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PATHOLOGIE ET DE THßRÄPEUTIQüE
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GENRRALES VETERINAIRES.
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mJMOUI.IN, RONET ET SIBUET , IMPRIMEOKS Qnai Sl-Anloiue, 53, ä Lyon.
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DF.
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PATHOLOGIE
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THfiRAPEUTIQUE GfiNfiRALES
VETERINAIRES,
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Par RAinTARO,
cneVALIER DB lA LEGTON-D*nONÄErR ,
ntrretcur da I'EcoU royalo VcuViiiBire de Lyon . Profrssour de raihologip miciw ot ^tiuVal-
gt; la mi-iiic firule . Mciiilgt;rr curn-spundant de I'Acadi'-mie royallaquo; dcMedrciiie dc taris
Membra tituliiire des Sociites Je Medetinn ci d'Asrioaltnn dc Lvan,
Ucmbn laquo;urrespondant des SocieUs Vi'terinaiics du CulvarL.s .
do I'Hc'nuiIi rt du College Veicrinairc Ho Londrei.
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PREFACE.
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DE LECOI-E IlIPl'OClUTiyüE ET UE L ECOLK FlUNgAlSE MODERNE.
Avant de commencer le cours de Pathologie generate , il convient, ce me semble, de revenir sur le passe et de jeler nn coup-d'oeil rapide sur l'histoire d'une science ä laquelle taut d'hommeseminents travaillent depuis si long-temps. De toutes les sciences positives la medecine est celle qui a ete le plus cnltivee de tout temps, et cependant eile n'est pas encore de-fiuitivement constituee. Le grand nombre de systemes qui s'y sont succede, l'opposition et la contradiction des doctrines, ont contribue ä repandre cesprejugus vulgaires qui circulent dans le monde sur l'incertitude des connaissances niedicales.
Si l'on voulait bien reflechir cependant ä la maniere dont la physique et la chiraie sont parvenues au point de perfection oü nous les voyons, on s'assurerait qu'elles ont ete long-teraps dans la meme incoherence et dans la meine confusion que la medecine. Les arts physiques et chimiquesontete crees de bonne heure; ainsi on s'est servi des machines, on a dirige le cours des eaux, on a utilise la chaleur, on a employe les teintures, les couleurs,oii a traite les produits des mines pour en extraire les metaux, avant de connaitre I'explication rai-sonnee des operations auxquelles on se livrait; mais pendant que 1'esprit creait ainsi les arts par son instinct superieur, la
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science, c'est-a-dire ce besoin qui porte a rechercher les rar sons et les causes des choses, commencait aussi ä naitre et cherchait 3 rendre compte par le raisonnement des resultats auxquels on etait arrive par l'instinct at I'experience. C'est ainsi que les physiciens cherchaient ä expliquer tons les phe-nomenes de la nature par la combinaison de quatre elements qui etaient le froid et le chaud, le sec et i'liuniicle.
II faut done distinguer avec soin ces deux choses si diffe-rentes, les arts et les sciences. Les arts, soil liberaux comme la poesie , la musique, '.'architecture , etc..., soit mecaniques comme la fabrication des tissus, la construction des machines, ontete trouves par le genie des hommes, avant que la reflexion vint faire naitre le desir de s'expliquer leurs precedes. On a chante, compose des vers, bäti des palais, avant de connaitre la theorie de la musique, de la poesie , de l'architecture ; comme on a construit des machines, fabrique des tissus, sans savoir par quels principes on agissait ainsi. L'homme, sous ce rapport, ne differe pas des animaux ; il a comme eux un instinct qui le guide et le gouveue ä son insu , mais il a de plus qu'eux Texperience qui perfectionne et I'mtelligence qui explique.
Ce n'est qu'apres que les arts sont trees que commence le mouvement de l'esprit qui le porte ä s'enquerir des causes. Alors naissent les sciences; mais avant d'arriver a une certaine perfection, par quelles series d'hypolheses et de reveries ne passent-elles pas? la chimieaujourd'hui si avancee a d'abord ete l'alchimie, et a poursuivi la transmutation des metaux et la recherche de la pierre philosophale, avant de parvenir au point oh. nous la voyons.
II ne faut pas s'etonner s'il en a cte de meme dans la mede-cine, qui est bien autrement compliquee et etendue. L'art medical, les principes de la pratique ont d'abord ete crees ; ce n'est qu'ensuite qu'est ne le mouvement des theories et des
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systemes. C'est ce que je tue propose de montrer dans celte Preface.
Hippocrats ne doit pas etre considere comme im savant, mais comrae un artiste, comme mi praticien. Suivant lui, les maladies, comme toutes les autres choses du monde , sont gouvernees par des lois immnables; elles ont leur nature def er-minee, une marche et des terminaisons qu'il n'est point per-mis d'intervertir; le but constant du vrai praticien doit done ctre de suivre cette marche constante et ces terminaisons naturelles. Aussi Hippocrate s'est-il attache uniquement ä de-couvrir les signesdes periodes et des terminaisons, et ce qu'il y a ä faire dans chacune de ces periodes. Un principe nuisiblt: se developpe dans I'economie; la nature travaille ä Ten faire sortir; eile peu£ succomber dans la lutte, mais si eile I'em-porte, eile expulse au dehors cette roatiere morbißque. C'est ce qu'on appelle une crise.
II faut s'attacher a connaitre les differents moyens que la nature emploie pour se debarrassei- de la cause de la maladie, afin d'agir dans ce sens et de favoriser sa direction. De la toute la therapeutique qui consiste ä attendre, ;\ observer les effets de la nature, pour les niederer ou les aider en favori-sant le developpement des crises dans les lieux oü elles ten-dent ä se faire.
Decrire les diverses maladies, trouver les differents moyens de traitement utiles pour amener chacune d'elles ä sa crise naturelle, tel est le devoir du praticien dans les idees d'Hip-pocrate. Les recherches experimentales entreprises dans cette direction d'idees, dejä fort avancees par Hippocrate, com-plßteesetenrichiessuccessivement, ont fonde tons les axiomes de la pratique medicale qui se sont transmis jusqua nos jours.
Ce n'etait pas de la science, mais de l'art pur, et une pa-reille inethodc et de semblables idees ne pouvaicnt pas sullin; ä ce besoin d'explication, a celte curiosite eternelle qui est
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im des plus beaux caracleres tie l'esprit humain. Aussi des lors commenca le mouveniont des tlieories : de quelle nianiere s'oporait ce travail d'expulsion du principe morbide dansles maladies? oil et comment se formait ce principe? quei etait l'usage des diffürcntes parties du corps que l'anatomie des animauk avail fait connaltre, et une foule d'autres questions qui furent souleveeset recherchees aveo ardeur?Les systemes les plus opposes et les plus contradictoires furent successive-mcnt essayes pour resoudre lesproblemes que Ton s'etait proposes. Tant qu'ils restaient sans application, ils pouvaient se soutenir par les raisonnements, mais c'est lorsqu'on voulait en tirer des consequences pratiques qu'on en voyait alors le faible, parce qu'ils echoaaient dans le traitement des maladies.
Les choses se passaient done en medecine comrae dans toutes les antres branches des connaissances humaines qui etaient scparees aussi de leurs arts. Les philosophes faisaient les systemes les plus differents sur la nature de l'homme, et s'efforcaient ensuite d'en tirer des applications pour la morale pratique, pour le goiivernement des nations; ce-pendant les souverains et les administrateurs gouvernaient les peuples suivant les principes naturels qui etaient depuis long-temps repandus et conserves dans les families nobles; de meme on se servait de preparations chimiques pour les teintiires, la fabrication des couleurs, l'extraction des me-taux, avant que la chimie avec ses theories incomplctes put en donner l'explication et servir a quelques resultats pratiques.
De meme, I'art medical se transmettait de generation en generation , influence sans doute par les divers systemes qui regnaient tour ä lour, mais se dirjgeant d'apres les principes sages poses par Hippocrate el perfeclionnes par ses succes-senrs. Ainsi la pratique de la medecine n'a point etc aban-donnce autant qu'on le pense au caprice el ä l'arbitraire de
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l'bomme; mais, comme tous les autres arts, eile a eude bonne heure ses premiers principes crees.
Ces principes se transmettent done comme l'heritage des praticiens qu'ils se leguent entre eux; mais autour d'enx s'agitent les theories et les systemes qui se sont de bonne heure divises en. deux series distinctes; les uns qui mettent dans les liquides du corps la cause et l'explication des maladies, les autres qui les placent dans les solides. Les bornes de cette Preface ne me permettent que de jeter un coup-d'a-i! fort rapide sur leur marche.
Les doctrines humorales ont eu deux phases principales: les premiers humoristes ont emprunte leurs explications chi-miques ä un des usages de la vie commune , a la cuisson des aliments; ils ont suppose des humeurs qni par leur erudite causaient le trouble de la sante; ce travail de la maladie con-sistait a les cuire , ä en operer la coction, comme on disait, et ä lesrejeter au dehors par la voie deqnelque secreteur, par les flux critiques. Au xviesiecle cette theorie de la coction fut remplacee par celle de la fermentation des humeurs du corps, qui en se combinant devenaient acides on alcalines. La fermentation , l'acidite et l'alcalescence empruntees ä la chimie naissante servirent jusqu'ä nos jours a expliquer les maladies. Enfin on est arrive au point oü nous en sommes, et dont les resultats sont exposes a propos des maladies generales par alteration du sang.
La seconde serie, ou les theories solidistes, se divise aussi en deux epoques. IVabord tous les solides du corps sont doues d'un double mouvement de contraction et de relächement, e'est le strictum et le laxum; la sante consiste dans I'equilibre de ces deux forces. Si l'une des deux I'emporte, il y a maladie. Ainsi les maladies sont de deux especes: les lines consistent dans un exces de contraction on de tension des solides , les autres dans un exces de relächement. On concoit que la th(i-rapeutique doit etre fort pauvre; aussi est-ce un caraclerc
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coiistunt des theories solidistes d'avoir une therapeutique tres-peu variee et presque reduite aus moyens de l'hygiene, tandis que c'est le contraire pour les theories humorales.
La seconde epoque commence avec Baglivi, Hoffmann, Glisson an xvie siecle cm on etudie avec plus de soins les dif-ferents solides; mais Haller, par son immortel travail sur la contractilite des tissus, est vraimcnt le pere des theories solidistes modernes. Pinel ensuite pose son admirable idee sur la classification des maladies par tissus. Enfin on arrive äBichat, h Broussais et aux temps actuels.
Tels sent les traits les plus generaux de cette variete inouie de systemes, qui, au milieu de mille erreurs, sont arrives cependant peu ä peu ä des verites positives. L'ecole francaisc pent etre consideree avec raison comme l'heridere de tout ce mouvement d'explication et d'interpretation; eile en est la personnification la plus complete.
Long-temps meprisee par les praticiens, la theorie centre laquelle ils se sont tant eleves, la science qu'ils ont tant com-battue, est arrivee aujourd'hui ä un point de grandeur et de perfection dent une grande partie est due aux travaux de l'ecole francaise moderne , de cette ecole illustre qui a porte la science au point de rendre raison de tons les procedes de l'art. Je me suis efforce dans cet ouvrage de presenter un tableau aussi fideie et aussi complet que je l'ai pu, de ses travaux ; on verra qu'elle est revenue par une autre route, par la connaissance des changements materiels qui, pendant lu maladie, se passent dans les solides et les liquides du corps, au point de depart meme de l'art medical; ä savoir que les maladies ont une marche, des periodes et des terminaisons naturelles, regulieres et constantes, que des indications precises correspondent ä chacune de ces periodes et de ces terminaisons; qu'il laut suivre ces indications, les remplir a me-sure qu'elles sc presentent, et atlendre que la maladie se ler-mine d'clle-mcme par les lois de rorganisalion.
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Ainsi la science personnifiee dans l'ecole francaise, et Tart antique d'Hippocrate, ont maintenant les memes principes et les memes bases. Ce but que la physique a atteint depuis un siccle, la chimie ne I'a atteint qu'au commencement de ce siecle , et la medecine le realise chaque jour. Cette derniere a done suivi la .neme marche que toutes les autres connais-sances humaines.
Quant a la medecine veterinaire, long-temps restee k 1'etat d'art et exercce par des hommes ignorants, eile ne s'est ele-vce ä la dignite de la science qu'ä partir de la fondation des ecoles veterinaires par le celebre Bourgelat. Gommencee si tard, eile s'est developpee rapidement, parce qu'elle a em-prunte toutes ses idees fondamentales a la medecine huraaine, et qu'elle n'a fait que les appliquer ä des organisations moins parfaites que celles de l'homme, mais qui n'en different pas an fond pour les conditions generales.
La science veterinaire qui s'occupe spccialement des ani-maux domestiques, a cependant un domaine plus etenda et eile embrasse toute la serie animale; eile est par rapport a la medecine humaine, ce que sont l'anatomie et la physiologie comparees par rapport a l'anatomie et ä la physiologie de l'homme, e'est-a-dire deux parties d'un meme tout, qu'aucune difference scientifique ne divise et que les difHcultes de la pratique separent seules. Aussi rien, ä mon avis, ne justifie l'opinion des personnes qui veulent isoler ces deux sciences l'une de l'autre. Elles se pretent mutuellement secours, et la medecine veterinaire n'est, a vrai dire, que I'introduction de la medecine humaine. Au reste, j'ai developpe ces idees dans le compte-rendu des travaux de l'ecole de Lyon pour l'annee 1837-1838.
Professeur depuis trente ans, ayant cree le cours de pathologic generale dans les ecoles veterinaires, l'ayant professe ä Lyon plusieurs annees avant qu'il ne le fut ailleurs, ii m'etait
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permis plus qu'ä personne atitre de publier ce traite auquel je travaille depuis si long-temps. Je me suis sans cesse efforce de saisir loules les tendances nouvelles qui se mantfestaient en medecine et qui me paraissaient bonnes et elevees ; partisan d'un progres sage et modere, j'ai tout rapporte ä la pratique ; j'ose done esperer que ce fruit de tant d'annees d'etudes et de travaux ne sera inutile ni aux eleves, ni aux praticiens.
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INTRODUCTION.
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PLAN D'UNE PATHOLOGIE GENfilULE.
J'espere avoir indique tl'une maniere assez precise, dans la Preface de cet ouvrage, les differences laquo;jui se'parent les anciens medecins des modernes et surlout de ceux de l'ecole de Paris , et dont la plus importante est qu'il faut considerer les premiers comme des pra-ticiens et les seconds comme des savants. Je me suis efforce de montrer que la medecine, comme art, a conserve ses principes fondamentaux, et que c'esi; en eux que reside sa perpetuite, J y reviendrai encore:} que comme science, eile n'a ete posee sur ses veritables bases qu'a partir de Pinel et de Bichat. La partie per-petuelle, I'heritage d'Hippocrate qu'on se transmetlail avec veneration de siecle en siecle, consiste dans les principes de la pratique; le fruit des the'ories et des systemes, les efforts de l'esprit humain pour pene'trer le mecanisme des maladies, aboutissenl ä l'ecole fran-caise. Cet heritage sacre a ete abandonne de nos jours, a cause de Tessor sublime que la science avail pris; et la theorie long-temps meprisee regne et domine. Mais cette lutte doit-elle durer eterncllement, etn'est-il point temps d'essayer une conoiliatiorx et de prendre un juste milieu; j'ai pense que le moment en etait arrive, et j'apporte aux veterinaires le resume des idees qui
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s agitent dans le rnonde medical. Elles ne pouvaient inieux trouver leur place qua dans un traite de pathologic et de therapeutique generales.
Depuis Galien qui a le premier concu le plan d'une pathologic generale, jusqu'aux auteurs modernes, tels que MM. Chomel, Cailliot et Dubois d'Amicns, un grand nombre de medccins ont entrepris ce travail; tous, ä Texception de M. Dubois d'Amicns, ont suivi une meme methode, la methode semeiotique; ce dernier en a tente une nouvelle fondee sur lanatomie.
En cela la medecine a suivi la meme marche que toutes les sciences physiques. II y a deux methodes pour les etudier : Tune qu'on peut appeler la methode des caracteres exterieurs, lautre la methode des caracteres interieurs. Je prends la mineialogie et la Zoologie pour exemples : on peut etudier les mineraux par leurs formes, leurs couleurs, leur pesanteur, etc., en un mot par leurs caracteres exterieurs; comme on peut les etudier aussi par la chimie en les decomposant, en recherchant leurs elements, c'est-ä-dire dans leur nature meme. De meme pour les animaux , on peut les classerpar les memes caracteres de formes, de couleur, etc., etc, ou par leur structure anatomique. Car, comme la fait remarquer Cuvier, la composition chi-mique est de peu d'importance pour les corps organises; la forme empörte le fond.
On peut egalement etudier les maladies sous ces deux points de vue. Quels sont les caracteres exterieurs des maladies? les symptomes. Quels en sont les caracteres interieursPc'est leur mecanisme, les actes quise passent au sein des tissus ou des liquides. Qu'est-ce qui nous les revele? l'anatomie et la chimie pathologiques.
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Or, quelle est la premiere methode qui ait ete suivie par I'esprit humain pour toutes les connaissancesPc'est la methode des caracteres exterieurs. Elle ne constitue pas a proprement parier une science, c'est-ä-dire que par eile on ne peutpas etablir de theorie, les caracteres exterieurs des choses ne pouvant pas s'expliquer eux-memes. Ainsi, que trois ou quatre mineraux aient une meme forme ou une meme couleur, nous n'en savons rien aulre chose, si ce n'est qu'ils se ressemblent par ces caracteres. Mais, qusla chimienousapprenne qu'ils contiennent les memes principesimmediats , nous avona l'explication et la theorie de cette ressemblance exte-rieure.
Ainsi la theorie, la science ne commencent qu'au moment oü Ton penetre dans les principes constituants, soit chimiques, soit anatomiques. La methode scienti-fique ne peut pas etre en opposition avec la methode des caracteres exterieurs, et les resullats fournis par toutes deux se correspondent exactement, avec cette difference que les seconds expliquent les premiers. S'il en etait autrement, 11 arriverait que les caracteres exterieurs , qui ne sont que des phenomenes, des apparences des corps, seraient en opposition avec la nature des corps auxquels ils appartiennent; ce qu'on ne peutpas meme supposer.
L'esprit humain a suivi en medecine la meme marche que dans toutes les autres sciences. II a commence par les caracteres exterieurs des maladies, par les symptomes. Les maladies ne sont pour les anciens que des groupes de symptomes; leur pathologic speciale n'est qu'une semeiologie speciale, et leur pathologic generale une se-meiologiegenerale. Tous les ouvrages, jusqu'ä MM. Cho-
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mei et Cailliot sont fails clans ce sens. La seconcle me-thode employee depois long-temps n'a fourni d'abord que des resultats trop incomplets pour qu'on pAt avoir en eile quelcjue confiance; eile estarrivee maintenant ä un tel point de perfection qu eile a absorbe I'attention publique. La pathologie spe'ciale a ete fondee alors sur de nouvelles bases, eile a ete completee; la semeiologie ancienne a recu son explication; cependant la pathologie generale en est restee a la semeiologie generate des classiques, ou a ete trop specialisee, comme dans I'ou-vrage de M. Dubois.
L'art medical ancien a fonde toutes ses indications sur les symptomes. Le nouveau les a fondees sur le me-canisme meme des maladies, et si ces deux methodes ne sont point en opposition; si au contraire elles se completent mutuellement et s'expliquent, pourquoi les principes de l'art antique differeraienl-ils des principes de l'art moderne? aussi ne different-ils point au fond; et c'est avec raison qu'on peut tenter de concilier la doctrine-pratique de l'antiquite avec la doctrine qui re'-sulte des beaux travaux scientifiques del'ecolefrancaise. Avant d'exposer sur la pathologie generale ce qui me semble ressortirde tons les travaux modernes, je vais ieter un coup-d'oeil sur les principaux ouvrages de pathologie generale, soit humaine comme ceux de MM. Dubois d'Amiens, Chomel et Cailliot, soit veteri-naire comme celui de M. Delafond.
L'ouvrage de M. Dubois d'Amiens est divise en trois grandes sections. Dans la premiere il examine la mala-die dans son point de vue le plus general, tant sous le rapport des causes que sous celui des symptomes, des lesions anatomiques, etc., comme un fait complexe en
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lui-meme, si Ton veut, et constitue par un etat anormal quelconque de lorganisme ou de reconomie t'onc-tionnant.
Dans la seconde, il decompose ce fait en d'autres c|ul lui sont secondaires, qui en sont les elements, c'est-a-dire qu'il cherche dans Torganisme ainsi trouble quelles parties sont le plus particulierement affectees, d'ou nait ce trouble general. C'est lä de la methode synthetique, dit I'auteur; mais est-ce que les faits sont devenus plus simples? non; ils se sont plus particularises, mais its n'en restent pas moins complexes. Quoique ce soit de la synthese, c'est aussi de l'analyse, en ce sens qu'il fait passer duconnu a i'inconnu. Nous trouvons danscette section les maladies qui peuvent affecter plusieurs sys-temes de l'economie.
En regardant de plus pres a ces maladies qui peuvent affecter plusieurs systemes, il voit qu'elles peuvent encore se decomposer, se particulariserdavantage,que toutes les parties de l'organisme ne sont pas egalement troublees, que l'acte morbide se passe dans un seui des systesnes qui composent l'economie; or, cette nou-velle decomposilion exige des etudes nombreuses. Nous connaissons deja les caracteres generaux des actes morbides qui interessent tout lorganisme, mais ces actes, en se particularisant dans chaque systeme, re-vetent une foule de caracteres qui nous etaient inconnus.
Disons comment il a traile chacune de ses sections. II examine d'abord ce que c'est que la maladie en general, et il trouve que c'est une reaction de l'economie contre les causes morbifiques, que la lesion primordiale est essentiellement vitale, qu'il y a toujours dans le, principe des maladies une lesion de Tinnervaiion; il
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6 reconnait de plus que souvent il y a tendance dans les desordres, c'est-a-dire dans les modifications imprimees aux forces qui dirigent les actes des molecules Vivantes ä revenir au type normal; mais dans d'autres cas il ya tendance a. la desorganisation la plus complete, Les anciens croyaient que la maladle etait un effort de la nature pour revenir a la sante. L'auteur passe ensuite en revue les series des symptömes auxquels on reconnait les maladies des differents appareiis, et il finit par une etude des lesions anatomiques, dans lesqueiles il range les alterations du sang. Voici comment il explique toutes les anomalies de structure organique ou lesions anatomiques : elles tiennent toutes a un acte essentiel-lement vital, ou mieux aux divers modes d'un acte unique, d'un acte essentiellement vital. Ce n'estni I'in-flammation, ni un acte analogue; c'est ä l'innervation qu'il faut rapporter en derniere analyse la cause de toutes les lesions anatomiques. Les monstruosites dependent d'un defaut d'energie de la force formatrice. Ainsi voila la force vitale el la force formatrice employees de nouveau pour expliquer {'Organisation.
La seconde partie oü la maladie en genera! doit etre examinee lorsqu'elie occupe plusieurs systemes de l'eco-nomie, est occupee par I'inflammation en general, la suppuration en general, les plaies, la gangrene , les ulceres, labrülure,la congelation, les fievres continues et intermittentes simples et typhoides, les fievres per-nicieuses, les empoisonnements en general, les asphyxies et les cachexies. A propos des fievres typhoides, il parcourt successivement les fievres typhoides d'Eu-rope, les fievres typhoides d'Amerique ou fievre jaune, d'Asie ou cholera-morbus, d'Afrique ou peste.
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La troisieme est consacree ä l'exposition de toutes les maladies qui peuvent affecter chaque Systeme; ainsi pour le tissu cellulaire il traite du phlegmon, des abces en general, des abces phlegmoneux, froids, par congestion, metastatique, de l'oedeme actif ou passif, de l'anasarque, de l'emphyseme spontane ou traumatique, de rinduration du tissu cellulaire des nouveau-ne's, de 1 elephantiasis des Arabes, des congestions graisseuses, de l'obesite ou polysarcie generale, des lipomes , stea-tömes et des polysarcies partielles, de la scrophuleuse, celiuleuse , des degenerescences du tissu cellulaire. Voilä bien ä peu pres tout le cercle des maladies de ce Systeme. Les autres sont etudies de la meme maniere dans toute ia serie de leurs maladies.
Apres avoir expose aussi fidelement que je l'ai pu le plan et les idees de M. Dubois d'Amiens, je vais essayer den discuter la valeur; deux tendances dominant son ouvrage : l'une qui le porle vers les decou-vertes modernes de l'ecole de Paris, vers les beaux tra-vaux de localisation; laulrequi leramene vers les idees vagues et abstraites de l'ancienne medecine. Qu'est-ce que signifient ces phrases ou la maladie est definie par un acte essentiellement vital, dont la lesion primordiale est toujours vitale, qui est attribuee ä une reaction de l'economie ? Cela n'apprend rienj l'esprit ne conserve rien de ces definitions abstraites qui n'ont rien d'appli-cable aux realites. Une des choses qui marquent le mieux cette maniere generale et abstraite que les Alle-mands ont conservee, c'est cette prelention d'expliquer les lesions anatomiques par un acte essentiellement vital, ou mieux par les divers modes d'un acte unique, essentiellement vital et qui n'est ni i'inflammation, ni un
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8 acte analogue, mais qui serapporte enderniere analyse a l'innervation. Je cite les propres paroles de l'auteur ; mais enfin que pretend-il expliquer par ces mots?appeler les maladies des actes vitaux, ce n'est pas ä coup sür cvancer rien do neuf; tout ce qui se passe dans I'orga-nisme et qui ne peut pas s'expliquer par les lois de la physique ou de la chimie, n'est-il pas un phenomene vital, puisqu'on esl convenu de donner ce nom de vital a tous les phenomenes dun ordre particulier qu'on ne rencontre que dans les corps organises ?
J'en dirai autant rle cette explication des monstruo-sites par le defaut d'energie de la force formatrice. Nous ignorons ce que c'est que la force formatrice; nous ne pouvons pas ealculer directement son in ten-site; 1'explication par les forces premieres est d'une mauvaise maniere de philosopher et que repousse I'ecole de Paris; il faut chercher les conditions materielles auxquelles les forces sent liees. Je prends un exemple dans i'histoire; la force providentielle peut etre corn-paree pour les societes a la force vitale pour les corps organises; que dirait-on d'un historien qui ayant a expliquer un evenement, dirait que la Providence la vouiu ainsi ? Sans doute cela est tres-bien; mais de quels moyens la Providence s'est-elle servie? Vous dites, en medecine, que la force formatrice a fait defaut, c'est fort bien; mais parlez-moi des raisons, des causes or-ganiques et materielles qui Tont fait manqucr. L'expli-cation par les forces primordiales doit etre bannie de la meceoine comme n'expliquant rien. La ou le corps est faible, la vie est faible; la ou le corps est vigoureux, la vie est energique; pour que la force vitale ait son acthite normale, il faut que les solides et les liquides
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du corps aient une structure et une composition de-terminee. Un changement dans les solides ou les liquides altere la vie j or la vie ne se trouble janiais primitive-ment pour modifier ensuite l'organisme; de sorte que ce soiit uniquement les conditions regulieres ne'cessaires a l'entretien de la vie, qu'il faut etudier et rechercher. Sous ce point de vue M. Dubois nie parait appartenir a cette ancienne ecole classique qu'il faut bien distin-guer de 1 ecole des grands maitres, tels qu'Hippocrate, Sydenham et Boerhaave, et dont M. Chomel a ete le dernier echo dans sa Pathologie generale.
La seconde tendance de ce livre est vers les idees de localisation qui furent introduites avec tant d'eclat dans la medecine par Pinel et Bichat. Tout ce qu'il contient de nouveau est memefonde lä-dessus. La premiere idee de la methode analytique penetra par la consideration des tissus appliquee ä la pathologic. Aussi Pinel eut-il raison de donner le nom d'analytique ä sa Nosologie. J'ai uiortre dans Ihistoire des theories solidistes comment les esprits avaient ete anienes lä. Haller est le principal auteur de ce mouvement par les recherches qu'il lit sur les proprietes physiologiques des tissus ou sys-temes organiques; Pinel parlit de ce meme point et il etudia, s'il est permis de s'exprimer ainsi, les proprietes morbides des tissus. M. Dubois d'Amiens n'a fait autre chose que continuer ce travail ou plutöt qu'exposer l'ensemble des resultats auxquels on est arrive par cette methode.
Or, cette methode qui est fort utile lorsqu'il s'agic de decomposer les maladies pour en bien connaitre le siege precis, me parait sans importance pour lapatho-logie generale. Je concois qu'il est capital en pratique
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de savoir le siege de l'affection que 1'on traite, afin de diriger ses moyens de traitement contre I'organe meme qui est malade. On n'emploiera pas les memes moyens, ni la meme methode pour une inflammation de l'esto-mac ou pour une inflammation de la vessie. L'inflam-mation de la membrane muqueuse du tube digestif n'est pas traitee de la meme maniere que celle de la plevre; mais je ne vois pas ce qu'on pent dire de general sur les inflammations du Systeme muqueux, du Systeme musculaire, ou dusereux. On n'aqua consulterle livre de M. Dubois pour s'en convaincre; il n'est pas dit un seul mot de general sur I'influence que les divers tissus exercent sur leurs maladies. Que le pus se pro-duise dans le tissu cellulaire, a la surface d'une muqueuse ou d'une sereuse, ce n'en estpasmoins du pus, et le travail qui I'aproduit n'en est pas moins lememe. Le cancer d'une muqueuse ne differe pas du cancer de la peau ou d'une giande, etc.; que la melanose ou la kirrbonose occupe un tissu ou un autre, ce!a ne cbange rien ä sa nature, ni a la maniere dont eile sesc pro-duite, et on n'en pent tirer aucune indication generale. Cette methode de diviser les maladies par tissus , inutile comme on le voit en pathologic generale, est mauvaise pour la pathologic speciale. Les maladies d'un meme appareil sont divisees en autant de chapitres differents qu'il y a de tissus; pour le poumon, par exemple, on trouvera d'un cote ses abces, d'un autre rinflammation desa muqueuse, d'un autre celui de son parenchyme ou de sa sereuse d'enveloppe. Le moindre inconvenient de cette methode est de rendre I'etude de la pathologic fort longue, parce qu'il laut reprendre a chaque maladie la serie des symptömes qui sont fournis
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par le trouble de la respiration. II doit m'etre permis d'en parier avec d'autant plus d'experience que je l'ai suivie jusqu'a present dans mes cours, et que j'ai pu en observer les defauts. La classification des maladies par appareils lui est bien preferable.
La consideration des tissus ou systemes organiques est done un point de vue use en medecine. Utile dans son temps pour la localisation des maladies, eile a main-tenant porte tous ses fruits et me semble devoir etre abandonnee.
Une derniere objection que je veux faire a I'ouvrage de M. Dubois, porte sur ce qu'il dit que sa methode tient a la fois de la synthese et de l'analyse; synthetique quant a ses formes et a ses procedes , analytique quant au sujet considere en lui-meme. J'avouequeje ne puis comprendre comment une methode peut etre synthetique dans sa forme, et analytique pour le fond du sujet; car une methode n'estautre chose qu'une forme , une maniere d'etudier, un procede. M. Dubois explique ainsi son idee : la maladie etant d'abord etudiee d'une maniere generale, abstraite,il faut la decomposer en observant que cette maladie etudie'e ainsi en general, peut etre particularisee en ce sens qu'on peut 1'etudier en tant quelle affecte plusieurssystemes de leconomie; on peut meme la particulariser davantage en Tetudiant dans chaque Systeme isole. C'est la de l'analyse, mais c est aussi de la synthese , parce que commencant par la maladie en general, e'est-a-dire par ce qu'elle a de plus general, de plus abstrait et de moins complexe, il remonte successivement jusqu'aux maladies des diffe-rents tissus, qui sont des faits complexes. II y a lä une erreur dont lauteur ne s'est pas apercu, et c'est ce
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simple mot de decomposition qui l'a causee. La maladie consideree en general n'existe pas reellement, il n'y a que les diverses maladies qui existent; pour creer cette idee de quelque chose de commun aux diverses maladies, il a done fallu qu'il existät im caractere commun ä toutes ; ce caractere commun est done une idee abs-traite des realites, mais simple. Pour M. Dubois, ce caractere commun c'est que le prineipe de toute maladie est un acte essentiellement vital, une reaction de l'organisme; lorsqu'on veut partir de cette idee generale pour revenir aux realites, il faut necessaire-ment ajouter ä ce caractere fondamental, commun ä toutes les maladies , ce qui distingue chaeune d'elles, c'est-ä-dire le tissu qu'elle oecupe , son etendue, ses complications, les sympathies , la fievre , etc., enfin le cortege de chaque maladie. II a füllu ajouter, dis-je , c'est-ä-dire composer. M. Dubois a cru qu'il decomposait pendant qu'il ne faisait que composer, et voilä comment il est amene ä cette proposition singuliere, que sa me-thode est analytique au fond quoique synthetique dans sa forme. Sa methode est purement synthetique.
Je resumerai ces reflexions en trois points : I'M. Dubois a suivi la methode synthetique qu'on emploie en general dans les ouvrages didactiques ; 2quot; il esi reste dans les generalites de l'ecole classique sur lade morbide en general; 3deg; il a pris pour base de la pathologic generale , la classification des maladies partissus, idee admirable qui immortalisera Pinel, mais qui, utile dans son temps pour decouvrir le siege d'un certain nombre de maladies, est devenue maintenant un instrument inutile, puisqu'on en a obtenu tous les resultats. L'ou-vrage de M. Dubois me parait doncfonde sur des idees
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dont le coursestfini,et quil faut remplacer pard'autres plus jeunes , plus en harmonic avec les iravaux modernes.
M. Gliomel a fait une pathologie generale dans !e sens de la vieille ecole classique; il a etudie la maiadie en general, comme s'il s'agissait dune maiadie simple; c'est-ädire qu'il a suivi la meihode qu'on emploie en pathologie speciale pour la description des maladies. II traite successivement des causes en ge'neral , des symptömes en general et dans chaque appareil, du siege, de la marche, de la duree, des terminaisons, des crises, du diagnostic, du pronostic, des alterations organiques, des indications therapeutiques. Void ce que M. Dubois d'Amiens reproche avec beaucoup de raison ä cet auteur : • M. Gliomel n'a use nide I'analyse, ni de la synthese; toutes les propositions qu'il a emises sont bonnes en elles-memes, mais detachees, morcelees en quelque sorte , el n etait le titre du livre qui les con-tient, on les prendrait pour une suite d'aphorismes,- ce qui n'etonnera personne de ceux qui savent que si M. Chomel est convaincu d'une chose, c'est que les systemes doivent etre etrangersa la medecine. Qu'est-il resulte pour M. Chomel de cette maniere de consi-derer les sciences medicales ? c'est qu'il a fait un traite de semeiologie plutöt qu'un traite de pathologie quot;ene-rale; c'est qu'il a atteint le but qu'il s etait propose, mais ce but n'etait pas celui qu'il devait se proposer. •
M. Chomel n'a done fait que reunir une serie de generalites, d'abstraclions qui prepareront sans doute aletude de la pathologie speciale , en ce sens qu'elles en expliquent les termes, mais qui ne contiennem aucune indication positive.
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M. Cailliol a marque la transition entre M. Chomel et M. Dubois d'Amiens. D un cote il parle de la necessite d'etudier le mecanisrae des maladies et la physiologie pa-thologique; d'un autrecote il partage tons les prejugesde lecole classique.On ne peut louer dans cetouvrage que la tendance a arriver a quelque chose de meilleur.
M. Delafond, l'auteur du premier traite de pathologic generale veterinaire , pense que notre medecine peut maintenant s'affranchir des secours de la medecine humaine. Je ne partage pas son opinion ; je ne vois pas de rivalite a etablir enlre les deux parties d'une meme science; les principes generaux sont les memes pour toutes deux , et il n'y a que des differences peu im-portantes; or la medecine humaine est etudiee depuis vinquot;t-deux siecles par des hommes d'un grand talent, et je ne vois pas ce que nous gagnerions ä nous separer de pareils hommes. Au reste l'ouvrage de M. Delafond est fonde sur un plan tout-a-fait slaquo;nblable ä celui de M. Chomel; il est seulement plus special; il contient un petit traite d'auscultation et des recherches fort interessantes et qui lui sont propres sur les alterations du sang et sur le phenomene de la coagulabilite. Je ne puis pas non plus partager son opinion sur la definition de la maladie; il se plaint que cette definition teile qu'on la trouve en general dans les ouvrages de medecine , n'est pas applicable aux hernies , aux fractures, aux plaies. II me semble que c'est avec raison que les mede-cinsn'ontpasregarde ces accidents comme des maladies; unefracture n'est pas une maladie, mais ce qui est une maladie c'est le travail organique qui se passe autour de la fracture; une plaie n'est pas une maladie, mais I'in-flamraation qui sen empare ou la suppuration qui y
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13 survient sont ties maladies; une balle qui traverse I'avant-bras d'un cheval ne fait pas une maladie, mais cause une maladie par les phenomenes organiques qui se developperont sur son trajet. II n'y a maladie que la oil commence un travail particulies de l'organisme , ainsi que letablir, fort bien M. Duboisd'Amiens (I).
Teiles sont les principales methodes qui ont preside a la creation des ouvrages de pathologic generate; la methode classique representee par M. Chomel, qui conserve k la maladie le nom vague d'acte essentielle-ment vital, en laissant de cote tous les travaux qui ont ete entrepris pour en decouvrir le mecanisme. On peut voir dans l'ouvrage de M. Chomel la liste des auteurs qui ont travaille dans ce sens, en se bornant a presenter quelques generalites sur les symptömes en general, les causes en general, etc. etc., et la methode anatomique de Pinel et de Bichat, qui est la base de l'ouvrage de M. Dubois.
Je pense qu'il est possible de Irouver une autre methode plus en harmonie avec les idees du jour, et qui tout en negligeant ces idees systematiques exclusives qui ont preside ä l'enfantement de la medecine, per-mette cependanl de coordonner les differents mate-riaux de la pathologie generale et de les rapprocher non pas par simple juxta-position comme dans les traites de MM. Chomel et Delafond, mais par des rapports re'els et fondes surleur nature meme.Comment peut-on y arriver? c'est ce que je vais essayer de faire comprendre.
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(1) Si dans le langage ordinaire on donne le nora de maladies a ces accidents, c'est a cause de ce travail de l'organisme qu'ils developpent, et en Chirurgie on ne separe pas ces accidents de leurs effets.
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La premiere chose ä faire dans celte recherche, cest de disiinguer avec soin la methode pratique de la nie-thode theorique. Comrae theorie, la medecine pent etablir des regies aussi certaines que toutes les autres sciences, je le prouverai; comme pratique, son principe fondamental est qu'il faut suivre la nature afin de se guider d'apres les fails. Je m'explique. En astronomic, par exemple, les astres ont une revoluiion determinee qu'ils recommencent et achevent toujours de la meme maniere; une fois qu'elle a ete observee et reconnue on sail qu'elle se reproduira sans changements; on peu't done af'firmer dans tons les cas que les choses se passe-ront comme ellesse sont deja passees; or, comme il en est de meme pour tons les corps celestes, une fois les principes generaux de la science poses, on peut con-clure hardiment pour lavenir.
II n'en est pas de meme en medecine; les maladies ne se reproduisent jamais exactement les memes, et quelques soins que -vous ayez mis a les decrire et a les observer, votre description ne sera jamais complete-ment d'accord avec la realite, et vous ne pourrez jamais predire d'une maniere certaine quetelles choses se pas-seront de teile facon. D'oü vient cette difference entre l'astronomie et la medecine? lavoici: les maladies ne sont pas des choses constantes et invariables,, elles ont cependant des traits communs, tels que la lesion qui les constitue et le siege oil elles resident; mais ellss offrent ensuite des differences extremement variees, suivant les especes, la constitution, I äge et le sexe du sujet, les constitutions atmospheriques , les saisons , etc. etc. Je prends la gastro-enterite pour exemple : ce qui la caracterise, e'est qu'elle est une inflammation, et
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quelle occupe 1'estoniac et l'intestingrele; inais ensuite que de differences ! chez un animal eile sera legere, chez lautre intense; eile determinera une douleur tres-vive ou ä peine sensible, une congestion cerebrale ou une pneumonic; dans certaines aunees eile se guerira facilement, dans d'autres eile sera suivie frequemment de meningite, ou prendra une forme typhoide. Chez Tun les forces seront tellementaffaissees qu'il n'y aura pas de reaction, chez l'autre il y en aura une violente. Voyons ce qu'en theorie nous pourrons saisir de fixe et de constant, et en pratique quelle sera notre methode
D'abord par cela meme qu'on a ä faire ä une inflammation, il se presente des idees claires; il y a une congestion sanguine dans la muqueuse, le sang n'a pas continue de circuler dans tous les points enflammes, inais il s'est arrete et s'est solidifie; ce ne peut etre que pen a peu qu'il sera repris et que la circulation se reta-blira. Ces phenomenes appartiendront a toutes les gastro-enterites; quelles indications en resulte-t-il ? 1deg; combattre l'afflux du sang;2deg; faciliterla resorption du sang solidifie; 3deg; savoir qu'il faudra un certain temps pour raccomplissement de ces actes organiques.
De ce que celte inflammation occupe l'estomac et l'intestin, il en resulte une autre indication; c'est qu'il ne faudra introduire par cette voie aucune substance qui puisse augmenler la congestion sanguine et la douleur, ou empecher la resorption des prod uits.
Voilä les principales lois qui seront communes a toutes les gastro-enterites; maintenant viennent les differences qui sont fournies par les circonstances accilaquo; dentelles de constitution, de temperament, d age, etc. etc. Chacune de ces circonstances accidentelles
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varie dans ies gastro-enterites; mais si eile varie pour chaque cas d'une meine espece de maladies, n'est-elle pas scumise elle-meme ä des regies constantes lorsqu'on la considere dans l'ensemble des maladies; quelle que soit, par exemple, la maladiedont un animal est atteint, pai- cela meme qu'il a un temperament sanguin, n'en resultt;-t-il pas quelque loi conslante, des congestions sanguines ne tendront-elles pas ä se faire, ou s'il a un temperament nerveux, la douleur et les phenomenes nerveuxne predomineronl-ils pas;ne sont-ce pas la des indications positives? Quelle que soil la la maladie dun animal, par cela meme qu'on est sous I'influence d'une constitution atmospherique ou les maladies sont be-nignes et se guerissent facilement, n'en resulte-t-il pas une indication conslante ? Enfin, je pourrais parcourir successivement chacune des circonstances accidentelles dont j'ai parle, et montrer que si eile etablit des differences pour les differents cas d'une meme espece de maladie, consideree dans l'ensemble eile permet de tirer de son existence meme des regies certaines, des indications constantes.
Jusqu'ä present on ne saisit guere la difference qui separe les sciences physiques comme l'astronomie de la medecinejen effet, je viens de montrer qu'on pouvait fonder des lois generates non seulement sur le meca-nismedes maladies et sur leur siege, mais sur les circonstances accidentelles d'äge, de temperament, qui nous semblaient d'abord ne constituer que des differences ; mais c'est lorsqu'on veut passer de la theorie a la realite que ladifficulte se presente.
S'il y avait des moyens certains de reconnaltre d'avance et dans tons les cas le mecanisme et le siege
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19 des maladies et toutes les circonstances accidentelles dont j'ai parle, sans doute la medecine pratique attein-drait ä la certitude des arts auxquels on applique les sciences mathematiques; il n'y aurait qu'ä combiner les indications qui resulteraient de la presence de tous les elements de la maladie. Ainsi, pour revenir ä lagastro-enterite, l'indication de combattre la congestion sanguine serait remplie de diverses manieres; le tempera-rament est-il sanguin, et la constitution bonne , on la remplit par les saignees; la constitution atmospherique est-eile favorable et les maladies sont-elles en general benignes cette annee, il ne faiit pas trop insister sur l'emploi de cesmoyens, la gastro-enterite se resoudra d'elle-meme. Au contraire, il y a des annees oü les maladies sont plus tenaces et ou il faut insister davantage sur l'emploi des moyens; chez les jeunes animaux on fera les saignees moins nombreuses et des le debut; chez les adultes on pourra les faire plus fortes et plus long-temps. Les vieux animaux ressemblent aux jeunes; la constitution du sujet est-eile usee, on ne combattra plus la congestion sanguine par la saignee, mais par la revulsion ; et ainsi de suite. Si done il y avait des signes non equivoques qui (issent connaitre an medecin toures les dispositions de l'organisme qui modifient la marche des maladies et la maniere dont on en remplit les indications , I'art medical atteindrait ä la certitude des arts mecaniques.
Mais il n'en est pas ainsi; il y a des animaux chez lesquels les moindres plaies sont accompagnees de suppuration, d'autres oü elles guerissent rapidement, d'autres oü l'inflammation est presque toujours suivie d'ulceration. On ne pent pas reconnaitre d'avance et
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2Ü par 1'inspeciion du sujet ces dispositions cachees, ces tendances de l'organisme qui tiennent certainement ä quelques conditions materielles des tissus ou du sang, conditions'qui nous echappent aussi bien que leurs symptömes. De merae pour les constitutions alinos-pheriques , il y a des anne'es et des Saisons oü les maladies guerissent par tous les moyens ou malgre tous lesmoyens; il y en a d'autres oü elles sont longues, graves et plus difficilement curables, quelle qua soit la sagesse avec laquelle on ait dirige le traitement j il y en a oü il se montre des symptömes typhoides, ce qui annonce une alteration du sang. II est impossible de prevoir ces influences secretes, voilä pourquoi Sydenham recommande avec soin d'observer les maladies aux changements de saisons pour voir si elles prennent une nouvelle physionomie et si de nouveaux moyens ne deviennent pas necessaires. Une fois qu'on a reconnu que les maladies sont benignes ou graves ou typhoides, ou peut etablir des regies precises pour le traitement j mais il faul reconnaitre ces nouvelles manieres d'etre des maladies, ce qui ne peut pas se faire ä priori et ce qui exige qu'dn attende et qu'on suive leur cours.
II y a des malades qui offrent au milieu de ieurs maladies des symptömes nerveux effrayants ou des symptömes d'adynamieprofonde; rien n'annoncait cette marche et. on n'a pu prevoir ces accidents qu'au moment oü ils se sont reveles eux-memes 5 sans doute une fois qu'ils sont connuson peut agir avec sürete, mais comment les deviner par avance ?
Remarquons done la maniere particuliere de proce-der de Tart medical; c'est en cela que consiste toute la
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difference qui separe la medecine des autres sciences. Nous ne connaissons pas les causes qui font quela suppuration ou I'ulceration ont lieu si aisement, qui rendent les maladies benignes, graves outyphoides, qui produisent les symptomes nerveux ataxiques ou 1 adyha-mie, etc. etc. Nous n'avons pas de moyens de les recon-naitre, quoiqu'une fois connues nous ayons des indications precises ä remplir; ne pouvant point nous en assurer d'avance,nous soinmes obliges de suivre avec soin la marche des maladies, pour attendre qu'elles viennent elles-memes se reveler ä nous, et nous per-mettre d'agiravec certitude.
Au reste cela ne constitue peut-etre pas autant de difference qu'on pourrait le croire au premier abord. Que fait-on en mathematiques lorsqu'on veut resoudre un probleme ? on en reunit les donnees, c'est la premiere de toutes les conditions; de meme en physique, il faut avant tout poser les faits sur lesquels on s'ap-puiera pour la solution de son probleme; or en mathe. matiques on trouve facilement les donnees, et elles ne changent point. En physique, il suffit d'avoir observe une fois les faits puisqu'ils se reproduisent toujours de meme. II faut suivre la meme methode en medecine; mais les donnees varient dans chaque maladie, on ne peut pas les reunir completement d'avance; ces donnees sont les dispositions de l'organisme qui nous sont revelees par les phenomenes memes des maladies. Le probleme, faute de donnees, ne peut done pas se poser d'avance aupres du malade, il se pose successi-veinent ä mesure qu'on les de'eouvre; teile est la raison pour laqueile Hippocrate recommande de suivre les mouvements de la nature, et pour laqueile la medecine
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22 pratique manque et manquera toujours d'une certitude complete; ia brilie le genie particulier de I'liomme et ce tact du praticien qui lui fait pressentir sur de legeis indices les tendances de leconomie.
On a compare quelquefoiä Hippocrate ä Newton. M. Dubois d'Amiens sen etonne, parce que,, dit-il, la theorie de Newton rend raison non seulement de tons les fails auxquels eile peut s appliquer, mais permet de predire le retour ou l'apparition de certains pheno-menes; la theorie d'Hippocrate ne permet rien de sem-blable.GommeM. Dubois je n'accepte pas lacomparaison entre ces deux rares genies, mais ce n'est pas par la meme raison. Leurs decouvertesnesent pas analogues. Lim a pose les regies d'un art, lautre a fait une theorie scientifique. J ai montre qu'il ne fallait pas regarder Hippocrate comme un savant, mais comma un artiste en prenant ce mot dans le sens de praticien. II faut le comparer aux premiers poetes, aux premiers musiciens, aux premiers legislateurs, a ceux enfiu qui ont jete les premiers .fondements des arts et d'apres lesquels on en a trace les regies. Autre chose est d'avoir pose les regies d'un art; autre chose est den avoir donne la theorie et rexplication.
Pour en revenir a mon sujet, remarquons que nous n'agissons presque jamais contre les causes des malaides, mais contre Torganisation elle-meme, pour qu'elle les modifie et qu'elle s'en debarrasse par sapropre energie. Nous n'avonspas de remedes pour combatlre les dispositions generales de reconomie que nous avons vu mo-dilier les maladies; nos remedes ne sont done pas tiiri-ges contre elles, mais uniquement contre les fonc-tions qu'iis mettentdans unemeilleure vole, a(in que
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suivant leurs propres lois, elles se guerisseiit elles-mamp;nes. Ainsi le medecin ne guerit pas, il ne fait que preparer et aider la guerison; I'organlsation se retäblit elle-meme, le medecin la dirige dans le sens de ses lois. C'est pour cela queje ne puis m'empeclier de combattre la tendance des medecins modernes qui s'imaginent pouvoir attaquer les causes. L'anatoaiie et la ohimie pathologique , en expliquant le mecanisme des maladies, avaient donne les plus vives esperances de pouvoir combattre directement les etats morbides dans leur nature. M. Broussais I'avait pense pour son inflammation; M. Magendie le dit pour ses alterations du sang. Je crois qu'il n'en est rien au fond.
C'est par la meme raison que la pratique medicale n'a pas change autant qu'on pourrait le croire, la con-naissance des causes immcdiates ne changeant rien au traitement, puisqu'il n'y a pas de remede quipuisse les combattre directement, et la connaissance du meca-canisme des maladies faisant mieux remplir seülement quelques indications secondaires. C'est ainsi que dans la plus haute anliquite on a invente les machines les plus compliquees sans connaitre les lois de la me'canique. On a construil dans le moyen äge des vaisseaux d'unc grandeur et d'une complication de details inouies, des vaisseaux qui se demontaient piece par piece, sans avoir aucune notion de l'ärchitectu're navale. Les artistes trouvaient instinctivenient !es regies de I'arl; la science en a explique ensuite le nn'canisrne et les lois; eile a servi a modifier et a perfectionner quelques details , mais eile n'a rien change aux principes. II en est do meme ehinedecine, i! ne faut done pas se flatter dc vaines esperances et attendre des progres de la science
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de grands changemenis dans la pratiquej ses principes f'ondanientaux n'ont pas change depuis Hippocrate, je le montrerai dans l'hislorique de l'ecole hippocrati-que ou vitaliste, et sans doute ils ne changeront jamais. Les lois des arts sont immuables et eternelles.
Cette division profondequiseparela science medicale de l'art medical etant bien etablie, on comprend bien comment la certitude dejä assez avancee dans la science medicale, pourra devenir un jour complete lorsqu'on aura classe tout ce qui dans les maladies reclame des indications, et comment Tart medical restera toujours fonde surce meme principe, qu'il faut attendre et sui-vre la marche des maladies.
On doit saisir maintenant aussi l'objel et le but de la pathologie generale, c'est de classer les donnees du probleme therapeutique; le nombre des circonslances particulieres que Ton pent rencontrer dans les diverses maladies n'est pas infini, il faut done les rechercher, les etudier avec soin, afin d'en deduire toutes les consequences qui seront applicables au traitement.
Ces donnees sont de deux sortes : Tune comprend les types des maladies, s'il est permis de se servir de cette expression, la nature, le mecanisme, les actes organiques des maladies; lautre les diverses conditions accidentelles, les predispositions, les sympathies , les climats, leslieux, etc., dont j'ai dejä parle. Voyons les premieres. Places au milieu du champ immense deraquo; maladies, au milieu de ces actes si complexes de l'orga-nisme, quelle marche suivrons-nous pour les decomposer et pour arriver ä leurs elements? quel Systeme adoptcrons-nous? quelle base de critique prendrons-nous ? Le plus sage est d'interroger I'opinion generale ,
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25 l'histoire de la medecine par consequent. Or 1'etude des systemes se resout, surtout dans ces dernier temps, dans ces deux points : 1deg; II y a des maladies qu'onpeut localiser, e'est-a-dire auxquelles on pent reconnaitre un siege precis, un point de de'part dans un organe quelconque; 2deg; il en est auxquelles on ne pent attribuev aucun siege fixe et qui paraissentresider primitivement dans le sangj les anciens ne connaissaient le siege que d'un tres-petit nombre de maladies, et encore dans ce cas croyaient-ils a une alteration du sang dont la lesion locale n'etait qu'un accident j la plupart des maladies e'taient pour eux essentielles, sans siege primitif, c'est-ä-dire generales. Les ecoles solidistes, et en particulier celles de Pinel et de Broussais, n'ont voulu reconnaitre que des maladies localisees et partant de points determines. Ainsi le temps et l'esprit de Systeme ont fonde eux-memes cette distinction simple en deux classes generales : les maladies qu'on pent localiser doivent occuper les solides qui ont seuls une existence jusqua un certain point separee et independante; tandis que le sangparlout en contact avec lui-meme, melant sans cesse ses molecules, est le conducteur ne'cessaire des affections qui se repandent par lui jusqu'aux dernieres particules des solides.
Un coup d'oeil superficiel nous permet ainsi de diviser la serie immense des maladies en deux groupes fa-ciles a se'parer au moins en theorie : les maladies des solides, et les maladies generales ou qui ont leur siege dans le sang. Mais si Ton considere ce premier groupe une autre division naturelle est encore a fonder, puis-qu'elle a ete consacreeparles systemes; il faut en sepa-rer le groupe des maladies nerveuses. Le Systeme ner-
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26 veux joue le principal role dans la same comme dans la maladie; c'est par lui que les solides sont impressionne's, fie nourrissent, peuvent executer leurs functions et contracter des maladies; c'est surluisurtout que le sang altere porte son action. II est cependant des affections qui semblentlui appartenir en propre, dont la nature reste insaisissable, ce sont les nevroses , les ataxies el las adynamies essentielles; elles se separent par leurs caracteres negatifs, n'ayant aucune lesion organique constante; et, chose remarquable qui pourrait trom-per des gens inexperimentes, ces etats nerveux naissent souventau milieu des autres maladies, de sorte qu'on pourrait croire qu'ils n'en sont qu'un produit, tandis qu'ils ne font en re'alite que manifester la disposition de l'organisme a contracter ce genre d'affec-tions, quexprimer I'idiosyncrasie, la nature primitive deletre, qui se re'vele ä I'occasion dune autre maladie. La me'thode analytique vient de nous offrir une premiere division; mais il faut penetrer plus loin pour aborder reellement le sujet de la pathologic generale; examinons successivement et avec soin chacune de ces trois classes. Si nous nous demandons en quoi peuvent consister les maladies des solides, nous verrons qu'on n'a jamais decrit que trois especes de lesions organiques qui les constituent, des lesions dc circulation, de secretion et de nutrition. Ces trois fonctions sout communes a tons les tissus , ce sont les seules qui leur appartiennent; la digestion, la respiration, labsorp-tion se passant en quelque sorte en dehors des tissus. Puisque ce sont la les seules fonctions des tissus, ce sont aussi les seules qui puissent setroubler; or, en quoi consiste ce trouble? dans Tetat regulier de la
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27 santeon voit lesang sous certaines influences, aborder en plus grande quantite dans unepartie et y sejourner quelque temps, c'est ce qu'on appelle une congestion physiologique; on voit meme la circulation etre inter-rompue par I'action nerveuse comme dans 1 erection ; enfin le sang peut sortir de ses vaisseaux et cou-ler au dehors, ce qu'on voit sinon chez les animaux du moins dans I'espece humaine, par lecoulement des regies. Teiles sont les trois formes des troublesdela circulation; la congestion avec conservation du cours du sang, la congestion avec arret de la circulation ou inflammation, et l'hemorrhagie.
lo La congestion par celamemequelleconsiste dans un simple afflux du sang, est peu limitee, comme on l'observe; eile est plus etendue ä cause de la facilite avec laquelle le sang traverse tous les vaisseaux dune partie par les anastomoses; 2deg; comme le sang n'est pas relenu profondement dans le tissu puisqu'il n'y a que simple distension des vaisseaux, il peut en etre assez fa-facilementsoustrait lorsqu'unautre point de l'organisme appelle plus fortement; 3deg; plus lafflux du sang s'est fait lentement et plusaussila cause qui la determine a ete lente, plus cette facilite a se deplacer diminue. Le meca-nisme de la congestion etant connu, on sen explique fort bien les phenomenes qui sont la gene dans les fonctions des parties, en ge'neral sans douleur, et la facilite ä se deplacer d'autant plus grande que la congestion a ete plus rapide. On en deduit aisement aussi des indications generales. 1deg; II faut combattre lafflux du sang; 2deg; prendre garde qu'il ne disparaisse trop brusquement, de peur de produire des plethores acci-dentellesetdes metastases; 3deg; insister sur les moyens
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28 curatifs lorsqu'il s'est fait lentement. Je ne dis pas quels sontles raoyens qu'il faut employer pour remplir ces indications , d'abord parce que c'est du ressort de la the rape utique, et puis parce qu'ils varieront sui-vant que le sujet sera jeune ou vieux, fort ou faible, que la saison sera chaude ou froide, etc. etc.; c'est-ä-dire suivant des indications secondaires que je precise-rai plus tard.
L'inflammatiou a des caracteres differents ; comme dans la congestion il y a d'abord afflux de sang, mais il ne reste pas libre au sein de l'organe ; la circulation est bientot suspendue, le sang se solidifie dans ses vaisseaux et hors d'eux, la douleur se fait sentir : le cours du sang pent se retablir peu ä peu et la resolution s'ope-rer; ou la fibrine coagulee n'est pas resorbee et le tissu reste indure; ou les secretions intersticielles eli-minent les materiaux epanches par la formation du pus; enfin le travail de la nutrition a cause des circonstances nouvelles oü le tissu est place produit des ramollisse-ments et des ulcerations. De cet expose rapide on peut tirer les conclusions suivantes; c'est qu'il y a trois pe-riodes dans Tinflammation : 1deg; La periode de fluxion ; 2deg; de coagulation du sang; 3deg; de resorption ou de vices de secretion et de nutrition. La congestion se deplace aisement; le sang dans I'inflammation n'est pas susceptible de ces cbangements brusques de siege. La congestion est un etat sans periodes, qui reste toujours le meme depuis le commencement jusqu'ä la fin; I'inflammation a une marcheerdes periodes regulieres etcons-lanles. C'est un axiorne en medecine que lä oü il y a douleur, il y a aussi afflux de sang, ubi dolo?', ibi fluxus; or dans I'inflammation la douleur qui va on
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29 augmentant pendant quelquetempsaugmente ia fluxion, et a son tour la fluxion augmente la douleur, de sorte qu'il n'y a pas de raisons pour que cette action reci-proque cesse et que letat se borne; cependant c'estau degre le plus fort de l'inflammation que cet afflux se modere et se liniite de iui-rneme.
L'inflammation offrelesindications suivantes: loCom-battre la congestion sanguine afin de la detruire des le debut si on lepeut; ce qui n'est pas toujours possible, iJ sen faut beaunoup, quoi qu'en aient dit leDrBroussais et son ecole. 2o Si Ton ne pent pas, ou si Ton ne veut pas faire avorter la phlegmasie, pour me servir de leur expression favorite, il faut savoir attendre la terminaison naturelle qui ne se fait qu'au bout d'un temps donne. 3deg; II faut faire resorber les parties du sang epanchees et solidifiees; c'est la, comme je le montrerai, un point qui n'avait pas ete bien connu de lecole physiologique, et queM. Lisfranc a mis en lumiere dans ses cliniques. Mais aquoireconnait-on le momentd'intervenir dans ce sens? c'est lorsque la douleur a cesse; tant quelle persiste on sait que le travail actif de la congestion n'est pas encore termine. Teiles sont les principales indications.
Je renvoie pour I'hemorrhagie, les vices de secre'tion et de nutrition aux articles de mon livre oü il en est spe-cialement traite pour nepas repeterdes choses inutile-merit, et je diraiseulementquelquesmots de letat ner-veux et de l'alteration du sang.
On donne le nom d etats nerveux aux maladies propres du Systeme nerveux qui sont caracte'rise'es par la douleur, les convulsions, le trouble des sens et de l'intelligence. Letat nerveux constitue des maladies isole'es, comme aussi il pent se developper au milieu
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30 d'autres maladies; cequi se passe alors dans les nerfs est ineonnu. Comme le fluidlaquo;; nerveux quoique inpon-derable est materiel, et comme ies etats nerveux qui ont dure long-temps finissent par s'accompagner de dif'ferents vices de secretion ou de nutrition , on serait porte a croire que dans ies nevrosesles nerfssontlesiege de quelques actes organiques; mais ils nous ont echappe jusqua present. Lorsque I'etat nerveux existeau milieu des maladies, ä quoi le reconnait-on? ä ce qu'il n'y a pas de proportion entre les symptomes qui le caracterisent et les lesions qui semblent le faire naitre ; ce defaut de proportion fait labase du diagnostic. L'indication est de diriger alors des moyens speciaux contre lui.
Les alterations du sang peuvent etre etudiees main-tenant avec precision, depuis qu'on connait le meca-nisme de sa coagulation; tout sang modifie dans sa coagulation a subi une alteration. Lorsqu'clle est pro-fonde, la propriete de se solidifier est detruite, le sang reste liquide et ne peut plus se prendre en masse. Qu'en resulte-t-il pour I'organisme ? c'est ce que M. Magendie a developpe avec un grand talent dans son cours au College de France. Du cote du Systeme nerveux on observe la chute des forces, I'adynamie qui. est le carac tere des maladies generales, comme la douleur est le caractere des inflammations ordinaires; du cote des tissus il se passe des desordres fort romarquables, le sang ne peut plus circuler dans ses vaisseaux, il s'epan-che au dehors et penetre dans leur interieur. Cette infiltration se fait dans les tissus dont le Systeme vascu-laire est le plus riche, le poumon , le foie, la rate, les intestins, puis le cerveau, la peau, les muscles. On observe ä cet egard des lois tres-remarquables, s'il y a
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simple perte de la coagulabilite sans introduction de principe deletere, le poumon est le premier atteint et presente les plus graves desordres. S'ily a quelque principe deletere d'introduit,letube digestif au coniraire est le premier atteint. J'ai modifie les idees du savant profes-seur de Paris,quietaientpeut-etre tropmecaniques, en montrant que lors meme que Je sang est fluide les congestions sanguines ne sefont pas toutes d'une maniere passive et par simple imbibition, mais que le Systeme nerveux, ce moteur de l'economie, dirige des fluxions actives sur des points determines, la peau, le pharynx, le tube digestif, le poumon; de sorte qu'il faut, ä mon avis, distinguer deux sortes de congestions dans les maladies generales, les unes actives faites sous l'in-fluence nerveuse, les autres passives et qui suivent l'ordre indique plus haut. Tels sont les principaux traits des affections typhoides. Voyons quelles indications peuvent s'en tirer : 1deg; nous ne pouvons rien contre l'incoagulabilite meme, mais seulement contre le Systeme nerveux dont on doit soutenir I'activite, ce qu'on ex-prirae en disant qu'il faut soutenir les forces; 2deg; on connait l'ordre des congestions mecaniques, el on ne peut rien sur elles; 3deg; maisil faut rechercher avec soin s'il y a des congestions actives, celles-lä peuvent etre combattues; on soulage le malade et on facilite la gue-rison en les enlevant; 4deg; comme le sang et les produits de secretion se decomposent et se putrefient aisement, on doit empecher leur accumulation dans le tube digestif.
Voilä la serie des desordres que Ton peut rencontrer dans les maladies; je ne crois pas qu'il en existe d'autres, et s'il en existait, si on venait ä en decouvrir il serait
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32 facile de les ajouter en suivant la methodlaquo; que j'ai in-diquee, en etudiant leur mecanisme et leurs indications. En admettant qu'il n'en existe pas d'autres, commc tout le prouve, nous connaissons done le mecanisme de toutes les maladies quelles qu'elles soient, nous en possedons les elements generateurs; qu'ils soient iso-les, qu'ils soient reunis, une maladie ne pent contenir autre chose. Remarquons que ces etats morbides ge-neraux, que ces elements generateurs ne sont point susceptibles de varier; que les indications qui sont four-nies par eux etant fondees sur leur nature, ne sont pas non plus susceptibles de changement. Nous avons done des principes fixes, des lois, e'est-a-dire la base d'une veritable science.
On voit combien cette maniere de prooeder differe de celle de M. Dubois d'Amiens; laissant dans I'incer-titude et dans I'ombre la question capita'.e des etats morbides generateurs, il choisit comme lien, comme principe d'unite, la division des tissus. Qu'y a-t-il ce-pendant de commun entre les congestions, les inflammations, les hemorrhagies, les vices de secretion et de nutrition du tissu cellulaire? Rien , ce me aemble , et je ne vois pas ce qu'on pent tirer d'utile de savoir que ces maladies si diverses se passent dans le tissu meme. Or il n'en est pas ainsi du plan que je propose. La congestion est partout la meme, les indications ne changent pas. II en est de meme des autres etats morbides, quel que soit leur siege.
Arrive a ce point il convient de montier et comment onpeut revenir aux realites, cest-a-dire aux diverses maladies telles qu'on les rencontre dans la pratique, et comment on peut s'elever a des ide'es encore plus gene-
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rales, en ne saisissant plus que les traits communs ä nos elements morbides generateurs. Si nous voulons revenir aux realites et nous expliquer la composition ci'une ma-Jadie , nous voyons que les maladies sont rarement simples etformees d'un seul element morbide; qua I'in-flammation par exemple peuvent se joindre consecuti-vement tous leraquo; autres et reciproquement; quecepen-dant a I'origine, dans leur cotnmenceotent plusieurs sont souvent simples; quoi qu'il en soit de leur complication, il ne suffit pas d'enumerer les elements dune affection pour l'avoir particularisee et pour la designer a i'altention; il faut ajouter ä cette consideration tiree de sa nature oeile tiree du siege; c'est aiors quelle est individualisee. Quand on dit, c'est une inflammation, on n'a encore nomine awcune maladie; inais si on dit, c'est une inflammation du poumon, du cerveau, etc., on a suffisamment appris de quoi il s'agissait. Quand je parle du siege, ce n'est pas des tissus que j'entends parier, mais des organes, des appareils; l'etude des ;issus n'a en d'utilile, je le repete, que couune metbode danalyse. Les idees de l'anliquite sur les maladies out perpelue des prejuges qni n'ont pas encore lout-a-fait disparu; on s'imagine que les maladies sont auiant d'etats distinctsde leconouiie. Ceprejuge s'est conserve lout entier pour les produits de secretion qu'on cousi-dere encore comme sans analogues et auxquels on a cherclie pendant si long-temps des caracteres distinctifs ossenliels. M. Bonnet de Lyon a fait justice de ces de'-bris des anciennes idees sur les entites morbides que M. Broussais avait dejä renversees pour les maladies.
Un des six etats morbides primitifs, la congestion, les vices de secretion, etc., clans un orgamp;ne quelconque,
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34 cohstitue une muladie deteriniriee. Le nombre de ces elats morbides et le nombre des organes etant limites, le nombre des maladies est limite naturellement aussi. Quant aüx affections qui commencent par le sang, c'est aussi le siege de leurs congestions actives qui les ca-
racterise; telles sent la variole, la morve, etc.....
Si au contraire nous voulons nous elever plus haut, cherchons ce qu'il peut y avoir de commun ätoutesles maladies, quelle que soit leur nature. Je vois d'abord que toutes ont une periode d'accroissement, une periode dVtat et une periode de declin, e'est-a-dire qu'ellesaug-mentent d'abord d'intensite, restenl quelque temps stationnaires et se terminent. Quelle quesoit aussi leur nature les symptomes de chacune de ces periodes leur sont communes a toutes. II s'en tire egalement des in-dicaiions. Toutes peuvent empirer ou aller mieux; cha-cun de ces etats a encore ses symptömes et ses indications. II en est de meme de la convalescence, du passage a 1 elat cbroniquej de la mortj j'en dirai aulant des crises heureuses ou malheureuses. Les phlegmasies, les nevroses, les maladies generales ont egalement cela de commun. A ces traits generaux viennent se joindre la conside'ration tiree des forces generales, e'est-a-dire de l'exercice du Systeme nerveux . celle tiree des consti-nitions des especes et des individus, des temperaments, des äges, des sexes, puis celles des constitutions medi-tales, des climats, des lieux, de l'air et des eatx; enfin celles fournies par la maniere de vivre, les travaux,
etc.....Chacune de ces circonstances peut se presenter
dans toutes les maladies; il Importe done de les etudier avec sein, d'en rechercher les effets, et de poser les indications nouvelles qui en resultent. Ces indications
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35 nüuvelles ne modifient point les premieres, mais elles enlrent comme tlonnees dans le probleme du trailement et servent ä modifler les moyens ä I'aide desquels on remplit les premieres. Voici comment je pose le probleme; je suppose que j'aie affaire ä une inflammation; les indications fondamentales sont : 1deg; combattre la fluxion; 2deg; favoriser la resorption des maleriaux epan-ches. Si les signes generaux du mieux et de la guerison se montrent d'abord, je laisse ä la nature le soin de remplir elle-meme ses indications. Si la maladie estplus violente et que l'animal soit d'uue bonne constitution, je saignerai par exemple. S'il est affaibli, je me borne-rai ä la revulsion. Dans une saison chaudejepousserai doucement aux sueurs_, et dans une saison humide je donnerai des diuretiques ou des purgatifs, etc., etc. On le voit, la donnee fondamentale du probleme est celle qui se tire de la nature et de la periode de la maladie. Les autres, au nombie desquelles j'oubliais de faire figurer le siege, indiquent dans quel sens on sa-tisfera äcette premiere donnee.La position du probleme est le noeud qui unit la pathologic generale ä la thera-peutique generale.
Teile est la melbode nouvelle, suivant laquelle j'ai ooncu mon livre. Je crois avoir evite les inconvenienls de l'ouvrage de M. Chomel qui peche par son vague, et de celui de M. Dubois qui esl au contraire trop special. Je me suis efforce d'eviter ces deux extremes , j'ai cherche a operer une fusion entre les idees pratiques de l'antiquiteet les travaux scientifiques de notre temps. Je ne me flatte pas d'y avoir reussi, mais j'aurai du moins initie les veterinaires au mouvement des idees medi-cales.
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36 Ma methode est analytique, an contraire decelle de M. Dubois. J'yai trouve pouravantage de ne pas trailer do la maladie en general, avant d'avoir traite du meca-nisme des elements generateurs morbides. La premiere partie que je public maintenant est consacree a Telude de ces elements. C'est une partie de la science, non-seulement tonte moderne, mais aussi toute francaise; les hommes qui l'ont creee ou viennent de mourir ou sent encore vivants au milieu de nous; eile est la plus importante; je lui ai consacre ces trois cents pages di-visees en trois livres. Le premier comprend les troubles morbides dans les solides; le second, dans le Systeme nerveux, etletroisieme, dans lesang. J'ai faitsuivre chaeun d'eux de quelques pages d'hislorique, qui m'ont paru propres a prcmunir les esprits contre les idees fausses qui tendraient a faire croire que la mede-cine a toujours marche au hasard et sans but. La seconde partie de mon ouvrage contiendra la maladie en general , Thistoire de 1 ecole hippocratique ou vitaliste, et la therapeutique.
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PATHOLOGIE
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VETERINAIUES.
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LIVRE PREMIER.
MALADIES DES SOUDES.
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CHAPITRE PREMIER.
DE LA CONGESTION.
Les congestions sont le premier des etats morbides dont je me suis propose de iracer l'histoire. Existe-t-il une lesion orgaitique qui merile de porter ce nom? teile est la premiere question qu'on se fait naturellement cn abordant la pathologie generale des congestions. Dans son sens le plus general, celui d'afflux de sang vers un point, le mot congestion represente certainement un des phcnomenes organiques les plus commims; le sangest avec le fluide nerveux la source du mouvcment etdu jeu de l'organisme; partout oü il y a aciivite, il y a afflux de sänget de fluide nerveux; partout oil il y a doulcur, il y a
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congestion , ubi dolor ibi flnxus. Voilä pourquoi M. Broussais considerait l'afflux de sang comme rcletnent inseparable de toute cxciiation nerveuse, de ce qu'il appelle rirritation. Ce n'estpas dans unsensaussi etendu que je veux considerer actuellement la congestion. Je veux seulement examiner s'il existe des etats morbides dans lesquels il y a simple accumulation de sang dans un tissu ou un organe, qui persistent pendant un temps plus ou moins long avec des caracleres speciaux et dispa-raissent sans laisser les traces ordinaires de l'inflam-mation.
C'est avec I'inflammation qu'on pourrait surtout les confondre. II y a aussi afflux de sang dans I'inflammation, mais ce sang qui afflue perd bieniot la faculte de circuler dans ses vaisseaux; il se solidifie, et son cours est ainsi suspendu dans une etendue variable. Dans la congestion, les vaisseaux sont distendus par un sang surabondant, le tissu est augmente de volume, mais la circulation continue quoique pluslente et embarrassee. Lorsquelquot; inflammation ne se resout pas, le sangcpanche est elimine par la suppuration, ou le tissu reste indure ou meme il se gangrene. II n'en est pas de meme de la congestion; seulement lorsqu'elle s'est reproduile un certain nombre de fois ou qu'elle a persiste long-temps , I'orgarie qui en est le siege peut etre hypertrophie et meme finir par s'indurer. On peut done se representer les congestions comme des stases sanguines au milieu des tissus, sans arret de la circulation, qui durent dans cet etat pendant un temps variable, mais qui en general n'est pas trös-long, et qui ne se terminent pas par les symptömes propres de I'inflammation.
Pour mieux apprecier la difl'erence de ces deux eiats,
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39 je vais les comparer sous le rapport Ue leuis symplomos, de leur marche, de leurs terminaisons.
Je prends d'abord des parlies situees a I'exterieur oil les symplomes de la congestion sont immeduitement ac-cessibles ä nos sens, on l'y reconnait h un gonflement plus ou moinsdiffus, äune couleur plus foncee et memerouge, lorsque la leinte du poll de l'animal est claire, mais ja-mais aussi vivement que dans le cas derysipele; la dou-leur et la chaleur ne s'y font remarquer qu'ü un faible degre. Au surplus ces phcnomenes sont relatifsä la quan-tite du sang qui afflue vers la partie^, ä i'abondance et it la laxite du tissu cellulaire, ä la souplesseou ä la rigidiui des teguments. Dans rinflammation, au contraire, le gonflement est circonscrit, la couleur d'un rouge plus prononce, la chaleur elevee, etladouleur surtout est bien marquee.
A I'interieur, c'est moins par la nature meme des symplomes que par leur mode de succession etleurduree qu'elles se diflerencient Tune de I'autre; car les signes sont toujours fournis par le trouble des functions de l'or-gane. En general si la congestion est fort intense, eile determine en peu de temps la compression de l'organe et la cessation plus ou moins brusque, mais toujours fort rapide, de la fonction qu'il cxerce; c'est ce que M. Brous-sais se plaisait ä appeler des raptus sanguins. Si eile est moins violente, ce qui la caraclerise, ce n'est plus la ra-pidiiedesamarclie, mais la persistance de ses symplomes qui se souliennent a peu pres dans le meme etat jusqu'traquo; ce que, la maladie se lerminant, ils diminaent peu äpeu et disparaissent, ou qu'ils soient rcmplaces par quelque aulre forme de maladie. Je prends la congestion cerebrnle pour exemple; eile est annoncee par rinjeclion des con-
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40 jonciivcs, lachaleut et la pesunieur de la töte, leuouble (iela vno,, celui (Je l'oiiie, par une marehe inceriaine, chuncelante, et dans quelques cas par la cliute du corps. ;. animal resle an lemps variable dans cet elat sans aller ni mieux ni plus mal et guerit; landis quo clans I'inflam-maiion du cerveau on de ses membranes, l'enc^phaliteet la meningite qui paraissent conslituer des varieles de ce que nous appeions le vertige, les symptomes se succedent rai)i(Jemeni, avec des exacerbations; par moment il y a beaucoup de fievre et d'agitaiion, el la terminaison eslen general fnneslo. Cc n'esl. pas la violence de ce second etat qui le clistingiie seulement du premier. Dans rinflamma-tion il y a une marehe anaiomique en quelqne sorte; I'afQux du sang et la donleur commencent; la gene de la circulation angmenie jusqu'au point oil I'arret est com-plei; on travail DOUTeau se forme, de fausses membranes de la serosite ou du pus sent secretes; ce sont des corps etrangers dont la presence determine nn nouveau travail inflammatoire; les symptomes varient suivant chactine de ces periodes el leur marehe se compose ainsi d'une suite de variations correspondantes; rien de tout cela dans la congestion dont les symptomes persistent dans le meme etat, comme le travail organique resle au meme point.
Un autrecaractere remarquable, c'esl que s'il se pro-duit quelque desordre grave dans rinflammation, tel qu'une paralysie, il persisle tonjours, au lieu que ies dc-sordres les plus graves peuvent se monlrer dans la congestion et cependant disparailre el en general rapi-dement.
Ainsi en resume , ä l'exterieur, un gonflement diffus , peu de chaleur el presque pas de douleur, caracterisent la congestion; ä rinterieur ce n'est plus la nature des
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symptömes, mais leur succession, si la congestion cst extreme, signes de compression et de slupeuret cessation presque instantanee de la fonction de lorgane hype-renice. Si ellcest moins intense, la peisistance de ses symptomes qui durent un temps variable sans offrir de changements et disparaissenl pen ä peu on se changent en d'auires et les desordres fonclionnels produits disparaissenl en general au Lout de peu de temps.
Au point de vue de lanatomie pathologique, la distinction n'esl pas aussi tranchee; car si d'un cote il est impossible de confondre un grand nombre d'inflammaiions avec des congestions, dun auire cote les congestions n'ont aucun caractere anatomiqne certain. Ainsi ee que nous appelons inflammation lorsqu'il a persiste quelque temps laisse dans les tissns des traces certaines de son passage el qui ne permeltent pas de le confondre avec d'autres; ce sont la suppuration , i'ulceraiion, la production de fausses membranes a laquelle se rattache !a formation des adherences; mais il pent aussi se terminer par une simple injection capillaire , par I'hypertrophie , rinduration ,1a gangrene. Ces eiats ne lui apparliennent pas exclusivemenl, et c'esl lä qu'esl la difficulte , la congestion ofl'ranl, aussi ces memes terminaisons.Onacherche vainemenl des signes differenciels entrc l'injection de la congestion et teile definflammation, il n'y en a pas; il n'y en a pas davantage entre rhyperiropliie. rinduration., la gangrene, qu'elles surviennent ä la suite de i'une ou l'autre de ces causes. Si done il existe une classe parliculiere de maladies designees sous le nom de congestions et biendistinctes sous le rapport deleurs symptomes, deleurmarche et de leur durce , des inflammations avec lesquelles on les a long-temps confondues, il
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42 faut reconnahre que sous le rapport de leurs caracteres anatomo-paihologiques, il n'est pas possible de continuer la comparaison et d'etablir une dillerence essentielle.
Ce n'est pas toujours ainsi qu'on a considere le genre de maladie qui nous occupe; le mot par lequel on le de-signe s'appliquaitautrefois, conformemenl äl'etymologie, a toute collection humoralc qui se forme leniement dans une partie du corps, y prend un accroissement progressif et unit communement par determiner une intumescence plus ou moins considerable. Dans ce sens le mot congestion etait synonyme de collection, de depot; il servait mamp;ne ä caracteriser certains abces dits par congestion. A une epoque plus rapprochee de l'epoque actuelle ce mot n'avait pas encore d'acception bien dcterminee, on pensait neanrnoins qu'il convenait de l'appliquer a I'afflux ou ä l'accumulation dans un organe d'un liquide et quot;ilus particulierement du sang.
Pour I'ecole physiologique la congestion n'est qu'un premier degre de l'inflammation ä laquelle eile doit ne-cessairement aboutir; eile se trouve placee comme inter-mediaire entre Tirritation et l'inflammation dont eile n'est que le premier degre. Sans doufe toute inflammation commence par une congestion , en ce sens qu'il y a un afflux de sang •, le sang , comme je l'ai dcjä dit, est avec le fluide nerveux I'agent general del'organismeetil afflue lä oil les functions naturelles s'exercent plus aclivement qu'a I'ordinaire; mais ce sang qui afflue pent engorgeret distendre les vaisseaux sans cesser de ciiculer, goner la fonction des organes par sa simple compression et, dans d'aulres cas, s'epanchcr hors de ^es canaux, se solidi-fier au dehors et an dedans par suite de l'interruption de la circulation dont on acherche a expliquerde plusieurs
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43 manieres la cause premiere. Ce sont la deux elais diffe-renls. Le premier est la congesiiun propremenl dile, le second est rinflammaiion. II laut done entendre par le mot de congestion im ordne de plienomenes particuliers, un elat essential qui pent etre produit par Tirritation, corame il pent etre produit par d'autres causes, et qui pent rester idiopathique ou etre remplace par une autre espece de maladies.
Consideree sous le rapport de son intensite, eile se divise en physiologique et en pathologique; la congestion physiologique est compatible avec l'exercice regulier des functions, nous en voyons des exemples dans linjeciiondes papules de la langue et de la pituitaire, dans Tereciion des corps caverneux: dans la congestion pathologique, I'accu-mulation du sang empeche le libreexercice des organes.
Sous un autre point de vue , celui de sa causalile, eile peut se distinguerenquatreespeces: 1deg; La congestion active ou spontanee, ou slhenique; 2deg; la congestion passive ou par diminution de tonicile des vaisseaux capillaires; 3deg; la congestion mecanique ou par obstacle au cours du sang; 4deg; enfin la congestion cadaverique ou hypostatique. Dans cette classification qui appartientä M. Andral, cemedecin considere comme passives les congestions qu'on observe dans les typhus; ce serait une grave erreur de croire qu'elies le soient toujours , au moins ä leur origine. J'ai traite cette question ä fond dans la pa. lie de cet ouvrage oil je m'occupe des alterations du sang. Des lois particu-lieres determinent ces afflux de sang vers lous les poinls du corps, et il n'est pas permis de dire que la congestion qui se fait ä la tele est passive, quand il a fallu que ce liquide monlat centre son propre poids. Qu'une fois eia-blie la congestion devienne passive en ce sens qu'elle
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44 s'est faite au milieu de vaisseaux prives de leur ressort ordinaire et surtoui parce que le sang elant plus fluide s'ecliappe davamage ä iravers les pores des vaisseaux, s'imbibe dans leurs parois et s'inCltre dans le tissu cellu-laire, c'esi !a seulement ce que je puis admeltre dans la grande majorile des cas; aussi j'aime mieux la classification de Trousseau qui ne rcconnait que deux sortes de congestions, celles qui sont actives et celles qui sont passives, qui dependent d'une alleralion profonde du sang ou d'un obstacle mecanique a son cours , en y com-prenant aussi les congestions liypostatiques.
Dans son anatomie paihologique, M. Andral designe sous le nom d'hyperemie toule accumulation de sang dans lescapillaires dun organe, qu'elle soitou non inflamma-toire, soit parce que la congestion et l'inflammation ne peuvent pas se distinguer anatomiquement , soit parce qu'il voulait entrer dans des considerations qui fussent applicables ä ces deux etats morbides sans rien pre-juger sur leur nature; mais dans ses autres ouvrages et notammenl dans son Cours de pathologic, il les se-pare bien l'un de l'autre, et decril ä propos de chaque appareil seshyperemies ou congesiions, ces deux mois sont synonymes , et ses phleginasies ou inflammaiions. Comrne les ouvrages de ce savant medecin sont entre les mains da tous les eleves, je crois devoir faire remarqucr sa lendance ä fonder ses classificalions sur les etats morbides tout formes, ce qui lui permet d'evilor la question de Torigine des maladies; ainsi que I'a fail Alibert dans sa Dermatologie oü les maladies de la peau au lieu d'etre classees d'apies les formes primitives sous lesquelleselles apparaissent ä l'origine, le sont d'apies les trailsqu'elles offrent lorsqu'ellesopt dure depuis long-temps.
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II me semble convenable, apropos des congestions, de les diviser simplement en celles qvii se font chez des sujcts sains, ne presentant aucune alteration du sang, el celles qui se font chez des animaux alTaiblis par de loogues maladies on qui sont alleints de quelque trouble du sang. Je ne m'occuperai que des premieres, les secondes de-vant elre traitees ailleurs. Je vais jeter un coup d'oeil rapide sur les diverses especes de congestions, lelles qu'on les etudie dans la [)athoIogie speciale,non pas dans le but de les exposer dans leur ensemble, mais uniquement pour faire ressonir les traits qui leur sont propres et dont je viens de parier. C'est ainsi que M. Broussais dans son Cours de pathologic generalelraitesiucessivement de touies les maladies, mais avec le soin de ne prendrcque les caracteres cornmuns etgeneraux.
A la peau ei dans les couches cellulaires sous-jacentes le3 congestions sont caracterisees par des tumeurs quel-quefois fort considerables, dislinctes aux membres et surtout auxposterieurs; ce sont moins des tumeurs isolees qu'un engorgement diffus; c'estä cesdcrnieres que les ma-rechaiix donnent le nom de coups de sang. Dans le tissu erectile des levreset du penis Tengorgement pent acque-rir unc volume tres-considerable. II est une panic du corps qui offre frequemment I'occasion d'etudier lesellets de la congestion, c'est le tissu sous-ungule des pieds des monodactyles; on sail qu'il suffitquelquefois qn'un deces animaux mange une plus grande quantilc d'une nourriture un pen stimulante el surtout riche en principes feculents, pour que le sang afflue en un espace de temps tres-court dansle tissu sous-jacenl aux jabots et yproduise ce qu'on appelle la fourbure.
A I'interieur, les congestions qui se forment dans les
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46 parenchymes on entre les tissus superposes des organes, fournissent des symptömcsqui setirent du trouble plus ou moins grave de la fonciion. J'ai dejä parle de la con-geslion cerebrale que M. Huzard pere a fort bien decrite sousle nom de coup de sang.
La congestion pulmonaire est annoncee par la dyspnee, l'acceleration des baitements des flancs, la dilatation des naseaux, le souffle respiratoire bruyanl; eile est souvent precedee d'une loux quinleuse sufl'ocante, de l'entrou-verture de la Louche, de l'ecartement des membres ante-rieurs, de l'abaissement de la tele, du decubitus volon-taire pen prolonge, de l'elat anxieux, de sueiirs abon-dantes, de la chute du corps et des convulsions; la mort survientquelquefoisfort rapidement comme cela s'observe chez les chevaux et les chiens de course , par les grands eflbn de tirage ou par i'efl'et de la flamme et de la fumee des incendies.
La congestion de la rate se decele par la suspension subitede la respiration, la presque suffocation, la chute du corps, l'etat convuisif des muscles des mäclioires et du globe de l'oeil, comme cela s'observe chez le boeuf et le mouton dans les maladies dites de sang de rate. Dans les reins, la congestion est le plus souvent suivie d'hema-turieoupissement du sang.
Terminaison. — Quand une congestion active est portee a un haut degre la distension des vaisseaux capil-laires peut aller jusqu'ä leur rupture, et alors se forment des hemorrhagies circonscrites ou diffuses suivant la texture lache ou serree du tissuqui en estle siege; mais la rupture des vaisseaux n'est pas une condition neces-sairede I'hemorrhagie, nous verrons qu'elle peut encore se faire dans deux elats differents.
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47 Les congestions peuvent aussi se termincr par resolution, c'esi-a-dire disparaitre peu a peu, ou par delitescence, ce qui est une disparition subite. La deliiescence est souvent suivie de metasiasefäeheuse sur I'organe !e plus irritable ou qui est acluellement irrile. J'ai vu ä l'occa-sion de la disparition dc la fluxion de poitrine , la congestion cerebrale s'etablir avec tons scs caractferes, I'ani-mal tomber sur sa litiere, eprouver le commencement de la paraplegic posterieure , l'agitation des membres ante-rieurs, les convulsions des muscles du globe de l'oeil, et tousces desordresceder ä la saignee. J'ai vu aussi la congestion du lissucellulairesous-cutaneetde la peau,appelee grosseechauboulurepar lespraticiens, etre suivie aprfes sa disparition subite de congestion pulmonaireet de mort. Gobier lavait observe deja. Ne doit-on pas regarder dans quelques cas I'avortement brusque survenu pendant les premiers temps de la pneumonite, lorsqu'elle n'est encore qu'une congestion pulmonaire, comme une sorte de melastase , quand on voit qu'a compter de ce moment lamaladiede poitrinemarciieiapidemcnt verslaguerison. Ceque j'ai dit plus haut de la facilite avec laquelle les congestions se deplacent et cliangent de siege, se verifie aussi; cette mobiliteest surtout frappante dans les congestions cutanoes ct cellulaires; en voit quelquefois en une nuil I'enllurc chaude dun membre disparaitre, et le membre oppose en ctrefrappe; il y a peu de praticiens qui n'aient vu les grosses echauboulurcs se deplacer en quelques heures d'une partie du corps et apparaitre sur une autre. C'est quelquefois a la tete qu'elles se fixem, et Ton pent voir alorsles paupieres, les levres, les alles du nez, les oreilles memes se tumefier rapidement et s'echaulTer. Le caractere des congestions dont il s'agit^
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48 a, comme I'observe Trousseau, mis les praticiens sui la voie des indications therapeutiques.
Marche el duree. — A l'egard de la marche et de la duree des congestions^ elles sent generalement regardees comme rapides; toutefois cela varie suivant i'espece de lissu sur Ie(|iiel elles s'etablissent el le role de l'organe: il est ä remarquer que lew duree est en rapport avec leur violence , en ce sens que les plusviolentessouten general celles qui se terminent le plus rapidement. Une fluxion ccrebrale peut frapper d'une apoplexie foudroyante tel animal qui sera gueri en peu de jours si Ton saigne a propos, tandis qu'une autre congestion moins grave en npparence se prolongera plus long-temps et pourra meme devenir mortelle. Leur duree varie depuis quelques heures, jusqu'a quelques semaines et plusieurs mois.
La marche des congesiions est plus rapide chins les organesä parenchyme mou, fourni do beaucuup de ca-piliaircs, comme le cerveau, la moelle epiniere, le pou-mon, le foie, la rate el les reins, que dans les muqueuses, la peau et le lissu cellulaire.
On a dit pour riiomme que les congestions appclaient d'autres congestions, el que quand un organecn a ele une i'oisatleint il est ä craindre qu'il ne le soit encore. Cetle remarque ne me semble pas aussi applicable aux ani-maux ; toutefois on peut la verifier pour le cas des congestions cerebrales et principalement pour celle du tissu sous-ungule des monodactyles (la fourbure).
Lorsqu'un organe a conlracte pour ainsi parier l'habi-tude des congesiions, il devient par la suite le siege d'alterations, Ihypertrophie, l'atrophie, l'induration^ le ramollissement; I'oncomprend facilement que le trouble de la circulation capillaire amene des desordres dans les
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actcs miiriiifs etsecretoires. En ciFet, la congestion de la peau, si eile se repcle, donnc naissance ä l'induration, h la formation de croutcs foliacees ressemblant ä celles dc la lepreou de I'clephantiasis; celle desmcmbres appcile des crevasses ou le suintement des eaux aux jambes, celle des tissus sous-ungules ä im travail secretoire de mauvaise nature, d'oü resulte la necrose du tlssu fcuilletcj sous-corno.
Pronostic. — Sous le rapport du pronostic, les congestions n'ont de gravite que lorsqu'eilcs frappent des organes importants a la vie, ou qu'elles apparaissent ciiez des individus chez lesquels certains organes sont irritables, parce quo dans ce cas on a a craindre des mö-tastases; ces accidents sont frciquemment le resultat d'un traitemcnt repercussif mal applique. Un marechal mit dans l'eau de la Saone un chevai attcint d'un javart carti-lagineux sur le membre duquel ctait survenu dune ma-niere brusque une congestion, qu'il designait sous lenom de coup de sang. En moins d'une demi-heure, survint un fort battement de flaues, suivi d'une hemorrliagie pul-monaire quile fitperir sur 1c bord meme de la riviere. Les bains froids employes contrc la fourbure determinem souvent ces metastases vers lapoitrine. Gohier a vu une saignee copieuse faite dans le but de combattre une echauboulure, suivie d'un cpancliement pleuretique sero-sanguinolent.
Causes. — On doit y noter en premier lieu la pleihore et touteslescirconstances qui lafavorisent, et secondc-ment le repos snecedant a une vie active, ou rembonpoint a un etat anterieur de privation et de maigreur ; dans ces deux derniers cas le changemcnl trop brusque du corps produit une perturbation au lieu d'une maniere d'etre stable otconstitutionnclle. Cost dans ces conditions que
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50 sp trouvent places les montons cleves dans laSologne, la Camargue el qui perissent de ce qu'on appellc la maladie du sang. La chaleur precoce du printemps, la chaleur vive et la secheresse de Pair, les journees orageuses et etouffanles de cette saison disposent aussi au sang derate des moutons et ä l'etat appele engorgement plethorique de la rate cliez lesboeufs. Les courses rapides pour les che-vaux et les clilens de chasse, les longues marches en ele ou par les temps sees et froicTs do I'hiver disposent aussi aux congestions cerebrale^ pulmonaire et du reseau sous-ungulc, le refroidissement subit dc la peau par la pluie ou I'immersion dans les rivieres, ou par l'air frais et humide.
Parmi les causes occasionnclles ou determinantes on irouve plus particulierement la commotion vive des vis-ceres contenus dans les cavites splancbniques, les fortes contusions du front et des os du naz, des hypocondrcs; les grandes brülures de la peau sur les parois de la poi-(rine et du ventre.
Indications. — J'ai explique dans le chapitre precedent comment je comprenais les indications et ce qu'il fallait entendre par cette expression, nous entrons ici dans le cercle des indications qui naissent de la nature mome, du mecanisme et de la marche des maladies. Or voyons ce quo la congestion nous fournit ä cet egarci,
La congestion consiste dans un afflux du sang qui engorge les vaisseaux d'une partie, mais sans que la circulation y seit interrompue. Cet elat morbide na done pas de racines dans les tissus si Ton pent s'exprimer ainsi ; comme il n'y a qu'une simple distension des vaisseaux , comme il ne s'est passe aucun phenomena organiquo pro-fond, aucun changement grave, qui exige un certain temps pour disparaiire; il en resulte que le sang pout
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etre facilement deplace si un autrc organe opfere line revulsion. — C'est ce qui explique la mobilite des congestions. 11 y a ces deux points a considerer, I'energie avec laquelle le'sang afflue et cst retenu dansle tissuet la pos-sibilite d'un deplacement. Ces deux indications reglent le traitement.
Les congestions etendues qui se font h la sui face du corps, ä la peau et dans le tissu cellulaire sous-cutane, sent de toutes les plus mobiles, parce qu'en general les causes qui les ont produites sent peu energiques ou du moinspassageresctcesscntaussitotqu'cllessontproduites. Si done on les fait disparaitre brusquement par un traitement quel qu'il soil, ce qui est facile puisque nous avons vu que les congestions n'etaicnt pas des etals fixes et solides, Ton produit deux clioses : unc plethore acciden-tellc, et une action sympatliique. Toutes les fois qu'une certaine quantite de sang est reporlee rapidement dans la circulation, il se passe quelque chose d'analogue a la plethore qui est produite par une alimentation trop abon-dante; il sc trouvc tout a coupun excedant de sang dans les vaisseaux ct pour peu qu'un organe appcllo a lui dans ce moment, il regoit cetexcedant; c'estcequ'on nomme une metastase. Quant ä Faction sympatliique je la conoois do la meme manierc; le fluide nerveux parcourt les nerfs et se repandp.ir eux dans les organes; etant brusquement soustrait de la partie oü il avail afflue comme le sang qu'il tient sous sa dependauce et dont il dirige le cours vers tel ou tel point, il y a en quelque sorlc aussi une plethore nerveuse , et cet exces de fluide rejete dans la circulation nerveuse vase fixer aussi sur forgane qui par predisposition ou par toute autre cause appelle plus fortement h lui. L'indication precise quise tire de ces considerations
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c'est qu'oo nc doit pas cbercher ä faire disparaitre rapi-dement !es congeslions qui sc font h l'extörieur, et qu'cn outre on doit diriger le mouvement du sang vers certains crganes et de rnaniere ä ne faire courir aucun danger a reconomie.
Lcs congestions qui se font ü lintcrieur, dans les vis-ceres ,61 qui sont fort energiqaes, fournissent ä peu pres !es memes indications; cependant plus les organes qui en sont le siege sont importants ct plus la congestion est violente, plus il faut agir activement el sans craindre la metasutee, qui n'a guere lieu alors , parce que les moyens qu'on a employes pour combattre la concentration du sang sont energiques et qu'ils debilitent reconomie.
Plus la congestion s'est faite lentcment a rinterieur, plus eile a etc preparee par des causes peu actives, mais d'une action continue, plus la congestion devient durable et perd de sa facilite ä se deplacer. Soit que lcs vaisseaux de la parlie engorgec depuis quelque temps aient perdu de leur ressort, soit que cet afflux plus grand du sang devienne habituel, il est certain qu'il y a ime disposition organique qui fait que la congestion se detruit plus diffi-cilement. On a peu ä craindre la metastase; mais aussi la guerison se fait plus attendre et il faut insister sur !es moyens tlierapeutiques. J'ai cite ä cc sujet la congestion cerebrale qui persiste liuit, dix, quinze jours. Les congestions decetteespeco se rapprochent des inflammations, ct c'est ce qui explique pourquoi ces dernicres ne sont guere sujettes aux metastases; parce que comme le sang est solidifie au milieu des tissus, il ne pent se resorber que lentement; il ne rentre done que successivement dans la circulation et no produit pas ces pletliores accidentelles par retour brusque du sang.
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Teiles sont les principales indicaiions qui sonl fournies par la connaissanco des plienomencs qui se passent dans les lissus congestionnes. Voila tout ce qu'il y a a dire maintenant. Je ne dois pas parier des moyens ä l'aide desquels on remplit ces indications, tels que la saignec et les differen's revalsifs; ce detail est du ressort de la tlierapculique, d'autant plus que ces moyens different suivant vine (bule d'indicalions tlont jc traiterai dans la seconde parlie de ce! ouvrage.
Ainsi on ne se conduira pas avec un jeane cheval comnie avec un vienx, avec un animal vigoureux comme avec un animal epuise , dans les Saisons froides et humides cömme dans les Saisons chaudes; la jennessc ou la vieillesse des sujets, leur force ou leur faiblessc , leur scxe , lour temperament , la constitution regnante, les saisons ct les climats fournissent autant d'indicalions nouvellos, d'apres Icsquelles on doitfairo varier les moyens avec Icsquulson remplira les premieres indications.Neanmoins cos derni^res ne varienlpas; äquelque age, ä quelque sexe, sous quel-que constitution, par quelque saison quece soit, les conges-lions exterieurcs sont loujours par leur nature ibrt sujettes aux metastascs; ondevra craindre de les faire disparaitre trop brusquement, et il faudra diriger vers certains points le cours du sang, etc., etc.; mais on ne les fera pas disparaitre par lesmemes moyens, mais on ne dirigera pas le cours du sang vers les memes organes chez tous les animaux; il faut consultcr pour cela les indications diverses qui sont donnecs par les diverses circonstances que j'ai enumerces. C'est ainsi quo la medecine a des principes fixes, comme toutcs les sciences, et dos principes qui sont fondessur la nature niemc des choscs, e'est-a-dire que ce sont des lois, d'apres la defiuition dc Montesquieu.
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CHAPITRE Ii. Igt;E l'inflambiation.
Jai dcjä cu I'occasion c!c parlei- de rinflamniation ct j'on parlcrai encore dans le courant de cct ouvrage, parce que c'est un sujet qui a beaucoup anire l'atlention ct sur Icquel on a fonde une doctrine entiere. Elle a perdu son prestige, il est vrai, mais les faits sur lesquels eile s'ap-puyait ayant etc mieux etuditis dans les derniers temps, permettent de presenter quclques considerations nouvelles pleines d'interet.
PourM. Broussais rinflammation etait i'acte fondamen-tal de la pathologic; c'est eile qui sous des formes plus ou moins deguisees constituait toutes les maladies. Aussi la pathologic generale n'etait-elle pour lui qu'une liistoire gencrale de rinflammation. Cat acte organique a, suiyant lui, pour element Firrilation, e'est-a-dire I'excitationner-veuse etl'afflux du sang, la congestion en est inseparable, line ibis etablie eile produit tons les desordres qu'on pent icnconlrer dans les solides,, la suppuration, le ramol-lissement, l'indaration et les differents vices de stcrelion qu'on appelait degenerescences de tissu.
Les travaux des anatomo-palhologistes ont renversc cette theorie trop generalisee et on a distingue dans cette inflammation de M. Broussais un etat nerveuxet des vices de secretion et de nutrition bien distincts et s'isolant sou-vent du trouble de la circulation capillaire qui en est I'acte principal. C'est sous ce point de vue que je vais en trailer
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55 mainlenant, et apres avoir indique le mecanisme ct Jes periodes de ce trouble de la circulation capillaire, je monlrerai ses rapports avec l'etatdu sang, avec las secretions et la nutrition et avec 1c Systeme nerveux.
Un prejuge dont il faut se defaire en abordant I'inflam-raation , c'est celui que M. Broussais a combattu si ener-glquement lorsqu'il a commence ä ecrire, et qui consislait a regarder les maladies comme autant d'eires distincis. L'csprit est naturellement porte a personnifier les forces ot les phcnomenes de la nature et a leur attribuer I'inlel-ligence et la liberte dont il jouit; 'ce penchant naturel qui a donne naissance au paganisme, se reproduit a chaque instant dans les sciences, sans qu'on s'en doute, ct en medecinc plus que partout ailleurs. II ne faut done pas voir dans la plilegmasic un etre distinct qui se jette ici et lä, qui passe d'un point a un autre et produit, chemin fuisant, une serie dedesordres. Un autre prejuge est celui qui vient de relymologic des mots inflammation et phleg-masie. La maladie que produit la brülure a etc prise pour type, ou plutot c'est eile qui a recu d'abord ces denominations 5 I'analogie qui existait entro eile et les abces a fait donner ä ces derniers les memes noms qu'a la brülure , et a mesure qu'on a decouvert un plus grand nombre de maladies qui avaient les memes caracteres que la brülure et le phlegmon, on les leur a appliques successivc-ment. Pour eviter les idees fausses quo ces mots font naitre dans Fcsprit, M. Andral a donne a rinflammation leuom d'hypcrcmie, e'est-a-dire do congestion sanguine. Mais cc nom a l'inconvenient de ne point dislinguer la congestion simple de la phlegmasie , et peul-etrc vaul-il mieux conservcr les anciens en ne leur attachant aucun autre sens que celui de trouble de la circulation capillaire.
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Le lüocauisme de i'inflanimation au sein de nos tissus a etc etiidie d'abord par Hanteren Angleterre, on France parM. Gcndrin. Voicicequ'on a observe dans les lissus tiansparenis tels quo la membrane de la patte d'une gre-nouille. Lorsqu'on applique divers agenis mecaniques, physiques oa chimiqaes a la surface de celte membrane, on voit d'abord la circuiaticn s'accclerer en meme lemps que les vaisseaux se resserrcnl; au bout de quelque temps si on continue I'application do ces agents, la circulation se ralentit par suite dc la dilatation des capillaires. Plus lard la circulation s'arrete entierement; le sangen stagnation ne forme plus qu'une seule masse, et prend une leinte jaune et brumUre de plus en plus foncee et qui (init par devenir noire. Ainsi on distingue trois periodes dans ce mecanisme, une premiere dans laquelle le sang afllue et di'cule rapidement, une seconde oü 11 s'estcoagule, enfiu la troisieme comprend les dilferentes lerminaisons.
La premiere periode correspond a ce que les anciens appelaient la periode d'augment dans les maladies. La congestion s'y fait etle sang continue a affluer jusqu'a ce que la circulation soil interrompue. En meme temps que. cet afflux s'bpere la douleur va en augmentant, et ce qui cst bien slngulier, comme je I'ai deja fait remarquer, e'est que e'est au moment oü la douleur et la congestion attei-gneat leur plus haul degre d'intensite qu'ils s'arretent tout a coup, et restent stationnaires quelque temps. Nousnc connaissons pas encore les raisons anatomlqnes qui bor-nent ainsi leur accroissement.
La seconde periode comprend la coagulation du sang uon seulement dans ses vaisseaux, mais hors d'eux. Les vaisseaux elant dilates a la fin de la periode preccdente, 1c sang s'ecliappe ä travers leurs pores agrandis, se
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sepiind dans le tissu cellulaire intcrsiicielet s'y coaguiu. On observe dans cctte periode an pbenomene dont il faul dire quelqucs mols; c'est la coloration brune du sang qui se prononce de plus en plus ä mesurc que le cours du sang se ralcnlit el qui atlcint son plus baut degre, lorsque la circulation (itant tout a fait suspendue et ne pouvant se retablir, ily a ce qu'on appelle gangrene. Hunter avail deja remarque dans ses experiences que toutes les fois que le sang arleriel se trouve arrete on meme simplemcnt ralenti dans son cours il prend la couleur du sang ver neux.
SI par exemple chez un animal on inlercepte line portion d'arlere entre deux ligatures, et qu'ensuite on I'in-cise, il en sort un sang noir analogue an sang veineux. Ce fait nous cxpliquera la coloration brune, ardoisee, que presentent souvcnt les tissus enflammes et qu'on observe surtout dans deux cirConstances, lorsque I'inflammation est tres-forte et que la gangrene s'y produit, lorsqu'elle est ancienne,que les vaisseaux sont dilates, sans ressort et que la circulation est tres-lentc.
La troisieme periode comprend ce qu'on appelle les terminaisons do rinflammation. Ainsi le sang coagule et sans mouvement peut etre resorbe peu i peu, la circulation recommence par la circonference et finit par se retablir; c'est ce qu'on appelle la resohilion. II peutsc faire que le sang coagule dans le tissu cellulaire qui est dans les interstices des organes ne soil pas resorbe, soil parce qu'il etait en trop grande quantite, soit parce que la resorption a commence trop tard et que la fibrine s'clait organisee; alors la serosile et la matiere colorante sont seulcs reprises el le tissu reste indure par I'incor-poration de la fibrine; ou ces materiaux epancbes ne
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iiouvant ni se resürber ni s'organisei ., sont I'objet dun n avail de secretion qui les convertit en pus. Enfin I'ulce-ration pent avoir Jieu aussi. Rcmarquons que nous necon-naissons pas encore les causes qui font que la suppuration arrive dans certains cas, landis que dans d'autres c'esl I'ulceration ou la gangrene. Peut-ijtre decouvrira-t-on un jour les conditions d'organisalion qui produisent ces diverses terminaisons.
Ces trois periodes de rinflamtnation correspondent exactement aux trois phases qu'on observe dans les maladies en general etqui sontFangment, Tetai el le deciin. L'augmcnt esl la periode de congestion et d'acceleration de la circulation capillaire; I'etat est celle oü le sangest eoagulc; et au deciin se rapportent les diverses terminal-sons que j'ai enumerees. La duree de chacune de ces periodes ne prcsentc riende general; eile varie suivanl la nature des (issus et l'intensile de la congestion sanguine. Dans le tissu ccllulaire la suppuration se montre du troi-siemc au quatrieme jour; dans le pounion la resolution commence du buitiemc au neuvieme.
Ainsi rinflammation est un clat parliculier de la circulation capillaire et dont le mecanisme s'explique soil par les lois do cette circulation, soil par l'etat du sang. Les causes qui agissent sur les vaisseaux. lors meme quelles n'oxcrcent pas d'action sur lesnerfs, peuvent produirc Tobstruclion du sang qui est ce qu'on appelle rinflammation. Lc froid en resserrant les capillaires, diminue la rapidite du cours du sang et peut memo I'arreter lout a fait lorsqu'il est assez fort. Au contraire la chaleur les dilatant fait que plusieurs globules passent aisement lä oil il n'en passait qu'un auparavant. Cost dc la sorte qn'agisscni les cataplasmcs, les epilliemcs emollients v.i
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chaudsqui dilatcni lescapillaires, diminuentles obstacles
au conrs du sang otpcrmettent aux tissus de so degorger plus facilemeut.
Pour que le mecanisme de rinflammation s'opfere comme nous venons do le döcrire, il faut que le sang ail sa composition normale., c'cst-ä-dire qu'il soit susceplible dcse coaguler. Car s'ilpcrd cette proprietö ou si eile s'aftaiblit, !es choscs no so passent plus de la memo maniere. Si la propriete de se solidifier diminue seulement, le sang qui est epanchene se coagule qu'a demi; il prend cetle appa-renco qu'ona decritc en medecine humaine, sousle nom de gclee de groseillcs. Au lieu dune masse ferine ctre-Kisianlc, les parties qui sont le siege do rinflammation lorsijue le sang n'ost qu'ä demi ccagulable, offrent leurs cellules infiltrees de cette gelee demi-solido et trcmblot-lantc. Et si la coagulabilitc est tout a fait dotruite, onn'a plus memo cos demi-solidifications, les tissus sont infd-tres par un sang noirafro et liquide.
.UisquVi present jen'ai pas parlö de cc Systeme nerveux qui, snivant M. Broussais, jouc le principal role, do cette irritation qui est le commencement et la cause do lout alflux de sang. C'est qu'il n'en est pas un element inseparable. Lorsque le nerf do la cinquieme paire est coupe , I'ffiil s'enllamme, suppure et s'ulcore; cependantil n'y a plus d'action ncrvouse; les chiens qu'on nourrit avec du sucrc ou dc la gelatine exclusivement, ceuxauxquels on cnleve la fibrine du sang dans les experiences, montront ccs suppurations et les ulcerations de 1'oeil. Dans ce cas encore on no pout rcgarder rinflammation commo pro-duite par I'irrilation nerveuse; au contraire la circulation s'engone et la coagulation du sang qui est le caracterc do rinflammation arrive, parce que le cours du sung no pout
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jiouvanl ni se resorber ni s'organisei., sont I'objet d'un ü avail de secretion qui les convertit en pus. Enfin I'lilce-ration peut avoir lieu aussi. Remarquons que nous ne con-naissons pas encore les causes qui font que la suppuration arrive dans certains cas, tandis que dans d'autres c'est rulceration ou la gangrene. Peut-etre decouvrira-t-on un jour les conditions d'organisation qui produisent ces diverses terminaisons.
Ces trois periodes de rinflammaiion correspondent exactoment aux trois phases qu'on observe dans les maladies en general etqui sont I'auginent, Tetat el le declin. L'augment est la periode de congestion et d'acceleration do la circulation capillaire; I'etat est celle oil le sang est coagule; et au declin se rapportent les diverses terminaisons que j'ai enumerees. La duree de chacune de ces periodes ne prcsente rien de general; eile varie suivant la nature des lissus et rintensite de la congestion sanguine. Dans le tissu cellulaire la suppuration se montre du Iroi-sieme au quatrieme jour; dans le poumon la resolution commence du Imilieme au neuvieme.
Ainsi rinflammation est un etat particulier de la circulation capillaire et dont le mecanisme s'explique soit par les lois do celte circulation, soit par l'etat du sang. Les causes qui agisscnt sur les valsseaux. lors memo qu'elles n'excrcent pas d'action sur lesnerfs, peuvent produire Tobslruction du sang qui est ce qu'on appelle rinflammation. Le froid en resserrant les capillaires, diminue la rapidite du cours du sang et peul memc I'arreter tout ä fait lorsqu'il est assez fort. Au contraire la chaleur les dilatant fait que plusieurs globules passent alsement lä oil il n'en passait qu'un auparavant. Cost do la sorte qu'agisscnt les cataplasmcs, les t'pithemes ömollicnts el
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59 chaudsqui dilatenl lescapillaires, diminueotles obstacles au cours du sang et permettent aux tissus de so tlegorger plus facilemcnt.
Pour que le mecanisme de rinflammatiou s'opörc comme nous vcnons de le decrire, 11 faut que le sang ait sacomposition normale^ c'est-a-dirc qu'il soit susceptible dese coaguler. Car s'ilperd cette proprietc ou si eile s'aflaiblit, los choscs no se passent plus de la mome maniere. Si la propriety de se solidificr diminue seulement, le sang qui ost opanchene se coagule qu'ä demi; ilprendcetleappa-renco qu'ona decrite en medccine humaine, sous le nom de gclee de groseilles. Au lieu d'une masse lermectre-sis(anto,les parties qui sont le siege de rinflammatiün lorsque le sang n'est qu'ä demi coagulable, offrent lours cellules infiltrees de cette gelee demi-solide ct tremblot-tanto. Et si la coagulabilitc est tout ä fait dctruite, onn'a pins mome ces demi-solidificalions, les tissus sont infil-tres par un sang noirafre et liquide.
.lusqu'ä present jen'ai pas parlo de cc Systeme nerveux qui, suivant M. Broussais, jouc le principal role, de cette irritation qui est le commencement et la cause de tout afflux de sang. C'est qu'il n'en est pas un clement inseparable. Lorsque le nerf de la cinquieme paire est coupe , I'oeil s'enflamme, suppure et s'ulcere; cependant il n'y a plus d'action nerveuse; les chiens qu'on nourrit avec du sucrc ou de la gelatine exclusivement, ceux auxquels on enlcve la fibrine du sang dans les experiences, montrent ces suppurations et les ulcerations de I'oeil. Dans ce cas encore on ne pent regarder I'inflammation comme pro-duite par I'irritation nerveuse; au conlraire la circulation s'engouc ct la coagulation du sang qui est le caractorc do I'inflammation arrive, parce que le cours du sang no pout
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60 pas se faire. Les causes qui retrecissent Ic calibre des vaisseaux sans agir sur les nerfs, le froid, les astringems peuvent prodaire rinflammation. Est-ceä dire cependant quo le sysleme nerveux. lui soil tout-ä-fait elranger? Loin de lä, il s'associe presquc loujours au trouble de la circulation capillairc, et la produit le plus souvent de la menie maniere que les astringents ou le froid peuvent la produire, en retrecissanl les capillaires et en rendant impossible le passage des globules. Ainsi le sysleme nerveux n'agit pas autrementque les causes physiques.Cette action cst d'autnnt plus cerlaine qu'on I'observe dans la sante , lorsquc sous rinfluence d'un sentiment ou d'une emotion, on voit rough1 ou palir le visage de Phomme. Cos cas oil I'cxcltation nerveuse precede la congestion sont ce qu'on appelle des inflaramations franches. Mais que ce soit rex-citation nerveuse ou toute autrc cause qui produise i'in-flammation , les phenomenes n'en sont pas moins les memes.
Quel est maintenanl le rapport de cet etat avec les secretions et la nutrition? Dans les rnaillcs dutissu cellulairc intersticiel il s'opere un travail de secretion qui separcdu sang le liquide appele la lymphe. Celtc secretion de la lymphe se fait reguliercment tant quo le sang circule re-gulierement; lorsque la circulation so ralentit on a re-marque que ce liquide augmentait els'epaississaitjqu'ar-rive-t-il alors? le sang cst plus long-temps ea contact avec les secreteurs, et le travail naturel est ainsi augmentc , parce que les materiaux sont plus abondamment fournis; et quand le sang est cpanche la secretion cbange encore son produit, parce que des materiaux qui ordinaircmenl ne sortaient pas des vaisseaux, sont mis alors h sa disposition. II on est dc memc dc la nutrition qui nc pent plus
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=e faire de la merae maniero, lorsque lo cours du sang est suspendu ou ralenti, parce quo d'abord, comme nous lesavons, le sang change etnoircit, et parce que des materiaux rouveaux et en plus grande quamite lui sont fournis. Au rcsle, je renvoie pour les details aux vices de secretion et de nutrition.
Le mecanisme de rinilammalion etant connu, je vais maintcnant en exposer les symptomes, la marclie et les terminaisons, comme on a l'habitude de le faire, en com-men^ant par les signes du travail actuel, les caractcres anatomiques, les indications, ou les raisons surlesquelles on fonde la theoriedo traitement.
Signes du travail actuel. — Ils sont au nonibre de six : la doulcur, la chaleur , la rougeur, la tumefaction, l'alleration de la söcretion de l'organe, et l'exsudailon de fibrinc connue sous 1c nom do lymphe plastique coagu-lable , qu'on croyait il n'y a pas long-temps etre de nature albumineuse. Le role immense que la fibrine joue dans le corps n'est connu que depuis les travaux des chimistes modernes.
1deg; De la doulcur. Ce mot cxprimc deux choses dii-ferenteSjl'imprcssion qu'ont eprouveelesnerfsde la partie et qu'ils transmcttent au cerveau , et la perception , la connaissance que prend Tcsprit de la modification sur-venue dans la masse cncephalique.
Cela est evident; car si Ton coupe le nerf qui est etendu cntre le cerveau et la partie enflammee, la doulcur cesse mais non Tinflammation. Comment so produit la doulcur? e'est ce qu'il est inutile do recherclier, tout ce qui tient au (luide nerveux ct aux sensations nous sera toujours inconim.
Auresteladonleurvarie bcauconp parson caractire
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62 et son inteusite, et quoiqu'il soil en general vrai de dire que les lissus les plus sensibles dans l'ctat normal sont aussi ccux oü la douleur cst le plus vive pendant l'in-flammation , il est ä remarquer qu'il en est qui ä pcinc sensibles pendant la sante devicnnent le siege de tresvivcs douleurs quand ils s'enflamment.
II y a memo des tissus, comme les lissus osseux, cartila-gineux et tendineux, dans lesquels l'anatomie ne reconnait point de nerfs et dont rinflammation cause de fortes douleurs. II faut done admettre ou qu'elle s'est propagee ä un tissu voisin plus irritable et que l'aetion nerveuse seiend au-delä dcslimites maleriellcs dunerf, par ce que Rcid appelait l'atmospherc nerveuse , ou qu il se forme des nerfs accidentellement, ou enfin qu'il y cn a lä oii l'anatomie n'a pas pu en deceuvrir.
II est ä noter que quand rinflammation oecupe une grandc surface d'une muqueuse, surtoutdela muqueuse digestive , la douleur cst obscure , parce que son inten-sitc a en quelque sorle paralysed les forces nerveuses et faitperdreau malade le sentiment de son existence.
2deg; La rougeur. Elle est due ä l'aiigmentation de la circulation capillaire et du sang, comme lo prouvent les experiences microscopiques faites sur le mesentere du lapin, ou la membrane despattesdc la grcnouille. Rouge tant que loute la circulation n'est pas interrompue , le sang 5 lorsqu'elle est arretee ou ralentic, tend ä prendre la couleur du sang veineux.
La couleur varie du rose au rouge vif, la teinte du poil n est pas etrangere ä ces nuances de coloration. Le rougo est souvent obscur ä la peau dans les pelages fonces; il est plus vif quand la leinte en cstclaire. Les muqueuses rougissent ä un haut point, et ce phenomene y apparail ra-
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63 pidement; quant ä ses limites 9 la roiigeur tantftt cesse brusquementj tantotsefonddansles tissusvois!ns;ä regard de sa forme, clle peut eti'e pointillee, slriee, arborisee, par plaques ou en nappes.
3deg; De la chaleur. Elle passe pour eire un pheno-jnenc moins constant que la rougeur, au moins dans ia mcdecine humaine 5 e'est le contrairc chez les animaux oil eile est caracteristique pour les inflammations qui out leur siege aiapcau, sous la corne, dans les muscles superficiols, aux. ouverlures des muqueuscs , lorsque la rougeur csl ä peinc appreciable.
La chaleur est d'autant plus intense que la partie est plus seclic , e'est cettc chaleur acre si connuc. Elle est plus considerable dans les inflammations aiguiis que dans los chroniques, ct dans colics qui sont franches, quo dans cellesqni sont dues a descauses septiques.
L'ecole moderne attribue toute la calorification animale aux actions chimiques qui rcsullent do la combinaison de l'oxygönc avec le sang, quoiqu'elles no puissent guere en expliquer que les 7/8e. Le sangarteriel plus chaud dun degrci que le sang veineux est la cause de I'dlevalion de temperature, qui par consequent ne pent guere s'elever au-dela de 2 ou 3 degres (Hunter), et qui est liec intim e-ment ä l'activite de la circulation.
4deg; Be la tumefaction. Elle n'est qu'un caracterc trcs-secondaire de l'inflammation j puisqu'elic appartient aussi ä l'immense quantitc des lumeurs qui peuvent se deve-lopper dans le corps 5 clle n'a qu'une valeur relative, et eile est produito par la plenitude des capiliairos , I'infil-trationdes tissus, et par les produits des secretions acci-dentelles (exhalations sereusos, exsndationsplastiques,l.
Son etendue varie suivant la nature des lissus, eile est
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64 d'autant plus considerable qu'ils sont plus ladies et plus extensibles. La serosite s'y accumule autour du foyer in-flammatoiie dans la memc proportion, et forme cet oedeme, qui conserve I'lmpression du doigt, et qui de-vicnt si considerable aux parties declives, comme les paupieres, les mamelles, le scrotum, le dessous du ventrc.
Dans les lissus denses et serres, la tumefaction ne se fait plus en dehors mais en dedans, et la partie se com-primc clle-mcme, comme dans les espaces interapone-vrotiques, sous les tissus cornes.
En general la tumefaction d'une partie enllammee varie suivant Tintensite du mal et la texture de l'organe; considerable dans les glandes, les ganglions, le tissu cellu-laire, et les parenchymes, eile Test peu dans les tissus membraneux et surtout les sereuses dont I'cpaississement est le plus souvent simule par des couches de fausses membranes.
S'ilestvrai de dire que ces qualre phenomenes rcunis caracterisent essenliellement rinflammation, il ne Test pas moins qu'elle puisse exister sans qu'ils se manifestem tous. La rougeur et la tumefaction reunies ne laissent aucun doute sur son existence, ct la douleur scule Tin-diquc, surtout si eile augmente sensiblement par la pres-sion ou I'exercicede la partie.
5deg; Un cinquieme phenomene local de rinflammation consiste dans l'alteration de la secretion de la partie en-flammee, alteration qui peut se borner aux liumeurs naturelles ou s'etendre ä la formation de produilsnouveaux. Le premier effel d'une phlegmasie estdesuspendre loute secretion, c'est ce que Ton observe particulierementdans les organes membraneux, el les sereuses nc font pas
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63 exception ä la regle, mais bientöt le travail seeretoire se ranitne et c'est alors qu'il peut devenir excessif, i! se modere eusuite en raison du mouvement inflammatoir^ ; chaque exacerbation marque un nouveau temps d'arret dans le travail seeretoire. De ses alterations, les unes dependent des changements chimiques que subit leur composition; les larmes contractent dans certaines ophthalmies une äcrete teile qu'elles degarnissent les larmiers et creu-sent sur la peau une sorte de rigole ulceree; d'autres plus communes tiennent a son melange avec les produils acci-dentels de 1'inflammation. Le premier de ces produits constamment lie au mouvement inflammaloire c'est la lymphe plastique coagulable. Cette matiere fibrineuse exsude de tous les points des que I'inflammation se declare, eile se depose non seulemenl dans la trame cellu-leuse et ä la surface des organes, mais encore se mele aux fluides qu'elle rend plus concrescibles ; on I'observe dans quelques cas sous forme floconneuse, surnageant les fluides, comme dans la cavite des seieuses; dans d'autres cas, melee a la matiere des secretions qu'elle in-visque, eile forme des plaques adherentes sur les mu-queuses; d'autres fois sous forme de depots eile penetre les parenchymes, en augmente la densite et le volume, ou repaisseur de la membrane dont eile fait disparaitre la transparence et le poll. Cette matiere dont l'aspect et l'ar-rangement sont variables, est susceptible d'une organisation rapide et peut subir les transformations les plus completes el fournit en outre les elements de la cicairisa-tion, mais parfois aussi ceux d'adherences plus ou moins fache uses.
Le sang se montre quelquefois sur les surfaces en-flammees avec ses caracieres physiques , et denote, soit
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la violence, soit la specificitc tie linflammation. II peut coder aussi h la matiere plastique, quise mele auxfluides secretes, une proportion plus ou moinsgrande de sa ma-ti^r e colorante; c'est ce qui leur donne ces teintes jaunc, safranee ou rouiliee, rouge ou brunatre qu'on leur trouve. Quand la maladie suit ses progres, la lymphe cede la place ä un nouveau produit cremeux, inodore, legere-ment jaunätre, que Ton appelle le pus, qui conslitue la majeure partie des produits de rinflammation.
Le trouble de la secretion se borne rarement au point enflamme ou ä son niveau, le plus souvent il se propage aux environs ou au-dessous. Cette extension est favorisee par la laxite du tissu cellulaire qui determine toujours l'abondancc de la fluxion ct depend aussi de la distribution des vaisseaux et de leurs rapports avec les parties enflammees (voyez ce qui se passe apres l'application du vesicatoire, dans les plaies du scrotum, dansle phlegmon des jambes).
6deg; Alteration de texture. Sousce nom nous ne vou-lons pas trailer des diverses alterations de texture qüe produit l'inflammation, mais du simple changement que prcsentent au debut tons les tissus enflummes qui augmen-tent de poids et de densite, et qui, quoiqu'ils aient acquis plus de masse, n'en ont pas acquis pour cola plus de durete. Loin de läils deviennentmoinsdurs et se laissent facilement penetrer. Le sang qui les engorge semble avoir detruit toute leur cohesion.
Parmi les elements generaux de chaque tissu, e'est-ä-dire ceux qui comme les vaisseaux et les nerfs appar-tienuent ätousindistinetement, il n'y a guere que les voines et les lymphatiques qui offrent quelque chose de special; les veinos s'enflamment quelquefois, c'est une
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67 complication extremement pemicieuse., parce que le pus du vaisseau se mole ausang.C'est surtout dans les lesions Iraumatiques que cette complication s'observe. L'absorp. lion s'y active lorsque l'intensile de la plilegmasie n'est pas trop grande, et c'est la graissequi lasubil le plusrapide-ment. Les lymphatiques sont quelquefois completement vides dans la premiere periöde de ia congesiion, d'autres fois ceux qui penetrent dans le foyer sont pleins d'un liquide sanguinolent, ou meme ils participent ärinflam-mation et la propagent au loin sous la forme do cordes rouges qui aboutissent ä des ganglions tumefies et douloureux.
Symplömes de reaction. — La douleur que de-veloppe rinflammation pent etre faible et resler locale, c'esl-a-dire ne pas produire la fievre et les troubles des diverses fonctions qu'on appelle symptomes de reaction, comme aussi le cervcau pent etre dans un etat tel qu'il ne repond plus aux impressions.
Dans tousles aulres cas, par cela meme que le tissu enflamme a une certaine elendue, qu'il est nccessairement en contact avec d'autres tissus, il peutarrivertrois ordres de phenomenes de reaction : 1deg; Ceux , sur les tissus voi-sins par voie de conlinuite, comme la propagation de rinflammation du rectum au reste de l'intestin, et par voie de contiguite, comme la propagation de celle de lapeau au tissu cellulaire sous-jacent.
2deg; Les phenomenes de reaction par assochuion gene-rale, c'est-ä-dire par les rapports qui lient tons les or-ganes et qui font que Tun ne pent pas etre malade sans que les aulres ue sen ressentent, rapports qui sont etablis immediaiement par le systeme nerveux.
3deg; Les phenomenes de reaction par Sympathie particu-
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liere, si Ton peut s'exprimer ainsi; ce sont ceux qui tiennenl ä des rapports particuliers etablis entre certains organes, et par lesquels , outre le trouble general qui est produit necessairement par inflammation, ils exercent encore une influence speciale les uns sur les autres. Cela sevoit entre l'estomac etle cerveau et reci-proquement, entre la peau et les muqueuses, comme le prouvent les eruptions febriles et vice versa, les grandes brülures de la peau pour la muqueuse gastro-intestinale; la doctrine des revulsions est fondee sur cette loi d'irra-diation sympathique.
Ces symptomes de reaction dont il est facile de recon-nailre la cause lorsque I'inflammation qui les a produils est situee ä l'exterieur, ne sont pas toujours aussi aise-ment rapportes ä leur point de depart, lorsque la cause est situee ä 1'inlerieur, comme on le voit dans les phleg-masies du foie et de la rate.
Le degre de force de la reaction sympathique estrelatif i l'intensite de I'inflammation locale, a I'etendue qu'elle occupe, ä la profondeur oü elleatleint, ä l'organisation et h la fonction de la partie qu'elle interesse. Quant a I'espace de temps qui s'ecoule depuis l'etablissement de I'inflammation jusqu'ä l'apparition des symptomes generaux , il varie suivant le degre de la douleur locale et la suscepti-bilite nerveuse du malade. Voici l'ordre dans lequelappa-raissent les diiferents symptomes, d'abord trouble du Systeme circulatoire sanguin general, c'est a-dire acceleration du pouls , puis du Systeme nerveux et des monve-ments volontaires el ensuite du sysleme digestif et des organes secondaires. Get ordre est souvent interverti; ainsi l'app^tit cesse de prime abord, dans quelques cas mamp;ne de lesions traumatiques, tandis que a l'occasion des
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69 phlegmasies du poumon et de la plevre le trouble de la circulation et du sysieme nerveux est dejä fort remarquable et pourtant I'appeiit subsiste.
En general le pouls prend de la frequence, de la plenitude , de la force, les muqueuses exterieures s'injeclent, le nombre des inspirations augmente et l'air inspire est chaud; tout le corps seinble s'endolorir, les forces muscu-laires sontengourdies, la tete est lourde, le regard an-nonce rabattement et la trislcsse, les articulations se flechissentj le moindre exercice est penible; la temperature est dans quelques cas fort elevce et il ya des sueurs partielles et generalesabondsntes,dans d'autres diminuee, et le malade craint le froid, I'appetit est moindre ou nu!, la soif augmentee, les excretions alvines rares, les fecös durcs, les urines peu abondantes, hautes en couleur et chaudes.
line fois declares, ces symptomes ne persistent pas dans le meme clat, mais ils augmentent ou diminuent de nombre et d'intensitc en suivant les progres du mal; les inflammations externes ontbeaucoup moins dansleurcours de ces changements appeles exacerbations ou redouble-menlset remissions.
De la marche et des terminaisons. — La marclie comme la duree del'inflammation est fort variable suivant qu'elle siege äl'interieurou ä l'cxlciieur. Les phlegmasies internes out en general une marche plus rapide et une duree moindre et qu'on peut placer entre les termes de six, neuf, quinze, vingt ou trente jours. Leur cours est divisc en trois periodes dislinctes, d'augment, d'etat et de declin. L'accroissement a lieu, ä la force pres, quoique Ton eloigne du malade tout ce qui pourrait I'exasperer, comme on le voit dans I'angine, I'erysipMe, rophthalmio:
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70 ces symptömes restent ensuite quelque temps station-naires, puis diminuent ensuite progress!vement, etl'in-flammation se termine de l'une des manieres suivantes : 1deg; par delitescence; 2deg; par resolution; 3deg; par gangrene; 4quot; par suppuration; 5deg; par ramollissement; 6deg; par ulce-ration; 7deg;par induration; 8deg;par I'etat chronique ou sub-inflammatoire.
V La delitescence. — Ce mode de terminaison est en general brusque, soudain et souvent imprevu; il appar-tient a la congestion qui precede I'etat inflammatoire, lorsque la circulation capillaire etant devenue plus active le sang afflue en abondance, rougit les tissus, gene leur action et produit de la douleur. II est douteux qu'il se montre lorsque la congestion etant bien etablie, la circulation est en partie suspendue dans les plus petits ca-pillaires, et que du sang extravase engorge les mailles du tissu cellulaire. Quelque favorable qu'elle soil generale-ment, la delitescence peuletre suspecte et faire craindre une metastase, quand les organes phlogoses sont impor-tants ä la vie et gravement affectes, et quand un organe aulre que celui qui soutl're, est dispose ä s'irriter ouest deja le siege d'une inflammation latente. La disparition subite de la douleur loin d'en etre un signe assure peut devenir l'annonce de la gangrene.
2deg; La resolution. —Elle appartient a cette epoquede riiiflammation dont nous avons dejä parle et dans laquelle le sang s'est epanche dans le lissu cellulaire et la circulation s'est interrompue dans une plus ou moins grande etendue du tissu. Elle a lieu quand la maladie commence comme quand eile est ä son plus liaut degre d'intensite ; inais plus eile s'eloigne de son debut et moins on doit l'esperer. Elle consiste dans une resorption successive des
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produils morbides epanches. Suivant Kaltenbrunner la circulation se ranime de la circonference au centre du foyer, les vaisseaux se degorgentpar saccades courtes et repetees par intervalles. Ils contiennent une matiere sanguine autour des plaies, ailleurs olle se rapproclie des qualites de la serosite pure. En general la matiere colo-rante et la serosite sont le plus tot reprises, la fibrinc s'organise souvent ct se mele auxtissus; voila pourquoi ils augmentent de volume et de densite ä chaque attaque inflammatoire; mais nous mettrons ce role de la fibrinc plus en relief dans un autre cliapilre.
Voici les signes qui annoncont la resolution : ä l'exte-rieur, la diminution progressive de la douleur, puis de la chaleur et de la tumefaction, cnfin de la rougeur si eile existo et le retour progressif de la fonction de l'organe ä son etat antericur. Quolquefois pourtant quand la peau est echymosce la rougeur est le premier phenomene qui annonce la resolution. La tunieur est le dernier pheno-mene ä disparailre dansl'inflammationdes ganglions, des glandes et des tissus fibreux. A I'interieur, une sorte de bien-etre s'annonce dans le facies du malade, sonappetit renait, son pouls s'assouplit et perd de sa frequence, la respiration s'agrandit et se regularise, les secretions et les excretions s'executent pins librement, la peau s'hu-mecte , la langue s'assouplit, la muqueuse buccale reprend sa temperature, les urines et les matieres fecales sont evacuees en certaine abondance, le sommeil devicnt calme. On ne doit compter sur une resolution compleie quo lorsqtie le malade a repris ses forces et recouvre son embonpoint, et avant que ce mieux s'accomplisse on 1c voit souvent etre precede d'evacuations ou d'eruptions critiques.
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Toutes les inflammations ne sont pas egalement dispo-sees ä la resolution. Plus dies sont intenses et etendues, plus cette terminaison est difficile ä obtenir. Elle est aussi plus difficile ä obtenir pour les inflammations des tissus fibreux et glandulaires et celles qui occupent plusieurs tissus, comme la plevre et le tissu pulmonaire, le peri-toine et l'intestin grele, dans la pleuro-pneumonie et l'en-tero-peritonite. Quant au temps oü la resolution s'accom-plit, il est difficile de l'indiquer d'une maniere generale; un auteur le fixe enlre huit et quinze jours. II est plus court pour les inflammations externes de causes acciden-telles connues que pour celles qui siegent h I'interieur.
2deg; J)e la gangrene. — Elle est ce mode de terminaison de l'inflammation dans lequel la vie s'eteint dans une partie plus ou moins limitee, bien qu'elle soit conservee dans le reste du corps. Je ne veux parier ici que de la gangrene qui succfede aux inflammations Tranches, etnon de cello qui est due ä des causes septiques ou qui se montre au milieu de maladies produites par une alteration du sang.
Le premier phenomene qu'on observe dansun tissu qui se gangrene, c'est l'arret de la circulation capillaire. Le sang qui a afflue en abondance a rompu les vaisseaux et les mailles du tissu, s'est infiltre et coagule de teile sorte qu'il n'est plus possible au cours du sang de se retablir. II se decompose alors et n'est plus soumis ainsi que le tissu au milieu duquelilestepanche qu'aux lois physiques et chimiques. II en resulie done une serie de desordres anatomiques dont voici les principaux traits : 1deg; une alteration dans la couleur du tissu, qui pent etre verte, grise, brune, ardoisee, noiratre, marbree de gris et de brun; 2deg; une alteration dans la trame organique teile qu'on ne
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73 peut plus en reconnattre ]a composition, qu'elle esl ra-mollie ct reduite en deliquium, ou endurcic et en meine temps friable; 3deg; une odeur toujours fetide e!, d'autant plus forte, quo la partie gangrenee etait siluee ä Toxterieur du corps, qu'elle a pu avant la mort elre en contact avec Fair; 4deg; une infiltration sereuse roussatre dans ie tissu cellulaire ambiant et dans lequel on trouye des gaz infil-tres; 3deg; une teinte rouge livide dans les parties ou siegeait I'inflammation, separees parfois des endroits gangrenes par des matieres sereuses ou purulentes; 6deg; du sang non coagule memo pendant la raideur cadaverique, noir. trouble, epais, poisseux, s'attachant aux mains et gene-ralement fetide, dans lesvaisseauxquirapportentlesang de la partie gangrenee; 7deg; des echymoses sur le cceur et dans ses cavites, dans les organes vasculaires comme le poumon et la rate., sur le mesentere et quelquefois dans les ganglions lymphatiques.
Sous le rapport de ses symptöines pathologiques eile doit elre consideree, ä l'exterieur et ä l'interieur. A I'ex-terieur, la douleur vive qui se faisait sentir dans la partie diminue d'une manier* plus ou moins subile, sa couleur brunit ou devient grisätre, la chaleur baisse rapidement, la tumefaction perd de sa renitence, s'aifaisse au centre, se ramollit et devient diffuse, des phlyctenes et des pete-chies se manifestent ä la surface. A mesure que la gangrene fait des progres, la peau se fletrit, se ride , sa couleur se rembrunit, son refroidissement et son in-sensibilite deviennent complets. Un suintement d'une odeur cadavcreuse s'etablit, le plus souvent des phlyctenes s'ouvrent et laissent echapper un fluide sereux roussatre, fetide, les petechies s'etendent, des gaz sont infilires dans le tissu cellulaire et se font facilement reconnaitre
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74 par la crepitation de remphyseme, !es eschares com-mencenl h se detacher par leurs bords. A cette epoque, si on pratique des scarifications, on trouve le tissu cellu-laire infiltre d'un fluide screux, roussälre, fetide, ou transforme en masses lardacees, grisatres, qu'il faut souvent traverscr avec I'lnstrument tranchant avant d'ar-river aux capülaires qui fournissent du sang.
La gangrene peut se limitcr ou continuer a s'etendre. Dans le premier cas, un cercle inflammaloire se forme autour de la partie gangrenee, la suppuration s'etablit sur cette limite, le pus est d'abord grisatre et fetide, puis s'ameliore peu ä peu, devient cpais el blanc, les eschares se detaehent, les chairs du fond se couvrent de bourgeons charnus et prennent une belle couleur, et la cicatrisation s'opere plus ou moins rapidement quand la gangrene est peu etendue et le sujet vigoureux. Aucontraire quand il est age, maigre, affaibli par le travail, quo la gangrene etait trop etendue, ou occnpait des partielaquo; importantcs comme la gaine des tendons flcchisseurs, I'animal arrive par suite de l'abondance de la suppuration ei. de la longueur des souffranccs au marasm^, ä la fievre de con-sompiion, et meurt.
Dans le second cas, ä mesure que la gangrene s'etend preeedee de son cercle inflammatoire livide, les forcesge-nerales se depriment, la temperature du corps baisse, le faciös annonce rabaitemcnt, l'appetil se perd et la self est souvent nulle, le pouls devient large ou petit, et mou, les sens semoussent, les muqueuscs se decolorent, de la have froide et des larmes s'ecoulent, la peau se couvre par moments d'une sueur froide, gluanle, d'une odeur decadavre; un malaise plein d'anxiete se declare, la vue se perd, et le malade tombe pour ne plus se relever.
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En certaines parlies du corps, la gangrene aflecte une autre forme, celle de la gangrene seche; cela se retnar-que ä la suite du panaris et de la fourbure, quand on a trop insiste sur lemploi des refrigerants, le sabot se de-tache rapidement, le tissu podophylleux reste sec, bru-natre, les mouchetures sont sans douleurs et ne donnent issue ä aucuii liquide.
A rinterieur , dans les visceres , la gangrene est plus rapide et plus constamment facheuse. On croit avec raison que sa rapidite est plus grande quand ces visceres sont en rapport avec Fair. Les symptomes qui font diagnosiiquer cette fächeuse terminaison ont de l'analogie avec les precedents et le plus souvent apparaissent d'une maniere brusque. La douleur cesse tout-a-coup, rem-placee par un calme trompeur , mais les forces generaies restent brisees, le pouls s'amollit, devient frequent, sou-vent intermittent, les battements du coeur se pressent en s'alfaiblissant, le corps se refroidit, les muqueuses se decolorent, la muqueuse buccale se couvre de mucus visqueux , I'haleine est fetide , la sucur froide et gluante, un ecoulement sero-sanguinolcnt fetide s'etanlit par les naseauxj I'anus se dilate etl'airs'y introduit avec bruit; enfin l'anxiete et I'insensibilite de la peau sont les avant-coureurs de la mort.
3deg; Suppuration. — La presence du pus annonce, et c'esl l'opinion de M. Broussais, une diminution dans l'activile de la congestion et du travail inflammatoire; il semblerait au premier abord que plus rinflammalion est violente, plus la suppuration doit etre prochaine. Cepen-dant l'experience prouve le contraire et l'analogie est pour cette opinion , puisqun les secretions sont en genera! suspendues pendant la periode la plus active de l'inflam-
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76 maiion, cl nes'etablissentque lorsqu'clle commenced bais-ser; orle pus estlui-meme un produit de secretion.
La condition organiquela plus favorable ä sa production est la presence d'un tissu cellulaire lache, abondant et riebe en vaisseaux; car les tissus fibreux, sereux , os-seux qui s'eloignent de cette condition , suppurent peu; mais ce serait aussi une erreur de croire que le pus ne puisse se former qu'au milieu du tissu cellulaire ; les se-reuses et les muqueuses peuvent en fournir comme les divers parenchymes, le foie, les reins, la rate, le cer-veau.
Avant de passer ä l'etude du pus nous devons exposer les symptomes auxquels on reconnait sa presence dans les tissus; les deux plus generaux que Ton puisse citer, sont la fievre avec redoublement nocturne et la consomp-tion. Non seulement la fievre precede la formation du pus, et alors eile est liee au mouvement inflammatoire , mais eile l'accompagno, et sa presence , lorsque Teconornie ne pent pas en etre debarrassee, donne lieu a une fievre continue avec secheresse de la peau et redoublemenls le soir et lanuit, suivis le matin de quelques sueurs; la soif est augmentee surtout le soir , I'aniinal perd ses forces, s'amaigrit quoiqu'il conserve de l'appelit, et tombe dans un ötat de marasme dont il ne peut plus se relever.
Ces symplomes, comme nous le verrons, appartiennent aussi ä l'induration des parenchymes ^ de sorte qu'ils ne sont pas palhognomoniques et que pour etablir nn diagnostic differenciel exact, il faut avoir recours ä diverses cir-constances accessoires qui se tirent de la marche de raflection, de son siege et de la nature de l'organe ma-lade. II y a cependant quelques signes moins generaux quo les precedents et qui en s'ajoutant ä eux leur com-
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77 muniquent plus de certitude. Ainsi lorsquc le pus est accumule a. Texterieur , sous la peau , on a la proemi-nence de la tumeur, l'ecartement des polls qui la cou-vrent, rinduration de la circonference des parois et l'uedematie des parties environnantes ; en meme temps la douleur est moindre , I'animal se plaint moins, et fort souvent reprend son appetit s'il I'avait perdu. Quand le pus estsitue sous des couches aponevrotiquesle diagnostic est plus difficile äetablir; malgre i'cedematie supcrficielle sous-cutanee que Ton donne comme signe certain de !a collection purulente profonde, il ne faut rien moins que le tact exerce du praticien pour la decouvrir.
Enfin quand la suppuration occupe des organes inte-rieurs et qu'elle ne peut point se faire jour au dehors , on la presume aux signes que nous avons deja donnes. Celle qui occupe les poumons s'annonce souvent par des jetees ä la peau , sous la forme de petites tumeurs, d'especes de phlegmons froids, qui ont de Tanalogie avec les tumeurs du farcin.
Ainsi nous n'avons pas trouve de signe vraiment pa-thognomonique de la presence du pus au milieu des organes , lorsque lui-meme ne s'echappe pas par quelque issue; nousallons voir que sous un autre rapport, celui de sa composition, il ne presente rien non plus de caracte-ristique , ce qui fait comprendre pourquoi il a loujours ete impossible de le reconnaitre dans le sang. On croyait autrefois, et c'est encore une opinion generalemenlrepan-due, que le pus est un liquide tout ä fait ä part, d'une nature particuliere, qu'il conlient des elements qui n'ap-partiennent qu'ä lui seul, et qu'enfin il se comporte avec les reactifs chimiques d'une manure spcciale. Or nous etablissons en nous fondant surle travail fort remarquable
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78 que M. Bonnet Chirurgien en chef de rHötel-Dieu de Lyon a public sur ce liquide , 1deg; que le pus contienl tons les Elements du sang moins la matiere colorante ; 2deg; qu'ilest Tanalogue de la plupart des fluides secretes qui contien-nenl comme lui tons les elements du sang et qu'il n'en difl'ere que par la proportion plus grande de quelques-uns d'entre eux; 3deg; que par consequent, il ue pent etre caracterise par aucune reaction chimique particuliere; outie que les liquides animaux ne peuvent etre analyses par des reactions , parce que I'albumine se melange aux substances les plusfaciles areconnaitre, comme le plomb, le mercure , et masque toutes les reactions. Ce n'est pas ici le cas de developper ces idees que Ton trouvera dans le memoire cite, et sur lesquelles j'aurai l'occasion de re-venir a propos des produits de secretion organisables et non organisables. Je vais seulement indiquer le role que jouent dansla production des varietcs de pus et dans ses alterations, lesprincipes immediats les plus remarquables du sang.
Le pus contient de i'eau, de I'albumine soluble, des extraits aqueux et alcooliques de viande, des sels terreux, des sels solubles, tels que les hydrochlorates de soude et d'ammoniaque, des matieres grasses et de la fibrine. Les plus imporlants, ceux sur lesquels je veux atlirer rattenrion, sent les matieres grasses, I'hydrochlorate d'ammoniaque, la fibrine et le soufre. Les matieres grasses decouvertes d'abord par Vanquelin dans le cer-veau, sont au nombie de deux, Tune rouge et lautre blanche; appelees d'abord par lui matieres cerebralesblan-che et rouge, elles furent ensuiteretrouvees dansle sang, les muscles, le foie par Chevreul et Braconnet; Denys qui crut y decouvrir du phosphore, leur donna le nom
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79 de graisses phosphorees rouge et blanche. M. Bonnet qui n'a decouvert dans celles du pus aucane trace de pliosphore, les a appelees graisses emulsives rouge er blanche ä cause de leur principale propriete. Au reste, celles du pus et du sang ont les memes caractercs chi-miques; leur caraclere essentiel esl de se suspendre dans l'eau qu'elles rendent trouble et laiteuse et a laquelle elles donnent un aspect semblable ä celui d'une emulsion; cette emulsion ne se coagule pas par la chaleur, ni par la presure oules acides; aussi lorsqu'elles sont en proportion notable dans le pus , celui-ci ne se coagule qu'in-compleiement par la chaleur et conserve sa teinte meine apres rebullilion.
L'hydrochlorale d'ammoniaque dont M. Raspail a de-montre l'existence dans un grand nombre de liquides animaux et fait scntir toute l'importance, se retrouve dans le pus et le sang et parait dominer dans le pus muqueux, auquel il donne cette adherence de ses diverses parties, cette disposiiion filante qu'on trouve dans 1c mucus; comme on pent le prouver en agitant du pus avec une solution concentree de ce sei, ainsi que dans le pus des grands abces froids, ce qui fait penser ä M. Bonnet que la proportion considerable de ce sei appartient sur-tout aux suppurations chroniques et aux indivldus de-bilites.
La fibrine appartient h tous les pus; les grumeaux que Ton retrouve dans le pus tuberculeux sont insolubles dans l'eau, l'alcool, l'ether , et ne peuvent etre dilferencies de la fibrine par lesmoyenschimiques; les masses opaques et blanchätres qui nagent dans le pus cremeux, dans le pus des abces froids et qu'on appelle tantot albumine coagulee, tantöt matiere tuberculeuse, sont aussi for-
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mes par la fibrine, ainsi que Jordan et M. Gendrin I'ont pense.
Enfin le soufre est aisement reconnu dans le pus et dans tous les liquides albuminnux, II s'en degage de l'hydro-genc sulfure lorsqu'on le fait bouiliir avec de la potasse, ou qu'on le laisse putrefier. Dans ce dernier cas, il se forme aussi de Fammoniaque qui se combine avec I'hydro-gene sulfureux.
II est facile dejä d'apprecier le role de chacun de ces quatre agents. Les graisses emulsives dominent dans le pus cremeux, I'hydrochlorate d'ammoniaque dans le pus sereux et muqueux, les grumeaux de fibrine dans le pus luberculeux, I'hydrosulfate d'ammoniaque dans le pus expose au contact de l'air et qui se putrefie. Les graisses emulsives jouent un role fort remarquable par rapport ä la fibrine qu'elles tiennent en suspension et qu'elles emp6-chent de se coaguler; voilä pourquoi le pus cremeux ne se separe pas par le repos en serum et en caillot, ce que Ton voit quelquefois dans le pus sereux oil la fibrine n'est point masquec. L'hydrogene sulfure sous la forme d'un hydrosulfate d'ammoniaque, parait constituer le principe verilablement deletere du pus qui a eule contact de Fair, car il n'existe pas dans les abces non ouverts, et sa presence explique deux phenomenes assez remarqua-bles. Les plaies profundes oü le pus sejourne au contact de l'air lachent en noir les appareils imbibes d'eau blanche qu'on place autour d elles. On avait regarde cette teinte comme due au pus des os, il est bicn prouve qu'il tient uniquement ä l'action de l'hydrogene salfure sur le plomb de I'eau blanche. II en est de meine des grands abces qui ont ete ouverts pendant la vie ct qui ont long-temps suppure, leurs parois qu'on trouve quelquefois ä
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l'autopsie d'une teinte noire extremement foncee, avaient ete considerees comme gangrenees. Cette teinte est due toutsimplementäractionderiiydrogene sulfure sur le sang auquel il communique une teinte noire plus foncee que celle du sang veineux.
Parmi les proprietes physiques du sang , il en est une assez remarquable, c'est la presence de globules, mais de globules qui sont qualre fois plus gros que ceux du sang; tous les micrographes sontd'accord sur leur volume^ ce ne sont done point les globules du sang qui ont passe dans le pus; il y a eu un travail particulier d'elaboration.
Cette donnee et celle que nous fournit la chimie nous permettent d'aborder plusieurs grandes questions qui ont ete discutees avec une grande ardeur dans ces dernieres annees;
!quot; le pus passe-t-il par divers degres d'elaboration?
2deg; Est-il deletere par lui-meme, altere-t-il le sang?
3deg; Peut-il fitre absorbe, ellorsqu'il est absorbe comment peut-ilexercerune action funeste?
La premiere question est facile k resoudre; le pus n'est pas un liquide constamment identique avec lui-meme qu'on retrouve partout avec les memes caracteres; mais sous rinfluence de ce travail que nous appelons I'inflam-mation, il se forme des fluides qui ont tous au fond la meme composition, et qui ne different que par la predominance de certains elements. La question est done com-plexe, il s'agit d'examiner ä part cliaque espece de pus les pus cremeux, sereux, muqueux , et voir si ä l'ori-gine ils ont les memes proportions qu'ä une epoque plus avancee. Les praticienspensent que non, et ils ont raison. Le produit de l'inflammation ressemble d'abord a de la se-rosite,etce n'estqu'ensuite qail prend tous sescaracteres-
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82 l'ouverture prematuree des abces le montre suffisamment; on n'y trouve qu'un liquide sereux t contenant peu de graisses emulsives, par consequent mal lie el grisätre; ce n'est que plus tard que ces graisses s'y ajoulent. Mais de croire que 1c liquide suLisse un travail chimique en lui-meme, une fermentation Interieure qui y fieveloppe les malieres graisseuses, c'est ce que tout concourt äde-monlrer faux.
La question desavoir si le pus estdeletere par lui-meme semble theoriquement devoir se resoudre de la manierela plus naturelle negativemenl. Quand on considere que le pus a exactement la composition du sang moins la matiere colorante, on se demands comment la rentree dans la circulation de cesmateriaux identiques ä ceux qui y existent dejä pourrait causer quelquetrouble. Lepus louablen'al-tere point le sang; M. Magenrlie ayant melange un volume egal de ce pus et de sang, la coagulation s'est faite comme a I'ordinaire, le caillot etait paifaitement forme. Le pus semble done tout ä fait inoffensif tant qu'il ne s'est pas decompose. Au reste nous aliens voir dans quelles limites l'absorption du pus est possible.
Les globules du pus elant quatre fois plus gros que ceux du sang., il semble impossible qu'ils soient pris par les plus petites veines, et rexperimentation le prouve si bien que M. Magendie, apres avoir injecte du pus dans les veines d'un chien , a constate que les globules avaient obstrue les capiilaires du poumon et produit ce qu'on appelle I'engouement pulmonaire. D'apres cela le pus ne pourrait done pas etre resoibe en nature. Cepondantana-lysons la question de plus pres; on peut distinguer dans le pus: 1deg; les parties dissoutcs dans I'eau; 2deg; celles qui ferment une emulsion dans Teau, les graisses; 3e
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83 celles qui sont simpiement suspendues. 1deg; Les preiniferes sont aisement resorbees, comme la serosite du sang a la-quelleellesressemblenipleinement, et les collections paru-lentes qui so resorbent en parlie sont toujours celles qui contiennent une grande proportion de serosite; 2deg; les ma-lieres grasses au contraire s'opposent ä l'absorption ; les huiles sont indigestes par cette raison 5 on salt que certains grands buveurs ont la precaution de prendre un verre d'huileavantdese livrerä laboisson(l). Voiläpourquoile pus cremeux est si difficilement et si incompletement ab-sorbable; 30enfinlesgrunieauxfibrineux ne sedissolvant pas dans I'eau, ne se resorbent jamais et on les trouve dans les foyers sanguins qui ont disparu par Tabsorption. M. Velpeau a meme pretendu que les corps cartilagineux des articulations etaient dus aux depots fibrineux d'an-ciens epanchements sanguins resorbes.
Ainsi le pus par sa nature meme peut etre resorbe sans danger pour Teconomie. II n'en est pas de meine de celui qui, par suite de quelque action chimique, contient quelques principes nouveaux. M. Bonnet pense que I'agent essentiellementdeleterec'estl'hydrosulfated'ammoniaque, que ce sei ne peut se produire sans le contact de Fair, que par consequent les plaies qui donnent lieu aux terribles accidents de ce qu'on appelle la resorption puiulente ou la phlebite, et qui suivant lui sont dus a un cmpoisonne-ment par I'hydrosulfate d'ammoniaque, que ces plaies, dis-je , sont celles qui sont exposees au contact de Fair. Remarquons que cette idee du danger de rintroduction
(1) On sail aussi et par la meme raison, que les substances huileuies introduites dans le tube intestinal, devenant refractaires aux forces digestives, purgent par indigcsliou.
