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TRAITE
MALADIES Dl UIEVAL
NOTIONS USUELLES
DE 1'HARMAOIE ET DE CHIRURGIE VETERTNATRES
DESCRIPTION DES MALADIES
A. BENION
.UKDECrN-VKTEKlNAlllE ET PROPRltTAIRE-AORICÜlTEUR niJÜXIEJIE EDITION — 25; GRAVÜKES
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nrnf
LIBRAIRIE AGR1COLK DE LA MAISON RUSTIQUE,
20, HUE JACOB, 26.
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TKAITE
DES
MALADIES DU GHEVAL
laquo;#9632;I
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OÜVRAGES DU MEME AUTEÜR
Rachitisme du porc. Brochure de 15 pages, avec une
figure................................................ • 50
Hydrotherapie appliquee aux maladies externes des
animaux domestiques. Brochure de 10 pages........... raquo;50
Les races canines. 1 vol. in-12 lt;le 200 pages, orne de
12 figures............................................ 3 50
Traite de l'elevage et maladies de la chevre. 1 vol.
grand in-18 de ÜOO pages, avec figures................. 2 50
Traite de l'elevage et maladies du porc. 1 beau vol.
in-18, avec figures, cartonno a, ranglaise............... 6 50
Traite de l'elevage et des maladies des animaujc et
OISEAUX DE BASSE-COUR, ET DES OISEAUX d'aGREMENT.
1 beau vol. grand in-18, avec de nombreuses figures, cartonne a l'auglaise.................................. 7 raquo;
Traite de l'elevage et maladies du mouton. 1 beau vol. grand in-18, avec de nombreuses figures, cartonne ä l'anglaise............................................ y raquo;
La race bovine Tarentaise et son role dans l'est cen­tral, le sud-est et i.e sud de la France............. 1 50
Manuel de l'assurance contre la mortalite du detail. 1 50
Ij'elevage dd mouton dans le centre de la France et
PARTICUI.IEREMENT DANS LE DEPARTEMENT d'InDRE-ET-
Loire et l'arrondissembnt de Loches................ 1 i
pour para1tre prochainement
Les moutons de pres sales.
L'endroit et l'envers de l'histoire aohicole.
Le chat, son histoire, ses mceurs, ses maladies.
Typographie Firmiii-Didol. — Mcsnil (Eure;.
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MALADIES DU CHEVAL
NOTIONS USUELLES
DE PHARMACIE ET DB CHIRURGIE VETERINÄIRBS
DESCRIPTION DES MALADIES
A. BENION
JIEDECIN-VETEIUMAIRE ET PROPRIETAIRE-AGBICÜLTEIR
DEUXIEME
gt;iBrfygt;ä'r^—'.quot;Sfi
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LIBRAIRIE \ßftICQ^ BÄifMAlspN RUSTIQUE
1882
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TABLE DES MAXIERES
PREMIERE PARTIE
NOTIONS USUELLES DE PHARMACIE VET^RINAIRE
Preface.......,................................. ix
Chapitre Ier. — Description dos medicaments. 1
Medicaments emollients — rafraichissants — refrigerants et astringents. — narcotiques — derivatifs — excitants
—nbsp; toniqües — purgatifs — diuretiques — sudorifiques.
—nbsp; nbsp;Medication vermifuge. — Medication hydrothera-pique.
Chapitre II. — Preparation et mode d'admi-
nistration des medicaments.. 65
Chapitre III. — Petite pharmaoie de cam-
pagne.......................... 71
Chapitre IV. — Formulaire vöterinaire....... /6
Boissons. — Bols. — Breuvages. — Cataplasmes. —Ge­räts. — Charges. — Collyres. — Eaux. — Fumigations.
—nbsp; Huiles. — Lavements. — Onguents. — Pommades. — Teintures. — Vins.
DEUXIEME PARTIE PETITE CHIRURGIE VÖTERINAIRE
Chapitre Ilaquo;. — Proc6däs d'assujettissement.. 89
Moyen de contenir les chevaux debout. — Moyens d'aveu-glement. — Moyens de torture. —Moyens de contention des membres. — Moyens d'abattre les chevaux.
Chapitre 11. — Petites operations usuelles... 104
Saignee. — Seton. — Amputation de la queue. — Opera­tions diverses.
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VInbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TABLE DES MATIERES.
Chapitre III. Pansements................... 114
TR01SIEME PARTIE
MEDECINE VETE1RINAIRE. — DESCRIPTION DES MALADIES
Chapitrs Ior. Notions sommaires sur les maladies en general et sur les signes de l'etat de sante et de l'etat morbide.............. 117
Chapitre II. — Maladies externes............ 124
(Edeme. — Contusions et plaies. — Tumeurs. — Abces.
Chapitre III. Maladies de l'appareil respi-
ratoire........,............... 131
Generalites. — Asphyxie 5U etoufiement. — Coup de cha-leur. — Angine ou mal de gorge. — Gourme. — Bron-chite. — Pneumonie. — Pleuresie. — Hydropisie de poitrine.
Chapitre IV. — Maladies de l'appareil digestif 155
Generalites. — Stomatite. — Gastrite. — Gastro-enterite.
__Enterite. — Dyssenterie. — Peritouite. — Ascite. —
Hernies. — Renversement du rectum.
Chapitre V. — Maladies de Fappareil g6nito-
urinaire....................... 171
Generalites. — Acrobustite. — Balanite. — Orchite. — Hydrocele. — Avortement. — Parturition. — Non-deli-vrance. —Metrite. —Nephrite. — Cystite.—Retention d'urine. — Hematurie. — Gravelle. — Diabete.
Chapitre VI. — Maladies de l'appareil ner-
veux.......................... 195
Generalites. — Congestion cerebrale. — Vertige essentiel. — Retivite. — Tetanos. — Paralysie.
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TABLE DES MATIERES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;VII
Chapitre VII. — Maladies des yeux............ 206
Conjonctivite.— Albugo.— Cataracte. —Amaurose. Chapitre VIII. — Maladies des oreilles.......... 211
Carie de la conque. — Catarrhe auriculaire.
Chapitre IX. — Maladies de l'appareil loco-
moteur........................ 214
Generalites. —Atteintes. — Prise de longe. — Eponge.
—nbsp; Exostoses. — Hydropisie des synoviales articulaires et tendineuses. — Capelet. — Arthrite. — Effort. — Fracture.
Chapitre X. — Maladies du pied.............. 235
Generalites. — Piqure et clou de rue. — Pourchett echauffee. — Bleimes. — Seime. — Javart. — Crapau dine. — Crapaud. — Fourbure.
Chapitre XI. — Maladies du tissu cellulaire.. 240
Phlegmon du garrot. — Phlegmon de la nuque. — Phleg­mon de l'encolure.
Chapitre XII. — Maladies de la peau........... 252
Ebullition. — Herpes de la tonte. — Pityriasis. — Erysi-pele. — Frayement aux ars. —Malandres et Solandres.
—nbsp; Crevasses du paturon. — Eaux aux jambes. — Mal de crinifere.
Chapitre XIII. — Maladies du sang............. 261
Anemie. — Anasarque. — Fievre typhoide.
Chapitre XIV. — Maladies parasitaires......... 266
Maladie pediculaire. — Gale. — (Estridie cuticole. — CEstridie laryngee. — Gästro-enterite vermineuse.
Chapitre XV. — Maladies contagieuses ....... 277
Horse-pox ou vaccine. — Maladie du co'it. — Charbon. — Usage des debris cadaveriques. — Morve et farcin.
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vm
TABLE DES MA.TIBRES.
QUATR1EME PARTIE JURISPRUDENCE VETERINAIRE.
299
i
Generalites sur les maladies ou vices redhibitoires. — Fluxion periodique des yeux. — Epilepsie. — Morve. — Farcin. —Maladies anciennes de poitrine. — Immobiiile. — Pousse. — Cornage chronique. — Tic sans usure des dents. — Hernies inguinales intermittentes. — Boiterie intermittente pour cause de vieux mal.
FIN DE LA TABLE DES'. MATIEUL3
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TRAITE
DES
4 MALADIES DU CHEVA1
#9632;
PREMIERE PARTIE
-
NOTIONS USUELLES
DE
PHARMACIE VETERINAIRE
CHAPITRE PREMIER
DESCRIPTION DES MEDICAMENTS
La pharxnacie est l'art de reconnaitre, de recueillir, de conserver les drogues simples et de preparer les medicaments composes.
Nous devons tout d'abord manifester notre opinion : nous ne sommes nullement polypharmaque, c'est-a-dire que nous n'aimons pas a prodiguer les remedes, et que nous croyons que le praticien, avec quelques substances choisies et experimentees, peut certaine-ment guerir presque toutes les maladies. Si nous nous etendons un peu longuement sur l'histoire de beaucoup de plantes et de matieres medicamenteuses, c'est afln de
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2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
les faire connaitre et de mettre tous les proprietaires k memlaquo; de se servir des unes ou des autres, suivant les ressources qui leur sont offertes par la flora des pays qu'ils habitent. On comprend qu'un livre n'est pas destine seulement aux eleveurs de quelques provinces, et qu'il doit, au contraire, fournir des indications aux agriculteurs de tous les departements.
Le cullivateur doit, autant que possible, rechercher les medicaments empruntes au regne vegetal, et cela pour deux raisons: la premiere, c'est qu'il les trouve sous sa main toutes les fois qu'il en a besoin, et la seconde, qu'il les obtient sans bourse delier. Partisan de la doctrine de M. Sanson, nous poursuivons, comme lui, l'idee de bien p6netrer l'eleveur de l'utilite d'un rendement profitable.
Une exploitation agricole n'a saraison d'6tre qu'autant qu'elle justifie de benefices certains ; mieux vaut ne jamais produire de chevaux, si ä la fin de I'annee le mot profit ne se trouve ecrit sur le livre de compta-bilite. Les memes principes recoivent ici leur applica­tion : tous les efforts du formier doivent tendre ä con-server le boti etat des animaux, par les methodes hygieniques rationnelles, et, encas de maladies, areta-blir la sante par les moyens les plus prompts et les moins coüteux.
Le cheval est un capital qu'il Importe de faire fructi-fler; une affection longue et qui exige dessoins dispen-dieux est un arröt de production et une source de depenses qu'il faut neutraliser. Done, il est incontesta-blement plus avantageux de reparer les troubles de I'organisation avec promptitude et economie, que de gaspiller un temps precieux et un argent toujours facile ä placer mieux. Le praticien done du talent de guerir les animaux vite et sans trop de coüt, est certainement de beaucoup superieur a celui dont la pratique n'est pas guid6e par les meines considerations.
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DESCRIPTION DES MEDICAMENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ö
Qu'on nous pardonne cette digression, maiselle etail indispensable pour faire connaitre la marclie que nous desirons suivre dans cette partie de notre ouvrage, et pour expliquer I'attention speciale que nous reservons aus plantes et aux substances tirees du regne vegetal. Pour simplifler l'etude de la pharmacie veterinaire, nous la divisons en deux parties: la description des medicaments et leur preparation.
1deg; Medicaments Emollients.
On appolle midicaments emollients les agents thera-peutiques qui sont doues de la vertu de penetrer les tissus enflammes, de les assouplir et de diminuer la chaleur, la rougeur, la tension et par suite la douleur dent ils sont le siege. Cette medication est usitee dans les maladies inflammatoires; la facilite de son emploi et la sürete de ses effets la rendent tres-precieuse en mödecine veterinaire. Les substances emollientes sont tirees du regne vegetal et du regne animal; on les emploie, ä l'exterieur, sous forme de bains generaux et locaux, de fumigations, de lotions, de fomentations, de cataplasmes, d'embrocations, d'onctions, etc.; et, a I'interieur, sous forme de boissons.
Les principales substances emollientes sont: la mauve, la guimauve, la molene, le coquelicot, la reglisse, le chien-dent, la graine de lin, I'orge, le son et les recoupes, la gomme, les huiles et les graisses; toutes sont connues du cultivateur, et je me contente de les citer simple-ment et d'indiquer leurs proprietes principales et leur emploi le plus frequent.
La mauve est vivace et appartient ä la famille des malvac6es; sa tige est de consistance herbacee,
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4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TKAITE DES MALADIES DU CIIEVAL.
ses feuilles sont alternes et sa racine pivotante et blancMtre.
Cette plante croit dans les lieux frais et ombrages, principalement le long des murs et dans les fosses. Elle doit ses proprietes emollientes au mucilage qu'elle contient en grande quantite, ainsi que la guimauve et toutes les autres plantes de la meme famille. Avec la mauve on fait des decoctions qu'on donne en breuvage, des cataplasmes, des bains, des lotions, des injections et des lavements. Les decoctions sont administrees ä l'interieur, dans le cas d'inflamniation des voies intesti-nales; les cataplasmes et les bains sont appliques sur les regions inferieures des membres, comme dans les furoncles et les maladies du pied, et quelquefois sur les regions superieures, lorsque les reins, le dos ou le garrot sont blesses par les harnais; les lotions sont usi-tees lors de contusions, d'abces, de demangeaisons de la peau, etc.; les injections produisent un bon effet dans la bouche, les oreilles et le vagin; enfln les lavements rendent d'excellents services, dans la constipation, la colique et les affections de l'intestin.
Disons quelques mots du lavement. En medecine, il ne faut rien dedaigner, ce sont les moyens les plus humbles et les plus simples qui parfois reussissent le mieux. Le lavement est dans cette condition; il fait toujours du bien, Jamals de mal et on ne saurait trop en prescrire Fusage. Lorsqu'on est devant un animal prive d'appetit, souffrant de coliques, constipe ou attaint d'une maladie abdominale, on doit, avant toute autre medication, avoir recours au lavement emollient qui provoque l'expulsion des matieres fecales encombrant le rectum, baigne une notable partie de l'intestin et calme generalement la douleur. Notre premier soin, quand nous sommes aupres d'un cheval qui presente des signes d'indisposition, est de lui faire donner un lavement ä la mauve, ä la guimauve ou au son, et, neuf
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DESCRIPTION DES MEDICAMENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;O
fois sur dix, nous en obtenons d'heureux resultats. Sui-vant les affections, les lavements sent irritants ou nar-cotiques, nous aurons occasion, dans le cours de cette etude, d'en formaler les indications. La maniere d'ad-ministrer les lavements est decrite dans le cours du chapitre second.
La guimauve appartient a la famille des malvacees. Cette plante est vivace; eile donne des tiges hautes de 1 metre, dures, cylindriques et velues; sa racine est longue, cylindrique, branchue, charnue, blanche en dedans et recouverte d'un epiderme jaunätre. Dans le commerce, on la trouve depouillee de son epiderme, pourvue d'une belle couleur blanche, d'une odeur faible et d'une saveur mucilagineuse et legerement sucree. La guimauve croit naturellement en Europe dans les terrains humides; eile fleurit en juillet et aoüt.
Toutes les parties de la guimauve sont emollientes. On emploie les feuilles pour les fumigations, les lotions, les injections, les lavements, les bains et les cataplas-mes; les fleurs pour les breuvages adoucissants.; la racine en poudre pour les electuaires, dans les inflam­mations du larynx, des bronches et du poumon. On l'unit au miel, ä la melasse, ä l'emötique ou au kermes, a la belladone, ä Popium, etc.; dans tons les cas, eile favorise I'expectoration, calme les douleurs et fait ces-ser la toux.
II Importe que les fleurs et les feuilles d'une plante aussi precieuse soient cueillies avec soin, sechees ä l'ombre, conservees dans un lieu sec, et, ce qui est en­core mieux, renfermees dans des sacs. Les racines se recoltent a I'automne ; on les arrache de terfe, on les lave, on les pele et on les fait secher dans un lieu aere. La consommation de la guimauve est considerable dans les exploitations rurales, et le cultivateur in­telligent ne peut en faire une trop grande provi­sion.
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ßnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRA1TB DES MALADIES DU CHEVAL.
ha, molene, encore nominee bouillon blanc, est bisan-nuelle; eile se distingue par les caractöres qui sui-vent: fleursjaunes; racine pivotante grosse; tige simple, haute d'environ 1 metre et revötue, ainsi que les l'euilles, d'un duvet epais et doux, forme de poils rayonnants. On trouve la molene dans les lieux sees et incultes, sur le bord des chemins et le versant des coteaux. Dans certains pays on la designe encore sous le nom de honkomme.
Les fleurs de cette plante peuvent 6tre avantageuse-ment employees dans les boissons comme bechiques et calmantes, soit seules, soit associees, comme nous venous de le dire pour la guimauve, a d'autres subs­tances medicamenteuses qui en augmentent Teffet. Les feuilles sont tres-ricbes en mucilage et precieuses pour la preparation des decoctions emollientes qu'on reserve aux usages externes; les lotions, les fomenta­tions et les bains, ainsi prepares, sont d'un grand socours dans beaucoup de maladies. Elles ne peuvent servir a la confection des breuvages, comme les fleurs. parce qu'elles ont un goüt vireux et desagreable.
Le eoquelicot, ou pavot rouge sauvage, se trouve classe dans la famille des papaveracees. Les fleurs de cette plante possedent des proprietes calmantes et adoucis-santes qu'elles doivent au mucilage dont elles sont chargees. On les emploie en tisane pour calmer la toux et guerir les affections des bronches, la gourme, etc. Le eoquelicot, pour rendre de vrais services, veut hire conserve dans un endroit sec, car il est tr^s-bygrome-trique et se deteriore promptement ä l'air humide.
La reglisse est de la famille des papilionacees. La racine de cette plante est cylindrique, jaunätre et de saveur sucree; la tige ferme, rameuse et haute de 80 centimetres et plus; les fleurs sont petites, rougeä-tres, en grappes pedonculees.
Cette plante croit naturellement dans les parties
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DESCRIPTION DES MEDICAMENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
meridionales de l'Earope; en Espagne, en Calabre et en Sicile eile pousse avec tant de force que les cultiva-teurs la considerent comme un danger pour les autres cultures. Elle ne vient pas en France avec autant de facilite; eile exige, au contraire, une culture soignee, qui est cependant assez fructueuse a cause de la grande consommation que la medecine fait de ses racines.
On emploie la reglisse ä l'interieur et on la prepare de deux maniöres : concassce et mise ä macerer dans l'eau, eile donne un liquide sucre et rafraichissant que les animaux boiveht avec plaisir et qui leur fait beau-coup de bien, lorsqu'ils sont atteints de maladies inter­nes accompagnees de fievre intense. Cette boisson leur est surtout agreable en ete. Reduite en poudre, eile sert, ä la dose de 60 a 120 grammes, ä confectionner des electuaires adoucissants, semblables ä ceux dont nous avons parle ä l'article guimauve, et dont on fait un bon usage dans les affections des voies respiratoires du cheval. Le prix peu eleve de cette poudre la met ä la portee de toutes les bourses.
On designe sous le nom de chiendent les rhizomes de deux plantes differentes : Tune est le chiendent pied-de-poule, I'autre le chiendent commun oupetit chiendent. Gelui qui est employe en medecine provient de la racine du triticum repens. Cette plante appartient ä la famille des graminees, et presente des epillets multiflores, a fleurs distiques, trois etamines, un ovaire sessile et pointu, des feuilles planes, etc. Ce chiendent s'elöve ä la hau­teur de 60 centimetres et plus; ses jets tracants sont longs, gros, noueux et entoures d'ecailles foliacees.
On recueille les rhizomes du chiendent, on les lave, on les bat pour enlever I'epiderme, on les met a secher; puis on en forme des bottes qu'il faut renouveler, et visiter souvent, parce qu'ils sont facilement manges par les vers. Ils sont mucilagineux et sucres; trai-
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8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TIUITE DES MALADIES DU CHEVAL.
tes par decoction, ils donnent une excellente tisane rafraichissante dent on tire de grands effets dans los maladies graves et surtout dans la convalescence. Cebreuvage,associe ä la farine d'orge ou. auxrecoupes, fournit le moyen de soutenir les forces des animaux sans charger de nourriture leur estomac, ce qui est toujours dangereux.
La graine de lin est employee de plusieurs manieres : crue, cuite, broyee et en decoction. On la donne crue et melee avec du son aux chevaux qu'on veut engraisser et ä ceux qui urinent un peu difficilement; cuite, eile entre dans la composition des mash; broyee, eile sert ä la confection des cataplasmes; et enfln, en decoction, eile forme des breuvages adoucissants et diuretiques pour les animaux frappes d'inflammations intestinales et d'affections des reins et de la vessie. Elle communique a I'eau son mucilage, et rafraichit le corps en möme temps qu'elle provoque une abondante secretion urinaire. II est important de preparer legere-ment les decoctions, parce qu'elles sont lourdes a, I'es-tomac et partant de difficile digestion; la quantite qui convient le mieux est celle de deux decilitres pour vingt litres d'eau.
L'orge est commune, peu chere, et donne, par decoc­tion, des breuvages agreables, adoucissants et möme nourrissants, lorsqu'on y m61e de la farine et des re-coupes. Les observations faites en terminant le paxa-graphe relatif au chiendent recoivent ici une egale application. Rien n'est plus propre ä faciliter la gue-rison des maladies des voies respiratoires et digestives, et notamment celles qui sont caracterisees par la diar-rhee et de la dyssenterie, que les decoctions d'orge.
Les animaux domestiques, moins delicats que leurs mäitres, ne reclament pas I'orge monde; seulement comme l'enveloppe de cette graminee contientun prin-cipe acre, il convient de jeter la premiere eau et de la
MM
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DESCr.lPTIO^ DZi MliDlCAMENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; quot;
remplacer par une nouvelle qui s'empare des pro-prietes adoucissantes du grain. Rappelons encore que la simple farine d'orge melee a I'eau froide rafraichit tres-bien les chevaux qui travaillent, et qu'associee ä de l'eau tiede eile constitue une boisson excellentc pour ceux qui toussent ou qui sont indisposes d'une facon quelconque. L'orge offre une ressource pröcieuse au cultivateur, lorsque dans les temps de gelee il esL impossible de se procurer de la mauve, de la guimauvc et du chiendent.
Les proprietes du son et des recoupes sont analogues a celles de l'orge. Le son qui a bouilli pendant un quart d'heure fournit un liquide visqueux, blanchätre et trös-emollient. On l'emploie en breuvages, en injections dans le vagin, en lavements, en lotions et en fomen­tations dans les affections de la peau, en bains de pied, etc. Le son, soit seul, soit uni ä la mauve cuite et hacbee, compose de bons cataplasmes dont on entoure le pied du cheval, et d'excellents sachets qu'on applique sur une partie quelconque* du corps, mais principalement sur le dos et les reins, dans le cas de maladies de ces regions, ou ni6me des organes sous-jacents tels que le foie, les reins, la vessie, la ma-trice, etc.
ISavoine, le gruau, le m, le pain cödent a l'eau des principes adoucissants, amylaces et Sucres, mais leur emploi n'est pas vulgarise k cause du prix generale-ment eleve de ces substances.
La gomme est trfes-emolliente ; on pourrait la faire dis-soudre dans l'eau et confectionner avec eile des bois-sons excellentes pour les maladies de poitrine; mais on s'en sert plus souvent sous forme de poudre qu'on unit k la poudre de guimauve et de reglisse, au miel ou k la mölasse, et ä diverses autres substances plus actives. La poudre de gomme, ä la dose de lb grammes, unie ä des jaunes d'oeufs et 6tendue d'eau ou de lait,
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10nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
arröte avec facilite les diarrhees qui attaquent quelque-fois les jeunes sujets et principalement ceux qui sont nouvellement sevres. On connait quätre sortes de gommes : la gomme arabique, la gomme du Senegal, la gomme adragante et la gomme de p'ays. La meilleure et la plus facile a administrer est, sans conteste, la gomme arabique; aussi est-elle plus chore que les autres, mais, malgre cctte difference, 11 y a lieu de la rechercber.
Les chevaux aiment beaucoup le miel, et on doit utiliser cette preference toutes les fois que le besoin s'en fait sentir. On I'administre dans les inflammations de la gorge et de la poitrine, et dans la gourme. Trois modes sont en usage ; on peut le donner pur, au bout d'un morceau de bois en forme de palette, ou bien delaye dans de l'eau tiöde, ou encore en electuaire. On I'unit a des poudres emollientes et ä des medica­ments actifs, et on obtient d'excellents efl'ets de cette preparation.
La melasse jouit des mamp;nes proprietes que le miel, soif, pour ötre mangee seule, soit pour edulcorer les boissons, soit enfin pour confectionner des eloctuaires; eile est, de plus, k meilleur marche. Ge dernier litre lui apporte notre preference.
Vhuile n'est plus employee a I'interieur que par les marechaux et les empiriques qui en font une panacee pour les affections abdominales et surtout pour la. colique. Les veterinaires et les gens eclaires ne s'en serventque pour les besoins externes, et toujours asso-ciee ä un corps actif ; sa qualite emolliente a besoin d'etre augmentee par un agent plus energique, telles sont toutes les builes qui figurent sur le formulaire veterinaire.
II en est de möme de la graisse ; cette substance est incorporee a d'autres medicaments pour lesquels eile joue le role de vehicule. Les pommades ont la
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DESCRIPTION DES MEDICAMENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;11
graisse pour base, mais leur vertu principale est tiree du merits des matieres qu'on y introduit; nous cite-rons comme exemple les pommades de laurier et de peuplier dent I'usage est joumalier.
2* M6Jicamcnts rafralchissants.
Presque toutes les maladies sont accompagnöes d'une fievre de reaction qui determine de la chaleur, de la secheresse dans labouche, el par suite une soif ardente. G'est pourquoi nous voyons les animaux, qui ont perdu la sante, refuser les aliments et se precipiter avec avidite sur les breuvages. Mais, comme I'iagestion d'une trop grande quantite de liquide pent 6tre dangereuse, alors, on utilise certaines substances pour diminuer la chaleur du corps et la secheresse de la cavite buc-cale, -et pour apaiser la soif. Les medicaments qui jouisseut de cette propriete sont nommes rafraichissants ou temperanls, parce qu'ils moderent le cours du sang et calment I'organisme. II y a des animaux Men por-tants qui boivent enormement en ete, et qui peuvent se rendre malades par des exces de boissons. II est encore bon, dans ce cas, de s'efi'orcer de temperer leur soif et de la ramener a des conditions normales; pom cela, on a recours ä la medication rafraichissante.
Les agents qui font partie de cette serie sont le vinai-gre; les acides acetique, sulfurique et chlorhydrique ; le nitrate, le tartrate et l'acetate de potasse. Toutes ces substances doivent 6tre etendues d'eau, en quantite süffisante pour donner la sensation simplement aci-dule sur l'organe du goüt; elles ne doivent jamais irri-ter, ni meme etre trop desagreables aux organes avec lesquels on les met en contact. L'homme. prudent s'atf
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12
TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
sure par la degustation du degre d'acidite qu'elles pos-sedent et ne marche jamais ä l'aventure. On emploie les medicaments rafraichissants ä l'exterieur sous forme de lotions, d'aspersions ou de tains locaux, et ä l'inte-rieur sous forme de breuvages. Dans Tun comme dans I'autre cas, voici quel est leur mode d'action: les par­ties touchees se refroidissent, les vaisseaux capillaires diminucnt de calibre et refoulent le sang dans les tis-sus profonds, la chaleur s'abaisse de plus en plus. De semblables effets se produisent sur le tube digestif; les acidules, en touchant la langue et les parois inter­nes du pharynx, retablissent la secretion buccale, font cesser la chaleur et la secheresse de la bouche, et calment la soif; parvenus dans I'estomac, ils le ra-fraichissent, excitent ses facultes secretoires et contrac-tiles qui activent ä leur tour la digestion; arrives dans l'intestin gröle, ils sontabsorbes, puis passent dans les veines et sont distribues a tout I'organisme; alors le sang circule plus facilement et un bien-6tre general se manifeste.
Ueau vinaigree possfede une saveur aigrelette et agrea-ble; pendant les chaleurs de Fete, eile constitue une boisson tres-temperante pour les chevauxqui sont forces de courir vite ou de trainer de lourds fardeaux, eile rafraicbit le canal intestinal et previent les apoplexies. A l'exterieur, ce liquide est frequemment usite en lotions sur le front, le chanfrein et les naseaux des animaux exposes aux ardeurs du soleil, et en aspersions sur les erysipeles, les contusions et les genoux cou-ronnes.
Les acides acitique, sulfurique et chlorhydrique agissent de la m6me facon; comme ils sont ä bas prix dans le commerce, il est bon de ne pas les oublier. La dose, par 100 litres d'eau, est de 500 grammes pour le premier, et d'un kilogramme pour les deux autres. Ces substances ont encore une autre action qui mörite d'etre prise en
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consideration; elles hätent la guerison des maladies septiques avec alteration du sang et retardent la decom­position de ce liquide.
Les sels de potasse [sei de nitre, crime de tartre et acetate de potasse], a la dose de 18 ä 30 grammes par vingt litres d'eau miellee et blanchie avec de la farine d'orge ou du son, constituent un liquide temperant pour les chevaux echaufi'es, et pour ceux qui viennent d'etre soumis a une operation douloureuse ou qui sent fourbus. Ces sels rafraichissent le canal intestinal, temperent toute reconomie et agissent en meme temps, comme diu-retiques, car ils provoquent la sortie abondante de l'urine.
Les rafraichissants nesontpasindiques dans les affec­tions des voies respiratoires, parce que les molecules qui s'echappent pendant la transpiration pulmonaire, irri-tentla muqueuse, excitent la toux, fatiguent les ani-maux et aggravent la maladie. Les mömes considera­tions s'appliquent au pissement de sang, aux affections chroniques et aux maladies du Systeme nerveux.
3deg; Medicaments röfrigdrants et astringents.
Les refrigirants sont des agents therapeutiques doues de la propriete de refroidir les parties Vivantes sur les-quelles ils sont appliques, d'en chasser le sang et de produire une reaction bienfaisante qui procure la guerison. L'eau froide, la neige et la glace sont les refrigerants qu'on a communement sous la main ; l'eau est particulierement precieuse. Nous sommes heureux d'avoir pu, en bien des occasions, pröner l'avantage de l'emploi de l'eau, et nous consacrons dans ce travail un chapitre special a I'hydrotberapie. Les refrige-
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14nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAIi.
rants sont recommandes pour le cheval dans la four-bure, les congestions cerebrales et les hemorrhagies.
Les astringents possedent la propriete de resserrer les tissus, de diminuer le calibre des vaisseaux sanguins, de tarir les secretions, enfin de produire la päleur, le refroidissement et presque l'insensibilite des regions oil ils exercent leur action. C'est en vertu d'une pro­priete toute particuliere a eux qu'ils produisent ces phenomenes, tandis que les refrigerants ne suscitent ces mömes efl'ets qu'en absorbant le calorique des tissus organises. Les astringents sont employes a I'exterieur, sous forme de lotions, d'aspersions, de cataplasmes, de bains et d'injections, pour les contusions, les plaies, la fourbure, etc., et a I'interieur pour combattre les congestions, les inflammations aigues et les bemor-rhagies.
Les medicaments astringents se divisent en deux classes : les astringents vegetaux et les astringents mineraux.
Les principaux astringents vegetaux sont:l'Täcorce de cMne, medicament indigene precieux, car, outre son prix insigniflant, il contient beaucoup de tannin ; 2deg; la mix de galle qui renferme de l'acide gallique et des principes vegetaux eminemment astringents; 3deg; les feuilles de noyer et les ecorces de noix vertes qui, traitees par decoction, donnent un liquide styptique tres-ac-tif; 4deg; les ravines de historte, le genit, etc. Les substances minerales sont : 1deg; l'afen, sei tres-repandu dans le com­merce et qu'on fait dissoudre dans I'eaupour combattre les affections des yeux et du conduit de l'oreille, pour guerir les aphthes des jeunes animaux, les crevasses, les eaux-aux-jambes, etc.; 2deg; la couperose verte (sulfate de feij, la couperose blanche (sulfate de zinc), Vextraü de Saturne (sous-acetate deplomb), Yeau blanche, Vacetate de cuivre, Vacetate de chaux quiagissent de la mömemaniere et s'appliquent aux mömes maladies ; 3deg; la suie qui est
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an vermifuge parfait et un dessicatif excellent pour tarir les secretions abondantes des plaies.
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4raquo; Medicaments narcotiques.
Les narcotiques ont pour effet d'agir sur I'encephale et de paralyser momentanement les functions du Sys­teme nerveux. Le cheval qu'on a soumis a une pareille medication baisse la töte, reste tranquille; parfois il se couche et parait profondement assoupi; il marche avec peine et chancelle sur ses membres; sa pupille est di-latee, ses yeux injectes et sa respiration profonde; I'ouie est obtuse et Tappetit nul. Ges pbenomenes du-rent cinq ä six heures, et Ton voit I'animal reprendre petit ä petit ses qualites premieres.
Les narcotiques sont employes ä Fexterieur sous forme de lotions, d'embrocations, de cataplasmes, bains, etc.; et ä l'interieur sous forme de breuvages, d'injections etde lavements. Ils sont en general tires du regne vegetal; nous allons les examiner successivement. C'est avec la plus grande reserve que le cultivateur doit utiliser ces agents tberapeutiques; carlemoindre oubli de sa part pent en trainer des desagrements fort graves.
La belladone appartient ä la famille des solanees; eile possede une tige haute de lm,20 environ, ronde, ra-meuse, velue et de couleur rougeätre; des feuilles ovales, pointues et brievement petiolees; des fleurs brunes souvent geminees; une corolle en cloche, un calice a cinq divisions pointues, une baie globuleuse, noire, luisante et a deux loges. Cette plante croit dans les bois montueux; la baie, extrömement veneneuse, a souvent ete funeste aux enfauts et quelquefois aux grandes personnes qu'elle trompe par sa forme, sa sa-
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16nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
veur douceätre et sa ressemblance avec des cerises. Elle a une odeur vireuse. Toute la plante est narcoti-que et agit sur la pupille et les sphincters qu'elle di­late et qu'elle paralyse pendant le temps que dure son action. Les feuilles pulvörisees et l'extrait sent em­ployes dans la confection des electuaires calmants; les feuilles dans celle des cataplasmes, des bains, des lo­tions, des injections et des lavements ; l'extrait seul entre dans la composition des pommades qu'on appli­que sur la peau ou sur les sphincters, e'est-a-dire les muscles annulaires qui resserrent et ferment les ouver-tures ou conduits naturels. On designe sous le nom d'atropine lapartie active qu'on retire de labelladone.
Les maladies dans lesquelles l'usage de la helladone est recommande sont: les toux quinteuses et fatigantes, les laryngites, les maladies aigues des yeux, laparturi-tion difficile, les hernies etranglees, les vives douleurs des articulations, les rhumatismes, les plaies, etc.
La stramoine, encore nommee pomme dpineuse, appar-tient a la m6me famille que la belladone ; eile se fait remarquer par une racine fibreuse; une tige grosse comme le doigt, verte, creuse et haute de ln,.40 envi­ron ; des feuilles larges, dentelöes, vertes en dessus, blanches en dessous et repandant une odeur vireuse, une corolle blanche, une capsule epineuse, ovoide etä quatre logos. La stramoine est une plante exotique acclimatee en Europe; eile est fort commune en France oü eile pousse dans les decombres et les terrains sablon-neux. Cette plante est extrömement narcotique et ven6-neuse; on en forme des extraits aqueux et alcooliques, une huile caimante, du bäume tranquille; on en retire un principe appele daturine dont I'action est energique et rapide. Les feuilles et les graines de la stramoine agissent önergiquement sur le systöme nerveux; on les emploie avec avantage en cataplasmes, bains et lotions sur les parties enüammöes et douloureuses.
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La jusquiame fait encore partie de la famille des sola-nees; eile est caracterisöe par une tige ronde, dure, haute de 50 ä 60 centimetres, et couverte, ainsi que les feuilles, de polls denses et doux au toucher; par des feuilles lanceolees et d'un vert päle; des üeurs dispo-sees a rextremite des tiges en epis unilateraux; des corolles jaune päle sur les bords et pourpre au milieu; des semences petites, reniformes et noires ä maturitö; une odeur forte et desagreable. Elle croit dans les dü-combres et sur le bord des cbemins. La partie active de cette plante est un alcaloide nomme hyoscyamine. Toutes les parties dela jusquiame sent narcotiques et exercenl sur l'organisme un efl'et semblable ä celui de la bella-done. On s'en sert ä l'exterieur sous forme de lotions bains et cataplasmes, pour calmer les plaies doulou-reuses, les ophthalmies aigues, les maladies articulai-res, les entorses, etc. ; et, pour I'usage interne, en electuaire, aflu desoulager les animauxdans le tetanos, le vertige, les coliques violentes, les maladies de poi-trine et la toux persistante.
Le tabac fait aussi partie de la m6me famille ; cette plante ofl're une tige droite, haute de lm, 50 environ et rameuse; des feuilles nombreuses, grandes, d'un vert päle; des fleurs d'un jaune verdätre ; un calice plus court que le tube de la corolle; une capsule presque globuleuse. Le tabac est originaire d'Amerique; il fut apporte en Europe par Nicot, ambassadeur de France en Portugal, qui en ofl'rit la premiere prise a Marie de Me-dicis. Son nom vient de ce qu'il a ete trouve dans File de Tabago; on le cultive partout maintenant.
Le tabac renferme un principe tres-v6neneux, la nico­tine. Repandue en grande quantite dans les serres, la fu-m6e de cette plante fait mourir les pucerons et autres insectes nuisibles. Les feuilles sont acres, et, prises a rintörieur, determinent le vomissement et la purgation; elles sont en outre stupeflantes et enivrantes. On em-
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TBAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
ploie rarement le tabac pour Tusage interne, si ce n'est en lavements pour irriter le tube digestif et produire une derivation salutaire dans le cas de maladies ner-veuses. En decoction, il sert ä detruire les poux et les acares de la gale.
L'aconit appartient a la famille des renonculacees; il a pour caracteres un calice colore k cinq sepales, une corolle composee de deux petales, un pistil de trois ä cinq carpelles. L'aconit, vulgairement nomme casque, abonde dans tons lesjardins; ses fleurs bleues forment un epi tres-elegant qui termine la tige; la racine est un navet (de lä son nom de Napel). On le cultive dans les jardins comme plante d'agrement.
On a chercbe longtemps le principe actif de l'aconit et on est parvenu ä extraire de ses feuilles un alcaloide tres-energique appele aconitine. Gette plante est un poi­son violent qui a plusieurs fois occasionne des accidents chez les animaux päturant sur les montagnes. Le cheval qui en a mange avec les fourrages fait des efforts pour vomir, salive beaucoup, respire avec peine, vacille sut ses jambes et reste de preference dans I'immobilite; ses pupilles sont dilatees, son pouls petit et embar-rasse. Reduit en poudre et sagement administrö, l'aco­nit constitue un agent medicamenteux qui rend de grands services dans les gourmes, les toux opiniätres ; on l'associe aux poudres de guimauve, de gomme et de reglisse, au miel ou ä la melasse et on confectionne ainsi des electuaires que nous ne saurions trop recom-mander. A l'exterieur, et sous forme de lotions, de bains, de cataplasmes, il calme la souffrance des parties inte-ressees et active la guerison.
La cigue fait partie des ombelliferes; eile ofire une tige cylindrique, marquee de tacbes brunes, rameuse et haute de 1quot;, 20 environ ; des feuilles grandes, poin-tues, d'un vert noirätre, luisantes en dessus et douces au toucher; un calice ä limbe presque nul; un fruit ovoide
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ä cötes egales, saillantes et ondulees ; une odeur fetide.
La ciguö est trös-usitee en medecine; on I'emploie en breuvage, sous forme de teinture, pour les engor­gements des visceres aMominaux, les affections squir-reuses et cancereuses; en pommade et en cataplasmes pour combattre les indurations des mamelles, les phlegmons douloureux, les inflammations des articu- , lations, les plaies endolories. Elle est aqueuse et doit 6tre sechee promptement si Ton veut conserver sa cou-leurverte. Le principe actif qu'on extrait de cette plante porte le nom de conicine.
Uithuse petite cigue est une herbe veneneuse, com­mune sur les lieux cullives et confondue danslo jeune age avec 1c persil.
Les diverses plantes que nous venons de passer en revue sent fort communes, tres-actives et ne suscitent point la constipation ; ces trois qualites precieuses ex-pliquent le soin que nous avons mis ä les faire con--naitre. Le pavot et ses preparations jouissent certaine-ment d'un grand merite, mais ils ont le grave inconvenient de resserrer les animaux et par consequent de goner la function digestive.
Nous avons precedemment etudie le coquelicot au point de vue de ses qualites emollientes; il nous reste ä examiner le pavot somnifere qui fournit un sue si justement apprecie. Cette plante de la tribu des papa-veracees est glabre, raide, glauque et haute d'un metre; ses feuilles sont oblongues et sinuees; sa capsule com-posee de huit ä dix carpelles; ses petales blancs, ou rouges, ou panaches, ou noirätres ä la base. Elle com-prend deux varietes principales : le pavot mir a capsule globuleuse et le pavot hlanc ä capsule ovale; celui-ci est cultive dans le Nord, ä cause de ses graines qui four-nissent Thuile blanche connue sous le nom dhuile d'aillette; celui-lä en Orient, ä cause du sue laiteux que distillent sa tige et surtout sa capsule. Les capsules
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20nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
de pavot indigene ou exotique servent a coufectionner des breuvages calmants, des fumigations bienfaisantes pour les animaux atteints de maladies des voies aeriennes, des bains, des lotions qui font toujours du bien ä la partie endolorie sur laquelle on les applique. Le pavot indigene, cultive dans nos jardins, comme plante d'agrement, doit etre apprecie en raison des ser­vices qu'il est appele a rendre.
L'opium est le sue provenant du pavot. On en i econnait deux especes: l'opium indigene et Topium exotique.
L'opium indigene ne doit pas 6tre confondu avec l'opium exotique, car ses qualites sont bien inferieures. Get extrait, quoique moins eher que I'autre, ne peut cependant obtenir la preference ; et, s'il est bon d'em-ployer les capsules du pavot de France, ainsi que nous venons de l'expliquer, il vaut mieux ne pas en recoltei l'opium et preferer celui qui nous, vient du Levant.
L'opium exotique est retire du pavot au moyen d'in-cisions longitudinales sur la surface des capsules vertes; il s'en echappe un sue laiteux qui se condense d'abord et qui finit par prendre la ccmsistance que nous lui connaissons. On remploieäl'etat brut dans les affec­tions nerveuses, les coliques violentes, en un mot toutes les fois qu'il est necessaire de stupefier I'organisme. Ses preparations sont plus usitees; nous citerons les principales: I'extrait aqueux d'opium, la teinture d'opium, le laudanum de Sydenham, le laudanum de Rousseau et les sels d'opium.
Vextrait aqueux d'opium est un peu eher, mais, en rai­son de ses bons effets, il y a toujours lieu de l'em-ployer dans les cas graves. La teinture d'opium agit a la maniere du laudanum de Sydenham, et s'administre ä la mtaie dose et dans les m6mes circonstances. Le laudanum de Sydenham est un medicament precieux que nous placons sur la ligne de ceux qu'un cultivateur doit toujours avoir chez lui : il est usite ä Tinte-
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DESCRIPTION DES MEDICAMENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 21
rieur dans les coKques; et ä l'exterieur en frictions legeres el en collyres. Le laudanum de Rousseau est encore plus actif, et il faut ne pas depasser la quantite que nous indiquons dans notre taMeau des doses appli-cables au cheval. Les sels d'opium, c'est-ä-dire Tace-tate, le sulfate et le chlorhydrate de morphine sont ra-rement employes en medecine veterinaire, a cause de leur prix eleve et des precautions qu'exige leur mani­pulation.
Toutes les substances medicamenteuses faisant par-tie de la classe des medicaments narcotiques decrits ici, sont tirees du regne vegetal; nous recommandons aux proprietaires de s'en contenter et de ne jamais avoir recours aux narcotiques mineraux qui demandent des connaissances speciales et une grande prudence.
5deg; Mödicaments dörivatlfs.
La medication derivative a pour objet de produire une maladie artiflcielle, legere et facilement gueris-sable pour combattre une alteration plus grave. Ce n'est pas d'hier qu'on en a reconnu la veritable utilite; la medecine est basee sur cette maniöre d'operer, temoin le fameux apborisme d'Hippocrate: duobus doloribm non in eodem loco simul abortis vehementior abscurat allerum (de deux douleurs non localisees dans le m6me endroit, la plus violente attenue I'autre). La douleur agit done comma un element de medication; et en opposant une douleur artiflcielle ä une autre douleur on produit une derivation, e'est-a-dire qu'on transporte la maladie et qu'on la place dans un autre endroit. L'action derivative commence par susciter de la douleur, puis un afflux sanguin (ubi stimulus, ibi
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flexus) et ensuite des secretions que Ton augmente, diminue, deplace, prolonge, etc., selon les Lesoins do raffection.
La medication derivative comprend quatre modes qui tons correspondent ä des degres plus ou moins grands ; ce sont les rubefiants, les vesicants, les irritants et les caustiques.
La medication rubefiante a pour but d'irriter la peau et de determiner, sur la place qu'on a choisie, de la chaleur, de la rougeur, de la douleur et de la tumefaction, en un mot deproduire une inflammation factice. Les fric­tions avec des brosses rüdes, des boucbons de paille et des morceaux d'etoffe trempes dans du vinaigre chaud, de l'ammoniaque, de l'essence de terebentbine ou de lavande, ou simplement encore dans de l'eau qui a servi ä faire bouillir des herbes aromatiques, Fapplica-tion de la moutarde sont les principaux agents rube­fiants. Les effets sont d'autant plus rapides que la peau de l'animal est plus fine, que les frictions sont plus energiques et que les agents auxiliaires sont plus actifs. L'epiderme s'irrile, la peau se tend et la circulation s'active ; mais lorsque les choses sont poussees k I'ex-tröme, 11 se produit un suintement sereuxentreebaque poll, le tissuentame se gonfle, se ride; puis lorsque I'in-flammation est dissipee, les polls et l'epiderme tombent ensemble. On prescrit la medication rubefiante dans les engorgements'des membres, l'induration des parties re-couvertes par la peau, les d^uleurs articulaires, les boiteries legeres, les molettes commencantes, etc. Bien des guerisons sont dues k des frictions reiterees, et il est rare que des maladies aient 6te aggravees par une rubefaction poussee ä l'extröme.
La midication vteicante est employee sur une grande echelle en medecine veterinaire. Malgre les immenses services qu'elle rend tous les jours, nous regrettons neanmoins qu'il en soit fait un si frequent usage. Cha-
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que personne, encouragee par le bienqu'elle en en tend dire et pousseepar la force de Fhabitude, se croit auto-risee a I'appliquer sans savoir si eile est necessaire et si meme eile n'offre pas certain danger. Les chutes de poll et de peau sont des tares assez communes, et elles doivent leur existence ä une main ignorante qui n'a pas su borner son operation au temps convenable et apprecier la finesse et la delicatesse de l'enveloppe cu-tanee. Ce sont les Anglais qui ont le plus contribue a propager la medication vesicante dont nous allons don-ner un apercu. Mis en contact avec la peau, les vesi­cants determinent une douleur vive et cuisante qui s'accompagne de tumefaction, de chaleur et de rougeur; aprös un temps, qui varie ordinairement de 10 ä 20 lieu-res, l'epiderme se souleve et forme de petites ampoules qui renferment un liquide citrin et se crevent pour laisser echapper ce produit de secretion; mis la peau devient rouge , suppurante et douloureuse; enfin le calme revient peu a peu et tout rentre dans Tordre ac-coutume.
Les principaux vesicants ont pour base I'ammoniaque ou l'euphorbe et les cantharides, tels sont: le liniment ammoniacal,rhuilecantharidee,ralcoolcantharide,ron-guent vesicatoire et toutes les preparations connues sous le nom d'onguent de James, feu anglais, feu fran-cais, feu americain d'Exbrayat, liqueur de Cabaret, liqueur fondante et resolutive de Benion, etc., etc. La medication vesicante est avec la medication caustique la plus importante des quatre qui composent la me-thode de traitement dite derivative. Elle convientdans les affections respiratoires et abdominales, les dou-leurs, les boiteries, les efforts, les tumefactions, les suros , les tumours synoviales et partout oü il y a inte-röt ä produire un travail revulsif, prompt et energique.
La midication irritante ne differe en rien, dans son moded'action, de celleque nous venons de decrire; les
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24nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRAUE DES MALADIES DU CHEYAL.
agents therapeutiques, au lieu d'operer sur une surface exterieure, produisent les mömes effets sous la peau et dans le tissu cellulaire. Ces agents sont, pour la plupart de nos animaux domestiques, les racines d'ellöbore noir et de verätre blanc, le garou, la clematite, etenfin des corps 6trangers tels que des rouelles de cuir, et pour le cheval, des rubans de fil qu'on designe sous le nom de seton. Ces matiöres occasionnent une vive irri­tation, un afüux sanguin considerable, de la douleur, de l'engorgement et, pour terminer, de la suppuration.
Avec la medication caustique, on opere la destruction des tissus et on provoque relimination des partiesmortiflees. Les caustiques sont de deux sortes. On les appelle ae-luels lorsqu'ils brülent les tissus par I'lntermede du ca-lorique, et potentiels quand leurs Clements se combinent avec les principes immediats de l'organisation pour les transformer enun tissu nouveau, prive de vie et 6tran-ger ä l'organisme. Dans Tun comme dans l'autre cas, la portion detruite et eliminee prend le nom d'eschare. Les caustiques actuels feont repr6sent6s par des metaux qu'on charge de calorique, et qu'on promene ou qu'on introduit dans l'epaisseur des chairs. Les caustiques potentiels sont genöralement reprösenles par des aci-des ou des sels; ainsi nous citerons les acides sulfuri-que, azotique, chlorhydrique, arsönieux; l'alcool sulfu-rique, le nitrate acide de mercure, le nitrate d'argent, le bi-chlorure de mercure, le deuto-sulfate de cuivre, la chaux, etc., etc.
On devra toujours preferer la cauterisation avec le fer rouge ä toutes les autres; les caustiques poten­tiels, et surtout ceux qui se montrent sous un aspect liquide, sont difficiles ä gouverner et peuvent quelque-fois, par une introduction trop profonde, causer de gra­ves desordres, surtout aux environs des cavites splanch-niques et pres des parties delicatement organisees. On fait usage de ces agents dans les affections externes et
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principalement pour detraire les dartres, les ulcera-tions, les vegetations polypeuses, les tumours indurees, les squirrhes, les sereuses accidenteiles, les plaies de mauvaise nature, etc.
6s Medicaments excitants.
Nous designons ainsi les agents tMrapeutiques doues de la propriete d'exciter I'organisme tout entier, en ac­celerant le cours du sang, en activant les fonctions et en augmentant la chaleur animale. Parmi ces agents, les uns determinent une excitation prompte, il est vrai, mais de peu de duree; les autres agissent plus lente-ment et prolongent leur existence. De lä deux modes differents que nous designerons sous les denominations d'excitants ordinaires et de toniques; ces derniers fe-ront 1'objet d'un paragraphe special, en raison de leur importance.
Les excitants sent employes pour l'usage externe en fumigations, bains, lotions, injections et frictions. Les fumigations se font avec des bales de genievre et des plantes aromatiques que Ton jette sur des pelles rou-gies au feu, et dont on fait respirer la fumee aux ani-maux atteints d'affections pulmonaires ou bronchiques. Les bains ne sont mis en pratique que pour les extre-mites inferieures des membres, alors qu'on a besoin de tonifier des plaies de nature inquietante; les lotions sont reservees pour les maladies de l'ceil et des voies naturelles, et pour stimuler les plaies et les secretions purulentes dont on veut changer le cours; les injec­tions se pratiquent dans la profondeur des conduits exterieurs, comme la bouche, les naseaux, les oreilles, le vagin dans les fistules et les cavites anormales dues
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ä certains phlegmons. Les frictions se font generalement avec un bouchon d'etofl'e trempe dans un liquide exci­tant quelconque. A I'interieur, les excitants se donnent d'habitude sous forme liquide et ä une temperature egale ä celle du corps.
Les excitants produisent une stimulation generale qui s'annonce par un sentiment de chaleur, une acce­leration de la respiration et de la circulation, des mou-vements musculaires plus rapides et plus energiques, une transpiration et une secretion urinaire abon-dantes. La duree de la medication est toujours courte, parce que I'agent stimulant circule avec le sang et s'echappe par le poumon, les reins et la peau. La con­tinuation prolongee de ce regime peut 6tre suivie d'in-convenients serieux; rexcitationcontinuelledes tissus, l'acceleration des mouvements respiratoire et circu-latoire, rexageration des secretions muqueuse, uri­naire et cutanee et, par consequent, I'elimination continuelle de la serosite du sang, determinent une excitabilite qui passe a l'etat morbide. Au risque de paraitre ennuyeux, nous dirons encore: tons les pre-ceptes 6nonces sont, sans contredit, essentiellement utiles a connaitre, mais il ne faut pas les appliquer a tort et ä travers, etil convient de recourir a rhomme du metier plutot que de se lancer dans une voie qui peut devenir prejudiciable aux interöts de l'eleveur.
Les excitants sont contre indiques dans les conges­tions sanguines et les inflammations; ils sont, au contraire, d'un heureux effet dans les affections qui ont pour base la pauvrete du sang, dans les indigestions, les parturitions languissantes, etc.
On les divise en deux grandes classes, les excitants aromatiques et les excitants diffusibles qui se subdi-visent k leur tour en spiritueux et en aminoniacaux. Nous allons les examiner Tun aprfes I'autre en suivant la marche que nous venons d'indiquer.
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Les excitants aromatiques sout tous tires du rögne vegetal, et, pour la plupart, appartiennent ä la grande famille des labiles: ce sont la menthe, la lavande, le thym, I'hyssope, la melisse, la sauge, leromarin; ils agissent ea vertu d'une huile essentielle qui est 1'apa-nage de cette tribu.
La menthe appartient, comme nous venons de le dire, a la famille des labiees. Nous allons donner tout de suite les carq,ctöres principaux de la famille, aflu de ne pas y revenir dans la description des autres plantes qui en font partie. Les labiees ferment, dit M. Guibourg, une des families les plus naturelles du regne vegetal: elles comprennent des plantes herbacees ou des arbrisseaux ä rameaux opposes ou verticilles; les feuilles sont opposees ou verticillees, entieres ou di-visees; les fleurs completes, irregulieres, ferment, par leur rapprochement, des epis ou des grappes rameuses. Elles se trouvent, en general, dans les lieux sees exposes au Midi; elles renferment toutes de Fhuile essentielle; quelques-unes contiennent du camphre, d'autres un principe amer. Gelles oü Fhuile essentielle domine, rapportent MM. Magne et Gillet, sont exci-tantes et cordiales: la menthe, la sauge, la lavande, la melisse, le thym, le romarin; elles peuvent 6tre admi-nistrees en infusion k titre de stomachiques et de su-dorifiques, soit pour prevenir ou combattre une indigestion, soit pour parer aux suites d'un refroidis-sement, soit pour faciliter le part. Les especes ameres, donnees en poudre ou en decoction, excitent I'appetit et facilitent la digestion. Comme toniques et astrin-gentes, on les traite par decoction, et elles sont utiles pour combattre les diarrhees anciennes. Sem6es dans les herbages, les labiöes agissent comme condiment tonique ; si elles sont trop abondantes elles nuisent en occupant la place d'espöces alimenlaires et en faisant predominer le principe excitant dans le fourrage.
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La menthe pent utilement remplacer le camphre dans certains cas oü l'usage de ce medicament est in-dique.
La Zavanrfe estune plante ligneuse, odorante, ä feuilles lineaires, ä fleurs bleues en epi grele. On la cultive comme plante d'ornement et comme plante medici-nale. Elle contient une huile essentielle et camphree, ce qui en permet Femploi ä l'interieur quand le camplire fait defaut. L'essence de lavande, avons-nous besoin de le dire, est fournie par la distillation des rameaux de cette plante. Nous avons explique, en parlaut de la medication rubefiante, Fusage externe de cette essence.
Le thym presente des fleurs roses ou blanches, petites et rapprochees. Cette plante est commune sur les col-lines seches du midi de la France; eile possede une odeur forte et penetrante qui lui a donne accös dans la cuisine de l'homme comme assaisonnement; eile est aperitive, excitante et diuretique. II en est de meme du serpolet que Ton administre aussi en poudre ou en infusion.
Uhyssope, petite plante ligneuse, k feuilles iinöaires, elliptiques et glabres, a fleurs bleues, rarement blan­ches, en epi unilateral, contient une huile essentielle, camphree, modifiee par un principe amer qui la rend excitante, stomachique, pectorale et tonique.
La milisse s'eleve a une hauteur de 65 centimetres; ses feuilles sont grandes, a surface rugueuse et verte; les fleurs sont portees sur des pödoncules axillaires; les corolles sont rougeätres. L'odeur de la melisse est douce, et sa saveur agreable. On I'emploie en infusion, et les animaux en eprouvent de bons effets.
La sauge ne comprend pas moins de quatre cents especes: cette plante, connue de tout le monde, a une tige vivace et velue, des feuilles oblongues, des fleurs bleuätres disposes en 6pi terminal, une odeur forte, un goüt amer et un peu acre. Les breuvages excitants
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ä la sauge nous out toujours donn6 d'heureux r^sultats, ainsi que les frictions faites avec I'eau dans laquelle eile avail bouilli. Nous avouons notre preference pour la sauge et le romarin employes en frictions.
Le romarin est un gentil arbrisseau qui grandit dans la plupart de nos jardins; il contient une huile essen­tielle dont on tire un bon parti, quand il s'agit de fric tionner un membre boiteux ou de retablir la circulation de la cbaleur dans une partie quelconque du corps.
Uabsinthe appartient k la famille des composees; sa tige est ronde, rameuse et haute de 1 metre environ; ses feuilles sont grandes, molles, blanchätres et douces au toucher; ses fleurssontjaunes. On latrouve dans les lieux incultes, pierreux et montueux; mais on la cultive aussi dans les jardins pour les usages de la mödecine; son odeur est forte et desagreable. Cette plante ren-ferme une huile volatile aromatique et un principe amer; eile est stimulante et tonique. On I'emploie en maceration ou en infusion pour la confection de breu-vages, et en decoction pour obtenir un liquide destine aux frictions stimulantes. On reduit encore les feuilles en poudre, on les incorpore au miel, et on fait ainsi un electuaire tonique et excitant que Ton administre aux chevaux dont le sang est pauvre, ou qui sont atteints de maladies septiques, du charbon, etc. L'absinthe transmet son goüt et son amertume au lait des ,ju-ments; c'est pourquoi il ne faut jamais soumettre ä cette medication les nourrices, de peur que les poulains n'6prouvent un öloignement pour la mere.
L'omowe vulgaire, de la m6me famille que la prece-dente, se distingue par les caracteres suivants : racine longue; tiges verticales, ropgeätres et hautes de 1 ä 2 metres; feuilles den tees, d'unvert foncö endessus, et blanches en dessous; corolles nues et d'un rouge päle. Vulgairement connue sous le nom d'herbe de la Saint-Jean, cette plante croit dans les lieux incultes, parmi
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les decombres, et sur le bord des chemins et des haies. Toutes ses parties sont toniques et stimulantes. Quoi-que moins active querabsinthe, I'armoise peut, en I'ab-sencede cette derniere, remplir les mömes indications.
La camomüle, de la meme famille, pousse des tiges menues, hautes de SO centimetres environ; ses feuilles sont entieres ou divisees ; les fleurs ligulees, blanches, ameres et odorantes. Cette plante est frequemment mise en usage pour les besoins de la medecine bumaine et son mode d'emploi est trop connu pour qu'il nous arröte un seul instant. La matricaire, qui est tres-repan-due dans toutes les regions de la France, se voit re-cbercbee presque a l'egal de la camomille romaine.
L'anis appartient ä la famille des ombelliferes et pre-sente les caracteres que nous allons lire: tige droite et unpeu rameuse; feuilles ailees, fleurs petites, blanches et disposees en ombelle; graines convexes et d'une saveur aromatique et douce. L'anis se plait dans les terrains sablonneux et sur les coteaux calcaires oü. il est a l'abri du froid. On s'en sert pour augmenter la vitalite de l'appareil digestif et exciter l'expulsion des gaz accumules en abondance dans le tube intestinal, lors de coliques venteuses. On fait une infusion qu'on admi-nistre tiede.
Le fenouil, de la m6me famille, est tr6s-employe en medecine ; le fenouil officinal est une plante d'un vert fonce, glabre et rameuse; ses fleurs sont jaunes, le fruit est long de 3 ä 8 millimetres, ovale, strie et d'un vert brunätre. Cette plante recherche les lieux sees, les vignes ; on la trouve en abondance aux environs de Nimes. L'infusion de fenouil est sucree, aromatique, agreable et prise avec plaisir par les animaux qu'elle stimule beaucoup.
La cannelle, associee au vin ou a une infusion quel-conque des plantes que nous venous d'enumerer, excite les animaux et reveille I'appetit.
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La muscade, tres-preconisee dans ranciennemedecine veterinaire, jouit encore aujourd'hui d'une grande re­putation parmi les cultivateurs. Elle est stimulante, c'est vrai, mais on doit lui preferer les simples que nous connaissons, parce qu'ils ne coütent rien et pro-duisent les mömes effets.
Le giroße est trös-stimulant. II sert peu en mede-cine veterinaire, ä cause de son prix eleve; cependant on doit l'utiliser sur les bötes de valeur, dans tous les cas oü la medication excitante est commandee.
Le poivre et le gingembre sont trop actifs pour 6tre em­ployes communement, et c'est ä tort que les mare-chaux en font un usage aussi frequent. Associes au vin ou aux decoctions provenant des plantes precitees, ils reussissent dans les indigestions et les coliques d'eau froide.
Le camphre est une substance medicamenteuse qu'on rencontre dans plusieurs lauriers et qu'on retire, par la distillation, des differentes parties du laurus camphora. Tout le monde connait ce produit pharmaceutique dont les proprietes stimulantes et antiseptiques sont grandes. On le donne aux clievaux sous forme de pil­lules, de bols.
Le vin et Veau-de-vie se trouvent toujours sous notre main et peuvent avantageusement remplacer les simples lorsque ces derniers nous font defaut; un demi-litre do vin, melange avec un litre et demi d'eau tiede, re­chauffe les animaux et les excite convenablement. La dose d'eau-de-vie est d'un quart de litre pour la möme quantite d'eau. Le seul cöte fächeux que presentent le vin et l'eau-de-vie, c'est Tabus qu'en font les mare-chaux, les cochers et en general tous les gens attaches au service des chevaux. Pour la moindre indisposition, vite la bouteille. On ne s'inquiete pas si le malaise prend sa source dans une excitation dejä trop grande et s'il n'est pas dangereux de provoquer une stimula-
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tion intempestive. II en resulte qu'on aggrave souvent le mal au lieu de le calmer et qu'on occasionne la mort des animaux.
Uammoniaque liquide (alcali volatil) est un medicament precieux lorsqu'il s'agit de produire une excitation prompte et de peu de duree. Elle est particulierement recommandee quand les chevaux ont ete mordus par des animaux venimeux et lorsque le charbon se de­clare tout ä coup. On la donne, a l'interieur, k la dose de 12 grammes dans un litre d'infusion aromatique froide et Ton renouvelle cette medication toutesles trois heures. En m6me temps, on frictionne les parties atteintes avec un liniment ammoniacal. II faut bien faire attention, quand on administre cette substance, de ne la verser qu'au moment propice et de la bien m6-langer avec le liquide qui lui sert de vehicule ; sans cette precaution eile s'evaporerait, ou irriterait les regions avec lesquelles eile doit se trouver en contact.
Les principaux sels d'ammoniaque sont: l'acötate d'am-moniaque, ou esprit de Mindererus, le carbonate et le chlorhydrate d'ammoniaque ; nous les citons pour ordre seulement, attendu qu'ils sont träs-actifs et exigent des connaissances pratiques exceptionnelles. Les cultivateurs feront toujours mieux de s'en tenir aux plantes usuelles sur lesquelles nous nous etendons a dessein.
7deg; M6dicaments toniques.
Les toniques, ainsi que leur nom I'indique, ont la propriete de tonifier les tissus, de reparer les deperdi-tions continuelles, en un mot, de donner de la force, du ton a tout I'organisme. II existe des 6tats morbides
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caracteris6s spccialement par la perte de la tonicite et qui exigent le concours immediat des agents therapeu-tiques propres a retablir toutes les fonctions de l'eco-nomie. Les affections qui reclament Femploi des to-niques sont caracterisees par la diminution des globules du sang, la päleur des muqueuses, les infiltrations du tissu cellulaire, la faiblesse generale, Finappetence, la diarrhee chronique, etc.
On divise les toniques en trois classes : les toniques amers, les ferrugineux et les antiseptiques. Nous conserverons cet ordre dans la description qui va suivre.
La gentiane jaune appartient a la famille des gentia-nacees : eile se distingue par une racine vivace ; une tige garnie de feuilles opposees et haute de 1 metre environ: des feuilles larges, lisses et ovales; des fleurs jaunes, nombreuses et disposees par faisceaux. Cette plante prefere les pays montagneux aux plaines. La racine seule est employee; on doit choisir celle qui est mediocrement grosse, non cariee, tres-odo-rante et fort amere. La gentiane est un medicament tres-precieux; eile agit comme tonique et febrifuge, excite I'appetit, ranime les digestions, arrete les diarrhees, en un mot reconforte toute la constitution. On I'administre en poudre, soit sous forme d'electuaire, soit en breuvage et m61ee au vin ou k une infusion aromatique quelconque. Le peu de cherte de ce medi­cament le met k la portee de toutes les bourses.
La petite centaurie fait partie de la möme famille; eile offre une racine fibreuse,une tige simple et anguleuse, des feuilles sessiles et opposees, des fleurs rouges et disposees en corymbe. Ces dernieres seules sont usitees. II est facile de les conserver en les enveloppant dans du papier; une poignee plongee dans deux litres d'eau bouillante constitue un excellent tonique.
Vaunte, de la famille des composees, croit dans les
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lieux ombrages et humides, et se cultive aussi dans les jardins; sa tige est droite et velue, ses feuilles grandes et terminees en pointe. La racine d'aunee est la seule partie usitee; eile est vivace, longue, charnue, rousse au dehors, blanche en dedans: eile possede un gout acre et amer, une odeur forte et aromatique. Gelte plante remplit les monies indications que la gentiane; comme cette demiere, eile est tonique, stimulante, et produit de bons effets dans les maladies septiques et dans celles qui ont pour base la pauvrete du sang. Elle jouit encore d'une autre propriete; sa decoction, employee en lotions, apaise presque instantanement les demangeaisons dar-treuses; c'est done un excellent tonique.
La tanaisie commune, de la m6me famille que la prece-dente, s'elöve h la hauteur de 60 centimetres environ; ses tiges sont nombreuses et ramassees en toufi'es, ses feuilles divisees, un peu velues et verdätres. Toute la plante est pourvue d'une odeur forte et d'une saveur amere. Partie usitee, les sommites fleuries. La tanaisie commune jouit de grandes proprietes toniques, et merite, a ce litre, d'Mre recommandee aux proprietaires de chevaux. Une poignee dans deux litres d'eau bouillante constitue un excellent breuvage.
La Chicoree sauvage, de la meme famille des compos6es, croit partout le long des chemins; sa tige est haute de 50 centimetres environ et tres-rameuse; ses feuilles sont munies de polls rüdes et tres-ameres. Dans les prairies, eile agit comme condiment; ses feuilles vertes, traitees par infusion, fournissent une tisane tonique qui arröte les diarrhees persistantes. II convient cependant de n'employer la chicoree sauvage que temporairement, car son usage prolonge irrite le tube intestinal et suscite k son tour un flux diarrheique.
La bistorte appartient ä la famille des polygonacees; eile se distingue par des tiges hautes de 50 centimetres et supportant chacune un seul epi de couleur purpu-
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rine, des feuilles vert foncö et regulierement veiuees, des flours roses en epi solitaire. La racine de cette plante est grosse, comprimee, deux fois replieesurelle-möme, rugueuse, brune a sa surface, rougeätre a I'interieur, inodore et tres-astringente. La bistorte croit dans les lieux humides, les pres particulierement. Elle renferme du tannin et de Tainidon, ce qui explique son action prompte dans les cas de diarrbee opiniätre; eile se traite par decoction.
Le houblon, que Ton cultive si en grand dans beaucoup de departements de France, est un toniqueparfait. Tons les bestiaux mangent les tiges et les cones de cette plante. La medecine humaine preconise beaucoup la decoction de houblon, et nous devons voir dans cette preference les signes certains d'une grande vertu. ,
Le genamp;orier fait partie de la famille des coniföres; il forme, dans le midi de l'Europe et dans nos jardins,un arbre de 2 a 6 mötres de haut; sur le sommet inculte desmontagnes,il estreduit äl'etatd'unbuissonepineux. On le reconnait ä ses feuilles opposees trois a trois, linöaires, aigues et piquantes; a ses fruits d'un bleu noirätre et qu'on designe communement sous le nom de bates de geniiwe. Ces bales sont toniques et stimu-lantes; on les ecrase et on les donne en electuaire aux chevaux. Elles servent encore k faire des fumigations excitantes dont on retire de bons effets, dans les affec­tions chroniques des voies aöriennes.
L'armca est un medicament fort en usage aujourd'hui; il doit sa reputation aux vertus excitantes et toniques dont il est done. On se sert des fleurs, en infusion ou en teinture, pour stimuler l'organisme; sur les plaies, pour hater la cicatrisation. L'arnica croit en Allemagne, en Suisse et dans les Vosges : il presente une tige haute de 33 centimetres environ, des feuilles fermes et pubes-centes, des fleurs jaunes, radices et portees dans de longs p6doncules.
