effet, les circonstances saillantes, je pourrais meme dire les seules circonstances remarquables des au­topsies.
Je dois ajouter, et ceci vient corroborer les considerations que j'ai developpees precedemment a l'occasion des rougeurs des vaisseaux, que j'a profite do ces experiences pour constater dc nou-
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( i34) veau, et dömontrer en mdme temps aux eleves, qua la coloration de la face interne des vaisseaux et des cavites du coeur est bien veritablement, dans ces sortes d'affections, un effet purement cadaverique favorise et rendu plus rapide par l'etat particulier de dissolution du sang, et par la flacciditedes membranes qui facilite singulierernent leur impregnation par la matiere colorante. Ainsi :
Sur deux sujets ouverts, 1'un aussitot, 1'autre deux heures apres la mort, aucune trace de rougeur, pas la plus legere teinte rosee ne s'observait a I'interieur d'aucune veine ou des ventricules du coeur.
Sur le troisieme, qui fut ouverf au bout de huit heures et demie, les cavites droites du coeur et la por­tion thoracique de la veine-cave posterieure etaient remplies de sang tres noir presque entierement li­quide, et leur merabraneinterneoffraitune coloration rouge clair, uniforme dans toute son etendue. Cette coloration etait rose pamp;le dans la portion abdominale qui fut trouvee ä peu pres vide de sang. Les cavites gau­dies ct 1'aortcavaient leur aspect naturel. (11 estbon d'observer que surlesujetde cette observation, I'ino-culation de matieres putrides avait ete faite a la face interne et superieure de la cuisse.)
Enfin, sur le dernier chevalj, dont I'autopsie ne fut faite que vingt-une heures apres la mort, le sang veineux, partout dans un etat de liquidite reraarqua-ble, resscmblait a de la poix fondue; les cavites droi­tes du coeur et la portion thoracique des veines ca-
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ves, principaleraent de i'anterieure et de ses grosses affluentes, etaient colorees en rouge cramoisi tres fonce. Les cavites gauches et le tronc aortique of-fraient une teinte rose vif qui nes'etendait pas dans les divisions de ce tronc.
L'analogie estdonc aussi complete que possible sur tons les points; ou plutot c'est une seule et memo affection dont la cause est evidetmnent et materielle-ment la memo :seulement, dansuncasla matierepu-tride a ete deposee experimentalement sur teile ou teile partie du corps; dans Tautre eile s'y est produite naturellement si je puis m'exprimer ainsi.
Je ne veux plus ajouter qu'un trait a ce parallele. Dansleconrantde 1'annee derniere(i839) M. Henry Bouley ayant inocule du sang putrefie sous la peau d'un vieux cheval tres maigre, I'animal mourut au bout de six jours, apres avoir presente tous les sym-ptömes d'unepneumonie gangrefieuse. L'ouverture nous fit reconnaitre au milieu de la desorganisalion gangreneuse du poumon, plusieurs masses tubercu-leuses d'origine bien evidemment anterieure k 1'ex-perience.
En resume, il resulte assez clairement, ce me sem-ble, de tout ce qui preced,e, qu'en ce qui regarde les faits particuliers consignes dans ce memoire, la cause determinante des accidents gangreneux a ete la pre­sence de sang putre/ie au milieu des parties qui les ont eprouves; et on peul en dcduire en principe cello proposition generalc :
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Le sang qui s'ecoule d'une plaie apres une ope­ration^ quis'famasse, quij sejoume assez long-temps, pent s'y putrefier s'il se trouve soumis a toutes les inßuencesphysiques quifont developper la putrefaction; et. par suite,peuvent se produire les phenomenes morbides que Von observe apres Vinoculation sur des animaux hien portants de \ matieres animates defä putrefiees:
Au surplus, je dois dire, pour ^tre juste, que cette proposition n'a ici de nouveau que sa generalisation : I'idee qui lui sert de base et qu'elle exprime avait dejä ete indiquee, bien qu'incidemment et dans un cas special, par d'autresveterinaires. Ainsi, dans 1'excel-lent travail public en 1829 par M. Girard sur la cla-velee du mouton, on lit le passage suivant:
laquo; Quelques personnes a'ttribuent le developpement des tu-n meurs gangreneuses qui surviennent apres l'inoculation du raquo; claveau, aux piqures trop profondes que I'ou pratique en exe-raquo; cutant cette operation. Cette remarque n'est point exacte. Nous raquo; nous sommes assure, par des experiences, qus ces sortes raquo; d'accidenis se declarcnt aussi bien a la suite des incisions !e-raquo; geres que lorsque ces incisions sont profondes et qu'il y a raquo; effusion de sang......
raquo; L'observation clinique demontre que ces tumeurs sont ge-raquo; neralement plus frequentes ä la suite du claveau inocale dans raquo; le temps desjorles chaleurs de I'ete, lorsque les animaux sont raquo; maintenus renfermes dans des bergeries basses, peu aerees et raquo; mal saines.
raquo; Les experiences nombreuses et variees faites a cette ecole raquo; prouvent que Ton pent developper dans le cheval et autres raquo; animaux dp semblables tumeurs, en inoculant une maticre
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ygt; animale qui a subi un certain degre d'alteration; cllcs raquo; prouvent que toutes les substances pulrides on\. un principe dc raquo; contagion, et'que leur inoculation sur des individus \ivanl.5 raquo; pert avoir de pareils resultats. L'on sail aussi que rinoculation raquo; claveleuse occasionne souvent ces sortes d'accidents sans faire laquo; naitre la claveldc. N'est-on pas en droit de conclure de ccs raquo; taxis, que la mattere animale inseree est le vrai germe des raquo; tumours dont il s'agit, et que leur developpement est inde-raquo; pendant du virus claveleux ? raquo;
MM. Girardet Dupuy emettent une opinion sem-blable sur la cause des tumeurs gangreneuses quo produisait sur qiielques Lotes ä cornes I'inoculalion de matieres animales provenant des bceufs affecles du typhus epizootique de 1814. Voici comment s'ex-priment ces deux auteurs :
laquo; Nous ferons aussi remarquer que ce mode d'insertion du raquo; virus (inoculation sous la peau an moyen d'un ruban en forme raquo; de seton ) occasionne souvent des tumeurs gangreneuses raquo; fort dangereuses et developpe ainsi une affection autre que raquo; celle qu'on se propose d'etablir. Ces productions gangreneuseSi raquo; que quot;on considere frequemment comme de vrais charbons, no raquo; doivent pointetre attribuees an principe virulent susceptible de raquo; transmettre Tepizootie, uais bien ä un etat particulier de de-raquo; composition de la rnatiere inoculee. raquo;
— La proposition que je viens de forrauler et qui resume toutes les considerations d'etiologie qui la precedent, une fois demontree et adtnise, impliquc eviderament la suivante qui s'en deduit comme une consequence rigoureuse, et qu'on peut enoncer en ces tehnes comme en e'tant un veritable corollaire:
Le danger du se/'our sous la peau ou dans les
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( i38) tissiiSj du sang qui s'ecoule d'une plaie, est d'au-tant plus grand et plus prochain iquot; qu'au moment ou cette plaie est produite, et par suite d'une cause quelconque, Vanimal a dejä eprouve dans sa na­ture des modifications morbides qui rendent ce li­quide susceptible de seputrejier plus promptement.
2deg; Que, bien que parfaitement sain au moment oil il vient d'etre blesse ou operd^ Vanimal se trouve plonge, immediatement apres, dans une atmo­sphere dont la chaleur humide et surtout l'altera­tion miasmatique accelerent la putrefaction.
S'il etait besoin de beaucoup de preuves a la pre­miere parlie de cette proposition , je les trouverais nombreuses et convaincantes dans l'histoire de la plupart des c'pizooties typhoides dites putrides qui, ä diverses epoques, ont cause sur les bestiaux de si effrayants ravages.
Ainsi, pour ne citerque quelques examples, D csplas, qui etudia et decrivit avec tant de soins une ^pizootie qui regna en 1786 sur les boeufs de la province de Quercy, observe-t-il, en parlant du traitement, laquo; qu'il est a remarquer qu'un grand nombre d'ani-raquo; maux sur lesquels on plaga des setons, eprouverent raquo; sur la partie m6me, au bout de quatre, six, huit, raquo; dix ou douzc heures, des tumeurs qu'il appelle raquo; charbonneuses raquo; (1).
(1) Je sais bien que, dans ceitains cas, il y a quelque chose de plus immediatement dependant de l'essence memc de la ma-
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Ainsi, dans le Dictionnaire de medecine veteri-naire de d'Arboval, l'un des auteurs qui ait le plus completement resume tout ce qui a ete ecrit dans la science vöt^rinaire, on lit ä Particle Typhus :
laquo; II arrive souvent que 1'irritation que determinent raquo; les scions pendant la periode de l'accroissement raquo; ou ävant le declin de ces maladies, provoque le laquo; developpement de certaines tumeurs tres rappro-laquo; chees par leur nature de celies qu'on appelle char-raquo; bonneuses. Get effet se produit mamp;ne dans de raquo; simples maladies sporadiques ou möme dans des raquo; maladies externes. raquo;
II est evident que ces tumeurs que d'Arboval n'ose pas appeler charbonneuses, qu'il n'a considerees que comme se rapprochant Ao la nature du charbon^ que comme une sorte de charbon accidentel, ne sont autre chose que les tumeurs gangreneuses que j'ai decrites dans ce memoire.
Plus loin, en effet, le meme auteur,en rappor-
ladie dans le developpement de ces tumeurs; dans le cas, par exemple de maladle charhonneuse. Mais il n'en est pas moins vrai que, dans cette circonstance encore, les accidents tnmoraux, quan il ils sont la suite d'un so ton, sont plus graves et mar ehe nt plus rapidement que lorsqu'ils sont produits par une cause qui, ne donnant point acces äl'air dans l'interienr de l'engorgement, ne rend pas imminente la putrefaction des liquides epanches. De ]ä,malgre lopuiion si imposante de Gilbert, la reserve d'un grand nombre de praticiens dans l'emploi des setons comme moyen curatif des affections charbonneuses.
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tant 1c resultat de ses propres observations sur le typhus contagieuoc epizootique qu'il observa en grand dans les d^sastreuses anneesde i8i4 et i8i5, declare laquo; que les setons places-au debut de la ma-raquo; ladie augmentaient la frequence du pouls, la cha-raquo; leur de la peau, et devcnaient ra6me le siege d'une raquo; leucophlegmasie partielle ou d'une tumefaction raquo; gangreneuse)).
A I'article Gangrene du meme ouvrage, on lit: laquo; Les setons et trochisques divers appliques a contre-raquo; temps dans les circonstanccs d'epizooties Jy-raquo; phoides, donnent lieu a des enflures,ä des infil-raquo; tralions qui deviennent enormes et passent aise-raquo; ment a la gangrene. raquo;
Et plus loin :
laquo; La gangrhie qui succede ä l'inflammation'(i)
raquo;nbsp; nbsp;causee par la presence d'un seton pratique mal a
raquo;nbsp; nbsp;propos dans les leucophlegmasies, certains pblcg-
raquo;nbsp; nbsp;mons et quelques maladies epizootiques,presente
raquo;nbsp; des phenomenes particuliers. Ce seton ne deter-
raquo;nbsp; nbsp;mine que peu ou point de douleur; bien qu'anime
raquo;nbsp; nbsp;par des cantharides, il n'evacue que de la serosite
(i) On remarquera dans ce passage une singuliere contradic­tion : suivant I'autenr , e'est a Yinflammation, suite de l'appli-calion du seton, qu'il faudrait, dans les cas qu'il cite, attribuer la gangrene; et cependant, trois lignes plus bas, il declare avec j'aison que, dans ccs sortes de cas, les setons, meine animes par des cantharides, ne determinent que peu ou point de douleur.
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a et point tie pus; mais le troisieme ou lequatrieme raquo; jour, I'enflure que sa presence occasionne prend raquo; le caractere gangreneux , et eile devient enorme raquo; en deux ou trois jours. II en cst de m^me des raquo; trochisques introduits sous la peau dans des cir-raquo; Constances semblables(i).
M. le professeur Vatel, dans son Tratte de me-decine operaloire, confirme en d'autres termes ce que d'Arbovala avance dans 1'ouvrage precite. Voici comment s'exprime ce veterinaire : laquo; Lcs setoas, sui-raquo; vant plusieursauteurs, ne peuvent jamais faire de raquo; mal. Neanmoins, dans les gastro-enterites avec raquo; faiblesse des organes locomoteurs (2), leur usage laquo; est tres dangereux; el, alors meme que celle-ci raquo; n'existe pas, il n'est pas rare de vöir les setons gt;gt; produire des engorgements charbonneux (3) qui
(ij II y a, comme on le -voit, la plus grantle ressemblance entre la marche de ces tumeurs et celle des ensjorgements que j'ai decrils dans ce metnoii-e. C'est vers le troisieme ou qualrietne jour apres la blessure ou 1'operation, qae commencent a se ma­nifester lcs caracteres gangreneux; et c'est deux ou trois jours apres la manifestation de ces caracteres que rengorgement qui les accompagne a atteint son maximum de developpement.
(*) Je dois faire observer que ks theories lie la! medecine dite pbysiologique, regnaient dans toute leur force en medecine vete­rinaire a l'dpoque ä laquelle M. Yatei composait le traite auquel j'einprurite ce passage. I.es maladies, jusque-lä appelees typhq'ides ou jmtridcs, s'appelaient alors gastro-enurites avec faiblesse des organes locomoteurs.