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84 de lair dans les plaios est fort ancienne et loin d'Älie propre ä l'auleur; il en donne seulement I'explication chi-mique et fonde sur celte donnee plusieurs precedes nou-veaux pour des affeciions chirurgicales. Cela montre, pour le dire en passant, combien toutes les sciences se pretent mutuellement secours. Cependant Tauteur lui-meme a abandonne cette idee qui etait trop exclusive. II reconnait que les resorptions purulentes ne peuvent 6tre produites par I'hydrosulfate d'ammoniaque, puisque dans les cas oü il a constate sa presence les malades ont vecu pendant un mois et demi ou deux mois, ce qui n'arrive jamais dans ces graves maladies; et qu'il faut les distin-guer de ces'especes de fievres hectiques que rhydrosulfate d'ammoniaque a determinees chez ces deux malades. Je reviendrai lä dessus ä propos des vices de secretion.
Be Vepanchement. — Ce n'est pas une terminaison particuliere de rinflammation^ c'est un vice de secretion qui a lieu ä l'occasion de cet etat de la circulation ca-pillaire. J'ai dejä montre comment Finflammation dispose aux vices de secretion et de nutrition, et comment la serosite est le premier produit de secretion qui se deve-loppe dans ce cas; or, dans I'epanchement, ce produit se reunit en grande quantite a cause des conditions partieu-lieres du tissu qui est ferme de toutes parts. II n'otfre aucune consideration speciale, si ce n'est peut-etre celle qui se tire de la presence des grameaux que Ton rencontre dans le fluide des epanchements. La matiere coa-gulable, c'est-a-dire la fibrine melee ä de l'albumine, s'clant organisee ä la surface des sereuses au commencement de l'inflammaiion, eile est dechiree par la serosite ä l'epoque oü I'epanchement se forme et oü eile est secretee en abondance et est entrainee par eile.
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Du ramollissemenl. De l'ulceration. De I'induration. — Les deux premieres de ces terminaisons sont des vices de la fonclion paniculiere de ia nutrition qui, amp; cause des conditions nouvelles oü est place le tissu con-gestionne, lui fait subir differents changements dans sa cousistance et sa struclure. Comme elles peuvent se dlaquo;5-velopper hors de cet etat de la circulation capillaire quo nous nommonsrinflammation, il faut trailer h part de leur mecanisme; le peu qu'on salt du ramollissement et de l'ulceration sera done place ä proposdes vices de nutrition.
Quant ä l'induration ce serait une erreur de croire qu'elle est loujours un vice de nutrition; il n'en est rien leplus souvent. On peut la regarder comme une veritable terminaison de Tinflammation.
Lorsque la coagulation du sang est survenue dans les parlies oü la circulation est suspendue par suite de la congestion du sang, si a I'epoque ordinaire la circulation ne se retablit pas et que le tissu ne se degage pas, ou qu'il ne le fasse que tres-incompletement, il resle done indure, c'est-i-direquelesmateriaux du sang sejournent dans son Interieur et augmentent son volume et sa den-site. II pent arriver deux cas : ou bien le tissu contiept encore tons les maleriaux du sang, la matiere colorante, la sörosite et les sels, la fibrine, etc., alors il est rouge, dur, friable, e'est ce qu'on nomme l'induration rouge; ou bien la resorption d'une partie des principes epanches a commence; la matiere colorante, la sei'osite,ralbumine ct les sels les plus absorbables, parce qu'ils sont solubles, sont seulement repris et il ne resle que la fibrine qui n'a pu l'ßtre, parce qu'elle s'est organisee ct unie intimement aux tissus. A cause do la couleur de la fibrine, celte induration proud le nona dinduration grise. Des lors on
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concoit que la r^sorpiion n'en est plus possible, et qua la guerison ne peut plus arriver par ce moyen; mais eile a lieu par un autre precede. Celle fibrine organisee se penetre tie vaisseaux, devient molle et rouge, puis se transforme peu ä peu en tissu cellulaire et l'induration disparait. Cette terminaison est assez rare pour les indurations grises des parencliymes et n'arrive qu'ä la suite de causes qui impriment une grande activite äla circulation et ä toutes les fonctions, comme la plenitude, un changement dans les habitudes et les travaux; il n'existe pas de remedes qui puissent I'aniener direclement.
Les signes auxquels on reconnait l'induration sont pour les parlies situees ä rexterieur, le toucher. A I'interieur ils sont equivoques et variables, et different peu de ceux que j'ai assignes soit aux maladies chroniques avancees, k moins que le viscere indure ne forme une tumeur que la vue ou le toucher puissent decouvrir comme cela s'ob-serve pour la rate et le foie, soitau pus lorsqu'il ne peut laquo;e faire jour dehors.
De Vinflammation chronique. •— Je vais I'examiner comme I'inflammation aigue sous le double point de vue de son mecanisme et de ses symplömes.
Ce qui caracterise Tinflammation aigue, la suspension de la circulation et la coagulation du sang, ne peut plus evidemment se retrouver dans I'inflammation chronique, parce qu'il ne peut pas persister indefiniment. De sorle qu'ä mon avis ces deux eiats sont rapproches assez ä tort sous le rapport de leur mecanisnje au milieu des tissus.
L'inflammalion chronique consists dans une congestion permanente, non pas une congestion simple qui peut etre revulsee facilement commo celles debt j'ai parle dans le premier chapitre. mais une congeslion qui ostentrclenuc
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par quelque changemenl materiel survenu dans le tissu. Broussais pensait que rinflammalion laissait des alterations dans les capillaires sanguins d'une par tie, et que c'etait ce qui en expliquait la reproduction Quoi qu'il en soit du siege de ces alterations, il est certain quilexiste quelque vice de secretion qui cntretient la douleur et la congestion sanguine. Voilä pourquoi pile cst si longue et si difficile ä detruire, parco qu'elle a des racines pro-fondcs dans les tissus, pour employer une expression metaphorique. Desnerfs fort irritables ptiivent sans doute la produiie, en contractant une douleur qui y appelle et y en'rcticnt le sang; mais en general il y a quelque chan-gement de texture appreciable ou non appreciable. Ces idees sont verifices par I'experience; car la resolution des inüiiinmations chroniques se fait dans les memes cas que rinduralion.
Broussais et les auteurs qui ont ccrit d'apres lui, ont cfonne ä rinflammation chronique le nom de subin-flammalion et lui ont attribue les differentcs productions connues autrefois sous la denomination de degenerescences de tissu et qu'on regarde mainunant comme deraquo; vices de secretion, les indurations, les squirrhes, les encephaloi-des, les lumeurs cliarnues, fibreuses , adipeuses, melice-ri(]ues,etc. etc. Connaissant la nature de rinflammation chronique, nous voyons qu'elle ne pent rien produire elle-meme, mais en entretenant I'afilux du sang dans une partie et en ralentissant son cours, eile fournit aux score-lours des materiaux nouvcaux , et en plus grande aboa-dance, en ce sensqu'auparavantils ne reccvaieni que certains principes immediats du sang et quils enrelt;;oiveiit davantage a cause de la lenlcur de la circulation et de la distension des vaisseaux. Be la les produits accidentcls
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dontje parlerai dans le chapitrc quatrieme. La inSoie raison s'applique aux vices de nutrition.
Quels sont les symptomes qui correspondent h cet etat des tissus? IIs sont assez difficiles ä preciser : on pent dire en general qu'ils consistent en un trouble do la fonction d'un organe, qui dure depuis assez long-temps, pas assez fort pourque dfes le debut il ait attire l'attention et qui ne s'estfaitremarquer, surtout quand il existe a I'interieur, que lorsqu'il a dejä altere la constitution ; si bien que nous autresveterinaires nous voyons peud'inflammationschroni-ques ä leur debut, ä moins qu'elles n'aient succedeä des inflammations aiguespourlesquelleson nous auraitconsultes.
L'etat chronique debute done sous deux formes; tantöt ilsuccede ä l'etat aigu5tant6til estprimitifjce quiesl peut-Stre le cas le plus frequent; il reconnait les memes causes que l'etat aigu, mais qui agissent avec moins d'intensite.
Outre les symptomes qui se tirent du trouble de la fonclion de l'organe malade et qui sont les memes que ceux de l'etat aigu älintensilepres, Hyena qui appartiennentä toute I'economie; tels sont la diminution de l'embonpoint, de l'appetit et des forces, la decoloration de la peau et des muqueuses; les inflammations chroniques qui sont un peu fortes donnent la fievre, les autres n'ont de fievre qu'ä une cpoque assez avancee, eile est alors connue sousle nom de fievre hectique. L'etat de la peau et du poll est une bonne source de symptomes qui donnent la mesure de la maladie; en general la peau devient seche et dure ou flasque et sans ressort, et le poil sec et sans brillant. La temperature du corps s'abaisse, il devient plus impressionnable au froid et aux variations de la temperature, et s'affaiblit peu ä peu. La maniere dont la mort arrive merito d'etre notce: tantöt l'animal s'est affaibli progressivement, tantöt il a
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89 dcperi rapidement; dans les deux cas il reste en general quelque temps stationnaire et meurt tout-ä-coup, saus qu'il ait ete plus mal la veille de sa mort que quelques jours avant el sans que rien aitpu annoncer qu'il mourrait cc jour lä plutot qu'un autre. Dans les maladies aigues au contraire, la marche est plus rapide et on pent suivre et annoncer une terminaison funesie.
Les terminaisons de rinflammation chronique sent a peu pres les memes que celles de rinflammation aigue; la resolution est, comme dans celle-ci, le mode de terminaison le plus favorable. La suppuration se fait long-temps attendre et se renouvelle plusieurs fois dans le meme foyer; la gangrene spontanee est tres-rare , mais I'art la produil quelquefois par des remedes trop energiques; quant ä l'in-duration, l'ulceration et le ramollissement, nous savons qu'il faut les placer dans le cinquieme chapitre.
Je dirai seulement quelques mots de la resolution en particulier ; eile est difficile et s'obtient lentement. C'est dans les ganglions lymphatiques, dans certaines glandes, les mamraaires surtout, dans le tissu cellulaire sous-cutane, dans le Systeme fibreux et meme dansle Systeme osseux chez les jeunes animaux qu'elle arrive le plus ordinairement; rarement s'opere-t-elle alors par une marche continue versla guerison, mais le plus souvent apres plusieurs alternatives d'accroissement et de diminution et en se convertissant plusieurs fois enletat aigu. Chacun de ces retours ä l'etat aigu amenant une fluxion sanguine plus abondante , suivie de la coagulation du sang et ensuite de resorption , il en resulte qu'ä chaque fois les produits accidentels qui entretiennent rindamma-tion chronique sont dissous en partie et puis absorbes; et si cesprincipesne sc resorbent pas, ils no foniau contraire
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90 qu'augmenter de volume. Le plus souvent aussi, c'est moins aux remMes donnes ä Finlerieur ou a I'exterieur qu'ä des causes plus generales, telles que les changements de service et de regime, de saison el de temperature, les revolutions des äges qui portent une plus grande acti-vile sur certains organes, comme la plenitude, revolution organique qui correspond a la puberte chez Thomme , qu'il faul attrlbuerla guerison de ces maladies.
Theorie des indications. Elle repose sur la connais-sance exacle du mecanisme de l'elat inflammatoire dont je viens de faire l'expose et surtout des rapports de eel etat local avec le reste de l'organisme. Je vais reprendre chacune des periodes de ce travail^ en I'etudiant sous ce dernier point de vue.
Si nous nous demandons ce qui se passe dans I'econo-mie pendant qu'il s'eiablit quelque pan un travail inflammatoire, nous vcrrons que I'organe qui en est le siege est un centre de fluxion; le sang etle fluide nerveux y abor-dent en plus grande quantile. Le reste du corps recoil done moins des deux qu'ä l'ordinairc; or comme il lui en faul une certaine quantile pour accomplirsesfonclions, il s'cUiblit ainsi une opposition dune partenlre I'organe malade et de l'autre entre le resle do l'organisme. Pendant la premiere periode, I'organe malade l'emporte, et attire ä lui les deux fluides; pendant la periode de coagulation, la fluxion diminue et s'aflaiblit, et pendant la troisieme le mouvement se fait en sens inverse vers les organes sains. Ainsi le courant des deux fluides d'abord porte vers la parlie malade, resle quelque temps sans direction, et se fait ensiiite vers les parties saines. Or, pendant le premier temps la nutrition languitdans les organes sains, et l'absorption ^y act ivan t le corps maigrit;
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pendant la secomle au contraire les mßmes phenomcnes se passent chez I'organe congostionne qui retablit sa circulation et se guerit.
Teile est la marche naturelle des inflammations franches. On voit qu'il y a deux points a considerer: ITenergie de la cause qui produit la fluxion; 2deg; l'energie de l'action de l'organisuie qui appelle a lui le sang dont le cours est deplace. Les indications roulent sur ces deux points. Si la cause est violente , les organes ne peuvent pas la contre-balancer assez et rinflammaiion est dangereuse, el si lors meme que la cause productiice est d'une intensite mode-ree, la reaction organique ne se fait pas, les memes consequences anivent. On ne pent pas diriger des remedes conlre la cause meme de la maladie; mais comme le sang est l'agenl de tout le desordre organique, que c'esl son accumulation qui conslitue I'inflammation , I'indication d'agir centre la cause se reduit a celle de soustraire du sang; en diminuant la masse totale du sang on diminue celle qui arrive ä la partie malade. La seconde indication est celle d'exciter cette reaction naturelle des organes, e'est ce qu'on appelle en therapeutique la revulsion. Soustraire du sang et revulser sont done les deux indications fondamentales de 1'etat inflammaloire.
La resolution peut s'operer ä l'epoque ordinaire et etre complete, ce qui arrive frequemment; mais aussi il peut arrivcr plusieurs cas.
1deg; Si le corps est debilitc, affaibli, il reagira d'autant moinscontre le mouvement du sang vers I'organe malade; la fluxion sera done plus longue ä se borner et la resolution plus lente ä arriver. II faut alors exciter cette action naturelle du corps, cVst ä dire revulser. Mais a quelle epoque revulsera-l-on? L'observation de la marche natu-
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92 idle de la maladie nous I'apprend. Tant que le mouvement fluxionnaire est dans sa force nous voyons que la reaction des organes nes'opferepas; eile ne commence que lorsque le sang n'est plus dirige avec autant d'energie vers le point malade. L'art doit imiter la nature; et par consequent n'avoir recours en general ä la revulsion qu'a I'epoque oil Ton voit que la maladie a perdu de son intensite.
2deg; II peut arriver que dans l'organe oü le sang s'est coagule la circulation ne puisse se retablir qu'avec peine et que les materiaux du sang epanches ou secretes ne puissent pas se resorber. Une nouvelle indication se presente alors : celle d'agir sur l'organe meme pour y activer le travail des secreteurs, la circulation et l'absorp-tion. Maiscomme en excitant l'organe on a acraindre d'y rappeler le sang, il faut poser cette r^gle pratique: que cette indication ne se presente ä remplir que lorsque le mouvement fluxionnaire a tout-tk-fait cesse dans l'organe, ce qu'on reconnait ä la disparition de la douleur depuis plusieurs jours. C'est pour avoir meconnu cette troisieme indication et avoir trop tot excite les organes qu'on a cause souvent le retour des maladies ou d'accidents encore plus facheux.
Je viens de montrer ä quelle epoque il faut revulser et stimuler, voyons ä quelle epoque il faut soustraire du sang. C'est evidemment au debut et tant que le mouvement fluxionnaire persisle et qu'on ne voit pas I'etat local dc-venir moins intense et se borner; mais d'un autre cote il faut considerer l'ensemble de l'organisme qui est charge ^ comme nous I'avons vu, de la revulsion naturelle; comme pour operer cette reaction I'economie a besoin d'une cer-tainc force, ct que cette force est puisce dans le sang, on sc guidera sur eile dans la soustraction du sang, de ma-
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93 maniörc ä ne jamais irop raffaiblir; et on aura d'aulant inoins recours ä lu saignee que l'animal sera auparavant plus debilite.
Tels sont les cas dans lesquels les principales indicy-lions de l'eiat inflammatoire se presentent ä remplir. li me resterait ä parier maintenant des nouvelles indications qui se lirent de la presence du pus, des epauchements , des indurations, mais c'est au chapitre des vices de secretion qu'il convient plus specialement d'en traiter.
Pour rinflammation chronique, nous avons vu qu'elle lenait le plus souvent ä quelque vice de secretion qui en-tretient la congestion sanguine dans les tissus. Les conditions particulieres dans lesquelles on la voit operer sa resolution etant aussi celles pendant lesquelles s'opere la resolution des indurations et des vices de secretion, je renvoie egalement ä ce cliapitre.
Les inflammations qui ont leur siege ä l'exterieur pen-ventetrecombattuesdirectement par l'emploi desmoyens qui agissent sur les vaisseaux capillaires, font resserrer leur calibre et emp^chenl le sang d'y arriver. Cela ne peut guere se faire que pour les extremites des membres et quand la cause est du genre de celles qui ne persistent pas long-temps ou qu'on peut enlever. C'est alors que les refrigerants et les astringents peuvent combattre l'acle inflammatoire lui-meme. Mais si ces moyens ne reussissent pas, on rentre dans les indications precedenles,
II serait interessant maintenant de comparer les idees que nous venons d'emettre et qui sont fondees surl'etude du mecanisme de rinflammation au sein des organes avec celles que les anciens s'etaient faites par l'analyse des symptomes seulement. On verrait qu'ils etaient arrives au meme resultat, ä savoir: 1deg; qu'il ya trois periodes dans
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94 la maladie, 1'augment qui correspond ä notre periode de congestion, I'etat ou periode de coagulation, etle dcclin ou periode de terminaison; 2deg; qu'il faut suivre la marche de la nature, c'est-ä-dire ne pas vouloir faire avorter la maladie, mais luilaisser suivre ses periodes en remplissant ä mesure les indications qui se presentent, pour que la maladie ne restepas stationnairedansquelqa'une d'elles. Cela confirme les idees que j'ai exposees dansllntroduc-tion de cet ouvrage, mais les bornes de ce chapitre m'em-pechent de les developper plus longuement.
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CHAPITRE III.
HEMORRHAGIES.
On donne le nom d'hemorrhagie ä la sortie du sang hors de ses vaisseaux, soit ä l'exterieur du corps, soil dans l'interieur des tissus, soit dans une cavite.
Le sang qui s'echappe ainsi de ses vaisseaux y est determine par des causes diverses, dont les unes sont me-caniqueset les autres vitales, c'est-ä-dire qu'elles tiennent aux maladies qui peuvent se developper au milieu des organes vivants.
Ainsi une simple contusion amenela rupture de plusieurs capillaires, l'extravasation du sang dans le tissu de la peau ou dans le tissu cellulaire sous-curane et produit une infiltration sanguine, une echymose. La contusion pent etre assez forte pour broyer les teguments exterieurs et les tissus situes au-dessous d'eux avec les vaisseaux qui les iraversent; delä un ecoulement de sang ou une infil-
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tration; il en est de mfimo des plaies qui interessent la totalite ou une partie des parois d'un vaisseau, des fractures comminutives, simples ou compliquees d'une Ouvertüre de la peau par oü le sang pent s'echapper; cnßn la rupture des parois d'un vaisseau est possible a la suite d'un violent effort et liieniorrhagie se manifeste apres raccident.
Mais ce que des causes mecaniques produisent, des maladies le determinent aussi quelquefois; ainsi !a dilatation anevrismale et variqueuse des arteres et des veines, rinflammation aigue ou chronique qui ramollit les lissus qui entrent dans la composition de ces vaisseaux, la fonte des tissus de formation accidentelle ou morbide.
Ces cspeces d'hemorrhagies dont nous venons de parier appartiennent ä la Chirurgie et ne renlrent pas dans le plan que je me suis trace; je ne me propose que de iraiter des hemorrhagies spontanees. Qu'un vaisseau ouvertlaisse echapperdu sang, soit que sablessure Aiennc d'une cause mecanique ou d'une ulceralion , les seules considerations que cet accident peut offrir, lorsqu'il a lieu ä 1'exlerieur, s'appliquent a des moyens mecaniques d'arreter le sang, et sous le rapport de l'origine de la lesion on ne- voit rien de general a dire. Au contraire, lorsque I'hemorrhagie arrive sans lesion directe des vaisseaux, ou bien il peut y avoir un etat du sang tel qu'il s'epanche et s'infiltre dans les lissus, et de preference dans ceux qui sonl le siege des congestions, c'est ce qui constitue les hemorrhagies passives dont je parlerai ä propos des maladies generalcs par alteration du sang, ou bien il sort de ces vaisseaux sans qu'on puisse saisir une alteration du sang ou des solides qui expliquenl cet accident. Cette derniere espece d'he-morrhagie est infiniment plus frequente dans I'espece
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96 Iiumaine que dans les animaux, oü ccpendant eile se rencontre quelquefois. L'explication de son mecanisme pre-sente une difficulte que voici : toute inflammation ou congestion violente n'est pas necessairement accompagnee d'hemorrhagie; il y en a au contraire qui se lient ü des congestions d'une mediocre intensite; que se passe-til done de particulier dans le tissu qui en est le siege, puis-que ce n'est pas seulement la violence de la congestion qui la cause ? L'hemorrhagie active, celle qui n'est accompagnee d'aucune lesion particuliere du sang ou du tissu, presente done certaines conditions speciales qui sont encore inconnues. Au reste eile est toujours precedee d'un trouble general de l'economie, de phenomenes de congestion et d'irritation vers le point oü eile doit avoir lieu. Cette direction que le sang eprouve vers un point, le trouble de l'economie, la disposition qui I'y pousse, sont ce qu'on appelait autrefois le molimenhemorrhagicum, le travail hemorrhagique preparatoire, I'effort hemorrhagique.
L'observation attentive des animaux domestiquesprouve qu'ilssontbienmoinssujetsquerhommeauxhemorrhagics que precede une disposition generale de l'economie, un molimeu hemorrhagicum, et qu'au contraire ils eprouvent plus souvent quelui celles qui dependent d'une inflammation aigue ou chronique. On a essaye d'expliquer ce pen de susceplibilite des animaux aux hemorrhagies sponta-nees, par les raisons suivantes : la position horizontale de leur corps, leur irritabilite moins vive, la densile plus grande de leurs tissus. Quant ä une autre raison tiree dc la quantite moindre dJexhalants qui eatrerait dans leur composition et de leur longueur qui serait plus considerable que chez I'homme, j'avoue qu'clle me parait pen concIuante,altendu que I'existcnce desvaisseaux exhalants
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97 ost problematique et que ricn ne prouve qu'ils soieni plus longs chez les animaux. La position horizontale da corps des animaux doit sans doute entrer pour quelque clioso dans la rarete de quelquesuncs de leurs hemorrliagies qui sent frequentes dans Fhomme et la femnie, principa lement de celles du rectum etderuteius. D'autre part la pituitaire devrait etrc , chez eux , ä cause do la position de la tele, le siege d'cpislaxis frequentes, et pourtant cetti hemorrhagie leur est peu commune et resulte plus sou-vent des contusions de la tete ou de l'ulceration de la pituitaire que de simples congestions.
La position scmble done jouer uu role assez secondaire puisque les hemorrhagies urinaires, les hematuries qui devraient etre rares, sont les plus communes de toutes, et que I'epistaxis qui devrait etre frequente n'est prcsquc jamais spontanee.
Je pense qu'il faut en dire a peu pres autant de la den-site des tissus. Lebceuf et le chevai, il est vrai, compares a I'liomnie , offrent des tissus plus fermes et plus rcsistants que cc dernier ; mais il n'est pas anatomique-ment prouve que celte densitc soit plus grande dans 1c chienbarbet,le moutonet le lapin ; la finesse du poll de ces animaux temoignerait en laveur de la delicatesse de jeurpeau; quoique les hemorrhagies ne soient ni plus rares, ni plus communes chez eux que chez les autres animaux.
Quant a la question de savoirsi leurs tissus sont pene-tres d'une quantite de vaisseanx moindre que ceux de l'homme et si ces vaisseanx sont plus longs, jc ne sache pas que les travaux des anatomistes aient eclaire ces deux points. On peut juger ä priori qu'ils ne doivent etre ni nioins nombreux, ni plus longs ehe/, les animaux dont la
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98 peauetles autres lissus sontplus dcücais que ceux ilgt;: I'liomme, et l'^tude des plienomenes physiologiques ft'vaii croirc par induction que la peau du cheval, et la mu-(jueusede ses voics respiratoires dont les secretions sont si abondantcs et qui exlialcnt unc quantile si considerable do fluides, n'ont sous ce rapport aucun desavantage ana-tomique. En ce qui concerne le chien et le bocuf, si la transpiration cutance y cst plus faible , en revanche celie des voies respiratoires y cst inßniment plus considerable, ce qui suppose des vaisseaux nombreux et disposes con-venablement pour prcduire unc exhalation copieuse. Ce-pendant on nc voit pas que, pour ccla, I'episiaxis soit plus freqaente chcz oux.
Sansnicr dune manieie absoluc I'infiaence des causes precedenlcs, je crois quelle cst extrcinemcnt bornec, ct que lesveritablcs raisons sont les suivarites: le sang des animaux cst plus coagulable, ses molecules sont plus grosses, il cstplus lie, plus adherent que celuide I'liomme. On sait que e'est a eclte propricte qn'ils doivenl de resister ä des hemorrhagies traumatiqucs mortelles pour 1 homme et qui guerissent chez eux natureilement par des moyens simples. La circulation capillaire sanguine est moins de-pendante de laclionnerveuse ; les congestions du visage sous l'influence des senlimcnts et des emotions, celies du coeur par les memes causes, n'ont probablemeut pas lieu chez eux; le Systeme nerveux trcs-developpe chez Thorame tient toutes les autres functions dans unc depen-dance plus immediate que chez les animaux qui n'avaient pasbesoin d'unsyslcme nerveux aussi important puisqu'ils n'ont pas dc volontes a exercer.
En resume, les animaux, par des causes inherentcs a leur organisation, sontbeaucoup moins sujets que I'liomme
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99 aux hemorrhagies spontanees. Les hemoiThagics trauma-liques sont aussi beaucoup moins redoutables pour eux; on met fin, dans la plupail des cas, a celles qui ont lieu a la surface exlerieurc du corps et qui proviennent d'ar-teres considerables, en ralentissant le cours do la circulation , en rarreiant pendant quelquc lemps par la compression , et en favorisant la coagulation du sang par les moyens les plus simples, et souvent meme recoulement du sang s'arrete de lui-meme.
Dans I'etat normal les femelies des animaux n'e-prouvent point d'hcinorrhagics uterines periodiques, si ce n'est cbez quelques-unes, la chienne, chezlaquelle on observe un leger suintement par la vulve, ä l'epoque de ses chaieurs, qnand on la prive du male.
Dans I'etat pathologique , la puissance ncrveuse qui ap-pelle le sang et Taccumuie daus certains points du Systeme capillaire est moins marquee chez les animaux que chez I'homine, et se borne chez eux a produire la congestion.
Enfm chez les animaux les hemorrhagies sponlanees sont le plus souvent subsequcnles ä l'inflammation aiguc et plus particulierement ä linilammation ebronique ou ä Talteration du saug.
Considerees eu egard ä leur origine, les hemorrhagies peuvent etre divisces en accidentelles, en symptomatiques et en essentielles.
On appelle accidentelles celles qui resultent d'une lesion mecanique, comme d'unc contusion, d'une plaie, d'une fracture, d'un effort, et encore celles auxquelles on peut donner lieu en pratiquant une operation chirurgicale; on les dit aussi traumatiques.
Les hemorrhagies symptomatiques sont celles qui resultent d'une autre maladie dont elles sont un des symp-
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100 lömes; coiniue rinflammaiion ajgue ou chrouique., 1'erosion, I'ulceruiton., la perforaiiou des tissus.
Enfm on nomme essenlielles ou primitives celles qui om lieu sans que rien puisse faire soupc;onner l'existence d'une pliiegmasie, d'une ulceraiion ou d'une aulre aCfection locale et organique , sans que le tissu qui fournit le sang alt eprouve des modifications materielles et qui sepresen-lent chez un sujet qui ne manifeste les signes d'aucnne autre maladie; eu un moirhemoriUagie essentielle n'esl !c Symptome d'aucune aulre maladie, c'est im etat morbide primilif.
iünvisagees rclaiivement aux pbenomenes qui president a leur naissance ou qui les aecompagnent et aux conditions particulieres danslesquelles elles se manifestem, on distingue des hemorrliagies actives, des hemorrhagies passives et des hemorrliagies critiques. Les premieres se montrenl chez des individus forts, vigoureux, ayant un sang normal et abondant, ct. places dans des condilions oü l'excitation nerveuse est portec au delä de ses limiles naturelles et le mouvement ordinaire de reconomie trouble. Les secondes chez des animaux aflaiblis par les maladies , la mauvaise nourriture, une alteration du sang, ou uses par Tage et la fatigue. Dans cette classe rentrent les hemorrliagies des maladies graves, avec alteration du sang, qui devenu plusfluide, transsude a travers les pores des vaisseaux, et celles dites traumatiques , oü le sang s'echappe sans efforts par les ouvertures failes aeeiden-tellement ä leurs parois.
Pendant long-temps on a considere les hemorrhagies passives comme etantproduites par la faiblesse et l'alonie des capillaires sanguinsensuite desquelles le sang s'echap-pait de leurs pores sans y elre determine par la force du
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101 coeur ou la contractilite des vaisseaux. Les travaux si remarquables de M. Magendie ont elabli le role veritable du sang, qui en pcrdant la propriele de se prendre en caillot, perd ce qui faisait adherer ses molecules enire elles et penelre les vaisseaux par imbibition.
Les hemorrliagies critiques doivent etre assimi'.ces a cellesdejä appelees symptomatiques, en ce sens qu'elles annoncent la lerminaison d'unemaladie et qu'elles lui ap-parliennent, qu'elles en sont symptomes; mais elies sent essentielles par leur nature, puisqu'elles liennent ä un Iransport du sang qui cessant de se porter versunorgane en aussi grande quantite qu'auparavant, trouble pendant quclque temps Feconomie et produit certains symptomes generaux appelcs molimen hemorrliagicum , avant de se jeter sur la partie par ou se fera la crise.
Sous le point de vue analomique, c'est-a-dire en par-tant des tissus qui peuvent en etre le siege, onreconnait qu'elles peuvent avoir lieu dans presque tons, a la surface des muqucuses et des sereuses., dans les tissus cellulaires et parenchymateux et par les appareils de secretion. Les animaux fournissent des exemples d'epistaxis, d'hemate-meses el dc mclsena, d'hemoptisies, d'apcplexies ccrc-brale, spinale, hepalique, splenique, pulmonaire, et enfin d'hematuries.
A quelqu'ordre qu'appartienncnt les liemorrhagies, leur Symptome saillant, caractcristiqne, quandelies sont ex-terieures, e'est rccoulement de sang, Seulement dans les hemorrliagies traumatiques on pent presque toujours s'assurer que ce sang s'ccoule immediatement ou media-tementä la favcur d'unc solution de continuite; et alors si le sang emane des capillairesdiviscs, il coule gcnerale-ment en nappe; s'il provient d'nne vcinc, e'est par un jet
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10'J continu et uniforme; et squot;il vient d'une arlere par un Jet saccade et aecompagne de mouvements isoerones ä ceux du coeur.
Quand riiemorrhagie exterieure a lieu a l'occasion do linflammation aiguiiouohroniqueou de l'ulcerationd'une muqueuse pres de son origine, on peut dans beaueoup de cas s'assurer de 1'origine phlegmasique de cette lie-morrhagie par les symptomes qui caracterisent cette inflammation et qui ont du se manifester auparavant, et Ton peut meme constater l'existence des ulceres, s'il en existe sur les muqueuses du nez et de l'uretre. Les hemorrhagies qui proviennent des portions de muqueuses qui tapissent les appareils, telles que celles de l'estomac, de l'inteslin grele et du gros intestin, du poumon et des voies uri-naires, s'annoncent de prime-abord par les symptomes propres ä ces phlegmasies qui ont apparu plusieurs jours d'avance et ensuite par la sortie du sang, soit apres de violents efforts de toux, soit par des vomissements , les efforts de la defecation ou de remission des urines, besangest rendu pur, rutilant et fluide ou noiratre, coagule et melange au mucus, aux matieres fecales ou aux urines, suivant les points par lesquels I'liemorrhagie a eu lieu et le temps plus ou moins considerable que 1c sang a sejournc dans les cavites. 11 n'en est pas ainsipour les hemorrhagies essentielles ou primitives. L'ecoulement de sang a lieu tout a coup, en un espace de temps variable apres quo la cause a agi, et n'est point precede do memo que dans les cas precedents de phenomenes locaux qui durent depuis un certain temps. II y a pourtant quelqucs symptomes encore que Ton peut saisir et qui indiqucnt et precedent 1c trouble morbide general dont j'ai parlc, etd'autres qui i'accompagnent el le suivent.
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Ces symptonics sont lesunsgeneraux, les autrcs locaux. J.es premiers consisteiu dans un etat de spasme, de rai-deur du corps et des membres, ou deslombesseulement, avec pcsanteur et abaissement de la tete, en une sorte d'engourdissement des sens et des mouvements volonlaires et de tendance au repos, en des frissons ou meme des tremblements spasmodiques et dans le refroidissement des membres. Les seconds sont caracterises par l'etat de tension de Tariere qu'on explore, qui se trouve ie plus souvent pleine et dure-, ou resserree et tendue, et dans la-quelle le sang circule avec plus de velocitc qu'ä l'ordi-naire , suivant la region oü va se declarer rhemorrhagic, en une injection des capillaires sanguins qui colorelctissu el qui en eleve la temperature.
La cause immediate dc ces phenomenes, que I'hcmor-rhagie soil exterieure ou interieure , que le sang s'ecoule au dehors ou resle an dedans, est la formation d'une congestion sanguine vers le tissu ou 1'organe qui va etre le siege de Fccoulement du sang; de lä vient qu'iln'est pas pousse vers la peau ct les membres avec autant de facilile que dans l'etat normal, ce qui produit le refroidissement el les frissons. Gelte acoumulation du sang dans un organe congeste se fait ensuile secoDdairement dans d'autres or-ganes sur lesquels celui-ci influe. U existc quclquefois en mome temps une sorle de conslriclion du cceur, qui coincide avec la congestion, et eile explique Taffliix du sang en une parlie du corps, les frissons et les Ircmblomenls qui precedent riicmorrliagie el qu'on observe aussi au commencement de plusieurs plilegmasies.
Apres cos premiers plienomenes survientun sentiment de chaleur que !es animaux n'exprimenl pas, puis le sang so fait jour; des lors la constriction du coeur cessc, et,
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IM cievenu libre, il ponsse au loin le sang dans le Systeme iiiteriel, fait ressentir celte impulsion aux capillaires; cc sang s'echappe par le lieu de I'hemorrhagie avec plus ou moins d'abondance el pendant un temps indetermine. A mesure qu'il s'ecoule la congestion s'affaiblit, le tissu se degorge,revient ä son elat normal dans les cas les plus henreux, ou bicn la congestion se reforme, Fhemonhagie se retablit et peut se renouveler ainsi plusieurs fois avec ce caraclcre d'inlermittence. A mesure que la congestion se dissipe,lcs symptomes locaux et generaux cessent, la rou-gour et Ja cbaleur delapartie,les frissons,l'engourdisse-mcntjlalassitude,sont remplacespar lachaleur quise re-panduniformement surtoutlecorps et l'cquilibrese retablit.
Le sang qui coule immedialement au dehors ä la suite de l'epistaxis, par exemple, est fluide , vermeil; il est chaud et se coagule rapidement. II sort le plus souvenl en partie fluide et en partie coagule, lorsqu'il est expulsepar les orifices des muqueuses , pourpeu qu'il y ait sejourne. Son sejour prolonge entraine sa coagulation et sa coloration brune. Le rejet du sang fluide par les orifices des muqueuses annonce done qu'il s'cst cchappc d'un point peu eloigne d'un orifice et que son sejour ne s'y est pas prolonge. Lorsquc riiemorrhagie se fait dans des cavites ou dans des organes sans communication avec lexterieur le sang est toujours coagule et noiratre. Ce pbenomene est toujours plus remarquablc apres la mort, quand le corps a perdu de sa temperature.
Quand riiemorrhagie a lieu par une surlace ou dans un organe frapped'inflammation aigue, une congestion ä peu pres scmblable ä celle que nous avons vue se produiire dans une partie auparavant saine, s'opere de la meme maniere; le sang afflue dans un ou plusieurs points du
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103 siege de la pfalegmasie ets'echappe liors de ses vaisscaux. Elle peulse renouvelorpar la persisiance de laphlegmasie et prendre le caraclere periodique de la premiere.
En cc qui concernc les hemorrhagies dites passives on admet aussi qu'elles sont preicedees d'une congeslion, niais beaueoup moins vive el moins intense que colle qui a lieu ä l'occasion des hemorrhagies actives et dont les phenomenes apparents sont trespeu saillants. Elle se fail sur une surface on dans im organe oü Ihemorrliagie s'est plusieurs fois renouvelee lorsque le malade est aflaibli , ou apres qu'unc plilegmasie chronique a modifie l'organi-salion des parties. Du reste elles sont tres-souvent lices ä une alteration du sang, et j'en parlerai dans ce cbapitre.
Matche generate. — La marcho des hemorrhagies est fort variable , aigue dans certains cas, lente dans d'autres, quelquefois meme intermiltente.
La duree des hemorrhagies peut etre renfermee dans un espace de temps qui varie entre quelques heures et cinq ou six mois. C'est ainsi qnc l'apoplexie cerebralefait perir certains malades en moins d'une heure, qu'il en est de merne de celle du poumon, sans alteration organique prealable de cet organe, et de celle de l'intestin que precede presque toujours une enterite aigue ou chronique; tandisque l'hcmaturie qui ne dure dans quelques cas, quo d'un ä cinq ou six jours lorsqu'ellc est continue, dure de quinze ä trente jours et peut s'elendrc a plusieurs mois lorsqu'elle so renouvelle plusieurs fois, et que cello des jeunes muletons dure aulant qn'un des hivers des pays monlagneux, c'est ä-dire, cinq a six mois. Sans pouvoir preciser la longueur du cours des hemorrhagies , liees a des phlegmasies chroniques, on peut touteföis avancer qu'il est generalement long.
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Terminaisons. —Ellesse terminentde plusieurs ma nieres.
Lorsque rhemorrhagie spontanee esl exlerieure et mo-deree, le sang s'arrete, apres avoir coule pendantun certain temps et on voit disparaitre les symplomes generaux qu'elle avait fait naitre , le pouls qui s etait affaibli et avail pris de la frequence , batmoins vitc et se rapprochc de son etat normal. La pcau reprend par degres sa chaleur et le corps ses forces. II en estde meme pour les fonctions qui s'etaient troublees, et l'animal marclie d'autant plus promptement vers la convalescence, qu'il est dans Page moyendela vie,doue d'une bonne constitution etque la saison qui regne est favorable, dans le jeune age ou l'äge avance, quand la constitution du malade estfaibie oua ete deterioree par le travail ou une mauvaise alimentation, lorsque les saisons sontcontraires, que le temps est froid et humide, ou quo 1c malade est place dans des licux malsains ; pour peu que rhemorrhagie ait ete abondanie ctse soil prolongee^ Tembonpoint et les forces reviennent lentement, et il n'est pas rare alors de voir survenir I'in-filtration desmembresoudufourreau,rocdemedudessous du ventre, et meme l'hydropisie abdominale et la mort. Les hemorrhagies qui durcnt long-temps en so renouve-lant plusieurs fois amenent le meme resnltat.
Quand le sang s'estecouleavec abondance par quelquc voieque cesoitet surtout par la membrane pituitaire ou la muqueuse broncbique, la mort survient plus rapicle-rnentet avec d'autres symplomes. Le refroidissemenl qui au debut ne se faisait sentir qu'aux membres , s'etend ä tout le corps et au commencement des muqueuses, la bouche devienl froide el gluanle; la muqueuse de celle cavilc , celle du ncz , la peau des levres se decolorent, lo
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107 pouls s'aflaibiit et prenc! de la rapidite ; les flancs s'agi-Jcut, se creusent, la soifest vive et l'appetit mil, !e ma-lade chancelie sur ses niembres, les pupilles se dilatent, la vuc seperd, des Iremblements convulsifs se montrent aiix muscles rotuliens, a ceux des avant-braSj I'air expire devient froid, I'animal tombc, et la mort. survient dans les convulsions.
Dans les hemonhagies qui se reproduisent un certain nombre de fois, la constitution de I'animal a cerlaineraent eprouve de raflaiblissemcnt, et si une premiere attaqne a diminue d'une maniere plus ou moins sensible I'activite de la digestion, des nutritions et des secretions, amene la maigrcur , raffaiblissement des forces musculaires, la diminution de la quantite du lait chezles femclles, les atta-ques subsequentes n'auront pasle meme caractere d'acuite que la premiere; la congestion qui se fait dans Torgane malade ne sera plus accompagnee des memes symptömes de reaction; leur mode se rapprochera de celui des lie-morrhagies passives.
Leshemorrhagies internes qui se font sur des surfaces ou dans des tissus sans communication avec l'extörieur se terminent par la mort si la quantite de sang epanclie est considerable, s'il gene par sa masse iejeu desorgancs, s'il altere et delruit leur texture, et c'est sans doute a ces desordres que la mort doit ctre attribuee dans la plupart des cas oü la quantite du sang sorti do ses vaisscaux nc pent en rendre compte. Dans Ic crane I'hemorrhagie est annoncee par les symptömes de compression du cerveau , dans la poitrinepar la dyspnee, la toux, dans Tabdomen par la distension des parois do cetie cavite ; il en est do meme de la cavite sereuse du tcsticule dans rhcmatocelc, a cela pres qu'il y a prosquc toujours avec ccttc collection
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de sang dans la sereuse des bourses une teinle rembrunie de la peau, parfois des ecehymoses visibles, tandis qu'au-cun Symptome local bien certain ne fait distinguer dans la poitrine et dans l'abdomen la collection du sangd'une collection söreuse.On n'a pour seguiderquelessymptömespro-curseursdes inflammations, si e'estune collection sereuse, ou d'une hemorrhagie si e'est un epanchoment de sang.
II paratt pourlant que les epanchements de sang pen considerables dans les tissus arcolaires et dans !es pa-renchymes sontsusceptibles deresorplion. L'hemorrhagie cerebraleen est une preuve frappante. Lo sangrcuni dans un point du cerveau estentourcd'uneespecedekyste qni sert aTisoler du restedel'organe, en meme temps qu'il secrete unfluide onctueux cp'i dissout pcua peulecaillol ct enpermet 1'absorption. Les cboses ne se passent pas tou-jours ainsi. II arrive quelquefois que le coagulum fibrincux resiste a la dissolution et ne peut etre absorbe ; alors il s'organisc et contracte des adherences avec les lissus voi-sins lorsqu'il est en contact avec eux; ou lorsqu'il est dans une cavite comme celle des articulations des membres, il se forme ces petits corps durs , resistants, blanchatres, qu'on appellechez I'hommc, grains cariilaginoux de l'ar-ticulation du genou. On Irs croyait autrefois fournis par les cartilages d'incrustation des os; M. Velpeau a eleve le premier l'idce qne je viens d'exposer ct qui parait la plus probable.
Aprcs lesliemorrliagios il peut se declarer des phleg-masics aigues ou clironiques, dans les tissus memes qui les ontfournics et dans quelques cas des ulceralions rapides ; ces phlegmasies pcuvent se dcveloppor aussi dans d'autres points de l'economie, ou plutot la formation dc rhömorrhagic annonce Vinflammation qui va se declarer
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ei tloiueile nest que le prodronu'. Lorsqu olle a ou lieu a lintericur il n'est pas toujours possible d'al'Iirmer que la phlegmasie n'est pas antericure a riiemorrhagie, surtout si la premiere etait chronique et un pen intense; mais il csl facile de le verifier pour l'epistaxis: on pent s'assurer qu'il n'existait auparavant ni rougeur, ni ecoulement nasal, ni gonflement des ganglions ma\illaires, etil esl comniunde voirTulceraiion suivre en pen de temps la phlegmasie qui a succede a riiemorrhagie, la morve se declarer el faire de rapides progres.
D'autres fois, au contraire, dans des clrconstances lieurcuses,rhcmorfliagie met fin a certaines phlegmasies. Cela se fait remarquer quand le sang s'ccoule par les voies urinaires , lorsque prealablement le malade a manifcsle des douleurs plus ou moins vives, de la chaleur aux lonibes, que les cordons testiculaires s'elant retractcs par feflet de la douleur des reins ont fait remonier les raquo;esti-cules vers leurs anneaux, en un mot quand les coliqnes nephrcliques ont eu lieu.
Knfin riiemorrhagie est quelquefois suivie d'unc phlegmasie sur on aulre point du corps que celui par lequel le sang a coule,ce qui s'observe plus particulieremcnt quand I'ecoulement s'opere a la surface d'un tissu affeele d'in-flammation chronique ou par les organes de la secretion urinaire.On a \u des erysipeles, des inflammations pul-monaires se developper dans ces cas.
Indications. — Les indications que presente la consideration de la nature de l'hemorrhagie sont de plusieurs especes , elles setirent : 1deg; des causes; 2quot; de la congestion morbide qui se fait dans le siege du mal; 3deg; de la disposition particuliere des vaisseaux de la partie; 4deg; do
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l'etat du tissu oil se fait l'hemorrha
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iquot; Cclie premiere iudicaiion varie suivant la nature des causes qu'il faut prevenir. Mais on peut dired'uue maniöre generale qu'il faut eviler ces plelhores acciden-iclles dont j'ai parle a propos de la congestion qui favo-risent pardessus lout I'elablissemeiU de fiux sanguins sur les divers organes selon leur predominance.
2deg; La seconde indication est de combatlre la congestion qui se fait vers le point par oil I'liemorrhagie a lieu , ä moins que riiemorrhagie ue soil critique , auquel cas il faut la respecter. Cetlc indication no reclame pas les memes moyens si les forces generalcs sont bonnes, le pouls plein ctfrequent,si rhemorrbagie est abondante, se pre-senle pour la premiere fois, si le sujet est dans Tage moyen de la vie ou avance en age., ou s'il est aifaibli, el si rhemorrhagie adejä paru une ou plusieurs fois.
3deg; Les vaisseaux dans un tissu hemorrhagie sont certai-nement distendus par le sang; non-seulement ils sont dis-lendus, mais lours pores sont en quelque sorte naturelle-ment cuverls et le sang s'en echappe comme par une espece de secretion; il faut done combatlre cetle disposition particuliere5 ce que Ion fait par les moyens qui resserrenllcs lissus, font retrecir le calibre des vaisseaux, el comme on disait aulrefois, donnent du ton, de la tension.
Remarquons cependant qu'il servirait de pen de chose de satisfaire a cetle indication si Ton ne remplissail aupa-ravant la seconde qui est de combatlre la congestion. Tant que le mouvement imprime par le Systeme nerveux au sang el qui le pousse vers un organe, continue de se faire, il ne suffit pas, dans le plus grand nombre des cas, de faire resserrer les vaisseaux de eel organe el d'en combatlre la disposition particuliere, il faut combatlre la
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tendance meine du sang ä se porter dans cette direction. Or nous avons vu que l'indication est de deux sorles sui-vantquel'on a a faire ä im sujet vigoureux ouaffaibli. Dans 1c premier cas on reussit bien en deseraplissant le Systeme veineux,dans le second ce moyen serait nuisiblc, et il faut deplacerla congestion liemorrhagique en rcvul-sant sur quelque appareil et principalement sur le Systeme cutane. Onplacera d'abordloin du siege les agents que I'on emploiera dans ce but_, et on les rapprochera ensuite, s'il en est besoin, et qu'il faille produire un effet plus ener-gique.
4deg; Les hemonbagies so fontsouvent chez les animaux par des pointsquot; dejaaffecles d'inllammaiion aigoe on chro-nique; l'indication est de combattre riiemorrhagie paries moyens iudiques el de reprendre le Irailement de I'mflam-maiionquandelle a cesse.
Les inflammations qui succedcnt aux hemorrhagies etant sujettes au ramolliasement ct a I'uiceration, exigent des medications toniqucs et astringent es plutot que debi-litantes.
5deg; Lorsqu'on a quelque raison dc croire qu'une hemor-ihagie est critique, il faut la respecter si eile n'est pas tropabondanle ctsurtout no pas !a supprimer trop brus-quementjlrop abondante, on doit la modereretla rem-placer par des evacuations dune autre espece,soil de la peau, seit de la muqueuse intestinale on des organes urinaires.
Quelque bien remplies que soient ces indications, le succes ne les couronne malheureusement pas toujours , parce que ; 1deg; la paraiysie et la mort arrivent quelque-fois si rapidement apresles epanchementsquisefl'ectuent dans les centres nerveux, que des qu'on sen apercoit ii
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cst iroptard pnuiquot; y reinedier; 2deg; que dans d'auires pa-rcuchymcs et a rinicrieur des cavitcs, lepanchcment dc sang suit si promptement rinflammation aigue, les symp-tomcsen sont si fugitifs, qu'onles saisit apeine et qu'on ne peut les cümbaltrc des l'originc; 3deg; que meme dans ieshemoiihagies exterieures, subsequenlcs aux inflammations clironiques, alors quo le sang se montre a I'exte-rieur ou est depose dans les organes et les tissus, I'eco-ncmic cst debilitce, les parlies alterees el le sang devenu si sereux qu'il n'est souvent plus possible d'y remedier.
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CHAPITRE IV.
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1IES SECIIETIO.NS MORDIDES
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II existe dans I'economie une function fort generale qui s'exerce par plusieurs organes et qui a pour but principal de separer du sang des maleriaux destines soit ä renuer dans la circulation, soit k elre rejetes au dehors. Elle se distingue d'une autre grande fonction appelec nutrition ^ en ce que cette derniere consists dans la reunion de nou-velles molecules ä celles qui conslituaient deja les tissus. La secretion et la nutrition separent toutes deux du sang des materiaux particuliers; mais ces materiaux separes par la premiere ne doivent point tester au milieu des tissus, lesautresau contraire sont destines ä s'ajouteraux organes pour en devenir partie integrante. Ce sont done deux fonctions bien differentes, qui ont un caractere commun, celui de tirer du sang leurs materiaux et dene pas contenir d'autres principes que ceux que ce liquide contenait lui-m6me, et qui different en ce que leurs pro-
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duils sont retenus dans les tissus pour la nutrition, ou eli-mines dans les mailies du tissu cellulaire general ä la surface des membranes pour les secretions.
On a essaye d'expliquer lo mccanisme general des secretions ensupposant que les secreteurs etaient des fdlres, des cribles qui laissaient passer certaines molecules et repoussaient celles dont les formes n'etaient pas appro-priees ä leur calibre. Teile etait la doctrine de Descartes, de Leibnitz, de Halier, qui suppose que les produits de secretion sont tout preis a I'avance dansle sang. Quoiqu'il en soit de ceite theorie, je ne la cite que parce qu'elie prouve que Ton consideraitles secretionscommcunememe fonclion s'exerrant dans plusieurs organes par un meca-nisme analogue. Quant a la supposition que les produifraquo; de secretion sont preis ä I'avance dans le sang, c'est une opinion qui ne parait pas parfaitement exacte pour les secretions de l'ordre le plus cleve.
On divise, comme on le salt, les secretions en quatro classes sous le rapport de la complication des appareils or-ganiques: les secretions intersticielles,membrancuses,fol-liculaires et glandulaires. Les premieres s'executentpar le tissu elementaire de rcconomie, le tissu cellulaire qui, en-veloppant tons les organes et penetrant dans leur Interieur entre leurs couches el leurs fibres, forme un vaste reseau qui dans I'etat naturel fournit deux produits tres-generaux, la lymphe et la graisse, mais qui dans l'ciat anormal, comme nous le verrons, pent secreter ensuite les produits les plus varies. Les deuxicmes, les secretions membraneu-ses, se font a la surface des diverses membranes, la peau, les muqueuses, les sereuses. Les follicules qui sont les organes des secretions de la troisieme classe, ont une organisation plus compliquec, leurs produits sont plus ela-
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bores. Mais ce sont les apparcils de la quatrieme classe,les glandes telles que le foie, les reins, la glande mammaire, (jui sous ce rapport sont le plus remarquables et fournis-sent des produits qui ont un caractere particulier. Les produits des trois premieres classes d'appareils se compo-senl de principes immediats qui se retrouvent lous dans le sang, leau, ralbumine, lesdifferents sels du sang,la fibrino, rosnmome, les malleres grasses, emulsives ou phosphorees, comme on les avait appelees avant. On ne trouve rien dans leur composition q-ui ne se retrouve ega-lement dans le sang. Les appareils de la quatrieme classe au contraire ont la propriete de tirer du sang des principes immediats qui paraissaient n'y pas exisier auparavant ou laquo;du moins qu'on n'y rencontre pas ordinairement. Ainsi l'uree et l'acide urique, le sucre de lait, le caseum, le principe colorant de la bile n'existent pas normalement dansle sang quoiqu'lls se rencontrent dans les urines, le lait ou la bile; ce qui peut porter ä admettre que les or-ganes qui les ont fournis ont fait subir au sang une elaboration plus compliquee et ont cree des principes im-mediais nouveaux.
Cependant cette question n'est pas resolue avec toute ia clarte desirable; ce qui y laisse quelque incertitude e'est que, lorsqu'on enleve les reins on trouve alors l'uree dans le sang; si eile n'y existe pas toute formee ä l'avance, comment l'y rencontre-t-on lorsque les seuls organes qui peuvent la sesreter sont separes de l'economie, et d'un autre cöte si eile est toute formee dans le sang, pourquoi ne l'y rencontre-t-on pas dans les circonstances ordinaires? II en est de mamp;ne du casenin et du sucre de lait qui peuvent etre secretes par des organes autres que la glande mammaire. Or il scmbleque sides organes auxquels ces
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principes sont ordinairement etrangers, les secretent dans certains cas c'est que sans doute ils se trouvaient aupara-vant dans le sang.
Quoique les organes secreteurs fournissent des produits d'une composilion en general constante, eile n'est pas teile cependant qu'ils ne separent quelquefois, dans des circonstances speciales, des principes immediats qui ne leur appartiennent pas.Dans les retentions d'urine, I'urine resorbee est rejetee par tons les emonctoires de l'econo-mie; il y a des salivations urineuses, des sueurs urineuses, des vomissements, des dejections urineuses. De memo pour la bile, lorsqu eile n'est pas versee ä la surface de rintcstin. Dans ces cas des produits sont portes dans la circulation et s'echappent par des voies qui ne leur don-naient pas passage ordinairement. Celanous prouve done que la modification du sang entraine des modifications necessaires dans les produits des secretions.
Je viens d'emettre lä deux principes de la plus haute importance pour l'etude donl je m'occupe, a savoir qu'ük part I'urine, la bile et le lait, tous les autres produits de secretion sont constitues par les principes immediats du sang lui-mcme. Cela nous explique comment des produits tres-varies peuvent etre secretes par le tissu cellulaire lui-mcme, puisqu'il ne fait quo separer les principes mömes du sang, et secondement que la composition de ces produits varie suivant la composition mdme du sang, ce qui nous donnera la clef de la theorie des diatheses.
Maintenant il est facile de montrer les rapports et Jes differences de l'etat secretoire en general avec la congestion, l'inflammation et l'hemorrhagie. La congestion con-siste seulement dans une stase insolite de sang dans les capillaires d'une partie, l'etat secretoire morbide dans
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nnc scparaiion de quelques-uns des principes de ce liquide. Le sang arrive dans les tissus s'arrete par un mecanisme inconnu, la circulation est inierrompue, les parties solides du sang se coagulent, la partie sereuse s'infiltre dans les tissus; la resolution pent survenir et la circulation se re-tablil, ou bien un veritable travail secretoire se forme; la serosite du sang subit d'aboid un premier travail, et si e'esi a ime surface librc eile est rejetce au dehors; puis les parties coagulees sent I'objet d'un nouveau travail de secretion qui leur fait subir cetie transformation parficu-liere qu'on appelle la transformation purulente.
On voit done bien le rapport de ces deux modes parti-culiers de lesions des solides. L'inQammation est un arret ct une coagulation du sang qui, apres avoir persistc quel-•jiie temps, peutdisparailre d'elle-momc. Dans le premier temps les secretions normales sont suspenducs d'abord dans la panic, mais dies recommencent bientot et cli-minent des tissus d'abord la serosite, puis les matieres solides sous la forme du pus. L'inflammation ne produit done pas le vice de secretion; il y a simple coincidence et non pas rapport de causalite. Sculement l'inflammation precede et introduisant dans les tissus des materiaux nouveaux et qui n'y penctraient pas avant, la nature des produits secretes en change.
C'est de lameme maniereque les modifications du sang apportent des changements dans les secretions. Dans certains cas particuliers, du pus se forme avec facilite dans divers organes sans inflammation antecedente, ou bien des tubercules, des masses melaniques, des squirrhes, des enccpbaloides. Les sccreteurs intcrsticiels ont separe du sang ces principes, comme dans le cas d'inflammalion ils avaient öliminc des parties les materiaux solides qui
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lie pouvaienl pasrcntrer dans la circulation. Dans I'etal morbide il ne se passe en eux ricn autre chose que ce qui se passe dans la sante, si ce n'esl on qu'iis augmenteni d'activitc, ou qu'ils separent des materiaux nouveaux, parce qu'iis leur sontapportes ou pai'i'inflammalion ou par le sangmodifie dans sa composition. Ainsi ce qui constitue l'individualitc des secretions dans i'ciat physiologiquc est aussi ce qui fonde en pathologic une cspfece parliculiäre de maladies, sous le nom de vices do secretion.
Toule activite plus grandc des söcreteurs implique-t-elle une irritation? L'ecole physiologique ne manque pas de l'affirmer, et par irritation clle enlend, commc on salt, non seulemenl une activite nerveuse plus grandc , mais en meme temps la congestion sanguine sans laquelle I'excitation nerveuse est censee ne pouvoir pas cxister. On pense maintenant, et les faits que je rapportcrai le prouve-rontjqu'il n'y a souvent dans les vices do secretion aucune espece de congestion.
Les sympathies sont une cause de troubles pour les secreteurs, commc les mouvements critiques dans les maladies. Une secretion normale etant suspenduc, une aulre la supplee et devicnt plus active; un organe siege d'une maladie en est debairasse , en meme temps un se-crcteur devient le siege d'un travail d'elimination plus encrgique, qui semble debarrasser Veconomie dc cet exces de sang qui se portait sur t'organe malade et qui est rentre dans la ciiculalion. Sans doute e'est le systeme nerveux qui est l'agent de ccs mouvements de crise ou de Sympathie; e'est lui qui provoque ie travail eliminatoire. Mais appeler cela une irritation, e'est ne rien apprendre, el il vaut mieux expliquer ce mecanismc que de prejuger la nature de l'action nerveuse que nous ignorons.
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L'inflammation, les modifications dans la composition du sang, les sympathies et les mouvementscritiques sont les principales sourees des vices de secretion qui vontetre etudiees. II y a des maladies qui sont constituees unique-ment par un vice de secretion. Dans quelques maladies epidemiques ce mode particulier de lesion des solides a ete le phenomene physique principal. Je citerai äce sujet la dysenteric epidemique observee par Sydenham en 1669, 1670 et 1671. La premiere annee, en 1669, les tranchees sans dejection predominerent; a mesurc quela maladie se prolongeait eile devenait plus humorale; la seconde annee les dejections etaient plus abondantes et accompagnees d'une irritation plus grande et de plus d'efforls, ce qui indiquait nn etat inflammatoire plus pro-nonce ; enfin la troisieme annee les tranchees diminu£rent et les dejections etaient d'autant plus stercoreuses. La methode anti-phlogistique reussit bien la premiere annee et echoua la troisieme. La premiere annee I'etat ner-veux est assez prononce; la deuxieme e'est linflamma-tion qui predomine, et dans la troisieme un etat secre-toire.
La lesion de secretion pent done exister isolement et faire le seul phenomene organique d'une maladie. Mais ä eile seule suffit-elle pour exciter et entretenir la fievre ? e'est la une question importante. Broussais qui ne re-connait en fait de lesions des solides qu'un seul mode, l'inflammation, pose en principe que loute fievre depend d'une inflammation locale; aujourd'hui qu'une etude plus precise a force d'agrandir le cadre des clat morbides des solides, et que Ton a reconnu des lesions essentielles de secretion, on a pense que ces dernieres pouvaient ä elles seules produire la fievre. M. Andral l'explique en disant
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que les matieres excretees ijencut les fonctions des 01-ganesel que c'est cette gene qui cause la fievre. Ne pour-rait-on pas reprendre les choses de plus ham et dire , puisque les vices de secrelion reconnaissent presque tou-jours comme cause delerminante, soil une inflaminalion, soil une disposition generale de l'econoniie comme dans les sympathies et les crises, soit une diathese comme lorsque le sang est altere., que ce sont ces causes deiei-minanles qui produisent en general la fievre: tels sont ces acces febriles irreguliers el les troubles nerveux qui sui-vent le developpetnent des produils de secrelion qui s'or-ganisent, des squirrhes, des encephaloides. Cependani l'opinion de M. Andral n'en est pas moins vraie dans beau-coup de cas.
Apres avoir long-temps considere rinflammalion comme la source exclusive de tout ce qui s'observe de materiel et d'anatomique dans les maladies, il ne faut pas tomber dans un exces contraire et meconnailre son importance. Si les vices de secretion sont souventessentiels, primitifs, et constituent les phenomenes priucipaux des maladies, on ne doit pas oublier qu'ils surviennent souvent aussi ä la suite d'inflammations, c'est-a-dire de stases sanguines avec arret de la circulation et solidification du sang. Ce n'cst pas rinflammalion qui produit directement le vice de secretion, mais eile est la condition premiere sanslaquelle le second n'aurait pas eu lieu.
Secretion morhide interslicielle.— Je n'ai que quel-ques mots ä en dire, la plupart de ces produits devant etre Tobjet d'une etude plus approfondic; jevais parier des epanchcments sereux dans les maillcs du tissu ce'lu-laire, I'cedeme, I'anasarquc. Ils s'operent surlout dans les points les plus declives et dans ceux oil les mailles sont le
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120 plus laches, commc en dossous du ventrt!, ouj'ai souvent observedesoedemesenormesä la suite del'applicaiiond'un caiaplasme sinapise; dans cctte region les epanchements sereux du tissu cellulaire sont en general lies soit ä desin-flammations, soit a des obstacles mecaniques ä la circulation, soit ä la derniere periode des maladies organiques oil lecoeur est sans force, de sorte qu'ils sont rarementpurs. Mais ils peuvent en etre aussi independanls et etre essen-tiels ; ainsi on voit quelquefois des oedemes critiques an fourreau, ä la parlie inferieure du ventre et aux cuisses; ceux-lä sont bien essentiels. On pourrait aussi regarder comma tels les oedemes qui se prcsentent si frequemment avec la plelhore ou I'anemie, ceux de certaines fievres muqueuses; car on n'observe dans I'un ni dans I'autre cas aueun Symptome inflammatoire. On en a cite des exemples fort curieux. Je pense qu'il y a dans ces cas obstacle ä la circulation plutot qu'activitc morbide de la part des secre-teurs. Le cours du sang est gene dans la plethora; on salt que lorsque ce liquide est trop abondant I'absorption ne se fait pas, et que si on saigno, en desemplissant les vaisseaux, on favorise singulierement I'absorplion. L'absorption ne se fait pas ou se fait mal dans les ctats plelhoriques; de irieme dans les ctats anemiques mais par unc raison con-traire, parce que la circulation y est plus lente et le fluide plusseraux. Un jeuna cheval qui apres la castration fut mis au päturage, gagna une infiltration serause du fourreau at de presque lout le dessous du ventre; las mou-chatures et la cauterisation furent sans efiet; la compression la fit disparaitre, mais les paupicres, las levres, le nez at la face s'infilirerenl el I'animal pcrit. A rautopsie on trouva de la serosite dans plusicurs screuscs; les ventriculcs du ccrveau on etaient rcmplis; le tissu celiu-
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lairc sous arachnoidien dc la convexitc des liemisphferca fort dislendu. Les membranes ct la substance encephalique ötaient saines,
Ftces de secretion des sereuses. — Ils consistent dans l'accumulation du fluide sereux dans les membranes sereuses, ce qui constitue les hydropisies. On les observe dans les sereuses du cerveau, de la poitrine, du coeur, de Tabdomen et des articulations. II ne faut pas regarder comme une hydropisie la serosite qui est ä la surface du cerveau, entre les deux lames de raraclmoide et qui est connue sous le nom de fluide ccphalo-rachidien; on pretend que son augmentation ou sa diminution causent des accidents cerebrauxfort graves; mais comme il n'est pas facile de savoir quand il y en a un peu plus ou un pen moins qu'a l'ordinaire, je pensc que l'anatomie patholo-gique tirera peu d'ulilite de cctle decouverle. 11 ne faut pas oublier non plus que trente heures apres la mort il survient dans les sereuses de legers epanchements cada-veriques, qui sont le resultat de l'imbibition mecanique de la serosite. Dans ce dernier cas cette serosite est gcneralc-ment colorce en rouge pale.
Les hydropisies essentiellee, celles qui ne succedent pas ä un ctat inflammatoire ou qui ne sont pas passives, ne sont pas aussi rares qu'on pourrait !e croire. Brous-sais en cite des exemples dans I'homme, la medecine ve-terinaire en fourmille. Les chiens que I'onbaignc en hirer, ceux qui chassent au marais, les änesses a qui Ton fait parcourir la ville le matin pour vendre le lait, gagnent en tres peu de jours I'hydropisic du ventre et celle de la poitrine. lien est de memedes fievres des pays rnarecageux, qui par suile des frissons et des tremblemenls cohcentrent le sang ä l'interieur pendant la periodc algide; apres
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122 quoi il est de nouveau pousse ä l'exterieur. Ces mouve-menls alternatifs suspendant la secretion cutanee; on voit des hydropisies se former ä la suite et le foie acquerlr un volume enorme. Les boeufs de la Bresse en oflrent des exemples.
L'atmosphere humide produit des hydropisies de la memo maniere; sous cettc influence, le double travail de perspiration dont la peau et la membrane muqueuse des voies aeriennes sont le siege, est reduit a son minimum. La serosile qui ne s'echappe plus par ces voies se trouve en cxces dans 1c sang et soil par rapport sympathique , soit parce que le sang est lui-meme modifie, eile s'echappe en plus grande quantite qu'ä I'ordinaire dans les mailles du tissu cellulaire, des membranes sereuses et des reins. La disparition dune hydropisie comme la disparition d'une inflammation, lorsqu'elles ne sont pas suivies de phenomenes critiques, donnent lieu ä des metastases. Nous ne pouvons guere apprecier l'etat du sang en lui-meme; mais les solides donnent la mesure exacte de ses variations; ils sont pour lui ce qu'est le barometre pour Pair. Le sang vient-il ä eprouver quelque changement, soit qu'une quantite de ce liquide destinee a etre rejetee au dehors rentre dans les vaisseaux, ou quo de la serosite soit en exces, aussitotquelque Organe manifeste parson trouble la modification de la circulation. On appelle dia-these cet etat du sang dont quelques principes out aug-mente. Mais par quelle raison, par qucl mecanisme un organe est-il choisi plutoi qu'un aulre? e'en par ce qu'on appelle la predisposition, qui est primitive ou accidentelle, et en vertu de laquelle une partie a une plus grande ac-tivite qu'une autre; cettc plus grande activite reside sans doute dans le Systeme nerveux de la panic, et le Systeme
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nerveux, cev. intermediairc oblige de tout Torganismc , formant un lout continu el tenant la circulation dans sa dependance, dirige 1c mouvement du sang vers cctte partie picdisposec. Je reviendrai, dans la scconde parlie de cet ouvragc, sur la predisposition qui est un des points capitaux de la pathologic, parce qu'elle est la cause effi-ciente et reelle de la plupart des maladies dont les causes exterieures ne sont que les conditions preparatoires et occasionnelles.
Trices de secretion de lapeau. — Les transpirations tr^s-abondantes qu'on observe dans certaines parties du corps du cheval., aux ars, la face interne des cuisses, cc qui fait dire aux cavaliers que le cheval savonne, ne sont-elles par de veritables secretions morbides essentielles? On en observe pendant les convalescences qui disparais-sent a mesure que les forces reviennent. Les toniques et les astringents appliques ä la peau ou donnes arinlerieur les arr^tent souvent.
Les sueurs avec refroidissement de !a peau des chevaux mourants, les sueurs visqueuses des fievres graves sont aussides etats essentiels dans lesquels il n'est pas permis de supposer la moindre irritation 5 il est egalement impossible d'expliquer autrement les sueurs tres-frequentes et tres-copieuses du rhumatisme articulaire aigu et de la phthisie pulmonaire, tandis que la peau est fort seche dans les gastrites chroniques.
Fices de secretion des muqueuses. — Ils sont de deux sortes; ceux qui tiennent ä unc alteration de la perspiration proprement dite ot ceux qui tiennent ä une alteration de la secretion folliculaire. A la premiere appar-tiennentsansdoute ces diarrheesserouses tres-abondantos, tandis que les secondes produisent les otats muqueux
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propremenl dits. II n'est ni facile ni imporiant do les dis-tinguer dans la pratique.
Les etats muqueux sont caracterises par des flux mu-queux plus abondants que de coutumc; I'haleine et la sueur out une odeur acide, la langue est couverte d'un enduit muqueux blanc, la digestion est penible, les selles sont giaireuses, il s'ecoule du mucus paries cavitcs nasales, les urines sont peu colorecs et laissent un depot muqueux. Ceasecretions muqueuses sont tellementsous rinfluence du Systeme nerveux que la frayeur les augmente, au moins celle des intcstins, et il est tel cheval chez 1c-quel la pression de la sangle de la seile, le poids du cavalier suffit pour la determiner instantanement. II y a ou il n'y a pas de mouvement febrile ; ces etats se rencontrent particulicrement chez les animaux d'unc constitution molle et lymphallque, dans les temps et les pays fioids ct humides. Les anciens les traitaienl par les substances aro-matiques, amercs, par lespurgatifs, lesicvulsifsculanes. Rarement ils avaient rccours ä la saignce, exceptö quand il y existait aussi quelque congestion , ct jamais ils n'em-ployaient les emollicnls.
BroussaisacoinbaUurideedesaiiciensclaconsidcretous les etats muqueux commc des irritations des membranes muqueuses; aussi les medecins decette ecoledonucnt-ilslo nomde gastro-broncliile ä ce qu'on appelait fievre mu-queuse. Cetle manicrc de voir n est pas en rapport avec les faits, car il y a unbon nombie do casoii il n'exisle au-cune espece de congestion sanguine dans les lissus;cl meme loin de la, on a frequemment tiouve la membrane muqueuse intestinale parfaitemenl blanclio et ayant son epaisseur et sa consistance normale, dans des cas oil pendant la vie on avait eu ä faire ä des diarrhees maqueuses ,
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sou rccentes, soit anciennes. Dans plusieurs cas aussi de laquo;jaiarrhes puJmonaires chroniqucs on n'a irouve aucunc cspece de lesion dans la membrane des voies aeiiennes. Plusieurs flux muqueux sont traites avec le plus grand succes par diverses substances slimulantes; pins d'un flux muqueux intestinal cede tantot aux astringents, tantot aux purgatifs amers. II est vrai que les arguments tires du traitcment ae sont pas paifaitement rigoureux. On traite avec succes les inflammations chroniques dc I'oeil par des astringents cnergiques, le nitrate d'argcnt par exemplc, en solution ou en crayon, par les Sulfates de cuivre ou de zinc 5 les emollients y eclioucnt toujours, de sorle qu'il n'ost pas permis de conclurc rigoureuse-ment de Tcmploi des purgatifs ä i'absence de congestions chroniques. Les principales raisons se tirent de ce que les secretions muqueuses existent dejä dans I'etat physiolo-giquc, de ce que les douleurs vives et permanentes de i'iriflammation manquent, et qu'il y a un etat general et non pas localise en un point seulement, enfin de la per-sistance de I'etat muqueux qui n'empeclic cependant pas tout a fait la digestion.
C'est dans ces cas surtout qu'on voit survenir la fifevrc, et qu'on pent I'expliquer d'aprcs la maniere de M. Andral qui pense que la gene des fonctions quo cause la presence des glaires, pent ä eile seule l'entretenir. Ce serait cependant une erreur que de croire qu'il ne pent jamais exister de congestion sanguine ou meme de veritable in-QammaUpa; il ne faut pas s'habituer a considerer les etats morbides generaux comme etant toujours distincts ct isolcs; on ne rencontre pas souvent des inflammations, deshemorrhagies, des vices de secretion, des etats ner-veux ou typhoides purs; ils se presentent toujours a I'etat
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126 de complication; des etats nermix se developpent au milieu d'inflammations, comme des inflammations sur-viennent au milieu d'alterations du sang. Äussi faut-ilque le yva\ praticien sache distinguer les nuances infinies de la pratique et fasse varier ses indications suivant la predominance des etats morbides. II peut done exister des inflammations dans certains points, au milieu d'etats mu-queux oil predomine le vice de secretion connu sous ce nom. II ne faut pas craindre de les enlever quelquefois par des degorgements sanguins, et e'est dans ces cas que lesanciens permettaient la saignee.
Juices de secretion glandulaire. — La secretion des organes glanduleux peut etre egalement plus abon-dante sans que l'organe paraisse altere dans sa structure etqu'il existe de congestion dans son parenchyme. On a trouve plusieurs fois parfaitement sains , des foies d'in-dividus qui avaient rendu par les selles ou par les vomis-sements desquanlites enormes de bile. Sur quatre reins de personnes attcintes de diabetes, un soul etaitinjecte et plus volumineux; les aulres n'offraient rien de particu-lier. Un hommequi avait eu pendant long-temps un ptya-lismc survenu sans cause appreciable ^ n'a rien presente d'anormal dans la structure de ses glandes salivaires. ( VoirleDiabete deMoiroud , etc. )
Des produits de sScretiow. — Ils se divisent en trois classes : les produits de secretion qui ne sont pas orga-nisables,ceux qui s'organisent, et enfin ceuxqui s'isolent de l'organisme et ont une vie independante, les entozoaires et les eclozoaires.
1deg; Produits non organisables. Secretes au milieu des lissus, iisn'eprouventde changements que ceux qui leur sont communiques par les parties au milieu des-
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quelles ils existent. IIs sont infiltres au milieu d'eux, de maniere ü englober des portions de l'organe qui les fournit, et toules les traces d'organisation qu'on y apercoit sont du tissuprimilif. Ils sont solides ou liquides, leur masse est homogene, sans aucune apparence de structure. Tantot d'un tres-petit volume, ils formentquelquefois des masses considerables etpeuvent memeelre entouresd'un kyste, lescollectionspurulentes, par exemple.Quelquefois ils commencent par etre mous et durcissent peu k pea paree que les tissus voisins absorbent leurs principes solubles, et dans ce cas c'est par leur volume qu'ils genent le jeu de l'organe, qu'ils Iroublent ses fonctions ; le lubercule, la melanose,elc., sontdans ce cas.Lorsqu'au contraire apres avoir cte durs ils se ramollissent, c'est que leur presence irriieles tissus qui secretent une ma-tierenouvelle, laquelle penetre le produit et le ramollit.
IIs naissem et s'accroissent quelquefois sans presenter aucun Symptome soit local soit general; d'autres fois sans se manifester par aucun trouble local ilss'accompagnentde ciesordres fonctionnels dont I'origine, la cause est fort obscure pour le praticien qui cherche ä interpreter ces troubles varies de Tinneivation; puis les symptomes locaux finissent par se montrer par la gene des fonctions de l'organe ou l'existence de la douleur. Ils peuvent offrir simplement de petits acces de fievre irreguliers dans leur forme et dans leur retour, ou bien ia nutrition s'altere, lamaigrissement se prononce, et meme il peut y avoir nn marasme commengant avant que la lesion puisse €tre reconnue.
Ces produits ont etc ranges en plusieurs genres : dans un rr sont la serosite, lepuset les tubercules; dans un 2C les matieres d'apparence gelatiniforme, les meliceris,
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128 la substance colloidc ; dans un 3deg; les matieres grasses , lipomcs, steatomes , atheromes ; dans un 4C les malieres salines, les calculs urinaires, biliaires, pancreatiques, etc.; et dans le dernier les matieres colorantes; Tune noire, la melanose, I'autre jaune la kirronose. La melanose s'observe surtout sur les chevaux blancs ou gris et dans divers organes, lantot infiltree dans les tissus , tantut reunie en masses plus ou moins considerables et rarement enkyslees.
Leur caractere le plus general c est de ne contenir que les principes immediais du sang; non pas que chacun de ces produits morbides contienne tous les principes im-mediats du sang; mais il n'encontient pas detranger, ct ces principes y entrent dans des proportions variables.
La serosite morbide cst identique ä la serosite de 1'etat sain et est composee de la memo maniere. La ma-tiere visqueusequi est contenue dans leskystes desovaires, et dans ceux designes sous le nom de ganglions est demi-transparenle et ressemble ä une solution un peu concen-trcede gelatine; eile se dissout entierement dans I'eau , preuve qu il n'y existe pas de fibrine; eile se trouble ä peineparrebullilion, cc qui niontre que l'albumine y entre dans une ires-foible proportion; on y Irouve un peu de chlorurede sodium, de lextrait alcooliquc et de l'extrait aqueux de viande qui parait en former la partie fonda-mentale. La composition de ce liquide est done celle de la serosite moins ralbuminc, et tout ä fait celle de fhumeur aqueusc de l'oeil. C'est un des produits de secretion les plus simples.
Les racliceris ont a peu pros la meme composition; leur couleur jaunätre disparait par I'ebullition; eile est
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129 due sans doule ä la matiere coloranle du sang qui prend cetteteinte dans ceriains cas, surtout lorsqu'elle est en faible quantite, comme on le voit arriver dans les ecchy-moses de la peau qui se resolvent.
Les atheromes renferment une matiere d'un blanc jaunätre et qui ressemble ä une bouillie epaisse. On y trouve les memes elements que dans le pus a la difference pres des proportions; il y a peu d'albumine puis-que Tebullition y determine ä peine un leger coagulum. Les matteres grasses emulsives qu'on extrait par I'al-cool y entrent en si grande quantite qu'elles y sont pour un tiers. Les sels solubles tels que les hydrochlo-rates de soude et d'ammoniaque si faciles a reconnaitre dans le pus sont tres-difficilement apergus dans les atheromes.
Quant au pus on connait sa composition que j'ai donnee au long dans le chapitre de linflammation; il cut peut-etre ete plus convenable de le placer ici, s'il n'eüt servi ä preparer certaines questions. On connait aussi Tanalyse des tubercules; les lipomes et les steatomes ne presentent que les materiaux dejä indiques ä propos des atheromes, de sorte que la loi qui a ete emise se trouve verifiee.
Cependant on rencontre quelquefois dans ces produits de la cholesterine ou de l'acide urique; ilsneseforment pas de toutes pieces dans les lieux oü on les rencontre, mais ils n'y paraissent qu'autant qu'ils existaient auparavant dans le sang; on sait qu'ils s'y rencontrent en effet quelquefois. MM. Denis et Lecanu ont demontrc la presence de la cholesterine dans le sang des individus les mieux portants, et l'acide urique peut y etre transports dans une resorption urinaire, si bien que ces principes ac-
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cidentels dans les produils morbides le sont aussi dans le sang.
Long-temps on avail considere ces produils commedes substances sans analogues dans l'economie et qui conte-naient des principes particuliers, capabies de donner des reactions determinees a I'aide desquelles on put les re-connaitredans tousles cas. Leschimistes sesont occupes long-temps de ce probleme, surtout ä l'occasion du pus qu'il eüt öle tres-utile de pouvoir reconnaitre avec certitude afin de constaler sa presence ou son absence dans le sang. Dans les cas de resorptions purulentes, on avait cru tiouver des reactions precises; on avait cherche ä isoler les principes caracteristiques de chacun de ces produits de secretion , de meme qu'on extrayait la cholesterine et l'uree de la billaquo; et de l'urine; c'est meme en poursuivant des etudes de ce genre que M. Bonnet, rencontrant lou-jours les memes elements, finit par arriver aux beaux re-sullatsdontje viens d'exposer unepartie. L'importance de ses travaux et la methods admirable qui y a preside lui ont acquis un rang tres-eleve dans la science.
Tant que I'idee qu'il a renversee a subsiste , il a ete impossible de comprendre comment tout tissu etait apte ä produire des substances dune elaboration compliquee ct sous l'influence de l'irritation la plus legere. Lorsqu'on sail qu'ils ne renferment que les elements ordinaires du sang, on comprend facilement comment les tissus les plus simples peuvent les secreter, on voit qu'il n'y a pas de modification profonde ä faire subir. C'est un simple travail de separation.
L'analyse chimique apprend aussi pourquoi ils ne s'or-ganisentpas-,la fibrine est la source de tonte organisation; dissoute dans le serum du sang ou tenue simplement en
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suspension, car on ignore encore lequel des deux, eile s'echappe avec le serum, oü eile est unie k de l'albumine etaux selsdu sang; eile se solidifie par le repos el se prend en une masse demi-solide ; du sang se forme spon-tanement dans son Interieur , se creuse des canaux et s etabliten communication vasculaire avec les tissusvoisins. Sans la fibrineiln'y apoint d'organisation possible; aussi lesproduils de secretion qui n'en contiennent pas sont-ils inorganisables, tels sont la serosite, les matieres gelatini-formes, lesmeliceris. II y en a pea dans les atherömes et ce peu est melange ä une grande quantite de matieres grasses, de sorte que c'est ä peu pres comme s'il n'yen avait pas.
II n'en est pas de meme du pus, qui contient une grande proportion de fibrine; pourquoi ne s'organise-t-il pas? J'ai essaye den donner les raisons dans un autre chapitre, et en voici le resume : il faut que la fibrine soit reunie , que ses diverses parties soient adherentesafin de seprendre en lames et en filaments, autrement la conti-uuite estrompue, et les diverses parties isolees ne peuvent pas contracter les adherences necessaires. Le pus donl les molecules sont mobiles et se deplacent ä chaque instant, non seulement empeche ce contact des differentes parlies de la fibrine, mais s'oppose aussi ä ce qu'elle s'unisse aux tissus voisins. Cela explique pourquoi lorsqu'onpanse une plaie soir et matin, en ayani soin d'essuyer la surface, on entretient long-temps la suppuration, parce que les frotle-ments deiachent la fibrine de la surface de la plaie et en isolent les parties. Au contraire les pansemenls plus rares, tons les 4 ou 5 jours , lorsque letal de la suppuration le permet, amenentplus rapidementla guerison en laissant la fibrine sorganiser.
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L'analyse chimique des produits de secretion jette aussi un grand jour sur leur absorption; peuvent-ils tons s'absorber? qucls sent ceux qui le peuvenl? Magendie a demontre que I'absorption supposait I'imbibition prealable et l'introduction dans les mailles du tissu cellulaire oil les radicules lymphatiques et veineux viennent aboutir; ce qui s'oppose ä i'imbibition s'oppose par consequent ä I'absorption. La condition premiere de toute imbibition est la forme liquide, la solubilile dans I'eau; les produits composes dc parties solubles comme la serosite, les matieres gelatiniformes, les meliceris sont ceux qui se resorbent le mieux, tandisque ceux qui sont composes de parties insolubles tels que le pus et les atheromes, ä cause de leurs matieres grasses et de la fibrine coagulee, ne se resorbent presque jamais.
II semblerait done que I'absorption du pus en nature, est cliose impossible, ct e'est en effei ce que j'ai chercheä demontrer; cependant comment expliquer les accidents mortels qui surviennent souvent pendant la duree de la suppuration? Le pus de bonne nature, non fetide, ne cause jamais d'accidents, si ce n'est lorsqu'on I'inlroduit direc-tement dans les veines ou il agit comme corps etranger, ä la maniere du mercure, embarrassant la circulation par sa viscosite et le volume de ses globules. On ne voit survenir ces accidents que dans les cas de suppurations fetides; sans doute il se developpe alors des principes miasmaliques particuliers,etce sont euxqui sont la cause des phenomenes si graves qu'on observe alors. M. Bonnet a constate deux fois la presence de l'hydro-sulfate d'am-moniaque dans des fievres hectiques a la suite de suppura-üons abondanles et fetides; il avait pense que ceprincipe veneneux etait l'agent inconnu des resorptionspurulentes;
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rnieux instruit par I'expeiience, remarquant combien les phenomenes sont en general differents, car les resorp-lions purulenles sont toujours morlelles, et dans les deux cas ot I'liydro-sulfate d'ammoniaque fut oonsiate, la vie seprolongea long-temps dans Inn d'eux et la guerison eut lieu dans I'autre, il admet done maintenant deux sortes de resorptions purulentes : Tune qui est lente etqui correspond a I'ancienne fievre heclique, I'autre qui est rapide et toujours mortelle, c'est la forme connue sous le nom de resorption purulente.
Des produits qui s'organisent. — Non seulement la fibrine du sang est le principe immediat fondamental sans lequel lorganisation ne pent avoir lieu, mais il faut encore qu'elle ait sa propriete de passer de l'etat liquide quelle occupe dans le sang, ä l'etat demi-solide, c'est-ä-dire qu'elle puisse se coaguler, Le sang defibrine empeche toutc cicatrisation de s'opeter, il en est de meme du sang dans lequel on a detruit la coagulabilite par le moyen du sous-carbonate desoude, quoique dans ce cas la fibrine resle dans le sang. Lorsqu'elle est dans son etat regulier, si eile est epanchce au milieu des tissus, ä la surface des membranes, ellesubituneserie de transformations dont je trarerai I'liistoire si singuliere : un mouvement spontane y commence, du sang rouge s'y cree, la fibrine se change en une subsiance particuliere, la gelatine; la reaction fournie par cette substance est d'abord alcaline, puis acide; ainsi, ce qu'on observe dans le monde vegetal, ces transformations curieuses des graines en germination, oil une parlie de I'amidon se converlit en sucre, et oil il se produit de I'acide acetique suivant M. Becquerel, se retrouvent egalement dans le regne animal. Ce fait de la production d'un acide dans la fibrine qui sorganise, de-
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I'M couvertpar M. Bonnet el rapproche de celui de M. Bec-querel, etabüt une analogie frappante entre ces deux regnes differents.
Plusieurs des produits de secretion dent je vais m'oc-cuper etaient consideres autrefois comme des degenerations des tissus primilifs de l'economie , lorsqu'ils avaient envahi une partie tout entiere de maniere ä ce qu'on ne put plus y reconnaitre sa premiere organisation. C'est une erreur; apart la transformation des membranes mu-queuses entissu cutane, et vice versa, celle des cartilages en os, celle du tissu ccllulaire en especes de membranes sereusesou muqueuses, il n'y a pas de veritables degenerations; il y a des secretions de produits qui s'organisent au milieu des tissus primitifs,les font disparaitre plusou moins completement et les remplacent; c'est ce que Laennec avail dejä entrevu.
Ces produits accidentels sont les bourgeons charnus des plaies, les masses fongueuses et rougeätres que Ton trouve autour des os necroses el des selons, le tissu cellu-laire, fibreux ou osseux accidentel, les tumeurs fibreuses pures ou plus ou moins melangees de maliere squirrheuse ou encephaloide,lestumeurs charnues comme les polypes, les loupes, les squirrhes el les encephaloides. II semble au premier abord qu'ils presentent entre cux de grandes differences; et certes, ne consulter que ce qui a ete ecrit jusqu'äpresent, il serailimpossible d'entrevoir la loi mer-veilleuse qui les unit et donl la decouverte est due ä M. Bonnet, loi qui etablit que les parties organisees des produits accidentels ne different entre elles que par la periode d'organisation ä laquelle est arrivee la fibrine, qui est leur point do depart commun.Iln'y a done pas de differences radicales, mais de simples differences dc
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degres et de formes entre los productions aociden-telles.
On distingue quatre periodes dans Torganisation de la fibrine. Prenons, par exemple, pour types les fausses membranes des plevres : 1deg; dans la premiere eile est semi-solide, transparente et sans vaisscaux; 2deg; eile est rouge et pene'ree de vaisseaux capillaires-, 3deg; eile estdevenue celluleuse,fibreuse ou cartilagineuse; ces trois etats sont distincls sous le rapport des formes, mais non sous celu'i de la composition'chimique, puisque dans ces trois cas eile se convertit en colle par sa decoction dans I'eau; 4deg; enfin apres avoir acquis une durete dc plus en plus grande clle finit par devenir osseuse.
Les trois premiers degres de cette organisation peu-vent etre suivis encore plus aisement dans la production des cicatrices, oü Ton voit d'abord une matiere molle et blanchütre, qu'on designait autrefois sous le nom de lymphe plastique coagulable et qui n'est autre chose que de la fibrine melee ä de la serosite et ä de I'albumine. Cetle matiere molle se penetre de vaisseaux et finit par se changer en ce tissu fibreux qu'on appelle tissu innodulaire ou des cicatrices.
A chacune de cesperiodescorrespondent certaines conditions chimiques. Dans la premiere, oü la fibrine est blanche, molle et sans vaisseaux, eile a les memes ca-racteres chimiques que celle du sang, et la serosite qui est infiltree dans ses mailles lui donne une reaction alca-line. Dans la seconde eile est melangee alors ä un peu de la matiere colorante du sang qui s'est forme spontanement; et, commeM. Bonnet I'a observe dans les cancers, eile est acide. Dans la troisicme pcriodo clle a change dc nature, ce n'est plus de la fibrine mais un tissu qui par sa decoc-
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136 tion dans l'eau fournit de la gdlatine. Dans la quauieme eile se penetre de phosphate de chaux.
Teile est la serie si remarquable des transformations ana torn iques et chimiques qui constituent les phases de lorganisation. Au lieu de cette marche reguliere et successive, des causes dont les unes sont connues et les autres encore inexpliquees peuvent arreter la fibrine ä quelqu'une de ses periodes et l'y maintenir. Parmi les causes connues nous avons la presence d'un corps elran-ger, tel qu'unos necrose,un seton. IIspeuvententretenir des masses fongueuses et rougeätres qui ne sont autre chose qua de la fibrine a son second degre d'organisation, celui oü eile est molle et penelree de vaisseaux; parmi les causes inconnues, nous avons la diathese cancereuse. 11 y a done lä un veritable arr^t de developpement sem-blable ä ceux qu'on observe pendant la vie cmbryonnaire et quimaintiennent le foetus ä des degres de son existence qu'il aurait du traverser pour arriver aux formes plus avancees de son developpement; e'est ainsi que le trou de botal ou le canal veineux peuvent persister apres la naissance. C'est par une loi analogue que M. Geoffroy Sainl-Hilaire a ramene h des principes communs cette immense variete de monstres que Ton regardait comme autant d'aberrations de la nature, de creations bizarres et fantasiiques que Ton altribuait au jeu mysterieux d'in-fluences secretes. En jetant de la sorte sur les points obs-curs la pure clarte de la science, ces rares esprits nous permettent de nous elever jusqu'ä la conception de la loi supreme du monde, la variete dans I'unite.
Les fongosites dont j'ai parle sont si bien transitoires et devraient si bien passer ä l'etat celluleux ou fibreux, que si on enteve la cause qui en arrßte le developpement, los
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137 necrose ou le seton, on les voit s'affaisser et etre rempla-cees par le lissu fibreux de la cicatrice. La troisieme pe-riode a laquellc elles arrivent alors est permanente et ne trouble en rien la sante. Le tissu fibreux de la troisieme periode forme presque ä lui seul les tumeurs fibreuses qui ne tendent pas ä s'enflammer et ne sont nuisibles que par leur poids et la compression qu'elles excrcent sur les parties. Par leur decoction dans 1'eau elles se reduisenl en gelatine; comme elles n'exercenl aucune reaction sur 1'economie^ elles sont les plus favorables des tumeurs or-ganisees; et comme lorsque nous pouvons enlever les causes qui empechent le developpement regulier des tumeurs organisces, elles se transforment ä la fin en tumeurs fibreuses, c'est done h les faire arriver a ce point que doivent tendre tous les efforts de fart.
Des cancers. — De toutes les tumeurs organisees les plus remarquables sont les cancers qui se presentent sous deux formes, les squirrhes et les encephaloides, sur les-quels nous allons poursuivre l'examen des idees qui vien-nent d'etre emises. Les cancers ne sont pas seulement primilifs; ils peuvent etre secretes aussi au milieu des diverses tumeurs organisees autres que les fibreuses, lorsqu'elles viennent ä s'enflammer. 11 se passe sans doute alors quelque chose de particulier qui nous echappe.
Les deux types principaux du cancer, les squirrhes et les encephaloides,presentent cela de commun et qui four* nit la definition du cancer, que les parties organisees de ces produits sont formees par les trois premiers elats de la fibrine organisee.
Voyons d'abord les encephaloides. Ils sont consthues par vine substance presque homogene, dont la couleur est d'un blanc laiteux avec des points roses gä et lä qui cor-
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respondent aux endroilsoü la pulpe estramollie et pene-tree de vaisseaux. Ils ressemblent pour la couleur et l'apparence ä la substance cerebrale, ce qui leur a fait donner leur nom; mais ils sont plusmous, moins lenaces. Dans quelques-uns^ surtoutceux de loeii, la matiere colo-rante noire y est ties-abondante et en change l'apparence.
Lorsqu'ils sont ramollis ils se presentent sous la forme d'une bouillie rosee, et lorsqu'ils sont ulceres ils sont le siege d'hemorrhagies frequentes.
On trouve dans cette subslance plusieurs parties dis-tinctes : 1deg; une matiere molle, blanche et sans vaisseaux, formee surtout de fibrine ä son premier degre; 2deg; une matiere molle, coloreepar desstries sanguines, penetree de vaisseaux capillaires, formee aussi de fibrine, conte-nant de la matiere colorante du sang et donnantune reaction acide par sa solution aqueuse comme celle des muscles; c'est le second degre d'organisation; 3deg; en pressant les parties molles entre les doigts, on extrait un peu de lissu cellulaire quesa decoction dans l'eau convertiten gelatine; c'est le troisieme degre. Ainsi done on retrouve les trois premiers degres d'organisaüon de la fibrine; seulement les deux premiers degres predominent beau-coup sur le troisieme. Quant aux parties non organisees, ce sont la serosite et les matieres grasses du sang.
Les trois etats d'organisation de la fibrine sont plus difficiles ä demontrer dansle squirrhe. L'analyse anatomi-que y demontre un tissu fibreux dont les lames et les fibres sont enlrecroisees en divers sens et dans les interstices desquelles est deposee une matiere semi-transpa-renle.
Les squirrhes sont en masses isolees et dislinctes, ou plusou moins diffuses. Leur substance est tres-rdsistantc,
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139 d'un blaric bleualre cu grise, plus transparente que i'cn-cephaloidie. Elle ressemble assez h la couemie du lard et crie sous le scalpel quand on la coupe.
L'analyse chimique apprend que cette substance inter-posee est de la fibrine pure et sans vaisseaux dans certains points, acide dans d'autres et penetree de vaisseaux, cc qui constilue les deux premiers degres de l'organisation; mais que ce qui prcdomine c'est le tissu fibreux qui par sa decoction dans I'eau fournit la gelatine.
Ces etudes nous permetlent d'etablir quelques propositions generates sur les cancers; ils sont le produit de secretions SLiccesslves, car la fibrine y etant ä plusieurs degres d'organisation , evidemment les parties fibreuses ont ele secramp;ees avant celles qui sont encore molles et penetrees de vaisseaux, et celles-ci avant celles ou il n'y a pas encore de vaisseaux ; et comme dans I'encephaloide, les secretions secondaires se font lorsque les premieres sont encore ä l'etat mou, qu'au contraire dansle squirrhe les secretions secondaires se font assez tard pour quo les premieresaient eu le temps de passer ä l'etat fibreux, il s'en suit que les encephaloides doivent se developper ra-pidement et les squirrhesd'unemaniere lente. Aussi les premiers appartiennent-ils surtout aux jeunes animaux et ä ceux parvenus ä Tage adulte, les seconds aux animaux äges de meme que dans I'homme.
La mauere squirrheuse secretee sur les bords des ulceres, quelquefois dans le fond , et qui leur donne la forme calleuse et la nature carcinomateuse, se presente dans quelques cas sous la forme de membrane blanchatre etendue; eile souleve peu ä pen ces memes bords, les isole du tissu cellulaire sous-jacent en meme temps qu'elle lesamincit, les ecartc et s'oppose h la cicatrisation.
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Les fongosites des caries sont maintemics dans cet etat par la presence des os necroses; qu'est-cequi y maintient la fibrine des squirrhes et des encephaloides? c'est ce dont je traiterai apropos des diatheses. La cause inconnue qui le fait, entrelient les secretions qui continuent de fournir denouveauxproduits;ils s'accuniulentde proche enproche jusqu'äcequ'ils aient atteintune surface exterieure, la peau ou une membrane muqueuse. Li par suite des causes d'irrilation qui y sont necessairement appliquees, ces tumeurs finissent par s'enflammer, se gangrener en partie; cette gangrene qui commence I'ulceration tient pour rencephaloide aux causes suivantes : a son etat mou et al'absence deparois resistantes des vaisseaux, ce qui fait qu'ils n'onl pas d'elaslicite et de ressort, et ä leur peu de ramifications; la circulation s'y engoue facilement etne peut pas se retablir, comme il arrive dans les parties contuses. Pour le squirrhe, au petit nombre de ses vaisseaux, a la grande proportion du tissu libreux, qui enflamme au contact de Pair, se mordfie presque toujours comme on 1'observe dans les tendons, les aponevroses etle tissu innodulaire des cicatrices, line fois I'ulceration commencee eile se propageindefiniment, le sangs'alt^re profondement, et de nouveaux cancers se developpent dansd'autres points del'extcrieur, ou de I'interieur.
Produits de secretion organises et vivants. — Les produits de secretion qui viennent d'etre etudies, ont bien un mouvement spontane d'organisation qui part de leur substance meine et qui y cree de toutes pieces du sang, mais ils ne peuvent pas s'isoler de l'orga-nisme, avoir une vie propre et independante, et il faut qu'ils restent en contact de tissu ; or il y a des cas oil cet isolement de la vie peut avoir lieu au milieu des etres vi-
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vanls; ce fait ne survient point ordinairement, il exige des conditions particulieres qui, il estvrai, ne sont point encore connues, et dont la recherche estde laplusgrande importance, puisque tout ce que nous pouvons savoir des forces et des causes se reduit aux conditions materielles au milieu desquelles elles se developpent.
Les Allemands font des theories ingenieuses sur la formation de ces produils vivants au milieu desetresvivants. Toutes ces reflexions abstraites n'ontaucune valeur positive et reelle ; preciser les conditions physiques qui pa-raissent favorables a la formation des enlozoaires, c'est rendre un service bien autrement utile que de faire de values considerations sur les forces en elies-memes; les forces primordiales nous seront toujours inconnues, nous ne pourrons jamais apprecier que les phenomenes physiques , chimiques, anatomiques et pathologiques auxquels elles se lient dans les diverses phases de leur developpe-ment. L'ecole de Paris en travaillant dans cettedirection, recule ainsi les bornes de nos connaissances positives, et rejetant dans le champ de l'inconnu cequiechappe reelle-ment ä nos recherches, eile nous permet de penelrer d'une maniere plus ferme et plus sure dansl'ideal.
Nos connaissances sont malheureusement peu avancees sur les conditions qui favorisent le developpement des en-tozoaires dans les animaux. Je diraiceque nousensavons a propos des diatheses; je vais mainteuant etablir ce qui parait ä peine avoir besoin de preuves au point oil en est la science, et qui n'en a pasmoins souleve de grandes discussions, a savoir que les entozoaires se developpent spontanement dans l'organisme, s'y forment de toutes pieces et ne viennent ni de l'exterieur, ni des parents par la generation.
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Les anciens, Aristote en lete, admirent la generation spontanee pour beaucoup d'etres. Ils supposaient que la reunion de l'humidite , de la chaleur et du limon suffisait pour donner naissance ä une foule d'animaux, tels que les vers de I'liomme et des animaux, et meme les mouches doni la generation etait cependant facile a constater. C'est prccisement cetle raison qui fit qu'on adopta ensuile une opinion opposee, et comme on avail admis une generation sponlanee pour des etres dont la generation n'etait nuliement equivoque, on etablit que tout animalprovenait d'un aulre animal semblable h lui et d'un oeuf. L'ancienne opinion regne maintenant, bornee aux seuls animaux pour qui eile est evidente; eile est d'autant moins eton-nanle pour les entozoaires, que Ton salt bien qu'il se forme des animaux pendantla fermentation des substances vegetales.
Ceux qui niaient la generation spontanee admettaient que lesentozoaires provenaientde versexlerieursqui ayant penetre dans le corps y avaient modifie leurs formes; d'aulres,qu'ilsetaientcommuniques äletatd'ocuf on meme ä celui d'etre parfaitd'un animal a I'autre paries aliments solides, liquides ou aeriformes , ou enfin qu'ils etaient iransmis par les parents.
Ce qui ne permet pas de croire que les entozoaires proviennent des vers exterieurs, c'est l0que, plusieurs entozoaires tels que les echinorrhynques, les cystoides n'ont rien de comparable pour la forme avec ce qui existe dans les vers de terre etd'eau; 2deg; plusieurs animaux ont des vers qui leur sont propres et qu'on ne trouve quechez eux; or, s'ils provenaientde I'extcrieur,pourquoiles au-tres especes n'en auraient-elles pas? 3deg; on trouve des entozoaires dans les parties les plus eloignees du tube digestif;
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paroii sc sont-elles introduitcs dans leconomie? 40cer-taines especes de ces productions Vivantes ne se trouvent Jamals que dans les memes organes; 5deg; tons les ento-zoaires meurent plus ou moins vile, quand on les a retires du lieu oü ils vivaient et se multipliaient; ce que Ton ne congoit guere s'ils viennent dejä de l'exte-rieur.
Les entozoaires ne sent done pas des animaux qui au-raient penetre accideutellement dans le corps animal et qui auraient subi des changements dependants des cir-constances nouvelles au milieu desquelles ils se seraient trouves. SI on admet qu'ils ont ete communiques par les aliments on lesboissons d'un animal h lautre, on ne fait que reculer la difficultc sans la resoudre, parce qu'il faut toujours expliquer comment ils sont nes chez les premiers; comment ils ont pu resister ä Faction de la digestion et des sues acides de l'estomac. On ne pent pas da-vantage admetlre que les vers viennent des parents soil pendantia generation,soit pendant la vie foetale, puisqu'on voit souvent des petits avoir des vers pendant que les parents n'en avaient pas. Ils naissent done spontanement, ou piutotcommelefaitremarquerM. Blainville , leurs ceufs et leur germe se forment spontanement et ils subissent ensuite leur developpement.
Parmi les animaux a. generation spontanee il ne faut pas seulement ranger les vers intestinaux, mais d'autres qui appartiennent a certains organes , et memo des animaux qui vivent ä la surface du'corps,comme les pous. Ces der-niers sappellent ectozoaires, animaux exterieurs par opposition aux entozoaires, ou animaux qui vivent äl'in-lerieur. Les plus simples de ces animauxsont leshydatides ou acephalocystes, vessies sanstete,laquo; privatif, cephalai.
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l6te, et cuslos vessie. On a nie qu'ils fussent de veritables animaux; quant h moi, je n'hesite pas ä les considerer commedes entozoaires, parce qu'ils forment individuelle-ment un toutisole et distinct de l'organisme; cela me pa-rait constiluer une difference radicale d'avec les simples produils organisables, quoiqu'il manque aux hydatides le caractere principal de l'animalite qui est la faculte de se mouvoir; quant aux autres entozoaires iis different beaucoup sous le rapport de leur organisation; voilä pour-quoi il ne faut pas les classer ä part, on doit les rapporter anx differents genres du cadre zoologique auxquels ils appartiennent par leurs caracteres.
Je dirai cependant quelques mots des classifications qu'on a proposees pour eux, parce que cela fera mieux connaitre lesdifferents caracteres de ces animaux. Linnee les avait classes d'apres leur habitation et disiingues en vers intestinaux et en vers visceraux; les premiers font leur demeure dans le tube digestif, les autres dans les divers organes. Rudolph! en a fait cinq classes : 1deg; les ne-matodes,(nema, fil, eirfos forme) en forme de fil,cylindri-ques; 2deg; acantocephales, (acante epine, lt;?lt;?^Äfl/ai,tele), qui ont la tele epineuse; 3deg; trematoides (trema , pores ou trous) ce sent ceux quioffrent des pores; 3deg; cestoides, en forme d'anneau, comme les laenia (cesfos, anneau, eidos, forme ); 5deg; les cysticerques ou hydatides {custos \essie), ils sent constitues par une simple vessie pleine de serosite; de la le nom d'hydatides (de udor, eau).
Cette classification de Rudolphi repose sur leur forme; cellede Cuvier est basee sur leur organisation etcomprend deux classes, les cavitaires et les parenchymateux; les ca-vitaires ont une cavite digestive distincte, les autres sont solides et non creuses dun conduit dans leur Interieur.
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Ces deux classifications se correspondent parfaitement, ce qui prouve, pour le dire en passant, les rapports qui existent entre la forme des 6tres etleur composition ana-tomique. Ainsi les nematodes de Rudolphi, c'est-a-dire tous les vers qui ont la forme d'un fil ou d'un cylindre sont descavitaires;lesquatre autres classes du naturaliste allemand se rangeni dans les parenchymateux de Cuvier.
Ce peu de mots suffit pour donner une idee des entc-zoaires; je renvoie pour de plus longs details ä la pathologic speciale.
Enfinparmi les ectozoaires ou animaux qui se develop-pent ä la surface exterieure du corps , qui naissent du corps animal lui-meme et qui s'y forment de toutes pieces, on range deux especes : l'acarus ou sarcopte de la gale et lepou. Nes spontanement sur un animal, ces insectes peuvent par le contact passer sur d'autres individus et s'y multiplier par generation, mais ils peuvent aussi naitre sans parents.
Diatheses----Aprts avoir ainsi parcouru toutes les
secretions et leurs produits dans les modifications qu'ils 4prouvent dans les maladies, il doit rester elabli comme bien prouve que ce qui influence les secrelions et en change le mode regulier, peut se rapporter ä trois ordres de causes : 1deg; ä l'inflammation el ä la congestion; 2deg; aux sympathies et en general k tout ce qui arrive par le Systeme nerveux; 3deg; aux changements que le sang eprouve dans sa composition. Cette derniero influence merite d'etre I'objet d'une etude speciale.
Nous avons vu que les secretions varient leurs produits suivant la nature des elements que le sang leur fournit; ainsi la plupart des sccreteurs eliminent I'urine lorqu'elle estporteeen abondance dans le sang, la cholesterine
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passe par les reins et se depose h la surface des organes lorsque le tube digestif ne lui offre plus une voie. Cela est surtout remarquable pour les secretions qui se font dans le parenchyme des organes, dans leurs interstices et que pour cette raison on appelle intersticielles. Rarement ren-contre-t-on des tuberculcs dans un point seulement du corps, plusieurs en sont ordinairement affecles; dans ce qu'on appelle rcsorption purulcnte, du pus existe dans plusieurs parties du corps ä la fois ; il en est de meme du cancer qui vers la fin occupe toujours plusieurs organes ; des vers qui, developpes dans des conditions or-ganiques inconnues, se trouvent dans certains cas tout le long du canal digestif, dans presque tons les points oil se rencontre du tissu cellulaire et dans les parenchymes organiques (cysticerques ladriques); de la melanose qui se forme sans travail inflammatoire antecedent et se depose sur diverses surfaces; du mucus qui est quelquefois fourni en abondance par toutes les muqueuses.
Lors done qu'on voit des produits de secretion diffe-rents de ce qu'ils sont dans I'etat normal, qu'il n'y a ni inflammation ni congestion locales, que ces modifications dans les secretions se repetent dans d'autres points et pa-raissent egalement isolees de toute lesion locale, n'est-on pas en droit de conclure que le sang a subi un change-ment? e'est la reciproque de la proposition precedente. Si les modifications du sang entrainentnecessairement des modifications des secretions, ne peut-on pas en conclure, lorsqu'on voit des modifications dans les secreteurs, qu'il y en a aussi dans le sang., quand en meme temps on ne peut pas expliquer les premieres par des raisons tirees d'un etat local? Si cela est, nous avons un moyen pre-cieux de connaitre otde classer un certain nombre demo-
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difications du sang que 1'on ne pourraii rcconnattre par aucun autre moyen. Nous verrons dans le troisiiime Hvre de cet ouviage que les alterations dans la coagulabilite du sang forment le trait distinctif d'une tres-grande classe de maladies; mais toutes les modifications dans la composition du sang n'alterent pas sa coagulabilite, notamment celles dont je parle maintenant. La consideration tiree des changements qu'eprouvent les produits des secretions nous donne le moyen de connaitre une nouvelle classe d'alterationsdu sang.
La chimic ne nous apprend rien sur la clt; mposition du sang dans les cas oil son alteration est le plus manifeste; eile ne rencontre jamaisque les principes immediats or-dinaires; nous ne pouvons done apprecier ces etats que par les effets qu'ils produisent, les changements qu'ils de-terminent soit dans le phenomene de la coagulation, soit dans les secretions.
Voila done deux moyens de reconnaitre les alterations du sang, et qui tous defux appartiennent ä la pathologie elle-meme, s'ilest permisde s'exprimer ainsi. Je viens de donner les raisons sur lesquelles le premier de ces moyens est fonde. Parcourons les differents genres d'alterations du sang qu'il nous est permis de classer ; remarquons d'abord que e'est ä elles qu'il convient d'appliquer ce nom de diatheses qui ne me parait pas avoir un sens assez bien determine. MM. Pariset et Villeneuve, dans le grand dictionnaire des sciences medicales, donnentle nom de diathese a un etat de l'cconomie qui dispose ä contracter certaines maladies plutöt que d'autres, et ce qui distingue la diathese de la predisposition, e'est que la premiere suppose toujours un etat morbifique latent, tandis que la seconde peut exisler avec la sante parfaite. Mais oü com-
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14raquo; menoe lelat morbifique, oil unit I'etat sain? jc dis qu'il ost impossible de le distinguer dune manserc precise, et que celte distinction me parait fort arbitraire et sans utilite pratique.
Les anciens avaient une idee plus nette de la diathese; ils en distinguaienlquatie, Tinflammatoire, la bilieuse, la muqueuse et l'atrabilaire. Or qu'etaient pour eux ces quatre etatSj sinon des modifications du sang oil predominaient certains principes, el qui tout encausant des troubles ge-neraux allaienl quelquefois se jeter sur certains organes; les etats locaux n'eiant pour eux que deseffets d'une ma-ladie gencrale du sang? La diathese pituiteuse etait pour eux la predominance dans le sang d'une humeur alteree appelee pituite et qui s'echappait par les differenls seraquo;re-teurs, comme cela a lien dans ce qu'on appelle les etats muqueux; il en est de memo des trois autres. Teiles elaient les seules dialheses admises par les anciens; j'en feraitout h I'heure la critique, mais il est dejii facile de voir que !cs anciens attachaient au mot diathese le sens meme que je viens de donner; seulement ils ont pu se tromper dans l'application. Les modernes en ont ajoute un grand nombre,telles que les diatheses putride, ataxi-que, virulente, gangreneuse, hemorrhagique, ane-vrismatique, goutteuse, rhumatismale, scrophuleuse, dartreuse, vermineuse. En agissant ainsi ils ont confondu toutes les notions et reuni des etats pathologiques qui n'ont aucune analogie.
La diathese inflammatoire des anciens ne pent plusetre admise mainlenant qu'on sait ce que e'est que rinflamma-lion ; la plethore dispose ä rinflammation aussi bien que l'anemie et la fluidite du sang; il n'y a pas un etat parti-culier du sang qui n'y dispose. La diathese atrabilaire
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nexisle pas; on ne sail ceque o'est que I'alrabile ((uin'a janiais en d'existencc que dans riraaginalion des mede-oins. Resient les diatheses inuqueuses et bilieuses qui me paraissent devoir elre admises; la dialhese miiqu;;use est eel eial du sang qui rögne dans ee qu'on appellß Tel at muqueux et dent j'ai donne les caracteres. La diuthese bilieuse ne peul etre meconnue lorsque la bile s'echappo par plusieurs secreleurs, par la poau, les urines, etc., ou möme par diflerents organes, ce qui consiitue I'ic-lere.
Voyons dans les diatheses admises par les modernes oeües qui mcrilent vraiment ce nom et qui nous presen-tent les caracteres des veritables diatheses, c'est-ä-dire des modifications dans les produits des diflerents secre-teurs, modifications qui par leur repetition nous font le-giiimement supposer un etat parliculier du sang. La dialhese ataxique est une disposition aux phenomenes ner-veux; j'en traite plus lard sous le nom d'etat nerveux. II n'y a rieii lä du cote du sang. Sous le nom de diatheses putride, gangreneuse, il faut comprendre cette disposition ä l'adynamie et a la gangrene, qui esl constante loutes les fois qne le sang est fluide et fortement altere: de meme pour la dialhese hemorrhagique on ne peut pas supposer un elat special propre aux hemorrhagies, si ce n'est la iluiditc du sang, ce qui arrive loutes les fois que le sang est incoagulable, ni un elat special propre aux gangrenes qui sont frequentes dans loutes les maladies oü le sang est liquide et allere par des principes etrangers. La diiiiiiese virulente signifie lout simplement raltcration du sang par un virus. 11 faut la ranger dans la grando classe des maladies oil la coagulabilile du sang est alle-ree. Quant ä la dialhese goultcuse, ellc n'existepas cht/.
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13laquo; les animaux, bien qu'Aristote et ses nombreux copistes aient parlc de la goutte de l'äne, et quelques modernes de celle du dindon. Ce sont lä des rhumatismes articulaires causes par le froid humide des nuits, ou des causes mc-caniques qui ne supposent pas de diaüiese ou predisposition.
A mon avis les veritables diatheses sont les suivantes : I0la diathamp;se muqueuse; 2deg; la diathese purulente; Squot; tuberculeuse; 4deg; cancereuse; 5deg; melanique; 6deg; vermi-neuse, et peut-etre aussila diathöse dartreuse.
Les mucosites nasales, buccales, salivaires, pulmo-naires, gastriques, intestinales, plus abondantesqu'äl'or-dinaire; l'urine päle, ä sediment muqueux, lesfecespeu consistants et peu colores, sont les traits principaux qui portent h admettre une diath^se muqueuse.
La dialhese purulente est facile ä constater. Souvent ancun Symptome inflammatoirc n'a annonce la formation de pus, et on en rencontre apres la mort dans plusieurs organes. II n'y a autour de la collection purulente aucune trace d'un travail actuel ou anterieur; couleur , consis-tance, ^paisseur, tout est normal. Sculement du pus est logo entre les molecules des solides; on en trouve dans le foie, le poumon, la rate, le cerveau, les articulations; comment meconnaitre une disposition propre du sang , par suite de laquelle les secretions intersticiellesseparent du pus au milieu de nos organes! Comme ces faits s'ob-servent surtout dans ce qu'on nomme les resorptions pu-rulentes, on pourrait croire qu'au lieu de la secretion purulente il y a simple depot du pus par obstacle au passage de ses molecules. Ce que j'ai dit ä propos du pus, de sa composition, doit faire scutir que cc produit ne peut pas 6tre porte on nature danslc sang, et que tons les acci-
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dents qu'on attribuail ä sapresence doivent etierapportös h des principes deletöres qui se developpeiu dans le pus el qui sont resoibes avee la partie scieuse de ce li* quidc.
La dialli^sc purulente peut done bien etre considereo comme une disposition du sang a la production du pus, lequel se secrete ensuite dans divers organes a\ec ou sans inflammation concomitante. Comment reconnaitre dans claquo; dernier cas s'il estleproduit d'une inflammation locale, ou s'il depend reellement d'une diaihese ? e'est que s'il y a simple inflammation, on a les plienomenes ordinaires do reacuon, et s'il y a etat general du sang, on voit les symp-, tomes dont je parlerai apropos des etaisiypho'ides.
C'est surtout ä l'occasion des operations, des ouver-luresd'abces comme ceux du garrot, qu'on observe la dia-thöse purulente; cependant eile existe encore dans d'au-Ires cas. II y a des saisons oü presque toutes les plaics, memc les plus simples, suppurent; on a cru remarqucr que e'etaient les saisons humides, comme il y a aussi des temps oü les erysipeles apparaissenl pour pen qu'on fasse la moindre operation. Chez I'homme le scjour dans les hopitaux en est une source; les hommes qui out eu des plaies qui ont suppurc long-temps sont ensuite disposes ä avoir de nouvclles suppurations s'ils se blesscnt de nou-veau.
Un jeune medecin a prctendu que la morvc n'etait qu'une diathesc purulente ou une diathese gangreneuse, avec le type aigu ouclironique. On peut lire son travail dans le Recueil de medecine veterinaire pratique pour le mois de fevrier Ii)39. Je suppose qu'il y ail une diathesc purulente dans la niorve, on n'en osl pas moins oblige dc reconnaitre les fails suivants : 1deg; la morve est propre aux
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solipedes chez lesquels eile se developpc spoiuan^ment, de mamp;me que la rage est propre aux animaux de l'esp^ce canine; commeaussi toutes deux ont un principe conta-gieux qui pent reproduire la maladie dans les animaux de la meme espece chez lesquels eile aurait pu se developper spontanement. II y a done dans les solipedes et dans les chiens une disposition particuliere et qui leur est propre pour contracter ces maladies, commeil y ena une chez les bßles bovines et ovines ä gagner la variole. Si la morve n'etait qu'une diathfesepurulente, pourquoi nese montre-rait-elle pas chez lesautres especesd'animaux? L'ulcera-tion de la pituitaire et la production d'un principe conta-gieux sont done deux traits qui distinguent la morve d'une (iiathese puruleute ordinaire. La pituitaire me parait pour le cheval un lieu d'election, comme la membrane muqueuse du tube digestif Test pour I'homme. Les che-vaux reunis en troupe dans des lieux malsains contractent la morve, les hommes dans la meine condition prennent la fievre typhoide.
3deg; Dans le cas oü il y aurait diath^se purulente dans la morve, remarquons qu'elle n'altere pas la coagulabilile du sang, puisqu'on a observe ia morve chez des chevaux dont le sang etait parfaitement coagulable; cependant puisqu'il y avait morve, il devait y avoir diaihese purulente. Dautres fois au contraire le sang est dissousjcelte fluidile du sang ne tient done pas ä la diaihese purulenie d'apres ce que nous venonsde voir. A quoi peut-elle lenir? Nous verrons dans le troisieme livre de cet ouvrage que la non-coagulabilite du sang, e'est-a-dire sa dissolution ou sa fluidite, ce qui est la meme chose, tient ä l'inlro-duction de miasmes, de principes deleteres. Or oü se degagent et s'abamp;orbent les miasmes si ce n'est dans les
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133 lieux malsains et oil beaucoup d'indiviilus sont rcunis ? Et queis symptömes observe-t-on alors, si ce ne sont ceux qu'on appelleputrides ou lyphoides, cVstä-dircceux des cas de morve ä marche aigue et violente, qui dans mon opinion seraient ainsi des especesde typlius?Et c'estaussi dans ces circonstances que ceite maladie devient par inoculation contagieuse pour I'liomme, non pasd'une manierc ideniique, mais commetoutes les maladies qui fournissenr un virus septique. Nous aurions dix exemples ä citer de semblables inoculations chez nos eleves.
Nous savons en meine temps que les gangrenes sont frequenles dans ces cas. La gangrene est produile par la suspension complete de la circulation dans une partie, et pari'impossibilile oiielle estderecommencer; phenomenes qui sont ordinaires quand ie sang est fluide et s'epanche mecaniquement, et que le systöme nerveux est epuise. Ces idees me paraissent rendre raison de ce que I'auteur de larticle appelle fort mal ä propos suivant moi une dia-tlicse gangreneuse. Ne serai t-ce pas dans les cas oil Ie sang est coagulable, que la morve aurait ses symptomes ordinaires, dans ceux oü il est fluide et altere, qu'elle a une marche typhoide, at qu'on observe une diathese pu-rulente?
Si I'auteur de l'article avail pense ä ces objections, il aurait parle avec plus retenue des travaux savants dont la morve a ete le sujel chez les veterinaires, et qu'il qualifie de demarches decousues, de travaux sans suite et d'as-sertions gratuites. S'il est pcrmis d'etudier la morve avec quelque sürete, c'tst ä nous que les medecins le doivent.
La iroisieme diathese dont j'ai admis I'cxistencc est la tuberculeuse. II n'est pas necessaire, jc pense, quejc m'arrete ä demontror sa realite. La presence de tubercules
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154 dans plusicurs points du corps ä ia fois el sans aucun travail inflammatoire, est si bien reconnue., qu'elle mc dispense d'aller plus loin.
La diathese canccreuse merite quclques details. Elle est rarement primitive; les phenomenes locaux de formation du cancer commencent en general. 11 y a encore la quel-que chose de singulier et d'inconcevable. Tine induration inflammatoire circonscrite finit par presenter les bosse-lures caracteristiques, le squirrhe yestforme; on ignore par quel mecanisme cela s'est opere. Lorsque I'ulceration survient, ce nest qu'alors que la diathese semble sepro-noncer et que des cancers se forment dans differentspoints du corps. Mais qu'est-ce qui a empeche le passage de la fibrine a son troisieme degre, ä Tetat fibreux? qu'est-ce qui maintient l'arret de developpcment? Cest ce qu'on ne pent pas expliquer par une diathese; il y a sans doute quelque chose de local et d'organique qui echappe ü nos recherches.
La diathese melaniquc s'observe chez les vieux che-vaux blancs ou gris,dansla Bresse, la Camargue, en Arabic,etc.; on trouve la melanoseen masses, ou infiltree dans les tissus, ou sous forme Iif|uicle dans le mchena; comme pour la matiere squirrheuse ils'en forme dans les parois des abces , dans les tissus aprcs les contusions, lorsqu'il y a diathese, dans les ganglions lymphaliquos, lecoeur, les parois du crane, les ineninges.
Enfin vient la diathese vermineuse; ellc a etegcncrale-ment admise, et je ne vois pas de raison pour la repousser. Comme les entozoaires se forment clans los produits do secretion ct qu'ilsapparaisscntquelqucfois en grandc abon-dauce,on est bien oblige d'admettre quelque condition gc-ncrale du sang; eileticDdrait,suivantl]rcmser. ä ce qu'il
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135 sanimalisc dans la digestion plus do subsiancei quo les vaisseaux lymphatiques n'en peuveni absorber. Je ferai remarquer quo e'est lä uno vuc theoriquc qui n'a aucun fondement; les fommes sent, dit-il, plusdisposees aux vers que los hommes ä cause do la faiblesso do lour Systeme lymphatique; or on so rappellera quo les femmos mangent peu, et sont en general constipees parce que lour Systeme absorbantest trfes-energique, commeBurdach etbien d'au-tres physiologistes i'ont demontre. La jeunesse, I'habita-tion d'ecuries humides et mal aerees, la frequentation do paturages dans des endroits marecagoux, certaines constitutions atmospheriques sont des causespredisposantes; on adecrilune epidemic aux environs de Ravenues durantla-quelle tous les malades rendaient des vers par le haul et par le bas.
En terminant ce que j'avais ä dire sur les diatheses, Je ne peux m'empecher de presenter certaines considerations toutes vitales; les explications physiques et chimi-ques que j'ai donnees jusqu'a present nous ont rendu compte d'une foule de details; mais il me semble qu'il reste au fond de toutes cos questions un element, une consideration que ni la physique, ni la chimie ne salisfont. Ainsi lorsque M. Bonnet pense qu'on pout expliquer pour-quoi les produits do secretion no sont pas indefinis ct in-determines ainsi que les diatheses qui leur correspondent, et qu'ils so reproduisent sous des formes constantes, en disant que e'est parce qu'ils ont pour limites dans leurs Varietes cellos des principes immediats du sang, je crois que cela cst impossible et qu'il faut admettre dos loisd'un ordre particulier qui reglent la formation de ccs produits accidentels. Car enfin presqiic tous los produits de secretion contiennent les mGinos elements; el on pourrait en
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15G obienir une variete infinie en les combinant dans ditlerenles proportions, puisque les seules combinaisons del'oxigene, de l'hydrogene et du carbone produisent des composes si nombreux. Cast lä ce noeud vital quo je mesuis deja plu-sieurs fois efforce de faire comprendre, ce quelque chose qui nous echappe et que nous ne pouvons que consiater. C'est ainsi que tout en rendanl justice aux tres-beaux travaux des modernes, je cherche aussi ä mettre en evidence la sphere propre a la vie , l'ordre des lois vitales ; car si dans I'organisation il y a des choses qui ne s'expli-quent que par les lois physiques on chimiques, il y en a aussi pour lesquelles il faut recourir a des lois vitales.
J'ajoute ici sur les calculs cousideres comme produits de secretion quelques mots que j'aurais voulu placer parmi les produits de secretion non-organisables et qui ont ete oublies alors.
Les calculs sont assez frequents dans certaines especes d'animaux et dans certaines conditions hygieniques. Les circonstances quifavorisent leur developpement paraissent consister dans la stagnation ou le ralentissement du cours des liquides secretes, ce qui permet la precipitation des matieres salines qu'ils conliennent; le mucus favorise ce rapprochement et l'union des molecules terreusesqui doi-vent entrer dans la composition de ces corpsj aussi les anciens medecins assignaienl-ils le temperament piluiteux comme une predisposition a la formation des calculs.
Rien ne prouve que linflammation soit necessaire a leur production; au resteleur ctiologie est fort obscure. On salt quo lesboeufs et les moutons sont sujels aux calculs urinaires et biliaires, aux lithopiles et aegagropiles, aux concrciionsdu poumon;les ehevaux,aux bezoards ctaux calculs salivaires. Lesboeufs eleves dans les etables pen-
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dan( rhiverdeviennentcalculeiix ; on les voit rendrc des graviers lorsqu'au printempsils retournentaux piiturages. Les chevaux qui consommcnt beaucoup de son ct qui s'abreuvent dans les rivieres dont 1'eau est trouble , cenx des meuniers surtout, sont sujets aux bezoards. Pendant les annees de disette les bocufs sont sujets aux lithopilcs. Enfin le manque d'exercice dispose aux calculs du four-reau et du prepuce les pores pousses au dernier degre de Tengraissement, qui passent la plus grande partie de leur temps sur la litiere. Teiles sont,en I'absencede theories positives, les principales coincidences qu'on saisit entre les conditions qui semblent predisposer aux calculs et la formation de ces corps.
Indications. II y a trois indications principales ä presenter a propos des vices de secretion, el qui se tirent non pas de la maniere meme dont s'opere ce trouble, car nous ne le connaissons pas en lui meme, mais bien par les circonstances qui le precedent. Ainsi nous avonsvu que les secretions ne pouvaient guere se troubler que de deux manieres, 1'une qui consiste a fournir des produits nou-veaux, lautre ük fournir les produits ordinaires des secretions , mais augmentes de quantite.
Lorsque les secreteurs fournissent des produits nou-veaux, cela depend de ce que les materiaux qu'ils regoi-vent du sang et auquel ils font subir une legere alteration, ont eux-meme change. Ce ne sont pas les secreteurs qui changentd'action, mais bien les materiaux sur lesquels ils operent. Les secretions morbides dependent done de ceque des principes nouveaux sont apportes aux organes. Or cette introduction de principes nouveaux reconnait deux sources : 1deg; les troubles de circulation; 2deg; les modifications dans la composition du sang. Voyons la pre-
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mi^rc source. Dans i'etat ordinaire , !o sang qui circule dans les vaisscaux ne laissc echapper que ceriains de ses principes qui passent a travers les pores des capillaires; lorsque la circulation se ralentit comme dans la congestion et l'inflammation, nous avons vu que le sang rouge devenait noirätre, ce qui prouve qu'il s'y passe des changements chimiques; par suite de cette lenteur de la circulation et de ces changements chimiques, des principes immediats du sang qui n'etaient pas ordinairement exhales, le sent alors et les produits changent naturelle-ment ainsi.
De meme quand 1c sang contient en plus grande abon-dance qu'ä l'ordinaire quelqu'un de ses principes immediats ordinaires, les secreteurs qui sont charges de main-lenir la composition normale du sang, eliminent alors en plus grande abondance ce principe immediat, etdonnent necessairement ainsi un caractere particulier ä leurs produits. Nous avons vu que cela constituait ce qu'on appelle les diatheses.
Lorsque les produits ordinaires des secretions sont secretes en plus grande abondance qu'ä l'ordinaire , mais sans changement dans la composition, 11 y a ce qu'on pent appeler un vice de secretion essentiel et qui tient soit ä une action sympathique, soit h quelque changement survenudansl'organe. Les secreteurs etant solidaires les uns des aulres, de sorte que quand I'un est plus actif l'autre languit et vice versa, on comprend comment la suppression ou la diminution de la secretion d'un tissu ou d'un organe determine une action sympathique et une plus grande activitechez un autre. Pour le cas oil cette plus grande activite de secretion tient h quelque etat particulier de lorgane, comme dans le diabetes, on n'a
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oncore aucunc notion sur ce qui s'est passödans le tissu.
Ces trois conditions au milieu desquelies sc produisent les vices de secretion fournissent trois indications gene-rales ;comme ces conditions sont la cause de la maladie, les indications sont de combattre ces causes.
La premiere cst done de combattre les troubles de la circulation, tels quela congestion etlinflammation ; tant que ces deux etatssont dans leurperiode d'acuitc ils ne reclamcnt eux-memes que les indications dont j'ai dej.l parlc dans les chapitrcs precedents; mais lorsqu'ils de-viennent clironiques, il arrive que les vaisseaux aug-mentent de volume, scdilatent et perdent leurressort ; la circulation alors se ralenlit nccessairement parce que le diamötre des conduits cst augmentc. Cette permanence de la congestion entretenue par I'engorgement en quelque sorte passif des vaisseaux, est la cause qui entretient aussi le vice de secretion de la partie. Vindication est de de-truirc cette disposition, ce qu'on fait ä l'aido des astringents styptiques et purgalifs, etc., toutes les fois que les secreteurs peuvent etre atteints par les medicaments comme pour Ics muqucuses ct la peau. Cette indication seprcsentetres-frequemmentaremplir. Ainsi les diarrhces anciennes, les ecoulements clironiques se traitent de la sorte. Le nombre de ces ecoulements qui succedent ou non ä l'inflammation est fort grand. Les anciens leur donnaient le nom de catarrhes.
Quant aux diatheses, elles ne fournissent pas d'indica-tion bien determinee, si ce n'est qu'il faut ramener la composition du sang ä son etat normal en regularisant la digestion, et en eloignant les causes qui peuvent la trou-bler do la part des päturages, des eaux, de l'atmospherc, des habitations, etc.
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La troisicme indication se tire des rapports sympa thiques qui existent entre les secreteurs; comme Tun d'eux ne pent pas augmenier ou diminuer ses produits sans que les autres neprouvent un efl'et inverse, on com. prend que lorsqu'un secreleur est trop actif on diminue son action en excitant celle des autres. Si par exemple la sereuse abdominale ou pleurale est le siege d'un epanche-mentsereux,onle combat en excitantla secretion des reins, ou en creantdes secreteurs artificiels, tels que les setons. C'est aussi lä une indication qui sepresentetres-frequem-menl amp; remplir. Mais il faut se rappeler qu'il y a des or-ganes qui ont des sympathies plus directes les uns avec les autres, ainsi la peau avec la muqueuse pulmonaire, le tissu cellulaire et les sereuses avec les reins.
Avant de ßnir je dois dire quelques mots des indications que presentent les produits de secretion organisables et non-organisables. Les premiers peuvent se resorber; les seconds ne le peuvent qu'incompletement, mais la fi-brine qui les constitue peut so transformer en tissu cellulaire ou fibreux. Ces deux modes de guerison monlrent la maniere dont on doit se conduire.
Les differents produits non-organisables, tels que les atheromes, les meliceris, les steatomes, le pus , con-tiennent des matteres grasses cmulsives qui ne peuvent point s'absorber, ou bien sontenveloppes d'un kyste; dans ces deux cas on ne peut pas esperer la guerison , autre-ment que par des moyenschirurgicaux. II n'en est pas de m^rne des diverses especes d'indurations qui succcdent i I'inflammation ou a la congestion. Leur etude presente une serie de considerations interessantes.
Blies sont composees de deux sortes d'elements; les uns sero-albumineux sont solubles et peuvent 6tre absorbes
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161 les autres sont composes de fibrine, ne sont pas absor babies, mais peuvent se transformer entissu fibreux. De lä les indications qui sont: rd'empucher des secretions nouvelles : dans ceite serie se rangent tons les moyens qui peuvent diminuer la circulation generale et la congestion locale, le repos, la compression portee jusqu'au point de gener la circulation du sang, maisnon de causer de la douleur et d'irriter.
2deg; Lorsqu'on a rempli cetle premiere condition, co que Ton reconnait ä ce que la tumeur devicnl indolente et ne cause aucune douleur, il faut faire resorber les parties sereuses infiltrees. Lä se placent les pommades et les excitants locaux, ce qu'on appelle les maturatifs, les cauterisations; si l'emploi de ces moyens causait quelque congestion , il faudrait cesser aussitöt leur emploi, la combat-tre avec soin et ne reprendre ce traitement qu'apres qu'elle aurait disparu depuis plusieurs jours.
3deg; Lorsqu'on est parvenu ä faire diminuer le volume de la partie induree, on arrive en general a un noyau dur et resistant, qui ne peut pas disparaitre , parce qu'il est compose de fibrine. II faudrait pouvoir le faire passer ä l'elai fibreux, ce qui est le dernier degre d'organisation de la fibrine; mais comme nous ne connaissons pas les moyens d'arriver ä ce but, et comme, lorsque ce passage ne s'opere pas, I'induration se transforme en cancer, e'est-a-dire en squirrhe ou en encephaloide, il faut apres qu'on a vu diminuer I'induration et quand on est arrive a ce noyau qui ne change plus dc volume, se decider ä faire usage de l'instrument tranchant et l'enlever si on le peut.
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CHAPITRE V.
DES VICES DE NUTIUTIO?laquo;.
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Los vices tie nutrition sont le dernier des troubles,des eiats morbides generaux dont ies solides puissent elre aliectes. M. Andral, dans son Anatomic palhologique, a traiic longuement des caracteres exlerieurs que presen-tcnt les parlies qui deviennent le siege de quelque affection de cc genre; cependantlaconnaissance des conditions de l'organisme au milieu desquelles se produisent ces desordres est encore peu avancee. Ces conditions sont tout ce que nous pourrons jamais apprecier, parce que le me.canisme de la nutrition est unfait simple et primilif quo nous ne pourrons pas plus connaitre, e'est-a-dire decomposer, que le mecanisme de la secretion.
Nous avons decouvert quelques regies dans les secretions morbides, leurs produits sont connus et classes; leur ordre de succession elabli; on connait les conditions organiqnes qui precedent leur formation, on sait pourquoi les uns s'organisent et pourquoi les autres no le font pas. 11 n'en est pas de memedes vices dc nutrition sur lesqueis on ne sait encore rien de plus quo des descriptions d'ana-tomie pathologique. J'aurai done tros-peu a m'arrcter sur ce sujet; car je ne dois pas etudierles differentes formes de troubles ou d'altciations morbides qui peuvent se prodnire dans le corps, mais uniquement les circons-tances generajes et communes qui president a lour formation et ä leur dcveloppcment.
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On (Jislingue cinq formes de vices de nalrition : I'hy-perirophiejratrophie, rinduraiion, le ramollissement et l'uIceration. Nous aligns les parcourir successivement.
Hypertrophie. — Elle consiste dans I'augmentation de la masse d'un ou de plusieurs des tissus qui constituent ies organes. Je dis la masse et non pas le volume, parce que les organes hypertrophies n'ont pas toujours aiigmente de volume; quelquefois le volume n'a pas change; quelquefois mcme il a diminue. Ainsi le coeur peut s'hypertrophier sans augmenter de volume, parce que l'accumulation de substance se fait du cote des cavites qui diminucnt; ou Lien il arrive que I'hypertrophie d'uri des tissus d'un organe soil accompagnee de l'atrophie des autres. Dans ce casl'aspectde I'organe peut etre modific au point qu'il soit meconnaissable.
Les vaissesux deviennent plus volumineux danstoutes ies parties qui s'hypertrophient. Mais rien ne prouve qu'il en soit de meme des nerfs.
L'liypertrophie n'est pas dangereuse par le seul fait de sa presence. Elle ne le devicnt que quand eile occupe des organes lies-importants ä la vie et dont les fonctionssont facilement troublees, comme le coeur et le cerveau. L'aug-mentation de volume et d'action du coeur derange toute la circulation et par consequent porie le trouble dans I'economie. Au contraire les muscles de la vie animale penvent s'hypertrophier sans danger.
Beaucoup d'hypertrophies dependent d'un surcroit d'ac-tivite des parties. Ainsi les animaux et en particulier les chevaux presentent des dillerences dans les organes de la locomotion, suivant les services auxquels ils sont employes. D'autres viennent ä la sui(e d'une congestion sanguine aigue ou chronique. Les congestions ou les inflam-
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164 mations qui se sont plusieurs fois reproduites s'accompa-gnent quelquefois de cette espece de vice de nutrition. Knfin il est des cas oü on ne pent rapporter l'hypertrophie ä aucune condition anterieure. M. Andral penseque dans ce cas lä il peul tout aussi bien y avoir diminution dans le mouvement normal de decomposition que plus grande aclivite du mouvement de composition.
^trophic. Elle est le contraire de rhypertrophie et consistedans une diminution de la masse des organes.
11 y a des organes qui s'alropliient naturellcment dans certaines periodes de la vie. Le tliymus, las capsules surrcnales, le lobe droit du foie, disparaissentdans le premier age de la vie; dans la vieillesse, les ganglions lym-plialiques ne sont plus visiblcs ; les ovaires se reduisent ä leur enveloppe fibreuse, et le parencliyme des poumons se rarefie.
II y en a d'autres qui s'atrophient accidcntellement par diverses circonstances : l0La quantitc de sang qu'une partie regoit habituellement peut diminuer; 2deg; les nerfs sont paralyses comme cela se voit, par exemple, ä la suite des nevralgies; les organes dont les ncrfs sont paralyses diminuent toujours de volume; 3C le sang n'a plus sa composition ordinaire , I'hematose se fait mal; 4deg; un tissu voisin ayant acquis une plus grande activite , shypertrophie, et l'activite de la ntitritiondiminue dans les autres.
Quant aux organes meines, ils diminuent en general de volume, s'amincissent; en meme temps ils perdent de leur consistance et cedent plus facilemont aux tractions; leur couleur devient plus pale, les arteres y diminuent de volume; enGn le tissu propre semble disparaitre dans quelques cas , el il ne reste plus que la trame celluleuse
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commune ä tous ies lissus et ä tous les organes et dans laquelle nous avons vu que s'operaient !es stoamp;fe üssu tersticielles , et chose remarauawe, penquot;'quot;quot;' ' „„„„„ rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;, ., ,.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^.u unegranaequantite
propre disparait, ilse depose0^-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ...
degraisseautour do-gt;cIiypertroPh.e.
Induration. — Ondonnecenom a 1 augnieniauon de la consistance naturequot;* des tissus sans autre alteration de lextiquot;quot;-' quot;a ont a^ors une densite plus grande que de cou-tume , resistentdavantage ä la pression et a ladechirurc, et quand on les coupe ils orient sous ie scalpel comme le squirrhe.
On distingue deux especesd'iudurations; l'unequi lien! ä quelque vice de secretion, l'autre ä des modifications de la nutrition. J'ai parlc de la premiere dont l'ctude nous a ofiert quelque interet; quant h la seconde eile nc pre-sente rien de bien parliculier.
Elle se produit souvent a la suite de Tinflammation ou de la simple congestion, comme eüe peut survenir aussi hors de son influence.
Les tissus indures conservent rarement leur coiileur normale; lantotils sont dccolores, tantöt ils sont colorcs en rouge plus ou moins intense , en jaune , en brun, ou meme en un noir d'cbene ; ces colorations dependent soit de la stase plus ou moins prolongee du sang, soit de l'exhalation de diverses matiercs colorantes.
Quant au volume, il subit divers changements suivant qu'il y a en meme temps hypertroplne ou atropliie.
liamollissement. —Le ramollissemenl et l'ulceration soirtdeux etats qui ont beaucoup de rapports entre eux. L'ulceration succede le plus souvent au ramollissemenl, maislo ramollissement succede quelquefois ä l'ulccralion. Je n'ai pas voulu cn parier ä propos de rinllammalion
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IGfi varce que si dans le pins grand nombre des cas ils appa-.„.w;laquo; .i..„ ^t :i la suite d'une congestion ou d'unc phleg-
'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; •#9632;•elques autres , ils semblent en etrc isoles.
Uans Jes cas mt.. , ..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; „ , „ . ,, „
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travad .nflammafoire, ilsne so.... ,„ nlu roduils directe.
ment par cette cause que 1'induration, la suppuration et
les differents vices de secretion. L'infl.,,,,-laquo;,,.-
inrnniation en trou-blant la circulation introduit de nouveaux malenau.. j0„(,
la trame cellulairc destissus et gene le mouvement de decomposition et d'absorption, et ces causes reunies deran-gent le travail ordinaire de la nutrition.
Maisil peutsc troubler aussi par d'autres causes; 1c ramollissement et l'ulceration nesont nuüe part plus frequents que chez les animaux mal nourris, logcs dans de mauvaises ecurieset soumis a des travaux penibles, que dans les maladies generales qui reconnaissent pour cause une alteration manifeste du sang; de sorte qu'on peul affir-mer que ia composition du sang entre pourbeaucoup dans la predisposition ä ces alterations de nutrition qui so deve-loppent ensuite sous l'influence de causes occasionnelles.
Ainsi le ramollissement pent exister sans inflammation ou sans congestion anteccdentc et lenir a la mauvaise composition du sang qui nc fournit plus'anx tissus des ma-icriaux reparateurs; le plus souvent cependant il recon-nait ces deux causes. Quoi qu'il en soit, le ramollissement est caractcrise dans tous les tissus par la facilite remar-quable qu'ils ont a se dechirer aprts le plus leger effort do pression ou seulement de tension. Les tissus qui dan? i'eiat normal ont peu de consistance se reduisent en en-tier ou par portions en unc sorte de pulpc; tclssontie cer-veäu et la moelle epiniere qui arrivcnt quelqoefois jüsqu'ä letal de diflluence et de liquidite. Dan* les nrganes oü
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eniro une grande quanlite de vaisscaux, tels quo le pou-mon, le I'oie, la rate, les reins , la thyroüde, les ganglions lymphatiques, rinflammation va jus(ju a les reduire on une sorte do bouillie grossiere, dans laquclle on no irouve plus aucune trace d'organisation.
La peau est assez frequemmentle siege du ratnollisse-ment inflammatoire; souvent il suffit de 5 ou 6 jours pour que le bourreletque la peau forme ä son insertion au sabot, seramollisse etdisparaisse sur une des faces de ceiorgane quand le panaris lefrappe.Les membranes fibrcuses, les cartilages el les os, quoique composes de substances plus refractaires, n'ea sont pas exempts; dans le panaris les tendons des flechisseurs tout gros et tout epaisqu'ils soni, ccdent a la traction des muscles et se separent. Les cartilages se reduisent en une sorte de pulpc analogue au caseum, les fibro-cariilagesse delruisent parlamelles ver dätres, et les os par une sorte de vermoulure-
Le ramollissement est une fort grave alteration; limite ä une surface pen etendue il amene au moins Tulcera-tion; ä undegre plus eleve la perforation; etendu äplus grande surface ou ä la totaliled'unorgane ilopere sa destruction et fait cesserla vie. II ne peut etre diagn.oslique ni par la duree ni par la violence de l'inflammation, ni par la prostration des forces ctle relacliementdesspbincters. II en est de meme de cette scrie de symptomesappeles rage mue, bien qu'onl'aitvu plusieurs fois coincider avec le ramollissement ct la perforation de Tcstomac.
Vlceration.— On acberchc ä expliquer cct acte morbide en disant que le mouvement de decomposition I'em-portait sur cclui de composition. Tctte explication est duo ä Hunter, et on le loue bcaucoup d'avoir irouvo cefle expression d'absoi'ption ulci'iaiive. Quoi qu'il en soit de
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168 cette explication, cllo ne fait que reculer Ja difficulte; le plus important n'est pas de savoir si I'absorption est plus active que la nutrition, mais dans quelles conditions et sous quelles influences s'opere ce moovetnent d'absorplion. Toule inflammation n'est pas suivie d'ulceration; qu'y a-t-il done de particulier danscelles qui sont suivies de ce travail? quels changements materiels se sont produits dans les tissus, c'est ce qui nous echappe encore, et c'est cependant ce qu'il nous importerait le plus de connaitre.
L'ulceration a lieu le plus souvent ä la peau et sur les muqueuses ; mais eile pent se faire aussi dans les paren-chymes organlques; eile reconnaitle plus souvent comme cause occasionnelle et immediate une congestion simple ou inflammatoire; celle qui depend de I'inflammationaigue ofi're plus de chances de guerison que celle qui depend de rinflammation chronique; enfin eile est d'autant plus grave et plus rebelle au traitementqu'elle se developpe dans un tissu qui a subi quelques-unes des alterations de nutrition ou de secretion dont j'ai parle.
Les signes pathologiques qui Tannoncenl sont faciles ä saisir lorsque l'ulceration a lieu a I'exterieur, mais il n'en est pas de meme ä l'interieur; l'augmentation de violence de rinflammation et Taccroissernent de ses phe-nomenes sympathiques , sont les deux phenomenes aux-quels le praticien qui suit attentivement une maladie peut presumer la formation des ulceres, ou dans plusieurs cas le diagnostiquer süremcnt.
Indications. — Les indications qui rcssortent dc ces vices de nutrition ne sont pas aulres que celles de rinflammation eile-meme, ou des alterations du sang quand on peut les presumer. Quant aux indicationsspccialesque fournissent les ulceres, c'est ä la pathologic speciale qu il faul les rcnvoyer.
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PATHOLOGIE
THfiRAPEUTIQUE GENfiRALES
y^terinaihes.
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LIVRE DEUXrfcME.
DES ETATS NERTEÜX SlORMDES.
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CHAPITRE PREMIER.
DU SYSTEME NEllVEIiX EN CEN^BAL.
Lorsqu'on etudie le jeu de l'organisation, la premiere chose qui frappe l'observateur, c'est l'existence de cet agent si remarquable, de cette force ä laquelle on donne le nom de force nerveuse , qui porte le mouvement dans tons les organes, qui y determine la contraction muscu-laire et les diiferents mouvements; qui agit surlc Systeme circulatoire, active ou ralentit son cours, non-seulcment dans le corps enlier mais dans un point donne; qui preside a la nutrition si bien que les organes paralyses ont une nutrition languissante et s'amaigrissent, aux secretions puisqu'il y en a , commo la secretion salivaire, qui sont
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exciices par le desirseulj de cette force, par laqnelleles aniinaux regoivent !es impressions des sens et qui les met en coniactavec le monde exterieur; qui nonseule-mcntticnt sous sa dependance l'ensemble des fonciions de cliaquc organe mais qui etabiit les rapports que les or-ganes onl enlre eux, en sante comme pendant la ma-ladie; qui augmente I'action d'une glandc lorsqu'une au-tre suspend ses fonciions; qui pendant I'elfort fait con-tracter tons les muscles du thorax et de labdomen, pour prefer un point d'appui ä ceux des membres; quiappelle le sang vers I'estomac lorsque le travail de la digestion conunence; enfin qui rend tous les organes solidaires ct qui fait que les congestions, les inflammations, les dou-leurs do chacun retentissent a leur manicre dans les au-ires, soil en y diminuant l'afflux du sang, soil en y deve-loppant la doulenr, ce qui constilue ce qu'on appelle les sympathies.
Ce fluide nerveux est ce que le celebre solidisto Holfmann appelait I'etlier, qui etait pour lui la cause de tousles phenomcnes du corpsvivant.
Ccpondant, en yreflechissant bien , on voit qu'il doit y avoir ([uclque chose qui est superieur ä cet ether , a co lltiide nerveux; car puisqu'il est rcellement materiel, comment la plus subtile maiiere pourrait-elie par ellc-meme avoir une action sur la maticre meme. Un exemple lera comprendre ma pensce. Une pierre en frappe une autre et la met en mouvcment, mais comme les corps soul inertes, ainsi que I'etablit la physique , qu'ils n'ont aucune force par eux-memes, qu'ils ne jouissent que de cellos qu'on leur communique, ce n'est pas la pierre ollc-meme qui a mu I'aulre, e'est la force qui etait en eile el qui a passe dans la seconde. 11 en est de meme dans uik
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mecanique, chaque piece ne communique le mouvcmtnt a la suivantc , que parceque la force qui vient do passer en eile, passe aussi äl'aulre piece. Comme lloffnuvn le dit avec laut de profondeur , le sysieme nerver* est le rouage qui porie le mouvement a la maclii'^-' entierc, mais il ne fait que le porler, il n'est pas lui-'^me la cause premiere du mouvement. Ainsiquand or^il que le lluide nerveux preside ä la nutrition , pense-'on qquot;''1 appelle les molecules l'uneversl'autre et dete-nine les agrägations? non , sans dome , mais les fogt;-es d'affinile vitale liees aux molecules, se develop^quot;1 sous l'influence du Systeme nerveux par une s-'Plc Ioi de coincidence.
Je prie qu'on rem-l116 bien ce P0'Dt Hquot;1 ,ne paraltfon-damental • le flu: e nerveux ne prodult rien dans le corps, les causes e(,';Ct'vcs ^c toute action sont ce qu'on ap-,]l jj-.ces vitales, mais elles se manifeslent, ellcs aUCTmp.ient ou diminuent leur action sous rinlluence du svs)Jine nerveux. Ce n'est pas le sysieme nerveux qui fail ^mbincr les molecules dans la nulrition, ou choisir certains elements dans les secretions; mais les forces qui president directement a ces actions sont liees dans leur jeu aux manifesiaiions do ce Systeme. II est memo des cas ou les forces vitales excrcent leur action primitivement et eu quelque sorte hors de rinlluence nerveuse , comme dans lesfausscs membranes qui s'organisent, dans losquelies il se forme spontancment du sang et des conduits qui vont communiquer avec les vaisseaux voisins.
Non-seulement le fluide nerveux developpe en queique sorte, les forces primitives qui sont les vcrilables agents do toute action, il est encore assujetti ä desloislixes ct cons-tantes; d'abord il se produit, s'use, se distribue dans tous les organes, se repare suivant des lois delerminees.
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172 Les sympathies qu'il ctablit entre lesorganes, sont aussi raquo;fcSlees ; un organe augmentant son action, lesautres en geneial diminuenl la leur dans la meme proportion. Une force gu^erne done le fluide nerveux lui-möme, l'assu-jettit ä dtn. regies immuables, cette force s'appelle encore la force .,itaie . c'est ei]e qUj iorSqUe i'animal veut produire un mo,vement) distri^ue dans chacun des muscles de ses rnembi s ja quanti[e de force qui est neces-saireau mouvement nu.n veut produire? ce qu'ii ne peut point calculer lui-m^e5 cl ce qui se fait ä son insu
Ainsi je pense qu'on app^cie bien je r61c du nuide nerveux, de cet ether d'Hoffmau. ^ s4cröte le Cerveau ; dans sa production et sa distributioi.;j est laquo;ouvern(; sui. vant des lois et par une force qu'on ap^qe jes j0js cl ja force vitales, et lorsqu'il porte son aclioiigt;u n,iiieu jcs organes dont il excite les fonctions, 1c mou oment la nutrition , les secretions, il ne le fait que par 1 -.term(:. diaire des lois et des forces vitales qui s'övcillent a.-,,^ pour nous servir d'une expression metaphorique, qui e.. trent en action.
La force vitale ne diminue, ni n'aiigmente en clle-mßme , eile est toujours la merne 5 mats son action est liee ä l'etat de nos organes et du Systeme nerveux^ si bien que c'est lui seul qu'il faut considerer en palhologle gene-rale quand on parle des forces; c'est lä ce que je voulais ctablir fermement; la force nerveuse constitue ce qu'on appelle en semeiologie les forces. Les forces sous le point de vue de la pathologic consistent dans i'exercice libre et regulier des fonctions : 1deg; desfacultcs inteliecluelles des sens, ce qui ne peut sc faire sans le travail simultane du cerveau; 2deg; des fonctions de la locomotion, de la respiration, de la digestion, des secretions, de ia circulation;
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173 excrcice qui se fait par le moyen de la force nerveuse pour lout cequi est apparent et exterieur; eile est la scule qui puisse elrc frappee dircciement et iinmediatcmenl; la force immaterielle quo nous appclons la vie echappe ä loule action direcle des corps. Ce qu'on appellc en palho-logie l'exahaiion de la vie est Texaltation de la force nerveuse, ct ce qu'on appellc une atteinte profonde ä la vie nest qu'une atteinte profonde du sysleme nerveux.
Les ouvrages dc physiologic commencent toujours par demontrer cello idee fondamentale que lexcitaiion est nc-cessairc ä l'entretien de la vie ; c'esl la base dc toute physiologic. Uno fonction ne s'exerce jamais qu'a la suite d'une impression qui est venue developper dans son Organe les proprietes dont il est done. Pour quo la vision ait lieu, il fautque la lumicrc frappe I'oeil, agisse sur la reline , determine sympaihiquement par ce moyen lacon-traclion de l'iris au degre necessaire. II faut pour que Taudition se fasse , que le son cbranle la membrane du tympan, ctque lesnerfs ainsimis en jeufassentcontractor les dilferents muscles, et qu'il se produise une tension ou un relachement convenablc de cet appareil de vibration.
Qu'on parcoure toutes les fonctions, et Ton se persua-dera aisement de cette idee, qu'il faut qu'un agent venu, soitdel'exterieurjsoit dc rinlcrieur, imprime le mouve-mentauxorganes. La respiration est precedce dc la sensation sienergique du besoind'inspirer; dans la digestion, les aliments qui distendentl'estomac, qui agissentsur lui par leurs qualites chimiques, excitent cet organe a rem-plir sa fonction ordinaire; la presence des feces dans le gros intestin, determine ses contractions, comme le se-jour de l'urine dans la vessie, comme la bile fait con-tracler les intestins et secreter le mucus 5 enfin quelqne
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174 fonction quc Ton considere, on voit qu'elle a besoin pour s'accomplir qu'un agent venu de rextcrieur ou du cer-veau lui apporte le mouvement, la fasse passer du repos ä Taclion.
Ainsiqu'il a ete dit, c'est par le Systeme nerveux quo les agents extcrieurs ou que la volonte delerminent ainsi lejeu des organes; ce fluide nerveux, eel agent materiel quoiquc imponderable appelle le sang dans la parlie , fait conlracter les plans musculaires, et active les secretions et la nutrition. C'est done sur le Systeme nerveux quc viennent agir la plupart des agents extcrieurs; c'est par lui que l'activite est imprimee ä l'organisation; il a une propricte de repandre son influx en plus grande abondance sous certaines influences, d'etre excite en un mot, et cette excitation reguliere est ncccssaire ä l'en-treiien de la vie et de la same.
Wais s'il peutelre excite d'une maniereconvenable, ii pent se faire aussi que les agents qui I'excitent, agissent jrop fortement sur lui, et alors au lieu de cette action reguliere qu'il portait dans les organes, il trouble leur jeu, et produit diflerents desordres que nous aliens examiner.
Ainsi on saisitbien ce passage del'excitation reguliere qui s'observe pendant la sante, ä une excitation trop forte qui fait que la fonction s'execute mal ou ne s'execute pas. Cette excitation tropforte , qui n'est plus compatible avec la same, est ce qu'on appelle I'irritation. L'irritation est done un phenomene nerveux qui, percu par le cerveau, forme ce qu'on appelle la douleur. II faut distinguer la douleur qui est un phenomene cerebral, de l'irritation qui reside dans les nerfs de l'organe impressionne. On juge de l'irritation par la douleur, par les cris, les
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inouvements et l'cxprcssion que la douleur arracfae a I'animal.
jN'ya-t-ilpour Ic Systeme nervcux qu'une maniore de devenir malade? est-ce seulement raugmentatioi! ou la diminution de son action ordinaire qui consiitue sa maladie, ou peut-clle dependre ausside manieres partieulieros dc sentir , ainsi que le croilM. Litlre? c'est ce qu'il n'estpas ties-facile de determiner. Cat auteur pense que chaque maladie specifique correspond a nne maniere particuiiöre do sentir et de roagir de la part du cerveau ; qu'ainsi les causes inconnues qui produisent la variole, le typhus, I'in-termitlence dans les maladies,ne causentpas une irritation du cerveau ä la maniere d'une piqüre ou d'une brülure, mais agissent sur cet organe d'une maniere speciale. Cost lä une question fort obscure et sur laquelle il y au-railbeaucoup ä dire pour etconire^ je pense qu'on pent sans inconvenient la laisser de cote sans rien prejuger.