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L'^corce de peuplier, fraiche ou seche, est un excellent tonique.
Les feuilles de noyer, ainsi que 1'eiiveloppe herbacee des fruits dite brou de mix, jouissent des monies pro-prietes et se reeommandent ärattention des cultivateurs.
Les toniques ferrugineux que Ton peut employer dans la medecine des animaux sent pen nombreux, ä cause de leur prix eleve; les seuls dont on fait usage sont l'eau rouillee, l'eau ferree, et quelques sels de fer, savoir: le tartrate de potasse et de fer, le protosulfate de fer et lo deutoxyde de fer.
L'eazlaquo; rouillee se compose uniquement d'hydrate de peroxyde de fer dissous dans l'eau ordinaire. On Tobtient en jetant des morceaux de fer dans de l'eau et en les y laissant toujours, de facon a charger le liquide de prin-cipes ferrugineux. L'eatt ferree renferme de l'oxyde et du carbonate de fer. Ges eaux s'emploient pour tonifier les boissons, et, par suite, rendre les digestions faciles et arröter les diarrhees.
Lessees de fer que nous vanons de citer s'administrent en pilules ou en breuvage; ils rendent de grands ser­vices dans toutes les maladies dont 11 a ete prece-demment question.
Les toniques que nous designons sous le nom d'anti-septiques, jouissent de la triple propriete de tonifier les tissus. Je provoquer un pbenomene d'astriction et de s'opposer a la decomposition des solides et des liquides. Les principaux sont : Vecorce de saute et de chine, le raifort, le cochlearia, le quinquina, Valcool sulfurique, le chlore et la poudre de charbon de bois.
On les emploie dans les hemorrhagies dues ä l'appau-vrissement du sang, dans les affections typhoides, les maladies gangreneuses, le charbon, etc. L'öcorce de saule et de chöne, le raifort, le cochlearia, le quinquina se donnent en infusion ou en maceration dans le vin ou dans un liquide stimulant; l'alcool sulfurique est
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ajoute k une certaine quantite d'eau et forme une boisson acide tres-agreable; la poudre de charbon et la poudre de quinquina servent a couvrir les plaies de mauvaise nature; le chlore est utilise pour desinfecter les 6curies et rendre ä l'air sa purete naturelle.
8deg; Medicaments purgatifs.
On designs ainsi toutes les substances capables d'ir-riter l'intestin, de provoquer une secretion muqueuse, de determiner l'expulsion desrmatieres alvines, et enfin d'affaiblir Teconomie. Suivant leur mode d'action, les purgatifs sent divises en trois categories: on nommepwr-gatifs faihles ou laxatifs ceux qui purgent lentement, mais qui n'irritent pas la muqueuse intestinale; purgatifs nu-noratifs ceux qui ne suscitent qu'une faible irritation et une mediocre expulsion de matieres alvines; purgatifs drastiques ceux qui irritent violemment l'intestin et qui determinant d'abondantes evacuations alvines.
On administre les purgatifs, soit sous forme de pi­lules, ainsi que cela se pratique pour les drastiques, soit sous forme de breuvages, comme on le fait pour les purgatifs minoritifs et laxatifs. II faut, autant qu'il est possible, donner un purgatif en suspension dans un liquide, parce que le principe irritant touche toutes les parties de la muqueuse en m6me temps, ne sejourne point au-delä du temps necessaire a la manifestation de ses effets, circule avec facility et n'irrite pas une anse intestinale plus que I'autre. En outre, le purgatif li­quide est plus vite absorbe et produit des rtsultats plus sürs et plus prompts. L'us^ge des pilules doit 6tre exclusivement reserve pour les cas de constipation opiniätre, alors qu'il s'agit de purgerlentement; on en
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donne deux ou trois tous les jours, jusqu'a ce que Ton ait atteint le but propose.
Le tort des proprietaires est de purger leurs chevaux ä tort et ä travers, selon leur opinion, et d'apres I'avis du marechal et souvent mtoe du premier venu. Une purgation administree en temps propice est generale-ment utile, tandis qu'il est impossible d'en dire autant lorsqu'elle est produite intempestivement. La dose n'est pas non plus sagement calculee d'apres l'äge, la force, la taille, le temperament, la maladie du sujet. Citons un example : Une personne que nous connais-sons possedait un cheval constipe depuis plusieurs se-maines ; eile fit venir son marechal et le pria de donner '200 grammes de sulfate de soude pendant deux lours, le matin a jeun. L'homme outre-passa les ordres qu'il avait recus, administra de l'aloes a haute dose et troubla tellement I'appareil digestif, par cette medica­tion incendiaire, que le cheval mourut quelques jours apres. II en est de möme de la nature du medicament; il n'est pas indifferent, en effet, de purger avec teile ou teile substance; car si Fune convient dans certaines maladies et k certains tempöraments, eile est funeste, au contraire, dans les circonstances opposees.
II est toujours bon de preparer les animaux que Ton doit purger par une demi-diete de vingt-quatrc^ heures et quelques lavements a l'eau de son; de les placer dans un local chaud, de les couvrir de couvertures, de leur presenter des boissons blanches. Si la purgation est lente et faible, il convient de l'augmenter par des la­vements laxatifs ou tout simplement ä l'eau de savon ; si son action est trop violente, il faut avoir recours aux breuvages et aux lavements astringents et opiaces.
La manne, le miel, les huiles constituent l'ensemble des purgatifs laxatifs. On ne les emploie que pour les pou-lains, car ils seraient sans efficacite apparente sur les animaux adultes.
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L'huile de ricin, le s4ni commencent la Serie des pur-gatifs minoratifs; ce dernier s'administre en infusion. La dose de l'huile de ricin est de 500 grammes et celle du sene de 100 grammes.
La mercuriale annuelle, famille des euphorbiacees, est une plante herbacee, ä souche rampante, tige rameuse, feuilles opposees et d'un vert fonce, fruit h6riss6. On la connait sous les noms vulgaires de foirotte, foirande, sambarge, vignette. Deux ou trois poignees, pour un litre et demi d'eau, plus 200 grammes d'huile ou 300 gram­mes de sulfate de soude, constituent un purgatif dont les efiets sont certains.
La gratiole, de la famille des scrofulariacees, se dis­tingue par les caracteres suivants : plante glabre, tige droite et simple; feuilles epaisses, sessiles et opposees; fleurs solitaires, roses ou blanches. La gratiole, encore designee sous le nom d'herbe ä pauvre homme, recherche les lieux humides, les ruisseaux, les prairies mareca-geuses. Ses feuilles employees en decoction, ä la dose de ISO grammes pour un litre d'eau, purgent tres-bien un cheval.
Le nerprun, de la famille des rhamnees, est un ar-brisseau dont I'ecorce est lisse, les branches garnies d'epines terminales, les feuilles glabres et dentees sur leurs bords, les fleurs petites et yerdätres, les fruits gros comme ceux du genevrier et noirs quand ils sont mürs. Ces fruits contiennent en abondance un sue pur­gatif qui rend de grands services en medecine veteri-naire, surtout dans le traitement de certaines maladies des jeunes chevaux.
Le sulfate de soude, sei de Glauber, est la substance la plus utilisee par les praticiens, a cause de son prix peu eleve, de sa grande solubilite et de son action douce. La dose varie de 500 k 1,000 grammes pour un litre d'eau.
Le sulfate de magnisie, le sulfate de potasse, lamp;magnesie
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ne purgent pas mieux et coütent plus eher que le Sul­fate de soude. En consequence, on ne doit s'en servir que lorsque ce dernier vient k manquer.
Les purgatifs drastiques sont : I'aloes, le jalap, la scammonee et la gomme-gutte: nous aliens dire un mot de chacun d'eux.
Valois est un sue resineux retire de plusieurs especes d'aloes; le plus employö est l'aloös suecotrin. Cette substance est certainement celle qui possede le plus de vertus purgatives ; on Tadministre suivant les cir-eonstances, la force et le temperament des ehevaux, a la dose de 25 ä 75 grammes, soit en pilules, seit en breuvages.
Le jalap, la scammonee et la gomme-gutte sont des matie-res gommo-resineuses, qu'on donne egalement en pi­lules ou en breuvages, a la dose de 15 a 25 grammes.
Uellibore et Veuphorbe sont peu fiddles et tres-irritants; aussi ne doit-ons'en servir que quand on nepeut mieux faire.
Les purgatifs laxatifs sont employes dans les mala­dies inflammatoires qui ont leur siege sur le tube di­gestif et dans la constipation: les minoratifs dans la dysenterie, laperitonite, les affections de l'uterus,, etc.; les drastiques dans les catarrhes chroniques, le vertige, I'arthrite aigu6, etc.
9deg; Medicaments diurötiques.
On appelle diuritiques toutes les substances dont I'ingestion provoque la secretion urinaire. Dans bien des circonstanees maladives, I'urine est rare, epaisse, chargee de sels, parfois sanguinolente et souvent irri-lante pour les organes qui sont charges de la recevoir.
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Que cet 6tat tienne k une affection speciale de l'appa-reil urinaire, ou qu'il soit du ä un malaise de tout Tor-ganisme, il y a toujours lieu de faire cesser cette situa­tion genante pour Tanimal. Par des petites saignees, des medicaments emollients, temperants ou purgatifs, on arrive, dans bien des cas, ä retablir les fonctions dans leur etat normal: mais lorsque ces precautions ne sont pas couronnees de succes, on s'adresse aux diurc-tiques.
Les agents therapeutiques destines ä modifier la se­cretion de l'urine sont en partie tires du regne vegetal: parietaire, asperge, persil, arröte-boeuf, graine de lin, scille, colchique, digitale, terebentbine; le regne mine­ral n'enapporte qu'un seul qui soit tres-actif: lenitrate de potasse. On fait usage des diuretiques dans les in­flammations chroniques des sereuses qui s'accompagnent d'epancbements, dans les maladies des reins et de la vessie. dans les dartres, les eaux-aux-jambes, etc.
La parietaire appartient ä la famille des urticacees; sa racine est fibreuse, ses tiges sont dressees, ses feUilles elliptiques ou ovales, luisantes en dessus, ve-lues et nerveuses en dessous; ses fleurs sont petites, vertes et ramassees par pelotons dans l'aisselle des feuilles. Cette plante croit le long des haies et dans les fentes des murs. Elle est designee souvent sous les noms communs d'herbe de Notre-Dame, de casse-pierre perce-pierre, perce-muraille. La parietaire semble contenir une quantite notable de nitre, auquel eile doit sa pro-priete diuretique. La dose est de 80 grammes pour un ou deux litres d'eau.
L'ospergreetle persil sont aussi diuretiques; les racines seules sont employees, en decoction, dans un litre de vin blanc, ä la dose de 100 grammes.
Uarrtte-bceuf ou bugrane est de la famille des papilio-nacöes et se distingue par les caracteres suivants: tige haute de 50 ä 60 centimetres, ramifl6e, rougeätre et
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velue; feuilles dentees d'un vert fonee, velues et d'une odeur desagreable; fleurs purpurines, rarement blan­ches. La racine est consideree comme fortement diufe-tique; eile est longue, grosse comme le doigt, ligneuse, flexible et difficile a rompre, ce qui lui a valu le nom lü'elle porte; sa saveur a quelque analogieavec celle je la reglisse, son odeur est faible et desagreable. Elle s'emploie de la möme manifere que l'asperge et le persil.
La graine de lin, dont nous avons dejä indique les pro-prietes adoucissantes, est souvent utilisee comme diu-retique et rend de bons services a la medecine des ani-maux
La scille fait partie de la famille des liliacees et oflre les caracteres suivants : hampe nue, longue, garnie de fleurs blanches dans les deux tiers superieurs; feuilles grandes, glabres et d'un vert fonce, fleurs petites,bleues ou roses. Cette plante croit sur les cötes sablonneuses des deux mers qui baignent la France; son bulbe rouge ou blanc, suivant la variete, ct compose de tuniques nom-breuses et serrees, jouit de grandes proprietes diureti-ques. Les ecailles de la scille se conservent par la des-sication, mais 11 convient de les maintenir toujours dans un endroit tres-see parce qu'elles attirent I'humi dite. La scille est employee en poudre, en extrait, en teinture et en vinaigre. Sous forme de poudre et d'ex-trait, on administre cette plante ä l'interieur; sous forme de teinture ou de vinaigre, eile sert a confec-tionner des breuvages ou a faire des frictions cutanees. La scille determine trois effets bien constates : eile irrite le canal intestinal, suscite une abondance d'urine et excite la secretion de la membrane muqueuse des bronches. G'est pourquoi, 11 ne faut jamais administrer cet agent therapeutique qu'en suivant a la lettre les prescriptions de l'homme de l'art; faute d'6tre circons-pects, bien des cultivateurs ont perdu les animaux qu'ils soumettaient ä cette medication.
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Le colchique d'automne, de la famille des colchicacees, est une plante composee d'un tubercule charnu (faux bulbe), de tiges courtes, de feuilles oblongues, larges et luisantes, de fleurs violettes. Le colchique fleurit en automne et recherche les lieux humides; on le connait encore sous les noms de tue-chien, flamme-nue, veillotte. Gette plante est fortement irritante et souvent produit des empoisonnements dont nous avons ete temoin ; la cuisson ne lui fait pas perdre de ses proprietes toxi-ques. Les bulbes sont aetifs et ses preparations, vinaigru et oxymel colchitiques, ne doivent etre employes qu'avec une extreme prudence. La dose est de 4 a 8 grammes pour le cheval.
La digitale pourpree, de la famille des scrofulariacöes, est connue de tout le monde. Les caractamp;res princi-paux de cette plante sont les suivants : tige simple, droite, velue et quelquefois rougeätre; feuilles ovales, molles et pubescentes; fleurs pourprees exterieure-ment, blanches et tachees de pourpre interieurement. Elle crolt dans les bois et sur les collines; on la cultive aussi dans les jardins. La digitale, qui porte encore le nom de gant de Notre-Dame, k cause de sa corolle en forme de doigt de gant, compte parmi les agents les plus aetifs de la therapeutique, soit pour augmenter la se­cretion urinaire, soit pour ralentir les mouvements du coeur. On en extrait un principe actif appele digitaline. En medecine vöterinaire on emploie particulierement les feuilles de digitale reduites en poudre et melangees avec du miel. La vertu diuretrique de la digitale re­clame les prescriptions du vöterinaire et beaucoup de menagements.
La Urebenfhine, k la dose de IS a 30 grammes, en elec-tuaire, peut remplacerles medicaments precites.
Le nitrate de potasse, appelö genöralement nitre, sei de nitre, est le meilleur diuretique connu. II est important de savoir l'administrer k la dose convenable et d'en bien
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diriger Temploi. On le donne generalement en solution dans un breuvage, a la dose de 15 a 20 grammes. En petite quantite, ce sei rafraicliit la bouche et le canal intestinal, et provoque une abondante secretion d'urine; ä haute dose, il irrite le tube digestif et l'appareil uri-naire, et pent occasionner l'inflammation des reins et de la vessie. Nous voyons tons les jours des chevaux montrer des symptömes de malaise dus ä l'usage im-modere et prolonge du nitrate de potasse. Ce medica­ment est employe de preference a tout autre diure-tique.
Le bicarbonate de soude, le sous-carbonate de potasse, Yace-tate de potasse et de soude, dont on a preconise I'emploi, ne valent pas ce dernier et doivent lui ceder le pas.
10deg; Medicaments sudorifiques.
On reserve le nom de sudorifiques aux medicaments dont I'action s'exerce sur la peau qu'ils ecbaufient et excitent de maniere a provoquer la sueur. La medica­tion sudorifique n'occupe pas la premiere place dans la therapeutique veterinaire; cependant, teile qu'elle existe, eile oflre neanmoins un certain interöt ä etudier.
Les sudorifiques sont particulierement utiles dans les arröts subits de transpiration, au debut des inflamma­tions aigues des muqueuses respiratoire et digestive. Bien souvent on a detourne des maladies serieuses par I'emploi de la methode sudorifique combinee avec des lavements emollients, une demi-diete et des boissons blanches. On facilite I'action des substances appropriees a cet effet, par des frictions vigoureuses, des couver-tures bien chaudes et une promenade dans un endroit si tue ä l'abri du froid. Les medicaments sudorifiques
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sont tous tires du regne vegetal, ainsi qu'on va le voir.
Le sureau est un arbrisseau connu de tout le monde. Ses ileurs soat employees comme sudorifiques et reso-lutlves.
La bourrache fait partie de la famille des borraginees ä laquelle eile sert de type : tige ronde, creuse, rami-fiee et munie de feuilles alternes; feuilles ovales, vertes et ridees; fleurs d'abord purpurines, puis bleues, por-tees sur de longs pedoncules formant par leur ensemble un panicule tres-läche. Toutes les parties de la plante, tige, feuilles et fleurs sont usitees; on en fait des infusions sudorifiques.
La consoude et la buglosse sont des succedanees de la bourrache.
La salsepareille renferme dans sa racine une resine amere et une huile volatile dont les proprietes sudorifi­ques sont tres-recommandees.
La squine et le sassafras sont employes pour la m6me medication ; partie usitee la racine.
Le gaiac est un bois etranger que Ton reduit en pou-dre et que Ton traite par decoction. Dose 200 k 300 grammes dans deux litres d'eau.
11deg; Mamp;lication vermifuge.
La medication vermifuge a pour but de debarrasser le cbeval des parasites qui vivent ä l'interieur de son corps ou ä la surface de sa pe^u. II en resulte qu'elle se divise en deux categories : medication interne et me­dication externe. A la premiere appartiennent les subs­tances suivantes : ecorce de grenadier, racine de fougere male, mousse de Corse, suie, aloes; ä la
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seconde, la staphysaigre, le tabac, I'ellebore noir, le verätre, l'essence de ter6benthine, I'huile empyreuma-tique et ronguent mercuriel.
Avant d'administrer les medicaments vermifuges, il convient de tenir les animaux a une diete de douze heures au moins et de les purger le lendemain de la medication. La substance anthelminthique tue les vers mais ne les expulse pas; il faut done qu'on lui vienne en aide par une purgation qai chasse les parasites hors du tube intestinal. Puis on remet les animaux ä un regime tonique et capable de fortifier tout I'orga-nisme.
h'ecorce de racine de grenadier se donne ä la dose de 90 ä 120 grammes, en decoction et pendant trois jours de suite, le matin ä jeun.
La racine de fougere male est un bon vermifuge. Dose de 180 a 200 grammes, en decoction ou en electuaire, pendant trois ou quatre jours.
La mousse de Corse est moins employee; eile pent sans inconvenient 6tre administree a haute dose.
La suie renferme une huile pyrogenee qui donne amp; cette substance une vertu anthelminthique.
VaMs, que nous avons etudie comme purgatif drasti-que, tue tres-bien les vers intestinaux et. les expulse au dehors.
Les medicaments qui appartiennent k la seconde categoric des vermicides sont employes en frictions 16geres a la surface de la peau. On fait des decoctions concentrees de staphysaigre, de tabac, d'elUbore et de verdtre. II faut avoir soin de tenir attaches bien court les animaux afin qu'ils ne puissant lecher les parties frictionnees. II va sans dire qu'on doit prealablement couper le poll et bien laver l'endroitoü viventlespoux, les acares et en general tous les epizoaires que Ton veut faire mourir.
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12deg; Mödication hydrotherapique
La midication hydrotherapique s'applique particuliöre-ment aux maladies externes des aaimaux domes-tiques. Depuis bien des annees que nous pratiquons la medecine vetörinaire, nous avons tous les jours ete ä möme de constater les excellents effels de 1'eau; nous en avons vulgarise l'emploi el nous avons essaye, dans plusieurs publications, de la faire accepter par tout le monde.
L'hydrotMrapie est une methode de traitement qui consiste k combattre les maladies par l'usage de l'eau.
L'eau est bien reellement un agent therapeutique,en raison de ses proprietes physiques. En effet, sa valeur repose sur la somme plus ou moins grande de calorique qu'elle renferme et son role est celui de vehicule.
On I'emploie tiMe ou froide, mais le plus souvent sous ce dernier etat. Le but qu'on se propose, en I'uti-lisant, est de produire sur un point donne une eleva­tion ou un abaissement de temperature, de provoquer dans une region du corps de l'animal un mouvement de reaction ou de soustraire une partie de la chaleur anor­male.
Dans son acception generale, le mot d'bydrotberapie comprend tous les traitements qui ont l'eau pour base. On en a restreint la signification en l'appliquant de preference aux affusions et aux douches.
L'emploi de l'eau dans le traitement des maladies des animaux remonte a la plus haute antiquity. Les hom­ines, en döcouvrant de nouveaux remedes, soil dans le regne mineral, soit dans le r^gne vegetal, ne I'ont point abandonnöe, et avec juste raison.
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TRAITE DES MALADIES Du CHEVAL.
On a ledröitde s'etonner qu'on ait mis, en medecine humaine, autant d'annees k vulgariser l'usage de l'eau, sous forme d'aflusions et de douches. Aujourd'hui, toutes les villes d'une certaine importance et tons les ports de mer frequentes par les baigneurs possedent des etablissements hydrotherapiques qui rendent la sante ä beaucoup de malades.
Les v6terinaires auraient du, il y a longtemps, imiter les medecins dans ce mode de traitement et en appli-quer les effets aux animaux domestiques. Ce n'est que depuis quinze ans, grace aux travaux de quelques veterinaires distingues, que l'usage des douches s'est un peu repandu; mais il s'en faut de beaucoup qu'il se soit generalise.
Nous nous sommes, pendant vingt annöes de prati­que, applique a resoudre ce problöme : guirir vite et d bon marcM. On n'est reellement utile aux proprietaires que quand on realise ces deux conditions.
Les animaux domestiques reprösentent un capital qui, s'il ne fructifie entre les mains de ceux qui le pos­sedent, n'a plus sa raison d'etre. Un animal devient-il malade, la production s'arröte, et si le traitement dure longtemps et exige l'emploi de medicaments dispen dieux, on eprouve, d'une part, une perte de temps, et, d'autre part, une perte d'argent.
. La polypharmacie a rendu peu de services a la me­decine, et nous pretendons qu'un veterinaire habile, avec sa trousse et quelques medicaments choisis, pent et doit guerir toutes les maladies. De plus, I'hydrothe-rapie, sagement utilisee, devient entre les mains du praticien un puissant auxiliaire pour eloigner et com-battre les affections.
L'eau s'emploie de differentes manieres; savoir: 1deg; en lavages; 2deg; en lotions; 3deg; en bains; 4deg; en cataplasmes; 8deg; en aspersions; 6deg; en douches.
üuoiaue les aspersions et les douches fassent specia-
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lement l'objet de cette etude, je crois devoir yrattacher des moyens d'usage vulgaire, mais dont rimportance n'a pas ete jusqu'ä ce jour suffisamment demontree.
II faut bien I'avouer, les animaux domestiques ne sont genöralement pas entretenus avec toute la pro-prete desirable. Quelques propriötaires, soucieux de leurs interMs, eu prennent grand soin; mais la plupart des cultivateurs considörent ces precautions comme su-perflues et n'emploient aucun des precedes de pansage ä la main. Le plus souvent les ecuries renferment une couche epaisse de fumier^ur laquelle les animaux se-journent pendant des semaines entieres, d'ou les echauffements de la fourchette, la decomposition de la come, les crapauds, etc. D'autres fois, les planchers mal joints laissent 6chapper par leurs fentesde la pous­siere et de la graine de foin qui, en tombant sur les animaux, les salissent et leur irritent la peau.
La gale est une maladie assez rare sur le betail; mais les autres maladies de la peau sont trös-frequentes. A la campagne, lorsqu'un animal est atteint d'une affec­tion de la peau, presque toujours on demande au vete-rinaire s'il croit a la presence de la gale. Dans I'immense majorite des cas, la reponse du praticien est negative, car il reconnait une autre maladie qu'il attribue aux causes que nous venous de citer.
II vaudrait mieux, pour empöcher le mal, avoir des ecuries propres, en renouveler la litiere et tenir les planchers bien joints; mais lorsqu'il a fait son appari­tion, il est indispensable d'en retarder la marche et d'en annuler les elfets.
Quand les maladies de la peau sont un peu serieuses, on a la fächeuse habitude de'couvrir les parties malades d'huiles ou de corps gras qui, en rancissant au contact de l'air, aggravent I'affection au lieu de la faire dimi-nuer; ou bien, on pratique des frictions avec des pom-mades de vertu contestable.
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48nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
On a ledröitde s'etonner qu'on ait mis, en medecine humaine, autant d'annöes k vulgariser l'usage de Teau, sous forme d'aflusions et de douches. Aujourd'hui, toutes les villes d'une certaine importance et tous les ports de mer frequentes par les baigneurs possedent des etablissements hydrotherapiques qui rendent la sante a beaucoup de malades.
Les v6terinaires auraient du, il y a longtemps, imiter les medecins dans ce mode de traitement et en appli-quer les effets aux animaux domestiques. Ce n'est que depuis quinze ans, grace aux travaux de quelques veterinaires distingues, que l'usage des douches s'est un peu repandu; mais il s'en faut de beaucoup qu'il se soit generalise.
Nous nous sommes, pendant vingt annöes de prati­que, appliqu6 a resoudre ce probleme : guirir vite et ä bon marchi. On n'est reellement utile aux proprietaires que quand on realise ces deux conditions.
Les animaux domestiques representent un capital qui, s'il ne fructifie entre les mains de ceuxqui le pos­sedent, n'a plus sa raison d'etre. Un animal devient-il malade, la production s'arröte, et si le traitement dure longtemps et exige l'emploi de medicaments dispen dieux, on eprouve, d'une part, une perte de temps, et, d'autre part, une perte d'argent.
. La polypharmacie a rendu peu de services a la me­decine, et nous pretendons qu'un veterinaire habile, avec sa trousse et quelques medicaments choisis, peut et doit guerir toutes les maladies. De plus, I'hydrothe-rapie, sagement utilisee, devient entre les mains du praticien un puissant auxiliaire pour eloigner et com-battre les affections.
L'eau s'emploie de differentes manieres; savoir: 1deg; en lavages; 2deg; en lotions; 3deg; en bains; 4deg; en cataplasmes; 5deg; en aspersions; 6deg; en douches.
Quoiaue les aspersions et les douches fassent specia-
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lement l'objet de cette etude, je crois devoir y rattacher des moyens d'usage vulgaire, mais dont Timportance n'a pas 6te jusqu'ä ce jour suffisamment demontree.
II faut Men I'avouer, les animaux domestiques ne sont gönöralement pas entretenus avec toute la pro-pretö desirable. Quelques proprietaires, soucieux de leurs interöts, en prennent grand soin; mais la plupart des cultivateurs considerent ces precautions comme su-perflues et n'emploient aucun des procedes de pansage k la main. Le plus souvent les ecuries renferment une couche epaisse de fumie^sur laquelle les animaux se-journent pendant des semaines entieres, d'ou les 6chauffements de la fourchette, la döcomposition de la corne, les crapauds, etc. D'autres fois, les planchers mal joints laissent echapper par leurs fentesde la pous­siere et de la graine de foin qui, en tombant sur les animaux, les salissent et leur irritent la peau.
La gale est une maladie assez rare sur le betail; mais les autres maladies de la peau sont trös-frequentes. A la campagne, lorsqu'un animal est atteint d'une affec­tion de la peau, presque toujours on demande au vete-rinaire s'il croit a la presence de la gale. Dans I'immense majorite des cas, la reponse du praticien est negative, car il reconnait une autre maladie qu'il attribue aux causes que nous venons de citer.
II vaudrait mieux, pour empecher le mal, avoir des ßcuries propres, en renouveler la litiere et tenir les planchers bien joints; mais lorsqu'il a fait son appari­tion, il est indispensable d'en retarder la marche et d'en annuler les etfets.
Quand les maladies de la peau sont un peu serieuses, on a la fächeuse habitude de'couvrir les parties malades d'huiles ou de corps gras qui, en rancissant au contact de l'air, aggravent I'affection au lieu de la faire dimi-nuer; ou bien, on pratique des frictions avec des pom-mades de vertu contestablc.
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50nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
Abstention complete de friction et usage de Feau, telles sont les deux nrescriptions que nous recomman-dons frequemment
En lavant les parties attaquöes avec du savon noir, on detache de la peau les corps irritants. Les Images sont, de plus, de nature k tuer les insectes parasites qui fourmillent dans le poll des animaux et leur occa-sionhent des demangeaisons insupportables. C'est sur-tout pour les chevaux a polls longs que les lavages au savon noir sont utiles.
Comme second effet, les lavages calment rinflamma-tion en faisant cesser les causes agissantes; aussi, lorsque I'afiection est legere, un lavage suffit pour ob-tenir la guerison. On emploie I'eau tiede en hiver, et Ton evite d'exposer les animaux au froid.
Nous avons guöri bien des chevaux par des lavages executes une fois par jour pendant un mois et fait ces­ser des affections rebelles sans perte du temps et sans #9632;depense d'argent.
Pour les animaux qui ont les pieds malades par suite d'un sejour prolonge ä l'ecurie, il suffit denettoyer les sabots, de faire enlever la come qui a öprouve un commencement de decomposition et de lotionner avec du lait de cbaux les parties endommagees.
Les lotions font suite aux lavages. Lorsque raffection #9632;est tenace, on a recours les jours suivants aux lotions. L'eau, dans laquelle on a trempe I'eponge, pent 6tre froide ou chaude, suivant la saison, calmante ou stimu-lante, selon reffet qu'on veut produire. Sous I'influence #9632;de cette medication, les animaux se mordent et se grattent beaucoup moins, et l'affection, au lieu de s'eten-dre, diminue de plus en plus.
De m6me que les lavages, les lotions se font en biver avec de l'eau tiöde. Quand les affections de la peau sont aigues, c'est-a-dire quand les regions oü elles ont leur siege sont chaudes, rouges, douloureuses et tum6fl6es,
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il convient d'employer deslotions emollientes faites avec de la guimauve, du bouillon-blanc, ou du pavot, etc.; lorsqu'elles sont rebelles et ont une tendance a passer au type chronique, il faut avoir recours aux lotions astringentes, telles que les solutions d'alun, de carbo­nate de potasse, d'acetate de plomb liquide, etc. Ces indications sont pour les cas de force majeure, car la plupart du temps I'eau ordinaire sufflt.
G'est principalement dans les maladies des yeux et pour les blessures qu'on peut, avant Tarrivee du vete-rinaire, recourir k l'usage de l'eau. Ce liquide fait tou-jours du bien, tandis que, si Ton se lance dans une medication dont on ne connalt pas bien les efl'ets, on s'expose a commettre de graves erreurs.
Les collyres, aveclesquels on lotionneles yeux, sont d'une application difficile. Dans la majorite des cas, le liquide n'est pas mis en contact avec le globe oculaire et glisse sur les paupieres. L'agent medicinal qu'il con-tient est repandu en pure perte. L'eau pure agit done seule en rafraichissant les parties malades, et en cal-mant I'inflammation.
Aprös une chute ou un coup, la formation d'un ab-#9632;cks plus ou moins profond est souvent imminente. Par des lotions emollientes on calme I'inflammation, on fa-cilite la distension de la peau, et Ton favorise le travail pyogenique et, par suite, la sortie du pus.
L'eau entretient la fraicheur des plaies et les debar-rasse des matieres purulentes qui les recouvrent. Asso-•ciee k Palun, eile empöche les plaies de bourgeonner; au vin et ä l'eau-de-vie, eile stimule les plaies de mau-vaise nature ou gangreneuses.
En tout temps on a reconnu l'utilite des Sains. Les animaux en liberte nous indiquent, en se baignant fre-quemment, combien ce besoin est imperieux. Les ehe vaux conduits k I'abreuvoir se roulent obstinement dans l'eau, malgre les efforts de leurs conducteurs. et
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52 TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
les chiens, surtout ceux ä longs polls, ne peuvent se passer de se jeter frequemment a I'eau. Dans un travail que nous avons publiö il y a quelque temps, nous avons indique que l'eau ötait l'element de predi­lection du pore. Aujourd'hui il n'est pas un cocher qui ne lave les jambes de ses chevaux aprös une course, et tous les rouliers les menent au bain.
Get usage devrait 6tre generalise; tout le monde pos-sede un reservoir ou une mare, dfes lors il est facile de faire baigner les animaux chaque soir.
Suivant la saison, les bains doivent 6tre courts ou prolonges. Pendant la chaleur, on fait baigner les ani­maux jusqu'au ventre ; quand la temperature est plus basse, on les fait seulement passer dans I'eau jusqu'au jarret; enfin en hiver on doit supprimer les bains et la­ver les jambes ä l'ecurie, afin de les debarrasser de la boue et de la poussiere qui entrent dans le poll et finis-sent, quand on n'y prend garde, par irriter la peau et determiner un suintement desagreable.
Pour les coups de pied, les 6carts, les allonges, les entorses, les distensions tendineuses et musculaires, les bains en eau courante sont fort recommandes. C'est surtout dans les fourbures alguSs qu'ils sont d'une grande utilite. Ils refroidissent le sabot et, par suite, chassent de cette region le sang qui s'y etait conges-tionne. A I'ecole d'Alfort, on a fait construire un grand bassin qu'on remplit d'eau ä volonte et dans lequel les cbevaüx fourbus sejournent jusqu'ä ce qu'ils soient gueris.
Les bains, en nettoyantla surface exterieure du corps, font disparaitre les boutons et les ardeurs, et rendent le poil frais. Ils nettoient les pores de la peau, facilitent la secretion de la sueur et entretiennent la sante. LeS bains froids chez les sujets peu irritables sont tres-to-niques et essentiellement hygieniques. La medecine veterinaire, en voyant les heureux resultats sur I'es-
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pece humaine, ne saurait trop en conseiller I'usage, principalement pour les chevaux et les chiens. Les fails las plus nombreux prouvent que les bains, m6me pour les individus en sueur, sont salutaires, pourvu qu'ils soient g6n6raux. En efl'et, l'action etant genörale, il en resulte que la reaction Test egalement, et que celle-ci est d'autant plus accusee que le bain aura ete plus froid.
Au lieu d'adopter des pratiques rationnelles qui toni-fient, on a recours k des facons diametralement oppo-sees. Les gens riches s'efforcent de rendre leurs ani-maux impressionnables, et les revötent de couvertures et de camails. En les ornant d'appareils pour lesquels ils n'ont point 6te fails , on leur rend un mauvais ser­vice, car la moindre variation atmospherique, le plus petit courant d'air, la moindre pluie, se traduisent par des troubles et des lesions graves des organes internes.
Les cataplasmes sont des lopiques de la consislance d'une bouillie epaisse, que Ton compose avec des plan­los cuiles elhachees ou de la farine de graine de lin. En medecine v6terinaire, les cataplasmes ne s'appliquent guöre qu'a la gorge, en cas d'angine, el au pied lors-qu'il y a boiterie. Dans le cataplasme, c'est I'eau seule qui agil en ramollissant la corne et en facililant son extension. Les herbes hachees el la farine de graine de lin ne servenl qu'ä maintenir I'eau en contact avec les parties malades.
La preuve que I'eau exerce une grande influence sur les sabots des chevaux, c'est que ceux qu'on eleve dans les pays maröcageux ont les pieds generalement larges el plats, la corne peu epaisse el molle; landis que dans les contrees chaudes ou monlagneuses les chevaux ont le sabot petit et resserrö, la corne epaisse et dure. Lorsque des chevaux n6s en France el appartenanl k noire cavalerie sont conduits en Afrique, la grande cha-leur de cetle region depouille les sabots de I'eau qu'ils contiennent. fail fendre la corne. occasionne deSseimes
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TRATTE DES MALADIES DU CHEVAL.
et par suite des boiteries longues et douloureuses. Ce sont ces inconvenients qui ont decide le gouvernement ä n'utiliser pour Tarmee d'AMque que des chevaux algeriens qui supportent le climat saus difficulte.
Quand on ne peut, en hiver surtout, donner aux che­vaux des bains jusqu'ä mi-jambe, on doit utiliser les cataplasmes, dans les cas de fourbure aigue et de boi­teries du sabot et möme dans le cas de boiteries ä siege inconnu.
Le plus souvent, les boiteries tiennent ä une affec­tion du sabot. On se rend aisement compte de cette particularite, en songeant ä la construction delicate et compliquee de cette region et surtout aux nombreuses causes qui agissent sur eile ; c'est, en effet, le siege des mouvements les plus etendus et le support de tont l'organisme.
Le proprietaire quivoit son cheval boiter sans qu'au-cune cause appareute indique bien le siege de la clau-dication, doit supposer que l'affection est localisee dans le pied, car, comme nous l'avons deja dit, sur cent boi­teries, soixante au moins proviennent du pied.
On plonge le sabot dans un cataplasme qu'on arrose deux ou trois fois par jour avec de l'eau et qu'on re-nouvelle toutes les vingt-quatreheures. Sous Tinfluence du cataplasme, la corne absorbe d'abord l'eau qu'il con-tient; puis eile se ramollit, se dilate, et en prenant de l'extension, cesse de comprimer les parties sous-jacen-tes : un mieux se manifeste aussitöt, et laraison enest facile ä comprendre. Quand la boiterie ne cede pas ä ce traitement prolonge pendant trois jours, la presence du veterinaire est indispensable. Le pralicien est toujours satisfait d'avoir vu prendre de semblables precautions, d'autant plus que, s'il est oblige de pratiquer une ope­ration, sa besogne se trouve singulierement simplifiee, car l'eau, en ramollissant la come, facilite le passage de l'instrument trancbant.
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A la campagne, oü les chevaux marchenl sans cesse sur ia terre et dans les chemins humides, oü ils sejour-nent sur une litiöre trop peu souvent renouvelee, les boiteries du sabot sent rares et les applications de ca-taplasmes presque inusitees. II arrive cependant que les animaux se coupent sur des morceaux de verre ou de pierres aigues et prennent quelquefois des clous, de rue. Dans cecas, il faut toujours mettre des cataplasmes en attendant l'arrivee du veterinaire.
Dans les villes, au contraire, la principale affection des chevaux est la boiterie. En Fabsence de tout Symp­tome visible, on est conduit a. supposer que la souf-france est localisöe dans le pied. Si le diagnostic est difficile, le traitement Test encore plus. Ge n'est qu'au bout d'un temps tres-long que la claudication dispa-rait, et nousavonsvu quelquefois des veterinaires dis-tingues renöncer au traitement et engager les proprie-taires k se defaire de leurs chevaux.
Ces claudications tiennent ä deux causes principales : la premiere, aux reactions si dures du pave. Le sabot u'est pas seul k s'en ressentir; les membres eux-mamp;mes se fatiguent plus promptement, et l'usure est rapide. La fourbure, les etonnements du sabot, les contusions de la face plantaire, etc., etc., sont les resultats du tra­vail sur le pavö. La seconde cause est determin6e par la söcheresse de la come. Chez les personnes riches, les chevaux etant toujours sur la paille blanche et n'allant jamais dans la boue ni au päturage, il arrive que la corne se dessöche, que les talons se resserrent, et qu'ä la suite de ces modifications alterantes surviennent les bleimes et l'encastelure. Les chevaux ont alors le do-part froid, marchent avec difßculte et mtaie souvent boitent.
La trop grande proprete concourt ä produire la clau­dication. On yremedie par des cataplasmes ou des bains prolonges. Les cochers, en graissant les pieds, croient
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56nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
parer aux inconvenients d'une paille trop seche; ils se trompent, car la graisse ne penetre pas profondement; ils ne Tappliquent d'abord que sur la muraille, tandis que ce sont les talons et la sole qui sont generalement malades.
Beaucoup de chevaux ont des bleimes persistantes par suite de resserrement des talons. On a beau placer des fers ä planche, ferrer tous les quinze jours, de-gager lesa talons, ces moyens ne reussissent que pen­dant une semaine, et le mal reprend le dessus. Nous avons mis en pratique un traitesient qui a toujours ete couronne de succes, et nous le recommandons d'une facon toute particuliere. Lorsque nous avons affaire a des pieds resserres et m6me deformes, nous garantissons la guerison en operant de la maniere suivante :
Nous pratiquons de chaque cöte du sabot, sur les regions designees sous le nom de quartiers, deux ou trois incisions profondes, et dans le sens de la corne. Ces incisions ont pour but: 1raquo; de faciliter Textension des talons; 2raquo; d'aider l'introduction de Teau dans la corne. Puis, pendant un mois, nous faisons placer Ta-nimal malade sur un lit de sciure de bois fortement impregnee d'eau, de facon qu'il ait la liberte de ses mouvements tout en se trouvant dans une espece de bain prolonge. La nuit, l'animal est remis dans sa stalle, sur une litiere ordinaire. Au bout d'un mois de ce trai-tement, on peut I'utiliser, car les sabots ont repris leur forme premiöre. Comme mesure de precaution et pour eviter tout retour fächeux, nous prescrivons de remet-tre, de temps ä autre et pendant quelques beures, l'a­nimal sur ce lit de sciure de bois. M. le comte H.....
avait une jument de seile dont les allures s'alteraient sensiblement chaque jour, par suite de resserrement des talons et de bleimes persistantes. II en etait venu ä desesperer de sa jument et ä la considerer comme per­due, lorsque nous eümes l'occasion de lui vanter ce
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traitement. Apres un mois de soins, la böte etait com-pletement guerie.
Nous avons plusieurs fois, afin de demontrer Fexcel-lence du precede a des propri^taires incredules, moule le pied du cheval dans du plätre avant et apres rope-ration. On ne peut croire que ce soient les monies pieds, lant il y a de difference entre eux.
Ces soins, nous Tavouons, demandent de la perseve­rance ; mais, lorsqu'on a affaire ä des chevaux de prix qu'il est presque impossible d'utiliser sans cela, on est heureux de trouver un remede qui ne coüte rien et pare a ces inconvenients de deformation des sabots.
On a, dans ces derniers temps, luvente des ferrures aptes a faciliter Textension des talons. Nous les em-ployons aussi frequemmen t que possible et les recomman-dons. Quant aux instruments nommes desencastekurs, outre qu'il sont coüteux et d'un usage difficile, nous croyons qu'il ne peuvent agir sans le concours de l'eau qui ramollit la corne.
La pression et le frottement de la seile et des harnais, les contusions, les coups et plusieurs autres causes determinent des meurtrissures ä la surface du corps des animaux. Ces meurtrissures degenerent parfois en blessures graves, ainsi qu'on le volt dans les maux de taupe et de garrot. Les aspersions d'eau souvent reite-rees viennent calmer rinflammation et empöcher des consequences graves. Lorsqu'on ne peut utiliser ce mode de guerison, on met en pratique ce qui se fait au regiment. Les cavaliers, sitot qu'ils s'apercoivent que leurs cbevaux sont blesses, s'empressent de couvrir la partie malade avec une plaque de gazon ou une poche pliee en quatre, puis ils maintiennent ces objets tou-jours humides et froids par un arrosement repete.
On peut äugmenter considerablement l'efficacite des aspersions si Ton fait dissoudre dans l'eau un morceau de pierre divine.
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58nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRATTE DES MALADIES DU CHEVAL.
Dans les ecuries imperiales d'Autriche, on se sert,. depuis de longues annees, pour dissoudre les tumeurs et guerir les Wessures occasionnees par le frottement de la seile et d'autres harnais, d'une certaine pierre artificielle nommee holstein. Les excellents effets obte-nus la firent adopter dans presque toute TAllemagne. ensuite en Angleterre.
Quelques Francais, sportsmen distingues, voyageant dans ces con trees, furent ä m6me d'en cons tater les-resultats avantageux; aussi rapportörent-ils la recette avec eux.
Cette pierre se recommande specialement par les trois qualites suivantes: preparation facile, guerison rapide, prix modique.
On l'a appelee de diflerents noms : pierre divine, pierre merveilleuse, admirable, etc., suivant Fenthou-siasme des personnes qui Tavaient employee.
Elle se prepare de la maniere suivante:
Alun, 250 grammes;
Sulfate de fer, 32 grammes ;
Sulfate de zinc, 50 grammes ;
Sous-deuto acetate de cuivre, 50 grammes ;
Chlorhydrate d'ammoniaque, 50 grammes.
Quand tons ces corps ont et6 pulverises, on les met dans un vase de terre neuf sur un feu de charbon, et on les mele sans cesse avec une cuiller de bois. Lors-que le tout s'est transforme en une masse compacte, on retire le vase du feu, et, aussitöt qu'il se refroidit, la pierre est formte et devient homogene.
Quand on veut s'en servir on agit ainsi: apres en avoir pulverise un morceau gros comme une noix, on le met dans un litre d'eau que Ton agite de temps en temps pour häter la dissolution.
On bassine ensuite, ou Ton fait des aspersions sur les tumeurs ou les blessures occasionnees par les harnais. en ayant soin, si faire se peut, de laisser a la surface
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DESCRIPTION DES MEDICAMENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 5amp;
un linge imbibe, que Ton renouvelle ä mesure qu'il se seche. Si Ton a affaire ä un engorgement des membres, survenu a la suite d'une course prolongee, il faut trem-per les flanelles dans la solution et les appliquer par le procedö ordinaire. On les arrose ensuite frequem-ment.
Generalement il ne faut pas plus de quarante-huit heures pour que plaies, tumours ou engorgements soient gueris.
Certains chevaux sont froids au depart, et plus sou-vent cette hesitation est due k la finesse de la peau qui recouvre les epaules. Des lotions repetees sur ces parties affermissent la peau, I'endurcissent pour ainsi dire et, en la rendant moins sensible, donnent aux ani-maux une allure franche et naturelle.
Si le cadre de ce travail le comportait, nous pour-rions appuyer nos dires de cent exemples et d'autant d'afflrmations de personnes convaincues, mais nous preferons laisser ä chacun le soin d'experimenter et de juger.
500 grammes de pierre divine peuvent suffire pour deux chevaux pendant toute une annee, il est facile de s'en procurer chez tous les pharmaciens, au prix de 3 fr. les SOG grammes.
La douche est un precieux moyen de guerison dans les maladies externes des animaux domestiques. Lors-qu'elle est employee a temps et bien dirigee, il est peu de maladies qui lui resistent. Nous avons bien eu ä faire pour en demontrer l'excellence, et nous avons du vain-cre beaucoup de prejuges, avant de la faire admettre partout. Aujourd'hui beaucoup de personnes possedent des tuyaux au moyen desquels on dirige la douche a volonte. Dans les villes qui ne possMent pas un service d'eau et dans les campagnes, on donne des douches avec une grosso seringue qu'on emplit et qu'on vide frequemment. Plus on donne de douches, plus elles
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60 TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
durent longtemps, et plus aussi la reussite est as-suree.
On obtient par la douche des resultats plus certains que par les affusions, les bains et les lotions. La raison en est facile k comprendre: I'eau, en traversant Fair avant de venir frapper la partie sur laquelle on la dirige, se refroidit et abaisse la temperature de la region dou-chee. En placant un premier thermometre dans I'eau qu'on veut chasser, et un deuxieme a une distance de trois metres, si Ton vient k diriger la douche sur ce dernier, on voit qu'il accuse bientöt une temperature inferieure ä celle du premier. De plus, la pression uecessaire pour chasser I'eau avee force fait que ce liquide vient heurter assez violemment l'endroit malade. L'abaissement de temperature et le choc de I'eau sont done les deux agents qui concourent ä creer la supe-riorite de la douche sur les autres traitements hydro-therapiques.
La douche n'est salutaire, en medecine veterinaire, que dans les affections aigues. Quand une partie quel-conque du corps de l'animal est tumefiee, chaude, rouge, douloureuse, l'application de la douche est reclamee. L'eau, qui arrive froide et avec violence, commence par refroidir cette partie; puis, en resser-rant les vaisseaux sanguins, eile les fait diminuer de calibre et chasser le sang qu'ils contiennent; enfin eile annihile la douleur, car chacun sail que le froid a la propriete d'endormir la sensibilite.
On voit, d'aprfes cet expose, que la douche, en Poi­gnant le sang, en diminuant le volume des vaisseaux et en calmant la douleur, reunit toutes les conditions indispensables pour determiner une cure.
Les maladies qui reclament l'intervention de la dou­che sont les entorses, les distensions musculaires et tendineuses, les ecarts, les efforts de boulet, les efforts de tendons, les chutes sur les genoux, les coups, les
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DESCRIPTION DES MEDICAMENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;61
blessures, les engorgements du garrot et de la nuque, en un mot tous les accidents de nature ä empöcher le travail.
Lorsque ces affections sont anciennes et la boiterie de vieille date, la douche est inutile, ii fa'ut avoir recours aux lumieres d'un homme de l'art.
Nous avons obtenu dernierement un succes assec rare, au moyen des douches prolongees. M. A..., entrepre­neur, nous fit voir un cheval entier atteint d'une glossite. On designe sous cenomune inflammation de la langue. Get animal avail cet organe pendant et tel-lement enfle, qu'il etait oblige de tenir sa beuche ouverte demesurement. Malgre cela, la langue prit encore dans la nuit de telles proportions, que les dents lacouperent etentrerent dans son tissu. Pendant deux jours, on dirigea, sur la langue et la töte, des douches continues qui amenerent la guerison.
L'eau, administree de cette facon, nous permit de guerir plusieurs animaux qui, par suite de congestions cerebrales, etaient devenus furieux et se precipitaient sur les murs environnants, sans avoir conscience de leurs actions.
Les chevaux de voyage, ceux de louage, en un mot tous ceux qui font souvent des courses fatigantes, reviennent ä recurie avec des membres engorges. Quelques jours de repos et des douches font dkparaitre les traces d'un dur travail.
Apres une chute sur les genoux, bien des personnes appliquent sur ces parties des medicaments qui, sou-vent, font bourgeohner les plaies et amönent la defor­mation des genoux qui restent gros et bossues. Les douches, au contraire, raffermissent les chairs, ies res-serrent et procurent une cicatrice peu apparente. - 11 est impossible de guörir un mal de garrot sans les douches, soit qu'il y ait eu un simple phlegmon, soit qu'on ait ouvert des abchs profonds.
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62nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRAITE DES MALADIES DU CHEVAt.
L'administration des douches est possible en tout temps, excepte, cependant, pendant les froids ri-goureux.
Les douches tiödes sont tres-utiles dans les maladies du yagin des femelles domestiques et lors de la par­turition. Dans le premier cas, elles dötergent les parties enflammees et calment la douleur; dans le second, elles facilitent la distension du conduit destine ä laisser passer le produit de la conception. On peut, lorsque le travail est lent, associer la belladone a Feau; la decoction de belladone ayant pour objet de dilater toutes les parties avec lesquelles eile est en contact.
Le cheval est tenu en main ou attache solidement au dehors. Puis, soit avec un visoir, soit avec une serin-gue, on dirige la colonne d'eau sur la partie que Ton veut traitor. On doit donner des douches pendant un quart d'heure au moins et recommencer quatre fois par jour; cependant, lorsqu'on ne peut espacer ainsi cette utile operation, on la conduit ä loisir.
Si ce sont des douches tiedes H internes, on agit de la m6me facon que pour donner des lavements, mais en usant d'un peu plus de precaution.
Les maladies aigues exigent, en general, une medi­cation antiphlogistique. On comprend aisement quune region qui est enflammee sera plus vite guerie par l'emploi des calmants que par celui des corps irritants qui viennent encore exag6rer la maladie. Les douches sont rangees dans la classe des medicaments antiphlo-gistiques; en refroidissant les parties malades, elles attenuent I'inflammation. Lorsqu'une personne se brüle un doigt, instinctivement eile plonge ce doigt dans de l'eau tres-froide, car eile comprend que la refrigeration calme sa brülure et la guerit.
L'hydrotherapie, sous quelque forme qu'on I'em-ploie, est done un remede souverain dans une infinite de maladies. Comme beaucoup d'affections ne sont pas
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guenssables, il arrive qu'elle est impuissante; mais, dans ce cas, il est supposable qu'une autre medi­cation aurait ögalement echoue, et Ton a encore I'avan-tage de n'avoir pas perdu d'argent en frais inutiles.
En resume, I'hydrotherapie appliquee aux maladies externes des animaux domestiques se recommande par les avantages suivants :
1deg; Economie de temps;
2deg; Economie d'argent;
3deg; Facility d'exeeution ;
4deg; Diminution de douleur pour les animaux ;
8deg; Certitude de resultats excellents.
Elle n'exige ni soins assidus ni moments choisis ; on peut I'employer pendant des heures entieres ou cesser subitement sans aucun inconvenient. Generalement on laquo;hoisit le temps pendant lequel on est le moins occupe.
Rien k döpenser; on trouve toujours I'eau en abun­dance. II est preferable, pour tout le monde, de se servir d'un agent reparateur qui ne coüte rien plutöt que de recourir aux agents pharmaceutiques dont le prix est parfois assez eleve. Quand le succes repond au traitement, on I'a obtenu sans bourse delier ; lorsqu'au contraire la medication n'a pas reussi, il est supposable que les medicaments achet6s auraient eu le meme sort.
II est tres-facile, en effet, d'appliquer des cata-plasmes, d'administrer des doucbes ou de faire prendre ies bains. L'homme le moins expert est promptement mis au courant de ces diverses operations et s'en tire a merveille. Quand les hommes sont tres-occupes, au moment des grands travaux du printemps et de Pete, les femmes et möme les enfants de quatorze k quinze ans peuvent les remplacer.
Les animaux, qui sont nos serviteurs-nes, qui nous soulagent dans nos travaux, qui nous donnent leur vie
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64nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
tout entiöre, afin d'ameliorer la nötre, ont bien droit k un peu de reconnaissance de notre part. L'homme com-patissant doit les bien traiter, les nourrir avec soin, leur eviter des fatigues, et enfin diminuer la souffrance dans le traitement des maladies.
L'hydrotbörapie attaint ce but en retrancbant Fem-ploi des setons, des frictions irritantes, des feux dits anglais et francais, en un mot, de toutes les substances qui apportent la douleur avec elles. L'eau calme la cbaleur des parties malades et, ä la longue, en fait dis-paraitre le gonflement.
Nous n'avons jamais vu cette medication ecbouer lorsqu'on s'en est servi ä temps, et que le mal n'est pas irremediable. Les exemples que nous avons cites plus baut sont.autant de preuves a I'appui.
Toutes les observations qui precedent doivent quelquefois ceder le pas a une marcbe irreguliöre qui depasse les previsions. II faut'donc, quand on s'aper-coit que l'usage de l'eau n'atteint pas le but qu'on se proposait, recourir aux lumieres d'un veWrinaire. Mais dans l'immense majorite des cas, eile rend, a.la ville et k la campagne, les plus grands services. Elle a toujours fait du bien, jamais de mal.
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CHAPITRE JI
PREPAKATION ET MODE d'ADMINISTRATION DES MEDICAMENTS
Les mödicaments se preparent et s'administrent de plusieurs manieres trös-differentes. Comma on revient sans cesse, en parlant des maladies, sur Tune ou I'autre de ces formes, nous allons les döcrire en pen de mots.
La macamp;ration est une operation pharmaceutique qui consiste äsoumettre,ä froid, un corps solide quelconque k l'action d'un liquide avec lequel on le laisse en con­tact pendant un temps plus ou moins long, pour que ce liquide dissolve tout ou une partie de ses principes constituants.
On appelle infusion une operation de pharmacle qui consiste a verser et a laisser ensuite refroidir de Feau bouillante sur des plantes dont on veut extraire les principes medicamenteux. Au lieu de verser le liquide sur la substance medicinale, on peut encore preparer I'infusion en jetant cette substance dans I'eau en ebul­lition, et en ayant bien soin de retirer tout de suite le vasedufeu etde le couvrir pendant quelquesminutes. On reconnait qu'une infusion est faite, lorsque le degre de temperature du liquide est en 6quilibre avec celui de Tatmosphere. Le contact de I'eau avec les plantes vertes doit 6tre plus long que quand il s'agit de plantes des-sechees. Ge sent les plantes aromatiques que Ton traite principalement par infusion.
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66nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRATTE DES MALADIES DU CHEVAL.
Les dicoctions se preparent en faisant bouillir dans un liquide les substances medicamenteuses dont on veut extraire les principes solubles. Les plantes, en gene­ral, ne fournissent pas par la decoction des liquides plus charges de principes medicamenteux que ceux qu'on prepare par infusion. Dans la plupart des eas, la decoction donne des produits inftirieurs en quality a ceux qu'on obtient de l'infusion et de la maceration. II convient done de reserver la decoction pour les bouil­lons mucilagineux et pour reduire le liquide au tiers ou k la moitie, suivant le resultat que Ton desire. Du reste, les regies qui regissent cette operation ne sont guere precises et n'ont pas une grande importance.
On appelle cataplastnes des preparations, le plus sou-, vent emollientes, destinees a 6tre appliquees sur une partie endolorie ou malade. Ces topiques se presentenl toujours sous forme de bouillie epaisse; on les compose avee des pulpes, des poudres, des farines ou des herbes hachees. Les plus usites sont les cataplasmes de son et de farine de graine de lin; pour preparer le premier d'uue maniöre convenable, on fait cuire leson, on le retire de Feau et on I'applique lorsqu'il est suffisammeoi refroidi; le second est d'un si frequent usage qu'il nous parait inutile d'en parier longuement.
II Importe que les cataplasmes ne soient pas appliques trop chauds, il faut que la main puisse en supporter le contact; il Importe encore qu'ils soient consistants afln qu'ils tiennent mieux sur la region qui les reclame. Une fois en place, le cataplasms peut y raster pendant vingt-quatre heures an moins, si Ton a la precaution de l'arroser de temps a autre avee le liquide qui a servi a le confectionner, ou simplement encore avee de l'eau tiede.
Les cataplasmes dont uous venons de parier sont dits 6mollients; il en est d'autres dont I'action est differente, teis sent les cataplasmes excitants, maturatifs, etc. En
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PREPARATION ET ADMINISTRATION DES MEDICAMENTS. 67
passant les plantes en revue, nous avons indique les proprietes de chacune d'elles, ainsi qua leur mode d'emploi.
Les sinapismes ne sent autre chose que des cataplasmes dont la moutarde forme la base et qu'on applique pour determiner la ruböfaction et par suite une revulsion salutaire. On prepare un sinapisme en delayant la mou­tarde dans de l'eau froide et en etendant sur un linge la bouillie qui resulte de cette operation; on entoure ensuite la region designee et Ton attend l'effet de la medication. On s'apercoit que le sinapisme a produit son action, lorsque la peau est chaude, rouge, douloureuse et qu'elle est le signe d'un gonflement caracteris-tique. II n'est pas toujours possible d'etendre la mou­tarde sur un linge et de suivre la marche indiquee; pour les membres, par exemple, on I'applique sous forme de crepissage que Ton renouvelle sou vent.
Bien des p'ersonnes se figurent qu'elles augmentent l'efficacite de la moutarde en la delayant avec de l'eau bouillante ou avec du vinaigre. Ges deux pratiques sont vicieuses : l'eau bouillante s'oppose ä la fermentation qui n'a lieu qu'ä froid et dont le resultat est le deve-loppement de l'essence de la moutarde; le vinaigre neu­tralise 6galement une partie de l'effet de cette graine. L'essentiel est d'avoir de la moutarde de l'annee et fralchement moulue.
Le lavement, dont I'utilite a 6t6 demontröe, en parlant des medicaments emollients, est l'injection d'un liquide faite par I'anus dans I'intestin, au moyen d'une serin-gue. On n'a pas encore invente pour les animaux d'ap-pareil special plus commode que ce simple instrument. Le liquide lubrifie I'intestin et produit des effets varies suivant la nature des substances employees k sa pre­paration. L'administration d'un lavement demande quelques precautions: ily a, d'abord, lieu de le donner toujours tiede; ensuite, il convient de ne point Messer
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68nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRAITE DES MALADIES DU QHEVAL.
le rectum par une introduction maladroite de la canule de la seringue; enfin, il faut avoir soin de s'assurer qua rinstrument ne contient pas d'air, mais, au contraire, qu'il est exactement rempli de liquide.
Dans las pays pauvres, les cultivateurs na possedeht pas de seringue; il est facile d'obviar k cat inconve­nient. On adapte un tube, fait avec un brauche de su-reau, ä l'ouverture d'une vessie de pore; on remplit cette cavit6 en se servant d'un entonnoir, puis onintro-duit le tube dans l'anus, on presse sur la vessie et Ton chassa dans l'interieur le liquide qu'elle contient.
On appelle lotion Faction de laver une partie quel-conque du corps, en promenant sur la surface un linge ou une eponge trempea dans un liquide, tel que l'eau simple, froide ou chaude, une infusion, una decoction, une solution, etc.
La fomentation difföre de la lotion an ce qu'alle est continue. On trampe dans un liquide soit un morceau de linge ou de flanelle, soit une eponge; on bassine longtemps la partie malade et souvent möme on laisse le linge et la flanelle pendant un temps Ires-long en -contact avec la region que Ton desire soulagar. Da möme qua las lotions, las fomentations sont aqueuses, vi-neuses, alcooliques, huileuses, etc., selon le but qu'on se propose.
Les charges sont des topiquas irritants et resolutifs que Ton applique sur une partie malade. Nous decri-vons dans le chapitra suivant les charges las plus em­ployees an medecine veterinaire.
En traitant de la medication rubeflante, nous avons vu quels 6taient les efl'ats de la. friction ; il nous raste ä indiquer la maniere de conduire las onctions ou frictions medicamantausas. Avant d'appliquer les onguents, il faut echaufferla place qu'ils doivent occuperparune fric­tion seche falte avec la main ou avec une brösse: puis ön etendla matiöre grasse par portions minimes et sue-
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PREPARATION ET ADMINISTRATION DES MEDICAMENTS. 69
cessives; enfln, on etale une couche derniere plus epaisse que ies autres. La main est le meilleur instru­ment pour frictionner; seulement quand on a affaire ä des substances irritantes, I'onguent vesicatoire par exemple, il est bon de se laver promptement afin d'evi-ter des accidents cons6cutifs.
On appelle fumigation la reduction d'une substance quelconque en vapeurs que Ton dirige sur une partie du corps, pour y determiner des effets therapeutiques. On fait bouillir du son ou des plantes emollientes. et Ton expose sous le nez de l'animal les vapeurs qui s'ex-halent de l'eau qui a servi a faire la decoction. Nous avons vu dans le chapitre precedent, comment on pra­tique les fumigations excitantes.
Nous avons eu frequemment l'occasion de parier des ilectuaires; on donne ce nom a des melanges pbarma-ceutiques composes de poudre et de miel ou de melasse. On les obtient en incorporant les poudres au miel et en divisant la masse en petites boules ou pilules que Ton administre de la maniöre suivante : on prend une baguette de la maindroite, on pique la pointe dans une des pilules; de la main gauche on saisit la langue de l'animal et on l'amöne en dehors de la bouche; puis on introduit profondement la pilule, on lache la langue et on retire en m6me temps la baguette. Le bol depose sur la base de la langue est entraine, par le retrait de cet organe, dans la gorge et de lä dans Tcesophage oü 11 suit la route accoutumee. Les electuaires sont adoucissants, toniques, etc., suivant les maladies.
Quand les substances medicamenteuses n'ont pas un gout trop desagreable, on les mole aux boissons ordi-naires et on les prösente de cette facon au cheval; mais dans le cas contraire, on est oblige de les lui administrer de force. G'est sous forme de breuvage que, le plus sou-vent, on contraint l'animal ä recevoir les medicaments. Afin que le liquide ne fasse fausse route et ne tombe dans
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70nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
les voies respii-atoires, il convient de prendre les pröcau-. tions suivantes. On se sert d'une bouteille, dont on a au pr6alable entoure le goulot de filasse, pour eviter que le cheval ne le Lrise entre ses dents; puis, on fait enle-ver la t6te par un aide et on inteoduit le goulot de la bouteille dans la beuche et entre les levres, ä Fendroit des barres; enfin, dans cette position on verse le breu-vage par petites gorgees, en ayant soin de pincer la peau de la gorge, dans le but de faciliter la deglutition. La difficulte de l'operation consiste a maintenir la töte elevee. Deux precedes sent en vigueur : dans le pre­mier on attache la lete au rateller, mais les chevaux laquo;nergiques tirent au renard et courent le risque de se blesser; e'est pourquoi, il vaut mieux accorder la pre­ference au second Systeme. Aveclalonge, on forme une anse que Ton passe dans la mamp;choire superieure, on, place cette anse entre les branches d'une fourche qui fait alors l'office de levier. Certains animaux peureux ou indociles se refusent ä prendre les medicaments; dans ce cas on se sert dk la seringue qu'on emplit et qu'on introduit par Tun des cötes de la bouche; on pousse doucement le liquide qui peu a peu est avalö, et on evite des embarras fäcbeux.
Les bridons ä breuvages ne sont encore utilises que dans les grandes inflrmeries; nous engageons cependant les eleveurs a en acheter, affirmant qu'ils en retireront de gränds avantages.
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CHAPITRE III.
PETITE PHARMAGIE DE CAMPAGNB
Dans toute exploitation Wen tenue il doit y avoir un meuble destine ä recevoir une petite pharmacie, quel-ques ustensües propres ä la preparation des drogues, et les instruments chirurgicaux necessaires pour prati-quer les operations elementaires, saignee, seton, enle-vement de la corne, etc.
Noms des medicaments usuels. — Le cultivateur, avons-nous dit plus haut, doit autant que possible utiliser les plantes que la nature a mises a sa portee; il arrive ce-pendant, surtout dans les maladies graves et a marche rapide, qu'il est oblige de recourir ä d'autres substances pharmaceutiques, c'est pourquoi nous donnons ici la liste des medicaments usuels qu'il pourra toujours se procurer chez les pharmaciens, etablis a la campagne, et qu'il fera bien d'avoir en partie, si son exploitation est importante. Nous y joignons les prix de la drogue-rie en gros.
Acetate d'ammoniaque — le kilogramme
Acide sulfurique........—
— chlorhydrique......—
Alcool camphre.........le litre
Aloes succotrin.........le kilogr
Ämmoniaque liquide......le litre
Bicarbonate de soude......le kilogr
Gamphre......... , . .
, 3 fr.
50
. 0
80
. 0
30
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Braquo;
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TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
Cannelle............nbsp; le kilogr
Cröme de tartre.........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Essence de terebenthine. ...nbsp; nbsp; le litre
Ether sulfurique........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Ex trait de saturne.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Farine de graine de lin.....nbsp; le kilogr
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;graine de moutarde. .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Gomme.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Goudron............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Huile de cade.........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Laudanum de Sydenham. . . .nbsp; nbsp; le litre
Liqueur de Villate.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Onguent (Egyptiac.......nbsp; le kilogr
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; fondant........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; vösicatoire......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Pommade de peuplier......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Poudre d'aconit.........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
—nbsp; nbsp; nbsp;de gentiane.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
—nbsp; nbsp; nbsp;de quinquina......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
—nbsp; nbsp; nbsp;de reglisse.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Sei de nitre...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Sulfate de fer (couperose verte) .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
—nbsp; nbsp; nbsp;de soude (sei de Glauber) .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; — Teinture d'aloös........nbsp; nbsp; le litre
. i fr.
30
. 5
raquo;raquo;
1
20
. 8
50
. 1
40
. 0
60
. 1
10
. 3
60
. 0
90
. 2
raquo;raquo;
. 30
sraquo;
a
40
. 3
40
7
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. 7
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. 2
60
. 2
50
. 0
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. 7
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. 0
90
. 2
raquo;raquo;
. 0'
30
. 0
30
3
gt;igt;
Dosage des medicaments applicables au cheval. — Dans le traitement de certaines maladies externes on est souvent oblige d'avoir recours a des preparations plus ou moins dangereuses. En consequence, toutes les fois qu'on applique de semblables substances sur la peau du cheval, on fera bien de l'attacher court et de l'em-pöcherdese lecher. Dans la description des medica­ments et des maladies nous -n'indiquons pas la dose, afin d'öviter des repetitions ennuyeuses et nous prefe rons donner ici le dosage applicable k chacune des substances les plus usitees. La liste est longue, parce
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PETITE PHARMAC1E DE CAMPAGNE. 73
que toutes les subtances decrites precedemment y trouvent place, et parce qu'il arrive encore souvent que le veterinaire emploie des medicaments energiques et no figurant pas dans le premier tableau.
USAGE INTERNE
Chevauxnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Chevaux
dc petite taille.nbsp; nbsp;de grande taille.
Absinthe............nbsp; nbsp; nbsp;35 gr.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 60 gr.
Acetate d'ammoniaque......nbsp; nbsp; 120 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 200__
—nbsp; nbsp; nbsp;de morphine.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2 __
Acide acetique (vinaigre), acidifi­cation des boissons, —
quantite süffisante. ...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo; raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo; k
—nbsp; nbsp; nbsp;arsenieux........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2__nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4 __
—nbsp; nbsp; nbsp; nitrique — pour 1 litre
d'eau..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;g_
—nbsp; nbsp; nbsp; sulfurique — pour 1 litre
d'eau..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;g_nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;g_
—nbsp; nbsp; nbsp; tartrique — pour un litre
d'eau..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3_nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4 __
Aconit (feuilles).........nbsp; nbsp; nbsp;20 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;30__
—nbsp; nbsp; nbsp;(teinture).........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;8 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 12 —
Alcool..............nbsp; nbsp; ISO —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 200 —
Aloes..............nbsp; nbsp; nbsp;23 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;75 —
Ammoniaque..........nbsp; nbsp; nbsp;10 __nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;25 __
Anis...............nbsp; nbsp; nbsp;40 _nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;60 —
Armoise.............nbsp; nbsp; nbsp;40 __nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;qq __
Arnica.............nbsp; nbsp; nbsp;40 _nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;60 —
Assa foetida...........nbsp; nbsp; nbsp;40 __nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;60 __
Aunee..............nbsp; nbsp; nbsp;50 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;80 -
Azotate de potasse (sei de nitre) .nbsp; nbsp; nbsp;15 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20__
— de soude........nbsp; nbsp; nbsp;20 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;25 —
Belladone (poudre de)......nbsp; nbsp; nbsp;20 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;30 —
Camomille............nbsp; nbsp; nbsp;20 ^ . , 30 —
5
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74 TRAITB DES MALADIES DUnbsp; nbsp;CHEVAL.
