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MEDEGINE VETERINAIRE
PRATIQUE.
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BIBLIOTHEEK UNIVERSITE1T UTRECHT 2855 680 5
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TRAITE
DE
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MEDECINE VETERINAIRE
PRATIQUE,
PAR L. V. DEL WART,
Prorcssctir fie palhologie, de cliniqne et dMpizooties ii TEcole viUrinalre de l'Etat
i Currghem-lez-BrDXcUes; Uembre Utolairc lt;le VAcaaintie royale do mädedne; Präsident de la Societt
demädeclae vötärinalre de Belgique; Uembre bonoraire de PAcad^mie royale de nitdecine
de Madrid et de la Sociiitede medeeine veterinaire dcLondres;
Meldbre correspondant des SoctäUs veterinuiresdu Calvados et de la Manchf,
tiu .Vurd et du lraquo;as-tIe-Calais, de Lot-et-Garonne, et de la Soeiete centralc de lü Seine; de la Suciete
des Sciences mi'-dieales et naturelles de Hrnxelles;
de la Sficiele de medeeine pratique de Willebroeck, etc., etc.
II ne faul plus de vues hypoth^tiqnes, plus tie rains syslemes; les idees llieoriques qui ne sont pas la consequence evidcnle et incontestable des obser­vations et des eNperienccs, pourraicnl-elles se soutenir ü culd du tableau raisuinie de ces cNpe-riences ei de ccs observations? Cabasis.
{lieforme de kr mideeine.)
TOME TROISIEME.
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I. B. TIRCHER, rMPRlMEüR-LIBRAIRE i;ii: de l'ktüve, 20.
1852
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TRAITE
nr:
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MEDECINE VETERINAIRE
PRATIQUE.
PHIMOSIS.—Le pblmosis est. une affection qui consiste dans rimpossibilile oü se trouve le penis de sortir de son fourreau ou prepuce. Ce phenomene morbide pent etre la consequence de rinflammation et de la turgescence du prepuce, qui en retrecitla capacite ; de l'buineur sebacee qui s'y accumule et se durcit; des abces qui se forment dans 1 interieur du fourreau ; des productions contre na­ture qui surviennent sur la tele du penis, telles que ver-rues ou poireaux, polypes, etc. De tons les animaux do-mestiques, c'est le cbeval qui est le plus expose a cette affection ; dans ce cas remission de 1'urine est difficile, I'a-nimal pisse dans son fourreau.
Traitement. — Le traitement du phimosis est subor-donne aux causes qui I'ont determine ; s'il est la conse­quence de rinflammation et de la turgescence du four­reau, il faut avoir recours aux fomentations emollientes, telles que les decoctions de mauve, de guimauve, de bouil-lon-blanc ou de graine de lin 5 aux saignees locales, que Ton opere par des moucbetures ou de legeres scarifica­tions : au bandage matelasse pour abriter la partie malade du froid et du contact de fair , et lui servir en meme
temps de suspensoir. Sous rinfluence de ce traitement innbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1
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antiphlogistique , les parties enflammees et tumefiees reprenuent peu a peu leur forme et leurs dimensions nor­males et la resolution s'opere eu quelques jours. Lorsque rinftammation est due a la presence d'une certaine quan-tile d'humeur seljacee retenue dans le fourreau, il faut 1'en debarrasser par le lavage. Si le penis est relenu dans le prepuce par des vegetations morbides qui se develop-pent sur l'extremite de cet organe , il faut les exciser et se comporter ensuite selon les indications qui se pre-sentent.
11 est rare chez les animaux domestiques que Ion doive inciser le prepuce ; ce n'est c[ue pour atteindre certaines productions morbides qui doivent etre extirpees, qu'on doit recourir a cette operation. Le phimosis enlraine rare-ment des accidents; cependant M. Mousis rapporte une observation de phimosis assez grave qui necessita le debri-dement du fourreau ; la voici: tin muleton, äge de deux ans, etait affecled'un engorgement considerable du four­reau et des parties environnantes ; des foyers purulents s'etaient etablis aux parties laterales et poslerieures de l'ab-domen, ainsi qu'au fourreau. L'urine ne sortait que par gouttesou par petits jets quand l'animal faisait des efforts expulsifs. L'ouverture du foun-eau etait tellement elroite quelle empecliait la sortie du penis. Deux mois aupar-avantonavait excise des verrues ; a partir de cette opera-lion, la peau s'etait durcie etengorgee au point d'obstruer presque l'orifice du prepuce. L'animal ayantete abattu,cc veterinairc dilata fouverture du fourreau au moyen d'une incision a sa partie anterieure et inferieure, et fit des ou-vertures et contre-ouvertures aux parties laterales de la gaine ; il placa partout des meches d'etoupes, et fit lotion­ner Ics bords de la plaie avcc du vin aromalique. Au bout
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PHLEBITE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;•quot;gt;
dune douzaiue tie jours, {'animal allait tie raieux en mieux, tjuand, an matin , on le trouva fort agile , pietinant, se campant a chaque instant, et tremblant par moments ; I'urine s'ecoulait en petite cpiantite, la tete tlu penis etait trcs-enflee dt le pouls accelere. Vers midi, les efforts de-vinrent plus violents ; on etait sur le point de fouiller la bete pour s'assurer de l'etat de la vessie, quand eile se jeta par terre, se releva tie suite, et dans leffort quelle fit, rejeta par I'anus une urine tres-chargee et fort odorante. L'animal parut des lors soulage ; cependant les efforts continuerent , mais avec moins dintensite et de fre­quence ; a chaque effort le muleton rendait I'urine par I'anus. 11 parait quil existait une fistule uretro-rectale qui se cicatrisa promptement; car au bout de quelques jours, I'urine reprit son cours ordinaire, et l'animal se trouva parfaitement gueri.
PHLEBITE. — On desiquot;ne sous cette denomination 1 inflammation dune ou de plusieurs veines. L'etude de cette maladie , consideree d'une maniere generale, laisse beaucoup a desirer en medecine veterinaire.Nous ne con-naissons positivement que la phlebite determinee par une cause traumatique , celle tie la jugulaire produite par la saignee, ainsi que celle d'autres veines sur lesquelles on pratique cette operation ; quant a la phlebite spontanee ou tlue ä des causes insaisissables, nos connaissances pathobgiques ne sont point assez avancees pour pouvoir en apprecier I'existence. MM. Renault et H. Bouley ont public des observations interessantes sur la phlebite. M. Rcy, professeur tie clinique a l'Ecole de Lyon , a in-sere , dans le Journal veteriaaire, qui se public a cette ecole, un fort bon article sur la phlebite. Outre les causes
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traumatiques qu'il lui assigne, telles que la saignee , les blessures de tons genres, les larges plaies contuses , les fractures comminutives , les dechirures des veines quand le corps vulnerant a porte directement sur elles, la lisa-ture et la compression de ces vaisseaux, on voit encore, dit-il, rinflammation des veines survenir par I'introduc-tion d'un principe virulent dans le Systeme circulatoire, soit qu'on I'injecte dans quelque vaisseau , soit qu'on I'in-troduise dans divers tissus. Le meme resultat est produit, quand le pus d'un abces ou im liquide excrementitiei viennent ä passer dans les veines. M. Loiset a constate 1 existence de rinflammation des veines ombilicales lors de la non-obliteration de l'ouraque chez les poulains nou-veau-nes. M. Rainard etablit qu'on ignore encore si la me-trite et la metro-peritonite sont quelcpiefois suivies de linflammation des veines de l'uterus, quichez les femelles domestiques, ne s'ouvrent pas a I'exterieur par des orifices beants, lesquels se mettraient en contact avec le sang et le pus.
Lorsque le pus passe dans le sang, les plienomenes d'infection ou de resorption ne semontrent qu'au bout de quelques jours ; ils se manifestent par la tristesse et par des sueurs partielles ; la conjonctive et la membrane buccale prennent une teinte jaune, icterique , ainsi que la mu-queuse nasale, sur laquelle on observe des taches pete-chiales. Le pouls devient dur et frequent, puis petit et vite; les battements arterielssont precipites,on en compte plus de cent par minute ; les mouvements du coeur sont tumultueux ; les fonctions pulmonaires se derangent; la respiration est precipitee ; les battements des flaues donnent ce soubresaut caracteristique des infections du sang et des abces metastatiques. On observe la perte de
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imEBlTE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; s
1 appetit el le trouble ties organes digestifs, le meteorisme, quelquefois la diarrhee.
Des tumeurs chaudes , doulom-euses, se montrent sur plusieurs parties du corps ; elles ont, dans quelques en-droits, le volume dune noix, dans d'autres celui d'une grosse corde farcineuse ; sur le dos et le garrot, elles sont moins developpees qu'au poitrail et dans la region de l'aine. Semblables aux eruptions de la morve aigue , elles se ramollissent dans l'espace de quelques heures et don-nent un pus mal elabore, d'un blanc jaunatre. Les testi-cules sont infiltres; l'epiderme des bourses est souleve par de petites vesicules contenant une serosite citrine.
Quelques articulations s'engorgent ; les gaines des ge-noux et des jarrets sont enflammees ; le malade eprouve dans ces diverses parties des souffrances tres-aigues, et boite quelquefois sans lesion apparente sur aucune re­gion des membres. Le travail de la cicatrisation est sus-pendu dans les plaies ; leurs bords se desunissent; le pus n'a plus les caracteres d'une bonne elaboration; il est granuleux, mele de serosite; quelquefois il se tarit.
L'animal est faible ; il se couclie souvent et se releve bientot, tant le decubitus gene la respiration. Les forces diminuent de plus en plus, les crins sont arraches par la plus legere traction ; le malade tombe dans linsensi-bilite et la mort ne tarde pas a survenir.
Etudie pendant les diverses pbases de la maladie, le sang presente des caracteres saillants; il se coagule de moins en moins et tend a prendre une consistance pois-scuse. Dans le premier temps, recueilli dans 1'hemato-metre, il se coagule dans Tespace de douze a quinze mi­nutes ; plus tard, le jour de la mort, la separation des caillots et la coagulation n'ont lieu qu'apres une demi-
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heure. Le caillot blanc occupe la moitie de la hauteur tie la masse recueillie dans leprouvette; il ressemble a une forte solution de gomme. A sa ligne de jonction avec le eaillot noir, on trouvc une zone pointiilee par des globules d'une teinte jaune, et qui, vingt-quatre heures apres, ressemble au pus mal elabore dun abces phlegmoneux.
Teile est lesquisse symptomatique de la plilebite ac-compagnee ^infection ou de rdsorption jmrulente, ainsi qu'elle est tracee par M. Rey.
bes lesions cadaveriques determinees par la resorption purulente consistent dans des abces qui existent en grand nombre dans l'interieur des organes, des visceres riches en vaisseaux sanguins, dans le tissu cellulaire, autour des articulations, dans la peau.
D'apres M. Rey, ces abces ont une certaine analogic avec les tubercules ; ils ont la forme d'un petit noyau. La substance des visceres n'est point alteree autour d'eux, ce qui les a fait considerer comme le produit d'une metastase, tandis qu'ils resultent de la stagnation de globules puru-lents mis en circulation avec le sang. Dans les cavites na­sales du cheval, la muqueuse est epaissie; les sinus fron-taux ofFrent une collection de pus epais, consistant, de couleur grisätre, d une mauvaise odeur.
Les poumons sont cribles de depots albumino-fibrineux, du volume d'une noisette, de consistance caseeuse. La masse est ramollie dans quelques points et ressemble ä une collection purulente. La rate et le foie montrent des granulations blanchätres analogues a celles du poumon. Les cavites du coeur et les gros vaisseaux sont remplis d'un sangnoirätre, poisseux; la surface interne du ven-tricule droit est violacee; des petechies sont disseminees dans le ventriculc gauche.
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PHLEBITE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '
Au pourtour des articulations, le tissu cellulaire est infiltre ; la synoviale est enflammee ; les gaines carpiennes contiennent du pus et des fausses membranes. Les gan­glions bronchiques et inguinaux renferment quelcpies globules purulents. Sur diverses parties du corps, le tissu cellulaire presente des tumeurs ramollies dans le centre ; les vaisseaux lymphatiques correspondants sent tumefies.
Teiles sont les graves lesions observees par M. Rey ä la suite de la phlebite generale produite par la resorption purulente.
Traiternent. — Quand le pus est dans le sang, dit M. Iley,rien nereussit. C'esten vainquonmeten usage les sudorifiques, les antiseptiques, les vomitifs, purgatifs et to-niques. On avail fonde beaucoup d'espoir sur des medica­ments employes a titre d'essai empirique, tels que I'acetate d'ammoniaque, le calomel, I'emetique ; leur influence a ete nulle. Les desinfectants , comme les chlorures , de meine que les evacuants n'ont pas donne de resultats. Les toni-ques administres a forte dose, dans le but de relever les malades de l'etat de prostration dans lequel ils se trouvent, n'ont pas eu plus d'avantages. L'inflammation des veines ombilicales, qui survient a la suite de la non-obliteration de l'ouraque chez les poulains nouveau-nes, peut aussi etre consideree comme incurable.
PHLEBITE DE LA JUGULAIRE {mauvaise saiynce). — De toutes les veines, e'est la jugulaire qui est le plus communement enflammee ; la pblegmasie de ce vaisseau est constamment la consequence de la saignee, soit quelle ait ete faite avec une flamme rouillee ou ebrechee, soit qu'elle provienne des frottements reiteres auxquels se li-#9632;vrent les animaux apres cette operation. Cette phlebite se
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PHLEBITE.
manifeste d'abord par un leger engorgement qui survienl au pourtour de la piqüre; les bords de la plaie se desu-nissent, s'ecarteut, deviennent durs ; une sanie sero-puru-lente s'en echappe; bientot les parties environnantes se gonflent et se durcissent; uneespece de corde dure etdou-(oureuse se forme et se dirige de l'ouverture de la saignee vers la region des parotides, se piolongeant quelquefois dans les racines principals de la veine ; la peau participe ä rinflammatiüii, eile est tendue, chaude et düultmreuse; les mouvements de lencolure sont genes, l'ammala de la peine a saisir les aliments dans le rätelier; la mastication est diflicile, douloureuse ; quelquefois des abces se fer­ment, doii il resulte des trajets fistuleux qui laissent ecbapper un pus de mauvaise odeur, entrainant avec lui des debris de la veine exfoliee. Outre ces symptumes lo-caux, l'animal eprouve de la fievre, il est triste et souffrant. II arrive quelquefois, dans la pblebite ulcerative, comme le dit M. 11. Bouley, que le travail d'adhesion, qui se pro-duit superieurement sur les confins du foyer purulent intra-veineux, est mine et delruit par le contact meme du pus ; le caillot obturateur, ramolli par ce contact, se desorganise; le sang liquide en circulation dans les divi­sions superieures de la jugulaire, ne rencontrant plus d1 obstacles, fait irruption dans le foyer purulent de la veine, et secoule au-dehors en large ondee par son Ouver­türe ulceree. Teile est, ajoute ce professeur, la source de ces bemorrhagies intermittentes si redoutables, qui com-pliquent souvent la pblebite suppurative.
La pblebite suppurative pent encore se compliquerde gangrene septique et d'infection purulente; la premiere est due a la decomposition putridc du sang et du pus dans le clapier de la veine, lautre au passage direct du pus
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PBLEBITE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;9
dans le torrent tie la circulation. M. Leblatic, dans an meraoirepresente ä lAcademie nationale de Paris , sur la valeuret l'opportanite des debrldements consideres conime moyen curatif des fistules qui accompagnent la phlebite ulcerative et suppurative de la jugulaire chez le clieval, reunit plusieurs faits pour prouver la possibilite de ces deux modes de terminaison ; il en cite un entre autres emprunte a la clinicjue de MM. Renault el H. Bouley, on un abces, forme dans la partie inferieure de la jugulaire, s'est ouvert dans le golfe de ce vaisseau et a entmine la mort en quelques jours. Un fait semldablc s'est passe a notre clinique, il y a quelque temj)s.
Traitement. — Le traitement de la phlebite de la jugu­laire doit varier selon les diiFerentes modifications qui surviennent dans sa marche. Au debut, lorsque I'lnflain-malion n'a encore envalii que le pourtour de la piqüre dc la veine et le tissu cellulaire qui favoisine, la medication restrinclive s'emploie avec ayantage ; on recouvre la partie malade d'un bandage matelasse que Ton arrose toutes les demi-heures avec de feau froide ou de l'eau de Goulard, ou bien Ton applique un cataplasme restrinctif que Ion liumecte avec du vinaigre froid. Une precaution que le veterinaire ne doit Jamals perdre de vue, c'est de placer lanimal dans une position convenable, c'est-a-dire de lui rendre impossible la mise en contact de la partie malade avec les corps qui I'avoisinent, parlant d'empecher les frottements. Lorsque ces simples moyens sont employes en temps opportun, ils suffisent souvent pour dissiper eu quelques jours cette phlegmasie commencante ; mais il n'en est plus de meme lorsque Tinflammation a acquis des proportions plus grandes; alors il faut avoir recours aux cataplasmes emollients, de farine de lin ou de mauve, et
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JOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PIILEBITE.
en continuer Tusagc jusqua ce que les principaux sytnp-tumes inflammatoires soient combattus. Lorsque la phleg-masie est en partie dissipee , on applique sur le point injure une couclie d'onguent vesicatoire, que Ton reitere au besoin, dans le but d'en favoriser la resolution. Dans le cas de phlebite mppurative et nlcereuse, il convientde debrider la fistule pour donner issue au pus et aux debris des parois veineuses ulcerees. Pour executer cette opera­tion, on introduit une sonde cannelee dans la fistule jusqu'a la veine; alors Foperateur glisse dans la cannelure de la sonde un bistouri droit, puis , par un mouvement de bas en haut et de dedans en deliors, il incise largement le bourrelet indure, toutefois en ayant soin de menagerie caiilot obturateur de la veine qui s'oppose a ihemorrha-gie ; ce debridement distend les tissus indures, et tout en favorisant la sortie du pus, contribue puissamment a la guerison. Lorsqu'il se forme des abces sur le trajet de la veine enflammee , il laut les ouvrir, les deterger et les panser avec des meches imbibees de teinture d'aloes, d'alcool camphre, ouenduitesd'onguent suppuratif, selon I'indication. Si, par lulceration de la veine, la dissolution du canal obturateur, ou par toute autre cause quelconque, il survient des bemorrhagics compromcttantes pour la vie de I'animal, il faut recourir incontinent a la ligature du vaisseau malade: nous disons incontinent , parce que ['experience nous a demontre que tons les autres moyens hemostatiques sont impuissants dans 1 immense majorite des cas, pour faire cesser definitivement ces hemorrha-j;ies, et que c est presque toujours en vain que Ton em-ploie le tamponnement, les vesicatoires, etc., pour obtenir l'obliteratioa de la jugulaire. Lorsque la gangrene s'em-pare des tissus enflarnmes, il faut en arreter les progres
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PHLEGMON.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 11
par la cauterisation inherente ; par ce moyen on borne la destruction putride et Ton previent la i-esorption de la matiere septique, dont la mort serait la suite inevitable.
Tels sont les moyens therapeutiques employes par les praticiens pour combattre la phlebite de la jugulaire ; sagement combines et appliques selon les opportunites, ils amenent la guerison dans un laps de temps plus ou moins long, mais toujours en rapport avec les complica­tions qui surviennent.
Nous ne parlerons pas de la dissection de la partie induree, de l'espece de corde formee par la jugulaire en-flammee, et de son extraction totale; cette operation dou-loureuse, difficile, doit etre rayee de la Chirurgie veteri-naire comme dangereuse et compromettante pour la vie de Fanimal.
Les autres veines sur lesquelles on pratique la saignee, s'enflamment quelquefois par suite de cette operation, mais quelques cataplasmes emollients süffisant ordinaire-ment pour combattre cette pblegmasie.
PHLEGMON. — Le phlegmon consiste dans une in­flammation plus ou moins circonscrite du tissu cellulaire, avec accumulation plus considerable des liquides que dans I'etat normal. C'est le phlegmon qui a servi de type aux inflammations chez tous les anciens qui ont ecrit sur I'art de guerir.
On divise le phlegmon en superficiel et en profond. Quant au phlegmon des visceres ou interne, nous en par­lerons a mesure que nous traiterons des affections mala-dives de ces organes.
Le phlegmon superficial est caracterise par la chaleur, la doolenr, par ane Uuneur renitente, puisative, plus ou
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12nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PHLEGMON.
liioiiis voluaiiaeuse ; ce sont lä les signes patlioguomont-(|ues decetle phlogose. Mais lorsque i'inflammatioo enva-liit une large surface, surtout aux endroits cm le tissu cel-lulaireest serre,alors les phenomenes sympathiquesou de dissemination viennent se joindre a ceux que nous avons enonces. Le pouls est accelere, large ; lanimal est trisle, il a de la fievre ; 1'appetit est diminue : la seifest vive ; la peau est chaude et lialitueuse sur tout le corps. Suscep­tible de difrerentesterminaisons, telles que la resolution, la suppuration , finduration et la gangrene, le phlegmon n'est pas toujoursconforme au tableau que nous en avons trace ; lorsque la maladie est arrivee au plus baut degre dintensite, que la resolution n'a pas lieu, alors les carac-teres cbangent: leiigorgement n'est piusaussi renitent, il se laisse deprimerj la chaleur diminue, la peau s'amincit et la fluctuation se fait apercevoir; e'est la suppuration, terminaison la plus ordinaire du plilegmon. Quand la chaleur et la douleur diminuent, et que rintumescence reste dure, stationnaire, e'est la terminaison par indura­tion , ou plutöt la continuation de la phlegmasie a fetal chronique. 11 arrive , mais rarement , quaucune de ces termiuaisons ne pent etre operee, et que les tissus enflammes soiit fi-appes de gangrene ; alors rengorgemenl devient flasque, la peau s'ulcere et tombe en lambeaux, et un ichor de mauvaise odeur s'en ecoule.
1 .e jMeymon profond a le plus souvent son siege au milieu de masses musculaircs profondement situees et enveloppees de larges aponevroses. Au premier abord son diagnostic est tres-difbeiie ä etablir ; supposons que le mal ait son siege dans un membre , sous laponevrose du muscle ilio-apunevrotique ou fascia lata; la claudication .-era forte, les mouvements presque abolis ; en palpant
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PHLEGMON.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 15
alleiilivemenl on reconnaitra une lurgescence et un en-dulorissement de la partie. L'animal sera tiiste , abattu, sans appetit: la soif sera ardente, le pouls large, accelere, la respiration precipitee; les flancs seront agites, la tem­perature du corps augmentee ; enfni on remarquera une fievre de reaction generale tres-prononcee. En explorant les parties qui sont le siege de la douleur, on rencontre, quand la fluctuation est deja etablie, une petite surface de la peau tjui presente un peu de chaleur, et sur laquelle les poils sont herisses. En la touchant on sent d'abord un oedeme , en appuyant davantage on reconnait une fluc­tuation profonde. Si Ton ouvre, on rencontre un vaste foyer purulent, et tous les tissus environnants detruits par lintensite de rinflammation et de l'etranglement.
Parmi les causes du pblegmon on pent ranger toutes les violences exterieures, telles que les coups, les cbutes, les contusions produites par les frottements du collier et des barnais; les vulnerations plus ou moins profondes, les fractures, les brülures, la presence dun corps etran-ger; certaines maladies, telles que lerysipele, fantbrax, la gourme , la clavelee chez le mouton ; enfin certaines causes internes inconnues auxquelles le phlegmon pro-fond doit le plus souvent sa naissance, et tous les modifi-cateurs qui sont susceptibles d'afTecter directeraent ou iudirectement le tissu cellulaire.
Le pblegmon superficiel a le plus souvent son siege sur les parties du corps exposees aux frottements des barnais. Le phlegmon profond se manifeste ordinairemeut dans la croupe et la region poplitee.
Le pronostic de cette affection se deduit naturellement de Ibistoire quon vient d'en faire. Si le phlegmon est superficiel ou profond, sil occupe une grandc ou une
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anbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PHLEGMON.
petite etendue, s'il est sans fievre ou accompagne de flevre, sil est eloigne ouvoisin des organes glanduleux et des visceres plus ou moins essentiels ä la vie, toutes ces donnees sont autant d'indications pour asseoir le pro-uostic.
Traitement. — En traitant cette maladie le veterinaire doit d'abord tenir compte des causes qui Font produite, ainsi que de la constitution et de l'etat du sujet.
Si le phlegmon est du a une cause exterieure, et que rinflammation soit locale, sans reaction sympathique, il suffit de quelques cataplasmes emollients pour amener la resolution de la turneur. Si la suppuration s'y developpe, ce qui est annonce par la fluctuation, on en fait la ponction dans sa partie la plus declive , on deterge la plaie, et le plus souvent, a l'aide de quelques soins de proprete , la guerison ne se fait point attendre.
Si Ton a affaire a un sujet vigoureux, irritable , si la cause a agi avec violence, qu'une grande surface soit en-Uammee , qu'un engorgement volumineux se developpe, que la pldegmasie retentisse dans l'economie et amene 1'acceleration du pouls, l'augmentation de la chaleur dans la peripherie du corps, Tinappetence et une soif ardente, on doit avoir recours aux saignees generales, mettre fanimal a une diete severe, appliquer sur la turneur des cataplasmes emollients, narcotiques, des fomentations et des bains de meme nature 3 si, malgre cette medication, on n'obtient pas d amenderaent, on reitere la saignee, on continue la diete et on scarifie la tumeur. Dans ce cas, la resolution n'a presque jamais lieu , la suppuration et la gangrene sont les terminaisons les plus ordinaires de cette intumescence phlegmoneuse.
Lorsque le phlegmon parail tcndie vers la suppuration-
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PHLEGMON.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lb
on favorise cette modification par les onctions d'onguent populeum, les cataplastnes emollients ; quand la fluctua­tion est bien prononcee , on ponctionne la tumeur dans son point le plus declive pour menager au pus un ecoule-ment facile ; on deterge la plaie, on la recouvre de plu-masseaux sees ou aiguises d'alcool camphre ou de tein-ture d'aloes , suivant 1'aspect vermeil ou blafard de la plaie. Quand cette derniere nuance s'annonce, cest un indice que le mal tend a passer a Tetat chronique ; la tendance de la plaie a s'elargir plutot qu'a se cicatriser, le pus de mauvaise nature quelle fournit, la diminution de la chaleur et de la douleur ne tardent pas a nous I'ap-prendre. Dans ce cas il faut panser la plaie avec des sub­stances medicamenteuses susceptibles de ranimer I'action organique de la partie; la teinture d'aloes, la teinture de quinquina, la poudre de quinquina, la poudre de gentiane , etc., sont d'une application avantageuse pour ramener la plaie a des conditions favorables a la cicatri­sation. Comme cette terminaison est souvent le partage des animaux mous, lymphatiques, de ceux affaiblis par Tage, par les execs de fatigue, par une mauvaise alimen­tation ou par un etat maladif, il est souvent indispensable d'ajouter aux topiques precites, des breuvages toniques et une alimentation nutritive et dune digestion facile.
Lorsque rintumescence phlegmoneuse demeure station-naire et perd de sa chaleur et de sa douleur sans s'amollir, il faut cesser l'usage des applications emollientes et les remplacer par l'onguent vesicatoire , l'onguent de laurier eupborbie, etc., et meme par le cautere incandescent que Ton plonge dans le centre de la tumeur pour reveiller l'inflammation et determiner une suppuration souvent indispensable au degorgement des tissus indures.
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Ilaquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PHLEGMON.
Lorsque la gangrene s'emparc des tissus enflammes, on doit exciser toutes les parlies sphacelees et panser la plaie avec l'ammoniaque liquide ou l'essence de terebenthine, ou mieux encore les detruire par la cauterisation.
Le traitement du phlegmon profond doitetre prompt et energique. La premiere indication qui se presente est la saignee generale et la diete. S'il attaquc ua membre, s'il est situe sous une aponevrose, on doit se hater de l'ouvrir et de debrider larjjement pour empecber on faire dispa-raitre letranglement et les grands ravages qui enseraient le resultat infaillible, si Ion temporisait jusquä ce que la fluctuation se montiat ostensiblement a la peau. Lorsque le debridement est fait en temps opportun, les parties etran-glees font bernie autravers de l'ouverlure faitc h I'apone-vrose, une abondante quantite de sang mele a du pus s'en ecoule, les douleurs diminuent, la fievre cesse, en un mot, le malade est soulage et se trouve, en quelques beures, dans une quietude qui contraste avec les pbenomenes qu'il offrait avant I'operation. Les pansements subsequents doivent se faire avec des plumasseaux imbibes d'eau-de-vie campbree ou de teinture d'aloes; on les renouvelle une ou deux fois par jour, selon la quantite de pus que fournit la plaie. Si, par feffet dune suppuration trop abondante, l'animal maigrit et se trouve de ce chef menace de ma-rasme , on panse la plaie, dans le but de faire diminuer cette secretion morbide, avec des substances astringentes, par exemple, l'acetate de plomb etendu d'eau. A mesure que la suppuration diminue et que la plaie se cicatrise, on rend les pansements moins frequents et Ton remet insen-siblement l'animal a sa ration ordinaire.
La marche de ce phlegmon nest pas toujours reguliere nj favorable ; il arrive tres-souvent. surtout lorsque fart
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gt;HLEGMON.
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si'est point arrive a temps au secours de la nature, que la desorganisalion destissus s'opere parl'etranglement exerce sur eux par l'aponevrose; de la un enorme foyer purulent contenant les detritus des tissus mortifies ; de la la resorp-tion dans Teconomie d'une matiere putride, qui attaque surtout les centres visceraux et mene le malade au marasme et ä la mort.
Le phlegmon metacarpien (metatarsien aux membres posterieurs), que Ion nomine encorejavart tendineux, est une affection tres-grave qui merite, de la part du vete-rinaire, une attention toute particuliere lorsqu'il a son siege dans la gahie des tendons des muscles flecliisseurs du pied ; dans ce cas, les symptömes accusent la gravite du mal; la tension et la chaleur de la partie sont grandes; la douleur est excessive 5 lanimal leve continuellement le membre malacle, sur lequel il ne prend qu'un faible ap-pui ; le pouls est accelere , les flaues sont agites , I'appetit est diminue , la seifest ardente ; en un mot, la fievre est tres-prononcee. Au bout de quelques jours, la fluctuation se fait sentir, la peau s'altere et livre passage a une quantite plus ou moins considerable de pus entrainant avec lui des debris de tissus gangrenes provenant des tendons et de la gaine; enfin, des desordres tres-grands sont sou vent la suite de cette phlegmasie qui entrainc parfois la mort dc lanimal.
Dans ce phlegmon, espece de panaris, il ne faut point perdre un temps precieux en applications emollientes, ma-turatives;ilfautse bäter de pratiquer une incision longitu-dinale assez large pour faire cesser fetranglement et empe-cher par la la desorganisation des tissus comprimes. Aussitot apres le debridement, on tient le membre plonge dans un bain emollient, et Ion pause ensuite avec des
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ISnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PHTHIRIASE.
topiques relacLants; les cataplasmes de mauve, tie farine delin, que Ion rend quelquefois anodins par l'addition de quelques gros de laudanum liquide ou par toute autre substance narcotique, seront employes avec avantage en cette circonstance. Lorsque ia suppuration est etablie, on menage un libre ecoulement au pus et i'on panse la plaie avecdelegers plumasseaux imbibes d'alcoolcamphreou de teinture daloes. Lorsqu il y a ulceration de la gaine et des tendons , il faut enlever autant que possible toutes les parties spbacelees, et, dans le but d'arreter les progresde la destruction, panser la plaie avec la teinture ou la poudre de quinquina ; clans ce cas, le pansement se fera deux fois par jour, jusqu'ä ce que des bourgeons cellulo-vasculaircs de bonne nature annoncent une tendance a la cicatrisa­tion.
PHTIIIRIASE {maladie pcdicnlaire). — Affection de-goütante , ayant pour symptomes principaux le develop-pemeat de poux sur les animaux et la demangeaison continuelle qui est determinee par la presence de ces insectes. Chaque animal a une espece de poux qui lui appartient en particulier ; ceux du cbeval different de ceux du bceuf et du mouton, qui en nourrissent de deux espe-ces cliacun ; les uns sont gros et fort adherents a la peau; les autres sont petits, rougeätres et plus multiplies. La chevre et le pore ont aussi cliacun leur espece de poux.
La mauvaise nourriture, lamisere et la malpropreteen-gendrent les poux ; on les rencontre sur les vieux chevaux en plus grand nombie que sur les jeunes, sans doute parce qu'ils sont moins bien soignes, qu'on exigedeux des travaux plus latigants, et que tres-souvent ils n'ont pas leur neces-
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PHTHIIUASE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 19
saire. Cest ordinairement ä l'origine des crius du toupet et de la criniere, ainsi qu'a la queue, que les poux eta-blissent leur domicile chez le cheval. Dans Tespece bo­vine , les poux naissent et se logent dans les plis que forme la peau du bord superieur de l'encolure. Chez les betes a laine , ces parasites parcourent les diverses parties de la peau ; il suffit, pour les apercevoir, d ccarter quel-ques flocons de la toison. Dans l'espece des pores, ils four-millent sur toutes les parties du corps. Chez tous les ani-maux domestiques, ils determinent une demangeaison qui les tourmente, les fatigue beaucoup et les fait quelque-fois maigrir sensiblement. Pour se souslraire momentane-ment a ce prurit incommode et incessant, ils sont obliges de se frotter centre les murs, lesauges, les arbres,etc. Les chevaux se grattent les uns les autres avec les dents, quelquefois jusqu'au sang. Les poils tombent dans les endroits ou les poux se multiplient le plus; la criniere et la queue du cheval, le toupet et le coudu boeuf se depilentj la bete a laine perd sa toison , et quelquefois on observe des ulcerations superficielles produkes par les frottements reiteres auxquels ils se livrent.
M. H. Bouley, dans le compte-rendu de la clinique de TEcole d'AIfort, annee 1849-1850, appelle l'attention des veterinaires sur une maladie cutanee , dnnt Texistencc a ete signalee, ily aquaii-eans, parM. Demilly, veterinaire a Reims, dans les Comptcsrendns de la Societe veterinaire de la JIarne, et qu'il a observee dans son cours de clinique depuis une dizaine d'annees. Cette affection singuliere, qu'il propose de nommer phthiriase des oiseaux, en raison de la cause unique qui la produit et pour la distinguer de la maladiepediculaire particuliere au cheval, est souvent con fond ue dans la praticrne, sous le nonidc f/ale (/cnerale.
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20nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PHTQIAIASE.
avec les maladies de nature jisoritjue auxquelles clle res-semble par un caractere analogique, a savoir : ['existence d'un animal parasite qui en est la cause et qui doit etre detruit pour que la maladie disparaisse.
Voici les symptumes de la phthiriase des oiseaux, decrits par M. II. Bouley :
Son debut est instantane. II se caracterise par une demangeaison tres-vive, continue, generale. L'animal epruuve tout a coup un besoin tellement imperieux de se frotter, qu'il ne reste pas un seul instant en repos; il se gratte contre tous les corps resistants qui I'entourent, frappe continueilement des pieds, se percute ie ventre, se moid partout ou il peut porter la dent, et manifeste, par des mouvements continuels, i'ardeur du prurit dont il est devore. C'est le soir et la nuit surtout que ses touiments sont le plus \ifs: ils sont portes ä un tel degre (pie, si l'animal estabandonne a lui-meme, il sefrotteet se mord avec ardeurjusqua se dechirer et s'enlever lepiderrae, s'excorier meme profondement le tegument, et il ne se relacbe que lorsque les douleurs dune vive cuisson ont succede aux insupportables tourments du prurit.
Quand ces symptumes de prurit apparaissent, la peau est le siege d'une eruption de vesicules tres-petites, les unes isolees, les autres, en plus grand nombre, agminees sur une etendue de surface plus ou moins large. Ces ve­sicules renferment, a I epoque de leur maturite , a peine assez de serosite pour soulever lepiderme, lequel se de-tacbe en entrainant avec lui les polls qui le traversent, el laisse a sa place une petite surface vive, parfaitement cir-culaire, du diametre dune lenlille ou d'une piece de 25 cen­times environ. Cette partie denudee d'epiderme se recou-vre d'abord dune croiite de sei-osite dessechee, qui
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PIITHIRIÄSE.
2.1
s'exfolie bientut et est remplacee par an epiderme de nou-velle formation parfaitement glabre.
Cette jiremiere peiiode de la maladle est difficile a saisir, parce que, dit M. H. Bouley, le plus ordinairement les animaux ne sont soutnis ä Tobservation que lorsque com­mence la depilation qui succede a la dessiccation des vesicules.
A la deuxieme periode de la.phthirtase des oiscaucc sur le cheval, la lesion la plus pathognomonique est celte de­pilation consecutive ä l'eruption vesiculeuse. Elle a en soi quelque chose de si bien caracterise, qu'une fois la mala-die observee dans sa forme et rattachee a sa cause, il suffit d'un simple coup d'oeil pour la reconnaitre et la distinguer de toules les autres affections cutanees.
Cette depilation a celade remarquable quelle reproduit tres-bien, dans laspect general quelle imprime a la peau, la forme de Teruption vesiculaire isolee ou confluente, dont eile est le dernier vestige. Elle procede, en elfet, par places tres-circonscrites, regulierement circulaires, du diametre d'une piece de 25 centimes environ, quidonnent au tegument, dans les points oü elles se dessinent, un aspect eomme tigre. Aux points oü l'eruption vesiculeuse etait le plus confluente, la depilation se prolonge entre les vesicules et finit par occuper une grande etendue de sur­face ; mais, meme dans ces points, la disposition circulaire des taches denudees, qui est l'expression d'une premiere eruption vesiculeuse, se reconnait encore ä un e'tat plus glabre de l'epiderme.
Celte depilation marche, comme l'eruption vesiculeuse dont eile n'est quo la consequence , avec une tres-giande rapidite. En deux ou trois jours, l'animal au poil le plus lustre peut avoir sa robe loule mouchetee de places cir-
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22nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PHTHrWASE.
culaires tlepouillees de leurs poils, et une huitiiine de jourraquo; suflisent pour que le revetement pileux et epidermique de la peau soit detruit dans une vaste etendue correspondante aux points oüleruption a ete le plus confluente. Teile est la rapidite de cette depilation , qn'on a peine a ne pas faire remonter a une epoque assez eloignee la maladie qui la produite, bien quelle n'ait encore que quelqaes jouis d'existence.
Pendant toute la duree de cette periode, comme au mo­ment de Temption de la rnaladie, les animaux sont tour-men tes d'un prurit ardent, continue], qui les sollicite a se frotter sans relache; aussi remarque-t-on ä la peau, dans les regions qui sont le plus exposees aux frotte-ments, des lesions pour ainsi dire traumaiiques, conse­quences de faction violente des corps centre lesquels I'animal s'est gratte. Ce sont des excoriations epidermiques disposees soit en series lineaires, soit en larges surfaces, soit par places circonscriles irregulieres , suivant les regions quelles occupent et la nature des corps centre lesquels le frottement s'est produit. On les remarque principalement sur les faces laterales de la tete et de l'encolure, sur le dos et la croupe, sur les cotes et les flaues et a la face interne des membres. Elles sont ou bien vives et saignantes , lors-qu'on les observe apres faction du frottement; ou rcrou-vertes de croütes rougeatres plus ou moins adherentes, suivant lanciennete de leur formation ; ou bien. enfin, granuleuses et snppurantes, lorsque la peau a ete interessee assez profondement. Mais ces lesions superficielles de la peau n'appartiennent pas plus en propre a la pbtliiriase des oiseaux qua toute autre maladie prurigineuse, et, loin d'etre considerees comme im caracterö particulier de ces affections , on doit plulot dire qu'elles dissfmulent
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PHTHIßlASE.
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}cs caracteres qai lour appartieaneat reellement en se suJ)stituant ä eux.
Cette affection prurigineuse est compatible, dans son principe, a\ec l'integrite des fonctions generales. A part la tres-vive excitation et l'irregularite consecutive de la respiration et de la circulation qu'elle peut entrainer, les animaux presentent les caracteres de la sante la plus parfaite ; mais, lorsque la maladie se proloage, ilsfinissent par se nourrir mal, maigrissent, perdent de leur apti­tude au travail en raison meme de 1 epuisement des forces qui resulte de la privation du repos^ il est meme des sujets chez lesquels cette privation prolongee a determine un marasme complet el une teile inaptitude h toute espece de travail, que leurs proprietaires se sont vus dans la necessite de sen defaire ä vil prix.
Tels sont les symptomes traces par M. H. Bouley, de cette singuliere affection, occasionnee par les poux de poule. Six observations qui lui sont propres font suite a son tra­vail, ainsi que plusieurs autres publiees par M. Demiliy.
Dans le courant de l'ete de 1850 , un loueur de voi-tures de Bruxelles nous presenta.ä la clinique de l'Ecole veterinaire, un cheval qui, depuis quinze jours, etait en proie a une demangeaison qui ne lui laissait aucun repos; cet. animal etait dans un etat pitoyable, sa pcau etait de-pilee par plaques et offrait des ecorchures occasionnees par les frottements auxquels il se livrait et par les mor-sures qu'il s'etait faites lui-meme. Le proprietaire, inquiet nonseulement pour son cheval mais pour lui-meme , car il eprouvait aussi de la demangeaison et craignait d'avoir contracte la maladie de son animal, nous dit qu'il avait trouve dans sa chemise une multitude de petits poux et qu'on en voyait de semblables en masses sur le corps de
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-Jinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PHTHIRIASE.
son cheval ; un oxamen attentif confirma ce dire. Inter-roge, il nous apprit qu'il existait un poulailler dans son ecurie, place au-dessus de son animal; alors nous n'eümes plus de doute sur la nature de cette affection; le poulailler fut detruit , lecurie bien lavee et blancliie a la chaux 5 le corps de lanimal fnt fomente avec une decoction emol-liente, et le mal disparut sans retour, au bout de quatre ou cinq jours.
Parmi les remedes pour detruire les poux , nous tron-vons en premiere ligne les frictions d'onguent mercuriel; bien que l'eflicacite de ce medicament ne puisse etre con-testee, nous le trouvons d'un prix trop eleve pour en faire usage en medecine veterinaire ; de plus, on a ä redouter les accidents resultant de labsorption du mercure. On vante encore la solution arsenicale, mais son usage n'est pas sans danger 3 Gelle a vu une petite mule empoisonnee par des lotions faites avec une dissolution d'arsenic; eile pent dans des coliques aft'reuses.
Parmi les moyens simples pour guerir la phthiriase, nous avons la decoction de tabac saturee de sei de cuisine; la decoction de staplnsaigre ; une forte decoction de tabac ctdecemke. Gelle sest fort bien trouve d'un onguent fait avec de la poudre de staphisaigre, du sei de cuisine pulve­rise et de la graisse. Pour appliquer ces remedes, on profits d'un beau jour; lanimal est expose au soleil, dont la chaleur fait sortir les poux de dessous les polls. Rarement on est oblige de repeter l'application de ces remedes; un soul pansement, fait avec soin, suffit presque toujours. Nous employons avec succes, pour detruire les poux, une coucbe assez epaisse de savon vert ; on en oint toutes les parlies qui recelent ces parasites, et le lendemain on les lave avec de leau ticde. M. Didry ayant remarque, en soignaut
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PHTHISIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;28
tics boeufs atteints de la cachexie aqueose et qui etaient couverts de poux, que ces insectes avaient disparu apres ladministration des breuvages oü entrait de lessence de terebenlhine, s'imagina d'eraployer ce moyen dans la phthiriase, et le fit avec succes. Son traitement con-siste dans des bi-euvages composes de trois decagrammes d'essence de terebenthine etendus dans un litre d'eau tiede, et continues pendant cinq ou six matins.
Comme il est evident que la misere et la inaiproprete engendrent la vermine , il est bon , dans tons les cas, de placer les animaux dans des conditions hygieniques con-venables , c'esl-a-dire d'user envers eux de soins de pro-prete, et de leur donner une bonne nourriture.
PHTHISIE. — On a longtemps designe par ce mot, en lui conservant sa valeur etymologique, tout etat de mai-greur ou de consomption, quelle qu'en fut la cause, et, pour distinguer les unes des autres les diverses especes de con­sumption ou de phthisic, on y ajoutait une epithete indi-quant la nature ou le siege presumes de la lesion organique qui les pi-oduit. Aujourd'hui le mot a une signification plus restreinte ;on ne donne cette qualification, tant en mede-cine humaine qu'en medecine veterinaire, qu'ä la maladie produite par la presence des tubercules dans les pournons. C'est uniquement de cette derniere affection qu'il sera question dans ce chapitre.
Phthisie pulmonaire die cheval. — Cette affection rare et encore peu etudiee sur le cheval, est de toutes les mala­dies de poitrine celle dont le diagnostic est le plus obscur a son debut; et bien que M. le docteur Crocq,dans son memoire couronne par l'Academie royale de medecine de Belgique, ait dit qu'on pouvait constater par I'aus-
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26nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; pirrnisiE.
cultation la presence des tuhercules, ä letat de erudite, dans les poumons, nous nions formellement qu'il soit pos­sible d'arriver a ce resultat, quelles que soient I'liabilete et la perspicacite de lauscultateur. Dans ie principe, la pbthisie pulmonaii'c estsignaiee parune legere toux,seche, sans expectoration , insignifiante pour constater la nature de laffection qui la produit; la maladie persiste quelque-fois un an et plus, sans produire de derangements nota­bles dans les functions et sans empecber Tanimal de fournir son service ordinaire; seulement il maigrit un peu , la peau perd de sa moiteur et de sa souplesse, la respiration est legerement alteree. Insensiblement, la maladie arrive an second degre; a cette epoque , la toux devient plus intense, Texpectoration se fait avec abundance, la respira­tion est plus genee ; lappetit diminue , I'amaigi'issement et la faiblesse deviennent progressivement plus considera­bles, et 1'animal ne peut plus eti-e utilise qu'a des travaux lents et peu faligants. Lersque la maladie est arrivee a ce point, t'auscnltation peut venir en aide au diagnostic, mais les donnees que nous retirons de ce moyen d'investigation ne sont pas asse/ concluantes pour faire reconnaitre, a elles seules , I'affection qui nous occupe ; les bruits que Ton entend appartiennent egalement ä la broncliite et a la pneumonile, accompagneesdexpectoration abondante. Le troisieme degre est marque par des phenomenes qui ne laissent aucun doute sur la nature de la maladie ; la toux est plus frequente, plus fatigante; la respiration est forte-inent cenee : la matiere de lecoulement nasal est fetide, purulente. La maigreur est portee au dernier point; la faiblesse est extreme ;. le malade a de la peine a se soute-nir. A rauscultation, on entend distinctement les rales sibilant et caverneux, et un gargouillement, qui indiquent
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PHTHISIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;27
sufUsammeut quil existe de vastes cavernes contenant de la matiere tuberculeuse ramollie dans les poumons. La mort est la suite inevitable de cetle maladle lente et pro-
gressive.
A l'autopsie cadaverique des animaux que Ton sacrifie ou qui succombent accidentellement, lorsque la phthisie pulmonaire est a son premier degre, on trouve dans les poumons des tubercules en plus ou moins grand norabre, les uns fermes et dors, les autres rarnollis a leur centre. Au second degre de la maladie, la plupart des tubercules sonl rarnollis, et plusieurs se sont dejä vides dans les broncbes. Au troisieme degre, on voit des cavernes anfrac-tueuses communiquant avec les broncbes, des depots anciens dans lesquels la matiere est plus ou moins con­crete ; le poumon est quelquefois adherent aux faces costales , et souvent une portion considerable du tissu pulmonaire a disparu. Dautres alterations se rencontrent encore chez les chevaux pbthisiques, mais elles sont secondaires aux lesions que nous venous de decrire, par consequent il serait superflu de les mentionner ici.
On assigne ä la phthisie pulmonaire du cheval une foule de causes, mais retioiogie de cette maladie laisse beaucoup a desirer ; nous en sommes encore reduits a la considerer comme le partage des chevaux ä poitrine faible, etroite et mal conformee , hauts surjambes et d'un caractere iras­cible. Lorsque des animaux ainsi conformes sont exposes a des travaux penibles et fatigants, a des courses rapides et prolongees, ils contractent des irritations de poitrine d'oü la phthisie pulmonaire peut resulter. Quant a i'he-redite, nous ne discuterons pas la valeur etiologique qu'on lui accorde chez les animaux de l'espece chevaline, bien que Uurlrel d'Arbov.d disc (pie, pour que cette maladie
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fiit hereditaire, il faudrait que les poulains eussent, elaquo; naissant, des tnbercules dans les poumons ; nous dirous que ceux issus de parents phtliisiques apportent, en nais­sant, des predispositions a contracter la meme maladie, soit par leur constitution, soit par leurs caracteres physiques, et que, pour peu qu'ils soient exposes a des influences favorables au developpement de cette affection, ils la con-tractent plus facilement que ceux issus de parents robustes et bien conformes.
Traitement. — La medecine veterinaire, pas plus que la medecine humaine, ne possede aucun rnoyen certain pour guerir la phthisic. Hurtrel d'Arboval conseille les emissions sanguines lorsqu'il y a rougeur de la muqueuse pituitaire , plenitude et durete du pouls , signes qui font presumer une congestion sanguine dans les poumons. II indique aussi, comme pouvanl etre tentes,les revulsifs sur la poitrine, au moyen de vesicatoires, de sinapismes et de setons, et l'usage , a rinterieur, de purgatifs minoratifs, donnes ä doses fractionnees, dans le but d'entretenir une fluxion derivative sur le tube digestif. Le kermcs mineral et la digitale pourpree, administres ä doses repetees, ont egalement ete tentes, mais sans aucun avantage reel.
Phthisie jmlmonaire du Zkbm/quot; (Pommeliere ).— La phthisie est plus commune chez les animaux de lespece bovine que chez le cheval; eile est Ires-obscure dans son diagnostic , et met tres-souvent les connaissances du ve­terinaire en defaut pour se prononcer sur la nature de la maladie soumise a son investigation. Elle s'annonce par une legere toux, qui se manifeste par acces, sans expec­toration. Ce Symptome est l'unique qui puisse faire soup-conner Texistence de la phthisie commencante ; toutes les fonctions de reconomie s'executent parfaitement, el il
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PHTHISIE.
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nest pas rare de voir des animaux gras, livres a la bou-cherie, dont les poumons sont farcis de ttibercules a 1'etal de erudite , et quelquefois meme en contiennent de ra-mollis. A. moins que des circonstances particulieres, telles que les phlegmasies pulmonaires , ne viennent imprimer a la maladie une marche plus rapide, eile demeure sta-tionnaire pendant six raois, un an et plus, et ce nest qu'apres un laps de temps indetermine que d'autres symptomes apparaissent. Tel se manifeste le premier degre de la pommeliere.
Le second degre se traduit par la maigreur croissante 5 la peau est seche, et comme collee aux os; le poil est herisse; la toux, rauque, trainante et fatigante, se manifeste par acces plus rapproches ; Fair expire est froid et exhale une raauvaise odeur ; les flancs sont agites , linspiration est courte et reguliere, lexpiration grande et entrecoupee ^ I'appetit diminue, ainsi que la secretion laiteuse. Au troi-sieme degre de la maladie, les symptomes qui earacterisent le second degre s'aggravent; I'appetit se perd; le lait cesse de couler ; la maigreur est extreme, hideuse ; lesyeux s'en-foncent dans les orbiles, ils sont larmoyants et chassieux ; il decoule de la bouche une salive visqucuse , fetide , et des narines un flux ichoreux et infect j lair expire est froid et dune odeur cadavereuse ; enfin la consomption arrive a son summum, et lanimal meurt sans convul­sions. D'autres phenomenes se declarent quelquefois dans le cours des deux dernieres periodes ; consideres isole-ment ils n'ont qu'une faible valeur diagnostique , mais rapproches de ceux que nous venons d'indiqtier ils ac-quierent quelque importance. (Test ainsi qu'on observe quelquefois des frissons vagues, avec froissement des dents, qui surviennent surtout vers 1c soir ; des engorge-
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meuts durs et indolents aus aines , aux ars et aux regions jiarotidiennes ; des emphysemes crepitantssurle dosetles lombes ; loedeme de Taugest la paleur et l'infiltration dc toutes les muqueuses appareiites,comme dans la cachexie aqueuse. On a aussi indique , comme signe diagnostique, la douleur qu'eprouve I'animal lorsqu'on exerce une foi'te pression sur les parois de la poitrine , surtout vers la re'gion xiphoVde du sternum; d'apres des recherches nouvelles faites par Gelle, sur des boeufs phtliisiques au dernier degre , ce signe parait pen lidele. Quant ä Taus-cultation et ä la percussion , ces deux modes d'investiga-lion ne nous fournissent des enseignements que lorsque la maladie est parvenue a la seconde et a la troisieme periode ; il y a matite de la poitrine et absence du bruit respiratoiie aux points correspondants aux masses tuber-culeuses; la sonorite est, au contraire, assez marquee quand les poumons renferment de vastes ulceres ; on distingue alors les räles caverneux et sibilant, qui sent d autant plus prononces que I'lilceration des poumons est plus considerable et plus avancee.
Les lesions que Ion rencontre dans les poumons sont re­latives au degre auquel la maladie est parvenue. Dans les premiers temps d'une pbtbisie, les poumons, plus (lenses et plus volumineux qu a I'etat normal, ont ordinai-rement contracte des adberences avec les plevres; leur surface est rugueuse et Ton reconnait, en y passant la main , l'existence de granulations tuberculeuses dans le tissu cellulaire sous-sereux ; si Ton incise le tissu pulmo-naire, on decouvre des tubercules plus ou moins nom-breux, dissemines ou agglomeres, mais rarement enkys-tes. On en rencontre egalement sur les parois costales el sur le diaphragme, ainsi que dans les ganglions bron-
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pirniisii:.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 51
cliiques et ineseiiteriques. Quand la maladie est arrivee a une periode plus avancee, les lesions sont beaucoup plus graves j les poumons sont remplis de tubercules a difFe-rents etats ; les uns sont concrets , d'autres commencent a se ramollir, et d'autres enfin , en etat de fonte suppu-rative , sont renfermes dans des kystes encore clos , ou laquo;inverts et communiquant avec les bronches. La matiere tuberculeuse se montre done sous divers aspects; lä con­crete etresistante au scalpel, ici ramollie, puriforme, quel-quefois granuleuse et caseiforme , mais toujours sans odeur quand les vomiques sont encore closes ; tandis que cette matiere est fetide , heterogene, grise, verdätre, melee de grumeaux jaunes et dors , quand elles sont ou-vertes. Teiles sont les principales lesions occasionnees par la phthisie tuberculeuse.
La phtbisie tuberculeuse s'observe le plus frequem-ment chez les vaches laitieres des nourrisseurs tie granrle ville, qui les tiennent constamment renfermees dans lies etables elroites, liumides, ou I'air ne se renouvelle pas, et doü il s'exliale des vapeurs ammoniacales ; les vaches placees dans de telles conditions soufFrent de la cbaleur, ne respirent qu'un air impur, vicie, nuisible a leur sante, et finissent par devenir phtlnsiques. Hazard pere attribue a ces causes la frequence de la pommeliere chez les vaches des nourrisseurs de Paris. Quant a I'heredite, eile est adiuise par la plupart des veterinaires. Nous avons vu des veaux, de quatre a cinq semaines , issus de meres phtlnsiques, avoir les poumons remplis de tubercules miliaires.
Traitement. — Le traitement de la phthisie tubercu­leuse offre peu de ressource ; ce n'est guere qu'au dehnt de la maladie qu'on pent csperer d'en arreter les progres
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en soustrayantles nnimaux aux influences des causes pre-disposantes et occasionnelles et en les placant dans des conditions hygieniques convenables. Quelques praticiens assurent avoir obtenu de bons effets de la saiquot;nee dans le principe de la maladie ; Gelle reprouve la saignee comme irrationnelleet produisant un afFaiblissement dangereux ; il cite les muciiagineux unis aux amers, tels que la gen-tiane , les feuilles d'absintbe et de lierre terrestre, dont les decoctions et les infusions avaient ete edulcorees avec le miel, comme ayant ameliore letat general de quelques malades , surtout quand l'action de ces breuvages etait secondee par 1 emploi des revulsifs , tels que les setons animes avec longuent vesicatoire, ou un trochisque d'el-lebore noir. Le meine auteur propose encore les breu­vages d'infusion de gentiane et de lierre terrestre edul-cores par le miel, auxquels on ajouterait dix ä douze grammes de teinture d'iode pour un litre et demi de ti­sane, et que Ton administrerait cbaque matin aux bestiaux malades. Cette medication alterants devrait etre em­ployee pendant sept a buit jours, suspendue ensuite pen­dant quatre a cinq, puis reprise encore et interrompue de nouveau jusqu'a un mieux marque. On en secondera aussi les effets par les setons ; par une nourriture con-fortable, composee de bons fourrages sees , alternes avec I'herbe des pres un pen essoree, les carottes, les betteraves, la pomme de terre, l'avoine et forge grossierement mou-lues. Le bouchonnement ou pansement de la main exerce sur la peau une action derivative salutaire. Une attention importante qu'il recoramande, e'est de soustraire les malades a l'influence du froid humide et a celle des va­riations, des irregularites atmospheriques, qu'il considere comme les causes principales de 1'affection tuberculeuse.
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PHTHISIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 33
L'ensemble de tous ces moyens therapeutiqaes et liygie-niques doit necessairement, d'apres lui , produire une amelioration dans 1'etat general de Taniinal, et, s'il ne procure pas une guerison radicale, permettre au moins d'engraisser le malade et de le vendre pour la bou-cherie.
La phthisie pulmonaire se declare aussi sur les betes a laine; d'apres Hurtrel d'Arboval, eile serait la conse­quence de riiumidite, de la chaleur excessive et de la mauvaise qualite des aliments. Elle pent aussi resulter, d'apres le meine auteur, de coups, de chocs sur la poi-Irine. Quant au traitement, il doit etre le ineme que pour les gros ruminants.
Les singes paraissent etre fort sujets ä la phthisie pul­monaire. M. Renault a etudie cette maladie sur une ving-laine de singes morts au Museum d'histoire naturelle de Paris. Les circonstances ne lui ayant pas perm is d'obser-ver avec soin ces animaux pendant le cours de leur mala­die, ce qu'il dit se rapporte presque uniquement aux lesions cadaveriques. Cependant il a remarque que tous avaient maigri avant leur mort, qu'ils paraissaient avoir la respiration genee , et qu'ils eprouvaient une toux plus ou moinsfrequente. Nous extrayons du VictionnairedeHuv-trel d'Arboval le fait suivant, appartenant ä M. Renault. Un singe de moyenne taille, age d'environ cinq ans, en Europe depuis dix-huit mois, fut expose aux injures du temps pendant I'hiver ; il commenca bientöt a tousser et devint malade. II restait assis, le tronc rcnverse j la respi­ration avait de la frequence ; la percussion de la poitrine faisait reconnaitre un son clair a gauche, et mat a droite, danstoute l'etendue du cote. Au moyen duste'thoscope, le
IIInbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5
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bruit respiratoire etait entendu un peu vesiculaire, mele de beaucoup de rale a gauche ; du cote droit, il etait tel qu'on I'observe au sommet des poumons des phthisi-ques, lorsque ces organes sont creuses d'une multitude de cavernes, c'est-a-dire avec un son caverneux, argentin, mele de gargouillement. L'animal ne crachait pas ; les mouvements du cceur etaient reguliers , mais d'une fre­quence extreme; les gencives saignantes, le ventre gros el tumefie. La maladie augmenta rapidement et amena la mort. On trouva dans le poumon gauche quelques tuber-cules cms et d'autres ramollis, separes par beaucoup de tissu cellulaire sain. II existait de plus un epanchement de sang et quelques fausses membranes Ires-recentes. Le poumon droit etait beaucoup plus aflecte que I'autre ; son parenchyme renfermait un grand nombre de tubercules isolesou en masses grumeleuses ; il n'en existait pas au som­met ; Tun des lobes inferieurs adheraitintimementa toutes les parties voisines; il ressemblait ä un kyste purulent, a paroisd'un blancjaune et fibreuses. L'incision donna issue ä une grande quantite de pus mele de quelques bulles d'air. 11 n'etait plus possible de reconnaitre la structure du poumon. Get organe etait transforme en une masse luberculeuse, dans laquellevenait se perdre un gros tuyau bronchique, Les ganglions desbronches etaient degeneres en matiere tuberculeuse crue. La rate etait bosselee a sa surface ; eile oIFrait des saillies du volume d'une petite noisette et beaucoup d'autres plus petites, blanchätres et semblables a des Lystes purulents ; il en existait d'autres dans l'interieur de forgane ; ces kystes etaient tapisses d'une membrane blanche qu'on detachait sous forme de pelliculc tres-mince. Le foie ne contenait qu'un tres-petit
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pimiATOSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .-,;;
nombre de tubercules jaunes et cms 5 les deux reins en presentaient aussi. 11 en existait dans Tune des tuniques vaginales et dans l'epiploon.
Le chien est quelquefois phthisique ; les phenomenes qui accusent cetteafiection chez cet animal sont analogues ä ceux que M. Renault a signales chez le singe, et 1'on rencontre les memes desordres cadaveriques que chez ce dernier.
PHYMATOSE. — La phymatose est une afTection erysipelateuse qui survient aux parties inferieures des merabres des monodaclyles ; le clieval surlout en est sou-vent atteint.
Cette maladie a marche lente et progressive peut so manifester aux quatre membres a la fois, mais eile s'ob-serve le plus communement aux membres posterieurs. Elle s'annonce d'abord par un leger prurit au paturon, qui engage I'animal a. se frotter cette partie centre les corps soli­des qui sont a sa portee, a y porter les dents meme, lorsque la demangeaison devient intense. Apres ce premier temps apparait un suintement d'une liumeur limpide, qui hu-mecte les poils sur une petite surface du paturon, et les rassemble en meclies. La maladie continuant ses progres, la peau s'irrite sur une plus large surface , I'ecoule-ment devient plus considerable et envahit bientot tout le pourtour du paturon; alors I'animal est souffrant, il leve alternativement les membx-es malades et boite plus on moins fortement. La peau devient rouge, violette ; la par-tie se tumefie et laissc ecbapper par gouttelettes une quan-tite d'humeur qui s'ecoule le long des poils. Si eile nest pas arretee dans sa marcbe, la maladie finit par envahir le mcmbre jusqu'au genouou jusqu'au jarret; alors eile est
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envisagee comme passee a letat chronique; rcngorgement devient enorme ; la peau , d'un gris luisant, se gerce et se convre d'excroissances dermoides auxquelles on donne les noms de poireaux, lies ou venues ; les polls rassembles en meches s arraclient avec facilite, comme si le tegument de cette partie etait macere; le tissu cellulaire sous-jacent se convertit en masse homogene dure, squirrheuse, lardacee, qui crie sous I'instrument quand on lincise; I'ecoulement est plus abondant, la matiere purulente quil fournit esl d'un gris verdatre, d'une odeur letide, insupportable et d'une acrete teile quelle irrite les parties qu'elle baigne ; d'oii il resulte que le crapaud et lejavart car-tilayineux viennent quelquefois compliquer cette ma-ladie qui, ä la longue , epuise l'animal et le mene au
marasme.
l.r marcne ue ceue maiauie esi toujours lenie, suriout chez les animaux d'une constitution molle et eminemment lympbatique. Quelquefois eile est iutermittente : eile dis-parait, en ete, lorsque les chevaux travaillent sur vm terrain sec et dans la poussiere, pour reparaitre en Inver, lorsquils sont forces de rester ä l'ecurie ou de travailler dans la boue et riiumidite.
La phymatose est regardee avec raison comme le par-tage des cbevaux mous et lymphatiques , dont les mem-bres sont charges de poils longs et gros, les pieds evases, la fourchette grosse , enfin, de ceux qui jiortent le cachet prononce d'une constitution humorale. L'humidite, les boues acres, les fumiers, les urines et la rnalproprete sont les causes eflicientes de L'afiection qui nousoccupe; seules, ces causes seraient impuissantes pour produire les eaux mix jamhi'S ; si les animaux n'y etaient pas predisposes par lour temperament lymphatique , ils resislciaient a levu
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PHYMÄTOSE.
influence el ne contracteraient pas la phymatose; les fails nous le prouvenl journellement.
Traitement. — Le traitement de la pliymatose doit varier selon letat ancien ou recent de la maladie et les complications qui I'accompagnent.
Lorsque rafl'ection estrecenle, on doit commencer par calmer ['irritation locale par des bains et des cataplasmes emollients, lout en soumettant le malade a une alimentation nutritive et de facile digestion, si toutefois la fievre de reac­tion ne reclame pas la saignee et la diete ; il faut, dans tous les cas, etre fort circonspectdans les emissions sanguines et le regime dietetique, et n'user de ces moyens therapeuti-ques que quand I'indication en reclame imperieusement I'emploi. Lorsque 1'irritation locale est en partie dissipe'e paries applications emollientes, on remplace ces dernieres par des applications restrinctives, et Ton termine la cure par radministration d'un ou deux legers purgatifs. La phy­matose recente cede ordinairement, au bout de huit a dix jours, a ce traitement; mais il n'en est pas de meme lors­que la maladie est ancienne, alors le traitement doit etre plus long ct plus complique. Dans ce cas on applique d'abord sur les parties malades des cataplasmes emollients pour les assouplir et en diminuer la rigidite ; on applique des setons aux fesses ou au poitraii, selon le siege du mal; on soumet lanimal ä l'usage des toniques amers et ferru-gineux, que Ion alterne tous les sept ou huit jours avec radministration d'un purgatif; on seconde cos agents the-rapeutiques par un regime nulritif Lorsque les setons suppurent depuis un certain temps , que la peau des extremites se trouve ramollie par l'usage des emollients, on pent, sans crainte d'accidents ulterieurs, faire tarir recoulement do la phymatose par des applications res-
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trinctives et en useijusqu'a ce qu'il ait entierement cesse. Les cataplasmes de suie et de vinaigre, dans lesquels on ajoule, pour chacun, deux onces de sulfate de fer, sont rarement inefficaces dans le cas qui nous occupe. S'il existe des fics ou poireaux, on les excise et on en cauterise la base avec le fer incandescent; on doitegaletnent cauteri-ser les crevasses et les gercures. Lorsque la secretion mor­bide est dissipee, on supprime successivement, un a la fois, les setons, en laissant entre chaque suppression un inter-valle de trois a quatre jours. Si, apres que Ton a combattu tous les principaux phenomenes de la maladie, les mem-bies restent engorges, il couvient d'y appliquer le feu.
Durantle coursdu traitement, les animaux doivent etre tenus dans des conditions bygieniques severes ; la pro-prete, les pansernents de la main, une habitation seche et bien aeree, une nourriture saine et abondante, ne doi­vent pas leur faire defaut, et si la saison le permet, un cxercice leger est salutaire.
Beaucoup de veterinaires pensent, et nous avons long-temps partage leur erreur, que la phymatose chronique, inveteree , est incurable. Heureusement il n'en est point ainsi; I'expericnce nous a demontre, et nous demontre encore tous les jours , qu on pent entreprendre le traite­ment de la phymatose chronique, inveteree, constitution-nelle, füt-elle meme compliquee de crapaud oudeja-vart, avec espoir de reussir ; nous possedons des fails iirecusahles a ce sujet.
P1ETIN. — Le pietin' est une maladie particuliere a lespece ovine. On a pretendu longtemps que les merinos seuls , ou tout au plus les betes a lainc ameiiorees par cette race , ctaient settles susccptiblcs dc la eonlracter et
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qu1 eile respectait les imlividus indigenes ; mais une etude plus approfondie de cette affection a fait connaitre que les moutons de race commune n'en etaient point epargnes, et qu'elle se developpe aussi bien spontanement et par contagion chez eux que chez les moutons merinos et les metis.
Beaucoup de veterinaires et d'agronomes se sont occu-pes de l'etude du pietin. Chabert, Huzard, Pictet, Gas-parin, Tessier, Morel de Vinde et une infinite d'autres ont ecrit sur cette maladie. Chabert a vu le pietin regner enzootiquement sur les bords de la Gironde, dans le bas Medoc, dans les Pyrenees ; Tessier I'a observe aux envi­rons de Paris; Huzard I'a trouve en Piemont et en Angle-terre. Le pietin regna enzootiquement en 1819, 1820 et 1821, en Suisse et dans beaucoup de departements francais. A une epoque plus rapprocbee de nous, des veterinaires instruits ont, par leurs ecrits, jete un nouveau jour sur 1 etiologie , la marcbe et le traitement de cette maladie, et ont prouve qu'elle etait plus commune qu'on ne le sup-posait anciennement.
M, Delafond a donne sur le pietin une description tres-exacte et tres-claire, nous allons la transcrire en partie :
La maladie se montre a la face interne de l'ongle, h I'endroit ou la peau se termine pour former, en s'unis-sant avec la muraille, le bourrelet ou la cutidure. Eile s'offre sous ['aspect dune ou de plusieurs petites pustules legerement coniques,etblanchätres au sommet. Une legere aureole entoure ces pustules , dont I'interieur contient un li([uide assez epais et blancbätre. Elles ne tardent pas a ctre detruites par la marcbe et les raouvements de l'ani-mal, s'ouvrent a leur sommet, et laissent a leur place de petits ulceres a fond rougeätre, dont les bords sont quel-
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({uefuis denleles perpendiciilairemenl. L'ulccre ou les ulceres renfei ment bientut une matiere blanclie, legere-ment onctueuse et odorante. La curne se detache du bour-relet, et la matiere secretee par lulcere s'insinue entre eile et le tissu vasculo-nerveux du pied, qui s'enflamme et fait naitre la claudication. TJnseui onglon peut etre pri-mitivement alTecte; mais la maladie se communique ordl-uairement a l'autre apres louverture de la pustule. L'in-llammation et la matiere secretee par I'ulcere setendeiit avec promptitude a tout I'appareil vasculo-nerveux de la face interne du dernier plialangien, et bientot toute la corne en est detacbee, principalement aux talons ; eile se ramollit et semble se dissoudre dans la matiere blanche, qui alors prend une couleur grise ou noire et laisse echap-per un gaz d'une odeur ammoniacale et infecte. Si Ton enleve cette matiere avec suin, on observe que les lames du tissu feuillete de los du pied , ou du tissu podophyl-leux , sont plus larges , plus longues , plus epaisses , et renferment de la matiere blanche dans I'intervalle qui les separe : aucune trace d ulceration ne se fait remarquer a leur surface. L'inflammation gagne le dessous du pied; il s'y forme du pus, qui detache partiellement la sole et la dissout, en formant une matiere colorante noire, d'odeur tuute particuliere. Chez quelques betes, I'ulcere se cica­trise, l'inflammation du tissu feuillete se calme, et une couche de nouvelle corne remplace celle qui a ete de-truite. La maladie a change de siege , on pourrait la prendre alors pour le crapaud (1), mais on evite cette me-prise en examinant la corne, qui presente toujours des inegalites ou des especes de cercles. De la face plantaire,
(1) Si cctlc afleclion ctait susceptible d'attaqucr les aniraaux do I'cspccc ovine.
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TalFection gagne insensiblcrnent le tissu feuillete de la face externe, en commencant ordinaireraent au milieu du bord inferieur. La muraille de cette face , qui est plus dure, resiste davantage ä la propriete dissolvante de la matiere blanche, qui ne detruit que les feuillets, arrive bientöt au bourrelet, le separe de la cavite dans laquelle il est löge, et enfin se fait jour au dehors. II peut encore arriver ici que 1'inflammation diminue, ou meme qu'elle disparaisse ; une nouvelle corne est secretee et descend a la face interne de la portion dure de l'ancienne , qu'elle tapisse en quelque sorte. Enfin son existence n'est plus douteuse quand on enleve l'ancienne muraille , devenue pour ainsi dire une ecorce inutile. La maladie n'est pas toujours detruite par la sortie de la matiere , comme cela arrive quelquefois ; eile peut se propager encore aux: tissus sains, gagner Tangle anterieur de los, le contour-ner et attaquer une seconde fois le lissu feuillete de la face interne , en produisant les memes desorganisations que celles qui ont deja ete decrites.
Lorsque la maladie n'est point arretee dans sa marche, la desunion s'etend davantage j des depots purulents se forment sous le sabot, etse font jour aux endroits de sa junction avec la peau; ils degenerent en ulceres qui ron-gent en partie, ou, avec le temps, en totalite la chair du pied. Tout le quartier interne se detache , et peu apres la sole elle-meme ; la separation commence or-dinairemeut par le talon et se propage d'arriere en avant. Les tissus formant le talon se tuinefiei\t, devien-nent rouges et douloureux ; la tumefaction s'etend au paturon ; la claudication est beaucoup plus forte ; I'ani-mal n'appuie plus sur le membre malade, et si les quatre raembres sont alfectes il demeure constamment couche 5
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il se traine a genoux, si ce sont les membres anterieurs. G'est a cette epoque que le pied est chaud et doulou­reux, qu'il y a une inflammation assez forte, quelquefois suivie de la chute du sabot. Le pied ne presente plus alors que I'aspect dune plaie ulcereuse, qui embrasse le talon, l'espace interdigite et la chair des doigts. Quand le sabot reste attache au pied, son interieur, que la desunion per-met d'apercevoir, presente un aspect bideux. Les progres de la maladie continuant encore, la suppuration devient plus abondante, le gonflement diminue , mais I'ulcera-tion s'etend, les tissus deviennent mous , flasques et se desorganisent: des fistulas, des fusees s'etablissent, des clapiers se ferment, des portions tendineuses et liga-menteuses se detachent et tombent en lambeaux ; le canal biflexe , situe au-dessus de rintervalle qui separe les doigts, et les follicules dont la cavite du canal est par-semee, se tumefient et laissent ecbapper un produit purulent tres-fetide, au lieu dune humeur sebacee de couleur jaunätre. I! y a alors complication du fourchet. Du centre des tissus desorganises s'elevent des vegeta­tions fongueuses , quelquefois carcinomateuses; la sanie est infecte , les articulations s'ouvrent par destruction de leur capsule, i'os du pied est ronge par la carie, enfin tout le tissu cellulaire du membre s'engorge. Dans ce deplo­rable etat, les douleurs sont aigucs , la fievre est conti-nuelle et forte, I'animal a completement perdu I'appetit, et le marasme, lepuisement et la mort ne tardentpas s terminer cette serie de phenomenes facheux.
L'etiologie du pictin degagee de toute idee de conta­gion, ditHurlrel d'Arboval, devient fort obscure. En re-fusant d'admettre aucune transmission possible, on est oblige de retomber dans les causes generales; plusieurs
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d'entre elles sont bien capables, surement, continue I'au-teur que nous venons de citer, d'alterer les pieds des betes ovines , mais il n'est guere possible de se decider sur celles qui seraient precisement, et d'une maniere spe-ciale, susceptibles de determiner I'afTection qui nous oc-cupe. On accuse surtout le froid et 1'humidite , la consti­tution pluvieuse de latmosphere, les localites basses et marecageuses, la secheresse et la cbaleur excessives du sol, les terrains sablonneux, pierreux, la malproprete des bergeries, les fumiers qui y sejournent, les boues des cours des fermes, etc. Toutes ces causes peuvent evidem-ment faire naitre le pietin d'une maniere spontanee, mais une fois la maladie determinee par ces influences, eile se propage rapidement par contagion. La transmission du pietin par contagion fut longtemps meconnue et contes-tee; mais aujourd'hui, que des faits nombreux out eclaire cette question, il ne reste plus aucun doute sur la conta-giosite de cette maladie; les observations suivantes le prouvent d'une maniere irrecusable.
Pictet importa le pietin du Piemont avec deux cents brebis merinos 5 ces animaux boitaient a leur arrivee 5 ils furent meles avec cent brebis metisses , qui furent bien-tot apres attaquees de la maladie. Des beliers que Ton joignit au troupeau malade la contracterent a la mon-tagne; a leur retour, tout ce troupeau fut soigneusement separe du troupeau sain ; mais celui-ci ayant couche sur la litiere oü les malades avaient sejourne, il acquit aussitot le pietin. Gohier rapporte qu'un boucher ayant acliete deux brebis de cinq ans, qui trois jours apres boiterent du pietin , les animaux sains avec lesquels elles allaient paitre gagnerent la maladie, qui devint bientot generale. 11 ajoute que six brebis, ayant communique avec des trou
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peaux afFectes du pietin, en furent toutes altaciuees peu de temps apres. M. Sorillon rapporte les fails suivants : Un proprietaire n'avait point encore eu le pielin dans son troupeau, compose de quarante-six betes, dont deux be-liers, lorsqu'il preta, pour la monte, un de ces derniers , qui fut mis dans un troupeau de trente-six moutons, la plupart atteints de la maladie. Aubout d'un mois ce belier fut rendu boitant tres-fort, et replace dans son ancien troupeau. Depuis lors le pietin s'introduisit dans celui-ci, et en deux mois seize betes devinrent boiteuses ; six avaient trois pieds malades, cinq en avaient deux, et les cinq aulres un seulement. L'annee suivante, le troupeau du meme proprietaire etait entierement renouvele; il secom-posait de cinquante-deux betes, toutes saines, logees dans une bergerie saine et bien aeree, dont on enlevait souvent les fumiers , et dont on entretenail la litiere toujours fraiche. Le berger conduisit ce troupeau au pacage avec un autre dans lequel le pietin etait general; deux moutons et six brebis furent alFectes onze jours apres, et Ton ne pre-serva les autres qu'en ayant sein de les mener seuls a la päture. L'annee d'ensuite, le meme proprietaire achele un troupeau de soixante-quatre betes bien portantes ; on les fait paitre pendant deux ou trois jours avec un autre troupeau affecte de pietin ; une quinzaine de jours apres, quinze betes boitaient de cette maladie. L'annee suivante, le troupeau, qui avait ete gueri, fut au pacage avec d'autres, notamment un dans lequel le pietin avait fait de tels ravages que beaucoup de betes se trainaient sur les genoux et que toutes etaient dans un marasme complet; au bout de quatorze jours onze betes avaient contracte le mal. Enfin, l'annee d'apres, ce proprietaire prit toutes les precautions necessaires pour se garantir; il acheta vingt-
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PltTlN.
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six raoutons etrangers , et leur lava attentivement les pieds, pour s'assurer de leur sante. Au bout d'un mois, le berger placa dans le troupeau un mouton dont il avait fait I'acquisition dans le pays ; quelques jours etaient a peine ecoules que cet animal fut atteint du pietin et donna la maladie a sept autres.
M. Delafond a observe le fait suivant dans le departe-ment de la Nievre. Un proprietaire acliete un troupeau fie deux cents betes de la race du pays. Quelques betes avaient le pietin, et au bout de six mois quarante-deux s'en trouvaient atteintes. Le troupeau du formier voisin n'avait jamais eu le pietin 5 il päturait dans les memes endroits que le troupeau malade, et apres trois mois, trente-six betes en etaient atteintes. M. Yves, veterinaire en Normandie, et M. Felix, veterinaire dans la Gascogne, ont egalement assure a M. Delafond avoir constate I'origine de la propagation du mal par des troupeaux nouvelle-ment achetes qui päturaient dans les memes endroits que d'autres troupeaux sains.
J'achetai, dit M. Dombasle , des moutons de la race de Wurtemberg , et voulus les engraisser. Quelques-uns etaient afFectes du pietin; malgre tous les soins possibles, plus du tiers du troupeau fut attaque.
M. Veilhan, veterinaire a Tulle, etM. Favre, veterinaire a Geneve, dans les nombreuses experiences qu'ils ont tentees sur I'inoculation, ont prouve ä levidence la con-tagiosite du pietin.
Traitement.-—Le pietin est facile a guerir pourvu qu'il soit pris des le principe de son invasion , avant que la negligence ait donne le temps a la maladie d'occasionner des desordres profonds qui causent toujours des pre­judices considerables aux proprietaires des troupeaux,
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tant sous le rapport de la perte des animnux que sous celui de la deterioration de la toison. II est done de la plus haute importance de s'opposer aux progres du mal, par des soins bien entendus et bien diriges, des l'appari-tion des premiers svmptumes maladifs ; et, vu la contagio-site, de separer les animaux sains des malades, et de les soumettre a une surveillance active pendant un temps plus ou moins long. Lorsqu'on apercoit la tache blanche qui marque le lieu de labces, on enleve avec precaution la corne qui le recouvre, et Ton detruit I'ulcere par la cau­terisation potentielle j M. Morel de Vinde dit de tremper la barbe d'une plume dans tie I'acide nitrique, de la laisser egoutter jusqu'a ce qu'elle ne soit que simplement mouil-lee, et de la passer ensuite sur la place blanche , une on deux fois, d'un sens ä Fautre ; aussitot qu'il s'eleve une legere fumee, on retire la plume , et selon M. Morel de Vinde, le mal guerit par ce simple mojen. II assure que quelques heures apres, la bete ne boite plus, et que tres-rarement il fut oblige de recommencer ce traite-ment, qui doit etre repete si la bete boite encore le lendemain. M. Delafond dit que la cauterisation poten­tielle avec I'acide nitrique produit un effet merveilleux, que six heures apres I'animal ne boite plus, et qu'il se forme une escarre jaunätre qui se detache au bout de deux a trois jours, apres quoi la guerison est complete. 11 recommande de faire penetrer I'acide sous la corne si eile commence a se detacher. Nous avons obtenu de bons resultats dans le pielin recent, de l'usage du sulfate de cuivre reduit en poudre fine et applique ensuite sur la surface malade; l'acetate de cuivre (vert-de-gris) est em­ploye aussi avec avantage dans ce cas.
Lorsque la maladic est plus avanccc, on doit retraucher
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jusqu'aux tissus sains toute la corne detacheer et recou-vrir I'ulcere d'un petit plumasseau charge soit de sulfate ou d'acetate de cuivre, que Ton maintient par quelques tours de bände ou un morceau de toiie. On renou-velle ce pansement tous les jours et Ion en continue I'usage jusqu'a ce que tous les tissus desorganises soient detruits et que la plaie offre un bei aspect ; alors on panse avec la teinture d'aloes ou l'alcool camphre jusqu'ä par-faite guerison.
Quand le pietin a occasionne des desordres profonds, quand ily a des fistules, des clapiers, des vegetations, on coupe ces dernieres, et Ion panse la plaie cotnme il est indique plus haut, a moins que les ravages ne soient tellement grands que toutes les parties molles semblent reduites en putrilage -, aloi's, Hurtrel d'Arboval conseille, apres avoir detruit toutes les excroissances , de plonger le pied dans un bain d'hydrate de deutoxyde de potassium (potasse) et de le couvrir ensuite d'une poudre tonique. Au bout de quelques jours, lorsque l'aspect des tissus est meilleur , il convient de revenir, comme dans le cas pre­cedent, ä I'application des caustiques. Alors on se sert avec avantage de l'onguent egyptiac, dont il est toujours pos­sible d'augmenter ou de diminuer laction selon le besoin.
M. Lecoq donne le precepte , toutes les fois que le de-collement estetendu, d'enlever longle en totalite, assu-rant alors que la cure est plus prompte qu'apres les re-tranchements partiels. Lorsque les desordres produits dans le pied sonttres-graves, l'amputation du doigt ou de la phalange malade lui parait preferable au traiteraent des plaies qui les affectent. Cette amputation d'un doigt, meme a la premiere phalange , n'est point, dit-il, suivie de claudication apres la guerison de la plaie, et quand
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on a pu conserver le bourrelet, la corne , en continuant tie croitre, forme une plaque irreguliere, qui protege la cicatrice.
En vertu du caractere contagieux du pietin, M. Dela-fond invoque les mesures de police sanitaires prescrites par les articles 459, 460, 461 et 462 du Code penal, ainsi que par l'arrete du 16 juillet 1784, Voici celles qu'il con-seille. L'autorite, avertie de ['existence du pietin dans un troupeau, le fera visiter. Si la maladie est reconnue exis-tante , il sera ordonne que toutes les betes malades ou suspectes soient marquees , que le troupeau soit mis ä paturer dans un lieu separe, et dont les limites ne puis-sent etre depassees par le berger; qu'un abreuvoir par-ticulier soit aflecte a ce troupeau, si la cbose est possible, autrement que le proprietaire I'abreuve a ses frais ; qu'un cbemin particulier soit designe au berger pour quitter le cantonnement et y revenir; que les betes soient traitees par un veterinaire ; que le cantonnement ne puisse etre leve qu'apres guerison ; que les proprietaires riverains soient avertis de i'existence du mal; qu'on ne puisse vendre ou exposer en vente les betes afiectees et mar­quees ; que la vente de betes grasses , pour la boucherie, soit effectuee seulement apres la delivrance dun certificat de l'autorite ; cnfin que les boucbers tuent les betes le plus promptement possible, et ne les placent point en pature, si ce n'est dans un cantonnement isole et de­signe.
On conseille encore de purifier les bergeries par des fumigations de chlore ; d'enlever les vieilles litieres , de les enfouir au fond du furnier de la cour, et d'enlever la premiere couebe de terre qui recouvre le sol; car on a reconnu que la litiere, ou la terre du sol de la bergerie
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PIQURE.
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ties inuutons malades, ctait vine des voies les plus actives de la transmission de la maladie.
PIQURE. — II ne sera nulleraent question dans ce chapitre des piqüres occasionnees par des corps aigus, etroits, qui penetrent plus ou moins profondement dans les tissus ; nous renvoyons nos lecteurs, pour ces sortes de lesions de continuite, a I'article Plaie; il ne s'agira ici que des piqüres occasionnees par des insectes.
Les insectes qui attaquent et tourmentenl les animaux dans notre pays et dont les piqüres peuvent occasionner des maladies et quelquefois la mort, sont les taons, les abeilles, les guepes, les frelons et les simulies rampantes. Les piqüres de ces insectes sont douloureuses et vives, mais elles ne produisent aucun accident grave si elles sont disseminees sur le corps et pen nomhreuses ; rinflamma-tion qui en resulte est circonscrite et parait plutot due a reffet du venin depose dans la petite solution de conti­nuite qua la presence de l'aiguillon reste dans la plaie. 11 n'en est pas de meme lorsque les animaux sont assaillis par des essaims d'insectes qui leur font une quantite innombrable de piqüres ; alors une inflammation des plus vives s'allume, la tumefaction, la clialeur et la douleur des parties lesees sont considerables: une fievre de reaction intense se declare et la mort pent s'ensuivre. M. Crepin rapporte que des mediants attacherent un cbien aupres dune ruche qu'ils agiterent fortement pour exciter le courroux des abeilles ; le malbeureux animal fut aussitöt assailli par une legion de ces insectes, qui le piquerent principalement aux levres, aux yeux et autour de l'anus ; il poussa des cris lamentables, se debattit de toutes ses forces, finit par rompre le cordon qui lerctenait et alia se
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cacher dans un endroit trcs-sombre, d'oü it ne sortit plus; on lui presenta inutilement a manger, il ne fit que lapper quclques gorg^es d'eau ; sa tete s'enfla d'une maniere pi-o-digieuse et la mort survint ä la fin du second jour apres laccident. Hurtrel d'Arboval rapporte un fait analogue: Un einen de cour, pique par un essaim dabeilles, se deta-clia et cliercha a se derober par la fuite a ses nombreux et dangereux ennemis; mais ce fut en vain, et le lendemain matin on le trouva mort a quelque distance de l'babi-tation.
M. Sanitas a rapporte lliistoire dun cheval pique par une grande quantite de frelons. Le lendemain de l'acci-dent, l'animal avait des coliques; il restait presque tou-jours coucbe, la tete posee sur la litiere et regardant sou-vent son ventre; la beuche etait seche; la membrane nasale, ainsi que la conjunctive, avait une couleur un peu jaunatre; le pouls etait petit et lent, I'aitere legerement tendue ; il y avait une tumefaction assez forte auxpaupie-res sunerieures, au chanfrein et aux oreilles, crui etaient pendantcs. Malgre une saignee de six livres, des boissons rafraicliissantes, des lavements emollients et une diete severe, au soir la tumefaction avait augmente ; eile s'eten-dait au nez, aux levies et aux deux paupicres ; la croupe et la queue aussi etaient fortement tumefiees ; l'animal restait constamment couciie. Le second jour, la croupe est devenue enorme, la tete esl beaucoup plus enflee, la bouche tres-secbe ; refus absolu de tout aliment. On reitere la sai-miee. Lctroisieme iour-Tabattement avait ausmenteet I'a-nimal avait rendu de lurine sanguinolente. Le quatrieme jour, pouls un peu plus fort et plus accelere, artere tendue; une grande quantite de sang noir est rendue par I'uretre. Une nouvelle saignee copieusc amena un mieux, qui alia
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P1QURE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;til
ensuite en augmentant. L'epiderme se detacha autour des piqüres ; il se developpa un tres-fort prurit; les trous faits par raiguillon des insectes etaient devenustres-apparents; ils ressemblaient a des trous d'emporte-piece et etaient le siege d'un leger suintement.
De telles blessures ne sont done pas a negliger, dit Ilurtrel d'Ai'Loval; on a vu des anes, des clievaux et des boeufs en perir, lorsqu'on n'avait pris a leur egard aucun moyen propre a apaiser I'inflammation.
M. Vandeputte, medecin veterinairea Malines, a vu pe­rir, en quelques beures, des vaches jeunes et vigoureuses, par suite de piqüres occasionnees par les simulies rara-pantes {simulia reptans); ces insectes se jettent en masses considerables, comme des essaims d'abeilles, sur lesva-clies et attaquent de preference la gorge, le fanon et los mamelles ; leurs piqüres sont bientut suivies d'un en­gorgement enorme, et il n'est pas rare de voir des animaux, bien portants le matin, etre morts le soir par suite de ces piqüres. Ces insectes, espece de petites moucbes noircs, eclosent, d'apresM. Wesmacl, professeurde zoologie, dans le fond des eaux stagnantes , et aussitot apres leur meta­morphose, qui a lieu au printemps, sont amenes a la sur­face el se repandent dans les environs ^ leur multi­plication n'a jamais ete aussi nombreuse que depuis lelablissement du cbemin de fer, qui, dans les environs de Malines, esl borde de grands fosses remplis d'eau et sans aucun ecoulement ; aussi des accidents de ce genre n'avaient jamais ete signales avant cette epoque. M. Van­deputte, justement alarme des pertes annuelles que fai-saient les nourrisseui's ses clients, imagina d'enduire les animaux d'huile de lin, surtout aux parties sur lesquelles ces insectes satlaclicnl de preference, avant de les mettrr
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au päturage, et ii eut la satisfaction fie ies voir preserves de leurs attaques. Ce veterinaire conseille de renouveler cette operation une fois par semaine, durant le mois de mai et le commencement de juin ; plus tard le danger est passe.
Lorsqu'un animal a ete fortement pique par des taons, des abcilles, des guepes ou des frelons, on conseille de baigner les parties offensees avec de l'eau froide, salee ou vinaigree, pour prevenir rinflammation et s'opposer a l'ulceration qui en est la suite. On en fait des lotions fre-quentes, on en imbibe un drap qu'on emploie comme couverture et qu'on a soin de mouiller souvent pendant \ingt-quatre heures au moins. L'ammoniaque liquide applique sur-le-cbamp est, dit-on, le meilleurmoyen pour apaiser les douleui-s. Quand rinflammation est develop-pee par suite de piqüres , les applications emollientes el les bains de vapeur aqueuse sont d'un grand secours. La saignee, repetee meme, est presque toujours necessaire cbez le boeuf et le cbeval.
PISSE (LA). — Sous cenom peu scientifique, Moiroud a fait connaitre une maladie qui, en 1830, regnait d'une maniere epizootique sur les cbevaux de Paris, ets'etait en outre declaree dans diverses autres parties de la France. Cette maladie, qui se rapprocbe beaucoup du diabete, sevissait presque exclusivement sur les cbevaux de trail entiers ; on la voyait rarement se manifester sur les cbe­vaux bongres, et si les juments en etaient parfoisatteintes, ce devait etredans des circonstances bien peufrequentes, car Moiroud n'en a observe aucun exemple. Les animaux employes au transport des materiaux de construction. surtout ceux des platriers . en out ete atteints en grand
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nombre; chez un entrepreneur de vidanges, proprietaire de vingt-huit chevaux, il y en a eu dix-huit d'afFectes. Les loueurs de carrosses eurent peu a s'en plaindre, et eile ne penetra qne rarement dans les ecuries habitees par des chevaux de luxe.
Moiroud n'a pu recueillir que des donnees incorapletes sur les causes de cette maladie ; il lui parait vraisemblable toutefois qu'elle etait principalement due a une mauvaise alimentation et a la constitution humide de l'atmosphere. Chez quelques proprietaires, les animaux faisaient usage, lorsqu eile s'y est declaree, de foins mal recoltes , noirs, poudreux, prives dune partie de leurs sues nutritil's par une dessiccation imparfaite; l'avoine etait germee etexha-lait une odeur de moisi.
Au debut, les animaux etaient generalement tristes et abattus ; ils avaient peu d'appetit, la bouche etait chaude, la langue seche, la region lombaire sensible a la pression; en meme temps l'urine coulait abondamment, et la seif etait alors en quelque sorte inextinguible. Bien querabattement et l'anorexie diminuassent un peu vers le huitieme ou dixieme jour, cependant les malades maigrissaient de plus en plus, leur peau etait seche et leur poil terne et pique^ les crottins etaient durs, coiffes et mal digeres ; le pouls etait piein, souple et un pea frequent; la membrane pituitaire pointillee et cependant froide 5 la muqueuse de Turetre tu-mefiee et extremement rouge ; presque toujours le penis etait pendant; dans quelques cas, il entrait frequemment en erection, et la tete de cet Organe prenait alors une cou-leur bleuätre chez les sujets a robe blanche. Les malades pissaient de quatre a six fois par heure, et rendaient chaque fois un litre d'urine au moins. Chez quelques-uns, cette excretion elait plus frequente encore, et eile acquerait
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surtout une activite remarquable quand les boissons avaient ete prises a discretion. Dans le principe, I'lirine etait rendue avec facilite; mais a mesure que la maladie marchait vers sa periode d'etat, levacuation dece liquide devenait de plus en plus douloureuse, oe qui paraissait devoir etre attribue a la tumefaction de la membrane de luretre, qui obstruait le canal. La dysurie dependait sans doute aussi, cliez certains animaux, de l'engorgement inflammatoire du col de la vessie, ce que semblaient de-noter les mouvements de colique qu ils eprouvaient, la clialeur du rectum , la sensibilite de la vessie et la pleni­tude de ce reservoir. Dans quelques cas, au lieu de dysu­rie, on observait une veritable incontinence d'urine.
Pendant tout le cours de la maladie, rurine etait lim-pide , dun jaune de paille et d'une odeur extrcmement faible , mais analogue a celle de l'urine dans I'etat nor­mal ; sa saveur etait fraicbe et piquante; sa pesanteur specifique pen superieure a celle de l'eau. D'apres I'ana-lyse qu'en a faite M. Lassaigne , eile diflerait de celle du cheval dans I'etat ordinaire par une plus grande propor­tion d'eau, par l'absence des carbonates terreux, et par la presence de I'acide acetique , qui s'y trouvait en partie libre, en partie combine avec de la potasse et de la chaux ; on n'y a point trouve de principe sucre.
La maladie employait dix a douze jours pour arriver k sa periode d'etat j eile restait alors stationnaire pendant quelques jours, et ä dater de cette epoque la quantite d'urine diminuait groduellement, en meme temps que les animaux reprenaienv; le ir appetit, leurs forces et leur gaiete ordinaires , de sorte que sa duree totale etait de trois semaines a un mois ; cependant il parait qu'elle s'est quelquefois prolongee au dela de ce tcrme, qu'elle s'est
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compliquee de gastro-enterile , et qu'alors eile a eu une terminaison funeste.
A I'ouverture on a trouve les traces dune violente in­flammation de la membrane muqueuse de la vessie, c'est-a-dire une rougeur intense et Tepaississement de cette membrane.
Les animaux, malgre leur etat de faihlesse, ayant tou~ jours continue leur service, les proprietaires ont rarement reclame les secours des veterinaires, et se sont bornes pour la plupart a de simples moyens hygieniques.
Cette affection, que nous avons transcrite du Diction-OToired'Hurtreld'Arboval, s'observe tous les ans cbez les cbevaux nourris d'avoine qui s est echaufFee dans les ba­teaux qui nous lapportent; cette avoine repand une odeur de moisi et occasionne un flux considerable d'urine limpide, qui ferait croire au diabete ; les animaux en maigtissent, et pour peu qu'on en continue I'usage ils perdent I'appetit. Les moyens tlierapeutiques que nous opposons a eel etat patbologique, consistent dans le cban-gement de nourriture et l'administration de quelques breuvages toniques et astringents. Ce traitement suflit, dans Fimmense majorite des cas, pour arreter cette su-persecretion d'urine et amener la guerison en quatre ou cinq jours.
PLA1E. — On donne le nomde plaie a toutes solutions de continuite ou divisions des parties raolles, avec ou sans perte de substance, larges ou etroites, superficielles ou profondes , recentes ou anciennes , a un ou a plusieurs lambeaux.
Lesplaies sont caractcrisees, quand clles sont recentes, par lecartement des levres de la division et 1 ecoulement
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de sang. Deux ou Irois joins apres, linflammation sc declare, les bords de la division se durcissent, se gonfleut, une secretion d'ahord sereuse se manifeste; cette secre­tion ne tarde pas a acquerir plus de consistance et a se convertir en une matiere blanchAtre, homogene , cre-meuse, que Ton nomme pus; aloi-s la plaie est dite sup-purante. Qnelquefois la suppuration devient roussätre, sanieuse, de mauvaise odeur; les bords de la solution de-vlennent durs , calleux , le fond presente une teinte gri-satre 5 la cicatrisation navance pas, an contraire la plaie s'elargit^ alors eile est dite chromque ou nlcereuse, Ainsi, d'apres leur degre d'anciennete, leur aspect et leur ter-minaison, elles sont dites re'cetites., sujipurantes, chro-niques ou ulcdreuses.
D'apres les causes qui les out produites , on les a divi-sees en plaies simples, lorsqu'elles ont ete faites par un corps tranchant qui a divise les tissus par une section nette sans dechirement 5 en courses, quand elles sont le resultat d'un corps contondant qui a broye , dilacere les tissus ; en plaies par arrachement ou par dechirure, lors-que, par une puissance quelconque, les tissus ont ete de-cliires ou arraches ; en piqiires, quand elles sont occasion-nees par un corps aigu, etroit; en hrulures, lorsqu'elles sont dues a Faction du calorique j üarmes a feu, lors­qu'elles sont le resultat d'un projectile lance par la poudre ä canon ; et en envenimees, quand le corps vulnerant a depose dans la plaie un virus quelconque.
Traitement yeneral des plaies. — Les plaies se gue-rissent pax premiere intention, e'est-a-dire sans suppu-rer, et par seconde intention, quand elles suppurent.
La reunion des plaies par premiere intention est sou-mise a des conditions diiliciles a observer chez les ani-
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PLAIE.
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maux ; aussi cetle reunion s'obtient-elle rareuient chez eux, et les veterinaires perdent souvent leur temps et leurs soins en voulant lobtenir ; ce n'est guere qu'aux paupieres, aux levres, aux alles du nez , a lanus , a la vulve, qu'on pent esperer ce mode de reunion.
Ces conditions sont :
1deg; Que la vie soit conservee dans les deux surfaces que Ton applique Tune centre lautre, et que la circulation du sang s'y execute avec libertc, afin que ces surfaces participent egalement a loeuvre commune de Tadhesion mutuelle.
2deg; Que les solutions soient recentes : moins elles restent exposees au contact de l'air et plus elles conservent de chances pour une reunion sans suppuration. Ces chances diminuent et finissent par disparaitre tout a fait ä mesure que les plaies s'enflamment et que les bourgeons commen-cent a se developper a leur surface ;
3deg; Que la solution de continuite soit nette et que sa surface et ses bords soient exempts de contusion;
Aquot; Que les surfaces opposees soient similaires , et que la plaie ne recele aucun corps etranger ;
5deg; Enfin , une derniere condition sans laquelle la reu­nion par premiere intention des plaies ne saurait avoir lieu, e'est que les parties qui doivent se reunir soient maintenues dans un contact exact. Cette derniere et im-portante condition ne pent s'obtenir que fort rarement chez les animaux ; leur indocilite et l'impossibilite dans laquelle on se trouve, dans la majeure partie des cas, de leur faire conserver une position favorable ä la coapta-tion des parties divisees , sont les causes les plus ordi-naires qui s'opposent a ce mode de reunion.
Lorsque toutes les conditions que nous Tenons d'enu-
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merer ne peuvent etre satisfaites, les plaies suppurent, et leur guerison ne peut s'obtenir que par seconde intention.
L'indication de la reunion immediate etant bien recon-nue , il faut, avant d'y proceder, prendre quelques soins preliminaires qui en assurent le succes. Ainsi, il faut : 1deg; commencer par detruire, lorsque cela est possible, les complications qui pourraicnt s'opposer a rem])loi de ce mode de traitement, extraire, par exemple, les corps etran-gers, exciser les levres contuses ou indurees pour rame-ner la plale a 1 etat de simplicite necessuire ä la reussite de la reunion ; 2deg; absterger soigneusement toute la sur­face traumatique avec une eponge fine ou des etoupes imbibees d'eau, afin denlever scrupuleusement jusqu'au ])lus petit caillot de sang; 3deg; attenrlre toujours, avant de proceder a la reunion, que recoulement du sang soit completement arrete.
La Chirurgie emploie quatre moyens pour assurer le contact des bords des plaies : ce sont les handelettes acjijlu-linatives, la suture , le handnye et la position.
On emploie la suture pour maintenir en contact les levres des plaies qui sont a la fois minces, mobiles et pri-vees de point d'appui, comme cela s'observe, par exemple, a la suite des divisions de toute l'epaisseur des levres, des joues, des paupieres, des ailes du nez, des oreilles, des levres de la valve , etc. Lorsque la solution de conti-nuite se tixmve sur dautres parties du corps que celles que nous venous d'indiquer, le cboix des moyens estlaisse a l'appreciation du praticien.
Lorsque le pansement est termine , on condamne la partie au repos, et on la place de maniere, s'il est possible, a ce qu'elle conserve la position la plus favorable a la reunion des bords de la plaie. Alors il ne reste plus qn a
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PtAlE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;89
surveiller celle-ci, et a maintenir 1'inflaminatiou dont eile doit etre le siege, dans les limites necessaires a Tadhe-sion. A cette fin on fait imhiber l'appareil d'eaufroide, de maniere a entretenir pendant trois ou quatre jours, sur la partie, une temperature Lasse et humide. II est quelque-fois indispensable, si la plaie a une certaine etendue et si le sujet est irritable, de prescrire la diete pour prevenir le developpement des symptomes generaux.
Si,malgre lemploi bien dirige des moyens qui viennent d'etre indiques , les bords de la plaie se gonflent et de-viennent rouges, douloureux ettendus, il faut sur-le-champ enlever les bandelettes ou les points de suture, afin de les laisser se gonfler librement, et recouvrir les parties de cataplasmes emollients, ou meine les dejjorger par des mouchetures, des scarifications, ou par une appli­cation de sangsues, dans le but de prevenir leur etran-jjlement et de diminuer l'intensite de linflammation.
Lorsque la reunion par premiere intention sopere, les levres, les surfaces opposees de la plaie se gonflent lege-rement, parce que le sang y afllue par leffet de l'irrita-tion determinee par la blessure : elles deviennent le siege dune inflammation legere , qui reste dans les limites ne­cessaires a la formation d'une substance particuliere, demi-liquide, concrescible, rougeatre , semblable pour laspect a la gelee de groseilles, quel que soit le tissu qui la four-nit. Cette substance, qui n'est plus hi le sang, ni sa serosite, a laquelle les anciens donnaient les noms de sue nourricier, sue radical, lymphe coayulable, lymphe plas-tique, lymphe onjanisahh, remplit un rule des plus importants dans l'adliesion reciproque des points opposes de la surface des plaies. Elle s'organise en effet prompte tnent sous la forme d'une couche adbcrente par scs deux
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I :i'
60nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PLA1E.
faces, servant d intermedia ire et de moyen d union aux. levres de la solution de continuite, epaisse dans les points correspondants aux vides de ces surfaces, et plus mince la oü elles offrent des saillies.
Cette matiere qui est fibrineuse, apparait assez promp-tement. Thompson a reconnu, dans des experiences sur des animaux, qu'elle forme quelquefois une couclie assez marquee a la surface des plaies, apres qnatre lieures. Son organisation marcbe rapidement. Apres vingt-cjuatre lieures, eile est blanche et areolaire; apres cparante-huit lieures, eile est penetree par du sang qui coule de toutes parts, quand on la rompt en operant sur eile une trac­tion süffisante; les jours suivants , eile devient plus vas-culaire et plus solide, et apres le sixieme ou septieme jour, quelquefois plus tot, son organisation est assez com­plete pour que sa solidite egale celle des parties saines. si meme eile ne lui est superieure.
Lorsque la reunion a ete exacte, la cicatrice est lineairo, sa couleur est plus blanche et sa resistance plus conside­rable que celle du reste des teguments. La matiere con-crescible sest transformee en un tissu fibro-celluleux, apparent surtout quand le contact entre les points oppo­ses de la plaie n'ayant pas ete immediat, cette substance a une certaine epaisseur : eile est parcourue et traversee par des vaisseaux qui retablissent la continuite entre ceux qui appartiennent a. un des cotes de la plaie et ceux du cote oppose, vaisseaux dont lexistence est demontree par des experiences directes,mais que les injectionspenetrent en general difficilement.
Cette theorie tie la reunion des plaies par premiere intention , est celle que rapporte M. Sanson , dans le JDicfionnaire rlc me'dectne el de Chirurgie pratiques.
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PLA1B.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Cl
Les plaies qul suppurent sout subordonnees ä des suins lt;[ui doivent varier selon certaines circonstances qui peu-vent survenir durant le cours du traitement; mais une indication qu'il ne faut pas perdre de vue , c'est de main-lenir lirritation dans de justes bornes, afin de prevenir les troubles ou les accidents qui pourraient en etre la suite. Lorsqu'une plaie se trouve dans des conditions favorables a la cicatrisation, eile offre une teinte rosee ; le pus quelle fournit est blanc, bomogene, d'une certaine consistance et sans odeur bien prononcee; sa surface presente des bourgeons cellulo-vasculaires durs et d'un aspect vermeil. Le pansement d'une plaie qui se trouve dans de semblables conditions, doit etre simple ; il con-siste dans des plumasseaux legers, doux et sees, ou tout au plus enduits d'une couche de cerat simple pour empecher i appareil de se coller aux bords de la solution, disposes de maniere ä n'exercer sur les tissus leses qUune legere et egale compression; l'appareil doit etre renouvele toutes les vingt-quatre lieures , a moins quune suppura­tion trop abondante ou dautres circonstances n'exigent de le renouveler plus souvent, et tous les deux ou trois jours a mesure que la suppuration diminue et que la plaie se cicatrise. A chaque pansement il faut nettoyer avec soin , doucement et sans violence, au moyen de lotions d'eau tiede, le pourtour de la plaie , absterger la surface suppurante que Ton doit eviler de dessecher trop exacte-ment; car le meilleur topique pour eile est la couche legere de pus qui la recouvre ; on doit eviter autant que possible de laisser longtemps la plaie exposee ä faction de fair, qui desseebe et irrite la surface traumatique, et pent, si la temperature est froide, determiner des acci­dents nerveux, le tetanos par exemple.
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62nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PLAIE.
L'exces crinflammation d'une plaie est une eomplicatioa c[ui peut avoir des suites graves et qu'il imporle de com-bailre au plus vite. La surexcitation d'une plaie se recon-nait ä la douleur, a la chaleur, a la turgescence des bour­geons cellulo-vasculaires et a la facilite avec laquelle ils saignent au moindre attouchement. Ces phenomenes lo-caux sont souvent accumpagnes d'une fievre de reaction dont Tintensite est en rapport avec l'irritabilite du sujet et Torganisation de la partie qui est le siege du mal. Dans ce cas, il laut avoir recours aux bains et aux cataplasmes emollients, soumettre l'animal ä la diete et lui faire une ou deux saignees si Tindication I'ordoniie. Ce traitement ramene, dans l'immense majorite des cas, rinflammation dans des limites compatibles avec le travail de la cicatri­sation et fait cesser la fievre de reaction ; cependant il arrive que la phlegmasie est quelquefois si violentequelle ne cede point a ces moyens et se termine par gangrene. (Voyez Gangrene.)
Lorsque rinflammation locale languit, la plaie devienl pale et blafarde ; las bourgeons cbarnus sont mous et boursoufles ; la suppuration est tenue et la cicatrisation ne fait aucun progres ; dans cette occasion, il faut exciter la surface traumatique par des pansements fails avec lal-cool campbre, la teinture d'aloes , le digestif anime , le styrax, le quinquina, etc. ; et si la plaie est devenue cbro-nique ou ulcereuse, il faut la cauteriser legerement avec le fer incandescent pour lui imprimer la vitalite necessaire au travail de la cicatrisation.
En observant les regies qui viennent d'etre etablies, on obtient ordinairement la gue'rison des plaies; cependant il survicnt quelquefois des accidents qu'il Importe de ronnailrc el auxquels il faut savoir remedier.
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PI.AIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;G3
TRA1TEMENT DES PLAIES EU EGARD A LEL'R CAUSE.
A. Piqüres. — Les piqures sont des plaies etroites qui penetrent plus ou moins profondement dans les tissus. La piqüre n'est ordinairement pas dangereuse lorsqu'elle n'altaque qua des parties peu sensibles et non bridees ou non entourees d'aponevroses; alors le repos et quelques applications refrigerantes suffisentpour la conduire i'api-dement ä la guerison. Mais il n'en est pas de merne lors­qu'elle traverse une partie irritable, vasculaire, entouree ou bridee par de fortes aponevroses ou par la boite cornee qui termine le pied de la plupart de nos animaux domes-tiques; alors on a a craindre des accidents, suite de 1 etran-glement des parties lesees; dans ce cas on doit chercher a les prevenir par des debridements suflisants qui divisent les aponevroses et les brides qui pourraient s'opposer au gonflement inflammatoire des tissus blesses ; on couvre ensuite la partie de cataplasmes resolutifs, ou Ton emploie les fomentations d'eau froide simple ou contenant do l'acetate de plomb ; on met le malade a la diele et memc on le saigne s'il est jeune, vigoureux et pletliorique.
Si, malgre lemploi de ces moyens ou par reffet de leur omission, I'inflammation se declare, il faut sub-stituer les emollients aux resolutifs, faire des debride­ments plus larges, insister sur les saignees generales et locales si la fievre est intense, iaire baigner la partie malade s'il est possible, deux fois par jour au moins , pendant une beure chaque fois ; en un mot, mettre en usage, dans toute leurrigueur, les moyens qui constituent le traitement antiphlogistique local et general. Outre les moyens que nous venons d'indiquer, les piqüres du pied neccssitent d'autres soins par les nombreuses complica-
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liinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PLAIE.
lions auxquelles elles sont exposees. (Voyez Clou de rue.)
B.nbsp;Plates contuses. — Les plaies contuses sont plus dis-posees a s'enflamnier et a suppurer que les autres solu­tions de continuite ; on ne peut, dans aucun cas, en obte-nir la reunion par premiere intention, et par I'action directe da la cause qui les a produites, la mortification des tis-sus leses en esl souvent la consequence. Lorsqu'on est appele immediatement apres I'accident, il faut nettoyer la plaie et la debarrasser des caillots de sang et des autres corps etrangers qui pourraient adherer a sa surface, en operer le rapprochement par la suture a bourdonnet, l'abrlter du contact de l'air atmospherique par des plu-masseaux doux et legers, faire continuellement des ablu­tions d'eau froide pour prevenir le developpement dune inflammation violente qui, si la surface contusionnee offre une large etendue , pourrait determiner de graves complications. L'experience a demontre que la puissance therapeutique de lean froide est aussi grande que celle des aromatiques et des autres sedatifs employes dans ce cas ; de plus , eile a l'avantage de ne rien coüter et de se rencontrer partout. Pour obtenir toute feflicacite que peut procurer I'eau froide , il faut en continuer fusage pendant quatre, cinq et meme six jours, sans lever I'ap-pareil de pansement, et souvent, au bout de ce laps de temps, on obtient la reunion des parties dont I'organisation n'a pas ete profondement alteree. Toutes celles que le coup a desorganisees ou dans lesquelles I'organisation est profondement affectee, sont eliminees sous forme des-carres ou suppurent; alors on emploie a leur egard le traitement des plaies simples qui suppurent, et 1'on ob­tient facilement la guerison.
C.nbsp; Plaies d'armes ä feu. — Lorsque le projectile s'est
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PLAIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;tivJ
borne a tracer un sillon a la surface du corps , lursque, ayant penetre dans l'epaisseur des chairs ou que, les ayant traversees , il n'a interesse que les parties molles , d'une texture cellulaire lache et non aponevrotique, en un mot, disposees de teile sorte que le gonflement puisse squot;y deve-lopper en liberte, sans crainte de le voir se compliquer d'etranglement, les blessures qui resultent de son action ne demandent pas d'autre traitement que les plaies con­tuses dont la surface est desorganisee. Mais, quand le trajet du projectile est etroit et long, et qu'en meme temps il traverse des parlies bridees ou entourees de fortes aponevroses, comme le sont, par exemple, les mem-bres, on doit avant tout chercher a mettre la blessure a labri de Fetrangiement, qui aggraverait necessairement rinflammation,pardesdebridementsconvenables.Lorsque la plaie est inegale , que sa surface presente des lambeaux pendants, contus et desorganises, ainsi que cela s'observe souvent dans les blessures produites par les boulets arri­ves a la fin de leur course , par les eclats d'obus ou de bombes, il faut sur-le-champ operer la resection de toutes les chairs meurtries, inegales et pendantes a la surface de la blessure. Cette operation importante a pour effet de reduire de beaucoup la surface qui doit s'enflammer et suppurer, de la ramener aux conditions d'une plaie ordi­naire avec perte de substance, de la rendre susceptible de guerir comme une plaie resultant d'une operation.
Les corps etrangers qui sejournent dans le trajet des plaies et notamment des plaies d'armes a feu, y provoquent ordinairement des inflammations vives, des abces ou des fistules qui ne se cicatrisent ou ne cessent de se renouve-ler qu'apres l'extraction ou l'expulsion de ces corps; il est
de la plus haute importance de s'assurer, au moment innbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; y
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(iünbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; P1A1E.
raeme 011 Ton est appele ä donner lespremiers soins a iani-mal hlesse, si la plaie n'en recele pas quelques-uns. Quami il existe deux ouvertures, c'est une preuve qu'un projectile a traverse la partie de part en part : mais cela ne prouve pasquil n'y a pas de corps etrangers dans la plaie. Si le coup a ete tire de tres-pres, mais seulement dans ce cas, la bourre peat y avoir penetre , et, a toute distance , la balle peat detacher, pousser au-devant d'elle et abandon-ner dans la plaie une piece du barnacbement ou un frag­ment de bois qu'elle aurait rencontre; enfin, I'arme peut avoir ete cbargee de plusieurs projectiles, qui, tires de pres, n'onl fait qu'une seule plaie dentree, et dont I'un seulement a traverse la partie de part en part, tandis qne I'autre y est reste.
Quand la partie exige que Ton fasse des debridements, il faut commencer par les pratiquer, et si le projectile a suivi une marcbe rectiiigne , s'il n'est pas arrive a une grande profondeur, le doigtpeut aisement en faire consta-ter la presence, ainsi que le siege et la nature ; mais dans les circonstances opposees , il est souvent fort difficile de le rencontrer. 11 faut alors palper avec soin la partie, en commencant par la region opposee au point d'entree, puis les environs, puis enfin les regions plus eloignees. En pro-cedant de cette maniere et en s'aidant de la connaissance de la disposition anatomique de la region qu il a traversee, de l'inclinaison des surfaces osseuses qui peuvent avoir cbange sa direction , des coucbes de tissu cellulaire qui peuvent lui offrir une voie plus facile a suivre, de la situa­tion de la partie au moment de la blessure, etc., on ren­contre quelquefois le projectile, place sous la peau a une distance fort eloignee du lieu de son entree, et souvent dans un point fort different de celui oü la direction qu'il
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avail en sortant de larme semblait devoir le faire airiver. Lorsque ces recherches sont sans resultat, on introduira dans la plaie une sonde assez forte pour ne point faire fausse route , et assez flexible pourqu'elle puisse s'accom-moder aux sinuosites legeres du trajet de la solution de continuite, et, a l'aide de cet instrument, on cherchera a rencontrer le corps etranger. Si, malgre les recherches les plus exactes, on ne rencontre point de corps etranger, il faut panser la plaie comme si la complication que Ton cherche n'existait pas, et attendre 1'evenement. Lorsqu'on I'a trouve, il faut apres avoir determine, autant que cela est possible, quels en sont la configuration et le volume, lui ouvrir une issue convenable.
Quelle que soit la forme de la plaie, il faut avant tout choisir la voie la plus sure pour extraire le corps etran­ger. C'est done tantot par la plaie d'entree et tantot par la plaie de sortie que Ion doit introduire les instruments propres a le saisir, apres avoir opere les debridements convenables. II faut aussi, en general, choisir la voie la plus courte : c est ainsi que, quand il n'y a qu'une plaie et que la balle a depasse le centre d'une partie, il vaut mieux, en general, pratiquer une contre-ouverture du cöte oppose a l'entree du projectile, que de lui faire par-courir de nouveau tout le trajet par lequel il est arrive ; mais cette consideration est constamment subordonnee ä la premiere, et toutes les fois qu'une balle ou tout autre corps etranger, quoique arrete a une profondeur peu con­siderable , ne pent etre extrait sans que les incisions ne-cessaires pour lui livrer un libre passage portent sur quel-ques organes importants, il vaut beaucoup mieux lui pratiquer une voie plus longue a l'aide d'une contre-ou­verture pratiquee sur des parties plus epaisses, mais dont
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la lesion ofTre moins de risques ä courir. De meme, si de quelque oote que Ion examine la partie, on ne pent arriver au corps etranger qu'en faisant courir au malade des dangers plus grands que ceux auxquels I'expose la presence de ce corps, il faut abandonner a Finflammation et a la suppuration le soin de l'expulser.
Quand I'operation a ete jugee utile et possible, et que Ton a, par des incisions süffisantes, pratique an corps etranger une issue facile, il faut proceder a son extraction. Si la plaie est peu profonde, les doigts ou une simple pince aanneaux suffisent ordinairement pour cela; dans le cas contraire, il faut se servir des pinces tire-balles.
Quoi qu'il en soit, quand on a opere la resection des cbairs inegales et pendantes ä la surface des plaies d'armes a feu, debride leur trajet et extrait les corps etrangers qu'elles renferment, ces plaies rentrent dans les conditions des plaies contuses ordinaires ; il ne reste plus qu a com-batlre rinflammation locale par des moyens appropries, et a prevenir les accidents sympathiques auxquels ces sortes de blessures donnent souvent une tres-grande intensite.
D. Plaies envenimees. — Les plaies envenimees sont celles qui recelent, comme nous I'avons dit plus baut, un virus quelconque qui en constitue touts la gravite. Vindi­cation la plus pressante a remplir dans ce cas, c'est d'empe-cher l'absorption du virus en le neutralisant par la caute­risation. La morsure de la vipere et des serpents venimeux, les blessures produites par un instrument impregne de matieres animales en putrefaction ou provenant d'un ani­mal atteint dune affection cbarbonneuse, la morsure d'un animal enrage, sont autant de plaies envenimees qu'il importe de cauteriser auplus vite pour prevenir lesfunes-les consequences du passage de la substance delelere dans
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Ja masse du sang. En medecine veterinaire, on cauterise de preference avec le fer chauffe a blanc ; e'est le moyen le plus expeditif, d'une facile application , et qu'on peut se procurer partout; on se sert egalement, pour cauteriser les plaies envenimees , du nitrate d'argent, de la potasse caustique, du deuto-chlorure d'antimoine liquide ; mais leur action ne peut pas etre dirigee avec la meme precision qua celle du cautere actuel; de plus, on n'est pas toujours a meme de se procurer ces agents cauterisants a temps opportun pour prevenir les accidents de l'absorption. Quand la cauterisation est bien faite, e'est-a-dire quand eile a porte sans exception sur tons les points de la plaie, et quand eile a ete pratiquee avant qua la matiere viru­lente ait commence a etre absorbee, eile met sürement I'animal a l'abri des accidents generaux qui pourraient etre determines par le virus qual qu'ilsoit; c'estle moyen le plus eflicace que I'art posseda, at c'est le seul qui merite quelque confiance dans le cas qui nous occupe. Apres la cauterisation , la plaie rentre dans la classe des brülures et ne demanda pas d'autre traitemant que celui qui est applicable a ce genre de lesion. (Voyez Brülure.)
Apres nous etre occupe das plaies en general et de leur traitement, il nous reste ä nous antretenir des solutions de continuite qui, par leur siege et la nature des tissus qu'elles affectent, reclament des soins particuliers; de ce nombre sont les plaies des vaisseaux, das articulations , da la poi-trina, de l'abdomen et des tendons 5 nous pourrions y comprendre aussi les plaies du pied, mais nous en trai-tons specialement aux articles Bleime, Clou de rue, Seime, auxquels nous renvoyons le lecteur; nous ne parlerons done que du pied dechausse.
Plaies des vaisseaux. — Ces lesions sont caracterisees
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par une hemorrhagie qui est en raison directe du volume duvaisseau ou des vaisseaux leses, ainsi que de Tordre auquel ils appartiennent. Les plaies des vaisseaux capil-laires ne donnent qu'une faible hemorrhagie qui ne com-promet pas lexistence de l'animal; le sang qu'ils fournis-sent secoule uniformement et en nappe, de toule la surface de la solution de continuite, et s'arrete spontane-ment. Gelles des veines se reconnaissent ä un sang noir, a I'uniformite de son ecoulement, qui augmente quand les muscles de la partie se contractent, et qui s'arrete quand on s'oppose au retour du sang vers le coeur, c'est-ä-dire en comprimant le vaisseau de maniere a laisser la plaie entre le point comprime et l'organe central de la circulation. Quand une artere dun certain volume est ouverte, le sang s'elance de la blessure en jets vermeils, rutilants, saccades, isochrones aux battements du pouls, et cesse de couler aussitot que Ton comprime le vaisseau entre la blessure et le coeur.
L'art possede, pour arreter les hemoriiiagies, plusieurs moyens qui sont : les refrigerants, les absorbants , les astringents, la cauterisation actuelle, la compression et la ligature; c'est au praticien a apprecier la valeur thera-peutique de chacun de ces moyens, d'apres la force et la nature des hemorrhagies. Les refrigerants, les absorbants, les astringents suffisent pour arreter les hemorrhagies ca-pillaires et des petites arterioles j la cauterisation actuelle s'emploie pour arreter l'ecoulement du sang des arteres et des veines d'un petit calibre; la compression s'emploie avec avantage quand le vaisseau blesse correspond ä une base solide et qu'il peut etre aplati entre le corps compri­mant et la base a laquelle il correspond; la ligature est reclamee toutes les fois qu'im gros vaisseau est lese forte-
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ment et qu'il y a une perte de sang considerable, compro-mettante pour la vie de 1 animal. En Chirurgie humaine on emploie encore la torsion et la piqikre des arteres pour ar-reter les hemorrhagies, mais ces moyens ne sont pas usi-tes en medecine veterinaire.