Quoi qu'il en soit, il n'est presque pas de maladies dans lesquelles on n'observe un certain developpement ner-veux; ainsi les etats morbides que nous avons parcourus dans le premier livre , sont en general accompagnes de douleur, de fievre et des autres symptomes de reaction dont le Systeme nerveux est I'agentet le conducieur; la douleur est en general proportionnee h l'intensite des de-sordres locaux; plus i'etat local est grave, plus ces symptomes generaux eux-memes oflrent de violence et de danger.
Mais il pent se faire aussi que les symptomes nerveux ne soicnt plus en proportion avec I'afTection qui les entre-tient, je prends la pneumonic pour exemple ; sur trcnte cas qui so presenteront successivement, on pourra n'ob-server qu'une douleur plus ou moins vive , une dyspnec
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176 en rapport avec Pet endue du poumon enllamn.ee. Tout ä coup on rencontre un animal abattu, ayant des convulsions, les symptomes du vertigo, il meurt, etque rencontre-ton? le tube digestif sain et une pneumonic; ou biene'est unedyspnee ires-forte, de l'agitation, une inquietude extreme et meme des mouvements convulsifs. Qui est-ce qui ne verra point dans ces formes de la maladie quelque chose d'inusite, qui ne lui apparlient pas en propre? Ce developpement nerveux qui depasse ainsi ce qu'on observe ordinairement dans les maladies est ce qu'on appelle I'etat nerveux. II est lie a la predisposition congenialeou acquise, c'est-ä-dire que des animaux par leur constitution ou par leur genre de vie sonl plus sensibles, plus impressionnables que d'autres et souffrent beaucoup plus vivement de stimulations ordinaires.
L'etat nerveux compliquc non seulement les inflammations , mais les congestions, les vices de secretion meme; 11 y a de ces pretendues degenerescences de tissus qui sont accompagnees de douleurs intolerables et que rien ne pent calmer.
L'etat nerveux peut etre encore primitif, isolc de toute autrc affection, comme chez les animaux epuises de fatigue, ou saisis par le froid.
La maladie peut revetir une aulre forme dans le Systeme nerveux; au lieu d'etre ainsi generale, eile peutse loca-liser en un point. Tandis que les etats precedents exis-taient plus souvent rcunis a d'autres maladies qu'isoles. ceux donl je parle maintenant sont plus souvent isolcs , une fois developpes ils ne cessent pas avec la cause qui les a produits , mais ils ontune duree plus ou moinslongue. Ils sont de deux especes; ceux qui siegent dans certains nerfs , les differentes ncvralgies , et ceux qui sont egale-
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177 mcnt localises dans quelque point du cerveau sans avoir de rapport immediat avec les facultes intellectuelles, les laquo;evroses telles que I'epilepsie , la choree, le tic, etc.
Dans un quatrieme degre je rangerai les affections qui resultentde la maladie des parties du cerveau auxquelles se Uel'exercice des facultes intellectuelles, el qui sont accompagnees d'une perversion de ces facultes. Je pla-cerai dans cette classe rimtnobilite qui me parait etre dans le cheval I'analogue de la manie dans rhomme, et peut-etre la rage dansle chien; au moins c'est ainsi que la considere M. Pierquin dans son ouvrage sur la folie des animaux. L'immobilite presente bien les caracteres de la manie, les epoques d'exaltation et de remission, l'entamp;e-ment et le delire furieux que produit l'obstination ä vou-loir forcer les animaux h quelque acle auquel ils se re-fusent; eile succede souvent ä des inflammations du cerveau , comme eile peut etre hereditaire ou bien se döve-lopperpar suite de la predisposition. Les marchands de chevaux appellent/omä, imhecilles, les chevaux atteints de cette maladie. Quant ä la rage, eile n'offre pas les memes caracteres 5 sa violence, sa marche determinee sa propriete de se transmettre par inoculation, en font une nevrose qui se rapproche de la classe precedente, plus peut-^tre que de celle oü je la place. M. Pierquin pretend quel'on confond souslenomde rage differentes folies des chiens et des chats, qui ne sont reellement pas toujours la maladie nerveuse appelee hydrophobie.
Enfin dans une cinquieme classe je place les pheno-menes intermittenls, soit locaux , soit generaux. Tousles phenomenes intermittents generaux ne sont pas lies ä une alteration du sang comme dans ce qu'on appelle propre-ment les fievres inlermittentes; il y en a qui sont dns a
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17laquo; d'auires causes comme je l'etablirai plus tard. Aussi estce ä propos du Systeme nerveux qu'il conviem de parier de l'intermittence et non pas ä propos des alterations du sang.
Alnsi pour mc resumer je divisc les aflcctions du Systeme nerveux en cinq classes. La premiere comprend la dou-leur et les sympathies qui appartiennent ä presque toutes les maladies, ce premier degre de la nevrose, en quelquc sorte normal tant qu'il reste en rapport avec l'inlensitö des desordres des organes ou des alterations des fluides 5 jc n'ai pas du en traiter dans ce chapitre, puisque j'en ai parle a propos de rinHammation. En vertu de la predisposition, les ditferentes maladies., ou les causes de maladies peuventproduire des phenomenes nerveux, delire, convulsions, saubresauts de tendons, trouble des sens , etc. etc., qui ne sont plus en proportion avec leur inten-site et qui accusent une tendance du Systeme nerveux ä s'exalter et ä exagerer son action naturelle. Cet etat nerveux est de forme ataxique, adynamique, ou ataxo-ady-namique et constitue la deuxieme classe. Dans la troisieme sont les nevralgies et les nevroses pures de la masse en-cephalique. Dans la quatrieme les maladies mentales s'il est permis de s'exprimerainsi. Et enfin dans lacinquiemo les phenomenes d'intermittence locaux ou generaux.
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CHAPITRE II.
DF.S ETATS ATAXIQVE ET ADY.NAMI^IE.
Äu lieu de rester dans la limile de leurs caracteres or-dinaires, !es maladies locales ou generales peuvect presenter des pbenomenes nerveuxplus graves, des symp-lornes qui aunoncent que le Systeme nerveux a re^u beau-coup plus vivement qu'al'ordinaire, I'impression que lui ont transmise les nerfs. Outre la fievre de reaction simple, ouraffaissement et lastupeur qui sont les symptomes or-dinaires des inflammations franches ou des alterations du sang, on observe alors des symptomes nouveaux qui vien-nent s'ajouter ä la maladie primitive, sans etre immediate-ment produits par eile; cesont les troubles du Systeme musculaire, les convulsions, les crampes, les contrac-tures , les soubresauis de tendons, les troubles des sens et des facultes intlaquo;llectuelles, la somnolence, le delire , le coma, enfin la prostration des forces et la paralysie, etc., qui suivant la maniere dont ils sont associes, font donner ä cet etat nerveux qui complique la maladie, les denominations d'ataxique , d'adynamique , d'ataxo-adynamique.
Quand on veut remonter ä la source de ces etals inso-litcs , on s'assure que la cause veritable en reside dans le malade meme, chez lequel le Systeme nerveux possede par le fail de Tage, du temperament, de la constitution primitive ou acquise, une delicalesse teile que les causes
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ordinaires dctorminont des plienomenes sonsilifs bienplus prononccs qu'ä Tordinaire.
Deux maladies de mßme nature , d'une intensite ä peu pres egale, dcveloppent chez deux animaux places dans des conditions exterieures analogues, des symplömes fort differents. D'oü vient cette nouvelle seile de plienomenes? la meme maladie ne pourrait pas produire des cffets differents, si eile avait a faire a deux organisations somblables; ilfaut done qu'elle trouve chez celui qui a eprouve plus de douleur, d'agitalion, de malaise, etc. etc., une disposition particuliere de son Systeme nerveux ä souffrir plus vivement et ä localiser en lui les impressions qu'il a regues.
L'age des animaux pendant lequel l'exaltation du Systeme nerveux ä l'occasiondes maladies est le plus remar-quable, est celui qui commence la vie et s'etend justju'a l'accomplissement de la seconde dentition, epoque a la-qnelle la constitution du sujet est defmitivementfbrmee el restera ce qu'elle est. Jusqu'alors rirritabilite nerveuse est vive, les impressions exterieures causent un ebran lement plus considerable ; et comme ce temps de la vie est remarquable aussi par la predominance du Systeme lymphatique, on volt s'associer ä la susceplibilite nerveuse, une tendance aux congestions du lissu cellulaire des membranes muqueuses et des ganglionslymphatiques. Aussi la fievre muqueuse s'accompagne-t-elle souvent dans l'espece du chien et ducheval, de la formation d'abces phlegmoneux vers la tete plus souvent que partout ailleurs, de tumefaction des ganglions lymphatiques dans la meme region, d'hypertrophie de la glande thyroide; dans l'espece du mouton et du beeuf, de produclions organisees ( entozoaires) dans les centres nerveux. C'est encore ä la
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töte, danslabouche et sur les cötesde la langne que se montre de prime abord cliez le pore, cette formation d'entozoaires cyslicerques qui se developpera ensuite plus amplement dans le tissu celiulaire sous-cutane, et toujours en plus grande abondance dans les regions qu'occupent les ganglions lymphaliques.
L'apparition dessymptömes nerveux dans les maladies de cet äge, parait exercer sur leur marche une fächeuse inflnence, soit qu'ils apparaissent au debut ou pendant le cours de ces maladies; les convulsions epileptiformes qui se montrent quelquefois comme symptomes precur-seurs de la fievre muqueuse ou catarrhale du jeune chien, en embarrassent la marche et en rendent le pronostic fä-cheux. La choree commence avec cette maladie, en suit le cours , la rend plus longue , plus grave, persiste sou-vent apres qu'elle s'est terminee, rend la seconde jeunesse du chien orageuse, et ne cesse qu'avec l'achevement de la croissance et la consolidation de l'organisation. Enfin , c'est aussi pendant la duree de cette maladie que survient cette paraplegie, qui, malgre la meilleure direction des efforts de l'art, conduit le malade au marasme, et quo nous appelons la phthisic lombaire.
Les phenomenes nerveux reconnaissent quelquefois une cause toute materielle, surtout ä cet äge de la vie. Le developpement, dans le cerveau, d'entozoaires de l'ordre des coenures produit les tournoiements ou vertiges , les mouvements convulsifs des muscles des yeux, les crampes et les convulsions des membres. Ces symptomes sont le resultat de la compression du cerveau et expriment cettlaquo;raquo; lesion qui a peu de chances de guerison.
L age de retour semble se rapprocher ä certains egards de la premiere jeunesse , avec cette difference fondamen-
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182 tale, que dans la seconde la susceptibilite nerveuse portait surtout sur ce qu'on est convenu d'appeler les organes de la vie de relation , les sens, le Systeme muscu-laire, les instincts, etc., tandis que dans le premier, c'est sur les organes de la vie organique, sur les visceres disposes par un long exercice ä s'irriter.
Unautre point par lequel ces deux ages se touchent, c'est la predominance lymphatique; la force de decomposition remportant dans le dernier age de la vie sur cellc de composition, les vaisseaux destines a charrier les iluides sereux deviennent plus actifs et par consequent plus exposes aux lesions. Ainsi, a cette epoquele sens dlaquo; toucher a moins de delicatesse, et les organes des sens ont moins de sensibilite, tandis que les visceres , dont le jeu n'est ni assez facile , ni asscz soutenu^ sent fatigues par l'aclion des stimulants ordinaires , et qu'il y a de la tendance ä l'ataxie etl'adynamie. Quoique les troubles ner-veux h forme ataxique ou adynamique puissent se mon-trer cepcndant dans les organes de la vie do relation, comme les trcmblements, la paralysie, la cecite et lasur-dite le prouvent, c'est de preference sur les organes de la vie organique qu'ils se portent dans la vieillesse, surtout quand cette epoque de la vie a ete amenee avant le terme ordinaire par la fatigue , une alimentation insuffisante ou mauvaisc, paries maladies et les evacuations abondanles. Teile est cette faim-valledu vieuxchevalepuise par le travail, caraclerisce paruntremblemenlsubitdesmembres qui le force a s'arreter au milieu do sa course, qui s'accompa-gne de convulsions des muscles desmächoires, des yeux et d'un tremblement general, aaxquels une seulcpoignee de foin met un terme. Teile est encore I'immobilite qu'on re-(•üimaii, quand le clicv;!l ost calme , ä un elat de somno-
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lence, ärengourdissement des sens, et ä rinaclion du sysl^me locomoteur, et pendant l'excitation que cause l'exercice, lorsqu'on depassc certaino mesure ou qu'on exige certains actes que le malade ne puisse ou ne veuillc pasexecuter, a des signes d'exaltaiion, ä des spasmes, des iremMements convulsifs , et ä un delire furieux.
Nous venons de voir l'influence exercee par les äges sur la disposition ä contracter la nevrose, clierchons maintenant ä quels caracteres organiques on reconnait cette predisposition. Des auteurs se contentent de dire ä cesujet qu'il y a la quelque chose de mysterieux qui tient au plan primitif de l'organisation. II est vrai que dans boaueoup de cas, on ne peut trouver d'autre raison de la predominance nerveuse. Je pense neanmoins qu'on peut entrer plus avant dans la question, et qu'on peut presenter trois raisons principales et tirees du sexe, d'une combinaison de tissus propre ä rendre l'excitation du Systeme nerveux plus frequente et plus vive, ce qui augmente son action ou comme on dit, sa vitalite , et de la predominance materielle du Systeme nerveux sur les autres organes.
Iquot; On sait qu'en general les femelles sont plus vives, plus irritables que les males, et cela peut tenir aux deux autres causes predisposantes que je vais developper, ä une organisation particuliörc ou ä la predominance nerveuse materielle; mais il y a chez elles une condition propre qui me semble importante et qui rappelle l'idee fondamenlale du Systeme d'un homme trcs-cele'ore , de Broussais ; je veux parier de la disposition ä produire des congestions, de la mobilite sanguine. Broussais con-covait la nevrose comme necessairement lice a la congestion sanguine; et e'estainsi qu'il expliquait comment
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les affections des cordons ou des centres nerveux pre-sentaient souvent a l'autopsie des desordres anatomiquesy lorsqu'elles avaient dure long-temps; parce que la congestion fixee dans la partie avail fini par la denaturer et produire les desordres des congestions chroniques. Cette idee est tres-profonde, et Broussais y tenait beaucoup. Cest precisement chez les femelles que Ton troave 1c mieux cette association de la congestion nerveuse et sanguine, chez la femme, ä l'epoque de scs regies. Quand le sang qui doit s'ecbapper par I'uterus n'a pas encore pris sa direction vers cet organe il produit une foule de phenomenes nerveux, souvent tres-bizarres^qui disparais-sent des qu'il commence ä couler. Les femelles des ani-maux nont pas de regies, mais il n'y en a pas moins des congestions periodiques de l'nterus, lorsqu'elles sont en chaleur j puisque plusieurs ä cette epoque perdent un peu de sang. II est si vrai que cest bien ä ce sang qui se porte sur differents organes avant deprendre sa veritable direction qu'il faut atlribuer une espece de disposition nerveuse plutot qu'ä la constitution primitive du Systeme nerveux,' que lorsqu'une crise doit se faire par un organe dans une maladie, eile est toujours precedee de troubles nerveux generaux, comme je l'ai dit ä propos des crises par les hemorrhagies. Cest de la meme maniere qu'il faut expliquer ces troubles egalement generaux qui precedent la plupart des inflammations viscerales; le sang qui va se porter sur le viscere, parcourt 1'economic et l'agite avant d'arriver ä sa destination.
2deg; La predominance materielle du Systeme nerveux est certainement aussi une cause predisposante importante; plus il I'emporte sur les autres appareils, plus il tend ä appeler de sang a leurs dcpens, ä augmenter son action.
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10;quot;; et par consequent ä recevoir plus vivcment l'action des causes. II y a ici une distinctioncapitale ä poser; ce n'ost pas de la predominance absolue, mais de la predominance relative du Systeme nerveux que je veuxparier; c'est-ä-dire que lorsqu'on veut comparer deux animaux, sous le rapport de leur cerveau, ce sont les parties si mi laires qu'il faut comparer. Ainsi les parties qui regoivent les impressions des sens et qui correspondent aux facultes intellectuelles, celles qui correspondent aux affections, ä la sensibilite, aux instincts, et enfin le volume relatif des nerfs, doivent lt;Hre compares respectivement. Un animal peut avoir le cerveau plus volumineux qu'un aulre, il ne sera pas plus sensible que lui, si ce qu'il a en plus de substance nerveuse est au profit des instincts ou des facultes intellectuelles.
Mais cette appreciation est fort difficile ä faire, pour ne pas dire impossible; ainsi, bien que le singe soit con-sidere comme I'animal le plus avance sous le rapport de l'intelligence, il ne parait pas posseder un plus grand developpementnerveux, ni plus de tendance aux nevroses que le chien barbet, probablement par la raison que nous venous de donner, et peut-etre anssi parce qu'il possede un sens de plus que ce dernier, le sens special du toucher qui agrandit considerablement le cercle de ses sensations.
Enfin c'est sans doute cette predominance qui existe dans certaines constitutions robustes, qui paraissentau premier abord peu favorisees sous le rapport de la sensibilite. On voit de gros et forts chevaux, ä peau epaisse et rude, etre atteints d'epilepsie, d'immobilile; il n'est pas rare non plus que les mulcts qui sont en general tres-robustes ct les chiens dogues soient atlaques du tetanos.
3deg; La troisiemc condition organiquc quimc parait prfiter
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au developpemenl des nevroses , est une certaine delica-tesse de structure des tissus. Ce que je disais pour le singe (|iii acquiert une grande superiorite, parce que sesmains sont disposees ä e'prouver des impressions tacliles plus nombreuses et plus delicates, 1 observation le prouvetous les jours pour les difl'erentes especes animales. Un indi-vidu reunit d'aulant plus d'inlelligence, d'aptitude ä ap-prendre ce que Ihomme exige de lui, qu'il a la peauplus fine, plus delicate, que le sens general du toucher est plusperfectionnc. Au perfectionnement des formes exte-rieures et a la delicatesse des teguments, il faut ajouter encore une certaine association soit des fluides,, soit des solides, de Torganisation de laquelle resultent necessaire-ment une conformation particuliere du corps, des habitudes et un caractere que les anciens omt fort bien signales comme fournissant des indices sur la constitution nerveuse dans l'homme, indices que nous retrouvons encore quoi-que beaueoup moins dessines chez les animaux. Au reste il faut remarquer que la predominance materielle du Systeme nerveux esi le plus souvent aussi associee ä ces formes et a cettc constitution, soit que ce soit primitive-ment ou par l'influence de ces conditions organiques. (Voyez constitution, temperament.)
Je viens de faire ressortir quelques-unes des predispositions de l'etat nerveux, de la nevrose, tellcs que 1c jeune äge et Tage avance de la vie, une constitution dans laquelle predominele Systeme nerveux, la delicatesse des ieguments et des tissus; je vais en exposer les causes determinantes, qui sont nombreuses et variees comme celles de l'inflammation.
Parmi les causes physiques on range l'excesde travail, surtout dans un age qui n'est pas encore ou qui n'est plus
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I laquo;7 celui de la force, I'insuffisance desaliinenis,les souffrances, les mauvais trailemcnts, la brutalite, les pertes considerables des maieriaux de I'economie, tels que le lait, le pus, le mucus, les urines , lesmatieres fecalcs et surlout le sang, les maladies parmi lesquellcs on doit compter les phlegmasies qui sont fortes ou qui ont durc long-temps, les operations chii'urgicales qui font naitre de vives dou-leurs et restent insuffisantes pour les faire cesser, les grandes blessures, les dechimres des nerfs, les compressions fortes et durables, l'operation du clou de rue, la queue ä l'anglaise, la castration; les vices de conformation qui genent l'exercice des fonctions et causent des dou-leurs continuellcs; la presence des entozoaires dans le cerveau, les sinus ethmoidaux et le lube intestinal; I'ag-giomeration des lanes d'seslre autour de rorifice pylorique de l'estomac du cheval el dans les sinus des cornes du mouton; Tempoisonnement par la noix vomique, lecam-phre, le rbus toxicodendron et coriaria, etc... les em-poisonnemenls miasmatiques... la chaleur el le froid, la sccheresse, I'liumidite, principalemenl le froid uni ä l'hu-inidite... l'action du fluide electrique. Les causes morales sont moins nombreuses; ce sont les impressions morales vives et brusques, comme le bruit du canon, dutonnerre, la crainte inspiree par unobjelou un danger, les passions, la colere, les desirs de la femelle et les fatigues qui en resultent, pour leschiens la masturbation. L'beredite ne parait pas etrangere a la predisposition a ces maladies. On possede, dit-on, des exemples d'cpilepsie hercditaire. En observant la maniere dont les causes que nous venons do parcourir agissent pour produire des etats nerveux, on reconnait que leur action se porlo queiquefois primi-livcmenl sur \o Systeme norveux, et que la nevrose se
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188 dcveloppe dans toute sa purete sans ötre associee ä au-cune affection organique; c'est ce qu'on peul appeler une nevrose directe. Ce sont surtout les impressions morales, ilont 1'aclion reste ainsi limitee au Systeme nerveux, qui donnent naissance ä la nevrose dont la nature, le meea-nisme nous sont inconnus, mais qui se manifeste par l'exageration ou l'irregularite des phenomenes naturals.
Le plus souvent les causes morbifiques agissent sur les tissus ou les liquides de l'economie, les alterent dans leur structure ou dans leur composition. Ces desordres mate-riels deviennent ä leur tour causes du develop pement des etats nerveux, quand ils ont lieu chez des individus predisposes. Ce sont la des nevroses indirectesdans tous les cas, que ce soit mediatement ou immediatement que la cause ait agi, i'etat consecutif n'en reste pas moins le nieme dans sa nature.
Les nevroses directes quoique moins frequentes dans les animaux que dans Thomme ne sont pas aussi rares qu'on pourrait le croire; l'observation est lä pour ältester que cerlaines de leurs maladies sont purement nerveuses, et qu'apres la mort elles ne laissent aucune trace de leur existence; et ce qui paraitrait plus etonnant si on ne savait tout ce qu'il y a de singulier et de mysterieux dans ces affections , c'est que, comme je l'ai dejä fait remarquer, elles se presentent assez frequemment chez les animaux dont les formes sont le plus grossieres et l'iinpressionnabilite le moins vive; ainsi les pores, les vaches, leschiens, les chevauxles plus etoffes, sont souvent atteints d'epilepsie, de rage spontanee ou d'immobilite. II n'est pas tres-rare de voir une portee entire de chats 6tre frappes depuis la naissance jusqu'au 10quot;quot;'ou ISquot;16 joiir de convulsionsepi-iepliformesintei'mittentes,qul les font presquc tous pcrir.
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Cc sont particulierement les passions ct surtout la frayeur qui sonl les causes les plus puissantcs du deve-loppement des nevroses spontanees; Tabbc Rozier dit avoir vu une mule qui frappee du bruit du totmerre, fut affectee d'un spasmegeneral de tous les muscles du corps, tel que ne pouvant la faire mouvoir, on fut oblige de la tuer sur la route. Lafosse parle d'un cheval qui devint immobile par reifet du bruit du canon. Bourgelat cite I'exemple d'un jeune cheval timide qui contracla I'epi-lepsie pour avoir ete effraye par le bruit des armes ä feu , auquel on voulait I'accoutumer. Un jeune cheval suisse est surpris par le bruit des tambours d'un regiment d'infan-terie, il s'epouvante, brise la voiture qu'il trainait, et reste atteint d'un vertigo cpileptique qui le fait perir en moins de dix jours. Le renouvellement de l'impression de la frayeur par la presence de l'objet qui l'a causee, peut faire repeter un etat convulsif. On cite I'exemple dune jumenl qui s'etant embarrassee les pieds en passant sur un pont en bois et ayant eprouve une grande frayeur de cet accident, prenait des tremblements convulsifs chaque fois qu'elle foulait les planches dun pont. Un cheval decai-rosse de M. deB... eprouvait des tremblements convulsifs chaque fois qu il arrivait ä un endroit d'un chemin oil il avail eprouve une grande frayeur.
Les contrarietes produisent dans quelques cas des effets analogues; Bourgelat rapporte avoir vu devenir epileptique un etalon que Ton avait eslrapasse et gendarme pendantlongtemps dans les piliers pour le dresser. In jeune cheval avait contracte la danse de Saint-Guy ä un membre anterieur et aux muscles du cou, par suite des brusqueries de son maitre.
II en est dc memo des impressions vives ; une jumciu
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I!)0 prenait des attaques d'cpilepsie chaque fois qu'on lui ser-rait un peu trop la sangle; un cheval de tirage , quand il avail fait une treniaine de pas attele a une charrette; uno vache, des qu'elle plongeait les pieds dans I'eau; une autre des qu'elle etait exposce ä lair exterieur; cettc espece d'aerophobie a ete plusieurs fois observee sur le chien.
Les passions telles que la colere suscitent quelquefois aussi chez les animaux des convulsions epilepiiformes...
Eh resume les phenomenes qui constituent les etats nerveux et qui ne sont que Texageration, la perversion ou l'abolition de ce qui se passe naiurellement sous I'in-fluence du Systeme nerveux, peuvent etre developpes par plusieurs classes de causes.
1deg; L'inflammation propre de la substance nerveuse.
2deg; Lc developpement de corps etrangers, de tumours eancereuses, de kystes, decenures, etc. etc.
Dans ces cas-lä la cause est locale. Nous allons la voir s'eioigner successivement des centres nerveux tout en pro-duisant les memes effets.
3deg; Les inflammations prolongees des divers organes, les operations graves, les dechirures des nerfs ou leur compression, les vices de conformation qui en genam fexercice des fonctions, causent des douleurs continuelles, ia presence de vcrsdans le tube digestif.
Les causes n'agisscnt plusdirectcmcnt sur le cerveau , mais elles sont encore independantes jusqu'ä un certain point de la predisposition, et de memo que rinflamma-tion des meninges et du cerveau, determine chez tous les animaux des phenomenes nerveux, plus ou moins graves il est vrai, ces causes aussi produisent leur eflet dans la generality des cas. II n'en est pas de meme des causes sui-
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vantcs et en general detoutes celles quine sont pas sui-vies ordinairement d'une exaltation nerveuse, mais tjui venant a rencontrer un elre predispose, sont le point de depart d'uae serie de desordres qui auraient fait explosion a la moindre cause. Elles sont encore de deux es-peces , les unes physiques etles autres morales.
1deg; Parmi les physiques sont les congestions et les in-llammalions franchesetaigues, les hemorrhagiespeuabon-dantes, les divers etats typhoides lorsqu'ils se presentcnt sous la forme qu'on appelle ataxique.
2deg; Les impressions morales, la frayeur, la crainte , la colere, les desirs violenls du rapprochement des sexes.
II y a done deux classes generales de causes pour ia production dos divers phenomenes nerveux, celles qui agissent ä peu pres de meme chez tous les individus predisposes on non, quoique plus vivement sur les premiers, et celles qui dans les cas ordinaires ne produisent aucun effet et qui ne viennent ä ^n produire que lorsqu'elles rencontrent un individu dont le Systeme nerveux est Ires-impressionnable,soit naturcllement, soitaccidentellemem par les raisons que j'ai donnees. Dans Tun et dans i'autrc cas , les phenomenes nerveux sont toujours les memes ; ce sont le delire, le trouble des sens, les convulsions , les soubrcsauts de tendons, etc.,c'est-ä-direla perversion clesfonctionsintellectuelles, sensitives et locomotrices; mais quoique les symplomessoientidentiqueSj le traite-ment est fort different parce qu'il est dirige contre la cause. Etcommeonle sent, je ne parlcrai dans cechapitre que des etats nerveux qui exigent pour leur apparition l'exislence de la predisposition. Je vais traiter de ces diffe-rentes nevroses suivant qu'elles ont eteclassces.
Etats ataxique ct adynamiijue. — Ainsi les etals
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alaxique et adynamique peuvent se presenter au milieu d'un grand nombre de maladies, les unes oü leur deve-loppement s'opere necessairement et les autres oü il suppose une predisposition. On con^oit fort bien qn'a propos des affections propres, essentielles du Systeme nerveux, on ne peut pas s'occuper de ces inflammations qui ne lui appartiennentpas plus qu aux autres appareils organiques, mais qu'il s'agit de ces maladies qui ne laissent apres elles aucuu desordre et dont le mecanisme nous est inconnu. Cependant comme les symptömes sont toujours les memes quelle que soit la cause qui les prod nil, ceux. que jevais exposer appartiendront autant aux etats nerveux propres, qu'ä ceux qui sont en quelque sorte mecaniques.
Je dois faire ici une observation Ires-importanle, c'est que presque tous les etats nerveux purs qui surviennent comme complication d'autres maladies, sont sous la forme ataxique; la forme adynamique primitive est exlremement rare. Au contraire , l'adynamie conse'cutive est trfes-fre-quente. Je trouve dans le traite des fievres de Chomel, que lafievre adynamique a cela de remarquable, qu'aucun temperament n'y est plus predispose qu'un autre , tandis que nous savons que les etats nerveux essentiels supposent une predisposition; aussiest-il bon de faire remarquer quo la fievre adynamique ou putride des anciens, est la forme la plus ordinaire de ce qu'on appelle maintenant la fievre typlioide. Cela nous apprend , comme je le demontrerai ä propos des maladies par alteration du sang , que l'ady-namie,c'est-ä-direrepuisement des forces, est lecaracteie fondamental de ces maladies.
Etat ataxique. — Le mot d'ataxie signifie irregula-rite , absence d'ordre de laquo; privalif et de taxis ordre; Pinel est le premier qui se soit servi de cette deno-
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193 mination pour designer un ordre de fievres qui com-prend le groupe d affections fort opposecs par leur nature et connu sous les noms defievre maligne, nerveuse, ceie-brale, pcrnicieuse, typhoido;la fievrc maligne pouvant dtre essentielle, la fiövre cerebrale etant Tinflammaiion du cerveau ou de ses membranes , et la fievre typhoide, une fiev;e caracterisee par une inflammation du tube digestif et une alteration geneiale du sang. Ccla nous montrc dans quel chaos etait le diagnostic avant les beaux tra-vaux modernes de I'ecole de Paris sur la localisation des maladies, de sorte que confondre encore des choses si diflerentes, c'est se montrer en arriere de son siecle.
Pinel en designant ainsi ces fievres voulait simplement indiquer qu'elles differaienl des aulres classes de fievres, qu'on n'y trouvait pas la regularite de la marche, comma chez elles. Ce nest que decettemanierequ'on peuttrou-ver un sens a cette expression ; car, a bien considerer les choses, il n'y a rien et il ne peut rien y avoir d'irregulier, de prive d'ordre. Ce que M. Geoffroy-Saint-Hilaire avail demontre pour les monstruosites, M. Magendie le prouve maintenant pour les alterations du sang; la vie, en same comme en maladie, est gouvernee par des lois aussi cer-taineset aussi immuables quecelles des nombres. Ceqne j'expose ici d'une maniere generate, je le prouverai dans la pathologie speciale que je pense publier apres cet ou-vrage et oü je montrerai comment la succession de ces symptomes nerveux est expliquee par la marche des maladies.
Les symptomes ataxiques ou pour mieux dire nerveux, car I'adynamie purement nerveuse est excessivement rare, offrent les caracteres les plus varies , lorsqu'on les expose dans leur ensemble ; et ils indiquent les etals les
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194 plus opposes du trouble de plusieurs functions, plus par-iiculiürcmcnt des orgaoes (Jessens, du mouvement, de iinlclligciu'CjCtparlbis mume dc la digestion. Ainsi, pour les organes des sens ce soni leur vive sensibilite , leur affaiblissement on leur abolition, un regard mornc, abaltu ou fixe et liagard , ou d'une mobilile singulicre ; la surdite plus ou moins complete ou unc delicalesse de louie, teile que le moindre bruit effarouche le malade , !lt;.; poilc a se deplacer brusqucment et ä s'emporter commc un furicux; l'abolilion du gout et de l'appetit ou unc perversion de ce sens teile que I'animal mange ses matieres (V'cales ou devore le cadavre des anirnaux de son cspece ; rabaissementdela teleet lafaiblesseapparentedesmusclcs qui la meuvent, ou une elevation extraordinaire etun etat dc tension extreme du cou; des contractions des machoires qui donncnt lieu au trismus comma dans le tctanos, ou a un ecartemenl tel que le malade ne pent former la bouche , comme dans la rage muc ; un spasmc des muscles des levres qui fait remonteren haut leur commissure ( rire sardonique), ou un relachement complei par suite diiquel les levres executent des mouvements analogues ä ceux dun homme qui fume (respiration labiale); la retraction de la levre supcrieure ou de celle de dessous (spasmc cynique), ou le prolapsus d'une ou des deux levres; la dilatation convulsive des alles des naseaux ou raffaissement de ces parties qui donne naissance ä un bruit qui rcssemble tantot au sifflement, tantot au slertor; un spasmc general de tous les muscles du corps ou seule-ment de ceux de quelques regions (tetanos general), em-prosthotonos, renversement en avant; opisthotonos, en arriöre; pleurotonos, dccote^la crampe d'un des mem-bres posterieurs, le raccourcissement des tendons; les
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195 convulsions des muscles du globe de l'ocil, des levres, de la queue, ou de ceriaines series de muscles comnie dans la choree; les tremblements des muscles rotuliens et des extcnseurs de Tavant-bras el par opposition, la prostration des forces, la paralysie des membres de devant, celle de derriere ou paraplegic, ou d'un cöte du corps, liemiplegie avec perte ou conservation du sentiment; I'al-teration de lo voix comnie dans la rage mue ou I'aphonic; le spasme de l'oesophage, le relachement des sphincters du rectum, la dilatation de l'anas et l'introduction de Tair dans le rectum avec bruissement et sortie involontaire des maticres fecales; les erections frequentes, le priapisme meme, ou le prolapsus du membre avec le relachemem du sphincter de lavessieet l'ecoulement de I'urine goutie ä goutte (incontinence d'urines.)
Du cote de lintelligence, des instincts et des sentiments affectifs, on doit meniionncr les phenomenes nerveux sui-vants : I'cloigncment furlif de la maison de son maitre, pour le chien; le penchant a mordre sans provocation, ä frapper du pied ou de la come I'homme que I'animal affectionnait le plus ; ä se ruer sur tons les animaux et h se mordre lui-meme; une sorte de delire qui porte la fe-melle a devorer ses petits, ou qui fait que le cheval immobile va se precipiter centre les corps qui sont sur son passage.
Parmi ces symptomes plusieurs apparaissent quelque-fois au debut des etats ataxiques, comme l'alteration de la voix dans la rage du chien, les signes d'emportement, de fureur et d cpouvante dans la forme nerveuse de la fievrc typhoide ; les mouvements convulsifs des levrcs dans la gastrite, les tremblements convulsifs des muscles et le rire sardonique apres la dechirure du diaphragme.
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Tels sont lös principaux traits de l'elat nerveux, et oomme on le voit ils ne presenlent rien d'irregulierj ce sont ies plienomenes naturels delasanle exagcreSj per-verlis on abolis ; mais ce qui est vraiment singulier, c'esl la maniere dont ils se succedent, leur mobilite inouie, leur marclie surprename et inattcndue meme pour des praiiciens Ues-exorces. C'est ä Tetat nerveux qn'il faut rapporter les plienomenes de toutcs les maladies qui s'eloigaent de la marche ordinaire et qui offrent quelque cliosc d'elrange et do bizarre. Au resle la mobilite et la succession des plienomenes les plus opposes est ce qui caractei ise le mieux cet eiat.
ii ne faut pas oublier de mentionner comma accompa-gnes souvent de plienomenes nerveux , la grossesse et les {roubles gencraux qui annoncent l'eiablissement des maladies ou la formation des crises. Le travail qui precede les crises est dans quelques cas extremement remar-quable.
Convulsions. — Fne forme particuliere sous laquelle I'etat nerveux se presente frequemment est la convulsion [convellere, secouer); comme cette forme existe souvent isolee de tout autre desordre des sens ou de l'intelli-gence, eile merite d'etre traitee avec quelques details.
Les convulsions consistent dans des troubles du Systeme musculaire qui se manifestent a l'occasion de troubles du Systeme nerveux. Elles revetent deux formes ge-nerales differeutes suivant la nature des mouvements qui sont produits, ce qui les a fait divisor en convulsions cloniques caracierisees par des contractions et des rela-chemenls allernatifs des muscles, des extensions et des flexions des parlies qu'ils meuvent, et en convulsions toniques ou spasmodiques oil les contractions musculaires
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197 ßont permanentes on du inoins dune certaine duree. Maintenant on donne egalement le nom de convulsions ä ces deux formes, sans ailacher une grande iinponance ä leur distinction pour ce qui concerne 1 appareil locomo-teur proprement dit ou de la vie de relation, et celui de spasme est reserve a la convulsion des muscles do la vie organique.
Quoique les muscles soient les agents immediats de la convulsion, la cause n'cn reside pas en eux; ils ne pos-sedent par eux-memes qu'une propriete d'elaslicite qui les fait resserrer lentcment, tandis qu'iis ne peuvent se contractor que sous l'influence de I'action nerveuse ; de maniere que la cause reelle de la convulsion est toujours dans une irritation nerveuse.
Les solidisles qui s'etaient beaucoup occupes du pliöno-mene de la convulsion, puisque le spasme et la tension faisaient avec le relächement et Textension la base de leur Systeme, admeltaient, ä une cpoque oü les beaux travaux de Ilaller sur les muscles etaient inconnus, que toutes les fibres du corps etaient susceptibles d'eprouver ces deux eiats, et par consequent tons les lissus de I'dco-nomie pouvaient 6tre aitaques de convulsions toniques ou spasmodiques. L'etat convulsif ou spasmodique des fibres du cerveau, des canaux excrcteurs dos glandes. des vais-seaux lynip'natiques, n'estplus admis aujouid'liui.
Les convulsions sont dues anx memes predispositions et aux memes causes que les autres nevroses; il faut en ajouter encore quelques raquo;litres. Le travail de !a dentition dispose a ces convulsions, connucs sous le nom d'eclamp-sie, que I'on croit avoir obsorvees cliez le cliien et le chat. Les piqüres des nerfs,les plaies, les contusions, la ligature, les compressions des nerfs et du cerveau, les
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grandes hemoirhagies et en general les evacuations excess! vos,dounent lieu h des convulsions generales souvent tres-violentes; l'impression de l'air froid ou dc I'eau froide sur la peau, la presence du meconium dans le tube digestif, sont ä ajouter a ce qui a ele deja dit.
Ainsi, les causes des convulsions agissent dans quelques cas directement sur le cerveau, la moelle epiniere, un ou plusieurs nerfs, et dans d'autres cas sur des tissus qui transnieltent ensuite l'impression au centre cerebral.
Les convulsions peuvent etre generales ou partielles. On en observe de generales dans une foule de cas et dans quelques nevroses oü elles sont accompagnees en meme temps d'autres phenomenes comme dans I'epilepsie, I'im-mobilile,le tetauos. On ne saisit, il est vrai, quo la convulsion dans le tetanos; aucun autre trouble constant n'existe, et peut-etre pourrait-on le ranger dans cette classe d'au-tant plus qu'il se developpe sous les memesinfliiences que les convulsions; mais il faut remarquer que les etats nerveux dont nous traitons n'ont rien de fixe dans leur marche et leur duree, etant subordonnes ä l'impressionnabilite du cerveau et ä la violence des causes, tandis que le tetanos semble etre localise dans la moelle epiniere et avoir quel-que chose de regle dans sa marche, comme s'il etait une maladie, une nevrose distincte. Quoi qu'il en soit, cela servira ä nous faire sentir la difference qu'il y a entre ce qu'on appelle I'etat nerveux et une nevrose.L'etat nerveux est passager, il n'a rien de fi\e, de determine; ses synip-tomes, sa duree, varient sans quon puisse rien preciscr ä son egard; developpe sous rinfluence d'mie cause, il cessc en general avec eile. II n'a pas d'individualite, si Ton pent s'exprimer ainsi. La nevrose csi une all'ection qui a des caracleies constants dans tons les individus
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chez lesquels on I'observe; qui, unc ibis elablie, suit son cours, quoique la cause ait cesse son action; qui a unc inarche cerlaine et qui est sans doute localisee en quelque point du Systeme nerveux.
Outre les convulsions gencrales, il y en a aussi de partielles qui affectent certaines series de muscles. On en observe dans les muscles de la face, des yeux, des levies, des mäclioires, du cou et des membres.
Elles offrent toutes deux des differences quant ä Tinten, site des symptomes, qui permettent de les rapporler h trois degres. Dans un premier degre, on a les frissonne-ments, les pandiculations, les bäillemenls, les convulsions legeres de la levre inferieure qui precedent les inflarnma-tions des sereuses et des muqueuses. On raltacbe ä un degre plus intense les convulsions cloniques, les mouve-ments insolites analogues ä ceux de la choree, les trem-blements parliels des muscles extenseurs des avant-bras et des rotuliens, les convulsions passageres. Enfin, au troisieme degre, le tournoiement ou vertige, les mouve-ments de fnreur, la raideur tetanique.
Dans les convulsions toniques,il arrive que, commo les muscles extenseurs et relevcms sont plus forts quo ieurs antagonistes, la tete est fortement entrainee en haut et placee, pour ainsi dire, sur la ligne de l'encolure; quo le corps et les membres se meuvent tout d'une piece, tau-dis que les releveurs des paupicres et de la queue retrac-tent, les unes vers le haut de l'orbite, et lautre de beaueoup au-dessus de son niveau habituel, en meme temps que les conslricteurs des machoires en operent le rapprochement et deterrninent le trismns, que les muscles droits et obliques de l'oeil relirent le globe au fond de Forbite en le tournant sur son axe, de maniamp;re ä donner ä la physio-
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nomie du malnde un aspect elrange. La crampe qui, h ce (|u'il parait, a son siege clans les muscles gemeaux (femo-ro-calcanien), communique au jarret et au metacarpe une raideur teile que le malade, ne pouvant plus flechir son membre, traine son pied ä terre, tandis que les phalanges sent entrainees dans le sens de la flexion.
Les convulsions cloniques offrent aussi de grandes va-rieles sous le rapport de l'etendue el de la violence. Elles peuvent n'alteindre que les organes des sens et la face, et produire un peu de tremblement general, ou selendre aux muscles des sens, du tronc, des membres, aux plans charnus des visceres et ä leurs sphinclers^'oü resultent l'agitation de toutes les parlies, le bouleversement hidcux de la face, les defecations, les emissions d'urine involon-taires, l'ejaculalion du sperme.
Bien que les convulsions aient leur raison d'existence dans le Systeme nerveux,le point de depart n'en est pas moins dans quelque partie de l'economie, et la recherche de ce siege, e'est-a-dire la position du diagnostic n'est pas moins importante, quoique souvent irts-difficile. II faut, comme dit Broussais, analyser les fonctions el pro-ceder par voie d'elimination.
Quant au pronostic, on est ü peu pres d'accord sur ces points que les convulsions augmentenl toujours I'acuife des maladies qu'elles accompagnent, et qu'alors ces maladies, souveni tres-graves par elles-memes, sonl suivies d'une mort prompte ou d'un retablissement rapide; que les convulsions peiiodiques qui prennent de la frequence el de linlensite sont une menace de mort; qu'enfin celles qui se montrent tout-acoup a I'occasion d'une vive doulaquo; lour, dune sensation penible, sont plus effrayantes que dangerenses.
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201 Tremblement. — Le iremblement est une espece de convulsion moins grave qua celles que nous venonsnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; V
d'examiner. II consisle dans des conlraciions involontaires, faibles et peu etendues de la plupart des muscles ou seulement de quelqucs-uns. Ces contractions qul deran-gent les mouvements volontaires ne les empechent pas completement.
II pent se manifester dans certaines conditions physio-logiques, dont les plus communes sont les impressions morales vives, lelles que la crainte, la frayeur, I'excita-tion venei ienne chez I'etalon; les passions comme la co-lere, I'lmprossion de lair froid, I'immersion dans leau. L'age le produit aussi, mais beaucoup moins souvenl que dans I'cspecc humaine. Le plus souvent il depend del'im-pression d'un corps elranger, de rattouchement ou de la piqüre de la peau par des insectes. Ce tremblement ap-partient exclusivement an pannicule sous-cutane, couche musculaire epaissc, qui chez les animaux est susceptible de contractions partielles succcssives.
Consldere dans l'etat morbide, il est toujours un Symptome de quelque autremaladie. Depuis le simple frisson jusqu'au claquement des dents, il pent avoir tons les de-gres intermediaires. II se montre lors de l'invasion des phlegmasies des membranes sereuses ou des muqueuses, dites catarrhales. Tout porte ä croire qu'il se lie alors a la sensation de froid qu'eprouve le malade.
II pent aussi se montrer a l'occasion de maladies plus graves, comme les lesions du cerveau, la rupture des visceres, les cpancliements dans le sac des sereuses, les grandes plaies, les fractures, I'adynamie qui survient apres les abondanles hemorrliagies. II est lie surtout aux affections typhoides er siege alors de preference dans la
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202 serie des muscles extenseurs de l'avant-bras et dans celle des muscles rotuliens. Cet etat s'accompagne souvent de palpitations du coeur et de certains muscles locomoteurs.
Ainsi le tremblement pcut se montrer au debut de la plupart des maladies aigucs; dans d'autres cas il coincide avec l'aggravation de la maladie et annonce un pronostic fächeux.
Aclynamie. — Le mot adynamie qui signifie privation ou absence de force, semble representer un etat morbide bien distinct, quoique rien ne soit plus varie que les etats divers qui peuvent se ranger sous cette denomination. II n'a plus de valeur precise ä cause de l'usage varie qu'en ont fait les auteurs de medecine de puis Vogel. Pinel dans ces derniers temps l'a employe pour peindre l'excfes de faiblesse musculaire que l'on observe dans la 6evre vulgairement appelee pulride, c'est-ä-dire la forme la plus ordinaire de la fievre typhoide, caracle-risee, suivant lui, par un pouls faible, une chaleur äcre de la peau, la stupeur, la prostration des forces, la noir-ceur de la langue et souvent la fetidile des excrelions.
Broussais et son ecole qui semblent prendre le mot adynamie dans son sens etymologiqiie, faiblesse, entirent le terme generique d'une grande classe d'etats morbides qu'ils placent en opposition avec les irritations, sous le litre d'asthenies. Dans cette doctrine, les asthenies sont des etats primitifs dans lesquels la faiblesse de l'organisme depend soit de la diminution de la masse du sang , soit de celle de l'influx nerveux; ce dernier ordre comprendrait specialement cette division des etats nerveuxque les ancicns mamp;lecins dcsignaient sous le nom de nevroses passives.
Ainsi que l'ataxie, l'adynamie caractcrisee par les symptomes que j'ai indiqucs plus haut, peut appartenir
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203 aus. trois elats morbides gcneraux; eile pcul-etre pri-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.
mitivement ncrveuse^ ötie produite par une innammaiion,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632;
ou ce qui est plus ccmmun, par une alleralion du sang.
Ainsi, il peut se faire qu'une maladie qui chez des ani-maux pla(;es dans des conditions ordinaires a une mar-che franche et reguliere, venant a se developper chez des animaux dont les forces musculaires sont epuiseei par suite de travaux cxcessifs ou de longue duree, cn raöme temps qu'ils ont eu une nourrilure insuffisanlc et de mauvaise qualite, les frappe tout-ä-coup d'une sorte de slupeur et d'une adynamie profonde. Ces cas, quoiquc assez rares dans la pratique, parce que l'etat ataxiquc s'y mele toujours plus ou moins, n'en exigent pas moins une place.
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11 est plus frequent de voir l'adynamie survenir dans la dcrniere periode des phlegmasies cerebrales, ou a la suite des phlegmasies violentes , des gastro-enterites intenses, de la phlebite, de la metrite; eile survient d'aulant plus vite qu'il y a en outre une predisposilion du sujet.
Mais c'est apres les alterations du sang quelle apparait le plus ordinairement; eile en fait meme le caractere fondamemal. On l'observe dans certains cas des fievres eruptives, dans les empoisonnements miasmatiques qui constituent les typhus et les maladies charbonneuses; aussi, si j'indique ici les principaux traits de l'etat adyna-mique, c'est d'abord parce que quelques-uns apparlient nent ä l'adynamie puremcnt nervcuse ou essentielle, et quo cela fcra ressortir la difference qui cxlsle entre les elats nerveux purs ou produils par les alterations des liquides et des solides.
Voici renumeration de ces symptomes: la prostration generale des forces, la stupcur des sens, la perle de la
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memoire, le relachemenl des sphincters et remission in-volontaire des maiieres fecales et de l'urine, la flaccidile de la langue qui se noircit et devient fuligineuse, brunä-tre ainsi que les dents, le renversement de la paupiere inferieure et le prolapsus deslevres,la feiidile des pro-duits de secretion, l'apparilion d'exanthemes ä la surface du corps accompagnes de la crepitation emphysemateuse du lissu cellulaire, la formation d'ecchymoses sur les membranes du nez , de la bouche et sur quelques points du tissu cutanej le dessechement dans les solutions de continuite des chairs qui brunissent, durcissent ou se sphacelent ou se ramollissant et s'impreignent d'ichor.
Gelte fetidite des fluides exhales par les malades et que les anciens ont designee par le nom de putridite, est le caractere pathognomonique d'une alteration du sang, prodnite par son melange a des principes deleteres, ou bien dune inflammation tellement violente qu'elle ancantit les fonctions du cerveau et fait cesser ses rapports avec le reste du corps qui se trouve alors soumis a I'empire des lois physiques.
Toutefois il faut reconnaitre que ces symptomes d'ady-namie se presentent rarement seuls et distincts de ceux qui unt ete exposes dans le paragraphe precedent sous le nom dephenomenes ataxiques; on les voit le plus sou-vent s'associer dans le cours des maladies dont le caractere est grave ctfächeux, et presque loujours Tespece d'ancantissement de la machine animale qu'ils ort annonce, se terminer par les secousses musculaires designees sous le nom de convulsions, qui peignent les derniers efforts du cerveau oü ccssc la vie.
C'est cette association des phenomenes d'ataxie et d'adynamie dans le cours des maladies qui leur a fait
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donner le nom d'ataxo-adynamique, denomination que Plnel imposa ä l'espece de fievre que les anciens medecins avaient jusqu'alors appelee fievre maligne. II est reconnu que les etats morbides ne sont pas exclusifs a I'liomrne, on les retrouve encore quoique avec des traits moins bien dessines chez les animaux, et c'est de celte expression quo M. Gucrsent s'est servi dans son Essai sur les maladies epizooiiques, pour designer une maladie terrible des grands animaux domestiques, jusqu'alors connue sous le nom de fievre charbonneuse. Mais ces details seiont mieux places dans la classe des maladies gene-rales.
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CHAPITRE HI.
NEVHALGIES. NEVBOSES PUBES.
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Jusqu'ici nous n'avons etudie que des etats passagers, variables du Systeme nerveux, et qui ne constituent pas de maladies essentielles, isolees, independantes, qui aiont une marcho reglee, qui se presenlent pendant le cours des maladies et reconnaissent pour origine commune la predisposition nerveuse. Nous allons passer maintenant ä des etats nerveux localises, caracterises et devenus vraimentdes maladies.
Division. — On donne le nom ^de nevralgie [neuron, nerf, algos, douleur) ä une maladie qui a son sföge dans un nerf, et qui est caracterisee par une douleur vive, continue ou intermittente.
II ne faut pas confondre la nevralgie avec la nevrite
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20G on rinflammalion des nerfs qui est indiquee par une douleur continue le long d'un cordon nerveux, augmen-tant par 1c contact ou par la plus legere pression, se reveillant constamment par le mouvement de la partie et accompagnee de rougeur et de gonflement de la peau, si le nerf est superficiel. Dans la nevralgie le Symptome saillant est une douleur vive que la pression n'augmente pas et soulagc meme souvent, que la clialeur accroit #9632;gt; qui n'est pas accompagnee de chaleur et de rougeur, ni do fievre.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; \
On ne peut pas parier des elancements violents et rapides, du sentiment de torpeur, de fourmillement ou de cclui de pincement et de picotement que Thommo eprouve et traduit par ses reponscs, parce qu'il est impossible de s'assurer de leur existence sur les animaux. Et si malgre les interrogations du malade les medecins ont laut de peine quclqucfois ä dislingucr la nevralgio d'une nevrite ou d'un rhumatisme, que sera-ce dans la medecine veterinairc oü ce moyen d'invcstigation manque?
La nevralgie commence quelquefois par des convui. sions des muscles auxquels le nerf malade se distribue. Lorsque la douleur de la nevralgie est tres-vive, la partie qui en est le siege se congestionne et alors il se montre de la rougeur. Cette congestion peut s'ctendre au ccrveau commc dans l'otalgie et causer la mort de l'animal, ei. de quelque maniere qu'elle ait commence lorsqu'ellc dure depuis long-temps, on voit survenir en general la retraction des muscles, la paralysie et l'atrophie des parlies.
Les nevralgies produisent aussi des desordres dans les appareils de la vie organique ; les secretions sont trou-blces; de lä lecoulemenl des larmes, du flux nasal, de
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la salive dans les ndvralgics dc la face; de lä i'eructaiionnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i
frequente des gaz de rcstomac, des flux bilieux et mu-
laquo;[iicux qui se montrent chez Ics chcvaux liqueurs, chez
ceux diis vidcurs , par I'effetdu placement de la seile on
de la compression exercce par la sangle; generalement
ccs malades maigrissent, les nutritions s'y font mal.
La nevralgie pread clicz les animaux, comme chez lliomme, deux types ou formes, le type continu et le type intermittent; ce dernier semble le plus commun. La duree de ccs affections est tres-variable , on les voit se terminer en quelques lieurcs ou en quelques jours, ou sc prolongcr pendant des mois et des annces. Elles se re-produisent facilemcnt aprcs avoir ete gueries. Elles sent fticn moins frequentes chez les animaux quc chez I'homme, mais elles y ont quelquefois une grande violence, ou quoi-que peu intenses, par le trouble des functions qu'elles causeut et les obstacles qu'elles apportent au service, elles forcent ä sacrifier les sujets.
L'anatomie palhologique n'apprend riensur leur compte; on trouve quelquefois de la rougeur ou de l'infdtration antoor du nerf soull'rant; d'autres fois une tumeur deve-loppee sur le trajet d'un nerf; ce cas constitue, suivant unauieur ,les faussesnevroses. Les Anglais qui ont fait beaucoup de recherches sur la maladie appelee navicu-laire ct qui me igt;arait etre une nevralgie, ont trouve des tumeurs sur l'os naviculaire, des infiltrations du tissu voi-siu du nerf, des tumeurs gangliformes du tendon perfo-rant dans I'endroit oil il glisse sur l'os.
La susceptibililc nerveuse constitutionnelle ou acquise, le sejour dans les pays froids et humides, sont des causes qui predisposent aux nevralgies. Les variations brusques de latmosphere, lesrefroidissementsde certaincs parties
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208 du corps, un effort, de grandes fatigues ou de fortes courses , etc. etc., en sonl des causes determinanles.
Les nevralgies ou au moins les affections qui nous pa-raissent avoir cette nature, lorsque nous comparons les symptomes observes chez les animaux ä ceux qu'on a decrits chez I'homme, sent I'otalgie , la nevralgie sus-maxillaire, celle des membres et des pieds qui donnent lieu a des ciauclicationsiniermittentesdites de vieuxmal; la gastralgie qui semble se dessiner dans le trouble de la digestion, appele tic d'appui avec eructation, I'enteralgie dans certainsetats des imestins qui font appeler le cheval videur. Quant ä l'hysteralgie, eile n'a pas encore ete assez etudiee.
1quot; L'otalgie qui se montre dans le chien, s'accompagne parfois de douleurs el de convulsions tellement violentes quela mort s'ensuit en 10 ou 12 heures. Une oreille en est le siege , le malade y porte constamment la patte , crie, s'agite et se roule ä lerre; ses yeux et ses mächoires s'agitent convulsivement, la mort survient dans les convulsions.
La nevralgie de la face siege dans les branches du nerf trifacial ou de la cinquieme paire qui se distribuent dans cette region; ces parties eprouvent alors a ce qu'il parait un engourdissemcnt ou un fourmiilement qui est cause que le malade se frotte avec precaution contre la creche, qu'il eprouve de la peine a tirer le foin. Cette nevrose laisse quelquefois apres sa guerison cette sorte de tic , dit en I'air; le plus souvent survient l'amaigrissement des muscles et leur paralysie , la deviation du nez ou le prolapsus des ailesd'un des naseaux, ils sont alors tombants, et l'air en penetrant dans cette narine fait entendre tin bruissement remarquable.
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La gastralgie est caracterisee par l'envie de ronger, les eructations frequentes, la convulsion des muscles de rencolure, ramaigrissement.
L'enteralgie , par les convulsions des muscles des ma-choires, du corps et des membres, suivies d'evacuations alvines chez les chevaux des qu'on les sangle. Elle s'est montree plusieurs fois a Gohier etä moi, chez les chats des plombiers qui vont se rechauffer dans les foyers des fourneaux oü Ton fond le plomb; chez les chevaux qui pousses par la solf boiventde I'eau blanche ( sous-acetate de plomb dans I'eau).
Les claudications des membres anterieurs et postdrieurs qu'on n'observe le plus souvent qu'ä l'etat chronlque, qui s'amendent par le repos., reparaissent par le moiive-ment, disparaissent plusieurs fois dans une saison, finis-sent par amener l'amaigrissement et la faiblesse , sans qu'on aitjamais observe d'etat inflammatoire.
C'est peut-etre ä une maladie de ce genre , qu'il faut attribuer ce que nous appelons la phihisie lombaire ä la suite de la maladie des jeunes chiens, et ce que les hip-piatres appellent depuis long-temps encastellure, et les Anglais maladie naviculaire, qui consiste en un etat d'cn-dolorissement des pieds anterieurs avec dessechement, retraction des sabots, amaigrissement des muscles , des membres, etc.
Si j'ai ainsi traite des diverses nevralgies, c'est pour montrer par l'expose des symptomes que cette maladie existe chez les animaux comme chez I'homme, quoi-qu'elle soit chez eux moins frequente. Nous ne sommcs guere ä meme de l'observer avant qu'elle soit chronique.
Nevrosesdes centres nerveux. —Les nevralgies sont des maladies des cordons nerveux ou de l'ensemble de
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2!0 I'appareil nerveux d'un organe. Elles reslent bornees dans ccs points, tandis que les centres nerveux n en sont pas troubles. Mais ces centres eux-memes deviennent aussi le siege d'aflections permanentes et durables qui paraissent localisees en des points determines, quoiqu'on ne con-naisse pas encore leur siege d'une maniere positive. Les principales nevroses connues chez les animaux sont le te-tanos, la choree , I'epilepsie , la catalepsie.
Le tetanos parait avoir son siege dans la moelle epiniamp;re, comme I'indiquent les alterations que Ton trouve dans cette partie a la suite de cetle maladie. Ces alterations sont rinjeciion des membranes de la moelle epiniere, des cpanchements sero-sanguinolents, des ramollissemcnts. Quant au ramollissement des cordons et surtout des ra-cines qui partent du faisceau inferieur, il n'a pas etc re-Irouve constamment comme on l'avait annonce. Dans d'autres cas aussi on n'a observe aucune espece de dc-sordre, ce qui prouve quo le tetanos est vraiment une maladie nerveuse qui pent etre ou non accompagnee de symptomes inflammatoires du cole de la moelle, mais qui existe independamment de toute lesion de la circulation. C'est une maladie fächeuse qui enleve au moinsles trois quarts des animaux qu'elle attaque. Elle survient quelquefois ä l'occasion de la castration, et, chose remar-quable, c'est lorsque les plaies sont cicatrisees.
La choree, comme le tetanos, consiste uniquement dans le desordre des mouvements, et tandis que dans le second il y a une contraction convulsive et permanente des muscles, avec quelques intervalles de remission, cepen-dant la premiere se reconnait ä des secousses convul-sivesqui produisent les mouvement les plus divers et les plus irreguliers; la marche, la fatigue, une excitation
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t]uelconque augmentent la convulsion. Ceue maladie sur-vient pendant le cours ou a la fin de l'affection catarrhale connue sous le nom de maladie des jeunes chiens; mais eile pent se declarer spontanement chez cet animal comme cbez le dieval.
L'epilepsie ne consiste pas seulement dans le trouble des mouvements, mais dans la perte momentanee du sentiment et de Tinteliigence; on en distingue deux formes, une oü il n'y a pas chute du corps, c'est le vertigo epi-leplique; l'aulre oü i'attaque est suivie de la chute de lanimal. Les desordres les plus varies ont ete trouves dans le cerveau , ä la suite, des traces d'inflammation, des degenerescences organiques, des exosloses, etc... II en est de cette nevrose comme des trois autres; la cause premiere en est dans la predisposition, mais des causes occasionnelles la developpent.
Quant a la caialepsie, eile a ete observee sur un jeune cheval entier^ et paraissait liee ä revolution organique qui correspond ä la puberte chez I'liomme; la castration la guerit. On pretend aussi I'avoir observee chez les biieufs. Elle est du reste encore peu connue; il en est de meme de l'hysterie.
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CHAPITRE IV.
DE LA FOLIE.
Dans I'espece humaine, il est facile de faire l'histoire des folios , de les decrire, parce qu'elles sont assez fie-quentes, parce que le moral etant cequi caracterise pro-
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'IVi prcment Thumanile, lorsqu'il vient a ötre trouble ou pervertij I'homme n'estplus , que cette perle de riiuma-nite est ce qui afflige le plus profontlement, qu'on cher-che tous les moyens de la guerir et que les moyens de la reconnaitre sent nombreux et faciles. U n'en est pas de meme chez les animaux que Ton n'emploie que pour les services corporels qu'ils rendenl, et auxquels on ne de-mande pas de I'mteUigence, le maitre en a pour eux , mais des sens capables de les conduire. D'un autre cole, les veterinaires qui sont nes d'hier , s'il m'est permis de m'exprimer ainsi, out ä peine deblaye et prepare le terrain de leur science, et ils n'ont pas encore le talent d'ana-lyse et d'observation qui caraclerise la medecine lui-maine.
Les auteurs qui ont traite cette question I'ontfait plutot d'une maniere theorique que pratique, et en se basant sur des considerations abslrailes. Je cilerai entre autres M. Pierquin , ancien medecin de la Charile de Paris, qui a publie dans le journal de physiologic de M.Magendie( I), un long article ä ce sujet. II commence par supposer que les animaux possedent une intelligence quelquefois superieure ä cclle de l'homme civilise j et toujours ä celle de I'homme sauvage; je dis qu'il suppose, car il ne donne aucune preuve d'une assertion aussi singuliere, el il confond rinslinct avec Fintelligence, choses cepen-dant si distinctes, puisque rintelligence varie avecchaque individu et que rinslinct reste toujours le meme dans chaque espece animale. Que les animaux aient de rintelligence , cela est certain, mais qu'elle soil superieurc ä celle de rhomme, e'est ce qui est faux. L'intelligence
(l)Tome x, page 200.
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admise et appliquee par l'organisalion materielle du cer-veau, est-il possible, dit I'auieur, qu'elle jouisse d'une inebranlable iniegrite ? partout Tanatomie d'un organe fait supposer sa physiologie, et celle-ci entraine necessai-rementune pathologie speciaie.
Quant aux applications, I'auteur ne cite en fait de folies que rhydrophobie, et des perversions accidentelles des facultes mentales pendant la grossesse. Ilpensequ'on a vainement tente de raltaclier la rage aux affections physiques, qu'elle est sibienune maladie morale qu'on admet parmi les causes qui la produisent spontanement chez I'liomme, la puissance des affections morales.
Ainsi I'auteur n'apporte pas des fails pratiques ä l'ap-pui de ses opinions. Essayons de pousser plus loin la discussion, en examinant les circonstances au milieu desquelles la folie se developpe chez rhomme, et nous venons si I'animal se trouve dans des conditions analogues.
Le desordre des facultes mentales revet quatre formes generales: la manie , la melancolie ou monomanie , la d^-mcnce el I'idiotisme. La manie est un delire general avec agitation, irascibilile, penchant ä la fureur; la melancolie, que M. Esquirol a designee avec plus de raison sous le nom de monomanie^ consiste dans un delire exclusif qui roule sur une seule serie d'idees, avec abattement, mo-rosite, penchant au desespoir; la demence, dans une debilite particuliere des operations de l'eniendement et des actesde la volonle; I'idiotisme, en une sorte de stupidile plus ou moins prononcee, un cercle ires-borne d'idees et une nullite de caractere. Teile est la classification de Pinel.
Les causes predisposantes de ces difförentes formes de
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211 Palienation mentale sont las suivantes : Tage de 30 k 40 uns •) on n'en voit presque pas d'exemple au-dessous de 15 ans; l'heredite, im Systeme nerveux tres-dispose ä s'exalter, une education \icieuse qui developpe certains uenchants outre mesure. Les villes de commerce et de manufactures fournissent beaucoup de fous a cause de l'agitation de l'esprit, et de l'inslabilite des fortunes ; il (ii est de meme des professions qui exercent beaucoup l'inteHigence et les passions, lacarrieremilitaire, celle des arts, des lettres, les etudes, les professions des artisans, dont les moyens d'existence sont mediocres et mal assures et le travail assidu et violent. Le nombre des alienes pa-rait s'etre progressivement aceru depuis un quart de siecle, et on attribue cette augmentation aux agitations politiques, aux developpements de l'industrie et aux revolutions qui bouleversent les fortunes.
Parmi les causes determinantes, les passions devenues vehementes ou aigries par des contrarietes vives, les affections morales fortes sont les causes les plus frequentes de toutes. Au nombre descausesphysiques est l'epilepsie, cause puissante d'alienation mentale, les suppressions de regies, Füge critique, Tabus du mercure.
Voyons si ces causes peuvent exercer leur action sur les animaux. Quant ä Tage de 30 ä 40 ans, il correspon-draitäsix ou neuf ans environ. L'heredite pourrait s'y trouver aussi bien fque l'exaltation nerveuse. Quant ä leducalion vicieuse, eile pent encore avoir ete donnee aux animaux ; mais tout le roste qui constitue la grande masse des predispositions n'y exisle pas. Des causes determinantes seules qui appartiennent egalement aux animaux, sont en premiere ügne , l'epilepsie , puis la presence des vers dans le cerveau et les sinus de la tete^
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le tube digestif., et la grossesse. Car je vais montrer que les affections morales tres-vives sent rares cliex les ani-maux, dans des conditions propres a produire la folie.
Broussais dit quesi Ton pouvait exciter artificiellemeiit le cerveau des animaux on y produirait ä volonte des fo-lies. C'est qu'en effet la folie vient toujours d'nne excita-liontrop long-lemps continuee, soil des facultes en ge-neralj soit de quelqu'une en parliculier; ce qui determine dans les organes cerebraux de ces facultes une maladie dont la nature est encore pen connue , qui en perverlit les fonctions. Chez rhomme, Tame jouissant d'uneactivite propre et independante des sens, lorsqu'elle vient a etre fortement portee dans une serie d'idees, eile s'y concentre et exige de certains organes du cerveau une activite trop forte et trop continuee qui en peut determiner la maladie. Ce n'est que par cette concentration de Tame sur certaines idees que les causes morales produisent des folies. Or je dis que cette preoccupation exclusive est extrsect;mement rare pour ne pas dire impossible chez les animaux. L'in-lelligence animale ne jouit pas d'une activite volontaire; on sail que tout son travail se borne a recevoir des sensations, ä les associer et a s'en souvenir. II faut une sensation actuelle pour que I'animal seme, associe, se sou-vienne; il n'y a pour lui ni passe, ni avenir; le present seul existe ; il n'a pas ce que nous appelons des soucis, il ne reflechil pas, et c'est precisement cette reflexion et cetle tension perpetuelles de lame humaine qui sont la cause la plus ordinaire des folies. Quelle que soit la viva-cite d'attachement d'un animal pour laquo;on maitre, I'excita-tion n'est pas assez continuelle pour produire une veritable folie, par cette raison que rintelligence de I'animal n'est pas susceptible d'unc activite sponlance el n'entre en
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21 f. exercice qu'a l'occasion des sensations venues des organes soil internes, soit externes.
Ainsi les animaux ne peuvent pas avoir d'idee fixe, d'abord parce qu'ils n'ont pas d'idees, mais des sensations, et ensuite parce qu'ils ne peuvent pas s'occuper d'une sensation qui n'est pas presente, le present seul existant pour eux.
Ainsi le nombre des alienations mentales doit etre sin-gulierement reslreint chez eux, puisqueies causes qui les produisent ordinairement dans I'liomme n'existent plus et quil ne reste plus que les causes physiques, les inflammations du cerveau ou de ses membranes, I'epilepsie , la grossesse, la presence des vers dans differentes parties du corps. On pourrait croire que des affections chroniques des organes sont capables de produire chez eux des phenomenes analogues ä ceux de l'hypocondrie ou de Thysterie; mais outre qu'on ne conserve guere des animaux impropres au service, comme l'animal n'est pas susceptible de reöechir, il ne peut pas se former ces imaginations bizarres qui sont le caractere fondamenlal de ces maladies.
Quelque pen nombreuses que soient les causes de la folie dans les animaux, je crois qu'il en existe des quatre es-pecesquej'aiindiqueesd'apres PineletM. Esquirol, et qui sont la manie, la monomanie, les demences, I'idiotisme.
11 faut peut-ßtre rapporter ä la manie ces exemples de delires decritspar lesauteursavec suspension des facultes et des instincts, avec de l'agitation et des mouvements de fureur et d'emporlemenl (I); c'est peul-etre aussi dans
(1) On lit dans l'Album de la Creuse pour le mois de mars 1850--qu'ä la foire de Bourganeuf loutes les bules a corncs ont au mime instant rompn icurs liens , saisics d'une ?orlc de vertigu furicux; plus do
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celte classe qu'il faut ranger la rage qui, d'apres M. Picr-quin, serait si bien une nevrose qu'elle pourrait se deve-lopper spontanement chez I'homme par le seul fait de la frayeur. Cependant comme eile n'estguere spontanee que parmi les cliiens, les loups et les chats, qu'elle a un temps determined'incubation, qu'elle a une marche aigue et une duree trfes-constante, et qu'elle donne naissance ä un virus qui pent la communiquer, il y a aussi quelques raisons de croire qu'elle est plus qu'une simple nevrose.
Les monomanies semblent devoir etre assez rares d'apres ce que j'ai dit de ladifficulte qu'une faculte eprouve ä s'exaller aux depens des autres. On en cite plusieurs exemples observes pendant l'etat de grossesse. M. Pier-quin rapporte qu'il a vu une chatte angora excessivement feconde, atteinte de nymphomanie, aimant ses petits jusqu'ä la fureur , comme la plupart desanimaux domes-tiques; des qu'elle etait en etat de plenitude, eile les pre-nait en aversion, les grondait, les mordait s'ils s'amu-saient auprös d'elle et ne pouvait plus souffrir I'approche des males.
La demence est cerlainement l'cspece d'alicnation men-tale la plus frequente, C'est ä eile que conduisent I'epi-lepsie et les catalepsies. II faut regarder l'immobilite des chevaux comme l'analogue de la demence. Les hommes en demence, avant d'arrivcr a la stupidite et a ce qu'on appellel'etat d'enfance, conscrvent plus ou moins long-temps encore certaines facultes. Ils sont en general assez tranquilles, peuvent jouer ä diffe'rents jeux, ct satisfont tons leurs besoins. Ils ont aussi quelquefois des moments
quarante personnes fnrcnt blessees. M. Pierquin pense qu'il faul rangei ce fait parmi les folies cpizooliques deja plusieurs fois obscrvöes chez I'liomme.
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•Jilt
passagers d'excitation , pendant lesquels ils dechircnt, casseni, brisent tout ce qui tombe entre leurs mains. (7cst assez ce qu'on observe chez les chevaux immobiles qui en apparence fort tranquilies etcapables de faire encore leur service, se refusent par moment ä marcher ou ä faire ce qu'on demande d'eux, et se livrent ä des mouve-inents de fureur fort dangereux, si on veut les contraindre par la force ä obeir.
Quant äl'idiotisme, il est en quelque sorte le dernier degre oil finissent par arriver les elres en demence. M. Pierquin, que j'ai deja plusieurs fois cite, croit qu'il laut considerer comme atteint d'idiotisme et comme l'analogue des cretins, I'oiseau auquel on donne le nom de fou, le passer stultus, qui quoique grand, fort, arme d'un bee robuste, pourvu de longues alles , de pattes pal-mees, ayant tous les attributs necessaires ä fexercice de ses facultes , semble ignorer ce qu'il faul faire pour evi-ter la mort; qui se laisse prendre sur les vergues des navires, ou tuer ä coups de batons sans que ses compa-gnons prennent la fuite pour eviter le meme sort.
Mais le cretinisme est bien mieux represenle dans l'espece du chien; il se montre des Tage de quinze jours ä un mois, est caracterise par le volume de la tete et sa predominance sur lesautres parties du corps, par la gros-seur et la brievete du cou, le volume des glandes tliy-roides, parl'air d'hebetude que presente la physionomie, par l'espece de mutisme dont il est frappe, par la mau-vaise conformation de ses membres souvent tordus, linertie de ses forces locomotives et le defaut d'accroisse-ment du corps en hauteur; de teile sorte que chez ces (*;tres degrades, la vie est pour ainsi dire toute vegetative; atissi les delruit-on pour l'ordinaire. La famillc du chien
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d'arret m'a paru jusqu :i ce jour la plus snjctld ä lt;;laquo;! idiolisme.
Les diverses especes de folies serencontrent done chez les auimaux comme chez I'homme, avec line frequence et des varieles bien moins grandes. Si je n'ai pas pu en tracer un tableau plus complet, e'est qu'elles n'ont pas encore ete etudiees assez convenablement. M. Hurtrei d'Arboval pense que les animaux ne sont pas susceptibles d'etre attaques de manie. II en est de meme de M. Virey, tjui s'est beaucoup occupe de physiologie comparee. L'an-glais Darwin regarde les animaux comme peu sujets ä la folie, parce qu'ilsne pleurent ni ne rient. Broussais ne parle pas d'observation de folies chez les animaux , parce qu'il pense que Texcitation n'est pas assez forte pour produire lirritationdans le cerveau, et que si on pouvail !a faire naitre artiliciellement, on aurait a volonte des folies.
J'espere avoir prouve qu'il peut y avoir et qu'il y a reellement des alienations mentales, e'est ä d'autres ä en publier des monographies completes et etendues.
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CHAPITRE V.
DE l'iNTEUMITTEKCE.
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On donne le nom d'intermiltents aux etats patholo-giques qui consistent dans la disparition des phenomenes d'une maladie, et leur reproduction au bout d'un temps variable. Cette duree de temps, pendant laquelle la maladie est suspendue,estproprement Imtermittonce, co qui
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220 est cntre l'attaque passee et l'attaque h venir. Mais en gt'jndralisant le sens de ce mot, on I'a applique k la nature ]:iesumee des affections intermittentes.
Cette definition fait naitre une difficulte. Suffit-il pour qn'il y ait intermittence qu'une maladie revienne plusieurs fois, et faut-il la confondre avec la periodicite ? La fluxion periodique, par exemple, est-elle une affection intermit-teme? l'epilepsie et les diverses maladies nerveuses qui sont composees d'attaques successives , sont-elles intermittentes? M. Rayer l'etablit ainsi dans I'article intermittence du Dictionnaire de Medecine; et il est conduit ä distinguer une intermittence reguliere et une irreguliere. Pour moi, je pense que e'est ä tort, et que la generalisation ne consiste pas a renuir sous un meme mot des choses disparates, mais bien ä ne reunir que les fails de meme nature. L'intermittence irreguliere est-elle de meme nature que 1'intermittence reguliere? e'est ce qu'il fallait d'abord etablir. II me semble que non. Quand I'in-flammation a occupe un organe, eile tend ä y revenir, comme on le voit pour le rhumatisme 5 je demanderai si on regardera comme des affections intermittentes les at-taques de goulte ou de rhumatisme que des circonstances fort opposees peuvent ramener, le froid et la chaleur humide, le vent, la colere et les passions, les exces de tout genre. La fluxion periodique qui se repete deux ou trois l'ois avant de faire perdre la vue au cheval, sera-t-elle re-gardee comme une affection intermittente reguliere? Un animal dont le poumon est tuberculeux eprouve de temps on temps des bronchites ou des pneumonies, les appelle-ra-t-on intermittentes ? Car si ces affections sont inter-miilcntes, pourquoi n'emploie-t-on pas centre clles le quinquina, et pourquoi n'y reussit-il pas? II y a done di-
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verses sortes d'intermiuences qui ne sont pas de mC-menbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
nature. Les memes causes qui avaient produit la premiere
attaque revenani, la maladie se reproduit; d'autrcs fois,
ce sont des causes nouveiles. Je ne vois pas comment, avec
des donnees aussi vagues, on pourra faire de rintermit-
tence un etat pathologique general essentiel.
Cherchons done s'il existe des caracteres precis ä l'aide desquels on puisse s'assurer qu'il existe une intermittence toujours identique ä elle-meme dans sa nature, quoique produite par des causes diverses. II y en a deux: 1deg; laf-fection se reproduit sans que les causes qui avaient agi une premiere fois aient exerce de nouveau leur action; 2deg; chaque retour se fait a des epoques et meme ä des heures fixes, quoiqu'il devance quelquefois I'heure, mais e'est lorsque la maladie doit se terminer d'elle-meme. Le premier caractere prouve que la maladie, une fois const!-tuee, marche d'elle-meme, et qu'il est dans sa nature d'etre ä acces separes, comme il est dans la nature des inflammations d'etre continues. Autrement, si chaque retour est precede du retour des causes, on a une serie de counos affections continues qui, apres avoir cesse, sont ramences par les memes causes qui les avaient produhes; on ne pourrait pas s'expliquer la maniere d'agir du quinquina, car il faudrait qu'il combattit les causes memes.
Le second caractere est aussi necessaire; en etendant indefiniment I'intervalle qui separerait chaque attaque d'une maladie, et en n'exigeant aucune regularite dans les epoques du retour, on pourrait regarder comme inter-mittentes toutes les maladies imaginables. Quel sera done le temps au-delä duquel le retour ne constituera plus une inlermittence V Les anciens medecins le portaient ä quatre jours, ce qui est la duree de remission de la fievre quarte.
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222 On a etendu ensuite cet Intervalle jusqu'ü sept ou huit jours, et Sauvages, dans sa Nosologie, bannit du cadre des fievres intermittentes toutes celles qui n'avaient pas au moins deux acces en quinze jours.
Ces principes etant admis, il faut reconnaitre que le principe, la source de rinlermiltence est dans Toiganisme lui-meme; que c'est spontanement qu'il reproduit les acces, par une propriete parliculiere et inexplicable.
Mais dans quelle partie de l'organisme reside cetle propriete ? Les faits que je citerai toul-a-l'lieure prouvent que c'est dans le Systeme nerveux,et de müme que sous I'influence d'une inflammation locale il produit des fievres continues,de mome sous d'autres influences il produit des fievres intermittentes. L'intermittence est done un etat ton jours identique, toujours comparable a lui-meme comme on dit en physique; il est une forme de l'etat nerveux, un etat nerveux ä acces separes, et revenanl regulierement.
Les maladies ne peuvent done pas revetir la forme in-termittente qui appartientaux seules affections essentielles du Systeme nerveux. II n'y a done ni inflammations, ni hemorrhagies intermittentes; seulement il pent appa-raitre au milieu de ces maladies des phenomenes nerveux intermiltents. Quelque part qu'iis se montrent, ils sont toujours de meme nature, et le quinquina le prouve en les guerissant.Qu'on me pardonne de prendre ici mes exemples dans la medecine humaine, puisque la notre n'estpas encore assez riche sur ce point pour raisonner sur ses propres faits. II n'est pas rare de voir survenir chez
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des malades, des cephalalgies, des fievres quotidiennes parfaitement regulieres, et que le quinquina guerit bien Les personnes dont le poumon est tuberculeux ont que!
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quefois des especes de fievres iniermittentes quotidiennos que Ton combul avec succes parle meme moyen. A coup sur, l'induralion du poumon n'a rien d'inlermiiient; c'esi done une maladie qui en compliquait une autre.
L'inlermittence peut se presenter sous deux formes : el!e peut etre locale ou generale. La premiere consisie dans le retour regulier d'une douleur dans un point determine de l'organisme, d'une cephalalgie, d'une douleur nevralgique; eile est en general quotidienne. La seconds constitue ce qu'on appeile les fievres intermitlentes, qui sont caracterisees par des aeces divises en trois stades, le frisson, la chaleur et la sueur. L'espace de temps qui scpare les acccs est appele apyrexie ou intermission. Ces trois stades ont une duree fort variable suivant les especes de fievres; !e frisson peut meme manquer ainsi que ia sueur, de sorte que e'est vraiment Je stade de chaleur qui forme le trait distinctif de la fievre. Sous le rapport du retour des acces, on distingue des fievres quotidiennos, des fievres tierces qui viennent chaque troisieme jour, quartos chaque qualrieme jour; doubles tierces lorsquil y a un acces plus faible le jour de l'intermission, et doubles quartos lorsquil y a deux acces egalemem plus legers les deux jours d'apyrexie. La fievre quarto parait etre la seule qui ait ete observee chez les animaux. Je rapporterai plus loin les ditferentes observations qu'on en a decrites.
Le phenomene que nous etudions a beaucoup exerce la sagacite des philosophes de Fanliquile et des medecins de tous les temps. II est reste inexplique et inexplicable; car, comme dit Broussais, on ne comprend pas mieux la nature des fievres continues que celle des fievres iniermittentes; la science consiste seulement ä classer ä part les affections qui paraissent avoir une mßme racine, une
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224 memo nature, et qui se guerissent par les tneraes moyens.
Pylhagorc faisait dcpendre rintermittence de l'harmo-nie des nombres; Balfour et Mead l'atlribuerent ä l'in-fluence de la lune; de lä le nom de lunatique donne aux malades alteinls de fievres intermittentes. Werlhof et Bailly la firent dependre de la periodicite d'action des causes, en quoi ils ont etc imites par Broussais et par MM. Boche et Sanson. C'est aupres des marais que les fievres intermittentes s'observent surtout, et comme les miasmes qui paraissent les produire resident dans la va-peur d'eau que la chaleur du jour fait degager des marais, et que cette vapeur retombe le soir en brouillards sur le pays, lorsque la cause qui I'avait elevee cesse d'agir, on pense que c'est cette repetition de la cause qui produit la repetition de la fievre.
Cette opinion ne parait pas soutenable ä cause des rai-sons suivantes: des fievres intermittentes peuvent etre produites par des causes qui agissent sur le Systeme nerveux seul, l'introduction d'une sende dans la vessic, lorsqu'il y a un retrecissetnent du canal, la distension dc I'anus par des meches pour I'agrandir dans les cas de retrecissement. Or, dans ces cas non plus que dans les nevralgies intermittentes que j'ai citees, il n'y a rien qui puisse faire penser ä des causes periodiques. II est via! qu'on n'observe alors que des fievres quotidiennes. On a vu cependant une fievre quarte survenir chez un etalon ä la suite des fatigues de la monie, et que c'est surtout au milieu des marais que se contractent les fievres tierces et quartes; raais c'est precisement parce qu'on voit naitre des fievres de ces deux types, lä oü les causes sont cependant quotidiennes, que cette explication ne peut pas etre invoquee.
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t-ominent les vapeurs des marais qui se degagent et retombent tous les jours produiraient-elles des fievres tierces ou quartes et presque jamais d'un auire type ? On ne voit pas quel rapport il a entre un phenomene qui se passe tous les jours et des maladies qui reviennent tous les trois ou quatre jours. En admettant meme que la periodicite des causes produise la periodicitc reguliere des symptomes, il n'en reste pas moins ä expliquer comment lorsque les causes ont cesse d'agir, ce qui arrive aux malades qu'on regoit dans les hopiiaux, la fievre se reproduit encore. II existe done dans I'orga-nisme une raison de la repetition des acces; mais suivant les partisans de la theorie de la periodicite des causes, rintermittence ne serait que I'habitude.
II est certain que nous eprouvons de la tendance ä reproduire ce que nous avons dejä fait, et que cettc tendance augmente ä mesure que nous reproduisons les meines actes. Elle pent meme s'elever au point d'enchai-ner en quelque sorte notre volonte, quoiqu'elle pnissc cependant s'affrancliir des habitudes les plus profondes. II en est de rnöme de toutes les fonctions physiologiques intermittentes, la faim, le sommeil, le besoin de rejeter les matieres fecales ou les urines; quoiqu'ils se repro-duisent assez regulierement, nous pouvons n'y pas cedei-, quatid nous le \oulons. Au contraire rintermittence pa-thologique echappe a tous nos efforts; les acces se re-produisent quelle que soit notre volonte d'y echapper, de sorte que ce retour imperieux semble la bien distin-guer de l'liabilude.
Ainsi rintermittence patliologiquc est distincto de I'habitude et n'est pas seulement produite par des causes periodiques; nous avons vu que la distension du canal
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226 de Tiiretre et du rectum la determine; enfin eile sur-vient pendant 1c cours de diverses maladies et sans cause conniie. Ainsi, ce n'est pas la specialite des causes qui la produit, comme l'infection miasmatique du sang, mais une certaine maniere d'agir encore inconnue et qui ne me paiüit pas non plus devoir etre liee ä leur retour periodt-que. 11 faut reconnaitrc pourlant que le plus grand nombre des fievres intermittentes est lie au sejour de principes marecageux dans le sang.
Ainsi des causes diverses produisent lintermittence, qui est un etat parliculier de maladiedu Systeme nerveux, telleinent que pour la guerir il n'est pas nccessaire d'eloi-gner le malade des causes de la maladie; le quinquina guerit les fievres an milieu des pays marecageux. et les accidents intermittents pendant le cours des maladies oü ils se montrenl; ce qui prouve que le quinquina n'agit pas contre une cause donnee, mais centre un elal patho-logique dontla nature resie toujoursla meme.
Ce que je viens de dire jusqu'ä present sur la nature de l'intermittence paraitra peul-etre un pen long, surtout quand on connait le petit nombre de fievres intermittentes observees jusqu'ä present chez les animaux. Mais comme, a mon avis, rinlermittence ne se borne pas seulement au\ fievres, qu'elle petit apparailre comme pbenomene accidentel ou comme complication de toutes les maladies, il etait interessant de fixer l'attention sur
eile.
Nos deux plus anciens auteurs grecs et romams Absyr-he et Vegcce qui menlionnent les fievres qui se mon-trent pendant les diverses saisons de l'annee, n'ont pas dit un mot des fievres intermittentes. II faut arriver a Ruini qui ecrivait en Italie vers la fin du XVP siecle pour trou-
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227 ver la simple mention d'une fievre quarte sub-intrame dans le cheval {hourgeht^Encyclopcdieancieiinc^An. fievre). Depuiscetteepoc|uc jusqu'en 1010 onne (rouve plus rion clans les ecrits des vetcrinaires sur les Sevres inier-miltcmes, si cc n'esl dans la correspondance sur la conservation et ramelioraiion des animaux domestiques par Fromage de Fengre-
Damoiseau fait mention d'une fievre intermittente obscrvce sur tin clalon du haras du Pin., laquelle dura depuis 1c 3 doccmbre jusqu'au 4 du mois de Janvier avee los caracteres dc la fievre tierce, qui devint quo-tidienne ä cette epoque et fut gueiie par l'usage des purgatifs et des amers aprcs trois acces.
En 18151 une autre observation fut faite par le veteri-nairc Clichy ä Fresnay l'Eveque (Enre-et-Loire) sur un cheval äge de Q ans. Gelte fievre avail le type quotidien, I'acces comrnencail ä 5 heures du soir par des tremble-ments et finissait trois heures apres par la sueur 5 il revint tons les jours a la meme heurc pendant vingt-lrois jours, du 10 aoüt au 2 septembre. On saigna et on admi-nisira le quinquina dont on porta la dose d'une once et demie ä deux onccs , ci on continua l'usage du remedc pendant plusieurs jours apres la cessation des acces en diminuant progressiveitient la dose [Recucil de vxede-cine veterinaire, 1830^. Enfin en 1029 di.nx autres observations de fievres intermillentes quotidiennes furent observees en mai et en novembre sur un jeune etalon Ägc de 2 ans et sur onejumenc dont on ne dit ilt;as Tage. La maladie dura doazc h treize jonrs chez le premier, ei huit jours cliez la seconde. La saignec, les hoissons adoucissantes, les lavements, la diminution de la nonr. riture solide furent les seals moyens que le veterinaire
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employa pour oblenir la guerison. La fievre resultait chez l'etalon de ia fatigue causee par la monte, et chez la jument d'une nourriture feculenle trop abondante.
M. Liegard, velei'inaire au 10* regiment de chasseurs, a decrit ime maladie remarquable par I'appariiion de symptomes febriles avee le type quotidien. C'etait sur une jument. La maladie dura depuis le 18 mai 1827 jusqu'au 4 du mois suivant, venant regulierement u 9 heures du malin, avec de legeres differences pour le degre d'intensile el se lermina par un epanchement pleuretique le 11 juin. La pleuresie debute bien ordinairement par des frissons, mais outre qu'ils ne se prolongent pas au dela de trois ou quatre jours, ils ne se monlrent pas a une heure donnee. La fievre intermittente ne pent pas etre confondue non plus avec Fexacerbalion reguliere de la pleuresie, qui sur-vient ordinairement le soir, d'autant plus que I'epanche-menl se monlre de bonne heure, du 3e au 8C ou 9deg; jour.
11 y a done reellemenl deux maladies distinctes. Mais comment les interpreler? Y avaitil une fievre intermittente qui a ele suivie par accident d'une pleuresie., ou bien a-t-clle ele cause produclrice de cette maladie? C'est celle derniere opinion qui parait le plus probable d'apres Broussais lui-memc, qui a exprime cette opinion que le frisson de la fievre inlermittente, en refoulant le sang ä l'interieur dans les visceres, pent produire suivant les predispositions ou les causes accidentelles, les inflam. mations des divers organes de la poitrine et de l'abdo. men.
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PATHOLOGIE
ET
THfiRAPEUTIQUE GENtRALES
VETERINAIRES.
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i If
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LIVRE TROISIfiME.
DKS MALADIES GENERALES PAR ALTERATION DU SANG.
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CHAPITRE PREMIER.
CARACTamp;IBS G^NiBACX DES MALADIES PAH ALTERATION DL SAM;.
Les maladies qui reconnaissent pour cause premiere l'alleration du sang, ou clans lesquelles cetle alteration est le phenomena principal, onlsingulierement attire Taiten-tion des medecins pendant ccs dernieros annees. Lcretour vers elles a ete d'autant plus general qu'on s'elait porte davantage vers des theories solidistes exclusives. Mais en reprenant les questions humorales, on ne s'est point con-tente de revenir aux idees anciennes, on les a montrees sous un nouveau jour. L'ecole de Paris, si judiciouse of si savanle, a imprime une forme nouvelie a cette panic de la science; et de memo qn'elle avait d(ijä poiirsuivi
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230 dans tons lestissus le ti avail organique de rinflammaiion, (jui constitueun si grand nombre de iraquo;alaclies, eile aanssi vou'.u douner une base materielle aux maladies par alte-ralion du sang. II ne lui a point suffi, comme ä toute I'an-tiquite, d'ctudier et de reconnaitre ces maladies par les sympiomes seulement, eile a clierchc quelque desordre materiel constant auquel eile put rattacher leur existence, et ce phenomene clle I'a trouve dans la maniere dont se fait la coagulation du sang.
La propriete qu'a le sang de se prendre en caillot est une condition indispensable a Fontrctien libre etr^gnlier de son mouvement dans les capillaires. La maniere dont se fait cette coagulation pendant la sanle, les proportions du caillot et de la scrosite et la consistance du premier , sont des choscs qui changent peu tant que le sang conserve sa composition normale 5 des que sesqualitesclian-gentd'nnemaniere notable, H fautreconnaitre que 1c sang n'a plus sa composition ordinaire, qu'il a subi une alteration.
On savait de toute amiquite que le sang presenlait des changemenis remarquablcs danscertaincsmalaclios graves; mais ce caractere etait reste pour les anciens dans le meme vague que toutes ieurs conDaissances sur la nature materielle des maladies. Ils I'avaient en quelque sorle apergu en passant, comme ils avaient entrevu 1 inflammation dans quelques maladies exterieures , comme les abees et la brülure, et i!s n'avaieni passaisi i'importance de ces deux phenom^nes qui sont. tout ce qua nous pou-vons saisir de materiel dans les maladies et d'appreriable ä nos sens.
C'est ä M. Magendie qu'il faut attribuer la gloirc de cette grande idee;non seulement ce physiologisiecelebre
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a presenlel'inflammationelle-memc sous un jour nouveau, il a encore pose sur ses veriiables bases la iheorie physique des maladies par alteration du sang. VoiUi pourquoi il a consacre une annee entiere de son cours de mcdecine au college de France a etudier ce phenomenejdanslequci existe lout ce que nous savons aujourd'hui et probablo-ment tout ce que nous saurons jainais des alterations du sang.
On donne le nom de generales aux maladies dans les-quelles l'alleration du sang jouc le principal role, parce que ce fluide parcourant toute leconomie, fait ressentir ä tons les tissus, ä toutes les molecules du corps en quel-que sorte , le trouble qu'il eprouve dans ses clemenls. Comme il esl la voie par laquelle passent les substances qui penetrent dans reconomic ou qui en sortent, il con-tienl souvent desprincipcsetratigers etdontplusieurs ont une action deletcie, qu'il dissomine ainsi dans tout le corps. Ce serait pounant une erreur de croire qu'il ne puissc exister de maladies generales que celles qui dependent d'une al(eraiion du sang. J'(;ii ai dojä moniro plusieurs exemples : le trouble particulier derurganisme qui [irecede les bemorrhagies, le molimen liemunhngi-cum , en est une prenve. Les frissons , le refroidisseraent etla sticlieresse de la peau, fimpressionnabilite, Lendolo-rissement des membres, le malaise , la perte de I'appetil sonl encore de ces symptötnes qui sont des prodrome-. d'une maladic, apres un refroidissement par exemple, el qui annoncent qu'avani de se fixer, sur un organe le sang el riuflux nerveux sc repandent en quelque sorle dans les visceres ou les muscles; pour me servird'une expression physique, ils sont en exces el pioduisent les differcnis symplömes quo je viens denumerer.
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On no doit done pas dire d'nne maniere absolue qu'il n'v a do göiitiral dans les maladies que ce qui lient ä un iroublede Gompositiori du sangraquo;, quoique ce nom con vienne d'antant mieux dans ce cas, que cette cause ne peut Jamals prodttire des elats locaux.
Ces maladies generales ont-elies quelques caracteres constants qui nous permettent de les rapprocher et den creer un genre , un type, de meme que les genres qu'on a crees pour la commodite del'etude dans les sciences de la nature, reposcnt sur quelques traits communs aux divers individus qu'on rounit ainsi, quoiqu'ils dill'erent ä beaucoup d'autres egards? Je penseque cela est en effet possible, et qu'on peut leur attribuer deux caracteres communs qui se tirent, Tun des symptomes , lautre des diangemems qu'eprouve 1c phenomene de la coagulation du sang.
L'antiquite a bien etudie leurs symptomes, qui sont ceux que Pinel a appeles adynamiques ou putrides. La petilesse et la mollesse du pouls, i'etat d'abattement, la chute complete des forces, la stupeur, la seclieresse de la bouche, la noii ceur de la langue et des dents , la felidite des matieres excretees, tels sont les principaux symptomes decet etat, a im degre eleve; je montrerai plus lard les diverses nuances qu'il peut revelir, suivant les differenls degresoit on I'observe.
X ces symptomes sont toujours associes des plieno-menes chimiques particuliers du cote du sang. Tire de la veine et recueilli dans un vaisseau, ou il ne se coagule pas, on sa coagulation est complete; le caillot est mou et petit, la serosite an contraire tres-abondante; en fait-on I'analyse cliimique, on n'y retrouve dans le plus grand pornbre des cas quo les principes ordinaircs du sang, et
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cette cause qui a modifie le sang, echappe le plus souvent ä loule reclierche. Les virus de la rage, de la variolc du farcin, etc., les miasmes des marais ou des corps en putrefaction, les principes si deleteres du pus decompose, n'ont jamais etc trouves par analyse dans le sang. On a constate sculemcnt la presence de quelques poisons comme lliydro-sulfale d'ammoniaque ,, que M. Bonnet de Lyon a decouvert dans le sang de deux malades qui avaient des suppurationsabondantes et fetides. La cause echappo done presque toujours; le fait reste seul, la modification de la coagulation du sang qui est par consequent le seul caraclere materiel constant.C'estlafibrine qui fait coaguler le sang, el e'est sar eile que les substances deleteres cxeicenl surtout leur action.On peut conslater pendant la vie l'etat du sang en faisant, comme M. Magendie, des saignees exploralrices d'une ä deux onces. C'esl pour lui an element du pronoslic, la vie ne pouvant pas durer avec un sang tout-ä-fait fluide., parce que comme nous fetablirons plus tard d'apresle meme auteur, il s'epanche alors dans les tissus et s'infiltie mecaniquement dans les maillesdu tissu cellulaire.
Si nous cherchons maintenant ä apprecier 1'importance des connaissances tirees de ces deux sources pour le diagnostic des maladies, on reconnaitra que les symp-tomes conduisent a des resultats pratiques ,-plus impor-tanls ence sens que lalleration du sang n'est souvent pas assez considerable pour que sa coagulation eprouve des modifications faciles ä saisir; et cependant on voit une physionomie parliculiere dans la maladie, unetatplus ou moins marque de langueur, une certaine indecision de tout le corps, un ad'aiblisscment plus ou moins considerable des forces. II est nombrc d'etats singuliers oil Tap-
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petit est conserve, et oil ces symplomes generaux font ddcouvrir nne alteration du sang que l'examen de ce liquide ne pent pas faire reconnaitre. Mais comment s'as-surer qu'il y a reellemcnt une alteration du sang puisqu'on ne trouve rien de materiel? C'estparce que dans les cas ou I'incoagulation rend la chose cerfaine, on observe des symptomes bien caracteristiques, et que ce sont eux qu'on retrouve dans ces cas, mais aflaiblis et ne se laissant plus decouvrir que par le tact exerce du praticicn.
Les modifications dans la coagulation du sang soni, une preuve pluscertaine peut-elre parce qu'elle estmaierielle et palpable. Voici son importance; dans les cas oil clle est evidente et on il ne reste plus de donte, eile permet de rapprocher les symptomes et de tracer avec quelquc certitude la Symptomatologie des affections par abera. tion du sang; et en dessinant ainsi avec fidelite leur phy-sionomie particulierc, on pent cnsuile pousser plus loin I'analyse el reconnaitre des alterations du sang, dans des circonsiances meme oü l'examen do ce liquide ne fournit rien de satisfaisant, parce qu'on a bien appris h en dislin-guer les caracteres lorsqu'il ne pöuvait pas y avoir u incertitude sur ia nature de la vnaiadic.
Ainsi les rcnscignemenls fournis par 1 examen de !:raquo; coagulation du sang sont la sculo base sur laquollo on puisse asseoir d'une maniere sure l'liistoire des veritables symptomes qui caracterisent ics ma'.adies dont nous parlous; e'est ce qu'il etait important de bien faire reniar-quer pour qu'on appreciat la nccessite des etudes pro-liminaires auxquelies nous aliens passer.
Voilä done deux traits comrnuns aux maladies generales, les symptomes et l'alteration du sang; e'est ce qui nous permet d'en faire un genre ä part, un type
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235 de pathologic gencrale; chcrclions mainlcnaiu ä quoi tient la grande varietö quo nous presentcnt leurs difle-renies cspöccs, et les diversindividus de cliaque espece, s'il est permis de donncr co nom a cliacun des cas d'une memo espece de maladic.
Je pense qu'on petit rapporter ä deux ordres de causes les differences qui separent les especes de maladies genc-neralcs, 1deg; an sejour dans le sang de prineipes etrangers ä sa composition normale ; '2deg; ä des conditions particu-lieres de temps, de lieu, d'age, et de constitution, et ä des etats du sang oü il y a simple changement dans les proportions des parties Constituantes. Au premier ordre se rapportent les charbons, les typhus, la rage, la variole , les resorplions pumlentes , les resorplions miasmatiques pros des marais ou dans des ecuries mal-saines, etc. etc.
Au second les maladies oü le sang ne parait pas contenir de prineipe virulent et miasmatique particulier , comme dans ia maladie des jeunes chiens qui ne so montre que dans cette espece, la morve el le farcin qui appar-tiennent au cheval., Ia pourrilure des mouions, lo pisse-ment de sang, qui tiennent a des conditions de localhe et de temperature, etc.. etc., de meine lt;]ue certaincs pieuro-pneumonies epidemiques. Cola m'amfene a parier des congestions, des hemorrhagies, des inflammations, des vices de secretion qui surviennent au milieu de ces etats du sang, et qui conlribuent anssi a les differencier. Lc sang clant altere par une nourriture peu substantielle par i'iiumiditc, par des aliments trop aqueux , on par la disette, clc... etc., il se developpe sous linlluencc de causes atmospheriques,, des pleuresies, des pieuro-pneumonies , des vertiges, des hemorrhagies de l'intostin
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grele, deshydroplsies, etc... etc., suivant les saisons, l'etat de la temperature, les vents, Thumidite dc I'air ; les congestions se font sur differents organes, etquoiqu'il y ait au fond un meme etat du sang, une diminution de ses elements solides et une augmentation de la partie sero-albumineuse, les differences dans le siege des congestions, deshemorrhagies, des inflammations, etc... constituent des maladies distinctes.
La seule fluiditc du sang par diminution de la coagu-iabilite et les liaisons anatomiques qui en sent la consequence , donneraienl a toutes les maladies generales une physionomie identiquo, si ces deux ordres de causes ne leur imprimaient des traits differents.
Les differences enlre les divers individus d'une meme espece de maladie, se tirent de irois sources principales : des nuances que presentent 1deg; l'etat dynamique, 2deg; l'etat inflammatoire, 3deg; l'etat nerveux proprement dit.
Les miasmes et les principes etrangers introduits dans le sang, soit qu'ils ne penetrent pas en meme quantite dans tons les cas, soit qu'ils rencontrent des organisations plus ou moins vigoureuses et resistant plus ou moins a celte cause d'alfaiblissement, determinent des symptömes adynamiques fort varies. La mort pent aniver en quel-ques heures, en un ou deux Jours, ou au bout d'un plus long-temps. La prostration, lepuisement general variant depuis le degrc le plus fort, jusqu'au point d'etre äpeine sensibles. II en resulte done des nuances infinies dans la forme adynamique.
II en est de meme de l'etat inflammatoire, de la congestion, des hemorrhagies, des vices de secretion. Non-seulement leur siege vane, mais leurs degrcs surtout sont nuances ä I'infmi. M. Magendie a montre quc
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237 lorsque le sang etait tres-tluide , les congestions etaient toutes passives et se faisaient dans ceriains points constants, a cause de la facilite que le sang avail ä s'y infiltrer, comme dans le poumon et 1laquo; tube digestif; qu'il ne fallait rien y vo;r d'actif et de vital, mais un simple travail d'imbibition dans les tissus les plus vasculaires et dans les points declives. Quand cela serait vrai dune maniere absolue, et nous verrons qu'il faut y apporter quelques restrictions, il n'en resterait pas moins certain que la fluidite du sang n'etant jamais au meme degre chez tous les individus, ainsi que la force de reaction, rimbibiiion mecanique ne doit pas s'opcrer dans tons les cas; et qu'au contraire la congestion peut etre plus ou moins active et accompagnee de cette excitation nerveuse qui se joint ordinairement ä ce phenomene organique que nous avons appele rinflammation. Or, depuis la simple infiltration passive jusqu'au degre le plus eleve oü la douleur locale est vive, la fievre forte et les sympathies excitees, quelle immense variete de formes ne peut-on pas supposer?
Enfin la troisieme condition est I'etat nerveux. II ne faut pas confondre fetal nerveux avec I'etat adynamique, parce que ce dernier est rarement primitif et resulte do l'alteration du sang. C'est le propre de cette alteration de produire des symptömes adynamiques, mais lorsqu'elle se prcsente chez un animal predispose aux affections ner-veuses, dont I'impressionnabilite est vive, il se montre en outre des symptomes particuliers qui annoncent que le Systeme nerveux resssnt d'une maniere speciale le trouble general de 1'economie. Ainsi que le docteur Guersent i'a fort bien observe dans son Essai sur les epizootics , en traitant des typhus des animaux, les phenomenes nerveux
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238 sont plus marques, plus intenses el plus saillanis dans le typhus contagieux des betes ä cornes que dans le typhus dit charbonneux des chevaux, quoiquo les boeufs soient bien moins impressionnables que les chevaux, ce qui prouve la pnklispositiou speciale dont je parle. J'ai trace le tableau de l'etat ataxiepic; ses differents traits peuvent exister au miiieu des maladies dont il sagit. II n'est pas necessaire, pour en reconnailre la presence , qu'on observe des convulsions ou du delirc; Ic malaise anxieux et le besoin de changer de place suffisent pour cela. L'etat nerveux pent coimne les deux aulres rcvetir les formes les plus diverses, suivant la susceptibility des animaux. Ouani aux indications que prcseutent les maladies gene-rales, elles me paraissent se rcduire t1raquo; trois principales qui se tirent 1deg; de l'etat adynamique; 2deg; de l'etat inflamma-toire; 3deg; de l'etat nerveux.
Certes la premiere de toutes, s'il ctait possible de la remplir, serait do combaltre directement les principes veneneux introduits dans le sang. La cause de la maladie enlovee, il serait bien pins facüe de faire cesser les de-sordres auxquels eile aurait donne naissance. Blallieureu-sement, comme nous Pavons vu , il n'est presque jamais possible de connaitre la nature des substances dclctercs, et dans les cas mcmcs oü die est connuc, comiuelorsqne des poisons sont introduits dans le lube digestif, les medicaments ne sont destines qu'ä neutraliser la portion qui est encore dans le tube digestif, mais personne no pense qu'on puisse en attaquer la portion qui a dejä penetre dans la circulation.
F.st-il plus facile de combaltre ralteration chimiquc du sang et de lui rendre directement sa coagulabilitc par des agents chimiques? je montrerai que jusqu'a present on n'a
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'239 irouve que des agents qui paraissaicni favoriser la coagulation du sang normal •, aucun qui lui rendit sa propriete fundamentale une fois qu'elle est detruite. Et je suppose qu'il y en cut, cioit-on que celaservit ä grand'cliose tanl que le principe qui a modifie lo sanjj sejournerait dans leconomie ?
On ne peut done tirer aucune indication de lanalyse cliimique du sang. Aussi les belles decouvertes de M. Ma-gendie jetteront-elles un grand joursur les alterations que suhit le sang et sue les desordres organiques qui en re-sultcnt; sa saignee exploralrice sera un clement precieux de diagnostic et de pronoslic ;maisjenepense pasqu'clles cl.angent lien aux regies de pratique tclles qu'eiles ont ele posees par nos peres.
La premiere indication est fournie par les symptomes adynamiqucs, par Tctat des forces. Ce qu'il faut faire avant tout, e'est dc les soutcnir, d'empecher que la vie ne cesse. Quant aux principes deletcres, on abandonne leur impulsion au travail des secreteors., ce qui donne lieu ä une nouvelle indication, celle d'exciter l'action des sccre-leurs. Or, comme la muqueuse du tube intestinal est la principale voie d'excretion, e'est sur eile qu:il laut agir surlout, soitpour activer sa secretion, soitpourempecher les matieres secrelees d'y scjourner et d'etre resorbees et poriees de nouveau dans le courant de la circulation. Les exutoires dont une tres-longue experience semble avoir constate les resultats, ne sont-ils pas des moyens ä employer pour satisfaire a la meme indication?
La seconde indication se tire de l'elat inflammatoire. Les congestions et les inflammations sent loin d'ötre lou-jours passives, meme lorsque le sang est fort altere; e'est ainsi que le mal de tele de coniagion, cette congestion
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vers la töte et la pituitaire qui ressemble assez ä la congestion vers les parotides dans les fievres graves de rhomme, se fait comme ces dernieres, non point par une imbibition mecanique, maispar une impulsion active qui y dirige le sang. Les vivescoliques suivies d'epanche-ment de sang dans I'intestin on autour, pendant le cours du typhus cliarbonneux, ne sont-eiles pas une seconde preuve en favour de l'aclivite de ces congestions? II ne faut point se le dissimuler, la plupart des congestions, meme dans les maladies generales, se font par un travail actif; mais, une fois etablies, elles deviennent passives en ce que les tissus restent engorges, et le sang, ä cause de sa tluidite, les penetre par une veritable imbibition et n'est pas expulse facilement. Mais la cause du mouvement du sang vers ces tissus est presque toujours active.
Or, si, dans les cas oü le sang n'est point altere, une gastro-enlerite, une pneumonic, une angine violente el simple peuvent entrainer la mort des malades, ces memes maladies, reuniesä une alteration du sang, n'en augmen-teront-elles pas beaucoup le danger, et n'est-il pas neces-saire de diriger contre elles des moyens speciaux? L'in-dication serai t done d'enlever ces congestions par ce qui les enleve le mieux, les evacuations sanguines. D'un autre cote, les evacuations sanguines augmentenl la faiblesse et l'eiat nerveux, s'il existe, de sorte qu'on est place entre deux ecueils.
Voilä quelle etait dans ce cas la methodo des anciens, et en particulier de Sydenham. Coinme les forcesbaissent ä mesure que la maladie fait des progres, il laut agir des le debut. On saigne done, et comme il y a dans I'econo-mie une source d'affaiblissemenl, on satisfait a la premiere indication en donnant ensuite de doux cordiaux,des sti-
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2U mulants trös-l^gers. Sydenham employait beaucoup 1lt;gt;s preparations opiacees qu'il regardait comme toniques en nierae temps que narcotiques, et il calmait ainsi les nerfs en sou tenant, les forces.
U n'est pas toujours possible de saigner; on emploie alors la methode revulsive, surtoul les revulsifs cutanes. Mais je reviendrai la-dessus dans la therapeutique. Je vou-lais seulement poser l'indication et montrer comment eile varie suivant la nuance de l'inflammation.
Enfin^vient la troisi^me indication, celle de calmer I'exaltation nerveuse. II n'est pas toujours facile de la remplir, comme nous le verrons en therapeutique, et c'est lä qu'il faut savoir quelquefois employer hardiment I'opium.
Je viens d'elablir trois indications generates, toutes trois vitales, s'il m'est permis de m'exprimer ainsi. La chimie,qui ne peut decouvrir presque aucune substance deletere dans le sang, ne fournit aucun moyen de les atla-quer directement. Elle ne peut pas non plus coaguler le sang, c'est-ä-dire qu'on ne peut agir sur le sang que par !es solides, et rien ne peut le modifier directement d'une maniere utile pour la therapeutique.
On ne peut pas non plus fonder de classification des maladies genörales sur la nature chimique des alterations du sang, puisqu'elle est encore inconnuej de sorte qnc Tanalyse chimique du sang est de pen d'importance pour le medecin.
L'etude des changements que #9632; subit le phenomene de la coagulation, est la seule source qui fourmsse des notions cerlaines, et en lui rattachant un certain nombre de dc1-sordres anatomiques constants, M. Magendie a fait reelle-ment la theorie des alterations du sang,
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Avant de finir ces considerations sur les maladies gene-rales, je ne puis m'empecher d'insister sur une distinction ä etablir dans la maniere dont les substances deleteres penetrent dans le sang. II y a des maladies generales des le debut, oü le sang est primilivement altere; il y en a oü le sang, normal d'abord,se trouble par les progres memes du mal. C'est ce que Broussais appelait le typhus a se ipso, par soi-meme, l'infeclion venant de l'economio elle-meme, comme on l'observe dans beaucoup de gastro-enterites d'abord franches et qui, se terminant par suppuration et par ulceration, fournissent alors des matieres putridesqui sont resorbees. 11 etait force, dans ces cas, de reconnaitre l'indication de la purgation, mais il ne permettait que les laxatifs les plus doux.
Celte distinction n'est pas sans interet dans la pratique.
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CHAPITRE II.
CUUCTEBES CUIMIQUES ET PHYSIQUES DU SANG DANS LES MALADIES.
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J'ai montrö comment les maladies generales par alteration du sang laissaient apres elles des desordres mate-riels constants, de meme que les maladies inflammatoires. C'est dans la trame des tissus que Ton rencontre les seconds; c'est au milieu du sang meme qu'existent les pre-miers. Dans le second cas, on a du pus, des indurations, de lalymphe plastique, des ramollisseraents, des ulcera-tions; dans le premier, la propricte fondamentale du sang,
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sa coagulation, ne s'effectue plus ou s'effectue mal, et le sang presente differenls aspects.
Pour bien apprecier ce qu'il peut y ayoir d anormal et d'irregulier dans le sang, il faut commencer par decrire ce qu'il y a de normal et de regulier, c'esl-ä-dire qu'il faut etudier le phenomene de la coagulation dans la sante, ainsi que les divers elements conslitutifs du sang, et puis les changements qu'ils peuvent subir dans les maladies. Cela fait, montrant la maniere speciale dont se font les congestions, les inflammations, les hemorrhagies, les vices de secretion qui s'y rencontrent toujours, le caractere particulier qu'ils revgtent et que M. Magendie a si bien saisi, et faisant enfin un tableau complet des sympt6mes pathologiques et des principales lesions anatomiques qui appartiennent au plus grand nombre de ces maladies, j'aurai ainsi decompose dans ses elements, et montre dans ses diverses parties, cette grande question des maladies par alteration du sang; il ne me resteraplus alors qu'ü entrer dans quelques details sur leurs diverses especes quel'esprit concevra d'autant mieux qu'il aura ete prepare par ces travaux.
Remarquons, avant d'aller plus loin, que puisqu'il y a tant de caracteres communs aux maladies que nous etu-dions, dans le sang, dans les solides, dans les symptomes, ii est permis ä l'induction la plus rigoureuse de creer un type general de ces maladies, de meme que nous avons cree le type inflammatoire d'un grand nombre de traits communs; et si nous voulons donner a ce type un nom, de meme que nous avons appele etat nerveux, etat inflammatoire, des modes generaux de maladies du Systeme nerveux et des solides, je pense'qu'on peut adopter ceiui d'etat typhoidc emprunte ä la medecine humaine. Ce root.
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qui signilie tiiat analogue au typhus, c'est-i-dire ä la maladie oü I'aUeration du sang est le plus nettement caracterisee, convient par consequent admirablement a cet etat. Ainsi Texpression d'etat typhoide est pour nous synonyme de maladie generale par alteration du sang, et designe l'ensemble de tous les traits communs ä ces dif-ferentes maladies.
Si j'insiste sur ces reflexions, ce n'est pas sans dessein. Je voudrais elcver l'esprit de ceux qui etudient jusqu'ä la conception veritable de la pathologic generale, qui ne me parait pas avoir ete bien saisie jusquä present, memc en medecine liumaine. II ne me parait pas necessaire dc s'enfoncerdans des details sur les symptomes des diverses especes d'iuflammations, comme on I'a fait sur ce qui in-dique une maladie du feie, du rein, du cerveau; cela appartient ä la pathologic speciale, et a cte tres bien de-veloppe dans les ouvrages sur le diagnostic de MM. Rosiau ct Piorry. II s'agit, au contraire, de creer des genres de maladies, des classes tres-generales fondees sur une com-munaule de symptomes pathologiques et de desordres materiels. C'est ce que j'ai cssaye de faire sous les noms d'etats congestionnel, inflammatoire , henior.-hagique, secretoire, nerveux ct typhoide. Enfin, laissant de cote les caracteres diiferenciels de ces divers etats, et ne con-siderant que ce qu'ils ont de commun dans les causes, les symptomes, la marche, la guerison ou la mort, nous nous eleverons jusqu'a la plus haute abstraction possible, la maladie en elle-meme. Les anciens, ne connaissant pas les premieres classes que j'ai indiquees, passaient de suite des diverses especes ä la maladie en elle-meme, et ils n'appreciaient pas cetlc variele de nature que j'ai voulu faire rcssortir. D'un autre cöte, l'ecole de Paris s'oubliant
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tin pen dans les details neglige les consideraiions gene-rales. II fallait prendre un juste milieu.
Du sang sous le rapport de sa coagulation. — Le plus important de tons les travaux sur le sang esi celui de M. Denis de Commercy. MM. Leblanc et Trousseau onl public ensuite un travail tres-interessant sur les proprietes physiques du sang, etJVI. Delafond a traite plus tardle meme sujet en y ajoutant des recherches nouvelles. Leur travail n'est pas exempt cependanl de quelques erreurs queM. Denis n'avait pas commises. Ainsi la forme sous laquelle se trouve la fibrine dans le sang et le role quelle joue n'onl pas ete bien apprecies. Je vais analyser leurs travaux et surtout ceux de M. Delafond , en indiquant les points oil ils me paraissent s'etre trompes.
11s ont examine le sang de la veine jugulaire, comme amp;ant celle oü Ton saigne le plus generalement; sa temperature est de 38 a 39 degres centigrades. La densite est 103, leau prise pour terme de comparaison.
Quelque temps apres avoir ete tire, le sang se solidifie. Celui du cheval oflre quelque chose de pariiculier. Apres 3 ou 4 minutes on voit la panic superieure de la colonne sanguine s eclaircir , les globules rouges descendent ä la partie inferieure du vase, de sorte que quand la coagulation est achevee, le sang retire du vase forme une colonne solide, Tune superieure blanche jaunatre, I'autre inferieure d'un rouge fonce; dans les autrcs animauxdo-mesliques, cette coagulation s'opere en masse comme dansl'homme. Lecaillot est enlicrement noir.
Dans le cbeval, la coagulation s'opere depuis 6deg; ä 8deg; - 0 jusqu'ä 20deg; en 15'ou 16'. Elle est avancee de !' ou li' au-dessous de fiquot; et retardee dans le meme rapport au-dessus de 20deg;. Le sang de bocuf est pris en une gelee
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tremblante aprfes 15' et sa coagulation n'est complete qu'aprfes 25'. Celui du mouton se prend en une masse con-sistante en 5' ä 6'. Celui du einen en 6' ä 7'.
Le eaillot blanc du cheval, qui n'est autre chose que la couenne du sang humain, a ete specialement etudie par MM. Leblanc el Trousseau dans les conditions de sa formation. Des influences physiques peuvent faire varier le rapport du eaillot blanc et du eaillot noir, an point que la couenne soit presque nulle ou qu'elle soil ä la masse totale du sang contenu duns le vase, dans les proportions des 2/3, d' 1/3, d' 1/4, d' 1/3. L'agiiation du sang dans les vases, l'emploi de vases coniques, la grande quanlite de sang tiree ä la fois, sont des causes qui diminuent la quantite de la couenne. Au reste, on consultera pour plus de details le Journal pratique de medecine veteri-naire, annee 1832 , et la pathologic generale de M. De-lafond.
Quand le sang s'est solidifie tout entier, le serum s'echappe du eaillot en filtrant ä travers sa trame cellu-leuse. MM. Leblanc et Trousseau pensent que 24 heures suffisent pour que la serosite qui doit sortir du eaillot en soit toute expulsee; M. Delafond s'est assure apres de nombreuses experiences, qu'il ne faut pas moins de 40 ä 48 heures. La serosite parait surtout provenir du eaillot blanc chez le cheval; car le noir conserve ä peu pres son volume. Elle provient de tout le eaillot dans le boeuf, le mouton et le einen.
Le eaillot blanc du cheval est compose entierement de fibrine, sauf un peu de serosite et quelques globules qu'il retient dans ses mailies. Sa ligne de demarcation avec le noir est rarement bien tranchee. II est ferme et resistant el se putrefie lenteineni. Le eaillot noir ou cruor csl orga-
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247 nise, mais il contient ires-peu de fibrine et beaucoup de globules.
Le serum contient de l'albumine et des sels, il esi alcalin et lorsqu'on le chauffe jusqu'ä 60deg; son albumine se coagule. Sa quantite est dans la masse totale du sang d' 1/3 pour 1/3 de caillot blanc et 1/3 de caillot noir.
Ces considerations peuvent s'appliquer au sang de boeuf avec cette difference que tout le caillot est noir.
Le serum est plus abondant dans le mouton oil il est la moitie de la masse totale du sang, et dans le chien oü il est plus du 1/3.
Ces experiences sont faites dans un instrument en verre, alonge et cylindrique appele h^matomätre, qui est gradue afin qu'on puisse apprecier les rapports du caillot et du serum. De cette maniere les experiences sont comparables ä elles-mamp;nes. MM. Leblanc et Trousseau ont propose de l'introduire dans la pratique oh il pourra servir dans quelques cas. II est commode en ce qu'on pent observer ä travers les parois transparentes ce qui se passe dans son interieur.
II est important encore d'indiquer I'epoquealaquelle se fait la decomposition putride du sang, parce que lorsqu'il est altere eile se fait beaucoup plus rapidement. Le sang normal se putrefie en ete vers le 4e ou le 5e jour paries temperatures de 15deg; ä 25deg;, du 6eau 8C jour au printemps et en automne par 10deg; ou 15deg; de chaleur, tandis qu'en hiver da 0 ä 10deg; la decomposition a lieu du ö6 au I0e jour.
Ainsi, nous connaissons la temperature et la densitedu sang tire des vaisseaux , la manure dont il se coagule et le temps qu'il y met, les proportions des parties Constituantes, le temps au bout duquel se fait la piilr^faction;
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248 tout changement notable dans ce mode regulier annonce une alteration du sang.
M. Delafond faitsuivreces recherches pleines d'interet de quelques considerations sur les divers etats morbides du sang qu'il a rattaches a six especes. Je crois que cette generalisation est pr^maturee et que les differences qu'il a indiquees ne sent point aussi importantes qu'il le pense.
U etablit d'abord deux points importants, e'est que la temperature et la densite du sang varient tres-peu el offrent peu d'interet comme signes morbides, et que par consequent e'est sur la coagulation elle-meme qu'il faut porter son attention; mais en disant que la coagulation so fait d'autant mieux que le sang est plus riche en globules, il semble meconnaitre ce fait que les globules sont inertes dans ce phenomene qui est du uniquement ä la fibrine. 11 se contente d'enoncer Topinion deM. Denis, qui avait cependant bien demontre cette verite qu'on ne contestc plus nulle part aujoürd'hui depuis les experiences de Midler de Berlin.
Les six especes d'alterations physiques du sang se rap-portent ä deux ordres. Le premier dans lequel il n'y a do changements que dans la quantite ou les proportions des elements; le second dans lequel il y a alteration de quel-qu'un de ces elements. Le premier comprend troisespeces, lapolyhamp;nie, l'anemie et l'hydrohcniiejledeijxieme en renferme egalement trois, la diarrhemie, la diastasbemie et la pelohemie.
Je me demande d'abord comment M. Delafond a pu preciser ä deux minutes pros ce temps que le sang met h se coaguler dans la polyhcmie et l'anemie. 'La plethore et l'anemie ne sont pas deux etats distinets et loujours idon-tiques; au contraire, il y a des degres ires-varies dans
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249 ccs deuxötats. II y a des anemies avec lesquelles la vie n'est plus possible, il y en a avec lesquelles eile parait seulementunpeulanguissante.il en est de meme de la plethore. On ne pent pas done assignor des limif.es quel-que pen rigoureuses qu'elles soient, a la coagulation du sang dans ces maladies.
L'anemie ne me parait pas distincte de l'hydrohemie. Toutes les fois que le sangdiminue, il devienten meme temps plus sereux. Les causes de Thydrohemie indiquees par I'auteur, I'epuisement par de long travaux , par la mauvaise nourriture,rhabitation dans deslieux humides, sent aussi celles que Ton assigne ä l'anemie, et le bruit de souffle que I'auteur a constate dans l'hydrohemie , carac-terise l'anemie dans la medecine humaine.
J'en dirai aulantde la premiere espece du second ordre de la diarrhemle. L'anemie et l'hydrohemie, lorsqu'elles sont epidemiques, dans les mauvaises annees sont ac-compagnees de petechies et d'infiltrations sanguines dans divers organes aussi bien que la diarrhemie. L'analogie est encore fortifiee par I'dludedes causes, puisque suivant M. Delafond , cette alteration s'observe chez les chevaux aflaiblis par l'exces du travail, les moutons et les betes a cornes malnourrispendant rhivernage. L'anemie, l'hydrohemie , la diarrhemie, ne me paraissent pas offrir de differences serieuses.
La diaslashemie consiste dans une separation de la fibrine et est caracterisee par la presence de caillots blancs dans les ventricules du cceur et les veines, et par la flui-dite du sang; or ces caillots existent dans un grand nom-bre de cas oü il y avait des inflammations tres-franches, et oü I'alteration du sang ne pouvait pas meme 6tre soupQonnee. Aussi a-t-on fait des mömoircs en roedeciite
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250 liumaino,pour pronver que la formation de ces caillots elait due ä rinflammaiion. Quant a la fluidite du sang coincidant avec la grande coagulabilite de la fibrine, eile me parait devoir etre un cas fort rare. En general la fluidite du sang depend de ce que la fibrine a perdu de sa propriete de se coaguler.
Tout en rendant justice aux efforts de M. Delafond pour presenter un ensemble systematique d'alterations du sang, j'ai du combattre ses idees , parce que dans I'elat actuel de la science je crois qu'il n'est pas possible de faire de pareilles generalisations.
Des divers elements du sang. — Une chose fort singuli^re, c'est que Ton eprouve la plus grande peine ä faire passer de l'eau par des tuyaux d' I/IOe de millimetre de diamfetre, et que le sang passe avec la plus grande facilite par des tuyaux d' 1/80deg; et d' I/I00cde millimetre. Et si on ajoute ä cette eau quelque substance visqueuse, de la gomme,de l'albumine, de la gelatine, on reussit a la faire passer par des conduits oü aucune force n'aurait pu la faire passer auparavant. Le sang possede ces qualites particuliferes qui lui permettent de circuler aisement ä travers des tubes trfes-delies; c'est ä la fibrine qu'il les doit, car si on I'enlfeve au sang d'un animal, ce liquide s'imbibe et s'epanche dans la trame cellulaire des tissus.
Non-seulement il faut de la fibrine, mais il est neces-saire qu'elle soit libre, car si on injecte dans le sang de la soude, de la potasse, de l'ammoniaque, il se formera des fibrinates de soude j de potasse, etc., et les mem es accidents se reproduiront. Suivant que cette coagulabilite existe ou n'existe pas, on voit des desordres anatomiques fort varies; lorsqu'elle existe, comme dans les licpalisa-
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tions rouges de la pneumonia, le sang epanche dans les cellules du poumon se solidifie et forme ces masses dures qu'on appelle hepaiisees. Quand eile n'existe plus, lesang ne pouvant plus se coaguler, forme ces infdtrations se-reuses noirätres qu'on appelle engoiiement pulmonaire, ou d'autres fois des infiltrations rougeätres et ä demi con-sistantes que les pathologistes ont comparees k la gelee de groseilles.
La fibrine est le plus important des elements du sang; mais avant d'en parier , il convient de dire quelques mots des autres elements, tels que le serum et les sels du sang, i'albumine et les globules.
De la serosite. — La serosite que Ton obtlent apres la sortie du sang de ses vaisseaux et la formation du caillot doit etre distinguee de la serosite propre du sang, de celle qui existe dans les vaisseaux memes et qu'on appelle serum ou liqueur du sang. La premiere ne contient que de I'albumine et les sels du sang j la deuxieme contieut en outre la fibrine comme, on pent sen assurer en repe-tant l'experience de Müller. Melangeant du sang de gre-nouille ä de l'eau sucree qui a la propriete d'empecher la dissolution des globules, etfaisantfiltrer surunevessiede lapin, le serum qui passe, se coagule et on y retrouve la fibrine. C'est cette liqueur du sang qui pendant la vie charrie les globules et traverse avec eux le reseau ca-pillaire.
Les sels les plus importants sonl les chlorures de potassium , de sodium et des carbonates alcalins. II parai-trait que ce sont eux qui donnent au sang sa couleur rouge, tandis que les acides lerendent noir.
Si on prend un caillot de sang arteriel et qu'on lui en-leve ses sels, il devicnt noir. Si on fait passer uncourant
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il'acide carbonique h travers du sang veineux devenu rouge par son exposition a I'air, on le rend noir de nou-veau, et si on y mele alors des sels neutres on lui re-donne une couleur rouge. Cependant l'oxigene de I'air a une influence qu'on ne pent meconnaitre.
La serosite augmente ä mesure qu'on saigne en trop grande quantite. Son abondance peul rendre la vie impossible. Unchien saigne au point de rendre son sang presque incoagulable, est mort avec le poumon infiltre de serosite. Gohier a fait a ce sujet des experiences curieuses, d'oii il resulte aussi que les saignees copieuses repetees en en-levant la fibrine et l'hematosine qui se reproduisent len-tement, font augmenter beaucoup la serosite qui se refait si rapidement par I'absorption dans toutes les parties du corps. Aussi voyait-il des infiltrations survenir aux mem-bres, au-dessous delapoitrineet du venire.
Un chien chez lequel on injecta du serum humain fut pris de tons les signes des fievres graves : la prosira-tion, l'opacite de la cornee lucide, l'ulceration des plaques intestinales.
De l'albumine. — L'albumine a la prcpriete de se conserver liquide lorsqu'elle est separee de la matiere co-lorante; eile est alors dans la serosite. Eile joue dans le sang le role d'un corps visqueux, qui sert a facililer son passage dans les capiliaires, puisque nous avons vu que I'eau pure ne passe qu'avec une tres-grande difficultc ä travers des lubes d'un petit diametre.
L'albumine ne se solidifie pas spontanemenl comme la fibrine; eile ne se prend en masse qu'ä 75deg; de cbaieur, et dilfere de celle de l'oeuf qui forme avec la potassc une gelec transparente elastiquc, tandis quo l'albumine du sang ne forme avec cct alcali qu'un prccipite ;\ peine sensible.
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Deaucoup de substancessolidifient ralbumine: lalcool, le nitrate d'argent, le sous-acetate de plomb, 1c sublime corrosif, etc., et peu la liquefienl, ce qui est le contrairo pour la fibrine.
M. Magendie, dont noussuivons le bei ouvragesur les phenomenes physiques de la vie pour tout ce qui concerne le sang, pense que rienne prouve que la fibrine ne soil que de ralbumine modifiee paries sels du sang. M. Denis qui pretendait que la fibrine traitee par le nitrate de po-tasse se liquefiait et acquerait les proprietes de i'albuminc, n'a pu repeter celle experience devantM. Magendie.
L'albumine qui contribue a donner au sangsa viscosite, est probablementaheree dans les maladies oü ce liquide devient epais et visqueux. Or, s'il est necessaire que 1c sang seit visqueux, d'un autre c6te il ne faut pas qu'il de-passe certaineslimites. Aussicause-t-onassezrapidement la mort d'un animal ä qui on injecte une solution do gomme. En incisant le parenchyme pulmonaire perpendi-culairement ä la direction de ses principaux vaisseaux, on les aconstamment irouvesobturesparlamatiereinjectee.
Des globules du sang. — Ce sent de tons les elements du sang, ceux qui eprouvent le moins de modifications dans les maladies. Ils sont elliptiques chez les poissons , les reptiles et les oiseaux, et out la forme d'une lentille circulaire chez les mammiferes. Leur forme et leur structure out donne lieu a des travaux exlremement norabreux. Au microscope, leur centre parait tantot noir et tantöt blanc, ce qui a fait croire aux uns qu'ils avaient un noyau central, aux'autres qu'ils etaient perfores ä leur centre. On les voit tres-bien avec un grossissement de 300 ou 40Ofois. On est genera lenient d'accord aujour-d'hui pour les envisager comme formes d'une enveloppe
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externe , membraniforme et dans laquclle reside la mattere colorante , et d'unnoyau central incolore. Cette en-velopppe qui est formee par la matiere colorante qu'on appelle globuline ou hematosine, lorsqu'on met les globules dans l'eau pure, est attaquee par eile et se reduit en lambeaux, tandis que l'eau sucree rempeche de se dissoudre; voila pourquoi Müller fait filtrer le sang de grenouille mele ä de l'eau sucree. Quant au noyau central qu'on croyait autrefois forme par la fibrine, il est incolore et sa nature est inconnue.
Apres deux ou trois jours de sejour dans les vases ou l'on a recueilli le sang des saignees, ces globules eprouvent des changements assez remarquables, leur surface devient tachetee et comme framboisee. Plus tard il se forme des animalcules qui s'agitent ä la surface des globules et les font mouvoir jusqu'ä ce qu'ils soient detruits.
Les globules des mammiferes sont plus gros que ceux de l'homme; ceux des reptiles sont alonges et renflcs dans le centre, et deux ou trois fois plus gros que ceux des mammiferes.
Outre les globules rouges, des micrographes ont cru de-couvrir des globales blancsqui feraientpartiedu sang normal, et que M. Magendie n'a jamais vus dans le sang en circulation.Les uns sont gros, d'autres sont beaucoup plus petits, et on suppose qu'ils appartiennent ä la lymphe ou au chyle. Dans certaines maladies il se developperait aussi suivant Müller et Burdach, des globules de structure et d'apparence particulieres.
L'etude des globules nous donnera peut-etre l'explica-lion de quelques phenomenes morbides, tels que la formation des congestions passives et des grelles animales.
On rencontre dans les capillaires en les examinant au
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235 microscope dans les tissus transparents comme le mesen-tere de la chauve-souris, la membrane des pattes de la grenouille,une couche incolore,immobile, adherenteaux parois des vaisseaux par une sorte d'affinite. Les globules vont tres-vile dans le centre et sans rouler sureux-memes; ceux qui sont pres de la circonference vont plus lentement et roulent sur eux-memes. Ceux qui s'enfoncent dans cette couche y sont arr^tes un moment jusqu'ä ce qu'ils soient degages par le mouvement des autres. Arrive-t-il qu'un globule au lieu d'etre en travers se presente de champ, il s'arramp;e par les deux bouts dans la couche immobile. Tout ies autres s'arretent aprfes lui, le calibre du vaisseau etant obstrue par cette mauvaise presentation. La gene de la circulation se communiquant deproche enproche, il se fait une congestion de la partie; mais suivant M. Magendie auquel nous empruntons ces faits, cela n'arrive guere que lorsque le coeur a perdu beaucoupde sa force, et qu'il ne pent plus surmonter les obstacles qui se presentent a son cours, surtout lorsqu'ils siegent loin de lui, comme cela a lieu ordinairement. Boerhaave avait dejä donnö une theorie analogue pour l'inflammation, et il admcttait des globules de difFerentes grosseurs qui occasionnaient des inflammations lorsqu'ils se presentaient ä l'origine de vaisseaux d'un calibre trop petit. La congestion qui recon-naissait pour cause, suivant Boerhaave, l'erreur de lieu, reconnait pour cause, suivant M. Magendie, l'accident de presentation; mais il font remarquer que cela n'aurait lieu que dans les cas oü la|force du cceur est si affaiblie, quelle ne se fait [plus assez sentir dans les points eloignes pour vaincre ces legers obstacles.
La question des greffes animales tient ä la question de la maniere dont se fait le mouvement des globules dans
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256 les capillaires. Bichat l'atiribuait a la contraction de leurs parois; Harvey, Hunter, Glisson, ä une action spontance du sang. Les Allemands, avec leur imagination enthou-siasteet leur amour dumerveilleux, ont ecrit leschoses les plus singulieres sur la vie des globules. II paraitrait cependant, d'apres leurs travaux,que les globules auraient des mouvements propres; ils les ont vus se mouvoir dans une goutte de sang sortie de ses vaisseaux. Wolf, Müller, Döllinger qui se sont beaucoup occupes de ce sujet, ainsi que M. Schultz de Berlin, ont vu le sang osciller dans l'embryon de la poule avant qu'il n'y ait des vaisseaux developpes. Lorsque le cceur a cesse de battre chez un animal mort, on voit encore une oscillation dans les capillaires. M. Schultz, detachant une portion de mesentere de chauve-souris une heure apres sa mort, a vu le sang circular encore dans les capillaires.
Outre ces faits qui ne presentent rien que de possible, Döllinger et Döbereiner ont reuni de veritables reveries dont M Magendie fait justice dans son ouvrage,et que les esprits frangais repugnent a admettre.
Quoi qu'il en soit, ces mouvements spontanes qu'on ne pent pas meconnaitre expliquent certains cas de reunion de parties entierement separees du corps. L'exemple de greffe animale cite par Garengeot n'est pas le seul fait de ce genre qu'on connaisse. On peut greffer I'ergot d'un coq sur sa tete et son testicule dans le ventre d'une poulette. La transplantation des dents est bienconnue. On possede dix observations de doigts entierement separes qui ont repris, huit de nez, deux de lobes de l'oreille. La circulation capiilaire etnit encore entretenue dans les parties separees par les mouvements spontanes des globules, et pouvaitseretabiir
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257 ainsi, lorsque les parlies etaient exaclement nppliquees Tune contre I'autre.
L'etude de ces trois premiers elements du sang, la serosite, l'albumine et les globules, nous montrc quo Tobservation des phenomcnes de la coagulation n'est pas seule utile au veterinaire, quoique ce soil eile cependant qui nous fournisse les donnees les plus precieuses, comme nous allons le voir.
La fibrine — Pour bien etudier la fibrine il faul la prendre hors des vaisseaux quand eile se solidifie, mais il faul l'isoler de la matiere colorante. Si on se contentait de battre le sang ou de laver le caillot jusqu'a ce qu'il ne restäi que de la fibrine, on n'en aurait qu'unc idee fort incomplete; car la fibrine s'organise en quelque Sorte des qu'elle se coagule, du moins eile prend une forme lamelleuse et arcolaire. La meilleur maniere de l'obtenir consisle ä metlre dans une eprouvetle du sang mele a de l'eau sucree, laquelle empechant la dissolution des globules , rend leur precipitation plus facile en meme temps que la fibrine etendue dans un grand volume ne peut pas so resscrrer assez pour les envelopper. On voit alors dans l'eau sucree ce que M. Magendie appello le caillot nuageux, les filaments de la fibrine entrecroises de mille manieres, contraclant des adherences avec le vase, limitant des espaces plus ou moins reguliers, et constituant ainsi des cellules semblables a celles que le microscope nous montre dans les membranes orgnnisces de l'economie animaie. C'est ainsi que se fait la coagulation du sang; la fibrine en dissoluiion on en suspension dans la serosite, se solidifie en s'organisant, intercepte d'abord dans ses cellules les globules ct la serosite qu'ello exprime ensuite ä mesure qu'elle rcvient sur elle-
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258 meme. Cette retraction se fail plus ou moins, suivant des conditions peu connues.
On a pretendu que lu fibrine etait composee de globules; M. Mageudie n'en ajamais pu decouvrir, iln'a vu qu'une infinite de petites lignes sinueuses, ondulees et comme festonnees, placecs h cote les unes des autres. M. Blain-ville dit dc meme, la fibrine ne se coagule pas toujours sous cette forme. La couenne des medecins, le caillot blanc des vetcrinaires sont aussi une de ses nuances de solidification. Elle comient toujours dans ses mailies de la serositc albumineuse, et lorsqu'elle doit se former on apei coit du scrum jauoälre qui vient se reunir ä la surface du sang.
Berze'ius, MM. Prevost et Dumas, pensaient que le coagulum el ait forme par l'adherence des globules enlre eux. Nous savons ce qu'il faut penser de cette opinion. On ne pent pas songcr non plus k I'attribuer ä ralbumine ou h la gelatine. L'albumine, lorsqu'elle se coagule par les acides, la gelatine quand eile se re-froidit melee ä 100 parties d'eau, n'oflrent pas cette ap-parence celluleuse et organisee qu'a le caillot fibrineux.
Lorsqne par des saignees successives on cnleve en peu de temps toute la fibrine du sang d'un animal, et qu'on rein-jecte dans les veines ce sang dcfibiine, le sang ne peut plus se coaguler et la mort survient. Mais si au lieu dquot;eiiievcr rapidement la fibrine, on ne la separe que peu ä peu en dillerentes fois, le sang ne perd pas la facultc de se coaguler. Lorsqu'ä la fin la plus grande partie de la fibrine estdejä retiree du corps de l'animal, le sang extrait de la veine se separe encore en deux parties, l'unn liquide, l'autrc solide. La partie solide est un principe immediat, place sur les confins de la fibrine
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259 el Je I'albumine. Ce produil n'a pas le temps de s'organiser dans les soustractions rapides de la fibrine propre-ment dito. Le sang ne peut plus se coagnler, il y a piomptement des accidents graves. Ce produit inlerme-diaire, cetle pseudo-fibrine est plus abondante, mais molle,spongieuse, sans resistance; sa cassure loin d'etre nette laisse voir des filaments inegaux, et quoique ayant un plus grand volume, eile pese moins el surtout se bque-Ge comme Talbuniine a 60deg;.
On peut se demander quelle est la cause sous I'inQucn-ce de laquelle la fibrine est liquide dans les vaisseaux et se coagule dans les vases: suivant les uns eile est sim-plement en suspension, suivant d'autres eile est en dissolution. Mais la cause qui la retient en suspensionraquo; ou cclle qui la dissout sont encore inconnues.
II est plein d'interet de parcourir le cercle des princi-pales causes qui detruisent cette faculte de se coaguler ou qui la favorisent, car jusqu'ä present on n'en a trouve aucunc qui put rcndre au sang sa coagulabilite detruite. Chose singuliere, on trouve des causes de nature fort dif-ferenles, linfluence nerveuse d'un cöte, et de l'autre des corps dont la nature chimique est bien connue.
La compression du cerveaa rend le sang fluide, soit quelle ait lieu a la suite d'apoplcxie ou d'injections d'eau dans le crane dun animal. II en est de meme de la section des pneumo-gastriques.
Parmi les ditferenls corps qui la detruisent aussi, je ci-terai les miasmes, les virus, les venins dont la nature est encore inconnue. Quelques gouttes d'un liquide pu-tride injeclees dans les veincs d'un animal suffisent pour le tuer; mölces avcc du sang dans un vase, elles empA-cliont la coagulation. L'eftet est identique dans les vais-
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260 seaux et au dehors; le sang est noir, fluide et fetide.
Le sous-carbonale de soude non-seulement empeche la coagulation, mais fait meme subir un mouvement de decomposition; avec l'hydrochlorate d'ammoniaque ia ma-tiere colorante est dissoute, et il se forme des especes de coagulations partielles, sans consislance, analogues h Ia gelee de groseilles des pathologistcs; le caillot est peu resistant et contient beaucoup d'eau dans ses mailies. Le nitrate de potasse dissout aussi la matiere colorante.
Les acides sulfurique, acetique, tartrique, ainsi que Ia potasse et lammoniaque empöchent la coagulation. Cette liquefaction du sang par l'acide sullurique indiquerait qu'il ne fauf pas I'employer centre les hemorrhagies; mais remarquons qu'on ne l'emploie que pour resserrer les vaisseaux et faire contracter les tissus. Cependant il serait peut-etre convenable de substituer ä cet acide quelquc autre hemostatique. Le sous-acetale de plomb prccipite l'albumine sans agir sur la fibrine.
Les agents qui favorisent la coagulation sent en premiere ligne le sei marin, le chlorure de sodium, qui avec du sang veineux donne un caillot ferme, resistant et de couleur arterielle. Cette qualite precieuse du sei sert peut-etre ä expliquer en partie les services qu'il rend pour l'alimentation des animaux, et comme tonique. II remplace en quelque sorte le proto-iodure c'e fer si employe maintenant en medecine humaine.
Le chlorure de barium (hydrochlorate de baryte); l'iodure de potassium (hydriodate de potasse), Temetiquo ont une influence analogue.
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CHAPITRE 111.
FOHME PAIlTICCLlfeRE laquo;JÜE BEVETF-NT LES CONGESTIONS , LES INFLAMMATIONS , LES HEMORBUAGIES ET LES VICES I)E SECRE-T!ON.
J'ai dejä parle plusieurs fois dune Serie de desordres qui ctaient la consequence necessaire des changements survenus dans la coagulabilite du sang. La production de ces lesions anatomiques a ete expliquee par les recherches de M. Magendie, auquel il faut toujours recourir pour ce qui concerne les alterations du sang considerees d'une maniere philosophique.
Ses experiences ont ete fakes sur des chiens; elles nous appartiennent a ce litre, et tandis qu'il faut un travail d'induction et de comparaison pour en tirer quelques conclusions relatives h rhomme, les conclusions, pour nous veterinaires, se tirent des experiences elles-memes.
Elles ont eu toutes pour but de liquefier le sang, d'abandonner les animaux ä eux-memes et d'examiner la nature des desordres organiques qui se seraient produits. Elles ont etabli ce fait, que la vie est impossible avec un sang completement incoagulable, et qu'en general une maladie est d'autant plus dangereuse que le caillot sanguin est plus petit, plus mou et plus friable. Dans les experiences, la fluidile du sang a ete obtenue par differents moyens, tels que la defibrination, les injections de sous-carbonate de soude, de serum humain et d'eau putride dans les veines.
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La döfibrination consiste ä extraire, par plusieurs sai-gnees succcssives, une grande quanlite de sang qu'on reinjecte, apres en avoir prealablement soustrait la fibrine en battanl le sang avec une poignee de verges. Gelte operation a etc faite sur plusieurs chiens. Chez Tun, des troubles fort graves se sent declares; l'animal a suecombe en peu de ternps. Le sang etait epanclie dans tous les or-ganes et particulierement dans 1c poumon auquel il a donne l'apparcnce d'un vastc caillot.
Un autre, a qui on avail extrait d'un coup une quanlite considerable de fibrine, a presente les symptomes sui-vants: pouls petit et miserable, respiration halelante; divers rales se font entendre dans la poitrine. II a refuse de manger, quoiqu'on lui ait presente des aliments appe-tissants. Les poils sent tombes au nivcau de plusieurs articulations. Dans les points oü la peau est ainsi decouverte, on apergoit des laches brunes, semblables a des eccliy-moses et qui ne disparaissent pas par la pression du doigt. La conjonctive est tumefiee, reconvene d'un enduit ver-dalrc; la cornce transparente presente des ulcerations superficiclles a fond inegal. Une chose assez remarquable, e'est qu'on a constate dans la plupart des cas qu'un des yeux ctait plus ma'ade que I'aulre.
II y avail, en outre,des selles sanglantes, de la prostration generale, de la tendance au coma; tous Jes organes paraissaient malades.
Les memes symptomes s'observent chez les chiens aux-quels on injecte dans les veines du sous-carbonate de soude, lequel a, comme on le sail, la piopriete d'empe-cher le sang de se coaguler. La dose du sei est, suivant la force desanimaux, de 20, 23 a 30 grammes.
La cornee devient bientot opaque, ses lames supcrfi-
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263 delles s'entament. La pcrte d'app^tit esl complete; les selles sont aqueuses et brunätres , comme si du serum ct de la matamp;re colorante s'eiaient exhales ä la surface de rinlestia. Les rales muqueux et sibilant se font entendre. le caillot des saignees exploratrices cst petit, friable, ct se dechire facilement. Les pulsations arterielles ont une tres-grande frequence et la dyspnee est considerable. Lo sang s'ccliappe par les narines, el la debilite est absoluc.
On rencontre a I'autopsie les lesions suivantes. Le pou-mon s'affaissc pen ä l'ouverture de la poitrine 9 sa surface estd'un rouge brun; lo tissu esl plus doux, moins aere, pen susceptible de dilatation et do resserremcnt. Le coeur no contient pas de caillots, mais des grumeaux ä dcmi solides qui ressetnblent a la gelee de groseillus; la membrane interne du cocur et des arteres esl imbibee de sang.
Les fievres offrent un epancliemcnt sero-sanguinolent qui rappelle assez la forme des pleuresies hcmorrhagiques. II en est de memo du peritoinc; la surface des organes confenus dans labdomen cst colorce en rouge. Les reins et le foie sont pleins de sang, et la rate forme une masse compactc et homogene. On trouve des epanchements san-guins entre lestuniques du tube intestinal; la sereuse est soulevee par de petites ecchymoses tantot confluentes lantöt isolees. Sur la muqueuse de l'intestin , les vaisseaux pleins de sang dessinent des cylindres rougeäires qui se croisent de mille manieres dans toutes les directions, et de larges plaques folliculeuses s'y etalent; les corps ca-verneux mßine sont distendus par une quantite notable d'un sang liquide.
L'injection de dix onces do serum humain dans les vei-nes a produit sur le sang d'un chien le meme desordre que le sous-carbonate de soudc. C'est sans doute la pro-
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2U sence dans ce liquide de sels alcalins qui en a etö la cause. Le sang etait si bien devenu liquide, qu'en pendant le ca-davre de l'animalpar lespaltes dederriere,etenouvrant uno veine du cou, tout le sang s'est echappe par ce point, et il n'est resle que quelques legers caillols semblables h de la gelee de groseilles. Les lesions de l'organe respi-ratoire ont ete peu graves, tandis qu'elles le sont ordinai-rement beaucoup lorsque la mort est instantanee,parce qu'elle survienl alors par asphyxie. Le fluide cephalora-chidien etait colore en rouge.
En injectant de l'eau dans les veines, on determine des troubles nerveux, des trembleraents, des mouvements involontaires, des signes comateux, des convulsions teta-uiques. On trouve ä l'autopsie, du sang epanche sous le feuillet interne de raracbnoide; ce qui explique les troubles des fonctions cerebrales.
L'acide oxalique etl'eau putrefiee ont ete essayees aussi sur plusieurs animaux, et leur injection a produit les lesions suivantes :
Trente-cinq centigrammes d'acide oxalique dans deux onces d'eau sont pousses avec precaution dans la jugu-laire d'un chien; il est pris de dyspnee apres I'operation et est mort le lendemain. Le poumon ne s'est pas affaisse ä 1'Ouvertüre du thorax ; le sang de Tariere pulmonaire est noir et liquide; tout le poumon est distendu par le sang, ce qui prouve que la mort a düarriverpar asphyxie. Quant ä l'eau pulride, eile a cause la mort un jour apres I'operation. Le sang est liquide, noirälre, poisseux;le poumon conserve son elasiicite, le coeur n'oflre rien de particulier. Les lesions principales sont du cote du tube digestif. Les intestins sont noircis; leur paroi interne offre une veritable transsudation, en partie coustiluee par de la
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265 mature colorante et qui explique les selles sanguinolenles qui ont ete cbservees pendant la vie de cet animal.
Celte maiiere, couleur lavure de chair, adherente a la surface de l'intestin sous forme de gelee, a ete etudiee avec soin. On a reconnu qu'elle n'etait que de la fibrine contenant de la matiere colorante. Celte fibrine n'etait pas coagulee comme a son ordinaire sous la forme de filaments , mais eile etait composee de parcelles de formes irregulieres, de particules agglomerees et sans configuration. MM. Prevost et Dumas avaient etabli autrefois que cette matiere epanchee a la surface de l'intestin, etait for-mee par les globules, parce qu'ils croyaient que les globules etaient constitues par la fibrine.
L'action du pus sur la coagulation du sang a ete aussi examinee, mais hers des vaisseaux et dans des vases. II a ete constate que le pus epais, cremeux, celui qu'on appelle louable, ne s'oppose point ä la coagulation; mais que le pus sereux, le pus grisätre, I'empeclie; ce qui s'accorde assez avec ce qu'on a decrit des resorptions purulentes qui n'ont pas lieu tant que lepus reste louable et inodore; de sorte que par lui-meme le pus n'est point dangereux; il n'a d'action deletere que par les principes particuliers qui peuvent se developper dans son Interieur. M. Bonnet est arrive aux memes resultats par une autre voie, I'analyse chimique, qui lui avait demontre que le pus normal contenait tous les elements du sang et qu'il ne pouvait pas exercer d'action chimique pernicieuse. Cependant, comme ses globules sont gros, on conc-oit qu'injecte dans le sang il pourrait causer des obstructions mecaniques, accidents bien differents des symptomes graves de ce qu'on appelle resorption purulente.
Si maintenaut nous cherchons a interpreter ces cxpe-
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2fi6 rionccs, nous nous aperceyrons d'abord que, quelle qu'nit ctö la cause qui a produit la fluidite du sang, les difle-rentsdesordres anatomiques ne s'en sont pas moins pro-duits avec unc grande regularile.
Lorsque la mart snrvient rapidement au bout de qucl-ques beures, on est sür qu'elle est arrivee par asphyxie, par infiltration sanguine du poumon et obstacle a la circulation. On trouve en effet cet organe tantot penetre dun sang tout h fait liquide, tantot contenant une gelee scmi-liquide qui est une coagulation incomplete; Ics autres organes peuvent encore conserver leur structure ä peu pres normale.
Si la vie se prolonge plus long-temps, le sang penamp;re de nouveauxtissus, il s'öpanclichors dcses vaisscaux par imbibition, dans les cellules des difierents tissus. Aprcs le poumon, le lube digestif, le foic et la rate sent les organes qui sont le plus gcneralement attaques avec les organes de la vue.
Cette circonsiance de lesions du cole des yeux dans tous les cas oü le sang est primilivement altere soil par la nutrition soil par la defibrinalion, est un faitd'ungrand inlcrct. 11 scrait important de savoir sil n'y a pas quelque predisposition a celte lesion dans la conslilulion de l'es-pece du einen, comme il y a une grande frequence dans le cheval pour les congestions de la pituitaire.
Dans deux series d'experiences on a trouve aussi des lesions du cote du cerveau, Tinjeclion des membranes, TaUeration du fluide ceplialo-rachidien,
J'oubliais de signaler une lesion des plus remarquables el des plus constanlcs, des pelechies, des ecchymoses äla surface de la peau, qui ctablisseni I'analogie la plus frap-
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2G7 pante entre ces elats d^veloppes arlificiellemenJ. chez les chiens el les fifevres typhoides de l'homme.
Enfin une derniere remarque, c'est que le sang et le cadavre des animaux defibrines se decomposcnt lres-ra-pidement, comme dans les typhus; ce qui montre d'abord limportance dcla fibrine comme element conservateur de i'economie, et ce qui resserrc encore I'analogie entre les typhus et les etats que nous etudions et qui out tous deux une racine commune., la non-coagulabilite du sang.
Le poumon est done le premier organe sur lequel ie sang, prive dc la propriete de se solidifier, excrce son action. Cet organe clant compose presquc cxclusivement de valsseaux recevant achaque instant une quamite tres-considcrable de c-ang, elant soumis a des mouvcmenls al-ternatifs de resserroment et de dilatation, on concoit que le sang s'y infiltre d'abord avant dc s'epanchcr dans les aulres organes. C'est, ä mon avis, une tres-bclle decou-verte que l'explicaiion de ces engouements pulmonaires qui appartiennent aux elats typhoides. Le fait en avail ete onirevu par Iluxham, medecin anglais, qui constate que : laquo; II lui est arrive plusieurs fois de voir des personnes dont le sang ctait acre et dissous., atlaquees de fievrcs puhnoniques et pleuro-peripneumoniques (de pneumonile el de pleuro-pneumonite). Cela arrive frcquemment aux gens de mer atlaques du scorbut. raquo; — il est certain que rengouement pulmonaire et les rales qui le caracterisent, existent aussi bien chez Thomme que chez les animaux, el sont un des caracteres les plus constants des etats typhoides.
II faul rapprocher de ce que nous venons de voir les pneumonies intercurrenles qui se developpent pendant la convalescence des animaux, con(re les maladies desquels
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on a employeuntraitemenlanliphlogislique tres-^nergique. Leur sang abondant seulement en serosile s'infiltre dans le poumon par un mecanisme semblable h celui de ces imbibitions qui ont etc produites dans les experiences.