USAamp;E INTERNE
Chevauxnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Chevaux de petite taille. de grande talHe.
Camphre............nbsp; nbsp; nbsp;30 gr.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SO gr.
Cannelle............nbsp; nbsp; nbsp; ^0 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;60
Carbonate de soude bi).....nbsp; nbsp; nbsp;2S —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;40 —
Caiöne (öcorce de)........nbsp; nbsp; nbsp;2S —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 40 —
Gblorbydrate d'ammoniaque...nbsp; nbsp; nbsp;18 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2b —
— de morphiae .... 1 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2 —
Chlorure de sodium'sei de cuisine).nbsp; nbsp; nbsp;60—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;90 —
Gigue secbe (feuilles de).....nbsp; nbsp; nbsp;40 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;70 —
Colcbique............ 5nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 8
Goriandre............nbsp; nbsp; nbsp;3Snbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 8quot;
Digitale............. 3
Douce-amere...........nbsp; nbsp; nbsp;30 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;80 -
Em6tique............ 5—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^
Ergot de seigle.........nbsp; nbsp; nbsp;15 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2o -
Essence de lavande.......nbsp; nbsp; nbsp;30 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SO —
_ de terebentbine.....nbsp; nbsp; nbsp;25 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;40 —
Etber sulfurique.........nbsp; nbsp; nbsp;20 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;30 -
Fenouil.............nbsp; nbsp; nbsp;35 — 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;60 —
Fougöre male..........nbsp; nbsp; 150 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 200 —
Fröne (feuilles de)........nbsp; nbsp; nbsp;80 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 100 —
Gaiac...........• • • • 6deg;-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;80 quot;
Genievre (bales de)....... 70 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 100 —
Gentiane............nbsp; nbsp; nbsp;90 -nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 120 -
Gineembre........... 25 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;30
Girofle............. 20 -nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 30 -
Gomme arabique.....• • • • 70nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 100 —
Gomme-gutte.......... 18 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;25 -quot;
Grenadier (racine de).......nbsp; nbsp; 120 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 150 —
Huile de cade.......... 25 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;30 —
— empyreumatique..... 25 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;30
_ de ricin..........nbsp; nbsp; 400 -nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 600 -
lodure de potassium....... 6 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;10 —
Jalap.............. SO -nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;80 -
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PETITE PHARMAC1E DEnbsp; nbsp;CAMPAGNE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 75
USAGE INTERNE
Chevauxnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Chevaus
de petite taille.nbsp; nbsp; de grande taille.
Jusquiame...........nbsp; nbsp; nbsp;10 gr.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;15 gr.
.Kermfes.............nbsp; nbsp; nbsp;iö —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20 —
Laudanum de Sydenham ....nbsp; nbsp; nbsp; 15 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20 —
— de Rousseau.....nbsp; nbsp; nbsp;10 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;12 —
Manne.............nbsp; nbsp; 400 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 600 —
Matricaire............ 33__nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;50 —
Miel...............nbsp; nbsp; 200 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 300 —
Morphine............ 1 __nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i __
Mousse de Corse.........nbsp; nbsp; 200 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2S0 —
Noix de galle.......... 20__nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;30 __
Noyer (feuilles de)........nbsp; nbsp; 200 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 300 —
Opium brut........... 6 __nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;10 __
Pavot {totes de) — pour un litre
d'eau, 4 totes......nbsp; nbsp; nbsp; raquo; raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo; „
Poivre..............nbsp; nbsp; nbsp;23 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;30 —
Quinquina............nbsp; nbsp; nbsp;20 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;30 —
Raifort sauvage.........nbsp; nbsp; 130 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 200 —
R^glisse (poudre de).......nbsp; nbsp; nbsp;80 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 120__
Rhubarbe............nbsp; nbsp; 200 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 230 —
Ruefraiche...........nbsp; nbsp; nbsp;80 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 100 —
Sabine söche.......... 20__nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;23 —
Sassafras............nbsp; nbsp; nbsp;80 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 100 —
Scatnmonee........... 13 __nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;25__
Seille..............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;8 _nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;12 —
Sen6..............nbsp; nbsp; 100 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 120 —
Soufre..............nbsp; nbsp; nbsp;30 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;30 _
Suie...............nbsp; nbsp; nbsp;80 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 100 —
Sulfate de soude.........nbsp; nbsp; 300 — 1 000__
Tartrate borico-potassique (cr^me
de tartre soluble) ....nbsp; nbsp; nbsp;30 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;70 —
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CIIAPITRB IV
FORMULA.IRE VETERINAIRE
1deg; Boissons.
Iraquo; Boisson acidule eC amire. — Vinaigre, 200 grammes; decoction degentiane, 3 litres; eau, 12 litres. — M61ez. (Maladies putrides et charLonneuses.)
2deg; Boisson imolliente. — Decoction de racine de gui-mauve, 10 litres; miel, 500 grammes ; farine d'orge,. 2 litres. (Inflammations aigues.)
3deg; Boisson stimulnnte. — Plantes aromatiques, 500 gr.; eau, 10 litres. Faites infuser et ajoutez 4 grammes d'ex-trait de genievre.
i0 Boisson diuräique alcaline.—Decoction dechiendentr 10 litres; sei de nitre, 15 grammes; sulfate de soude, 100 grammes.
3deg; Boisson diuretique mucilagineuse. — Racine de gui-mauve, 120 grammes; graine delin, 40 grammes. Faites bouillir ces deux substances dans 10. litres d'eau; pas-sez et ajoutez lb grammes de sei de nitre.
6deg; Boisson antiseptique. — Vinaigre, 200 grammes camphre, 20 grammes; eau de Rabel, 50 grammes; vin de gentiane, 3 litres. Melangez. , (A-fl'ections gangre-neuses.)
7deg; Boisson laxative. — Sulfate de soude, 600 grammes ; creme de tartre soluble, 100 grammes ; eau, 10 litres ; farine d'orge, 2 litres
-
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l-'ORMUIAIRE VliTERINAIRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;77
8deg; Boissolaquo; sudorifique. — Infusion de fleurs de sureau et de tilleul, 10 litres; acetate d'ammoniaque, 100 gr. Attendre le refroidissement du liquide pour aj outer Tacetate.
9deg; Boisson vermifuge. — Mousse de Corse et fougere male, de chaque substance 120 grammes en infusion dans 5 litres d'eau.
2deg; Bols.
l0Boüoniglaquo;eaOTer.—Poudredegentiane, 18 grammes; de cachou, 10 grammes ; de rhubarbe, 8 grammes; ex-trait de genievre, 2 grammes ; miel, en quantite süffi­sante pour lier la masse. Faire trois bols.
2deg; Bol Unique ferrugineux. — Sulfate de fer, 10 grammes ; aloes, 8 grammes; cannelle, 10 grammes ; miel ou me-lasse, quantite süffisante. Faire trois bols.
3deg; Bol expectorant. — Kermes, 80 grammes ; tereben-thine. 20 grammes ; bales de genievre, 80 grammes ; miel, quantite süffisante. Faire quatre bols. (Bron-chite chronique.)
4deg; Bol stibio-opiaci. — Emetique, 6 grammes; opium, 8 grammes ; camphre, i grammes; miel, quantite süf­fisante. Faire deux bols. (Affections chroniques de la poitrine.)
8deg; Bol diurelique. — Digitale, 8 grammes; scille, 12 grammes; colchique, 10 grammes; extrait de ge­nievre, 18 grammes; miel, quantite süffisante. Faire quatre bols.
6deg; Bolpurgatif. — Aloös, 120 grammes; savon blanc, 30 grammes; miel, quantite süffisante. Faire quatre bols.
'quot;Bolpurgatif drastique. — Aloes.ßQgrammes; gomme-
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78nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRAITE DES MALADIES DO CHEVAL.
gutte, 30 grammes; scammonee, 13 grammes; miel. quantite süffisante. Faire quatre bols.
3deg; Breuvages.
1deg; Breumge astringent. —Ecorce de chöne, ISgrammes; noix de galle, 15 grammes; miel, 100 grammes ; eau, 2 litres. Paites bouillir les deux premieres substances dans l'eau, passez et faites dissoudre le miel.
2deg; Breuvage stimulant alcoolique. — Faites infuser dans un litre de vin: bales de genievre, 30 grammes ; can-nelle, 30 grammes; anls, 15 grammes. Passez et admi-nistrez tiede.
3deg; Breuvage stimulant ammoniacal. — Infusion de plantes aromatiques, 1 litre; ammoniaque liquide, 30 grammes. Laissez refroidir l'infusion et ajoutez I'ammoniaque.
4deg; Breuvage calmant. — 60 grammes de feuiUes fraiches de belladone en infusion dans 1 litre d'eau, laudanum de Sydenham, 15 grammes. Operez comme dessus.
5deg; Breuvage narcotique. — Extraitd'opium, 10 grammes; decoction de feuilles de belladone, 50 grammes. Faire d'abord la decoction et dissoudre ensuite I'extrait d'opium.
6deg; Breuvage sudorifique. — Faites infuser 120 grammes de fleurs de sureau et autant de üeurs de camoraille dans deux litres d'eau, passez et ajoutez, lorsqua le liquide est. refroidi , 25 grammes d'ammoniaque liquide.
7deg; Breuvage diuretique. — Racine de guimauve, 30 grammes; graine de lin, 15 grammes; creme de tartre soluble, 40 grammes. Traitez par decoction, passez et dissolvez le sei.
W Breuvage stomachique.—Anis, 30 grammes; camo-mille, 15 grammes; absinthe, 10 grammes. Faites
. #9632;
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FORMULAIRE #9632;VETERINAIRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 79
infuser, laissez refroidir etajoutez 10 grammes d'alcool. Excellent pour Findigestion.)
4deg; Cataplasmes.
1deg; Cafaplasme antiseptique. — Poudre de charbon de bois et poudre de tan mölees et delayees avec du vin aromatique et de I'essence de terebenthine.
2deg; Cataplasme aromatique. — Faites bouillir des som-mites de plantes aromatiques, mettez-les dans un sa­chet, et entourez la partie malade. (Infiltrations, en­gorgements articulaires ou tendineux.)
3deg; Cataplasme astringent. — Suie de cheminee et terre glaise delayees en parties egales avec une solution de sulfate de fer. (Fourbure.)
4deg; Cataplasme narcotique. — Faites cuire des feuilles de belladone, jusquiame, ciguö, etc.; Mchez-les et appli-quez ensuite.
5deg; Carats.
1deg; Cerat satumi. — Gerat simple, 30 grammes; extrait de Saturne, 2 grammes. Incorporez.
2deg; Gerat opiace. — Gerat simple, 50 grammes; extrait aqueux d'opium, 2 grammes. Incorporez.
3deg; Cerat laudanisi. — Gerat simple, SO grammes; laudanum de Sydenham, 20 grammes. Operez comme dessus.
4deg; Cerat de eigue. — Gerat simple, 20 grammes ; extrait de cigue, 20 grammes. Incorporez. (Engorge­ments anciens.)
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80nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRATTE DES MALADIES DU CHEVAL.
5deg; Gerat belladone. Gerat simple, 30 grammes ; extrait de belladone, 10 grammes. Comme dessus. (Pour dilater les ouvertures naturelles.)
6deg; Girat camphre. — Gerat simple, 200 grammes; cam-phre, 30 grammes. Reduire le camphre en poudre ä l'aide de quelques gouttes d'alcool et incorporer. (Plaies gangreneuses ou. de mauvaise nature.)
6deg; Charges.
1deg; Charge risolutive simple. — Prenez : poix de Bour-gogne, 200 grammes; huile grasse, 80 grammes, et essence de tercbenthine, 70 grammes. Faites fondre la poix dans Fhuile ä une douce chaleur, retirez du feu et ajoutez l'essence en agitant sans cesse la masse jusqu'ä complet refroidissement.
2deg; Charge rcsoluiive ammoniacale. — Prenez : tereben-thine, alcool camphre et ammoniaque, de chaque 60 grammes. M61ez ä froid dans un mortfer.
7deg; Collyres.
1deg; Collyre ammoniacal. — Prenez parties egales de sei ammoniacal et d'alun calcine. Pulverisez et melangez. (Tales de la coraee.)
2deg; Collyre de Beer. — Prenez parties egales d'alun cal­cine et de sulfate de zinc et deux parties de borax. Pul­verisez et melangez.
Zquot; Collyre anodin. — Laudanum de Sydenham , 1 gramme; teinture de safran, 2 grammes; eau de rose, 30 grammes. Melangez. (Ophthalmie chronique.)
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FORMÜLAIRE VETEIUNAIRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;81
4deg; Collyre astringent. — Sulfate de ziuc, 1 gramme; exude rose, 30 grammes. Dissolvez.(Ophthalmies debu­tantes.)
5quot; Collyre belladoni. — Extrait de belladone, 10 gram­mes; eau, 200 grammes. Dissolvez et filtrez. (Oplithalmics douloureuses.)
6deg; Collyre excitant. — Ammoniaque liquide, 4 gram­mes; ether sulfuriqtie, 1 gramme; essence de menthe, 10 grammes ; eau de rose, 30 grammes. Divisez Tether dans l'essence et rammoniaque dans I'eau. Melangez. {Ophlhalmies anciennes.)
8quot; Eaus.
Iquot; Eau blanche. — Prenez : extrait de Saturne, 20 grammes; eau, 1,000 grammes. Melez.
2deg; Eaudechaux. — Prenez : chauxrecemmenteteinte, 2ö grammes; eau, 1,000 grammes. Delayez et filtrez.
3deg; Eau de goudron. — Prenez : goudron, 200 grammes: eau, 1,000 grammes. Laissez macerer pendant 15 jours et decantez.
4' Eati de Babel. — Prenez : acide sulfurique, 100 grammes; alcool, 300 grammes. Ajoutez Pacide ä Palcool goutte ä goutte et agitez. (Plaies Wafardes et gangreneuses ; caries, fistules, etc.)
Sdeg; Eau-de-vie camphröe. — Prenez : camphre. 22 gram­mes ; alcool ä 22deg;, 1 litre. Dissolvez.
G* Eau contre les poux. — Faites infuser, pendant 10 heures, 120 grammes de tabac dans 1 litre d'eau bouillante.
7deg; Eau ferric. — Plongez ä plusieurs reprises, dansun vase rempli d'eau, un morceau de fer rougi au feu. (Pauvrete du sang.)
5.
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82nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRA.ITE DES MALADIES DU CHEVAL.
8deg; Eau mtillie. — Nous avons vu, en parlant des me­dicaments toniques, comment on I'oLtient.
9quot; Fumigations.
•1deg; Fimiigation imolliente. — Faites bouillirdans de l'eau du son et de la guimauve. Plaeez sous le nez du che-val. (Maladie aiguö des voies respiratoires.)
2deg; Fumigation astringente. — Prenez : goudron, 125 grammes; suie de cheminee, 200 grammes; vinaigre, 1/2 litre ; eau, 8 litres. Operez comme dessus. (Affec­tions catarrhales anciennes.)
3deg; Fumigation aromalique siehe. — Pulverisez des bales de genievre et projetez-en la poudre sur une pelle rou-gie au feu. (Affections chroniques des bronches.)
10quot; Huiles.
lquot; Ruile cantharidee. — Poudre de cantharides , löO grammes ; huile, 2 kilogrammes. Faites digerer au bain-marie pendant quelques heures et filtrez. (Cette huile remplace l'onguent vesicatoire.)
2quot; Huile camphree. — Gamphre, 30 grammes; huile, 230 grammes. Dissolvez.
3deg; Huile opiaeee. — Extrait d'opium, 2 grammes ; huile, 32 grammes. Dissolvez.
4deg; Huile de belladone. — Extrait de belladone, 2 gram­mes ; huile, 30 grammes. Dissolvez.
ödeg; Huile de cigue.—Feuilles seches de eigne pulverisees, 10 grammes; huile, 20 grammes. Operez comme 11 est dit au ndeg; 1.
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FORMULAIRE VETERINAIRS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 83
11* Lavements.
Iquot; Lavement imollient amylace. — Riz , 60 grammes ; amidon, id.; eau, 3 litres. Traitez par decoction et decan-tez. (Diarrhee.)
2deg; Lavement astringent. — Ecorce de chöne, 125 gram­mes ; noix de galle concassee, 60 grammes; racine de guimauve, SO grammes; eau, 3 litres. Paites bouillir et passez. (Diarrhee persistante, dysenteric.)
3deg; Lavement stimulant. — Infusion de plantes aromati-ques, 2 litres; eau-de-vie, 2S0 grammes. Melez, filtrez et administrez.
4deg; Lavement irritant ä l'eau de savon. — Räper du savon, le jeter dans de l'eau bouillante, et battre de facon ä le dissoudre completement. (Reussit dans les coliques, les indigestions.)
bquot; Lavement irritant au tabao. — Faire bouillir 40 gram­mes de feuilles de tabac, decanter et ajouter 30 gram­mes de sei ammoniac et 10 grammes d'essence de terebenthine.
6deg; Lavement narcotique.—Fa.ites bouillir, dans trois litres d'eau, cinq totes de pavot et 30 grammes de feuilles de belladone. Passez et dissolvez dans le liquide environ 8 grammes d'extrait d'opium.
7deg; Lavementpurgalif.—Prenez une infusion de 100 gram­mes de sene dans 3 litres d'eau, et dissolvez dans cette infusion 30 grammes d'aloes et 200 grammes de sulfate de soude.
8deg; Lavement purgatif drastique. — Incorporez dans une infusion de sene, de 3 litres environ, 60 grammes de graines de ricin pulverisees et 80 centigrammes d'huile de croton tiglium. Batlez et administrez.
9deg; Lavement diuritique. — Ajoutez a une decoction de
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84nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
graino de lin, 32 grammes de sei de nitre et 125 gram­mes de vinaigre scillitique. Operez la dissolution du sei et le melange de vinaigre.
10deg; Lavement vermifuge. — Prenez 123 grammes d'es-peces vermifuges que vous traitez par infusion et ajou-tez 30 grammes d'huile empyreumatique. — Agitez le melange et administrez.
11deg; Lavement dilatant. — Faites une decoction de 120 grammes de feuilles de belladone et de pareille quantite de feuille d'aconit. Pressez et.flltrez. (Est tres-employe pour operer la dilatation de l'anus, du col de la vessie et du col de l'uterus.)
12deg; Onguents.
1deg; Ongnent ögyptiac. — Prenez 500 grammes de vert-de-gris, 500 grammes de vinaigre et 1,000 grammes de miel; mettez le tout dans une grande bassine, faites cuire en remuant sans cesse et ne retirez du feu que lorsque la preparation a pris une belle couleur rouge de cuivre et une consistance ferme.
2deg; Onguent visicatoire. — Prenez 600 grammes do can-tharides pulverisees, 200 grammes d'euphorbe en pou-dre, 400 grammes de poix noire et autant de poix re-sine, 300 grammes de cire jaune, 1,200 grammes d'huile d'olives; faites fondre la poix, la resine et la cire, ajoutez I'liuile, incorporez les canlharides et l'euphorbe et remuez le melange jusqu'a refroidissement parfait.
3deg; Onguent fondant de Lebas. — Faites fondre 100 gram­mes de cire jaune et ajoutez successivement 500 gram­mes d'onguent vesicatoire, 250 grammes de pommade mercurielle double, 123 grammes de savon vert, et 150 grammes de pommade de laurier; inelez avec
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FORMULAIRE VETERINAIRE.
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soin. (Fait fondre les tumeurs indolentes, les ganglions engorges.)
4deg; Onguent di pied. —Prenez: cire jaune, axonge, huile d'olives, huile de pied de boeuf, terebenthine, par par­ties egales: faites fondre le tout ensemble.
13deg; Pommades.
I0 Pommade de belladone. — Axonge, 100 grammes; extrait de belladone, 30 grammes. Incorporez äfroid.
2deg; Pommade de eigne. — Axonge, 100 grammes; extrait de eigne, 20 grammes. Operez comme il estdit ci-des-sus.
3deg; Pommade camphröe. — Axonge, 125 grammes; cam-phre pulverise, 30 grammes. Incorporez.
4deg; Vommade mercurielle simple. —Battez ensemble, dans un mortier, 800 grammes d'axonge et 160 grammes de mercure, jusqu'ä reunion parfaite des deux corps.
S0 Pommade mercurielle double. — Incorporez comme dessus, parties egales d'axonge et de mercure,
0deg; Pommade de protoiodure de mercure. — Axonge, 100 grammes; protoiodure de mercure, 12 grammes. Incorporez.
7deg; Pommade de deutoiodure de mercure. — M6mes doses et mtoie operation.
8deg; Pommade d'Helmerich. — Soufre sublime, 200 gram­mes ; carbonate de potasse, 100 grammes; axonge, 1 kilogramme. — Incorporez.
9deg; Pommade de sulfure de potasse. — Sulfure de potasse eu poudre, 12o grammes; axonge, 800 grammes. Comme dessus.
10deg; Pommade de peuplier. — Axonge, 230 grammes; sue de feuilles de jusquiame, de belladone, de man-dragore, de pavot, de chacune de ces plantes, 10 gram-
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80nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
mes; sue de morelle noire, 2 grammes. Faites fondre I'axonge, ajoutez-y les sues et des bourgeons de peu-plier. Laissez infuser pendant un jour, ehauffez pour faire disparaitre l'humidite et filtrez.
11deg; Pommade de laurier. — Eerasez 80 grammes de feuilles fraiches de laurier et SO grammes de baies de cette plante. Faites infuser dans I'axonge et passez.
12deg; Pommade dessiccative. —Pulverisez 180 grammes de sous-aeetate de cuivre, 90 grammes d'alun ealeine, 80 grammes de sei ammoniac, 45 grammes de camphre. Ineorporez toutes ces substances ä 800 grammes de pommade de peuplier. (Guerit les eaux-aux-jambes.)
ISquot; Pommade parasiticide. — Staphysaigre en poudre, 30 grammes; quantite egale de miel et de sublime cor-rosif; huile d'olive, 60 grammes. M61ez exactement le tout. (Cette pommade detruit les inseetes qui vivent dans 1c poll des chevaux.)
14deg; Teintures.
1deg; Teinture d'aloes. — Aloös, 10 grammes; alcool, 80 grammes. Dissolvez.
2deg; Teinture d'iode. — lode, 10 grammes; alcool, 120 grammes. Mamp;me operation.
3deg; Teinture de ciguä. — Feuilles seehes de cigue, 10 grammes; alcool, SO grammes. Faites macererpen­dant IS jours et filtrez.
iquot; Teinture de helladone. — Mömes doses, m6me opera­tion.
IJdeg; Teinture de digitale. — Mömes doses, möme opera­tion.
6deg; Teinture de scille. — Mömes doses, möme opera­tion.
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FORMULAIRE VETERINAIRE.
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7deg; Teinture de colchique. — Mömes doses, raöme opera­tion.
8deg; Teinture de cantharides. — Jetez 30 grammes de can-tharides dans 230 grammes d'alcool ä 56deg;; mettez le recipient sur des cendres chaudes pendant quatre jours et filtrez ensuite.
15deg; Vins.
Iquot; Vin aromatique. — Faites macerer, pendant quinze jours, 12S grammes de plantes aromatiques dans un litre de vin alcoolise. Remuez souvent et filtrez.
2deg; Vin scillitique. — Scille söche, 30 grammes; vin blanc, Ö00 grammes. M6me operation.
3deg; Vin amer et diuretiqm. — Bourgeons de sapin, 30 grammes; absinthe, 20 grammes;racinede gentiane, IS grammes; fleurs de camomille, 8 grammes; vin blanc, 2 litres. Faites macerer pendant Imit jours et passez.
4deg; Vin de gentiane compose. — Gentiane, 20 grammes; quinquina, IS; üeurs de camomille, 30; cannelle, 8; via blanc, 1 litre. Möme preparation. (Agit energi-quement dans les affections anemiques.)
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DEUXIEME PARTIE
PETITE CHIRURGIE VETERINAIRE
GHAPITBE PREMIER
PROCEDES D'ASSUJETTISSEMENT
Sous le nom de chirurtjie, on designe cette partie de la medecine qui traite de l'etude des operations. Parle mot operation, on exprime l'idee de Faction de la main, seule on armeed'mstruments,surle corps des animaux, soit pour prevenir ou guerir des maladies, soit pour mieux approprier les sujets aux services auxquels ils sont des­tines, soit enfin pour les accommoder et les embellir suivant la mode du jour. On comprend l'utilite de la Chirurgie pour la guerison des maladies et pour I'ap-propriation des animaux a un usage quelconque, la castration par exemple; ce que Ton comprend moins ce sont les embellissements de fantaisie, tels que la queue a l'anglaise et l'amputation de cet appendice; aussi ne parlerons-nous que de cette derniere opera­tion et encore en restreindrons-nous beaucoup I'appli-cation.
II est utile que les cultivateurs piiissent executor eux-memes les operations chirurgicales usuelles dans
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90 TRAITB DES MALADIES DU CHEVAL.
les cas pfessants; la plupart sont simples et faciles a pratiquer. II est encore boa qu'ils sachent appliquer les pansements, et qu'ils consacrent leur intelligence ä suppleer le veterinaire dansbien des cas et a diminuer ainsi les frais de traitement.
Avant tout, il convient d'indiquer sommairement les precedes employes pour maintenir immobiles les ani-maux qui doivent subir une operation. Selon un vieil adage, une operation veut 6tre falte avec sürete, promp­titude et dexteriti: la sürete, pour l'animal et surtout pour Thomme, consiste ä immobiliser les sujets et a les rendre inoffensifs; la promptitude et la dexterite ne s'obtiennent qu'autant qüe les mouvements de l'opere sont emp6ches et que l'operateur est ä i'aise.
On previent et on diminue ces mouvements en usant de certains moyens qui, sans incommoder les indivi-dus, les mettent pourtant dans l'impossibilite de deran-ger la main de Thomme.
1deg; Mo yen de contenir les chevaux debout.
Lorsqu'une operation est peu douloureuse el peu lon-gue, il n'est pas necessaire, surtout si le sujet est doux, de le coucber et de perdre ainsi un temps precieux; il vaut mieux, au contraire, I'operer debout, car on y gagne de toutes manieres.
On attacbe l'animal ä un point fixe, nmr, arbre, poteau, ou bien on le fait tenir en main par un aide, ce qui est preferable. Le premier mode ne doit done 6tre mis en pratique que quand on ne pent faire autrement. En eilet, le patient se porte instinctivement en arriere et tire au renard ; s'il est attache ä un point fixe, la resistance parfois l'exaspöre et il s'accule jus-qu'ä ce que le lien soit brise. Dans ce cas, I'impulsion est si forte qu'il peut se renverser en arriere, se fractu-
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PROCEDES D ASSUJETTISSEMENT
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rer un membre et möme se tuer. Certains individus sont tellement irritables qu'il y aurait de Timprudence äles attacher äun mur on äunpoteau; certains autres, d'un temperament plus calme peuvent 6tre maintenus ä un point fixe. Nous allons decrire les deux manieres de faire.
Pour les chevaux qu'on croit d'un caractöre paisible, on les attacheäunmur,ouäunpoteau oubien encoreä un arbre avec un licol de force, espece de licol en grosse corde ou en cuir epais et resistant dont se servent or-dinairement les marechaux. Le licol de force doit 6tre fait de facon ä pouvoir s'agrandir ou se rapetiss'er pour l'adaption ä toutes les totes, et etre muni d'une longe en corde. La longe en corde sedenoue rapidement, tan-dis que la longe en cuir est difficile a defaire, ce qui constitue un grave inconvenient lorsqu'il s'agit de deta­cher promptement un cheval qui s'est abattu et qui se debat violemment sans pouvoir se relever. C'est pour cette raison qu'on prescrit de ne jamais attacher I'ani-mal que par un nceud coulant. Est-il besoin de repeter qu'il faut bien se garder de le tenir avec une bride ou un bridon, et encore de lui passer la longe sur le nez ou dans la bouche ; le moindre mouvement de re-cul un peu precipite est de nature a occasionner la fracture des os du nez, du maxillaire, ou la coupure de la langue.
On doit de preference attacher les animaux ä un poteau ou ä un arbre, parce qu'ils peuvent tourner a droite ou ä gauche et qu'on evite ainsi d'etre serrö le long du mur. II est ögalement bon de choisir un lieu dont le terrain ne soil pas glissant; de cette facon, on previent les chutes et leurs accidents. Lorsqu'on opere sur les parties anterieures du tronc, il convient d'abais-ser la I6te pour empöcher le cheval de se cabrer et de frapper avec les pieds dlaquo; de^r.raquo; • lorsqu'on agit sur les regions posterieures, il est urgent de fixer la t6te
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92 TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
trös-haut, afin de rendre impossibles les ruades et les coups de pieds de derriere. Quand on se sert d'un an-neau fixe dans un mur et qu'on craint que Tanimal se blesse la töte le long des pierres, on enveloppe celle-ci dans une couverture qui amoindrit les chocs.
Bien des chevaux sent plus tranquilles quand ils sent tenus ä la main, que lorsqu'ils sont attaches; c'eGt pour-quoi, nous disions, en commencant, qu'il etait plus convenable, pour Toperateur et pour l'opere, de les retenir ainsi. La maniöre d'agir est differente : un aide tient le cheval au moyen d'un bridon ou de la longe du licol de force qu'il pent passer, sans un seul des des inconvenients signals plus haut, sur le nez ou dans la bouche; il baisse la töte du sujet ou la releve selon que I'operateur craint d'etre frappe par les pieds de devant ou par ceux de derriere ; en un mot il sait faire prendre a cette partie toutes les positions necessitees par les circonstances.
2deg; Moyens d'aveuglement.
Les chevaux sont, a l'instar des hommes, souvent im-pressionnes desagreablement lorsqu'ils voient qu'on s'appröte ä les operer ; pour les rendre plus tranquilles, on leur couvre les yeux. Les veterinaires se servent d'un appareil special nomme capote ä lunettes [b. fig. 6), et consistant, ainsi quele nom I'indique, en une capote de toile pourvue de deux concavites laterales au niveau des yeux. Get appareil se fixe ä la töte au moyen do courroies. Dans la pratique usuelle, on intercepte la lumiere en entourant les yeux du cheval avec un mor-ceau d'etoffe quelconque, tablier ou couverture, et on maintient ce voile ä l'aide de cordons. II ne faut pas le jeter brusquement sur la töte, car on effrayerait les individus peureux. Voici de quelle maniere on s'y
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PROCläDES d'aSSUJETTISSEMENT
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prend: on met le tablier sur I'encolure, on flalte I'ani-mal d'une main, tandiis qu'on amene l'etoffe peu ä peu jusque sur la nuque d'abord, et sur les yeux ensuite; puis on I'attache avec un lien. Les individus indociles et turbulents sont generalement plus calmes lorsqu'ils sont aveugles.
3deg; Moyens de torture.
Les instruments de torture sont au nombre de trois: le iord-nez, les moraüles amp;a. fer et en bois et le morsd'Al-lemagne (fig. 1, 2, 3, 4).
Le tord-nez (fig. 1) consiste en un bout de baton perce a Tune de ses extremites dans laquelle on fait passer une corde dont on forme une anse, au moyen d'un uoeud. Pour en faire usage, on passe le poignet gaucbe dans l'anse et on saisit, avec les doigts de la möme main, la levre superieure du cbeval; puis, avec la main droite, on prend le baton et on le tourne autant de fois qu'il est neces-saire pour serrer suffisamment la levre. La pression de la corde determine une vive douleur qu'on augmente encore en imprimant au tord-nez de petites se-cousses qui repriment les mouvements de la bete. Sur les chevaux dont une trop frequente application du tord-nez a emousse la sensibilite de la lövre su­perieure, on place cet instrument a la levre införieure ou a I'oreille. II faut garder ce dernier mode pour les cas
Fig. I. —Tord-nez.
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TRAITE DES MAIADIES DU CIIEVAL.
graves, car il expose ä briser la conque de l'oreille et ä deformer cette partie. II n'est pas indispensable d'avoir un aide pour tenir le tord-nez ; on engage Textrömitö non pourvue d'anse de cet instrument sous la muserolle du licol et on l'y fixe avec une ficelle.
Fig. 2. — Morailles en fer. Fig. 3. — Morailles en bois.
Les morailles (fig. 2 et 3) se composent de deux branches en fer ou en bois eatre lesquelles on saisit le bout du nez du cheval: on peut les serrer plus ou moins, sort par un anneau oblong fixe k une des branches et glissant sur la cremaillere graduee de l'autre brauche, comme on le voit dans la figure 2, soit au moyen d'une corde (fig. 3).
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PROCEDES D ASSÜJET1SSEMENT
05
Le mors d'Allemagne (fig, 41 consiste en une corde qu'on met dans la bouche et dont les extre-mites viennent se reunir au sommet de la töte. On passe un baton entre la joue et la corde et on fait faire a ce baton autant de tours qu'on le juge neces-saire.
Aujourd'hui, on ne se sert plus guere que du tord-nez, et on delaisse les morailles et le mors d'Alle-magne.
Fig. 4. — Mors d'AUemagne.
C'est une sage reforme; ces instruments sent bar-bares et on fait bien de les supprimer.
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TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL,
4deg; Moyens de contention des membres.
II est toujours prudent de mettre ranimal qu'on opere debout dans Timpossibilite de mordre et de frap-per des piods de devant ou de derriöre.
On empöche le cheval de mordre, soit en I'attachant tres-court, soit en lui mettant une muselifere ou un collier' ä chapelet [a tig. 6), soit en se servant d'un baton et d'un surfaix (fig. b).
Fig. S. — Application du baton ä surfaix,
Pour mettre en pratique ce dernier mode facile et peu coüteux, on entoure la poitrine de l'animal avec
be
so de
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procedes d'assujettissement.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 97
un surfaix ou une longe, et on attache au licol l'extrö-mite d'un baton A, long d'environ quatre pieds, et au surfaix l'autre extremite B. Le baton est place a droite, si on opere ä gauche, et ä gauche, si on opere ä droite.
Pour empöcher de frapper du devant, on met en usage le moyen que nous avons indique precedemment, ou bien Ton fait tenir Tun des pieds de devant par un aide avec la main ou encore au moyen d'un trousse-pied.
Fig. 6. — a. Collier ä chapelet. — 6. Capote ä lunettes, c. Trousse-pied.
Le trousse-pied (c fig. 6) consiste en une courroie a boucle ou en une simple corde que Ton passe dans le päturon et qui sert ä entourer et ä unir cette region ä l'avant-bras : le membre reste ainsi leve, flechi et soustrait ä Fappui. Comme on le voit, ce systöme permet de se passer d'un aide. Le seul inconvenient que pre-
6
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es
TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
sente ce procede, c'est d'occasionner partois des chutes chez les chevaux indociles et trop vigoureux.
On arrive au mfeme resultat, sur les membres poste-rieurs, en se servant de la plate-longe, espece de corde
terminee en forme de sangle et munie ä son extremity plate d'un ceil qui sert ä donner passage ä Textremitö ronde et ä former une anse. Pour se servir de la plate-
'
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PROCEDES D ASSUJETTISSEMENT.
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longe, on embrasse, au milieu d'un noeud coulant, le päturon du membre au'on desire soustraire ä l'appui.
on passe la corde entre les deux membres anteneurs; puis, on la ramene sur l'epaule du cöte oppose ä celui
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100 TRAITE DES MALADIES DU OHEVAL.
du membre qu'on veut relever, et on la fait croiser au niveau du coude du membre anterieur du c6t6 oü Ton se trouve; enfin, l'aide qui tient l'extremite libre de la plate-longe tire dessus et le membre postörieur est en-traine et porte en avant et en haut. En cas de mouve-ments brusques de la part de l'animal, et de crainte de chute immincnte, il faut läcber la plate-longe et laisser le pied reprendre son appui, sauf ä recommencer l'ope-ration s'il y a lieu. On emploie la plate-longe toutes les fois qu'il s'agit d'eviter les ruades. On laremplace com-munement par une simple corde.
Quand on veut fixer les deux pieds de derriere, on se sert d'entravons qu'on unit ä une plate-longe ou ä un lacs, et on opere comme le montre la figure 7.
La figure 8 represente le mode de contention specia-lement adopte pour la ferrure des chevaux tres-diffi-ciles ä mainteuir pendant cette operation. On se sert encore de ce Systeme dans plusieurs circonstances, surtout quand la fixation des membres posterieurs n'a pu avoir lieu autrement, comme l'indique, par exemple, la figure pr6c6dente.
Les travails sont des machines d'assujettissement fort utiles. On en connait plusieurs especes : les tra­vails äjpoteaux Ifig. 9, 10, 11), les travails-muraille et les lits-muraille ä bascule.
Le travail ä poteaux, represents par les trois figures ci-dessus, est journellement employe pour la. ferrure des chevaux möchants. II se compose de quatre po­teaux ABCD fixes au sol; il est plus large du derriere que du devant. La courroie H qui s'accroche en 1 sert ä maintenir le cheval par derriere, tandis que par de­vant la barre transversale E sert ä Farröter. Sur cette piece enbois F qui se meut lateralement, se leve et s'a-baisse ä volonte, la protuberance y sert d'appui aux pieds des chevaux pour river les clous. Le desux pieces J et E s'ötent ä volonte. Les poteaux B et G sont reliamp;ä
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pnocEDES d'assujettissement.
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par un rouleau O, de ai^me aue les poteaux A et Ü. Ces rouleaux portent deux crochets P servant au besoin k fixer des sangles, si on veut soutenir le cheval. Le travail est ferme lateralement par une piece oblique L.
Fig- 9- — Travail vu par derriere. Fig. 10. — Travail vu par
devant.
On ferre les pieds de derriere en les fixant ä la barre J; les pieds de devant en les fixant ä la traverse L, en des-
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102nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRATTE DES MALADIES DO CHEVAL.
sous et en dehors, on arröte ä la piece m la corde qui
quot;laquo;xT qne le travail sert sonvent aux ve^ri-naS pour la pratique des operations, notamment de
Fig
gt; 11, __Travail vu de profll.
celles du pied, et que le Jeu de ses differentes pieces cst simple et facile ä conduire.
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PUOCEDES D ASSTJJBTTISSBMENT.
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5deg; Moyens d'abattre les chevaux.
L'abatage des chevaux n'est generalement exige que dans des circonstances graves et pour pratiquer des operations qui sont du ressort du veterinaire; nous n'en dirons done qu'un mot.
On amene Tanimal pres d'un fumier epais ou d'un lit de paillc etabli sur un sol tres-uni; on- lui met sur la t6te une couverture qui recouvre en partie le bridon et qui est destinee ä proteger l'organe de la vision; puison place des entravons ä chacun des päturons, on passe le lacs dans les anneaux des entravons: ceci fait, on rap-proche les pieds Tun de l'autre et Ton entoure le corps d'une plate-longe; enfin on confle la t6te du cheval ä Faide le phis adroit, la queue ä un second et la plate-longe ä deux autres. Celui qui dirige le travail tient le lacs, commande la manoeuvre, donne le signal et l'animal tombe sans perdre pied. L'aide qui est ä la t6te veille ä ce que cette partie ne se trouvo pas dans une position declive et a ce que I'ceil ne soit pas blesse. L'abatage est une operation difficile, exige beaucoup de pru­dence, de savoir-faire de la part de celui qui en accepte la responsabilite, et ne doit, repetons-le, 6tre confiee qu'ä un hominc tres-expert en cette matiere.
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CHAPITRE II
PETITES OPERATIONS USUELLES
1deg; Saign6e.
Nous arrivons maintenant ä la description des petites operations usuelles qu'un cultivateur doit pouvoir pra-tiquer lui-m6me pour parer aux necessites les plus pressantes.
Fig. 12. — Flamme.
La saignee est une operation qui consisteäouvrirune veine superficielle pour en extraire une certaine quantitö de sang. On saigne avec un instrument appele flamme (flg. 121.
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PETITES OPERATIONS USUELLES.
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C'est une lancette L fixee ä une tige aplatie T des-tinee k supporter le choc du bätonnet qui doit la faire penötrer au travers de la peau jusque dans I'inte-rieur du vaisseau. Les trois flammes se reunissent dans un etui ou chdsse G. Les veterinaires saignent le cheval le plus communement k la veine du cou, a celle de la cuisse, k celle de l'ars et k celle de l'eperon. Le manuel opamp;ratoire de la saignöe varie selon les veines auxquelles on I'applique : comme le cultivateur n'est gufere appele ä saigner ses chevaux qu'ä deux veines seulement, celle du cou et celle de la cuisse, nous donnerons les seules indications relatives ä ces vaisseaux, nous bornant ä citer les autres.
La saignee ä la jugulaire est la plus usitee. Pour la bien pratiquer on fait tenir haute la töte du cheval par un aide qui couvre I'oeil gauche de l'animal avec la paume de la main. Cette manoeuvre a pour but de mas­quer les mouvements de Toperateur. Celui-ci tenant sa flamme entre le pouce, l'index et le medius de la main gauche, le bätonnet sous le bras [du meme cote, s'ap-proche de rencolure, cherche la veine en palpant la gouttiere de la jugulaire de la main droite, un peu au-dessus du tiers superieur du cou, et comprime le vais­seau jusqu'a ce qu'il I'ait rendu saillant; puis, il subs-titue aux doigts de la main droite les deux derniers de la main gauche de maniöre ä ce que la veine ne se de-gonflepas; il applique la pointe de la flamme, et enfin frappe sur la tige un petit coup sec qui fait penetrer la lame dans la jugulaire et determine la sortie du sang. Ce liquide jaillit aussitöt et retombe dans un vase dis­pose ä ceteffet. Pour meneräbien la saignee, I'operateur conserve la position primitive de ses doigts et ne de­range en aucune facon les rapports exacts des ouver-tures de la veine et de la peau.
La quantite de sang qu'on peut extraire a un cheval varie suivant Tage, la taille, la constitution du sujet,
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106 TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
suivant aussi la nature, l'etat de la maladie, etc. Cepen-dant, la saignee moyenne est de 6 livres, la grande de 12 et quelquefois plus.
Lorsqu'on juge la saignee assez abondante, on cesse de comprimer la veine, on applique un doigt sur I'ou-verture pendant quelques secondes, puis on place Fepingle. Pour cela faire, l'operateur saisit les deux levres de la saignee entre le pouce et l'index de la main gauche, en pressant sur la veine et en evitant de tirer dessus, comme le font les personnes inhabiles, et, de la main droite, il enfonce I'epingle. II prend ensuite quelques crins on un bout de fil, il forme le nceud de la saignee (fig. 13) et l'arröte solidement, apres avoir fait
Fig. 13. — Noeud de Ja saignee.
deux autres tours. Enfin, il coupe les extremites du fil on des crins, et avec une pince enleve la partie pointue de I'epingle pour qu'elle ne s'aecroche pas k quelcueobjet qui pourrait I'arracher. Les personnes de precaution lotionnent la saignee et lavent toutes les parties du corps du cheval qui ont ete tachees par le sang.
II arrive que le liquide ne s'echappe pas en jet de l'ouverture faite au vaisseau, qu'il n'en sort que lente-ment et en nappe; c'est ce qu'on appelle la saignee ba-#9632;
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PETITES OPERATIONS USUELLES.
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vense. Cela depend de deux causes principales ; la pre miere de ce que I'ouverture n'est pas assez grande, lo seconde de ce que les ouvertures du vaisseau et de In peau ne se correspondent plus. Dans le second cas, on täche de retablir le parallelisme des ouvertures, ou Ton fait une autre saignee. D'autres fois, Fecoulement du sang persiste apres Fapplication de l'epingle, soit que I'incision faite par la flamme soit trop grande, soit que l'epingle n'ait pas 6t6 placee au milieu de I'incision; on remedie a cet inconvenient, dans le premier cas, en placant deux epingles au lieu d'une seule, et, dans le second, en ötant l'epingie et en la mettant dans I'en-droit qu'elle aurait du occuper primitivement. On peut la retirer au bout de sixä huit jours.
L'operation terminee, on rentre I'animal, on Tattache un peu court au ratelier, de peur qu'il se frotte la saignee sur le bord de la mangeoire; s'il doit travailler dans la journee, on attend quelques heures avant de lui remettre le collier.
La saignieä la veine de lacuisse, autrement dile saphene interne, est, apres celledelajugulairedont nous venous de parier, celle que Ton pratique le plus souvent. Cette veine rampe au milieu de la face interne de la cuisse et est tres-apparente. La saignee a la saphene se fait egalement avec la flamme et de la facon suivante : si I'operateur vent saigner a la saphene droite, il fait le­ver par un aide le pied posterieur gauche; puis, s'en-gageant sous le corps, il applique la flamme de la m6me facon que pour la veine du cou, donne un coup sur le dos de la tige et se retire vivement afin d'eviter d'etre atteint par le grasset du cheval qui cherche instincti-vement ä se defendre. Le jet de lasaphöne estmoins volumineux que celui de la veine du cou et sort quel-quefois en nappe. On arröte la saignee comme il a ete explique plus haut; on la lave et on rentre Taniüial ä l'ecurie pour y resler un certain temps en repos. Tous
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108nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
les chevaux ne se prötent pas a cette operation; il en est auxquels il faut mettre le tord-nez; d'autres qu'on est oblige d'abattre pour pouvoir placer I'epingle.Nous ne conseillons done pas aux cultivateurs de pratiquer la saignee a la saphöne sans un besoin tres-pres-sant.
La saignie ä la veine thoracique ou laquo;eine de l'eperon etait tres en vogue autrefois, mais eile est un peu abandon-nee aujourd'hui. Une compression avee la main, en ar-riere du coude, faitgonfler le vaisseauet permet remis­sion sanguine.Onse sert de la flamme ou de la lancette, suivant que I'animal a la peau dura ou mince, et on arröte le sang avec l'epingle, comme ä l'ordinaire, en se servant parfois d'un bandage pour determiner une compression sur I'ouverture.
On saigne encore a la veine mMiane de l'avant-bras, et a la coccygienne inferieure, toujours en se servant de la lancette. Le sang coule peu abondamment et une simple compression du doigt suffit pour Tarröter.
Les accidents consecutifs ä la saignee et assez rares heu-reusement sont : la piqüre de la carotide, I'introduction de l'air dans la veine, le trombus et la pblebite.
La piqüre de la carotide a lieu lorsque cette artere est superficielle et qu'elle louche la jugulaire, ou encore lorsque I'operateur se sert d'une flamme a lame trop longue et qu'il donne un coup de Mtonnet trop fort. Dans tons les cas, on s'apercoit que Tariere a ste ou-verte quand le sang qui s'echappe de l'incision, au lieu d'ötre d'un rouge fence et de s'ecouler en jet continu, est d'un rouge trös-vif etsort en jets saccades; en m6me temps on volt une tumefaction se manifester a Tendroit de la plaie et grossir a chaque instant. La seule chose qu'il y ait a faire en pareille circonstance est d'aller chercher un veterinaire ; en attendant sa venue, le proprietaire doit fermer la saignee avec une epingle, appliquer sur cet endroit des tampons d'etoupes
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PETITES OPERATIONS USUELLES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 109
mouillees et maintenir l'appareil en place au moyen de bandes solides qui embrassent rencolure.
LHntroduotion de fair dans la veine se produit lorsque Fouverture du vaisseau est exposee au vent; le cheval tombe raide et pour ainsi dire comme foudroye. II faut done eviter de saigner les animaux dans les courants d'air et, dans un cas semblable, pratiquer une saignee ä la jugulaire opposee, afin de tächer de ramener la cir­culation du sang et, par suite, la vie.
Le thrombus est une tumeur qu'on voit se produire autour de Tincision faite pour la saignee, peu de temps apres le coup de flamme, et qui resulte de I'inflltration dans letissucellulairedusang qui sortdu vaisseau ouvert. Le thrombus est assez frequent; on le remarque sou-vent a la sapbene. Get accident provient de plusiems causes : d'une mauvaise direction donn6e ä Igt flamme, des mouvements qui detruisent le parallelisme 6ta.hU entre l'ouverture de la veine et celle de la peau, des tractions faites par l'operateur, de forts travaux exe­cutes par l'animal, de frottements reiteres sur la man-geoire, etc., etc. Quand le thrombus est peu conside­rable, des lotions d'eau froide et une compression de quelques beures sufflsent pourle faire disparaitre; mais il arrive que la tumeur persiste et qu'elle s'abcöde : on la traite alors comme un abees (voir ce mot), et, si le cas parait embarrassant, on a recours aux lumi^res de l'homme de l'art.
La phlibite est une affection toujours grave. Nous la mentionnons pour ordre, et engageons les agriculteurs ä toujours remettre au veterinaire le soin de la eure de cette maladie.
2deg; S£ton.
Avant d'entrer en matiere, qu'il nous soit permis, ä l'exemple d'un de nos celebres confröres, d'ouvrir ici
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THA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
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une parenthese et de nous 61ever contre Tabus des saignees et des sötons. Nous avons bläme la fächeuse habitude qu'on avait d'appliquer le feu anglais k tort at a travers; nous ne pouvons que recommencer nos plaintes et engager vivement les culti-vateurs ä n'employer la saignee et les se-tons que sur les conseils de Thomme spe­cial en pareille matiere. Dans bon nombre de cas, ces moyens, mal appliques, out produit des effets plus funestes que le mal lui-m6me.
Le selon consiste en un ruban de fil qu'on engage sous la peau avec un instrument nomme aiguille k seton (fig. 14). II agit k la facon d'un corps etranger qui deter­mine de l'irritation et provoque la suppu­ration. On choisit, pour son application, les joues, I'encolure, le poitrail, les cotes, le dessous duventre, lescuisses, les fesses, e'est-a-dire les regions qui sont a pen pres droites et qui offrent beaucoup de tissu cel-lulaire.
Avant de passer un seton, on a, soin de preparer sa meche, en larepliant plusieurs fois ä son extremite et en formant un fais-ceau maintenu par un nceud coulant et destine ä servir de point d'arr6t. L'aiguille, les ciseaux et la meche etant prepares, le cheval tenu avec un tord-nez, comme nous I'avons dit en parlant des moyens de con­tention debout, I'operateur coupe le poll dans les endroits oü Faiguilfe doit pönetrer et sortir; puis, saisissant la peau entre le pouce et l'index de la main gauche, il en-fonce de la main droite l'aiguille sous la
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PETITES OPERATIONS USUELLES,
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peau, la fait peii6trer lentement afin de l'ecarter des tissus sous-jacents, e.loigne la peau pour faciliter le trajet de l'aiguille, et enfin fait franchir k celle-ci I'epais-seur de la peau et la pousse dehors. A ce moment, il introduit la möche dans l'oeil de la lame de son instru­ment qu'il retire en lui faisant passer a reculons le chemin parcouru une premiere fois: il, entraine la möche et la fixe par un second faisceau. On arröte sou-vent les setons en nouant ensemble les deux extre-mites; c'est un tort, parce que les animaux peuvent facilement arracher la meche et möme se dechirer la peau.
Le lendemain du jour de l'application d'un seton, on voit commencer un engorgement qui devient de plus en plus considerable et qui fait place a I'ecoulement d'un liquide roussätre, et, vers le troisieme jour, ä de la suppuration. Le pansement des setons est fort sim­ple : pendant les trois premiers jours, on presse avec la main sur le trajet de la möche pour en faire sortir le serum et le sang qui s'y trouvent accumules; les jours suivants, on presse ögalement pour chasser le pus et on lave avec de l'eau tifede et du savon les parties de la peau qui ont 6te souillees. Le seton ne doit rester en place que trois semaines au plus; passe ce temps il ne fait plus rien, et il vaut mieux, si le besoin s'en fait en­core sentir, l'öter et le remplacer par un autre sur un point voisin de la m6me region. On empöche l'animal de porter la töte en bas et d'arracher le seton place au poitrail ou sur les cötes aumoyen du collier ä chapelet (a. fig. 6).
Les accidents consecutifs k l'application des setons sent: l'hemorrhagie, les petits abcte et la gangrene.
Uhimorrhagie resulte de la rupture par l'aiguille d'une on de plusieurs veines sous-cutanees. Pour I'arreter on bouche les deux extremiles du seton et on lotionne lout le traiet avec de l'eau froide; auand le flux san-
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112nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
guin persiste, on tamponne, avec des etoupes imbibees de perchlorure de fer, le conduit du seton. Les petits abces se forment le long de l'emplacement du seton, quand on a neglige de faire sortir le pus. On evite cet inconvenient en pansant le seton comme nous venons de l'indiquer, et on y remedie en ouvrant les petites poches purulentes au fur et ä mesure qu'elles se for­ment. La gangrene provient generalement des disposi­tions maladives particulieres dans lesquelles se trouve I'animal : un engorgement considerable, des caillots sanguins putrefies, une odeur fetide, tels sont les symp-tömes de cette complication fächeuse qui necessite au plus vite la presence d'un veterinaire.
3deg; Amputation de la queue.
L'amputation de la queue se pratique d'ordinaire chez les jeunes chevaux, dans le but de rendre plus gra-cieux le port de cet appendice. Apres avoir tresse les crins au-dessus du point oü la queue doit 6tre amputee, on coupe sur une ötendue de quatre centimetres envi­ron ceux qui se trouvent a I'endroit oil doit agir I'ins-trument tranchant; puis on fait tenir horizontalement la queue par un aide, on pose cet organe sur la partie
concave du coupe-queue (fig. 15), on abaisse le tranchant de cet instrument et on cauterise I'extre-mite coupee avec un
cautere chauffe a Fig. 15. — Coupe-queue. .
blanc.
Lorsqu'on ne possede pas de coupe-queue, on se sert
d'une hache ou d'une serpe sur laquelle on frappe un
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PET1TES OPERATIONS USUELLES.
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coup sec avec un maillet, afin d'avoir une incision bien nette.
4deg; Operations diverses.
Les frictions irritantes ayant ete mentionnees plus haut, nous n'avons pas a y revenir.
L'appKcotion du feu decrite succinctement dans le pa-ragraphe relatif ä la medication caustique rentre tout a fait dans les attributions du veterinaire.
La castration, Vouverture et Venlevement des tumeurs, la tenotomie, la nivrotomie, la trepanation, la ligature des vaisseaux, font partie du domaine exclusivement re­serve ä rhomme de Tart.
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CHÄP1TRE III
PANSEMENTS
Les operations produisent la plupart du temps des plaies plus ou moins profondes qui exigent des soins jusqu'au moment de leur guerison; ces soins s'appel-lent pansements.
De toutes les parties de la Chirurgie, celle qui a trait aux pansements est certainement la plus utile ä con-naitre pour les agriculteurs. En effet, les operations les plus simples exigent encore des connaissances, de l'ha-bitude, et le premier venu n'est pas maitre de les pra-tiquer ä sa guise; les pansements, au contraire, sont simples et faciles ä ex6cuter; avec quelques bonnes no­tions, un cultivateur peut continuer le traitement com­mence par le veterinaire, le mener ä bonne fin et par lä s'eviter des frais considerables.
Le but des pansements est de preserver les plaies du contact de Tair, de les soustraire aux variations de temperature, de les proteger centre les corps environ-nants, d'absorberle pus, etc., etc. On emploie pour ar-river ä ce resultat diverses matteres telles que de l'eau tiede, des etoupes, des ligatures en forme de ruban, des enveloppes de toile. Avec Veau, on lave les plaies et on les debarrasse des impuretes dont elles sont recou-vertes; avec Vitowpe, on fait des compresses de toutes formes qu'on superpose ä volont6 et qu'on applique sur les plaies pour les recouvrir; avec les ligatures et les
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PANSEMENTS.
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enveloppes de toile, on maintient I'etoupade en rapport avec les parties malades. Comme les pansemenls diffe­rent enormement selon la region attaquee et la nature de Tafiection, il est impossible d'en donnericiune des­cription uniforme ; les personnes intelligentes devinent au premier coup d'ceil les dispositions qu'elles ont n, prendre et agissent en consequence.
Les instruments dont on se sert pour proceder a I'ap-plication d'un pansement sont : une paire de ciseaux droits et une de courbes, une paire de pinces a anneaux et une sende ä spa-tule. Ces objets sont peu coüteux, et, en raison de leur utilite et de leur emploi fa­cile, doivent trouver leur place dans toutes les fermes un peu im-portantes.
Les ciseaux (fig. 16) sont tres-n6cessaires; ils servent ä couper les matieres des pan-semen ts, c'est-ä-dire les 6toupes, la liga­ture; on les emploie encore pour retran-cher les parties fon-gueuses des plaies et, en arrondir les bords. Les pinces ä anneaux ont pour objet I'enle-
vement des plumas- Fig. IG.— Ciseaux droits et courbes.
seaux qui compo-
saient le pansement precedent, l'arrachement des parties
musculaires, tendineuses, cartilagineuses et o.sseuses
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110nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
qui se prösentent au fond de certaines plaies. La sonde d spatule, par son extremity boutonnee, sert ä sonder la plaie et ä introduire profondöment dans les fistules les medicaments ou les matieres de pansement, et, par son extremity plate, k 6tendre les plumasseaux et les onguents.
La levee d'un premier appareil, et mömedessuivants, aprös une operation grave, doit 6tre faite par un v6te-rinaire; nous n'avons done ä nous occuper que de quelqu^ss soins qui tons comportent les monies regies.
Avant de lever un pansement, il faut se procurer tout ce dont on peut avoir besoin ; puis on developpe la plaie, on la lave tr6s-16gerement, on la debarrasse de ses impuretes et on applique un second pansement en se pressant un peu aün que les parties malades soient moins longtemps exposees k I'air. Si le temps est beau, ont peut panser au dehors; s'il est froid ou pluvieux, on doit laisser les animaux a I'ecurie. Quand la plaie est 6tendue et situee au voisinage d'une articulation, quand eile occasionne de la boiterie, il fautconstaterun peu de mieux avant de remettre I'animal au travail. Generalement au bout de quatre k cinq pansements la cicatrisation marebe bien et le pansement se simplifle de lui-m6me. Lorsque la partie blessee est en contact avec les barnais, il faut attendre plus longtemps et les disposer de teile sorte qu'ils deviennent inoflensifs
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TROISIEME PARTIE
MfiDECINE V^TERINAIRE. — DESCRIPTION DES MALADIES
CHAPITRE PREMIER
NOTIONS SOMMAIRES SUR LES MALADIES EN GENERAL ET SUR LES SIGNES DE L'ETAT DE SANTE ET DE L'^TAT MORBIDE
Le cultivateur intelligent doit 6tre en etat de discer-ner la situation dans laquelle se trouvent ses animaux et de pouvoir aider le veterinaire, en appliquant avec söin la medication qu'il aura prescrite. fl Importe encore qu'il puisse dislinguer les maladies a leiu1 debut afin de soigner celles qui lui paraissent legeres et d'appeler, pour celles qui lui semblent graves, le concoiirs de rhomme de Tart.
Les notions usuelles que nous avons developpees sur la pharmacie et celles que nous indiquons sur la Chi­rurgie et la medeciue vetörinaires sont un moyen d'ap-pröciatiou seulement, et l'eleveur ne perdra jamais de vue que son ministöre s'arröte quand les elements 6chap-pent k son savoir, et qu'il faut recourir au veterinaire dans tons les cas embarrassants.
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118 TRA1TB DES MALADIES DU CHEVAL.
Aussi,pourarriver au hut quenous voulons atteindre, nous allons d'abord initier les personnes etrangeres ä la m6decme, et qui ont besoin de savoir discemerl'etat maladif de l'ötat de sante, aux connaissances indispen­sables pour diagnostiquer, en presence d'un animal malade, la nature et lagravite del'affectionquid^bute, pour proceder avecmethode et ne pas perdre son temps, en s'engageant dans une voie inutile quand eile n'est pas dangereuse. Nous commencons done par decrire les signes de la sante et de Tetat morbide : l'important est de connaitre ces deux choses; puis nous etudierons les symptömes generaux et speciaux des principales maladies et, tout en demeurant dans des conditions pratiques, nous arriverons ä indiquer les mesures ä prendre, soit qu'on agisse seul, soit qu'on attende la venue du mödecin.
Signes de l'etat de santi. — Chez I'animal qui se porte bien, toutes les fonctions s'executent regulierement, ainsi qu'on va le voir.
L'attitude n'est jamais forcee, soit que le cheval de-meure debout, soit qu'il se couche. La station debout est la plus constante: dans cette attitude, I'animal, pour dormir, appuie sa t6te sur la mangeoire ou sur un objet voisin; il repo^p alternativement ses membres, en les derobant, Tun apres I'autre, a I'appui sur le sol et en reportant le poids du corps sur les trois autres. Le che­val se couche indifferemment sur le cote droit ou siir le gauche, mais toujours en allongeant ses membres.
La peau est souple et les polls sont lisses et onctueux.
L'appetit est vif et constant. Aux approches de la faim, le cheval hennit, frappe la terre du pied, cherohe a appeler Fattention des gens qui le soignent; il saisit. avec aviditö les aliments qu'on lui präsente et mange sans interruption la ration qui lui a ete distrihuee.
La digestion s'effectue normalement et les excrements sont, dans ce cas, de bgnne nature.
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NOTION? SOMMAIRES SUR LBS MALADIES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;119
La respiration s'execute d'une maniöre lente et regu­liere ; las naseaux sent k peine dilates dans l'etat de repos, et le flanc s'6Iöve et s'abaisse sans arröt ni sou-bresaut. Le poulain respire quinze fois par minute, le cheval adulte dix fois, et le vieux cheval huit fois seu-lement.
La circulation est accus6e par les battements du coeur, qui se percoivent en appliquant les doigts sur le pas­sage des artöres superficielles ; la pulsation r6pond exactement k chaque contraction du cceur. Chez le cheval, la moyenne des pulsations est de trente k qua-rante par minute; chez les jeunes sujets, le nombre est plus considerable. Le pouls a une teile valeur par ses caraetöres, dans le pronostic des maladies, qu'il est toujours important de savoir le consulter; cela n'a rien de difficile et ne demande qu'un peu d'habitude (fig. 17).
G'est Tariere glosso-faciale qui est ordinairement ex-ploree, au niveau du bord maxillaire, ä Fendroit oil eile sort de Tauge pour gagner la face; on place le pouce de la main droite sur le c6te externe du maxil­laire et les doigts de la m6me main sur le cote interne de cet os, et Ton appuie sur son bord tranchant de ma-niöre a sentir l'artöre sous forme d'un cordon elastique: dans cette position. Ton sent ses doigts frappes par les bouillonnements du sang.
Toüs les signes que nous venons de relater attestent la sant6 ; d6s qu'ils se modifient, l'etat morbide com­mence. II est done tres-important de bien saisir la ma-niamp;re d'etre des animaux qui se portent bien, car on acquiert la possibilite de distinguer les symp tomes de trouble dans l'accomplissement des fonctions et le de­but de la maladie.
Signes de l'ttat morbide. — Les signes de l'etat morbide se divisent en deux ordres : les signes generaux et les signes speciaux. Les premiers sont communs a toutes
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TBATFE DES MALADIES DU CHEVAL.
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NOTIONS SOMMAIRES SUR LES MALADIESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 121
les affections aigues en general, les seconds aux mala­dies qui ofl'rent une marche particuliöre.
Les signes giniraux de l'itat morbide indiquent une situa­tion vague et alarmante qui uecessite l'appel du vete-rinaire et l'opportunite d'une prompte medication, le cultivateur ne pouvant agir qu'en prenant des mesures preventives. II faut done savoir discerner la nature de l'affection et pouvoir porter un diagnostic general. G'est principalement par la digestion et la circulation que les maladies aiguös eelatent, car ces importantes fonctions tiennent tout I'organisme sous leur dependance. Elles sont vivement impressionnees par le plus petit deran­gement, et l'etat morbide se manifeste aussitöt dans les attitudes, l'aspect et la, physionomie des animaux. Nous aliens passer en revue ces diverses modifications de l'economie.
L'attitude n'est pas naturelle : le cheval se tient eloi-gne de la mangeoire, d bout de longe, comme on dit, et montre une grande repugnance ä se mouvoir; la töte est basse, la station forcee et l'appui se fait sur les quatre membres; la marche est penible, difficile, nonchalante et parfois cbancelante; la physionomie est triste, le regard sans vivacite.
La peau est adherente, le poil terne et pique; les reins, d'habitude si flexibles, se montrent insensibles au pincement des doigts; la colonne vertebrale reste rigide.
L'appetit est souvent diminue, parfois nul; la soif est toujours intense.
La digestion se ressent de la perte de l'appetit et fonctionne peu ou point. On doit s'assurer de l'integrite des premieres voies digestives et voir si I'inappetence ne provient pas de l'irregularite de l'appareil dentaire, du gonflement de la muqueuse buccale, que Ton designe ordinairement sous le nom de lampas, de plaies a la langue, de l'obstruction des canaux excreteurs de la
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TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
salive et de plusieurs autres causes qui ne sauraient 6tre confondues avec le debut des affections aiguös.
La circulation est plus active ; on s'en apercoit k la frequence des battements du coeur, signalee par I'ex-ploration du pouls, k l'augmentation de la chaleur et ä la rougeur des muqueuses. La temperature du corps, nous le savons, s'elamp;ve ä mesure que le sang circule plus rapidement; ces variations sent surtout sensibles aux extremitös des membres, a la bouche et aux oreilles. Une chaleur anormale est le signe d'un trouble dans la circulation et d'une alteration g6nerale de l'öconomie. Les muqueuses apparentes de l'oeil, du nez et de la bouche sont rouges et chaudes, par suite de la flövre qui accompagne la maladie. II arrive souvent que ces membranes, de rouges et chaudes qu'elles ötaient, de-viennent päles et froides; cet abaissement de tempera­ture et cette päleur denotent toujours une lesion grave qui necessite l'intervention du vetörinaire. En atten­dant sa visite, il faut agir energiquement dans le but de retablir la circulation : les frictions vigoureuses avec un bouchon de paille ou les frictions avec un bouchon d'ötoffe trempe dans du vinaigre chaud ou de l'essence de törebenthine, les sinapismes, l'administration k I'in-terieur d'infusions de plantes aromatiques telles que la sauge, Fabsinthe, le romarin, la camomille, etc., sont d'un grand secours et reussissent g6neralement.
Deux cas se presentent. Ou l'artöre est petite, le le pouls faible, la temperature hasse et les muqueuses pales; ou Fartere est pleine et tendue, le pouls fort, la chaleur animate grande et les muqueuses rouges. Dans le premier, on agit comme nous venons de le dire tout k I'heure; dans le second, le cultivateur, en attendant la venue du veterinaire, pent prendre sur lui de mettre le malade k la diete, de lui administrer des boissons tiedes et blanches, de le couvrir pour eviter des refroi-dissements et mamp;ne de le saigner
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NOTIONS SOMMA.IRBS SUR LES MALADIES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;123
La respiration est egalement acceleree; les batte-ments du flanc sont precipites, tremblotants et de peu d'etendue. Dans certaines affections des organes res-piratoires, le flanc s'abaisse en deux temps bien mar­ques.
D'aprös l'expose qui precede, on remaxque qua le cultivateur peut aisöment savoir quand son cheval est en etat de sante, et en m6me temps saisir les premiers troubles qui apparaissent dans I'organisme. II lui de­viant, des lors, trös-facile d'apporter les premiers re-mödes au mal et d'öclairer le diagnostic de l'homme special qu'il fait appeler.
Les signes spiciaux de l'itat morbide sont trös-uom-breux, tres-difförents las uns des autres, et se ratta-chent par groupes aus affections des divers systemes de reconomie animale.
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CHAPITRE II
MALADIES EXTERNES
Afln de suivre une marche rationnelle et profitable dans rappreciation des signes morbides speciaux, nous diviserons les maladies d'abord en deux categories: les maladies externes et les maladies internes.
La premiöre categorie comprend toutes les affections qul ont leur siege sur des organes apparents, savoir: l'oedöme, les contusions, les plaies, les tumours, les abces, la boiterie, la fourbure, les maladies de la peau et celles des yeux. Mais comme leurs manifestations seules sont exterieures, et que toutes se rattachent, dans l'immense majorite des cas, a une lesion Inte­rieure, nous ne pouvons pas faire en tier dans le cadre de ce chapitre d'autres alterations que Toedeme, les contusions, les plaies, les tumours et les abcös, qui se font remarquer indifleremment sur toutes les partieü du corps, tandis que la boiterie, les maladies de la peau et des yeux se rapportent ä des appareils distincts, et ne se manifestent que sur certaines parties et dans des circonstances parfaitement delimitees.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, nous croyons a propos de faire remarquer qvie les cinq alterations re-produites plus loin ne se presentent pas souvent sous forme d'entites morbides, mais generalement sous forme de symptömes de maladies primordiales. Nous n'en aurions done parle qu'incidemment et dans le
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MALADIES EXTERNES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;125
cours de la description, si elles n'apparaissaientpresque toujours aux yeux des proprietaires d'animaux comme des affections locales et ordinairement guerissables en pen de temps. D'oü la necessite d'expliquer particulie-rement ce qui frappe le plus I'attention generale.
(Edöme.
Vaedeme n'est autre chose qu'une hydropisie partielle du tissu cellulaire, c'est-ä-dire un epanchement de l'element liquide du sang dans le tissu precite.
11 se montre de preference sous la poitrine, sous le ventre et aux memLres. II est chaud on froid; chaud quand il est la consequence immediate d'une affection aigne; froid, c'est le cas le plus general, lorsqu'il est le symptöme d'une maladie legere ou chronique.