Les vaisseaux de quelque importance qui sont le plus exposes aetre ieses cbez les animaux domestiques, sont les arteres temporales, palatines et carotides, les veines jugu-laires et les saphenes.
Plaies de l'artere temporale. — L'artere temporale peut etre lesee par une cause quelconque, mais le plus souvent la blessure de ce vaisseau est la consequence de la sai-gnee que Ion y pratique; alors eile n'offre aucun danger, rhemorrbagie qui en resulte s'arrete par la suture entor-tillee; mais lorsqu'un corps vulnerant a entame l'artere dans une plus grande etendue, a dechire la peau qui la recouvre, et y a fait une plaie plus ou moins large, outre la suture que nous venous d'indiquer et qui peut etre ulile dans ce cas, on emploie la compression au moyen d'un tampon detoupe ou de linge bien serre, que Ton maintient fortement applique sur la partie, quel'onarrose continuellement avec de l'eau froide et que Ton maintient en place jusqu'ä ce que toute crainte d'hemorrhagie soil dissipee; la plaie du tegument et des tissus qui avoisinent l'artere, se guerit par les moyens ordinaires, en quelques jours.
Plates de l'artere palatine, — Ce vaisseau peut etre blesse par des corps etrangers qui se trouvent quelquefois dans les aliments ; mais le plus ordinairement la blessure de l'artere palatine ou palato-labiale est occasionnee par des marecbaux maladroits, qui se melent de pratiquer la saignee aupalais sans precaution, avec une corne de cha-
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mois outoul autre objetpomtu, sans apprecierlesdangers tie cette operation. Louverture de Tariere palatine est suivic dune liemorrhagie dont I'aboudance ne pent eti-e appreciee d'une maniere exacte, vu que i'animal deglutit une pai'tie du sang; mais eile est quelquefois si abon-dante que nous aATons vu des chevaux chanceler et tom-ber en syncope une demi-heure apres l'accident, et ils auraient infailliblement succombe si on ne les avait secou-rus. II Importe done, dans tons lescas, d'arreter Tecoule-ment du sang par les moyens que lart met a notre dispo­sition ; Tariere palatine, logee dans une espece de gouttiere que presente la voute de ce nom , le long de la face in­terne des dents molaires, netant point accessible a la liga­ture, e'est a la compression que Ton doit recourir. La compression se fait au raoyen d'un tampon de linge ou d'amadou, que Ton applique sur l'ouverture du vaisseau et que 1'on maintient en place par une petite planchette en bois de deux a trois doigts de large, convexe a sa face superieuie et assez longue pour depasser de chaque cote les commissures des levres, de maniere a pouvoir y adapter des ligatures pour la fixer solidement contre la voute palatine et 1'y maintenir jusqu'a ce qu'on ait acquis la certitude que I'liemorrbagie n'est plus a craindre. La cauterisation est egalement applicable pour arreter I'he-morrbagie de l'artere palatine.
Plaies do Vartere carotide. — Les blessures de l'artere carotide sont excessivemeut graves et tres-souvent mor-telles si ce vaisseau est entame par un corps vulnerant qui en a dechire les parois ; rbemoi-rhagie qui en est la conse­quence ne peut etre arretee que par la ligature, et presque toujours le veterinaire ne peut arriver assez a temps pour remedier a cet accident; mais il n'en est pas de meme
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lorsque la hlessure consiste dans une simple piqüre faite avec la flamme quand on pratique la saignee ä la jugu-laire; on s'aperooit de cette blessure au jet d'un sang rouge, rutilant, lance par saccades isochrones aux batte-ments du coeur et sortant sans compression aucune. Aussi-tot qu'on reconnait cet accident, il faut arreter la saignee au moyen dune forte epingle et de la suture entortillee qui, dans ce cas, doit comprendre une plus large portion depeau que pourla saignee a lajugulaire, afin d'opposer un obstacle plus solide a la sortie du sang. Le thrombus enorme produit par l'extravasation du sang dans le tissu cellulaire avoisinant la blessui'e du vaisseau, doit etre combattu par des ablutions continuelles d'eau froide vi-naigree ou par de la glace ou de la neige que l'on main-tient en permanence sur la partie ; insensiblement la re-sorption du sang extravase s'opere et, en trois ou qualre jours, le thrombus est dissipe en pax-tie ou entierement.
La blessure de l'artere carotide , faite avec la flamme, n est done pas un accident aussi dangereux qu'on se l'ima-ginait anciennement; l'experience a demontre que l'he-morrhagie resultant de cette lesion s'arretepar les simples moyens que nous venons d'indiquer et que le vaisseau se cicatrise. II est inutile d'ajouter que, durant les deux premiers jours qui suivent l'accident, l'animal doit etre soumis a une diete severe et ne faire usage que d'aliments farineux. Nous devons ajouter ä ce qui precede que, s;il existe une solution de continuite ä la peau qui avoisine la lesion de l'artere, il faut se hater de la boucher par la su­ture on par des casseaux; nous avons ete temoin de Ja mort d'un cheval auquel on avait pratique la tracheotomie, pour prevenir l'asphjxie donl il etait menace' par lenor-mite d'un thrombus survenu a la suite de la piqüre de
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I'artere carolide ; le sang s'echappait en partie par I'in-cision faite a la peau, en partie par la trachee-artere ou-verte, et il succomba quelques instants apres.
Plaics dc lajityidaire. — De toutes les veines, c'est la jugulaire qui est le plus souvent lesee ; c'est ce vaisseau que Ton choisit de preference pour pratiquer la phleboto-mie, mais ordinairement la piqüre resultant de cette ope­ration se cicatrise spontanement et ne necessite d'autres soins que le rapprochement des levres de la petite incision faite ä la peau; mais, lorsque le vaisseau se trouve dechire par une cause quelconque , il faut en venir ä la ligature; c'est le moyen le plus simple, le plus expeditif et le plus sür d'arreter rhemorrhagie sans retour. La compression par le tamponnement, preconisee par certains auteurs, n'oflre point la rneme securite; les sutures a bourdonnets, que Ion emploie pour maintenir le tampon, se relächent souvent avaut que le vaisseau soit oblitere, et rhemorrha­gie se reproduit ; c'est ce que nous avons remarque sur-tout dans le cas de phebite ulcerative (mauvaise saignee). (Voyez Phlcbite) Les blessures des veines d'un calibre moins grand que la jugulaire ne sent point dangereuses, I'liemorrhagie qui en est la suite s'arrete facilement par une legere compression ; alors on n'a plus d'autres soins a donner que ceux reclames par la plaie qu'a faite le corps vulnerant pour atteindre la veine.
Plates des articulations. — Les plaies articulaires out souvent un degre de gravite tel qu'elles reclament des soins parliculiers, surtout si le corps vulnerant a pe-netre dans la capsule synoviale et a entame le cartilage d'incrustation ; longtemps elles ont ete considerees comme incurables ou tout au moins comme tres-difficiles a guerir dans tons les cas; on regardait meme comme incurable
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l'ouverlure de l'articulation de la seconde avec la troisieme phalange, lorsque M. Vatel, alors professeur de clinique h i'Ecole d'Alfort, est venu prouver par de nombreux faits queIon availbeaucoup exagere la gravite de cette lesion ; souvent ce savant praticien a ouvert a dessein la capsule synoviale du pied en operant le javart cartilagineux, et jamais il ne s'est apercu du moindre accident resultant de cette operation, tentee a titre d'experience ; les animaux qui y avaient ete soumis se sont gueris aussi promptement et aussi bien que ceux chez lesquels il avait respecte la capsule. M. Vatel conseille d'appliquer sur Fouverture articulaire un emplatre de savon camphre, maintenu par un tampon detoupe, et de l'y maintcnir sans I'ebranler jusqu'a ce que le caillot synovial soil assez dur et assez organise pour boucher Touverture et s'oppo-ser ä l'ecoulement de la synovie.
Plus tard, M. Lccoq, directeur de I'Ecole veterinaire de Lyon, a public, dans le Recueil de medecine veterinaire, plasieurs observations de plaies penetrantes, suivies de guerison, dans des articulations qui jouissent de mouve-inents plus etendus. II present l'inuuobilite absolue de l'articulation malade ; il favorise la formation du caillot synovial et abrite la membrane capsulaire du contact de l'air, par un tampon ou emplatre qu'il maintient applique sur louverture. S'il y a inflammation violente, il faut la combattre par les emollients ; les douleurs apaisees, il conseille une compression graduee et de legers causliques pour prevenir le develojipement de bourgeons cbax-nus et la formation de fistules.
Nous voyons, d'apres ce qui precede, que les plaies ar-liculaires penetrantes ne sont pas aussi dangereuses ni aussi difficiles a gnerir qn'on lavait suppose. Quelles que
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soient la gravite qu'elles presentent et la cause qul les a determinees, il faut en entreprendre la cure; I'expe-rience nous autorise a nous exprimer ainsi. D'apres I'opi-nion emise par Hurtrel d'Arboval, il n'est pas plus vrai de dire qua ces accidents guerissent toujours radicalement, quil ne lest de soutenir qu'ils ne guerissent jamais. 11 faut convenir toutefois , ajoute cet auteur, que leur issue est heaucoup moins malheureuse qu'elle ne Fetait autrefois. En effet, les plaies penetrantes dans les articulations, meme dans les articulations a grands mouvements , avec perte de substance par ulceration, sont susceptibles de guerison, pourvu que Ton suive les preceptes indiques par MM. Vatel et Lecoq, et que nous n'avoris cesse de mettre en pratique , depuis vingt-cinq ans, toutes les lefts que I'occasion s:en est presentee.
Nous avons public dans le Journal vetcrinaire et agri-cole de Belyiqve, annee 1842, une serie d'observations de plaies penetrantes dans les articulations; nous croyons titile d'en extraire quelques-unes des principales pour guider le praticien dans Temploi des moyens therapeuti-ques qu'il faut leur opposer,
Dans le courant du mois d'aout 1826, je fus invite a me rendre cbez Mmc veuve Minne, fermiere a Verginal-Sam-mes, pour donner mes soins a une jument de quatre ans, de forte stature, atteinte d'un engorgement inOammaloire au jarret droit. A mon arrivee , I'animal souffrait beau-coup et n'appuyait plus le membre malade sur le sol; le jarret etait cliaud, tendu et volumineux; la respiration et la circulation etaient accelerees5lepouls plein et tendu; enfin, tout annoncait une reaction des plus fortes. Je pratiquai une saignee de six livres alajugulaire,jordonnai d'appli-quer sur la partie souffraute un cataplasme de farine dc
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lin laudauise, et je soumis la malade ä l'eau blanohie avec lt;le la farine d'orge pour toute nourriture.
Lelendemain,lanimal etait aussisoufFrant quela veille, la fievre n'etait point diminuee ; je reiterai la saignee , et fis continuer l'usage du cataplasme de farine de lin avec addition de deux gros de laudanum liquide de Sydenham. Le troisieme jour, la fievre avait un peu haisse, I'ani-mal paraissait moins souflfrant; la tumeur du jarret, quoique tres-chaude encore , offrait moins de tension : continuation du cataplasme de farine de lin sans addition de laudanum.
Le quatrieme jour, la fievre et les symptomes inflam-matoires sont diminues : meme traitement.
Le cinquieme jour , la tumeur se circonscrit, devient plus proeminente ; une fluctuation profonde se fait sen-tir : continuation des memes moyens.
Le sixieme jour, ulceration de la peau, ecoulement abondant de pus roussätre , diminution de la tumeur ; I'animal est moins souffrant et recherche les aliments ; on panse la plaie avec des etoupes imbibees d'eau-de-vie alFaiblie ; un peu de foin de trefle ltd est accorde.
Le septieme jour, la plaie offre un mauvais aspect; le pus quelle fournit est grisätre , sanieux et melange de synovie; I'ulceration continue; on panse deux fois par jour avec la teinture d'aloes.
On continue les memes applications pendant trois jours ; la plaie, qui envahissait toute la face externe du jarret, diminue; I'ulceration a cesse ; les bourgeons cellulo-vascu-laires sont durs, vermeils ; la suppuration est un peu di­minuee , le pus est de meilleure nature, la synovie coule abondamment; on accorde ä la malade un quart de ra­tion. On continue le meme traitement dui-ant quatre
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jours encore, mais seulement une fois par jour; la plaie so retrecit a vue d'oeil, le centre presente une ouverture d'un pouce de largeur d'oü sechappe une quantite consi-derable de synovie qui, a chaque mouvement du jarret, jaillit sur les murs de l'ecurie et s'y coagule. Alors, me rappelant les principes professes parM. Vatel, je fis usage de la pate camphree et du tampon, que je maintins en place par des tours de bände qui bornaient en grande partie les mouvements de l'articulation. Quatre jours apres cette application, je levai I'appareil avec precaution et m'assurai de 1 etat de la plaie, qui etait on ne peut plus satisfaisant; quelques caillots de synovie entouraient le tampon qui maintenait l'emplatre de savon campbre; je nettoyai la plaie et en fis le pausement, tout en conser-vant le tampon sans 1 ebranler, et en respectant les cail­lots de synovie qui Tentouraient. Quatre jours plus tard je renouvelai le pausement, je levai le tampon et l'ein-platre ; la plaie etait belle, beaucoup retrecie , la synovie avait cesse de couler, un caillot jaunatre et dur obstruait Touverture, enfin tout annoncait une guerison procbaine. La plaie fut pansee ensuite avec des etoupes seches main-tenues par quelques toui's de bände, et douze jours apres lapplication du tampon, cette enorme plaie penetrante dans larticulation du jarret etait radicalement guerie.
Je revis plusieurs fois depuis le cheval qui fait le sujet de cette observation ; sauf un leger engorgement, l'arti­culation du cote malade jouissait de mouvements aussi libres que celle du cöte oppose.
En octobre 1830, je fus demande par M. Dindal, alors proprietaire ä Leeuw-Saiut-Pierre, pour donner des soins li un cheval hongre, de forte taille, boiteux d'nn coup qu'il avait reru au jarret trois semaincs auparavaut. A
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mon arrivee, je trouvai le cheval couche ct ne pouvanl plus se relever sans aide ; il etait dans un etat de maigreur extreme , les muscles de la croupe et de la fesse du cute soufliant se trouvaient emacies au dernier degre ; le jar-ret etait engorge et n'ollrait qu'un peu de chaleur 5 la synovie coulait abondamment par une plaie fistuleuse, et se coagulait en masse sur le cataplasme emollient qui re-couvrait la partie. Apres metre renseigne sur le traite-ment employe jusqu'alors, je me decidai a condamner lar-ticulation malade a limmobilite,eta faire usage de la pate camphree et du tampon. A cette fin, apres avoir appli­que lemplatre et le tampon sur la fistule, j enveloppai l'articulation dun morceau de cuir blanc, mince, enduit de poix noire liquefiee pour le faire adherer intimement a la partie, et j enroulai le tout de tours de bände qui partaient du tiers superieur du canon et se prolongeaient jusqu'au tiers inferieur de la jambe ; le cheval fut ensuite laisse en liberte dans son ecurie , et soumis ä un regime un peu nutritif, vu le grand epuisement dans lequel il sc trouvait. Au bout de huit jours les douleurs parais-saient diminuecs , les forces etaient revenues a tel point que lanimal pouvait se relever sans aide et prenait meme un leger appui sur le membre soufliant. Quatre jours plus tard, I'appui etait franc, la claudication peu intense ; je levai l'appareil, je vis avec satisfaction la plaie parfai-tement cicatrisee, et je considerai le mal comme gueri.
Nous pourrions multiplier les observations de ce genre, mais nous croyons que cclles que nous venous de rap-porter sont de nature a satisfaire le praticien sur les chances qu'offre le traitement des plaies penetrantes dans les articulations , quelle que soit rarticulation lesee. Ce-pendant nous ne pouvons passer sous silence le traite-
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ment employe par M. Saint-Cyr, veterinaire a Ambe-rieux-en-Dombes, dans un cas de plaie penetrante de l'articulation temporo-maxillaire. Ce veterinaire, ayant traite infructueusement pendant I'espace detrois semaines une plaie de ce genre, eut l'idee de recourir au sublime corrosif, dans la pensee que cet agent, ayant la propriete de coaguler I'albumine, devait avoir la meme action sur la synovie qui lui est, sous beaucoup de rapports, ana­logue. De plus, dit-il, e'est un caustique puissant, et l'es-carre qu'il determine doit donner plus de consistance au caillot ohturateur de la fistule , le faire adberer plus fortement aux parties environnantes et le rendre ainsi plus solide.
Ayant done prepare une rondelle en cuir souple , de six ou sept centimetres de diametre, il la recouvrit sur Tune de ses faces avec de la poix de Bourgogne ; il sau-poudra cet emplatre agglutiuatif, dans une largeur egale a celle de la plaie , avec du sublime corrosif en poudre ; puis ayant fait cbauffer la poix, il appliqua ce simple appareil sur la plaie, en ayant soin de le maintenir pen­dant quelques instants, afin de le faire bien adherer aux surfaces. II fit ensuite attacher le cbeval au rätelier, la tete suffisamment elevee pour qu'il ne put pas enlever I'appareil en se frottant contre la creche. L'animal fut maintenu a une diete severe ; de l'eau fortement chargee de farine, teile fut ä pen pres sa seule nourriture pendant les Imit jours qui suivirent. Dix jours apres , I'appareil tomba de lui-meme 5 la plaie etait alors recouverte par une escarre solide, qui se detacha petit a petit. De ce moment, l'animal fut remis a son regime habituel, et liuit jours apres la chute de l'emplätre caustique , l'escarre avait disparu et la cicatrisation etait complete.
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M. Dubois, medecin veterinaire ä Jodoigiie , a public dans le Repertoire de medecine veterinaire une observation analogue a celle de M. Saint-Cyr.
Le 24 avril 1850, M. Dubois fut requis pour donner des soins a une pouliche de treize mois. Elle avait une plaie penetrante a I'articulalion temporo-maxillaire. Cctte plaie, large d'environ un centimetre, datait de trois ou quatre jours et semblait avoir ete produite par un corps pointu ; la synovie sen ecoulait abondamment; l'articulation et toute la region temporale etaient fortement engorgees et tres-douloureuses ; la mastication etait impossible, et Tauimal se trouvait en proie a une forte fievre de reaction. II pratiqua une saignee de quatre livres, et fit appli-quer sur l'articulation un cataplasme emollient, legere-ment narcotique.
Le 1quot;* mai, l'engorgeinent et la douleur avaient dis-para ; lanimal etait gai et prenait avec goiit un peu de pain et du barbotage } perte egalement considerable de synovie.
M. Dubois, a Tinstar de M. Saint-Cyr, fit usage d'un emplätre agglutiuatif, de la circonference d'une piece de dix centimes, qu'il saupoudra de sublime corrosif, et i'ap-pliqua sur la plaie. Le premier jour de cette application, Lanimal eprouva de grandes douleurs ; il fallut qu'uu bomme le surveillät, dans la crainte qu'en se frottant il ne fit tomber I'emplatre.
Le lendemain, lanimal etait tranquille et ne paraissait plus souffrir; mais la synovie coula encore pendant six jours de dessous lemplätre. Le 10 mai, cet emplätre se-tant detache , on remarqua qu'une escarre epaisse bou-chait l'ouverture de l'articulation , qu'il n'en sortait plus
de synovie , et qu'une tumeur indolente et fluctuante
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setait formee quelyues lignes plus has. Le 12 mai, celte tumeur s'abceda ; il en sortit de la synovie pure.
M. Dubois constata que lesearre ne bouchait qu'in-completement l'ouverture de rarticulation , dont I'hu-meur lubrifiante setait infiltree dans le tissu cellulaire sous-cutane. Un nouvel emplätre, analogue au premier, fut applique sur la fistule. Le 25 mai, il tomba, et comme la premiere fois, une escarre paraissait fermer la join­ture, mais deja une nouvelle fistule s'etait etablie quel-ques lignes au-dessus de la plaie primitive. M. Dubois commencait a douter de Tefficacite du sublime corrosif
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centre les plaies articulaires ; neanmoins, il voulut aller jusqu'au bout, et placa un troisieme emplätre au sublime sur la plaie, dans le point ou s etait etablie une nouvelle fistule. La chute en eut lieu le 14 juin, et cette fois, I'articulation etait entierement fermee, et l'animal com-pletement gueri. Durant tout le traitement, il ne recut pour nourriture que du pain, un peu d'herbe fraiche et du barbotage.
Ces deux interessantes observations viennent corrobo-rer ce que Fexperience nous a demontre, qu'il faut, pour guerir les plaies articulaires penetrantes : 1deg; empecber fair de penetrer dans larticulation; 2deg; en boruer les mouvements autant que possible; 3deg; enfin, s'opposer a l'ecoulement de la synovie, favoriser la formation du caillot obturateur et le maintenir par un emplätre agglu-tinatif charge de päte camphree ou saupoudre de su­blime corrosif, jusqua parfaite guerison. Ces deux ob­servations nous demontrent encore les bons effets du sublime corrosif dans le traitement des plaies qui pene-trent dans les articulations.
Plates des parois de la poitrine, — Les plaies des pa-
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rois de la poitrine, qui n'interessent qu'une partie tie leur epaisseur , ne sont point dangereuses ordinairement et rentrent dans la categorie des piaies ordinaires en general; mais il n en est pas de meme lorsqu'elles penetrent dans la cavite des plevres et surtout lorsque le poumon se trouve offense ; alors le cas est ties-grave et souvent mortel.
Quand las piaies penetrantes sont larges et directes, on pent aisement reconnaitre a la vue at au toucher que la cavite das plevres est ouverte, et d'ailleurs I'air exterieur, qui y penetre at an sort alternativemant pendant les mou-vements d'inspiration et d'expiration, produit un bruit remarquable et caractei'istique ; mais quand ces piaies sont etroites ou fort obliques, las signes par lesquels on peut reconnaitre qu'elles ouvrent la cavite de la poitrine sont beaucoup plus obscurs. Dans ce dernier cas, il faut bien s'abstenir da vouloir s'en assurer an y introduisant un stylet ou une son de ; ces sortes d'explorations ne sont pas sans danger, alias augmentant l'irritation et peuvent renouvelar une hemorrhagie parfois inquietante; car tant qu'il ne survient pas d'accidents, il est a peu pres indiffe­rent de savoir si la plaie penetre ou non, at lorsque ces accidents surviannent, ils suffisent ordinairement pour eclaircir ce qu'il peut y avoir d'obscur dans le diagnostic; d'ailleurs raxperiance a suffisammant demontre que les piaies penetrantes de la poitrine, lorsqu'elles sont simples, different peu, quant ä leur gravite et aux indications qu'elles presentent, de celles qui ne le sont pas. Le trai-tement sera done le meme dans les daux cas. Ainsi, que la plaia soit penetrante ou non, si eile est simple, on favo-risera le rapprochement de ses levras et on les maintiendra en contact a l'aidc de bandelcttcs agglulinatives ou da
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quelques points de suture; on appliquera par-dessus un plumasseau d'etoupe soutenu par un bandage de corps; on soumettra Tanimal au repos et a la diote, et s'il est irri­table et que Ton craigne une fievre de reaction intense, on pratiquera une on deux saignees proportionnees a son age et a sa force. L'inflammation locale devra etre combattue par des applications emollientes et narcotiques; s'il se forme des abces, on les ouvrira de bonneheure, de crainte de les voir fuser dans la cavite des plevres.
Si le corps vulnerant a blesseI'aitere intercostale, il faut, pour arreter rhemorrhagie fournie par ce vaisseau, avoir recours ä la ligature. Pour faire cette operation, on se sert. en Chirurgie veterinaire , d'une aiguille imaginee par Goulard. Cette aiguille, fixee a un manche, offre une courbe equivalente aux trois quarts d'un cercle et pre-sente, pres de sa pointe, le chas pour recevoir le fil dont la partie moyenne est garnie d'un bourdonnet; cet instru­ment ainsi arme, on I'introduit d'avant en arriere et de has en haut en rasant la face interne de la cote, de maniere a le faire arriver au bord anterieur de cet os, en le pous-sant de dedans en dehors pour lui faire traverser le plan des muscles intercostaux et la peau; lorsque la cote est ainsi contournee, on degage le fil du chas et on retire I'in-strument par l'endroit oü il a ete introduit; alors on attire le fil jusqua ce que le bourdonnet vienne repondre a 1'artere blessee, que Ton comprime en reunissant les deux chefs sur la face externe de la cote.
Si, par leffet de la fracture d'une cote, des esquilles pe-netrent dans la poitrine,blessent la plevre ou le poumon, il faut se liater de faire cesser cette grave complication en cherchant a les exlraire ou a les ramener vers la cote lesee. Gerard, habile Chirurgien, n'ayant pu extraire une
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esquille detachee de la cute et qui blessait le poumon, in-troduisit dans la plaie une aiguille armee d'un fil, la fit sortir par I'espace intercostal superieur le plus voisin, et ayant ainsi embrasse la cote et l'esquille dans une anse de fil, il ramena cette derniere a son niveau en serrant les deux chefs du fil sur une compresse epaisse placee a lex-terieur; des lors tous les accidents disparurent.
Teile devra etre la conduite du veterinaire dans les plaies simples de la poitrine, penetrantes ou non , mais il devra toujours se tenir en eveil pour prevenir les compli­cations qui pourraient retarder la cure ou s'y opposer, et pour les dissiper aussitut qu'elles apparaissent.
Les accidents qui peuvent survenir dans les plaies larges qui penetrent dans la poitrine, sont: Femphyseme, la hernie du poumon a travers la plaie, la blessure de cet organe, l'bemorrliagie et l'epanchement du sang dans la cavite des plevres.
L'emphyseme peut survenir dans les plaies penetrantes de la poitrine sans lesion du tissu pulmonaire , comme dans celles oü cet organe est blesse ; mais il est toujours moins considerable dans le premier cas que dans le second; on ne Tobserve que lorsque la plaie, parson traj et oblique, ne permet que difficilement l'entree et la sortie de l'air exterieur et force ainsi celui-ci a s'infiltrer dans le tissu cellulaire. Cet accident est beaucoup plus frequent et plus marque a la suite des lesions du tissu pulmonaire ; il est d'autant plus considerable que la plaie du poumon est plus large, parce que, d'une part, fair s'echappe des cel­lules pulmonaires dmsees,et que, de l'autre, il netrouve qu'une issue difficile ä travers les parois de la poitrine. Ce fluide s'epanche alors dans la cavite des plevres, com-prime le poumon qu'il empeche de se dilater, ct deter-
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mine une suffocation proportionnee a la gene qua cet organe eprouve ; peu ä peu il s'infiltre dans le tissu cellu-lah-e des parois de la poitrine, produit un engorgement elastique, indolent, crepitant par la pression, parfois cir-conscrit et parfois envahissant une tres-large surface du corps. L'eraphyseme ne demande ordinairement aucun traitement particulier ; lorsqu'il devient considerable au point d'amener la suffocation, il faut procurer une issue a lair par des scarifications dont la profondeur, le nombre et le siege sont indiques par la marche, le siege et l'inten-site de l'accident.
La sortie dune portion dupoumon a travers la plaieest un accident qui n'a pas encore ete signale, que nous sa-chions du moins, en medecine veterinaire ; cependant il a ete observe par plusieurs medecins. Dans la plupart des cas, la portion etranglee s'est mortifiee d'elle-meme ou a ete liee, brüleeou extirpee, sans qu'il en soitresulte d'ac-cidents graves. Fabricio rapporte qu'apres avoir extirpe tine partie de ce qui faisait bernie au debors, il parvint ä reduire le reste apres avoir agrandi I'espace intercostal en y enfoncant un coin de bois. Cet accident est done peu grave , ajoute M. Sanson, de qui nous empruntons une grande partie de ce cbapitre; cependant, s'ilse presentait, il faudrait reduire la portion du poumon saillante au debors, apres avoir dilate convenablement la plaie, si toutefois cette portion etait encore saine. Dans le cas oü elleseraitdejii mortifiee, les observations que nous venons de citer prouvent que Ion pourrait la retrancher sans danger.
Les blessures simples du poumon ne presentent degra-vile, au dire de M. Sanson, qu'autant qu'elles sont accom-pagnees dune vive inflammation ou dun epanchement
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considerable de sang dans la poitrine 5 dans ces cas on con-seille de reunir la plaie des parois thoraciques par des points de suture (toutefois en laissant libre la commissure inferieure pour donner issue au sang epanche), que Ion soutiendra par un bandage de corps 5 de saigner le blesse autant de fois que indication s'en fera sentir, et de le tenir a la diete et au repos absolus ; on recommande egale-ment de panser le plus rarement possible, afin d'eviter que lair ne s'introduise dans la poitrine.
Plaies des parois abdominales. — Les plaies des parois abdominales qui ne penetrent pas jusque dans la cavite du peritoine ne presentent aucune autre indication cura­tive que les plaies simples des autres regions, a moins que, par leur etendue et leur profondeur, elles ne donnent a craindre la formation de hernies plus ou moins volumineu-ses dans les points qu'elles occupent ; dans ce cas, il faut rapprocher les bords de la solution, les maintenir en con­tact par la suture enclievillee et r-ecouvrir la partie d'un bandage de corps. Lorsque la plaie est penetrante et com-pliquee de la sortie desvisceres contenusdans I'abdomen, que ces visceres ne sont pas leses, la premiere indication qui se presente est la reduction des parties deplacees ; la seconde c'est d'empecher qu'elles ne se deplacent de nou-veau, en rapprochant les levres de la plaie par la suture en-chevillee et le bandage de corps sus-mentionnes. Ces le­sions de continuite, quoique penetrantes dans la cavite du peritoine, n'offrent point le degre de gravite que leur as­pect pourrait faire supposer 5 lorsque I'intestin ou un autre viscere contenu dans cette cavite ne se trouve point lese, elles guerissent en tres-peu de temps. L'observation sui-vante, prise parmi plusieurs autres, en donnera la preuve.
En 1826, je fus appele pour donner des soins a une
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{raquo;ouliclie Je trois ans, qui avait eu le ventre ouvert d'un coup de defense par un verrat; la plaie, situee un peu eu avant de la rotule, mesurait un pied de longueur et livrait passage a une portion de Tintestin colon, qui formait une hernie de la grosseur de la tete d'un homme ; le peritoine etait decliire. En presence d'un cas qui me paraissait des plus graves, je ne savais quel pronostic etablir ; nonobstant je me mis en devoir, apres avoir dispose les objetsneces-saires pour la suture, de reduire la partie herniee, que je fis mainlenir par un aide, tandis que j'appliquais les che-villes destinees a reunir les levres de la plaie faite ä la peau. Cette premiere operation etant achevee, jepris une bände de toile de la largeur d'un pied et demi: j'en fis deux fois le tour du corps en la serrant moderement, et je la fixai sur les lombes par quelques points de suture ; j'ordonnai ensuite de faire, sans discontinuer, des lo­tions d'eau froide sur la partie. La bete paraissant souffrir beaucoup, je lui fis une ample saignee et la soumis a une diete severe, que Ton continua jusqu a ce que tout danger de reaction fut passe. Qua tie jours apres , la malade me paraissant calme et n'offrant aucun Symptome de fievre, je levai avec precaution le bandage de corps pour exami­ner l'etat de la plaie que je trouvai satisfaisant; je le remis ensuite pour ne le lever que le quinzieme jour apres lac-cident; j otai les chevilles et les ligatures qui le mainte-naient, et je vis avec satisfaction que cette enorme plaie penetrante par arracbement etait parfaitemeut guerie, que la cicatrice etait assez forte pour s'opposer a la bernie; mais, par prudence, je fis conserver le bandage contentif jusqu'au vingt-cinquieme jour.
M. Deglain rapporte , dans le Recueil de inedecine vete-rinaire pratique, annee 1850, un cas de plaie penetrante
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Je l'abdomen avec herniede 1 epiploon. Un poulain avail reru d une vache mi coup de come dans la region du flanc; il en etait resulte une ouverture etroite, et la sorlie, par celte ouvertui'e, d'une partie de l'epiploon sous la forme d'un cordon. L'etroitesse de l'ouverture, l'irregularite du trajet, le refroidissement de l'epiploon, convert en outre de saletes dont il cut ete difficile de le debarrasser, deciderent M. Deglain a ne pas tenter la reduction de la partie herniee, d'autant plus cpieles bords de la dechirure faite aux muscles abdominaux n'etaient pas paralleles aux levies de la dechirure a la peau; il Tincisa apres en avoir fait la ligature, et termina I'operation en fai-sant un point de suture a la peau. Puis il prescrivit la diete, les lavements, un sachet leger sur les reins et un bandage matelasse sur la region operee, avec re-commandation de les arroser souvent avec de l'eau emol-liente. Trois jours apres , le 19 juillet, I'animal se montrant gai, bien portant, on decoud la peau; les bouts de la ligature faite sur Tepiploon ne sont point detaches ; une tumeur oedemateuse considerable s'est formee autour de la plaie et se prolonge sous le ventre. La plaiedonnant du pus peu elabore, eile est pansee a la teinture de quin­quina. Le24du meme mois, le pus est de bonne nature, lengorgemcnt, diminue au flanc, est augmente sous le ventre; on le scarifie, le pus parait sortir d'une petite poche formee dans la plaie ; un petit debridement est pratique pour que la matiere secretee ne s'accumule plus et soit eliminee ä mesure quelle sera formee.
Le 10 aoüt suivant, il ne restait plus, a la region ope­ree, qu'une petite tumeur dont la resolution eut lieu au bout de quelque temps.
II est done demontre par des faits que les plaies pene-
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trantes de l'abdomen ne sont point dangereuses lorsque les organes contenus dans cette cavite n'ont pas ete leses par le corps vulnerant, et qu'il ne s'en est pas suivi un epan-chement de matieres excrementitielles dans le sac perito­neal, ou une hemorrhagie interne considerable; certaines operations chirurgicales que Ton pratique quelquefois sur les animaux domestiques, telles, par exemple, que I'enterotomie ou la ponction de la base du coecum cbez le clieval, la gastrotomie ou la ponction du rumen cbez les ruminants, la paracentese dans le cas d'bydropisie, etc., sont la pour confirmer ce que nous venons d'avancer.
Pied dechausse. — La ebute du sabot constitue le pied dechausse. Get accident , toujours ties-grave , pent etre occasioime par certaines maladies du pied, telles qu'une violente inflammation du tissu podophylleux ter-minee par suppuration ou gangrene, une fourbure intense, le cbarbon qui se developpe quelquefois dans cette partie , le clou de rue penetrant, etc., mais il est le plus souvent la consequence dune violence exterieure, des brusques et violents efforts que font les animaux pour degagcr leur pied retenu entre deux corps durs; e'est ce qui arrive quelquefois lorsque le pied se trouve pris sous la roue d'une voiture pesante. M. Girard rap-porte dans son Traitd du pied plusieurs examples do pied dessabote chez le cheval par cette derniere cause ; nous avons esftlement observe deux cas d'arracbement du sabut cbez lane, produits par la meme cause. Lorsque rongle se decolle et tombe par suite de certaines maladies du pied, on ne pent guere remedier a cet accident; il vaut mieux faire le sacrifice de l'animal que de lui faire subir un traitement long , dispendieux et presque tou-jours, pour ne pas dire conslamment infructueux ; ce
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nest que lorsque le sabot a ete arrache par force, et lorsque l'animal est de grande valeur, qu'on doit en tenter la cure.
Le premier appareil a appliquer au pied dessabote par arrachement de l'ongle doit se composer d etoupcs secbes ; on place d'abord une forte coucbe de plumasseaux, dis­poses methodiquement les uns sur les autres et mainte-nus par quelques tours de bände que Ton serre modere-ment; on applique ensuite une seconde coucbe epaisse d'etoupes, que Ton maintient de la meine maniere, et Ton recouvre le tout d'une toile que Ton assujettit fortement autour du paturon. Ce premier appareil ayant pour but d'arreter l'hemorrhagie et de proteger les parties vives, mises a decouvert contre les agents exterieurs, il doit etre maintenu en place jusqu'a ce que les vaisseaux soient resserres et que l'hemorrhagie ne soit plus ä craindre, par consequent pendant deu\ jours au moins. Avant de proceder au second pansement, il convient de plonger le pied dans un bain d'eau tiede pour imbiber l'appareil, dc maniere a pouvoir le lever facilement et sans occasionner dedouleurs a ranimal. La partie malade etant debarrassee des etoupes du premier appareil et nettoyee convenable-ment, sera imraediatement pansee, de la meme maniere que la premiere fois 5 seulement les premiers plumasseaux devront etre cbarges d'une coucbe d'onguent populeum ou de cerat simple, pour assouplir les tissus, calmer I'in-llammation et empecher l'appareil de se coller a la plaie. Ce mode de pansement sera renouvele tous les jours durant la premiere liuitaine; puis on le rendra moins fre­quent, et d'autant plus rare que l'ongle prendra plus de force. II Importe, durant tout le traitement, d'entretenir la souplesse des parlies par des corps gras , de dirigei
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ravalure cornee qui, quelquefois , forme des exuberances qui occasionnent des compressions douloureuses , et ren-draient le sabot defectueux si Ton negligeait de les suppri-mer avec la rape ou Tinstrument tranchant. II va sans dire que, dans les premiers jours de l'accident, le malade doit etre tenu a une diete severe, saigne une ou deux fois selon l'intensite de la fievre de reaction, et que, durant tout le traitement, il doit avoir une epaisse litiere sur laquelle il puisse se reposer quand il en sent le besoin.
Ces preceptes, traces par M. Girard, sont ceux que nous avons suivis , dans deux cas de pied decbausse, sur deux anes que nous avons traites, ä titre d'experience, aux inßrmeries de l'Ecole veterinaire; le traitcment ne fut contrarie par aucun accident, mais il fallut cinq a six mois avant que I'ongle cut repris sa longueur ordinaire; an de ces änes resta boiteux et mourut six mois apres dune affection charbonneuse: I'autre guerit radicale--ment.
PL^THORE. — On donne cette qualification a la sur-abondance du sang dans le Systeme sanguin ; e'est letat liabituel de beaucoup d'animaux que Ton designe a cause de cela par l'epithete de plefhortques. Bien que la ple-thore ne constitue pas dans tous les cas une maladie reelle, nous croyons quil n'est pas inutile de la signaler dans cet ouvrage, comme etant une forte predisposition aux inflammations ; aux congestions , aux apoplexies et aux bemorrhagies, et d'indiquer les moyens d'y reme-dier. Certains individus naisscnt avec une disposition extreme a la plethore, et, sans etre soumis a aucune des causes qui la produisent ordinairement. ils sont pletho-
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riques toute leur vie : tels sont les animaux a tempera­ment sanguin tres-prononce, car la plethore n'est ordi-nairement que l'exageration de ce temperament; chez eux toutes les fonctions sont generalement plus actives, et il y a comme une surabondance de vie ; la digestion se fait vite ; la respiration est favorisee par le grand deve-loppement de la cavite thoracique ; la circulation est ra­pide , le coeur bat avec force. Lorsque la plethore est con­siderable, eile devient une veritable maladie ; eile se manifeste par la pesanteur de la tete, la somnolence , et quelquefois des vertiges; les animaux se fatiguent au plus leger exercice ; les conjonctives sont tumefiees, rouges et injectees ; les valsseaux de la face sont remplis et bien dessines; le pouls est large et plein; enfin cet etat peut se traduire par des accidents graves et compro-mettants pour la vie.
De tons les animaux domestiques, cest le cheval qui nous olfre le plus d'exemples de plethore; pour peu qu'il y ait des dispositions naturelles , l'usage prolonge dune ali­mentation abondante , substantielle, excitante , le defaut d'exercice, etc., determinent cet etat. Ces causes agissent toutes en augmentant la quantite du sang, soit en y ajou-tant sans cesse de nouvcaux elements , soit en favorisant ou activantla sanguification. Ne font-elles qu'accroitre la masse de ce liquide, se demande M. Roche, sans appor-ter aucune modification a sa composition? Lui commu-niquent-elles des proprietes plus exci lautes, comme le pensent quelques auteurs ? Augmentent-elles la propor­tion de sa fibrine et de sa matiere colorante relativement a son serum ? D'apres M. Andral, c'est l'elevation du chif-fre des globules qui fonde dans le sang le caractere de la plethore. Le sang des plethoriques differe done du sang
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ordinaire, ajoute ce dernier auteur , par la plus grande quantite de globules et par la quantite moindrc d'eau qu'il contient. Ainsi, avant quil ne soil eoagule, on a re-marque que generalement le serum est plus ou moins colore , que le caillot est large , Arolumineux , d'une fer-mete mediocre , ct qu'il reticnt beaucoup de serum. Le volume considerable du caillot depend manifestement du grand nombre des globules, et sa mollesse, ainsi que I'ab-sence constante de la couenne , depend de la faible pro­portion de la fibrine relativement a celle des globules.
Pour i-emedier a I'etat plethorique, il faut s'attacber a modifier en quelque sorte le temperament de lanimal par le regime, les boissons aqueuses, le travail modere ; mais on doit, dans tous les cas, pour amoindrir la ple-tliore, debuter par unc ample saignee, et la reiterer meine si Ton en reconnait la necessite. L'usage des purgatifs minoratifs, administres a des intervalles plus ou moins rapprocbes, est un puissant moycn, coujointement avec une alimentation peu nutritive, pour prevenir le retour d'une plethore inquietante.
PLEURESIE. Pleurae. — Cette maladie, assez com­mune chez les animaux domestiques , consiste dans Tin-üammation de la plevre. Connue des anciens sous le nom de ßuxion de poitrine, eile etait confondue avec Finflam-mation des poumons, on pensaitmeme qu'elle ne pouvait exister isolement; mais aujourd'lmi, bien qu'elle soil souvcnt compliquee de cette derniere affection , on est arrive an point de pouvoir differencier ces deux maladies l'une de l'autre par des caracteres tranches qui ne peuvent echapper aux investigations du praticien eclaire.
Pleuresie aigue ducheval,—Chezle cheval la pleuresie
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aigue s'annonce soudainemeiit par un abattement general accompagne de frissons ou tie tremhlements generaux ; l'animal eprouve quelquefois de legeres coliques qu'il manifeste par une agitation continuelle; il se couche et se releve a cliaqvie instant, il i^egarde son flanc. A ces pre­miers symptomes , qui sent de courte duree, succede une elevation de la temperature de la peau, parfois accompa-gnee de sueurs partielles aux flancset a la face interne des cuisses ; il se manifeste un grand trouble dans la respira­tion qui devient de plus en plus penible, acceleree et en-trecoupee; linspiration, courte, difficile, est interrompue subitement par la doulcur qu'eprouve le malade a cbaque dilatation du tbor^ax ; lexpiration commence par un mou-vement brusc[ae, qui marque en quelque sorte le point d'arret force de rinspiration, puis s'acbeve d'une maniere lente et plus ou moins reguliere; l'animal demeure constamment debout, les membres ecartes, la tete basse et les narines dilatees; a de rares inlervalles il fait entendre une petite toux secbe, comme avorteej fair expire conserve sa temperature ordinaire; I'artere est tendue, le pouls est accelere, dur et serre, les membranes apparentes sont rouges, la bouche est secbe, la soif vive, fappetit nul. Les parois tboraciques se montrent tres-sensibles a la percussion ou a une forte pression exercee entrc les cotes; cette sensibilite du thorax est l'un des signes patbognomoniqucs de la pleuresie. Quant a I'aus-cultation de la poitrinc, eile est loin d'offrir la meme valeurdiagnostique que la percussion; on entend bien un mouvement respiratoire faible , quelquefois accompagne dun leger frottement vers la partie superieure, duqucl on ne pent tirer aucune induction serieuse.
Les symptomes du debut de la pleuresie sont epbemc-
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res, ils nc dureut true quelques lieures; quant aux autres. ils persistent, et si ion ne parvient pas, par un ti-aitement rationnel, a arreter les progrcs de la maladie aubout de trente-six ä quarante-huit heures, eile se lermine par epanchement. Aloi^s Tanxiete augmente ä mesure que la serosite s'accumule dans le sac pleural; la respiration devient de plus en plus penible et acceleree; l'oreille appliquee sur les parois de la poitrine fait quelquefois percevoirun bruit, uneespece de (jargoulllement pi'oduit, a chaque mouvement respiratolre, par le deplacement du liquide epanche; ce bruit de glouglou ne sobserve que quand des produits gazeux se trouvent associes a la sero­site contenue dans le sac pleural ou lorsqu'il y a formation de fausses membranes ; par consequent il ne faut point inferer de son absence que la poitrine ne contient point de liquide; la matite que Ton observe a la percussion, I'ab-sence du bruit respiratoire a l'auscultation et surtout Fagitation particuliere des flaues, sont des signes patho-gnomoniques qui mettenl rarement I'observa^eur en de-faut, et qui sont constants dans les epancbemenls pleu-retiques. La toux , tonjours rare, devient de plus en plus fatigante, faible et avortee; lepouls, petit et vite, conserve sa durete; le malade est abattu et refuse toute espece de nourriture, il a l'ocil morne et chassieux, la face grippee; les narines sont dilatees et laissent ecliapper one serosite roussatre plus ou moins abondante ; enfin a mesure que la maladie fait des progres , les symptomes augmentent, le pouls s'efface, le corps se couvre de sueur, et banimal, ne pouvant plus se soutenir, finit par tomber et meurt tout a coup asphyxie.
Lorsque la pleuresie ne se termine pas par gangrene, les symptomes que nous #9632;venous dcnumerer augmentent
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giaduellement jusqu'au sixieme ou huitieme jour, terme ordinaire de la nialadie: mais lorsque cette funeste tertni-naison s'opere, sa marclie est effrayante, les symptomes s'aggravent avec rapidite 5 I'air expire exhale une odeur fetide , insupportable ; il s'ecoule par les nariues une serosite bi'unälre, et le malade succombe ordinairement du troisieme an quatrieme jour.
II arrive parfois, apres avoir combattu les principaux phenomenes inflammatoires de la pleurite (et c'est princi-palement a la suite dun epanchement considerable avec formation de fausses membranes que cela s'observe), que I'animal traine une convalescence tres-longue, qu'il est expose a des rechutes funestes, et qu'il conserve une irregularite ou une agitation perpetuelle des flancs. Dans ce cas la pleuresie a perdu son caractere aigu , eile est passee h letat chronique. Alors I'animal maigrit et fait entendre de temps en temps une petite toux, faible et sans expectoration ; le pouls conserve de la petitesse et de la durete. Ces divers symptomes eprouvent, vers le soir, une exacerbation remarquable, constituant ce qu'on appelle la/levre hectique. L'animal pent encore vivre assez long-temps dans cet etat, mais il ne saurait supporter aucun travail un peu fort, la difficulte de respirer le forcant a s'arreter dans la crainte de suffoquer. Les membres s'engorgent , un cedeme se developpe et s'accroit lente-ment sous la poitrine, gagne le ventre, et s'avance quel-quefois jusque vers les enveloppes des testicules. La marchelenteet progressive de ces desordres mene insensi-blement le malade au marasme le plus complet et a la mort. Cet etat maladif etait qualilie anciennement du nom de vieille courhature.
Quelquefois la pleuresie se developpe sous le type
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chronique: la forme latente quelle revet ne permet pas d'en reconnaitre Fexistence a son debut ; aussi n'eveille-t-elle ])as lattention des personnes chargees du soin et de la conduite des animaux, et ce n'est que lorsque lepan-chement, I'liydrotliorax, a acquis quelque developpement, qu'on commence a s'en apercevoir, et a celte epoque meme le diagnostic est encore fort obscur. L'animal affecte de eette maladie conserve assez longtemps son appetit; mais il maigrit, il est moins apte au travail et se fatigue au moindre exercice. A mesure que le mal fait des pvogres, la maigreur augmente, la peau devient seclie et collee aux parties sous-jacentes; le poil est terne; la respiration devient penible et irreguliere: le pouls est petit et serre; I'appetit commence a se perdre et le malade ne pent plus supporter le travail. A cette epoque de la maladie, la partie inferieure Je la poitrine a perdu sa sonorite ; eile ne rend qu'un son mat a la per­cussion, lemurmure respiratoire nesepercoit plus sur ce point, et de temps en temps on entend une petite toux secbe ct avortee. Lorsque I'liydrotliorax est arrive au point de remplir la plus grande partie de la cavite thora-cique, tous les symptomes augmentent; la respiration est tres-acceleree, il se produit dans les flaues un mouvement caracteristique d'elevation et d'abaissement; I'inspiration, grande et rapide, est suivie dune expiration subite qui imprime a ces parties une espece de clioc occasionne sans doute par le poids du liquide lors du relächement des muscles respirateurs ; fanxiete est grande ; l'animal ne se couche plus, il tient la tete basse, les narines sont dilatees, les yeux sont monies , enfin tout annonce une profonde alteration et une mort prochaine: alors la poitrine rend un son mat sur toute son etendue, et il y a absence com-
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plete du bruit respiiatoire. Gelte plouresie latente , quoique lente clans ses progres, n'en est pas moins une inaladie grave qui tue presque chaque fois sa victime.
Autopsie. — Toutes les fois que la plevre se trouve impressionnee par des influences capables de lirriter ou den determiner rinflammalion , eile fournit une quantite de serosite dans laquelle se trouvent en suspension des productions concretes qui ferment les fausses membra­nes. La serosite que Ton trouve dans la poitrine des ani-maux morts d'une pleuresie, est tantot limpide, tantot trouble et parfois sanguinolente ; sa quantite varie , mais eile pent s'elever cbez le cheval de trente it quarante litres , par consequent remplir litteralement la cavite de la poitrine ; les plevres sont epaissies et recouvertes de granulations blanchatres, qui forment un reseau sur le feuillet de la plevre auquel elles correspondent, et des coucbes d'une epaissenr variable. Ces produc­tions morbides se detacbent parfois en fragments ine-gaux ä mesure quelles sont produites , et se melent an liquide epancbe dans lequel elles nagent sous forme de flocons; d'autres fois elles se convertissent en fausses membranes qui forment des adherences avec toutes les parties qui sont en rapport avec elles. D'apres les expe­riences faites par Dupuy, il est demontre que I'epanche-ment ct les fausses membranes se forment en pen de jours , et qu'on ne doit point inferer de leur existence un etat cbronique; Dupuy a observe sur un cbeval abattu, cinquante beures apres I'injection dans la poitrine de deux gros d'acide oxalique dissous dans trois onces d'eau distillee, vingt-cinq litres de serosite citrine et une fausse membrane jaunätre et epaisse qui recouvrait les plevres coslales et pulmonaires. Lorsque I'animal a succombe a
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PLEURESIE.
line pleuresie chronique, les fausses membranes ont acquis un certain degre d'organisation, on observe une couche cellulo-fibreuse, parcourue par des vaisseaux tres-delies occupant son epaisseur. A une epocpie plus avancee, ces vaisseaux se joignent ä ceux de la plevre, et la fausse membrane organisee fait reellement partie de reconotnie.
Cmises. — Les causes les plus ordinaires de la pleuresie, sont les arrets de la transpiration cutanee occasionnes par le refroidissement subit de la peau, soit par un courant d'air lorsque I'aniraal est en sueur, soit par Fimmersion ou I'ingestion d'eau froide dans l'estomac apres une course rapide ou un travail fatigant, alors qu'il se trouve en pleine transpiration, etc. La pleuresie peut etre aussi la consequence de causes traumatiques telles que les coups portes sur la poitrine, les plaies penetrantes dans cette cavite, les fractures des cotes, ainsi que la presence de corps etrangers qui se trouvent en contact avec la plevre ; eile peut aussi dependre d'une inflammation pulmonaire, gastrique ou bepatique.
Traitement. — Le traitement de cette maladie a marche rapide doit etre actif et bien entendu: c'est au moment de l'invasion qu'il offre le plus de cbances de succes; plus tard ces cbances diminuent et le mal devient souvent incurable.
Apres avoir opere une saignee a la jugulaire. on cber-che a retablir les fonctions de la peau par des frictions secbes que Ton execute au moyen du boucbonnement sur toute la surface du corps, par des couvertures de laine et par des bains de vapeur ; Ton administre au malade des brenvagcs mucilagineux chauds. Ces simples mo-yens suffisent quelquefois pour conjurer une pleurite
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qui pourrait avoir des suites funestes. Si, malgre les moyens que nous venons d'indiquer, on n'obtient pas l'amendement desii-e au bout de vingt-quatrea trente-six heures , il faut recourir a la medication revulsive ; les sinapismes appliques sur la partie inferieure de la poi-trine sent d'une utilite incontestable dans ce cas; ils determinent en tres-peu de temps un engorgement consi­derable qui , scarifie, produit une emission sanguine abondante, salutaire dans cette circonstance; on reap-plique les sinapismes, on reitere la saignee locale autant que 1 etat du malade le reclame. Outre ces moyens, I'animal doit etre tenu a une diete severe, dans une atmosphere douce et uniforme ; on lui administre des electuaires adoucissants , et on lui fait prendre en disso­lution dans sa boisson , ä trois ou quatre reprises dans le courant de la journee, de quatre a huit gros d'emetique. Plusieurs praticiens altendent, pour faire usage de la medication revulsive, que la maladie aitatteint sa periode d'etat, e'est-a-dire quelle date de quatre a cinq jours; e'est une erreur qu'il Importe de faire disparaitre; l'ex-perience nous a demontre que, pour retirer tons les avantages de cette precieuse medication , il fallait quelle füt employee avant que les desordres occasionnes par laffection ne soient arrives a leur apogee, alors que la pldegmasie offre encore quelques chances de resolution et que I'epanchement dans le sac pleural est peu consi­derable ; plus tard les revulsifs sont impuissants dans la majeure partie des cas.
A une epoque plus avancee de la maladie, lorsque la methode antiphlogistique et les revulsifs ne I'ont pas enrayee dans sa marche, ou que Ton n'a ete consulte que plusieurs jours apres son apparition , il faut insister sur
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I'emplpi des sinapismes ou ties vesicatoires que Ton ap­plique stir les faces costales ; dans ce cas, on seconde Faction de ces agents therapeutiques par Fad ministration de quelques legers purgatifs et de diuretiques; le calo­mel, administre ä la dose de quatre gros en deux pilules matin et soir, et les boissons nitrees, nous ont quelque-fois valu des cures auxquelles nous etions loin de nous attendre.
Lorsque la pleurite est passee ä letat chronique, ou quelle s'est developpee sous ce type et qu'il y a hydro-thorax , on recommande specialement l'usage des sub­stances propres a produire une derivation sur les reins et ä en augmenter l'action secretoire, telles que la digitale pourpree, la scille, I'oxymel scillitique, le colchique; on preconise encore les setous et les vesicatoires appliques sur la poitrine, ainsi que 1 emetique administre a hautes doses et les purgatifs. Tous ces moyens restent souvenl sans effet, et dans ['immense majorite des cas, les ani-maux succombent au bout dun laps de temps plus ou moins long. M. Massot rapporte avoir gueri par la ponc-tion de la poitrine une jument de 7 ans, affectee d'un hydrothorax du cöte droit. Ce veterinaire pratiqua une incision entre la cinquicme et la sixieme cote sternale, en arriere et au niveau de la pointe du coude, en contour-nant le bord posterieur de la cote, apres avoir borne le jeu de finstrument de maniere a ne le laisser penetrer que de quelques lignes dans la poitrine. Cette Ouvertüre donna issue a trois litres et demi dune serosite limpide au commencement de la sortie, ensuite jaunätre, epaisse etconsistante comme falbumine coagulee. Trois semaines apres, la plaie etait cicatrisee sans le sccours daucun topique, et sculemcnt par lapplicaliün dune lentede-
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PLEURESIE.
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toupes secljes, destinees a empecher lintroduction de l'air dans le thorax.
Un mois aprt's , cette jument fit une lonjjue route, eile etait parfaltement retablie. Moins heiueux que M. Mas-sot, nous avons pratique maintes fois rempyeme, et nous n'avons jamais obtenu de succes de cette operation ; cela n'est pas une raison pourtant de ne pas la tenter, lorsque toutes les ressources sont epuisees et que le malade est voue a une mort certaine.
Pleuresie du bosuf. — La pleuresie aigue du Loeuf se manifeste par des frissons generaux assez vifs et une expression de lassitude qui precedent tous les autres symptomes ; ensuite survient un malaise, une anxiete marquee, une agitation que Ion prend pour un Symp­tome de colique et qui n'est que l'expression de la dou-leur occasionnee par l'inflamination des plevres. Ou­tre ces symptomes de debut, le boeuf ne mange ni ne rumine plus, il a meine quelquefois la pause surchargee. A cette epoque de la maladie, ilest difficile de distinguer si ce sont les plevres qui sont enflammees , ou si c'est le parencbyme pulmonaire , car les frissons, l'anxiete, la gene de la respiration , la secheresse de la bouche et de la peau sont des symptomes communs a toutes les inflammations de poitrine. Toutefois, dans la pleuresie, apres les frissons precites et le refus des aliments , on observe une agitation insolite des flaues , moins marquee pourtant que cbez le cbeval : le malade est triste; il a les yeux rouges, injeetes et larmoyants ; le poil est terne, la peau cbaude et seche 5 toutes les muqueuses apparentes sont rouges et injeetees. II survient ensuite une petite toux avortee, durant laquelle le boeuf a la bouche beante, la laogue un peu sortie et la tete allongee sur
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PLEDRESIE.
l'enculure 5 d'autres fois celte toux est seche, quinteuse ; communemeat un leger flux muqueux secoule des narines et humecte le mufle qui est desseche. Des lors 1'inspiration est com-te et entrecoupee , I'expiration lente, mais assez reguliere. II existe une sensibilite assez viva des parois de la poitrine, surtout en arriere du coude, sous le cartilage xiplioide et en has du garrot; ce signe diagnostique. qui est aussi, comme lanxiete, une conse­quence de la plilegmasie des plevres, n'est pas constant, surtout si rinflammation est peu intense. En auscultant le thorax au debut de la maladie, on dislingue que le bruit respiratoire est augmente dans toute letendue des poumons , avec resonnance des parois ä la percussion ; mais lorsque la maladie est parvenue a un certain degre d'intensite , le murmure respiratoire n'est plus apprecia­ble quaux regions superieures du thorax, et il est accom-pagne d'un rale grave et de la matite des regions infe-rieures de cette cavite splanchnique. L'epanchement de serosite dans les sacs des plevres est traduil par le grippe de la face,le brillant des yeux, la dilatation des naseaux et la respiration ailee; l'inspiration est penible et comme tiraillee; il existe aussi une matite des parois du thorax; lauscultation fait distinguer un bruit de glouglou aux regions inferieures de cette cavite ; le pouls est mou, les extremites sont froides, et souvent, lorsque l'epanche­ment est considerable, il se forme un engorgement oede-mateux au fanon et aux membres.
Dans le principe de la maladie, le pouls est petit, serre, vite, et l'artere tenduej on le sent s'ainollir a mesure que repanchement se forme dans la poitrine; il finit par devenir imperceptible aux approches de la mort.
Outre les symptörnes qvie nous venons de decrire, les
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excremeuls sont durs et sees, et souvent meine il y a constipation ; le ventre est retracte, les urines sont rares et colovees. L'animal se tient constamment debout, eloigne tie la creche ; tout mouvement est difficile et seoible douloureux ; les membres de devant sont d'autant plus ecartes que I'epancheraent pleuretique est plus conside­rable; alors la respiration est oppressec et toute diaphrag-inatique; l'attitade du malade, qui allonge la tete et ouvre la bouche, exprime le besoin instinctif de respirer et le danger de l'aspliyxie ; le pouls se concentre, devient irre-gulier et s'efFace ; la respiration est de plus en plus tu-multueuse, l'animal s'agite, trepigne et totnbe; un rale suffoquant precede la mort.
La duree ordinaire de la pleuresie aigue, chez le boeuf, est de huit a douze jours ; si eile dure davantage, eile passe ordinairement a I'etat chronique.
Lorsque la pleuresie passe a I'etat chronique, les symp-tomesdiminuent d'intensite; l'animal eprouve dudegoüt; la rumination s'execute d'une maniere incomplete; les flaues conservent une agitation insolite ; il y a anxiete plus ou moins prononcee ; la toux est petite, moins seche, moins quinteuse et plus rare que dans I'etat franchement aigu. Le pouls n'a qu'une acceleration raoderee, mais I'artere est toujours un peu tendue. Plus tard, le degoüt devient absolu, la rumination cesse, la dyspnee va de plus en plus en croissant; les membranes apparentes sont pales; le mulle est sec et froid ; les flaues sont creux et resserres; il y a constipation; le pouls devient mou; des engorge­ments cedemateux se forment au fanon et sous le thorax ; un amaigrissement progressif et assez rapide denote le passage ä I'etat chronique et l'atteinte profonde porte'e
aux fonctions; le moindre exercice provoque un trouble illnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; li
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extreme dans la circulation et la respiration; cette der-niere fonction est penible et entrecoupee ; la dilatation du thorax exige une contraction presque convulsive des muscles inspirateurs pour vaincre lobstacle que I'epan-cliementpleuretique oppose a la dilatation des poumons; enfin, la vie s'eteint au bout d'un certain temps.
Autopsie. — A louverture des boeufsmorts de lapleu-rite aiguc, on rencontre las meines lesions que celles que Ton observe dans la poitrine des chevaux morts de la meme maladie; ainsi Ton trouve, dans le thorax, un epan-chement considerable de serosite jaunätre ; les plevres sont epaissies, injectees et refletent une couleur rougeatre; elles sont recouvertes par des granulations floconneuses et blanchatres , formant une couche membraneuse qui con-stitue les pseudo-membranes. A mesure que la maladie avance, les fausses membranes acquierent de la densite et de l'epaisseur, et, au bout de dix a douze jours, elles ofTrent un commencement d'organisation. Plus tard, elles perdent peu a peu leur apparence lardacee ; elles s'amin-dssent, s'organisent davantage et forment des lames dia-phanes analogues a la plevre, avec laquelle elles contrac-tent des adherences intimes.
Les causes qui donnent lieu a la pleurite aigue du boeuf sont les memes que celles qui occasionnent la meme ma­ladie chez le cheval. La pleuresie chronique succede le plus ordinairement ä Tinflammation aigue des plevres; eile est rarement primitive ; cependant Gelle l'a observee sans fievre, sans douleur locale et sans cause connue, alox-s meme quelle etait parvenue, d'une maniere insensible, a un degre mortel, sans qu'aucun Symptome caracteris-tique eüt pu faire soupconner son existence au plus grand nombre des proprietaires, si ce n'est un peu de mol-
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lesse et d inaptitude au travail, quelques acccs de toux et une certaine gene dans la respiration. Cette pleuresie chronique latente a ete observee par le professeur Dupuy, en 1827, sur des vaches, dans la commune de Saint-Mande.
Traitement. — Le traitement de la pleurite aigue du boeuf doit consister, comme celui du cheval, dans les eva­cuations sanguines proportionnelles a l'intensite de la ma-ladie, a Tage et au temperament de l'animal. Apres avoir satisfaita cette premiere indication, il convienl de placer le malade dans une etable oü regne une temperature douce, de le boucbonner, de le couvrir de couvertures de laine et de lui faire prendre des bains de vapeur sous le ventre. On seconde ces premiers moyens par I'ad-ministration de breuvages de tisane sudorißque chaude, dans le but de retablir la transpiration cutanee supprimee dans ce cas; l'administration de chaque breuvage sera suivie dun lavement emollient, et Tonpresentera de l'eau blancbe tiede au malade. Si, au bout de buita dix beures et meme plus tot, les symptömes de la pleurite ne sont pas diminues, si I'oppression, la petitesse et la duretedu pouls augmentent, on devra recourir a une seconde saignee ; Gelle conseille de la faire a lune des veines thoraciques ou a lune des veines abdominales; les tisanes, les lavements et les bains de vapeur seront continues. Le meme auteur fait observer avec raison, que ce n'est point la coueime in-llammatoire, dite pleuretiqtie, qui doit guider lepraticien dans la dispensation dessaignees, mais bien l'etat du pouls, de la respiration, et la douleur des parois du tborax. Si, apres un espace de trois ou quatre beures, la seconde evacuation de sang n'a pas determine un mieux sensible el tranquillisant, il faut appliquer sous la poitrine un large
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sinapisme ; I'engorgement qu'il produira sera scarifie pro-fondement; la saignee locale, operee de cette maniere, contribue puissamment a la resolution; on reapplique en-snite le sinapisme dans le but d'entretenir une legere revulsion jusqua ce que les principanx phenomenes in-flammatoires soient combattus, toutefois sans prejudice des autres moycns indiques plus haut.
Lorsque la raaladie n'est point arretee dans sa marche, malgre la medication active que nous venons d'indiquer, et qu'il existe un commencement d'epanchement de sero-site dans le thorax, il faut insister sur Temploi des revul-sifs, activer Faction du sinapisme ou du vesicatoire, el appliquer des setons fortement animes sur les faces cos-tales ; on donne au malade pour boisson de l'eau blanche, dans laquelle on fait dissoudre de l'emetique ä la dose de 16 ä 30 grammes , et on lui administre des breuvages diuretiques de decoction de chiendent, ä laquelle on ajoute le nitrate de potasse et la scille en poudre ; 60 grammes de scille et autant de nitre suffiront pour trois breuvages qui seront donnes chaquejour.
Si un commencement d'epanchement existe deja lors­que les soins du veterinaire sont reclames, ce qui arrive souvent, et que Ton ait neglige tout traitement, il faut etre tres-circonspect dans les emissions sanguines gene-rales ; on ne peut se permettre une saignee de deux a trois kilogrammes, qu'autant que le malade soit d'un tem­perament sanguin et que le pouls ait conserve de l'accele-ration et de la durete ; mais il faut se hater d'appliquer les revulsifs comme nous I'avons indique plus haut, et d'ad-ministrer les diuretiques et letartre stibie. Gelle dit qu'on peut encore alors obtenir de bons effets d'un purgatif compose de 16 grammes d emetique et de 120 grammes do
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sei de Glauber etenduS dans un litre de decoction de sene, edulcoree par le miel.
Pleurcsie du chien. — La pleuresie aigue du ciiien se manifeste par des frissons, de la tristesse, de l'abatteraent et l'acceleration de la respiration. Ces premiers symptomes apparaissent ordinairement quelques heures ajjres lactiün de la cause provocatrice , et gagnent de plus en plus dintensite ; l'inspiration est courte et onduleuse ; I'expira-tion est brusque et entrecoupee ; lanimal, au regard morne et taciturne, demeure immobile assis dans un coin , les membres anterieurs ecartes de la poitrine et la gueule ouverte pour respirer plus librement; il refuse les ali­ments solides et appete par intervalles les boissons ; de temps en temps il fait entendre une petite toux seche, pe­nible, douloureuse et avortee; les membranes apparentes sont rouges et injectees; la boucbe est secbe; le pouls est serre, dur et vite; la percussion des faces costales est dou­loureuse au point d'arracher des cris au malade a chaque cbocquefon imprime sur les cotes ; souvent il y a consti­pation ; les urines sont rares et cbargees. Si la maladie n'est point arreteedans sa marche, au bout de vingt-quatre ä trente-six lieures, lepancbement pleural se traduit par l'augmentation de l'oppression et par faggravation des symptomes sus-enonces; ä cette epoque de la maladie, I'inappetence est complete, 1'animal refuse toute espece de nourriture ; il a l'oeilterne et cbassieux ; il conserve la meme attitude sans changer de place ; la percussion rend uu son mat; a I'auscultation on percoil, pendant I'expiration, le souffle tubaire; a mesure que lepancbement pleural aug-mente, le bruit tubaire disparait, et ne se percoit plus du tout lorsque repanchement est considerable; alors I'an-xiete dcvicnt de plus en plus grande et lanimal meurt
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ordinairemeut d'asphyxie, du cinquleme au sixieme jour. Gelte maladie reconnait generalement pour cause prin-cipale le refroidissement subit de la peau; aussi l'observe-t-on frequemment chez les chiens de chasse,qui, tout haletants de fatigue et de chaleur, boivent de l'eau froide de Fontaine ou de riviere, dans laquelle ils se baignent quelquefois, et chez ceux nouvellement tondus , qu'on laisse exposes a un air froid et humide. 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Traitement. — Une ou deux applications de sangsues
sur la poitrine, selon la force et l'intensite de la phlegma-sie , les bains emollients, les lavements de meme nature et les boissons emelisees sont les moyens les plus eflicaces pour combattre la pleuresie naissante chez le chien; on doit insister sur leur usage autant que les indications l'or-donnent; mais si la maladie nest pas combattue dans l'intervalle de vingt-quatre a trente-six heures, c'est-a-dire si la resolution n'est pas en train de s'effectuer, on doit
recourir a la medication revulsive : il faut appliquer un
large vesicatoire sur la poitrine, tout en continuant I'u-
sage de l'emetique et des lavements ; onparvient souvent,
par une forte revulsion, a prevenir I'epanchement sereux ou a le dissiper lorsqu'il commence a se former.
PLEURO-PNEUMONIE {Inflammation sinmltanee de la plevre et die jioumon). — Cette double affection est assez frequente chez les animaux domestiques, notam-ment chez le cheval, et constitue la plupart des maladies de poitrine.
Pleuro-pneumonie aiguii du clieval. — Cette affection s'annonce subitement par des frissuns generaux accom-pagnes dun refroidissement de la peau et dune grande gene dans la respiration : de temps en temps le maladc
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PLEURO-PNEUMONIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 111
fait entendre une toux profonde qui para It le faire souffrir ; les flancs sent agites, 1'inspiration est courte et onduleuse comme dans le cas de pleurite , I'expiration est brusque et entrecoupee; fanimal, debout et les membres anterieurs ecartes du thorax, offre une physionomie particuliere : il tient la tete allongee sur I'encolure, les narines sont dilatees, la face est grippee; les membranes apparentes sont i-ouges et injeetees , lair expire est plus chaud que de coutume; le pouls est dur et vite, I'artere remplie cede difficilement a la pression du doigt; la percussion de la poitrine est douloureuse; si Ton exerce une forte pression entre les cotes , le malade accuse une vive douleur, a laquelle il täche de se sous-traire en se pliant de cöte ou en se deplacant; a I'auscul-tation, il y a faiblesse du bruit respiratoire dans les points on le tissu pulmonaire est engoue de sang ou congestionne; enfin, un räle crepitant et humide annonce le debut de l'inflammation du parenchyme pulmonaire. Lorsque cette double maladie n'est point contrariee dans sa marche, eile arrive en deux ou trois jours a sa periode d'etat ; alors les symptomes s'aggravent, la res­piration est penible et acceleree, l'inspiration est grande et rapide, I'expiration, brusque et saccadee; la toux est grasse, petite et avortee •, les narines sont dilatees et laissent ecouler des mucosites roussatres en plus ou moins grande abondance; le pouls est dur et irregulier tant dans la force que dans l'intervalle de ses battements ; I'animal demeure constamment debout sans bouger de place, le moindre mouvement augmente I'anxiete. Si, a cette epoque de la maladie, l'inflammation se termine par liiepatisation du poumon,le rale muqueux crepitant a disparu ou ne se fait plus entendre que sur certains
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points circonscrits, il y a absence complete tlu bruit respiratoire sur le point correspondant a lliepatisation. L'epancliement clans le sac pleural se denote par la matitc de la poilrine, le defaut de resonnance a la percussion et l'absence totale du bruit respiratoire vers le tiers inle-rieur de cette cavite ; quelquefois on percoit, a I'auseul-tation de cette region , un bruit de glouglou, occasionne par le dcplacement du liquide epanche, a chaque mou-vement respiratoire. Si Ton ne parvient pas a arreter les progres de la maladie par un traitement energique, les phenomeues que nous venons de decrire deviennent de plus en plus alarmants ; le poumon, ou les poumons, sils sont tons deux enflarames, perdenttoute leur permeabilite, la masse du liquide fourni par la plevre augmente au point de remplir toute la cavite thoracique, et l'animal succombe ordinairement du sixieme au huitieme jour.
Lorsque ['inflammation pulmonaire se termine par la gangrene, chose crui arrive assez frequemment dans la maladie qui nous occupe, I'air expire exhale une odeur repoussante de gangrene, l'animal jette par les narines des mucosites d'une teinte grisatre ou lie de vin; I'ady-namie, Tabaissement de la temperature de la peau, la petitesse et la mollesse du pouls sont des signes qui, reunis a ceux fournis par i'auscultation , qui fait enten­dre un räle caverneux d'autant plus prononce que les brooches out ete detruites par la gangrene, et que les cavernes qui en resultent se trouvent situees pres de la surface costale du poumon , ne laissent aucun doute sur cette terminaison funeste, constamment et rapidement mortelle.
Pleuro-pnevmonie chroniquc. —Celte affection, qui peutetre la consequence de letat aigu de cette maladie,
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est excessivement rare chez les animaux domestiques ; fort peu de veterinaires I'ont constatee. M. Delafond, qui s'est livre a une etude toute speciale des maladies de poi-trine, n'a rencontre qu'un seul cas dans lequel il y eüt simultanement inflammation des plevres et inflammation du poumon , toutes deux a 1'etat chionique. Ce professeur dit que, dans la plupart des cas. la pleuresie est consecu­tive a des alterations morbides depuis longtemps dejk developpees au sein du parenchyme pulmonaire, telles que des tubercules ou une hepatisation grise ou blanche. Encore la phlegmasie de la plevre ne se developpe-t-elle alors qu'autant qu'une inflammation aigue vient eclater autour de ces produits morbides , ou quand , pendant leur ramollissement, les plevres ayant ete detruites , la matiere ramollie s'est epanchee dans leur cavite.
L'anciennete de la maladie, la faiblesse de l'animal, son etat de maigreur ou de marasme, le herissement des poils, la sechcresse et l'adherence de la peau aux tissus sous-jacents , une toux petite et quinteuse, grasse et accompagnee d un jetage de matieres blanchatres et gra-nuleuses par les naseaux, la matite et l'absence complete du bruit respiratoire dans quelques regions circonscrites du poumon, la resonnance et la force de l'expansion pul­monaire dans d'autres, tels sont les signes revelateurs d'une inflammation cbronique du parenchyme pulmo­naire, avec presence de productions morbides dans son interieur. Qu'ä ces signes soient reunis le frottement, labsence du bruit respiratoire et la matite a la region inferieure du thorax , dans une egale etendue a droite et ä gauche, l'infiltration du tissu cellulaire sous-sternal et la päleur des muqueuses, on aura les caracteres reunis d'une pneumonic cbronique et d'une pleuresie cbronique
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avec epanchement. La coexistence des cavernes et de Thydrothorax s'annonce par les rales caverneux et sibi­lant, muqueux, hronchique et tracheal, par le jetage, apres la toux , de malieres grumeleuses, blanchatres et quelquefois fetides. Si une inflammation aigue vient a se developper snr rinflammalion chronique, on en sera averti par les signes enumeres plus haut, puis par le räle crepitant, suivi de l'absence complete du bruit respira-loire et de la matite. Lorsquon viendra a entendre le räle caverneux la oü la matite et l'absence du bruit respira-toire s'observent, on sera informe qu'il se forme une caverne communiquant avec les bronches. Enfin l'exis-tence d'une resonnance plus forte qua Tetat normal dans toute l'etendue des parois thoraciques , et un gargouille-ment perceptible aux deux regions inferieures du tho­rax , seront, surtout le premier de ces phenomenes, les signes qui annoncent l'epancbement Je gaz et de liquides. Tels sont, d'apres M. Delafond , les symptöraes qui caracterisenl la pleuro-pneumonie chronique.
Les causes de la pleuro-pneumonie etant les memes que celles qui donnent lieu a la pleurite et a la pneumonic, nous renvoyons le lecteur aux articles qui traitent de ces deux maladies; il en est de meme pour ce qui concerne les lesions cadaveriques.
Traitement. — Le succes du traitement de cette mala-die aigue, a marche rapide et souvent mortelle, depend ordinairement de i'energie que Ton met dans I'application des moyens therapeutiques a son debut, alors que 1 inflam­mation n'est pas encore developpee et qu'il n'y a que con­gestion des tissus irrites ; c'est par les larges emissions san­guines et le retablissement des fonctions supprimees qu'il laut tächer de faire avorter la maladie et de l'arreter dans
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sa uiaiche envahissante. Pour alteindre ce but, au mo­ment de l'invasion de cette phlegmasie, il faut pratiquer une ample saignee de huit ä dix livres a la jugulaire, bouchonner l'animal et lui couvrir le corps de couvertures de laine chaudes sous lesquelles on dirige des bains de vapeur emollients. Une seconde et meine une troisieme saignee, mais moins forte que la premiere, peut etre pra-tiquee ä deux ou trois heures d'intervalle , scion la force et la plenitude du pouls, et l'etat d'oppression du malade. Ces premiers mojens, souvent efficaces, doivent etre secondes par I'administration de deux gros demetique donnes quatre fois par jour dans une boisson blanchie avec de la farine d'orge ou du son, qui doit former I'unique nourriture de l'animal malade. Si, au bout de vingt-quatre beures, ce traitement du debut n'a point produit un amendement satisfaisaut, si le pouls a conserve sa force et si 1'oppression persiste, il faut recourir a une nouvelle saignee et appliquer sur la face inferieure de la poitrine un large sinapisme, dans le but de provoquer une forte revulsion sur ce point; I'engorgement produit par cet agent revulsif doit etre scarifie profondement en vue d'obtenir une evacuation sanguine locale, toujours avan-tageuse dans le cas qui nous occupe ; on continue I'usage des boissonsemetisees, que Ton alterne avec des electuaires adoucissants, dans lesquels entre le kermes mineral a la close de deux onces par jour; on reapplique ensuite le sinapisme apres l'avoir ranime avec du vinaigre chaud pour entretenir la fluxion vers cette partie. Si le malade n'avait pas ete traite au debut de la maladie, et que le ve-terinaire n'evit ete appele que vingt-quatre ou quarante-liuit beures apres son invasion, il doit se comporter comme nous venons de findiquer plus haut, insister sur les etnis-
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PLEORO-PNEÜMONIE.
slons sanguines generales qui cloivent etre Urges, mais toujours proportionnees a la force du pouls , a Tage , a la constitution et au temperament du sujet, et appliquer incontinent un fort sinapisme sur la poitrine. Lorsque la naladie a amene Thepatisation du poumon et Tepanche-Tient pleural, le cas est excessivement grave et souvent jnortel;il faut insister, dans cette circonstance, sur la medication revulsive, administrer au malade des sudori-flques, des diuretiqueset meme des purgatifs; le calomel donne a la dose de quatre gros par jour, en deux pilules, matin et soir, a quelquefois produit des effets merveilleux et contribue puissamment a la guerison. Quand la gan­grene s'empare des tissus enflammes, la mort est inevitable. Lorsque la pleuro-pneumonie setermine par resolution, il s'opere dans l'ensemble de reconomie un bien-etre marque; I'anxiete diminue, le pouls se rapproche de son etat normal, la peau redevient souple, une clialeur bali-tueuse se manifeste sur tout le corps, les poils repren-nent leur lustre, la respiration reprend de plus en plus son etat normal, les poumons i'ecouvrcnt insensiblement leur permeabilite, I'appetit se fait sentir; en un mot, tout fait prevoir un prompt retablissement; mais a cette epoque tout n'est pas fini, il faut diriger la convalescence dune maniere convenable, de crainte d'une recidive qui est presque constamment mortelle. C'est au veterinaire qu'in-combe cette tacbe, c'est a lui de veiller tons les jours a ce que la personne chargee du soin du malade ne transgresse pas ses ordres en lui donnant, en vue de le fortifier, une trop grande quantite de noui-ritm-e , et surtout une nour-riture echauffante ; il doit lui-meme fixer la ration journa-liere, qui doit etre de facile digestion et rafraichissante, et l'augmenter au fur et a mesure que la convalescence fait
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ties progres, de maniere ä i^amener insensiblement I'animal ;i sa ration ordinaire lorsque tout danger est passe. Le ve-terinaire ne doit pas non plus cesser toute medication ; il est prudent d'entretenir la revulsion par de legers epispa-stiques appliques sur la place du sinapisme, et de n'en cesser I'usage que lorsque la suppuration est bien etaldie sur ce point, et de continuer l'administration |des opiats kermetises jusqua extinction complete de la toux. II con-vient egalement, lorsque la convalescence est un pen avancee, de faire faire au malade une ou deux petites pro­menades au pas, tons les jours, lorsque la saison le permet, et d'observer a son egard toutes les regies de l'bygiene.
Lorsque la pleuro-pneumonic est passee a l'etat cbro-nique, eile doit etre consideree comme incurable, et ce serait, comme le dit Ilurtrel d'Arboval, entrainer le pro-prietaire dans d'inutiles depenses que d'en entreprendre le traitement.
Pleuro-pncicmonie du hceuf. — Cette double maladie, franchement inflammatoire , parait etre excessivement rare cbez les animaux de l'espece bovine. Gelle, Ilurtrel d'Arboval n'en font pas mention ; ils parlent bien d'une maladie de ce nom qui regne epizootiquement sur les ani­maux de cette espece,maisils se taisent sur linflammation proprementdite, sporadique, simultanee de la plcvre et du poumon; par consequent, pour ce qui concerne cette double affection , nous renvoyons le lecteur aux articles Pleuresie et Pneumonie du bceufj nous nous reservons de traiter, dans un chapitre particulier, de cette maladie avec caractere epizootique, sous la denomination de Pleuro-pneumonie exsudative epizootique co?itagieuse.
Pleuro-pneumonie du porc. — M. Saussol a observe, dans les environs de Mazaraet, une pleuro-pneumonie
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PLEURÜ PNEUMONIE.
opizootique trcs-meurtriere sur les pores. Le refus d'ali-uients solides, l'appetence des liquides , la tristesse, le eroenement continuel et la recherche des lieux humides etaient les premiers symptomes qui commencaient a don-ner quelques indices de la maladie. Ensuite venaient la chaleur de la peau, la douleur de la region hypogastrique, la durete du ventre, la secheresse des excrements, la con­stipation, la rarete des urines ; enfin, la respiration penible, le soulevement des cotes, tres-sensible meme chez les animaux gras , la secheresse et la rougeur cramoisie des membranes muqueuses, le larmoiement des yeux, la toux rare et quinteuse. Les animaux ne se couchaient point et se laissaient diflicilement approcher. Le pouls etait plein et dur. Tons ces symptomes se manifestaient du soir au lendemain. Bientöt ils devenaient plus alarmants, le rale apparaissait, les animaux ecartaient leurs membres, leur position devenait chancelante ; ils s'appuyaient contre les murs et ne tombaient que pour mourir quelques instants apres, ordinairement le troisieme jour. Chez quelques-uns, la mort etait precedee de violentes convulsions des extremites et de la face.
A l'ouverture du corps, on trouvait la cavite pectorale pleine d'un liquide sanguinolent, les poumons tres-en-flammes, les plevres epaisses et fortement injectees, le diaphragme couvert detaches noires, la muqueuse intes-tinale legerement phlogosee, les bronches pleines dune ecume rougeätre, le cerveau humecte d'une serosite rous-sätre.
La maladie fut attrihuee ä la chaleur brülante de l'at-mosphere, a la secheresse des plantes que les animaux mangeaient, et au tarissement des sources qui ne leur permcttait pas d'etanchcr leur soif; le soir on les lenfer-
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mail sous leurs toits, qui presentaient peu ou point d'ou-vei'tures, et la ils restaient jusqu'au lendemain matin, tou-joui-s tourmentes par la soif et la chaleur. Ces causes et le resultat des necroscopies demontrent bien que la maladie ne se bornait pas aux organes de la poitrine, et que ceux du bas-ventre y participaient aussi ii un degre plus on moins prononce.
Les moyens prophylactiques mis en usage furent la saignee a la queue , les bains dans I'eau cbauffee a 1'ar-deur du soleil, la diminution des aliments, auxquels on ajoutades berbes legumineuses, la proprete des toits, dont les portes furent remplacees la nuit par des claies, la four-niture d'une süffisante quantite d'eau acidulee et nitree, blanchie par la farine de seigle, et l'attention de ne plus faire sortir les animaux pendant les fortes cbaleurs : ces moyens preserverent un grand nombre d'individus.
Quant au traitement curatif, il consista en larges sai-gnees faites par la section des vaisseaux sacro-coccygiens inferieurs, ou, dans le cas d'insuffisance, par I'amputation de la queue. Les animaux furent places dans des lieux temperes; on leur donnait pour boisson une decoction de bourrache, de mauve et de laitue, acidulee avec du vinai-gre ou blanchie par la farine de seigle. On les baignait dans de I'eau chaude quand les circonstances le permet-taient. Enfin, on passait sous la poitrine un seton anime avec ionguent vesicatoire. Ce traitement fut plusieurs fois efficace.
Cette pleuro-pneumunie, que nous avons transcrite du Dictionnatre d'Hurtrei d'Arboval, nous semble plutot etre une affection typboide qu'une inflammation franche de la plevre et du poumon ; le developpement soudain de la maladie, sa marche rapide qui tue sa victime du
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deuxieme au troisieme jour, la grande prostration dans laquelle les animaux sont plonges des son debut, les causes qu'on lui attribue et les lesions cadaveriques qu'elle laisse, nous paraissent de nature a confirmer l'opinion que nous venons d'emetti-e.
Pleuro-pneumonie gangreneuse. — Chabert decrit, dans les Instructions veterinaires, annee 1793 , sous le noin de peripneumonie gangreneuse^ une maladie epizoo-tique contagieuse de l'espece bovine. Cette affection, qui exerce principalement ses ravages sur les plevres et les poumons, ne doit pas etre confondue avec la terminaison par gangrene de l'inflammation de ces organes, ni avec la pleuro-pneumonie exsudative epizootique qui regne ac-tuellement sur les animaux de cette espece ; eile est de nature septique, carbonculaire, et sa marche est tellement rapide quelle fait perir les bestiaux an vingt-quatre ou quarante-buit beures.
Cbaberl divise les symptomes de cette maladie, d'apres leur marcbe, en trois temps.
Les symptomes du premier temps sont : pesanteur de la tete, secheresse du mufle , yeux tristes et obscurcis, pouls petit, dur, frequent, quelquefois irregulier ; flancs plus ou moins agites; boucbe chaude, ainsique fair expire; soif tres-vive, langue seche; toux seche, souvent forte et frequente ; degoüt plus ou moins grand pour les aliments solides; excrements leplus souvent dursetnoirs, quelque­fois liquides et tres-fetides ; urines rares , plus ou moins epaisses et odorantes; poils ternes, herisses; cornes et oreilles cbaudes , ou alternativement cbaudes et froides ; diminution des forces musculaires, abattement, fatigue et quelquefois claudication.
Au second temps, les symptomes precedcmment indi-
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ques ont acquis plus diatensite: la sensibilite de lepinc dorsale, et surtout de la region lombaire, parait tres-vive au toucher ; lanimal a la tete allongee, elevee, les yeux etincelants et larmoyants; le pouls est tres-agite et petit, la soif grande:la Louche seche ct tres-chaude, lair expire brülaxit; la membrane pituitaire est enflammee, le mufle est sec et les naseaux sont spasmodiquement contractes. La surface du corps est tres-chaude, cette chaleur disparait et reparait tour a tour ; souvent encore eile se montre al-ternativement sur les cotes et sur les faces de lencolure, tandis qua les cornes et les oreilles sont froides, de meme que les extremites ; le rectum est bmlant; les flancs sont plus agites encore , la toux est forte, souvent continue, opiniatre et convulsive; Tanimal ne se couche point ou du moins ne pent rester longtemps dans cette position ; 11 y a expectoration par la bouche et par les narines d'une matiere roussatre, sanguinolente, de mauvaise odeur : les mamelles se dessechent et se lletrissent. 11 se manifeste quelqaefois des tumeursde mauvais augure vers lecoude, au cou, sur les cotes et les extremites; ces tumeurs dis-paraissent bientot ä la suite d'un frisson , et leur rentree aggrave considerablement letat du malade.
Les symptomes du troisieme temps sont ceux qui pre­cedent la mort, le pouls est petit, faible, presque efface ; Tepuisement et la prostration augmentent; les flancs sont retrousses, cordes; leurs mouvements sont acceleres et elendus; lepine dorso-lombaire est voütee en contre-haut, les membres sont rapproches du centre de gravite; les dejections sont ordinairement liquides et fetides, accom-pagnees d epreintes ; la sensibilite generale est presque nulle, les mouches s'attachent en grand nombre sur la
bete, qui ne les sent plus et ne fait aucun mouvement mnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 10
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pour sen debarrasser. Les autres causes d'irritation n'ont pas non plus d'action sur la peau:, la respiration devient tres-frequente, et de plus en plus laborieuse ; on entend un gargouillement dans le thorax, cause par le deplace-ment du liquide epanche dans cette cavite; i'eclat de la conjonctive se ternit de plus en plus ; la pupille est tres-dilatee, et Toeil insensible a I'approche dune vive lumiere; le pouls disparait; les naseaux sont tres-dilates , il y a flux par ces ouvertures d'un liquide dont la couleur varie, qui contient parfois des debris de la substance pulmonaire, mais qui exhale une odeur cadavereuse in-fecte; la membrane pituitaires'ulcere; I'air expire devient froid et sa fetidile est semblable a celle du liquide. A cette epoque, les yeux sont chassieux et les paupieres souvent agglutinees. La prostration devenant de plus en plus forte, L'ammal ne tarde pas a succomber.
Le cours de cette maladie est quelquefois tellement rapide, qu'il est impossible de distinguer les trois temps , et que tous les phcnomenes se succedent dans le court espace de vingt-quatre ou quarante-huit heures ; c'est ce qui arrive surtout chez les sujets jeunes, gros , forts, robustes 3 d'autrcs fois , I'animal ne meurl que du cin-quieme au septicme jour au plus tard.
Autopsie. — On trouve les poumons enilammes, de­composes , sphaceles et suppures, les plevres, epaissies et infiltrees d'humeurs glaireuses; des adherences existent entre les poumons , le pericarde et le diaphragme; d'au-tres fois il existe un epanchement considerable d'eau bourbeuse, sereuse, sanguinolente et toujours infecte. Le foie est volumineux , jaunatre, la vesicule biliaire pleine de ce liquide 5 le diaphragme est enflamme, souvent gan­grene et convert dc tacbes noires. La panse et le feuillet
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sont remplis d'aliments desseches, la caillette et I'intestin sont plus ou moins enflammes ; la matrice, dans le cas de gestation , est tres-enflammee, ainsi que le foetus ; on ob­serve plusieurs taches gangreneuses, et les poumons du petit animal se ressentent plus ou moins de l'etat de ceux de la mere.
Les causes ordinaires de cette maladie sont, d'apres Chabert, les variations de Tatmosphere, les longues se-cberesses, raction dun soleil brülant , les brouillards epais et fetides, la grele, les pluies froides si les ani-maux y sont exposes etant en sueur; la disette d'eau, I'usagede celle ties mares qui est souvent corrompue; les fourrages poudreux et submerges, les plantes marecageu-ses, surtout celles qui se sont dessechees apres la retraite des eaux , les exhalaisons putrides des marais; la paille d'avoine javelee, celle qui est poudreuse et moisie ; les etables chaudes et peu aerees ; enfin la contagion qui esl d'autant plus active que le nombre d'animaux est plus considerable et qu'ils sont entasses dans des etables trop exigues.
Le bceuf, dit Chabert, etant d'un temperament lym-phatique et pituiteux, est moins impressionnable a I'ac-tion des causes maladives ; elles font chez lui des progres sourds et sinistres avant que la reaction vitale soit appre­ciable , et peuvent, en raison de ce caractere insidieux , operer la destruction de la machine, si Ton n'apporte un prompt secours des les premiers signes maladifs. II con-seille done, en temps depizootie surtout, de visiter souvent les animaux sains, afiude s'assurer de l'existence du plus leger signe maladif. II recommande deviter, avec le plus grand soin, toute communication des ani­maux malades avec ceux qui raquo;out sains ; les pdsonnes qui
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soignent les bestiaux malades ne doivent pas non plus approcher des etables et des troupeaux non atteints ; on doit brüler le furnier, surtout celui des etables contenant les malades, enterrer profondement les cadavres, taillader leurs peaux ; il faut tenir enfin les bestiaux dans des babi-tations seches, propres et aerees, et les malades renfermes dans des pares eioignes des habitations. On fera brosser, bouchonner et elriller les animaux ; on tiendra les malades couverts ; on parfumera les etables avee des baies de ge-nievre infusees dans levinaigreetjetees sur des charbons ardents. Ces fumigations sont remplacees aujourd'hui par celles de chlore comme etant plus propres a la desin-fection , partant ä detruire les miasmes contagieux. Chabert recommande aussi de diriger les vapeurs des baies de genievre infusees dans le vinaigre, sous le ventre et dans les narines des malades , et d'entretenir dans leur boucbe un billot compose d'assa-foetida et doxymel. Les bestiaux malades seront tenus a la diete la plus severe ; les animaux sains ne recevront qu'une demi-ration de bon fourrage.
Traitement preservatif. — Saignee a la jugulaire, cpn sera repetee le lendemain si le pouls conserve encore un caractere de durete ; breuvages de decoction d'oseille et de chicoree sauvage animee par le sei de cuisine, a la-quelle on ajoute du nitre et du camphre dissous dans un peu d'eau de Rabel; lavements emollients ; le lendemain, trochisque de sublime corrosif au fanon , que Ton traver-sera par un seton. Ces moyens , dit Cliabert, ont sufli pour garantir les animaux sains des effets de la contagion.
Traitement curatif. 1er Degre. — Saignee a la jugu­laire, mais seulement si le pouls est dar, fort et plein. Des que le pouls est devenu souple, un vesicatoirc de
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chaque cote de ia poitrine, que Ton pansera ulterieure-ment avec longuent basilicum anitne par les cantbarides. Breuvages alexiteres d'infusion de bales de genievre, d'ammoniaque et de quinquina , reiteres deux fois par jour ; gargarismes de decoction d'orge miellee, lavements temperants, eau blancbe nitree, vapeurs de vinaigre dirigees dans les narines ; bouchonnement, usage de la couverture.
2e Degrd. — Saignee proscrite, vesicatoires tres-actils sur la poitrine; infusion de baies do genievre en breuva­ges , lavements emollients, boissons nitrees, gargarismes. Si Tanimal est faible, on donnera le breuvage alexitere deja indique. Si un mieux succede a cette medication, on nourrira le malade avec des jDanades animees par des jau-nes d'oeufs et de l'extrait de genievre.
3e Degre. — On se liätera d'appliquer les vesicatoires, d'administrer des breuvages alexiteres et des infusions de baies de genievre auxquelles on ajoutera de l'assa-foetida et de la gomme ammoniaque dissoute dans du vinaigre ; les gargarismes, les lavements aideront aux effels de cette medication qui du reste est presque toujours infructueuse.
Pleuro-pneumonie exsudativc epizootique. [Pleuro-pneumonie epizootique.) — Nous n'essaierons pas de tra­cer riiistoire de cetle desastreuse maladie qui decline les animaux de 1'espece bovine depuis plus de vingt ans; Jamals affection epizootique n'a ete l'objet de rechercbes et d etudes plus serieuses de la part des veterinaires; les nombreuses observations, les nombreux memoires qui ont ete publies sur cette maladle sent la pour I'attester ; chacun a cm trouver quelque chose d'utile et la dit 3 mals en sommes-nous plus avances ? Nous ne le pen-sons pas.
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Comme toutes les maladies dont on ignore la nature , la pleuro-pneumonic epizootique a ete I'objet d'opi-nions diverses quant a sa pathogenie et a son etiologie; les uns ont cru qua c etait une inflammation franche des plevres et des poumons, qui avait pour terminaison con-stante Thepatisation deces organes et lepanchement dans les sacs pleuraux; d'autres la considerent, avec i'aison, comme une exsudation sanguine dans le parenchyme pul-monaire et disent que linflammatioii n'est que la conse­quence de ce travail morbide ; ils lui donnent le nom de pJeuro-pneumonie exsudative. Nous avons pu nous con-vaincre, en maintes circonstances, qu'il se passe dans le parenchyme pulmonaire un travail occulte, une exsudation plastique qui lui ote sa permeabilite et l'indure longtemps avant que des plienomenes inflammatoires apparaissent, meme avant que des plienomenes maladifs attirent I'atten-tion des personneschargees du soindesanimaux. En 1834, nous faisions partie d'une commission chargee d'etudier cette epizootic dans les Flandres ; nous sacrifiämes, en vue de nous eclairer , plusieurs animaux qui offraient toutes les apparences de la meilleure sante ; ils buvaient, man-geaient, ruminaient et donnaient du lait; seulement ils laisaient entendre de temps en temps un eclat de toux insignifiant, au point que le proprietaire considerait ces animaux comme sains ; la matite de la poitrine a la per­cussion et l'absence du bruit respiratoire sur certains points du poumon a I'auscultation, etaient les seuls symp-tömes appreciables aux sens. Ces betes, au nombre de trois , furent abattues ; elles avaient chacune un poumon ou une partie de cet organe bepatise, pesant, tumefie en quelque sorte, et n'offrantaucune trace manifeste d'inflam-mation ; la plevre correspondante etait saine, il ny avait pa*
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(1 epanchcment. Ces observations nous semblentdc nature a pouvoir faire considerer linflammation comme conse­cutive a l'hepatisation, et lorsque la periode febrile appa-rait, on peut regarder la maladie comme datant d'un temps plus on moins recule: mais comment ce travail s'opere-t-il? En vertu de quelle puissance a-t-il lieu? Ce pro-bleme est loin d'etre resolu. La plupart des veterinaires pensent que la maladie primitive reside dans le sang, que c'est une affection typho'ide dont la scene principale se passe dans les poumons et les plevres. On ne peut guere s'expliquer autrement la nature d'une maladie aussi meurtriere que contagieuse; mais en quoi consiste l'alteration du fluide nourricier? 11 ofTre tous les ca-racteres physiques du sang sain , on n'observe rien de particulier dans sa composition, dans ses elements; la chair conserve sa durete, sa saveur jusque dans les periodes les plus avancees; c'est encore un probleme que nous ne pouvons definir ni elucider. M. Delafond la considere comme une maladie specifique , parce quelle donne naissance ä un virus special susceptible de la reproduire, caractere qui la distingue des pleuro-pneumonies ordinaires et sporadiques; que son siege existe, soit dans les poumons, soit dans les plevres , mais le plus souvent tout a la fois dans ces deux organes ; que sa nature est inflammatoire, aigue ou chi'onique, simple ou compliquee d'alteration septique du sang ou de phlegmasies intestinaies , mais quelle n'est jamais essentiellement putride, gangreneuse, ou pestilentielle; enfin, que l'element morbide qui donne naissance au virus , parait etre l'alteration du poumon , et que le vebicule de ce virus est lair expire.
Quant a letiologie de cette affection, on a invoque
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loutes les causes connues, capables de produire une ma ladie : la mauvaise nourriture, les eaux croupissantes, corrompues, que boivent les animaux ; les etables basses, chamles et humides, oü il y a defaut d air respirable, la malproprete de ces lieux, leur exiguite compara-tivement au nombre de betes qu'cm y loge; les mias-mes qui s'en exhalent, les courants d'air, le froid qui regne dans les montagnes , les variations brusques de 1 atmosphere, etc. Bien que toutes ces influences, reunies ou isolees , soient de nature ä eugendrer des maladies , surtout des maladies septiques et des voies respiratoires, il doit avoir existe quelque chose d'autre qui echappe a la perspicadtede I'observateur dans cette epizootie; ce quel­que chose, dont on ne peut se i-endre compte, ne pour-rait-on pas lattribuer, comme on le fait en medecine humaine, lorsqu'une epidemic se declare, a une constitu­tion epidemique (epizootique chez les animaux domesti-ques) de l'atmosphere, ({ue Ton est force d'admettre, dans rimmense majorite des cas. lorsqu'une epidemic appa-rait sans qu'on sache comment eile s'est creec? En effet, n a-t-on pas observe , au moment de l'mvasion de notre pays par cc terrible fleau, et pendant plusieurs annees successives, que la maladie se propageait avec une extreme rapidite dans differentes localites a la fois et enlcvait presque toutes ses victimes ; eile n'epargnait pas plus les animaux places dans toutes les conditions hygieniques con-venables que ceux chez lesquels ces conditions faisaient defaut, les jeunes pas plus cpe les vieux, les forts pas plus que les faibles ; Oetait une rare exception, quand la mala­die se declarait dans une etable, que quelques animaux en fnssent preserves, et nous avons vu bien des fois que tons en etaient frappes prcsquau meme instant. Insensible-
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ment la maladie perdit de son intensite, ses limites se retrecirent, et aujourd'hui eile est devenue en quelque sorte sporadique; sont-ce encore les memes influences qui l'entretiennent et qui la font naitre cä et la dans des localiles isolees ? A ces questions nous repondons non, que c'est la contagion. Cette funeste propriete a con-tribue puissamment a propager la maladie des son appa­rition, et aujourd'hui eile peut etre consideree comoie la cause principale, pour ne pas dire l'unique qui la determine. En examinant attentivement les diverses apparitions qu'elle fait de temps en temps, n'est-on pas convaineu de cette verite ? En effet, ne voyons-nous pas la pleuro-pneumonie exsudative se declarer dans les endroits ou se font de nombreuses transactions commer-ciales; dans les distilleries ou il se fait des mutations continuelles dans les bestiaux? Pour ces derniers, on a invoque le genre de nourriture auquel ils sont presque exclusivement soumis , les residus de la distillerie. Cette idee doit s'evanouir quand on reflechit que, avant 1828, avant l'apparition de ce fleau, les betes ä cornes etaient nourries cliez les distillateurs de la meme maniere qu'au-jourd'hui, quelles etaient logees dans les meines condi­tions, respiraient le meme air, recevaient les memes soins, et que cette maladie n'avait jamais ete signalee ; nous avons pris des renseignements ä cet egard chez les plus grands et les plus anciens distillateurs. Ainsi, si on la voit plus souvent apparaitre dans ces etablissements, c'est a la contagion que nous devons en attribuer la cause, soit que les etables soient restees infectees , ou que la maladie se soit introduite par une bete nouvellement acquise, qui en portait en eile le germe. ün fait re
cent vient de se passer encore i il prouve ä levidence innbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;17
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150nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PLEURO-PNEUMONIE.
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ce que nous venons d'avancer. Un riche cultivateur, pos-sesseur d'un troupeau de vingt-deux hetes a cornes de premier choix, fit l'acquisitlond'une belle vache laitiere en etat de gestation avancee, chez un marchand de bestiaux ; cette vache provenait d'un de nos principaux distillateurs chez c[id la maladie n'a jamais cesse de regner; il la placa dans son troupeau; vingt jours apres son arrivee ä la forme, eile offrit les premiers symptomes de la maladie appreciables aux yeux du cultivateur, qui s'empressa de la faire reprendre par le vendeur. Rassure par le p eu de temps que cette bete avait sejourne dans son etable, etant malade, car il Tavait fait separer immediatement 5 il se bercait dans une fausse securite lorsque, trois semaines plus tard, deux betes de son troupeau tomberent malades, et successivement en un mois de temps, dix-buit furent atteintes de ce fleau : six moururent, les autres guerirent par un traitemcnt plus ou moins long, quatre furent epargnees. Cefait nous parait d'autant plus concluantque la maladie n'avait jamais paru dans ses etables, quelle ne regnait pas dans la localite , qu'aucun de ses voisins n'en a ete inquiete, quelle s'est bornee ä son troupeau qui, sous le rapport de I'hygiene, etait tenu dans les conditions les plus favorables. M. Verheyen publia dans le Journal veterinaire et ayricole deBchjique, annee 18-42, un memoire plein d'erudition et riche de faits a lappui de la contagion. laquo; 11 est connu , dit ce savant professeur, que c'est dans les Flandres que la pleuro-pneumonie epi-zootique a exerce ses plus grands ravages ; il n est peut-etre pas un village , un hameau oü eile n'ait fait des vic-times. U y a cependant une exception : dans une lettre que m'adresse M. Vanaken, veterinaire a Zele , il m'an-nonce que, sur la ri\e gauche de l'Escaut,il y a un polder
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ressortant de la ville de Termonde, notnme Slut Onuffs broek, contenant une vingtaine de fermes ou il y a im­portation rare de betail, et ou toutes les conditions requises pour Texistence du mal, telles que des etables trop etroites, basses et pen aerees, la nourriture acre et acide, les inondalions, le manque de litiere, etc., sont locales ; et cependant il n'y a jamais remarque la moin-dre trace du mal, tandis qu'il a sevi dans toutes les loca-lites adjacentes. raquo; Cette petite locallte est encore vierge de ce fleau en ce moment.
En 1843, nous avons public, dans le meme journal, un article intitule : Encore tin mot sur la coiUayion de la pletcro-jineumomc epizootique qui regne depuisl\amp;Qamp; sur I'espece bovine. Dans ce petit article, nous avons fait res-sortir, par des faits, I evidence de la contagiosite de cette maladie.
M. Delafond, dans son Tratte sur la maladie de pot-trine du yros betail, connue sous le nom de pleuro-pneumonie contagieuse, demontre , par de nombreux faits, que cette affection a la funeste propriete de se trans-mettre par voie de contagion.
M. Tvart, inspecteur general des ecoles veterinaires et des bergeries nationales de France, dans un rapport adresse au Ministre de l'agriculture et du commerce, insere dans le Recucil de medecine vtiterinaire pratique, annee 1851, fait ressortir d'une maniere evidente le ca-ractcre contagieux de la maladie qui nous occupe.
Presque tons les veterinaires sont convaincus aujour-d'hui de la nature contagieuse de la pleuro-pneumonie exsudative epizootique 5 nous ne parlerons pas des raison-nements plus ou moins specieux que font valoir ceux qui sont dun avis contraire , les faits ont decide la question gt;
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et nous dirons avec M. Manage, medecin veterinaire a Boucliain : quand les fails parlent, la theorie doit se taire.
Si nous avons insiste aussi longuement sur ce point etiologique, c'est pour y arreter rattention des veterinai-res , car la cause principale d'une maladie etant bien con-nue, il est souvent facile d'en prevenir le developpe-ment.
Sympiomes. — Les symptömes de la pleuro-pneumonie exsudative varient selon la periode ä laquelle la maladie est parvenue. La pei'iode de debut passe inapercue aux yeux des personnes chargees du soin des finimaux et meme aux yeux des veterinaires qui n'apportent pas une attention toute particuliere dans leurs moyens d'investi-gation; les animaux conservent toutes les apparences de la sante, seulement ils font entendre un eclat de toux qui se repete trois a quatre fois de suite; cette toux est fatigante,moins forte et moins sonore quo celle qui carac-terise la bronchite; ce n'est guere qua Tauscultation qu'on peut s'apercevoir du travail occulte qui se passe dans le parencliyme pulmonaire ; le bruit respiratoire est sensiblement diminue ou a disparu dans certaines parties des poumons; la percussion de la cavite pectorale rend un son mat aux endroits correspondants a ceux dont I'impermeabilite a ete constatee. Ce travail, occulte dans les organes de la respiration , envabit insensiblement le tissu spongieux qui les compose, et finit par le convertir en une masse dure qui ne se laisse plus penetrer parl'air; alox-s les symptomes febriles apparaissent, et sont pour les cultivateurs les premiers signes maladifs, tandis que pour le veterinaire, la maladie est arrivee ä sa seconde periode. Dans ce cas , Fanimal est triste et nonchalant, il
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PLEURO-PNEUMONIE.
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se tient elolgne de la mangeoire dans une attitude parti-culiere, la tete hasse et tendue, la colonne vertebrale lege-rement arquee en haut; la station parait fatigante, les membres posterieurs supportent alternativement le corps ; I'appetit n'est plus aussi soutenu, et parfois le malade refuse les aliments solides; la rumination est imparfaite ; la secretion laiteuse est diminuee ou a disparu. A cette epoque de la maladie , le pouls est petit et vite, I'artere est tendue; les yeux sont rouges , injectes; la respira­tion est acceleree, I'expiration est plaintive ; la toux est frequente, penible et fatigante; les naseaux sont dilates ; le mufle est sec, la peau a perdu sa souplesse et le poil son lustre naturel; lorsque Ton comprime la colonne ver­tebrale en arriere du garrot, l'animal accuse une vive douleur, il flecliit et fait entendre un gemissement; a l'auscultation, il y a absence complete du murmure res-piratoire aux endroits correspondants a l'hepatisation, et exageration de ce murmure aux endroits restes sains; la percussion est douloureuse; ä chaque choc que Ton im-prime sur les cutes correspondantes au mal, le malade se retire et fait entendre un gemissement que Ion percoit en approchant l'oreille des narines , et parfois ä distance; la sonorite a disparu.
Lorsque la maladie est arrivee a ce point, eile marcbe ordinairement avec assez de rapidite ; les symptömes que nous venons d'enumerer s'aggravent; le malade refuse toute espece de nourriture, il demeure constamment debout, eloigne de la crecbe, la tete allongee pour res-pirer plus librement; les flancs sont fortement agites j a chaque expiration , le bruit plaintif, le gemissement se fait entendre a distance } l'oreille, appliquee sur les parois pectorales, percoit un gargouillement produit par le bal-
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lottement tics liquides epanches dans le sac pleural; ce bruit n'est pas constant; pour qu'il ait lieu, il faut que certains gaz soient melanges a la serosite de lepancheinent. Si la maladie ne tend pas vers une terminaison heureuse, ce qui est fort rare lorsqu'elle est arrivee a ce degre , les syinptomes s'aggravent davantage encore, la respiration est des plus tumultueuses, gemissante, plaintive ; la toux se fait a peine entendre tantelle est faible; la suffocation devient imminente, le malade ouvre la bouche a chaque inspiration, il s'echappe en abondance de cette cavite une bave ecumante ; enfin la mort met un terme a cette serie de symptomes.
A l'ouverture des animaux qui ont succombe a cette maladie, ou que Ton a sacrifies comme incurables, on rencontre les lesions suivantes : le poumon remplit les deux tiers ou la totalite de la cavite pectorale, a laquelle il adhere par tie fausses membranes que Ton doit dechirer ou couper pour Ten extraire. II a presque le volume d'un poumon sain lorsqu'il a ete soufile, et en conserve la forme. 11 est toujours recouvert de fausses membranes qui , enlevees par le grattage, laissent voir sa surface marquetee de rouge, de brun, de jaune ou de noir. Son tissu est compacte, dur et resistant; il est excessivement lourd 5 un seul poumon peut acquerir le poids enorme de buita douze kilogrammes. Des sections pratiquees en dif-ferents sens dans cet organe, donnent ecoulement a une tres-petite quantite de liquide sero-sanguinolent raramp;-ment mousseux. Le tissu du poumon montre alors des parties roses, rouges et brunes, formees cbacune par des lobules pulmonaires plus ou moins älteres. Ces lesions sont encadrees par des bandes jaunätres ou blanchatres dont la consistance ct 1 epaisseur varieht. La , elles sont
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formees par une infiltration recente du tissu cellulaire interlobulaire ; ici elles out acquis de la blancheur, de la solidite, et renferment dans leur epaisseur de petites cavites ou areoles i-ondes, ovales ou allongees, remplies dune serosite clairej ailleurs, elles sent resistantes, epais-ses de un a deux centimetres at indurees. Chaque lobule est circonscrit par cette singuliere alteration.
Lorsque Ton a la patience d'enlever par le grattage le tissupidmonaire altere, renferme dans ces compartiments divers, on obtient une multitude de cases qui reproduisent I'aspect d'un Veseau, ou mieux celui dun damier. Cette alteration commence par un etat oedemateux du tissu cellulaire interlobulaire, et setermine par une induration blanche de ce tissu. Cette lesion morbide, qui marche d'accord avec l'inflammation du tissu pulmonaire, M. De-lafond la considere comme aussi grave que celle-ci j la resolution en est tres-lente et toujours difficile a obtenir.
Les lobules du tissu pulmonaire renfermes dans chacun des encadrements blancs et indures du tissu cellulaire, afFectentles couleurs rose vif, brun noiratre, rose pale ou blanchatre. Ces diverses nuancesindiquent des alterations qui correspondent avec des etats morbides recents, an-ciens ou tres-anciens.
Lacouleur rose vif, linjection, la crepitation, la resis­tance a la dechirure d'un ou de plusieurs lobules pulmo-naires, avec legere infiltration sereuse recente dans les mailles du tissu cellulaire qui les entoure, sont les carac-teres du premier degre de l'inflammation.
La couleur brune ou noirätre, quelquefois livide, la durete, la pesanteur, la dechirure facile, sans aucun ecoulement de sang, I'induration blanchatre areolaire et dejä resistante du tissu cellulaire interlobulaire, sont les
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136nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PLEURO-PNEUMONIE.
caracteres dune lesion ancienne datant de vingt a qua-rante jours.
Enfin, la couleur rose päle, blafarde ou blanchatre du tissu pulmonaire, son atrophie determinee par le volume, la durete, la resistance, le rapprochement des cloisons formees par l'induration du tissu cellulaire interlobulaire, sent les caracteres qui annoncent une alteration tres-ancienne, datant de plus de quarante jours.
Toutes ces lesions sont reunies et intercaleesj chaque lobule a, en quelque sorte, son alteration speciale, quoique participant ä la lesion generale. Et ce sont ces diverses nuances, ces differents etats de consistance et de mollesse des lobules et du tissu cellulaire interlobulaire, qui don-nent au poumon coupe l'aspect du inarbre rouge, ou dans quelques cas , la couleur variee qui lui donne beaueoup de ressemblance avec la coupe de la cbarcuterie, appelee fromage d'Italie.
Jamals on ne rencontre de gangrene ni de suppuration dans cet etat pathologique. Les vaisseaux ont conserve leur calibre normal. |nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Tels sont les caracteres qui appartiennent ä l'hcpatisa-
tion rouye, qu on a aussi nommee improprement carniß-cation^sarcie ditpoumon,ei qu'il serait preferable,d'apros M. Delafond , de nommer induration rouge, parce qua cette lesion n'est ni grenue comme le foie, ni de la couleur de cet organe, qu'elle ne ressemble nullement ä de la chair, mais qu'elle a la plus grande ressemblance avec ce que Ton a nomme induration rouge des tissus vas-culaires.
Les plevres pulmonaire , costale, diaphragmatique et mediastine, quelquefois seulement l'une ou l'autre de ces parties pleurales , mais presque tonjours celle qui recou-
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vre le poumon , sont tres-injectees , pointillees, ecchymo-sees, vergetees dans beaucoup de points de leur etendue, et presque tonjours rugueuses et trcs-epaissies par plu-sieurs lames de fausses membranes organisees , surajou-teesa leur face interne. Le tissu cellulaire sous-sereux esl generalement tres-injecte. Celui qui separe la plevre du poumon est, independamment de cette injection, infiltre par une serosite jaunatre , infiltration qui se continue profondement avec une semblable infiltration du tissu cellulaire interlobulaire. Celte oedematie sous-sereuse subit une veritable induration qui concourt, avec les fausses membranes organisees a la face interne de la plevre, a donner a cette membrane 1'epaisseur d'une piece de cinq francs , et souvent plus. Sur beaucoup de points de la face interne des plevres, existent des prolon-gements rougcAtres, resistants, tubereux, coniques, quel-quefois lamelleux , lisses ou ruguenx, dans lesquels se montre un grand developpement capillaire sanguin.
Ces parties sont des fausses membranes deja organi-sees , dont la formation date de vingt a trente jours. Elles attachent le poumon, soit aux cöte^, soit au diaphragme. D'autres fausses membranes, de recente formation , se font aussi remarquer dans plusieurs parties de letendue de la cavite pectorale. Elles sont homogenes , areolaires , molles , faciles a dechirer, penetrees par beaucoup de liquide sereux , peu adlierentes a la plevre, et baijjnant dans un liquide citrin , roussatre ou blanchatre, clair ou trouble, se coagulant par lerefroidissement, dont la quan-tite varie depuis deux jusqu'a vingt ou trente litres. Quelques flocons jaunatres , gorges de serosite, faciles ä dechirer, nagent dans ce liquide.
Des poches closes de toutes parts, d'unecapacite varia-
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4 58nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PLEURO-P.NF-ÜMOME.
hie, Jont les parois sont formees par des fausses mem­branes plus ou moins organisees, et renfermant un liquide semblable a celui dont il vient d'etre parle, se montrent parfois dans les mediastins anterieur ou posterieur. M. Delafond a vu de ces pocbes contenir un ä deux litres de liquide.
Les ganglions lymphatiques des bronches sont du volume d'un oeuf de poule, blanchäti-es et penetres d'une grande quantite de serosite. Dans leur epaisseur, on remarque des depots de lymphe alteree, que des veteri-naires ont pris pour des tubercules.
La sereuse du pericarde renferme tres-souvent un liquide citrin. Chez un assez grand nombre de sujets, on voit nager dans ce liquide quelques flocons fibrino-albu-mineux. Des fausses membranes , sous forme de petites granulations, se montrent parfois sur le feuillet sereux qui tapisse la base du coeur. La substance et les cavites de cet organe n'ofirent jamais rien de bien notable. Le tissu cellulaire, sous-slernal, sous-maxillaire et sous-tracbeal, offre souvent une infiltration sereuse qui con-stitue les oedemes que l'on signale comme symptomes de riiydrothorax.
A cette serie de lesions cadaveriques rapportees par M. Delafond, et que nous avons constatees nous-meme dans les nombreuses autopsies que nous avons faites, nous croyons devoir ajouter celles signalees par M. Dele, medecin veterinairc a Anvers , a savoir l'alteration de la membrane muqueuse de la caillette et de Fintestin grele. Vers la fin de la maladie, on rencontre, a fouverture des aniraaux, de nombreuses ulcerations sur la membrane muqueuse qui tapisse ces organes. Ces ulcerations, a bords epais, rougeatres, et a fond grisatre, semblent avoir
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ete faites avec un emporte-piece; dies varient en largeur, depuis celle d'une lentille jusqu a celle d'une piece de deux francs et plus. Ces lesions, que nous constatons cliaque fois que nous avons 1'occasion d'ouvrir un animal mort de la maladie arrivtje a sa derniere periode, ne pourraient-elles pas etre comparees a celles que Ton ren­contre dansletyphuschezlliomme, c'est-a-direl'alteration des glandes de Peyer et de Brunner, et la pleuro-pneu-monie epizootique ne peut-elle pas etre consideree comme une affection typhoide ? Quelques veterinaires sont de cet avis.
Traitement. — II serait bien difficile d'assigncr a la pleuro-pneumonie exsudative epizootique un traitement Ji base invariable; presque toutes les medications ont ete dirigees centre cette redoutable maladie, et toutes ont procure plus ou moins de guerisons, etmeme des animaux ont gueri par les seuls efforts de la nature. Nous ne men-tionnerons pas pour le moment tous les moyens therapeu-tiques, tant specifiques qu'autres, qui ont ete preconises pour combattre cette affection; nous en parlerons a la fin de ce chapitre et nous deduirons, par des faits, leur va-leur curative respective.
En presence d'une maladie aussi grave que contagieuse, qui n'est guere curable qu'a sa premiere periode, a sa pe­riode latente, c'est dans les moyens preventifs que le vete-rinaire doit placer ses esperaucesj c'est la qu'il doit ap-porter toute son attention et tons ses soins, car, comme le dit Vicq-d'Azir, il vaut mieux prevenir les maladies epi-zootiques contagieuses par leloignement des causes qui les determinent, que de chercher a les combattre.
Moyens preservatifs. — Lorsque la pleuro-pnöumonie se declare dans une ctable , il faut se hater d eloigner led
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animaux sains du lieu infecte, les placer en petits nombres dans des etables separees, et non, comme on a generalement la mauvaise habitude de le faire a la cam-pagne, eloigner les betes malades et laisser les autres exposees a I'influence contagieuse 5 mais il est quelque-Sbis bien difficile de trouver assez de locaux pour isoler de cette maniere un troupeau un pen nombreux; on peut parer ä ce defaut en faisant construire de petites ecu-ries en planches, recouvertes de paille, dans chacune desquelles on place deux ou trois animaux ensemble ; ces constructions, a bon marche, permettent un isoleraent plus complet et ont ce grand avantage que, si une des betes suspectes tombe malade dans Tune , la contagion ne peut atteindre celles qui sent logees dans les autres ; par conse­quent, il devient plus facile d'empecher la maladie de se propager. Si, ä cause de la saison ou du mauvais vouloir des proprietaires, l'isolement ne pouvait se faire de cette maniere , alors il faudrait se hater d'eioigiier la bete ma-lade et la tenir separee des autres dans un endroit isole ; fetable sera aussitot purifiee, desinfectee par le lavage, ä l'eau bouillante d'abord, des murs, de la creche, du pave­ment et de tous les objets quelle renferme; ensuite par un second lavage avec unc dissolution de chlorure de chaux, dans une proportion d'une demi-livre de chlorure pour vingt litres d'eau. Ou prucedcra ensuite a la desinfection generale de l'air de letable par des fumigations de chlore. Avant de commencer cette derniere operation, on faitsor-tir les animaux, on beuche toutesles ouvertures qui pour-raient donner issue au gaz •, puis on met dans une terrine en terre vernissee , que Ton place sur un rechaud allume de charbons , une livre et demie de sei de cuisine , une demi-livre de peroxyde de manganese et une livre dcau;
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on melange exactement ces substances, puis on y verse une livre d'acide sulfurique; aussitot le chlore gazeux se degage en vapeurs blanches qui remplissent bientut la ca-pacite du local. Une fumigation faite d'apres ces propoi'-tions suflit pour desinfecter une etable de dix a douze betes. On obtient encore le chlore gazeux en versant deux onces d'acide sulfurique sur quatre onces de chlorure de chaux. Lorsque la fumigation sera achevee, on ouvrira les portes et les fenetres quelcjues instants avant de rentrer les animaux. Si l'etable est hasse et humide, si lair nepeut pas circuler ni se renouveler librement, il faut en relever le sol, pratiquer des ouvertures dans les murs de maniere a etablir une ventilation au-dessus des animaux ; enfin, il faut enlever les couches de fein ou de paille qui reposent sur les chevrons formant le dessus de la plupart des etables, les enfouir dans la terre ou les convertiren fumier, car ii serait dangereux de les donner comme aliment aux bestiaux ou d'en faire leur litiere.
La ration des vaches bien portantes , si elles sont d'un certain embonpoint et fortement nourries, sera diminuee d'un tiers. Si l'etat du pouls, des yeux, de la respiration, reclame la saignee, celle-ci devra etre pratiquee.
Les cultivateurs qui suivront ces preceptes dictes par 1'experience, parviendront, on peut lassurer, dit M. De-lafund, a preserver le reste dutioupeau de la maladie; et si toutefois , ajoute cet auteur, eile continue ses ravages, eile sera beaucoup moins rebelle a guerir. En resume, il faut eviter toute communication des betes malades avec les betes bien portantes ; les faire visiter souvent par un veterinaire qui, au besoin , reiterera la saignee et fera prendre a cedes qui font entendre de temps en temps un eclat de toux, quelcpics breuvages d'eau d'orge avec du
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143nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PLEL'RO-PNEUMONIE.
sulfate de soude ä la dose de quatre a six oiices par jour. Les setons appliques sur la region sternale nous ont paru d'un grand avantage dans ce cas.