(3) On ne trouve que trop souvent, ilans lcs ouvrages vdleri-
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raquo; occasionnentla perte des malades du troisieme au raquo; cinquiemejour.
Enfin, et pour citer une epoque plus rapprochee de nous, je rappellerai ce qui a 6te observe dans un grand nombre de departements et signale par la plu-part des veterinaires lors de l'epizootie qui regna sur les chevaux en iSaS. Des engorgements gangre-neux dnormes et presque toujours mortels etaient si sou vent la suite de l'application des setons^ que la plupart des praticiens furent obliges de renoncer ä leur emploi.
Or, quand on se rappelle qu'un des caracteres communsaux affections samp;tes putrides ou typhoides est la promptitude avec laquelle se decomposent les cadavres des animaux qui y ont succombe; quand on fait attention que c'est surtout a la putrescibilite par-ticuliere des humeurs,et notammentdu sang, qu'est due cette rapide decomposition; quand on sait que l'application des setons dans ces sortes de cas est sou-vent suivie d'un ^coulernent sanguin si abondant, qu'on est quelquefois oblige d'avoir recours au tam-ponnement pour l'arrßter; on s'explique que cette operation si simple puisse laquo;Hre si souvent suivie du developperaent d'engorgements gangreneux. II
naires, les mots charbonneux et gangreneux employes indis-tinctement pour designer les engorgements circonscrits, frpquem-raent mortels, qui ont pour caructcre principal la rapidite de leur d^veloppement.
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( raquo;43 ) doit arriver en effet, bien frequemment, qu'une quantite plus ou moins considerable du sang qui s'est ecouie, s'arramp;e et sejourne sous la peau dans le trajet du samp;on. Est-il done surprenant que,putres-cible comme nous avons reconnu qu'il I'etait, 11 s'y decompose rapidement et donne lieu ainsi a I'en-sernble des phenomenes gangreneux qui se produi-sent par la presence et Faction du sang putrefie?
Enüu, e'est encore parce que le sang est moins coagulablc, e'est parce qu'il est plus pauvre dans les animaux-rnollement constitues ou epuises par de trop rudes travaux, que, dans les conditions ordi-naires, la Variete de la gangrene traumatique que j'ai decrite dans ce memoire est,sur eux,beaucoup plus frequentequesurles sujets forts et robustes dont la sante n'a Jamals regu de serieuses atteintes.
Mais si ces derniers animaux sont, par eux-memes, -moins exposes a cette nature d'accidents ä la suite des operations sanglantes, parce que chez eux les qualites du sang le rendent plus organisable et des lors moins putrescible, ce n'est pas a dire pour cela qu'ils en soient ä 1'abri dans toutes les circonslances. Le sang ä la surface ou dans la profondeur d'une plaie ne se putrefie pas seulement a raison de ses qualites particulieresau moment ou il s'est ecouie; sa decom­position, comme celle de toutes les matieres animales, se produit encore sous l'influence des proprietes plus ou moins alterantes de l'atmosphere dans laquelle ranimal est plonge. On salt, par exemple, que de
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deux portions de muscles prises immediatement apres la mort, I'une sur un animal qui a succombe a une affection lyphoide, I'autre sur un animal mort ä la suite d'une cause violente quelconque, mais parfaite-nient sain du restc, la premiere se putrefiera beau-coup plus promptement que I'autre,si on les place toutes deux dans les m^mes conditions atmosphe-riques. Que si, au conlraire, au lieu d'exposer ces deux lambeaux musculaires dans un m^me lieu, on plongc le premier dans un air sec et chaud et le second dans un air chaud et humide, il se pourra faire que la decomposition putride se produise aussi vile sur tous les deux, si m^me eile n'a lieu plus promptement sur le second. Ce dernier effct est en­core plus manifeste et plus prompt si cet air chaud et humide est en mamp;ne temps altere par des miasmes comme cela a lieu dans les localiles oü des animaux, ct surlout des animaux malades, sont habituellement reunis en grand norabre.
Or , il en est de meme pour le sang epanche dans les plaies a la suite d'une blessure on d'une opera­tion. Deux circonslances peuvent en produire et ac-ceicrcr la decomposition : ou bien une modification morbide qui, en alterant scs quaiitcs, le rend plus putrcscible; ou bien inie action particulicre, 1'action putrefiantc bien connue d'un air chaud, humide et plus ou moins vicie par des miasmes. Cetle dernieie circonstance explique pourquoi Ton voit quelquefois des accidents gangreneux compliquer des solutions
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de continuite recentes, sur des animaux que leur bonne constitulion semblait devoir en preserver, lors-que ces animaux sont places pendant leur Iraitemcnt dans dos ecuries chaudes et humides, dans celles surtout dont I'air esl altere par des exhalaisons mias-matiques sans cesse renaissantes : telles sent, par exemple, les grandes infirmeries veterinaires qui sont conslamment remplies de malades atleints d'af-fections catarrhales, de piaies.abondainment suppu-rantes,etc. li est facile de comprendre maintenant pourquoij'aipu observer si frequemment la gangrene traumatique dans les höpitaux de recole, nidme sur des chevaux d'une consliiution forte et vigou-rcuse(i); tandis qu'elle se rencontre plus rarement
(i) Une circonstance particuliere a puissamment contribue a rendre malsaines les ecuries affectees aux infinnerics de l'ecole. II ne se trouve aueuu endroit couvert ä l'exterieur et au volslnage deceslocaliles, pouryabriterles chevaux et donnerainsilapossU bilite de les sortir et de faire au dehors les pnnseinents des plaics suppurantes. II faut done, et il faudra encore quelque temps, jns-qu'ä ce qu'on ait repare celle grave omission , pariser les plaies, faire prendre les bains de pied , pratiquer beaueoup de pelites operations ä rinlcricur meme des ecuries, toules les fois que le temps est trop fioid ou trop plu\ieux pour permettre Je conduire les animaux au dehors. Dquot;un aatre cote, et par suite d'une nou-velle imprevoyance, on n'a münagc aueun moyen d'eviation pour les eaux chargees de sang, de pus, et autres malleres ani-males qui proviennent du neltoyage journaller des höpitaux : on est obligö, pour empechcr ces eaux de faire marc, de les jeter et Staler sur le sol exlerieur oü elles entretiennent des exhalai-
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( i46) sur les animaux qui sont trails dans les e'curles de leurs proprictaircs, ou soignes dans des infirmeries nioins souvent et moins completement remplies quo les notres.
Je n'ai pas besoin de dire, je pense, que les acci­dents du genre de ceux que je signale sont plus a redouter et marchent plus vite lorsque les animaux blesses ou operes se trouvent sous i'influence de la double circonstance d'une mauvaise constitution et d'un air altere.
sons qui sont loin d'etre favorables a la salubrity. Aussi, le pro-fesseur de clinique qui m'a precede ct moi, avons-nous, entre autres consequences de cet etat de dieses, remarque assez sou-vent des accidents lyphoides dans des animaux affectes de ma­ladies internes que tout annoncait devoir etre fort benignes, et des accidents gangreneux a la suite de lesions chirurgicales qui eussent ete fort simples et promptement gueries dans d'autres cir-constances hygieniques.
Depuis que j'ai l'honneur de diriger l'ecole d'Alfort, j'al appele avec instance l'attention de l'administration superieure sur la necessite de remedier a un mal aussi deplorable dans une ecole veterinaire; et je suis heureux de pouvoir dire que des disposi­tions sont prises en ce moment pour y apporter un prompt re-mede. En attendant, j'ai prescrit le pansement en debors des ecuries, de tous les animaux affectes de plaies suppurantes ou d'affectlons ndcessitant un lavage quelconque; j'al ordonne d'en nettoyer souvent le sol a grande eau , de les aerer largement et frequemment; j'ai fait faire tous les quinze jours d'abondantes fumigations guytonniennes; et, depuis, j'ai eu beaucoup moins souvent a remedier aux complications dc la nature de celles que je viens de signaler.
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De tout ce qui precede, il me serait possible, assu-rement, de conclure a la verite de I'etiologie que j'as-signe ä la plupart des cas de gangrene trauraatique* En presence des faits que j'ai rapportes et des raison-nements qui s'y appliquent et s'en deduisent si natu-rellement,il me semble difficile de revoquer en deute que la putrefaction du sang epanche dans les plaics a ete la cause immediate des phenomenes gangreneux qui s'y sont developpes. Mais le sujet me parait avoir trop d'importance, pour que je n'essaie pas do justifier etde faire partager mon opinion sur ce point de pathogenic, par tous les genres de preuves dont une longue suite d'observations m'a mis a mörne de disposer.
J'ai ditj et je viens de repeter, que la decomposi­tion putride d'une certaine quantite de sang epanche avait ete, dans tous les cas quo j'ai rapportes, la cause necessaire et le point de depart de la gangrene locale; et que c'etait celle-ci qui, en infeetant lesang par l'absorption, avait occasionne la mort : ce qui revient ä dire
iquot; Que s'il n'y avait pas eu de putrefaction de ce sang il n'y aurait pas eu de gangrene 5
2deg; Que si, aussitot que le sang epanche avait com­mence a se putrefier, il avait ete entierement enleve de la plaie, la gangrene ne se serait pas developpee.
Or, e'est precisement cette demonstration qu'il me reste ä faire pour completer ce memoire; elj'es-pere la rendre asscz frappante par l'exposition sue-
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( raquo;48) cincte de quelques uns des fails que j'ai recuelllis, pour ne plus laisser subsistcr aucun doute sur cetle partie de I'hisloire de la gangrene que j'ai essaye de trailer.
Citons d'abord les fails, nous en ferons ressortir ensuile les enseignements qu'ils renfermenl.
DIX-HOITIEME OBSERTATION.
Gangrene, suite d'un epanchement sanguin dans le tissu cel-lulaire de l'encolure.Mort de f animal,Fibrine alteree trouvee dans la tumeur qui constituait f epanchement.
Cheval blanc, propre au cabriolet, de 8 ans, de bonne con­stitution, appartenant a M. Matard perc, proprietaire ä Ville-neuve-Sainl- Georges.
Etat du cheval lors de son entree aux bopilaux de l'Ecole le i5 julllet i836. Un leger engorgement pen chaud et peu doulou­reux entoure le point oü a ete pratiquee une saignee ä la jugu-laire. Le cordon que forme ordinairement cette veine au dessus de la saignee, dans ces sortes de cas, estä peine sensible. L'ou-verlure l'aite par le phlebotome est rorifice d'une fistule qui a au plus un demi-pouce de profondeur. Le liquide qui s'en ecoule est peu abondnnt et sero-purulent. L'animal est gai, a de l'ap-petit et de rembonpoint. — Pronostic favorable.
Trailement. Applications fondantes sur l'engorgement; diete severe d'aliments fibreux et d'avoine pour eviter la mastication, on retourne l'animal dans sa stalle et on Tattache ä deux longcs pour l'enipecher de se frotter; ces sortes d'affections s'aecompa-gnant toujours ä cette periode de beaueoup de prurit.
Du 16 au 20 rien de notable; si ce n'est de rinflllration au dessous de l'engorgement, produite par les applications fondan­tes qu'on y a failes. (ün donne pour nouiriture des carotles et de l'avoinc cuite.)
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Le 28, il n'y a presque plus rien. La plaie se retrecit et se desst'che; I'engorgcment esl a peine sensible; il n'y a plus d'in- ' duration ni de douleur sur le trajet de la veine. L'aniaial mange depuis deux jours une ration ordinaire. J'ordonne qu'on invite le proprietaire ä venir le retirer des hopitaux.
Le 3o au matin, une tumeur circonscrite qui s'est formee pen­dant la nuit sans qu'on puisse en reconnaitre la cause, est reraar-quee-a quatre pouces au dessous de l'orifice de la fistule. Cette tu­mour est peu cliaude et peu douloureuse. Elle est cedamp;nateuse a sa partie inferieure; elie flechit sous le doigl a une forte pression dans tous les points de son etendue. Rien n'annonce qu'elle ren-ferme du pus. Je la fais recouvrir d'un melange de terebentlxine et de sublime corrosif pour en obtenir la fonte ou la suppu­ration.
Le 2 aoüt, il n'y a qu'un affaissement partiel de la tumeur. Elle est maintenant induree, sans clasticitc aucune.
Le 3, M. Maillet, mon chef de service, ayant remarque qu'il s'ecoulait un liquide sero-purulent par la fistule, la sonda et parvint avec la sonde en plomb jusqu'au noyau de la tumeur, sans pouvoir penetrer dans son epaisseur. Ayant pris une sonde en fer un peu forte, il forga en appuyant sur la resistance qu'il rcncontrait, et arriva dans une cavite dont il s'ecbappa un verrc a peu pres de serosite fortement sanguinolente quand on retira la sonde. II s'assura que la fistule etait en dehors de la veine, et il y passa une meche qu'il fit sortir par une contr'ouverture praliquec au point le plus declive dc la cavite. Mais cette contr'­ouverture ayant ä peine la largeur süffisante pour le passage de la meche d'ctoupes qui I'obstruait completement, je I'agrandis a ma visite du 5.
Le 6 , I'engorgement a augmente : il est chaud, tres doulou­reux et oedcmateux; I'oedeme s'etend en haut jusqu'ä la gorge , en bas jusqu'au poitrail, et efface completemeat la goutliere de Tencolure du cole malade. (Embrocations de pommadc de peu-
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plier; renouvellement de la meche; injections chloruröes par I'ouverture superieure; diete severe.)