Ces reflexions serviront encore ä eclairer sur les dangers de la methode que suivent beaucoap de veterinaires dans le traltement des fluxions de poitrine, des pneumo-nies et des pleuresies, oü ils saignent sans mesure., comme je l'ai vu avec peine dans les observations rap-porteesdans lesjournaux. Que Temetique soil supportc a haute dose lorsqu'on a ainsi epuise l'economie, je le congois bien; mais cette methode est toute mecanique et bien eloignee de la savante methode des praticiens qui leur fait reconnaitre le petit nombre des indications des maladies.
Nous avons vu que lorsqu'un principe deletere etait introduit dans l'economie, comme dans les experiences faites avec I'eau putride, le lube digestif etait le premier et le plus fortementattaque. Nous savons qu'ilest la prin-cipale voie d'elimination de ces substances.
Les experiences nous ont montre ce qu'il y avail de mecanique en quelque sorte dans la production des selles sanglantes, de la dysenteric, de la maliere iavure de chair ä demi-coagulee a la surface, qui sonl le resultat de l'imbibition ä travers la muqueuse intestinale de la serosile du sang el de la maliere colorante el de la demi-soli-dificalion de la fibrine, qui a perdu ses caracleres ordi-naires de se presenter sous la forme de filaments, el qui esl composee de globules amorphes el tout ä fait irregu-lieres.
Ces experiences eclairent d'un jour nouveau la question des ctats lyphoides consideres dans leurs lesions analo-
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269 miqucs; dies moutrent la dependance elroite oü ces lesions sont par rapport ä l'etat du sang, le mecanismo suivanl lequel elles se produisent. Elles donnenl Fcxpli-cation de la coincidence de plusieurs phenomenes palho-iogiques, tels que la congestion simultanee du poumon et du tube digestif. La seule fluidite du sang cxplique tout; il est demontre que les solides peuvcnt jouer un role tout a fait inerte et passif; que les lois physiques, rirabibilion dans les tissus les plus riches en vaisseaux ct dans les points declives, suffisent a expliquer un certain nombre de fails,
Gardons-nous cependant de trop generaliser les fails ; ils pourraient ccnduire a. des idecssingulierementfausses en pratique, deduites dune maniere exclusive, par des esprits plus habitues ä suivre les cnchainements logiques des idees que les formes variees de la realite; ils tendent äeffacer de la theorie des maladies typho'ides, les considerations qu'on appeile vitales, c'est-a-dire celles qui se tirent de l'action du Systeme nerveux et de l'ensemble des forces, et ä leur substitucr des explications fondees sur les lois physiques ou chimiques.
Ainsi la congestion ne serait plus qu'une siase passive du sang dans les vaisseaux d'un organe ; l'inflammaiion qui differe de la congestion en ce qu'il y a arret de la circulation , serait une imbibition passive d'un liquide fluide et dissous, ou bien qui offrirait cette der-niere solidification en forme de gelee de groseilles dont j'ai parle plusieurs fois. Dans l'hemorrhagie, plus rien d'aelif, le sang s'ecoule a travers lesinterslicesdes tissus, a la surface des membranes et des cavites; enfin les hy-dropisies et les autres vices de secretion consistent dans une simple filtration des elements les plus sereux du sang
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par les surfaces secretoires qui ne leur font plus subir d'elaboration, comme dans le cas de ces hydropisies arti-culaires survenues chez l'homine ä qui on avail injecte dix litres d'eau dans les veines.
Ces phenomenes se passeraient d'une maniere meca-nique et passive au milieu des tissus qui resteraient inertes. Toute indication therapeutiquesefonderaitsur les liquides seuls; le praticien n'aurait que faire d'adresser ses re-medes aux solides, 1'unique chose ä faire serait derendre au sang sa coagulation premiere. Ainsi le mieux dans les maladies typhoides oü le sang est fluide, est de resler dans I'expectation la plus reservee, ä moins qu'on ne puisse agir sur le priucipe de tous les desordres.
Touic la therapeutique de ces maladies est renvers^c enmeme temps; le probleme veritable est desormais cclui-ci : laquo; chercher un moyen de restituer au sang sa coagulabilitc detruite. raquo; Or, comme la chimie n'a fourni jusqu'a present que les moyensde detruire celte propriete et pas encore celle de la rclablir, il n'y a qu'ä abandonner les malades ä la nature.
Teiles seraient les consequences que Ton pourrait tirer des experiences que j'ai analysees, et j'ai regret ä le dire, ces idees ne laissent pas que do se repandre, trouvant un appui dans les tendances de l'ecole de Paris ä localiser ct a expiiquer d'une maniere mecanique.
Quoi qu'il en soil, apres avoir fait sentir ce que ces idees avaient de vrai, d'appiicable a la medecine,et appre-cie leur importance reelle, il convient de les restreindre dans leurs justes limiles et de no point s'ccarter des ve-rites pratiques qui sont le crilcrium, la pierre de louche des travaux systcmaliques. Dans ce qui est du ressort de la vie. Unites les questions ont une double face; loutes
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271 pcuvent s'expliquer en panic par les lois physiques , et cependant quand on croit avoir tout explique ainsi, voila qu il faut reconnaitre quelque chose qui n'est plus en rapport avec les lois physiques, mais avec des lois d'un ordre difTcrenl et qu'on appelle vitales. C'est li le noeud de la difficulle reelle de la medecine.
Ainsi la coagulabilite du sang est detruite par des agents chimiques, par les alcalis. II semble que c'est un phenomene du meme ordre, et voilä que la section des pneumo-gastriques ou la compression du cerveau rendent le sang fluide. Pour rinflammaiion, on en produit les pbe-nomenes dans I'ceil par la section des nerfs de rocil, par le froid, par la chaleur; on pourrait croire que les causes physiques seules peuvent la produire , et cette idee est emise en effet; qui niera cependant que l'obstruction des capillaires par oil commence I'inflammation , ne soit pro-duite par le Systeme nerveux lui-meme , qu'il ne s'associe aux changements qui surviennent dans las solides, et qu'il ne soit en quelque sorte le thermometre d'apres lequel on pent jugerdel'intensite des desordres locanx, quoique cos desordres locaux se passent dans le Systeme capiliairc et soient sous l'influence de lois physiques ?
II y a un juste milieu a saisir en medecine sans lequel on tombe dans des theories exclusives qui ne rendent plus compte des elements si complexes des actes de la vie. Les praticiens savent cela mieux que personne, et je ne crains pas d'etre dementi par eux.
Les choses ne se passent pas dans les maladies commc dans les experiences. Dans les casoü l'alieraiion du sang est piofonde, il penctre dans I'economie un principe particulier qui donne ä la maladic une physionomie spe-dale; c'est ainsi quo les charbous qui surviennent dans
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272 lös typhus ne pcuvent pas s'expliqner par la seule flui-dite du sang; il y a un effort particulier qui pousse le sang vers certains points de la peau, et qui se fait par I'intermediaire oblige du Systeme nerveux, moteur apparent de i'organisme. J'en dirai autant du mal de tete de contagion, de cette congestion vers la tele et la pituitaire qui est aussi le resultat d'un travail actif. En meme temps se montrent, au milieu de ces phenomenes produits d'un travail actif, les phenomenes passifs lies ä la fluidite du sang, les ecchymoses, les hemorrhagies , les congestions du poumon et du tube digestif. Eh, bien ! ces dernieres memes ne sent pas toujours ainsi passives; loin de lä. Quoiqu'elles puissent souvent 6tro reifet de la fluidite du sang, une fois etablies il se developpe avec elles ces premiers symptomes nerveux que nous avons vus associes ordinairement aux inflammations franclies, la douleur et la reaction generale , et alors elles deviennent clles-memes actives et une nouvelle source de perturbation pour I'eco-nomle.
La fifevre muqueuse, connue sous le nom de maladic des jeunes chiens, nous offre des applications encore plus faciles de ces principes generaux. Quoiqu'il y ait dans presque lous les cas un fond commun d'anemie et de constitution lymphatique, les lesions organiques predominent dans divers points, suivant les predispositions ou les causes occasionnelles qui ont pu agir sur ces animaux. Soixante-six chiens sont entrcs en 1836 dans mon service pour etre trailes de cette maladie. Quatovze n'ont pre-sente aucune predominance particuliere; sur sept aulres les intestinsetaientprincipalement affecleset douloureux. Dans quatorze autres e'etaient les muqueuses naso ou conjonctivo-pulmonaires; dans un seul cas il y a eu ulcc-
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ration de la cornee. Quinze phiens ou chiennes ont präsente en memc temps des symptömes du c6te des voies respiratoires et digestives; et sur dix, !es symptömes nerveux ont ele surtout developpes, et presque tons suivis de choree. Enfin les trois derniers sont morts au bout de deux jours avec les symptömes adynamiques les plus prononces.
On ne pent done pas meconnaitre Faction du Systeme nerveux et des mouvements actifs de ce Systeme qui poussent le sang dans certaines directions de preference. Mais outre celte predominance de l'etat local dans certains points, les symptömes de reaction varient prodigieu-sement, ainsi que je l'ai demontre au commencement de cet article. L'alteration du sang n'est jamais au mSme degre dans les divers animaux, et Faction nerveuse plus ou moins excitee entretient elle-meme dans les organes plus ou moins d'excitation.
Ces principes de pathologie generale nous permettent d'etablir les bases d'une therapeutique active et ralion-nelle, dontj'ai pose les premiers elements ä propos des indications de l'etat typhoide, therapeulique bien diffe-rente de celle oü nous conduisaient les ideas trop rigou-reusement deduites des experiences sur la defibrination du sang, etc. etc., quoique nous ne meconnaissions pas non plus ce qu'elles ont offert de juste; seulement j'ai voulu demontier qu'il n'en etait pas ainsi dans tons les cas, et que dans ceux m^mes oü les choses se passaient de cette fagon, la reaction nerveuse ou la nature mamp;me de la maladie imprimaient i I'affection une physionomie particuliere.
Je me suis efforce dans ce travail de donner une idee exacte des grands travaux modernes sur les alterations
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374 du sang, de montrcr ce qu'il y a de commun ä toutes, et d'expliquer la theorie de leur formation. Les connais-sances theoriques sur la nature des maladies typhoides en resolvent une vive lumiere, mais la therapeutique n'cst point diangeo, et il faut encore avoir recours a nos pares.
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CHAPITRE IV.
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MALADIES GENEBALES AVEC MODIFICATION DANS tES PHOPOBTIONS DII SANG On DE SES ELEMENTS.
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Les id^es que j'ai exposees dans ces trois premiers chapitres^ pourraient peut-etre paraitre trop abstraites si on n'entrait pas dans quelques applications qui en fissent comprendre I'esprit. C'est done dans ce but seule-ment que je presente une description des principales maladies epizootiques dans lesquelles Talteraiion du sang ne pent etre meconnue; de la sorte on saisira la physio-nomie de ces maladies et on la reconnaitra facilement en-suite, meme dans lescas oü elles se presenteront isolees et sporadiques. Elles out leurs symptomes distincts bien ca-racterises comme les inflammations franches ont les leurs; il est done fort important de bien s'en penetrer.
J'ai divise ces maladies en deux classes, Tune qui com-prend celles dans lesquelles il y a seulement modification dans les proportions du sang; dans les affections gene-rales de l'autre, H y a alteration du sang par introduction de principes deleteres. Chacune de ces deux classes est elle-raeme divisee en quatre ordres.
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PBEMIEB OBDBE.
Maladies caractirisies par des ipanchements sireux et par la production d'entozoaires.
Los maladiesde cet ordresont lapourriture, la phthisie vermineuse du boeuf, le tournis et la ladrerie. Elles sont enzootiques, c'est-ä-dire propres ä certains pays; mais comme elles doivent naissance , soil h l'etat du so!, soil ä la qualite de la nourriture ou au regne d'une constitution atmospherique, il est rare qu'un seul animal en soit atteint; elles sont en meme temps epizootiques.Toutes sont remar-quables par le peu d'acuite de leurs symptdmes, par la len-teur deleurmarche etparleurduree. Lorsqu'elles se sont prolongees depuis 30 a 40 jours jusqu'a 5 ou 6 mois, il devient difficile d'en obtenir la guerison, et cependant ce n'est le plus souvent qu'ä celte epoquequ'onlesreconnait. Aureste lesmoyensde la medecine sont ä peu pr^s inii-tiles pour elles; le changement de localites, une meilleure saison et une temperature plus douce sont les moyens sur iesquels ilfautle plus compter. On doit peu compter aussi sur des effort critiques et sur une cure spontanee de ces maladies.
Causes. — Les lieux qui sont naturellement humides, marecageux ou qui le deviennentä la suite d'inondations, l'usage des vegetaux qui croissent dans de pareilles localites el qui sonl ligneux, pauvres en principes feculents et au contraire abondamment pourvus d'eau de vegetation, peu digeslibles et quelquefois stimulants en meme temps, ou bien l'usage d'aliments mal recoltes ou älteres pendant les mauvaises annees, la penurie des vivres en hiver, I'habitation dans des logements mal formes, humides et
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'i76 nialsains , sont les conditions au milieu desquelles se de-vciloppent ces maladies.
Le resultat commun de l'action de toutes ces causes est daugmenter la proportion de serum aux depens de la fibrine et de Ihematosine. Nous avons vu qu'il fallait qu'il existat un certain rapport entre ces elements; autrement la coagulabilite sera diminuee, parce que la fibrine elle-mömc sera en moindrequantite; or plus cette propriete sallaiblitjplusle sang tend äs'infiltrerpassivement.Comme dun autre cote nous savons que lorsqu'un des elements du sangpiedomine , les secreteurs tendent ä l'eliminer, ce qui constitue une diathese, nous concevrons d'autant mieux ce qui doit resulter de cette double action. Mais je reviendrai sur lemecanisme des maladies de cette classe apres en avoir trace les principaux traits.
La pourriture est plus frequente chez les betes ovines que dans les autres especes, parce que ces animaux sont reunis en grand nombre et exposes aux memes causes de maladies. Lesboeufs qui presentent les memes conditions en sont pourtant preserves plus long-temps, parce que leur organisation est plus robuste et que leur poiln'est pas comme la laine du mouton, propre ä garder aussi long-temps l'humidite. Lesboeufs n'en sontfrappes que lorsque les causes deviennent plus intenses et plus generales^ on voit alors la maladie d'enzootique qu'elle est ordinairement, sortir de seslimites ordinaires, devenir epizootique, se inontrer dans l'espece du boeuf, chez les cheraux jeunes ou vieux, mal nourris et faibles, et plus tot encore chez les lapins, les lievressauvages, la volaille.
Les caracteres les plus generaux sont: la faiblesse ge-nerale, la lenteur des mouvements, la diminution des forces musculaires, de la digestion et de la rumination ,
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277 la decoloration des lissus exterieurs, la sechercsse de ia peaa et de la laine, la diminution de la secretion follicu-laire de la ipeau qu'on nomine suint, et sa dessication dans les endroits du corps oü il est secrete en abondance. Les moutons qui jouissaient d'un certain embonpointavant la maladie, semblent ä son debut s'ctre promptement en-graisses, quoiqu'en general la maigreur survienne rapide-ment dans toutes les especes. On a cru avoir remarque dans le premier temps de la duree de celte maladie, quel-ques signes de reaction annonces par la chaleur et la coloration de la muqueuse desyeux et de la bouche, par la soif, par un peu de constipation et l'injection des oreilles.
Passe cette epoque dont la durde ne peut etre precises, la faiblesse generale, la decoloration des tissus et la maigreur font des progres; linlillraiion cellulaire commence sous la gorge, entre la mächoire et le cou , oü Ton voit se former une tumeur oedemateuse, appelee vulgairement bouteille, qui disparatt pendant la nuit et se reproduit le jour par la position de la töte au paturage. Alors la laine est peu adherente ä la peau, resiste peu i la traction et s'en detache par masses. L'oedeme fait des progres, s'amp;end aux joues el devient permanent. Les belemenis et '-es mugissements sont rauques et sourds, le venire s'arrondit et s'abaisse par la formation de 1'bydropisic abdominale, et Taugmcntation de son volume contraslt; avec la maigreur du corps. La soif augmente, I'appetit esi nul ou presque mil, ou s'il persiste, la digestion se trouble conune I'annonce le ballonnement des flancs.
Vers les derniers temps, toutes les muqueuses four-nisscnt plus ou moins abondamment un mucus presque sereux; il ya epiphora, coryza, bave, diarrhec.Des cn-tozoaires se dcveloppcnt lt;iucl(|ucfois dans les bronchos
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278 (filaires), dans le parenchyme des poumons (hydatides), dans les intestins et las canaux biliaires (ascarides, strongles^ i ami as, douves ou distömes). Les animaux, pendant leur maladie, devienneht accessibles aux epi-zoaires, recoivent dans les sinus de la tßte les larves de l'cestrus ovis; on voit quelquefois eclore des milliers de poux sur leur peau, et d'autres fois I'acarus scabiei s'y loger; suivant le siege qu'occupent ces produits organises ou ces parasites, les fonctions eprouvent divers troubles, comme des ebrouements, de la toux,des indigestions, descoliques, I'ictere par obstruction des conduits de la bile, des mouvements nerveux, jusqu'a ce qu'enfin le sang etant appauvri, les difierents systemes et appareils de l'econoniie profondement debilites, la mort survienne par epuisement, sans convulsion etsansdouleur apparente, en mcme temps que la serosite infiltree sous la peau est resorbee.
Quelques veterinaires, s'auachanta un des accidents, ä une des complications de cette maladie, la presence de filaires dans les bronches des grands ruminants, ont voulu en faire une espece particuliere de maladie, sous le nom de phthisic vermineuse du boeuf. Cette pretendue phthisie n'est autre chose, ä mon avis, que la pourriture. On la voit naitre plus particulierement chez les jeunes et les vieux animaux, maigres, faibles, mal nourris, habitant des localites humides, päturant en des lieux voisins des rivieres, des etangs, des marais, oil l'air est humide et les vegetaux ligneux, fades, insipides et fort aqueux, et dans les Saisons oü regne un froid humide, en automne, en hiver et quelquefois au printemps. Seulement, dans cette forme de la pourriture, revolution des entozoaires nes primitivement dans les bronches, ou developpes
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279 d'abord dans le tube intestinal et penetrant ensuite dans les broncbes, parait s'operer a une epoque un pen moins avancee de la maladie, avant que les infiltrations sereuses et raffaiblissement des forces ne soient operees et n'aient 6te toute possibilite de guerison.
Le tournis et la ladrerie me paraissent etre aussi de m^me nature. IIs reconnaissent encore les mcmes causes, et si le tournis est d'une moindre duree que la pourriture et la ladrerie, cette difference me semble tenir unique-ment au siege de l'entozoaire, qui se developpe dans le cräne et com prime le cerveau.
Ces quatre maladies laissent ä peu pres les mömes de-sordres anatomiques,tels que: 1deg; la päleur el la flaccidite des chairs; 2deg; l'infiltraiion de la serosite dans le tissu cellulaire et des epanchements dans une ou deux des cavi. les sereuses; 3deg;la presence d'entozoaires dans differentes parties du corps; 4deg; la fluidite du sang ct la facilite avec laquelle la serosite se separe de la partie cruorique.
Si nous nous demandons maintenant quels sont les elements dont se compose cette classe de maladies, nous verrons qu'ils sont de deux sortes: 1deg; une alteration du sang, 2deg; des vices de secretion; que l'alteration du sang consiste dans un exces de serosite, et par consequent dans la diminution relative de la fibrine et de l'hematosine; de lä la fluidite du liquide sanguin et la tendance aux infiltrations passives par imbibition, dans les parties declivcs d'abord, comme la tumeur dite bouteilie le montre. Quant aux vices de secretion , on ne pent les meconuaitre ; les epanchements sereux dans les caviles et le developpement d'entozoaires et d'eclozoaires etablissent suffisamment leur existence.
Les symptomes correspondent parfaitement a cet etat.
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La faiblessc generate dös 1c debut, la decoloration des tisstis, la formation d'oedemes, la facilite avec laquelle la laine se laisse arracher; tout annonce un trouble general de l'organisme qu'on ne peut localiser en aucnn organe, mais qui les frappe tous ü la fois.
DEUXIEMB ORDHE.
Maladies caracUrisies d'abord par un itat sireux du sang comme dans le premier ordre, et ensuite par des hemor-rhagies actives ou passives sur diverses surfaces.
Ces maladies sont connues sous la denomination gene-rique de maladie rouge, maladie de sang, et suivant les localites oü elles regnent plus particuliercment, de maladies de la Sologne, de la Beauce, etc.. Quoique genera-lement epzootiques, elles peuvent, sous 1'influence de circonstances favorables k leur developpement, devenir öpizootiques, s'amp;endre ä de plus grandes surfaces de territoire et frapper les grands ruminants qui pour l'or-dinaire y restaient etrangers, comme je l'ai deja dit pour la maladie precedente, tandis que dans l'ordre suivant les grands animaux sont d'abord attaques.
La plus faible connaissance des lieux oü on les observe fournitla preuve que ces lieux sont bas, humides, glai-seux et conservant l'eau, pauvres en produits, oü les animaux, nourris toute l'annee au päturage, n'y trouvent, pendant la mauvaise saison, que des herbes de qualite inferieure; que, ne recevant presque aucune nourriture dans les habitations, ils eprouvent beaucoup de privations et deviennent fort maigres; qu'au printemps, lors de la nouvelle vegetation,la nourriture abondante qu'ils ren-contrent les fait passer de l'etat de maigreur oü ils etaient
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281 ä un engraissement rapide, et qu'ils contraclent alors un etat plethorique. J'aiparle longuement, ä propos des congestions, des inconvenients qui resultaient de ce passage rapide de l'anemie ä la plethore, et dont les consequences inevitables sont la production de congestions et d'hemor-rhagies vers divers organes. Elles se font tantot dans le cerveau on ses membranes, comme dans la maladie follc de la Beauce, tantot dans les parenchymes abondants en vaisseaux, la rate et le foie , comme dans le sang de rate; tantöt a la surface des muqueuses nasale, pulmonaire et intestinale, comme dans la maladie de la Sologne; ou enfin par les organes secreteurs de l'urine, comme dans Fhematurie des pays meridionaux.
Quelle estla cause de cette diversite dans le siege des congestions et des hemorrhagies ? on I'ignore encore. On comprend mieux la rapldite de la marche de ces maladies par la connaissance de leur siege. La mort arrive d'une maniere soudaine quand la congestion porte sur la rateou le cerveau; la congestion et l'hemorihagie par les muqueuses respiratoires, permettent au moinsS ou 10 jours de vie. Quoique les reins ne soient pas des organes aussi essentiels h la vie que le cerveau, la mort arrive presque aussi rapidement par Fhematurie que par la congestion cerebrale. C'est qu'il y a encore souvent congestion sple-nique ou cerebrale et hematurie en meme temps.
Ces maladies se partagent en deux temps: Tun pendant lequel les causes debilitantes exercent leur aötton, ren-dent le sang sereux et peu coagu!able,et I'autre qui correspond a cet engraissement rapide, a cette plethore brusque a la suite de laquelle se declarent les congestions et les hemorrhagies. Les autopsies viennent le demontrer. Ces animaux qui perissent au milieu de la same, en appa-
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282 rence la plus florissante, offrentdes lesions des solides et im etat du sang qui montrent qu'un etai aigu s'est ente en quelque sortamp;surunetat chronique.Äinsi outre les injections sanguines, lesecchymoses, etc., qui appartiennent a la seconde periode de l'affection, on trouve des epan-ckements sereux dans les cavites, des douves dans les conduits biliaires, les ganglions mesenteriques tumefies, traces dun etat plus ancien.
II n'en est pas cependant ainsi de la maladie de la Beauceet de l'hematurie dans tous les cas; sou vent au contraire, c'estpendant les fortes chaleurs de lete, lors-que la nourriture est trop abondante ou trop stimulante et que les eaux sont rares, qu'on les voit se developper. II faut meme ajouter ä ces causes l'influence des emanations marecageuses qui donneraient lieu a une alteration du sang. II est certain du moins que c'est ä cette cause qu'il faut attribuer le sang de rate desboeufs, dans lequel-on observe quelquefois le developpement d'exanthemes charbonneux, un des signes les plus flagrants des affections typhoides.
Les elements morbides de ces affections sont done pour la premiere periode une alteration du sang caracterisee par la predominance de la serosite et differents vices dc secretion; pour la seconde une alteration du sang caracterisee par une augmentation rapide de sa quantite, e'est-ä-dire une plethore avec l'espece de fievre inflammatoire qui raccoTRpagne et des jetees sur divers organes suivant des predispositions encore inconnues.
Dans les cas oü les maladies de la Beauce et du midi, n'ont pas ete precedees de l'anemie dont je viens de porler , elles sont constiluees par la plethore, la fievre inflammatoire, les congestions el les hemorrhagies de divers
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organes, comme leprouventles autopsies; etpeut-etre y a-t-il dans quelques cas une alteration du sang par suite de rintroductiondeprincipes miasmatiques. C'est ce qui expliquerait la rapidite avec laquelle le cadavre se pu-trefie, phenomene qui n a pas lieu dans la maladie de la Sologne.
Je vais parcourir successivement les principales maladies de cet ordre, en ne donnant que les symptomes de la seconde periode.
Maladie rouge ou de la Sologne, decrite depuis 1760. — Ses premiers symptomes sont, suivant Tessier, le degout, la tristesse, la lenteur de la marclie, le gon-flement des paupieres, le larmoiement, la päleur et la lividite de la muqueuse; un ecoulement coryzaique, ^pais et consistant s'etablit, bouche les naseaux et gone la respiration; la töte et les membres de devant s'enflent, et la faiblesse du mouton va croissant au point qu'il ne pent plus suivre le troupeau; il recherche I'ombre el la solitude. Dans les derniers temps il rend de labave ecumeuse; plusieurs rendent en petite quantite du sang de couleur peu foncee par leurs naseaux ou avec leurs excrements; la plupart bei vent beaucoup, poussent des plaintes et eprouvent avant de mourir un flux copieux d'urine.
A part les muqueuses et les viscferes qui sont injectes, le reste des tissus est assez pale. Au reste le cadavre ne se meteorise et ne se putrefie pas plus rapidement qu'ä I'ordinaire.
Maladie de la Beauce ou sang de rate , decrite en 1775. — Elle est enzootique dans la Beauce. On I'appelle aussi chaleur, parce que c'est pendant les grandes cha-leurs qu'elle se montre, pendant les temps orageux, dans
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leslieuxsecs. Elle frappe les troupeaux les mieux nourris, les individus les plus forts. L'invasion neu est annoncee par aucun signe, le mouton s'arrete toul-a-coup, parait etourdi, chancelle et trebuche sur ses quatres jambes; il ouvre la bouche, ecume, rend du sang par le fonde-ment et par I'uretre; tombe amp; la renverse, bat du flanc, räle et meurt, quelquefois dans I'espace d'une demi-heure, d'un quart-d'heure et meme de quelques instants. Alors on voit sortir de sa bouche et de ses narines un sang noir et epais, et son corps ne tarde pas ä se gonfler et a se putrefier.
Le veterinaire Guillaume, qui aete en 1817 h niörne d'observer cette maladie dans I'ancien Berry (Indre) oü eile est appelee mourroy, confirme le recit fait par Tes-sier de l'impossibilite de saisir les symptomes precurseurs de la congestion de la rate; mais il a cru reconnaitrc trois series de symptomes unpeu differents.Dansla premiere, on aper^oit des le debut les signes de la congestion spleni-que. Le mouton eprouve des mouvements convulsifs de la queue; il est triste, a les oreilfes abattues et chaudcs, son ventre se gonfle, les battements de ses flancs se pres-sent; les vaisseaux de la face s'injectent. La seconde est ä peupres semblabie aux symptomesindiques par Tessier. Dans la troisieme, le mouton eprouve des convulsions des Icvres et de la queue ; il flcchit en contrebas la colonnc dorsale, se dresse pour se mettre ä cberal sur le mouton le plus prös de lui, se replace sur ses pieds, fait des efforts poururiner et eprouve des convulsions, et s'il ne parvient pas i satisfaire ä ce besoin, tombe, se relevo et meurt apres avoir repete une ou plusicurs fois ccs actes.
Maladie elite pissement de sung. — Dans le midi
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de la France, le Languedoc et la Provence, la congestion s'opere sur I'appareil urinaire. Comme dans le cas precedent, il n'y a pas de prodromes. Une bete, disent Thoral et Cannes, se separe des autres , eprouve des fris-sonnements, se balance quelques moments, rend du sang parla vnlve ou par le fourreau, suivant le sexe, quel-quefoispar leamp; narines, et meurt.
On irouve ä l'autopsie, les vaisseaux sous-cutanes rem' plisdun sang noir, les chairs d'un rouge intense ou violettes. Le venire est fortement distendu par des gaz ä quelque epoque qu'on l'ouvre, et exhale une odeur in-fecte; la rate est gorgee de sang et augmentee de volumej de meme pour le foie. La vessie contient un liquide san-guinolent; le poumon, le occur et le cervcau sent aussi injeetes.
TROISIEME OHDRE.
Maladies avec cpanclwmcnt clans les plcvrcs, offrant tantot quelques-uns des traits de la pourrilurc, tantot ceux de la fievre putride ou typhoide, et parfois des tumeurs gan-greneuses spontanecs ou provoquies par les setons.
La premiere notion Jd'une maladie de ce genre semble appartenir ä Silius Italiens qui la decrit d'une maniere poctique. Elle regna sur les animaux employes dans les armees romaines et carthaginoises au siege d'Agrigente cn Sicile. Elle etait caracterisee par des frissons, la difli-culte de respirer, la toux, la chaieur de l'air expire, la rougeur et la secheresse de la muqueuse de la gorge , l'ecoulement nasal abondant et fetide, et l'excessive mai-grenr qui precedait la mort. Columelle met cetle maladie dans le nombre de celles pour la guerison desquelles il
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286 recommande pardessus tout le seton a l'oreille des ma-lades. Depuis on I'a observee souvent dans les armees, les corps de cavalerie, dans les campagnes. Chabert lui a conserve le nom ancien de peripneumonie gangreneuse et en a donne une savante description dans le quatri^me volume des Instructions veterinaires.
Kile est enzootique dans les localites oil les causes qui la produisent sont permanentes, telles que la Franche-Comte, laFlandre, les environs des Alpes, la partie mon-tagneuse du Lyonnais et du Forez, la Suisse. Ces causes sont : l'humidite des lieux boises, celle des nuits apres la forte chaleur du jour, les variations brusques et frequentes de la temperature des lieux eleves pour les animaux qui couchent en plein air, Tusage d'eau tres-froide provenant de la fönte des neiges; I'enUissement dans des ecuries cliaudes,malaerees, oü sedegagentles emanations du corps et oü sejournent les excrements, les fatigues des longs voyages et le sejour en certains lieux oü on s'occupe d'engraisser les boeufs, avant qu'ils ne soient acclimates.
Elle devient epizootique, passe aux especesdu cheval, du mouton, du pore, lorsque les causes deviennent gene-rales ; quand des pluies abondantes alterent la qualite des fourrages et sont suivies de chaleurs vives et soutenues qui vaporisent les eaux et les matieres qui y sont conte-nues; alors on la voit prendre un mauvais caractere dans les lieux oü eile regne ordinairement, s'etendre en des localites oü eile est rare, et suivant les circonstances de-venir fort grave et mamp;ne contagieuse. C'est en hiver et au printemps qu'on l'observe dans certaines localites, et plus souvent c est en eteou en automne, quand les saisonssont contraires. Elle a amp;e decrite par beaucoup de veterinaires
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207 militaires, qui l'oni etudi^e sur les jeunes chevaux dc remonte ayant fait une longue route en hiver, non encore acclimates et habitues ä leur service et reunis en trop grand nombre dans des locaux etroits.
Voici l'ensemble des symptömes qui ont ete observes dans les differentes epidemies : des le debut une grande faiblesse accompagnee d'anxiete, des frissons, la seche-resse de lapeau etdu poll, la toux, une grande gene de la respiration, la persistance a rester debout et rimmobilitn du corps, la petitesse et la frequence du pouls, le mau-vais etat de Fappetit, la constipation, ramaigrissement rapide,l'enfoncement des globes dans leurs orbites, etc., et plus tot ou plus tard 1 ecoulement catarrhal et la retraction des naseaux; quelquefois de la diarrhee ; I'aug-mentation de la dyspnee, le räle, la faiblesse, la brievete et la profondeur de la toux, qui revient en general par quintes, la prostration des forces et la depression du pouls, la perte complete de l'appetit et de la rumination, lafeli-dite de l'air expire, I'arrachement facile des crins, le port eleve de la tete et sa direction en avant pour respirer avcc plus de facilite, l'ecartement des membres anterieurs, l'inflltration du dessous de la poitrine, des bourses et des membres posterieurs, la suppression du lait, I'avorte-ment, la diarrhee sereuse,et generalement vers la fin de la vie l'apparition des tumeurs produites par I'infiltration d'un liquide gelatiueux , la tendance ä la gangrene des cauteres ou leur dessechement, des ecchymoses sur la pituitaire et son ulceration comme dans la morve.
La duree de cette maladie est generalement courte , de quelques jours seulement ou memo moins; cependant, meme dans I'etat aigu, eile pent se prolonger jusqu'ä 7 ou 8 jours; sous la forme chronique, eile peut s etendre ä un
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t288 mois, deux et plus. L'auscultation n'a que tr^s-peu amp;e employee par les veterinaires qui en ont public des des-cripiions ; eile sera desormais fort utile pour apprecier pendant la vie I'etat de la plevre et du poumon.
Le sang n'a pas ete etudie non plus d'une maniere ra-lionnelle. Celui qu'on obtenait des saignees presenta ä Audouin de Chaignebrun des nuances variables; il etait quelquefois semblable a de la lavure de chair; mais comme cet examen n'etait pas familier ä cet auteur, ses rensei-gnements sont d'un faible inleret. M. Vogely dit I'avoir trouve pendant la premiere periode de la maladie chez le cheval, pluseleve en temperature, noir, epais et vis-qucux, formant apres quelques instants ä la surface du caillot blanc, un coagulum d'un jaune terne, de consis-tance de gelee de groseilles, se separant facilement du caillot noir. A une epoque plus avancee de la maladie, le sang, dil I'auteur, avait baisse de temperature, mais sa couenne etait plus solide et plus adherente au caillot noir. Ainsi I'etat du sang se serait ameliore malgre les progresdela maladie, cequi estincroyable.
Chez les animaux qui succombent pendant la periode d'acuite, les plevres sont plus ou moins tapissees de couches et de flocons albumineux coagules; des adhe-rences existent entre les deux feuillets ; en les ratissant avec la lame dun bistouri on trouve la seretise rougeätre et injeclee; le diaphragme offre parfois une rougeuri intense. Le sac des plevres renferme de la serosite, quest quelquefois d'un jaune citrin , plus souvent sanguino-lente, et dans d'autres cas comme bourbeuse.Le poumon est de couleur rouge brune, indure;il ofl're toujours des taches brunes ou des stries diversement colorees et parfois des infiltrations; divers organes offrent des traces
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289 d'injecuon , la muqueuse du lube digestif, la face interne de la matrice des vaches pleines, le coeur dont les surfaces sont ecchymosees. Le pdricarde renferme da la serosite analogue a celle des plevres.
Cette maladie ne merite pas le nom de gangreneuse que Chabert lui a donne. La couleur brundtre du poumon indiquePengouement, la stase d'un sang noir, altere, et qui devenu fluide s'infdtre passivement et produit les ecchymoses et le ramollissement qu'on voit dans certains points de son tissu.
Les praticiens qui ont ete ä meme d'observer celle maladie sous sa forme epizootique aigue et chroniqae, n'clevent aucun doute sur sa propriete de se comnmni-quer par infection dans les elables malsaines, oü so trouve un certain nombre d'animaux. Elle peut meme se transmeltre par le contact lorsqu'il s'y est produit des lumeurs gangreneuses. L'etat chronique ne se transmet d'aucunede ces deux manieres.
Apres avoir ainsi presente l'enscmble des caractcrcs des peripneumonies appelees autrefois gangreneuses , si nous cherchons ä les interpreter, a les rapporter a des lesions de l'economie, en un mot a faire ce qu'en cbimio on appelle la tlieorie d'une operation, nous verrons que nous n'avons point a faire ä une maladie toujours iden-tique ä elle-m6me, mais qui se presente au contraire sous des traits fort divers. Le seul point commun est Tinflammation des plevres et du poumon. Apres cela, quo de differences! Dans un premier cas, il peut y avoir simple inflammation, sans alieration aucune du sang, se prö-sentant epizootiquement sous l'infliience de causes gene-rales et energiquesqui lui donncnt une marclie trcs-aigne, comme lorsqu'elle est procluite par de brusques variations
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de temperature dans les lieux eleves. 2deg; Les animaui se sont trouves d'abord exposes aux causes qui produi-sent la pourriture, ä celles qui rendent le sang sereux; ce changement dans la composition du sang dispose aux vices de secretion, aux infiltrations sereuses passives. Linflammation revet un nouveau caractere, eile se ter-mine rapidement par des secretions sereuses. 3deg; Au lien de ceite espece hydrohemie, il pent au contraire y avoir plethore; do la, tendance aux congestions dans divers organes, inflammation ä marche plus violente, engoue-ment de la circulation capillaire par la surabondance de sang. 4deg; Au lieu de ces simples modifications dans la quantite ou les proportions des elements du sang, il y a alteration directe de ce fluide par I'mtroduction de miasmes plus ou moins deleteres; le sang perd de su coagulabilite; de lä,formation d'ecchymoses,d'infiltrations gelatineuses et de gangrene ä la surface des setons ou des tumeurs developpces a la peau, et qui tiennent, comme nous le savons, ä la fluidile du sang qui ne pent circuler dans ses vaisseaux.
L'inflammation du poumon et des plevres, commune a tons ces cas, se prcsente done sous des aspects et avee des terminaisons fort variees, suivant les circonstances quo je viens d'enumerer, ct qui peuvent se compliquer entrc olles^ de maniere a ce que Talteration miasmatiqu.edu sang coincide, soit avec I'anemie, soit avec la plethore. Les indications fondamentales qui se tirentde la consideration de l'inflammation sont subordonnees ensuite ä l'etat general de lorganisme, au milieu duquel eile s'est deve. loppee. Les symptomes varient aussi suivant ces diverse s circonstances, mais ils presentent toujours quelque chose lt;!c general et qui annoncc le trouble de toute leconomie.
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291 Quelles sont maintenaiu. les conditions qui developpeiu cette inflammation du poumon, en prenant ce mot d'in-flammation dans le sens que nous lui avons altribue, c'est-ä-dire comme congestion avec suspension momentanee du cours du sang, et coagulation plus ou moins complete de ce fluide? El'es sont de Irois especes: 1deg; La plus gene-rale, celle qui dominc les deux autres, ce sont les variations brusques de la temperature qui refroidissent tout-a-coup la peau, et par suite de la Sympathie qui existe enlre cette grande surface d'exhalation et le poumon, deter-minent des congestions vers ce dernier organe. 1quot; Dans les corps de cavalerie, les jeunes chevaux qui arrivent au regiment sont a un äge oü les organes pectoraux com-plelent leur developpement et sont fort actifs. Les fatigues, un regime nouveau, les Saisons froides et pluvieuses font de ces organes des centres de fluxions. 3deg; Enfin les animaux qui passent des hivers longs et froids dans des etables humides et peu aerees, oü fair sejourne charge de miasmes, lorsque le printemps vient et qu'ils vom au päturage, sous l'influence de l'air pur et frais, ont une circulation tres-active dans le poumon qui devient alors facilement le siege de congestions, d'engouements, et qui favorise le mauvais etat du sang altere par l'absorp-lion d'un air charge de miasmes.
QUATRIEME ORDRE.
Ficvrcs muqueuses. — Fievrcs catarrhales.
Les maladies de cet oidre sont caracterisees par des ecoulements muquenx, des flux des diverses surfaces d'exhalation, comme la maladie des chiens, la fievre aphtheuse, Iamorve,cn fournissemdes exemples. Leur
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#9632;2!raquo;2 flrToTogie cst au fond la mfime, commc elles sonl liöcs ä I'ctat humide et froid de l'atmosphere el des localiies, souvent il suffit que les animaux sejournent quelque temps dans des lieux humides pour qu'on les voie eclore. Elles doivent done etre enzooliques dans les pays qui presentcnl reunie et permanente cette double condition de froid et d'humidite, et elles sont liees aussi a l'etat des saisons , dans les memes cas.
Ainsi, partout oil le sol est bas et humide, si l'automne, I'hiver ou le printemps sont pluvieuxet froids, on voitap-paraitre des fievres muqueuses; tout poulain nourri dans les pdturages pendant une de ces saisons, sera expose ä la gourme pour peu qu'il existe des variations dans la temperature. Tout jeune chien eleve dans une grande ville oü rhuniidilo predomine toujours, est expose ä la maladie catarrhale propre a son espece; enfin, tout cheval soumis au service du trait vcloce, au halage, au flotiage des bois, etc., est dans une condition favorable ä contracter des coryzas graves, chroniques, et la morve, si sa constitution , si de grandes fatigues, la privation d'aliments ou l'usage de mauvais alimenls, ont altere son sang, en y faisanlpredominer laserosile. Enfin quoique les grandes epizooliesaphlheuses, quifrappent de temps en temps les ruminants et les boeufs, liennent peut-etre aussi a quel-quesqualitcs parliculieres de l'atmosphere, il n'ea est pas moins vrai qu'elles naissent generalement pendant es saisons froides et humides et dans les pays froids ef. qu'elles cessent dans les pays chauds, ou lorsque la temperature s'eleve.
Frederic Lew en 1729 a faille premier mention d'une epizoolie catarrhale qui frappa surtout les pores, et qui regna dans toutela partie septenlrionale del'Europe.
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Voici quels sont lös symptöines goneraux de ces alfec-lions; ce sonl les frissons, l'abaissement de la temperature du corps, la päleur de la peau et des muqueuses, l'en-duil grisätre de la langue, l'ecoulement de Lave vJsqueuse, de mucus nasal, letat chassieux des yeux, la pesanteur de la tete, le peu d'activile des fonctions digestives et locomotives , le peu de frequence de la respiration el de la circulation, la mollesse du pouls.
Dans une seconde periode se dessinent d'autres symp-tömes qui indiquent les sieges precis oil se sont operees les localisations, et qui lui donnent un aspect varie suivant ia nature des organes malades. Deux pbenomenes tres-fre-quents dans le cours de ces maladies, sont I'infihration sereuse du dessous du ventre ou des membres pendant l'eiat de la maladie et plus souvent vers son. declin, et la formation d'entozaires ou d'ectozoaires.
Le catarrhe peut commencer par la pituitaire, s'eten-dre vers les sinus de la tete et des cornes oü des abcfes peuvent se former; la muqueuse peut elre ecchymosee , ulcerce, gangreneememe. Chez le chienloeil est frequem-ment le siege d'alterations parliculieres; la formation d'une, deux et rarement trois phlyctenes sur la conjonctive oculaire, qui s'ouvrent et sonl remplacees par des ul-ceres, lesqoels atteignent d'abord la cornee et la perforent quelquefois. Dans le bceuf, la cornee est rendue opaque par I'infiltralion d'une matiere blanchdtre, et quelquefois eile s'ulcere au milieu d'une vive inflammation. Chez le chevalj celte inflammation de la pituitaire amene aussi une conjonctivite rarement suivie d'ulceration, mais qui s'e-tendprofondement äl'interieurde l'oeil, et est connuesous le nom d'ophthalmie intermittente ou periodique. Par contigulte, le tissu ccliulaire inlcr-maxillalrc s'abcede,
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294 suppure et fait donncr a la maladio le nom de gourme; enfin chez le cheval age et parfois le boeuf et le mouton, Ics ganglions sous-maxillaires sindurent, suppurent fort jieu, en meme temps que la pituitaire s'ulcere, ce qui cons-litue la morve.
Le catarrhe pent se fixer sur la muqueuse de l'arriere-bouche,du larynx, du pharynx ou dans l'une des trompes d'eustache. L'angine couenneuse en est une forme parti-culiere.
II peut aussi s'etendre ä la muqueuse du tube digestif. Cast meme ce qui arrive ordinairement dans la plupart des fievres muqueuses, dans lesquelles on voit I'etat ca-tarrhal des bronches et de la pituitaire se joindre a celui du tube digestif. Ce siege particulier est indique par les troublesgravesde la digestion,la diarrhee,la dysenterie, l'invagination des inteslins, I'adynamie.
La congestion legere vers le cerveau qui cause la pesan-teur et l'abaissement de la tete des malades, est un pheno-mene constant dans tous les affections catarrhales. Mais eile peut devenir quelquefois fort grave. Le bas de la tete, les levres, le bout du nez se gonflent, deviennent chauds et douloureux; la tumefaction gagne le reste de la face et les paupieres, le malade n'y voit plus, il ne peut ni saisir ses aliments, ni meine prendre des bois-sons; la pituitaire devienl violacee et s'ecchymose, et la mort ne tarde pas ä survenir.'On trouve alors les vais-seaux injectes et un öpanchement ventriculaire. J'en ai cite des exemples dans ma brochure sur l'epizootie de 1824. Cet etat de congestion peut meme aller plus loin chez le cheval et le bocuf, et la gangrene survenir ; c'est ce qu'on appelle en veteiinaire le mal de tete de contagion. Cesdeux accidents pcuvent egalement avoir lieu dans la morve.
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507.
Les affcclions caiarrhales ne soul pas susceptibles de contagion tant qu'ellesresient dans ceriaines limites. Elles ne le deviennent que lorsqu'il s'est developpe sur les tissus quelque ulceration on la gangrene, comme dans la morve.
En decomposant I'etat catarrhal dans ses elements pa-thologiques nous y trouverons h considerer: 1deg; Mat du sang, 2C, un vice de secretion, 3deg; des congestions et des inflammations.
1deg; L'etat du sang est celui dont j'ai parle ä propos des autres especes de cette premiere classe : predominance de la partie sereuse en general, fluidite plus grande, fa-cilile h laisser echapper sa partie sereuse et ä s'infiltrer dans les tissus; e'est ce qu'indiquent les symptomes de langueur, de faiblesse, les oedematies; rarement y a-t-il infection miasmatique. 2deg; Le vice de secretion porte sur les muqueuses et consiste en des flux plus ou moins sereux par une ou par plusieurs de ces surfaces. II peut etre pur, ce qui est assez rare; le plus souvent il est associe h des congestions et des inflammations. 3deg;Cesdernieresne produisentdonc pas les vices de secretion muqueuse, ilss'y ajoutent et les augmentent. Ilsrevetent aussi le caract^re parliculier qu'imprime l'etat du sang devenu plus fluide; la suppuration, I'ulceration, sont assez frequentes, parce que le sang infiltre engoue les tissus , ne se resorbe pas facilement, et ne peut etre elimine que par la suppuration, rulceration et le ramollissement, ou meme la gangrene qui n'est pas tres rare. Nous avons vu comment le sejour prolonge des materiaux du sang au milieu des tissus, fa-vorisait les vices de secretion et de nutrition, et d'autant mieux que le sang est dejä modifie dans les proportions de ses principes.
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CHAP1TRE V.
MALADIES GEJifiRALES AVEC INTBODÜCTION DE PBINCIPES D^LE-TEUES DA?)S LE SANG.
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PREMIER ORÜRE.
De la variole. —Des fievres gastriques.
Comme introduction aux maladies fort graves qui font le sujet de ce chapitre, je dirai quelques mots de la variole et de ces espäces de fievres typhoides dont on a observe plusieurs epizootics et qu'on a decrites sous les noms de fievres bilieuse , gastrique, putride, hepa-lique, etc.
De la variole. — La variole est une maladie fort re-marquable et qui fait la transition entre les inflammations fianches et celles qui ont lieu chez des sujet dont le sang est altere.Comme les premieres, eile a souveut une marche parfaitement reguliere, sans symptömes faeheux et qui aboulit ä la guerison; comme les secondes eile presente cc double caraclere d'une phlegmasie viscerale et d'une Eruption ä la peau, et quelquefois eile est accompagnee de symplomes d'empoisonnement fort graves. En outre la maniere invariable suivant laquelle scs periodes se suc-cedenl toujours , lui communique un caractere particulier qui ne se relrouve dans aucune am re maladie des animaux.
On sait qu'elle a quatre periodes : 1deg; periode d'inva-sion qui dure de trois ä quatre jours; 2deg; d'eruption qui est do quatre ou cinq jours; 3deg; periode de suppuration ; ellc est aussi de quatre ä cinq jours; 4deg; enfiacelle de des-
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sicationetd'exfoliation des croüles est de duuze ä quinze jours. La dur^e totale de la maladie est done de vingt-deux a vingt-cinq jours.
La varlole a ete observee sur la vache dont eile n'oe-cupe jamais que la tetine; eile y est connue sous le nom de vaccine. Lamatiere des boutons est contagieuse pour i'homme et pour la plupart des'animaux, avec celte difference quelle n'est preservatrice de lagt;ariole que pour le premier.
Chez le mouton la variole est connue sous le nom de clavelee; eile y est contagieuse et epizootique. L'inocula-lion de la matiere purulenteä un mouton le preserve de la clavelee. On croit que Tair atmospherique pent la trans-meltre ä une distance de pres de 300 metres, dans la direction oü souffle le vent. La chaleur et Tbumidite de l'atmosphere, les mauvaises qualites de l'air ou du sol des habitations, sont les conditions, qui favorisent son de-veloppement.
Le pore, le chien et les autres animaux domesliques sont-ils comme le mouton, susceplibles de contracter cette maladie? desfaits cites par Vilet, ViborgjGasparin^ Leblanc, etc., semblent le prouver. Mais ces points de la science sont encore fort obscurs, et s'il m'est permis d'emet-tre une opinion^ que je crois fondee sur la tradition et l'observation, I'eruption pustuleuse qui se montre chez ces derniers animaux, n'est point la maladie primitive, essentielle, mais une eruption pustuleuse irregulierequi survient pendant Ja maladie des jeunes chiens , comme Barrier et Gohier Font observe. Elle ressemble ä ces eruptions de pustules accidentelles qu'on observe dans la fievre ty-phoidc deThomme ; e'est lopinionde M. Gasparin.
Fievres gaslriques , etc. — Je range sous cc nom
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une foule de maladies appelees fievres bilieuses, putrides, gastro-enteriles, ou gastro'Cephalites, fievres hepatique ou splcnique , marasme epizootique; elles me paraissent presenter un fond commun, et rappeler la fievre typhoide de l'homme par quelques-uns de leurs traits.
Lancisien a parle le premier en 1712 , epoque h la-que He eile enleva la plus grande par tie des chevaux du royaume de Naples et des litats de l'lSglise. Elle commenga au mois de mars sous deux formes differentes ; Tune fort algue dans laquelle l'animal etait pris de frissons , perdait l'appetit, eprouvait des mouvements convulsifs, des sueurs froides, etmouraiten 4 ou 5 heures. L'estomac, les intestins et les epiploons etaient enflammes. L'aulre forme etait plus commune et moins grave; l'appetit se perdait ainsi quo la soif, le regard etait triste et abattu, les yeux fermes , la tete basse. La deglutition etait libre les premiers jours, bien que les parties voisines de la gorge ftissent tumefiees et douloureuses, mais bientot la deglutition devenait impossible. Les excitants etaient funestes. Si la terminaison etait fächeuse, les symptömes de la premiere forme se presentaient; si eile etait favorable, il survenait un ecoulement muqueux par la bouche et les na-seaux, les urines coulaient en abundance et etaient fetides, les jambes s'infiltraient. Cette fievre fut attribuee ä l'alte-ration des fourrages et de i'avoine.
De pareilles epizootics sont frequentes dans les lieux chauds et humides de la France. Dans les lieux tempäres, tels que la Bresse, eile se presente sous une forme lente. Les animaux out le poll pique, la peauseche, un mauvais appctit, sont fort impressionnables au froid, maigrissent beaucoup,et finissent par perir comme d'indigeslion avec im fort ballonnement du ventre. On trouve a l'autopsie, des
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299 epanchements sero-sanguinolents peu copieux dans la cavite abdominale et le peiicarde,des ecchymoses et des infiltrations sous-s^reuses, des traces d'inflammation sur la nmqueuse de la cailletle et de lintestin, et le plus sou-vent le foieenormementgros, contenant du sang decolore, la rate quelquefois bleuätre, bosselee et remplie de sang noir a demi coagule. Teiles elaientles maladies qu'Huzard pere et Desplas observerent en Tan V dans les departe-ments de Test, une partie de l'Allemagne, laquo;gt;t dans les pares d'approvisionnement de l'armee de Sambre-et-Meuse, et qu'en 1817 M. Collaine decrivit sous le nom de marasme epizootique dans le departement de la Moselle. Celle qui regna en France et en Suisse de 1823 ä 1825 eut une forme catarrhale en Suisse; ä Lyon les caracteres inllam-matoires predominerent, comme je fus a meme de l'ob-server; et dans le Midi eile se montra des l'abord sous une forme typhoide bien marquee.
Le fond commun de ces diverses especes de fievres est la congestion du tube digestif et du foie, et une alteration plus on moins predominante du sang. Les differences sont ensuile foumies par les differences de localites.
DEUXlfeME OHDHE.
Typhus avec eruption de tumours sous-cutanees fortunes pur I'infiltration d'une serosiU de consistuncegelatineuse et de couleur citrine.
C'est en 1780, pour la premiere fois, qu'un eleve de l'ecote d'Alfort, M. Mayeux, a signale I'existence d'uno epizootie fort limitee, qui presenta ce phenomenc que Cliabert, dans son Traite des maladies charbonnouses, a designc sous le nom do ciiarbon blanc essentiel. II croyail
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300 quo cette lumeur (Hait elle-m6me ia cause des accidents graves de la maladie, tanclis qu'en realite eile n'en est qu'un offet. Celle opinion est d'autant plus etonnante, qu'Audouin de Chaignebrun a observe ces tumeurs dans Tepizootie de la Brie; que Chabert lui-rm'me dit qu'elles se montrent pendant la duree de ces especes d'empoison-nemcnls appeles mahdie de bois, et de ces maladies avec ballonnement du ventre el adynamie profonde, aux-quellcs il donne le nom d'indigestions putrides. Ce sont de veritables typhus.
Voici la description de Chabert. La tumeur pent appa-railre indistinctement sur toutes les parties du corps des grands ruminants, mais surtout sur lepine, les cotes et les parois de l'abdomen. Tantot eile fait saillie, tantot eile est profonde, arrondie et circonscrite. En mamp;me temps lanimal presente les symptomes suivants; le refroidisse-ment des cornes, des oreilles, de la surface du corps^ des frissons , la cessation de la ruminaiion et la perte de l'appetit, I'ecoulement d'unebavevisqueuse,le prolapsus de la langue , l'impossibilite de la deglutition de la saliva, la fetidite de l'haleine, le ballonnement du ventre, la faiblesse et la prostration des forces, et quelquefois une diarrhee colliquative qui precede de peu de temps la mort.
Gelte maladie me semble la meme que celle que Gohier observa dans le departement de rAin,en thermidor an XI. Les tumeurs se montrerent sur le garrot, les epaules, sur les flancs, au fanon ou a la gorge. La pression y produi-sait un bruit pareil a celui d'un parchemin qu'on froisse, parcc qu'il y avait aussi un emphyseme. Le pouls etait petit et lent, la rumination se faisait chez quelques-uns, le mufle n'etait point sec, Thaleine etait fetidc. Avant la
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301 inort, la langue devenait noiräire et sortait dc la bouclif. Au reste, elte survenait au bout de deux ü trois joiirs.
Cetle maladic se montre de temps en temps pros de Fontaine, dans le meme departement (Ain), oil M. Schaak a eu l'occasion de l'observer; je l'ai moimoiue traitee ä Lyon , et j'en ai parle dans les compies-renrlus de I'tcole velerinaire de Lyon pour les annees I037-ilJH8 et 1838-1839. Dans les cas observes par M. Schaak et par moi, les animaux conservaient de l'appelit jusqu'ä la fin, quoiquils fussent dans un elat adynamique des plus grands. Le danger paraissait d'autant plus imminent, que les tumeurs avaient leur siege plus pres de la gorge.
Chabert a trouve a I'autopsie le tissu-cellulaire sous-cutane et le pannicule charnu infillres de cette serosile. Le cadavre exlialait une odeur infecte. Gohier a trouve, en outre, des ecchymoses sur le duodenum, la cailletle et la face interne du coeur, des congestions passives du lube digestifj et des ulceres sur la muqueuse tracliealc. M. Schaak et moi, nous avons reconnu cette infiltration de couleur citrine, de la consislance d'une gelee, sans mauvaise odeur, le poumon en general sain, mais le foie et surtout la rale bosseles et fort engorges par un sang noir; les sereuses contenaient de legers epanchemems. Lesang,chez lous les sujets, etaii pen abondant, noir et grumeleux; chez un sujet il se coagula, mais le caiiiot etait mou, et la serosite tres-abondante. La serosile, retiree de la lumeur de ce dernier animal et deposee sous la peau du dos d'un chien, a determine, les quatre premiers jours, des frissons, la perte d'appetit, la prostration; cessymp-tomes se sont dissipes, la suppuration s'est etablie loca-icment, et le chien a gueri.
Quelques auteurs onl donne le meine nom de charbori
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302 blanc h des tnmeurs qu'on observe sur les mouions, qui ressemblent assez h ces infiltrations typhoides que je vieos dc decrire. Elles se montrenl tanlöt ä la tete, tantoi sur le reste du corps, et surtout ä la face interne des cuisses et des ars anterieurs. La meme infiltration sereuse s'y trouve, mais ä la lete la tumeur s'y couvre, des le debut, de taches noires et de phlyctenes, et devient emphyse-mateuse; sur lacuisse il se forme d'abord une vaste es-chare a sa surface. Les symplomes generaux qui se mon-trent sont si peu apparents, que le mouton suit les autres au päturage et mange, s'arrete tout-a-coup, devient ties malade el perit en moins de vingt-quatre heures. Hurtrel d'Arboval assure que les chairs sont belles et que les gens de la campagne les consomment sans inconvenient, pourvn qu'ils aient soin d'enlever les parties alterecs. On la rc-garde cependant comme contagieuse par cohabitation ct par inoculation.
Ces deux especes de tumeurs, rapprochees par les au-teurs,ne sont peut-etre pas de meme nature. La premiere ne se gangrene pas, et e'est bien ä tort que Chabert I'ap-pelle un charbon blanc; eile est, en outre, precedee de symptomes generaux graves. La seconde se gangrene des le debut et se rapproche des charbons essenliels; les symplomes graves ne surviennent qu'avec la gangrene. Quoi qu'il en soil, on reconnaiira dans ces infiltrations cette coagulation du sang des poumons sous la forme do gelee de groseilles, qu'on trouve dans les cas oü le sang a perdu une partie de sa coagulabilite. La fibrine qui passe avec la serosite se solidifie ä demi, et prend cette apparence de gelee. Tous les organes paraissent etre le siege de lesions diverses, d epanchements, d'ecchymoscs, de congestions el de stases sanguines; mais on ne trouve
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pas de point precis qui ait paru le siege de lesions spe-ciales, sauf la peau.
Ces inGltraiions ne sonl pas rares dans la fievre typhoido de rhomme, et on voit quelquefois la peau se gangrenor a leur surface. Celles qui viennent sur la tete du mouion ressemblent fort ä la pustule maligne.
TBOISlfeME OBDRE.
Maladies caraclerisies par Vapparition de tumeun gangrc'neuses.
Les maladies de ce troisieme ordre sent de deux es-peces. Dans les unes #9632;, la tumcur gangreneuse est le phc-nomene primitif; les desordres graves et generaux qui font perir les malades, surviennent par suite de I'infection de l'cconomie, de la resorption des parties alterees. Dans les autres, la tumeur gangreneuse est un epiphenomene, qui survient pendant le cours d'une maladie generale, d'un typhus,
J'ai peu i dire de la premiere espece. Chaberi et Guersent ont admis 1'opinion que j'ai donnee plus ham, sur ressenlialile de ce charbon. Cependant un trouble; general, caracterise par la perte de l'appelit et la cessation de la rumination, precede dans plusieurs cas I'appariiion du charbon. Gasparin partage celte opinion ä laquelle je me range aussi; j'ai observe, comme symptomes precur-seurs, des mouvements convulsifs des levres, de l'agiia-tion de la tete, des grincements de denls, phenomenes nerveux que je m'etonne de ne point voir signales par les auteurs. Au reste, des que la gangrene commence, les forces sont aneanties, le pouls devient miserable et inter-mittenl, et l'animal succombe d'autant plus vise qu'il est
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301 plus fort) plus massif et plus gras. Vlngt-quatre ou trente-six heures sont la duree ordinaire de cette perlode.
A I autopsie, on trouve la tumeur dont la peau est gan-grenee, infiltree d'une serosite ichoreuse et de gaz, dccol-lee, le tissu cellulaire comme lardace, ferme en ceriains points et ramolli en d'autres. Al'mterieur, on trouve dans le poumon, le foie, la rate, des congestions sanguines d'un rouge brun; quelquefois des epanchements dans les sereuseSj des ecchymoses ä la base du coeur et dans scs venlricules, rinjecliou du cerVeau; assez frequemmint des congestions inlenses et etendues dans le tube digosiif; le sang dans les vaisseaux est noir et poisseux; le cadavre a une odeur fetide et se putrefie rapidement.
La seconde serie des maladies caracterisees par des tumours gangreneuses a la peau, est le typhus propremcnt dit. Chabert I'appelle cbarbon symptomalique; on lui a aussi donne les noms de fievre charbonneuse, ataxo-ady-namique, pestilentielle.
Ce typhus est commun ä tous les animaux domestiques et s'annonce comme toules les maladies qu'on appelle dc mauvais caractere, qui tiennent la plupart ä une alteration du sang, par un trouble general de toutes les fonctions. Voici Tensemble des symptomes : an debut, la tristesse, la perle de l'appetit, la cessation de la rumination, la fai-blesse musculaire,la lenieur des mouvements,unestupeiir des sens remarquable, !a sensibilile des lombes avec i ai-deur du corps comme dans la coorbature, les yeux baltus, humides ou chassieux,les oreilles flasques et tombanies; plus tard, la bouche chaude et seche, une soif vive, la chaleur de l'air expire et la respiration frequente sans loux, le regard menacant et dirigc sur les cotes du corps, de l'inquietude, de I'agitation, ou bien un elal d'engour-
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303 dissement et de stupefaction,douleuis de ventrequi portent l'animal k se coucher et a se relever, leinte jaune des conjonclives, fetidite de l'haleine, generalementde la constipation , dejections noirätres et seches ou sanguinolentes. Lorsque la marche de la maladie est tres-violenie, ces symptomes n'apparaissent pas. II arrive que des animaux perissent dans Tinstant et pendant qu'ils travaillent. Le boeuf beugle quelquefois, est inquiet, epouvante sans cause, ou bien il parait etourdi, egare, leve et baisse la tete,se secoue, se plaint, mugit., ses yeux deviennent saillants; il chancelle, tombe et nieurt dans les convulsions en une heure ou deux.
En general, la marche est moins rapide; apres que les symptomes donnes plus haut ont dure quelque temps, un frisson general ou partiel survient, ou meme des mouve-menls convulsifs, apres lesquels une reaction febrile alien. C'est alors, ou pen de temps apres, que survient la tumour gangreneuse sur les parlies du corps oil le tissu cellulaire est le plus lache et le plus abondant. Lorsqu'elle s'affaisse et disparait, cette disparition est suivie de convulsions, de prostration des forces, de tremblements par-tiels, de refroidissement du corps, d'insensibilile, de pa-ralysie du train de derriere, et de mort.
Tel est le tableau general des symptomes de l'epizootie; mais eile offre ensuite plusieurs varietes qui ont porte Guersent h en faire trois ou quatre especes. Dans l'äpi-zootiede Fossanno, decrile en 1783 parBrugnone, outre les symptomes deja cites, on a observe un ecoulement de mucus sanguinolent par les naseaux et par l'anus, et deux ou trois jours avant la mort, un gonflement de la tete, de la gorge et des parties genitales. A I'auiopsie, taches noires (ecchymoses) dans le tissu cellulaire sous-
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306 cutaneet sous-muqucux, clans les muscles; les poumons, les ganglions lymphatiques noirs; le foie et la rale sains, qnoique leurs vaisseaux fussent pleins d'un sang noir.
A pen pres los meines symptomes pour l'epizootie du Quercy, decritc par Desplas en 1786; memes infiltrations sanguines sur le poumon, le coeur, I'intestin, les membranes du cerveau. Dans celle decrite en 1788 par Petit, en Auvergne, il y avait de la dysenterie; memes ecchy-moses notees avec soin, mais congestion de la rate ou du foie; serosite jaunatre infiltree autour des tumeurs, ou epanchce dans la poitrinc ou les cavites du cerveau. Dans une epizootic observee par Pradat, dans le depar-tement duTarn,de 1823 ä 1827, 1829, constamment de la diarrhee, des hemorrhagies par le nez et l'anus: des congestions dans le cerveau, dans le poumon, le foie et la rate, qui ont una couleur noirätre; des ecchymoses en differents endroits; des congestions fort etendues dans le tube digestif et dans les organes urinaires.
Cctte maladie a ete observee sur les pores, chez lesquels les symptomes et les caracteres anatomiques sont les memes que chez les precedents, chez les moutons, chez les poules dont la tele enfle et d'un cote principalement.
Lc typhus charbonneux est contagieux a un haut degre. 11 se propage par l'inoculation et le contact ä l'homme et ä tous les annimaux. L'infection pent se transmettre dans des lieux fermes et malsains, mais jamais au grand air, de sorte que ces epizootics sonttoujours assez circonscrites.
En resume nous voyons trois especes de tumeurs gan-greneuses designees par les veterinaires sous le nom de charbon. 1deg; L'anthrax, que Chabert appelle charbon essenliel; tumeur de la nature du furoncle et qui contient un bourbillon. 2deg; La pustule maligne qui commence par
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307 une petite lache, laqueüe se couvre de phlyctenes et s'etend ensuite rapidement en se gangrenant. C'est sur le mouton que cette espece de charbon est frequemment observee. Elle est commune, dit-on, dansle departement du Pas-de-Calafs; c'est d'apres Rayer que je lui ai donne lenom de pustule maligne, ä cause de l'analogie frappante qu'elle a avec ['affection ainsi nommee chez Thomme. 3deg; Les tumeurs formees dans le tissu cellulaire sous-cutane, qui se gangrenent rapidement et qui sont les charbons symptomatiques de Chabert.
Le typhus avec tumeur gangreneuse est une maladie de la nature des grands typhus de la medecine humaine. On pent en dislinguerplusieurs formes suivant que certains organes sont plus affectes que d'autres, le poumon, le foie et la rate , le tube digestif, la gorge et la tfete. te sang est noir dans tons les cas; on ne peut y meconnaitre son alteration profonde et un veritable empoisonnement. En effet, si I'animal meurt rapidement on ne trouve que peu de desordres; plus I'animal a vecu, plus les desordres sont graves, parce que les alterations qui resultent de la fluidite du sang, ont le temps de s'operer dans les divers organes. Les symptomes comme les desordres anato-miques appartiennent ä l'economie tout endere. Le travail a la suite duquel se forme le charbon est veritable. ment actif; il est precede comme tous les mouvements critiques de l'economie, de frissons, de mouvements con-vulsifs. II y a bien encore quelques autres congestions actives sur le tube digestif d'oü resultent la diarrhee et la dysenteric, sur les branches et le poumon d'oü provien-nent les ecoulements muqueux par cette voie. La plus grande partie des congestions cependant, est un pur effet d'imbibition et d'infiltration d'un sang noirätre, de serosite
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contenant une übrine ä demi coagulee et rappelant plus ou moinsla gelee degroseilles.
yUATHIEME OHDRE.
Typhus contagieux des bites a grosses comes.
Ramazzini, medecin de Padoue, a public en 1692 et If)931a premiere description connue de cette maladie dont Lancisi ensuite adonne un traile;depuis eile a etc observee nn grand nombre de fois, dans le siecle passe et dans le noire, en 1814, a la suite de l'invasion des armces etran-gcres, epoque ä laquelle j'ai eu occasion de l'etudier.
Elle a des analogies frappantes avec les maladies dont j'ai deji parle sous le nom de fievres muqueuse, catar-rbale; mais, chose remarquable, el!e se borne cons-tamment a l'espece du boeuf, sans jamais passer aux aulres animaux, quoi qu'en ait dit Gohier, qui assure avoir vu, en 1814, trois chevres en etre atteinles aux environs de Lyon.
Comme la fievre muqueuse, cette muladie offre I'ecou-lement muqueux par la piluitaire; souvent, des depots purulenis dans les sinus de la tete et des cornes , dans la bouche avec gouflement de la langue, ou bien de veri-tables aphlcs comme dans Tepidemie du Condomois en 1774 et 1773; de la diarrhee ou de la dysenteric ; cette derniere n'arrivait en 1814 que dans la seconde periode de la maladie, et continuait jusqua la mort.
Du cote de la peau on a observe des eruptions pustu-leuses qui avaient fait d'abord donner ä cette maladie le nom de variole du boeuf; les pretendues varioles du chien et du pore ne me semblent autre chose que des eruptions pustuleuses irrcgulieres, liees ä l'existence de la
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309 fievre muqueuse ou catharrhale ä forme lyphoide. Plu-sieurs bons observaieurs ont note aussi l'appärition de ces tumeurs sero-fibrineuses infiltrees dans le tissu cellu. laire, avec emphyseme ct crepitation, et designees par Cliabert sous Ic- nom de charbon blanc. Ces exanihemes s'elendaient a de grandes surfaces, h une moitie du corps, et quelquefois aux approches de la mort ä presque ioute la surface du corps.
Les symplomes ataxiques et adynamiques etaient pro-nonces a u plus haut degrc; les premiers etaient carac* terises par des elourdissemenls ou des mouvemenis convulsifs de la tete avec ebranlement de tout le corps , des convulsions partielles des muscles roluüens, des frissons des extenseurs de l'avant-bras, du peaucier, des beuglements inquiels, des gemissements coniinuels, des alternatives de froid el de cbaud, une respiration penible., la petitesse et la durete du pouls et son inter-mitlence. Les phenomenes adynamiques consistaicnt dims l'abaissement de la tete avec difficulte de la souiever, la tlacciditc des oreilles, dans un engourdissement des membres et un brisement des forces lei que le corps eiait chancelant, dans la perte de l'appeiil et la cessation de la rumination, le herissement des poils et la secheresse de la peau, ramaigrissement rapide et profond, ce qui esl, un Symptome capita!., et renfoncement du globe dans I'orbite, l'etat chassieux des yeuxjl'oedeme des paupieres , une rougeur violacee, des ecchymoses el quelquefois 1'ulccquot; ration de la conjunctive, recoulemenl de morve et de have glaireuse et fetide , des dejections sanguinolentes puantes, la dilatation de l'anus, rinsensibilitede la peau, ''emphyseme du tissu ceilulaire sous-cutane, rimpossi-hilitede la station, ol pendant la station le port de la töte sur le cöte du corps.
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La duree de cette maladie etait de trois ä sept jours.
A l'aulopsie on trouve la pituitaire violacee, ecchymo-see, uleeree ; il en est de mömede la muqueusebuccale, de celle du larynx et du pharynx, qui contiennent un mucus grisätre. Le poumon est sain quoique frequemment dilate et emphysemateux; des taches noirätres dans ies cavites du coeur, sur le pericarde et lesplevres. La mu-queuse des estomacs et des intestins presente constam-ment des traces de congestion; eile est souvent de couleur lie de vin, contient un mucus grisätre, et est distendue par des gaz fetides; lefoie est gorge de sang, mais sain. Le sang est noir, prive de serosite et grumeleux; il se decompose tres vite, ainsique le cadavre.On a remarque que les lesions cadaveriques sont d'autant moindres que la mort est arrivee pluspromptement.
Ce typhus est contagieux au plus haut degre et mamp;me ä une certaine distance; mais il ne Test que pour les Lceul's et non pour les autres especes. Ne souvent par suite de la reunion d'une grande quantite d'animaux arrives de pays eloignes ä la suite des armees, il se declare aussi dans d'autres circonstances et en des temps oü le typhus n'exislait nulle part encore et navait pu etre Iransporte.
Quels sont les elements de cette grave epizootic? 1deg; personne ne niera l'alteration du sang; l'autopsie en fait foi. L'elat general, les symptömes ataxiques etadyna-miqneslannoncenl, ainsi que la fetidite des excretions et l'eosemble des alterations analomiques. Cette remarque qua les lesions cadaveriques sont d'autant moindres que la moil arrive plus vite,le prouve encore. Cesmorlsrapides avec peu ou point de lesions anatomiques, ne peuvent s'expliquer que par un empoisonnement general; 2deg; il y a
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un öiai neiveux assez violent, ainsi que 1'annoncent les symplömes ata\iques dont j'ai parle, et plus prononcc que dans les typhus ordinaires; 3deg; enfindu cöledes solides presque toules les muqueuses sont le siege de congestions et d'un etat catarrhal, c'est-ä-dire de secretions muqueuses; du pus s'y forme fr^quemment, ce qui indique la stase, Parrot de la circulation sanguine qui caracterise 1'inflammation. Ces congestions et ces inflammations aux-quelles se lie constamment un etat secretoire morbide, revelent elles-memes la forme particuliöre passive des maladies oü le sang est altere et transude des vaisseaux. En outre, des inflammations, resultat d'une fluxion active, se font vers la peau et produisent les eruptions pustuleuses irrcgulieres et les exanthfenes sero-fibrineux.
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CONCLUSION DE CES DEUX UEUNIEUS CHAPITRES.
Si je suis entre dans d'aussi longs details sur les diverses i;pi/.ooties el enzooties des animauxdomestiques, jeferai remarquer que e'est moins pour faire une histoire complete de ces maladies, ce qui serait hois de mon siijet, que pour servir d'explication et de preuve aux idöes que j'ai exposees dans les trois premiers chapitres dc ce dernier livre. Si d'un autre cole je n'ai point parle des cas sporadiques, des maladies isolees qu'on renconu lt;• souvent dans la pratique ct dans lesquelles on ne pent meconnaitre un etat lyphoide, comme ce qu'on est mii-venu d'appeler les resorplions purulentes apres les o\h'.-raiions, les angines couenneuses et une foule d'autres cas, ce n'est pas quo je meconnaisse leur nature, mais parce que j'ai dii naturcllement me borncr. (Test anssi
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312 parce que les symplomcs lyphoi'des ne sontni aussinom-breux, ni aussi caracierises que dans les affections dont j'ai parle, oü il n'est pas possible de ne pas les aper-cevoir. C'est done en etudiant ces maladies qu'on se for-mera des idees bien arretees, et qu'on saisira bien dans son ensemble cette physionomie des maladies par alteration du sang; une fois bien comprise on la reconnaitra plus aisement, lorsque dans les cas particuliers de la pratique on rencontrera ses traits isoles et affaiblis.
Nous avons vu qu'il y a trois methodes pour decouvrir I'alleration du sang: 1deg; Texamen de sa coagulation; 2deg; l'etude des symptomes; 3deg; celle des lesions anatomiques. J'ai parle suffisamment de la premiere, il me reste h re-sumer les principaux caracteres de ces deux dernieres methodes.
La description des maladies generales que je viens de faire en a montre deux classes bien distinctes : une dans laquelle le sang modifie dans les proportions de ses elements, parail etredevenu en general fort sereux; I'autre dans laquelle il contient des principes deleteres, de veri-tables poisons. Je vais examiner chacune de ces deux classes, sous le rapport de ses symptomes et de ses alterations anatomo-pathologiques.
Le caractere le plus general des maladies de la premiere classe, c'est la tendance aux secretions sereuses, muqueuses, purulentes, aux infiltrations, tendance quise monlre dans les quatre ordres qui la composent. INous avons rencontre dans ces maladies, des congestions, des hemorrhagies, des inflammations tres-actives, mais ces etats morbides se terminent constamment par des vices de secretion. On ne pent meconnailre la diathese muqueuse, e'est-a-dire la predominance dans le sang de la serosite
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qui s'echappe par tons les points qui deviennent le siege de congestions et d'inflammalions. Ainsi, dans la pourri-lure, toutes las sereuses eontiennent des epanchements plus ou nioins abondants; le tissu cellulaire est infilire dans tons les points declives. Les oedemes, les anasarques sont communs dans toutes les maladies de cette premiere classe. Dans la plupart aussi, on voit se produire des en-tozoaires et des ectozoaires, c'est aussi lä un vice de secretion ; non-seulement les premiers apparaissent dans le tube digestif, mais encore dans les bronches, le cerveau, le tissu cellulaire; 11 y a lä evidemment une diathese, c'est-ä-dire un etat du sang commun ä ces differentes maladies. Enfin le pus s'y produit avec une grande faci-lite; j'ai parle de ces collections purulenles dans les sinus, les trompes dEustache, dans les cornes, etc.C'est encore la un vice de secretion. Ainsi les diatheses sereuse, mu-queuse, purulente et vermineuse, caracterisees par la facilite avec laquelle les produits de ces secretions s'e-chappent abondamment par toutes les voies, sont les traits communs aux maladies de cette premiere classe. Ces diatheses sont I'expression d'un etat general du sang.
On a aussi quelques symptomes communs, ce sont: la faiblesse generale, la mollesse et la depressibilite du pouls, la decoloration des tissus exterieurs, la diminution de l'appetit.
J'ai traite longuement des causes de ces maladies; et nous avons vu que le resultat de leur action devait etre de rendre le sang riche en serosite, en albumine et en sels, pauvre en fibrine et en matiere colorante.
Je passe maintenant aux maladies de la seconde classe. L'etat adynamique ou putride en est le caractere general. J'en ai esquisse plusieurs fois les traits qui sont: la chute
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des forces, le brisement du corps, l'air de stupeur et d'engourdissement des sens, la perle de l'appetit, la föti-dite de i'haleine et des excretions, la secheresse et la cha-leur de la langue, la petitesseetla frequence du pouIs,la frequence de la respiration sans touxou avec toux, souvent le refroidissement de la peau; en general,les yeux batlus, chassicux, enfonces dans le globe, et un amaigrissement general et rapide. A ces sympiomes adynamiques so joi-gnent quelquefois des symptoraes nerveux proprement dits, c'est-ä-dire ataxiques.
Les eruptions ä la peau sont constantes. Elles sont dc quatre especes : 1deg; les petites laches sanguines connues sous le nom de petechies; celles plus considerables qu'on appelle ecchymoses; on les voit non-seulement sur la peau, mais aux ouvertures des muqueuses; 1deg; les eruptions pus-tuleuses faussement appelees varioles; elles se montrent dans les fievres muqueuses a forme typhoide, dans les typlius des boeufsj 3deg; les tumeurs, nommees ä tort char-bon blanc, et formees par I'infiltralion d'une matiere sero-fibrineuse, solidifiee sous la forme d'une geiee; 4deg; les exanthemes vraiment gangreneux sous la forme de cliar-bon ou de pustule maligne.
La gangrene est frequente dans ces maladies, landis que c'etait la suppuration pour la classe precedente; eile apparait a la surface des exutoires, des plaies. sur les points exposes ä la pression ou ä des frottements. On com-prend fort bien pourquoi eile est commune : c'est que la circulation est peu active, le sang sort mecaniquement des vaisseaux, le Systeme nerveux est epuise; les congestions se resolvent done difficilement, et si la circulation y est suspendue,elle ne pcul s'y relablir, et la mollification des tissus s'ensuit.
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Certains points de l'organisme sont en general le siege de congestions actives; mais dans tons les organes il y a infdtralion passive, imbibition de sang, engouementde la circulation. Le tube digestif est en premiere ligne pour la frequence des congestions actives; puis viennent les mu-queuses du nez et des sinus, de l'arriere bouche et des broncbes; les poumons qui, dans lous les caSj sont le siege de l'engouement dont je viens de parier, d'oü re-sulte l'acceleration et la gone de la respiration; le foie el la rate dans les lieux marecageux oü les fievres intermit-tentes sont communes. II faut remarquer que, suivant les points qui sont plus specialemenl frappes par des congestions et des inflammations actives, oü le sang est pousse par le Systeme nerveux, les maladies generales revetent des trails differents, quoique leur nature reste au fond la meme.
L'autopsie montre le sang infiltre dans tous les tissus. Outre les petechies el les ecchymoses deja mentionnees a la peau et aux orifices des muqueuses, on en trouve dans le cerveau et ses membranes , sur les deux surfaces du coeur, dans le poumon et les intestins. Le poumon, le foie et la rate sont engorges par un sang noir; les intestins sont injectes el onl une couleur violacee ou lie de vin; il ya de legers epanchements dans les sereuses du cerveau, de la poitrine el de i'abdomen et un sang noir el pen abon^ dant dans les veines. Cette coloration brune du sang est constante et annonce que I'bematose se fail mal par suite de l'engouement du poumon, et aussi que la circulation capillaire est ralentic; car nous savons que le ralentisse-ment a pour effet de produire celte coloration. Enfin le cadavrese putrefie rapidement^ et des gaz fefides s'y dc-veloppent. La duree de ces maladies est courie el leur
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316 marche rapide. Les symptömes adynamiques se montrent das le debut, et si la mort survient alors, eile a lieu par un veritable empoisonnement; on trouve d'autant moins de desordres qu'elle est arrivee plus vite.
Si la duree est plus longue, les infiltrations sanguines et I'engouement des tissus ont le temps de s'operer, ainsi que les congestions et les inflammations veritablement actives.
Si une reaction s'opere , que les symptomes adynamiques diminuent, alors on voit un ou plusieurs orgaiies, en general le tube digestif et le poumon , devenir le siege d'inflammations qui predominent de plus en plus a mesure que les symptomes de l'empoisonnement general diminuent; et si la mort survient dans cet eiat,les alterations anatomiques sont celles de l'inflammation. II y a done trois ages en quelque sorle dans la duree de ces maladies, ä chacun desquels correspondent des desordres differents.
Tels sont les principaux traits de i'hisloire des affections generates ä forme typhoide.
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FIN.
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TABLE.
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Preface................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; v
Introduction. Plan d'ane pathologic g6ii6rale. ...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1
LIVRE PREMIER.
MALADIES DES SOLIDES.
Chapitre premier. Ue la congestion......nbsp; nbsp; nbsp; 37
Chap. ii. De rinflammation.........nbsp; nbsp; nbsp; 54
Chap. hi. IKmorrhagtes..........nbsp; nbsp; nbsp; 94
Chap. iv. Des secretions morbides.......nbsp; nbsp; 112
Chap. v. Des vices de nutrition........nbsp; nbsp; nbsp;162
LIVRE DEUXIEME.
DES ETATS NERVEDX MORBIDES.
Chapitre premier. Du Systeme nerveux en general. .nbsp; nbsp; nbsp;169
Chap. ii. Des etats ataxique et adynamique ....nbsp; nbsp; nbsp;179
('hap. hi. N6vralgies, nevroses pures......nbsp; nbsp; 205
Chap. iv. Delafolie............nbsp; nbsp; nbsp;211
Chap. v. De Tintermittence. . .......nbsp; nbsp; nbsp;219
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318 LIVRE TROISlfeME.
DES MALADIES G^NEBiLES PAU ALTERATION DU SANG.
Chapitre premier. Caracteres generaux des maladies
par alteration du sang..........229
Chap. ii. Caractamp;res chimiques et physiques du sang dans ces maladies............2^2
Chap. hi. Formes particuliferes que revetent les congestions, les inflammations , les hemorrhagies et les vices de secretion...........2G1
Chap. iv. Maladies generales avec modification dans les proportions du sang ou de ses elements. . . . 274
Premier ordre. Maladies caracterisees par desepanche-ments sereux et par la production d'entozoaires. . 275
Deuxieme ordre. Maladies caracterisees d'abord parun etat sereux du sang comme dans le premier ordre, et ensuite par des hemorrhagies actives ou passives sur diverses surfaces............280
Troisieme ordre. Maladies avec epanchement dans les plevres, offrant tanlöt quelques-uns des traits de la pourriture, tantöt ceux de la fievre putride ou ty-pho'ide , et parfois des tnmeurs gangreneuses , spon-lances ou provoquees par les setons......286
Quatrieme ordre. Fievres muqueuses. —Fievres catar-rhales................291
Chap. v. Maladies generales avec introduction de prin-cipes deleteres dans le sang........296
Premier ordre. Variole. — Fievres gastriques. . . . ib.
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Deuxieme ordre. Typhus avec eruption de tumeurs sous-cutanees formees par infiltration d'une serosite de consistance gelatiueuse et de couleur citrine. . 299
Troisicme ordre. Maladies caracterisees par I'appari-tion de tumeurs gangreneuses.......302
Qmtrihne ordre. Typhus contagieux des betes ä grosses
cornes................308
Conclusion de ces deux derniers chapitres. . . . 311
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FIN MB r.A TABLE.
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PATHOLOGIE ET DE THfiRAPEÜTIQUE
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GENIALES VETERINAIRES.
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DOMOOLIN, RONET ET STBT3KT, IMPRIMBCRS
Quai St-Antoiiie, 33, ä Lyon.
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TRAlTß
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DE
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PATHOLOGIE
LT I)E
THfiRAPEÜTIQUE GßN^RALES
VETER1NÄIRES,
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Par ICAII¥AKU.
CHEVALIER tgt;B LA I CQTOS #9632; D*HONXEt;B ,
Pirfctpur tic. l'Eeole roysie \cu1rinairc de I.jon . I1r:if*s'iriir ilc htbologle internlaquo; #9632;{ tfninit
quot; In tininc fictile. Uembrlaquo;Mrrctpoadini de t'Acad^milaquo; rojiledeMädccinArfe Psrii,
Mmitiro ticulüirc lies Soiitlcs ile Mi'.lr.ini; Pt d'Agriculture ilc Lyon,
Mctulirc uom-sponilant des Sociii^s V^tMmüra du Qdradoi.
.1* t'HAmh et #9632;!quot; Colle-c ViilikLiMtii.. ,(,.• I.,mJ.Pi.
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=gt;*:i^ tome Öfccmii. s^^s
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PARIS,
ROÜCHARD-HUZARD , UBRA1RE ,
Rnc de I'Eperon . nquot; 7.
LYON,
CH. SA VT JEUIVE, LIBRATRE ifDITEUR.
Qual des Cplrstins , n0 4S. 1841.
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PATHOLOGIE
THfiRAPEUTIQUE GtNfiRALES
VliTfiRKS1 AIRES.
LIVRE QUATRIEME.
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CH?AP1TRE PREMIER.
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DES CAUSES DES MAI.ADIKS.
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On a vu dans le premier volume de cet ouvragc que les indications qui nous sont fournies par la congestion , linllammation, etc., l'etat nerveux, l'ctat typhoide , sont diverseraent rempiies suivant les conditions particulieres au milieu desquelles l'economie animale peut etre placce, c'est-ä-dire suivant la constitution, le temperament, les äges, les sexes.etc., l'etat de Tair, les lieux, les climats, les Saisons, etc. On ne traite pas unjeuneanimal comme un vieux, celui qui a une bonne constitution comme celui qui eu a une mauvaise, celui qui esld'un temperament sanguin comme celui qui est d'un temperament lympliatique, dans röte comme dans l'hiver , au midi commn au nord , dans
TOME II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I
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uue localite hasse et humide comme dans une localile seche et elevee. Au conti aire , chacune des circonstances precedentesiinprimant au corps sain des modifications dc-terminees, le corps malade doit presenter aussi des differences. Ce sont precisementlesdilfeiencessi nombreusrs que ces circonstances impriment ä une meme maladie, ä la pneumonic, a la gastro-enierite , etc., qui font la diffi-culte de la pratique medicale. II est done tres important de savoir d'avance pourquoi et comment la constitution , le temperament, etc., etc., influent sur la marche des maladies , et de quelle maniere on doit se conduire sui-vani los modifications que ces conditions font eprouver ä reconomie.Ainsi la pleuresie par exemplc, dill'cre scion que la constitution est forte ou faible, que le temperament est sanguin, nerveux on lymphatique, que la saison est chaude ou froide, la localite elevee ou basse et humide. Vm qnoi consistent ccs differences et quelles Indications en rcssort-il pour le traitement ? e'est ce qu'on verra dans ce chapitre.
On a I'liabitude de desicner, sous le nom de causes prcdisposantes, ces conditions dont je viens de parier et qui modifient la nature et la marche des maladies. C'est pour me conformer a l'usage que je leur ai conserve ce nom. J'en ai traite fort longucment parce qu'elles presen-tent le plus grand interet dans la pratique veterinaire_. dans laquelle on a affaire a des etrcs bien plus rapprochös de la nature que I'liomme, et qui ressentent mieux que lui rinfluence de beaucoup de circonstances de saison, de climat et de localite, que I'liomme pent, jusqu'ä un certain point, modifier parson Industrie.
Mais avant d'en parier je dirai quelques mots des causes en general.
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Riles ont öle divisecs , suivant lour maniere d'agir, en causes mecaniques et en causes physiologiques. Les premieres consistent en une action directc sur les tissus, d'oü resullent des coupures, des piqures, des contusions, des plaies, des dechirures, des fractures, etc. Les secondes produisent des maladies en agissant par I'inter-mediaire du Systeme nerveux ; ainsi lo froid applique ä la peau determine une bronchite, ä cause de la Sympathie entre la peau el le poumon; ainsi la fatigue cpuise le Systeme nerveux etproduit lafievre et la coui'balure,etc.
On les a divisees aussi: 1deg; en causes specifiques , ce sont celles qui produisent toujours la meme maladie comme le virus de la clavelee , de la vaccine, de la rage, du typhus charbonneux; 2deg; en causes predisposantes, cc sont celles qui preparent l'economie ä contracter des maladies ; telles sont toutes les conditions d'age, de temperament , de lieux , etc. dont je vais traitor dans ce cha-pitre. Mais il faut remarquer quo. quoique predisposantes, cllos sont tres-souvent aussi causes determinanles ; 3deg; en causes delcrminantes ou occasionnelles, ce sont celles qui font eclater une maladie que les secondes avaicnt pre-paree ou bien qui la produisent de toutes pieces sans que Teconomie y eut etc predisposee, et dans ce cas on les dit efficientes.
Sous le rapport des causes , les maladies ont ete divisees en sporadiques, en enzootiques, et en epizooiiques. Les premieres sont accidcnielles et produites dans toutes les Saisons et dans tons les lieux , par raction des causes occasionnelles ou determinanles. Les deuxiemes sont propres ä certaincs localites et y sont permanentes. Los troi-siemes sont celles qui aitaquent tin grand nombre d'ani-maux ä la fois, el, qui dependent de conslitutions atmos-
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pheriquos generales, ou du concours de plusieurs causes predisposanies agissant sur unecerlaine elenduede pays. Je diviserai en deux classes les circonstances qui mo-difient la niarche des maladies: 1deg; en celles qui appar-tiennent a l'organisaiion de l'animal; 2deg; en celles qui lui sont exteiieures. Je vais commencer par les premieres qui sont la constitution , le temperament, I'espece , Tage, le sexe , I'liereditc, les habitudes.
De la Constitution.
Nous verrons dans le troisieme cliapilre que les divers organes dont se compose le corps se font equilibre mu-tuellement; qu'ils sont doucs de forces qui y appellent le fluide nerveux et le sang ; que ces forces resident dans le Systeme nerveux des organes, et que ce sont ellcs qui operent la revulsion naturelle dans les maladies; que ces forces sont liees a l'etat anatomique des organes, et que plus elles sont actives, plus il est difficile quo quelque mala-die s'etablisse; parce que toute maladic rendant la partie oil eile siege, centre d'un mouvement plus aclif de fluide nerveux ou de sang , aux depens des autres organes qui sont alors moins actifs, on comprend que plus les forces de chaque appareil sont energiques, plus ils tendent a cmpecher toute activite plus grande de fun d'eux.
On donne le nom de constitution ä cet etatdes forces des divers organes et appareils des corps, et on la distingue en bonne et en mauvaise. On a aussi applique la meme nom a l'organisaiion speciale des diverses especs animales; ainsi on dit la constitution du cheval, du boeuf, du chien ; mais dans ce sens c'est une expression vi-cieuse.
Ainsi une bonne constitution est une garantie de sante,
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el dans les maladies promet une terminaison naturelle : line mauvaise an contraire laisse facilement certains or-ganes derenir le siege d'une activite trop grande par rapport aux autres, de congestions, d'inflamrnations, d'etatraquo; nerveux; el dans les maladies ellc annonce quo la revulsion naturelle sera peu active, et la maladie plus grave et plus longue.
II est done ires important de connailre les signes h I'aide desquels onjugera qu'il y a une bonne constitulion; les signes opposes seront I'indice d'une mauvaise. Ces signes sonl les suivants : 1deg; des fonctions digestives s'exe-cutant avecfacilite et plenitude 5 2deg; de meme pour la respiration; !{0 un coaur jouissant d'une irriiabilite modcree en sorte que le pouls soil ferme, peu frequent el regie ; 4deg; un bon temperament; 5deg; un bon etai general dc nutrition ; 6deg;une conformaiion exterieure exempte de defauts; 7deg; aucune panic faible pur rapport au reste du corps.
Je vais reprendre en detail chacune de ces divisions: I0On considerera comme ayant un bon estomac I'animal qui conserve son appctit apres le travail comme en repos , qui mange avec action mais pas trop rapide-ment, qui mache bien ses aliments el qui est rarement atteint d'indigestions, qui rend peu frequemment des crottins, mais qui les rend bien marronnes, de couleur naturelle et peu odorants ou du moins sans mauvaise odeur, qui pent s'accommoder de tous les aliments et do tons les regimes possibles, qui pent attendre long-temps son repas, sans soulTrir et sans etre incommode ensuite des aliments qu'il aurapris en certainequantite , enfin donl la bouclie et les dents sonl propres et sans mauvaise odeur.
2deg; Du cole de la poitrine , il faul qu'elle soil ample en hauteur el enlargeur, mais principalement en hauteur;
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que l'animal ne perde pas facilement haleine , c'est ce qui arrive quand la cavile thoracique est bien developpee ; qu'il rappelle bien, c'est ä-dire qu'il s'ebroue avec force et avec facilite, qu'il ne soit pas sujet aux rhumes at aux maladies de poitrine.
3deg; Pour le cceur et la circulation, il faut que leurs mou-vements ne s'accelerent pas trop par I'exercice, parce que l'animal est alors dispose a suer facilement, ce qui I'afiaiblit ct I'expose a des refroidissements; que le pouls soit done grand et modcrement frequent; qu'il n'y ait ni palpitation, ni irregularite , ni intermilicnce du pouls.
4deg; Pour le temperament, il esi bon qu'il n'y on ait au-cun trop fortcment prononce. II en sera question plus tard.
5deg; Un bon etat de nutrition. C'est le signe d'unc forle eonstitulioD, qu'un animal conserve son embonpoint, quoi-qa'il alt pendant quelque temps une nourriture pen abon-dante, de bons ou de mediocres aliments, el qu'il tra-vaille peu ou beaucoup; que cet animal soit sobre pour le boire et le manger, qu'il ait le poll fin et luisant, que scs blessures et ses plaies suppurent peu el. se guerissent facilement. C'est au contraire le signe d'une mauvaise constitution qu'un animal s'engraisse facilement par le repos et maigrisse apres le moindre travail, qu'il soit long-temps a se refaire de la moindre indisposition, que ses blessures se guerissent difficilement et qu'il ait, comrne dit le vul-gaire, de Thumeur, c'est-ä-dire des secretions muqueuses ou purulentes abondantes.
6deg; Une conformation rapprochce, autant que possible , du type ideal de la perfection offre aussi beaucoup de garanties d'une bonne constitution.
7deg;II en est de meme de ce qu'on appelle en veterinaire les proportions et les aplombs. Ainsi un clieval panard,
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cagneux, qui a ie pied plat ou gros, celui qui a de lon-gues extremites et un corps faible, un gros corps ou des jambes greles, qui a un venue enorme ou un llanc retractc, un dos fortement enseliö ouun dos tres-voussc ou bosslaquo; , un long corps ou un flanc etendu , un pared cheval, dis-je, n'estpas dans les conditions d'une bonne constitution.
U0 linfin une certaine vivacite de caractere est encore un bon signe dune oonstilulion solide 5 ce que nous voyons chez le cheval qui marche sans se prcsser , badi-nant avec son mors, uyant la idle alerte , et qui s'excite avec calme par les difficultes.
Telssontles divers caracicres par la reunion desquels on reconnait chez les animaux la bonic do la consiitution ; niais comme rien n'est stable dans la vie , commc tout se inodific et change par i'usage des choses qui font vivre , une bonne consiitution pent s'alterer par läge , l'exces du travail, la privation des aliments necessaires, tandis que une consiitution originellement faible pent se fortifier dans des circonstances opposees. II est frequent quo ie travail afl'aiblisse la constitution chez les animaux, et lou-joursil faut l'auendre de Tage.
Indications. — Tue bonne consiitution ctant donnee (;hez un animal malade, il faut moderer , des le debut, la maladie, ct on pent Ie faire par des moyens actifs tels (|iie les cvacuaiions sanguines, et lui laisser suivre sa marche naturelle. Elle se rcsoudra probablement d'elle-meme. Avec une mauvaise constitution il faul eire plus modere dans l'emploi des premiers moyens, soutenir plutot les forces et aider par les revulsii's ä la revulsion naturelle des organesqui ne se fail pas activement.
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Des Temperaments.
On donne le nom de temperament a la predominance dans l'economie de quelques-uns des grands appareils qui la constituent. Cette predominance imprimea I'animaldes caracteres paniculiers, qui le disposcnt a certaines maladies et qui fournissent au veterinaire quelques indications therapeutiqucs. Les temperaments sont distingues en ge-neraux et partiels, en primitifs et en acquis. Voyons d'abordles premiers qui sont au nombrede quatre : I8le temperament sanguin; 2quot; le musculaire ; 3deg; le temperament nerveux; 4deg; le temperament lymphatique.
Un Italien , le docteur Gandolfy, assure que le temperament chez les animaux est commun a tons ceux de la meme espece. Cette erreur a ete dejä refutee par M. Ro-detd'AIfort. Rarcment trouve-t-on dans un troupeau deux mouions qui se ressemblent en tous points ; el les differences individuelles sont encore bicn plus sensibles dans lecheval et le chien.
1deg; Temperament sanquin. — On le reconnait aux caracteres suivants : une poilrine ample et blen. confor-mee , une respiration facile, un pouls developpe, vif et regulier, un embonpoint mediocre, une taille avanta geuse , de belles formes ä contours arrondis , une phy-sionomie animee , la coloration de la peau et des poils, une peau fine et souple au toucher, une transpiration facile, de la vivacite, de la promptitude et de la grace dans les mouvements.
Des poumons volumincux, un coeuractifet un sang riclie en fibrine et en liematosine, tels sont les caracteres anatomiques de ce temperament.
Plusieurs veterinaires ontattribue ce temperament aux
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9 ehevaux barbes, espagnols et ilaliens; ä mon yvis, il est mieux marque dans les ehevaux du Holstein, du Meklem-bourg et du Jutland, dans le joli clieval du Mellereau, chi Limousin et de l'Auvergne; dans I'cspcce du beeuf, les males entiers paraissent, au moins vers Tage adulte, revetir les caracteres du temperament, sanguin; et parmi les moutons , les merinos en general, au moins tant qu'ils conservent de leur sang primitif; l'espece du chien four-nit le levrier, le matin, le chien d'arret dont le sang parait si pur, ä en juger par la teinte rosee de son nez, la grandeur de ses yeux et la vivacite de son caractere, le barbet et enfin le dogue qui, plus tard , prend le temperament musculaire.
La pleihore, et oe qui s'ensuit, les congestions, les hc-morrhagies sont frequentes dans ce temperament. La fievre est \iolente, les sympathies sont energiques, la marche des maladies est rapide , la mon on la resolution arrivent promptement, et ce qu'on appelle l'etat chronique y est rare.
2deg; Temperament musculaire. — Les muscles sont remarquables par leur grand dcveloppcment. Ce temperament a ete rapproche du precedent avec lequel il est en cfiet toujours associe, mais il est evident cependant qu'il y a dans l'appareil locomoteur de cerlains individus ou de certaines races une disposition particuliere a acquerir un grand dcveloppcment. Mais l'homme pent a la longue, par des croisemenls bien assorlis, par le regime et la gymnastique , developper ce temperament cliez les ani-maux. Les Anglais ont forme de la sorle une race de ehevaux de traits ties forts et des coqs propres aux combats.
Ce lempcrainenl est cataderise non - seulemeni, par le
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10 volume des masses musculaires, mais encore par leur fermete et leur secheresse, par les iuierstices et les depressions qui les separent, et qui dependent de la rarete du tissu cellulaire; par des articulations bien exprimees c'est-ä-dire avecdes sailliesosseuses, fortementdessinees; par des tendons durs, forts et blen detaches, faisantsous la peau qui les rccouvre des saillies remarquables 5 par une grande aetivite de la digestion et un appetit qui va sou-vent jusqua la voracite ; par une voix grave et ferme, un regard qui a quelque chose de mcnacant; par une susceptibility nervcusc faible, et cependant de 1'irasci-biiite portee par moments a l'extreme , de la lenteur a s'exciler et ä s'emporter , mais par la violence de leur lureur une fois qu'ils sont irritcs.
Le mulct et l'ane ont plusieurs des attributs de ce temperament, a part le volume des masses musculaires ; en France la race boulonaise en jouit a un haut degrc. Les ammaux a temperament musculaire sont en general de tailie moyenne , comme on le voit chez les petits do-gues ü tete massive, ä tailie courte et ramassee que nous avons tires d'Ängleterre, et dans ces chevaux courtaux , trapus, sonant de tous les pays et de toutes les races possibles, qui out une force bien superieure ä celle de ces grands chevaux que fournissent la Picardie, la Flandre, la Ilollande, etc.
Ce temperament dispose a la plcthorc, aux congestions et aux inflammations visceraies. Les forces generales soul rapidement aflaissees, el ils tombeni aiseraent dans des etatsataxo-adynamiqueslorsqu'iissonttropsoumis a la saignee ou ä la diete, ä cause de la grande quaniite de sang necessaire ä l'cntretien de ce Systeme musculaire. Le tctanos n'y est pas rare, ainsi que les oiats nerveux (jui
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sont produits par la trop faible quamite du sang. Les meines raisons expliquent pourquoi la resolution de leurs maladies est difficile.
3deg; Temperament nerveux. — 11 est rarement pri-mitif chez les animaux et depend le plus souvent de Tage, de privations, de travail excessif, de maladies anterieures : ses caracteres sont difficiles ä saisir, parcc qua la sensibilitc est moins developpee chez les animaux que chez I'liomme, et que leur enveloppe epaisse et leurs masses charnues sont moins susccptibles d'expressions variees.
Ses traits sonr, : un corps grele et elance, une peau seche, un pelage de teinte renibrunie, des chairs molles, une respiration variant avec les qualites de l'atmo-sphere, un pouls peu developpe, ayant de la raideur et dovenant vif par la moindre impression des sens et par le travail; la digestion souvent derangec, I'appelit tantol fort peu actif et tantöt vorace; an caractfere timide, craintif, irascible, susceptible d'emportement si les animaux sont brusques, et ä craindre si on provoque leur colere , exigeant de la patience pour cue dresses , car, si on les brusque, on les rend retifs et incorrigibles ; de ranimation au travail, aussi leurs forces musculaires s'alfaissent plus promptement el la lassitude s'accompagne de douleurs contuses.
Ce temperament, rarement pur, est presque toujours associe a un des trois aulres. Reuni au temperament san-guin, il se rencontre surtoutdans les animaux eleves dans les pays mcridionaux, dans leschevaux anglais do premier sang, dans les chevaux de course lögers, clances, ä formes seches et fines, a quelque pays qu'ils apparlien-nent. Associe au temperament musculairc, il apparticnt
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ä l'anc, au mulet, a la chevre et au bouc. Enfin, avec le temperament lymphalique il existe chez cerlains beliers et taureaux tres-irascibles el qui, en vieillissant, devien-nent capables de dissimulation, de haine, de tacilurnite, de melancolie; comme aussi chez quelques cliiens de petite stature, et principalement chez le chat, type de ce dernier genre. Chez lui on reconnait les caracieres de ces deux temperaments : la päleur et la delicatesse des chairs, l'empatement des formes, en meme temps la \ivacite et la legerete dans les mouvements, un gout cxquis, de la sensualiie,des passions vives, surtout celle de la reproduction, celles de la ruse, de la dissimulation, de iamiaute, de rapathie,une irascibilite extreme et le sentiment affectif pour laprogeniture porte a un hautdegre.
Les phenomenes nerveux ataxiques dominent dans les maladies. Le cerveau et la moelle epiniere sent chez les animaux de ce temperament ce que le cceur est chez ceux ä temperament sanguin; c'est-a-dire les organes qui s'ir-ritent le plus vivement par Sympathie, de sorte que les inflammations des visceres determinent du cole des sens, de Tintelligence et du Systeme locomoteur les troubles varies appeles ataxiques, souvent sans qu'il y ait fievre. Aussi ne faut-il pas s'cn laisser imposer par celte appa-rence et croire qu'on a affaire a un etat nerveux pur et non ä une inflammation avec etat nerveux sympathique; par consequent il faut e(re reserve sur l'emploi des antispas-modiques stimulants,qui augmcnleraient rinflammation, cause premiere de tous les desordres. 11 faul les admi-uistrer avec precaution. Les convulsions, Tepilepsie, la danse dc saint-guy ou choree, l'immobilile et en general tousles elatsnerveux sontfrequents avec ce temperament.
4deg; Tempemmctit lymphalique. — On le reconnait
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ä une habilude du corps inulle, lache et faiblement coio-rce; a des formes arrondies et meme empälees, a des chairs flasques et peu elasliques, a une temperature pen elevee ä l'exterieur, u une peau epaisse, molle, humide , couverte de crins epais et en general d'une cou-leur claire.
Les especes d'animaux chez lesquelles ce temperament se fait le plus remarquer, sont le bocuf, le moulon, le lapin, le chat avec rassociation nerveuse, les voiailies de basse-cour. II est toujours plus developpc chez les individus de ces especes, qui ont subi la castration. Au reste, dans toulcs les especes, les lieux bas et humides developpent loujours les caracleres du temperament lymphaiique; corame on le voit dans les races de chevaux du lianovre, de la Hollande, de la Flandre, etc.
Ce temperament semble aussi appartenir aux deux Ages extremes de la vie des animaux, ä leur premiere jeunesse et a leur vieillesse.
Ce n'est done pas la predominance du Systeme Ivm-phatique qui le consütue, comme le disent les vieux livres, c'esl cet etat du sang dont j'ai eu occasion de parier si souvent dans le premier volume, dans lequel la serosite, Talbumine et les sels semblent predominer aux depens de Thematesine. Par suite de celle disposition, nous avons vu que les diatheses muqueuse, purulente, tuberculeuse, vermineuse elaient frequentes; que les secretions elaient generalement actives. Ces animaux ont ce qu'on appelle des humours. Cette disposition tient soit ä un defaut de developpcment de la poilrine par suite duquel rhematose ne se fait pas bien, soit ä une mau-vaise conformation originelle de tout le corps, qui fait que toutes les fonetions sontlangnissantes et alors les prineipes
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!es plus simples, I'eau, ralbuminc el ies sols sont abon-dants, ou a l'influence des lieux humides qui, en dimi-nuant les secretions cutanees et pulmonaires, empechent le sang de se debarrasser de ces principes et, en intro cJuisant par I'liumidite de lair et la mauvaise qualite des aliments beaucoup de ces meraes elements, les font predominer dans le sang.
Aussi l'excitant naturel de l'cconomie, le sang n'a plus ses caracteres ordinaires,d'oii resulle : 1deg; peu d'activile du Systeme nerveux et des functions, peu de douleur, de fievre, de reaction, de sympathies, et par consequent line marche lerne dans les maladies j 2quot; un etat du sang qui rend toules les secretions ceilulaires , sereuses, cutanees et muqueuses, faciles et abondantes; de la frequence des flux catarrhaux, des hydropisies, des entozoaires, des tuberculcs, du pus et des diverses productions acci-dentellcs, organisees ou non organisecs.
Ce sont ces deux etats fondamentaux qui impriment a la mcdecine des boeufs et des moutons un caractcre par-ticulier, sur lequel je reviendrai ä propos des indications fournies par les temperaments.
Temperaments parlicls. — On nomme ainsi la disposition parliculiere a cliaque animal, qui consiste dans faclivite plus grande d'un ou plusieurs organes, qui deviennent par consequent le siege des maladies fre-quentes, on du moins qui eprouvent des derangements dans presque toules les maladies de l'individu. Mais il en sera parlö a propos des predispositions ou idiosyncrasies.
Temperaments primitifs et aeqnis. — Les temperaments primilifs sont, ceux queles animaux apporlenl en naissant; les temperaments acquis se formenl par les modifications que les premiers subissent sous rinfluencc
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dun air, d im sol et d'un climai differenis, une nouvelle nourriture, de nouvelles habitudes. La transplantaiion seule des jeunes animaux change lellement leurs carac-tcres exterieurs qu'ils en sont mcconnaissables, et l'emi-gration dans des pays eloignes aurait d'abord efface les caractcres primiiifs des chevaux et des moutons, si on n'avait soin de revenir au sang prirnilif. Mais ces change-ments qui sont ainsi introduits dans I'organisme n'en lais-sent pas moins subsister les traits les plus saillants et los plus profonds de l'ancien temperament. C'est ce qu'il ne faut pas perdre de vue.
Indications. — 1deg; pour le temperament sanguin. Comme le debut des maladies est en general intense et la marche rapide, c'est autant que possible dans les premiers temps qu'il faut agir, et d'autant plus active-ment que ce debut est plus violent. Neanmoins, il faut se souvenir qu'on doit chercher a moderer la fievre la douleur et le trouble de la fonction de I'organe malade ot non pas a les detruire completement. Quand la premiere intensite de la maladie est calmee, il faut savoir aliendre; la resolution est en general franche et rapide voila pourquoi il est souvent inutile d'employer les divers revulsifs, la revulsion naturelle s'operant bien,.
2o Pour le temperament musculairc. A cause de I'af-faissement oü tornbent rapidement les gros animaux on doit eviter de trop les affaiblir, et soulenir autant que possible le regime au niveau de l'appetit. On ne prolongera pas les moyens debilitants au-dela des premiers jours. quoique la maladie n'aitpas encore diminuö; et comme la resolution est souvent difficile, il ne sora pas mal de l'ac-tiver ä I'aide des moyens connus sous le nom do revulsifs.
3o Pour le temperament nerveux. II ne faut pas irop
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aflaibür, parce que la l'aiblesse generale augmente les sympiomcs ataxiques ou nerveux. L'eiat nerveux sera combaitu par les moyens speciaux dont je parlerai a propos de la tlierapculiquc des nevroses; d'un aulre cote, cet elat ctant souvent produit par des inflammations , on evitera d'employer les antispasmodiques trop siimulants, qui aiigmenleraient rinflammadon, cause de tout le dcsordre. Un regime doux et peu de moyens ener-giques sent ce qu'il y a de mieux.
4deg; Pour le temperament lymphatique. La marche des maladies ctant lerne chez les animaux de ce temperament, il faut savoir que la resolution des maladies est toujours plus longue ä se faire et qu'il est bon de Faider par les excitants et les revulsifs. A cause du peu d'aeti-vile des functions, des que la periode d'aeuite est passee, on entrelient les forces et on les excite par les amers, les toniques analeptiques, etc. Les ilux secretoires seront combattus par les moyens que j'ai indiques ä propos des vices de secretion, c'est-ä-dire par les evacuants et les astringents. Enfin, l'elat du sang etant la source premiere de l'etat general, on le modifiera par les toniques, par de bons aliments, en cviiant l'humidite, et par l'emploi des stimulants nalurels., tels que la lumiere solaire, la chaleur moderee et seche, et l'exercice modere.
Ces diverses indications dominent toute la medecine des boeufs et des moutons qui, par leur constitution, leur regime, les causes generales auxquellcs ils sent exposes, ont en general le temperament lymphatique.
Des Especcs.
La medecine veterinaire sous le rapport des especes, est bien plus clendue que la medecine humaine: eile en
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oomprend dix : 1deg; Tcspece du clieval, a laqnelle appar-tiennent l'äne, le mulet el le bardot; 2deg; l'espece du bocuf; 3deg; l'espece. du niouton; 4deg; l'espece de la chevrc; 5deg; celle du pore: G0 celle du chien; 7deg; celle du chat; 0deg; celle du lapin : 9deg; celle des gallinacces; 10deg; celle des palmipedes, oies et canards.
Chacuue de ces especes a son organisation speciale; le sang dans chacune a une odeur propre, ainsi que la constate M. Barruel, les globules n'ont pas le meme volume, les malicres excretees n'ont ni la meme odeur, ni la meme consistance. Los insectes parasites ne peuvent pas vivre loisqu'ilä sonl transportos d'une espece sur I'autre. Ainsi chaque espece a quclque chose de parti-culier el qui reside dans les solides aussi bien que dans les fluides. Voila peurquoi certains etats morbides affec-tent de preference certaines especes, et pourquoi les maladies y affectent des sieges diflerents.
Ainsi les phlegmasies dans le cheval ont plus d'acuile et de violence, une marche plus rapide que dans le boeuf et le mouton oü el'es laissent plus souvent apres elies des produits morbides de secretion, dont le plus commun est le tubercule.
I! en est de meme des nevroses. Le tetanos et rimmo-bilile sont frequents dans le cheval. La choree ou danse de saint-guy s'observe aussi chez lui. Ces maladies sont rares dans le bocuf et le mouton. Le chien est souvent affecle de choree. L'epilepsie appartient ä tomes les especes; chez le cheval eile est irreguliere dans ses atta-ques 5 eile est plus reguliere chez le bocuf et le mouton , el dure plus long-temps avantde mettre fin ä la vie.
Les vices de secretion des muqueuses, des scrnusos, du lissu cellulaire sont fort comnmns dans le boeuf el le
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18 mouton ('i plus rares daus le cheval. Parnii les afleciions catarrhales, la fievre muqueuse avec apluhes qui frap-pe les bixufs, alleint ä peine le cheval et le mouton. Les eruptions pustuleuses cutanees,la variole de la vaclie (vaccine) et cello du mouton (clavelee) sont incon-aues an cheval. Le pore, le chien, les volailles offrent iiuclques pustules irregulieres qui ne peuvent pas ctre rapprochees de ces eruptions. La plus grave de toules les affections catarrhales du boeuf, le typhus des camps ne se montre dans aucune aulre espece. T'ne seule mala-die de ce genre est propre ä l'espece du cheval, c'esl la morvc, maladie presque toujours apyretiquc et ä marche lente, qui s'accompagne d'ulceralion de la membrane nasale el fait perir It's malades apres une duree plus ou moins longue. Lamorve n'a d'analogue dans aucune aulre espece. Le cheval est aussi sujet ä une eruption cutanee, paraissant de nature luberculeusc, a laquelle les boeuls sonl Ues-peu sujets,le farcin.
Les vices de secretion des sereuses et du lissu cellu-laire sont commnns dansle boeuf eile mouton. Le touruis, du a la presence du coenure, lenvahisscmenl des canaux biliaires par les douves ou dyslomes, celui des bronches par les filaires , I'anasarque, I'ascite , rhydrocephale sonl des affections presque exclusivement propres au boeuf et au mouton, si on en excepte toutefois le pore qui est sujet, comrae on le sail, a une anasarquo pro-duile par les cysticerques.
Pour les sieges divers des maladies suivant les especes. nous remarquerons les congestions de la tete et surtont des yeux si communes chez le cheval ä löpoque du renouvellement des dents incisives superieures, maladies (ju'on nc voit pas survenir chez lesbrcufs qui sonl prives
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de ces dents, et qui sont rares dans les auires animaux.
Du cole du tube digestif, les carnivores seuls peuvent vomir; i'impossibilite oil sont les auires especes do chasser les matieres contenues dans I'estomac rend leurs indigestions plus graves et parfois mortelles. Les indigestions qui sont communes a toutes les especes occupent chez elles des sieges differents. Celles qui sont recentes et qui tiennent a la quantite et ä la qualitc d'aliments aqueux et fournissant beaucoup de gaz, ont lieu dans le premier des estomacs des ruminants appele pause ou rumen. C'est egalement dans le premier renflemenl gas-trique, dans le jabot., qu'elles ont lieu cliez les oiseaux ; pour le cheval, c'est dans Testomac. Lorsque I'indiges-tion vieillit, eile a lieu alors ä la tois dans la pause et le troisieme estomac ou feuillet chez le bocuf; dans Pestomac, le colon et le coecum ou meine dans les deux derniers seulement, chez le cheval. Les aliments s'accu-mulent alors dans le feuillet du band et du moutou, dans !a portion etroile du colon du cheval, qui concourt ä la formation de la portion pelvienne, et dans le rectum du cbien. Cel etat ne s'exprime pas de meme dans toutes les especes, bien qu'il y ait chez toutes constipation, injection des yeux, diminution el perle de l'appetil, plenitude du pouls, embarras de la circulation; le cheval eprouve des coliques plus ou moins vives, le boeuf a la marche genee et semble parfois boiler, le chicn a des lenesmes et un ccoulement muqueux peu abondant par I'anus.
Parmi les auires appareils celui des urines nous offre seid quelques rapprochemenls. II est, frequemment chez les bqeufs le siege de douleurs causees par des graviers, doulcurs que la disposition de Turetre, la courbnre sns-scrotale partieüliere ä cede espece concourt ä augmenter
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20 en rendant difficile 1c passage des graviers. Dans le diien, unc cause dc danger dans le cas de gravier vient du rclrecisseinent de l'uretre dans son trajet a travers la rainure de Fos penlen.
Enfin la presence d'organes propres a certaines espe-ces seulement, les dispose ä des maladies parliculieres. Les animaux pourvus de cornes sont exposes aux contu-sioriSj aux fractures, aux arrachements de ces appendices, a Fetal catarrhal de la muqucuse qui lapisse leurs sinus; les chiens donl le bout de l'Greille est grand et pendant, sont exposes ä en avoir le Lout ulcere. Les animaux a un seul sabol, au ramollissement purulent et a la degenc-rescence de la fourchette; ceux qui I'ont divise, ä l'ulce-ration du ligament inteidigile ou ä rinflammalion du canal biflexe.
Teiles sont les principales modifications que les especes apportent dans la nature et les sieges des maladies.
Des Ages.
On appelle ages, les diverses periodes de la vie pendant chacune desquelles s'opcre une serie determinee de cbangemenls organiques. II y en a quatre chez les animaux comme chez I'homme; ce sont: 1deg; la premiere jcu-nesse; 2deg; la deuxiemc jeunesse; 3deg; Tage adulte-, 4deg; la vieillesse. Chacun de ces ages a des caraclerespaniculieis el imprime aux maladies une forme qu'il esl impörlant de connaitre. En modifiant la consiitulion de l'animal, il devicnt en quelque sorie un remede pour les maladies dlt;: Tage qui a precede. C'est ainsi que j'ai l'habitude de recouimander aux proprietaires dc jeunes chiens atteiuts de choree, de ne pas leur donncr des remedes violenls, de les nourrir et de les excrcer pour fortifier leur cons-
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litulion , el d'attendre leur guerison de Tage suivant.
Nous pouvons rarement snivre nos animaux a travels leurs divers ages; les grands comme lespetits animaux qui servent ä la nourrilure de l'homme sont sacrifies de bonne heure; le cheval et le chien sont ceux que nous pouvons suivre le plus long-temps.
Au reste, quant a ces distinctions entre les ages, vraies dans la generalite des cas5 elles sont en defaut dans beau-coup de cas particuliers; parcc qu'il y a des animaux qui conservent toute leur force ä läge de la vieiliesse, et d'autres qui, dans Tage adulte, sont uses comme s'ils elaient dejä arrives a la vieiliesse. Le cours des ages est ainsi prccipite ou ralenti suivant la force primitive de la constitulion, les travaux, le regime,etc.
Pr yige. Get age commence a la naissance et finit a I'cpoque oil arrivent les dents de remplacement, e'est-a-dire ä 3 ans pour le cheval, ä 2 pour le bocuf et le mouton , a I an pour le chien.
C'est Tage oü les maladies sont le plus frequentes et le plus nombreuses.
La constipation est la premiere maladie des grands quadrupedes; et peu de temps apres la naissance, le coiyza et la diarrhee produits par le froid et par Tusage d'aliments aqueux. Les coliques et la diarrhee sont frequentes quand on substitue un autre lait ä celui de la mere, ou qu'on nourrit trop abendamment dans le but d'engraisser rapidement, et elles enlevent un grand nombre de veaux.
La constipation et l'enferite sont communes ä cet age^ lorsque les vaches etlesbrebis, irouvant peu d'herbes ou des herbes dessechöes par la chaleur, Jonnenl a leurs petits uu lait sereux et peu abondant.
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Les oplithalmies sont assez communes dans les jennes chats et les volailles; les coryzas et les fievres catarrhalcs dans le chien, le chat et le cheval oil elles portent 1c nom de maladies des clnens et des chats pour les deux premiers et de gourme pour le cheval.
Lair froid et vif des pays demoutagne oü on eleve les muletons , leur cause des crampes et des pissements de sang qui en font perir nn grand nombre.
Dans les pays humides oü Ton fait pailre les agneaux de bonne heure , presque tons pcrissent de l'hydropisie des grandes caviies, et de l'anasarque (pourriturc), sur-tout pendant les Saisons froides et pluvieuses.
II soffit quelquefois qu'unepluie froide frappe lespou-leis et surtout les dindons pour qn'ils soient atleints do diarrhees monelles. Le grand froid , la neige, la boue froide, les engourdissent el doveloppent dansleurs tarses des nodosites qui rcssemblent a cellos des homines at-teints de goulte.
Beaucoup de jeunes moutons et de pores perissenl par le developpement d'entozoaires dans le crane , le tissu cellulaire et le tube digestif (lournis el ladrerie). Suivant Uingnone, les larves d'oestre qui se multiplient dans I'es-tomac des jeunes poulains en font perir un grand nombre.
Le goitre est frequent clans le poulain , le veau et surtout le jeune chien; le croup frappe les veaux.
La faiblesse des aponevroses abdominales explique la frequence des hernies dans le poulain et le jeune chien , soil par lombilic , soit par le canal inguinal avant et surtout apres la descente des testiculcs.
La predominance marquee du Systeme nerveux explique le grand nombre de maladies nerveuses telles quo I'epilepsie, la choree, les convulsions, etc.
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Enfin les maladies erupiives apparaissent surioui a cci age : les crouies Muqueuses do la tele el les aphthes chez les agneaux.
Indications. — Lc temperament lymphatique, cest-a-dire les diatheses muqueuscSj sereuses , puiulenios, veimiueuses,clc.,domineiUcet age: aussi voit-ondcs fiux muqueux par loutes les membranes muqueuses; la peau est le siege d'eruptions, de eioüles; le tissu cellujaire sinliltre facilement. Les animaux ont ce qu'on appelU; des humeurs. D'oii indication : 1deg; d'eviter lc froid et l'hu-midite si dangereux dans le temperament lymphatique ; 2deg; do no pas tai-ir trop brusquement les secretions acci-denlellesou delesrcmplacer par des exutoiies; o0 dedon-ner les amers , les astringents, les excitants des diverses secretions.
Comme le mouvement de la nutrition est tres-rapidc , la diete el le regime ali'aiblissants doivent etre proscrits. La convalescence est en general rapide.
Le dcveloppement du Systeme nerveux est une source d'indications. Les maladies aigues presentenl tres-souvent dans leurs cours divers phenomenes ataxiques qu'on coinbaltra comme il sera dit apropos do la therapeutique des allections nerveuses.
Si les maladies aigues ont en general une roarche rapide , en revanche il y a aussi beaucoup do maladies qui se prolongent. La plupart tiennenl a la constitution hu-morale ou ä la predominance nerveuse, el elles se gueris-sentpar le progres des ages qui modifienl la constitution.
//= Aye. Deuxieme jeuncsse. — Le corps alors complete son accroissement en hauteur , il acquien la taille qu'il conserve le reste de sa vie. Je fais commen-cer eel. age au renouvellemcnl des dents , ä deux ans
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21 pour les ruminants, ä trois pour le cheval, et pour les volatiles ä l'epoque oil ils poussent le rouge, c'est a-dirc , ä l'epoque oil se colorent les caroncules qui environnent leur tete; ce qui indique, pour le dire en passant, le passage du temperament lymphatique an temperament sanguin.
Les maladies sont moins nombreuses dans cet age que dans le precedenl; mais comme le corps niarche vers le terme de la perfeciion organique, le nombre et la frequence des maladies sont plus grands que dans Tage sui-vant, epoque oil la same a le plus de consistance.
L'abondance du sang et sa richesse en fibrine et en he-matosine , ractivite de la circulation annonccnt le temperament sanguin; les inflammations sont frequentes. Les maladies des voies respiratoires sont fort communes, Ic coryza , I'angine, la bronchite , la phihisie tuberculeuse. C'est l'epoque oil la poitrine acquiert tout son developpe-ment, et oü la fonclion de la generation entre en activite. Chez le cheval, le remplacement des dents de lait parait entretenir un mouvement fluxlonnaire vers la tele et expli-quer la frequence des ophthalmies qui frappent eel animal. Indications. — La marche des maladies est rapide. On observe' plus souvent qua tout aulre äge des crises spontanees, surtout par les sueurs. La rcsoiuiion est en general prompte et facile 5 aussi faut-il employer pen de remedes violents et faire de 1'expectation. Les anliphlo-gistiques sont generalemenl indiques.
Iir Age adulte. — Cost Tage de la plus grande force des animaux ; il commence dans les grands qua-drupedes, apres que toutes les dents de remplacement ont ete mises et durc jusqu'ä l'epoque 011 tonics les cavi-tes des dents s'elfacenl, e'est-a-dire de sept ä douze ans
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25 chez le cheval; la duree de cet age est variable dans les aulres especes, et quelques-unes mcmesne raueignent pas.
Le corps cesse de s'accroitre , I'organisalion acquieri tout son developpement et la plenitude de scs forces; le temperament propre a I'animal se forme definitivement alors.
Les visceres de la poitrine sont encore disposes aux maladies dans le commencement de cet age ,mais bientot ce sont ceux de l'abdomen qui le deviennent, €t dans les (emelles l'uterus et les mamellcs. En meme temps se montrent les infirmitcs des jambes et les rhumatismes, les maladies rebelies de la peau ; les produits de secretion , les squirrhes, les melanosesse ramoliissent.
Indications. — A Fcgard des sieges principaux des maladies on vient de voir ce qu'il en est. Pour la marche, eile est moins rapide que dans Tage precedent, I'intensite est plus grande, la resolution est plus lente a arriver, les crises sont plus rares ; la convalescence est assez rapide, La diete et les debiliianls sont mieux Supportes qu'ä tout autre age si Teconomie n'a pas etc deterioree de bonne heure par le travail, la mauvaise nourriture ou les maladies antcrieures.
/^e Age. — Ficillesse, — Elle commence pour les grands quadrupedes ä l'epoque oü les cavites dentaires sont effacees, vers douze ans , et pour les petits quadrupedes a l'epoque de la chute des dents.
La fonction de la generation est abolie , les forces di-minuent, toules les fonctions sont plus lentes et moins cnergiques , les organes subissent divers cliangements, les dents s'usent ou tombent, les cartilages s'ossifient, les tissus sont plus libreux, les polls blanchissent ou torn-Lent, les sens s'emoussent et se perdent.
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Le commencement de la vieillesse est souvent acconi-lgt;iigne (Tune bonne sante, quand I'individu a joui d'une bonne constitution et que Ton n'a pas abuse de ses force.-'. II y a dans les corps de cavalerie , dans les posies, dans ies fermes, de vieux chevaux qui etonnentparla vigueur qu'ils out conservee dans leur vieillesse.
Generalemcnt les maladies et les inlirmitcs arrivenl en foule a cet age ; ellcs se font remarquer par le caraclcrc adynamique (ju'elles revelent facilement. l)e plus ellcs se rappi'ocheni de celles qui sonl propres au temperament ivmphatique et qui soul le coryza, les caiarrhes, !es cedemes et anasarques, les squirrhes.
Les visccrcs abdominaux en soul souvent 1c siege; ies gastro-enterites, les indigestions, les constipations soni. Ircquentes. Le relachement et le pen de contractiliie des tissus cxpliqucnt les constipations, les paralysiesde vessie.
Indications.— La marche est lente, la convaies i;cnce est lougue , l'adynamie , c'esl-ä-dire l'clat de fai-iilesse se presente frequemment, les divers secreleurs, surtoul ies muqueuses sont sujets a des vices de secretion qui tienncnt a l'elat sereux du sang. II faut craindre d'af-iaiblir les sujels ages , employer les toniques et lavorisei les differents ecoulements.
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Predisposition organique individuelle ou idiosyncrasie.
II n'est par rare dc voir sur six chevaux exposes a laction dun air devenu brusquement froid el humide -Tun contractor un simple coryza , un second avoir non-seulement un coryza mais encore une angine, un (roi-sicme une bronchile , et les trois aulres etrc fi'ai)pcs,
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27 soll de courbalure avec malaise parliculier , pertc d'ap-petit et fievie , soil d'enlerile avec diarrhee, soil enliii de rhuraalisme. D'oü vienl done que la nieme cause, agis-sant sur six individiis places dans les memes circoiisiances exterieures, produise des efleis aussi varies? Cela tient ä des causes organiques encore pen connues par suite desquelles un ouplusieurs organes, dans chaque animal, deviennent plus facilemenl que les autres le siege de maladies sous l'influence de causes generalcs. Cctte disposition speciale est ce que nous appelons la predisposition organique individuelle ou idiosyncrasie.
II ne faut pas confondre cetle predisposition organique avec les etats generaux du sang que j'ai deja decriis sous le nom do diatheses. En diet dans les diatheses memes nous pouvons voir rinfluence de l'idiosyncrasie, par le siege qu'affecteront de preference les produits de secretion , lesqucls sent situes dans la tele, la poitrine, I'abdu-men , le tissu cellulaire exterieur , öuivant les predispositions des divers organes.
II serait extremement utile de pouvoir reconnaitrc d'a-vance , par des caracteres exterieurs posuifs,quelssont dans chaque animal Torgane ou les organes qui sent exposes ainsi par leur conformation et leur structure ä etre frcquemment le siege de divers etats morbides, parce que les maladies qui tiennent ainsi ä l'organisation elle-meme sent plus graves, plus longues et plus sujettes aux rechutes et aux recidives. Malheureusement on sait pen de choses sur ce sujet.
Cependant l'examen de l'exterieur du corps comme predisposition aux maladies, nous fera comprendre en quoi eile consiste. Du cote des pieds , un sabot trop large et trop plat dispose la sole aux blessures ; une come trop
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28 seche , dure et cassanle, aux seimes etaux bleimes; des paites trop volurnineuses et trop grasses exposent les chiens de chasse a. I'aggrave, comme un sabot trop gros expose le cheval ä la foiirbure.
Si avec des extremiies greles, des articulations aigues on trouve un sabot large el plat, on peut elre sür que lo cheval ainsi conforme sera dispose aux entorses. Si le sabot se devie en dedans ou en dehors , ce qui fait dire que le cheval est panard ou cagneux, on pent s'at-tendre avoir des contusions sur le bas des extrcmites. Le pied est-il rejete sur la pince ou sur les talons, on verra se developper des seimes , des blessures des talons, des distensions des tendons. Les extrcmites pechent - elles enlre elles par leur direction ou leur inegale longueur, d'aulres genres de blessures en naitront, comme les contusions des talons, les nerf-ferures, les capelels, les ganglions, etc. etc.
Si le garrot est trop eleveet amaigri, on bas etpotele, des blessures de la seile s'ensuivront. Un corps gros, montesur des extrcmites greles ou trop longues, dispose aux maladies des extremiies. Un venire volumineux dispose aux hernies et aux troubles de la digestion. Enfin une cavite tboracique trop etroite annonce que les affections de poilrine seront frequentes. J'ai parle ailleurs de ces animaux ä poilrine etroite que j'ai eu plusieurs fois occasion de voir et que j'ai toujours vus perir plus tardde maladies de la poitrine. On concoit qu'un poumon trop petit est expose aux congestions, si une course , un cxercice violent y determinent Tafflux d'une quantite considerable de sang, parce qu'il ne peul pas y circuler li-brcment.
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Des Sexes.
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Les differences que le sexe inlroduit dans rcconomie sonl beaucoup moins importantes cbez les animaux que chez Ihomme. La menstruaiion imprimeaux maladies de la femme un caractore paniculier. Neanmoins il faut reconnaltre que le sexe doit etrc pris en consideration en pathologic generals, ä cause : 1deg; du siege des maladies; 2deg; de la modification apportee au temperament, 3deg; ä cause des conditions particulieres dans lesquelles est placee la femellc pleine ct accouchce.
Les organcs diffcrents que possedent le male et la fe-melle les disposent evidemmenta diverses especes de maladies ; le male au phimosis et au paraphimosis, ä la bala-nite, ä rorchilc , au sarcoccle, ä Fhydrocele ; la femeile ä rinflammation de la vulve et de la matrice, anx engorgements et aux degenerescences de la glande mammairs.
En general, le temperament lymphalique et nerveux parait predominer dans les femelles. Leur chair est en eflet plus blanche, plus tendre, plus delicate que celle du male. Les males chiures se rapprochent de la femelle, sont moins actifs ets'engraissent plus facilcment.
Pendant la gestation la predominance lymphatique se montre par la mollesse et la flaccidile des chairs et par la diminution d'energie des mouvemenis locomoteurs. Plus tard le travail preparatoire de l'expulsion du foclns, cette expulsion elle-meme et les souffrances qui I'accom-pagnenl et la suivent, affaiblissent les forces musculaires, rendent le Systeme nerveux irritable, produisent une pleihore momentanee en debarrassant rcconomie du foeius qui employait une grande quantite de sang. De la il resulte : 1deg; que les femelles apres raccouchcment sonl
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fort impressionnablos, aussi le froirl produit-il souvcnt des rhumatismes; T qu'il se fait facilement des congestions sur divers organes; 3deg; enfin que cet etat general du sang, qui constilue le temperament lymphalique, dispose a toutes les diatheses purulente, sereuse, mu-queuse, vermineuse; aussi les peritonites ne sont-elles pas rares, ainsi que ce qu'on appelle les resorptions purulentes
Enfm, la secretion du lait par sa duree entraine la maigreur du corps dans les femelies des grands ruminants plus que dans les aulres; cette soustraction pro-longee des materiaux de l'economie dispose aux maladies chroniques du poumon, ä la phthisic.
Be VHeredite.
On appelle hereditaires les maladies qui sont trans-mises par voie de generation des parents aux descendants.
Cette cause predisposante est peu importante chez les animaux oü la phthisie pulmonaire et ropluhalmieintet-mittente passent pour dtre les seules maladies hereditaires. Cette predisposition tient ä la constitution et au temperament des individus; eile entre en jeu a Tage oü les parents avaient contracte la maladie et sous l'in-fluence des memes causes exterieures. Tons les descendants d'un individu ayant une maladie hereditaire u'en apportent pas la predisposition; eile s'aggrave si Tanimal est place dans des circonstances favorables au developpe-ment de la maladie; eile s'efface ou s'affaiblit dans des circonstances defavorables.
Ce qui rend les maladies hereditaires remarquables pour le praticien, c'cst leur gravite, la difficulte et le igt;ius souvent ['impossibility de les guerir.
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Des Habitudes.
On appelle I'habitade, ccttc tendance qu'on eprotive ;i repröduire des actes auxquels on s'est dejä livre. Tors ou presque tons les actes de la vie des animanx degcmV-rent en habitudes. Ainsi on habitue les animaux a mangvr ä certaincs heures, ä travailler et a se reposer ä d'autres. Les habitudes ont une grande influence, et il faul eviter de les rompre d'une maniere brusque, autrement i! en rcsulle souvent des maladies, Ainsi, on voit des indigesfions survenir si on change brusquement les heures du boire ou du manger, l'usage de dormer I'avoine avant d'avoir fait boire ou apres; il en est de meine de l'usage du sei chez les boeufs et les moutons; si apres les y avoir habitues on le cesse tout-ä-coup, on voit survenir des derangements plus ou moins graves de la sante. L'habi-tude cju'a la femelle de vivre avec son petit et celui-ci avec sa mere, celle qu'ont contractee deux chevaux de carosse ou de charrette est souvent teile que la separation est suivie de cris, d'agilation, de tristesse, de perle d'ap-petit et de maigreur.
Pour rompre comme pour faire nailre des habitudes il laut se souvenir de cette regle importanle : c'est qu'oh doit y proceder avec menagement, en passant par des degres insensibles de l'etat anterieur ä l'eiat nouvean qu'on veut faire contracter. Ainsi les animaux s'habitue-ront petit ä petit ä des aliments de faiblc ou de mauvaise qualite, tandis que ceux qui en feraient usage sans preparation seront frappes de maladies. De memo le cban-gement de Saisons, s'il se fait par des nuances insensibles, no cause pas de maladies, tandis qu'il en produit en grand noinbre s'il a lieu d'une maniere soudaine.
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Les differentes predispositions dont nous venons d'etudier I'influencn sur la production et la marche des maladies appartiennent a I'animal lui-meme, ä son organisation et aux differentes periodes par lesquelles passe cette organisation; les agents dont nous aliens maintenant raquo;ecliercher lellet en pathologie sont au contraire etran-gers a leconomie et situes en dehors d'elle. Ca sont les airs, les ciimats, la position des lieux, les habitations, les saisons, les aliments.
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Des Airs.
J'etudierai sous ce nom les dillerentes qualitesque I'air peut posseder et qui se raitachent ä quatre especes: 1deg; l'airfroid et sec; 2deg; I'air cliaud et sec; 3deg; I'air chaud et humide; 4deg; I'air froid et humide. Je parlerai ensuile des vents.
1deg; Air froid et see. L'action de I'air froid et sec cst favorable ä l'economie. Par le froid, it resserre les tissus, il diminue les diverses secretions; en general les animaux. eleves dans les pays oil Fair est froid , sont pen sujets aux (lux, aux catarrhes muqueux, aux suppurations, comme le sont ceux des pays humides. En refroidissant la peau, il oblige le cceur ä accelerer le mouvement de la circulation afin que le sang, qui esi la source de toute la chaleur animale, arrive en plus grande quantite ä la peauj ce mouvement plus rapide de la circulation et le besoin de faire plus de sang pour resister au froid, rendent la digestion active.
D'un autre cote, par sa sccheresse cet air absorbe bien la perspiration cutanee et surtout la perspiration pulmonaire. Le sang se debarrasse ainsi de sa panic screuse, et comme en meme temps la nutrition est
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33 active , que les planles dans !es pays oil cet air domine coniiennent peu d'eau, le icmperamcnt est sanguin et la constitution est en general forte.
Danscette constitution do I'air, le sang etant riche,la circulation rapide et toutes les functions actives, les maladies inflammatoires dominent et leur marche est rapide; les organes de la poitrine en sonl frequemment le siege.
2deg; Air sec et chattel. C'est de toutes les conslitulions de Fair celle qui est le moins exposee aux maladies , qui est le plus favorable ä la sante et aux convalescents. Exa-minons l'action de la clialeur et de la secheresse. he calorique est un excitant tres-puissant, surtout celui qui vient du soleil avec les rayons lumineux; il agil sur le Systeme nerveux et par lui sur toule leconomie. Comme c'est sur la peau que le calorique agit d'abord, il y appelle le sang; il favorise done les fonctions perspiratoires de la peau et de la muqueuse pulmonaire, et comme en memo temps l'air est sec, il se charge facilement de cos produits de secretion; or, nous avons vu dans I'article precedent et nous verrons encore mleux par les suivants, que ces fonctions sont les principales voies par lesquelles le sang se debarrasse de sa panic sereuse, ce que les anciens appellent la piluite et ce que les modernes ont appele les fluides blancs, partie qui contient, outre I'eau , des sels solubles et de l'albumine. Cette constitution dc lair est encore plus favorable que la precedente au dii-veloppement du temperament sanguin nerveux; et eile est le remede le plus efficace de toutes les maladies de ce qu'on appelle le temperament lymphatique, des scro-fules, du scorbut, des engorgements froids, des catar-i lies, des fievres muqueuses.
Les maladies ont line marclie rapide comme dans la cons-
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34 tilulion preccdonte; mais les visceres de la poitrine sont moins souvcnt aliaques que ceux de labdomcn et de la lote.
3deg; ylir chaucl et humide. Autant les deux prece-dcntes constitiilions de Fair disposcnt au temperament sanguin et ä une constilution robuste, autant les deux secondes disposent au temperament lymphatique et aux affections qui en dependent. L'humidite de l'air est la cause qui produit ces effets si differents. L'air humide cmpechanl Tevaporalion des fluidcs dont il ne pent pas se charger, parce qu'il est dejä saturc d'eau, on\oit quc les perspirations culances el pulmonaircs devront se faire difficilement et d'auiant plus que l'air sera en mcme temps froid. Or, comme nous I'avons vu, ces secretions sont destinees a purifier le sang; le rein devient, il est vrai,plus actif, mais il ne peut pas les remplacer. De plus, cette humidile dont l'air est charge se depose surles surfaces culanee et pulmonaire et est ellememe absorbce; el si nous ajoutons ä cela que les vegclaux des localilcs humides sont eux-memes aqueux, mous, insipides. pen excitants et pen nourrissants, on comprendra que le sang ne se debarrassera pas aussi facilement de sa partie sero -albumineusejqu'elle augmenlera constammentau conlraire par rapport ä la fibriue, a l'hematosiue et aux autres priu-cipes plus animalises.
Le tissu cellulaire dans les mailles duquel la lympbe est deposee et qui lui faitsubir nne certaine elaboration, devient done par consequent plus abondant, ä mesure que cetle lymphe, qui n'est amre que la sörosile, augmente elle-meme. Ce n'est pas seulement la secretion interstitielle qui augmente d'aclivitc, touies les secretions nmqueuses deviennent aussi plus abondantes; les vices dc secretion se font avec la plus grande facilitc par toutes les
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voies, cellulaires, sereuses et muqueuses; Ics diaiThccs, les ecoulements par les naseaux, les suppurations abon-dantcs, les hydropisies, etc., etc., c'est-adire en un mot, les diffcrentes diatheses dont j'ai parle dans 1c cha-pitreIVduIerlivre.
Mais reprenons un peu l'actlon differentielle de l'air chaud et humide et de l'air froid et humide.
L'air chaud appelle, il est vrai, le sang ä la peau et la sueur s'etablit facilement; mais ä cause de l'humidiie eile reste ä la surface du corps et ne s'evapore que len-tement. Le moyen employe par la nature pour rafraichir le corps lorsque l'air est trop chaud, est la transpiration cutaneeou la sueur. On. sait que les liquides pour sevola-tiliser empruntent de la chaleur aux corps voisins et par consequent les refroidissent; la sueur en se vaporisant refroidit done la peau : or lorsque l'air est humide cetle vaporisation n'a pas lieu , et la peau reste chaude. Cetle chaleur est une cause dexcitation penible ; l'appetit dirni-nue, la digestion est pcu active, la respiration frequente etcourte, et les forces rnusculaires peu energiques.
Get etat de l'air ctant favorable ä la putrefaction des matieres vegctales ct animales , Use degagc des miasmet-, des emanations de mauvaise nature. Aussi est-ce sous cette constitution qu'on voit se dcvelopper les maladies conta-gieuses et epizooliques , et que les maladies regnantes reveient le caractere particulier des maladies avec alteration du sang.
Les maladies do Tabdoraen sont du reste frequcntcs ainsi que les indigestions.
1deg; Airfroidet humide. — Le froid s'ajoutant ä l'hu-midite diminue encore les secretions cutanees et pulmo-naires, et par consequent contribue a augmenter la panic
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stireuse du sang. Le temperament lympaihique est encore plus pronüiice;, la digestion est lente ainsi qua toutes les functions; la marche des maladies est peu rapide ; les urganes de la poitrine sont souvenl malades , commecela arrive toujours avec 1c froid ; mais de plus tous les vices de secretion cellulaire, sereux, muqueux, predominent; le pus , les tubereales , les vers , les hydropisies et les oedemes, les catanhes, les engorgements froids des ganglions et du tissu cellulaire sont frequents.
Des vents. — Ces grands couranls de l'air ont pour avantage de le deplacer et d'empecher les miasmes et les emanations malfaisanles de sejourner dans les memes lieux. L'influence que les vents exercent sur I'economie viont des qualitcs de l'air qui les constitue et qui pent etre chaud ou froid, sec ou humide.
En France, les vents qui soufflent de Test sont sees , parce qu'ils traversent une grancle etendue de terres ; ceux d'ouest sont humides, parce qu'ils ont traverse I'O-cean avant d'arriver jusqu'ä nous. Le nord est froid et sec ainsi que le nord-est. Le nord-ouest est froid et humide , mais moins froid que le nord-est. Le nord-oucst est appele a Lyon vent de traverse. Enfin, les vents du midi qui viennent d'Afrique et qui ont traverse la mediterranee sont chauds et humides.
Les vents du nord et de Test sont nuisibles a la sante , surtout quand les lieux sont elcves cl a decouvert. Dans quclques localitcs , des vaches laitieres qu'on met au pa-turage apres le velage , contractent sous lour influence la peritonite purperale , le lombago, la paraplegic poste-rieure ; e'est ce qu'on observe dans le Jura et dans le canton elevc de Limonest pres de Lyon.
Les memes venis font naltre le tetanos chez les ehe-
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37 vaux nouvellement chälres, comme j'ai eu frequemment Foccasion de le rernarquer au printemps et au commencement de Tele. Ils produisenl souvent aussi ä celte meme epoque des echauboulures, des pleuresies.
Les vents d'ouest (ouest et nord-ouest) causent des inflammations des voies respiratoires. Comme ils sont humides , ils absorbent mal la sueur qui reste ä la surface de la peau et mouille le poil, et comme ils sont froids en meme temps ils rcfroidissent la peau ainsi en sueur. Ils sont dangereux surtout pour les animaux qui font des courses et des exercices forces , pour les convalescents , les poitrines delicates et les individus affaiblis.
Les vents cliauds et humides du sud ont tous les mau-vais eifets de l'air clmud et humide. Ils sontlourds, acca-blanls, parce que le corps nc peul pas se dcbarrasser par la Vaporisation de la sueur, de l'exces de chaleur qui le fatigue. Leur influence est teile dans ceriains de nos de-partemenls du midi que les vaclies pleines avorlent quand ils sonfflent, ct que les avorlements sont suivis frequemment de la chute et du renversement de la ma-trice. Les ruminants mis au päturage ou nourris avec le produit frais des prairies artiflciellcs sont souvent atteints d'indigestions avec ballonnement du venire. La falerc, maladie tres-pernicieuse pour les moutons , et qui se rap-proche des indigestions tres-aigues avec congestion ce-rebrale violente, n'exerce jamais mieux ses ravages que par le regne des vents du midi.
Des courants d'air artificiels s'ctablissent souvent dans les ecuries et les etables. Les barbacanes, lorsqu'on ne les ferme pas , causent souvent des couranls d'air, d'oü resul-tent des rhumatismes des extremites et des articulations coxo-femorales et scapulohumerales, dont on ne
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30 soupconne pas d'abord la cause. II en esi de mömc des •ibal-foins. Ilsurvient des ophtalmies , des bronchites , et mßme des phthisies.
Les fenelres laissccs ouverles le soir font naitre des rlmmatisraes des articulations.
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Des climats.
On donnc le nom de climats aux diDerentes divisions qu'on peut faire du globe sous le rapport de sa temperature. On en a admis trois : les climatschauds, les climats l'roids et les climats tempcres. Les climats chauds appar-tiennent ä la zone torride , les froids aux deux extremi-tes de la sphere qui s'approchent des poles , et les tempe-rcs aux regions intermediaires. Les grandes divisions gco-graphiques ou poiiliques nous prcsenient elles - memes cetle division a faire, et comme noire geographic medi-cale est trcs-peu avancee en ce qui concerne TEurope seu-lement, il serait inutile d'etendre nos vues au-dela.
Clhyiafs chauds. — Voici ce c|ue I'observation a appris sur l'etat des fonctions dans ces cliriiats. Ce qui est vrai pour les hommes qui y sont plus tot dcveloppes que dans les climats froids, ne se verifie pas pour lesanimaux; les chevaux du nord arrivent au contraire les premiers ä leur entier developpement. Quant a la coloration de la peau qui est brune chez les hommes , eile Test egalement chez les boeufs et les cochons ; au contraire le pigment semble diminuer chez les chevaux du midi, oü le pelage blanc ou gris predomine.
En premiere ligne nous remarqucrons la peau qui constamment excitee par la lumiere et la chaleur est le siege d'unc transpiration extremement abondante et qui a une grande impressionnabilite , ainsi que les organes
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39 des sens. Le Systeme nerveux toutentier cst trös-ini-table. Les animau:i passent rapidemcnt d'un etat de vive excitation ä un etat oppose, ä une espcce d'apathie, comma on le voit chez les chevaux arabes et espa-gnols. J/appareil digestif presente cela de remarquablc que la digestion y est lente, que le besoin de prendre des aliments est moins souvent renouvele , que 1'absorption y est tres-aclive et la secretion de la bile tres-abon-dante.
Quant aux maladies de ces pays on voit regner celles de la peau : la clavelce , l'elephantiasis , les dartres, la gale, l'erysipele, les diverses affections nerveuses , les crampes, les convulsions, le telanos, I'epilepsie, etc.; enfm , les affections du lube digestif et du foie simples Oll coincidant avec une alteration du sang, les gastro-en-terites, les hepatites, les typhus. Nulle part, en effet, le typhus n'est aussi frequent qu'en Italic , et nulle part, ail-leurs que dans le midi, on ne le voit sous forme vario-ieuse , cquot;est-a-dire avec des eruptions pustulcuses.
Ainsi les considerations physiologiques tirees de l'exa-men des fonclions , sont parfailement en rapport avec ce que l'observation des maladies nous apprend; le Systeme nerveux , la peau, le tube digestif et le foie sont les sys-lemes les plus actifs et le plus souvent malades.
Indications. — On remarque que les maladies des climats chauds s'accompagnentd'unevive reaction febrile, de beaueoup de douleur, qu'elles ont une marche rapide, qu'il so montre frequemment des symplomes nerveux ou ataxiques suivis bientot d'un etat d'epuisoment du Systeme nerveux, c'est-ä-dire d'adynamie. Les indications generales sont naturellement fournics par ces donnecs , et parce que nous savons des appareils qui sont le plus
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souvent malades; c'est que les moyens propres ä calmer l'etat nerveux doivent etre fort employes; que la fievre de reaction doit etre combatlue des son debut, et comme nous 1c verrons, que les temperants, la saignee et les boissons acides, sont ce qui convient le mieux pour cela; que la secretion de la bile doit etre excitee et souvent d'une maniere encrgique; 1deg; parce que cela opere une revulsion ; 2deg; parce que les malcriaux de la bile sejournant dans le sang causent les divers symptömes de ce qu'on appelle l'etat bilieux ; aussi, emploie-t-on dans le midi des purgalifs tres-actifs et a fortes doses; et enfin, que I'adynamie doit etre combatlue quand eile se monlre, et d'une maniere souvent cnergique. On salt que les excitants sont fort a la mode dans le midi.
Climats froids. — A mesure qu'on s'cloignc des cli-mats chauds on voit les systemes nerveux, cutane et gaslro-hepaiique, devenir moins sujels aux maladies. La peau n'est plus le siege d'une congestion permanente et d'une secretion active; I'appetit devient plus vif et plus souvent renouvele, la digestion plus active ; le pouls est plus fort et moins frequent; le sang est plus riche en sels et en albumine; les secretions du tissu cellulaire oü la graisse et la lymphe abondent, cellesdes muqueuses, des sereuses et des reins deviennent actives; les sens sont moinlaquo; impressionnables ainsi que le Systeme nerveux, et l'appareil de la locomotion est plus capable d'un exercice long et soutenu. Les animaux sont grands , forts et lym-phalico-sanguins. Au reste, cela n'est vrai que pour les pays oü le froid n'est pas extreme et la nourriture abon-dante; car dans les pays tres-froids les animaux diminuent de taille; le froid et les privations appauvrissent le sang et y developpent secondairement le systeme nerveux ; de
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sorte que le grand froid, l'exces du travail, de la mauvaise nourriture , produisent l'etat nerveux comme l'exces de la chaleur.
Plus les climats froids sont humides, plus les secretions inierieures sont abondantes; alors, toutes les diailicses purulente , tuberculeuse , muqueuse, sereuse, vermi-nease, etc., se montrent et predominent.
Les maladies de ces climats sont celies des voies respi-ratoires, ä cause des refroidissemenls de la peau; celies de l'appareil de la locomotion, les rhumatismes ; et enfin les divers vices de secretion et les diatheses, la pourri-ture, les catarrhes des muqueuses, les engorgements froids, les affeciions des reins, les calculs, etc., etc.
Indications. — La marche des maladies est lente, les symplomes nerveux sont fort rares; les indications les plus genörales sont d'agir sur les secretcurs, ä l'aide des divers moyens connus sous le nom d'evacuants , puisque les secreteurs sont les organes qui jouissent de la plus grande activite et que le sang dispose äces secretions par la predominance des sels et de l'albumine, des matteres grasses; et en second lieu d'exciler le mouvement des fonctions, comme il a ete recommande ä propos du temperament lymphatiqiie.
Climats tempcres. — Les animaux nes sous ces climats se font remarquer par un beau developpement de formes, une belle stature, une forte constitution , comme le prouvent les animaux du Hanovre, des bords du Haut-Rhin , de la Normandio, de la Picardie, de la Beauce , du Berry, du Perche, del'AnjoUjde la Saintonge ; les chevaux et les boeufs de ces pays ont de la corpulence et de la taille et sont propres ä la grosse cavalerie ou au ti-rage ; ils n'ont ni la rudesse des formes des animaux des
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42 climais froids, ni la delicatesse nerveuse de ceux des cli-mats chauds; I'equilibre est plus pres d'exister entre les divers appareils du corps.
Les maladies sont en general franchement inflammatoi-res, se coppliquent moins de desordres nerveux; la phlhisie tubcrculcuse, la morve, le farcin, le goitre, y sont communs. Le goitre des chiens est assez commun a Lyon et dans la Bresse; celui des poulains, dans le nord de la France, a tel point qu'au haras de Rosieres, pres-que tons ces jounes animaux en sont atteinls; et celui des veaux, aux pieds des Pyrenees occidentales et dans d'au-tres localites semblables.
Au reste, plus les animaux des pays temperes se rap-prochent des pays froids on chauds, plus ils ressemblent sous le rapport de la modification de la constitution aux animaux de ces pays, et alors les indications a suivre par-ticipent des precedentes.
De la position des lieux.
La position des lieux, c'est ä-dire leur dcgre d'eleva-tion ou d'abaissement, leur exposition, le voisinage des montagnes, des rivieres, impriment aux animaux en sante et par consequent ä leurs maladies, des differences tres-importantes.
On est frappe de voir comment des localites quelquefois pen cloignees donnentaux animaux un air de famille qui les distingue les uns des an ires. Non seulement le chcval no et nourri en Normandie differe du picard, du Leau-ceron, du percheron; mcme le cheval eleve dans le canton de Vaud, en Suisse, ne ressemble pas toat-ä-fait ä celni de certaines localites de ia Franche-Comte, qui n'en sont söparcescepcndantqueparquelqucsmontagnos.Lesmemes
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considerations s'appliquent au boeuf, au mouton, au pore et meme aux oiseanx de basse-cour. Le boeuf et 1c mouton qui naissent et meurent sur 1c meme sol, conser-vent le mieux les caracteres fournis par la position des lieux. Aussi, certaines maladies se conservent-elles dans quelques pays, comme la gale dans une race chetive de la Flandre dont les individus sont appeles beles sales, et le pietain dans d'autres localilcs.
On donne le nom d'enzooties ä ces maladies qui resul-tent de la position des lieux , qui y regnent et s'y perpe-tuent tant que les circonstances locales restent ce qu'elles sont. Dans la Sologne, par exemple, !a maladie rouge, dite de la Sologne, y regne pendant I'ete sur les mou-tons; pendant I'hiver au conlraire e'est la pourriturc comme dans tous les pays humides. Los boeufs du meme pays ne gagnent ces maladies que quand leurs causes sont tres-actives, et en ete ils sont atteints du charbon auquel les moutons ne sont presque pas sujels.