11 est de notoriete publique que la plupart des cultiva-teurs, pour sauver quelques debris de leur fortune menacee , s'empressent de vendre , sur les foires et les marches , aussitut que la maladie eclate dans leurs etables, toutes les betes qu'elles renferment; ces animaux , deja malades ou contajjionnes, sont achetes et transportes dans differentes localites, oü ils vont propager la maladie ; ce commerce illicite est la source principale du fleau qui pese depuis si longtemps sur I'agriculture. 11 esl etabli par des faits irrecusables, que si la maladie apparait de temps en temps dans certaines localites , eile y est ap-portee , dans l'immense majorite' des cas , par des betes nouvellement acquises qui proviennent de lieux infec-tes; il est done de la plus baute importance , pour dimi-nuer ou faire disparaitre cetle desastrease maladie, de mettre en vigueur les moyens de police sanitaire usites en pareille circonstance, et de veiller strictement a leur execution.
Moyens curatifs. — Comme nous Tavons dit plus baut, le traitement de la pleuro-pneumonie exsudative epizoo-tique n'offre des chances de succcs qu'autant qu'il est em­ploye a la premiere periode de la maladie ; plus tard les chances diminuent et le mal est souvent incurable.
Les moyens curatifs auxquels on a recours pour com-battre cette maladie, ne dilferent guere de ceux que Ton eiuploie pour combattre la pleuro-pneumonie aigue ordi­naire. Si ranimal est jeune , plethorique ct d'un certain embonpoint, on pratique une saignee plus ou moins large, que Ion reitere dix ä douze heurcs apres, si 1'eLal
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du pouls et de la respiration l'exige; on applique sur la region sternale un large sinapisme , dans le but d'obtenir une revulsion active , ou Ion place , dans le meme but, deux ou quatre setons animes avec I'onguent •vesicatoire ou la racine d'ellebore noir, sur le cote de la poitrine cor-respondant au poumon hepatise; on administre , en deux fois dans la journee , quatre a six gros d'emetique dissous dans un litre d'eau ; on tient le malade a la diete et on lui fait prendre toutes les deux heures un litre de decoc­tion emolliente, a laquelle on ajoute cliaque fois une once de sulfate de soude. On continnera ce traitement durant le cours de la premiere periode, cest-a-dire pen­dant les quatre a cinq premiers jours de la maladie.
Si les animaux sont maigres et debiles , il faut etre tres-reserve dans les emissions sanguines ; on ne se permettra Lout au plus qu'une legere saignee si le pouls en reclame imperieusement lemploi; dans le cas contraire, il faut bien sen abstenir. L'experience nous a demontre qu'alors toute soustraction de sang est plutut nuisible qu'utile; il faut done avoir recours, pour ces betes allaiblies, a la me­dication tonique, stimulante : on leur fera prendre, tons les matins , une once de carbonate de fer et quatre onces de poudre de gentiane dans un litre de decoction d'ab-sintbe, de serpolet ou de tanaisie , ou dans un litre de biere brune, ä defaut de cette decoction; le tout sans pre­judice de la medication revulsive qui doit etre continuee dans tons les cas ; on leur donnera en petite quantite une nourriture legere et de facile digestion , teile que des pommes de terre, des betteraves, des carottes et des navets cuits, auxquels on associera un peu de farine d'orge ou de son de froment.
De tous les moyens therapeutiques employes pour
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combattre cette malatlie, ce sont ceux que nous venons d'indiquer, modifies selon les indications, qui nous ont valu le plus de succes.
M. Lafosse, professeur a l'Ecole veterinaire de Tou­louse, a insere dans ie Journal des vdterinaires du Midi, annee 1851,tine note snrla.pe'ripneumonie cpizootique. Ce pi-ofesseur considere cette maladie comme susceptible de guerison , si un traitement convenable est employe a la premiere periode, a la periode latente. Void ce qu'il preconise : Saignee plus ou moins large et repetee sui-vant I'etat d'embonpoint du malade; 12 a 20 grammes d'emetique dans les 24 heures ; des revulsifs actifs; sinapismes sous la poitrine apres avoir rase et scarifie la peau; fumigations emollientes; frictions de vinaigre chaud sur le dos; frictions sinapisees sur les membres; couvertures sur les diverses parties du corps; seton au fanon, anime avec L'onguent vesicatoire, ou trocbisques d'ellcbore sur le cote de la poitrine.
L'apparition de forts engorgements a toujours ete d'un beureux. presage. 11 ne faut pas confondre la iievre deter-minee par les revulsifs avec l'aggravation du mal; cette fievre n'a rien d'inquietant. La suppuration est encore un meilleur signe. Au bout d'une liuitaine de jours, ranimal est quelquefois trcs-affaibli et ne mange plus; on lui donne alors, en trois fois dans les 24 beures, un demi-kilogramme de pain roti, trempe dans deux decilitres de via et saupoudre de 30 ä 60 grammes de sei.
Ce traitement a ete modifie dans quelques cas. Lorsque le sang etait trcs-plastique, on donnait au malade, en trois doses dans la journee, aulieu d'emetique, 2 a 3 gram­mes de polassc caustique , dissoute dans 4 a 6 litres d'eau miellee. On supprimait la potasse a l'apparition d'une
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diarrhee abondante. Dans le cas d'inflammation de la muqueuse digestive, l'azotate de potasse, a la dose de 32 a 64 grammes, remplacait ces medicaments. Chez les betes debiles, dont le sang ne se coagulait pas, on se bornait a la saignee d'essai. Ces sujets recevaient des toniques , tels que la gentiane et le protosulfate de fer, celui-ci a la dose de 12 a 20 grammes par jour, pendant huit jours environ. La constipation en faisait suspendre lemploi.
Lorsqu'une toux grasse et un rdle muqueux indi-quaient des exsudations dans les bronches, on a admi-nistre avec succes le vinaigre sternutatoire de M. Dehan.
De juillet 1850 a Janvier 1851, 48 betes atteintes de peripneumonie sont entrees a l'infirmerie de l'Ecole de Toulouse; la plupart en etaient afFectees au premier degre. 40 sont sorties gueries 5 2 ont ete abattues j 6 sont mortes : de ces dernieres, 4 avaient la maladie au 2deg; degre quand le traitement a commence.
Des resultals aussi avantageux que ceux obtenus par M. Lafosse, sont de nature a fixer rattention des veteri-naires qui, trop souvent, se bornent a administrer un remede, un specifique preconise pour combattre cette affection , tandis qu'il est demontre par I'experience, que dans cette maladie comme dans beaucoup d'autres , il faut remplir les indications, c'est-k-dire faire de la mede-cine de sympturnes.
Lorsque la maladie est parvenue a sa seconde periode, il y a peu de chances de reussite ; cependant on parvient quelquefois a arreter les desordres organiques par le trai­tement sus-indique, sauf la saignee, qui n'est reclamee alors que dans des cas exceptionnels; nous ne sommes pas sans avoir obtenu de bons effets de l'emploi de revulsifs
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U6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PLEURO-PNEUMONIE.
energiques appliques sur la cavit^ pectorale, d'un breu-vage tonique donne tous les matins et d'une tisane aroma-tique dans laquelle on fait dissoudre six onces de sulfate de soude et quatre onces de nitrate de potasse par six litres de tisane, que Ton administre a la dose d'un litre toutes les deux heures.
A la troisieme periode, la maladie est constamment in­curable.
Nous lisons dans le Bulletin de la Societe nationale et centrale de medecine veterinaire, seance du 8 novem-bre 1849, le rapport du memoire de M. Dehan, veteri­naire a Luneville, sur le traitement de la pleuro-pneumo-nie epizootique. M. Reynal, rapporteur, s'exprime en ces termes;
laquo; Le traitement que preconise M. Dehan n'est pas, comme ilen fait lui-meme I'aveu, un traitement nouveau; il a ete conseille pour la premiere fois par un veterinaire de grand merite, par M. Mathieu d'Epinal, que la mort vient tout recemment d'enlever a notre profession. Ce moyen consiste dans I'administration, par les cavites na­sales, du vinaigre sternutatoire compose de la maniere sui-vante, savoir:
Cristal mineral.....nbsp; nbsp; 60 grammes.
Sei de nitre......nbsp; nbsp; 60nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;
Alun........nbsp; nbsp; 60nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;
Poivre d'Espagne ....nbsp; nbsp; 30nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;
Vitriol blanc cristallise . .nbsp; nbsp; 60nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;
Cannelle.......nbsp; nbsp; 30nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;
Poivre long......nbsp; nbsp; 60nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;
Essence de genievre ...nbsp; nbsp; 60nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;
Theriaque......nbsp; nbsp; 30nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;
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raquo; Faites infuser pendant vingt-quatre heures dans un litre de vinaigre de Bourgogne, a une temperature de 30 a 40 degres; passez a travers un Hnge et conservez pour I'usage.
raquo; M. Dehan n'avaitjamaisvouluadministrerle vinaigre sternutatoire dans le cas de peripneumonie, parce qu'il ctait convaincu, par de nombreuses autopsies, que c'etait une maladie tout a fait incurable, et son opinion a cet egard etaittellement arretee que, dans un temps, il n'avait pas compris qu'un pareil remede, dont aucun raisonne-tnent physiologiqtie nejustißait l'emploi, cut pu trouver place dans la Monographie de M. Delafond. Et le succes qu'obtenait personnellement par cette medication son con­frere et ami, M. Mathieu d'Epinal, n'aurait en rien ebranle ses croyances, si un empirique de renom dans les Vosges n'eüt opere, chez quelques-uns de ses clients, des cures merveilleuses.
raquo; Ces faits de guerison, obtenus pour ainsi dire sous ses yeux, dans sa clientele, sur des vaches afFectees de la ma­ladie de poitrine a un degre tellement avance que M. De­han en avait conseille I'abatage pour la boucherie, modi-fierentbeaucoup lesidees qu'il s'etait formees a legard du vinaigre sternutatoire. Sans se rendre tout d'abord al'evi-dence, il se promit d'employer ce traitement qu'il avait jusqu'alors considere comme une de ces mille panacees vantees dans la campagne, et dont les vertus s'evanouis-sent devant le controle de la pratique d'un homme in-struit.
raquo; Depuis le moment oü cette conversion s'est operee dans son esprit, M. Dehan a employe plusieurs fois le vi­naigre sternutatoire, et presque toujours il en a constate refficacite.
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raquo; Les observations de M. Dehan sont dlvises en ileux categories.
raquo; Dans la premiere, la moins nombreuse, il place celles qui tendent a etablir que la peripneumonie du gros betail est vine maladie contagieuse et incurable par les medica­tions autres que celle qüi a pour base le vinaigre sternu-tatoire.
raquo; Dans la deuxieme, il fait connaitre les faitsqui prouvent l'efficacite de ce medicament comme moyen prophylac-tique.
raquo; Premiere categorie. Premier fait. — En 1846, la peripneumonie se declare sur les boeufs et les vaches suisses de M. Türe, dii'ecteur de la ferme-ecole de Sainte-Genevieve, pres de Nancy. En peu de temps eile fait des progres tels que ce proprietaire en perd une quinzaine sur trente.
raquo; M. Deban, persuade quecette maladie etait incurable et que la contagion n'y etait pas etrangere, contrairement a l'opinion du veterinaire babituel de M. Turc, conseille a ce dernier d'isoler les animaux et de les deplacer en les transportant loin des lieux oü eile s'etait developpee.
raquo; M. Turc suit les conseils de M. Dehan, et la peripneu­monie epargne les quinze animaux qui avaient emigre.
raquo; Deuxieme fait. — A la meme epoque, deux proprie-taires des environs de Luneville exploitaient une grande propriete a l'aide d'une quarantaine de boeufs. La peri­pneumonie se declare sur ces animaux. Plusieui-s veteri-naires et quelques empiriques sont consultes ; tous recon-naissent la nature de cetle maladie et essaient sans succes un grand nombre detraiternentsjtous les boeufs succom-bent ou sont sacrifies mourants pour la boucherie. L'au-topsie confirme le diagnostic porte par les praticiens.
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raquo; Troisieme fait.—En mars 1847, M. Burtin, proprie-taire cultivateur a six kilometres de Luneville, possede quinze boeufs de travail, dix belles vacheset douze boeufs de graisse. Tous ces animaux sont dans un etat florissant de sante, quand M. Burtin augmente son etable d'une vache achetee ä un march and.
raquo; Quinze jours apres son arrivee, cette derniere bete tombe malade ; eile est traitee par le bouvier j comme I'af-fection fait des progres journaliers, M. Dehan est consulte au bout d'un mois environ 5 il reconnait la peripneumo-nie ; cette bete ay ant ete sacrifiee immediatement, ce pra-ticien constate dans les poumons des desordres tels qu'il ne peut concevoir comment s'operait I'liematose.
raquo; Apres quelques investigations, M. Dehan apprend que cette vache provient de chez un cultivateur qui, par cette affection, avait perdu vingt-six vaches. Convaincu desor-mais que la contagion joue le principal rule dans le deve^ loppement de cette maladie, M. Dehan previentM. Burtin que les autres animaux qui ont cohabite avec cette vache tomberont tres-certainement malades. Huit jours apres, ses previsions se realisent 3 M. Burtin voit successivement ses etables envahies par la peripneumonie et tous les animaux qu'elles renfermaient durent etre livres a la boucherie.
raquo; Deuxieme categorie. Premier fait. —M. Hutel, proprietaire, voisin de M. Burtin, possede quinze vaches, deux taureaux et cinq genisses. 11 a l'imprudence de laisser penetrer non loin de son etable, pour etre livrees au tau-reau, quelques vaches provenant de chez M. Burtin. Bien-tot une vache de M. Hutel tombe malade; M. Dehan est consulte et reconnait la peripneumonie. La saignee et l'administration de l'emetique sont sans succes, la maladie progresse, la bete est sacrifiee; I'autopsie demontre que
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les poumons, qui ne sont plus permeables a I'air que par-tiellement, sont lourds, durs, resistants, infiltres dune serosite jaunätre, marbres a la surface de leur coupe et recouverts de fausses membranes epaisses.
3raquo; Huit jours apres cet accident, trois nouvelles vaches furent atteintes ; M. Dehan les traite par les saignees, I'emetique, les setons sous la poitrine: la maladle fait des progres; en presence de l'insucces du traitement, M. Dehan conseille ä M. Hutel de les sacrifier pour la boucherie; ce conseil est suivi; mais le boucher ne veut acheter qu'une des trois betes, les deux autres lui paraissent trop malades; il craint de ne pouvoir les debiter a cause de la diminu­tion de TefTectif de la garnison de Luneville; l'autopsie de celle qui fut tuee demontre que la maladie etait au-dessus des ressources de la medecine.
raquo; M. Hutel, eclaireparrexperiencede son voisin, M. Bur-tin, ne se dissimula pas le sort qui attendait tous les ani-maux de son etable. Aussi n'besita-t-il pas un instant a s'en debarrasser -, mais le vil prix qui lui en fut ofFert pour la boucherie le decida ä confier ses animaux a un empiri-que qui passait, dans la contree, pour etre possesseur d'un remede infaiilible dans le cas de peripneumonie.
raquo; Cet empirique vit les malades, il promit de les guerir et de prevenir la maladie chez ceux qui avaient ete expo­ses a la contagion.
gt; Le traitement qu'il employa n'etait autre chose que le vinaigre sternutatoire conseille par M. Mathieu. II dura un mois environ ; pendant tout ce temps M. Dehan visitafre-quemment les animaux et journellement il constata une amelioration dans l'etat des malades. En outre, la peri­pneumonie ne sevit plus sur les animaux qui avaient ete exposes a la contagion.
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raquo; Le guerisseur precede de la maniere suivante ä l'ad-ministration de son remede :
raquo; Matin et soir il verse dans chaque narine unecuilleree a bouche de vinaigre sternutatoire, et ne tient pas les animaux a une diete severe; il diminue neanmoins la quantite d'aliments : il donne environ cinq kilogrammes de bon foin, avec un peu de paille d'avoine ou defroment; il offre a boire de l'eau blanche tiede deux a trois fois par jour.
raquo; Aucune medication interne n'est ajoutee a l'usage de ce vinaigre. II est verse dans les cavites nasales a I'aide d'une petite bouteille, en tenant tres-^leve'e la partie inferieure de la tete.
raquo; Immediatement apres l'injection du vinaigre, les ani­maux s'ebrouent et toussent tres-fortement, de maniere ä faire croire a la suffocation; ils s'agitent beaucoup ; quel-ques-uns trepignent, se couchent, et manifestent un malaise penible a observer. Quelques vacbes pleines eprouvent une teile agitation, qu'il est arrive qua Tavor-tement en a ete le resultat.
raquo; Deuxou trois jours apres le commencement dutraite-ment, un jetage abondant s'etablit par les deux narines; un coryza, qui gene singulierement la inspiration, se declare sur les betes malades et sur celles qui recoivent l'injection comma presarvatif.
raquo; Quoi qu'il an soit, M. Hutel n'a plus perdu un seul animal; l'injection du vinaigre irritant a dure quinze jours consecutifs, pendant lesquels las betes ont beaucoup tousse et rendu une immense quantite de mucosites par la bouche et par les narines. Graduellement ces symp-tumes se sont amoindris , et, huit jours apres la derniere administration du vinaigre, plusieurs betes toussant en-
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core, le guerisseur jugea convenable de recommencer les injections une fois par jour; elles ont encore dure huit jours, pour etre definitivement discontinuees.
raquo; La quantite de vinaigre consommee par chaque animal, peut etre evaluee a un litre.
raquo; Les animaux ont ensuite ete soumis a leur regime liahituel; la secretion du lait, qui avait beaucoup dimi-nue, s'esl retablie ; et les deux vaches qui avaient du etre abattues , out repris un certain embonpoint.
raquo; Une d'elles , qui conservait encore une toux assez opiniätre, fut livree a la boucherie; a l'autopsie, eile presentait les lesions suivantes : le poumon gaucbe etait sain , tandis que le droit, fortement adherent a la plevre costale, offrait une bepatisation grise dans toute sa tex­ture , et a son centre un enorme kyste contenant une matiere grise, de consistance caseeuse, dont la quantite pouvait etre de deux litres.
raquo; Les succcs obtenus chez M. Hutel a l'aide du vinaigre sternutatoire, engagerent M. Dehan a le mettre de nou-veau en usages quatre faits, semblables au premier, lui ont prouve l'avantage de ce moyen sur tous les autres employes pour combattre cette affection , et prevenir les efiets de la contagion. M. Deban emploie le vinaigre sternutatoire ä toutes les periodes de la maladie.
)) A legard de Faction de ce medicament, M. Deban le comprend de la meme manicre que 31. Matbieu. II pense qu'il agit :
raquo; 1deg; En provoquant le rejet des mucosites et des fausses membranes qui peuvent exister dans la trachee-artere;
raquo; 2deg; En produisant une inflammation revulsive sur toute Tetendue de l'arbre respiratoire;
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n 3deg; Enfin , en determinant une secretion abondante ä ia surface de cette muqueuse. raquo;
k Dans le rapport que j'ai eu riionneur de lire a la Sooiete, dit M. Rcynal, je rae suis principalement efibrce de donner un expose sommaire du travail de M. Dehan , et, sans ajouter une foi entiere aux proprietes curatives düvinaigre sternutatoire, j'ai cru devoir cepcmlant, d'ac-cord avec la Commission, en conseiller I'usage, en lais-sant au temps et a l'experience 1c soin de les apprecier. La peripneumonie est une affection si grave, eile fait des ravages si etendus , eile cause a 1 agriculture des pertes si grandes, elie oppose une si grande force de resi­stance a tous les moyens therapeutiques connus, qu'on ne peut quencouragcr les veterinaires qui cherchent dans un nouvel ordre d'idees des moyens nouveaux pour la guerir. laquo;
Dans une seance subsequente , M. II. Bouley fit communication a la Socicte des resultats quil avait obtenus, conjointement avec M. Reynal, du vinaigre sternutatoire dans le traitement de la pleuro-pneumonie epizootique; trois vaches , dont deux atteintes de la ma-iadie a une periode assez avancee, furent soumises a I'u­sage de ce remede et guerirent en peu de temps.
Sous finfluence tie ce traitement, la maladie semble se iocaliser, se cantonner dans le point primitivement occupe du poumon, et les signes de la saute reparaissent; mais, commele dit avec raison M. II. Bouley, la partie du pou­mon envabie par la maladie reste , apres la guerison apparente du mal, le siege d'une lesion organique irreme­diable. Nous avons constate cette verite bon nombre de fois a l'abattoir de ßruxelles ; des animaux gueris de la pleuro-pneumonie epi/.ootiquc , engraisses ensuite et innbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 20
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livres a la boucherie, truis, quatrc et meme six mois apres , avaient un poumon ou une partie de cet organc detruit; la poi-tion du tissu indure etait grisätre et flot-tante dans line poche membraneuse, dans un veritable kyste qui contenait une certaine quantite de serosite gri-satre; dailleurs, comme I'observe M. H. Bouley, I'aus-cultation demontre dune maniere evidente que le tissu pulmonaire, ainsi transforme par la maladie, n'a pas repris son etat normal, malgre les signes apparents de la sante la plus parfaite.
M. II. Bouley a demontre experimentalement que laction du vinaigre sternutatoire ne se borne point aux voies nasales et pharyngienne, que ce medicament pene-tre jusque dans les dernieres divisions broncbiques , et, par son action violemment irritante , determine partout dans les tuyaux pulmonaires , cctte exsudation pseudo-membraneuse qui conslitue la matiere du jetage conse-cutif a son administration.
laquo; Eb bien , continue ce savant professeur, la connais-sance de ce fait ne donne-t-elle pas jusqu'a un certain point iinterpretation du mode d'action de ce singulier traitemenl ? En irritant a sa maniere le poumon sur les confins de rinflammation speciale dont il est le siege, 1c vinaigre determine, sur cctte limitc, le developpement dune inflammation nouvelle qui se substitue a lancienne, la borne, la circonscrit dans le point quelle occupe, et s'oppose a cette marche successivement envabissante qui est son caractere propre. En se placant a ce point de vue, i! y await une certaine analogie d'action entre celle du vinaigre sur le poumon malade et edle du vesicatoire sur une tumeur de mauvais caractere 5 celle encore des caus-liques dans certaines formes dc plaies ulcereuses, avec
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cette difference cependant que, dans ces derniers cas, la substitution de rinflammation nouvelle a I'ancienne est complete, tandis que, dans le cas de pneumonie specifique, l'action du vinaigre ne serait puissante qu'ä arreter le mal, mais serait ineflicace a guerir celui qui existe ac-tuellement.
raquo; Si des faits ulterieurs viennent s'ajouter a. cenx que nous venous de rapporter; si, en attendant la decou-verte d'un moyen qui sauvegarde I'agriculture centre les ravages de la peripneumonie, la science en possedait un qui put mettre, ne füt-ce que provisoirement, obstacle sur les individus a la marche incessamment envabissante de cette terrible affection; si ce moyen conservait assez de l'organe pulmonaire pour que la fonction de ce qui en resterait fut suflisante a I'entretien dans toute leur acti-vite des forces digestive et nutritive; si Ton pouvait ainsi gainer du temps , avoir la possibilite d'entretenir en etat les betes sauvees du mal , et demeurer libre de ne les livrer a la consommation qu'au fur et a mesure des besoins, on sauverait une partie du capital que les betes representent, et un veritable service serait rendu ä l'industiie agricole. raquo;
Un veterinaire prussien , M. Koelig, preconise le sul-fate de fer comme le moyen par excellence pour gueril­la pleuro-pneumonie epizootique. 11 fit cboix de cc sei ferrugineux plutet que de toute autre preparation martiale, k cause de la raodicite de son prix. Pendant la premiere periodede lamaladie, cbaque vache en recoit, deux fois par jour, vine demi-once en dissolution dans un litre d'eau, et pendant la deuxicme peiiode, la periodc febrile, il en fait donner dix-buit gros par jour en trois doses.
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M. Koelig ne rapporte qu'un seul fait a l'appui de son remctle. En 1849 , le 16 novembre, il vit apparaitre l'epi-zootie dans une ferme oü Ton tenait trente-cincj vaches , dont on vendait le lait ä Berlin. La vache qui en fut atteinte la premiere etait gravement malade depuls quel-ques jours lorsqu'il fut consulte, et comine son diagnostic etait a pen pres certain sous ce rapport, il tenait a isoler lapatiente;le proprietaire pre'fera la faire tuer pour eloi-gner le danger imminent de la contagion ; I'autopsie lui demontra les lesions de la pleuro-pneumonie in optima forma.
Deux jours apres ce premier cas, trois autres vaches tomberent malades de la meme affection, de maniere qu'il devenait impossible de meconnaitre la deuxieme periode de la maladie, celle dans laquellc, dit M. Koelig , le Ira-vail exsudatif s'etablit sous linfluence de pbenomenes fe­briles, et Ton pouvait d'autant moins doutor de la gravite de 1'epizootie, que deja la toux etait generale parmi 1c betail.
Toutcs les betes furent soumises ä l'usage du sei ferru-gineux. Au bout de quelques jours dc ce traitement, on reiuarcruait une amelioration notable dans l'etat des ma-lades. Les excrements etaient moins aqueux et noircis par le fer. L'a])petit revint ou se prononca davantage ; la se­cretion laiteuse augmenta ; la gaiete reparut et la toux fut moins intense.
Centre toute attente, les trois vaches qui avaient la ma­ladie au deuxieme dcgre, et qui avaient ete placees a part dans une etable tlifferente , furent bientot gueries. Au bout de cinq a six jours on n'obscrvait plus chez elles que la toux et le rale ä gauche par lauscultation. Neanmoins on leur conlinuu fusagc du sei fcrrique a lories doses,
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jusqu'a trois onces par jour a chaque animal, et cela pen­dant plusieurs jours.
Apres quinze jours, M. Koelig crut Jevoir suspendre Fusage du sei de ler ; deux vackes, qui depuis longtemps souffraient d'une affection pulmonaire clnonique , furent tout a coup atteintes de l'epizootie. La maladie faisant des jnogres rapides , emporta hienlut l'une de ces Letes, lautre fut abattue 5 elles avaient toutes les deux le lobe pulmonaire gauche hepatise jusqu'au tiers postericur.
A la suite de cet accident, la maladie apparut dans toute sa gravite ; M. Koelig reprit l'usage du medicament ferreux , et au bout de quinze jours il eut la satisfaction de voir toutes ses malades en convalescence ; quoiqu'elles loussassent encore il fit suspendre de nouveau I'adminis-tration du fer. A peine en avait-on cesse l'usage depuis laquo;juelques jours , que plusieurs betes nouvelles furent at­teintes par le lleau, et il fut oblige de reprendre ses pres­criptions ferrugineuses , lesquelles furent dosees comme precedemment, mais il y ajouta du tartre stibie , auquel il dut bientut renoncer.
Sur un sujet il observa des symptomes evidents d'in-ilammation; il crut utile d'ordonner le nitre, mais le mal s'aggrava par ce medicament, et il dut revenir derecbef au fer, au moyen duquel il obtint, contre son attente, la guerison de la malade.
Toutes les vacbes furent done soumises au traitement ferrugineux jusqu'au 23 decembre, e'est-a-dire pendant cinq semaines. Ces betes ne toussant presque plus, l\I. Koelig fit diminuer la dose du medicament. Cette diminution de la dose du fer out pour consequence imme­diate unc nouvelle et progressive aggravation de la toux dans les premiers jours de Janvier , el la maladie devint
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suilout tres-inteiise chez l'une des vachcs qui avaient coliabite pendant les cinq premiers jours de lepizootic avec les Letes qui eu etaient infectees. Elle fut abattue comme incurable.
M. Koelig se bäta de remettrc toutes les vacbes a l'u-t.iige du sulfate de fer a bautes doses ; il soupconna que la maladie devait etre entretenue par une cause occulte qui la rendait si resistante ä ce remede. L'usage journalier du sei de cuisine frappa son attention et lui parut suspect; cbaque bete en recevait huit a douze gros par jour; il defendit den donner encore et augmenta les doses du sulfate de fer, au point d'en faire preudre, en deux fois, de six gros a une once par jour pendant unc semaine. Puis apres il en ordonna des quantites moins considerables (4 a 6 gros par jour en deux fois) pendant quinze jours, et cbaque bete recut alors en meme temps deux gros de sei common par jour.
Ce cbangement dans le regime des malades fut suivi d'une amelioration prompte et notable dans leur sante ; la soif fut moins vive, la toux diminua de plus en plus, et au bout de deux a trois semaines I'epizootie s'eteignit completement.
M. Koelig , admirateur des opinions medicales de Ra-demacker, qui ne reconnait que trois maladies qu'il qua-lifie üuniverselles} a savoir : 1deg; la maladie salpciree on nitreuse, 2deg; la maladie cuivreuse } et 3deg; la maladie fer-ruyineuse, considere la pleuro-pneunionie comme appar-lenant a celte dernicre. Ces maladies universelles cor­respondent a peu pros : la premiere, a fetat purement inflammatoire; la seconde, aux affections nerveuses ; ct la troisieme, a ce que I'ou designe sous le nom d'astbenie, elat outride. Mais Rademacker n'accepte point ccttc in-
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terpretalion, il ne recoxmait point de symptomes cer­tains et'propies a distinguer les maladies, tandis que rcfTet bienfaisant ou oppose du medicament lui sert d'indica-teur exact pour leur appreciation.il considere le remede comme un reactif servant ä faire connaitre la nature de lafFection morbide centre laquelle il a ete dirige. M. Koe-lig admettant la manierc de voir de Rademacker, et con-siderant la maladie qui nous occupe comme ferrugineuse, administre le fer. On a fait la remarque, dit M. Koeligquot;, qu'un usage consecutif et de longue duree des ferrugi-neux, produit une decomposition du sang analogue a celle qui parait exister dans letat typhoYde 5 que le fer donne en exces fait naftre un etat analogue a celui qu'on a e7i viio de guerir par son usage. Cela ressemble a de riiomocopathie, c'est la methode therapeutique de Hahne-mann, sauf les doses : similia similihus curantur.
En lisant attentivement le traitement tant preconise par M. Koelig, que remarqaons-nous dextraordinaire dans les succes qu'il a produits ? La vache qui fut atteinte la premiere de la pleuro-pneumonie, fut sacrifiee ; trois jours plus tard, trois aulres vaches tomberent malades ; elles furent soumises, ainsi que toutes les autres betes de ! etable, a l'usage des ferrugineux et guerirent au bout de cinq a six joins, malgre que la maladie füt arrivee au deuxieme degre. Quinze jours apres, deux autres vaches tomberent malades , malgre femploi continuel du sei de fer: l'une mourut et l'autre fut abattue comme incurable. La maladie reparut ensuite avec plus d'intensite ; les pres­criptions ferrugineuses, suspendues depuis quelques jours, furent reprises ; une des vaches qui avaient cobabite pendant les cinq premiers jours de l'epizootie avec des betes infectees devint malade et fut egalement sacrifiee
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comme incurable. Nous 1c demandons : oü sont les avan-tages de ce traitement lant vante? II n'y a pas un prati-cien qul n'ait obtenu des resultats plus avantageux de l'emploi d'une ou deux saignees au debut de la maladie. selou la force, reinbonpoint et l'etat febiile du sujet; des revulsifs energiques appliques surles faces costalesou sur la region sternale, de l'usage de lemetiqixe, du sulfate de soude et du nitrate de potasse , et, dans quelques cas exceptionnels, lorsque les betes etaient maigres et debiles, par les medications tonique et revulsive. Le releve de la clinique de l'Ecole A'eterinaire de Toulouse, que nous avons rapporte plus baut, atteste suffisammcnt ce que nous venous d avancer.
M. Rogier, Ministre de finterieur , dont la sollicitude pour I'agriculture est connue, engagea les veterinaiies du Gouvernement a essayer le sulfate de fer dans le traite­ment de la pleuro-pneumonie epizootique. M. Fabry, me-decin veterinaire ä Diest, dans une serie d'observations bien faites et bien suivies, a fait connaitre a M. le Ministre le resultat qu'il a obtenu de cette substance medicamen-teuse. Sur neuf betes soumises ä ce traitement; six gue-rirent et trois out du etre abattues comme incurables malgre l'usage du sulfate fie fer. Ce resultat n'est pas de nature ä faire accorder a cet agent therapeutique loute la confiance que lui attribue M. Koelig. Perdre un tiers des malades n:cst pas un bien grand succes , surtout que, chez la plupart d'entre eux, la maladie etait a sa pre­miere periode , a la periode latente, cquot;est-a-dirc qu'en ap-parence les animaux etaient encore en etat de sante loi-s-qu'on les soumit a l'usage du sei ferrugineux.
Plusieurs veterinaires nous out assure n'avoir rien ob­tenu de bien satisfaisant de fusane du sulfate de fer centre
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PLIQÜE.
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la pleuro-pneumonie epizootique. L'Ecole veterinaire n'a pas ete plus heureuse dans ses experimentations.
PLIQUE. — Cetle affection, que Ton nomme encore Trichoma} ne parait pas attaquer les animaux domesti-ques, au moins dans nos climats; cependant quelques au-teurs rapportent l'avoir observee sur le cheval. Au rap­port de Schlegel, la plique des chevaux se rencontre en Russie ; eile attaque au moins un individu sur six ou sept, tant ä Moscou qu'a Saint-Petersbourg ^ les chevaux des habitants des campagnes y sont moins sujets que ceux des villes. Ceux de la Pologne ne la presentent pas sou-vent , bien que la plique y seit si commune sur l'espece humaine dans ce pays. Brera fait remarquer quelle est assez commune en Italie, oü on la connait sous le nom de follcltc; il la rapporte ä \amp;fausse plique, qui consiste dans Tintrication, l'entortiUement, le feutrage des poils ou plutut des crins de la queue et de l'encolure, que Ton observe frequemment chez les chevaux de race commune, qui sont mal soignes, mal panses , enün chez ceux aux-quels les soins hygieniques fontconstamment defaut. Cette espece de plique n'attaque pas les bulbes pileux , eile est separee de la peau; c'est, comine nous l'avons dit 3 un veritable feutrage , un entrecroisement en tons sens et accidental des crins, qu'il suffit de demeler et de nettoyer pour le faire disparaitre. M. Gase a dit que les chevaux n'ont jamais la plique que quand on ne prend pas le soin de les bouchonner et de les etriller ; que jamais ceux des maitres n'ont cette maladie, et qu'on ne l'observe que sur les chevaux des paysans qu'on neglige toujours davan-tage; cependant le docteur Schlegel a public un fait cu-rieux de plique survenue a la suite d'une immersion dans
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PLIQUE.
la Moskowa : deux chevaux ayant pris le mors aux dents, apres avoir galope pendant quelque temps avec toute la vigueur dont ils etaient capables, se precipiterent dans ce fleuve : lun deux pent sur lecoup ; I'autre, qu'on parvint ä sauver, resta longtemps malade et ne tarda pas a etre attaint d'une plique universelle , dans laquelle tons les poils demeurerent isoles et distincts les uns des autres. Schlegel ajoute que ces sortes de pliques generates ne sont pas rares en Russie chez les chevaux; que chacun des poils se plique isolement, mais qu'il s'en trouve nean-moins toujours, dans le nombre, quelques-uns qui s'unis-sent aux plus voisins et qui tantut se bouclent de maniere quelanimal presente I'aspectd'un chien harbet, tantut, au contraire, se redressent de soi'te que, vu de loin, le cheval semble etre couvert de plumes.
Tessier rapporte qu'on voit quelquefois sur la peau des moutons une eruption de boutons qu'il rapproclie de ceux de la gale et qui ne cause aucune demangeaison j la laine qui recouvre la partie malade est rousse, comma feutree, et constitue une espece de plique.
Lafontaine parle d'un chien atteint de la plique; un fait semblable s'est aussi presente a M. Gase.
La plique de l'homme est consideree comme une mala-die chronique particuliere a la Pologne et caracterisee par lagglutination et le developpement anormal des poils, et quelquefjis par nne alteration des ongles, devenus spon-gieux et noiratres.
Lorsque la plique se developpe a la tete, le cuir che-velu est douloureux au toucher ou devient le siege d'une vive demangeaison ; une sueur gluante da mauvaise odeur se declare sur une partie du crane; les chevaux devien-nent gras, sagylutinent ct s'alterent; las poils attaques
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paraissent gonfles par une matiefe gluante, grasse,rou-geatre ou brunatre, qa'un grand norabre d'observateurs ont vue sanguinolente, matiere qui, produite a Textremite du bulbe, monte jusqu'a rexlremite dupoil. Les cheveux sont telleraent sensibles que le plus leger mouvement qu'on leur communique determine une vive douleur a la racine. De toutela surface dupoil transsude une humeur visqueuse d'une tres-mauvaise odeur, quelquefois fade comme celle du vinaigre gate, ou semblable a I'odeur de souris ou d'ail. Ce fluide colle ensemble les poils, d'abord a leur sortie de la peau,ensuite dans toute leur longueur. Cette matiere, qui parait sortir de toute la surface de la tete, se coagule et se desseche en forme de croütes. Si cette matiere manque, ce qui arrive rarement, on appelle cette forme de I'alFection plique seche.
Les poils se melent et s'agglutinent, tantut en meches separees plus ou moins grosses, plus ou moins longues, plus ou moins flexibles, semblables a des cordes, ou biea se reunissent pour acquerir un allongement excessif qui les fait ressembler a des queues de cheval ou de tout autre quadrupede. Enfin, les poils se melent, se collent, s'agglutinent ensemble sans jamais se separer, de maniere a former une masse uniforme plus ou moins volumineuse.
Les poils de la barbe, des aisselles, du pubis, longs ou courts, peuvent etre atteints de cette maladie. Le profes-seur Kaltschmidt, a lena, conservait dans son cabinet le penil d'une femme dont les poils avaient une teile lon­gueur, qu'ils auraient aisement fait le tour du ventre de la personne a laquelle ils avaient appartenu.
Orolnairemeut les ongles des mains et des pieds de-viennent longs, jaunätres, livides , noirs et quelquefois orochus.
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PLIOUE.
Quelquefois il se developpc one grantle quantite de poux, meme chez les personnes les plus propres et qui n'en avaient jamais eu auparavant.
Joseph Frank assure que les bulbes des cheveux. sont tumefies et que la surface du crane offre, ca et la, des ulcerations fluentes. Lafontaine ayant examine les bulbes des poils apres la mort chez un malade , les trouva tres-gonfles et, en les pressant, il en fit sortir une matiere gluante, d'un blanc jaunatre. Gilibert a vu aussi les bulbes des poils affectes, gonfles par une humeur noire et puante.
La plique a toujours ete plus frequente sur lesbords do la Vistule et du Borysthene, dans les lieux humides et marecageux, que dans les autres parties de la Pologne.
L'habitude qu'on a de raser la tete aux enfants polonais, la malproprete, la chaleur des bonnets et le refroidisse-ment de la peau paraissent favoriser le developpement de cette maladie.
Le developpement ou la manifestation de la plique chez des individus atteints de paralysie ou d'autres maladies graves, a plusieurs fois paru salutaire. Lorsque la plique cst abandonnee ä elle-meme, les symptomes febriles ou precurseurs disparaissent au bout d'un certain temps ; par suite de raccroissement des poils, la plique s eloigne de la peau dans I'espace dun a plusieurs mois et meme d'une annee; en meme temps 1 cxsudation de la plique diminue et finit par cesser. (Test alors seulement que la generalitc des Polonais et des medecins conseillent de la couper. Lafontaine, Schlegel, Hartraann assurent que la section de la plique, pratiquee avant cette epoque, a ete suivie d'amaurose, de convulsions, d'apoplexie, d epilep-sie et meme de la mort. EfTrayes ou instruits par de sem-blables accidents, les gens clu peuplc gardenL quelquefois
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la plique jusqua ce qu'elle tombe ou pendant toule leur vie.
Divers moyens ont ete essayes pour diminuer la gravite de la plique ou en obtenir la guerison ; les resultats des experiences faitesavec les amers et les fortifiants, avec les preparations antimoniales , avec les lotions , les bains et les fumigations paraissent pea concluants.
Hurtrel d'Arbpval est tres-porte ä penser que les ani-maux domestiques ne sont pas a l'abri de la plique ; que le cheval, dans certains pays, y est plus expose quaucun autre animal, et que non-seulement les crins de la cri-niere et de la queue, mais encore les poils qui recouvrent la peau peuvent etre pliques.
Les annales de la medecine veterinaire ne rapportent aucun fait qui puisse donner quelque valeur ä la maniere de penser d'Hurtrel d'Arboval; aucun cas de vraie plique, de plique proprement dite, n'a ete signale, que nous sachions, par un praticien ; par consequent, nous avons cm utile, pour meltre les veterinaires sur la voie de cette maladie, de rapporter ce qu'en dit M. le docteur Ray er, dans le Dictionnaire de medecine et de chiruryie prati­ques ; par la medecine comparee Ion pourra arriver peut-etre a des donnees positives sur cette affection, si peu connue chez les animaux domestiques.
PNEUMONIE. — On a donne ce nom a rinflammation du poumon. On designe aussi cette maladie sous les noms de pneumonite, peripneumonie, fluxion de poi~ trine.
Comme toutes les autres inllammations, la pneumonie a ete {listinjjuee en aiguc et en chronique.
L'etendue de la pneiAuonie est tres-variable. Cetlc
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maladie peut affecter les deux poumons a la fois ou un seul des deux; on I'appelle double dans le premier cas, et simple dans le second. Dans un seul poumon eile peut attaquer la totalite ou seulement une partie de I'organe. On appelle pneumonia lobaire celle qui envahit un ou plusieurs lobes du poumon, et lobulaire, celle qui n'at-taquequ'un plus ou moins grand nombre des lobules qui, par leur reunion , composent les lobes pulmonaires.
Comme on doit bien le penser, ces precisions diagnosti-ques ne peuvent pas toujours etreetablies dune maniere rigoureuse, malgre les moyens d'investlgation que nous possedons aujourd'hui pour reconnaitre les maladies de poitrine; 1 auscultation et la percussion sont impuissantes pour preciser d'une maniere positive les limites de lin-flammation pulmonaire cbez les animaux domestiques ; ces moyens nous permettent bien de constaler une pneu­monic simple, une pneumonic double, mais nous sommes, dans 1 immense majorite des cas, dans Timpossibilite de pouvoir tracer la ligne de demarcation de linflammation partielle du poumon, et toujours dans Timpossibilite de savoir si la maladie se borne a un plus ou moins grand nombre de lobules pulmonaires.
Les diflerentes terminaisons de la pneumonic sont la resolution , Ihepatisation, la suppuration , la gangrene et le passage a I'etat cbronique.
Pneumonie aiyue du cheval. — La pneumonic aiguii se manifeste le plus ordinairement quelques heures apres l'action de la cause qui I'a determinee; eile s'annonce par la tristesse et Tabattement; l'animal epimwe des frissons, quelquefois suivisde chaleur; la respiration est acceleree, les flaues sont agites; les naseaux sont dilates , lair expire est chaud ; le pouls est grand, fort, Tariere est
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pleine et tenclue; une toux seche et fatigante se fait entendre par intervalles ; si, a cette epoque de la maladie, qui peat etre alors consideree comme une simple con­gestion pulmonaire, on auscuite la poitrine , le murmure respiratoire est peu sensible, malgre la frequence de la respiration , sur les points qui coiTespondent au siege de I'engouement sanguin, et plus prononce dans ceux que la maladie a respectes ; la percussion offre a peu pres les memes phenomenes, c'est-a-dire que la resonnance est peu sensible vis-a-vis des parties atteintes et assez pro-noncee aux endroits qui correspondent au poumon sain.
Si la maladie n'est point arretee dans sa marche des le premier jour de son existence, le parenchyme pulmo­naire devient le siege d'une veritable inflammation ; I'a-nimal, qui deja refusait les aliments, tombe dans un grand abattement; il reste constamment debout; il eprouve dos frissons generaux suivis de sueurs partielles aux flancs et a la face interne des cuisses ; la inspiration est acceleree, l'inspiration est grande et l'expiration courte; fair expire est chaud, les membranes apparentes sont rouges et injectees, surtout celle qui tapisse les cavites nasales ; le pouls est large et accelere, I'artere est lendue ; une toux plus ou moins frequente se fait enten­dre i dabord petite et seche, eile devient plus forte, plus grasse, et souvent eile est suivie d'une expectoration plus ou moins abondante, tantut muqueuse , d'autres fois jau-natre , roussätre ou sanguinolente. La peau est chaude el adherente, les poils sont ternes, sees et herisses; la soif est vive; les urines sont claires et rares ; les oreiiles et le bas des membres sont froids ; enfin le mouvement febrile est proportionnel a l'intensite et a 1 etendue de la pneu-
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monie. Outre les signes diagnostiques que nous venons tie decrire et qui suffisent a eux seuls a la plupart des praticiens pour constater la pneumonie, nous avons encore ceux fournis par l'auscultation et la percussion. L'auscul-tation fait entendre un rale crepitant humide autour des points enflammes, avec bruit respiratoire plus ou moins fort dans tous les autres; la percussion indique de la matite vis-a-vis des premiers points, et une resonnance distincte en face (les autres. .11 y-a des cas cependant oü ces moyens d'investigation ne foui'nissent aucune donnee precise pour le diagnostic ; c'est lorsque la pneumonie occupe, soit le centre, soil la racine des poumons ; alors la percussion ne donne rien et le rale crepitant ne peut etre entendu.
Lorsqu'au bout de trois a quatre jours, la resolution n'est pas en train de s'operer, il est fort ä craindre que la pneumonie ne se termine d'une maniere pen favorable; c'est ordinairement vers cette epoque de la maladie, que Ihepatisation du poumon comnience a s'etablir; alors les symptomes s'aggravent, la respiration devient de plus en plus penible, irreguliere et entrecoupee; la toux est petite et sccbe, quelquefois humide ; le pouls est petit, serre ; les naseaux sont dilates et donnent au malade une physionomie toute particuliere. 11 y a impermeabilite du tissu pulmonaire indure ; fair ne pouvant y penetrer, on n'entend plus le murmure respiratoire ni le rale crepitant humide ; la percussion, dans toute la region correspon-dante a Ihepatisation, ne rend aucun son ; le souffle bron-chic^ue, que M. Andral designe sous le nom de souffle tubaire, est augmente, et Ton percoit souvent, en appli-quant I'oreiile sur la trachee-artere, au-dessus des mus­cles pectoraux, un bruit de chevrotement particulier,
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appele par les medecins 4gophonie; le memc bruit s'entend mielqaefois en approchant l'oreille des narines.
La terminaison tie la pneumonic par la suppuration est toujours funestc ; elic s'annonce par un jetage plus ou nioins abondant, paries narines, d'une matiere purulente blanche et inodore; les flancs sent dans une agitation tumultueuse et souvent couverts de sueur; I'anxiete est grande ; le pouls est petit, mou ; la toux est grasse, faible, penible et repetee. A jl'auscultation dc la poitrine, on ontend le bruit de soupape, une espece de gprgouille-raent, et souvent le rule sibilant. En quelfpics jours de temps les symptumes augmentent; les muqueuscs pälis-sent, le pouls devient petit et inexplorablo, lair expire est froid; I'anxiete est i\ son combic, le malade se lient debout, la tete allongee et les naseaux dilates; le jetage purulent est granuleux et fetide; un gargouille-ment plus ou inoins prononce se percoit a la respiration tracheo-broncbique ; la face se grippe, se couvrc dc sueur, loeil s'eteint et lanimal succombe. Ce mode de terminaison dc la pneumonic ne pent se rcconnailrc f[ue lorsqae la suppuration est diffuse; quand le pus se forme en collections ou abces, il est bicn diOicile de la constater. M. Belafond pensc qu'alors, et nous sommes de son avis, ni I'auscultation ni la percussion ne sauraient faire reconnaitre fexistence dun abces qui ne communi­que pas avec les bronclies, inais que, si la collection puru­lente etait volumineuse et tres-rapprochee de la surface costale des poumons , l'absence du bruit respiratoire et la matite de l'endroit correspondant des parois pectorales pourraient en faire soupconner la presence, mais non pas raflinner.
Lorsque la gangrene s'empare du lissu pulmonaire
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enflamme, l'artere devicnt flasque, le pouls est vile et petit ; les muqueuses apparentes pälissent, la tempera­ture de la ])eau Laisse; lair expire exhale l'odeur de gangrene ; le pus rejete par les narines est d'un gris roussätre, et repand la meme odeur fetide que l'air expire; on en tend un gargouillement dans les Lronches , il y a rale caverneux ; ladynamie marche avec rapidite , le pouls s'efface et le malade suecorabe promptement.
La marche et la duree de la pneumonic aiguc varient selon une foule de circonstances , tclles que 1 age et le temperament de l'animal , rintensite et l'etendue de l'in-ilammalion, la terminaison quelle afFecte, les complica­tions qui peuvent Faccumpagner, le mode de traitement mis en usage pour la combattre, etc. D'apres llurtrcl d'Arboval, il y a des cas dans lesquels la simple conges­tion sanguine persiste sept ou huit jours, envahil la totalite d'un poumon, meme une grande partie de lautre, et amcne la mort avant qu'il se soit forme aucun noyau d'liepatisalion, du moins d'un volume assez considerable; chez d'autres animaux , specialement chez ceux qui sont trcs-ages, affaiblis , ou deja atteints dune autre maladie grave, viugt-quatre ou trente-six heures suffisent pour que la phlegmasie arrive au degre de rinfdtration puru-lente. On cstime neanmoins, continue le meine auteur, que, termc moyen, il se passe depuis douze heures jusqu'a trois jours avant que la congestion sanguine determine unc hepatisation complete ; que cellc-ci dure deux ou trois jours avant qu'on voie des points d infiltration purulente se manifester, et quenfin la periode de suppuration, de­puis le moment ou cettc infiltration est bien reconnaissa-ble,jusqu'a celui ou le ramollissement du pus est porte au degre de la liquidile visqueusc, varie de deux a six jours.
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Caraoteres anatomiques de la pneumomeuiyue. — Les caractcres anatomiques de la pneuraonie aigue ofFrent de grandes dififei-ences selon les diverses periodes quc cette maladie a parcourues; il Importe de les etudier a chacune de ces periodes.
1deg; Engouernent ou splenisatmi dupoumon. — Cetetat du poumon , frappe d'une inflammation qui n'est encore qu'a sa premiere periode ou a son premier degre, se re-connait aux caraoteres suivants : Le poumon , gorge de sang, est plus rouge qu'a I'etat normal; il est moins souple, moins elastique, moins moelleux que dans I'etat sain; il crepite peu quand on le presse , et pendant cette pres-sion il s'ecoule, des incisions qu'on a pratiquees dans son tissu, une grande quantite de sang spumeux, plus ou moins mele de serosite. Deja la consistance du pou­mon est devenue moindre, en sorte qu'on le dechire avec la meme facilitc que la rate, a laquelle il ressemMe d'ailleurs alors sous d'autres rapports ; de la le mot de splenisation.
2deg; Hepatisation rouge, induration rouge. — Dans cette periode de la pneumonic, le tissu du poumon ne crepite plus, et c'est avec raison que Ton a compare alors cat Organe au foie. Si Ton pratique des incisions dans le tissu pulmonaire, ou mieux si on le dechire, la surface de l'incision ou de la dechirure offre un nombre infini dc granulations rouges, qui s'ecrasentfacilcment sous le doigt qui les presse. La friabilite, la fragilite du tissu pulmo­naire est teile, qu'il suflit du moindre effort pour le rom-pre et le reduire en une sorte de pulpe rougeatre. Si Ton jette une tranche de poumon hepatisedans un vase rempli d'cau, ellese precipite an fond de ce vase.
Le liquide qui s'ecoule du lissu pulmonaire par la pies-
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sion, est moins abondant et moins spumeux que dans lu prccedcnte periode, et il ressemble ä vine sorte de lie de vin. 11 semble quune portion de la fibrine du sang se soil deja concretee, apres setre infiltree en partie dans les cel­lules du tissu lamineux du pouraon et dans les vesicules pulmonaires elles-mcmes; et cctte circonstance est pour quelque chose dans la fragilite du parenchyme pulmo-naire. Le \olume du poumon parait sensiblement aug-mente dans cette periode de la pneumonic. Laennec et Andral pensent que cette augmentation de volume n'est qu'apparente et depend de ce que le poumon, prive d'air, ne s'afTaisse plus comme celui qui en est encore rempli au moment ou 1 on ouvre la poitrine. II est parfai-tcment vrai, dit M. Bouillaud, a qui nous empruntons utie grande partie des caracteres anatumiques de la pneumonic, que le poumon hepatise ne pent plus s'afFaisser quand on ouvre la poitrine. Mais ce non-allaissement du poumon suffit-il pour expliquer Taugmentation de volume qu'il parait avoir eprouvee ?
3deg; Ramollissement yris {infiltration purulent6} hepati-sation arise, induration (jrise). — Dans cette periode, ou plutot lorsque la pneumonic a eu cette terminaison , le tissu du poumon, solide, compacte, dense, impermeable a Fair comme dans le cas precedent, se declare toujours avec une grande facilile et oflfre le meme aspect grenu: mais au lieu dune teinte rouge, il oiFre une teinte gris-blanchatre et il est infdtre d'un liquide qui n'est autre chose que du veritable pus, auquel se mele, dans certains points, une petite quantite de sang. Ce pus, d'une teinte plus ou moins cendree, ruisselle en abondance si Ton corn-prime le tissu pulmonaire, apres y avoir pratique des inci­sions ou des dechimrcs. Plus ce tissu est abreuve dc pus.
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plus il est aise de le rompre et de le transformer! eu une sorte de detritus. La suppuration du pouuion nest pas toujoms diffuse; il arrive, mais fort rarement, que le pus se forme en foyer et constitue un veritable abces au centre (I'un lobe pulmonaire.
4deg; Rainollissemciit gcmgreneux ou gangrene du pott-771071. — Lorsque I'animal a succombc a cette funeste ter-minaison de la pneumonic, le poumon est noir, verdatre, gorge dun liquide noirätre, spumeux, d'une forte odeur tie gangrene, ramolli dans toute son etendne et laissant echapper par les incisions qu'on y pratique , outre le liquide sus-mentionne, une certaine quantite de gaz tres-fetides. II est Ires-difficile de confondre la gangrene du poumon avec toute autre lesion de ce viscere; I'odeur qu'exhale le foyer gangreneux du poumon n'appartient a aucane autre alteration.
Causes. — La pneumonic se developpe sous les memes influences que la pleuresie et la pleuro-pneumonie ; ainsi, on peat considerer, comme causes oecasioimelles dc cette maladie, les arrets subits de la transpiration cutanee, de­termines par les transitions brusques du cbaud au fioid, Jorsque le corps est en sueur ; e'est ce qui arrive frequem-ment a la suite de courses rapides, de travaux fatigants, lorsqu'on laisse les animaux exposes a un courant d'air froid, a la pluie; qu'on les rentre immediatement apres, tout converts de sueur, dans une ecurie froide et humide ; qu'on les abreuve avec de l'eau tres-froide ou qu'on les baigne dans une riviere lorsqu'ils sont dans les memes conditions ^ enfin, pour nous servir d'une expression vul-gaire, tout ce qui pent faire rentier la sueur, pent etre considere comme pouvant oecasionner cette maladie. Les coups et les chutes sur la poitrine , les plaies penetrantes
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dans cette cavite, Ics fractures des cotes dont les fragments out lese le poumon, la presence de corps etrangers dans cet organe , l'inspiration de gaz irritants, etc., peuvent egalement determiner la pneumonie.
La pneumonic pent etre la consequence d'une autre maladie; on lavoit quelquefois surgir dans les irritations gastro-intestinales et du foie, dans la gourme, la clavelee, la maladiedes chiens, ou venir compliquer la bronchite, la pleurite, ou bien encore dependre d'une alFeclion typhoi-de. Ce n'est pas ici le lieu de nous entretenir de cette pneumonie consecutive ; il en est question aux articles qui traitent de ebaeune de ces maladies.
Traitement. — 11 est connu de tous les praticiens que les saignees forment la base du traitement de la pneumo­nie ajgue ; mais pour en retirer tous les avantages qu'elles peuvent procurer, il faut qu'elles soient larges et em­ployees au debut de la maladie. Cependant ce serait une erreur de croire que tous les malades indistinetement doi-vent etre saignes aussi amplement et aussi souvent les uns que les autres; c'est au veterinaire a apprecier l'opportu-nite de suspendreou de continuer les emissions sanguines; c'est a la force du pouls et ä l'intensite de la fievre qu'il doit demander conseil; il doit aussi considerer la force, le temperament et 1 age, car il ne suffit pas de saigner tous les sujets jusqu'aJlaquo;(/laquo;Zaflaquo;m de la maladie, il faut encore evitcr de les jeter dans un etat de prostration qui ponrrait avoir des suites funestes, en rendant toute reaction im­possible. Lorsque les animaux sont jeunes, vigoureux, pletboriques et jouissantd'un certain degred'embonpoint, Ics saignees coup sur coup sont d'une ulilite incontestable; mais nous n'osons pas recommander aux praticiens , a i'cxcmple de M. Berard, de pratiquer douze saignees en
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truis jours, chacune de six livres, sur des clievaux atteints de pneumonie aigue; 1'experience nous a demontre que deux saignees de sept a huit livres, et quelquefois, mais raremcnt, trois, lorsque la lievre est intense et la dypsnee sufifocante, pratiquees le premier jour, suOisent, dans la majeure partie des cas, pour abattre une pneumonie nais-santc, qui n'esten quelque sorte alors qu'une simple con­gestion sanguine, un engouement du poumon.
Les emissions sanguines ne constituent pas a elles seules le tvaitement de la pneumonie; elles doivent etre secon-dees par un repos absolu, la diute severe, reloignement des causes occasionnelles et de tout ce qui pourrait avoir une influence funeste sur la marche de la maladie. A eette fin , il laut placer le malade dans une ecurie propre, soche, bien aeree, ou il regne une temperature douce, egale; et pour rendre lair moins impressionnable auxor-ganes de la respiration, pour le rendre en quelque sorte emollient, il convient d'y faire degager en petite quantite et continuellenient de la vapeur d'eau; une fumigation bienfaisante s'opere en placant dans un coin de l'ecurie une cuvelle remplie d'eau maintenue a une temperature ile 40 a 50 degres ; il faut boucbonner et couvrir I'animal de couvertures de laine pour exciter la transpiration cu-lanee, lui faire prendre des boissons legerement blancbies avec de la farine d'orge, auxquelles on ajoute de quatre a six gros d'emetique, divises en trois doses par jour.
Le deuxieme jour, une saignee est necessairo si le pouls a conserve sa force et si la reaction febrile n'est que faible-ment diminuee ; on continue l'usage des boissons erneti-sees.
Le troisieme jour, si la pneumonie n'est point arretee dans sa marclie, si, pour nous servir de l'exprcssion dc
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M. Bouillaud, auteur de la methode des saignecs coup sur coup dans la inaladie qui nous occupe, eile n'est pas inniilee, il faut recourir a une quatrleme saignec si letat dupouls, la dypsnee et la fievre le reclament; et, con-trairement a ce qu'avance Hurtrel d'Arboval, que les exutoires ne peuvent etre de quelque utilite que quand les saignees out fait disparaitre rinSammation, afin de produire une revulsion qui l'empeche de se reproduire, ou quand la maladie arrive vers la fin da second degre, c'est-a-dire lorsque liiepatisation commence a sellacer, iI faut appliquer sur la region sternale un large vesicatoire, ou, ce(pii vautmieux, un fort sinapisme qui al'avantage de produire, en quelques heures, un engorgement qui permet d'operer une depletion sanguine locale par les sca­rifications qu on y pratique. La revulsion, a cette epoque de la maladie, est opportune; eile contribue puissammentä la resolution; attendre plus longtemps, c'est donner le temps a la pneumonie d'arriver au second degre, au poumon de shepatiser et de devenir le siege de lesions graves qu'il nest pas toujours jiermis de combattre. En suivant les preccptes traces par Hurtrel d'Arboval, on n'emploierait les exutoires que lorsque rinflammation a disparu ou lors­que la resolution commence ä s'effectuer; maisalorsils de-viennent inutiics, il ne s'agit plus que de survciller letat du malade, de continuer l'usage des boissous cmctisees, de luv administrer quelques electuaires adoucissants avee le kermes mineral, et, dans les cas les plus ordinaires, la resolution s'opere rapidement. 11 nous est arrive bien des fois de faire suivre immediatement une premiere saignee de l'application d'un sinapisme, dans des pneumonies qui dataient de deux ou trois jours, qui avaient etc abandon-nees a la nature, ct d'en avoir retire des avantages mani-
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festes que, nous osons le dire, nous n'aurions pas obtenus si nous avions neglige de faire marcher ces deux medica­tions de front.
Si, comme ccla a lieu quelquefois, la maladie n'est pas combattue par les moyens que nous venons d'indiquer, au bout de trois a quatre jours, bien qua cette epoque la pneumonic soit arrivee a sa seconde periode , que le pou-mon soit hepatise, on ne doit decidement renoncer aux emissions sanguines que du moment ou la reaction febrile estdissipee ou a pen pros, que l'anxiete et la dyspnee sont sensiblement diminuees, que le pouls a de la souplesse et tend a se rapprocher de son etat normal; enfin, on ne doit pas s'arreter en presence d'une indication : quelle que soit la periode ä laquclle la maladie est parvenue, il faut y salisfaire. II faut insister sur l'emploi des revulsifs et les entretenir jusqu'ä ce que la resolution soit en grande par-tie accomplie; sur l'usage des boissons emetisees et des electuaires adoucissants kennetises.
II est dcmontre, par do nombreux faits acquis a la pra­tique , que le traitement que nous venons d'indiquer triomplie ordinairement des pneumonies aigues, aux deux premieres periodes ou degres. La suppuration du poumon et la gangrene de cet organe sont deux terminaisons qui doivent etre considerees dans tous les cas comme mortelles.
Pnciimonie chronique. — La pneumonic chronique est fort rare clicz les animaux domestiques; du moiiis jus-qu'ici son etude laisse beaucoup a desirer, et, soit dit en passant, a moins quelle ne succede a uiie pneumonic aiguc, son diagnostic est fort obscur. Lorsqu'elle se deve-loppe primitivement, pour ainsi dire d'emblee, sous 1 in­fluence d'une predisposition speciale, alors eile estsouvent confondue avec la phthisie tuberculeuse; aucun symp-
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turne differentiel ne peut faire distinguer dune maniere positive ces deux affections Tune de lautre, surtout si la tuberculisation est encore a l'etat de erudite. Quoiqu'ilen seit, le cheval atteint de pneumonie chronique fait enten­dre de temps en temps une toux seche et rpiinteuse ; les mouvements des flancs sont irreguliers, il maigrit a vue d'oeil et s'essouffle au moindre exercice ; il a la peau seche et fortement adherente aux parties sous-jacentes ; les poils sont herisses et sees , I'appetit est peu soutenu; si Ton ausculte la cavite pectorale, le murmure respiratoire fait defaut sur les points con^espondants ä la partie indureedu poumon, et lorsque cette lesion pulmonaire commence a se ramollir, on percoit un gargouiilement, une espece de rale caverneux qui indique toute la gravite de cette alte­ration ; lorsque la maladie est parvenue a ce degre, un jetage plus oumoins ahondant d'un liquide mucoso-puru-lentj jaunatre, de mauvaise odeur, se fait par les narinesj la maigreur augmente rapidement et fanimal succombe dans un etat de marasrae cotnplet.
Les caracteres anatomiques que Ion rencontre cliez les chevaux qui ont succombe ä cette phlegmasie cbronique nous paraissent d'une tres-haute importance ; leur etude merite, de la part des veterinaires, une attention toute particüliere, attendu qu'il existe dans la Loi sur les vices redbibitoires une affection connne sous le nom bizarre de vieilh courhature, qui, seien nous, n'est autre chose que la pneumonic chronique; et pour que Ton soit a meme de se prononccr d'une maniere equitable dans les contesta­tions qui peuvent se soulever a ce sujet, il importe de connaitre les lesions qui la caracterisent.
Quelle que soit la cause qui a determine la pneumonic chronique, quelle soit ou non la consequence d'une pneu-
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monie aigue, les parties malades du poumon reflechissent uneteintejaune-grisätre; elles sont indurees, grises, tres-pesantes, ofFrant de petites granulations tres-rapprochees et jouissant d'une grande consistance ; le parenchyme se dechire avec beaucoup de facilite, quekjuelois il se reduit par la pression en une sorte de bouillie de laquelle on pent separer des filaments celluleux, epaissis et indures; assez souvent il s'ecliappej des incisions que Ton pi'atique sur les points älteres, une matiere demi-fluide, grisatre ou roussatre, sans odeur.
A un degre plus avance, I'alteration constitue Findura-tion blanclie j on n'apercoit plus alors les granulations qu'on remarque dans le cas precedent; les parties indu­rees sont tres-denses et crient sous I'instrument tranchant qui les divise; pressees entre les doigts, elles ne laissent suinter qu'une petite quantite de serosite , sans presque s'affaisser. Quand la masse induree commence a se ramol-lir, ou qu'elle est deja ramollie dans une partie de son etendue, on remarque une suppuration grisatre, de mau-vaise odeur, diffuse ou rassemblee en foyers. Tels sont les caracteres les plus saillants des lesions inlierentes a la pneumonia chronique.
Traitement. — Lorsque la pneumonic chronique est tres-avancee , on ne peut guere esperer de combattre les lesions qu'elle entraine a sa suite, par un traitement quel-conque ; ce n'est en quelque sorte qu'ati debut de ce mode maladif quil est permis d'esperer encore quelque succes dun traitement methodicjue et rationnel. G'est dans 1'hy-giene et la medication revulsive que nous devons pui-ser nos principaux moyens pour combattre cette affection. Ainsi, il faut passer deux setons ä la partie inferieure de lapoitrine, les animcr avec I'pQgaent vesicatoire pour en
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oblenir uue suppuration abondante et soutenue. Cette re­vulsion par les setons est preferable aux vesicatoires et aux sinapismes , attendu {pi'il s'agit plutot, dans la mala-die qui nous occupe, d'etabiir une irritation dont Taction seit lente et continue, qu'une irritation brusque et energi-que, teile que la produiraient ces derniers agents, et qui ne pourrait etre entretenue pendant ie temps necessaire qu'au detriment des parties sur lesquelles on les appliquerait. On soumet le malade ä un regime adoucissant- nn lui donne pour nourriture desboissons legerement nitrees, blancbies avec de la farine d'orge ou du son,un peu de foin de treflo de bonne qualite, de la paille de froment, des carottes ou de l'berbe des pres en petite quantite ; on le löge dans une ecurie bien aeree et propre ; on le brosse ou on le bou-ebonne plusieurs fois par jour et on lui couvre le corps d'une couverture de laine; on lui fait faire une ou deux promenades pendant le jour, si la saison lepermet, ou un le soumet a un leger travail si l'etat de la maladie ne s'y oppose ou si les forces ne lui font pas defaut. On seconde ces mojens tberapeutiques par des electuaires becbiques, adoucissants; le kermes mineral et le sulfure d'antimoine, unis a la poudre de reglisse ou de guimauve, sont des auxiliaires auxquels la pratique accorde a juste titre quel que confiance.
Pneumonie aigttedu boeuf. — La pneumonie aigue du boeuf debute egalement par des frissons dont la duree est variable; la respiration est CQurte et precipitee , une toux quinteuse, oppressive et faible se manifeste a chaque instant; on provoque ce pbenomene morbide en compri-mant fortement la colonnevertebraleen arriere du garrot • quelquefois l'animal fait entendre un mugissement plain-lif; ilen est de memesifon comprime le sternum. La pcau
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est seche et le poil lierisse; le mufle est rugueux, sec ; les membranes apparentes sont rouges , injectees; le pouls est fort, large et accelere ; I'animal etend quelquefois la tete, la porte horizontalement, dilate excessivement les narines , ouvre la bouche pour respirer plus facilement; I'air expire est chaud. Tousles mouveraents sont penibles, le malade demeure constamment debout, les membres ecartes de la poitrine si les deux poumons sont aflfectes; si im seul de ces organes est le siege de la phlegmasie, il se couche cjuelquefois sur le cöte malade, mais la difficulte qu'il eprouve pour respirer et la douleur le forcent bien-tot a abandonner cette position. L'appetit et la rumination ont disparu, ainsi que la secretion laiteuse chez la vacbe ; la soif est vive. L'auscultation fait percevoir le rale crepi-tant; au fur et a mesure que I'engouement sanguin enva-bit le poumon , l'absence partielle du bruit respiratoire augmente; la matite de la poitrine est aussi en raison egale de l'etendue de I'inflammation du parencbyme pul-monaire.
Lorsque lamaladie fait des progres, les symptomes que nous venons d'enumerer et qui caracterisent la premiere periode de la pneumonic, augmentent d'intensite; la res­piration devient de plus en plus acceleree et penible, l'in-spiration est lente, I'expiration est breve et plaintive, loppression et la dyspnee sont tres-prononcees ; la toux est secbe, fatigante, pen sonore; le pouls est plein, dur et accelere ; la bouche est b^ulante ; les yeux sont transpa-rents et rouges; les narines sont dilatees et laissent fluer im liquide visqueux , parfois mele de stries sanguino-lentes; fair expire est brulant; I'animal refuse toute cspece d'aliments et quelquefois ilestconstipe. A l'auscul­tation, il y a absence complete du bruit respiratoire sur les
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points correspondants a l'hepatisation du poumon ; le son mat que rend la percussion accuse egalement une trans­formation du parenchyme pulmonaire. Si la pneumonie tend vers une terminaison funeste, I'anxiete augmente, la dyspnee parvient a son comble 5 I'animal etend la tete en relevant le mufle ; la beuche ouverte et les naseaux forte-ment dilates indiquent une suffocation imminente ; le pouls s'affaiblit, devient inexplorable ; la toux cesse ou est pen sensible, et ne consiste qu'en quelques secous-ses legeres, qui ressemblent a des mouvements forces d'ex-piration ; enfin, le malade chancelle, tombe et meurt.
La marcbe de cette maladie est d'autant plus rapide que la phlegmasie et l'engouement sanguin du poumon sont plus intenses et plus considerables. M. Cruzel rap-porte que les symptomes se succedent quelquefois avec tant de rapidite, en progressant d'une manicre si ef-frayante, qu'il suffit de douze a quinze beures au plus pour amener la mort. Get auteur considere cet etat ma-ladif comme une veritable apoplexie pulmonaire.
Chez certains sujets, rinflammation se terminc par suppuration ; des collcclions purulentes se forment dans le tissu pulmonaire. Dans ce cas les symptumes inflamma-toires diminuent d'une maniere notable, I'appetit se ranime un peu, la bete rumine par intervallcs , et la res­piration devient plus calme, quoique restant toujours entrecoupce : le mufle reste sec et rugueux; la peau garde sa rigidite, eile est alternativement chaude et froide ou couverte de sueurs partielles ; des frissons generaux se manifestent frequemment; la toux est faible, un flux jau-nätre a lieu par les narines; I'animal maigrit rapidement, tombe dans le marasme, et meurt ordinairemeut du vingt cinquicme au trentieme jour.
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La terminaison par gangrene s'annonce par une grande prostration, qui simule souvent un mieux trompeur, par le froid de la peau et surtout des extremites; la respiration continue ä etre gcnee sans que les mouvements des flaues soient plus acccleres ; Tanimal rejette par les narines des maticres grisatres qui exhalent Todeur de gangrene; lair expire est froid et tres-fetide; le pouls est petit, mou et presque imperceptible:, a I'auscultation , on entend mani-festement les rales caverneux et sibilant; les poils , heris-ses et ternes, s'arrachent sans peine et tombent parfois spontanement; enfin , une diarrhee infecte se declare, le pouls sefface et le malade meurt sans convulsions.
Les lesions cadavcriques sont les memes que celles que Ion rencontre cbez les cbevaux morts de pneumonie aigue. Les causes peuvent etre egalement rapportees a celles qui determinent cette maladie chez ces derniers animaux.
Traitemcnt. — Comme chez le cheval, le txaitement de la pneumonie aigue de l'espece bovine est base prin-cipalement sur l'emploi des emissions sanguines et des revulsifs. On doit debuter par une saignee generalc pro-portionnee a la force , au temperament de l'animal et a l'intensite de la maladie, et que Ton peut repeter dans le courant de la journee si l'etat du pouls et de la respira­tion l'indique. Gelle ditque la premiere saignee, chez un boeuf de forte taille , ne doit pas depasser cinq kilogram­mes , et que celles qui suivront doivent etre de moins en moins copieuses et de plus en plus eloignees. II faut placer le malade dans une etable ou il regne une tempe­rature douce, le boucbonner et le couvrir de couvertures de laine bien chauffees, pour retablir la respiration cuta-nee; le tenir a une diete severe et ne lui donner que des
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hoissons blancliies , tiedes, legereraent nitrees et edulco-rees avec le miel.
Le leiidemain , on pourra reiterer la saignee si le pouls a conserve sa force, ct si loppression n'est pas sensible-ment diminuee; on contintiera l'usage des boissons nitrees, et on administrera I'enietique, a la dose de quatre gros a nne once, dissous dans cinq a six lih^es de tisane emol-liente, que Ton donnera en trois doses dans la journee.
Lorsqu'on aura combattu les principaux plienomenes i nflaramatoires par les moyens sus-indiques , c'est-a-dire le deuxieme ou le troisietne jourau pins tard, si la maladie ne niarche pas vers nne resolution franclie, on aura recours aux revulsifs ; les setons animes avec la racine d'ellebore noir, et les sinapismes appliques sur la poitrine, sont ceux que la pratique met le plus souvent en usage, il faut entretenir la revulsion et continuer l'usage de la lisane emetisee jusqu'a la convalescence.
Si dans le cours de la maladie , comme cela arrive sou-vent , les excrements sont durs ou qu'il y a constipa-iion , il faut combattre celte complication par les lave­ments emollients et le sulfate de soude donne a la dose de six a Imit onces dans une tisane mucilaquot;ineuse.
Pneumonie chronique. — La pneumonic chronique succedc le plus souvent a la pneumonie aigue; dans quel-lt;[ues rares exceptions eile est essentielle ou primitive. Gelle rapportcuncasdc pneumonie chronique essentielle, le voici : Une vaclie, malade depuis un mois, etait dans un etat de maigreur extreme ; une toux seclie et faible se faisait frequemment entendre ; les flaues etaient agites , Finspiration entrecoupee et fcxpiration plaintive ; ces symptumes etaient plus marques apres un leger exercice; la malade se tenait presque toujours debout. Le thorax
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percute donnait an son un peumat a sa partie inferieure ; a l'auscultation le bruit respiratoire n'etait pas net, on distinguait un leger räle crepitant. Le pouls etait faible quoiqu'un peu accelere, les muqueuses apparentes päles et infiltrees , la peau seche, les oreilles et les cornes froides ; l'appetit etait beaucoup diminue et la rumination rare, les excrements ramollis, la secretion du lait presque tarie. Le metayer assura a Gelle que la malade n'avait jamais ete plus agitee, et que I'etat de langueur dans lequel eile se trouvait avait ete le ineme depuis le debut de la maladie.
Gelle ayant diagnostique une pneumonie chronique essentielle, passa deux setons au fanon , qu'il anima avec lessenoe de terebenthine et la poudre de cantharidesj ils produisirent une forte revulsion. II fit administrer une tisane bechique tonique composee d'orge monde et de racine de reglisse, dans laquelle on fit infuserde l'absintbe et du lierre lerrestre, et que Von edulcorait avec le miel; on en donnait six litres par jour en trois doses. Ces moyens therapeutiques furent secondes par des fumiga­tions emollientes dirigees dans les narines, par le bouchon-nement souvent repete, par une couverture de laine avec laquelle on enveloppait la malade, et par une nourriture peu excitante et de facile digestion. Sous l'inlluence de ce traitement, tous les symptömes maladifs se dissiperent en dix-buit ou vingt jours, et cette vache reprit son em­bonpoint babituel.
Lorsque la pneumonie aigue passe ä I'etat chronique, on voit la fievre et les pbenomenes inllammatoires ditni-nuer dintensite; un mieux assez sensible se manifeste, l'appetit et la rumination reviennent par boutades et incompletement, mais la gene de la respiration et la toux
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persistent; ram.iigrissement est extreme , il devient a la fin squelettetique ; la secretion du lait, d'abord tres-di-ininwee, se tarit promptement; la peau est ax-ide et collee aux parlies sous-jacentes, les muqueuses apparentes sont pales et infiltrees ; les extremites sont froides ainsi que Fair expire. II survient parfois un engorgement ocdema-teux analogue a celui qui s observe cbez le mouton atteint de cacbexie aqueuse, t[ui s etend de l'auge au ianon. La digestion est plus ou moins alterec ; une diar-rbee, muqueuse d'abord, puis colliquative, annonce une mort prochaine. La duree de eette maladie varie d'un a quatre ou a six mois.
Le traitement offre peu de chances de succes. Malgrc la guerison qu'il a obtenue, Gelle considere la maladie comme incurable , si eile n'est attaquee vigoureusement par la medication revulsive au moment oü eile revet le type chronique, alors que des lesions graves n'existent pas encore dans les poumons. Les setons appliques sur les faces laterales de la poitrine ou au fanon , animes avec I'onguent cantliaride, la tisane bechique tonique, un regime nourrissant et delayant, les soins hygieniques, sont les remedes preconises par Gelle; il pense que leme-tique en lavage, employe au debut de la maladie, aurait le meme succes que dans la pneumonic aigue.
Pneuinonie du mottton. — On est fort peu etonne de ne rencontrer dans les ouvrages de medecine veterinaire rien de special qui se rattaclie a cette afFection, quand on reflecliit quo la plupart des maladies de l'espece ovine sont confiees aux soins des bergers, et que ce n'est qu a de rares intervalles que les soins du veterinaire sont reclames ; co n'est, disons-nous , que lorsque les trou-peaux se trouvent ravages par le pictin , la clavelee ou
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(lautres maladies contagieuses graves, qu'on a recours a ses lumieres. Cependant nous trouvons dans 1c Diclion-WöwVe d'Hurtrel d'Arboval la description d'une pneumonic enzootique observee sur un troupeau de motitons dans le canton de Durnetal, departement de la Seine-Inlerieure, par M. Seron. C'estsurtout vers les mois de ianvier et de fevrier que cette maladie se manifeste communement dans cette contree , ou du moins ces mois sont ceux dans lesquels eile sevit avec le plus d'intensite; c'est vers cette epoque que commencent a se refaire, par une nourriture abondante, les moutons maigres que les cultivateurs ont achetes les mois precedents pour les engraisser ; done, d'apres M. Seron , la cause principale pourrait etre une nourriture trop sueculente donnee abondamment et sans discernement a des animaux jusque-lä soumis a un mau-
vais regime.
Les symptumes decrits parM. Seron, sontla rougeur et Tinjection des conjonetives, la cbaleur delabouche, l'ac-celeratiun du pouls , la respiration plaintive ; Tinspiration et Fexpiration sont egales entre elles, mais si rapides qu'on ne peut les suivre ; l'animal a toujours le nez au vent; il s'ebroue souvent pour se debarrasser d'un mucus epais et jaunatre qui s'attache aux ouvertures nasales; il a les reins tellement sensibles, que si Tonvient ä passer la main dessus, il se jette brusquement a terre. La duree de cette maladie est de vingt-quatre a trente heures au plus ; eile se termine toujours par la mort, quand les secours de l'art ne sont point employes a temps. A l'ouverture des cadavres , on remarque que les lobes anterieurs du poumou sont ordinairement les seules par­ties oü linflammation ait laisse des traces. En incisant ces parlies . on trouve qu elles sont dares et crient sous
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i'instrument cailes divisej lorsqu'on les plonge dansleau, elles se precipitent immediatement au fond; les parties posterieures du poumon sont parfaitement saines. H y a cependant des cas on, rinflammation n'existant que dans un seul poumon , toute l'etendue de cet organe est ma-lade , tandis que I'autre reste parfaitement sain ; les ani-maux vivent alors un peu plus longtemps.
M. Seron regarde les antiphlogistiques comme les moyens qui semblent le mieux indiques au debut de la maladie ; ainsi, les saignees a la jugulaire, repetees deux ou trois fois, selon l'indication, et cela dans Tintervalle de douze heures. 11 dit avoir saigne des moutons jusqu'a trois fois, ne s'arretant que quand I'animal chancelait, et tirant cliaque fois une livre et demie de sang environ , ce qui, assure-t-il, lui a toujours procure un plein succes. II a employe concurremment les breuvages tiedes mielles et gommes , les fumigations emollientes, les injections aci-dulees dans les naseaux , les lavements emollients et la diete absolue. A l'aide de ces moyens , et en faisant dimi-nuer la nourriture des animaux non encore atteints, il est parvenu, en trois semaines , a arreter et ii faire cesser entierement la maladie dans le troupeau qui en etait atteint.
L'observation de M. Seron est certes tres-importante; mais la cause qu'il assigne ä la maladie, les symptomes qui la signalent, la marche rapide quelle affecte, les lesions cadaveriques que Ton observe et la promptitude avec la-quelle il la combattue par les larges emissions sanguines , sont de nature a nous faire penser que cette affection doit plutot etre consideree comme une forte congestion ou apoplexie pulmonaire que comme une pneumonic.
Pneumonic ibt chicn. — La pneumonic sc rencontre
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assez frequemment chez les animaux de l'espece canine; eile est due la plupart du temps a un refroidissement subit : aussi Fobservons-nous souvent cbez les chiens de chasse qui, harasses de fatigue et haletants de chaleur, vont se desalterer d'une eau ti-es-froide de fonlaine ou de riviere, et s'y baignent quelquefois; et aussi chez ceux qui viennent d'etre tondus, lorsqu'ils restent exposes au froid et a la pluie. Elle s'annonce par l'acceleration de la respiration, qui devient tres-penible et tres-laborieuse ; L'ammal raste presque constamment assis , la tete elevee pour respirer avec plus de facilite ; il conserve cette atti­tude pendant des heures entieres sans se livrer a aucun mouvement, tellement I'oppression est grande; la toux est viveet fatigante;le pouls est plein et tres-accelere ; le nez est cbaud et sec; les yeux sont rouges et injectes ; la gueule est brillante ainsi que Tair expire; la soif est vive et l'appetit nul. Tels sont les principaux symptumes qui caracterisent la pneumonie aigue du chien; eile se deve-loppe quelquefois avec tant d'intensite, que I'animal suc-combe en tres-peu de temps, en offrant tous les signes d une veritable apoplexie pulmonaire; eile est egalement susceptible de se terminer par la resolution, par la sup­puration et la gangrene ; son passage a letat chronique n'a ete signale, que nous sachions , par aucun veterinaire. M. Renault a donne la description d'une pneumonie qu'il a observee sur une meute de chiens ; d'apres les symptomes qu'il rapporte, les lesions cadaveriques qu'il a rencontrees, et les moyens curatifs qu'il a employes pour la combattre, nous sommes porte a croire que cet auteur a eu affaire a une affection typho'ide plutot qu'ä une pneumonie aigue franche; d'ailleurs il dit hu-ineme que cette pneumonie etait compliquee d'un appauvnsse-
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I'ODOPIIYLLITE.
ment du sang. Nous rapporterons cette precieuse obser­vation lorsque nous traiterons du typhus.
Traitement. — C'est au debut qu'il convient d'a£;ir avec energie pour combattre la congestion pulmonaire, et d'amortir la violence de rinflammation par une ample saignee, que Ton reitcre buit ou dix heures apres , si l'oppression et la dyspnee ne sont point diminuees 5 mais malheureusement le veterinaire est rarement appele, pour traiter les animaux de cette espece, aussitot qu'on apercoit les premiers symptomes maladifs ; ce n'est sou-vent que deux ou trois jours apres l'invasion de la maladie, alors qu'elle est devenue en quelque sorte incurable et que les animaux ne peuvent presque plus se trainer, que ses soins sont reclames. On seconde les emissions sansui-nes par une diete absolue, par 1'administration d'une jjo-tion mucilagineuse adoucissante donnee d'heure en beure par cuilleree ; par les lavements emollients et les fumiga­tions de meme nature dirigees sous la poitrine; on place 1c malade dans un endroit acre oü regne une douce tem­perature ; on lui donne pour boisson du lait coupe avec de i'eau, dans lequel on aura fait dissoudre six a buit grains d'emetique par litre de liquide.
Si, par les moyens que nous venons d'indiquer, on n'est pas parvenu, au bout de deux jours, a combattre la maladie, si la fievre n'est que faiblement amortie , il est bon d'appliquer huit a dix sangsues sur la region sternale, et un vesicatoire sur la poitrine, et cela sans prejudice des boissons emetisees, des bains de vapeur et des lavements emollients.
PODOPHYLLITE. ( Voycz Fourbure.)
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POCHES GUTTURALES.
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POCIIES GUTTURALES (Maladies des). —Sous ce litre nous lisons dans le Dictionnaire d'Hurtrel d'Arboval la description d'une maladie particuliere ä la membrane muqueuse qui tapisse les poches gutturales qul, comme on sait, sont deux sacs membraneux , particuliers aux monodactyles, s'etendant sous les grandes brandies de I'hyoVde et les muscles environnants, communiquant chacun a ia partie superieure avec le tympan, et en bas avec I'arriere-bouche, sur les cotes de l'ouverture com­mune des cavites nasales. Ne connaissant rien qui se rat-taclie essentiellement aux maladies des poches gutturales, nous allons rapporter litteralemexit I'article tel que nous le trouvons dans I'ouvrage precite.
Comme toutes les membranes muqueuses, a I'immense appareil desquelles elles appartiennent, les poches gut­turales sont susceptibles de s'enflammer ; mais on ignore si leur inflammation est jamais essentielle , ou si eile ne depend pas toujours de celle des parties voisines ou con-tignes, telles que Tangine, le coryza, la gourme. On ne sait pas non plus si eile affecte quelquefois le mode aigu, ni quels sont les symptumes auxquels alors eile donne lieu ; on ne connait guereque leur inflammation chronique, sur laquelle MM. Yatel etDelafond ont public des remarques pleines d'interet.
Deux cas peuvent avoir lieu dans l'inflammation des poches gutturales : ou l'ouverture de ces sacs s'oblitere, et la secretion morbide que fournit la membrane, ne trou-vant pas d'issue an deliors, s'accumule dans le reservoir; oubien Touverture gutturale demeure beante, et lepro-duit peut s'ecouler par le nez.
Dans le premier cas, la poche, distendue, forme une tumeur qui souleve la parotide , obstrue en partie la
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pocnEs gutturales.
cavite de I'arric re-bouche, comprime le larynx et le pha­rynx , gene la deglutition , la respiration , la circulation gutturo-parotidienne, determine le phenomene connu sous le nom de cornoye, et pent meme finir par amener la suffocation. La matiere , ainsi accumulee , varie beau-coup. Quelquefois purulente, eile est le plus souvent epaisse, filante et glaireuse. 11 peut lui arriver aussi de perdre en graude partie son liquide par l'absorption, et de se transformer, comme dit M. Dupuy, en une masse gra-nuleuse et caseiforme, au milieu de laquelle M. Leblanc a trouve deux fois des agglomerations de mucus concret et dispose par couches concentriques. Tantot alors eile est inodore, et tantut eile exhale une odeur infecte. Le proces-verbal de la seance publique d'Alfort, en 1818 , parle de calculs rencontres dans les poches gutturales d'un äne, qui etaient rougeatres , transparents , lisses , polls a leur surface, grenus et moins durs ä l'interieur. Ces concre­tions , molles a leur sortie du reservoir, se durcirent par le contact de fair; elles consistaient uniquemeut en mucus impregne dune petite quantite de chlorure de sodium. 11 parait que, dans certaines circonstances rares, au lieu de matiere liquide ou solide, ce sont des gaz qui s'y accumu-lent, produisant ainsi une affection que Gohier a designee sous le nom de tympanite des poches yutturales, et que M. Vatel dit avoir egalement observee.
Dans le second cas, celui qui a surtout fixe Fattention de M. Delafond , la secretion morbide peut s'echapper au dehors. A l'ouverture du corps des animaux qui succom-bent ou qu'on met a mort, on trouve la muqueuse des poches epaissie, ridee, rugueuse, pale, sans traces d'ulce-ration ni ramollissement, quoique assez facile a dechirer; le tissu cellulaire environnant est an peu indure et infiltre;
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POCHES GUTTURALES.
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les ganglions du voisinage, ainsi que ceux de lauge , sont un peu plus gros que dans I'etat normal, tnais sans vesti­ges d'infiltration ni de produits morbides deposes dans leur substance.
Ce mii rend cette affection digne dinteret, indepen-damment de sa gravite, c'est que, comme eile s'accompa-gne de jetage par les naseaux et d'engorgement des gan­glions lympbatiques de Tauge, eile pent simuler la morve, avec laquelle des praticiens distingues I'ont plus d'une fois confondue. M. Delafond considere comme Symptome pathognomonique de la maladie qui nous occupe, un je­tage, par la gouttiere inferieure des naseaux, d'une ma-tiere epaisse, muciforme, glaireuse et inodore, qui tombe a terre sans adherer aux ailes du nez. Ce jetage est inter­mittent. On I'observe plus particulierement pendant la course, la mastication et la deglutition , celle des liquides surtout. II n'est accompagne ni d'erosions ni de chancres sur la pituitaire, ni de boursouflement des os de la face. Quoiqu'il existe depuis longtcmps, les ganglions de Tauge ne presentent qu'un leger engorgement indolent un peu douloureux. Enfin, il persiste malgre l'emploi des moyens qui suffisent ordinairement pour arreter les flux dus ä une inflammation simple de la pituitaire. M. Delafond pense que ces caracteres, tires exclusivement de la nature du je­tage, de son ecoulement intermittent et de sa persistance, suffisent pour distinguer celui qui tient a la repletion des poches gutturales de tous ceux qui s'operent quand il y a morve proprement dite, cantonnee dans les sinus et les cornets. En effet, fait-il remarquer, dans la morve can­tonnee dans les sinus, le jetage est abondant pendant la course, mais il est forme par une matiere sereuse associee k uneautre, epaisse, blanchätre et caillebotee, qui repand
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POCIIES GÜTTÜRALES-
vine odeur infecte; la matite de quelques sinus a la per­cussion , la douleur que temoigne lanimal pendant ce choc, la chassie attacliee aux paupiCTes et le bouivsoufle-ment des osde la face depuis lexistencedu jetage, sont les signes caracteristiques du siege de la maladie, caracteres bien tranches et tres-differents de ceux qui appartien-nent a rinflammation des poches gutturales. En supposant le siege de la morve dans les cornets, continue M. Dela-fond, il serait possible encore de ne point confundre ensem­ble ces deux alFections; ici la matiere du jetage est de la nature de celle que reiiferment les sinus; eile s'en ecbappe dans les meines circonstances, seulement eile est moins ahondante. Le mucus s'ecoule par la gouttiere moyenne des cavites nasales et vient s'accumuler au-dessous de l'ex-tremite inlerieure du cornet superieur, qui souvent est engorge et iidiltre. M. Delafond pense enfin que ce n'est qu'avec la morve recente, ou cet etat qui fait regarder le cheval comme suspect de morve, et au debut de l'inllam-mation des poches gutturales, quil est facile de confondre les deux affections ; mais qu'aprcs un laps de temps assez long, les deux maladies peuventetre distinguees,parce tpe la premiere s accompague plus tard de tubercules, de chancres, d erosions , d engorgements indolents et adhe­rents des ganglions lymphatiques de Tauge, de jetages va­riables en quaiite et en quantite, tandis que, dans la se-conde, les caracteres du jetage paraissent etre constants pendant plusieurs mois.
Quoi qu'il en soit, M. Delafond pense que dans ietat actuel de la science, on ne saurait se prononcer dune ma-niere positive sur les veritahles caracteres de rinflamma­tion chronique des poches gutturales. Mais, tout en ad-mettant cette diiliculte, dit Hurtrel d'Arboval, rien n'em-
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pecherait de pratiqaei' riiyo-veitebrutomie , puisque , en supposant une eneur, les mconvenients qui resulteraient de la seraient peu de cliose en laissant eicatriser la plaie, tandis criie , si Von parvenait a decouvrir la maladie, on pourrait esperer de la guerirpar des injections de chlo-rure de sodium etendu d'eau; ou bien, ce qui est reconnu aujourd'hui comme plus eflicace pour arreter les secretions morbides anciennes des membranes muqueuses, par une solution de nitrate d'argent ou de sulfate d'alumine; ou que du moins, toute idee de morve etant ecartee, on lais-serait vivre les cbevaux qui rendraient encore de longs et utiles services.
11 va sans dire neanmoins, ajoute Hurtrel d'Arboval, que tout ce qui vient d'etre dits'appliqueuniquement aux cas de phlegmasie chronique ; car, lorsque l'inilammation des poclies gutturales accompagne la gourme ou l'angine, les symptumes ne sont plus les memes : alors on trouve la pituitaire rouge, la conjonctive injectee, et quelquefois les ganglions de l'auge abcedes.
POIREAU. — Les poireaux, que Ton nomine encore verrues, sont des excroissances plus ou moins volumineu-ses, ordinairement indolentes, grisätres et consistantes, sessiles ou pediculees, a surface rugueuse, qui survien-nent a la peau. Ces excroissances dermoides s'observent assez frequemment sur le cbeval, le boeufet le chien.
Sur le cbeval, ce sont les levres, les joues, les paupie-res, les parois inferieures du tborax, de Tabdomen, et le fourreau qui sont le plus communement le siege de ces productions morbides.
Sur le boeuf, c'est au fanon, a la partie inferieure du I borax et de l'abdouien, sur les mamelles et aux cxtremi-
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tes inferieures des membres qu'on observe le plus souvenl les poireaux ; ils acquierent quelquefois un volume consi­derable et sont en si grand nombre que les animaux en soufTrent et en maigrissent; il nous est arrive maintes fois den extirper du poids de deux ä trois kilogrammes. En 1849, une vacbe de deux ans et demi, dans un etat de maigreur extreme, fut acbetee pour le cours de cbirurgie experimentale de l'Ecole veterinaire. Get animal portait tin amas considerable de poireaux, occupant principale-ment les parois thoraciques et abdominales. Les mamelles en etaient couvertes ainsi que les trayons, an point que la traite ne pouvait plus se faire ; une infinite de ces vege­tations etaient eparses sur le reste du corps, sur les jarrets, le cute interne des cuisses, a I'encolure, dans I'interieur de la conque auriculaire et sur le bord libra des paupie-res. Aux parois inferieures du thorax et de Tabdomen, ces excroissanccs dermoVdes etaient groupees les unes pres des autres, arrondies; les unes pediculees et pendant tres-bas; les autres, reunies en masses et fort serrees, parais-saient etre reunies comme par grappeset teuir leur origine dun faisceau commun. Ces excroissanccs etaient detoutes dimensions, depuis le volume d'un poisjusqu'ä celui d'une grosse pomnie 5 il y en avait de rugueuses et comme recou-vertes d'un epiderme corne ; il s'en trouvalt qui sem-blaient tres-organisees , rouges ou rougeatres , et toutes tres-sensibles, repandant une odeur infecte, qui s'atta-cliait aux mains, et assez analogue a celle qu'exhale la sanie du carcinume du pied des solipedes.
M. Brogniez, professeur de Chirurgie experimentale, proceda, le 12 mars, a l'extirpation de ces excroissanccs ; mais, vu leur grand nombre, il jugea convenable de n'en faire I'ablation que successivementet a plusieurs reprises.
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L'animal ne fut point abattu; les poireaux les plus gros furent seuls enleves, et ce, par piusieurs metliodes : a. I'aide du cautere incandescent, de 1'excision par le bistouri, de la section par ligature ; mais le feu fut le moyen qui merita la preference. Pour eviter une douleur trop grande etem-pecher que le calorique n'allat affecter des parties qui devaient etre respectees, chaque excroissance fut saisie le plus pres possible de la peau, a I'aide d'une pince ressem-blant a une tenaille ordinaire, mais dont les deux mors, larges et aplatis, formaient, par leur reunion, une plaque ovalaire. Chaque fois qu'un poireau etait tombe, on avait soin de plonger cet instrument dans leau pour le re-froidir. Au commencement de cette seance, tout alia a souhait; la vache ne manifestait pas de douleur, une grande quantite de productions morbides etaient deja enlevees, lorsque M. Brogniez en fit tomber un amas assez considerable, ayant une racine commune et tres-furte ; mais au moment de sa chute il survint une be-morrhagie qui necessita la ligature.
Les excroissances dermoides enlevees par cette premiere operation pesaient deux kilogrammes deux cent trente-cinq grammes ; elles etaient moiles, elastiques, crevassees a I'exterieur; en les excisant, il en sortait une matiere ca-seiforme ; le tissu qui renfennait cette substance etait lisse a finterieur. blanchätre , analogue a l'albumine cuite , et assez epais. Observee attentivement pendant quelques jours, cette vache n'accusa aucune reaction; aucun Symp­tome febrile ne se declara; eile ne fut soumise a aucun traitement, on n'appliqua pas meme de topique sur la partie operee.
Le 29 mars, on fit une deuxieme operation. Cette fois l'animal fut abattu: les eleves procederent a lextirpa-
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tion par le feu, M. Brogniez ne voulant plus recourir a d'autres raoyens, par la raison que les excroissances qu'on avait attaquees difTeremment ne paraissaient meine pas lletries, et que celles qui avaient subi l'excision avaient reparu. Pour agir avec plus de certitude, on proceda aux ablations de la circonference au centre, c'est-a-dire en al-lant des cartilages costaux et de la corde du flaue jusqua la ligne blanche. Le paquet qui avait donne rhemorrha-gie a la premiere seance fut enleve, le sang ne coula plus, aueun accident malheureux ne se presenta cette Ibis ; il pesait trois kilogrammes deux cent cinquante grammes. Immediatement apres l'operation, il fat applique sur la paroi abdominale une forte couche de chlorure de chaux pour neutraliser la mauvaise odeur et agir comme topi-que. I/animal etait tres-sensible quand on touchait la partie malade, cependant il n'eprouva aueun acces febrile; apres l'extirpation, le pouls conservason rhytbme normal. Dans un intervalle de douze jours qui separerent cettc operation de la troisieme, l'animal recut une alimentation corroborante, mais l'appetit etait encore capricieux; la bete etait toujours dans le meme etat de maigreur; on lui administra des toniques amers et ferrugineux, l'appetit sembla augmenter pendant quatre jours:, mais bientot, c'est-a-dire vers le huitieme joor, il fallut cesser cette medication.
Le 17 avril, on opera une troisieme fois ; les traces des anciennes vegetations sont unies, rosees ; il n'y a pas d'ap-parence de regeneration ; celles qui restent encore parais-sent avoir acquis plus de volume, leur masse est encore plus considerable ; on evalue en avoir extirpe la moitie a peu pres. On commence a attaquer par le cautere un amas volumineux groupe pres du nombril; on precede comme
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dans la seance precedente, de la circonferejice au centre; mais, arrive a rombilic, on nose eidever une vegetation rosee qui sitnulait une anse intestinale sortie; on n'en continua pas moins Tablation , toutefois sur une autre partie, c'est-ä-dire a la region crurale interne droite. Dans cette seance on extirpa deux kilogrammes vingt-sept grammes de tissus morbides. Pas plus qu'anterieuremcnt, il n'y eut de flevre. Au fur et a mesure qu'on debar-rassait l'animal de ces productions pathologiqnes, son etat s'amcliorait, la gene n'elait plus aussi grande ; cependant le decubitus n'avait pas encore lieu. Le 30 avril, la malade recoit deux kilogrammes d'avoinc cuite, a laquelle on ajoute une poignee de sei de cuisine ; cette ration est con-tinuee pendant un mois.
Le 10 mai, on proceda a une quatrieme operation ; l'animal est abattu comme precedemment; I'aspect de la paroi abdominale est des plus satisfaisants ; les cicatrices des vegetations anciennes ont une belle apparence, elles cominencent a se revetir de pods ; depuis I'appendice xi-pbo'ide jusqu'aupres des mamelles, il existe encore une large surface occupee par des excroissances d une grosseur moyenne, tres-serrees, arrondies, et qui adherent forte-ment ii fenveloppe cutanee; elles sont ditlicilement saisies avec les pinces ; on en fait cependant, quoiqu'avec peine, une ablation complete. Deux kilogrammes de tissus mor­bides furent le resultat de cette operation. La reaction est toujours nulle; la vache parait plus alerte 3 la peau qui, jadis, etait tiraillee par le poids de ces verrues, revient sur elle-meme ; le ventre est plus arrondi.
Le 16 mai, on couronne 1'oeuvre par une einquieme operation. 11 s'agissait cette fois de deblayer les mamelles et le plat des cuisses; l'animal fut mis sur le dos, les
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membres ecartes au besoin pour rendre successivement accessibles toutes les regions oh le cautcre devait etre porle: 1 animal manifesta de la douleur, surtout lorsqu'oa operait sur les tetines, ou Ton devait agir avec precaution pour n'enlever cjue des tissus anormaux. On recueillit les venues extirpees dans cette seance : elles pesaient quatre cent quatre-vingt-treize grammes.
Oueiques jours apres, la vaclie fut mise en prairie ou eile ne tarda pas a reprendre de l'embonpoint et a guerir radicalement.
La quantite des produits morbides extirpes, dans les diflerentes operations sur cette bete, pent etre evaluee a plus de dix kilogrammes.
Get interessant fait pratique, rapporte par M. Carlier, alors eleve repetiteur a 1 Ecole de Curegbem, prouve, comme le dit le rapporteur : 1deg; Qu'on peut hardiment entreprendre la cure de toutes especes d'excroissances dermoi'des, quels que soient leur ancienncte, l'etendue des parties qui en sont recouvcrtes et I etat de L'animal; 2deg; que le feu est la methode lt;[ui en assure le succes ; 3deg; que I'ap-paiition de verrues ou poii'eaux ä la surface cutanee nest pas constamment un Symptome de phtliisie mesenteri-que, comme M. Seer dit lavoir observe, vu que la vaclie qui fait le sujet de cette observation s'est engraissee et a cte livree a la boucberie six mois apres, jouissant dune parfaite sante.
La ligature, l'excision suivie de la cauterisation, sont les moyens que Ton emploie generalement pour combattre les poireaux lorsquils sont peuvolumineux; isoles les uns des autres, a base plus ou moins retrecie, ou pedicules. Chez les jeunes poulains, surtout chez ceux qui sont en­core a la mamelle, il survient queiquefois une infinite de
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petites verrues sessiles sur les levres et le nez ; il suffit d'oindre ces productions morbides d'onguent populeum ou de tout autre corps gras, pendant sept a huit jours, pour les faire disparaitre; elles se detachent comme si elles etaient macerees.
POLYPE. — On designe par ce nom des tumeurs plus ou moins saillantes, rarement sessiles, souvent pediculees, qui surviennent sur les membranes muqueuses. L'exis-tence de ces productions morbides ne peul etre constatee fjue lorsqu'elies ont leur siege ä proximite des ouvertures naturelles ; par consequent, il ne sera question dans ce chapitre que des polypes des cavites nasales, du pharynx, du vagin, de ia matrice et du rectum.
Sous le rapport de leur structure, les polypes ont ete divises en muqiieux, charnus elfibreux.
Les polypes muqiicnx sont mous, grisätres, demi-trans-parents, et semblent resulter de 1 expansion de la mem­brane muqueuse a laquelle ils appartiennent.
Les polypes charnus sont plus (lenses que les prece­dents, plus rouges, plus saignants; leur tissu ressemble tantöt a celui des fongosites inflammatoires, tantöt a celui des excroissances carcinomateuses.
Les polypes fihreux sont formes de fibres contournees autour du centre ou noyau de la tumeur; ces fibres, d'ap-parence nacree, sont toujours separees les unes des autres par une matiere gelatiniforme dont l'abondance varie et qui, par ses proportions, communique a la tumeur une densite differente. Nes constamment en dehors des mem­branes muqueuses, les polypes fibreux, dit M. Blandin, sont entoures par cette membrane, quelquefois meme par
une portion du tissu voisin qu'ils ont refoüle dans leur de­innbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;26
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veloppemeiit et dont ils forment exclusivemeut leur petli-oule.
Sous le rapport etiologique, M. Blandin orbit que les polypes chamussont le resultat dune inflammation : qua les muqueux resultent dune liypertrophie de la mem­brane ; et que les fibreux reconnaissent pour cause une coiiCTetion fibrineuse qui s'organise eu dehors de la mem-brane tegumentaire.
Le traitement des polypes doit etre exclusivement local; ils ne doivent etre attaqnes que par des movens qui agis-sent direclement sur eux. Les moyens le plus generale-ment mis en usage pour combattre ces exuberances de la membrane tegumentaire sent : I'excision simple ou suivie de la cauterisation, la ligature, la torsion et l'arra-chement.
Polypes des cavites nasales. — La presence d'une pro­duction morbide de cette nature dans l'une ou Lautre cavite nasale ne se manifeste pas d'une maniere osten­sible au commencement de son developpement; alors eile ne gene que faiblement la respiration du cote oü eile existe,etoccasionne un leger sifflement auquel on ne peut, la pluparl du temps, assigner de cause ; mais a mesure quelle acquiert du volume, les symptomes deviennent plus manifestes : la respiration est genee, I'animal fait entendre le bruit de cornagc; la paroi osseuse correspon-dante a la tumeur se souleve, la cloison nasale est refoulee dans la cavite opposee , quelquefois a tel point que la suffocation est imminente; alors le polype depasse sou-vent l'orifice externe de la narine ou est apercevable ii l'entree de cette ouverture.
En 1834, je fus consulte par un veterinaire de ßruxel-ies qui avait j dans son infirmerie, un cheval hongre de
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quatre ans, portant un enorme polype dans la narine droite. Getto production avait un volume tel, quelle obstruait totalement la narine , la depassait au moins de deux pouces et refoulait lacloison cartilagineuse aupoint de ne laisser a la narine opposee qu'une ouverture per-mettant tout au plus l'introduction du doigt; la sufFoca-tion etait imminente. Apres que j'eus pratique la traclieo-tomie pour eloigner tout danger d'asphyxie, I'animal fut abattu et fixe convenablement pour l'operation. Je fis unc incision a la fausse narine, que je prolongeai jusqua Tangle forme par la reunion du sus-nasal avec le petit sus-maxillaire , croyant, par cette ouverture , pouvoir atteindre le pedicule de cette production morbide; mais ce fut en vain, la tumeur se prolongeait plus baut et rem_ plissait litteralement la cavite, au point qu'il me fut im. possible d'y faire penelrer la lame d'un bistouri. Dans cetle occurrence diflicile, i'idee de la trepanation me souriait ; mais avant d'en venir a cette operation, je voulus essayer d enlever le polype par morceaux ; 1'instrument trancham ne pouvant entamer cette tumeur a base osseuse, j'eus re-cours a la gouche dont on se servait anciennement pour bri-ser les chicots; arme de cet instrument, je le fis penetrer avecpeine entre la cioison nasale et le polype, et en fisuu levier du premier genre ; ma main gaucbe servait de point dappui, et par une forte secousse brusquement imprimee sur l'extremite de la puissance, je fis eclater un fragment de trois pouces environ de longueur, que je detacbai ensuite au moyen de la pince et du bistouri. Je continuai cette manoeuvre, qui dura trente minutes au moins, jusquä ce que le dernier fragment fut extrait. Je reunis les levres de l'ouverture faite ä la fausse narine, par quelques points de suture ; on remit le cbeval a 1'ecui'ie ; le sang coulait en
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nappe ; quelques injections d'eau froide dirigees dans la cavite nasale suflirent pour arreter cette hemorrhagie insignifiante. Le lendemain de 1 operation, j'otai le tube de la trachee-artere ; ranimal, soumis ä une demi-diete, neprouvait aucune reaction. Get etat satisfaisant ne fut point interrompu, et la cure etait radicale au bout de quinze jours.
Je fis macerer les fragments de ce polype, etjecon-stataiqu'il avait pour base les deux cornets.
11 y a quelques annees il me fut presente, ä la clinique de l'Ecole velerinaire, un fort cheval de trait, portantun polype de la grosseur du poing, qui obstruait totale-ment la narine gauche ; j'incisai la fausse narine dans une longueur d'environ deux pouces; par cette ouverture il me fut possible datteindre le pedicule, de le couperavec une feuille de sauge et de debarrasser lanimal de eette production morbide. Apres l'excision je cauterisai la base avec un cautere chauffe ä blanc ; je reunis les levres de louverture faite a la fausse narine, par des points de suture, et en moins de huit jours la eure etait par-faite.
Icart apublie, dans les Instructions veterinaires, an-nee 1794, un memoire sur un polype extraordinaire qui remplissait entierementla narine droite d'un cheval. Cette enorme tumeur, de consistance squirrheuse, avait la forme d'une langue de boeuf; son poids etait d'un kilogramme et demi. Pour parvenir ä extraire cette masse, Icart fendit le naseau et la fausse narine; alors une partie de cette production parat a decouvert; eile etait adherente sur toutes ses faces; une aiguille enfilee d'un gros cordonnet fut passee en travers, afin de pouvoir la soulever ; mais. malgre la force employee, il ne fut pas possible de l'ebran-
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ler; il fallut une force tres-grande pour la detacher de la partie inferieure pres de l'orifice de la narine ; eile fut liee ensuite avec un fort ruban defd et, par les divers mouve-ments et les fortes secousses d'une tenette, eile se detacha en entier, entrainant avec eile cinq petites pieces osseuses, toutes de la longueur et de l'epaisseur d'une lentille. Le cheval respira aussitot avec facilite; rhemorrhagie fut abondante et ne s'arreta qua I'aide d'un tampon de char-pie que Ton maintint par des points de suture en rappro-chant les parties divisees. La suppuration fut tres-abon-dante les quinze premiers jours ; eile diminua ensuite insensiblement et cessa totalement.
Chabert se servit pendant longtemps d'un cheval qui avait ete opere dun polype nasal tres-gros, pour I'extrac-tion duquel on avait ete oblige de faire, au frontal, une ouverture d'environ trois pouces de diametre.
Rigot a fait connaitre un cas de polype nasal gueri par lexcision suivie de la cauterisation actuelle.
Gelle guerit un boeuf d'un polype nasal par lexcision et la cauterisation; linflammation consecutive fut pen intense, et la guerison s'opera sans pansements ullerieurs.
Gohier observa, sur deux chiens., des polypes dans les cavites nasales; malgre les soins eclaires de cet habile professeur, ils ne guerirent pas.
Polypes du pharynx. — Chez les animauxdomestiques, les polypes du pharynx sent pour ainsi dire a peu pres inconnus ; nous n'en trouvons dans les ouvrages de mede-cine veterinaire qu'une seule observation, rapportee par M. Delafoy. II s'agit d'une vache chez laquelle un polype s'etait developpe au pharynx, a la suite d'aphthes. La bete qui fait le sujet de cette observation, eprouvait de la difli-culle pour avaler les aliments; la gorge etait saillante
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dun cüte comme de lautre ; les glandes parotides se trou-vaient soulevees dans leur milieu, sans augmentation de volume dans le corps glanduleux ; la pression sur ces par­ties ne determinait qu'une legere sensibilite et un peu de gene dans la respiration ; l'attitude de la tete etait hori­zontale ; la respiration sefFectuait sans bruit, mais les na-rines etaient continuellementdilatees; pouls faibleetlent, muqueuses apparentes decolorees. M. Delafoy ayant fait parvenir la main dans I arriere-bouche a Taide du specu­lum oris, il sentit un corps cliarnu volumineux, de forme spherique, occupant presque toute 1 etendue de cette cavite et fixe a la paitie superieure du pharynx par un pedicule qui ne lui parut pas trop volumineux ; des lors il ne douta plus de l'existence dun polype. Pour parvenir a l'extraire, il choisit une paire de tenailles ordinaires, dont il fit allonger les mors de dix pouces, leurs parties terminales etant disposeesen forme de cuiliers legeremenl concaves et herissees chacune de buit petites pointes a leur surface interne, afin de pouvoir les fixer solidement sur la masse cbarnue et de parvenir a pouvoir rompre, par torsion, Tadherence quelle contractait. IVanimal etant abattu, la tete assujettie par deux homrnes, de maniere ä ce que le nez flit un peu eleve, les mächoires ecartees au moyen du speculum arts, et la langue maintenue de cote hors de la bouche, M. Delafoy introduisitson instrument, saisit fermement le polype, executa un mouvement de torsion, puis un second, et parvint a rompre I'adherence. Alox-s, retirant Tinstrument doucement et avec precaution, sans desemparer du corps cliarnu qui y etait saisi, il lui fit franchir Touverture palatine et acheva ainsi I'operation sans effusion de sang. Cette masse polypeuse pesait envi­ron trois quarts de kilogramme : die rcsscmblait, par sa
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forme, a une tres-grosse pomme de terre ; comme cette derniere, eile offrait a sa surface de petits enfoncements qui paraissaient etre la suite de boulons aphtheux passes ä l'etat ulcereux. On administra sur-le-champ a cette va-che un demi-ütre de vin etendu dans une pareille quan-tile d'eau, quelle avala avec ässez de facilite. Le lende-raain, la deglutition etait plus difficile que la Teille, le jeu des mäcboires un peu gene , la bouche filante et Tou--verture palatine enflammee; ce qui fat attribue aux manoeuvres du jour precedent, ainsi qu'au tiraillement exerce sur le pharynx pour rompre le pedicule du po­lype. On remplaca le vin par des gargarismes mucilagi-neux mielles et legereraent acidules, I'eau blanche fut donnee en petite quantite et repetee sept a buit fois par jour. Le sixieme jour apres I'operation , Tin flam mation He la bouclie etait entierement dissipee et la deglutition s'operait facilement. Au bout de quinze jours , Tanimal fut remis a son regime ordinaire.
Polypes du vagin. —Les productions polypeuses de la membrane vaginale ont surtout ete observees sur la chienne, cbez laquelle elles paraissent plus frequentes que cbez les autres femelles domestiques ; elles se deve-loppent sans qu'on s'en apercoive, jusqu'au moment oil elles laissent suinter par cette ouverture naturelle, une sanie puriforme, sanguinolente, de mauvaise odeur. On parvient a detruire ces productions morbides , que Ton xxovame encore condy 16mes, en les excisant a leur base et en cauterisant ensuite la place qu'elles ont occu-pee. Jl cst d'observation que lorsquon ne peut atteindre leur base, et qu'on n'en coupe qu'une partie , celle qui reste vegete avec force et reproduit bientot I'accident: ainsi il Importe de rendre fablation la plus complete
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possible, et de detruire par la cauterisation ce quon ne peut atteindre avee I'instrument tranchant. Notre pratique nous a fourni I'occasion d'observer un polype vaginal chez une vache en etat de gestation avancee ; cette tumeur, du volume des deux poings , sortait de la vulve et avait ete prise pour un renversement du vagin ; eile etait a base pediculee et facilement accessible ; nous en fimes la ligature le plus pres possible de son insertion et nous la coupames ensuite. La bete vela facilement trois semaines apres cette operation , et le polype ne reparut plus.
Polypes de la tnatrice. — Les polypes uterins sont rares chez la jument et la vache ; mais, au dire de cer­tains auteurs, assez communs chez la chienne. On doit a Rodet une observation pleine d'interet sur des tumeurs de ce genre chez une jument que Ton supposait etre tourmente'e par les douleurs d'une parturition laborieuse. Cette jument avait eprouve, plusieurs fois de suite , des chaleurs tres-marquecs , et on avait quelque raison de la supposer pleine. Elle faisait de frequents efforts, sem-blables en tout a ceux de la parturition. Rodet lui-meme y fut trompe, et ncs'apercut de son erretir qu'en fouillant la bete. 11 explora d'abord par le i'ectum, et reconnut que la matrice etait dans un etat de developpement egal ä celui d'une gestation a terme, mais quelle contenait une masse qui , quoiqu'il ne lui füt pas facile den determiner exactement la forme et la nature , ä travels les parois du rectum et de f uterus , ne ressemblait en rien a un foetus ordinaire. Get habile veterinaire s'eclaira davantage en explorant par le vagin. La main introduite avec peine jusque dans la matrice, dont le col etait fortement con-tracte, il reneontra dans sa cavite plusieurs excroissances assez considerables . qui etaient flottantes et qui remplis-
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saient tout l'interieur de cet organe. 11 chercha a s'assurer de leur nature, et il reconnut, autant qu'il put le faire par le toucher seulement, que ces excroissances etaient de vrais polypes abase large, recouvertset maintenus par la membrane muqueuse de luterus , et que, de leur sur­face, qui etait rugueuse, paraissait fluer la matiere puri-forme dont recoulement avait lieu par la vulve ; le corps de ces polypes ne semblait former qu'une masse, et leur toucher, ainsi que celui de la membrane interne de la matrice , faisait eprouver ä la jument les plus vives dou-leurs. La ligature et larrachement etaient malheureuse-ment impossibles , a cause de la largeur de leur base ; le traitement palliatif parut le seul applicable. A cette fin , on injecta dans la matrice des decoctions mucilagineuses , auxquelles on ajouta alternativement du vinaigre de vin et une forte dissolution de camphre; les douleurs dimi-nuerent d'ahord assez sensiblement et cesserent ensuite. Pendant trois jours que Rodet a pu voir cette jument, il ne s'est pas apercu de nouvelles attaques des coliques hysteriques qu'elle eprouvait auparavant, mais il pre­sume que, par la suite, eile aura du en etre afTectee de nouveau.
Les polypes uterins sont plus frequents chez la chienne quechez les autres femelles; conune pour ceux du vagin, on leur assigne comme cause principale, l'exces du coVt. Leur existence n'est pastoujours facile a constater, et les moyens que Ton doit employer pour les combattre sont dune application difficile •, a moins que les productions polypeuses de la matrice n'aient franchi le col de cet organe, et quelles ne soient pourvues d'un pedicule mince et allonge, on ne peut guere les atteindre chez ces ninbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;27
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petites fftnelles, et il faut renoncer ä tout espoir tie puu-voir les en debarrasser.
Polypes du rectum. — De toutes les productions poly-peuses qui peuvent survenir sur la membrane muqueuse gastro-intestinale, ce sont celles du rectum seules qui peavent etre constatees pendant la -vie; leur presence dans cetlepartie du tube digestif s'oppose a la libre sortie des matieres fecales et donne parfois lieu a la constipa­tion. II y a quelques annees, je fus consulte pour un puulain de deux ans, qui depuis plusieurs tnois se livrait a des efforts inouis cbaque fois qu'il devait fienter; cette gene, d'abord peu marquee , augmenta graduelle-ment jusqu'au point d empecber la sortie des matieres fecales et de determiner des coliques: c'cst alors que je fits requis pour donner des soins a cet animal; en explo-rant le rectum pour reconnaitre ['obstacle qui s'opposait ä la sortie ties excrements , je reconnus, vers le milieu de la longueur de cette portion intestinale, une tumeur de la forme et du volume d'une grosse poire, ii base pediculee, qui I'obstruait presque litteralement. Cette tumeur n'etant point accessible a l'instrument, et ne pouvant en faire la ligature que tres-difllcilement, je resolus den debarrasser I'animal au plus vite, par farrachement. A cette fin je fis passer un noeud coulant sur le pedicule, j'ordonnai ä un aide tie tirer fortement sur lebout de la ficelle qui sortait par l'anus, tandis que de la main introduite dans le rectum, je faisais executera la tumeur un mouvementde torsion; ces deux manoeuvres combinees opererent en peu dln-stants la separation du pedicule; aucun accident ne suivit cette operation, et fanimal futradicalement gueri. Un autre poulain , Age de deux ans , porlait un polype
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dans le rectum , qui rendait les dejections aivines dißl-ciles; celte production morbide etait apercevable a I'anus, quelle franchissait en partie ; j'en fis la ligature avec facilite, l'excisai ensuite, et la guerison fut en quelque sorte instantanee.
Negrin a opere avec succes I'extraction d'un polype fibreux de l'inlestin rectum. Le boeuf qui porlait cette production eprouvait, depuis plus de six mois, une grande ditliculte de rendre une petite quantite de matieres fecales sanguinolentes et fetides. L'anus etait considera-blement retreci, son bord avait acquis une durete presque cartilagineuse. Negrin incisa crucialement le sphincter de cette Ouvertüre, afin de pouvoir y introduire la main , et ce ne fut qu'alors qu'il put s'assurer de la presence d'un polype de la grosseur d'un fort marron d'Inde. La constriction circulaire en fut faite, et quatre jours apres le boeuf fut tout a fait gueri.
POUSSE. — La pousse est une affection qui attaque principalement le cheval et qui na guere ete etudiee que sur cet animal; eile consiste dans lirregularite des mou-vements des flaues, et dans une toux particuliere qui ne s'observe dans aucune autre affection des organes respi-ratoires.
Une foule d'opinions ont ete emises sur le veritable siege de la pousse, ou pour mieux dire sur lalteration speciale qui constitue l'irregularite des mouvements res-piratoires et la toux qui I'accompagne. 11 est des ma­ladies, dit M. Demoussy, veterinaire et inspecteur du haras de Pompadour, dans un Memoire sur la pousse envoye a la Societe royale et cenlrale d'agriculture, annee 1824, qui laissent dc si faibles traces dc leur passage
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apres la mort, quii est bien diflicile d'en suivre les vesti­ges dans les organes offenses , et lorsque ces maladies ont ete compliquees d'autres affections qui laissent a leur suite des alterations tres-prononcees , on n'est que trop enclin a les confondre avec ces dernieres. La pousse doit etre placee dans cette categoric. A l'ouverture des chevaux poussifs, on a trouve des brides membraneuses qui liaient les poumons aux plevres costales; des epanche-ments d'une liqueur blanche et floconncuse dans la poi-trine ; des tubercules , des concretions calcaires dans la substance des poumons; des engorgements des glandes broncbiques; des ulcerations ä la bifurcation de la trachee-artere 3 1'adherence d'une bumeur visqueuse et gluante a la surface interne des voies aeriennes; on en a accuse l'opilation des vaisseaux pulmonaires, lepaissis-sement des liqueurs animales , le relacbement des vesi-cules broncbiques, i'epanchement dusang et del'air dans le parenchyme pulmonaire. Quelques auteurs ont attri-bue la pousse a l'ossification des cartilages des cotes et du larynx , a la rupture du nerf diapbragmatique , au de-cbirement des vesicules aeriennes. Quelques bippiätres modernes ont regarde la nevrose du diaphragme comma la cause positive de la pousse ; ils ont cm remarquer que cette cloison musculeuse etait refoulee vers les poumons lorsque Tair penetrait dans les vesicules broncbiques par l'inspiration , et se portait vers le bassin dans le mouve-menl expiratoire , c'est-a-dire que la fonction qui lui est assignee s'operait en sens inverse de 1 ordre naturel. D'autres, enfin , ont cru quelle etait due a la dilatation anevrismatique du coeur.