Le i, 1'engorgement a fait de nouveaux progres. L'animal ne peut plus flechir I'encolure dans aucun sens; 11 respire tres diffi-cllement. Depuis la veille au matin il a refuse toute nouiriture. L'oedeme qui s'est etale sous la ganache, meme du cote gsuche, empeche d'explorer le pouls. Les battements du cceur commen-cent a se faire sentir avec tine certaine force. Les crins tienncnt bien encore. Le liquide qui s'dcoule des ouverlures de la meche est rougeätre et fetide, mais en tres petite quantite. (J'ordonne qu'on parseme toute l'etendue de l'oedeme de poinles de feu pe­netrantes. Injections chlorurees frcquentes.) A. i o heures du soir, la difficulte de la respiration est augmentee. Les conjonc-tives sont rouges et leurs vaisseaux gonfles. II y a imm'ience d'asphyxie. L'oedeme est plus considerable, toujours chaud, mais presque plus douloureux. (Scarifications profondes dans 1'en-gorgeraent qu'on presse ensuite pour en exprimer le plus possi­ble de serosile. L'etat des parties rend la tracheotomie impos­sible. )
Le 8, ä 5 heures du matin, mort de Tanlmal avec tous les symptomes de 1'asphyxie.
Autopsie le meine jour i io heures du matin (5 heures apres la mort). Les muscles de I'encolure sont infiltres de serosltd jaunälre, de meme que le tissu cellulaire sous-cutane et inter-musculaire de la m^rae region. On -voit peu de sang en naturu dans toutes ces parties; mais la serosite dans laquelle elles bai-gncnt parait tres lichc en materiaux concrescibles, car eile se prend facilement en gelee a l'air libre. Les lymphatiques tres gros qui accompagnent la carotidc sont distendus par un liquide clair qui les rend tres apparents.
Les ganglions de l'entree du thorax sont gonfles, impregnes de fluide sero-sanguinolent, plus rouges et plus friables que dans l'etat normal. L'infiltration ne se propage pas dans l'interieur de la poitrine.
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La meche passee !e 3 est entouree dans presque tout son trajct par un tissu lardace tres dur et criant sous I'mstrument. Dans sa partie inferieure, die traverse une eavite de peu d'etendue, ä parois dures et epaisses du cöte correspondant a la peau, molles et friables du cöte des muscles sous-jaeents. Cette eavite est rouge-noiratre dans son Interieur, et renferme, au milieu d'un liquide epais, couleur lie de vin , infect et peu abondant, line masse principale de fihrine gris-rougeälre, sans adhirence avec ses parois, grasse au toucher, s'ecrasant facilemenl sous les doigts, du volume a peu pres d'un ceuf de pigeon, et d'une odeur putride tres prononcee. Trois ou quatre autres masses fibrineuses beaucoup plus petites et plus alterees encore existent autour de ce gros noyau. Les muscles les plus voisins de cette poche sent decolores et marques cä et lä dans leur epaisseur de laches rouge terne sombre.
Les poumons, le coeur et le cerveau ne presentent d'autres lesions que celles observees apres la mort par aspliyxie. On ne remarque rien sur la jugulaire qui puisse avoir quclque rapport de causalite avec la mort du cheval et les phenomenes qui I'ont precedee. Cette veine est en bonne voie de cicatrisation, et pres­que transformee en un cordon fibreux blanc rougeätre dans la partie qui avait et^le siege de l'altöration primitive. II est done manifeste que la mort a ete causee par I'aspliyxie; que celled est resultee de la compression exercee sur les nerfs respirateurs el les voles respiratoircs par I'engorgement dnorme qui s'est progiessivement et rapidement developpe a partir du 6; et que cet engorgement doit etre attribue a la putrefaction du sang epanche dans la eavite existant ä son centre, quelle qu'ait ete la cause de cet epanchement que je ne m'explique que par une contusion ou un frottement quelconques. Je feral remarquer en terminant, et cette remarque a de rimportance, que e'est a dater du moment oü le passage de la meche a donne acces a I'air, dans la eavite sanguine, que les premiers accidents ont apparu.
(Le sujet de cette observation elait snrveilldpar I'eleve Derty).
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in
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BIX-NEUVIEME OISSKRVATION.
Gangrene ä la suite de Vouverlure d'un abces a la pointe de l'epaule. Mort de I'anirnal, Sang puTaEnt trouve dans la cavite de Vabces.
Le 11 septembre i83i, M. M....., beurrier ä Paris, conduit
aux hopitaux de l'ecolc un cheval percheron de six ans, portant a la pointe de l'epaule gauche une tumeur ayant a peu pres le volume de la tete d'un enfant, dure a sa circonference, offrant ä la pression de la main sur son centre les caracteres d'une fluc­tuation profonde. Cette tumeur, qui s'est developpee depuis trois jours seulement, est chaude et doulourense. (Onction sur toute son etendue d'un melange a parties egales d'onguents po-puleum et basilicum. )
Le lendemain 12, la fluctuation au centre de la tumeur est plus sensible. On y plonge un bistouri droit qui penetre a plus de quatre pouces de profondeur pour arriver jusqu'au foyer, Le pus qui en sort n'cst pas encore bien forme; il est clair, sanguinolent et en petite quantite : beaucoup de sang secoule
des tissus qu'a traverses I'instrument pour atteindre la poche dc
* . #9632; •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; l
I'abces. Quand il a cessc de couler, je fais injecter par I'ouver-
ture dc I'incision deui ou trois seringues d'eau ticde legerement
alcoolisee, pour nettoyer la plaie des caillots qui laremplissent:
le pansement est fait a sec.
Le i3 au matin, la tumeur a augmentc d'etendue; eile esttres
chaude et excessivement douloureuse; la plaic est d'un rouge
vif et encore _un peu saignante. II y a de la tristesse et des
symptomes febrileraquo;. (Saignee de huit livres; breuvages tnucila-
gineux, legerement acidules; pansement avec de l'etoupe seche
bien douce; bandage matelasse sur la tumeur; lotions frequentes
avec un melange a parties egales de decoctions de graine de lin
et de tdtesdepavots; dicte blanche.) — Le soir, I'engorgement
il
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( raquo;53)
fait de nouveaux progres;la chaleur et la douleur sont exces-sives; l'aninial parait cprouver des ^lancements convulsifs ä la seule apposition du doigt sur la partle malade ; les syinptömcs de reaction generale sont aussi tres prononcäs. Je fais lever 1c pansement que deux points de suture a bourdonnets mainte-naient sur la plaie. Le plumasseau qui depuis le matin occupait toute la profondeur de l'incision, est retire couvert d'un ichor sero-sanguinolent, brunatre et deja felide. Un peu de cet iclior s'est ecbule par l'ouverture aussltot apres l'extraction du plu­masseau. (Scarifications sur toute l'etendue de Fengorgement, qui s'etend jusqu'ä l'avant-bras, et occupe toute la base du cot6 gauche de l'encolure: beaucoup de sang et de serosite s'eu ecoule. Detersion de la plaie par des injections d'une legere infusion de plantes aromatiques; et, quand eile a etc bien neUoyee, injections chlorurees, et pansement avec un plumasseau impregn6 de chlo-rure de chaux, qu'on renouvellera trois fois dans la nuit. Sai-gnee de huit livres. (Le pouls efait plcin, vite et dur); conti­nuation des breuvages temperants, des fomentations calmanlcs et de la diete.)
Le 14, ä la visite du matin, la tmneur n'a pas augmente de volume ä la pointe de Tepaule ; mais eile s'est etendue en bas, et a envabi tout l'avant-bras jusqu'au dessus du genou; il y a beaucoup moins de chaleur et de douleur que la vellle. La plaie de l'incision au centre de la tumeur exhale toujours une odcur putride que ne peut dissimuler celle du chlore. On n'y voit au-cune apparence de suppuration, non plus qu'aux plaie-i des sca­rifications qui sont seches et -violacees. Un pen d'emphyseme se fait remarquer sous la peau de l'epaule et a la base de l'encolure. L'animal est dans un abattement extreme; le pouls a complete-ment change j il est devenu petit et serre. L'ecartement des ailes dunez, la legere tension de la tete sur l'encolure, Tacceleration saccadee des mouvements du flanc annoncent la gene de la res­piration. Je regarde l'animal comme perdu : cependant je pra­tique sur les parties tuajefiecs depuis ia veiile de nouvellcs sca-
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rifications, d'oü s'(5cliappcnt a peine quelques gouttes de s6to-site; j'y plonge ensuite, ainsi que dans les scarifications faites la •veille, des cauteres coniques chauffesä blanc. La tumeur est re-couyerte d'une forte couche d'onguent vesicatoire: on adminis-trera trois fois dans la Journee et avec precaution, un litre d'une forte infusion #9632;vineuse de camomiile; on continuera ä injecter dans Ja plaie principale de la solution aqueuse de chlorure de chaux. L'animal succombe a onze heures du soir.
Autopsie douze heures apres la mort.
#9632;abdomen. Rien de rcmarquable dans !e tube digestif. La rate est notablement tumefiee; la matiere ordinairement brunätre et epaisse, qui remplit les areoles de son parencbyme, est noire et presque diffluente.
Thorax. Un litre environ de serosite sanguinolente est epan-cbc tant dans la plevre que dans le pericarde. Le tissu du coeur est pale et ramolli; il presenfe, sous ce rapport, les memes ca-racteres que l'ensemble du Systeme musculaire: la sereuse qui tapisse les cavit^s droites du 'coeur est d'un rouge fonce; le sang qu'elles renferment est noir et epais, mais sans coagulum. Rien de notable n'existe dans les cavit^s gaucbes, si ce n'est une le­gere coloration en rouge de leurs parois.
Tumeur. Le foyer central de la tumeur a deux pouces a peu pros de diametre en to us sens; il contient un caillot mou et d'un noir violace, de sang nageant dans un resie de serosite sanguinolente et d'une odeur putride tres prononcee. La face interne de ce foyer est irreguliere et tapissee par du tissu cel-lulaire, rien n'y decele I'existence d'une fausse membrane ou de bourgeons charnus. Les parois en sont epaisses et formees de tissu lardace peu consistant, et parseme de nombreuses et larges ecchymoses.
En general, le cadavre commence a se putrefier sensi-blement.
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VINOTIEME OBSERVATION.
Gangrene apres Couverture d'une tumeur sanguine suite de contusion sur la hanche. Mart de l'animal. Putrefac­tion des caillots SANCuiNS constatee pendant la vie et apres la mart.
Jument de roulage d'une constitution forte et ncrveuse, de huit ans, appartenant a M. Chicaudet, entrepositaire a Alfort.
Renseignemens. Le ierjuin 1837, cette jument tombe sur le cote gauche en descendant au trot la tamp;e de Bercy la Grande Pinte, et se releve a I'instant meme. Quelques minutes apres, Thorame qui la conduisait s'apercoit qu'une tumeur s'est formee au-dessous de la hanche gauche, et que cette tumeur augmente a vue d'oeil. II l'attribue ä la chute j et, en effet, le soulevement des polls, l'enlevement de quelques uns, Tempreinte poudreuse qu'on reraarque sur la saillle de la hanche et au dessous indi-quent que c'est sur ce point que le corps a porte lors de la chute, et qu'il y a porte assez violemment. Cependant il n'y a pas de plaie.
Un marechal, en face de 1'atelier duquel I'accident etait arrive, consulte par le conducteur de la jument, prescrit et fait lui-meme une friction d'eau-de-vie camphree. Au bout de dix mi­nutes la tumeur a cesse de s'accroitre. Elle a ä peu pres le volume d'une tete d'homme, mais eile n'est pas circonscrite et fait peu de saillie. La bete boite beaueoup; on la ramene a Altbrt. Trois jours apres, le 4, M. Chicaudet fait demander ii I'Ecole deux eleves du cours de pratique pour visiter sa jument. La tumeur est chaude, douloureuse, sans fluctuation aucune; il y a oed^-maiie ä sa partie inferieure jusqu'au jarret. La bdte a un peu de fievre, ce qui ne I'empeche pas de manger la ration qu'on lui donne. La boiterie qui est tres grande au sortir de l'ecurie, diminue beaueoup apres deux minutes de marche, et semble ne
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devoir etre altribuee cnsuite qu'a la gone möcanique que la tu-meur occasionne dans les mouvemens du membre. (Saignee de six livres, lotions emollientes sur la partie malade; diete ce jour-lä; on ne donnera qu'un quart do la ration ordinaire les jours suivants, jusqu'a ce que la fievre ait disparu.)
Jusqu'au 10, leschoses restentä peu pres dans le meme elat, ce que voyant le propriefaire, il se de'ciile a amener sa jument a rficole, a ma consultation.
Le 11 au matin, il la conduit lui-raeme, et me donne les ren-seignemens qui precedent et qui me sont confirmes par les deux eleves envoyes les jours precedents pour donner des soins a la malade. Je l'examine avec attention : la tumeur est peu saillante et tres etalee; eile est ferme et resistante dans les deux tiers in-ferieurs, et se continue en has par un oedeme offrant lui-merae une certaine fermete. Elle est plus molle dans son tiers su-pcrieur , et fait eprouver a I'exploration la sensation^ mais vague et incertainc , d'un liquide profondement situe; cependant rien n'indique que ce liquide soit du pus; rien n'autorisc a croire a 1'existence d'un abces. La peau parail ties saine sur toute l'etendue de la tumefaction; les polls y sont lisses et non piques : il n'y a presque pas de douleur au toucher; pas de fievre. La boiterie ne parait resulter que de l'embarras que l'infiltration de la region maiade apporte dans la libre flexion de la cuisse. Jo fais appliquer de l'onguent vesicatoire sur la tumeur, et je con-seille au propriamp;aire d'attendre et de me ramener sa jument dans deux ou trois jours.