Dans la Bresse, pendant que la pourriture exerce ses ravages sur les moutons, les fievres gaslriques chroni-ques avec gonllemcnt du foie frappent les boeufs , et les dievaux contractent des inflammations de la muqueuso gastro-pulmonaire ou des ophthaimies. Vers la fin de l'eie, ou en autonme, toules ces especes sont exposees aux maladies cliarbonneuses, sans doute par le fait des emanations pernicieuses des marais de ce pays.
Dans les pays moniagneux decouverts, conime les environs de Grenoble et des Alpes, le printemps et l'au-tomne sont l'epoque du developpement des affections les plus graves des voies respiratoires; de müme pour les parties monlagneuses du Forez et de laFianchc-Comtö.
Ainsi, il y a des maladies qui dependent de la position
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44 des lieux et qui offreni cela de singulier qu'elles varient suivant les especes d'animaux. Cetie influence des loca-liles esl permanente et eile modifie les constitutions aimospheriques generales; ainsi, dans les annees oulcs Saisons sonl humides, certaines localites naturellemeHu liumides le deviendront beaucoup plus par le fait de la constitution generate ; les localites seclies par leur nature corrigeront plus ou moins cet etat general. C'est ce qui nous explique pourquoi, dans les grandes epizootics do l'Europe ou de la France, certaines localiles souffrent beaucoup et que d'aiitres en sont exemptes ou en sont peu attaquees.
Les lieux sont divises sous le rapport de leur position , en sees et eleves, en pays de plaine, en pays bas et bumidos.
1deg; Bcs lieux sees et eleves. On appelle ainsi nor. seulcment les pays do montagne, mais tous ccux qui dans les conlrees unies dominent les terrains environnants et se trouvent comme a nu sur une hauteur.
L'air dans ccs pays est plus souvent agile que partout ailleurs, les vents y soufflent plus energiquement, la temperature est plus froide.
Le sol, a cause de la pente, est ordinairement sec, avide d'eau et soutire cclle de ratmosphere.
Quant ä l'cau, celle qu'on tire des puits est frakhe, parceque ceux-ci sont profonds; dans les ruisseaux eile est courante et vive, et dans les lacs meine eile est moins croupissante que dans les plaines.
Les vegetaux y sont moins aqueux, plus feculents , plus aromaiiques et plus savoureux. Les animaux, dans les lieux eleves et arides, sont en general plus petits , leurs. formes se rabougrisscnt; mais, dans les pays entrecoupes
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45 de vaüees oü les vegetaux croissent en abondance et oh on envoie paitre les troupeaux. en ete, comme dans la Suisse, les Alpes, les Pyrenees, l'Ardeche , les bocufs et les moutons sont plus grands, plus robustes et onl nne chair plus savoureuse que ceux qui ne iranshument pas.
La digestion y est tres-active ; les moutons mangcnt sur les Alpes des planles qu'ils rejettent ailleuis, le pouls est fort et vif, la force inusculaire considerable, le sang est abondant; il y a en general un etat pleihorique.
Les maladies dans ces localites ont une marche rapide, sont en general inllammatoires; les premiers symptomes sont violenis. Les inflammations des sereuses, celles des voies respiratoires, les pneumonies, les bronchiles avec toux seche et sans jelage, les hemorrhagies spontanecs y regnent. II est teile source dans les montagnes de l'Au-vergne oü l'epilaxis se montre presqu'ä l'inslant oii un boeuf ou une vache mettent les pieds dans cette eau. Les animaux qui en boivent, pour pen que leur corps soit echauffe, gagnent des phlegmasies de la muqueuse des premieres voies et des sereuses avec hemorrhagies, qui les font perir en fort peu de temps.
On rencontre aussi des charbons, la fievre dile char-bonneuse (voir les deuxdernierschapitres du lome 1er): ces maladies provoquent des leur debut une vive reaction. Les forces paraissent etre entieres, mais bientöt les signes ordinaires de l'adynamic se montrent a cause de la ro-sorption pulride. Petit observa dans l'epizoolie de fievre charbonneuse d'Auvergne, en 1781, qu'apres ceuc forte reaction survenaient quelques heures d'un calme qui en imposait pour le retour ä la sante, et si on n'en profiiait pour saigner on voyait reparaitre les symptomes ataxo-adynamiques, avant-coureurs de la mort.
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Les maladies chroniques dans ces localitcs sont carac-tcrisees par la maigreur, la vivacile du pouls, I'impres-sionnabilile des sujets, au lieu de la mollesse, de la flaccidile des tissus et des infiltrations cellulaires qu'on observe ailleurs, la morve chronique et le farcin y sent rares. Ainsi, ces maladies, si communes a Lyon,dimi-nuent et disparaissent ä mesure qu'on s'eleve sur les hauteurs voisines.
2deg; Des pays has et humides. L'air y est ordinaire-ment calme,contenu par les cotcaux environnants etpeu renouvele.
Le sol est nccessaircment humide; la pente y amenc les eaux. de toutes les hauteurs voisines; I'eau y est du reste a peu de profondeur dans le sol, et les sources sont abondantes; l'air participe de l'etat du sol et s'y saturc de vapeur d'eau. Or^ nous connaissons l'influence de l'air humide.
La forme concave de ces localiles est favorable pour recevoir et concentrer les rayons solaires; la terre qui est liumide absorbe beaucoup de cbaleur pendant le jour et, la restituant la nuit, la temperature habituelle de ces lieux est plus douce et moins variable. La vegetation riebe des pays bas et humides est une nouvelle source dechaleur.
Les vegetauxy sont aqueux, insipides, peu aromatiques et peu amarescents. Les eaux etant superficielles sont plus chaudes 1 ete et plus froides I'hiver; elles sont moins pures et moins bonnes. Outre I'eau des pails, il y a cclie des mares et des etangs auxquels eile est fournie par la pluie ; des rivieres dont le cours est lent, des canaux. Elles ont toutes les memes qualites fades, douceatrcs, sans fraicheur.
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Nous connaissons la maniero d'agir de loutes ces causes, elles produisent le temperament lymphatique. Lcs tissus manquent de fermete, les fonctions sont peu actives. I.cs animaux y sont de forte stature, mais de formes volurni-neuses et empdtees. On en a des exemples frappams dans les chevaux beiges, hollandais, dans ceux des bords de la Saone; la chair des bocufs el des moutons y est genera-lement molle, tendre et grasse, mais peu savoureuse.
II faut rcmarquer que les lieux !es plus malsains a cause de cette position, tels que la Brcsse, la Camargue, les environs de La Rochelle, certains pays de l'Artois, la Sologne, etc., ne sont pas egalement mauvais en tout temps. L'ete et l'autoinne y sont le plus defavorables, et lorsque la constitution generale de l'air est humide, cc sont eux qui en recoivent le plus Fitifluence facheuse.
Les principales maladies sont : les vices de secretion, les diarrhees, les coryzas, les angines couenneuses, 1c croup, la pourrilure , les fievres vermineuses liecs ä 1'hu-midile de l'air; les rhumatismes a cause du froid humide; les liydropisies, le scorbut, la morve, le farcin, les fievres gastriques muqueuses et bilieuses, les typhus, le charbon, les angines et les maladies de poi-trine de mauvais caractere, dans les saisons oil la chalenr et l'humidite reunies hätent la putrefaction des debris de vegciaux et d'animaux et oil Fair se charge de ces mias-mes unis ä la vapeur d'eau; les stomatites avec ou sans aphthes causees par la nature des eaux.
On ne connait gueie que les maladies des membres qui s'amendent dans ces localites, telles que celles qui tiennent a la secheresse et äla rigiditc de la corne et a la raideur des articulations el des tendons. Nous sommes a m^me'dele verifier dans les pays marccageuxdelaBressi.'.
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V Pays de plame.lls m donnentpas des traits distinc-lifs h laconsiiluiion, aux lemperamenis et aux maladies des animaux. L'influence Jes constitutions gencrales de l'air, des saisons, de ralimentation domine celle des localites.
Les pays de plaine sont dans des conditions avanta-geuses ä la raquo;ante des animaux ; la temperature est plus douce et plus uniforme que dans les pays montagneux; les produits du sol generalement plus abondants sont du reste varies et de bonne qualite.
La situation des lieux de plaine aupres d'une riviere, d'un lac, leur voisinage de la mer, de forets etc., leur impriment quelques caracteres plus tranches. La nature des epizootics est ce qui decele au praticien les modifications que ces particularites font acquerir aux anirnaux.
Indications. Les indications qui ressortent de la position des lieux seront facilement tirecs d'apres les considerations qui precedent. Du reste, elles rentrent dans cellos que fournissent la constitution, les temperaments, etc.
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Des Habitations.
Apres avoir traitc de l'influence des localites, il con-vient de passer ä l'ctude de celle des habitations. qui sont encore des localites fort circonscrites ä la verite, et de les examiner sous le rapport de leur situation , de leur exposition, de leur construction, de leur grandeur ou de leur petitesse et de leur tenue.
1deg; De leur situation. — Celles qui sont situees dans des lieux bas et humides pres de pieces d'eau, dans 1c fond de cours ctroites et sombres, preseutent les conditions d'un air chaud et humide, ou froid et humide , sui-vanl leur etendue el le nombre des animaux qui y sont
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49 loges, et en meme temps vicie par les emanations du furnier, par l'urine, par lair expire, etc.
J'ai vu deux fois renceplialile se declarer dans des ecu-ries chaudes et humides, et j'attribue a cetle cause le de-veloppement de rimmobilite chez plusieurs chevaux du reste bien soignes.
Les affections catarrhales du poumon y sent communes, les maladies de la peau y naissenl ou s'y aggravent, les eaux aux jambes,le farcin;lamoindreblessure despieds y devient grave. J'ai vu plusieurs annees de suite les chevaux qui habitaient de pareilles ecuries contractor des pa-naris incurables , les beliers y perir presque tous apres la castration, et les suites de la meme operation chez les tau-reaux y etre souvent funestes. Chez les pores se develop-pent ces gastro-enterites typhoides qui en enlevent un si grand nombre; chez les lapins, l'adase et la diarrhee, et chez les poules l'hydropisie abdominale.
2deg; Exposition. — L'exposilion des ecuries devient cause do maladies a raison des vents iroids qui les frap-pent el des effluves de mares, d'etangs, qui s'elevent dans la direction de leurs jours.
Dans le premier cas les animaux sont frappes par le froid lorsqu'ils sortent pour boire, pour aller aux cham|)s; lorsqu'ils rentrent, pendant qu on les detelle ou qu'on les decharge; de la les maladies de poitrine, les rhuma tismes des lombes, le phlegmon des mamelles et meme la peritonite dans les vaches apres le velage.
Dans le deuxieme cas on voit se deveiopper des affections lyphoides, descharbons, qui ne cessent que quand onperce les jours sur d'autres facades, ainsi qu'un veteri-naire du departement de Vaucluse cut occasion de l'ob-server dans sa propre ecurie.
TOME II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1
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;{quot; De la construction. — Gelles que Ton construit en planches, comme dans les environs des grandes villes, sont fort chaudes le jour et froides la nuit pendant l'ele , et froidos en tout temps pendant l'hiver.
Gelles qui sont seulement terrassees et non pavees, sont des foyers d'infeclion a cause du croupissement des urines. Ullos sont totijours humides; la suppuration et le ramollissement des fourchetles et meme le crapeau, les crevasses, les eaux aux jambes, le farcin , la morve s'y engendrent. J'ai vu dans une ecurie mal couverte du dc-panement de l'Isere, six chevaux d'agriculture y con-tracier successivement la morve et perir.
Les ecuries voüiees eiant fraiches en etc, chaudes et humides cn hiver, sont la source de plusieurs maladies. A Paris et a Lyon , elles causent la perte de beaueoup de chevaux par suile de la suppression brusque de la transpiration lorsque le corps est en sueur.
Gelles qui sont plafonnees si on les oecupe trop t6t et si ellcs sont basses et humides, donnent naissance ä diverses maladies des voies respiratoires et digestives , lesquelles s'aecompagnent d'adynamie et de tumeursgan-greneuses. Los ecuries du depot d'etalons de Grenoble ayanl etc exhaussees avec des platras, en moins de quinzo jours les urines des eialons les ayant detrempees, l'on vit presque tous les chevaux atteinis de la maladie precc-dente, c'est-ä-dire, de morve avec symptömes typho'ides, et la plupart suecomberent.
4deg; De leur tenue. — Les ecuries seront malsaincs si on y laisse croupir le furnier et les urines, ou qu'on y amasse le furnier en tas. Dans ce dernier cas, j'ai vu dans trois ou quatre ecuries, le farcin se developper sur des chevaux du resie biennounis et bien panses.
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L'insalubritc des ecuries qui servent d'infirmeries dans les quartiers de cavalerie , est cause du developpement de ces pourritures d'hopital, qa'on observe dans I'espece bumaine. Gohier a observe un fait de ce genre ä Melz. Les plus peliles blessures, les plaies des selons devenaient gangre'neuses.
5deg; Le peu de capaciie des habitations. — Eu egard au nombre des animaux qui y sejournent, le peu de ca #9632; pacite des habitalions devient cause de maladies de plu-sieurs manieres:
l0En mettant les animaux dans le cas d'user entterement I'oxigene; ils meurent asphyxies. Des boeufs aux armees, des pores clans des etables irop petites sont peri de ce genre de mort.
2deg; En alterant I'air par le degagement de miasmes; de la des maladies epizootiqiies et contagieuses, et cliose remarquable, e'est surtout pendant Thiver que les epizootics de ce genre se developpent, parce que les ecuries y sont fermees constarament etque I'air nes'yrenouvelle pas.
3deg; Enfm Televalion de la temperature des ecuries et le passage brusque d'une grande chaleur au froid sont ime nonvelle cause de maladies, comme le savent les ve-terinaiies et les nourrisseurs de bestiaux des pays de montagnes.
Des Saisons.
Chaque saison donne anx corps une constitution orga-nique passagcre mais distincle, ä tol point qu'Hippocrate a dit : qüe Ihomme du printempsne ressemble pas plus ;i colni de rautoninc,que celui del'ete nc rcsscmble ä celui de Thiver. II en est de menic des animaux. Mais riuflucncn propre ä la saison est toujoursmodifiee par la constitution generale de I'air qui est sec ou humide , et de la tempe-
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raliirc qui est chaude on froide; ainsi I'ete qui est re-marquable par l'intensite de la chaleur et de la lumiere produira des maladies differentes decelles qu'il a coutume de produire si l'air y est frais et humide. Cette discordance de l'air et de la saison constitue les saisons irregu-lieres qui, au rapport d'Hippocrate, sont toujoursplusfe-condes en maladies que les autres.
On appelle hibernales les maladies propres ä l'hiver , vernales celles du printemps, estivales celles de l'ete , et automnales celles de l'automne.
1deg; De l'hiver. — II est en general peu constant; tantot sec et froid, tantot froid et humide ^ ou humide et tempere , avec beaucoup de neige , des pluies ou des vents continuels. Trois circonstances atmospheriques le parta-genl : celle oü le froid est sec et l'air calme; celle oü les vents du nord ou de l'est lui donnent plus de vivacite, et celle oü les vents du sud ou de l'ouest amenent les nei-ges et les pluies.
Parmiles functions, la digestion et la nutrition sont fort actives, la circulation lente, mais le poulsplein et fort; le sang augrnente de quantite, le temperament devient sanguin. Ces changements arrivent chez les animaux bien nourris et bien abrites. Pour ceux au contraire qui pas-sent cette saison dans les päturages, sans abri et sans supplement de nourrilure, eile devient une epoque de souffrance, d'aflaiblissement et de maigreur. Un grand nombre de chevaux et do boeufs perissent par le froid cl la disette , lorsque l'hiver est rigoureux. Chez les moutons, cette saison etant l'epoque de l'agnelage, les petits y perissent en grand nombre , et les meres si elles öchappent, contractent les germes de la pourriture qu'un printemps humide fait developper.
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Les maladies different suivant les trois eonslilutions atmospheriquesindiquees.Dans la premiere,lesanimaux robustes se portent bien ; ceux qui sont faibles , convalescents ou porieurs d'affeclions organiques, sont exposes ä des congelations partielles des pattes ou des aulres parties extremes du corps, a des congestions cerebrates, ä des etats nerveux, tels que crampe, convulsions, choree , immobilile, paralysie ; les produits de secretion se ramollissent ä l'interienr. Les femelles qui ont mis bas contractent des congestions du cerveau et de la moelle, el des phlegmasies des mamelles. Le pissement de sang pour les muletons.
Dans la deuxieme, les phlegmasies du poumon et de la plevre, chez les animaux de course et de trait vcloce, surlout lorsqu'ils vent contre le vent f leschevauxdeposte, de diligence, d'omnibus. Ils arrivent dans nos höpitaux dans un etat de courbature, d'immobilite, de slupeur, d'adynamie profonde et qui laisse peu d'espoir.
Dans la troisieme, les catanhes pulmonaires, les mau-vaises gourmes, la morve, le farcin, leseaux aux jambes, les crevasses des plis du paturon, les furoncles, dils ja-varts cutanes et tendineux, les gasiro-enleriles, les ententes, diarrhees, dysenteries, les rhumalismes etl'anemie pour les cliiens qui chassent au marais; la gale, le pouil-lentement^ le tournis, etc., pour les moutons.
Les animaux qui passent la belle saison aux päturages et restent I'hiver dans les etables, conlractenl des indigestions, des affections calculeuses, des eruptions cutaneeSj des engorgements, et a la fin de I'hiver des indigestions par les vieux fourrages. La chaleur du foyer et des poeles devient pour les chiens et les chats l'occasion du deve-loppement du psoriasis et des diverses especes de dartres.
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Indications. — Eile'S se rapprochent de celles du temperament sanguin quand I'hiver est sec et froid, ou du lymphatique quand il est humide.
2deg; Duprintemps. — Cetle saison est fortremarquable par les grands changements qui se manifestent dans la nature, et dontla cause parait elre dans I'affluence conti-nuelle de la chaleur et de la lumiere qui succede ü un temps froid. La nourriture devenantalors fraicheet abon-danle, les animaux vivant en plein air une partie de la journee au lieu de rester enfermes dans des ecuries mal-saines, toutes les fonctions prennent une activite extreme, le sang augmente de quantite, la plethore est letat ordinaire de la saison , la transpiration devient plus abon-dante a la peau, la circulation et la respiration sont plus frequenles, le sang penetre et parcourt plus rapidement tous les tissus ; toutes ces circonstances vont nous donuer la theorie des maladies de la saison.
Leur marclie est rapide, leurs symptomes violents au debut; leur duree est courte etleur terminaison a lieu en general par resolution; les crises spontanees ou causces par Fart y sont frequentes; les congestions, les inflammations, les he'morrhagies sont les genres qui dominent, ce que l'abondance du sang et la rapidite de son cours fai-saient supposer.
Nous avons d'abord les diverses hemorrhagies connues sous le nom de mal-rouge, sang de rate, hematurie, cette derniere est produite par les feuilles des arbres re-sineux; des maladies de la peau causces par des fourrages nouvellement recoltes et excitants; si la saison est variable , qu'il y ait de frequenles transitions du chaud au froid , les conjonctiviles, les coryzas, les angines, la gourme,Ies brouchites; si pendant ces variations, I'air ac-
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03 quierl lout-ä-coup uu relioidissemcnt remarquablc, les pueumonies , les pleuresies , les rhumailsmes; el si celte temperature persisteuncertain temps, ces maladies pren-nent le caractere epizoolique ; aloi s le vert qui est si ge-neralement avantageuxä la santedes herbivores, leur dc-vient tellement nuisible qu'on est force d'y renoncer. C'est ä cette epoque que se dcclarent generalement ces pleuro-pneumoDies que Ton a vacs prendre la forme epi-zootique dans les corps de cavalerie.
Les maladies chroniques eprouvent des eflcts divers de la part du printemps; celles qui sont caracterisces par I'anemie, la faiblesse, röpuisement en regoivcnt une influence avantageuse. C'est aussi ä celte epoque que les operations chirurgicaies reussissent le micux. La castration, par exemple, reussit mieux alors que dans toule aulre saison, pourvu qu'on puissc metlre les animaux au päturage et leur permetlre de faire de l'exercice. Au con-traire les affections organiques qui ne sont pas suscopli-b!es de resolution , les alterations organiques, les tubcr-cules ,les squirrhes et les encephaloides, les melanoses sont menes vcrs une terminaison funeste ; il se forme autour de ces produils des congestions qui en amenunt la fonte purulente.
Enfin, une derniere cause de maladie se tire du passage brusque des etables aux päturages ; des pncumonies en sont souvent la suite.
Indication. — Laquantite et la bonne qualilcdu sang, la nature des maladies fournissent rindicalion anliphlo-gislique 5 mais comme clles cedent assez faciicment, il ne faul paslrop insisler sur les moyens actifs de iraiteiuenl.
Au reste il faut se rappelcr que la constitulion me-dicale du printemps est loujours liee a celle de lliiver ,
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56 et que I'influence qu'exerce Je premier ne se fait pas sentir immediatement, mais apres un temps assez long.
Si I'liiver a ele sec et froid, ce qui est favorable a la saute, le prinieinps trouvera les animaux dans un bon ciat de forces ; la pletbore alors sera generale, ainsique la disposition aux. maladies inflammatoires. Le conlraire anivera si I'liiver par son humidite a affaiblile corps et y a fait predominer les flux sereux. De meme si le prinlemps est humide, cetie humidite modifiera I'influence de la clialeur et empecliera le developpement d'un sang de bonne qualite qui caracterise Je prinlemps.
Les epizootics conslitutionnelles, c'est-a-dire celles qui tiennental'etat d'une qualite perseverante de i'air, durent pendant un certain temps apres que la constitution atmos-pherique qui les avait produites a cesse, attendu que la modification que le corps animal e!n a re^ue se prolonge el ne s'alTaiblit que successivement sous I'influence d'une nouvelle saison el d'une nouvelle constitution de I'air,
3deg; Ete. — (Test la saison oil le soleil est le plus rap-procbe de nous; c'est alors que ses rayons de clialeur et de lumiere ont la plus grande vivacite possible. On sail que ces deux agents sont des stimulants tres-puissants; or leur action continuelle finit par produire la faiblesse et l'epuisement, absolument comme les liqueurs fortes le font chez les personnes qui s'y livrent avec exces. Aussi le Systeme nerveux est-il excite en ele; tous les organes sont fort impressionnables, ils sentent vivement, mais ils ont perdu de leur energie. L'appetil est moindre, re-vient moins souveni, les digestions sont lentes et penibles , le pouls est plus vif et plus frequent, mais moins fort; la respiration est plus frequente que dans les autres saisons ; purmi les secretions celles de la peau et du foie
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57 sont ires-actives; rap[Jareil locomoteur est dispose ä agir, maisla fatigue suit de pres I'exercice.
Les maladies de cctte saison sont : 1deg; du cote de la peau , des congestions , des especes d'urticaires connues en veterinaire sous le nom d'echauboulures, la congestion du tissu sous-ongule dite fourbure; des inflamma-lionstelles que I'eczerna-solare , dit petite echauboulure , boutons de chaleur, la gale, le psoriasis, certaines dartres avec efflorescence de l'epiderme; toutes sont accom-pagnees de demangeaisons plus ou moins vives et d'alo-pecies plus ou moins etendues , qui amenent des souffran-ccs telles que les animaux en perdent l'appetit et le som-meil et deviennent fon. maigres; l'erytheme de diverses regions du corps oü s'operent des frottements des mem-bres ou des onglons tels que le fraiement des ars, ceux des onglons, dits intertrigo, pietain, fourchet; I'erysipele des oreilles des pores, des chiens, etc. Ces dernieres maladies de la peau, dans le midi et sur les anes, les mulcts et les taureaux, sont suivies d'ulceration , de suppuration excessivement fetide qui y appelle des milliers d'insectes, de Finduration du tissu cellulaire, comme dans l'elepliantiasis, et sont d'une guerison tres-difficile.
2deg; Du cote des muqueuses, des inflammations de la bouclie, de l'estomac ou des intestins causees par les aliments irritants pour les adultes et surtout pour les jeunes animaux qui viennent d'etre sevres ou qui tettent encore ; la stomatite simple ou avec pustules (bouquet, givrogne, noir museau ), la gaslrile, ia gastro-enterite , les constipations opinialres, I'enterite commune chez les mulcts des pays cbauds et chez les agneaux; les fievres gastriques ou bilieuses avec sympiomcs ccrebraux peu saillantsou avec congestion cerebralc (verligc abdominal);
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38 les fi^vres typhoides ä forme ataxo'amp;dynamique, avec ou sans exanlheme cutane, dans les vallees tres-chaudes, pros des mares, des etangs, etc., dans les bauges in-fecles oil on renferme les cochons. La privation de bois-sons et surtout les boissons insalubres, les eaux croupies ajoutent ä l'infection miasmatique.
3deg; Du cole du Systeme nerveux, les congestions cerö-brales, dites coups de sang., le letanos chez le cheval et la chevre; la meningite, rencephalite.
4deg; line autre Serie de desordres cst produite par le developpement d'un grand nombred'iHsectes , qui irritent violemment la peau, qui tourmentent les femelles au point que le lait en est altere ou tari , d'oü s'ensuit la perte des nourrissons; qui determinent des phlegmasies en depo. sanl leurs larves sous la peau qu'ils percent; qui intro-duisent leurs ceufs ou leurs larves dans le nez, la bouche, l'anus; et lorsque les ocufs se developpent, ils determinent des douleurs vives , des convulsions , des troubles de la digestion, et quelquefois perforent presque I'eslo-mac des poulains.
La constitution estivale , c'est-ä-dire de lete , consiste dans la predominance des fonctions de la peau, de la mu-queuse gastro-intestinale et du foie, et du Systeme nerveux. Le sang y est moins abondanl et moins riebe qti'au printemps,lapeauledebarrasse de la serosite etdes sels, lefoie des parties grasses. Ce sent les deux seules fonctions actives. Les maladies sent plus graves, plus persis-tantes qu'au printemps, souvent avec des symp;6mes ataxo-adynamiques.
Indications. — L'etat du sang reclame d'abord les boissons abondantes , fraiclies , temperantes; i! ne faut pas se faire illusion sur les symptömes nerveux qui sont
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59 presque toujours precedes ou accompagne's de congestions ; les narcotiques ne doivent done venir qu'apres les degorgements sanguins. Peu de revulsifs ä la peau a cause de son impressionnabilile, il en est de meme des purgalifs qui sont irdiques dans les elais bilieux apy-retiques.
4deg; ^utomne.—La chaleur et la lumiere si intenses de la saison precedente diminuent successivement. Les jours sont encore chauds, raais les soirees sont humides, les nulls et les matinees sont fraiclies, la temperature s'affai-blit, les pluies et les orages sont frequents. L'excitaiion si vive n'est plus entretenue. La peau, jusqu'alors le siege d'une secretion abondante, perd de son activite et par contre les differents secreteurs interieurs, la muqueuse digestive, les reins , les sereuses, le tissu cellulaire aug-menlent d'activite : de plus, rimmidile dispose aux vices de secretion. Ce refoulement du sang h I'lnterieur rend la digestion plus active ä mesure que la saison devient plus froide ; et il semble donner meme aüx animaux une teinte melancolique.
Les maladies du commencement de I'automne ont encore le cachet de celles de Tele si le passage de celte saison ä la suivante est gradue et insensible et que la temperature se soutienne; si le changement est brusque , les maladies prennent le caractfere de celles de I'liiver. Les maladies de la peau negligees pendant Tele, ou qui ont resiste au traitement, s'accompagaent d'oedematie du tissu cellulaire; le farcin ou I'elephantiasis leursuecedent, elles deviennent alors fort tenaces. Les aflections catar-rhales des conjonctives, du nez f des bronches , s'aggra-vent et peuvent se changer en morve.
Les affections catarrhales des differentes muqueuses do-
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60 minent; elles sont toujours remarquables par I'abondance du fluide excrete et sa tendance a la fluidite; celles qui ne sont pastraiteesconvenablement vieillissent et deviennent chroniques, lesganglionslymphatiquesvoisinss'engorgent, les muqueuses s'indurent, se ramollissent ou s'ulcerent. La conjonctivile par exemple, est suivie d'infiltrations, de ladies de la cornee; l'opbthaliuie se reproduit et est suivie d'ulceration; la diarrhee et la dysenterie sont fre-quentes. C'est dans cette saison que le typhus des betes ä cornes regne le plus frequemment, parce qu'a I'elat catarrhal de la saison se joignenl les emanations mareca-geuses plus abondantes alors qu'ä toute autre epoque de l'annee.
Les memes emanations produisent les fievres gastriques avec horripilation el frissonnement de la peau, suiviesde congestions sur le foie et la rate beaucoup moins aigues que celles du printemps; affections soment mortellcs qui prennent parfois le caraclere epizooiique. Ces fievres revelent une autre forme que le commun des praticiens considere comme une indigestion avec surcharge d'ali-menls, et qui sont des fievres lypho'idcs, c'est-ä-dire des inflammations du tube digestif avec alteration plus ou moins prononcee du sang, enlrainanl la constipation, le sejour des matieres alimentaires dans la panse el le feuil-let des ruminants, et dans le cours desquels se montrent des exanthemes gangreneux, dits charbons.
Les affections charbonneuses, toujours remarquables par des symptomes ataxo-adynamiques, et s'accompa-gnant soil d'ictere, soil de diarrhee, sont gencra'.ement des maladies dautomne; et il est a rcmarquer que les grands ruminants qui avaient ete exempts de ces maladies pendant tout Tele, lorsqu'ils habilent sur les montagnes.,
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en sonl atteints lorsqu'on les fait descendre dans les val-lees avant de les eniermer dans les etables.
Les maladies de l'automne ont generalement moins d'a-cuite que celles de l'ete; leur marche est lente , les crises sont plus rares et moins completes; elles se terminent souvent par des vices de secretions, des engorgements, desepanchements; elles deviennent facilement chroniques chez les animaux pour lesquels les regies de l'hygiene sont negligees ou qui par la nature de leurs travaux su-bissent l'influence de celte saison variable. Les convalescences sontlonguesetles rechutesou recidives frequentes.
Indications. Lesprincipales se tirentde la marche, de la disposition aux vices de secretion et de l'etat des vis-ceres. II faut savoir attendre leur resolution sans la hater par des moyens trop energiques, eviter de trop affaiblir I'economie que la saison precedente a trop stimulee et qui cesse de Tetre, exciter les forces et l'action des or-ganes a l'epoque de la terminaison, tenir la peau chaude et menager la sensibilite des voies gaslriques.
Des Aliments.
Nos animaux se divisent, par rapport aux aliments , en deux classes, en herbivores ou granivores et en carnivores 5 mais ces differences naturelles dans la maniere de se nourrir sont modifiees par la domesticite, et les carnivores s'habituent a manger des vcgetaux, comme le cheval et le boeuf de la viande oudu poisson.
Magendie a demontre que les principes immediats, c'est-ä-dire ceux qui ne se composent que d'une seule es. pece de substance, comme la fibrine , I'albuniine, la gelatine , le sucre, ne peuvent pas nourrir les animaux. 11 faudrait bicn se garder de vouloir appliquer ces expe-
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62 riences aux animaux qui ne vivent que d'une seule espece de fourrages, comme I'a fait un auteur, parce qu'une plante n'est pas un principe immediat, ct qu'au contraire eile en contient loujours un certain nombre. Du reste il n'est pas d'animal qui ne mange absolument que d'une seule espece de fourrages. Ainsi ce que Magendie a de-montre pour les principes immediais n'est plus vrai pour les substances qui renferment plusieurs de ces principes imiDediats.
Les vcgetaux par leurs diverses qualites produisent ua certain nombre de maladies, Examinons-les successive-ment:
La trefle et la luzerne, pris en vert, avec avidite et en certaine quantite, principalement par les temps humides et pluvieux , lorsque l'eau de vegetation y est fort abon-dante , causent des indigestions terribles pour les grands et petits ruminants et moins fiequemment pour le cheval. Fanes et employes comme fourrages avant d'avoir perdu par la fermentation dans le grenier ou en tas une partie de ce principe acre qu'ils contiennent, ils irrilent le tube digestif 5 la boucbc s'cchauffe et rougit, la soif et la constipation s'ensuivent, et des eruptions cutanees se montrent et entrainent la chute des polls sur da grandes surfaces du corps. Ces memes plantes sent une cause fre-quente d'enteriles graves chez les mulets et les mules des pays meridionaux ; de la meme maladie et d'indigestions redoutables chez les chevaux de halage du Rhone : dans les campagnes de Lyon, des departements de lls^re el de l'Ain , elles causent chez les vieux chevaux des constipations et des coliquesstercorales souvent mortelles.
Les grains sont fort nourrissants; leur usage produit la plcthore et des congestions, tantöt vers la lete, tantöt
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63 vcrs les pieds ou sur d'autrcs parties. Les eleveurs de troupeaux le savent pour la gesso ou jarousse lathyrus cicera. L'usage de l'orge fait developper la fourbure , comnie l'avaient remarque Absyrlhe et Vegece qui ont donnc a cette maladie le nom de hordealio. II en est de meme du fVoment et de sa farine.
Les vegetaux qui coiitiennent beaucoup de tannin ou d'acide gallique, comnie les jeunes pousses de diene , procurent de la consiipaiion, des douleurs intesiinales , quclquefois la gasiro-onterite. Suivant Chabert, les mo-nogaslriques en souffrent plus que les ruminants. Les principes jesineux que conticnnent les feuilles de l'aulne , du bouleau , du peuplier , causenl chez les animaux qui päturent aux bords des fosses ou sur la lisiere des bois line hemature plus ou moins grave que Chabert a appelee maladie de brout ou de bois, et Favre, de Geneve, he-maturie des feuilles. On evile I'liematurie en apalsant la grosse faim des animaux avant de les conduire sur lebord des fosses oil croisscnt les arbres resineux. Le genet d'Es-pagne qu'on sail etre fort diuretique pour I'liomme, pro-duit aussi I'liematurie chez les moutons. Tessier qui a decrit cette hematurie sous le norn de genestade , assure qu'ilen meurt jusqua un cinquicme des troupeaux.
Les vegelaux dans lesqucls predominent les parties li-gneuscs et parenchymateuses , comme on le remarque dans les annees de secheresse, fournissent peu de mate-mux nutritifs, aussi le lait des femelies en souffre-t-il, et dans ces circoustances les jeunes agneaux perissent presquc tons d'inflammations d'entrailles.
Pendant les annees pluvieuses et dans les lieux habi-tuellement humides, la vegetation presente un develop-pement remarquable de parenchyaies et de ligneus,
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61 beaucoup d'eau et des principes immediats mal elabores. €es aliments sont indigestes et font predominer la serosite dans le sangj ils aidenl avec l'humidile de lair au deve-loppement de la pourriture.
il est des plantes qui, comrae les renoncules, ne con-liennent des matieres acres et irritanles que lorsqu'elles ont acquis tout leur developpement. Alors, comme I'a observe Brugnone, les moutons presses par la faim qui en mangent, en eprouvent une sorte d'empoisonnement.
La plupart des plantes qui croissent dans les bois ou dans les lieux ombrages conservent Tacidite qu'elles avaient au commencement de la vegetation. Leur usage cause de la diarrhee, de la maigreur, de l'affaiblisse-ment. Il en est de meme de la derniere coupe des pros, dile regain, qui pendant les annees froides et humides n'eprouvant qu'une dessication incomplete fournit des aliments insipides, lourds et qui causent des indigestions föcheuses.
Les maladies des vegetanx, la rouille , la carie , le charbon, I'ergot, produiscnt la faiblesse , la maigreur du corps. Les aliments de mauvaise qualite que donnent ces plantes malades engendrent des epizoolies, et meine des typhus charbonneux. La gangrene que le seigle ergole determine chez I'homme est rare chez les animaux, et n'a guereeteproduiteque cbezleporcet ä titred'experience.
Les vegetaux eprouvent aussi diverses alterations, soil sur pied par le debordement des rivieres ou par des pluies abondanles, soit apres avoir ele coupes, lors de la fanaison, ou apres leur scjour sur un sol humide, dans Ics creniers ou dans les bateaux. Lorsque la diselte force a employer ces fourrages ainsi älteres , on voit se declarer des toux rebellcs, des bronchites et des pneumonites fä-
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cheuses, des indigestions, des inflammations des premieres voies ou des afleclions typhoides qui causent i'a-vortement des femelles et font perir un nombrc considerable d'animaux.
Quant aux chairsdont les carnivores font usage , celles qui proviennent des jeunes animaux, qui sont fades et geiatineuses, celles qui conliennent beaucoupde serosile et qui proviennent d'animaux atleints de pourriture , sont peu nutritives, troublent la digestion des carnivores malades ou convalescents et leur donnent la diarrhee. Quant au residu des graisses, dit pain de croton que Ton est dans l'usagc de faire manger aux chiens de garde , il contribue d'une maniere evidente au developpemenl des maladies cutanees psoriques.
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CHAP1TRE II.
DES SVMI'TOMES RT DO SIEGE DES UALADIES.
On donne le nom de phenomenes a ces divers carac-teres que chaque Organe et chaque fonction presentcnt pendant la sante, et on donne le nom de sympiomes aux modifications que les phenomenes de la sante eprouvent lorsqu'une maladie s'est declaree dans le corps.
II faut distinguer le Symptome du signe. On appellc signesles conclusions que le praiicien tire des symptorncs. Ainsi la peau est chaude et seche, voilä un Symptome ; si celte chaleur seche persiste vers la fin d'une maladie qui semblait s'amendcr, le veterinaire en tire la conclusion que la convalescence n'est pas pres d'arriver et que lo
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G6 mal quoique diminue persistc. Les symptömes de chaleur et de secheresse lui ont donne des signes sur la marche de la maladie. On appelle Symptomatologie un traitesur les symptömes, et semeiologie un traite sur les signes des maladies. [Symptoma, Symptome, semeion, signe, /o-lt;/os,discours.)
En pathologic generale on ne peut pas traiter des symptömes de chaque organe en particulier, ce serait empieter sur la paihologie speciale ; mais on peut rechercher ceux qui appartiennent aux grands appareils ner-veux, digestif, respiratoire et circulaioire; et ceux qui sont fournis par la chaleur et la douleur pour tous les organes en general. C'est ce que j'ai fait.
Par sa position et par la nature de la fonction qu'il remplit, chaque organe presente dans la sante une serie de traits distinclifs, lesquels se conservant necessairement pendant la maladie , donnent les moyens de s'assurer qu'il a eprouve quelque trouble. Ainsi le coeur dans I'etat normal se contracte et se resscrre un 40e de fois par minute chez le cheval; I'oreille appliquce sur la poitrine ä l'en-droit correspondant, pergoit d'abord la sensation d'un choc, cnsuite deux bruits, un premier plus sourd et plus prolonge, un second plus clair et plus bref, puis il y a un instant de repos, apres quoi les bruits recommencent. Si le cceur est le siege de quelqu'un des genres de maladies connus, le nombre de ses batlements, leur succession reguliere, leur force , la nature des bruits , presenteront dos changements el des nuances diverses qui s'expliquem; par les modifications nouvelles que I'inflammaiion, les vices de secretion, les etats nerveux auront imprimees ä cet organe. Ces donnees meltront sur la voie du siege des maladies, ce qui est fort important.
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Car le siege fournit aussi des indications tres-uiiles pour la therapeutique. Je prends pour exemple une ma-ladie de poitrine. Dans ce cas on sail: Iquot; qu'il faut eviter les refroidissements, ä cause de la Sympathie de la peau avec la muqueuse pulmonaire, et au contraire que la sueur est avantageuse; 2deg; qu'il faut condamner I'animal le plus possible au repos, pour eviter d'accelerer le passage du sang ä travers le poumon; 3deg; que, par cette raison, la sai-gnee est avantageuse dans cette maladie ; 4deg; que le lube digestif etant sain on pent administrer par cette voie des medicaments qu'il serait dangereux de faire prendre s'il etait malade ; 5deg; qu'il faut faire autour de la poitrine les degorgements sanguins locaux ou l'application des revul-sifs. II en est de meme des autres organes ; chacun d'eux par sa position, par ses fonctions et ses rapports sympa-thiques exige des modifications correspondantes dans le traitement.
Avant d'etudier les caracteres fournis par les grands appareils cerebro-spinal, respiratoire , circulatoire el digestif, je vais envisager la douieur et la chaleur dans les differentes parties del'organisme. Comme ce sont deux symptomes communs ä la plupart des maladies, et comme les animaux prives de la parole ne peuvent pas nous en indiquer le siege autrement que par le langage d'action , il convient de rechercher les poses , les attitudes et les differences d'expressions faciales , au moyen desquelles il nous est permis de decoüvrir ce siege.
Be la Douieur.
La douieur est un phenomene nerveux dans lequel il faut distinguer trois choses : 1deg; Timpression eprouvee dans quelque partie du corps; 2deg; la transmission de cette
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impression au cervean par le moyen des nerfs; 3deg; la perception de cette impression par le cerveau. Des causes trcs-variees peuvent la produire, et pour eviter des repetitions je dirai que les causes que j'ai enumerees comme pouvant developper la flevre font naitre de meme la dou-leur : d'oii il suit, comme je l'annongais plus haut, que la douleur esl un symptöme commun ä presque toutes les maladies.
On a distingue diverses nuances dans la douleur : 1deg; la douleur tensive qui consiste en une sensation de distension, eile s'observe dans les phlegmons; 2deg; la douleur grava-live ou de pression , qui consiste en une sensation de pe-santeur , comme dans les engorgements glanduleux, les collections de liquides et dans la courbature; 3deg; la douleur pulsative est caractorisee par des hattements corres-pondants ä ceux des arteres; elie arrive au moment de la suppuration; 4deg; la douleur pongitive , oil il semble que la partie soit traversce en tous sens par un corps pointu. A cette forme se rapporte la douleur lancinante du cancer, et la douleur terebrante oü la partie semble percee comme avec une tariere; 5deg; la douleur prurigineuse des dartres ; cest une demangeaison ou une cuisson plus ou moins violente; 6deg; la douleur brülante du charbon et des gangrenes , de l'erysipele et de certaines dartres , eile res-semble ä celle de la brülure par un fer rouge.
Les animaux ne pouvant pas nous communiquer leurs sensations par la parole, nous ne pouvons constaler chez eux que la douleur prurigineuse et la douleur brülante. La premiere nous est annoncee par l'action de se gratter a laqnelle les animaux se livrent sans menagement; les grands en se servant des pieds , des dents et en se frot-tant contre tous les corps durs; les petits en employant
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69 le bee, les ongles, les griffes. La seconde se caracterise par nne rougeur viva de la panic , par la douleur de la caisson et l'exsudation de serosite, commc dans certaines dartres , I'erysipele.
Le siege de la douleur est plus facile h constater quo sa nuance; nous avons differents moyens pour cela.
1deg; L'animal dirige en general son regard vers les parties malades; c'csl ainsi que dans les douleurs de venire il regarde souvent celte region; 2deg; quand la partie souf-frante est libre , la pose que Tanimal lui donne, ou ses de-placemenls frequenis nous me'tent sur la voie. Ainsi si un ocil ou une oreille sent douloureux 9 Tanimal le temoi-gne en abaissant sa tete et en la portant sur le cole de Tencolure ; ce pent etre encore la conlusion ou le caiarrhe de la corne correspondante;de plus dans I'otile les oreilles sent continuellement agitees. S'il souffre de la partie su-perieure de la lele et du cou il les abaisse touies deux; si c'esl de la gorge il porte la tete en avant. Les mouve-ments continuels de la queue annoncenl des oestres dans le rectum et Tirritation de l'organe.
Si un animal tienl un de ses membres en I'air, qu'il le deplace souvent, e'est une preuve qu'une des parlies qui le compose est en soufirance ; de meme si un ou deux de ses membres sont poses frequemment sur le sol en avant des autres. II faut verifier le pied, les irndons, les articulations de l'epaule, du bras, du femur et du coxal. Si un des grands animaux elant debout flechit fortement sesjarrets pour opererla defecation, on soupconne une forie constipation , une entente chronique ou des douleurs de lombes.
L'action de se tordre le corps ct d'abaisser la croupe en meme temps, annonce des douleurs de l'intcstin ou des reins, des tranchees legeres ou des coliques. Celle do se
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70 frapper le ventre avec les pieds de derriere indique aussi des douleurs aigues des intestins.
L'acte de se jeter ä terre et de se rouler indique de vives iranchees; il devient facheux s'll persiste et fait craindre une rupture du diaphragme, de restomac ou des intestins.
3deg;Le decubitus fournitplusieursrenseignenaents. II na pas lieu dans les maladies graves de la poitrine. Les chiens qui souifrent du ventre se couchent ä plat sur cette region.
Quand I'animal est couche, s'il souffre des pieds, comme a la suite des enclouures douloureuses, de la brülure de la sole , du panaris , du javart ou de la fourbure, on le voit s'ctcndre sur un des cotes du corps, le plus souvent du cote sain, quelquefois cependant du cote malade , position defavorable a la guerison. On juge de Tintensite des douleurs par le deplacement frequent de la partie souffrante , qui est dans une extension permanente , par des soupirs et une respiration plaintive ; si I'animal replie ses jambes sous son corps c'esl une preuve qua la douleur est moins vive.
4deg; La douleur est exprimee par un etat de malaise et quelquefois d'anxiete. L'animal temoigne de la crainte si on approche la main ou si on touche ä la partie malade, et meine se defend si on la presse. Lorsque la douleur est obscure, une pression forte la developpe, I'exagere et provoque des mouvemenls , des convulsions memes , des plaintes, des cris , des actes defensifs. Dans les maladies des visceres de la poitrine et de l'abdomen , la douleur est annoncee par reloignement de la creche, I'abais-sement de la tele , un souffle bruyant, des gemissements, de la toux et la pression exercee sur le thorax.
5deg; On decouvre encore la souffrance d'un organe en tenant compte de l'execution des actes de la fonction qui
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est Iroublee. Ainsi c'est lorsqu'il marche, qu'il court, qu'il seleve, se couche ou travaille, qu'on s'assure qu'un des agents de la locomotion souffre.
Pour les sens,leur inaction, ou au moins I'impossibilite de s'en servir; I'oeil est-il enflamme, la lumiere ne peutetre supportee. Les voies respiratoires sont-elles le siege de la douleur, ladifficulte de respirer et la toux se prononcent. Sont-ce les voies digestives, c'est tantöt la mastication, tan-tot la deglutition, tantöt la digestion stomacale ou intesti-nale qui sont troublees, suivanl le siege du mal. Alors sur-viennent, soit la perte de l'appetit et de la rumination, les vomissements , soit les coliques, la constipation , la diarrhee, la dysenteric.Sont-ce enßn les voies urinaires , alors se montrent les douleurs des lombes, la retraction des testicules, les coliques nephreiiques, la suppression ou la frequence de remission des urines, les erections frequentes ou le prolapsus du penis , etc.
Be la Chaleur.
La production de la chaleur est entiörement liee a la circulation, ainsi quej ai eu dejä l'occasion de ledire; c'est la combinaison de l'oxigene de l'air avcc le sang qui la produit, et c'est cette combinaison continuelle qui entre tient constamment la chaleur du sang au meme degre.
Le sang arteriel est de I degre 1/4 ä I degre 1/2 centigrade , plus chaud que le sang veineux; sa temperature est de 40 degres cent, chez nos animaux; eile s'eleve jus-qu'ä 42 degres chez les oiseaux.
Les cavites gauches sont les parties les plus cbaudes de tout le corps. La temperature diminue ä mesure qu'on sen eloigne. L'aisselle est la region la plus ciiaude ä i'exte-rieur. La temperature est un pen plus elevee sur le trajet
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72 des gros vaisseaux et sur la parlie concave des articulations.
Elle est moindre chez les jeunes animaux que chez les adulies , excepte chez le jeune cochon d'Inde qni produit presque amant de chaleur que l'adulte. Ainsi plus la circulation est rapide dans une partie , plus le sang y afflue et plus cctte parlie est chaude ; mais aussi plus eile est rapprochee de la peau , plus tot eile perd son calorique a cause de la loi de l'equilibre de temperature des corps. Paria meme raison la chaleur d'une parlie ne peutJamals depasser celle du sang arteriel, puisque c'est lui qui est ia source de la chaleur. Or la peau qui est coniinuellement enequilibre avec l'air exterieur, a dans les circonslances ordinaires, une temperature fort interieure ä celle du sang arteriel, mais lorscjue le sang vient ä circuler trcs-rapidequot; mcnt et a affiner en quamile dans certains points, la temperature de la partie augmente en proportion ef se rap-proche de plus en plus dc celle du sang arteriel. La temperature de la peau , des muqueuses ä leur orifice donne done le moyen de reconnaitre l'adlux anormal du sang, soil dans le tissu, soit dans les parties plus profondement situees.
C'est ä l'aide de la main que Yon fait cette appreciation. Le thermometre qu'on dit etre assez employe en Al-ictnagne, est d'unfaible secours. Les parties que Ton peut explorer, sont la peau et la muqueuse du commencement et de la fin du tube digestif. On peut encore apprecier la chaleur des fluides secretes , des urines, des feces ; enfin il y a divers symptomes qui coincident aveclelevation dc la temperature.
Mais avant de faire serieusement cet examen, le prati-cien doit sassurer si l'elevation de la temperature ne vicnl
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pas de Tatmosphere, de l'habitation qu'occupe l'animai, de l'exercice qu'il a fait, d'nn etat de fatigue ou d'agita-tion causee par la piqür e des insectes , du defaiu de som-meil, d'une emotion vive, de mauvais traitements, de la chaleur de la femelle, du rut chez le male , toutes causes qui accelerent la circulaiion et augmentent la chaleur.
Poar bien juger de Taccroissement, de la diminution et des autres modifications de la chaleur des malades , le praticien doit avoir l'allention de lenir sa main a une temperature moderee lorsqu'il la porte sur le malode; il l'appliquera sur diverses parties successivement et princi-palemenl sur les extremites du corps et des membres , comme aux oreilles, au bout du nez, aux jambes et sur les pieds. II comparera la chaleur de ces parties avec celle de la poitrine, du dos, des reins et du ventre, et toutes ces parties avec la region qui parait etre le siege de la maladie et des symptomes predominants. La main devra rester appliquee quelque temps comme douze a quinze serondes sur chaeune de ces parties, ahn qu'on pnisse reconnaitre si Timpression qu'on eprouve reste la meme ou devient differente par le contact prolonge. Ensuite il faut comparer les deux oreilles l'une par rapport ä l'autre ; souvent on decouvre en elles une diflerence marquee de temperature.
C'est ainsi que nous parvenons ä decouvrir le nombre des pieds malades, celui qui souflre plus particulierement, ou meme la region du pied qui est affectee : retonnernent du sabot, la retraile, la bleime seche sont dans ce dernier cas. En general on peutdire que l'inflammation lorsqu'elle est aigue et limitee, soil dans les tissus sous-cutanes, soil dans les visceres eux-memes , peut etre reconnue par Fexploration de la temperature de la region cutauee cor-
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74 respondante. La douleur que la pression developpe sert aussi ä confirmer le diagnostic porte d'apres l'eiat de la chaleur.
La Louche et le rectum peuvent 6tre explores aussi. Pour apprecier leur temperature il faut prendre la peau pour terme de comparaiscn, en se rappelant cependant que ces parties sont Lien plus chaudes qu'elle. La coloration ou la paleur de la muqueuse aident, pour la Louche plus que pour le rectum, ä juger sainement de Taugmentalion de chaleur; plus la Louche est rouge , plus eile doit etre chaude. La chaleur et la rougeur de la Louche appartien-nent ä la glossite, a la stomatite el meme ä l'angine, comme aussi a l'inflammation de la muqueuse du luLe digestif, et aux autres phlegmasies accompagnees de trouLle general et de fievre. La muqueuse rectale, outre les signes qu'elle fournit sur l'etat de rinlestin lui-meme, nous per-metde reconnaitre encore la cystite et la nephrite; dans la premiere, la chaleur est surtout vive sur le plan infe-rieur du rectum et dans la seconde, vers les parties supe-rieures.
Quant aux produits de secretion , les seuls qui nous fournissent des renseignements sont I'air, les urines et les feces dont la temperature est plus elevee pendant la fievre et dans les maladies du poumon, de la vessie et des reins et du gros intestin.
Parmi les differents symptomes qui nous permettsnt d'apprecier la temperature de differentes parties du corps, jeciterai : 1deg; les determinations instinctives ; 2o la transpiration.
1deg; La soif vive , le refus des Loissons tiedes, I'empres-sement marque avec lequel les animaux rechercbent les lieux frais, l'eau fraiclie ou froide, s'exposent ä la pluie
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75 ou se plongent dans I'eau; le soin que prend le chien de placer son ventre sur le sol frais de sa löge , s'il souffre du ventre ; tout cela indique raugmentation de la chaleur ä l'interieur.
2deg; II en est de mgme de la transpiration cutanee et pul-monaire. Les sueurs locales nous instruisent sur le siege des organes souffrants. On voit la sueur etre plus abon-dante sur les parois du thorax dans les maladies de la plevre et du poumon , plus particulierement dans les maladies chroniques de ce dernier viscere; nous voyons la sueur abondante sur le venire dans le cas de coliques et de cystite ; sur les reins lors de nephrite ; sur le scrotum lors de hernie inguinale; sur les regions scapulo-humerale et coxo-femorale, apres I'exercice auquel nous soumet-tons, pour les examiner , les grands animaux qui souf-frent de ces jointures.
Comme la douleur, la chaleur nous offre quelques nuances ä noter. Elle pent perslster sans interruption pendant tout le cours d'une maladie ; d'autres fois I'augmen-taiion de la chaleur alierne avec son abaissement, c'est ce dont nous nous assurons en touchant les oreilles et les autres extremites du corps. Le relour prompt de la chaleur sur le corps ou sur des parlies quand ils etaient moins chauds auparavant, porte le nom de bouffees de chaleur. Enfin on a designe sous le nom d'erratique la chaleur partielle et passagere, qui se fait senlir , tantot dans un point, tantot dans unautre [errare, varier ^se deplacer).
La chaleur pent olfrir trois modifications principales qui sont : 1deg; la chaleur halitueuse ou moiteur 5 2deg; la chaleur seche; 3deg; la chaleur acre ou mordicanle.
Iraquo; La chaleur halitueuse est ainsi nommee de halilus* haleine , parce quelle est comparee par I'imprcssion
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qu'elle produit sur la main a la chalcur douce et humide de l'haleine. Elle est moderee , egalement repandue sur toute la peau, qui est alors dite en elat de moiieur. Elle annonco que In transpiration insensible s'opere bien. J'ai traite ä propos des forces, de sa valeur comme signe.
2deg; La chaleur seche se fait remarquer par une certainc rigiditcde la peau, une sortede raideurdu poil etparl'ab-sence de moiteur. Elle est habituelle en sante chez lesani-maux a temperament bilieux , comme la precedente cliez les animaux ä temperament sanguin. Je ne revien-drai pas non plus sur sa valeur semeiologique.
3deg; La chaleur acre ou mordicante est un degre plus elevede la precedente. Elle a etecomparee par unraode-cin do I'anliquite h la douleur que la fumee produit sur les yeux. Elle annonce le plus haut degre d'iniensite des phlegmasies soit cutanees , si la peau est malade, seit viscerales.
Tels sont les principaux renseignements qui nous sont fournis par la douleur et la chaleur sur le siege des maladies. IIs sont d'une grande importance ainsi qu'on a pu le voir; et lorsqu'on s'est bien exerce ä comprendre leur valeur, ä les reconnaitre dans la pratique et h les con-tröler Tun par l'autre, on peut parvenir a poser dune maniere precise le siege d'un ires-grand nombre d'atTec-tions. Quant a la question de savoir quelle est la nature du trouble morbide qu'on observe, si e'est une congestion , une inHammation, un etat nerveux, e'est une se-conde partie du diagnostic qu'on resoudra au moyen des signes que j'ai donnes dans mon premier volume. Je vais passer ä letude plus precise des quatre grands appareils : nerveux, digestif, respiraloire et circulatoire.
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De l'appareü 7ierigt;eux.
II n'y a guerc ä s'occuper que des symplomes qui mel-tent sur la voie des maladies du cerveau, les symptomes des maladies nerveuses en general ayant ete decrits d'une maniere fort detaillee dans le second livre. II y a deux pcriodes genei'ales dans ces maladies directes ou indi-rectes des centres nerveux : une premiere d'agitalion, de convulsion, de sensibilile extreme; une deuxieme de prostration, d'affaissement, de paralysie. Les symptomes nous en sont fournis par le Systeme locomoteur et les or-ganes des sens.
De l'attitude.—Si le cerveau souffre et que le sang soit determine vers la tete, on voit les grands animaux prendre un point d'appui sur la creche et y poser la tele. Mais si des douleurs vives s'y font sentir, ils portent la töte dans le fond de la creche, rouent leur encolure, et font entendre alors une sorte de respiration bruyante designee sous le nom de siertor. Suivant 1c degre ou le siege de la douleur, on voit le cheval elever la tete con-vulsivement, et s'arcbouter avec force centre le ratelier, le mur, etc.
Quelquefois i'abaissement de la tete, l'impossibilite de la lever pour prendre le foin dans le ratelier indiquent l'existence de Timmübilite, pourvu que Fencolure n'offre aueune lesion des muscles ou des vertebres, et surtout si en meme temps la mastication est comme convulsive et souvent interrompue, en sorte que le foin reste dans la bouche et sorte vers les commissures.
De l'expression.—Une expression qui est propre ä toutes les aifections directes ou indirectes du cerveau, est celle designee sous le nom de stupeur. Elle est carac-
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78 tcrisee par 1c defaut d'expression des trails en general et des yeux en particulier. L'animal parait etranger a lout ce qui l'entoure, n'est occupe de rien et semble ötre dans un etal J'ivresse; cela est propre au typhus, au vertige , ä l'apoplexie, au tournis, ä la rage-mue.
Du regard.—II a deux formes generales : A la premiere se rapportent le regard egare ou trouble et le regard hagard. Le regard est dit egare lorsque le malade ne le fixe sur aucun objet, de maniere ä faire croire qu'il y porte quelque attention; le second a quelque chose de dur et de menacant, comme on I'observe dans les maladies charbonneuses. A la seconde appartiennent le regard fixe, immobile, et le regard lerne oü I'oeil est mat, sans vivacite, avec decoloration du fond azure dn globe. La premiere de ces formes correspond ä la pe-riode d'excitation, la deuxieme ä celle de paralysie.
De I'oeil.—L'injection des vaisseaux de la conjunctive annonce la congestion du cerveau , quand I'oeil lui-möme n'est pas le siege direct de ce trouble morbide , et s'ob-serve lors des grandes fatigues avec besoin du sommeil, dans I'insomnie que causent les grandes douleurs, dans Fapoplexie, les attaques des maladies convulsivcs.
Quand le corps clignotant s'epanouit ä la surface du globe oculaire qui est retire au fond de l'orbite, et qu'il en couvre une partie , ce symptome annonce le tetanos ou l'inflammation du cerveau.
Quant aux mouvements des paupieres, la retraction el le relevement convulsif de la paupiere superieure se font remarquer h l'occasion des maladies nerveuses, comme le tetanos, l'immobilite, et en general chez les individus eminemment nerveux des qu'ils sont vivement excites.
Pituitaire. — La forte coloration de la pituitaire,
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79 lorsqu'elle n'est pas malade, indique la direction du sang vers las parties anterieures du corps, et principalement vers la töte.
Levres. — Elles sont convulsees ou paralysees. La contraction ou retraction de la levre superieure ou des commissures a lieu dans le tetanos, le vertige aigu, les affections convulsives. Le spasme cynique et le rire sar-donique son! produits par les convulsions des levres. Le premier consiste dans la contraction spasmodique d'une des levres; c'est le facies du chien querelleur ou de l'e-talon qui flaire une jument. Le deuxieme depend d'un ecartement convulsif des levres et des joues qui laisse les dents ä decouvert, comme quand le mors fait grlmacer le cheval.
Comme symptomes de paralysie on a le prolapsus on relächement de la levre inferieure, et la respiration labiale , dans laquelle I'air sort par la Louche pendant la respiration, parce que les levres etant paralysees ne peu-vent le retenir dans la bouche. C'est ce qu'en medecine hu'maine on appelle fumer la pipe.
Je ne pousserai pas plus loin cette analyse des symptomes des maladies des centres nerveux. Ils ont ete decrits ailleurs.
Appareil digestif.
Avant de decrire les symptomes de maladie qui nous sont fournis par I'appareil digestif, je vais exposer ses principaux caracteres dans l'etat de sante.
Pendant l'etat de sante , I'appetitse fait senlir, commo chacun le salt, ä des intervalles regies; I'animal prend ses aliments avec plaisir; sa soif est moderee. La digestion s'opere librement sans gene ni douleur; les matieres
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80 fecales sont liees, assez consislantes, peu abondantes; leur excretion s'opere sans doulcurs et ü des epoques qui nc sont pas'trop rapprochees.
Chacun des organes qui composent cet appareil offre im caractere de sante; les dents sont blanches, lisses, so-lidemenl implantees, excepte chez les ruminants dont les dents incisives sont mobiles dans leurs alveoles; les genci-vcs fermes, unies, d'un rouge pale, la surface interne de la bouche est humide et rosee; l'abdomen est souple et d'un volume proportionne au corps. Or, plus ces dif-ferents caracteres s'eloigneront de cet etat normal, plus nous reconnaitrons qu'il existe ou qu'il va se declarer unc maladie dans quelque point de cet appared.
Ayant dejä parle de la faim et de la soif, je n'y revien-drai pas, et je passerai aux symptomes fournis par la langue, le volume de l'abdomen, et les changemenls sur-venus dans les fonclions de l'estomac et des intcstins.
De la langue.—Cet organe qui dans Ihomme fournit au medecin des renseignemcnts si precieux el si utiles sort peu au veterinaire. Chez les ruminants oü eile est recouverte d'une couchc epidermique tres-epaisse, et oil die cprouve peu de changemenls pendant les maladies, eile n'offre par consequent aucun inleret. Dans les carnivores et le pore oil la peau est lisse et souple comme dans rhomme, on pourrait I'explorer; mais on a ä craindre d'etre mordu,et il f'aut exercer sur I'aiumal, pour le forcer ä ouvrir la bouche, une grande violence qui est plus nuisible pour lui quo les renseignemcnts fournis par la langue ne peuvent etre utiles.
Les monodactyles sont les seuls ä men avis qui peuvent etre observes avec quelque avantage sous ce rapport. Voici la maniered'y explorer la langue.Oriintroduitl'index
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dans l'espace interdeniaire, et on en applique le Lout au palais pour inviter I'animal a ouvrir les mächoires; ou bien on introduit äla fois I'index etle medius dont le premier presse sur la langue et le second sur la voute palatine ; ou enfin on se sert des deux pouces qu on applique sur chaque bord alveolaire, de maniere a ecarter les ma-choires. La premiere maniere esl plus usitee. Lorsquo. par ces moyens on a fait bäiller le cheval, la langue se trouve ä decouvert et on peut I'observer; mais on doit eviter da la prendre ä pleine main, comrne le font certains praticiens, et de la tirer hors de la bouche, parce que cette manoeuvre la depouille de son enduit et lui donnn une auire conleur que celie qu'elle avait.
La langue n'est pas avec I'estomac dans un rapport aussi intime chez les animaux quechez I'liomme. Aussi sert-ello surtout dans le diagnostic de l'angine. Sa sensibilite, sa tumefaction, la coloration en rouge desa base se font observer toutes les fois qu'il existe une angine pharyngee et plus particulierement celle du fond de la gorge, dite gutlu-rale. Alors eile eprouve une cerlaine tension et les moin-dres tractions faitessur eile avec la main font naitre des contractions douloureuses des muscles linguaux; lemalade se defend et les yeux par leur saillie et leur larmoiement exprimentde vives souffrances.
Ces symptömes et surtout Tinjection et Taugmentation considerable de volume apparaissent au debut des angines violenles, dans l'apoplexie et lorsqu'il y a menace de suffocation.
La rougeur de la langue, surtout vers ses bords et a sa pointe, qui passe pour etre un Symptome de linflamma lion de I'estomac, a peu de yaleur semeiologique chez les animaux. Elle se montre aussi au debut des angincs ,
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82 des Iji ondiilcs , des pneumonies. Plus lard on la voit di-üiinuer de rougeur el meme se recouvrir d'un enduit grisätre.
Cel enduit esi fort abondant dans les fievres muqueuses, surloul quant a linflammation de la muqueuse des voies aeriennes se joint celle du tube digestif. Mais il y a sans dome aiors du cote de la langue ce qui se passe dans toui le resie de Icconomie, une secielion plus abondante quä l'ordinaire. Nous avons vu que le fond de la fievre muqueuse est im elat seereloire plus ou moins general avec des congestions danscoriains organes, surtoutdans ceux de la respiration et de la digestion.
La langue se couvre dun enduit jaunätre dans les memos cas que la conjonclive et la buccale, lorsqu'il existe un iciere ou une inflammation du foie ou de la parlie voisinc du tube digestif.
Elle se recouvre plus rarement que chez I'liomme de Tenduit noir appele fuligo (suie de cheminee). Cette coloration appartient aux fievres typhoides, aux typhus. En general la langue est seclie et rude ä sa surface dans tons les eials inflammaloires intenses , eile s'humecte et devient douce au toucher ä mesure que les symptomes de ces maladies s'affaiblissent ou disparaissent.
De l'inspection du ventre. — L'abdomen dans I'eiat de sanle a un volume variable suivant les especes ; il ac-quiert generalemenl de l'ampleur et s'abaisse ou s'avale dans la vieillesse; il est ferme sans durete et souple sans niollosse dans I'etat normal. Nous allons examiner les diangemenis qu'il olfre dans les maladies, sous le rapport de raugmentalion ou de la diminution de son volume , de sa lensinn ou de sa mollessectde sa sensibilite.
L'augmeniaiion de volume depend do plusieurs causes :
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1deg; de gaz; lraquo; de serosile; 3deg; du gonflement de quel-qu'une dss parties renfermees dans le ventre.
L'augmentation de volume par la presence de gaz prend le nom de meteorisme ( de meteöros , eleve ); et lors-qu'elle est tres considerable on lui donne le nom de ballon-nement. Cette distinction entre le meteorisme et le bal-lonnement d'apres le dei?re de tension, est insignifiante. On dit quele ventre est ballonne, toutesles fois qu'il est dis-tendu par des gaz. On reconnait les gaz par la percussion du ventre. En appliquant la main gauche a plat sur les diverses regions du ventre successivement, et en frappant perpendiculairement sur eile avec les cinq doigts de l'an-ire main reunis, on obtient un son clair; voilä pourquoi on a aussi donne au ballonnement le nom de tympanite ( de tympanon, tambour). On I'observe dans les indigestions et les inflammations du lube digestif.
Si ^augmentation de volume est due ä un liquide , on le reconnait de la maniöre suivante : on applique une main sur I'abdomen i sa partie inftirieure, et de lautre main on frappe a une certaine disiance ; les liquides jouissant comme on salt de la propriete de transmeltre la pression dans tons les sens, la main qui est miso ä plat eprouve la sensation d'un choc produit par le liquide mis en mouve-ment; c'est ce qu'on appelle la fluctuation et qu'on sent partout oil ilyadescollections de liquides, comme dans les abcesen suppuration. On peut encore sentir la fluctuation en introduisantune des mains dans lerecium et en percu-tant les diverses regions du ventre avec I'autre, ou recipro-quement; ou bien encore en imprimant des mouvemcnts au liquide avec la main qui est dans le rectum. On lie la fluctuation, la percussion permet de reconnailre la presence des liquides dans I'abdomen. Elle donne un
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04 son mat, comme celui qu'on obtient en frappant un lon^ neau plein. S'il y avait en meme temps epanchement de liquides et production de gaz, les premiers etant plus lourds occuperaient la partie inferieure de l'abdomen oil Ton obtiendrait la fluctuation et la matite, et les gaz plus legers occuperaient la partie la plus elevee, et les flaues percutes donneraient le son clair du tambour ou du ton-neau vide.
Le liquide qu'on trouve le plus souvent dans le ventre est laserosite. Ce peut etre, dans quelques cas, du pus ou du sang. Ces liquides peuvent etre libres dans le ventre oureunisdans des sacs formes par des adherences inflani-matoires; e'est ce qu'on appelle des hydropisies enkystees.
Le ventre peut etre le siege d'un gonflement partiel. Les hypochondres sent tumefies dans les maladies du foie et de la rate.Ce dernier viscere fait parfois une saillie tres-remarquable ä la partie inferieure de l'abdomen. Les ganglions lymphatiques du mesentere hypertrophies ou remplis de maliere tuberculeuse , peuvent faire sur I'un des flaues une saillie considerable tres-distincte au toucher et quelquefois a la vue dans le chien , et qu'on reconnait aisement chez le cheval en introduisant la main par le rectum. II en est de m^me des kystes developpes dans le foie, les ovaires, de la tumefaction du verumontanum et, dilrpn, des ureteres. Lorsque la vessie est distendue par Turine, eile forme une lumeur ronde et saillante qui s'e-tend, dans quelques cas, jusqu'a I'ombilic. Dans i'espece duiiqhien, les intestins sont quelquefois retractes et for-menitijune boule dure, tantot placee au-dessous des flaues, tanlpt accolcc aux lombes.
D,anjä tons ces cas , avant de porter un diagnostic , il faut faire un examen tres-attentiff parce qu'il vaufmieux
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85 meconnailre une tumeur que d'en reconnailre une la cm il n'y en a pas.
La diminution de volume du venire a lieu apres les vie -If ntes coliques, surtout celles causees par le plomb ( co-liques salurnines); dans la peritonite oil 11 se retire et s'aplatit de ham en Las, dans les courbatures , dans les vives douleurs des pieds lorsqu'elles persistent et dans Leaucoup de maladies chroniques.
On dit que le ventre est tendu et renitent, lorsqu'on eprouve de la peine a le deprimer en pressant avec la main. Cette tension annonce 1'inflammation des intes-lins ou du peritoine. La pression du ventre donne des i enseignements sur la plenitude ou la vacuite des intes-lins et de l'estomac. Le second est trop profondement place chez le cheval pour qu on puisse I'explorer; mais on pent le faire chez les ruminants. Chez eux la panse ctant situee le iongdu flanc gauche, on presse avec le poing dans cette region. Sile visc^re contient beaucoupde gaz, le poing s'enfonce sans eprouver une grande resistance ; s'il y a des matieres alimentaires accumulees, il eprouve plus de resistance , et il laisse son empreinte dans cette masse molle et päleuse.
La mollesse du ventre se trouve dans quelques cas de nevroses intestinales.
La forme du ventre doit etre aussi prise en consideration. Apres la peritonite , il semble s'aplalir de dessus en dessous vers la region des flaues. Dans Thydropisie il s'ar-rondit, descend et se dilate sur les cotes en meme temps que les flaues se creusent. Dans le gonflemenf oedema-leux de ses parois, il semble s'aplatir en dessous et s'e-largir sur les cötes oü il forme un bord exlerieur plus ou moins saiilant.
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L'endolorissemenl du ventre coincide avec sa tension. Chez les chevaux ou les boeufs, chez lesquels les parois de l'abdomen sonl recouveries inferieurement d'une cou-che epaisse de graisse , il faut pour developper la douleur exerceruneforie pression, soil avec le poing, soil avec le genou; c'est par les coniractionsobscures des musclesabdo-minauxqu'on s'assure alorsde I'etatde douleur du venire.
Un avantage que nous possedons pour Texploralion du venire et que les medecins n'ont pas , c'est de pouvoir in-tioduire la main fort avant dans l'intestin et exercer a tra-vers ses parois le toucher des diiferentes regions de #9632;l'abdomen , ce qui nous permet d'obtenir des indications positives sur le siege de la douleur. Par ce moyen nous pou-vons apprecier la temperature de cet intesiin et sa sensi-bilite, celle de la vessie, des ureteres , des reins; la forme de ces parlies, le volume des ganglions lymphatiques du meseniere; l'eiat de plenitude ou de vacuile desinteslins, de la vessie et de la matrice.
Des changements surventis dans les actes de tes-tomuc et des intestins.
Du cole de l'eslomac nous observons des vomituritions , la regurgitation, 1'eructation, le vomissement. Du cole des inlesiins ,les boiborygmes , les vents, le gargouillement, les tranchees etlescoüques,le devoiement et ses diverses formes, la dysenterie, les tenesmes, la constipation. Nous ailons decrire ces differenls troubles des actes naturels.
Les vomituritions consistent en une sorte de vomissement incomplet, avec rejet d'une tres-petite quan-tite des aliments contenus dans I'estomac; les vomituritions onl lieu meme chez les animaux qui ne vomissent pas , comme les monodaclyies et les ruminants. On les
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87 observe chcz eux apres l'injeciion des substances qiii , comme 1'emetique, piovoquent le vomissement dans les autres especes.
Elies accompagnent dans le cheval les indigestions in-tenses, la surcharge al.;mentaire de l'estomac qui prodait le touruoiement ou verlige, la presence des corps etran-gers dans I'oesophage ou dans Testomac, rinflammalioii de la muqueuse gastrique et les affections cerebrales.
La regurgitalion est lacte par lequel des substances gazeuses ou liquides , rarement solides , remontent par gorgees de l'estomac et sortent paries naseaux, sans qu'il y ait en meme temps les eH'orts propres au vomissement. Elle accompagne frequemment les indigestions avec fort ballonnement du ventre , surtout lorsqu'elles som ancien-nes. C'est un Symptome fort grave et qui indique le plus haut degre du trouble de la digestion stomacale , la distension des paroisde l'estomac par des gaz et des liquides, la persistanoe et raccroissement de l'indigeslion. 11 se re-irouve aussi avec des lesions de i'cesopliage et la degene-rescence cancereuse de l'estomac ou de la cailletle. Si avec la regurgiiation, on observe des douleurs abdominales vives , Taction de se coucher et de se relever pres-qne aussitot, de se iaisser tomber sur le sol comme une masse inerte , un poul* petit et serre et des tremble-ments convulsifs, on est siir qu'il s'est fait quelquc do-chirure du diaphragme ou de l'estomac.
S'il n'y a pas ces symptomes , la regurgiiation quoique annongant un trouble grave n'est pas constamment suivio de mort. On a vu la guerison avoir lieu.
Elle depend quelquefois de l'cbsiruction de I'oesophage par un corps etranger, une pomme de terre , cas mortel si on ne peut repousser le corps dans I'estornac.
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L'eruciation est l'eruption de gaz qui s'echappenl avec bruit par la bouche. Les rots sont toujours involontaires chez les animaux et annoncent la presence de gaz en cer-taine quanlite dans Testomac. L'eructation est un symp-lome des nevroses de l'estomac , des inflammations chro-niques, de l'indigestion , de la plenitude du viscere.
Le vomissement consiste dans le rejet par les naseaux et la bouche, d'une ccrtaine quantite des matieres conte-nues dans l'estomac, rejet qui est opere par la contraction du diaphragme et des muscles abdominaux reunis. II n'a lieu quechez les carnivores oü le plus souvent il annonce, soit une indigestion, soit une inflammation simple ou pro-ditite par empoisonnement. Les matieres rendues sont dans le premier cas, les substances alimentaires pen ou point al-terees; dansle deuxieme, du mucus mele souvent a des vers (Qevre muqueuse); dans le troisieme, des matieres aümeniaiies et du mucus avec du sang rouge. Enfin lors-qu'il y a quelque degenerescence caacereuse, le sang vomi est noir (meloena) , parce qu'il a sejourne quelque temps dans l'estomac oü il a ete en contact avec les acides du sue gastrique.
Plus les vomissements sont frequents dans un temps donne, plus l'etat de l'estomac est grave. II arrive sou-vent que les premiers vomissemen^ sont muqueux et qu'its deviennent ensuite bilieux et meme sanguinolents , sans que pour cela l'inflammation du viscere soit de beaucoup augmeniee.
Passons aux symptomes fournis par les intestins.
Borhorygmes. — Dans les legers troubles de la digestion , qui sont compatibles meme avec l'etat de same, des gaz se degagent de l'estomac en produisant des eructations ; les medecins designent cet elat sous le nom de
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09 flotuosites {flatus, vent); quelque chose de semblable a lieu dans les intestins. On nomme borborygme ce bruit sourd que font entendre, lorsqu'ils se deplacent, les gaz contenus dans le conduit intestinal.
Les borborygmes annoncent en sante, la vacuite des intestins, la lenteur ou la difficulte de la digestion , I'u-sage d'alimenls appeles venleux et le plus souvent le commencement et la fin de la digestion intestinale; ils precedent la defecation. Ils sent babituels chez quelques che-vaux dont le lube intestinal estpeu contractile. Apres Tad-ministration des purgaiifs, ils annoncent leur passage dans l'intestin et la contraction de ses plans charnus.
D'apres cela on voit qu'lls sont favorables dans le ver-tige, et ä la fin des ententes et des gastro-enterites aigues, parce qu'ils indiquent que le cours des matieres a lieu , que I'estomac s'en debarrasse dans le premier cas, et dans le deuxieme, que rinflammation a diminue, la contraction du plan charnu n'ayant pas lieu quand eile est tres-intense.
C'est au contraire un mauvais signe que les borborygmes rendent un son aigu , vibrant et presque metalli-que. Cela annonce la presence de beaucoup de gaz et une grande tension des parois des intestins; tension qui est due soit ä un etat nerveux, soil a rinflammation de la muqueuse ou du peritoine.
Les vents sont produits par les gaz contenus dans les intestins qui, comprimes justement au moment oil ils surmontent la resistance opposee par le sphincter de l'a-nus, se dilatent lorsqu'ils out franchi ce passage et deter-minent un bruit par leur expansion.
En sante, l'expulsion des vents precede toujours la defecation 5 lorsqu'elle est frcquente, ellc indiquc un ctal
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90 de faiblesse du tube digestif ou l'usage d'aliments ven-leux, tels que le trefle et la luzerne mouilles et echaufles, les choux, l'orge fermentee , le pain moisi. II est de re-marque que les chevaux poussifs rendent plus de vents que les autres.
La secretion et l'expulsion des gaz est commune aux indigestions , aux embarras gaslriques et intestinaux, aux inflammations gastriques et intestinales. II est rare que le ballonnement n'existe pas en meme temps; dans les herbivores , la puanteur des vents, dans les maladies deja nominees, est un signe de la gravite de ces affections.
Dans les coiiques, la sortie des vents en certaine quantite est d'un bon signe, parce que les coiiques etant causees souvent par le developpement des gaz, leur expulsion doit les diminuer.
L'expulsion de vents fetides, lorsqu'il y a diminution de l'appetit, maigreur et secheresse du poil, annonce unc inflammation chronique de l'intestin.
Quant h la nature des gaz , c'est en general de l'acide carbonique dans I'estomac; un chimiste dit avoir trouve de l'azote dans la panse d'une vacbe ballonnee. Dans les intestins, ce sont les gaz hydrogene carbone et sulfure.
Le gargouillement est un bruit cause par les liquides contenusdans les intestins.Ilexiste dans l'etat de sante, par exemple, chez le cheval qui vient de boire, surtout si on presse sa marche. II est habituel dans certains chevaux grands buveurs, et il est frequent de trouver chez eux un venire ample et avale. Ce Symptome, quand il ne coincide pas avec la vieillesse, indique l'existence de la gas-tro-enterite chronique.
Les coiiques sont des douieurs qui, d'apres leur etymologic [caelicapassio, douleur du colon), nedevraient
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appartenir qu'au colon, mais qui designent par extension les douleurs des intesiinset meme celles de tousles visce-res de 1'abdomen 5 awssi distingue-t-on des coliques hepa-liques , renales, vesicales.
On appelle tranchees des douleurs abdominales vives ct occupant un espace assez limite. Ce sont done de vives coliques bornees a des points circonscrits. Elles indiquent I'existence d'une inflammation, d'une hemorrhagie ou dune nevrose occupant un petit espace des intestins.
La defecation ou excretion des matieres fecales, fournit plusieurs symptomes; ii pent y avoir augmentation ou diminution du nombre des selles.
Le premies cas constitue ce qu'on appelle le devoiement ou la diarrhee , mots ä peu pres synonymes, quoique le second semble exprimer un etat un peu plus grave. Dans la diarrhee, les excretions alvines sont done plus frequentos et plus abondantes; on la dit sereuse, quand les matieres sont tres-liquides et tres-abondantes; muqueuses, quand elles ont plus de consistance et sont melees de mucus, commedans ce que leshippiatres appellent (/ras-fondure. Ces deux etals annoncent la maladie du colon, soit une inflammation, seit un vice de secretion.
Les anciens medecins appelaient lienterie une diarrhee copieuse de matieres, dans lesquelles on trouve les aliments ä moitie digeres. L'etat des chevaux vuideurs peut etre appele lienterique.
On nomme dysenteric (Alaquo; difficile, enteron inlestin) le flux de ventre accompagne de douleurs d'intestin , de-signees sous le nom d'eflorts ou de tenesmes, et dans le-quel les matieres contiennent du sang, soit en slries, soit en quantite plus considerable. La dysenterie annonco aussi Faffection du colon.On appelle epreintes ou tenesmes.
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92 une envie continuelle de rendrc des matteres fecales ac-compagneesde douleur, de cuisson et de tension.
Les feces qui conliennent de la bile en certaine quan-tile, indiquent la maladie de l'intestin grele.
On donne le nom de constipation ä l'etat dans lequel les feces sont rendues plus rarement que d'habitude. Lorsque les matieres sont consislantes , moulees et mar-ronnees et qu'elles sont rendues sans difficuhe, e'est un signe de sante. Get etat est habituel aux anirnaux qui, apres avoir mene une vie active, sejournent dans nos ho-pitaux pour des maux de pieds, des fractures , etc.; ä ceux qui, passant la belle saison au paturage, sont ren-tres et sejournent pendant l'biverä l'ecurie; ä ceux dont on change la nourriture, äqui on donne beaucoup de paille.
II n'y a vraiment constipation que lorsque les matieres sont rendues avecpeine ou meme qu'elles ne peuvent pas I'etre. C'est chez le chien qu'on voit exister cet etat au plus haut degre. La constipation est la compagne inseparable des inflammations chroniques de la peau; eile a lieu au debut des inflammations du tube digestif; eile annonce la suppression de la secretion muqueuse et la moindre contractilitedu colon. Ellepcut teniraussi ä des affections de la moelle ou a des obstacles mecaniques , une iavagi-nation , des masses d'excrements arretees dans la portion ctroite du colon ou des os dans le rectum.
Appareil respiratoire.
Nous aliens parcourir les symptömes fournis 1deg; par l'inspection des mouvements respiratoires; 2deg; parce qu'on appelle les phenomenes respiratoires; 3deg; enfin par la percussion et rfluscullation de la poitrine.
1deg; Inspection tics mouvements respiratoires. —
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Dans la same oncomple de9 ä 10 inspirations par minute dans le cheval adulle, et 10 ou I?, dans le jeune; 18 a 20 dans les jeunes boeufs, de 15 ä 18 dans les adultes; dans les jeunes moutons de 16 ä 17, dans les adultes de 13 h 16; dans le jeune chien de 18 a 20, dans I'adulte de 15 ä 18.
Pendant les maladies ce nombre est augnrente ou di-minue, et on pent dire d'une maniere generale que plus la circulation est frequente, plus la respiration elle-meme s'accelere. Chacun des mouvements respiratoires est lui-meme allonge ou raccourci; tantot ils s'executent lente-ment, tantot ils se font avec rapidite. C'est ce qu'on ap-pelle la respiration vite et lente. Elle est grande lorsqu'il entre une grande quantite d'air dans les poumons.
La respiration difficile qu'on appelle aussi dyspnee (de dus, difficile et de pneo, je souffle), apparlient a toutes les affections de la poitrine. Elle en est un des symptomes les plus apparents et les plus caracteristiques. Elle offre diverses nuances que les vieilles semeiologies ont distinguees avec beaucoup de soin, et auxquelles on a donne des noms assez generalement abandonnes.
Lorsque par suite d'une alteration organique qui oc-cupe une parlie du poumon la poitrine est obligee de se dilater energiquement pour faire entrer assez d'air dans les portions saines de eel organe, l'animal prend diverses positions destinees a. tendre les muscles qui s'attachent ä la poitrine et qui operent I'inspiration. II se tient debout et ecarte ses membres, orthopnee {o7*thos debout et pneo je souffle); il tend le cou et la tete, respiration haute, sublime.
La respiration peut etre convulsive, e'est-a-dire, brusque el saccadee, ce qui arrive en general quand 11 y a
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94 Leaucoup de douleur, comme dans la pleuresie, la pleu-rodynie ou rhumaiisme des parois ihoraciques.
Sous le rapport dc la regularile des mouvements, on observe dans la pneumonie que l'lnspiration est lente et pcu etendue, taudis que I'expiration est courte et brusque. II en est ä peu pies de meme de la pleuresie, oü Ton dit generaiement que c'est I'expiration qui est la plus dou-loureuse.
On remarquera en general que I'expiration est presque toujours plus facile que I'inspiration. En effet, c'est I'e-lasticite du tissu jaune elastique des bronches qui est cliargee de l'operer, et cette puissance etant independante de la volonte et du Systeme nerveux agit toujours de la meme maniere. II n'en est pas de meme de l'inspira-lion qui a lieu par la contraction des diüerents muscles inspirateurs sous l'influence du Systeme nerveux, et qui par consequent s'affaiblit et s'eteint avec la force de contraction du Systeme locomoteur general.
Une derniere nuance de la dyspnee qu'il faut men-lionner est la respiration entre-coupee ou soubresauianle. C'est le Symptome pathognomonique de la pousse. La dilatation du thorax a lieu par plusieurs mouvements d'ins-piration qui sent convulsifs et saccades, et son resserre-ment par plusieurs expirations successives egalement saccadees. En sante on observe cette respiration chez les animaux, comme I'etalon lorsqu'il flaire la jumenv,, et cliez I'homme lorsqu'il pleure.
2deg; Phenomenes respiratoires. — Ces phenomenes sont le baillement, i'ebrouement, la toux et l'expec-toration.
Le baillement consiste dans une longue et profonde inspiration avec ecartement des mdchoires suivie d'une
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95 forte expiration qui se prolonge. Les baillements s'accom-pagnent des pandiculations, qui consistent dans une contraction involontaire de la plupart des muscles avec extension et ecartement des membres de devant et de derriere, voussure et abaissement alternaiifs du dos. C'est ce qu'on voit surtout chez les chats.
Ils apparaissent dans la periode de frisson d'un grand nombre de maladies, et coincident frequemment avec Tembarras gastrique.
L'ebrouement consiste en une forte et violente expiration dans laquelle I'air sortant avec rapidite des voies respiratoires, va frapper les parois anfractueuses des fosses nasales, y occasioane un bruit remarquable, balaie la surface de la pituitaire, el entraine les mucosites ou autres corps qui peuvent y etre appliques. II correspond a relernuernent de l'homme. L'ebrouement bien sonore annonce le bon etat des forces, et est d'un bon signe dans les maladies. II appartient au coryza commencant.
La toux est produite par des expirations violentes, courtes, sonores et frequentes. L'air chasse brusquement des poumons entraine avec lui les mucosites secretces dans les diverses portions des conduits respiratoires. Elle est par rapport h la poitrine ce que l'ebrouement est par rapport aux fosses nasales.
La toux est seche ou humide : la premiere a lieu au debut des affections de la poitrine oü il n'y a pas encore de secretion; la seconde appartient a une periode plus avancee.
La toux n'a lieu ordinairement qu'une ou plusieurs fois de suite , apres quoi eile cesse quelque temps. Mais eile pent levenir par quintes, c'est-ä-dire qu'une inspiration est suivie de cinq a six expirations successives, et la lonx
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96 se reproduit rapidement un grand nombre de fois. Elle s'accompagne dans ce cas de larmoiement, de rougeur des yeux, de gonflement des veines de la face, et parfois du vomissemeut chez les cainivores. La loux quinteuse et suflbcante annonce loujours une vive irritation.
Le son de la toux est tantot aigu, criard , et comme etoufle, comme dans le croup; tantot il est rauque, sourd, profond et trainant, comme dans la pluhisie pul-monaire des grands animaux. II est une espece de toux particuliere a la phthisic du mouton lorsqu'elle coincide avec la pourriture, el quo les bergeis de la Provence connaissent fort bien. C'est une sorte d'enrouement , d'exlinction de la voix , avec toux faible, trainee et convulsive.
La loux esl idiopathique ou sympalhique, eile est idio-pathique dans les irritations qui ont leur siege dans les differenies parlies des voies respiratoires dans le go-sier, le larynx, la trachee, les bronches, les vesiculcs pulmonaires ou sur les plcvres. La seconde pent avoir pour point de depart Testomac ou le foie, comme on le voil dans le cours de la maladie des jeunes chiens, el dans les empoisonnemenls. Elle est seche et criarde, et accompagnee d'oppression et de vomissements. La toux hepatique est sonore sans etre forte , eile est seche el douloureuse, et coincide avec la tumefaction de 1'hypo-chondre droit ou avec I'ictere.
Expectoration ( ex hors, pectus , pectoris poitrine. ) C'est I'action par laquelle les matieres contenues dans les bronches on la trachee sont expulsees de ces conduits , et portees dans les naseaux et la bouche d'oii elles sont rcjeiees an dehors. C'est par les naseaux surtoul qu'elles passent chez les grands animaux, par la cavite buccale
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97 chez lc chien, et dans quelquescas chez les herbivores, par les naseaux et la bouche ä la fois.
L'expuilion ou cracheraent n'a pas lieu chez les ani-maux, et Texpectoration n'est jamais volontaire; eile succede toujours ä la toux.
Les matieres expeciorees varient suivant la nature et les periodes des maladies. Gelles de la bronchile varient depuis le mucus sereux jusqu'au pus bien consistant et bien elabore, et pour la couleur depuis la transparence jusqu'au blanc, au jaune et au vert. Dans la pneumonic ellcs sont visqueuses, plus adherentes^ melees de stries dc sang. Dans la phlhisie, eiles sont tantot de couleur lie de vin, chez les grands ruminants; fetides et grisätres ou roussatres, ct floconneuses chez les monodactyles.
L'expectoration facile, sans mauvaise odeur, est de bon augure; eile doit diminuer peu a peu quand la mar-che de la maladie est reguliere; si eile est supprimec brusquement c'est un mauvais signe. L'expectoration abondanle de pus ou de sang, sans presque d'eflbris de loux, est un signe fächeux et annoncc la mort.
Avant de passer a. ranscultalion et a la percussion dc la poitrine, il convient de dire deux mots de la mensuration et de la succussion de la poitrine.
La succussion consiste h secouer la poitrine d'un ma-lade pour savoir s'il y a un epanchement. On pensoit aulrefois quo le liquide ainsi agile produisait un bruit de (lot qu'on pourrait entendre. Nous verrons plus loin qu'il nc pent y avoir production de bruit que dans le cas oil les plevres communiquent avec les bronches, et qu'il y a de l'air dans la cavitc des plevres. On sail en effet quil n'y a jamais d'espace vide entre le poumon et les cotes ; si un liquide est cpanche, il ne peut pas sc mouvoir dans
TOME II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;7
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98 un espace libre, puisqu'il n'y en a pas; et s'il ne peut pas se deplacer, il ne peut produire du bruit. Si au contraire il y a de l'air dans les plevres, le liquide agite peut pren-dre la place de l'air, et produire ainsi la sensation de flot. La succussion est un vieux moyen qu'on n'emploie plus.
La mensuralion a pour objet de s'assurer de Fetendue de la poitrine en general, et de chacune da ses parties en parliculier. Un epanchement pleurelique augmente la grandeur d'un cote de la poitrine. Ce cas ne se presenie en general que chez les carnivores; le cheval, ä raison de la forme criblee de son mediastin, a presque toujours un double epanchement. Une atrophie du poumon relrecit la poitrine , parce que les parois thoraciques sent toujours exactement appliquees sur les poumons.
Les variations dans la capacile des parois thoraciques n'ont guere ele observees chez les animaux; il faudrait les conserver long-temps en etat de maladie, et e'est ce qu'on ne peut pas faire, si ce ri'esl peut-etre chez les vaches qui vivent fort long-temps avec de graves alterations des poumons. On mesure avec une ficelle depuis la base du garrot jusqu'au milieu du sternum.
J'ai vu des circonstances oü un des cötes du thorax etait
plus etroit que I'aulre , sans qu'il y ait eu alteration du
poumon.Cela se voit chez les jeunes animaux qui par suile
d'une maladie sont resles long-temps couches sur un des
cotes du corps,et cette difference est quelquefois tellement
sensible qu'on n'a pas besoin de mesurer. J'ai vu tons ces
animaux perir quelque temps apres de pneumonic ou de
pleuriie.
3deg; Percussion et Auscultation.
Deux moyens precieux qui out porle ä un degre elon-Kant de precision le diagnostic des affections de poslrine,
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sont la percussion et lauscultation; le premier, decou-vert par Avenbrugger, medecin allemand,ei employe en France par Corvisart; le deuxieme, decouvert par Laen-nec. MM.Delafond et Leblanc ont eu le merite de faire con-naitre aux veterinaires ces deux meihodes d'exploralion, etils ont parfaitement developpe les conditions differen-les dans lesquelles se trouvent les animaux, par rapport ä l'homme.
Percussion — Elle a pour but d'apprendre si Pair pe-netre bien dans le tissu pulmonaire, comme il lefait dans I'etalnormal, ou s'il n'y penetre plus qu^incompletement ou meme pas du tout. On saitqu'un instrument ferme de toutes parts, comme nn tambour, un tonneau, s'il est vide et ne contientque de lair, donne unson clair quand on le frappe, et que s'il est plein d'eau , par exemple, il ne rend qu'un son mat. II en est de meine de la poitrine; dans I'etat normal, oil I'air y penetre bien , si on la per-cule , eile donne un son clair; dans certaines maladies, I'air n'y arnvant plus, eile donne un son plus ou moins mat, suivant que le poumon est plus ou moins permeable a I'air.
Pour percuter on a employe divers instruments appeles plessimetres (de plaisso, je frappe); d'autres auteurs veterinaires les nomment plexiraetres; telsque desrondelles de liege recouvertes d'une lame d'eponge ou de caoutchouc, sur lesquelles on frappe avec un brochoir; on pent voir dans le Journal de Medecine-Pratiqtie, pour lesannees 1829-1830, la description de ces divers instruments. Ce qu'il y a de plus commode pour les praticiens, est de se servir du poing ferme, en frappant avec la face opposee a celle oü est le pouce; on peut aussi emplover les deux mains, Tune elant mise a plat el servant de
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pk'ssimctre, l'amrc eiant fermee et frappant sur la premiere .
On recommande de frapper perpendiculairement aux. cotes, ct d'eviter les espaces intercostaux, oü le son est moins sonore, parce qua les os, comme corps solides, sont meiileuis conducteurs du son.
On ne pent percuter qu'une parlie de la poitrine, un tiers, suivant M. Delafond. La partie anterieure de la poilrine reconvene par I'epauie, ne pent etre percutee; il en est de menie de la partie superieure ä cause des muscles forts et nombreux qui y sont ioges'; enfin , quand on s'approche du cercle cartilagineux des cötes, comme il correspond chez les animaux a I'estomac, aux grosses courburcs du colon, au coecum at ä une parlie de la panse chez les ruminanis , et que ces visceres contiennent scuvent des gaz, on oblient une resonnance qui n'est plus celle de la poitrine, mais celle de ces visceres eux-me-mcs. Ainsi, en definitive , la region percutable de la poitrine est comprise entre les goutlieres vertebrales, le bord posterieur de I'epauie et le cercle cartilagineux des coles; et il faut se souvenir que le son devient plus clair lorsquon se rapprqche de cette derniere ligneau moins ä gauche, car h droite les fausses coles correspondant au foie, le son devient moins clair aucontrairea mesuro qu'on se rapproche de cette meme ligne.
Parrai les animaux, le chien est celui dont la poitrine resonne le plus, et les grands ruminants ceux oil clle resonne le moins. Aussi est-ce pour eux surtout qu'on a propose l'emploi des plessimctres. La laine chez le moulon g6ne la percussion, il faut I'ecarter pour pcrcuier; les animaux gras, ceux ä peau epaisse, les jeunes animaux ont une poitrine moins sonore quo
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ccux qui sont maigres , ä peau fine el qui sont vieux.
Avant d'essayer la percussion sur les animaux malades, il faut s'exercer avec soin ä la faire sur des poi-irines bien sonores, pour bien en apprecier I'etat normal; et lorsqu'on percute un animal malade, il faut comparer les regions correspondantes des deux coles de la poitrine. Car bien que les deux coles n'aient pas ixaclement la meme resonnance, la difference n'est pas teile que cei examen cdmparalif ne soil tres-rationnel et ires-utile, comme j'ai eu tres-souvent occasion de m'en convaincre dans ma pratique.
La sonoreiiede la poitrine est augmentee dans lempliy-seme, landis quelle diminue et qu'il y a matite dans le deuxieme degre de la pneumonie, dans la pleuresie avec epanchement el dans la phlhisie tuberculeuse an premier degre. Dans ces trois derniers cas, I'air n'arrive plus qu'in-completement dans le poumon , el suivant que la matile esl plus ou moins etendue, on pent juger qu'une portioii plus ou moins grande de cet organe est malade.
Auscullation. •— Eile a pour but de faire connaiire les diflerenls bruits qui se passent dans la poitrine des animaux qui sont affecles de maladies des visceres contenus dans cetle cavite , c'est-ä-dire, du poumon, des plevres , du cocur el du pericarde.
Laennec a invcnte pour ausculler un instrument qu'il o nomme stethoscope, qui se composait d'un cylindre de bois perce, dans toule sa longueur , d'un conduit qu'on pouvait boucher ä volonle pour ccouter les bruits du cceur. Get instrument esl generalementabandonne en me-decine humaine, an moins dans les liopitaux ; il est fort incommode cliez les animaux, ot i! vam rnieux, sous tons les rapports, appliquer immediatemont son orcilic sur ia
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peau. Le stethoscope n'est conserve que dans les cas oü on veut ausculter des points tres-limites, comme une oreillette, un ventricule, un vaisseau arteriel.
Tons les bruits qu'on entend dans la poitrine, le cceur excepte, peuvent se rapporter ä deux especes : 1deg; au bruit naturel de la respiration qui est augmente, diminue ou aboli; T h divers bruits qui se font entendre en rnerne temps que le bruit respiratoire naturel.
1deg; Du bruit naturel de la respiration. — II est plus fort chez les jeunes auimaux, chez ceux qui sont maigres, et ä mesure qu'on se rapproche des grosses ramifications bronchiques vers la partie superieure et ante-rieure de la poitrine. L'exercice, le tirage, la course augmentent son intensite; il est produit par la penetration de l'air dans le tissu du poumon et on le compare au bruit dun soufflet dorn la soupape ne ferait aucun bruit-
II varie beaucoup chez les divers animaux, et avant de passer ä l'etude des alterations dece bruit, il faut appre-cier toutes les varietes qu'il pent offrir dans I'etat naturel; il faut le distinguer des divers bruits qui se passent dans le ventre et dont j'ai dejä parle; des borborygmes., du bruit produit par la rumination chez le boeuf et que M. De-lafond compare au glou-glou d'une houioille.
Dans les maladies, ce bruit subit diverses alierations ; 1deg; II est diminue dans I'emphyseme qui consiste, comme on le sait, dans l'infiltration de l'air dans le tissu celiu-laire interlobulaire. Or, le poumon qui est gonfle et qui revient pen sur lui-meme, est, par consequent, peu permeable a l'air; aussi le bruit respiratoire est-il tres-faible, et comme la percussion dans ce cas donne une grande sonoreile, la reunion de ces deux signes permet do recon-uaitre cette maladie avec la plus grande facilite; 2deg; il
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103 cesse de se faire entendre dans les hepatisalions du pou-mon, dans les epanchements pleuretiques. Plus I'hepaii-sation ou I'epanchement sont etendus, plus le bruit respiratoire est suspendu dans une grande panie de !a poitrine; mais il cominue a se faire entendre dans les portions saines, de sorte qu'on pent aisement limiler I'e-tendue de l'hepatisation et de repanchement. Dans les portions saines, le bruit respiratoire est meme plus fort que dans I'etat naturel; il semble qu'elles sont obligees de suppleer les parties malades. Ce bruit plus fort qu'on a compare ä celui de fair pousse avec force dans un tuyau d'airain, a ete nomme souffle bronchique, respiration lu-baire , parce qu'il se passe dans les gros tubes bronchi-ques.
Ainsi, le bruit respiratoire cesse dans les portions de poumons hepatisees ou comprimees par un epanchemem pleuretique, et il continue de se faire entendre, mais avec plus de force dans les portions restees saines, et alors son iniensile plus grande lui a fait donuer le nom de soufilo bronchique, de respiration tubaire. Si tout un poumon clail hepatise ou comprimc par un epanchcment, le souffle bronchique se ferait entendre dans I'autre poumon. Toutes les fois done qu'avec les sympiomes d'une affection do poitrine, le bruit respiratoire sera fort, soufflant, dur, sec, on pourra diagnostiquer l'une des deux alterations anatomiques que j'ai indiquees, l'hepatisation ou I'epanchement. Si maintenant nous mettons la percussion en regard de latisculiation , nous veirons que la percussion donne un son clair quand le bruit respiratoire est naturel; que quand il diminue,si la percussion donne un son clair, on a un emphyseme; mais que s'il y a une pneumonic au deuxiemc dogre, c'est-ii-dire, une hepatisaiion
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ou bicn une pleuresie avec epanchement, on aura un son mat dans tons les points oü le bruit rraquo;spiratoire man-quera, et un son clair dans tons ceux oü on entendra la respiration bronchique ou tubaire.
2deg; Des bruits par ticuliers quiaccompagnentla res-piraiioh naturelle. — Les bruits particuliers qui accom-pagnenl le bruit respiratoire naturel, peuvent se diviser en quatre especes, suivant qu'ils se passent : 1deg; dans les vcsieules pulmonaires; 2deg; dans les bronches; 3deg; dans la irachee; 4deg; dans des cavites anormales appelees ca-vernes. Ou donne a ces bruits le nom de rales.
1deg; Des rales vesiculaires. — II y en a deux, le rale crepitant etle rale sous-crcpitant; ils correspondent aux deux especes de pneumonic; le premier, ä celles qu'on appelle franches; le second, ä ces pneumonies des etats ty-phoides oü, comme nous I'avons vu, le sang n'ayant plus loute sa coagulabilite, s'infikredans les tissus et les engoue. Rale crepitant. — Le rale crepitant se passe unique-ment dans les cellules bronchiques, Ji I'oreille il donne la sensation d'une multitude de petites bulles egales entre elles, dont les parois minces et seches se rompent subite-ment en produisant une crepitation analogue ä celle quo produirait une pincee de sei bien egalement pulveiise qu'on jelterait dans le feu.
Voici ses caracteres distinclifs : 1deg; II est toujours egsl; les petils craqucments que Ton entend sont partout de meme force; ce qui est le contraire dans les rales bron-cliiques dont je parlerai tout-ä-1'heure , et dont les diffe-rents bruits sont fort inegaux pour la force; 2deg; il ne s'en-tend que dans Tinspiralion et jamais dans I'expiration; landis que les rales bronchiques s'cntcndent egalenieut bien dans Finspiration el I'expiratiori. Or, il est facile d'ap-
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prccier ce qui se passe dans la poitrine pendant chacun de ces deux mouvements, chez le cheval oil il n'y a que 10 on 12 respirations par minute, tandis qu'il y en a de 10 ä 20 chez 1'homme; 3deg; il n'eprouve aucune modification apres la toux et l'expectoration. Le contraire arrive tou-jours aux rales bronchiques qui sont produils par le passage de Fair ä travers les mucosites des bronches ; lors-que la toux deplace les mucosites, les rales se deplacent aussi; maisle rale crcpilant sefait toujours entendre aux memes points.
On ne lentend que dans une seule maladie , c'est la pneumonic au premier degre. II apparait avant que la percussion indique aucun changement dans la sonoreile de la poitrine. II signale la maladie des son debut, et sui-vant qu'il occupe plus ou moins d'espace, on pent juger que la maladie a plus ou moins d'etendue.
Lorsque la pneumonie passe au deuxieme degre, c'est-a-dire que le poumon s'hepatise, le rale crcpitant dispa-rait, le son devient mat; I'air n'arrive plus dans les vesicules, mais il continue d'arriver dans les bronches, et Ton entend alors le souffle bronchique.
Lorsque la pneumonie se resout, et repasse du deuxieme au premier degre, le rale crepitant reparait avec le bruit respiraioire et la sonoreite, et le souffle bronchique cesse d'avoir lieu.
Ce rale permet de recpnnaitre toutes les pneumonies, excepte celles qui sont centrales, c'est-a-dire, autour des-quelles existe du tissu pulmonaire sain. Dans ce cas le bruit naturel de la respiration couvre le rale crepitant.
Rale sous-crcpilant. — 11 donne la sensation de bulles plus volumineuses , plus humides, moins egales; du teste il a les memcs caracteres quo le precedent. II
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IOG appartient mux pneumonies des etats lypho'ides, aux cedemes, aux pneumonies qui se resolvent lentement, parce que dans ce cas il y a toujours de l'infiltration comme dans les pneumonies des typhus. G'est I'infiltralion de serosite ou dun sang fluide qui donne au räle cette sensation de bulles humides et inegales.
J'insisle sur ce rale qui est un bon caraclere de ces pneumonies qu'on appelle fausses , parce que le sang ne jouit pas de sa propriete de se coaguler pleinement comme dans les pneumonies que, par centre, on nomme franches.
2deg; Rales qui se passent dans les bronches.—II y en a deux aussi: le räle muqueux et le rale sec.
Rale muqueux.—II se passe dans les bronches et est produit par Fair qui traverse les matieres muqueuses ren-fermees dans ces conduits. II ressemble au bruit qu'on produit en soufflant avec une paille dans une solution de savon. L'oreille appliquee sur la poitrine enlend des bulles humides, d'inegale grosseur, qui se degagent et cre-vent.
Ce rale caracterise la bronchile, lorsqu'il y a secretion muqueuse. Ses caracteres sont de se suspendre par moments, lorsque le mucus est deplace, et de reparaitre quelque temps apres dans les memes points, lorsque des liquides y sont de nouveau secretes.
Räle bronchique sec.—Ce räle presenle beaucoup de varidtes. Tantöt il ressemble ä un bruit de sifflement, tantot au ronflemenl d'une corde de basse; il peut etrc grave , aigu, plaintif.
II parait se passer dans des tubes qui ne contiennent rien d'humidc. II coincide toujours avec la sonoreite de la poitrine. On I'entend dans I'emphysfeme oil il donne la sen-
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107 sation d'un sifflement sec, dans la bronchite ä son debut, lorsqu'il n'y a pas encore de secretion muqueuse, et enfin dans certaines bronchltes sans secretion, et que pour eel a on appelle seches.
Son principal caractfere est de se faire entendre surtoul pendant I'expiration qui, dans les maladies ou on I'ob-serve, est toujours plus longue que I'inspiration. Dans I'inspiration, I'air chasse avec force par la pression atmos-pherique force les obstacles que lui opposent soil le gon-flement de la muqueuse comme dans les bronchites, soit des liquides tres-visqueux, tres-ienaces, comme dans I'emphyseme. Mais la respiration n'est effectuee que par la seule conlractilite des broaches; or, comme leur action est moins energique que la pression atmospherique, il en resulte que I'air est expire plus lentemenl et avec plus de peine qu'il n'est inspire.
3deg; Rale qui se passe dans les cavernes.—he rale caverneux a lieu dans les cavites formees dans le poumon par le ramollissement des tubercules, et communiquant avec des ramifications bronchiques; on I'appelle aussi gargouillement. On entend un bouillonnement limite dans un certain point et permanent. C'est le m6me bruit que le rale muqueux, mais plus abondant, et non sujet ä changer de place.
4deg; Rale qui se passe dans la trochee, le larynx et les fosses nasales.—Le räle iracheal s'enlend sans qu'on ait besoin d'ausculter. C'est ce qu'on appelle ster-tor, ou respiration stertoreuse. II s'accompagne d'une sorte de gargouillement, de grosses bulles liquides qui s'agilent dans la trachee artere, comme dans une mar-mile en ebullition. II s'entend dans certains calarrhes avec secretion tres-abondanie; ä un degre eleve, il an-
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108 nonce la repletion des bronches at, une asphyxie immi-nenie. C'est le rale de l'agonie.
Le passage de lair ä travers la trachee donne lieu ä un bruit de souffle qui peut elre plus ou moins sec el plus ou moins analogue au souffle bronchique de la pneu-monie au deuxieme degre, suivant que la muqueuse est plus ou moins gonflee.
Dans le larynx il en est ü peu pres de mßme, on en-tend un bruit de souffle ou un sifflemenl, el s'il y a secretion de mucosiles, on a le gargouillemenl comme dans la trachee.
Les fosses nasales presenlent les metnes bruits, lorsque leur muqueuse vienl ä se gonfler ou que quelque obstacle s'oppose au libre eours de Tair.
Outre ces rales il est deux bruits qui se passenl dans les plevres, et qu'il est important de noter, ce sonl le bruit de frottement et la respiration amphorique ou bruit de glou-glou.
Bruit de frottement. — II se passe entre les deux feuillets de la pievre qui frottent lun contre I'autre pendant les mouvemcnts de la respiration. II donne la sensation d'un corps qui semble monier el descendre en froltanl avec aprele contre les parois thoraciques. C est a la panic infcrieure de la poitrine el contre le bord carli-lagineux des cotes qu'onl'enlend le mieux.
II a lieu dans les pleurcsies oil les deux feuiliels des plevres n'etant plus lubrefies ct rendus glissants par la serosile frottent avec bruit Tun contre I'autre; el dans rempliyseme oil le poumon etant tres-voiuminnux et re-vcnant peu surlui-memc frotte rudemeni contre les parois thoraciques.
Respiration amphorique. — Elle a lieu dans un seul
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109 cas , lorsque la cavile des pievres comient un liquide, do l'air et communique avec les bronches. C'est dans ce seul cas aussi qu'on a entendu un bruit de gargouillement en imprimant divers mouvements ä la poilrine de l'animal.
On dirait en auscultant que Tair penetre dans un vase large, en terrebu en verre, etdont le gonlot seraitetroit. M- Delafond qui 1'a entendu plusieurs fois , le compare au glou-glou d'nne bouteille que Ton vide a plcin goulot.
Ce bruit ne s'entend jamais hors des trois circonstances rcunies dont j'ai parlc plus kaut.
Tels sent les principaux bruits que I'auscultation fait reconnaitre dans la cavite thoracique, le coeur excepte. Ceux qui les ccoutent pour la premiere fois n'entendent rien distinctement au premier abord; tous les bruits so confondent, et roreille n'en saisit aucun nettement. Mais ä mesüre qu'on repele cos tentatives, 1'oreille s'cxerce ot s'liabitue a ce nouveau genre de sensations quelle finit par bien reconnailre. An reste , il faut so souvenir qu'on doit, quelque habile qu'on soit, ausculter lentement, ä plusieurs reprises, en comparant les regions correspon-dantes des deux coles de la poitrine, et en faisant observer autour de soi le plus grand silence.
Du Coeur.
L'etude du coeur no presente pas un ires-grand interet chez les animaux , oil les maladies de ce viscere sont assez rares. Je vais neanmoins en presenter un apercu rapide.
Dans la same on distingue les battements, dos bruits du coeur; a chaquo contraction de cc viscere , sa pointe vicnt frapper centre les parois do la poitrine, comme on pout le senlir en placant la main sur I'cspaco compris eritre la
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sixieme et la scpliemo cotes gauches, au dessus du sternum , en arriere du coude. Outre ce battement sensible ä la main, on entend en y appliquant I'oreille deux bruits, Tun plus sourd el plus prolonge qui correspond ä la contraction des ventricules, un plus clair et plus court qui correspond ä la contraction des oreillettes; apres cc deuxieme bruit il y a un petit Intervalle, apres quoi le premier bruit recommence. Ainsi un bruit sourd, un second plus clair et plus rapide, puis un temps tres-court de repos, tel est ce qu'on appelle le rhythme des bruits du coeur.
Dans les maladies les battemenls et les bruits du coeur eprouvent des changements divers.
Des batlements.—Leur force augmente par toutes les circonstances qui accelerent la circulation : 1'exercice, la peur, les passions, le travail de la digestion, la fievre. Elle augmente considerablement dans l'hypertrophie du coeur. Dans ce cas on sent une impulsion tres-forte contre Jes parois de la poitrine, ä tel point que souvent ce choc donne la sensation d'un bruit qu'on produirait en frappant sur du cuivre ou sur un metal retentissant; c'est ce qu'on äppelle tintement metallique. Mais l'hypertrophie est tres-rare chez les animaux.
Les battements sont forts et desordonnes, c'est-a-dire, se pressent et se suivent avec energie el sans ordre, dans les inflammations du coeur ou de ses membranes; dans Ips typhus, surtout quand des tumeun; gangreneuses se developpent dans le voisinage de la poitrine; dans les violentes gastro-enterites. Souvent chez les grands ruminants ces battemenls violenls tiennent ä la presence dans le pericarde ou dans le tissu du coeur d'un corps etranger, comma une epingle, une aiguille ä coudre ou ä tricoter.
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Quand le coeurbat tantot d'un cöte, tani6t de lautre, que les battements sont faibles et semblent etre eloigncs de la poitrine, ces signes annoncent un epanchement dans le pericarde, une hydro-pericardite.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; l ,
Des bruits du coeur. — Ilsdoivent 6tre examines sous le rapport de leur eclat, de leur rhythme et de leur nature.
1deg; Del'eclat, du retentissementde ces bruits. — Si les bruits sont clairs, eclatants et l'impuision faible contra la poitrine, il y a amincissement des parois du coeur. S'ils sont sourds , prolonges avec une impulsion tres-forte, il y a epaississement des parois.
2deg; Du rhythme. — Dans les palpitations , dans les hypertrophies considerables , dans les inflammations du coeur, les bruits ne se succedent pas regulierement. Tan-lot la contraction des oreilletles, o'est-a-dire le second bruit qui coincide avcc eile , semble anticiper sur celle des ventricules , c'est-ä-dire le premier bruit; tantot on n'entend que le premier bruit; quelquefois on entend deux fois le bruit ventriculaire sourd et prolonge qui masque celui des oreilletles; ou bien au conlraire on entend deux ou trois fois le bruit plus clair des oreilletles venant apres le premier bruit.
3deg; Nature des bruits. — Elle change dans les maladies. Deux bruits principaux se font entendre : lo le bruit de souffle; 2deg; le bruit de rape ou de scie. Le bruit de souffle peut remplacer un seul des deux bruits nor-maux ou tous les deux a la fois. On entend le bruit de souffle dans les cas d'anemie , de plethore, et dans les inflammations du coeur et de ses membranes. II n'annonce pas une alteration organique.
Mais lorsque ce bruit de souffle au lieu d'etre pur , de-
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vicnt rude , bruyant comme le bruit d'une rape ou d'une scie , on peul etre siir qu'il y a une alteraiion organique i\ quelqu'une des quatre ouvertures du coeur; c'est-a-dire un relrecissement, une ossification, des vegetations, des adherences qui empechent aux valvules de fermer com-pletement rorifice.
L'auscultaiion du coeur est du reste fort difficile chez les grands animaux, ä moins qu'on ne rencontre une grande docilite et une grande patience; car il est impossible de songer a les coucher de force , la maladie s'ag-graverait par ces efforls imprudents. La position du coeur que recouvre une lame du poumon augmeme encore la difficultc de bien percevoir des bruits souvent fort de-licats.
Du PguIs.
Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit a propos des forces en general. Je ne me propose d'etudier ici que la maniere de l'explorer et les arleres sur lesquelles on sn livre a cet examen.
Pour le cheval, on late generalement le pouls ä l'arterc glosso - faciale ou maxillaire interne , dans le contour qu'elle. decrit sur le bord de la machoire , pour alier se ramifier sur le chanfrein. Dans cet endroit ,le vaisseau a un diametreassez fort; il repose immediatement sur I'os, oil ilest ä la portee de la main du veterinaire.
J'ai l'habitude de tater le pouls en pressant l'artere de dedans en dehors de maniere ä la rapprocher de I'os, avant qu eile ne le contourne, et au commencement de son contour.
S'il est impossible de toucher cette artere, k cause du gonflement des panics voisines on peut s'adresser ä d'an.
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tres. Hartmann assigne Tartero brachiale, ä son passage audessus de la chataigne, dans Yextremite anterieure. On pent encore explorer les carotides sur les faces de l'encolure, et Tariere temporale (sous-zygomatique) audessus du petit angle de I'oeil. Labereblaine conseilie Tariere du meiacarpe ( arteres laterales) ä Tun on h Tautre des cotes du paluron ou m6me posterieurement. Enfin on a propose les arteres coccygiennes, ä la face inferieurede la base de la queue.
Dans le boeuf, on consulte les mßmes arteres; mais la glosso-faciale, chez cet animal, se percoil plus facilement sur la face externe de la mächoire poslerieure , pourvu qu'on ait soin de deprimer un peu les teguments et de com primer le vaisseau sur Tos maxillaire. Apres celle-lä c'estparticulierement aTauriculaire anterieure, au-devant de Toreille, qu'il faut avoir recours; puis aux coccygiennes et ä Thurnerale, vers le pli de Tavant-bras , lä oü elie se dirige en arriere du cubitus.
Dans le mouton et la chevre on pent later le pouls ä cette derniere arlere , mais il vaut mieux clioisir Tariere femorale (arlere crurale) dans son Irajel äla face inlerne de la cuisse, pies de Taine. L'artere a un gros calibre dans eel endroil.
On explore le pouls du chien , du chat et du lapin au cole interne de la callosite des deux carpes. Toutefois Tariere femorale est preferable dans la meme region que je Tai indique pour le mouton.
C'esl ä la face interne des alles el des cuisses, aux arteres humerale et femorale que Ton s'adresse dans los oiseaux de basse cour.
Quant au pore, ses arteres sonl si profondement enfon-cees sous la graisse, qu'il est fort difficile d'apprecier lenrs
tome n.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;8
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battemenls. On essaiera cependant aux carpicnnes et aux antres arteres des membres, et s'il est impossible dy trouver des baitemenls on tiendra compte des monve-mems de la rcspiraiion ou de ceux du coeur.
Filesse du pouls. — Pour I'etat normal Girard a dresse le tableau suivant :
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On sail qua les chevaux de race ont le pouls un pen plus frequent que les aulres. II en est de meme pour les chevaux du midi compares ä ceux du nord ; pour les ani-maux de grande laille compares a ceux de petite taiilc ; suivant Labereblaine la difference enire deux individus do faille fort inegale peut aller jusqu'ä douze ou quinze pulsations par minute. Le coeur d'un grand animal devant envoyer le sang plus loin , eprouve plus de resistance et par consequent met plus de temps pour accomplir sa contraction.
On remarquera du reste que toutes les causes qoi aug-mentent la rapidile de la circulation et dont il a ele plu-sieurs fois question dejä, font varier la vitesse du pouls dans I'elat normal.
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CHAPITRE III.
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DE CE Qü 1L Y A DE COMMUN A TOÜTES LES MALADIES.
Jusqu a present nous n'avons etudie que les differences qui existent entre les maladies sous le rapport de la na -ture, du siege et des conditions generates qui les modi-fient. II faut rccherclier maintenant ce qu'il y a de com-mun entre elles.
Si cequelque chose de commiin n'existait pas, il ne sc-rait pas permis de dire, la maladie en general, puisqu'il n'y aurait aucun rapprocliement a etablir entre les divers etals morbides. Mais le rapprochement peut se faire. Les anciens croyaient que toutes les maladies avaient au fond la meme nature, paice qu'ils n'avaient saisi que les rapports generaux dont je vais parlor et qui appaniennent plus ou moins ä loutes les maladies. Si leur opinion n'esl pas vraie d'une maniere absolue, eile csl cependant fondee sur une profonde counaissance des maladies.
En eilet une maladie etant donnee , le premier effet qui en resulie e'est la dqulear; or la dpuleur, oil existe-t-elic ? non pas dans la panic maiade , mais dans le cerveau qui recoit limpression des nerfs de cette partie. Voilä done un premier effet qu'on nomme sympathique de [stm avec, et de pathein soull'i ir), ce qui veul dire souffrir par suite de la souffrance dune aulre pailie.
Apres ce premier phenomene sympathique, le cerveau
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lui-möme n'accomplit plus ses fonctions comme aupara-vant, pour peu que la douleur soit un peu continue; les sens deviennent plus impressionnables, les yeux suppor-tent avec peine une lumiöre, et les oreilles des sons, dont ils n'etaient pas fatigues auparavant; la peau est plus sensible au froid et souvent tout l'exterieur du corps est douloureux. Le Systeme locomoteur ne se contracte plus avec la meme energie, la faim est diminuee ; enfin toutes les fonclions qui recoivent, comme on sait, l'impression du Systeme nerveux ne se font plus de meme , parce que I'influence nerveusesouslaquelle elles s'operaientestelle-meme modifiee , et que la douleur du centre nerveux se fait ressentir plus ou moins partout.
Ces sympathies generales sont un des phenomenesfon-damentaux communs ä toutes les maladies. Portees ä un plus hautdegre, l'acceleration de la circulation s'y ajoute et il y a ce qu'on appelle fievre.
Outre ces sympathies generales il y en a de propres aux divers organes, ce sont les sympathies speciales. C'est une 2e serie de phenomenes communs aux diverses maladies.
Ce trouble general et sympathique par cela meme qu'il met un certain temps ä s'etablir , met aussi un certain temps ä decroitre. 11 suit une marche reguliere, il y a done encore quelque chose de commun ä toutes les maladies, c'est la marche et les terminaisons generales.
Un quatrieme phenomena commun aux maladies c'est ce qu'on appelle l'etat des forces. Plus I'organisme a de force, plus il y a de chances de guelrison pour les maladies quelles qu'elles soient. Moins au contraire les forces sont developpees, plus on doit craindre une terminaison eloignee el fächeuse. II est done tres-important d'etudier l'etat des forces en general.
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Teiles sont lesprincipalesconditions communes ätoutes les maladies. Je vais les developper avec soin et je fitrirui par quelques considerations sur le diagnostic et le pronos-tic en general.
De la Fievre.
On donne le nom de fievre ä ces premieres sympathies qui sont excitees par des causes diverses sur le Systeme nerveux direclement, et parson inlerraediaire sur les autres systemes de l'economie ; neanmoins deux pheno-menes principaux la caracterisenl; d'une part l'accelera-tion de la circulation, et de l'autre l'augmentation de la chaleur de la peau; phenomenes qui ne sont pas tellement inseparables qu'on ne puisse trouver soit un refioidisse-ment de la peau , soit ce qui estplus frequent des alternatives de chaud et de froid , coincidant avec une plus grande rapidite dela circulation. M. Andral considere le trouble de la calorification comme le fait fundamental de la fievre , quoiqu'il y ait des cas, oü, comme nous venous de le voir, la chaleur n'est pas augmentee. En general les deux phenomenesse presentent en meme temps, et ä eux viennent s'ajouter d'autres symptomes du cole de la sen-sibilite generale de la locomotion, de la digestion, etc, de teile sorte qu'il ne faut pas dire, comme les anciens Tont fait, que c'est la fievre qui produit ces divers accidents. Ils sont eux-mömes les differents elements dont l'ensemble constitue la fievre. C'est done un mot qui ex-prime uue serie de phenomenes qui appartiennent ä la circulation et ä la calorification aussi bien qu'aox diverses autres fonctions de l'economie.
Le mol fievre vient de fervor, chaleur , parce que les anciens pensaient qu'elle etait causee par un degagement
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inierieurde chaleur. Hippocrate definit uue fievrefortvivc par.l'expression de pur, qui en grec vein dire/few. Ce-pendant quelques autres medecins ont fait venir ce nom de fehruare. purifier, parce qu'ils regardaieni la fievre comme ie moyen dont la nature se sen pour purifier el net-toyerlecorps. Maiscen'est pas lä la veritable Etymologie. Lesanciens la consideraient comme la cause de la gue-rtsop et de la mort des malades. Ils lui attribuaieut dans beaucoupdecasuneactionbientaisante.Hippocrate ditque dans les convulsions, c'estun bon signe que la fievre snr-
yienne:qualorslesmouvementsconvulsifscessentlememe jour , le lendemain , ou le iroisieme jour au plus tard. Nous nous expliquerons bien cette opinion sur 1'influenoe saluiaire de la fievre, si nous faisons attention que les dif-feiems pbenomenes qui la constituent iudiquent une reaction du Systeme nerveux, et qu'alors le spasme qui consiitue la premiere pcriode de la fievre est remplace par l'expansion du fluide nerveux dans tout I'organisme. II en est de meme des grands typhus oil, si la fievre nesur-viern pas , I'animal meurt empoisonne en une ou plusieurs beures ainsi que j'ai eu occasion de le dire; tandis que si la fievre survient, la inaladie se prolonge; mais ce n'ost pas parce qu'elle se declare que la maladie se prolonge; la fievre ne se developpe que parce que I'animal a resistlaquo; a I'empoisonnement. La fievre indique done que le Systeme nerveux developpe les sympathies dans les aivers organes,cequi indique 1'activite el l'energie de ce Systeme puisque lorsqu'ilest epuise il ne pent pas produire res dif-ferems pbenomenes. On appelleaussi la fievre une reaction de rcconotnie, parce qu'en effel le Systeme nerveux excite parune cause quelconque.agitensuite surrensemble des organes , el en les excitant trouble leurs fonctions.
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Nous allons maintenant parcourir function par fonclion les differents phenomenes donl I'ensemble est appele fie-vre.Nous savonsque le coeur est un des premiers ärecevoir l'action du Systeme nerveux , action dent le resultat est d'accelerer ses contractions ; le nombredes pulsations des arteres est alors augmente dans la m^me proportion. Quelquefois les battemenis du coeur deviennent tres-ener-giques, et lorsqu'on I'ausculte ils rendent un son metalli-que, D'aulres fois il arrive que quoique le coeur se con-tracte fortement, le pouls est serre et petit; cela indique que les arteres sont pleines de sang, qu'il y a embarras do la circulation, et dans ce cas une saignee rend le pouls plus large et plus plein.
Les contractions du coeur et des arteres peuvent au contraire etre faibles et molles, et lorsqu'elles deviennent irreguliereset intermittentes, cela indique un trouble pro-fond du Systeme nerveux et une mort prochaine.
Quant ä l'augmentation de chaleur, une fois developpee eile est le plus souvent permanente et sans alternative de refroidissement; eile peut etre de 2, 3, 4 degres, sui-vant MM. Becquerel et Breschet; il arrive souvent qu'a-vunt qu'elle ne s etablisse, lapeau reste froide, au-dessous de son type normal. Cost ce qu'on appelle communement un refroidissement, un chaud et froid. Outre I'abaissc-inent de la temperature, il y a en mfrne temps des fiis sons, des contractions du pannicule charnu , et souvent un tremblement plus ou moins general et plus ou moins fort. Qu'arrive-t- il alors? Le coeur est dans un etat de spasme, il ne se conlracte pas et ne se dilate pas ample-ment comme dans I'etal normal; le sang ne parvient pas a la peripherie en quantite süffisante ; de lä le refroidissement ; il stagne par consequent dans le Systeme veineux
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120 et diminue dans le Systeme arteriel; il sejourne dans les parenchyraes et les comprime; de la un eiat de malaise et d'anxiete. Lorsque le spasme du coeur , quelle qu'en soit la cause, vient a cesser , lesang se repand librement ä la surface cutanee; les visceres n'en sont plus embarrasses ; le malaise, I'anxiete, lessecousses convulsives cessent. Si cet etat de spasme s'augmente ou est augmente par des medications imprudentes, le malaise, I'angoisse , les convulsions augmentent et la mort survient. Nous verrons quelle indication en resulte.
Lorsque le refroidissement a cesse, racceleration de la circulation et la chaleur surviennent, et ils sont d'autant plus intenses que le refroidissement et les frissons ont ete plus forts; en meme temps apparaissent plusieurs autres phenomenes que nous allons enumerer.
1deg; Du cöle de la digestion; la perte d'appetit, la se-cheresse de la bouche, la soif. La digestion ne se fait pas ou du moins ne se fait plus aussi bien, lorsque la fievre dure depuis un certain temps, el qu'elle est un pen forte. Cette perte d'appetit el de soif est pour les medecins phy-siologistes un signe que I'estomac est enflamme. II n'en est rien dans le plus grand nombre des cas, il y a sim-plement trouble sympathique nerveux. Les matieres con-tenues dans rinieslin ou sont retenues ou sont rejetees beaucoup plus rapidement.
2deg; Du cote de la respiration; les mouvements de la respiration sont en general augmentes. Ils sont en rapport avec la rapidite de la circulation.
3deg; Du cole des secretions. Les secretions sont suppri-mees dans la premiere periode de la fievre; elles se re-lablissenl ensuite peu ä peu. C'est un bon signe qu'ellps reparaissent abondamment, pourvu qu'il y ail en meme
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temps du soulagement dans la maladie; car si sa violence n'en est point diminuee, on peut assurer que la maladie sera de longue duree. La secretion salivaire diminuee rend la bouche seche ; I'urine est moindre,plus rouge, avec des depots. Cet etat de I'urine est caracteristique dans la fievre.
1deg; Du cote delasensibilite, eile est constamment irou-blee. II y a un malaise general tres-caracteristique 5 il n'est pas aussi facile de le reconnaitre chez les animaux qui ne peuvent pas rendre compte de leurs sensations que chez Ihomme; neanmoins , on peut encore le decouvrir par divers phenomenes expressifs sur lesquels j'aurai occasion de revenir. II en est de meme de l'endolorissement des membres, surlout aux grandes articulations; I'homme eprouve des douleurs contuses, ce qu'on appelle une courbature , etat par lequel commence sou vent la fievre. Les douleurs ä l'epigastre et dans toute la region abdominale peuvent eire constatees par la pression. La sensi-bilite des divers organes des sens est exageree au point que les stimulants ordinaires causent des impressions douloureuses. L'action de la lumiere, des sons, devient penible, et I'animal recherche l'obscurite et le silence.
5deg; Du cote de I'mlelligence. Les phenomenes de cet ordre , fort apparenls dans I'espece humaine, sont fort obscurs chez nos animaux.
6deg; Du cöte de la contractilite. Un phenomene remar-quable est la faiblesse du Systeme musculaire. De meme que les sens de la vue et de I ouie ne peuvent plus rem-plir leur fonction ordinaire et ne supportent plus leurs excitants naturels qui sont la lumiere et les sons, de meme les muscles ne peuvent plus se contracler comme dans I'etat normal, et I'animal cherche le repos- II se passe aussi dans cet appareil diverses secousses couvut-
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sives, des soubresauis de tendons, dont les premiers appartiennent h la periode de froid, comme nous I'a-vons vu.
Apres avoir paroouru lesdifferentsphenomenesconnus sous le nom de fievre, si nous nous demandons quelles peuvenl en etre les causes, nous reconnaitrons qu'elles sont tres-variees. Tantöt on pent trouver une cause locale, teile qu'une inflammaiion aigue ou chronique, ceile qui se developpe autour des produils accidentels, une congestion, une Iiemorrliagie, un vice de secretioirmeme.
J'ai montre en parlant de cet ordre de maladies, que ie dcveloppemenf de masses cancereuses, ä diverses epo-quos de leur existence, ölait accompagne do fievres qu'il est fort difficile de reconnaitre chez nos animaux , dont tousles phenomenes un peu delicats nousechappent. 11 en est de memo de certains vices de secretions, tels que des flux abondants du foie et des intestins sans inflam-
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mation concomitante.
Dans les inflammations chroniques, les suppurations anciennes , dans les desorganisations des produits de secretion , la fievre revßt une forme parliculiere, et eile esl connue sous Ie nom de fievre hectique. Cette fievre est continue, mais eile presente deux redoublements, I'un vers le milieu du jour, I'autre le soir, qui se prolongs jus-qu'au matin oil il se termine par la sueur.
La fievre pent survenir par le simple trouble du Systeme nerveux, sans inflammation ou quelqu'un de ces eiats organiques; les influences morales telles que la frayeur peuvcnt la produire. II en est de meme de la marche et de la fatigue. Aucun organe ne parait particu-lierement malade; il y a un endolorissement general, ce quo nous avons nomme une courbature. La suppression
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123 brusque d'une secrelion habituelle, le r efroidissement lorsque I'animal est en sueur, par exemple, peuvent quel-quefois donner naissance ä une fievre qui dure quelques jouis sans qu'aucune Inflammation locale ne survienne, et qui tombe ensuite d'elle-meme; mais souvent anssi, il survient ensuite une inflammation.
L'hypeiemie generale ou plethore, c'est-a-dire la sura-bondance du sang, comme aussi i'aneraie peuvent la faire imiirc. L'alteration du sang par des principes deleteres absorbes dans les foyers en suppuration et exposes a Pair, dans les lissus gangrenes, ou par des miasmes qui se degagent du milieu d'ecuries eiroiles oü sont entasses un grand nombre d'animaux , ou de matieres vegetales et animales en putrefaction, en est aussi une des causes les plus puissantes.
Lorsque la cause de la fievre est localisee dans un Organe , les nerfs qui y aboutissent transmettent au cerveau les modifications qu'ils eprouvent, et ä la suite desquelles se developpent les sympathies de la fievre. Lorsque c'est lalteration du sang qui la produit, ce fluide agit direc-tement sur le sysleme nerveux avec lequel il est partout en contact.
Des indications.—La fievre nest qu'une reaction du Systeme nerveux h la suite, soit de limpression venue de quelque organc, soit de l'action d'un sang altere. Si done la fievre ne se developpe pas apres que quelqu'une de ces causes a agi, ccla indique que le Systeme nerveux est pro-fondement epuise , et qu'il ne pent plus exercer d'aciion sur feconomie. C'est dans ce sens qu'on peut dire que la fievre, quand eile se developpe, est salutaire, parce quelle annonce que le Systeme nerveux jouit encore d'une certaine energie.
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D'un aulre cote, ii peui se faire que la reaction exercee par le sysieme nerveux soil tres-energique, c'est-a-dire, qu'il y ait une fievre violente; ces sympathies si vives de-veloppees dans les divers organes, et le mouvement si accelerede la circulation peuventetre causes a leur tour de desordres dans l'interieur des organes, de congestions, d'inflammations, d'hemorrliagies.
Ainsi, d'un cote la non-apparition de la fievre lors-qu'elle devrait se developper, d'un autre c6te sa trop grande intensile, sent les deux elats d'oii se tirent les indications. II est certain que dans le premier cas il faut la faire naitre, et dansle second apaiser sa trop grande force. Voila pourquoi un des plus celebres medecins qui aient jamais existe, Sydenham., lorsqu'il traitait un ma-lade, ranimait la fievre lorsqu'elle lui paraissait tropfai-ble, ou la diminuait au contraire lorsqu'elle etait trop intense; lorsqu'elle etait ramenee a un degre modere, il devenait simple speciateur des efforts de la nature, qu'il se gardait bien de troubler par aueun remede donne ä contretemps ; et, se contentant de soutenir les forces par un regime convenable, il altendait sans impatience Tissue que son experience lui avait apprise 6tre la plus salutaire.
Lorsqu'au debut d'une maladie, on a ä faire aux symp-tomes du refroidissemeot, il faut se proposer de faire cesser ce spasme du cceur, et de rappeler le sang ä l'ex-terieur; but pour iequel on doit eviter les remedes stimulants et fort irritants, mais employer les frictions et les fumigations chaudes ä la peau , les boissons chaudes et nitrees, le sejour dans des lieux chauds, et l'emploi de couvertures chaudes qui conservent la chali'ur du corps. Si au contraire on a ä traiter des affections graves, des typhus, e'est par les moyens les plus energiques qu'il
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125 faut exciter la fievre , puisqu'on salt que la mort est cer-taine et rapide si cette reaction n'a pas lieu. Ces moyens seront decrits a propos de la medication exciiante.
Quand la fievre est trop violente, Tindicaiion de la com-baitre est evidente, et se remplit par les moyens diis antiphlogistiques.
Des Sympathies.
Les phenomenes dont je viens de parier sous le nom de fievre, sont bien certainement des phenomenes de Sympathie; mais outre ces rapports generaux que chaque organe malade entretient avec I'economie tout entiere, il en a qui lui sont propres avec divers points en particulier. C'est de cette espece de sympathies , moins generales que les precedentes, que je vais traitor mainlenant. Elles ap-partiennent a toules les organisations quels que soient la constitution, le temperament, et se distinguent ainsi de ces sympathies particulieres aux differenls individus, et qui font que chez Tun le poumon est I'organe le plus impressionnable, et que les sympathies troublent le plus; chez I'autre le foie, le tube digestif, les reins , etc. Je vais les parcourir successivement en traitant des appareils et des tissus du corps animal.
L'organe de la vision a un rapport sympathique remar-quable avec le tube digestif, c'est la dilaiaiion permanente de la pupille sous l'influence de vers siegeant dans ces organes.
Les diverses parties isolees les unes des autres dont se compose l'appareil de la locomotion, les muscles et les tissus fibreux , sont si bien en rapport qu'il est rare que leur inflammation , qui est connue sous le nom de rhuma-tisme, apres avoir occupe une region, ne se porte ensuite
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126 sur une aulre. Dans le rhumalisme avec fievre presque lout le corps est successivement attaque, et s'il a commence par les grandes arliculations il se termine ensuite par les peiiles, et reciproquement.
La peau entretient avec les muqueuses des rapports tres-interessanls. Comme Organe de secretion; c'est sur-tout avec la perspiration puhnonaire qu'elle est liee; ainsi quand la peau est en sueur, Thaleine sort moins cliargee d'iiumidite; c'est le conuaire quand la peau ost froide. Sous ce rapport les reins suppleent aussi la peau , car dans les temps froids lurine est plus abondante que dans les temps chauds. C'est par suite de la Sympathie qui existe entre la peau et le poumon que la plupart des aftections accidentelles des voies aeriennes sont le resullat du rcfroidissement de la peau sunout loisqu'elle est en sueur. Voilii pourquoi lorsque ie poijmon est malade, et que sa perspiration n'a plus lieu, la peau est elle-meme le siege de sueurs abondantes; et si dans la phthisie ncs animaux presentent moins de sueurs que chez I'liomme , cela tient sans doute ä ce que chez eux un ecoulement catarrhal abondaut remplace la perspiration pulraonaire , et peut meme etre plus considerable. Chez l'homaie oü cela n'a pas lieu, les sueurs generales et partidles sont un des caracleresde la phthisie. Outre le poumon, la peau est encore en rapport avec la muqueuse gastro-intestinale; et beaucoup d'examhemes, d'eruptions erysipelateuses, gangreneuses, etc., se font sous l'influence de maladies de ce lissu.
Parmi les muqueuses nous venons de citer celle c'u poumon et du tube digestif pour leurs rapports avec la peau. Cette derniere a encore d'autres sympathies plus importantes. Ainsi les sympathies de lestomac sont tres-
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127 nombreuses; nous avons vu en parlant de la fievre que la perte d'appetit etait im des premiers phenomenes des maladies. Broussais les avail singulierement exagerees, et il croyail meme que ces effets sympalliiques etaienl ic plus souvenl suivis de rinflammatlon de ce viscere, ce qui est faux en general.
Les reins lorsqu'ils sont enflammes determinent des vomissemems. Cest au reste une Sympathie commune a Tin-flammaiion du peritoine et a l'etranglement des intestins.
Le foie esi dans un rapport singulier avec le cerveau et le crane; on a note depuis long-temps comme un pheno-mene tres-remarquable, et dont on ne pent tiouver d'ex-plication quen admettant une Sympathie, que les plaies de tele etaienl frequemment suivies d'abces du foie.
Chez la femelle, deux organes, la matrice el les ma-melles, sont unis de teile sorte que les irritations de la matrice determinent toujours le gonflement des mamelles, au moins les irritations legeres el en quelque sorte phy-siologiques. Car au contraire rinflammation en prodnit rad'aissement et la suppression de la secretion du lail; c'esi meme un des caracteres a I'aide desquels on recon-nait rinflammation de la matrice.
Les sereuses onl des rapports d'abord avec les organes qu'elles enveloppent; ainsi la perilonite cause des vomis-sements, comme on le voit chez le chien; la pleuresie produitla toux , l'inflammation des meninges, le deiire , les convulsions el le verlige (I). Elles en onl ensuile entre elles; lorst|ue I'une est le siege d'un epanchement, les
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(1) On a fait comiallre depuis peu, un nouveau rappor! de sympalliic morliide entre la plcvre et la synoviale sosauioijienne dans le clieval. ( liecup.il dn mild. vHtärm: pratique. Janvier 1840. )
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autres finissent par en ctre egalement affectees. L'hydro-pisie du ventre el celle de la poitrine se produisent ainsi reciproquement. D en est de meme du tissu cellulaire, dont le travail secretoire s'augmente sympathiquement dans le meme cas. Les reins el la muqueuse inteslinale sont les organes qui, comme secreleurs, x)nl le plus de rapports avec les sereuses. Voilä pourquoi on purge el on donne des diureliques pour combattra les hydropisies. Quanl au lissu cellulaire, son liydropisie est en rapport avec la secretion des reins specialement.
Au reste, Broussais a demontre que les tissus analogues, que les organes pairs etaient lies par des rapporis sympalhiques, de teile sorle que lorsqu'une partie de ces tissus ou un de ces organes est depuis long-temps malade, les autres finissent eux-memes par contracter la maladie. Ainsi rarement une des parotides est-elle seule enflammee; I'observalion journaliere apprend que le suros d'un des canons (metacarpe ou metalarse) se repete a I'autre canon , et qu'il en est de mamp;ue pour les produils morbides de secretion qui se developpent dans les organes syme-triques ou analogues.
Marche. — Duree. — Terminaisons des maladies.
On reunit ordinairement ensemble toutes les considerations relatives a la marche, au cours, aux terminaisons, aux complications des maladies, aux crises, a la convalescence. Tel est Tordre que suivent MM. Chorael et Delafond. Ces differenls sujels sont unis les uns aux autres de maniere a ce qu'on ne puisse pas les separer. Mais il faut re.marquer que puisqu'on ne traite que de ce qui est commun ä toutes les maladies, quelles que soient leurs formes particulieres, on doit eviter de parier de marches
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129 et de terminaisons qui sont propres a certaines espfeces de maladies seulement : c'est ce que je vais faire com-prendre.
On donne le nom de type dans les maladies ä i'ordre suivant lequel se montrent les symptömes , ä la marche qu'elles suivent. Au reste le mot type, en grec, signide tout simplement forme. Le type d'une maladie est done sa forme. On en a distingue sept especes : 1deg; Le type aigu ; 20suraigu ; 3deg; sous-aigu, sub-inflammatoire ou chroni-que; 4deg; continu;50 remittent, 6deg; intermittent; 7deg; pe-riodique. Enfin on range sous le litre de atypiques ou erratiques, les maladies qui n'ont aucune forme dis-tincte.
Comme nous ne devons parier que des types qui appar-liennent a toutes les maladies, voyons parmi les huit qui viennent d'etre cites quels sont ceux qui reunissent ce caractere. Le type aigu esl annonce par l'apparition de symptömes locaux et generaux alarmants , qui naissent, se developpent et se succedent avec rapidite, alors presque toujours faciles ä saisir et ä bien constaler. Cetle definition me parait inexacte ; le catarrhe est une maladie aigue , et il n'a pas de symptömes alarmants; la maladie qui donne lieu au vertigo est une maladie. aigue et eile n'est pas toujours facile h saisir et a constater.
Le type sur-aigu ne se distingue que par des symptömes encore plus alarmants. Comme iln'y a tö qu'une difference de degre qu'il est impossible de preciser dans la pratique, ces deux types n'en font qu'un en definitive.
Par opposition vient le type chroniqne, sous-aigu , sub-inflammatoire caracierise par une graode lenteur dans la succession des symptömes et par sa duree.
Remarquons que les types aigu et chronique etant fon-
TOME II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;9
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130 des non pas sur la marche et la forme de la maladie, mais sur sa duree, c'est dans ce dernier article qu'il convien-drait d'en parier. De plus, en donnant au type chronique le nom de subinflammatoire, on regarde done le type chronique comme appartenant aus inflammations seule-ment, et alors ni les congestions, ni les vices de secretion et de nutrition, ni les etals nerveuxne peuvent etre chro-niques. Cependant les maladies nerveuses sontsouvent de tres- longue duree, comme l'epilepsie, la choree et l'im-mobilite en fournissent des exempies. Je montrerai, en parlant de la maniere dont naissent les maladies , que les maladies qui deviennent chroniques reconnaissent presque toujours, pour cause immediate , une alteration de tissu, un produit de secretion, un vice de nutrition, et qu'alors elles onl change reellemenl de nature. Ainsi une maladie chronique ne differe pas d'une maladie aigue, seulemont parce qu'elle est plus longue, mais parce que les tissus qui en sont le siege ont subi des alterations j nous ne pou-vons done pas regarder les types aigus ou chroniques comme appartenant ä tonte espece de maladies.
II n'en est pas de meme du type continu qu'on recon-nait ä ce que les symptomes de la maladie naissent, s'ae-croissent, diminuent et disparaissent sans interruption. On a dit que les maladies ä type continu sont d un diagnostic aise et fournissent des indications curatives faci-les ä remplir. Or presque toules les maladies connues chez les animaux etant continues, il en resulterait que leur diagnostic et leur traitement sont toujours faciles. Les praticiens savent qu'il n'en estrien.
Pour moi, le type continu est le seul quisoit commun a toules les maladies'. J'ai montre que les types aigu et chronique appartenaient a quelques especes de maladies
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seu'.ement; il en est de meme de rintermiftent, du remil-lenl et du periodique. L'intermittence est un phenomene nerveux, commeje I'ai prouve dans monpremier volume ; cliaque acces d'une fievre intermittente peut etre regarde comme une maladie continue. Les maladies intermitten-tes sont toutes des nevroses, et on les guerit par un seul remede , le quinquina. Ainsi le type intermittent est propre a certaines nevroses seulemenl.
Le type est dit periodique lorsque la maladie , apres avoir parcouru ses periodes, disparait pendant un temps indelermine pour revenir ensuite. Teiles sont I'Dphthalmie periodique et lepilepsie. On s'apercevra facilement que rophthalmie periodique est r.ne maladie continue qui est ramenee par les causes niemes qui lui avaient donne nais-sance , et qui tiennenl ä l'organisation des parties et aux circonstances au milieu desquelles les animaux sont places. Quant ä lepilepsie ellese reproduitparintervalles, comme la plupart des maladies nerveuses.
Le type remittent a ete mal defini, lorsqu'on appelle aiusi les exacerbations , les paroxysmes, les redouble. ments. Toutes les maladies continues pi'esentent ä certaines heures, en general le soir et la nuit, un accroisse-ment plus marque de fievre et de douleur , ou d'un aulre symplome ; c'est ce quon appelle une exacerbation, et ce n'est pas ce qu'on entend communement par lemittence. On appelle remiitentes, les maladies qui, quoique coiui-nues, offrent des acces intermiitents, caracterises par les trois stades, de froid , de chaleur et de sueur. Ce ne sont done en definitive que des maladies continues, pendant le cours desquelles s'est developpe cet etat nerveux par-ticulier que nous appelons rintermiltence.
Quant aux maladies atypiques ou erratiques, je n'en
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132 connais pas de decrites. On renconlre bien,dansla pratique , des etats dont on no peut pas bien se rendre compte et qui paraissent assez difficiles ä caracteriser; mais il faut en accuser seulement l'iraperfection denotre diagnos-lie; et il arrive souvent que ce qu'un praticien avait me-connu, un autre le reconnait fort bien.
En definitive je ne vois qu'un type qui me paraisse se rencontrer dans toutes les maladies sans exception; e'est le type conlinu avec ou sans exacerbations. Tous les autrcs appartiennent a des especes particulieres de maladies , ä des nevroses, ä des alterations de tissus.... Ils ont ete crees par les anciens medecins qui, comme nous le sa-vons, croyaient que les maladies etaient de meme nature, et pouvaient indifferemment se montrer sous ces diverses formes. Les coonaissances anatomiques ont detruit ces vieux prejuges.
Cours des maladies.
Si aprte avoir etudie les types des maladies nous en examinons le cours, nous renconlrerons la aussi quelques traits communs; e'est d'avoir un commencement et une fin; quand elles commencent les symptomes par iesquels nous les reconnaissons, et les alterations anatomiques ou chimiques des tissus et du sang qui les constituent, aug-mentent successivement de gravite; quand elles finissem, les symptomes et les lesions suivent une marche contraire et decroissent. En general, quand les maladies sont arri-vees a leur plusgrande intensite, aulieu de diminuer tout-ä-coup, elles restent quelque temps aumeme degre, sans paraitre ni augmenter ni diminuer ; e'est apres ce temps d'arret que I'amelioration se montre , ou qu'au contraire un elat pire survenant, la mort a lieu.Onappelle phasesou
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periodesces temps d'augmeniation, d'arret et de decrois-sance, et alles ont ete designees par les anciens sous les noms de periode d augment ou de progres, d'etat el de declin.
Quelques auteurs ont admis deux autres periodes : une appelee d'invasion el I'autre d'incubation. Ala premierese rapporlece qu'on appelle les prodromes, c'est ä-dire les plienomenes precurseurs, les frissons, la lassitude, la fai-blesse, la perte d'appetit, qui annoncent le debut d'une maladie, symptomes qui dans la variole durent trois ou quatre jours. La seconde est propre ä ceriaines maladies qui reconnaissent pour cause un virus particulier comine la rage , la variole; depuis le moment oü le principe de-lelere est introduit dans I'economie jusqu'ä celui oü la maladie eclate, il s'econle un temps variable qui dans la rage peut s'etendre jusqu'ä 40 jours el plus, et qui a reQU le nom de periode dincubation , par analogie avec ce qni se passe dans revolution de l'oeuf.
Les trois periodes d'augment, d'eiat et de decün , ne sont pas faciles ä disiinguer meme dans les maladies continues fort regulieres; il est au moins souvent fort difficile de preciser le jour oü commence le declin, sans parier de la periode d'eiat qu'il est a pen pres impossible de bien separer de la periode d'augment. Ce ne sont done que des ä-peu-pres que 1'on peut obtenir dans la pratique , a moins que Ton ne soil fort exerce.
Terminaisons. — La periode de declin comprend les diverses terminaisons des maladies qui sont: la guerison, la mort ou le changement en une aulre maladie. Ce sont lä en effet les seules terminaisons communes ä toutes les maladies; la delitescence et la resolution qu'un auleur veterinaire place ici, n'apparlicnnenl qu'ä la congestion ou
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a rinilammation el n'offrent par consequent rien de general. Je reviendrai plus loin sur las terminaisons des maladies ; je ne voulais que les indiquer ici.
Duree. — La duree des maladies est l'espace de temps compris entre le debut et la terminaison. II est assez difficile de la calculer d'une maniere un peu rigoureuse pour deuxraisons^la premiere est qu'onnepeutpas determiner aussi aisement qu'on pourrait le croire, Tinstant precis de linvasionoudela guerison.L'incertitudc d'une seule de ces denx ^poques ne permet done qu'un calcul approximaiif.
La seconde vient de la maniere dont oa compte les jours en medecine. Les uns , avec Hippocrate , comptent pour un jour I'mtervalle de temps compris entre ['invasion et le premier couclier du soleil, quelle qu'ait ete I'heure de l'invasion j ils comptent les jours suivants d'un lever du soleil ä l'autre. D'autres veulent que chaque jour soil de 24 heures, et qu'ü se termine ä I'heure oü l'invasion a eu lieu. La premiere melhode est preferable.
Ce serait ici, et non a propos du type des maladies, qu'il faudrait parier de l'acuite et de la chronicite. J'y reviendrai plus lard. 11 suffit de dire que les nombreuses denominations imposees aux differences que presentent les maladies sous le rapport de la duree, comme celles d'ephe-meres proprement dites el prolongees , de tres-aigues, et de sub-aigues, ne sonl plus employees aiijourd'hui.
En resume, nous avons vu que la seule forme commune ä touies les maladies etait la fortne ou type continu avec ou sans exacerbations; qu'on y distinguait trois pe-jiodes caracterisees : la premiere parraugmentation progressive du mal, la deuxiemc par sa plus grande inten-site, la troisieme par sa diminution progressive; que les terminaisons generales etaieni la guerisou, la mort ou le
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135 cbangement en une autre maladie; el eufin que la duree esi assez difficile a bien calculer.
Tel est le resume des notions fournies par les traites classiques de paißologie, qui se composent, comme on le voit, des vagues generalites de la vieille semeiologie. Les connaissances modernes nous permellenl de penelrer plus avaol dans la question, et de nous rendre compte physio-logiquement de tous ces faits sans liaison et sans explication, qu'on s'est contente de reproduire dans les traites les plus modernes, et dans la medecine de I'liomme.
Du mecanisme de la maladie en general.
Nous avons vu le role que le Systeme nerveiix jouait dans lorganisme . comment il etait charge d etablir les rapports entre les divers organes, de maniere ä ce que rien ne fut isole; et comment en outre c'etait lui qui por tait dans chaque partie le sentiment et le mouvement, qui y excitait les secretions et les nutritions, et enfin qui agis-sait soil sur le coeur, soit sur les diverses parties du Systeme circulatoire; de sorle que le Systeme nerveux esl Tintermediaire oblige de tout ce qui se fait dans le corps et le moteur apparent de l'organisation. Si done nousfai-sons attention ä ce qui a lieu dans les functions pour I'ac-complissement desquelles le concours de la volonte est necessaire, nous verrons que le concours de la volonte est sollicite par une sensation. Ainsi dans la digestion il faut d'abord que I'animal prenne les aliments, les mache et les avale; une fois introduils dans Festomac, ils sont soumis aux löis de la digestion que rien ne peul modifier; mais avant de penelrer, il a fallu l'emploi des muscles soumis ä la volonte pour les prendre , et les faire arriver jusqu'au pharynx. La sensation de la faim esl destinee ä
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136 avertir ranimal qu'il faut fournir ä la digestion ses mate-riaux necessaires ; de mamp;ne pour la soif, de mdrne pour la respiration qui est precedee de la sensation si penible du besoin d'inspirer, pour la defecation et l'expulsion des urines. Les sensations sont done coimne des sentinelles chargees de prevenir lanimal.
II faut se representer qu'il en est de meme pour toutes les parlies dont se compose le corps. Quoiqu'elles n'aient pas besoin de la volonte, elles ont besoin de l'influx nerveux qui y active le cours de la circulation, de la nutrition, des secretions, etc. II y a done dans toutes les parties quelque chose d'analogue ä ces sensations qui avertissent la volonte, avec cetle difference que comme le concours de cette derniere est inutile, lanimal n'a pas la connaissance de ces especes de sensations qui sont per-cues par le cerveau lui seul, et qui ne parviennent pas jusqu'a I'intelligence. Ces sensations confuses qui par tent de tonte l'economie, arrivent au centre nerveux qui ren-voie a chaqae partie la quantitc de llukle nerveux neces-saire ä l'accomplissement de ses fonctions. Comme le cours du sang est sous l'influence du Systeme nerveux, la meme operation distribue partout la quantite necessaire de sang.
Dans la sante, l'equilibre existe entie ces diverses forces, qui, residant dans chaque partie , appellent in-cessamment le fluide nerveux et le sang; on pent done les considerer comme une serie de poids d'inegale grosseur, qui, mis aux deux exlremites d'un levier, sont cependant disiribues de teile sorte que le levier ne penche ni d'un cote ni de l'autre. On peut encore les comparer aux attractions qu'exercent les corps celestes, qui, quoique extr^mement nombreux, se maintiennent cependant dans une serie reguliere de mouvements et de rapports. Mais
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que par une cause quelconque un de ces organes vienne ä eprouver quelqu'une des formes morbides que nous con-naissons, qu'arrive-t-il ? Nous 1'avons vu, le Systeme ner-veux recevant l'impression de la douleur, produitd'abord ces sympathies generates connues sous le nom de fievre, puis les sympathies particulieres, c'est-ä-dire, que les differenls organes deviennent inhabiles ä remplir leurs fonctions, a mesure que la maladie fait des progres. Pendant ce temps qu'on appelle la periode d'augment, les fonctions sont de plus en plus difficilement operees. Ce-pendant ce besoin que nous avons vu resider dans les organes continue ä se faire sentir. II agit sur le centre nerveux pour solliciter son excitation habituelle , et pen a peu il tend ä retablir le cours regulier et naturel du iluide nerveux.