M. Demoussy combat toutes ces opinions et dit positi-vement que la pousse est due a un etat varicoso-ane-
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#9632;vrismatique des capillaires du poumon. li n'y a pas de veterinaire, ajoute ce praticien distingue, qui n'ait ete frappe, ä l'ouverture des chevaux poussifs, de l'etat du poumon : son parenchyme est gonfle, spongieux ; les vesicules aeriennes, les tuyaux bronchicjues paraissent avoir perdu de leur diametre, parce que la multitude infinie des vaisseaux arteriels et veineux qui leur servent d'enveloppes, ont augmente de calibre et ont rapproche, par la pression continuelle qu'ils ont exerce sur les canaux aeriens, les parois membraneuses qui forment leurs dernieres ramifications. Les diverses sections du poumon, pratiquees dans tous les sens , dans I'epaisseur du parenchyme pulmonaire, le prouvent d'une maniere indubitable.
D'apres M. Demoussy, cette observation est constante ; il n'y a point de cheval poussif qui ne presente ce deve-loppement morbide du Systeme vasculaire. Quelles que soient les autres lesions, elles accompagnent toujours cette dilatation variqueuse et anevrismatique des vais­seaux pulmonaires, etsouvent cette dilatation existe sans qu'il y ait aucune autre alteration remarquable. Que conclure de ces faits , qui se verifient a chaque autopsie cadaverique, se demande M. Demoussy? C'est que I'ane-vrisme du poumon constitue reellcment la pousse, tandis que les autres lesions tiennent aux irritations diverses des parties Constituantes de l'organe pulmonaire; irritations qui se sont developpees , soit avant la pousse, soit pendant le cours de cette affection morbide. Ne confondons done pas, continue -1-il, les desordres que peuvent produire les differentes affections des organes contenus dans la cavite thoracique avec les lesions que produit la pousse. L'anevrisme seul du poumon constitue cette ma-
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ladie ; son tissu , gonlle de sang par la dilatation succes­sive de ses vaisseaux veineux et arteriels, amene cette difliculte chronique de respirer, l'agitation irreguliere des flancs, la dilatation des naseaux , les eclats de toux, enfin tous les signes pathognomoniques de cette affection. Le doute ne pent subsister lorsque le seul volume des lobes pulmonaires a donne naissance a cette maladie , et que I'exploration la plus scrupuleuse ne fait apercevoir aucune autre lesion. La conviction devient entiere quand les autres alterations, que Ton a signalees commedonmnt lieu ä la pousse, se trouvent constamment accompagnees de cette tumefaction du parenchyma pulmonaire.
Des que le poumon contracte une disposition varicoso-anevrismatique, son parenchyma se gonfle de sang, se tumefie ; ses vaisseaux veineux et arteriels augmentent insensiblament de diametre; ils forment autour de chaque ramification bronchique une enveloppe qui acquiert une densite toujours croissante, et qui s'oppose , ä mesure quelle fait des progres , a la libre expansion des tuyaux et des -vesicules que Fair dilate ü chaque mouvement dinspiration. Le coeur redouble alors denergie pour vaincre lobstacle naissant qui embarrasse la circulation pulmonaire. Le developpement progressif de l'etat vari-queux et anevrisraatique des capillaires da poumon oblige le sang a sejourner en plus grande quantite dans 1 oreillette et le ventricule droits du coeur. La pression laterale de ce liquide; qui devient chaque jour plus puis-sante, force les parois musculeuses de ces cavites quot;a ceder peu ä peu a sa masse et a son impulsion constamment repetee ; elles se dilatent ä mesure qu'elles perdent leur ressort at forment enfin Vanevrisme consecutif de 1 organe central dc la circulation, ancvrisme qui u'existe que dans
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les cavites droites de cet organe ; le diametre des cavites gauches se retreclt, au contraire, a mesure que la mem­brane interne qui les tapisse acquiert plus d'epaisseur et de consislance.
Contrairement a M. Demoussy, M. Delafond attribue la pousse a remphyseme du poumon; il rapporte plusieurs autopsies qui semblent militer en faveur de sa maniere de voir.
Lorsque la dilatation vesiculaire est generale, dit le professeur d'Alfort que nous venons de citer, les pou-mons , a louverture du thorax des chevaux poussifs, paraissent comme s'ils avaient ete souffles. La pression de l'atmosphere , en les affaissant, ne leur fait perdre qu'un tiers ou qu'un quail de leur volume. 11s sont d'un rose pale, elastiques, tres-legers , et surnagent dans I'eau plus que nelefont les poumons sains. En general, leurs vesicules out acquis le volume d'un grain de millet ou de chenevis au-dessous de la plevre, notamment aux lobes anterieurs, ainsi qu'aux bords posterieurs et inferieurs. Le paren-chyme de l'organe, quand on I'incise, ne s'affaisse qu'aux bords deTincision; en prolongeant celle-ci, I'afFaissement devient plus considerable; mais on ne pent lobtenir entier qu'apres avoir pratique de profondes et nombreuses sections en tous sens. Si Ton presse le parenchyme entre les doigts, il fait entendre une crepitation suivie aussitot de l'apparitiou d'une multiiude de petites bulles d'air ä sa surface ; si Ton continue la pression en cherchant ;i accumuler 1'air sous la plevre , ce fluide s'extravase dans le tissu cellulaire interlobulaire, en produisant de petites ampoules transparentes qui separent les lobules.
Quand la dilatation vesiculaire est locale, si eile siege aux lobes anterieurs, ceux-ci presentent de grosses bos-
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selures qui les rcndent comme a demi souffles ; la couleur de ces bosselures est d'un rose-pale ; leur interieur est forme par les vesicules pulmonaires dilatees, qui out acquisdepuis le volume d'une tete depingle jusqua celui d'un grain de chenevis ; quand on les incise profondement et que 1 instrument ouvre une division bronchique, elles s affaissent entierement ; mais leur affaissement n'a lieu que d une maniere partielle quand on pique plusieurs vesicules une ä une avec la pointe d'une epingle; une pression circulaire exercee sur une partie des lobes, de­termine l'affaissement complet du parenchyme, en repoussant I'air dans les bronches. Si les dilatations occu-pent le lobe mediastin du poumon droit, les caracteres sont les memes. Mais , aus. bords des lobes , la dilatation vesiculaire locale s'offre sous la forme de grosses emi-uences peuelevees , assezirreguliercs, d'un rose pale, qui rendent ces bords comme renfles , et dans lesquelles on distingue tres-bien les vesicules pulmonaires devenues plus grosses et plus transparentes ; leur pression , en chassant lair, fait entendre une legere crepitation. Lors-qu'on souffle un poumon entier qui offre des dilatations locales, I'air soulcve les bosselures et les eminences avant de penetrer dans le reste du tissu sain.
M. Rodet a fait I'ouverture d'un vieux cbevalfortement poussif, cbez lequel le temps de lexpiration etait coupe par un soubresaut bien marque ; cet animal avait le coeur anevrismatique et a parois fort amincies ; non-seulement ses poumons etaient fortement ^emphysemateux, mais encore il existait des bulles d'air bien prononcees et bien distinctes a leur surface, en sorte que, quand on pressait dans la main la portion anterieuredes lobes pulmonaires, oü se trouvait I'air accumule, les cellules distendues qui
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le coutenaient, en crevant entre les doigts, produisaient un clacfuement egal a celui des gousses du bagueuaudier, et ä celui aussi que font entendre les vessies aeriennes des petits poissons quand on les ecrase. C'etaient lä les seules lesions que presentait ce cheval.
De toutes les opinions emises sur le siege et la nature de la pousse, ce sent celles de BIM. Demoussy et Dela-fond, ([ui sont le plus generalement ;vchiiises; toutes deux reposent sur les caracteres anatomiques quils out constates a l'ouverture des chevaux poussifs. Us en-trent. chacun dans des considerations qui militent pres-que ejjalement en faveur de leur manicre de voir, et on serait tente, en lisant leurs ecrils, d admettre dune part , que l'etat variqueux et anevrismatique des capillaires du poumon constitue la pousse , de 1 au-tre que cest remphysemc pulmonaire. En presence de deux opinions aussi opposees , emanees d'hotnmes si Iiaut places dans la science, et qui se sont livres a l'etude speciale de la maladie qui nous occupe, nous devons nous abstenir et attendre que de nouvelles recherches viennent eclairer la question.
Le cheval poussif conserve son appetit et son embon­point, et parait jouir de la plus parfaite sante ; seulement il s'essouffle au moindre exercice et fait entendre de temps en temps une toux quintense , profonde , pen so­nore , courte, sc-che et sans expectoration. Cette toux, d'un timbre particulier, est caracteristiquo; il suflit de l'avoir entendue une seule fois pour ne pas la confondre avec celle qui accompagne ordinairement les autres affec­tions des organes respiratoires. Les mouvements des flaues n'oflrent plus la meme regvdarite ; dans I'inspira-tion, felevation des cotes se fait d'une maniere reguliere,
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mais des qu'elles sont parvenues au degre d'elevation qu'elles doivent atteindre, il y a un abaissement subit, une commotion precipitee de ces courbes osseuses 5 a peine ce mouvement dabaissement est-il commence, cru'il s'arr^te brusquement, puis s'acheve d'une maniere regu­liere, (j'est ce temps d'arret qui constitue ce qu'on appelle le coup defouetj le sonhrcsaut, phenomene special sans lequel on ne peut dire que le clieval est poussif. Ce pbe-nomene etant toujours accompagnc de la toux caracteris-tique dont nous avons parle plus haut, nous croyons pou-voir resumertoute la Symptomatologie de la pousse dans le soubresaut et la toux.
A mesure que la maladie fait des progres , les symptu-mes augmententj le soubresaut devient plus marque et les quintes de toux plus rapprocbees et plus suflbcantes 5 les cötes s'elevent davantage; les espaces intercostaux s'agrandissent: les naseaux sont plus ouverts; Taile in­terne des narines est plus ecartee 5 les yeux sont proemi-nents 5 ces trois derniers phenomi-nes donnent ä la face de l'animal une expression toute particuliere , qui, a eile seule , peut faire reconnai tre la nature de l'affection; loppression devient quelquefois teile qua chaque expira­tion il s'opere dans les flaues une seconsse qui ebranle toute leconomie. Malgre la gravite des symptomes, lani-mal conserve son appetit et peut encore rendre quelque service leger, et ce n'est pas chose rare de voir le clie­val poussif mourir subitement par asphyxie en travail-lant. 11 deperit cependant a la longue, et sa maigreur va en croissant jusqu a ce que le poumon se refuse ä toute action respiratoire.
M. Delafond ajoute a la Symptomatologie de la pousse differents bruits respiratoires accidentelsque Ion pereoit
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par l'auscultation. Ces bruits sont : le rule crepitant sec ou craquement, le rale sibilant ou siillement, et le frotte-mentou bruit broncliique.
La räle crepitant sec se fait entendre, d'apres M. Dela-fond, dans toute letendue des poumons si I'emphyseme devient general; il est circonscrit quund I'emphyseme est local. Dans ce dernier cas, on 1'entend particuliereraent aux. bords superieurs ou inferieurs des poumons, qui sont les points oü les dilatations locales existent le plus frequemment. On presume qu'il se passe dans les vesi-cules pulmonaires dilatees ou dans le tissu cellulaire inter-lobulaire, renfermantde lair epanche dans ses areoles.
Le rale sibilant est un siiflement qui se fait entendre ordinairement apres lexpiration. II est permanent, aigu et sec , et augmente d'intensite apres lexercice. C'est le signe de nombreuses et vastes dilatations vesiculaires.
Le frottemenl ou bruit bronchique se percoit en arriere de lepaule pendant I'inspiration. On peut le comparer au bruit que produiraient deux petites plancliettes frot-tees Fune contre l'autre. M. Delafond dit avoir entendu ce bruit dans les dilatations vesiculaires accompagnees de I'emphyseme interlobulaire, mais jamais dans I'emphy­seme isole.
Ces differents bruits respiratoires accidentels que 1'on percoit en auscultant la poitrine, peuvent-ils etre consi-deres comme des signes pathognomoniques de la pousse ? Seuls peuvent-ils faire considerer l'animal comme poussif? Non, et comme nous I'avons dit plus haut, il faut que le soubresaut existe, phenomene special sans lequel il n'y a point de pousse.
Lexistence de la pousse n'est pas diflicile a constater lorsquelle est parvenue ä un certain degre; alors les
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symptomes sont tres-caracteristiques et ne peuvent plus etre confondus avec ceux produits par une autre altera­tion quelconque des organes respiratoires ; mais il n'en est pas de meme lorsque la maladie est a son debut; il faut, dans ce cas, apporter une attention toute particu-liere dans son investigation pour saisir le soubresaut ca-racteristique de la pousse. En general, on a l'liabitude de laire couvrir le elieval poussif et de lui faire manger une ration d'avoine pour mieux apprecier lirregularite des mouvements respiratoires 5 cette maniere d'agir est re-poussee par la plupart des veterinaires. C'est ie matin, lorsque I'animal est a jeun, on apres un repos prolonge, lorsqu'il so trouve dans une quietude parfaite et qu'il n est point distrait par une cause quelconque , que Ion juge le mieux du rhythme de la respiration et que Ion pent le mieux observer le balancement qui existe entre lelevation et l'abaissement des cotes^l'oeil suit I'ascension de ces courbes osseuses en fixant rhypocondre, et voit, lorsqu'elles sont parvenues a leur degre le plus eleve, si leur declinaisou s'effectue d'une maniere uniforme, ou s'il y a un temps d arret, un soubresaut qui denote I'exis-tencc de la pousse commencante. Un long examen est souvent necessaire pour le constater. Dans le principe tie la maladie , ce contretemps , ce double battement des flancs est si peu prononce , qu'il faut etre tres-attentif pour l'apercevoir, et c'est dans cette circonstance difficile que Je veterinaire est souvent requis pour constater le fait et mettre fin a des contestations judiciaires qui se soulevent frequemment li ce sujet; par consequent, il ne saurait apporter trop de circonspection et de maturite dans ses decisions pour les rendrc equitables.
Les efforts violents, les travaux cxcessifs, la detestable
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habitude d'exercer fortement les chevaux immediatement apres la repletion de lestomac, ont ete ranges aunombre des causes de la pousse. Ces causes existent dans tous les pays ou Ton emploie des chevaux pour les differents be-soins de la societe, et cependant, dit M. Demoussy, nous voyons que les chevaux espagnols , portugais, barbes, persans, arabes, ne deviennent jamais poussifs tant qu'ils restent dans leur terre natale. Ce nest que longtemps apres leur transport en France, et par la mutation de leur regime alimentaire, que leur poitrine s'affecte insensiblement et que la pousse se manifeste. Nous de-vons eliminer ces causes, continue M. Demoussy, puisque la plus legere reflexion nous fait voir qu'en Espagne, en Portugal, en Afrique et en Asie, les chevaux travaillent aussi fortement qu'en Italic, en France et en Allemagne, et que leur poitrine, qui est souvent le siege du catarrhe, de la pleuresie et de la pneumonic, est toujours a I'abride la pousse.
11 en est de meme des chaleurs bmlantes longtemps prolongees. Si la vivacite des rayons solaires, si la cbaleur dune atmosphere embrasee donnaient naissance a la pousse, ce serait dans le midi de l'Europe, et a plus forte raison en Asie et en Afrique, qu'ily aurait une multitude infinie de chevaux poussifs; et c est en France et en Alle­magne qu'ils fourraillent. Nous elevens done encore reje-ter cette cause, qui ne peut supporter le plus leger exa-men.
Nous devons done fixer notre attention sur le regime alimentaire, et voir quelles sont les modifications qu'il eprouve , suivant le Systeme d'agriculture et suivant l'abondance des plantes fourragcrcs et cereales dans les diverses regions que nous avons citees.
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Les chevaux arabes, qui supportent les plus giandes fa­tigues, passent des journees entieres sans nourriture; ils recoiveut, le soir, cinq ii six livres Jorge et un peu de paille Ltachee.
11 en est de meme des chevaux barbes ; ils voyagent tout le jour sans que leurs conducteurs leur fassent prendre le moindre aliment. Lorsqivils sont arrives dans le lieu ou ils se proposent de passer la nuit, ils flcbent un pieu en terre, y attacbent une jambe de devant et don-nent a cbaque cbeval six a sept livres d orge, sans y ajouter de paille.
En Espagne, en Portugal, les cbevaux de cavalerie, comma ceux des proprietaires , ne sont nourris qu'avec les pailles d'orjye et de froment, qu'on leur distribue par petite mesure. Le depiquage des grains, qui se fait dans la Castille et dans la Manche par 1 intermediaire des mil­lets, qui sont atteles h des traineaux armes en dessous de lames de fer ou decailloux tranchants, et dans toute I'An-dalousie par les juments poulinieres , que Ion fait trotter en cercle, reduit ces pailles a une teile tcnuite, qu'on les mesure comma le grain pour les faire manger.
Quatre a cinqfoispar jour, les proprietaires comme les militaires ajoutent a la mesure de paille qu'ils ont versee dans la mangeoire, une petite mesure dorge, a laquelle ilsdonnent le nom de quartillo. Elle contient une livre et demie de grain, de manicre que le cbeval en mange a peu pres de six a buit livres par jour. La ration de paille s'eleve de douzea vingt-cinq livres, suivant la taille et la corpulence des cbevaux qu'ils ont a nourrir. La ration des cbevaux des gardes-du-corps est fixec a douze livres de paille et ii cinq quartillos d'orge ; les chevaux de dra­gons n'ont que quatre quartillos d'orge et douze livres de
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paille; les gros chevaux de voiture mangent, par jour, line arrobe de paille (vingt-cinq Hvres) et de septähuit quartillos de grain.
Les Espagnols ne manquent jamais, au printemps, de donner I'orge en vert a ieurs chevaux; cette habitude est meme observee pour tous les etalons dissemines chez les proprietaires de l'Andalousie auxquels ils appartiennent. Us affirment que cette nourriture les dispose a la monte, les rend plus prolifiques et les preserve des maladies in-flammatoires, qui sent si communes dans ce climat brü-lant.
Les juments sont constamraent au vert ; elles ne man­gent du grain et de la paille qu elles broient sous leurs pieds, qua l'epoque du depiquage ; tout !e reste de Tan-nee elles parcourent de vastes pätures nominees de hesas, qui sont divisees en paturages d'ete et en päturages deliver ; elles eprouvent une alternative continuelle de disette et d'abondance, selon la chute des pluies qui rever-dissent de suite les campagnes, ou les chaleurs qui les torrefient. Aussi les juments poulinieres et les poulains sont-ils tantot dans le plus brillant embonpoint, tantöt dans un etat de maigreur qui touche au marasme. Le poumon devrait eprouver une attcinte notable de cette transition continuelle de la disette a Tabondance et de l'abondance a la disette , puisque les sues qui y aflluent, pour etre soumis au travail de la sanguification, pechent tantut par execs et tantot par penurie : cependant la poi-trine de tous ces animaux se conserve dans toute son inte-grite et la pousse les respecte constamment.
Rodriguez , veterinaire en chef des ecuries de Sa Ma-jeste Gatholique, a afürme a M. Demoussy,que la pousse avait ete inconnue en Espagne jusqu'a l'epoque oü 1 on
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avait etabii des prairies artifidelles. Aux environs d'A-ranjuez, on consacra Ic produit de ces prairies a la nourriture des chevaux, et Ton s'apercut, cpieique temps apres, cpiils avaient moins de nerf et surtout moins d haleine. On revint au regime ordinaire, et la pousse, qui avait dejä fail reformer plusieurs chevaux, cessa avec l'eniploi de la luzerne, du trefle et du sainfoin. Depuis cette epoque, on s'est borne a donner ces plantes fourrageres en vert aux chevaux maigres et convales­cents, qui ont besoin d'une nourriture substantielle; on les mele par degres avec la paille et l'orge ; on en aug-mente successivement la quantite, et quand le cheval est retabli. on suit la marche inverse pour le ramener a la nourriture scche, exclusivement composee de paille et d'orge.
En Andalousie, le comte Cardenas voulut donner a ses chevaux du foin ordinaire qu'il fit couper dans ses riches päturages. II remarqua egalemeut que ses chevaux pre-naient plus dembonpoint avec cetteespeced'aliment, mais que leur respiration etait plus courte , plus frequente, entrecoupee de quelques eclats de toux, et que les mou-vements des flaues etaient loin d'avoir la memo regularite, et il dut retourner au regime qu'il avait abandonne.
Si la longue experience de plusieurs peuples doit etre de quelque poids dans la balance de l'observation, dit M. Demoussy, nous serons porte a croire que la pousse reconnait pour cause l'usage du foin et des fourrages sees, puisque cette lesion de la poitrine ne se developpe jamais chez les chevaux dont le regime alimentaire est base sur la paille des cercales et sur forge en grain.
M. Demoussy fait la meine observation pour la France. Dans le Rouergue , dit-il, oü la nature du terrain est si
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variee, les aspects si differents, le mouvement du sol si entrecoupe, les montagnes si escarpees, les vallees si etroites et si profondes, s'elargissant par intervalles et formant sur les bords de l'Aveyron des prairies si ver-doyantes et des langues de terre si fe'condes , que ce de-partement est en quelque sorte l'abrege de la France, on a remarque que les chevaux poussifs abondaient dans le Seyala, oil la base de la nourriture est le foin, tandis qu'il ny en avait point dans le Causse, oü les chevaux, comme tous les autres bestiaux, ne sont alimentes, pendant tout Tbiver, qu'avec la paille de froment, qui est egalement reduite en parcelles sous les pieds des juments chargees du depiquage.
Dans le Causse ou Caussergue, les chevaux et les bes­tiaux , pendant la belle saison, divaguent dans les terres en friche, qui, malgre leur peude profondeur et leur per-meabilite aux eaux pluviales, se couvrent spontanement de plantes du genre des luzernes et des melilots.
Ces plantes mangees en vert, ainsi que toutes celles qui couvrent les prairies, ne produisent jamais la pousse, c'est-a-dire, d'apres M. Demoussy, la dilatation variqueuse et anevrismatique des capillaires du poumon, quelle que soit la quantite consommee par les animaux, parce que la liberte du ventre qu'elles entretiennent par leur etat de verdeur, rendant les excretions alvines plus copieuses, s'oppose a la surcharge sanguine de l'organe pultnonaire ; dessechees sur pied, elles ne determinent egalement point la pousse, parce que la perte de leurs grains, qui se sement sur le sol, la reduction successive de leurs tiges a letat ligneux, diminuent graduellement la masse de leurs vertus nutritives et previennent une cbylification et une sanguification trop abondantes.
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22(gt;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; POÜSSE.
Les juments qui sout consacrees a la reproduction : malgre leurs gestations repetees et la quantite da foin qui leur est donnee pendant I'liiver, ne deviennent que tres-rarement poussives, quoique 1'amplitude extraordinaire de labdomen, la dilatation excessive du tube intestinal et le developpementpresque annuel de l'uterus doiventbor-ner les limites de la poitrine et restreindre l'expiration du poumon par le refoulement cki diapbragme vers la cavite tlioracique.
11 en est de meme des chevaux des petits proprietaites qui habitent la campagne. La nourriture de ces animaux se reduit a Therbe qu'ils consomment dans les paturages, oil ils sont mis depuis le 15 mai jusqu'a la fin du mois de novembre. Montes plusieurs fois par semaine , ils man-gent, par intervalles , quelques bottes de foin et jamais d'avoine. Des que les rigueurs de I'liiver les condamnent a rester a l'ecurie, leur rätelier est toujours plein de foin. 11 y en a qui en consomment quinze kilogrammes par vingt-quatre beures. Ils toussent pendant I'hiver, leur baleine diminue , leurs flancs perdent la regularite de leurs mouvements, et ce regime vicieux les rendrait promptement poussifs, si les premieres herbes du prin-temps ne provoquaient pas des evacuations alvines tres-abondantes, qui operent la depletion du Systeme sanguin et de l'appareil pulmonaire, et si la seconde pousse des herbes, qu'ils piUurent pendant l'automne, ne les disposait point, par Teßet des memes excretions, a resister a la funeste influence du fourrage sec, qui doit former leur nourriture exclusive pendant fbiver. A mesure qu'ils avancent en age, le poumon perd graduellement sa vita-lite, et la tendance qu'il a contractee a I'etat variqueux et anevrismatique de ses capillaires, se fortifie chaqae
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POUSSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 227
annee, de mauiere que cette lesion progressive change le rhythme de la respiration et developpe le double batte-ment, qui est I'indice le plus assure de la pousse.
Les chevaux qui sont constamment au sec, deviennent promptement poussifs lorsque le foin leur est indiscrete-ment prodigue. II n'y a plus d'evacuations alvines abon-dantes qui puissent contrebalancer I'influence nuisible qu'il exerce sur la poitrine. Le poumon, constamment surcharge par les sues qui affluent dans son parenchyme, se dilate, ses vaisseaux veineux et arteriels augmentent de calibre, et la pousse en est la suite inevitable.
Les chevaux grands mangeurs sont plus exposes ä la pousse queceux dont Tappetit est moins prononce; ce qui vient d'etre dit sufiit pour en donner la solution. II en est de meme des chevaux des villes. Leur poitrine se dete-riore bien plus facilement que celle des chevaux qui vivent a la campagne, parce que leur regime est sujet ä plus d ecarts, et que leur nourriture, basee sur le foin, est plus rarement entrecoupee d'herbe verte et de racines tuberculeuses equivalentes, telles que les pommes de terre, les carottes, les betteraves, etc.
D'apres les experiences comparatives tentees par M. Demoussy, le foin nuit moins a la poitrine par ses qualites stimulantes que par ses vertus nutritives ; celui qui abonde en plantes aromatiques et qui est recolte sur les sols eleves qui ne recoivent d'autre eau que celle qui est versee par les pluies et les orages, altere moins le flanc que le fourrage recolte dans les terrains frais , pro-fonds , substantiels et composes de plantes qui contien-nent beaucoup de parties extractives, muqueuses , su-crees et huileuses. C'est par cette raison que le produit des prairies artificielles porte une attcinte bien plus
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228nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; POUSSE.
notable au poumon que le foin des pres nalurels. La luzerne, le sainfoin, le trefle, reduits en fourrage, hatent bien plus rapidement les progres de la pousse, que la foule de plantes de toute nature qui entrent dans la composi­tion du foin des pres naturels ; il suffit, pour s'en con-vaincre, de nourrir des chevaux grands mangeurs d'une maniere comparatire avec Tun et lautre fourrage, et l'on verra bientot le flanc des chevaux nourris avec ces plan­tes eminemment nutritives , donnees a quantite egale, battre plus rapidement que celui des chevaux alimentes par le foin ordinaire.
Le foin des prairies marecageuses, en general dedaigne par les animaux, met plus de temps a agir sur la poitrine, parce que les plantes qui le composent sont peu nutriti­ves et peu appetissantes , et que les chevaux en laissent toujours une grande quantite dans le rätelier. En gene­ral , le foin de cette nature exerce une action plus prompte et plus puissante sur la peau que sur le poumon. Les animaux qui sont forces de s'en nourrir, eprouvent tous des depilations etendues et des alFections cutanees de nature psorique et herpetique, qui ne cedent quaux evacuations alvines que provoquent les premieres poiisses des herbes au printemps. Ces purgations repetees arre-tent les demangeaisons , ouvrent les couloirs de la peau , assouplissent son tissu et detruisent le mode d'irritation qui avait donne naissance ä ces affections cutanees.
S'il y a un axiome en medecine qui puisse s'appliquer a la pousse, c'est, sans contredit, selon M. Demoussy, celui qui porte que sublata causa, tollitur effectus. Nous avons vu , continue cet auteur, que les chevaux arabes, barbes, espagnols, qui sont constamment alimentes avec la paille de froment ou d'orge, et avec le grain de cette derniere
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POUSSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 22!)
cereale, se trouvent a l'abri de la pousse. L'experiencc nous prouve , a chaque instant, que les chevaux dont le flanc s'altere, eprouvent un soidagement marque lorsque le foin qui leur est donne est remplace graduellement par la paille de froment, tandis que les symptomes de l'op-pression de la poitrine s'aggravent si le fourrage sec leur est prodigue, et que les progres de l'anevrisme du pou-mon sont encore plus rapides lorsque les plantes qui entrant dans sa composition sont eminemment nutri­tives.
Nous observons encore que les chevaux poussifs , mis au vert, apres les evacuations copieuses que les herbes nouvelles ont provoquees, ont la respiration beaucoup plus libre, I'haleine plus etendue, les mouvements des flaues plus reguliers etoffrant a peine, chez ceux dont la maladie est commencante, le contretemps qui caracterise la pousse.
Nous devons done inferer de toutes ces observations, que les veritables moyens preservatifs a employer pour prevenir la tendance a la dilatation varicoso-anevrisma-tique des capillaires du poumon , dilatation qui s'etend successivement a. tous les rameaux de 1'arbre circulatoire de l'appareil pulmonaire, doivent etre puises dans le regime alimentaire auquel sont soumis les animaux.
Ces observations sont encore fortifiees par l'exemple des Anglais, qui amalgament la nourriture verte et la nour-ritureseche. Us donnent lete une ration de fourrage vert, at I'hiver, une ration de navets ou de carottes ; aussi trouve-t-on rarement en Angleterre, chez les fermiers, des chevaux poussifs.
Ca que nous venous de rapporter sur l'etiologie de la pousse, est le fruit de vingt-cinq annees d'observations
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230nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; POUSSE.
failes par M. Demoussy ; la pratique nous en demontre chaque jour Texactitude.
Traitcment. — La pousse ne peut etre curable que dans son premier degre , c'est-a-dire , d'api-es Topinion de M. Demoussy, lorsque la dilatation varicoso-anevrisma-tique des vaisseaux veineux et arteriels du poumon est bornee a sescapillaires ; eile cesse de letre a mesure que cette distension progressive se propage a ses rameaux plus considerables, et s'etend jusqu'aux troncs qui emanent du coeur ou qui se rendent a cet organe central de la cir­culation. L'anevrisme de cet organe musculeux oppose encore plus d'obstacles a la guerison ; il en est de meine lorsqu'il existe des lesions antecedentes ou consecutives, qui diminuent letendue de la surface respiratoue, et qui ont ete prodnites par rinflammation de la membrane bron-chique, de la plevre, du parencbyme pulrnonaire ou des vaisseaux blancs du poumon. Dans cette occurrence, le veterinaire ne peut que prescrire un regime qui retarde le dernier instant.
Lorsque la pousse est commencante , c'est-ii-dire lors-quelle n'est marquee que par un leger soubresaut, on peut esperer, par des moyens bien calcules et par des soins hyjjieniques bien diriges, den obtenir la guerison. On atteint ce but, en operant la depletion des vaisseaux par de petites saignees repetees , et par une alimentation bumectante et pen substantielle.
Le cbeval poussif au premier degre doit etre mis au vert si la saison le permet; quatre ou cinq jours apres on lui pratique une saignee de deux a quatre livres , suivant sa taille, son volume, son temperament sanguin ou ple-iborique, et on attend que les evacuations alvines, pro-voquees par les lierbcs nouveltes, soient devenues plus
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copieuses et plus liquides. On ne trouble point leur cours tant qu'elles sont abondantes; mais aussitöt qu'elles ont repris de la consistance et qu'elles sont devenues assez rares pour se rapprocber du type ordinaire de la sante, on ouvre une seconde fois la jugulaire , et on tire a peu pres la meme quantite de sang. Huit jours apres, on repete lasaigneeenbornant toujours levacuation sanguine a la meme quantite ; et ce laps da temps ecoule , on pent encore se permettre une quatrieme effusion de sang qui n'outrepasse pas la mesure qui a ete fixee.
11 faut remettre graduellement le cbeval poussif a la nourriture seche, et conduire son regime de maniere qu'il soit peu nutritif et rafraichissant. Le foin ne doit etre donne qu'avec la plus grande reserve, et mieux vaudrait ne pas en donner du tout; on supplee a cette substance alimentaire par do la bonne paille de froraent. On accorde ä L'animal deux ou trois kilogrammes de farine d'orge, que Von divise en trois repas , et qu'on delaie dans un demi-seau d'eau cbaque fois. A mesure que les mouve-ments des flancs deviennent plus reguliers , que le contre­temps s'elTace, et que la poitrine recupere la plenitude de ses facuites , on ajoute une petite ration d'avoine au regime sus-indique, et on en augraente graduellement la quantite suivant le travail auquel le cheval est soumis , el 1 on diminue successivement la ration de farine d'orge jusqu'au point de n'en donner que pour blancbir la boisson.
Lorsque les symptumes de pousse seront dissipes et que la poitrine n'offrira plus aucun signe d'oppression, on pourra accorder au gros cbeval de trait, qui travaille beau-coup , une ration de foin de dix a douze livres par jour ; mais pour le cbeval de seile ou de carrosse, il est prudent
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i32nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PRESBYTIE.
de supprimer pour toujours l'usage de cette substance alimeataire. La ration d'avolne sera proportionnee a la taille et au volume de lanimal, et au genre de service auquel il est soumis. M. Demoussy recommande de don-ner, au moins deux fois par semaine, un repas de son mouille , et encore mieux de farine d'orge.
Quand le cheval poussif au premier degre, et qui offre par consequent l'espoir de la guerison,iie peut pas etre mis au vert, on supplee a ce regime bienfaisant par l'usage de carottes, par la paille de froment et la farine d'orge; et pour rendre les evacuations alvines plus copieuses, on donne a Tanimal deux a trois livres de son cuit, dans lequel on ajoute une livre de miel. Cette masche doit etre donnee chaude tous les matins, le cbeval etant a jeun. Quant aux emissions sanguines, il faut en user comme nous I'avons indique plus haut.
Lorsque la pousse est parvenue aun certain degre, elle doit etre consideree comme incurable ; alors le traitement n'est que palliatif et ne peut operer qu'un soulagement momentane. II faut se borner dans ce cas au regime base sur la paille de froment, la farine d'orge, le son, I'avoine, l'usage des carottes ou de la nourriture verte, et pratiquer de temps en temps une saignee de cinq a six livres, dont le besoin est indique par l'oppression qu'eprouve le ma-lade. En suivant ces preceptes, on peut conserver le che­val poussif bien longtemps et en retirer encore de bons services.
PRESBYTIE. — Affection peu connue chez les animaux domestiques, dans laquelle les objets ne peuvent etre apercus que de loin, c'est-a-dire a une distance de deux a trois pieds au moins.
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PRIAP1SME.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 853
Les causes qui determinent la presbytie sont : une forme trop aplatie de la cornee ou du cristallin, la di­minution de la force refringente des autres milieux trans-parents de l'oeil, le retrecissement de la pupille. Par 1'effet de ces causes, les rayons lumineux partant de lobjet re-garde, se reunissent trop tard au point commun ; le cone quils forment est coupe par la surface de la retine, sur laquelle ils forment vine tache, et its ne tendent a se reu-nir qu'en arriere de la surface de cette membrane.
On remedie ä cet etat de la vue, chez 1'homme, par des lunettes a verres con vexes ; il devrait en etre de meme chez les animaux domestiques si cette disposition des veux pouvait etre constatee. Nous avons vu, il y a quel-ques annees, circuler dans la ville de Bruxelles un sü­perbe poney, portant des oeillieres en avant desquelles etaient places deux verres de la grandeur dune piece de dix centimes; nous n'avons pu savoir si ce cheval etait presbyte ou myope , ou si ce n'etait qu'un caprice, une excentricite de 1'Anglais qui le montait.
PRIAPISME. — Le priapisme consiste dans une erec­tion involontaire, excessive, perseveranle, avec tension douloureuse du penis, et souvent accompagnee de chaleur generate, d'agitation , de frequence du pouls , mais sans desirs prononces de coit. Cette derniere circonstance dis­tingue, quoique d'une maniere moins absolue qu'on ne la pretendu, le priapisme du satyriasis; car, si celui-ci con­siste specialement en une ardeur immoderee, insatiable, et par consequent morbide, d'accomplir facte venerien, I'orgasme qui caracterise fautre n'est pas, dans tons les cas, entierement exempt de cette complication.
Cette affection n'est euere connue chez les animaux do-
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2öinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PROSTATITE.
mestiques ; cepenclaut Bourgelat dit quil est des chevaux qui l'eprouvent; mais c'est le plus souvent cliez le chien qu'on l'a observee ; eile paraissait etre le resultat de coups j)ortes sur la verge au moment oü Tanimal venait daccom-plir l'acte de la copulation. Outre l'erection permanente et douloureuse du panis, qui forme le principal caractere de cette maladie, l'animal, a quelque espece qu'il appar-tienne, eprouve un sentiment d'ardeur dans les parties genilales, il urine difficilement, par jets ou goutte a laquo;joutte; l'urine est rougeatre, trouble, et depose un sedi­ment abondant; quelquefois il y a retention d'urine.
Le traitement de cette affection doit elre eminemment antiphlogistique et calmant. Si le sujet est jeune, vigou-reux , irritable , et que la congestion soit accompagnee dune tension tres-considerable des parties, une ou plu-sieurs saignees devront d'abord etre pratiquees. Des bains prolcmges pour les petits animaux et des ablutions conti-nvielles dirigees sur la partie malade pour les grands, les uns et les autres de nature emolliente et a la temperature de 16 a 18 (legres: les lavements emollients donnes a la raeme temperature que les bains, des tisanes douces, mu-cilagineuses, simples ou camplirees, et la diete, sont les moyens les jjIus propres pour combattre le priapisme.
PPiOSTATlTE {Inflammation de la prostate). — Cette maladie est fort peu connue en medecine veterinaire; nous n'en connaissons qu'un seul fait observe par M. Vatel etrapporte par Hurtrel d'Arboval ; le voici textuellement.
Un cbien griffon, age de six ans, abondamment nourri et presque constamment renferme cbez son maitre, etait triste depuis deux ou trois jours ; il avait perdu 1'appetit et eprouvail de la constipation ; les urines etaient rares.
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PROSTATITE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;23:i
On lui donnait des lavements emollients et on lui faisait prendre une infusion de tilleul nitree. La tristesse aug-menta de jour en jour, la constipation devint plus opinia-tre at les evacuations urinaires se supprimerent presque entierement. Le malade fut conduit a Alfort ; sa tete etait hasse et sa marche incertaine ; les mouvements du train de derriere etaient genes, les membranes muqueuses ap-parentes, rouges, la langue seche et chaude, la respiration acceleree , le pouls dur , frequent et concentre , le ventre tendu et douloureux ; quelques mucosites d'un blanc jau-nätre sortaient par lanus. On fit prendre un bain emol­lient, on posa douze sangsues a I'hypogastre, on appliqua des cataplasmes emollients sur le ventre , on donna des lavements. Les symptomes ne firent qu'augmenter; soif ardente, vomissement des boissons, respiration acceleree, faiblesse extreme, train de derriere vacillant,selles et urines supprimees, ecoulement glaireux et jaunätre par l'anus . tension et endolorissement extreme du ventre. On donna un second bain. Le lendemain, memes symptomes, memo traitement. Dans la soiree, anxiete extreme, respiration de plus en plus acceleree, fixite de l'oeil, mort. A I'ouver-ture du corps, un peu de rougeur inflammatoire a la mu-queuse du rectum; vessie distendue ä l'exces, enflammee, surtout vers son fond; prostate augmentee de volume et degeneree en une masse d'un beau jaune ; poumons gor­ges de sang.
Nous ne pouvons dissimuler, dit Hurtrel d'Arboval, que cette maladie a ete mal traitee ou plutot quelle ne I'a point ete du tout, qu'elle a meme ete ineconnue. Tous les symptomes se reunissaient pour annoncer une reten­tion d'urine, et Ion n'a pas eu recours an seul moyen ef-ficace de soulagement, au catheterisme. Peut-etre n'au-
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SöC.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PRDRIGO.
jait il pas reussi, tres-probablement memecette operation n'aurait fait que remedier a un eilet inevitable de la ma-ladie, et la retention se serait reproduite. Mais enfin il fallait la tenter.
PRURIGO. — En medecine humaine on donne ce nom ä une eruption caracterisee par des papules ayant u peu pres la meme couleur cjue la peau, accompagnee d une tres-vive demangeaison. Ces papules, plus larges que celles du liehen, apres avoir ete ecorchees avec les ongles, sont ordinairement remplacees par de tres-petites croütes noires et circulaires, et plus rarement en s'affais-sant, laissent de petites taches jaunätres sur la peau.
Chez les animaux domestiques, le prurigo est peu connu; nous ne devons pas qualifier de ce nom les de-mangeaisons produites par les maladies psoriques, telles qua la gale, le roux-vieux , les dartres, et par les poux ; mais bien un prurit insupportable, qui pousse irresistible-ment les animaux ä se frotter avec violence contre les corps durs, a se mordre memejusqu'au sang, alorsqu'il n'existe ni alteration apparente de la peau, nipoux, ni meme mal-proprete, et qui parait proceder d'une irritation des ex-tremites nerveuses de l'enveloppe cutanee ou du Systeme capillaire de cet organe.
Nous avons possede, a l'infirmerie de l'Ecole vete-rinaire, une belle jument, de race distinguee, ägee de huit ans, qui, lorsqu eile fut confiee ä nos soins, etait en proie , depuis trois mois, a un prurit qui ne lui laissait aueun repos et qui avait resiste a divers traite-ments. Cette bete avait la peau souple, moite, le poil lui-sant; mais on observait, sur certaines parties du corps accessibles a la dent, des traces de raorsures qu'elle s'etait
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PKUIUGO.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 257
faites. Aussitöt qu'on lui accordait un peu de liberte et c[u'on lui ötait la muserolle, eile se mordait avec fureur, s'arrachait des lambeaux de peau sur les cutes, le flaue et la croupe, sans se ralentir, jusqu'au moment oü on la met-tait dans l'impossibilite de continuer. Du reste, aucune fonction ne pai'aissait derangee.
Cet etat pathologique, dont la cause nous est inconnue, resista a tout traitement; le regime rafratchissant, les purgatifs, les onctions de pommade mercurielle n'ame-nerent aucun amendement; les lotions anodines produisi-rent un soulagement cjui faisait esperer une eure pro-chaine : mais ce soulagement fut de courte duree, et mal-gre l'emploi continuel deces lotions, ranimalrecommenca a se mordre avec le meine acharnement ; elies furent abandonnees et remplacees par une pommade antipsori-que qui ne produisit aucun effet; aueontraire, le prurigo semblait prendre de l'intensite. Un mois s'etait ecoule en essais infruetueux, lorsque M. Defays, repetiteur de cli-nique, nousproposa d'administrer ä l'interieur l'acide ar-senieux, et de supprimer toute application locale. Ce me­dicament qui, de meme que tous les arsenieus, a, au dire de tous les pharmacologistes, une action toute speciale sur le Systeme capillaire de la peau, fut adminislre de la ma-nieresuivante :
Le 22 novembre 1851, on administre un demi-gramme d'acide arsenieux dissous dans 500 grammes d'eau. Cette solution est donnee en deux fois : la moitie ä midi, le reste ä quatre heures de relevee.
Le 23, l'etat du malade n'offre aucun changetnent ap­preciable. Meme administration.
Le 24,1'animal semble ne plus eprouver une aussi vive demangeaison. Meme traitement.
Le 25, la demangeaison est sensiblcment diminuee;
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23Snbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PRüfUGO.
cependant il cherche encore a se mordre, mais cela ne laquo;lure qu'une demi-minute environ et ne revient qu'a des intervalles plus ou moins eloignes. La dose d'acide arse-nieux est portee a un gramme.
Le 26, aucun changement appreciable ne s'est opere dans l'etal du malade. Meme traitement.
Le 27, ramelioration est sensible. A Theure de la clini-que on laisse le clieval en liberte, il ne cberche plus a se mordre. On administre un gramme et demi d'acide arse-nieux.
Le 28, le mieux se continue. La dose d'acide arsenieux est portee a deux grammes.
Le 29, la demangeaison a pour ainsi dire disparu ; I'ani-mal se coucbe souvent et parait avoir la tete plus lourde que d'ordinaire. Tout traitement cesse.
Le 30, le prurigo a completement dispai-u et lanimal pent etre considere comme radicalement gueri. Depuis cette epoque, le proprietaire lutilise ä la seile et aucun Symptome de cette affection ne s'est plus montre.
PRUBIGO LOMBA1RE. _ Cette affection particuliere aux betes ä laine, connue sous les denominations de ma-ladie convulsive, tremblante, trembleuse, etc., est fort pen connue des veterinaires 5 pour notre compte , nous ne I'avons jamais observee. Nous lisons dans le Rscueil de medecine veterinaire pratique, annee 1848, un interes­sant memoire sur cette maladie, par M. Roche-Lubin, veterinaix-e ä Saint-Affrique (Aveyron). Nous aliens puiser ce qui va suivre dans le travail de ce savant praticien.
Dans un espace de quinze ans, M. Roche-Lubin a ob­serve cette maladie sur quatre cent soixante-sept betes a laine ; les nombreuses autopsies cadaveriques qu'il a faites lui permetlent d'avancer que la tremblante est une in-
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PRURIGO.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;259
flammation a type sous-aigu , a acce;s pyretiques, de l'ap-pareil cerebro-spinal.
Vers le declin de la deuxieme periode, cette affection nerveuse revet evidemment les caracteres anliemiques, helmintiques ; sa complication, ou mieux sa terminaison ordinaire, est la paraplegfie avec perte totale du sentiment et du mouvement dans les parties paralysees ; sa duree moyenne est de soixante et onze a quatre-vingt-quatorze jours ; eile est le plus souvent mortelle.
Dans la pluralite des cas observes, la tremblante a atta-que, dans un Iroupeau , quatre betes a laine sur cent; M. Roche-Lubin Ta vue sevir sur dix-neuf animaux fai-sant partie integrante d'un troupeau de quarante brebis iaitieres.
On observe cette maladie dans toittes les Saisons de Tannee , sur les terrains sees et eleves comme dans les lieux bas et humides ; eile altaque indistinctement les races ameliorees et les indigenes, mais eile atteintexclusi-vement les betes de deux a trois ans, les plus vigoureuses etsanstrop d'embonpoint; M. Roche-Lubin n'ajamaisvu la tremblante atteindre une bete a laine dans un etat d'obesite; mais, par contre, il fait observer que, dans un troupeau, les betes a laine alertes, maigres, mais infecon-des et exposees au retour des chaleurs, sont les premieres frappees.
Etioloyie. — Si nous saisissons bien souvent les causes determinantes, occasionnelles des principales maladies du betail, il faut avouer, dit M. Rocbe-Lubin, qua I'egard d'une maladie qui, parmi un nombreux troupeau, n'atta-queque quelques individus, on ne peut, on nedoit meine en preciser I'etude etiologique qu'apres un travail toujours difficile, qu'apres une observation toujours incessantc.
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HOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PltURIGO.
Lors de ses premieres etudes sax la tremblante, il errait dans une incertitude complete stir son etiologie, il finissait par Tabandonnerdans le cadre immense des causes gene-rales; mais en suivant pendant longtemps, et pas a pas, toutes les conditions, soit hygieniques, soit pathogeni-ques, qui ont precede cette affection nerveuse ; en compa-rant, en analysant fidelement tons les cas nombreux qui se sont presentes a son examen, ä ses meditations, il peut aujourd'hui en etablir les causes reelles.
D'apres M. Rocbe-Lubin, les causes de la tremblante sont: Tabus de la copulation chez les beliers, les rudes combats qvi'ils se livrent entre eux., remploi soutenu des provendes exeitantes , les sauts, les efforts violents, les courses rapidesprovoc|uees paries poursuites des chiens, les grands eclats de tonnerre. les fortes insolations apres les premiers jours de la tonte, le retour frequent des cha-leurs chez les betes infecondes. On observe quelquefois le prurigo lombaire apres des parturitions laborieuses, apres des avortements dans les premieres epoques de la gestation, apres la gaerison ou pendant la convalescence de certaines inflammations intestinales, apres I'ablation du tissu mammaire dans le cas de mastoite gangreneuse; enfin, apres une repercussion subite d'une g;ale inveteree. M. Roche-Lubin n'a jamais observe la maladie en dehors de l'existence de Tune de ces causes.
Symptomatologie. — Les premiers signes de la trem­blante, dans sa periode d'incubation ou d'invasion (on ne peut les differentier), qui, en moyenne, est de onze ä dix-sept jours, sont uniformement constants dans les betes atteintes.
Aux pälurages, Tanimal cbange tres-souvent de place ; il reste toujours separe du troupeau; il mange comme ä
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PRURIGO.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; -^il
l'ürdinairej boit avec plus d'avidite : la rumination est re­guliere , mais cet acte s'opere toujours debout, la tete haute, le regard fixe.
Quand le troupeau est en marche, le malade, apres une infinite de tours ä droite, a gauclie, prend et conserve le devant; lavoix, le coup de sifflet du berger, le moindre attoucbement insoliteaccelerent ses allures; il bele d'une voix tremblante. Rentre dans la bergerie, il va ca et la d'un pas ferme pendant quelques minutes : il se coucbe fort paisiblement toutau long sur Tun des cötes du corps, de preference sur le cote droit.
Pendant ce decubitus patbologique, dont la duree ne depasse jamais trois quarts d'heure, on observe par intervalles des tremblements aux muscles de l'epaule, de la cuisse; quelquefois un frisson general precede ces tremblements partiels ; I'oeil est toujours fixe; si 1 on s'ap-proche de lanimal, il se relevebrusquement et fait; si on le saisit , il fait de pnissants efforts pour s'echapper. Anxiete extreme, dyspnea, pouls vite el petit, conjonctive injectee.
Rendez lui la liberte, la bete tremblante reprend bien-tot sa premiere tranquillite ; en I'observant pendant quel­ques instants, on s'apercoit qu'elle rumine, mais eile ru-mine toujours dans la position sus-indiquee, c'cst-a-dirc debout, la tetc baute, le regard fixe.
La rumination accomplie , eile se coucbe de suite tout, au long sur fun des cotes du corps , et Von constate dans peu de temps les tremblements sus-enonces.
Du dix-septieme au trentieme jour, soit dans les champs, soit dans la bergerie, jamais en marche et tou­jours debout; respiration inegale, contractions spasmodi-ques des paupieres superieures, conjonctives d'un rouge innbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 31
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343nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PRUAIGO.
jauiiahe, pupilles dilalees , tremblements generaux avec raideur tetanique; tantot pietinement du bipede poste-rieur, tantöt tenesine rectal suivi de remission de quel-ques gouttes d'urine cliargees de mucosites.
A ces acces pyretiques , rarement nocturnes, qui se presentent quatre ou cinq fois par vingt-quatre heures et dont la duree est, enmoyenne, de onze minutes, succede un calme de plusieurs heures ; c'est alors que I'animal mange, boit beaucoup si I'eau est a sa portee; plus d'e-preintes, defecation naturelle : s'il rumine, il le fait tou-jours dans la position sus-indiquee.
Cette seconde periode de la tremblante dure encore de seize a dix-huit jours, sans exacei'bation apparente ; on constate seulement une douleur prurigineuse au dos, aux reins, ä la base de la queue.
Quelques jours apres, fappetit dinunue d'une maniere sensible, la soif devient plus ardente, la rumination plus rare, entrecoupee ; les demangeaisons a la queue, a la re­gion dorso-lombaire sont plus vives, plus pressantes ; les efforts pour se frotter sont violents : enfin , les acces de-viennent plus frequents.
Laparesse des organes digestifs, la multiplicite des ac­ces qui cessent d'avoir lieu pendant la station debout, mais apparaissent seulement pendant le decubitus pathologique precite, aneantissent la secretion laiteuse et amenent bientöt la faiblesse et la maigreur; si alors on saisit I'ani-mal, il est impassible, abattu; le pouls est vite, faible ; la conjonctive decoloreej la peau a perdu de sa souplesse, la Jaine de son elasticite.
A mesure que la maladie fait des progres , le globe oculaire se retrecit, s'enfonce dans I'orbite; il survient une toux quinteuse ; la faiblesse des reins est extreme,
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PRDBIGO.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2J.-
lanimal tie peut plus se tenir debout: ses efforts pour se relever sont inutiles ; paraplegic.
Se trouvant dans rimpossibilite de se frotteret ne pou-vant satisfaire ce besoin imperieux , le malade rassemble toutes ses forces , se mord avec fureur, et par intervalles , les pattes de devant; il les ecorcbe jusqu'au vif.
Pendant les courtes remissions, Fanimal prend avec lenteur un peu de fourrage qu'on lui donne; la deglutition en est penible; soif inextinguible, diarrbee; enfin , quoique paraplegique et dans le marasme , il vit encore de douze a vingt-buit jours. Dans cet intervalle, plus d'acces pjretiques, mais tremblements generaux et inter-mittents aux membres anterieurs , aux epaules , a I'en-colure.
Les animaux tremblants, mais non paraplegiques. vivent plus longtemps qua ceux que la paraplegic n'e-pargne pas ; sur ces meines malades , on observe toujours les acces pyretiques.
Anatomie pathologique. — La necroscopie immediate des betes ovines affectees de la tretnblante, sacrifiees a divers intervalles de la periode d'incubation ou d'invasion, n'offre, malgre I'examen le plus minutieux des meninges, de la masse encepbalique et de tous les autres appareils d'organes, qu'un leger epanchement dune teinte rosee dans les quatre ventricules cerebraux , dans la cavite membraneuse du racbis.
A l'egard de cet epanchement morbide , M. Rocbe-Lubin fait observer que cest par la comparaison sur des animaux sains qu'il a su distinguer sa qualite et sa couleur de l'humeur sereuse, incolore, que les reservoirs encepba-liques et la gaine rachidienne contiennent a I'etat normal.
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Dans cette periode, les caracteres physiques du fluide sanguin sont naturels.
A l'autopsie des animaux abattus apros quatre ou douze acces pyretiques, on constate presque toujours les lesions suivantes : legere infiltration jaunätre des enve-loppes enceplialiques, raciiidiennes, et du tissu cellulaire qui les unit ; le plexus choroVde, surtout la parlie flot-tante de sa lame membraneuse , presente la meme infil­tration ; on I'observe rarement au plexus choroide du cervelet; I'epanchement sereux precite est plus abondant et de couleur citrine5 la substance propre du cerveau , du cervelet, de la moelle allongee, de la moelle epiniere a acquis une couleur safranee ; sa consistance , sa densite paraissent normales ; trois fois seulemenl la substance blanche des hemispheres a ofFert des pointillements san-guins dim rouge pale.
Les nerfs enceplialiques, les nerl's rachidiens. les prin-cipaux nerfs composes , les cavites pectorales et abdomi­nales ne presentent rien de particulier a noler ; nean-moins dans im tres-petit nombre de sujets , on rencontre tantot quelques crinons dans les bronches , lantöt des dis-tomes dans le Ibie ; raais ccs parasites s'observent souvent dans des betes a laine vigoureuses et bien portantes.
C'est sur les animaux abattus vers le declin de la deuxicme periode qu'on ctablit dune maniere evidente les caracteres anhemiques du sang.
A l'egard des lesions particuiieres et principales, ob-servees dans les individus qui ont ete sacrifies apres Irente ou soixante acces , ou qui ont naturellement suc-combe en suivant toutes les phases de la tremblante , on peut les classer en somme dans lordre suivant:
La region lombairc, la base de la queue sont depour-
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vues de laine et recouvertes de larges plaies saignantes , ulcereuses, excoriations plus ou moins etendues aux pattes de devant, aux jarrets.
Les chairs musculaires sont decolorees, peu consis-tantes; la cavite abdominale contient un litre environ de serosite incolore; la sereuse perituneale, le inesentere, 1 epiploon sont infiltres ; sur divers points de leur surface, et dans tous les sujets, sont fixes un nombre infinide cys-ticerques variculeux ; la muqueuse gastro - intestinale , aussi infiltree, est occupee sur diverses parties, principa-lement dans l'intestin grele, par des strongles con-tournes.
Le foie , les reins reflechissent un brun moins fonce ; ils sont flasques : dans quelques sujets leur substance est ramollie, surtout la substance corticaledes reins ; la vesi-cule biliaire est distendue par de la bile alteree; la rate est deprimee , la vessie contient une grande quantite d'u-rine incolore ; cbez quelques betes on a trouve la mu­queuse vesicale eccbymosee et l'urine d'un rouge safrane.
La cavite tboracique, suivant la cbronicite de la ma-iadie , off're, comme labdomen , des lesions plus ou moins avancees de l'anbemie ; eile contient environ un demi-litre de serosite incolore, que Ton retrouve en petite quantite dans le pericarde; les plevres sont legcrement infiltrees ; l'arbre bronchique est envabi par une grande quantite de crinons reconverts de mueosites ; l'organe pulmonaire, le coeur sont päles , mous; ils contiennent un peu de sang tres-sereux et non coagule.
Les meniuges eneephaliques, les raebidiennes sont epaissies, et le tissu lamineux interpose entre elles est imbibe dune butneur couenneuse ; la premiere infiltra
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tiun jauuätreexiste toujours sans modification apparente au plexus choroide et sur la lame membraneuse. La substance propre de la masse encephalique, celle de la region cephalique, da prolongement rachidien sont impregnees de serosites roussätres; elles paraissent avoir perdu de leur consistance, de leur densite, mais elles ne sont pas ramollies ; on n'y trouve aucun hy da tide.
La moelle epiniere, dans la region dorso-lombaire et sacree, oflfreun commencement de ramollissement dans sa substance blanche; ce ramollissement est diffluent dans toute sa substance grise centrale.
Lesnerfs encephaliques , les rachidiens , les principaux nerfs composes, participent aux lesions des gros troncs nerveux auxcpiels ils appartiennentj les globes oculaires sont atrophies.
M. Koche-Lubin fait observer que sur plusieurs betes a laine mortes de la tremblante sans complication de paraplegie, la moelle epiniere n'a presente aucune trace de ramollissement; seulement, comme le cerveau, comme la region cephalique , eile avait perdu de sa consistance, de sa densite naturelles , et etait impregnee de serosites roussatresj dans aucun cas on n'y trouve d'hydatide.
Un agronome, ancien officier de sante, a assure a M. Roche-Lubin, avoir constate une foislendurcissement de toute la moelle epiniere, et plusieurs fois de petites concretions dans le cerveau , sur des betes ä laine mortes de la tremblante.
Traitement preservatif. — S'il est vrai de dire que les proprietaires les plus perspicaces , les bergers les plus intelligents peuvent rarement prevenir, eviter tous les agents producteurs dc la tremblante , tels que les partu­ritions laborieuses , les avortements, Tissue de teile ou
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PRUniGO.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 247
teile maladie , la suite de teile ou teile operation . il sera plus juste d'avancer, dit M. Roche-Lubin, qu'il leur est tres-facile d'eviter Tabus de la copulation , les combats des beliers , la poursuite des cliiens , l'administi'ation des provendes trop excitantes, les insolations prolongees pen­dant les premiers jours qui suivent la tonte, enfin I'ap-proohe des orages ; mais la plupart des proprietaires, tons les bergers insouciants s'excusent facilement sur l'inobservation de ces preceptes hygieniques par les rares altaques de la tremblante, par le produit reel que 1'on retire des animaux atteints.
Traitcmcnt curaiif. — Ce nest que dans la periode d'incubalion de la tremblante que Ton peut obtenir quel-ques rares , mais promptes guerisons par l'emploi des antispasmodiques, par la medication derivative ä la peau et sur la muqueuse intestinale.
Ainsi , des boissons camphrees , des pointes de feu penetrantes sur les cotes de la colonne vertebrale, Telle-bore au fanon , a la queue, des lavements stimulants avee l'essence de terebenthine , enfin des breuvages purgatifs avec la creme de tartre soluble, produisent, des le debut , quelques bons resultats.
Toute emission sanguine doit etre proscrite; eile debi-lite le malade, fortifie I'influx nerveux , retarde les effets des revulsifs, bate le developpement des acces et la mort.
C'est sans le moindre succes qu'on emploie la medica­tion tonique et antbelmintique, quand la tremblante a acquis le caractere anbemique, helmintique.
Bien plus, si la maladie, dans sa periode d'incubation, resiste au traitement energique sus-enonce, les legers engorgements, les plaies qui resultent de Temploi des
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USnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PSORIASIS.
revulsifs a la peau, passent a letat ulcereux et gangre-neux lorsqu'en meuie temps les purgatifs portezit un trouble apparent dans les fonctions du tube intestinal.
M. Roche-Lubin ajoute a son memoire un etat som-maire des experiences qui prouvent que la tremblante n'est point une maladie bereditaiie, et que les animaux sont meme exempts de toute predisposition bere-ditaire.
Tessier a signale le premier cette maladie en 1810, sans toutefois en faire connaitre ni les caracteres, ni la marcbe , ni le traitement. Neuf annees plus tard, Thaer en parla sous le nom de vertige. M. Girard esquissa le tableau de cette nevrose dans le compte-rendu des tra-vaux de l'Ecole d'Alfort en 18'21. M. Stoerig 1'a decrite en 1825 , et M. Ricbtbosen en 1827. En fin. M. Girard en donna une histoire plus complete en 1029. La Societe centrale de medecine veterinaire de Paris sascita , par un concours public , la mise au jour et l'examen rigou-reux de tons les documents pratiques que les veterinaires ont pu recueillir snr cette nevrose. M. Roche-Lubin a repondu a I'appel fait par cette Societe savante, et comme nous I'avons dit en commencant ce cbapitre, c'est dans son memoire que nous avons puise tout ce que nous venous de rapporter sur cette maladie.
PSORIASIS. — 31. Festal , Philippe , designe sous ce nom une affection cutanee qui survient au printemps, vers les mois davril et de mai, cbez les bocufs de deux ä trois ans qui ont ete mal nourris et mal soignes pendant fbiver, et qui, passant tout a coup de la disette a une nourriture abondante , font beaucoup de sang ; il se pro-duit alors une surexcitation generale dont la nature essaie
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PSORIASIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; -HO
de se debarrasser par une espece de crise qui s opere sur line surface de ia peau. L'auteur considere cette theorie comine seutant i'humorisme , mais il la croit vraiseoi-blable.
Le psoriasis se place sur le front; M. Festal ne Ta ja-mais observe que iä, sans pouvoir en dire la raison ; les causes qui le font developper sont obscures 5 ce ne pent etrel'insolation, car en avril et en mai le soleil n'est point brülant comme au mois d'aout. Et, du reste, pourquoi le psoriasis clioisit-il exclusivement la peau du front ? On pourrait, avec beaucoup de bonne volonte, supposer (jue la peau , dans cette region , n'etaot jamais ou ä peu pres debarrassee de la crasse provenant de la transpiration in­sensible, sirrite plus facileinent la quailleurs. On pour­rait encore invoquer en faveur de cette bypotbese, dit M. Festal, les debris d'herbes, de balles de froment, la poussiere des fourrages, qui se fixent abondamment sur cette partie, par suite de la mauvaise habitude qu'ont presque tous les bouviers de remplir, outre mesure, la creche de leurs boeufs.
Cette affection dermoide s'annonce par la chaleur, la douleur et la rougeur du front, lempätement marque du tissu cellulaire sous-cutane, un prurit considerable. Le deuxieme jour, d'autres symptömes viennent s'ajouter aux premiers 3 fepiderme se fendiile ; en le touchant avec ie doigt, on dirait qu il y a de l'air dessous. Le troisieme jour, les poils de la peau du front tombent, sur une surface de la largeur de la main a peu pres ; Tepidei'me se ride, se desseche, et le quatrieme jour il a revetu une couleur fon-cee et il est d une secheresse teile, qu'on dirait du parcbe-min. Le cinquieme jour, lepiderme tombe et on apercoit alors en dessous, la peau fine et blanche et les poils qui
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commencent ä repousser. Apres un mois environ, les poils sont revenus etle psoriasis n'est presque plus apercevable. La plupart du temps, lorsqu'il n'a pas ete convenablement combattu, on le voit leparaitre apres trente-huit a qua-rante jours.
Dans cette affection, on ne voit point tie vesicules comme dans la dartre, ni de chansement de region comme dans Terysipele; du reste, comme dans ces maladies, il existe, dans la partie malade, un prurit imperieux qui fait que lanimal se frotte avec force contre les corps qui sont a sa portee, et enleve 1'epiderme avant son parfait desseche-ment; dans ce cas on apercoit, en dessous, la pcau telle-inent fine quelle saigne au moindre attouchement.
Trmfement. — M. Festal a employe la saignee trois a quatre Ibis sans succes ; il a fait des applications de pom-made soufree, de cerat fortement saturne, sans succes ; il a recouvert Ic psoriasis dun large vesicatoire, dans le but de changer le mode de rinilammation. sans succes ; il I'a
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iotionne avec l'extrait de Saturne, l'acide vitriolique, une partie sur dix, sans succes ; il a cru employer la pommade mcrcurielle , mais ses etfets I'y out fait renoncer. 11 a re-commandereau blanche longtemps continuee; il a purge, administre le soufre ; il a eu recours aux emollients et toujours sans succes. Ce traitement fut suivi, sur le meme sujet, pendant six mois, d'avril en octobre 1840.
En avril 1843, M. Festal eut ä traiter le psoriasis surun jeune boeuf: a cette epoque, il avait beaucoup experi-mente la pommade de sulfate de fer contre plusieurs af­fections cutanees, avec un succes etonnant; il resolut de lopposer au psoriasis et le succes fut complet. Lorsque cet habile praticien fut appele pour traiter le boeuf qui fait lobjet de cette observation, lepiderme etait parche-
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PTYÄLISME.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;251
mine, il ne pul en empecher la chute ; il (it usage de lu pommade de sulfate de fei-, une partie sur quatre d'axonge, et le poil repoussa promptement. Trente-trois jours apres la premiei'e apparition, le psoriasis s'amionra de iiouveau par de la clialeur, de la douleur, de rempatement et uu prurit considerable ; il fit une forte application de pom­made de sulfate de fer et tous lessymptomes disparurent. Quarante et un jours apres la deuxieme apparition , le psoriasis se montra encore avec les meines symptomes, mais avec beaucoup moins d intensite. L'usage de la meine preparation fut continue pendant douze jours sans inter­ruption, et le psoriasis ne reparut plus ; mais M. Festal eut soin, tous les mois, de faire frotter la peaudu front, pen­dant trois ou quatre jours, avec la pommade precitee.
Le psoriasis du hoeuf chez lequel il n'employa point le sulfate de fer, reparut tous les trente-cinq a quarante jours , et cela pendant dix mois que le proprietaire le garda.
M. Festal ne regarde point cette affection commedan-gereuse, car eile parait, dit-il, etre chronique et ne fait point de progres apercevables ; mais eile est desagreable en ce sens quelle tare les animaux et les fait repousser du commerce. Quant au nom (psoriasis) quil luiadonne, il n'y tient pas; si on veut lappeler erysipele senile, par analogic avec la gangrene de ce nom, qui arrive si fre-quemment sur le boeuf apres I'angiotenite , cela lui est indifferent.
PTERYGION. ( Voyez Onglet.)
PTYAIilSME. — be ptyalisme est une aiFection presque toujours symptomatique, et qui consiste dans une aug-
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PTYALISME.
meutalion plus ou moins considerable de la secretion de la salive et dn fluide muqueux de la bouclie. Cette super-secretion de l'appareil salivaire et folliculaire se rencontre parfois chez le cheval et le boeuf, chez le premier de ces animaux surtout; eile se manifeste par une grande quan-tite de salive mousseuse qui s echappe continuellement de la bouche ; 1'animalqui en est atteint ne parait point ma-lade, et ce n'est qu a la longue qu;il s'epnise, perd I'appetit
et inaigrit.
Le ptyalisme s'observe quelquefois sans qu'ii y ait ni chaleur, ni douleur, ni tumefaction des glandes salivai-res , ni d'aucune partie de la bouche ; mais dans 1'immense majorite des cas , il est la consequence de la protrusion des dents, de la carie de ces organes, des surdents ou chicots qui blessent etentamentla membrane buccale, de la stomatite, des aphthes , de la glossite, des coups portes sur les glandes salivaires , etc. II est des chevaux auxquels on ne peut mettre la bride sans qu'ils perdent une grande quantite de salive ; ces clievaux, pleins de feu et d'ar-deur, rongent sans cesse le mors en ecumant, mais la quantite de salive qu'ils perdent, leur porte rarement prejudice. Le ptyalisme est quelquefois produit par des masticatoires composes d'assa foetida, de racine de pyre-thre, d'ail, de poivre , de moutarde , de camphre, etc.; il est parfois du a fusage alimentaire de plantes irritantes. L'ecole de Lyon recut dans ses infirmeries un cheval qui, au retour d un voyage, mangea avec avidite et abon-damment de i'herbe qui contenait en quantite de la mou­tarde des champs [sinapis arvenszs); cet animal perdit, dans l'espace de doüze heures, pres de cinq seaux de salive. Trois vaches qui avaient egalement mange de cettc plante, epronverent dc pareils eiFets, mais ils etaient
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PTYALISME.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;255
moins marques. L'usage prolonge des mercuriaax deter­mine egalement une salivation abondante. Titet adraet que les preparations mercurielles , administrees interieu-rement et exterieurement, occasionnent et pruduisent reuflurede la tete, ainsi que celle des gla:ides salivaires ; que Tanimal qid leprouve porte la tete et les oreilles basses, tient la bouche ouverte, a la langue enflee , sor-tant de la bouche ; qu'une salive d'une odeur plus ou moins fetide coule abondamment; que les arteres tem­porales battent avec plus de force et de frequence que dans letat naturel ; que les vaisseaux qui rampent sur la tete sont distendus ; que le malade pent ä peine marcher et parait comme assoupi ; que ces symptomes ne cessent qu'autant qae faction du mercure diminue, et qu'ona vu perir plusiearschevaux le second jour de cette salivation. Le ptyalisme n'etant presque jamais la consequence d'une affection idiopathique des glandes salivaires, c'est vers la maladie dont ce phenomene morbide consecutif est le produit qu'il faut diriger les moyens tlierapeuti-(jues.Leveteriaaire doit d'abord commencer par visiter la bouclie de l'animal pour s'assurer si la salivation surabon-dante ne depend pas dune irritation de la membrane mu-queuse qui tapisse cette cavite, de la carie dentaire, des surdents ou chicots . de plaies de la langue ou de toute autre cause qui pourrait exciter sympathiquement les glandes salivaires 5 puis employer les moyens therapeuti-ques qui coiiA'iennent a chacun de ces etats pathologiques qui provoquent et entretiennent le ptyalisme; la maladie primitive etant combattue, on voit constamment, cesser le phenomene qui en est la consequence. La salivation mercurielle doit ctre combattue par les boissons et les gargarismes adoucissants , par de legers purgatifs qui pro-
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2Ö4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PDSTÜLE MALIGNE.
voquent une revulsion salutaire sur le tube digestif; on conseilie encore les derivatifs appliques sur la peau qui avoisine les glandes salivaires.
Si le flux de la salive est produit par une irritation essentielle des glandes salivaires, c'est vers ces organes que les moyens curatifs doivent etre diriges ; il faut com-battre l'irritation dont ils sont le siege, par des applica­tions directes eraollientes , par la diete, la saignee si le cas l'exige, et les gargarismes adoucissants. Gelle com-battit un ptyalisme essentiel qu il croyait du a la faiblesse de l'animal, par une nourriture substantielle, la rbu-barbe, la gentiane et le sulfate de magnesie. On peut avoir recours aussi a la stimulation immediate des orga­nes secreteurs de la salive par le moyen de masticatoires ou collutoires plus ou moins irritants.
PUSTULE MALIGNE. — Maiadie de nature gangre-neuse, produite par linoculation du virus cbarbonneux et afiectant d'abord la peau. Beaucoup d'auteurs emploient indistinctement cette expression et celle de charbon, con-fondant ainsi le cbarbon inocule, ou la pustule maligne, avec le cbarbon spontane. Cependaut Enaux el Chaussier out etabli entre la pustule maligne et le charbon cette distinction qu'il est utile de conserver. Eien que ces deux maladies soient de meme nature, ellesdifTcrenten ceque, dans le cbarbon, les accidents genei'aux precedent la for­mation de la tumeur , qui, dans la pustule maligne , est non-seulement le premier Symptome apparent, mais en­core celui d'oü depend le developpement de tous les autres. Cette demiere maiadie atteint non-seulement les individus qui saignent les animaux affectes du cbarbon, mais encore ceux qui, meme a une epoque eioignee, mu-
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PUSTULE MALIGNE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2SH
nient la peau, la Inine, ou quelque partie des depuuilles de ces animaux. {Diotionnaire do Nysten.)
M. Barthelemy aine s'est livre ä des experiences com­paratives pour s'ussurer s'il existe dans le charbon un principe virulent, special, different de celui que renfer-ment les matieres animales gangrenees ouputrefiees; bien que ces dernieres aient donne lieu a la pustule maligne, il a constate que la matiere virulente du charbon est beau-coup plus active que les matieres animales gangrenees ou putrefiees j que le principe destructeur qu'elle contient parait attaquer directeraent les foyers de vitalite et que la mort u'est pas le resultat d'une gangrene locale; que ce principe reside essentiellement dans le liquide dout les parties malades sont infectees, mais qu'il se rencontre en­core ailleurs ; qu'il estdeveloppe clans les tissus avant que la gangrene s'en seit emparee et lorsquils jouissent en­core de la vie, etc. Les experiences de M. Leuret ont ega-lement constate la virulence du sang des animaux atteints du charbon : ce qui cxplique comment la pustule maligne pent etre produite par une simple piqüre d'un instrument impregne d'ichor charbonneux, et meme par la piqüre de mouches qui viennent de sucer le sang altere d'un ani­mal charbonne.
On assigne a la pustule maligne les symptömes sui-vauts : en general, eile est annoncee par une demangeai-son vive et souvent repetee dans un seid point de la peau ou parait une saillie circulaire , au centre de laquelle s eleve bientöt une pustule ou vesicule remplie d'un fluide sereux, laquelle s'etend rapidement, ce qui s'opere en vingt-quatre ou quarante-buit heures. Bientöt apres il se forme, dansl'epaisseur de Torgane cutane, un petit tuber-cule renitent, livide et sans douleurj cette petite tumeur
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SliCnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;RACHITIS.
est aplatie. circonscrite et mobile ; autour de ce point cen­tral, il se dessine une aureole dont la couleur varie el qui est parsemee de petites phlyctenes pleines de serosite rous-satre. Le mal etant parvenu au tissu eellulaire qu'il ne tarde pas a penetier profondcment, raureole vesiculaire s'elargit et forme , autour de l'escarre qiu se separe, un bourrelet saillant. Le centre de la lumeur est alors dur, profund, a cause de felevation de l'aureole, et forme uu nojau gangreneux et compact. La tension et l'engorge-ment oilrent un caractere particulier. La gangrene detruit tout ce qu'elle rencontre au-dessous de la peau, en se projetantde I'exterieur a Imterieur. ßientöt le mal amene des phenomenes secondaires, le trouble et le desordre dans toutes les functions , et expose raniinal a une mort tres-procliaine.
Traitement. — Le traitement de la pustule maligne doit consister dans la cauterisation de la tutueur par le cautere incandescent; il faut la reduire en escarre pour aneantir la matiere septique qu'elle renferme et empecber par la qxi'elle n'aille, par son absorption, porter son action deletere dans la masse sanguine, partant dans toute leco-nomie. On secunde ce premier et puissant moyen thera-peutique par fadministration de breuva.'jes antiseptiques.
RACHITIS ou RACHITISME. ~ Maladie consistant clans le ramollissement et la deformation des os, la cour-bure des os longs, le gonflement de leurs extremites et quelquefois la deviation du racbis. Cette affection est beaucoup plus rare cbez les animaux domestiques que chez rhomme ; cependant nous en avons rencontre plusieurs cas cbez des poulains qui avaient, par suite de cette alte­ration osseuse, la colonne vertebrale device de cote et en
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RACHITIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2ü7
haut Je manierea les rendre bossus; mais cest principa-lement cliez les jeunes chiens, mal nourris, que l'on eleve dans des lieux humides et peti acres, quon observe cette maladie; c'est ce qui se voit dans les grandes villes oil ils sont la plupart du temps enfermes dans de petits reduits ou dans des caves. Chez ces derniers animaux , les os des pattes se eporbent en arc plus ou nioins prononce, les articulations sont tumefiees, le ventre est doulou­reux, enfin , le developpement du corps reste station-naire.
Traitement. — Dans le traitement du rachitisme, il ne sufiit pas de rendre au Systeme osseux les substances sa­lines qui lui font defaut et qui doivent lui restituer sa so-lidite et sa consistance, il faut encore raaienerj par des moyens mecaniques, les os courbes dans leur rectitude naturelle. A cette fin, il faut appliquer sur les membres arques un bandage ä attelles, pour exercer sur eux une compression graduee et les redresser insensiblement. La retraction des muscles oppose souvent un grand obstacle au redressement des membres ; alors il convient de prati-quer la tenotomie, de faire la section des tendons qui ten-dent a entrainer Tos dans une direction contraire a celle que Ton veut obtenir par le bandage. Ces moyens locaux seuls sont insuflisants; il faut administrer au malade des toniques amers etferrugineux ou, ce qui nous ale mieux reussi, l'huile de foie de morue donnee ä la dose de deux a quatre cuillerees a bouche par jour , selon la taille et la force de ranimal; lui faire des frictions alcooliques sur les membres; le placer dans un endroit expose aux rayons solaires, oüil exisle un air pur, et lui donner une nourri-ture fortißante, composee parliculierement de viande. Ce
traitement nous a valu hon nombre de succes sur des tunbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;33
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2;i8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; RAFLE.
cliiens affectes de racliitistne, confies aux soins dc I'Ecole veterinaire.
RAFLE ou FEU D'HERBE. — Celte affection, parti-euKere aux betes a cornes de certaines contrees, a ete decrite pour la premiere fois par Chabert et Fi'omage de Feugre; eile consiste dans une eruption de jnxstules a la peaü , sans prurit, qui s'abccdent, s'ouvrent et se desse-chent.
Cette maladie inflammatoire s'annonce par un etal fe­brile prononce ; ainsi il y a tristesse, nonchalance, degoiit et inappetence ; la tete est lourde, les conjonctives sent rouges et injectees ; la temperature de la boucbe ainsi f[ue celle de i'air expire sont augmentees ; la peau et les eornes sont cliaudes ; le pouls est dur et accelere ; les veines superficielles sont enjvorgees ; la respiration est la-borieuse et frequente; les mouvements des flaues sont ac-celeres ; enlln, la rumination et la secretion laiteuse out disparu.
C'est du quatriemc au cinquieme jour que ferup-lion pustuleuse se manifeste : eile occupe ordinaire-ment la face interne des membres posterieurs, a partir du pied jusqu'au baut du membre , setend sur les mamelles et sous le ventre ; quelqucfois eile existe aux quatre membres seulement; enfin, les levres en sont par-fois affectees. Ces pustules commencent par des points, d'abord peu apercevables, dont la place est marquee par de petites duretcs que Ton sent sous le doigt : elles feros-sissent peu ä peu; I epiderme se fend et laisse epancber la matiere purulente et quelquefois sereuse qu'elles con-tiennent; cette matiere se flesseclie ct forme des croules fpii tombent en poussiere, el la maladie est ainsi terminee.
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HAFI.E.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; -VM)
Ce quil y a tie constant, c'est que les sympturaes dimi-uuentgraduellementamesure que 1 eruption se complete, en soi'te que, celle-ci etant achevee, I'animal recouvre la sante, sauf l'engorgement des extremites, qui ne se dissipe que quelque temps apres.
La rafleestainsi nomnieeparcequ'on lui attribuaitpour cause unique lusage, comme aliment, des raßes de grap-pes de raisin; cependant, d'apres les observations des ve-terinaires qui out eteameme d'etudier cette maladie, eile seiait plntot la consequence des feuilles de vigne avec lescpxelles on nourrit les betes a cornes vers la fin de lete. Gelle penseque la luzerne verte, les sardines des jardins et des vignes, ainsi que les aliments savoureux , acres, echaufFants , peuvent egalement la determiner.
Gesten 1003, aux environs de Paris, qne cette maladie parait avoir ete observee pour la premiere foisj des eleves de 1 Ecole d'Alfprt furent envoyes a la Cbapelle-Saint-Denis, a la Villette, aux Pres-Saint-Gervais, a Ivry, etc., pour en etudier la marcbe et la nature. M. Blavette, veterinaire, l'a vue et traitee aux environs de Dourdan (Noi'mandie),
Lorsque la rafle se declare dans une etable, presque toutes les betes qu'elle renferme la contractent en meme temps, ce qui a fait croire a quelques veterinaires qu'elle est contagieuse , tandis que dautres soutiennent le con-traire. Cette question est encore indecise; cependant la majeure partie des praticiens pensent que cette maladie n'esl point contagieuse, et que, si eile attaque tous ou presque tous les animaux dune meme etable, c'est quils sont soumis a lusage de la meme nourriture, partant aux memes causes determinantes.
Traitemcnt. — Le traitement de cette maladie est fort
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200nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; HAGE.
simple ; la premiere indication ä renapHr est de modifier ou d'aneantir les causes connues ou presumees (jui lui ont donne naissance , et comme eile est attribuee a la nourri-ture, il faut la changer, soumettre I'animal a la diete, lui donner de l'eau blanchie avec de la farine d'orse ou du son , legeremeut nitree, lui administrer cinq ä six bx-eu-vages par jour dune decoction mucilagineuse , et autant de lavements de meine nature. On lotionnera les parties oü siege l'eruption exantliemateuse avec de l'eau de mauve, deguimauve ou de graines de lin; le corps devra etre term cbaud au moyen de couvertures. On continuera le meme traitement, et on augmentera la nourriture pen a peu, a mesure que les symptuines se dissiperont, et I'animal ne pourra etre considere comme gueri que lorsque la peau aura repris sa souplesse et que I'appetit et la secretion laiteuse seront retablis. Ouant ä l'engor-gement des extre'mites, qui existe encore apres la dispa-rition des autres symptomes , l'action reiteree de la brosse ou du boucbon de paille et la promenade suffiseht pour le dissiper promptement. Ce n'est cjue dans de rares excep­tions que la saignee est reclamee dans la maladie qui nous occupe ; il ne faut recourir aux emissions sanguines que lorsque lintensite de la fievre les reclame imperieu-sement , encore faut-il etre fort circonspect dans leur usage. La duree ordinaire de la rafle est de douze a quinze jours, et sa terminaison commune est la guerison.
RAGE. — La race est une maladie terrible, constam-raent mortello, dont le nom seid epouvante , sur laqnelle on a beaucoup ecrit, et qui laisse une profonde obsenrite sur son etiologie spontanee, sa nature, son siege et sur les moyens therapcutiques a lui opj)oser.
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RAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 261
La rage est susceptible de se developper spontanement chez le chien , le loup , le chat et le renartl ; chez les autres animaux , eile est constamment la consequence de la contagion par l'inoculation de la salive virulente des animaux enrages. Le developpement spontane de la rage chez rhomme est tres-douteux ; cependant quelques ine-decins la regardent comme pouvant etre Teffet d'une imagination fortement frappee, mais l'opinion generale attribue cette redoutable maladie a Faction d'un virus suigeneris depose dans vine plaie faite par une morsure, soit que ce virus alt;gt;isse, comme le pensent Chaussier et quelques autres praticiens , en determinant une irritation locale fixee dans l'endroit de la blessure et qui donne ensuite lieu a une nevrose generale, soit qu'au bout d'un temps indetermine le virus lui-merae, absorbe et mele au sang , produise une infection gene'rale.
Un grand nombre de faits portent ä croire que la salive et le mucus bronchique sont les seuls vehicules du virus rabique, dont les effets sur leconomie se manifestent quelquefois presque immcdiatement apres la morsui'e d'un animal enrage, et sont d'autres fois precedes d'une periode d'incubation , dont la duree est plus ou rnoins tongue. Suivant le docteur russe Marochetti, le virus, apres avoir ete absorbe dans les blessures , passe dans le torrent de la circulation, puis se montre sous la langue, oü Ton voit s'elever de chaquecote du frein, du troisieme au neuvieme jour, de petites pustules ou vesi-cules appelees lysses, dans lesquelles il se trouve ren-ferme. Si a cette epoque , dit cet auteur, on enleve ces vesicules et que Ton cauterise avecsoinla place qu'elles out occupee, les progres ulterieurs du mal sont arretes et la sante restc intacte; si, au contraire , on les abandonne, le
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2C2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; RAOE.
virus est rasorbe an bout de vingt-quatrc heures et la maladie se declare.
L'existence des vesicules rabiques, dout parle M. Ma-rochelti, est loin d'etre constante; beaucoup de me-decins et de veterinaires les ont cherchees en vain sur des hommes et des animaux affectes d'hydropliubie. Berndt, dans de nouvelles experiences sur la rage , dit n'avoir pas trouve la moiudre apparence des vesicules rabiques cbez les bommes aflectes de cette maladie. M. Urban n'a jamais observe sous la langue des bydro-pbobes de veritables lysses rabiques , mais bien , sur les morsures, des pblyctenes quil regarde comme des lysses. M. Vatel a fait des rechercbes minutieuses sur trois cbiens , qui, apres avoir ete mordus , ont succombe en presentant les symptomes propres a la rage ; I'inspection da ces animaux pendant leur vie n'a point fait decouvrir de vesicules rabiques, on a seulement observe, sur deux cadavres de ces animaux, deux petites erosions, de forme ovoide, placees une de cbaque cote du frein de la langue , et ne paraissant interesser que la couche mince de 1 epitbelium qui rccouvre la muqueuse. M. Dupuy ne les a point non plus trouvees cbez le boeuf. Bien que des vesicules rabiques aient ete observees sur des cbiens par MM. Dupuy, Scares, Maillet, etc., ainsi qu'a l'Ecole dc Lyon, il ne reste pas moins demontre que leur presence n est point un Symptome constant de la rage, et que cette maladie pent exisler sans qu'on en observe le moindre vestige.
La rage peut se developper spontanement, comme nous I'avons dit plus baut, sur le cbien, le loup , le cbat ot le renard, mais les causes qui la font naitre sent des plus obscures. On en a accuse tout a la fois rextreme cha-
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HAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;265
leur et le froid excessif, comme pouvant priver les ani-maux de nourriture et de boissons sufllsantes ; Bourgelat voulant sassurer experimentalement si la privation absolue de tonte nourriture etait susceptible de produire la rage, laissa perir de faim et de soif des cliiens et des chats sans qa'il en resultät le moindre Symptome de la maladie qui nous occupe ; la meme experience fut repetee a la Faculte de medecine de Paris par Dupuytren , Bres-chet et M. Magendie, sans plus de succes. On a encore pre­tend u que la chaleur excessive de certains climats et le froid riijuureux de certains autres etaient autant de causes occasionnelles ou productrices de la rage ; et cependant des voyageurs et des medecins disent que la vage est ä peine connue ou meine tout a fait inconnue en Egypte, dans la portion de la Syrie qui avoisine la mer, aux environs du cap de ßonne-Esperance, dans la partie meridionale de TAmerique. Selon Louis Valentin , eile est extremement rare dans les resrions chaudes, tandis qu'elle est commune dans TAmerique septentrionale. Au dire d'un medecin russe, qui a voyage dans tout le nord de la Kassie, on ne voit jamais ou presque jamais des cliiens enrages a Archangel , a Tobolsk , ni clans les pays qui sont au nord de Saint-Petershourg. 11 resulte d'un releve fait par M. Trolliet que le mois de Janvier, le plus froid de l'annee, et le mois d'aoüt, le plus chaud , sont prccisementceux qui offrentle moins dexemples de cette maladie. C'est au contraire pendant les mois de mars et d'avril qu'il y a le plus de loups enrages, et pendant ceux de mai et de septembre qu'il y a le plus tie chiens atteints de la rage spontanee. Dans nos climats temperes , cette maladie est fort commune. On a cssaye , sans plus dc fondement, de ranger parmi les causes qui la font
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naitre, le rut des animaux et les passions qui ies tour-mentent alors; mais les epoijues ou les exemples de rage sont le plus communs, ne correspondent pas a 1 epoque du rut ni pour les loups ni pour les autres animaux domestiques, autantqu'il est joossible d'assigner I'epoque clu rut pour ces demiers.
D'apres ce qui precede, il est facile de remarquer que tout est encore obscur dans rexamen des causes de la rage spontanee cliez les animaux ; tout ce que Von sait de positif sur l'etiologie de cettt; maladie , c'est t|ue la saliva ou have qui inonde la bouche des animaux enrages , con-tient un principe virulent, qui, mis en contact avec les vaisseaux absorbants, est susceptible de produire la rage au bout d'un laps de temps plus ou moins long. L'introduction du virus rabique dans les tissus de leco-nomie , par la morsure- d'un animal enrage, ne produit pas toujours inevitablemeut la rage ; il est d'observation que toutes les personnes mordues ne contractent pas la maladie ; il en est de meine pour les animaux domesti­ques ; les experiences de M. Hartwig le prouvent suffi-samment. Ce savant professeur ayant inpcule la rage a cinquante-neuf cbiens, ne vit la maladie se developper que sur quatorze, et dans certains cas il lui fallut reiterer plusieurs fois rinoculation pour qu'elle fut suivie d'efiet, tandis que, dans d'autres, une seule insertion etait süffi­sante. De ces faits on est porte naturellement ä admettre, pour la rage comme pour les autres maladies virulentes , une disposition individuelle sans laquelle la contagion ne saurait avoir lieu.
II est evident que la salive des carnivores enrages, et surtout du cbien, est contagieuse; mais en est-il de meme de celle des quadrupedes herbivores ? Hazard a annonce
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IUGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;26S
le premiei', parait-il, que les quadrupedes herbivores at­taints de la rage ne peuvent la transmettre. Depuis, des experiences faites ä Alfort out paru confirmer cette asser­tion. Dupuy a tente d'inoculer la rage a des vaches et a des Qioutons , en frottant des plaies qui leur avaient cite faites, avec une eponge que des animaux enrages, de la meine espece, venaient de mordre : la maladie ne se com-muniqua point, tandis que la rage apparut quand I'eponge avait ete rnordue par un cliien enrage. JI a vu, dans beaucoup de troupeaux , des moutons attaques de cette maladie, sans que celle-ci se transmit a d'autres , malgre les morsures que ces derniers recevaient quelquefois dans des parlies depourvues de laine et quoique la peau se trouvat plus ou moins ecorchee.
On a pretendu que la rage communiqnee n'etait point dangereuse. D'apres M. Jk)tti, Chirurgien du grand hopi-tal de Florence, il resulte : 1deg; que les brebis et tous les animaux de la meme espece ne peuvent transmettre la rage qui leur a ete communiquee par un chien enrage, aiors meine que ce dernier est mort de la maladie ; 2deg; que le virus rahique perd sa qualite contagieuse en passant dans les animaux ; 3deg; que la have de ces derniers, comme tout autre liquide leur appartenant, tuute partie solide quelcon-que, est incajjable de developper la rage par inoculation ou de toute autre maniere; 4quot; que la chair de ces animaux, donnee a I'homme comme aliment, meme dans les cas ou ils sont morts de la rage, ne peut faire naitre la maladie, ne donne lieu a aucun accident, meme etranger a la rage.
Cette these a ete soutenue depuis par M. Capello, qui,
dans deux longs memoires, a tente de demontrer que la
rage ne conserve plus sa propriete contagieuse apres sa
premiere transmission a un autre animal, meme du genre mnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;34
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SÜOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;HAGE.
chien. Mais d'un cote les experiences de M. Hertwig sont en contradiction avec celles des deux medecins italiens, et d'un autre cöte, on a quelques faits qui etäblissent que la rage peut se communiquor par la morsure d'un individu enrage pris dans l'espece humaine ; on en a d'autres qui etäblissent pareillement que des animaux didactyles et monodactyles enrages ont fait a des animaux de leur espece, ou ä d'autres, des morsures qui out ete suivies de la manifestation de la rage chez les individus mordus.
Desdoutesse sont manifestes relativement a la possibi-lite de transmettre la rage par voie d'inoculation; cette question est maintenant eclairee par des faits. Des expe­riences de M. Hertwig, il decoule que l'application de la salive sur des plaies recentes parait, cliez les chiens, etre aussi süuvent suivie de la rage que les morsures des ani­maux qui en sont atteints. Dreschet et M. Magendie mit inocule la rage a deux clnens avec la salive d'un komme affecte de cette malaclie, qui suecomba le meine jour. i. un de ces animaux deviut enrage et communiqua lama-ladie a d'autres chiens que Ion lit mordre par lui. Des exj)erieij(es tentees dans le but de s'assurer si le virus rabique conserve sa propriete contagieuse apres la mort, ont ete saus resultat; cest en vain que Ion a inocule de la salive et du mucus tracbeal provenant de chiens morts avec tous les symptomes de la rage. M. Hertwig a constate que le virus de la rage administre a linterieur est tout a fait inoffensif; sur vingt-deux chiens auxquels ce profes-seur fit avaler une certainc quantite de have , aueun ne presenta le moindre Symptome de la maladie.
En resume, des observations et des experiences publiees jusqu'a ce jour sur la rage, il parait resulter ces faits gene-raux : lquot; que les causes de la rage spontanee sont iocon-
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RAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;267
nues ; 2deg; que la maladie une fois developpee se communi­que par un virus specifique ; 3deg; que le vehicule du principe contagieux est la bave ou la salive qui souille la bouclie ties animaux enrages ; 4n que ce fluide semble avoir une plus grande activite, inocule par l'animal lui-meme pen­dant un acces ; 5quot; que l'unique voie de contagion est l'in-troduction de la bave par une solution de continuite de la peau ou d'une membrane muqueuse 5 6deg; que l'ingestion de cette meme bave dans 1 estomac est inoffensive; 7deg; que le virus rabique a perdu sa propriete contagieuse apres la mort; et 8quot; que plus les animaux observes ou soumis aux experimentations s'eloignent de ^organisation des carni­vores, moins ils sont susceptibles, sinon de recevoir, au moins de com muniquer la rage.
La rage communiquee peut etre partägee en trois pe-riodes assez tranchees : la premiere, dite dincubation, se comprend depuis linstant de la morsure jusqua celui de l'apparition des symptömes precurseurs de la rage confir­mee: eile varie depuis quelques jours jusqu'a quelques mois, le plus ordinairement eile est de trente a cinquante jours ; on a pretendu qu'elle pouvait erabrasser plusieurs mois et meme plusieurs annees ; mais les observations de rage developpee plusieurs annees apres la morsure d'un animal enrage, ne meritent en general aucune confiance comme faits de rage communiquee. M. Hartwig, dans plus de deux cents experiences ou observations. ne la jamais vue se declarer apres le cinquantieme jour. M. Re­nault a vu la rage survenir, chez un cheval, au quatre-vingt-dixieme jour 5 M. Peyronnie au soixante-douzieme chez une anesse, au quatre-vingt-deuxieme chez une ju-ment. Le docteur Bardsley , c|ui admet que la rage se montre generalement chez les chiens depuis un mois jus-
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qu'a six semaines apres la mor.sure, cite encore, d'apres les meilieures autorites, des observations qui porteraient a croire que quinze jours et huit mois sont les deux extre­mes du temps d'incubation de la maladie. Berndt admet que l'epoque de l'invasion apres la morsure est indetermi-nee, mais il ne l'a jamais observee avant la cicatrisation de la plaie. Suivant lui, les jeunes sujets sont affectes bien avant les sujets adultes, lors meme qu'ils ont ete mordus ensemble le meme jour. Chez les jeunes veaux, dit-il, la maladie se manifeste communement entre la troisieme et la quatrieme semaine ; chez les sujets adultes , rarement avant la sixieme ou neuvieme semaine, ou meme encore plus tard. Chez les clievaux, l'invasion a lieu apres la neu-vK'me semaine; chez les moutons et les pores, vers le com­mencement de la quatrieme.
La seconde periode comprend les sjmptomes precur-seurs de riiydrophohie : eile date du moment oü les pre­mieres douleurs se manifestent dans la cicatrice, et ne dure guere que de quatre a sept jours au plus. Dans ce cas la cicatrice se tumeüe, devient chaude, rouge, duu-loureuse, s ouvre quelquefois et laisse echapper une sero-site roussätre ; une demangeaison imperieuse se manifeste dans la partie. Ces phenomenes out ete observes par M. Peyronnie sur des chevaux, des äiies, des vaches et des brebis, et par M. Vatel sur une chevre qui avait ete raordue, a la cuisse droite, par un chien enrage; la plaie fut cauterisee le lendemain et cleux jours apres la bete fut conduite ä Alfort; pendant plus de deux mois eile parat jouir de la sante la plus parfaite et on la croyait hors de danger, lorsque, tout ä coup, on s'apercut que la partie
mordue etait devenue le sie
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e dune forte demansreaison :
la bete se frottait avec ardeurcontre les corps durs et l'en-
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droit de la plaie, quoique cicatrise tlepuis longtemps, etait rouge et enflamme ; a compter Je ce moment, eile devint triste, inquiete et refusa de manger ; les symptömes de la rage se manifestei-ent le septieme jour et eile mourut le lenderaain, en pi'oie a de violentes convulsions.
La troisieme et derniere periode, rage confirmee, com-prend le temps qui s'ecoule entre Tapparition de l'hydro-phobie et la terminaison de la maladie, qui est constam-ment la mort.
Symptömes. — Les symptömes les plus ordinaires de la rage chez le chien , traces par Chabert sont : la tris­tesse , un abattement mele de plusieurs marques d'in-quietude , de maniere qu'il change de place a tous moments , et se couche comme s'il tombait, a chacune de celles auxquelles il parvient; a ces phenomenes il faut ajouter le refus de manger et de boire ; tel est le premier degre. Le mal faisant des progres, Tagitation de Tanitnal s'accroit, il se montre attentif a tout; sa marclie , quel-quefois lente , quelquefois rapide , n'est, pour ainsi dire, quune suite de mouvements decomposes ; ses yeux insen-siblement s'enflamment. son regard est noir et menacant; il erre ca et la, les oreilles basses et la queue trninante ; sa bouche distille une plus ou moins grande quantite d'ecume et de have 5 sa langue sort de cet antre ecumant, infecte et chargee de bile. C'est communement dans cet etat quil se jette sur les hommes et sur les animaux qui se trouvent sur son passage ; il les mord en courant et sans s'arreter, etsi on ne Tassomme pas, il meurt plus tot ou plus tard dans des convulsions effroyahies. II en est qui perdent d'abord la voix, et qui ne font entendre ni cris ni aboiements, d'autres sont fortement enroues, d'autres poussent des hurlements ; il en est enfin qui
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aboient comme s'ils netaient pas malades. Cet etat est marque (Tune fievre tantot forte , tantot faible. 11 en est chez lesquels rassoupissement tient lieu de tristesse; d'autres ne sont ni tristes ni endormis ; quelques-uns sont pris de tremblements et bientot de fureur; d'autres timides , pris d'eilroi , agitent les oreilles pour aller au-devant du bruit. Ceux-ci jettent par les naseaux. un mucus bran ; dans d'autres il ne se fait aucun ecoule-ment de la sorte. L'urine est trouble chez quelques-uns. noire chez d'autres ; dans ceux-la la have est fetide, sans etre ecumeuse. II en est qui sont penetres d'une horreur teile qu'ils fuient leur ombre, et souvent les autres chiens sont saisis d'une si grande terreur, qu'ils s'eloignent a laspect de celui qui est enrage ; d'autres fois cette approche n'a rien de redoutable pour eux. Quelques chiens enrages ne se detournent pas de leur chemin ; il en est qui s'attachent moins a mordre les homines que les animaux, qui rodent autour des personnes arretees sans les attaquer, et qui se precipitent avec force sur les premiers chiens qu'ils apercoivent. Quelques-uns ont une oppression forte, les yeux chassieux, la tete toujours hasse, restent longtemps attaches a leur maitre, et ont une aversion plus tardive pour toute boisson : il en est qui boivent de l'eau et dulait.
Hurtrel d'Arboval, apres avoir passe en revue toutes les descriptions faites sur la rage du einen , les resume en ajoutant ce que l'observation lui a appris sur cette terrible maladie. La rage du cliien , dit cet auteur, debute par un abattement general, le degoüt, le dedain des ali­ments et des boissons, ou bien il n'en prend qu'une petite quantite. Cessignes , d'abord legers , angmentent bientot d'intensitej l'animal prend une attitude plus triste, il
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porte la tete basse et la queue baissee entre les jambes ; ses yeux deviennent enflammes ; il evite l'impression de la lumierc et 1'aspect des corpS eclatants , cherche la solitude , les endroits obscurs , et se tapit dans un coin ; il gratte la terre , et s'il y a de la paille , il cherche a faire un trou , puis se cache la tete. A mesure que la maladie fait des progres, tous ces symptumes augmentent d'inten-site, et deux ou trois jours apres il y a trouble general dans I'exercice des fonctions, surtout des sens; l'animal sort de son reduit , va ca et lii sans determination fixe , parait inquiet, et pousse de temps en temps des hurlements. Sa voix est rauque, plaintive, courte et enrouee ; l'aboie-ment est en quelque sorte semblable a celui d'un ohien courant qui poursuit le gibier, il est court et suivi dTuii hurlement ; il consiste en une seule e'mission de voix , repetee li des intervalies irreguliers , ranimal ayant la tete levee. Ce phenomene est tellement caracteristique, qu'on ne peut l'oublier lorsquon l'a entendu une seule fois. A cette epoque, le chien enrage meconnait son maitre et ne tarde pas a se jeter sur les animaux pour les mordre, mais plus particulierement sur les chiens. contra lesquels il s'acharne. Le premier acces de rage dure peu de temps , et il est ordiuairement leger, apres quoi l'animal reprend un peu de calme, qu il conserve jusqu ä im nouvel acces, lequel se declare, comma le premier, par une grande inquietude ; il est tourmente et ne peut rester en place , il a la gueule enflammee et ecumeuse, il eprouve des envies immoderees de mordre, ainsi que des convulsions a l'aspect de l'eau , des autres liquides et des corps polis , sur lesquels il se jette avec fureur pour les mordre ; il bappe de meme tous les objets que sa dent peut atteindre, et lache prise presque aussitöt pour
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recommencer de nouveau, ce qui a lieu pendant toute la duree de 1 acces. S'il est libre , il quitte la demeure de son maitre, s'enfuit en courant et devient errant. Bientot las forces s'epuisent, rauiraal ne peut plus se trainer, les acces se multiplient et se suivent, et il perit au milieu des convulsions. Dans Initervalle des acces, le einen est triste et abattu ; il a le dos courbe en contre-haut, le poil herisse, la tete hasse, et au bout de quelques jours, comme du deuxieme au neuvieme, il succombe. II est a remarquer , ajoute Hurtrel d'Arboval, que les chiens affectes de la rage inspirent une teile frayeur aux autres, que les plus petits de ces animaux se jettent sur les plus gros. saus que ceux-ci chercbent seulement a user de la superiority de leurs forces pour se debarrasser. Le cbien bien portant n'attaque celui qui est en proie a la rage et ne se defend que lorsqu'il est excite par la voix de son maitre qu'il s'agit de defendre.
La raye-muc, ainsi appelee parce que lanimal ne peut aboyer, se manifeste par l'ecartement des mächoires; fanimal qui en est atteint tient coustamment la gueule ouverte et se trouve dans l'impossibilite de la fermer ; il ne peut ni boire ni manger, la membrane buccale , ainsi que la langue , sent seches et violacees ; le malade a le regard fixe et menacant; il selance quelquefois avec force vers les objets qu'on lui presente comme pour les mordre, et fait entendre parfois des hurlements rauques. Cette affection , que quelques veterinaires considerent comme le resultat d'unc gastro-enterite tres-aigue , d'une angine , est d'apres M. Hartwig la rage proprement dite. Ge professeur assure, d'apres ses nombreuses experiences, que la salive des chiens atteints de la rage confirmee, produit souvent la rage-mue et vice versa; d'ou il conclut.
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que ce sont seulement deux Turmes difierentes de la meme maladie. On a fait ä l'Ecole d'Alfort diverses ex­periences pour savoir si la rage-mue se transmet du chien au chien ; sur un grand nombre qui ont ete inocules , un seul a contracle la maladie. On a remarque en outre que la bile dun des chiens morts de la rage-mue, inseree dans le tissu cellulaire sous-cutane d'un chien bien portant, a frappe promptement de gangrene les parties environnantes ; 1 animal a succombe quarante-huit heures apres sans donner aucun signe de rage-mue. Quoi qu'il en soit, cette maladie est incurable et fait perir les animaux du deuxieme au cinquieme jour.
Chez le loup , la rage parait avoir la meme marclie , et s'annonce par les memes phenomenes que chez le chien.
La rage chez le chat est accusee par la tristesse, labatte-mentetledegoüt; l'animal, lesyeux liagards et menacants, s'elance avec fareur sur les autres animaux, les mord et s'enfuit; il erre a I'aventure, se jetle sur tousles animaux qui se trouvent sur son passage ainsi que sur I'homme ; de temps en temps il fait entendre un miaulement rauque, sonore, analogue a celui du matou a l'epoque du rut ; enfin il continue sa course vagabonde , comme le chien, jusqu'a ce que , epuise par les acces, il succombe.
Les symptömes de la rage chez le cheval commencent par la tristesse et le degoüt comme chez les autres ani­maux ; mais bientot ces premiers phenomenes, qui sont loin d'etre caracleristiques de la maladie qui nous occupe, sont suivis d'un premier acces ; l'animal frappe d'aborddu pied, hennit, rue, secoue la tete et se livre ä des mouve-ments desordonnes ; dans quelques cas il a des envies de mordre, se mord lui-meme, bave considerablement; par-
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fois il a horreur de l'eau et souvent il se jette avec fureur sur ce liquide. Dapuy a trace le tableau suivant de l'etat d'un cheval enrage qu'il eut occasion d'observer : quel-ques jours avant lapparition de la maladie , l'animal ne raangeait pas cotnme a son ordinaire ; apres un voyage de quelques lieues on le remita lecurie et Ton s'apereutqu'il cherchait a raordre ses voisins. Le lendemain on le vit se rouler avec fureur en faisant entendre un cri plaintif par-ticulier. Malgre tons les moyens employes, l'animal eut des attaques terribles; il se roulait sur la litiere, ruait a cliaque instant et se mordait avec fureur ; il etaitdans des convulsions continuelles; enfin , il cassa sa longe et sc trouva libre dans l'ecurie dont on prit le parti de barrica-der la porte. Le lendemain , memes pbenomcnes, mais ä un plus baut degre. Le quatrieme jour, corps convert de sueur, yeux etincelants ; l'animal secoue frequemment la tete et se mord le poitrail. II n'avait, jusqu'alors, pas dis­continue de boire et de manger, sans chercber ä mordre les personnes. Plus tard la vue de l'eau et le bruit quelle faisait en tombant lui faisaient eprouver des attaques ter­ribles et le portaient ä mordre avec fureur les corps qui se trouvaient a sa portee. Plus tard encore, quand il enten-dait la cbute de l'eau, il eprouvait de fortes convulsions, se precipitait vers le seau comme pour boire, agitait l'eau avec ses levres, mais aussitot il etait saisi d'un violent ac~ ces,tombait et faisait entendre un cri de detresse. Mort le cinquieme jour, au milieu des plus fortes convulsions.
Quatre chevaux atleints de rage, apres avoir ete mor-dus par des cbiens enrages, furent observes, en 1833, a l'Ecole de Lyon. L'un d'eux, qui avait ete mordu vers les alles du nez , contracla la maladie le vin^t-sixieme jour. On le conserva pendant deux jours, mais etant parvenu a
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roiupre ses liens, il boule versa tout dans lecurie et on le tua dun coup de fusil. Chez les trois autres, la maladie suivit sa marclie naturelle et dura de deux ä quatrejours. Ces chevaux commencerent par eprouver des mouvements convulsifs des muscles de la levre superieure, remarqua-bles surtout vers les commissures ; leur regard liabituel tenait de l'abattement; puis, tout a coup, seit qu'on les approchät, seit sans cause connue, l'oeil s'animait, deve-nait hagard, menacant; l'animal avancait la tete pour mordre, saisissait le baquet, le bord de la creche ou les barreaux du rätelier, qu'il mordait avec fureur. Apres cet acces ou excitation nerveuse momentanee, le calme survenait. De temps en temps on vit que , a partir du cerveau, toutes les regions du corps eprouvaient successi-vement une stimulation particuliere qui partaitdes visce-res: par exemple, une sorte de raideur de la peau et des frissons de tout le corps, des mouvements convulsifs des yeux et des levres, des grincements de dents, 1 agitation des membres, le trepignement, laction de mordre, puis de l'oppression et de grandes inspirations , des contrac­tions des muscles de labdomen et des lombes, amenant la reduction du ventre et Tabaissement de la croupe ; remission des urines et des matieres fecales avec tenesme et epreintes qui linissaient cette serie de mouvements ner-veux. Ces trois chevaux ne temoignerent aucnne horreur de l'eau et leur appetit ne s'eteignit pas completement.
Chez le boeuf, les symptdmea de la rage sont beaucoup plus alarmants et leur succession est plus rapide et plus prompte que chez lecheval. Un boeuf, observe par Dupuy et M. Prince, et qui avait ete mordu par un chien enrage, ne tarda pas a cesser de rummer et de manger ; bientot il cut horreur de l'eau el devint furieux, au point de ne
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souffrir 1 approche de personne. De sa Louche decoulait une salive visqueuse ; ses yeux etincelants avaient une expression particuliere ; il cherchait a frapper de ses cornes toutce qui s'approchait, les chiens sortout, dont la presence excitait sa fureur au plus haut point. Tous ces symptomes etaient accompagnes de mugissements annon-rant l'effroi. Berndt a vu des boeufs enrages boire jusqua leurs derniers moments, et jamais il n'a remarque des signes d'hydrophobie chez ces animaux ; mais il regarde comme des signes impottants le tenesme et la courbure de la region sacree, que Ion observe Irequeminent, sur-tout vers le deuxieme ou le troisieme jour, la strangurie accompagnee d un ecoulement d'urine abondant avec une grande excitation äTaccouplement, au point que les sujets affectes mettent le desordre dans le troupeau en montant continuellement sur les betes qui le composent.
Lamarche de la maladie est la meine chez les betes a laine. Le mouton enrage tourmente tont le troupeau et monte sur les betes qui l'entourent comme s'il eprouvait une excitation venerienne; il lutte continuelleEnentet at-taque de la tete ; ses yeux et sa bouche sont enflammes : il have quelquefois et ne cherche point a mordre. 11 y a tenesme et strangurie, et parfois paralysie de la region sacree. Berndt n'a pas non plus remarque chez eux des signes d'hydrophobie; s'ils ne hoiventpas, au moins ils ne manifestent, dans la plupart des cas, aucune horreur pour les liquides.
La plupart des pores enrages ne mangent plus, ils res-tent tranquilles dans un coin de leur toit, font entendre parfois des grognements rauques; le train de derriere est chancelant et quelquefois paralyse ; vers le septieme jour ils meurent avcc gonflcmcnt du ventre. Berndt a remar-
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que , chez un pore enrage, beaucoup de vivacite et une jjrande envie de mordre. La secretion salivaire n'est pas fort considerable chez ces animaux.
Anatomie pathologique. — Dans ces derniers temps, les recherches d'anatomie pathologique bien faites, tant sur rhomme que sur Jes animaux domestiques, quoiqu'en petit nombre, semblent avoir etabli, a n'en plus douter, ce que la description de la maladie a deja fait pressentir, que c'est surtout dans les voies aeriennes et dans les cen­tres nerveux qu'il faut chercher les lesions les plus con-stantes, les plus essentielles de la rage. En effet, constam-ment la trachee et les bronches , quelquefois le larynx et le pharynx, ont offert une rougeur remarquable, mais d'autant plus prononcee qu'on approchait davantage des divisions bronchiques. En meme temps , la trachee et ses divisions principales etaient obstruees par un liquide mousseux blanchätre, tout a fait semblable ä celui qui remplissait la bouche des malades , ce qui ferait croire que c est la que s'opere la secretion de cette mucosite ecumeuse dans laquelle reside la propriete contagieuse de la rage. La plevre n'a rien offert de particulier. Les poumons , dun rouge bran , tres-engorges d'un sang noir et fluide, ont ä peu pres toujours offert un emphyseme remarquable , du sans doute a la rupture de quelques vesicules bronchiques pendant les efforts dune respira­tion convulsive, Constamment l'interieur de la bouche et les glandes salivaires n'ont offert aucune alteration.
Mais le cerveau, la moelle epiniere et leurs membranes ont constamment presente des traces evidentes d'inflam-mation et de congestion sanguine. Ainsi, on a trouve la substance de l'encephale et la moelle epiniere ramollies, plus ou moins ecchyraosees, injectees , engorgees par le
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sang et la serosite, parsemees de taclies ecarlates plus ou moins vives, plus ou molns etendues ; les sinus cerebraux distendus par un sang noir et liquide , et les nombreux vaisseaux qui parcourentles membranes cränio-rachidien-nes , fortementiojectes ; les plexus choro'ides engorges de sang brun. Une sorte de petit plexus formant en arriere le quatrieme ventricule et se prolongeant jusques entro l'origine de la buitieme paire de nerfs et la parlie corres-pondante du cerveau, a ete trouvee aussi bien plus rouge que dans les cadavres dont le cerveau est sain. Ce plexus etait tellement colore en biun sur un sujet, qu'il paraissait ecchymose. Ainsi les plus grandes lesions existeraient autour de la naissance des nerfs optiques et des nerfs pneumo-gastriques , qui semblent jouer un si grand role dans la rage.
Parmi les lesions anatomiques que nous venons de signaler, il en est quelques-unes que 1'on ne pent certaine-ment rapporter qua un etat inflammatoire, a une violente excitation du Systeme nerveux : mais beaucoup d'autres appartiennent au genre de mort auquel succombent les personnes et les animaux atteints de la rage (asphyxie) , et quelques autres , evidemmentsurvenues apres la mort, sont de veritables alterations cadaveriques.
Quoi qu'on en ait dit, on ne rencontre dans les voies digestives aucune alteration bien prononcee qui paraisse liee a la maladie qui nous occupe. En general , on trouve le sang fluide , non coagulable ; et c'est une remarque anciennementfaite que les cadavres des animaux morts de la rage se putrefient tres-promptement. Ces circonstances, du reste, ne sont pas particulieres a la rage, on les x'etrouve dans les cadavres des individus qui ont succombe a la üevre typhoide , au charbon , a une pblebite , etc. Enliu
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on les retrouve constarament dans toutes les maladies qui semblent dues a une infection generale.
Consideree dans ses efTets , dans son mode d'inocula-tion, de developpementet dans quelques-uns de ses symp-tomes, la rage nous offre de Tanalogie avec les maladies virulentes et tout ä la fois avec le tetanos , les nevroses et les inflammations des centres nerveux portees au plus haut degre. Aussi, est-ce a peu pres toujours dans le Sys­teme nerveux que ceux qui se sont occupes de la rage, en ont place le siege, et dans un empoisonnement spe­cial que, pour la plupart, ils en ont trouve la cause. En elTet, on peut donner en preuve de la nature virulente de la rage, la periode d'incubation qui en precede le develop-pement, la maniere dont on la transrnet a volonte par inoculation comme la variule, la vaccine, la clavelee , la syphilis , de meme que l'on produit ä volonte des plile-bites, des fievres typhoi'des, en injeetant dans les veines ou dans le tissu cellulaire sous-cutane, soit des matieres animales en putrefaction, soit du pus vicie, etc.; enfin une autre preuve pent se deduire encore de letat des liquides apres la mort et de la prompte putrefaction des cadavres. Les terreurs qui saisissent les malades spontanement ou pour les moindres causes, les mouvements desordonnes de tous les muscles , 1 extreme sensibilite de tous les orsa-nes des sens , les lesions observees apres la mort dans le Systeme nerveux , n'ont pas permis davantage de mecon-naitre fintervention et la lesion de ce Systeme dans les symptomes de la rage.
En resume, ropinion la plus generale et la plus pro­bable considere la rage comine le resultat d'un empoi­sonnement de nature particuliere, dont faction , quoique
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generale, se porte specialement sur le Systeme nerveux. (Joli.y. Diet, demed. et de chimry. pratiques.)
Traitement. — La rage confirmee est incurable ; (Tail­leurs , quand on possederait des moyens plus ou moins certains de jjuerison, il serait trop dangereux d'en faire lapplication aux animaux domestiqaes; il vaut mieux les sacrifier des que Ton est convaineu qu'ils sont affectes de la maladic qui nous oecupe, que de s'exposer a des acci­dents dont ne pourrait dedommager la conservation dun animal. En medecine !iumaine,on cite plusieurs exemples de guerisons dues a la saignee poussee jusqu'a defaii-lance. M. Bosquillon faisait saignerä outrance les malades affectes de la i^age; les convulsions etaient momentane-ment suspendues, mais pourtant les malades, ainsi trailes, perissaient tout aussilot que ceux qui n'avaient point ete saignes.Ona conseille les antispasmodiques de tout genre; l'opium ; les bains cluiuds et froids; les affusions et les applications froides sur les centres nerveux ; les prepara­tions mercurielles a hautes doses; M. Wanner a propose dans ces derniers temps le sulfate de quinine; MM. Schoen-berg et Semmola , le clilore etendu d'eau , a la dose de deux gros. Dupuytren a injecte, en trois fois, dans les veines dun bomme mordu par un chien enrage , le jour meme que la rage fut bien declaree, de douze a quatorze grains d opium dissous dans quelques onces d'eau distil-lee ; chaque fois le malade parut eprouver un peu de caloie ; une fois entre autres, il fut dans un calme parfait pendant trois beures, mais il n'en mourut pas moins trois quarts d'heure apres la derniere injection. Ces essais out ete i'epetes par d'autres sans plus de succes. Des injections d'eau simple , ffeau dislillee de laurier-cerise , dans les
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veines, unt paru quelquefois calmer, d'autres i'ois exaspe-rer les convulsions. Des doses enormes d'opium ont ete adniinistrces sous toutes les fonnes, sans [raquo;Ins de resultat. Les bains de mer, les hains de surprise , la morsure de la vipere proposes comme moyens stupefiants,pour diminuer ['exaltation si grande du Systeme nerveux, ont egalement eehoue; des enrages out etc subitement plonses dans la Seine, et Ton a vu les convulsions continuer dans l'eau comme deliors. On a convert des malheureux enrages de vesicatoires, et les convulsions neu ont ete ni plus ni moins fortes. Seulement on a remarque que si Ion tient un individuaffecte de la rüge, dans un lieu obscur, eloigne du bruit, sans le tourmenter en aucune facon , les con­vulsions sont moins fortes , les acces moins rapproches, et qu'il meurt vingt ou vingt-quatre heures plus tard, ^[ue lorsqu'il est place dans des circonstances contraires. En presence dune alfection aussi terrible, dont la con­sequence constante est la mort, c'est sur les moyens pro-phylactiques que doivent porter toute l'attention et tous les soins du veterinaire. Les premiers soins adonnera un animal qui vient d'etre mordu par un animal enrage sont imiquement relatifs a la blessure ; ils constituent le trai-tement local, la partie la plus importante de la therapeu-lique de la rage commuuiquee, puisqu eile comprend les seuls moyens sur lesquels on puisse raisonnablement asseoir quelque esperance de succes. Plusieurs moyens se presentent pour remplir la premiere indication, la plus indispensable , c'est-ä-dire pour neutraliser faction du principe materiel de la rage, en empeclier i'absorption. Vinsi done, apres avoir an plus tot incise largement et profondement pour les agrandir et en mettre le fond it decouvert, les plaies etroites ou sioueuses qui sont le plus
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a redoutei-, Ion doit laver abondamment et longtemps toutes les plaies pour les faire bien saigner dans le but d'entrainer le virus qui pent y avoir ete depose par la dent de ranimal. On a propose pour ces lotions une foule de liquides differents; entre autres la lessive des savon-niers, I'eau froide ou cbaude, simple ou cbargee d'une dis­solution d'bjdrochlorate de soude , de potasse , de savon. de cblorures de cliaux ou de soude , dans le but de neu-traliser , s'il est possible, en le decomposant, le principe de la x'age inocule avec la bave. Lorsque ces premiers moyens ont ete executes, comme il vient d'etre dit, on desseche les plaies en absorbant avec une eponge ou un pen d'etoupe le liquide qu'elles renferment, et dans quel-ques cas les bords ou les lambeaux fortement contus de-vront etre reseques, pour proceder ensuite a la cauterisa­tion. Par cette operation on detruit immediatement le principe de la rage qui se trouve dans la plaie, on reduit les tissus en escarre et on paralyse labsorplion. Le fer incandescent, cbauffe a bianc, doit etre prefere aux autres moyens de cauterisation ; il faut choisir les cauteres les mieux adaptes a la forme et a l'etendue des plaies , et ne pas craindre de les porter profonclement et a diverses reprises dans chacune de celles qu'on aura pu decouvrir ; dans cette circonstance, le tropde hardiesse est moins a redouter que le trop pen. Si c'etait une partie saillante qui eut cte mordue , teile que le bout de Uoreiile ou I'extre-mite de la queue, il vaudrait mieux enlever la partie lesee que de la cauteriser. Si dans quelques circonstances il n'est pas permis d'user du cautcre incandescent de maniere ii atleindre surement le fond des plaies, soit a cause de leur direction sinueuse , soit ä cause du voisina^re des pros troncs ncrveux et vasculaires, on emploie avec avantage
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les causticrues liquides qui s'insiiiuent et penetrent dans toutes les directions et siauosites des plaies. (Test le jdus communement au deutochlorure d'antimoine (beurre d'antimoine) qu'on accorde la preference ; mais a son de-faut, on pourrait indiiTeremment se servir de tous les acides et alcalis concentres ; celui qu'on pourra se pro­curer le plus promptemeut sera le meilleur ; il est impor­tant d'agir vite, car la duree de la periode d'incubation u a quelquefois que peu d'instants.
Si Ton se sert des caustiques liquides , on en imbibe completement un tampon d'etoupe ou de charpie, on l in-Iroduit aussi profondement que possible dans la plaie, et on le maintient en place au moyen d'un bandage , ou de Jjandelettes agglutinatives. Lorsque Tescarre est formee, c'est-a-dire six a buit heures apres l'application du caus-ti(|ue, on couseille de leverl'appareilet de recouvrir imme-diatement les plaies de larges vesicatoires , pour amener une suppuration abondante qui sera enlretenue pendant quelque temps.
Apres la cauterisation des plaies , les animaux doivent etre tenus en observation dans des lievix surs, pendant un laps de temps plus ou moins long. D'apres les expe­riences de M. Hertwig, le terme de cinquante jours se-rait süffisant.
RENVERSEMENT. — On donne ce nom ;i tout de­rangement dans la situation ou dans la conformation na­turelle d'un organe, par suite duquel la partie superieure devient inferieure, ou la partie posterieure devient ante-rieure, ou I'interne devient externe. II ne sera question dans ce cbapitre que du renversement de la mntrire , du vagin, dv la vcssie pi da rectam.
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Rcnvcrscmcnt de la matrice, — Le renversement tie la matrice est un accident assez frequent chez les femelles des animaux domestiques : la jument, la vache et la bre-his ysont plus exposees ([ue les femelles multipares, par la raison que chez elles le produit de la conception, etant plus volumineux. exige de la ])art de la mere un concours d'efforts violents pour etre exj)ulse de l'antre uterin, d'oü il pent resultcr le dechirement des ligaments suspenseurs de la matrice et le renversement de cet organe.