Le 13, il la soumet de nouveau a mon examen, mais dans un ilat bien different. Une incision de cinq travers de doigt de lon­gueur, au moins , existe parallelement a Taxe du membre dans la partie superieure de la tumeur. Un liquide sanguinolenty clair, s'en ecoule au moindre mouvement que fait I'animal. Cette incision a ctepratiquee, il y a une heure, par le marechal du pays, a qui son voisinage del'Ecole donne unegrande reputation d'ha-
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bilete dans les environs. II a vu la jument en passant dans l'ecurie oü eile se trouvait, et a declare qu'il etait parfaitement Inutile de la conduire ä I'EcoIe pour ce qui restait a fairc; quo. l'abces etait mür et ne demandait qu'ä ctre ouvert. £t, tout aussitöt, avec Tassentiment du proprietaire, il a tire un bistourl de sa poche et l'a plongö dans le tiers superieur de Tengorgement oü il avail cru sentir la fluctuation. De la serosite roussätre, d'a-bord, puls du sang presque pur, s'en etaient rclKippes : la quan-tile en fut evaluee ä pres d'un litre. II n'y avail pas un atome de pus. Cependant M. Chicaudet, peu rassure sur les suites que pouvaii avoir cette operation, avail cru devoir venir, imiuddia-tement apres, me demander mon avis.
L'incision a ouverl une vasle poche, dont la parlie supdrieurc qui renfermail le liquide sero-sanguinolenl, est tapissee par des caillots fibrineux, rougeutres, organises en membranes dejä un peu adherenlesä ses parois. Dans la parlie inferieure, la plus con­siderable, existe un coagulum noir, d'un volume enorme, pen consistant a son centre, plus ferme el commencant a s'organiser ä sa circonference, le tout sans aucune odeur. II est cvidenl que cette masse sanguine provient d'une hemorrhagie considerable qui aura eu lieu au moment meine de la chute faile il y a treize jours par la juraent; hemorrhagie qui explique la fornulion si prompte de la lumeur apres eel accident. Quoi qu'il en soil, je porte un pronostic iacheux. Pour eviter, s'il est possible, la de­composition pulride des caillots non organises, aussi bien que celle des masses fibrineuses elalees a la surface interne des parois, j'essaie d'en enlever le plus possible. Je parviens a en extraire unc assez grande parlie; mais au moment oü je venais de deta­cher un gros coagulum accole sur la portion charnue du muscle ilco-aponevrollque, un jet de sang s'echappe qui me force ä interrumpre mon operation el ä arreler celle hemorrhagie par un apparcil compressif, ne pouvant trouver au milieu des cail­lots, pour en faire la ligature, le vaisseau qui lui donne lieu. J'humecle Tapparell compressif avee du chlorure de chaox, el je
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fais verser deux decilitres de ce liquide dans la poche sanguine. Xa jument est laissce dans les hopitaus.
Les jours suivants, jusqu'au 17, la putrefaction s'empara de ceux des caillots qu'on ne put extratre; et, en meme temps, toraquo;s les symptomes de la gangrene locale d'abord, puis ceux d'une infection gangreneuse generale se declarerent. Leur par-faite ressemblance avec ceux rapportes dans les dix-sept obser­vations de la premiere sörie, me dispense de les consigner ici. La mort eut lieu le 17 ä onze heures du matin.
Autopsie a une heure de l'apres-midi (deux heures apres la mort).
Tumeur, La peau de la region siege de la contusion est de-collee jusqu'au milieu anterieur de la jambe. H'enormes caillots fibrineux, noirs et gris rougeätres, sont, les uns adh^rens, les autres libres dans la plaie. Its sont dans un etat de complete de­composition putride. Les muscles environnants ont une teinte pale, livide, marbree de taches d'unnoir presque charbonne;[un ichor rougeatre, gangreneux, en baigne les portions en rapport avec la plaie et penctre le tissu cellulaire qui les unit.
Le sang de la veine-cave posterieure a la couleur et la consis-tance de la poix liquide, et exhale manifestement une odeur de gangrene qu'on ne retrouve pas dans celui contenu dans la veine-cave anterieure; celui-ci,cependant, n'estpasnonpluscoa-gule. — Le sang renferme dans le coeur offre la meme liquidity. On sent encore l'odeur de gangrene dans les cavites droites, mais eile y est moins prononcee que dans la veine-cave posterieure. Le coeur est tres pale , mou et fortement ecchymose dans ses ca­vites gauches.
Poumon. Quelques eccbymoses seulement dans les pou-mons.
Abdomen. La rate est volumineuse, bleu noiratre; la mutiere contenue dans son parencbyme a la consistance de la bomillie cpaisse.
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( raquo;59 ) Kien de notable dans les voies digestives, urinaires et respi-
ratoires.
Le crane n'a pas ete ouvert.
(Gelte jument etait surveillee par l'eleve Hennequin.)
VINGT-BNIEME OBSEaVATION (l).
Gangrene a la suite de l'ouverture d'une tumeur sanguine sur la croupe d'un chien. Mort de l'animal. Caillots pu­trefies dans la cavite de la tumeur.
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Renseignemens. Le 7 mai 1827, un vieux chien LulKdog, ap-partenant ä M. Cliford, contre-maitre ä la fonderie deCharenton, recoil sur le cote gauche de la croupe un violent coup de ringard. A I'instant meme il se developpe un engorgement considerable, qui fait des progres si rapides, qu'au bout de quelqaes minutes la peau en est tendue et reflete une teinte violacee. Mais bientöt la tumeur cesse d'augmenter; la saillie qu'elle forme i la surface de la croupe s'etend sur lafesse et surlacuisse, et rend le merabre difforme.
Le lendemain, l'animal parait faiblej mais il conserve sa gaite et son appetit. La tumeur est molle et peu sensible au centre; eile est dure et plus douloureuse ä la circonference. On se borne, d'apres les conseils d'un medecin anglais attache a la fonderie, a quelques applications ^mollientes pour calmer la douleur. Le surlendcmain, un eleve d'Alfort passait devant la fa-brique, on lui fait voir le malade. Trompe par la legere fluctua­tion qui existe au centre de Tengorgement, l'eleve croit a I'cxis-tence d'un abces, il y plonge un bistouri. Mais au lieu de pus , e'est du sang presque pur qui s'echappe par l'ouverture. Surpris et effraye, I'operateur tamponne la plaie pour arreter I'hemor-
(0 £itrait de la clinique dlaquo; W, le professeur Vatel.
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rhagie, et engage M. Cliford a conduire son chicn ä I'ccole , oü je le vis la^ 1 mai, ä la visite du malin.
Etat de l'animal. J'examine la partie malade, siege d'un en­gorgement circonscrit, saillant, ayant ä peu pres le -volume des deux poings. Elle est chaude et douloureuse. Afln de m'assurer de l'etat Interieur de la plaie, j'en extrais les linges qui avaicnt servi ä arreter rhemorrhagie; ces linges sent impregnes de sang deja tres odorant. Un peu de serosite fortement sanguinolente sYcoule encore apres leur extraction; je n'y remarque aueune trace de pus.
Des caillots fibrineux, rouges on brunätres, oecupent toute la circonference de la tumeur entre la peau et les muscles; le tissu cellulaire n'est apparent nulle part. Je tente d'enlever snr plu-sieurs points quelques portions de ces caillots, dont la couleur plus /oneee et l'odeur felide annoncent un commencement de imtrefaction; roais quelquc precaution que je prenne, le sang qui s'ecoule apres chaeune de ces tentatives est si abondant, que je suis fored d'y renonecr. Je me borne ä lotionner le pourtour de la tuinenr avec une legire dissolution de sei marin, et ä main-tenir dans la plaie, par une suture ä bourdonnets, des plumas-scaux imbibes de teinture de quinquina etendue. Le soir, la plaie continue ä sentir tres mauvais : on renouvelle le pansement. Le 13, ä deuxheures de l'apres-raidi, le chien etaitmort.
L'ocverture, faite irnmddiatement apres, nous fit reraarquer le ramollissement putride d'une partie du sang coagule e'panche sous la peau. Ceux des caillots que leur situation en dessous des couches sanguines superßcielles avaient mis äl'abri du contact de l'alr, etaieut inoins odorants et plus solides; et enfin une adhe­rence assez forle avait dejä eu lieu entre la peau et les parties sous-jacentes par le moyen du coagulum fibrineux qui orcupait la circonference. Le fond de la plaie etait bleuatrc et livide.
M. Cliford, qui assistait ä l'ouverturc, nous dit que huit jours anparavanl i! avait perdu un autre chien bull-dog, ä peu pres de la mime manicre : qu'a la suite d'un combat, pendant lequel ce
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chien avail etlt;5 saisi ä la joue par son adversaire, il lui ctait sur-venu une cuorrae tumeur sous la peau de cette region; que le lendemain on I'avait ouverte; qu'il s'en etait ecoule beaucoup de sang qu'on avail anete en recouyrant la plaie avec de ramadou; mais qne, lejoursuivant, la plaie sentait tres mauvnis, et que trois jours apres le cliien etait mort. (i)
VIIfGT-DEUXlKME OBSERVATIOIf (l).
Ganckene ä la suite tie Vouverture d'une tumeur sanguine a la cuisse (fun chien. Mort de l'animal. Sakg raquo;utrefie trouve dans la tumeur.
Renseignements. M. Imberl, proprietaire a Paris, fait conduire le 7 septenibre 1827, ä la visite du matin, un beau chienbraqne qui a la cuisse tres engorgce. Huit jours auparavant, M. Imbert etantä la chasse, avait, dans nn moment d'emportcmcnt, tire sur son cliien un coup de fusil charge de gros plomb. Bien qa'il ait paru alteint. ce chien qui etait tres ardent, avail encore cliasse quelques instants; bienlöt apres il s'etait arreie ne marcliant plus qu'ä trois paltes; il avait la cuisse droite tres grosse ä sa partle posterieure et interne. ( Le chien prescntait le cole gauclie au
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I il
(1)nbsp; nbsp;Exlrait de la cliuique de M. le professcur Valcl.
(2)nbsp; liicn n'est plus frdqucnt que ces ttuneuis sanguines sur les chiens a la suite des coups violcnls qu'ils reroivcnl a cliat/ue instant, ou lies morsuics qu'ils se fontcnlreeux ilans leurs comlwls Uu grand notnbre en cstamciie aux höpiliux de I'Ecole pour tics accidents scra-blablcs; ct ccpemlant, pendant les onze aiinöcs que j'y ai passe es, je n'ai vu la gangrene se diirclopper Jans ces tumcurs que ilansqualrc cas dans lesquels on avail eu riniprmlciice do donnrr accös ä 1'air en y pmtiquantdes incisions plus ou nioins largcs. I! snffit le plus souvent d'abandonncr ces tnmeursä tllcs-memcs, 011 de les recouvrir de quel­ques preparations fomlantcs pour cu obteuir la idsolulion; quelque-lois il se i'ornie uu ubces.
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moment oü on lui avail lache le coup.) Une tres petite tache de sang, et une ecchymose sous-cutanee, de deux lignes a peu prcs de largeur, indiquaient I'endroit oil un grain de plouib avail penetre ä la face interne et un peu posterieure de la cuisse. Les jours suivants, on s'elait horni ä des lotions d'eau fraiche d'abord, puis on avalt fait des app'iea:tioiii5-CmüViientes; mais nucun micnx ne se manifestantj M. Imbert, d'apres le conseil d'un do ses amis, fit ä I'endroit de l'ecchyinose une incision de quelques lignes pour faire sortir le sang qui se trouvait sous la peauj et en effet, le sang coula assez abondamment apres cette operation pour qu'il devint necessaire de l'arrdter. Ce fut le len-demain de cette petite operation que le chien fut envoyeä recole avec une lettre renfermant les details qui precedent.
Etat de I'animal. La cuisse droite est tres engorgee^ chaude et douloureuse; le chlen abandonne älui-möme, ne s'appuie pas sur le membre de ce cote; cependant il est facile de s'assurer que le femur n'est point fracture. Du sang presque pur s'dcou'e goulte a goutte de la plaie. La masse de sang coagule qui en forme toute la surface, est rouge-brunätre, peu consistante, et n'exhale encore, aucune mauvaise odeur. Dans la crainte fondee d ebranler le caillot et de produire une nouvelle hemorrhagie, on n'y tou-chc qu'avec beaucoup de precautions. ( Application d'un ban­dage legerement comprcssif, qu'on arrosera d'heure en heure avec de l'eau salee; diete severe : on surveillera le chien pour qu'il fasse le moins possible de mouvemenls, et ne cherche pas a arracher son bandage; lavements Emollients. )
Le 8 au matin, Vodeur tie la plaie et la couleur des caillots apparents annoncent le commencement de la putrefaction du sang. Depuls ce moment, l'abattement du malade augmente sen-siblement; et, malgre l'emploi des antiputrides les plus energi-ques, la gangrene se declare dans la partie, et le chien succombe le quatrieme jour de son entree ä l'^cole.