Voici done deux mouvements generaux dans reco-nomie : d'abord le Systeme nerveux est de plus en plus trouble; les divers organes ne recevant plus leur excitation normale, suspendent de plus en plus compleiement leurs fonctions, jusqu'ä ce que leur attraction I'empor-lant, l'equilibre de la sante finit par se retablir. C'est ce que j'ai dejä fait comprendre ä propos de rinflammation et de la congestion, dans lesquelles un organe se met en quelque sorte en opposition avec le reste du corps; le sang et le iluide nerveux y affluanl en plus grande quan-tite, et diminuant par consequent partout ailleurs, ce besoin et cette attraction que je viens d'expliquer, finis-sent par operer un mouvement en sens inverse, et par ramener le Iluide nerveux et le sang dans leur distribution normale.
Ce besoin et cette attraction des organes pounaienl s'appeler la revulsion naturelle; celle que nous opeions
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138 avec les moyens de la therapeuiique n'est, comme on le voit, qu'une imitation des precedes de la nature. Celte revulsion naturelle n'est point une theorie inventee ä plai--sir; la paihologie le prouve. Oil, en effet, les maladies sont-elles le moins graves et le plus tot terminees, si ce n'est chez les animaux forts et robustes, dont tontes ies parties sont saines et actives ? Oü sont-elles le plus dange-reuses, si ce n'est chez ceux qui sont faibles el epuises? Voilä pourquoi les congestions et les inflammations qui ont lieu dans les convalescences, par exemple, chez les animaux affaiblis, sont longues et dangereuses , et se resolvent difficilement mnlgre tons nos efforts, parce que la revulsion naturelle ne s'exerce pas. Rien ne contre-balance I'irritation qui appelle le sang dans la parlie •, le tnouvement de reaction qui doit rendre aux deux fluides leur cours regulier n'a pas lieu, taute de forces dans les organcs.
Si cette theorie fondee sur les fails est bien comprise , eile va nous donner une maniere simple et rationnelle d'expliquer un grand nombre de choses qui paraissaient obscures auparavant. Elle nous apprendra d'abord que les maladies doivent avoir necessairement quelque chose de regulier dans leur marche, puisque leur marche est fondee sur cette reaction de diverses parlies de l'eco-
nomie.
Celte theorie nous explique comment les maladies doivent tendre ä se guerir d'elles-mfimes par la consiitution meme du corps; e'est ce qui me faisait dire que les pretentious des ecoles solidistes et humorales, qui croyaienl pouvoir altaquer directement la nature meme des maladies, etaient inadmissibles. Elle nous explique comment on les guerit avec les syslemes les plus opposes et les me-
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139 tbodes do traileraent les plus diverses, pourvu qu'on ne contrarie pastropcemouvemenlnaturelet regulier; comment toutes nos melhodes th^rapeutiques ne sont qu'une imitation de cellos de la nature; que les purgatifs, par exemple, sont destines a augmenter la revulsion naturelle des intestins, les diuretiques, celle des reins, les revul-sifs cutanes, celle de la peau; comment enfin la doctrine pratique d'Hippocrate est la seule vraie, la seule en rapport avec les vraies theories; c'est au reste ce que je monlrerai mieux en parlant des crises.
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Des Crises.
Ce retour vers l'equilibre de la sante, qui a lieu an declin des maladies, peut se faire de deux manieres : on bien dune maniere lerne et graduee , c'est ce qui arrive dans plus des deux tiers des cas; on bien au contraire d'une maniere brusque et rapide. Et alors il arrive que les organes malades etanten peu de temps debarrasses, la rentree brusque dans la circulation soit du sang, soit du fluide nerveux dont 1c cours se dirigeait d'abord vers les points malades, produit une de ces especes de pletbores accidentelles dont j'ai parle a propos des congestions, et qui vient se terminer sur quelqu'une des parties du corps sous diverses formes , en produisant en meme temps ces symptomes generaux que nous avons vus exister dans les hemorrhagies spontanees, et qui ont ete designees sous le nom de molimen hemorrhagicum. Ce trouble general s'ajoutant ä celui de la maladie , donne plus d'intensite aux symptomes, et ia fait paraitre plus grave dans le moment. Une fois que le trouble general appele crise, s'est localise en quelque point, il s'y fait un travail particulier
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140 qui en annonce la terniinaison , et qu'on appelle lui-meme phenomene critique.
Ainsi les crises sont des cbangements qui surviennent dans le cours des maladies soit en bien, soit en mal; je dis en mal parce que le nouveau travail suscite par la crise pent 6ire plus grave que la maladie primitive, et amener la mort.
Voici les tissus oil on observe le plus frequemment des crises, et les phenomenes critiques qui les constituent. Ces tissus sont dans I'oidre suivant : les muqueuses, la peau, les glandes, le tissu cellulaire , les sereuses et le Systeme nerveux. Les phenomenes critiques sont: des exhalations de mucus, de sang, des aphihes, la sueur, I'erysipele, les dartres, l'anthrax et les charbons sympto-maliques, le flux de bile, d'urine, de lait, le gonflement du tissu cellulaire qui entoure les glandes, des ceder.'iies, des abces, les hydropisies des sereuses qui sont en general fächeuses, les douleurs vives le long du trajet des nerfs.
On salt qu'Hippocrate avait pense que les crises se fai-saient certains jours de preference, comme les 7e, 11', 20% 28% 3r et 40e jours, c'est-ä-dire, a la fin de chaquot; que septenaire. L'experience semble avoir prouve qu'en effet les crises sont plus frequentes ces jours-lä ; mais on a encore besoin de recherches nouvelles pour fixer cette question qui a ele tant debattue dans ces derniers temps-Hippocrate avait admis aussi que lesflux critiques, que le pus des abces parexemple, contenaient la matiere morbifi-que qui, siiivantlui,etait la cause de la maladie.Nous savons qu'il n'y a de principes elrangers introduits dans le corps que dans les maladies generates par alteration du sang , et comme c'est precisement aussi dans ces maladies que
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les phenomenes critiques sontle plus frequents, on serait porte ä croire que les miasmes portes dans le sang en sont evacues par ces moyens, et que I'opinion d'Hippocrate est vraie pour ces maladies; et cela d'autant plus, qu'il y a certains organes qui semblent en rapport avec certaines substances. Ainsi, les substances volatiles, I'alcool , le camphre , sont rapidement elimines par les voies respira-toires, l'hydrocyanate de potasse par les reins, les prin-cipes miasmatiques, par le tube digestif. Mais 11 n'y a pas d'experience qui prouvedirectementque les principes de-leteres, qui sont les agents de l'alteration du sang, sont expulses du corps par ?es flux critiques seulement, plulot que par tous les secreteurs a la fois.
Des Forces.
Si nous nous demandons maintenant ä quelles conditions est liee cette revulsion naturelle, en vertu de la-quelle chaque organe tend :i retablir ses fonctions habituelles, nous verrons que plus un organe est fort, c'est-ä-dire volumineux et actif, plus il exerce cette attraction qui appelle en lui le fluide nerveux et le sang. C'est ce qui nous amene ä etudier ce qu'on appelle les forces dans le corps animal, question des plus importantes en patho-logie, puisque c'est la consideration de l'etat des forces qui fournit au praticien le plus grand nombre des indications sur lesquelles il fonde son traitement.
On donne le nom de force a I'energie plus ou moins grande, avec laquelle chacun des organes du corps animal remplit la fonction qui lui est departie. On dit que I'estomac a de la force lorsque la digestion s'opere facile-ment, rapidement, sur toute especed'aliments; lecoeur a de la force lorsqu'il se conlracte et chasse pleinement le
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sang de ses cavites, que 1c pouls est large et ferme, que les lissus sontbien colores; le sysieme musculaire a de la force , lorsque tous les mouvements s'execulent aisement et librement, etc. On appeWe ensemble.des forces ce bon citat de toutes les fonciions de l'organisme; et forces generates, le bon etat des grandes functions qui appar-tiennent en quelque sorte a tout I'organisme, comme la sensibilite, la conlractilite, la circulation et la calorification.
Voici les principaux signes auxquels on reconnait le bon etat de l'ensemble des forces, line pose de la töte , du corps ei des membres., qui se rapproche le plus possible des habitudes de la sante, pendant le repos et la marche, de la facilite ä executer les allures auxquelles on soumet les malades pour les explorer; cette pose et ces mouvements doivent avoir lieu avec la certitude des membres et une certaine activile musculaire, avec un fades qui n'exprime pas la gene et la souffrance dans I'exe-cution de deux des fonctions principales, la respiration et, ia circulation; une certaine activite de la digestion, une coloration des tissus se rapprochant de celle de la sante , une temperature egale et uniformement repandue sur toutes les parties du corps; enfin, le pouls pent toujours in-diquer avec precision le degre de force des malades; ses caractäres sont d'etre plein, grand, ferme et moderement frequent.
Le contraire de la force est la faiblesse qui est de deux especes , la faiblesse direcie et la faiblesse indirecte. La faiblesse directe a lieu, lorsqu'il y a reellement affaiblisse-ment dans l'energie des differentes fonctions, soit qu'il resulte de perles de sang, d'une nourriture insuffisante ou de mauvaise qualitc, ou de la maladie d'un orgar.e
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qui produit a la longue lappauvrissement du sang, ou d'une alteration du sang.Ellese reconnait a I'absence descarac-teres de la force, ea outre, a des nuances particulieres qui sont : I'abattement, I'accablement, I'affaissement, la langueur el repuisement. J'y reviendrai tout a i'heme.
La faiblesse indirecte est appelee aussi oppression des forces 5 parce qu'elle n'est qu'apparente; eile arrive lors-qu'il y a une congestion ou une inOammation vioiente de quelque organe important, le cerveau, le poumon, le coeur, I'estomac; ie pouls est petit et serre , I'animal est accable et abaitu. Mais sous Tinfluence d'une ou meme de plusieurs saignees, on voit le pouls devenir plus grand et moins frequent, l'etat d'accablement diminuer et I'animal devenir reellement plus fort, c'est-ä-dire , avoir des mouvements plus aises, des sens plus actifs et plus libres ; si, au contraire, la faiblesse est directe, les saignees ne font que l'augmentcr de plus en plus.
Puisque e'est par la revulsion naturelle que les maladies se guerissent, et puisque celte revulsion se fait d'au-lant plus activement que les forces sont meilleures, il est doublementutile d'etudier dans les diverses fonctions, les differents changements que les forces peuvent subir et les signes qui lesmanifestent.On pourra jugerpar la de la gra-vite ou de la benignite des maladies, et en second lieu, sou tenir ou deprimer les forces, suivant que Tindication s'en presentera. Je dis qu'on peut juger de l'intensite des maladies par l'eiat des forces, e'est-a-dire, par la maniere dont lesfonctionss'exercerit.Eneffet,silamaladie, quellequ'elie soit, est fort grave, le Systeme nerveux est fortement trouble, les fonctions des differents organes qui, commc nous le savons, sont toutes sous sa dependancc, ne rece-vant phis leur excitation normale, se suspendent. Nous la-
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vons vu ä propos de la ftevre , les secretions se suspen-dent, les urines sont rares et claires, la bile ne coule pas, le mucus intestinal n'estpas fourni et il y a constipation; la peau est seche, I'appetit se perd, les mouvements sont difficiles, le corps douloureux , les sens incapables d'un exercice un peu soulenu. Plus la maladie est grave, plus le Systeme nerveux est trouble, plus les diverses fonctions restent complfetement et longuement suspendues; les secretions ne se retablissent pas, etc., etc. Moins la maladie est dangereuse, moins les fonctions sont trou-blees; I'appetit n'est pas complfetement perdu, la peau reste moite, les urines coulent, etc.
L'etat des forces est done le principal point sur lequel se fonde le pronostic, il importe de l'etudier avec details; e'est ce que je vats faire en commencant par l'exameu de l'habitude exterieure du corps, qui comprendra : 1deg; I'at-titude du corps; 2deg; son volume; 3e l'etat des chairs; 4deg; les differenls pbenomenes d'expression. Je passerai en-suite aux signesfournis; 5deg; par la circulation et la calorification; 6deg; par la digestion.
1deg; Attitude du corps. — L'atlitude des animaux est libre et aisee pendant la veille; pendant le sommeil, leur corps est tantot place sur le sternum et le ventre, les extreraites posterieures flechies sous le corps et celui-ci appuye sur l'un des coudes. Cependant si ldeg;s animaux sont fatigues ou ont besoin de prendre une position plus propre au sommeil profond , on les voit s'etendre sui laquo;n des cotes du corps, leurs extremites etant legerement flechies; en general, lescbevaux forts etvigoureux dor-menl debout et ne se couchent que dans le cas d'extreme lassitude. Dans la maladie, I'attitude s'eloigne plus ou moins de ces divers etats. En repos , on observe une sorie
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d'abattement des forces musculaires, qui va quelquefois jusqu'ä faire sortir de leur ligne naturelle et porter dans le sens de Textension, les quatre boulets, et dans le sens de la flexion, les ganoux et les jarrets. Dans les maladies graves, et parliculierement celles de la poitrine, on voit les grands animaux prendre un point d'appui sur leui longe et se reculer autant que Iteur permet ce lien.
Le decubitus chez les grands animaux s'opere en santeautrementque pendant lamaiadie. Dans la premiere, les extremites de devant commencent a se flecbir et le de-vant du corps se rapproche du sol; un peu apres vient le tour de celles de deniere; arrivees a leur plus grande flexion, lebassin est rapproche de la litiere etle corps s'y pose sur Tune des fesses. Si I'animal a les extremites en-raidies, s'il est faible ou souffrant, le corps ne se rapproche pas du sol avec la meme facilite et les memes mena-gements. C'est une espece de chute qui s'opere dans ce cas, d'un point plus ou moins eleve et qui s'accompagne d'un soupir profond.
II est de bon augure dans les maladies oil les grands animaux ne se couchent pas, comme dans celles de la poitrine et du bas-ventre , par exemple, quele decubitus ait lieu et que le repos soit prolonge et calme; tandis quo l'action de se lever et de se coucher souvent, iudique de vives douleurs.
Le grand quadrupede qui öprouve de la peine a se lever apres s'amp;re couche , annonce une grand faiblesse ge-nerale, a moins que les extremites ou les reins ne soient malades.
La pose couchee du chien en sante est a peu pres la m6me que celle des grands quadrupedes. li en a pourtant, une troisieme, dans laquelle il se place sur une des faces
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du corps, se roule en arc etporle sa tele tout pres des parties posterieures de son corps. Cette pose dans les maladies, est I'indice d'une grande faiblesse; eile est parcela meme commune aux maladies de longue duree.
2deg; Du volume du corps. — Generalemenl le corps perd de son volume dans les maladies; il en est pourtant quelques-unes qui sent precedees d'un embonpoint apparent et quelquefois reel, de pen de duree ä la verilii, coinme la phlhisie pulmonaire des vaches lailieres ele-vees ä l'etable et la pourriture des moutous qui nail en automne par la frequentation des päturages gras et humides.
La maigreur se prononce ordinairement vers la fin des maladies aigues ou pendant la convalescence; eile est d'autant plus marquee que la maladie a dure plus long-temps. On comprend pourquoi eile a lieu surtout a ceite epoque, parce que les diverses functions qui se retablis-sent alors, causent une grande activite dans l'absorpiion et que la digestion ne pent pas suffire pour röparer les pertes que fait le corps. La maigreur est toujours plus rapide et plus prononcee dans les maladies qui siegent ä l'interieur du corps que dans celles qui sont siluees ä rexterieur. Taut que l'embonpoint persiste dans une maladie, on pent en conclure que la convalescence nest point prete ä arri-ver; el au conlraire , quand la maigreur se prononce des le debut damp;la maladie, cela annonce une maladie grave.
3deg; Lelat des chairs. — Elles deviennent flasques et molles dans les derniers temps de toutes les maladies et surlout des chroniques. Les affections adynamiques sont celles ou la flaccidite des chairs est le plus remarquable. 4deg; Phenomenes ([expression. — Us sont assez nom-breux ; jc vais les dccrire success!vement.
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Le regard anime, dans lequel l'ceil offre du brillant sans etre irop rouge, annonce 1'exaltation de la fievre et l'exci-tationdu syst^menerveux; on le voitdansles inflammations vives et surtout pendant 1'exacerbation des douleurs ; comme aussi dans le cours et a la fin de certaines maladies chroniques de la poilrine, la phthisic, I'hydroihorax.
Le regard morne et akttin, est celui oü les paupieres semblent se clore de fatigue; les yeux sont diis baitus quand la paupiere inferieure est gonflee, mollasse et comme infiltree. Ces signes expriment de fortes et de longues souffrances et raffaiblissement des forces generates. L'oeil reste batlu et comme poche pendant les maladies chroniques et pendant une partie de la convalescence des maladies aigues.
L'abattement exprime la chute notable et subite des forces du malade; cette chute des forces physiques s'ac-compagne presque toujours, meme chez les animaux, d'un abatement en quelque sorte moral, comme celui qu on remarque ä Toccasion de la separation de la mere d'avec son petit, de celle d'un animal d'avec son compa-gnon d'habitude. L'expression d'abattement s'applique plus particulierement cependant aux forces locomotives. II existe a des degres divers au debut de toutes les maladies et n'offre rien de dangereux; porte ä un degre considerable , il fait craindre que les maladies ne soient fort graves.
L'affaissement indique generalement celte augmentation rapide de la faiblesse et de la maigreur, qui survient dans le cours d'une maladie aigue ou chronique, lors-qu'elle tend prochainement vers une terminaison funeste ; souvent l'affaissement n'a lieu que vers les derniers temps de la vie. Lorsqu'il se fait apercevoir un certain temps
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avani que Ton puisse saisir le groupe de symptömes qui caracterise une maladie determinee, on doit le regarder commed'untresfacbeux augure pour le pronostlc. 11 in-dlque le mauvais etat d'un ou de plusieurs organes. Les expressions de langueur et d'epuisement s'appliqueni ä des etats qui indiquent un haut degre de faiblesse, resultant de causes particulieres, comme les evacuations abon-dantes, la privation des aliments necessaires, la fatigue excessive.
La gaite exprime une sorte de bien-ötre, eile est carac-lerisee par la vivacile des mouvement et de l'exercice des sens. L'animal prend inler^t ä lout ce qui se passe autour de lui. La gaite relative au caractere de chaque animal esl un signe de bon augure dans les maladies; eile an-nonce le bon etat des forces.
La tristesse, par centre, est l'expression de l'abatie-ment physique et moral; eile accompagne toujours plus ou moins la faiblesse et les souffrances. Si dans la gaiie il y a expansion des forces, dans la tristesse il y a concentration. Lorsque le Systeme nerveux est trouble sym-pathiquement par leifet de la maladie, les facultes ne jouissent plus de leur activite ordinaire, de meme que toutes les autres fonclions; rien n'interesse le malade, le regard est abattu, l'oeil lerne et pen mobile; l'animal ne pröle pas attention au bruit, son goüt esl blase, il flaire ti peine ses aliments; les mouvemenls sont lents, la pose de la t(He et du corps annonce I'affaissement. La tristesse accompagne presque toutes les maladies un peu graves. A un haut degre, eile est de mauvais augure dans les maladies qui ne paraissaient pas d'une grande gravite par les symptomes ordinaires, parce quelle annonce le trouble profond du sysleme nerveux.
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Le caime est eel etat de tranquillite de I'animul pea -dant les maladies legeres ou apres celles qui produiseot de vives douleurs et une grande agitation. II est exprime par le facies dans lequel on ne voit rien de contracle ni de souffrant, par l'absence des luouvements que suscitent ordinairement I'inquietude, l'impatience et la douleur. Vpres ragitation de la douleur, la diminution et la cessa-lion des souffrances, le sommeil calme qui surviennent alors, indiquentia disparition de la douleur.Mais il fautque le calme corresponde au ralentissement de la respiration, ä unpouls souple et regulier; car si le pouls reste frequent ou le devienl, en meme temps qu'il'se deprime et qu'il prend de l'inegalite et de l'intermittence, comme apres les dechirures du diaphragme et des visceres, les violentes onterites, la peritonite, le calme est apparent et trom-peur.
L'agitationestle desir continuel qu'eprouve le malade de clianger de situation, dans I'espoir^d'cn trouver une plus commode, oubien elle consiste en des mouvementssou-vent repetes, brusques, sollicites par la gone ou la douleur. L'agitation generate est caracterisee par le pietine-ment ou le deplacement frequent de la tete, le change inent de place, l'action de se lever ou de se coucher brus-lt;;uement, de manger avec voracite et de s'arreter tout-ä-coup. Elle annonce de vives douleurs dans les maladies ai-gues et est un des principaux effets des nevroses; alors, les parties sont convulsivement agitees raalgre I'animal. Quand elle se prolonge, elle aggrave le cours d'une maladie, trouble les fonctions, amene I'insomnie, l'amaigrissement rapide du corps par la diminution et la perle de l'appetit.
L'anxiete ou malaise agile est un sentiment de gene tel-lement penible qu'il force les malades a changer sans cesse
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de position ou a en prendre une contrainte et lemporaire-ment moins penible. L'anxiete au debut des maladies, est un signe fächeux ; vers les derniers temps eile presage line fin prochaine.
5deg; Circulation et calorification. — Circulation. Le pouls fournit d'excellents signes sur l'amp;at des forces generales. On distingue : 1deg; le pouls vite et le pouls lent; '1deg; le pouls dur et le pouls mou; 3deg; le pouls grand et le pouls petit; 4deg; le pouls fort et le pouls faible; 3deg; le pouls frequent et le pouls rare; 6deg; le pouls egal et inegal; 7deg; le pouls regulier et irregulier.
1deg; Le pouls vite est ainsi nomme de la rapidite avec la-quelle s'operent la dilatation et le resserrement de l'artere, II est aussi appele serrc. II indique le defaut d'etendue des contractions du cceur, et par consequent une excitation nerveuse qui produit ce spasme. Dans le pouls lent, au con-iraire, la dilatation et le resserrement de l'artere sont longs a se faire. Ce pouls indique peu de susceptibilite nerveuse et peu d'excitation. Lorsque le pouls, de serre qu'il etait, devient lent sans que les forces generales s'affais-sent, c'est d'un bon augure.
2deg; Le pouls dur imprirae aux doigts qui le touchent la sensation d'un corps tres - resistant, comme celle d'une corde fortement tendue qu'on ferait vibrer. Le coeur se contracte avec vivacite et chasse le sang en grande quan-lile. Ce pouls appartient ä la premiere periode des maladies , surtout inflammatoires 5 il indique le bon etat des forces, mais un etat local violent qui developpe beaucoup de sympathies.
Le pouls mou estcelui oü l'artere est remplie, sans of-frir de resistance aux doigts. Le coeur se contracte sans energie, ce qui annonce peu d'excitation sympathique ,
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un etat local peu grave , ou peu de forces. En sante ce pouls est celui des animaux dont le temperament est lym-|gt;hatique. II est de mauvais augure par consequent, lors lt;iue les autres symptomes d'une maladie continuent a presenter la meme intensite.
3deg; Dans le pouls petit, le diametre de l'artere n'aug-mente pas sensiblemeni pendant la diastole, a raison da peu de sang que le coeur lui envoie; il est en mfime temps souvent mou et faible, et quelquefois dur. En sante il ap-partient aux animaux charges d'embonpoint. Les arleres chez eux paraissent petites, attendu qu'elles sont enve-loppees de tissu cellulaire graisseux j comme signe general dans les maladies, il indique une violente douleur, un etat de spasme, c'est a-dire, un elat convulsif du coeur par suite de l'excitalion nerveuse, spasme qui s'oppose au libre cours du sang.
Lorsque le pouls petit devient mou et frequent dans les inflammations tresdouloureuses,il annonce la gangrene ; ainsi que dans les vives coliques oü ilpeut faire presume!-quelque dechirure.
Lorsque sur la fin des maladies , le pouls reste petit et frequent, on pent juger la convalescence imparfaite 5 la maladie n'a fait que diminuer. En effet la petitesse du pouls annongant un etat de spasme, de tension du coeur qui ne se deploie pas libremenl, on comprend que eel etat est produit par I'actiou nerveuse qui est elle-meme excitee par la maladie, laquelle n'est pas encore lerminee.
Dans le pouls grand, l'artere est volumineuse el se deploie largement sous le doigt. II annonce que le sang est abondant et que le coeur le cbasse librement dans toul I'appareil circulaioire. En general le pouls grand est celui des crises; parce que dans les crises , le coeur, comme les
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152 autres organes, n'etant plus trouble sympathiquement, lance largement le sang dansles diverses parties du corps. Aussi est-ce un bon signe que le pouls devienne grand, de petit qu'il etait; cela annonce peu de trouble sympa-thique du cöte du centre nerveux et du coeur qui recoit un des premiers son influence.
4deg; Le pouls est repule fort lorsque Tariere vient battre avec vigueur contre les doigts. II suppose de la grandeur et de la frequence, et offre ä peu pres les memes indications que le pouls grand.
Le pouls faible est celui dont les pulsations sont ä peine sensibles; il annonce une diminution de la force de contraction du cceur, et par consequent, puisque lecceur ne fait qu'indiquer l'etat du Systeme nerveux, raffaiblisse-ment de l'action nerveuse. Lorsque des le debut des maladies , le pouls presente dejä de la faiblesse, le pronostic devient fächeux, surtout si la maladie etait de celles qui donnent au pouls une certaine force.
5deg; Pouls frequent. Le terme moyen des pulsationsest en same, chez le cheval, de 36 ä 42 par minute. Le nombre peuts'elever ä 90 ou 100 dans les plus violentes fievres. Le pouls frequent, comme nous I'avons vu en parlant de la fievre, est un des premiers phenomenes de Sympathie. La li equence va en augmenlant daus toutes les maladies , ä mesure qu'elles approchenl de leur etat, surtout quand apres ce temps elles marchent de rnaniere ä faire craindre une issue funeste. Une grande augmentation dansle nombre des battements est done un signe defavorable ; tan-disque la diminution est au contraire d'un bon augure et bien souvent indique la convalescence, e'est-a-dire la cessation de l'excitation nerveuse qui etait causee par la maladie.
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Le pouls rare est celui oü les pulsations arteriellfis s'executent avec leateur; cette lenteur est quelquefois teile que le pouls du malade donne moins de pulsations par minute que celui d'un animal sain. II annonce le ra-lentissemenl de I'action nerveuse. II est pen commun, et toujours remplace par la frequence aux approches de la mort.
6deg; Le pouls egal dont toutes les pulsations sont sem-Mables pour la force et la vitesse, est de bon augure- L'ine-galite a lieu quand les pulsations se font sentir avec des degres diiferents de force, de durete, de vitesse. Lorsque la duree des intervailes qui separent les pulsations est dif-ferente, on dit qu'ii est irregulier. La seule espece d'ir-regularite utile ä connaitre est i'intermittence. Le pouls intermittent est celui dans lequel une seule pulsation a lieu pendant le temps oü deux auraient du se faire sentir. Si l'absence de la pulsation ne se produit pas reguliere-ment aprks un nombre determine de battements, eile est irregulidre.
L'intermittence qui se fait sentir toutes les quatre ou rinq pulsations est un Symptome grave, et qui a souvent lieu aux approches de la mort.
Calorification. — Toute la chaleur animale est produite et entretenue par le sang arteriel qui est d'un degre plus eleve que le sang veineux, et qui re^oit son calorique par sa combinaison avec l'oxigene de l'air dans le poumon. La chaleur est done liee ä l'etat de la circulation.
La chaleur moite , c'est-ä-dire avec une legere sueur, se fait observer dans la troisieme p^riode des maladies qui doivent se terminer par resolution. Apres une chaleur brulantc, la moiteur est de bon augure et indique 1,'amen-
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134 dement. Dans toute maladie, la moileur est I'indice d'un etat pen grave et qui ne presente aucun danger. La moi-teur annonce deux choses, un cceur qui chasse largement le sang jusqu'ä la peau, uu bon etat de la fonction perspi-ratoire de la peau, qui n'est pas troublee sympathique-ment.
Lachaleurseche,reiTiarqiiablepar iarigidite de la peau et la raideur du poil, annonce une inflammation ou une nevrose intenses; quand eile persiste aux epoques oü la ter-minaison doit arriver, eile indique que celle-ci n'aura pas lieu. En effet, cette chaleur seche annonce la suspension complete de la fonction perspiratoire de la peau; cette fonction ne pent etre suspendue que par un effet sympa-tliique du Systeme nerveux ; par consequent on pent con-clure de la persislance de la chaleur seche, que le systeme nerveux est encore trouble sympathiquement; d'oü il suit que la maladie qui cause ce trouble n'a pas cesse.
La chaleur acre et mordicante, c'est-a-dire seche el brillante, annonce le plus haut degre d'intensite des maladies. II n'est pas rare, lorsqu'elle existe, de voiv wahre un malaise anxieux avec plaintes continuelles, et si cet etat dure sans amendement, le malade perir subitement; ou bien la peau devenir froide, l'etat adynamique et la mort survenir. Ce signe s'explique, comme les precedents, par la violence du trouble sympathique, qui est en raison direcle de la maladie qui I'a produii. Mais pour qu'il de-vienne significatif, il faut qu'il y ait en meme temps plenitude, durete et embarras du pouls, rougeur des yeux et de la pitnitaire , chaleur et secheresse de la bouche, coloration , odeur forte et chaleur des urines, secheresse et couleur brune des matieres fecales.
Le refroidissement de la peau , I'impressionnabiliie au
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froid , les frissons annoncent que le sang n'arrive pas bien jusqu'ä lapeau; ils existent au debut des maladies, comme je lai dit ä propos de la fievre. Ils existent aussi ä la fin parce qu'il y a toujours un certain affaiblissement, et par la meme raison on les observe pendant tout le cours des maladies oü il n'y a pas une fievre forie.
6deg; De la Digestion.—Du c6le de la bouche nous re-marquerons que son humectation el une temperature mo-deree sont un bon signe. (Tela annonce un etat peu grave; parce qu'une maladie grave accelerant beaucoup la circulation, rend la bouche chaude, et troublant sympathi-quement toutes les fonctions par Tintermediaire du Systeme nerveux, eile suspend la secretion du mucus et de la salive.
II en est de m^me du bout du nez cliez les grands ruminants et chez le chien. Ces surfaces deviennent seches, chaudes et rudes au toucher dans les maladies aigues, et sont remarquables par leur defaut de soutien dans les maladies adynamiques, et dans celles qui durent depuis long-temps.
L'appetit fournit ainsi que la soif un certain npmbre de signes. 11 faut distinguer l'appetit de la faim; on pro-voque le premier en donnanl des aliments excitants aux animaux, de l'avoine surtout. C'est ainsi que les conduc-teurs de chevaux les excilent ä manger, et leur donnent de graves indigestions en leur faisant nähre ainsi un be-soin arlificiel.
L'anorexie ou perte d'appetit appartient aux premiers temps des maladies; mais quand eile persiste avec I'abais-sement des symptömes, et alors que les forces generales se sont affaiblies, ce signe est facheux chez tons les animaux, et principalement chez les chevaux qui sont peu
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156 capables, a cause de la masse de ieurs muscles, de supporter une abstinence prolongee.
Les affections morales peuvent faire perdre I'appetit, comme cela arrive au chien separe de son maitre, au cheval eloigne de son camarade. L'appetit excessif et sans cause , annoncc comme la perte d'appetit, un trouble pro-chain de la same. Aussi, souvent des indigestions et le ver-lige viennent de lä.
Quant k la soif, sa dimimrfon progressive est un bon signe; la perte de la soif, si la maladie s'aggrave, est au contraire mauvaise ; eile annonce rabolition du sentiment de lestomac.
C'est un bon signe que les animaux prennent les bois-sons d'eux-mömes, avec plaisir et sans avidite. II est ega-lement avantageux qu'avec la grande soif, laboucheetla langue restent humides; il est mauvais qu'elles se sechent et noircissent.
Une soif violenle avec des sueurs abondantes fait crain-drc une maladle grave, ou au moins une maladie qui se prolongera. Si la soif persiste a la suite d'une maladie, on ne doit pas la i egarder comme terminee ; si eile sur-vient. pendant la convalescence, on doit craindre une re-chute.
Le defaut de soif annonce la depression des forces ou adynamie, et les affections du cerveau; la persistance de ce Symptome negatif indique la gravite decesetats morbides. Le defaut de soif., si la peau et la bouche restent chaudes et seches, est mauvais, surtout s'il y a en meme temps des vomissements. Dans le cours des maladies chro-niques, le manque de soif indique la longueur et l'opinia-liele de la maladie.
Tels sont les principaux renseignements fourois sur
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157 l'elat des forces par l'examen que nous venons de faire de diverses fonetions. Je dirai pour me resumer, que la ma-ladie troublant de plus en plus le Systeme nerveux, et par suite les difFerenlesfonetions, suivant quelle est elle-meme plus grave , on peul, par l'examen du trouble des fonetions, juger de la gravite des maladies. Or, qu'est-ce qu'on appelle forces. si ce n'est Tactiviie ei la regularite avec lesquelles cliaque fonetion s'execute? Les differents symptomes que j'ai enumeres donnent done le moyen de juger du degre de trouble des forces. Les forces peuveni ßtre opprimees ou reellement affaiblies, e'est-ä-dire qu'il peul y avoir cette faiblesse apparente qui resulte du de-veloppement des sympathies morbides , ou cette faiblesse reelle qui resulte d'epuisement du Systeme nerveux. ou du sang. Jen ai montre aussi les differents signes. On a done maintenant tons les elements d'un pronostic sür.
II y a plus, je dis que par la seule inspection de l'ha-bitus exterieur, de la maniere d'etre de la face et du corps, on pent juger et de la gravile et des progr^s de la maladie. Plus la maladie est grave, plus le facies s'eloigne de Teiat nature!, plus les traits deviennent immobiles et sans expression; plus il semble qu'ils se eontractent el perdent tout mouvement. Moins eile Test, plus l'exterieiir du corps conserve de la mobilite et du mouvement. Äinsi on peut dire d'une maniere generale qu'il est avantageux dans l'etat de maladie, que les animaux conservent ä pen pres leur sensibilite physique et morale , qu'ils soient im-pressionnables au froid , ä la chaleur, a la piqüre des in-sectes, ä l'action des topiques, ä la voix, aux sons , ä la presence des autres animaux, en un mot ä l'action des agents qui, en sante , avaient sur eux une certaine influence; que les sens restent ouveris aux impressions ex-
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terieures; que ranimal se retourne vers vous si vous I'ap-pelez; qu'il leve la tete, vous flaire , vous regarde ; qu'il hennisse ä un animal qu'il avail coulume de voir; que las cris de la mere soient entendus du petit, et recipro-quement.
Plus, dans la maladie, ces symplomes sent remplaces par l'insensibilile, linattention, rimmobilite, I'indifference, plus le Systeme nerveux est trouble, plus la maladie est grave. C'est par ces remarques que du premier coup-d'oeil le praticien porte son pronostic sans savoir le siege ni la nature de la maladie.
On coiiQoit aussi comment, guide par ces signes seuls, on peut trailer les maladies sans poser de diagnostic precis, ainsi que le faisaienl les anciens qui connaissaient lies-peule siege el le mecanisme des maladies. Les signes que j'ai donnes permeltenl de juger : 1deg; de la gravile du mal5 2deg; de l'elat des forces; or, nous savons que ce sont les forces qui, en rappelant le sang el le fluide nerveux dans les organes, operenl la revulsion et la guerison naturelles.
Mais il ne faut pas oublier non plus que des indications precisesselirenl de la nature et du siege des maladies, ainsi que je l'ai monlre. II rne reste mainienam ä donner les signes des lerminaisons generales des maladies ; rctat chronique, la morl, el !a guerison qui est precedee de la convalescence.
Des signes de la moi't.
On peut les diviser en deux classes : les signes qui la precedent de pen de temps, et ceux qui I'annoncent, mais de plus loin. Parmi les signes qui font presager une termi-naison funesle, les uns appartiennent ä l'expression fa-
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15!) ciale, les aulres au pouls , au sysieme locomoteur. Du cöle de la face on a decrit les etals suivanls :
1deg; La face grippee caracterisee par le rappelissemoni des traits , la retraction en haut el vers la lignc mediane et la contraction des muscles de la face; eile s'observe sur-toul dans les peritonites, les violentes douleurs de venire el le teianos;
2deg; La face hippocratique, ainsi nommee parce qu'Hip-pocratc I'a decrite dans son livre des pronostics ; les yeux sont enfonces ainsi que les salieres el les globes oculaires, les oreilies sont allongees, les levres relacliees el abais-sees, el les naseaux diiates;
3deg; L'expression d'afTaissement qui indique generate ment celte augmentation brusque de la faiblesse et de la maigreur qui survient dans le cours d'une maladie aigni; ou chronique. Ce signc qui n'appartienl pas propremeiu a la face, mais a tout l'exterieur du corps, est fort re-rnarquable et trompe peu les praticiens attentifs;
4deg; L'anxiele portee ü un haut degre el for^ant sans cesse les animaux a se deplacer, lorsqu'elle arrive vers les derniers temps d'une maladie.
Du cöle du pouls, deux symplomes sont egalement fä-cheux, la frequence extreme des battements et I'inter-mittence lorsqu'elle se faitsentirtoutes les quatre ou cinq pulsations.
Enfin, du cole du sysieme locomoteur , la paralysie el les tremblements annoncant une alteration du ccr-veau ou un epuisement profond , indiquent une mort prochaine.
J'ai dit, en traitant des inflammations, la manierc dif-ferente donl la mort arrive dans les maladies qui mar-client rap'dement et dans celles qui durent depuis lonir-
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1G0 temps. Dans les premieres, lorsqu'on voit survenir les sympiömes (Tun affaissement brusque, I'intermittence ou de la frequence extreme du pouls, les paralysies ou les tremblements, la mort n'est pas loin. Dans les secendes , 11 arrive que lanimal setant aflaibli brusquement ou peu h peu , il reste long-temps dans cet etat et meurt un jour sans qu'aucun changement ait pu faire connaitre que cetie terminaisondut arriver en ce moment, plutötque quelques jours auparavant.
Quant aux signes prochains de la mort, leur succession conslitue I'agonie. La langue devient seche, la deglutition bruyante, genee ou meme presqüe impossible; la respiration est frequenle, inegale et räleuse; le pouls s'accelere en meme temps qu'il devient petit, faible et profond, puis insensible; la chaleur s'eteint par degres, ä compter des extremites jusqu'au centre du corps; lair expire se re-froidit; I'excrelion cutanee devient gluante, quelquefois felide, souvenl froide; la bouche se refroidit et est hu-mectee par un mucus gluanl; le sphincter de l'anus ne pent plus termer Torifice inferieur du canal intestinal et les matieres sont rendues involontairement; les sens s'e-
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moussent, I'oeil devientconstammentterne ;les sensations s'eteignent; le toucher surtout devient presque nul; le malade n'est plus impressionnable aux piqüres dune infinite de mouches qui Tassiegent; il ne differe plus alors d'un cadavre que par les mouvements de la respiration qui s'executent encore par intervalles, jusqu'ä ce qu enfin ils cessent completement avec la vie.
L'agonie dure rarement chez les animaux douze ou vingtquaire heures, comme cela arrive chez I'homme ; olle est tres-souventbeaucoup plus courte. L'animal luttc contre sa propre pesanteur, ecarte ses extremites pour se
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IGI donner une base de susieniation etendue el la possibilile Jerespirer avecmoinsdepeine,eneloignumles inseilions des muscles pecloraux/ il chancelle, lombe, fait lousses efforts pourse relcver, les consume enfln et meurt.
On seniira facilement que Tage, que la constitution de l'aniinal et d'autres circonstances nombreuses , doiyeru apporterdes modifications dans la maniere dont les maladies se lerminent par la mort. Chez les tres-jeunes ani-maux, oil les forces sont encore pen developpees , le ma-lade s'eteint pour ainsi dire. II en est a peu pi es de meme dans les animaux ties-ages ou fortaffaiblis par suite de Tu-sure prematuree de leurs forces ou par suite de maladies anterieures; tandis que dans 1 äge moyen de la vie, qui est aussi läge de la plus grande force , Fanimal resiste plus long-temps ä raffaiblissemenl cause par la maladie, et l'a-gonie est d'autant plus longue et plus penible que I'indi-vidu est plus fort.
De la. Convalescence.
Le retour ä la sante apres les maladies, est precede d'un etat auquel on donne le nom dc convalescence et qui est intermediaice entre la maladie qui n'existe plus et la sante qui n'est pas encore retablie. La convalescence commence lorsque les symptomes qui caracle-risent la maladie ont cesse, et finit ä lepoque oil I'exer-cice libre et regulier des functions qui constiiue la sante est pleinement retabli. Elle n'a lieu qu'apres les maladies d'une certaine gravite ; apres les maladies legeres, eile est excessivement courle et ä peine marquee, en sorte que les malades passent b'usquement de 1 etat morbide ä le tat sain.
Apres les maladies aigues. Tun des premiers caracte-tome 11.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; II
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162 res do la convalescence, est ramaigrissement subit du corps, qui a lieu par le mecanisme suivant : les fonctions etant suspend ues pendant la maladie, la nutrition et l'ab-sorption s'anetent; et quoique le corps perde des male-riaux de toutes manieres , comme la nutrition n'a pas lieu dans les organes et que I'absorption ne s'empare pas de la graisse et de la serosite deposees dans les mailies du tissu cellulaire, ramaigrissement nepeut avoir lieu. Quand la convalescence arrive, la nutrition recommence dans les diverses parties du corps, et la digestion ne pouvanl pas fournir encore assez de materiaux au sang, I'absorption recommence d'une maniere d'autant plus active que le sang lui-meme a ete beaucoup diminuc dans le cours de la maladie.
Le Systeme musculaire participe ä cet etat d'amaigris-sement general, et il est remarquable par sa flaccidite et sa mollesse; aussi, les convalescents sont-ils pen capables d'efforts, el de lä resulte que leur demarche est chance-lante et incertaine; notamment apres les gastro-ente'rites, ditesadynamiques. Cet etat est toujoui-s plus marque chez les animaux ages ou prealablement affaiblis par le travail et les privations.
La circulation se ressent de cet etat de debilite; gene-ralement dans les premiers temps le pouls resle men et frequent: ce qui s'explique par la moindre energie da cceur. Car on sait qu'ä mesure que les forces baissent chez les malades, les battements du coeur deviennent de plus en plus repetes, mais aussi de plus en plus faibles-, voilä pourquoi le pouls est mou et frequent; le moindre exercice tend encore ä I'accelerer; aussi, quand on veut juger du pouls d'un convalescent, ce ne doit jamais etre apres l'exercice, quelque leger qu'il puisse avoir ete.
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163 II en est de meme de la respiration qui esl plus ac-celeree. Les convalescents sont facilement essoufflcs quand on les exerce, prindpalement apres los maladies de poitrine, oü le plus leger exercice amene 1'acceleratiou des mouvements des flancs et souvent la toux,
La sensibilite generale ne pent manquer de prendre un certain accroissement, car le Systeme nerveux devient plus irritable ä mesure que le Systeme musculaire s'affai-blit. On sait en effet que les nerfs ne maigrissent pas comme les autres parties de l'economie, et les centres nerveux renfermes dans une bolte osseuse qui n'est pas susceptible de revenir aur elle-m^me, ne peuvent dimi-nuer de volume sans laisser un vide entre eux et le crane, ce qui est impossible. Ainsile Systeme nerveux conservant lout son volume pendant que les autres tissus perdent du leur, devient d'autant plus impressionnable que les orga-nes etant moins actifs depensent moins de öuide nerveux. II y a en quelque sorte une plethore nerveuse. Le deve-loppement de la sensibilite dans la convalescence est encore plus marque quand la maladie a ele accompagnee de vives douleurs.
De lout temps on a regarde Je retour de l'appetit comme un des signes les moins equivoques de la convalescence ; il est surtout tres-vif apres les maladies qui se sont prolongees et ont exige un regime severe. Oh voit alors I'animal se jeter avec voracite sur tout ce qui peut lui servir de nourriture. II faul se. mefier de cet appetit et le moderer; car la digestion ne se fail qu'avec beau-coup de lenteur; quelquefois meme dune maniere penible , surtout chez les sujets qui sont d'une constitution faible. Aussi est-ce pendant la convalescence que les indigestions sont frequentes et rednutables; la mort pent
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en i esulter on toul au moins une reclmtc plus ou moins grave.
Comme '.'absorption mterieure est active, 11 en resulte (pie les convalescents eprouvent souvent le besoin de boh-e. Mais la persistance de l'enflure des janibes et du fciirreau cbez quelqu.s convalescents annonce que la cif-culaiion est faible el lapguissante.
La constipation eat Ircquenie , clle tient a. ralfaiblisse-ment quc le plan charnu des inlestins a eprouve comrne le roste du sysieme musculaire, et en outre ä ce que la secretion de la bile et du mucus est peu abondante.
Les urines ne presentent rien de remarquable, sinon que leur quantile augmente fort souvent, ä mesure que I'enflure des jarabes et du fourreau diminueet que le besoin des boissons se fait scntir.
On comple encore comme signe d'une convalescence assuree, le reveil des organes genitaux el leur excitation moderec; mais un cffet constant, c'esl la depilation ou la mue,et I'apparition d'efflorescences ou d'eruptions cu-tanees.
Dans la convalescence des maladies qui ont dure long-temps, la lenteuravec laquelle les fonctionsse retablissei't est le premier des caracteres. La phyaionomie de l'animal conserve long-temps l'empreinte des souffrances qu'il a eprouvees. Lembonpoint et les forces ne reviennent ä lern-etat primilif qu'apres un temps toujours long. L'appetit est long-temps languissant et le venire paresseux. II arrive qu'apres le repas, s'il est un peu copieux , le malade eprouve un embarras gastrique , il a des coliques et reste un ou deux jours sans appelit; apres le plus leger travail le corps se couvre de sueur. II arrive souvent aussi dans !a convalescence des maladies cbroniques , surfout si le
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sujei est age, qu'ii nc reprend jamais enliereuient ni ses forces ni son embonpoint el que fort souvent meme il peril d'indigestion, de constipation ou d'une rechule.
On donne le nom de convalescence franche ä celle oü le retablissement des fonclions s'opere d'une maniere continue; mais il pent arriver qu'avant que la gucrison complete ail eu lieu , la maladie se reprodnise , c'est ce qu'ou appelle une rechute; si eile ne reparait qu'un temps plus ou moins long apres la guerison, ce retour porte le nom de recidive.
1'lusieurs symplomes annoncent que la convalescence n'est pas complete : 1deg; quoique la soif so fasse souvent sentir pendant la convalescence, lorsqu'elle persistc ä la suite d'une maladie . surtout s'il y a en meme temps de la chaieur de la Louche ou de la secheresse de la peau , on ne doit pas la regarder comme lerminee ;20 de meme, lorsque sur la fin des maladies , le pouls reste petit et frequent, on pent juger la convalescence imparfaite ; 3deg; enfln lorsque les premiers symplomes de la convalescence ayant. apparu el lappeiit s'elant un pen reiabli, on ne voil pas lanimal reprendre scs forces et quan contraire il maigrii pen ä pen, on doit craindre ce que les anciens appelaietu des obstructions , e'est-a-dire des lesions organiques qui ompechent la guerison complete et qui produironl bieniol la fievrc hectique et le marasme.
II est quelques maladies, dans lesquelles il n'y a jamais de rechule, telles sont la vaccine el la claveiec: la pneumo-nieetlapleuresie y sont pen snjettes.Cesont lesmaladios du lube digestif qui y sontle plus exposecs,parcc quo les pro-prictairosdosaniinanx voulant les retablir rapidemont soil pour s'on servir, soit pour les vendre, lies nourrissrnt (rop abondamment oil leur donnon: des modrcamenis tOfiiqires.
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Les rechutes sont en general plus longuos et plus graves que I'aflection premiere, et sont plus souvent suivies d'alicrations organiques; et lorsqu'elles epargnent la vie des malades, olles les laissent dansun etat de faiblesse qui ne disparait qu'avec une lenteur extreme et quelquefois ne cesse jamais entierement.
La recidive est le retour d'une maladie apres que le malade en a ele gueri. Eile tient, soit a la disposition de l'organe qui fait qu'il est expose par sa conformation , sa structure anatomique h contractor aisement une maladie qui est alors facilement produite par des causes occa-sionnelles, soit a ce que les animaux sont exposes par la nature de leurs travaux et d'autres circonsiances hygieni-ques, ä Tacüen des causes qui avaient fuit declarer la premiere maladie. On ne peut rieu etablir de fixe relative-ment au pronostic des recidives ; les symptomes ne sont pas constamment plus legers ou plus graves que ceux de la premiere affection. Ils varient suivant les circonsiances dans lesquelles se trouve le malade pris de recidive.
Diagnostic.
On appelle diagnostic {dia par , ä travers, ginosco y je connais) le jugemem que porte le veterinaire sur la na uire et le siege des maladies. II constitue le point le plus important de l'histoire des maladies. Comment en effet traitor une maladie dont on ne connait ni le siege , ni la nature ? aussi, sans lui, la therapeutique ne repose que sur des bases incertaines.
Le diagnostic est plus difficile pour le veterinaire que pour le medecin. II ne peut obtenir aucun renseignement du malade lui-meme; aussi sous ce rapport, la medecine
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167 velerinaire presenlc-t-elle quelques rapporls avec celle (Jes eofants en bas-äge.
Pour bien poser ua diagnostic , il faut certaines conditions dans l'observateur lui-meme , et il faut suivre certaines methodes que nous allons parcourir.
La chose la plus necessaire est bien certainement la connaissance approfonclie de toutes les maladies. Celui qui ue conuait pas les symptömes differentiels de toutes les allections, n'est pas en etat d'en distinguer one avec su-rele. II faut done avoir etudie avec soin l'ensemble de la pathologic, bien appris ä comparer et ä distinguer ses diverses parties, de maniere k ce qu'il ne reste aucune incertitude dans I'esprit.
Mais il ne suffil pas de bien connaitre les maladies, il faut encore avoir appris ä les distinguer dans la pratique. II faut avoir l'habitude d'observer les malades, de ne point se laisser imposer par des ressemblances irompeuses, ou au contraire par des differences qui nc sent qu'apparen-les. De plus le veterinaire doit avoir fait ou assiste a un grand nombre d'autopsies, pour s'etre exerce ä comparer les symptomes observes pendant la vie , avec les lesions qu'on rencontre aprte la mori; de teile fagon qu'il puisse calculer par l'intensite des symptomes, la gravite des de-sordres anatomiques.
Les auteurs donnent encore comme conditions d'un bon diagnostic de la part du medecin, un esprit juste et penetrant et des sens fideles. Mais den est du diagnostic comme de toute autre chose, plus l'homme qui s'y livre a I'esprit superieur, plus il est sür d'y reussir ; et comme la justesse de I'esprit et la fidelite des sens sont des choses qui dependent soit de notre nature, soit de notre education , 1c plus souvent il n'a pas ete en notre pouvoir de les pos-
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seder ä un haut degre, Mais ce qu'il esl donne a tout le nionde de pouvoii- faire , c'est d'arriver aupres des malades avee un esprit impartial, non prevenu , saus idees toutes failes d'avance sur la nature de la maladie ; c'est d'observer les fails avec sincerite , avec bonne fei, avec envie de s eclairer et non de faire triompher une opinion preconQue.
Du cote de nos animaux , le grand inconvenient que nous eprouvons est de ne pouvoir en tirer aueun rensei-gnement. Mais en compensation, ils ne nous induisent ja-mais en erreur par de faux rapports , par de la dissimulation, en nous exposant, non ce qu'ils eprouvent, mais ce qu'ils craint sentir,ainsi que le fontles hommes.Lesimpres-sions qu'ils eprouvent de nos moyens d'investigation et le langage d'action par lequel ils nous les manifestem, sonraquo; pour nous des signes sur lesquels nous pouvons compler. II y a peu de plaintes exagerees ou de faux besoins.
Les proprietaires et les conducteurs de nos animaux nous fournissent bien ordinairement des renseignements sur la maladie , sur les causes qui I'ontprecedee. Cepen dant il faut reconnaitre , que peu instruits en general, ils ne nous rendent souvent qu'un compte fort imparfait et infidele de ce qui s'est passe depuis le commencement de la maladie jusqu'au moment oü on nous presente I'animal; ils sent peu attentifs, peu observatcurs; plusieurs meme sont inieresses ä se taire sur les causes des maladies, parce qu'elles precedent de leur faute.
Des methodes ä suivre dans la recherche du diagnostic. — Avant de rechercher 1c siege meme de la maladie, il faut commencer par ce qu'on appelle le commemo-palif ( cum avec, memorare, se souvenir) , e'est-a dire par les renseignements quo nous pouvons obtenir sur les
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169 anlecedents de lanimal et sur ce qui a precede le moment oil il nous est amene. Ainsi , le velerinaire doit d'a-bord s'enquerir des habitudes du malade , des maladies qu'il a supporiees, des divers traitements auxquels il a etc soumis, de la maniere dont ces maladies se sont ter-minees, si I'animal avail bien repris, ou s'il etait restc plus ou moins souffrant ou affaibli. Ensuite on passe ä I'equot; tat present ,si I'animal est a jeun , s'il a mange et depuis quel espace de temps, s'il a de I'appeiit; s'il arrive de voyage et depuis combien de temps ; s'il a ete condamno au repos absolu ou s'il a ete promene ; s'il a travaille la veille, s'il sue plus facilement que dhabitude.
Apres ces questions et une foule d'autres qui se ratta-chent ä l'etat present et passe du malade, apres avoir etudie avec soin sa constitution et son temperament, le veterinaire procede lui-meme ä l'examen de son ma-lade.
La premiere chose ä chercher est le siege de la mala-die. J'ai developpe dans le deuxieme chapitre de ce livre les symplomes qui appartiennent aux grands appareils nerveux, respiratoire, circulatoire et digestif; j'ai traile aussi de la chaleur et de la douleur en general, comme symptomes du plus grand nombre des maladies, et dans le but d'en decouvrir le siege, il ne reste done maintenant qu'a dire quelques mots des methodes ä suivre.
Premiere methode, methode directe. — Kile con-vient h presque toutes les maladies aigues. Cette methode consiste ä rapporter directement. les symptomes que Ton observe, ä la lesion de l'organe ou'du tissu dont ils ex-priment la soutFrance, en se guidant d'apres la connais-sance de leurs functions et de leurs proprietcs. Ainsi a;t lieu de parcourir el d'interroger successivement touies les
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170 (onciions, nous commencons tout de suite par celle dont les symptömes nous paraissent reveler le trouble. Un malade nous est-il presente avec de la gone dans la respiration, une toux penible, une douleur profonde dans la poitiine, de la fievre, nous portons aussitot notre attention sur la poitrine, et nous nous servons de tons les moyens d'investigation connus , pour bien apprecier, et le siege precis du mal, et son etendue , et sa nature. Apres lt;-ela, nous examinons les autres appareils, pour voir s'il en est aussi de malades, et pour en apprecier le trouble sympathique. Si au contraire les symptomes annoncaient un trouble du cote del'appareil digestif, e'est lä que nous Uirigerions d'abord nos recherches j ainsi de suite pour tons les autres.
Deuxieme methode, methode par exclusion.—Elle s'applique aux cas dans lesquels les symptomes etant pen intenses, peu prononces, revelent un trouble general , et qu'on ne pent, en apparence, Jocaiiser en aueun Organe specialement. C'est ce qui arrive dans la plupart des maladies chroniques, oü les symptomes fournis par Tor-gane malade lui-meme, sont souvent difliciles a distinguer des symptomes qui sont purement syrnpathiques. On in-serroge alors tons les organes, les uns apres les autres, jusqu ä ce qu'on arrive ä celui qui donne la raison suffi-•-ante de tons les symptomes observes.
A eel effet on commence par les organes contenus dans la tete, puis on passe a ceux de la poitrine, et enfin a ceux de l'abdomen. Dans cette premiere revue, ou s'al-lacbe a exclure, pour ne plus s'en occuper, les organes el.les tissus sur I'integrite desquels il n'est pas possible de conserver le moindre dome.
Un second examen doit etre fait des tissus et des or-
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ganes que Ton soupconne malades. On precede ä une se-conde exclusion, lächant de bien distinguer ceux dont le trouble n'est que sympalhique, de ceux ou de celui qui paraissent etre verilablement le siege du mal. On les compare done avec soin , el par des eliminations successives, on pent esperer darriver avec quelque certitude a un diagnostic precis.
Neanmoins, il ne faut pas se faire illusion, et croire qu'on puisse, en un seul examen, asseoir un jugement sur; ce n'est sou vent qu'apres plusieurs jours de recherches et de tätounements qu'on y parvient.
Troisieme methode.—II se rencontre des cas encore plus obscurs que les precedents, dans lesquels les symp-tomes sent tellement vagues, qu'on ne peut proceder par celte voie d'exclusion. Un animal nous est presente; I'exa-men le plus altentif ne fait rien decouvrir. Cependant eel etat dure depuis quelque temps; le malade maigrit, ses forces s'epuisenl; on ne peut en tireraucun service, et sa vie est compromise. II devient indispensable de trouver le siege du mal.
Dans ce cas, on a propose d'administrer quelque medicament excitant, afin de donner plus de force a des symptömes trop incertains, trop faibles et insuffisanis pour indiquer l'organe malade. II doit en resulter une des trois choses suivantes : ou le medicament fera disparaitre les accidents; ou bien il les augmentera, et le but sera atteint, puisque la recherche du siege deviendra facile alors; ou enfin le malade n'eprouvera aucun changemem , et il faudra renouveler les memes tenlatives en augmentant la dose du medicament.
Celte methode empirique a paru dangerouse , avec rai-son. Elle peut exciter dans l'organe sur Icquel on Uirigc
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172 le stimulant, une excilationqui augmente la maladie, on qui produit une complication dont le resuitat est de masquer la lesion primitive situee ailleurs.
II vaut mieux, ä men avis, proceder en latonnant. II est evident que les antiphlogistiques generaux, tels que le regime, les boissons adoucissantes, seront preferables aux stimulants. Ils ne peuvent point etre nuisibles, et its peuvent au contraire apporter du soulagement. Pendant ce temps, 1'observaleur, ayant conslamment les yeux fixes sur la maladie, s'dfbrce d'en saisir lorigine, et il y par-vient souvent avec du temps et de la patience.
S'il n'y reussit pas, il a recours successivement a difft';-rentes melhodes de traitement. II examine avec soin quelle est teile qui soulage et celle qui augmente le mal. II em-ploie les traitemenls qui reussissent dans les cas qui ont le plus d'analogie avec celui qu'il observe, jusqu'a ce que la nalure des medicaments qui reussissent, lui indique la nature de la maladie qu'il combat.
En general, le diagnostic des maladies de la peau et du tissu cellulaire sous-cutane, des parties rapprochees de l'exterieur, des orifices des muqueuses, est plus facile a etablir que celui des maladies situees profondemenl. Le diagnostic des maladies du cerveau est souvent fort difficile a etablir, surtout lorsquil s'agit de determiner si lt;;c viscere est lese primitivement on secondairement, si e'est lui-meme qui est ailecie, ou seulement ses membranes. Nous sommes encore fort peu avances dans le diagnostic des maladies du ccctir. Nous sommes plus ins-truiis sur celui des maladies de l'estomac et des intestins; le diagnostic des maladies du foie est un des plus diffi-cües, et celui des maladies du poumon un des moins equi. voories.
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Si le diagnostic des maladies simples presente deja de si grandes et de si nombreuses difficultes, ä plus forte raison augmenteront-elles, quand il s'agit de l'etude des maladies compliquees, oil il y a plusieurs centres do dou-leurs. Ici on a ä dem^ler, non-seulement les symptomes directs partanl de i'ua des organes soulfrants, de leurs sympiomessympatliiques, mais encore les premiers, de tons ceux qui sont fournis par les autres sieges de la rnaladie.
Lorsque deux ou plusieurs maladies coincident, il arrive souvent que Tune d'elles attire toute {'attention du praticien. S'il neglige de bien observer son malade, ou s'il se borne a en faire un examen superficiel, il ne combat qu'un des etats maladifs, quelquefois le moins important, et laisse lautre faire des progres. J'ai vu perir de la sorte plusieurs clievaux letaniques, des suites d'une rnaladie de poitrine dont ils etaient atteints; et dernierement encore une imperforation du rectum avec dilatation en forme de sac de cet intestin, a fait negliger la rnaladie principale, une pleuresie.
II importe done d'explorer avec soin les diverses regions et appareils de ses malades, pour etre sür qu'on embrasso toute la maladie.
Pronostic.
Le pronostic [pro d'avance, lt;/{nosco je connais), cst le jugement que le veterinaire porte d'avance sur la gra-vile, la duree , Tissue heureuse ou malheureuse des maladies , sur les accidents qui en compliqueront la marclie.
La base do tout bon pronostic repose sur un diagnostic precis, une fois, en effet, qu'on connait la nature et le siege de la maladie , son etendne , sa periode, I'etat pro-
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174 bable des tissusmalades, on a ainsides donnees positives, qui, reunies ä celles dont je vais parier, permettent d'ex-poser une opinion de quelque valeur.
Malgre I'importance qu'il faut mettre a apprecier I'etai local, on doit se souvenir que les considerations qui se tirent de l'etat des forces generales fournissent des ren-seignements encore plus utiles. Car nous avons vu que, plus un animal est fort, plus il resiste non-seulement aux causes des maladies, mais aux maladies elles-mßmes, une fois qu'elles sont declarees; qu'au contraire, plus il est faible, plus il a de chances defavorables contre lui. Nous avons vu que des maladies, d'une gravite en apparence ordinaire, s'accompagnaient quelquefois de symptomes fort graves, d'uue chute des forces ou d'on etat ataxique du Systeme nerveux ; que deux maladies qui paraissent de meme intensite, qui occupent les memes organes, chez des animaux places dans des circonstances sem-blables, sont suivies chez Tun de la guerison, et chez l'autre de la mort. Or, comment expliquer ces difrerences) que le diagnostic de la nature , du siege et de l'etendue de la maladie, ne pouvait faire prevoir en aucune ma-niere? Ce ne pent etre qu'en tenant cotnpte de ce qu'on appelle les forces , c'est-ü-dire , de l'etat du Systeme nerveux.
J'ai traile longuement des signes qui, au debut, ou pendant le cours des maladies, pouvaient faire recon-naitre les maladies graves ou legeres, celles qui devaient. se terminer favorablement ou d'une maniere funeste. Jlaquo; me contenterai done ici d'en rappeler les prineipaux traits.
On connait raphorisme d'Hippocrate qui dit que, lors-que deux maladies existent simultanement dans le corps,
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la plus forte fait disparaiire la plus faiblc. 11 en esl de mcmepour lesfonetions. Lorsqu'une rnaladie esl dans uno panle ducorps,par mieffetsympathique, eile trouble on fait cesser les fonetions de tous les autres organes. Ainsi le^ secretions de la peau, des reins, de la bouche, ou di-minuent ou sont presque suspendues; la faim disparail, il y a constipation, impuissance musculaire. Plus la rnaladie esi grave, plus les functions de tous les organes sont profondemenl troublees ; ainsi, lorsque les irritants appliques ä la peau ne produisent aucun effet, on est assure que la maladie est tresdangereuse. Plus la maladie est legere, moins les diverses fonetions s'eloignent de leur etat naturel; la peau est humide, les urines coulent, les feces sont expulsees naturellemcnt, I'appetil n'est pas completement perdu. Et de mcme quand, pendant le com s d'une maladie, on voit ces symptomes survenir, c'est-ä-dire, les fonetions recommencer leur exercice, on pronostique une amelioration dans la maladie, qui ne tarde pas en elfet ä se montrer.
Je renvoie pour le resie au chapilre oil j'ai traite des forces.
Le pronostic est fort important pour le veterinaire. Btt prevoyant Tissue des maladies, il empeche les proprie-taires des animaux de faire de fausses speculations; d'en-treprendre un trailement coüteux , lorsque toutes les chances sont defavorables.
Lorsque toutes les probabilites se reunissent pour eta. blir qu'un malade ne guerira pas, ou qu'il restera estropie, incapable d'un bon service, il importe d'e'viter au pro-prielaire les depenses qu'il pourrait faire en pure pene.
Quand l'etude du pronostic ne conduirait qu'au point dorn parle llippocrate , de metlre le medecin dans le cas
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I7C d'ctonner le vulgaire par !a justesse de ses predictions , ce serail dejä fort avantageux, ce me semble. Ces predictions , quand elles se verifient, donnent une tres-haute opinion des talents et du savoir du veterinaire.
Le pronostic est la panic la plus difficile de Tart de gue-lir. Quelque experimente qu'on soit, il ne faut pass'y li-vrer temerairenient. II faut au conlraire I'emettre le plus souvent sous la forme d'un dome et annoncer que le conlraire pent quelquefois arriver, parce que dans le champ de la vie, on n'a jamais de certitude absolue. De la sorte si on reussit, on a tout le merite d'une prediction faile d'avance, et si le pronostic annonce no severifie pas, onse met a I'abri deniere les difficulles el leschances coniiai-res qu'on avail fait pvevoir. II est d'auiant plus important de se menager les moyens de revenir sur son opinion, que les gens du monde pardonnent au medecin ou au veterinaire une mort qu'il a prevue; et qu'ils lui imputent a ignorance , memo une guerison, s'il avail annonce une ter-minaison funeste.
Ainsi on sera ties-reserve sur le pronostic el on enon-cera en le portant toutes les chances favorables ou defa-vorables qui peuvent se presenter. On fera senlir quo , si dans un cas donmiilya par exemple 99 chances de guerison , il y a aussi uraquo;e chance defavorable; que celle-lu precisement peut arriver; que, par consequent., quoique tout fasse presumer une terminaison favorable, on ne s'engagepas ä la garantir.
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PATHOLOGIE
THfiRAPEUTIQUE GfiN^RALES
V^T^RINÄIRES.
LIVRE CINQUIßME.
THERAPEUTIQUE GENERALE.
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CÄNEBALITES. -----DEFINITIcms.
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La iherapeutique est cette pailie des sciences medica-Ics qui s'occupe du traitement des maladies (de thera. peuo, je gueris). On la divise, comme la paihologie , en generale et en speciale. La iherapeutique g^nerale a pour objet de remplir les indications qui sont fournies par la pathologie generale. La therapeuliquc speciale , äu con-traire, se propose pour but de satisfaire aux indications qui resultent de l'etude de chaque maladie en particulier.
Mais quels ?jnt les moyens ä l'aide desquels on peut remplir les indications? ce sont les medicaments, les re-medes. Or, ils peuvent etre envisages de deux manieres. On peut se contenter de decrireleurs proprietes physiques et chimiques, leurseffcts sur les corps vivantseten saniö,
TOME n.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 12
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178 lour mode de preparation eld'admiaislratiou , leurs doses, leurscombinaisons ou fomules; c'est ce qu'on fail en pharmacologie. On pent aussi, en laissant de c6te leur hisioire naturelle, s'occuper uniquement des effets des medicaments sur 1'economie en sante et en malad.e, d.s cas dans lesquels ils conviennent et sent utiles, de ceux dans lesquels leur administration est dangereuse , etc., c'est ce dont on s'occupe dans la therapeungue gene-rale, qui comprend en outre l'etude des considerations aui doivent diriger le velerinaire dans 1'emplo. des mc-Ihodes de traitement. Ainsi on peut faire de la pharmacologie , sans counaitre la pathologic; il n'est besom pour cela que de savoir l'histoire naturelle et la chimie , tand.s que pour faire de la therapeutique , il faut non-seulement connaitre la pathologic dans les livres, maisil faut ctre clinicien, e'est-a-dire avoir observe la nature clle-meme. On appelle indications , les modifications que I'ccono-mie eprouve dans les maladies et qui necessilenl dc la part du praticien l'emploi des moyens appropnes a la nature du changement opere dans le corps. A.ns. la ple-ihore offre l'indication de la saignee, Vanemie offre 1 md.-cation des forlifiants.
La centre indicationse compose de toutes les c.rconstan-ces appartenantau malade. äsamaladie,ü ses causes,etc., quis'opposent h ce qu'on puisse satisfaire ä une.nd.cation. On reroplit les indications avec les medicamenls. On definit le medicament : une substance simple ou compo-see non essenliellement alimentaire et qui prodml sur les corps vivants une serie d'effets que Ton peul utihser pour le traitement des maladies.
Onappelle agents de la therapeutique, differents moyens qui ne sent pas des medicaments et qu'on emploie cepen-
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179 dant dans le traitementdes maladies, comme les setons , cauteres, moxas , la saignee.
Les medicaments ou les agents therapeutiques produi-sent des effets physiologiques et des effets therapeutiques. Les premiers consistent dans une Serie de pheno-menes que ces moyens determinent ordinairement sur les tissus ou sur l'ensemble du corps des animaux qui sent en sante. Ces raemes effets se reproduisenl, ä quelques differences pres, quand la maladie existe.
La medication est l'ensemble des effets physiologiques produit par les moyens de traitement. II s'ensuit de lä qu'il y a autant de medications, qu'il y a de series possibles de ces effets. Nous verrons plus loin combien on a admis de classes de medicaments. Chaque classe a ses effets particuliers, sa medication propre.
Lorsqu'on combine plusieurs medications dans un meme but, lorsqu'on emploie des medicaments de plusieurs es-peces differentes pour arriver ä un meme resultat, e'est ce qu'on nomme une methode de traitement. Ainsi, quand on veut affaiblir le corps, dans le traitement d'une inflammation, on a recours aux saignees , ä la diete, aux boissons emollientes , aux evacuations arlificielles, e'est ce qu'on appelle la methode debilitante ou antiphlo-gistique. On dit aussi la methode revulsive, qui est operee par les vomitifs, les purgatifs , les diuretiques, les irritants cutanes , etc., etc.
On appelle effets therapeutiques , les phenomenes que les medicaments produisent lorsqu'on les administre pendant le cours des maladies. II est a remarquer que la guerison d'une maladie s'accomplit sous l'influence de certains medicaments, bien qu'on n'ait pu saisir d'eux au-cun etfet physiologique.
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180 Trauer une maladie c'esl employer tout ce que l'art possöde de remödes qui lui sont applicables.
Le traitement ne peut avoir que Tun de ces trois buts: 1deg; de preserver; 2deg; de guerir radicalement; 3deg; de pallier une maladie. De lä les iraitements preservatif, curatif et palüatif.
Division de ce livre. — Je traiterai d'abord des medicaments et des medications et je les placerai dans l'or-dre suivant:
1deg; les excitants qui comprendront non #9632; seulement les excitants generaux du Systeme nerveux, mais encore ceux des differents appareils, de la peau, du Systeme raus-culaire, de la matrice , de la muqueuse bronchique, de celle du nez , des reins. Ces derniers seraient peut eirc mieux places aveclesevacuants.
2deg; Les antispasmodiques et les narcotiques. Les premiers n'ont pas encore ete traites dans les therapeutiques velerinaires. Les seconds sen rapprochent naturellement par leur action sur le meme appareil, quoique Taction de ces deux classes de medicaments nesoit pas la meme.
3deg; Les toniques, les astringents et les analeptiques qu'on a l'habitudede placer ensemble. 4deg; Les irritants et les alterants.
5deg; Les evacuants , tels que les vomitifs, les purgatifs, les exutoires, la saignee. II convient d'en rapprocher les anthelmintiques.
6deg; Enfin les emollients et les temperants. Ces six classes composeront le premier chapitre de ce cinquieme livre. Dans un second chapitre, je parlerai des prineipes generaux de traitement applicables ä toutes les maladies, et du traitement special de la congestion, de rinflammation, de riiemorrhagie, des vices de secretion
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I8T et de nulrilion, des etats nerveux el des maladies qui dependeni des modifications ou des alterations des prin-cipes immediats du sang.
Historique.
La therapeutique veterinaire s'est calquee toujours sur celle de l'homme. Caton l'ancien, Varron , Palladius , Co-lumelIe,Vegece avaient dejä une matiere mödicale aussi etendue que le comportaient les progres de la medecine de leur temps.
II est vrai de dire que la pharmacologie veterinaire resta toujours en arriere des progres de celle de l'homme. Celse faisait deja remarquer de son temps , que les pro-cedes de la Chirurgie et les formules des medicaments s'etaient conserves , sans subir d'amelioration , dans la medecine des animaux.
En parcourant les hippiatres de la renaissance , on ne irouve dans les ouvrages qui fraitent, soit de requitation? soit des maladies du cheval et des animaux, que des for. mules plus ou moins barbares dans lesquelles les medica. menis sont ranges sans aucun ordre. II faut arriver jusqu'ä Solleysel pour trouver quelques notions scientifiques de matiere medicale , et quelques efforts pour se rendre compte des effets des medicaments. Garsault et Lafosse y ajoulerent fort peu.
Bourgelat est vraiment le createur de cette etude cbez les veterinaires. II publia sa matiere medicale eh 1765. Elle etait faite sur le modele des ouvrages de la meme espece en medecine humaine.Cependant il sentait qu'une pareille analogic etait fautive, puisque teile substance qui purge l'homme a 5 ou 6 decigrammes, ne purge pas le cheval ä la dose de 61 grammes , c'est-ä-direqu'elleexige
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une dose 130 ou 140 fois plus considerable ; ce qui est hors de proportion avec les rapports materiels de rhomme et des animaux. C'est pourquoi il se livra avec Flandrin , Chabert et Huzard, ä de nombreuses experiences dont il publia les resultats dans une deuxieme edition impri-mee en 1772.
II divise les medicaments en internes et en externes ; les premiers : 1deg; en alterants qui comprennent les absor-banls, les temperants, les aperitifs et les adouc.issants; 2deg; en evacuants parmi lesquels 11 place les vomitifs, les purgatifs, les diaphoretiques , les diuretiques, les be-chiques et les salivants ; 3deg; en fortifianls qui sonl; les cor-diaux , les toniques , les stomachiques , les carminatifs , les astringents ; 4deg; en sedalifs et en narcotiques. Viennent ensuite une serie de medicaments specifiques, les anti-vermineux , les antiputrides, anlimorveux, etc.; classes de medicaments qui ne sonl plus admises maintenant eomme formant des genres separes.
A part la division en internes et en externes qui est mauvaise, parce que les memes medicaments pouvant 6tre donnes h l'inlerieur comme ä l'exterieur, n'ont pas pour cela des proprietes differentes suivant qu'ils agisseut par Tune ou par l'autre de ces voies; ä part aussi ses medicaments specifiques, il faut reconnaitre que cetle division s'eloigne moins des classifications modernes qu'on ne s'est häte de le dire, et que cet ouvrage etait bien plus pres, que ceux qui Tont suivi, de creer une bonne therapeutique fondee sur I'experimentation.
Vitet a adopte une classification moins physiologique que celle de Bourgelat. Une parlie de ses medicaments sont classes par leurs proprietes physiques ou chimiques, une aulrft d'apres leurs proprietes physiologiques; de
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sorte que cette classificaiiou manque d unite. 11 faut ren-dre cette justice ä Vitet, que sa therapeutique est extrft niement simple.
Moiroud a fait une maliere medicale; aussi, ne rentro-t-il qu'indireclement dans mon sujel. Les considerations chimiques tiennent une grande place dans son ouvrage , ef les eöets physiologiques des medicaments y sont rai-sonnes d'apres Barbier d'Amiens. Onpeut reprocher a cet auteur, du reste plein de science, de n'avoir peut-etre pas assez suivi la voie d'experimentation et d'experiences cli-niques, onverte par Bourgelat et par Uuzard, ce qui tient ä ce qu'il s'etait peu occupe de clinique; mais aussi c'au-rait ete trop exiger de lui que de vouloir qu'en quelques annees il cut pu devenir praticien.
Quant a moi,j'ai deja fait connaitre la classification que j'ai adoptee; je me suis fait une loi de ne rien avancer qui n'ait ete vu et observe sur les animaux eux-me-ines. Si done quelque points paiaissent moins detailles que leur importance ne le merite, e'estque notre science ne possede rien d'authenlique a leur sujet. Je me suis ef-force de montrer le tableau complet de ce qui avait ete i'ait jusqu'ä ce jour sur la therapeutique veterinaire.
Avant de passer ä l'etude des medicaments, il convient de traiter ; 1deg; de leurs effets en general, primitifs et se-condaii es; 2deg; de la maniere dont leur action se propage dans 1 economie ; 3deg; des surfaces par lesquelles on les ad ministre.
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1deg; Effets primitifs et secondaires des medicaments.
Les eflcts primitifs desniedicamenis se manifesientplns ou moins rupidement apres leur application sur la peauou sur les membranes muqueuscs. ; ce sont ceux qui sont,
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181 produits par le conlact du medicament sur la surface amp; laquelle il est adresse. Ainsi, l'application de lamouiarde produit la rougeur, la chaleur, la cuisson; ce sont lä des effels primitifs; les effets primitifs des astringents sont de resserrer les tissus, de diminuer le calibre des capil-laires, etc., etc.
Les effets secondaires sont cons^cutifs aux premiers ; ainsi, un irritant, un sinapisme est mis sur la peau, il en resulte les symptomes d'une congestion qui sont des phe-nomenes primitifs; mais h la suite on voit naitre une excitation generale qui pent aller jusqu a la fievre; c'est un effet secondairc. Les excitants echauffent les tissus sur les-quels ils sont en contact, c'est lä un effet primitif; en-suite, ils sont absorbes et stimulent tout le systfemener-veux; voilä un effet secondaire.
Les effets primitifs ont done lieu au point de contact; les secondaires sur un point plus ou moins eloigne du lieu de l'application du medicament. Ces derniers ont ne-cessairement lieu par Sympathie ou par absorption.
2deg; Propagation de Vaction des medicaments.
L'action des medicaments se propage,c'est-ä-dire,5e fail ressentir ä toute 1'economic et par la voie des sympathies et par celle de l'absorption, qui en transporte les molecules, les met en contact avec toutes les parties du corps.
Des sympathies. — Nous connaissons dejä les sympathies et nous savons que les nerfs en sont les conduc-teurs. Ainsi, nous avons vu que la fievre et toutes les sympathies morbides dont eile se compose etaient deve-ioppees par des lesions locales , par des congestions, des inflammations des organes, par toutes les causes enCn qui font naitre et entretiennent la douleur. Les racdica-
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18.quot;. meats agissent d'imc maniere analogue. Ainsi, applique sur la peau y produit, comme effets primitifs, la douleur, lachaleur, la rougeur, c'est-a-dire, la conges-lion de la peau; pnsuite , il cause une excitation generule et peut mßnie faire nailre la fievre.
Plusieurs substances agissent d'abord par Sympathie , ensuile par absorption. Des que les liqueurs alcooliques penetrent dans 1'estomac, le cerveau regoit une impression excitante; mais bientot apres ces liquides sent absorbes, et i'action directe s'ajoute ä l'action sympathique.
C'est par les sympathies qu'a lieu le phenomene connu sous le nom de revulsion, et qui consiste ä etablir en un point de Teconomie une congestion ou une inflammation artificielles, lesquelles deplacent une autre maladie nee spontanement en un autre point. Nous verrons, ä propos des irritants, quelles sont les lois et les indications de la revulsion.
La derivation offre quelque rapport avec la revulsion; mais eile en differe en ce qu'elle consiste dans une secretion soil artificielle qu'on entretient a la surface de la peau, soit meme en une secretion naturelle dont on augmenle lactivite normale.
De I'absorption. — L'action des medicaments se pro-page evidemment aussi par l'absorption de leurs molecules qui sont entrainees dans la circulation, ou, comme disaient les anciens medecins, dans les secondes voies. En effet, on les retrouve dans le sang, dans les urines, dans la ma-tieredc la transpiration , etc. On sail que la condition essentielle de toute absorption, c'est la solubilitc des medicaments ; mais il faut aussi, du cote du corps, une certaine vacuitedes vaisseaux.Aussi, retatplcthorique s'oppose-t-il ä l'absorption, el la saignee, au contraire, la favorise.
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li0 Des parties du corps nvec Icsquelles on met /es medicoments en contact.
Ces parlies sont: 1deg; la peau; 2deg; les veines; 3deg; les membranes muqueuses. Trois methodes differenles peuveiit eire suivies h la peau : 1deg; On peut simplement appliquer le medicament sur la peau recouverte de son epiderme, et sans operer de frictions; c'est ce qui arrive pour les cata-plasmes, les lotions, les fomentations , les embrocations; 2deg; on peut irriter la peau par des frictions. On admet ge-ncralement que ces frictions continuees au point de rougir la peau, alterent l'epiderme et le rendentplus permeable; c'est la methode iatraleptique; 3deg; la troisieme maniere ou methode cndermique consists ä enlever l'epiderme par le vesicatoire, I'ammoniaque, etc., et ä deposer le medicament sur cetie surface denudee; il faut avoir soin, dans ce cas, de mouilier goutle ä goutte cette substance et de la remuer sur la piaie jusqu'a ce qu'on l'ait fait dis-soudre et qu'on se soil assure qu'elle est absorbee.
LTintroduction des medicaments par les veines, porle le notn de methode Üinfusion. Elle olfre le moyen d'agir d'uue maniere prompte et energique dans certains cas desesperes ; mais les accidents graves et nombreux qu'elle peut amener ä sa suite, en oni restreint beau-coupl'application.
Quant aux muqueuses, on peut meltre les medica-ments en contact avec celle du nez, de l'cstomac et du rectum. On n'agit sur la muqueuse nasale que dans le cas d'aspliyxie et de syncope. Dans tous les aulres cas, on s'adresse ä l'estomac et au rectum. II faut employer des doses plus considerables quand on donne les substances par le rectum. Au reste, on remarquera que Ton adresse
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presque toujours les medicaments ä l'estomac, ä moins que ce ne soil impossible, qu'il n'y ait une viva inflammation, ou qu'on craigne de trop I'exciter.
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CHAP1TRE PREMIER. DES MEDICAMENTS ET DE LEÜRS MEDICATIONS.
raquo;ES EXCITANTS.
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On appelle medicaments excitants ou stimulants ceux qui, etant appliques sur un organe, y developpent plus ou moins promptement une sensation de chaleur qui se propage aux parties environnantes, une acceleration du cours du sang, et une plus grande activite de la fonctiun speciale de l'organe. Ils produisent les memes ellets sur l'ensemble de l'economie, lorsquils sont absorbes et intro-duits dans le sang. Quelques auteuis leur out donne le nom de pyrogenetiques (de pur feu et de geneticos qui engendre).
Cette classe de medicaments se trouve sur la limite des antispasmodiques et des toniques. Ils different des premiers par I'absence d'une action calmante du sysicme nerveux, et des seconds en ce que leur effet cst plus rapide, mais moins durable el moins^orsislant.
Quelques auteurs separent des agents excitants, les substances donl raclion cst trespassagörc et foil rapide,
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188 e( leur donnent le nom de diffusibles {diffundere, se re-pandre). Ceue division ayant rinconvenient de scparer des medicaments dont raction est fort analogue, je n'ai pas cru devoir I'adopter.
D'autres, au contraire , ont voulu reunir dans la meme classe les divers agents qni ont une influence bien marquee sur certains appareils, comme la peau, les reins, 1'uterus, le Systeme musculaire, et qui sont generalement classes a part sous la denomination de sudorifiques, diu-retiques, emmenagogues; mais quoiqu'ils aient comme les autres une action excitante generale, leur propriete d'agir specialement sur tel ou tel appareil doil les faire ranger ä part.
Les excitants generanx sont nombreux et ne se ressem-blent pas entierement dans leur maniere d'agir sur I'eco-nomie, attendu qu'ils sont composes de principes chimiques difierents; neanmoins ils jouissent de quelques proprietes communes qui constituent les caracteres de la medication excitante.
Nous avons vu dans le deuxieme chapitre du quatrieme livre ce qu'il fallait entendre par les forces; qu'il fallait distinguer les forces generates, qui consistent dans la force des contractions du coeur, dans la chaleur generale du corps, et l'cnergie du Systeme locomoteur; et les forces de chaque appareil en particulier qu'on reconnait a ce que sa fonction propre s'execute rapidement etcompletemenl. Ainsi les forces de l'estomac sont bonnes lorsqu'il digere bien , sans souffrance pour I'animal, etc. Les forces resident dans le Systeme nerveux, soil le Systeme nerveux general pour les flt;#ces en general, soit celui de chaque organe en particulier pour les forces de cet organe. Les excitants agissent sur le Systeme nerveux general et orga-
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189 nique, et developpent les forces. Sur chaque organs en particulier ils de terminent une sensation de chaleur, unc circulation plus active, et une plus grande energie pour accomplir ses f onctions speciales. Absorbes et agissant sur toute I'economie, iis developpent les forces generales, c'est-a-dire, accelerent et rendeni plus fortes les contractions du coeur, d'oü resulte que le sang penetre en plus grande quamite dans les organes, qu'il en arrive olus dans un temps donne, ce qui y eleve la temperature, enfin rendent le Systeme locomoteur plus apte ä entrer en exercice, el ä se contracter energiquement. Le fluide nerveiix et le tang, ces deux mobiles de la vie, sont done distribuesen plus grande quantite par tout le corps, et I'economie tout entiere en recoit Tinfluence. Aussi les excitams provoquent I'appetit, ils excitent la soif ä cause de la plus grande rapidite de la circulation, et parfois la salivation, la transpiration insensible, et meme la sueur. Au resle , ces effets sont proportionnes a la sensibilite des sujets, ei ä la force des excitants. Ceux qui sont tres-odorants ont une action en general passagere; plus leurs principes sont fixes, et plus leur action est soutenue et durable.
Les stimulants sont fournis par les trois regnes; ceux que fournit le regne vegetal ont en general une odeur forte et aromatique; ils contiennent une huile essentielle, une resine, de l'acide benzoique ou du camphre; ces principes sont le plus souvent associes a des extractifs amers, ou ä des alcaloides vegetaux.
La farnille des labiees offre un groupe de plantes bien distinctes dont la propriete parait principalement resider dans !a combinaison d'une huile essentielle tres-odorante tenant du camphre en dissolution, avec un principe amer plus ou moins abondant. Dans un autre groupe, qui com-
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prend la plus grande partie des ombelliföics, les resines constituent la partie active du medicament. Une troisiemc section renferme la famille des cruciferes, et une partie de celle des alliacees, et fournit des vegetaux remar-quables par la presence d'un principe acre de la nature des huiles volatiles, associe ä des mucilages ou a des
substances de natures diverses telles que la scillitine__
Le^piperitees donnent le poivre qui contient une huile volatile concrete, unie ä de la resine et ä un alcaloide, la piperine. Les anthcmes, les armoises, el la plupart des corymbiferes, conliennent plus ou moins abondamment une liuiie essentielle unie ä un principe amer. Les baumcs sont remarquables par l'acide benzoique et des liuilos essentielles concretes; les coniferes par la presence de la resine presque pure. Enfin un grand nombre de vegetaux places dans diverses families renferment des prin-cipes analogues ä ceux qui viennent d'etre enumeres, comme la serpentaire de Virginie, la cannelle, le geroflc, la muscade....
Le regne animal ne fournit guere que l'osmazome el le pliosphore; le regne mineral, les preparations mercu-riclles, el les eaux minerales.
Parmi les agents de l'hygicne, I'alr sec et chaud, I'exercice musculaire, I'insolalion, relectricile, sont aussi des moyens stimulants.
Moiroud a classe les stimulants vegetaux , sans doute d'apres l'energie de leurs proprieles actives, ce sont : la cannelle, la cascarille, le gerofle, la muscade, la ba-diane ou anis etoiic, le poivre noir, le gingembre officinal, la serpentaire de Virginie, le raifort sauvage, I'absinllie lommune , la grande absinthe, la camomille romaine, la pyrelhre, I'angelique, Timperatoire, I'anis vert, le fef
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nouil, le caivi, la menlhe poivree, la sauge officinale, la lavande, le romarin, le genevrier commun, le gaiac, le sassafras, la salsepareille, I'alcool.
II cut ete plus pratique d'indiquer les substances dont on se sen ordinairement, et que le veterinaire peut irouver ä la campagne aupresdeses animaux; telles quelepoivre noir, le raifort, la mentlie poivree , I'angelique, Timpc-ratoire, le fenouil, la sauge , la lavande, le romarin, le genevrier. Les excitants qui nous viennent de l'etranger nc sont pour lui que des succedanees auxquelles il a rc-cours, en cas d'insuffisance des autres, ou quand des cir-constances imperieuses en reclament I'emploi.
Toutes ccs substances agissent h peu pres de meme, au degre d'energie pres. Les praticiens doivent savoir que ccs medicaments, s'ils sont administres en breuvages, se preparent par infusion; qu'il faut les tenir converts, pendant qu'ils infusent, pour empecher la volatilisation de leurs principes aromaliques, et donner les infusions chaudes (de 37 ä 50 degres centigrades); le calorique ctanl par lui-meme un excitant.
Si on donnc les excitants sous forme de substances, ilfaut les associer ä des substances qui aident leur action; a I'alcool, au vin , au cidre, 'a la biere, lorsqu'on vent les administrer sous forme liquide; ou bien a l'extrail de genievre, ä la theriaque, si c'est sous forme solide. Au contraire , le miel ou la melasse affaiblissent leur action; si on les emploie comme base d'electuaires, d'opiats, il faut augrnonter la dose des excitants. II en est de meme, si on les donne sous forme de pilules ou de bols, comrno le font les Anglais pour leurs clievaux de course.
On peut encore mßler les poudres de ces medicaments aux aliments, au son de froment ou ä l'avoine. Le prati-
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cien qui fera prendre les poudres, avec 1'un d^ ces deux aliments, aura soin de les asperger legerement avec de Feau, pour empecher que le souffle de l'animal ne les disperse et ne les perde.
On doit encore, pour aider ä l'action des excitants, conserver au corps sa chaleur naturelle en le couvrant de couvertures de laine , en plar.ant les animaux dans des ecuries chaudes lorsque le temps est froid, et möme donner de rexcrclce dans un lieu abrite des vents froids.
Action therapeutique.—D'apres ce que nous savons de l'action des excitants, on comprend qu'ils conviennent pour augmenter les forces generales, et l'action du Systeme nerveux 5 or, dans quels cas est-il necessaire de stimuler le Systeme nerveux? C'estce que je vais montrer.
Comme topiques, les excitants conviennent dans la der-niere periode des inflammations externes, lorsque la chaleur et la douleur etant completement tombees, la partie reste indolente, induree, ou le siege d'une secretion de pus. Dans ce cas les excitants augmentent le cours du sang, facilitent la resorption des materiaux epanches de ce fluide, el diminuent les vices de secretion qui sont lies, apres les inflammations, a l'engouement des tissus oü le sang circule lentement. Ils sont contre-indiques tani qu'il y a chaleur ou rougeur; on ne doit meme les employer que plusieurs jours apres que ces symptomes ont disparuj et, si pendant leur administration, on voit se developper ces symptomes, il faut aussitot en cesser l'usage, calmer Tinflammation qui revient, et ne revenir ä leur emploi qu'apres qu'elle a disparu depuis quelques jours.
Ils conviennent encore au debut du traitement des en-torses, des contusions, des tiraillements violents des articulations, suivis d'ecchymoses et d'epanchements de sang
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193 dans le tissu cellulaire, et avant que rinflammation ne soil survenue. Des qu'elle survient,il faut les cesser. Avant cette periode ils accelerent le cours du sang dans la par-tie , empechent qu'il ne se forme de nouveaux epanchc-ments, et bätent la resorption du sang epanche. Les efforts musculaires qui s'accompagnent d'engourdissement et de faiblesse, les entorses suivies de faiblesse et de relachement des ligaments, eprouvent de l'amendement par l'usage des stimulants.
A I'interieur, on les donne dans les cas de syncope, de faiblesse resultant d'hcmorrhagies abondantes, d'anemic, dans les convalescences qui trainent en longueur, dans ce qu'on appellelechaud etfroid. Dansce caslecorps ayantete brusquement refroidi et la transpiration supprimee, I'ani-mal est quelque temps dans un etat de courbaturelaquo;t de malaise general, avant qu'une congestion ou une inflammation se localise dans un point du corps. On doit agir dans ce cas sur les deux surfaces tegumentaires pour retablir la transpiration. II n'en est pas de meme dans le cas de congelation dune partie exterieure ; c'est seulement sur le tube digestif que les stimulants sont diriges pour ac-tiver la circulation, tandis qu'on tient la partie gelee refroidie, et qu'on n'y excite le mouvement circulatoire que par des frictions avec de la neige, pour empßcher qu'il ne s'y fasse une congestion trop vive , avant que !e cours du sang ne se soit retabli dans la partie gelee, ce qui y amenerait infailliblemenl la gangrene.
On donne les excitants dans la derntere periode des maladies, lorsque I'animal reste faible, que la maladie ne fait pas de progres , el que la convalescence ne se pro-nonce pas; mais l'appreciation de l'instant oil les excitants doivent etre substilues aux debilitants, est un des points les
tome n.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 13
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plus defeats de la mcdccinc pratique , el denote , dans cehii qui sail 1c saisir, un lact exerce et profond.
Us convienncnt dans beaucoup de maladies typhoides qui s'accompagnenl d'un grand accablemenl, dans les angines couenneuses , dans certains erysipeles, avec tendance a la gangrene, dans les lumeurs du menae genre, dans la seconde periode de la gangrene.
Us conviennent encore touies les fois qu'on renconlie chez un raalade une grande faiblesse qui ne parait pas on proportion avec la gravile de la maladie; lorsque avec nno pneumonie , par exemple, on trouve le pouls peiil et faible, la respiration iente, la peau refroidie, les forces inusculaires aneanlies, il faul avant tout relever les forces, de peur que I'animal ne meure par repuisement du Systeme nerveux, avant que la pneumonie ait pu meme suivro sa marche. La faiblesse commc les symptomes nerveux qui ne sont pas proporllonnes a l'intensite de la maladio, annoncent une disposition du sujet ä tomber pour la moindre cause dans l'adynamie ou l'ataxie, el par consequent reclament les excitants pour la premiere , el les antispasmodiques pour la seconde.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,
D'un autre cole, il ne faul pas prendre pour une veritable adynamie la faiblesse qui resulte de l'oppression des forces, et qui est produite par rinflammation vive d'une partie; on a vu , ä propos des forces, en pathologic ge-nerale, le moyen de distinguer la faiblesse reelle, de l'oppression des forces.
On a dit en general que les excitants sont indiques dans la vieillesse, el contre-indiques dans l'enfance et i'äge adulle. Non-seulement cette opinion n'est pas absolumeni vraie, en ce sens que les animaux äges et encore forts peuvent offrir une reaction febrile assez intense pour que
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J95 les slimulanls soient conire-indiqnes, mais aussi en cc que chez les jeunes animaux on est souvent oblige d'em-ployer des excitants. Cependant en general les excitants conviennent dans la vieillesse.
II en est de meme des especes; en general celles des ruminants ont plus besoin de ces medicaments que les mo-nodactyles et les carnivores.
Du reste, le praticien doit savoir que les organes s'ha-bituent ä Taction des excitants, et que pour que ceux-ci produisent 1'effet qu'on en attend, il faut en augmenter progressivement ia dose.
Sudorifiques.
On donne ce nom aux medicaments qui augmentent la transpiration cutanee. Nos predecesseurs distinguaient les sudorifiques des diaphoreliques : les premiers faisaient couler la sueur, les seconds produisaient seulement la transpiration insensible. Les modernes ne volant avec rai-son que des degres divers de force dans les medicaments qui produisent ces deux effets, et ne pensent pas qu'on puisse en faire la base d'une distinction reelle, Bourgelat i'avait dejä compris; car, quoiqu'il rcpete les differences que les medecins de son temps consideraient comme ca-racieristiques entre les sudorifiques et les diaphoretiques, il n'emploie que ce dernier nom pour le titre du cliapitre, oil il traite k la fois des uns et des autres. En efl'et , dit-il, les sudorifiques ne determinent pas aussi commu-nement, chez les animaux,, les effets qu'ils determinent chez rhomme; la serosite qui devrait etre exhalee par I.i peau, n'a pas chez eux autant de tendance pour la peau que pour d'autres organes de secretion, les reins, par exemple, comme on le voitchez les chiens qui ne suem
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196 pas, et qui urlnenl sans ccsse. Ce que Bourgelat dit tin chien s'appliquc encore mieux au porc, d.oct la peau est toul-ä-fait impermeable h la sueur, mais qui a une vcssie enorme , et qui urine beaucoup.
Le porc est, de tous les animaux domestiques, celui dont la peau est le moins permeable a la sueur; puis, vienncntle chieu, le cbat, la cbevre, le mouton, le boeuf et le cbeval, qui transpire le plus de tous. Le chien ne sue guere quo dans certaines eruptions pustuleuses, iden-lifiees ä lort avec la variole.
II faut convenir que les medicaments dits sudorifiqucs n'ont aucune action chez le porc , le chien, le chat, etc, et qu'ils en ont möme träs-peu sur le cheval. Encore faut-il, pour qu'on leur en voie produire, avoir recours ä des moyens auxiliaires, comme l'elevation de la temperature de l'habitation, des couvertures, des fumigations sous le vcntre avec de l'eau chaude, des frictions, l'exercice dans un lieu chaud ; de sorte que les moyens accessoires semblent jouer le principal role duns la production de la sueur.
L'eau chauffee ä la temperature de 23 ou 30 degres centigrades, celle dans laquelle on a fait infuser des fleurs de bourrache, de sureau ou de tilleul, m'a semble le su-dorifique le plus sur. Dans tous les cas, il faut laider par les moyens precedents. Deux conditions sont en outre indispensables : d'abord la proprete de la peau, ensuite un liquide qui ne soit pas trop excitant. C'est sans doute pour avoir donne l'ammoniaque ä trop haute dose qu'on ne lui a pas vu produire la diaphoräse.
Moiroud dit avoir experimente sur les animaux avec le gaiac, la squine, la salsepareille, le sassafras, la fleur de sureau, la bourrache, ä l'ctat de poudre, en infusion,
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raquo;
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197 ou en maceration dans lean , et n'avoir jamais pn pro-duire la diaphorese. En consequence, il les repousse du cadre des düaphoretiques, et il esl conduit, par des vues que j'exposerai tout ä l'lieure, ä considerer le soufre, le sulfure de potasse, I'antimoine el ses preparations, le kermes, le regule et le sulfure d'antimoine, comme les vrais sudorifiques.
J'ai administre I'ammoniaque ( alcali volatil), et l'a-cetate d'ammoniaque ä la dose de 96 grammes, h des chevaux sains; j'en ai seconde I'efl'et en faisant couvrir le corps de deux ou trois couvertures, la temperature de l'air etant ä 10 ou 12 degres centigr. au-dessus de U, et je n'ai pu obtenir qu'une salivation plus ou moins co-pieuse avec rougeur de la membrane buccale.
L'opiom, dans le tetanos et quelquefois pendant la same , dissous dans l'alcool et donne ä la dose de 16 ou 3*2 gr., m'a paru produire la diaphorese, mieux que los substances precedentes, mais avec des mouvements con-vulsifs, et le narcotisme qui suit son administration ä liaule dose, symplomes qu'aucun praticien, je pense, ne voudra provoquer dansle seul butd'obtenir la diaphorese.
On peut conclure des recherches de Moiroud et des miennes, que les diaphoretiques tires du regne vegetal n'ont qu'une action assez equivoque chez les animaux ; que I'eau chaude, par sa temperature seule et avec le se-coursde la chaleur de lecurie, des couycrruies, des fumigations, des frictions et de l'exercice, cst le premier des sudorifiques; mais qu'on peut augment'-r son efi'et en y faisant infuser quelques excitants ou diaphoretiques, teis que le tilleul, le sureau, la bourrache
Moiroud ne trouvant pas, dans les substances reputees diaphoretiques chez I'homme; une action süffisante chez
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190 les animaux, a oru remarqaer qu'il y a des medicamems qui ontla proprieiede diminuer l'aridite de la peau et de lui rendre sa souplesse et son humidite, lorsqu'elle les a perdues ä la suite des maladies chroniques , qu'elle est devenue seche et adherente aux tissus sous-jacents elquc le poil qui la recouvre est terne et pique. Ces medicaments sont ceux qu'on appelle generaletnent expectorants ou bc-chiques incisifs, tels sent les preparations d'antimoine, ou alterants, tels que le soufre et le sulfure de potasse. De la sorte, il place dans le cliapitre des sudorifiques ces deux ordresde medicaments qui lui paraisseniegalcment convenables centre les dartres, la gale, les eaux aux jam-Les , la bronchite et la pneumonia.
Tous les faits conmis repoussent cette maniere de voir. J'ai souvent employe les sels d'antimoine chez les clie-vaux atteints de morve ou de farcin, et je les ai toujours vus a la longue faire perdre Tappetit, maigrir et donner ä la peau de la raideur et la secheresse, alors qu'elle n'en avait pas auparavant, et jamais je ne les ai vus changer cet etat lorsqu'il existait.
Quant au soufre, Collaine I'a, dans le temps, employe ä tres haute dose dans le traitement de la morve et du farcin , et je ne sache pas qu'il en ait obtenu la diaphor^se. Goliier et moi nous en avons fait le meme emploi tliera-peutique, et nous nous sommes assures qu'ä haute dose, depuis 16 grammes jusqu'ä 125 et meme plus, et apres en avoir continue I'usage pendant 8 ou 10 jours, il avrele I'appelit, trouble la digestion, cause I'amaigrissement , vine diarrhee copieuse et fetide et la mort. A la dose de 32 grammes, pendant 2 ou 3 jours nous obtenons la purgation des chiens atteints d'affections psoriques.
Lorsque la diaplioreso a lieu , de quelque maniere quo
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ID'J ce soil, spontancinenl ou ariificiclleineni, au trouble , !\ l'agitation generale et ä la secheressc de la peau, ou bien au refroidissemenl de ce tissu, ä la raideur du corps et ä la courbature, succedent one clialeur moins vive dans le premier cas et une temperature plus elevee dans le deuxieme ; la face et les paupieres se gonflent ainsi que les veines sous-cutanees, le poil commence ä devenir plus doux , puis s'humcctc , le pouls s'elargit s'il etait resserre ou s'agrandit s'il etait faible et deprime et il prend de la frequence ; la sueur commence ä se ramasser sur le corps qui se couvre de goutelettes; enfin eile peut devenir as-sez abondante pourcouler sur les yeux, jusqu'aubout de la tete, et sous le venire ä sa partie declive.
Quelques effets secondaires resullent de Femploi des sudorifiques. En augmentant la secretion de la peau , ils diminuent celledes inteslins, d'oii resulte une constipation d'autant plus opiniätre qu'ils som plus prolonges. Ils pro-voquenl aussi la soif el mcme si on se sert des substances excitantes comma fammoniaque, une salivation plus ou moins abondante et im peu de degoüt, symptomes qui ä la verite nc tardentpas ä se dissiper.
Malgre ce que nous avons dil du peu d'efücacite des sudorifiques cliez les animaux, le cheval seul pouvanlen oprouver quelque effet, on les a recommandes dans un grand nombre de maladies.
On les a recommandes comme preservaiifs du typhus el des maladies contagieuses, dans le but d'empecher I'ab-sorplion par les surfaces cutanee et pulmonaire , et d'ex-pulser par leur moyen les miasmes qui auraicnt pu dejä penetrer dans le corps. Ces medicaments, dil Bourgelat, qui prennent alors le nom d'alexileres, se donnentdansle vinaigrc ou 1c vin affaibii par I'eau , en poudre ou en in-
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200 fusion. Le camphre est le plus puissant alexitere. Cequi nous montre que ces pretend us sudorifiques sonl tout aussi bien des stimulants.
Sans affirmer qu'on ait obtenu precisement ce qu'on attendait de ces medicaments, ce dont on peut douter quand on connait ce que nous avons dit sur la difficulte de procurer la sueur meme chez le cheval, k 1'aide des sudorifiques , toujours est-il que Flandrin sen est servi pour les moutons ä preserver ou a guerir de la maladie de So-logne, qua Tessier les a encore presents apres lui, et que I'ecole d'Alfort a ensuite employö et recommande l'esprit de mindererus, acetate d'ammoniaque conlre le typhus des beeufs de 1814. Amon avis, ces medicaments n'ont agi qu'ä la maniere des excitants et comme capables de relever les forces. C'est sans doute au meine litre qu'on emploie I'ammoniaque., I'alcool succine, l'eau de luce contre les morsures de la vipere,chez les animaux.
On les emploie en general pour faire avorter les maladies naissautes au moyen dune transpiration copieuse. J'ai dejä parle de cette medication ä propos des excitants. Pendant que le corps est dans cet etat de brisement qu'on appelle courbature, que la peau et le poilsont sees , ainsi que cela s'observe en hiver el par les temps humides ei frais j au debut du coryza, de la bronchite, de la pneu-monie; mais dhs qu'un point est le siege d'une congestion ou d'une inflammation, il faut les cesser sous peine d'aug-menter le mal.
II conviennent aussi au debut de toutes les affections eruptives, quand les malades sont affaiblis par des maladies anterieures, quand ils offrent peu de fievre et de reaction, que la peau est seche et non congestionnee, quand Teruption ne suit pas les periodes ordinaires,
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201 quelle parait lartguissante ou qu'elle rentre: Coquet, Vi-borg, Saniin et tous les auteurs qui ont ecrit sur la va-riole, sontd'accord sur ce point.
Dans les aifections lymphatiques, la morve, ie farcin , les sudorifiques, ont ete et sont m^me encore souvent employes. Quant aux hydropisies , outre que la medication sudorifique n'est pas tres-puissante contre elles, les chiens et'les moutons, chez lesquels cette maladie est le plus commune, sont precisement des animaux qui ne suent pas ou presque pas.
Le rhumatisme aigu est une des affections oü on se sert le plus des sudorifiques ä l'interieur et ä l'exterieur. Le rhumatisme chronique en exige egalement l'emploi, quoi-que leur efficacite y soit moins prouvee; il faut plutöt dans ce dernier cas se servir des excitants aromatiques et spiritueux et des sudorifiques externes de meme nature, tels que les eaux minerales. Dejä quelques veterinaires ont obtenu d'heureux resuliats de l'application de la boue chaude des eaux minerales et des douches, dans le trai-tementdes vieilles douleurs rhumaiismales des membres, chez le cheval et le chien.
Les sudorifiques peuvent etre nuisibles dans une foule de cas; il est reconnu que leur usage prolonge fatigue, et s'il est porte trop loin, peut jeter le corps dans une granclc debilite. Bourgelat, ä traversle fatrasdes theories de son temps, abienfait sentir cette verite {MatiereMedicale, tome 1er, page 98). Ceux qui sonl trop actifs peuvent en outre causer l'irritation des viscferes. On remedie aux mauvais eflets des sudorifiques, lorqu'ils ont produit des sueurs trop abondames, par la cessation des boisspns chaudes , par l'exposilion graduee du corps a l'air, par l'emploi des astringents , des toniques.
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Corame ils augtnentenl la rapidite de la circulation , qu'ils font affluer le sang en plus grande abondance dans tous les tissus, ii est evident qu'il faul se garder de les ad-ministrer toutes les fois qu'il existe line congestion ou une inflammation dans quelque organe, dans les lesions orga-niques du coeur et du poumon, et generalement aussi dans toutes les productions morbides qu'on appelle ordinaire-ment degenörescences organiques, les squirrhes, les en-cephaloides. Unprejuge trop generalement repandudans les campagnes, vcut que presque toutes les maladies tien-neni a un chaud et froid, ä une suppression de la transpiration ; aussi, cherche t-on ä la retablir au moyen des sudoriliques les plus energiques, ce qui n'a d'autre rc-sultat que d'aggraver la maladie. Dans cescas, si l'on veut produire la sueur, il faut le faire ä l'aide deboissons emol-lientes chaudes ei en abondance, et employer, en memo temps, lesmoyenssecondaires, ü l'aide desquels on fa-vorise la diaphorese.
On recommande de ne pas donner de sudorifique quand une crise s'opere par une autre voie et notamment par les urines; et dans les crises meines qui ont lieu par les sueurs, on ne doit pas aider ä cetie secretion par des su-dorifiques actifs. Pour ne pas troubler la nature on ne doit se servil- que de sudorifiques fort doux el les employer avec mcnagements.
Au reste, il est une regle de therapeutique qu'il ne faut jamais oublier, c'est qu'il ne faut tenter la medication par les sueurs que quand les conditions de licux, de temperature, etc., lendent a favoriser la diaphorese; car, comme le dit Bourgelat, ses effets sont contraries par io froid auquel on expose les animauxetparrair froid qu'iis respirent.
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203 Des llterins.
Les uterins sont des medicaments excitants, mais qui ont une action speciale sar la matrice.On les appelle aussi emmenagogues eti medecine humaine , parce qu'on ieur suppose le pouvoir de faire couler plus abondamment !es regies ou de les ramener quand olles sont supprimees. Mais les regies n'existent pas chez les animaux.
Les medicaments de cetto classe sont la rue, la sabine, le safran et le seigle ergote. Bourgelat y jointlarmoise, rarisloloche , la matricaire, medicaments dontraclion esi fort problematique chez les animaux.
Suivant Huzard, la rue odorante provoquc les clialeurs dans les femelies; sa decoction active la sortie du delivre dans les femelies faibles et pen irritables. Moiroud so borne ä dire qu'ellc determine les phenomenes de la medication stimulante et qu'elle excite Tuterus , cela esi trop vague. Orfda qui I'a experimentee sur les chiens dit qu'elle pent produire une inflammation du tube digestif, en general pen vivo ; et que son huile essentielle , intro-duite dans les veines, agit h la maniere des narcoliques. II ne parle pas de son action sur I'uterus. On la prescrit en poudre dans du vin on dans de l'extrait de genievre , ou mieux , fraiche et infusee dans leau ou dans une liqueur fermentee. A la dose de 64 a 192 grammes ( 2 ä 6 onces) pour les grands animaux et pour les pelits de IG ä 32 grammes. On cmploie aussi son extrait. Sa decoction esl donnee en fomentations , en bains.
La sabine passe pour etre plus active ; on la donne dc meme.
Le safran est h la fois un excitant general, un anlis-pasmodique et un ulerin.
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Le seigle ergole passe pour 6tre le plus actif des ule-rius. Plusieurs praticiens assurent qu'il aide ä l'expulsion du delivre, et qu'il provoque les contractions de Tu terus dans le cas d'inertie. Je l'ai donne, pour raon compte, k un grand nombre de chiennes dont la matrice n'entrait plus en contraction, apres plusieurs jours de douleurs, et j'avouerai que son effet a ele tellemenl peu prononcc que je ne puis pas decider s'il a reellement con-tribue ä l'accomplissement de la parturition. Le plus grand nombre des chiennes et des chattes auxquelles j'ai donne la poudre de seigle ergote sont mortes d'entero-metrite sans avoir pu faire leurs petits.
Medication uterine. — Chez les animaux on ne donne des uterins que pour provoquer les contractions de l'uterus; et l'occasion de les employer ne se trouvc que dans le cas d'inertie de la matrice. On appelle aiusi I'aflai-blissement de la coniraciilile de cet organe, lequel pent survenir ä trois epoques, au commencement de la partti-rition, pendant son cours et ä la fin, a l'epoque de la de-livrance.
On a distingue une inerlie primitive, auterieure aux douleurs , et une inertie qui survient par epuisemen t apres que le travail a dure un temps plus ou moins long et qu'il n'apu s'achever, La premiere se reconnail a l'absence de douleurs , de dnrete et de tension de l'abdomen et de l'o-rifice uterin , ä ce que l'orifice ulerin est libre et dilate , que la main s'y introduit facilement, que les mouvemenls du foetus sont libres et les membranes intactes ; la deuxieme est caracterisee par la tension du venire qui est dur,sensible et chaud, par l'etat du col uterin dontlos bords sont durs et souvent epais , par la rupture des membranes et l'ecoulcment des eaux; l'orifice de l'uterus se res-
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205 scrre sur la main de Toperateur que cette compression fatigue beaucoup.D'une manure generale on pent dire que la lenleur , l'eloignement et la faiblesse des contractions de l'uterus et quelquefois leur suspension totale , carac-terisent l'inertie de la matrice. La premiere de ces espe-ces d'inertie est la seule ä considerer.
C'est dans ce cas qu'on a propose les uterins; mais avant d'y avoir recours,il faut toujours les faire preceder de l'emploi des moyens ordinairement usites en pareil cas, telsqueles boissons legerement excitantes, les frictions de la peau , les fumigations sous le ventre, la promenade legere si le temps le permet, le renouvellement de l'air de Thabitation s'il est use, les lavements excitants , des bains tiedes pour les petites femelles.
Si ces moyens echouent on passe aux uterins; mais si malgre leur.emploi l'inaclion de la matrice persiste, ilfaut agir pour operer I'accouchement. Au reste la main ello-m£me est le premier des uterins, et les praticiens savent fort bien que linlroduction de la main suffit dans le plus grand nombre des cas pour exciter la contractilite de l'uterus. On s'accorde generalement sur ce point qu'il faut sn häter de retablir la position du foetus si eile n'est pas favorable, et d'operer raccouchement des que les eaux sont ecoulees, sans compter sur l'aclion des uterins.
On ne doit pas les employer quand le ventre est douloureux et tendu, et si on les avait donnes il faut les cesser des que ces symplomes se montrent.
Quant ä l'expulsion du delivre, les veterinaires ne sont pas dans l'usage de la provoquer par les uterins, tant quo Tetat general des animaux reste bon. On ne sen occupo que quand lesmamelles restent affaissees et que lafemelle annonce du malaise par les balancements convulsifs de la
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206 queue, le pietinement, le deplacement frequent du corps, et les contractions des muscles abdominaux. Ces sympto-mes annoncent rinflammation de I'ulerus.
Chez les petites femelles le sejour de 1'arriere faix four-nit bien rarement Foccasion d'etnployer les uterins.On sait que les femelles les mangent ä mesure qu'ils se presentent et apres la sortie des petits. Du reste la sortie du second petit entraine toujours celle de l'arriere faix du premier place dans la m6mc corne, en sorte que le dernier ou lesdeiix derniers placentas au plus, peuvent etre retardes. La mere s'en delivre avec les dents des qu'ils paraissent, ets'il en reste quelques parties, ce que I'ecoulenfient sa-nieux ou brunätre indique, des injections emollientes diri-sees dansle vagin suffisent pour les faire expulser.
Des excitants du Systeme musculaire dits excitatetcrs.
On donne ce nom aux medicaments qui exerccnt une action excitante sur les parties du Systeme nerveux qui president ä la contraction musculaire. Leur action est analogue ä celle des autres excitants, seulement eile se porte sur certains organes. Or, comment agissent les excitants? c'est en augmentant Tactivile soit du Systeme nerveux en general, pour les excitants generaux; soit des reins, pour les diuretiques, etc. Les excitants du Systeme musculaire agissent done surappareil musculaire demanierea determiner des contractions plus ou moins violenjes , plus ou moinsconvulsives. Les medicaments de celte espece sont: 1deg; la noix vomique; 2deg; le rhustoxicodendron; 3deg; le seiglc ergote; 4deg; I'electricite; 5deg; I'acupuncture.
Si on se demande maintenant dans quels cas on doit les employer , on comprendra d'apres ce que je viens de dire
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207 qu'il faut les employer dans les niemes cas quo les excitants. Nous avons vu ä propos des stimulants en general qu'il fallait les donner lorsqu'il y avail faiblesse , adyna-mie , et les cesser aussitot qu'ils produisaienl la douleur, et des symptömes d'irritation. II en est de meme des medicaments dont il s'agil, e'est centre la faiblesse des parties du syslöme nerveux qui president ä la locomotion qu'il faut les administrer. On congoit que s'il y avail quelquc alteration anaiomique , un ramollissement, une degene-rescence de ces parties , tous !es excilateurs n'y ramene-raient pas le mouvement, de meme que si I'urine ne coulc qu'en petite quantite parce que les reins sont desorgani-ses, les diuretiques ne la feront pas couler davanlage. Ainsi e'est dans le cas de simple faiblesse sans lesion orga-nique qu'il convient de les donner. Je reviendrai sur les diverses maladies danslesquelles on y a recours, en par-lam de la noix vomique et de la strychnine.
1deg; De la noix vomique. Slrychnos vornica. — Les hippiaires el les marechaux s'en sont servis depuis long-temps contre la morve el le farcin; ils faisaient un secret de leur emploi. Les experiences entreprises par MM. Des-portes, Delile, Magendie, Orfila et Segalas porlerent le professeur Fouquier ä s'en servir dans les cas de paraly-sie , el il lira les conclusions suivantes de scs experimentations : 1deg; la noix vomique fait naitre des contractions fortes el permanentes ou des secousses convulsives des differents musclessoumis a l'empire de lavolonte, apart le diaphragme qui en est pen frappe ; 2deg; souvent la seulc contraction qui ail lieu est celles des muscles paralyses , et reffet de la noix vomique est d'autanl plus actif que la paralysie etait plus complete; 3deg; les effets de cette substance ne se manifestem pas lonjours par les memes
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208 phenomenes; lanlot eile fail eprouver un simple resser-rement de poitrine ou un tressaillement soudain et instan-lane, tantöt une sensation de chaleur vive, Taugmentation de sensibilite des parties malades, ou des tiraillemenls et des crampes. A des doses plus fortes eile cause de l'anxiete, de l'agitation, des battements de coeur, des sueurs et meme un etat tetanique general.
Tndependamment de ces effels specifiques , il en est d'autres qui appartiennent au tube digestif qui sent I'aug-mentation de l'appetit, la rarete des evacuations alvines, une sorted'ivresse.
Donnee, chez le chien, ä 2, 3,4 grammes, eile fait eprouver d'abord des contractions legeres des membres avec extensiondes doigts, uneaugmentation de sensibilite detout le corps et sur tout de la colonne epiniere, au point que I'at-touchement de cette partie fait rebondir I'animal comme un ressort qui se detend; la respiration est pressee , ha-letante; le chien ouvre la bouche et salive. Des convulsions surviennent, d'abord legeres,puis plus fortes; il re-bondit sur le sol, tombe et s'agite plus ou moins long-temps. La töte est renversee en arrtere comme dans le cas d'opisthotonos. Le corps est tout d'une piece, si on le soul^ve.
Rarement une seule attaque emporte-t-elle le chien .'II y en a plusieurs suivies de remission, et il meurt dans une derniere plus forte avec convulsion des yeux , dilatation des pupilles et dyspnee extreme.
M. Barthelemy dit que 3 ä 4 decigrammes (7 ä 8 grains) suffisent pour tuer un loup et par consequent un chien. On ignore au bout de combien de temps la morten suit I'admi-nistralion. Dans plusieurs centaines de chiens que j'ai ou-verts, j'ai constamment trouve les aliments peu ou pas
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209 alleres dans l'estomac; ce qni prouve que le vomissement s'opöre rarement d'une maniere spontanee dans cet em-poisonnement. 11 est toujours provoque par l'art.
Nos diverses especes d'animaux supportent differem-ment cette substance. Les carnivores sont ceux chez les-quels eile agit le plus energiquement; les herbivores resis-tent davantage ei surtout les volatiles. Ainsi les poulesen supportent de plus fortes doses que le cheval.
On trouve dans la noix vomique trois alcaloides vege-taux, la strychnine, la brucine et l'aide Igasuriqne du nom de la feve st-ignace. Le plus actif et celui qu'on emploie uniqnetnent est la strychnine. Quant aux diverses preparations qu'on fait subir ä la noix vomique, I'extrait aqueux ost plus actif que la poudre, mais il Test moins que I'extrait alcoolique.
Moiroud semble croire d'apres les experiences de MM. Dupuy et Lassaigne que la noix vomique ingeree dans I'estomac n'est pas absorbee, parce que le sang d'un animal empoisonne a ete sans danger pour un autre dans les veines duquel on I'a introduit. II en a etc de meme de la chair d'une poule empoisonnee dont un chien mangea, sans en eprouver d'inconvenients. Ccpendant la noix vomique est tellement bien absorbee que, si on en introduit dans le lissu cellulaire sous-cutane, on voit se pro-duiretous les phenomenes de rcmpoisonncment. II paratt meme qu'elle est tres-rapidement absorbee, ce dont on pent s'assurer lorsqu'on I'administre par la methode en-dermique, en la mcttant sur la pcau prealablement do-nudee de son epiderme.
La noix vomique a ete employee par les vel^rinairos dans plusieurs especes de paralysics; dans celle qui sur-vient apres la maladie des Jeunes chiens, dans celle des
tome it.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;14
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vaclies qui se montre aprös le part et qui scmblc due :raquo; rimpression dn (Void, clans cclle des chevaux qui depend Je la m6me cause ou d'efforts des lombes.
Je l'ai donnee au chicn, en poudre, depuis I ou 2 decigram, jusqu'ä 5, 7 et 10; le traitement a ete pro-longe, chez quelqucs-uns, un, deux ou plusieurs mois , avec l'attention d'en suspendre de temps en temps I'nsage quand on apercevait I'engourdissement general et l'injec-tion des conjonctives, et plus particulieremwit la sensi-bilite des lombes et des contractions spasmodiques. Quel-ques chiens ont retrouve de la force dans les lombes, l'atrophie des muscles a disparu, et ils se sent rctablis ; d'autres ont repris du mouvement, mais sont restes fai-bles et chancelants; la plupart ont conserve leur para-lysie.
Chez les chevaux et les vacbes, j'ai eurecours au merne traitement pendant un mois et plus , la dose etant de 8, 16 gr. et meme 32 gr., sans que j'aie pu reveiller la con-tractilite des muscles des membres et des lombes, de maniere ä permettre aux malades de se lever el de se soutenir.
En 1822, ä 1'ecole d'Alfort, M. Barthelemy a essaye la noix vomique sur les chiens atteinls de paraplegic. II la donnait rapee et en suspension dans I'eau, depuis 2 jusqu'ä 3 et 10 decigr., en laissant un jour ou deux de repos, lorsque les chiens paraissaient fatigues. Les trois chiens sur lesquels on I'essaya guerirent tr^s-bien. M. Rigot la essayee une fois aussi et avec succes.
Plusieurs veterinaires, MM. Taiche , Hure, Clichy, Revel, Chariot, I'ont employee dans les chevaux et les grands ruminants, de 4 ä 32 et 36 grammes. 11s ont ob-tenu des guerisons; mais presquc tons ont employe en
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memc temps la saignee, les exutoires et les frictions initantes.
Au resle , il fant se rappeler que la noix vomique nc doit pas etre essayee tant qu il rests de I'inflammation , line congestion ou une vive excitation nerveuse; cc medicament ne ferail alors qu'augmenter le mal.
2deg; Le rhus toxicodendron , dit encore sumac vene-neux, appartient ä la famille des terebenlhacees. Trousseau et Piduux le signalent comme une subslance analogue ä la precedente , et que M. Bretonneau de Tours, aurait employee avec succes dans les paralysies des membres inferieurs qui succedent ä des commotions de la moelle. On la donne depuis 15 centigr. jusqu'a 4 gram. Dufrcsnoy I'avait employee avanleux aux memes closes, et en avail obtenu des succes. C'etait I'extrait dont il se servait. On a conseille aussi i'infusion des feuilles recentes a 4 gram.
Merat et de Lens disent qu'il est generalement aban-donne. Les homoeopathes le prescrivent centre les maladies de la peau, parce que son contact produit une eruption cutanee.
J'enai donne le sue ä 32 gram, pendant deux jours; le chien qui etait devenu paralytique apres la choree, ne manifesta aucun trouble. Bosc dit que les chevaux en mangent les feuilles sans inconvenient.
Le rhus coriaria, sumac a feuilles do myrlhe, appele redon dans les environs de Montpellier, donne des convulsions assez semblables ä cellos de la noix vomique. J'ai vu, ä l'ecole, pcrir une chevre qui avail mange des feuilles de celte plante , et deux autres rester stupefiees, et sans appetit pendant trois jours.
3deg; L'electricitc et le galvanisme n'ont guere ete em ployes par les veterinaires. Le dernier, soul, I'a ete une
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fois. On conseillc d'y avoir recours pour les muscles de la vie organique.
4deg; L'acupuncture, qui consiste aenfoncerdes aiguilles metalliques clans diverses parties du corps, sur le trajct des nerfs, a ete peu employee.
Ce precede a commence ä ctre applique d'une maniere assez generale vers 1810. En 1823, M. Girard fils en fit le sujet dun article qu'il insera dans le Recueil de mede-cine veterinaire. M. Bouley jeune fit aussi quelques essais. Depuis cette epoque , les ecoles et divers veteri-nairesl'ont employee souvent.
Je laisse de cote ce qui a rapport au procede. Quant aux resultats, apres avoir pratique plusieurs fois cette operation sur des chevaux et des chiens, il m'a semble que quelques-uns avaient eprouve du soulagement, et d'autres meme ont gueri. Mais dans des cas sembiablos j'ai souvent aussi obtenu des guerisons par la cauterisation actiieile, le moxa, le vesicatoire, les setons, et meme par des frictions irritantes simpiement. L'ecole d'Alfort n'en a pas obtenu de succes sur une vieille truie paralytique. M. Chanel a gueri un chien aiteint de choree chroniquc d'un membre; M. Bouley jeune n'a pas reussi sur trois chevaux atteints de claudication de vieux mal ou de pa-ralysie. MM. Prevost, Clichy et Flammes disenl avoir gueri de vieux rhumaiismes des membres dans le cheval, et le dernier une paraplegic poslerieurc dans le boeuf; mais il avail employe en memo temps la noix vomique et des frictions irritantes.
En resume, racupunclure n'a pas obtenu des succes assez nombreux pour qu'on puissc la regarder comme un remede efficace. Toutefois, en ce qui concerne les claudications anciennes, ieur siege est trop peu connu
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pour qu'on puisse s'assurer qu'on a dirige le moyen con-tre lui.
Des Diuretiques.
On donne le nom de diuretiques a une classe de medicaments qui jouissent de la propriete d'augmenier, d'une maniere speciale, la secretion des urines. L'expression de diurfese exprime I'activite secretoire plus grande qui en resulte de la part des reins (du grec, reo je coule , dia ä travers, ourai la vessie).
Des medecins modernes ont nie qu'il y eüt de verilables diuretiques. Voici les raisons de cetle erreur ; lorsqu'une inflammation occupe un organe, toutes les secretions, aussi bien celle des reins que celle de la peau, sont sus-pendues ou diminuees; les emollients, les antiplilogis-tiques, en agissant contrel'inflammation, favorisent ainsi le retour de la secretion urinaire comme de toutes les autres. De meme les toniques et les excitants, en aug-mentant les forces et l'absorption generale, favorisent la secretion urinaire; done ils sont diuretiques. Les medicaments ou les circonstances qui diminuent la secretion de la peau, les astringents, le froid, I'humidite, augmenlent par contre celle des reins; done ils sonl aussi diuretiques. \insi il n'y aurail pas de veritables diuretiques, mais une foule de medicaments fort varies jouiraient de cetle propriete.
Cependant il y a des medicaments qui agissent d'une maniere speciale sur les reins sans avoir d'effet genera I hur I'economie; tel est le sei de nitre, par exemple. Quelle que soil la forme solide ou liquide sous laqucllc on donne ce sei, les phenomencs pliysiologiques qui so rnanifeslent aprcs son administration, n'incliquent qu'une
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simple excitation des voies urinaires. II en est de meme de la sciüe et de la digitale pourpree, quoiqu'elles exer-cent une action sedative sur I'economie, action qu'on a utilisee dans la medecine humaine, dans le traitement des maladies du cccur. En eiTet, Temploi de la digitale diminuele nombre des battements du cccur, ainsi que leor intensite. Quant ä la maniere dont quelques auteurs ont voulu expliquer l'action de ces deux derniers diurctiques, eile ne me parait pas naturelle. Ils ont pense qu'ils pro-voquaient rabsorption des hydropisies, et que ce n'ctait que consecutiveraent au trop plein des vaisseaux que I'u-rine ctait secrelce en plus grande abondance. II est d'observation cependant que, lorsque la scille et la digitale n'irritent pas trop vivement la muqueuse gaslro-intesti-nale, elles produisent un effet diurctique, et cela sous quelque forme qu'on les donne, el lors mamp;ne qu'il n'exisle ni epanchement ni oedeme.
II ne faut pas considerer comme diuretiques tons les medicaments qui agissent sur les voies urinaires. La soude et la potasse modifient les proprietes de l'urine sans aug-menter sa quantite. Les canlharides et la terebenthine pa-raissent exercer une action remarquable sur la vessie et l'uretre. Ce nesont poortant pas des diuretiques.
Les veritable^ diuretiques sont,les uns temperants, adoucissants; les autres actifs, excitants., aromatiques; on designe ces derniers sous le nom de diuretiques chauds. D'apres le regne qui les fournit on les distingue 1deg; en ceux du regne vegetal, la scille , le colchique d'au-tomne, la digitale pourpree, et d'autres moins actifs qui sont employes en infusion, la graine de lin, le chardon roland, I'arrete boeuf, le bourgeon des ceps de vigne muscats, etc. etc.: 2deg; en ceux du regne mineral, le ni-
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#9632;rate de potasse, le bi-carbonate de potasse et de soudc , lacetaie de potasse; 3deg; en ceux du regne animal, lurec. Tous les sels de la seconde classe ont cela de remarquable qu'ils nc sont nullemcnl excitants. Soit qu'ils augmentenl uu non la quantite des urines, jamais ils ne produisem l'acceleration dii pouls et l'elevation de la chaleur ani-male.
La scille maritime qu'on emploie en medecine, a etc en core fort peu experimentee sur les animaux. On assure que, si on on administre au chien plus de Ö grammes ( 2 gros ), olle donnc lieu a des vomissements et a des evacuations alvines, qu'elle amcne en outre la gene de la respiration , une congestion vers la tete, et par suite des veniges et des convulsions suivies quelquefois de la mort.
Administrce ä des doses convenables, comme ä 2 gr. pour les petits animaux , el 32 gr. pour les grands, clie excite les organes urinaires, et en augmentc la secretion en meme temps que celle des muqueuses , el particulie-rement de la muqueuse bronchique; aussi est-elle re-gardee en medecine comme expectorante, c'est-ä-dire , comme faisant cracher. La scille, par sa double action , est utile dans le traitement des hydropisies, surtout de celles qui ne sont pas accompagneesd'irritation, et dans celui du catarrhe pulmonaire chronique. Onrecommande de preference les preparations oü les principes de la sciilf sont dissous et fixes, l'oxymel et le vin scillitique. Si Ton craignait d'irriier la muqueuse de Testomac, on I'em-ploierait en frictions sur la peau. L'ecole d'Alfort a public des observations de guerison d'ascites chez le chien , ob-tenues par ces preparations.
Je ne sache pas que le colcluquc d'automne ait etc donnc cliez les animaux comme diuieliquc. On a cons-
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tale ses efl'ets deleteres sur les vaches et les pores qu'ii empoisonne.
La terebenthine agit d'abord comme excitant sur le tube digestif, et determine des evacuations alvines. Ab-sorbee ensuite, eile donne h l'urine une odeur de violette. Elle a ete donnee au cheval, a titre d'experience , el it la dose de 314 ä 378 gram, (de 10 ä 12 onces). Ses effets diureliques ne sont pas encore bien constates en art vete-rinaire.
11 faut en dire autant du copahu que plusieurs prati-ciens et moi-meme avons employe dans le traitement de la morve, centre laquelle son action est aussi incertaine (ju'elle Test sur les reins comme diurelique. On I'admi-nistre melangee au miel, ä la melasse ou au jaune d'oeuf-
Les diuretiques salins sont bien plus generalement employes , a cause de la facilite qu'on a de les dissoudre dans I'eau, dans des decortes, des infuses appropries el destines i seconder leur action, et ä cause du peu d'eieva-lionde leur prix. On les donneä la dosede32 ä 125gram. au cheval et au boeuf, et de 32 ä 64 gram, pour les petils animaux. 250 gram, de sei de nitre donnes ä un cheval, ä litre d'experience, lui ont cause une violente inflammation des voies intestinales et urinaires, et Toni, fait perir en 24 heures.
Medication diuretique. — Je l'ai deja fait connaitie en partie. Ceux qui sont dits chauds, stimulants, ont d'abord une action immediate sur la muqueuse du tube digestif qu'ils irritenl ou enflammenl plus ou moins forle-ment, suivant leur dose el leurespece; absorbes ensuite, ils vont agir sur les reins. Les autres diuretiques ne pro-duisent ces memes symptomes qu'a une dose fortelevec. Ilni3 fois parvenues aux reins, les parlies absorbees do.
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217 ces medicaments augmenlent l'abondance de la secrelion urinaire. En privant ainsi le sang de sa panic sereuse el en diminuant sa quantile, ils favorisent l'absorpiion de la se-rosite el de tout ce qui pent etre resorbe, soitdans le lissu cellulaire, soit duns les caviles sereuses.
Parmi les diuretiques il en est qui, comme la scille or la digitale , prodiiisent leurs efl'els, soit qu'on les applique sur la peau , soit qu'on les inlroduise dans le tissu cellulaire sous-cutane. C'est ä cause de cette propriete qu'on les emploie en fomenlalions el en frictions sur 1c venire deshydropiques, surtout lorsqu'on craintd'enflam-mer la muqueuse gastro-inteslinale ; car, dans ce cas, les diuretiques agiraient comme purgatifs et ne seraient pas absorbes.
Jetton therapeutique. — Les diuretiques ne peuveni pas etre continues trop long-temps sans danger pour la muqueuse desvoies digestives et pour les reins. Quoiqu'ils puissent agir faiblement, lorsqu'on les failprendre sous la forme de poudre, c'est toujours en solution qu'on les donne; une seconde condition favorable ä leur action, c'est de les donner dans un liquide chaud; une troisieme condition est la fraicheur de l'air exterieur. On sail que les urines sont plus abondantes en hiverqu'en ete; lepra-licien devra done avoir egard a la temperature exterieure dans l'emploi qu'il fera des diuretiques. On les emploie dans trois circonstances : 1deg; dans les maladies aigues en general; 2deg; dans les inflammations des reins, de la vessie oude I'uretre; 3deg; dans les oedemes, les hydropisies
Dans les maladies aigues en general, les diuretiques non excitants, tels que ceux du regne mineral, con-viennent, comme on disait autrefois, pour temperer ia chalenr du sang. En augmentant l'activite des reins on
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comprend qu'ils doivcni diminuer la quamite du saugqui afflue dans la panic malade; c'est ä cc tilre qu'ils sont lemperants. Gelte action est aussi ce qu'on appelle uno derivation; ils attirent, ils derivent sur les reins, le sang dont ils evacuent en meme temps une partie.
Ils ont aussi une double action dans les inflammations des reins et de la vessie; d'abord ils diminuent la congestion sanguine qui se fait dans les reins, en evacuantune partie du sang par les urines; de meme qu'un purgaiil fait souvent un excellent elfet dans l'inflammation du foie. iin outre, comme l'inllammation du rein tient dans beau-coup de cas a la presence d'un caleul, I'urine pent en dis-soudre une partie ou du moins facililer son glissemenl. En second lieu, Taugmentation de la quamite de I'urine la rend plus claire, plus aqueuse, moins chargee en sels, en acide urique, et, par consequent, son sejour dans la vessie et son passage dans I'uretre moins douloureux et moinsbrülants. On comprend facilement que ce que je dis ici des maladies de l'appareil urinaire, ne s'applique pus aux paralysies de la vessie d'oü resulte I'incontinencc d'urines, maladie dans laquelle les diuretiques devien-draient une source de souffrance.
Quant aux oedemes, aux hydropisies, les diuretiques sont employes contre eux avec avantage. Les infiltrations qui accompagnentles fievres muqueuses^ I'anasarque, les liydropisies anciennes des grandes cavites reclament I'em-ploi des diuretiques stimulants. On les emploie encore versla fin de certaines maladies aigues et pendant le cours des maladies chroniques, avec suppuraiion interne ou menace d'epancheinent.
On associe aussi la scille et la digitale au vin, au vinaigre et on y ajoute du nitrate depotasse. Cespreparations sont
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219 en meme temps toniqucs et astringentes, el convienncnt chez les sujets affaiblis atteints d'hydropisie, cominc dans la pourrituro des grands et des petits ruminants, dans le farcin avec oedeme du dessous du venire et infiltration des jambes , dans les eaux aux jambcs qui ont vieilli, dans les longues convalescences pour prevenir les infiltrations.
Stimulants de la membrane hncccde et des glandes salivaircs.
On appeile salivants ou sialogogues les medicaments qui provoquent la salivation lorsqu'on les applique sur la peau ou sur la muqueuse buccale, et masticatoires ceux que Ton fait mächer.
II faut distinguer la veritable salivation, de celle qui depend d'un gonflement de l'arriere boucbe, par suite du-quelceliquide ne pouvant traverser I'oesophage, est rejciii par la bouche.
Le seul sialcgogue connu est le mercure; encore agit-il d'une maniere peu active chez les animaux. Bourgelat et Vitet I'ont experimente. Suivant le premier, ä hautes dose s il produirait un gonflement des parotides, des glandes sous-maxillaires, desgencives, du voile du palais et memo de i'exlerieur de la tele; il sort de la bouche beaucoup dc salive d'une odeur fetide, la mastication ne pent s'effoc-tuer, et ä cause du gonflement du voile du palais, la dc glutition est tres-difficile; I'animal peed ses forces et peril le troisieme ou le quatrieme jour, sice gonflement ne diminue pas.
Cetteimpossibilitedeladcglutitionncdoitprobabiemciu pas se renconirer au memo degredans leboeuf et Ic chicn qui n'ontpas, comnie le clicval, le voile du palais aussi lapproche de la base de la laogue et aussi pen mobile.
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Ainsi, suivani Bourgelat, le mcrcurc ä doses un peu fortes expose ä de graves dangers, et si on le donne a trop faibles doses il ne produit qu'une salivation peu abon-dante. Quelques vcterinaires parlent d'abondantes saliva-lions qu'ils auraienl obtenues par les frictions mercurielles faiies sur la peau qui couvre lespace intermaxillaire el sur les gencives. Je dois avouer que j'ai plusicurs fois employe ces frictions avec la pommade mercurielle sans ob-tenir les memes rcsultats.
On a employe autrefois les frictions mercurielles contre lamorve pour resoudie l'engorgeineni des ganglionssous-maxillaires. On en continue l'emploi aujourd'hui et on par-vient parfois ä le resoudre; le plus souvent elles restent sans effets et la secretion de la pituitaire s'en accroit. Les frictions mercurielles, peu actives sur la pcau du bocuf, nuisibles au moulon dont elles fonttomber la laine, sont generalement abandonnees aujourd'hui.
On peut produirela salivation d'une autre maniereet par d'aulres medicaments, tels que I'assa foetida, le camphre, le pyrethre , le gingembre, le poivre, les feuilles de be-toine, Tail, la poudre de moutarde , le sei de cuisine, le sei ammoniac, qu'on reduit en poudre, qu'on delaie et dont on forme une pale que Ton met dans un sachet ou dont on enduit une bände. Lc sachet est attache au mors de ia bride ( nonet) et la bände roulee ct cousue amour d'un mors en Lois dit billot, que 1'on place dans la boucbe des grands herbivores, de la meine maniere que la bride.
L'effel immediat de ces substances sur la muqueuse., est de delenniner une irritation de la muqueuse, et par Sympathie , une secretion abondante de salive. En general, ces moyens congestionnent la t6te; anssi, sont-ils conire-indiqucs touics les fois qu'une parlie de la tete, les yeux
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'ill surlout, sont enflammes. II en esl de meine de la rougeur, de la sccheresse et de la chaleur de la bouche; enfin, il taut les cesser encore quand, pendant leur emploi, I'appc-litdisparait, que la bouche et la peau s'echauffent et que la constipation survient.
Ces medicaments u'agissent pas seulement localemem ; et comme ils sont dissous par la salive, ils arrivent dans l'estomacavec unequantile de ce fluide plusgrande qua I'ordinaire •, ce qui a pour avantage d'activer la digestion. Aussi les masticatoires, en medecine veterinaire, ne sont pas employes dans le meme but que dans la medecine hu • maine. Dans la derniere, c'est comme derivatifs et comme evacuants qu'on les donne; dans la premiere, c'est comme toniques.
Ainsi, ce n'est pas a proprement parier comme sialogo-gues qu'on emploie ces medicaments; c'est comme toniques, comme excitants , comme antispasmodiques qu'on les administre. Cetle maniere de donner ces differents medicaments est fort commode parce que nous n'avons aucune violence a exercer centre les animaux pour les leur faire prendre. C'est done aus articles speciaux oü chaeun de ces medicaments est traite, qu'ilfaut renvoyer-C'est sous cette forme que M. Gohier donuait le camphre dans la dysphagie spasmodique.
Cette maniere de faire prendre les toniques et les excitants esl bonne cliez les chevaux condamnes a un trop long repos, qui acquicrent de l'embonpoint el contractent des infiltrations du fourreau et des jambes; cliez les animaux neurris avec des fourragesinsipides,aqueux ou mal recoltes; chez les ruminants qui vivent dans des palura-ges humides, dans l'liiver ot pendant le regne des brouil-lards et des pluies. Ces medicamenis ainsi administres ,
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222 peuvent servir, par consequent, de rnoyens prophylacti-f|ucs contre la pourrilure, la phthisic vermineuse, etc. ; Mirtout si on joint a ces substances le sei, le far et ses preparations, et les substances qui sont a la fois toniques olanthelmintiques.
Des Errhins.
Le nom de errhin vient de en dedans et Jo rhin le nez, et 1'on pourrait croire que ce nom s applique ä tous les medicaments que Ton applique sur les fosses nasales; mais je ferai remarquer que la division adoptee en thera-peutiqne generate, diflere beaucoup de celle qu'on suit en pharmacie. Dans la derniere , on pent classer les medicaments, par la forme sous laquclleon les donne ou par la region sur laquelle on les applique. Dans la premiere, il faut evidemmenl les classer d'apres des proprietes ge-nerales communes a tousceux d'une meme classe. Je de-signerai done sous le nom d'errhins, les souls mddicamenis qui irrilent la pituitaireetproduisent lebrouemcnt lequel, chez lesanimaux, correspond ä Icternuement. Onlesap-pelle siernutatoires en medecine humaine.
Bourgelat compte au nombre des substances sternuta-toires pour les animaux, le poivre long, relleborc, la marjolaine, le tabac, la betoine, reuphorbe et le vinaigrc. On les donne sous forme de poudre , de liquide ou de va-ppur; quant aux nouels ou trochisques que ßourgelat re-commande d'introduire dans les fosses nasales, ils sont do nosjours abandonnes par les praticiens.
En provoquant I'ebrouement, ces substances determi-nenl une secoussc generale dans le corps et produisent sur-lout des changements dans Tapparcil respiratoire.D'abord i'ccoulemcntdu mucus qui sejourne dans les sinus de la tele
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oslfacilitö, ainsi que celiii du mucasquiestsccrclenormale menlouanormalcment dans la gorge cidanslesfossesguilu rales; la toux qui suit soiivenl rebrouenionl, agit de la meme maniere sur le mucus contenu dans les bronches
On emploieles errhins dans les syncopes, les asphyxies; ils excitent le sysicme nerveux, le sollicitem a enirer en action, et par la secousse ä laquelle parlicipent tous les muscles du tronc , ils raniment les forces de tous les or-ganes. Ils conviennent aussi pendant les accouchements, lorsque les contractions de I'uterus ne sont pas assez ener-giques et qu'on veut les exciter; apres les commotions vives accompagnees de stnpeur des sens et d'engourdisse-ments. Huzard en prescrit l'usage apres le coup de sang leger , et ä titrc de preservatif, pendant les chaleurs de l'ete, pour debarrasser les uarines des chevaux de la poussiere qui s'y accumuie; c'est l'eau vinaigrce qu'il re-commando pour cet usage.
Quant aux errhins emollients, irritants, etc., ils ne sont qu'un mode d'administration des emollients, des irritants et doivent etre renvoyes aux articles oil il est parle de la medication cmolliente on irritante.
Excitants de la muqueuse bronchique.
Ces medicaments ont aussi recu le nom d'expectorants , parcc qu'on suppose qu'ils favorisenl le rejet des matieres contenues dans les bronches. Dans sa Maticre Medicale, liourgelat les designe, comme les medecins de son temps, par le nom de bechiques incisifs, et Vitet par celui de detersifs pulmonaires. Moiroud les regarde comme des sudorifiques.
Y a-t-il vraiment des substances qui facilitent I'excrc-tion du mucus pulmonaire? Les praticiens le pensent en
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294 general, mais des auleurs metient cette action en doute. Ils croientque cette medication n'est pas bien caracterisee, et que l'emploi de ces medicaments se fait plus par suite dun empirisme traditionnel que par une juste appreciation de lours proprieles.
Si en effet il fallait prendre a la lettre le mot expectorants , comma synonyme de propre a cliasser les mu-cosites des bronches, il n'y aurait de veritables expectorants que ceux qui feraient naitre la toux, I'ebrouement ou le vomissement, actes pendant lesquels les matieres contenues dans les voies respiratoires sont en general ex-pulsees : alors les vrais expectorants seraient les medicaments donl nous venons de parier sous le nom d'errhins, et les vomitifs pour les petits animaux, le chien et le chat. Mais si Ton entend parier, par cette expression , de medicaments qui aient une action excitante speciale sur le poumon, il me semble qu'il est permis d'admettre une veritable classe d'expeclorants, ou plulot de bechiques incisifs, comme les appelait Bourgelat.
Cette idee paratt d'autant plus vraisemblable, qu'on sait que dans I'etat physiologique certaines substances paraissent etre evacuees de preference par certaines voies, les miasmes par les infestins , Vhydrocyanate do potasse par les reins, los alcootiques, le camphre , et en general les substances volatiles par le poumon. Or, de meme que les reins , la peau, les parties du Systeme ner-veux qui president au mouvement, la pituitaire, ont leurs excitants speciaux, la muqueuse pulmonaire, de l'avis des praticiens, a aussi des excitants qui lui sont propres. 11s agissent sur eile comme tons ceux dent nous venons de parier, en y activant la circulation capillaire. J'ai monircdansl'etudc dc I'inflammation, que lorsqu'elle
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est parvenue ä sa troisicme periode, c'esl-a-dire , que lorsque la douleur et l'afflux du sang y ont cesse, la circulation y est ralentie, les materiaux du sang restent epanches dans les mailles du tissu cellulaire interstitiei, et que les produits de secretion muqueux et purulents sont abondants par ces deux causes. Dans ce cas, au lieu des emollienls qu'il fallait employer dans la premiere periode, il faut des moyens excitants qui aclivent la circulation, favorisent la resorption de tons les materiaux epanches dans les raquo;issus, et tarissent par consequent les ecoule-ments muqueux et purulems, en faisant cesser les causes qui les entretenaient. Tel est le cas dans lequel convien-nent les expectorants; c'est pour hater la resolution des maladies des bronches et du poumon qui, apres avoir ete aigues, se prolongenl sans douleur et ne se resolvent pas. C'est absolument la meme indication que celle qui se pre-sonte pour les plaies, et les engorgements qui ne gueris-sent pas; on a retcours aiors a des excitants plus ou moins actifs.
Outre les affections aigues de la poitrine qui, parvenues ä leur declin , ne se resolvent pas, ou ne le font que len-tement, on les donne encore dans les vieillesbronchites, remarquables, meme chez les chevaux , par I'expectora-tion de mucus par la bouche en meme temps que par les naseaux, lorsque rien n'indique I'emphyseme ou plutot la tuberculisation du poumon, ce dont il faut s'assurer par la percussion et rauscultation. On doit les repousser toutes les fois qu'on a reconnu quelque alteration orga-nique profonde du poumon, et les cesser quand leur administration est suivie de la perle de l'appetit, de la cha-leur de la bouche et de la peau.
II est evident que ces medicaments ne conviennent pas tome ii.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;15
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226 lanl rjn'il reste dc !;i douleur, unc congestion, enfin ce qu'on appelte de lirriiation, soil du poumon, soil de l'es-tomac et des intestins. Ainsi ces toux seches et rauqucs duchien, accompagnees de vomiturilions el de vomisse-mcnts, et pour lesquelies les guerisseurs sont dans 1'habi-lude de donner du soufre, sont en general aggravees par le soufre et les medicaments dont nous parlons; des vomi lifs ou des purgatifs doux conviennent infiniment mieux.
Tout Tart d'employer les bechiques incisifs commc lous les aulres excitants, consiste a bien distinguer I'epo-que de l'inflammation dans laquelle ce genre de medicaments convient, el a les eviter ou a les cesser tant quil y a de la douleur, de la chaleur et de la congestion.
Les expectorants sont de deux esp^ces : les uns sont des excitants generaux qui n'agissent sur la muqueuse pulmonaire que parce qu'on y fait parvenir leur vapeur par les fumigations, tels sont les infusions de plantes aromatiques, la fumee des graines de foin, des bales dc genicvre, des resines , des baumcs, du goudron , bruies sur an rechaud ; les aulres sont censes agir sur les bionches, apres qu'ilsont ete introduits dans I'estomac, el portes par I'absorplion dans le couranl de la circulation.
AiVTlSPASMOIM^'JES ET iVARCOTIQCES.
Anlispasmodiques.
On donne ce nom ä une classe de medicaments qui agis-sent d'une manifere parliculiere sur le Systeme nerveux , de maniere a faire cesser le trouble de ses functions connu sons le nom d'etat nerveux , ciat ataxique , el qui
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227 consiste, comme on I'a vu, soil en des troubles de la sensibilite, soit en des troubles de la conuactilile appeles convulsions pour les muscles de la vie animale, et spasmes pour ceux des visceres.
Les veterinaires ont neglige cette medication, soil parce qu'ils ont encore peu etudie les nevroses chez les ani-maux, soit parce qu'ils Font confondue avec cclle des stimulants diffusibles. Ou peut-etre parce qu'ayant confondu le degagemenl de gaz qui resulte des nevroses des intes-tins, comme dans les coliques venteuses, avec ces nevroses clles-memes, iis ont regardecomme des stimulants les aiitispasmodiques que Ton adminislre dans les coliques venteuses et leur ont donne le nom de carminatifs. C'est ce qu'on pent croire en lisant I'article stomachique ou car-minaiif dela Maticre Medicale de Bourgelat (t. Ier, p. 134). Ni lui ni Moiroud ne mentionnent la medication antispas-modique.
On distingue cinq classes d'antispasmodiques : 1deg; les antispasmodiques gommo-resineux, qui comprennent les gommes resines fetides appartenant ä la famille des om-belliferes, l'assa-foetida , l'oppoponax et le galbanum. Ces substances sont odorantes , mais beaucoup moins volatiles que les autres antispasmodiques. Ce sont les senls qui ne se volatisent pas promptoment par la chaleur ordinaire du corps; aussi resient-ils plus long-temps dans les organes digestifs, avant d'etre absorbes,et par consequent ils conviennent mieux pour les nevroses des visceres , et surtout abdominaux , que pour celles des organes de la vie de relation. Cependant Gohier et moi, nous avons obtenu des guerisons de choree dans le chien et le cheval, par l'usage de l'assa-foetida.
2deg; Les antispasmodiques cainphres. Ce genre renferme
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228 le cnmphrc, toutes les planies do la famille des labiees, les sauges, meiubes , mellsses. Le caraphre etant tres-diflusible agit a la fois sur toute reconomie animale; il passe pour etre un des plus pulssants aniispasmodi-ques, et est employe contre les convulsions partielles ap-pelees soubresauls des tendons,et dans ce qu'onnomme I'ctat ataxo-adynamique dans les typhus et les fievres ty-phoides. II a sur lout reussi ä Gohier, h faire cesser le spasme de l'oesophage designe par lui sous le nom de dyspbagie spasmodique {dus, pliago, difficulte d'avaler, resserrement de Toesophage). Dernierement je l'ai vu faire dissiper cet etat dans un theval de carrosse de M. de Virieux. Morier, veterinaire suisse, dit I'avoir employe avec succes dans les vaches atteintes d'une nevrose qu'il appelait la nymphomanie.
3deg; Les aniispasmodiques aromatiques, les fleurs de lilieul, d'oranger, de caille-lait, les eaux distillees de cesplantesetla valeriane. Ces medicaments, quinedoivent lenr action qu'a un arome tres-fugace, a une huile essentielle peu abondantc , ne sont prcsque jamais employes seuls, et jouissent d'une propriete diffusible assez faiblc; on les emploie comme adjuvants dans les potions anti-spasmodiques; il faut en excepter la valeriane. qua j'ai souvent employee avec avantage. Les fleurs de tilleul et Feau de fleurs d'oranger m'ont paru , ainsi qu'ä plusieurs veterinaires du midi, calmer avec assez d'efficacite les etals nerveux qui accompagnent la maladie des jeunes cliiens , et la gourme des jeunes chevaux.
4deg; Les antispasmodiques etlieres. L'elher sulfurique est l'anlispasmodique le plus employe pour remcdier aux coliques venteuses des ruminants et du cheval. Son action est active et parait offrir quelques differences dans les
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2Lgt;9 deux classes precedenies d'animaux, lors meme qu'on le donne dans des circonstances qui paraissent semblables. Chez les ruminants, il fait rapidement cesser, si on ie donne de bonne heure , le degagement de gaz qui a lieu dans le rumen apres l'ingestion de vegetaux i'roids, aqueux, couverts de rosee, de pluie ou de plätre; chez le cheval, au contraire, Tether el les potions eiherees, quoiqu'ils soient donnes a plus petites doses, augmenlent quelquefois l'etat nerveux du lube digestif, font nailre de violenles coliques, et determinent möme des conges-lions sanguines tres-facheuses. Cela tient sans doute a ce que, chez les ruminants , la potion etheree est adressee a un vaste estomac pen irritable et rempli de matieresalimen-taires; tandis que 1'estomac et les inteslins du cheval sont bien plus irritables , moins volumineux et moins remplis.
5deg; Les antispasmodiques azotes, I'ammoniaque dissous dans leau , simple ou succine, Facide pyro-zoonique, le muse, etc. La premiere des substances est presque la seule de cette classe employee en veierinaire, les autres elant fort cheres. On prescrit I'aiTimoniaque dans les coliques venteuses pour faire cesser le degagement des gaz. Suivant I'indication on radministre dans de l'eau simple, de l'eau de tilleul, ou dans une infusion de plantes amercs et aromatiques.
Les substances que nous venons de parcourir, quoiqun fort diverses par leur nature chimique, ont cela de com-mun qu'il s'en degage des principes aromaiiques tresvo-latils. C'est la facilite avec laquelle cet arome s'en exhale qui rend l'action de ces medicaments si diffusible. C'est ä ces m^mes principes qu'est due , ä ce qu'on croit, leur action antispasmodique. Ils agissent faiblement, comme lopiqucs, sur le lissu cellulaireel les parenchymes, mais
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230 ils influencent vivement et rapidementle Systeme nerveux 5 et plus le sujet est faible el irritable , plus il est facile-ment affecte. Ils fortifienl le Systeme nerveux , ils dimi-nuent son excitation trop vive, calment les mouvemenls contracliles desordonnes et irreguliers, ce que ne pro-duisent pas les autres excitants. II y a done quelque chose de specifique dans la maniere d'agir de ces medicamenls , el quoique nous n'en employions qu'un petit nombre, lassa-foetida, le camphre , la valeriane, et quelques autres de la classe des aromatiques, ils n'en soni pas moins fort utiles dans beaucoup de cas. On les emploie dans les spasmes des visceres, e'est-a-dire, dans les etats nerveux avec contraction convulsive des muscles 5 telsque la dys-pbagie spasmodique , le spasme de l'eslomac et des intes-lins cause par l'usage de vegetaux froids, aqueux , converts de rosee ou de gelee, le tic avec eructation frequente de gaz, l'hysterie des vaches improprement appelee nympliomanie, fureur uterine; Bourgelat a reconnu celtlaquo; derniere propriete (Matiere Medicale, tome 2, page 382): enfin dans toutes les nevroses en general, et les diverses formes de l'etat nerveux ou ataxique.