La retroversion de futerus est toujours complete chez les animaux domestiques: I'organe se replie sur lui-meme comme le doigt d'un gant, traverse son orifice interne et s'echappe hors de la vulve, de maniere epie sa face interne est a l'exterieur , et s'ojßfre sous la forme d'une masse allongee . j)lus ou moins volumineuse, irreguliere . rouge, quelquefois violette, qvii pend entre les mem-bres posterieurs et se prolonge souvent jusqu'aux jar-rets.
Le renversement de la matrice n'a lieu qua la suite de la parturition, surtout lorsque cette operation a ete labo-rieuse et a necessite un concours de forces et de manoeu­vres pour la terminer, lorsque ces manoeuvres et ces forces ont ete mal dirigees, mal entendues, inconsiderees ; cet accident peut encore se produire par des elTorts expul-sifs trop energiques auxquels se livre la mere pour se
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ebarrasser du foetus ou de l'arrierc-faix, et par une irri-
tation quelconque des organes de la generation qui pro-voque les memes efforts que pour la mise-bas. Dans quel-ques cas , fort rares a la verite, on a vu la matrice se renverser a la suite d'une parturition heureuse, et presque sans effort de la part dc la femelle. C'est toujours imme-dialemenl, ou quelqnes hcures apres cette operation na-
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turelle que l'accitlent arrive, alors que la uiatrice se irouve relächee.
Chez la jument, le renversement de la matrlce est beau-coup plus rare que chez la vache ; mais il est infiniment plus dangerenx ; une ijiflamniation violente vient souvent embi'aser l'organe reduit, le peritoine , etc., et occasion-ner la mort.
Traitemcnt. — Le traitement doit consister d'abord dans la reduction et le maintien de l'organe dans sa posi­tion normale ; mais avant de proceder a la reduction il faut approprier la partie, la debarrasser des corps etran-gers qui, par leur presence, provoqueraient des efforts expulsifs qui pourraient amener une reeidive ou l'inflam-mation de la matrice. A cette fin l'operateur doit placer l'organe renverse sur un linge propre , enlever avec un peu d'eau tiede les brins de paille et les autres corps qui se trouvent aecoles a sa surface. Si l'arriere-faix ou le delivre y est encore attache, chose qui exisle presque tou-jours, surtout chez la vache , on cloit !e detacher et l'ex-traire avec precaution. Chez la jument, le placenta etant fixe a la face interne de la matrice par de petites granu­lations qui lui donnent un aspect rugueux , cette opera­tion est fort simple, une legere torsion exercee sur lui sufllt souvent pour le detacher. Chez la vache l'uterus presente trente a quarante cotyledons qui sont autant de points d'attache du placenta ; l'operation est plus longue, plus diflicile ; il faut detacher l'arriere-faix, cotyledon par cotyledon, en commencant par ceux qui sont le plus rap-proches de la vulve , et ainsi de suite jusqu'au dernier. Cette manoeuvre doit etre faite avec precaution ; l'opera­teur appuie la main gauche a la base du cotyledon qu'il tient cntre les doigts, en exercant une legere pression, et
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lt;!c l'autre main il detaclie le placenta en executant une traction etun leger mouvemeut de torsion de has en haut. Tout etant ainsi bien dispose et approprie, l'Operateur doit se mettreen devoir pour la reduction. Si lanimal est debout il lui faittenir fortement la tete par un aide, pour l'empecher de se jeter a droite et a gauche : il fait rele-ver Futerus par deux aides au moyen d'un drap de lit ou d'un sac. jusqu'au niveau de la vulve ; apres cela, le bras nu et les ongles tallies courts, il precede a la reduction. II saisit la corne la plus avancee de la matrice avec la main a demi fermee , pour eviter (pie les doijjts ne traversent les parois de ce yiscere qui sont tres-secables dans cette circonstance, de maniere que la pression se fasse en par-tie sur la paume de la main, en partie sur les doigts fle-chis: il pousse et refoule tout doucement I'organe sur lui-meme, en ayant soin de profiter des instants de calme de la mere, car on lutterait eu vain centre les efforts expulsifs auxquels eile se livre , ct on s'exposerait par cette manoeuvre inopportune a decliirer la matrice : quand ils arrivent, il faut tcnir ferme pour s'opposer ä la sortie de la portion deja reduite; le calme retabli on recom­mence de nouveau la manoeuvre, et ainsi de suite jus-qu'a la reduction complete. 11 arrive souvent que la re­duction n'est pas operee totalement, ct que le bras est trop court pour I'achever ; alors il faut degager avec pru­dence la main du fond de la matrice, la ramener et saisir plus posterieurement I'organe, et cxercer une nouvelle pression sur ses parois. Souvent, lorsqu'on a reduit jusqu'ä la longueur du bras, surtout si Ion a eu la precaution de donner a la croupe plus d elevation qu'au train ante-rieur, la reduction s'acheve spontaucment. I'uterus rcnlre par son propre poids.
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Si l'animal est couche, ce cjui arrive le plus suiivent, surtout laquo;'liez la vache, la matrice placee sur un linge propre, comme il est dit plus haut, la croupe plus elevee ([tie le devant, Toperateur se couche a plat ventre sur la paille, prenant avec les pieds an point d'appuisur un ob-jet quelconqne , ct. procede a la reduction Je la meme maniere et en observant les inemes preceptes que si l'ani­mal etait debout.
Un auteur conseille, pour reduire l'uterus, de refbuler dans le vagin la portion qui se trouve le plus rapprochee de cette cavite, de maniere u faire rentier le premier ce qui est sorti 1c dernier. Nous doutons beaticoup de la reussite de ce procede , et nous croyons meine qu il est dangereux, attendu qu'en s'y prenant de la sorte on doit, forcer les parties pour les faire rentier , chose qui ne peut s'execuler qu'avec beaucoup de peine et en mein-trissant, broyant et dilacerant les membranes, les iname-lons et les cotyledons de la matiice.
Un autre conseille de se servir du pessaire pour re­duire la matrice. Ce procede vaut mieux. que le prece­dent , mais il est preferable , en pareille occurrence, de se servir de la main que de moyens mecaniques.
Lorsque la reduction est terminee , I'operateur tient le bras dans la matrice jusqua ce que les parois se contrac-lent et revienncnt sur elles-memes : alors il degage avec precaution son bras et procede a I'applicationd'un bandage contentif qui doit s'opposer a la recidive. he bandage contentif dont nous nous sommes toujours servi avec suc-ces dans les nombreux cas de renversement de matrice qui se sont presentes dans notre pratique, est fort simple, et se compose de deux cordeaux de la grosseur du petit doigt, que Ton reunit par mi double noeud qu'on ne serre
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pas, tie maniere ä laisser ii cette reunion une ouverture ovale qui embrasse la vulvc, la comprime lateralement tout en laissant libre sa commissure inferieure, cequi me­nage vine issue facile aux urines , aux locliies ou autres matieres provenant de la matrice. Cebandage, dont il est bon de garnir les bords de linge fin ou de lin pour eviter le froissement des tissus qu'il comprime, va se fixer par ses quatre extremites a une sangle qui ceint la poitriae ; les deux superieures embrassent la queue et vont se fixer sur le dos a droite et is gauche : les deux iuferieures cm-brasseut le {)is ou les mamelles et se fixent sur les parois laterales du thorax.
Des auteurs preconisent I'usage dupessaire pour main-tenir la matrice dans la cavite pelvienne ; eel instrument consiste en une tige de bois de deux a trois pieds de lon­gueur pour les graudes femelles, pourvue a l'une des extremites dune pelote d'etoupe ou de linge fin d'une certaine grosseur, et a I'autre d'une petite traverse cu forme de palonnier qui sert ä attacber les courroies qui doivent le fixer lorsqu'il est enfonce dans la matrice. 11 suflit. pour faire rejeter cet instrument, de reflecbir aux accidents que pent occasionner la presence d'un corps etranger aussi lourd et aussi volumineux , pesant sur des membranes plus ou moins enllammees , comprimant le meat urinaire , mettant obstacle au libre ecoulement des urines et des lochies, ainsi qua la grande difficulte (]ue Ton eprouve pour le retirer quand sa presence n'est plus jugce necessaire, alors que le col de la matrice est res-serre ; enfin les efforts expulsifs violents auxquels se livrc fanimal, les douleurs qu'il eprouve, sonta eux seuls des indices suflisants du danger de mettre un pareil precede en usaffe.
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Des veterinaires conseillent de construire un pessaire avec une vessie, au col de laquelle on attache une tige de bois creuse assez longue pour snrtir de la vulve et etre fixee au dehors. Apres avoir opere la reduction , on in-troduit dans la cuatrice la vessie vide, on I'insufOe par la canule, et on empeche l'air de s'echapper par ce tuyau en adaptant un liouchon a son extremite. Malgre les grands avantages de ce pessaire, comparalivement a celui decrit plus haut, il n'est pas sans inconvenient; la tige de bois irrite toujours par sa presence la membrane muqueuse vaginale ainsi que le col de la matrice ; mais si 1 on se de­cide a faire usage de Funde ces instruments, il faut choi-sir le dernier, vu qu'il exerce une pression plus douce et plus eyale sur la face interne de l'organe, et ii cause de la grande faciiite avec laquelle on le retire lorsqu'il n'est plus necessaire ; il suillt d'oter le bouchon de la canule. lair sen echappe et on ramene la vessie sans aucun effort. Quoi qu'il en soit, le bandage contentif est preferable sous tous les rapports ; il n'irrite pas la membrane muqueuse, ne provocrue pas d'efforls expulsifs, laisse un libre coins aux urines et aux lochies, et permet , lorsque la neces-site s'enfait senlir, de faire des injections dans l'interieur de la matrice sans deranger I'appareil.
Le pessaire ä bilboqnet en fer et en bois , la suture ä points separes aux levres dc la vulve de maniere a imiter I'X, ainsi f[ae la suture enchevillee , out encore ete em­ployes pour retenir I'uterus dans sa cavite 3 mais ces moyens sont generaletnent abandonnes aujourd'luu.
Les soins subsequcnts doivent se deduire des indica­tions ; ainsi, I'on emploiera la diete severe, la saignee, les applications etnollientes sur les reins et les lavements de memo nature si la reaction est forte et si lanimal se livrc
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a ties elfbrts expulsifs energiques: les injections emol hentes ct anodines dans la matrice,si linflammation seni pare de cet organe 5 eiifin on se comporlera selon les di­verses modifications qui peuvent survenir a la suite de cet accident. Ordinairement chez la vache ilsuffit de reduire et de maintenir luterus, en observant les precautions quo nous avons indiquees, pour obtenir une guerison complete en quelques jours.
11 est toujours prudent et meme indispensable de pla­cer pres de la malade une personne de garde, tant pour lui administrer les soins que reclame son etat, pour veil-ler a ce que l'appareii qu'on vient de lui appliquer ne se derange pas, que pour lempecher de se livrer ä des ef­forts expulsifs qui tendraient a la recidive. On s'oppose aux efforts expulsifs en pincant fortement le dos , en pe-sant sur lui avecune harre en bois, ou en y maintenant, au moyen d'unc sangle, une etrilic ä pointes eOilees; ces moyens ont pour elfet de produire de la douleur, qui est d'autant plus grande que laniraal voussedavantage ledos; pur consequent, pour s'y soustraire, il est force de rester laquo;#9632;ahne. Une precaution que le veterinaire ne doit pas perdre de vue, e'est de faire construire la litiere de maniere a ce que les organes contenus dans ia cavite abdominale soient refoules vers le diaphragme par leur propre poids, c'est-ä-dire qu eile soit plus elevee derriere que devant , pour donner au corps de l'animal une position oblique de haut en has et d'arriere en avant.
Renversement ou plntot chute du vagin. — Le renver-sement du vagin est un accident assez commun, chez la vache particulierement. 11 consiste dans ie relacbemeut de la membrane qui tapissc le conduit vaginal, laquelie est enlrainee au dehors par son propre poids et forme au pour-
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tour ile la vulvc un paquet plus ou moins volumineux, rouge, quelquefois violet, rentrant spontanement quand
Fanimal se releveou par une legere pression,et reparais-sant au moiudre effort expulslf ou quand il se couche.
Le renversement du vagin ne se rencontre pour ainsi dire que oliez les ruminants ; la vaclie nous olFre frequem-raent ce cas lors dune gestation avancee, a Tapproclie de la mise bas, mais raremenl apres la parturition, ou oliez !es femelles qui n'ont pas encore concu.
La reduction est, comme nous lavons dit plus haut. souvent spontanee et constamment facile a operer; quand !a vache se couche, la partie relächee sort de la cavite va­ginale et y rentre quand eile se releve. Lorsque la reduc­tion est operee , soit spontanement ou par une douce pression au moyen de la main, il sullit, dans la plnpart des cas, de placer I'animal sur une litiere plus relevee posterieurement, de maniere a donner a la croupe plus d'elevation qu'au train anterieur ; cette position oblique d'arriere en avant force la portion relächee a s'enfoncer dans le bassin et previent la recidive. Apres avoir rein-pli cette premiere indication, M. Rainard conseille de raf-fermir le tissu du vagin par des solutions ou des decoc­tions astringentes froides j 1'eau fraiche simple , ou aci-dulee avec le vinaigre , I'eau de Rabel, falun , l'eau de Goulard, la decoction decorce de diene, celle d'ecorce de grenadier, dans l'eau ou du gros vin. La suture enchevil-lee est encore conseillee pour retenir la membrane vagi­nale dans sa opyite ; ce moyen est avantageux, surtout pour les femelles qui ne sont point en etat de gestation, mais il pent etre nuisible pour cedes qui sont pleines, attendu qu'un avortement, une parturition prematuree, ou a lerme. si I'on avait nesliee d'enlever la suture . ren-
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coatrerait un obstacle crui ne pourrait etre surraonle c[uc' par des effoi'ts inouVs et en occasionnant des desordres plus ou moins considerables oudangereux.
Quelques praticiens, et entre autres IJoi'feuille, con-seillent de se servir du pessaire a anneau pour maintenir le vagin. La presence de cet instrument produit des acci­dents qu'il faut prevenir ou combattre , dit M. Rainard, il amene toujours plus ou moins d inilammation de l'ute-iiis et du vagin; de la des douleurs, des efforts d'expul-sion, un ecoulement mucoso-purulent, plus ou moins abun­dant. On s'oppose a ces accidents, d'apres ce dernier auteur, par la saignee generale, les injections narcotiques et en mcme temps astringentes. Un autre inconvenient produit par le pessaire est la gene apportee a I'ecoulement inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; des urines.
Dans tons les cas, il vaut mieux s'abstenir d'user dc la suture et du pessaire. Le simple bandage contentif epic Ton emploie dans le cas de renversement de la matrice est preferable ii ces moyens , il n'expose ii aucun danger , et dans l'immense majorite des cas , I'accident disparait sans retour lorsque la parturition est, efTectuee.
Lorsque par des circonstancesquelconques^les moyens indiques prccedemment ont ecboue , ou que le mal est trop ancien pour qu'ils conviennent, M. Rainard conseille de detruire la tnmeur. 11 tenta le premier cette operation sur la cliienne. La premiere fois qu il opera, il fit unique-ment la ligature du pedicule de la tumeur, il passa un ill cire, plie en quatre, autour de la partie par laquelle la grosseur s'enfonce dans Tinterieur du bassin. Cela donna lieu a une vive inflammation, a de la fievre et a des acci­dents graves qui firent craindre pour la vie de la malade. Cependant eile guerit. Apres un mois environ de souffran
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ccs, le vagin se retrecit sans pourtant s'obüterer, il s?en-suivit un peu d'incontinencc d'urine.
Averti par ces accidents , M. Rainard comprit qu e-trangier a la fois une masse aussi considerable de tissus dans une ligature, e'etait s'exposer li des accidents graves, parce que la partie exterieure seule est suffisamment comprimee et que rinflammation peat s'etablir encore dans i'interieur. Pour parer aux inconvenients d'une compression mal exercee et aux suites facheuses qui peu-vent en resulter, dans un cas analogue au precedent, M. Rainard divisu le pedicule de la tumeur en trois par­ties qu'il lia separement, de sorte que chaque ligature ne comprenait qu'un tiers de la masse totale. Apres avoir serre les fils , il abandonna la cliienne ii elle-meme et se borna ä faire injecter quelque peu d'eau emolliente dans le vagin et a diminuer la quantite de la nourriture. Les soulTrances ne furent nl aussi fortes ni aussi durables que celles de la precedente cliienne. La tumeur tomlja mor-tillee au bout de cinq a six jours , et la guerison s'obtint sans accidents.
M. Rainard conseille , apres avoir pose les ligatures, de resequer la partie de la tumeur que Ton veut faire tom-ber ; on evite ainsi une grande partie de la suppuration et de l'odeur fetide que cette masse produit en se putre-fiant. 11 a repete plusienrs fois cette operation sans avoir perdu aueun de ses malades.
Bernard, ancien directeur de l'Ecole de Toulouse, a public une observation de chute du vagin et du col de la matrice, guerie par excision de la muqueuse herniee.
Le sujet est une anesse de trois ans destinee aux travaux scientifiques de l'Ecole, portant au dehors de la vulve une tumeur arrondie, rouge, lejjcrement excoriee, epaisse, au
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milieu de laqueile, (lit Bernard, on remarquait le museau de tanche. On nettoie cette tumeur, on la degorge par des mouchetures du sang qui la penetrait, on la fait ren-trer et on applique, pour la maintenir, le bandage en corde connu en veterinaire; on saigne et on prescrit la du;te. Cinq a six jours apres , on retire le bandage ; la chute se renouvelle: on reduit encore, meme inconve­nient. Bernard, ayant appris qua cet accident existait depuis trois semaines, qu'on avait tente de le guerirpar le bouclement et autres moycns sans y parvenir, se decide a tenter l'amputatioa de la tumeur. L'operation est confiee ü son clief de service. 11 commence par le vagin ; sa mu-queuse epaisse se detache facilement du plan charnu: on la disseque dans une etendue dc quatre a cinq pouces, et Ton en excise une portion ayant la forme d'un bonnet grec : une hemorragie abondante, qui va jusqu'a la syn­cope , a lieu. L anesse, epuisee par la perte de sang, tombe 5 eile se releve quelque temps apres et cherche ä manger ; on applique dc nouveau le bandage contentif en corde pour attendre I'evenement; une su])puration peu abondante s'etablit, dure huit jours ; on enleve le bandage, la guerison est obtenue.
L'exploration avec la main apprend qu'un retrecisse-ment en forme de bourrelet existe ä la partie moyenne du vagin ; on ne pent d'abord y introduire qu'un seul doigt, puis deux, ensuite trois, enfin la main tout entiere force le passage, et reconnait au deia toute l'ampleur du vagin.
11 est evident, dit M. Eainard, que dans le cas rapporte par Bernard, on n'a point ampute la matrice, mais seule-ment enleve une partie du vagin, et qu'on n'avait eu affaire qua une hernip du vagin simple sans descente de Vn-Icrus.
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M. Dujjuy a observe la sorlie du vagin cliez une jeune pouliche de tleux ans qui n'avait pas ete saiilie, au dire du proprietaire. Ce cas est extraordinaire, s'il est vrai, dil, M. Rainard, a qui cette observation a ete adressee, inais on peut soupQonner que ia bete avait ete sailiie a linsu du proprietaire et quelle avait mecae peut-etre avorte.
La tumeur formee par ie vagin avait ie volume de la tete d'un bomme ; exposee depuis quinze jours ä toutes les influences exterieures, eile etait devenue brune, infiltree, froide, et laissait ecouler une serosite fetide, dont le con­tact avait excorie Ie perinee. Les urines coulaient avec peine, le meat urinaire etant comprime par eile. La bete etait dans un etat d'agitation continuelle, se couchait et se leievait ä chaque instant; il y avait fievre et perte ])res-que complete de Tappetit. Ni la saignee, ni les topiques emollients n'avaient pu calmer cet etat. Craignant la gan­grene et la mort, 51. Dupuy se decida ii faire iablatiüü de la tumeur par la ligature.
A cette fin il pratiqua une espece de couture de toute ia circonference de la tumeur. il prit pour cela ua long fil cire, muni ä chaque extremite d'une aiguille; puis, ayant saisi la tumeur en has sur le cote de 1 urctre, ilcom-menca une suture de bourrelier, Une des aiguilles ivz-versa toute lepaisseur du tissu le plus pres possible de l'entree du vagin, et le fil fut attire jusqu'a ce (jue sa par-tie moyennc füt engagee dans la piqure. Cela fait, ii piqua a une petite distance de la precedente piqure, les deux aiguilles passant par la meme ouverture en sens inverse. Apres chaque point, I'operateur serraitforternent ies deux bouts du fil et il continua a coudre de la meme facon tout le pourtour de la tumeur. Arrive au point oppose, e'est-a-dire a l'autre cöte de l'uretre, il s'arreta,
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resserra l'ensemble ties points en serrant lorternent sur chacune des extremites du III; de la soite, il fronca toute cette circonference comine on ferait de l'entree dun sac ä ouvrage, et il fl.va le tout par un noeud.
L'operation termiuee, on cut soin de tenir le derriere du corps plus eleve que le devant; on fit sur la tumeur des lotions avec de lean chloruree et vinaigree, des injec­tions de meine nature dans lo commencement du vacin. On donna des boissons abondantes d'eau larineusc miellec a laquelle on ajouta une petite quantite de decoction de saule ä titre d'antiseptique. Les aliments, d'abord forte-mcnt diminues, furent pen ;i ]gt;eu rendus a mesure que lappelit se reveilla. Du septieme au buitieme jour la tu­meur se separa du pedicule, recoulement purulent dimi-nua d'abondance et de fetidite. Le dixieme jour, presque tout avait disparu ; un mois plus tard la guerison etait inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; parlaite.
lic/iverscmcnt de la vesste. — Par suite d'efforts aux-quels les lemelles se livrent lors de la parturition , la ves-siepeut se renverser. Cet accident, fort rare a la verite, a ete observe par plusieurs veterinaires, entre autres par MM. Vincent, Gaullet et Canu ; nous en avons esalement observe un cas, conjointement avec ML. VanCutsem, me-decin veterinaire ä Hal.
Le sujet de l'observation rapportee par M. Gaullet est une pouliche de trois ans, qui avorta au terme de buit mois de gestation. Le proprietaire , en cxaminant sa bete apres I'avortement, vit une espece de poche membra-neuse, de la grosseur et de la longueur d'unebouteille, qui pendait au bas de la vulve , et qu'il essaya vainement de faire rentrer. M. Gaullet fut appele. Par les manoeuvres que I on avait faites pour en operer la reduction, I'organe
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renverse avait accjtiis un tiers lt;le |)!us de sun volume pri-mitif; sa couleur, d'abord blancMtre, etait devenue rouge, et ses membranes avaient acquis une grande epaisseur. Une legere incision pratiquee dans sa longueur donna lieu ä une hemorragie. Une exploration attentive fit decouvrir les orifices des deux tireteres. En soulevant les replis membraneux qui les cachaient, on vit paraitre i'urine. M. Gaullet excisa ces replis ; alors l'urine s'e-chappa avec abondance au point que, quand i'animal marebait, ce liquide etait lance par jets a pres de six pieds de distance. Lajument avait une fievre de reaction, un !elt;fer degout pour les aliments solides, et ie (lane retrousse. L'engorgement des parties ne permettant j)as de tenter la reduction, on conseilla de I'ahattre. Le proprietaire s'y re i'usa, retrancha le loin et l'avoine a ranimal, le mit ä l'eau blanche t;t le saigna. L'appetit se retablit. Au bout de quelques jours, la vessie, presque insensible a la pression et diminuee de volume, etait d'un rouge moins vif j eile avait une teinte brune ; les ureteres continuaient a lancer iurine au deJiors. Le proprietaire exigea qne Ion excisäf ia tuineur, ce qui futfaitaux deux tiers inferieurs de 1'or-gane; la douleur parut legere, il n'y eut jias d'hemorra-gie. Plusieurs jours apres, la portion respectee de la vessie etait reduite du volume dun poing a celui dun oeuf de poule, et remontee jusqu'a l'origine de la vulve qu'elle bouchait inferieurement. Lcs ureteres , tres - rappro-ches l'un de I autre, destoreerent I'urine hors de la vulve, jusqu'a ce ({ue, apres un laps de temps tres-long, la vessii- se reduisit an volume d'une petite noix et oecupät le point du vagin correspondant a la place du meat uri-naire. Alois I urine etait versee dans le vagin, oil eile de-lermina la formation d'un reservoir anormal, capable de
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contenir celle qui etait secretee pendant quatre heures de rcpos cm vine lienre au moins de travail. L'animal, au moment d'uriner, prenait la metne attitude que dansl'etat naturel; mais le liquide, au lieu d'etre evacue avec rapi-dile , coulait lentement sur la face interne et posterieure des jambes, cm il determinait la chute des poils et des erosions douloureuses. Malgre cette infinnilc degolitante, lajument travailla encore pendant cinq ans.
Dans I'autre fait, puldie par M. Canlaquo; , il s'agit d'une juiuent qui, a la suite d'une parturition laborieuse, etait atteinte d'un renversement de la vessie. M. Canu se borna pendant quatre jours ä des lotions, a la diete et h une sai-gnee; mais la vessie, qui devenait noire, s'engorgeail de plus en plus. Alors on fit la ligature au-dessous des ure-teres c]ui lancaient I'urine au loin. Le lendemain la liga­ture, ayant remonte, comprimait les ureteres et determi­nait des coliques ; il fallut la descendre et la maintenir en place, la serrer graduellement pendant huit jours, epo-c|ue ä lacjuelle il ne restail plus qu'un petit pedicule au-cjucl pendait une masse d'environ six livres et d'odeur in-fecte, qui fut coupee. Pour empecher I'urine de sejourner dansle vagin el pour la conduire hors de ce canal, de ma-niere a ce qu'elle netombat pas sur lesjarrets et les fesses, dont eile aurait determine I'excoriation, M. Canu eut I'in-genieuse idee d'introduire dans le vagin une csj^ece de gouttiere en fer-blanc, moulee sur du 111 d'archal, et la fixa, aumoyen de ce lil, aux levres de la vulve, qui furent maintemies rapprochees comme dans le bouclement de la juinent.
Uanimal reprit son travail six semaines apres 1'accident et trois mois plus tard il fut vendu.
M. Van Cutsem, medecin veterinaire ;i Hal, a communi-
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fjue a la Sociele de medecine veterinaire de Belgique, !observation suivanle : laquo;Dans le courant du mois de mai dernier (184{)), je fus requis par la veuve Claes , cultiva-trice a Lembecq, a l'effet de visiter une jument qui oftrait, al'exterieur de la vulve, une tumeur piriforme assez vo-lumineuse. D'apres les renseignements obtenus, cette tu-ineur datait d'environ deux mois et etait survenue a la suite de la parturition 5 l'empirique de Fenclroit l'ayant prise pour le renversement du vag in, avait tente maintes fois, maiscn vain, d'en opercr la reduction. L'ayant exa­minee attentivement, je reconnus a la partie superieure, au niveau de l'orifice exterieur de la vulve , les deux ou-vertures heantes des ureteres, desquelles elaient lances ä une certaine distance , par intervalle, deux jets d'urine ; alors il ne me fut plus permis d'avoir de doute sur le diagnostic : cette tumeur n etait autre chose que la vessie renversc'e. Ne voulant pas assiuner sur moi seul la res-ponsabilite del operation que jejugeais convenable depra-liquer, je demandai en consultation M. le professeur Del-wart, notre honorable president, lequel s'etant rendu a mon invitation , reconnut la justesse de mon diagnostic, et fut de mon avis sur 1'operation a hiire dans ce cas, c'est-a-dire que la resection de I'organe renverse etait le seul moyen a mettre en usage , et nous y procedames in­continent.
laquo; L'animal conduit au travail du marechal f'errant de l'endroit et solidcinent fixe, je passai dans le milieu dc la partie retrecie de la vessie, a deux lignes au-dessous des orifices des ureteres , une double ligature solide, que je serrai de toutes mes forces, a droite et a gaache, de ma-niere a embrasser cette cspece de pedicule dans les deux ligatures. Cc premier temps de 1'operation aclieve, je pro-
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RENVERSEMENT
cedai ii l'ablation de la vessie , en liiissant environ un pouce d'epaisseur des tissus au-dessoas des ligatures, crue je cauterisai ensuite.
)gt; L operation etant terminee, l'espece de moigaon rentra dans 1c vquot;a;gt;in . recoulement de l'unne se fit dans l'interieur de cette cavite et ne tomba j^lus sur les fesses et les jarrets, depiles et excories par sa presence. Cette operation ne fut suivie d'aucun accident, un peu de fievre se declara le lendemain , mais eile ceda a quelques jours de diete. Depuis cette epoque, cette jument rend untres-bon service, et I'dnfirmite dont eile est atleinte (inconti­nence d'urine) est loin d'etre aussi incommode (ju'avant l'operation, et ne lempechera pas de devenir encore pou-liniere. raquo;
f.c precede operatoire, mis en usage par M. Van Cat-st'm, esl preferable a cclui employe par M. Canu. En em-brassant la vessie dans deux ligatures , comme il Fa fait, la compression est plus e.xacte et le deplacement des ligatures esl impossible ; el puis la vessie, resequee imme-diatement apres , n'a pas I'inconvenient d'exhaler une odeur infecte, suite de la putrefaction de 1'organe lie, ni par sa masse de tirailler et d'entrainer au dehors du va-gin les parlies qui doivent etre respectees.
Jusqu'ici rums ignorons encore sil ne serait pas pos­sible de reduire la vessie immediatement apres son ren-versement 5 les annalesdela medecine veterinaire ne nous appreiincnt rien qui ait ete tente a ce sujet. La chose est-elle impossible? c'est ä l'experience de nousl'apprendre. Cependant il nous semble qu'immediatement apres I'ac-cident, alors que la vessie if est point tumefiee ni enflam-mee, on pourrait essayer den faire la reduction au moyen d'un petit baton, garni d'une pelote de linge fin a I'extre-
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mite qui doii agir sui- lorgane renverse; on rcfoulcraii avec prudence le fond de la vessie vers son co!, que Ton parviendrait peut-etre a lui faire franchir, et on la retabli-rait ainsi dans sa position normale. Cast une proposition qua nous adressons aux praticiens sans rien prejuger de son efficacite; d'ailleurs cette operation peut etre tentee sans crainte, altendu qu'il nous resta toujours l'abiatiun si cette tentative echoue.
Rcnvorsement du rectum. — Le renversement du rec­tum est un accident assez commun chez Ic cheval, le pore et le einen. C;est ordinairement dans le jeune äge quon le rencontre : il consiste dans l'engorgement et l'infiltra-
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tion de la membrane muqueuse du rectum qui franchit le sphincter de l'anus.
Chez le cheval, le prolapsus du rectum se manifeste sous la forme d une tumeur ocuemateuse, humide, d'un muge jaunätre, quelquefois maculee de noir et gercee , d'un aspect glaireux , plutot froide que chaude , peu sen-gt;iljle et formant a l'entour de l'anus un bourrelet, espece de rosace j)lus ou moinsvolumineuse , dune longueur de irois ä six pouces , qui obstrue cette Ouvertüre naturelle et rend l'expulsion des matieres fecales difficile. Ces phe-nomenes morbides sont souvent aecompagnes d'un peu de (ievre; l'animal se livre a des efforts expulsifs ä la suite desquels il rejette avec peine quelques rares excrements durs et coiffes , et parfois sanguinolents. he bourrelet dans cette circonstanee n'interesse jamais qua la mem­brane muqueuse et 1c tissu cellulaire sous-iacent qui est tres-infiltre.
On attribue eeneralement cet accident au dessechement des matieres excrementitielles aecumulees dans le rec­tum, qui en rend l'expulsion difficile; mais nons l'avons
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observe maintes fois chez des poulains de deux a trois ans soumis a L'usage cxclusif d'une nourriture verte, et chez lesquels les dejections alvines etaient plutot mollcs que dures ; il y avail ciiez eux relachement de la mu-queuse rectale plutot qu'irritation de cette membrane. La diarrhee, la dyssenterie, sont encore i'angees au nom-bre des causes; on rattribue egalement a une alimenta­tion trop ccliaullante donnee abondamment. C'est chez les jeunes gorets , apres le sevrage, que iiniluence de cette derniere cause se fait sentir avec le plus d intensite.
Traitement, — Le traitement de cet accident consiste essentiellement dans la destruction de la tumeur formee par la membrane inuqueuse relacbee et le tissu cellulaire infdtre, sans toutefois entamer latunique cbarnue. (lette operation se pratique avec ie bistouri ou avec des ciseaux courbes; I'bemorragie qui s'ensuit est peu inquielante, eile degorge I'intestin , en favorise la rentree , qui s'ojierc spontanement ou par une legere pression. Quelques fric­tions stimulantes sur la plaie qui resulte de I'Dperation j'avorisent egalement la rentree de lintestin. Ce trai­tement, qui fat constammeut couronnede succes dans les nombreux cas de ce genre que notre pratique nous a fournis, doit elre seconde par le regime adoucissani, laxatiiquot;, et parfois par la saignee et les lavements emol­lients. 11 ATa sans dire que si le mal est la consequence d'une enterite diarrheique ou de la dyssenterie, c'est vers ces maladies que les agents therapeutiques doivent etre diriges.
M. Meynot appele aupres d'une jument chez laquclle I'accident qui nous occupe datait de huit jours , sans qn'elle cut perdu I'appetit, trouva une tumeur epaisse de six pouces dans son diametre antero-posterieur, ayant
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la forme (Tun champignoa, lt;]e vingt-quatre |)üuces de cii-conTerence, et exhalant une odeur iafecte ; il fifcautour de cette partie unc incision qui ne donna Heu ;i une hemorragie un neu considerable que quand l'instru-ment parvint au centre de Im tumeur, qu'il acheva d'en-lever, puls il lava la surface de la plaie avec de l'eau-de-vie, la saupoudra de quinquina, et en lit rentrer les bords; la jument Tut guerie radicalement sans aueun autre trai-tement.
Gelle a pratique cette operation sur une quarantaine d'animaux , il neu est jamais resulte aueun accident apres la rentree de rorgane. Cbez un mulct de dix-huit mois, le rectum sortait de cinq a six pouces, la muqueuse etait d'un roujye noir et tres-tumefiee; des efforts vio-lents donnaient issue a des mueosites melees d'excre-ments rares, durs et coifles ; poids petit et concentre, bouebe brulante ; muqueuses apparentes rouges , oreilles froides, inappetence, abattement, elc. L'accl-dent datait de deux jours lorsque Gelle fut consalte; ü saigna l'animal et scarifia la tumeur. Le lendemain, l'en-eoreement etait tres-diminue, mais les efforts persistaient ainsi que la constipation. Üeu.\ jours plus tard , la tumeur avait encore le volume des deux poings; eile etait noire et infecte. 11 se deeida alors a inciser circulairement le bourrelet. Ce moyen lui reussit; une legere hemorragie fut suivie de la rentree spontanee du rectum , qui ne repaint plus. Les lavements emollients, l'eau d'orge miellee et la diete firent disparaitre les efforts , la consti­pation et le degoüt, qui durerent encore tiois ou quatre jours.
Chvz le porc, le prolapsus du rectum est plus dange-reux (pie chez le clieval. Get accident se presente sous la
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forme d'une tumeur cylindrique de trois ä quatre pouecs de circonferenceet dune longueur de deux ä six pouces ; rouge et enflammee d'abord , eile ne tarde pas a prendre une feinte violacee, a s'epaissir, a se gercer, a perdre ses caracteres phlegmasiques et ä se gangrener dans certains points de son etendue. Outre ces phenomenes morbides, Fanima! est triste, soufFrant; il se livre a des efforts expulsifs qui aggiavent I'accident, il y a constipation et souvent durete et conflement du ventre.
Lorsqae I'accident est recent et que le prolapsus est pen considerable, on pent tenter d'en operer la reduction ; mais avant de proceder a cette operation , il est, indispen­sable de calmer rinflammation de la membrane reclale herniee, par des lotions emolh'entes et par l'application de quelques sangsues ; le degorgement produit par remis­sion sanguine locale qui en resulte favorise considerable-ment la rentree de l'intestin, qui se fait spontanement ou en le refoulant legerement avec beaucoup de precaution, Les lavements emollients , les boissons mucilagineuses et rimile de ricin administree a la dose de deux a quatre onces par jour pour favoriser les dejections alvines . aident puissamment au succes de la cure. Lorsque la reduction est jugee impossible , il faut en venir, commo chez le cbeval, ä la destruction de la tumeur, en agissant avec la precaution de ne point entamer la membrane cliarnue ; Ihemoiragie ([ui resulte c!e cette operation cs!; parfoisinquietante et ne s'arrete que par des applications refiigerantes et le tampon: d'autres fois eile est legere, iosignifiante, et la rentree se fait spontanement au bout de quelques joins. La ligature du rectum renverse , fade au pourtour de I'anus . au moyen de la suture a points passes de maniere a embrasser, entre chaque point, une
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portion de I'mtestin en laissant libre l'ouverture anale ; toute la partie sortie etant ainsl einhrassee dans une suture circulaire , on en fait la section complete a deux lijnies environ au-dessous de cette lisature. Les soins sub-seqaents consistent dans les lavements emollients et Tad ministration de cruelqueslegers laxatifs ; si rinflammation s'allume dans la partie operee, on a recours aux fomen­tations et aux cataplasmes emollients. Tin cas particulier s'est presente a ITEcole veterinaire ; a la suite de l'opera-tion precitee la cicatrisation de la membrane muqaeusu s'est fnite de maniere ä obstruer completement l'ouver­ture et a s'opposer a la sortie des excrements. Le jeune pore qui a olfert cette particularite' refusait toute espece de nourriture , avait le ventre enfle et se livrait a des efforts expulsifs frequents ; une Ouvertüre fut pratiquee aumoyen d'un bistouri droit dirige par une sonde cannelee; aussitot une masse de matieres excrementitielles liquides s echapperent et la betesetrouva souiagee. Destentes en-duites d'un corps gras furent introduites dans le rectum pour tcnir ecartecsles levies de la plaw clempecher la re-cidive ; au bout de queiques jours, cette complication etait combattue et fanimal retabli. Des veterinaires conseillent de saupoudrer la membrane rectale herniee avec dc la cbaux vive ou de l'alun calcine, dans le but de la detruire ; nous avons essaye ce moyen; loin de nous avoir'servi, il n'a fait qu'aggraver lemal ; la douleur occasionnee par la presence de ccs substances scarrotiques sur la membrane onflaiimiee, provoquait fanimal a se livrcr a des eflforts expulsifs qui avaient pour consequence d'amener an ren-versement plus considerable.
Chez fc cAe'elaquo;, le renversement du rectum necessite les
memes soins et le meine traitement que chez le pore, innbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 39
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RUUMATFSME. — Au premier aperga, rien ne sem-]gt;le plus facile a dire f[ue ce qu'on cntend par rliumatisme. flit Hurtrcl d'Arboval. car il n'y a pas un individu dans le monde qui ne croie en avoir une idee parfaitement nette. Cependant, continue l'auteor ffue nous venons de citer, les medecins sont loin de s'entendre sur la significa­tion de ce mot. Avec Barthez, ils en avaientplace le sieqe special dans les muscles, les tendons et les aponevroses. le distinguant en aigu et en c!u'onique,sui vant qu'il s:accom-pagne ounon de fievre. Avec Pinel, ils en avaient admis deuxespeces, celui des tissus fibreux et celui des muscles oumyosite ; avec Chomel et autres modernes, ils ont ete tcntes d'en placer le siege uniquement dans les muscles.
D'apres M. Roclie, Ton confond, sous le nom de rliumatisme, plusieurs maladies de siege et de nature diflerents. Ainsi, la plupart des phlegmasies articulaires, seit aigaes, soil, chroniques, toutes les douleurs cjui se manifestent dans la continuite des membres et que n'ac-rompagnent pas les autres caracteres de Tinflammation, celles qui occupent le tronc , et enfin la plupart des dou­leurs non inflammatoires des principaux visceres , le poumon , le coeur, le foie, 1 estomac, les reins, la ves-sie , etc., tout cela prend le nom de rliumatisme. Or, il suflit d'observer avec un pen d'attention, dit M. Roclie. pour se convaincre bientut, que la majeure partie de ces douleurs des membres et des visceres sont de veritables nevralgies; que plusieurs, parmi celles des membres et du tronc, dependent de lesions plus ou moins profondes de l'encephale ou de la modle epiniere , et qu il n'y a peut-etre de rbumatismes non contestables que ceux qui ont leur siege dans les articulations, (\oyez Arthrite rhumatismale. )
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Gependant des praliciens distingues rapportent avoir observe le rhumatisme musculaire sur le cheval , le hceuf et le einen.
Vatel, Devilaine, Volpi et rEcole veterinairc de Lyon ont admis l'existence du rhumatisme musculaire sur le cheval et le boeuf. Rodet pense que les affections rhuma-tismales ne sont pas aussi rares ciiez le cheval que le silence garde a cet c'gard par les veterinaires pourrait le donner a penser; il croit que la pratique militaire surtout en offre assez frequemment des exemples. II a public six observations. M. Jacob a egalcment public quatre obser­vations sur les douleurs rhumatismales fixees aux membres des animaux de l'espece chevaline. On doit a M. Renault la relation dune affection rhumatismale observee sur une jument. Cet animal boita tout a coup du membre anterieuy gauche , sans cause appreciable. Quelques jours apres, la claudication ue sobservait plus surce membre, etaffectait le membre posterieur droit; huit ou dix jours plus tard , les quatre membres etaient fort douloureux et la bete ne se remuait quavec la plus grande diiliculte. A chaque changementde temperature, surtout quandil regnait un vent froid et humide, les douleurs augmentaient sensi-blement. A la claudication pres , I'animal paraissait jouir dune parfaite sante. Au repos il conservait tous ses aplombs, mais il ne marchait qu'en jetant les membres de cöte , et faisait a chaque pas un mouvement en avant de toute la region superieure du membre ; I'appni ne semblait pas aussi penible. Aucune lesion appreciable aux quatre membres. Pendant cinq jours on les frictionne avec I'eau-de-vie cantharidee. Le sixieme jour, chaleur tres-clevee a la peau, bouche chaudc, conjonctive rouge, artere tendue, respiration et circulation accelerees. La
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reaction cessa an bout de deux jours , mais la claudica-lion ne changea point. On continua encore pendant quatre jours les frictions. A cette epoque , la jument marchait facilement) mais dans lajournee, le vent ayant souffle du sud-ouest, et le temps etant devenu froid et humide , le mieux cessa , et durant quatre jours , la difll-culte de marcher resta la meme. Le vent ayant change et le temps etant devenu sec , la claudication diminua sen-sibiement. 11 y eut encore d'autres alternatives de bien et de mal, cuincidant avec l'etat de latmosphere , mais enfin la jument guerit.
M. Cruzel ditque rinflammation des muscles servant a Ja locomotion , est aussi commune cliez les grands rumi­nants que la gastro-entente. Elle pent exister seule oil accompagnee dune phlegmasie de quelquc organe interne. Tous les muscles ne sont pas atteints en meme temps, mais on la voit presque toujours affecter a la fois ceux deslombes et ceux des extremites. A I'invasion. I'animal est triste et abattu, il a le mufle sec et le poil terne , il ne rumine presque pas, temoigne peu d'appetit, se mcut avec difficulte etreste longtemps couche^ona de la peine a le faire lever, et si on fy force , il ne reste debout que tant qu'il y est contraint. Quand I'alFection rliumalismale affecte les muscles des membres , ces orga-nes sont engorges, avec douleur, cbaleur et tension. Frequemment il arrive que Unites les extremites ne sont pas attaquees dans le debut de la maladie ; mais si celle-ci est negligee, I'irritation se propage a celles qui n'en avaient ])as encore eprouve I'atteinte, ainsi qu'aux mus­cles dorso-lombaires, quand ils nont point etc primiti-vement le siege de raffection. Dans ces derniers, I'engor-gement est peu sensible, mais la douleur a la prcssion , la
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RHÜMATISJIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 309
chaleur et la tension existent au plus haut degre, et la colonne vertebrale est d'une raideur extreme; l'animal marche comme il feiait si toutes les articulations etaient ankylosees. Lorsque le rhumatisme parcourt ses periodes sans etre contrarie par aueun traitement methodique, les articulations inferieures des membres s'engorgent, des tumeurs ankylosees apparaissent dans l'intervalle triangulaire forme par le tibia , la corde tendineuse et les tarses. Dans ce dernier cas , la phlegmasie d'une ou plusieurs membranes vient souvent compliquer l'affec-lion primitive d'une maniere plus ou moins fdcheuse 5 M. Cruzel a vu la gastro-enterite , la pleuro-pneumonie , la peritonite et meme la paralysie se developper sous l'in-fluence rlmmatismale.
Parmi les causes du rhumatisme des boeufs , M. Cruzel range en premiere ligne les variations atmospheriques, les etables basses , mal aerees et encombrees , les travaux penibles, les courses longnes et preeipitees , terminees brusquement par une inaction complete , a ['exposition dun air vif.
L'existence des affections rlmmatismales et arthriti-([iies chez les animaux domestiques, dit Gelle, est main-tenant un fait reconnu; mais 1'observation prouve sou-vent aussi combien il est difficile d'isoler linflammation des muscles de celle des tissus articulaires , en ce sens que ces affections sont souvent concomittantes ou se com-pliquent mutuellement, ou parfois sont compliquees d'affections graves des divers appareils des fonctions vitales.
D'apres Gelle, le rhumatisme parait etre le propre des animaux d'un temperament sauguin et athletique, et semble cousister dans rinflammation partielle du Systeme
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310nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;RHUMATISME.
musculaire. Rarement celte phlegmasie est generate;
( eile se manifeste cominunement par la tumefaction, l'endolorissement des muscles, qu'accompagae souvent rinflammation des tendons et des articulations. A letat aigu, ces premiers symptomes sont presque toujours accompagnes dime flevre assez intense et continue, d'un trouble plus ou moins grave de toutes les functions. Le rliumatisme se declare parfuis tout a coup, angmente rapi-dement d'intensite ; le pouls, d abord petit et concentre. devient plein, frequent, fort et souvent dur ; 1'etat d'aug-ment persiste communement jusqu'au sixieme ou neu-vieme jour; puis le gonflement des muscles, leur sensibi-lite, la claudication diminuant cfintensite , surtout si un traitement rationnel a ete mis en usage, la resolution s'opere regulierement. Mais si les moyens curatifs ont ete mal diriges el incompletement executes, lamaladie passe ä Fetat chronique, surtout si le boeuf atteint est affiiibli par une cause quelconque ou s'il est eminemment lympba-tique.
Le traitement du rliumatisme aigu du boeuf preconise par Gelle, consiste au debut dans la saignee eenerale, qui pourra etre reiteree si le malade est jeune, sanguin , et si le pouls conserve sa plenitude et sa force. Ce moyen puissant sera suivi de radministratiou de tisanes de-layantes, mucilagineuses, que Ton rendra sudorifiques par laddition de flcurs de sureau, surtout si Ton est appele des le priiicipe de la maladie et qu eile est la suite d une repercussion de la transpiration cutanee. Les fumi­gations de baies de genevrier projetees sur un rechaud contenant des cliarbons ardents, promene sous les parties endolories , fanimal etant enveloppe de couvertures pen­dant jusqu'a terre, qui concentrent les vapeux's balsa-
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RHUMATtSME.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; SU
miques, ltd out quelquefois reussi; il les faisait suivre
Je frictions scches et ,avait 1 attention d'envelopper le corps tie couvertures chaudes. La fievre, qui accom-pagne souvent le dehnt de cette affection , cxige des lavements emollients ct une diete assez severe. La con­stipation sera avanlageuseinent combattue par des laxa-tif's salins ajoules ä la tisane. Dans ce cas encore, I'emetique en lavage et a doses fractionnees, remplit par-faitement I'indication. Mais si la soif devient intense ou cm'il se manifeste mi pen de diarrhee, on devra suspcn-dre Temploi de ce moyen et se borner a l'asage dc la tisane d'orge miellee. Gelle aquelquefois employe avanta-geusement, en topique, les onctions d'onguent popaleum eamplire quand les parties etaient endolories ; il les faisait preceder de lotions emollientes qui enlevaient 1'onguent precedemment applique, assouplissaient la penu et favori-saicnt la resolution. Enfin, lorsque la sensibilite locale etait diminuee, il a puactiver la resolution par un liniment am-moniacal compose de six parties dhuile d olive etuned'am-moniaque. Lorsque le rhumatisme est simple et a son debut, le traitement decrit par Gelle suflit, dans la majeure partie des cas , pour le combattre : mais, comme le fait observer M. Cruzel, lorsque Tirritation muscu-laire aigue a produit une phlegmasie interne , ce traite­ment doit varier de maniere ä combattre les deux afTec-tions a la fois.
Le rhumatisme clironiqne, continue Gelle, plus frequent chez les bocufs affaiblis par le travail et chez les vaelies cpti ont produit plusieurs veaux, exige, ä I interieur, l'emploi des toniques et des sudorifiqnes, tels que les racines d'aunee et de gentiane en breuvage. Cependant si la maladie traine en longueur, il conseille les laxatifs
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512nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;RUPTURE.
salins, cumme le sei d'Epsom dans la decection d'orge miellee, ou I'emetique a des intervalles eloigues, pour ramener le ton et operer une heureuse revulsion. Le trai-tement externe consistera dans quelques frictions stiinu-lantes aromatiques , les liniments ammoniacaux et les legers vesicatoires , et en derniere analyse la caute­risation.
A l'Ecole de Lyon on a observe, sur des cliiens, plu-sieurs rlmmatismes des lombes, dont quelques-uns out donne lieu a la paralysie presque complete du train de derriere. Ces affections rliumatismales des lombes ont toutes cede ii des embrocations d'huile camphree et opia-cee, ou d'huile lt;le morphine , sur la partic souffrante , a la chaleur d'une couverture de laine, ct, en dernier lieu, aux frictions spiritueuses.
RUPTURE. — On donne le nom dc rupture a toutc so­lution de continuite a bords inegaux et franges, ordinaire-ment produite par une extension brusque et violente , ii laquclle ne peut resistor la force de cohesion des fibres des organes. Parmi les organes internes, e'est le coeur, 1c diaphragme, festomac, le foie, les intestins, la matrice etlavcssie qui nous offrent parfois ces lesions de conti miite; a 1'exterieur ce sont les muscles et les tendons.
Ruptures du coeur. — Ces lesions , toujours mortelles, sont occasionnees par unesecousse brusque dont toule I'in-tensite se produit sur les organes de la poitrine. Completes, elles produisent la mort instantanement j incomplctes dies sont marquees par une seric de symptomes qui ont beau-coup d'analogie avee ceux f{ue Ion observe dans les acces epileptiques.
M. Gaullet a public une observation remarquable de
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RUPTURE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3l.i
rupture incomplete du coeur; la void en substance teile qu'elle est consignee dans It; dictionnaire d'Hurtrel d'Ar-boval : un cheval de sept aus avail, eprouve, dans mi laps lt;ie temps assez court, trois ou quatre acces d'une maladie semblable a lepilepsie, et caracterisee par lessymj)tomes suivants : raidem extreme des extremites anterieures, avee spasme et tremblement des muscles de l'epaule, des Inas et de l'avant-bras; lesyeux, convulsivement rentres vers le grand angle, ne laissaient voir raquo;[ue la cornee opaque ; ce n'etait qu'avec la plus grande diffieulte que l'animal se deplacait, et si on voulail ly contraindre, il tombait et restait environ une demi-heure dans cet elat-de raideur, a\ ec des mouvements irreguliers des ma-choires, puis il se relevait ei. maogeait comme ä son ordi-naire. ün mois avanl sa mort, ce cheval fut traite d'une maladie de poitrine; au hont de quinze jours de soins, ou voulut lui faire faire une petite course au pas. Arrive
a
une pente, pen rapide cependant, l'animal , qui icspi-
rait tres-difficilement, ne put la gravir. Quelques jours plus lard, on hasarda la meine course, qui se tormina comme la premiere. Une heure aprcs sa rentree a lecu-rie il eprouva une iongue attaque des symptomes indi-ques plus haut, puis il se laissa tomber a la renverse cl resta coucbe pendant pros dune demi-heure, rencolure dans un etat tetanique. La mort survint , au bout d'une quinzaine de jours , a la suite d'un acces. Les visceres abdominaux, les plevres et les poumons etaient sains ; le coeur presentait, a la partie moyenne du ventriculedroit, une petite ouverture fistuleuse, ii bords arrondis, d'une a deux lignes de diametre , par laquelle suintait une liu-meur sanguinolente pen coloree; eellc ouverture com-muniquait avee la cavite ventriculaire, et la on voyail
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une dechirare longitudiaale, dun pouce et demi d'eten-due, penetrant dans repaisseur de la paroi du coeur et diminuant d etendue jusqu'au milieu du muscle, oü com-mencait la fistule; ä l'exterieur, rouverture de celle-ci etait entouree d'un leglaquo;- boursouflement de couleur blanfllie et d'un demi-pouce de circonference.
Un autre fait, egalement observe par M. Gaullet, fut communique a la Societe centrale d'agriculture. Le cbeval t£ui en estle sujel eprouvait une grande difficulte de mar-clier, avec beaucoup de gene dans le cote gauche, sans qu'on put en soupconner la cause , et mourut le vingt-cinquieme jour de la maladie. Le ventricule droit offrait une rupture ancienne qui annoncait deja un commence­ment de cicatrisation de quelque etendue.
Quoi qu'il en soitdes symptomes rapportes par 31. Gaul­let , le diagnostic des ruptures incompletes du eocur est toujours tres-difficile et tres-obscur.
Jiuptiires die dtaphraymo, — La rupture de cette cloi-sou musculo-aponevrotique se rencontre plus souvent chez le cheval que chez les autres animaux domestiques. Elle est ordinairement la consequence des chutes, des coups portes sur les parois du venire ou de la poitrine, des frac­tures des cotes, des ellbrts violenls auxquels se livrentles chevaux pour trainer des fardeaux au-dessus de leurs forces, des mouvements desordonnes causes par de vio-lentes coliques, etc. Le diagnostic de cette lesion est fort difficile a etahlir 5 aueun Symptome precis ne peut en in-diquer I'existence dune maniere positive. Cependant, lorsque la rupture du diaphragme est large et recente, on lui assigne les symptomes suivants : douleurs tres-vives ; pendant les coliques qu'il eprouve, le cheval se laisse tomber comme une masse et se place instinctive-
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RÜPTUnE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Pi-
ment sur le dos. La respiration est diflicile : le vcntre se meat cornrne la poitrine ; ses parois se contractent comme pour la defecation, sans qu'il y ait de matieres rejetees. Quelquefois on observe des vomituritions comme dans la rupture de restomac. Le malade a quelque tendance ä mordre ; il pousse des cris insolites; il eprouve des acces dc fureur pendant lesquels il se dechire quelque partie du corps avec les dents, et meurt, apres un court espace de temps, dans d horribles convulsions. Quand la rupture s'est formee lentement, on observe des coliques intermit-tentes , resultant de la hernie de quelque visccre dans la poitrine.
M. Vogeli, appele pour donner des soins ä un cheval atteint de coliques violentes, trouva cet animal se cou-chant et se relevant alternativement; sa respiration etait saccadee, et pendant les courts instants qu'il restait de-bout, il frappait violemment le sol. Au bout de quelque temps , I'animal s'assit a la fncon de certains cbiens, les membres de devant replies sous la poitrine et la tete ap-puyee sur la litiere. Dans cette position, il eprouvait de frequentes vomituritions ; sa queue etait dans uu etat contiuuel de contraction et de retraction bilaterales. La raort ne se fit point attendre. L'autopsie constata que sept metres environ dintestin grele violemment phlogose avaient penetre dans la poitrine a laide dune ouverture ronde formee au cote droit, au-dessus et a cöte de l'ori-llce oesopbagien, et dont les bords lisses et recouverts dune membrane muqueuse, indiffuaient I'anciennete. Cette masse intestiuale ramenee dans labdomen, permit de constater encore le passage a travers I'ouverture, d'une portion depiploon qui etait allee conlracter line adhe­rence intime assez large avec une portion de plevre re-
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eouvrant une coteanciennementfiacturee en becde tliUe. (]ont. la reunion , mal operee mais tres-solide , faisait une Miillie prononcee a I'interieur. Cette fracture avaitsans doute ete produite par une chute cjiii avail oceasionne en meme temps, ä l'aide d'un ties abouts, la rupture du dia-phragme. Depuis longtemps lanimal se portait bien et n'eprouvait pas de colicpies. La face diaphragmaticpie du foie presentait une exuberance oui, pendant la vie, pou-vait obstruer completement l'ouverture accldentelle du diaphragxne. M. Bareyre a public an fait parfaitement analogue a celui deM. Vogeli.
Lorsque la rupture du diaphragme est de petite dimen­sion, eile peut se cicatriser sans offrirle moindre trouble dans les fonctions ; mais lorsque la dechirure est large, la Chirurgie estimpuissante, et la mort en est la consequence funeste.
Ruptures de Vestomac. — La rupture de l'estomac raquo;observe assez souvent chez le cheval. Get accident, con-stamtnent niortel, reconnait pour causes ordinaires les coups, les chutes, les contractions forcees lorsque lesto-mac est plus ou moins rempli daliments, les indigestions. Cette grave lesion sc manifeste par des coliques violentes, I'animal se couche et se releve frequemment, se roule sur le dos et (juelqucfois s'accroupit sur le derriere. Le pouls est petit, accelere ; les oreilles el les membres sont froids : on observe des tremblements generaux ; des sueurs froides mouillent l'encolure et les llanos 5 I'animal allonfyc le cou en baissant la tete et en ecartant les membres ante-riears, les muscles de 1'abdomen se contractent; dans cette attitude , il est en proie a de frequentes eructations suivies de vomituritions qui exhalcntune odeur acide ca-racteristique, et parfois il rejette une certaine quantite de
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RUPTURE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;517
matieres alimentaires par los narines. Tousces phenome-nes morbides s'aggravent rapidement5 des convulsions,
des syncopes surviennent; la respiration est stertoreuse ; le pouls est inexplorable et la mort, au Lout de quelques lieures de soiiffraiicc, vient mettre un terme ä cette serie de symptomes. C'est toujours a la grande courbure de l'estomac cpie la rupture se montre ; l'ouverture de la de-cbirure varie en etendue de dix a trente centimetres, et une quantite phis ou moins considerable de matieres ali­mentaires est repandue dans I'abdomen.
Ruptures dufoie. — Ces lesions de continuite, dont il est impossible de constater I'existence pendant la vie de 1 animal. paraissent fort rares; nous n'en connaissons qu'un petit nombre de cas observes dans les hopitaux de recole d'Alfort, survenus a la suite dune hepatite ou dune forte congestion sanguine da foie.
Un cheval bien portant , apres avoir fait deux ou trois lieues au pas, par une grande chaleur, sembla tout a coup paresseux, devint chancelant et refusa de continuer sa route. On le conduisit \i lEcole d'Alfort avec beaucoup tie peine; il parut atteint de cette espece de plethore qu'on appelle vulgairement covp de chaleur; il se taissa tomber plusieurs foisde suite ; les symptomes changerent alors subitement, devinrenl ceux dune hemorrhagie in­terne, et lanimal mourut tout a coup sans efforts et sans convulsions. A l'ouverture on trouva le foie, plus volumi-neux et plus noir qu'il ne Test ordinairement, dechire vers son bord iuferieur, et, rabdomeu rempli d une grande quantite de sang trcs-noir.
Deux autres observations semblables out ete recueillies aussi it la memo Ecole. Le debut, la marche et la lerminai-son de la maladie furent les meines. Un des chevaux
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vjui i'unt le sujet de ces observatiüns, tomba subitement dans les limons, presenta tous les symptomes dc la four-bure et fut saigne comme etant atteint de cetle maladie. A son arrivee dans les bopitaux, les symptomes avaient change ; le pouls etait mon et coulant, le mouvement des flancs precipite et irregulier , les douleurs a pen pres nul-les.Auboutdequatrehcures, il tomba comme une masse et expira tranquillement clnc[ jours apres lapparition de la maladie. Tous les organes etaient ä pea pres sains et dans leur etat naturel; le foie seid avait acquis tin volume enorme, il remplissait une grande partie du bas-ventre, et pesait plus de soixante-deux livres. La substance en etait d'un noir fonce et comme delayee dans une enorme quantite de sang. II presentait dans tout le bord inferieur du lobe gauche une large dechirure par oü s etaient ecou-les environ quinze litres de sang tres-noir et j)eu coagu-lable ; le peritoine etait rouge el enflamme par places , sur-tout dans la portion qui revet le centre du diaphragme.
Deux autres faits analogues ont encore ete observes a Alfort, dont un jiar M. Dupuy sur un cbien matin de forte taille. Get animal, faible et chancelant, avait les yeux cbassieux, la conjonclive Ires-rouge, et rendait par la gueule une have glaireuse. An bout d'une beure, il cst en proie a de violentes colicjues, se laisse tomber, se roule plusieurs fois sur le dos et lait des efforts pour vomir; la toux et la voix sont rauques ; il clierehe a mordre etmeurt dans les convulsions. Le foie presentait des traces d'in-flammation vive, avec ramollissement general, principale-ment d'une portion du lobe droit, qui etait difiluente; cette portion etait dechiree et avait fourni beaucoup de sang epanche dans labdomcn. La rate etait tres-volumi-neuse. ramollie, dun noir violace.
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RUPTURE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rgt;l!i
Ruptures de la matrtce. — Ces solutions de continuite, loujours graves et parfois mortelles, se rencontrent plus frequemment chez la jument et la vaehe que chez les autres femelles domestiques ; elles sont, dans la majeure partie des cas, produites lors des parturitions laborieuses clues a une position vicieuse du foetus, qui necessite des manoeuvres energiques et prolongees pour le ramener dans des conditions qui lui permettent de sortir do I'ute-rus ; par le renversement de cet organe et les proeedes ope -ratoires vicieux ou mal executes que Ton emploie pour le reduire. La matrice pent encore se dechirer a la suite des contractions violentes qu'eile exerce sur le foetus quelle renferme, des efforts exj)ulsifs intenses auxquels se livrent les femelles pour se debarrasser du produit de la conception: de la flaccidite et du relachement de ses pa-rois ; des chutes, des coups portes sur eile lorsquc la ges­tation est tres-avancee ou approche de son terme, etc. M. Vatel a public une observation de rupture de la ma­trice pendant la gestation. La vaehe qui fait le sujet de cette observation , achetee depuis cinq jours , refuse toute espece de nuurriture chez facquereur, qui declare ne I'avoir pas maltraitce et ne lui avoir fait faire que six licues en deux jours. Elle marcbe diOicilement; le poll est pique ; il sort de la vulve des matieres glaireuses san-guiuolcntes, sans mauvaise odeur. 11 y a diarrhee; le nuifle et les naseaux sont sees ; les membranes buccaleet conjonetive sont pales ; le pools petit, aecelere ; la respira­tion u'oifre rien de remarquable. En palpant I'abdomea, on sent du cote gauche un corps dur et resistant. La bete ne fait aucun effort. On la soumet au regime antiphlogis-tique. Le lendemain eile est couchee, on nepeut par-venir a la relover ; les oreilles et les cornes sont cluiu-
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iles; ie niulle ost sec, la bouche chaude et la salive aqacu.se. Le pouls est le meme que la veillc. On (observe lt;les soubresauts dans ies muscles croupiens. Breuvages et lavements emollients. Le troisieme jour, aucun chan-gement dans les symptömes, sauf que les yeux sont eaves. Le quatiieme jour, la malade fait entendre desbeu-glements plaintifs et regarde 1'requemment son flaue. II decoule de la vulve des mucosites transparentes sansmau-vaise odeur. La diarrhee est tres-intense ; les dejections sont frequcntes el repandent une odeur infecte. Les yeux sont plus caves, le potds est petit, frequent; il donne soixanteetdix a soixanteet quinze pulsations par minute. Lanaort survient pendant Ianuit.L'ouverture est faite le lendemain. L'abdomen contient environ quinze litres de serosite sanguinolente; les parois abdominales, entiere-meut lesees, laissent apercevoir une portion da I'epiploon remarquable par son epaisseur. On observe egalement des traces evidentes d'adherences sur la surface viscerale de ce prolongement peritoneal, lesquelies correspondent aux cotyledons du ]ilacenta. Le peritoine, surtout celui du cote gauche des parois abdominales, porte des traces d'inflammation intense, be petit sujet repose sur les parois inferieures de l'abdomen, dont il n'est separe que par I'epiploon et ses propres enveloppes, qui ne sont point rupturees. Deux gros caillots de sang non altere se trou-vent situes entre les extremites anterieures de la matrice et les membranes du foetus, b uterus a conserve sa posi­tion naturelle ; il est retracte et dechire depuis son eoi jusquau milieu de sa corne gauche, bes bords de la de-chirure sont rouges , tumefies et en forme de bourrelet. LInterieur du visiere ne presente aucune tract; d'inflam­mation. Le vagin et les levies de la vulve n'ofirent aucune
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RUPTURE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .quot;21
lesion resultant des manoeuvres qui auraient pu etre exercees pour la delivrance.
D'autres faits semblahles ä celui que nous Tenons de transcrire ont encore ete publies depuis , et ont eu tous pour resultat la mort au Lout de trois ou quatre jours.
Lorsque la dechirure de la malrice a lieu au moment de la sortie du foetus, ou est la suite du renversement de i'organe, ses consequences ne sont point aussi funestes que dans les cas precedents : alors il est encore possible d'en obtenir la guerison. Gelle rapporte une obser­vation de rupture de la matrice smvenue au moment ou ii en operait la reduction ; il n'en continua pas moins son operation et parvint avec peine a la reduire completement. 11 fit placer la vache seule dans une petite etable oil la liliere etait disposee de maniere a donner plus d elevation an train de derriere; il lui pratiqua une ample saignee et fit couvrir les lombes et la croupe d'un drap de lit plie en quatre, trempe d'eau fraiche, que Ton arrosa frequemment jusqu'au soir, dans ie but de produire une sedation complete; diete, eau blanche degourdie, lavements d'eau k peine tiede, pousses douce-ment et en petite quantite. Ces premiers moyens calme-rent tous les accidents , il ne survint rneme pas d'efforts ; mais comme il craignait une inflammation subsequente , il ordonna des breuvages composes d'une decoction de racines de guimauve et de tetes de pavot, adoncie par le miel, des lavements emollients et une diete rigoureuse. La convalescence etait rassurante des le troisieme jour ; alors il permit un peu de foin , et le dixieme jour la bete etait guerie.
Hurtrel d'Arboval rapporte avoir hi dans un journal anglais le fait suivant : Pendant quune vache etait en
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Trt-lnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;RUPTURE.
travail , un bruit semblable ii un dechirement se fit
entendre , et Ton sapereut bientot que le veau avait ete pousse dans la cavite abdominale. On enlbnea le bras dans la vulve jusqu'a lepaule , et Ton retira bientot las pieds du veau dans la matrice. Apres quelques eflTorts de la part de la vache, eile mit bas : mais I'literus sortit avec le petit. Get Organe elait entierement renverse et avait une grande decilirure oblique ;i son fond. On en fit la reduction sans peiue. Au bout de deux jours , la bete fnt renvoyee au paturage, et six semaines apres eile etait tout a fait retablie.
Ruptures des intestins. — Ces ruptures sent asse/ fi equentes chez les animaux de l'espece chevaline ; elles sont generalement produites par des coliques violentes qui ont pour causes un atnas de matieres excrementitielles , un bezoard volumineux, une pelote stercorale qui pese sur les parois intestinales, etc. C'est ordinairement vers la partie coeco-gaslrique du colon que Ton rencontre ces lesions. Notre pratique nous a fourni l'occasion d observer plusieurs fois la rupture de cette partie de 1'intestin, survenue ii la suite d'indigeslion intestinale. L'Ecole veterinaire d'Alfort a recueilli un fait semblable sur un cbeval de trait qui , attele le matin a une voiture de rou-lier, commenca , apres deux beures de marclie , a etre tourmente par des coliques qui allerent toujours en aug-mentant. Get animal etait chancelaut; il se laissait tom-ber comme une masse , et se relevait brusquement; son corps etait convert d'une sueur froide, le pouls etait presque imperceptible ; tout annoncait une fin prochaine, et il mourut pen apres. A 1'ouverlure de l'abdomen, on remarqua une rupture d'environ vingt-quatre centimetres dans la portion coeco-gastrique de l'intestin colon 5 une
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RUPTURE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;•gt;-'
giaiide quantite d'excremeuts rougis par le sang prove-nant de la plaie s'etaient repandus dans la cavite abdomi­nale et y avaient determine une peritonite; les levres de la dechirure etaient irregulieres, sans engorgement, et pre-sentaient seulemerit un peu de rougeur dans vine portion de leur etendue. On a queiquefois observe la rupture de Imtestin vers les courbures hepalique et diaphragma-tique.
A I'ouverture d'un clieval mort a la suite de coliques , BI. Bai-eyre a truuve la partie llottante ou moyenne de l'intestin grele, perforce dans une etendue de quatre a cinq lignes. Ues fails analogues out ete observes sur trois cbevaux par M. Jacob, ä la suite de maladies aigues ou d'enterites. Chez les trois sujets, la maladie ne presenta de symptömes graves que vers la fin. Les perforations avaient un pouce de large ä peupres. Elles etaient accom-pagnees ou paraissaient etre la suite d'ulcerations internes plus ou moins etendues , dont lesbords de quelques-unes etaient, dans Tun des sujets, disposes a se cicatriser. Cbez un autre ils etaient saillants. Cbez I'un des clievaux, il y avait epancbement dans I'abdomen d'un liquide trouble , purulent, be peritoine etait enflamme aux aientours. Les intestins adheraient entre eu\ par de fausses mem­branes.
IJurtrel d'Arboval (lit que la rupture du rectum nest pas rare cbez les juments. Bourgelat rapporte que cer­tains cbevaux trop vigoureux operentavec tant d action dans la copulation , qu'ils enfilent le rectum au lieu de la vulve, et que ces sortes de coups sont toujours mortels. 51 cite une jument qul mourut trois jours apres avoir ete saillie, et cbez laquelle il trouva la membrane interne du rectum entierement decbiree et emportee. Le meme fait
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524nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;RUPTURE.
a ete remarque par M. Jalet, qui cependant dit etre par­venu a guerir la jument. Gelle el M. Jeanroy out publie des observations semblables. La jument doni parle Gelle, poussa un cri de duuleur au moment de la saillie 5 a son retour eile refusa les aliiiients, son ventre etait ledere-merit ballonne. Le quatrieme jour, Gelle futappele; ii trouva le ventre tres-gros et douloureux au toucher, la constipation opiniatre , la bouche brülante, la langue rouge etsecbe, les muqueuses apparentes injectees, les oreilles froides, I'abattement extreuie. L'etalon, pourvu d'un long et enorme penis, avait francbi le rectum et penetre dans le colon , qu'il avait sans doute rupture , ce que semblaient annoncer les symptömes de peritonite, qui augrnentaient rapidement, Le rectum etait vide et enflamme. La bete mourut le sixieme jour et ne fut pas ouverte. Sous ce dernier rapport, dit Hurtrel d'Arboval, lobservation de M. Jeanroy est plus complete , car I'au-topsie ayant ete iaite , on constata que la dechirure, etendue de six a buit pouces , existait dans les bosselures de la portion flottante [du colon, a dix-huit pouces de 1 anus ; la jument qui avait temoigne les plus vives dou-leurs pendant la saillie, ne put revenir qu'avec la plus grande peine ä son ecurie ; la locomotion etait pour ainsi dire impossible : unc sueur abondante couvrait son corps ; I'abattement etait extreme ; ä son arrivee eile se coucba , refusa toute espcce de nourriture et eut des coliques tres-vives : I'abdomen se ballonna , la sueur augmenta beaucoup , et eile mourut dans la nuit.
Les dechirures des intestins sont d'un diagnostic fort obscur, on ne pent guore cju'en soupronner Texistence pendant la vie : elles sont, constamment mortelles.
Ruptures de la vessie. — Ces solutions de continuite
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RUPTURE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^s:;
ne se voient ordinairement que dans le cas on la vessie est malade depuis quelque temps; ou bien elies sont produites aceidentellement par les chutes d'un lieu eleve, les percus­sions violentes sur le ventre quand la vessie est distendue par le liquide qu'elle renferme : ou bien encore, par suite d une retention d'urine prolongee, occasionnee par I'obli-teration du canal de luretre, soit par la presence dun calcul arrete dans ce conduit, soit par son retrecissement. Au rapport de M. Santin , le boeuf est souvent atteint de calculs encrapes dans le col de la vessie ou dans le canal de l'uretre, et en proie a des retentions d urine qui deter-minent la rupture de la vessie. Sur le cbeval comme sur le boeuf, cet accident mortel se traduit par des eo-liques violentes avec tous les symptümes de la peritonite et de frequents besoins duriner sans pouvoir y satis-faire.
Ruptures des muscles. — Les muscles les plus exposes ä se rompre sont ceux des membres ; lorsque la lesion oc-cupe une region profonde , le diagnostic est fort obscur, une forte claudication et une vive douleur sont les seules manifestations qui se declarent immediatement apres I'ac-cident, mais rien n'indique qu'elles sont la consequence de la rupture d'un muscle. Rigot, a 1 ouverture d'une jument qui boitait du meinbre posterieur gauche, saus cause comme, trouva dans l'interieur du muscle iliaco-trochan-tinien, une cavite contenant quelques filaments fibrineux jaunatres, qui semblaient n'etre que du sang moins la ma-tiere colorajite ; les parois de cette espcce de kyste etaient assez lisses et couvertes de petites eminences arrondies, saillantes. tres-rouges, vrais bourgeons cellulo-vasculaires.
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Le semblables lesions out ete observees par le meine au-teur dans le muscle sous-lombo-trochantiiiien, et ont ete
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536nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;RUPTURE.
considerees comme la consequence de la rupture des fibres musculaires.
Nous avons observe une claudication toute particuliere dans ses manifestations, sur un etalon du haras de l'Etat, et ijui pourrait, selon nous, etre attribuee a la rupture d'un muscle profond de la cuisse. Get animal, de race in­digene, jeune et vigoureux , etant a la promenade , se livrait li des mouvements de gaiete, lorsque tout a coup il resta immobile et dans limpossibilite de marcher; lors-qu'il essayait de prendre appui sur le membre posterieur gauche, cette exlremite llecbissait au point que le ventre approchait du sol: on eut beaucoup de peine ä le rentrer ä 1'ecurie , qni n'etait distante de l'endroit oü I'accident venait d'avoir lieu , que de cinquante pas ; croyant a une fracture du femur, le veterinaire de retablissemcnt le fit placer sur des sangles. C'est dans cetle position que nous I'avons trouve huit heures apres Faccident. 11 etait souf-frant, en proie a une fievre intense, et le corps ruisselant de sueur ; le membre malade elait fluttant, on lui laisait executer des mouvements en tons sens, sans eprouver la moindre resistance ; enfin, tout annoncait une fracture du femur, sauf le cliquetis ou froissement des fragments qui est le Symptome pathognomonique de ces lesions de continui-te, cequi nous fit suspendre notre jugementsur la nature de cette affection ; ce nonobstant, un bandage inamovible fut applique, et une saignee dedi.v livres fut pratiquee.
Le lendemain, les symptomes n'etaient point diminues, la fievre etait aussi forte que la veille, et 1'animal etait dans une agitation continuelle. Une nouvelle saignee fut pratiquee et n'amena aucun amendement dans fetal du malade. Malgre les soins subsequeuts qu'il recut, il mou-rut apres six jours d'atroces souffrances.
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RUPTURE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 53,
Nous ne fumes point present a I'autopsie; le veterinaire da hams , dans sa cioyance qu'il allait rencontrer une fracture du femur, ne s'attacha point ä examiner les masses musculaires 5 nous n'avons laquo;lone pu savoir quelle etait la lesion qui avail donne lieu ä ces singuliers phenomenes morbides; il uy avail ni fracture ni luxa­tion.
En 1848, un cas. en tout semblable a celui que nous venous de rapporter, a eu lieu sur un cheval appartenaut a M. NerinckxjCultivateur a Brages. Get animal, attele a une voiture chargee de grain, fit une glissade au moment oil il faisail un grand effort pour la demarrer, et resta sur place sans pouvoir faire un pas : il fut conduit avec beaucoup de peine dans I'ecurie la plus voisinejle membre droit posterieur etait paralyse, ct lorsqu'il voulait s'appuyersur cette extremite, la flexion etait teile que le venire venait battrc contra le sol. Une heure apres l'accident, le ma-lade etait en proie ;i de vives douleurs; il se livrait ;i des monvements desordonnes comme s'il eüt ete atteint de co-liques. mais il restait ctendu sur la litiere ; le corps etait convert de sueur, le pouls etait fort, accelere, et la respi­ration frequente. 11 fat saigne incontinent et on lui fit, sur tout le membre malade , des ablutions continuelles d'eau froide. La saignee fut repetee le soir et on rem-placa les ablutions d'eau froide par un cataplasmed'argile et de vinaigre qui embrassait la croupe, la cuisse et la jambe jusqu'au niveau du jarret. Le lendemain , a la se-conde visile, il y avail un peu de calme, la sueur avail dis-paru, le malade, toujours coucbe de tout son long sur la litiere, etaitmoins agile : le pouls, quoique diminue, etait encore fort; une troisieme saignee fut praliquee, et on continua los applications restrinctives. Le troisieme jour.
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328nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; RUPTURE.
la fievre etait sensiblement diminuee; I'animal se leva dans le courant de lajoarnee, arina, fienta et prit le harbotage qui se trouvait dans la mangeoire, mais il ne prit aucun appui sur le membre souffrant et se coucha cjuelques instants apres. On continua lusage des cata-plasmes reslrinctifs jusqu'au sixieme jour; un engorge­ment oedemateux chaud, peu douloureux, etant survenu ä la face interne et superieure de la cuisse, ils furent rem-places par des frictions d'alcool camphre. A dater de cette epoque, le malade se levait plusieurs fois par jour et pre nait un leger appui sur le membre souffrant; il mangeait et buvait avec appetit la paille et les boissons blanches qu'on lui donnait ; la fievre s'etait entierement dissipee; enfin, tout annoncait une cure radicale et prochaine. Au boutdetroissemainesd'un rcpos absolute proprietaire put recondnire son clieval a sa ferme ; il ne restait plus de cet accident, qui paraissait tres-grave, qu'une legere claudi-cation qui disparut insensiblement an bout d'une quin-zaine de iours.
Comme pour les autres solutions de continuite, la cica­trisation d'un muscle rompu se fait par une exsudation de lymplie plastique qui se transforme bientöt en tissu fibreux ; mais il est indispensable, pour que ce travail re-parateur ne soil point contrarie, que la partie lesee soil; maintenue dans une position favorable au rapprochement des bords de la solution et dans un repos absolu, choses qu'on ne peut obtenir que dillicilement et imparfaitement chez les animaux domestiques.
Ruptures des tendons. — Quoique les tendons soient d'une grande resistance, ils ne sont pas moins exposes que les muscles a se rupturer. Ces accidents arrivent prin-cipalement aux membres et sont produits par de violentes
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RUPTURE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;52!raquo;
contractions inusculaires, lors des courses rapides , des sauts pour franchir les fosses ou une barriere, et surtout lorsque les animaux se livrent a de grands efforts pour degager !e pied retenu par un obstacle quelconqne.
De tons les tendons, c'estcelui du muscle tibio-premeta-tarsien qui est le phis souvent rupture. Get accident se manifeste par une flexion, un reMchetnent du tendon du muscle bifemoro-calcaneeo (corde du jarret), lorsque le membre est leve et porte en avant, de maniere ä simuler la fracture du tiei-s inferieur du til)ia. Cette lesion ne fait point boiter le cheval, et lorsque le membre appuie sur le sol, aucun indice ne la signale; mais aussitot qu'il quitte cette position, les pbenomenes reparaissent.
Cette rupture arrive lorsqu'on ferre le cbeval dans le travail ou qu'on le met dans cette machine pour lui fidre subir une operation, lorsque ayant ie pied fixe sur la bane, il se livre a des mouvements violents, et surtout lorsqu'il se lance en avant pour se debarrasser du lien qui le retient dans cette position forcee ; un mois derepos absolu, aide de quelques frictions d'un melange de par­ties egales d'alcool et d'essence de terebenthine , ou d'un leger liniment ammoniacal, sur la partie infcrieure et anterieure du tibia , sufilt, dans l'immense majorite des cas, a la guerison. Nous n'avons jamais observe de suites ßcbeuses dc cet accident, si commun dans nos con trees oü Ion a riiabitude de ferrcr les chevaux. dans le travail.
M. Rodet rapporteque dans une escorte faite au galop, un cbeval cessa tout a coup de continuer sa course; il flecbissait sur ses extremites anterieures, tellement qu'a chaque pas les boulets venaient appuyer sur le sol par leur face posterieure. Get animal fut abattuquatre jours apres raccident, M. Rodet en fit I'ouverture. La gatne tendi-
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53ünbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; RUPTURE.
neust; du membre gauche etait dechiree en arriere de sa partie moyenne,dansune longueur d'environ trois pouces; a deux pouces eu arriere et au-dessous du genou, on ob-servait un decliirement complet de la partie moyenne du tendon perfore, dont lea fibres avaient ete tiraillees , dis-tendues, avant leur rupture, au point de demeurer vio-lemmentallongees. Le tendon perforant etait moins ma­lade; neanmoins, a sa partie moyenne, et jusqu'aüpres des sesamoides , ses fibres etaient allongees, quelques-unes meine decbirees , mais seulement au centre ou l'on voyait quelques epanchements lt;!e sang. Au membre droit , la rupture du tendon perfore avait lieu dans le meine endroit, mais eile n'y comprenait que le tiers des fibres. Les fibres du tendon perforant, sans etre comple-lement decbirees , se montraient dilacerees , plus longues que dans l'etat sain , et repliees en spirale ; elles etaient ecarlees et separees par des epanchements sanguins.
La rupture des tendons des muscles (lecbisseurs des membres , est im accident, qui a ete observe maintes fois cbez les animaux domestiques, notarnment cbez le cheval ; plusieurs veterinaires en ont rapporte des exemples, et pour notre compte nous l'avons constate quelquefois. Cette solution de continuite , d'une apparence si grave, n'est point cependant irremediable ; il laut, dans ce cas, rapprocher les parties lesees , les maintenir dans la plus grande immobilite possible et combattre les accidents subsequents qui peuvent survenir et contrarier la eure On satisfaitaux deux premieres indications en appliquant Yoi'tliosunie ä trois colannes , construit par M. Brogniez, dont la description se trouve dans son Traite de Chirurgie vetdrinaire. Cet appareil simple produit l'extension du doigt et en borne aussi l'affaissement au gre du veteri-
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SABCOCELE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;oöi
naii'e , de raaiiit-ro ä pouvoir, dans tous les cas, mamtenir les parlies dans une position favorable a la cicatrisation. Un mois a cinq semaines suffisent ordinairement a la gue-rison de ces lesions.
SARCOCELE (Squirrhe ou cancer du testicuh).
Sous cette denomination anciennc et inexacte, puisqxie la tumeor n'est jamais ou presque jamais formee par de la chair, on a rassemble un grand nombre d'alterations patbologiques diverses, dont rinflammation prolongee, cln-onique du testicule est la cause commune et inva­riable.
Ee sarcocele est caracterise par une tumeur dure , plus ou moins volumineuse, pesante, ordinairement peu sen­sible ä la pression , sans changement de couleur a la peau et formee par le testicule qui, dans ce cas . sc transforme en une masse irreeuliere et bosselee. Cette transformation du testicule en masse squirrheuse est ordinairement lente a se produire , et dans le prineipe de son developpement eile jjasse souvent inapercue tant fanimal en est peu incommode : mais apres un laps de temps plus ou moins long , plusieurs mois et quelquefois plusieurs annees , I'engorgement prend un accroissement plus rapide; le testicule jjerd sa forme ordinaire, il devient bossele et irregulier : par son poids il exerce sur le cordon testicu-laire des tiraillements tres-douloureux; celui-ci a son tour s'engorge, se durcit, s'altere ; des nodosites , puis des tumeurs s'y font sentir et s'etendent successivement, de j)as en haut, jusque dans la cavite abdominale. A cette epoque de la maladie, la peau du scrotum est tendue sur la tumeur, et une clialeur vive se manifeste dans toute la partie : les douleurs sont grandes : 1'animal est gene dans
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332nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SA11C0CJBLE.
ses mouyements de locomotion , il traine le membre posterieurdu cote oüsetrouve le sarcocele, et boite d'au-tant plus que reiigurgement est plus developpe et occupe une plus grande etendue du cordon testiculaire. Les mem-braues propres de l'organe malade participant uussi ä 1 aiteration , et apres un temps plus ou moias lon!gt;-, les teguments du scrotum s'irritent, contractent des adlie-rences avec le sommet des bosselures du testicule, puis s'alcerent qaelquefois. Quand le sarcocele prend un ca-ractere cancereux, la glande testiculaire, durcie,se ramol-lit, se desorganise, se transforme dans certains points en une bouillie grisatre, bomogene et presque liquide ; des foyers se forment, se renaplissent de cette matiere , four-nissent des abces , etablissent des ulceres d'oü il s'ecoule une sanie ichoreuse. Des desordres sympalhiques se mani-festent; I'irritation, en remontant le long du cordon tes­ticulaire, determine rengorgement des ganglions environ-nants , les altere, y forme des tumeurs plus ou moins considerables, et, se repandant de procbe en proclie, finit par affecter une vaste etendue ; le malade alors olfre les symptomes de la fievre hectique , maigrit, tombe dans 1c marasme et meurt.
A I'autopsie cadaverique dun cbeval et dquot;un mulet afFectes de sarcocele, Gohier a rencontre dans la region sous-lombaire, du cote repondant au testicule malade, une tumeur allongee , irreguliere, s'etendant depuis le rein jusque dans la cavite pelvienne 5 cet auteur la croit de la meme nature que le sarcocele, bien qu'il la dise lympha-tique. D'apres Hurtrel d'Arboval, c'est tout simplement un engorgement ou une tumefaction des ganglions lym-phatiqaes sous-lombaires qui coincide quelquefois avec la lesion organique du testicule; cos ganglions, dit-il ,
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SARCOCELE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;355
furment alors une tumeur plus ou moins volumineuse, que l'ün peut sentir en introduisant la main dans le rec­tum. Le sarcocele le plus considerable dont les annales veterinaires fassent mention , est celui dont Flandrin a donne la description. Sans y comprendre tout le pus qui setait ecoule en procedant a son extraction, il pesait en­viron Tingt-cinq kiloip-ammes.
Le sarcocele est quelquefois complique par lliydrocele qui depend de l'irritation dutestlcule propageea la mem­brane sereuse qui l'enveloppe , et constitue le sarco-hy-droeele. La presence d'un liquide dans la tunique vaginale peut rendre le diagnostic obscur; il faut, dans ce cas, avoir egard a la pesanteur totale de la tumeur qui est plus grande que si le sarcocele n'existait pas, presser la partie avec les doigts pour refouler le liquide et sentir le corps endurci du testicule ; ou mieux encore, s'en assurer par une ponction exploratrice. D'ailleurs, on distingue le sar­cocele , du moins dans la plupart des cas , des autrcs tumeurs du scrotum , en ayant egard a sa pesanteur, a sa forme , a sa durete, aux douleurs dont il est le siege . et quon exalte par le toucher et la pression; enfin, aux cir-constances commemoratives deduites de son anciennete , de ses causes occasionnelles et de la succession de ses pro-gres. C'est ainsi, dit Ilurtrel d'Arboval, que Ion pourra eviter de le confondre avec Vhydrocele simple, Vhemato-cele et la hernie iuyuinale.
Traitcmcnt. — Lorsque le sarcocele est recent, on conseille d'en tenter la resolution par 1'usage combine des moyens internes et externes. On recommamle les emis­sions sanguines locales, surtout a Taide de sangsues; ['usage des fomentations et fumigations emollientes, des onctions d'onguent populeum , des topiques emollients
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Öö4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; SATYRIASIS.
sur lii tutneur, maintenus an moyen d'un susijeusoir pnur empecher le Liraiilement du cordon testiculaire; un regime severe, le repos , des boissons blanches ticdes , des lavements et des laxatifs pour cnlrelernr la liberte du ventre, et sur la fin de la cure, quelqaes purgatifs mino-ratifs. On a encore reconnnande ['application du savon blanc, du carbonate de potasse, les fondants mercuriaux, liodnre de potassium, le vesicatoire, les causiiques : mais tons ces moyens sont, dans Timmense maiorite des cas, inutiles, nuisibles meine . en ce sens que, durant leur application , la maladie a le temps de faire des progres et de devenir incurable, (lest a la castration qu'il faut recourir, avant rjue des desoi'dres ne rendent cette ope­ration impuissanle, avant que lemal n'ait envalii le cordon testiculaire et surtout la region lombaire. La castration se pratique par casseau sur les grands animaux, et par ligature sur les petits, si le cordon testiculaire ne parti-cipe point ä l'affection; mais si ce dernier est altere, cette operation doit se pratiquer an moyen du cautere cutel-laire incandescent: ce dernier precede operatoire nous .1 valu quelques succes alors que le cordon testiculaire etait indure au point de ne laisser que fort pen d'espoir de guerison. Les soins subsequents doivent se deduire des indications et des complications qui peuvent survenir.
SATYRIASIS. — Tendance continuelle au coi't, avec faculte de le repeter un grand nombre de fois. Cet etat.
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ans lequel le male eprouve de violentes erections per­manentes ou incessamment re]gt;elees de la verge , diflere
c
u priapisme ä cause de ce desir ardent et insatiable de
repeter I'acte venerien , et de laptitude a 1'accomplir, cjui n'ont pas lien dans le priapisme. L'irritation, I'inflamma-
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SATYRIASIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^öü
tiou de la tele du penis , de l'uretre , la privation absolue et forcee de l'accouplement, le voisinage dc femelles en chaleur, surtoul au printemps, qui est la saison du rut, et l'epoque par consequent oü i'ardeur amoureuse se renouvelle ou recoit un surcroit d'activite, telles sont le.s causes auxquelles on peut attribuer le satyriasis, d'ail-leurs fort rare cliez les animaux , chez lesquels tnanqiient la plupart des conditions lt;pii peuventle faire naitre chez i iiomme, telles que les pensees libidineuses, la vue des objets lascifs, la frequentation des femmes galantes, les conversations et les lectures erotiques, etc. Le cJievai etalon d'un temperament ties-ardent, qui est jeune, trop bien nourri. et qui a dejasailli, [leutolFrir I'exemple du satyriasis , surtout si. pour le rendre plus apte au service de la moute, avant de le faire agir, on lui fait prendre des substances dites aphrodisiaqu.es, notamment les can-tharides, ou d'autres choses qui peuvent exaiter I'irritahi-lite des parties genilales. C'est alors que ce jeune animal eprouve une inquietude considerable . et quelquefois de la fureur ; il fait continuellement des efforts pour rompre le licol ou les liens qui Tenlravent, s'echapper et allei-courir apres les rencontres qu'il recherche si imperieuse-ment. Si un le force ;i la continence, il perd I'appetit, maigrit et devient triste : le leu qui le devore accroit sa fureur, 1 erection du penis augmente, devient perma­nente et douloureuse ; les lesticules s'enflent , 1 inOamma-tion s'empare des parlies genilales , et les accidents peu­vent devenir tels, que I animal en meure.
Le moyen de prevenirle satyriasis, chezranimal qui a deja joui des plaisirs veneriens , c'est de lui permctlre de saillir sa femclle, ou den venir a la ernelle extremile de le chätrer. Lorsque Ic mal est declare, les mm ens d'y
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remedier sont d'abord d'eloigoer les males des femelles de leur es|)ece , et de tout ce qui pent exciter Torgasme des parties genitales ; de les soumettre a un travail opiniätre et fatigant; de les nourrir faiblement, dc lie leur donner que des aliments pen substantiels ou pen succulents, telsmie l'eau blancbe et la paille, en retranchant toute espece de grains et de fourrage graineux. Mais ces uioyeus palliatifs sontinsuOisants: il lauten outresaigner largement, reite-rer la saignee uneou deux fuis selon le besoin ; en repeter de pelites aux saphenes; faire prendre des bains froids prolonges , dans une eau courante ; appliquer de la neije, de la quot;[lace, le Ionquot;-de la colonne vertebrale, et surtout de la region lombaire , ou repandre frequemnient de l'eau iroide sur ces parlies , en jeter meme sur la surface infe-rieure de I'abdomeD , etc. Telssont les moyens preconises par Hurtrel d'Arboval, auquel nous avons emprunte ce cbapitre.
SAKCOME. -— On donne ce nom a des tumeurs indo-ientes qui ont la consistance de la chair.
Nous lisons, dans le Ge volume du Journal vdtdrinaire et agricole do Bi'/yiqne.unextmit dun journal allemand, intitule : Gwcrison du sarcome mddullaire du scrotum d'un boiiif; par Rosenbaum. — Depuis quelque temps on observe plus frequemtnent chez les animaux cette variete du cancer que Laennec designait plus pai-ticuliereraent sous le nom (Vcnccphnloidc. Rosenbaum dit avoir observe, pendant dix annees de pratique, six sarcomes medullaires, dont deux chez le cheval et quatre chez le boeuf. 11 ne rapporte que le cas suivant, parce qu'il est parvenu a le guerir par un traitement specifique.
Un boeuf, age de dix-huit mois , cbätre depuis le
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SARCOME.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; jquot;
sevrage , a le scrotum tumefie de la grossear de deux poingfs, etpresente cinq productions enceplmloides, depi-lees,scches, d'un rouge jaunätre et fluctuautes , envc-loppees de tissu cellulaire et suspendues au cordon testi-culaire. Ccs productions varient de la grosseur d'une balle ordinaire a celle d'un ocuf doie. Par suite de cas ante rieurs, Eosenbaum elablit un pronostic favorable, ct avec I'aide d'un collegue il opere l'extirpation de la tumeur dont il envoie la moitie au professeur Gurlt, de Berlin, et lautre au professeur Prinz , de Dresde. La fievre trauma-tique fut insignißante, etcomme il jugeait que l'operation seule etait incapable de vaincre le mal, il fit preparer un demi-gros d'hydriodate de potasse en poudre, avec une once de racine de tormentille, dont il fit administrer deux fois par jour une cuilleree en breuvage avec de l'eau. II cboisit la racine de tormentille ä cause de l'absence de l'amidon, lluit jours plus tard, Rosenbaum rcvit l'ani-mal et retrouva un nouveau sarcome encephaloi'de ve-getant dans la plaie qui s etait considerabletneut retrecie. i)'apres cela, et surtout d'apres ce que le professeur Gurlt lui avait ecrit, Rosenbaum avait perdu tout espoir de guerison, et il abandonna tout traitement externe. A titre d'experience , il fitneanmoins continuer le traitement in­terne precite. Six jours apres, le fongus s etait agrandi, ce qui n'empecha pas de continuer l'emploi de luydrio-date de potasse. Vingt-six jours apres, Rosenbaum fut tres-etonne de voir le fongus rentre jusqu'au niveau des bords dela plaie et presque entierement resorbe. Comme Ton ue connaitpas de guerison spontaneede cette maladie, Rosenbaumattribue celle-ci a l'action de l'agent therapeu-t.ique emplove. Le boeuf, visite apres et revu deux ans plus tard, etait radicalement gueri.
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SCIATIQUE. — Sous le titre de nevralyie femoro-poplitee, M. Dubuissons a decrit deux affections cjuil a observees sur des chevaux, et qu d compare a la sciatique de I'liomine.
L'un de ces animaux fat sabitemeat attaque par un froid vifquot; qui avait succede tout a coup ä un temps plu-vieux; la maladie se montra clans les deux membres pos-terieurs a la fois. Le cbeval restant debout, ayant les deux membres de devant un peu plus distant*; l'un de l'autre que dans I'etat ordinaire, tandis f[ue ceux de der-riere elaient places ires en arriere de leur ligne d'aplomb,ne pouvait esecuter le moindre mouvement en avant. (iette fixite de position n'etait pas de longueduree; die etait interrompue par des acccs dans lesquels on remarquait jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; une tres-grande agitation de tout le corps et des contrac-
lions convulsives ])!as f)u moins prolongees des muscles femoraux posterieurs. La i-egion digitee offrait une flexion portee atel point, que I'appui sur le sol se faisait sur la partie anterieure des boulets. Dans cette derniere posi­tion des membres posterieurs , les jarrets etaient raides, et le corps tellement porte en avant qu'il paraissait incon-cevable que les articulations coxo-femorales ne se luxassent point. Et comme cet appui sur les boulets de-iruisait le changement de direction de la ligoe formee , dans I'appui normal., par la lace anterieore du pied, ä partir du boulet, il en resultait que le cheval semblait pique ä terra sur ses deux membres posterieurs. Cepen-dant il ne gardaitpas longtemps cette singuliere attitude, mais il eprouvait de grandes difficultes a reprendre sa position normale, les membres pelviens etaient dans un mouvement convulsif continuel, qui lui ötait le moyen de les rapprocber. 11 ne pouvait meme y parvenir qua la
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SCIÄTIQÜE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ÖÖ9
faveiir des muscles spinaux et croupiens, qui ne parais-saient pas etre comme ceux de la region poplitee , sous-traits a l'empire de la volonte. Pour executer ce mouve-ment, ii prenait un point d'appui sur son devant, baissait la tete , courbait l'epine du dos , et, par certains efforts musculaires, parvenait a reporter en avant les membres de derriere. On le remettait d aplomb en hii prenant les deux jambes l'une apres l'autre, et les renortant en avant, ce qui exigeait un certain effort pour surmonter la rai-deur convulsive des muscles. Le retour des acces avait lieu surtout quand on tourmentait l'animal, et prineipa-lementlorsqu'on le forcaitde porter ses membres abdomi-naux en avant. Du reste , ffaite ordinaire, appetit, pouls normal. 11 n'y avait absolument qu'impossibilite de met-tre Tun des membres de derriere devant l'autre. Get etat cessa tout ä coup au bout de quarante-huit heures ; il revint seize jours apics, mais dura pen. L animal avait ete soumis a un travail penible , et il recevait une abon-dante nourrlture en avoine.
L'autre cbeval tomba egalement malade par un temps froid et pluvieux. Les plienomcnes furent serablables. Pendant le repos , lanimal ne paraissait pas souffrir ; ce n'etait qua quand il voulait deplacer les membres de der­riere pour executer quelques mouvements de progression, que les douleurs et les contractions convulsi ves se faisaient remarquer. Les acces duraient moins , et ne reparais-saient que de loin en loin. Au dixieme jour, la gene dis-parut subitement dans une jambe , et le surlendemain la liberte d'action revint dans l'autre. L'animal avait etc expose a des fatigues excessives , et il avail, recu des averses, etant en sueur; de plus, il couchait dans les bois.
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540nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; SCORBÜT.
Voilä certes une maladie extraordinaire , dit Ilurtrel d'Arboval , et il se demande si on pent dire qu'il fut question ici d'une sciatique. 11 ne le pense pas et il admet que quelques-unes des affections decrites comme rhuma-tismales cliez les chevaux , ne sont pas sans quelque ana­logic avec celle-la.
SCORBÜT. — Maladie sur la nature et le traitement tant curatif que preseryatif de laquelie les observations exaetesdes ancienset leur minutieuse appreciation par les modernes , ont jete tant de jour qu'il y en a peu d'aussi completement connues peut-etre, et sur lesquelles l'in-fluence de la medecine soit aussi evidente et aussi puis-sante. II regne meine, ä ce sujet, parmi tous les medecins qui ont vttj une teile uniformite d'opinion qu'on est, a ce caractere , oblige de reconnaitre la verite.
Le scorbut est une maladie generate , le plus souvent epidemique , ayant pour cause directe et appreciable une alteration du sang, qui resulte elle-meme du concours de circonstances diverses et plus ou moins multipliees. C'est une affection sinon exclusivement departie aux gens de mer, au moins qui s'observe plus communement chez eux. Ellesevit quelquefois aussi dans les prisons, les hopi-taux , les hospices et dans certaines localites analogues, de meine qu'on la voit aussi dans les places assiegees et dans les corps de troupes en campagne. On l'observe aussi sporadiquement cliez les sujets epuises par de longues maladies ou par Tabus de preparations mercurielles.
Bien longtempson a cru que le scorbut dependait seu-lement de l'usage exclusifd aliments sales, et qu'il gue-rissait inevitablement par 1 empiui dune nourriture \e-getale. Mais il a lallu reconnaitre qu'on s'etait trompe,
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SCORBÜT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.quot;il
lorsqu'on a vu des equipages prives d'alitueiits vegetaux etre exempts tlu scorbut , tandis que d'autres , abondam-ment pourvus d'alimentsde ce genre, etaient decimes par la maladie. Ainsi done, une alimentation insuffisante ou pen reparatrice j soit par sa nature propre, soit parce qu'elle est recue dans des organes malades et incapables d'en tirer parli ; le froid prolonge, mais surtout riiumi-dite aeconapagnee tie chaleur ou de froid , 1 absence de la lumiere et du mouvement sont autant de causes qui pro-duisent le scorbut cbez l'homme , causes auxquelles on doit en ajouter une autre qui n'est pas moins puissante, le de'couraeement et le chagrin.
Nous avons puise dans le Dictioniiaire de imdecine et de Chirurgie pratiques tout ce qui precede , afin de pou-voir mieux faire apprecier la nature d'une affection dont les manifestations cliez les animaux sont en tout sembla-bles au scorbut de l'homme, affection encore peu etudiee en medecine veterinaire, que Ion observe frequemment cliez les petits chiens de dames, eleves dans les apparte-ments, nourris de sucreries, de bonbons et de pätes, et que nous croyons, avec Aygalinq, etre de nature scorbutique.
Le scorbut du cliicn s'annonce d'abord par la noncha­lance et la tristesse : la peau a perdu de sa souplesse et n'a plus son degre de temperature ordinaire ; les yeux sont moins brillants; les conjonclives sont päles et relietent une legere teiate bleuatre : I'appetit est diminue, la mas­tication est genee ; il s'ecoule de la bouche une have fdante; I'haleine est fetide ; les gencives sont gonflees et noiratres. Lorsque la maladie n'est point arretee dans sa marche envahissante , tons les phenomenes precites aug-mentent, les gencives s'ulcerent, les dents peruent leur biillant , devieunent noiratres, se dechaussent. branlent
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31-2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SCORBÜT
dans les alveoles et finJsseot par tumber; quelquefois las os des mächoires se carient. A cetle epoque de la maladie, Tanimal est dans'une grande prostration , il ue peut plus user des aliments solides; une bave abondante s'ecoule continuellemeut de la cavite buccale; l'haleine est d'une fetidite insupportable ; les ulcerations des gencives four-nissent un sang diffluent, altere, prive en grande partie de sa nbi'ine ; une diarihee epuisante se manifeste, enfln !a mort vient mettre un terme a cette lente et degoütante maladie.
Traitement. — Le traitement de laffection qui nous occupe doit etre general et tendre ä ramener le fluide nourricier dans les conditions pbysiologiques qu'il a perdues; la pratique a demontre que les toniques amers, administres ä doses l'ractionnees et longtemps continuees , rinnle de foiede morne, donnee a la dose de deux ä trois cuillerees ä bouche par jour, et le sirop dit antiscorbutique, sont les agents therapeutiques les plus ellicaces pour com-battre cette maladie. Mais ces agents tberapeutiques res-tent impuissants sils ne sont secondes par des soins hygieniques et une nourriture corroborante appropriee a l'etat des organes digestifs. Ainsi le malade devra etre löge dans un endroit see et bien aere , oü il regne une temperature donee : promene lorsque la saison le permet ou soumis \\ de legers exercices. Quant ä la nourriture, eile sera douce, de facile digestion et donnee en petite quan-tite ; le pain trempe dans du lait, un peu de bouillon, conviennent dans le prineipe du traitement; mais lorsque les forces digestives se retablissent, il est convenable d'a-jouler ii cette alimentation un peu de viande fraiebe.
Quant aux applications locales dirigees contra les alte­rations des gencives, olles consisteront dans les garga-
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SCROFÜLES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 345
rismes et les collutoires detersifs , aciduies (.'t legerement astringents.
SCROFÜLES. — Etat morbide general, dans lequel ics glandes et les vaisseaux lymphatiques, aiusi ([ue les fluides qui les parcourent, sont specialement affectes. Ciiez les animanx domestiques , les maladies scrofaleuses pa-raissent fort rares, ou du moins elles n'ont point encore ete l'objetd'une etude serieuse et approfondie ; ce n'est quesur le bocuf et le porc que quelques veterinaires ont signale une maladie analogue aux scrofules de Ihomine et Tont decrite sous cette denomination.
Le scrofule dn boeufse manifeste par des tumeurs dun volume variable, le plus ordinairement situees autour de la gorge, vers le contour posterieur du maxillaire , ä la base de l'oreille, des parotides et dans Lauge. Elles out lour siege dans les ganglions lymphatiques de ces regions ; on en rencontre aussi ä la base de l'encolure, en avant de I'e'paule, au fanon , aux ars , anx aines , etc.
Ces tumeurs, d'abord plus ou moins douloureuses et chaudes, mais dures , globuleuses , evasees , augmentent lentement de volume et ne causent aucun trouble appa­rent dans les fonctions de l'economie, ä un peu d'inappe-tence et de tristesse pres. Rarement uniques , elles se multiplient ou plutot plusieurs ganglions sont successive-ment atteints : ils s'engorgent, se reunissent quelquefois et constituent alors une masse plus ou moins considerable qui envabit un seul cote cle la region parotidiennc, s'etend et se propage dans I'auge, mais entoure rarement ct com-pletement toute la region de la gorge. Ces tumeurs ne pa-raissent point adberentes dans le principe , elles semblent meme elre isolees at par consequent faciles a extirper ;
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inais, soit effet de rirritation et de la doulear qui exis­tent dans leur interieur, ou d'un prurit borne a la peau. on voit les boeufs qui en sont atteints chercher a se frotter frequemment el fortement centre les corps durs; de lä contusion , determinant de nouveaux phenomenes dans la tumeur, qui augmente de volume, s'endolorit; un travail interieur determine tine funte suppurative de mauvaise nature ; la peau s'amincit, devient d'un rouge violet, luisante, douloureuse ; une ou plusieurs fistules s'ouvrent, elles communiquenl avec des sinus profonds. Le pus qui en deeuule est ichoreux, fetide, acre, depiiant la peau et paraissant etre dune nature albumineuse assez marquee, surtout quelque temps apres l'ulceration,epoque oü il est plus caseiforme et pultace que dans le principe. Les bords de l'ulcere se gonflent, se boursouflent et se renversent, ils presentent des fongosites lardacees, rou-geätres , saignantes , qui se recouvrent d'une croiite noire, s'enlevant par plaques detacbees parl'icbor qui transsude et laissanta decouvert une surface rouge et grenue. Toute la masse gangliunuaire, ulceree, squirrheuse, augmente cbaque jour de volume; eile presente plusieurs agglome­rations globuleuses au milieu desquelles on apeivuit les issues violacees, noiratres des fistules , d'eusuinte conti-nuellement I'icbor purulent que Ton vient de signaler. Le travail interieur a totalement change la nature des tissus, le parenchyme ganglionnaire a disparu , il est iem-jilace par un lissu squirrbeux, marbre et dune teinte variant du jaune au rouge et au noir sanguin, entrecoupe par le trajet des fistules. Le tissu cellulaire a subi la trans­formation lardacee , ainsi que la peau qui le recouvre. On trouve ca et la de petites masses tuherculeuses , princi-palement dans le parenchyme ganglionnaire; celte ma-
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sCROFULES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3iS
tiere tuberculeuse, particuliere a cette maladie, estrare-snent solide, eile est communement jaunatre, plus on moins liquide et plus compacte ä sa circonference.
La tumefaction , la cornificatioQ et I'lilceration fontavec le temps des progres profonds, elles envaliissent tous les ganglions voisins. La transformation squirrheuse s'etend, gagnetout lelissucellulairc environnant les divers organes de la region malade, cc qui forme une masse enorme de substance lardacee; Gelie a rencontre de ces masses qui egalaient une tete liumaine. Les arteres sent plus deve-loppees, les veines variqueuses et les lymphatiques rouges et hypertrophiees contiennent quelquefois du pus. Des foyers de ramoliissement occupent le centre de ces tumeurs, ils s'ouvrent communement a I'exterieur par une ou deux fistules; leurs parois sont epaisses , squir-rheuses , dures , criant sous le scalpel; leur face interne est mamelonnee , d'aspect muqueux, de couleur rougeä-tre, tachetee de stries noires , el: le pus qu'ils contiennent est heterogene , jaunatre , mele de filaments noirs et san-guins , quand ils sont ouverts ; dans ceux encore clos , le pus est plus homogene , moins fetide , epais , jaunätre et semblable ä la raatiere tuberculeuse ramollie.
i.e travail incomplet de suppuration que Ion vient de decrire , n'existe pas a la fois dans tous les points de la tumefaction scrofuleusej il est des masses gloindeuses qui restent ä l'etat squirrlieux, quoique voisines et rneme en-tourees de points ramollis, rarement uniques et souvrant par plusieurs fistules.
Tous ces desordres sont souvent acceleres par I'emploi des topiques irritants , tels que lliuile de laurier, les onguents chauds qu'emploient les guerisseurs; les inci­sions et les extirpations incompletes produisent ou plutot innbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ü
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546nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SCROFÜLES.
determinent le meme travail de suppuration et de fönte
juirlielle.
ün effetconsecutif assez constant de cette maladie est un etat de maigreur qui augmente avec les progres des tumeurs scrollileuses et les suulFrances qu'elles font eprouver au malade. Car, si dans le principe elles sont peu douloureuses et ne nuisent ])as ä rengraissement du bceuf, il n'en est jias ainsi quand la fönte suppu-rative existe et s'etend ; la douleur qu'elle cause reagit sur toute l'economie, il existe une veritable diathese scrofu-leuse qui se complique d'un etat cachectique et d'une etisie qui augmente avec les progres de la maladie. Le hoeuf et la vache atteints deviennent iiideus avoir; car des que la maladie est devenue generale et constitution-nelle, eile conduit lentement ['animal ii la mort.
Tel estle tableau symptomatique du scrofule du boeuf, trace par Gelle ; nous aliens suivre cet auteur jusqu'au bout du cbapitre qui traitc de cette maladie.
On rencontre a l'autopsie , outre les desiirdres que Ton vient d'indiquer dans le tissu des tumeurs , un engorge­ment plus ou moins considerable des ganglions lynaphati-tpies du mesentere et des bronebes ; ils sont volumineux , jaunatres , lardaces , squirrheux meme et inültres d'une mattere epaisse qui a quelque ressemblance avec le tuber-cule, mais qui n'en a pas la densite. M.Flamens est le seid qui ait rencontre des tubercules sur la surface des poumons.
Etioloyic. — Le temperament eminemment lympha-tique , inne ou acquis, est une des causes predisposantes les plus puissantes du scrofule ; tout ce qu'on a dit de son beredite est loin d'etre prouve , et si Gelle ne le nie pas , il en doute au moins. II regarde comme faux tout ce qu'on a avance sur sa contagion.
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SCROIULES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 34-7
Les influences exterieures susceptibles de determiner celte maladie dans les animaux domestiques , soul le scjour dans les localites marecageuses , mais surtout. dans les etables humides , froides, malpropres, remplies de furnier, encombrees d'animaus , sombres et malaerees ; toutes causes qui vicient I'air, (jui enlravent , suspendeat la transpiration cutanee et la i'efoulent sur !es organes interieurs. L'habitation des vaches des nourrisseurs des grandes villes, dans des etables sombres et mal tenues , d'ou elles ne sortent presque jamais, les etiole, palitles teguments , donne aux chairs une flaccidite remarquable et ;i tous les tissus une bouffissure toute scrofuleuse. Les aliments grossiers, peu alibiles,refractairesa la digestion, qui ne fournissent qu'une petite quantite de materiaux a ['assimilation nutritive , deteriorant la constitution des bestiaux en depouillaat les liquides de leurs elements reparateurs et excitants, sent aussi des causes puissantes du scrofule.
Traitement. #9632;— Cest sur la connaissance de ce con-cours de causes et d'effets que doit etre basee la tbera-peutique du scrofule. Aussi les moyens les plus efficaces a lui opposer trouveront-ils leur source dans I'hygiene. On diminuera done, autant que possible, les effels d'une atmosphere humide, en evitant soigneusement d'exposcr les animaux malades a la pluie. Les etables seront tenues seclies et aerees ; le^ pansement ii la main sera soigneu­sement fait, et I'animal tenucouvert durant tout le traite­ment; un leger travail outout au moins un peu dexercice concourra avantageusement a la cure , ainsi qu'une ali­mentation alibile, fortillante et de facile digestion.
Aux toniques, aux araers, aux fondants que Ton employait autrefois. Gelle conseille de substituer la
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S48nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SCnOFÜLES.
leinture d'iode r faite dans la proportion de vingt deci­grammes pour trente et un grammes d'alcool; cettc tein-ture sera donnee h la dose de huit ä douze grammes, etendue dans un litre d'eau, avec addition de trente ä cfuarante-cinq grammes de gentiane. Ce medicament de-vant etre employe comme alterant, sera d'abord continue pendant cinq jours, puis suspendu pendant un temps egal pour etre repris ensuite , suspendu et donne encore de nouveau.
Quant au traitement externe, il consistera dans des lo­tions emollientes faites avec une decoction de feuilles de mauve, dans laquelle on aura mis infuser desfleursde sureau ; ces lotions seront repetees soir et matin ; on devra, en outre, avoir 1'attention (]e tcnir la partie chaudement couverte avec un morceau d'etoffe de laine. Des que les sjmptömes inflammatoires seront diminues,il faudra em­ployer les frictions de pommade d'hydriodate de potasse, qui devront aussi etre alternativement suspendues et re­prises. Gelle lalt remarquer que Temploi de l'iode a I'exte-rieur comme a I'interieur, trop longtemps continue, agit d'une manierefacheuse surles organes generateurs, testi-cules et mamelles, et que son usage prolonge sur des tau-reaux etalons on sur des vaclies laitieres, pent detruire Faction secretoire de ces glandes ; qu'en consequence, on doit ne pas en continuer trop longtemps Tadminlstration et lui substituer de temps a autre des medicaments ayant des proprietes analogues.
Si, apres un mois ou plus de ce traitement, la resolution des engorgements scrofuleux ne s'est pas operee, on devra les extirpcr, surtout si les tumeurs sont pen volumineu-ses, isolees, et les panser ulterieurement, selon I'indication. Mais, lorsque ces tumeurs sont volumineuses, anciennes?
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SCROPüLES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3-40
llstuleuses el situees au voisinage d'organes importants et oü sc trouvent des vaisseatix et des nerfs considerables, surtout encore s'il y a desorganisation , idceratlon grave et diathese scrofideuse, on doit les considerercomme incu­rables.
Le scrofule du pore a ete observe par Toggia. D'apres cet auteur, cette maladie consiste en des tumeurs indo­lentes, qui augmentent peu a peu et fonnent snccessive-ment des espcces de cbapelets ou de noeuds autour du cou, derriere les oreilles, sous la machoire inferieure, oü elles se montrent inegales et bosselees. II ajoute qu'ä me-sure qu'elles croissent, elles deviennent de plus en plus adherentes aux parties voisines et aussi dures que du marbre, et dit avoir vu dans la macboire d'un pore un assez gros cbapelet tellement adberent a l'os et si dur, qu'il ressemblait ä une concretion osseuse. MM. Dupuyet Prince ont observe le scrofule sur des pores , aux envi­rons de Toulouse , oii, d'apres eux , il est assez commun.
M. Gauvet, veterinaire a JNarbonne, a public un me-moiresur les malatlies scrofuleuses du pore. Le pore, dans son jeune iige, dit-il,et sous Finfluence de certaines causes morbides, est atteint d une maladie caracterisee par 1 epancbement de la matiere tuberculeuse dans diverses parties de Torganisme et par des alterations du Systeme osseux. C'est surtout apres le sevrage, lorsque les gorets chaugent de regime, qu'elle se manifeste d'une maniere plus appreciable et que sa marebe deviant plus rapide.
La conformation indique la predisposition. Ce sont les sujets les plus debiles, dont la poitrine est peu develop-pee et qui portent en eux les signes dune faiblesse orga-nique, qui sont le plus souvent attaints. On observe les signes de la debilite ; la tete est hasse, la tristesse apparente.
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la marclie leute. Les malades sont coinme inattentifs a re qui se passe autour deux , marchent lentemeut et cher-client les endroits abrites. Leur peau gercee, cullee sur uu turps amaigri, est couverte de ])üux. Une Unix foible, coinme la toux de la pommeliere dans ses dernieres pe-riodes, sc fait entendre ; le nez est sec at rugueux.
Bient6t I'appetit diminue; la langue est seche ; les ex­crements sont durs ou diarrheiques. La maigreur aug-mente ; les malades sont souvent debout au milieu du troupeau, se meuvent rarement et, pendant la marche, ils font entendre une toux de jour en jour plus faible. La respiration est entrecoupec coinme celle des clievaux poussifs, et les battements du flanc impriment une se-cousse a tout le corps.
L'appedt sem])le s'eteindre ; les malades boivent lente-ment et tres-peu, restent les levi-es plongees dans Teau sans faire les mouvements de la deglutition. La maisreur augmente , la tovix est plus faible ct plus irequente, la demarcbe devient chancelante, I'appetit se perd enticre-ment, les malades restent couches et meurent avec les ca-racteres d une debiiite profonde.
Pendant que ces symptomes se font reconnaitre, ou meme, parfois, avant Fapparition de quelques-uns d'entre eux, on constate des gonflements morbides dans les os des membres, plus particulierement au voisinage des arti­culations. II se forme du tissu lardace , et le raeinbre prend un developpement exagere et difforme. II arrive, parfois, que la tumefaction des bouts articulaires et lepan-chement de la matiere lardacee sont les premiers signes appreciables de la maladie, et alors le goret qui porte ces gonflements, peut bien acquerir de la taille, mais il ne se developpe jamais comme ceux qui sont sains ; ilrestc de-
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scrofules.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rgt;!;i
bile. Prcsque toujours la maladie se generalise, et le ma-lade meurt avec des tubercules dans le pouraon. Mais, parfois, lafTection semble lucalisee dans quelque partiedu squelette (pii se turaefie , s'entoure d'unc infiltration lar-dacee dans laquelle se forment des tubercules, qui, plus tard, se ramollissent. Les os de la face participent parfois a I'afFection; les ganglions de l'aine sont quelquefois tu­mefies et douloureux.
M. Gauvet resarde la consaneuinite comme la cause la plus puissante du scrofule, puis ralimentation et les in-fluences atmospheriques.
Traitement. — Lorsque, sous linfluence d'une pre­disposition prononcee et des causes les plus fachenses , les tissus sont degeneres , la therapeutique des maladies scrofuleuses nest pas remarquablement puissante ; il faut done recourir u des mesures generales qui tendent a combattre et ä eteindre les causes.
Ü faut, par le renouvellement des males, empecherla consanguinite de s'etablir et conserver, par ce moyen , aux descendants, la vigueur primitive de l'espece. 11 faut livrer la femelle au male ä une epoque convenable pour que la mise-bas et le sevrage puissent s'eiTectuer dans la belle saison , le froid humide etant une cause puissante de la maladie ; ne separer les gorets de leur mere qu'a-pres deux mois accomplis; les loger dans un endroit sec, aere, oü il regne une douce temperature et leur donner une litieresecbeet abondante. Quanta la nourriture, eile devra ctre variee et de facile digestion.
Tel est le tableau succinct des preceptes etablis par M. Gauvet, lequel s'est livre ä une etude speciale de la maladie qui nous occupe.
Quant aux malades, on n'attend pas qu'ils soient arri-
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ves an marasme pour en faire le sacrifice. Ceux qui, en raison de fapparition tardive on de la marche lente de la maladie, ont acquis une certaine taille, un certain deve-loppement, peuventetre egorges pour la consommation. Ce n'est que lorsque l'affection est tres-avancee, que la viande est moins savoureuse: alors sa conservation est (ülücile et eile rancit facilement. Jamals son usase n'a determine d accident.
SEIMES. — On donne ce nom a des fissures, des fentes qui surviennent a la muraille du sabot des mono-dactyles. Ces lesions de continuite sont superficielles ou profondes , recentes ou anciennes.
Les seimes superficielles n'interessenl: qu'une partie de i'epaisseur de la paroi et n'occasionnent aucune douleur ; les profondes penetrent jnsqu'au tissn podophylleux. Dans ce dernier cas , les bords entames de la cornee s'e-cartent, les mouvements froissent les parties sensibles , et les pincements qui en resultent les irritent, les meur-trissent an point d'occasionner une douleur tres-vive qui entraine la claudication. Les seimes anciennes se compli-quent presque toujours de keraphyllocele : cette colonne cornee, qui se developpe au dedans de la paroi, dans le sens de ses fibres, determine des complications, telles que la suppuration , la gangrene du tissu podophylleux , la carie de I os du pied, etc.
D'apres la position qu'elles occupent, on les distingue en seimes enpince, vulgairement ^'erf de Imuf, sole, et en seimes quartes. Les premieres sont plus communes aux pieds de derriere , les secondes se montrent le plus souvent aux pieds de devant.
La seime en pince, comme I'indique le nom. occupe
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SEIMES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ÖSS
ceüe partie du sabot, et se prolonge le plus souvent, dans le sens de la direction des fibres cornees, depuis la cutidare jusqu'au bord plantaire de !a muraille.
La seime quarto, qui quelquefois traverseobliquement l'epaisseur de la paroi, attaque presque toujours le quar­tier interne des pieds de devant, par ceia memc qu'il est plus faible que le quartier externe.
Les pieds dont la corne est maigre , suche et cassante, sont plus exposes aux seltnes que ceux dont la corne est. souple et grasse ; aussi les rencontre-t-on plus frequem-ment chez les chevaux a sabots creux et etroits, a talons faibles, qui travaillent sur des terrains sees, paves, que chez les chevaux de labour, it pieds evases , et qui tra­vaillent presque continuellement sur des terrains plus ou moins humides. Lors du sejour de l'armee francaise en E^ypte, presque tous les chevaux amenes de France dans cette contree, avaient la muraille fendillee et etaient con­tinuellement aüectes de seimes. Elles sont quelquefois produites par des atteintes ä la couronne, le furoncle tie cette region , le javart cartilagineux mal opere et mal gueri. On pent encore ranger dans Tetiologie des seimes le defaut d'aplotnb , de conformation des pieds, la mau-vaise ferrure et faction de trop raper la muraille; dans ce dernier cas, le marechal enleve l'epiderme du sabot, e'est-a-dire le meilleur rempart ([uc pnisse avoir celui-ci centre les injures des agents exterieurs.