L'oedöme chaud est d'ordinaireproduitpar des contu­sions, des plaies, une cessation subite de l'allaite-ment, etc., etc.; on le voit sous la poitrine et sous le ventre, au fourreau, aux mamelles, aux membres, sous I'aspect d'un engorgement uniforme, plus ou moins etendu, douloureux et resistant faiblement aux döigts. L'oedeme froid se distingue du precedent en ce qu'il est indolent et froid et qu'il garde facilement I'em-preinte des doigts.
En traitant la maladie qui a donnö naissance k l'oedöme, on arrive a faire disparaitre cette derniöre affection. Si le travail exagere, la mauvaise nourriture, et le sejour dans les lieux humides sont les causes du mal, le repos, l'alimentation choisie et des habitations saines amönent une transformation subite dans l'ötat du sujet. Joignez k cela des frictions aromatiques et des breuvages toniques et vous serez sürs du succös.
Quand Tcedöme est considerable et persistant, les veterinaires ont l'habitude de pratiquer des incisions
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dans la peau, afin de donner ecoulement au liquide. Ges incisions, nommees mouchetures ou scarifications, se font generalement avec le bistouri chez le cheval, avec des branches de groseillier chez les petits animaux; elles amenent le degagement d'une partie infiltree de sang ou de serosite.
Contusions et plates.
Les contusions sont des lesions produites par le choc ou la pression d'un corps et ne presentant aucune so­lution de continuite ä la peau.
Les corps contondants froissent les tissus, de lä une ecchymose; ils en coupent les fibres, de lä un epan-chement avec un gonflement plus ou moins conside­rables ; ils ecrasent, ils brisent las tissus, de lä leur destruction et par suite la gangrene.
Les contusions presentent done quatre degres: I'ec-chymose, I'epanchement sanguin, la destruction des parties Vivantes et la gangrene. L'ecchymose se mani­feste ä la peau sous forme de petits points rouges peu sensibles au toucher ; I'epanchement sanguin est dou­loureux, et la peau, cedant sous la pression des doigts, fait decouvrir la collection; enfin, la destruction et la gangrene sont caracterisees par I'insensibilite. A ces phenomenes suceöde une inflammation plus ou moins intense qui determine la resolution, la resorption de sang, la formation d'abces et quelquefois I'eliminatiou des parties mortes.
Les plates sont des solutions de continuite faites aux parties modes. On les divise en plaies par instruments tranchants, par armes ä feu, par brülures, par pi-qüres, par morsures, plaies contuses, plaies suppu-rantes.
Pour les contusions, les plaies, et, en general, tous
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MALADIES EXTERNES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 127
les accidents causes par une violence exterieure, il faut agir moderement, car la nature se charge ordinaire-ment de les reparer. Le role de rhomme est simple et se borne pour lui ä intervenir d'une maniöre judicieuse. Si la region malade est uniquement composöe de muscles, il n'y a qu'ä, demeurer spectateur du travail naturel qui s'opere; si, au contraire, eile comprend des os, des articulations, des ligaments, des tendons, etc., il faut eviter les accidents inflammatoires et recourir ä la douche. Nous avons vu, en parlant de l'hydrothe-rapie, combien les irrigations froides sont salutaires et nous recommandons expressement de les employer qu'il s'agisse du pied, des membres, de la nuque, du garrot, du dos, etc.
Lorsqu'il se presente des complications graves, c'est au veterinaire qu'il appartient de les apprecier.
Quand les contusions et les plaies ont ete occasion-nees par la pression des harnais, il faut en degager la partie qui froisse et eviter la continuation de l'acci-dent. Prevenir vaut mieux que guerir.
Tumeurs.
On donne le nom de tumeurs k des eminences circon-scrites, d'un certain volume, situees dans une partie quelconque de l'organisme.
II en existe de diverses natures ; mais notre but n'est pas de les decrire toutes, nous voulons seulemen donner ä leur sujet les developpements les plus indis­pensables.
Les causes qui donnent naissance aux tumeurs sont nombreuses, et nombreux sont aussi les moyens de cu­rability. Gelles qui sont dues aux frottements des har­nais disparaissent apres qu'on a fait cesser la cause et surtout aprös quelaues douches ; lorsqu'elles r6sistent
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ä ce traitement, on a recours ä l'onguent fondant, et, dans quelques cas, ä une pointe de feu pour provoquer la suppuration.
Si ces moyens sont inefficaces, on procede parfois a I'extirpation, mais Taction chirurgicale doit toujours 6tre conduite par le veterinaire.
Les hernies ombilicales, le cbarbon ne sont pas des tumeurs ordinaires, et c'est encore ä rhomme de l'art qu'il convient de laisser le choix du traitement.
Les suros, les hydarthroses reclament aussi une the-rapeutique differente dont nous dirons un mot au fur et ä mesure que ces alterations passeront sous nos yeux.
Abchs.
Vabc.is ou dipöt est une collection de matieres puru-lentes qui se forme au milieu des tissus.
On divise les abces en abces aigus ou chauds et en abces chroniques ou froids.
L'aJces chaud, celui dont nous nous occupons speciale-ment, se developpe toujours sous Tinfluence d'une inflammation aigue. II y a deux sortes d'abcfes chauds: I'abces chaud primitif, qui se montre au point precis oil la cause s'est produite, et l'abcös chaud consecutif, qui nait sous I'influence d'une cause morbide preexis-tante.
Les causes des abces chauds sont nombreuses et tres-variees dans leur mode d'action.
Le developpement, la marche et les evolutions d'une poche purulente sont presque toujours les mömes. La place oü un abces doit se former est occupee par une tumeur chaude, tendue, douloureuse et entouree k sa circonference d'un empätement oedemateux. Dans le principe cette tumeur est peu saillante, mais peu k
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MALADIES EXTERNES.
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pcu eile grossit et devient quelquefois volumineuse. Si l'abcös a sou siege pres d'une partie mobile, la souf-france est grande; s'il est situe dans un membra, ce membre est agite d'une facon anormale denotaut une douleiur lancinante. Quelle que soit la region oü l'abces s'est developpö, la sensibility est considerable; au fur et ä mesure que cette poche mürit et s'agrandit, la peau devient plus mince et la presence du liquide s'annonce par la sensation que les doigts eprouvent en pressant et qui s'appelle fluctuation.
En effet, si Ton applique les doigts d'une main au centre de l'abces, et si, avec ceux de l'autre main, on comprime sur un point lateral, le pus oböit ä l'impul-sion et vient soulever les doigts immobiles. A la pe-riode de complete maturite de l'abcös, la peau prend une teinte violette et finit par s'ecarter pour donner passage au liquide.
Le traitement des abces chauds est facile ä dirigev, quand ils sont superficiels et loin des organes essen-tiels; le contraire a lieu, lorsqü'ils sont profonds et qu'on ne pent reconnaitre leur position.
La premifere indication, si l'abces occupe une grande surface et occasionne un mouvement de fievre, est de pratiquer une petite saignee au cheval, de le mettre k la demi-diete et de lui donner des boissons blanches; la seconde consiste ä favoriser l'evacuation du pus dans le temps le plus court et avec les dommages les moins grands. Les premiers moyens k employer sont les cata-plasmes emollients, les bains ct les topiques, tels que I-js pommades de laurier. de peuplier, de belladone, etc. Si la suppuration est lente k s'etablir, il est bon de stimuler les parties au moyen d'une couche d'on-guent basilicum ou d'onguent vesicatoire mölangö avec un egal volume de terebenthine. Aussitöt que la fluc­tuation se manifeste, il faut ouvrir avec le bistouri, ou bien avec un cautere chauff'e au rouge vif. Nous con-
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TRAITB DES MALADIES DU CHEVAL.
seillons de recourir au dernier procöde pour deux motifs principaux : d'abord parce que le cautöre est une arme moins dangereuse entre des mains peu habiles, et ensuite parce qu'en donnant issue au pus il produit en m6me temps une irritation locale qui provoque un tra­vail inflammatoire favorable ä la guerison.
On panse I'abces comme nous venons de le dire pour les plaies; les soins de propret6 sent particuliörement exiges en pareil cas.
L'aftcds froid ne difföre de l'abcös chaud que par une marche plus lente; les symptömes sont, du reste, les monies. Le traitement doit ötre plus 6nergique; les frictions avec Tonguent fondant de Lebas, I'onguent vesicatoire leger r6ussissent trös-bien. Si la poche est longue ä se fermer, on emploie des injections confec-tionnöes avec des plantes aromatiques, du vin ou de la teinture d'aloes.
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GHAPITRE III
MALADIES DE L'APPAREIL RESPIRATCHRE
G£n6raUtÖ3.
Les maladies qui affectent le Systeme respiratoire u'ayant pas, en general, une marche trös-rapide, per-mettent de prendre les precautions necessaires pour en arröter le cours. Parmi les symptömes qui appellent immödiatement l'attention des personnes m6me les plus etrangöres ä la mödecine, nous citerons la toux, le jetage, la respiration plaintive et le cornage. Nous aliens les examiner successivement.
La toux annonce toujours un trouble dans la fonction respiratoire. Sa valeur diagnostique depend des autres symptömes qui Taccompagnent: ainsi, lorsque le flanc s'eleve et s'abaisse rapidement, que le jetage est cou-leur de rouille, la toux est alors petite, avortee et indique une lesion grave du poumon; quand eile est sonore et accompagnee de mucosites blanchätres, eile fait connaitre l'existence d'un rhume survenu tout a coup chez un animal bien portant; lorsqu'elle est söche, quinteuse et avortee, etqu'elle s'observe en m6me temps qu'un soubresaut dans le flanc, eile annonce la pousse ou une vieille courbature. Le repos a I'^curie, de bonnes couvertures, des boissons blanches, des fumigations emollientes, des electuaires adoucissants ou expectorants, une demi-diöte, etc., tels sont les
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premiers moyens que le cultivateur peut employer pour ses animaux qui se trouvent atteints de la toux; en cas d'aggravation des symptömes, c'est au.veteri-naire qu'il appartient de diriger la medication.
Le jetage est le eompagnon habituel de la toux. Quand 11 est abondant, de couleur blanc jauuätre et qu'il existe avec une toux grasse, un engorgement des gan­glions de Tauge et un peu de fiövre, on a, dans ce cas, affaire k la gourme. Lorsqu'un cbeval äge de plus de cinq ans est atteint de jetage, il faut le considerer comme suspect et Fisoler des autres animaux; au debut, rien ne ressemble plus k la gourme que la morm, et 11 con-vlent de s'abstenlr de toute imprudence qui pourrait devenir fatale ä soi-möme et ä des cbevaux. Le vete-rinalre prescrit la marche ä suivre et on doit scrupu-leusement mettre ses observations en pratique. Nous reviendrons sur ce sujet en decrlvant la morve.
La respiration plaintive est un Symptome constant des Inflammations du poumon. Aussitöt qu'on i'entend sur un sujet de l'espece chevallne, on doit en toute bäte aller cbercber le veterinaire; en attendant sa venue, 11 est bon de tenir ranltnal cbaudement, de le frictlonner vigoureusement et de lui placer un large sinapisme sous le ventre. Breuvages emollients et tiödes, diöte.
Par les grandes chaleurs et apres une course longue et pr6cipitee, les cbevaux sont hors d'haleine; on dlt alors qu'ils sont pris de chaleur.
Le carnage est caracterise par une respiration slfflante, et se manifeste quand 11 existe un obstacle au libre passage de l'air. II est aigu dans les angines intenses, et ebronique lorsqu'il existe de longue date et ne se produit que pendant le travail. En soignant Taffection qui a donne nalssance au cornage aigu, on volt celui-ci diminuer progressivement; quant au cornage chronique nous en parlons longuement plus loin, a cause de son importance comme viceredbibitoire. .
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MALADIES DE l'aPPAREIL RESPIRATOIRfe.
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Asphyxie ou Etouffement.
Vasphyxie (litteralement sans pouls) est la suspension des fonctions de relation et des principales functions vitales par suite de la cessation plus ou moins brusque de la respiration et consöquemment de l'hematose. C'est done la privation d'air qui est la cause de l'asphyxie.
Les symptdmes generaux viennent avec d'autant plus de rapidite que I'interruption respiratoire est plus prompte; ce sont: Tabolitlon de toutes les fonctions sensoriales et motiles; la cessation de tout mouvement respiratoire; le ralentissement, rintermittence, la fai-blesse des mouvements du coeur, l'obscurcissement de ses bruits; le gonflement des veines de la töte et du cou; la couleur violette des muqueuses; la conservation de la cbaleur; l'absence de raideur des membres, etc. Aprös cinq ou six minutes, la mort est certaine. Quand la vie revient, les mouvements du cceur sont percep-tibles, le sang circule dans les vaisseaux, l'air pönetre dans les poumons et les fonctions reprennent leur cours normal.
Vautopsie montre la fluiditeet la coloration noire du sang, l'abondance de ce liquide dans les cavites droites du coeur et dans les veines, la congestion sanguine de tous les organes, surtout des poumons et du foie, et l'injection des membranes muqueuses.
Nous placant au point de vue qui nous interesse, nous dirons qu'on ne peut distinguer pour le cheval que deux sortes d'asphyxie : l'asphyxie par obstacle k la pönötration de l'air dans la poi trine et celle par les gaz irrespirables.
La submersion est un accident assez rare chez le cheval, et qui ne se produit que lorsque cet animal est entrainö dans I'eau avec la voiture qu'il conduit, car il
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TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
est excellent nageur et salt se tirer d'embarras quand ses mouvements ne sont pas entrav^s.
Les causes qui fs'opposent a la penötration de l'air dans les bronches soqt nombreusesquot;. Dans cette cat6go~ rie se trouvent la compression des parois tboraciques, exercee de teile sorte qu'elle empöche tout mouvement d'expansion et de resserrement; la compression des poumons par un epanchement pleuretique ; le refoule-ment du diaphra^me en avant, par la serosite abdomi­nale resultant d'une hydropisie, ou par des gaz surve-nant ä la suite d'une indigestion; l'obstruction des voies superieures de la respiration, par des corps stran­gers, par des abcös, des tumours polypeuses, des faus-ses membranes, des mucosites accumulees dans les bron-cbes ; la strangulation determinöe par une pression sur le larynx, par un collier trop 6troit, comme on I'observe lorsque les animaux atteles sont enleves et momenta-nement suspendus, par suite du renversement de la voiture enarriere; le sejour sous les decombres, la rare­faction de l'air, etc., etc. Citons encore, pour comple­ter le tableau, le gonüement de la base de la langue, les abcös et les tumeurs dans I'arriere-boucbe, la para-lysie des muscles respirateurs, I'administration mala-droite d'unbreuvage, l'arrötdes aliments dans le pbarynx ou leur chute dans la tracbee. La plupart de ces acci­dents sont rares.
L'asphyxie par I'introduction dans les poumons d'un gaz impropre k I'hematose se remarque lorsque les ani­maux sont entasses dans un lieu trop etroit oü l'air ne se renouvelle pas, et lorsque les fluides qu'ils inspirent exercent une action toxique sur I'economie; c'est ainsi qu'agissent l'acide carbonique, l'hydrogöne carboue, le chlore, l'acide sulfureux, la fumee d'incendie, etc.
Le premier soin a prendre en pareille occurrence est de chercher ä ranimer les mouvements respiratoires et les contractions du coeur. par des frictions söches et
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MALADIES DE l'aPPAREIL RESPIRATOIRE.
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irritantes sur la peau, par des insufflations d'air dans les poumons, et par des lavements irritants. Quand ces premiers efforts sent couronnes de succes, il reste ä retablir I'ordre dans la circulation qui s'effectue avec trop de lenteur ou d'une maniere desordonnee ; pour combattre une congestion possible de poumon ou du cerveau, on pratique quelques petites saignöes.
Tout n'est pas termine, car äla suite d'un incendie et aprfes avoir ete ramene de vie k trepas, le cheval est souvent atteint d'une violente irritation des voies res-piratoires. Nous avons et6 frequemment decu dans nos espörances, en voyant mourir de bronchite aigue, plus de huit jours apres l'incendie, des individus que nous avions laisses en bon etat et dont rien, absolument rien, ne faisait deviner la fin malbeureuse. Les soins ä donner en pareil cas sont decrits k I'article bron­chite.
Coup de chaleur.
Le coup de chaleur, designe sous le nom plus impropre de coup de sang, est une asphyxie rapide qui survient pendant les fortes chaleurs, lorsque les chevaux sont soumis k des allures trop rapides, sous un soleil ardent et dans une atmosphere rarefi^e, ou dans des ^curies trop chaudes, surtout les jours d'orage.
Dans cet etat, Fanimal demeure immobile sur ses membres tendus, la töte basse et allongöe; les yeux sont fixes et brillants, la physionomie pleine d'angoisse, les narines dilatees, la respiration pröeipitee, le flanc soulev6, l'artöre pleine, les battements du coeur tjimul-tueux, les muqueuses apparentes injectees, les veines superficielles gonflees, etc. Ces symptömes peuvent perdre de leur intensite, demeurer stationnaires ou s'aggraver. En cette derni^re circonstance, I'animal ne
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136 TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
peut plus se tenir debout, chancelle, tomLe et meurt immobile ou dans des convulsions.
Le traitement de cette maladie a ete bien etudie par M. H. Bouley qui indique les prescriptions suivantes, dans le iVoMvealaquo; dictionnaire de medeeine v^mnojre, t. Ill, p. 434.
II faut autant que possible, au moment oü les ani-maux sont pris de chaleur, les mettre a I'abri sous un arbre, pres d'un mur, sous un hangar, mais non pas dans un endroit clos, car I'air doit circuler librement autour d'eux.
On doit faire des affusions d'eau froide (jeter de l'eau), ä larges ondees, sur toute la surface du corps, pendant trois ä quatre minutes; puis apres il faut exprimer avee un couteau de chaleur le liquide qui impregne le poll, et secher exactement .la peau avee des eponges et des linges. Ce mode de traitement a pu paraitre excessif et redoutable, il y a quelques annees, alors que, mü par des ideas toutes theoriques, on etait preoccupe principalement des dangers des repercus­sions qui pouvaient resulter de l'action de l'eau froide sur le corps en sueur. Cependant l'inanite de ces crain-tes aurait pu 6tre demontree de longue date par la pra­tique tout empirique des postilions, qui, dans un grand nombre d'etablissements, avaient l'habitude de faire immerger rapidement, dans un bain d'eau courante, leurs chevaux encore tout haletants de leur course et ruisselan'ts de sueur, sans que, malgre les previsions de la theorie, ces bains fussent jamais ^uivis de conse­quences dangereuses. Aujourd'hui, il est prouve, par les etudes et les experiences des hydrotherapistes, que l'action rapide de l'eau froide sur le corps en sueur, loin d'ötre nuisible, ne peut 6tre que salutaire. Elle determine sur l'homme, presque immediatement, une impression du bien-etre d'autant plus frappante qu'elle contraste avee le malaise qui accompagne toujours une
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MALADIES DE L APPAREII. RESPIRATOIRE.
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calorification excessive. Cette impression resulte prc-bablement de rabaissement subit de la temperature animale, qui, 61evee de trois ä quatre degres sous Fin-üuence des excitations de la course, est ramenee a son son cbiffre normal par les applications de l'eau froide sous forme de douches et d'immersion.
Lorsque I'^tat comateux (somnolence) qui accom-pagne I'asphyxie se prolonge, il faut reveiller la sensi­bility par de vigoureuses frictions k la peau avec des essences excitantes (essence de ther6bentine), par des lavements irritants (de m6me nature), et, si la degluti­tion est encore libre, par I'administration, en breuvages, d'excitants diffusibles, tels que le vin, les infusions aromatiques (sauge, hysope, romarin, camomille, etc.) alcoolisees, I'ac^tate d'ammoniaque (100 ä 200 gram­mes), etc.
La saignee est bien indiquee au debut, mais elle doit 6tre faible, quand les forces sont opprim6es, sauf a la renouveler une ou deux fois et a doses croissantes lorsque la reaction s'etablit.
Enfin, si Ton reconnait que tons ces moyens restent inefficaces, on peut tenter l'insufflation de l'air dans la poitrine, k l'aide d'une ouverture pratiquee k la tra-chee; un gros soufflet de cuisine, et mieux, un souf-flet de boucher conviendrait pour cet usage.
Angine ou mal de gorge.
Vangine (du mot latin angere, suflbquer) est I'inflam-mation simultanee de l'arriere-bouche , du pharynx et du larynx ; eile est caracterisee par la gone et la dou-leur des organes de la deglutition et de la respiration.
Dans I'ancienne medecine, le nom d'angine etait ap­plique lorsqu'il s'agissait de designer les phenomönes de dyspnee provenantd'un embarrasdes voies digestives
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138 TRA1TK DES MALADIES DU CHEVAL.
et respiratoires superieures. Sa signification est mieux circonscrite aujourd'hui, car eile se borne ä constates la phlegmasie simple ou compliquöe des muqueuses qui tapissent les regions pr6c6demment indiquees.
Les mödecins ont reconnu plusieurs formes d'angines, suivant que l'intensite de l'inflammation s'attache k teile par tie plutöt qu'ä teile autre. Les vöterinaires n'ont pas tarde ä introduire ces divisions dans leurs ecrits et ä voir autant d'angines que de symptömes dominants. Cette classification est utile sans doute pour ceux qui font de la thöorie le but principal de leurs etudes; mais poür I'eleveur qui cherche I'applica-tion utile de ses connaissances, il est preferable de sim-plifier les descriptions scientifiques. II vaut mieux suivre sous un mamp;ne nom les maladies des organes d'une region, plutöt que de se perdre dans les details d'un examen sans profit. G'est lä le cas de l'angine.
Loin de nous la penseede pretendre que, dans tel cas, le larynx ne soit particulierement 16s6, et que, dans tel autre, ce ne soit le tour du pharynx; mais nous pensons qu'il est bien rare que deux organes qui se touchent de si pros ne soient pas souvent malades en m6me temps, et que Tun reste indemne quand I'autre est frapp6.
Partant de ce principe, nous avons d6crit, sous le nom commun d'angine, Tinflammation des premiers. conduits digestifs et aeriens, et nous distinguons seu-lement trois variet6s d'angines, savoir : l'angine aiguö, l'angine chronique et l'angine couenneuse ou croupale.
Si nous avons un peu trop etendu le cadre des gene-ralites sur l'angine, cela provient de notre envie d'atti-rer l'attention du lecteur sur cette importante maladie, si commune dans certaines annöes et si pr6judiciable k l'ölevage.
La membrane qui tapisse l'arriere-bouche et le la­rynx est tres-irritable, et trouve des causes frequentes
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d'mflammation dans sa libre communication avec I'air exterieur. G'est au printemps et k I'automne, pendant les variations atmospheriques propres ä ces p6riodes de l'annöe, que les angines se declarent sur les chevaux, et surtout sur les poulains abandonnfe dans les pätu-rages froids et humides; sur ceux encore qui sont transport's d'un pays dans un autre pour les besoins du commerce, car les lieux, I'air, les aliments, lesbois-sons,les habitations,leregime,les soins, I'hygifene, etc., impriment ä l'organisme des modifications profondes dont les angines sont un des modes d'expression. A ces miises ginirales, il convienl d'aj outer les causes parlicu-lieres que voici: refroidissement, arröt de transpiration, courants d'air, compression violente de la gorge, action des gaz irritants et des poussiöres, introduction de corps etrangers dans le detroit pharyngo-laryngien, etc., etc. Angine AiauE. — Gette forme s'annonce par la tris-tesse, le pau d'ardeur au travail, I'essoufflement facile, la plaquo;rte de l'appötit; puls eile s'accuse nettement par quot;les divers phenomenes morbides que nous allons pas­ser en revue. La toux est grasse et quinteuse, surtout quand les animaux mangent et boivent; la salivation est abondante et la deglutition tres-difficile ; le jetage est abondant, s'ecoule en flocons epais sans adherer aux alles du nez ; la sensibilite de la gorge et des parotides est extreme, et la moindre pression provoque la toux qui s'accompagne d'une expectoration mucoso-puru-lente mölee ä des parcelles alimentaires; la pituitaire est rouge fonce et souvent pointillee, les ganglions de Tauge empätes et tumefies. — Les animaux sont en proie a une fievre plus ou moins intense, le pouls est plein et fort, les muqueuses colorees, I'air expire chaud; la soif est grande, les malades recherchent les boissons froides, mais la douleur qu'entraine leur passage est si grande qu'ils les rejettent paries cavites nasales ou ne les avaient qu'imparfaitement. Quelques chevaux, plus
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profond6ment abattus, se tiennent debout, immobiles, la töte hasse et appuyee sur la mangeoire, I'oeil teme cache sous la pauptöre; ils semblent plonges dans un etat de stupeur, avec une respiration lente, un pouls irregulier et mou, un appetit nul, une lassitude ex­treme. — L'angine s'accompagne souvent de cornage, surtout lorsque le jetage s'etablit difflcilement; aussi la tracheotomie provisoire est-elle necessaire pour eloi-gner le danger d'asphyxie. C'est generalement vers le soir que le cornage se manifeste; il dure une partie de la nuit, disparait et se montre le lendemain ä peu pres a la möme heure.
L'angine aigue se termine le plus souvent par la r6-solution qui s'annonce par une abondante secretion mucoso-purulente, persistant apres la disparition des symptömes d'acu'ite ; sa duree est de quinze ä vingt-cinq jours.
Le traitement consiste a tenir les animaux au rapes, a les placer dans des ecuries dont la temperature soit douce et uniforme, ä leur entourer la gorge d'unef peau de mouton ou d'un bandage matelasse, ä les revötir de couvertures de laine, ä les nourrir avec des aliments ramollis par la cuisson et faciles ä broyer et k deglutir. On present en outre les boissons blanches, quelquefois la demi-diete, les purgatifs salins, les fu­migations emollientes, les gafgarismes rafraichissants. Les breuvages et les electuaires, e'est-a-dire les medi­caments qu'il faut introduire de force, sont contre-indi-ques parce qu'ils occasionnent de l'agitation aux ma-lades, accroissent rinflammation, et occasionnent parfois des accidents par leur passage dans les voies respiratoires.
Quand ces moyens sont insuffisants, on arecours k la saignamp;e repetee plusieurs fois suivant l'intensitö du mal, aux sinapismes et möme aux vesicatoires sur la gorge, aux setons sous la poitrine, aux lavements irri-
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tants, etc. Ce n'est qu'a la derniere extremite qu'on doit rejeter.la medicatioa antiphlogistique et donner la preference aux revulsifs.
C'est pour remedier k I'asphyxie qu'on ouvre la tra-chee. Le veterinäire seul est apte ä pratiquer cette operation, et la conduite de ce dernier doit encore ötro tres-reservee en presence des accidents graves qui peuvent 6tre la consequence de la tracheotomie. Cepen-dant, il ne peut et ne doit jamais hesiter lorsque la res­piration est tellement entravee qu'elle ne suffit plus aux besoins de l'organisme.
L'angine chronique est rare. Elle est generalement le resultat d'une angine aiguö mal soignee ou aban-donnee a elle-m6me.
La gone marquee de la'deglutition, le rejet frequent des aliments et des boissons par les cavites nasales, la persistance du jetage et de la salivation, la toux qui se fait entendre pendant les repas, la sensibilite de la gorge, et enfln le cornage tels sont les symptömes les plus communement observes dans cette affection. Le bruit du cornage est intermittent, mais avec un mode different, aussi bien dans la laryngite proprement dite que dans la pharyngite marquee.
Quand l'angine chronique debute-sous ce type, ce qui est l'exeeption, eile se traduit plus particulierement par une toux petite, seche et quinteuse, Tallongement de l'encolure, l'ouverture frequente de la bouche, comme si le cheval voulait se d6barrasser d'un corps etranger qui le gönerait consideräblement.
L'angine chronique est longue et resiste parfois aux moyens therapeutiques les mieux compris et les plus energiques ; la maigreur progressive, un cornage incu­rable, et un etat emphysemateux du poumon en sont la triste consequence et mettent les animaux hors de service. Lorsqu'on veut essayer un traitement, il faut alors employer les vesicatoires sur la gorge, les setons
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TRAITE DBS MALADIES DU CHEVAL.
sous la poitrine et mieux encore de chaque cöte de l'encolure, les fumigations excitantes, les aliments de choix et faciles k broyer. II est bon d'eloigner en inöme temps les causes qui ont pu prösider k la nais-sance de l'affection et d'entourer les malades de tous les soins prescrits par I'hygiene.
L'angine couenneüse ou CROUPALE est encore plus rare que la precedente; les jeuaes animaux et les adultes en sont plus souvent atteints que les vieux sujets.
Les causes occasionnelles de cette affection sont celles de l'angine aigue : vicissitudes atmospheriques, loge-ments insalubres, inspirations de gaz irritants, etc. Ce qu'on ne distingue pas au juste, ce sont les conditions predisposantes qui font que la phlegmasie rev6t la forme diphtherique plutöt qu'une autre. Mais dans la pratique, et c'est lä I'objectif que nous avons toujours devant les yeux, cette döcouverte n'a rien de fort utile; cependant, il est permis de supposer que Tinflammation devient exsudative en raison de ce pbenomöne qui, dans la jeunesse, favorise le suintement de la matiere fibrineuse sur la muqueuse de la gorge et la coagulation de cette möme matiere sur la surface lesee. Le phenomene qui donne un caractöre special a l'angine couenneuse n'est point particulier k la cause de cette maladie. non plus qu'ä l'etat de la muqueuse qui est le siege de l'alte-ration; il tire son origine pathologique de l'essence möme de Forganisalion du sujet. Si Ton rapproche la composition des fausses membranes de celles du fluide nourricier, on constate que les enfants et les jeunes animaux, dont le sang contient beaucoup de fibrine et d'albumine et possöde en abondance les 616ments cons-titutifs des fausses membranes, sont pr6cisement ceux qui succombent sous les etreintes du croup. II existe certainement dans cette coincidence un rapport de cau-salite qu'il serait difficile de nier'.
L'angine croupale s'annonce par la tristesse, la toux
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MALADIES DE L APPAREIL RESPIRATOIRE.
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petite et penible, la respiration difficile, la dilatation des naseaux, rallongement de l'encolure, l'agitation du flanc; certains animaux ouvrent la bouche et laissent pendre la langue qui est tantöt söcbe et brülante, tantöt recouverte de salive. La gorge est douloureuse, et le moindre attouchement sur cette region provoque une toux qui entraine des mucosites ou des debris de fausses membranes, et occasionne un sifflement plus ou moins aigu. Si on ausculte le larynx, on percoit un gargouillement, un räle croupal caracteristique de la presence des fausses membranes. Le pouls est serre, les veines superflcielles gonüees, les muqueuses appa-rentes injectees, la peau brülante, les sueurs frequentes ä la base de l'oreille, la facegrippee, la demarche chan-celante.
Cette forme de mal de gorge se termine par la reso­lution ou par l'asphyxie. La premiere est le point de döpart de la diminution de tous les symptomes ; ainsi la gone de la respiration est moins grande et le cornage moins prononce, l'ebrouement succöde ä la toux,. les mucosites et les fausses membranes disparaissent, l'appetit revient et la guerison est complöte du huitiöme au dixiöme jour. La terminaison par la suffocation de­note une difficulte extreme de la respiration : le cheval chancelle sur ses membres en ecartant les antörieurs, se tient k bout de longe ou prend un point d'appui sur la mangeoire, tend l'encolure et succombe sl Ton ne vient promptement ä son secours.
La duree de l'angine couenneuse est six ä vingt-quatreheures dans les cas graves, et de deux k sixjours quand l'acüitö est moins prononcee.
L'inflammation pseudo-membraneuse ne se localise pas specialement dans le larynx; eile se propage dans la trachöe et dans les bronches. Quand la tracbee est prise entiörement, les phenomönes morbides s'exa-gerent, on entend un gargouillement produit par la
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difficuM du passage de l'air et on constate k chaque instant rimminence de l'asphyxie.
Le traitement de cette forme d'esquinancie demande, pour 6tre efficace, une tres-grande promptitude. Les saignees generales repetees deux ou trois fois de suite, les sinapismes et les vesicatoires sur la gorge, les bois-sons purgatives et diuretiques, les gargarismes acidules et les lavements irritants sont les premiers moyens k employer. La tracheotomie est le dernier remede, et il ne faut jamais Fappliquer trop tard, parce que si Ton attend l'epuisement des forces, I'animal n'en meurt pas moins malgre la voie ouverte a la respiration.
L'insufflation du mercure doux dans le larynx, recouvillonnement et la cauterisation preconises apres la tracheotomie, par MM. Trousseau et Gohier, dans le croup des enfants et des animaux, sont d'une appli­cation si difficile et offrent de si grands dangers que nous ne saurions les recommander.
Quand le travail de resolution s'effectue, il est utile de le favoriser par les fumigations emollientes, les breuvages emetises, les aliments cuits et, en general, toutes les donnees de l'hygiene.
La gourme, dit M. Reynal, dans le Noimeau dictionnaire vetirinaire, est une maladie trös-frequente; eile sevit souvent sur la presque totalite des jeunes animaux d'une contree; ceux qui emigrent et qu'on transporte subitement des pays d'elevage dans les centres de con-sommation payent pour le plusgrandnombre leur tribut ä cette affection. L'emigration et toutes les influences qu'elle implique ont certainement une trfes-grande part dans le developpement de la gourme, car les ani­maux qui restent soumis aux conditions d'hygienej de
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nourriture et de travail, dans lesquelles ils sont nes ou eleves, demeurent souveat exempts de cette maladie, tandis qu'au contraire, I'observation demontre qu'elle les atteint le plus ordinairement lorsque ces conditions ^ont changees.
Cette affection se developpe done generalement sur les chevaux de deux k cinq ans; mais eile frappe aussi les poulains de six mois ä un an et les animaux de six ans et au-dessus. Elle est plus frequente en hiver qu'en ete, ä cause des variations atmospheriques qui exercent une puissante iniluence sur les solipedes. Souvent, eile coincide avec revolution des dents de remplacement, et il est generalement admis que le travail de la deuxieme dentition est une cause, sinon efficiente, tout au moins occasionnelle de cette maladie.
Les causes de la gourme peuvent se resumer en deux mots; les unes sont prödisposantes : le jeune age, Tali-mentation employee avant la vente, etc.; les autres sont efficientes : le changement de regime, Temigration et les variations atmospheriques. Une autre cause puis­sante du developpement de cette maladie, e'est la con­tagion.
La contagion etant etablie, il Importe de savoir si, dans cette affection due a I'action d'un virus, une premiere atteinte preserve d'atteintes ulterieures. L'idee que la gourme ne sevit qu'une fois n'est pas Uxacte, car eile est contredite par I'observation des faits. En s'abattant plusieurs fois sur le mfeme animal, eile fait ainsi exception ä la loi applicable k la göneralite des maladies contagieuses.
La division la plus simple eonsisle k reconnaitre une gourme benigne et une gourme maligne; la premiere est generalement simple dans ses manifestations et dans son traitement, la seconde est fortvariee dans ses modes d'expression et presque toujours difficile a guerir
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tifinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
Gourme benigne. — Dans la majorite des cas, la gourme se traduit par une inüammation generale de la muqueuse respiratoire, avec des engorgements des ganglions de Tauge, qui se terminent par la suppu­ration.
An debut, le poll est terne, les mouvements lents, le travail un peu difficile, la vivacite moins grande, la tristesse marquee, l'appetit capricieux et parfois nul, les excrements durs et couverts de mucosites, la toux seche et repetee, le jetage visqueux et sans adherence aubord des narines, Fair expire humide, la pituitaire rosee et ses capillaires apparents, la conjonctive un peu jaune, le pouls fort et vite, le flanc agite, les gan­glions de Tauge tumefies et douloureux ä la pression.
Quoique generaux et encore peu tranches, ces symp-tömes annoncent une aggravation prochaine, et cette aggravation semble une necessite pour amener I'elimi-nation des produits morbides. En effet, le jetage de-vient epais et abondant, la töte est basse et tendue sur I'encolure, la toux est tres-frequente, par i'exercice le cornage se manifeste, les mouvements du flanc sent irreguliers et trembletants. L'animal #9632; mange peu et rejette parfois le bol aprös l'avoir mäche. II appete les liquides, mais la deglutition, rendue douloureuse, est imparfaite, et une partie de ces liquides est rejetee par les naseaux, entrainant les mucosites qui ont pu s'y ac-cumuler, ou quelques parcelles alimentaires. Labouchfi est chaude, päteuse, et parfois pleine de salive mous-seuse. La pituitaire est injectee et dans quelques cas semöe de taches ecchymotiques ; Fengorgement gan-glionnaire a augmente, et remplit souvent la cavite maxillalre.
Bientötle jetage et la toux dominent toute la scene morbide. Le premier est epais, gluant, visqueux, jaune verdätre et tombe en longues meches sur le sol; la se-conde est douloureuse et avec expectoration de muco-
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sites abondantes. Un räle muqueux se fait entendre ä l'entree de la poitrine, le flanc est tendu et accelere et las ganglions s'abcedent.
Get 6tat d'acuite persiste pendant cinq ou six jours et plus, puis s'amende petit a petit. Le clieval souffre moins, mange un peu, devient gai, tousse plus rare-ment et recupöre la sante.
II arrive dans quelques circonstances qua, sans revö-tir le caractere de malignite proprement dite, la mala-die s'annonce par une succession rapide de symptömes dont l'exageration inspire certaines eraintes et neces-site un moyen de traitement energique et immediat. II n'est pas rare, en effet, de voir ä la periode ultime du mal 1'engorgement des ganglions et' du tissu cellulaire unvironnant acquerir un developpamant assaz conside­rable pour determiner des phenomenas d'asphyxia.
Tel est le mode d'axpression le plus commun de la gourme.
Cependant, on pent observer des animaux chez lesquels le jetage et les abces sous-glossiens disparais-sent k la suite d'un traitement convenable ou de l'exe-cution des regies de l'hygiöne, pour faire place au bout de plusieurs semaines ou de plusieurs mois ä do nouveaux troubles ou a de nouveaux abces sous la ga-nache. D'autres fois, la gourme s'accompagne de la for­mation d'abces, souvent tres-vastes, a I'ancolure ou dans toute autre region du corps, et qui guerissent par la ponction. Cette tendance ä la pyogenie est si puissante que, plus tard encore, de nouveaux abces se developpent de recbef, et entravent le retablissement deflnitifde la sante.
La duree de cette variete ne depasse guere une dizaine de jours, ä moins de complication d'angine intense ou d'abces volumineux dans Fauge; dans ce cas, eile atteint le trentifeme jour.
La medication reclame d'abord des conditions hygie-
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niques convenables : temperature douce, bandages sous la gorge, couvertures de laine, boissons blanches et legerement purgatives, demi-difete, fumigations emollientes, gargarismes acidules, lotions d'eau emol-liente au pourto\ir des yeux et des cavites nasales, etc. Quand la crise se manifeste avec un caractere d'a-cuit6 trop violent, il est utile de la moderer par une saignee ; a part cette circonstance, il ne faut pas user des depletions sanguines.
Des l'apparition de la gourme, un seton au poitrail amene des effets avantageux; il en est de m6me des cataplasmes emollients sur la gorge, et d'un vesicatoire sur les abcös dontla marche est trop lente. Les aliments cuits ou maceres dans I'eau doivent former la base de la nourriture.
Gourme maligne. —Sous lenom de gourme maligne, M. Reynal designe un ensemble de maladies de m6me nature que celles comprises dans les paragraphes prece­dents, mais differentes par le peu de regularite qu'elles offrent dans leur marche, par la diversite de leurs formes et surtout par la gravite de leurs symptömes. Les causes qui president a la manifestation de la gourme maligne sont obscures. Les symptömes n'ont rien de fixe; ils varient avec la constitution de l'indi-vidu, les conditions hygieniques dans lesquelles il est place et la venue des complications. Parmi les altera­tions qui aggravent I'etat primitif, nous citerons en premiere ligne l'anemie et la pneumonic. Ces deux affections r6unies constituent la pneumonic typhoide des auteurs modernes. Dans d'autres circonstances, c'est une pleur^sie aigue qui vient compliquer, avec des caracteres particuliers, la marche ordinaire de la gourme. Chez quelques sujets, la diathöse gourmeusc s'ex prime par une inflammation catarrhale de la mu-queuse intestinale ; cet etat morbide est d6crit par les vetörinaires sous lenom d'enterite typhoide. Mais s'il
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est des cas oü la gourme maligne merite son nom. c'est lorsque les symptömes qu'elle offre sont de na­ture ä faire croire a une aft'ection morvo-farcineuse.
Sous riufluence de la gourme ordinaire, la pertur-hation gönerale des fonctions se traduit ordinairemenl par un mouvement fluxionnaire du cöte de la töte et des premieres voies respiratoires, et la resolution defi­nitive s'accomplit a, I'aide d'une secretion humorale abondante par les narines et aussi d'une collection purulente dans le tissu cellulaire sous-glossien. Dans les circonstances exceptionnelles qui rendent la gourme maligne, rinflammation de la pituitaire se complique des alterations dont nous venons de parier et quelque-ibis encore d'une phlegmasie cedemateuse du tissu cellulaire de la face et d'une angioleucite consecutive. Les levres se tumefient et le chanfrein se couvre de cordes qui accusent la pblogose lymphatique; ces centres phlegmoneux se convertissent en abces qui laissent ecouler un pus filant par une ouverture facile ä s'ulcerer; la pituitaire elle-m6me se couvre de vesicules qui se transforment en plaies et offrent une certaine ressemblance avec les chancres de la morve. Des en­gorgements cedemateux purulents s'observent encore sur le trajet des gros vaisseaux lymphatiques des membres qui deviennent le siege de tumeurs noueuses, disposees en chapelet et donnant issue k de la matiere purulente associee ä de la lymphe alteree. II est encore assez commun de constater rinflammation d'une ou de plusieurs articulations, des grandes sereuses, des tendons, des glandes salivaires, des poches guttu­rales, etc.
La durie de la gourme maligne est proportionnee k la gravite des complications ; quand les lesions locales revötent un caractere chronique, eile peut se prolon-ger jusqu'au terme de deux k trois mois, et möme davantage. Les abces dans les cavites tapissees par des
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mvujueuses, la collection purulente des sinus, lejetage persistant sont extrömement redoutables, en raison de la difficulte d'apporter promptement leremedequidoit les faire disparaitre.
La thirapeutique applicable a la gourme maligne varie avec les complications qui surviennent. Autant de maladies, autant de moyens divers.
En general, lorsque le jetage tarde trop a se manifes­ter, et qu'on redoute des alterations du poumon, des plövres, de l'intestin, du systöme lymphatique, il faut employer les sinapismes ä l'exterieur et le kermös et l'emetique ä l'interieur, sous forme de breuvages, d'electuaires, ou de bols; il convient aussi d'activer la suppuration des glandes de Tauge avec des frictions d'onguent vesicatoire, de pommade mercurielle, d'io-durede potassium, d'iodure de mercure, etc. La caute­risation en pointes fines et penetrantes dans la profon-deur des engorgements produit un effet tres-salutaire.
Bronchite.
La bronchite, encore connue sous les noms de rhume de poitrine, catarrhs pulmonaire, morfondure, est une inflam­mation de la muqueuse qui tapisse les bronches ou conduits aeriens du poumon. Les variations de tem­perature, les refroidissements, les logements hu­mides, etc., sont les causes de la bronchite que Ton divise en bronchite aigue et en bronchite chronique. Nous parlerons tout ä l'heure de cette derniöre.
Les symptömes de ia bronchite aigue sont la gone de la respiration; unetoux frequente, seche au debut, grasse quelques jours apres ; un jetage blanchätre et epais, et parfois un peu de fievre. En appliquant Fo-reille sur les differents points de la poitrine, on entend un bruit de glou-glou appel6 rdle muqueux,el provenant
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de la difficulte que Fair eprouve k traverser les abou-dantes mucosites qui obstruent les canaux bronchiques.
Le diagnostic de cette affection est facile, ainsi qu'on peut s'en rendre compte par I'enonce des symptömes precedents; le pronostic n'est pas grave, mais il peut devenir serieux si I'inflammation s'est propagee aux lamifications tenues des bronches et ä la substance du poumon. La bronchite code ordinairement en quinze ou vingt jours au traitement que nous indiquons.
La saignee, si les animaux sont en bon etat, les fumi­gations emollientes, les boissons calmantes ä la bella-done ou au laudanum, produisent de bons effets. On augmente leur action par les sötons. Demi-diete, regime blanc. Si la maladie tend ä passer ä l'etat chronique, on cmploie las breuvages k l'ömetique.
La lironchite chronique derive le plus souvent de la bronchite aigue; il reste une petite toux quinteuse, avortee, avec ou sans accompagnement de jetage. Le oheval conserve, il est vrai, encore vox peu d'appetit et de gaiete ; mais il eprouve, par centre, de la gone dans la respiration. On doit user des expectorants : kermes, cmetique ou soufre, associes aux calmants : belladone ou opium. Setons au poitrail, barbotage et nourriture choisie mais peuabondante. Cette maladie ne pent etre negligöe sous peine de se terminer par la pousse.
Pneumonie.
Lapnewmome oU/tofon de poitrine est rinflammation du poumon. On la divise en (tlguci, chronique et gangre-neuse. Lorsque rinflammation se borne ä envahir la substance pulmonaire, eile est dite simple ; quand eile est accompagnee de bronchite et de pleuresie , eile est dite compliquee.
La pneumonie aigue est due aux refroidlssements su-
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bits, aux boissons froides, aux ecuries humides, etc.
Malaise general, inappetence, tristesse, douleur sur le thorax par la percussion, respiration courte et acceleree, toux petite et avortee, jetage de couleur brune et sem-blable ä de la rouille, tels sont les symptömes de cette affection. Le praticien, au moyen de l'auscultation, pent voir la marche de rinflammation. Si la maladie est bornee a un seul poumon, le murmure respiratoire est augmente dans le poumon sain et tres-affaibli et quelquefois nul dans le poumon malade ; si la maladie a envahi les deux poumons, on entend a peine le bruit de la respiration qui est remplace par un bruit particu-lier nomme rdle crepitant, parce qu'il produit le m6me effet ä l'oreille que le sei projete sur les charbons ar-dents. Apres quelques jours, 1'affection marche vers la guerison, ou bien passe ä 1'etat chronique, ou bien en­core se termine par la gangrene.
La saignee repetee, les setons au poitrail, les vesi-catoires sur les cdtes, les sinapismes sous le ventre, les boissons tiedes et emollientes, les electuaires ou les bols expectorants et stibio-opiaces (form. 3 et 4), les fumigations emollientes, la diete sont de puissants moyens ä opposer ä cette maladie.
La pneumonie chronique a pour principaux symptömes la petitesse du pouls, la secheresse de la peau, I'inega-lite du flanc. La substance pulmonaire s'indure et de-vient de plus en plus impermeable ä l'air. On doit, dans ce cas, insister sur les setons, les purgatifs et l'admi-nistration de l'emetique. Cette forme est souvent incu­rable et l'animal qu'on a mal gueri rend toujours de mauvais services.
La pneumonie gangrineuse est rare chez le cheval; eile s'annonce par la päleur des muqueuses, la fetidite de l'air expirö, et le jetage infect qui sort des naseaux. Les animaux sont presque toujours perdus; on pent cependant tenter de les sauver en leur faisant respirer
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au debut des vapeurs de chlore et en leur administrant des toniques amers. La guerison est excessivement rare; pour notre compte, nous n'avons jamais pu ra-mener ä la vie un cheval atteint de pneumonie gan-greneuse.
Pleur6sie.
La pleuresie est rinflammation de la membrane sereuse appelee plevre qui tapisse la poitrine et les organes qu'elle renferme.
Les refroidissements subits, les boissons froides, les coups et les violences exterieures, les plaies de la poi­trine determinent cette maladie qui est encore quelque-fois la consequence d'une affection des poumons.
Dans le principe, il n'est pas facile de distinguer la pleurösie de la fluxion de poitrine; mais quand eile date de plusieurs jours, on voit les symplömes s'accuser davantage. Le frisson, l'anxiete, l'empätement de la bouche, la secheresse de la peau, la gone de la respi­ration, la rarete de la toux, la Vitesse du pouls, la dimi­nution du murmure respiratoire dans toute Fetendue de la poitrine, la sensibilite des parois de cette cavit6, tout annonce la nature de la maladie. Quand le retour a la sant6 n'a pas lieu, il se produitun epanchement dans la poitrine par suite de l'hypersecrötion des plevres; on s'apergoit alors de la matite, de l'absence du bruit respiratoire dans la partie inferieure de la cavitö pec-torale, de l'acceleration dans les battements du flanc et de Toedeme existant sous la poitrine. La mort arrive promptement.
Au döbut, les saignees, les frictions irritantes sur les membres, les sinapismes sous le ventre, les vesicatoires sur les cotes, les boissons mucilagineuses at lt;liureti-ques (form. 4), la di6te severe at le repos absolu sont
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recommandes. Mais quand il se forme des epanche-ments et que la maladie passe a I'etat chronique, on peut considerer I'animal comme perdu.
Hydropisie de poitrine.
h'hydropisie de poitrine on hydrothorax est une collec­tion de serosite accumulee dans la cavite de la poi­trine. Elle a pour cause les maladies du cceur, ou Men encore Tinüammation aigue ou chronique des plevres.
La rarete de cette affection est d'autant plus lieu-reuse qu'elle est presque toujours mortelle. La respira­tion irreguliere, la toüx seclie, frequente et quinteuse, Tabsence du bruit respiratoire dans la partie inferieure de la poitrine, la päleur des muqueuses, la difficulty de la marche sent les symptömes de l'hydropisie de poitrine.
Les substances qui ont ete preconisees pomquot; com-battre cette maladie sont les bols diuretiques et purga-tifs, et surtout la teinture de digitale en breuvages. La ponction est la derniere ressource, mais eile n'a jamais donne que des resultats infructueux.
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CHAPITRE IV
MALADIES DE L'APPAREIL DIÖESTIF
G6n6ralites.
Cinq phenomönes morbides principaux denotent l'existence des maladies de l'appareil digestif; ce sout I'inappetence, la constipation, la diarrhee, les coliques et les vers intestinaux.
LHmppamp;ence n'est autre chose que la diminution ou la perte entiere de l'appötit. L'inappetence ne forme jamais une espöce particuliöre de maladie; mais c'est un Symptome d'irn grand nombre de malaises, d'affec-tions legöres que Ton observe lors des grandes fatigues apres des indigestions et pendant le cours de la conva­lescence. II faut, pour obvier ä cet inconvenient, chan­ger la nourriture et essayer de plusieurs sortes d'ali-ments, procurer de l'exercice aux malades, tenir les rateliers et les mangeoires tres-propres, etc. Un pur-gatif laxatif procure aussi de bons resultats.
La constipation, qui n'est ordinairement que passagere et pen samp;ieuse, qu'elle provienne d'une alimentation seche trop abondante et d'un defaut d'exercice, ou qu'elle soit la consequence de troubles intestinaux devient parfois fort gönante et compromet plus ou moins la sante. L'animal qui en est attaque cesse de manger, regarde frequemment son ventre, trepigne, s'agite, se couche, se relöve et montre ainsi que la
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TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
douleur reside dans la region abdominale. On combat la constipation ordinaire par des lavements simples. Si eile persiste, on a recours aux boissons purgatives et aux lavements de m6me nature.
La diankfe est facilement reconnaissable. Elle est symptomatique, lorsqu'elle est la consequence d'une affection aiguö on vermineuse de l'intestin, et idiopa-tbique, quand eile n'est accompagnee d'aucune autre manifestation morbide; ce dernier cas seul nous Inte­resse. Les animaux qui sent atteints de diarrhee per-dent l'appetit, maigrissent, s'affaiblissent et meurent si on les neglige. Le traitement consiste en breuvages et en lavemenis composes de decoctions d'ecorce de ebene et de feuilles de noyer, auxquelles on ajoute quelques tetes de pavot. La creme de tartre, dissoute dans de l'eau miellee, et contenant plusieurs grammes de laudanum de Sydenbam, guerit trös-bien les pou-lains sous le coup de cette alteration.
Les coliques, tout le monde le sait, sont caracterisees par les signes suivants: l'animal grattele sol, se couche, se roule par terre, se releve, pietine et recommence sans cesse le mamp;ne manege ; quand les douleurs sont trop vives, il se laisse tomber tout d'un coup, comme s'il avait perdu tout sentiment de conservation ; il re-garde son üanc et se plaint principalement lorsqu'il est couche ; ses naseaux sont dilates, sa face anxieuse, ses yeux presque hagards; le üanc est agite, la peau cou-verte de sueur. Les coliques violentes ont ordinaire-mentpour cause une indigestion stomacale, une indiges­tion vertigineuse, uneingestiond'eaufroide,uneaccumu-lationdegazdanslecoecum,une congestion intestinale, une accumulation d'urinedans la vessie, ou, enfin, une hernie ötranglee. Quelle que soit la nature des coliques, elles sont toutes dangereuses, et il convient de courir en toute bäte ä la recherche du vöterinaire.
Disons en deux mots ce qu'on doit faire quand
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on est abandonne a ses propres ressources. Pour I'in-digestion stomacale, adminislrer des breuvages ex­citants, ötablir des frictions revulsives energiques sur le ventre, promener Tanimal apres I'avoir bien couvert, donner des lavements irritants ä l'eau de savon; apres la guerison, repos pendant un jour, demi-diete et boissons blanches. Pour I'indigestion vertigineuse, möine traitement que ci-dessus, en sub-stituant toutefois aux breuvages excitants les breu-vages calmants au laudanum ou a Tether. L'ingestion d'eau froide reclame les frictions revulsives, les breu­vages calmants, les lavements irritants, la promenade et quelquefois la saign6e. L'accumulation de gaz dans le caecum est combattue par les breuvages etheres et les lavements irritants; certains praticiens recom-mandent la ponction du coecum, operation que nous avons vu souvent reussir, mais qui exige imperieu-sement l'intervention du veterinaire. La congestion in-testinale, de beaucoup la plus grave de toutes les per­turbations abdominales, k cause de sa marche rapide et des douleurs vives qu'elle occasionne, exige la saignee abondante et repetee, les frictions revulsives, les breu­vages calmants ou narcotiques. L'accumulation d'urine dans la vessie cede parfois aux manoeuvres exercees sur cet organe. Enfin, la hernie etranglee, sur les che-vaux entiers, s'annonce egalement par des coliques violentes; la guerison de ce mal est rare, ä moins que I'animal ne soit confle aux soins d'un praticien dis­tingue.
Les coliques sourdes se rencontrent tres-fröquem-ment; elles sont occasionnees par un arröt de matieres alimentaires dans le gros intestin, oil elles forment des pelotes d'un volume considerable. Cette epithete de sourdes leur a ete donnee parce que la douleur est faible, disparait et revient tour k tour. Ces coliques se terminent quelquefois d'une facon violente, lorsqu'on
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les a negligees. II faut done prevenir cette fächeuse terminaison en administrant 15 ä 20 grammee d'aloes, chaque matin et a jeun, ä ranimal indispose ;'on ue cesse qu'apres l'expulsion des matieres dessechees et le retablissement du calme primitif.
Les vers intestinaux occasionnent de nombreux desor-dres dans l'espece chevaline et sont d'un diagnostic assez facile. Nous en faisons la description plus loin, dans un chapitre special.
Stomatite.
La slomatite est rinflammation de la membrane mu-queuse de laboucbe. Toutes les causes qui agissenl en irritant cette membrane determinant la maladie qui nous occupe ; nous les connaissons trop pour en faire remuneration.
La localisation de rinflammation dans les diflerentes parties de la boucbe a donnö lieu ä des denominations particulieres ; ainsi, on appelle palalite rinflammation du palais, gingivite rinflammation des gencives, glossite rinflammation de la langue. Nous avons vu comment nous avons obtenu la guerison d'une glossite au moyen de l'hydrotherapie, et nous recommandons expresse-ment cette facon d'agir. La gingivite, plus connue sous le nom de barres blessies, at la palatite meritent une mention speciale.
Dans les cas d'inflammation generale de la bouche, Fanimal qui en est affecte mange difficilement, surtout les aliments un pen durs, il bave, il a la bouche chaude, rouge et douloureuse. Les boissons rafraicbissantes, les gargarismes avec I'eau vinaigree conviennent tres-bien pour procurer le premier soulagement; la demi-diete, Talimentation avec de l'herbe verte ou des grains cuits, les barbotages frequents font le reste.
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Les barres blessees sont occasionnees par un mors de-fectueux ou par Taction d'une main brutale. II faut, lans ce cas, ne plus se servir de Fanimal malade ou I'employer k xm travail qui n'exige pas de bride, lui Jonner une nourriture tendre et du barbotage. Si ä l'inflammation succede une plaie d'un caractere Inquie-tant, si I'os maxillaire se decouvre, il convient de met-tre le cheval a la diöte et au barbotage, de laver la partie endommagee avec du vin aromatique, et d'appeler un homme de Tart en cas de recrudescence du mal.
La palatite, plus connue sous les noms de feve ou lam-pas, se developpe ordinairement chez les jeunes chevaux, ä l'epoque de la dentition qui provoque un mouvement üuxionnaire du cöte de la töte. Quand le cheval est äge, cette inflammation indique un derangement des mu-queuses digestives, dönote une irritation produite par certains aliments durs ou acres, ou accuse du lympha-tisme. Les mastigadours employes dans les campagnes et confectionnes avec du poireau, du vinaigre, du sei et du poivre, ne valent pas les indications que nous aliens donner. Les boissons et les gargarismes adoucis-sants, une nourriture molle et tendre amenent la gue-rison. Dans le cas ou le gonflement est considerable, une petite saignee au palais determine d'excellents effets; cette operation se fait' non pas avec une corne ou une tige de fer, mais avec un bistouri. Si le sujet est lymphatique, il faut nögliger la saignee et recourir aux toniques.
Gastrite.
La gastrite, ou inflammation de la membrane mu-queuse de l'estomac, n'est pas trös-frequente, ce qui e tonne quand on reflechit au nombre si considerable
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d'herbes irritantes prises indifferemment par le cheval et raises en contact avec Testomac, aux ecarts de regime, aux alternatives de disette et d'abondance, aux repas souvent composes de plantes dures ou de grains moisis, au päturage par les temps de givre et de gelee, a l'accumulation des larves d'cestres dans I'es-tomac, etc., etc.
Les symptömes debutentpar I'inappetence, la secbe-resse de la bouche, la rougeur de la face inferieure et des bords de la langue, Taugmentation ou la diminu­tion de la seif, le retröcissement du ventre, la raideur des reins, la coloration de la conjonctive; puis appa-raissent l'abatteraent, le pouls dur et irregulier, la res­piration acceleree, la rarete de l'expulsion des excre­ments et de l'urine, et parfois aussi des coliques, des envies de vomir et des rejets par les naseaux de matieres muqueuses associees a des aliments. Quand la gastrite est produite par l'ingestion de substances toxiques, on remarque des tremblements, des convulsions, du ver-tige, des paralysies partielles.
La marche de cette affection est ordinairement con­tinue et rapide, et pent se terminer en un ou plusieurs Jours. Le pronostic est toujours fächeux, surtout lorsqu'il s'accompagne de voraissements. Les lesions consistent dans I'injection plus ou moins vive, I'epais-sissement ou la destruction de la muqueuse stomacale, et dans l'extension de la pblegmasie a une portion de l'intestin.
Le traiteraent est simple: diete, bouillons doux, decoction d'orge miellee, fumigations, cataplasmes emollients sous le ventre, lavements Emollients ; dans les cas graves, les saignees, les sinapismes, les breu-vages opiaces doivent 6tre mis en ceuvre; lorsque I'in-flamraation est calmöe, les laxatifs et surtout la creme de tartre procurent de bons resultats. Quand la gas-trite est due k des substances toxiques, on doit
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recourir aux antidotes appropries ä la nature du poison.
Gast ro-ent 6rit e.
La gastro-enUrite, c'est-ä-dire rinflammation simul-tanee de la muqueuse de Festomac et de l'intestin, est assez frequente et plus facile ä diagnostiquer que les phlegmasies distinctes de l'une ou de l'autre de ces deux parties du tube digestif.
L'etiologie de cette affection est tres-variee. Les brus­ques cbangements de temperature, les froids et rhumi-dite, les boissons glacees ou alterees, les aliments gates, les medicaments irritants, et diverses autres causes donnent naissance k cette maladie. M. Roll dit fort justement qu'il n'est pas rare de voir cette alteration revfetir un caractere epizootique, sous l'influence de causes insaisissables, se compliquer de bronchite, de pneumonie, et de pleuresie, et constituer une des formes de Vinfluenza.
Les lesions consistent principalement dans la rougeur et la tumefaction de la muqueuse digestive, les ulcera-tions superficielles des follicules, l'aspect areolaire des glandes de Peyer, quelques hemorrhagies dans le tissu de la muqueuse, parfois de legeres tumefactions des ganglions et une injection de la sereuse, le tout selou la gravite des cas.
Les symptömes döbutent par la diminution et la ces­sation de l'appetit, l'augmentation de la soif, la chaleur et la secheresse de la boucbe, la rarete et la durete ou la frequence et la mollesse des excrements, la sensibi-lite de l'abdomen, le rassemblement des membres sous le ventre, les coliques violentes, etc. La marche de cette maladifr est variable. Quand les symptömes sont legers, la guerison survient rapidement; mais quand les phe-
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TRAITB DES MALADIES DU CHEVAL,
aomenes morbides s'accompagnent de fievre, d'assou-pissement, de diarrhee sanguinolente, de coliques, de vive inflammation du gros intestin, d'amaigrissemeut considerable, la guerison est lente; quand, enfln, la phlegmasie passe ä Tetat chronique, eile se traduit par des troubles digestifs et nulritifs de longue duree. laquo; Le catarrbe gastro-intestinal n'est souvent que le premier stade du typhus intestinal, et le prelude du cataxrbe des voies respiratoires. raquo; Le pronostic est favorable quand la maladie n'a qu'une inleusite moderte.
Fig. 18.— Bandage poui- I'application d'un cataplasme au venire.
La diete, les boissons mucilagineuses, les lavements emollients, les cataplasmes appliquös comme I'indique la figure 18, les laxatifs, lorsqu'il y a constipation; les lavements astringents et les breuvages au tannin ou k ralun,lorsquela diarrbee est violente; les saignees sur les plethoriques, les vesicatoires volants et lesbouchon-nements, le sejour dans une ecurie cbaude, les couver-tures, etc.. forment le traitejment. Pendant la convales-
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ceuce, les aliments de facile digestion et distribues par petites quantites sont indispensables; agir autrement est condamner les animaux a des recidives mortelles.
Entente.
Ventirite est rinflammation de la muqueuse intesti-nale. Cette affection, presque toujours aigue, est une des plus graves qui attaquent I'espece chevaline.
On divise Tenterite en aigue, chronique, diarrheique, dysenterique, croupale et vermineuse; cette derniere forme est decrite au chapitre des maladies parasitaires.
Venterite aigue, souvent appelee apoplexie intestinale, coliques rouges, coliques de sang, tranchees rouges, etc., at-taque principalement les sujets jeunes, plethoriques, abondamment nourris et soumis a de penibles travaux.
Les symptömes arrivent promptement. Le malade s'agite, trepigne, se plaint, regarde sonflanc,se campe, se couche, se roule par terre, se relöve, refuse les ali­ments et les boissons, parait en proie ä la plus vive douleur; sa bouche est chaude, son pouls fort et plein, sa respiration acc616r6e. La marche est rapide et la ter-minaison a lieu par delitescence, hemorrhagie ou alte­ration de la muqueuse. Dans le premier cas, les co­liques s'apaisent, I'animal se secoue, urine et rejette des excrements, et le calme reparait; dans le second, I'animal, debout ou couch6, eprouve la souffrance la plus atroce, se jette ä droite et k gauche, frappe de la töte tout ce qui l'environne, et, apres que Themorrhagie s'est effectuee, tombe dans raflfaissement complet et raeurt. Lorsque Tagonie se prolonge pendant un jour ou deux, la mortification des villositös se produit.
Les 16sions,se dövinent : meteorisation rapide, con­gestion de Fintestin et de l'epiploon, sörosite sangui-nolentedana le peritoine, sang epanch6 dans I'intestin,
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101nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
muqüeuse rouge brunätre, epaissie, ramollie et d^-truite.
La therapeutique recommande les saignees copieuses qui diminuent la violence de rinflammation et previen-nent Tepanchement du sang dans lacavitedel'intestin, les breuvages opiaces qui calment les douleurs, les la­vements et les cataplasmes emollients {fig. 18), les sinapismes, les setons et les frictions excitantes pro-duisent aussi de bons efl'ets. Diöte absolue. Pendant la convalescence, nourriture d'abord legere et augmen-tee ensuite progressivement.
UenUrile chronique se fait assez souvent remarquer chez les solipedes pendant le travail de la dentition, et surtout chez les vieux sujets dont les dents sont defec-tueuses. Elle est caracterisee par le manque d'appetit, le relevement du ventre, le poll pique, la raideur des reins, la sueur frequente, la constipation prolongee ou la diarrhee persistante. On dit vulgairement des che-vaux atteints de cette maladie que ce sont des rosses, qu'ils n'ont pas de boyau. L'enterite chronique se ter-mine par resolution, par le passage äl'ötat aigu ou par la mort, ce qui est de beaucoup le cas le plus frequent. Les lesions sont caractörisees par I'epaississement, la coloration grise et l'ulceration de la muqueuse, I'indu-ration des ganglions mesenteriques, le retrecissement de l'intestin gröle.
L'alimentation hygienique : farineux, grains cuits, mäches, etc., constitue le traitement.
ISentirite diarrhiique est occasionnee par les variations atmospheriques, les alternatives de disette et d'abon-dance, les herbes molles et insipides, les aliments ava-ri6s, etc. Les symptömes et la medication ayant ete decrits en parlant de la diarrhie, dans les considerations preliminaires sur les maladies de l'appareil digestif, nous n'avons pas äy revenir ici. Nousdirons seulement que l'enterite diarrheique des poulains s'accompagne
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du rejet d'an pus muqueux, semblable a de la puree de pois, se complique parfois d'arthrite et peut avoir une marche rapide et amener la mort en deux ou trois jours.
Ventirite dysenterique est analogue a la dysenteric aigue et chronique dont nous parlons plus loin et a laquelle nous renvoyons.
Ventirite croupale, parfaitement etudiee et connue chez le boeuf et le mouton, Test beaucoup moins chez les solipedes; il est m6me probable qu'elle n'existe pas sous la forme franchement exsudative, et que la secre­tion, nommee gras-fondure par les hippiätres, est plutöt muqueuse que fibrino-albumineuse, et que e'est plutöt encore du pus plus ou moins concret que des fausses membranes.
Dysenterie.
La dysenterie aigue ou flux de sang est une phlegmasie intestinale caracterisee par des coliques et par des de­jections alvines con tenant des matieres muqueuses souvent m61ees de sang.
Les causes de la dysenterie sont les variations de temperature, I'encombrement d'un trop grand nombre d'animaux dans un m6me endroit, les privations et les miseres de toutes sortes, les aliments malsains, les fa­tigues excessives, etc., etc.
Cette maladie n'est nullement contagieuse; eile s'an-nonce par la tristesse, le degoüt, les tremblements, les frissons; plus tard, lamarcbeest chancelante, les forces sont abattues, I'appetitnul, la bouche söche etpäteuse. Ces symptömess'aggraventencore; les coliquesdevien-nent tres-intenses, le ventre se ballonne, l'epine dorsale se voüte, les animaux se livrent sans cesse ä de vio-lents efforts expulsii's; des mucosites sont evacuees
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166nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
avec douleur, la muqueuse de l'aaus est rouge et fait saillie au dehors; enfin, la faiblesse des malades est teile que leur chute est imminente au moindre mouve-ment; la prostration et la mort arriveut bientöt.
La marche de la dysenterie est trös-rapide, les ani-maux succombent souvent dans Tespace de quelques jours. Cette affection est toujours tres-grave, car non-seulement eile resiste parfois au traitement le mieux suivi et le plus energique, mais encore et sans qu'on puisse le prevoir, eile finit par la metastase, e'est-ä-dixe par changement de siege et de forme. La gangrene do-Fintestin et la pneumonic gangreneuse se remarquent souvent ä la fin de la dysenterie dont elles sont unc terminaison fatale.
La saignee petite et renouvelee, les lavements emol­lients laudanises, ou confectionnes avec du pavot et de la belladone, les sachets emollients sur les reins, le sc-jour dans une ecurie chaude etbien aeree sont les pre­mieres indications ä remplir en pareille circonstance. Demi-diete, boissons rendues laxatives avec 200 gram­mes de sulfate de soude. Si ces moyens t.herapeu-tiques ne donnent pas d'heureux r6sultats, on fait des mouchetures sur la muqueuse anale qui sort de la ca-vite abdominale, on la presse legörement pour la fairo se desengorger et la bassine avec de Feauvineuse; ä Finterieur les breuvages et les lavements narcotiques calment les douleurs intestinales et diminuent la secre­tion morbide.
La convalescence demande ä etre conduite avec atten­tion; d'abord des barbotages, puis des mäches et enfin des aliments solides auxquels on accoutume progres-sivement les malades. Sans un regime severe on n'ar-rive a rien.
La dysonterie chronique presente des symptömes moius intenses at une marche plus lente. Le traitement est 1c raftire que celui du type aigu, en exceptant toutefois
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la saignee, et en dormant la preference aux purgatifs et aux toniques ; les feuilles de noyer, la gentiane, le quinquina, le tan, la noix de galle, l'alun, le sulfate de fer meritent d'ötre prficonises. Le regime est d'une grande importance et est en tout semblable a celui de la dvsenterie aieue.
P6ritonite.
La peritonite est rinflammation du peritoine, cquot;est-a-dire de la membrane sereuse qui tapisse l'abdomen et les organes qui y sont contenus.