C'est aussi sans doute ä raison de TefTet de ces medicaments que Bourgelat croyait ä l'efficacite de Fammo-niaquc pour la guerison de la rage , si on I'administrail des l'apparition des premiers symptomes. On sail main-tenant qu'aucun remede ne peut guerir la rage dedaree.
Medication narcotique ou stupefiante.
Elle est produite par une classe de medicamenJs dils narcotiques ou stupefiants. Ils ont une double action siii-vant qu'on les emploie a des doses faibles 011 elevces. A liautes doses, ils abolissent plus ou moins completemcnt les
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231 fonctions du Systeme nerveux. Ces functions etanl l'intelli-gence, la sensibilite et le mouvement, ils produisent le trouble des idees, un air d'etonnement et d'hebetude , l'engourdissement de la sensibilite, la paresse ä s'emou-voir, la tendance au sommeil avec reveil difüciie, leiat comateux, c'est ä-dire, un sommeil profond ; enfin, la paralysie et la cessation de la vie. L'ivresse causee par les alcooliques ressemble au narcotisme; mais ä petiies doses les alcooliques produisent des effets bien differents des narcotiques.
Ces derniers n^ sont jamais employes dans la pratique, dans la vue de produire les accidents graves que je viens d'enumerer ; ce n'est que par erreur ou dans le but d'ex-perimenter qu'on a produit le narcotisme. On les administre en general a des doses faibles, el alors ils calmentla dou-leur, les convulsions, ils diminuent la sensibilite el pro. voquent le sommeil. Cette seconde maniere d'agir leur a fait donner le nom de sedatifs, de calmants, d'anodins. Ainsi, consideres sous le point de vue de la t herapeuliquc, les medicaments dont nous parlons sont impropremem nommes narcotiques , puisqu'onne les donne jamais pour produire le narcotisme.
Ils appartiennent tous au regne vegetal; on les tire des papaveracees, des solanees qui en fournissent le plus grand nombre, des ombelliferes, des composees el de quelques autres families. On range dans ces substances les plus employees , I'opium , le pavot, la belladune , !;#9632;. mandragore , la jusquiame noire, la stramoino commune, la morelle noire, la lailue vireuse, le labac, la grande cigue, laconit napel, le laurier cerise , 1'acide liydro-cyanique.
M. Guersent los divisc en deux genres : au premier -
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appariiennent le pavot, I'opium et ses divers principes immediats, la morphine, la narcotine , la codeine; au deuxieme, I'acide hydrocyanique, la jusquiame, le la-bac, etc. Les substances du premier genre agissent en effet de la m^me maniere sur les differents individus; celledu deuxieme, quoiquejouissanttoutes de proprietes plus ou moins narcotiques, presentent entre elles trop de diflerences pour qu'on puisse trailer de leur action d'une maniere generale. Ainsi, pour ne eher qu'un exemple, les solaneesvireuses, comme la belladone, dilaient la pu-pille en relächant liris ; lesopiaces, au contraire, la res-serrent.
De I'opium et de ses preparations. — Chez la vaclie et la brebis, les experiences de Gilbert, consignees dans le 3e volume des Annales de VAgriculture Francaise, ont appris que 32 gram, d'opium introduitsdans I'estomac, donnent lieu , chez la premiere, ä un peu d'inquietude , de malaise et de meleorisme, et que 16 gram, peuvent causer un empoisonnement mortal, chez la seconde.
Chez le cheval, I'opium administre par la bouche a la dose de 32 ä 48 grammes (une once ä une once et dernie), produit des effets divers : 1deg; de l'inqiiietude, un air d e-lonnement, de l'agitation, I'animal gratte le sol avec ses pieds, des lournoiement ou veniges qui rendent sa marclie chancelante; les yeux deviennent brillants, les pupilles se dilaient, le pouls devient fort et frequent, la peau chaude, et la transpiration a lieu. Apres irois, quatre ou cinq heu-res, survient un etat de faiblesse avec diminution des bat-lements du pouls, dans quelques cas une espece d'assou-pissement qui peut se prolonger jusqu'ä la mortou cesser peu a peu ; 2deg; il peut n'y avoir aucunc acceleration do la circulation, mais le ballonnement du venire, des tremble-
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233 ments partiels dans les muscles extenseurs et les rota-liens , la faiblesse des mouvements des membres, des convulsions des levres el de la queue ; 3deg; il peut y avoir sim-plement une sorte d'engourdissement et d'hebetude, de l'insensibiiite avec inaptitude au mouvement. Les maqui-gnons se servent de l'opium dans ce but, pour rendre do-clles en apparence les mulcts et les mules qu'il est difficile de toucher. L'opium qu'ils donnenl dans le vin ou I'alcool produit loujours, dans ce cas, de la sueur. J'ai eu plusieurs fois occasion d'observer cette fraude des maquignons.
Injecte ä la dose do 4 a 6 grammes (I gros a I gros et demi) et sous forme d'extrait aqueux, dans la jugulaire d'un cheval, l'opium a produit les signes d'une vive excitation, des hennissements frequents, le gratlage du sol avec les pieds, la vivacite du regard, la frequence du pouls, une perspiration cutanee abondante. Ces sympto-mes etaienttantöt precedes, tantot accompagnes d'abatte-ment des forces. 20etmlt;*me 12 grammes d'extrait aqueux d'opium ont suffi pour donner la mort. (Prevot de Geneve. Ilecueil de medecine velerinaire; Janvier 1833.)
Administre ä la dose de 32 a 48 grammes h des chc-vaux tetaniques, il a augmente la vitesse du pouls, provo-que des sueurs abondantes etamene la constipation.
Magendie a donne lememe extrait Jila dose de 12 gram, äoinchien defortetaille.Aucun effetnefut produit dans les deux heuresquisuivirent.Aubout de ce temps, faiblesseet presque paralysie des membres posterieurs, decubitus sur le ventre, etquandTanimal est debout, station incertaino et chancelante, stupeur sans dilatation des pupilles, convulsion des muscles de la face, conservation de la vue et de l'ouie, aucune plaintc , grand abattement, battements du coeur lents et faiblcs; puis convulsions violenles, pa
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234 ralysie du train de derriere, et mort sept heures aprfesl'ad-ministration du medicament. Moiroud, pour la meme dose d'opium et dans les memes circonstances, a observe la frequence du pouls qui ne s'est ralentie qu'aux approclies de la mort.
Donne en solution dans I'alcool, I'opium cause un ecou-lement tres-abondanl de have, l'injection des conjunctives, un etat anxieux mele de stupeur. Le vomissement qui survient en general chez le chien, apres I'administration de la solution aqueuse ou alcoolique d'opium, met fin aux symplomes; il reste une soif assez vive.
Depose a la dose de 4 ä 8 grammes dans le tissu cel-lulaire de la cuisse d'un chien;, I'extrait aqueux d'opium a donne lieu ä l'acceleration du pouls, a des plaintes, ä raffaiblissement des extremites posterieures, ä des mou-vements convulsifs; ensuite, ä la raideur des membres , ä la pesanteur de la tele, ä des tremblementsdes muscles des mächoires, avec conservation de la vue et de l'ouie. La mort a eu lieu apres I heure et 23 minutes.
La meme preparation d'opium injectee dans le gros in-testin', a determine des vomissemenls et une legere pa-i alysie du train de derriere, el dans une des jugulaires ä la dose de 4 decigrammes (8 grains) dans 22 grammes d'eau, il a cause le sommeil, la paralysie des extremites posterieures , sans augmentation de la frequence du pouls. Le jour suivant, Tanimal conservait de l'assoupissement, il pouvait cependant marcher, mais il refusa de prendre des aliments el la mort survint huit jours apres, [Orfda.)
En resume, les principaux effets de I'opium sont un elat de malaise et d'anxiete, l'engourdissement de la sensibi lite et des facultes intellectuelles, la faiblessc des membres de dcvantou de derriere , des convulsions des inns
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235 des des mächoires, et dans quelques cas, des tremLlemenls et des vomissements; enfin, l'assoupissement, la para-lysie et la mort quand la dose est un peu föne; ä des doses plus faibles, I'opium emousse la sensibilite^ produit tm elat de calme et de somnolence , diminue les secretions inuqueuses, voilä pourquoi il est employe avec succes conlre la diarrhee et la dysenteric, etfavorise la transpiration cutanee.
L'opium renferme un grand nombre de principes iin-mediais, tels que la morphine, la narcotine , la codeine , le principe nauseeux. La morphine est employee pour les petits animaux, associee ä i'acide acetique, sous la forme, d'acetate de morphine; on ne s'en sert pas dans la praii-que, ä cause de l'elevation de son prix. La morphine pure n'est pas employee, parcequ'elle est insoluble dans l'eau ; or, on sail que la premiere condition de tonte absorption est la solubilite. L'acetate de morphine, dit M. Guersent, modifie les fonctions du sysiemenerveux,etpar suite, celles laquo;le tons les autres appareils qui en dependent, mais avec de grandes differences qui sont relatives ä la susceplibilit'; nerveuse des individus qui sont soumis ä ses effets.
Quatre grammes de morphine introduits dans la jugu-laire dun chien,- ont produit une simple congestion cdre-brale sans autre trouble physiologique.
L'acetate de morphine, administre par la methode en-dermiqnej aprfes avoir enleve l'epiderme au moyen du vesicatoire ou des frictions ammoniacales, ou bien introduit dans les lissus a la faveur d'une plaie faite aux teguments, a servi a plusieurs praticiens a la guerison du tetanos.
15 ou 18 decigrammes d'acetate de morphine (30 ou 30 grains) ont determine des phenomenes analogues ä ceux de l'extrail aqucux d'opium, avec acceleration plus
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236 grande de la circulation, dilatation plus prononcee des pupilles et suspension du sens de la yae.
II faut en dire autant du laudanum de Rousseau, dont on a obtenu d'heureux resultats dans le traitement des coliques spasmodiques.
Les capsules des pavols noir et blanc , quoique doues de moins de proprietes narcotiques que l'opium et ses preparations, jouissent neanmoins de vertus sedativesin-contestables. Leur decoction dans l'eau sert ä preparer des boissons, des cataplasmes, des fomentations, et des bains qui sont employes fort avantageusement dans toutes les maladies qui s'accompagnent de vives douleurs.
La seconde classe des narcotiques renferme plusieurs agents dont les effets sont varies, quoique tons puissent agir d'une maniere analogue ä l'opium et ä ses preparations.
Acide hydrocyunique ou prussique.—Lorsqu'il est pur, c'est le poison le plus actif. J'ai vu perir en quelques instants plusieurs chiens, sur la conjonctive desquels on en avait place une goutte. Une seule goutte , dit Moiroud, deposee sur la langue d'un chien, sur la pituitaire, la conjonctive, ou le lissu cellulaire, suffit souvent pour le luer en quelques secondes. Presque jamais i! ne resistc ä la dose de deux ä trois gouttes, et les chevaux a celle de dix ou vingt gouttes. Ses effets immediats se mani-festent par une profonde inspiration qui s'accompagne de vertiges, de convulsions, de salivation, de dejection alvines promptement suivies de la mort.
Trousseau raconte qu'une eponge imbibee de 36 gouttes d'acide prussique de Scheele ayant ete placee dans la bouche d'un cheval, il fut renverse a terre, eut des convulsions qui durerent environ 10 minutes, apres les-
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237 fjuelles le cheval se releva seul, se mit le nez en terre, tourna en rond toujours du meme cole, pendant une demi heure. II paraissait aveugle, mais il frcmissait et s'agitait violemmentquand on le battait. 40 minutes apres, il s'arreta d'un air hebete, avecles attitudes d'un animal ivre; on le reconduisit ä son ecurie qui etait ä une assez grande distance ; une heure apres il mangea l'avoine, et ne lemoigna pas la moindre souffrance.
La maniere si rapide et si violente dont ce narcotique agit, a fait penser qu'il etait absorbe par les cordons ner-veux dont il suivait le trajet', ou qu'il agissait par Sympathie. On pourrait peut-elre se passer de cette explication , quand on salt qu'en moins d'une demi minute un globule sanguin fait le lour enlier de l'arbre circu-latoire. Ce qui semble prouver qu'il passe en effet par le sang , e'est ce que le sang veineux est noir et epais apres la mort, que les tissus exlialent une odeur d'amandes ameres, et que la contractilite musculaire est entierement abolie.
Employe comme agent therapeutique, etendu d'eau ou d'alcool ä tres-petites doses, il a paru agir en excitant d'abord I'estomac, en activant la circulation; ;i la suite de ces phenonienes on a cru reconnaitre un ralentissement marque dans loutes les fonctions, et la prostration des forces.
En medecine humaine , on I'emploie pour moderer les toux convulsives, soil qu'elles tiennent ä une nevrose des bronches, soil a une inflammation, ou ä quelque autre etat organique du poumon.
Des solanees.—Ellcs ne sent employees que comme topiques, en medecine veterinaire, pour combattre la douleur.
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La belladone, quelle que soit sa voie d'iniroduclion, ou le lieu de son application, a la propriete de dilaier la pupille, en outre de ses proprietes calmantes. Elle sert, en medecine humaine, a dilater la pupille, pour rendre plus facile l'operation de la caiaracte. Elle nous est inutile sous ce rapport puisque nous ne pratiquons pas cetle operation. Je crois qu'elle pent etre employee avec avantage pour remedier a ce resserrement frequent d'une ou des deux pupilles, quise montre apres les alta-qiies violentes de i'ophthalmie, dile periodique.
Son action locale , lorsqu'elle a lieu sur les plaies des animaux, serait assez douloureuse, suivant Orfila, et sui-vie d'inflammation; quoique les alterations trouvees dans les visceres digestifs des animaux sacrifics ne denolent pas qu'elle ait une action bien irritanle sur les organes avec lesquels eile est mise en contact.
Le tabacdonne par laboucheest vomitif; par 1c dernier intcstin il stimule et provoque la defecation; sur la peau il sert ä detruire les ectozoaires ouäcombatlrc quel. ques affections psoriques du moulon. Bourgelat rapporie dans sa Matiere Medicate, qu'applique k la peau sur des solutions de continuite il a pu dans quelques cas probable-ment rares, produire de la purgation et des coliques. Employe comme antipsoiique pour la gucrison de Ja gale, il serait devenu cause de repercussion sur les visceres. Ce dernier fait me parait fort equivoque.
La morelle, solarium nigrum, est la plante de celte lamille la plus employee en medecine veterinaire , ä litre de topique calmant, parce qu'elle est tres-commune dans les champs el qu'on pent se la procurer sans frais. Ses baies ont ele donnees au cliien elau cabier par le docleur Dana!. [50 n'ont cause aucun trouble remarquable. Un
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•i39 aulre medccin, M. Bourgogne, a ecrit que lesfeuilles som dangereusespour les betes älaine, quoiquel'experiencfi ait appris que les animaux n'y toucbent pas dans les champs.
Les ciguüssont employees aussi comme topiquesanodins. Gohier en a fait usage dans le trailement du farcin , sans doute d'apres la vieille reputation que Storck lui avail faile d'etre utile centre les affections cancereuses et scro-fuleuses. Moiroud rapporte , d'apres Julia Fontenelle, le fait observe par le docteur Nerth-Wood . du farcin gueri en quinze jours chez tin cheval qui mangea avec aviditc de ces plantesdans un lieu oil dies croissaient en abondanco. Generalement pourtant les animaux lesrepoussent; etceux qu'on a affames pour les forcer ä s'en nourrir, n'en out eprouve auoun trouble. Le sue ä la dose de 384 grammes (12 onces), a determine chez le chien des vertiges, la dila-iaiion des pupilles, des convulsions des muscles des mächoires et des membres, et un commencement de paraplegic qui se dissiperent en peu de temps. J'ai vu perir dans d'horribles convulsions, un cheval ä quionavait donne la decoction de 125 grammes (lonccs) de eigne seche.
Emploi des narcotiques. — Comme topiques los opiaces conviennent dans toules les inflammations avec vives douleurs, dans les dartres avec beaueoup de deman geaison 'et de cuisson , dans les rhumatismes , les nevral-gies , les dechirures ou les distensions des tissus fibreux.
A l'interieur leur dose doit etre graduee avec soin; comme on est oblige de l'augmenler selon l'intensite du mal, il en resulte que, dans les maladies graves qui en reclament des doses elevees, on court risque de produire des accidents. A des doses convenables, on les administre avec avantage dans les phlegmasies tres-douloureuses des nniqueuses et des sereuses.
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On doit les employer dans les affections catarrhales, non pas seulemeni pour calmer la douleur, mais surtout pour diminuer les flux muqueux,Ies secretions abon-dantes, comme dans la diarrhea et la dysenterie.
On a regarde comme une contre-indication des opiaces la congestion de la tete, parce que ces medicaments de-terminent eux-memes une congestion sanguine au cer-voau. Comme on pense que le vertige, dit essentiel, consiste dans une congestion cerebrale, ou que du moins il s'accompagne de cet elat, on a proscrit les opiaces du traitement de celte maladie. En agissant ainsi, on a con-fondu I'effet avec la cause. La congestion cerebrale du vcnige , lorsqu'elle a lieu, nest le plus souvent que I'effet d'un etat purement nerveux qu'on pent faire cesser par l'emploi des narcotiques. Aussi mquot;est-il arrive plusieurs fois de faire cesser les accidents nerveux du vertige essentiel,en donnant de l'opiura. II en est de meme des cas de ballonnement tres-douloureux du ventre, dus a l'usage de l'eau froide ou des vegetaux aqueux froids, couverts de rosee, ou qui ont ele geles. Les eleves qui suivent ma clinique ont ete temoins de nombreuses cures de ces maladies, par l'emploi du laudanum de Rousseau. La pluparl des coliques douloureuses des chevaux, attri-buees a des indigestions, s'amendent par I'administration de petitcs doses d'opium.
Quant ä l'acetate de morphine, je l'ai employe dans plusieurs cas de letanos avec fort trismus , et j'en at ob-tenu des avantages marques.
Les opiaces sent les seuls narcotiques dont l'usage in-lerieur nous soitfamilier en medecine veterinaire. Quand nous serons assez avances dans I'observation, nous pour-rons sans doute, comme les medecins, preciser les
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cas dans lesquels cunviennent les autres narcotiques. L'emploi des narcotiques estires-etendu en medecine ve-tennaire,quoiqu'illesoitmoins qu'en medecine humaine, Ces medicaments ayant une action propre sur le Systeme nerveux, action qui emousse sa sensibiiite, on conceit d'abord que ce sont les agents que Ton doit employer en premiere ligne pour toutes les affections essentiellement nerveuses, telles que celles connues sous le nom de ne-vralgies et de nevroses. II en est de meme de tous les cas oü la douleur ne semble pas en proportion avec la cause qui I'a fait nailre. Ainsi j'ai montre qu'une meme maladie faisait naitre des desordres nerveux fort differents, sui-vant la predisposition du sujet; j'ai traite de cela au long dans le 2e chapitre du deuxieme livre. L'indication est de diminuer cette grande vivacile du Systeme nerveux par les moyens que I'experience a appris amp;re capables do produire la sedation.
On peut meme dire, d'une maniere generale, que toute maladie qui determine une trop vive douleur, reclame l'emploi des narcotiques. Ainsi lobservation a appris bien des fois que des blessures douloureuses des pieds, des teslicules, de la queue, et d'autres parties du corps, pouvaient produire le tetanos, que les dou leurs des visceres peuvent produire des convulsions, et qu'il en est de meme des grandes brülures.
On compte irois moyens principaux d'employer ces medicaments : 1deg; comme topiqucs, en cataplasmes, en lotions, en fomentations , en frictions, en bains. Ils agis-sent localement sur la douleur, et diminuent la sensibiliie des nerfs de la partie; 2deg; par la methode endermique , surlapeau rasee et privee do son epiderme; il faut avoir soin de n'employer, dans ce cas, que des medicaments trc£-TOME II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Ifraquo;
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242 solubles, et les etendre avec une lame de couieau sur la sin face du derme, en les promenant sur cette surface, et en y rnelant quelques gouttes dean. On ne doit cesser de les etendre avec la lame de couieau que lorsqu'on les a vus absoibes. C'est le seul moyen d'etre sür de leur action. Par la melhode endermique on doit employer des doses plus elevees que par la suivante ; 3deg; par I'interieur, en potions ou en lavements.
Ces deux dernieres methodes agissent directement sur lout le Systeme nerveux et surtout sur les centres, de ma-niere que diminuant leur sensibilite, I'engourdissant, ils empechent le cerveau de percevoir aussi vivement I'im-pressiou de douleur qui lui est transmise par les organes. En general la melhode topique a besoin d'etre aidee par ces deux dernieres, lorsque la cause de la douleur est situee loin de l'exterieur ou qu'elle est tres-violente; aiors il faut agir et sur les nerfs de la partie et sur les centres nerveux.
TONIQUES , ANALEPTIQUES ET ASTRINGENTS.
Toniques.
Des auteurs ont confondu sous ce nom les toniques proprement dits, les astringents et les analeptiques. Ce rapprochement me parait pen ulile, attendu qu'il s'en faut. beaucoup que les astringents produisent le meme efl'et que les toniques. II vaut mieux en faire trois classes distinctes, maisplacees a coterunedel'aulrejäcausedeleurs rapports.
Les toniques proprement dits sont le fer et ses preparations, le sei de cuisine ou chlorure de sodium, le quin. quina, la genliane, le saule, 1'angusture, la fumeterre ,
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le trefle d'eau, le houblon, la centauree , le chardon be-nit, la chicoree sauvage, le houx, ranichaud,
Ils sont en general inodores, amers ou meme astringents; I'extractif, I'acide gallique, le tannin dominent dans ceux du regne vegetal. Leurcaraciere physiologic]ue est d'exciter les tissus d'une maniere permunente et durable , et non pas vive el passagere comme le font les excitants , et sans produire comme eux la chaleur et une excitation generate, ou comme les irritants, la douleur et la chaleur. Je vais traiter desprincipaux d'entre eux avanl d'aborder la medcation tonique.
Du fer. -r4 Le far non oxide n'est pas une substance inerte comme le pensail Moiroud. Bruech, [Journaldes Connaissances medico-chirurgicales, t. 4 p. 216) a experiraente sur les lapins avecla limaille, le phosphate et le muriate de fer, a la dose de 25 milligrammes (1/2 grains) pour la limaille, et de 5 centigrammes pour les deux autres. Ces preparations ont ele absorbees, et le sang s'en est salure de 4 a 5 decigrammes. Le sang n'en a pas pris une plus grande quantite et pendant 15 jours les lapins ont evacue tout ce qu'ils avaient pris au-dela de celte quantite. Tiedemann ct Gmelin ont prouvc aussi labsorptiondu fer,en constatant sa presence dans la vessio et dans le sang des veines porte et mesaraiqucsd'un che-val qui avail pris., 6 heures auparavant, 192 grammes de proto-sulfate de fer. Les animaux, comme les hommes, qui prennent pendant quelque temps de la limaille ou des sels de fer, rendenl des feces noiiätres, ce qui est du , suivam Barruel, a l'action de I'acide gallique sur le fer, et suivant Bonnet, ä celle du soufre, d'oii resulieraient, dans le premier cas, un gallatede fer, et dans ledeuxieme. un sulfure, qui sont tons les deux noirs.
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Lcs bauilurcs qui s'echappeut du fer rouge que Ton forge, bien porphyrisees et mises dans la boisson des ani-maux , I'eau dans laquelle on eteint un fer rouge, celle oü on laisse sejourner des morceaux de fer, le peroxide ou ethiops manial, le sulfure de fer et surtout le sous-carbo-naie, sont lcs preparations employees ordinairement. II en cst encore une , l'iodure de fer, dont on a vanle les ef-fets dans le iraitement de la phthisic, ün medecin de Lyon a public un traite sur ce sujet, mais le prix dc cette subsiance ne permet pas de l'introduirc dans notre mede-cine. Toutes ces preparations donneesarinterieurrendent, dans le comniencement, I'appetit plus actif, les matieres fccales rares, plus consistantes et colorees en brun ou en noir. On les donne melangecs aux boissons, au son, ou incorporees dans le micl sous forme d'elcctuaire.
Biles couviennent dans les maladies oü la serosile abondeet oü le sang est decolore, dans les diverses formes de l'ancmie, commela pourriture du boeuf, du mou-ton, du lapin et de la volaille , dans lcs ctats chroniques avec faiblcsse musculaire et enflure des membres, dans les leagues convalescences , dans le traitcmeni: de la morve et du farcin chroniques.
Quinquina. — II est a la fois l'antipeiiodique et le tonique le plus puissants. Ses proprieies resident surtout dans deux alcalaoides, la cinchonine et la quinine, qui purs sont insolubles, mais qui, unis a I'acide sulfurique, deviennent solubles; leur prix ne permet pas de les employer. On ne se sert que de l'ccorce et de la poudre. La poudre se donne dans du miel, en electuaire ou infusec dans le vin, le cidre, la biere. L'ecorce se donne en infusion et en decoction par la bouche ou par le rectum.
Donne ä rinleriour ä petiles doses, il active la digestion
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245 et ouvre l'appetit; son action resie locale. A doses plus fortes, il produltrexcitaiion generaledu Systeme nerveux, de la chaleur dans le tube digestif, la plenitude et la force du pouls, enfin, une plus grande aclivile de tofiles les fonctions; car, puisqu'elles sont toutes sous la dependance du Systeme nerveux, elles doivent toutes plus ou moins partager son excitation generale.
Comme antiperiodique, on a rarement occasion de l'em-ployer dans la medecine veterinaire, les fievres inlermit-tentes y etant tres-peu communes. On peut s'en servir avec avantage contre les douleurs nevralgiques et rhuma-tismales intermittentes, surtout si elles existent cliez des animaux originairement faibles ou I'etant devenus acci-dentellement; ceue indication sepresente assez frequem-menl dans la maladie des jeunes chiens ou dans les gourmcs queGhabertappelle spasmodiques. Lorsqu'onl'adminisuc comme antiperiodique, il faut eviter de purger ; la purgation empeche la guerison ou cause des rechutes.
Les hemorrhagies passives en fournissent I'indication. Flandrin et Tessier I'ont present uni au vinaigre de vin dans la maladie de la sologne; il en esi de meme des di -vers etats scrofuleux , de la cachexie aqueuse et vermi-neuse des grands et petits ruminants, et des hydropisies essentielles, c'estädire purementsecreloires.
II se donne encore dans la derniere periode des maladies qui trainent en longueur et principalement dans les phlegmasies catarrhales , avec flux nasal, diarrhee; dans les convalescences de ces memes maladies chez les ruminants oil l'emploi des toniques amers esl generalement in-dique dans cette periode ; enfin comme les excitants gene-raux, dans ces maladies accompagnecs de faiblesse et de prostration extreme, lorsqu'il esl important avant tout do
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releverles forces; mais, comme jel'ai dejä dil, c'est lä une des indications les phis difficiles u satisfaire, ä cause de l'embarras que Ton eprouve ä distinguerl'adynamie reelle de l'oppression des forces. Cette indication se presentc claireraent lorsque Teruplion de la clavelee se fait difficile-ment,qu'elle ne marclie pas ou que lesboutonssent petiis avec des symptomes adynamiques; on donne alors le kina dans le vin aromatique, l'extrait de genievre, etc.
Comme topique, ii convient dans les affections locales qui menacent de gangrene, dans les contusions accompa-gnees de meurtrissure profonde ct d'ecrasement, pendant la chute des eschares gangreneuses , dans les gangrenes, dans les suppurations abondantes et fetides. Dans les cas de plaies gangreneuses , on associe la poudre de kina au camphre , ä l'eau de llabel 5 on le donne ä linterieur dans le vin, les spiritueux, I'alcool camphre, ou mcme avec le chlorure de chaux , Tammoniaque , i'essence de tere-benthine.
De la Gentiane.— Celte plante , a cause de son bas prix et deses quaiites, est pour ainsi dire le quinquina des veterinaires, en tant qu'onla considere seulement comme tonique. C'est la racine de la gentiane jaune qu'on emploie le plus.
Moiroud pensait que c'est dans l'alcaloide de celte racine , le gentianin, que reside sa propriete active ; il est reconnu aujourd'hui qu'il est au eontrairepeu actif.
On donne cette racine en decoction ou en poudre, sous forme d'electuaire. En decoction, il faut l'administrer de force aux animaux, ä cause de son ameriumequi fait qu'un bien petit nombre la prend volontairemenl, a moins qu'on ne la mfile par petites quantites ä l'eau blanchie par le son ou la farine. L'infusion de la gentiane dans le vin est peu
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247 employee. Melangee au nüel, la geniiane ne peut guere cire conllnnee au-delä dc huit ii dix jours. Les animaux s'en degoülent. Beaucoup de chevaux en eprou\enl de la chaleur ä la bouclie et ä la peau , de la diminution de Tappelit, et si la maladie n'etait pas franchement termi-nee, le pouls reprend de la force et de la vivaciie. La geniiane convient mieux aux grands ruminants qu'aux chevaux. Les premiers sont en effet moins delicals, ils onl moins d'irritabiiile gastrique. Au reste la gentiane comme la petite centauree et le trefle d'eau on menianthe qui sont de la mcme famille et possedont aussi de Tamertume, conviennent surtout pour les temperaments lympliatiques el les constitutions naturelle men t faibles , de meme que pour les estomacs qu'on appelle paresseux , qui digeient difficiletnent et dont les excitants ou les toniques hätenl J'exercice. C'esl sans doule pour remplir cette medication que les hippiatres I'ont tant i ecommandee 5 mais 11 faul beaucoup de lact pour pouvoir distinguer cette perte d'ap-petit par faiblesse reelle de celle qui resulte de l'eiat de souffrance directe ou indiiecle de Testomac. La gentiane in'a parfaitcment reussi dans les diairhees avec debilile generale chez les chevaux epuises par le travail, sous linfluencc d'un froid humide , de pluies abondantes.
Le saule blanc fournit ^ coinme medicament tonique, ses rameaux et son ecorce que Ton peut, trailer par la decoction. Mais comme les herbivores broutent facilement ce vegetal, ii me semble qu'il est plus avantageux de le leur lournir en nature quand cela esi possible , que de leur en faire desboissons qu'ils ne prennent qu'avec peine. Ce que je dis du saule s'applique egalement ä la chicoree sauvage que Ton cultive en grand dans certaines localitcs, el doul les ruminants ainsi que le cheval mangcnt avec plaisir les
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feuilles et la tige. S'il s'agit de leur en faire des potions , on pent se servir de ces parties ainsi que de la racine qui jouit de beaucoup d'amertume; la chicoree est employee en medecine humaine comme depurative, c'est-adire comme amere et un pen laxative , et conseillee dans quel-ques maladies chroniques et dans les affections scrofu-leuses; il en est de meme de la fumeterre. Toutes deux sont employees dans les memes cas en medecine veteri-naire.
On fait le meme usage du chardon benit, de lartichaud et du houblon. On les traile par la decoction, et on les fait prendie de force ou bien on les melange h 1'eau blanchie.
Medication tonicjue. — Les toniques n'ont pas une action physiologique distincte de leur action therapeuti-que. Comme topiques, leur action tientdecelle des astringents et un peu de celle des excitants: comme les premiers, ils resserrent les tissus, diminuent le calibre des vaisseaux et la quantite de sang qui y afflue, en meme temps qu'ilsnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; j
stimulent les nerfs d'une maniere moins vive mais plus persistante que les excitants. On les empioie dans les relächements du rectum et du vagin , lorsqu'il n'y a pas de phlegmasies. On regarde dans ces cas leur action comme plus avantageuse que celle des astringents, parce qu'ils n'emoussent pas comme eux la sensibilite.
Adresses ä l'estomac, ils augmentent I'appetit, rendent la digestion plus facile et plus prompte , et produisent la constipation ou I'augmentent si eile existait dejä. L'animal mange davantage et digere mieux. Bientot les battements du cceur et des arteres deviennent plus forts et plus resistants sans etre plus frequents; la respiration suit le mouvement de la circulation et devient plus large , plus ctendue ; lesysieme musculaife lui-meme acqniert de l'e-
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norgie. Ces effets sont d'autant plus prononces que le sujet soumis ä l'emploi des toniques est plus debile ef, que ses fonctions digestives sont plus faibles.
Toutes les fonctions deviennent plus actives; I'absor-ption est plus energique tout le long du lube digestif, puis-qu'il y a constipation. Les secretions s'operenl d'une ma-niere plus uniforme et plus reguliere ; les urines sont moin s abondantes, moins aqueuses et plus colorees; le sang est plus colore, plus richeen parties solides et moins sereux. Les infiltrations du fourreau, dubasdes membresseresolvent , surtout si on fait concourir avec faction des toniques , I'exercice el de bons aliments. La peau devient souple et le poll se lisse, les sens prennent de la vivacite; enfin chaque fonction se rapproche de son ctat normal.
II y a certains toniques qui conviennent plus que d'au-tres dans les cas de faiblesse de l'eslomac, de digestions lentes et penibles. On les appelle stomacliiques ; tels sont elles de cuisine, par exemple, la cannelle, etc.II y aavantage ^i s'en servir sur la fin des maladies chroniques, pendant la convalescence des maladies aiguijs , el dans !e coursdo certaines maladies. L'indication de solliciter I'estomac par les stomacliiques secure moins de la faiblesse et de la mai-greur , que de la päleur de la bouclie , de la iargeur et de la mollesse de la langue, et de la lenteur de la digestion chez les animaux qui font usage d'aliments fades el pen sli #9632; mulants. Ils sont cgalement indiques lorsqu'il y a desbor-borygmes frequents , qne de legeres diarrhees suivent les digestions, et que ces accidents disparaissent avec des aliments de proprietes plus excilantes. Les foins recohes dans des vergers, sous des allees ombragees procurem do ces mauvaises digestions. Les toniques amers conviennent aussi dans ces circonstances.
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Les toniques sonl miles dans une foule de maladies de longue duree, dans lesquelles il imporle de soutenir les forces, comme la morve et le forcin.
Les liydropisies qui proviennenl de la mauvaise alimentation , du sejour dans des lieux humides, et pour la gue-rison desquelles on ne peut obtenir ni le changement de lieux , ni celui d'aliments, s'amendenl par l'usage des toniques amers, par Icmploi du sei de cuisine, surlout a mesure que Fair sec , chaud et lumineux, fait sentir son influence; lelles sent la cachexie aquense des ruminants, le srorbut des carnivores. II en est de meine des maladies qui resultent de la diselte, des hemorrliagies et aulres causes d'epuisement; les toniques amers leurconviennent, (outes les fois qu'on peut seconder leurs effets par une süffisante quanlile de bons aliments, donnes graduelle-mentpour eflecluer la restauration des forces, et qu'il n'y a aucun commencement de desorganisation dans les vis-ceres.
La faiblesse qui suit les inflammations aigues et chroni-ques fournit des indications qui secombinentaveccellede ces maladies elles-memes. Nous y satisfaisons dans quel-que cas en alternant on en combinant l'emploi des toniques amers, aveclesboissonsfarineuses,les bouillons de rave, de pomme de terre ou autres aliments feculents. Les toniques amers conviennentsurtout, en les donnant par gradation et avec menagement, lorsque la debilile devient la maladie principale.
Les maladies avec convulsions, les douleurs persistanics qui suivent les grandes operations el s'accompagnenl de beaucoup de suppuration, laissent apres elles une debilite qui fournit quelquefois seule l'indication des toniques.
Les parturitions longues et douloureuses, suivies de de-
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chirementdes lissus ou derenversement duvagin et de la matrice, commandent l'emploi des amers quelle que soil rirrilaiion qui ait precede, el lors meine quelle existerait encore enquelques points.
Des ^7ialeptiqnes.
Les auteursvarientassez sur le veritable sens a donncr a ce mot. Les unsappellenl ainsi loutes les substances propres h retablir les forces epuisees, et en distingnent deux sorles, les analeptiques medicamenteux qui ne sont. qnc des toniques, eilos analeptiques nlimcntaires. D'autres nc considerent comrne analeptique que 1c fer auquel ils asso-cienl un petit nombre de substances alimentaires fort nourrissanies. D'autres enfin comprennent dans celte categoric beaucoup de medicaments pris dans la classe des excitants, des toniques et des aslringenls, tels que le quinquina, la genliane , le for, la cannolle, la muscade , la camomille , le vin ou des composes de substances ap-partenant ä ces trois classes, la theriaque , les elixirs , les teintures aromatiqucs.
Pour moi je serais porte a comprendre exclusiveincnt dans les analeptiques les substances alimentaires tiroes du regne vegetal et du regne animal. Les premiers con-viennent pour les herbivores; ce sont les grains fecu-lents tels que Tavoine , le froment, l'orge , le mais et les farines qu'ils fournissent, les fruits et les racines feculcn-tes comme les marrons et les chätaignes, les pommes de terre, le topinambour, etc. Les substances tirees du regne animal, la viande des animaux adultes, le bouillon, le lait conviennent aux carnivores. Enfin pour le pore qui fait usage de ces deux especes d'alimenis , on ajoulera le gland du cheneen nature et plus particulieremcnt epure.
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252 La cuisson contribuant au developpement du principe sucre que recelent la plupart des racines feculentes, on comprend que donnes apres la cuisson la plupart de ces aliments deviennent plus facilement assimilables.
Les analeptiques reparent les forces, non pas comme las toniques en excitant directement les appareils, mais cn fournissant des materiaux abondants ä la nutrition. Leur action s'explique tres-bien parce qu'üs sonl plus nour-rissants que les aliments ordinaires, parce que sous un pelit volume ils conliennent une grande quantile de prin-cipes immediats, propres ä servir ä l'entretien du corps. De la sorle ils exigent peu de travail de la part de Tcsto-mac etdonnent de bonnes digestions.
Au reste il faut se rappeler qu'on doit aider ä Taction des analeptiques, par l'emploi des agents de l'hygiene, de l'exercice, du soleil, de la chaleur, des fr iclions de la peau, du pausement de la main , et par le sejour dans des liabiiations salubres. Ce sont la autant de toniques qui a:denl singuiierement l'effet du regime.
Des Astringents.
Nous avons dejä vu la difference d'effets des toniques et des astringents ; ils different aussi chimiquement. Les toniques out pour principes actifs, des principes aroma-tiques , amers; les astringents doivent en general leurs proprietes au tannin pour ceux du regne vegetal, ä des acides ou ä des sels avec exces d'acide pour ceux da regne mineral. Ils produisent sur la bouche unc sensation d'a-prete particuliere; ils determinent le resserrement des lissus sur lesquels on les applique, par consequent ils re-trecissent le calibre des vaisseaux, diminuent la qunnlite
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253 de sang qui y afflue, decolorent les tissus en mome tem ps qu'ils en emoussent la sensibilite. Ils sonten general destines ä agir surdes points determines de l'economie, quoiqu'ils puissent ötre absorbes et que, continues pendant uo certain temps, ils exeroent leur action slyptique sur tout le corps.
Les principaax astringents du regne vegetal, employes en medecine veterinaire, sont: le tan ou ecorcede ebene, le gland , la noix de galle , l'ecorce de grenadier, le pa-renehyme du drupe du noyer, connu sous le nom de brou de noix , les racines de bistorte, de garance, de tor-mentille , de fraisier, de quinte-feuille, de plantain, d'ai-gremoine, la benoite, les ftuilles de ronce, les fcuilleset le fruit du sumac, les petales de roses rouges etleurs fruits, connus sous le nom de cinorrhodons , la suie de chemi-nee , la creosote , la resine de sang-dragon, etc.
Les astringents de cet ordre , soil en nature, soit en poudre ou en decoction , exercent une action moins vive et moins douloureuse , mais plus durable que les aeides. Lorsqu'on les applique sur la peau, sur un ulcere ato-nique,üu la muqueuse du nez, du vaginet du rectum, on voit alors le derme et le tissu muqueux perdre leur Souplesse, leur sensibilite et leur couleur nai urelle, pour pren • dre une consistance qui les rapproebe quelque peu de cello des tissus tannes.
Parmi les astringents aeides se trouvent places les aeides acetique, hydrochlorique, sulfurique et nitrique, etendus dans une quantite d'eau süffisante pour que leur propriete caustique soit affaiblie considerablement. Les sels astringents sont lalun, le sulfatede fer, de zinc, de cuivre; le tartrate acidule de potasse, les tartrates de po-tasse et de fer, l'acetate de plomb, et, suivant Moiroud , la chaux et son chlorure.
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Ces corps produisont unc impression plus ou moins vive et douloureuse sur la surface des solutions de con-liuuite et des muqueuses , impression qui est suivie d'engourdissement, puis des divers effets enumeres plus haut. Apies rapplication des astringents , le sang revient par degrcsdans ie tissu, mais pendant quelque temps en moindre quaniite qu'auparavant.
L'ecorce de chene est peu employee ä Tinterieur; commn topique, eile sert a combattre les cedemes, I'infiltration des membres et du fourreau, lorsquils nesont point ac-compagnes de chaleur, de douleur et de tension; l'ecou-lement des eaux aux jambes chroniques et divers flux muqueux, purement secretoires; ä rcndre plus senel'ap-pareil fibreux des articulations apres les efforts ou entor-ses. On forme avec sa poudre des pelotes pour les her-nics ombilicales et ventrales qui en procurent la guerison chez les jeunes animaux. En decoction ou en solution, le tan tai it les secretions purulentes des ulceres aloniques. On assure avoir prevenu les mauvais effets de la gangrene humide en recouvrant la partie de poudre de tan, et on est porte ä croire qu'il reussirait pour arreter les hemorrha-gies passives.
L'agaric qui croit sur le chene sert comme styptique a arreter les henriorrhagies.
La noix de galle a des proprietes analogues ä celles du tan, 11 en est de meme de la bistorte, du brou de noix ct des autres substances vegetales astringentes, quoique ä un moindre degre.
Astringents acides. — Ceux employes a I'inierieur sont l'acide acelique et l'acide sulfurique. Je les ai don-nes avec succes pour arreter i'hemorrhagie pulmonaire, en les elcndant dans l'eau de maniere ä ce qu'elles aient
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253 une acidile assez marquee, mais que, cependant, elles n'irrilent pas la bouche de celui qui les goute.
Comme topique, I'acide acetique ou le vinaigre de vin, esl employe coutre certaines tumeurs indolentes, et memo contre ces congestions cellulaires sous-cutanees, ditesen medecine veterinaire, grosses echauboulures. On em-ploie, dans ce cas, les liquides chauds et en frictions ou en lotions.
L'acidehydrochlorique, elendudemaniere änetreplus caustique, a pendant long-temps servi de moyen de traitement pour les herniesj c'cst le remede du prieur de Cabriere. Je l'ai plusieurs fois employe pour humecter la pelote du bandage compressif des hernies ventrales. II reussitquand ces hernies sout peuetendues et peu doulou-reuses, et lorsqu'elles sont recenles. II echoue dans le plus grand nombre des autres cas. Employe sur un sujet destine a etre sacrifie et n'ayantpas etesuffisamment elendu d'eau, il a perfore les teguments el fait sonir Tintestin.
Creosote et side de cheminee. — La creosote (de hreas, chairetdesotferoje conserve) se tire de la distillation du goudron de bois. Pour s'en servir on la dissout dans I'alcool., aprcs quoi on l'etend goutte ä goutte dans de l'eau distillee jusqu'ä ce que son melange commence a perdre sa trainsparence apres avoir ete agite. Les mede-cins ont, dit-on, renoncc a son eraploi dans I'liemoplisie , parce qu'elle irritait trop vivement. Cependant Favre de Geneve assure en avoir obtcnu de bons effets pour arretcr l'hemaiurie des (euilles cbez les grands ruminants. On I'emploie aussi contre les hemorrhagies traumatiques , les brulures au rr, 2% 3e degre, en la melangeant ä quatre-vingts parties d'eau ; sur les dartres furfuracees legeres, sur les ulceres ä bords calleux, ä surface pille et sale.
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Un velerinaire , M St-Cyr, dit avoir obtenu du gou-dron, de Ues-bons elfets dans une sorte de lupus ou dartre rongeante qni ailaque les mulels des pays meridionaux.
La suie de clieminee, qui contieni de l'acide pyroli-gneux et de l'acide gallique, forme avec la graisse uno pomraade qui passe pour etre utlle ä la guerisou des vieux ulceres et de certaines dartres. Les veterinaires Temploient pour arreier la fluxion qui se fait dans les lissus sous-jacents aux sabots, dans le cas de fourbure, apses avoir toutefois pratique les degorgements sanguins convenables. On la mele au vinaigre , de maniere ä en former une pale qui s'applique a nu comme un cata-plasme. C'est un bon astringent qui amene souvent la resolution de ces congestions. On I'emploie de la memo maniere pour faire resoudre les bosses queproduit, le long du rachis, la pression des harnais.
Astringents salins.—Quelques-uns peuvent etre donnes a I'interieur a doses faibles, pour remplir ies memes indications que les precedents. On les emploie surtout a I'exterieur. En solution ils servent ä faire des injections sur les surfaces muqueuses hcmorrhagiees, ou siege de flux muqueux, centre les ophthalmias qui ont vieilli. Ils combattent avantageusement les congestions el les inflammations de cause externe; ils rafiermissent les chairs, diminuenl Tabondance de la suppuration, et font disparaitre les fongosiles.
Dans la pratique, la solution du sous-acetate de plonib dans I'eau , est un des astringents les plus usiies. Le Sulfate d'alumine reduit en poudre et battu avec le blanc d'oeuf, forme un excellent astringent.
Medication astringente.—Les astringents ne jouis-sent pas, comme les toniques, d'une propriete excitante ;
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257 loin de lä, ils resserrenl el condensent les tissus; et tandis que les toniques relevent l'appetit et rendent la digestion plus active, les astringents amenent la perle de l'appetit et l'amaigrissement. Assez souvent on combine ces deux effeis des toniques et des astringents, de maniere ä les modifier l'un par i'auire; telies sont lean de Rabel, celle de Goulard , qui se composent d'alcool et d'acide sulfurique, d'alcool et de sous-acetate de plomb. Appliquee sur line plaie recente ou ancienne, une substance astringente y produit une sensation de constriction; le tissu se resserre, le diametre des vaisseaux di-minue; la surface pälii etbaisse de temperature, puisque toute la chaleur animale vient du sang; les secretions qui s'y faisaient diminuent egalement par Tabsence du sang. Si 1'application n'est pas continuee, il arrive ce qui sur-vient quand on s'est frotte les mains avec de la neige; le courant de la circulation se retablit dans la partie, mais eile reste plus ferme, plus dense. Si le contact de l'as-tringent est continue plus long-temps, ou s'il est promp-tement renouvele avant que cette reaction n'ait eu lieu , les tissus deviennent froids, insensibles et denses; leur contractilite diminue ä mesure, leur texture est plus serrce, et ils sont comme tannes. Enfin, continue trop long-temps chez les sujets ages ou alfaiblis, ce resserre-ment des lissus pent etre pousse au point de suspendrc completement la circulation dans les parties et d'y pro-duire la gangrene, ce que j'ai vu deux fois survenir dans le bas de membies atteints de panaris; le sabot s'est dö-tache, et la mort a eu lieu. Aussi se borne-t-on, pour I'ordinaire , ä empöcher l'afflux du sang ou ;quot;i le modcrer, en produisant ce resserrement des tissus.
Ainsi les astringents, comme topiques, exergent une
TOME U.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 17
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338 double action; ils empechenl la congestion de s'etablir daus les lissus, et en meme temps ils diminuent leur sen-sibilile nerveuse. Us sont indiques dans les inflammations par causes externes, c'est-ä-dire celles qni surviennent ä la suite de coups, de piqüres, de brulure, etc.; ä doses faibles, sur les plaies resultant d'operations pour y moderer la fluxion; ä doses plus fortes, sur les solutions de conlinuite anciennes, fongueuses, blafardes , qui four-nissent abondamment un pus sereux, toutefois en prenanl garde ä ne pas les supprimer brusquement. Ils agissent en chassant de la partie le sang qui stagne dans les \ais-seaux, et entretient ces secretions sereuses. Ils sont indiques encore pour ccs plaies livides qui menacent de passer ä la gangrene; on les emploie alors sous forme de poudre , et en general melanges aux toniques. Les ecou-lements purement catarrhaux ou qui s'accompagnent d'une inflammation tres-faible, en reclament l'emploi, loutes les fois que la muqueuse qui les fournit pent etre atteinle directement par eux; et enfin les liemorrhagies qui se font ä l'exterieur. Ils sont conlre-indiques: I0quand la congestion ou rinflammation sont critiques ou liees ä un etat general de reconomie ou special de quelque vis-cere, comme dans les erysipeles spontanes, certaines dartres; 2deg; quand ces memes etais morbides tiennent ä une plethore generale; les anliphlogistiques conviennent alors; 3deg; quand leur emploi n'a pas prevenu rinflammation , et que celle-ci s'est etablie. II faut alors les rem-placer par les moyens precedents.
A l'interieur, ils paraissent agir sur les organes de la digestion ä peu pres de la meme maniere que sur les membranes muqueuses exterieures. Je n'ai pas observe qu'ils augmentasscnt l'appetit, comme l'a dit Grognier;
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restomac semble en eprouver du malaise, la secretion du sue gaslrique en est diminuee.
Donnes pendant quelque temps ä petites doses ils dimi-nuent la plupart des secretions de reconomie; d'abord celle du gros inteslin, ainsi ils guerissent to diarrhee si eile existe; puis celle de la peau, d'oii resulte pjir comre l'augmentatioft de celle des reins. Ces fails prouvent que les astringents introduits dans le tube digestif sont absor-bes. A la suite se montre un ralentissement de la circulation et plus tard ramaigrissement.
Au reste cetto action de resserrement et de constriction , lorsqu'ils sont absorbes, ils I'exercent sur lout le corps. Voila pourquoi on les emploie ä l'interieur contre les hemorrhagies qu'on ne peat pas atteindre directement pour mettre les astringents en contact avec les parties hemorrhagiees. Toutefois ils ne remedient qu'ä letat local du tissu qui fournit le sang; et bien qu'ils ralentissent un peu la circulation , en general i!s ne sont guere utiles contre les hemorrhagies spontanees qu'autant qu'on les aide par d'autres moyens.
On les a conseilles ä l'interieur, dans les maladies qui sont remarquables par la fluidite du sang ; mais on doit se rappelerce que j'ai dit dans le tome premier, page 23 , de l'actionque les acides exercent sur le sang; en general, ils en augmentent la fluidite. Aussi Magendie recommande-t-il de ne pas employer I'acide sulfurique pour combattre les hemorrhagies , dites passives, II y a done un choix ä faire dans les astringents qu'on emploie dans ces maladies; les sels de fer sont peut-etre ceux qui conviennent le mieux, surtout en solution dansl'alcool.
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I) ES IP.niTANTS ET ÄLTEBANTS.
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On ap^elle ainsi des medicaments qui, appliques sur !a peau, y causent une congestion, de rinflammation, ou meme produisent la gangrene par leur action chimique sur les tissus. La plupart des agents de cette classe agis-sent d'une double maniere, et comme irritants, par leur action sur la peau, et comme evacuants, par les secretions purulenles qu'ils provoquent. Quelques-uns memes, les rubefiants et les vesicants , sont, dans certains cas , employes comme excitants. Par leur qualite d'evacuants il convient d'en parier ä la suite des vomitifs et des purgatifs.
Bien que ces medicaments aient ainsi des actions diverses , un caractere commun permet neanmoins de les reunir sous un möme groupe; ce caractere, c'est celui de produiro dans la partie sur laquelie ils sont appliques, une congestion ou une inflammation, laquelie sert, comme je le monirerai, ä deplacer les maladies, ä les arracher de leur siege; de lä, le nom de revulsifs qu'on leur a donne (de revellere, arracher).
On distingue les irritants en trois classes : 1deg; les rubefiants; 2deg; les vesicants; 3deg; les caustiques. Je vais par-courir ces trois classes et pais je passerai ä la theorie de leur maniere generale d'agir.
1deg; Des rubefiants. — Ce sont les irritants les plus le-gers. Ils ne produisent sur la peau qu'une simple rou-geur; c'est la congestion culanee qu'on appelle erytheme. La parlie oü ils out cte appliques esl cliaude , rouge, yi-
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2GI mefiee et douloureuse; lie pourtour en est un peu oedema-teux. Ces symptömes se dissipent au bout de quelque temps, el I'epiderme se detache par larmes. C'est en irritant la peau ., en y developpant la douleur qu'ils y deter-minent cet afflux du sang.
Les rubefiants sent de deux especes : 1deg; les moins ac-tifs sont les agents purement physiques, le bouchon, la brosse, retrille, la chaleur solaire, les vapeurs seches et chaudes ; 2deg; les plus forts ont une action chimique, I'al-cool simple, camplire ou ammoniace, les huiles essentielles de lavande et de terebenthine , la teinture de can. tharides, les poudres de moutarde, d'euphorbe, etc.
Ils peuvent produire trois especes d'effets physiologi-quesdifferents : 1deg; une excitation locale; 2deg; une excitation generale ; 3deg; une revulsion.
Ils sont des excitants locauxlorsqu'on les emploie dans le but d'irriter unepartie, d'yaccelerer la circulation, d'y favoriser la resorption d'indurations, la resolution de congestions chroniques. En cette qualite ils conviennent dans les m^mes cas et offrent lesmemes conlre-indicaiions que les excitants proprement dits. Ils sont excitants generaux lorsque la douleur qu'ils provoquent est assez forte pour produire ces pheuomenes generaux de Sympathie qui sont connus sous le nom de fievre et dont j'ai parlelonguement. Ils conviennent dans ce cas lorsqu'il y a prostration des forces, adynanie, toutes les fois qu'on veut produire une excitation generale, vive et assez durable. Ils ont les meines contre-indications que les excitants generaux.
Mais leur plus grande importance est dans la revulsion, qui a pour but de deplacer les congestions ou les inflammations qui ont leur siege a rintcrieur ou du moins au-delä de la peau. Je dirai sculement, maintenant, qu'il faut
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eviter de les employer au debut des maladies avec fievre violente, parce que leur propriele excitante ne feraitque l'augmenter, ä moins qu'on n'ait fait preceder leur em-ploi d'emissions sanguines süffisantes. Au contraire, on peut y avoir recours quand le malade est peu sensible et qu'on ne craint pas de trop I'exciter.
2deg; Des vesicants. — Leur action est plus energique ou plus long-temps continuee que celle des precedents; car les memes substances, la mouiarde, par exemple, suivant la duree de leur application , produisent la rube-faction ou la vcsication. La vesication consiste dans lesou-levement de l'epiderme, qui forme des phlyclenes ou ampoules pleines de serosite. Elle annonce une veritable inflammation de la peau, un erysipele circonscrit.
Les vesicants sont: I'eau bouillante , la moutarde, Pail en pulpe , les canlharides, I'emelique en pommade. Appliques sur la peau, ils I'enflamment; clle s'echauffe, rou-git, etc.5 l'epiderme est souleve par portions, la serosite qui y est contenue, d'abord claire, se trouble ensuite. II faut 4 ä 5 jours dans le cheval, 5 a 6 dans le boeuf, I ou 2 dans les petits animaux, pour que la serosite se trouve reunie sous des phlyclenes assez volumineuses et qu'il s'y soit mele du pus; encore fautil renouveler tons les jours le topique irritant. Les environs du vamp;5icatoire sont toujours, chez lesanimaux, surtout le boeuf et lemou-ton , le siege d'un engorgement douloureux et d'une infiltration qui s'etend quelquefois fort loin, ä la region du venire et aux jambes, lorsque le vesicatoire a ele applique sous la poitrine ou aux fesses. Chez le boeuf et le mouton etmeme le cheval, eile est souvent portee au point de g6ner la marche, si le vesicatoire est aux cuisses ou aux fesses, et la mastication, s'il est sur la gorge.
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Pendant que la vesication se fait, on observe , comme pour les rubeüants, maisplus energiquement, quela fievre se developpe avee tous ses symptomes sympathiques , la chaleur du corps, la perte d'appetit, parfois avec des ar-deurs d'urine et des erections lörsqu'on a employe les cantharides qui, comme on le sait, ont la propriete d'ex-citer les organes generateurs. Or, cette fievre s'ajoutant a celie de la maladie, l'augmente necessairement; de lä, Tindication de n'employer les vesicants qu'apres que le malade a ele suffisamment affalbli par les saignees, la diete et lesboissons. C'estcequej'aiditä propos desrubefianls.
3deg; Des caustiques. — Les irritants de cette classe se divisent eux-memesen deux especes , suivant qu'ilsagis-sent par une action chimique ou par le calorique qu'ils contiennent: les premiers s'appelienl cauteres potentiels; les seconds, cauteres actuels.
Cauteres potentiels. Les cauteres potentiels ou caustiques proprement dits, appeles aussi escliarotiques, ont ete divises par Bourgelat h l'exemple Jes anciens medecins en catlieretiques et en caustiques proprements dits. Les premiers sont des agents faibles qui produisent une vive irritation et une eschare tres-superficielle; les seconds sont plus energiques.
DepuisSchwilgneon aessaye de les classer suivant qu'ils ne sont pas susceptibles d'etre absorbes ou que leur absorption est sans danger et suivant que leur absorption peut etre suivie de resuhats faclieux. Moiroud, en 1828, a publie, dans le Recueil de ßledecine velhnnaire, page 58, le resultat d'experiences faites dans ce point de vue ; sur le beurre d'antimoinej le nitrate d'argent et la potassecaustique. Suivant lui, le deuto chlorure d'anti. meine , Tun des plus puissants caustiques, se decompose
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dansles tissus sur lesquels on lapplique en un sous-hy-il rochlorate d'anlimoine et un compose d'oxide d'antimoine el de matiere animale, corps qui sont insolubles et qui n'onl pas de proprietes caustiques. Le nitrate d'argent se decompose aussi apres qu'il a exerce son action , mais moins rapldement quela substance precedente. II en esi ä pen pres de meme de la potasse causiique; eile se combine avec les tissus, les dissoul, sans leur faire subir de transformation chimique. Elle doit done inspirer moins de confiance que les caustiques precedents, puisqu'elle ne decompose pas les principes immediafs animaux et quelle ne fait que se combiner ä eux sans en changer la nature ; et eile no doit pas etre employee pour detruire les virus.
A la classe des caustiques qui peuvent etre absorbes avec danger, appartiennent les sels de cuivre et d'arsenic. J'ai vu, nombre de fois, lacidearsenieux introduit dans les ganglions lymphatiques indures ä la suite de la morve, pcrforer le plancher inferieur de la cavite buccale; le lissu cellulaire environnanr sgt;st infillre, puis est devenu emphysemateux ; la prostration des forces, la puanleur de l'haleine et de la perspiration cutanee et la mort s'en sont suivies. II en a ete de meme apres l'application du realgar (sulfure rouge d'arsenic) sur des poireaux qu on venait de resequer sous le venire. Des praticiens ont ega-lement perdu des betes a cornes avec tons les symptömes de I'empoisonnement, pour avoir traite leur gale par la solution arsenicale.
Quant ä leur mode d'aclion en general, les caustiques, comme je l'ai deja dit, exercent une action chimique sur les tissus, les dctruisent en les decomposant ou en s'u-nissantä eux.Toute la partie ainsi alteinle est transformec en eschare. A Tentour se dcveloppe une inflammation
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265 plus ou moins vive, qui peut etre suivie des phenomenes generaux de la fievre , si eile est assez forte. Le pus se forme autour de l'eschare qui se detache peu a peu des parties Vivantes et est separee du corps.
Compares au cautere acluel, les caustiques presentent les desavantages suivams : 1deg; ils ne detruisent ni aussi rapidement ni aussi complelement les tissus; 2deg; s il esl vr-ai qu'ils agissent plus profondement, d'un autre c6l6 Jour action ne peut pas etre facilement limitee; 3deg; phi-sieurs peuvent etre absorbes et causer la mort.
Ils ont cependant leurs indications speciales, et Ton pent dire d'une maniere generale qu'ils ne sont guere employes qu'a titre de topiques, destines ä modifier les parties sur lesqnelles on les applique immediatemsnt sans que leurs action s'etende au-delä. II n'en est pas de meme du cautere acluel qui sert non-seulement comme topique, maiscomme excitant et comme revulsif.
Les catlieretiques conviennent pour reprimer les bourgeons charnus des plaies, ou exciter une inflammation vive sur des plaies anciennes, päies et qui ne tendent pas a se cicatriser; dans les trajets fistuleux, en injections et en ayant soin de faire succeder, quand on le peut, la compression ä leur emploi, do maniere ä ce que les parties irritees du Irajet fistuleux soient en contact.
Les caustiques proprement dits sont employes : 1deg; pour delruire des venins ou des virus. Le fer rouge est preferable de meme que pour les tumeurs gangreneuscs dont on vent arreter le developpement. Cependant on les rccommande pour les tumeurs gangrcneuses du mouton ; 2deg; pour combattre la degenerescence des tissus sous-on-gules du mouton, appelce pietain ou crapand ; 3deg; pour delruire les productions epidermiques , Ics verrues , poi.
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2G6 reaux et caetera ; 4deg; pour detruire les tumours du farcin qu'on ne peut atteindre avec I'instrument trancbant ; 5deg; pour amener la cicatrisation des trajets fistuleux quand les catheretlques ontechoue.
2deg; Les cauteres actuels. Les uns agissent tres-rapi-dement, comme le fer rouge qui est le vrai cautere ac-tuel; les autres agissent par une ustion lente, comme les differents moxas, le soufre qu'on fait brüler sur la peau , la poudre ä canon , etc.
Le cautere actuel qui est tres-generalement employe en medecine veterinaire , se fait avec du fer ou de l'acier II presente cet avantage qu'on peut juger par la cou-leur rouge brun, rouge cerise, ou rouge blanc , des quanlites de plus en plus considerables de calorique qu'il contient.
Je ne decrirai pas les differentes formes des oauteres, cela n'est pas de mon sujet; quant ä la maniöre de les employer, on en connait trois : 1deg; la cauterisation objective; 2deg; transcurrente; 3deg; inherente; 4deg; les medecins en etablis-sent avec raison une quatrieme qu'ils nomment par pointe.
1deg; La premiere consiste ä tenir un fer rouge ä distance de la partie sur laquelle on veut agir , de maniere ä l'e-chauffer plus ou moiiis. On voit que, dans ce cas, on pro-duit un effet ä peu pres semblable ä celui qu'on determine par les rubefiants.
2deg;Paria cauterisation transcurrente on produitd'abord une douleur assez vive mais peu profonde, des eschares superficielles, jaunätres, etroites, et un leger suintement sereuK. Au bout de quelques jours les raies de feu s'elar-gissent, la douleur se reveille , il survient un gonflement inflammatoire, quelquefois de la fievre et la perte de l'appetit. Peu ä peu les eschares se detachent sans suppu-
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267 ration ou avec une suppuration legere qui se prolonge de 8 a 10 ou 12 Jours.
3deg; Dans la cauterisation par pointes , la peau est en general traversee, et ilen suinte de la serosite er du sang. II se forme aulant de pelites plaies avec enfoncement et crispaiion de la peau. L'inflammation s'y developpe , les plaies s elargissent, suppurent, et parfois se reunissenl en une meme plaie ; le tissu sous-jacent est alors detruit par la suppuration.
4deg; La cauterisation inherente consiste h appliquer im-mediatement le cautere actuel sur des tumeurs que Ton veut detruire. On I'y applique plusieurs fois jusqu a ce qu'on ait detruit tous les lissus que Ton voulait alteindre. De la sorte on decompose entierement les tissus et les fluides des parties que Ton a touchees, on empeche leur absorption el les accidents graves qni en peuvent resulter, comme dans les gangrenes, les charbons. Du reste on observe dans la marche des plaies tous les pheuomenes des brüiures au troisieme degre.
Chacune de ces methodes a ses indications spe-ciales.
La cauterisation objective agit h la maniere des excitants energiques, en stimulant la peau, en activant la circulation dans les parties qui en sentent 1'influence, en y facilitant l'absorption de tous les materiaux etrangers au tissu. Elle a aussi une action revulsive; en irritant la peau eile tend ä deplacer des congestions situees plus pro-fondement. Aussi convient-elle dans les oedemes, les engorgements froids, les differents desordres qui ont leur siege dans les tendons, les ligaments des articulations , h la suite des entorses, des effcls violents. Lc calorique ainsi employe est preferable aux liniments irritants qui
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268 ont l'inconvenient de faire tomber le poil, inconvenient grave siir les chevaux de prix.
La cauterisation transcurrente remplit les mömes indications ma is d'une maniere plus active. Elle a I'inconve-nienlde produire la depilation , souvent le changement de couleur du poil, et de laisser subsister des cicatrices sail, lantes qui se conservent toute la vie. Elle est excitante et revulsive; on I'emploie contre les rhumatismes chroni-ques, les nevralgios profondes, les inflammations lentes, comme celles des os au debut, celles des cartilages , des ligaments et des articulations en general, a la suite des entorses et des efforts.
La cauterisation par pointes sert ä ouvrir des abccs froids, des tumeurs enkystees, des indurations de diverse nature. Elle a de plus les memes indications que la pre-cedente. On I'a vantee pour la guerisondes rhumatismes chroniques et des nevralgies qui produisent la claudica-tion. On la pratique quelquefois dans le fond d'une incision faite prealablement ä la peau , ce qui rend I'action du cautere plus energique et plus clendue. C'est cette me-tliode qu'a fait connaitre M. Nanzio , directeur de I'ecole vcterinaire de Naples, et qui est connue sous le nom de feu napolitain.
La cauterisaiion inherente s'emploie pour detruire les virus et les venins introduits dans des plaies , les tumeurs charbonneuses ct en empcclier la resorption, ainsi que celle des simples gangrenes et leur subslitucr unc inflammation simple; pour detruire la membrane qui ta-pisse les kystes on les trajets fistuleux, les tumeurs de diverses natures, ä l'exceptionde celles qui sent cancereu-ses, lorsqu'on craint de ne pouvoir les enlever en entier avec rinstrumcnt tranchant, pour arreter les liemorrha-
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269 gies traumaiiqiies 5 pour dilater des ouvertures etroites , etc... En un mot on voit que les indications de celte der-niere espece de cauterisation sont loutes chirurgicales.
Outre la cauterisation par le caulere actuel on pent en praiiquer une par le moxa, lequel consiste dans un cy-lindre de matiere inflammable que Ton fait brüler sur la peau.
Le moxa est employe generalement sur le chien et le chat; il pourrait aussi I'elre sur le mouton. On ne I'a ex-perimente qu'un petit nombre de fois sur le cheval.
Voici ce qui se passe chez le cliien pendant son action : ä mesure que la chaleur approche de la peau , I'animal temoigne sa douleur par ses cris et ses mouvements ; quand un cylindre d'etoupe a ete brüle, I'epiderme seule-ment est noirci et brule , et il faut en brüler un second pour interesser le derme. L'eschare est fort superficielle , le lendemain ou quelques jours apres, il se forme de pe-tites plaies qui suppurent.
Magendie a essaye le moxa chez le cheval, contre l'immobilite j quatre moxas furent appliques de cha-que cote du dos. La douleur ful ties violente; il se forma quatre grandes eschares ä la chute clesquclles I'animal guerit et put faire son service ordinaire. Magendie ne dit pas de quelle substance il s'etait servi. Un vete-rinaire , M. Hugon , a experimente aussi ce moyen dans le meme cas. Nous ne l'avons jusqu'ä ce jour employe chez le cheval qu ä tilre d'experience.
Le moxa est un revulsif puissant. II s'emploie dans les memes cas que la cauterisation. J'en ai souvent fait usage dans le lombago du chien, et je ne lui ai pas trouve d'a-vantages sur la cauterisation objective et transcurrente.
Medication irritante. — Apres avoir parcouru les
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inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I
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270 differents irritants et leur maniere d'agir, il convient de presenter d'une maniere generale la theorie de leur action, ou en d'autres terrnes , de faire la medication irritante.
Nous avons vu qu'ils avaient une double action exci-tante et revulsive. Voyons la premiere. Comme ils irritent plus ou moins vivement les parties de la peau sur lesquel-les on les applique, qu'ils y developpent une forte douleur, ils peuvent suivant le degre de cette douleur produire la fievre, c'esta-dire les phenomenes sympathiques gene-raux. Puisqu'ils agissent localement d'abord, la fievre qui survient annonce que le Systeme nerveux a ete trop vivement excite. Cette medication , comme je l'ai deja dit, est done fort utile dans tout les cas oü il y a une grande ady-namic, une chute plus ou moins complete des forces, comme dans les typhus, les maladies charbonneuses, etc. Les sinapismes prolonges, les vesicatoires sont surtout employes dans ce cas, et si Ton veut produire un effet plus actif, les diverses especes de cauterisation, soit par lescausiiques, soit par le moxa.
Outre cette action excitante generale , ils en ont aussi une qui est locale. C'est la meme medication que celle des topiques excitants : acceleration de la circulation de l'or-gane, absorption des parties etrangeres au tissu , excitation de son Systeme nerveux, ce qui fait que sa fonction propre s'accomplit plus energiquement : tels en sont les principaux phenomenes.
De la revulsion. — Jel'ai dejä definie une action en vertu de laquelle une maladie est deplacee de son siege primitif, et remplacee par une maladie accidentelle et non dangereuse, qu'on developpe artificiellement sur un point quelconque du corps. Ici il s'agit seulement de la revulsion qu'on opera par les irritants cutanes.
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En traitant de la marche des maladies en general, on a vu la dependance etroite oil sont entre elles les differenles parlies de l'economie animale; comment, lorsqu'une ma-ladie exisiedans un organe, les auires organes languissent et n'exercent plus leur fonction ; que les secretions sont suspendues , I'Eppellt perdu ou diminue, la locomotion difßcile et penible; que plus la maladie est grave, plus toutes les fonctions sont ainsi suspendues ou supprimees; que cependantl'equilibrefinit par se relablir si la maladie n'est pas irop violente; que les organes sains tendent ü reprendre leurs fonctions, ce qui ne peut avoir lieu sans que l'organe malade ne revienne de plus en plus ä son elat naturel.
Hippocrate a exprime le meme fait d'une autre maniere, en disant que lorsque deux douleurs existent en meme temps dans le cot ps, la plus forte fait taire la plus faible. 11 est rare, en effet, que deux maladies co-existent sans que la plus forte ne fasse disparaitre celle qui I'estmoins. C'est sur cetteloi qu'est fondee la theorie des revulsions, qui consiste a produire artificiellement une douleur plus forte que celle qui existait dejä, ce qui amene souvent la disparilion de la seconde.
Mais outre qu'il faut que la revulsion soit plus forte que la maladie que Ton veut detruire , il y a encore plu-sieurs conditions dont il faul tenir compte et qui se rap-portent ä la nature et au siege des maladies, aux points sur lesqnels ils faul l'operer. Parcourons ces diverses conditions.
On sail ce qu'il faut entendre par nature des maladies , j'en ai traite an long dans mon premier volume sous 1c nom de congestion, inflammation^ etc., etc. Voyons comment la revulsion se comporie avec chacun de ces genres.
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272 D abord, toutes les espeees de congestions , par cela meme qu'elles n'ont pas produit de changement dans les tissus, qu'elles consistent dans une simple accumulation de sang dans les vaisseaux , qu'elles se deplacent facile-ment, ce qui en constitue meme le danger, quand elles sent elendues, les congestions , dis-je ,sontdes maladies dans lesquelles la revulsion reussit bien. Le rhumaiismc est de ce genre. Les nevralgies , les nevroses sont aussi dans ce cas, tant qu'elles consistent dans un etat pure-mentnerveux; mais lorsqu'il s'est produit des alterations anatomiques dans les nerfs , il devient alors fort difficile et souvent impossible d'operer la revulsion. Les hemorrha-gies spontanees sont dans le meme cas que les congestions. 11 n'en est pas de meme des inflammations et des vices de secretion qui consistent dans la formation de produits or-ganisablesou non. Les inflammations, comme nous le sa-vons, different des congestions en ce que le sang s'est epanche hors des vaisseaux, qu'il s'est coagule et dans les mailles des tissus et dans les capillaires memes. On ne peut done pas la deplacer par des revulsifs; ils servent seulement ä moderer l'afflux du sang qui peut se faire vers le point enflamme.
Quant au siege des maladies, on observe que les affections des muqueuses , lorsqu'il n'y a pas de lesion organi-que , serevulsent mieuxque celles des parencbymes. I! y a cela de remarquable que toutes les maladies des articulations et de leurs appareils fibreux et lendineux, lors-qu'elles se prolongent, nc sont guere traitees par d'autres moyens que par les rcvulsifs les plus energiques. II est vrai que dansce cas, outre leur action revulsive , ils ont aussi une action excitante directc qui, comme je l'ai ex-plique plusieurs fois, hale la resolution.
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273 Pourl'epoque des maladies, c'est a leur debut qu'en general la revulsion est tentee avec le plusdc succes.Quamtk rinflammation on conceit qu'une fois que la stase et la coagulation du sang sent operees, la revulsion en est impossible. En general on peut dire qu'il ne faut tenter la revulsion qu'au debut des maladies ou a leur deelin. Encore meme est-ce une melhode souvent fort clianceuse que de la tenter au debut, quand la maladie est produite par des causes qui ont agi avec une certaine energie. II est des maladies qui ne se revulsent pas, la variole, la dysenterie ; lesmaladies epizootiques sont en general aussi dans le meme cas; il en est de möme de celles qui sont fort intenses des le debut, et dont les causes ont agi pendant long-temps; de celles qui tiennent a la constitution ou ä l'heredite.
Les maladies sporadiques accidentelles et qui ne tiennent ä aucune predisposition , sont les seules sur lesquelles la revulsion peut etre tentee avec succes; mais la difficulte que Ton eprouve ä les bien distinguer dans la pratique, fait qu'il est plus prudent en general de n'operer la revulsion que tout-üfait au debut, ou bien au deelin des maladies. Du resle, la revulsion est plus facile dans les maladies ä marche rapide quo dans celles ä marche lente, et dans les demiferes eile doit etre continuee plus long-temps.
Quant au point d'application du revulsif, on peut dire que plus la maladie est difficile ä revulser, plus il faut meltre le revulsif pres du siege du mal. C'est ce qu'il faut par consequent faire dans les maladies situees profon-dement, dans celles qui occupent les tissus fibreux et les os, dans celles qui sont anciennes. Plus on craint que l'excitation causee par le revulsif n'augmente la maladie, plus il faut I'appliquer loin du siege du mal. Ainsi dans les tome n.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 18
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274 inllummalions du cervcau on appliqucra les revulsifs d'a-bord aux membreSjpuis au cou et ä la tete meme. Pour los mr.ladies de poiirine, depuis long-temps j'emploie les revulsifs sur la poitrine meme; mais comme je les trans-forme en exutoires en y enlretenant la suppuration, cette secretion accidentelle que j'etablis produil une nouvellc medication dont je parlerai h propos des evacuanis. Je di(ijü seulement par anticipation que les exutoires a la peau, sont les plus utiles evacuants que possede la mede-cinc vcterinaire, ceux auxqucls on a le plus souvent re-cours.
Des alterants.
Barbier appelle les alterants ineerta sedis, e'est-a-dire , ä effct physiologique inconnu ; en offet, ils ont ele definis tres-diversement. Quoi qu'il en soit de leur action , qu'ils agissent d'abord sur le sang pour en changer la composition intime, comme le disent Trousseau etPidoux, ou que ce soit d'abord sur les solides, il n'en est pas moins vrai quo lour action prolongee produit Tetat qu'on a appele cachectique, Tamaigrissement, la faiblesse , la tendance aux infiltrations, la difficullc des plaies a gue-rir, etc.
Les medicaments qu'on range dans cettc classe sont le mcrcure, I'iode , I'arsenic, 1'or, les substances alcalines, et les eaux minerales de meme nature. Moiroud y ajoutc le clilore et ses preparations, les chlorurcs de sodium et de baryte.
Du mercure.—J'ai deja parle de son action, comme sialogogue, d'apres Bourgelat el Vitet; action que, pour mon compte, je n'ai jamais pu produire, quclque quantite de mercure que j'aie employee sur diverses regions.
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275 Un fait rapporte par M. Bretonneau de Tours, dans son Traite de la Diphtherite, page 204, prouve les mau-vais effets du mercure sur 1'economie. Un chien , auquel il en avail fail prendre de grandes quanliies, ayant essayc de saillir une chienne, se fit une petite ecorchure au prepuce , laquelie s'enflamma violemment, et devint le siege dune plaie enorme qui se gangrena.
En medecine veterinaire, outre la morve contre laquelie on a long-temps essaye le mercure, parce qu'on croyait que cette maladie avait quelque analogic avec la syphilis, on I'emploie contre la gale et les maladies deja peau. La correspondance de l'ecjjle veterinaire de Lyon , pour 1818 , rapporte que la pommade mercurielle, appliquee comme antipsorique sur un boeuf, a determine chez lui une salivation abondante, l'engorgement des glandes sali-vaires, et des ulceres sur divers points du corps. II est encore administre ä l'exterieur comme fondant, pour faire resoudre les indurations qui succedent aux inflammations , pour faire suppurer les tumeurs indurees du farcin, et les engorgements des ganglions lymphatiques sous-maxilla ires a la suite des coryzas chroniques. Dans ccs cas le mercure agit comme les excitants; I'iode dont je parlerai plus has s'emploie aussi de la meme maniere. Homme. excitants locaux, pour faire resoudre les indurations, ils presentent tous deux les memes indications et contre-indications que les topiques excitants.
On a, dit-on, oblenu aussi des avantages do la pom-made mercurielle dans le traitement de la peritonite aigne, du rhumatisme aniculairc aigu, et du ihumatisme chroniquc.
Quant aux sels de mercure, le sulfure noir, elhiops mineral, donne au cheval ä la dose de 40 decigrammes,
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a pioduii, suivant Bourgelat, une salivaiion abondanle. Le proio-chlorure ou calomel agil comrae purgaiif; mais associe a I'opium , qui empöche son action purgative, il agit alors comme alterant. Donne par moi h des chevaux ä 4 ou 8 grammes, pendant pres de 15 jours, il a produit la perte de l'appetit, Tamaigrissement, et continue au-delä , le marasme, Tinfiltration des jambes et la mort.
Moiroud dit qu'on pent employer le deuto-chlorure contre la morve et le farcin du cheval, depuis 9 ou 10 decigrammes par jour, jusqu'ä 4 grammes , et contre les engorgements d'organes qu'il ne precise pas. II ne dit pas combien de temps on peut le cogtinuer. Comme topiqne on s'en sert quelquefois pour detruire les boulons de farcin ; mais on I'a vu, dans ce cas, produire Tempoisonne-ment. II sert du reste comme caustique.
De l'iode.—Donne ä l'interieur ä des chiens, des chevaux, des änesses, par Osanguessy, Voehler, Eugene Peligo, Tiedmann et Gmelin, on a constate qu'il passait rapidement dans le sang, et on I'a retrouve dans le lait, la saliye et les larmes. Moiroud se contente de dire, qu'inlroduit ä des doses convenabies dans I'eslomac, il accelere le mouvement de decomposition.
Ce medicament a etele sujet d'un assez grand nombre d'experiences. Injecte ä haute dose, 8 grammes d'iode pour 64 grammes d'alcool, dans la veine jugulaire d'un cheval farcineux, il a produit, suivant M. Patru, une violente dyspnee , avec räle muqueux , de la frequence et de l'inegalite du pouls, l'irregularite dans les mou-vements du coeur, l'injection des veines sous-cutanees, un regard hagard , l'anxiete et la perte de l'appetit. L'animal etait d'abord chancelant, puis il est devenu immobile. II y eut des dejections alvines, des sueurs partielles; les
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feces , la sueur, I'urine , le pus des plaies etaient jaunes . I'air expire avail l'odeur du chlore. Le lendemain, los lumeursnon abeedees du farcin etaient devenuesdoulou-reuses; au bout de 6 jours, comme il n'y avail eu aucun amendement dans la maladie , on le fit abatlre.
On repeta plusieurs fois l'experience sur des chevaux farcineux , eraquo; reduisant la dose de l'iode ä 4 grammes. Les memes accidents furent observes, mais ils disparais-saient environ ime demi heure apres; la toux seule per-sistait.
Quatre grammes d'iode dissous dans Tether sulfurique, injectes dans la veine jugulaire de deux chevaux, les ont fait perir au bout de six heures, Le sang etait noir et coa-
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ule dans le coeur, les ventricules etaient ecchymoses, la
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muqueuse des voies respiraloires et la membrane interne des vaisseaux offraient une teinte jaune. Les autres or-ganes parurent sains, le cerveau ne fut pas ouvert.
Donne par la Louche ä 32 et meme 48 grammes, in-corpore dans du miel, de la poudre de reglisse, l'iode n'a produit d'autre Symptome qu'une toux qui a persiste deux ou trois jours. Le farcin n'en a pas ete amende.
En teiniure, on 1'a adminislre a 1'interieur centre le goitre. M. Prevost de Geneve dit que le docieur Mayer a gueri un cheval du goitre par l'usage de la teinture d'iode, continue pendant trois semaines ä la dose de 3 gouttes d'abord , puis de 6 et de 12, donnees sur du sucre, trois fois par jour.
Quant ä moi, j'ai vu si souvent perir les chiens aux-quels je faisais prendre , pendant huit ou dix jours, 5 ou 6 gouttes de teinture d'iode dans de l'eau disiillee, tan-tot sans obtenir d'amendement, tant6t, au contraire, apres qu'ils etaient gueris , que j'ai cesse d'employer l'iode a
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rinterieur, dans le irailemcnt du goitre. Aussi je ne m'en sers plus qu'en fricliün ä rexterieur. Voici ma rnethode qui est foodee sur les indications que j'ai developpees ä propos des excitants et que je ne cesserai de recom-mander comme les scules veritablement pratiques. Je commence par metlre une ou deux sangsues sur le goitre; j'upplique ensuile des cataplasmes, emollients pendant deux ou irois jours, apres quoi je passe a la pommade preparee avec 4 grammes d'hydriodale de potasse incor-poie dans 32 grammes d'axonge; je ne fais faire qu'une ou au plus deux frictions par jour, de 2 a 4 grammes, suivanl Tage de l'animal. Des que la peau s'echaufle et rougit, j'en cesse I'emploi pour revenir aux cataplasmes emollients, et mcme aux sangsues s'il y a de la douleur. Quand ces phenomencs cm disparu depuis plusieurs jours, je reprends les frictions , el je les remplace de nouveau par les emollients, si rindicatioii s'ou presente. La duree de ce traitement n'esl pas moindre de 10 a 15 jours, et va souvent a plusieurs mois. Une chose fortremarquable, c'cst que les chiens, avant läge de 3 ou 4 mois, perisseru souvent dune maniere subile, apres la guerison d'un goitre, et sans qu'on trouve aucune lesion cadavtrique. N'y aurait il pas ce qu'on appelle une repercussion, une melastase ?
II faut remarquer, du leslc, que si la pommade ioduree a ete employee avec des resultats si varies, cela tiem ä ce que le goitre n'est pas toujours une meme affection. II reussit, en general, tant qu'on n'a affaire qu'a une liyperlrophie peu ancienne de la glande.
Quand il y a degenerescence squii reuse ou encepha-loide, qu'il s'y est forme des liydatides, des kystes, des tu-bercules,(Jes cartilages, desüs,qiie peutfaireia pommade?
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L'arsenio, commc alterant, est donne dans la medo-cine humaine comrne un des derniers remedes des maladies dc la peau. En medocine veterinaire on I'a essayc conlre la morve et le farcin. A doses faibles, il parait augmenter l'appetit pendant les premiers jours; mais si on en continue l'usage, l'appetit se perd, la maigreur sur-vient, ainsi que Tinfiltration des jambes el du fourreau. La morve ni le farcin n'en eprouvent aucun avantage.
Comme topiquc, I'arsenic fait la base de la plupart des remedes secrets contre le farcin , et notamment de la pommade qui pone le nom de Terral, et qui nous a paru composce d'apres une recette contenue dans le Parfah Marechal de Solleysel. C'est ä cause de sa propriele caus-tique qu'on I'emploie. II cauterise les trainees de farcin , y produit des eschares qui tombent au bout de trois, qualre ä cinq jours. Apres leur cluite les tumours sont queiqiiefois ramollics et en suppuration, et d'autres fois resoutes. Mais ii ne s'en suit pas que dans le premier cas la maladie ait pris un meilleur caractcre, et dans le deuxieme qu'elle ne reparaisse plus.
Quant ä lor, ä ses composes, et aux eaux minerales salines, le prix de Tun, le defaut de proximite des au-tres, ne permeltent pas de les introduirc dans noire me-decine, ou d'en generaliser l'usage.
Medication alterante,—Comme je l'ai dejä dit, son mecanisme est peu connu. Trousseau el Pidoux pensem que les alterants allerem le sang et le rendent plus sereux, plus liquide j aussi la saignee qui, comme on le sail, fait predominer la scrosile dans le sang , est-elle rcgardce par eus comme un alterant. S'il en clail ainsi, je ne \ois plus jusqu'ä quel point il serait utile d'employer les alterants dans les maladies aigucs ou chroniques. Nous sa-
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280 vons quels sont les dangers de la liquefaction du sang. Quant ä moi, ces explications me paraissent fort hy-pothetiques. L'emploi prolonge des alterants produit, il est vrai, la perte d'appetit, la maigreur, I'etat sereux du sang, et les infillraiions qui en sont la suite ; mais rien ne prouve que ce ne soit pas par l'intermediaire des solides qu'ils irriteraient fortement et dout ils trouble-raientles functions, qu'ils agissent secondairement surle sang, en empechant sa reparation. Ce qui semble I'indi-quer, c'est que, comme topiques, ils sont ou excitants ou meme caustiques, comme Tarsenic. On reconnait que l'arsenic et l'iode produisent une Irritation generale plus ou moins vive avant d'amener I'effet alterant. Ils exigent beaucoup de sagacile dans leur emploi, et je serais fort embarrasse de dire , d'apres mes observations et celles des veterinaires, si leur aJministration ä l'interieur n'a pas produit plus de mal que de bien.
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DES iVACÜANTS.
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Des Vomitifs.
La medication vomitive, dans son application ä la me-decine veterinaire,, ne concerne qu'une classe d'animaux, les carnivores; le cheval, le boeuf et le mouton ne vo-missant pas.
Je n'ai point ä m'occuper ici des conditions d'organisa-tion particulieres ä ces animaux, qui pendent le vomisse-ment impossible chez eux; il me suffira de dire que les vomitifs exercent aussi bien leur action sur eux que sur les carnivores. En effet, apres ladministration d'un vo-
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281 mitif, on voit le cheval eprouver des nausees , alonger l'encolure et la t6te, porter son corps en avant., prendrc la pose des carnivores lorsqu'ils vomissent, et les muscles abdominaux eux-memes entrer en contraction. Mais tons ces phenomenes precurseurs du vomissement ne sont suivis d'aucun effet.
Les vomitifs employes en medecine veteiinaire sont au nombre de cinq : Temetique, l'ipecacuanha, la staphy-saigre, l'ellebore et le kermes mineral. Ce dernier , employe par Flandrin (Matiere Medicale de Bourgelat), est abandonne aujourd'hui.
Le tartrate antimonie de potasse est le plus actif des vomitifs. Ses efTers sont ä peu pres les memes, soil qu'on I'introduise dans I'estomac, soit qu'on I'applique sur la region epigastrique en lotions ou en frictions, soit enfin qu'on I'injecte dans une veine. La dose varie entre 5 centigrammes et 6 decigrammes(I ä 12grains).
C'est un medicament tres-irritant. pn sait qu'appiique en pommade ä la surface de la peau, il determine une vive inflammation et une eruption pustuleuse; il agit do meme sur I'estomac; iipeut determiner rulceration de ses parois et il devient un poison tres-energique, surtout si on lie l'oesophage du chien, comme 1'ont pratique Orfila et Magendie.
Au reste , son action sur I'estomac depend de l'etat de la muqueuse. Lorsqu'il y a dans quelque point de 1 eco-nomie une maladie violente, il n'agit pasou bien il faut le donner a fortes doses; ainsi, apres I'empoisonnement par la noix vomique, il nous arrive de donner 10 ou 15 decigrammes d'emetique, sans provoquer le vomissement. 11 en est de meme dans les pneumonies, dans lesqueiles on donne au cheval el aux grands ruminants, une ou deux
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282 doses de 16 ä 32 grammes. Gelte insensibilile apparenle de I'estomac , est ce qu'on appelle maintenant la tolerance. C'est un fait qui est analogue ä tons ceux que nous ob-servons journeliement Jans les maladies. II on est de meme de l'opium. On donne de hautes doses d'opium dans le tetanos, sans provoquer le narcotisme. Les doses ordi-naircs despurgatifsneproduisenlsouventaucun effet dans certaines maladies; les irritants appliques ä la peau agis-sent aussi plus ou moins vite , suivant la gravite deTetat general, et quelquefois memo les plus violents ne pro-duisent aueun effet.
Ipecacuanha. — Ses effeis resident dans une substance appelee emetine. Moiroud dit quelle est dix fois moins active que lipccacuanha elle-meme. Les experiences de Pelletier, Magendie et Richard, ont prouve le con-iraire. M. Richard a vu que 3 ä 5 decigrammes de cette substance determinent, chez 1c einen, des vomissements abondants et des dejections alvincs copieuses, qui sonl bientot suivies d'un assoupissemeraquo;n profond. Au bout de 12 a 13 heures l'animal meurt etl'ouverture de son corps montre les poumons gorges de sang et les intestins rouges et enflammes.
L'ipecacuanha exerce aussi sur la muqueuse do I'estomac une action irritante, a doses un peu elevees ; sur la conjunctive, eile determine une rougeur plus ou moins vive, qui se dissipe au bout de quelques jours sans pro-duire, comme le fait l'emetique, i'ulceration et la perforation de lacornöe. Aussi, l'ipecacuanha, ä doses refrac-lees, c'est-ä-dire, ä faibles doses, mais frequemment repclces, exerce une action tonique, et c'est de celie manierc qu'on en a obtenu de bons effets dans la diarrhee ot la dysentcrie.
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StapJiysdiffre. — Sa semcnce donnee au cliien , pro-voque des nausees, .Jesvomissemenls, un affaiblissemcnt considerable, des tremblements convulsifs, des dejections involoniaiics ; a I'autopsie, on trouve I'estomac phlogosc et le sang coagule dans les veines. Elle agil de meine lorsqu'on l'applique sur des plaies. Je lai essayee pourtantsans sueces. J'ai fait prendre ä unchien de 2 ans la decoction de 4 grammes dans un decilitre d'eau,laissant bouillir juscpi'a reduction d'un demi-verre. On lui en donna pendant trois jours; le premier jour, ä jeun; le deuxieme, im qiftrt-d'heure apres l'avoirfait manger; le troisieme , on l'employa en lotions sur la region epigastriquc. Je n'ai rcmarque aucun effort de vomissement.
La delphine est sonpriucipe actif. On n'emploiela sla-physaigre quen infusion dansTeau ou le vinaigre, dans le traitement des maladies pcdiculaires.
Ellehore blanc, veratrum album. — Les veterinaires du nord de l'E'urope se servent de sa racine. Elle est irri-tante. Employee en lotions centre la gale, eile a plusiems fois determine le vomissement : d'autres fois, les cliicns tombaient dansl'assoupissement, poussaient des plaintes, avaienl le pouls et la respiration agites, les yeux hagards. et semblaient ütteints de rage (Gohier , compte-rendu, 1819). Je me suis assure que Tellebore noir est plus actif que I'ellebore blaue. La racine du premier a produit le vomissement ä la dose dc 8 grammes en decoction ; i! a fallu 16 grammes du deuxieme. Cette meme decoction employee en lotion sur la region epigastrique, a produit le vomissement au bout d'uu quart-d'heure environ, mais seulement lorsque I'eslomac etait rcmplipar les aliments C'est a la violence d'action dc cette substance qu'il faut at-uibuer le pcude frequence de son emploi comme vomitif.
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Medication vomitive. — Elle comprend des effetspri-milifs etconsecutifs. Leseffets primitifs consistent dans une irritation gastro-inteslinale plus ou moins vive, qui provo-que l'evacuation des matierescontenues dans l'esiomac et le premier inlestin. Aux effelsconsecutifs doivent etre rappor-tes: runeactionderivativeproduiteparl'irritationgastro-intestinale5et l'augmentation de la secretion cles muqueu-ses , du foie et du pancreas; 2deg; une action sedative. Voici comment il fautia comprendre: outre l'evacuation qui cons-litue I'effet precedent et qui a pour resultat d'affaiblirreco-nomie, les violents efforts de tout l'appareil locomoteur et le malaise qui accompagnent le vomissement 5 produisent un epuisement des forces, comme celui qui resulte d'une grande fatigue. Ainsi, lorsque le vomitif n'est pas tolere, qu'il produit des vomissements abondants , I'agitation, le malaise qui va quelquefois jusqu'ä la defaillance, les contractions violentes et generales qu'il procure, sont sui-vies d'un etat d'affaissement et de calme, et de la sorle, il peut etre reellement considere comme un medicament qui diminue I'excitation nerveuse, en un mot, cemme un Contre-stimulant, comme un antiphlogistique.
ün troisiöme effet consecutif qui resulte de l'empioi du vomitif^ e'est la diaphorese. Pendant I'excitation quo causent les efforts du vomissement, on voil que la sueur est secretee. Viborg a utilise cet afflux du sang vers la peau, dans le traitement des varioles du pore, lorsque I'eruption se fait lentement; il se servail, dans ce cas, de l'elleboie.
C'est dans les cas d'empoisonnement par la noix vomi-que qu'on a le plus souvent occasion d'employer les vomi-tifs ; il faut les donner ä hautes doses, repetees deux ou trois fois, ä 8 ou 10 minutes d'intervalle.
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On y a recoups aussi dans les obstructions de Toeso-phage par des corps etrangers.
On emploie souvenl I'ipecacuanha , au debut de la ma-ladie des jeunes chiens, lorsque Testomac n'est pas ma-lade. Les vendeurs de remedes contre la maladie des jeunes chiens, emploientconstammentdes emeto-cathar tiques violents dont I'effet est tres-funeste, meme lorsque le tube digestif est peu malade. Nous donnons les vo-mitifs a petites doses et nous les repetons deux on trois fois. II a ete un temps, a cette ecole, oü les vomitifs etaient aussi administres, dans tons les cas, au debut de la maladie des jeunes chiens; mais les violentes inflammations , les invaginations qui en resultaient, m'ont rendu plus reserve et m'ont appris leur veritable indication.
On doit administrer les vomitifs dissous dans I'eau chaude, et aider leur action en faisant prendre de teraps en temps des infusions de camomille ou simplement de I'eau.
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Des Purgatifs.
On donne ce nom ä toutes les substances mediciuales dont I'effet est de provoquer des evacuations alvines, ou plus simplement ä tons les medicaments qui donnent la dianhee.
Les Matieres medicales veterinaires placent au rang des substances purgatives pour les animaux , le sene , le nerprun, la rhubarbe, 1'aloes, la gomme gutte, le jalap , la scammonee, l'huile de croton-tiglium, la manne, la casse, le tamarin, l'huile de ricin, pour le regne vegetal; et pour le regne mineral, les Sulfates de potasse, de soude, de magnesie et le tartrate de potasse et de soude.
Mais en realite, il n'y a d'usite dans la pratique, que
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280 l'aloes, I'liuilc do ricin, la manne, le miel, les huiles douccs et le von, ci parmi les sels, les trois Sulfates et le soafre.
Consideres sous le rapport de leurs effets, les purgatifs ont ele divises en lasatifs, minoratifs el drastiques.
Tons les animaux peuvcnt laquo;tre purges, mais les carnivores sont ceux chez lesquels on obtient le plus facile-ment et en moins de temps l'effet des purgatifs. Cela tient a ce qne cliez eux le tube digestif est court et qu'il n'est pas rempli d'unc grande masse d'aliments comme dans les herbivores, de sorte que la purgation s'accomplit presque aussi vile que chez I'liomme. Le chien , le chat et le pore offrent peu de differences sous ce rapport.
Chez les ruminants, au contraire, le canal intestinal ayant de 20 ä 32 fois la longueur xlu corps, on n'obtient guerela purgation que 36, 40 et meme 48 heures aprcs l'administration du medicament, a moins qu'il ne soit tres-energique ou donne ä haute dose.
C'est en general, sous forme liquide qu'il convienl do donner les purgatifs. Ilssont moins irritants et agissent plus vite. Si on les donne sous forme de bol, il faut que ce soit ä doses refractces, et les continuer pendant cinq a six jours et meine plus. On evite ainsi les tranchöes que cau sent les purgatifs sous forme solide. Ce que je viens de dire s'applique au cheval; quant aux ruminants; les purgatifs sous forme de bols, n'ont le plus souvent aucune action; chez les carnivores, ils n'agissent pas non plus parce qu'ils sont rejetes par 1c vomissement, pour peu qu'ils soient irritants.
Les purgatifs sont generalement donncs en pol ion au hecuf. II faut avoir sein de n'clever la tele qn'ä une cer-taine hauteur et suivant la ligne du corps, de verscrle li-
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207 quide par peliles gorgees, afin de lui pcrmettre de s'in-troduire par la goultiere cesophagiennc, et de parvenir dircctement ä la caillette ou dernier estomac et de lä a l'intestin. Si on verse a grandes gorgees, le liquide lombe dans le rumen, s'y mole ä la masse des aliments et fait ä peine sentir ses effets al'intesiin. Un trouble remarquable de la rumination en resulte. Elle est suspendue; on dirail que l'animal craint de faire revenir par la bouche , pour etre rumines, des aliments auxquels la substance purgative a communique un gout plus ou moins desagreable. Toutefois e'est dans la panse que Ton adresse le purgatif, si Ton veut facillter l'evacuation des malieres qu'elle con-tient et rcmedier a Tengouement du feuillet.
Les laxatifs comprennent le lait etendu d'eau, le petit-lait, la manne, le miel, les huiles douces, le tartraie acidule de potasse, et le vert des pres au printemps; les minoralifs , I'huile de ricin, les sels neutres, le sou-fre et l'aloes; les drastiques, le jalap , la scammonee, la gommc gutte , I'huile decroton-liglium. II importe dans l'administration des purgatifs, d'eviter que le trouble inseparable de leur action ne soil pas augmente par la violence que nous faisons eprouver a nos malades, lorsque nous les donnons de force. Aussi faut-il masquer le gout de ces medicaments, de maniere ä ce que les animaux les prennent d'eux-memes ou du moins sans une trop vive resistance.
Laxatifs. — On appelle ainsi les medicaments qui de-lerminent des evacuations alvines, sans causer d'irritation dans le canal intestinal. Un auteur de pharmacologie range parmi eux la casseet le tamarin. Mais on ne s'en sert que fort peu dans la pratique vetcrinaire.
Le lait qu'on emploie pour produire la laxation est cclui
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288 de vache , de chevre ou de brebis, selon les localites; on a soin de le tiedir en le melangeant avec l'eau chaude, par parlies egales ou dans la proportion d'un tiers de lait sur deux tiers d'eau, et on le laisse prendre au chien ou au chat pour toute nourrilure. Ce n'est guere que vers le deuxieme jour que Ton voit les matieres alvi-nes devenir plus molles , plus abondanles et la diarrhee setablir.
Le petit lait de beurre ou de fromage est plus laxatif, surtout s'il est aigri. Viborg le recommande comme pur-galifpour leporc.
Le miel de basse qualite et la melasse sont les laxatifs ordinaires du cheval; il n'en faut pas moins d'un ä 2 kilogrammes. Les chevaux les prennent d'eux-memes et avec plaisir. On peat aussi les faire cuire avec une egale quamile de son , et y ajouter 2 a 300 grammes de Sulfate de magnesie. Cette methode est surtout employee chez les boeufs.
Les huiles douces ne se donnent qu'aux pelits animaux. Malgre tout ce que i'on a ecrit du danger qu'il y a ä causer l'irriiation des intestins, lorsque les huiles sont ran-cies , j'en ai souvent donne en breuvage , et je n'ai jaraais observe de mauvais effets. Les huiles d'olive et de noix provoquent quelquefois le vomissement.
La manne est employee pour le chien et le chat. Pour la leur faire prendre , sans les violenter, nous la faisons dissoudre dans l'eau chaude ou dans l'infusion de sene , et nous la melons au lait. La dose varie del6 ä 64 gram.; chez le cheval, il en faut au moins 96 ou 128 gram. (3 ou 4 onces), qu'on melange ä du miel en qu an lite egale ou meme double. Mais, outre que cette substance est lente a produire ses effets et trop chere pour etre donnee aux
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289 grands animaux , la plupart la refusent h cause de son goüt, et surtout les boeufs.
Le vert, au printemps, est un excellent laxalif, quand les herbes sont nouvelles, tendres, et leurs sues aci-dules, qu'elles sont couvertes de rosee, ou arrosees avecde I'eau en certaine quantite. II est rare qu'un cheval passe un ä deux jours a ce regime, sans que la diarrhee se manifeste. II en est de mßme des boeufs, quand ils pas-sent de l'etable au päturage.
Les laxatifs, comme je l'ai dejä dit, ne caasent point ou presqne pas d'irritation sur la muqueuse du tube digestif. Ils ne donnent pas ou presque pas de coliques. La plupart, comme le miel, les huiles, la manne, ne pea-vent pas elre absorbes a cause de leur nature visqueuse; ils ne se dissolvent pas dans les sues gastrique et intestinal. Ils agissent comme des corps elrangers, se mölent aux matieres intestinales, emp^chent egalement leur absorption, et purgent en causant une indigestion. Le lait elendu d'eau, le bi-tartrale de potasse n'agissent pas par indigestion; ils provoquent peu les secretions muqueuses, et entrainent seulcment au-dehors les matieres contenues dans I'inteslin.
Minoratifs ou purgatifs doux.—Ils out une action plus prononcee sur liniesiin grele, deierminent des coliques plus ou moins fortes, et augmentent les diverses se cretions de la membrane muqueuse intestinale.
L'huile de ricin que quelques auteurs placent parmi les laxatifs depuis que la fabrication moderne est parvenue a la rendre fort douce , est pour nous un minoratif, parce que nous ne I'employons jamais dans un grand etatde pu-rete. A raison de son gout desagreable, on est oblige de la faire prendre de force aux malades. On la mele a I'hiiile
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290 d'olivc pour la rentlreplus coulante. Moiroud parait n'en avoir jamais fait usage, puisqu'il conseille de la delayer dans un mucilage epais, dans Je mielou un jaune d'oeuf. Orfila dit que les fruits ecrases ont des proprietes beau-coup plus actives que l'huile, et qu'il a fait perir des chiens en leur en faisant prendre depuis 15 decigrammes jusqu'ä 12 grammes.
Le proto-chlorure de mercure (mercure doux, calome!) a ete extrömement vante par quelques veterinaires franquot; cais, et surlout par les Anglais, qui en font une veritpb'e panacee. Quant ä moi, je partage Vavis de M. Huzaid qui le regarde comme un purgatif faible. Tous les che-vaux auxquels je l'ai administre, möme mele au miel, a la dose de 4 ä 12 grammes, ont perdu l'appetit et ma. nifeste des symptomes d'irritation intestinale avantd'avoir eu des evacuations alvines. L'appetit n'est revenu qu'a-pres qu'on a cesse de l'administrer.
Les Sulfates de potasse , de soude , et de magnesie me-ritent ä peine le nom de purgatifs, en ce qui concerne le cheval et le bceuf. II faut les donner ä grandes doses, et en continuer l'usage pendant deux ou trois jours. M. Hu-zard les prescrit ä la dose de 100 a 300 grammes. On les donne dans l'eau tiede, dans une infusion de sene, ou dans le miel.
Le soufre sublime (fleurs de soufre) purge les petiis animaux, le chien et le chat, a la dose de 4 ä 12 gram., suivant leur taille. C'est la substance que nous employons pour obtenir la purgation des animaux atteints de gale et de maladies de la peau en general. On le donne au chien , au chat et au porc, mele ä du bouillon ou ä de la soupe claire. On l'administre au cheval, en deux ou trois fois, ä la dose de 100 grammes chaqae fois, et mele au miel. II
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a rinconvenient de procurer tics dejections qui ont I'odeur de Thydrogfene sulfure.
L'aloes est le meilleur purgaiif que nous possedions pour les grands animaux. C'esi l'aloes de seconde qualite, appele hepatique, qu'on emploie en medecine veteri-naire. Ses proprieles purgatives resident dans le principe savonneux; la resine a moins d'activite.
On le donne au cheval reduit en poudre, et mis en suspension dans I'eau bouillante, ä la dose de 32 ä 64 gram., dose qu'on peut doubler pour les grands ruminants. On l'administre ä doses refractees, dans le miel ou la melasse. On en donne de 8 ä 12 grammes, pendant quatre , cinq, ou six jours, dars une quantile double ou triple de miel. Par ce moyen on purge d'une maniere douce, maislente.
On purge aussi le chien avec l'aloes, mais il en resulle des douleurs d'entrailles, si la dose depasse 4 grammes. II vaut mieux le donner aussi ä doses brisees, 2 ou 3 grammes dans du bouillon, lamerlume n'etant plus assez grande pour le degoüter.
Purgatifs drastiques.—L'acüon de cette classe de purgatifs est beaucoup plus prononcee que celle des mi-noratifs. Ils produisent ä la fois une irritation vive de l'in-teslin grele et du gros intestin, sollicitent uue secretion abondante de mucosites intesiinales, el l'evacuation des matieres fecales. En meme temps les animaux eprouvent de fortes coliques. On signale comme un effet consecutif frequent de l'emploi des drastiques, la constipation qui resulterait de l'irritation trop vive que ces medicaments developpent dans le tube intestinal.
La gomme gutte avail ele proposee par Daubenton pour purger le mouton atleint de pourriture. On n'a pas dit qu'il en eül oblenu des guerisons. Au conlraire, ce
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292 savant naturaliste a vraquo; la gomrae guite, ä la dose de 8 grammes, prodaire une superpurgalion et causer la mort de ranimal.
Administree par moi ä une vache ä la dose de 60 grammes, eile ne produisit que peu d'effet. A dose double , elie determina une colite vive avec dysenteric qui a dure 17 jours (Compte rendu de l'ficole de Lyon , 1017). A la dose de 24 ä 48 grammes, un cheval a eprouve, comme symplomes generaux, les frissons, la perte de iappetit, rirregularite du pouls, de l'anxiete, et quel-ques dejections seulcment de matieres stercorales plus molles que de coutume (Moiroud , pharmacologie).
Le jalap experimente par Gilbert et Bourgelat, ä la dose de 64 grammes, sur une brebis ägee de 4 ans, ne produisit aucun effct. Je l'ai donne ä un vieux cheval ä la dose de 96 gram., sans en obtenir aucune espece d'effet. Donne par Moiroud au cheval, aux doses de 64 etde 96 grammes, et sous forme de bol (il ne dil pas h quelle aulre substance il elail associe), on n'a observe aucun deseffets des purgatifs drastiques; ily a eu diurese,ecoulementd'u-rines. Huzard a, le premier, note ce phenomene, et con-seille d'associer le jalap a I'aloes, lorsqu'on veut purger des chevaux ou des bceufs , chez lesquels les diatheses sereuse et muqueuse se font remarquer, c'est-ä-d;re oü le sang est sereux. II present de le faire prendre au pore, en poudre dans ses aliments; au chien, en electuaire; en infusion pour le petit chien, l'agneau et le chat.
La scammonee ayant ete donnee par Gilbert, ä la dose de 24 grammes, en poudre melee ä de la päte, a une brebis de taille moyenne, la bete mourut 20 jours apres, sans avoir ete purgee. Moiroud conclut de cette experience un peu anciennc, que la scammonee est un pur-
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galif infldele. Ce qu'il dit de la cherte de son prix, comme devant en rendre l'usage extrömement borne dans la me-decine velerinaire , me parait plus juste.
Au reste, ces differents drastiques ne peuvent pas 6lre administres au chien, sous forme de bol, parce qu'il les revomit, lors meme qu'on lui He la gueule.
L'huile de croton tiglium passe pour le plus violent drastique. 20 ou 30 goulles suffisenl jour purger un clie-val. 12 gouttes d'abord , et ensuite 30 injectees dans les veiues du meme animal, produisirent des evacuations alvines, et une violenle entente qui se termina par la mort. La muqueuse intestinale ful trouvee enflammee, et plus particulierement celle du gros mtestin. L'huile de croton tiglium , que j'ai plusieurs fois administree comme adjuvant de l'aloes ou de l'huile de ricin , dans le cas do vertige abdominal, n'a pasproduit en general de promptes evacuations. Je l'ai essayee ä titre d'experience sur une vieille jument de 17 ans. Je fis donner l'huile ä la dose de 30 gouttes dans un demi verre d'eau. Trois heures apres on permit ä l'animal de manger.
Le lendemain, aucun effet n'ayant et(5 produit, je fis donner 40 goalies dans le meme vehicule. Pendant tout le jour I'animai fin soumis aux barbottages.
Le surlendemain nous trouvames une grande quantilo de matieres liquides, et la jument faisait a chaque instant des efforts pour rendre ses excrements.
L'aulopsie nous montra une injeciion d'une leinte vio-lacee et par plaques dans I'estomac, Tinteslin grele el le gros inlestin. 40 gouttes dans le meme vehicule donnees ä un fort cheval de trait, ont determine des le lendemain une forte purgation.
Medication purgative.—L'action locale dos pmgalifs
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294 varie beaucoup , ainsi que nous l'avons vu. Les uns irriquot; tent legerement et passagerement, les autres plus ou moins violemment. Teile est l'huile decroton tiglium, qui produit metne des eschares fort epaisses sur la peau saine , tandis que d'amres sont presque inertes, comme les sels neutres. Mais, comme l'observe M. Guersent pour l'homme, si l'on prend le terme moyen entre les effets des Iiixatifs et ceux des.drastiques , on reconnailra aux pur-gatifs les effets suivants : 1deg; ils dcbarrassent le canal intestinal des feces et des matieres etrangeres qui y sont con-tenues ; 2deg; ils excitent plus ou moins sa membrane muqueuse, dans une parlie de son etendue, et provoquent une secretion plus abondante de mucositös, de bile, et de fluide pancreatique ; 3deg; cette secretion ne peut se faire sans qu'il y ait afflux dans les intesiins d'une quantite plus considerable qu'ä l'ordinaire , de sang et de fluide ner-veux; 4deg; les purgatifs qui se dissolvent el dont les molecules sont absorbees, produisent ensulte divers effets secondaires sur d'autres appareiis de secretion, tels que ceux des urines, du lait. En effet, ces fluides participent, aprks l'administration des purgatifs, de la qualite de ceux-ci : le lait de lajument, de la vache, de la brebis, purge les nourrissons.
L'emploi des purgatifs est soumis ä quelques regies qui, bien qu'etablies pour la medecine de l'homme, n'en sont pas moins applicables aux animaux : 1deg; Les purgatifs ne conviennent pas egalement ä toutes les esp^ces d'a-nimaux. J'ai dejä dit qu'ä raison de la longueur de leurs inlestins , les herbivores n'etaient pas purges facilement, et qu'ils en öprouvaient un trouble plus grand que les carnivores et le porc 5 2deg; de meme pour les äges. Ils conviennent mieux chez les vieux animaux que chez les jeunes.
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293 Le canal inlesiinal des premiers est plus paresseux, il s'en #9632; goue plus facilement et la constipation en resulte. Au contraiie rimprcssionnabilile des jeunes animaux les dispose ä des phlegmasies aigues et chroniques, et h des in-vagihations; 3deg; les temperaments lymphatiques et bilieux se pretent plus facilement ü leur emploi que les temperaments sanguins el nerveux. J'ai dejä trop sonvent deve-loppe celte proposition pour qiril soit necessaire d'y reve-iiir maintenant; 4deg; l'usage de ces medicaments est, tomes choses egales d'ailleurs , plus ulile dans les pays humides, soit qn'ils soient en meme temps chauds ou froids, que dans les pays oil lair est sec. On en saitaussi les raisons physio* logiques. C'est pour cela que les Anglais emploient si sou-vent les purgatifs dans le traitement des maladies de leurs chevaux , et möme ä titre de prophylactiques.
On peut dire d'une manure generale qu'on ne doit Jamals , ä moins Vindications paniculieres , employer les purgatifs au debut des maladies internes. II faut attendre que les premieres periodes d'augment et d'elat soient pas-sees , et ce n'est guere que lorsque la maladie a diminue d'intensite qu'il est permis de les employer. Ainsila fievre, la chaleur de la bouche et de la peau , la soif, la suppression des urines, une grande excitation sont autant de circonstances qui contre-indiquent l'emploi des purgatifs. Au contraire une bouche päleuse, une langue recouvertlaquo; d'un enduit grisätre ou jaunätre, sans soif, sans douleur du venire, avec un etal de degoüt el d'empätement do labdomen, indiquent Tadministration de ces moyens , lorsque rien n'auire ne s'y oppose.
Les purgatifs ayant pour eilet le plus general de determiner 1'evacuation intestinale , ils sonl indiques dans les cas de constipation, de sejour de corps etrangers dans
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296 les intesiins,lelsque desatnas de lene, des bezoards, des pierres, des pieces de monnaie , des fragmenls d'os, des masses stercoraleraquo;.
Uae indication des plus anciennes et des mieux connues, est l'expulsion des vers du tube digestif. Dans ce cas, comme dans les precedents j c'est centre la cause qu'on dirige le remede. Mais comme les symptomes qui annon-cent la presence des vers, peuvent se confondre, chez lesanimaux, avec ceuxderinflammationgastro-intestinale; qua ces deux etats se trouvent parfois en coincidence, et que pour detruire et expulser les vers, on fait usage de purgatifs actifs, on doit craindre d'aggraver l'etat des malades en augmentant ou en faisantnaitrerinflammation. J.ai eu deux ou trois fois ä regretter d'en avoir fait usage.
Lespurgatifs sont indiques dansla deuxieme periode des empoisonnements, lorsqu'ils sont passes dans le canal intestinal. C'estalors sur le choix de la substance purgative qu'il faut porter son attention, afin de ne pas aggraver l'etat de la muqueuse iutestinale dejä irritee par le poison. Les drastiques conviennent apres les empoisonnements causes par les sels de plomb , ä cause de la constipation opiniatre qui en est la suite. Les laxatifs sont preferables dans les autres cas.
Dans les fievres bilieuses et les maladies du foie,, il ne faut y avoir recours qu'apres la periode d'irritation. On s'adresse aux laxatifs acidules, seuls ou associesaux sels neulres.
La diarrhee qui dure depuis quelque temps, et apres que l'irritation a cesse, cede ä l'emploi d'un laxatif qui debarrasse l'intestin de matieres irritantes dont la presence entretenait la diarrhee.
La dysenterie cede quelquefois ä l'emploi des purga-
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297 tifs, lorsqu'elle n'est plus recente et qu'elle consisle en quelque sorte en un simple vice de secretion. Le calomel et les drastiques, la gomine gutte, y reussissent. Nous avons deja vu plusieurs fois de quelle maniere les astringents, les irritants, agissent sur les parties qui sont 1c siege de congestions, de vices de secretions chroniques; c'est en determinant le resserrement, la constriction des vaisseaux, en empechant lastase du sang etlengouement de la circulation capillaire, cause frequente de ces vices de secretion.
On a meme conseille ces moyens, ainsi que le nitrate d'argent, pendant la premiere periode de la dysenteric. Cette melhode ne me parait susceptible de reussirqu'au-tant que la dysenterie est purement secretoire , et que I'inflammation y est tres-peu intense. Malgre des succes eprouves, il fautredouter les funestes effels qui peuvent resulter de l'emploi de pareils moyens.
On emploie quelquefois les purgatifs comme revulsifs pour ccaibattre des congestions ou des inflammations par cause externe. Dans ce cas, le traitement doit etre prudemment commence par la diete et les emissions sanguines. Les congestions sous-cutanees, dites grosses echauboulures, cellesdu tissu sous-ungule, connues sous le nom de fourbures, cedent ä ces moyens, lorsque le canal intestinal n'est pas prealablement irrite.
A titre d'evacuants, on les emploie dans les oedemes , les infiltrations des jambes, les hydropisies. Cette medication est rarement curative dans les veritables hydropisies des animaux, I'ascile, la cacbexie aqueuse des ruminants. L'amelioration qu'elle produit n'est que passagcre, toutes les fois que ces maladies sont compliquees d'alie-ralions organiques.
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Ils sont egalemenl avantageux ä la suite des vieilles suppurations des plaies ou des ulceres, des affections de la peau avec secretion plus ou moins abondante, des af-tecüons catarrhales des yeux, du nez, des oreilles, du canal de l'uretre , du prepuce, apres le retrait des setons, ou quand on fail secher des vesicatoires. On remplace ainsi une secretion qui vient de se tarir, parune nouvelle. On empeche de la sorte que le sangqui fournissait ä ce flux, en se trouvant en exces dans I'economi'e, ne se porie sur quelque organe et n'y occasionne une maladie fdcheuse. On derive ainsi pendant quelque temps, en attendant que Tactivite plus grande des secreteurs naturels remplace la secretion accidentelle qui vient de cesser.
Ac6te desavamages nombreux que nous reconnaissous aux purgatifs dans le traitement des maladies, il faut presenter aussi les inconvenients, les accidents qui peuvent etre la suite de leur emploi. Le principal de-tous est dans le developpemeni ou l'augmentation de rinflammation des intestins. Aussi, est-ilprudent pour les veterinaires, s'iis veulent conserver leur reputation, de ne pas prescrire des purgatifs, si la preparation doit en etre confiee au proprietaire de I'animal, ou si le veterinaire ne peut pas suivre le malade, apres l'administration du purgatif, afin de savoir de quelle maniere il aura agi. J'ai vu plusieurs chevaux perir de gastro-enterite ä la suite de cette medication , et j'en ai traite heureusement de cette maladie a ores qu'ils eurent couru les plus grands dangers. Le veterinaire devra tenir les malades, pendant l'administration du purgatif, sinon a uue dike absolue, du moins ä fort peu d'aliments solides et ä l'usage de boissons abondantes et tiedes en hiver.
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Exutoires.
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Les exutoires sont des solutions de continuite faites et entretenues par I'art, pour en obtenir un ecoulement utile är la guerison ou a la preservation des maladies et ä l'enlrc-liendelasante.
L'acception de ce mot beaucoup trop etendue autrefois, a ele limitee depuis quelques annees aux solutions de coniinuile dans lesquelles on entretient a dessein la supquot; puralion pendant un temps plus ou moins long.
Les exutoires qae nous pratiquons aux animaux , sont presque toujours entretenus par des moyens physiques, comme les tissus en corde, en fil, les tresses de colon ou de chanvre , auxquel les on mole parfois des crins , par du vieux cuir. Quelques-uns de ces moyens jouissent de proprietes chimiques, telsque la racine d'ellebore, I'acide arsenieux, et suivant le casj ces substances sont employees seules ou enduites de certains corps irritants qui augmen-tenl leur action. On coud quelquefois la racine d'ellebore ou I'acide arsenieux, dans un ruban de fil roule suivant sa longueur. Le plus souvent nous nous ccntentons d'en-duirela surface du ruban soit avec longuenlbasilicum, ou avec la pommade de cantharides ou l'essence de lere-benthine; soit enfin comme le font les veterinaires anglais, en imbibant des tissus de coton ou de chanvre d'unc preparation qui se compose d'une partie de poudre de cantharides, de huit parties d'essence de terebenthine et d'autant de bäume du Canada.
Les veterinaires du royaume de Naples ont appris, des marechaux du pays, qui s'en servent de temps immemorial, a elablir un cxuloire au nioyen du cautere aclucl
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([u'ils appliquent dans le fond d'une incision faite dans toute I'epaisseurde la peau.
Le nom de seton [seta, soie) est donne ä laplupart de ces exutoires formes de rubans de fil, de tresses ou de morceaux de cuir. On distingue cependant dans la pratique , le seton a meche ou ä tresses qui est le plus ordinaire, de celui qui est fait en cuir, lorsqu'on lui a donne la forme d'une rondelle ouverte au centre ; celui-ci est le seton ä rouelle, dit encore a Vanglaise. On a donne le nom de trochisque a I'exutoire qui se compose d'acide ar-senieux ou de tout autre escharotique (de trochos, roue), ^e nom conviendrait mieux au selon a rouelle.
Les effets des exutoires snnt locaux ou generaux. Les effeis locaux varient suivant la nature des moyens qui sont misen usage. Quelques heures apres I'insertion sous la peau d'une meche ou d'une tresse, leslevres de l'incision sont, comme celles d'uneplaie ordinaire, gonflees et relevees, se-ches et de couleur brune. 10 ou 12 heures apres, tout le trajet qu'occupe le corps etranger, forme une sorte d'ele-vure tendue et douloureuse; une petite quanlite de maiiere sanieuse et quelquefois de sang secoule par I'ouverture. Si les setons ont ete multiplies et que Tanimal soit irritable , il se montre une tumefaction douloureuse; de l'en-flure survient autour et au-dessous; le jeu des parties voisines en est gene, surtout si c'est pres des merabres ou du cou. Cette inflammation est d'autant plus prompte a apparaitre et a acquerir un plus grand volume, que Ton a employe des moyens plus irritants.
L'ellebore inseree sous la peau donne naissance a uue lumeur qui, arrivee a son plus haut degre d'accroissement, acquiert le volume des deux poings reunis et peut aller jusqu'ä celui de la tete d'un enfant ou d'un homme. Gelte
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301 mmeur phclgmoneusc qui mel 3 , 4 ou 5 jours ä faire des progres, cause de vives douleurs el erapeche souvent le malade de se coucher.
L'acide arsenieux agit avec assez de promplilude pour produire les premiers eflfets; maisgeneralemenl, latumeur qui en resulle, est moins elevee qu'elendue; eile esl pen chaude et peu douloureuse; la pean s'y colore en un rouge de chair fonce; autour se forme une infiltration qui ne tarde pasä devenir froide et indolente. Au bout de 2 ou 3 jours, le soramet de la tumeur se change en une eschare qui commence a se detacher.
11 se manifeste des phenomenes generaux pendant que le travail fluxionnaire local desexutoiresalieu.üne excitation generale est produite ; pour peu l'animal soit impressionnable, son pouls devient frequent et dur, la peau s'e-chaulfe, I'appetitdirninuc dune maniere plusou moins re-marquable; le malade tient la tete basse, il a Tair un pen abattu et ne repose pas sur sa litiere. Ces effets generaux diminuent graduellement ä mesure que le seton entre en suppuration; des lors, la tumeur se defend , diminue de volume, se resoutpeu a peu, et il ne resteplus du trouble general et local, qu'une secretion qu'on entrelient sur un point de la surface cutanee.
Lorsqu'on s'est servi de laracine d'cllcbore pour etablir I'exutoire, on a soin de retirer la meche et l'irritant vers le troisieme ou le quatrieme jour, suivant le volume de la tumeur. Si laracine avait ele iuseree immediatementdans une poche sous-cutanee n'ayant qu'une seulo ouverture , on incise la tumeur de haut en has, apres en avoir retire I'ellebore. On facilite ainsi recoulcmcnt du pus et Ton a soin d'entretenir la suppuration le plus long-temps possible.
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L'acide arsenlcux doit etre retire du lieu del'insertion, des qu'il a taut soil peu tumefie la partie, afin d'eviter la desorganisationlente et etendue destissus, qu'ilentraine a sa suite. On ne le laisse que quelques heures, 10 ou 12 au plus. Quelquefois cependant, 10 ou 12 jours apres qu'il a ete retire, son travail desorganisateur n'est pas encore termine. On I'a vu detruire les muscles sous-glos siens el perforer cette paroi de la bouche.
En resume, un exutoire doit etre compare ä un phlegmon qui parcourt toutes ses periodes, arrive a la suppuration et continue ä fournirdu pusjusqu'ä ce qu'on ait extrait le corps eiranger, cause de tout le desordre.
Au point de vue de leurs effets therapeutiques, les exu-toires agissentde deux manieres differentes, suivantqu'on les considere dans la periode d'inQammation ou dans celle de suppuration. Dans le premier cas, ils agissent ä la ma-niere des irritants appliques ä la peau; e'est-a-dire que : 1deg; ils excitent le mouvement de la circulation dansle lieu oil ils sont appliques et peuvent, de la sorte, commencer la resolution de diverses indurations; 2deg; ils produisent une excitation generale^ 3deg; ils operent comme revulsifs, en produisant unevive inflammation äl'exterieur, comme cela se fait naturellement dans les charbons symptomati-ques, par exemple.
Mais le plus souvent ce n'est pas pour produire ces differentes medications qu'on emploie les exutoires; e'est en general comme derivatifs, a raison de la secretion pu-rulentequ'ils produisent. Les exutoires sont des secreteurs artificiels qu'on etablit momenianementoupour un temps plus ou moins long, afin d'aider ä l'action des secreteurs naturals, et d'augmenier ainsi la quanlite de materiaux qu'ils souslraient au sang. Voila pourquoi cette medication
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303 a ele appelee spoliaiivc par Trousseau et Pidoux, dans ]eur Tratte de Therapeutique; parce que, commeelle se fait aux depens du sang, de meme que toutes les secretions naturelles eile le depouille, et le prive d'une certaine parlie de ses principes imnaediats.
Or, quel avantage y a-t-il ä depouiller ainsi le sang? c'est que : 1deg; on sait, et j'ai plusieurs fois insisle lä-dessus, qu'il ne pent guere y avoir ä la fois deux points de l'cco-nomie qui jouissent d'une grande activite. Lorsqu'une secretion augmente, les autres diniinuent d'activite. En etablissant done une nouvelle secretion, on doit diniinuer successivement la direction du sang verscertaines parties. Ainsi, le poumon,, par exemple, est le siege d'une vieille congestion, d'une inflammation ancienne, vous appliquez des exutoires; et ces maladies tendent ä se deplacer, etant en quelque sorte remplacees par ces maladies acciden-telles qu'on a fait naitre ä l'exterieur ; 2deg; en depouillant le sang, on a un autre avantage , c'est qu'on diminue sa quantite, et alors on favorise I'absorption dans tous les tissus. Ainsi, on sait que lorsqu'il y a plethore , c'esl-a-dire, surabondance de sang, I'absorption ne se fait pas ou est tres-faible; une ou plusieurs saignees, endiminuant ce fluide, favorisent singulieremeni ['absorption. II arrive quelquefois qu'il se produit des oedemes, des infiltrations par le seul fait de la plethore; la saignee suffit pour les enlever. L'exutoire agit done ä la maniere d'une saignee , et par l'abondance de la suppuration , il favorise I'absorption. Cependant, on comprend que cela n'est vrai que dans le cas ou le corps n'est pas trop debilite; car quand I'economie est profondement affaiblie, Tab-sorption ne se fait pas non plus. Une preuve evidente de 1'influence dune suppuration prolongee sur I'absorption,
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304 c'est ramaigrissemcnt general du corps qui en resulte.
I! est evident que pendant qu'on entretient ainsi une suppuration dans le but d'activer labsorption, ilne faut pas donner ä son malade un regime tropnourrissant; au-trement l'abondance des materiaux fournis au sang par la digestion, pourrait depasser celle qui lui est soutirec par l'exutoire, et alors on n'en obliendrait pas un grand avan-tage. On doit done avoir sein de tenir son malade a uu regime tel que la reparation du corps reste au-dessous des besoins, aim que Tabsorption conserve son activite.
Les exutoires n'ont pasle pouvoir, comme le croyaient les anciens , d'evacuer au dehors les produits älteres qui peuvent se trouver sur differents points de l'economie. Ils n'ont aucune action particuliere sur lepus, par exem-ple, qui est depose dans les tissus eloignes de l'exterieur. Leur action se borne : 1deg; ä diminuer ou ä suspendre le travail qui, dans ces organes , continuait h produire la suppuration; 2deg; ä en faciliter I'absorplion. Le pus qui est fourni par les exutoires est forme de toutes pieces des materiaux du sang, et n'arrive pas tout forme dans l'exutoire par suite de labsorption qui aurait eu lieu ä rinlerieur sur les surfaces oü il est secrete. Nous savons que le pus ne peut etre absorbe qu'incompletement. Ses molecules sent trop grosses pour traverser les capillaires.
Une autre consideration importante se tire de la ma-niere de supprimer les exutoires. Lorsqu'ils sont anciens, que l'economie est habituee a cette secretion, il faut pren-dre garde de les supprimer. Leur suppression peut ßtre suivie de quelque inflammation tres-grave d'un organe important. La marche de ces inflammations est rapide, et leur terminaison souvent funeste; lors meme qu'on a soin de rouvrir l'exutoire et d'exciter toutes les secretions.
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305 Mais ces cas ne se presentent pas dans la medecine vete-rinaire, aussi souvenl que dans celle de l'homme. Le ve terinaire ne peut pas se permettre de faire durer bien long-temps les setons, comme les medecins le font pour le cautere.D'abord ä cause des services auxquels les anhnaux sont süiimis , et qui font qu'on les sacrifie quand on no peut pas obtenir, en un certain temps , la guerison dr. leurs maladies. Mais il arrive aussi que , lorsqu'ils son'. trop prolonges, leur trajet s'indure, donne naissance ;! des degenerescences de tissus, ä des ulcerations qu'on no guerit souvenl qu'avec peine ; et dans cenaines localites , on les voit meine devenir l'origine du farcin.
Le plus souvent, apres que les setons ont produit leu;-etfet et qu'ils ne sont plus necessaires, on peut les retirer. La regle est de les supprimer dans l'ordre de leur place ment. Les plus anciennement appliques seront retires les premiers et ainsi de suite. Autant que possible il faut les remplacer par d'autres derivalifs, par ceux des reins , du tube digestif. En effet en supprimant un ecoulement qui durait depuis quelque temps , la quantile de sang qui eiait journellement employee ä cette secretion reste en exces dans le Systeme circulatoire; il en resulle en quelque sorte une plethore momentanee et accidentelle , jus-qu'ä ce que I'equilibre se retablisse. Or il convient pour la prevenir d'administrer quelques purgatifs ou quel-ques diuretiques. C'est ce que je fais surtoutence qui con-cerne les affections catarrhales de la muqueuse pulmo-naire et les irritations cutanees qui fournissaient des produits sereux ou purulents abondants; etchez les ani-maux qui menent une vie pen active. Car, lorsqu'on vient de guerir une maladie accompagnee d'une grande secretion, il faut craindre, si le sang ne prend pas de nouvelles tome u.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20
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30G directions, ou que la maladie ne revienne, ou qu'il ne s'en declare quelque autre.
Ces fails de pratique s'expliquent toujours par les meines principes que jai dejä developpes a proposdes secre. tions. C'est le sang qui fournit ä toutes les secretions ; tant que leur sang est en quelque sorle en exc^s, il faut que cet exces s'ecoule par une voie ou par une autre, ou bien il se declare quelque congestion , quelque inflammation. Ainsi on est dispense de purger ou d'exciter les urines, apres la suppression des setons, lorsque la saison est belle et que les animaux doivent faire usage de l'herbe fraiche, parce qu'elle sert de laxatif. II en est de meme lorsqu'ils repren-nent leurs travaux,rexercicemusculaire etle surcroitde
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Quant au choix de l'exutoire, il Interesse aussi le pra-ticien. On recommande de choisir ceux qui produisent le moins de douleur et d'irrilation possible. Le seton qui se trouve dans ce cas doit 6tre prefere au vesicatoire, quand on l'oppose aux phlegmasies chroniques des visceres. Le vesicatoire cause de vives douleurs, exigedespansements suivis, et ne fournit qu'une suppuration irreguliere et de courte duree.
Les exuloires sont les agents les plus utiles et les plus employes de la therapeutique veterinaire, et on en com-prend facilement la raison. Les sudorifiques n'ont presque aucune influence chez les animaux; faction des purgatifs est souvent infidele et incertaine. Du reste les medicaments internes ayant besoin d'etre donnas ä haute dose , finissent par devenir coüteux. On ne peut pas se les procurer facilement partout. Au contraire le praticien veteri. naire a toujours sous la main de quoi appliquer des exu-
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toires, tels que des selons. Los purgalifs et les diureti-ques ne peuvenl pas otre continues, sans fatiguer les or-ganes digestifs, sans faire perdre l'appelit et determiner Tamaigrissement des animaux. Les exutoires peuvent etre employes d'une maniere assez durable ; ils n'exigent pas de changements dans le regime, et permettent aux proprietaires de tirer encore quelques services de leurs animaux.
Les indications de I'emploi des exutoires sont nom-breuses. II faut faire observer qu'il convient surtout de les employer dans la derniere periode des maladies dont la resolution ne s'est pas faite complfetement; qu'il est inutile au contraire de les appliquer ä leur debut. Ainsi on y a recours ä la fin des inflammations des vis-ceres , lorsque les materiaux epanches du sang n'ont pas ete completement resorbes, et qu'il faut en acliver I'ab-sorption 5 dans les cas oü ä la suite de l'inflammation , des flux secretoires persistenten quelque point de leconomie. On les deplace ainsi en en etablissant d'autres, et on en tarit la source. On les emploie encore dans les affections de longue duree, les rhumatismes anciens des muscles et des articulations qui entrainent des claudications fort rebelles.
Par suite des idees fausses des anciens sur l'action des exutoires qu'ils croyaient destines ä depurer le sang de tons les principes nuisibles qui pouvaient s'y rencontrer , les praliciens veterinaires s'empressent d'etablir des se-tons ä l'occasion du typhus ^ soit comme preservatifs , soitcommecuratifs.Cesmoyenssont inutiles dans le plus grand nombre des cas , et deviennent tres-dangereux dans d'autres cas , en causant eux-memes le developpe-ment d'hemorrhagies graves et qu'il est difficile d'arreter,
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308 lorsque le sang esi. tres-fluide, el souvenl aussi celui d'exanthemes gangreneux.
Les exutoires , noiammenl le seion , peuvent remplir d'autres indications; c'est d'abord de faire naitrc üne inflammation locale ä.la suite de laquelle des adherences s'etabliront entre des surfaces exhalantes, qui fournissaiem des produits morbides dont on veut tarir la source. Tel est le seton que Ton etablit au travels d'un kysle oud'unlt;^ tumeur enkystee, dans la sereuse du testicule, pour faire cessei Ihydrocele, entre les fragments d'un os fracture , lorsque la fracture est ancienne et qu'il s'y est fait une fausse articulation. Dans tons les cas, le seton irrite les parties, determine une inflammation dont \e resultat est de faire nailre des adherences.
On se sert encore du seton pour ouvrirune issue ä du pus ou du sang contenu dans un foyer , dans certaines gaines, pour entrainer au dehors des portions d'os ca-riees, ou des fragments osseux apres les fractures com-minulives.
Comme le vesicatoire, le seton eprouve pendant sa du-ree , des alternatives de calme et d'irritation, par suite des changementsqui surviennenldans les maladiesmemes auxquelles on I'oppose. Si elles s'amendent, le pus du seton devient abondant et louable 5 si elles persistent 011 s'aggravent, sa secretion diminue, tarit ou change de ca-ractere, devient sereuse , grisätre, sanieuse, fetide. II en est ainsi non - seulement pendant la periode de suppuration , mais meme pendant celle d'inflammation. Si Ton doit en obtenir une revulsion favorable, la marche du seton est reguliere, et on ne tarde pas ä voir etablir une secretion abondante et de bonne nature. Si au lieu de s'amen-der, I'inflammation que Ton voulait revulser, fait des
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309 progres , la suppuration tie s'etablit pas ou est tres-peu abondante. Enfin dans le cas oil la maladie prend une terminaison facheuse, le seton fournit un mauvais pus ou mcme se gangrene.
Quantaux lieuxd'applicationdessetons,nousavonsdejä vu qu'on les mel en general sur les regions du corps oü la peau recouvre des masses musculaires, et oü se trouvenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
abondamment du tissu cellulaire.En ce qui concerne la derivation , on pose comme regle generale de les etablir loin du siege du mal si la maladie n'est pas ancienne, et de les rapprocher de plus en plus de ce siege a mesure qiie la maladie dure depuis plus long-temps. Ainsi dans le cas d'eaux aux jambes, les praticiens mettent les setons d'a-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;iA
bord au poitrail et plus tard aux fesses. II en est de meme dans les coryzas, c'est d'abord au poitrail qu'on les applique , puis au cou. II faut en dire autant pour les affeciious cerebrales, ce n'est que dansle deuxieme temps de la maladie qu'on les rapproche de la nuque, lorsqu'on lt;roit pouvoir prevenir ou combattre un epanchement. Pour I'ophthalmie dite periodique, quelques praticiens les appliquent d'abord au cou, et plus tard sur la joue correspondante ä I'oeil le plus malade. Dans les phlegma-sies de la pleyre et du poumon , au commencement du traitement on passe les setons au poitrail, au-dessous ou sur les cotes de la poitrine. Lorsqu'il reste , apres la periode inflammatoire, quelque point indure ou le son rendu ä la percussion est mat, c'est lä qu'on passe le selon.
Nous somnoes obliges quelquefois, et surtout en ce qui concerne le chien, de faire exception ä cette regle, dans les cas de coryza , ä raison de la tendance que ces ani-maux ont ä arracher leurs setons, lorsqu'on les met sur
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les autres parties du corps; nous choisissons de preference la partie superieure du cou.
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On donne le nom de saignees aux diverses operations par lesquelles on tire des vaisseaux une certaine quantite de sang. Pour faire la saignee, on pent s'adresser aux veines, aux arteres, ou aux vaisseaux capillaires. Dans le premier cas eile porte le nom de phlebotomie [phlebs veine, tomeo je coupe); dans le deuxieme cas, celui d'arteriotoniie; et celui de saignee capillaire dans le troi-sieme cas. On appelle saignee generale, celle que Ton pratique aux grosses veines ou ä des arteres placees imme-diatement sous la pean; et saignee locale, celle qui se fait par les vaisseaux capillaires de la partie malade elle-m6me.
Phlebotomie.—C'est 1'operation que Ton est le plus souvent appele h. pratiquer, parmi toutes celles de la Chirurgie. II n'entre pas dans mon sujet de parier de la ma-niere dont eile se pratique; je ne dirai que ce qui a rapport aux effets locaux et generaux qui en resultent.
Comme phenomenes locaux, on observe d'abord une legere douleur produite par la section de la peau, et que I'animal temoigne par ses mouvements. Ln peu d'in-flammation se developpe autour de la petite plaie ; eile est accrue par la presence de l'epingle et de la ligature qu'on a appliquees pour tenir fermees les levres de la plaie, et pour en obteitair la cicatrisation. Lorsqu'on donne plusieurs coups de lancette ou de flamme pour agrandir I'ouverture de la veine, qu'on repete la saignee dans les environs, ou qu'on fait couler une seconde fois le sang par la meme
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ouverture , on s'expose ä augmenler rinflammation, et ä produire soit une phebite externe, c'est-ä-dire une inflammation du lissu cellulaire qui est tout autour du vais-seau, de cette gaine celluleuse qui les enveloppe, ainsi qu'on le sait, soit meme une phebite interne, cas in-finiment plus grave.
Pendant que le sang coule oa peu de temps apres la saignee, on observe des effets generaux. Le nombre des pulsations des arteres diminue toujours plus ou moins rapidement. A mesure que le pouls perd de sa frequencelaquo; il devient aussi moins dur, moins tendu. Le calibre du vaisseau diminue; on sait, en effet, que les vaisseaux se resserrent lorsque le sang les traverse en moindre quan-tite, de sorte que leurs parois sont toujours exactement appliquees sur la colonne sanguine. Cependant si le pouls etait dur et serre avant l'operation, par l'effet d'une douleur profonde ou d'une gone considerable de la circulation , alors on observe que le pouls se dilate et devient plus fort en diminuant de frequence. En meme temps la respiration subit aussi quelques modifications; les inspirations deviennent plus rares, plus profondes et plus grandes.
Mais si I'animal est faible, qu'il jouisse d'une grande susceptibilite nerveuse, ou que la saignee soit forte, on voit la pupille se dilater, la töte devenir lourde, le bout du nez froid. L'animal chancelie , et il pent survenir une syncope, si on laisse continuer l'ecoulement de sang. La face devient pale, le corps se refroidit, les membres sont dans un etat de resolution; c'esl ce qu'on observe , en pareil cas, surtout chez les pelils animaux que Ton saigne couches.
Lorsque l'etat du malade commande l'emploi de piu-
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sieurs saignees successives, la bouche devient seche, la soif s'allume; la peau se refroidit, eile devient seche oo bien se couvre de sueur; i'appetit baisse ou se perd ; le tissu cellulaire souscutane s'infiltre; les forces muscu-laires s'affaissent, el I'animal tombe dans im etat de fai-blesse dont il n'est pas toujours facile de le lirer. La vue snnout, si eile etail faible, s'affaiblit davantage. A me-sure qu'on repete les saignees, le sang se decolore, le serum augmenie, le caillot au coniraire est moins volu-mineux et moins coasistant.
Si nous cherchons ä interpreter les differents pheno-menes que cause la soustraction du sang, nous aurons a examiner : 1deg; d'oü vient la soif vive qui se developpe apres quot;d'abondantes saignees ; 2deg; d'oü viennent les infiltrations , les anasarques, les hydropisies qui sont fre-(juentes dans ces cas. Mais cette question se placera plus :ivantageusement apres la suivante; 3deg; quel est l'etat du :-ang, quels elements y predominent; 4deg; quel effet doit-il on rcsulter sur leconomie, surl'ensemble des forces et la marclie de la maladie.
Pour la soif, on sail quelle est produite par la s6che-iesse du pharynx. L'air qui le traverse se charge en passant de l'humidite qui est constamment fournie par la perspiration muqueuse ; or. Pair est un corps irritant qui ügit sur la muqueuse du gosier, lorsquecelle-ci nest pas lubrefiee par le mucus. Aprhs d'abondantes saignees, le sang elant considerablement diminue ne pent plus fournir aux diverses secretions; celle de la muqueuse pha-ryngienne diminue plus ou moins., et l'air alors I'irritant m passant, developpe la sensation de la soif.
L'etat du sang subit des modifications importantes.Cha-que saignee enleve bien egalement, il est vrai, de touies
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les parties Constituantes du sang, mais elles ne se re-produisent pas avec la meme facilite. La serosite se re-produit rapidement et en abondance. Nous savons qu'elle se compose d'eau, d'albumine et des sels; l'eau est fournie par les boissons; Talbumine est un principe imme-diat tres-repandu ; les vaisseaux lymphatiques et veineux absorbent la lymphe contenue dans les mailles du tissu oeliulaire. La lymphe se compose surtout d'albumine, et ressemble tout-ä-fait, du reste, ä la serosite du sang.
II n'en est pas de mäme de la matiere colorante et de la fibrine. Ce sont des principes immediats dont la creation dans I'economie est plus difficile, et que I'absorption ne peut pas puiser dans les tissus. Ce sont en meme temps les principes les plus importants. La matiere colorante parait etre le principe actif et stimulant du sang; aussi dans les maladies oü eile manque, comme dans les unemies, s'attache-t-on surtout ä la reproduire. Quant ä la fibrine, nous connaissons son role. Elle donne au sang ce qu'on nomme la plasticite, c'est ä-dire qu'elle rend toutes ses parties adherentes, et qu'elle l'empeche de s'imbiber et de s'infiltrer dans les tissus. Or, nous avons vu, par les experiences de M. Magendie, qu'ä mesure qu'on saigne, la fibrine dirainuant, le sang devient plus fluide et moins coagulable, qu'il s'echappe a traversles pores de ses conduits, et qu'il se forme ainsi, d'une ma-niere passive et mecanique, des epanchements dans le tissu cellulaire, dans les sereuses, et surtout dans le poumon. En elfet, l'oederoe du poumon n'est pas rare a la suite des pneumonies dans lesquelles on a abondam-ment saigne •, et il s'explique facilement par cette imbibition mecanique d'un sang devenu fluide.
Tels sont les effels sur le sang de saignees repelees. II
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314 est facile de comprendre ce qu'H en resultera pour Teco-nomie. Le sang, qui est son excitant naturel, prive de ses principes immediats les plus actifs et les plus impor-lanis, n'apportera plus aux organes que des materiaux incomplets; toutes les fonctions seront languissantes, et en premiere ligne la digestion. En meme temps, comme ces principes sent longs ä se reparer, I'organisme est jete pour long-temps dans un etat plus ou moins profond de faiblesse et d'affaissement. Aussi \es convalescences sont elles longues en general, et les forces lentes i revenir, apres des traitements aussi energiques que ceux que certains medecins et veterinaires recommandent.
line remarque importante a faire relalivement ä la sai-gnee en general, e'est quelle tend ä augmenter la predominance du Systeme nerveux. Plus le sang diminue, plus le Systeme nerveux se trouble et manifeste les differenls phenomenes ataxiques, les convulsions, le trouble des sens, etc. On doit done eviter cette operation ou en amp;re tres-sobre chez les auimaux nerveux, irritables; dans les maladies nerveuses, telles que les convulsions, les spasmes, les nevroses, ä moins qu'il n'y ait une plethore evidente, ou bien que I'encephale ou le poumon soient le siege d'une congestion sanguine ou d'une inflammation.
Si les saignees trop nombreuses ont de graves incon-venients, les saignees moderees et proportionnees aux forces des animaux ont de grands avantages. Lorsque, sous Vinfluence d'une cause quelconque, le sang se porte en abondance sur un organe, la saignee diminue cet afflux du sang. Voici comment: tons les organes recoivent necessairement une certaine quantite de sang qui est ne-cessaire ä leur nutrition et ä l'accomplissement de leurs fonctions. En saignant on diminue sans doute la quantite
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de sang qui leur arrive, mais on diminue aussi celle qui se rendait ä la partie malade.
On se rappeile ce qui a ete dit ä propos de la marche des maladies en general. On a vu que les organes appel-lent, attirent ä eux la quantite de sang et de fluide ner-veux qui leur est necessaire. La partie malade est dans un etat d'opposition et d'antagonisme; eile tend ä detruire l'equilibre de la distribution egale da sang dans le corps animal. La saignee diminuant la masse generate de ce fluide, fait qu'il en arrive moins ä la fois el dans les parties saines et dans la partie malade.
Les avantages de la saignee generate sont les suivants : 1deg; eile diminue, comme je viens de le dire, la quantite de sang qui afflue vers I'organe ou les organes malades; 2deg; la circulation etant plus rapide dans les maladies, une plus grande masse du fluide circulailoire penetre dans les tissus dans un temps domic; de lä un etat de souffrance et de malaise que la saignee soulage en diminuant la quantite de ce fluide; 3deg; la saignee prive le sang de ses principes excitants, tandis que les boissons aqueuses qu'on fournit abondamment, le rendent plus sereux et moins stimulant.
Si Ton saigne k la veine qui rapporte le sang de I'organe malade, aux jugulaires pour les maladies du cer-veau et du coeur, aux veines abdominales dans le cas d'inflammation commengante du peritoine et des intestins, on oblienl un effet local plus rapide. On soustrait plus promptement le sang qui engorgeait la partie; la circulation capillaire y devient plus libre, et on diminue ainsi tous les phenomenes de 1'inflammaiion. On degorge di-rectement les tissus qui sont le siege de la congestion.
Lesanciens medecins avaient attribue a la saignee plu-sieurs manieres diffcrentcs d'agir, auxquelies ils avaieni
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impose des noms particuliers. Ils distinguaient : l0la sai-gnee spoliative, dans laquelle on se propose d'enlever, en peu de temps, une grande quanlite de sang ä la circula-lion; 2deg; la saignee depletive, c'est celle que Ton fait dans les maladies d'une intensite moyenne; 3deg; la saignee derivative , c'est celle qui consiste ä degorger directement an organe, en s'adressant aux veines qui en rapportent le sang; 4deg; la saignee revulsive; eile se pratique loin de l'or-gane malade, dans le but d'atlirer le sang vers le lieu oü on saigne. Cependant ces deux derniers effets paraissent contradictoires. On ne comprend pas, si la saignee attire le sang vers le lieu oü Ton saigne, comment la saignee faite aux vaisseaux memes de la panic malade pent Ten de-tourner. Au reste ces distinctions ne sont guere usitees aujourd'hui.
Cependant beaucoup de praticiens croient encore aujourd'hui ä un effet revulsif de la part de la saignee. Ainsi ils ouvrent les vaisseaux de la queue dans les maladies da la töte, dans l'intention de faire affluer le sang dans la partie d'oü on le soustrait, et de l'eloigner des parties an-icrieures du corps. J'avoue que j'ai souvent employe ces cspecesde saignees, dans les cas de vertiges oü le cer-veau semble ötre reellement le siege d'une inflammation , ot que j'ai cru en obtenir queiques succes.
Cetle maniere de voir est egalement partagee en möde-cine humaine par un certain nombre de praticiens. Je citerai, entre autres, un des premiers chirurgiens de Paris, M. Lisfranc qui, dans les blessures de la partie inferieure du corps, recommande des saignees du bras repetees deux ou trois fois, une chaque jour, et qui, dans les blessures de la partie superieure du corps, pres-crit de les faire an pied.
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Cette opinion sur leffet revulsif ou mieux derivatif do la saignee pent s'expliquer par les raisons suivantes. Tout le Systeme circulatoire communiquant largement, lors qu'on ouvre une des divisions de ce Systeme, le sany afflue de toutes pans vers ce point. En effet, la pression atmospherique presse egalement toute la surface du corps ; si un vaisseau est ouvert, le sang s'echappe par ce point, qui se trouve ainsi momentanement soustrait äcette pression et alors le sang y arrive naturellementde tons les points du Systeme. L'effet qui seproduit alors est analogue a celui qui arrive dans un grand nombre de tubes pleins d'eau et communiquant ensemble ; lorsqu'on pratique une ouveriure a Tun d'eux, I'eau se precipiteet s'echappe par cette issue de tous les vases egalement.
Quoi qu'il en soit de ces explications, les distinctions que les anciens etablissaient dans la saignee ontbeaucouo perdu de leur importance; et la saignee se pratique gene ralement a la jugulaire, quelle que soit la maladie ä laquelle on a affaire.
Saignee arterielle. — On a cru pendant long-temps , et quelques medecins croient encore de ms jours, que la saignee arterielle remplit, mieux que la saignee veineuse , I'indication que certaines maladies presenlent. Par exem-ple, lorsqu'un organe devient le siege dune congestion violente qui menace de le desorganiser, comme dans le cas d'apoplexie, I'ouverture dune artere voisine debar-rasse plus promplement et plus rapidement que celle dlaquo;; la veine.
Je ferai remarquer qu'on ne pent ouvrir qu'un tres-petit nombre d'arteres; il fautqu'elles soient assez superfi cielles pour qu'on puisse les atteindre, et d'un autre cote, qu'elles soient sitnees pros des os, afin qu'on puisse
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318 les comprimer pour obtenir la cicatrisation de la plaie.
On a pense aussi que la saignee arterielle avait une action plus rapide, plus debilitante, parce qu'elle privait I'economie d'un sang plus riche et plus excitant que celui des veines.
Quant ä la pratique, les faits recueillis jusqu'ä ce jour ne sont pas suffisanls pour eclairer cette question. Les resultats de l'une et de l'autre saignee sont ä peu pres identiques. La saignee de l'artere temporale ne parait indi-quee que chez les sujets dent ces arteres gonflees et bal-tant avec force, se presentent pour ainsi dire d'elles-memes. Hors ces cas, la saignee veineuse est toujours preferee etn'esten rien inferieure.
Saigneecapillaire. — Cette saignee, commeson nom I'indique, se pratique sur les capillaires et en general dans le voisinage meme du siege de la maladie. Elle s'opere de diverses maniereset ä l'aide de divers agents, qui sont les sangsues, les ventouses, la lancette et le bistouri.
Je n'ai pas ä trailer ici de ces divers procedes,mais de leurs effets ihe^peutiques en general. Leurs effets locaux consistent en une douleur plus ou moins vive que fait naitre la section de la peau ; dans une legere inflammation qui se developpe autour de chaque piqüre ou de chaque scarrification. Elle est quelquefois assez intense pour pro-duire une forte tumefaction, principalement quand les sangsues ont mordu ä l'oreille du chien.
Les saignees locales enlevent le sang des capillaires de la peau; mais comme ces vaisseaux communiquent large-ment entre eux par les anastomoses, l'effet du degorge-ment sanguin se fait ressentir dans une certaine etendue, audessousde la peau.
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Cependant, quand la maladie contre laquelle on dirige les saignees capillaires, est assez forle et que la congestion sanguine est considerable, cette maniere de soustraire du sang peut etre plus funeste qu'utile. Le sang tend a se diriger, comme nous I'avons vu, vers les points du Systeme circulatoire, par lesquels il peut s'echapper au debors; par consequent les saignees locales doivent atlirer le sang dans la partie sur laquelle on les pratique.
En effet, si on applique un petit nombre de sangsues ou de ventouses contre une inflammation un peu active, on ne fait que I'augmenter. C'est ce qui se voit souvent dans la pratique; alors il faut ou appliquer une assez grande quantite de sangsues ou de ventouses scarrifiees pour desemplir le Systeme circulatoire en general, en meme temps qu'on degorge la partie, ou bien ilfaut faire preceder leur emploi d'une saignee generale. En sons-trayant ainsi beaucoup de sang, on fait qu'il en arrive moins ä la fois k l'organe malade comme ii tons les autres, et le degorgemenl local produit quelque bien.
Ainsi done, en regie generals, lorsqu'on traite une inflammation un peu intense, accompagnee de symptomes generaux, de fievre, il faut ou faire les degorgements capillaires tres-copieux , ou bien les faire preceder d'une saignee generale. Si I'inflammation est legere, qu'elle ait excite peu ou pas d'acceleration de la circulation, la saignee capillaire procurera du soulagement, lors meme qu'elle ne sera pas tres-abondante.
Quant au lieu oü doivent se faire ces saignees, on le choisira aupres du siege du mal; sur les parties corres-pondantes de la peau, si celle-ci est saine, et si eile est enflammee ou contuse j ce sera aux alentours, sur les points oü eile sera restee intacte.
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Beaucoup de praticiens ont l'habitude de placer les sangsues sur le scrotum lui-menae, dans les orchites; sur les arliculations, apres les efforts, les luxations de ces parties; sur la par tie malade, apres les coups, les Lles-sures. C'est une faute qui entraine quelquefois des suites graves. L'inflammation que font naitre les sangsues, peut t-ire suivie de la formation de petits abces, de gangrene meme; de l'ouverture des foyers sanguins , lorsque le sang s'est epanche sous la peau, apres les contusions. Dans ces cas el dans tous ceux qui leur sont analogues, c'est non pas sur le siege meme de la maladie , mais au-dessus et ä une certaine distance qu'il faut faire les degor-gements sanguins locaux.
D'apres ce que nous venonsde dire de la maniere d'agir des saignees, on voit qu'elles conviennent dans tous les cas oil le sang se trouve en exces , soit dans le corps en general, ce qui constitue la plethore; soit dans quelque partie, comme cela arrive dans les congestions, les inflammations , les hemorrhagies.
L'eiat des forces est la regie qui doit diriger dans I'usage des evacuations sanguines. S'il y a faiblesse reelle , on doit s'en abstenir, meme dans les maladies qui en recla-ment ordinairement I'emploi; et lorsque le bon etat des forces les permet, on ne doit jarnais les pousser a u point d'affaiblir trop fortement.
Les saignees sont contre-indiquees dans un grand nom-bre de cas : 1deg; quand lanimal vient de manger; 2deg;quand la digestion n'est pas achevee , ou du moins bien avancee; 3deg; quand on a lieu de soupQonner qu'il y a un embarras gastrique, un engouement de l'estomac par des matieres alimentaires, introduites depuis long-temps et qui n'ont pas ete digerees ; ä moins toute fois de circonstances
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graves; 3deg; dans les trop grands froids et dans les trop grandes chaleurs. Dans les premiers, I'animal a Lesoin de tout son sang pour entrelenir sa cbaleur naturelle; dans les secondes, le sang est peu abondant, a cause de 1 enorme deperdition qui s'en fait, et en meme temps le Systeme nerveux est vivement excite. Du reste le froid tres-vif comme la chaleur trop forte developpent tous deux le Systeme nerveux; les maladies nervcuses sonl communes et dans les pays chauds et dans les pays sees et froids, or Petal nerveux contre-indique la saignee ; 4deg; dans la premiere enfance et dans la vieillessc avancee;il faut au moins des cas tres-urgents pour s'y decider ; 5deg; chez les femellesqui nourrissent; 6deg; dans le temperament lympha-tique , et toutes les maladies qui s'y rattachent, 7deg; dans le temperament nerveux et ses maladies; 8deg; enfin chez les animaux maigres , affaiblis par le travail et les privations de toute espece.