Traitement. — La therapeutique des seimes doit etre subordonnee a I'etat dans lequel elles se presentent. Lorsque la seime est superllcielle, e'est-a-dire lorsqu'elle ne penetre pas juscpiautissu podophylleux , les soins du veterinairedoivent tendrea empecherqu'elle ne sacheve : e'est en assouplissant la corne an moyen des corps gras, et
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SEIMES.
paruneferrure appropriee que Ion peut atteiudre ce but. Ce serait jieut-etre ici !e cas de mettre en usage un procede que I'on attribue aux Espagnols , el que nous avons vu employer jiar un marechal; il consiste a pratiquer une suture avec un fd de fer ou de laiton passe dans les bords de la seime au moyen d'un polnoon de fer rouge qui n'atteint pas le vif.
La senne recente, penetrante, sans ecartement des bords de la division , reclame l'usage des cataplasmes emollients sur la cutidure et le sabot, et si la seime est en pincc, d'un fer auquel on releve deux petits pincons de chaque cöte de la solution , pour etnpecher 1'ecarte-ment des bords: et dun fer a planche si la seime est en quartier, en evitant toutefois que l'appui ne se fasse sur les parties de la muraille divisee. Ces moyens, secondes dun repos de quelques jours, suffisent ordinairement pour amener la guerison. Certains praticiens se conten-tent, quand la seime est recente et la claudication pen prononcee, d'appliquer une legere cauterisation en pointe sur la cutidure, ä la naissance du mal, en vue d'activer la secretion de la corne, et d'obtenir par ce moyen , une avalure qui la fasse disparaitre.
Lorsque les seimes sont anciennes , larges et a bords rugueux, les moyens que nous venous d'indiquer ne peuvent ])lus suffire; il faut, dans ce cas, recourir iil'o-peration dite de la seime. Cette operation se pratique de plusieurs manieres : 1deg; par revulsion complete de la por­tion de corne qui est le siege de la seime ; 2deg; en V on en sifflet, et 3U par ramincissement de la muraille et l'en-levement des bords dc la solution avec la feuille de
sauge.
Le premier procede est generalement employe; il est
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SEIMES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ööü
indispensable lorsque la seime est compliquee de kera-phyllocele, dans le cas de suppuration, de gangrene du tissu podophylleux, et de carie de Tos du pied. Pour opercr la seime en pince par ce precede, on pratique deux rainures paralleles, distantes Tune de l'autre de deux pouces a deux pouces et demi, et une troisieme ä la sole en pince, puis au moyen des tricoises , on enleve toute la portion de corne. On applique ensuite un fer ii pince legerement prolongee et Ton precede au panse-ment. Ce pansement doit se faire au moyen de deux bourdonnets assez volumineux pour remplir les rainures ou biseaux dc la paroi restante et couvrir la marge du tissu reticulaire mis ä nu, de plumasseaux dis})oses de manicre ä etablir une compression egale sur toute la sur­face de la plaie , et de tours de bände assez serres pour empecher Tappareil de se deplacer et s'opposer au bour-souflement des cbairs. On levece premier appareil trois a (fiiatre jours apres Foperation et on pause la plaie selon i'indication. On agit de la uieme maniere a l'egard de la seime quarte gt; seulement on se contente souvent de ne faire qu'une seule rainure et on enleve tout le quartier. On emploie un fer ;i brauche tronquee comme apres I'operation dujavart cartiiagineux.
Le second precede est piesque abandonne par les pra-liciens a cause de sa frequente insuillsance; on ne lem-ploie guere que dans les seiines qui ne se prolongent pas jusquau bas de la muraille. On opere par deux rainures quiparteut de la cutidure, et vont se reuuiren forme de V vers la partie moyenne du sabot, on enleve la portion de corne, et Ton procede au pansement en observant les regies etablies au premier procede.
Le troisieme procede consiste a amincir la muraille sur
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SPERMATORRHEE.
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une largeur de quatre travers de doigts, jusqu'au tissu podophylleux , au moyen d'une bonne rape, puis d'eii-lever avec une feuillc de sauge bien tranchante las bords de la solution de continuite; on applique eusuite , pour la sehne en pinee, un fer ä piuce prolongee pour supporter l'appareil de pansement, et un fer a planche pour la seime quarte. ]m pansement doit se faire avec des plumasseaux un peu series et maintenus par des tours de Lande. Ce precede operatoire, conscille par Lafosse, merite la confiance des praticiens; il a, sur tons les autres, l'avantage d'exiger moins de delabrements et de per-mettre ä 1 animal de rendre quelques legers services. durant la eure.
SOIE DU PORC. SOYON.—(Voy. Charbonduporc.)
SOLANDRES. — ( Voyez Malandres.)
SPER31ATOCEL1L — Lafosse a dit que la semencej en sarretant et s epaississant quelquefois dans ses vais-seaux secretoires , donnait naissance ä une tumeur testi-culaire appelee spermatocele ; mais il est diflleile d'attri-buer cette tumefaction des testicules ä la retention du sperme dans ses canaux ou reservoirs, tant la nature a de moyens de se debarrasser de la surabondance de cette liqueur; il est meine permis, dit Ilurtrel d'ArLoval, d'avoir des doutes a cet egard , et de penser que les pre­tend us spermatoceles ne sont que des varicocclcs ou des phlegniasies aigues ou clironiques des testicules, provo-quecs par diverses causes.
SPERMATORRIJEE. — On se seit de cette expression pour designer remission involonlaiie du sperme. Cette
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SPEUMATOIUUIKK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 557
alfection est fort rare, pen dc veterinaires I'ont observee et etudiee. D'apres les recherclies faites par Hazard, il resulte qu'on en trouve les premieres notions cliez les Italiens, qua les Francais s'en sent pen occupes, que les Anglais en out traite ties en detail, et que les Allemands I'ont aussi decrite.
Vitet, qui appelle la spermatorrhee ecoulemeni invo-lontaire de la semence ou yonorrhee, dit : 11 s'ecoule du membre du taureau ou dc I'etalon une humeur blan-cbätre, fluide, absolument semblable a la semence ; pendant l'evacuation de cetle humeur, le membre est tendu ct presque renferme dans son fourreau ; les forces musculaires s atiaiblissent, la maigreur devient conside­rable, les poils tombent, enfin le malade parvient au der­nier degre de consomption et meurt. Vitet ne veut pas qu'on confonde la spermatorrhee avec l'excretion de semence surabondante , ni avec I'ecoulement purulent, par la verge. 11 reconnait trois causes, la faiblesse ou le relacliement des organes spermatiques , l'irritabilite et la plethore. Dans le premier cas, il prescrit les bains , les applications de terre argileuse et de vinaigre sur les par­ties de la generation ; lusage du sei dans les aliments et dans la boisson , et des aliments tres-nutritifs; dans le second, la diete, les cataplasmes de mie de pain et les fomentations de vinaigre de Saturne ( acetate de plomb) ; dans le troisieme , la saignee , l'application de la terre argileuse et du vinaigre, l'acetate de plomb , la creme de tartre en lavements 5 une nourriture humectante etnitree, les bains , les parfums de vinaigre, enfin la castration , si les autres remedes sont insufllsants. Ainsi, com me le fait observer Huzard, voilä les memes moyens curatils exte-rieurs employes dans le relacliement, dans 1 imtabilite
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'Sraquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SPERMATORRH^E.
et la plethore. Vitet defend de purger avec Ja rhubarbe , d'employer les lavements avec la terebentbine et les jaunes d'oeufs , indiques par Bartlet , et qui paraissent a Iluzard mieux appropries ;i la cause la plus frequente de Ja spermatorrhee. Lafosse en a dit a pelne quelques mots , sous le norn de yonorrhee, et il pense que le cheval en est attaque , ou pour avoir sailli trop de juments, ou pour s'etre fatigue avec des juments bouclees ou des cbe-vaux, et le plus souvent apres un pissement de sang ; selun lui, il n'est guere de curabilile,a cause des diiliculte's que presente l'administration des remedes cJiez Je cheval. Iluzard en a recueilli une observation sur un etalon espagnol de sept ans, d'un temperament mou, etnaturelle-ment assez tranquilie, ayant les testicules fort gros. Apres une monte pendant laquelle il avait etc fortement nourri en avoine et en ble, il fut attaque dime spermatorrhee qui d'abord n'eut lieu que Jorsqu'il entrait en erection ä la vue des juments ; pen ä ])eu I'ecoulement seminal devint plus frequent, et ii suffisait souvent quele membre sortit du fourreau pour qu'il cut lieu , le hennissement parais-sait l'accelerer. J.a matiere de J'ecoulement etait plus sereuse que dans fetat normal, et eile s'ecbappait goutte a goutte, lorsque rien n'en sollicitait une ejaculation plus prompte. L'animai urinait souvent; les urines etaient abondantes et charriaient un sediment muqueux et bian-chätre ; il maigrit sensiblement, son appetit devint irre-guJier, fantasque ; ses forces diminuerent, il se Jjercait dans sa marche. Pendant six mois on avait employe une foule de remedes sans succes, mais aucun n'avait ete local. Iluzard prescrivit des lotions aromatiques et forli-fiantes , faites freqtiemment au perinee, au fourreau et sur le penis , ainsi que ties injections de Ja meine nature
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SPERMÄTORRHEE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5S9
dans le canal de I'metre, les lavements de decoction de carottes, d'eau de savon, etc. Ces moyens, desquels il faut rayer les injections, qui n'ont pu etre praliquees , ne furent nullement efficaces. On appliqua ensuite un tres-grand nombre de pointes de feu depuis l'anus jusqa'au fourreau et sur la pointe des fesses, et, a dater de l'e-poque de l'engorgement qui survint, la sperniatorrhee cessa entiei-ement, apres avoir dure huit mois. L'animal repril peu a pen un appetit constant, des forces et de l'embunpoint.
Une autre observation a ete recueillie par M. Bouin , sur un bandet degrande taille, qu'onavait commence par sai-gner. On remarqua beaucoup de tristesse, d'affaissement, et quelquefois un peu d'anxiete ; le pouls, petit et profond, donnait cent pulsations par minute ; la conjonctive et la pituitaire etaient un peu pales, la respiration laborieuse, les flaues irreguliers : laboucbe cbaude laissait echapper une odeur fetide ; I'inappetence etait complete, les dejec­tions rares et lamaigrissement sensible. L'animal, faible des reins et des membres posterieurs, etait vaeillant quand onle faisait marcher quelque pen: les testicules etaient engorges, les cordons spermatiques allonges , gros et douloureux . la spermatorrhee contiuuelle. L'erection se manifestait souvent, et semblait annoncer le desir de la femelle : le sperme, qui etait blanc, onctueux et fdant, ne sortait que par gouttes , qui se succedaient avec assez de rapidite. Ce qui n'a sans doute pas pen contribue ä faire naitre I'ecou-lement spermatique chez ce baudet, e'est le service tres-actif de la monte qu'il venait de terminer, le voisinaee non interrompu des femelles ä sailiir, etc.: e'est dumoins ce que M. Bouin presume. Les premiers jours, ce vete-rinaire prescrivit des boissons nutritives de farine d'oree.
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SPINA VENTOSA.
pour toute nourriture ; trois fois par jour il faisaiL preu-dre, dans une bouteille (ie ces boissons , deux dices d'oxymel simple : il ordonna des charges fortifiantes sur les reins, des frictions loniques sur le raphee, depuis I'anus jusqu'aux teslicules , auxquels il appliqua un sus-pensoir contenant une espece de puree fake de grosses fevcs bouillies et bien cuites dans du vin ; il prescrivit en outre des lavements legerement terebenthines , des fric­tions de vinaigre sur les reins et sur le rapbee ; il donna interieurement, deux fois par jour, les amers et surtout la petite centauree. M. Bouin persista dansl'emploi de ces mojens , et ce ne fut que vers le douzieme jour de la maladie que I'animal eut le jiouls plus devcloppe, que les forces musculaires se reveillerent, que ['engorgement des testicules diminua, et la spermatorrhee aussi. On lit de plus quelques injections un peu astringentes dans ie canal de lurclre , et on ordonna la promenade. L'animal parut alors desirer des aliments solides; on lui donna du pain et un peu de foin. Le quinzieme jour , la gaiete reparut, et la convalescence etait certaine. Elle ne fut pas tres-longue, et l'animal ne tarda pas a etre remis a son travail ordinaire.
SPINA VENTOSA. — Cette affection du tissu osseux se traduit par l'ecarteraent des lames osseuses qui parais-sent soulllees et offrent des areoles qui correspondent a une tumeur polypeuse plus ou moins voluminense , d'oü s'ecbappe une matiere ichoreuse, de mauvaise nature, (^ette alteration pathologique parait exclusive-ment rcservee an maxillaire; on ne fa pas, que nous sacbions, remarquee sur une autre partie. On a observe ä lEcole d Alfort un spina ventosa sur un cheval destine
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SPINA VENTOSA.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; öd I
an cours d'operatiuns; son volume otait enorme ; il s'eten-dait depuis la sympliyse maxillaire jusquii la derniere dent molaire et contenaitun corps polypeux qui en rem-plissait toute la capacite.
Nous avons observe plusieurs casde spina ventosa chez les animaux tie respece bovine ; les nombreuses pu-ces j)u-thologiques que nous avons vues atlestent sudisamment que cette aflection est plus commune cliez les gros rumi­nants que cbez les solipedes.
M. Gautier, veterinaire a Beziers, a public, dans le Journal des vetirinaires du Midi, annee 1850, une obser­vation de spina ventosa sui' un mulct äye de huit ans. Une tumeur assez volumineuse existait a la partie moyenne de la region interdentaire, vers le bord inferieur de labran-cbe droite du maxillaire. 1'eu saillante au dehors, cette tumeur rcmplissait en dedans I'espace intermaxillaire. On y remarquait une fistule etroite, donnant passage a une matiere sanieuse et infecte. Apres en avoir fait le debride-nient, M. Gautier puty introduire le doigt et reconnaitre tpie I'os etait denude dans ce point et en apparence carie. 11 y avait lä une t,a\ ite profonde. Vers la partie moyenne des barres correspondäntes a la tumeur, il remarqua une autre fistule communiquant avec la portion dos malade. Apres avoir agrandi louverture qui communiquait dans 1 interieur de la tumeur osseuse, M. Gautier y enfonca un cautere boutonne chaulTe a blanc , et l'y maintint un temps assez long pour etre sur d avoir detruit les parlies altere'es. 11 fit ensuite lotionner la partie malade avec une decoction emolliente et laver la plaie avec une dissolution de chlorure de sodium. Des injections tie teinture d'aloes dans la fistule iurent en meme temps prescrites. Dix-scpt jours apres cette operation, 1'auteur retira avec une pince mnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;46
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S(-5nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SPLNA VENTOSA.
deux portions tl'os assez volumineuses 5 il cauterisa de nouveau , mais cette fois avec le beurre d'antimoine. Quelques jours plus tard , 1 escarre tombe , la plaie est belle et se cicatrise bientöt. La guerison elait complete au bout de vingt jours.
L'observation de M. Gautier est fort interessante au point de vue pratique; eile nous offre des nioyens pro­pres a combattre une affection grave, dont les causes sont loin encore d'etre connues ; le succes qu'il a obtenu est une indication qu'il ne faut pas attendre que le mal ait produit des ravages trop grands avant d'agir d'une maniere energique ; que la cauterisation a outrance des tissus morbides, dans le principe, est le seul moyen d'en arreter la marclie, lente a la verite, mais toujours funeste, et de le guerir radicalement.
Depuis la publication de l'observation de M. Gautier, nous avons ete a meme de constater les bons effets de la destruction , par le feu , des tissus morbides qui consti­tuent le spina ventosa. Une genisse de deux ans entra ä l'infirmerie de 1'Ecole veterinaire, pour etre traitee d'un spina ventosa , dans le commencement du mois d'octobre 1852. Cette bete portait, a la brauche droite du maxil-laire, une enorme tumeur polypeuse, percee de plusieurs fistules qui communiquaient dans 1 interieur de i'os, des-quelles sortait un ichor sanieux , abundant, de mauvaise odeur. Un engorgement, equivalant a la grosseur de deux poings reunis , existait a I'endroit correspondant a cette production morbide et rendait cette partie du maxillaire comme soufflee : des lames osseuses , dont quelques-unes etaient detacbees, formaient diverses cloisons dans son in­terieur.
L'origine de ce cas palbologique ne nous est point
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SPI.NA VENTOSÄ.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3C5
connuej malgre les renseignements que nous avons pris chez le proprietaire de cette bete , nous n'avons rien pu obtenir (|ui soil de nature ä en eclairer I'etiologie ni le temps approximatif de son existence.
Deux jours apres son entree a rinflrmerie, I'animal fut abattu et fixe convenablement pour etre opere ; nous enleviimcs toute la partie de ia tumeur qui etait acces­sible aInistrument trancbant, ce qui fut suivi d'une cau­terisation inherente profonde et enerjjiquepourdetruire et reduire en escarre les tissus morbides de l'interieur de l'os. Cette premiere operation ne fut suivie d'aucun trouble fonctionnelni de la plus legere fievre de reaction.Deux jours plus tard, une abondante suppuration s'etablit etentraina 1 elimination des escarres et des lames osseuses detruites par le calorique. Des lors la plaie fut entretenue dans la plus grande proprete par des ablutions d'eau chloruree, et pansee avec de petits plumasseaux charges d'eau de Vil-late, que Ton enfoncait le plus profondcment possible dans les trajets fistuleux.
Dix jours apres, la grande masse de tissus morbides qui restait encore necessita une seconde cauterisation ; quatre cauteres cliauffes a blanc furent plonges en differents sens et refroidis dans sa profondeur. Cette cauterisation, de meme que la premiere, ne fut suivie d'aucune reaction. A dater de cette epoque, le mieux se manifesta, la plaie prit un bei aspect, le pus devint louable et la cicatrisation s'opera au point que, vers le milieu du mois de novembre, il ne restait plus de cette enorme plaie qu'une petite sur­face a cicatriser, et I'animal fut rendu a son proprietaire.
Depuis cette epoque , nous avons revu cette bete 5 eile etait parfaitement guerie, et la tumefaction du maxillaire. sur laquelle nous avions applique une cauterisation trans-
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-,Unbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SPLENITE.
carrente avant son depart, etait en grantle partie dis-sipee.
SPLENITE. #9632;— Inflammation de la rate. — L'elude de cette maladie chez les animaux domestiques laisse beau-coup ;i desirer. Peu de veterinaires en ont fait mention dans leurs ecrits. A part ce qu'en disent MM. Tsclienlin, Cruzel et Gelle, nous ne possedons rien qui ait rapport a cette affection.
M. Tschenlin, veterinaire des ecuries du grand-due de Bade, dit avoir observe la splenite sur lecheval, le boeuf, lemouton et le pore ; mais la Symptomatologie qu'il a de-crite est tellement longue, vague et cmbrouiilee, qu'il est impossible, raeme au praticien le plus consomme, de re-connaitre quelqucs plienomenes qui pourraient le meltre sur la voie du diagnostic de cette maladie , et nous osons nous permettre de dire que ce veterinaire a deerit sous le nom de splenite, une veritable affection carbonculaire. Notre lache n'etant point de suivie , quand meme, tons les auteurs dans les opinions qu'ils emettent sur la nature et le siege des maladies, nous n'en dirons pas davantage sur le memoire de M. Tsclienlin et. pour plus complets details , nous renvoyons nos lecteurs a 1 article Splenite. du Dicttoimaire d Hurtrel d Arboval.
L'inllammation de la rate, dit M. Cruzel, s observe fre-quemment sur les brjcufs: peu intense dans son debut, eile disparait quelquefois subitement pour se montrer de nouveau lorsque Faction de la cause qui I'avait d'abord provoquee recommence.
Son principal Symptome, l'enflure du ventre vers I'by-pocbondj-e et le flaue gaudies, pourrait la faire confondre avecla raeteorisation de la pause; maisil sufiitd'une ob-
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SPLKMTE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 5C5
serration attentive pour etablir la difference qui existe entre ces deux affections. La tumefaction de la rate sou-leve les demieres feusses cutes et le flanc gaudies, mais eile n'est jamais ni aussi soiulaine, ni avissi considerable fjiie la meteorisation ; eile donne . par la percussion , an son mat et plein ; le contraire a lieu par l'expansion des gaz dans la pause, et comme, dans cette derniere circon-stance, I'anus ne fait pas saillie au deliors, I'urine nest pas exprimee continuelleraent et goutte ä jjoutte; la res­piration , un pen plus frequente que dans Fetat normal, n'est ni courte ni precipitee. Enfin , dans finflammation de la rate, les premiers symptumes sont d'abord un peu de gene dans la marcbe, et l'elevation du flanc et de I hypocbondre gauches ; la rumination ne s'est point effectuee depuis le dernier repas quand cet engorgement commence, el s'il se prolonge , les fonctions digestives ne s'executent qu'iinparfaiteinent, la rumination ne s'o-pere qua de rares intervalles, les evacuations fecales se font avec irregularite, les excrements sont expulses au
dehors
#9632;quot;j
ou durs ou liouides et sans liaison. Ce trouble do
la digestion est bientut suivi de firritation de l'estomac et des intestins, et souvent la gastro-enterite vient compii-quer la splenite.
La splenite dure quelqucfois peu.; la tumefaction se dissipe alors avec autant de promptitude quelle s'etait formee, le boeufrumine et ne parait pas avoir ete incom­mode par cette premiere attcinte : mais deja neanmoins l'accident presente de la gravite, parce que lorganc pent rester dispose li une nouvelle congestion sanguine. D'ail-leurs, la repetition de la cause amene le renouvellement de l'affection, etl'on concoit que de la plenitude passive et outree de la rate, a un premier degre d'inllamination, il n'y a qu'un leger espace ii francbir.
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SPLENITE.
L'inflamination de la rate se produit pendant les saisons IVoides et humides, si les animaux sont habituellement soiunis a ties travaux penibles. Lorsque , dans ce cas, on les attelle immediatement apres le repas, sans leur don-ner le temps de ruminer, ils sont obliges d'exercer leurs forces pendant plusieurs beures avec I'abdomen charge d'aliments, alors le sang refine vers les organes de la di­gestion et la rate ne tarde pas a s'engorger.
La splenite tire son caractere de la nature de sa cause. On I'observe momentanement si la cause a ete de courte duree; eile est aigue, simple, compliquee, intermittente, chronique, suivant la diversite d'action de cette cause et son degre d'intensite. On peut dire, avec assurance, que c'est presque toujours un travail trop penible qui la pro-voque chez un animal aussi sanguin que le boeuf, car eile ne I'attaque jamais lorsqu il est soumis ä des travaux niederes ou qu'il vit dans des paturages. Elle se termine par resolution quand eile est aigue et pen intense, par la decliirure de t'organe et la mort si eile est portee a un tres-haut'degre et qu'on force I'animal a precipiter sa marclie; eile devient chronique et amene la desorganisation du viscere, si fatteinte a ete longue on intermittente et dura­ble, et la resolution incomplete.
Un boeuf de huit ans venait de faire un repas copieux de luzerne stehe quand on I'attela pour un transport de gravier ; il travailla pendant deux heures , sans paraitre malade, bien qu'il ncüt pas encore rumine. Tout a coup on apercoit qu'il est gene dans sa marche , qu'il refuse de tirer, et que son {lane gauche s'est eleve. Du reste, tran-quillite, point de douleur ä la pression des reins , sensi-bilite quand on comprimait avec force les dernieres fausses cotes superieurement; flanc gauche tendu et dur, rendant un son mat et plein ; mufle non humide, mais non ce-
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SPLI-NITE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ÖÜ7
pendant sec et ruguens , comma cela arrive dans les phlegmasies abdominales tres-intenses. Saignee de douze livres a la sous-cutanee abdominale. La tension du flanc se dissipe pendant l'operation , et la rumination commence. Demi-ration et repos pendant deux jours ; guerison.
Un autre boeuf, employe ix des transports devendange, n'avait pas rumine depuis le matin , quand, vers une beure , on lui trouva la marche pesante, le flanc gauche releve, donnant un son mat et plein ; cette partie est sensible a la pression ; quelques mugissements sourds et plaintifs. Saignee de douze livres , repos , diete , boissons mucilagineuses.
Le lendemain, point de rumination, mufle sec et rugueux, meme tension du flanc et de riiypocbondre gaudies, douleur manifeste de cette partie , mugisse-ments plaintifs, urines claires et pea abondantes, matieres fecales rejetees avec effort , en tres-petits fragments mous et enduits d'une coucbe muqueuse. Saignee abdominale de dix livres ; breuvages et lavements emollients , fomen-lafiuns d'eau froide sur la region splenique.
Le jour suivant, les symptomcs out perdu de leur intensite, l'engorgement de la rate a diminue des deux tiers ; les mugissements plaintifs sont plus rares ; 1 animal a rumine ; pendant la rumination la bave etait blanche et epaisse ; envie de manger 5 dejections alvines expul-sees sans peine , mais n'ayant pas encore leur consistance normale. Breuvages mucilagineux, lavements emollients , lotions froides sur la region de la rate, un quart de ration de fourrage, boisson blanchie avec la farine d'orge. L'a-melioration alia pea a pea en croissant; guerison complete le dixieme jour.
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SPLEMTE.
Uii boeuf de dix ans mange , vers minuit, une gründe quantite d'epis de mai's vert; il cst attele et mis en route avec une vitesse qui ne lui pennet pas de ruminer, puis bientot oblige de trainer une loiude charge. A dix lieures du matin il tombe, et ron s'apercoit que le ventre se ballonne ; on le fait relever, on le pousse, on lexcile avec raiguillon; mais, en arrivant dans rinfirmerie de M. Cruzel, li peine cst-il debarrasse du joug qu'il tombe mort. La pause contenait une grande quantite d'epis de mais a peine macbes ; plusieurs litres de sang epanches dans rabdomen- rate volumineuse et dechiree en plusieurs points de son bord posterietir, brune, molle, friable, ainsi que le foie; quelques rougeurs an peritoine.
La splenitedevient cbrunique lorsqu'eile a ete d'abord ])eu intense ei: que la cause qui la provoque continue d'agir. Elle le devient egalement si la cause agit periodi-quement ; alors la splenite alFecte le type periodique. et la desorganisation de l'organe neu est pas moins l'inevi-table consequence. Au reste , celte lesion n'est jamais seule .; si la rate devient squirrheuse on tuberculeuse, on est assure de trouver les meines desordres sur d'autres visceres.
Un boeuf de six ans, maigre et ayant le poil lierisse, elait employe au labourage. Tons les jours , apres avoir travaille une beure ou deux, il paraissait fatigue, et sun flaue gauche s'elevait. Souvent la rumination s'operait pendant cet etat: d'autres fois , si la lumefactiondevenait plus considerable, eile etait suspendue. Cet engorgement de la rate durait ordinairement jusqua la lln du travail du matin. Arrive ;i l'etable , lanimal se couebait, restait quelques instants dans une espece de repos somnolent, et bientöt il sc relevait, n ayant plus le ventre tendu, et ma-
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SPLEN1TE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nW
nifestait l'envie de manger. Si on le ramenait au labour dans I'apres-midi, les memes phenomenes morbides se representaient: dans le cas contraire , iis n'avaient point lieu. Les jours de repos habitual, ceboeuf ne paraissait pas malade. Get etat durait deja depuis un mois , lorsque M, Cruzel fut consulte; il diagnosticraa un engorgement periodique de la rate, occasion ne par la fatigue et la dis­position particuliere de l'organe. On tint I'animal au repos, on diininna sa ration, on lui fit une saignee de liuit livres a la jugulaire. Ce traitement semblait avoir ame-liore son etat: le poil etait plus uni et la peau onctueuse, la rumination s'effectuait bicn ; gaiete , bon appetit. Apres buit jours de ce regime , on le remit au travail. Le premier jour, leger engorgement qui dure une demi-beure. Le second et le troisieme jour, reapparitiou de la splenite avec autant d'intensite cjue les premieres fois. Nouvelle prescription du repos , deux saignees de six livres cbacune, a deux jours d'intervalle, fomentations acidulees sur le flanc gauche. Le boeuf recouvra la santc. On conseilla de l'engraisser dans la crainte que le travail ne fit renaitre la splenite; mais ce conseil ne fut point suivi. Remis au labour, il semblait entierement gueri pendant les premiers jours , mais l'engorgement de la rate ne tarda pas a se montrer de nouveau , peu intense d'abord et periodique , puis constant; fanimal eprouvait alors une douleur vive par la pression de fbypocondre gauche ; il etait affecte dune diarrhee fetide , de toux faible et frequente , et la maigreur approchait du ma-rasme. On labatlit. L'abdomen contenait une petite quantite de serosite ; la rate, volumineuse, avait contracle des adherences intimes avec la pause et la region hypo-condriaque : eile etait bosselee sur quelques points de son
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etenclue, et partiellement ohangee en une masse tubercu-leuse ; les bosselures contenaient un jius concret ou a demi liquide. II y avait aussi des tubercules dans le foie, le pancreas et le poumon , des ulceres dans les intestins ; le mediaslin n'etait qn'an amas de tubercules formant une sorte de squirrlie intimement uni ä l'oesophage.
SQUiRRIIE.-—On donne ce nom a des tissus morbides, d'un blanc bleuatre ou grisätre, qui orient sous le scalpel et dent la durete peut aller juscju'a cellc du cartilage. Le squirrbe et l'encephalo'ide sent, d'apres les anatomo-pa-tbologistes modernes, les deux tissus accidentels qui con­stituent le cancer. Nous aurions peut-etre bien fait de decrire sous cette derniere denomination cette transfor­mation des tissus en masses squirrbeuses qui finissent tou-jours par se ramollir, s'ulcerer, par consequent degene-rer en cancer; mais ayant omis de le faire, nous aliens, dans ce chapitre, taclier de rapporter tout ce qui a trait aus degenerescences cancereuses connues en medeciae veterinaire.
Dans la degenerescence squirrbeuse, les tissus sont con-vertis en une substance ferine, lardacee, d'un blanc grisätre, con tenant des shies fibreuses, qui contiennenl entre elles une maticre demi-transparente. La section d'un squirrbe a parfois l'aspect de la coupe d'un navet. Les stries fibreuses forment des prolongements qu'on regarde comme des racines. Les vaisseaux y sont peu developpes , les injections arterielles ne peuvent les tra­versal', on ne trouve que des capillaires superficiels. Quand le squirrbe forme une tumeur circonscrite, sa mo-bilite se montre plus grande que dans le cas contraire oh. il envabit une grande surface else propage par ses rayons
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fibrenx. Tout en se developpant, la tumeur squirrheuse contracte des adherences avec les parties voisines et perd sa mobilite. Plus tard, survienueiit des changemeuts remarquables; ies parlies dares seramoliissent par places, forment plusieurs cavites distinctes ; la peau s'ulcere et laisse ecbapper une matiere sereuse. Ordinairement I'en-cephaloide survient apres le squirrhe ; quelquefois il est independant de cette alteration ; souvent il a de la ressem-blance avec le tissu du cerveau. On Fappelle encore fongus medullaire, hematode, scrum, cancer tubcrcti-leuoe. Ces denominations sont employees pour designer quelques varietes de cancer. Au debut, il a la consistance du lard 5 sa coupe donne des lobules separes par des lignes rougeatres : sou aspect est graisseux. Le plus fre-quemment le centre est ramolli et contient une matiere cerebriforme avec des taches ou des stries dues a du sang iniiltre ; quelquefois cette teiute est noire et presente I'as-pect d'un caillot sanguin. Le tissu encephaloiidese produit souvent dans les veiues de la partie malade. Dans l'etat de erudite, le diagnostic differentiel est diflicile a etablir entre le squirrhe et rencephaloide ; e'est ce qui a fait con-siderer ces deux etats comme identiques, et Tun d'eux comme la terrninaison de l'autre. MM. Trousseau et Le-blanc n'admettent pas cette idcnlite. M. Berard fait ressor-tir ([tie, dans le plus grand norabre de cas , le tissu ence-phaloiide oflfre, des son debut, ses caracteres anatomiques bien tranches , meine dans les tumeurs les plus petites.
A 1 exception des parties pileuses et epidermiques, tons ies tissus de l'organisme peuvent coutracter la degeneres-cence squirrheuse, par consequent cancereuse. Les parties vasculaires , les corps gianduleux sont plus predisposes que les autres. Au premier rang sont les mamelles, les
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testicules et le cordon testiculaire ; viennent ensuite Fut^-
ruSj la verge, I'oeil, les organes internes et les os.
L'etiologie du cancer est obscure. On admet unediatheHe cancereitse, qui produit la maladie et I'entretient; la cachexie cancereuse est cet etat d'alteralion de l'organisme cause par le cancer. On est assez d'accord pour admettre rheredite , mais non la contagion. C'est vers läge adulte quese developpent surtoutcesdegenerescences des tissusj les aliments chauds paraissent en favoriser la marche. Comma causes determinantes, on cite les contusions, les blessures, enfin tout ce qui produit une inflammation chro-nique.
Cette afiection debute a 1 etat latent, mais eile acquiert plus tard une teile force , qu'elle altere profondement les tissus; eile durcit les parties molles et ramollit meine les os.
Considere au premier degre, le cancer forme un engor­gement squirrheux ; c'est plus tard , quand il se ramollit et constitue l'encephalo'ide, qu'il developpe des douleurs vives en produisant des phenomenes divers pour cbaque oi'gane afFecte. Sur la peau, le cancer forme des lies, des verrues, principaleuient au pourtour des ouvertures na­turelles, vers les organes de la generation, sans dünner lieu ä des soufTrances marquees. Dans les membranes mu-qucuses, il produit des polypes ; exemple : ceux du py-lore, de la matrice. Pour les os , le cancer porle les noms d'osteo-sarcome, de spinaventosa. Le cancer du foie pro­duit l'iclere; celui du cerveau fait apparaitre des symptö-mes nerveux. Quelquefois on n'observe aucun signe fe­brile ; dans d'autres cas, la reaction se fait sentir sur les principaux appareils d'organes.
Dans la periodc de ramollissement, les malades perdent
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leurs forces et tombent dans im etat cachectique; les muqueuses prennent une teiute jaune, l'appetit est pres-que nul, les digestions languissent, la diarrhee precede le marasme et l'animal perlt. A l'exception des cancers a la peau, de ceux du cordon testiculaire, des testicules et des mamelles, lorsquils sont encore a l'etat squirrheux, toutes les autres maladies du ineme genre sont a peu pres incu­rables et ont une grande tendance a se reproduire, apres l'extirpation, dans la partie meme qui a eteoperee. C'est alors qu'on voit la plaie devenir dun mauvais aspect ou la cicatrice s'ulcerer et presenter des vegetations ulce-reuses. Dans les recidives, la marche du cancer est surtout rapide et amcne proinptement l'encephaloi'de. II n'est j^as facile dassigner une duree a cette alfection; le mal est d'autant plus long qu'il alFecte des organes moins impor-tants pour la vie.
Ces quelques donnees generales sur le squirrhe et le cancer ont ete empruntees en grande parlie au Biction-naire general de medecino et de chirurcjie vcterinaires, public par MM. lesdirecteur et professeurs del'Ecole vete-rinaire de Lyon. Nous n entrerons pas dans la description speciale de cliacjue tumeur squirrheuse ou cancereuse que Ton rencontre dans les divers tissus de 1'organisme; pour celles du tissu osseux, nous renvoyons le lecteur aux articles Ostdo-sarcome et Spina ventosa; pour celles du testicule, au Sarcocele, et pour celles qui se developpent sur des organes internes, nous les passerons sous silence, altendu que l'obscurite de leur diagnostic ne nous permet pas den constater I'existence pendant la vie de l'animal; nous ne nous occuperons done ici que du squirrhe du cordon testiculaire et de celui des mamelles.
Squirrhe du cordon testiculaire. — L'etal squirrheux
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lt;lu cordon testiculaire s'observe assez frequemment sur les
aniajaux de 1 especc chevaline. A la suite de la castration, le cordon testiculaire s'engorge , s'enllamme et suppure (piclquefois; mais il arrive parfois qua les phenomeues inilammatuires se dissipent en partie sans amener uu de-gorgement de l'organe malade ; alors le mal demeure sta-tionnaire, le cordon s'indure davantage et offre tons les caracteres du squirrhe. Cet etat pathologique se manifeste par un engorgement allonge, cylindrique, plus ou moins volumineux, se prolongeant vers lanneau inguinal et of-frant, a son extremite libra, une Ouvertüre fistuleuse d'oü sV'chappe une matiere purulente assez abondante. Cette tumeur se borne, dans le principc, au cordon testiculaire. mais bientot eile contracte des adlierences avec les parties voisines et forme alors une masse induree considerable, qui gene la marcbeet force I'animal a tenir les membres ecartes Tun de l'autre pour eviter la douleur que produi-rait la compression de la partie malade.
Lorsque I'etat squirrbeux est bien reconnu, ce serait en vain que 1'on emploierait les resolutifs, les fondants ou tout autre lopique quelconque : c'est a l'ablation totale de la tumeur qu'il iaut recourir tout d abord, et quelquefois ;i la cauterisation inherente de tout le trajet fistuleux que presente le cordon.
Pour proceder a 1 ablation de la tumeur squirrheuse da cordon testiculaire, il faut abattre I'animal, le fixer sur le dos, les deux membres de derriere ecartes fun de lautre et fixes ä deux poteaux. Alors I'operateur pratique une large incision sur la partie posterieure de la tumeur, de-truit en dissequant avec 1 instrument trancbant toutes les adberences qu'elle a contractees, et la coupe le plus pres possible de i'anneau inguinal et autant que faire se peut
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sur la portion du cordon restee sainc. L'hemorrhagie qui en est la suite nest point inqtiictante, eile s'arrete par nn pansement compressif, que Fonmaintient par one ligature ä bourdonnets fortemeat serree. Deuxjours apres, on ieve le premier appareil et on pause laplaie avec des plumas-seaux charges de digestif simple ou d'alcool camphre. La suppuration s'etablit et la plaie marche rapidement vers la guerison.
Si, a cause de la profondeur de l'induration du cordon tes-ticulaire, il n'etait pas possible d'en operer Tablation totale, o'est au cautere actuel que Ton doit avoir recours. A cette fin, l'animal etant j)lace comme il est indique plus liaut, ou approprie un cautere allonge; on le chaufiTe ä blane et on le plonge, deux ou trois fois de suite, jusqu'au fond du trajet fistuleux du cordon. A la suite de cette operation, une vive inflammation s'allume dans la partie, une abon-dante suppuration s'etablit et produit le degorgement des tissus indures. Quelquefois, apres cette cauterisation pro-fonde, il se forme dans la region inguinale des abces qui pourraient alarmer le praticien , mais aussitot qu'ils sont ouverts, L'animal se trouve soulage et la cure ne se fait point attendre longtemps.
Les soins subsequents a cette operation se deduisent naturellement des pbenomenes inflammatoires et de la reaction qui en sont les suites ordinaires.
Squirrhe des mamelles. — De toutes les feme!les des anhnaux domesticjues , e'est la chlenne qui se trouve le plus frequemment atteinte de cette affection, qui se ma­nifeste dabord, cbez eile, par une petite tumeur inegale, dure, insensible, et sans cbangement de couleur ä la peau qui la recouvre. Cette tumeur semble demeurer station-naire pendant an certain temps, puis eile acquiertde plus
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en plus de volume, sans paraltre faire souflrir l'animal; la peau qui la recouvre s'amincit, tlevient luisante et, au bout dun laps de temps indetermine, mais toujours tres-long, cette intumescence, qui a quelquefois le volume du poing et plus, se ramollit, la peau s'ulcere et laisse voirun veritable cancer qui fournit abondamment une matiere ichoreuse d'une mauvaise odeur. A cette epoque de la maladie , l'animal temoigne de vives douleurs locales, l'appelit diminue, la saute s'alteie, la maigreur marcbe rapidement vers le marasme et la mort survient dans un temps tres-court.
La tumeur squirrbeuse des mamelles n'est pas toujours unique cbez cette femelie multipare; souvent eile ofire des nodosites bosselees, irregulieres, qui forment des especes de trainees communiquant ala glande voisine, la-quelle participea la degenerescence, et il nest pas rare de rencontrer deux ou trois squirrlies sur le meme animal.
Moncouet a observe le squirrbe de la mamelle surplu-sieurs juments ; nous en avons egalement observe un cas. Flandrin l'a vu sur la vache , et M. Rocbe-Lubin sur la brebis.
On attribue generalcment le squirrbe de la mamelle ä rinflammation dont eile est quelquefois le siege, soit que cette pblegmasie soit le resultat dun coup ou qu'elie suit produite par l'accumulation prolongee du lait dans cet organe, ou par tonte autre cause. Bien que la masto'ide puisse amener la degenerescence squirrbeuse, on la voit le plus souvent apparaitre sans qu'aucun phenomene pblegmasique ait etc observe. La chienne de cbasse et celle de berger sont plus exposees que les autres an squir­rbe ; les femelies de ces especes qui, apres avoir fait plu-sieurs porlees, ont les mamelles pendantes et flasques,
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sont exposees, en parcourant les bois et les bronssailles, a avoir ces organes froisses, irrites, sans que Ion observe cependant chez elles aucun Symptome de mastoVde; an travail occulte mox'ljide s'opei'e dans la raquo;raquo;lande, qui se trans-forme en masse squirrbeuse. On voit encore cette affection se manifester chez les petiles cbiennes de maison que Ion prive de leurs petits immediatement apres la mise-bas, chez lesquelles on neglige de lirer le lait qui s'accumule dans les marnelles, et encore chez celles qui, a cliaciue epoque du rut , sont privees de l'approche du male. Quant ä la diathese caiiccreuse, adniise par les medecins et qui rend rette maladie si redoutable pour la femme, nous lie pensonspas qu'elle existe dans les animaux ; le peu de recidives que nous avons observees dans les nombreux cas de squiirhe quo nous avons operes, sern-blent le prouver.
Traitement. #9632;— Quelques auleurs conseillent de tenter Sa fönte du squirrhe par ['usage du liniment ammoniacal ou d'un melange de terebenthine et de deutochlorure de mercure (sublime corrosif) en poudre. Delabere-Bläine conseille des lotions, repetees plusieurs fois parjour, avec un melange d'eau et d'eau-de-vie ou de vinaigre, de l'eau fortement salee ou une dissolution dune partiede sei am­moniac dans quatre de vinaigre, et quelquefois les appli­cations reiterees de sangsues ou de ventouses. Dans la plupart des cas, les agents therapeutiques que nous ve-nons dindiquer sont impuissants pour combattre la ma­ladie qui nous occupe ; lorsque le squirrhe est declare, c'est a l'ablation detoute la partie induree qu'il faut avoir recours. Delabere-Blaine dit qu'il est prudent de laisser croitre la tumeur assez pour que, par son poids, eile se
detache des muscles abdominaux, de inaniere ä pouvoir
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etre dissequee plus facilement. Nous ne partageons pas I'avis tie cet auteur ; dous pensons, au contraire, que plus la tuineur est petite, plus eile est facile li extiaire et plus ie succes tie ['operation est assure.
Pour proceder a cette operation, on place la chienne convenablement fixee snr une table 5 I'operateur saisit la tumeur de la main gauche en la tirant ä lui pour leloigner des parois abdominales, puis, au moyen dun bistouri bien acere., il incise dans toute sa longueur la peau qui la recouvre, la disseque en la renversant avec les doigts de la main gauche places au-dessous d'elle da cole oppose a 1 incision, de maniere ;i en atfeindre facilement la base, et termine loperation en la detachant de la peau qui la retient encore de l'autre cote. Les arteres qui donnent du sang en abondance doivent etre liees a mesure qu'on les incise. Lorsque loperation est aclievce, on enleve le sang qui baigne la plaie, on la panse avec des plumasseaux t^ue Ton maintient par des sutures a bourdonnets, et Ton re­couvre le tout par un bandage de corps. Deux jours apres, on leve 1'appareil, on debarrasse la plaie du sang putreiie et des autres matieres qui la recouvrent, et on la panse avec des plumasseaux charges de digestif simple. Le troisieme jour, la suppuration est ordinairement eta-blie : si eile est de bonne nature , on panse corame prece-demment; si, au contraire, le pus est sanieux, ichoreux, la plaie päle et peu excitee, on la panse avec de la teinture d'aloes, du chlornre de chaux ou du vin de quinquina, jusqu'ä ce que la suppuration suit ramenee a de meil-leures conditions. Du reste, il doit en etre des plaies resultant de l'operation du squirrhe ä la mamelle, de meme (]ue des autres solutions de continuite, il faut se comporter scion I'indication. Si la malade est alfaiblic
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STAPHYLOME.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.quot;79
par la perte de san;^ quelle aura faite pendant I'operation laquo;.raquo;a par I'effet nieme de son etat maladif, il faut lui admi-nistrer les excitants toniques , le vin aromatique de quin­quina, etc., et lui donner du fort bouillon: clans le cas contraire , e'est-a-dire si la flcvre de reaction s'allume, on la soumettra au regime rafrntdiissant et ä la diete.
Si plusieurs tumeurs squirrheuses existent sur la meine chienne, il ne faut en enlever qu'üne seule a la fois et attendre, pour en extraire une seconde, que la premiere operee soit en partie guerie. Une precaution que le vetci-rinaire ne doit point, omettre, sil ne vent pas voir la ma-ladie se reproduire, e'est d'enlever toutes les petites no-dosites, tons les pelits novaux indures qui ferment des trainees partant de la glande malade.
Notre position de professeur de clinique depuis vingt ans, nous a fourni I'occasion d'operer plus de cent tu­meurs squirrheuses sur la chienne ; nous n'avons eu que trois pertes a enregistrer sur celles qui out ete operees lorsque les tumeurs se trouvaient encore ä l'etat de eru­dite; mais en revanche, lorsqueiles etaient ramollies, lorsque la cacJiexic cancereuse existait, nous avons perdu presque toutes nos malades. Quant aux recidives, nous n'en comptons que trois; deux de ces animaux ont gueri apres une seconde operation, le troisieme a ete abattu par ordre du proprietaire.
Moncouet a fait avec succes lahlation du squirrhe de la mamelle sur plusieurs juments. Flandrin a reussi de meme sur la vache , et M. Roche-Luhin a egalement ob-tenu des succes complets sur des brebis.
STAPHYLOME.—Denomination admise dabordpour designer une forme parliculiere d'alteration de la cornee
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n.Sdnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;STÄPHYLOME.
lucide .; aujourd'hui le nom de staphylöme est elendu, en metlecine bumaine, ä plusieurs ailections dilT'erentes, ayant meme leur siege dans d'autres tissus de l'oell.
C'est ainsi que la convexite de la cornee, distendue pax-I'humeur aqueuse sans perte de sa transparence, que son amincissement accompagne d'adherences a liris et de sa protrusion par les humeurs de loeil, que la saillie de l'iris ä travers une perforation de son tissu, quenfin, certaines bosselures formees, dans quelques cas, par la scleroti-que, constituent aujourd'hui autant d'especes de staphy-lomes. En medecine veterinaire, on n'a decrit que le sta-phylöme de la cornee et celui de la sclerotique.
Staphylöme de la cornee. — Cette affection consiste en lino sailüe plus ou moins grande de la cornee transpa­rente devenue opaque, inegale, arrondie ou conique. Le staphylöme de la cornee est produit par la distension resultant de la surabondance de riiumeur aqueuse, par l'adberence de l'iris ü la cornee, par la saillie de l'iris a travers une perforation de cette membrane.
Dans les observations qui ont etc faites sur le cbeval, i). a paru que la cornee stapbylomateuse s'amincissait de plus en plus vers son centre et finissait par se rompre ä la plus legere ophthalmie ; qu'alors limmeur aqueuse s'e-coulait, se renouvelaitensuite, etqu'apres quelques alter­natives, une vivc inflammation amenait la suppuration et la fönte de loeil.
Le Iraitement que I'on a suivi a consiste dans la pre­caution d'abriter Tceil malade des corps exterieurs, et dans l'emploi des moyens propres a calmer ou a faire cesser rinllaimnation cbronique du globe oculaire ; mais ils sont resles sans eflet. Ilurtrel d Arboval eut fidee d'exciser le sommet dc la lumeur, et de vider ainsi foeil des hu-
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ST0MAT1TE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^St
meius qu'il conlient, mais il a craint par la l'atrophie de lorgane, sans autie avantage quecelui d abieger les dou-leurs (jue doit ressentir ranimal. Nous ne concevons ])as la crainte de cet auteur, de sacrifier uu organe perdu sans retour , sous pre'texte qu'il n'aurait pour avantage que d'abreger les douleurs; nous pensons au contraire, qu'il est de bonne medecine de soulager ranimal an plus vite, dans les cas de l'espece, en faisant la ponction de loeil et en evacuant tout son contenu.
Le stapliylome de la sclvrotique consiste dans des bos-selures bleuätres qui suiviennenl a la surface de la scle-rotique. II peutetre produit par ['inflammation de l'iris, rbydrophthalmie du corps vitre ou l'etat variqueux de la choroide ; il pent aussi etre occasionne par une contusion, une blessure, resultant dun coup de fouet ou de toute autre violence exterieure. Quand le staphylome de la sclerotique existe seul et qu'il est le resultatd'une con­tusion, il pent etrecombatlu par les antipblogistiques el les calmants; quand il accompagne le staphjlöme de la cornee il est incurable.
STOMATiTE. — inllammation de la membrane mu-queuse qui tapisse la boucbelaquo; Cetle phlegtuasie, plus ou mcüns forte et etendue, est accusee par la chaleur, la rou-geur et la douleur de la pariie plilogosee, qui, cbez les ru­minants, offre un aspect rugueux ; une salivation abon-dante s'ecoule de la cavite buccale ; ranimal eprouve de la dilliculte a mächer les aliments fibreux, et paraitsouf-frir en executant cette fonction. On remarque parfois sur la membrane pidogosec de petits boutons blancbatres qui s'ouvrent et forment des ulccres ä bords rouges et ä fond grisatre, auxquels on donne le nom dap/ifhcs. Cest ordi-
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STOMATITE.
nairement chez lesjeunes agueaux ä la mamelte que I'on
rencontre cctte particularite, qu il ne faut pas confondre avec la stomatite aphtlieuse epizootique, maladie que nous tlecrirons plus loin.
Les causes qui donnent lieu a la stomatite sont : les ali­ments llbrcux retenus entre les arcades dentaires et les joues, ou dans les canaux excreteurs des glandes maxillai-res; les blessares produites par le mors de bride, la direc­tion vicieuse des dents , les chicots; eile pent aussi etre la consequence des substances irritantes, que certaines per-sonnes emploient en mastigadour ou en gargarisme , en vue d'exciter Tappetit, ou dependre d'une angine. Chez les agneaux, la cause la plus ordinaire est la malproprete des mamelles de leur mere , qui sont souvent salies par des matieres excrementitielles qui se deposent sur la mem­brane buccale de ces jeuncs animaux chaque fois qu'ils tetent, et finissent par determiner rinllammaLion aph-theuse que I'on observe cliez eux.
Traitement. — Los vues du veterinaire doiveut se porter vers les causes occasionnelles de raffection pour les eloigner autant qu'il lui sera possible de le faire. Quant ä linllammatioi), on la combat par des gargarismes acidu-les edulcores avec le miel. II va sans dire que. durant le traitement, Ion doit s abstenir de dunner des aliments fibreux aux malades : epic leur nourriture doit etre douce et facile ii mastiquer : ainsi ou leur donnera du pain mouille, des farineux, des soupes faites avec des pommes de terra, de la verdure , du jeune trefle, etc. , et on ne reviendra a leur alimentation ordinaire que quaud la mastication pourra selFectuer facilement et sans doulcur. Si la stomatite depend dune autre alFectiou , e'est vers cette derniere que les raoyens therapeutiques seront di-
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riges, sans prejudice toutefois du traitement local sus-indique.
Stomatite aphtheuse cptzooti(ji/e. — Cette afFection . connueencore sous les denominations de fievre aphtheuse, aphthes epizootiques} maladie aplitlionyiilaire, glossopede, et vulgairement cocotte, consiste dans une eruption vesiculease qui se manifeste principaletnent sur la mem­brane buccaleetsur la peau de la region interdigitee; quelquefois on observe de semblables vesicules sur les mamelles. Eile attaque les betes a comes, les moutons, les chevres, les pores et quelcniefois, mais plus rarement, les chevaux.
La stomatite apbtheuse epizootique se declare par un etat febrile lt;(ui precede ordinairement, dequeiques jours, l'invasion de I'eruption vesiculeuse; l'animal est triste, abattu, le pouls est accelere, la temperature du corps est augmentee, 1'appetit est diminue ainsi que la secretion laiteuse, la soif est augmentee. Trois ou quatre jours apres cette periode d'invasion , qui pourrait etre conside-ree comme prodromique, apparaissent d'autres phenome-nes morbides : la bouche est chaude et douloureuse, une bave filante s'en ecoule abomlamment; la mastication est diflicile et parfois impossible. A cette epoque de la mala­die, la membrane buccale oll're des vesicules blanchatres, plus ou moins volumineuses, remplies d'une serosite limpide ou roussatre, qui afFectent principalement la face interne des levres, le bord alveolaire et la partie libre de la langue. (les phlyctenes ne tardent pas a se dechirer et font placeä des ulcerations a bords tailles a pic, a fond grisätre, laquo;pii semblent avoir ete faites avec an empörte-j)iece. 11 nous est arrive maintes fois, en prenant la lan­gue pour examiner l'interieur de la bouche, de detacher
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sous forme de gaine la membranequi recouvre Textremite de ret orsane, dans une laree etendue.
Quand !a maladie borne ses ravages a la membrane buccale, les symptomes generaux diminuent lorsque ] eruption s'est operee, et cessent entierement vers son declin. Mais il n'en est pas ainsi lorsqu'en meme temps une semblable eruption se montre a la peau de l'espace interdigite : alors le mal est plus grave, les grandes dou-ieurs qu'eprouve ianimal et les desordres dont la partie malade est le siege, entretiennent la fievre et compliquent singulierement la maladie. Nous avons vu des boeufs et des moulons en perir dans un marasme complet. Cette eruption sannonce par une claudication pius ou moins forte, la bete reste presque constamment couchee et ne se releve quavec peine : la peau de l'espace interdigite est tumefiee, ciiaude et doulourease ; ies onglons sont ecartes Tun de lautre par la tumefaction ; des vesicules appa-raissent sur la partie enflammee, s'ouvrent et laissent des ulceres qui out parfois une grande dimension. Les tissus sous-cornes peuvent aussi s'enflammer, produire des fistules, la cai'ie des es, des ligaments et occasionner la chute des onglons.
Chez les vaches laiticres, I'eruption se montre aussi quelquefois sur le pis; eile commence d'abord par de pe-tites elevures que Ion apercoit sur les tetines 5 elles ga-gnent en etendue, prennent la forme de pustules rondes aplaties, ci: quelquefois elles sont ombiliquees. Ces pus­tules sont ou isolees ou conlluentes, d'un blanc jaunätre, ofTrant un lisere rouge a leur base ; elles se dechirent au bout de quelques jours et laissent une excoriation,ou bien elles se dechirent vers le dixieme ou le douzieme jour,et se couvrent d'une croute qui tombe sans laisser de cicatrice.
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Qaelcruefois l'eraption vesiculcase de la fiÄvre aph-tlieuse se borne ü la membranebuccale, d'autres fois eile attaque uniquement la peau de l'espace interdigite, mais le plus souventelle s'observe suvces deux points a la fois.
La connaissance la plus ancienne que nous ayons de cette maladie date de 1'annee 1682; eile prit alors son origine en France et en Allemagne , et se repandit, dit-on, en vingt-quatre heures, sur un espace de deux mille lieues carrecs, et fit de grands ravages. Elle cn-vahit de nouveau la France en 1705, et se repandit en Suisse. Scbeutzer a laisse une description circonstancicc de l'epizootieapbtheuse de 1732, qui apparut en 1731 en Languedoc, ou eile n'epargna pas meme I'espece hu-maine. De la France eile passa en Allemagne, et ne cessa entierement qu'en 1734. Suivant Baillon, eile se mnni-festa en 1751 parmi les homines. Scheutzer dit a ce sujet: Del753al756, une maladie apbthongulaire sevit sur toutes les especes d'animaux domestiques; le groin du pore meme se couvrail de vesicules. Elle visita encore la France en 1761.
Elle se repandit sur toute fEurope en 1704, et depuis cette epoque plusieurs epizootics aphtheuses ont reo-'.ie tantöt dans fun , tantöt dans I'autre pays. En 1838 , eile apparut en Belgique, dura jusqu'en 1842, et n'epargna, pour ainsi dire, aucune contree de l'Europe.
Comme dans toutes les epizootics , l'etiologie de la fievre apbtheuse est enveloppee d'une grande obscurite. On a accuse la constitution atmospherique et les ali­ments , mais on n'a pas indique quelles sont les modifica­tions qu'ils eprouvent; bien qu'on ait dit qu une atmo­sphere froide et pluvieuse, les grandes clialeurs et une secberesse prolongee etaient les causes les plus ordinaires
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tie cette affection. I'observntion a demontre quelle sevit dans toutes les saisons, (]u'elle n'est pas liee ä une consti­tution atmosplierique froide et humide , ou chaude et seche, qu'elle se montre aussi bien clans les plaines et sur les montagnes que sin- les Lords de la mer et dans les marecages.
Une chose que nous savons, et qui ne peut plus ctre revoquee en doute, c'est que la maladie, une fois develop-pee, se transmet facilement par contagion aux diverses especes d'animaux domestiques. En 1838, au moment de son apparition dans notre pays, nous fumes delegue par M. le gouverneur de la province de Brabant, pour etudier cette maladie qui venait d'eclater dans plusieurs fermes de la commune de Tubisc, ou nous apprimes quelle avait ete apportee par des boeufs malades venant des frontieres de la Hollande, et appartenant ä M. Decock , marchand de bestiaux de la iocalite ; que ces boeufs avaient etc places dans des prairies contigues a celles des fermiers, et qui neu etaient separees que par de simples palissades; les vaches de ces derniers ayant flaire les malades de nez ä oez, ne tarderent pas ä contracter l'affection. La meine annee, dans uu polder a proximite d'Anvers, oü nous fumes egalement envoye par I'autorite superieure , lequel contenait environ six mille tetes de gros betail , dont quinze cents au moins etaient malades , nous avons ete temoin de plusieurs faits de con­tagion sur des chevres et des pores qui avaient mange de l'herbe impregnee dela salive desanimaux affectes. Nous avons aussi vu la slomatite aphtheuse se declarer sur un troupeau de moutons qui avait patore pendant plusieurs jours dans une prairie avec des vaches malades; nous l'avons vue se manifester, chez le fermier Ketelban d'An-
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laquo;lerleclit, sur des chevaux qui avaient mange du trefli; delaisse par des vaches atteintes de 1'afFectiün qui nous occupe ; et enfinFinoculalion de la serosite contenue dans les vesicules , a determine la maladie.
D'apres ce qui precede, il reste demontre ä 1 evidence : 1deg; Que la stomatite aphtheuse est contagieuse par virus fixe; 'i0 que la serosite contenue dans les vesicules sert de vehicule au virus : 3deg; que la serosite, melangee ä labave, repandue sur les routes , dans les päturages , sur les litieres et les aliments, doit etre envisagee comme le moyen propagateur, et 4deg; enfin, que la membrane buc-cale et la peau interdigitee sont les voies absorbantes du virus contagieux.
Une question n;est pas encore resolue, ä savoir si la maladie ne pent pas se transmettre egalement par virus miasmatique ; cette question liypothelique se base sur sa propagation rapide dans une vaste etendue de pays a la fois.
Traitement.—Le traitement de la stomatite apbtbeuse est simple et presque constamment couronne de succes. Au debut de la maladie, a la periode febrile, il laul placer les animaux malades dans des etables ou regne une temperature douce et assez elevee, eu vue de favo-riser I'eruption vesiculeuse, veritable crise qu'il serait dangereux de contrarier, et leur donner dans le meme but et en abondance des boissons blanches tiedes. aux-quelies on ajoute, si leruption est lente a seproduire et si les dejections alvines sont dures, du sulfate de soude ou de 1'emetique. La saignee n'est reclamee que dans des cas exceplionnels , lorsque les animaux sont jeunes, plethori-ques et en proie ä une vive reaction : on doits'en abstenir lorsque le mouvement febrile est faibie. Les excoriations
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STOMÄTITE.
de ia boucbe, qui succedent a la rupture des vesicules , uecessitent des gargarisuies d'eau vinaigree et miellee, Dans tous les cas , les animaux doivent etre prives d?ali-ments ßbroux durant tout le cours de la maladie ; on les remplace par des soupes fai-ineuses, des bouillies de pommes de terre, des tourleaux , etc.
Lorsque les pieds sont souil'rants, le mal est plus grave, le traitement estordinairement long etparfois complique, par suite des desordres qui surviennent dans la boite cor-üöe ; dans ce cas il laut placer les malades sur une epaisse iitiere, et calmer rinflammation locale par des cataplas-mes emollients; la piaie resultant de la rupture des vesi­cules doit etre pansee avec des plumasseaux doux, char­ges de digestif simple, de teinture d'aloes, etc., enfiu on doit se comporter selon l'indication quo nous enseigne Ia Chirurgie. Si, malgre oes moyens, une secretion purulentc s'ctablit dans la buile cornee , il faut se bater de dünner issue ä la collection morbide, et tacher, par des panse-ments methodiques, de prevenir la desorganisation des tissus qui pourrait en etre la suite.
Cette maladie, quoique peu meurtriere , n'est pas sans occasionncr de grands prejudices aux cultivaleurs dans les produits quils relirent de leurs animaux ; sa conta-giosite etant reconnue , il importe d'en empecher la pro­pagation par lisolement et la separation des animaux malades de ceux qui sont sains, et comme mesure de po­lice sanitaire generale, de suspendre momentanement le commerce des betes proveuant des endroits iid'ectes.
Quelques experimentateurs ayant remarque que la fievre aphtheuse avait quelque chose de commun avec les exauthcmes febriles, et que les animaux qui eu out ete attaints ne la contractent pas une seconde fois, on au
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moins que chez eux eile est plus benigne, tenterent I'in-oculation ; une affection legere de quelques jours de duree s'eusuivit, mais il ne se developpa aucune erup­tion aux pieds. Buuiva pratiqua la premiere inoculation en 1812 sur des boeufs et desveaux; Brouell, Weber et autres inoculerent depuis, avec succes, sur des moutons et des betes bovines.
En parcourant riiistoire de la stomatite apbtheuse, nous trouvons quelques faits qui prouvent la possibilite de la transmission de la maladie ä I'liomme et aux animaux par l'usage du lait des malades. Sagas , qui decrivit 1 e-pizootie qui regna en Moravie en 1764, rapporte que presque toutes les religieuses d'un couvent contractereut des aphthes analogues , sauf 1 eruption aux pieds , pour avoir bu de ce lait. D'autres veterinaires citent des faits de meme nature. Pendant l'epizootiede 1^27 en Boheme, plusieurs personnes furent atteintes d'acces febriles , qui se terrninerent par une eruption dans la bouclie et aux extremites.
Le professeur Hertwig et deux medecins de Berlin se soumirent, en 1834, a l'usage du lait provenant de betes malades 5 tons les trois contracterent la fievre avec une eruption vesiculeuse dans la bouche: chez Hertwig eile se manifesta aussi aux mains. Nous avons vu, pendant la derniere epizootic apbtheuse qui a regne en Bclgique, des gorets contracter la maladie pour avoir bu du lait prove­nant de vaches rnalades.
De ces faits Ion doit conclure que le lait possede quel-quefois des qualites malfaisantes, et que Ion devrait en interdire la vente et l'usage pendant le regne dune epi­zootic apbtheuse.
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SURDITE.
SÜRDITE. — Cette infirmite, plus rare chez les aru-maux domestiques que ciiez riiomme, consiste dans I'abo lition du sens de l'ouie. Dans le plus grand nombre des cas, la surclite n'est ([ue le Symptome d une lesion mate­rielle des diverses parties qui constituent I'appareil audi-tif. Ainsi elle esl souvent le resultat du catarrhe auricu-laire, des excroissances polypeuses qui se developpent dans les oreiLles, de raccomalatiou de la matiere cerumi-neuse, cjui se durcit et se concrete dans le conduit audi-tif. Cast a ces causes que nous devons d'avoir observe plusieurs fois la surdite accidentelle chez le chien. On en accuse encore l'ulceration de l'oreille interne , la carie de i'os temporal, la perte des osselets , la destruction ou la simple perforation de la membrane du tympan . le retre-cissement ou l'obturation de la trompe d'Eustacbe , I'ab-sence de l'air dans ce canal, enlin la paralysie du nerf auditif produite par une forte commotion quelconque, dont 1 action se porte sur le cerveau.
Toutes ces causes de surdite sont loin d'avoir ete con-slatees sur les animaux, c'est dans le Dictionnaire de md-diicine et de Chirurgie pratiques que nous eu avons puise i'enumeration.
La surdite congenitale ou de naissance reconnait le plus souvent pour cause la paralysie du nerf labyrin-thique. Elle peut aussi etre produite par labsence com­plete du conduit auditif, par unprolongemeut de la peau, qui penetre dans ce conduit et en couvre le fond, etc.
On oonroit , dit M. Roche, que les indications du trai-tement de la surdite doivent varier corame les causes ma­terielles qui la produisent. Ainsi traiter la pblegmasie de foreille, guerir la carie de los temporal, desobstruer le conduit auditif externe, detruire les polypes qui lern
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SUROS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rgt;91
barrassent, etc. , teile doit etre la conduite ä tenir dans tous ces cas.
Lorsque la surdile depend de la paralysie du nerf auditif , on conseille de fortes revulsions exterieures, telles que les vesicatoires, les setons , etc., appliques der-riere les oreilles. On en seconde I'action par des vapeors dether. que Ton dirige dans le conduit auditif. L'eiectri-cite et le galvanisme out aussi ete employes en pareil cas, mais le peu d'avantage qu'on en a retire les a fait aban­donner.
SUROS. — Cette denomination est generalement. ad-mise pour designer une tumeur osscuse qui se developpe sur le canon du cheval et du boeuf. On a fait de cette exostose differentes divisions ; ainsi le suros est dit simple lorsqu'il est eloigne des tendons des muscles Qechisseurs du pied et qu il ne nuit point ä ranimal: double on che-ville lorsqu'il en existe un de cbaque cote du canon vis ä vis Tun de l'autre comma sils etaient traverses par vine cheville , et iandincux lorsqu'il est place pres des ten­dons. Plusieurs suros places les uns pres des autres for-inent ce qu'on nomine une fusee: le noin ftosselet est re­serve au suros place pros de larticulation du beulet.
Ces dilFerentes denominations , admises par nombre d auteurs, dit Hurtrel d'Arboval, ne conduisent \\ rien de solide pour le diagnostic et la pratique ; elles surcbargent la memoire, multiplient les etres et les noms sansnecessite, et ne modifient en rien vine lesion qui est toujours une seule etm^meaffection, et qui provient des memes causes. 11 serait plus simple, continue cet auteur , et nous parta-geons pleinement sa raaniere de voir, de supprimer toutes ces Varietes, de n'admettre qu'un suros , et de dire qu'il
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n'est nuisihle qu'autant qu'il embarrasse les mouvements des articulations, ou qu'il se trouve sous les tendons dont il j;ene ou empeche 1 action.
Les causes connues dc ces productions osseuses anor­males sont toutes les violences exterieures, que ces ani-maux se donnent eux-memes ou recoivent d'autre part; c'est ainsi quou les trouve plus I'requemment chez les chevaux panards, c]ui se coupent en marchant, chez les jeunes chevaux dont Failure n'est point assuree, qui se heurtent de temps en temps le canon avec le pied, chez ceux qui vivent en commun dans les ecuries et les patu-rages, que chez ceux dont les extremites des mem-bres sont bien conformees, fortes, et qui ne sont point ex­poses a recevoir des coups de pied des autres. Selon Hurtrel d'Arboval, il faudrait raver des causes du suros celles qui sont dites internes, sur la realite desquelles on ne pent acquerir aucune donnec certaine, et renoncer franchement ä toutes ces idees. a juste titre delaissees, de lymphe epaissie, dc lymphe en stagnation dans les endroits oü ellc rencontre le plus d'obstacles a sa circulation, etc.
Traitement. — Au debut, si le sui-os est douloureux, ii convient de combattre la phlegmasie par des cataplas-mes emollients, anodins: lorsque celle-ci est dissipee, on emploie avec avantage les frictions d'onguent mercuriel double. Uans maiutes circonstances de suros anciens ct voluminenx, nousavons obtenu de bons elfets de liodure de potassium uni a la pommade mercurielle dans la pro­portion d'un demi-gros par once de pommade. Avant de se servir de cettc preparation, on coupe les poils qui re-couvrent la tumeur que Ton frictionne ensuite,une fois par jour, avec gros comme une noisette de la preparation susdite, jusqu'a cc qu'uno croiite dure i-ecouvre toute la
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SYNOVITE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ö!)-
partie; alors on en suspend l'usage jusqu'ä ce que cette croute suit detadiee spontanement, pour le reprenclre ensuite si la resolution nest pas complete. Lesvesicatoires ont quelquelois aussi atnene la fönte des suros. Lorscjue tons ces moyens ont echoue, il faut avoir recours ä l'ap-plication du leu.
M. Sewell conseille une operation appelee par lui pe-riosteotomie sous-cutanee ou division ein perioste sous la peau, sans incision externe correspondante. On commence cette operation en soulevant la peau entre les doigts et la jiaume de la main gauche, et on fait, avec un bistouri ou une lancette, une ouverture assez large pour admettre un bistouri particulier en forme de sonde , sppele prfrtosteo-tomc^ qu'on j^asse sous la peau dans toute la longueur de l'ossification, et avec lequel, en le retiränt, on incise le perioste epaissi jusqu'ä l'os. Les animaux paraissent eprouver fort pen de douleur dans cette operation. Si la boiterie date de loin, il conseille de passer un petit seton qu'on ne laisse en place que pendant quelques jours. L'inflammation legere qui resulte de l'operation doit elre combattue par des fomentations emollientes, et il recom-mande un leger exercice. Le ueuvieme ou dixiemejour, lanimal est capable de travailler; la tumefaction dimi-nue el souvent la matiere osseuse est entierement ab-sorbee.
A cause du peu de succes obtenu par la periosfeotomie proposee par M. Sewellj cette operation esl generalement abandonnee aujourd'bui.
SYNOVITE. — On donne le nom de synovite ä lin-ilammation des membranes synoviales des articulations et des gaines tendineuses. Comme il a etc traite de cette
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SYPHILIS.
maladie en d'autres lieux, nous renvoyons le lecteuraux articles Arthrite. Hydarth/rose, Vessigons et Molettes.
SYPHILIS. — On observe chez !es animaux domesli-ques certalnes aflfections catarrhales du vagin, de I'lirctre. qui peuvent se transmettre par l'acte du coit. mais il n'est pas prouve qu'elles aient des rapports avec les maladies veneriennes de l'espece humaine. Quetque avantageax qu'il paraisse etre, dit Hurtrel d'Arboval, de s'occuper d'une medecine generale, qtielque desir qu'on ait d'avan-cer 1 art veterinaire en rapprochant les maladies des ani­maux de celles de rhomme. il esl; certalnes limites cpi'il nest pas permis de depasser. II est certaines maladies, continue cet auteur, qui cliangent de type en passant d'une espece a lautre: exemple : la clavelee, a laquelle on trouve tant d'identile avec ia variole , bien qu'elle n'y ressemble que par sa marche et ses formes exterieures, et non par ses caracteres essentiels , bien que les expe­riences les mieux faites ne I'aient jamais developpee siu rhomme, non plus que la petite veröle sur les betes a laine. La syphilis est le triste partage de l'espece hu­maine ; eile est contagieuse dans toute la rigueur de l'ac-ception de ce terme. et exige absolument, pour se trans­mettre, le commerce le plus intime entre rhomme et la femme, le contact le plus immediat entre les organes n;eni-taux des deux sexes ou des parties qui sont en rapport de Sympathie avec res organes. Pour quelle soit transmissi­ble de Thomme ii la brute, il faut done supposer le plus monstrueux commerce, cette ocuvre charnelie et centre nature a laquelle les animaux se refusent entre eux.
Nous avons observe bien souvent, ainsi que beaucoup de praticiens, des affections des organes genitaux qui of-
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SYPHILIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 39ir
fraient lous les caracteres de la syphilis, telles qu'un ecoulemeut purulent du canal de l'uretre, des nlceres, appeles chancres , autour et sur la tete du penis, sur la membrane vaginale, le güii[]enient des bourses, le phi-mosis, le parapbimosis, etc.: mais ees affections n'ont ja-mais produit les accidents facheux que l'on observe dans l'espece humaine, et ont cede aux applications therapeu-tiques les plus simples.
M. Hertwig a decrit une maladie qui a beaucoup d'ana-logie avec la syphilis constitutionnelle de rhonune, sans etre identique avec eile , qui a regne epizootiquement sur le cheval, dans diverses contrees de l'Aliemagne , depuis le commencement de ce siecle. Elle est contayieuse par le coit et fait presque toujours perir les animaux qui eu sont alteints, au bout d'une duree de quelques mois. De­puis 1842 , eile a regne tous les ans dans l'une ou l'autre contree de la Prusse, oü eile a necessite la defense de la monte. 11 la croit de nature cachectique.
Le travail de M. Hertwig consiste principalementenune description de la maladie venerienne benigne du cheval, qui ne se montre que par des ulcerations au penis et ä la vulve. Cetle maladie est transmissible par le co'rt et n'a Jamals de suites dangereuses. Elle guerit meine sans trai-tement. Elle n'est que purement locale, et il propose de la nommer phlyctenes des parties genitales. M. Fischer, tradncteur du travail de M. Hertwig, a egalement observe cette affection dans le grand-duche de Luxembourg.
Nous lisons dans le Journal vetcrinaire et ayricole de Behjiqnc, un articletraduitde l'allemand par M. Clement, intitule : Cas de maladie venerienne dans l'espece bovine, par M. Straub, medecin veterinaire de regiment.
M. John , medecin veterinaire a Eslingen . a eu deraie-
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rement a soigner, ä proximite de cette ville, un taureau, inic; vache et une genisse affectes d'une maladie tres-ana-logue a celle que Ryclmer designe sous le nom dc mala­die venerienne de l'espece bovine.
Depuis quelque temps, le proprietaire avail remarque que son taureau ne mangeait plus autant qua lordinaire, qu il etait moins jjai et qu'il eprouvait des douleurs assez vivas en excretant les urines. Jl fit connailre que cat ani­mal avait sailli une vache l'avant-veille et une genisse de-piiis quatre jours. Cclle-ci lui avait encore ete livreequel-quas jours auparavant. Avant de recevoir ces vaches, le taureau n avait plus sarvi ;i la monte depuis longtemps.
Les sjmptumes prementionnes setaient declares apres la premiere saillie da la eenissa.
La bourse et le fourreau etaient considerablement en­gorges. Des mucosites fluides, jaunatres ct puriformes s'ecoulaient de.ce dernier: en sondant cet etui avec I'in-dex, on y decouvrit des concretions. L'exploration de ces organes de l'appareii genital occasionnait d'assez fortes douleurs a Tanimal. Au moycn de quelques tilillations au-dessous, on determinait un peu d'erection et, la sortie du penis, de maniere a pouvoir examiner cet organe. Le gland en etait notablement engorge et presentait a sa sur­face des vesicuies splieroVdales, blanches, a parois minces, faciles a dechirar, et laissant echapper au dehors une li­queur a pau pros iimpide. On remarquait an outre, sur ce ranflament de i'uretre, des ulceres livides a Lords ren-verses, secretant une matiere gluante de coulaur jaune.
Cet animal avait le pouls accelere, mais petit et faible ; la respiration etait agitee, I'appetit nul, les matieres fe-cales seches et noiratras ; les urines etaient frequamment rendues, mais par petite quantite ä la fois et avec dilH-
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culte. Les mouvements locomoteurs annoncaient une
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grande faiblesse : la peau etait peu souple ; les polls ter-nes, les membranes muqueuses pales. Depuis I'invasion de la maladie, ce taureau n'eut plus d'erection, meme en ])resence de vaclies en chaieur.
Deux jours plus tard, l'engorgement du fourreau etait tellement considerable, qu'il n'elait plus possible d'en faire sortir la verge. Lecoulement uretral devint plus abondant et la fievre plus intense.
Le quatrieme jour, ces symptomes etaient moins pro-nonces 5 le pools et la respiration avaient a peu pres re-couvre leur rbytlime normal; la tumefaction des bourses et du fourreau, ainsi que les douleurs dont les organes etaient le siege , avaient. subi une grande diminution; mais I'ecoulement par I'uretre etait encore plus conside­rable, L animal cvacuait les urines avec plus de facilite et sans douleur. Toutes les vesieules du gland etaient con-verties en ulceres qui tous tendaient a se cicatriser, et se cicatriserent en effet au bout de quelques jours, en meme temps que I'ecoulement uretral diminuait insensiblement en quantite.
Le douziezne jour, tout Symptome morbide avait dis-paru; les erections furent possibles et le taureau putetre reemploye ä la monte.
La maladie venerienne avait ete probablement commu-niquee a ce taureau par la genisse dont il est question plus baut, laquelle, d'apres le dire du proprietaire, avait ma-nifeste les premiers signes du rut a I age de an an et. demi, et avait alors ete saillie, le 29 septembre 1044, par un vieuxet fort taureau. 11 en etait resulte un engorgement ä la vulve et le developpement du pis dont on put extraire une chopine de lait par jour.
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Le 29 Janvier et le 2 fevrier 1845, cette yenisse se trou-vant de nouveau en chaleur, fut saillie par le jeune tau-i eau donl la maladie vient d etie decrite. Depuis quatre a cinq jours, cette bete se montrait triste et mangeait peu, Les parties sexuelles externes etaient ttimeüe'es, rouges et chaudes ; le plus leger attuueliement y eveillait de vives douleurs. La muqaeuse du vagüa, tres-foncee, etait ramol-lie et parsemee d'ulceres (chancres) a bords dentesetren-verses, a fond blanc et couvert d'une mucosite jaunatre, visqueuse et purulente. La malade se tenait eluignee de la creche ; eile avait le dos voute, la queue dressee hori-zontalement. En urinant, eile se courbait davanlage, fai-sait d'assez grands elforts et paraissait beaucoup souffrir des difllcultes quelle eprouvait pour evacuer les urines, ce qu'elle manifestait ])ar ses gemissements reiteres.
Les matieres qui s'ecoulaient continuellement du vagin et sous l'influence des efforts continuels des levres de la vulve, avaient erode la peaudu perinee, des regions cor-respondantes et des organes sexuels.
Cette bete etait aifaiblie ; absence d'appetit ; batte-ments ducoeur et mouvement de la respiration acceleres; muquenses päles ; nez et mufle moins humides qu'ä I'etat sain ; temperature du corps variable : matieres feoales see lies.
Le 7 fevrier, sixieme jour de la maladie, recoulemeut vaginal etait moins abondant; les ulceres etaient retrecisj 1 engorgement de la vulve avait subi une diminution et les douleurs etaient presque calmees; l'excretion de Lurine se faisait aisement et sans douleur.
Le 17 fevrier, on nobservait plus aucun phenomene morbide ; il existait, a la place des cliancves, des cicatrices en etoile.
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Le 6 fevrier 1845. en visitant tine vaclie lt;le trois ans qui avait ete saillie, le 3 du meine mois, par le jeunetau-reau tlont il est parle plus haut, on observa que la vulve etait tumefiee et douloureuse, que les grandes et les pe-tites levres etaient agitees de mouvements continuels, et qu'il s'echappait par son onverture une assez grande quantite de mncosite purulente : le vagin se renversa et monti^a un bourrelet considerable au dehors ; la reduc­tion en fut operee. L'animal etait tres-sensib!e au toucher exerce sur ces organes. On apercut sur la muqueuse va­ginale une multitiule de points rouges. plus ou moins fences , du volume d'une tete d'epingle ordinaire a celui d'une lentille, et de forme elliptique. La respiration etait courte et precipitee ; le pouls battait 60 a 65 fois par mi-iiule. Les aiuqueuses apparentes etaient rouges 3 tempe­rature du corps variable ; nez et mulie sees.
L'excretion des urines se faisait par des mouvements saccades et en petite quantite a la fois. Des gemissements temoignaient, dans ces instants, des douleurs que la bete ressentait.
Le lait fourni par cette vacbe etait peu abondant, trou­ble, moins butyreux que cbez une vacbe saine, et donnait au gout une saveur fade.
Le 7 fevrier, quatrieme jour de la maladie , les points rouges de la muqueuse vaginale etaient remplaces par des vesicules semblables a cclles qu'on avait observees sur le gland du taureau. Apres la formation de ces ampoules, la fievre diminua d'intensite , tandis que 1'engorgement des orcanes sexuels augtnentait d'une maniere sensible.
Le 9 fevrier, les parois des vesicules etaient detruites, et celles-ci se trouvaient transformees en ulceres peu pro* fonds, blafards, secretant abondamment une liqueur jau-
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uätre et visqueuse. l.a circulation et la respiration ietaieiil agitees, la queue dressee, etc.
Le 12, leeoulemeut de la vulve est plus rare, I'engor-gement de ce dernierorgane est notablement diminue de volume. La plupart des autres symptömes out disparu el la vache a recouvre un bon appetit.
Le 15, I'ecouleinent est tres-insignifiant; on n'apercoit plus de traee d ulceration.
Le 18, on u observe plus rien d'anormal.
La duree de la maladie de cette vache ue iut done que de seize jours.
Le traitement consista dans ['administration, a I'inte-rieur, des sels de Glauber et de nitre dans la decoction de graines de lin; et on fit sur les parties sexuelles externes des injections mucilagineuses que I'on rendit astringentes, au bout de quelques jours, par I'addition d'une petite quantite de Sulfate de zinc.
Les observations faites par M. John , publiees par M. Straub, que nous venons de reproduire a dessein, sont loin d'etablir 1 existence de la syphilis chez les anitnaux de l'espece bovine. En elFet, de quoi s'agit-il? Une genisst; d'un an et demi est saillie par un vieux et fort taureau. d'oii il est resulte un engorgement de la vulve ; cela se concoit, la dispi'oportion des organes sexuels du male et de la femelle, llutroduction du penis volumineux du vieux et fort taureau dans la cavite vaginale exigue de cette jeune jjele, a du. avoir pour consequence le froisse-ment, la meurtrissure de la membrane inuqueuse du va-gin; de la l'inflamination de cette partie et de la vulve. On ne dit pas si le vieux taureau etait incommode au moment de la saillie de la genisse, ni s'il la ele apres.
Quatre mois plus tard, cette meme genisse se trouvant
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tie nouveau en chaleur, fut denouveausaillie par lejeuue taureau dont nous venons de decrire la maladie, et les symptömes se sont declares chez lui apres cette operation ; on infere de la que la maladie lui aete communiquee par eile. On ne dit pas non plus si cette jeune bete offrait en­core, ä cette epoque, des symptomes de raiFection pro-duite par la saillie du vieux taureau.
Une vaclie de trois ans fut saillie le lendemaiu par le jeune taureau donti! estparle, d'oü il est resulte la mala­die decrite plus haut, et on conclut de tout cela que c'est la sypliilis.
Nous ne voyons la qu'un ecoulement dont le canal de l'uretre est devenu le siege ä la suite de 1 quot;irritation , de rinflammation de la muqueuse qui le revet, que rinflam-mation et rulceration de la membrane vaginale produites par l'acte du coit: niais nous ne voyons rien qui puisse se rapporter a un virus syphilitique ; la benignite du mal, son peu de duree , sa faible resistance aux simples appli­cations locales emollientes et legerement astringentesj mi-litent en faveur de notre maniere de voir. Gependant le mal s'est manifeste par contagion, puisqu'on le dit; mais, dirons-nous avec Ilurtrel d'Arboval, ne sait-on pas, sans qu'il soit besoin de recourir a un principe virulent ima-ginaire, que plusieurs phlegmasies des membranes mu-queuses sont susceptibles de se transmettre par le contact de la membrane muqueuse de l'individu sain avec le pro duit morbide secrete par la membrane muqueuse du sujet malade ? Dans Fespece humaine, les irritations et les ulcerations de la bouebe sont dans ce cas : pourquoi ne pourrait-il pas en etre de meine des irritations et des ul-ceres des parties genitales cliez les animaux , genre d'alte-rations pathologiques qu'on voit naih'e, au surplus, sur
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des males cntiers , alors memc que les femelles quils out saillies n'etaient afFectees de rien de semblable, mais sur lesquelles ils se sont fatigues en s'abandonnant sans roe-sure a des efforts trop repetes ou trop longtemps conti­nues. C'est ce que nous avons observe bien des fois.
Vers la fin de lete de 1851,une maladie particulieredes organes genitaux des etalons et des juments poulinieres, regna dime maniere epizootique dans le departement des Hautes-Pyrenees. Cette affection, designee sous les noms de maladie venüriemic, de veröle, de syphilis, de typhus rencrien, etc., se manifeste d'abord par une tumefaction plus ou moins prononcee de la vulve j en ecartant les levres de cette Ouvertüre naturelle , on voit la muqueuse plus rouge que dans 1 etat normal; quelquefois eile est boursouflee. Ces symptömes sont principalement sensibles vers la commissure inferieure, qui est plus ou moins salie par un liquide filant, tantot presque limpide, tanlot d'une apparence mucoso-purulente. Ce liquide, desseciie a I'ex-terieur. laisse sur la vulve et sur les cuisses des plaques jaune verdalre ; les ciins de la queue en sont aussi sou-vent agglutines. Des rechercbes multipliees sur un grand nombre d'individus n'ont pu faire constater la presence d'ulcerations ou de pustules d'aucune nature; on a pu, mais fort rarement, reconnaitre un leger accroissement des slandes insuinales.
L'erethisme est quelquefois tellement prononce, que la jument se campe a cliaque instant, comme si eile voulait uriner, emet seulement quelques gouttes d'urine ou du liquide indique, ouvre et ferme la vulve ä plusieurs re­prises.
A cette periode, il y a chez plusieurs malades une le­gere rougeur de la conjonctive , qui est plus humide que
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dans l'etat normal ; qaelquefois aussi il y a ecoulemeot nasal.
Cette pi'emiere periode, qui ne presente guere qu'un caractcTC catarrlial, indue assez peu sur la sante generale de l'animal, pour que son maitre ne puisse constater la maiadie que par l'etat de la vulve, ce qui a rendu facile I'opinioD de lexistence du virus syphilitique.
Dans la seconde periode, l'etat des organes sexuels se maintient; quelquefbis, cependant, on la vu diminuer au point que i'on a jiu croire les malades en voie de guerison, Lajument mange, et cependant maigrit et deperit sans raison süffisante; eile commence par devenir an peu triste, ses mouveinents paraissent genes, quelquefois dans les epaules, leplus souvent dans les membres poslerieurs; eile peut marcher, aller au päturage ; les (lanes seretrous-sent plus ou moins : il ya des pietinements, principale-ment dans la jambe droite posterieure. Dans cette deuxieme periode, comme dans la premiere , le pouls est habituel-lement normal, il faiblit seulemeat un pen.
Dans la troisieme periode, I'economie generale parait plus aH'ectee; la trislesse augmente ; l'oeil, humide, devient, moins brillant, le poll perd son Inisant, les crins peuvent quelquefois s'arracher plus facilement, la temperature de la peau diminue, les flaues se retrecissent davantage, I'appetit se conserve, les feces ne sont guere alterees, il n y a point de diarrhee et cependant la faiblesse est extreme.
Mais ce qui devient essentiel et caracteristique dans cette derniere periode, e'est la boiterie dans le train poste-rieur, le plus souvent des deux cotes, parfois seulement a droite ; les pietinements sont plus frequents avec projec­tion du nsfembre dans I'extension en arriere, comme pour
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le degourdir; alors on peut entendre des craquements dans I'articulation.
Bientot In paralysie du train poslerieur est complete; I'animal tombe, plutut qu'il ne se couche, pour ne plus se relever, ou Lien si, en I'aidant, il se releve, c'est pour quelques heures seuleraent, apres lesquelles il retombe definitivement. On a vu le plus souvent les animaux cou-elies mangerjusqu'au dernier moment.
La duree de la maladie a ete le plus souvent fort lon-gue. Desjuments malades en juin n'ont succombe qu'en septembre, octobre, et meme plus tard. Celles qui ont gueri ont anssi langui fort longtemps dans la seconde pe-riode, mais presque toutes celles entrees dans la troisieme ont succombe.
L'autorite administrative du departement des Hautes-Pyrenees, avertie de l'existence et de la gravite du mal, et ayant eu connaissance des dissidences existant parmi les veterinaires sur sa nature , nomma une commission com-posee de quatre veterinaires et de quatre medecins , pour chercher a reconnaitre l'origine et la nature de la maladie, prescrire les remedes propres a la guerir et les moyens capablesde la prevenir.
En presence des bruits repandus dans le public que la maladie est contagieuse, qu'elle a ete communiquee aux juments par les etalons , soit cbevaux, soit baudets , la commission a du se metlre en mesnre de recbercber si reellement ces bruits etaient fondes,etsi des cbevaux ou des baudets malades, et surtout malades avecdes sympto-mes identiques ä ceux offerts par les juments, existaient dans retablissement national ou dans les diverses monies particulieres autorisees.
Dix-ncuf etalons ayant fait la monte ä la station de
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Tarbes et dans les environs, furent soumis a l'examen le plus scrupuleux.il a ete constateque leur sante etait par-faite, qu'aucun d'eux n'oflfrait ni ecoulement uretral, ni ecoulement sous-preputial; aucune cicatrice d'ulceration n'a pu etre remarquee, ni aucune excoriation; un seul, qui avait servi de bonte-e/i-trnin.povlaitun paraphimosis indure, sans ecoulement, sans ulceration.
Cinq d entre eux ont eu, pendant la rnonte, quelques excoriations ou ulcerations superficielles, determinees par le coit repete, comme cela arrive tons les ans et dans tous les etablissements de monte, mais qui ont cede ii de sim­ples lotions d'eau emolliente, et n'ont force d'interrompre la monte que pendant quatre, cinq et dixjours au plus. II estanoter que les deux etalons les plus incrimines d'avoir infecte les juments, n'ont jamais rien eu en fait d'excoria-tions ou d'autres symptömes suspects.
La commission a ensuite fait iuspecter, par deux de ses membres, les etalons et baudets des etablissements prives. 11 est resulte des investigations des commissaires : 1deg; Qu'un etalon est tombe malade au mois d'aoüt 1851, que les symptömes qu'il a oIFerts semblaient provenir de la fati-gue, qu'il paraissait retabli au moment de leur visite, mais qu'il lui restait encore un peu de gene et de raideur dans le train posterieur: le penis n'a jamais rien oflPert de sus­pect. 2deg; Un etalon de dix-neuf ans a fait le service de boute-en-train et la monte; a la fin de celle-ci, le 25juil-let. ii a eu un engorgement au cordon testiculaire et un catarrbe nasal; la verge n'a offert ni ecoulement, ni ulce­ration. 3deg; ün bandet a eu, le 2o juillet, une rougeur sur le milieu du penis, laquelle a pris de Faccroissement et n'a pas tarde ä amener un fort engorgement de l'organe ; il n'y a jamais eu d'ecoulement par l'uretre. 4deg; ün etalon de dix-
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sept ans, faisant le service de boute-eji-train et la monte, est tombe malade en septembre ; il a surlout de la gene dans le train posterieur, et n'a jamais rien oflfert au penis. 5deg; Un bandet cst attcint de para phi mosis ä la fin de la monte : ce bandet etait encore malade a la fin de la visite, mais on n'a jamais retnarque chez lui ni ecoulement, ni alteration du penis. Tons les autres chevaux et baudets composant ces etablissements prives, a'ont offert aucan Symptome maladif.
Tels sont les resultats de l'enquete consciencieuse faite par la commission pour etablir l'etat de sante des animaux etalons, afin de se convaincre que rien d'identique ä ce qui se remarquait chez les juments, surtout quant aux organes sexuels, n'existaitchez eux.
Poussant plus loin ses investigations, la Commission a voulu savoir si un cheva! sain , saillissant une jument malade, contracterait une maladie analogue.
ün cheval, de has prix, maigreet mine par le travail, mais d'un temperament ardent, est achele et place dans l'ecurie oü sont deja quatre juments malades en observa­tion. Le leudemain do sou entree, 22 septembre, ce cheval saillit ceile de ces juments dont Fecoulement par la vulve cst le plus considerable. Ces exercices sont repe-tes pendant plusieurs jours avec tres-peu clintervalles; en un mot, dans l'espace de dix-huit jours, ce cheval a eu dix accouplements avec deux juments malades. Apres trente-cinq jours d'experiences , le cheval ne presente aucLine alteration sur ses organes genitaux, sa sante generate s'est, au contraire, amelioree par le repos et la bonne nourriture.
Des inoculations pratiquees avec le meme liquide sor-lanl par la vulve, sur diverses parties de la face, telles
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que naseaux et levres, taut en dedans qu'en dchors, n'ont eu aucun resultat.
Des brebis souznises egalement a des inoculatioas pa-reilles, sur la partie interne des cuisses , n'ont offert aucune alteration.
D'ou resulte la preuve que le liquide sortant de la ruhe des jumeots malades n'a point de propriete conta-gieuse, lors meine qu il est iutroduit sous l'epiderme avec la lancette.
De nombreuses autopsies ont ete faites sur des juments qui, toutes, avaient atteint la derniere periode. Sur vingt, treize ont offert des lesions de la moeile epiniere.
Ainsi, dans la plupart des cas, les eaveloppes du cordon racbidiea etant saines, ce cordon liu-metne , dans sa partie superieure, n'oflfrant rien d'anormal, on trouvait, a partir de la region lombah'e jusqu'k l'extreniite, un ou plusieurs ramollissements interessant principalement la substance grise dans une etendue de deux a quatre cen­timetres. Dans deux ou tiois cas , le ramollissement a ete continu ; on l'a meine vu , dans une eirconstance, enva-hissant presque toute la moeile dans tonte son epaisseur; eile etait, en un mot, corame en bouillie. On n'a jamais constate d'epanchement sereux dans les enveloppes de cet Organe. Le cerveau n'a rien offert de particulier.
Le coeur, ramolli dans son tissu , dun aspect brnn, noiratre, avait quelquefois un volume plus fort. Le sang qu'il renfermait etnit, dans l un et Lautre ventricules, noir, liquide, caillebotte, ayant a peine la consistance de gelee de groseille. Le pericarde renfermait souvent de la serosite, mais sans concretions pseudo-membraneuses.
Les poumons n'ont rien presente qui fut digne de remarquc.
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Quant aux organes digestifs, on a trouve des lesions graves, moins IVequemmcnt, neanmoins, que dans la moelleepiniere. Ainsion avu restomac enflamme jusqu'a l'ulceration, et meine, dans un cas, on a vu de veritables escarres interessant la lignede la reunion de la muqneuse gastrique ä la muqueuse oesophagienne ; il est vrai de dire que la jument qui a offert cette lesion , avait pris de la liqueur de Van Swieten a doses anormales. Dans beaucoup de cas, ralteration de l'estomac se boruait a une injection plus ou moins prononcee; on a aussi constate des ramol-lissements et des epaississements de la muqueuse.
Le foie et la rate ont paru rarement älteres. Le premier de ces organes a offert un ramollissement sensible dans deux ou trois circonstances.
Dans l'etendue de lintestin grele, cpielc|uefois les parois etaient amincies , transparentes, avec arborisations vei-neuses , quelquefois aussi avec ecchymoses. Les folli-cules , soit agmines (plaques de Peyer), soit isoles ( glandes de Brunner ), out paru un pen plus rouges qu'ä l'etat normal ; on n'a point remarque d'ulcerations.
Dans le gros intestin , on a trouve parfois le coecum rouge, brun ou noiratre : on a constate la presence d'oes-tres nombreux , et en deux circonstances , des entozoaires ressemblaot, par leur forme , a des graines de citrouille. Le reste du gros intestin n'a rien olFert de particulier.
Quant a fappareil urinaire, il a offert souvent des ra-mollissements de lun et l'autre rein, avec presence de mucus purulent et meme de veritable pus dans le bassinet. Dans la vessie, la muqueuse a ete le plus souvent injec-tee , surtout vers le col; parfois on 1'a trouvee epaissie , bcursouflec, presque noire. Dans linterieur de cetorgane, on voyait le plus souvent un liquide muqueux plus ou
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moins abonclant, sc laissant chasser de dessus la mem­brane interne sous la lame du bistouri, et en tons points identique a celui qu'on trouve dans le vagin. Ce conduit a ete trouve le plus souvcnt a I'etat normal , parfois il etait le siege d'une rougeur par injection bien prononcee, surtout vers la parlie qui se trouve en rapport avec le museau de tauche ou Torifice de la matrice. Ce dernier organe, comme la vessie, a ete trouve souvent sans lesion ; d'autres fois il etait plus ou moins altere, offrant des stries d injection, du boursouflement de la muqueuse, avec teinte violacee tirant sur le noir #9632; ces caracteres se rencon-trent presque coustamment vers les comes.
Jamals d'ulcerations, ni dans le vagin, ni dans la ma­trice. Rien non plus du cote des giandes inguiuales.
Ce qui a fixe le plus iattention de la Commission, c'est I'alteration frequenle du sang.
Pendant la vie, sur les juments en observation , plu-sieurs saignees exploratrices ont ete pratiquees. Peu de temps apres la saignee, le sang , rccueilli dans un verre allonge, offrait une couenne jaunätre qui recouvrait un caillot rouge-noir. L'epaisseur de cette couenne etait du tiers ou quelquefois de lamoitie de l'epaisseur du caillot, qui etait plus ou moins consistant, seien I'etat de l'ani-mal; mais , au bout de quelques heures, le serum surna-jjeait en assez grande quautite , le caillot perdait de sa consistance , et si on renversait le verre , il se detacliait facilement de la couenne.
Dans les cadavres , le sang a paru toujours appauvri, et cela meine chez les animaux sacrilies par strangula­tion ; il etait noir, liquide, caillebotte, ayant une consis­tance a peu pres analogue a celle de la gelee de gro-
seilles.
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gt;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 110nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;-sVI'HiUS.
La Commission regrette de n'avoir pu soumettre ce liquide a I'analyse microscopique; mais, quoi qu'il en soit , son avis unanime a ete qtie ['alteration du sang etait constante dans cette maladie et qu'elle etait probable-ment son point essentiel , c'est-a-dire ({laquo;c les alterations remarquees dans les autres organes n'etaient que conse-cutives a l'appauvrissement du fluide essentiellement nourricier de I animal, et que cet etat du sang devait entrer en premiere ligne dans les considerations thera-peutiques.
Le traitement de cette epizootic , comme celui de toutes les maladies, se divise necessairement en deux parties : prophylaxie et medication.
Par la premiere, on mettra les nnimaux ä l'abri de 1 influence epizootique, en fournissant, taut aux liquides qu'aux solides de l'organisme, des principes de tonicite^ necessaires pour combatlre ['action hyposthenisante de lelement inconnu qui engendre la maladie.
La medication qui parait la plus rationnelle , une fnis la maladie developpee, est, pour la premiere periode : ie redoublement des soins dans ['hygiene de ['animal ; diminuer le loin, supprimer les sorties de ['animal dans les päturages, tenir les juments chaudement couvertes , rcmplacer la quaatite de fain diminuee, par de la paiile hachee melangee avec du son, de la farine d'orge, le tout detrempe dans une certaine quantite deau, en yajoutant de temps a autre quelques doses de nitrate de potasse. Des lavements, des injections vaginales emollientes d'a-bord, astringentcs an pen plus taixl, sont les moyens locaux les plus convenahles. La saignee a ete appliquee avec succes dans le principe, mais il faut de la reserve dans son emploi.
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SYPHILIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Hl
Dans la deuxietne periode, on pent ajouter aux maclies ou barbotages ([acicjnes amers, cotnme la poudre de gentiaue. Les frictions excitantes sur les reins, les vesi-catoires li la face interne des cuisses , devronl aussi faire partie du traitement.
Dans la troisieme periode, quelcrues legers purgatils. Le quinquina, le camphre deviendront utiles. On insis-tera sur les vesicatoires, les exutoires aux cuisses, quei-ques moxas ou cauterisations profondes sur la region lombaire.
Cette periode pent se prolonger fort loin , il ne laut point desesperer des malades: peut-etre eut-on eprouve muins de per les, si on eüt ete plus persistant dans im trai-tement rationnel.
Les propositions conchisivcs de la Commission sont for-muleesde la maniere suivante : une tnaladie grave, sous forme epizootique, a sevi sur un grand nombre de juments dans la plaine de Tarbes. Cependant , le nombre de malades n'a pas a beaucoup pres ete aussi considerable quo la rumeur publique l'a proclame. II ne depasse pas le quinziemede la population en juments. La mortalite a ete ä peu pres de la moitiedes malades.
L'epizootie est aujourd'liui a sa fin , i! ne se manifeste pas de cas nouveau.
L'origine de la maladie est inconnue, comme dans toutes les epidemies.
Sa nature parait devoir consister en une alteration du sang dans ses qualites physiques et ses principes consti-tuants , caractere identique ä celui des affections epide-miqnes-typhoVdes, dans la classe desquelles on pent la ranger.
Ses causes predisposantes peuvent etre trouvees dans
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TfiTÄNOS.
des circonstances atmospheriques , dietetiques et d'lia-bitation.
La cause determinante qui parait , au premier abord , provenir de I'approche du male et de la femelle, ne pent etre accueillie d'une maniere absolue, vu I'eloignement de la manifestation decette cause, dans un grand nombre de cas.
La maladie n'est ni sypbilitique ni contagieuse.
Les preparations mercurielles n ont ete que nuisibles , sinon dans tous les cas , du moins dans un grand nombre.
Le traitement le phis rationnel cousiste en des soins hygieniques opiniätres; dans un regime bien regle, des boissons rafraicliissantes dabord , plus tard dans I'emploi d'amers legerement toniques.
La saignee, les vesicatoires, les cauterisations, le seton ont ete tour a tour employes avec avantage ; 1 opporlunite deleur emploi doit etre laissee ii la sagacite des medecins veterinaires.
En rapportant substantiellcment ici le rapport de la Commission nominee par 31. le prefet dudepartement des Hautes-Pyrenees pour l'etude de cette epizootie, nous avons eu en vue de demontrer combien on doit ctre reserve quand ii s'agit de determiner la nature d'une affection , et en meme temps de signaler a nos lecteurs une maladie aussi pen connue que pen etudiee.
TENIA. (Voyez Vers intesttnaua. )
TETANOS (Mal dc cerf). —Bienqu'il existe encore, concernant le siege et la nature du tetanos , des opinions incertaines ou divergentes, on pent eependant deja, dans I'etat actuei de la science, definir cette maladie : une irri-
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TETANUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;-115
tation inliummatoire de la moelle epinicre. determinant la rigidite, la contraction convulsive et permanente d'une partie on de la totaüte des muscles soumis a la volonte.
Les patliol();jistes out impose au tetanos des noms spe-ciaux selon les divisions du Systeme musculaire qa'il aflfecte 5 ainsi on le nomme trismus, quand ce sont les muscles tie la tete qui sont atteiuts j onprosthotouos, quand ce sont ceux de la partie mferieure du cou et du tronc ; opisthotonos, quand la rigidite se manifeste a la partie superieure de ces dernieres regions: pleurosthotonos} quand ce sont les muscles (run seul cote du corps. Toutes ces divisions peuvent etreconsiderees, a juste titre, comma superflues, ou tout an moins inutiles. Que le tetanos aff'ecte teile ou teile region musculaire, il est tou-jours de la meme essence, de la meine nature, et reclame toujours les meines agents therapeutiques pour etre coin-battu.
Selon les causes qui lui out donne lieu, le tetanos est encore divise en essentiel et en traumatique.
De tons les animaux domestiques, ce sont les mono-dactyles qui sont le plus exposes a contracter cette ma-ladie 5 on la voit aussi frequemment se developper chez les agneaux et les gorets ä la suite de la castration; on I'a aussi observee sur le boeuf.
Le tetanos debute ordinairement par la contraction des muscles masseters et temporaux, qui empeche I'ecarte-ment des mäcboires , ce qui constitue le trismus; mais la raideur tetanique ne tarde pas a se propager aux mus­cles de rencolure, a ceux du tronc, des membres, et a devenir general; . Dans cecas , le cheval ne pent se mou-voir que d'une seule piece , le corps est inflexible dans tous les sens , 1 animal reste constamment debout, la tete
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TETANOS.
haute, tendue sur I'encolure, les oreilies droites, pointees
en avant; la queue, horizontale et quelquefois relevee, est
dans une agitation continuelle. Dans cette attitude, i'ani-
mal offre une physionomie toute particuliere et qui n'ap-
partient a aucune autre affection; son regard est fixe , les
yeux, enfonces dans les orbites, sont en partie reconverts
par le corps clignotant ; les narines sont fortement dila-
tees 3 la face e^t grippee ; une salivation abondante s'e-
coule de la bouche. Le pouls est ordinairement plein et
dur. et parfois petit et lent; I'irritabilite generale est
augmentee au point que le plus leger bruit effraie le
malade et que le moindre mouvement force qu'on lui fait
executer determine des acces convulsifs qui sont bientöt
suivisde sueurs abondantes. Malgre le desir (ju'il eprouve
do prendre quelque nourriture, il ne peut saisir les aii-
ments, et quand il y parvient, la mastication ne peut pas
s'efiectuer, il les laisse tomber : les boissons seulcs peuvent
etre humees et degluties , lorsque la raideur tetanique ne
s'est pas propagee aux muscles de la deglutition. Vers la
fin de la maladie , on observe des sueurs partielles ; l'etat
tetanique se propage des muscles exterieurs etvolontaires
a ceux qui sont en partie soustraits ä la volonte, comme
ceux de la deglutition et de la respiration , et speciale-
ment le diapbragme; de la, I'impossibilite d'avaler, lors
meine que les boissons sont portees jusque dans larriere-
bouche; de la encore, la respiration lente, courte, difficile,
et l'asphjxie consecutive a Timpossibilite d'exccuter les
mouvements mecaniques de la respiration. Enfin , lorsque
le tetanos est general, tout le Systeme musculaire est
raide, tendu, douloureux k la pression, et le malade suc-
cumbe ordinairement du quatrieme au douzieme jour,
soit par aspliyxie , soit d'une apoplexie cerebrale.
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TETANOS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;-ilü
Lorsque la maladie se developpe en quelque sorte sous la forme chrcmique, eile est moins intense, elie dure ])lus longternps, le pronostic est moins facheux et eile se guerit plus facilement. Le tetanos traumatique est presque constamment mortei.
Nous avons observe le tetanos sur le mouton, la chevre et le pore: Gelle et M. Roche-Lubin Font observe sur le boeuf; chez ces animaux et chez les solipedes la ma­ladie se traduisant par les meraes pbenomenes morbides, il serait superflu den donner ici la description pour cba-cun d'eux.
On altribue le tetanos essentiel au froid , aux cbange-ments subits de la temperature. C'est ainsi qu'on le voit se developper dans les localites basses et humides, dans les päturages oü il regne un vent frais, auquel les animaux sont exposes immediatement apres un travail fatigant du-rant la chaleur du jour ; enfin, apres un arret de transpi­ration produit par une cause quelconque. Les irritations gastro-intestinales sont aussi regardees comme causes oc-casionnelles de la maladie qui nous occupe.
Le tetanos traumatique est constamment la conse­quence d une blessure quelconque ; ainsi on le voit se de­velopper ;i la suite de contusions violentes, de dechirement des aponevroses et des fibres tendineuses, des frac­tures, du clou de rue penetrant, des plaies d'armes a feu, de la castration, de ('application dun seton, de lope-ration de la queue a l'anglaise, de famputation de la queue, etc., etc.
Les principnles lesions cadaveriques que Ton a obser-vees sur des animaux morts du tetanos se rapportent a la moelle epiniere. M. Leblanc trouva , ä l'ouverture dun cheval naort du tetanos, les vaisseaux de 1 encephale et de
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41Cnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TETANOS.
la moelle epiniere tres-injectes. Le canal rachidien conte-nait une grande quantite de tissu graisseux: !e liquids cephalo - rachidien n'etait pas plus abondant que dans lelat normal. La substance du cerveau et du cervelet etait ferine, pointillee en rouge; la moelle etait tres-ferme dans deux points opposes : au niveau de la cinquietne vertebre cervicale, il y avait un ramollissement de la lon­gueur du corps de la vertebre, et qui interessait les deux tiers superieurs de 1 epaisseur du prolongemeat rachidien; lautre correspondait auxquatrieme, cinquieme et sixieme vertebres dorsales; ici la presque totalite de la moelle etait lesee; il n'y avait guere qu une couclie d'une demi-ligne depaisseur a la partie inferieure qui cut conserve sa den-site ordinaire. Dans les deux regions, la portion la plus ramollie etait vers le point central : cetait une bouillie dun blanc sale. Les nerfs qui emanaient de ces regions ramollies ne paraissaient pas malades.
Gelle, sur un cheval mort dutetanos survenu ä la suite de la castration, a constate ä pen pres les meines lesions ; tout le faisceau inferieur de la moelle epiniere, surtout du cole gauche, etait, ramolli et la substance blanche etait pointillee : la grise etait plus rouge et plus fortetnent pointillee, avec des traces rouges disseminees: toute la moelle epiniere etait ramollie, mais d'une maniere moins sensible ä la region cervicale qua la portion lombaire et sacree, on eile ressemblait a du fromage de Brie ramolli , oü clle etait sans consistance et se dechirait au moindre attouchement. Les racines des nerfs qui partent du fai­sceau inferieur etaient colorees en rouge jaunatre ; les su-perieures ne paraissaient point alterees. Le cerveau etait ramolli et pointille de rouge, ainsi que le cervelet.
Le meme auteur ayant eu l'occasion d'ouvrir un auf re
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TETANOS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;417
cheval, qui avail, egalement succombe au telanos apres la castration, trouva, dans le rachis, au iieu de la graisse qui sy rencontre ordinairement, line matiere jauiie-rou-geatre, tremblante com me de la gelee et entouree de sang noir, liquide. La moe'le avait perdu de sa consistance ; le ramollissement etait plus sensible dans la substance lt;*rise, mais il etait egal aux faces supericure et inferieure; les racines des nerfs rachidiens n'etaient pas ramollies, mais les inferieures avaient toutes une teinte jaune.
M. Roche-Lubin, ;i l'ouverture d'un boeuf mort du te-tanos traomatique, trouva toute la substance nerveuse laquo;erebrale et spinale rarnollie; les nerfs trisplanchnique et pneumo-gastriques presentaient les meines lesions; les meninges etaient injectees et le liquide cephalo-rachidien etait colore en rouge.
Traitcment. — On a oppose au tetanos des moyens tberapeuliques si nombreux , si varies , souvent meine si empiriques et si bizarres, qu'il est difficile d'etablir quel-que ordre dans ce chaos et d'y decouvrir une lurniere que tant de medecins semblent avoir pris a täcbe de voller. L'epoque est cependant arrivee oü, la nature et le siege de la maladie etant plus exactement coanus, les indica­tions qu'elles presentent peuvent etre mieux determinees et plus metbodiquement remplies. (JSküiy, üictionnaire de medecine et de Chirurgie pratiques.)
Et d'abord, continue l'auteur que nous venous de citer, il faut se rappeler que le tetanos, c est-a-dire la contrac­tion permanente et douloureuse d'un plus on moins grand nombre de muscles, nest jamais qu'un elfet, qu'un Symp­tome de Tirritatioa de la moelle epiuiere, et t[ue cette irritation elle-meme, tantut primitive et le plus souvent secondaire. peut etre non-seulemeat le resultat de la le-
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418nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TETANOS.
slou (lirecte de l'organe qui en est le siege, mais encore le procluit de toutes les douleurs, de toutes les perturba­tions susceptibles de retentir sympathiquement vers les centres nerveux dont !a moelle fait partie.
Lorsque le veterinaire estappele pour donner des soias ii un animal atteint de tetanus, il doit d'abord s'attacber a la recherche de la cause qui a pu determiner la maladie, pour I'eloigner sil est possible , ou tout au moins pour la mitiger. Si le tetanos est traumatique, il devra s'assurer de i'etat de la plaie. qui, dans ce cas, est douloLireLise,eii-toureed'un gonflement considerable, dun aspect livide, sans suppuration. Si la plaie est douloureuse, profonde, avec gonflement inflammatoire et tension violente, il devra debrider les parties pour faire cesser i'etrangle-ment. Un rameau nerveux a-t-il etc lese? Sa section, si eile est possible, contribuera puissamment a faire cesser les accidents. Gelle rapporte un cas de tetanos intense nroduit par l'arrachement de quelques globules glantlulcux de la parotide. La jument qui en etait atteinte souffrait liorri-blement depuis la veille ; la tele etait portee au \eut, I'en-colure renversee et pencbee du cöte malade ; la respira­tion etait genee, I'appetit mil et la fievre assez forte, il pressentit que quelques rameaux nerveux avaient ete de-cliires , blesses : mais comment les atteindre? il lui vint li Video de les bniler: a cette fin il fit chauffer a blanc un petit cautere a bouton et l'introduisit presque jusqu'au fond de la plaie; une detente subite s'opera et une gueri-son prompte liit le resultat de ce moyen desespere. M. Vatel a du au meme moyen la guerlson dun tetanos consecutif a un clou de rue. La cUnique de I'EcoIe veteri­naire nous a fourni l'occasion d observer le commence­ment d'un tetanos survenu vingl heures apres la castra-
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TETÄNOS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; HO
lion. Le sujet e'tait im dieval croise anglais, tres-ii'ritable; chatre ia veille, a la visite du matin, il fut trouve soufiTrant; il faisait entendre des gemissements plaintifs qui annon-i;aient assez les vives douleurs qu'il ressentait; les flancs etaient tendus et douloureux , l'encolure etait raide et le trismus assez prononce. En presence d'un pareil fait, notre premier soin fut de nous assurer de l'etat des cas-seaux ; celui du cote gauche, ä cause de sa flexibiiite, ne comprimait qu'imparfaitement le cordon testiculaire, ce qui etait indique par la grande chaleur qui exisLait an-dessous de la compression. [Is furent enleves incontinent; une hemorrhagie des arteres testiculaires, que l'on eut soin de ne point arreter, s'en suivit : une saignee de six livres fut pratiquee ; on administra a l'aniinal, en breuva-ges et en lavements, une decoction de graine de lin et de tetes de pavots; des fomentations de meme nature furent laites continuellement sur la plaie resultant de la castra­tion. Vers les deux heures de l'apres-midi , on reitera la saignee, et vers les cinc[ heures du soir tout danger etait passe ; la maladie, qui s'annoncait sous des symptumes si graves , etait combattue. S'il existe des esquilles ou frag­ments osseux engages dans les chairs ä la suite des frac­tures, ainsi que tout autre corps elranger retenudans une plaie, il laut les extraire : si le tetanos est la consequence de iViniputalion de la queue, ilfaul la conpcrde nouveau a deux travel's de doigt plus haut; cette reamputatiou produitune evacuation sanguine abondante, tres-salutaire dans ce cas. Enfin , il laut eearter tout ce qui pourrait produire des douleurs susceptibles de retentir sur les centres nerveux.
Quant aux plaies elles doivent, dans tons les cas, etre soustraites a ['influence d'un air froid et humide. Si elles
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sont vermeilles et fournissent une snppuratioa luuable. cette seule precaution suilit ; si dies sont trop excilees, douloureuses, il faut les recouvrir de topiques doux et calmants, tels que le cerat opiace , les decoctions de mauve avec addition de Irois a quatre gros d'extrait aqueux d'opiura par litre; si au contraire elles se des-sechent, si la suppuration se larit, il faut les ranimer par {'application d'un onguent vesicatoire uu par une le­dere adustion pour v determiner un mouvement fluxion-naire , ramener la suppuration et detourner en quelque sorte le travail morbide qui se produit sur la moelle epi-niere.
Dans le tetanos traumatique, le plus souvent et le plus ordinairement mortel, le veterinaire ne doit pas negliger de remplir les indications que nous venous d'enumerer, tout en employant les moyens generaux que nous allons decrire pour le tetanos essentiel.
Que le tetanos soit le rcsultat de causes generales , qu'il se soit developpe spontanement ou ;i la suite d'une blessure quelconque , le traitement antipblogistique , ap­plique avec energie, est celui qui promet le plus de suc-ces. Les saignees generales, larges et repetees selon la foi'ce de ranimal et 1 intensite de la maladie, doivent for­mer la base du traitement; les bains de vapeurs emol-lientes dirigees sous le ventre, le corps etant reconvert de couvertures de laine : le sachet de son chaud et mouille applique sur la colonne dorso-lombaire ; les embrocations d'liuüe opiacee camphree, ou les onctions de pommade camphree faites sur le dos , les lombes et la croupe, con-tribuent puissamment au succes de la cure. A I'interieur on adminislre, tant en brcuvages qu'en lavements, les tisanes emollicntcs opiacees.
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Les succes que nous avons ä enregistrer dans le traite-ment du tetanos sont dus aux moyens therapeutiques que nous vcnons de signaler. M. Dele , inedeciu vete-rinaire a Anvers, guerit un clieval anglais de six ans, atteint (Tun tetanos essentiel des plus intenses , par la soustraction de trente a trcnte-quatre livres de sang dans l'espace de quarante-Iiuit lieures, les bains de vapeurs emollientes , les tisanes emollientes opiacees en breuvages et en lavements. En 1822 , l'Ecole de Lyon a rendu a la sante deux mulets attaques de tetanos essentiel , par la saignee, les fortes decoctions de douce-amere ser­vant de vehicule a l'opium, au camphre et au nitre. M. Olivier obtint la guerison dun aue afFecte de tetanos general, par les saignees repetees, les lavements emol­lients, les bains de vapeurs de meine nature et l'emploi des couverturessur le corps, l'amputation de la queue, non suivie de cauterisation, une friction secbe avec le camphre en poudre sur la colonne vertebraie , ä partir du garrot j nsqu'aux reins, apres avoir au prealable fait sur cliaque cote de cette partie de petites incisions pour favoriser l'absorp-tion de ce medicament. Le meme veterinaire guerit un second äne par les meines moyens, secondes par de larges cataplasmes emollients, tenus constaminent chauds, sur les reins. 11 obtint egalement la guerison dun mulet alfecte d'un tetanos traumatique, par de petites saignees repe­tees , l'amputation de la queue , les bains de vapeur sous le ventre, suivis de bouclionnements et de l'application de couverlures sur le corps , les lavements d'infnsion de co-quelicot servant de vehicule ä l'opium, au camphre et au nitre. M. Leroy a employe avec succes, sur un cheval, les saignees, les breuvages emollients et les embrocations de memo nature sur les reins, M. Sanitas a obtenu des
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sneers, clicz un äne et un eheval, des saignees copieuses au debut, des lavements emollients, des fumigations de meine nature, des douches d'eau emolliente tiede sur le dos et les reins. Bl. Riss a sauve un eheval affeete de teta-nos general, par les saignees, les lavements emollients et les fumigations de meme nature. M. Dehan a gueri, par les saignees copieuses ct reiterees au debut, les fumiga­tions emoliientes sous rabdomen et les lavements d'eau de savon. M. Chariot guerit un eheval atteint de tetanos occasionne par des vers intestinaux, au moyen des saignees, des embrocations emollieBtes , des potions de valeriane, de camphre et de nitre, des breuvages de gratioie, d'aloes et d'buile empyreumatique. M. Vatel a du la guerison du tetanos, sur un eheval blesse au pied par un clou de rue, a des saignees copieuses au debut, et ä la cauterisation profonde de la plaie listuleuse du pied malade. Gelle a obtenu la guerison dun boeufatteint de tetanos essentiel. par la soustraction de sept kilogrammes de sang a la jngu laire , en deux jours . les lavements emollients, les bains de vapeur dirigessous le ventre, I'usagede la couverture et 1 administration d'une tisane composee de racines de guimauve,de fleurs de sureau et de miel, ä hupiclle il ajouta trente et un grammes de laudanum liquide pom huit litres de tisane, qui devaient etre donnes en quatre breuvages dans le courant de la journee. Le troisieme jour, Gelle plaea au ttinon deux setons animes par un trochisque d'ellebore noir et l'onguent vesicatoire, on com tinua les memes prescriptions et les memes soins. Plus tard il employa, sur la region lombaire, les frictions irri-tantes d essences de terebenthine et de lavande, et fit admiuistrer une infusion de sause miellee en breavages el des lavement!, emollients. M. Raconnat dil qu'il im-
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TETÄ1N0S.
porte, des le commencement de la malauie, lürs([ii il existe de la turgescence sanguine, de pratiquer une ou
deuxsaignees plus ou moias copieuses, suivant läge el hi position du malade , afin de diminner les chances inilatn-matoires et de rendre le cours du sang plus libre ; d'admi-nistrer beaucoup de lavements ordinaires, qui ne produi-sent rien d'abord, mais qui avancent plus tard l'expulsion dexcrements dins, sees et presque noirs; de provoquer la transpiration cutanee au moyen de fumigations emol-lientes et de couvertures de laine. L'application des exu-toires lui parait inutile. Le sulfate de quinine est, d'apres Im, le medicament a opposer au tetanos. On doit l'admi-nistrer d'abord a fortes doses, que Ton diminue ensuite graduellement, en insistant pendant plusieurs jours. Lex-trait gommeux d'opium ne doit etre allie au sulfate de quinine que corame medicament secondaire , destine a moditier la surexcitation qu'il pourrait produire. A cause du resserrement des machoires et de la grande diliiculte de la deglutition, il prefere adtninistrer le medicament en lavement, I'absorption s'operant aussi bien, aussipromp-tement et aussi eiilcacement par la muqueuse du rectum que par I'autre voie.
Le premier elFet du sulfate de quinine, continue M. Raconnat, est de procurer une detente generale et de ramener l'expulsion des excrements que la maladie avait suspendue. Le second eff'et est, sinon d'arreter complete-ment d'abord, au moins de moderer les violences des acces tetaniques, qui disparaissent ensuite completement par l'usage modere de ce medicament. Le troisieme effet de la quinine est de provoquer, du troisieme au cinquieme jour de son emploi, la secretion d'une grande quantile d'urine, qui, de trouble et de brunälre quelle etait da-
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hoid, dcvient d'autaut plus litnpide qu'elie est evacuee en plus graode abondaace. L'interruption trap prompte du sulfate de quinine laisse aux acces nerveux fraichemenl interrompus , la faculte de se reproduire aveo une force egale a celle qu'ils avaient au plus fürt de la maladie.
M. Raconnat rapporte avoir gueri beaucoup de che-vaux tetauiques par cette medication , et il ajoute meme que ceux de ces animaux qui etaient alfectes de fluxion periodique, ont ete radicalement gueris de cette derniere maladie.
Dans un tetanos general sur une mule , M. Reboul a porte les emissions sanguines , Ion pourrait dire jus-qu'a l'exageration ; quarante-six livres de sang ont ete extraites de la jugulaire en cinq saignees pratiquees dans Tespace de deux jours, et cette medication hardie contribua puissamment a la guerison. L'observation de M. Reboul offre un si haut interet pour la pratique que, malgre les nombreuses citations que nous avons dejä faites, nous crovons utile de la rapporter sommaire-ment ici.