Autopsik.La diffluence, la couleur brunätre et l'odeur infecle de la plus grande partie du sang epanchi sous la peau
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et dans l'epaisseur des muscles, font facllement reconnaitre la cause de la mort. Quelque soin que j'aie mis ä la dissection de la cuisse, je n'ai pu reconnaitre le vaisseau dont la blessure avait du etre cause de cette abondante et rapide hemorrhagie. Je pus seulement constater que le tronc meme de Tariere femorale n'avait point ele ouvert. II est bien probable que le grain de plomb que je retrouvai sous la peau de la face externe avait M-chire dans son trajet l'une des grandes musculaires de la cuisse.
VINGT-TROISIEME OBSERVATION.
Gangrene ä la suite de l'ouverture d'une tumeitr sanguine ä Vepaule d'une vache. Mort de I'animal. Caiixot pu-trefie trouve dans la tumcur.
Dans le courant de juillet i832, un nourrisseur de Saint-Mande, vient, dans l'apres-midi, reclamer les secours de l'ecole pour une vache qu'il dit etre affectee du charbon. II n'y avait plus d'eleves ä l'ecole qui venait d'etre licenciee; je me rends moi-möme chez le propriefaire.
Trois jours auparavant, cette vache avait recu au dessus du coude gauche un violent coup de come, ä la suite duquel un engorgement s'etait immediatement developpe, et avait acquis en peu d'heures un volume considerable. Un connaisseur , comme il y en a tant, avait conseille l'application d'un seton pour le faire resoudre, et on avait defere ä son avis. On evalua ä un litre ä peu pres la quanlite de sang qui s'ecoula par l'ouverture infe-rleure du seton pendant la premiere heure qui suivit l'opöra-tion. Au bout de ce temps, l'hcmorrhagie s'arreta d'elle-mema; et jusqu'au matin du jour de ma visite, Tengorgement etait reste stationnaire. Mais alors il avait commence ä faire des progres inquietants, et on s'etait adresse ä l'ecole.
La tumeur, dont le centre etait sur la masse des muscles ole-craniens, embrassait presque toute l'epaule droite et descendait
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jusqu'au gcnou : un ichor brunätre et fülide s'ecoulait par I'ou-verture inferieure du scton. II n'y avail plus de pouls; les yeux elaicnt fixes, la pupllle dilatee, les cornes froides, ainsi que les extremitcs. Je jngcai la bete perdue. Cependant, pour cojides-cendre aux desirs du nourrisseurqui me priail d'essayer quel-ques moyens, j'cnlevai le seton et cauterisai profondement dans I'engorgement. Une heure apres , on vint me prevenir chez un proprietaire \oisin que la vache etait morte. Le nourrisseur en {it lui-mcme I'ouverture devant moi : un c ail lot, on plutöt unc masse de sang noir, deini-liquide , et d'une ndeur putride in­supportable , formait la partie de la tumeur qu'a-vait traversce le seton. Les lissus environnant la tumeur etaienl infiltrcs de sero-site jaunätre ou sanguinolente. Je n'assislai point ä I'ouvertnre des cavitds splanchiques.
II resulte bien clairemcnt de ces nouvcaux fails, dont jc crois inutile de mulliplier los exemplos, quo, sur les animaux qui en font le sujet, aucun Sym­ptome qui annoncät la gangrene ou seulement qui put la faire supposer imminente, ne s'esl manifeste avant que les tumeurs qui en sont devenues le siege aiont ete ouvertes par I'instrutnent tranchant. Ce n'est que dans les jours qui ont snlvi celui oü une incision a ete praliquee a travers leurs parois, qu'a commence a apparaitre la succession des phenome-nes quo nous avons vus dans nos premieres observa­tions indiquer la naissance de la gangrene, en cenfir-mer I'cxistence, en decelcr les progrcs. Cependant, l'apparition de ces phenomenes n'a pas etc lo premier effet, le resultal imtnediat dc celte uuvcrturc : un fait inteimediairc s'est accompli cntrc le moment oü
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( x65 ) l'incision a ete pratiquee ct celui oil les premiers ca-racteres gangreneux ontapparu; c'cst la putrefac­tion d'unc partie plus ou moins considerable du sang epanche quiconstituait la tumeur. La gangrene n'est venue qu'apres ceite putrefaction.
Ainsi, tant que l'integrite des parois de la collec­tion'sanguine n'apas perrais a Pair de penetrer dans son interieui'j le sang bien qu'epanche en quantite considerable (20deg;, 2ic et 22quot; observations) ne s'est point putrefie, parce qu'il n'y avait point d'air dans la cavite qui le renfennait, et que la presence de l'air est unc condition indispensable au developpc-ment de la putrefaction. Parcillcmcnt, et ceci est bien important a noter, tant que l'absence de l'air a enipcchc qu'aucun phenomene de decomposition putride n'eut lieu dans le sang, aucun accident gan­greneux ne s'est declare ni sur la parlie contuse ni a son voisinage. Ce n'est qu'ä dator du moment 011 l'incision de la tumeur a mis le sang qu'elle renfer-mait en communication avec I'exterieur, quo ce li­quide qui ne pouvait s'ecouler au dehors, se trou-vantsoumis, dans une cavite cliaude et bumide, ä Faction de l'air qui venait d'y penetrer, en a subi les effets et s'est putrefie. Et c'cst seulement apres que la putrefaction d'une partie de ce sang a eu lieu, qu'ont commence a se manifester les accidents can-greneux septiques auxquels les animaux ont suc-combc.
Ici done les rapports dc cause a cffcl cnlre la pu-
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trefaction du sang extravase dans la plaie et le deve-loppement de la gangrene dans cette plaie sont plus cvidents encore, s'il est possible, que dans nos pre­mieres observations. En effet, si violente qu'ait ete la contusion qui a produit repanchement du sang; si vive qu'ait ete dans quelques uns de ces cas rinflam-mation locale ä la suite d'une teile blessure; si consi­derable qu'ait etc la quanlite de sang extravase; au-cun accident inquietantne s'est manifeste, tant quo l'absence du contactdel'air sur le sangepanchen'apas permis a ce sang d'e'prouver la decomposition putride: etcependantjil s'est ecoule jusqu'ätreize jours entre la formation de la tumeur et son Ouvertüre, dans le sujet de la 20deg; observation.
Mais du moment qu'en ouvrant la tumeur, on a donne acces a I'air dans une cavite chaude et hu­mide qui renfermait du sang non encore organise, tout aussitöt, la putrefaction de ce sang d'abord, puisj et deux ou tiois jours apres, la gangrene se sont manifeslees.
Ce n'est done pas par une de ces actions specifiques qu'il faut admettre sans pouvoir endonner une rai-son satisfaisante: e'est en vertu de son incontestable etnecessaire influence surledeveloppementde la pu­trefaction, e'est enagissantcommeunedes conditions dece dernier phenomcne,quc/'lt;5uV'aeu, dans tons les cas que nous avons cites.)une part si grande,bien qu'e-videmment indirecte, ä la production des accidents gangreneux. II est des iors bien clair quo s'il n'est
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pas la cause immediate, il est manifestement la cause premiere de ces accidents; puisque sans air le sang epanche ne se serait pas putrefie; ct que, s'il ne s'e-taitpas putrefic, la gangrene ne se serait pas d^cla-ree. Tel est du moins le seul role que I'observation materielle des fails permctte de pröter a cc fluide dans ces circonstances; et il me paraitrait difficile dc lui en supposerun autre qui s'expliquät d'une ma-niere a la foisaussi simple et aussi rationnelle.
— Au surplus, ce n'est pas dans les seuls cas de ce genre que la presence de l'air me semble avoir une influence decisive sur le dcveloppemenl de la gangrene. Je disais plus haut que rien n'etait plus comrnun dans les maladies cpizootiques dites puiri-des, que I'apparition d'engorgoments gangreneux sur le trajet des setons; et j'en indiquais comme rai-son premiere la pulrescibiiite du sang on du liquide sanguinolent qui, s'amassant sous la peau dans 1c trajet duscton, ne tardait pas, par suite dc scs quali-tes et de son contact avec l'air, ä se pulrcficr et a y agir a la maniere des matieres putrides inoculees. Eh bien, il est si vrai que e'est la presence de l'air qui vient, en produisanl la decomposition pulride du liquide epanche ou indltrc sous la peau, y de­terminer conseculivemenl la gangrene, que les en­gorgements quelquefois enormes qui, dans ces ma­ladies, suivent souvenf l'application des sinapismes ou des \esicatoires, ne prennent Jamals le caraetöre gangreneux: pour ma part, dumoins, je nc I'ai ja-
amp;
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( 168) mais observe; et je ne saclie pas qu'aucnn autcur ve-terinaire ail signale de fail: de ce genre.
Ainsi,sans rappeler l'cpizootie de 1825 lors de lanuellc un grand nombre de veterinaires, forces de renoncer ä l'cmploi des sölons., parce que leur applica-lion elaitsouvcnlsuivied'engorgementsgangreneux, curent rccours avec avanlage aux sinapismesou aux vesicatoires; passant sous silence plusieurs fails isoles recueillis ä differenles epoques dans mon service de clinique; je me borneraiä cilercornmeexempleassez frappant, 1c resultat d'observations comparatives que j'eus l'occasion de faire en i83i dans leshopitaux de l'ecole d'Alfort :
A celie cpoque , le iiquot; regiment d'artillerie ca­serne a Vinccnnes, ä la suite d'une remonte en cbe-vaux tres considerable et Ires mal faile, ctait ravage par des pneumonies gaugreneuses qui frappaient ä la fois un si grand nombre de chevaux, que les infir-meries du fort ne süffisant pas,une parlie des ma-lades fut dirigee dans nos infirmerics avec I'assenti-rnent de l'administialion superieure. Des setons au poitrail furent, entre aulres moyens, mis d'abord en usage. Mais les cinq premiers chevaux sur lesquels ils furent places ayant succombch des engorgemenls gangreneux dont ces exutoires devinrent la cause de-terminante et le siege; et M. Joly, vcterinaire en chef du regiment, m'ayant observe qu'il avail dejä perdu plusieurs malades de la memc maniere, je dus renoncer a I'usagc do ces derivalils el recourir ä
I
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( log) d'autres moyens pour combaltre par une revulsion puissante et continue les fluxions abondantcs tjui s'operaient aux poumons ou dans les sacs plcuraux. J'employai lessinapismes sons la poitrine, auxquels jo faisais succedcr le soir mömc on large vesicatoirc. Des engorgements effrayants en furent la conse­quence : ces engorgements envahissaient loutc la region inferieure du tronc et remontaient queique-fois jusque dans la region inguinale: mais sur tons les animanx ils conscrverent le caracterc d'eedemes chaudsjet aucun ne pril le caractcre gangrencux, bien que plusieurs des chevaux sur lesqucls ils se de-velopperent aient succombe plus tard ä la pneumonic gangreneuse.
Pourquoi done eette terminaison gangicneusc des engorgements produits par les sctons, tandis que ceux beaucoup plus considerables qui resultaient dc 1'emploi combine et successif des sinapismes et des vesicatoires ne prenaient jamais ce iächeux carac-tere? Assurement on ne saurait I'attribuer a la plus grande intensite de rinflammation qu'auraient de-termine'e les setons, puisque les phenomenes inflam-matoires etaient notablement plus devoloppes ä Ja suite de l'emploi de la moutarde et des topiques ve­sicants. On ne serait pas davantagc fondc a I'attri-buer ä l'absence de toute manifestation reactionncllc a la suite de l'application des scions, puisque jus-qu'au moment ou la gangrene avait completcment envahi la tumcur, ccllc-ci clait tendue ä son centre.
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( 17deg; ) chaude et tres doiiloureu.se, ce qui n'annongait rien moins que de l'atonie locale.
La veritable raison decette difference dans les re-sultats ne serait-elle pas plutot la suivante : le pla­cement des setons dans les animaux dent je viens de parier etait generalement suivi, par suite de la profondc debilite des malades, d'un ^couleraent de sang clair ou de serosite fortement sanguinolente dont une certaine partie s'arretait et sejournait sous la peau dans le trajet du seton. Or ce sang ne len-dant pas ä s'organiseräcause de sonpeu depiaslicite, et se trouvant en rapport par les deux ouvertures du seton avec I'air cxlerieur (l'air chaud altere des infirmeries), ne tardait pas ä se putrefier et a agir ä la maniere des matieres putrides deposees sous la peau; de la les engorgements gangreneux.
Tandis que le liquide sero-sanguinolent ou le sang lui-meme qui affluait en si grande abondance dans les parties irritees par les sinapismes et les vesi-catoires, se trouvant abrile par la peau de tous rap­ports avec fair extericur, etait par ce scul fait preser­ve de la decomposition putride. Aussi n'observa-t-on pas ä la suite de l'emploi de ces moyens les acci­dents gangreneux qu'occasionnaient les setons.
— Une aulrc observation qu'on est ä meme de faire journellement dans la pratique veterinaire, \ient encore fournir une nouvelle preuve de la part dctcrminante que j'aUribue a I'air dans la production
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( i7raquo; ) de la gangrene chirurgicale dans un grand nombre de cas. Voici cette observation :
Des oedemes plus ou moins chauds ou froids, sus-ceplibles de prendre parfois une elenduc considera­ble, se developpent assez frequemment sur des chc-vaux epuises par la fatigue, la mauvaise alimentation ou les maladies. De ces engorgementsquiapparaissent le plus ordinairement aux parties les plus declives de chaque region , les uns sont sans cause directe appa-rente, les autres procödent de lesions locales (plaies ou blessures quelconques); quelques uns sontun des phenomenes exterieurs de l'affection si grave dans les herbivores connue sous le nom de charbon. — La partie principale du traitement externe auquel on a generalement recours dans ces divers cas est es-sentiellement chirurgicale : eile consiste soil a sca­rifier profondement la tumeur, soil ä la penetrer de distance en distance par des cauteres en pointe chauf-ies a blanc.