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Des Anthelmintiques.
Oq donne le nom d'antlielmintiques ou vermifuges a des medicaments qui ont la propriete de faire perir ou d'expulser les vers developpes dans le corps animal et principalement ceux du tube digestif.
Ces medicaments sont nombreux, suivant les anciens auleurs. Bourgeiat en comptc une trenlaino, parmi les-quels figurent des medicaments de nature fort diverse , des purgatifs drastiques, le jalap , la scammonee , la co-loquinte; desexcitans, comme Tail, les vins acides; des antispasmodiques. comme I'assa-foetida, !e sagapenum ; des amers, teis que i'absinthe., la sementine, la petite centauree, etc.; 1c sei de cuisine; des astringents, comme
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la fougere, l'ecorce dc grenadier , la suie de cheminee ; enfin, divers autres medicaments, ie mercure , les huiles grasses, I'huile empyrcumatique.
Moiroud a considcrablement reduit le nombre des an-thelrainliques que nos premiers auteurs avaieut admis, ct en ccla il ne me parait pas avoir parfaitement bien compris la medication vermifuge. II n'en admct que six , la mousse de corse {lielmintho corton) la racine de grenadier, la fougere male , I'luiile empyreumaliquc dc Chabert, la suie de cheminee , rhuile de cade , ei il propose lemploi du produit pyrogenc de Rank, du pyrolho-
nide.
II est evident qu'un plus grand nombre de substances jouissent bien certainement de proprietes vermifuges. Lc mercure, par exemple, qui possede des proprietes sidc-leleres pour tons les animaux vivants et developpes spon-lanement a la surface de la peau, est gencralement aussi regarde comme exertjantla memo action surceux qui sent ncs ä l'intericur du corps. II y a plus, on 1'cmploie en frictions sur les kysteshydatiques pour dctruire lesbydatides. L'arsenic, rantimoiuo, I'elain, doivent aussi etre ranges dans la classe des vermifuges; il en est dc meme dc Tctlier, dubrou de noix, dont quelques praticiens se sont dejä servis avec avaniage, des purgatifs drastiques et de plu-sieurs medicaments dont parle Bourgelat.
En elfet, la medication anthclmintique ne comprend pas seulement les agents qui peuvent detruire les vers par une propriete toxique particuliere; mais encore tons ceux qui, ä quelque titre que ce soit, peuvent procurer leur expulsion et en debarrasser le corps. Ainsi, on rangera dans cette classe tous les medicaments qui gueriront des maladies vermineuses, soit en tuant directement les vers,
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323 soil en determinant les contraciions de l'intestin et en les chassant avec les feces. II me parait done prejudi-ciablc pour la pratique de reduire le nombre des vermifuges, comme I'a fait Moiroud.
Ce que je viensde dire s'applique aux versintestinaux. Quant ä ceux qui sont situes dans les vaisscaux, dans les canaux biiiaires , dans les bronches, Faction des substances antivermineuses ne peut se faire sentir äeuxqued'uae maiiere mediate et eloignee, apres le passage deleurs molecules dans le Systeme circulatoire. Mais il resterait ä sa-voir si leur sejour dans les intestins, leur absorption et leur passage dans le sang, n'auraient pas change on mo-difio leurs proprietes. A cet egard, I'observation n'a rien appris concernant les vers qui circulent dans les vaisseaux, parcc qu'aucun signe ceriain n'annonce leur presence. On est prcsque assure do leur existence dans la cachexie aqueuse des ruminants; mais dans ce cas, cequ'il importe le plus de combattre, ce n'est pas la presence des vers , mais bien la maladie qui les produit; aussi, les amers, le sei de cuisine , etc., me sembientplus avantagcux qu'au-cune especc de vermifuges.
Les vers qui sont logos dans les parenchymes organi-ques, dans te tissu cellulaire, dans les sinus cthmoidaux, dans le globe de l'ceil, sont encore bien plus difficilement atteints. Si ce n'est le coenure du cerveau et le ver de rhumeur aqueuse de l'oeil, que des moyens chirurgicaux peuvent faire pcrir, mais non sans danger pour la vie ou pour I'lntegrite de l'organe qui en est la demeure.
Pour ne parier maintenant que des veis iniestinaux, il convient de savoir, avant de faire usage des medicaments qui leur sont opposes , s'il nous est possible dans la plu-part des cas dc fonder un diagnostic precis. .Ten dome
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324 beaucoup pour ma part, et les plus habiles praliciens conviennent de ce fait, que la plupart des symptömes quo Ton assigne ä l'etat vermineux, fournissent seulc-ment des signes probables, et que le seul Symptome pa-ihognomonique se tire de l'expulsion des vers par le vo-missement ou par les selles.
Las symptömes qu'on attribue ordinairement aux vers intestinaux sont: des borborygmes frequents , de legeres coliques, l'odeur acide de l'haleine et du mucns buccal, le devoiement, l'irregularite de l'appetit, la dilatation de la pupille , des convulsions. Or tons ces symptömes peu-vent se montier , bien que le canal intestinal ne recelc aucun entozoaire. L'inflammation du tube digestif pent les produire ä eile seule. U y a plus, lorsqu'on est assure de la presence des vers dans les intestins, parce qu'on en aura rencontre dans les selles , il arrive que, si on donne inconsiderement les anthelmintiques , on voit se deve-lopper souvent les symptömes d'une enterile aigue qui pent devenir fucheuse. Ainsi, nonseulement il n'est pas facile de diagnostiquer la presence des vers dans les intestins , mais encore , une fois qu'on les a reconnus, on cause des accidents graves en donnant les vermifuges.
Aussi nos vieux auleurs, Lafosse, Chabert, ont-ils rai-son de lecommander qu'on commence le traitcment anti-vermineuxpar le lait, par des emollients, des limles.Lors meme que ces substances ne jouiraient pas de l'avantage de tuer les vers par indigestion, ainsi qu'on 1'a dit, ct cela parait en effet peu probable, elles disposeraient aux evacuations en delayantles matieres contenues dans I'mtestin, elles calmeraient rinitation intestinale si eile existait, et permettraient d'avoir recours ensuite aux veritables vermifuges , sans danger pour I'animal.
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Quant aux ascarides vermiculaires ( Laennec ) qui oc-cupent le reclum, ceux-ci sont accessibles aux vennifuges de la maniere la ples directe. Les dangers que j'ai signales pour l'eslomac., n'existent pas pour le reclum. On fait parvenir les medicameuis par les lavements, et il faul le faire des le debut, ä doses un peü forlcs.
Les velerinaires qui onl eu ä trailer l'etat cachectique avec developpement de vers dans les voies rcspiraloiies des grands ruminants, onl semble relirer quelques avan-tages de rether sulfurique et de la decoction de brou de noix injecles dans les naseaux en petite quantite et avec precaution; ilsontfait aussi inspirer Tether, et fait parvenir dans les bronches des fumigations de brou de noix brüle sur un rechaud. La voie la plus sure pour atleindre ceux de ces vers qui onl leur siege dans la trachee-artere et les bronches, est celle des naseaux, dans lesquels on introduit le liquide par pelites quantites ä la fois, ä moins que Ton ne veuille tenter l'operation de la tra-cheotomie.
Bien que ces vers se trouvent dans les voies respira-toires, alors qu'lls causeni la toux et menacent les malades de suffocation, comme it serait possible qu'ils se fussent developpes en premier lieu dans !e tube digestif et qu'ils eussent penetre plus tard dans les bronches, il serait peut-etre bien de donnerles vermifuges en boissons en meme temps qu'on les dirige vers les bronches, et de les associer aux toniques amers.
Les symptomes que Chabert assigne a la presence du tacnia lanceole (Prionoderme) dans les sinus elhmoidaux, me paraissent trop equivoques pour qu'on doive se decider ä injectcr de l'huile empyreumatique, meme affaiblie, dans les naseaux. II vaudrait mieux avoir recours aux
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326 fumigations. II y amoins dc danger ä inlroduire ce vermifuge dans I'esioniac, maisaussi son action est nulle dans le cas dont il s'agit.
On comprend qu'aucun traitement curatif n'est suivi de succes , s'il s'agit d'atteindre les vers contenus dans 1c lissu cellulaire et les parenchymes. II faudrail pouvoir empecher la diathese vermineuse de se declarer, par le cliangcment des conditions hygieniques, par un meillcur regime, par l'usage du sei de cuisine et des toniques amers.
Quant aux ectozoaires, aux animanx developpes sur la surface exterieure du corps, tels que le poux, le ricin , l'acare ou sarcopte de la gale, on emploie centre eux des substances irriiantes et de proprietes diverses, le tabac, la siapliysaigre, reliebore, le soufre, lemercure, l'ar-senic, l'essence de terebentliine, l'huile empyreuma-tique de Chabert, l'huile de cade. On emploie les trois premieres en decoction avec lesquelles on fail de fre-quentes lotions sur les regions de la peau qu'occupent les insecles. Le soufre , le mercure, l'arsenic sont incorpores dans un corps gras, ou melcs ä une liuile grasse. L'arsenic s'emploie quelquefois dans une solution de cendres, ou de sous-carbonale de soude et de potasse.
II est quelquefois indispensable de faire londie les moutons pour que ces medicaments puissent exercer leur action sur la peau. Le lavage de la peau ne Test pas moins, ainsi que la separation des animaux malades d'avec lesanimaux sains.
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EMOLUETITS ET TEMPEUANTS.
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Barbier, dans sa pharmacologie, comprend , sous !a denomination de debilitanls, les medicaments emollients et les medicaments temperants. Aux emollients et aux temperants, il unit, pour completer celte classe, tous les moyens qui ont la propriete d'affaiblir le corps, et dont les uns appartiennent ä la Chirurgie, comme la saignee, et les autres ä l'hygiene, comme la diele et le repos. Edwards et Vavasseur, Boucharlat, auteurs des Matieres Medicales les plus recentes, n'adoptent pas le nom gene-rique de debilitanl dont s'est servi Barbier, et classent ä part les emollients el les temperants; je suivrai leur ma-niere de voir.
Emollients.
Les emollients {cmollire, ramollir, rendre pins souple) sont des medicaments qu'on considere comme relachanl 1c tissu des organes avec lesquels on les met en contact. On peut les regarder avec autant de raison, comme jouissant de proprietes tout ä-fait negatives. IIs ne sont ni excitants, ni astringents, ni toniques, ni antispasmo-diques, etc. IIs n'ont aucun caiactere distinct, aucune propriete speciale.
Nous nous rendrons compte de leur aclion, si nous nous rappelons ce qui a etc dil ä propos du Systeme ner-veux ; ä savoir que la vie ne s'enlrcticnt (pic par des excitants, quo toutes les fonctions ne s'cxeiccnt qu'a !a suite de siinmlations nccessaircs. Or. si on snppriine cc5
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32laquo; exciiams naturels, et qu'on les reuiplace par des medi-camems fades, douceatres, et qui ne sont stimulants en aucune maniere , on comprend qu'il en resulte un affai-büsscment, un ralentissement des fonctions desorganes. C'est ce qui arrive lorsqu'on emploie les emollients. Ils agissent done non pas par une propriete relächante di-recte, rnais parce qu'ils ne peuvent pas entrelenir I'exci-tation necessaire ä l'exercice des fonctions.
Lorsqu'on les adminislre ü l'interieur en abondance, ils passent dans la circulation, par I'absorpiion gastro-inles-tinale. Ils modifienl la composition du sang, en y i'aisaiil predominer la partie sereuse. Or, qu'arrive-t-il lorsque par suite de mauvaise nourriture, de Saisons piuvieuses, de maladies , le sang est modifie au point que sa partie sereuse predomine considerabiement? Nous I'avons vu plusieuis fois. II y a alors ce qu'on appelle I'anemie, I'hy-drohemie , etats qui sont remarquables par la faiblesse, lalangueur. Eh bien! les emollients donnes en abundance produisont accidcnlellemeBt et incompletement, il est vrai, un eilet analogue a celui que deierminent la mau vaise nourriture, les saisons tres-humides, et les maladies de longue duree; ils augmentent rapidement la partie sereuse du sang, et produisent ainsi raffaiblissenicnt et le reliichement des tissus, le ralentissement des fonctions, comme on I'observe dans ranemio.
Tels sont les eflels des emollients, qui modifient I'eco-nomie en ce sens qu'ils y diminuent I'excitation par suite de laquelle le Systeme nerveux entre en action.
Appliques a I'exterieur, ils agissent de deux manieres. D'abord, comme lorsqu'ils sont donnes ä l'interieur, ils preservent les parties sur lesquelles on les applique, de i'excitation que causent I'air, la lumiere, et les divers
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agents qui peuvent se trouver en contact avec la peau. Une faible partie de leurs principes solubles est absorbee, I'absorption etant peu active sur la peau revetue de son epiderme.
Lorsqu'ils sont appliques cliauds, ils empruntent au calorique qu'ils contiennent, une nouvelle maniöre d'agir. 11s dilatent les vaisseaux capiilaires de la partie, ils aug-mentent ainsi leur calibre, favorisent le passage des globules de sang, et y activent la circulation. De la sorle, ils sont avaatageux dans les congestions et les inflammations; ils facilitent le degorgement des tissus, en rendant la circulation capillaire plus active ct plus libre.
On divise ordinairement les emollients en deux cldsscs: 1deg; les uns qui n'agissent que par I'cau qu'ils peuvent re-tenir, tels sont les gorames , les farines , les decoctions des plantes emollienf.es, des malvacees., des graminets; 2deg; les autres qui sont des corps gras, les liuiles, la graisse, le beurre, le suif; ceux-ci ne peuvent etre absorbes. On sail que les huiles s'opposenl ä I'absorption.
On emploie les emollients au debut et dans la premiere periode de toutes les maladies aigues; ils sont indiques dans tous les cas oü ii y a fievre, excitation generale, plethore. Mais leur usage prolonge a des inconvenients. En effel, ils allaiblissem les forces generales, en modifiant la composition du sang; ils atfaiblissent aussi, d'unc ma-niere remarquable, les functions de l'estomac. II ne faut done pas les conlinuer trop long-temps, et on doit les cesser quand se presente Tindicalion d'employer les diverses especes d'excitants.
Ils ne conviennent pas aux animaux d'un temperament lymphatique. Aussi sont-ils peu employes chez les ruminants. Un des caracteres du temperament lympliatique
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330 etant prccisemenl d'avoir un sang irop screux, il est evident qu'il faut eviter lout ce qui pent augmenter encore cet ctat, affaiblir les forces de restomac, et empöcher le travail de la digestion.
Les emollients sont egalement contreindiques dansI'a-nemie, les maladies qui durent depuis long-temps, dans tous les etats avec faiblesse, vers la fin des maladies qui s'accompagnent d'ataxie ou d'adynamie.
Dans le jeune age comme dans la vieillesse, ils doivent etrc employes avec moderation. Enfin ceux qui contien-nent des principes nutritifs , comme les emollients fecu-lents, gemmeux, conviennent principalement chez les grands animaux, qui stipportent mal la diete rigoureuse. On peut se servir pour les carnivores des emollients les moins nourrissanls.
Je vais mainlenant passer en revue les differentes es-peces d'emollients.
1deg; Gommes. — On en compte qualre esp^ces : la gomme arabique, la gomme du Senegal, celle de noire pays, et la gomme adraganthe dont, au reste, on fait bien peu d'usage dans noire medecinc. On en fait enlrer pourlant quelquefois dans les clectuaires adoucissants, et dans les breuvages des animaux atteints de phiegmasies des bronches et du poumon, de gastro-enlerite, ou de dysenlerie. C'estla gomme du pays qu'on emplo.e leplus generalement a cause de la modicite dc son prix.
2deg; Fccules.—L'amidon est peu employe. On s'en sen dans quelques maladies de la peau, du genre herpäs, principalement quand elles siegent aux bords des pau-picres et a la face. Quelques veterinaires oni cssaye de s'en servir, pour consolider les apparcils des fractures ? d'apres la mclhodc de M. Seulin. Cctle mclliode est ge-
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331 neralement abandonnee en medecinc humainc, ellc est peut-clre plus applicable aux animaux. Mais eile presen-tera toujours un inconvenient grave, c'est que I'apparcil ne doit pas ölre renouvele frequemment; lorsqu'on lap-plique, le membra est gonfle, tumefie; an bout de quel-que temps, il diminue et il so fail alors un vide, un inter-valle entre le membre et l'appareil, de sorte que ia fracture n'est pas contenue et que le depiacement pent s'operer.
A rintcrieur, I'amidon est remplace par la fariue dc froment ou d'orge. Les diverses farines de graminees conviennenl, ainst que je l'ai dit , pour les grands animaux , qui ne peuvent pas supporter long • temps la diete.
La graine de lin sert ä preparer des decoctions. On la regarde comme legerement diurelique, ä raison d'eme petite quantite de nitrate dc potasse qu'elle contient. La farine est 1c plus souvent melee h de I'eau chaude et employee sous la forme de cataplasmes; on peut la rem-placer par du pain cuil dans l'eau avec des racines de mauve et de guimaume. Lc cataplasme de farine de graincs de lin nous sert aussi d'excipient pour produire la rube-faction, dans le traitement des phlegmasies de la plevrc et du poumon; il prepare l'aciion du vesicatoire, si oa le couvre dune forte couche de poudre de moutarde.
3deg; Mucilagineux. — Les mauves, la guimauve, la rcglisse , le chiendent, lc bouillon blanc, la bourraclie fournissent des principes mucilagineux par la decoction ; leur pulpe sert ä preparer des cataplasmes. La guimauve et la reglisse concassees donnent une poudre qu'on mcle au miel ou ä la melasse, pour en faire des elcctuaires ou dos bols adoucissanls. On les melange au miel, par
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332 moitie; avec la melasse on augmente la quanlile des poudres.
4deg; Huileux.—Les huiles grasses d'olive et de noix sont a peu pres les seules qui soient en usage dans la pratique velerinaire. On s'en sert surtout en qualite detopi-ques. L'inconvenlent do I'huile appliquee sur la peau est de se rancir et de determiner des erysipelcs, des eruptions pustuleuses, do provoquer la chute des poils.Cet ef-fet arrive d'autantmieux quele chcval a la peau plus fine. Moiroud conseille prccisement les huiles dans les inflammations de la peau, bien que cc quo jc viens do dire doive rendre leur usage dangereux. Cependant on a vante en medecine humaine les onctions avec le saindoux faites dans le cas d'erysipele.On rccommande de couvrir la peau d'uno couche de graisse d'une ligne, dans toute l'etendue de le-rysipcle, et meme de la prolonger sur les parlies saines, ä un pouce au-delä des points de la peau enflammes.
L'huile d'oeillct pt-ut remplacer les huiles grasses pour le traitement exterieur.
5deg; Emollients sucres.—Le sucre n'est pas employe. La melasse, quoique son usage ait pris une grande extension, est refusee par beaucoup de chevaux, et par la plu-part des bocufs. Aussi le miel reste encore I'assaisonne-mem sucre le plus general pour les anlmaux.
6deg; Emollieiits tires du regne animal.—La gelatine, raibumine dissoutes dans I'eau sont peu employees. Les bouillons legeis, faits avec la tote de mouton, sont employes pour les carnivores. On a essayc, en 1814, de faire prendre des bouillons de viande aux bocufs atteints du typhus; leurs avantages n'ont pas etc bien constates.
Le lait mele ä I'eau est le seul emollient tire du regne animal, qui puisse etre pris par toutes les especes d'ani-
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333 inaux. On l'emploie avec avanlage dans le trailement des phlegmasies de la muqueusc gaslrointcstinale etdesvoies urinaires. Le petit-Iait frais jouit des memes propnetes.
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Des Temperants.
Les temperants formentle deuxieme ordre des debili-tants de Barbier. Vitet, long-temps avant, avait confondu ces medicaments avcc les acides et les acidules. Cette expression offre ä I'esprit un sens vague et indetermine. En effet, les temperants sent ainsi nommes parce qu'ils rafraichissent le corps , qu'ils diminuent la clialeur de la peaii. Or la saignee qui diminue la chaleur de la peau se-rait aussi un temperant.
On est convenu de donner le nom de temperants aux acidules, e'est-a-dire aux acides adaiblis. Deux regnes de la nature les fournissent, le regne vegetal et le regne mineral. Parmi les premiers on compte I'acide acetique en premiere ligne , puis les acides citrique, malique , tartri-que,gallique.Cesdernierssonl toujours,pour lesanimaux, amalgames entre eux etassocies a des gelees.
Les liquides acidules par les acides mineraux sont employes comme topiques, en qualites d'astringents dans les inflammations aphiheuses etcouenneuses.
A I'interieur les boissons acidules conviennent dans le traitement des fievres bilieuses. Flandrin et apres lui Tes-sier et d'autres vetcrinaires s'en sont servis avec avantago dans le traitement de la maladie de la Sologne.
Bourgelat et Huzard parlent do nombreux succes qu'ils auraient oblcnus avec les acides acetique et sulfurique, dans le traitement de plusicurs epizooties survenues en ele , et se montranl sous des oaracleres divers , quoique
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334 les symptomes indiquassent au fond l'existenco de la gas* tro-interitc avec ou sans symptomes bilieux ( Fievres in-flammatoires putrides).
De tout temps on a fait usage des boissons acidulees pour combattre les maladies typhoides ou pestilentielles du bceuf, du clieval , du pore. Selon que les malades sont aiteints de constipation ou de diarrhee, on associe les acidules avec des substances laxatives comme le miel, la melasse ou le petit-lait, ou avec des decoctions de riz, dc gonime , de graine de lin.
Une des contrc-indications des acidules est la co-existence d'une maladie des organes respiratoires. IIs aug-mentent les douleurs de poitrine et la toux d'une maniere extremement rapide , soit par une action directe sur ces organes , soit par une irritation sympalhique de l'intestin.
Les acidules qui avaient ete singulierement vantes dans le tiaitcment de la fievre typho'ide de l'homme , n'ont pas produit les bons rcsultats qu'on en esperait d'abord. IIs no jouissent pas dans celte maladie de plus de confiance que les auires remedes exclusifs qu'on a employes.
Ces medicaments conviennent surtout pendant les Saisons chaudes, dans les inflammations du tube digestif avec ölats bilieux ou adynamique.
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CHAP1TRE II.
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TBAITEUENT DES MALADIES BN GENEBAL.
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Traitement de la Congestion.
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Nous avons vu quo les indications fondamentalcs du iraitemcnt de la congestion se tiraient, 1deg; de l'energie avee laquclle se fait Tafflux. du sang , 2deg; de la facililc avec laquelle s'opere le deplacement de ce sang.
On peut dire d'une maniere generale que la saignee est le premier moyen a employer centre les congestions qui se font avec force et dans des organes importants, le cer-veau , la moelle, le poumon,rintestin. Dans le chapitre precedent, j'ai montie, ä propos de la saignee, de quelle maniere eile agissait dans les congestions et les inllamma-lions; je n'ai done pas ä revenir sur sa maniere d'agir. On fait snivre !a saignee de rapplication des refrigerants sur la partie merne, lorsquc ccla est possible. C'est ainsi qu'on parvient ä arreier I'apoplexie au premier degre, on coup de sang, la congestion de la moelle epiniere et de la rale. Teile est la rnclhode que suiventles bergers pour la congestion do la rate; ils prodaisent une evacuation sanguine en excisant les oreiilcs, apres quoi ils plongent les moutons dans I'cau.
On fait aussi succcder les refrigerants a la saignee, dans la congestion des yeux et dans celle des pieds dile four-
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336 Lurc.Cependunl en hiver, par les temps froids, ou lorsqu ii y a une irritation du tube digestif ou d'un des points de la muqueuse des voies respiratoires, il faut etrc reserve sur l'emploi des refrigerants, dans la crainte d'une metastase: car nous savons avec quellefacilile se deplacent les congestions. En outre il est des organes pour lesquels on ne peut pas appliquer les refrigerants, comme le foie , I'uteius, etc... Dans tons ces cas, on les remplace par I'usagedes temperants ou des astringents, ä Vexterieur ou ä l'inte-rieur, suivam les cas. Ainsi on fournit au malade des bois-sons acidulees par le vinaigre, i'acide sulfurique , ou rendues plus rafraichissantes par le sei de nitre, lebi-car-bonale de soude; ou bien on applique les astringents comme topiquessur le lieu du mal.
Les congestions qui s'etablissent rapidement et avec energie dans les parties superficielles du corps, dans le tissu cellulaire sous-cutane du venire, des membres, des levres, du penis, du scrotum, reclament le meme traitement avec les memes modifications que pour les cas precedents. Ainsi on doit etre tres-reserve sur l'emploi de la saignee par les temps froids et humides, lorsque le corps est lui-meme frissonnenx, le pouls mou et peu frequent , les forces generales peu actives; mieux vaut dans ce cas avoir recours ü des degorgements locaux au moyen de mouchelures. De meme que dans les cas precedents, lorsque les refrigerants sont contre-indiques , on les remplace par I'eau vinaigr6e a la temperature de 25 a 37 degres centigrades; et pour eviter de laisser le poil mouille, on trempe une eponge dans le liquide et on l'ex-prime avant de l'appliquer sur l'echauboulure , de maniere a ce qu'elle ne contienne plusqu'uno faible quantile d'ean et qu'ilnen sorte guere qu'une vapeur chaude.
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Ces congesiions sous-culanees etant tres-sujettes ä ss
deplacer, et leur deplacement clant suivi souvent de
graves affections internes, il importe de l'empecher et de
fixer ces congestions dans le lieu qu'elles occupeot. C'est
ce qu'on fait de plusieurs mani^res : 1deg; en donnant de
legers diaphoretiques, qui portent le sang a la peau et y
delerminem une certaine excitation ; 2deg; en pratiquant des
moucbetures, ce quievacue directementle sangaudehors
et produit une legere inflammation de la peau; 3deg; en
appliquant des rubefianls, lels que des cataplasmes sina-
pises qu'on a soin de ne pas laisser long-temps; 4deg; les
marechaux meme ont Thabitude de mettre an seton sur
le lieu qu'occupe la congestion. Cette methode a I'incon-
venient de produire des suppurations graves et meme la
gangrene. Cependant lout en la blamant, je dois dire que
je l'ai vue dans beaucoup de cas mettre rapidement fin ä
la congestion. L'exutoire applique non sur le siege du
mal, mais sur les parties saines voisiues, a les meines
avantages sans avoir les memes inconvenienls.
Jusqu'a present nous n'avons considere la congestion active que comme une affection Miopathique, il faut la considerer aussi lorsqu'elle est liee ä une autre maladie. Ainsi la congestion ccrcbralc, la fourbnre, se manifestent ä Foccasion d'une indigestion, d'un trouble de la fonction digestive; la congestion des conjonctives et des globes oculaires, ä la suite d'une alimentation tiop stimulanto, dc Tirriiation gasiro-inteslinale. L'epizootie de 1023 a 1824 nous en a fourni de nombreox exemples, el nous le voyons encore chaqne aunee an commencement des prin-lemps chauds. Des congestions peuvent encore se faire soil sur Tuterus, soil sur le poumon ou sur d'autres or-ganes, pendant l'etat de gestation. Dans la plupa'rt de tome it.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 22
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338 ces cas , le traitement est a peu pres le mfrne; il s'agit tonjours de combattre avec plus ou moins de vigueur rhyperemie symplomalique dont les piogres peuvent ra-pidement donner la mort, abolir le sens de la vue ou de-venir cause de ravortement. La saignee est le moyen nu'on emploie pour cela. Mais la saignee peut etre contre-iudiquee par les maladies auxquelles la congestion estliee, comme I'etat bilieuxou catarrhal avec depression remar-quable des forces musculaires, la pleniludede rtslomac, I'etat de gesiation. Dans ces tas, on la fait peu copieuse et on n'y revient pas. On suit de pres le malade pour remplir les autres indications qui sont de debarrasser l'es-tomac, de calmer son inflammation , de reiablir la secretion du foie, de combattre Texcitation de l'uterus.
Quant aux terminaisons de la congestion, nous avons a parier de la metastase ou deplacement, de l'hyperlro-phie , de l'induration et du developpement vasculaire.
Nous avons vu les moyens de prevenir le deplacement qui est une terminaison facheuse. Une fois qu'il est opere, il faut chercher ä rappeler la congestion dans le lieu qu'elle occupait precedemment; cest ce qu'on fait a l'aide de la saignee suivie de l'application de revulsifs a Texlerieur.
Les congestions qui out dure un certain temps, ou qui se sont reproduiles plusieurs fois amenent les deux autres terminaisons. Lorsque l'bypertrophie et l'induration occu-pent le foie ou la rate, le plus sou vent elles echappent a nos rechercbes chez les grands animaux , et chez les pe-tils nous ne les reconnaissons qu'ä la longue,par I'existence d'une ou plusieurs tnmeurs resistantes qu'on sent sous la paroi abdominale. Si on pouvait les diagnostiquer des le debut, on pourrait peut-etre les gaerir par des saignees locales , des sangsues , des ventouses scarifiees , des cata-
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339 plasmes et des fomentations anodines , par les diureli-ques, les purgatifs , les revulsifs cutanes. Les congeslions sous-cuianees qui ont vieilli passent aussi ä i'etat d'indu. ration. On voil des membres conserverun volume double de I'etat normal, et presenter Taspect de relephamiasis des Arabes. Toutes cos aflections , un peu anciennes, sont a peu pres incurables.
Le devcloppement vasculaire des tissus est aussi une suite faclieuse. II explique la frequence des recidives de certauies congestions qui se reproduisent plusieurs fois apres qu'on croit les avoir gueries.
Les indications generales relatives ä la saison el aux diverses causes prcdisposantes ayant ete trailees ailleurs, il est inutile d'y revenir ici.
Traitement de Vinflammation.
Je vais en trailer en parcouranl successivcment ses dif-ferentes periodes.
Premiere periode de Vinflammation. — Elle com-prend lesphenomenes qui se succedeni depuis le debut jus-qu'ace qu'arrivent la resolution on une des autres termi-naisons. Nous verrons que le traitement varie suivant que la pblegmasie siege ä i'interieur ou ä rexterieur, et qu'elle est produite par des causes mecaniques ou par des causes internes qui ont agi sur 1 economie avant de produire la lesion loc;de. Nous remarquerons que les inflammations sont loin de cedertoujours aux traitements los rmeux di-riges, mais qu'en general c'est lorsque la maladie est due ä des causes externes que Ton obticnt le plus de succes.
Les inflammations qui siegent a rexterieur ou aux ou-vertures des muqueuses, et qui sont dues ä des causes mecaniques eomrne un coup qui a mewrlri les tissus, la
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340 chute d'un corps pesant, une epine ou On clou qui se sont implantes dans les chairs, ou des causes physiqueseichi-miques comme l'action de la lumiere et du soleil, de l'air, de la pluie , de la boue, de la neige, de la chaux vive , d'un acide ou d'nn corps en combustion , reclament pour premifere indication de faire cesser Faction de lä cause et d'arreler ses effets. On ote la seile, le bat ou le collier qui ont blessö, on cesse pendant quelque temps de les ap-pliquer pour les approprier a la forme des parties , et les metire dans des conditions plus favorables. On lave et on scchc les parties couvertes de corps irrilants. On extrait les corps etrangers dontla presence a fait naitre Tirrita-tion et entretient la douleur.
Cette premiere indication remplie, il sen presente une seconde, c'est d'arrßter le premier effet de l'inflammation, l'afflux du sang, la congestion que precede ou qu'accom-pagne la douleur, et on y satisfait par l'emploi des refrigerants defensifs ou repercussifs.
S'agit-il d'un pied, de la parlie inferieure d'un membre, on le plonge dans un bain (pediiuve) rempli d'eau ä la temperature du moment, que Ton a soin de renonveler de temps en temps ä mesure qu'elie s'echaiiffe par la chaleur de la partie. Pour augmenter la fraiche'urde I'eau on y melange une certaine quantile de vinaigre , on bien on y fait dissoudrc im sei comme le sei de cuisine, ou I'acetate de plomb liquide, ou enfin los sulfates d'alumine et de fer, La neige, la glace, servent ä remplir la mfime indication quand la saison le permet. S'agit-il des parties pla-cees en appendice au corps comme I'oreille , la queue , le penis , le scrotum, on peut egalement faire prendre des bains locaux ä l'aide de vases appropries. Les autres parlies du corps susceptibles de rccevoir un bandage mate-
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lasse avec des etoupes , sonl consiamment humectees et tenues en contact avec les liquides refrigerants doni on imbibe I'appareil; enfin on se borne ä faire cle frequenies lotions sur les endroits du cdrps ou des membres oil I'ap-plicaiion d'un bandage serait impossible.
La duree des bains et des lotions repercussives ne sau-raitetre determinee rigoureusement; eile depend toujoars de la violence de rinflammaiion, de la delicatesse de la panic, de Page du malade , et des conditions dans les-quelles 11 se trouve. On doit les repeter plusieurs fois par jour, et se servir en meme temps , si cela est possible, de la compression mcderee ä l'aide du bandage roule ou de tout autre moyen. Ondoil les faire durer en general jus-qu'a ce que le tissu de la partie se reläche, s'il est bien tendu, que la douleur s'apaise , que la couleur pälisse ,
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et si eile est violette et ecchymosee, qu'elle s'affaiblisse ou
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disparaisse. On insislera moins sur ces moyenssi Ton s'a-dresse ä une articulation ou ä une glande, si lo malade est dclicat et tres-sensible, si le temps est froid, dans la crainte de developper rinduration rouge^ si on a ä faire k une glande, ou des douleurs de rhumatisme si c'est ä des tissus fibreux. 11 en est de meme des sujets places aux deux confins de la vie; il fam menager les repercussifs chez les jeuues comme chez les vieux animaux. Chez les jeunes sufets , la gourme , la maladie des chiens , les tu-meuis froides des articulations, sontlasuite deces longues immersions et des refroidissements qui en resultem.
Chez les vieux animaux, la mollesse et la flacciditc des tissus, le peu d'cnergie de la reaction vitale som causes que les longs refroidissements delerminent la gangrene ; cet accident facheux se presentc chez eux ä la suite des pressions violentes du sabot par la roue d'uue voiture , u
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343 l'oecasion du panaris , etc.. linfin quand apres une chute d'un lieu eleve , im malade a plusicurs contusions a la tele, ä la poitrine, ä l'abdomen, lorsqu'il est atteint de phleg-masie viscerale, ou que i'on pent enlrevoir une disposition ä qiielque inflammaiion interne , on doit clre fort reserve sur l'emploi des rcpercussifs, ne pas en prolonger autant l'emploi, les mellre d'abord a la temperature du corps, et abaissec gradttelkment cetle temperature de maniere ä cviter une metastase.
Lorsque sousrinfluence des causes que nous avons enu-merces, linflammation s'est developpee au commencement des orifices des cavites tapissees par des muqueu' ses, comme quand la verge de letalon, par erreur de lieu , a ele introduitc clans le rectum de la femelle , lors-qu'un fragment de Lois s'est introduit accidentcllement dans cet orifice, dans les parties sexuelles de la femelle ou dans les caviles nasales. Quand le mors a irrite violem-ment la boncbe, c'esl encore aux defensifs qu'il faut avoir recourspour empecher que rinflammation ne setablisse. Onles injecte alors dans la cavite au moyen d'une seringue.
A l'egard des phlegmasies qui out lieu ä l'inlerieur du corps , on comprend qu'il n'est pas toiijours possible do commencer par ce mode de traitement. Cependant; en ce qui concerne la gasirite, la gastro-enterite et l'entamp;ite, l'instinct des animaux qui les porte ä refuser les boissons tiedes et ä rechercher celles qui sont fraiches, qui les conduit a preferer les endroits les plus frais de leurs habitations, a se placer ä plat ventre sur les carreaux ou les dalles de leurs logos, semblerait indiquer I'administration dc boissons fraiches preferablement aux autres. C'est au veterinaire ä juger si, en respectant ces determinations instinctives, ii agit dans le sens de la guerison; s'ilarrivait
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343 parexemp'.e,, qu'un malade recherchät l'eau froide , üpres avoir cprouvn des coüques pour en avoir deja Lu , ayantnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; \
le corps en sueur, ou bien au commenocment d'une pleu-rite , d'une pneumonile ou d'une bronchiie , il y aurail ä craindre de voir la maladie s'aggraver. Dans ce cas les boissonselanmecessaires au malade qui refuse l'eau tiede et les tisanes , on doit essayer pendant quelque temps de vaincre sa resistance par la diele de boissons; on le force ä boire, s'il persisle; el si Ton craint en le violentant d'aggraver sonelat, on lui supprime toule tisane, on melange dans de l'eau tiede de la farine ou du son. Quant ä la maniere de faire liedir l'eau, eile consiste ä Texposer au soleil ou seuiement ä la laisser sejourner dans I'ecurie jusqu'ä ce qu'elle en ait pris la temperature.
Chez les animaux comme chez I'homme on fait fort pcu usage des topiques repercussifs sur les parois de la poi-trine pour arreler le developpemenl de rinflammation de la plevre ou du poumon. La crainle de produire du re-froidissement les a fails sans doute proscrire; il n'en est pas ainsi dans les irritations ccrebrales, oü on les empioie en lotions a I'aide d'un bandage malelasse ou en affusions. L'observation apprend que le froid agit quelquefois avec efficacite, et le plus souvent vient en aide aux autres moyens que Ton empioie pour combatlre celie maladie. II ne faut pourtant pas employer, dans tous les cas el ä tout propos, ces irrigations d'eau fi oide dans ce que nous appelons le verlige, parce que : 1deg; si le venige depend d'un embarras gastrique, la glace appliquee sur la tele ne fait que I'augmenter; il faut done examiner avec soin si le venire est plein el lendu, fouiller le rectum, s'as surer aupres du proprietairc des circonslances qui out precede I'etat actuel, examiner si la peau est froide, si
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344 les sympt6mes nerveux , les convulsions, les tremble-menls sont arrives un temps assez long apres le debut de la maladie; 2deg; on peul avoir ä faire ä une affec. lion typho'ide, ou a une pneumonie ä forme nerveuse, comme je vicns d'en voir dernierement un example. Dans le premier cas, les affusions froides sur la tete sont peu utiles, et dans le second elles sont dangereuses. A propos de la pathologie speciale, je dctaillerai le diagnostic diffo-rentiel el le traitement de ces affections; 3deg; enfin, dans les cas memes oil on a rcellement ce cjue Roche et Sanson appellent une gastro-cephalite , et qui est plus souvent une meningite qa'une enccphalite, il y a des cas oü les affusions froides doivent etre proscriles. Si Ton se de-mande qucl est lenr mode d'action , on reconnail bientot, comme Tont prouve Droussais et M. Derard , que c'est surtout comme revulsifs locaux qu'elies agissent, comme appelant ä la peau, et qu'il faut en continuer I'usage tant que la clialeur exleiieuro de la tele reste forte et sou-tenue, qu'il faut les cesser quar.d la temperature en est trop abaissee. L'usage en est encore contre-indique par l'aggravation des symptomes de la maladie, et par les signes qui annoncent la formation de Tepancliement ven-triculaire, la stupeur et le'coma avec acceleration du pouls. Au contraire , ramelioration des symptömes indi-que qu'il faut en continuer l'usage , et dans tons les cas, on ne doit jamais le cesser brusquement, mais le diaii-nuer d'une maniere lente et graduee , c'estüdire n'hu-mecter que legerement le bandage matelasse, et enfin le cesser.
Ainsi, je viens de parcourir le debut des diverses inflammations tant externes qu'inlerues sous le point de vue de l'emploi des repercussifs. J'ai montre comment ils
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345 elaient en general utiles dans les inflammations externes, surtout lorsqu'elles sont produites par des causes physiques; et comment ils etaient, au coniraire, contre-indi-ques dans les inflammations des visceres, ä l'exception de celles du cerveau et de ses membranes; je vais suivre maintenant rinflammation externe qui a resiste ü ces premiers moyens, et rinflammation viscerate contra laqueile on n'a pas juge ii propos de l!employer.
Lorsque, par l'usage des refrigerants , on n'a pu em-pecher rinflammation de faire des progres, ou qu'elleest deja irop ancienne pour qu'on puisse y songer, on doit recourir a un aulre mode de traitement.
En premier lieu se presente la saignee generale ou locale; puis on couvre la parlie souffranle d'un cataplasme emollient; on y fait des fomentations, ou on la baigne dans un liquide de memo nature ; on condamne Taninial a la diete rigonreuse le premier jour, el quelquefois le second, et on lui fournit des boissons lemperantes suivam sa soif. Si la douleur predomine, on ajoute aux topiques emollients des substances anodines raquo;u narcotiques, comme des capsules de pavots , la morelle , la beliadone , etc. On arrose le cataplasme avec le laudanum liquide ou la solution d'extraitaqueux d'opium.
On s'assure que la resolution s'opere ä la diminution de la douleur et de la tension, au retour du mouvement dans les parties. Si rinflammation occnpe un pied ou un mem-bre, les pietinements cessent, et le malade commence a s'appuyer sur ce. membre; il se leve pour prendre ä manger, s'il etait force de rosier sur la litlere. S'il s'agit de tumeurs phlegmoneuses du cou et des machoires, comme dans le cas du phlegmon sousmasselerin que j'ai decrit le premier, celles-ci deviennent libres et repren-
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346 nent lenr jeu, et la leie la liberte de ses mouvemenls; les tissus sousculanes, qni semblaient confondus en une seule masse par la tumefacilon , redeviennent disiincts au toucher. Sur les regions oü s'etait developpee une tumeur circonscrite , il s'ollre des rides qui disparalssent a me-suie que la peau se resserre sur elle-meme. Sur les regions oü rinflammation etait etendue et diffuse , Tepiderme se detache par lames, et la peau reste coloree en rouge pendant quelque temps. 11 faut la defendre du froid et des froitements.
Ce traitement est mis en usage centre les erysipeles etendus, les phlegmons qui siegent sur les articulations qu'il serait ä craindre de voir suppurer, ou sous le mas-seter, et qui empechent la prehension des aliments; ceux qui occupent le bord de l'anus ou du perinee, et font craindre des fistules, les phlegmons sous aponevroliqnes, les inflammations de l'oeil, du teslicule, des mamelles , des tissus sous-ongules, organes dans lesqueis il est important de prevenir la suppuration, de crainle qu'elle n'entraine la perte de ieurs fonctions.
On a vante rinfluence de la saignee pratiqtiee aux veines qui ramenent le sang des parties memes qui sont le siege de rinflammation. Je ne pense pas que ce moyen ait une grande valeur, surtout qnand on reflechit que les saignees locales faibles ne font qu'accumuler le sang dans les parties mömes que Ion saigne. Ainsi on saigne ä la queue, dans les cas de meningite, pour deriver vers la partie posterieure du corps, etc. Dans tons les cas, ce moyen est contre-indique dans le cas de phlegmon, d'ery-sipele, d'infiltration de la partie, parce qu'cn doit re-douter que les deux foyers d'inflammation ne se con-fondent.
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La saignee gtinerale est encore plus imperieusementnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ''
reclamee lorsqu'll s'agit d'inflammations internes, parelaquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;A
quil est plus important d'obtenir la resolution dans ce cas que lorsqu'll s'agit d'inllammations externes. Cepen-dant eile ne convient guere dans les inilammations cer^-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;quot;j
brales ; j'ai toujours vu les convulsions se declarer dans ces affections apres des saignees copieuses. Quoique les affections de poiirine soient celles dans lesquelles on lem-ploie le plus, ii faut se garder de saigner les animaux alteints de catarrhes qui durent depuis im temps assez long, et qui sont debilites; ceux qui ont en meme temps une affection de poitrine , une espece de vertige, cu des desordres du coie du tube digestif, et chez lesquels onnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;,;
peut croire qu'il y a une alteration du sang.
Le nombre des saignees se reglera moins sur la ri-chesse et la force du caillot que sur l'etat des forces ge-nerales, qui est le veritable thermometre d'aprös lequei on doit se pennettre ou s'interdire la saignee. L'espace de temps qu'on laissera s'ecouler d'une saignee a l'auirc sera subordonne a la vivacite de la douleur, ä la gene des fonetions de l'organe; on fait quelquefois jusqu'ä deux el meine trois saignees par jour. Dans les cas les plus ordi-naires une, deux saignees suivies de revulsifs sufiisent pendant le cours d'une maladie. Quant ä la duree du temps pendant lequelon peut saigner, il n'y a rien de bien fixeä cet egard ; en general il faut saigner d'autant moins qu'on s'eloigne plus du commencement d'une maladie. On ne saigne qu'avec precaution lorsqu'll existe un epanchp-ment, quoique aigu , dans les cavites sereuses du cer-veau , de la poitrine ou de l'abdomen; j'ai reraarqui que de fortes evacuations sanguines ne faisaient que i'augmenter.
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348 On ne se contente pas dans le traifement desphtegma-
sies viscerales de la saignee, ubie ä la diete et aux bois-
sons, on fait aussi usage des revulsifs.
II y a deux epoques dans leur application. On peut les appliquer d'emblee si Ton ne juge pas necessaire de pra-tiquer une saignee, on immediatementapres les premieres saignees; ou bien apres avoir ou non saigne, lorsque la maladieayant suivi sa marche, arrive'a l'epoque h laquelle se montre ordinairement laresoluiion et que la resolution ne se declare pas, ou ne se fait que peniblement et en quelque sorte incompletement. La premiere methode est la plus suivie et la plus commode, la seconde exige du velerinaire une attention plus soutenue, plus de con-naissances et de tact, et me semble preferable. Dans la premiereil faut mettre les revulsifs loin de la panic ma-lade de peur d'augmenter la fluxion qui se fait vers ce point, parce qu'on est encore dans la periode d'accrois-sement; dans la seconde meihode, comme le travail in-flammatoire est diminue et que toute Teconomic est affai-blie, les revulsifs doivent etre mis au contraire le plus pres possible de la parlie malade.
On s'apercevra que l'etat du-malade s'amende lorsque dans les phlegmasies des sereuses ou aulres, le pouls qui est petit., serre et frequent, se detend , s'agrandit et diminue plus ou moins de frequence; dans les phlegmasies des organes parencliymateux lorsque de grand et de fort qu'iletait, il est devenu moins lange et plus souple. En ce qui concerne le trouble des (onctions speciales, dans les phlegmasies cerebrales, on a la diminution de la stu-peur et le reveil de l'attenlion et des organes des sens, la diminution des mouvemeuts convulsifs et du spasme du pharynx : dans les phlegmasies du poumon, la diminution
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349 de la dyspnee, du nombre des inspirations qui sont en mcme temps plus etendues et plus regulieres, c'est lä aussi un signe capital. La matite diiniuue,le rale crepi-lant reparait dans les points oil la sonoreite se rencontre, c'est cequ'onappellele räle crepitant de retour ;il anuonce la disparition de ['induration et la resolution : enlin dans les phlegmasies abdominales , la diminution de la clialeur delabouche,de la taciturnite et de rimmobilite des malades, le desir des boissons , puis des aliments solides , comme signes caracterisliques, aiusi que la diminution de la rougeur du bout et des bords de la langue, de la lour-deurde la tele, de l'injeciiondesyeux et de rabaissement des paupieres, de la clialeur de la tele et en general de lout le corps, et la disparition deslegers mouvemenls con-vulsifs des levres ou des crarnpcs des extrcmites.
Lorsque les methodes de traitement dont nous venous de parier n'ont pas reussi ä faire resoudre les inflammations, ou bien si Ton n'est appele qu'ä une epoque oil la resolution n'est pins possible, on a affaire alors a quel-qu'une des terminaisuns suivantes, ä la suppuration, linduraiion, la gangrene, I'ulceration.
Suppuration. — Les phenomenes locaux et generaux qui I'annoncent varient, comme il a ete dit, suivant que le foyer est a 1'interieur ou a l'exlerieur du corps, et dans ce cas, suivant quil est superficiel ou profond.
Voici ä quels signes on reconnail les suppurations su-perficielles; la peau reste rouge, chaude, tendue et douloureuse, les couchescellulaires sont renitentes, em-pätees, sans elaslicile, et l'infiltration subsiste au pour-tour du foyer, les pulsations sont toujours fortes dans les alleres voisines, les parties pen libres dans leur mouve-inent, les plaintes du malade restent aussi vives et la
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fievrc aussi forte. L'indication qui ressorl de ces pheno-menes est de contlnucr l'usage des topiques emollients anodins jusqu'ä ce que la collection purulente soil bien formee. La se prcsente la question de savoir s'il faut ouvrir avecle bistouri ou abandonner ce soin a la nature ; il ne s'agit que des abces chauds, des phlegmons aigus. Les in-convenients de l'ouverlure arlificielle donnes par les me-decins sont : la douleur et la repugnance des malades^ et la crainte de retardor la gueiison; parce qu'on a remar-quc qu'une lumeur ouverle avant sa fontc complete, se re-solvait beaucoup plus lentement que si on i'eüt abandonnee ä elle-meme , et qu'on est oblige d'ouvrirplusieurs abces qui se forment successivement dans le point dejä incise. Le premier inconvenient n'existe pas pour nous. Le second nferite d'etre pris en consideration toutcs les fois que le phlegmon siege sur des parties oü Ton n'a rien ä redouter. Mais si Ton craint que le pus ne fuse eiure deux apone-vroses comme an con, an periaee, dans les tissus sous-jacents ä la come; qu'il nenflamme les parties voisines, I'uretre, le reel urn, les apophyses epineuses des veitebres, qu'il ne penetre dans les gaines des tendons d'un membre, ou dans une cavite splanchnique, il faut ouvrir de bonne heure, düt-on etre oblige d'y revenir ä plusieurs fois. Si la fonte purulente de la masse indurce est lente, on I'ex.-cite a I'aide d'onguents resolulifs, d'injections de chlo-rure de chaux, ou de sodium de Labarraque, enfin des moyens appeles autrefois maluratifs.
Quand la suppuration occupe les couches cellulaircs sous-aponevroliques et intermusculaires profondes, les signes qui I'annoncent sont fort obscurs. En general lorsque vers le 5deg; ou le 7' jour la resolution ne s'annonce pas aux signes que nous avons donnes, et que ceux au contraire
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qui indiquenlla cüniinuation du travail inflammaioire se
montrent, que le lissu cellulaire est oedemalie, qu'onnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '.
sent une renitence pijpfonde et elastique, comme celle
d'un kyste plein de liquide, qui resiste uniformemenl
dans tons ses points, ou oomme celle de Ihydrocele, on
peut croire que du pus s'est forme , le tact du praticien
doit le guider. Dans tous les cas, il faut ouviir de bonnenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
heure et lors mamp;ne qu'on ne trouverait pas de pus, on
diminue au moins la tension et la douleur.
A I'interieur, la suppuration doit 6tre consideree trös-differemment, suivant qu'elle a lieu sur desmuqueuses ennbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^
communicalionavecl'extcrieui^ouau milieu de sereuses ou de parenchymes sans communication an dehors. Lesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632;;
nuqueuses des orifices des divers conduits alimentaires, respiratoires, urinaires, se terminent ordinairement soil par la suppuration, soit par des secretions analogues, la muqueuse de tout I'appareil respiraloire suppure aussi facilement; c'est la marche naturelle de leurs phlegma-sies, il n'y a qu'a suivre la maladieavec un regime et des boissons appropries ; il ne se presente d'indication parti-culieres que lorsque la suppuration se prolonge. Les astringents en injeciions pour I'oeiletroreille, en lavements pour le rectum, les stimulants expectorants pour la muqueuse pulmonaire, teis sont les principaux moyens.
Lorsque la suppuration s'etablit dans un parcncliyme, ou une cavile sereuse comme le poumon, le foie, la cavite des plevres,le peritoine, autour des annexes de la matrice, la maladie estbien aulrement grave. Elle reclame deux indications; la premiere, d'arreter 1c travail de la suppuration; la deuxieme, de favoriser l'absorption de ce produil. Voici les signes de la premiere indication, qui sont surtout ap-plicables aux suppurations du poumon et des plevres.
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La resolution n'a pas lieu ä la fin de la seconde pcriode ^ les symptömes generaux s'amendent sanscesser., le pouls conserve de la frequence en diminuant de force et de plenitude; malgre le retour de l'appetit, la maigreur et la faiblesse persistent, la peau reste seche , sans moiteur, le poil rude, herisse, les crins peu solides, les membres posterieurs s'oaderaatient; des tumeurs circonscrites se montrent ä la peau, resient froides, indolentes, et ne fournissent, seit qu'elles s'ouvrent ou qu'on les incise, qu'un pus sereux, sans consistance ; enfin I'animal est plus soulfrant vers le soir.
Des que quelqu'un de cessignes commence ä paraitre, il faut meltre I'animal ä une diete aussi severe que possible, faire de petites saigneessi les forces lepermettent. On applique des setonsou des vesicatoires tout aupresdu siege du mal, et on donne ä l'interieur des evacuants re-vulsifs tels que les vomitifs, les purgatifs, les diureliques. De cctte maniere on arrete le travail inflammatoire en meme temps qu'on favorise !a resorptiondu pus.
Si la collection purulente se forme et persiste malgre ces moyens, il faut lui donner issue au dehors. Pour la cavite des plevres on fait roperaticn de l'empyeme. Mais pour peu que I'epanchement dure depuis quelque temps, le poumon comprime ne revenant pas tout d'abord ä son ancien volume, il se ferait un vide par oii^Pair penctrerait. Or la penetration de l'air par les foyers purulents est la source des accidents funestes connus sous le nom de re-sorption purulente. Aussi faut-il remplacer le pus par quelque injection tonique comme la decoction de quinquina, et on cherche par I'application d'un bandage de corps ä diminuer le mouvement des cötes et a faire naitre des adherences.
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Induration,—Onpeuljugerque le tissuenflamme reste indure, lorsque lamaladie, apresavoirdiminue,ne se re-sout pas completement. Le malade qui parait mieux, qui a quelquefois meme repris de l'appeiit, ne se reiablit pas, etquoiqu'on le nourrisse, il coniinue ämaigrirelfinit par loraber dans le marasme. En general pour les indurations on a le grand tori d'employer trop tot les fondants et les maturatifs lorsqu'elles siegent a la peau , ou le ker-ines mineral et les toniques lorsqu'elles siegent ä rinterieur et specialement dans le poumon. J'attribue la formation ou la persistance de beaucoup d'induratlons de cet organe a la mauvaise habitude qu'ont les praticiens de l'ancienne ecole d'administrer ä haute dose le kermes et les toniques , lorsque le travail inflammatoire est ä peine arrete.
On eviterait les indurations si par le repos alterne en-suite avec un exercice tres-modere, I'usage d'aliments feculents donnes en petite quantite, legerement sales ou rendus amarescents, si par I'usage du vert ou d'aliments qui imitent ses qualhes, on donnait aux forces le temps de se relever et a la resolution celui de se completer.
Les signes de l'induration ont ete dejä indiques tant ä l'exterieur qu'a I'lnterieur, voyons comment on satisfait aux indications qu'ils fournissent. A l'exterieur les indurations qu'un travail precoce, la fatigue, les frottements du inalade , de ses harnais, ou I'usage trop prolonge des astringents et des repercussifs ontdeterminees, doivent etre attaqueespar le repos, desdegorgemenls sanguins aux environs,des cataplasmes et des bains emollients et anodins. Quand on a obtenu une diminution süffisante de l'inflam-mation, on ajoute aux bains ouanx cataplasmes I'eau blanche , le vinaigre, les fleurs de sureau ou de tilleul, les sonunitesde plantesarotnatiques. Si l'induration resiste on
TOME II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;23
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passeaux frictions mercurielies ou iodurees, aux fumigations rcsolutives, aux cataplasmes de choux, aux sachets dechaux unie ä rhydrochlorated'ammoniaque; aux bains de sulfure de potasse , ou m6me aux bains de riviere pro-
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longes.
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Quand Tinduration siege ä rinlerieur, la marche est la meme; on a recours ä des degorgements sanguins locaux plulol qu'a des saignees gencrales, ä moins qu'elies u'aient pas ete faites et que les forces le permettent. On s'efforce de deplacer la douleur par l'application de vesicatoires ou de setons rapproclies du siege du mal, qu'on laisse suppurer le plus long-temps possible et qu'on remplace par d'autres quand la suppuration y tarit. On donnera das boissons adoucissantes pendant les premiers jours de l'application des revulsifs cutanes, et ce ne sera qu'apres qu'on donnera les autres revulsifs interieurs comrae le tartre slibie, le kermcs mineral, le nitrate de potasse et le bicarbonate de soude. On ne doit compter sur une guerison comp'ete qu'apres un ou plusieurs mois, quand le malade recoit les soins medicaux et hygieniques presents, et qu'on n'exige pas de lui des travaux et un exer-cice peu en rapport avec l'etat du poumon.
Gangrene.—On lui distingue, sous le rapport du trai-tement, deux pcriodes principals, Tune dans laquelle la gangrene reste locale, Taiitre dans laquelle il se fait une resorplion des matieres putrides infiltrees dans les tissus. Je vais suivre ces deux periodes dans les inflammations externes et internes.
A l'exterieur, des que les premiers signes de la gangrene commencent ü se montrer , que la peau excessive-ment chaude, rouge et tendue, perd de sa sensibilite , se refroidit, se detend et devient violacec; que le tissu
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355 cellulaire sous-jacent s'infiltre et s'empäte, qu'il se forme des phlyctenes, des ecchymoses plus ou moins ctendues; que dans le cas de fourbure, l'epiderme se gerce et se separe de la corne; que dans une plaie contuse ou par armes ä feu, les Lords sont brunätres, ramollis, insensibles , froids et que la surface laisse suinter un fluide se-reux, roussätre et fetide ; des lotions, des cataplasmes et des bains sedatifs stimulants, composes d'eau chaudc fortement acidulee par le vinaigre ou par I'acide sulfuri-que,el employes avec perseverance, suffisent souvenl pour changer la tendance ä la gangrene et amener la resolution.
Au bout de 10 ou I2heuresderemploi decesmoyens, s'ils sont resles sans effet, quand il s'agit d'une plaie ou de contusions avec ecrasement, il faut scarifier la panic malade pour donner issue au sang et aux liquides icho-reux, debrider les aponevroses s'il y a lieu, et conlinuer les moyens precedents qu'on porte au fond des incisions ou qu'on remplace par des moyens plus actifs, comme le digestif anime, 1'alcool simple ou uni au camphre , I'ammoniaque, la terebenthine, la pommade canthari-dee, etc. On emploie aussi les memes ingredients en frictions sur toute la surface de la partie.
Les scarifications doivent etre de toute la profondeur des tissus gangrenes, se borner ä letendue des parties malades, ne pas atteindre les parties saines, dans la crainte d'agrandir le foyer d'inflammation. On preservera la partie et plus pai ticulicrement le fond des incisions du contact de Pair.
Si ces moyens reussissent, la peau et les couches cel-lulaires flasques, empatees, refroidies, reprenncnt un peu de chaleur, de fennele et de sensibilite; l'enflure des
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356 parties environnantes ne fait pas de progres, remphyseme ne se declare pas, le poulsse soulient ainsi que les forces generales. Si le mieux se continue pendant 3 ou 1 jours , le liquide sereux devient moins fetide, plus consistant, et enfm prend las caracteres du pus de bonne nature ; ce qui annonce la guerison.
Si au contraire la peau reste flasque, le fluide sereux fetide, que I'enflure s'etende , que le tissu cellulaire devienne emphysemateux el crepiiant, la gangrene fait des progres; et si le pouls est mou, frequent, intermittent, que les forces generales s'affaissent, on est averti que les fluides alleres ont penelre dans la circulation et qu'il y a infection generale. C'est la seconde periode dont on triomphe rarement.
Vindication qui se presente nettement est de detruire le foyer d'infection et de soutenir les forces generales. On a deux moyens pour remplir ce premier point, 1'instrument tranchant et la cauterisation. L'etat de la panic gangre-nee determine le choixde Tun ou de l'autre de ces moyens On preferera 1'ablation s'il s'agitd'une tumeurcirconscrite ayant pour base une couche de tissu cellulaire epaissie , lardacee, jaunätre, comme on le voit dans les gangrenes produites par les setons et les trochisques. On preferera an contraire la cauterisation avec le fer rougi ä blanc si la masse gangrenee est diffuse, mollasse, peuconsistante et penetrce de fluides ichoreux.
L'ablalion doit etre aussi complete que possible, et si Ton craintdeblesseruntissa ouun organequ'onveutmenager, on delruil ce qui peut en rester avecle fer rouge ou les caus-liques comme le protochlorure d'anlimoine; pour la caule-risaiion, il est convenable de la faire preceder de taillades qui comprennent loute la profondcur de la partie gangrc-
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357 nee, et on la pratique dans toute Teiendue des tissus vio-laces et inöltrös, en evitant avec soin les parties saines , de peur d'y etendre I'eraphyseme. On saupoudre ensuite toutes les parties cauterisees de poudre de charbon et de quinquina melanges de poudre de gentiane, et on applique par-dessus un bandage bien matelasse, qu'on arrose fre-quemment do chlorure de chaux, d'eau fortement acidulee, d'infusion de plantes aromatiques faites dans le vin ou la biere.
Pendant le traitement exterieur , on doit tenir devant Tanimal malade des boissons acidulees ou nilrees. On lui administre, le premier et le second jour, deux ou trois fois dans la journee, une potion chaude composee d'infusion de sauge, de romarin ou de fleurs de sureau, ou une decoction de gentiane et de quinquina , dans lesquelles on fait entrer de pelites doses d'alcool camphre, d'ammo-niaque ou de solution de chlorure de chaux. Lorsque les forces du malade se soutiennent pendant les trois ou quatre premiers jours aprts l'operaüon, et que la suppuration commence ä detacher les eschares, on a I'espoir do sauver le malade. C'est alors qu'il faut commeacer ä lui donner de petites quantites d'aliments solides et de bon choix. II peut arriver cependant que l'animal apres avoir echappe a cette serie d'accidents, meure ensuite a cause de l'abondance de la suppuration et de la difficulie de la cicatrisation, lorsque les plaies sont fort elenducs.
Le passage de la vive inflammation des organes inte-rieurs a l'etat de gangrene, est, comme nous I'avons dit, difficile h diagnostiquer; le temps oü il faut cesser de faire usage des remedes anliphlogistiques pour passer ä l'emploi des antiseptiques, est ce qui exige le plus de tact et d'experieuce de la part du praticien. U faut prendre
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en consideration l'etat des forces generales, celui du (jouls, des excretions, etc; et malgre toute son attention et sa perspicacite, malgre I'emploi, en temps convena-ble , des moyens internes deja indiques, si I'inflamma-tion occiipe de grandes surfaces, ii est presque tou-jours impossible d'en arreter les progres et de sauver le malade.
Lorsque la gangrene est bornee a quelques points peu etendus, les eschares peuveut etre eliminees et l'animal survivre ä ce premier travail; maisbien quedesguerisons completes arrivent quelquefois dans ce cas , le plus sou-vent l'ulceration qui succedeä i'elimination des eschares, persiste et la mort pour avoir etc retardee, n'en arrive pas moins par suite de la lesion organique, ainsi que l'ulceration du poumon nous en fournit un exemple.
Ulceration.—Nous considererons egalement l'ulceration a l'exterieur et ä I'lnierieur.
L'ulceration a la peau se montre ä la suite de la plupart des inflammations cutanees. Les indications generales quelle fournit se tirent de la nature et de la marche dc la maladie. Quant aux indications qui resultent de l'ulceration en particulier, elles consistent : ä preserver la par-tie du contact de l'air froid, de la chaleur du soleil, de la pluie, de la boue, du fumier, des frottements et des morsures de l'animal lui-meme; a tenir la partie ulcer ee et le reste de la peau dans une grande proprele ; a cora-battre I'irritation locale par des lotions, des injections, des bains ou des cataplasmes emollients anodins; et apres avoir mis les parties dans les conditions les plus favorables ä la cicatrisation, on se servira des moyens dont on fait usage centre les solutions de continuite en general, ou des remedes specifiques que I'observalion a fait connaiire
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comme avantageux centre la gale, les dartres, etc.; lels que les pommades sulfureuses, mercurielles, iodurees , lliuile de cade, etc., etc.
Les ulceres qui succedent ä la chute des escbares, comme dans l'anihrax, les gangrenes, et qui fournissentnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '^
du pus louable, ne reclament pas d'autre traitement que les solutions de conlinuile ordinaires.Touiefois quand il y a cu des scarifications ctendues, des cauterisations proquot; fondes, que la suppuration a cpuise le malade, il faut soutenir les forces, donner de l'energie aux nutritions ct empecher le pus de devenir sereux. On remplit ces indications en plaQant Tanimal dans une habitation saine oil la respiration puisse s'exercer librement sur un air pur, en lui fournissant des aliments feculents que Ton assai-sonne d'une petite quantite de sei de cuisine, et dans les-(jnels on fait entrer quelques substances ameres et toni-ques, afin dactiver l'aciion de Tesloniac. A ce regime alimentaire on ajoutera les soins de proprete de la peau et un bon pansage pour y faciliter la perspiration, et Ion prescrira un exercice modere pour meltre en jeules systemes circulatoire et locomoteur, la mise au päturage pour les monodactyles jeunes ou adultes, et le retour ä leurs habitudes pour ceux qui vivent en troupes.
On empeche les ulceres de fournir un pus sereux en l'empechant de croupir sur les surfaces, en labsorbant convenablement par des pansements qui ne devront pas etre cependant renouveles trop souvenl, a moins que la suppuration ne soit trop abondante, en les saupoudrant avec de la poussiere de charbon, de ehlorure de cliaux, etc.; enfin, en entretenant les chairs dans un etat moyen d'irri-tation par de legers stimulants.
Quant Ji rulceration des visceres , suite dc Viiiflamma-
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360 lion aigue , eile ne se manifeste pas par des symptömes generaux assez positifs pour que nous puissions en tirer ici des indications pour un traitement general. Au surplus , eile succede le plus souvent ä rinflammation chronique , bien qu'elle puisse aussi dependre de gangrenes limitecs qui sont dues a I'etataigu. Ce que j'auraiaendirerenirera dans la pathologie speciale.
Traitement des hemorrhagies.
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La premiere indication qui se presente est de combaitrc les causes qui, comme je l'ai dit, favorisent les hemorrhagies. II ne faut pas habituer les jeunes animaux aux saignees de precaution que Ton fait au printemps, mais conserver cette habitude a ceux qui I'ont contractee. II faut construire les habitations assez spacieuses pour le nombre des animaux qui doivent les occuper, les tenir toujours suffisamment aerees et a une temperature moyen-ne; faire des provisions d'hiver assez abondantes pour que les troupeaux et bestiaux n'aient pas trop ä souffrir de la privation de nourriture ; empecher qu'ils ne passen t par une brusque transition d'un regime maigre ä un regime trop abondant; abriter les troupeaux pour les preserver des impressions trop vives de l'air froid comme d'une trop grande chaleur; eviter, pour les animaux de travail, le passage d'une vie active ä une trop complete inaction; leur soustraire, par les temps cbauds, les aliments trop succulents ou trop stimulants et les abreuver souvent; faire connaitre aux gens de campagne les vegctaux qui , parleurs mauvaisesqualites, procurentdes hemorrhagies; leur defendre de les faire paitre de trop bonne heure dans les endroils oil se trouvent des arbres dont les jeunes
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361 pousses occasiomient lepissement de sang, etc.; ce sont lä des moyens hygieniques, preservatifs des hemorrlia-gies.
Quand l'ecoulement du sang se declare ä l'exterieur ou qu'on le presume a l'interieur, il Importe d'y remedier par les moyens les plus appropries. Ces moyens sont en panic les meines que ceux dont on se sert pour combaltre la congestion et la phlegmasie; ce sont, en premiere ligne, les degorgements sanguins, puis les revulsifs, les refrigerants , les astringents, les styptiques et les absorbants.
L'emploi de ces agents therapeutiques varie suivant les cas; quand l'ecoulement du sangest recent, qu'il se montre pour la premiere fois avec abondance el qu'il coincide avec le bon etat des forces generales, avec la plenitude et la frequence du pouls., pendant läge moyen de la vie, la saignee generate doit 6tre faite et suivie de l'adminis-tration des refrigerants, des astringents; ceux-ci sont alors utiies, soil en boissons, soit en injections, en lotions, ou mis en contact avec les parties.
On choisira pour les boissons lean fraiche, dont on augmentera la fraicheur et qu'on rendra astringente en lui ajoutant du vinaigre, de l'acide sulfuriqae, de l'eau de Rabel, et comme generalement les pertes de sang provoquent la soif, on fournira des boissons au malade jusqu'ä satiete. Les lavements composes desmemes substances peuvent convenir egalement.
Les injections et les lotions doivent aussi etre faites avec l'eau fraiche seule ou dans iaquelle on aura mis en solution le sous-acetate de plomb liquide, les Sulfates de zinc, de fer, d'alumine, la creosote. On pousse les injections dans les canaux ou dans les cavites, on fait les lotions ä l'exterieur sur la partie qui est le siege do rhcmorrha-
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3fi2 gic , comme sur la töte, le front, les- os sus-naseaux et leslombes, dans les cas d'epistaxis et d'hematurie.
Les applications ont lieu sur les parlies hemorrhagiees par rinterrnediaire d'un bandage matelasse, d'un sachet on d'un sac. On se sert encore des rnoyens precedents auxquels on ajoute la neige et la glace, suivant les saisons, ou des decoctions de substances astringenles, comme l'ecorce de ebene , la noix de galle, la creosote.
Le tamponnement pent devenir ulile pour arreter I'epis-taxis, ot on se sert alors de tampons d'etoupe imbibes dun des liquides precedents ou saupoudres avec le lyco-podium , la colophane , I'alun calcine pulverise. On com-prend que le tamponnement est plus dif6cile a operer ebez les grands animaux, a raison de la longueur de leurs machoires, de l'etendue de leurs cavites nasaleset de la cloison que forme le voile du palais, qui empeche la pene-liaiion de l'air par la bouche. Quoiqu'on put ä la rigueur se servir de ce moyen , on lui prefere la suture de l'o-rifice de la narine , et lorsque le besoin se fait sentir de tnmponner les deux narines, on ouvre une nouvelle vole a l'air en praliquant la tracheotomie.
A ce traitement direct de 1'hemorrhagie exterieure, on ajoute les refrigerants ou astringents, et les rubefiants et vesicants .Dans les epistaxison s'estservi avec avantage des lavements froids, de corps froidsou astringents places au-lourdu scrotum; cesmoyensonlaussiparuetreutilesdans le trailementderiiemoptisie.Lesrevulsifsrefrigerants sont generalements appliques loin de la partie hemorrhagiee; leur emploi doit preceder celui des rubefiants et des vesicants que d'abord Ton place aussi sur des parties eloi-gnces pour les rapprocher ensuile s'il en est besoin.
Quand l'ecoulement aigu ou actif du sang a ccsse, on
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363 doit prevoir son retour et y remedier par I'emploi des inomes moyens. Dans ce cas, de meme que quand 1'he-morrhagie est chronique ou passive, les saigneics gene-rales sont moins utiies et peuvent augmenier l'etat de fai-blesse des malades; e'est alors que Femploi du triioxide de fer, de la creosote, de la gentiane, du quinquina , peuvenl devenir fort utiies, puisque robservalion a ap-pris que le sang s'appauvrit et devlent sereux , que la serosite s'en separe facilement et que i'animal est ainsi dispose aux ecchymoses, aux infiltrations et aux epanche-ments.
Les hemorrhagies internes qui se font par des points dejä affectes d'inflammation aigue ou chronique, devront etre combattues d'abord dans leur cause rinflammation et par les moyens ordinaires; mais on aura soin de suspendre ce traitement, pour avoir recours ä celui de I'liemorrhagie, des qu'il se manifeslera des symptomes de compression des organes et de gene de leurs functions, de distension des cavites, ou que le sang s'echappera par quelque issue, lluide ou en caillots.
Les inflammations qui succedent aux hemorrhagies, elant sujettes au ramollissemenl et ä l'ulceration , recla-ment plus scuvent I'emploi des moyens astringents et to-niques que celui des remedesdebilitants.
C'est par ces mömes moyens, ainsi que par les revul-sifs cutanes, que Ton combat les hemorrhagies qui sur-viennent dans les Cevres typhoides.
Les hemorrhagies que Ton a quelque raison de croire critiques, doivent 6ire respectees si elles ne sont pas trop abondantes et ne pas etre supprimees brusquement; trop abondantes, on doit les moderer et les remplacer par des evacuations dune autre espece , soil de la peau,
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364 soit de la muqueuse intestinale ou des organss urinaires.
La perforation des vaisseaux, leur rupture, quand elles ont lieu h I'mterieur du corps et sur de gros vaisseaux, sont au dessus des ressources de l'art.
Quelque rationnel qu'il soit, ce traitement est malheu-reusement sans succes dans beaucoup de cas , parce que : 1deg; la paralysie et la mort arrivent quelquefois si ra-pidement apres les epancliements qui s'effectuent dans les centres nerveux, que des qu'on s'en apergoit, il est trop lard pour y remedier 5 2deg; que dans d'autres parenchymes etü l'interieur des cavites,raccumulationetrepancheinent de sang suivent rinflammation aigue si rapidement, les symptömes sont si fugitifs, qu'on les saisit a peine el qu'on ne pent les arreter dans leur source; 3deg; que meme dans les hemorrhagies exterieures subsequentes aux id-flammations chroniques, alors que le sang se montre ä I'exterieur ou est depose dans les organes et les tissus , I'economie est debilitee, les parties alterees , le sang est devenu si sereux qu'il n'est souvent plus possible d'y remedier.
Traitement des vices de secretion et de nutrition.
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Ce serait faire une repetition inutile que de parier ici du traitement des vices de secretion, dont je me suis occupe longuement ä propos des evacuants , dans le cha-pitre precedent, et sur lesquels j'aurai encore ä revenir ä propos du traitement des quatre premiers ordres de maladies par alteration du sang.
Quant aux vices de nutrition , ce qu'il y avail ä en dire a ele place avec rinflammation. Leur traitement n'oil'ic rien dc special.
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Traitement des etats nerveux.
Je suivrai l'ordre du Ihre et je traiierai d'abord de l'etal ataxique, de la convulsion, du tremblement, puis de l'eiat adynamique, des nevralgies et des nevroses, des maladies mentales, de rintermiltence.
Etat ataxique. — 1deg; II peut ölrc essentiel, comme dans la rage, dans le vertige dit essentiel; 2deg; il peul elre lie a une alteration du sang, comme dans le typhus charbonneux; dans ce cas, il est aussi purement nerveux et n'est pas produit par la congestion cerebrale; 3deg; il peut etre produit par une congestion cerebrale, comme dansle vertige en general.
S'il y a congestion cerebrale, ce qu'on reconnait ä la force et ä la frequence du pouls, aux battements du cceur, ä l'injection des vaisseauxdes conjonctives et de la face , et si le sujet est robuste et dans la force de Tage, on pratique alors la saignee et en meme temps on fait usage des refrigerants sur le crane. Sileur effet n'est pas avantageux, on les suspend ouon en diminue la vivacite.
Dans tousles cas, on donne au malade des breuvages composes de decoction de tete de pavot dans laquelle on fera dissoudre de I'extraitaqueux d'opium äla dose de 5 ä 6 gram, pourles grandsanimaux etd'un decigr. äungram. pour les petits. II faut preferer la decoction de valeriane oul'infusion d'une substance anlispasmodique, si le sujet est debile et dans un etat voisin de l'adynamie. On donne quelquefois I'extrait aqueux d'epium dans le miel, et si le trismus s'oppose ä l'administration des medicamenls par la bouclie, on s'adresse au dernier intestin et alors on augmenle la dose du medicament.
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Quant ä la revulsion, quoique moins pressante, eile ne doit pas etre negligee en medecine veterinaire. Les revul-sifs du canal intestinal qui ne sont pas trop irritants comme I'huile dericin, la manne, sont avantageux, lorsqu'il y a constipation et on aide a leur action par les lavements. Souvent, il faut I'avouer, les revulsifs cutanes sont les seals moyens dont on puisse disposer, sous peine de voir perir les malades.
En general, danstoute phlegmasie oü se montrent des symptomes ataxiques, on doit reconnaitre I'existence d'une violente douleur locale qui reagit sur le cerveau et il faut s'occuper de i'apaiser. On y parvient soit en combattant la maladie par les emissions sanguines, soit en enlevant la cause qui produit la douleur, parexemple, en desserrant un bandage, en otant des eclisses qui com-priment trop fortement la sole, en couvrant des setons on des vesicatoires douloureux d'un cataplasme emollient anodin. Les anlispasmodiques et les narcotiques com-pletent letrailement.
Tout animal chez lequel se presentent des sympt6nies ataxiques reclame le calme, I'obscurile ou un demi-jour, nne temperature douce en hiver, un air frais et souvent renouvele par les temps chauds, des boissons adoucis-santes en abondance et la liberte du ventrc.
Convulsion.—La convulsion comme lelat nerveux en general etplus que lui encore n'est qu'un symptomequian-nonce une exaltation du Systeme nerveux qui a son point de depart en dehorsde ce Systeme. Pour la faire cesser, il faut pouvoir remonter ä sa cause; on ne doit done mettre qu'une faible confiancedansla valeurdes remedesantispas-modiquesdont on fait un usage banal dans toutes les maladies convulsives. Le veterinaire doit rechercher avcc soin
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367 le point d'oü semble partir I'irrilation nerveuse, la naturn des maladies qui les produisent, les causes qui les font naitre; si les convulsions sont idiopathiques, c'est-ä-diresont Uees üunemaladiecerebrale, ou si elles sont sym-pathiques,distinclion souvent fort difficile h faire.Ainsi nous verifions frequemment ce fait dans le cheval: que les symp-lömes que produisent la congestion cerebrale, la meningite ventriculaire, I'encephalite , symptomes qui sont le tour-noiemenl ou vertige, les mouvements de fureur, les convulsions de la face, des yeux, des levres, puis la stupeur et le coma, peuvent etre produils aussi par I'embarras gas-trique. Dans une teile difficulte du diagnostic ilfaut fairo marcher de pair le traitement des deux maladies, enevi-tant ce qui pom rait entraver la marche de Tune en etant utile ä lautre.
Lorsque la cause est connue, c'est eile qu'il faut atta-quer. LTembarras gasirique, I'inllammation del'estomac, l'engouement de l'intestin parle meconium ou lesmatieres fecales, le sejour d'entozoaires ou d'insectes venusdude-hors, I'existence d'une ligatura trop serrce , a la queue ou ailleurs, d'une esquiile qui blesse le cerveau ou ses en-veloppes, presentent des indications faciles ä remplir.
Quelques convulsions sont susceptibles de s'amender sous un traitement local; tellcs sont celles que causenl les contusions, les compressions, les plaies par piqure, par brülure, celles de la choree, de la crampe.Les bains, les cataplasrnes, les embrocations anodines et narcotiques concourent a diminuer la douleur et ä faire cesser la contraction spasmodique. Les embrocations d'huile de morphine sur les muscles convulses dans la choree aignc douloureuse, sur les muscles contractes dans la crampo m'onl paru produire ce resultat.
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Lorsque la predisposition parait jouer le role principal, il faut avoir recours aux moyens propres ä diminuer l'ex-citabilite nerveuse constitutionnelle; les bains emollients tiedes, les medicaments antispasmodiques, comme les infusions de fleurs de tilleul, de feuilles et de fleurs d'urangers, lecamphre, etc.. Les decoctions de t^te de pavot, de valeriane, de morelle, de jusquiame, les preparations d'assa-fetida et d'opium et surtout son extrait aqueux, sont des moyens qu'il ne faut, pas negliger en ayant soin de ne pas en donner de trop fortes doses parce qu'ils augmentent alors la congestion cerebrale.
On recommande aussi l'oxide de zinc, lammoniaque liquide, l'acide hydrncyanique dont on se seit pour I'es-pece humaine, les revulsions de la peau par les sina-pismes, les vesicaloires et les setons, et ceux du tube intestinal.
Dans le traitement des convulsions qui surviennent aux animaux epuises par des evacuations trop copieuses de pus, de sang, par le travail et Tage, on aura soin de combiner ensemble le regime analeptique, le repos ct Temploi des antispasmodiques. L'herbe des pres pour les herbivores , en y ajoutant de l'avoine; le lait, le bouillon, la viande cuite pour les carnivores; pour lous le sejour ä lacampagne, I'exercice pris en plein air, dans le milieu du jour en hiver, le matin et le soir pendant les chaleurs, une habitation saine, sont les moyens qui conviennent le mieux dans la convalescence.
Une partie de ce traitement est encore applicable aux convulsions produiles par les empoisonnements, par les substances veneneuses, les virus et les miasmes; il faut commencer par neutraliser leur action , et les expulser le plus tot possible, et en second lieu l'emploi de la plu-
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360 pan des moyens deja prcscrils lour est convcnablo. Ce-pendant il faut remarquer que dans cescas-la on devm user d'evacuations sanguines lorsque I'estomac aura etc vivement enflammc, tandis que dans les cas ordinaires la saignee est fortement contre-indiquee a moins qu'il n'y ail un etat pleihorique manifeste.
Tremblement.—Celui qui est le resniiat d'une secousse morale, cesse ordinairement avec promptitude, et nc reclame ancun traitement. Celui qui se presente peu do temps apres les refroidissements de la peau ou de la mn-queuse de I'estomac reclame les soins suivaats : I'animal doit etre soustrait a l'action de la cause; on I'almie ou on le place dans line ecurie chaude, on le couvre d'une cou-verture, on fait des frictions s^ches et on donne des bois-sons tiedes, ou memechaudes et stimutantes, et si Ton no craint pas d'irriter I'estomac, on emploie le vin,la biere, le cidre, le the, le cafe meme; on supprime les aliments solides pendant tout le temps que dure le tremblemenl-
Le tremblement qui resulte de la vivacite d'une dou-leur locale , celui qui se montre apres une operation chi-rurgicale röolament la plupart des soins hygieniques pre-cedonis.Onapaisera le plus tot possible la douleur par les moyens connus. En hiver et pendant les temps froids, on s'altaehera parliculierement ä couvrir et a rechauüer lä partie oü siege la douleur.
Le tremblement qui a lieu dans la premiere periodo des maladies presente cgalement les memes indications. Seulement il faut eviter les boissons stimulantes, parce quo, la maladie etant alors etablie, elies no fe-raient qu'augmenter son intensite ; il faut aussi s'abstenir de la saignee de peur qu'elle n'augmente rirriiabilitö nervense, ot qu'elle n'amene soil des convulsions, soil
TOME II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;24
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370 une congestion violenie aucerveau ou surle siege du mal.
Los iremblements partiels qui surviennent pendant I'e-tat et sur la fin des maladies sontdu plus mauvais augure, et ne fournissent aucune indication speciale.
Quant ä cet autre tremblement qui suit Tempoisonne-ment, on le combat par les bains tiedes , le repos, les boissons adoucissantes et antispasmodiques.
Etat adynamique. — Comme I'etat ataxique, il se montre parfois primilif et essentiel. C'est ce que i'on voit a la suite de l'exces de travail, de privation d'ali-ments, d'anemie causee par le froid; et comme le precedent aussi, il accompagne les maladies des solides et surtout celles dn sang, dont il est un des principaux caracteres. Au reste les etats ataxique et adynamique sont presque toujours en coincidence, bien que tantot I'un et tantöt l'autre predominent.
Les indications qui se tirent de l'adynamie sont de fortifier le corps pendant la maladie, de soutenir les forces pendant la convalescence qui est toujours longue, et meme de prolonger au delä l'emploi des fortifiants.
Comme moyens hygieniques , pour les animaux exces-sivement debilites et avec peu ou point de fievre, on prescrira le repos, un air pur, une temperature douce, des couvertures chaudes pendant I'hiver, la chalsur ar-lificiolle du foyer, des fumigations chaudes et des frictions douces, les aliments analeptiques. Si la digestion est pen active, on aura recours aux excitants stomachiques, le vin et le bouillon dans lequel on aura fait bouillir de !a cannclle ou du girofle; on passera ensuite au quinquina , ä la gentiane, aux autres toniques amers que fon combi-nera avec les preparations ferrugineuses. D^s que les forces lepermeltront on recommandcral'exercice au grand
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air, au soleil en hiver, le soir et le matin et äl'ombre pendant Tete. Le vertpris dansles paturages completera le traitement. Les bains frolds pourront ötre miles.
L'adynamie qui coiacide avec des lesions organiques ne disparait que temporairement et incompietement, son traitement n'est que palliatif. Celle qui accompagne les phlegmasies aigues doit etre distinguee avec soin de la simple oppression des forces. Le point de savoir a quelle epoque du cours des maladies il convient de donner les toniques, est quelquefois difficile a decouvrir. II est pour-lant une regie a suivre, e'est d'en donner de petites doses ä la fois, de commencer par ceux qui sont analeptiques el d'y ajouter le sei de cuisine, surtout pour les ruminants.
L'adynamie qui accompagne les maladies par alteration du sang , lorsqu'elle est portee ä un haut degre, reclame I'emploi des excitants diffusibles , appeles alexiteres par lesanciens, I'ammoniaque, I'acetale d'ammoniaque, I'eau de luce , Tether sulfurique , les alcooliques simples, camphres,etheres,ouassociesauquinquina, etc. etc.. On les donne dans le but de relever les forces. Les revulsifs cutanes, sinapismes, vesicants, moxas, la cauterisation actuelle, conviennent dans les memes cas.
Lorsque les forces sont revenues, il faut veiller avec soin aux congestions et aux inflammations qui se mani-festent sur divers points.
Enfm on associe les antispasmodiques et les calmants aux excitants et aux toniques, lorsque les etats ataxique et adynamique coexistent.
JSevralgies. — Le traitement des nevralgies est peu rational en general parce qu'on confond souvent ces affections avec le rhumatisme , la nevrite , les efforts , les ruptures musculaires.
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Les diverses cspeces de saignees n'onl point rcussi dans 1 ü'.aigie. En general, comme nous avons a faire le plus souvent aux elais chroniques, nous employons les frictions sur le (rajel du nerf avec l'essenee de lavande, de terebeu-thine, le liniment ammoniacal, la teinture de canlharides, Ijonguent vesicaloire meme. Ces moyens echouent le plus souvent si la maladie a dure long-temps, si la partie s'est atrophiee et si I'animal est age , alors on esl oblige de 1c faire abatlre.
Quaud I'etat est aigu, ce qu'on voit surtout dans les nevralgies des membres, si la douleur est tres-vive on doit faire quelque degorgement sanguin, couvrir la partie de topiques narcoliques. Ensuile viennent les revulsifs , comme le vesicaloire, le selon, le moxa, le cautere ac-tuel, I'acupuncture qui a reussi quelquefois.
Pour le resserrement douloureux du sabot dit encas-lellure, on fait la section du nerf plantaire.
Au reste, comme la predisposition est toujours pour quelque chose dans les nevralgies et qu'elles augmentent encore la susceplibilite nerveuse, on devra consolider la guerison par l'emploi des remedes calmants, antispasmo-diques 5 la racine de valeriane, I'assa foetida, lajusquiame, Tether, l'opium, l'oxide de zinc, le carbonate de fer, donnes ä Vinterieup.
Neuroses. — Quatre nevroses ont ete constatees chez lesanlmaux, le tclanos, la choree, I'epilepsie, la cata-lepsie. Quoique reconnaissant des causes differentes , dies no peuvent guere s'expliquer que par une predisposition originelle de l'economie ä les contracter. Voila pourquoi il est toujours si difficile de les guerir, surtoul lorsqu'elles durent depuis un certain temps.
Si les nevroses coincident avec une congestion vers le
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cerveau ou vcrs la moelie epini^ie, on doil la combatirc
par des evacuations sanguines locales et quelquefois
meme generales, d'autant moins fortes que le malade est
pluSjimpressionnable. S'il n'existe pas de congestions, ce
qui arrive frequeramenl, il n'y a pas lieu d'employer les
evacuations sanguines. Dans certains cas, on a employe ics
saignees avec une grande energie contre le tetanos. Apresnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1
les evacuations sanguines, les refrigerants sur la tete onl
quelquefois reussi pour mettre fin aux convulsions epilep-
tiformes, les bains froids au tetanos et ä la choree. Ce-
pendant, l'emploi des refrigerants me parait dangereu.v
dans un grand nombre de cas; il me parait preferable
d'entretenir une douce moiteur ä la peau par le sejour
dans une habitation chaude, par des couvertures de
laine, des fumigations emollienles, anodines, etdesbois-
sons adoucissantes unies aux antispasmodiques et aux
opiaces. Les irritants cutanes reusssssent quelquefois ;
generalement ils aggravent la tnaladie. La peau, surtout
sur la colonne epiniere, est souvent dans un etat de sen-
sibilite, tel que les plus simples frictions sfeches causem
une vive agitation et augmentent I'etat tetanique.
Lorsque la deglutition est possible et que la muqueuse intestinale est saine, il convient d'unir au\ opiaces, les laxatifs et mamp;ne les minoratifs, comme le sene , le ricin, i'alofes. On revulse ainsi sur le lube intestinal et on re-medie ä la constipation. On emploie , en meme temps, les antispasmodiques toniques comme la valeriane quami les malades sent debilites; ainsi que cela a lieu souvent lors d'epilepsie et de choree, et on leur fournit des aliments de facile digestion et nourrissants.
Quant aux divers accidents qui peuvent compliquer la marche des nevroses, on y satisfera , suivant les cas, par
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374 des saignees locales pour empecher le renouvellement des congestions; par des revulsifs, et surtout des exutoires produisant le moins de douleur possible et amenant rapi-dement la suppuration; par des diaphoretiques, mecani-ques ou autres, pour entretenir la moiteur de la peau. Plus tard, les bains froids pourront convenir si la saison le permet, on les donne ä litre de toniques. L'exercice pour developper le Systeme locomoteur, l'air de la campagne, l'usage du vert, du miel, du lait, unis aux antispasmo-dique, tels que la valeriane, l'assa foelida , seront fort utilespour acheverletraitement, assurer la convalescence, et on en continueral'usage, m^me un certain temps apres que les symplömes auront completement cesse.
31aladies mentales. — Les deux affections qu'on peut le plus raisonnablement rapprocher des maladies de ce nom chez l'homme, sont l'immobilite des chevaux espece de demence, et le crelinisme chez les chiens.
L'immobilite cede rarement au traitement. On peut amender ses symptömes, comme l'experience l'a prouve souvent. Dernierement mamp;ne, M. Magendie a cru avoir obtenu la guerison d'un cheval immobile en se servant du moxa, de la saignee et des antispasmodiques. On a vu l'eruption du farcin et l'apparitiond'autres maladies ame-liorer temporairement l'etat des malades, ainsi que cela arrive par le repos, le calme des sens, un travail doux et modere, un regime calmant; mais aussi on a vu les symptömes de la maladie reparaitre, des que ces circons-tances hygieniques ont cesse de faire sentir leur influence.
L'immobilite qui survient chez les animaux äges ne laisse pas d'espoir de guerison, parce qu'on ne peut pas attendre de modifications de la constitution. Chez les jeunes chevaux, eile est toujours le signe d'une alteration
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375 de la constitution, du deveioppement d'une susceptibilite nefveuse qui peut rester plusieurs annees stalionuaire , ou s'amender , mais rarement disparaitre.
II est encore bien plus difficile, pour ne pas dire impossible, de corriger les vices d'organisation de ces etres degrades de Tespece canine, qui nous ont represente le cretinisme dans I'espeee animale. Ces animaux sont tou-jours sacrifies de bonne heure, parce qu'on ne peut en obtenir aucun service.
Etats intermittents. — Le quinquina est le remede par excellence centre tous les etats intermittents , que ce soient des fiamp;vres ou bien de simples douleurs bornees a un point du corps. II se donne aux malades dans I'in-tervalle des acces, c'est-a-dire pendant I'apyrexie. II faul le faire prendre en plusieurs doses, de maniere ä ce que la derniere soit administree au moins deux ou trois heu-res avant le moment oü I'acces va reparaitre.
Les fievres intermittentes sont si rares chez les animaux qu'il y a fort peu de chose ä dire de leur traitement. Si un veterinaire avail a en trailer, il examiueraii l'etat de toutes les fonctions pour s'assurer s'il n'y existerait pas quelque maladie, une congestion, une inflammation ; el dans ce cas il leur opposerait les moyens qui conviennent dans ces affections.
TBAITEMENT DES MALADIES GEj\EBALES AVEC MODIFICATION DANS LES PROPORTIONS Du SANG Oü DE SES ELEMENTS.
Premier ordre.
Une longue suite d'observations a appris aux veleri-naires el aux agriculteurs que les maladies de eel ordre
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376 sont au-dessus des ressources de l'art, lorsqu'elles sont parvenues a un certain accroissement. Le iraitement pre-servatif est done le plus important. II repose sur la con-naissance des causes qui produisent ces maladies. Les pays Las et humides, les fourrages aqueux, fades, les conslituiions atmospheriques froides et humides, les pluiesabondanies etsuivies d'inondations sont les circons-tances qui les developpent, et d'autant plus sürement que le pays est pauvre en produits du sol, qu'on n'y fait pas d'approvisionnements pour l'hiver et que les troupeaux ne transhument pas. Tout le traitement preservatif consiste ä modifier ces causes ou ä faire cesser celles qui sont au pouvoir de l'homme.
Une fois meme que la maladie est declaree, le traitement se compose moins de remedes que de soins et de moyens hygieniques. Des que la pourriture commence, on doit changer les aniiiiaux de localile, leur faire frequenter de preference les lieux eleves, leur distribuer chaque jour du sei, les nourrir enpartie dans les habita-lions avec des aliments sees et de bonne qualite, meler quelques preparations de fer ä l'eau qu'on leur donnera avant den sortir, les laisser dans les etables par les temps de pluie et de brouillards, ne les en sortir que quand le soleil a dissipc la rosee qui couvre les paturages.
Le traitement des betes les plus malades sera caique ;.ur celui de i'etat adynamique dont j'ai parle plus haul. Le vin,la bi^re oulecidre serontles vehicules dans les-quels on fera enlrer le quinquina, la gentiane, les toniques amers ei le fer.
Les maladies dont le fond commun est ce qu'on appellc la pourriture ont quelques formes differentes. Dans celle que quelques veterinaires ont appelee phthisie ver-
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377 mineuse, la presence des vers dans les branches eniraine quetquefois la suffocation. Des praiiciens ont combatiu par la saignee cet accident qui tient, suivant eux, ;t une congestion pulmonaire, et qui a paru ceder ä l'emploi de ce moyen. Quant aux vers, on leur oppose les anthelmin-tiques en boissons et en fumigations. Le plus grand nombre des animaux atteints de phthisie vermineuse suc-combent a I'etat primitif quiest lapourriture.
Le cosnure qui produit le lournis, est attaque par des moyens chirurgicaux; la perforation de la paroi du cräne correspondant au siege du ver, la cauterisation avec le fer rouge. Ce traitement guerit ä peine un malade sur cinquante et ne le preserve pas toujoursde la recidive.
Jusqu'ä ce jour les moyens curatifs employes contre la ladrerie sont restes sans effets, mömelorsqu'onprend la maladie ä son debut. L'assainissement des habitations , la frequentation des lieux salubres, la proprete de la peau, Tusage des glands, une origine pure de cette täche sont les meilleurs preservatifs.
Deuxieme ordre.
Nousavons decouvert aussi dans les maladies qui compo-sent cet ordre un fond commun, une predisposition unique acquise sous l'influence des memes causes que celles dc I'ordre precedent. Par suite de leur action, I'organisation s'est affaiblie et le sang a eprouve un appauvrissement plusou moins marque, l'uissous l'influence du prinlemps et d'une nourritureabondantc , il s'est developpe un etat plelhorique d'autantplus fächeux qu'il est survenu plus tapidement. De la des congestions et des hemoriliügiesgt; passives chez les animaux les moins robustes, actives chez les autres.
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Comme preservatif pour ces maladies, il faut leur appliqucr une panic des regies hygieniques tracees pour les maladies precedenles : nourrir suffisamment en hiver, bien lieberger les iroupeaux , les preserver de l'in-lluence de celte saison et des souffrances qu'elle entraine chez les animaux aflaiblis, ne refaire leur embonpoint que graduellement pour eviter que I'etat plethorique ne sur-vienne trop brusquement, soustraire les animaux ä l'ac-lion des fortes chaleurs du printemps et de lete. La iranshumance sur les hauteymontagnes est seule capable de produire cet effet.
Le traitement proprement dit presente quelques differences suivant que la marche est rapide ou au contraire que I'invasion est moins brusque et la marche plus lente. Au premier se rapportent la congestion cerebrale que Huzard a appelee tournis aigu et d'autres maladie folle de la Beauce, fallere, engorgement plethorique, cu apoplexie de la rate , maladie du sang, pissement de sang des pays meridionaux. Dans tons cescas, la saignee generale convient des le debut, les boissons acidules ou tempe-ranles, le bain froid de corps si cela etait possible, des abris ä l'ombre, de l'eau en abondance pour boisson.
Pour la seconde forme conviennent les saignees locales peu copieuses, mais repetees sur divers points de l'abdo-men, les acidules combines aveclesantispasmodiques, et dans le second temps de son existence, les toniques amers,le sei de cuisine, lesferrugineux.
Troisieme ordre.
Pour ne pas revenir, h chaque paragraphe, sur les divisions qui ont ele adoptees dans les deux derniers cliapi-
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tres du tome Ier. je parlerai du traitement de chaquc maladie, comme s'il suivait immediatement la maladio a laquelle il se rapporte.
Las maladies de cet ordre. se presentent sous quatre formes :
A une Ire, serapportentlespleuro-pneumonies simpleraquo;, developpees sous rinfluence de causes generales, telles que les variations de la temperature, l'usage des eaux provenant de la fonie des neiges, etc.; ä une 2deg;, celles oil il y un etat plethorique; ä une 3e, celles qui frappent des animaux ayant ete d'abord exposes aux causes de la pourriture; 4deg; enfin, celles dans lesquelles il y a alteration du sang.
1deg; Les premieres, qui ont un caractere franchement inflammatoire, reclament le traitement anliphlogistique , tel qu'il a ete decrit plus haut. Les saiguees pourront etre plus fortes que dans les formes suivantes. Toutefois, on doit se hater de les pratiquer des que les symptömes de la phlegmasie sonibien caracteriseesetlessuspendre vers le 4e ou le 5quot; jour. II est rare qu'elles soient avantageuses apres cette epoque,et je n'ai pas vusans etonnementdaus une observation de pleuro pneumonic catarrhaie, qu'on ait encore tire six livres de sang an 10quot; jour. Les exutoires conviennent ü l'epoque oil les saignees doivent etre ces-sees; ils sont moins necessaires que dans les autres formes.
Ces sortes de maladies sont plus communes en hiver , par les temps froids et dans les lieux eleves, que dans les autres circonstances.
2deg; Les maladies de cette 2me serie sont remarquables par iedeveloppement de congestions culanees,cercbiales, gaslro-intestinales, qui se font au debut ou pendant le
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380 cours de raffection de poitrine. Elles se montrenl an priniemps, en automne, et quelquefois versles derniers temps de l'hiver, quand la temperature devient chaude lout ä coup et les qualites de l'air variables. A la fin de l'hiver actuel, c'est la tete qui en a ele le siege; les ani-maux semblaient etre dans I'ivresse, sous l'influence de cetie congestion cerebrale. Fort souvent au printemps, c'est la peau, et chez les femelles, Tuierus. Dans quelques cas, ce sont le foie et la muqueuse intestinale; de la, coliques, trouble de la secretion biliaire, el ictere.
La premiere indication est de combattre I'etat plethori -que et les congestions, d'abord par la saignee generale, ensuite par la saignee rapprochee du siege de la congestion. La deuxieme se rapporte a la phlegmasie des plevres et du poumon qu'on traile par la methode ordinaire. Quelques veterinaires, et je suis de leur avis, saignent plus largement quand c'est le poumon qui est specialcmenl malade , et font les saignees plus faibles mais plus repe-lees quand c'est la plevre.
Ces maladies sont en general fächeuses pour les jeunes chevaux nouvellement arrives dans les corps de cavalerie, latigues par de longues marches, ayant souffert de la cas-naiion,du changement de regime,et destravaux auxquels on les soumet pour lesdresser; elles sont mortelles pour les vaches et les boeufs, dont les organes ihoraciques presen-taient dejäquelque alteration organique. Aureste, si ces maladies sont si souvent meurtrieres chez les ruminants, c'est que ces animaux manifestent moins clairement que le che-val, les symptomcs de leurs maladies; qu'elles out chez eux une tendance a s'accompagner de vices de secretion et de degenerescences, cquot;est-ä-dire, ä passer ä I'etat chronique; qu'elles commencent queiqucfois sous cello dcrniere
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381 forme, comme nion collegue M. Lecoq en a fonrni dos exemples; enfin qu'on ne les traile qu'incomplelement dans la crainte de diminuer la chair, le lait, de nuirc ä la foetation.
3deg; Les pleuro-pneumonies et pneumonies, devcloppöes sous l'influenee des causes de la pourriture , c'est-a-diro dune constitution humide et froide, mais avec des variations de temperature, debutent le plus souvent par l'in-flammationpeu intense de quelques points de la muqueuse respiratoire, principalement des bronches. De lä ellcs passent au poumon et aux plevres ; alors se montro rexaeerbation des symptöraes qui prescrit la saignee. II faut se baler de la faire des le debut, et eviterd'yrevenir.
Lorsque lepanchement est opere , les grandes saignees sont nuisibles; les saignees moderees peuvent 6tre encore utiles quelquefois.C'est surtout le moment d'avoirrecours aux exutoires, autour de la poilrine, et surtout ä ceux qui, comme les setons, produisent rapidement la suppuration. Les diuretiques et les purgatifs conviennent egalement. Vers la fin on donne les toniques amers, et quelquefois meme des la deuxieme periode, c'est-ä-dire apres I'epan-thement, s'il y a beaucoup de faiblesse.
Gelle maladie est enzootique dans quelques localites. Iilie y a une marche lente. Les saignees y sont generale-ment nuisibles, surtout si elles sont fortes , et les toni-(jues avantageux, meme dans les premiers temps. On congoii que les saignees sont generalement centre - indi-quees lorsque les animaux se trouvent sous rinfluence des causes qui produisent la pourriture, ä moins qu'il n'y ait des symptomes d'une inflammation trop vive. Voyez le memoiic de M. Didry (Recueil de Mcd. Vcier., anhee 1832).
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4deg; ITepizoolie observec en 1757, dans la Brie, par Andouin de Chaignebrun (Faulet, Histoire des Epizooties), fourait un^exemple frappant des pleuro-pneumonies ä forme typhoide. Outre les affections de poitrine, on trouve des tumeurs formees par des infiltrations gelatineuses, ou mcme de veritables charbons.
Chaignebrun etablit trois cas dans ces maladies : 1deg; apparition de tumeurs ä I'exterieur, sans phlegmasie inlerne; 2deg; phlegmasies internes sanstumeur ä I'exterieur; .'5deg; phlegmasies internes coincidant avec des tumeurs ex-terieures. II admet que ces trois formes sont susceptiblcs de guerison.
La saignee etait, suivant lui, le moyen par excellence pour toutes les formes; il n'en faisait pas moins de 3 ou 4 en 48 heures et il poussait jusqu'ä 6,7,8. Les lavements, les purgaiifs tous les 2 ou 3 jours, le seton et les boissons emollientes composent le reste du traitement. Quant aux tumeurs, il defend de les inciser, si elles ne sont pas gangrenees, et veut qu'on en poursuive la resolution par les excitants et les astringents legers. Si elles mcnacent de gangrene on doit pratiquer de grandes incisions , les panser avec le sei commun, la solution d'a-celate de plomb, I'eau acidulee par le vitriol ou 1c vinaigre, etc. II recommande les antiseptiques, en lele desquels il place le chiorure de sodium ou sei commun, ä 32 grammes ( une once) qu'il combine aux purgatifs , (aloes, jalap, etc.).
Cliabert qui appelle ces maladies peripneumonies gangreneuses, insiste dans la premiere periode, pour qu'on repete les saignees de 3 en 3 heures, suivant I'eiat du pouls et la force des malades. En möme temps, il prcscrit des boissons emollientes, des diuretiques, des
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383 lavemenis. Dans la deuxieme, il recomraande les vesica-toires volants ou ä demeure et les setons, comme Chaigne-Lrun, il craint les scarifications qui amenent souvenl remphyseme et la gangrene. Le quinquina , les toniques amers sont bons dans la troisieme periode.
L'abbe Rozier ou plutöt Thorel dit que la saignee ne convient pas dans celte maladie qu'il appelle maligne , si ce n'est lorsqu'il y a douleur violente et transport ( c'esl-a-dire congestion au cerveau ). II recommande les lajcatifs , la casse, le tamarin ., la cvamp;me de tartre, au septieme jour seulement; et les purgatifs a la fin de la maladie. II n'a pas de confiance au camphre et prescrit le quinquina comme tonique et uon comme antiseptique.
Fromage prescrit la saignee, si le pouls est dar, et la repete 3 heures apres, si cet etat persiste. Si le pouls est souple, il debute par un vesicatoire sous la poitrine; puis il donne le quinquina, les toniques amers, Tammo-niaque, le camphre, l'eau de Rabel, des fumigations de vinaigre par les naseaux.
Voici ä mon avis les regies qui convieanent dans le traitement de ces maladies. La saignee n'est ulile que, toul-ä-fait au debut, quand les animaux sont forts et vi-gourcux., et qu'il y a douleur tres-vive et grande dys-pnee; horsde lä, les emollients simplement. Si I'epanche-ment se forme, que I'etat general devienne moins violent, les exutoires, les diuretiques et les purgatifs ; de bonne heure aussi les excitants antispasmodiques, les toniques. On doit tenter la resolution des exanthemes par des excitants et des astringents peu energiques , et traiter ceux qui sont gangrenes par les antiseptiques ordinaires.
La contagion de cetle derniere forme ne pent eiro nice. Les autres se propagent seulement par I'infectioa
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des lieux. Outre les preservatifs ordinaires, il fuut reeourir aux mesures de police saniiaire indiquees pour ccs maladies.
Quatrieme ordre.
Les etals muqueux nous ont fourni ä considerer : 1deg; l'etatdu sang; 2deg; des vices de secretion; 3deg; des con-geslioTis et des inflammations, il ne fatit guere compter snr les efl'ets des medicaments pour changer l'etat du sang. Les preparations ferrugineuses qui sent le plus effi-caces n'y parviennent qu'ä la longue. II estdes indications plus pressantes et qui sont de soustraire les animaux ä l'influence des causes predisposantes de ces maladies. Lo retrait des päturages, l'assainissement dos habitations sous le rapport de la purete de l'air et de la temperature, l'amelioration du regime alimentaire, sont les points prineipaux.
Les formes des affections catarrhales ou muqueuses sont nombreuses ; leur marchea de la lenlcur, la convalescence de la duree. On distingue 3 periodes. La premiere est caracterisee par l'abattement des forces, par un etat de courbature, le refroidissement de la peau, etc. Dans la deuxieme, on observe tous les phenomönes de la fievre. II y a une reaction generale plus ou moins forte, des inflammations se sont developpees : chaleur de la peau, rougeur et secheresse des muqueuses apparentes, ecou-lements divers abondams et sereux. Dans la troisieme, la fievre diminue ou cesse, ce sont les ecoulements ou ca-larrhes qui deviennenl abondants, epais. purulents; les infiltrations s'operent, etc. Le corps est long-temps ä se refaire, attendu qu'il a eprouve des modifications pro-
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303 bndes quine pement cesser qu'avec le temps. Des inflammations et des congestions se font en general en divers points. Quel que soil leur siege , la töte est toujours plus ou moins fortement le lieu oü le sang a de la tendance ä se porter; en sorte que la ceplialalgie, rinjection des vaisseaux des conjonctives et de la face sont leurs symp-t6mes les plus communs.
II y a des inflammations dans divers organes, soit sur la muqueuse des bronches, soit dans le poumon ou les plevres, soit dans les intestins. Quelquefois meme au printemps, quand la temperature est elevee et variable, chez les animaux ncn debililes, et surtout avec la phleg-masie catarrhale de la muqueuse gastro-intestinale, le pouls prend de la force et de la frequence, la pean s'echaufle; en un mot, il y a quelques symptömes de la fievre qui accompagne les inflammations franches. Les anciens designaient cette forme des phlegmasies muqueuses avec reaction generale, sous le nom de fievre muqueuse compliquee de fievre inflammatoire.
A la peau et sur les muqueuses externes on a des inflammations vesiculeuses ou pustuleuses, comme on le voit dans la fievre muqueuse aphtheuse, dans la morve et le farcin pemphygoides, dans la conjonctivite avec pustules que Coquet a appelee albugo epizootique et que Soulard a decrite sous le meme nom, dans la conjonctivite avec vesicules de la maladie des jeunes chiens, dans nombrede cas de morve chronique oü la pituitaire offre aussi des phlyctenes. Enfin on pent en rapprocher cette eruption des plaques agminees des intestins, dans la fievre muqueuse du chien , eruption qui ne presenle aucune difference de celle qui a lieu dans la doihinenterie ou fievre typhoide de l'homme. Des ulcerations succedent
TOME II.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2.1
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386 ä toufes ces Eruptions el deviennenl plus ou moins fa-cheuses suivant les regions.
Quant aux vices de secretion qui sont un des etats fon-damentaux de cette classe de maladie, ils reconnaissent pour cause un etat general du sang, une diathese. Pour les muqueuses qui communiquent librement avec l'exte-rieur, la gravite de ces vices de secretion depend de l'abondance et de la persistance des ecoulemcnts. Dans l'arrierebouche et le larynx,le fluide secrete revet par-fois la forme de fausses membranes, ce qui produit des accidents tres-graves, la suffocation et la mort. Lorsque ces produits sont deposes dans des poches, dans des reservoirs, leur sejour entretient rinflammalion, l'aggrave et la rend quelquefois mortelle. Ainsi dans les poches gutturales, ces depots devienaent quelquefois mortels en amenant la perforation spontanee de la poche; la maticre purulente fuse dans le tissu cellulaire et forme des abces par congestion autour de la gorge et de la trachee-artere. Le catarrhe de la vessieet de la matrice dont l'ecoulement est periodique, est une affection grave, le plus souvent incurable.
Un autre travail secretoire qui accompagne ordinaire-ment les etais muqueux est celui qui se passe dans le tissu cellulaire. II est peu de ces affeciions qui ne presenlent dans leur cours ou ä leur fin, des infiltrations sereuses dans les parlies döclives du corps, sous le ventre, au fourreau, au scrotum, aux membres poslerieurs. La convalescence en est rarement exempte.
Enfln les ganglions lymphatiques, places dans le voisi-nage des membranes muqueuses enflammees se tumeficnt generalement. Les ganglions sousmaxillaires se gonflent plus ou moins ä l'occasion de l'inflammation catarrliale
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de la piiuiiaire; ceux des broaches ou du mesent^re, h l'occasion de l'inflammation de la muqueuse bronchique ou intestinale, les glandes parotides, d'une manure brusque apres rirritation de la buccale causee par l'eau froide ( avives ), le loie, apres celle de la muqueuse duodenale ei de lä l'icierequi etabiit la complication de la fievre bilieuse avec la iiövre muqueuse , pour nous servir du langage des anciens. Ces inflammations des glandes consecutives ä celles des muqueuses avec lesquelles elles sont en continuite de tissu, sont produites sans doute par le transport de matieres irritantes, par la voie des lymphatiques.
Le traitement general des etats muqueux se regle done sur les differents etats que j'ai signales^ les vices de secretion et les inflammations, et sur les trois periodes dans lesquelles se divise leur cours. Dans la premiere periode, il faut avoir recours aux soins hygieniques dejä indiques pour la maladie precedente, c'estä-dire rechauffer le corps, y produire la diaphorese.
Une fois la maladie bien declaree et les premiers symp-tömes de refroidissemenl passes, on peut saigner si I'etat du pouls Findique, qu'il y ait complication de fievre in-flammatoire ou douleur vive et persistante en quelque point. Dans ce dernier cas, les saignees locales sont utiles. On donnera des boissons emollientes, legerement aeidu-lees et tiedes, et des lavements. La congestion cerebrale qui simule l'ivresse par la chancelance de la marche, la chaleur et la pesanteur de la töte, celle des conjonetives et du g'obe oculaire, reclament la saignee h la jugulaire et des lotions fraiches sur les parties malades.
L'etat pateux de la bouche, le manque d'appeiit, l'ic-tere, si le ventre n'est pas douloureux, peuvent s'amea-
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388 der par reraploi d'un vomilif pour le chien, le chal el le pore; si le venire est lendu el douloureux, H faul em • ployer les saugsues, les fomentations et fumigations emol-lientes. Ce que je dis de l'etal general et de celui du venire ne doit pas prejudicier au traitementä dirigercontre les sieges particuliers des phlegmasies, dans chaque es-pece de ces fievres.
La fievre catarrhale peut passer rapidement de l'etat d'excitation ä l'affaissement des forces. Soulenir les forces est doncune condition de rigueur, en möme temps que Ton cherche ä revulser vers la peau. De legers excitants, des diaphoretiques, serontdonnes chauds, silse peut; on rend les boissons alimenteuses et on fournit aux animaux des aliments feculents et d'une facile digestion. Les boissons seront acidulees ou legerement astringentes , dans les fievres aphtheuses, les rubefianls culanes, les frictions sfeches, les fomentations chaudes, les fumigations, les si-napismes, sont utiles. Les exutoires , tels que le seton et les vesicatoires, doivent etre employes avec precaution. On place les premiers au poitrail de preference, quand les membres posterieurs sont oedematies; on s'abstient du vesicatoire, quand c'est le dessous du ventre. II faul craindre de faire naitre des congestions sanguines ou se-reuses , quand on emploie les revulsifs, et combattre celles qui existent par des moyens mecaniques, tels que la compression , par le calorique et jamais par des bains et des topiques humides. La promenade au soleil est tres-conve-nable si le malade peut la supporter.
C'est ä l'appareil urinaire qu'on adresse les revulsifs avec le plus d'avantage. En eflet, il est generalement actif dans ces maladies, comme le prouve, ä la fin de la deuxieme periode ou au commencement de la troisieme,
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389 letat jumenteux ou sedimenteux des urines. Lesboissons emollientes prises en abondance sont elles-mcmes un excellent diurelique, dont on pent augmenter les qualites par l'addition du nitrate de potasse ou du bicarbonate de soude, par des frictions sur les lombes, des fomentations et des cataplasmes chauds et peu humides snr ces regions.
Les laxatifs et les minoratifs conviennent pendant la deuxieme periode de ces affections, quand la muqueuse gastro-intestinale est peu souffrante. Lesene, la manne, l'huile de ricin, les sels neutres, sont les plus usites.
Les elats muqueux parvenus ä leur troisieme periode doivent etre traites par les analeptiques, les toniques amers dont on proportionne I'activite a l'etat des malades; l'a-voine et le froment, pour les herbivores; le bouillon et la viande cuite, pour les carnivores ; par les feuilles de saule, de chicoree am^re, les baies et l'extrait de ge-nievre, la gentiane, le quinquina, les preparations de fer. Le sirop de quinquina est fort utile pour le chien, et la valeriane, quand il raste des accidents nerveux.
Les catarrhes chroniques, les secretions muqueuses persistantes ont, pour ainsi dire , chacune leur traitement paiticulier, quoiqu'en general on fasse usage des excitants , des toniques, des aciduleset des astringents, des irritants. Ainsi on adresse ä l'oeil les infusions du sureau, les solutions de sels de plomb,des sels de zinc,d'alumine de cuivre, de nitrate d'argent; a la pituitaire, les fumigations de baies de genievre, les vapeurs du chlore , les injections de la plupart des sels precedents; aux bronches, d'une maniere directe les vapeurs precedentes, celles des baumes, desresines, du goudron, de la poix navale, et d'une maniere indirccte, les antimoniaux, le kermes mi-nüral, l'eaii de goudron, etc., et autres expectorants; au
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390 fond de la gorge, la poudre d'älun , l'eau chloruree ou acidulee ; h rintestin, I'alo^s, I'ipecacuanha a petites doses, le nitrale d'argent; aux voies urinaires, les baumes, les resines, les diuretiques chauds. Enfin , on pent s'ai-der des exutoires qui permettent d'entretenir long-temps la secretion purulente ; ce qui etablit une derivation.
MAtADIES GENiBALES AVEC ALTEBATION DÜ SANG.
Premier ordre.—Traitement des fievres gastriques.
II est inutile de parier ici du traitement de la variole ; c'est tine maladie simple , fort generalement decrite et qui rentre dans le cadre d.8 la pathologic speciale. II n'en est pas de meme des fievres gastriques. On designe sous ce nom une foule de maladies qui, avec quelques traits communs, ontensuite beaucoup de differences, il Importe done de dire quelques mots de leur traitement en general.
Leur traitement preservatif ne peut pas malheureuse-ment etre essaye dans tons les cas; parce qu'il est souvent impossible de soustraire les animaux aux causes de la maladie, ä l'influence des lieux et de la constitulion atmos-pherique, ä la rarele ou ä la mauvaise qualite des aliments et des eaux. On se borne done ä modifier autant que possible ces influences fdcheuses , en melangeant les aliments avaries avec d'autres de meilleure qualite, en aspergeant les fourrages d'eau salee , acidulee, en jetant dans l'eau du sei de cuisine, du vinaigre ou autres acides, du son, de la farine.La plupart des autres preservatifs sont hors de la portee des pauvres habitants de la campagne, qui n'ont souvent ni la possibiiile de se procurer des aliments, ni la volonte d'assainir leurs etables et leurs ecu-
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ries, et qui ne separent meme pas les animaux malades d'avec ceux qui sont sains.
Le trail erne nt curatif se rapporte k cinq indications qui se tirent : I0de rinflammation gaslrointestinale ; 2deg; des congestions qui se font en divers points; 3deg; des phenome-nes ataxiques du debut; 1deg; de l'etat des forces generales; 5deg; desexanthemes cutanes.
Avant que rinflammation gastro-intestinale et les congestions ne se declarent, 11 y a en general une periode d'invasion qui correspond ä la premiere periode des etats muqueux. On n'y observe que des phenomenes generaux, des frissons, de t'abattement, de la faiblesse, la prostration des forces. Lancisi avail remarque que la saignec pratiquee ä cette periode etail morlelle. On le compren-dra facilement si on se rappelle ce qui a ete dit sur les maladies par alteration du sang. Les inflammations ne s'e-tablissent pas d'abord; mais comme dans la variole , comme dans les pleuro-pneumonies precedees de frissons et de refroidissement, 11 y a une premiere periode oil i 1 n'existe qu'un trouble general du Systeme nerveux produit par I'alteration du sang. L'alleration du sang produit une espece d'empoisonnement qui pent elre porle au point de faire perir les animaux en quelques henres et möme en quelques minutes, comme on le volt dans les grands typhus. Lorsque cet empoisonnement est moins grave , il ne fait point perir, mais il produit I'adynamie, la prostration des forces. Si l'animal y resiste, une reaction se developpe et avec eile des inflammations dans divers organes. Or tant que dure la premiere periode, celle oü il y a adynamie, frissons , refroidissement de la peau, '1 faut eviterde saigner ou on tue l'animal. Aussi Lancisi prescrivait-il 16 grammes de tlieriaque ou quelque eau
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392 cordiale; il y ajoutait du vin blanc , s'il y avait beaucoujraquo; de faiblesse. Une fois que les premiers symptömes ont dispara , que la peau s echauffe, que le pouls devienl plus fort et frequent, que des inflammations se developpent on quelques organes, la saignee est alors permise, mais doit cependant etre faite toujours avec precaution, do maniere ä ue pas adaiblir les forces. Cos considerations sent applicables ä toutes les maladies generales, aux fie-vres muqueuses , aux pleuro-pneumonies epizootiques, aux diflerents typhus, etc.
Lors inönle qu'on est arrive h la deuxieme periode de la maladie , si I'animal est jeune ou dge , maigre, frisson-neux 5 souffrant depuis quelque temps, il ne faut pas sai-gner. On le tiendra dans une habitation cbaude; on le nourrira avec des aliments feculents auxquels on mele des medicaments adoucissants, mucilagineux, les soupes de pomme de terre, de rave, les eaux d'orge et d'avoine donnees en quantile qu'on proportionnera aux forces. En-suite les lavements s'il y a constipation , et encore fautil eviter d'en trop donner, comme le font beaucoup de ve-tennaires 5 et y renoncer quand la maladie est un peu avancee, parce que les lavements affaiblissent trop; les frictions seches de la peau, les sinapismes, la promenade et le päturage dans le milieu du jour sont les moyens qui reussissent dans les premiers temps. Plus tard on passera aux loniques amers.
Des forces meilleures, un pouls fort et frequent, per-metient la saignee qu'il vaut mieux faire petite, et repcter s'il y a lieu, que de la faire trop forte. Apres la saignee, la tisane d'orge, le sei polychreste a tilre de diuretique tern-perant, I'eau bbnehie par la farine dans laquelle on met du se! ammoniac, acheventla cure.
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393 Quand la panse est engouee , qu'elle se laisse distend ro par des gaz et qa'il y a ballonnement, il faut saler les boissons, ajouter aux emollients des infusions exciianies, loniques ou ameres, donner des lavements laxatifs. Si I'hypochondre droit est tendu,le ventie douloureux, qu'il y ait des coliques, on fait de pelites saignees aux veines thoraciques, mammaires ou saphenes, et des fomentations chaudes au moyen d'un drap plie en quatre ou d'unc couverture en laine placee autour du ventre.
Les accidents nerveux , le vertige furieux des pays chauds qui a fait donner ä une forme de ces maladies le nom de mal des ardents , se trailent, si on a le temps d'agir, par la saignee ä la jugulaire, les antispasmodi-ques et les opiacees ä haute dose , les laxatifs el les diu-retiques. Les setons y sont utiles aussi.
L'emploi des revulsifs ne dolt pas etre fait sans discer-nement. Les vesicatoires cantharides, les setons enduits de corps irritants produisent des ecgorgemems considerables , avec une forte tension , et qui se gangrenent faci-lement. Les setons simples qui ne fournissaient que de la sanie ou du sang , lorsqu'on veut y activer la suppuration par des irritants, donnent lieu aux memes accidents. Ces gangrenes arrivent d'autant plus facilement quel'etat ady-namique est plus profond. On doit s'empresser de com-battre ces etats, soit qu'on laisse ou qu'on retire la meche, par des emollients anodins unis a de legers excitants , comme les fleurs de sureau. L'eau tiede vinaigree m'a souvent servi avantageusement.
Tscheuling, medecin veterinaire de la maison du grand due de Bade ( Fromage , correspondance, 1810), a observe pendant vingt ans, sur tous les animaux domesti-ques, une de ces fievres gastriques, avec un gonDement
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394 enorme de la rate, et frequemment sous la forme ataxo-adynamique avec des exanthemes gangreneax spontanes. La saignee est rarement avantageuse a ce degre. II faut la faire locale el pen abondante, si on veut combatlre quelque congestion ; mais on doit plus particulierement avoir recours aux exciiarits unis aux antispasmodiques. Tscheuling cmployait le vin , la valeriane , le camphre et 1'opium. 11 appliquait quelquefois le fer rouge sur la region de la rate. Quant aux exanthemes cutanes, d'accord en cela avec Chaignebrun et tous les praticiens eclaires, il en tontait la resolution au lieu de les ouvrir; ä moins qu'il ne fussent dejä gangrenes. Les memes exanthemes gangreneux avec etatiyphoide prononce se sont montres communement dans le midi pendant repizootie de 1823-1824 (Viramond).
On doit suivre la mamp;ne methode avec toutes les lu-meurs qui se developpent pendant le cours de ces maladies. Ainsi les infiltrations sous-cutanees que les gens de campagneappellentcharbon blanc , et qu'ils ont I'habitude d'inciser largement , doivent etre abandonnees ä leur marche naturelle. Elles se resolvent generalement a me-sure que la maladie s'araende, et on aide ä la resolution par des frictions spirilueuses ou par des lotions d'eau chaude acidulee par le vinaigre. Quant ä la methode ä suivre dans les cas oil les exanthemes se gangrfenent, nous la donnerons dans le paragraphe suivant.
Deuxieme ordre.
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Le traitement de ces typhus se divise en externe et en interne. En effet on a ä traiter et la tumeur sous-cutan^e ,
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395 et la maladie gamp;i6rale. Pour le traitement externe, cbez les grands ruminants, l'essentiel, suivant Chabert, est de reconnaitre le plus tot possible le lieu qu'occupent les lumeurs, de les ouvrir , de les scarifier et de les cau-teriser. Cette recommandation a ete ponctuellement sui-vie par les guerisseurs qui taillent a tort et h travers tou-tes les tumeurs qui apparaissent ä Texterieur dans le cours des typhus. Les praticiens savent tres-bien aujourd'hui qu'il est de ces sortes d'exanthemes qui disparaissent d'eux-memes, chez les grands ruminants, pendant qu'on traite la maladie a laquelle ils sont lies. On facilite leur requot; solution par des frictions seches, ou avec l'alcool, ou meme en les lotionnant avec l'eau acidulee et chauflee ä 45 degres. On ne se decidera a les scarifier que quand elles seront profondes, qu'elles feront des progres rapides, et qu'elles coincideront avec des symptömes ataxi-ques et adynamiques. L'etenduede ces scarifications sera relative ä celle de la tumeur. Ensuite si les tissus sous-ja-cents tendent ä la gangrene ou en sont d^jä frappes, on panse les plaies avec de l'essence de terebenthine, de l'eau de-vie camphree , de la poudre de quinquina. On se sert aussi avec avantage de chlorure de chaux et de soude, d'eau acidulee par le vinaigre, l'acide sulfurique ou l'eau de Rabel.
Quant au traitement interne , Chabert reconnaft que la saignee est nuisible, et que les medicaments internes ex-cil ants et toniques sont les remedes les plus utiles. II present done un breuvage compose de quinquina, de safran de mars (deutoxide de fer), et de rhubarbe en poudre donne trois ou quatre fois par jour. Tous les spiritueux associes au quinquina et au camphre, etc., peuvent rem-plir la memo indication.
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Lu promptitude avec laquelle marche rexanthfeme analogue du moulon ne permet guere d'essayer un trai-tement.
Chez le clieval,la saignee est toujours fächeuse. On fera prendre au debut des breuvages composes de vin , de biere ou de cidre, de vin aromatique , d'infusion de planles aromatiques; on ajoute ä ces liquides du quinquina , de la gentiane , du camphre, du chlorure de chaux , eic., etc. On en repetera I'administration toutes las lieuies. Le malade sera couvert; on lolionnera la tu-ineur avec les liquides dont j'ai parle plusieurs fois. Apres cinq ou six heures, si rexantheme n'a pas fait de pro-gres, on continuera les memes moyens. On agira ainsi lors meme qu'il s'etendrait, pourvu quil n'y ait pas de crepitation emphysemateuse; et on emploierades moyens plus aclifs, I'eau-de-vie camphree, les essences de lavande et de terebenthine, le liniment ammoniacal, les frictions mercurielles. A la suite de ces frictions, ou a vu des es-cliares se former et une sorte de bourbillon se detacher. Ce cas qui se montre rarement semble aider a la gueri-son. Aprfes l'emploi des moyens precedents j on est pres-que assure de la gu^rison, quand vingl-quatre heures se sont passees sans remarquer d'accroissement dans la tu-meur et dans les symptomes genöraux. Comma les ani-maux conservent I'appetit, on pent leur fournir une petite quantite de paille ou de foin , au lieu de l'eau blatichie par la farine a laquelle on les avail laisses jusqu'alors.
Si la tumeur fait des progres malgre l'emploi de ces moyens, ou biensi des le debut eile avait acquis un grand volume, que la faiblesse soit grande et la respiration difficile , il est necessaire de faire des scarifications profondes et etendues, bien qu'elles ne produiscnt quuno faible
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397 evacuation de serosite. On applique ensuite sur les chairs les topiques deja indiques.
Troisieme ordre. —#9632; Charbon el typhus char-bonneux.
On est gen^ralement d'accord sur !e trailement du charbon appele essential par Chabert, bien qu'il soil souvent precede, ainsi que je Tai dit, par des symplömes d'un eiat general. Chez le boeuf, il est caracterise par tine lumeur dure au toucher, circonscrite, de la grosseur d'une noix seuiement; el chez le mouton , par un bouton dur, rude , devenant rapidement noir et se montrant sur diverses parties du corps.
On a propose trois methodes de trailement: 1deg; la premiere consisle ä scarifier profondement la tumeur, en forme de croix de St-Andre, suivant Hermann; ensuite a la panser avec l'eau salee , l'eau-de-vie , l'essence de lere-benthine , le chlorure de chaux; 2deg; dans la deuxieme on exiirpe la tumeur avec Tinstrument tranchant, et ensuite on panse avec des substances excilantes; et meme on cauterise ce qui a echappe a l'instrument afin de detruire rapidement tout ce qui peut rester gangrene; 3deg; celle - ci consisle dans la cauterisation profonde de la tumeur avec le fer rougi ä blanc. On doit d'abord faire des incisions pour meltre a nu toute l'etendue de la gangrene, afin de porter le fer rouge dans tous les points qu'elle occupe.
De ces trois metbodes, la premiere ne me parait pas süffisante, puisqu'elle ne detruit pas les parties gangre-nees.On sail que des que la gangrene se montre,les forces sont aneanlies, le pouls miserable, et que la morl survient en 24 ou 36 heures. II Importe avant tout
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398 tl'erilever ou de detruire complelement la tumeur qui est !a cause de lous les accidents. L'extirpation et la cauieri-sation sont done des meihodes preferables, et je renvoie ä la page 356 , pour les cas oü chacune d'elles convlent plus pariiculierement. Cependaut dans le traitement de la pustule maligne du mouton , on prefcre les scarifications ä travers lesquelles on fail penetrer des caustiques, tels que 1'ammoniaque, ou unacide etendu.
Corame traitement general, on donne ä l'interieur des Loissons stimulantes , dans le but d'exciter vivement le Systeme nerveux et de provoquer une reaction. Chabert prescrit d'ouvrir les deux jugulaires, pour obtenir de lar-ges evacuations de sang; mais aucun praticien n'a recours a ce moyen.
Typhus charbonneux. — Chabert, comme nousl'a-vons vu, a distingue les cas oü I'exantheme charbonneux ne se montre pas, de ceux oü il apparait ä la peau. 11 a appele les premiers fievre charbonneuse, et les seconds charbon symptomatique. Gelte distinction est sans importance. Dans la meme epizootie, les animaux presentent les uns des charbons, les autres n'en ont pas; au fond e'est toujours la meme maladie.
Dans la fievre charbonneuse , Chabert recommatide de faire deux ou irois saignees aux animaux robustes , une seule a ceux qui sont maigres etfaibles. II veut qu'on n'en fasse pas dans le charbon symptomatique. Cependant il n'y a aucun moyen de reconnaitre des le debut de la maladie , s'il y aura on non un charbon.
La saignee etait funeste dans l'epizootie de Fossano. L'adynamie etait profonde, des hemorrhagies se faisaient facilement. Les acidules, les cordiaux , les purgatifs , les cauteres, les vesicatoires furent egalemenl sans succcs.
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Le typhus de Finlande decril par Uartmann avail encore un caraclfere adynamique plus prononce. Dans celui du Quercy,Desplascommenfait le traiietnent parlextir-pation on la scarification des tumeurs.il pansait les plaics avec les leinlures de quinquina, d'aloes, avec ralcooj camphre ou la pommade vesicante. A linterieur il donnait des potions slimulantes. Le vin de quinquina dans la deuxieme periode, comme tonique; quand I'animal so re-tablissait, les racines feculentes. Comme preservatifs les acidules , les masticatoires d'assa-foeiida et les setons an fanon; moyens dangereux et qui devenaient quelquefois ''occasion de tumeurs gangreneuses.
Petit, en Auvergne, apres i'apparition des premiers symptömes, observa une remission dont ii profita pour saigner les animaux vigoureux, afin de combaltre les congestions pulmonaires et intestinales. II debutait chez les animaux faibles par des breuvages excitants. La plu-part des animaux saignes succomberent. Du reste, comme ses predecesseurs, il employa le cautere contre les char, bons ä l'exterieur, et dans le m^me temps ä l'interieur les stimulants, le camphre, I'ammoniaque.
Fromage blame la saignee : Gilbert, dit-il, la pratiqua dans l'epizootie du departement de l'Indre , et il apprit a s'en defier. Le plus grand nombre des veterinaires qui exercent dans les pays oü celte maladie est enzootique, excluent rigoureusement la saignee du traitement des maladies charbonneuses , et lui preferent les stimulauis.
II faut distinguer dans les typhus charbonneux trois periodes qui fournissent les indications du traitement : 1deg; la premiere comprend les symptömes generaux d'un empoisonnement de toute I'economie ; le boeuf beugle, est inquiet, epouvante, il se secoue, se plaint, etc. ( Page
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400 305 , tome premier); des animaux perissent en quelqnos heures dans cet elat; 2deg; si la marche est moins rapide, ä ees sjmptomes ataxo-adynamiques succedenl des frissons, des mouvements convulsifs, apres lesquels une reaction febrile a lieu. Alors apparail le charbon. Gelte periode I'cut s'appeler la periode inflammatoire. Si le charbon s'af-faisse et disparait, la mort survient rapidement dans les convulsions; 3deg; celte derniere periode comprend la sup puration des tumeurs charbonneuses, etles terminaisons des inflammations internes.
Ainsi le typhus nouspresente h peu pres la marche dc la variole : 1deg; symptomes generaux , prodromes; 2deg; eruption de la tumeur sous-cutanee; 3deg; suppurations et terminaisons. Le traitement doit done se regier sur les indications precises que fournit cette division des periodes. Dans la premiere on cherchera avant tout a exciter vive-raenl le Systeme nerveux; läse placent les differents stimulants les plus actifs. II est evident que la saignee est nuisible; eile empecherait cette reaction de l'economie. Dans la deuxieme, des que la tumeur est developpee , il faut la fixer ä l'exterieur et l'empecher de se deplacer. Pour cela on la scarifie moderement et on la cauterise avec le fer rouge. Comme e'est aussi la periode oü se de-veloppent les inflammations et les congestions internes, il faut cesser d'employer les stimulants; passer aux aci-dules temperants, aux emollients peu prolonges, aux lavements suivant les cas, etc... Si le charbon menace de s'affaisser, il faut tout mettre en ceuvre pour empecher cette terminaison fatale; on donnera done les plus vifs stimulants ä l'interieur, et on appliquera sur le lieu qu'il occupait des irritants energiques. Enfin on se conduit comme lorsque la variole menace de rentrer. Dans la
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troisieme periode, on suit la suppuration du cliarbon, qu'on traite par j'eau acidulce, des excitanis legers, on des toniques. Quant aux inflammations internes, s'il y en a du cote des inteslins on de la poilrine, la faiblesse de Tanimal ne permet plus de les combattre par des evacuations sanguines, on a recours aux boissons et aux topiques adoucissants. Mais en general dans cette periode il fau! nourrir les animauxavec des aliments feculents etdonner des toniques pour relever les forces et resister k I'abon-dance de la suppuration que fournissent les exutoires.
Pour me resumersur toutesles maladies du deuxieme et du troisieme ordre, j'etablirai les points suivants :
1deg; Pour le trailement preservatif, il est reconnu quil doit etre purement hygienique et qu'il consisle ä sous-traire les animaux aux causes qui ont fait naitre la mala-die. La saignee, comme preservatif, debilite le corps et le rend accessible aux causes de la maladie; le seton par I'engorgemenl qu'il cause, donne souvent lieu au deve-loppement de la gangrene.
2deg; Pour les tumeurs dites charbons blancs, les lotions avecl'eau cliaudeacidulee,les frictions avec un alcoholai, avec les essences de lavande ou de terebentbine, le liniment ammoniacal, suffisent generalement pour les faire resoudre.
3deg; Les exanthemes qu'on a appeles ambulants, parce qu'ils se deplacent et se portent d'une region du corps sur I'autre, ne sont ä mon avis que des congestions sous-cu-tanees, ce que les marechaux appellent des echaubou-lures. II convient de les fixer en un point par desepispas-tiques ou par des setons appliques aupres. Comme ce ne sont que de simples congestions, on comprend pourquoi la saignee et les exutoires ont reussi centre eux. II ne
tome n.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; -6
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402 faudra les cauteriscr ou ies scarifier que lorsqu'il se monlrera de l'emphysfeme au pourlour et des phlyctenes a la surface.
4deg; Les tumeurs dures et circonscrites du charbon essential seront cauterisees ou extirpees.
5deg; Quant aux aulres tumeurs charbonneuses, comme il importe de les fixer ä 1'exterleur, on les scarifiera et on les cauterisera ensuite.Mais il faut avoir sein de ne pas faire des scarifications trop profundes et trop etendues. II faut eviter de faire de trop larges plaies, et les pie-server du contact de l'air par un bandage approprie. Au-trement on s'expose a faire naltre la gangrene dans les parties saines qui avoisinent le charbon, ou biea si I'ani-mal passe cette seconde periode, il meurt dans la troi-sieme par l'etendue des plaies et l'abondance de la suppuration.
6deg; Quant au traitement interieur, il est inutile que j'y revienne.
Quatrieme ordre.
Je vais exposer successivement les traitements qui fu-rent mis en usage dans les differentes epizooties qu'on a observees.
1deg; Typhus d'Italie de 1690 et de 1711 observes par Ramazzini et Lancisi. Une eruption pustuleuse survenait du cinquieme au sixieme jour. Presque tons les animaux qui en furent attaques perirent. Lancisi dit qu'on ne trouva d'autre remede efficaceque les setonsetlecautere actuel. Les animaux chez lesquels un ecoulement purulent, fe-tide et epais eut lieu , soit ä la suite de l'eruption, soit a la suite des exutoires, rechapp^rent sans retour. Toute-fois les medecins donnerent ä l'interieur des excitants et
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403 des toniques unls aux acidules , le quinquina , les decoctions de plantes ameres , la geniiane, la tormenülle , le dietamede Crete. On avail soin de laver la bouche des malades avec un melange de sei et de vinaigre lorsqu'elle etait le siege de boutons ou d'aphthes ; et ä.cause de l'etat catarrhal des sinus des comes, on fit des fumigations avec le gaibanum, les baies degenievre, les plantes aromaliques.La trepanation des cornes futaussi pratiquee-
2deg; Epizootic de Francfort-sur-l'Oder , 1730 , obsenee par Goelike : ä peu pres les meines symplomes que dans la precedente, excepte l'eruption pustuleuse qui manqua. La salivation etait abondante. Goelike la regarda commc un phenomene critique. Äussi employait-il les sialogogues; ildonnait aussi a l'interieur les excitants.
3deg; Epizootie generale de 1740 i 1750 , observe'e en France , par Sauvages, dans le Gevaudaa et le Vivarais; Baudot en Bourgogne, Ledere en Holiande, les medegins de Paris dans les environs de cette capitale. Memes symplomes ; les mouvements convulsifs, les crampes etaient fre-quentesel violenles.Comme phenomenes critiques, on ob-servait ä la fin de la troisieme semaine , chez ceux qui guerissaient, une eruption pustuleuse aulour du cou qui se terminait par la desquamation, et des abees au fa-non et aux jambes.
La Faculte de Montpellier prescrivit le traitement sui-vant : comme preservatifs , l'isolement des animaux malades , la proprete de la peau, celle des etables et leur purification ; la saignee au cou d'une livre et demie ä deux livres; le möme jour , un purgatif de sene , de feuilles de gratiole, de racine d'hieble , d'iris , de bryone , de thur-bith gommeux et d'aloes. Le lendemain, des excitants a titredesudorifiques, une pincee de noix rauscade,degirofle
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Uli ei de canneüe dans une pinie de vin 5 immediatement apres, lapplicalion aufanond'un irochisque d'ellebore,do garou ou de clematite; enfin l'eau de son pour boisson , el comnie aliments, une demi ration de paille ou^de fein.
Comme moyens curalifs, quoiqu'il n'y eül pas grand succes a atlendre du iraiiemeni; un regime plus severe , la saignee, la iheriaque dans du vin rouge , avani que la gangrene ne fül declaree, el le lendemain un pm-gailf, si le beeuf n'avait pas cle purge , auquel ras on y melail un cordial. La constipation etait combattue paries lavements; on evilait le pälurage frais, ü cause de la diai-rhee. Pour aliments, des soupes de pain dans le vin, des farines et surtout celle de feves rissolees. Centre le corns de venire la llieriaque recente, le diascordium dans lin-fusion de baies de genievre, de deux en deux jours. Le jour oü on n'en donnait pas, on faisail prendre des bols de farine dans lesquels cnlraient des poudres d'eiaille d'huitre, de brique , de la mie de pain et de la presure.
Les medecins de Paiis s'arröleicnt a deux indications : 1deg; debarrasser i'estomac de la quantite des aliments donl ils le trouvaient farcis; 2deg; prevenir ou arrßter rinflamma-lion. Quant ä la premiere , les medecins ignoraient sans doute que I'estomac, dans les animaux de cette espece, möme lorsqu'üs meurent d'inanilion, contient toujonrs une quantite assez considerable dquot;aliments. C'est par une fausse analogic avec ce qu'on observe cliez I'liomme, que les medecins de Paris ont admis S'indication d'evacuer 1 es-lomac. Pour la seconde, ils la remplissaieni par des sai-gnees qui furent sans succes.
Comme les medecins de Monipellier, ceux de Paris, ayant remarque que cetie maladie tendait ä se terminer par des eruptions ä la peau , ne virent pas de meilieurs
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remedes que de determiner des abc^s sousculanes au moyen des orties. Plus onles determinait de bonne heure, plus ils elaient volumineux et plus ils suppuraient, plus aussi il y avail chances de guerison. S'ils ne survenaiem pasou s'ilss'afifaissaient, tout espoir etait perdu.
4deg; Epizootie des provinces meridionales de la France de 1774 :i 1776. Vicq d'Azyr en dirigea le traitement. Les ecoles veterinaires a peine instituees furent consultees el se montrerent dignes de leur mission. Les historiens de ces episoolies, Faulet et Vicq d'Azyr nous ont conserve le nom des veterinaires qui rendirent d'utiles services , ce sont : MM. Beauvais , Faure, Girard , Falconneij Blouzard, Barrier, Coquet, Guyot, Bellerocq.
Des que lamaladieestdeclaree; diete severe, boissons nilreesdedemi-heureen demi-heure, lavements avecl'liuile de lin ; tons les matins une verree d'huile de lin avec uu tiers de vinaigie. Des qu'on soupconnera un animal ma-lade , on fera ä la jugulaire une saignee de quatre livres de sang; douze heuies apres, une autre de trois livres.; le meme temps apres, on en fera une troisieme de deux livres seulement. On diminuera la force des saignees suivant Tage et la force des animaux, et on remarquera que pour qu ellesaientquelque succes, ilfautqu'ellessoient faitesde bonne heure. On s'en abstiendra surtout, et on ne lesrei-lerera pas si la respiration devient difficile et si lanimal parait tres-abatlu.
Des l'invasion aussi, scarifications et mouchelures le long de Tcpine , recouvertes dun ernplatre agglutinalif ; pansement avec l'ünguent digestif et lotions de vinaigre aromalique. Vapeurd'eau vinaigree dirigee veis les na-seaux; lotion du nez et de la boucho avec le vinaigre prepare avec Tail, le poivre eile sei. Fumigations de vinaigre
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406 et d'eau-delaquo;vie , sous le corps recouvert d'une couverturc de laine. Frictions dans tons les sens, ä sec, ou avec les liquides precedents.
Lorsque les feces devenaient liquides, on remplacait l'huile de lin par des boissons ameres, l'infusion d'absin-the avec demi-once de quinquina. On s'en abstient si l'ani-mal est tres-echauffe. Centre la diarrhee, le diascordium pendant cinq ä six jours.
Les lumeurs seront ouvertes de meme que les infiltrations. Vicq d'Äzyr avoue que, malgre des succes obtenus par ee traitement, ileut des penes considerables.
Des melliodes differentes furent employees dans cetle meme epizootie. Les uns administraient les delayants et les temperants, sans saignees, d'autres saignaient; d'au-tres enfin donnaient les stimulants et les toniques.
5deg; Epizootie de 1814, decrile par M. Huzard pere, Gohier. Hurlrel d'Arboval publia une instruction sur cette maladieen I8l6.Nousrobservämesalorsä Lyon en 1814 et 1813.
Voici le traitement qui y fut mis en usage des ce debutraquo; une saignee pour les animaux forts, ayant le pouls pleia et tendu. Passe les premiers jours, la saignee ne doit plus se pratiquer. A l'interieur, l'oxymel ä la dose de 6 onces; ies infusions excitantes de camomille, de moldavique; des lavements de meme nature. Plus tard , la genliane et recorce de diene ; la poudre de cliarbon, le camphre., l'assa-foetida , les purgatifs aloetiques , les setons^ les trocliisques. De quelque maniere qu'on ait varie le traite-meni, aucun animal ne fut sauve.
MM. Girard et Dupuy ne furent pas plus heureux ä Alfort. M. Huzard pere, centre d'une immense corres-pondance, dit que les traitements mis en usage n'ont eu
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407 que peu oupas de succes. Les acides,lessaigoees, ensuite le seton et les amers etaient les moyens qui pourlant pa-raissaient le mieux convenir.
Hum el ecrivit en I8T6 qu'il avail gueri plus des trois quarts des animaux qu'il avail traites, el que ceux qui etaient abandonnes ä la nature moururent tons. II altriquot; buait ces succes ä l'habilele de son traitement. Mais il faut savoir qu'Hunrel ne parle que de la fin de l'epizootie; or personne n'ignore que la plupart des animaux guerissent a la fin des epizooiies avec ou malgre tons les trailemenls. Je vis aussi äcetle epoque guerir äLyon lous les animaux.
En definitive je poserai les conclusions suivantes rela-livement an traitement de ce typhus.
1deg; Les preservatifs medicaux sont inuiiles, et presque toujours nuisibles, meme les setons et les trochisques. Les preservatifs fournis par Thygiene el par la police sanilaire sont les seuls admissibles.
2deg; Comme touies les maladies epizootiques, le typhus a d'abord une grande violence; celle intensite va enaug-mentant pendant quelque temps ^ jusqu'ä ce qu'il ait aiteint son plus haut degre; et pendant cette periode , les traitemenls les mieux diriges sont le plus souvent sans succes bien marques. Au contraire, ä la fin da lepizootie, la plupart des animaux guerissent avec facilite, soil spon-tanement, soit par les secours de l'art. C'est ce qui expli-(jue les grands succes qu'Hurtrel a annonces.
3deg; La gravite de ces epizooiies varie dans les diverses localiles, et suivant le regime auquel les animaux sonl soumis.
4deg; Quant au traitement, il varie suivant la maladie. Lorsque des le debut, les sympiomes ataxo-adynaniiques sont tres-prononces, qu il y a une grande dyspnee, unabat
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/108 lemeni profond des forces, on doit songer äles relever par les exciiams internes et externes; mais en general ii y a des le commencement une vive reaction. Ainsi j'ai vu les boeufs autrichiens renfermes dans des ecuries pres de l'ecoie, s'echapper desque les portes etaient ouverles, pour aller se jeter dans la Sa6ne. On avait beaucoup de peine ä les en faire sonir. Cela prouve qu'ils sentaient le besoin de calmer la fievre violente qu'ils eprouvaient. M. Huzard dit aussi que ce qui convient le mieux est de laisser les animaux exposes ä l'air frais. On pent done en conciure que, dans cette premiere periodcjily a une vivo reaction, que les inflammations internes sont aussi develop-pees,que par consequent les excitants sont peu indiques ä moins qu'il n'y ait trop de faiblesse; qü'oo peut nieme saigner si on le juge ä propus, suivant la force de I'animal, son age, son etat plelhorique; mais qu'il ne faut pas in-sister sur la saignee autant que Vicq d'Azyr. Apres cela , les acidules, les lempeiants, les potions huileuses ppuvenl convenir. Quand la reaction diminue, que la chaleur de la peau, celle de la bouche baissent, on passe ä l'emploi des excitants externes , suivant la methode de Vicq d'Azyr; on remplace, si Ton veut, les scarilications le long de l'e-pine, par des trochisques ou des setons suivant i'etat des forces, on donne ä l'intei'ieur des stimulants plus ou moins energiques. On combat I'ecoulement nasal et la dy. senterie comme I'indique Vicq d'Azyr, par des astringems et des toniques. line fois que quelque exantheme, gan-greneux ou non, s'est monlre a I'exlerieur , on le traite suivant les methodes que j'ai exposees pour la maladie precedente. Les aphthes reclament les moyens dont j'ai narle a propos des fievres mnqueuses.
FIN.
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409
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TABLE.
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LIVRE QUATRIEME.
Chapitrf, premier. Des causes des maladies. ...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i
De la consiiinlion............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 4
Des temperaments............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;8
Des especes.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1C
Des äges...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20
De la predisposition on idiosyncrasie......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20
Des -sexes..............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;29
De l'heredite............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 30
Des Iiahitndes.............nbsp; nbsp; nbsp; 31
Des airs et des vents...........nbsp; nbsp; nbsp; 32
Des climats..............nbsp; nbsp; nbsp; 38
De la position des Henx..........nbsp; nbsp; nbsp; /j2
Des habitations............nbsp; nbsp; nbsp; 48
Des Saisons..............nbsp; nbsp; nbsp; 51
Des aliments.............nbsp; nbsp; nbsp; (51
Chapithe ii. Des symptömes et du siege des maladies.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;05
De la douleur.............nbsp; nbsp; nbsp; (j-
De la chaleur.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;71
Symptömes fournis par l'appareii nerveux. . #9632; .nbsp; nbsp; nbsp; 77
id. id. par l'appareii digestif. ...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;79
id. id. par l'appareiirespiratoire. . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;93
Percussion et auscultation.........nbsp; nbsp; nbsp;;/y
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Symptomes fournis par l'appareif circulatoire. . .nbsp; nbsp; 109
Du pouls...............nbsp; nbsp; 112
Chapitre hi. De ce qu'il y a de commun ä toutes les
maladies..............nbsp; nbsp; 115
Delafievre..............nbsp; nbsp; 117
Des sympathies.............nbsp; nbsp; 125
Marche, duree et terminaisons........nbsp; nbsp; 128
Cours des maladies...........nbsp; nbsp; 132
Du mecanisme de la maladie en general.....nbsp; nbsp; 1lt;gt;5
Des crises..............nbsp; nbsp; nbsp;139
Des forces..............nbsp; nbsp; nbsp;141
Des signes de la mort...........nbsp; nbsp; nbsp;158
De la convalescence...........nbsp; nbsp; nbsp;161
Du diagnostic.............nbsp; nbsp; nbsp;ICG
Du pronostic..............nbsp; nbsp; nbsp;173
LIVRE CINQUIEME.
THERAPEIITIQUC OENEKALE.
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Generalites. — Definitions.........nbsp; nbsp; 177
Historique...............nbsp; nbsp; 181
Effets primitifs et secondaires des medicaments. . .nbsp; nbsp; 183
Propagation de l'action des medicaments.....nbsp; nbsp; 184
Des parties du corps avec lesquelles on met les medicaments en contact..........nbsp; nbsp; 18(5
Chapitrb premier. Des medicaments et de leurs medications..............nbsp; nbsp; 187
Des excitants.............nbsp; nbsp; nbsp; ib.
Des sudorifiques............nbsp; nbsp; nbsp;193
Des uterins..............nbsp; nbsp; 203
Des excitants du systeme inusculaire......nbsp; nbsp; 206
Des diuretiques............nbsp; nbsp; 213
Des sialogogues............nbsp; nbsp; 219
Des errhins..............nbsp; nbsp; 22!?
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Des expectorants............nbsp; nbsp; 223
Des antispasmodiques..........nbsp; nbsp; 226
Des narcotiques. . . . •.....• .nbsp; nbsp; 230
Des toniqnes.............nbsp; nbsp; 242
Des analeptiques............nbsp; nbsp; 251
Des astringents............nbsp; nbsp; 252
Des irritants.............nbsp; nbsp; 260
Des alterants............ .nbsp; nbsp; 274
Des vomitifs.............nbsp; nbsp; 280
Des purgatifs.............nbsp; nbsp; 285
Des exutoires.............nbsp; nbsp; 299
De la saignee.............nbsp; nbsp; 310
Des anthelmintiques. . . . ,......nbsp; nbsp; 321
Des emollients............nbsp; nbsp; 327
Des temperanls............nbsp; nbsp; 333
Chapitre ii. Traitement des maladies en general. . .nbsp; nbsp; 335
Traitement de la congestion........nbsp; nbsp; nbsp; ib.
id. de inflammation........nbsp; nbsp; 339
id. des hemorrhagies........nbsp; nbsp; 360
id. des vices de secretion et de nutrition.nbsp; nbsp; 364
id. des etats nerveux........nbsp; nbsp; 365
Des maladies generales avec modiGeation dans la
proportion du sang ou de ses elements.....nbsp; nbsp; 375
Premier ordre.............nbsp; nbsp; nbsp;ib.
Deuxietne ordre............nbsp; nbsp; 377
Troisieme ordre.............nbsp; nbsp;373
Quatrieme ordre............nbsp; nbsp; 384
Maladies generales avec alteration du sang. . . .nbsp; nbsp; 390
Premier ordre.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;jk
Deuxieme ordre............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;394
Troisieme ordre.............nbsp; nbsp; 397
Quatrieme ordre............nbsp; nbsp; 402
nw DE LA TABLE.
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ITS ERRATA DU II* VOLUME.
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Page 206 Premier alinea, ligno 3 :au lieu de : on saitque les fe-melles les mangenl; liscz : le mange h meiure qu'il se presente.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;id. Deuxieme alinea, ligne 9 : au lieu de : agissent done sur'
appareil; lisez : sur I'appareil.
__ 207 Premier alinea , litre : au lieu de , Slrychnos vomica:
lisez : Strychnos mix vomica.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;. .
—nbsp; nbsp; nbsp; 209 Deuxieme alinea, ligue 2: aulieu de; acide igasurique ;
lisez : igasurine.
__ 225 Ligne 1 : au lieu de mucas; lisez : mucus.
__ 238 Avant-dernicre ligne: au lieu de : CaS/ei-; lisez : Cabiai.
__ 244 Troisieme alinea, ligne 2 : sunprimez I'sdlaquo; mot puissants.
__ 249 Deuxieme aliue^., ligne 4 : au lieu de : tels sont elks de
cuisine; lisez : sei de cuisine.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;250 Troisieme alinea , ligne 6 : ajonlcz s a pomme. __ 2G1 Ligne 3 : au lieu, de : lm-mes; lisez : lames.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;id. Troisieme alinea , ligne 11 ; au lieu de : adynanie; lisez :
adynamie.
__ 264 Premier alinea, ligne 3 : au lieu de : j'ai vu nombre de
Jnis : lisez : j'ai vu I'acide arsenienx.
—nbsp; nbsp; nbsp; 266 Ligne 1 : supprimez rtcrfmi; liscz : etc.
—nbsp; nbsp; nbsp; 268 Derniere ligue , aprfo le mot tranchant; placez le point et
virgule. __ 270 Ligne 11 : an lieu de : tout les cas; lisez : tons les cas.
—nbsp; nbsp; nbsp; 276 Troisieme alinea, ligne i : au lieu de : Pad-laquo;; lisez : Patu.
—nbsp; nbsp; nbsp; 277 Troisieme alinea , ligne 2 : au lien de : dans du miel, de
la poudre, lisez : d^ns du miel et de la poudre. —' 286 Ligue 2': aii lieu de : les trois suifates; lisez : les trois Sulfates connus.
—nbsp; nbsp; nbsp; 300. Premier alinea, ligne 4 ; au lieu de : tant que leur sang ;
liscz: tantque le sang.
__ 357 Aux trois dernieres lignes : au lieu de : des congestion^
peuvent encore se faire, soil surrulerus, soil lepoumon, etc.;.lisez: des congestions peuvent encore se *aire soil sur I'ulerus pendant l'etat de gestation, soitsur lepoumon , etc.
—nbsp; nbsp; nbsp; 343 Premier alinea, ligne 10 : au lieu de : pour combattre
cette maladie; \isez : ces maladies.
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Jit
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/J'Vltj
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^^M^H^^HV
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i^^MM
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^^
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^#9632;#9632;#9632;#9632;^
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