Le 21 inai, saignee de di.v livres, barbottage d'eai: blanche avec de la farine.
Le 22 , exasperation des sjmptomes. Pouls plein , f(jrt et vite : nouvelle saignee de dix livres ; un bain de vapeurs emollientes: sachet de mauve sur toute la region dorso-lomhaire ; bandage matelasse sur la ganache et les deux regions masseteriennes, le lout arrose de quart d'heure en quart d'heure avec de l'eau de mauve tiede; deux lavements simples.
Le soir du meine jnur, aucun changement. Saignee de huit livres.
Le 23 , les symptomes sont arrives ä leur summum
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TKTANOS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 42raquo;
lt;1 intensitti. Saignee lie huit livres. On doune . en lave-ments, clans le courant de lajournee, trois paquets com­poses cliacun de cinq grammes de tartre emetkjue et trois grammes d'extrait aqueax d'opium.
Alavisiteda soil-, letat de la malade n'est pas change. Aueun lavement n'a etc rendu. Nouvelle saignee sembla-blea celledumatin, onordonne pour la nait trois autres paquets contenant la meme dose d'emetique et d'opium que !es trois premiers , pour etre donnes en lavements de trois en trois lieures. Lotions emollienles sur la colonne dorso-lombaire.
Le 24, aueun mieux : la malade a reeu deja neuf lave­ments dont eile n'a rendu uucune parcelle ; le pouls est toujours plein , mais plus souple ; on supprime les evacua­tions sanguines; les applications emollientes sont aussi suspendues at remplacees par des frictions composees avec :
Huiled'olive......500 grammes.
Opium brut pulverise ... 35 — Campbre en poudre fine. . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1 —
On recouvre en meme temps la malade avec une cou-verlure de laine. De Irois en trois lieures et jusqu'a la visite du leudemain, on donne des lavements contenant, les quatre premiers, sept grammes d'emetique et six grammes d'opium, et tons les autres huit grammes d'e­metique et autant d'opium.
Le 25 , l'ensemble des symptömes est a peu pros le
meme j la constipation est toujours opinidtre, dixdiuit
lavements ont ele donnes sans qu'on ait pu obtenir la
moindre evacuation. Bouchonncments et frictions avec
le liniment formale plus haut: pour la journec et la innbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 54
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426nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TETANOS.
laquo;uit suivante , six lavements contenant , a parties egales, CO grammes de tartre stibie et 45 orammes d'opium. Deux setons reconverts d'onguent basilicum opiace sonL appliques au poitrail.
Le 26 , le mieux est sensible, la malade pent faire exe-cuter quelquesmonvements ä ses machoires, eile cherche parfois a manger et ne pent le faire: eile a bu dans la unit, a differentes reprises , une petite quantite d'eau blanche nitree. Les lavements non rendus montent a vingt-quatre, les flancs sont firtement disteudus et l'on entend quelques borborygmes. Deux setons sur chaque face de l'encolure, pauses comrne ceux de la veille. On donne dans la journee deux lavements contenant chacun 12 grammes d'emetique, 6 grammes d'opium et 125 gram­mes d'huile dolive, et dans la nuit trois lavements simples avec l'eau de mauve bien farineuse. Frictions sur la region dorso-lombaire et les machoires.
Le 27, le mieux est plus prononcejla locomotion est pluslibre, lejeu des machoires est plus facile et la malade commence ii avaler quelques epis d'orge vert: eile a aussi mange quelques grains d'avoine , et a bu dans la nuit quatre litres environ deau blanchie par la ferine de sei-gle. Meme traitement que la veille. Les frictions premen-tionnees que Ton continue toujours avec vigaeur , paraissent faciliter sensihlement les heureux resultats qui se dessinent de plus en plus et dun jour a I'autre.
Le 28 et le 29, l'etat de la malade n'a pas change et la constipation est toujours opiniatre , malgre les lavements qu'on ne cesse de dormer regulierement. Memes soins que les jours precedents.
Le 30, mieux ties-sensible. Un seid lavement avec
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TETANUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 427
addition de 8 grammes de tartre stihie et 4 grammes d'o pium. l.es meines soins sont continues.
Le 31, ie mieux se sentient Les setons fournissent abondamment du pus tie bonne nature; meines soins et jjieme regime; un senl lavement comme ceiui de la veille.
Le Ierjoin , letat de la malade est toujours satisfaisant, lemetique et lopium sont supprimes et remplaces par un lavement coutenant 100 grammes d'huile de ricin et une tlemi-livre d'huile d'olive. Les auties lavements sont pre­pares avec la mauve et la bourrache. Les meines soins sont continues le 2 et le 3.
Le 4 , ia malade expulse une grande quantite de ma-tieres excrementitielles tres-fetides; des lors on pent regarder la convalescence comme assuree , le mieux va en progressant de jour en jour, et msensiblement on sup-prime tout traitement. La guerison est radicale le Irente-septieme jour de la maladie.
M. Janssens, marechal veterinaire ;i Grimherghen , a gueri quatre cas de tetanos dont trois traumatiques , par les larges emissions sanguines repetees, les frictions sur la tete, le cou et l'epine dorsale, avec une pommade com-posee d'une partie de camphre sur liuit d'axongc. La fric­tion devait se repeter trois fois par jour, et pour la rendre plus eilicace et favoriser ('absorption du camphre, il faisait passer un fer cliaud sur les parties frictionnees. A I'interieur, il faisait prendre jusqu'a trois cents gram­mes de sulfate de sonde dans une decoction de carottes , qu'il donnait par petite quantite ä sucer a I'animal, en vue de combattre la constipation qui accompagne toujours cette maladie.
S il est vrai qu'une serie de faits bien observes parlcnt
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4-28nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;THROMBUS.
plus haut que tous les raisounements , ceux que nous vcnons de citer, et que nous puurrions multiplier si nou* ne craignions d'aLuser de la patience de nos lecteurs , attestent suffisamment que le traitement le j)lus rationnel du tetanos doit consister dans les emissions sanguines Jarges et repetees , selon la force de ranimal et rintensite de la maladie ; les bains de vapeurs emollientes, le sachet de son chaud et mouille sur la region dorso-lombaire, les frictions ou embrocations anodines sur la meine region ; les opiaces , administres en breuvages ou en. lavements, seuls ou associes au Sulfate de quinine, ä lemetique ou au sulfate de soude.
Quclques veterinaires, considerant le tetanos comme une nevrose , pretendent que les evacuations sanguines aggravent les accidents et le spasme, et les proscrivent generalement dans la maladie qui nous oecupe. Nous con-cevons avec Gelle que les larges saignees prodiguees ä des animaux faibles , nerveux-lyinpbatiques, puissent pro-duire ces effets ; mais on a constamment observe que les saignees . sagement combinees avec lesantis[)asinodiques, ont produit des resultats aussi avantageux que la gravite du mal pennet de les obtenir.
Quelques succesont etc obtenus par les inhalations de-ther sulfurique; le chloroforme a donne les memes resultats. M. Lafore a obtenu quelques guerisons sur le cheval par le cyanure de potassium, qui agit par le simple contact sur une muqueuse. Les faits observes ne tendent que trop a etablir l'insuilisance de ces medicaments.
THROMBUS. — Sous cette denomination on designe generalement une tumeur due a l'extravasation du sang dans les mailles du tissu cellulaire qui avoisine la piqiire
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THHOMBUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i^'J
de la veine sur laquelle on vient de pratiquer la saignee. Jl ne faut pas confondre cette tumeur sanguine avec la phle-bite, qui en est quelquefois la consequence, ni avec I'epan-cliement du sang clans le meine tissu, stirvenu a la suite de l'ulceration des parois de la veine , ainsi que M. Re­nault la observe douze a quinze jours apres la saignee, et qu'il considere comme du au defaut de plaslicite du sang, lorsque ce liquide n'est pas assez riebe en fibriae pour amener une cicatrisation prompte et solide de l'ouverture faite au vaisseau veineux ; ces divers etats patbologiques sedistinguent par leur marebe, leur duree, leur gravite, et reclament par consequent des moyens therapeutiques differents. Nous reserverons done le mot thrombus pour designer la tumeur sanguine qui se forme au moment de la saignee ou quelques lienres apres cette operation , et pour ce qui concerne les accidents qui pourraient en etre la suite, nous renvoyons le lecteur a ['article Phldbite.
Uno saignee bien faite occasionne rarement le throm­bus ; la saignee baveuse due ;i une ouverture trop etroite des teguments ou au defaut de parailelisme entre I'ou-verture de la veine et celle de la peau, determine souvent cet accident. 11 pent encore survenir ä la suite du tiraille-ment de la peau, que certains Operateurs maladroits exer-cent en placant I'epingle pour arreter la saignee ; cette maniere d'agir ctablit en avant de l'ouverture du vais­seau un vide dans lequel le sang s'extravase et constitue le thrombus ; lorsqu'on attelle les animaux immediatement apres la saignee avec un collier trop etroit, qui comprime les jugulaires et fait relluer le sang vers l'ouverture de la veine: par suite des frottements de la partie; enlin par tout ce qui pent s'opposer au libre cours du sang- dans le vaisseau sur lequel on a pratique la saignee.
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4ö()nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; THROMBUS.
II eil certaines veines sur lesquelles oq ne peut guere
pratiquer la saignee sans avoir un thrombus ; telles sont les veines de l'ars , les sous-cutanees de I'avant-bras . les saphenes, lesthoraciques : mais il offre sur ces vaisseaux moiusde gravite que sur les veines jugulaires, ou il de termine parfoisdes accidents dangereux, tels que Lapble-hite et toutes ses consequences.
Lc diagnostic du thrombus est tres-facile a etablir ; une tumeur circonscrite, plus ou moins volumineuse, molle et elastique, se forme ä vue d'oeil pendant ou imme-diatement apres ia saignee : cette tumeur i-estc quelque-fois stationnaire pendant quelque temps avant de sc dissiper, mais generalement, a moins que les accidents que nous avons signales plus haut ne surviennent, la resorption du sang epanche s'opere, et au bout de deux ä trois jours tout a disparu.
Traitement. — Le thrombus reclame Tempioi continuel des refrigerants et des restrinetifs : les ablutions d'eau froide , les cataplasmes d'argile et de vinaigre, nous ont suffi , clans la plupart des cas que notre pratique nous a fouruis, pour faire disparaitre en quelques jours des thrombus qui oöraient des proportions inquietantes tant elles etaient volumineuses. Si, malgre l'apphcation conti-nuelle des restrinetifs, la partie demeure tumefiee, dtue, il faut recourir a l'emploi d'une couche d'onguent vesica-toire, que l'on reitere le jour suivant. et aubesoin ou re-vient meme a une troisieme application; ses effets sont d'autant plus prompts que le thrombus est plus recent, et son eflicacite est a peu pres infaillible. Lorsque la phle-bite se declare . c'est aus moyens que nous avons indi-ques en traitant de cette maladie qu'il faut avoir recours.
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TIC.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 431
TIC. — On donne le nom de tic a certaines habitudes vicieuses que contractent les animaux domestiques , et specialeraent ceux de l'espece chevaline. Ilurtrel d'Ar-boval a distingae pour le cheval deux especes de tics . savoir le tic proprement dit. tpii tlejjend , selon lui, dun etat particulier du tube digestif, et le tic jmr habitude . cause par 1 ennui ou rimitation
Le tic proprement dit consiste dans la contraction brusque des muscles de l'ericolure et des parois abdomi­nales, accotnpagnee d'eructation, bruit particulier qui se passe dans la region gutturale.
Pour executer ces phenoxnenes anormaux , dans la plupart des eas , le cbeval saisit avec les dents incisives, on le bord de la mangeoire , ou le rätelier, ou la lunge du licol, etc., ou il appuie la levre et le menton dans le fond de I'auae: ces differentes manieres de tinner con-stituent le tic ä Vapjmi, qui, au bout dun certain laps de temps, determine l'usure du bord anterieur des dents in­cisives. D'autres fois, lanimal porte la tete en baut, en bas ou de cote, tout en contractant les muscles prenommes et faisant entendre leruclation caracteristique du vice, ce qui const! tue le tic en I'nir.
Le tic de Tours, qui, d'apres Ilurtrel d'Arboval, semble etre le seid qui pent se transmettre ])ar imitation ou etre la consequence de 1'ennui , consiste dans un balancement continuel du train anterieur, dans lequel le cheval se porte alternativement sur un pied et sur I'autre, ou se berce de droile a gauche, comme le ferait im ours.
On a beaucoup exagere les inconvenients des differents tics ; les chevaux tiqucurs, meme avec eructation, ce qui constitue le tic proprement dit. peuvent remlre des services aussi grands que s'ils n'etaient point ulteints
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452nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TIC.
de ce vice , et clans les nombreux cas que nous en avons obsei'Aes , nous n'avons jauiais constate des affec­tions qu'on aurait pu rapporter a ce defaut, et ces ani-maux n etaient pas |)lus souvent indisposes que ceux qui netiquaientpas, sauf quelqaes indigestions occasionnees, chez certains d'entre cux. par la grande avidite avec la-queile i!s devoraient leur nourriture , et qui ne doivent pas etre altribuees exclusivement au tic ; il est d'observa-tion que !e cheval qui ne tique pas et qui mange [jou-lument, est egalement expose aux indigestions.
Suivant M. Gaspavin , le tic commence ordinairement par des indigestions, des coliques, des rots, des borbo-rygmes, tous desordres qui annoncent celui des functions digestives et da Systeme nerveux, etc. II est souvent la suite des fievres adynamiques et alaxiques: il est aussi, toujours selon le meine auteur, im symptöme de debiiite gastrique.
Des autopsies faites sur quatre chevaux tiqueurs , par
'•
M. Gerard, semblent demontrer que ce vice depend d'un irritation gastro-intestinale. Ilurtrel d'Arboval partagc egalement cette opinion. M. Vatel est porte a croire que le tic n'est que le Symptome dune pneumatose stomacale accompagnee d'eructations ou excretions gazeuses par la boucbe, reconnaissant pour cause les digestions difficiles produites souvent par des gastro-enterites cbroniques, on par la debiiite gastrique qui accompagne ordinairement ces irritations; d'oü il suivrait qu'on ne devrait alors le considerer que comme un mojen employe par 1'animal pour se debarrasser d'une quantite de gaz clout la pre­sence dans restomac pourrait determiner des accidents graves, tels que la meteorisation, la rupture de lestomac, des inflammations, etc.
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TIC.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 450
Nous ne suivrons pas plus loin les idees emises par les auteurs recommandables que nous venons de citer ; nous dirons seulement que s'il en est quelquefois ainsi, cela doil etre considere comme une rare exception ii la regie ; les faits nous demontrent chaque jour que les chevaux liqueurs, abstraction laite de 1 hahitude qu'ils out con-tractee , jouissent d'une parfaite saute, qu'ils boivent et mangent Lien, qu'ils conservent leurs forces et leur apti­tude au travail, quils sout dans un etat d'embonpoint en rapport avec la nourriture qu'ils prennent, qu'ils out le poil luisant, la peau moite, etc. Certes, ce ne sont pas lä les sillies dune irritation ffastro-intestinale, de fievre adynamique, ataxique, de debilite gastrique, etc.; et il est loin d'etre prouve que les lesions observees a I'ouverture de quelques chevaux liqueurs constituaient la maladie dont le lie n'etait qu'un symptume.
Differents moyens sont propres pour enopecber le che-val de tiquer et lui faire perdre cette habitude vicieuse, maisjusqu'ici, a quelques rares exceptions pres, on n'est pas encore parvenu ii faire disparaitre completement ce defaut, qui se reproduit chaque fois que I'animal se trouve dans la possibilite de s'y livrer sans contrainte. On con-seüle de recouvrir le devant du ratelier on de la man-geoire avec du fer, du zinc, ou de le garnir de quelques pointes, ou d'y placer seulement un morceau d'etoffe on de peau de mouton garnie de laine. On conseiile en­core de serrer le cou de I animal avec un collier en cuir, de mettreunlicol muni, a lasous-goi'ge, d'un obstacle qui empecbe la contraction de l'encolure. Ces moyens ont quelquefois reussi sur de jeunes chevaux cbez lesquels
cette habitude n'etait point inveteree.
innbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 55
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45inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TOÜRNrS.
Le tic, avec eructations sans usure ue dents, est consi-derecomme vice redhibitoire.
TOURNIS. —- Le tournis, connu encore vulgairement sous les denominations de toumoiement, de vertige, de lourderie, est une affection dont le principal Symptome consiste dans ['action de tourner. Cette affection, observee sur les boeufs et les betes a laine, mais plus frequetnment sur ces dernieres, est due a la formation et a laccroisse-rnent dune ou de plusieurs hydatides dans les ventricules du cerveau.
Tournis des betes d laute. — Dans un raemoire fort remarquable, intitule : Essai monographique sur le tour­nis des betes d laine, M. Reynal, chef de service de clini-que ä 1'Ecole d'Alfort, dit cjue le tournis offre ä conside-rer comme caracteres essentiels :
1deg; Un ver vesiculaire qui nait et grandit dans unorgane indispensable ä la vie, le cerveau;
2deg; Une maladie des plus curieuses du Systeme ner-vcux ;
3deg; Un ensemble de pbenomenes physiologicjues varia­bles dans leur mode de manifestation . suivant le sieüre de l'hydatide et suivant i etat tie desoreranisation de la reaion du cerveau qui iui sert de support.
Cette maladie des betes ovines, occasionnee par le deve-ioppement ;i la surface ou dans la profondeur du cerveau d un ver connu sous le nom generique de coenure, est par-ticulierement caracterise'e par une alteration des functions cerebrales, par une irregularite des mouvements et par la tendance (jue manifestent les animaox ä se mouvoir cir-culairement.La marclie du tournis est lente, et ses termi-naisons sent d'autant plus graves, qu'il ne se manifeste le
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TOÜRNIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^iöS
plus souveut au dehors qu'apres avoir produit, dans l'eco-nomie, des desordres irremediables.
Le coenure etant le point de depart des lesions (|u on observe dans hi substance et dans les functions de Taxe cerebro-spinal, M. Reynal croit qu'il Importe, avant de passer li letude des syniptomes cpii le deuoncent ä l'exte-rieur et des causes qui concourent ä lui dooner naissance, de tracer en pen de mots les caracteres principaux qui distinguent ce parasite.
C'est un ver parenchymateux tie la famiiie des cystoides (Rudolphi). Ilappartient au genre ccenure, et la plupart des auteurs leconnaissent sous la denomination specifique de coenure cerebral ( Coemirus cerebralis do Rudolphi; Tornia cerebralis de Linne: Polycephalus ovium de Zeder; etc.).
Comme toutes les especes du meine genre , le coenure cerebral consiste prineipalement en un reservoir cysti-forme, ovoVde, pelliculaire. contenant un liquide transpa­rent. Tres-petit, presque microscopique dans le debut, il peut acquerir le volume d'une orange. On remarque a sa surface une foule de corpuscules opaques , irreguliere-ment groupes , ])ris ä tort par les naturalistes j)our des tetes dc toenia.
Ces corpuscules sont formes par une petite poche qui est en continuite de lissu avec la membrane hydatigene; appendue a la face interne de cette derniere, cetle pocbe seit de support au toenia , qui est fixe sur une de ses par­ties laterales , renverse sur lui-meme, la tete tournee vers le fond.
Lc cuenure, parvenu ä un certain degre dc developpe-ment, cesse de vivre; il se transforme en un veritable kyste, chez lequel on cherche vainement les caracteres de
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430nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TOLK.MS.
l'animalite. Sa mort a paru , it M. Reynal, coincider avec le depot de sels calcaires a la surface et dans I'epaisseur des parois de la vesicule commune et de la poclie qui loge le ver.
Symptomatologie. — Si le mouton adulte presente ä une periode avancee de la maladie des signes bien tran­ches , continue M. Reynal, il n'en est pas de meine de l'a-gneau. Chez ee dernier, en effet, les hydatides a peiae ecloses ne provoquent pas cut ensemble de symptomes que 1'oeil meme le moins exerce saisit parfaitement. La chose qui frappe ä cet age, e'est la perte de la gaiete et de lappetit. La mastication est lenle, la marclie est penible. Le jeune animal devienl trainard, la voix du berger, les aboiements du chien, les morsures meme de cet animal le trouvent insensible.
Si Ion examine de plus pres I'agneau dans le cerveau duquel des coenures viennent de naitre, on constate que sa vue est troublee, si toutefoiselie n'est point abolie. A la bergerie, il s'isole dans un coin et reste indifferent a tout ce qui se passe autour de lud; l'appetit-diminue sensible-ment, I'amaigrissement augmente , la peau perd sa sou-plcsse et la laine son brillant et sa resistance.
Cette forme de tournis, que M. lleynal considere comme aigu , amene la mort au bout de deux mois environ. Elle est d'autant plus importante a etudier qu'elle est occa-sionnee par des hydatides de la grosseur d'uue tete d'e-pingle ou d'un grain de millet. A I'autopsie , il n'est pas rare qu'elles echappent ;i l'oeil de l'observateur en raison de l'exiguite de leur volume.
Le tournis n'a pas toujours une marche aussi rapide que celle dout il vient d'etre parle, et cela s observe sur les animaux de läge de six ä dix-huit mois : soit qu'ä
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TOÜRNIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4ö7
cette epoque de la vie l'organisation de la substance cere-Lrale ofFi'e une resistance plus grande a l'action destruc­tive de l'hydatide, soit que cette demiere re[)Ose sur un point de cet Organe moins important que d'autres ä l'inte-grite de ses functions, toujours est-il que le tournis arrive plus lentetnent a sa terminaison derniere.
Au debut, on remarque les meines signes precarseurs, mais ils sont moins iritenses. II y a diminution d appetit, indecision , nonchalance dans les altitudes ; la marche est trainante; le mouton est toujours ä la queue du troupeau, la tete basse, lair hebele, loeil hagard, proeminent, tres-dilate et souvent bleuatre; il suit dans la progression une ligne assez droite tout d'abord, mais bientot il devie adroite ou a gauche , ou bien porte la tete levee. Dans la manifestation de ces symptomes , des intermiltences sur-viennent, pendant lesquelles fanimal parait avoir recou-vre entierement la sante. A des periodes variables , de nouveaux phenomenes indiquent a l'oeil de I'observateur la marche obscure mais continue de la maladie. Souvent meme dans cet etat, si la brebis est livree h la reproduc­tion , la gestation apporte une entrave a faction desorga-nisatrice qu'exerce le cocnure sur la substance du cer-veau.
Apres une periode de quatre , six , huit et meme dix mois, a ces signes pen tranches en succedent d'autres moins equivoques , mais differents suivant le siege de 1'hydatide, qui est simple, double ou multiple. L'un des grands ventricules du cerveau et parfois l'une et 1 autre de ces cavites le recelent habituellement. Les couches olfactives , la masse cerebelleuse , voire meme la moelle epinicre, iuiservent aussi de soutien.
Le coenure occupe-t-il l'un des ventricules lateraux ,
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408nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TOURNIS.
lanimal ne tarde pas a se mouvoir tautot du cute corres #9632; pondant, tantüt du cute oppose, suivant un rayon d'un diametre assez eteudu d'abord, puis de plus en plus court; le plus souvent il tourne du cöte oü se trouve le coenure. Bienlot ces mouvements circulaires se repetent ä des intervalies tres-rapproches , le tournoiement s'accelere avec les progres du mal, et le mouton , pivotant sur lui-meiiie , finit par decrire des orbes tellement rapides rpie la paille , le loin, les brins dlierbe s'enroulent autour de ses membres et determinent sa chute. Les deux cavites ventriculaires contiennent-elles un ou plusieurs coenures, le mouvement est nul , ou indifferemment dirige ä droite ou a gauche. Si. d'autre part, ce sont les couches ethinoi-dales qui les supportent. la lete se rapproche du poitrail , et Tanimal execute presque sur place, sans entamer !e ter­rain , des mouvements rapides et multiplies 5 le mouton est alors appele trottcnr par le berger. Si, au contraire, le parasite a son siege dans le cervelet, la lete est portee en haut; la marche ne connait plus d'obstacles ; de la de^ heurts , des chutes, des mouvements convulsifs.
Le coenure cependant s'accroit tous les jours, la com­pression augrnente dans le meme rapport , et le mal pro-gresse d'une maniere incessante pendant trois, quatre , cinq mois. Les tournoiements sont plus frequents et suivis d'acces epileptiformes. Le jeu des machoires est comme gene, difficile ; la rumination cesse, le ventrese ballonne, la peau se colle sur les os ; la laine tombe et se casse a la moindre traction ; la faiblesse est extreme , le decubitus se prolonge ;la respiration deviant rälante, et le mouton , frappe souvent de cecite et de paralysie . s'eteint dans un etat de marasme.
En suivant son evolution normale. 1 hvdalide acquierl
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TOÜRNIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i5ii
des dimensions considerables. Appuyee sur la pulpe ner-veuse sous-jacente qui s'atrophie, eile provoqtie les meines pbenomenes dans la partie du cerveau et de la boite cränienne correspondant a sa face superieure; la substance cerebrale disparait, l'os s'amincit , et un bour-sonflement du crane a cette meine place , signale bientüt ce travail interieur, qui ne finit qu'avec la vie.
Teile est la marcbe la plus ordinaire du tournis , tracee ilune maniere claire et savante par M. Reynal.
Les lesions morbides ne sent pas moins curieuses a observer que les symptomes. Chez un animal , on trouve ie kystc hydatigene qui oecupe presque entierement l'in-terieur du cerveau : chez un autre . on remarque l'atro-phie des corps stries , des couches optiques, des cornes d'Ammon , du cervelet, du bulbe du prolongement racliidien.
Causes. — Leur etude nest pas seulement interessante au point de vue medical, dit 31. Reynal, eile Test, encore davantage consideree sousle rapport de l'education et de i amelioration des betes ä laine. Cet auteur avu le tournis sevir sur de nombreux tronpeaux , les detruire en partie, interrompre des essais de croisement et de perfectionnc-menl et occasionner des pertes considerables aux pro-prietaires.
On a beaueoup ecrit sur les causes du tournis. Parmi les auteurs qui les ont etudiees, les uns les ont trouvees dans l'aliinentation, le regime, le refroidissement apres la tonte, le sejour trop prolonge des animaux dans les bruyeres. Les autres l'ont attribue aux mauvais soins, aux soulfrances des brebis et des agneaux dans la periode de l'allaitement, a l'aliinentation avec des plantes verles, a une temperature humide , ä une trop grande abon-
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440nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TOÜRKIS.
dance d'aliments nutritifs, ä luisolation, a des accidents divers.
Sans vouloir entrer dans l'appreciation de ces differen-tes causes , M. Reynal dit, dune maniere generale , qua dans le nomLre il en est quelques-unes qui peuvent in-fluer sur le developpement du tournis, entre autres celles qui concourent ä debiliter rorganisation de la mere et de l'agneau.
C'est en effet, continue lautem- du metnoire, daus les premiers temps de la vie, lorsque les animaux ont souf-fert. qu'ils ont ete mal nourris , mal soignes, quon voit apparaitre les maladies vermineuses; celle qu'on designe sous le nom de tournis a pu done rationneilement sevir au milieu de pareilles conditions hygieniques.
Mais au point de vue oü M. Reynal sest place, ce qu il importe le plus de mettre en evidence, c'est moius les cir-constances au milieu desquelles apparaissent les maladies vermineuses en general, que les causes les plus directes du tournis. Parmi ces dernieres, ceile qui lui a paruexer-cer la plus grande influence sur sa propagation , reside dans [heredite. Les deux fails suivants, pris parmi un grand nombre d'autres, temoignent en faveur de cette assertion.
En 1J149, un proprietaire eleveur achete un beiier age de quinze a dix-huit mois. ün mois environ apres la lutte, il vend ce beiier parce qu'il avait presente quelques symptomes de tournis.
Dansle courant de juillet de l'annee suivante, le tournis se declare sur les agneaux ; en peu de temps la perte s'eleva ä plus de trente pour cent. Comme la maladie continuait tous les jours ses ravages, le proprietaire, sui-vant les conseils dun veterinaire eclaire, vendit tous ses
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TOURNtS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; itraquo;
öntenais, ailnde preserver son troupeau flu tournis hdre-ditaire.
Um autre proprietaire achete, ä la meme epoque, vm be-lier (Tun an; 11 le laisse dans le troupeau des lietes a lainc qu'ü possede, pour faire la lutte conjointement avec deux. autres beliers plus ages. Sur la fm de la periode de lasail-!ie,le proprietaire retnarque quelques synaptömes de tour­nis sur lebelier nouvellement achete. L'annee suivante, il perdit cinquante agoeaux sur cent et dix , du tournis.
Les troupeaux de ces deux proprietaires etaient dans d'excellentes conditions hygieniques , celui du dernier n'avait jaraais ele alteint du tournis.
En faveur de l'heredite, M. Rejnal pourrait encore ajouter de nouvelies preuves (quot;ournies par ['observation de ce fait, a savoir : qu'on ti'ouve des ccenures dans le cer-veau des nouveau-nes.
Tout ce qui peut conduirc a jeter quelques lumieres sur les causes premieres du tournis, lui parait d'une im­portance extreme ; aussi il n'besite pas a relater une ])ar-ticularite remarquable dont il a etc temoiu. 11 a vu trois fois des brebis donner naissance a des agneaux qui out peri par le tournis, bien qu'elles n'en fusscntpas atteintes elles-metnes. Ces brebis, saillics de nouveau par des beliers qui n etaient pas atteints de la maladie, ont nean-moins donne des produits qui en ont ete affectes.
Ainsi, la premiere fecondation d'une brebis saine par un belier sain , donne un agncau cjui meurt du tournis ä 1 age de cinq mois ; cet accident, qui semble echapper a une explication rigoureuse de la science , est suivi d acci­dents analogues dont feleveur doit tenir compte; en eilet , les memes brebis saines donnent ensuite des pro­duits atteints de tournis,
IIInbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
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illnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TOURNIS.
M. Reynal signale cette particularite, parce qu'elle est de nature a eclairer la grave question de l'influence d'une premiere fecundation snr les procreations subsecraentes des femelles.
Apres I'heredite , la cause la plus frequente du tournis lui parait dependre de l'emploi de beliers trop jeunes. Dans quelques contrees tie la France, dit-il, c'est a rüge de six a iiuit mois qu'on les livre a la lutte. Souvent encore les proprietaires , se basant sur une \ igueur plus apparente que reelle, lenr donnent uu nombre beaucoup trop considerable de femelles. C'est dans de semblablea conditions qu il a souvent vu naitre le tournis sans que rien dans la nourriture, dans l'intemperie de la saison et dans le gouvernement des animaux piit en expliquer le developpement. 11 pourrait citer tels proprietaires qui jamais n'avaient observe cette maladie dans leurs trou-peaux, et qui ont eprouve des pertes de oinquante pom-cent apres avoir, contre leurs habitudes, fait saillir des brebis par des beliers de six ii Imit oiois.
Moyens preservatifs et rationnels. — Prenant pour point lt;'e depart les idees qu'il vient de developper, en s'appuyant sur des observations qui lui sont personnelles et sur celles de veterinaires distingue's, M. Reynal con-seille :
l0I)'eloignerde la reproduction les males et les femelles qui presentent le plus leger signe de la maladie.
A l'avantage d en preserver les generations futures dans les troupeaux , on joindra celui d'eviter des pertes imme-diates en sacrifiant pour la boucherie, des le principe, les animaux malades. Laviande n'a perdu aucunedeses qna-lites. Plus tard il n'en est pas dememe, le mouton maigrit, la chair est moins tendre et moins savoureuse. En outre,
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TOI RMS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; laquo;r.
la laine se depouille de la matiere grasse, du suint; eile devient cassante et cotonneuse.
'2deg; De n'accoupler que des femelies et des males arrives a leur complet developpement.
Les brebis ne devraient ])as elre livrees ä la reproduc­tion avant rase de trente mois. et les beliers avant Time de quinze a dix-liuit mois.
M. Reynal resume son memoire de la maniere sui-vante:
1deg; Le fourjiis est une maladie du Systeme nerveux occasionnee par un ver du genre coenure.
2quot; Elle apparait le j)lus ordinairemeat sur les jeunes agneaux de deux, qnatre a douze mois ; plus rarementde quinze a dix-huit mois , et exceptionnellement au delä de cet äge.
3deg; La marche de cette affection est lente. eile progresse d'une maniere incessante et determine l'atrophie du cer-veau ou de la moelle epiniere.
4deg; Elle occasion ne d'abord Famaiorissement des ani-maux et plus tard la mort.
5quot; Au nombre des causes principales de propagation du tournis , 11 jgt;lace :
Ä. L'beredite. Les brebis et le be'lter ätteints du tournis le transinettent a leiers descendants.
B. L'accouplement d'animaux trop jeunes , surtout du belier employe ä la lutte ä Tage de six ä huit mois, comme cela se pratique dans quelques contrees.
6deg; Le moyen de prevenir le tournis consiste :
a.nbsp; A eloigner de la reproduction les femelies et les males qui en sont ätteints.
b.nbsp; nbsp;A ne faire reproduire que des brebis de trente mois et des beliers de quinze a dix-huit mois.
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7deg; Si uije conclusion rigoureuse pouvait etre tiree dei. observations ayant trait a I'influence d'une premiere fecondation sur les fecondations subsequentes, il faudrait eloigner de la reproduction les femelles cjui, bien que saines elles-memes, out une fois donne des produits affectes du mal.
31oi/eyis curatifs. — DiflPerents moyens ont ete proposes pour guerir !e tournis, mais il laut ie dire, aucun ne pent etre donne comme certain. Parmi ceux qui ont laisse entrevoir le plus d'esperance, on trouve en premiere ligne I'ouverture du crAne au moyen de la trepanation , ou de la perforation de cette boife osseuse, faite avec un stylet , un poincon , une alene, un trocart place dans une canule que Ion adapte a une seringue avec laquelie on aspire, en faisant le vide, toute la liqueur de l'bydatide, et quelquefois l'bydatide elle-meme. Ces moyens inge-nieux sont malheureuspment loin d'etre toujours dune heureuse application.
La trepanation du crane conseillee par Chabert permet d extraire 1 bydatide si eile est a fleur du cerveau ; mais le plus souvent les aniniaux ne survivent que quelques jours a rette operation.
La perforation de la boite cranienne au moyen du trocart a ete mise en usage, dabord en Allemagne par Riem et Gericke , puis en Angleterre , et en France par Tessier, Huzard, Valois, etc. Pour proceder ä cette ope­ration, on assujettit I'animal sur une table, on lui tond la tete depnis le toupet jusqu'aux oreilles ; on täcbe alors de decouvrir la place de l'bydatide, qui est ordinairement du cote vers lequel I'animal tourne; oji s'assure par le tact de lendroit ou reside ce parasite , ce qui est marque par I'amincissement , le pen de resistance et la flcvibilile
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qu'oflTre la voiite cranienne sur ce point, et quelquefois par la douleur que cette exploration occasionne. Cela fait, on incise la peau, on enfonce ie trocart, en le faisant pivoler tie droite a gauche et de gauche a droite, a la pro-fondeur decpielques millimetres , plutot moins que plus , de crainte de blesser le cerveau, dans I'endroit coirespon-dant a Thydatide; on adapte ensuite la canule de I instru­ment a uue petite seringue pour aspirer l'eau quelle renferme et en meme temps la vesicule , s'il est possible. (^e precede operatoire n'a produit que peu de succes, encore sont-ils douteux.
La ponction du crane avec I'alene oule poincon, reclame les memes precautions que celle faite par le trocart. Par­venu dans la boite cranienne, I'instrument doit etre con­duit doucement ä une profondeur de six a huit lignes, on le retire ensuite promptement, ce qui est suivi de la sortie de Thydatide encore remplie ou vide. Nous avons peine a concevoir qu'une ouverture faite avec une alene puisse dormer passage a I'hydatide qui, dans certains cas , a acquis un developpement assez considerable ; nous conce-vons que par ce rnoyen on puisse donner issue au liquide quelle renferme, et rien de plus. On conseille apres cette operation, de pencher la tete de l'animal de cöte, pour faire egoutter le plus d'eau possible, ce qu'on accelere en lui faisant remuer la machoire.
M. Guillaume ayant pratique la ponction sur cinquante-quatre betes , a reussi dans vingt-trois cas ; mais que sout devenus ces animaux ? On ne le dit pas. Hurtrel d'Ar-hovala fait des experiences a cet egard , i! a gueri ou cru guerir : mais un mois , deux mois ou trois mois apres, il a eu le chagrin de voir le tournis reparaitre. L'operation re|)etee alors produisit le meme resultat, et le plus loin
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qu'il estparvenu ä reculer le terme fatal, cest juscrua six du neuf mois; la plupart des auitnaux ont succomhe dans les six premiers mois , et avantla troisieme operation. S'il n'existait jamais qu'uDeseule hydatide, continue Hurtrel d'Arhoval, on pourrait peut-etre esperer de reussir; mais le plus souventil en existe plusieurs, dont une seu-lementest plus developpee t^ue les autres; cest ordinai-rement celle-lä qui decide la premiere operation. On n:a pas plus tot opere, quime autre bydatide acquiert un nouvean degre de developpement, et necessite une nou-velle operation : ce moyen s'usea la fin et les betes peris-sent. D'ailleurs lliydatide est quelquefois logee profon-deinent dans le cerveau cm le cervelet, el alors il ny a pas encore de moyen connu tie I'atteindre.
La cauterisation du crane, preconisee par M. Nairac, n'a pas non jjlus repondu aux esperances qu'on en avait concues. Le peu de resultats avantageux que Ton a ohtenus de differents modes de trailement du tournis. sont done de nature ü faire considerer la maladie commeincurable dans l'immense majorite des cas, par consequent ä faire adop­ter sans reserve les sages conseils presents par M. Reynal sous le titre de : ßloycns preservntifs rationnels, que nous avons transcrits plus baut.
Tournis des bites bovines. — On ne soupconne ordi-nairement le tournis cbez le boeuf, que quand 1 animal tourne en cercle ; maisd'apres les auteurs qui ont observe la maladie, outre quil s'en faut que ce Symptome appa-raisse toujours le premier, on n'en decouvre quelquefois aucune trace. Dans tons les cas I'animal cliez lequel se developpent des cocnures cerebraus , presente de la nonchalance et de la lenteur dans ses mouveinents; il n'execute plus la mastication que d'une maniere pour
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ainsi (lire niacliinale; il incline un peu la tele cl'un Cütt3 ou de l'autre, et I'oeil du eute oü eile peneheest moins vif que celuiducote oppose. Ces phenomenes, a la verite peu caracteristiques, precedent (juelquefois de plusieurs semai-nes la progression en cercle. (^e dernier Symptome est le seid qui indique d'une maniere bien ])ositive la presence des cöenures j quoique d'ailleurs il s observe aussi dans d'autres maladies.
Au commencement de la maladie, l'animal decrit d'a-bord un grand cei-cle et ne fait qu'un petit nombre de tours ;amesnre que la maladie fait des progres, le cercle decrit par lui devient de plus en plus petit, et le nombre des tours de plus en plus considerable , et quand eile est arriveeä sa derniere periode, on ne compte plus que cinq a six tours pendant la duree de cbaque attaque, apres laquelle l'animal s'arrete , ecarte les membres , se balance avant de tomber, el, aussitot apres sa chute, agite el raidit ses membres convulsivcment. M. Maillet ajoute , ;i celte description donnee par M. Diqiuy. quil y a aussi quel-ques circonstances ou l'animal tourne constamment et pencbe la tete autant en avant que de cote , et il fait remarquer que, chez de tels animaux , le coenure se trouve toujours tres-pres du plan median du crane. On voit encore, mais rarement, des betes bovines qui, apres avoir tourne d un cote pendant plusieurs jours ou meme plusieurs semaines , restent quelques jours sans se livrer a ce mouvement, et touruent ensuite du cute oppose. II y en a aussi qui touruent ä gauche et ä droite indislincte-ment. Enfin M. Rigot assure que cei^tains ne touruent pas du tout.
Abandonne en touteliberte dans un päturage, l'animal malade suit a peine le troupeau , penche toujours la tete,
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4*8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TOüRNrS.
pait avec nonchalance et sans choisir llierbe. Quand il i'entre a Ictable, i! trouve rarement sa place , sürtout si, pour s'y rendre , il a besoin de tourner dans un sens dif­ferent de celui qui lui cst accoutume. Ce phenomene tient, suivant M. Maillet, ä ce que la meine aberration qu'on remarque dans ie mouvement, dans le sens du ßout et dans celui de l'odorat, existe egalement dans la faculte visuelle , faculte qui , diminuee dans l'oeii du cote nou malade, est souvent abolie du cute affecte, surtout lorsque la maladie est fort avancee.
A cette epoque du tournis , c'est ä-dire quand il date de cinq a six semaines , I animal devient tres-faible, peut a peine se tenir sur ses membres , pousse sur la creche avec la tete ou le poitrail, et mange beaucoup moins qua son ordinaire. Si on 1c fait sortir, il chancelle, et tout le corps est penche du cote affecte.
La percussion sur le cräne et la compression exercee sur les parois de cettc cavite ne fournissent ordinaire-ment , d'apres M. Maillet, que peu d'indices sur le siege precis du coenure pendant les deux premiers degres du tournis; mais plus tard on remarque une sensibilite sou-vent tres-grande des parois eräniennesdu cote malade, un son plus mat que du cole oppose, etenfin quelquefois de la flexibilite dans un point. M. Maillet dit cependant que ccs deux derniers signes sont fort obscurs, surtout chez les taurcaux etgenisses de deux ans et au-dessus , a cause de i'epaisseur de la peau du cräne et de la grande quantite de poils touffus qui la recouvrent.
Une epoque enfin arrive ou l'animal devient tout a fait paralyse du cöte affecte ; il reste constamment cou-clie sur le cole, et est encore fixe an sol par la contrac­tion des muscles du cöte oppose , ce qui fait qu il faut
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TOURMS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4laquo;
tin certain effort pour relever la tete; sa vue s'eteint, ainsi que les autres sensations, et il meurt.
La duree du tournis , chez les hetes bovines, est tres-tongue ; die ne s'etend guere a raoins de trois mois ; mais eile varie suivant le nombre des hydatides, le lieu du crane qu'elles occupent, et la constitution des anirnaux.
Quoique le tournoiement soit le Symptome qui caracte-rise le mieux I'affection cavisee par la presence d'hyda-tides dans le cräne des betes a comes, il n'est point con-slant dans cette tualadie, et d'ailleurs il ne lui apparlient pas d'une maniere exclusive. M. Maillet I'a souvent ren­contre chez des taureaux qui s'etaient fissure I'os frontal en se battant. II est du alors a un epancbement sanguin qui comprime fun des hemispheres du cerveau. 3Iais ce qui le distingue en pared cas, e'est qu'il survicnt d'une maniere presque subite et sans signes precurseurs appre-ciables. D'ailleurs, la percussion occasionne beaucoup de douleur, ce qui n'a pas lieu dans le tournis.
Les lesions que Ton rencontre a l'ouverture du crane desanimaux de l'espece bovine rnorts du tournis, sonten tout semblables a cedes que Ion observe dans les anirnaux de l'espece ovine morfs de la meme maladie ; on decouvre une ou plusieurs vesicules remplies d'une serosite lim-pide, citrine ou legt-rement roussätre. Ces vesicules sont logees lantot a la surface anterieure des hemispheres, tantut dans Tun des grands ventricules, tantot, enfin, entre les deux lobes cerebraux. Les parties du cerveau qu'elles compriment sont refoulees, ou meme peut-etre resorbees. Aucune membrane particuliere ne separe leurs parols de la |)ulpe cerebrale. Lorsque I'hydatide est conique, eile est ordinairement fort grosse ; M. Maillet en a vu plusieurs dont le volume egalait celui d'un oeufde
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cane. Quand il y en a plusieurs, on en trouve de diverses grosseurs , depuis le volume d'une petite noix jusqu'a celui dun oeur de poule. La dure-mere est amincie ou detruite au niveau des bydatides, et les parois du crane sont egalement plus ou moins amincies, suivant la periode du mal et la position ties vesicules. Lorsque celles-ci sont placees tres-pres du frontal , 1 atnincissement s'accomplit d'une maniere asscz rapide, surtout ciicz les veaux et i^e-nisses de six mois ou un an. age auquel il n'y a point en­core de sinus 1'runtaux: on trouve alors Tos bombe, ties-Qexible, transparent, et reduit ä Tepaisseur d'une feuille de papier. Chez !es betes ägees de deux ans et au-dessus, (pii ont des sinus, la table interne de i'os, devenue tres-ilexible, se bombe en avant. se rapproche de la table externe, en envabissant I'espace forme par les sinus, et finit par adherer a la table externe, qui elle-meme s'a-mincit.
Traitement. — 11 n'y a qu'tin seid moyen de gaerison, qui consiste li extraire les ccenures. Cette operation ne-cessite quelques preliminaires C[ui en assurentoa du moins en facilitent la reussite. Si l'animal est fort et vlaoureux, M. Maillet prescrit de pratiquer, pendant les liuit ou dix jours qui precedent celui fixe pour I'operation , une ou plusieurs saignees , soit de la jugulaire, soit de l'artere auriculaire du cöte affecte. Ces saignees ont, dapres cet auteur, un double avantage : ellcs diminuent l'aülux du sang vers la peau et les parois du crane, et affaiblissent l.animal, de sorte qnil se livre ii moins de mouvements lors de I'operation. Une diele plus ou moins severe doit etre ajoutee aux preliminaires sus-indiques.
Differents precedes operatoires ont ete proposes pour extraire Phydatide cerebrale , par MM. Wepfer, Bertho-
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TorrtMs.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; tb'\
let. Langtois , Riyot et Maillet. Tons ces procedes se res-semblent plus ou moins, done nous croyons superllu de les decrire 3 nous rapporterons seulemeat celui de 31. Maillet.
Lorsqu'on a prepare I'animal ii 1 operation, on I'abat sur le cote malade et on le maintient fortetnent pour I'em-pecher de se livrer a des mouvements desordonnes ; puis, j)ar une incision cruciate ou parabolique . on met I'os frontal a nu dans une etendue de deux pouces de dlame-tre, on en detache le perioste avec la rugine, et on exa­mine I'endroit sur lequcl on doit faire la perforation , chose qui nest pas toujours facile ii constater quand la mahulie nest pas parvenue ii une epoque avancee. Dans ce cas embarrassar.t.ou rien n'indique I'endroit surlequel doit etre applique finstnunent perforatear. on se guide d'apres les indices qui ontete fournispar le tournoiement, e'est-a-dire qu'on applique la vrille , qui doit etie de la grosseur du doigt, d'autant plus pres de la scissure sour-ciliere et d'autant plus haut, qua ranimal tourne plus court el allonge davantage la tete , et par une succession de tours on perce la premiere table de los, on penetre dans le sinus s'il existe , puis on perfore la seconde table. Ce travail termine, on nettoie les bords de l'ouverture et Tony introduit une plume ordinaire, taillee jusqu'ä la moilie de sa grosseur, ii laquelle on a fait des dentelures en forme de scie: on la promene avec precaution entre la pie-mere et la dure-mcre, et on finit ordinairement par accrocher les parois de lliydatide. Aussitot qu'on la tient, on execute des mouvements combines de rotation et de legere traction, qui out pour eflet d'enrouler cette mem­brane autour de la plume, de la fixer par une certaine quantite de dentelures et de l'extraire par l'ouverture
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faite au cräne. Cette precaution a beaucoup d'impor-tance; car, si la poche venait ä echapper a i'operateur, comme eile n'est plus distendue par la serosite quelle contenait, il deviendrait tres-difilcile de laccrocher une seconde fois , et surtout de Ten lever en entier, ce qui est une condition indispensable a la reussite complete ; et, pour cette raison, M. Maillet conseille d'enrouler plusieurs plumes Tune apres I'autre, afin de prevenir le dechire-ment, Lorsque la poche est enlevee, on penche la tete de l'animal pour faire sortir la serosite epanchee dans le cräne, puis on introduit doucementune plume pour laquo;'as­surer s'il n'existe pas d'autres vesicules. M. Maillet assure cjue , quand il y en a plusieurs , cedes qui sont restees dans le crane se rapprochent le plus ordinairement tie l'ouverture de l'os, aussitot que le liquide de la premiere est evacue.
Selon M. Maillet, l'incision de la dure-mere nest indi-quee qu'autant quelle conserve encore son adherence,. sinon en totalite, du moins en grande partie, et surtout qu'elle est separee de la poche par une lame assez epaisse de substance cerebrale ; dans toute autre circonstance, cette membrane etant appliquee fixement contre la table interne du frontal, se trouve amincie et comme usee par la compression qu'elle eprouve de la part de la vesicule, de sorte que si la vrille n'en eraille assez les fibres pour les desuuir, la pointe aigue du bout des plumes sullit presque toujours pour produire cet effet.
Lorsqu'on opere a une epoque plus avancee de la ma-ladie, dans un tempsou los est devenu flexible et bombe sur un point de son etendue, c'est en cet endroit qu'ilfaut appliquer la vrille , et si Tamincissement etait trop consi­derable, on aurait recours a la fcuille de sauge pour en-
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lever la lame osseuse. En pareille occurrence, la vesicule se trouve , pour Türdinaire , presque immediatement au-dessous de i'os. On l'extrait au moyen de plumes, comme ilaete dit plus haut; quelquefuis meme on peutlapincer aveclesdoigts et l'arracher sans I'aide dinstruments.
Des qua I'operation est terminee, on essuie la plaie, on i approche les lambeaux de la peau au moyen d'emplatres agglutinatifs, et Ion recouvre la partie de plumasseaux que Ion maintient par un bandage de toile approprie a la region frontale.
La nonchalance et la grande difficulte de mächer qu'on remarquait avant I'opCTalion, persistantet meme augmen-tant encore apres, principalement durant le temps de la flevre de reaction, obligent souvent de porter dans la bouche des malades des aliments faciles a mächer, ou de les nourriravec de lasoupeoudes racines cuites. Au bout dehuit ou dix jours, les forces se retablissent peu ä peu et les animaux man gent ordinairement deux-memes.
Au bout de dix-huit a vingt jours, on enleve le bandage et les plumasseaux et Ton commence a faire sortir 1'ani-mal. Assez souvent, lorsqu'on 1'expose au grand jour, il eprouve quelques mouvements de tournoiement 5 mais cet etat cesse au bout de quelques minutes, pour ne plus reparaitre, a moins que le crane ne renferme encore d'au-tres hjdatides.
Ainsi, dit en terminant M. Maillet, les betes bovines affectees de tournis, bien que regardees generalement comme incurables , peuvent souvent guerir quand I'ope­ration est bien faite. A la verile, continue cet auteur, on ne reussit pas toujours ; car une infinite de causes : latrop grande profondeur de l'bydatide dans le cerveau, son trop grand rapprochement de la scissure mediaue, la multi-
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-i:ii
TRÄCHEOCELE.
jilicile des poches et leur isolement les unes des autres, qui empeche de les extraire toutes a la fois, le dechire-ment de la vesicule lorsqu'on I'arrache, la lesion du cer-veau par les instruments, I'epanchement d'une trop grande (juanlite de sang dans le crane, les fruttements de la par-tie malnde ;iuxquels se livre raniinal, surtout pendant les premiers jours, etc., peavent faire manquer I'operation on, plus tard, en detruire les bons resaltats. Mais on reussit assez frequenunent encore pour enhardir a la tenter, puisqu'on diminue Lien peu, quand on echoue, la tres-modique valeur du malade, et M. Mailiet assure que les trois cinquiemes au moins des animaux qu'il a vu ope-rer ou qu'il a operes lui-meme, ont gueri completement, soit apres une premiere , soit apres une seconde trepana­tion. Cette proportion dilFere peu de celle qui resulte des documents publies par M. Langlois, et s'accorde tres-bien aussi avec les assertions de Wepfer et de M. Bertholet.
TRÄCHEOCELE. — La denomination de traclieocele a ete donnee ä unetumeur qui se developpe dans Tinteneur de la trachee-artere. Cette tumeur, de nature polypeuse, a c'te observee sur le clieval par M. Renault. Voici le cas public par cet auteur :
Un chcval avait ete atteinl; dune esquinancie tcllement violente qu'on s'etait vu force de lui pratiquer la tracheo-tomie. On lui rnitun tube qui resta en place pendant une quinzaine de jours, a l'expiration desquels on jugea con-venable de le retirer, la respiration s'executant librement par les voies superieures. Pendant les premiers jours qui suivirent l'enlevement du tube, l'ouverture de la trachee-artere se ferma rapidemcnt, et la plaie marcha vers une prompte cicatrisation. L'animal commenca des lors ä re-
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TÄACHEOCELE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; V.V-i
pi'endre ses travaux et rien n'indiquait qu'il existat le moindre obstacle au passage de l'air dans le larynx ou la trachee. Mais bientöt on s'apereut cpie dans les tirages il avail la respiration genee, et depuis lors cetlc gene devint de plus en plus sensible par le bruit rpie faisait entendre le cheval en respirant. Elle s'accrut meine au point de se ma­nifester bruscpiemerit apres quelques instants doxercice ou lorsquune cause quelconc|ue accelerait la respiration; alors l'animal s'arretait, et il avait besoin de plusieurs mi­nutes de repos pour pouvoir conthuier son travail. A lecurie, le cornage etait beaucoup moins fort; cependant il s'y faisait entendre aussi, et tons les jours de plus en plus.
Au moment ou l'aniraal arriva a l'Ecole veterinaire d'Alfort, apres im trajet de quatre lieues, il pouvait ä peine respirer ; l'inspiration et ['expiration etaient exces-sivetnent laborieuses, et le bruit dont ellcs s'accompa-gnaient etait si fort qu'on pouvait l'entendre ä cinquante pas de distance: linspiration surtout paraissait tres-pe-nible, a en juger par l'anxiete de fanimal, l'ecartementdes membres anterieurs, la dilatation extreme ties naseaux et le soulevement descotes, qui se mouvaient d'une ma-niere remarquable. Le corps etait inonde de sueur et les muqueuses apparentes etaient d'un rouge legere-ment violace. Par ['auscultation, on acquit la conviction que la cause du cornage existait dans la tracbee, un pen avant son entree dans la poitrine. A cet endroit on enten-dait bien dlslinctement le rale sibilant muqueux, dont la perception etait d'autant plus claire et moins rapprochee de Toreille, qu'on auscultait plus pres de la gorge et des cavites nasales. D'un autre cote, ct precisement an point ou I'auscultation indiquait le plus fort sifHement, on re-
.i.
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4b0nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TIUCI1E0CELE.
marquait, a la partie inferieure et anterieure de l'enco-lure, une longue cicatrice, etroite, irreguliere et encore couverte de croiites, resultant de la tracheotomie.
M. Renault n'hesita pas a admettre lexistence d'une tumeur faisant saillie a l'interieur de la trachea , et dont la cause etait l'irritation de la muqueuse tracheale pro-duite par le sejour du tube dans ce conduit aerien. La progression qu'avait suivie le cornage s'expliquait en ad-mettant I'existence d'une tumeur qui, peu ou point sen­sible pendant les premiers jours apres la suppression du tube , n'avait pu d'abord jener la respiration, mais qui, se developpant ensuite davantage, avail fini par amener successivement l'animal ä l'etat oü il se trouvait alors.
Un seul moyen de traitement se presentait : c'etait l'ouverture de la trachee en arrlere de la tumeur, et I'a-daptation d'un tube a demeure. Une ouverture fut prati-quee a Tangle inferieur deI'anciennecicatrice, c'est-a-dire a cinq ou six lignes de l'endroit on avait ete faite la pre­miere tracheotomie. Mais, apres avoir penctre d'un pouce a peu pres dans lepaisseur des tissus, on nc put aller phis loin : une substance, de nature osseuse, se rencontra sous le bistouri, et il fallut se servir d'une feuille de sauge pour acbever Toperation. Celle-ci, lerminee avecpeine, tant a cause de la resistance des tissus que de l'indocilite de l'animal, nn tube fut applique, non sans difficulte, tantle conduit traclieal se trouvait retreci; la respiration deve-nue plus libre, on eut le temps d'explorer plus a I'aise l'etat des parties. A l'endroit de l'incision, la peau adhe-rait d'une maniere intime aux tissus sous jacents , dont la texture etait entierement meconnaissable, et qui consti-tuaient, entre la peau et la trachee, un tissu blanc, lar-dace, homogene, criant sous l'instrument et un! au fibro*
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TRACHGOCiLG.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 4:i7
cartilage tracheal d'une maniere aussi intime qu'a la peau. Tous ces tissus semblaient se continuer las uns les autres, et representaient une epaisseur dun peu plus de deux pouces. Le fibro-cartilage des cerceaux de la trachee n'etait pas sensiLlement epaissi ni altere; mals, entre sa face interne et la uuiqueuse qui la tapisse , existait une couclie osseuse, grenue et cassante, d'environ deux lignes d epaisseur et paraissant etre un produit de secretion du perichondre. C'etait cette croüte calcaire qui avait resiste a la pointe du bistouri. Enfin , sur la membrane mu-queuse se trouvait une production de nature polypeuse, a surface irreguliere, s'etendant ä plusieurs pouces au-dessous de Touverture que Ton avait faite , et d'autant plus epaisse qu'on I'examinait plus pres du point oil avait ete pratiquee la premiere operation, doü eile paraissait proceder.
D'apres cet examen, M. Renault conclut que firritation produite par le tube etait la cause de la tumeur tant ex-terieure qu'interieure; que, tant qu'il e'tait reste en place, la compression exercee par lui avait empeche le develop-pement du polype, mais que, aussitöt apres son enle-vement, celui-ci avait fait des progres en etendue et en epaisseur. II nerestait qu'un moyen de salut : la compres­sion. La tumeur s'etendait, dans le conduit, a trois pouces environ au-dessous de l'endroit ou se terminait I'incision.
M. Renault cboisit un tube ordinaire, long de qnatre pouces sur un de diametre, et apres l'avoir introduit avec difficulte, le canal etant si relreci qu'a peine admettait-il le doigt, il le fixa par les moyens ordinaires et le laissa en place jusqu'au lendemain. Le iendemain, la tracbee qui, la veille, avait ä peine qualre ou cinq lignes de diametre a l'endroit de la Canute, en presentait un d'un pouce. Le
litnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 58
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4S8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TRÄCHliOCfiLE.
tube f'ut alors remplace par celui do Damoiseau, qui, ajant la meme longueur, offrait un jiouce etdemi de dia-metre dans sa plus petite largeur. On eut de la peine ä l'introduire et Ton fut oblige den redrcsser le pavilion. Deux jours apres, l'engorgement du pourtour de la plaie avait augmente et faisait saillie ä la circonference du pa­vilion, dont les bords, bien qu'ils eussent ete redresses en avant, comprimaient encore fortement la peau et les par­ties sous-jacentes. Cependant cct engorgement n'etait ni cbaud ni bien douloureux. On y plongea, a diverses pro-fundeurs, buitadix pointes de feu, et on l'enduisit d'un melange de sublime corrosif et de terebenthine ; puis, pour eviter la durete de la compression que le pavilion exercait sur les parties sous-jacentes, que la tumefaction refoulait contre cette plaque inflexible, on le remplaca par one plaque de cuir egalement percee ä son centre, ajant la meme forme et la meme dimension, et fixee par des flls cires ä de petits trous pratiques sur la circonfe­rence de l'ouverture snperieure du tube.
Dans l'espace de hait jours, l'engorgement exterieur diminua de plus en plus ; mais latumeur Interieure s'etait etendue en dedans , et lorsqu'elle fut parvenue au point ou se terminait le tube, ou par consequent cessait la com­pression , eile s'accrut dans toutes les dimensions. Des lors , la respiration, qui j usque-la s'etait exercee libre-ment, redevint de plus en plus bruyante, et Ton se retrouvadans la meme situation, avec cetteditferenceque la tumeur etait plus profunde et plus diflicile äcombattre. On cut recours encore a la compression exercee par uu tube de meme largeur, mais cette Ibis long de sept ponces. L'animal sortit enfin gueri; mais .au bout d'un certain laps de temps, ['affection recidiva et fit de tels
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TYPHOHEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^30
progres , qu iiu jour on trouva le cheval moil dans son ecurie.
Si 1c tracheocele etait a base etroite, pediculee, dans ce cas , apres avoir reconnu le point de son implantation , il faudrait pratiquer une ouverture a la trachee-artere au niveau de ce point, extirper cette production polypeuse et en cauteriser la base.
TREMBLANTE. {\oyezPru7'iyo lombaire.)
TBICHIASIS. — On designe ainsi une maladie des paupieres dans laquelle les oils sont devies en dedans , vers la surface du globe , qu'ils irritant. Get etat est du , seit a la disposition vicieuse des oils, seit au renverse-ment du bord de la paupiere en dedans. Dans le trichiasis total tons les cils d'une rangee sont tournes en dedans; il est partiel si quelques cils seulement se detournent de leur direction normale.
Pour remedier a la deviation des cils, on a propose I'ar-racheinent de ces polls , la cauterisation des bulbes , I'ex-cision du bord de la paupiere. L'existence et la de'viation dune rangee de cils surnumeraires est appelee phalan-yosis.
TYPHOHEMIE. — M. Roche-Lubin , medecin veteri-naire a Sainte-Affrique (Aveyron), a public un memoire pratique sur la typhobemie des animaux domestiques. Dans les considerations preliminaires de cet interessant travail, I'auteur declare n'avoir jamais observe le ty­phus contagieux du gros betail, il ne I'a etudie que dans les ouvrages que possede la science veterinaire; mais, apres avoir compare , sans idee preconcue , les fruits de
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4,50nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TYPUOHEMIE.
s i pratique sur les maladies charbonneuses , aux etudes du premier fleau, ilcroit pouvoir avouer qu'il esl impos­sible de meconnaitre lair de fatnille qui existe entre ces terribles affections; de plus il avance qu'il n'existe qu'un seul typhus, quoiqu'on dise que le typhus contagieux differe du typhus charbonneux , de la sycose charbon-neuse , etc. : 1deg; par ses attaques speciales sur le gros betail; 2deg; par son immense propriete contagieuse par virus volatil, si subtil et si facilement transportable ; 3deg; par sa non-contagion a I'espece humaine; 4deg; par son oiigine dite invariable, a la suite des guerres lointaines qui entrainent de grands deplacements d'aniraaux, alors meme que ces animaux sont sous rinfluence des causes qui engendrent, qui propagent les affections charbon­neuses.
Quelle que soit la vraisemblance de cette proposition (I'unite d'un seul typhus ) basardee avant lui par un veterinaire tres-recommandable, M. Roche-Lubin en abandonne le developpement aux vcterinaires raison-neiirs ; il se restreint dans la description du typhus qu'il a observe, traite et etudie , et ne veut parier qu'avec les documents de son experience.
D'apres le releve de ses notes , M. Roche-Lubin a ob­serve ce fleau sur qnatre müle huit cent qitarante ani­maux domeatiques : les trois quarts de ce chiffre effrayant ont succombe a ses attaques : et, s il ajoute ä ce nombre les milliers de victimes qui ont peri sous les yeux de ses confreres, dans les mains des meges et des empiriques , il pourrait dire que, dans fespace de seize ans, l'Aveyrona perdu douze mille fetes de betail, dont la valeur venale peut egaler la somme enorme de cinq cent mille francs.
L'auteur du memoirea toujoursvu les maladies char-
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tyPHOHEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 461
bonneuses revetir les formes sporadique, enzoottque, cpizootiquo, mais a types plus ou moins contagieux dans ces deux derniers caracteres ; elles regnent de preference sous la forme enzootique et epizootique vers la fin de Pete et pendant 1'automne. Dans les differentes Saisons de 1'annee, elles conservent le caractere sporadique, caractere mallieureusement trop rare. Jamals, comme Tont con­state les veterinaires observateurs, les maladies dont il est question n'ont fait irruption loin du lieu oü elles ont pris naissance. C'est toujours sur le gros betall, mais plus sou-vent sur les pores , qu'il a observe leurs funestes effets.
Des leur invasion dans une ferme, dans un village, dans un canton , quelle que soit I'espece , elles sont toujours violentes , rebelles ; dans la periode d'etat, elles deciment le betail dune maniere effroyable; dans la periode de declin , elles deviennent moins meurtrieres, plus trai-tables.
Dapres des observations multipliees et exactes, leur du-
ree moyenne dans une contree a ele de trente a soixante-
buit joürs ; leur propriete contagieuse est plus imminentc
pendant l'ete ; l'air chaud et humide en favorise la mali-
gnite , tandis que fair froid et sec I'enraie ou la detruit.
En donnant a toutes les affections cbarbonneuses la
denomination genex'ique de typhohemie, 31. Roche-
Lubin entend decrire sous cette derniere designation
toutes les maladies auxquelles on a donne les noms de
typhus charhonneux, de fievre charbonncuse, de fievre
alaoco-adynamique, charbon iiiteriettr, feste cliarbon-
7101180, anthrax malin, charbon symptomatique, charbon
blanc, charbon noir, charbon cssontiel. L'experience lui
a prouve que toutes ces diverses especes de maladies ,
vuessous toutes leurs faces, composent une settle et meine
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469nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TYPIIOHEMIE.
/'amil/c; elles out, en efFet, la meme origine, la meme propiiete contagieuse quoique motlifiee quelquefois, la meme marclie, les meines alterations , la meme terminai-son j elles sont toujours le resultat d'une alteration notable, tantot subite, tantot lente, dans la composition intime du sang.
La marclie si insidieuse de la typbobemie detruit bien parfois toute appreciation de signes et de symptomes; cependant, dit M. Roclie-Lubin , I'ooil medical, cet esprit de dcvination . doue aussi d'une grande sagacite acquise par de longs examens pratiques, mais judicieux, com-prend le germe qui se couve dans les pi-emiers moments febriles du sujet sur lequel il se dispose a sevir.
En general, l'habitude de tout le corps, la physiono-mie de l'animal menace d'en etre la proie procbaine, ofirent assez, dans leur ensemble, ce trouble, ce choc qui surgit dans la texture des principaux organes ; ainsi, quelle que soit la rapidite avec laquelle aux premiers signes morbides , pour I'ordinaire assez deguises , suc-cedent les symptomes precursenrs de la mort, leur de-veloppement, leur progression, qui fuient la vigilance du cultivateur, se laissent apercevoir par les observateurs cxperimentes et inities dans la semeiotique.
Pourtant, dans la majoritedescas, linvasion, la marclie de la typbobemie, ne sont pas si rapides , si effrayantes; souvent, du moins dans tous les grands animaux domes-tiques, on constate des prodromes ; bien plus, d'apres 31. Roche-Lubin , sur cent individus afTectes , on etablit quatre-vingt-dix fois les periodes de debut, daugment et d'etat. Quelquefois, la duree moyemie de ces trois periodes varie de six ä quarante beures, mais le plus souvent eile cst du deuxieme au buitieme jour.
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TYPIlOIIEMlE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4ß3
Prodromes. — Surexcitation anormale sur toute I'at-tltude exterieure de ranimal; legere infiltration pourpree des conjonctives ; peau manquant de souplesse naturelle ; oppression plaintive en comprhnant avec la main la region splenique ou le cartilage xiphoVde : engorgement doulou­reux des ganglions lymphatiques saisissables avec la niain ; quelquefois apparition subite d'un phlegmon ou tache cbarhonneuse.
Periode d'invasion. — Poilsec et berisse, specialement sui' les quelques parties du corps ou va eclore une erup­tion cbarbonneuse ; crepitation partielle de la peau; mar-cbe ralentie; extreme sensibilite de l'epine ; mufle alter-nativement cliaud et froid, sec ou humide; bouclie chaude , parfois baveuse ; pouls petit et vite ; fortes pul­sations carotidiennes ; dans I'espece chevaline , anorexia, spasmes nerveux; le grosbetail, les betes ä laine mangent, ruminent par Intervalle; ces animaux boivent avec avi-dite I'eau tiede farineuse qti'on leur presente, et qu'ils refusent tres-souvent en etat de saute ou dans tout autre etat morbide.
Periode d'avyment. — Frissons generaux; balance-ments lateraux de la tete ; temperature du corps brulante; emission continuelle de gaz par i'anus, surtout cliez I'es­pece bovine: respiration penible; inrumination; mu-lt;pieusesapparcntes violacees, petecbies ; anorexic ; artere iiliCorme ; contraction convulsive du coeur; soif inextin-guible. Dans cette periode on constate chez quelques ma-lades tantot une agitation violente , tantot une stupeur profonde ; dans ce dernier cas , I'humeur pituiteuse qui s'ecoole des naseaux, devient plus abondante , plus vis-queuse.
Periode d'etat. — Regard fixe et larouche; pieline-
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Minbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPHOIIEMIE.
ments du bipede posterieurj ejection de matieres alvines sanguinolentes ; tympanite ; pouls insensible ; battements du cueur tumultüeux ; bruit de soufllet continu en appli-quant l'oreille a la region cardiaque. Les vacbes et les brebis laitieres tarissent completement; les vaclies et les brebis portieres avortent.
Paroasysmes. — 11 arrive parfois, dans Tintervalle des diverses periodes decrites par M. Roche-Lubin, des pai'oxysmes efTrayants ; anxiete extreme ; grincements de dents ; epistaxis ; diarrbee subite et fetide. Alors, si on livre 1 animal a une liberte absolue , il rappelle toutes les forces que lui cede encore le levain morbide recele dans ses entraillcs 5 il chercbe a fuir ; il bondit, se cou-che, se releve, cbancelle, tombe, bengle et expire.
Remissions. — Sur quelques victimes et dans le cours d'une agonie dechirante , survient instantanement un calrne trompeur; le sujet infecte se coucbe naturelle-ment; il renverse la tete sur l'une de ses epaules et meint sans la moindre agitation. Ce dernier moment est pre­cede sans cesse dun ecoulementde larmes tantot limpides, tantot sanguinolentes.
Dans quelques cas, surtout dans la typbobemie spora-dique, l'apparition subite d'une tmneur ou taclie char-bonneuse, accompagnee d'un tremblement general, est un des premiers symptöuies de la maladie ; M. Rocbe-Lubin a remarque plusieurs fois ces pbenomenes sur des betes a laine, sur des pores : nous avons egalement observe maintes fois ces pbenomenes , non-seulement sur les ani-maux precites, mais encore frequemment sur les cbe-vaux ; tres-souvent alors ils ont produit des crises salu-taires.
Chez d'autres animaux, la maladie se declare avec Ten-
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T
TYPHOHEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4C.S
gorgementsubit des membves et de nombreux phlegmons sur les parties superieures du corps; alors 1'aniinal ne survit qua deux ou trois jours; son cadavre est aussitot en voie de putrefaction et de decomposition. Si, chose tres-rare, quelque sujet resiste a des attacpies si brusques, il succombe toujours du (piinzicme au vingtieme jour. A son examen necroscopique, on observe toutes les lesions particnlieres a Vhydrohdmie.
Dans la pjuraüte des cas, !es produits morbides sus-indi-ques surviennent dans la derniere periode ; M. Roclie-Lubin ne les a Jamals ohsc^ves sur des animaux jeunes et vigoureux qui succombent dans les paroxysmes; cepen-dant, pendant lepizootie de 1839 et 1841, il a constate sur quelques grands ruminants expirant dans un pa-roxysmejdes phlyctenes couvrant une partie du corps, interessant meine ie chorion de la peau, s'abcedant quel­ques instants avant la mort de ranimal et laissant suinter une humeur brunätre. d'odeur cadavereuse et infecte. A rautopsie, malgre les reclierches les plus minutieuses, il n'a pu retrouver ccs phlyctenes , ni sur la pituitaire , ni sur la muqueuse intestinale.
Les tumeurs charbonneuses variant de la erosseur d'une noisette a celle dune tete Immaine; elles sont he-mispheriques, plus ou moins douloureuses ; souvent elles communiquent ensemble par d'autres petites tumeurs phlegmoneuses et allongees.
Dans I'espece bovine, les tumeurs dont il s'agit appa-raissent indilferemment a lencülure, aux epaules, au poitrail, aux mamelles, au ventre, aux genoux, aux jar-rets; elles sont toujours multiples; seulcment, dans le charbon dit essentiel, on n'observe qu un petit phlegmon resistant, ties-sensible, qui se gangrene bienlut a son cen-
ninbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 59
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466nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TYPHÖHEMIE.
tre. Dans l'espece chevaline, la tumeur cst unique et oc-cupe pai- predilection la region sternale.
Ces tumeurs sont de veritables depots sanjjuins ou sero-sangnins, d'une odeur felide quand on les incise ; quel-quefois elles s'abcedent du premier au quatrieme jour ; apres recoulement sanieux survient un liquide brunätre, qui (lesorganise toules les parties cutanees quil toucbe, en les transformant en ulceres gangreneux. Dans l'espece ovine , dans la clievre , dans le pore, au lieu d'engorge-ments charbonneux, on trouve des tacbes rouges ou livi-des sur difierentes parties de lapeau ; dans les betes ä laine, ces tacbes ou eccbymoses, plus ou moins etendues, sont environnees par une tumeur aplatie sero-ocdema-teuse.
quot; En general, tous ces phenomenes morbides se deve-loppentplus facilement sur les animaux adultcs ou vieux; ils sont rares cbez les sujets jeunes et pletboriques ; quel-quefois ils sont autant de crises salutaires. Quand ils dis-paraissent bientot apres leur apparition, la mort de l'ani-mal est imminente ; on observe aussi, alors, la disparition de petecbies qui existent sur les conjonctives.
S'il est vrai de dire, continue M. Roche-Lubin, que la plupart des symptumes enonces plus haut appartiennent aussi aux autres aiFections graves qui peuvent atteindre le betail, il sera plus juste de dire que les sjmptomes iournis par l'examen du sang sont speciaux , univoques, positifs et constants.
Dans le debut de la typbobemie , que le sang coule de la jugulaire ou d'une incision pratiquee sur une partie quelconque du corps, on en observe toujours lagrande flui-diteetla decoloration en teinte brunätre ; examine dans le vase qui I'a recu, sa coagulation est lenle, son caillot
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TYPUOHEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;dfl7
cruotkjuc est moins epais que le caillot blanc, su partie sereuse est plus abondante.
Dans les periodes d'augmeat et d'etat, le sang extrait est incoagulable, quuique moins flnide que dans la periode d'invasion ; il est alurs noiratre, epais et visqueux 5 ex­pose quelques instants a lair apres sa sortie du vaisseau, il se reduit en putrilage infect.
Plusieurs fois, dans le gros betail seulement, M. Ro-rhe-Lubin a remarque , vers le milieu du caillot cruori-que, de petits globules blancbatres ou caillots albumi-neux: a lautopsie des anirnaux, il les a inutilement re-chercbes dans les systemes arteriel et veineux.
Depourvu des connaissances et des instruments neces-saires pour analyser le sang, M. Rocbe-Lubin n'a note que les alterations designees plus baut. L'existence, la connaissance de ces alterations lui ont toujours ete d'un grand secours dans le diagnostic et le pronostic de la ty-pbobemie. Aussi, pour marcher avec plus de certitude, il se procure toujours du sang de l'animal malade ; il 1 etu-die ; alors il se prononce positivement sur le degre mor­bide du sujet infecte. Bien souvent il a precise I'lieure de la lin de ses souffrances : bien souvent il a fait sortir de l'etable, des bergeries, ct condnire sur les bords de la fosse , des boeufs, des betes a laine qui, aux yeux de beaucoup de cultivateurs, avaient tons les signes exte-rieurs de la sante parfaite, mais auxqueis il nerestait plus que quelques instants a vivre.
Si, quelquefois, des cultivateurs difliciles ou avares du sang de leurs anirnaux, s'opposent a laisser pratiquer la plus petite saignee, alors M. Roche-Lubin sait la rempla-cer par 1'application dun seton aux cotes , au fanon ; V-eeoulement sangutn et continu qui alien luisertde-
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4(i8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TVl'UOlll'JIli:.
lüde et le fonde indubitablement dans son diagnostic.
Les tremblements generaux, les convulsions, les mou-vemenls tumultueux du coeur, la couleur plus ou naoins violaeee des conjunctives, les petechies sur ces memes membranes, l'apparition des engorgements charbonneux cutanes , les tacbes brunes ou noiratres ä la peau du mouton et du pore, la tumefaction tres-doulouieuse des organes glanduleux saisissables, la fluidite du sang , sa couleur brune ou noiiätre, son incoagulation, sa prompte reduction en putrilage, sa disproportion appreciable dans ses principaux elements constitutifs, enfin, I'odeurinfecte qui s'exbale des tumeurs cliarbonneuses abcedees ou in-cisees, et le licjuide icboreux et rongeur qui en decoule, sont les veritables symptumes de la typbobemie, la diffe-rentient assez ties autres maladies qui afrectent les ani-maux domesfiques, et la rapprochent inüniment du tij~ plms contagieum du yros bclail.
La typbobemie se termine par la resolution ou par la mort, precedee souvent par la gangrene. La resolution est fort rare; eile doit s'operer par la resorption lentedu sang altere dans la texture intime des organes ; eile s'an-nonce par la disparition progressive, mais tardive, des engorgements , des taclies , des osdemes cbarbonneux , enfin, par la suite successive de letat febrile.
La terminaison par la mort, terminaison trop frequente qui decime les trois quarts des animaux atteints, ne doit etre attribuee qu'a la decomposition totale, ä la putrefac­tion plus ou moins rapide du fluide nourricier dans les organes essentiels de la vie.
Si la gangrene precede la mort de l'animal, ce qui arrive quand les tumeurs ou tacbes cliarbonneuses s'af-laissent pour disparaitre quelques heures apres leur nais-
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TYPHOIIEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 469
sance, alors l'absorption de cetle humeur sanguine qui Jes conslituait vient favoriser la (Jecomposition du sang existant deja dans divers organes.
Anatomie patholoijiqtie. — M. Roche-Lubin a precede a un nombre infini d'autopsies cadaveriques , soit apres I'abattagede 1'animal pendant lecoursde diverses especes d'affections cbarbonneuses , soit instantanement apres sa mort. A quelques nuances pres , il a toujours constate les lesions suivantes :
Peau. — Les cadavres sont empbysemateux; ils se decomposent, se putrefient rapidement; au pourtour des tumeurs ou taches brunes charbonneuses a letat ulcereux ou gangreneux , la peau cede a la plus legere traction , eile se detacbe par plaques ; un sang noirätre, tres-fluide, s'ecoule de toute sa surface sous-cutanee; le rectum est renverse, sa muqueuse est rembruuie.
Tissu ccllulaire. — Infiltration dune humeur bruna-tre , mais plus abondante sur tons les points correspon-dants aux engorgements ou taclies cliarbonneuses 5 cette infiltration s etend meme dans les interstices musculaires, principalement a la region parotidienne, au pourtour des gros ganglions lymphatiques , toujours engorges , noirs et ramollis.
Dans le grosbetail, dans I'espece chevaline surtout, les muscles sont decolores et mous.
Cavite abdominale. — En incisant l'abdomen des mo-nodactyles, on constate toujours un ecoulement tres-abondant dune serositesanguinolente. Cesepancbements ne sont pas constants dans les didactyles 5 ils sont tres-rares dans le pore.
Le peritoine, 1 epiploon tacbetes de points noirs , refle-chissent une teinte plombee : les vaisseaux mesenteri(|ues
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470nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TVPHOI1EMIE.
sont gorges d im sang noir, tres-fluide. Dans les rumi­nants , les muqueuses stomacales n'ofFrent rien d anormal; le feuillet . il est vrai , est rempli daliraents desseclies et dui'cis, mais cet etat s'observe dans toutes les maladies graves qui peuvent les affecter.
Les intestins contiennent une bouillie noiratre, infecte; leur muqueuse, d'une couleur plombee, est parsemee de petits points rouges et noirs , quand sur d'autres parties on trouve de larges plaques gangreneuses.
Dans le gros intestin surtout, on constate souvent une arborisation sanguine tres-remarquable , entrecoupee par des ecdiymoses de grandeurs diilerentes. Les matieres fecales coutenues dans ces conduits , sont recouvertes d'une matiere glajreuse sanguinolente.
Le foie, la rale, hypertrophies, renferment un sang noirätre poisseux; ces organes se dechirent a la plus legere traction; les reins sont flasques et gorges d'un sang rem-bruni ; la vessie est remplie d:une serosite jaunätre, sa muqueuse est ecchymosee.
Dans les aniiuaux ([ui succombent dans le paroxysme et qui sont ouverts sur-le-cbamp, la rate, le foie, les reins sont reduits en putrilage. Dans les betes ü laine, la rate, le foie, qui out conserve souvent leur consistance naturelle, n offrent qu'une infinite de taclies brunes ou noirätres , soit a la superficie, soit dans 1 epaisseur de leur tissu. Dans fespece porcine, la muqueuse stomacale at intestinale est maceree dans lesaog ; eile est decomposee, desorganisee. La vesicule biiiaire . comme dans les ruminants , contienl une bile noire, epaisse et fetide.
Cavite pectorale. — Epanchement sero-sanguinolent; les poumons sont gros , ecdiymoses , gorges de sang noir tres-fluide; plevres injectees; commencement d'hydro-
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tvpi!OIIi::mie.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 471
})eiicarclite ; pericarde injecte , ecchymose ; le coeur, qui a perdu de sa fermete naturelle, contlent dans ses ventri-cules un sang noir oon coagule; danssa texture uu trouve des ecchymoses, des petechies plus ou moins brunatres. Le plus souvent tous les gros troncs veineux et arteriels sont aussi remplis d'un sang noir tres-epais , mais tres-fluide. Dans les soUpedes , ce sang a une teinte violacee el offre parfois de petits caillots fibrino-albumineux , ayant une grande analogic avec les petits globules blanchatres et albumineux , que M. Rocbe-Lubin a trouves seulement an milieu du caillot cruorique da sang extrait de la jugu-laire de quelques ruminants.
Dans quelques snjcts, la cavite thoracique n'ofFre pas des alterations si notables : c'est ce qui a lieu quand les tumeurs externes ont ete tres-nombreuses et out pris un developpement considerable.
Cavite nasale. — La pituitaire, d'une couleur plonibee, est eccbymosee oupetechiee ; les muqueusesdu larynx et de la trachee-artere offrent quelquefois ces lesions. Quand I'animal succombe dans les premieres attaques de la ma-ladie, ces cavites , ces conduits sont remplis dune ecume sanguinolente.
Cavite' crdnienne. — Les enveloppes de la substance cerebrale sont injectees , eccbymosees ; les ventricules , remplis de serosite rougeatre ; les autres parties du Sys­teme nerveux n'offrent rien de particulier.
Dans le pore , la gaine racbidienne est pointillee de rouge ; quelquefois raeme ou observe le ramollissement de la raoelle epinicre.
A l'autopsie des vadbes et des brebis portieres , en sus des desordres patbologiques sus-enonces, on constate dans la circulation (betale 1111 sang noir, trcs-fluide et incoagulable.
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475nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TYPHOHESnr.
Etioloyie. — M. Roche-Lubin ayant acquis la science des causes par la science des fails , pent aflhmer qu'il a constamment reconnu aux maladies charbonneuses , et par consequent a la typhohemie : 1deg; les causes qui les font naitre; 2deg; les causes qui peuvcnt les repandre, les pro-pager.
Parmi les premieres il cite : 1quot; l'usage exclasif des four-rages vase's , rouilles , moisis et poudreux; 2deg; fusage pour boissons des eaux corrornpues des mares, des citernes ; 3deg; la stabulation longue, chaude, humide et mepbitique (alors veritable intoxication miasmafique} : 4deg; Insure, lappauvrissement du sang par des travaux rudes , long-temps soutenus , quand les animaux recoivent une alimen­tation insuilisante et avarice (alors sänguifioationvioieuse); telles ont toujours ete dans sa pratique, les veritables causes qui ont donne naissance a la typhohemie.
Ces causes agissent avec plus de malignite sur la fin de lete, pendant I'autumne. II est bien vrai de dire quelles ne font point naitre incontinent la typhohemie, mais leur action occulte et constante ne tarde pas ä la faire eclater ; bientot 1'economie animale, profondement alteree, ne peut plus paralyser leurs funestes efi'ets.
Cette etiologie est dautant plus positive et authentique. dit M. Roche-Lubin , que toutes les affections charbon­neuses, soit enzootiques, soit epizootiques, ont cesse leurs ravages shot que les animaux ont ele soustraits a ces vraies causes pathogeniques.
Parmi les secondes , la confoyion. Cette contagion peut etre immediate ou mediate. Elle est immediate par rap-plication d'un virus fixe ; eile est mediate par I'introduc-tion dans reconomie d'un virus volatil.
Contagion immediate.— L'experience a demontre que le simple contact du virus typhohemique fixe sur une
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TYPÜOHEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;47ä
partie vivante et absorbaute, transmet l allection aux hommes et a la plupart de nos animaux domestiques. On admet aussi true ce virus fixe a pour vehicule le sang et tous les fluides qu'il engendre ; mais la malignite conta-gieuse de ce virus, sa propriete contagieuse suivant la nature du lluide qui le transporte, suivant les diverses phases de la maladie qui Font fourni, sa duree d'integrite dans les debris cadaveriques . son integrite proprement dite par des inoculations successives, enfin sa plus ou moins grande resistance a l'action de i'lmmidite, dufroid, sont encore a letat conjectural.
M. Rociie-Lubin a toujours saisi toutes les occasions possibles de jeter quelques traits de luruiere sur des ques­tions si importantes ; il a ex])eiiniente sur des animaux etrangers aux causes positives de la typhohemie , pour s'assurer de la malignite du virus typhohemique , de sa propriete contagieuse suivant le lluide qui le transporte , suivant les diverses phases de la maladie qui l'ont fourni :
1deg; .11 inocule ä l'instant meme, sur diverses parties du corps d'un boeuf, d'une vache, d'une vieille jument et de quatre brebis , du sang extrait de la jugulaire d'un boeuf infecte (periode d'invasion). Les sept animaux sournis a cette experience out etc cöntagionnes et ont pe'ri du qna-trieme au neuvieme jour.
Les deiw premiers jours , appareuce d'une sante par-faite: le troisieme, symptomes typhohemiques, les quatre brebis suecombent dans cette journee: le quatrieme jour, periode d'etat chez le boeuf, la vache et la jument. erup­tion de quelques tumeurs charbonneuses; le boeuf et !a jument suecombent le septieme jour, la vache le neu­vieme.
2deg; Inoculation a 1 instant meme, sur diverses parties du mnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; oo
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ifinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYNInllKMIK.
corps d'un boeuf, trim mulct, de quatre brebis, du sang extrait de lajugulaire d'un hüouf infecte (periode d'aug-ment). Tons ces animaux sont morts dans I'espace ilc cinquante-deux iiem-es. Dix-huit heures apres I'inocula-
tion. apparition de symptumes , eruption de taclies ou tu-meurs charbonneuses. Les desordres cadaveriques sont les memes que ceux constates sur I'animai (pii a fourni le virus et qui a succoinbe vingt-deux heures avant les ani-maux inocules.
3deg; Inoculation, sur diverses parties du corps dune vaclie, de deux moutons et dune chevre. du sang extrait des arteres coccygiennes d'un boeuf infecte (periode d'etat). Ces animaux ont succombe dans I'espace de vingt-neuf heures. Pas deruption de tumeurs ni de tacbes charbon­neuses.
4deg; Inoculation, sur trois brebis, du sang extrait de la jugulaire d'un boeuf mort dans le paroxysme. Les trois brebis ont ete infectees vingt-trois heures apres.
5deg; Inoculation, sur trois brebis, du sang extrait des ven-tricules du coeur, et, sur trois autres, du sang extrait de la veine porte dun boeuf mort dans le paroxysme et ouvert sur-le-cbamp. Les six brebis ont succoinbe a divers inter-valles, dans I'espace de quarante-huit heures.
ßquot; Inoculation, sur deux boeufs et buit brebis, de l'ichor ties tumeurs charbonneuses. Tons ces animaux ont ete contagionnes.
7quot; Les trois premieres experiences fnrent renouvelees sur trois boeufs, neuf brebis, encore sains, du moins en apparence, mais exposes aux causes patbogeniques par cohabitation directe avec les animaux infectes qui ont fourni le virus : M. Koche-Lubin a constate que la marebe de la typbohemie etait plus rapide, plus virulente que
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TYPIIOHIiMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;57:;
sur les animau.v etrangers aux causes determinautes, ä la contagion et a I'infection.
8deg; Introduction , sous diverses parties de la peau de (juatorze boeufs sains et de vingt brebis saines , d'etoupe tres-fme imbibee de salive ou de mucosites nasales prove-nant d'autres boeufs ou brebis infectes (a diverses pe-riodes de la maiadie). Tons ces animaux n'ont jamais presente aucun symptöme morbide ; seulement il est sur-venudes plai(^s ulcereuses aux points inocules; leur cica­trisation s'est operee naturellement du vingtieme au tren-tieme jour.
9deg; Meme introduction sur quatre boeufs et huit brebis; letoupe etait imbibee dc Turine dun boeuf infecle. 3Iemes resultats que dans I'experieiice precedente.
10deg; On fit avaler a deux boeufs et ä dix brebis, plusieurs morceaux de pain bumectes avec du sang extrait des veil-tricuies du cceur d'un bceuf infecte et ouvert une beure apres sa mort. Ces douze animaux , auxquels on avait donne quelques jointees de bon foin apres la deglutition du pain infecte , ont rumine par courts intervalles huit beures apres. Pendant six jours ils ont pris leur nourri-ture ordinaire sans offrir ä I'exterieur le moindre trouble morbide; le septietne jour, symptotnes typhobeniiques. Ün boeuf et. sept brebis succombent du dixicme auqua-torzienae jour ; lautre boeuf et les trois autres brebis sour restes sains.
11quot; Cette derniere experience, renouvelee sur six bre­bis et une vacbe par la deglutition dc morceaux de pain bumectes ou de salive , ou d'urine , ou de mucnsites na­sales provenant d'animaux malades . n'a donne aucun re-sultat.
Dni'de de raquo;laliynilc'. d'integrite du vines fixe dansles
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msnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rYPUOüEMiE.
debris oadaveriques. — M. Rocbe-Lubin voulant s'assu-rer de la duree tie malignite et d'integrite da virus fixe dans les debris cadaveriques, s'est livre aux experiences suivantes:
1deg; En 1836, il recueillit dans une bouteille du sang d'un boeuf expirant. A I'instant meme cette bouteille est hermetiquemeut fermee; on la conserve dans cet etat pendant soixante jours.
Le soixante et unieme jour, il inocule re sang, trans-forrrje en liquide iclioreux, sur diverses parties du corps d'une vache et de trois brebis. Du dix-huitieme au vingt-deuxieme jour, la vacbe et deux brebis sont contagion-nees et succombent ; la troisieme brebis n'a jamais offert de signe morbide.
2deg; Apres Toperation sus-indiquee, M. Roche-Lubin bouclie de nouveau la bouteille. Soixante jours s'etant encore ecoules, il passe au fanon de deux boeufs un seton de laine filee , impregne du liquide contenu dans la bou­teille, apres 1 avoir agite. Le vingt-cinquiemejour, un des boeufs succombe j le vingt-neuvieme, i'autre subit le meme sort.
3deg; Les susdits setons passes, il bouclie la bouteille pour la troisieme fois. Cinquante jours s'etant ecoules , il ino­cule a trois brebis du putriiage quelle renferme. Dix-luut jours apres, une brebis succombe ; les deux autres sont restees saines. Les plaies ulcereuses des points inocu-les se cicatrisent natureliement.
4quot; Enfin , pour la quatrieme et derniere Ibis, il bouclie la funeste bouteille. Quarante jours s'etant ecoules , il inocule a trois brebis le residu putrilagineux. Les trois brebis sont restees saines.
En 1839, il renouvela la plupart de ces inoculations. A
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TYPHOHEMtE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 477
quelques nuances ores, les resultats ont ete les memes.
5deg; Introduction , sax diverses parties du corjis de truis Lrebis , de portions du poumon dun boeuf venant d expi-rer. Du neuvieme an onzieme jour, deux brebis succom-bent; I'autre reste saine.
6deg; Introduction sur diverses parties du corps de plu-sieurs aniinaux d'espece dillerente, soit de parties de la rate, soit de lambeaux depeau, mais bien laves et bien exprimes. (]ette experience n'a produit aucun resultat. Ces debris cadaveriqnes avaient ete pris sur un boeuf et deux brebis morts depuis plusieurs jours.
Durc'e d'intdgrite du virus fixe par des inoculations successives. — 1deg; En 1834 , inoculation a deux brebis du virus typhobemique du pore. Elles succombenlle deuxieme jour. Ce jour-la meme, M. Roche-Lubin inocule du sang des deux victimes ä deux autres brebis ; une seule suc-conibe le cjuatrieme jour. Du sang de cette derniere est inocule a une autre brebis. Pas de resultat.
2deg; En 1840, ä la suite de l'inoculation successive du virus fixe sur quatre brebis, celle qui a fourni le virus a la seconde est morte le troisieme jour; la seconde, qui Fa fourni a la troisieme, est morte le dixieme jour; la troi­sieme, qui I'a fourni ;i la quatrieme , est morte le vingt et unieme jour ; la quatrieme enfin est restee saine.
üe la resistance ^j/ws ou mains grande du virus fixe a faction de l'humidite et de la chaleur. — En 1839, M. Roche-Lubin recueillit, dans deux pots de terre, du sang d'un boeuf infecte. Ces deux pots furent exposes a decouvert, Tun ä fair frais et humide d'une cave, lautre dans un trou pres dc la forge d'un marechal.
Vingt jours apres, il inocule une partie du residu putri-lagineux contenu dans les deux pots, a quatre brebis.
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.',78nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TYPHOHEMIF.
L'une des deux brebis soumises au virus du pot expose ä Fair de la cave, a succombe le douzieme jour; I'autre est restee saine. A l'egard des autres brebis inocalees avec la matlere contemie dans lautre pot , il n'a obtenu aucun resultat.
ContcKjinn mkliate. — laquo; Nos savants maitres nous out appris, continue M. Roche-Lubin , 1quot; que pendant la vie la vapeur pulmonaire, la transpii-ation cutanee et autres matieres qui s'echappent du corps des animaux malades ; 2deg; qu'apres la mort la vapeur qui s'eleve du cadavre, du sang de tons les debris cadaveriques , fortnent autour d'eux une atmosphere contagieuse, qui empoisonne bien-tot les animaux sains qui vivent dans son milieu.
raquo; 11s nous out encore appris que lair, les corps animes et inanimes peuvent etre les agents de transmission de cette vapeur contagieuse ; mais iis nous out dit, avec. juste raison, qu'on ne conuaissait pas encore ni 1 etendue de cette atmosphere contagieuse, nisaduree d'intensite, ni sa resistance a Faction des nombreuses et importantes modifications que les matieres animales volatiles peuvent eprouver par le contact de Fair. raquo;
En elFet, son experience est venue confirmer la jus-tesse de ces assertions. La citation de ses observations pratiques, mais contradictoires, sur la contagion me­diate , va le prouver, en demontrant neanmoins quelques verites nouveiles sur 1'etendue, la duree d'intensite, lopi-niätrete de cette atmosphere contagieuse quil importe-rait taut de connaitre sous toutes ses faces.
Premier fait. — Dans l'espace de dix-sept jours, sur buitvaches habitant la meme etable, six succombent aux attaques de la tvphohemie. L'infection et la contagion , qui ravageaient aussi les bergeries et les porcheries , obli-
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TYPHOHEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;470
gerent le cultivateur Mathieu, de Foumigouse, a ne pas sequestrer les deux A'aches restantes. Elles reslstent au fleau.
Trente-quatre jours apres , a la foire de Saint-Sornin , Mathieu achete quatre vaclies, les introduit dans Tetable sus-indiquee habitee par les deuxvaches. EUes reroivent line nourriture saine et tous les autres soins hygieniques 5 cependant, dans lespa(!e des vingt-deux premiers jours de sa nouvelle acquisition, Mathieu perd trois des nou-velles vaches; elles etaient venues d'un pays non conla-gionne.
Quatre mois s'etantecouleSj Mathieu achete trois autres vaches, les introduit. dans la incme etahle avec les trois anciennes qu'il avait sequestrees sous un hangar. L'affec-tion typhohenaique n'a plus repara.
Demvieme fait. — Condamines , de Gratesol, possede une seule paire de vaches. Le 20 juillet 1845, elles sont frappees morlellement par 1'epizootie charbonneuse regnante. On bride dans 1 inlerieur de L'etable infectee des plantcs aromatiques, on nettoie , on racle, on badi-geonne, on n'ouvre la porte d'entree que la nuit. Vingt-deux jours apres, presse par un violent orage, un des enfants de Condamines y introduit Irente betes a iaine; elles n'y sejournent que quelques heures ; le surlende-main, la typbohemie se declare et i'ait dans pen de jours quatorze victimes. L emigration seule en arrete les pro-gres.
Trois mois apres ce funeste accident, Condamines achete une autre paire de vaches , la loge dans l'etable precedemment infecl.ee. Le fleau n'a plus repara.
Troisiemefait. —En 1839, M. L... voit son troupeau de vaches decime par le typhus charbonneux. Ce pro-
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480nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPUOHEMIE.
jjrjet.'iire , magistral eclaire , insiste . malgre les observa­tions de M. Roche-Lubin , sur 1 introduction d'un bouc dans I'etable, laquo; litre de prdservatif. Des l'entree de Vani­mal disinfectant, toutes les vaches qui sont reputees saines quittent le lieu infecte. Deux vaches malades res-tent. On consent a placer a cote du bouc, une vieille brebis , a une distance de liuit metres des deux vaches. Le septieme jour de cette cohabitation . les deux vaches suc-combent, la brebis le dixieme et le bouc le treizieme.
Quatriemo fait. — En 1837, M. Andiere fils , fermier du grand domaine laquo;lit le Masandral, perd dix-neuf boeufs dans L'espace de vingl-huit jours. Situt qu'ils etaient reconuas malades , ils etaient conduits dans une etable particuliere d'une longueur de vingt-quatre metres sur douze de largeur.
Depuis seize jours le Ileau avait cesse ses ravages. Le jour meme de la mort du dix-neuvieme boeuf, on ferme hermetiquement cette etahle servant d infirmerie, sans y operer aucune mesure sanitaire. Vingtjoursapres, quatre brebis y sont introduites : le cinquieme jour de cette sta-bulation , trois brebis sont contagionnees et succomhent. La quatrieme liahite encore douze jours au foyer d'infec-tion ; eile reste saine.
Cette brebis , remise dans le troupeau, on ferme encore hermetiquement I'etable. Trente jours s'etant ecoules, on yintroduit deux brebis, un pore et une anesse. Le on-zicme jour de cette stabulation , länesse succorabe ; le quatorzicme. Tune des brebis et le pore subissent le meine sort. L'autre brebis restee saine , est remise dans le troupeau.
On ferme pour la troisieme et clerniere fois I'etable. Quarante jours s'etant ecoules, deux brebis y sont intro-
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TYPBOHEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 481
iluites ; elles y sejournent impunement pendant quarante jours , et sont i'emises clans le troupeau. Peu dc jours apres , on y loge tine vache prete ä veler ; eile est restee toujours saine.
Cinquienie fait. — A l'esjard des porcheries, maigre toutes les operations desinfectantes et sanitaires, M. Roche-Lubin a vu la typhohemie y reparaitre quatorze mois apres la derniere victime , meme peu dc jours apres lin-troduction de pores sains et Strangers a toutes les causes de la maladie. Dans trois circonstances, vu la persistance maligne du virus volatil, il a fallu, pour en delivrer I'es-pece porcine, construire de nouvelles porcheries.
Sixihne fait. — Par un vent du sud, chaud et humide, la porte d'une etable, contenant des boeufs infectes , com-muniquant avec une bergerie composee de cent brebis encore saines, resta ouverte sous pretexte d'etablir un courant d'air salutaire. Gelte funeste ventilation dura douze heures, Le leudernain , ['affection typholiemique envahit le troupeau. Du troisieme au buitieme jour, qua-torze brebis succombent; on emigre le troupeau ; six seuleinent perissent apres cette operation.
Septieme fait. — En D337, huit jours apres I'enfouis-sement du dix-neuvieme boeuf de M. Andure, M. Roche-Lubin fit attacher deux brebis ä quarante pas de dis­tance des fosses qui conteuaient les dix-neuf victimes. Le vent du sud souilla peu dhcures apres du cute des deux brebis qui se trouverent ainsi placees sous son influence contagieuse pendant huit heures. Le septieme jour, les deux brebis sont infectees et succombent. Les fosses avaient trois pieds de profondeur, bien recouvertes avec de la terre, des buissons et des pierres, pour eloigner les chiens et les oiseaux de proie.
Illnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Gl
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48^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TYPHOHEMIE.
Ilnilieine fail. — En 1839, la mcme experience fut repetee sur le lieu tai etaient enterrees (ies brebis mortes de lepizootie charbonneuse. A cet elfet on plaga deux brebis sous un vent du nord qui souillu pendant vingt-laquo;juatre heures sur elles ; elles sont reste'es saines.
M. Rocbe-Lubin vient de citer des fiiits qui prouvent les tristes effets de la contagion mediate; heureusement, dit-il, il existe certaines circonstances, qu'on ne pent encore connaitre, qui la detruisent. Les observations generales qui suivent en fourniront la preuve :
1deg; II a enregistre quatre-vingt-buit cas, constatant que, dans des elables contagionnees et infectees, des beeufs voisins du malade , qu'ils lecbent, quils flairent, quilstouclient jusqua ce qu'il ait succombe , n'ont jaraais ete atteints , tandis que d'autres boeufs , soustraits aussi aux causes determinantes de la typbohemie , Tout ete a liuit et douze metres de distance. Certes, ajoute M. Roche-Lubin , on doit presumer que , sur ces quatre-vingt-buit sujets il existait, du moins sur quelques-uns, toutes les conditions favorables li la contagion.
2deg; i 1 a vu des Iroupcaux de betes ä laine passer impu-nement pendant quinze jours devant des foyers d'infec-tion; il les a vus paitre impunement aux alentours de ces foyers, ä quelques pas seulement, et sous I'influencedes vents qui pouvaient transmettre le pi'incipe contagifere.
3deg; 11 a applique quatrc fois , pendant douze beures , et sans resultat, sur les parties depourvuesde laine de quatrc brebis saines, ties peaux encore chaudes provenant d'au­tres brebis mortes du charbon.
4deg; 11 a vu des boeufs trainer en vain sur les bords de la fosse des animaux infectes ; ils ont meine porte leur joug sans con trader la maladie. Des chevaux , des mulcts ont
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porte impunement chez les tanneurs des coirs frais ou
sees.
5deg; 11 a touclie, il a traite ties milliers d'animaux infec-tes: peu d'instants apres , il a penetre dans des etables, clans des bergeries encore salubres ; il y a manipule, sans aucune precaution sanitaire, tout le betail; jamais il n'a pu recueillir aucun fait positif de sa cooperation a la con-tagion.
6quot; Plusieurs fois et a dessein , il a introduit sa main dans la bouclie de quelcpies animaux sur le point d'expi-rer; a Tinstant menie il a fait penetrer cettc main , impre-gnee de salive , de have, dans la boucbe d'autres ani­maux : il n'a jamais vu la contagion.
7U 11 a vu des carnivores se repaitre impunement de la chair des animaux morts de iepizootie ebarbonneuse, et s'abreuver du sang qui s ecoule des malades, sans en etre incommodes.
8quot; 11 n'a jamais pu constater des accidents sur I'espece humaine par l'usage du laitou de la chair cuiteprovenant des animaux infectes ; cependant, il possede deux faits qui prouvenl, que le sang du cadavre, l'ichor des tumeurs charbonneuses , mis en contact avec la peau de l'liomme, ont transmis sur une lille raffeclion typliohemique, et sur un lionune la pustule maligne.
9deg; L'experience lui a prouve que la typbohemie pent se transmettre vice versa par l'inoculation du sang infecte de I'espece bovine a I'espece cbevaline eta I'espece ovine ; mais I'espece porcine resiste ä toutes les inoculations faites avec le sang des especes sus-indiquees. On pent s'expliquer, selon M. Roche-Lubin , I'lnsucces de cette inoculation, quand on connalt la texture du tissu cellulo-adipeux du pore.
..
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#9632;**'*nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rWHOUEiUE.
iO} Enfiu, malgre toutes les recherches , il n'a pu con-stater que les foires at les marches fussent autant de voies de contagion, car, dit-il, dans les contrees qu'il iiabite, le mot charbon, qui jette au loin lepouvante et reffroi, flnt observer religieusement aux cultivateurs risolement et la sequestration du betail infecte.
Moyens curatifs. — Cette grave affection , dit M. Ro-cbe-Lubin, qui mine et rompt tout lorganisme, aneantit bientot toutes les foi-ces de la vie, en dejouant presque sans cesse tons les efforts du therapeutiste. Les medica­tions dites evacuante , tomqve ^antzseptique, antispasmo-dique, cmtiphlogistiqm, etc., ont trop souvent echoue dans ses mains 5 aussi, abreuve de mecomptes et d'insuc-ces, il s'est borne a trailer les animaux qui, d'apres les symptomes fournis par l'examen du sang, lui offraient quelque espoir de guerison.
En cette occurrence , sa medication consiste a recompo-ser, a revivifier le sang. 11 arrive ä ce resultat, bien rare il est vrai, par l'emploi des toniques amers, par les ferru-gineux surtout, administres dans des bouillons gras ; par des frictions irritantes sur les membres , sur les loinbes ; par Tincision, par la cauterisation prolonde des en.'ror^e-ments charbonneux : par des boissons antiseptiques don-nees a courts intervalles.
L'acetate d'ammoniaque, qu'il a employe avecune per­severance outree centre les diverses periodes des affections charbonneuses, ne luiajamais donne aucun resultat sa-tisfaisant.
Dans tons les cas, la saignee a ete dangereuse et mor-teile.
Moyens preservatifs. — On previendra les attaques de la typbohemie en cloignant severement le betail des causes
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TYPIIOIIEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 48S
pathogenioues relatees plus haut. Ainsi on doit bannir toute alimentation avaiiee ; clonner uno nourriture saine et reglee ; eviter les abreuvoirs dont les eaux sont cor-lompues; percer des jours et etablir des courants d'air dans les etables , dans les bergeries; en extraire tous les jours les fumiers , que Ton doit saupoudrer avec du Sul­fate de cliaux (plätte) ou de la cliaux. qui neutralisent les gaz ammoniacaux en en formant un sei fixe 5 eviter la conduite du betail au voisinage ilu lieu ou rcgne le Ildauj regier les travaux du gros betail, surtout pendant les jours brumeux et pendant les journees de cbaleur qui succedent aux pluies d'orage.
31csurcs sanitaires. — Donner des boissons acidulees et de temps a autre des soupes grasses ; pratiquer des fumigations antimonieuses dans les etables, y repandre tous les jours du sulfate de cbaux. La saignee et les se-tons , a titre de preservatifs , duivent etre proscritsj les anirnaux malades, les suspects doivent etre isoles, seques-tres; les sujets declares incurables seront abattus sur-le-champ ; les morts seront enfouis selon les reglements en \igueur. L'emigration du betail sain doit etre operee im-mediatement; pour cela, on etablit dans les champs des hangars recouverts et formes avec des branches d'arbres. La declaration, le signalement, la marque entrant dans les attributions du veterinaire.
Tous ces sages preceptes, d'une tres-facile execution, dit M. Roche-Lubin , ont produit des resultats heureux partout oü ils ont ete mis en vigueur ; la citation de qua-rante-deux faits pratiques sur la typhohemie enzootiquc ou epizootiquc etablirait au besoin cette grande verite : L'liyyienc esf la vrate medocine.
Co?ichisions ymerales.~~W resultedonc des documents
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-iSfinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPHOHEMIE.
lt;Ie mon experience ( c'est M. Roclie-Lubin qui parle) :
laquo; 1deg; Que toutes les maladies charbonneuses et carbon-
culaires, auxquelles on a donne les noms de typhus cha/r-
houncux ^ fiurre ataxo-adijnamique, fievro charhonneuse, paste charhonneuse, charhon inierienr, anthrax malin, charhon syniptomatique, cliarbon hlanc , charhon noir^ charhon essentiel..., sont toujours le resultat dune altera­tion notable, tantot svdiite, tantot lente. dans la composi­tion intime du sang;
)) 2deg; Que toutes ces affections, envisagecs sous toutes leursfaces, ne m'ontjamais offert aucune ligne essentielle de demarcation et composent, sous les rapports patholo-giques, une scale et meme famille, bien caracterisee par ie nom generique de typhohemie;
raquo; 3deg; Que 1'observation mVi toujours donne la con-naissance positive des causes qui les ont fait naitre, et de la cause immediate ou mediale qui peut les propager, soil par virus fixe, soit par virus volatil;
raquo; 4deg; Que le virus fixe n'existe que dans les animaux infectes ;
raquo; 5quot; Que la malignite de la contagion de ce virus est en rapport avee la periode de la maladie qui I'a fourni ;
raquo; 6quot; Que cette malignite est plus acerbe a l'egard des animaux qui sont soumis a sa funeste influence et aux vraies causes patbogeniques ;
raquo; 7U Que la salive, les mucosites nasales, l'urine ne pos-sedent pas le virus fixe contagieux ;
raquo; 8deg; Que la duree de la malignite et de l'integrite de ce virus puise dans des debris cadaveriques encore fumants, a ete de neuf a cent soixante jours ;
raquo; 9quot; Que l'inoculation , avec des portions de rate , de p.eau, bien lavees, bien exprimees ct prises sur des ani-
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TYPHOHBSIIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;487
mauxmorts depuis plusieurs jours, a ete sans resultats*
raquo; 10deg; Que la duree de la malignite et de l'integrite du virus fixe a ete de qnatre Ix vingt ct un jours dans les ino­culations successives;
raquo; 11deg; Que le virus fixe oflre moins de resistance a I'ac-tion de 1 iiumidite qu'a laction de la chaleur ;
raquo; 12quot; Que le virus volatil, ou atmosphere contagieuse, pent persister dans vine etable prealablement ird'eclee, pendant Tintervalle (Fun a quatre mois (tenne moyen);
raquo; 13quot; Qua l'egard des porcheries , la persistance du virus volatil a ete de quatorze mois ;
raquo; 14quot; Qua une distance de Imit metres, ratmosphere contagicuse c{ui entourait deux vaches infectees. a fait succomber, du dixieme jour au treizieme, un buuc at une brebis ;
)gt; 15quot; Que le vent du midi transporte, a une faible dis­tance il est vrai, le principe contagifere, tandis quele vent du nord seinble le ciissiper, le detruire;
raquo; 16quot; Que dans une infinite de circonstances , citees dans mes ohscrvatioiis generaleSj j'ai constate I'impuis-sance de la contagion mediate ou par virus volatil;
5) 17quot; Que les carnivores mangent ct boivent itupune-ment le sang et la chair des animaux infectes ;
m 18quot; Que le sang, que l'icbor des tumeurs cliarbon-neuses , mis en contact avec la peau de l'bomme , traus-mettent la typhoiiemie ou la pustule maligne ^
raquo; 19quot; Que I'espece porcine resiste a i inoculation du sang infecte provenant d'animaux d'espeee diiFerente j
raquo; 20' Que les divers inoycns curatifs mis en usage jus-qu'a ce jour centre la typbohemie, sont presque toujours sans resultats;
raquo; 21quot; Que Ton doit tout esperer, pour prevenir
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488nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPHOHEMIE.
le fleau, des moyens preservatifs et des mesures sani-taiies ;
raquo; 22quot; Quc I observation m'a toujours demontre leur edicaclte et leur opportunite ;
raquo; 23'' Eulln, qu'il serait utile, pour resoudre des ques­tions d'une si haute importance , que tous les veterinaires publiasseul les fruits de leurs recherches , tandis que le Gouvernement en ordonuerait de nouvelles. raquo;
Le memoire pratique sur la typhohemie des animaux domestiques de M. Roche-Lubin, auquel nous avons em-prunte tout ce que nous venous de rapporter sur eette af­fection, est, sans contredit, un travail de la plus liaule importance, riebe d'enseignements precieux. Ce savant praticicn , en placant dans une seule et meine famille, sous le nom generique de typhohemie , toutes les mala­dies auxquelles on a donne les noms de typhus cbarbon-neux, de fievre charbonneuse, de fievre ataxo-adyna-mique , cliarbon interieur , peste charbonneuse , anthrax malin , charbon symptomatique , charbon blanc , cliar­bon noir , cbarbon essentiel, etc., a rendu un veritable service a la science, simplifie I'etude tie la Symptomatolo­gie et de l'etiologie de ces alfections qui ne different entre elles que par les diverses manifestations sous lesquelles elles apparaissent, et, qui au fond, sont de meine nature, de meme essence. Ce memoire , nous n'en doutons pas, aidcra puissamment ä elucider les questions suivantes, mises au concours de 1850-1852, par I'Acadcmie royale de medeciiie de Belgique : laquo; Tracer I'histoire medicale des maladies charbonncuses, en insistant sur les diverses formes qu'elles revetent cbez nos animaux domestiques, ainsi que sur la part que prennent dans leur evolution la culture , l'assolement d une contree et les productions
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TYPHOIIEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;489
cryptoraquo;amiqiies cjui attaquent les plantes fourrageres. raquo;
Nous Hsons dans le Journal des ve'tcrinaires du Midi, cahier de Janvier 1852, un article intitule: De Vemploide Vhuile phosphorde dans le traitement de la fievro charhon-neuse, par M. Causse, ancien veterinaire a Gastelnau-dary, sous-directeur de la ferme-ecole de Besplas,
IJans I'ouvrage essentiellement pratique que nous pu-blions , et surtout pour une maladie aussi terrible , aussi rebelle a tout traitement que celle qui nous occupe, nous ne pouvons passer sous silence les succes obtenus par M. Causse, centre la fievre charbonnease par l'usage de l'huile pbosphoree, et nous pensons que ies laits i-appor-tes par ce praticien trouvent naturellement leur place a la suite de la typlioiiemie.
Premier fait. — Le 1er aoüt 1840, un bocuf apparte-nant kM. de Saint-Sernin, de Castelnaudary, tombe ma-lade. M. Causse appele au meme instant observe les symp-tumes suiva'nts : peau froide; poiis herisses j frissons apercevables aux fesses et aux avant-bras; sensibilite tres-grande de la colonne vertebrale; peau de la region du garrot ilasque ; tete basse, boucbe chaude ; gencives lege-rement bleuatres; perte d'appetit; parois abdominales insensibles a la pression ; urines rares j matieres fecales naturelles; respiration courte, un pcu pantelante ; pouls petit, vite, concentre ; battements du cocur tumultueux ; la region de la rate n'ofFre point de matite. Une heure apres, les frissons cessent; la peau deviant chaude; Fa-nimal parait gai; 11 rumine un pen. Get etat d'apyrexie dure pendant une heure et dernie; il est suivi d'un se­cond acres avec frissons , tremblements generaux, etc.
Prescriptions. — Saignee explorative de 200 grammes : ie sang reste trente minutes a se coagulcr : le coagulnm
illnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 62
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WOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPUOHßMlE.
est mou, pen resistant ; sa surface est marbrec. M.Causse rejette la saiguee du traitement et administre : teinture de quinquina et eau-de-vie camphi'ee , de chaque 150 grammes en trois prises de trois en trois lieures, dans vine infusion de Heins de sureati; ellebore au fanon fortement excite par des frictions d'essence de terebenthine ; fric­tions scches ; la bassinoire remplie de braise sera passee sur la cülonne vertebrale ; tisane de mauve et de gentiane donnee en grande quantite.
Le 2, le malade n'a pas cesse d'avoir de quatre en quatre lieures des frissons et des tremblements gene-raux, suivis de chaleur ä la peau et aux cornes. Le mufle est sec, les yeux sont hagards ; la colonne vertebrale e.st tres-sensible et la queue portee entrc les cuisses; l'elle-bore, apres quinze lieures d Introduction sous la peau, n'a produit qu'une tumeur de la grosseur d'un oeuf de poule, froide et molle, de J'incision de laquelle s'ecoule continuelletnent de la serosite roussätre 5 la region de la rate, percutee, donne un son mat; le pouls est tres-[)etit, miserable; les battements du Coeur sont tonjours forts et tumultueux : meine prescription qua la rcitle.
Vers les buit lieures du soir, 011 vient annoncer a M. Causse que le boeuf est plus malade. II le trouve triste, abattn , la peau froide , les poils herisses, le corps insensible : la tumeur proeluite par Tellebore , qui s'etait developpee jusqu'a midi, a diminue du quart; froide, in­sensible et flasque , eile laisse toujours couler de la serosite ; le pouls est inexplorable, la respiration tumul-tueuse, la marche chancelante. Cet etat desesperant ensage M. Causse a chaneer de medication.
Dix lieures du soir. frictions seebes pendant une beiue; huile phosphoree, quarante goutles dans un litre
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lt;le decoction de graine de lin , deux couvertures de laine sur le corps.
Onze heures. l.e j)()uls parait avoir pris un pen de lt;le-veloppement; !es battements du coeur sont forts et tumultueox , la respiration precipitee ; lair expire a une odeur fortement alliacee, la temperature du corps a 1111 pen augmente, le decubitus est frequent: le malade est agite et trepigne souvent , notamraent des pieds ante-rieurs: on tire 100 srammes de sang ä la veine iusulaire; il est d'un rouge vermeil, et reste dix minutes ä se coagu-ier ; huit litres de tisane de graine de lin , de mauve et de gentiane, sont dünnes au malade.
Une heure apres minuit. La temperature du corps est plus elevee, le pouls plus excentrique .; on compte quatre-vingts pulsations par minute ; la tumeur du fanon est un pen sensible; elie laisse moins couler de serosite; la respiration est labovieuse, precipitee: il y a anxiete extreme, les yeux sont tres-hagards.
Trois heures. Memes moyens ; quarante gouttes d'huile phosphoree sont donnees comme precedemment 5 dix minutes apres, fanimal chancelle et tombe : il tousse plu-sieursfois de suite et se releve a finstant; il est fortement agite; la respiration est precipitee, un pen ralante ; la temperature de la peau est tres-elevee. Get etat, qui dure environ un quart d'heure, est suivi de calme et (i une sueur si abondante, {[tie chaque poil fait, sa goutte ; les couvertures , d'abord mouillees , sont remplacees par d'autres. Pendant qiie cette crisc d la peau so manifeste* la tumour du fanon s'est accrue, eile est devenue tres-sensible , dure et cbaude : la respiration est moins labo-rieuse ; les battements du coeur sont toujours tres-forts ; le pouls , qui a pris du developpement, donne soixante et
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492nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPHOHEMIE.
quinze pulsations par minute. Apres cet ctat, ([iii a dare trois quarts d'heure , I'animal rumiae l'espace de dix minutes ; quatre homines bouchonnent fortement la peau; on recouvre le corps d'un pen de pailie, qu'on y maintient par deax couvertures.
Six heures du matin. Le malade a rumine ;i trois reprises difFerentes ; il cherche a manger de sa litiere; le calme continue ; la respiration est facile , mais toujours acceleree ; les battements du coeur perdent de leur force ; le pouls, facilement explorable, est descendu a cinquante pulsations par minute: la region de la rate donne tou­jours un son mat; la tumeur du fanon , dure et tres-sensible, a augmente du double en volume; il n'y a pas eu de frissons ni de tremblemcnts; la peau est tres-moite.
Tisane de gentiane et d ecorce de saule, huit litres toutes les trois heures; dans l'intervalle, teinture de quin­quina et eau-de-vie camphree , dans une infusion de menthe , si un acces survenait: dans le cas contraire , un kilogramme de pommes de terre cuites , ecrasees et me-lanjyees a cinq litres de son.
Six heures du soir. La physionomie a totalement change ; la peau, toujours moite et chaude , a repris sa contractilite; la respiration et les battements du coeur se rapprochent de l'etat normal: I'artere, tres-explorable, donne quarante-cinq pulsations par minute; la tumeur du fanon a pris beaucoup de developpement: I'animal a rumine et demande a manger.
Un kilogramme de fourrage; meme ration de pommes de terre et de son ; eau blanche pour boisson. M. Causse retire l'ellebore du fanon , pratique quelques moucbe-tnres sur la tumeur, desquelles il coule du sang rouge-
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TYPHOHEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;403
vermeil, sc comjidxtnt au fur et a mesure qu'tl toinhe a terre. A partir de ce moment, les symptomes continuent ii perdre de lear intensite, et deux jours apres le malade est en pleine voie de guerison.
Deuxieme fait. — Le 2G du meine mois , one vache appartenaut ä M. Gallier Gervais, de Castelnaudary, tombe malade. M. Causse , mande au meme instant, re-connaissant les symptomes qui se rattachent ä la fievre charboniieuse, fit administrer 45 gouttes dhuile phos-phoree dans deux litres de decoction de graine de lin. Frictions seches sur la peau pendant trente minutes; deux couverlures de laine sur le corps.
Sept heures apres l'administration du breuvage, reaction a \aipeau} chaleuTj raquo;loiteur et puts siteur abon-dante. Apres cette crise , les sympt6m.es disparaissent. Le 30, la malade est en pleine voie de guerison.
Troisieme fait. — Dans le moisd'aout 1841, la fievre charboniieuse decimait les betes a conies de la metairie de Francouly, comprise dans les terres de Ferrols, appar-tenant a JW,IW la comtesse de Roquelaure ; de la eile vint sevir sur celles de Boscjaquet, dependant du meme do-maine. M. Causse, appele le 15 septembre pour arreter les progres du mal, trouva one bete morte, deux luttant centre la mort el deux autres au debut de la maladie. Ces deux dernieres lurent berbces et on leur administra a I'interieur les alcoolats de camphre et de cjuinquina a la dose de 150 grammes cbacun, avec addition de 10 grammes de sulfate de quinine, a prendre en trois Ibis , de trois en trois heures , dans une infusion de men-tbe; frictions , tisane , etc. Le 16, cette medication assez active n'avait pu arreter les acces qui se succedaient de deux heures en deux heures. L'ellebore n'avait produil
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qu'une tres-petite tumeur flasque, insensible, taissant couler par I'incision pratiquee au fanon , un sang dissous mele a de la serosite roussatre. Du sang extrait de laveine jugulaire reste pres dune lieure a se coaguler. Le caillot, sans resistance , se divise a la ])lus simple pression du doigt, et, d'apres la couleur marbree qu'il presente , il est facile de voir que les elements du sang sont en disso­lution.
Quarante gouttes d'huile phospboree dans un litre de decoction de graine de lin , frictions seches , couvertures. tisane legerement tonique. Meme dose d'buile phospboree sera donnee aux malades , si dans sept a buit heures une reaction ne s'etablit point a la peau.
Le 17. Dans la nuit, chez i'un de ces animaux , six heures apres l'ingestion du remede, la peau devient chaude et puis se couvre de sueur-, lellebore, jusqu'alors sans action, produit son elfet, tout annonce une guerison procbaine ; chez I'autre, la peau, apres buit heures , n'e-tant devenue que tres-peu chaude, on donne uneseconde prise d'huile phospboree. Cette seconde dose est sans action sur lenveloppe cutanee, tnats les reins sont si excites que dans l'espace de douze heures Us secretent une quant He extraordinaire d'urine. he 6 octobre , ces deux boeufs etaienl atteles ii la cbarrue.