Les blessuresdu ventre, la castration, la parturition, rinflammation d'un organe abdominal, les arröts de transpiration sont les causes de cette maladie. Elle se manifeste par des frissons, la sensibilite du ventre, la raideur des reins, la petitesse du pouls, la respiration courte, l'empätement de lä langue et la secheresse de la peau. Le cheval regarde son flanc, change de place, trepigne des pieds de derriere, se couche, se relive, et fmitparmourir dans des convulsions tres-douloureuses.
La peritonite est presque toujours mortelle. La me­dication est, sinon impossible, du moins tres-difficile; sans garantir en aucune facon le moindre succes, nous conseillons les boissons opiacees, les frictions revulsives sur les extremites, les sinapismes sous le ventre. Getto affection est assez insidieuse et demande toute I'habi-tude dont est capable le veterinaire pour etre diagnos-tiqueo-
Asciie.
L'ascite est une collection de serosite dans la cavite adominale. c'est pourquoi cette maladie porte encore
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168 TRA1TB DES MALADIES DU CHEVAL.
le nom d'hydropisie abdominale. L'ascite a ete ainsi ap-pelee ä cause de la ressemblance qu'on a trouvee entre le ventre distendu par la serosite et une outre pleine de liquide. Cette affection n'est pas trös-frequente chez le cheval. Les temps froids, les variations atmosphe-riques, les boissons froides sent les causes qui la font naitre le plus ordinairement; eile est quelquefois la suite d'une inflammation chronique du pöritoine, ou bien du foie, des reins, de la rate et de l'intestin.
Le volume croissant du ventre, la fluctuation qu'on y percoit, lorsque Ton palpe et percute cette region, la dif-flculte. de la respiration occasionnee par le refoulement du voile diaphragmatique et la compression du poumon, la soif vive, les urines rares, les battements du coeur, la päleur des muqueuses, la perte de l'appötit, la mai-greur, la gone dans la locomotion, l'engorgement des membres sent les principaux signes de cette maladie.
Le traitement de l'ascite est rarement suivi de succes. Les purgatifs et les diuretiques activentl'absorptionde l'epancbement ascitique. La seille s'emploie de prefe­rence, ä l'interieur, sous forme de teinture et ä la dose de 10 grammes en oxymel, et, ä I'exterieur, en frictions sur le ventre. Quand l'affection resiste ä ces moyeus therapeutiques, il faut pratiquer la ponction; les resul-tats de cette operation sont bien incertains et on ne doit y venir qu'ä la derniere extremite.
Hernies.
On appelle hernies les tumeurs formees par le depla-cement d'un viscere ou d'une portion de viscere, qui, sortant de sa cavite naturelle par une ouverture quel-conque, vient faire saillie au dehors; mais on entend plus communement par hernies les tumeurs produites
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par la sortie d'une anse intestinale ou d'une portion d'epiploon.
Chez le cheval, les hernies prennent differents noms suivant leur siege : au ventre, elles s'appellent hernies ventrales ; k Tombilic, hernies ombilicales; k I'aine, hernies inguinales. Ces affections, qui viennent ä la suite de coups, de violents efforts ou de faiblesse des muscles qui composent la tunique abdominale, sont susceptibles d'augmenter beaucoup par le travail, de disparaitre pendant quelque temps et de revenir ensuite. Ce sont cedes qui n'apparaissent qu'ä des intervalles plus ou moins rapproches qui constituent le cas redhibitoire. Nous y reviendrons specialement; parlons seulement ici des hernies envisagees simplement comme ma­ladies.
Les hernies se guerissent tres-difficilement, surtout la hernie inguinale etranglee qui se manifeste avee des symptömes effrayants, et qui enleve en peu de temps les individus atteints. C'est done au veterinaire seul qu'il appartient de se montrer en pareille occasion. Les poulains sont frequemment affectes de hernies ombili­cales qu'on guerit par la compression, l'application des casseaux ou la cauterisation. Quoique faciles a mettre en pratique, ces moyens chirurgicaux rentrent specia­lement dans les attributions d'une main experte et nous ne conseillons pas aux cultivateurs de s'en rapporter ä leur adresse et ä leur experience, quelque grandes qu'elles soient.
Renversement du rectum.
Le rectum, e'est-a-dire la derniere portion de l'intestin qui s'ouvre au dehors par I'anus, est susceptible de sortir et de former une tumeur plus ou moins grosse, douloureuse et injectee.
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On essaie de guerir cet accident par des lotions as-tringentes avec le tannin, le ratanhia, le perchlorure de fer etendu d'eau. Si ces moyens sont insufflsants, on fait des scarifications avec un bistouri sur la surface de la muqueuse, et, lorsqu'une abondante saignee a diminue le volume de la tumeur, on en opere la re­duction de la maniere suivante : on place le cheval sur un terrain en pente, de facon que les membres poste-rieurs soient plus eleves que les anterieurs ; puis on refoule jusqu'a ce que la partie herniee soit completo-ment rentree. On tamponne ensuite avec des linges qu'on assujettit solidement, au moyen de bandes qui passent sous le ventre et au-devant du poitrail. Si le prolapsus se manifeste de nouveau, on doit operer I'ex-cision de la muqueuse herniee en ayant soin de bien lier les artöres que Ton coupe. Cette operation est facile, nous l'avons souvent faite et avec succes; il convient de ne pas craindred'en charger un veteriuaire.
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CHAPITRE V
MALADIES DE L'APPAREIL GENITO-URINAIRE
G6n6ralit6s.
Les maladies que nous decrivons dans ce chapitre .laquo;ont au nombre de quinze, savoir: Facrobustite, la ba-lauite, I'urethrite, Forchite, I'hydrocele,— Favortement, la parturition laborieuse, la non-delivrance, la metrite, — la nephrite, la cystite, la retention d'urine, Fhema-turie, la gravelle et le diabete.
La nomenclature des alterations genito-urinaires indique Fordre suivi et la division etablie ä dessein en trois parties : maladies particulieres aux males, mala­dies particulieres aux femelles, et maladies pouvant atteindre les deux sexes. L'etude en sera plus facile.
Acrobustite.
L'acrobustite est Finflammation de la muqueuse du fourreau; eile aß'ecte genöralement chez le cheval une forme aigue.
Cette maladie, plus commune chez les chevaux hongres que chez les chevaux entiers, a pour cause principale la malproprete dans laquelle on tient cer­tains animaux. II s'accumuie dans le fourreau une ma-tiere grasse, noirätre, d'odeur infecte et vulgairement
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172 TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
designee sous le nom de cambouis, qui s'altöre au contact de l'air et de rurine et qui devient assez irri-tante pour provoquer l'inflainmation de la muqueuse.
L'acrobustite se manifeste par un retrecissement du fourreau, une infiltration chaude et douloureuse, I'im-possibilite pour l'animal de faire sortir le pönis de la cavite preputiale, la difficulte de rejection de l'urine qui s'ecoule en nappe; plus tard, le fourreau acquiert un volume plus considerable, l'animal se campe fre-quemment pour uriner, trepigne des pieds de derriere, et ne pent que par intermittence et par petites ondees faire evacuer l'urine; enfin, le fourreau s'ulcere, des vegetations viennent encore obstruer le passage, et la douleur dans cette partie est teile que les cbevaux ne chercbent qu'ä se gratter ou a se mordre.
L'acrobustite n'est pas une maladie bien grave. On evite cette affection en faisant laver tous les mois le penis et le fourreau du cbeval; mais lorsqu'elle appa-rait on täcbe d'en diminuer les effets par des injections et des doucbes emollientes. Lorsque la maladie resiste a ce traitement, on emploie les injections astringentes avec l'alun, le sulfate de fer, la noix de galle, etc.; si les ulcerations, au lieu de diminuer, se multiplient et gagnent en etendue et en profondeur, on a recours aux injections d'eau de Rabel et d'eau pbagedenique. Les tumeurs polypeuses se coupent des qu'elles atteignent un grand developpement. #9632;
Balanite.
Sous le nom de balanite, on designe une inflammation de la partie libre du penis et quelquefois aussi de la muqueuse du fourreau qui correspond ä cette partie. II y a alors complication d'acrobustite. Cette denomina­tion a ete empruntee a la medecine bumaine, car le
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MALADIES DE L'APPAREIL GENITO-URINAIRE. 173
mot balanite signifie inüammation du gland; eile sert en vöterinaire, malgre son appropriation un pen forcee. La phlegmasie qui nous occupe est souvent reunie a I'urethrite.
Lecoitreitere,rintroductiondup6nis dans le rectum, les coups et l'urine irritante sont les principales causes de cette affection qui s'offre avec le type aigu et les caracteres suivants : engorgement chaud et douloureux du membre, Erection douloureuse fröquente, miction penible, jet d'urine diminuö et devie. Si rinflamma-tion progresse, on remarque que la muqueuse est rouge, Meuätre ou violacee, qu'elle est ulceröe par places, et que ces ulcerations sont- dechiquetees et entourees d'une aureole rouge et d'un pen d'infiltra-tion. Une fievre de reaction se fait remarquer pendant toute la periode de violence de l'affection. Quand eile acquiert son summum d'intensitö, eile peut occasionner de proche en proche rinflammation du canal de l'ure-thre et celle de la vessie. Dans ce cas, les coliques sont continues, l'urine est rouge, I'animal se tour-mente et maigrit considerablement.
Les douches et les lotions froides frequemment repe-tees produisent un tres-bon effet au debut. Le repos et l'isolement, les lavements avec la decoction de graine de lin, les tisanes emollientes composees avec de la graine de lin, du cbiendent, de la bourrache ou de la parietaire; les frictions avec la pommade de peuplier belladonisee viennent en aide aux lotions et activent la guerison. Si les refrigerants n'ont pas donne un bon rösultat, on a recours aux cataplasmes Emollients maintenus par un bandage, aux lotions et aux injec­tions confectionnees avec des bales de sureau.
La balanite chronique est generalemeut due a la mal-proprete du fourreau. Alors la verge s'indure et se courbe en difförents sens pendant I'erection. La reso­lution de cette forme de maladie est. rare, mais non
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impossible; eile s'efl'ectue avec une extreme lenteur. La medication esl d'abord. la möme que pour la balanite aiguö; en cas d'insucces, on a recours aux astringentlaquo; ou aux aromatiques animes eux-m6mes par des alcooli-ques, aux frictions fondantes, aux pointes de feu. Gette derniere application du traitement est reservee au veterinaire.
Orchite.
h'orchite est rintlammation du testicule. Gelte maladie est assez rare, en-raison du nombre restreint des che-vaux entiers compare k celui des juments et des ehe-vaux hongres, et partant sans importance capitale, ce qui explique le peu d'etendue de ce paragraphe.
La phlegmasie du testicule survient a. la suite de coups, de violences exterieures, de travaux penibles, d'exces veneriens, etc., etc.'Les parties malades sont gonflees, chaudes, douloureuses, et pesantes: les mou-vements du train de derriere sont difficiles; laniraal est triste et refuse de manger.
On combat cette affection par la saignee, les cata-plasmes emollients ou narcotiques, les boissonä muci-lagineuses et diuretiques, le repos absolu et la demi-diete. S'il survient un abces, on Fouvre; si le testicule s'indure, on a recours aux frictions fondantes et sur-tout a cedes qui out pour base l'extrait de cigue. La castration est le remede in extremis.
Hydroc61e.
Vtiydrocele est une maladie caracterisee par une accu­mulation de serosite dans les enveloppes des testicüles. Gette affection, ä laquelle s'appliquent aussi les obser-
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MALADIES DE l'APPAREIL GENITO-URINAIRE. 175
vations contenues dans le premier alinea du paragra-phe consacre ä l'orchite, a lieu par 6panchement ou par infiltration. Par epanchement, eile ne se manifeste guere que d'un.seul cote, sous la forme d'une tumeur lisse et indolente ou bien encore eile se montre sur les deux bourses ä la fois, sous la forme d'une tumeur molle, päteuse et conservant l'impression des doigts.
Le traitement consiste d'abord a appliquer des cata-plasmes emollients sur les bourses, ou des bouillies faites avec du blanc de Meudon delaye dans du vi-naigre. En cas d'insucces, il faut recourir au veterP naire, qui pent tenter la ponction ou la castration comme dernier moyen.
Avortement.
D'ordinaire, la gestation suit un cours regulier et se termine heureusement, par la parturition; mais il arrive quelquefois que le foetus est brusquement expulse de la matrice avant son complet achevement. On nomme avortement l'accident qui se manifeste par la mort du foetus dans la cavite de l'uterus et sa sortie de cet Or­gane. L'avortement differe de l'accouchement prematu­re en ce que ce dernier, quoique arrivant avant le terme de la gestation, donne naissance a un foetus viable.
Les causes de 1'avortement sent nombreuses, nom-breuses aussi les pertes qu'en eprouvent les eleveurs. Les boissons glacees sont des causes puissantes d'avor-tement; il faut, en hiver, faire boire les juments au moment oil I'eau sort du puits, et, en ete, lorsqu'ello a passe quelques beures dans 1'ecurie. Certains ele­veurs ont l'habitude de faire saigner leurs juments pleines; cette mesure pent etre utilement appliquee sur les bötes plethoriques, mais eile se trouve contre-indiquee sur les bötes maigres et debiles. Dans tons les
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cas, on agit sagement en demandant toujours l'avis du veterinaire.
L'avortement a ete divise suivant les causes qui le suscitent : il est naturel, accidentel,. ou provoque; naturel, il tient a un etat de faiblesse ou de mauvaise sante; accidentel, il resulte d'exercices forces, de se-cousses subites; provoquö, il est determine par des chutes, des coups, des maladies de la matrice, etc.
Quand' l'avortement est facile, il s'effectue sans signes precurseurs et avec beaucoup de rapidite ; lorsque le travail est laborieux, l'avortement constitue une mala-die serieuse : la jument s'agite, pietine, change de place et regarde son flanc; la vulve est gonflee et donne ecoulement ä des matieres d'abord visqueuses, puis sanguinolentes; enfln la poche des eaux vient faire bernie et le foetus ne tarde pas a se montrer.
Les manoeuvres indiquees pour l'avortement sent les mömes que cellos de la parturition. Lorsque des com­plications serieuses vienneat aggraver la situation, il faut reclamer le secours immediat du veterinaire.
Parturition.
La. parturition, encore nominee mise bas, part* etc., est Taction par laquelle le foetus, parvenu au terme de son accroissement, est expulse de la matrice.
Elle est dite naturelle ou spontanee, quand eile se fait d'elle-möme et.que le foetus se presente bien; artificielle, irreguliere ou laborieuse, quand eile exige le secours de la main de l'homme et qu'elle ne peut se terminer par les seules forces de la nature. Les causes qui peuvent retarder la parturition ou mettre dans la necessite de l'effectuer artiflciellement sent : l'inertie de la matrice, — l'exces de plethore, — le volume trop considerable du foetus, — sa mauvaise
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MALADIES DE i/aPPAREIL GENITO-URINAIRE.
it:
presentation, — le defaut de conformation de la mfere.
Fig. 19. — Position du poulain dans la matrice.
La parturition naturelle s'annonce par les signes sui-vants : les juments sent inquietes et agitees; elles cher-chent une retraite obscure et une litiere abondante, se couchent et se levent, vont etviennent; les excrements et les urines sont frequemment rendus; la mamelle est tendue, volumineuse etlaisse s'ecouler un lait visqueux; la vulve est gonüee, elargie et lubrifiee par un liquide gluant et incolore ; les membres abdominaux sont ecar-tes, la marche est difficile; tout en un mot indique que le moment est proche. Puis viennent les contractions de la matrice et la sortie du foetus.
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ITSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRAITE DES MALADIES DU CHEVA1..
Le premier effet des efforts de la mere esl de iaire apparaitre ä l'ouverture de la vulve un corps arrondi, semblable ä une vessie et forme par les enveloppes qm contiennent le foetus et les eaux dans lequel ü nage. On donne ä cette vessie le nom vulgaire de boutoille. Bientöt eile se creve,livre passage aux eauxdont la desti­nation est de lubrifier le vagin qui doit se distendre enor-mement. Les voies etant ainsi preparees, le fcetus esl pousse dans le vagin, et 1'on ne tarde pas ä voir appa­raitre les membres anterieurs, puis le bout de la tete uui est appuyee sur ces mömes membres. La tlt;He par son extremite anterieure, fait Tofflce d'un com et dilate le canal pour qu'il puisse laisser passer le reste da
Fjn-. 20. — Position du poulain au moment oü il sort de la matnce
corps. Au moment oil le thorax se presente, la jument redouble d'efforts pour faire franchir le detroU vaginal ä ces parties dont le volume est considerable ; c'est le temps le plus long et le plus douloureux de la parturi­tion, car une fois ce moment passe, les cötes, le ventre el les membres posterieurs sortent sans efforts. L'accou-chementque nous venous de decrire est appele humide; il est dit sec quand les enveloppes foetales se rompcnt
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JIALA.DIBS DE l'aPPAREIL GENITO-URINAIRF.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;179
et que ies eaux s'ecoulent im dehorsavant les premiers efforts de la jument. Le foetus est alors ä nu et sa sor­tie est plus difficile parce qu'elle n'est pas aidelaquo; par les liquides gluants qui facilitent le glissement.
La jument accouche debout, et le cordon ombilical se rompl par la secousse qu'eprouve le jeune sujet, au moment oü il louche la terre. Cette chute n'a rien de dangereux, ^ar eile est amortie par les jarrets ; ce-pendant on fait bien de recevoir le poulain sur un linge. Si la rupture du cordon ombilical n'a pas lieu au moment meme de la parturition, eile s'effectue pen d'instants apres par les mouvements auxquels se livre le jeune animal, on bien la more le coupe avec ses dents, ou bien encore les personnes presentes le tor-dent et le separent. Dans tons les cas, le tiraillement ou Tecrasement arröte toujours Themorrhagie et la liga­ture est inutile. Quelquefois la femelle met has etant couchöe ; cette position est moins favorable que l'autre, tant pour la böte que pour ceux qui l'assistent.
C'est ainsi que la parturition a lieu le plus ordinaire-ment, mais eile pent 6tre rendue laborieuse par plu-sieurs causes.
L'inertie de la matrice, disions-nous dans un ouvrage pröcedent, est due le plus souvent ä une faiblesse cons-titutionnelle ; cat organe ne se contracte pas et semble prive de sa qualite la plus precieuse. Cet etat, s'il se prolonge, est grave et exige Fintermediaire d'un homme de l'art. II faut, avant d'en venir ä cette extremite, ad-ministrer ä la jument des breuvages excitants tels que vin chaud, infusions ,de sauge ou de menthe, et plus tard du seigle ergote. On donne, en möme temps, des douches dans le vagin avec de l'eau tiede ä laquelle on associe la belladone. La contraction spasmodique du col de la matrice, son induration sont des obstacles tres-serieux k une heureuse delivrance. La contraction pasmodique est combattue en appliquant sur le col de
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lamp;O TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
la pommade ä la belladone; sous l'influence de cette medication, le col s'elargit et la parturition s'effectue normalement. L'induratioadu col necessite la presence d'un veterinaire qui seul peut operer convenablement la section de cette partie.
La plethore est le contraire de l'inertie. Les femelles sanguines sont quelquefois trop fortement excitees, et leurs efforts deviennent tumultueux et precipites. La parturition, dans ce cas, avance pen ou point; une sai-gnee est souvent du meilleur efl'et, en retablissant le calme dans I'organisme.
Quand le poulain est trop volumineux, il ne peut sortir malgre sa bonne presentation et les dispositions favorables de la mere. On doit alors intervenir et em­ployer la force pour retirer le foetus. La vie de la ju-ment et du poulain court quelque danger, et c'est avec prudence qu'il faut tirer sur les pieds ou sur la mä-choire de ce dernier. On attache des laniferes ou des cordes aux pieds ou alamächoiredu jeunesujet'fig. 21),
Fig. 21. —Cordon pour operer la sortie du poulain.
et on en determine la sortie par une manoeuvre habile. On ne doit Jamals se servir de manivelles ou de treuils de charrette, une traction de ce genre est presque toujours suivie de resultats funestes. Pour ex-traire un poulain mort, on lui attache un crochet dans le palais, et deux autres aux membres anterieurs, et Ton agit comme il est dit plus haut. Nous ne saurions trop recommander de s'adresser au v6t6rinaire, toutes les fois que la parturition est laborieuse et qu'elle de-mande les ressources de Tart.
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La mauvaise presentation du foetus reclame impe-rieusement l'intervention de la science. On s'apercoit que la presentation est bonne, quand, ainsi que nous I'avons deja indique, les deux pieds anterieurs, en dessous, et le bout du nez de Fanimal, en dessus, s'engagent dans le vagin; lorsque les choses se passent autrement la pre­sentation est vicieuse. 11 arrive que la töte s'engage avec un seul membre anterieur, ou que les membres seuls paraissent et que la töte reste ä l'interieur; on doit es-sayer de faire rentrer les parties engagees, et d'aller cbercher avec la main celles qui font defaut. S'il s'agit d'une presentation des membres posterieurs, on pent tenter la parturition sans essayer de faire la version, ce qui n'est pas facile chez la jument. D'autres fois, le pou-lain se presente par la croupe, le dos, les cotes, etc.; il faut alors recourir k un praticien eclaire, afin de sortir d'une situation perilleuse.
Le defaut de conformation de la mere estun obstacle serieuxä Faccouchement. Pour s'en assurer, on explore avec la main le vagin et l'uterus; toutefois, on ne devra effectuer cette mauceuvre qu'apres que la prolongation du travail aura laisse soupconner l'existence de quel-que chose d'anormal, et il faudra demander un veteri-naire, plutöt que d'ajouter aux difflcultes existantes les complications graves qui pourraient resulter de tirail-lements douloureux.
Leshemorrhagies sent des complications assez peu fre-quentes; elles sont passives ou actives : les dernieres sont moins dangereuses, car elles surviennent toujours sur des sujets plethoriques dont elles n'alterent pas la sante: les passives se montrent chez les femelles pau-vres, debilitees, et sont d'autant plus serieuses qu'elles ne sont precedees d'aucune excitation, d'aucun signe de congestion locale. Le traitement doit avoir pour effet de resserrer les vaisseaux; de lä, l'utilite des styptiques, des corps froids appliques exterieurement, et des astrin-
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183nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
gents 'administres ä Tinterieur. La meilleure medica­tion consiste, comme nous l'avons ecrit ailleurs, ä faire prendre une trentaine de gouttes de perchlorure de fer diluees dans un litre d'eau, et ä donner des injections dans la matrice avec ce meme perchlorure etendu dans dix fois son poids d'eau.
Non-dölivrance.
La parturition, chez la jument, est generalement suivie de pres par la delivrance ou expulsion des annexes foetales, c'est-a-dire de tons les organes tem-poraires qui avaient ete indispensables au foetus pen­dant le cours de sa vie intra-uterine, et dont il se separe an moment de sa naissance.
D'ordinaire, la delivrance s'effectue d'une facon nor­male, mais il peut arriver qu'elle tarde a se faire, et voici les moyens les plus propres a la Mter. Si les efforts sont tumultueux, comme cela arrive chez les femelies jeunes et plethoriques, et qua leur effet soit nul ä cause de la rigidite du col de l'uterus, il faut pratiquer une petite saignee, administrer des douches tiedes dans le vagin, introduire le bras dans la matrice et favoriser ainsi Texpulsion du travail. Si I'animal est faible, on lui donne des breuvages excitants, et, par une legere traction, on cherche a faire sortir les enve-loppes. Ce travail ne doit 6tre execute que par une main habile; il faut mieux attendre quelques jours Tarrivee d'un v6terinaire que de s'exposer ä occasion-ner des complications dangereuses. Au surplus, les mfemes soins sont recommandes autant pour la non-. delivrance que pour la parturition.
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Mätrite.
La metrite est rinflammation de la matrice. Les causes de cette affection sont les contusions, lesdechirements, les manoeuvres faites pendant la parturition, I'humi-dite, les courants d'air, etc.
L'inflammation de la matrice est accusee par une vive douleur, une chaleur intense s'etendant au ven-tre, aux lombes et au vagin; par la tension de l'abdo-men, le gonflement du vagin et l'alteration des parties voisines. La metrite est grave et se complique quel-quefois de peritonite. Les cataplasmes sur les lombes, les injections emollientes dans le vagin ferment la medication usitee. üne ecurie chaude, des couvertu-res sur le dos, des tisanes tiedes et la diets sont ega-lement recommandees. Quandl'animalest sanguin, une saignee, repetee s'il le faut, est d'un grand secours.
Nöphrite.
C'est sous ce nom que Ton designe la phlegmasie des reins dont les coups, les chutes, l'impression du froid, la presence des calculs, etc., sont les causes les plus laquo;rdinaires.
Cette maladie, assezrare, du reste, s'annonce par une douleur aigue et une chaleur brülante dans la region des reins, et par l'impossibilite de flechir cette partie. L'urine ne coule que goutte ä goutte, est souvent san-guinolente, et provoque de la douleur lors de son emis­sion.
Les cataplasmes sur les lombes, les lavements Emol­lients, les boissons mucilagineuses a base de graine de lin, la demi-di^te sont les moyens qui reussissent le
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184nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
mieux entre les mains des eleveurs, et en attendant les prescriptions speciales du veterinaire.
Cystite.
La cystite, encore appelee catarrhe visical, est une inflammation de la vessie. Les causes de cette maladie sont la presence des calculs et le sejour beaucoup trop prolonge de l'urine dans la vessie, les efforts violents, Tarret de transpiration, le froid humide, les vesica-toires aux fesses ou ä la cuisse, etc., etc.
Les symptomes les plus saillants du catarrhe vesical sont la fievre, la soif, I'agitation, la pression doulou-rouse du ventre, la rougeur des urines et le besoin irresistible d'uriner; de plus, Fanimal a la peau seche, le pouls dur; il regarde son flanc, agite sa queue et eprouve des coliques; I'exploration par le rectum indique ä la main qua la vessie est pleine et doulou-reuse ; le malade s'allonge, flechit les membres poste-rieurs, voüte l'epine dorsale, porte le bassin en avant et fait de violents efforts pour uriner frequem-ment. A la derniöre periode, quand le traitement est infructueux, les symptomes s'exagerent, la vessie se rompt et l'animal parait soulage. Ce repit est de courte duree, les coliques apparaissent plus vives que jamais et la mort arrive.
Au debut de la eystite, les saignees legeres et repe-tees, les lavements adoucissants, les breuvages a la graine de lin, les sachets emollients sur les reins pro-duisent de bons effets. Si le mal se prolonge, on vide le rectum, on cherche la vessie et on s'efforce de la vider par une douce pression dirigee vers le col. Quand le traitement a reussi, on re tab lit promptement les ani-maux par un bon regime et par l'usage de breuvages touiques faits avec dos plantes aromatiques et ameresraquo;
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MALADIES DE l'aPPAREIL GENITO-URINAIRE. 185
Retention d'urine.
La retention d'urine, encore appelee ischurie, stranguric, est yne accumulation d'urine dans la vessie.
Ce n'est pas une maladie ä proprement parier, puis-qu'elle depend toujours soit d'une paralysie de la ves­sie, seit de la pression de la matrice ou du rectum sur cet Organe, soit de la presence de calculs, soit de l'in-flammation des reins, des uretöres ou de la vessie, soit enfln d'un retrecissement du canal de l'urethre. Les principaux symptömes sont la fiövre, la tristesse et le refus des aliments, la pesanteur et la douleur dans la region de la vessie, I'impossibilite d'uriner, les coliques internes et la transpiration urineuse. Plus tard, sur-vient la rupture de la vessie et par suite la mort, si Ton n'apporte un prompt remMe a I'affection.
Si la retention d'urine est causee par la paralysie de la vessie, il n'existe aucune espamp;rance d'obtenir la guerison; si eile provient d'une pression de la matrice ou du rectum, on administre des lavements irritants, qui en vidant la derniere portion du tube digestif, per-mettent par instant remission de l'urine; si eile resulte d'une inflammation des reins, des uretöres ou de la vessie, en soignant ces maladies on arrive peu k peu ä procurer du soulagement aus malades (voir nephrite, cystite); si eile est la consequence des calculs, d'un retrecissement de l'urötbre, ou d'une inflammation de ce conduit, il faut faire appel aux lumieres de l'homme competent. En cas de contraction spasmodique du col de la vessie, les lavements et les breuvages k la bella-done sont d'un excellent effet.
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186 TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
Hämaturie.
TJ/iimaturie, ou pissement de sang, est la sortie par l'uretlire d'une certaine quantite de sang pur ou mole a de l'urine.
Cette maladie est determinee par un grand nombre de causes telles que les coups, les chutes, las blessures, l'alimentation avec de jeunes pousses de bois, Fappauvrissement de Torganisme, etc. D'autres fois, eile est le Symptome de certaines affections des voies urinaires, ou de la presence de calculs dans la vessie. Le cheval atteint de pissement de sang a de frequentes envies d'uriner, suivies de remission d'un liquide sanguinolent; sa sante generate est atteinte, son poil est pique, sa vivacite sensiblement diminuee ; tout denote une alteration assez serieuse.
Si raffection est due a des coups ou ä une chute, des sachets emollients sur les reins, des boiss'ons muci-lagiaeuses et legerement diuretiques, quelques jours de repos suffisent pour determiner de Tamelioration ; si eile est occasionnee par l'alimentation avec des pousses de bois, un changement de nourriture en arrötera le developpement; si eile provient de l'ap-pauvrissement du sang, les toniques sont f'ortement recommandes ; enfin, si eile est le Symptome d'inflam-mation des reins, de la vessie ou du canal de l'urethre, on la guerit en combattant les maladies qui I'ont pro-duite : nephrite, cystite ou urethrite.
Le pissement de sang des muletons a ete bien etudie par M. Bernardin. Ce veterinaire a pour habitude de donner 40 grammes d'aloes a la more; de recommander pour eile l'usage des tisanes farineuses, l'administration de lavements emollients, et les soins de propretö. La purga­tion neseproduit pas toujours,maisle lait se charge de
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MALADIES DE L'APPAREIL GENITO-URINAIRE. 187
principes purgatifs qui aident, — chose essentielle, — amp; debarrasser l'intestin du nourrisson.
Pour hater ce resultat, on administre par jour a ce dernier, dans trois litres de tisane d'orge et de prunes mölees, 150 ä 200 grammes de sulfate de soude (sei de Glauber), ou un melange ä parties egales de ce sei et de creme de tartre soluble. Deux ou trois fois le jour, administration de lavements aloetiques, l'aloes 6tant m61e ä doses variables, 3 ä lb grammes, dans trois litres d'eau de guimauve ou de son. Frictions irritantes sur les membres, composees, ä parties variables, de vi-naigre et d'essence de terebenthine. Sinapisme sous le ventre, un söton au poitrail, un autre ä la fesse. Si son instinct porte le maiade ä teter, lui laisser toujours prendre le premier lait et traire le reste.
Dans le cas oü ces moyens auront determine des evacuations abondantes, on pourra presque ä coup sür compter sur un resultat favorable. On voit bientöt les urines s'eclaircir et quelques moments de gaiete inter-rompre la nonchaftince et l'abattement, toujours si pro-fonds dans cette affection; enfin les setons laissent suinter un liquide jaunätre plus ou moins epais; Ce ne sera qu'au moment oü la coloration jaune de cette matiere aura disparu qu'on enlevera le premier seton, pour laisser Fautre encore deux jours environ. Ces exutoires, outre leur action deritative et resolutive, aident ä la depuration sanguine.
Un peu d'exercice, par un temps doux et beau, sur un gazon vert, precipite plus vite la convalescence vers sa fin.
Gravelle.
II existe, dans l'espöce chevaline, une maladie carac-terisöe par la presence dans la vessie. d'un sediment
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TRAITiü DES MALADIES DU CHEVAL.
compose de carbonate de chaux et analogue ä la boue des remouleurs. Cette maladie porte le nom de gravelle, et se rattacbe ä l'influence de l'alimentation et ä la presence des matieres calcaires dans les substances dont les animaux se nourrissent.
Les symptömes de la pöriode initiale ne sont pas saisis avec facility ; ce n'est que lorsque le sediment vesical a deja pris des proportions considerables qu'il se caracterise par des pbenomenes qui en font recon-naltre la presence. — Comme Texplique fort bien M. H. Bouley, le sediment calcaire ne se forme qu'avec lenteur, et comme il est constitue par des parties extrömement divisees qui ne s'agglomerent jamais et qui demeurent toujours ä l'etat de päte molle, il en r6-sulte que le contact de cette päte malleable n'a rien d'irritant pour la vessie et que l'animal n'eprouve que la sensation incommode determineepar lepoids seulde la masse sedimenteuse. — Quand celle-ci a, par suite du temps, acquis de grandes proportions, le train de derriere de ranimal devient faible et les efforts pour uriner se manifestent ä cbaque instant, principale-ment pendant le travail, car ä l'öcurie le cheval parait conserver sa sante babituelle et ne trahit qu'un seul fait anormal, celui de rejeter plus souvent que de cou-tume une petite quantite d'urine trouble et chargee de sediment en suspension. Ces signes morbides pour-raient k la rigueur permettre de formuler un jugement certain, mais I'exploration rectale vient encore fournir de nouveaux elements d'appreciation. II convienfc de se rappeler que la vessie, par suite de son extreme am­plitude et de son poids, a souvent quitt6 le plancher du bassin, et qu'il faut aller la chercher dans la cavite abdominale oü on la trouve distendue a I'exces par l'urine et le depot södimenteux dont le poids, k l'etat humide, peut 6tre de IS ä 20 kilogrammes. Dans cette situation, la vessie a perdu de sa contractibilite et
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MALADIES DE L'aPPARBIL GENITO-URINAIRE. 189
Taction de son sphincter est amoindrie. Aussi, a la pe-riode ultime, voit^on la verge pendre, I'urine s'ecouler goutte a. goutte, les forces se perdre, la maigreur s'ac-croitre, repuisement s'accentuer et la mort survenir.
A. I'autopsie, on constate la distension et le deplace-ment de la vessie, etlapresence dans cette cavite duse-diment sablonneux, nn, jaunätre, dontnous avons parle.
Si la gravelle pouvait 6tre reconnue et traitee a sa periode initiale, c'est-ä-dire lorsque la vessie occupe sa place naturelle dans le bassin et qu'elle renferme pen de substance calcaire, Tintervention de la medecine pourrait prevenir, par une operation faite a temps, les graves consequences de l'accumulation incessante du depot sedimenteux; mais malheureusement les lu-mieres de la science sent invoquees trop tard, seit que la masse a extraire soit trop volumineuse, soit que I'organe n'ait plus assez de ressort pour revenir sur lui-m6me et recuperer ses aptitudes, soit enfin que la vessie, par sa chute dans Tabdomen, rende les ma­noeuvres operatoires impossibles. II n'y a done indi­cation d'evacuer la vessie, par une action operatoire directe, que lorsque le sediment n'a pas acquis de pro­portions trop considerables, que le reservoir urinaire n'a pas quittö le plancher du bassin, et que l'uröthro-tomie ischiale et l'introduction des tenettes donnent des esperances de succes. Dans les femelles, I'evacua-tion de la vessie offre moins de difficultes que chez les males, par la brievete du canal de l'urethre et la pos-sibilite d'introduire les doigts jusque dans la vessie, par le meat urinaire.
Diab^te.
Le diabfete est une maladie constitutionnelle carac-terisee par I'evacuation d'une quantite surabondante
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TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
d'uue urine offrant une densite differente du poids specifique normal et generalement une richesse moin-dre en principes solides; l'urine entraine des parties qui auraient du 6tre utilisees par l'economie, d'oü l'e-maciation; quelquefois on trouve du sucre dans l'u­rine des diabetiques, mais ce principe n'est pas si con­stant chez les herbivores que cbez Tbomme.
Des recherches, trop peu nombreuses encore, nous portent a admettre que chez les herbivores on constate dans Turine diabetique plutöt de Tinosite que de la glycose, ainsi que nous le verrons plus loin, et tres-souvent de l'albumine. La maladie a encore ete designee sous le nom de polyurie, pisse; on l'a de plus designee, quelquefois a tort, selon nous, sous le nom de polydipsie, k cause de la soif excessive qu'ont les malades; on l'a encore appelee phthisurie, en raison de Famaigrissement progressif dont la maladie s'accompagne.
Tous les ouvrages de pathologieveterinaire signalent cette maladie, sur laquelle on ne trouve cependant que tres-peu d'observations speciales et detaillees ; la plu-part des veterinaires la considerent comme rare, ce­pendant il n'en est rien, et la maladie, sans 6tre fre-quente, s'observe encore assez souvent, surtout sur les animaux avances en age.
Symptömes. — Le diaböte est une maladie generale­ment chronique, dont les phenomönes se develop-pont presque toujours avec lenteur, dont le debut passe souvent inapercu; comme chez I'homme, I'invasion est oi'dinairement lente, et la maladie pent exister pendant longtemps sans se reveler par un Symptome saillant; ce n'est souvent que quand les forces de l'individu out deja bien diminue qu'on reconnait le diabete.
Pendant une grande partie du cours de la maladie, on ne constate ordinairement I'existence d'aucunedou-leur locale; ce n'est qu'a une epoque avancee qu'on
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MALADIES-DK L'aPPAREIL GENITO-XJRINAIRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 191
marque rahattement gönöral et la faiblesse des ani-maux; souvent les moindres efforts provoquent I'essouf-flement; alors aussi on constate particuli^rement de la douleur ä la region lombaire qui est tres-sensible et qui donne ä l'animal une demarche chancelante, rap-pelant celle de l'effort des reins. Ce qui frappe surtout, ee sont les frequentes emissions urinaires qui sont tou-jours tres-abondantes; 1'evacuation devient quelque-fois involontaire; il est rare qu'elle soit doulou-reuse. La quantite d'urine rendue est generalement de cinq a six fois plus forte que dans I'etat normal. Cette urine est inodore, transparente, peu coloree: sa densite est generalement inferieure aupoids speciflque normal et eile pöse de 1,006 ä 1,010, rarement 1,020, landis que l'urine normale pese 1,040: cependant il est des cas oü l'urine renferme plus de matieres solides qu'a l'ordinaire, oü cette densite est superieure et oü eile est de 1,060. Ce dernier cas est exceptionnel, car ordinairement l'urine du diabetique ne renferme pas plus de matieres solides que I'etat normal n'en com-porte.
L'urine, au commencement de la maladie, ne differe de l'urine normale que par sa plus grande richesse en eau; mais cette grande quantite d'eau, passant par I'appareil urinaire, ne tarde pas ä avoir un certain efl'et desagregeant dans les tissus; bientöt eile entraine des elements normaux du sang et des tissus, elements qui auraient du. 6tre utilises dans Teconomie, et alors les urines sont plus chargöes.
L'un des Elements les plus frequents, c'est la glyeose, dont la presence s'explique par la fonction glycogeni-que du foie, qui produit, dans I'etat normal, du sucre ou plutöt une matiere glycogene; sous I'influence pa-thologique, tout le sucre forme n'est pas brüle, et une grande partie s'accumule dans le sang et en est separee par Faction des reins. Nous n'admettons pas cependant
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que la presence du sucre soit indispensahle pour con-stituer le diaböte, et nous croyons, au contraire, que chez les herbivores cet element est peu naturel, tandis que dans le diaböte de ces animaux les recherches chi-miques trouveraient d'autres ölements enleves au tra­vail de la nutrition. De ce nombre se place en premiöre ligne Valbumine, dont on trouve toujours des propor­tions plus ou moins considerables dans les urines dia-betiques, sans qu'il y ait l'alteration rönale qui produit ordinairement cette maladie.
Un autre principe, qui parait surtout se trouver dans le diaböte de nos animaux, c'est Vinosite, dont la formation parait 6tre etroitement liee a la fonction glycogenique du foie, et ötre un des produits de la transformation de la matiöre glycogöne. On a encore quelquefois Signale une modification de la proportion d.'urie dans l'urine des diabetiques, et on a distingue de Vazoturie et deVanazoturie; mais cet ötat a encore ete peu etudie chez nos animaux. II en est de möme des modifications dans la proportion des acides urique et hippurique. On a quelquefois signale dans l'urine dia-bötique la presence de l'acide lactique et de l'acide acetique, corps qui pourraient bien resulter d'une altera­tion de la glycose oude I'inosite. Une alteration speciale de l'urine dans certains cas de diaböte, c'est la richesse de ce liquide en sels calcaires qui paraissent se dis-soudre ä la favour de la glycose; M. Rueff a trouve sur le cheval une proportion de 14 p. 100 de matiöres soli­des obterrues par l'evaporation, et ily constata b p. 100 de cendres.
Cette disparition par les urines de principes qui de-vraient ötre utilises dans le travail de la nutrition, amöne un fort amaigrissement progressif, qui necessai-rement ne va qu'en augmentant avec les progrös du mal, malgrö l'appötit considörable qu'ont generalement les malades. La soffest excessive, et bien souvent les
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boissons ne la calment pas; generalement la quantity d'eau ingöree est bien plus forte que celle qui s'ea va par fes urines.
Complirations. — Les troubles de la vision, et surtolU Tamaurose et la cataracte, sont des complications fre-quentes du diaböte chez rhomme; cbez nos animaux on n'a encore Signale que rarement cette complication, cependant observee par M. Saint-Cyr. De möme, on n'a que rarement cite chez nos animaux les complications d'impetigo, de liehen et de psoriasis signals chez l'homme. Ce qu'il y a de plus frequent, d'apres plu-sieurs observateurs, c'est l'atrophie des glandes, etsur-tont celle des testicules et des ovaires, d'oü resulte l'a-naphrodisie, ainsi que celle des mamelles. La phthisie est une terminaison frequente du diabete chez l'homme, eile n'a encore ete que peu signalee en veterinaire.
Marche, durie, terminaison. — La marche du diaböte est lente, mais fatalement progressive. Les exemples de guerison sont rares, la mort avec diminution de plus en plus intense des forces, avec cachexie gönerale, quelquefois paraplegie, est la terminaison la plus ordinaire, et eile survient d'autant plus vite que le ma-rasme fait des progres plus rapides; le retour ä la sante est tres-lent, incertain.
Le pronostic est genöralement fächeux; Tissue funeste du diabete pent 6tre plus ou moins prompte; eile est presque inevitable, si le mal est dejä avance. — (Zun-del.)
Etiologie. — On considöre comme causes exterr.es de cette affection, les mauvaises conditions hygieniques; la malpropretö des etables; l'ingestion d'avoine moisie, gätee ou nouvelle, de foin altere, d'aliments congeles ou converts de givre, d'eaux seleniteuses et de plantes äcres; l'emploi prolonge des diuretiques, les refroidis-sements cutanes, notamment quand le temps est ri-goureux, ou que l'air est froid et humide. Ce sont done
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TRAITB DES MALADIES DU CHEVAL.
surtout les causes qui peuvent irriter plus ou moins les reins qu'on peut considerer comme conditions genesi-ques de cette affection. II reste encore k verifier si, dans certains cas, la polyurie n'est pas due ä l'inges-tion d'une plus grande quantite d'eau, provoquee par la soif que le nerf vague determine par son etat mor­bide.
Les Usions anatomiques des reins dans cette affection n'ont rien de constant : ils sont tantöt hypertrophies, tantöt ramollis, tantöt ratatines; les tuniques de la vessie sont parfois epaissies et la capacite de ce reser­voir se trouve ainsi diminuee.
Le traitement doit surtout avoir en vue de faire cesser les causes et de prescrire les mesures dietetiques con-venables; les animaux doivent avoir une alimentation bonne et saine et des boissons mucilagineuses ; il faut les loger dans un local d'une temperature seche et d'une atmosphere pure. On doit bouchonner fre-quemment et couvrir soigneusement les malades. A I'interieur, on a conseille les moyens les plus varies, tels que les bols d'Armenie ou d'argile melanges ä la boisson, les substances astringentes, telles que I'ecorce de ebene, le tannin, le cachou, I'alun uni au sulfate ou au sulfure de fer, le sucre de saturne, le camphre, la creosote melangee ä Feau, la teinture de cantharides dans des decoctes mucilagineux. Si les reins sont sen­sibles et la miction douloureuse, on peut avoir re-cours aux decoctes mucilagineux additionnes de nitre. Au debut de Faffection, les mesures dietetiques suf-fisent souvent pour amener la guerison, tandis que plus tard tout traitement pourrait bien 6tre inutile. (Roll.)
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CHAPITRE TI
MALADIES DE L'APPAREIL NERVEUX
G6nöralit6s.
Si les maladies du Systeme nerveux ont ete mieux etudiees chez le cheval que chez les autres animaux domestiques, et surtout les petits, il s'en faut qu'elles soient encore parfaitemeat connues. Lquot;imperfection de nos connaissances sur la nature de cet appareil et sur les fonctions de chacune de ses parties, la difficulty de faire certainement remonter la source des alterations a I'encephale ou a la moelle epiniere, I'exploration pres-que toujours impossible au milieu des enveloppes os-seuses, l'obscurite des symptömes, la rapidite de la marche et diverses autres difficultes se reunissent pour rendre extrömement embarrassante l'etude des affections du Systeme nerveux. Ces alterations sont toutes decrites dans les ouvrages de pathologic veteri-naire, mais elles sont difficiles ä distinguer chez les ma-lades. Si elles exigent une grande habitude d'observa-tion pour ne pas echapper aux investigations des plus babiles praticiens, que dire de l'attention que pourront leur prater les eleveurs, sinon que la majeure partie des phenomönes morbides passeront inapercus. D'oü la necessite de raccourcir un chapitre consacre aux mala­dies nerveuses, et de conseiller aux proprietaires de toujours faire appeler un vetcrinaire au debut des
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TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
affections qui ont pour siege le cerveau et la moelle epiniöre.
Pour ces raisons, nous ne parlons ici que, de la con­gestion cerebrale, du vertigo essentiel, de la retivite, du tetanos et de la paralysie; en tout, cinq seulement.
Congestion c6r6brale.
La congestion cärebrak, dite encore apoplexie foudroyante, coup de sang, etc., est excessivement redoutable. Simple engorgement sanguin d'abord, eile peut s'accompagner d'exhalation sereuse, de la rupture des vaisseaux et de repancbement des liquides qu'ils renferment.
Les causes sont predisposantes, occasionnelles et de-terminantes.Lespremiörescomprennentle temperament sanguin, une grande irritabilite, un embonpoint pro-nouce et Tage adulte; — dans les secondes se trouvent ranges l'air raröfie et echauffe des habitations, les saisons chaudes et humides, les orages, un froid subit, les re-pas trop copieux, la copulation pendant le travail de digestion, les courses, les efforts immödiatement apres une Ingestion surabondante d'aliments; tout ce qui ebranle fortement le systöme nerveux, la surprise, la frayeur, la colöre, les mauvais traitements; les mala­dies anciennes de poitrine, la pousse, I'asthme, I'hy-pertrophie du coeur, surtout celle du ventricule droit; les colliers trop ^troits, ceuxque Ton oppose au tic, des licols on brides a sous-gorge trop serree; la torsion de la t6te, sa position declive, l'insolation du cräne; la re­percussion des exanthemes, des ecoulements an-ciens, etc., etc.; —les troisiömes reconnaissent les coups violents portes sur le cräne, et, dans de rares circon-stances, l'obstruction des jugulaires.
Les prodromes les plus frequents sont ceux-ci : töte .inclin6e vers le sol,-somnolence, ceil voile, vue obscur-
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cie; ou'ie affaiblie ou exaltee, au point que I'aiiimal tressaille au moindre bruit; marche appesantie, chan-celante, mouvements depourvus de souplesse, tendance k pousser en avant; sueur au moindre exercice; appetit diminue; digestion laborieuse, accompagnöe de bäil-lements.
Les sympldmes arrivent sous forme d'invasion gra­duelle ou d'attaque foudroyante. La premiere,. dit M. Lafosse, succede aux prodromes. L'animal qui la subit semble Mbete; il tient la töte basse ou la pose sur la creche, il conserve longtemps la m6me attitude et il öcarte ses membres, ce qui n'empöche pas le corps d'osciller sur sa base incertaine. Les sens sont affaiblis ou m6me abolis; les naseaux se dilatent, la respiration devient grande et irreguliöre; le pouls est plein, alter-nalivement ralenti ou accelere; les muqueuses s'injec-tent; les veines superücielles, surtout celles de la face, se gonflent; le front s'echauffe; des mouvements spas-modiques, des accfes frenetiques, ataxiques se prodüi-sent; en s'agitant, le malade tombe, et il survient souvent des paralysies partielles; parfois möme la para-lysie est generale.
laquo; Aucun prodrome n'annonce I'attaque foudroyante. 11 y a tout a coup abolition de la contractibilite et de la sensibilite; l'animal tombe comme frappe de la fou-dre, il resle 6tendu dans un etat de complete immo-bilite ; la circulation et la respiration, neanmoins, con­tinuant de s'effectuer, mais avec beaucoup d'irregularite, la derniere souvent s'accompagne d'un bruit stertoreux. Parfois, les membres se convulsionnent et le sujet semble ctercher a se relever; alors, ses yeux roulent dans leurs orbites, les pupilles sont dilatees. Les mu­queuses sont exceptionnellement pales, presque tou-jours violacöes, et les veines de la töte et lajugulaire se distendent. Dans cette derniöre s'apercoivent möme parfois les ondulations excentriques du pouls veineux. raquo;
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La mort est generalement la terminaison de la mala-die, terminaison qui survieat en deux ou trois heures lors de l'attaque graduelle, et en quelques minutes quand l'attaque est foudroyante. Parfois ä la congestion succede le vertige essentiel, dont il est parle plus loin.
L'autopsie montre l'injection des vaisseaux de la sub­stance cerebrale, la distension des sinus de la dure-mere, l'epanchement de liquide serb-sanguinolent dans les ventricules et möme de sang dans la masse cere­brale.
La seule methode therapeutique consiste dans les eva­cuations sanguines, les affusions repetees d'eau froide sur la töte, les breuvages et les lavements purgatifs, les revulsifs energiques. En m6me temps qu'on utilise ces prescriptions, il faut courir chercher l'homme de Tart.
Vertige essentiel.
Le vertigo essentiel est du a une alteration du cerve-let et de la moelle allongee, entrainant la perte de la sensibilile musculaire. Pendant longtemps on a con-fondu le vertige essentiel avec le vertige abdominal; les symptömes sont pourtant assez tranches pour qu'il u'existe aucune confusion ä cet egard. Dans le vertige abdominal, le cheval se livre ä des accös de fureuret se precipite sur les obstacles qu'il rencontre ; dans le ver­tige essentiel, le sujet malade est tranquille et se con-teute de se porter en avant jusqu'ä, ce que sa longe ne lui permette pas d'aller plus loin. C'est pourquoi il se-rait plus rationnel d'appeler le vertige abdominal, vertige furieux, et le vertige essentiel, vertige tranquille.
Etiologie. — On rencontre cette maladie, dit M. Roll, surtout au printemps, principalement chez les jeunes chevaux plethoriques, bien nourris, servant au trait rapide ou ä des travaux fatigants; quelquefois ils su-
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MALADIES DE L APPAREIL NERVEUX.
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bissent, ä cette saison, un ou plusieurs acces, pour ne plus en avoir le reste de l'annöe. On regarde comme causes occasionnelles une lumiöre solaire trop vive, ainsi que toute impression de lumiöre ä laquelle Tanimal n'est pas habitue, les changements rapides de lumiere solaire et d'ombre, les grandes chaleurs de l'ete, les ecuries chaudes et humides, les fatigues et parini elles, les mouvements en cercle, le transport par che-min de far ou par bateau, les conditions qui empöchent le retour du sang du cerveau, telles que harnais trop etroits, affections du coeur, des vaisseaux ou du pou-mon, ou enfin la plöthore par suite d'une alimentation abondante proportionnellement aux mouvements des animaux. Des pertes sanguines considerables, des accou-chements rapides, l'evacuation de grandes quantites d'exsudat, c'est-ä-dire des circonstances qui entrainent l'anemie de l'encephale, peuvent egalement determiner les symptömes de vertigo.
Dans d'autres cas, le vertige depend d'alterations materielles de l'encephale et de ses enveloppes.
Symptömes. — L'acces apparait brusqucment et notam-ment le plus souvent pendant que l'animal est ä l'atte-lage et peu de temps apres le repas. Dans l'ecurie et sous le cavalier, ces accös sont rares.
Les animaux s'arrötent brusquement, secouent la töte, tremblent, trebuchent, chancellent, tirent au re-nard ou poussent de cöte, ordinairement en inclinant la tete lateralement et en l'etendant, s'appuient centre le timon, contreles chevaux atteles avec eux ou centre le mur de l'ecurie; parfois ils font quelques tours en cer­cle, se pendent ä leur harhais, ou, s'ils sont ä l'ecurie, ils tirent sur leur lieol ou leur chalne; ils sont tres-anxieux et sont bientöt reconverts d'une sueur abon­dante. Dans les cas peu graves, l'acces se termine en quelques minutes : les animaux ne tombent pas, sur-tout si Von a soin de les saisir par la töte et de les sou-
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200nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHBVAL.
tenir. Apräs un pareil paroxysme, les animaux repren-nent aussitöt de lagaiete; ordinairement ils sont unpeu fatigues el paresseux, craintifs; mais bientöt tout rentre dans I'ordre. Pourtant si l'accös est plus intense, ils ne peuvent point se maintenir debout; ils tombent et de-meurent couches sans connaissance ou bien ils execu-tent des mouvements desordonnes; bientöt, aprös cinq ou dix minutes, les animaux se remettent, mais sont encore un peu fatigues et craintifs.
On a reconnu a Vautopsie de l'epaississement des in6-ninges, des extravasations sanguines dansl'encepbale, des lesions cardiaques, des affections chroniques de l'appareil pulmonaire, etc.
Le pronostic varie d'apres les causes. Si Tanimal peut 6tre soustrait a celles-ci, on peut esperer la guerison; dans le cas contraire, comme dans les affections chro­niques de l'encephale, du coeur ou du poumon, on ne peut guöre s'attendre ä une amelioration.
Les saignees abondantes, les affusions d'eau froide sur la töte, les setons au cou, les vesicatoires sur les cötes, les lavements irritants , les purgatifs energiques peuvent 6tre mis en usage dans le but d'obtenir une derivation prompte et salutaire; mais ces moyenssont souvent inefficaces tant cette maladie est redoutable. II est superflu de recommander l'eloignement des objets centre lesquels I'animal pourrait se contusionner, le soutien de la t6te afin d'eviter les chutes, et la preser­vation de la lumiere au moyen d'un bandeau applique sur les yeux. -
Le delire auquel les animaux sont en proie necessite ä leur egard une hygiöne speciale. Si I'agitation n'est pas trop violente, on attache I'animal d'une maniöre un peu lache entre deux poteaux, afin qu'il avance, recule d'un certain degre, porte la töte en tout sens et ne coure pas le risque de se blesser. On a con-seille, en cas de frenösie extreme et de tendance au
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tournement, de fixer les malades a un tourniquet ä i'aide d'une corde. Mais ce moyen, utile si ranimal jouit d'assez d'espace pour decrire un grand cercle, ne fait qu'augmenter le transport du sang vers la tete, s'il est astreint a decrire un cercle etroit. Mieux vaut le laisser libra dans une cour, une ecurie spacieuse, apres lui avoir applique une capote bien matel^ssee et avoir pris toutes les precautions pour qu'il ne se blesse contra le mur. La lumiere, le bruit, I'insolation, la chaleur sent egalement nuisibles. II faut done tenir les malades dans un endroit bien aere, sans courants et oil regne un calme parfait; ne les approcber que pour leur donner les soins indispensables.
iR6tivit6.
La r6timU est caraetörisee par Vindocilite, le refus d'obeir se presentant d'une maniere continuelle ou periodique, de facon que les animaux ne rendent pas les services que Ton pent equitablement exiger d'eux.
Les causes de cet etat peuvent 6tre I'beredite, une öducation defectueuse, de mauvaises babitudes, la brutalite du dresseur, un dressage non en rapport avec Tintelligence de l'animal, les mauvais traitements aux-quels les animaux se trouvent continuellement expo­ses, des sensations trop vjves, etc., ou bien encore des afifections de l'appareil encepbalique m6me.
Symptdmes. — Les chevaux retifs, rapporte M. Roll, se montrent assez souvent dejä indociles lorsqu'on les. panse, qu'on leur met le barnais, qu'on les sort de 1'ecurie, qu'on les attelle ou que le cavalier veut les monter. Lorsqu'on les fait travailler, certains de ces chevaux montrent de l'indocilite en toutes circon-stances, en ce que tantöt ils ne veulent pas bouger de place ou Lien ils ne progressent que par sauts pour
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rester de nouveau immobiles, tantöt ils poussent d'un cöte cu d'autre ou bien piquent en avant ou reculent. Ils ruent violemment et se cabrent; ils deviennent ainsi dangereux pour les hommes et les animaux, et detrui-sent le vehicule auquel ils se trouvent atteles. Les cMtiments violents par le fouet, l'eperon, le mors, ne font qu'aggraver cet etat; les animaux deviennent furieux, ruent ä tort et ä travers, tächent de desargon-ner le cavalier ou de lui serrer la jambe contre un mur, ils sejettent par terre, se roulent, etc. Dans d'au-tres cas, ces symptömes ne se presentent que par acces; les animaux sont obeissants dans les intervalles; mais tout ä coup, sans cause exterieure appreciable, ils deviennent retifs, s'arrötent brusquement pour ne plus bouger de place ou bien ils montrentles symptö­mes que nous avons enumeres plus haut.
II est assez facile de differencier cette maladie du vertige delirant, de Yepilepsie et Yetourdissement. On pourrait plutöt confondre cette maladie avec la pano-phobie ou la peur; les animaux panophobes ou ombra-geux refusent bien aussi d'avancer; mais on reconnalt que ce n'est pas ici l'indocilite qui provoque ce refus, mais que c'est la peur qui les fait agir ainsi. On pour­rait aussi confondre avec le cheval retif l'animal qui n'a pas encore eti dresse, car il se montre aussi difficile pour se laisser brider, atteler ou ferrer, pour travailler au trait ou supporter le cavalier en seile; enfin, les che-vaux ruines pourraient aussi passer pour retifs, lorsque les travaux qu'on veut leur imposer sont au-dessus de leurs forces.
^intervention de la medecine n'a rien ä faire dans cette maladie. La douceur et les soins rationuels peuvent seuls ameliorer les animaux de maniöre k leur faire ren-dre plus de services.
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Tamp;anos.
Le tetanos ou mal de cerf est tine maladie caracterisee par une contraction permanente et independante de la volonte de Tanimal des muscles en general, et des extenseurs en particulier.
Les causes de cette affection sont la castration, les plaies contuses, I'immersion dans I'eau froide lorsque les animaux sont en sueur, I'exposition aux courants d'air froid, les contusions des nerfs superflciels, les laquo;lous de rue pönetrants, les operations douloureu-ses, etc.
laquo; L'invasion est rapide ou graduelle. Dans ce dernier #9632;cas, 11 y a d'abord une difficulte a peine appreciable dans les mouvements des membres, raideur peu pro-noncee de l'encolure et des oreilles, leger soulevement de la queue; enfin, quelque gone dans le jeu des mä-choires, fixite des yeux, sur lesquels s'avance plus ou moins le corps clignotant. Quand le tetanos a fait des progres, ou bien dans le cas oü il debute avee violence, le malade prend une attitude toute speciale ; sa t6te est tendue sur l'encolure, ses naseaux sont dilates, son ceil est fixe, ses oreilles sont dressees, sa queue est relevee, ses membres sont ecartes du centre de gravite, I'anxiete se peint sur sa physionomie. Lorsqu'on le force ä se mettre en marche, ses membres refusent de se flecbir, il hesite; enfin, il s'avance enecartant peni-blement ses membres et entrainant la litiere avec ses pieds; assez souvent son oeilse convulsionne, s'enfonce dans l'orbite, et le corps clignotant vient glisser a sa surface. Si Ton contraint le malade ä continuer sa mar­che, il perd un peu de sa raideur; mais 11 ne tarde pas k se couvrir de sueur, et, peu de temps apres qu'il s'est repose, on constate ordinairement que son etat
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TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
s'est aggrave. La raideur est done plus prononcee d froid qu'ä chaud. A. ces symptömes se joignent pres-^ue toujours la conservation de l'appetit et de la soif, avec difficulte da la mastication et de la deglutition, par suite du trismus et da la contraction spasmodique des constrictaurs du pharynx. Las aliments qua I'ani-mal parvient a saisirs'arr^tent souvent dans sa bouche, et eile se remplit da saliva filante, ce qui determine parfois des mächonnements ou des especes de mouve-ments de succion. La respiration est ordinairement frequente et courte, a peine si le thorax peut se dila-ter. Le pouls est dur parfois, mais plus souvent ralenti qu'accelere. La teinte des muqueuses est variable, tantöt päle, tantöt rouge. L'urine et las excrements sont expulses peniblemeht; il y a presque toujours constipation. La peau est souvent adherente, et la cha-leur animale est sujette ä d'assez frequentes variations. Ainsi caracterise, le tetanos peut perdre graduellement de son intensite et sa terminer en huit, dix, quinze jours par la guerison. Des oedemes de la partie infe-rieure das membres, du dassous du tronc, la moiteur de la peau, annoncent parfois cette heureuse fin. Dans la plupart des cas, la maladie s'aggrave; la raideur tetanique arrive au summum d'intensite qu'il lui est donne. d'attaindre; le trismus se prononce au point que le jeu des mächoires devient tout ä fait impossible; tout mouvement de progression est interdit; Tanimal est plante sur ses quatre membres comme sur quatre piquets; sa töte est renversee en arriere; sa queue se tient en position horizontale; le thorax est fixe; les muqueuses deviennent violacees ou d'une päleur livide; le pouls s'accelere et s'affaiblit; enfin Tammal. qui ne s'etait pas couche depuis l'invasion, tombe, raste etendu sur un c6t6 en tenant ses membres raidis; bientöt il räle, se couvre de sueur et meurt asphyxie. raquo; Cette affection est presque toujours mortelle ; alle
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MALADIES DE X. APPAREIL NERVEUX.
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est encore aggravee par rimpossibilite dans laquelle se trouve le praticien de faire avaler le moindre remede au malade. Pour l'acquit de sa conscience, on pent pra-tiquer de petites saignees, placer des sinapismes au ventre et des setons aux fesses, administrer des lave­ments narcotiques et faire sur lesmembres des frictions irritantes.
Paralysie.
La paralysie est une diminution ou une abolition totale de la sensibilite et de la contractibilite des mus­cles d'une region du corps ou de tout rorganisme. Les animaux qui en sent atteints ne jouissent plus de la faculte de mouvoir les parties dont Faction etaif autrefois soumise ä l'empire de la volontö.
La paralysie est rare, fort beureusement, et son trai-tement tres-difficile. En pareil cas, il faut de suite re-courir aux lumieres d'un veterinaire.
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CIIAPITRE VII
MALADIES DES YEUX
Conjonctivite.
La conjonctivite, ou inflammation de la membrane mu-queuse qui tapisse le globe de l'oeil et la face interne des paupieres, se manifeste par la fermeture de ces der-nieres, l'abondance de la secretion des larmes, la tume­faction, la rougeur, la chaleur et la douleur des parties malades. L'affection est simple, quand eile se borne ä #9632;endommagerlamuqueuse, et compliquöe,qaa.nd elleatta-que l'interieurde l'oeil; dans ce dernier cas, les humeurs oculaires sont troubles et presentent un aspect blan-chätre tres-facile k reconnaitre.
La conjonctivite est due a bien des causes. Les gaz irritants, les coups, le frottement de la bride, I'introduc-tion de corps etrangers entre les paupieres et l'oeil, etc., peuvent occasionner cette maladie. Aussitötqu'on s'aper-coit de cette lesion, il faut tout de suite s'assurer qu'elle n'est pas due ärintroduction d'un corps etranger; pour cela, on ouvre les paupieres, on explore toute la region qu'elles embrassent, on voit, par un examen attentif s'il n'existe aucun corps irritant comme de la poussiöre, un petit fragment de pierre, une balle de ble ou d'avoine, un morceau de paille, etc. On I'extrait en glissant le doigt sous la paupiere et en ramenant ledit objet. vers Tangle interne de Toeil; I'irritation causee par la ma­noeuvre du doigt provoque une abondante secretion de
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larmes qui entraine au dehors le corps etranger. II arrive parfois qu'il est implants sur la muqueuse des pau-pieres et alors on I'arrache, ou bien encore sur le globe de l'oeil, cequi necessite Tintervention du veterinaire si la blessure est grave. Une fois I'objet enleve, onlotionne l'oeil avec de l'eau fraiche pendant plusieurs jours et la maladie disparait promptement.
Quelle que soit la cause de la conjonctivite, leproprie-taire fait toujours sagement de tenir les animaux dans l'obscurite, de laver l'oeil avec de l'eau fraicbe, de l'eau blanche, de l'eau de roses, de n'employer les collyres astringents et caustiques qu'avec le conseil de Fhomme de l'art, et de ne se livrer ä aucune des manoeuvres operatoires qui demandent une main exercee.
Albugo.
L'albugo est caracterise par des taies, de petits nuages blancs qui viennent sur la cornte lucide, cette enveloppe transparente qui revöt la partie anterieure de l'ceil.
L'albugo est ancien ou recent; cette affection, sur-tout lorsqu'elle est recente et bien soignee, n'est Jamals serieuse et n'empöche pas l'animal de voir; il n'en est pas de möme quand la tache est tres-etendue et placee sur la pupille, et quand on neglige d'y ap-porter remede. Le diagnostic de l'albago est facile ä etablir, en raison des symptömes tranches qui appa-raissent tout de suite.
Pour guerir cette maladie, on emploie les collyres astringents, les lotions d'eau blanchie par l'extrait de Saturne. Souvent les collyres sees font disparaitre la tache; on se sert d'alun calcine, de Sulfate de fer, etc. La cauterisation , en touchant legerement avec le nitrate d'argent, doit 6tre appliquee en dernier Heu.
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TRA.1TE DES MALADIES DU CIIEVAL.
Cataracte.
La cataracte, appelee dragon par les marechaux, est une jnaladie qui consiste dans l'opacite du cristallin ou de sa membrane, ou de ces deux parties a la fois: opacite qui empöche les rayons lumineux de parvenir a la retine et qui cause la perte de la vision.
La lumi6re trop vive, I'insolation prolongee, I'action de vapeurs irritantes, les coups sur le globe oculaire et surtout les ophthalmies repetees, comme dans le cas de fluxion periodique, sont les causes ordinaires de cette affection.
On reconnait la cataracte naissante a un leger obscur-cissement. de la vue, obscurcissement qui augmentede plus en plus et se termine par la cecite complete. Dans le principe, Tceil presente presque toujours une petite tache blanche qui se developpe et s'epaissit progressi-vement.
La medecine veterinaire, en cette occasion, code le pas ä la medecine humaine, car eile ne possede aucun moyen de remedier au mal; les onguents et les collyres qu'elle emploie sont inefficaces, l'opöration elle-möme reste sans resultat appreciable qui püisse la faire pre-coniser.
Amaurose.
Vamaurose, encore appelee goutle sereine, est une mala-die caracterisee par Taffaiblissement ou la perte totale de la vue, qui survient sans qu'il existe d'obstacles ä l'arrivöe des rayons lumineux au fond de l'oeil. Cette maladie, trfes-commune en medecine humaine, n'a ete etudiee que dans ces derniers temps en medecine vete-
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MALADIES DES YEUX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;209
rinaire; c'est sur le cheval qu'on I'observe le plus sou-vent.
Les causes de Tamaurose sont directes ou indirectes. Les causes directes sont celles qui exercentdirectement leur action sur l'appareil de la vision, telles que con­tusions, blessures, projectiles, ardeur des rayons lumi-neux; les causes indirectes sont obscures et regardees comme liees ä l'amaurose, parce qu'elles en precedent toujours I'apparition ; ce sont la gestation, Tabus du coit, la mauvaise nourriture, la disparition d'une ma-ladie secretoire, la suppression d'un ecoulement ancien, etc.
Les symptömes de l'amaurose consistent dans les troubles varies delavisionetrimmobilitedel'iris.Dans cet etat d'immobilite constante, la pupille est, ou large-ment dilatee, ou completement resserree, mais le plus souvent dilatee. Le cheval frappe d'amaurose complete, dit M. H. Bouley, est tout ä fait aveugle, et il le denote par les attitudes de sa töte et de ses membres dans la locomotion. Le cheval trotteur porte la töte elevee, re­gardant les etoiles, comme disent les Anglais, le nez au vent, les oreilles droites et attentives; aux allures vives ou lentes, il löve haut les membres, dans la peur instinctive de rencontrer des obstacles sur le sol. Le cheval de trait marche avec une lenteur pour ainsi dire calculee, la töte en avant et un peu inclinee de c6te, avec les oreilles dirigees dans l'attitude de l'attention. Le cheval affecte d'amaurose n'a plus cette expression de regard fiöre et resolue; I'dme s'est enfuie de ses yeux.