Eh bien, il n'est pas rare de voir la gangrene se developper dans ces tumeurs apres qu'elles ont ete scarifiees, lors surtout que les scarifications ont ete suiviesd'un notable ecoulement de sang, etlorsaussi queleurouverture exterieure n'elant pas au point le plus declive de la plaie qu'elles ont produite, une cer-taine quanlite de ce sang ou de liquide sanguinolent peut roster dans son fond sanss'ecouler au dehors. Tandis que si au lieu de scarifier la tumeur on I'a cauterisee j ou bien si, immediatement apres I'a-
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( I72 ) •voir scarifiee, on a passe des cauteres chauffees ä blanc dans les plaies resultant des scarifications, la gangrene ne survient quo tresrarement. C'est lä un fait reconnu depuis longtcmps par les veterinaires : aussi, sans en avoir donnc jusqu'ä present unc raison iheorique salisfaisante, la piupart d'cnlre eux em-ploient-ils de preference 1c cautere actuel, soil dans les cas quo je viensd'indiquer, soil dans les engorge­ments dans le.squels la gangrene existe dejä ou est seulement imminente.
Je sais bien que dans ceux do ccs engorgements qni sont indolenls et ou la chaleur est ä peine sen­sible, on pourrait expliquer les bons effets de la cau­terisation par la surexcitation qu'elle produit, par la reaction f'ranchement inflammatoire qu'elle provo-que. Mais que devient celte explication quand il s'a-git de cclles de ces tumeurs oü la doulear el la cha­leur sonttresdeveIoppees,etsur lesquelles cependant la cauterisation est incontestabiement le moyen le plus sür pour eviter la gangrene?
Ici encore il me parait que toute la difference dans les effets, resulte de ce que, dans un cas ( les scarifications simples), chacune des plaies permet la libra introduction de Pair dans les mailles des tissus infiitre, el des lors son libre contact el son action sur leliquideplus ou moins sanguinolent el putrescible epanchcsous la peau; tandis que dans rautre(la cau­terisation), I'escbare produite par 1c cautere s'inter-posant comme un diaphragmc cntrc cc liquide cl
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( '73 ) Pair exterieur, previent ainsi sa decomposition et consequemment la gangrene. II cst vrai que celle eschare finit par lomber : mais commeelle ne tombe qu'ä la suite d'un travail de suppuration plus ou moins long ä s'effectuer, il arrive que, lors de sa chute, eile ne decoavre et ne iivre au contact de l'ajrjque des surfaces qui suppurent et qui, partant, n'ont rien a redouter de son action.
— En resume, sous le rapport etiologique, j'ai dit, et je croisl'avoir suffisamment prouvc, que ics tu­mours gangreneuses quise dcveloppent quelquefois apres une operation ou une blessure, sont dues 1c plus souvent ä l'action du sang putrdfie sur Ics tissus sains au milieu ou a la surface desqueis il s'est epan-chc avant, pendant ou aprcs ccttc operation ou lors de cette blessure. J'aiindique les circonstances con-stitutionnelles qui pouvaient, sur certains malades favoriser et bäter le developpcment des phe'nome-nes puiritlcs et consequemment des accidents gan-greneux, Enfin, j'ai insiste sur ce point que, dans les nombreuscs observations que j'ai etc a meme de reoucillir, le contact de Vair avec le sang cpanche avail etc le point de depart, la condition vraisein-blable de tons les accidents; ce qui a paru surtout evi­dent dans les i8c, 19% 20deg;, 21quot;, 220 ct aSquot; observa­tions.
A. ccs preuves direclcs ct deja bien concluantcs, j'en ajoulerai rapidctnent quciques autrcs, qui, par cela meme rju'clles sont negatives, ne laissent plus
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( '74) le moindre doute sur I'influence principale exercee par/'air dans la production des accidents qui nous occupent.
iquot; Les ruptures partielles de quelques unes de leurs fibres s'observent quelquefois dans certains muscles du cheval. M. Rigot en a public plusieurs exemples dans le tome IV du recueil de medecine veterinaire (annee 1827). A la suite de ces ruptures, qui sont presque toujours ignorees pendant la vie de I'aniina!, du sangs'cpanche en plus ou moins grande quantitc dans l'epaisseur du muscle dechire; et ce n'est que plus tard, des mois, des annees meine apres l'ac-cident, qu'en ouvrant I'animal qui a succombe ä touteautre maladie, on constate les desordres dont la dechirure est accompagnee. Dans les cas de cette nature que j'ai observes, dans tous ceux dont a parle M.Rigot,lesang contenu dans l'epaisseur des muscles oü il sejournait quelquefois depuis fort long-temps, quelle qu'ait ete sa quantile et sous quelque aspect qu'il se soit presente, n'a jamais paru avoir eprouve le plus leger degre de putrefaction : aussi les tissus avec lesquels il etait en contact et qui formaient les parois de la caviteaccidentelleoüil etait renferme, n'etaient-ils aucunement älteres. J'ai souvent observe pared ac­cident a la clinique de l'Ecole , soit dans les muscles psoasjsoitdanslcsmusclesdela croupe, sur des chiens employes par leurs proprietaires ä tirer de petites voitures: des dechircments considerables avaient eu lieu au centre de ces muscles; et les animaux sont
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( raquo;75) morts aprös avoir prösentö pendant assez longtemps, les uns tous les caracteres d'une paraplegie, les au-tres ceux d'une claudication tvamp;s forte, dont j'elais loin, sur les premiers que j'ai vus, d'avoir merae soup^onne la cause. En effet, pendant leur vie, au-cun engorgement n'avait ete observe ni au voisinage des lorabes, ni sur la croupe , ni sur aucune region envirönnante. A 1'ouverture, j'ai toujours trouve dans l'epaisseur des muscles dechires, des caillots sanguins de couleur et de consistance variables, bai-gnant tantöt dans un liquide purulent clair et rou-geätre, tantot dans de la s^rosite sanguinolente un peu trouble. Toujours ces caillots, ce pus, ce liquide sanguinolent, ces muscles dechires, ont ete trouves sans odeur : mais aussi, dans aucun cas, si grands qu'aient ete les desordres, jen'y ai rencontrd la plus legere apparence de gangrene. C'est que dans tous ces amas de sang une condition manquait pour que la putrefaction s'ydeveloppät: la presence de l'air, 2deg; II est peu de veterinaires qui n'aient eu occa­sion de trouver, a Fouverlure de quelques chevaux, des tumeurs sanguines, souvent fort considerables, sous la capsule de la rate. Pour ma part j'en ai vu un assez grand nombre; il n'est meme pas rare d'en observer plusieurs sur une seule rate, dont l'etat äl­teste qu'elles se sont formees ä des epoques diffe-rentes. Dans quelques unes de celles que j'ai diss^-quees, le sang avail conserve sa liquiditej dans d'au-tres sa partie fibrineuses'etait deposee et adheraitä la
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( raquo;76 ) periphcric de la cayiti. Dans aueune je n'ai reconnu de tendance ä la decomposition putride; dans au­eune je n'ai vu on entendu dire que la gangrene se fut developpee. — J'ai fait la meme remarque sur de semblables tumeurs . developpees depuis assez longtemps ä ce qu'il paraissait, ä la surface du foie de chevaux sacrifies pour cause d'usure ou de mala­dies incurables. C'est que, dans ces cas encore; le sang epanche etait parfaitement a l'abri du contact dc 1'air.
3deg; Quand, par suite d'un etranglement ou d'une compression quelconque, un organc ccsse d'etre en communication avec ies centres nerveux ou circula-loire, il se mortifie; et bientot, s'il est au contact de Vair \* putrefaction s'en empare, et des accidents gangreneux peuvent se declarer dans les titsus sains qui lui sont conlinus; a moins que ceux-ci ne deviermentle siege d'une prompte inllammation eli-Hiinatoire. — Supposons le meme organe egalement clrangle et mortifie, mais soüstraitäl'inßuence de Vair: quels que soient sesrapports avec les parlies saines environnantes, celles-ci serontbien rarcment dangcreusement affeclees de son contact, parce qu7/ ne sepntrefiera pas : loin de devenir la cause d'in-fection gangreneuse , sa presence ne provoquera meme pas le dcveloppement d'une inflammation eli-minaloire : il disparaitra par alrophie*; il sera re-sorbc.
La castration,suivant qu'elle est praliquce d'apres
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( '77 ) teile ou teile methode_, nous fournira des exemples de ces divers cas. Ainsi, soit qu'on cmasculc par les casseaux, la ligature ou 1c bislournage, on produit toujours la mortification du testiculc cn dlranglant le cordon. Mais, dans les ileux premiers de ces modes operatoires, les envelappes ayant cte largement in-cisees, l'organe morlifie se trouvant au contact de l'air, ne tarde pas ä se putrctier : aussi, par sa pre­sence, occasionncrait-il souvent la gangrene des par­lies superieurcs du cordon, si les branches du cas-seau ou le noeud de la ligature qu'on laisse jusqu'au deveioppcment de la suppuration , n'isolaicnt com-plelemenl le testiculc pulrcfic des parlies saines superieures. Tandis que quand on (Latre par bis-tournage, la torsion qui opere retranglcmcnt du cordon se faisant ä travers les cnveloppes et sans avoir besoin de les iociser, le testicule se morlifie bien dans les bourses; mais commc il v est entierc-ment ä l'abri du contact de l'air, il ne se putrefie pas. II disparait ä la longue par resorplion. Aussi quoique la plupart des laurcaux et belicrs du midi et de l'ouest de la France soient chatres par le bistour-nage, n'ai-jc jamais enlendu dire quo la gangrene nit ete observeecomme consequence de cclle operation. 4deg; Que sj Ton veut dans d'aulres organcs que les muscles et le tissu cellulaire, dans d'autres parlies que les parties voisines dc la peau, des exemples nun moins frappants de l'importance du role quo Joue I'air sur le developpement de la gangrene, qu'on exa-
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( 178) mine ce qui se passe a la suite de certaines hemor-rhagies pulmonaires dans le cheval. J'ai vu, en effet, plusieurs fois (et chaque fois je 1'ai fait remarquer aux eleves qui suivaient ma clinique ) des poumons dans l'interieur desquels des caiilots sanguins occu-paient presque toule la capacite de certaines cavernes oü tout indiquait qu'ils se trouvaient depuis long-temps. Ces cavernes etant closes de toutes parts et riajant aucune communication avec les bronches, le sang n'avait aucune mauvaise odcur. Sur le meme cheval, sur le meine lobe pulmonaire, d'autres ca­vernes dans Icsquelles s'ouvraient des divisions bronchiques, renfermaient du sang qui semblait epanche depuis beaucoup moins longtemps: dans celles-la, l'odeur et les caracleres du sang ne lais-saientaucun doute sur szputrefaction] aussi etaient-elles le centre d'une degenerescence gangreneuse qui s'etendait sur une partie plus ou moins conside­rable du tissu pulmonaire environnant.
Et pourtant,dans ces deux cas, presque toutes les conditions sent les memes : il y a les memes lesions; elles ont apcu pres la meme ctendue; elles existent sur le meme sujet, dans le memeorgane. Mais, dans les unes de ces collections sanguines s'ouvrent des divisions bronchiques;/'ajVpereefre; de lä, putre­faction du sang epanche , et par suite gangrene du tissu avec lequelil esten contact.Dans lesautres,il y a enkystement complet du sang epanche; pasde commu-nication avec les bronches, partant nonpenetration
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( raquo;79 ) de Vair: il ne s'y manifeste aucun signe de decom­position putride; le tissu qui environne la cavitö riojfre aucune trace de gangrene. — Je le repete, les faits de ce genre ne sont pas rares dans les pou-mons du cheval; et depuis que j'ai appele l'attention sur cette etiologie de la gangrene, plusieurs veteri-naires, parmi lesquels je citerai MM. Deläfbnd et Henry Bouley, les ont souvent constates dans leurs recherches d'anatomie pathologique.
5deg; Enfin , quelle que puisse etre, dans les conse­quences qu'on pourrait en tirer, la porteo de la der-niere remarque qui me reste ä faire, el düt-elle pa-raitre une pretention de ma part ä generaliser une theoriequejen'aientenduappliquer, quantäpresent, qu'ä certains cas degangrene chirurgicale,je ferai ob­server qu'autant la gangrene (i)est rare dans les or-ganes ou parties d'organes qui sont derobös par leur situation au contact de Tair, autant eile est fre-quente dans ceux qu'entoure ou penetre ce fluide. Ainsi,je le demande, connait-on beaucoup d'exem-ples de gangrene dxifoie, des reins, de la rate ^ du cerveau, a la suite des inflammations meme les plus aigucs de ces organes? Quant ä moi, je n'en ai jamais
(i) J'entends parier ici äe la gangrene la plus framp;juente; de cette gangrene humide qui consiste dans la mortification des tissus avcc prodution d'iclxor gangreneux et tendance'rapide ä l'envahissement des tissus voisins d'abord, et bientot ä l'infeclion de Vcconumie tout entiere.