L'amaurose peut 6tre simple, ou double, complete ou incomplete. Elle est simple, quand eile ne se manifeste que sur un ceil, et double, quand les deux yeux sont malades ; complete, quand l'iris est prive de tout mou-vement, et incomplete, lorsqu'il est susceptible de varier dans ses dimensions. Pour reconnaitre l'existence de cette maladie, on place le cheval dans un lieu sombre,
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TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
en lui tournant. la töte du cöte de la lumiere. Dans le cas d'amaurose simple ou. incomplete sur les deux yeux ou sur un seul, il est facile de constater I'etat sain d'un ceil et I'etat malade de l'autre ; si I'amaurose est simple,, a la mobilite de l'iris dans le premier et ä l'immobilitd dans le second, et a la conservation de la vue dans Tun et ä Fabolition dans l'autre. Quand I'amaurose est double et complete, faction des rayons lumineux ne suffit pas toujours pour la demontrer et pour acquerir la certitude de son existence; il faut alors faire le geste de frapper I'animal a la töte; s'il voit encore il cber-cbera a eviter le coup, s'il est aveugle il ne bougera pasr
La marcbe de cette maladie est ordinairement si lente qu'on ne s'apercoit de sa venue que lorsque la vue est dejä affaiblieet la medication incertaine. Le traitement consiste k employer les purgatifs, les setons, les lotions astringentes, les vesicatoires volants pres de l'oeil, et, si ces moyens sont inefficaces, il faut avoir recours aux lotions excitantes et aux excitations par les vapeurs d'ether.
Malgrö l'enumeration des symptömes decrits par M. H. Bouley, nous dirons que I'amaurose est une ma­ladie insidieuse, difficile ä connaitre pour la plupart du temps. Le cultivateur agira sagement, lorsqu'il dtoutera de la vue d'un cheval, en consultant un veterinaire ä cet egard. L'amaurose n'est pas classe parmi les vices redhibitoires; c'est un tort, car eile ecbappe presque toujours ä l'examen des acheteurs.
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OHAPITRE VIII
MALA.DIES DES OREILLES
Carie de la conque.
Parmi les maladies de l'oreille, les seules qui nous Interessent sont la carie de la conque et le catarrhe auriculaire, parce qua nous les voyons quelquefois sur-venir avec une certaine gravite.
La carie de la conque consiste en une suppuration et une destruction du cartilage qui forme la charpente de roreille. Cette maladie est determinee par des piqüres, des morsures et des abces ä la suite de la gourme.
Cette carie, rapporte M. Lafosse, est caracterisee par uu ulcere dont la situation varie, bien qu'il soit presque toujours sur les limites de la conque. Les bords de cette solution de continuite sont saillants, garnis de bour­geons qui saignent facilement. II s'en ecouie un pus sero-muqueux, grumeleux, sanguinolent, fetide. De l'ulcere partent parfois une ou plusieurs fistules plus ou moins profondes; sur quelque point de sa surface, on voit le cartilage d'un blanc ferne ou grisätre, ru-gueux, epaissi. Pour apercevoir la carie, il est quelque­fois necessaire d'ecarter les bourgeons qui la recouvrent. Un prurit assez vif accompagne ordinairement l'ulcere, qui tend plus generalement ä s'agrandir qu'ä se cica-triser. Avec le temps, une induration se forme ä son pourtour et ses bords s'epaississent. La conque se fron'ce,
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TRAITB DES MALADIES DU CHEVAL.
se plisse, se döforme, et la guerison radicale devient impossible.
Le traitement consiste a preserver l'ulcöre du contact de l'air, k combattre le prurit, qui est un des obstacles principaux ä la cicatrisation, et ä empöcher les secousses que les animaux impriment aux oreilles, les frottements qu'ils exercent sur Tulcere. On remplit la premiere in­dication en rasant bien les bordsde Tulcere, en les netr-toyant frequemment sans faire saigner, en faisant des onctions apres chaque pansement avec les pommades soufree, laudanisee, camphree, ou bien avec celles au goudron, a I'lmile empyreumatique lorsque le prurit est entretenu par les insectes. Pour satis-faire a la seconde, on saupoudre frequemment la plaie avec de la poudre d'amidon, de vieux bois, de charbon, ou bien on applique du collodion en couche epaisse. — On est parfois oblige d'avoir recours ä la cauterisation ; ce moyen reussit rarement. L'amputation doit 6tre evitee autant que possible, pour ne pas rendre les animaux disgracieux; dans tous les cas, cette operation est du ressort des praticiens.
Catarrhe auriculaire.
Le tegument du conduit auriculaire est expose k s'en-flammer sous Finüuence de causes directes ou indi-rectes. Cette inflammation se caracterise assez crdinai-rement par du prurit, un ecoulement de matiere fetide. Elle est unilaterale ou bilaterale, aigug ou chronique, et generalement assez rebelle lorsqu'elle revöt ce der­nier type.
La maladie pent 6tre determinee par des contu­sions, des corps etrangers introduits dans I'oreilie, par l'accumulation et le sejour prolonge du cerumen; ou bien eile est occasionnee par des refroidissements que
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MALADIES DES OREILLES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 213
les oreilles eprouvent, surtout lorsque pour faire ia toilette des animaux, on coupe les longs polls qui gar-nissent l'entree de la conque. Les diatheses gourmeuse et scrofuleuse predisposent ä, cette affection.
laquo; Les animaux commencent par se frotter, se seeouer les oreilles; mais ils le font avec hesitation d'abord, a cause de la douleur que provoquent les mouvements de la töte. Gette douleur se traduit par les efforts que fait le malade pour se soustraire aux pressions que Ton tente d'exercer sur la base de la conque. La peau interne de l'oreille est gonflee, rouge, humectöe d'une matiere onctueuse, jaunätre, qui s'agglutine aux poils ; parfois m6me, il s'ecoule une humeur muqueuse ou purulente, blanchätre ou sanguinolente d'une odeur fetide. Dans certains cas, l'animal est triste, son appetit est diminue. raquo;
Le traitement est simple : au debut, des injections emollientes ; plus tard, des injections de sous-acetate de plomb, de sulfate de zinc ou de tannin ; enfin, si Faffec-tion tend ä passer a I'etat chronique, les injections au nitrate d'argenf, les purgations et les applications de s^tons au cou doivent 6tre mis en usage.
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CHAPITRE IX
MALADIES DE L'APPAREIL LOC0M0TEÜB
Generalitäs.
Les maladies de l'appareil locomoteur se denotent ordinairement par la boiterie.
La boiterie on claudication est une irregularite de la marche determinee par Timpuissance d'action d'un ou de plusieurs membres. On comprend facilement que si Tun des membres ralentit ou precipite ses mouve-ments, le centre de gravite se change, I'harmonie se trouble et que la boiterie survienne.
On divise les boiterles en plusieurs categories : boi­terie recente, chronique, continue, intermittente, le­gere, grave.
La claudication n'est pas une maladie, ä proprement parier, mais plutöt un Symptome d'une aflection preexistante. Toutes les fois qu'un membre est serieu-sement atteint dans une partie quelconque de son etendue, la boiterie apparait et annonce l'mvasion du mal, puls les autres symptömes viennent se grouper autour d'elle. Aussi, lorsqu'on soigne un animal boi-teux, on applique le remede appropri6 a Taffection qui, en diminuant d'intensite, fait disparaitre peu ä peu la claudication.
Le traitement des boiteries varie äutant que les causes qui leur ont donne naissance. En decrivant les maladies qui les occasionnent, nous indiquons les moyens curatifs qui conviennent k chacune d'elles.
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Atteintes.
Les atteintes sont des meurtrissures que le cheval re-soit des autres chevaux, ou qu'il se fait lui-m6me au beulet, au paturon, ou aux talons. Les atteintes sont iites simples, quand la contusion est legere, sourdes, lorsqu'elles sont graves et douloureuses, encornees, quand le sabot a ete attaque, et compliquees, lorsqu'elles oft'ensent plusieurs parties.
Le traitement des atteintes varie avec la gravite du mal. Si l'accident est recent, des lotions astrin-gentes sufflsent; s'il date de plusieurs jours, le repos et les cataplasmes sont indispensables; lorsque le sabot est attaque, on enleve la corne decollee. L'atteinte parfois resiste a ces moyens et donne naissance au javart. Si l'atteinte se produit plusieurs fois et pro-vient des coups que I'animal se donne avec les pieds de derriöre en forgeant, il convient de faire disparaitre cette cause k l'aide de la ferrure preconisee pour les chevaux qui forgent.
Prise de longe.
Le prise de longe ou enchevttrure consiste en une bles-sure transversale faiteau pli du paturon et produite par le frottement prolonge de la longe dans laquelle I'ani­mal s'est pris le pied. Lorsque la longe est nouöe d'une maniere fixe ä Tauge, il arrive qu'elle forme une anse toutes les fois que le cheval se baisse. Or, si a ce mo­ment le cheval cherche a se gratter la töte ou I'enco-lure avec un des pieds de derriere, il arrive qu'il s'en-gage le pied dans cette anse et qu'il fait mille efforts pour Ten retirer. Ge sont ces mouvements qui font que 1^ peau s'entame et se coupe.
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TRA.ITE DES MALADIES DU CHEVAL.
La prise de longe est rarement un accident grave; eile se borne ordinairement ä une ecorchure qui se guerit par du repos et des soins de proprete. Quand la peau est coupee jusqu'aux tendons, il s'ecoule de la blessure un suintement sereux qui ne tarde pas ä se transformer en une secretion purulente et d'odeur peu agreable. Les bains de pied et les cataplasmes emol­lients, sur le point douloureux, pendant quelques jours, calment la douleur; les lotions aromatiques et vineuses activent ensuite la guerison. Quand l'accident a deter­mine un peu de fievre, une petite saignee retablit le calmc dans rorgauisme.
Eponge.
L'iponge est une tumeur qui se developpe en arriere du coude des monodaetyles. On reconnait deux sortes d'eponges : l'eponge recente et Teponge ancienne; la premiere est de nature pblegmoneuse, quelquefois se-reuse ; la seconde est de nature sereuse ou purulente et la tumeur a toujours ses parois öpaisses et indurees.
Les chevaux qui se couchent en vache, c'est-ä-dire qui se reposent sur le sternum et le ventre, contractent eette affection. Les sabots anterieurs, ramenes en arriere, se trouvent sur la m6me ligne, au niveau des coudes qu'ils froissent continuellement. Le premier effet sur le coude de Faction contondante praduit d'a-bord une petite tumeur molle, päteuse et peu sensible. Si la cause disparait, la tumeur s'efface progressivement; mais quand le contact du sabot avec le coude est fre­quent, la tumeur devient de plus en plus volumineuse et s'organise completement.
L'eponge ne constitue pas un accident serieux dans l'immense majorite des cas; eile peut cependant se compliquer de perforation de la peau, dedecollements,
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de gangröne, etc. En tout cas, eile ne laisse pas que d'avoir une certaine importance comme tare et par suite comme depreciation de l'animal.
On previent le developpement de l'eponge en emp6-chant le cheval de se coucher en vache, en Tattachant de teile sorte que ce decubitus ne soit pas possible, en degarnissant les pieds anterieurs des fers dont les branches sont dangereuses, et en recouvrant le sabot en arriere d'un coussin qui amortisse la pression. Quand les tumeurs des coudes ne se ferment qu'ä la longue, ces moyens sont impuissants ; ils ne reussissent que pour les eponges inflammatoires.
h'dponge recente disparait avec assez de facilite lors-qu'on fait cesser la cause agissante, et qu'on recouvre la tumeur de pommade de peuplier, ou encore de pom-made belladonee ou camphree (formules 1, 3, 11). La pommade centre l'eponge (formule 4) reussit encore tres-bien. Si la peau est alteree, on excise ses parties mortifiees et on applique sur la plaie des topiques exci­tants. Les plaies ont-elles une tendance ä devenir fis-tuleuses, en y passe a plusieurs reprises un cautöre #9632;•ouge qui hate le travail de cicatrisation.
h'iponge chrnnique reclame les agents reselutifs et par-dessus tout Feraploi du cautere rouge ou d'un seton qui perfore la tumeur de haut en has.
Gxostoses.
Vexostose est une tumeur osseuse qui se developpe ä la surface d'un es. Les exostoses se manifestent de pre­ference sur les os superficiels et aux environs des arti-culat ons. Elles varient quant ä la forme, le volume, le nombre et la situation. Tantöt elles offrent une saillie large, tantöt une base etendue, tantöt, enfln, un support
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pedoncule; souvent, elles n'occupent qu'un petit espace ou existent sur plusieurs os ; d'autres fois, elles sont placees sur le m6me os et ä quelque distance les unes des autres.
II en resulte qu'elles ont recu differents noms sui-vant la forme qu'elles affectent et la region qu'elles occupent: celles du jarret sont la courbe, Veparvin et le jar don; celle du canon : le suros, chapetet ou. fusie; celle de la couronne : la forme, etc.
Les exostoses proviennent de coups et de violences exterieures exercees a travers les parties molles, d'ef-forts, de chutes, et surtout de causes höreditaires. ijuelle que soit la raison qui les fait naitre, on doit, au-tant que possible, rejeter de la reproduction les sujets qui en sont atteints. Les exostoses se developpent d'une maniere lente et insensible, excepte quand elles sont dues ä des coups de pied.
Les onguents fondants, les vesicatoires arrötent pai'fois les progres des exostoses ; en cas d'insucces de la part de ces agents therapeutiques, il faut avoir re-cours ä l'application du feu en pointes penetrantes.
La courbe est le developpement morbide de la tube-rosite interne de Fextremite inferieure du tibia; eile devient quelquefois tres-volumineuse, derange les liga­ments et borne le jeu des articulations. La boiterie est dans bien des cas la consequence fatale de cette alte­ration osseuse. II vaudrait mieux enarröter l'extension, avant que I'animal n'en souffre trop, que d'attendre la claudication pour y apporterremede.
Au döbut, les vesicatoires, les onguents fondants reussissent souvent, mais lorsque la boiterie s'est mani-festee, il faut avoir recours a l'application d'unfeuen pointes.
Ueparvin est une exostose qui a son siege pres de la courbe, au point d'union de la premiere assise des os du jarret avec la tamp;te du metatarsien interne.
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L'eparvin peut se prolonger jusque sous les tendons llochisseurs et entrainer la boiterie par les tiraillemenls ou les deviations des brides ligamenteuses.
Le traitement est le m6nie que nous avons indique precödemment pour la courbe.
II existe une autre espece d'öparvin qui a recu lo nom d'iparvin sec et qui est caracterise, dans les mouvements de progression, par une flexion saccadee et comme con­vulsive du membre malade. On exprime par le verbe harper Faction brusque de flechir le jarret. On sait que le jarret est le siege de l'eparvin sec, mais on ignore la veritable cause de cette affection. La science ne con-nait encore aucun moyen certain de remedier a cetle maladie; il faut utiliser I'animal tel quel, ou s'en de-barrasser, s'il no peut convenir au service auquel il etait destine.
hesuros (fig. 22) est une exostose, autrement dit une eminence osseuse qui se forme sur les
parties laterales du canon. Le suros est ordinairement de forme ronde ou ovale, et de la grandeur d'une piece de deux francs. II ne donne pas toujours lieu a la boiterie, surtout quand il ne g6no pas le jeu des tendons.
Le traitement est le m6me que celui de l'eparvin, de la courbe, etc.
La forme est une tumeur osseuse dont le siege est ä la couronne. Elle est le resultat de coups, d'efforts et aussi d'une predisposition hereditaire dont nous avons dejä dit un mot en parlant
des exostoses. Au debut, la forme cede
Fig. 22.—Canon atieiat du suros.
aux frictions d'onguent fondant de Lo-
bas, ou d'onguent vesicatoire; mais lorsqu'elle est anciennc et qu'elle est accompagnee
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de boiterie, le feu en pointes est indispensable, encore n'amöne-t-il pas toujours la guerison.
Hydropisie des synoviales articulaires et tendineuses.
Les tumeurs molles qui se montrent au beulet et au jarret et qui sont connues sous les noms de moieties et de vessigons, sont produitespar l'bydropisie de la cap­sule de l'articulation du beulet ou de la bourse syno-viale, ea ce qui concerne les molettes, et par l'bydro­pisie de l'articulation du jarret ou de la gaine tendi-neuse, pour ce qui a trait aux vessigons. Comme ces tumeurs out une certaine importance, nous aliens en parier separement. Les molettes (1, 2, fig. 23) sont des tumeurs qui sur-viennent le long de la region tendi-
neuse du canon et surles parties la teraleset supörieuresduboulet. Les travaux forces, les distensions repe-tees, les efforts en sont les causes les plus ordinaires.
Les molettes sont constitutes par une accumulation de synovie dans les pocbes qui renferment cette liqueur. Elles varient en grosseui depuis le volume d'une noisette jusqu'a celui du poing et rataie plus ; elles sont molles, dures ou indurees, et on apprecie cet etat
en les palpant avec les doigts; elles
Fig. 23. —Canon at-leint de molettes.
sont simples, quand elles ne se
montrent que d'un cote, et che-villees, quand elles existent en dedans comme en de-hors; elles sont indolentes ou douloureuses.selonqu'elles
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ne font pas souffrir 1'animal ou qu'elles determinent la boiterie.
Ces tumeurs ne sont graves qu'autant qu'elles se developpent extraordinairement et qu'elles occasion-nent une claudication. Dans tous les autres cas, elles sont peu serieuses, et il est rare de ne pas trouver un cheval qui n'en soit affecte.
II est difficile de guerir les molettes; toutes les fric­tions excitantes, les contentions avec des bandes de flanelle, les applications d'onguent vßsicatoire ou de leu anglais sont peu efficaces. La cauterisation en pointes est le moyen le plus capable de les faire dis-paraitre et d'utiliser le service du cheval.
Les vessigons (a, a flg. 24) sont des tumeurs syno-
Fig. 24. — Jarret atteint de vessigons.
viales molles qui se produisent dans le vide du jarret. 11s sont dits simples, quand ils n'existent que d'un seul cöte; chevillis, lorsqu'ils se manifestent en dedans ct en dehors; mous, quand ils cedent a ia pression du doigt; indures, lorsqu'ils sont durs et resistants.
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TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
Tout ce que nous avons dit preeedemment au sujet de la gravite des molettes et leur mode de traitement, s'applique egalement aux vessigons.
Capelet.
Le capelet[a fig. 25) est uno tumeur molle qui sc de veloppe a la pointe du jarret ä la suite
de coups ou de frottements prolonges. Depuis Tinvention des chemins de fer, on trans-porte beaucoup de chevaux en wagon; ces animaux efirayes par la marche du train et le sifüet de la machine lanccnt des ruades frequentes qui out pour resultat de produire des capelets ; aussi cette affection se remarque-t-elle souvent sur les animaux qui arrivent par les voies ferrees.
Des applications d'eau froide,
Fig. 25. — Capelet.
des douches reussissent sou-
vent; il en est de mamp;ne de la päte faitc avec du blanc de Meudon delaye dans du vinaigre. Lorsque ces moyens font defaut. on pent essayer de Tonguent vesicatoire, ou du feu; mais nous ne les conseillons qu'avec une extreme reserve, car notre experience nous a demontre que, dans I'im-mense majorite des cas, la medication irritante deve-loppe plutöt qu'elle ne guerit les capelets. Les astrin­gents et le temps sont les meilleurs remedes en pareil occurrence.
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MALADIES DE L APPAREIL LOCOMOTEÜR.
Arthrite.
ISarthrite est rinüammation des articulations. On en distingue trois formes principales dans I'espece cheva-line: Varthrite aigue, Yarthrite traumatique et Varthrite des poulains.
L'arthrite aigue recommit pour causes : les contu­sions, les frottements, les chocs, les efforts de loco­motion, la proximite d'un abces ou d'une plaie, etc.
Au debut, la membrane synoviale presente, dit M. Roll, des vaisseaux fortementinjectes, eile est devenue opaque et sa texture est moins serree ä cause de l'infiltration par un exsudat liguide ; plus tard, par la formation do nou-velles cellules, les franges synoviales sont allongees et d'un rouge fonce ; ces phenomenes s'etendent quelque-fois en möme temps ä la surface des cartilages articu-laires. Dans la cavite articulaire elle-mfeme, se depose un exsudat sereux ou fibrineux qui donne naissance ä la precipitation de grumeaux ou flocons de faible di­mension. Souvent aussi la synoviale produit des cel­lules purulentes en grand nombre; la cavite articu­laire contient dans ce cas une quantite plus ou moins considerable de pus, et la perforation de l'articulation en est quelquefois la consequence.
— Si Taffection est pen grave, les cartilages ordinaire-ment ne s'altferent pas; si pourtant des vegetations dependant de la synoviale viennent les recouvrir, ils s'atrophient par suite du fendillement de la substance intermediaire ou de la degenerescence graisseuse des cellules cartilagineuses. II en est de memo si I'os est enflamme dans sa partie superficielle et, dans ce cas, l'ätrophie du cartilage des couches profondes marche vers la surface. Si rinüammation articulaire est puru-lente, on voit quelquefois par places une vegetation
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224 TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
luxuriante du cartilage qui se transforme en une masse flbreuse et gelatineuse par le developpement de cel­lules mores ä dimensions colossales, alors que la trans­formation osseuse envahit la substance intercellulaire qui dejä a pris les caracteres du tissu conjonctif.
Dans les arthrites chroniques, on distingue tantöt la dissociation fibrillaire de la substance intercellulaire, et l'atrophie du cartilage penetrant möme parfois jusque sur l'os, tantöt le developpement des vegeta­tions hypertrophiques de la substance cartilagineuse en certains points et son atrophie dans certains autres.
Generalement, continue M. Roll, les extremit6s os-seuses ne participent pas ä l'inflammation articulaire ; si celle-ci est accompagnee de suppuration, ainsi que dans les cas oü Tinflammation depend de la carie des cxtr6mites osseuses, on que Tos a et6 mis a nu par suite de l'atrophie du cartilage, les phenomenes de la carie de Tos, de la periostite et de la destruction des tissus viennent compliquer I'arthrite.
Les ligaments et les tissus conjonctifs voisins sont ordinairement injectes, forlement inflltres et quelquel'ois parsemes de foyers purulents qui peuvent s'ouvrir vers I'exterieur ou bien dans la cavite articulaire. Par suite de Fepaississement considerable et de la fusion intime des tissus, il persiste quelquefois de la raideur articu­laire alors que les phenomenes out disparu du cöte de Tarticulation.
Les terminaisons de I'arthrite sont: la guerison com­plete, le developpement d'hydarthroses, la destruction suppurative de l'articulation (ordinairement suivie de mort), la perforation de la capsule articulaire, des des­tructions par suppuration du tissu conjonctif Voisin, la raideur articulaire, des troubles fonctionnels de l'arti­culation, ä la suite de vegetation ou d'atrophie du Car­tilage, d'usure, d'ankylose des abouts articulaires. —
Traitement. — Les bains froids, les bandages matelas-
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MALADIES DE L APPAREIL LOCOMOTEUR.
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ses, les douches employes avec methode et perseverance donnent de bonsresultats; sileur application rencontre des difficultes, on met en usage les applications vesi-cantes, voilä le traitement de debut. Mais quand I'arthrite est caracterisee par de vives douleurs, un gonflement considerable et une chaleur excessive, les Emollients et les anodins seuls sont rationnels. L'arthrile suppuree est difficilement guerissable, et c'est au pra-ticien qu'il convient d'en conduire le traitement.
La maladie qui nous occupe ne doit pas 6tre seule-ment combattue par un traitement local; la saignee, les boissons laxatives, la diöte sont encore expresse-ment indiquees, si Ton veut retirer quelque profit de ses soins.
L'arthrite traumatiqüe provient de toutes les causes qui ont pour effetd'entamerla peauet 1'enveloppe arti-culaire, et de mettre la jointure en communication avec l'air exterieur. Teiles sont les piqüres, les coupures, les dechirures, les chutes, les eliminations d'eschares gangröneuses, etc. II ne faut cependant point conclure de cette enumeration que toute blessure penetrante soit necessairement suivied'arthrite. Dans blendes cas, la membrane que tapisse I'articulation ne s'enflamme pas; les parties lesees, au contraire, se reunissent peu a peu et se cicatrisent a la facon des plaies simples.
Les symptömes de l'arthrite se manifestent apres un temps fort variable, et qui depend toujours de la gra-vite de la lesion, de la nature du sujet, de l'etat de la temperature, etc., etc. Quand la blessure est simple et sans perte de substance, l'inflammation estlongueä s'al-lumer; eile apparait promptement lorsque les desor-dres sont graves. Tant que les phenomenes inflammatoi-res n'ont pas fait invasion, la plaie reste simple, et comme teile, ne revöt aucun caractere serieux.
Le point de depart de l'arthrite est l'injection de la membrane synoviale, injection qui ne tarde guere a se
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22ünbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
compliquer de chaleur et de douleur. Enmöme temps, la partie malade devient le siege d'une tumefaction rapidement croissante, et les regions inierieures ä l'av-ticulation presentent un engorgement oedemaleux par-fois extremement tendu et douloureux. La cavite arti-culaire laisse echapper la synovia qui s'etend sur les endroits declives sous forme d'une liqueur legerement citrine et sans odeur.
11 nous semble utile de rappeler ici que la synovie, apres quelques instants de contact avec l'air, ne tarde pas ä se troubler et ä prendre la consistance gelati-neuse. Bien des personnes commettent de grandes erreurs ä cet egard. Se fignrant que la synovie est toujours limpide et incolore, elles prennent la coagulation et l'aspect blanchätre de cette liqueur pour la manifesta­tion d'un etat morbide tres-grave, et en concluent que Tindividu malade est fort en danger. L'odorat est un guide plus sür pour les gens sans experience: au debut d'une artbrite, I'ecoulement synovial, ainsi que nous veuons de le dire, n'exhale aucune odeur, tandis qu'il revöt un caractere fetide et caracteristique lorsque la maladie progresse.
Les mouvements sent la cause d'une scuffrance si vive que Fanimal cberche ä les eviter completement.
Plus tard ces symptomes s'accusent davantage. L'en-gorgement acquiert de plus grandes proportions, la partie affectee est chaude et douloureuse ä l'exces; la synovie s'ecoule en grande abondance, soit seule, soit accompagnee de lympbe plastique on de pus, et eile repand l'odeur infecte indiquöe plus haut.
Si Ton n'y apporte un prompt remede, le mai conti­nue ses progrös; les levres de la plaie s'ecartent et donnent naissance ä des bourgeons charnus mous et faciles a faire saigner; le malade refuse les aliments et maigrit avec une rapidite effrayante ; la respiration devient tremblante, la face se grippe, le corps se cou
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vre de sueurs, tout indique l'intensite de la fievre de reaction. Arrive a la deraiöre periode de la maladie, le cheval refuse de marcjier et de se lever, les moyens coercitifs les plus energiques restent alors sans effet sur lui. D'autres fois, il pousse au mur ou Men se livre a des mouvements desordonnes qui ont pour resultat d'augmenter les lesions et d'ajouter aux soufirances. Puis les ligaments se ramollissent, la secretion se tarit, la tumefaction diminue, la gangrene gagne de proche en proche, et la mort ne tarde pas a survenir.
La terminaison de l'arthrite, nous nous batons de le dire, n'est pas souvent mortelle; Tankylose et la reso­lution en sent les suites les plus frequentes. Qui de nous n'a vu bon nombre de cbevaux, apres une cbute sur les genoux, rester sur cette partie fortement deviee de la ligne d'aplomb, limitee dans son action et defor-mee par des tumeurs osseuses inguerissables. Cette consequence est aussi grave que la desorganisation, puisqu'elle rend le sujet incapable de tout service et qu'elle equivaut a la mort. La resolution, seule issue heureuse, est d'autant plus facile a obtenir que rinflam-mation est moins avancee.
Le diagnostic de l'arthrite est facile a etablir; lepronoslic est toujours grave, puisque le moindre retard et la plus lögere negligence peuvent amener de fächeuses complications.
Le traitement comprend deux indications principales :
1deg; Empöcber la congestion et par suite I'inflam-mation;
2deg; Coaguler lasynovie.
Les veterinaires mettent encore en usage deux autres pratiques, qui sent: Focclusion de la blessure et rim-mobilisation de la jointure. II n'est pas facile de main-tenir I'ouverture fermee, car les substances agglutina-tives dont on se sert, le goudron, le collodion et la terebenthine, demandent des doigts experimentes;
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228nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
d'un autre cöte, l'immobilisation de la jointure ren­contre de grands obstacles dans I'lndocilite des ani-maux. Get article, du reste, n'est pas ecrit pour les hommes de l'art, qui savent tirer parti de mille choses sans efl'et entre les mains des simples culti-vateurs.
On empöchela congestion au moyen des refrigerants, sous forme de cataplasmes et de douches: ces der-nieres sont tres-efficaces et meritent particulierement la preference. Depuis longtemps nous faisons un frequent usage de l'eau, et nous nous en sommes toujours bien trouve. II est aisede comprendre l'action des refrigerants sur les lesions articulaires. Une plaie des articulations ne comprend que des tissus simples et de facile cicatrisa­tion ; si Ton empöche l'inflammation des elements heterogenes, c'est-ä-dire des ligaments et des os, on reunit toutes les conditions du veritable succes. Or, c'est justement en paralysant la vascularite et en re-foulant le sang que les douches et les cataplasmes froids amenent une issue favorable. H va sans dire que le repos le plus complet, la litiere abondante, la demi-diete et les boissons blanches augmentent les chances de reussite.
Certaines personnes preferent les frictions vesicantes, sous pretexte qu'elles derivent le fluxus qui tend ä se porter sur la synoviale, et que l'infiltration söreuse et plastique qu'elles occasionnent determine d'abord un gonflement des levres de la plaie, et par suite une occlusion de lablessure. Nousavons souventessayede ce mode de traitement, et nous avons la conviction qu'il ne vaut pas mieux que les refrigerants, et qu'il pent, dans beaucoup de circonstances, entrainer avec- lui des inconvenients trös-serieux; il faut de l'ä-propos, de Vadresse, sinon il devient dangereux.
On coagule la synovie par l'emploi de la pommade camphree et saturnee.Sur un plumasseau de grandeur
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convenable, on etend une couche de ce topique, puis on applique I'etoupage sur la plaie, et Ton maintient le tout en place au. moyen d'une flanelle ou d'une bände de toile suffisamment serree. On renouvelle ce pansement matin et soir, enayantsoin de ne pas laver la plaie, mais de la nettoyer seulement avee des etoupes fines et söches. On continue l'application de la pommade et du bandage contentif, jusqu'a parfaite guerison, afin d'empöcher le developpement des bour­geons charnus et de proteger la plaie contre la mal-proprete, les injures du temps et le choc des corps environnants. On ne doit utiliser la pommade cam-phree et saturnee qu'apres la disparition des pheno-menes inflammatoires, ou lorsqu'on est sur qu'ils ne feront pas invasion. L'emploi de ce medicament fait d'une maniere intempestive et prematuree ne serail d'aucun profit. II n'y a, au surplus, nul avantage ä vouloir obstruer la plaie trop t6t; la synovie, surtout quand eile est purulente, doit forcement s'echapper au debors, et lui fermer toute issue serait vouloir Fenga-ger ä s'en frayer une nouvelle.
L'engorgement et la boiterie ne disparaissent pas du jour au lendemain; ce n'est qu'au bout d'un mois qu'on voit ces deux signes morbides s'en aller peu ä peu. L'bydrothörapie nous vient encore en aide pour ache-ver le complet retablissement; faute d'eau, il est prefe­rable de confier l'acbevement de la guerison aux soins de la nature, plutöt que de s'engager dans une voie incertaine.
Dans le cas oü I'articulation est devenue purulente, il convient de debrider largement la plaie, pour per-mettre la sortie du pus, de deterger l'interieur de la jointure avec des solutions chlorurees, et de combiner ces soins avec I'usagedes cataplasmes emollients. Puis, lorsque Finflammation est revenue au type moins aigu, on s'adresse au traitenxent que nous avons indique tout
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1230nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES Du CHEVAL.
ä l'heure. 11 est Men rare qu'a ce point de gravite, la guerison de Farthrite traumatique puisse 6tre conduite ä bonne fin par des personnes depourvues de con-naissances medicales; c'est pourquoi nous conseillous, en pareille occasion, de toujours s'adresser au savoirdu veterinaire.'
Nousterminonsen disant que, chez les autres animaux domestiques, le traitement de cette affection est iden-tiquement le m6me.
Une des arthrites les plus communes est celle que Ton pourrait appeler arthrite des nourrissons, constatee, sur les poulains, les veaux, les agneaux ä la mamelle. Cette affection parait rösulter d'une alteration encore indeterminee du lait des nourrices.
Cette arthrite revöt deux formes : l'exsudative et la purulente.
— La/quot;ome eajsucfafo'w, relate M. Lafosse, affecte ä la fois toutes les articulations des membres; eile rend la station impossible. Les animaux, tourmentös par la fievre et la soif, cherchent a se trainer jusqu'ä la mamelle de leur mere pour se desalterer.
Parfois, les jeunes sujets succombent ä la douleur en vingt-quatre, quarante-huit heures; ou bien, on voit une pneumonie, une pericardite, etc., provoquer la mort. II est, neanmoins, des cas oü la resolution se prodult graduellement en vingt jours ou un mois. Une hydarthrose consecutive reste comme derniere trace de l'affection, et, a la longue, eile finit elle-m6me par disparaltre.
La forme purulente, comme son nom I'indique, se ca-racterise surtout par une suppuration qui se forme ra-pidement dans l'articulation, ä son pourtour, et möme dans differentes parties du corps. Quinze, vingt jours suffisent au pus enferme dans l'articulation ou dans les gaines synoviales pour se faire jour ä la peau; les dou-ieurs alors s'apaisent, mais momentanement. La mort
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survient presque toujours apres que so sont formes dans rarticulation, ä son pourtour, les graves de-sordres dejä signales. Des abces, des fusees puru-lentes se produisent ordinairement entre les muscles qui environnent les articulations superieures des mem-bres; on a vu de ces collections qui, de la cuisse, s'eten-daient jusqu'au bassin, a la region sous-lombaire, et pro-voquaient une mort subite en s'ouvrant dans I'abdomen. Des ententes, pleurites, pneumonies metastatiques, survenant parfois dans le cours de Faffection, abregent encore les jours du malade. Par exception, apres que la suppuration s'est fait jour, les fistules se ferment, les engorgements se dissipent, la guerison, en un mot, se produit; Farticulation reste parfois engorgee, deformee, mais parfaitement mobile, en sorte que I'animal ne perd rien, oupresque rien, de son aptitudeau travail. —
Lesions morbides. — laquo; Dans la forme exsudative, une ma­uere plastique fibrino-albumineuse remplace la synovie dans les articulations et les gaines tendineuses. Les se-reuses synoviales offrent, du reste, la coloration caracte-ristique de rinüammation, et des plaques fibrino-albu-mineuses adherent ä leur surface libre. Du cöte de leur surface adherente,le tissu cellulaire est infiltre des6ro-site citrine, de consistance gelatineuse. Les extremites osseuses que revötent les cartilages sont fortement in-jectees de sang, et leur couleur rouge s'apercoit ä tra­vel's la demi-transparence des cartilages. Ces organes sont parfois ulceres. Dans la forme purulente, les lesions sont analogues ä celles de l'arthrite traumatique. raquo;
La midication preventive, preconisee par M. Darreau consiste ä placer les meres dans de bonnes conditions hygieniques, sous le double point de vue du travail et de la nourriture, ä faire consommer par les nouveau-nes le premier lait des nourripes, immediatement aprts la mise-bas, ä sevrer les animaux de bonne heure ou ä leur procurer un allaitement artificiel devant servir ä
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remplacer un lait altere, etc. En ce qui cohcerne la mi-dication curative, on doit enrayer la marche de Farthrite exsudative et l'empöcher de revötir la forme purulentcopy; au moyen d'un purgatif confectionne avec le Sulfate de soude, ä la dose de 80 ä 100 grammes, dissous dans de l'eau miellee, et renouvele de facon ä entretenir cons-tamment la purgation. Topiques emollients et calmants sur les articulations.
Effort.
L effort on entorse, est une distension violente des muscles, des tendons ou des ligaments. Ge nom vient justement de ce que les animaux font des efforts ä la suite desquels survient la douleur et laboiterie. On dis­tingue les efforts suivant leur siege : effort d'epaule, de cuisse, de genou, de grasset, de jarret, de boulet et de rein.
h'effvrt d'epaule, qui prend encore le nom tficart, se manifeste par une boiterie plus ou moins intense; le cheval porte sonmembre en dehors de la ligne d'aplomb, seit au repos, soit au travail, et dans la marche, il semble qu'il le traine apres lui. Disons-le tout de suite, l'efl'ort d'epaule est rare; aussi ne doit-on croire ä son existence que lorsque lessymptömesen sontmanifestes. Quand la claudication est ce qu'on appelle ä siege in-connu, les marechaux et les proprietaires se figurent qu'elle provient de l'epaule; e'est un tort generalement. Le repos est indispensable pour le traitement de l'effort d'epaule; les frictions energiques ä l'eau-de-vie can-tharidee ont ete preeonisees par des auteurs de talent, mais malgre leur autorite nous les rejetons pour deux motifs : le premier parce qu'elles sont douloureuses, et le second parce qu'elles font souvent tomber le poil et qu'elles tarent les animaux. Nous preferons de beaueoup
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les frictions stimulantes ä 1'essence de terebenthine ou de lavande et l'application d'un seton qui entoure I'epaule; nous avons toujours employe ce moyen et nous ne l'avons jamais vu faire defaut.
Ueffort du 'genou est assez facile ä diagnostiquer; la partie malade est tumefiee, chaude et douloureuse ; la boiterie est de plus un indice certain de l'existence du mal. Selon la gravite de l'effort trois moyens sont mis en usage pour amener la guerison : les douches, les frictions vesicantes, le feu. Nous n'avons pas besoin de repeter ce que nous avons dejä dit, la douche est excellente et Ton ne doit l'abandonner qu'ä la derniere extremite. Les frictions avee I'onguent fondant de Lebas ou I'onguent vesicatoire reussissent quand les douches ont ete impuissantes. Enfin, l'application du feu est necessitee lorsque le mal est invetere et menace de passer ä l'etat chronique.
h'effort de grassei, l'effort de jarret, l'effort ae boulet reclament le möme traitement que celui dont nou? venons de parier. 11 en est de m6me de Veffort de rein.
Fracture.
La /'raciare consiste en une solution de continuite des es et des cartilages. Get accident s'observe encore trop frequemment sur I'espece chevaline pour que nous n'en disions pas quelques mots. C'est une erreur de croire que la medecine veterinaire est impuissante en face des fractures; les veterinaires, tout autant que les medecins, peuvent reduire les fractures, et s'ils n'ont pas souvent occasion de montrer leur savoir-faire, c'est que cela depend moins d'eux que des raisons que nous aliens relater.
La guerison des fractures est longue et entraine une
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234 TRAITE DES MALADIES Du CHEVAL.
perte de temps considerable et des soins dispendieux; d'un autre cöte, Tanimal ne peut se retablir tout de suite etreste longtemps boiteux.d'oüune depreciation enorme de la valeur du sujet. Ge n'est done pas une specula­tion heureuse que d'en entreprendre la cure. Parlous en chiffres. Un cheval valait 500 fr. avant I'accident : mettons les honoraires du veterinaire ä,80 fr., les appa-reils pour soutenir I'animal k 10 fr., deux mois de nourriture ä 90 fr., deux autres mois de convalescence au pre ä SO fr., et nous arrivons ä un total de 200 fr. Le cheval n'est plus, dansrimmensemajorite des caSjd'uu aussi bon service et a perdu un bon tiers de sa valeur, soit 200 fr. qui, ajoutes aux precedents, forment une somme de 400 fr. Le benefice est done plus que medio­cre. Nous ne parlous encore que des cas heureux, et il arrive souvent que tout ne marche pas au gre des desirs de l'operateur. Or, il vaut mieux, la plupart du temps, sacrifier le sujet que de tenter une operation aussi peu fructueuse.
La question se trouve bien cbangee s'il s'agit d'un etalon recherche, ou d'une pouliniere precieuse.
Nous bornons lä nos considerations, la reduction des fractures rentrant dans le domaine du veterinaire.
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CHAPITRE X
MALADIES DU PIED
G£n6ralitös.
O'est avec juste rsison qu'on a dit et repele que le diagnostic des boiteries est une des parties les plus difflciles de la medecine veterinaire. Nous disons avec intention diagnostic etnon pas traitement; il cst assez aise de guerir la claudication quand on en connait le siege d'une maniere exacte, l'essentiel est de savoir oü git la douleur pour y apporter remede. Tons les pro-prietaires, les empiriques et les marechaux placent la cause des boiteries dans la region superieure des mem-bres; tandis que, huit fois sur dix, eile est dans le pied. Mille raisons motivent cette preference. Le pied, d'une nature complexe et delicate, supporte le poids du corps; il est expose aux chocs du pave, aux cail-loux de la route, aux matieres coupantes, ä la maladresse de quelques marechaux, ä I'huTiidite, a la secheresse, etc., etc.; et est, en consequence, le point le plus facile ä endommager. A moins d'une connais-sance certaine de la cause determinante ou de la con-statation d'une lesion apparente et indubitable sur le paturon, le beulet, le canon et les autres parties du membre, le premier soinest de faire deferrerlecheval, de sonder le pied et de s'assurer s'il ne presente point de sensibilite. Aucune precaution n'est superflue; I'indi-vidu sans experience juge superficiellement, et se dis-
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pense de suivre la marche que nous indiquons quand il voit des suros, des vessigons, des molettes; pour lui, la cause est visible et il n'y a pas de raison de pousser plus loin son investigation. G'est une erreur, car souvent les tares les plus difformes ne sent pas douloureuses et n'amenent pas la boiterie. Nous repe-terons toujours cet axiome des gens prudents : quand mhne le cheval boite de l'oreüle [c'est-a-dire par tine cause des plus apparentes), il faut nCanmoins le deferrer. Nous avons vu des praticiens qui, croyant ä une boiterie de beulet, ne faisaient pas deferrer Fanimal et constataient la ebute du sabot, par suite de la suppuration qui avait desorganise le pied. Rien n'est plus commun dans les villes que les boiteries, et toujours elles proviennent du pied. Un proprietaire avait achete un cheval de demi-sang pour 1,500 fr.; deux mois apres la livraison, Tanimal se mit ä boiter du membre anterieur droit. On le frictionne, on le graisse, on lui met des setons, on lui applique le feu sur une pretendue forme, et tou-cela sans succfes. Bref, le proprietaire etait sur le point de le vendre pour un prix infime lorsque le basard le mit en rapport avec nous; examen fait du membre et des medications absurdes qu'il avait subies, nous le fimes deferrer et nous trouvämes une bleime suppura-tive qu'on avait negligee. Le traitement dura buit jours et l'animal ne boita plus.
Lorsque l'animal se borne ä appuyer un. membre moins franchement sur le sol, on dit qu'il feint; lorsque la douleur est forte et que l'animal s'appuie le moins possible sur le membre boiteux, on dit qu'ii boite tout bas ; enfin quand la souffrance est assez vive pour em-pöcher l'animal de se servir du membre malade, on dit alors qu'il est ä trois jambes.
Les affections du pied sont assez nombreuses. Les-plus interessantes sont Fencastelure, dont nous avons indique precedemment la guerison possible par I'hy-
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drotherapie, la piqüre et le clou de rue, la foulure et la bleime, la seime, le javart.. la crapaudine. le crapaud et la fourbure.
Piqüre et clou de rue.
La piqüre et l'enclouure se manifestent par la claudi-cation, peu de jours apres la ferrure, et la grande sen-sibilite de la partie lesee.
Le traitement est facile : degager les points malades et appliquer des etoupes seches ou impregnees d'on-guent de pied. Si rinflammation est grande et la sup­puration abondante, il convient alors de maintenir le pied dans des cataplasmes pendant quelques jours et d'attendre qu'il y ait du mieux.
Le clou de rue est plus ou moins grave suivant I'en-droit oü il est implante. Si c'est dans la zone anterieure, la blessure est serieuse ; si c'est dans la zone posterieure, eile Test moins. C'est dans la zone moyenne, äl'endroit de la reunion des deux branches de la fourchette qu'elle offre le plus de gravite. Le cultivateur et le marechal ne peuvent, dans ce cas, obtenir la guerison du clou de rue; an veterinaire seul appartient le pouvoir de mener ä bonne fin cette operation.
Fourchette 6chaufföe.
La fourchette cchauffee, fourchette pourrie se caracterise par une odeur desagreable, un suintement noirätre et une desagregationdes molecules corneesdelafourchette. Le siege de l'affection est dans la lacune mediane de cette partie. Generalement indolente, parfois doulou-reuse, la fourchette echauffee est souvent le debut de la maladie designee sous le nom de crapaud. On evite
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d'abord de conduire le cheval sur les lieux humides, puis on nettoie la fourchette et ou tarit la secretion par des applications d'ongucnt egyptiac. ,
Bleimes.
Les bleimes sont des contusions, des meurtrissures qui surviennent aux talons et aux quartiers, ä la suite d'une seclieresse de la corne, d'un travail force ou d'une mauvaise ferrure. Le sang s'extravase d'abord dans les tissus sous-ongules; puis vientla suppuration et ensuite le decollement de la corne.
Les bleimes sont particulierement communes sur les chevaux des villes; on les distingue d'apres leur nature en bleimes fouUes, seches, humides et suppurees. Elle exis­tent presque toujours dans les pieds anterieurs et de preference dans le talon interne. Quand un cheval souffre d'un bleime, il porte son membre en dehors et en avant de la ligne d'aplomb ; il change souvent de position, pietine et foule sous lui sa litiere pour trouverun point d'appui plus doux ; dans la marche, il boite suivant le degre d'intensite de l'aff'ection. Ainsi que nous Favons dit, il faut toujours deferrer le cheval boiteux; cette raesure recoit ici une application essentiellement utile, car la boiterie, etant un Symptome commun ä presque toutes les maladies des membres, ne peut suf-fire pour caracteriser la bleime, et ce n'estqu'en sondant le pied qu'on decouvre le mal. La sensibilite du talon s'accuse lorsqu'on presse cette region soit avec les doigts, soit avec des tricoises. Enfin, lorsque Taffection est arrivee ä la derniere periode, la douleur et la boiterie sont tres-accusees, et Ton voit le pus, suivant une expression consacree, souffler aux poils.
Les bleimes sont quelquefois tres-graves, en ce sens qu'elles empöchent un animal de travailler pendant
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loiigtemps; les boiteries qu'elles entrainent sont inter-minables, apparaissent avec intermittence et deprecient beaucoup la valeur du cbeval.
Lcs proprietaires des villes ne doivent s'en prendre qu'a eux-m6mes si leurs chevaux sont atteints de blei-mes. Les developpements dans lesquels nous entrons en parlant de Fhydrotberapie, nous dispensent de tous commentaires nouveaux. Si Ton suivait ces re-commandations, jamais nos serviteurs ne seraient afl'ec-tcs de bleimes; mais puisque cet axiome medical: pri-venir vaut mieux que guirir, n'est pas suivi, occupons-nous d'indiquer ce qu'il convient de faire en pareille occasion.
Deferrer le cheval, aoincir la come ou I'enlever, si eile est decollee, appliquer des cataplasmes emollients et, lorsque le mieux se declare, comprimer legerement la partie malade avec des etoupes impregnees d'onguent de pied. Usage de l'bydrotherapie. II arrive que la bleime suppuree se complique de larges decollements, de gangrene des tissus veloute et podophylleux, dc carie de Tos du pied; ces circonstances aggravantes exi­gent imperieusement les soins d'un veterioaire.
Seime.
La seime est une fente qui se produit ä la muraille du sabot. Elle est dite complete, quand eile s'etend de la couronne jusqu'au bas de la paroi; incomplete, quand eile n'en occupe qu'une partie; fermie, lorsque les deux cotes de la fente se toucbent; ouverte, lorsqu'ils sont ecartes Tun de l'autre; en pince, quand eile se montre sur la partie anterieure du sabot; quarte, quand eile vient au quartier.
La cause des seimes reside dans la secberesse du pied; la corne privee de son eau naturelle perd sa cod-
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TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
sistance premiöre et eclate dans les endroits les moins resistants. Les chevaux francais qui servaient ä remon-ternotrecavalerie d'Afrique etaient toujours atteiuts de cette affection, dös qu'ils touchaient le sol de ce conti­nent. Lee marechaux qui rapent le sabot predisposent cette partie aux seimes; d'oü il resulte qu'on doit constamment s'opposer a cette fächeuse manoeuvre.
Quand la seime eät recente et pen considerable, on peut reussir a la faire disparaitre avec des cataplasmes ou des applications de corps gras. II est possible de la guerir encore en la barrant, c'est-ä-dire en reunissant les deux cötes de la solution de continuite avec un clou que 1'on rive a ses deux extremites. Mais lorsqu'elle est considerable, eile exige des operations qui sont exclu-sivement du domaine du veterinaire.
Javart.
Le javart est une affection qui attaque le pied ou les parties environnantes de cette region, et qui, pour cette raison, se divise en javart cutane, javart tendineux, ja­vart encorne et javart cartilagineux. Nous les passons successivement en revue.
Le javart cutani ou simple est une tumeur phlegmo-neuse qui survient generalement aux pieds de derriere et affecte particulierement le paturon. Quelquefois, un cheval boite sans cause apparente, et lorsqu'on porte la main sur le paturon on sent le poil mouille par la serosite; si Ton presse, l'animal eprouve. de la douleur' et leve le membre. Quand le javart est dur, on peut le frotter avec de la pommade de peuplier, de iaurier, ou avec de l'onguent basilicum; mais lorsque la tumeur pa-rait suffisamment mure, on presse deasus et on en fait sortir le bourbillon; puis on pause avec les pommades ci-dessus indiquees.
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Lejavart tendineux resulte le plussouvent d'un javart cutanö; c'est lorsque tout le bourbillon ne sort pas et que la peau se referme avant l'expulsion des parties al-terees. Dans ce cas, le javart simple se creuse en dedans et attaque les tendons; d'oü son nom. Vindication k suivre est done, comme nous venons de le dire tout a l'heure, de favoriser la prompte sortie du bourbillon; on 6vite ainsi tous les d6sagr6ments du javart tendi­neux. S'il est impossible d'arriver a temps, on soigne le javart tendineux avec les cataplasmes emollients ou les embrocations adoucissantes et calmantes.
Le javart encorne se montre a la couronne, c'est-ä-dire vers la partie supörieure du sabot, et provient d'at-teintes que le cheval se donne ou de coups qu'il recoit des autres animaux. M6me traitement que dessus. Ca­taplasmes au debut, excision de la corne decollee et plus tard pansement avec l'onguent de pied.
Le javart cartilagineux est une affection grave qui re­clame les soins incessants duveterinaire, et l'operation qui en resulte ordinairement est une des plus delicates de la mödecine des animaux. Nous uen parlons done que pour ordre.
Crapaudine
La crapaudine est une affection qui a son siege a la region anterieure de la couronne et qui se caracterise par une alteration de la secretion du bourrelet. On de-signe encore la crapaudine sous le nom de mal d'dne, k cause de sa frequence sur l'espöce asine.
Cette maladie est de mamp;ne nature que le crapaud, e'est-a-dire qu'elle consiste en une inflammation chro-nique qui se propage de proche en proche, avec lenteur, et qui exagere et pervertit la söcretion keratogöne. Les coups, les blessures et les irritations de toute nature
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TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
semblent donner naissance ä la crapaudine; nous disons qu'ils semblent, attendu que les causes de cette affection sont encore tres-obscures. Cette maladie est serieuse parce qu'elle fait quelquefois boiter les animaux et qu'elle nuit ä lour utilisation.
Amincir la corne rugueuse de l'origine de 1'ongle, cauteriser les parties ulc6rees avec de l'acide nitrique on de la potasse et couvrir avecdugoudronoude I'on-guentde pied, tel est l'ensemble du traitement usite. On revient ä l'emploi de ces moyens toutes les fois que cela est necessaire ; de la sorte le travail des ani­maux n'est pas suspendu.
Crapaud.
Le crapaud est une maladie particuliere du pied, qui a son siege dans le tissu sous-ongule et qui se caracte-, rise par une alteration de la secretion de la corne. Les lieux humides, le sejour sur les fumiers exercent une action desorganisatrice sur le sabot et lui font eprou-ver les transformations morbides designees sous le nom de crapaud. Certains animaux, sans 6tre soumis ä ces causes alterantes, sont neanmoins predisposes a cette maladie en vertu d'un etat constitutionnel parliculier.
La marche de l'aflection que nous decrivons est lento et fait des progres sans que I'animal accuse de la dou-leur ; de lä vient qu'on n'est appele ä soigner le crapaud qu'apres un certain temps d'existence. Plus tard, la fonction söcretoire est interrompue et le produit qui en resulte est demi-fluide, d'aspect caseeux, fetide et sans la moindre adherence avec le tissu dont il 6mane. L'al-teration se propage rapidement de la fourchette k la sole et de celle-ci a la paroi; eile presente des vegöta-tions de couleur blancMtre, irregulieres, accolees les unes aux autres, refletant une couleur noire et exha-
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lant une odeur vraiment repoussante. Enfln, a la der-niäve periode, le sabot se deforme et se desunit d'avec les tissus sous-jacents.
Le crapaud est une affection grave, tres-tenace, re-fractaire möme ä bien des traitements, et qui deprecie beaucoup le cheval, tant pour les embarras qu'elle occa-sionne que par la perte de temps qu'elle entraine force-ment avec eile.
On previent cette maladie, en tenant les animaux sur des lieux sees, en evitant de les faire demeurer plus longtemps sur despaillespourries, en leur donnant une bonne nourriture. Le cultivateur intelligent, aussitöt qu'il voit des pieds secreter un liquide de mauvaise na­ture, doit en avertir son veterinaire et mettre en pra­tique ce que ce dernier lui a prescrit.
Le traitement du crapaud ne pent 6tre dirige que par un hommo de Tart ; e'est pourquoi nous n'en don-nons pas la description.
Fourbure.
La fourbure peut 6tre produite par un travail excessif sur un terrain dur et pierreux, par un appui prolonge sur un pied, comme cela arrive dans les maladies qui empöchent les animaux de se coucher, par de mau-vaises ferrures et enfin par une alimentation trop substantielle avec de l'avoine, de Torge ou du bl6. Cette maladie est.tres-facile ä diagnostiquer. La pbysiono-mie du malade accuse la souffrance la plus vive, Fattj-tude est caraetöristique. Si le bipede anterieiir est fourbu, ranimal cherche ä reporter le poids de son corps sur le bipede posterieur: pour cela, il engage ses mem-bres posterieurs fortement sous lui et porte ses ante-rieurs en avant de la ligne d'aplomb; ainsi ötabli, il parait assis. Lorsqu'on l'invite ä se deplacer, il s'y re-
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fuse d'abord et ne cede qu'avec regret; la marcne, au lieu de s'efl'ectuer normalement, obeit ä un instinct se­cret qui fait cbanger sa maniere d'etre. Les membres anterieurs ne se portent pas en avant, ce sont, au con-traire, les posterieurs qui s'engagent encore davantage sous le corps, puis les anterieurs sont portes en avant Tun apres l'autre, avec beaucoup de precautions et en appuyant seulement sur les talons. Dans le cas de fourbure du bipöde posterieur, les membres sont reunis sous le centre de gravite, mais les anterieurs suppor-tent la plus forte partie du poids du corps; I'attitude est reellement celle d'un cbeval qui va se coucher. Sans se deplacer, il porte en avant ses membres ante­rieurs et les fait suivre des posterieurs, avec la mamp;ne hesitation qu'il montrait dans le cas de fourbure des membres anterieurs. Le cbeval fourbu des qualre mem­bres ne pent effectuer aucune marche ; malgre la dou-leur d'un appui continuel, rien ne le decide ä cbanger la position qu'il a adoptee.
A ces symptömes, ilconvient d'ajouter les suivants: chaleur considerable de tout le pied, force et plenitude du pouls, cbaleur de la bouche, rougeur des yeux, perte de Fappetit, soif intense et Elevation de la tempe­rature du corps.
La maladie prise a temps resiste rarement k un trai-tement convenable, mais il Importe d'agir avec promp­titude et Energie. La premiere indication consiste ä deferrer l'animal, ä le placer sur une bonne litiere, ä pratiquer de fortes saignees en pincf et a les re-nouveler au besoin : puis, onentoureles pieds de cata-plasmes que Ton maintient constamment humides, et on frictionne les genoux et les jarrets avec des liquides irritants, tels que l'essence de terebenthine. Un peu do diete complete le traitement et tous ces moyens pro-curent la guerison. Lorsque la fourbure est devenue chronique et qu'il s'est developpe une fourmiliere, il est
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alors necessaire de recourir ä une operation chirurgicale et d'appeler le veterinaire.
Comme la plupart des affections du pied et, par suite, la plupart des Loiteries ont pour cause une mauvaise ferrure, c'est avec le plus grand soin que les proprie-taires de chevaux doivent choisir un marechal capable de conserver la bonne constitution du pied et des aplombs.
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CHAPITRE XI
MALADIES DU T1SSU CELLULAIRB
Phlegmon du garrot.
Parmi les regions du corps interessantes k etudier, au point de vue des particularites anatomiques et pa-thologiques, se trouve le garrot. Situe sur laligne me-diane et superieure du corps, entre l'encolure, le dos et les epaules, laquo; il a pour charpente les apophyses cpineuses des cinq ou six premieres vertebres dorsales, surmontees d'une production cartilagineuse et reunies par le ligament interepineux. sur le sommet des epines vertebrales s'implante la corde du ligament cervical, de laquelle s'6chappentlateralement des lames flbreuses jaunes qui se glissent entre les muscles rhomboides et petits dentales anterieurs et s'y implantent; sur les cötes des apophyses epineuses existent, outre les deux precedents, plusieurs muscles et les cartilages de pro-longement des scapulums; ces parties sent reunies entre elles par un tissu celluleux, tres-dispose k la transformation fibreuse. Une peau epaisse se joint au ligament cervical, sert d'enveloppe commune ä tous les organes qui viennent d'ötre enum^res. Les vaisseaux et les nerfs de cette region sont de peu d'importance. Toutes ces circonstances concourent ä donner au mal de garrot une gravity particuliere: sa position, les in­terstices celluleux aui existent entre ces parties, favo-
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risent rinfiltratioa du pus, la formation de üstules et de clapiers. Le pus, longtemps en contact avec les carti­lages, les os, les ligaments, les macereet les carie. Les plaies qui succedent ä l'evacuation du pus, au lieu d'ötre identiques dans tous les points de leur etendue, sent constituees, ici, par des bourgeons charnus, lä, par un os, un cartilage, un ligament, le plus souvent caries ou necroses; en sorte que si la cicatrisation a lieu en certains points, ilen estd'autres qui continuent a se desorganiser et entretiennent la plaie ou pro-voquent la formation de üstules incicatrisables. L'in-flammation du tissu spongieux des epines vertebralos dispose ä la phlebiteet äl'infection purulente. Lesmou-vementsde la region, souvent repetös, finissent par pro-voquer, ä la surface des plaies, la formation de pseudo-muqueuses doublees de tissu lardace, qui rendent, tant qu'elles existent, la cicatrisation impossible. Com-plexe comme la structure de la region oü il siege, le phlegmon du garrot exige, pour 6tre conduit ä une heureuse fin, des moyens tlierapeutiques aussi varies que les alterations auxquelles il donne naissance. raquo;
Le mal de garrot provient de la mauvaise conforma­tion des selles ou des sellettes, de coups de dents que les chevaux se donnent, de violences ext6rieures, etc. Les animaux dont le garrot est sec et trancbant, et ceux dont cette region est basse et charnue, sont plus exposes que d'autres ä cette affection.
On voit apparaltre une tumeurphlegmoneuse, chaude et douloureuse; puis,si on n'y fait attention, un abces se produit; enfin le mal s'etend de proche en proche et occasionne de grands ravages.
La terminaison a lieu par resolution, suppuration, gangrene ou induration. La premiere est Tissue la plus heureuse, la seconde tres-grave et la plus frequeate, la troisieme rare et generalement funeste, la quatrieme, enfin, tres-rare.
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Le traitement demande an d6but le repos, la demi-diete, les boissons laxatives, les cataplasmes astringents ou emollients, afln d'amener la resolution et eviter la suppuration que les marechaux provoquent maladroite-ment avec les irritants rösolutifs. Une fois que la sup­puration s'annonce, il faut consulter un veterinaire et lui laisser le soia d'ouvrir l'abces et d'en conduire la guerison.
Phlegmon de la nuque.
Le phlegmon de la nuque, ou mal de nuque, mal de taupe, est du aux coups de fouets et aux frottements de la tötiöre.
Cette maladie debute par un engorgement cbaud et douloureux, puis surviennent des abces et .möme de graves desordres dans les os et les ligaments de la re­gion de la nuque.
Elle est facile a diagnostiquer ä cause de la tumeur anormale qui se presente en arrifere des oreilles et a cause de la resistance qu'oppose le cheval, lorsqu'on veut lui mettre la bride oule licol.
La marche, la duree et la terminaison du mal de taupe ressemblent beaucoup ä celles du mal de gar­rot; le pronostic n'est pas moins grave.
— La suppuration est la terminaison laplus frequente: la carie du ligament cervical, celle des vertebres l'en-tretiennent ordinairement; il est assez rare' que l'in-üammation suppurative ne s'etende pas ä la bourse muqueuse ou au tissu cellulaire lamineux de la region qui, d'habitude, se transforme en une pseudo-mu-queuse, en möme temps qu'une couche epaisse de tissu lardace se forme au tour de la corde du ligament cervical; les frottements reiteres, resultant des mou-vements de cette corde, entretiennent la muqueuse et
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mettent un obstacle insurmontable ä la guenson. La formation de ce tissu est caractörisee par des fistules ä une seule ou k deux ouvertures laterales qui passent sous le ligament en traversant la cavite de la pseudo-muqueuse qui, d'habitude, seeröte abondamment. Le pus fuse parfois, en arrifere, le long de la corde du ligament cervical, qu'il carie ; on a möme vu ce liquide s'engager dans le canal rachidien en traversant le liga­ment capsulaire de l'articulation axoMo-atloi'dienne. La paralysie annonce cette redoutable complication qui est presque toujours mortelle. —
Le traitement sera toujours confie a un veterinaire qui pourra suivre les recommandations ci-dessous men-tionn6es de M. Lafosse. — Au debut du phlegmon, on procMe comme pour le mal de garrot. Dans les cas d'etranglement, on doit scarifier profondement, et möme döbrider Taponevrose. Lorsque la suppuration se mani­feste, il faut ouvrir, et si la cicatrisation ne se produit pas bientöt, s'il existe des caries, des necroses, on y remedie par les moyens signales i propos du mal de garrot. On doit toujours se tenir pr6t, quand on incise, ä maitriser l'hemorrhagie provenant des arteres, qu'il arrive souvent de blesser. Les injections irritantes, caus-tiques, doivent 6tre employees avec menagement dans la crainte de les faire penetrer dansle canal rachidien. Lafosse bannissait absolument les caustiques; mais il s'exagerait le danger de leur emploi. Ils sont reelle-ment peu ä craindre, lorsqu'on a le soin de ne pas les laisser sejourner dans la plaie. —
Les maux de dos et de rognon arrivent egalement k la suite des meurtrissures des tissus qui font partie de ces regions. On obtient la guörison de ces affections par les mömes moyens que nous avons indiques plus haut. Quand I'alteration est considerable, il ne faut jamais n6gliger de faire venirun vöterinaire, sou oeine d'etre 16s6 dans ses interöts.
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TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
Phlegmon de l'encolure.
Cette affection est l'apanage des chevaux de trait; eile provient des frottements et des pressions du collier.
laquo; La gravite de ce phlegmon resulte de la presence du ligament cervical, de la grande quantite de tissu cel-lulaire qui existe entre les lames de ce ligament et le grand complexus; enfin, du voisinage du garrot. Le ligament, en effet, est souvent frappe de carle,, et le pus peut s'infiltrer profondement jusqu'aux vertebres ou remonter jusqu'a la nuque, en suivant la corde ou les lames cervicales a la faveur du tissu cellulaire. La presence de grosses divisions de la cervico-musculaire, au voisinage des dernieres vertebres cervicales, rend quelquefois dangereuses les incisions pratiquees aupres de ces os. Ce phlegmon debute assez souvent par une excoriation ou par un cor. II n'est grave que lorsqu'il y a carie du ligament cervical, des fistules etdesclapiers prolonds; ses symptomes sont semblables a ceux du mal de garrot. Lorsque les fistules remontent le long de* la corde du ligament cervical, dont elles indiquent la carie, on peut juger de leur profondeur par l'etendue de l'engorgement; il y a entre les deux un rapport exact. raquo;
Le traitement doit commencer par I'elimination de la cause du mal, puis continuer par l'application des cataplasmes ou sachets astringents ou emollients, afin d'obtenir la resolution. Les cors sont enleves, les plaies superficielles cicatriseesaumoyen de dessicatifs. laquo;Lors­qu'il y a suppuration, fistules, clapiers, entretenus par la carie, on peut esperer d'obtenir la cicatrisation par les injections repetees d'eau de Rabel ou de liqueur de Villate, aprös avoir döbride et ouvert sufflsamment, pour que le medicament penetro dans les parties les
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plus profoncles et trouve un ecoulement facile. Quand le dernier de ces agents, employö quinze jours ou trois semaines, a 6t6 infructueux, il est preferable, au lieu d'attendre l'elimination des parties cariees, d'inciser les fistules dans touts leur etendue, et d'enlever tout le ligament malade. raquo; Mis en oeuvre par le v6terinaire, ce precede n'est, toutefois, avantageusement applicable que quand on pent avoir les animauxassez ä proximite pour renouveler les pansements aussi souvent qu'il est necessaire.
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CHAPITRE XII
MALADIES DE LA PEAU
£bulIition.
ISibullition partielle consiste dans une eruption de boutons de la grosseur d'un pois, d'une noisette, con-sistants, ecrasables par la pression, n'occasionnant pas de prurit, siegeant sous repiderme, dans lereseau vas-culaire, et se manifestant au tronc bien plus souvent qu'aux membres.
— Les boutons, dit M. Lafosse, apparaissent a I'im-proviste ou graduellement; il arrive qu'ils dispa-raissent subitement sous l'inüuence de la fraicheur de Fair, pour se manifester de nouveau, dans le m6me ou dans un autre endroit, lorsque Tatmosphöre se rechauffe ou lorsque Tanimal est soumis ä l'exercice; parfois, leur disparitionest, au contraire, definitive. Ce dernier cas est ce qua Ton designe sous le nom de däitescence; Tautre constitue I'ebullition intermiltente. Enfin, il arrive assez souvent qu'un fluide sereux suinte ä travers Tepiderme, agglutine, en se dessechant, les polls qui se herissent alors sous forme de petits pin-ceaux. Du prurit survient, les animaux se grattent, les poils agglutines tombent, et la peau denudee offre une petite cicatrice rougeätre, lorsqu'elle est depourvue de pigment. Teile est la terminaison par sivretion, qui est ordinairement complete du douzieme au vingtieme jour. Dans ce dernier cas, la maladie a beaucoup d'ana-logie avec I'eczema. —
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laquo; LSebullition ginirale est quelquefois annoncee par des symptömes generaux : Tappe tit diminue; il y a nonchalance dans les poses et dans les mouvements ; Fanimal est moins sensible au fouet; il sue möme apres un leger exercice. Quelques jours apres, on voit se ma­nifester tout ä coup, äla peau, des boutons de la möme nature que les precedents ; ils sont larges, aplatis, ä bords bien circonscrits; assez souvent ils se röunissent les uns avec les autres; de plus, il survient un engorge­ment chaud, cedömateux, aux membres, aux parties genitales, sous le ventre, aux levres, aux paupieres ; presque toujours la fiövre dlsparait aussitöt que l'erup-tion est bien faite; lorsqu'elle Taecompagne, c'est ra-rement au-delä du deuxieme ou troisieme jour. raquo;
La maladie se termine promptement par delitescence; il est rare qu'elle entraine des complications fäcbeuses.
Le traitement est extrömement simple. Quand la na­ture ne se charge pas de retablir l'ordre naturel des choses, une petite saignee, le vert, les bains amönent souvent la resolution. Lorsque la secretion se declare, la saignee, les diuretiques et les pointes de feu dans les engorgements considerables sont indiques.
Herpds de la tonte.
Sous le nom commun d'herpes on comprend diverses eruptions vesiculeuses, reunies engroupe, affectantles jeunes chevaux et survenant ä la suite des irritations produites sur la peau.
L'herpes de la tonte est le plus interessant ä connai-tre. Voici ce qu'en dit M. Lafosse. laquo; Gelte maladie ne se montre que sur les surfaces tondues, mais encore eile apparalt surtout lä oü les harnais frottent la peau en y determinant l'accumulation de la sueur. Elle se caracterise par des vesicules de la grosseur d'un grain
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de sorgho ou d'une petite lentille, reposant sur une base plus ou moins enflammee; la s6rosite accumulee daas les vösicules se resorbe et se desseche: il reste une petite croüte brune, qui tombe et laisse a decou-vert de petites surfaces oü se montre une matiere fur-furacee, ou bien la croüte est detachee par un liquide sero-purulent, et, alors, ä la place qu'elle occupait, existe une ulceration superfieielle, qui se recouvre bientöt d'une nouvelle croüte. En tons cas, la dessica-tion definitive ne se fait pas attendre. Bien que les ve-sicules puissent se montrer isolees, le plus souvent elles sont confluentes ; alors la peau est fortement en­flammee, et il existe une douleur assez vive. II n'estpas rare, alors, que les groupes soient reunis les uns avec les autres au moyen de petites cordes lymphatiques, sinueuses et trös-superficielles ; parfois mörne, il sur-vient un engorgement inflammatoiraquo;e dans les gan­glions lymphatiques, et möme un peu de fievre. raquo;
La duree de cette affection est de quinze ä vingt jours; eile guerit naturellement. L'important est de ne pas la confondre avec le farcin leger dont eile revöt parfois l'aspect.
#9632; Pityriasis.
Le pityriasis, ou dartre furfuracie, est une inflammation chronique de la peau, caracterisee par Texfaliation fari-neuse de Fepiderme.
— On I'observe principalement chez les chevaux ner-veux, avances en age, nourris constamment au sec, et consommant surtout beaucoup d'avoine. La chaleur, Finsolation, la malproprete, ne sont pas sans influence sur sa production. Cette maladie a pour siege les points oü la peau repose sur les os. Elle est tres-frequente sur le chanfrein; on I'observe, assez souvent, au herd su-
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perieur de l'encolure et ä la queue. Elle consiste en une exfoliation epidermique, sous forme de petites lamelies semblables ä du son fin, grises ou d'un blanc grisätre. D'abord peu abondante, la secretion peut augmenter beaucoup, et, en outre, s'accompagner de demangeai-sons plus ou moins vives, enfln, d'alopecie. La queue de rat est occasionnee par cette affection qui nuit beaucoup ä la valeur venale des animaux, car eile les deflgure horriblement, surtoutlorsqu'ellelesprivedescrins de la queue et de la criniöre, et, en outre, il est tres-difficile de la guerir, lorsqu'elle a produit cet effet. (Lafosse.) — La medication repose en partie sur le regime; et sur-tout sur l'emploi des aliments doux. Les purgatifs, quand il y a constipation; les arsenicaux, lorsque le mal est tenace, sont utilement employes. De meme pour les lavages alcalins.
Erysipöle.
h'irysipäe n'est ni frequent, ni grave dans l'espece cbevaline. Comme on rencontre, cependant, cette ma-ladie de temps ä autre, j'en reproduis la description.
— Chez les chevaux, l'erysipele se rencontre surtout ä la töte oü il survient alors une tumefaction difforme determinant l'occlusion de l'oeil et des naseaux; on ren­contre de pareilles tumefactions ä la base du cou, au poitrail, au ventre et aux membres posterieurs. Le plus souvent, il existe en möme temps des symptömes d'un atarrhe aigu des voies respiratoires, complique de pe-techies sur la muqueuse pituitaire, ou bien une gastro-enterite catarrhale en möme temps que de la reaction febrile plus ou moins intense et de la tumefaction de ganglions lymphatiques les plus voisins des foyers in-flammatoires. La duree de l'erysipele est ordinairement prolongee par le deplacement du trouble morbide, l'in-
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256nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
flammation dans ce cas reapparaissant dans d'autres endroits; ordinairement la resolution survient, mais parfois il se produit des excoriations et des crevasses du derme, surtout dans le pli du jarret et dans le. pli de Tars. Ces excoriations et crevasses suintent pendant un temps plus ou moins long, se couvrent de croütes et se cicatrisent ensuite. La peau dans le voisinage de ces places reste epaissie pendant un certain temps. L'örysipele lui-möme ne reclame aucun traitement special. II suffit de combattre la sensibilite trop grande des tumours par des ablutions et des com­presses froides. L'occlusion des naseaux devient par­fois teile que, pour prevenir Faspbyxie imminente, on doit ouvrir la tracbee. Les erosions et crevasses qui suintent peuvent 6tre lotionnees au moyen d'eau blan-cbe ou d'une solution de sulfate de zinc, ou etre sau-poudrees ä Taide d'un melange de sulfate de zinc et d'amidon. Dans les erysipeles ä marche reguliere, on n'a guere besoin de recourir k une medication interne. —
Frayement aux ars.
Le frayement aux ars est une lesion peu grave qui sur­vient aux ars, ainsi que le nom l'indique, et qui consiste en une excoriation de la peau. Le frottement des har-nais et la malproprete sont les deux causes principales qui engendrent cette affection. La peau est d'abord rouge et douloureuse, puis une abondante secretion de serosite se manifeste et produit la cbute des polls. Ces excoriations genent beaucoup le cbeval; on les fait cesser par des lotions astringentes, de l'eau blanche, par exemple; ou bien encore avec de l'eau froide et salee. La proprete et le bon agencement des harnais sont les meilleurs moyens de remedier au mal.
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Malandres et solandres.
Les malandres sont des crevasses qui surviennenl au pli du genou et qui donnent naissance ä une secretion corrodant la peau. Les solandres sont des affections de möme nature dont le siege est au pli du jarret.
Le traitement est le möme pour les unes comma pour les autres: on coupe le poil tout autour de la cre­vasse que Ton nettoie bien, et on lotionne souvent avec de l'eau blanche, ou avec des solutions concentrees de sulfate de fer, de cuivre, ou de zinc. Quand les crevasses sont anciennes et l'animal lymphatique, il est bon de placer un seton qui agit comma derivatif, et de donner une bonna nourriture.
Crevasses du paturon.
Las crevasses, encore dites mules traversines, sont des ' fentes etroites, allongees, peu profondes, secretant une liumeur fetide et situees transversalement dans le patu­ron et quelquefois sur le beulet du cheval. L'humi-dite, la marche continuelle dans la boue,le sejour dans des ecuries malpropres ou sur des fumiars epais sont la cause determinanta de cette affection. Les cbavaux ä temperament mou et lymphatique, ä. peau epaisse et chargee de crins y sont particulierement sujets.
Las crevasses sont des maladies peu graves par elles-mömes mais extrömement difficiles ä guerir et cela pour deux raisons : la premiere, c'est qu'il est indis­pensable, pour arriver au succes, de soustraire les ani-maux aux causes alterantes: la seconde, c'est que le repos est une condition dont on ne pent se passer. Or, il est impossible d'esperer sürement tant que la pro-
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258nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
prele et le repos feront defaut; et, d'un autre cote, les crevasses qui se sont dessech6es, par un traitement rationnel de quelques jours, reparaissent des qu'elles sont soumises ä l'action des causes qui les avaient en-gendrees.
Voici done les moyens que nous recommandons. Mettre les chevaux au repos et les soustraire a I'in-fluence desorganisatrice des boues et des fumiers; leur couper le poll et laver les pieds ; puis les secher et les couvrir d'onctions de pommade de peuplier, et si les crevasses sont anciennes, les lotionner avec la solution de pierre divine (voir page 60) ou avec la liqueur de Villate. Quand des vegetations poussent dans le fond des crevasses, on les coupe et on agit comme il vient d'etre indiquö.
Eaux-aux-j ambe
Les eaux-aux-jambes sont des affections caracterisees par le suintement, a, la partie inferieure des membres, d'un liquide fetide qui humecte la region malade et se rassemMe en gouttelettes ä l'extremite des polls reunis en faisceaux. Cette affection ne se fait remarquer que sur les chevaux k temperament lymphatique et a peau chargee de crins, qu'on maintient en outre dans des ecuries humides et fai^euses ou qu'on utilise k des travaux dans la boue. Elle se montre a toutes les ^poques de la vie lorsque l'humidite et la malproprete des logements, le contact des boues exercent leur funeste action.
Les eaux-aux-jambes s'annoncent par le herissement des polls de la couronne, du paturon et du beulet; l'engorgement et la raideur du membre; bientöt com­mence le suintement sereux qui se transforme assez rapidement en un ecoulement fetide et persistant. Plus
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MALADIES DE LA PEAU.
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tard naissent sur les regions affeclees des excroissances charnues et molles appelees verrues ou grappes; ranimal deperit et rend de moins bons services. La maladie commence souvent par un membre posterieur; mais eile ne tarde pas ä se propager rapidement aux trois autres.
Quant au traitement, nous repeterons ce que nous avons dit ä propos des crevasses ; les eaux-aux-jambes sont difficiles ä guerir parce qu'il est souvent impos­sible de mettre les chevaux au repos et de les sous-traire aux causes alterantes auxquelles ils sont soumis. D'un autre cöte, lorsque cette affection est le resultat d'un defaut de l'organisme, d'un lympbatisme exag6re, il faut modifier l'ensemble de l'organisation avant d'entreprendre un traitement local, et cela demande un temps assez long.
Voici les indications que nous recommandons de mettre en pratique : laver les parties endommagees avec de l'eau savonneuse et les debarrasser des matiöres impures qu'elles contiennent, lotionner avec une so­lution de pierre divine ou de vert de gris, ou encore avec de la liqueur de Villate, et continuer jusqu'a par-faite guerison. S'il y a des verrues, les exciser et cau-teriser lorsqu'elles saignent abondamment, et pratiquer comme il vient d'etre dit. Les sötons, pendant la duree des soins et m6me pendant quinze jours apres la gue­rison, viennent singuliörement en aide ä la medication. Nourriture abondante et tonique, ecuries propres, tra­vail sur un terrain sec.
Mal de criniamp;re.
Le mal de criniere, ainsi que le nom l'indlque, vient ä l'encolure des chevaux et sous les crins, par suite de la malproprete qu'on y laisse accumuler. Les animaux ä
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260 TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
criniöre epaisse et ä peau plissöe y sont particuliöre-ment sujets. II se forme d'abord un prurit qui fatigue le cheval et l'oblige ä se gratter; puis la suppuration se manifeste et enfin arrive la chute du poil.
Les soins de proprete, les lavages au savon noir suffi-sent au debut pour amener la guerison ; mais lorsque la suppuration est etablie, il faut couper le poil, laver la region malade et la lotionner frequemment avec de l'eau astringente, c'est-ä-dire dans laquelle on aura fait dissoudre du sulfate de zinc ou de la pierre divine, ou toute autre substance faisant pärtie des medicaments' astringents.
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CIIAPITRE XIII
MALADIES DU SANÖ
Anomie.
Uanemie est une maladie caracterisee par la diminu­tion des globules du sang. Cette affection est rarement primitive; eile est preamp;que toujours symptomatique.
Les causes qui determinent l'apparition de l'anemie sont les hemorrhagies abondantes, les secretions exa-gerees, les diarrhees chroniques, la nourriture de mau-vaise qualite, les habitations froides et humides, l'ex-ces de travail. Les döperditions n'etant pas compensees, le sang se depouille de ses elements solides, l'equilibre se rompt et la maladie arrive. Lorsque les symptömes de debut sont lents, les animaux presentent peu d'in-lices morbides; mais quand l'invasion est rapide, les muqueuses se decolorent, les forces s'abattent, le poll se dresse et devient terne , les actions musculaires s'executent sans energie, raflaiblissement est accuse par l'essoufflement et les battements du coeur, l'appötit diminue, la digestion est lente; puis tous ces symp­tömes s'aggravent encore et la mort arrive prompte-ment.
Lorsqu'elle depend simplement d'une cause passa-gfere, l'anemie est peu grave; mais lorsqu'elle est la consequence d'une alteration organique irr6mediable, eile entraine la perte des malades. Dans le traitement, la premiöre chose a faire est de neutraliser la cause
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262nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
agissanie ; il faut arröter les secretions exagefßes, guö-rir les plaies suppurantes, cesser le travail, reparer les iogements insalubres, donner de bonne nourriture, etc. La deuxieme indication est de reconstituer le sang en rendant a I'appareil digestif son activite : le quinquina, la gentiane, le houblon, les feuilles de noyer, le fer et ses composes sont avantageusement employes en breu-vages, en electuaires, etc.
Anasarque.
L'anasarque est une maladie caracterisee par I'accu-mulation de la serosite du sang dans le tissu cellulaire general. Pendant longtemps on a designe cette affection sous les noms de mal de Ute de contagion, corym gan-grineux, morve gangreneuse, charbon blanc, expressions fausses qu'il convient de rejeter ä tout jamais.
L'anasarque est active on passive; eile, est active lors-que la serosite s'accumule dans le tissu cellulaire, sous l'influence d'une secretion active de ce vaste appareil, et passive quand l'eau predomine dans le sang ou quand :1a circulation de ce liquide est arretee. L'anasarque passive se remarque ä la suite des maladies des vis-ceres abdominaux, de l'anemie et de l'hydrohemie; mais comme eile n'est qu'un Symptome de ces affec­tions et qu'elle disparait avec elles, nous nous occupe-rons seulement de l'anasarque active.
Le froid bumide est favorable au developpement dei l'anasarque. Au debut, on voit apparaitre des plaques cedemateuses isolees, tendues et douloureuses; peu ä. peu elles augmentent de volume, se reunissent de pro-ehe en proche et constituent bientöt un seul et vaste cedeme qui envabit les membres, la poitrine, le ventra et l'extremite inferieure de la töte. On cpmpreod aise-ment que l'accumulation de serosite dans la trame du
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MALADIES DU SANG.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 263
tissu cellulaire tende, en vertu de son poids, k occuper les parties les plus declives. Les membres, gros et mas­sifs, se prötent avec la plus grande difflculte ä la mar-che; les regions pectorale et ventrale presentent des bourrelets saillants; les lövres et le nez ont change d'aspect, de sorte que l'animal ainsi deformö est mons-trueux et grotesque. Les muqueuses de la bouche, du nez et des yeux sont couvertes de petits points rouges qui s'elargissent et se transforment en plaques mar-brees. Plus tard, le derme s'eraille et laisse flltrer le liquide sereux, des ampoules apparaissent et donnent ecoulement k la serosite, la peau se mortifie et tombe par plaques, la respiration devient gamp;nee, les eschares gangreneuses se manifestent. Enfin Tanimal se tient immobile, accuse une grande tristesse, et meurt.
La marcbe de l'anasarque ne suit pas toujours la möme marche et ne se termine pas sans cesse par la mort; cependant, sous quelque forme qu'elle se pre-sente, cette maladie est fort grave. Au debut, il faut tächer d'arröter l'accumulation de la serosite par des frictions #9632; irritantes sur les regions atteintes. Si la töte est engorgee, il convient de faciliter la respiration en relevant les alles du nez, a I'aided'un tube fait avec une lame de plomb ou un morceau de sureau aminci. A la derniere periode, on doit degager les parties infiltrees par des scarifications ou petites ouvertures faites k la peau avec un bistouri ou un canif, afin de prevenir les effetsdu trop long sejour du liquide epancbe, adminis-trer des diuretiques et des purgatifs, faire des fric­tions stimulantes, promener les sujets malades et les soumettre ä un regime tonique. Le quinquina, la gen-tiane, le fer et ses composes sont recommandes. Le traitement demande a 6tre conduit dös le commence­ment par un veterinaire.
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Fi6vre typhoide.
A.ucune maladie n'esi connue sous plus de noms que la fievre typhoide, qui est ordinairement proteiforme, epizootique, benigne dans quelques cas, le plus sou-vent tres-redoutable.
Les symptömes scat multiples, puisqu'ils se rap-portent ä quatre formes distinctes: adeno-catarrhale, abdominale, thoracique et nerveuse, qui paraissent se-parees chez unsujet et associees chez un autre, qui se succfedent et se remplacent, et deroutent le praticien, a plus forte raison I'eleveur. Notre intention n'est done pas de faire le tableau de cette affection, mais bien d'esquisser ä grands traits ce qu'il Importe de connaitre pour se maintenir sur ses gardes.
Voici les principaux caracteres presents par le ma-lade : accablement, pesanteur de la töte generalement appuyee sur la mangeoire, relächement des paupiamp;res, des oreilles et des lövres, attitude nonchalante, support sur trois membres alternativement, demarche chance-lante, craquement des articulations, voussure des reins, raideur du train de derriere, frissons et tremble-ments, sensibilitö emoussee, anorexic, soif, bouche päteuse, flanc corde, excrements sees, toux faible, pouls acc61er6, conjonetive injeetöe et infiltree, ceil larmoyant et chargö de mueosites ä son angle interne, poil ferne, peau söche, cedemes, etc.
Au debut de la maladie, le sang ne presente pas de modifications apparentes; ä la periode d'etat, le coagu-lum blanc et le sörum sont augmentes; au döclin, il est peu coagulableet noirätre.
Le pronostic est toujours serieux. Suivant les formes presentees, la facon dont le mal progresse, les pertur­bations atmospheriques, les soins donnes aux malades.
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MALADIES DU SANG.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 265
il acquiert plus ou moins de gravite, ainsi que nous avons pu nous en rendre compte pendant la derniere guerre, alors que nous etions charge du soin des che-vaux afl'ectes aux batteries d'artillerie mobile et mobi-lisee du departement de Maine-et-Loire.
On ne connait guöre les causes qui engendrent la fiövre typboide. On attribue cette maladie, comme tant d'autres, ä l'bumidite, aufroid, ä lapluie,älaniauvaise nourriture, a la putrefaction des eaux, aux arr6ts de transpiration, a la fatigue, ä Tagglomöration, mais on ne sait ä quoi s'arröter positivement.
Nous ne croyons pas que cette maladie soit conta-gieuse, tandis que nous ne refusons pas de croire k son caractöre infectieux.
Le traitement, qui doit de toute necessite 6tre con­duit par un homme de l'art, varie avec les formes de l'alteration, ses periodes, et l'etat des sujets atteints. Comme pour la description des pbenomönes morbides, nous generaliserons et nous nous bornerons a recom-mander I'bygiene la plus complete, l'emploi des toniques : extrait de gentiane, alcool, essence de tere-benthine, etc., et la distribution d'aliments de facile digestion et d'excellente qualite.
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CHAPITRE XIV
MALADIES PARASITAIRES
Maladie pädiculaire.
I^a maladie pediculaire est caracterisee par la presence lt;ie poux ä la surface du corps. Les insectes qui vivent sur le cheval appartiennent a l'ordre des orthopteres, genre trichodecte [tricltodectes equi), et ä celui des hemip-Ures, genre hsematopinus. Chez le premier, la töte estde-primee, scutiforme, horizontale, plus large que le pro-tothorax; les mandibules sont bi-dentees au sommet, lespalpeslabiauxbi-articulöset trte-courts, les antennas filiformes et bi-articulees, plus epaisses et presque chiliformes, et l'abdomen a neuf anneaux.
La raisonde'la maladie pödiculaire, c'est la trans­mission. La condition indispensable de l'apparition des poux sur le cheval, c'est la presence de deux individus de sexes differents; sans leur accouplement fecond il n'y a pas de propagation possible.
Les sieges ordinaires des poux sont le toupet, la criniere et la base de la queue. Ces parasites occa-sionnent des demangeaisons, portent l'animal ä se frotter le long de tous les obstacles qu'il rencontre et ä se mordre et ä s'ecorcher la peau; d'oü Fexcoriation et quelquefois la depilation partielle.
Le diagnostic ne saurait 6tre douteux; il suffit de regarder le sujet de pres pour savoir ä quoi s'en tenir sur la nature du mal. Le pronostic n'a rien d'inquie-
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tant, car on est assure d'une prompte guerison toutes les fois qu'on veut se donner la peine de robtenir.
Le traitement consiste a isoler les malades et ä tuer les poux dont ils sont infestes. Les lotions avec les de­coctions d'ellöbore noir, de tabac, de staphysaigre, de coloquinte, de vöratre, de colchique; celles avec I'eau de lessive, I'eau sedative, I'eau pheniquee, la benzine etle petrole etendus d'eau, l'essence de teröbenthine sont d'un effet certain.
II est indispensable d'enlever les fumiers, de net-toyer a fond les ecuries et les harnais, afin de detruire tous les germes des iusectes.
Gale.
La gale est une maladie de la peau caracterisee par une eruption prurigineuse, par la depilation, la for­mation de vesicules et la presence d'animalcules ap-partenant ä trois varietes differentes.
Cette affection devient chaque jour plus rare, avec les progres de la mödecine et les perfectionnements de l'agriculture et de l'elevage; neanmoins, en raison de son caractere contagieux et des embarras qu'elle occa-sionne parfois, nous allons nous etendre un peu sur son sujet.
On reconnait chez le cbeval trois sortes de gales: la gale sarcopiique, la gale dermatodectique et la gale sy'mbio-tique.
Gale sargoptiqub. — Le premier Symptome qui apparaisse, dit M. Megnin, c'est la demangeaison excessivement vive que I'animal cherche a calmer en se grattant avec la dent, avec le pied, ou en se frottant centre les asperites de sa stalle, de la man-geoire ou du rätelier. Le prurit est tres-vif, et faction de l'etrille ou simplement de l'ongle produit chez I'ani-
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TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
mal une sorte de jouissance qu'il manifeste en eten-dant la töte sur le cou, en flechissant les reins et les jarrets, en agitant et en allongeant vivement la lövre superieure.
Le prurit augmente la nuit, pendant le repos qui suit le travail, apres le repas. II parait 6tre cause par un liquide irritant, venimeux, sorte de saliva que le sai;copte verserait dans la plaie que ses mandibules ont creus6e; il est tout ä fait analogue ä celui que produit la piqüre du cousin, qui est manifestement venimeux; du reste, il est facile de le prouver en inoculant le sue obtenu par l'öcrasement des acares; on produit k la fois le prurit et la vesicule consecutive a la piqüre.
Le deuxiöme Symptome qui se manifeste, c'est le bouton de la gale ; en passant la main sur une region galeuse, on sent un grand nombre de petits corps h6-mispheriques, du volume d'un grain de plomb, qui semblent enchässös dans l'epaisseur de l'epiderme; en ecartant les polls, on met k decouvert une petite croüte de deux ou trois millimötres de diametre, k laquelle adherent quelques polls; si Ton fait tomber cette croüte, on met k nu une petite surface ar-rondie, denudee, rougeätre, humide, formant une tres-legere saillie a la surface du derme; c'est la vesi­cule de la gale; eile renferme un peu de serosite acre et irritante, jaune, citrine, bientöt purulente; on ne la rencontre que lä oü le cheval ne pent pas se mordre ou se frotter.
Mais, quoi qu'en aient dit certains auteurs, le sar-copte du cheval ne trace pas de sillons dans l'öpi-derme, ou bien le sillon n'est pas visible, soit k cause de l'epaisseur de l'epiderme ou des grattages inces-cessants auxquels se livre l'animal, soit ä cause du pigment dont la peau est imprögnöe chez presque tous les individus de l'espöce chevaline.
Enfln, k une periode plus avanc6e et quand la gale
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est tres-ancienne et inveteree, la peau s'inflltre, s'e-paissit, se plisse, se durcit, se fendille et prend I'aspect de 'celle du rhinoceros; c'est sans doute k cette epoque que certains auteurs ont confondu la gale avec un lichen chronique.
Le dernier Symptome qu'on pent appeler pathogno-monique, et sans lequel le diagnostic est toujours pen certain, c'est la presence de l'acare et la determination de son espfece.
Lente a son döbut, cette gale marche bientöt avec une eflrayante rapiditö; en moins de huit jours, eile peut avoir envahi tout le corps de Tanimal.
La dureede la gale est ind6terminee. Certains chevaux conservent un embonpoint remarq'uable avec une gale tout a fait generalis6e; toutefois il n'y a pas k douter que Taltöration, sinon la suspension complete de la fonction d'un organe aussi important que la peau, doive amener k la fin un trouble considerable dans la nutrition de l'animal, l'öpuiser rapidement et puis enfin causer sa mort; mais il n'est nullement dömontre, quoi qu'on en ait dit, que la gale puisse se terminer par la morve on le farcin.
2deg; Gale dermatodectiqub.—Le premier Symptome de l'affection qui est la gale commune, appelee gale hu­mide, psore, roux-vieux, est encore un prurit extröme-ment vif, bien plus marquö que dans la forme sarcop-tique, du au liquide söcretö par l'acare que Gerlach, Delafond et Bourguignon nomment Dermalodectes equi, Fürstenberg Dermatokopte, et Gervais Psoreptes equi. Ce liquide 6tant bien plus acre, plus irritant que celui du sarcopte, les animaux se mordent, se grattent, se frot-tent avec fureur; il en results de nombreuses exco­riations et de larges plaies ä la surface de la peau.
La lesion initiale de cette forme de gale, rapporte M. Reynal, est une papule de huit ä dix millimetres de diametre, legerement saillante, ä la surface de laquelle
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270 TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
se developpe bientöt une sorte de vesicule qui creve et laisse 6couler un liquide sero-sanguinolent qui se con­crete ä la surface. Mais la papule ne reste pas isolee; les acares se multipliant at restant sur le moine espace limite, le nombre des boutons augmenle, les croütes deviennent confluentes, le derme s'enilamme et s'epais-sit , l'epiderme s'exfolie et concourt ä former des croütes qui constituent de veritables abris protecteurs pour les acares ; bientöt on peut voir de larges plaques galeuses s'etendant graduellement sur la peripberie, comme une goutte d'buile sur une etoffe de drap, tout a fait analogues aux plaques de psoriasis.
La maladie envabit d'abord le bord superieur de Fen-colure et la base de la queue; eile gagne, mais lente-ment, au fur et ä mesure de la multiplication des acares, le toupet, le garrot, le dos, les reins, les cötes de l'enco-lure, les epaules, la poitrine, la croupe, le ventre et la face interne des membres.
Lorsque la gale est ancienne et generalisee, les mor-sures, les frottements violents et incessants des parties malades excorient la peau, la contusionnent, la dechi-rent, provoquent une exsudation abondante qui em-pöche le fonctionnement animal; des ulcerations plus ou moins profondes, des crevasses, des fistules, des fu-roncles, puis des maux de taupe ou de garrot se mani-festent: enfin, si l'animal est laissö ä lui-möme, 11 mai-grit rapidement, la nutrition ne s'accomplit plus, il tombe dans le marasme et meurt.
Le dernier Symptome est la constatation de la pre­sence des acares, que Ton peut voir par un beau soleil grouiller ä la surface des croütes, car ils sont bien plus nombreux et bien plus gros que les sarcoptes.
La gale dermatodectique est moins grave que la gale sarcoptique, parce qu'elle est moins contagieuse et moins susceptible d'envabir des contrees entieres, qu'elle est plus facile a guerir.
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MALADIES PARASIT AIRES.
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3laquo; Gale stmbiotique. — Le siege de la gale symbio-tique est le pli du paturon et le fanon, oü. les parasites vivent en colonies.
Le premier Symptome qui frappe I'observateur, ce n'est plus le prurit, si vif dans les formes sarcoptique et psoroptique ; ici la demangeaison est tres-faible. On n'a pas encore observe la lesion primitive de cette gale ; il est probable que c'est une papule analogue a celle du dermatodecte.
Les regions envabies sont recouvertes de croütes qui ne tardent pas a presenter l'aspect de veritables plaques de psoriasis; seulement les croütes ne sont plus humides et visquellses comme dans la gale der-matodectique, elles sont secbes et farineuses, I'acare doit perforer la peaumoins profondement, et sa salive doit 6tre moins irritante; c'est ce que Ton pouvail prevoir tout d'abord rien qu'en voyant la forme de son rostre.
Un pen plus tard, la peau s'epaissit, le tissu cellu-laire sous-cutane s'inflltre et s'indure, la peau se cre­vasse dans le plis du paturon et le long du tendon; cbaque fissure renferme un peü de serositö sanguino-lente dans laquelle on trouve un grand nombre d'acares.
Le prurit, qui est trös-faible, se montre surtout pen­dant la nuit ou pendant le repos qui suceöde au travail. L'animal remue sans cesse les pieds, frappe le sol, se gratte le beulet avec le pied opposö, y porte quelque-fois la dent; mais, dans tous les cas, les demangeai-sons et les frottements sont pen intenses, et les lesions qui en proviennent sont, pour ainsi dire, insignifiantes.
La marcbe de cette affection psorique est ties-lente; les symbiotes, loin de rechercher les parties saines de la peau, vivent en societe au milieu des croütes, sur les parties malades; ce n'est que lorsque leur population augmente dans une proportion considerable, qu'ils en-vahissent les regions voisines; aussi faut-il des annees
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pour que cette gale s'eleve au-dessus du genou et du jarret.
La cause determinante unique de la gale, c'est I'acare.
Des trois gales du cheval, la gale sarcoptique se trans-met le plus facilement du cheval au cheval, et c'est la seule qui soit transmissible a I'homme.
La gale guerit Men, apres un lavage soigne, avec les lotions employees dans lamaladie pediculaire, avec les frictions ärhuile de cade, l'huile de creosote, la pom-made mercurielle et surtout les fumigations d'acide sulfureux. La proprete des ecuries, des harnais est in­dispensable, ainsi qu'un pansage a fond chaque jour, pour eviter des recidives.
(Estridie cuticole.
Les mstrides cuticoles qui se developpent dans I'epais-seur de la peau appartiennent au genre hypoderme.
L'insecte qui vit sur le cheval est appele hypoderma equi. Cette grosse moucbe a deux alles et est munie d'une tariere terminate qui lui sert a percer la peau dans laquelle ses oeufs sent deposes; eile attaque les animaux qui frequentent les päturages, aux mois de juillet, aoüt et septembre, les pique et confle aux seuls soins de la nature l'eclosion de ses oeufs.
laquo; Peu de temps aprös leur eclosion, les larves initent les parois de leur demeure et y provoquent la formation d'une matiöre purulente dont elles se nourrissent; l'irritation est accompagnee de la formation d'une petite tumeur qui, d'abord grosse comme une noisette, acquiert vers le mois de juin et de juillet, epoque du depart des larves, le volume d'une petite pomme. Le nombre de ces tumeurs est tres-variable. II est des cas oü la partie superieure du tronc, depuis le garrot jusqu'ä la croupe, en est farcie. Le plus souvent, elles
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MALADIES PAEASITAIRES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 273
sont disseminees, dans cette region, en petit nombre. Elles se distinguent tres-nettement de toutes les erup­tions avec lesquelles on pourrait les confondre, et no-tamment des furoncles, des boutons de farcin, par la petite ouverture qu'elles presentent ä leur sommet et qui s'apercoit en ecartant les polls; par rapparition ä cette ouverture, lorsque Ton presse la tumeur ä sa base, d'un peu de pus et de l'anneau terminal des larves; en pressant fortement, on pent m6ine faire jaillir la larve et la rnatiöre qui lui servait de nourriture. Ce sont lä des signes qui rendent toute erreur impossible, lorsque Ton veut se donner la peine de les rechercher. Toutefois, on conceit que d'autres eruptions pourraient exister en coincidence avec les boutons precedents; e'est pourquoi des caracteres inflammatoires locaux tres-prononces, des cordes reliant entre eux les bou­tons, devraient donner l'eveil et determiner un examen tres-attentif.raquo; (Lafosse.)
Les boutons apparaissent a I'automne; les larves sor-tent au commencement de l'ete pour devenir insectes parfaits, la tumeur s'affaisse, une croütese forme et le mal est passö.
laquo; On s'occupe rarement des petites tumeurs produites par les larves d'oestrides. Neanmoins, lorsque I'on tient ä en debarrasser les animaux ou bien a faire dis-paraitre les souffrances qu'elles occasionnent, on a re-cours aux proc6des suivants; tuer la larve dans son repaire a I'aide d'une alene, ou bien en obstruant I'ouverture qui sert a la respiration avec de la tere-benthine; la faire evacuer immediatement en pres­sant la tumeur ä sa base apres ou sans avoir preala-bleraent dilate I'ouverture d'un coup de bistouri. Le meilleur est de faire evacuer et de pratiquer une seule onetion d'axonge.
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274 TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
(Estridie laryngee.
s On rencontre quelquefois chez les chevaux deamp; larves d'oestres fixees aux replis muqueux de l'entree du larynx et, dans la profondeur de cet organe, autour des cordes vocales. Par leur developpement, elles peuvent determiner une violente dyspnee et möme la mort par asphysie. La tracheotomie et l'extraction des larves pourrait permettre la guerison, si le diagnostic a pu 6tre 6tat)li avec certitude. raquo;
Gastro-enterite vermineuse.
Ondesigne sous ce nom l'inflammation de la muqueuse gastro-intestinale determinee par les larves de plusieurs cestrides cavicoles, etnotamment par les suivantes: m-trus eqid, (BStrus hemorroidalis, mstrus salutaris, czstrus vete-rinus.
M. Lafosse ayant fort Men traite cette maladie, nous lui empruntons lamajeure partie des details qui figurent dans ce paragraphe.
— G'est ordinairement dans les mois dejuillet, d'aoüt et de septembre, quo ces insectes deposent leurs oeufs sur le corps des solipedes, tan tot aux levres, comme I'oes-trus hemorroidalis, tantot principalement sur les polls anterieurs, comme Fcestrus equi. Ces oeufs sont de cou-leur variable, suivant respecederinsecte qui lesfournit: mais ils sont tons allonges et plus gros que les lentes, avec lesquelles le vulgaire les confond ordinairement. Les animaux introduisent dans leur voies digestives, en se lechant, les larves qui sortent des ceufs; quelque­fois mörne, ils les ingerent avec les aliments sur lesquels elles se trouvent placees. La larve devient successive-
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ment, de blanche qu'elle 6tait d'abord, rose, rouge groseille, jaune rougeätre ou rouge de chair.
L'habitat des larves dans les voles digestives est va­riable ; cellesdeToestrus equl sent ordinalrement placees sur le sac gauche de l'estomac; celles de l'oestrus hemorroidalis occupent le sac drolt, el on trouve celles de l'oestrus salutaris dans le sac drolt et le duodenum; la dernlere espece, oestrus veterinus, est gastricole. Toutefois, eile s'accroche parfois dans les cavites na­sales, de möme que la premiere occupe, par exception, le pharynx efl'cesophage.Toutes se nourrissent, sans doute, des humeurs secretees par les points qu'elles irrltent. ä l'aide de leurs crochets mandibulaires. Cost en mal et en juin que les larves abandonnent leur sejour pour accomplir leurs dernier'es metamorphoses; elles sont entrainees par les matleres alimentalres, par-courent toute l'etendue de rintestin, et s'echappent avec les residus de la digestion. La larve de Tcestre hemorroidal reste quelquefois accrochee pendant quel-ques jours a l'anus et dans le rectum; en quelques semaines, Finsecte parfait est forme; 11 se depouille de son enveloppe, deploie ses alles, et vole a la recherche d'un individu de son espöee avec lequel il pourra s'ac-coupler. —
Symptdmes. — Les plus ordinaires que Ton voitapparai-tre, lorsque les larves sont en grand nombre dans I'es-tomac et le duodenum, sont ceux de la gastro-duo-denite. Les animaux sont maigres, le flanc est levrette, le poll terne, la mue retardee; la croissance des jeunes sujets est comme suspendue; des coliques parfois se manlfestent; I'animal pietine, regarde son flanc, porte en arrlere la töte et l'encolure, se couche, se roule, I'appetit est diminue, deprave ou vorace, la bouche seche et lalangue sedimenteuse ; enün, des infiltrations se ferment dans les parties les plus döclives, les forces baissent; toute l'attitude du corps annonce la debilita-
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276nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
tioa et rappauvrissement des organes. Les larves determinent quelquefois du prurit a I'anu.s; il est des animaux qui en sont si vivement tourmentes, qu'ils s'agitent, se frottent violemment, et ruent möme avec une espece de fureur. Les troubles occasionnes par les larves placees dans l'estomac peuvent 6tre suivis de mort; celle-ci est parfois precedee des symptömes de la p6ritonite due ä des corps etrangers, ou d'hemor-rhagie interne: c'est lorsque les larves ont perfore Testomac ou des vaisseaux, comme I'ont constate Les-sona etHertwig.
Lesions. laquo; On trouve des larves accumulees en masse, principalement dans le sac droit; la muqueuse est vio­lemment enflammee et criblee d'une infinitö de petites ouvertures pratiquees par les parasites. On a trouve du sang dans restomac, des aliments epanches dans le peritoine, et tons les signes d'une violente inflamma­tion de cette membrane, en cas de perforation des branches arterielles de l'estomac ou de toutes les cou­ches de ce viscöre. raquo;
Traitement. — Quand, en se basant sur I'evacuation reitöree de vers intestinaux ou sur les donnees necrop-siques recueillies lors d'une propagation d'une helmin-thiase, on se croit autorise ä attribuer les troubles morbides a l'influence nuisible de parasites, on peut avoir recours ä un traitement vermicide. Les breuvages, les electuaires dent nous avons donne la composition dans la premiere par tie conviennent tres-bien. Laracine de bryone, a la dose de 20 grammes, est recommandee. Quelques lavements irritants debarrassent convenable-ment le rectum.
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CHAPITRE XV
MALADIES CONTAGIEÜSES
Ge chapitre a trait aux maladies contagieuses, et constitue, pour le cuitivateur, la partie la plus im-portante de la pathologie chevaline. En effet, dans les chapitres precedents, nous avons fait la description des maladies qui sevissent ordinairement sur les soli-pödes, et nous avons vu que Ton peut, dans I'immense majorite des cas, preserver, avec l'aide du veterinaire, les animaux de la plupart des affections qui les attei-gnent. Mais lorsqu'il s'agit de maladies contagieuses, toujours rapides dans leur marche et funestes dans leur terminaison, ce n'est pas trop de notions detail-lees et de recommandations pressantes. En ce qui concerne les affections contagieuses, et notamment le horse-pox, la maladie du co'it, le charbon, lamorve etle farcin, nous avons extrait de la Police sanüaire de M. Rey-nal presque toutes les pages qui concernent ces mala­dies. Cette declaration n'a rien qui nous coüte, car eile nous permet, au contraire, de faire connaitre, ä ceux qui ne le possfedent pas, le dernier livre de notre ancien maitre.
laquo; La medecine veterinaire n'a pas seulement pour objet l'etude des maladies; son cadre est plus large qu'on ne le croit göneralement. Elle comprend dans ses attributions non-seulement les matieres qui trailent
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278 TKAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
de la production et de la conservation des animaux, mais eile touche encore, par quelques points de son enseignement, au droit et a I'administration. Les mala­dies contagieuses, notamment, forment le trait d'union entre ces deux ordres de clioses et la medecine veteri-naire. raquo; Leur etude Interesse tout le monde au plus haut point.
II n'entre pas dans notre idee d'inserer ici tout ce qui se rapporte ä l'application des regies sanitaires prescrites pour les maladies contagieuses, mais seule-ment de reproduire sommairement k la fin de chaque monographie l'ensemble des mesures ayant pour objet de prevenir le developpement et d'empöcher la propa­gation des afiections reputees contagieuses.
Nous n'avons pas non plus Fintention d'entrer dans les details que comportent les caracteres des maladies virulentes, parce que pour bien posseder celte partie de la, science il ne faut ignorer aucune des branches de la medecine veterinaire, et que ces connaissances sont du domaine exclusif de l'homme de Fart.
II suffit au cultivateur de surveiller attentivement ses animaux lors des epizooties, de les entourer de tons les soins commandos par Fhygiöne, de saisir les premiers symptömes des affections contagieuses, et de reclamer aussitöt le concours des homines que des etudes speciales rendent capables de combaitre pied a ped le mal naissant, et surtout de s'opposer ä sa pro­pagation.
Horse-pox ou vaccine.
Le horse-pox est üne maladie virulente et contagieuse, caracterisee, d'une maniere generale, par une eruption pustuleuse qui se montre sur tonte l'etendue du corps,
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MALADIES CONTAGIEUSES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 279
jouissant de la propriete de se communiquer au cheval, ä la väche et a rhcmme, et d'agir sur la constitution de ce dernier en developpant une maladie tout a fait benigne qui la preserve de la variole. Cette expression anglaise est formee des mots horse cheval, et pox veröle, pustule, et designe la maladie vaccinate du cheval.
La date a laquelle on peut faire remonter les pre­mieres donnees precises sur cette maladie n'est pas en­core trös-eloignee. (Test en 1863, en efl'et, que M. H. Bou-ley a dit le dernier mot concernant la nature patholo-gique de cette maladie, et cependant on I'avait decrite depuis plus longtemps; mais, ignorant sa nature, on lui avait donne des noms tres-differents.
Parmi les auteurs qui out parle de cette maladie, les uns ont reconnu, comme dans les maladies eruptives en general, plusieurs periodes pour faciliter la descrip­tion ; la premiere, ou periode d'incubation, que Ton ne peut constater que dans le horse-pox experimental ou inocule ; la deuxteme, ou pöriode d'invasion, dans laquelle on observe quelques symptömes generaux, le plus souvent un peu de fiövre; la troisiöme, ou pöriode d'eruption, qui est caractörisee par l'apparition des pus­tules qui constituent essentiellement la maladie; la quatrieme, ou periode de desquamation, pendant laquelle les pustules se vident et se cicatrisent.
On I'a confondu avec le farcin. Dans certaines circonstances, il arrive que les pustules sont tenement confluentes que Ton obtient une plaie ulcamp;reuse a cir-conference nette, mais avec le caractöre tout particu-lier d'une grande tendance ä la cicatrisation et laissant s'ecouler un pus de bonne nature. On distingue les eaux-aux-jambes du horse-pox par des caracteres qui sont plus ou moins faciles k saisir. Quand on aura affaire a un cheval a polls rares et k peau fine, on pourra, dans quelques circonstances, suivre la formation des pustules vaccinates, qu'on ne pourra confondre
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avec les vesicules des eaux-aux-jambes. De plus, la maladie vaccinale, möine abandonnee a elle-m6me, guerira toujours dans un temps assez limite, tandis que les eaux-aux-jambes rösistent souvent pendant longtemps aux divers traitements que Ton peut em­ployer.
La durie de la maladie est variable; mais, en gene­ral, on peut considörer comma une bonne moyenne celle de quinze ä vingt jours.
Le pronostic est peu grave; c'est une maladie qui dis-parait toujours sans traitement, dans un temps assez limite, comme nous venons de le voir.
La contagion est la cause directe la mieux connue; toutes les autres appartiennent plus ou moins au domaine de l'hypothöse.
La bönignite du horse-nox ne necessite pas d'autres mesures sanitaires que celles qui dependent de l'initia-tive individuelle et se bornent ä l'isolement des malades et ä leur traitement par de bons soins hygieniques.
Maladie du cott.
La maladie du coit est une affection peu connue dans sa nature, et qui se transmet, comme l'indique son nom, par l'acte de la generation. Elle ne reste pas limi-tee aux organes genitaux, eile envahit tout l'organisme et y produit des desordres tres-graves. Cette maladie n'attaque que les etalons et les juments ayant eu des rapports sexuels.
Au point de vue de la Symptomatologie, nous divisons la maladie qui nous occupe en maladie benigne et maligne, et nous l'etudions chez la jument et l'etalon.
Maladie hinigne. Jument. — Celle-ci, apres avoir ete
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MALADIES CONTAGIEÜSES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;281
saillie par un cheval impur, tröpigne des membres posterieurs, agite la queue d'un cote a I'autre, se campe frequemment pour uriner, et ne reje.tte qu'une petite quantite d'urine k la fois. Elle se frotte les lövres de la vulve avec la base de la queue, et lorsqu'elle s'accule centre un mur, eile öprouve une sensation voluptueuse en se grattant. Le clitoris est souvent en erection, et vient faire saillie alternativement entre les deux levres de la vulve; en un mot, il y a tons les caracteres des cbaleurs uterines. Or, comme c'est lä un fait assez commun chez les juments aux epoques du rut, il passe inapercu. On a beau renvoyer les juments aux etalons, I'organisme genital ne se calme pas. G'est lä un caractere qui doit eveiller Fattention de l'obser-vateur, lorsque la maladie rögne dans la contree.
Etalon.—Chez les etalons, les symptömes de la mala­die benigne ne sont pas aussi faciles a saisir. II se passe quelquefois plusieurs semaines avant la manifestation d'aucun Symptome. D'autres fois, on voit apparaitre, quelques jours apres le co'it, une inflammation oedema-tense indolente du fourreau. Get engorgement est in­termittent. On a vu dans quelque cas un oedeme avec collapsus du penis. La maladie benigne de l'etalon pent s'aggraver et devenir maligne de la möme maniere que chez la jument.
Maladie maligne. Jument. — La forme maligne, ehez la jument, presente au debut les mömes symptömes que la forme benigne : cbaleurs uterines, leger engor­gement des lövres de la vulve, rougeur de la muqueuse, ecoulement, etc., etc. Aprös trois ou quatre semaines, les symptömes s'accusent davantage. L'engorgement primitif de la vulve augmente et diminue tour a tour ; tantöt il reste limite aux levres, a la commissure infe-rieure; tantöt il descend dans la region du perinee jusqu'aux mamelles; d'autre fois il est unilateral et donne un aspect diflbrme a la vulve.
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282nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVALT
ittulon. — Un des premiers symptömes est Tengorge-ment du fourreau: Toedöme est päteux, indolent, la peau luisante et comme vernissee; ä la surface on ne voit ni elevures, ni erosions, ni cicatrices. L'expulsion de Turine est assez frequente, eile exige un temps quelquefois tres-long, et des efforts qui ont paru pe­nibles chez des etalons. L'animal se campe, ecarte les membres abdominaux, la verge devientpendante, et ce n'est souvent qu'aprös la repetition de ces manoeuvres que I'urine s'ecoule.
La marche de la maladie est lente, et eile n'arrive a sa fin heureuse ou malheureuse qu'apres plusieurs mois et möme plusieurs annees. Elle est sujette ä des intermittences, des remissions ou des paroxysmes. La duree est tres-variable, eile est comprise entre trois mois au moins et trois ans au plus. La terminaison est pres-que toujours funeste. Ce qui frappe vers la fin de la vie, c'est la maigreur extreme, le marasme hideux des animaux; tout le Systeme osseux est en saillie. La re­gion spinale est tranchante, les handles sont pointues, et les cötes font ressortir la profondeur des espaces in-tercostaux. Dans la plupart des cas, les affections mor-vo-farcineuses viennent terminer la maladie, et, en pro-voquant la mort des animaux, avancent de quelques semaines la terminaison fatale. On voit alors une glande de morve avec des caracteres tres-accuses, des cordes et des boutons farcineux, des ulcerations, un jetage jaune verdätre, glaireux, adherent; en un mot, les le­sions caracteristiques de la morve et du farcin.
La nature syphilitiquea eteadmise etrejetee: admise en se fondant sur l'analogie de quelques symptömes locaux, et rejetee a cause de la transmission impossible de la syphilis de l'homme au cheval par inoculation, et de Finefficacite des mercuriaux dans le traitement. C'est une maladie contagieuse communiquee par le coit et par consequent par virus fixe, car la cohabitation
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n'a aucune influence sur son developpement. Elle ne reste pas limitee aux organes gönitaux, mais eile se repand dans toute Teconomie, y germe, s'y developpe, altere las humeurs, l'innervation et consequemment la nutrition, apporte des troubles dans tons les organes. attaque la vie par tous les points, produit une consump­tion hideuse et la mort.
Le diagnostic est difficile au debut, et plus encore cbez Tetalon que cbez la jument. Le pronostic est grave, car la maladie entraine souvent la mort des animaux.
La maladie du coit est restee jusqu'a present rebelle aux difi'erents moyens de traitement employes pour la combattre ; le regime tonique et analeptique n'a pro­duit d'amelioration que dans quelques circonstances exceptionnelles. Maisjusqu'ä present, autant d'animaux atteints, autant d'individus pres de la mort.
Interdiction de la monte et declaration ä l'autorite, Voilä les mesures sanitaires.
Charbon.
Sous le nom de charbon, les anciens auteurs ont desi-gn6 un groupe de maladies virulentes et contagieuses, identiques quant ä Falteration fondamentale qui les caracterise, mais se prösentant avec des signes divers, selon le genre des animaux atteints et les iifluences epizootique et enzootique qui ont fait naitre cette affection.
Le charbon a 6te ainsi nomme en raison de la cou-leur noire attribuee aux tissus dans lesquels se pro-duisent des lesions locales. II apparait dans toutes les Saisons, mais principalement en ete et au commence­ment de l'automne ; il sevit k I'etat enzootique et epi­zootique sur les herbivores, les omnivores et les oiseaux; se transmet par inoculation k tous les animaux. sans
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284nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRA1TE DES MALADIES DU CHBVA-L.
en excepter l'homme, et consiste en une alteration spe-ciale et primitive du sang.
Les noms les plus varies ont et6 donnfe au charbon, et les formes nombreuses de cette affection ont ete re-gardees comma autant de maladies distinctes, ce qui est une erreur.
Miologie. — Les changements hygrometriques et ther-mometriques de l'atmosphere, les influences des etangs et des marais, la nature des terrains, les alterations des aliments, etc., etc., ont 6te tour a tour invoques pour expliquer l'apparition du charbon. Ces conditions qui peuvent exister s6par6ment lors des manifestations sporadiques des maladies carbonculaires, se trouvent göneralement reunies dans toutes les enzooties et epi-zooties charbonneuses. Elles existent a I'etat latent partout oü le sol est argileux, ou il y a des ötangs ou des marecages, et, pour traduire au dehors leur influence pernicieuse, elles n'attendent que le concours d'une temperature 61evee.
Le charbon ne comprend que deux formes dösignees et decrites sous les denominations suivantes : fievre charbonneuse sans tumeurs exterieures, fiövre charbon-neuse avec eruption de tumeurs.
FlEYRE CHARBONNEUSE SANS TUMEURS EXTERIEURES. —
Cette forme du charbon est, k proprement parier, le type de la maladie.
Les symptömes de la fievre charbonneuse ne se presentent pas toujours avec le möme degre de deve-loppement. Foudroyants dans quelques cas, ils se montrentdans d'autres avec unemarche moins rapide.
Les phenomönes precurseurs de l'invasion sont trfes-aifficiles ä saisir. Voici comment les choses se passent göneralement chez le cheval. Le premier signe consiste dans la tristesse, l'abattement, les coliques legöres, l'in-quiötude, le port de la töte du cötö du flanc; d'autres fois, l-e somnolence, la station k bout de longe ou le decubi-
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tus caracterisent la pöriode de debut. Dans tous les cas, la faiblesse del'appui, l'incertitude de la marche, lase-cheresse de la peau, la raideur des polls, la presence de sueurs froides ou chaudes ä la base des oreilles, aux ars, en arriöre du coude et aux flaocs, accompagnent les symptömes d'invasion. Ge n'estqu'ä de rares excep­tions que ces troubles font defaut. Les conjonctives sont rouges, infiltrees, ordinairement sans petechies; le pouls est petit, vite et presque insensible, tandis que le coeur bat au contraire avec violence.
Dans quelques rares occasions, ces symptömes peu-vent insensiblement se dissiper; d'autres fois, ils persistent pendant un certain temps sans acquerir de gravite ; le plus ordinairement, ils vont en s'aggra-vant et tout ä. coup I'agitation devient extreme, les contractions cloniques des muscles prennent un ca-ractere convulsif, les sueurs sont plus abbndantes, on en tend des claquements de dents, les coliques sont vio-lentes, le regard abattu, quelquefois hagard, les mu-queuses apparentes reflötent une teinte brunätre, une serosite sanguinolente s'ecoule en transsudant des mu-queuses externes (pituitaire, conjonctive et muqueuse rectale), la respiration devient tumultueuse, les naseaux se dilatent de plus en plus, la face se grippe, l'anxietö est extreme, le corps se refroidit, l'animal chancelle ä chaque instant, flnit pax tomber sur le sol en s'agitant convulsivement et expire bientöt apres. Tous ces sym­ptömes se succödent dans l'espace de six a quarante-huit beures; les chevauxjeuneset plethoriques offrent au mal moins de resistance que ceux qui sont äg6s et maigres; dans certaines circonstances, principalement au debut des epizootics, Tattaque est foudroyante, et tue en quelques instants, sans le moindre prodrome.
PlEVRE CHARBONNEUSE AVEC ERUPTION DETUMEURS.—
Dans le coursde certaines epizooties, dit*M. Reynal, soit que l'intensite de l'alteration morbide s'accuse avec des
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286 TRA1TE DES MALADIES DU CHEVAL.
proportions moins grandes, soit que la force de resis­tance qui est opposee par les individus sur lesquels ellfe sevit ait 6t6 plus considerable, la fievre charbonneuse revöt une forme qui se distingue, a certains egards, de celle que nous venons de voir. Ainsi, au moment oüles symptömes febriles sent arrives äleur point culminant, tout k coup survient une eruption de tumeurs exte-rieures, qui autrefois possedaient des noms differenta suivant leur lieu d'election : glossanthrax, avant-cmur, noir-cuisse, bubon, etc. Les tumeurs se developpent dans le tissu conjonctif sous-cutane, surtout oü il est abon-dant et läcbe : la langue, I'espace inter-maxillaire, les environs de la gorge, l'entree de la poitrine, la partie inferieure du poitrail, les cotes en arriöre de l'epaule, le dos, le pli de l'aine et la region inguinale.
Dans le point oil une, tumeur charbonneuse doit se levelopper, on remarque tout d'abord le berissement des poiis, une exageration de sensibilite et une legöre cre­pitation du tissu cellulaire. Bientöt se montre une nodosit6 de la grosseur d'une noisette ou d'une noix, laquo;imple ou multiple, arrondie ou irreguliörement d61i-mit6e, peu douloureuse; ou bien on voit apparaitre un empätement cedemateux, crepitant et non circonscrit. Lorsqu'elles affectent ce mode de developpement, les tumeurs envahissent en quelques heures toutes les parties environnantes, deviennent froides et insensi­bles et des phlyetönes apparaissent k la surface de la peau, se crevent et laissent öcouler un liquide irritant et sereux. Une incision pratiquee dans la tumeur arriv6e ä ce degre de developpement ne provoque aueune dou-leur, et donne ecoulement ä un liquide roussätre et m616 de gaz fetides.
Nous avons dit que l'eruption des tumeurs se fait quand les ph6nomenes morbides sont arrives ä leur summum d'intensite. Cela est vrai dans tous les cas, et quand on remarque des circonstances dans lesquelles
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les tumeurs semblent naitre les premieres, il n'y a la que des apparences : la flevre n'a pas ete tres-intense et pour ce fait est demeuree inapercue; voilä le fait reel.
La marche des tumeurs charbonneuses est rapide; en quelques heures elles acquierent un volume considera­ble et detruisent les tissus envahis. La terminaison a lieu par la resorption ou par la mort.
h'aulopsie des chevauxqui ont succombe aux atteintes du charbon montre la putrefaction rapide des tissus, le developpement considerable et immediat de gaz dans l'abdomen et dans le lissu cellulaire sous-cutane. Tin-filtration sereuse accusee dans les interstices des mus­cles, la distension du foie et de la rate, et surtout 1'etat du sang qui est noir, epais, poisseux, et contient des bacteridies.
Le pronosticde cette affection est excessivement grave. La fievre charbonneuse proprement dite fait plus de victimes que celle qui s'accompagne d'emption de tu­meurs ; dans le premier cas, autant d'animaux d'at-teints, autant d'animaux morts, tandis que, dans le second, les efforts de la nature secondes par une me­dication intelligente,prompte et energique, triomphent assez souvent du mal.
La virulence des affections charbonneuses et la possi-bilite de propagation d'une especeä I'autre ne font plus de doute pour personne; les fails, demonstratifs sont nombreux et convaincants. La contagion a distance admise par les uns, repoussee par les autres, ne doit 6tre acceptee que sous toutes reserves et en ne lui faisant qu'une part bien minime dans l'appreciation des causes de la maladie, jusqu'a ce que de nouvelles recherches ou des experiences bien recueillies soient venues en demontrer Texistence mieux que cela n'a pu etre fait jusqu'ä present.
On a principalement vante, dans la medication de la fievre charbonneuse proprement dite, I'huile phospho-
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288 TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
ree, a la dose de 30 k 40 gouttes, dans un litre de de­coction de graine de lin, deux fois par jour, le sulfate de quinine, ä la dose d'un gramme, dissous dans la teinture de quinquina ou I'eau-de-vie etendue d'eau deux fois par jour, les ablutions et les douches d'eau froide, etc.; tous les agents therapeutiques rationnels doivent 6tre tentes pour arröter un mal aussi insidieus que terrible.
Pour lafievre charbonneuse avec eruption de tumeurs exterieures, au traitement general il convient. d'ajouter les derivatifs puissants que la medecine possede, d'agir d'une maniere energique sur les regions du corps oil sie-gent ordinairement les tumeurs charbonneuses, d'appli-querdessetonsfortementanimes, de pratiquerdevigou-reuses frictions avec le vinaigre bouillant. I'ammonia-que ou le liniment ammoniacal, l'essence de tereben-tine, I'alcool cantharide, Fonguent vesicatoire, etc.; de faire de profondes incisions dans ces tumeurs pour donner issue aux liquides sero-sanguinolents qu'elles contiennent, et d'y introduire des agents caustiquesou irritants, l'essence de terebentine, l'eau de Rabel, les acides nitrique ou sulfurique, la potasse caustique, le sublime corrosif, le feu, par exemple.
Le regime analeptique, pendant le cours du traitement et pendant la convalescence, est indispensable. On donnera done aux malades des fourrages de bonne qua-lite et de facile digestion, des breuvages toniques, de l'eau rouillee ; on les tiendra dans des ecuries propres, seches et legerement chaudes , on les couvrira conve-nablement, en un mot, on mettra tout en ceuvre pour arriver au resultat desire.
Prevenir vaut mieux que guerir. Quand une maladie charbonneuse regne dans une localite , il faut etudier les causes qui I'ont fait naitre et recourir aux moyens •priservatifs qui sent de maintenir les ecuries bien aerees et dans un grand etat de propretö, de moderer le tra-
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vail aux heures les plus fatigantes de la journee, d'e-viter la pluie, les Lrouillards et le froid, de rejeter de la consommation les aliments avaries, de rechercher, au contraire, ceux qui sont de bonne qualite et de les associer aux toniques.
laquo; Les mesures legislatives applicables aux maladies charbonneuses en particulier, dit M. Raynal, sont celles qui sont implicitement prescrites par les arröts du conseil d'Etat du Roi du 10 avril 1714 et du 16 juil-let 1784 ; par le decret de TAssemblöe Constituante concernant lesbiens et usages ruraux du 6 octobre 1791; par les articles 489, 460, 461, 462 du Code penal; par le decret de l'Assemblee Constituante, rendu sur l'organisation judiciaire des 16-24 aoüt 1790, titre II, article 3, lequel confie a la vigilance de Tautorite le soin de prevenir et d'arröter, par des precautions con-venables, les maladies epizootiques et contagieuses. Ges mesures, dans toute leur rigueur, comportent l'obligation de la diclaralion, de Visolement et de la se­questration, de la marque, de l'abatage, de Venfouissement et par consequent la defense de livrer ä la consomma­tion les animaux malades et d'utiliser leurs debris ca-daveriques. Elles enjoignent egalement la desinfection des lieux qui ont ete occupes par ces monies animaux.
Les seules de ces mesures qui doivent 6tre utilement appliquees sont celles qui se rapportent ä la declaration et ä l'isolement. Ces deux precautions, en mettant le public et les possesseurs en garde centre les dangers que pourrait leur faire courir la contagion, sont süffi­santes pour eviter les accidents, et elles ont I'avantage de ne point porter atteinte aux interöts prives, au delä de ce qui est necessaire pour sauvegarder l'interöt general. raquo;
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Morve et farcin.
La morve et le farcin, malgre leur distinction theori-rique, sont absolument identiques, constituent un etat pathologique generalement incurable, et se develop-pent d'emblee ou se propagent par contagion aux animaux du m6me genre, et des equides ä Fhomme. La diathese morvo-farcineuse est caracterisee exterieu-rement, quand la maladie est complete, sur la peau et la muqueuse des premieres voies respiratoires, par des engorgements des vaisseaux lymphatiques, avec indu­ration des ganglions, et par des ulcerations plus ou moins larges et nombreuses.
Symptomes. — En raison de la similitude Offerte par la morve et le farcin, nous aurions pu studier les pheno-menes morbides ensemble et dans une description uni­que ; mais, dans un but d'utilite pratique, nous allons examiner les differentes formes de la diathese morvo-farcineuse.
Farcin chronique. — II se manifeste, rapporte M. Reynal, particulierement sur les chevaux communs, d'un temperament mou, arrives a un äge avance, et epuises par des travaux excessifs. On le voit rarement, au contraire, sur ceux d'un temperament sanguin, jeunes et vigoureux, et sur les änes et les mulets.
Pour donner d'abord une idee exacte de l'aspect du farcin, nous indiquerons les phenomenes locaux qui en sont I'expression la plus complete: boutons, cordes, tumeurs et engorgements.
Les boutons de farcin se montrent primitivement sous forme de nodosites hemispheriques, dont le diametre est celui d'une lentille, d'une noisette ou d'une petite noix, et qui apparaissent brusquement. Les plus petits sont situes exclusivement dans Fepais-
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#9632;seur de la membrane tögumentaire ; ils s'etendent au contraire, jusque dans le tissu conjonctif sous-cutane, s'ils sont volumineux. Ils peuvent 6tre isoles, dissömines partout, ou confluents et reunis en groupes sur de tres-6troites surfaces. Dans ce cas, ils sont ä la fois etroits et tout a fait superficiels, sur toute la sur­face du corps ; mais il est des regions qui en sont, pour ainsi dire, le lieu d'election : ce sont toutes celles oil la peau est mince, d'une texture fine et d'une organi­sation plus vasculaire et nerveuse, comme sur la face, notamment autour des yeux, desnaseaux et des levres, dans la gouttiere de la jugalaire, en dedans des mem-bres, au poitrail, aux ars, aux flancs et aux aines. Apres les points que nous venons de citer, ceux qui en sont le plus souvent le si6ge sontle ventre, la partie superieure #9632;de l'epaule, les c6t6s du garrot et rattache de la queue.
En m6me temps, ou immediatement aprös un ou plusieurs boutons farcineux, on voit apparaitre sous la peau, et plus ou moins en saillie, des tumefactions allongees, rectilignes ou sinueuses qu'on a designees, en raison de leur forme funiculaire, sous le nom de cordes farcineuses. Ces renflements peuvent se montrer partout ä la surface du corps, parce qu'aucune region n'est absolument privee des vaisseaux lymphatiques qui en sont la base. Mais il est pourtant des lieux d'e­lection pour les cordes; ce sont tons ceux oü les vais­seaux blancs, immediatement sous-cutanes, peuvent facilement 6tre apercus quand ils sont gonfles ; telles sont les parties laterales de l'encolure, des epaules, les cötes, la face interne des membres, etc. Toujours les cordes du farcin partent d'un bouton oü elles commen-cent et dont elles sont un eff'et immediat, pour se rendre aux ganglions les plus prochains oü elles se terminent.
Les indurations ganglionnaires ou les glandes sont les tumeurs qui se developpent, ainsi que I'indique la
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292nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
qualification, dans les ganglions lymphatiques. Elles n'apparaissent Jamals qu'apres les boutons et les cordes dont elles sont une consequence fatale. On peut les ren-contrer partout oü existent des paquets de ganglions lymphatiques placesassez pres de la peau : dans I'auge, a l'entree de la poitrine, dans les aines.
Les symptömes locaux du farcin chronique, que M. Trasbot designe sous le nom de contingents, parce que, d'une part, on ne les observe pas constamment, et que, de l'autre, ils seraient insufflsants s'ils existaient seuls, pour faire reconnaitre la maladie, sont : les tu-meurs proprement dites et les engorgements.
Les tumeurs farcineuses sont des eminences be-mispberiques du volume d'un oeuf ä celui du poing d'un bomme, qui, d'abord dures, se ramollissent brus-quement, et persistent indefiniment sous la forme de kystes purulents. Ces tumeurs sont loin d'exister dans tous les cas, on peut m6me dire qu'elles sont assez rares. On les rencontre le plus souvent sur la partie moyenne des cötes, quelquefois sur les banches et la croupe, rarement sur les faces laterales de l'encolure, et jamais sur des regions qui ne sont pas, par leur position on leur conformation, plus ou moins exposees au contact des corps exterieurs. Les engorgements farcineux sont des tumefactions de nature inüammatoire, et se deve-loppent sur les membres, les posterieurs le plus sou-vent. Quelquefois ils sont concentres autour d'une articulation seulement, le beulet, le genou ou le jarret. ITautres fois, ils occupent, des leur debut, la presque totalite d'une des colonnes de soutien, de-puis Tars ou I'aine jusqu'au sabot. Un seul membre en est ordinairement atteint et il est tout ä fait exceptionnel de les voir sur deux a la fois. En re-vancbe, sur celui oü il a fait son Eruption, I'engorge-ment farcineux s'etend rapidement dans tous les sens et unit bien vile par I'occuper en entier. II con-
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MALADIES CONTAGIETJSES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 293
stitue alors une vaste infiltration oedemateuse, qui dis­tend la peau outre mesure, efface plus ou moins com-pletement les creux et les reliefs des articulations et donne au membre malade, suivant l'heureuse expression de M. H. Bouley, I'aspect d'un poteau grossierement faconne.
Le farcin aigu ne difl'ere du precedent que par des symptomes plus accuses : ainsi I'appetit est diminue, les animaux sont abattus et maigrissent rapidement, la lassitude est extröme et se traduit par un decubitus prolonge, la respiration et la circulation sont accelerees, les muqueuses apparentes sont jaunes, les boutons et les cordes plus chauds, plus sensibles et plus oede-mateux, l'ulceration et la destruction peripheriques plus rapides, la fievre toujours plus violente.
Morve chronique. — Elle est, comme le farcin chronique, frequente surtout sur les chevaux gros-siers, vieux et epuisös, et rare, au contraire, chez les sujets fins, a temperament sanguin et nerveux.
Les symptömes locaux essentiels, caracteristiques de la morve chronique sont: les ulcerations de la pitui-taire, le jetage et la glande.
— Les chancres de la morve chronique sont le plus sou-vent en petit nombre et existent dans un seul naseau, sous le repli de l'aile interne du nez. Cependant, on pent en rencontrer des deux cötes et sur toute 1 eten-due de la muqueuse nasale visible a I'exterieur. Ils peuvent m6me occuper les parties cachees aux regards, en raison de leur situation profonde, ainsi que le montre I'autopsie. Ils commencent tons par un bouton indure, developpe dans l'epaisseur de la membrane, et dösigne sous le nom de tubercule. Ces boutons se developpent tres-rapidement. Du jour au lendemain ils ont acquis a peu pres le maximum de volume qu'ils sont suscep-tibles d'atteindre avant de s'ulcörer. Apr6s deux ou trois jours, leur centre se ramollit, devient plus blane
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TRA.ITE DES MALADIES DU CHEVAL.
et opaque, et repithelium qui le recouvre se detache en entrainant avec lui une gouttelette de pus qui laisse ä la place qu'elle occupait une petite cavite creusee en cupule,. circulaire, comme taillee ä l'emporte-piece, suivant Fexpression classique, blafarde, quelquefois parsemee de petites stries rouge päle. Le chancre morveux s'etend incessamment en rongeant dans toute sa peripherie. Si un certain nombre d'ulceres se trou-vent groupes sur une surface limitee, ils peuvent ünir par se confondre et former ensemble des plaques ulce-reuses ä bords tallies äpic dans un bourrelet exuberant et indure comme le fond.
Outre les chancres proprement dits, on pent voir en­core ä la surface de la pituitaire, dans certains cas de morve tres-ancienne, des erosions superficielles qu'on a nommees ulcerations larvöes, parce qu'elles sont peu visibles et difficilement reconnaissables. Elles sont representees par des plaques tres-irregulieres sur les-quelles repithelium de la membrane est detruit comme s'il avait ete ronge par un ver qui se serait promene a sa surface. On les rencontre notamment sur la partie moyenne de la cloison cartilagineuse.
Le jetage est le plus souvent unilateral, comme I'e-ruption chancreuse. Quelquefois il s'efTectue. par les deux naseaux 6galement, ou plus abondamment d'un c6te, et alors on trouve des ulcerations de part et d'autre. A la periode initiale de la maladie, il est peu abondant et il ne s'ecoule en quantite considerable que quand la muqueuse de l'appareil respiratoire est enflammöe dans une partie plus ou moins grande de son etendue. Le liquide qui le constitue est visqueux, s'agglutine aux polls qui bordent les naseaux et y forme des croütes molles et poisseuses. Quand le jetage do la morve commence a devenir purulent, il reflete une teinte legerement verdätre signalee comme carac-teristique.
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MALADIES CONTAGIEUSES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;295
La glande de moive, inseparable des ulcörations de la pituitaire, se moatre avec des caracteres un peu dif-ferents, suivant son anciennete, et suit tres-exacte-ment, d'ailleurs, la inarche des indurations ganglion-naires du farcin. Elle a pour base les ganglions de l'espace intermaxillaire, d'un seul ou des deux cötes, et se trouve simple ou double, selon que le jetage est unilateral ou bilateral. Dans tous les cas, eile est situeo haut dans Tauge; tantöt la peau lui est adherente et tantöt eile est libre et pent facilement glisser sur eile. Son volume et sa forme variant sans lui enlever sa si­gnification precise, üune sensibilite assez vive k son debut, eile deviant bientöt ä pau pres indolente. Jamals eile ne se ramollit pour s'ulcerer.
La morve aigue est signalee par une fievre intense, par l'acceleration de la circulation et des mouvements ras-piratoires, la coloration rouge safranee des muquausas, la developpement rapide des pustules nasalas, I'action promptemant desorganisatrice des chancres, I'abon-dance du jetage, la promptitude de la mort, et, acces-soirement, les complications de phlegmasies tres-intenses des synoviales articulaires et du poumon.
Miologie. — L'apparition da la diathösa morvo-farci-neuse coincide avec le travail epuisant, les agglomera­tions d'individus et ralimentation insuffisante, et est determinee par un concours de circonstances dependant des causes morbides gen6rales. La contagion est Tele-ment le plus puissant de propagation, car il est prouve que la morve at le farcin possedent un principa viru­lent qui eclate chez les animaux que Ton a inocules ou mis en contact avec des animaux infectes.
he diagnostic de la morve et du farcin est facile; en effet, la premiere de ces maladies ne pent 6tre confon-aue avec la gourme, le horse-pox et l'anasarque, car eile s'exprime avec un ensemble de caractöres tellement graves que I'erreur n'est possible que pour Thomme
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inexperimente; la seconde, eile aussi, est toujours reconnaissable apres un examen repete et une sage attente, et montre qu'elle s'eloigne du horse-pox, de la lymphangite, de rengorgement cedemateux , etc.
Le pronostic est tres-grave en ce qui concerne la morve aigue et chronique et le farcin aigu, trois formes con-siderees comme incurables, et grave en ce qui regarde le farcin chronique qui parait guerir quelquefois.
Le traitement ne doit 6tre entrepris que lorsqu'on a affaire ä un farcin chronique peu intense, et toujours apr^s avoir consulte le veterinaire, juge en pared cas de Fopportunite de la medication et des mesures a prendre.