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( 180) vu dans nos animaux domcstiques; et ce qui semble prouver que, s'il y en a, ils doivent dtre bien rares, c'est que les palhologistes n'ont point admis comma varietes d'especcs des splenites, renites, hepatites ou cerebrites gangr^neuses. On ne citeguerenon plus, hers les cas de plaies penetrantes, de terminaison par gangrene des phlegmasies de la plevre, du periioine, de Varachno'ide,
Combien souvent, au contraire, cctte funestc ter­minaison ne se remarque-t-elle pas dans les organes que tapissent les membranes muqueuses? Et quel vcterinaire n'a eu bien des fois a trailer dans sa pratique, des coryzcw, des angines, despneumoniesy des ententes, des cj-stites gangri'jneuses?
Les inflammations sont-elles done plusaigues dans ces derniers organes que dans les premiers que je citais?y rcvetent-ellesun type,un caractere,un mode, speciaux, qui leur rcservent particuliercmcntla fatale propriele de finir si frequemment par la gangrene? Pour ma part, je ne le crois pas. Je vois tout simpleraquo; mentque, de ces organes, les uns sont en communi­cation plus ou moins directe avec Vair eocterieur; ce sont ceux que tapissent les membranes muqueuses: c'est sur ccux-lä que s'observent de nombreux cas Ae gangrene. Les autres ne sont point en rapport avec Vair; c'est le foie, c'est la rate, c'est le cerveau; ce sont la plevre, le peritoine, etc. : sur eux les in­flammations ne prenncnt que bien rarcment, si tant est qu'elles 1c prenncnt, le caractcre gangreneux.
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( '8' ) J'ai vu pourtant un assez grand nombrc de cas de peritonite tevm'mee par gangrene-, mais c'est seule-mentälasuitedeblessures/je'/ieVra/iiesdel'abdomen, apres la castration ä testicules decouver-ts par exern-ple.J'aiaussiobservedepuisdouzeansdeuxcasde^alaquo;-grenedaushplevre 5 mais on va voir que ces deux fails viennentsinguiierementäl'appuide cequej'avance; puisque^ sur Fun des animaux qui les ont presentes, la gangrene cst survenue a !a suite de l'extirpation d'une portion de cote cariee, pratiquec maladroite-ment par un marechal qui avail dechire une assez large portion de la plevre pendant son operation; et que, surl'autre, la gangrene se remarquait sur une partie de la plevre correspondante a I'ouverture dans le sac pleura!gauche d'une caverncpulmonaire com-muniquant depuis qiielques jours sculement avec les bronches. Dans le premier cas, Vaw avail pen^tre dans la plevre par la plaie exterieure; dans le second, il s'etait introduit par les voies respiratoires.
Ainsi , sans vouloir prötendre que les organes soustraits au contact de Fair ne sent jamais atteints par la gangrene, je dome qu'on puisse conlester qu'elle y est infiniment moins frequente que sur ceux dans rinterieur desquels penetre naturellement ou accidentellement ce fluide. J'ajouterai cettc autre remarque, qui n'est pas moins fondee et a cgalcment ici une assez grande importance, que sur les organes accessibles a 1'air, la gangrene est d'autant plus fre­quente et marchc d'autant plus rapidement, toules
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( i82 ) circonstancesdgales d'ailleurs, que le fluide les pene-tre plus facilement et en plus grande abondance. Par cxemple, les organes de Tappareil respiratoire sont, sans contredit, ceux sur lesquels la terminaison gan-greneuse a lieu le plus souvent ; et eile est plus frequente dans le tube digestif que 8ur la muqueuse genito urinaire.
Une observation d'un autre genre et qui rattache cos dernieres remarques aux idces etiologiques de-veloppees dans le corps de ce memoire, est celle-ci:
S'il est vrai que la terminaison gangreneuse des inflammations est plus frequente dans les appareils d'organes qui sont accessibles a une plus grande quanlite d'air, il est vrai aussi qu'elle est relative-ment plus frequente dans ceux de ces organes qui sont en meme temps penetres et penetrables par une quantite plus considerable de sang. Ainsi, de tous les organes respiratoires, le poumon est sans con­tredit celui qui re^oit et contient le plus de sang et d'air, celui dans lequel, dans I'etat inflammatoire, lesangs'extravase le plus facilement: aussi est-il celui dans lequel la gangrene est incontestablement le plus frequente et le plus grave. Apres le poumon vient la muqueuse nasale que I'on sait dtre si abondarntnent pourvue de sinus veineux dans nos herbivores do-mestiques: or personne n'ignore combien souvent, dans certaines circonstances, les inflammations con-nues sous le nom de coryzas, prennent le caraclere gangi'dneujc. Puis vient 1c larynx, ct enfin la trachee
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( i83) dans laquelle möme les plaies penetrantes donnent si rarement lieu k rinflatnmation et ä la gangrene.
De mdme, dans le tube digestif, la imiqueuse in-teslinale etant^sur Ic cheval, celle que le sang pent penetrer le plus abondamment dans le cas d'inflam-malion ou de congestion, dans laquelle, on a travers laquelle, il s'infiltre ou s'epanche le plus facilement, cst celle sur laquelle la gangrene a etc incompara-blement le plus souvent observee: tandis qu'on la cite beaucoup plus rarement dans l'estomac^ et qu'on ne 1'a jamais observee dans I'cesophage.
II ne suffit done pas qu'il y ait dc Vair^ il faut aussi qu'il y ait une notable quantite de sang dans les organes pour y faciiiter le dcveloppement de la gangrene : et il est de remarque que e'est dans les cir-stances oil tout fait supposcr I'extravasalion d'une certaine partie de ce sang dans le lissu ou a la surface de ces organes, que la gangrene se declare ordinai-rement. En efiet e'est a la suite des phlegmasies dites suraigues, quand il y a ce qu'on appclle exces d'inflammation, qu'ellc est regardee commc imminente? Or, dans cet ctat pathologique, les vais-seaux sont tellement engorges, tellement disten-dus par l'affluence toujours croissante du sang, qu'il est bien rare qu'une certaine quantite de ce li­quide ne s'en echappe pas pour se repandre ct s'in-filtrer dans la trame de l'organe : l'ouverture des sujets qui ont succombc k cello periode des inflam­mations an fait foi. Voila done du sang sorli de scs
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vaisseaux, et qui se trouveen contact avec I'airchaud et humide que contient ou laisse transsuder 1'organe enflamme; le voilä, dis-je, dans des conditions sous I'influcnce desquelles sa decomposition putride pout avoir lieu s'il ne raquo;'organise pas, s^l n'est pas elimine par la suppuration, ou s'il n'est pas rejete au dehors par un mecanisme physiologique quelcon-que.
Cette premiere analogic, dans leiirs conditions ap-prdciab[es,entre la gangrenedesmuqueuseset la gan­grene trautnatiquc, serait assurement assez frappante deja pour faire soupsect;onner qu'il ne serait peut-etre pas deraisonnable d'appliquer a la naissance de la pre­miere , la ihcorie par laquelle j'ai cherche ä expli-quor ledcveloppement de la seconde. Or, cette idee prend plus de vraisemblance encore quand on pousse plus loin cette comparaison descirconstances dans les-quelles la gangrene vient frapper lesphlegmasies des muqueuses.Parexemple, j'ai fait rcmarquer plus haut quo e'etait surtoutpendant le regne des maladies epi-zootiques,ayant un caractere putride, que 1'ouverture des engorgements, renfermantdesrnatieressanguino-lentes epanchees, et le placement dessctons etaient le plus souvent suivis de I apparition de la gangrene. Eh bien, c'estcgalement quand les coryzas , quand les pneumonies regnent enzootiquement ou se de-clarent sur des animaux isoles pendant le regne des epizootiesetdesenzooties,quelaterminaison par gan­grene dc ces maladies est le plus framp;juentc.Ne serait-
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( i85) ce pas aussi parce que, dans ce cas, le sang clant plus fluide transsude plus souvent a la surface ou dans la trame des organes qu'il congestionne; et parce que, en möme temps, comme il est tres peu organisable, il y subit plus promptement la decom­position putride qui donna lieu ä la gangrene? Du moins, las masses fibrineuses completement putre-fiees qu'on trouve dans les poumons gangrenes, ou sur la muqueusc nasale, a la suite des coryzas gangre-neux , donnent-ils une grande apparence da vcrite ä cette maniere de voir.
Autre analogi'e. J'ai fait remarquer que la gan­grene Iraumatique etait a craindre, meme sur des animaux assez bien constitues, quand, apres unc operation ou une blessure qui avaient laisse des caii-lots de sang dans une plaie, ils etaient places dans des localites oü Tair dtait infect et malsain. Or, la meme remarque a ete faite par les veterinaires , en ce qui regarde 1'influence d'un air vicie sur le developpe-ment de la gangrene dans les phiegmasies des or­ganes en rapport fonctionnel avec ce fluide.
Enfin, j'ai demontre que l'inoculation dc matieres animates putrefiees sous la peau donnait naissance a des tumeurs gangreneuses parfaitement semblables a celles qui compliquent quelquefois les operations ou les blessures. De meme, les experiences demon-trent qu'en se servant des^voies de la circulation pour transporter dans les poumons des matieres putridcs, c'est ä dire, en injoctant par la jugulairc une ccrtainc
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( 186) quantite de sang ou de pus alt^r^s, on determine tres souvent des pneumonies gangreneuses ayant la plus grande ressemblance, pour ne pas dire une identite parfaite, avec celles qui se developpent naturel­lem en t.
En R^suMfe, il ressort de tons les faits et conside­rations qui composent le chapitre Etiologie.
1deg; QaeXa gangrene traumatique parait devoir sa
uaissance dans la plupart, si non dans la generalite
des cas^ a l'action septique du sang ou des autres raa-
lieres animales epanchees oumortifleesyra^e/jwfre-
fient ä la surface öu danraquo; la profondeur des plaies.
2deg; Que la presence de l'azretant necessaireal'ac-complissement de la putrefaction, cette gangrene ne saurait avoir lieu que dans les cas particuliers dans les parties souslraites au contact de ce fluide.
3deg; Que, des-lors, toutes les circonstances propres a hater la decomposition putride des matiamp;res ani­males, telles que ['alteration particuliere du sang lui-meme dans certaines maladies, 1'etat miasmatique de l'air, etc...., favorisent singulierement le developpe-mentethätent les progres de la gangrene.
4deg; Qu'il est ties probable que dans un grand nombre de cas de ph'.egmasies internes, notamment celles des muqueuses respiratoires et des pou-mons, la gangrene, quand eile se developpe, a une origine semblable a celle que je viens d'assigner a la gangrene traumatique.
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TRAITEMENT.
Les considerations ^tendues dans lesquelles je suis entre dans les chapitres qui precedent, et qui m'ont paru necessaires pour Lien döterminer la nature et les pauses de la gangrene Iraumatique , me permet-tant dereduire a. quelques lignes ce qui concerne 1c traitement. S'il esl vrai, en effet, que la presence de caillots de sang putrefies ä la surface ou dans la pro-fondeur des plaies, y devienne la cause determi-nanle la plus ordinaire de la gangrene, 1'indicalion saute aux yeux, II doit suffire :
i0 Pour prevenir la gangrene, quand eile est a craindre a la suite d'une blessure ou d'une operation, de prendre les precautions necessaires pour eviter dans les plaies le trop long sejour du sang coagule qui s'amasse soit dans leur profondeur, soit sous l'appareil de pansement a leur surface j
2deg; Quand les symptömes qui en precedent la naissance so declarent, d'explorer la plaie avec soin pour la debarrasser du sang deja plus ou moins putrefie qui pent s'y trouver, et de panser avec des medicaments ayant la propriete d'empecher la putrefaction.
Or, depuis que j'ai present et observe ä ma clinique ces precautions si simples, la gangrene chirurgicale que nous avions souvent occasion d'ob-server sur les blesses et les operes dans les höpitaux
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de l'ecole, y cst devenue extremement rare, ou , quand elles'est declaree, y a etc promptementct fa-cilement arretee.
Je pourrais en rapporter ici une multitude d'exem-ples empruntcs, soit a ma pratique particuliere, soil a celle de plusieurs de mes collogues ou de veteri-naires qui ont bien voulu me les communiquer. Mais je craindrais d'augmenter encore 1'etendue dejä bien grande, peut-6tre, de ce memoire, et de i'augmenter sans utilite; les observations qua j'aurais k rapporter etant toutes parfaitement sem-blables entre elles, quant aux faits en eux-memes et aux details dans losquels je devrais entrer pour les exposer. Je ne citerai done que les deux sui-vantcs comme exemples.
Je termiuerai ensuite en indiquant les propositions therapeutiques qui decoulent de ce travail.
VINGT-QÜA.TB.IEME OBSEEVATIOW (l).
Tumeur gangreneüse it la suite de I'application d'un selon h rouelle. Extraction des caillots putrefies.Guerison.
Une grande jument normande duColtentln, appartenant ä M. le comte d'Harville, est conduite aux hopitaux de l'ecole pour y clre traitee d'une boiterie ancienne du membre anterieur gauche, contre laquelle avaient echoue les frictions de toute na­ture qu'on avail pu essayer. Le jour meme de son arrivde, 6 juin
(0 Extrait de la clinique do M. 1c professeur Vatel.