Les prescriptions de la Ugislation sanitaire relatives a la diathese morvo-farcineuse, rapporte M. Reynal, sent reglees par l'arröt du conseil d'Etat du Roi du 16 juillet 1784; les articles 439 et suivants du Code pe­nal ; les articles 1382 et 1383 du Code civil et l'arröt de la Cour de Cassation en date du 17 juin 1847.
laquo; Les proprietaires de chevaux morveux et farcinGux ou suspectes de ces maladies doivent en faire la döcla-ration ä l'autorite ; ces animaux sont isoles et seques-tres ou abattus. Leurs depouilles ne doivent litre utili-sees que par les etabllssements Industriels dans lesquels les debris cadaveriques subissent des preparations methodiques. Aucun animal morveux et farcineux ne doit 6tre traite sans une declaration prealable. II est defendu, sous des peines trös-sevöres, d'exposer en vente, de vendre et d'employer a un service quel-conque, et surtout de conduire sur la voie publique, des chevaux morveux ou farcineux, ou suspectes de ces maladies. Les 6curies et autres lieux dans lesquels auraient s6journ6 des chevaux suspectes ou atteints de morve ou de farcin, doivent 6tre a6r6s et desinfectes.
Pour prevenir la contagion k I'homme, les palefreniers, les cochers, les conducteurs de chevaux, ou toute autre
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MALADIES CONTAGIEUSES.
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personne, ne doivent point coucher dans les ecuries renfermant des chevaux atteints de morve ou de farcin, et möme suspectes de ces maladies. II est recommande d'interdire temporairement le service aux hommes qui ont des plaies, des crevasses, des 6corchures aux mains, aux bras ou k la figure. Le lavage des naseaux des che­vaux morveux ou suspectes de morve se fait avec une eponge et a grande eau; le pansement des ulceres, des plaies farcineuses se fait avec attention et en employant des pinces. Les piqüres, les plaies, les ecorahures faites en opörant, pansant, nettoyant, ouvrant, dissequant des chevaux morveux ou farcineux, reclament imme-diatement la cauterisation au fer rouge. raquo;
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QUATRIEME PARTIE
JURISPRUDENCE VETERINAIRE
Generalit6s sur les maladies ou vices redhibi-toires.
Parmi les maladies qui frappent Tespece chevaline, les unes sont nombreuses, ordinairement gu/srissables, et surtout faciles a constater; les autres sont restreintes, incurables dans rimmense majorite des cas, et diffi-ciles ö reconnaitre en diverses circonstances, princi-palement par un homme qui n'a pas Thabitude du com­merce des cbevaux.
L'une des obligations impos6es au vendeur est de garantir la chose qu'il vend. Cette garantie a deux objets : la possession de la chose vendue, et les defauts caches de cette chose ou vices redhibitoires ; le second objet est le seul qui doive nous occuper.
Si Ton prenait k la lettre I'article 1623 du Code civil, tous les döfauts caches seraient des vices redhi­bitoires ; et, comme ils sont nombreux, la vente devien-drait fort difficile. Mais I'article 1641 ainsi concu: laquo; Le laquo; vendeur est tenu de la garantie ä raison des defauts laquo; caches de la chose vendue qui la rendent impropre ä laquo; Fusage auquel on la destine, ou qui diminuent tel-
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TRAITB DES MALADIES DU CHEVAL.
laquo; lement cet usage que I'acheteur ne I'aurait pas laquo; acquise, ou n'en aurait donne qu'un moindre prix, laquo; s'il ies avail connus, raquo; restreint la disposition de l'article 1625 et döflnit exactement les vices redhibi-toires qui sont des defauts caches rendant la chose vendue impropre ä l'usage auquel on la destine, ou diminuant tenement cet usage, que I'acheteur ne I'au­rait pas acquise, ou n'en aurait donne qu'un moindre prix, s'il les avait connus. Mais les defauts caches de la chose vendue, autrement dit les vices redhibi-toires, ne donnent lieu a la resiliation du marchö que lorsqu'ils existent au moment de la vente, car il serait injuste d'imposer au vendeur la garantie d'un vice qui ne se declarerait que plus tard et ne proviendrait pas de son fait.
La loi du 20 mai 1838, basee tout entiere sur les principes g6n6raux de la garantie due par le vendeur, suivant les dispositions du Code civil (art. 1603, 162S, 1641,1642) modifiees et rendues explicites, a lave toute difficulte en designant les maladies ou defauts qui doivent 6tre rMhibitoires. En voici remuneration, apres avoir fait observer que la fluxion periodique et l'epilepsie ont un delai de garantie de trente jours, les autres de neuf jours seulement:
La fluxion periodique des yeux,
L'epilepsie ou le mal caduc, ' La morve,
Le farcin,
Les maladies anciennes de poitrine ou vieilles cour-batures,
L'immobilite,
La pousse,
Le cornage chronique,
Le tic sans usure des dents,
Les hernies inguinales intermittentes,
La boiterie intermittente pour cause de vieux mal.
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JURISPRUDENCE VBTERINA1RE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;301
Excellente il y a trente-cinq ans, cette loi manque d'utilite aujourd'hui, et tous les hommes autorisös en demandent, sinon I'abrogation, tout aumoinsla revision. Plusieurs maladies pourraient sans inconvenient 6tre re-tranchees, et diverses autres qui n'en font pas partie, tellesquelaretivite et lam6chancete, y 6tre intercalees. De plus, les dölais de distance sont trop considerables avec la rapidite actuelle des transports, et le vendeur se trouve souvent lese, ce qu'il Importe essentiellement d'öviter. Enfin, les contestations si nombreuses qui s'elövent chaque jour diminueraient c^rtainement, si la loi etait abrogee et si la vente du betail rentrait dans le droit commun. Les parties con'tractantes, du reste, peuvent toujours, au moyen de conventions particu-liöres, ötablir les rögles de la vente.
En attendant que nous developpions les raisons qui militent, selon nous, en favour de la suppression de la loi du 20 mai 1838, nous aliens passer rapidement en revue les maladies qu'elle declare redhibitoires, en sui-vant I'ordre adopts.
Fluxion pöriodique des yeux.
La fluxion piriodique des yeux, encore connue sous les noms de fluxion lunatique, ophthalmie periodique, ophthal-mie intermittente, lune, tour de lune, mal de lune, etc., est une inflammation particuliere de l'ceil, qui se montre sur les solipedes avec les caractöres de la chroni-cit6.
On est peu avancö sur VMiologie. La constitution ar-gileuse du sol et l'höreditö sont g6neralement admises comme causes prödisposantes; les causes occasion-nelles se trouvent dans les intempöries, les fatigues des voyages, les changements de nourriture, Finflam-mation de l'intestin.
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302 TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
Les symptömes sont forts curieux a etudier. La fluxion n'attaque ordinairement qu'un seul ceil ä la fois avec les caracteres suivants : rougeur et infiltration des con­junctives, tumefaction des paupieres, ecoulement des larmes, trouble de la cornee lucide, rötrecissement de Touverture pupillaire; cet etat dure de cinq ä huit jours, puis I'oeil recupere sa transparence. Mais les acces qui se manifestent pour la troisieme ou quatriöme fois presentent des phenomenes tout particuliers. Aux symptömes que nous venons de decrire, et qui consti­tuent le premier acces, s'ajoutent ceux-ci: la cornee devient trouble surtout ä sa circonference; des flocons irreguliers apparaissent dans l'humeur aqueuse de la premiere chambre, puis se reunissent dans sa partie inferieure, sous la forme d'un döpöt irregulierement delimite, d'une nuance jaune verdätre, quelquefois sanguinolent, lorsque l'inflammation est trös-intense. Cette deuxiöme periode de l'acces dure environ huit jours. Au bout de ce temps, la resorption du depot commence ; alors I'bumeur aqueuse se trouble de nou-veau, comme si le depot s'y dissolvait, ou bien ce depot diminue pen a peu de volume et disparäit, sans que I'bumeur aqueuse perde sa transparence. L'oeil est devenu clair, tout en conservant une legere teinte ar-doisee anormale. II faut de dix ä vingt jours pour que revolution s'effectue completement.
On pent done reconnaitre trois periodes dans la fluxion periodique dont la marcbe est ordinaire : la p6-riode d'invasion, la periode du trouble des bumeurs et du depot floconneux, et celle de la resorption du döpöt forme. Mais la maladie affecte des formes diflerentes suivaut les sujets. Gbez Tun, eile s'eteint rapidement; chez Fautre, eile eclate avec une teile violence que la vue est perdue aprfes un premier accös; cbez un autre, enfin, le depot se forme instantanement, sans signes precurseurs. Generalement la maladie debute par un
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seul ceil, mais il arrive pourtant que les deux yeux sont attaques simultanement ou successivement.
La duree des intermittences des acces peut varier entre un et six mois; on a vu. möme des acces ne reap-paraitre qu'au bout de 12, lb, 20 mois et plus.
La fluxion periodique a pour consequence fatale de faire perdre la vue aux chevaux qu'elle attaque; soit qu'elle determine l'atrophie de Fceil et l'opacitedu cris-tallin; soit, ce quiest plus rare, qu'elle produise la pa-ralysie de l'ceil, sans alterer sa transparence. Apres plusieurs acces benins, on peut, lorsque I'ceil est reste clair, constater le passage de rafi'ection par la diminution du volume de Toeil, le retrecis-sement de la pupille, la teinte ardoisee de la cornee, les granulations blanches ducristallin oul'opacite com-mencante de cat organe, la teinte feuille-morte del'iris, I'ouverture plus grande de Tangle nasal, ['expression moins vive, etc. Mais cet ensemble de symptömes n'est pas suffisamment pathognomonique pour affirmer Texis-tence de la fluxion, car plusieurs autres maladies peu-vent produire les memes lesions.
. Le traitement curatif de la fluxion periodique est in-connu, car les remedes applicables aux ophthalmies aigutls restent sans effet sur eile. Le meilleur moyen prevcntif est de faire emigrer les poulains des pays oü le mal regne dans les localites quien sont exemptes par leur constitution geologique.
La fluxion est Hdhibitoire toutes les fois que sa perio-dicite est demontree ; mais, comme ce caractere est dif­ficile ä constater, le cultivateur devra, apres 1'achatdun cheval et la constatation de phenomenes inflammatoires sur l'appareil de la vision, consulter un veterinaire et lui confier le soin de ses interets.
Quand I'affection est parfaitement caracterisee par la Serie des symptömes qui lui sont propres, une seule at­taque suffit pour etablir un jugement solide; mais, si
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304 TRA1TB DES MALADIES DU CHEVÄL.
la maladie revöt une forme trompeuse, qui lui donne l'aspect d'une simple ophthalmie continue, il faut ob­server au moins deux attaques pour se prononcer en toute sürete.
Dans ces circonstances, il est recommande de ne pas laisser passer le delai de tränte jours accorde pour la constatation du vice, et d'avoir recours ä la four-riere afln de ne pas perdre ses droits.
Du reste, les cas difficiles et embarrassants, les ruses etmoyens frauduleux employes par les vendeurs, l'op-portunite de la fourriöre, etc., sont du domaine du ve-terinaire,qui seul pourra mener ä bonne fin une affaire de cette sorte. Garantie, trente jours.
#9632;
Epilepsie.
h'ipüepsie, dite encore maladie divine, mal sacre, haut­mal, etc., est une maladie nerveuse qui se manifeste par acces, avec des symptömes variables parmi lesquels la perte absolue de connaissance est le plus caracteris-tique. Elle ne laisse pas de traces morbides apprecia-bles.
Les causes de cette alteration sont peu connues chez les animaux. On pretend que la peur, Tabus du co'it, les cbütes sur la töte, les lesions accidentelles du cer-veau produisent l'epilepsie; rien n'est certain ä cet egard. L'beredite seule pourrait 6tre invoquee plus sü-rement.
Symptömes. — Dans l'espöce humaine, l'epilepsie est annoncee par des sensations tres-diverses, tandis que les accös sont, dans les differentes especes animales, aussi rapides qu'inattendus.Le cheval, surpris pour ainsi dire comme par lafoudre, cbancelle, tombe,se roidit ou se de-bat aumilieude mouvements desordonnös et convulsifs; ilräle, sa bouche ecume, ses mächoiresseheurtent, ses
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JURISPRUDENCE VETERINAIRE.
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yeux pirouettent dans leur orbite; il respire avec anxietö, on dirait qua le dernier soupir est pres de s'exhaler. De tels desordres, s'ils duraient longtemps, briseraient la vie, tant ils en altörent les ressorts ; mais ils disparaissent aussi promptement qu'ils arrivent; leur passage dure a pelne quelques minutes. Apres la disparition de l'acces, l'animal se releve accable et revient pen ä pen ä lui-möme. Les attaques constam-ment brusques se succedent a des intervalles irregu-liers. Elles peuvent survenir coup sur coup ou bien laisser des intermissions de plusieurs mois.
La duree, la frequence et la gravite des acces sont d'au-tant plus prononcees que la maladie, dejä ancienne, a, par de nombreuses attaques, mine I'organisme qu'une crise prochaine alterera encore si eile ne finit m6me par le detruire. La terminaison, c'est lamort.
La medication rationnelle a toujours ecboue, les remö-des empiriques n'ont pas et6 plus heureux. L'utilisa-tion de l'animal etant dangereuse, il convient de la proscrire, sur tout pour les besoins qui exigent de la vitesse.
La r6dhihition est un point qui nous interesse conside-rablement, d'autant plus que la constatation du mal caduc est difficile, car on ne peut ni soupconner, ni prevoir I'attaque dont la manifestation est rapide.
Quand des raisons particulieres font croire ä l'exis-tence de l'epilepsie, il convient aussitöt de demander la fourriere, de placer l'animal suspectö aussi pres que possible du domicile de l'expert nomme, et de donner a ce dernier tons les renseignements propres ä l'e-clairer.
Pour que I'expertise soit valable, il faut que le v6terinaire soit present au moment de I'attaque, et sa conviction ne peut se fonder ni sur les traces de desordre existant dans l'ecurie, ni sur les plaies et les ecorchures offertes par l'animal, ni m6me sur les
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306 TRAITE DES MALADIES DU GHEVAL.
temoignages des personnes qui ont assiste ä la crise. Quelques auteurs recommandables, et bon nombre de veterinaires admettent que I'expert peut dresser son proces-verbal d'apres les attestations de temoins; ces principes sent condamnables parce qu'ils accordent a des temoignages une valeur qu'ils ne doivent pas avoir, fussent-ils möme fournis par des veterinaires. L'expert seul a mission d'attester le fait, et tout autre acte ne peut equivaloir k une preuve.
La resiliation de la vente est de droit toutes les fois qu'un animal tombe du mal caduc, soit que ce mal prenne sa source dans une alteration de l'encephale, seit qu'il provienne de desordres intestinaux provoques par des helminthes.
Delai de garantie, trente jours.
Morve.
La description de la morve ayant ete faite dans le cba-pitre preeödent, il nous reste seulement a dire un mot de cette affection an point de vue redhibitoire.
Aigue ou chronique, cette maladie donne lieu ä la resiliation de la vente; la loi est formelle a, cet egard. Le nez et Tauge en sont le siege visible ; rengorgement des ganglions intermaxillaires, le jetage et les chan­cres du nez en sont les symptömes, et la contaeion un de ses principes occasionnels.
II est difficile de confondre la morve aiguö et la morve chronique avec I'anasarque, le coryza gangreneux, I'herpes labialis, la carie d'une dentmolairesaperieure, la plenitude des poches gutturales, la gourme maligne, l'ozene, etc.; en eiiet, dans la premiere de ces affections, le chancre et la glande font defaut; dans la seconue, les desordres deviennent caracteristiques par leur vio­lence m6me; dans la troisieme, malgre I'ulcere nasal,
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le glandage et le jetamp;ge, la rapidite de la marche et la facilite de la guerison ne laissent aucune prise ä Tiii-certitude; la carle d'une dent se reconnait a la fetidite du pus, la gourme maligne ä l'absence de chan­cres, etc., etc.
Les trois symptömes : engorgement des ganglions de Tauge, jetage et chancre nasal, sont-ils toujours I'ex-pression rigoureuse et absolue de la morve, et leur pre­sence simultanee est-elle indispensable pour attester cette affection?
Nous repondrons, avec MM. Galisset et Mignon, que #9632; lorsque ces trois symptömes existent simultanement, ils traduisent tellement la morve qu'il n'y a pas d'er-reur possible, mais que ce concours n'est pas absolu-ment indispensable et qu'il est telles circonstances dans lesquelles deux de ces phenomenes morbides, un seul m6me, peuvent suffire pour eclairer la conscience de l'expert le plus consciencieux.
Le jetage et Fengorgement des ganglions de Tauge, non accompagnes du chancre nasal, peuvent, a la ve-rite,apparteniraussi bleu ä la morve qu'ä d'autres ma­ladies, et il est prudent de ne pas se prononcer tout de suite et de demander la fourriere. Mais si, aprös une attente süffisante, ces symptömes s'exagerent et se compliquent de sarcocele, d'engorgements farcineux, de maigreur, etc., il est supposable d'admettre la presence de chancres dans les regions olfactives inaccessibles a Toeil et au doigt, et il convient de condamner 1'animal.
Lorsque le jetage ou le glandage se trouve reuni a I'ulcere nasal, la morve est certaine; ce dernier signe I'atteste seul.il resulte que I'animal est morveux quand le chancre, seul ou existant avec un des deux symp­tömes precites, est reconnu, et quand ces derniers s'of-frent ensemble, tandis qu'il n'est que suspecte de morve lorsque Tun oul'autre de ces eignes morbides, le jetage ou le glandage, existe isolement.
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308 TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL.
Nous ferons encore observer que la morve etant con-tagieuse, n'entraine plus la redhibition, si le vendeur, aux termes de I'articleS de la loi du 20 mai, prouve qua ranimal a ete mis, apres la vente, eu contact avec d'autres animaux morveux.
G'est au veteriaaire, nomme expert, qu'incombe le devoir de constater l'existence de la morve sur ranimal vivant ou mort; il faut done ne jamais atermoyer dans ces graves circonstances, la plus prompte solution est la meilleure.
Farcin.
Le paragraphe special consacre au farcin, dans le chapitre des maladies contagieuses nous dispense de parier de cette alteration autrement que sous le rapport commercial.
Le farcin et la morve sont de la möme famille et ont un element generateur identique. Comme la morve, le farcin est lent ou brusque dans son apparition ; il pre-sente aussi deux types distincts : Tun aigu, I'autre cbronique.
— Souvent, pour ne pas dire toujours, ranimal qui fait l'objet de la contestation presente en m6me temps la plupart des lesions variees du farcin : des boutons et des cordes, des ulceres et des tumours. Les signes morbides les plus frequents sont les boutons, mais ils s'accompagnent rapidement d'ulceres, de sorte que I'hesitation n'est possible que dans de rares circon­stances, soit qu'une affection aigue masque le farcin, soit que cette derniere maladie n'ait pas un caractere bien dessine. La fourriere doit alors 6tre röclamee dans le but de permettre au vöterinaire de formuler son opi­nion avec une conviction sürement basee.
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Maladies anciennes de poitrine.
Les maladies anciennes de poitrine ou vieilles conrbatures ne comprennent pas toutes les maladies pectorales chroniques, mais seulement celles du poumon ou des plevres, ou de ces deux organes ä la fois; done, toute affection chronique isolee ou simultanee de ces organes est redhibitoire.
La nature et le siege des vieilles courhatures sont parfois difflciles a preciser pendant la vie de l'animal; les symptomes generaux : toux frequente avec ou sans expectoration, respiration plus ou moins troublee, flanc irregulier, percussion et auscultation incertaines, fa­tigue prompte, amaigrissement, etc., ne sont accom-pagnes d'aucun signe speciflque, de sorts que le dia­gnostic est, dans quelques cas, impossible a etablir, mörne par un homme de Tart.
Dans la pratique les choses se simplifient. Pour que les vieilles courbatures entrainent la redhibition, il faut qu'eiles soient assez graves pour se trabir par un Symptome exterieur constant, et ce Symptome e'est l'alteration du flanc, autrement dit la pousse. Dans I'espece, les vieilles courbatures appreciables, et par consequent redhibitoires, sont inseparables de la pousse; si celle-ci peut, exister sans celles-la, les der-nieres s'accompagnent toujours de la premiere; e'est un fait dont I'exactitude s'appuie sur I'experience eclairee des veterinaires.
Si le legislateur n'a point confondu les vieilles cour­batures et la pousse, s'il les a designees en employant deux denominations differentes, e'est qu'il n'a pas vu qu'un seul vice. En effet, les vieilles courbatures peuvent amener la mort avant la venue de l'expert, mais laissent la faculte de les constater ä l'ouverture
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des cadavres, tandis (jue la pousse n'est souvent et certainement visible que pendant la vie, ce qui justifie la distinction nominative etablie dans la loi.
En cas de suspicion de vieilles courbatures, on ne doit s'inquieter que de savoir si l'animal est poussif, et se comporter comme il est dit plus loin k l'article con-cernant la pousse.
Immobility.
Vimmobilile, dit M. H. Bouley, est une affection dont le siege precis, comme la nature, est inconnu, et qui se caractörise principalement par la difficulte ou la com­plete impossibilite d'executer les mouvements de pro­gression en arriöre. .
Le plus souvent hereditaire, l'immobilite se remarque d'ordinaire sur les chevaux ä töte longue, busquee, au cräne etroit, aux yeux et aux oreilles rapproches ; presque jamais on ne Tobserve sur les sujets au front large et ä la t6te carree.
Symptdmes — Expression faciale bebetee, oeil fixe et sans eclairs, töte portee haut et sans souplesse, enco-lure immobile, attitudes automatiques ; l'animal n'obeit que difficilement ä la parole et aux attouchements; l'odeur des l'ourrages ne l'excite pas; la prehension des aliments s'execute par secousses; la mastication est lente, sans energie, comme machinale, souvent sus-pendue avant que la trituration soit achevee, et le hol reste sous les dents sans 6tre degluti, comme si l'ani­mal n'avait plus conscience de sa presence, ou bien möme la bouchee de fourrage, ä moitiö introduite dans la bouche, demeure en dehors, entre les mächoires immobiles, ce que Ton exprime vulgairement en disant que l'animal fume. II plonge la töte jusqu'au fond du seau rempli d'eau qu'on lui presente, et ne la retire
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qu'au bout de quelques secondes, quand le besoin de respirer se fait sentir. Les mouvements de progression en cercle raccourci sent automatiques ; les mouvements en arriere sont tres-difficiles au moment du depart et quand I'animal ne porte rien, et deviennent complete-ment impossibles quand il est öchauffe ou a dos. II s'accule alors fortement en arriöre sous la pression des rönes, les membres anterieurs etendus et labourant le sol, et souvent il se jette de c6t6 ou se cabre et se ren-verse plutöt que de reculer. Dans la station, surtout apres I'exercice, I'animal conserve croises Tun sur I'autre les membres des bipedes anterieurs ou poste-rieurs, si on les place dans cette attitude, et ne parait pas avoir conscience de Finstabilite de son equi-libre. La töte, fortement encapuchonnee ou flechie sur Fun ou I'autre cötö de l'encolure, reste dans ces atti­tudes forcees, comme serait celle d'un automate. En somme, le signe caracteristique de 1'immobiliW, c'est l'impossibilite de reculer, et l'inconscience des mouve­ments auxquels preside normalement la volonte.
La cause de l'immobilite n'est pas connue. Cette mala-die est incurable.
Cette affection ridhibitoire est souvent obscure et capri-cieuse dans sa manifestation; aussi faut-il la recbercber dans les diverses conditions de la vie de I'animal, c'est-ä-dire pendant le repos, le travail, Faction de manger, l'exposition ä la cbaleur, et apres Fexercice, ainsi qu'il vient d'etre anterieurement explique.
L'immobilite certaine ne doit etre attribuee ä aucune cause etrangfere k ce vice. Ainsi des barres doulou-reuses, un mors tranchant, des- reins faibles ou souf-frants, des jarrets uses ou malades expliquent parfois l'impossibilite de reculer. Des animaux tres-droits sur leurs membres posterieurs, pourvus de reins courts; ceux qui sont jeunes, capricieux, mal dresses, montes pai; un mauvais cavalier ou fatigues par le poids des
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312nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TRAITE DES MALADIES DU CHBVAL.
limons se refusent aussf quelquefois aux mouvements de recul, surtout pendant l'etö, sans qu'ils soient •iitteints pour cela d'immobilite. LTessentiel est done de bien reconnaitre les caracteres distinctifs du vice et de se livrer a un examen scrupuleux et perseverant dans toutes les conditions, afin de provoquer rapparition des symptömes les plus caches.
Pousse.
La pousse est moins une maladie que la consequence d'une affection anterieure. Elle provient generalement d'une alteration chronique du poumon qui a rendu cet organe beaucoup moins permeable ä l'air, ou bien encore d'un etat emphysemateux. Dans le premier cas, eile vient petit a petit; dans le second, eile peut sur-venir tout d'un coup. Nous avons vu plusieurs fois des chevaux qu'on obligeait ä trainer avec vitesse des voi-tures lourdement chargees, pendant quatre lieues seule-ment et par une temperature elevee, arriver avec une pousse complete.
La pousse se manifeste par une toux seche, quin-teuse, avortee, sans expectoration et sans 6broue-ment; par une acceleration de la respiration et par un abaissement du flanc en deux temps avec accom-pagnement d'un soubresaut, encore appele coup de fouet ou contre-temps de la pousse. Le mouvement d'in-spiration a lieu normalemient; il n'y a que celui d'expi--ration qui s'effectue avec un soubresaut.
La pousse est un mal incurable. On en pallie les effets au moyen de Facide arsenieux; mais jamais on ne la guerit.
Au point de vue redhibitoire, la pousse merite une attention toute particuliere. 11 convient de s'assurer avant d'intenter une action en redhibition, si I'animal
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n'est atteint d'aucune maladie recente des voies respi-ratoires ou. digestives qui puisse changer la regularite des mouvements du flanc. Si le sujet est indispose, il faut le mettre en fourriere et attendre la disparition du mal; s'il n'est pas malade, on pent Fexaminer sans perdre de temps.
Nous avons dit que cette alteration est marquee par un soubresaut ou un temps d'arröt dans I'abaisse-ment du flanc; il Importe done peu que ce mouve-ment soit porte ä l'extröme; pourvu qu'on puisse le voir et le constater, cela sufflt. Pom1 6tre bien sür de l'existence du fait, il faut de preference examiner le cheval douteux le matin, ä jeun ; le matin, pour que la chaleur et les mouches ne le tourmentent pas; ä jeun, pour que la digestion n'influe en rien sur le flanc. On le voit au repos, puis apres un exercice au trot pen­dant deux cents metres environ, et enfln pendant qu'il mange de l'avoine. Cette derniere mesure est recommandee lorsque la pousse est peu manifeste.
On est souvent oblige de rep6ter plusieurs fois ces diverses operations pour bien saisir le soubresaut. Mieux vaut 6tre prudent que d'affirmer une idee sur laquelle il faille revenir. En presence d'une perfora­tion au rectum (rossignol), la pousse ne cesse pas d'etre redhibitoire.
Les cas difficiles et embarrassants sont toujours de-joues par un v6terinaire; il faut done avoir recours ä l'homme de l'art et lui confier ses interöts.
Cornage chronique.
Le cornage chronique, anciennement designe sous les noms de sifflage et de halley, est un bruit anormal que produit I'air en parcourant le conduit respiratoire, soit qu'il y entre, soit qu'il en sorte.
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314 TRAITE DES MALADIES DC CHEVAI..
Ce bruit rösulte de l'actiou de causes träs-diffe-rentes, telles que Tetroitesse congenitale ou le re-trecissement accidentel des conduits aeriens, la com­pression du larynx par une flexion forcee de la töte, la paralysie des muscles des alles du nez, la fracture de la cloison nasale, l'enfonsure des os de la face, la pl6-nitude des cornets, les polypes des cavites nasales, les abees des poches gutturales, l'angine, Fcedeme de la muqueuse du larynx, l'aplatissement de la tra-chee, etc., etc.
Suivant la nature de ces causes, le cornage est aigu ou cbronique. Le cornage aigu est le plus souvent con-tinu et disparait avec la maladie dont il est le Symp­tome ; le cornage chronique se manifeste par intermit-tences, sous Tinfluence de l'acceleration de la respiration; dans i'etat de repos il n'est pas apparent. Ce dernier est generalement incurable et ne pent 6tre palliö, dans certains cas, que par la tracheotomie.
Le cornage chronique est inscrit dans le nombre des vices redhibitoires. Pour qu'il puisse donner lieu k üne action en redhibition, il faut que Ton constate deux cboses: son existence certaine et son caractere chro­nique.
Disons d'abord que le cornage cbronique ne res-semble qu'ä lui-möme et qu'il se denonce par un bruit plus ou moins sonore, aigu ou rauque, süivant le siege de la cause, et, en outre, par les mouvements tumul-tueux et acceleres du flanc, la physionomie anxieuse, la crispation des alles du nez, la dilatation des na-rines, etc., tons symptomes qui disparaissent a mesure que la respiration se calme.
L'existence du cornage est rendue certaine en exami-nant le cheval, le matin et ä jeun, d'abord an repos, puis pendant et apres l'exercice. Dans le repos, il est rare que le cornage puisse se constater. II est done utile de recourir ä l'exercice ; on met I'animal au pas,
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JURISPRUDENCE VETERINAIRB.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 315
au trot, au galop, avec ou sans cavalier; au cabriolet, a la charrette, avec les roues barrees, et sur un terrain montant. A la suite de ces epreuves graduellement amenees, le cornage se decele s'il est suffisamment prononce; mais 11 arrive quelquefois qu'il persiste ä ne point se montrer et qu'il faille alors continuer le travail et redoubler d'attention. On fait arröter brusquement le cheval, puis on le suit m6me pendant quelques mi­nutes, afln d'entendre le bruit anormal qu'on cberche k reconnaitre. Souvent un seul exercice ne suffit pas pour conclure en favour ou centre l'existence du vice; on remet alors au lendemain la continuation des epreuves.
Le caracUre chronique du cornage est demontre quand le cheval ne presente pas de signes d'affection aigue des voies respiratoires. Lorsque le cas est douteux, il con-vient de placer Tanimal en fourriere et d'attendre la disparition complete des symptomes de maladie aigue; on l'examine de nouveau, et si le cornage existe encore il est alors necessairement chronique.
II arrive que certains cas sont embarrassants, d'autres fois que les maquignons emploient des ruses ou des moyens frauduleux pour tromper Facheteur; le veterinaire qu'on appellera saura resoudre toutes les difficultes possibles.
Tic sans usure des dents.
Les tics, ditM. Vial, sont des mouvements anormaux executes par le cheval pendant le repos. On en dis­tingue plusieurs, savoir: le tic en Vair qu'execute le cheval en raidissant son encolure et sa töte, et en fai-sant entendre une eructation comparable ä celle de l'homme; le tic d'appui qu'il effectue toujours en raidis­sant l'encolure et la töte, mais encore en appuyant ses
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316 TRAITE DES MAXADIES DU CHEVAL.
dents sur la mangeoire ou sur tout autre corps dur place ä sa portee; le tic rongeur qui fait que Tanimal ronge tous les objets situes pres de lui; le tic de fours qui a lieu quand le cheval se balance d'une jambe sur I'autre.
Les tics sont desagreables a plusieurs titres; d'abord parce qu'ils sont I'indice d'un mauvais estomac, tel est le tic avec accompagnement de rot; ensuite, parce qu'ils sont disgracieux ä l'oeil, tel est le tic de Tours; et enfin parce que les animaux qui en sont atteints predisposent, par esprit d'imitation sans doute, leurs voisins ä en faire autant.
On cbercbe a empöcber les cbevaux de tiquer en garnissant les mangeoires en bois avec du zinc, on en lesremplacantpar desmangeoiresenpierre ouen fonte; en serrant le cou des animaux avecun collier, et en les attachant un pen court au rätelier. Tous ces moyens ne sont que des palliatifs; on ne connait encore aujour-d'hui aucun remede efficace contre les tics.
Le tic sans mure des dents est celui qui figure dans le cadre redhibitoire et que nous avons designe sous la denomination de tic en I'air; il est essentiellement caracterise par la contraction des muscles de Tencolure et l'expulsion bruyante de gaz provenant de l'estomac. Mais pour qu'il y ait lieu a la redhibition, il ne suffit pas que I'animal presente une eructation bien pronon-cee, il faut encore qu'il y ait absence de tonte usure sur les dents.
Les marcbands qui possödent des cbevaux liqueurs leur liment les dents afin d'ecbapper a la garantie et dansle but de tromper unacbeteur dontl'examennese ports pas sur ces organes; certains autres cauterisent la langue des animaux et les empöcbent de se livrer pen­dant quelque temps a Fbabitude du tic. Toutes ces ruses sont facilement dejouees par le veterinaire auquel
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JURISPRUDENCE VETERINAIRE.
317
il convient toujours de s'adresser en pareille circon-stance.
Hernies inguinales intermittentes.
Les hernies ingitinales intermittentes sont seules redhibi-toires.
La hernia ne s'oftre pas toujours avec des carac-töres semblables. Quelquefois, la tumeur que presen-tent les enveloppes des testicules est chaude et dou-loureuse, I'animal accuse de la souffrance par une marche gßnee et des coliques, et ces symptömes s'amoindrissent et disparaissent; d'autres fois, et c'est le cas le plus frequent, la tumeur est froide etindolore, Tanimal jouit d'une parfaite sante, I'accident augmente pendant le travail et diminue pendant le repos.
La hemie est simple ou double. Lorsqu'elle est sim­ple, le sac scrotal du cöte malade est plus volumineux que celui du cöte oppose; le toucher fait percevoir quelque chose de mou et de compressible qui cede et revient.
Pour que la hernie donne lieu a la redhibition, il faut : 1quot; reconnaitre la hernie, 2deg; constater si eile est intermittente.
On reconnait la hernie en touchant les testicules et en s'assurant, k l'aide des indications que nous venons de citer, si c'est Tintestin qui forme la tumeur, ou si eile est due a une autre cause.On constate que la hernie est intermittente par Fabsence de tout signe inflam-matoire, la dilatation du canal inguinal et l'apparition intermittente de l'intestin. On examine le cheval avant, pendant et aprös l'exercice, et lorsque la hernie se montre plusieurs fois, il n'y a plus de doute.
Faut-il, pour l'annulation du marche, que l'intestin rentre completement dans la cavite abdominale ? Non.
18.
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318
TRAITE DES MALAUIES DU CHEVAL.
11 sufflt que la tumeur s'efface assez pour ne plus 6tre apercue, et il n'est pas necessaire du tout que I'explo-ration demontre que I'intestin n'est pas entierement degage du sac herniaire.
La redhibition est-elle egalement applicable aux hernies anciennes et aux hernies recentes ? La loi est muette a cet egard ; mais puisqu'elle n'a pas etabli de distinction, il faut admettre que les deux formes de hernies peuvent profiter de ses bienfaits ; pourvu qu'il y ait intermittence, cela suffit.
Dans tons les cas, il convient de consulter un v6teri-naire et de lui remettre la conduite de son affaire.
Boiterie intermittente pour cause de vieux mal.
La boiterie redhibitoire est la boiterie intermittente pour cause devieuxmal. 11 faut done, pourqu'un animal puisse 6tre rendu, que la boiterie soil intermittente et ait pour cause un vieux mal. Examinons ces deux conditions.
La boiterie est intermittente lorsqu'elle se manifeste pendant certains jours et disparait pendant certains autres ; peu Importe le mode d'intermiltence, pourvu quil existe, cela sufflt pour la redhibition.
II y a deux sortes de boiteries intermittentes, la boi­terie a froid et la boiterie ä chaud: la premiere apparait lorsque I'animal s'est repose pendant un certain temps, la seconde apres quelques instants de marche. Toutes deux rentrent dans la categorie redhibitoire.
La boiterie a pour cowse un vieux mal quand, apres avoir explore avec soin le membre boiteux dans toute son eljndue, on ne trouve aucune lesion de nature r6-cente.
En resum6, pour afflrmer le vice il faut reconnaitre : 1raquo; la boiterie ; 2deg; son intermittence; 3quot; sa cause. La boiterie g6neralement n'echappe point k l'aäil exerce, et
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JURISPRUDENCE VETERINAIRE.
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eile peut 6tre immediatement reconnue. Dans le cas coiitraire,la fourriere est indispensable pour soumettre ensuite I'animal aux epreuves qu'il convient de lui faire subir. l/intermittence dans la boilerie a froid doit 6tie coristatee par deux claudications apres le repos; dans la boiterie a chaud, a'u contraire, par deux clau­dications survenant pendant I'exercice. Dans tons les cas, il est indispensable de constater deux boiteries successives separees par un certain temps d'absence de toute claudication. Le vieux mal n'existe qu'autant qu'on ne reconnait aucune lesion recente; il est done recommande d'explorer soigneusement le membre ma-lade, principalement de deferrer et de visiter le pied; si Ton decouvre un mal recent, on le soigne et on con­tinue son examen apres guerison complete.
La presence du veterinaire est toujours necessaire pour eclairer le proprietaire sur la marche insidieuse de la boiterie intermittente, dejouer les ruses employees par les maquignons et mener ä bien Faction intentee au vendeur.
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:
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TABLE ALPHABETIQUE
Abattre les chevaui (moyen d')nbsp; nbsp; 103
Abces............nbsp; nbsp; nbsp;128
Absinthe..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;29
Acides aceti^ue, cblorhydrique
sulfurique.........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;12
Aeonit...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;18
Acrobustite.........nbsp; nbsp; nbsp;I'l
Aiguille ä seton........nbsp; nbsp; nbsp;HO
Albugo............nbsp; nbsp; nbsp;207
Alcali volatil........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;32
AloiiS............nbsp; 10,16
Amaurose. - • • ;.....nbsp; nbsp; nbsp;208
Aminoniaqno liquide.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;32
Amputation de laquene . . .nbsp; nbsp; nbsp;112
Anasarque..........nbsp; nbsp; nbsp;262
Anemie...........nbsp; nbsp; nbsp;261
Angine......, , . . ,nbsp; nbsp; nbsp;137
Anis............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;30
Armoise vulgaire......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;29
Arnica...........nbsp; nbsp; nbsp; 35
Arrete-bcenf ou bngrane ...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;41
Arthrite..........nbsp; nbsp; nbsp;223
Ascite...........nbsp; nbsp; nbsp;167
Asperge...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;11
Asphyiie..........nbsp; nbsp; nbsp;133
Astringents (medicaments). .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;13
Atteintes..........nbsp; nbsp; nbsp;215
Aunee............nbsp; nbsp; nbsp; 33
Aveuglement (moyens d'). . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;92
Avoine...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 9
Avortement.........nbsp; nbsp; nbsp;17S
Balanite...........nbsp; nbsp; nbsp;172
Bandage pourl'applicationd'un
cataplasme au ventre. . . .nbsp; nbsp; nbsp;162
Barres blessees........nbsp; nbsp; nbsp;159
Baton äsnrfaii(application du)nbsp; nbsp; nbsp; 96
Belladone..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;15
Bicarbonate de soude.....nbsp; nbsp; nbsp; 44
Bistorte, , , , ,......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;34
Bleimelaquo;. . , , , ,.....nbsp; nbsp; nbsp;238
Boissons..........nbsp; nbsp; nbsp; 76
Boiterie...........nbsp; nbsp; nbsp;214
— intermittente pour
cause de vieux malnbsp; nbsp; 318
Bols............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;77
Bouillon blanc on molene . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 6
Bourrache..........nbsp; nbsp; nbsp; 45
Breuvages..........nbsp; nbsp; nbsp; 78
Bronebite..........nbsp; nbsp; nbsp;150
Buglose...........nbsp; nbsp; nbsp; 45
Bugrane ou arrete-bffiuf. ...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;41
Camomille..........nbsp; nbsp; nbsp; 30
Camphre..........nbsp; nbsp; nbsp; 31
Cannelle...........nbsp; nbsp; nbsp; 30
Canon atteint du suros....nbsp; nbsp; nbsp;219
— — de mollettes . .nbsp; nbsp; nbsp;220
Capelet...........nbsp; nbsp; nbsp;222
Capote ä lunettes......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;97
Carie de la conque......nbsp; nbsp; nbsp;211
Cataplasmes........53,66,79
Cataracte..........nbsp; nbsp; nbsp;208
Gataxrhe auriculaire , . . . :nbsp; nbsp; nbsp;212
Caustiqne (medication). ...nbsp; nbsp; nbsp; 24
Centauree (petite) ......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;33
Geräts............nbsp; nbsp; nbsp; 79
Cbaleur (coup de) ..... .nbsp; nbsp; nbsp;135
Charbon...........nbsp; nbsp; nbsp;283
Charges...........nbsp; 68,80
Chicoree sauvage.......nbsp; nbsp; nbsp; 34
Chiendent..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 7
Chirurgie veterinaire (petite).nbsp; nbsp; nbsp; 89
Cigue............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;18
Ciseaux droitset couibes. . .nbsp; nbsp; nbsp;115
Claudication.........nbsp; nbsp; nbsp;214
Clou de rue.........nbsp; nbsp; nbsp;237
Coit (maladie du)......nbsp; nbsp; nbsp;280
Colchique d'automne.....nbsp; nbsp; nbsp; 43
Coliques...........nbsp; nbsp; nbsp;156
Collier 4 chapelet......nbsp; nbsp; nbsp; 97
Collyres......'.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SO
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322
TABLE ALPHABETIQUE.
Congestion cerebrale.....nbsp; nbsp; nbsp;196
Conjonctivite........nbsp; nbsp; nbsp;206
Consoude - ,........nbsp; nbsp; nbsp; 45
Constipation.........nbsp; nbsp; nbsp;155
Contagieuses(maladies). ...nbsp; nbsp; nbsp;S77 Contenir les chevaux debout
(moyens de).......,nbsp; nbsp; nbsp; 90
Contention des membres
(moyens de)........nbsp; nbsp; nbsp; 96
— ponr laferrure. . . ,nbsp; nbsp; nbsp; 99
Contusions .........nbsp; nbsp; nbsp;126
Coquelicot..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 0
Cordon pour operer la sortie
du poulain....... . .nbsp; nbsp; nbsp;180
Cornage...........nbsp; nbsp; nbsp;132
— chronicjue'......nbsp; nbsp; nbsp;313
Coup de chaleur .......nbsp; nbsp; nbsp;135
Coupe-queue.........nbsp; nbsp; nbsp;112
Crapaud. ..........nbsp; nbsp; nbsp;242
Crapaudiae .........nbsp; nbsp; nbsp;241
Crevasses du paturon ....nbsp; nbsp; nbsp;257
Criniere (mal de) ...... .nbsp; nbsp; nbsp;259
Cystite...........nbsp; nbsp; nbsp;134
Dartrefurfuracee. ......nbsp; nbsp; nbsp;254
Debris cadaveriques (usage
des)............nbsp; nbsp; nbsp;289
Decoctions.........nbsp; nbsp; nbsp; 66
Derivatifs (medicaments). . .nbsp; nbsp; nbsp; 21
Diabete...........nbsp; nbsp; nbsp;139
Diarrhee..........nbsp; nbsp; nbsp;155
Digestif (maladies de l'appa-
reil)...........nbsp; nbsp; nbsp;155
Digitale pourpree......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;43
Diuretiques (medicaments) . .nbsp; nbsp; nbsp; 40 Dosage des medicaments appli-
cables au cheval......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;72
Douche...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;59
Dysscsterie ........nbsp; nbsp; nbsp;165
Eau-de-viii.........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;31
Eau rouillee........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;36
Eau vinaigree........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;12
Ejui............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;si
— am jambes.......nbsp; nbsp; nbsp;258
Ebullition......... .nbsp; nbsp; nbsp;250
Ecorce de peuplier. .....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;36
Ecorce de racine de'grenadiernbsp; nbsp; nbsp; 46
Effort............nbsp; nbsp; nbsp;232
Electuaires.........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;69
Ellebore . . . .-......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;40
Emollients (medicaments) . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3
EnchevStrure........nbsp; nbsp; nbsp;215
Encolare (Phlegmon de 1') . . .nbsp; nbsp;250
Entente...........nbsp; nbsp; nbsp;163
Entravon porte-lacs ct entra-
Ton ordinaire.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;98
fiparvin...........nbsp; nbsp; nbsp;218
Epilepsie..........nbsp; nbsp; nbsp;304
Eponge...........nbsp; nbsp; nbsp;216
Erysipele..........nbsp; nbsp; nbsp;255
Etlmse petite eigne.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;19
Ätouffement. ,.......nbsp; nbsp; nbsp;133
Euphorbe..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;40
Excitants (medicaments^ ...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;25
Eiostoses..........nbsp; nbsp; nbsp;217
Farcin..........291,308
Fenouil...........nbsp; nbsp; nbsp; 30
Ferrure (contention du cheval
pour la)..........nbsp; nbsp; nbsp; 99
Fievre typhoide.......nbsp; nbsp; nbsp;264
—nbsp; nbsp; nbsp;charbonneuse......nbsp; nbsp; nbsp;284
Flamme...........nbsp; nbsp; nbsp;104
Fluxion de poitrine.....nbsp; nbsp; nbsp;151
— periodique des yeui. .nbsp; nbsp; nbsp;301
Fomentation.........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;68
Formulaire veterinairlaquo; ....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;76
Fourbure..........nbsp; nbsp; nbsp;243
Fourchette echauffee.....nbsp; nbsp; nbsp;237
Fracture..........nbsp; nbsp; nbsp;233
Frayement aux ars......nbsp; nbsp; nbsp;256
Fumigation.........69,82
Gaiac............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;45
Gale............nbsp; nbsp; nbsp;267
Garrot (phlegmon du) ....nbsp; nbsp; nbsp;246
Gastrite. ..........nbsp; nbsp; nbsp;159
Gastro-enterite........nbsp; nbsp; nbsp;161
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;— vermineuse . . .nbsp; nbsp; nbsp;274
Genevrier..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;35
Genito-urinaire (maladies de
l'appareil).........nbsp; nbsp; nbsp;171
Gentiane jauue.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;33
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TABLE ALPHABETIQUE.
323
Gingembre.........nbsp; nbsp; nbsp; 31
Girofle........... 31
Gomme...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 9
— gntte......„ .nbsp; nbsp; nbsp; 40
Gorge (mal de)........nbsp; nbsp; nbsp;137
Gourme. ..........nbsp; nbsp; nbsp;144
Graine de lin........nbsp; nbsp; 8,42
Graisse.........••nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;10
Gratiole...........nbsp; nbsp; nbsp; 39
Gravelle...........nbsp; nbsp; nbsp;187
liruan...........'.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 9
Guimaave..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 5
Hematurie..........nbsp; nbsp; nbsp;186
Uemorrhagie....... .nbsp; nbsp; nbsp;Ill
Ilernies...........nbsp; nbsp; nbsp;168
—. inguinales ou intermit-
tentes...........nbsp; nbsp; nbsp;317
Herpes de la tonte......nbsp; nbsp; nbsp;253
Horse-poi ou vaccine ....nbsp; nbsp; nbsp;278
Houblon..........nbsp; nbsp; nbsp; 35
Huile............nbsp; 10,82
Hydrocele..........nbsp; nbsp; nbsp;174
Hydropisie de poitrine. . . ,nbsp; nbsp; nbsp;154 llydropisle des synoviales arti-
culaires et tendineuses. . ,nbsp; nbsp; nbsp;220
Hydrotherapique (medication)nbsp; nbsp; nbsp; 47
Hydrothorax.........nbsp; nbsp; nbsp;154
Hyssope...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;28
Immobilite.........nbsp; nbsp; nbsp;310
Infusion..........nbsp; nbsp; nbsp; 65
Inappetence........ .nbsp; nbsp; nbsp;155
IiTltante( medication).....nbsp; nbsp; nbsp; 23
Jalap.......; . . . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;40
Jarret atteint de vessigons . .nbsp; nbsp; nbsp;221
Javart............nbsp; nbsp; nbsp;240
Jetage (le)..........nbsp; nbsp; nbsp;132
Jurisprudence veterinalre. . .nbsp; nbsp; nbsp;299
Jusquiame..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;17
Lavande...........nbsp; nbsp; nbsp; 28
Lavement..........nbsp; 67,83
Locomotenr (maladies de l'ap-
pareil)..........nbsp; nbsp; nbsp;214
Lotion............nbsp; 58,68
Maceration.........nbsp; nbsp; nbsp; G5
Magnesie..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;39
Mal de gorge ...,,...nbsp; nbsp; nbsp;137
— de criniere .......nbsp; nbsp; nbsp;259
Maladies (description des) . .nbsp; nbsp; nbsp;117
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;(notions sommaires sur les)' et sur les • signes de l'etat mor­
bide . . ,.....
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;externes ......
117 124
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; de l'appareil respira-
toire, generalites . .
131
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; de Tappareil digestif, generalites.....nbsp; nbsp; nbsp;155
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; de l'appareil genito-urinaire, generalites.nbsp; nbsp; nbsp;171
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; derappareilnerveui, generalites.....nbsp; nbsp; nbsp;195
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; des yeui......nbsp; nbsp; nbsp;206
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;des oreiiles.....nbsp; nbsp; nbsp;211
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; de Fappareii locomo­tenr, generalites . .nbsp; nbsp; nbsp;214
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; du pied, generalites.nbsp; nbsp; nbsp;235
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;du tissa cellulaire .nbsp; nbsp; nbsp;246
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; de la peau.....nbsp; nbsp; nbsp;252
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; da sang......nbsp; nbsp; nbsp;261
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; parasitaires. ....nbsp; nbsp; nbsp;266
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;pediculaires ....nbsp; nbsp; nbsp;266
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; contagieuses ....nbsp; nbsp; nbsp;277
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; du coit.......nbsp; nbsp; nbsp;280
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ou vices redhibitoiresnbsp; nbsp; nbsp;299
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;anciennes de poitrinenbsp; nbsp; 309
Malandres..........nbsp; nbsp; nbsp;257
Manne...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;38
Mauve............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3
Medecine veterinalre.....nbsp; nbsp; nbsp;117
Medicaments (description des)nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;emollients ...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rafraichissants .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;11
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;refrigerants et astringents...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;13
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;narcotiques. . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;15
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;derivatifs ...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;21
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;excitants....nbsp; nbsp; nbsp; 25
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;toniqnes....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;32 pnrgatifs....nbsp; nbsp; nbsp; C7
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; diuietiques. . .nbsp; nbsp; nbsp; 40
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324
TABLE ALPHABETIQÜE.
Medicaments sudoriflques, . .
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;(preparation et mode d'adminis-tration des). . .
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;(dosäge des) ap-plicables au che-
-14
Oreilles (maladies des) ....
Orge............
Pain............
Palatite...........
1'ansements.........
Paralysie..........
Parasitaires (maladies) ....
Parietaires..........
Parturition.........
Paturon (crevasses du) ....
Pavot rouge sauvage.....
Peau (maladies de la) ....
Pediculaire fmaladie).....
Peritonite..........
Persil............
Peuplier (ecorce de).....
Pharmacie veterinaire [notions usuelles de)........
—nbsp; nbsp; (petite) de campagne .
Phlebite...........
Phlegmon du garrot.....
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de la uuque. . . .
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de l'encolure . . .
Pied (maladies duquot;....., .
Piqüre de la carotide ....
Piqure et clou de rue.....
Pissement de sang......
Pityriasis...........
Plaies.............
Pleuresie..........
Pneumonic.........
Poitrine (maladies auciemies de)
Poivre............
Pommades..........
Pouiain (position du) dans la
matrice..........
—nbsp; (position du) an moment ou il sort de la matrice.
Pouls (exploration du; ....
Pousse...........
Prise de longe........
Purgatifs (medicaments) . . . Queue (amputation de la). . . Kacine de föugere male. . . . Rafraichissants (medicaments)
159
111
205
266
41
176
257
6
252
265
167
41
36
1 71 109 246 248 250 235 108 237 186 254 126 153 151 309 31 85
65
val ......
Medication derivative ....
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rnbefiante.....
vesicante.....
72 21 22 22 23
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;irritante.....
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;caustique.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;24
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;vermifuge ....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;45
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; hydrotherapique .nbsp; nbsp; nbsp; 47
Melasse...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;10
Menthe............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;27
Melisse...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;28
Mercuriale..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;39
Metrite...........nbsp; nbsp; nbsp;183
Miel.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;10
Molene on bonillon blanc. . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 6
Molettes...........nbsp; nbsp; nbsp;220
Morailles en fer et eu bois . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;93
Mors d'Allemagne......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;95
Morve............290,306
Mousse de Cone.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;46
Muscade..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;31
Narcotiques (medicaments). .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;15
Nephrite..........nbsp; nbsp; nbsp;183
Nerprun...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;39
Nerveux (maladies de l'appa-
reil)...........nbsp; nbsp; nbsp;195
Nitrate dc potasse......nbsp; nbsp; nbsp; 43
Nffiud de la saignee.....nbsp; nbsp; nbsp;106
Non-delivrauce........nbsp; nbsp; nbsp;182
Noyer (fcuilles de)......nbsp; nbsp; nbsp; 36
Nnque (phlegmon de la) . . .nbsp; nbsp; nbsp;248
(Edeme...........nbsp; nbsp; nbsp;125
(Kstridie cuticole.......nbsp; nbsp; nbsp;272
— laryngee......nbsp; nbsp; 274
Onguents..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;84
Operations usuelles (petites) .nbsp; nbsp; nbsp;104
Operations diverses.....nbsp; nbsp; nbsp;113
Opium...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20
Grthite...........nbsp; nbsp; nbsp;174
178
120
312
215
37
112
46
II
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TABLE ALPHABETIQUB.
325
Rectum (renversement du) . Refrigerants (medicanw.ts).
Reglisse...........
Renversement du rectum. . . Respiration plaintive ... Respiratoire (maladies do I'appa
reil)...........
Retention d'urine.....
Retivite...........
Ricin (huile de)......
Riz.............
Romarin.........
Ruheflante {medication^ . .
Saignee...........
Salsepareille........
Sang (maladies du) . . . . Sante (signes de l'etat de) .
Sassafras..........
Sauge ...........
Scammonee.........
Scille...........
Seime............
Sels d'ammoniaque.....
Sels de fer..........
Sels de potasse.......
Sene............
Selon............
Sinapismes.........
Solandres..........
Squine...........
Stomatite.........
Stramoine........ . .
Sudoriflques (medicaments). , Suie........o . . .
169
13
6
16U
133
131
IS.')
201
39
ö
29
22
104
#9632;15
201
117
4.i
28
40
43
239
32
36
18
39
100
67
2r,7
45 158 10 44 46
Sulfate de inagnesic.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;39
—nbsp; nbsp; nbsp;de potasse......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;39
—nbsp; nbsp; nbsp; de soude......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;39
Sureau...........nbsp; nbsp; nbsp; 45
Surfaii (baton a).......nbsp; nbsp; nbsp; 9c
Suros............nbsp; nbsp; nbsp;219
Tabac............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;17
Tanaisie commune......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;34
Teintures..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;88
Terebentbiue ........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;43
Tetanos...........nbsp; nbsp; nbsp;203
Thrombus..........nbsp; nbsp; nbsp;109
Tliym............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;28
Tic sans usure des dents ...nbsp; nbsp; nbsp;315
Tissu cellulaire (maladies do).nbsp; nbsp; nbsp;246
Toniques (medicaments) ...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;32
Tord-nez..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;93
Torture (moyens de).....nbsp; nbsp; nbsp; 93
Tom............nbsp; nbsp; nbsp;]31
Travails...........nbsp; nbsp; nbsp;iqo
Tissu cellulaire (maladie dunbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;245
Trousse-pied........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;97
Tumeurs..........nbsp; nbsp; nbsp;127
Vaccine on borse-pox.....nbsp; nbsp; nbsp;278
Vermifuge (medication). ...nbsp; nbsp; nbsp; 45
Vers intestinaux.......nbsp; nbsp; nbsp;15g
Vertige essentiel.......nbsp; nbsp; nbsp;193
Vesicante (medication) ....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;24
Vessigons..........nbsp; nbsp; nbsp;221
Veterinaire (formulaire) ...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;76
Vices redbibitoires.......nbsp; nbsp; nbsp; 299
vquot;gt;............31,87
Yeux (maladies des).....nbsp; nbsp; nbsp;206
— (Fluxionperiodique des).nbsp; nbsp; nbsp;301
PIN DE LA TABLE ALPHADETIQCJE
19
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EN VENTE
A LA
IJMim AfiKICOlE Dl li IAH IIH11
26, RUE JACOB, A PARIS
PRINCIPAUX OUTRAGES SUR LE CHEVAL
KTUDE DU CHEVAL
de service et de guerre
D'apres les principes elementaires des sciences naturelles
appliques ä l'agricultm'e,
Par A. Richard ^du Cantal).
Considerations generales sup les appareils de la vie des auimaui. — Du squelette. — La teto et le tronc. — Des cartilages. — Des ligaments. — Des muscles. — Des nerfs.
Description des differentes parties du corps du cheval. — De roreille, de la nuque, da toupet, du front, des tempes, du chanfrein, des naseaux, des jenes, de la boucbe, etc., etc.
Des proportions. — Des aplombs. — De la locomotion. — Des allures.— Des robes et Signalements,
De l'äge du cheval. — Formation et composition des dents. — Indices fournis par les incisives, pour la connaissance de läge.
Des haras et du perfectionnement des races ea general, — Pur sang anglais. — Types rcproductenrs.
6deg; edition. 1 vol in-12 de 590 pages.............5 fr. 50
CONNAISSANCE PRATIQUE DU CHEVAL
Tratte d'hippologie ä l'usage des sportsmen, offlciers de cavalerie,fveterinaires, marchands de chevaui, etc., etc..
Par A.-A. Vut.
1quot; Constitdtion de l'organisme du cheval. — Generalites et definitions.
—nbsp; Squelette. — Muscles. — Fonctions d'entretien, de relation et de gene­ration. — Generalites sur 1 age, le temperament et le sexe.
2raquo; Examen pratioüe du cheval. — Connaissance de l'äge. —Des aplombs.
—nbsp; Des proportions. — Des formes exterieurcs. — Du pied, — Des tares et boiteries. — Des allures. -- Des robes et des particnlarites.
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2
PRINCIPAUX OUVRAGES SUR LE CHEVAL
Le cheval da I'Arabie. — Races francaises. — L'äne et
3deg; Des races. le mulet.
4raquo; Elevaok, htgiäne, maladies. — Reproduction. — filevage da poulain. — Des ecuries. — De l'alimentation. — Hygiene generale. .— De la ferrure et du mors. — Maladies et leur traitement.
3laquo; Edition. 1 vol. in-18, de 360 pages et 72 fig........3 fr. 50
TRAITE DES MALADIES DU CHEVAL
Par A. Benion,
Medecin veterinaire et proprietaire agricultenr.
1raquo; Notions usuelles de pharmacie veterinaire. — Description, prepara­tion et mode d'administration des medicaments. — Petite pharmacie de cam-pagne. — Formulaire veierinaire.
2deg; Petite Chirurgie veterinaire, —Procedäs d'assujettissement.—Petites operations usuelles. — Pansements.
3deg; Medecine veterinaire- — Notions generates. — Maladies externes. — Maladies de l'appareil respiratoire, de l'appaieil digestif, de l'appareil genito-urinaire, de l'appareil nerveux. — Maladies des yeux, des oreilles, de l'appa­reil locomoteur, du pied, du tissu cellnlaire, de la peau, du sang. — Maladies parasitaires et contagieuses.
4raquo; Jurisprtioence veterinaire. — Vices redhibitoires. 1vol. in-18, de 340 pages et 25 grav.............Sfr.SO
GUIDE DU SPORTSMAN
Traite de I'entrainement et des courses de chevaux. Par Bug. Gattot.
De I'entrainement. — Application des regies de I'entrainement k la prepa­ration du cheval pour les courses de haies et les steeple-chases, — De I'en­trainement du trotteur et de la mauiere de trotter dans les courses au trot. — Premiere education et dressage du cheval de service, a la guide et ao montoir.
Les courses. — Reglementation generale. — Les courses plates. — Les courses d'obstaclcs. — Les courses au trot sous rhomme et a la guide. — Des courses de demi-saug.
1 vol. in-18, de 376 pages et 12 gravures..........3 fr. 50
LE CHEVAL PERCHERON
Par Charles du Hays.
Production et elevage du cheval percheron. — Grandeur et decadence de la race percheronne. — Origine, modifications, conditions del'elevage. —Rege­neration de la race par elle-m6me on selection. — Amelioration par le croise-ment. — Commerce, foires, eleveurs. — Vitesse et tenue du cheval per­cheron. 1 vol. in-18 de 180 pages...............• . 1 fr. 25
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PRINCIPAUX OUVRAGES SUR LE CHEVAL
TRAITE DE ZOOTECHNIE
Par A. Sinson, professeur ä l'Institut national agronomique.
Tome Ier: Organisation, fonctions physio-
1quot; Partie.
ZOOLOGIE et ZOOTÜCHNIE CENEHALES.
logiques et hygiene des animaux domes-tiques agricoles.
Tomraquo; II: Lois naturelles et methodes zoo-techniques.
2raquo; Partie.
ZOOLOGIE et ZOOTECHNIE SPECULES
Tome III: Chevaui, änes, mulets. Tome IV : Bosufs et buffles.
TomeV : Moutons, chevres etporcs.
5 vol. in-18 de 2,016 pages et 236 grav. Prii des cinq vol. ... 17 fr. 50
Chaque volume se vend separement.......... .... 3 fr. 50
NOTIONS USUJELLES DE MEDECINE VETERINAIRE
Far A. Sanson, professeur ä l'Institut national agronomiquelaquo;
Signes de Tetat de aante. — Signes generaui de l'etat morbide. — Si-gnes speciaux de l'etat morbide. —Maladies des organes abdominaui, res-piratoires. — Maladies externes.
De quelques maladies particnlieres ä chaque espfece. — Cheval, dne et mulct. —Especes bovine, ovine, porcine. •
Des medicaments que le culcivateur pent employer — Plantes et substan­ces usuelles.— Petite pharmacie de campagne. — Preparation et mode d'ad-ministration des medicaments.
Operations chirurgicales usuelles.— Precedes d'assujettissement. — Panse-ments. — Petite Chirurgie.
1 vol. in-18 de 180 pages et 13 gravures............1 fr. 25
ALIMENTATION RAISONNEE DES ANIMAUX
Par A. Sanson,
Professeur de zootechnie ä l'Institut national agronomique.
Notions sur la digestion. —Des aliments en general. —Des condiments.
-nbsp; Desboissons. — De l'alimentiato en general.
Alimentation des chevaux.— Poulinieres. — Etalons.— Foulains et mnletons
-nbsp; Jeunes chevaux et jeunes mulcts. — Chevaux motenrs. Alimentation des nceufs, des moutons et des porcs. Tables de la composition chimique des aliments.
1 vol. in-18 de 144 pages................... 1 fr. 25
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4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PRINCIPAUX OUVRAGES SUU LE CHEVAL
LA MARECHA.LERIE
OD FEHRUREDESANIMABX BOMESTIOTIES
Par A. Sanson, Professeurde zootechnie ä l'Instltut nitional agronomigue.
Anatomie du pied. — Physiologie da pied.— Ferrnre usuelle.— Ferrure perfectionnee.— Atelier de raarechalerie.— Instruments de ferrure, — Ma­nuel de la ferrure.— Ferrure orthopedique. — Ferrure tberapeutique. —Feri rare k glace.
Ferrure de l'ane et du mulet. — Ferrure du bieuf.
Accidents de la ferrure.
1 vol. in-18 de 180 pages et 32 figures............ 1 fr. 25
LE MERLERAULT Par Ch. re Hays.
Geographie du Merlerault. — Koufes et chemins. — Nature et specialite du sol. — Ses herbages, ses eleveurs, ses chevaui. — Le haras du Pin.
La plaine d'Alencon. — Aspect general, division geographiqne, nature du sol.
Le Mesle-sur-Sarthe. — Races introduites. — Race autochtone. — Description et geographie.
Stud-book du demi-sang.
1 vol. in-18 de 180 pages.
3 fr.
LANE, LE CHEVAL ET LE MULET
Par Lefour, inspecteur general de Tagriculture.
Cheval. — Especes, Varietes et origine. — Description des regions. - En­semble du cheval. — Du cheval en action. — Reproduction. — Types et races. — Elevage. — Entretien. — Utilisation. — Emploi du cheval de trait. —^ Emploi du cheval de seile. — Commerce des chevaui. — Encouragements, haras et courses.
Ane et Mulet. — Exterieur. — Elevage, regime, utilisation. • 1 vol. in-18 de 180 pages et 36 gravures....... .....1 fr. 25
ACHAT DU CHEVAL
On choix raisonne des chevaux d'apres leur conformation et leurs aptitudes. Par Eng. Gattot.
De la structure du cheval. — De la conformation exterieure. — Les ensem­bles du tronc, — Les membres. — Les aplombs. — Les allures. — Les divi­sions de l'espece. — Les races legeres. — Les races de gros trait. — Les races moyennes. — Les qoalites. — Le cheval en ventc.
5deg; edition, 1 vol. in-18 de 180 pages et 25 gravures.......1 fr. 25
Saint-Ouen (Seine).— IMl'RIMERlE CHAIX.— 86, rue des Hosiers.
W.
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EXTRAl! DU CATAlüGBE DE LA IMAIRIE AGRICOLE
BIBLIOTHEQUE AGRICOLE ET HORTICOLE
41 VOUJJIES, A 3 Fit. 50 LE VOLCJIE
A. B. C. de l'agriculture pratique et ohimique, par Perny. 360 pages. Agriculture et la population (!'), par I., do Lavergne. 472 pages. Agriculture de la France meridionale, par Riondet. 4811 pages. Alimentation des animaux domestiques, par Wolf, 380 pages. Berquln agricole on dialogues niraux, par I,. Filizet. 410 pages el 12 pi. Betes ä laine (Maimel de l'eleveur de), par Villeroy. 33ö jiages et 54 gra\ ures. Chimie agricole, par Is. Pierre, 2 vol. de 780 pages.
Tome 1quot; :* L'atmosntiere, I'eau, le sol, les planles. t c.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i , #9632; #9632;
— U #9632; Les enquot;railaquo; 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ' 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; J Se vendent seitareuicnt.
Connaissance pratique du oheval, parA.-A. Vial. 372 pages el 72 fig. Culture ameliorante (Principes de la), par Ed. hecouleux. 432 pages. Douze mois (lesj. Galendrlor agricole , par V. Borie. 380 pages el 80 gravures. Economle rurale (Cours d'), par lid. Lecouleux. 2 vol. de 084 pages. Tome Iquot; : La ailuatioil economique.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ( Ne se vendent pas
—nbsp; nbsp; nbsp; 11 : Constitullon des entreprises agiicotes. (nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; separeiuetil. Economle rurale de la France, par L. de Lavergne. 490 pages. EncyclopSdie horticole, par Carrierc. 550 pages.
Engrais chimiques, par G. Ville. Bnlretiens de 1867. 412 pages, 4 grav.
et 2 planches. Entretiens Jamiliers sur Thortioulture , par Carriere. 384 pages. Irrigations (Manuel des), par Müller el Villeroy. 203 pages et 123 gravures. Jardinier multiplicateur (Guide pratique du), par Carriere. 410 pages et
85 gravures. Legons elementaires d'agrioulture, par Masure. 2 vol.
Tome Iquot; : Ltis plantes leur organisation et leur aliiuentation.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; / Se quot;endenl
—nbsp; nbsp; nbsp; 11 : Vie aeriflnne et souteiiaine des plantes de grande culture, j separement. Maladies du cheval (Traite des), par Benion. 310 pages el 25 gravures. Metayage (Traite pratique du), parle comte de Tourdonnei. 372 pages. M6teorologie et physique agrlcoles, par Marici Davy. 401) pag. 53 grav. Mouches et vers, par Eug. Gayot. 248 pages, 33 gravures.
Mouton (le), par Letour. 392 pages, 76 gravures.
Pecher (Giillure du), par JJengy-l'uyvalliic. 230 pages el 3 planches.
Plantes de terra de bruyere, par Ed. Andre. 388 pages, 31 gravures.
Pore (le), par Gustave lleuze. 2C id. 322 pages el 50 gravures.
Poulailler (1c), par Ch. Jacquc. 300 pages el 117 gravures.
Races canines (les), par Mnion. 200 pages el 12 gravures.
Sportsman (Guide du), par Eug. Gayot, 376 pages el 12 gravures.
Vers a sole (Conseils aux eduealeurs de), par de Uoullenois. 248 pages.
Vigne (Gullure de la) ot vinificat'on, par J. Guyol. 420 pages, 30 gravures.
Vin (le), par de Vergnelle-I.auiolle. 402 pages, 31 gravures noircs el 3 planches
coloriees. Voyage agricole en Russie, par U de Fontenay. 570 pages. Zootechnie (Traite de), par A. Sanson. 5 vol., 2016 pages el, 236 gravures. ' Tome tquot;. Organisation, t'onctlons physiologiques et li^gUne ties animaux |nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; r =#9632;}
düaicstiques asiicciles. quot;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; j , .V
—nbsp; nbsp; nbsp;11. Lois naturelles et inethodes zootecliniqiics.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; | V; quot;quot;les
—nbsp; nbsp; nbsp;111. Chevaux. änes, mulets.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; /nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;j .
—nbsp; nbsp; nbsp;IV. Bojufs et bullies.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 .™ndenl
—nbsp; nbsp; nbsp;V. Moutons, chevres et pores.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I separement.
Typographic Kirmin-Didot. — Mesnil (Eure).