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1827, et par un temps tres chaud, un cantere ä rouelle esl place a Ja pointe de l'epaule. Le sang coule en assez grande abondance pendant quelque temps apres cetle operation; il est tres liquide; et cette circonstance jointe a la mollesse apparente de la jument sert a M. Vatel pour expliquer aux eleves cette hemorrhagie a laqnelle il est quelquefois necessaire d'opposer des hemostati-ques, mais qui, cette fois, s'arreta seule au bout de plus d'une heure. Dans le courant de la journee , la bete ne parut aucune-ment affectee; eile but et mangea comme a I'ordinaire, Le soir, I'eleve aux soins duquel la böte etait confiee, observa que la po­che oü le cautere etait loge sous la peau, etait distendue par du sang non coagule qui s'y etait amasse. II prit note de cette particularlte, sans y attacher du reste beaucoup d'importance.
Le 7, a la visite du matin, a laquelle je remplacais M. Vatel (j'etais alors attache aux hopitaux en qualite de chef de service), la pointe de l'epaule est le siege d'un engorgement chaud , dou­loureux, plus etendu en bas qu'en haut, et qui gene la marche del'animal. Wayant cncorevu, alors, aucun effet föcheux resulter de l'application des sctons 011 cauteres, je regarde cette tumefac­tion comme un effet de l'action un pou vive du cautere, et me borne a prescrlre des fomentations emollientes. La bete, du reste, avait hon app^tit, et ne paraissait pas malade. Le soir, I'engor-gcment a fait de nouveaux progres : il a gagne I'avant-bras, s'etend ä l'ars du m6me cote, dont il efface presque les plis, et gene beaucoup le deplaceraent du mcmbre. Le pouls est vite et petit, la respiration profonde., les inuqueuses apparentes injec-tees et legerement ecchymoses, I'appelil presque nul. Je precede a l'instant meine a l'extraction de la rouelle, que je regardais connne la cause unique, I'agent d'irrltation producteur de tous ces accidents. La partie engorgce est d'une sensihilite extraordi­naire. (Saignec desixlivies, fomentations emollientes frequera-ment repetees, leger bandage matelnsse sur la partie , diele blanche.)
Le 8, reugorgeraent raquo;'est encore etendu; il a envahi lout le
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membre antörleur gauche, 1c poitrail et la partie antamp;ieure da ventre; tout mouvement du membre est impossible; appelit nul, pouls ires petit et presque efface.
La -vapeur qui s'oxhak de la place qu'occupait le cautere , et la serosite roussdtre qui la remplet, ont une odeur Jstide tres penetrante. Pour eviter le sejour dangereux de cette serosite dans la poche cellulaire oü eile est accumulee, on prolonge de trois pouces en-viron , et par sa partie inferieure, I'incision qu'avait necessitee rintroduction de la rouelle. Aussitot deux decilitres environ du liquide dont je viens de parier j s'e'coulent; et avec lui, un caillot sanguin d'un noir brun , mollasse, presque dif­fluent et dansunelat avanci de decomposition putride. Ce caillot represente a peu pres le -volume d'un petit ceuf de poule. (Scarifi­cations profondes dans toute l'etendue de l'engorgement, des-quelles on fait sortir par expression une grande quantlte de serosite citrine qui distend les mailles du tissu cellulaire ; et immediatement apreSj cauterisation ä l'aide d'un cautere chauffe k blanc dans chacune des scarifications - lotions souvent repetces d'une solution de chlorure de chaux; electuaire avec extrait de gentiane etcamphre; diete blanche.)
Le 9, l'engorgement n'a point augmenle; beaucoup de sero­site s'est ecoulee et s'ecoule encore par les scarifications, ä tra-vers ou sur les cotes des minces eschares qua la cauterisation y a produites; meme etat general. (Continuation du traitement de la veille ; et de plus, administration en breuvage, et en deux fois dans le courant du jour, de deux onces de sei de cuisine dissous dans I'eau.)
Le 10, la serosite a continue a couler aussi abondamment que la veille; quelques eschares se sont detachees; il y a beaucoup moins de tension ä la peau du membre qui est un peu moins tu-m^fiee; la.malade a bu seule toute son ean blanche et bien tir^ sa paille. ( Meme prescription que la veille; on permet quelques poignees de foin arrose d'eau salee.)
Le ir, beaucoup d'eschares sont tomb^es; la serosite qui con-
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tinue a coiiler est moins abondante et plus cpaisse; dans quelqucs plaies plus vermeilles que les autres, eile commence ä prendre les caracteres du pus. L'engorgement diminue sensiblement. La ju-ment a bien mange son foin. On supprime le camphre de l'ölec-tnaire; on accorde un quart de foin, et on ordonne la prome­nade avant et apres les grandes chaleurs de la journee.
Depuis ce moment; le mieux s'est soutenu de jour en jour; l'engorgement s'est progressivement efface, et la jument est sortie des hopitaux parfaitement gudrie, meme de sa boiterie, 1c 7 juillet suivanl.
VINGT-CINQÜIEME OBSEBVATION.
Engorgement gangkeneux a la suite de l'operation de la queue a I'anglaise. Caillots sakguins puteefies extraits de la plaie. ~ Guirison.
Dans les derniers jours d'aoüt i83o, M. de Sainte-Foix, ha­bitant une maison de campagne a Saint-Mande , me fait prier de me rendre chez lui pour voir un cheval qu'on me dit elre dange-reusement malade. Arrive chez ce proprietaire, je suis conduit aupres d'un beau cheval mecklembourgeois, de quatre ans et deml, achet^ il y a trois jours a un marchand de chevaux arrivant du pays. Ainsi qu'il avait ete convenudans les clauses du marche, le marchand avait pratique au cheval l'operation de la queue ä I'anglaise, et l'avait mis ä la poulie, garantissant tons les accidents qui pourraient en resulter. Le premier jour s'etait bien passe; I'he-morrbagie, abondante d'abord, s'etait promplement arramp;ee, et l'etat general du cheval etait salisfaisant Le lendemain matin, il y avait un peu d'engorgement., mais pas d'alteralion apparente de la sante. Le soir, cet engorgement ^tait augmente , sans toute-fois depasser la base de la queue. Le surlendemain, la tumefac­tion s'etendait ä la croupe; le cheval etait triste et ne mangeail pas, On se decida ä consulter sur sou etat qui devenait alarmant,
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pour y porter remede et, le cas eclteant, se mettrc en mesüre contre le inarchand Operateur.
J'exarnine les parties malades avec attention : la base de la queue a un volume presque double do celui qu'elle a dans I'etat de sante; la peau de la face inferieuie du troncon est tendue, et on y distingue facileiuent une nuance violacee, qui se dessine a travers sa couleur gris-noiratre; les crins de la face superieure s'arrachent a la moindre traction; l'cngorgement dc la queue s'etcnd jusque sur la croupe, les fesses et le perine. Trois inci­sions en T avaient ete faites sur chacun des muscles abaisseurs; les plaies qui en r^sultent sont d'un rouge lividej sans trace au-cune de suppuration. Les deux de la base, qui ont 6le prati-quees tres pres de l'anus, sont larges, beantes et d'une couleur plombee; celie du cote gauche sur lequel I'engorgement est plus considerable , laisse ecouler goutte a goutte un liquide san-guinolent et tres fetide. Apres m'etre assure que ce ne pouvait vtrela traction exercee sur la queue qui avail produit cet accident (le poids qui servait a tendre cette partie n'etait que de cinq livres), j'introduis le doigt avec precaution dans cette plaie pour en explorer Tinterieur; et, sentant dans sa partie inferieure (dans la position de la queue a la poulie), un corps mou, qui s'ticrase ä la moindre pression que j'exerce pour rentrainer au dohors, je parviens a I'extraire par parcelles, et a quatre oa cinq reprises differentes. C'ciait un caillot de sang rarnolii par la putrefaction, et repandanl une odeur ammoniacale tres pene­trante. Rica de semblable n'exislait dans Tincision de la base du cöte droit.
L etat general du malade est tres inquietant : le pouls est vite et tres faible, les inuqueuses apparentes pales, le flanc re­trousse, la respiration profonde, I'appetit nul, Taccablement tres grand.
La premiere indication etait de prevenir une nouvelle accu-;nulation dans la plaie de sang ou de serosite ganguinolente. Je faU sur le milieu de la levre inferieure une incision transversale a
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sa longueur, que je prolonge de pres de deux poaces, et qui pro­cure Tissue de quelques grumeaux de sang ayant les mimes caracteres que le caillot premierement extrait. Je pratique sur les parties de la croupe et des fesses engorgees et presque froides, des scarifications de plus d'un pouce de profondeur, desquelles s'ecoule beaucoup de serosite citrine; le tissu cel-lulaire, mis a nu par les scarifications, est infiltre, d'un pale legerement bleuatre, et a peine sensible ä l'introduction et ä la pression du doigt. A defaut d'autres cauteres, je fais chauffer a blanc les extremites de fortes pincettes de cuisine , que je passe rapidement dans chacune des scarifications, apres en avoir exprime le plus possible de serosite. Je deterge ensuite lesplaies de la queue, et notamment eel les de la base, avec de l'eau de javelle etendue d'eau, et recomnjande que plusieurs fois par jour ces plaies soient lotionnees avec une solution affaiblie de chlorure de chaux. Je reduis a deux livres le contre-poids de la queue. (Diete blancbe, deux breuvages par jour d'eau salee, elec-tuairc avecl'extrait de gentiane, le camphre et l'ac^tate d'am-moniaque.)
Trois jours apres, toutes les eschares etaient tombees, une suppuration de bonne nature coramencait ä s'etablir dans les plaies de la queue et cclles resultant des scarifications; les syra-ptomes generaux inquielants avaient disparu.
Le chevalfutsuccessivenient remis ä son regime; et, lors de ma derniere visite, le a8 septembre, il ne restait plus de cette serie d'accidents que les traces des scarifications que j'avais faites, et qui probablement n'ont pas tarde a disparaitre.
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PROPOSITIONS THfiRAPEUTIQUES.
1deg; Quelle que soit ['operation qu'on pratique, ou la blessure a laquelle on a ä rcmedier, il est prudent d'öviter que du sang s'amasse et sejourne en cer-taine quantite dans la plaie qui en resulte; sur-tout quand I'animal est d'une constitution faible ou epuisee, que la temperature atmospherique est chaude et humide, et que, comme dans le cas d'ap-plication d'un seton ou d'un cautere, I'absence d'ap-pareil permet I'entree d'une certaine quantite d'air dans l'interieur de la plaie.
Si, malgre les precautions qu'on a pu prendre, quelques caillots se sont formes et exhalent une mau-vaise odeur, on ne peat trop se hater de lever le premier appareil (si un appareil a ete place) pour les enlever et prevenir \ear putrefaction.
Si un engorgement gangreneujc se developpe quelques jours apres une operation ou blessure avec plaie, on doit scarifier profondement pour en exprimer les matiercs putrides qui I'ont produit ou qui le constituent; pratiquer des incisions de ma-niere a permettre 1'ecoulement facile des liquides älteres; et, immediatement apres, passer un cautere chauffe ä blanc dans toutes les scarifications ou in­cisions, afin de produire ä leur surface une cschare süffisante pour les abriter du contact de Pair et en prevenir ainsi les fächeux effets.
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2deg; Si on a ä trailer one tumeur qui s'est deveiop-pee rapidement, et qu'on soil fonde äla croire for-mee par un epanchement sanguin sous la peau ou dans l'epaisseur des muscles qu'elle recouvre, il faut bien se garder de Touvrir : les astringents d'abord , puisdes emollients ou des resolutifs excitants suivant I'ipdication, suffiront presque toujours pour en ope-rer la resolution. Une seule circonstance pent re-clamer le secours de 1'instrument tranchant: c'est celle de la formation d'un abces; ct dans ce cas en­core, ä moins d'indication particuliere, est-ilsouvent preferable d'altendre qu'il s'ouvre spontanement.
3deg; Les engorgements dits charbonneux, ainsi que les oedemes qui les simulant et qui sont formes par de la serosile sanguinolente, doivent toujours etre ouverts de preference avec le cautere qu'avec I'in-strument tranchant; ou bien, quand on se sert d'a­bord de ce dernier, il est prudent de passer ensuite un cautere chauffe a blanc dans chacune des incisions qu'on aura faites. J'en ai dit plus haut la raison.
4deg; Lorsqu'il regne des maladies avec un caractere typhoide, dans iesqaelles le sang, presque sereux et evidemment altere, transsude sous forme d'ecchv-moses dans l'epaisseur des tissus et semble avoir perdu ses proprietes d'organisation, il est sage de s'abstenir de placer des setons ou des cauteres : leur application ne produisant aucun effet sensible; ou, ce qui est plusdangereux, etant souvent suivie d'en-gorgements qui ne suppurent pas et prennent tres
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promptement un caractere gangrdneux. — Quesi, dans ces maladies, les derivaiifs a la peau ou dans le tissu cellulaire sous-jacent paraissaient indiques,il serait preferable de ddvelopper une fluxion sous-cu-tanee (avec de la farine de moutarde,par exemple, ou toute autre substance fortement irritante), et de plonger quelques cauteres en pointe dans I'engorge meut qu'on aurait produit, pour le fixer au dehors et yprovoquer la suppuration, si eile est possible. De cette maniere, Vair ne peut avoir acces, comme dans le cas deseton ou de rouelle, dans l'interieur de l'en-gorgement; les liquides eminemment putrescibles qui ont afflu^ dans la pp- tie irritee ne sont point sou-mis ä son influence; et on a rareraent a craindre la gangrene.
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FIN.
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