Quatrieme fait. — Les sicurs Jalbaud freres , de la commune de Villetnagne, firent appeler M. Causse , le ISnovembre de la meme annee , pour dormer des soins a leur troupeau de vaches atteintes de la fievre charbon-neuse (1). A son arrivee , il en trouve deux aisant sur la
(I) Dans l'espace de quinze jours, les sleurs Jalbaud avaient perdu cinq
vacti
' es. La premiere tombee mala.le tut fouillee ym- le frere cadet el par 1c marechal du viliagc, A peine quatre jours se sonl-ils dcoules que la pustule
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TYPHOHEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 49;i
litiere et deux autrcs olTrant les sympturnes suivants : frissons , tremblements generaux, ponls petit, battements du coeur forts, tumultueux ; respiration precipitee, labo-rieuse; sang mi-fluide et marbre. Elles sont traitees par lapplication de l'elleboreau lanon , anime par l'essence de terebenthine ; on donne a I'interieur la teinture de quin­quina et l'eau-de-vie campbree; tisane tonique, couver-tures, etc.
Le 19, l'ellebore n'ayant produit aucun efiet et les symptömes s'etant accrus , on administre I'liuile pbospbo-ree, a la dose dc 35 gouttes dans un litre de decoction de graine de lin ; bouchonnements frequents ; frictions d'es-sence de terebentbine sur le lanon pour exciter l'ellebore; unguent vesicatoire sur les ganglions de lauge; tisane de mauve et de petite centauree. Sous finfluence de cettc medication , l'ellebore produit une tumeur chaude et sen­sible, la peau augmente de temperature, puis eile devient moite et se couvre d'une legere sueur. Cette crise , qui a mis huit beures a s'operer, conduit les malades a la gue-rison.
Independamment des faits que nous venons de rap-porter, M. Causse signale la guerison de vingt-deux bceufs atteiuts de cliarbon, par Tusage de Ibuile phospboreej savoir :
3nbsp; nbsp;cliez M. de Saint-Sernin.
4nbsp; chez M. Darre, de Montoriol.
5nbsp; nbsp;chez M. Galabert , du Fort. 1 chez M. le capitaine Iluchet.
maligne sc declare au bras du mareclial ct a la main du proprietaire. Le pre­mier a öte conduit a la guerison par une cauterisalion profonde des {'appari­tion du mal; le second dul sa guerison ä des soins assidus , mais il perdit la main qui sc detaclia de l'avant-bras apres Irois ou quatre ruois de vives pouffrances.
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laquo;0nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPHUS.
3 clicz M. Dupac-Marsollier.
1nbsp; nbsp;chez M. Lagarde, marchand drapier.
2nbsp; chez M.BIetge (Griffel).
3nbsp; nbsp;chez M. Carman (Balnaude).
Chez tons, la maladie ctait assez avancee quand M. Causse fit usage lt;le I'huile phosphoree. La guerison n'a cu lieu qua la suite d'une arise operee a la peau ou sur les reins.
M. Causse relate deux outrois faitsdans lesquels I'huile phosphoree n'a pas triomphe (!e la maladie, mais ees quelques insucces ne sont pas de nature a detourner les praticiens tie tenter cette nouvelle medication contre une maladie presque constamment incurahle par les moyens ordinaires que Ton a toujours diriges contre eile,
TYPHUS. — En medecine humaine on donne ce nom a une maladie grave , epidemique, caracterisee principa-lerneut par la stupeur dans laquclle sontplonge's les indi-vidus quelle affecte. En medecine veterinaire on n'a connu bien longtemps que le typhus contagieux et le typhus charbonneux des animaux de 1'espece l)ovine; mais depuis quelques annees des praticiens distingues ont signale et decrit le typhus chez les autres animaux domestiques, notamment chez le cheval. En consequence, nous allons donnerla description de cette maladie chez ce dernier animal.
Typhus du cheval.--Cette affection, designee sous les denominations de fievre typhoide, putridv, adi/na-mique, maligne, de typhohemie et d'influenza, a regne a differentes reprises d'une maniere enzootique et epi-zootique , et depuis plusieurs annees eile n'a pas cesse de faire son apparition tantöt dans une localite, tantot dans
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TYPHUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;497
une autre, et regne encore actuellement avec plus uu moins d'iutensite. Elle apparut en France , oü eile fit un grand nonibre de victimes, en 1825, et dura jusque vers le milieu de 1826 3 eile regna egalement, a peu pres au meme temps, en Belgicpie. A cette epoque , oü la doctrine de Broussais dominait toutes les idees medicales, eile tut designee sous le norn de gastro-entertte dpizootique.
M. Denoc, veterinaire a Chatillon-sur-Marne, est un des premiers qui aientdecrit cette maladiesous le nomde fievre typhoide, apres I'avoir observee epizootiquement dans quelques contrees du departement de la Marne dans les mois de novembrc et decembre 1842 et dans le mois de Janvier 1843. Depuis cette epoque bon nombre d'ecrits ont ele publies sur cette affection ; M. Hering en a donne la description sous le nom d'influenza, M. Spinola 1'a egalement decrite sous la meine denomination, et M. Jules Dupont sous celle de tijphoJidrnia.
raquo; Ces diflerentes qualifications donnees a une maladie, dont les descriptions faites a diverses epoques oflfrent entre elles des analogies frappantes, dit M. Jules Dupont, nous semblent pouvoir se resumer en une seule denomi­nation , et raffection pouvoir etre attribuee a une cause efficiente unique et identique qui est ['alteration typho-hemique du lluide vital. Un point sur lequel sont d'accord tous les auteurs qui ont etudie la maladie, c'est Texistence constante de cette alteration. Elle a ete signa-lee par tous ceux qui I'ont observee, depuis que Thema-tologie pathologique a commence a attirer Tattention des praticiens.
raquo; Dans cette maladie. dit M, Denis Lambert, le sans est lese dans sa riebesse , mais lese d'une maniere toute particuliere. Element regenerateur lorsqu'il est raisonna-
IIInbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 63
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i.08nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TYPHUS.
blement eiche, il furlifie et entretienten bonne barmonie tons les organes; trop pauvre, son contact Ijlesse, ramol-lit tons ces memes organes.
raquo; Une phlebotomie, pratiquee sur un animal typhiquc, donne un sang decolore; recueilli dans un vase , il se coagule avec une lenteur extreme, et la partie qui repre-sente le caillot noir n'a qu'une detni - consistance; la serosite, au contraire , est dans une proportion conside­rable. On dirait que cette affection est une veritable by-drobemie , car, si on place un seton , un liquide d'un rouge pale et qui ne ternit point les surfaces sur lesquelles il s'epanche, s'echappe par cbacune des ouvertures qa'on a faites, avec asscz de vitesse, et comrae cet ecoulement continue, il inquiete le proprietaire tl'abord , puis le vete-rinaire , qui est oblige d'employer la compression aux deux extremites, pourarreter cette hemorrbagie toujours de mauvais augnre. raquo;
Cette maladie se manifeste par la fristesse , la noncha­lance et la diminution de l'appetit; l'animal s'eluigne de la mangeoire , la tete basse et comine plonge dans un etat comateux; les yeux sont lernes, les paupieres lege-rement tumefiees, les conjonctives injectees ofFrent une teinte rouge-jaunatre, et quelquefois d'un jaune tres-prononce : le pouls est petit et vite ; la bouche est cbaude et päteuse ; la soif est ordinairement vive ; les excrements, durs et coiffes, sont rares et ne sont rejetes qu en petite quantite; la colonne vertebrale inflexible a perdu toute sensibilite: la marche est vacillante, enfin tout annonce une grande prostration des forces musculaires, Dans cer­tains cas une toux frequente, tantot seche, tantot humide, se fait entendre, alors la respiration est legerement acce-leree et courte.
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Si la inuladie u'est point arr^tee clans sa marclie pro­gressive, les syiupt6mes precites augtnentent d'intensite ; le malade, indifferent ä tout ce qui se passe autoar de lai, demeure constamment la tele; appuyee dans la mangeoire ou sur sa lonjje, et ne quitte ectte position que forcemenl et avec peine. A cette epoque de la maladie, qui pent elre consideree comma la deuxieme periode, si on fait sortir le clieval , la prostration est teile ({lie sa chute parait im-minente ; il traine les membres posterieurs sur le sol, la croupe se balance dc droite a gauche , enfia il chaneelle comme an homtne en etal d'ivresse. Le poals, petit, acce-lere, est a peine perceptible, il donne soixante et dix a quatre-vingts pulsations par minute ; la temperature du corps est abaissee; I'appetit se fait a peine senlir ou a totalement disparu ; la soif est toujours assez vive; les dejections alvines sont rares et quelquefois il y a consti­pation ; I'urine est trouble, sedimenteuse ; les yeux, ternes et enfonces dans I'orbile, sont cliassicux et larmoyants; les conjonctives , liumides etinjectees, offrentune teinte plus prononcee qu'au debut de la maladie ; le malade reste presque constamment debout , il eprouve des dou-leurs articulaires, leve alternativement les membres poste-i'ieurs,etest parfois en proiea des tremblements generaux. Si le flux morbide se porte sur les organes contenus dans la cavite pectorale, la respiration devient lahorieuse et fre-quente , une toux faible se fait entendre par quintes ; les narines sont dilatees et parfois il s'en ecoule une serosite' roussätre. A l'auscultation de cette cavite, on percoit tin räle muqueux, humide, produit par le deplaccment ile la serosite accumulee dans les bronches; les battements du Coeur sont precipites , ils font entendre une espece de contre-coup quc Ion pourrait comparer a un echo, phe-
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BOOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TYPHUS.
laquo;ornene que nous avons constate quelquefois alors qu'il y avait hydropericarde.
Dans la troisieme periode , le malade est dans une pros­tration prolbnde , sa pliysionomie decomposee offre une expression qui denote la souffrance et la gravite du mal; le povds est efface ou a peine perceptible ; la respiration , de plus en plus laborieuse, est ralante et plaintive ; des sueurs partielles s'observent sur differentes parties du corps ; enfin lanimal. epuiseparla maladie, semble lutter centre la mort, il se couebe et se releve. s'agite continuel-lement , tombe et menrt.
Tous ces pbenomencs morbides que nous venons de decrire ne se rencontrent que tres-rarement sur le meine animal, mais la nature de la maladie n'en reste pas moins la meme, eile est adynamique typboYde.
Autopsie, — A I'examen necroscopique on trouve tout le Systeme musculaire decolore et ramolli, le tissu cellu-laire sous-cutane est imbibe de serosite jaunatre. La cavite thoracique renfenne une grande quantite de liquide sei'o-sanguinolent, dans lequel baigneut des Ilo-cons flbrino-albumineux. Les plevres sent epaissies , par-fois eccbymosees et recouveiies d'une couche de matiere semblable a celle des flocons qui surnagent dans la sero­site. Les poumons sont gorges de sang noir et boueux, le parencbyme se reduit en putrilage a. la moindre pression. Le pcricarde est rempli d'un liquide jaunätre , parfois lactescent. Le coeur est pale , ramolli; ses fibres se decbi-rent par la plus legere traction ; ses cavites ainsi que les veines caves sont remplies de sang incoagule constituant une espece de bouillie noire el liquide dans laquelle on ne trouve aucun caillot fibrineu.v. La membrane muqueuse gastro-intestinale, relächee etepaissie, oflie sur certains
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points ties ulcerations analogues li celles quo Tun ren­contre dans le typhus de l'espece humaine, dues a la des­truction des villosites et des glandules de Peyer et de Brunner. Le foie est volumineux, jaune, cirrbose, et se reduit par ia pression de la main en putrilage boueux. La rate et les reins sont egalement imbibes et ramollis.
Teiles sont les principales lesions que Ton rencontre chez les clievaux morts de Ia fievre typlioi'de , lesions qui ne se montrent pas toutes reunies ä un egal degre sur le meme cadavre, mais qui sonttoujours plus prononcees sur les organes qui out ete les sieges de la fluxion morbide.
Etioloyie. — Les causes de cette maladie, comme de toutes celles qui revetent un caractere epizootique, sont inconnues. On pourrait invoquer, eomrne le dit M. Jules Dupont, laquo; bien des infractions commises contre les reales de l'hygiene, mais ces infractions se commettent trop generalementet trop frequemment pour pouvoir leur altribuer quelques faits passagers et isoles. raquo; On voit la fievre typhoide se declarer chez les clievaux de luxe et de cavalerie, aussi bien que chez ceux du cultivateur, du loueur de voitures et du pauvre voiturier ; on ne peat certainement pas invoquer comme causes , chez les pre­miers, les infractions aux regies de l'hygiene, et Depen­dant la maladie est aussi commune, pour ne pas dire plus, chez eux que chez les demiers, ou l'hygiene est loin d'etre observee dans toutes ses regies, et se trouve meme parfois totalement negligee.
Des veterinaires croient a la contagion et conseillent de separer les animaux qui sont en sante des malades. Dans le doute oü nous sommes, cette sage precaution ne doit pas etre negligee ; si nous voyons tons les jours des che-vaux rester sains au milieu des malades, nous voyons
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BOinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; l'YPHüS.
aussi parfois la maladie attaquer tons ceux composant une meme ecurie ; cela n'est pas une preuve süffisante pour etaBIir sa contagiosite, nous le savons ; mais les ani-maux ayant ete influences par une cause genetale, que Ton attribue ä l'etat de l'atmosphere, a une constitution medicale, contractent Lien plus facilement et plus süre-ment la maladie s ils vestent exposes dans un milieu oü I'air ambiant se trouve plus ou moins vicie par les emana­tions qui proviennent des malades.
Trnitement. — Reconstituer le fluide nourricier altere, faire cesser au plus tot les stases dans les organes impoi-tants de la vie en favorisantet en provoquant relimination du liquide morbide et desorganisateur qui les occasioone, sont les deux indications vers lesquelles doivent tendre tons les efforts du praticien. A cctte fin, les medications tonique, purgative et revulsive doivent etre mises en usage. On administre un electuaire compose de deux, a quatre gros de calomel selon la force de Tanimal, quatrc onces de creme de tartre ou de sulfate de soude, quatre onces de poudre de gentiaue, deux onces de poudre de reglisse et du miel en quantite süffisante pour donner la forme voulue a la preparation, que l'ou administre en deux fois dans la journee. Cette prescription doitse renouveler plusieurs jours de suite , a moins qu'une diarrhee abon-dante ne vienne en interdire l'usage. Lorsque par reffet de la maladie l'animal se trouve dans une grande pros­tration , on ajoute avec avantage a la preparation precitee une once de carbonate de fer, et meme le quinquina. Quand la fluxion morbide se porte sur les poumons , ce qui est marque par la dyspnee, on administre concurrem-ment avec les medicaments que nous venons de ciler, deux amp; quatre gros d emetique par jour en dissolution dans la
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boisson. Les efTets tie cettc substance medicamenteuse ont quelquefois ete si edicaces , qu'un animal cliez qui la gene de la respiration semblait presager une mort pro-chaine, a ressenti un tel soulagement de lemploi de ce pectoral, que le proprietaire I'a remarque lui-meme apres radministration de la premiere dose. Ce fait est consijjne dans le remarquable Memoire sur la typliohemie , public par M. Jules Dupont, avec lequel nous I'avons observe.
La medication revulsive joue un role des plus impor-tants dans le traitement de la maladie qui nous occupe; I'experience nous a demontre et nous demontre encore tous les jours les bons efFels qu'elle procure, en attirant et fixant ä lexteneur la fluxion morbide qui opprime les organes importants a la vie; c'est a tel point que si, dans noire pratique particuliere, nous nous trouvions reduit a faire choix dune medication a lexclusion des autres, c'est a celle-ia (pie nous accorderions la preference. En effet, ciiaquefois que nous sommes parvenu a obtenir une forte revulsion, un mieux sensible s'est manifeste dans l'etat du malade, et presque toujoura la convalescence ne s'est point fait attendre : tandis que, au contraire, lorsque Pon avait neglige d'employer cette medication, malgre I'ad-ministration des substances medicamenteuses, souvent la maladie faisait des progres et devenait incurable. Si nous insistons autant sur la medication revulsive, cela ne veut pas dire qu'elle reussit toujours, c'est pour engager les veterinaires a la mettre en usage au debut de la maladie, et a I'eraployer dans tous les cas conjointement avec les autres medications.
Les setons animes avec I'onguent vesicatoire , au nom-bre de deux ou de quatre, appliques au poitrail ou sur les faces costales ; les vesicatoires, les sinapismes appliques
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soinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rypHüs.
sur la partie inferieure de la puitrine; les frictions tie pommade stibiee sur la region stemale ou sur les muscles pectoraux, sont les agents revulseurs les plus usites. Nous employons de preference , a cause de la facillte de son application , la pommade stibiee dans les proportions d'une demi-once d'emetique par once d'axonge pour les gros cbevaux de trait, et de deux gros pour ceux de race distinguee. Deux ou trois frictions de cette pommade faites dans le courant de la journee, suflisent ordinaire-ment pour amener sur la partie frictionnee un engorge­ment considerable ; alors on en cesse I'usage pour ne point determiner la desorganisation de la peau, partant des tares indelebiles.
Toutes ces medications sagement combinees produi-sent souvent une amelioration sensible au bout de trois ou quatre jours de leur emploi: alors on voit lanimal sor-tir de l'apatbie dans laquelle il se trouvait plonge, s'occu-per dece qui se passe autour de lui, lappetit se ranimer, le pouls acquerir plus de force et devenir plus souple, la respiration se regulariser, les conjonctives se rapprocher de leur teinte ordinaire, la coionne vertebrale reprendre sa sensibilite et, enfin, progressivement, toutes les fonc-tions de forganisme revenir ä leur etat normal. Lorsque les clioses se passent ainsi, la maladie est de courte duree et, au bout de buit a dix jours , lanimal pent elre consi-dere commc radicalemcnt gueri.
Dans d'autres circonstances le mal est plus tenace, il ne cede qu'apres an traitement de quinze a vingt jours et plus, et si I'agent desorganisateur a produit des lesions graves dans la profondeur des organes, les soins lesmieux combines restent impulssants et le malade succombe ordi-nairementdu huitieme au quinzieme jour.
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fyphus.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^o;;
La nourriture des malades, si toutelbis I'appetit se fait encore sentir, doit etre legere ; la paille de froment, les carottes, le son, les boissons blartchies avee de la farine d'orge, sont les substances alimentaires auxquelles on doit accorder la preference. A mesure que les phenomenes morbides se dissipent, c'est-a-dire que la convalescence s etablit, on ajoute a la ration journaliere les provendes d'avoine et d'orge bouillies, et insensiblement, lorsque la convalescence marche franchement. Ton remetlanimal a sa ration ordinaire. Inutile d'ajouter que, durant la con­valescence, les bouchonnements du corps, la promenade au pas si la saison le permet, contribuent puissamment au retablissement de la sante , et font dissiper les engorge­ments oedemateux des membres, du fourreau, etc., qui, a cette epoque de la maladie, sont quelquefois conside­rables.
Quant aux emissions sanguines preconisees par certains praticiens, il faut etre Ires-reserve dans leur emploi; sans dire qu'elles sont toujours inutiles , nous disons qu'elles sont souvent nuisibles; lexperience nous la demontre bien des fois : les quelques animaux que nous avons per-dus, depuis six mois (4etrimestre 1852 et 1er trimestre U553) que la maladie qui nousoccupe regne avec beaucoup d'in-!ensite, avaient ele saignes une ou deux fois avant d'etre confies a nos soins. Dailleurs, c'est au veterinaire ajuger de lopportunite ou de 1 inopportunite des emissions san­guines^ dans lous les cas, il faut toujours etre tres-prudent dans leur usage et ne les faire qu'au debut de la maladie, lorsqu'une imperieuse indication les reclame ; alors elles doivent etre petites, peu abondantes,
TYPHUS CONTAGFEUX DE GROS BCTAIL. — De
11 rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 61
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Süünbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPHUS.
tuutes les maladies qui afFectent I'espece bovine, la plus redoutable est sans contredit le typhus coatägieox ^ il ä exerce ä iui seul plus de ravages que toutes les autres ma­ladies des betes bovines, tant epizootiques que sporadi-ques. Une f'ois qu il penetre dans un pays,si Ion ne prend pas des mesures immediates et energiques pourborner ses effets, il epargne peu de bestiaux, tue presque tous ceux qu'il attaque et aneantit pour longtemps la prosperite agricole. Des exemples mallieureusement trop frequents prouvent que lexistence de I'espece bovine a ete mise plus d'une fois en question, et que le typhus enlevait, en peu d'annees, la moitie du gros betail de ['Europe.
Les medecins et les veterinaires , laquo;juides par des analo gies plus ou moins exactes avec les maladies de l'homme, par l'un ou l'autre Symptome dominant, par I'origine epi-zootique, out decrit cette afiPection sous des denominations et des points de vue tres-dilferents. Ouladesignee sous les noms de : petite veröle du hcevf. variole symptomatique, peste bor hie morveitse, dyssenterie maligne, petite veröle maligne pestilentielle} flevre ardente, maligne, conta-gieuse, peste varioleuse, variole des boeufs, maladic bovine honyroise, flevre typlwide contimie avec redonblciaott et, enfin, typhus contagieux du yros betail, designation sous laquelle eile est generalement connue aujourd hui.
On n'a guere de documents precis sur cette maladie que du commencement du 18c siccle. Kanold rapporte que, en 1709, le typhus contagieux prit naissance dans la Tartarie. De ce foyer primitifil s'ecbappa, traversa lu Piussie, la Pologne, la Podolie, la Bessarabie, laCroatie et arriva en Dalmatie. Des marchands dalmates, conduisant des betes a comes en Italie, abandonnerent un boenf sur la graude route de Padoue; un patre le recueillit at le
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TYPHUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SO/
placa dans les etables du comte Borromee. Teile tut lon-gine de l'epizootie de 1711. Ce boeuf irifecta non-seule-ment le betail de Tetable , mais de ce point central 1c typhus contagieux s'irradia de proche en proche et enva-hit toute litalie. Deux, celebres rnedecins Italiens, Rama-zini, ä Padoue, et Lancizi, a Rome, observerent la mala-die. Le premier, ä cause de l'eruption pustuleuse. la considera comme une petite veröle et lui donna cette de­nomination. Le second , prenant principalement en con­sideration le flux nasal et la propriete contagieuse de la maladie, I'appela peste morveuse.
Par le Piemont j le typhus contagieux penetra en France et, par le Nord , en Allemagne. Ces deux voies infdtre-rent en Belgique et en Hollande et, de ce dernier pays, en Vngleterre, oü Ion ne tarda pas ä s'en rendre maitre par rassommement de toutes les betes malades et suspectes. Faulet evalue la perte eprouvee par I Europe en betes bovines, de 1711 a 1713, a 1,500,000 individus, el, Scliwarzkops, aux 9/10 de tout le betail.
On s'explique cette efFrayante mortalite par I'ignorance oü Ton etait sur la nature et la contagiosite de l'epizootie, par les efforts que Ion faisait afin den decouvrir des moyens curatifs tout en negligeant les mesures de police sanitaire qui, bien cntenducs, etaient seules capables de mettre obstacle a son extension. Les rnedecins ensuite, ne possedant que des connaissances fausses et incomplctes sur les maladies des animates domestiques , laissaient un Libre coins ä la contagion. Farmi eux, cependant, il y eut d'honorables exceptions. Lancizi reconnut bientot que le meilleur moyen d'arreter le (lean consistait a en empe-cher la transmission, endetruisant les matieres virulentes. I.es propositions qu'il fit au college des cardinanx na-
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b08nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPHUS.
vaient pas d'autre but 5 il voulaitque Ion assommät tuutes les betes malades et suspectes. Son avis ne fut pas gotite, uiais l'Angleterre le mit a profit.
Kanold ajanl reuni tous les renseignementa propres a se rendre cotnpte tie la marche et de la propagation du typhus, demontra avec precision quedes boeufs venus de la Pologne l'avaient Importe en Silesie, et qu'un virus etait Tunique cause de sa transmission. Le celebre Frede­rick Hoffmann, au contraire, chercha letiologie de l'epi-zootie dans des miasmes pestilentiels des paturages; il mettait la plus grande confiance dans les medicaments, dont aucun nejustifia son attente. La Prusse profita des conseils de Kanold, et, en 1717, on isola les lieux infectes par des cordons sanitaires.
En 1740, le typhus contagieux fit une deuxieme inva­sion en Europe. 11 se manifesta d'abord dans la Hongrie et en Boheme, pendant que I'armee francaise etait occupee au siege de Prague. Les mouvements de troupes que la guerre avail suscites, contribuerent beaucoup li sa pro­pagation. 11 sevit, sans disconlinuer, jusquen 1750. Le commerce de la Hollande l'introduisit de nouveau en An-gleterre. Cette derniere apparition fut tres-desastreuse pour la Belgique; de 1744 ä 1749, le typhus y sevit sans interruption et enleva presque tout le betail.
La guerre de Sept Ans le ramena en 1757. Des betes a cornes de l'Ukruine , destinees a l'approvisionnement de I'armee russe, servirent d'etincelle pour le rallumer. Jl est a remarquer que cette annee se caracterisa encore par d'autres desastres, telsque tremblernent, de terre, inon-dations , le typhus et la peste parmi I'espece humaine.
L'annee 1765 fut de nouveau fatale aux betes a cornes; le typhus persista jusquen 1781, ct, en 1769, deux boeufs
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TYPHUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;tiO!)
zelandais i'ranchirent les frontieres et infecterent les Flan-dres. l.ecat, medecin a Grand, charge de faire des reclier-ches sur les causes de lepizootie, se convainquit qu'il n'y en avail pas d'autre que la contagion. II proposa I'assom-mement, qui fut execvite avec le plus grand succes. Au mois d'aout 1774, le typhus qui avait epargne le midi de la France, se declara ä Bayonne, oil il fut apporte par des cuirs frais. La Gascogne et la Guvenne perdirent leur betail.
En 1776, le betail hollandais fut presque entiere-nient aneanli ; les Etats-Generaux voterent 80,000 flo­rins en faveur de celui qui decouvrirait un specifique propre ii triomphcr de la maladie.
Pendant cette epoque, le typhus fut observe par Sau-vages , Courtivron , Manchart, Clerc, Deiiaen, Wester-hof, etc.
Les guerres de la Repuhlique et de l'Empire, les mou-#9632;vements des allies en 1814 et 1815, furent partout accom-pagnes du typhus contagieux. La guerre de la Russie contre la Turquie , en 1827 et 18*28, le fit de nouveau eclater. Enfin, la revolution polonaise, en 1831, clötura pour TEurope occidentale la derniere invasion de cette maladie.
D'apres les donnees statistiques de Faust, la peste bo­vine a enleve en Europe , depuis sa premiere apparition jnscru'a la fin du 18* siecle, 200 millions d'individus.
Symptomatologie. — L'ensemble des symptumes pro­pres au typhus contagieux ne se rencontre jamais chez un seul individu ; c'est a peine si on les apereoit sur un troupeau entier. Le tableau symptomatoiogique d une epizootic est d'autant plus complct que le nombre des animaux malades est. plus considerable. Diverses circon-
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•'raquo;10nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TYPHDS.
stances, tellcs que les lieux, le temps, les complications, apportent aussi des modifications dans le nombre, la mar-che et la succession des pbeoomenes morbides; aussi, pour tracer une physionomie fidele du typhus, est-il ne-ccssaire de puiser aplusieurs sources, de comparer entre elles les epizooties des differentes epotjues et de diverses localites, den extraire les traits generaux, constants, et d'indiquer ensuite les nuances variees qu'offrent lesindi-vidus isoles ou les epizooties qui se sent caracterisees par l'inconstance des phenomones.
On peat diviser la Symptomatologie du typhus conta-gieux en :
1deg; Symptomes constants;
2deg; Symptomes inconstants.
De meme que dans toutes les maladies contagieuses febriles , on ramene les phenomenes du typhus a des pe-riodes qui ne sont pas liees a des durees ahsolues: elles se confondeat insensiblement les unes dans les autres, sans qu'elles soient separees par une ligne de demarca­tion bien tranchee. Ces periodes sont I'incubation, le de­but, l'augment, l'etat et le declin.
Afin de faciliter letude des nombreux symptomes qui accompagnent le typhus contagieux, on les a exposes ainsi qu'il suit, d'apres l'ordre de leur succession, dans les divers appareils et functions organiques : 1deg; habitude exterieure et sensations ; 2deg; circulation et respiration ; 3deg; digestion, et 4deg; secretions et excretions.
jrlaquo; Periode oio d'incubation.
Eile commence au moment de Imfection et s'etend jus-quacelui de la reaction febrile. Sa duree, comme I'ont constate une foule d'obscrvations et d'experiences d'ino
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TYPHUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SU
culation, est variable ; eile est ordlnairement Je six a huit jours, rarement eile depasse ce dernier lerme ; eile pent cependant ne se prolonger que de trois a quatre jours, meme ne pas depasser les vingt-quatre ou quarante-huit heures.
Cette periode secoule sans qu'il se manifeste aucun Symptome morbide saisissable a l'exterieui'.
2e Periode ou debut.
Abattement, lassitude extreme, marche chancelante, tels sent les prodromes dont la duree est de vingt-quatre beures, et souvent de quelques beures seulement. L'ap-petitse conserve, mais il est irregulier; les animaux pren-nent leurs aliments avec impatience. La soif a diminue. La rumination est lente , irreguliere, interrompue ; les betes s'arretent comme si elles reflecbissaient.
Ces avant-coureurs sont accompagnes dune toux courte, rauque, qui souvent forme l'unique Symptome auquel on reconnait l'invasion du typbus contagieux. Ce signe fait rarement defaut et il precede tousles autres de plusieurs jours. La toux parait fatiguer beaucoup les ani­maux, quelques symptömes pneumoniques marcbent de pair avec eile ; la respiration est accelerce, tantöt plus courte, tantot plus profunde. La circulation et la tempe­rature du corps n'ont encore eprouve aucune modifica­tion.
Apres ces pbenomenes precurseurs , arrivent tout a coup des frissons, des tremblements convulsifs partiels , riiorripilation. Les oreilles et les cornes sont alternative-ment froides et cbaudes; les articulations sont raides , on observe des contractions generates du corps ; la peau est seche, la sensibilite de la region lombaire est extreme.
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S12nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TYPHUS.
Les jeux sont troubles, injectes, humides de Jarmes qui secouleut sur lechanfrein. Les paupieres sont tumefiees : bientut le liquide sepaissit, melange de mucosites jaunes-verdätres qui se concretent ä l'air et adherent aux poils sous forme de croutes.
Le pouls est accelere, dur, il doune de soixante et dix ä quatre-vingts pulsations par minute chez les adultes, et cent chez les jeunes animaux. Le sang extrait dun vais-seau veineux a peu de tendance a se coaguler et ne separe presque pas de serum.
La respiration est oppressee , de temps a autre eile est entrecoupee par une loux quinteuse.
L'appetitet la rumination sontirreguliers ou ont totale-ment disparu. la deglutition est dillicile, la soif vive, la bouche chaude et päteuse.
L'abdomen est sensible, meme douloureux, teudu ; il y a constipation. La defecation ne s'execute qu'avec peine, les excrements sont durs et sees. En auscultant Tabdomen, on entend des gargouillements. Les urines sont rai-es , colorees , d'une evacuation difficile ; la secre­tion laiteuse est abolie, les marnelles sont flasques et fletries.
A plusieurs regions du corps , mais surtout au dos et aux membres, la peau se souleve, devient emphysema-teuse et crepitante.
Vers lesoir, on remarque une exacerbation de tons les symptomes.
La duree de cette periode est de deux a trois jours.
3deg; Periode, augment.
Les symptomes sont les meines que les precedents ; ils s'accroissent. L'animal est dans un etat de somnolence, se
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TYPHUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Slö
couche souvent. Les tatneurs emphysetnäteüses prennent un volume ]gt;lus considerable ; I'amaigrissement est fort et rapide; l'oeil s'enfonce clans I'orbite; les muipieuses sont ])ales, mais a leur surface rampent des vaisseaux vari-queux qui laissent echapper du sang , dont les tissus s'im-bibent sous forme d'eccbymoses, en stries ou plaques, remarquables surtout a lamuqueuse vulvaire, autour du clitoris. La pression a la region lombaire fait flecbir les animaux au point quils s'ageaouillent et se laissent tomber.
Lepouls, petit, faible, est toujours accelere. Le san^ est noiratre et ne se coagule |)as. La respiration estacceie-ree, genee, accompagnee d'un gemisseinent. Les inspira­tions sont tres-courtes, incompletes ; I'air expire est fetide.
La bouche est tapissee dun mucus epais. filant :; la langue est llasque, les dents craquent, grincent. La de­glutition est difficile, douloureuse; les animaux ne boi-vent plus et les liquides qu on leui' administre refluent par les naseaux. La constipation persiste , d'autres fois sur-vient la diarrhee.
L'appetit et la rumination out cesse. L'urine est rare, foncee etepaisse. Un liquide epais, fetide, s'ecoule par les naseaux. La duree de cette periode est de deux ä trois
jours.
4e Periode. Etat.
La maladie a atteint son summum d'intensite. L'animal se couche beaucoup, tantot sur Fun, tantöl sur lautre cote; I'empbyseme envahittout le corps. Les extremites sont froides , la prostration est exlreme. Le pouls est petit, mou, irregulier, intermittent; la respiration, oppressee, ralante, est accompagnee de violcnts mouvements des ailes du nez, de plaintes et de gemissemenls ; la bouche
s'ouvre a chaqtie inspiration. Lair expire est d'une feti-
111nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;65
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Blinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPHUS.
(lite insupportable. Les mnqueuses out une teinte livide, plombee; celle de la Louche, ramoliie, se detache par plaques.
Les flaues sont creux: les dejections, abondantes , fetides , sanguinolentes, coulent involontairement par suite du delaut d'action du sphincter anal. Les mucosites fournies par les yeux et les naseaux , sont epaisses, cen-drees, ichoreuses , corrosives.
Dans cette periode, on apercoit souvent un temps d'ar-ret pendant lecjuel il survient une amelioration apparente ; les animaux cherchent a manser. Bientot une nouvellc exacerbation met un terme ä la vie.
Desvaches pleinesavortent; toute sensibilite esteteinle, les plaintes cessent, la bete tombe et meurt du troisierne au dixicine jour.
Squot; Periode. Declin.
Quand la terminaison doit etre heureuse, le declin commence ordinaircment avant fjue la maiadie ne soil arrivee a sa periode d'etat. par une diminution graduee des symptomes, qui n'ont pas la gravite que nous avons decrite. La diairhee est moderee, un exantheme pustu-leux se manifeste sur le corps , et lorsqu'il manque , il est rem place par des squames fnrfuracees, ou par une pous­siere abondante fournie par l'epiderme qui sexfolie. La convalescence est longue , eile se prolonge souvent pen­dant plusieurs semaines.
Outre la longue serie de symptomes constants que nous venous de decrire, ilen existe d'autres qui viennentquel-quefois s'ajouter ä eux et quo I'on considere comme inconstants. Les voici:
Au debut, une exaltation qui donne a I'animal un air
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TYPHUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Hl 5
inquielet farouche, est propre ;i plusieurs epizootics de typhus contagieux , meine a un assez grand nombre d'in dividus. Les pupilles sent dilatees, les yeux sont animes, la bete hoche la tete , frappe des pieds , poosse au mur, mange avec avidite, mugit, tout annonce eu eile line agi­tation vertigineuse.
Dans la houche , il survient des aphthes, I'epithelium se detacbe et tombe par plaques plus ou moins grandes. On a remarque , lors de la derniere epizootic, a la surface de la muqueuse labiale, de petits points rouges se pre-sentant comine de petites tutneurs au toucher, et dont i'epitlieliutn s'exfoliait. La langue etait aussi tutnefiee et occasionnait des douleurs evidentes lorsqu'on l'attirait ä soi.
Les epizootics de typhus contagicux presentent en outre tine foule de differences et d'exceptions, qui compliquent singulierement le diagnostic dc cette maladie, et le rendcnt tres-diflicile si Ton n'a egard qu'aux phenomenes mor­bides.
Les individus forts, jeunes, robustes, sont le plus violemment attaques et deviennent bienlot victimes du mal sans que Ton voie sedevelopper et se succederla sei'ie de symptömes enumeree. Le caractere inllammatoire domine dans la premiere periode. Chez les betes foibles, mal nourries , U se developpe tout d'ahord une fievre typho'i'de avec adynamie. Les animaux gras, lourds, lympliatiques, sont plonges dans un etat de prostration ; tous les sens sont obtus. Quelquefois ils presentent aussi des prolapsus considerables du rectum, des bemorrhagies par l'auus et par le nez. D'autres tombent, apres quel-ques jours de maladie, comine frappcs dapoplexie; le rectum sort de l'anus et offre I'aspect d'une vessie retuplie dc sang.
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Parfois eriiiii, une bronchite sur-aigue, sous forme d'angine croupale, complique le typhus ; alors la respira­tion est difficile, bruyante, et les acces tie toux expulsent des iausses membranes.
La race k laquelle appartient le betail frappe par le typhus contagieux, apporte tie nombreuses varietes dans la jjravite, la marche et la succession des symptu-mes. La race privilegiee sous ce rapport est celle des steppes. La maladie, pour les bestiaux tic cette race, n'est pas aussi dangereuse, eile parcourt ses periodes plus lentement et avec moins tic violence; les symptömes n'offrent pas toutes ces complications cpie Ton rencontre chez le betail indigene, et, en general, la tnortalite est infiniment moindrc; quelquefois eile a ete si minime que Ion contestait ['existence du typhus, quoique les signes diagnostiques ne fussent point equivoques. La receptivite par la contagion est egalement moindre; on a vu des bestiaux de la race des steppes exposes a I'infection, ne pas contracter le typhus contagieux, tandis que le betail indigene perissait en masse.
Lorsque le typhus contagieux se declare parmi les bes­tiaux dun troupeauen marche, ii peut sevir pendant des semaines, des mois, et n'y occasionner que ties pertes in-signifiantes, et s'ils communiquent avec des individus de l'espece bovine ties pays qu'ils traversent, ils les infecient pour ainsi dire tons.
Caracteres anatomiqnes. — Les lesions que Ton ren­contre dans les cadavres se bornent au sariquot; el a la mu-queuse gastro-intestinale. Toutes les autres anomalies n'etant f(ue la consequence tie ces lesions, nous les passe-rons sous silence.
La caillette est habituellement vide d'aliments; sa mu
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TYPHUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;17
ciueuse est recouverte d'une couche de mucosites vis-queuses, rouges, giises, Yort-brunAtres ; en enlevant cette couche parle lavage, la membrane parait lumefiee, fovle-ment injectee par plaques ; la nuance varie du rouge-euivre au rouge-noir. Au centre de ce reservoir, le tissu cellulaire sous-muqueux est infillre ; cette infiltration se prolonge vers 1c pylore et eu retrecit I'ouverture. La rou-geur depend de l'injection des capillaires, des nombreuses ecchymoses el de i'exhibltion da sang epanche. Cette rougeur disparait par la compression, ce qui I'a fait con-siderer comme due ii une hyperhemie passive et non a rinilannnation. La muqueuse offre , en outre , de petites tumeurs proeminentes, entourees d'un reseau vasculairej la plupart sont depouiliees d'epithelium et ulcerees. D'au-tres tumeurs plus volumineuses font egalement saillie au-dessus de la muqueuse ; elles sont molles au toucher : lepithelium se roinpt a la surface et elles paraissent irra-diees; elles sont dues ä du sang granuleux epanche, tan-dis que les premieres out leur siege dans ies cryptes mu-queux.
La nature des lesions du duodenum est identique ; le tissu cellulaire sous-muqueux est infiltre , l'injection ca-pillaire, arboiescente ; entre les ramuscules,onrenaarque une infinite de petites ecchymoses, donnant a 1'ensemble 1 quot;aspect dun arbre charge de fruits et prive de feuilles. Dans quelques cas , cette rougeur se prolonge jusquau jejunum, et alors les villosites de ce dernier intestin sont couvertes d'une matiere noire, semblable ä de la pous­siere de charbon , s enlevant avec facilite, colorant les doigts, insoluble dans lean, et sernblant n'elre que de la matiere colorante du sang. Le jejunum, contenant un liquide brunatre ct fetide, cstaussi iujecle etpresente Tin-
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tilSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPHUS,
filtration du tissu cellulaire sous-mnqueux, aiasi que des tameurs plus ou muins vulumineuses analogues ä celles de restomac el ofFrant une surface ulceiee ; quelques-unes sont recouvertes de croütes, un reseaa vasculaire les en-toure toutes. Les glandes de Payer sont infiltrees et tume-fiees; elles proeminent au-dessus de la muqueuse et s'ul-eereut. L'oedeme sous-muqueux est plus proaonce u rileuui.
Les gros inlestins presentent une injection vive, slriee ou marbree, qui gagne en intensite et en etendue ä me-sure que Ton approche du rectum.
Les ganglions mesenteriques, tumefies, lardaces, grisä-tres ä leur circonference, sont noiratres ou dun rouge sale aucentre. La rate est ramollie, Qasque, et contientun sang fluide.
Les modifications que le sang eprouve pendant la vie se retrouvent sur les cadavres dans le caillot, qui ressemble plutüt a une bouillie ; le cruor granuleux semble predomi-ner ; il contient un serum abundant, qui s'ecbappe par la pression et non spontanement.
Causes et origtne. — Les quot;temps ou on attribuait le typhus contagieux a des cometes, des eclipses, etc., sont passes. On ne croit plus que cette terrible maladie prenne naissance par des exlialaisons toxiques, qui s'eievent des sources minerales et qui, en se precipitant sur les patu-rages, empoisonnenl les aliments. On a aussi fait justice de I opinion qui faisait deriver la contagion de l'Asie et de celie qui attribuait la naissance de la maladie a certains vers et insectes,
Halles avail deja oppose a Louies cesidees non fondees, que le Loeuf sorli en 1711 de la Hongrie, el f{ui avail
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TYPHUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 819
communique ie typhus contagieux ä Padoue, est toutaussi celebreque le vaisseau qui a transportela peste du Levant
a Marseille.
Quelque divergentes que fussent autrefois les opinions surl'origine du tj'plius contagieux, il est presque eenera-lement admis aujourd'hui f[ue quand il se montre parmi nos bestiaux indigenes, il leur a ete' communique par contagion. Parmi las veterinaires modernes qui pensent que cette redoutable maladie peut se developper sponta-nement sous l'infiuence d'un concours de causes qui agis-sent simultanement et cpi appartietment a celles qui la suscitent dans les boeufs liongrois, on compte Rodet, Ilurtrel d'Arboval et M. Delafond. Parmi ces causes on cite lair vicie, les emanations putrides, la mauvaise nour-riture, lair froid et humide, les marches forcees pendant lesquelles la rumination ne peut se faire d'une maniere complete, I'entassement dans les etables, les bivacs, i'effroi, la craintequi attaque Ie betail qui suit les armees, soit par Ie bruit des armes a feu, soit par celui inseparable d'une armee en march?.
On ne peut meconnaitre que le typhus contagieux ap-parait sous l'infiuence de circonstances malheureuses qui sont la suite de grands mouvements de troupes, et que plusieurs pays qui ont ete le theatre de la guerre en out ete ravages; mais il est a remarquer que le typhus conta­gieux a seulement pris naissance parmi les betes a cornes de certains pays, et que chaque fois qu'il a sevi parmi d'autre betail , il lui a ete transmis par contagion : que celui-ci, d'apres Adoni, a ete empoison ne par un seul et meme element letliilere (virus).
Toutes les causes que nous venons d'enumerer sont loin d'etre innocentes : el les determinent des affections tres-
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120nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TYPHUS.
graves avcc lesquelles ie typhus contagieux a bien soü-vent ete confondu: mais il ne s'est montre dans nos con-ti-ees qu'a de longs intervalles, et toujours pendant les guerres qui ont opei-e un grand deplacement dhommes et d'animaux, venant du nord ou du nord-est de 1'Eu-rope.
Hurtrel d'Arboval pense que le typhus contagieux peut naitre spontanement dans toutes les contrees, lorsque les betes a comes sont exposees aux causes capables de le produire. Suivant lui, il nyn qu'une espece de typhus et il considere le typhus contagieux comme identique avec le typhus charbonneux. 11 s'efforce de prouver que ce ne sont que des gastro-ententes. 11 invoque le regime irra-tionnel auquel sont soumis les bestiaux dans les Pyrenees orientales, et il termine en disant qu'il n'est pas etonnant que le typhus contagieux y exerce quelquefois ses ra­vages.
Si la maladie qui attaque les bestiaux des Pyrenees orientales etait rcellement le typhus contagieux, ses desas-tres ne se borneraient pas aux lieux otielle a pris naissance. eile s irradierait sur les autres departements de la Prance et en Espagne. Aucun fait n'a demontre qu'il enfüt ainsi.
Rodet decrit un typhus epizootique qu'il a observe au .siege de Dantzig, et il en cite un autre qui sevissait en 1810aux environs de Madrid. ML Delafond s'appuie sur ces exemples pour prouver le developpement spontane du typhus contagieux. Les circonstances malheureuses aux-quelles les animaux etaiejit assujettis expliqueat la nais­sance d'allections typlio'kles, mais sans qu'elles fussent accompagnees de cctte contagion rapide qui a plonge plu-sicurs fois I'Europe dans le deuil et la desolation. En Espagne on ne lui opposait, dit Rodet, que des prieres et
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TYPftüS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 521
des amulettes ; la contagion ne se serait certainetnent pas arretee devant ces moyens.
Au siccle dernier, plusiears medecins et veterinaires pensaient aussi que le typhus contagieux n'etait pas du ä un virus exotique. Quelques-uns d entre eux se livrerent a des experiences tendant ä prouver leur opinion. Adoni etait du nombre 5 il soumit a la fermentation putride ä une douce temperature, du sang de boeuf; il placa le vase contenant ce sang pres d'nn veau renferme dans une etable. L'animal contracta le typhus et le transmit a un autre veau que Ton avait place dans le meine local. Ce resnltat autorisa Adoni ä croire son opinion fondee: mais il ne tarda pas a douter de la justesse de ses conclusions, car il acquit la certitude qu'au moment meme de son experience, le typhus sevissait dans la localite oü eile avait ete faite, oil deja le veau avait pris le germe, oü le sang fourni par un boucher provenait d'un boeuf infecte.
Les resultats ulterieurs dAdoni le firent revenir a I'idee generalement admise de Torigine exotique du typhus.
Les auteurs francais et italiens admettent assez sjenera-lement que le typhus est enzootique en Hongrie, qu'il s'echappe des lieux 011 il prend naissance, se repand sur les contrees voisines, et que, de proche en proche, il peut envahir I'Europe entiere.
Iluzard observe neanmoins qu'il est singulier que la maladie n'existe pas en Hongrie 5 d apres des renseigne-raents donnes par des officiers autrichiens, tres-verses dans 1 economie rurale, il parait, ajoute-t-il, que ce sont les fatigues des routes, les mauvaises nourritures, les intemperies de l'atmosphere qui occasionnent le typhus contagieux.
Rodet afHrme que le typhus ne regne ni sporadi-
Hlnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; G6
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quement ni enzootiquement tlans la Hongrie et l'Alle-rnagne. il a pris des renseignements sur les lieux, et si des epizootics enlcvent cpielquefois beaueoup de bestiaux en Hongrie, ce sent ties epizootics cbarbonneases.
M. Bernard, qui a sonmis ces diverses opinions a une serieuse critique, les resume en disant : que le typhus est une maladie etrangere, non enzootique ni epizootique dans noire pays; queiley est seulement contagieuse, mais d'unc contagion propre et tellement differente de eeih-laquo;{tie Yon observe quelquefois dans nos maladies epizooti-ques, que ce caractere seul, independammeut de son ori-gine, aurait du suffire pour la distinguer de toutes cclles auxquellcs on a voulula comparer.
La geographic physique des steppes , les inunda­tions, etc., peuvent etre considerees comme causes occa-sionnelles par les miasmes qui s'en degagent par la cha-leur; mais comme le typhus est loin d'y sevir tous les .'ins, qu'il ne parait meme qu ä de rares intervalles, on doit supposer qvie des influences du sol et de l'atmosphere se reunissent pour etablir une constitution epizootique toute specialc, qui donne naissauce aux grandes epizootics tvphoides,
Avec la predisposition existante, il n'est pas necessaire d'invoquer ces causes, de supposer que le typhus doive infailliblement prendre naissance danslapatrie dubetail. Letiologie qu'invcquent les partisans du developpement spontane dans les autres races, determine de preference, quand eile agit sur le betail des steppes, cette maladic plutot que toute autre, et les faits demontrent qu'il en est ainsi, que e'est pendant les guerres auxquelles les puis­sances du Nord prennent partqu ellese developped'abord, parce quo leur betail d approvisionnement est entiere-
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meal compose de eclte race. Elle elait attaquee par le typhus tandis que la maladie ne sevissait pas dans les steppes. Vainement on chercherait d'autres exemples au dehors de ces emigrations d'Iiommes et d'animaux du nord au midi; par letir contact avec les betes ;i eorncs d'autres pays, celles des steppes leur communiquent la maladie, cpii devient d'autaut plus meurtriere qu'ellc s'eloigne plus de cetle race.
Propriätcs da virus. — 11 determine le typhus et en est le produit lorsque la maladie est developpee. On admet qu'il commence a etre secrete vers la fin de la periode du debut, quand on apereoit le larmoiement, le flux nasal, etc., et des ce moment il ne cesse d'augmenter en quantite et en intensite.
Kanscb dit que le virus se reproduit apres le premier phenomeue d'borripilation , que les animaux qui 1'ont eprouvepeuventdeja en infecter d'autres, alorsque I'ap-petit persiste encore et qu ils paraissent jouir de toutes leurs facultes. Jessen fait ä ce sujet une observation fort juste, e'est qu'un animal qui s'est trouve dans un foyer d'infection , peut aussi bien etre porteur du miasme que les objels inanimes auxquels celui-ci adhere accidentel-lement, et agir comme ces derniers sur des betes saines , avant qu'un travail organique ne le regenere.
Le virus se degage d'abord sous forme miasmatique . par la perspiration cutanee et pulmonaire, le gaz du sang lui sert egalement de vehicule. 11 se forme au pourtour dc la bele malade une atmosphere contagieuse dont eile est le centre ou le foyer, et qui parait se borner a un iayon assez retreci. Toutes les matieres excretees , tons les solides et les liquides organiques posscdent la meme propriete, et deviennent le centre d'un foyer qui nc jouit
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pas d'une plus giancle etendue. II esl plus actif dans un espace confine qua lair libre.
Les debris cadaveriques conservent encore le pouvoir de transmettre, pendant un certain temps, le typhus con-tagieux a des animaux sains; tels sont la viande , les cuirs crus , le suif brut, les comes.
Les choses inanimees avec lesquelles ces objets ou les malades eux-memes out ele en contact, ne sont pas moins douees de la funeste propriete de se transformer en foyer d'infection. Ainsi les eaux dans lesquelles ont trempe la viande et les peaux, la paille qui a servi de liliere aux malades , les fcmrrages ou les boissons impre-gnees de leurs emanations, les ustensiles qui ont ete ä leur usage, les locaux ou ils ont ete renfermes ne sont pas moins a redouter pour la contagiosite. L'exantheme cu-tane , la poussiere furfuracee des betes convalescentes.raquo; sont aussi virulentes. Les liommes , les animaux domesti-ques , peuvent transporter le miasme contagieux d'une elable ä lautre.
Les voies ouvertcs a la contagion sont principalement celles de la respiration. Vicq-d'Azir y ajoute les voies digestives, mais les experiences de Camper et de Cour-tivron demontrcnt le contraire.
La peau recouverte de poils nVbsorbe pas le miasme ; le virus ne produit ses effets que sur les parties de la surface cutanee depourvues de poils ou depiderme. L'air renouvele agissant sur la matiere virulente la rend inerte; exposee aux rayons solaires , Adoni la trouva inactive au bout de deux jours.Les tentatives d'inocula-tion de Franck demeurerent steriles avec un virus re-ciieilli sur one etoffe en lainc et soumis pendant quatre ä six jours a lair [ihre. La chaleur, l'eau bouillante, le
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chlore , produisent iastaatanement cet cffet neutralisant.
].e temps que le virus conserve sa force n'est pas de-lermine; ä l'abri de l'air, de la clialeur et de la lumiere, entre deux plaques de verre, il jouissait encore de toutes ses proprietes au bout de six mois.
Vicq-d'Azir inocula avec succes au moyen de la chair musculaire prise sur des cadavres enfouis depuis plus de tx'ois mois. Ce fait est de la plus haute importance ; il explique la reapparition du typhus dans les contrees ou il avait sevi anterieurement, par le virus qui imprcgne les fumiers et qui, par les labours , revient a la surface de la terre.
Le virus n'a d'action que sur le boeuf domestique , ii est sans effet sur les autres animaux domestiques et sur I'homme.
Toutes les betes bovines , sans distinction d age, da sexe, de constitution, de regime, en ressentent la funeste influence. Le miasme est si subtil et si penetrant qu'aucun gecme virulent ne lui est comparable sous ce rapport. Ni le climat, ni la temperature, ni les saisons , ni la consti­tution atmospherique ne lui impriment aucune modi­fication.
Les animaux qui ont echappe au typhus ne le contrac-tent plus une seconde fois dans le cours de leur vie. Les veaux des vaches qui ont eu le typhus sont constamment afiectes de la maladie d'une maniere benigne, et cetle benignite s'etend mome jusqua la deuxieme generation. Therapeutique. — Plus les methodes curatives tcntees centre le typhus sont nombreuses , variees et disparates, plus le total des medicaments et des specifiques est con­siderable, moins ils inspirent de confiance. Depuis la pre­miere invasion du typhus, un grand nombre de mede-
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826nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TVPIIL'S.
eins . pnrmi losquels dos homines celebres , out experi-mente, etil nest peut-otre ])as de combiuaisons curatives qui n'aient ete faites. Toutes peuvent se rapporter a trois chefs principaux:
1deg; Les traitements empiriques fails au hasard ;
2quot; Les traitements pour couabattre les symptumes;
3U Les traitements dits methodiques ou rationnels, qui ont varie avec les doctrines mudicaies existantes.
Tons ont ecboue; aucun agent, aucone doctrine n'a le pouvoir de lutter contre la variete d'accidents et de complications que presente 1c typhus et de les neutra-liser. Tons les efforts des medecins et des veterinaires pendant un siecle entier n'onl eu aucun succes. Les eva-cuants , les toniques , les antiseptiques , les antispasmodi-ques , les antiphlogistiques , les diaphoretiques, etc., ont tour ä tour eteessayes ; on n'a pas meme recule devant la transfusion.
Au commencement de cc siecle Pessina a preconise I'hydrochlorate acide de fer, plusieurs autres font aussi employe, mais il ne reussissait que sur le betail originaire des steppes. Le chlore et les lotions cblorurees paraissent avoir reussien 1829 a Wagnes en Gailicie. Enfin 1'hydro-sudopatbie a egalement ete employee en Uongrie, dit-on, avec succes.
Avant d'entreprendre le traitement du typhus conta-gleux , il est une condition que Ion ne doit point perdrc de vue, et a laquelle toute la medication est subordonnee. Si, par des mesurcs de police sanitaire, on peut encore par-venir a ctouffer le mal, il faut que tout traitement soil sevcreinent prohibe, il ne pourrait servir qua faire pro? pager la maladie , a prolongersa duree , a augmenler les frais et les pertes; lorsqu'elle estgenerale et que par con-
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sequent ces circonstances ne sonl plus a craindre , alors seulemeut J'adrainistration des secours medicaux pout etre toleree.
Le plan Iherapeutique f[ae Ton conseille et qui estbase sur les indications est le suivant:
La methode antipiilogistique pendant la premiere pe-riode, lorsquc rerethisme est predominant; on combat la phlegmasie des muqueuses et on oxyde la masse sanguine par l'emploi des acides vegetaux combines aux emol­lients 5 on y ajoLito encore les sels neutres , et surtout le tartre stibie , afin de vider les reservoirs gastriques et le tube intestinal. Les saignees ne seront faites quo si le caractere de la maladie est franchement inilammatoire , ct encore seront-elles rares et petites. On a remarque quc le plus souvent elles ne servaient qu'a exaltcr les symp-tömes cerebraux.
On aura toujours presente ä l'esprit la grande tendance du typhus aradynamie,et Tonne tardera pas aremplacerles moyens precedents par des agents pliarmacologiques pro­pres a reveiller le Systeme nerveux , et qui en meme temps soient aptes a provoquer la diapliorese et a opererle travail d elimination. Les infusions aromatiques avec le camphrc, les ammoniacaux sont indiques dans ce but. Les douches d'eau froidesont encore un puissant excitant de la peau ; elles paraissent aussi modifier la forte tendance du sang ä sa decomposition; mais il faut avoir soin d'essuyer et de frotter la peau immediatement apres, jusqu'a ce qu'elle seit seche, et de la couvrir ensuite. Si les malades cher-chent a se lecher, a se frotter, c'cst un signe que lexan-therac cutane est imminent; dans ce cas les bains chauds et les couvertures doivent remplacer les douches d'eau froide. On cberche a modifier la diarrhee sans I'arreter
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brusqaement,car dans ce dernier cas on a ton jours acrain-dre one tympanite mortelle ; on administre les decoctions de tetes de pavot et les aromatiques en infusion epaissie avec de i'amidon ou de la farine de froment, et en cas d'insufUsance les decoctions d'ecorce de chcne et de saule.
Les acides mineraux et surtout Tacide sulfurique seronl ajoutesaux boissons jusqu'au degre dagreable acidite.
Le regime liygienique avant l'invasion du typhus et pendant la convalescence n'est pas moins important. Les paturajyes en ele , les etables d une temperature modere'e en biver, sont le sejour le plus convenable. La nourriture sera legere, de facile digestion et Ton nc menagera pas le sei. On aide les betes convalescentes a se debarras-ser des ereiltes et de la poussiere qui leur occasionne des demangeaisons, par des bouebonnements et des sa-vonnees.
Police sanitaire. — En presence de cette maladie aussi contagieuse que meurtriere, e'est dans les mesures de police sanitaire que Ion doit ebereber les moyens propres a en arreter la propagation et a la borner en quelquesorte dans lendroit oü eile a pris naissance. 11 elait necessaire de se convaincre de lorigine exotique du typhus conta-gieux pour atteindre ce but; toutes les mesures de police sanitaire reposent entierement sur ce fait 5 on sait que des causes generales, quelles qu'elles soient, ne peuvent I'en-gendrer panui le betail indigene.
Le typhus contagieux, avons-nous dit, est originaire des steppes du sud-ouest de 1'Europe; quand il s'en echappe, il suit une marche geographique et s'avance re-gulierement vers les auti-es contrees europeennes. Les causes qui I'y introduisent sont les guerres et le com­merce.
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Dans toutes les guerres auxquelles les puissances tlu Nord prcnnent part, le typhus contagieux est le compa-gnon inseparable de leurs armees ; letirs pares d'approvi-sionnement etant exclusivement fournis de bestiaux des steppes, toutes les causes epie nous avons enumerees ne tardent pas a rallumer , et de ce foyer, il se transmet aux betes a cornes des contrees que les armees traversent en y sejournant.
Le commerce est une voie extremement difficile en temps de paix pour feire sortir le typhus de sa patrie primitive et le repandre sur le restant de {'Europe.
Au siecle dernier il se faisait une grande exportation de bestiaux ; les steppes approvisionnaient non-seulement la Prasse et rAutriche5mais encore 1 Italic qui en recevait annuellement plusieurs milliers de tetes. Aujourdliui il n'en vient plus en Italic, le marchede la Prusse et de l'Au-triche se restreint de jour en jour. Instruites par I'expe-rience et redoutant les desastres qui accompagnent I'ex-plosion de la peste bovine, ces deux puissances, dont les frontieres touchent aux contrees oü la race des steppes est indigene , out etabli sur quelques points des lazarets per-manents , sur lesqnels doivent se diriger les conducteurs avec leurs troupeaux afin d'y purger une quarantaine. Us sont obliges , en outre, de se munir d'une patente de sante. Les peaux, le suif, les cornes ne sont admis a Ten-tree que sous certaincs conditions, et lorsyue le typhus sevit, ces matieres sont enticrement proiiibees. Ces sages mesures offrent une puissante garantie pour tenir, dans les temps ordinaires , le typhus eloigne de nos frontieres.
Deux voies sont ouvertes au typlius contagieux : les
frontieres ct les ports de mer.
Dans le premier cas, il nous arrive dc la Hollande, de innbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;67
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la France ou de la Prusse 5 dans le second , le pays de provenance esl indeternnne, mais son enlree a lieu par un port de mer. II traverse la frontiere par le commerce des bcstiaux , les aliments pris dans ies pays infecles, les voyageurs, les marchands de bestiaux, les contrebandiers, les vagabonds qui passent et repassent les frontieres. Par mer, ce sont des cargaisons infectees qui nous I'apportent.
Aussitot quele typlms sevit dans un des pays que nous Tenons de citer, on doit renforcer la douane par la troupe de ligne et etablir un cordon sanitaire afin d'empecher que les arretes, conceinant la police des frontieres, ne soient eludes ou violes. II faut encore que , dans le pays meme, tout soil dispose de maniere a se rendre prompte-ment maitre de la contagion, si, malgre toutes les precau­tions, eile venait ä s'y iutroduire. Les mesures les plus convenables a cet effet sont :
1deg; Le recensement des bestiaux dans un certain rayon de la frontiere et linterdiction complete de les vendre pour etre transportes en dehors de ce rayon.
2deg; L'estimation de leur valeur individuelle, pour que, en cas de pertes, les proprietaires puissent rccevoir une indemnite equitable.
3deg; La distribution d un memoire mis a la portee du pu­blic, faisant connaitre la nature de l'epizootie, sa redou-table contagion et les moyens par lesquels on parvient ä en garantir les bestiaux.
Lorsque le typhus francbit la frontiere , la premiere mesure a prendre par lautorite consiste ä faire cerner la ferme ou le village ou il a fait son apparition, par un cor­don sanitaire ; a faire assommer toutes les betes malades ou suspectes; a proceder a l'enfouissement des cadavres apres en avoir taillade la peaupour empecber la cupidite
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de certaines personnes de lesdeterrer el de les ecorcber; et ä operer la desinfection de tout ce que Ton pcut supposer receler le germe morbide. Si la maladie se propage sur une plus vaste echelle, ce qui a lieu lorsque ees premieres mesures ont cte negligees ou quelle s'est propagee par suite d'une invasion etrangere, alors il n'est plus aucun bien a attendre de 1 assommement, on doit y renoncer ; mieux vaut, dans ce cas, soumettre les animaux a un traitement.
Les metbodes curatives incertaines, nullement satisfai-santes, les rapports que Ton croyait trouver entre le ty­phus contagieux et la variole de rhomme, la remarque constante que les betes recbappees perdaient toute recep-tivite contagiease, les lieureux resultals de L'mocolattou variolique suggererent I'idee d'appliquer cette pratique au typhus. L'inoculation fi.it mise en usalt;je dans plusieurs pays avec des resultats dilFerents. En general, les succes ne repondirent pas aux esperances des experimcnta-leurs.
On rcmarqua , en Hullande, que Finoculation etait avantageuse quand eile etait pratiquee sur des veaüx nes des vacbes recbappees j ceux-ci contractent un typhus tellement benin, qu'il en succombe a peine un sur cent.
Pendant l'epizootie de 1829, on inocula, en Gallicie, avec du virus cullive ; ce procede a ete lieureux, mais on ne pent, jusqu'a present, en tirer des consequences appli-cables aux bestiaux indigenes, car les sujets de l'expe-rienceetaient de la race des steppes.
Cette pratique reussitle mieux, parait-il, sur les veaux des vacbes recbappees et sur les jeunes betes au-des-sous de deux ans ; eile provoque des affections graves sur les vacbes pleines, les bestiaux a l'engrais et ceux
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qui sont maladiis. On recueilla los matieres ä inoculer sur les animaux qui presentent les sgt;rmptumes les moins graves ; les mucosites decoulant ties naseaux sont prefe-rablcs.
En Ilullande , on inoculait au moyen de fils de colon trempes dans le liquide indique, que Ion passait a la fesse sous forme de setons. En AUemagfne, on introduisait sous la peau, pros de la colonne vertebrale, une etoupade im-pregnee de virus. En France, en 1815, Giraid et Dupuy inoculerent au moven de la lancette.
Le typhus cuntagieuA. est exclusif au genre boeufj ni la cohabitation, ni les inoculations accidentelles ou expe-rimentales n'ont determine la maladie chez des individus d'une autre espece, soit liomme, suit animal. Ni le lait, ni le beurre, ni le frümage,ni la chair tant fraicbe que salee provenant danimaux tyj^hojdes, neproduisentaucun effet nuisible sur ceux qvd en font usage. Tant dans les epi­zootics du siecle dernier que dans cellc plus recente de 1815, on a consomme une enorme quantite de cettc viande et Ton n'a eu aucun mallieur a deplorer. On ne peut cependant en autoriser I'usage, car eile recele le germe de la contagion et ie commerce de ces debris de-viendrait un moyen tres-actif de propagation. La meme observation est applicable an suif. On doit neanmoins ajouter que, pour tolercr lemploi de ces matieres, la ma­ladie ne doit pas avoir depasse la periode de debut. Les peaux sont egalement virulentes ; le typhus sevissant sur une petite echelle, il est preferable d'enfouir les cadavres avec les cuirs ; mais lorsqu'il regne sur une erande eten-duc du pays, la perte de ce produit deviendrait consi­derable. On levite en les desinfectant avec les chlorures alcalins , ou bicn en les exposant a leur vapeur,
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N'ayanl jamais ete a meine d'observer le typhus conla-gleux dugros betail, tout ce que nous venons de rapporter sur cette maladie cst extrait des notes recueillies au cours de maladies epizootiques, professe par M. Verheyen , directeur de 1'Ecole veterinaire.
TYPHUS CHARBOiNNEUX.—Le typhus cliarbonneux est une maladie generate, febrile, se caracterisant par la perte subite et a un baut degre dc la vitalite du sang , qui se transforme en un fluide noir et boueux. Cette maladie differe essentiellement du typhus contagieux des betes a grosses comes, d'apres Gelle : 1deg; par la nature moins volatile de son virus; 2deg; par 1'apparition, dans le plus grand nombre de cas , de bubons on tumeurs dites char-bonneuses; 3U parce quelle peutse propager ä des ani-maux d'especes diflerentes et meme a l'homme , et 4deg; qu'enfin eile se manifeste sous trois formes ou etats differents.
Le memoire sur la typhohemie publie par M. Roche-Lubin, que nous avons rapporte Jans cot ouvrage , nous dispensera de traiter du typhus cliarbonneux chez tous les animaux domestiques 5 il ne sera done question dans cet article, que de cette maladie chez le boeuf.
La premiere variete, designee par Chabert sous les noras Ae fievre charbonueuso . charbou Interieur^ typhus charbonneux, etc., s'observe de preference sur les jeunes animaux, comme les genisses , les veaux , et encore sur les bestiaux plus ou moius sanguins , vifs , gras et ayant a peine atteint läge adulte. Elle attaque raremeut les bocufs ages et uses par le travail, chez lesquels, sous l'cmpire des memes causes , e'est le cbarbon essentiel qui se declare.
Cette affection cst qnelquefois precedee de symplomes
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5öinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPHUS.
prodromiqucs qui consistent dans la raidcur du tronc , un spasme general, rinsensibilite de l'epine dorsale , la secheresse et l'aridite de la peau; une toux seche et rare se fait parfois entendre et la digestion est plus ou nioins troublee. Get etat precurseur dure environ vingt-quatre a trente-six heures , parfois il est'inappreciable; I'anitnal refuse tout ä coup les aliments, cesse de ruminer; il porle la tete basse, tout son etre exprime une attaque profonde des forces de la vie, le trouble des fonctions est general et subit, avec exasperation anxieuse, ou stupeur et prostration des forces. Une fievre intense se declare, le pouls est petit, concentre , dur et accelere , il donne de soixanle a soixante et dix pulsations par minute dans le plus grand nombre d'aniraaux atteints; Gelle a quelque-fois observe des anomalies frappantes dans son etat , il I'a trouve oscillant, tremblant dans certains aniraaux , dans d'autres deprime , lent, ou, cbose plus etonnante, ayant conserve son rbythme normal. La respiration n'eprouve pas moins de troubles et de desordres ; eile est genee, precipitee, suspirieuse et rälante. Les battements du coeur sent tumultueux et irreguliers ; I'animal tombe comme frappe dune apoplexie foudroyante, il est aneanti et sein-blerait totalement paralyse, si quelques mouvements con-vulsifs ne precedaient la mort, qui survient souvent en six, douze ou vingt-quatre heures. Moussy a vu la fievre cbarbonneuse faire perir si subitement les animaux , que la foudre n'eut pas rompules liens de leur existence avec plus de rapidite. M. Petry, dans un rapport adresse ä M. le gouverneur de la province de Liege, dit que le typhus charbonneux qu'il fut charge d observer dans les environs dc Ilerve , se montre tantöt sous forme apoplec-tique , foudioyant I'animal en apparence le plus sain, au
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moment oü un s'y attend le moins; d'autres fois moins rapide, mais instantane, il accorde aux animaux quelques heures de vie, rarement quelques jours. La maladie se prolonge cependant quelquefois deux ou trois jours ; alors les symplomes sont moins i-apides, la bouciie est brü-lante, riialeine fetide , les excrements sont rares, les muqueuses plus ou moins injectees et parsemees de taclies violettes et pourprees ; on observe quelquefois des empbyscmes du tissu cellulaire sous-cutane, aux regions de rencolure et des lombes. La paralysie est presque constaute alors, du moins le malade se leveavec difiiculte, il est insensible aux coups , les objets exterieurs ne font ancun eflet sur ses sens; le pouls devient petit, irregu-lier, inappreciable, la fievre olfre des remittences et des acces spasniodiques; le corps est froid , il survient une diarrbee fetide , le malade se plaint, s'agite et meurt.
La scconde varieledu. typhus cbarbonneux, dite syvip-tomatique, a pour caractere essentiel de se manifester subitement par un etat febrile general, continu et qui est promptetnent suivi del'apparition de tumeurs sanguines , oedemateuses a leur circonference ou entourees d'infiltra­tions , dempbysemes qui passent rapidement a la gan­grene. Ces tumeurs critiques sont necessairement une suite, un eflet de l'efibrt conservaleur qui tend ä eliminer de reconomie Ibumcur morbifique qui doit aneantir la vie.
Dans le plus grand nombre de cas , le charbon srjmpto-matique semontre subitement et sans prodromes 5 cepen­dant, dans quelques epizootics, la maladie s'annonce par le herissement et la secberesse des polls , l'adberence de la peau qui craque sous les doigts lorsquon veut la deta­cher ; par une toux seche et rare et la diminution de la
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secretion du lait dans les vachcs. Cot etat dme dc quatre a six uu sept jours.
Au commencement on observe tout a coup un abatte-ment marque, des frissons vagues; le mufle, les oreilles , les comes sont alternativement troides et chaudes, la peau cst aride, les polls herisses, lepine du dos tres-sensible ; l'appetit et la rumination sont suspendus, les excrements durs et enveloppes de mucosites cbez quelques animaux: il y a constipation cbcz d'autrcs , et raremcnt les dejections ah'ines sont a I'etat normal 3 souvent les urines sont crues. La secretion du lait se tarit rapidement et les mamelles se fletrissent. line fievre generale ct continue se manifeste, le malade est dans un etat de prostration subite des forces , avec stupeur taciturne cbez certains animaux , ou agitation anxieuse cliez d'autrcs. On observe chez quelques boeufs un tremblement general, un abaissement de la temperature du corps, qui est en raison egale de l'inten-site de la fievre qui brüle et devore interieurement le maladc. Le pouls est presque toujours petit, accelere , concentre ; les battements du coeur sont tumultueux et plus on moins percevables. Apres vingt-quatre ou qua-rante-huit heures de cetetat de reaction generale, on voit paraitre des tumeurs cliarbonneuses aux aines , aux ars , surle tborax , le garrot, I'abdomen, qui setendent rapi­dement sur les parties environnantes, augmentent dc volume et envabissent les ganglions lympbatiques voi-sins , ou prennent quelquefois leur origine aces ganglions 3 elles sont entourees d un engorgement oedemateux , san-guin , cmpbysemateux , crepitant sur ses bords , souvent douloureux et brülant, d autres fois insensible , froid et passant rapidement a la gangrene. Labouche distille sou­vent une salive abondante et parfuis fetide, avec froissc-
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ment des dents ; la muqucLise qui tapisse cette cavite est, ainsi que la nasale et las conjonctives, rouge, un pen epaissie, etdans certains cas graves, de couleurviolacee, et meme ulceree. Chez quelquesbestiaux, les tumeurs char-bonneuses se manifestent d'abord a un boulet anterieur ou posterieur, causant une claudication douloureuse; elles remontent ensuite avec promptitude tout le long du membre , envahissent soit le thorax ou I'encolure, soit la cuisse, la croupe, rabdomen ou le dos,suivant I'extreniite sur laquelle elles se manifestent. Ces engorgements , ces tumeurs qui segangrenent avec rapidite, presententquel-quefois ä leur sommet une petite ampoule qui se rompt, s'ulcere, dou decouie un liquide sereux, jaunatre, san-guinolent, fetide, qui corrode la peau et devient le point de depart de la gangrene. Un trouble inexprimabie de la circulation , de la respiration et de I'mnervation, accom-pagned'un afFaissement, d'une prostration qui va jusqu'a I'aneantissement, annonce la morl qui survient ordinaire-ment du troisieme au sixieme jour et quelquefois en vingt-quatre heures, surtout dans le principe des epizootics.
Si la maladie tend vers une terminaison luneste, le pouls est excessivement petit, concentre, intermittent, presque efFace ; dans ce cas, Fair expire est souvent fetide, et la transpiration cutanee exhale une odeur cada-vereuse; on voit en outre disparaitre et reparaitre alter-nativement les tumeurs cbarbonneuses. Si la mort est prochaine, une bavc ecumeuse, sanguinolente, infecte, un flux nasal de meme nature coulent de la beuche et des narines dont la muqucuse est ulceree et de couleur rouge-noire. Cessignes d'une decomposition generale sontsuivis, apres la mort, du prompt ballonnement du cadavre, dont la putrefaction est presque subite.
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:J38nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;typhus.
La troisieme varicic'ou charbon essentwl est, comnie Is fievre charbonneuse et !e charbon symptomatique , com­mune a tous les animaux domestiques : eile difiere tie ce dernier en ceque l'apparition des tumeurs cliarbonneuses, des bubons , des pustules malignes qui la caracterisent. precede de quelques instants la manifestation de la reaction senerale ou fievre. Sa marche n'est pas moins
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rapide qne ceilc des deux varietes precedentes , car sou-vent eile lue I'animal qui en est atteint, en dix-buit ou vingt-quatre beures.
Ainsi que dans le plus grand nombre des autres affeo lions typhoides, la maladie s'annoDce communement quelquesjours d'avance par le herissement des puils, la secberesse et radlierence de la peau, qui fait entendre une espece de craquemenl lorsqu'on veut la detacher. Apres quelques jours d'existence de ces premiers symptomes , on remarque que tous les mouvements de lanimal s execulcnt avec une certaine raideur, que I'epine dorsale est d une sensibilite extreme, que la panse est surcbargee d'aliments, les excrements durs et sees ; qu'en-fin le facies de I'animal exprime une souffrance profonde et que le regard a quelque ebose d'insplite et de sinistre.
Get etat precurseur est assez constant; il est si reel que dans quelques epizootics ou enzooties, Gelle a pu signaler de prime-abord, au milieu des päturages et parmi le troupeau , des boeufs atteints ou seulement dou-teux.
Tout a coup une tumeur ou meme une simple infiltra­tion se manifeste sur le sarrot. le dos , les lombes ou a unejambe: les regions atteintes sontpromptement tume-liees , le tissu cellulaire sous-jacent est infiltre, emphyse-mateux: la peau est crepitante, froide, insensible et
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TYPUÜS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Ö3lt;)
promptement gangrenee. La prostration ties forces esl subite, l'animal frappe de stupeur; les yeux sont mornes , enfonces dans l'orbite ; le mufle est sec , les muqueuses apparentes rouges et injectees , la beuche brdlante , le ventre presque toujours an peu teuda et dur, les excre­ments coiffes ; il est des animaux qui mangent encore; durant les premiers moments de la maladie, le plus grand nombre refuse toute espece d'aliments. Les cornes et les oreilies sont froides ; la peau alternativement chaude et froide ; la fievre se declare par un frisson general; le pouls est. accelere, dur, concentre, le cocur bat avec force ; la respiration aussi est agitee et augmentee de vitesse. Les tumeurs charbonneuses ont aussi augmente d etendue et de volume avec unc rapidite extreme ; le tumulte est general, l'aneantissement complet; le pouls se concentre, s'eirace ; le malade tombe, mugit dune maniere eflPrayante et meurt apres vingt-quatre ou qua-rante-huit beures de maladie. 11 est des bestiaux qui meu-rent peu d'instants apres que les tumeurs sont sorties , comme il en est chez lesquels la maladie se prolonge de deux ä quatre jours ; chez ceux-ci, il arrive souvenl qu'une diarrhee colliquative se manifeste, qui devance la mort de douze a vingt-quatre heures.
Quand l'engorgement charbonneux se declare sur une jambe posterieure, il envahit rapidement la cuisse, les lombes, le dos et devient considerable; ce phenomenc est aecompagne d'un frisson, d'un tremblement dans les muscles et de soubresauts dans les tendons qui precedent la gangrene des regions envahics. Gelle a remarque aussi, dans quelques cas, que des I'mstant quo la region lom-baire etait tumeliee par ['engorgement cbarbonneux, toute I'arriere-main etait (rappee de paralysie. Si les tu-
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S40nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPHUS.
meurs charbonneuses se declarent sur un membre ante-rieur, elles envahissent rapidement la region peclorale ; des lors , il existe une agitation anxieuse, un trouble, une gene de la respiration et de la circulation qui precedent de quelqnes instants la mort.
La nature deletere du virus carbonculaire porte une atteinte si funeste aux forces de la vie , que souvent 1'ani-mal ne pent supporter l'effort de la fievre de reaction; dans ce cas , ou les tumeurs s'affaissent et disparaissent, alors celte metastase est suivie d'une prompte mort; ou ces tumeurs se gangrenent de suite et l'organisme est encore frappe de mort, le pouls devient petit, irregulier, inappreciable, la surface du corps est glacee , fair expire froid et fetide, le malade tombe et perit.
Gelle a vu se declarer a la base des oreilles ou bien sur les mächoires une tumeur cbarbonneuse du volume du poing, qui grossissait a vue d'oeil, envaliissait la region du gosier, genait tcllement la respiration , quelle produi-sait un rale suffocant qui aspbyxiait I'animal en six a buit heores.
11 snrvient quelquefois , apres la sortie des tumeurs, un calme trompeur qui impose au vulgaire, et si Ton neglige alors d'ayir et d'employer un traitement ration-nel, on voit le pouls se ralentir, se concentrer ^ un nouveau trouble general survient tout a coup , il tue le malade comme un coup de massue et sans lutte; d'autres fois, au contraire, on observe, dans ces derniers instants de la vie , une agitation , des convulsions et des mugissements horribles.
Les tumeurs des lombes, du garrot, des parotides, etc., sont ordinairemenl düres , renitentes et presque toujours entourees dun bourrelel dur et saillant, tandis que le
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centre, tres-adlierent au tissu ccllulaire environnant, scmble deprime, eü'angle et est perce d'une petite Ouvertüre fistuleuse repondant a un bourbülon, qui se gangrene promptement, et d'ou suinte presque toujours un ichor acre et caustique. Ces tumeurs d'aboid doulou-i'euses, brillantes , se spliacelent rapidement et devien-nent froides ; leur bourbülon forme une escarre de cou-leur violette ou noire, d'oü est venu le nom de charbon donne a ces tumeurs. Lorsqu'on incise ces engorgements gangreneux, ces infiltrations crepitantes, il en decoule un ichor se'ro-gelatineux , acre, fetide, sanguinolent, qui depile, corrode, gangrene tout ce qu'il touche; il se degage en meme temps des gaz infects et deleteres qu'il est fort dangereux de respirer.
Ces tumeurs ont, dans certains cas, une forme aplatie, elles s etendent avec rapidite, la peau qui les recouvre est promptement envalne par une multitude de petites phlycteues , qui se gangrcnent pour ainsi dire simulta-nement, et d'oü suinte un liquide icburcux et fetide.
Le charbon essentiel se manifeste done sous deux formes ; ou ce sent des engorgements, des infiltrations gangrencuses , melees de gaz, ou des tumeurs, des bubons qui augmentent rapidement de volume, circon-scrits par un bourrelet et aflaisses dans leur centre qui contient un bourbülon gangreneux.
Gelle a remarque que le sang qu'il tirait a certains boeufs qui ne preseutaient que des symptumes precur-seurs , elait parfois noir, terne et nc se coagulait pas. La suite lui prouvait que cet etatdusang etait un signe dan­gereux et meine quelquefois funeste.
Autopsie. — A quelques variantes pres, les lesions cadaveriques sont les memes dans les trois Varietes de
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Ijpluis charbonueux quo nous venous de decrire ; les regions ou sont developpees las tumeors chafbonneuses SOQt gangrenees , infiltrees de serosiles jaunatres , noires , sanguinülentes , melees de gaz infect. On trouve au cou , sur les epanies , les cotes , les fesses et les cuisses, de vas-tes ecclrymoses ayant a leur centre un caillot sanguin, noir, gangrene , entoure de matteres gelatiniformes et nielees de stries sanguines. La rate est souvent gorgee de sang noir et dissous , ramollie , dillluente ; cet engorge­ment sanguin qui fait acquerir a ce viscere un volume iusolite, a ete pris quelquefois pour la lesion principalc el a fait confondre certaines maladies charbonneuses avec la splenite ou sang de rate. Le foie est quelquefois aussi dans un etat d'engouement sanguin. Toujours les poumons sent engoues , plein de sang liquide et portent les traces de l'asphyxie par cessation d'influx nerveux. Enfin on ren­contre les memes anomalies que dans les autrcs maladies typhoi'des , 1 etat d'alteration et de dissolution du sang el des autres liquides ; tout denote une atteinte profonde portee aux sources de la vie, ct le cadavre, presque tou­jours ballonne immediatement apres lamort, se decom­pose avec rapidite; il decoule de la bouche , des narines et de l'anus qui est presque toujours renverse, des muco-siles infectes , sanguinolentes , el melees de bulles d'air. Teiles sont les principales lesions que Ion rencontre ä la auite de cette terrible maladie.
Etiologie. — Le typhus charbonneux est une maladie generate et febrile qui consiste dans un etat d'alteration des principes constitutifs du sang, produit par un empoi-sonnement venu de 1'exterieur, soil, par contact, soit par inoculation, ou dont le virus s'est developpe dans 1'orga-nisme par laction continue dc causes atonisantes et dels-
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teres , qui alterent les produits de la secretion chylifere ou de toute autre fonction, produits qui parviennent dans 1c torrent circulatoire au moyen de l'absorption et qui n'en constituent pas moins une veritable intoxication
(Gelle).
11 est generalement reconnu que l'usage exciusif des lourrages avaries, moisis et poudreux; les eaux insa-lubres, corrompues; le sejour prolonge dans des etables cbaudes et humides; les travaux excessifs, les marches forcees quand les animaux ne recoivent qu'une alimen­tation insufiisante, etc., vicient le sang, par consequent donnent lieu aux affections typhoides.
II est vrai, dit Rocbe-Lubin, que toutes les causes precitees ne font point naitre incontinent la typbobemie, mais leur action occulte et constante ne tarde pas a la faire eclater; bientot reconomie animale, profondement alteree, ne pent plus paralyser leur funeste influence. Cette etiologie est d'autant plus positive et autbenlique, continue cet auteur, que toutes les affections cbarbon-neuses, soit enzootiques, soit epizootiques, ont cessc leurs ravages sitot que les animaux ont ete soustraits a ces vraies causes patbogeniques. Enfin, il est demontre que la contagion immvdiatc ou mediate est la cause qui re-pand ct propage le typhus charbonneux.
Traitement. — Quelle que soit la forme sous laquellc le typhus charbonneux se presente, le traitement repose tout entier sur deux indications principales : 1deg; remedier •i l'alteration du sang et ranimer les forces de la vie; 2deg; fixer a la surface du corps le venin typbique qui forme les tumeurs charhonneuses et en favoriser I'elimination.
On remplit la premiere indication par I administration des breuvages toniques et diffusibles de carbonate uu
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rvpirt's.
d'acetate d'ammoniaque, unis au quinquina, a la poudre de gentianc et au camphre , delayes, etendus dans line infusion de mclisse on de sauge. Onsatisfaita la secondlaquo;, en scarißant et en cauterisant profondement, avec Ic fer incandescent, les tumeurs charbonneuses, et si elles n'existent pas, ce qui s'observe dans la premiere variete du typhus, on provoquc ce mouvement excentrique , cette reaction des forces vitales, par I'application d'un Tesicatoire ou d'un sinapisme sur la region sternale, on hien d'un trochisque dellebore noir au fanon. On seconde cette reaction par des frictions seches, des bains de va-peurs de bales de genievre et Tusagc de couvertures de laine.
M. Causse conseille l'usage de rimile pliosphoree dans le traitement de la fievre charbonneuse. Nous avons rap-porte ä ['article Typhohemie le memoire de cet auteur. Voyez page 489 de ce volume.
M. le docteurRupprecht regarde Vammoniaque liquide cochenillec comme un specifique par excellence pour com-battre le typhus charbonneux.
On prepare ce medicament en prenant une livre d'am-uioniaque liquide des officines ; on la fait digerer pendant vingt-quatre heures, dans un flacon bien bouche', sur une demi-once de Cochenille pulverisee ; puis on fdtre.
On I'administre aux doses suivantes :
\ un veau jusqua Tage d'un an, 5, 10 a 20 gouttes;
A une Qenisse de un a trois ans, 20, 30 a 60 gouttes ;
A une vacbe, de 40 ä {]0 gouttes ;
A une vaclie ou un boeuf a I'engrais, ainsicju'a un tau-reau, 60, 80 a 100 gouttes.
Chaque dose se donne melangee a une demi-bouteilie d'eau de source. Si l'animal avale diflicilement le liquide,
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j on clonno, comme excipient a la liqueur, un elecluaire de farine de seigle et d'eau.
La succession des doses depend de la violence de la maladie; la lievredonne a cetegard la mesure.
On persiste jusqu'a ce que les symptumes perdent de leur intensite, c'est-a-dire jusqu'a ce que les battements du coeur soient devenus imperceptibles, qu'une chaleur moderee se seit repartie sax tout le corps et que l'appetit renaisse.
Dans le principc, les doses se succedent de cinq a dix minutes: les intervalles se prolongent d'un quart d'heure, une dcmi-heure, douze lieures. En general, les sympto-mes ccdent de la troisieme a la sixieme administration ; xi n'cst mcme pas rare de les voir cesser completement. L'on poursuit neanmoins l'nsage du remede, mais il se donnealors a des intervalles de trois a quatre heures j en soumettant le malade a vine observation attentive. S'il survient un nouvel acces, ce qui arrive le plus souvent au bout de buit it douze lieures , 1 on a recours a la liqueur, en tenant compte des doses et des intervalles recomman-des; l'on n'en suspend Fusage qu a la disparition des pbe-nomenes morbides. Praquo;arement il se manifeste au dela de ti-ois acces, et s'il n'en reparait plus apres vingt-quatre heures, le mal pent etre considere comme vaincu. Nean­moins, Ton administre encore trois doses le premier jour, deux le jour suivant, une le troisieme. Au bout de ce temps la guerison peut etre consideree comme achevee.
Dans les cas tres-intenses, particulicrcinent chez les aniinuux adidtes, forts et plethoriques, et dans les exploi­tations oil la maladie, devenue enzootique, prend la forme apopleeliquc, ou bien encore lorsque les dejections alvines soul sanguinolentes, M. Bupprecht a commence par une
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raquo;4laquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TYPHUS.
ou deux doses entieres, e'est-a-dire deux gros dans une demi-bouteille d'eau, et, en meine temps, il combattait
la dianliee existante par des lavements a I'cau froide contenant un demi-gros a deux gros de la liqueur ammo-niaeale, et administres de demi-lieure en demi-heure, Les auimaux aussi gravement atteints out, en outre, ete frictioimes le long de la coloime vertebrale et au\ llancs avec de l'ammoniaque liquide pur, ou bieu il leur fiiisait donner uue douche d'eau froide ; apres ils etaieni bouchonnes a sec et converts.
La nourriturc consisle en tourteaux de colza delayes dans de leau , en eau blanche , carottes coupees , ou en hon foin do la premiere coupe et en eau pure pour hois-son. Ce mode dalimentation cesse deux jours apres la guerison et Ton rend alors la ration habituelle.
Dans le cas oü le typhus dchutc avec les symptomes de la lympanite, il ne laut pas se laisser induire en erreur et avoir recours a un agent autre f{ue celui qu'il preco-nise. Ce precepte pent etre suivi avec d'autant moins de danger, qu une erreur de diagnostic n'entraine pas a des consequences funestes. Les tumeurs charhonneuses sont frequemment frictionnees avec de l'ammoniaque liquide. Si elles prennent de l'extension, quo la fievre ne cede pas malgre l'emploi energiqne du remede, ou qu'un nouvel acces survient, on ne neglige pas de pratiqucr une incision et d'humecter souvent la plaie avec de lammoniaque liquide.
L'ammoniaque liquide cochenillee sert aussi de moyen preservatif; d'apres rechelle graduee etahlie, Ton en donne joumellement deux doses.
En presence dun Qeau aussi terrible, qui dans certains cas foudroie ses victimes des son apparition , ct qui
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presque toujours resiste aux medications los mieux com-biaees et les plus rationnelles, c est Ic traitement preser-vatif qui doit fixer toule l'attention du veterinaire. L'emi-gralion du betail sain doit etre operee immediatement, car le meilleur moyen d'eviter la contagion, dit Gelle, cost de ia fuir.
Comme les proprietaires n'ont pas toujours la faculte de se procurer des etables saines, bien aerees et assez eloignees du lieu d'infection, on pent a celte fin conslruire des hangars dans les cliamps pour y loger les animaux suspects et leur donner les soins que reclame leur elat. A]gt;res avoir satisfait a cette premiere et imperieuse me-sure, on previendra les attaques du typhus chaibonneux en ecartant severement toutes les causes patliogeniques relatees plus haut. Ainsi on donnera au betail une nour-riture saine et bien reglee, des boissons blanchles avec du son ou de la farine d'orge , legerement acidulees; on evitera les pacages humides et marecageux, surtout pen­dant les grandes chaleurs qui succedent aux pluies d'oraae. Les elables ou hangars oü seront loges les ani-maux devront etre tenus dans la plus grande proprete possible, Taeration scra bien entretenue et, de temps en temps, on y fera des fumigations de chlore pour neutraiiser les gaz rnephitiques qui pourraient s'etre developpes. L'acetate d'ammoniaque et la poudre dc gentiane sont indiqucs comme preservatifs. On etend ces medicaments dans des breuvages de decoction d'orge , d'oseille; on y ajoute la mclisse et la sauge en infusion pour les animaux debiles. Les toniques amers, les ferrugineux surtout, adminislres dans des bouillons gras , sont aussi recom-mandes.
D'apres M. Roche Lubin, la saignec et. les setons, atitre
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lt;ie preservatifs, doivent etre proserits. Gcllt; ;i(luict I'uti-lite des setons, mais la moindre disposition a la gangrene doit las faire bannir; il vaut mieux alors leur substituer un sinapismc. .
Inutile d'ajouter que les mesures de police sanitaire doivent etre religieusement et severement observees dans le cas qui nous occupe.
Tons ces sages preceptes , d'une Ires-laciie execution, ont produit, a M. Rocbe-Lubin, des resultats avantageux partout oil ils unt ete mis en vigueur; quarante-deux fails pratiques sur la typbohomie enzootique ou epizoo-tique peuvent I'atlester.
ULCERE. — On donne ce nom ;i toute solution de continuite des parties molles ou dures, dont la guerison est empechee par des circonstances particuberes, et cjui tend plutöta s'agrandir qua se cicatriser.
Delpecb u'admet comme ulceres que les solutions de continuite qui dependent des diatheses , et non celles qui sont entretenues parun corps etranger ou toute autre cause locale. D'apres cet auteur on ne doit considerer comme tels que les ulceres dartreuas, psoriques, scrofu-kuatjCachecftqueSj morveuaeifarcineua, et non lesplaies ulcereuses qui se rencontrent si frequemment en mede-cine veterinaire; telles sont celles entretenues par la carie de l'os du pied ou son exfoliation, le mal de garrot,. de taupe et de fencolure, le javarl, carlilagineux, etc.
Ce qui rapproche tous les ulceres sous le rapport qui nous occupe ici , c'esl uniqucment la solution de conti­nuite des parties , la suppuration ichoreuse , et plus ou moins sanieuse qui sen ecoulc, et le pen de tendance quits manifestent versla cicatrisation. Les ulceres anciens
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offrent des fongosites, des vegetations charnues qui ])eu-\ent acquerir un volume considerable : le tissu cellulaire qui les entoure, devient le siege d'une induration ; la peau s'epaissit a lern- circonference; des turneurs dures,
inegales , qui font paraitre la surface de la solution de continuite cnfoncee, se developpent et constituent les callosites que Ton remarque quelquefois. Lorsque l'ulcere est place dans le voisinage d'un os, le perioste s'enflamme, secrete une matiere pseudo-meinbraneuse t[ui s inter­pose entre lui etl'os , matiere qui s'organise, passe ii l'etat osseux , et donne naissance aux inegalites , aux exos-toses que Ion rencontre pres des ulceres chroniques.
Trailcment. #9632;—- Rechercher la diatiiese , l'etat general de L'organisme, qui a donne lieu a l'ulcere et qui l'entre-tient, est l'indication qui doit fixer l'attention du veteri-naire; e'est vers cette cause, dont l'ulcere n'est que reffet. que les medications doivent etre dirigees principalement, pour la mitiger on l'annihiler. On concevra facilement que, dans ce simple apercu general, il serait superllu d in-diquer le traitement de chaque ulcere cn particulier, nous ne pourrions le faire d'ailleurs quen repetant ce que nous avons dit en traitant des maladies qui donnent lieu a ces solutions de continuite et les entretiennent • par consequent nous renvoyons le lecteur aux articles Morve, Farcin; Scrofiilc, etc.
Quant aux topiqucs employes pour modifier la surface des ulceres, ils varient a Inifini : cn medecine veterinaire on emploie la cauterisation acluelle de preference aux agents pharmaceutiques.
URETR1TE. — L'uretrite est l'inflammation de la membrane muqucusc du canal de l'uretre. Pen commune
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Süf)nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; URETRITE.
chez les animaux domestiques, on l'observe cependant quelquefois sur 1c chien et sur le clieval. Chez ce dernier animal, l'oretrite se manifeste par la rougeur et la tume­faction de l'entree du meat arinaire ; un eeoulcment plus on moins abondant de matiere muqueuse , d'abord blan­che, qui plnstard devient jaune ou verdatre , salit l'inte-rieur du fourreau qu'elle irrite et en prodult quelquefois l'ulceration ; la fosse naviculaire offre souvent des vegeta­tions haveuses, rougeätres , exuberantes ; remission des urines est difficile , douloureuse, ce qui est marque par des trepignements , I'agitation de la queue et le malaise qu'eprouve l'animal chaque fois qu'il satisfoit ce besoin. Des erections frequentes augmentent et prolongent les soufirances. Quelquefois cette phlegmasie du canal de l'uretre est aecompagnee de l'ulceration de ce conduit et de la tete du penis, de l'engorgeraent des testicules , du cordon testiculaire et du fourreau.
Chez le chien les meines phenomenes morbides aecu-sent l'uretrite; un ecoulement plus ou moins abondant, epais et verdatre a lieu ; le prepuce ainsi que l'extremite du penis sont gonfles et parfois ulceres ; les erections sont frequentes et douloureuses 5 l'urine est expulsee avec ]ieine et goutte a goutte; enfin la sensibilile de la verge a la pression indique une vive douleur dans toute l'eten-due du canal uretral.
Les causes de cette phlegmasie sont les contusions, les frottements de la verge , la presence d'un calcul dans le canal de l'uretre: l'accouplement du male avec une femelle dont les formes sont heaueoup moins developpees, comme cela s'observe souvent chez les chiens ; l'acte du coil frequeminent repete, surloul lorsque la femelle est atteinte de vaginite, ou lt;pic par suite de nombreux ac-
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ÜRETRITE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; W
couplements la membi^ane vaginale se trouve surexcitee et produit line exhalation anormale ; les irritations de la vessie, les breuvages cantharides que I'üh adminislre im-prudemment ä l'etalon fatigue en vue de l'exciler a la monte, les retentions d'urine ; enfin , d'apres quelques auteurs, la contagion quand la femelle est atteinte de ralarrhe vaginal.
Le traitement de cette pblegmasie doit etre essentielle-nient antiphlogisti(jiie : on soumet le malade aux boissons blanches, ticdes et legerement nitrees, et a une nourriture rafraicbissante ; on lui donne des breuvages mucilagineux et calmants , des bains de vapeurs aqueuses diriges sur les organes genitaux, et si les testicoles ou les cordons testiculaires sont ensorses et. douloureux , on les main-lient par un suspensoir pour eviter tout tiraillement et on les lotionue frequemment avec tine decoction mucilagi-neuse, ou Ton applique sur les parties endolorics un cata-plasme emollient. Lorsque l'uretrite est tres-intense, on peut avoir recours k une ou plusieurs saignees generates ; si les douleurs ressenties par lanimal etaient trop vives , on ajouterait aux breuvages du laudanum et du cam-phre, et Ton rendrait les bains et les eataplasmes narcoti-ques. Ün remplace avantageusement les saignees gene-rales chez le chien, par une ou deux applications de sangsues sur le prepuce et la verge. Lorsque les princi-paux phenomenes in/lammatoires sont combattus, on substitue aux moyens precedents les astringents en lotions et en injections dans le canal de l'uretre ; leau vegeto-minerale, l'acetate de plomb li([iude etendu d'eau sont employes avec avantage dans ce cas , et si malgre lusagc de ces agents therapeutiques I'ecoulement uretral per-sisle, on doit rccourir aux injections de solution do nitrate
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532nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ÜRtICAIRE.
d'argent fondu , dans la proportion de huit it clix grains par once d'eau distillee.
Le pronostic de cette maladie esl pen fäclieux , eile esL moins rebelle que dans I'espece humaine et cede ortlinai-rement , en tres-peu de temps , aux moyens que nous venons d'indiquer.
UPiTICAlRE. — Cette maladie encore pen connue en medecine veterinaire, ne letait point du tout avant la publication des deux fails recueillis par M. Jacob. EHe consiste dans une inflammation legere de la peau qui se caracterise par des tacbes proeminentes , d'une teinte plus rouge ou plus pale que celle des parties voisines. Les taclies pales sont accompagnees d'un faible engorgement circonscrit, qui persiste rarement, mais qui se reproduit par acccs. Elles se couvrent quelquefois de vesicules blanches , analogues a celles qui suivent la piqüre des orties.
M. Jacob rapporte qu'un cheval, age de huit ans, fortement constitue, avait !c tronc et les membres en partie couverts d'une eruption de plaques confluentes , d'une couleur päle, et dont un certain nombre etaient en-tourees d'une aureole rouge. Les plaques, quon faisait momentanement disparaitre en les comprimant, etaient irrcgulieres et de diverses grandeurs : elles determinaient de grandes demangeaisons ; la peau etait, sur ces points , tumefiee, cbaude et comme humide de sueur ; le pouls dur et accelere, la soif assez intense. L'animal fut mis a un regime adoucissant: boissons et lavements de meine nature. Le lendemain , I'eruption avail disparu, le pouls etait moins frequent, et il survint meme une apyrexie complete, pendant laquclle le malade n'eprouvait aucune
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ÜRTICA1RE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 5ü3
douleur. Le troisieme jour, saignee de trois livres, et uicmes boissons que la veille. Le quatrieme jotir, retour de l'eruption et de la fievre ; saignee de deux livres, iKcmes boissons et lavements ; tous les accidents se dissi-perent le soir. Le cinquieme jour, apyrexie complete, calme sensible, point de traces d'eruption ; lanimal paratt plus faible et plus accabie que la veille; les boissons sont prises avec difliculte. On donne deux gros d'eme-tique et deux onces de seconde ecorce de saule dans du miel. Le sixieme jour, l'eruption avait reparu aussi forte que la premiere fois; meine medication. Les septieme et huiticme jours, memes moyens ; pas d'eruption. Le neu-viemejour, convalescence.
Un autre clieval de six ans, indispose depuis quelques jours, avait un peu de fievre, et ressentait des douleurs dans les quatre membres. M. Jacob pratique une saignee de quatre livres. Le iendemain, mieux sensible ; le malade ne presentait aucun des symptomes de la veille. On lui donne des boissons et des lavements adoucissants. Le troisieme jour, les douleurs reparaissent, avec une grande agitation et une sueur generale , accompagnee de mou-vements dans quelques muscles du corps : saignee de trois livres, memes boissons que la veille. Le quatrieme jour,anxiete extreme, pouls frequent et dur, peaucbaude; l'encolure se couvre de plaques irregulieres , saillantes et rougeätres ; il survient une sueur abondante, qui calme les douleurs ; saignee de trois livres; infusion de tilleul gommee etmiellee, lavements emollients. Le cinquieme jour, apyrexie complete , sans aucune trace d eruption. Le sixieme jour, les accidents de favant-veille se manifcs-tent de nouveau, le pouls est tres-frequent, les plaques urticaires sont tres-nombreuses 5 boissons dc decoction
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ti'olnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;VACCINE.
emetisee d'ecorce de saule, couvertures de laine. Deux heures apres , sueur abondante qui fait disparaitre les accidents. Ü y cut encore trois recidives , a un jour de distance, |)uisles acces cesserent entierement. et I'animal fut gueri.
Haubner a observe la fievre urticaire eliez les pores. Cetle maladie apparait d'une maniere sul)itc : toute la surface du corps a augmente de chaleur, et est devenue rouge. II se forme sous la peau des tumeurs rondes, cir-conscrites . de la grandeur d'une noix a celle d'une assieüe. L'appetit est nul, ou a beaucoap diminue , les membranes tnucrueuses sont secbes, les excrements sont durs ii tel point quil y a souvent constipation; la respi­ration est acceleree et difficile.
Cette affection n'est jamais dangereuse. Haabner (lit {'avoir guerie avec toutes sortes d'agents therapeutiques. II est meine porte a croire qu'elle gueri rait sans medica­ment, mais il avoue u avoir jamais ose la livrer aux seuls efforts de la nature. Apres vingt-quatre heures , il obser-vait presque tonjours une amelioration notable, et dans les cas exceptionnels 011 la maladie se montrait tres-ma-ligne, la guerison fut complete apres quatre a six jours. Jamais eile ne lui a fail perdre de malade. II a gueri cette maladie par les purgatifs, les vomitifs , les emollients , et aujourd'hui le traitement qu'il suit preferablement con-siste ii donner ties sels neutres a I'interieur, tout en pra-tiquant des ablutions deau froide sur la surface du corps.
VACCINE. — Maladie eruptive exantbemateuse, par-ticuliere a la vacbe , qui sc manifeste par le developpe-uieut de pustules ou boutons sur les oiameltes et les
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VACCINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; SSä
trayons, lesquelles d'abord d'un caractere inflainmatoire, passent ensuite ä 1 etat de suppuration, se dessechent et tombent en croutes ecailleuses.
Quelquefois I'eruption vaccinale est precedee ou accom-pagnee de crnelques desordres generaux , tels quo manque d'appetit, diminution de la secretion laiteuse , legere reaction febrile, etc.; tons ces phenomenes morbides sont dans le plus grand nombre des cas si insignifiants , qu ils passent inapercus. Le lait est constamment plus sereux qua I'etat ordinaire.
Vers le quatrieme ou cinquieme jour apres le debut, il survient au pis et aux mamelons des tacbes rouges, un peu elevees et circonscrites, indurees a leur base. [nsensiblement ces tacbes gagnent en etendue, et au bout de quelques jours , clles se cbangent en petites pustules plates, circonscrites, legerement deprimees au centre, pourvues d'un petit ombilic et entourees d'une aureole rouge, etroite , qui avec Faugmentation de volume de la pustule prend de Textension , tandis que la rougeur, la chaleur et la douleur gagnent en intensite.
La pustule vaccinale, entierement deveioppee vers le buitieme jour, est d'une nuance bleuatre , remplie d'une serosite limpide, qui se trouble, devient blanche, opaque, epaisse, et vers le dixieme ou onzieme jour, se transforme en matiere purulente. Alors les pustules commencent it brunir dans le centre et gradueltement vers les bords. ])uis se reduisent en une croiite de couleur rouge obscur, unie, epaisse, et douloureuse a I'attouchement. Cetle des-siccation ne s'accomplit qu'en dix ou douze jours ; ensuite les croütes tombent et laissent autant de cicatrices rondes sur les mamelles.
Celte maladie benigne, pour laquelle les soins du vete-
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SbC.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;VACCINE.
rinaire sont rarement reclames , passe souvent ina-percue • quoique existant dans presque tous les pays de l'Europe et dans l'Amerique septentrionale, eile etait peu eonnue avant le docteur Jenner. Ce medecin etabli dans line contree de l'Angleterre oü les vaches sont commu-nement affectees de la vaccine, s'est le premier assure que celle-ci se transmet souvent aux gens occupes a les traire, lorsque ces personnes, n'ayant pas eu la variole, ont des gercures ou des excoriations aux doigts ; elles contractent parfois de cette maniere des pustules sur ces parties, et, apres avoir ainsi ete vaccinees , naturellement pour ainsi dire, elles sont preservees pour toujours de la petite veröle, et ne sont plus aptes ä la contracter. D'apres cette observation de fait, Jenner a tente, eu 1796. de transmettre la vaccine, par voie d'inoculation , a plusieurs personnes qui n'avaient pas eu la variole, et ayant reussi, il a expose les sujets vaccines a la contagion variolique ; il leur a ensuite inocule la petite veröle, et le succes le plus complet a couronne son esperance. C'est done ii ce celebre medecin anglais que revient I'liouneur de ladecouverte de la vaccine comme preservatif d'une maladie grave at l'uneste de Tespece liumaine, de la petite veröle enfin.
Les succes obtenus par Jenner attirerent lattention des veterinaires. Presumanl quele virus-vaccin pourrait pre­server les animaux de beaucoup de maladies , notamment de la clavelee, de la gourme, de la morve, de la maladie des cbiens, ils tenterent linoculation , mais le succes ne repondit point aux esperances des experimentateurs.
Etiolocjie. — Jenner invoque la matiere des eaux aux jambes , inoculee au pis des vaches , comme la cause de la vaccine, il avoue cependant n'avuir jamais fait aucune experience clirecte pour se convaincre des effets prodaits
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VACCINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; !)ü7
par cette inoculation. Les idees de Jenner souleverent de vives contestations, beaucoup de veterinaires et de me-decins observerent qua la vaccine se declarait sur des vaches appartenant a des proprietaires qui ne posse-daient pas de cbevaux , et ils conclurent que cet exan-theme pustuleux de la vache etait independant des eaux aux jambes.
Celte verite ayant ete reconnue, on passa d'un extreme a l'autre, et Ton denia a la matiere des eaux aux jambes toutes les proprietes que Jenner lui atlribuait. Des faits recents et bien observes semblent cependant prouver le contraire ; de la serosite secretee par la peau du paturon d'un cbeval affecte d'une variete d'eaux aux jambes a laquelle on a donne le nom d'ecjuzno, inoculee a la vacbe et a rhomme, a produit des pustules ayant le plus grand rapport avec la vaccine.
Cette variete d'eaux aux jambes est fort pcu connue, les dictionnaires de medccine veterinaire les plus recents ne font aucunetnent mention de Vequiiw , qui, d'apres les symptomes quon lui assigne, nest autre chose qu'une phymatose recente, et non une variete de cette maladie, ni une maladie nouvelle. En elfet, d'apres la description qu'on en donne, Ycquino consiste en un erysipele de la peau du paturon qui gagne souvent une partie du ca­non ; il s'y forme de petites phlyctenes contenant un li­quide acre d'une odeur specifique; plus tard les mauvais soins, la malproprete les font degenerer en ulceres dar-treux qui constituent les eaux aux jambes chroniques.
Si la matiere des eaux aux jambes pent donner lieu a la vaccine , il est vrai de dire que cette maladie n'a pas toujonrs cette meine origine, et que, dans limmense rna-jorite des cas,les causes sont inconnues. On a invoque les
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ÖBSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; VAGINITE.
contrecs basses et de plaines comme predisposant la race bovine ä contracter des exantbemesmaiumaires. Cela ne parait pas tout a fait exact, car plusieurs cas de vac­cine out etc observes dans les districts montagneux da Wurtemberg oil le climat est rude et apre. Ce qui parait lo plus se rattacher ä Tetiologie de cette affection , c'est la parturition et la lactation qui donnent lieu a one con­gestion vers les mamelles. Les cas les plus nombreux ont ete observes au printemps sur des vaches laitieres de trois a quatreans. Aucuu fait de vaccine n'est connu chez la genisse. Le boeuf en est exempt.
L'origine la plus eonnue et la plus ordinaire de la vac­cine epizootique qui se declare dans les etables , c'est la contagion. Les pustules ecrasees , dilacerees pendant la traite, font adherer aux doigts la serosite qui est ainsi transmise aux autres vaches et devient la cause active de Taf fection.
Traitement. — La benignite de la vaccine ne reclame souvent aucun traitement. Lorsque le pis est dur, en-flamme, on emploie les lotions et les cataplasmes emol­lients , et on soumet l'aniinal ä un regime deiayant; dans le cas contraire, la seule precaution a recommander c'est d operer la traite avec menagement.
VAGINITE. — L'inilammation de la membrane mu-queuse qui tapisse le vagin est assez commune chcz les femelles domestiques ä la suite de la parturition. Cette phlegmasie est caracterisee par la rougeur, la doulear ci la turgescence de la partie; par un ecoulement sereux d'abord, qui acquiert plus de consistance, devient blan-chatre, puis jaunatre et exhale parfois une odeur infecte • lanimal eprouve une espece de cuisson qui provoque des
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VAGINITE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Siiö
efforts expulsifs et ie porte a sc li-ottcr la vulve con tie les corps environnants.Cette inflammation se termine le plus souveut par resolution , rareraent eile passe ä l'etat chro-nique, el parfois eile se termine par gangrene. Dans ce dernier cas , la membrane oflTre uue teinte violacee, noi-ratre ; des escarres se ibrment, un pus de mauvaise odeur s'echappe de dessous ces parties sphacelees qui ne tardent pas ä etre eliminees.
Gelte affection se rencontre principalement chez la juraent, la vaclie el la cliienne; les principales causes sont les parturitions laborieuses , les manoeuvres inconsi-tlerees et mal ordonnees que Ton aura employees pour terminer cette operation ; eile participe aussi tres-souvent de la metrite. D'autres causes peuvent encore y douner lieu , c'est ainsi qu'on la volt se declarer chez la cliienne a la suite de Tabus du co'it auquel se livre cette femelle, surtout lorsque les males qui rapprochent sont d'une espece plus forte qu'elle, cequi rend I'accouplement dilli-cile el douloureux par le defaut de proportion entre leurs organes sexuels.
Traitement. — Si la vaginite est legere, l'usage de fomentations et d'injections emollientes sufiit ordinaire-inent pour amener la guerison en quelques jours. Est-elle plus intense , le pouls est-il accelere , en un mot y a-t-il reaction febrile? la diele et la saignee devront seconder les topiqnes precites. La membrane muqueuse est-elle dans un etat de tension 5 de turgescence ? line depletion sanguine locale, au moyen de quelques scarifications ou d'une ou de deux applications de sangsues, aide puis-samment a la guerison , el previent la terminaisou par gangrene. Lorsque par ces divers moyens la resolution ne s'obtient pas et qu'il y a tendance a letat chronique,
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SCOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;VÄRICE.
on substitue aux emollients les lotions et las injections astrlngentes.
Si des escarres gangreneuses existent, il fliut les enlever, s'il est possible , avec des ciseaux. Ces portions mortifiees une fois enlevees, on traite les plaies qui en resultent selon Findication ; c'est-a-dire si elles sont for-temcnt enflammees , par les injections eiuollientes; si elles sont pen excitees , par des applications d'alcool cam-phre ou de teinture daloes, et par une legere cauterisa­tion si elles tendent h degenerer en ulceres.
YARICE. — Les varices sont des dilatations anormales et permanentes des veines. Les engorgements variqueux sont rares chez les animaux domestiques ; le cheval en ofFre quelquefois des exemples aux jugulaires, a la face interne des jarrets, sur la veine saphene ; la varice chez la vache se voit a la veine mammaire.
Les dilatations variqueuses se manifestent par un ren-fleraent plus ou moins saillant, mou, fluctuant et sans douleur; si l'on intercepte le cours du sang en exercant une compression sur la veine entre la varice et le cocur, la tumeur augmente de volume, devient dure et plus re-sistante ; des que Ton cesse de comprimer, eile se de-tend, devient souple et perd le surcroit de volume quelle avait acquis.
A l'autopsie dune jument morte a la suite dune ma-ladie de longue duree, M. Sanitas a observe une dilata­tion variqueuse de la veine cave posterieure. Sous le rein droit et dans Tinterieur du muscle psoas de ce cote, il decouvrit une tumeur qui entourait l'aorte et s'etendait depuis la douzieme vertebre dorsale jusqua la base du sacrum, le long des vertebres [ombaires. En Touvrant. il
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VARICE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5Ü1
reconnut qu'elle etait due a la dilatation de la veine cave posterieure. Elle contenait deux litres environ d'une ma-tiere blanchatre, diflluente et d'odeur nauseabonde.
Les varices que Ion voit ä la face interne du jarret sur la veine saphene, sont le resultat de travaux fatigants, d'efforts violents, etc.; cest chez les chevaux a formes seches et dont les veines sont tres-developpees , que Ton observe ces dilatations. Sur la jugulaire, les dilatations variqueuses sont generalement dues aux nombreuses saignees que Ion a pratiquees sur ce vaisseau et a la compression exercee sur sa base par le collier dans Fac-laquo;ion de tirer.
Traitcment. — La cauterisation, Texcision, la ligature, \ incision, les astringents et la compression sont les rnoyens que Ton met en usage centre les varices de l'bomme. Ces differents rnoyens ne sont point tons applicables sur les animaux; on ne peut exiger de ces derniers la situation, le repos prolonges et necessaires que reclame le traite-ment; la ligature de la sapbene seulement, faite au-dessus de la tumeur, pourrait avoir des avantages; en produisant l'obliteration du vaisseau la tumeur vari-queuse doit necessairement disparaitre.
Quand on considere les dangers auxquels peuvenl exposer les differents precedes indiques en Chirurgie humaine , quand on les compare surtout au peu d'incon-venienls qu'entrainent en general les varices, quand on sait que, a moins de cas extraordinaires, la varice est une lesion desagreable, ä peine incommode pour I'animal qui eu est atteint, sans jainais etre capable de compromeltre son existence, on est bientöt conduit, dit Hurtrel d'Ar-boval, a reconnaitre que le mieux est de ny rien faii-e et d'user le cheval tel qu'il est. Nous partageons son avis.
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tf.-2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; VARIOLE.
Seulement, si la varice s'irritait et devenait doulou reuse, et si ie membre crai en est afFecte participait a I'etat d'irritation j ce seralt le cas d'employer les fomen­tations euiollientes, les bains de meine nature, de prati-tiuer de petites saignees ä la saphene sur son trajet sur le plat de laeuisse, et d'exiger le repos absolu.
VARICOCELE. —On a donne cette denomination a I'etat variqueux du cordon testiculaire ou sperraatique: Ton designe egalement par ce nom la dilatation variqueuse dos veines du scrotum. Tette affection est fort rare et pen connue dans les animaux. Sur le cheval, eile constitue une turaenr molle, pateuse, a nodosites, s'elendant depuis la partie superieure du testicule jusqu'a I'anneau inguinal quelle traverse pour remonter dans la region lombaire.
Dans le principe on conseille, pour combattre le vari-cocele, les astringents et les resolutifs; plus tard, on est quelquefois oblige de recourir ä la castration.
VARIOLE. — Maladie exantbematease caracterisee
par une eruption jjustuleuse; precedee d'une fievre plus ou moins prononcee, formant des croutes dont la chute laisse des cicatrices. Cette denomination est empruntee ä la medecine humaine pour designer une maladie qui n'attaque qu'une seule fois les animaux et qui a beau-coup d'analogie avec la petite veröle de Ibomme. Le pore, le chien j le singe, le lapin et quelques volailles sont quelquefois atteints dun exantbeme pustuleux que Ton nomme variole ; le meme exantbeme a recu le nom de vaccine pour la vacbe et de clavelee pour le raouton. (Vovez Vaccine et clavelee.)
Variole du pore. — Cette maladie, dans lespece por-
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VAIUU1.E.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;863
cine, a cle observee j3ar beaucoup tie veteriuaires, notam-uieut par Viborg, qui I'a deciile sous ie nom de petite veröle du pore, par M. Saintin, veterinaire ä Dourgne, departement du Tarn, oü il l'a vue regner, et par le duc-teur Ruling; nous i'avons egalement observee plusieurs fois, sur de jeunes gorets, a la purcherie de lEeole vete-rinaire.
Cette affection, que quelques auteurs out encore tpiali-liee de clavelee, se manifeste par des piienomenes febriles generaux ; le pure qui en est atteint est triste et abatlu ; il grogne presque continuellement, baisse la bure, porte les oreilles en arriere ; la queue est llasque et pendaute; les soies sont berissees et d'uu aspect graisseux ; les yeux sont ternes et la respiration ditlidle ; 1 appetit est diminue ; la soif est ardente ; les evacuations alvines sont rates, dures et foncees ; I'excretion urinaire est pen abondante et f urine offre uue leinte jaunatre.
Vers le troisieme ou le quatrieme jour, les acces de fievre redoublent, la respiration est gemissante; les arti­culations sont raides ; les muqueuses apparentes sont rouges etinjectees. A cette epoque de la maiadie, 1 erup­tion se manifeste par des taches rouges sur le groin , les paupieres, la face interne des cuisses et sous le ventre. Ces tacbes grossissent et se transforment, du cinquieme au sixieme jour, en pustules qui, d'abord, se remplissent dune serosite jaunatre qui ne tarde pas a devenir puru-lente ; alors les pustules se depriment a leur surface , se scchent et laisseut apres elles des croütes brunätres qui commencent ä tomber vers le douzieme jour et dont les places sont marquees par des cicatrices rouges. Le mou-vemeut febrile diminue ä mesure que I eruption s'opere, et il cesse quand eile est toute formee.
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Küinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; VÄRIOLE.
La duree de la variole benigne et reguliere est ordinai-
rement de quatorze ä dix-lmit jouis.
La variole porcine, comme toutes les fievres eraj3tives, n'a pastoujours une marclie aussi reguliere que celle yue nous venons de tracer. Lorsque l'exantheme se fait dilli-cilement et qu'il donne lieu ä de nombreuses pustules, la reaction febrile est forte et continue ; les pustules de-viennent confluentes, elles sont dun bleu noiratre et ne montrent aueune tendance a la suppuration ; la gan­grene sren empare quelquefois, et si la mort ne survient jias pendant la periode deruption, lanimal tombe dans une maladie de langueur entretenue par les alcerations de mauvaise nature dont son corps est couvert.
La variole attaque de preference les gorels, sans epar-gner les pores plus Ages qui ne font pas encore con-tractee; eile est inilniment plus rare cbez ceux-ci; ils re-sistent plus longtemps aux influences qui la font naitre. Elle se developpe spontanement sous l'influence de causes inconnues.
Wirtgen a trace le tableau d'une epizootic varioleuse qui a sevi, il y a quelques annees, dans le Luxembourg. Suivant lui, eile est tres-contagieuse pour les animaux de la meme espece, mais pas pour d'autres.
Viborg a demontre par des inoculations que la variole bumaine pent se transmettre au pore. Get auteur recoin-mande, dans les endroits oü la petite veröle se montre sur I'espece bumaine, de prendre garde de repandre cette maladie contagieuse parmi les pores, au moyen de vieilles hardes ou en jetanl la paille provenant des lits qui ont servi ä des malades atteints de cette affection.
Traitement. — La variole benigne cede ordinairement a quelques soins bygieniques ct a un regime dietetique ;
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VARIOLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;laquo;US
il suffit de loger les animaux dans un local propre, pourvu d'une bonne litiere, oü il regne une chaleur egale et tem-peree , de leur donner des boissons acidulees et une ali­mentation legere, pour la voir se dissiper regulierement au bout du laps de temps necessaire a son evolution. Viborg conseille, pour les cochons d'un certain age, de donner du lait acidule a boire et, a son defaut, d'associer du levain a 1 eau. La merae boisson se donne egalement aux truies lorsque leurs petits sont atteints de la maladie. L'on ajoute a ce meme trailement, en cas de constipation, quelques laxatifs doux.
Si l'eruption de la variole est languissante, lente ä s'etablir sur des animaux faibles , on administre avec avantage les diaplioretiques combines avec de legers loniques et des excitants. Une infusion de fleurs de sureau, de racine de valeriane, unie a lacctate dammo-niaque, remplit celte indication. On conseille encore, pour les pores qui out ete fortement nourris, d'evacuer les premieres voies digestives par un vomitif.
Lorsque la variole a une tendance a prendre un carac-tere de malignite, si eile devient noire et confluente, il convient de faire prendre aux malades, en breuvages et en lavements, un apozeme amer, compose d absintbe et de racine d'angelique, auquel on ajoute du vinaigre, ainsi que les antiseptiques.
Variole du ohien. — Cette maladie essentielle, consis-tant dans un exantberae pustuleux febrile, a ete decrite pour la premiere fois par Barrier, en 1780 ; eile a ensuite ete observee par Iluzard, M. Leblanc el plusieurs autres veterinaires.
M. Leblanc , qui a frequemment eu loccasion d'obser-ver la variole du chien, a remarque, comnie Barrier, que
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80önbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; VARIOLE.
les prodromes tie leruption duraieat quatre, cinq ou six
jours; (jue dans cette periode prodrotnique il y avail tristesse, abattement, degoüt, secheresse de la bouche et du ncz, chaleur de la peau, frequence du pouls, horripi­lation , frissons, vomissemeüts, coloration des veines, constipation. Apres celte periode apparaisseat les symp-lomes cssentiels et caracteristiques de la maladie. La peau du ventre et des aisselles, plus coloree que dans letat ordinaire, est parsemee de petites taches rouges, Lrregulierement arrondies, lantot isolees, tantot reunies. Ce debut de leruption s'annonce toujours par un redou-blement de fievre. Le lendemain, ees premieres taches sont plus larges et la peau devieat plus saillaute ä leur centre. Le troisiemejour, les taches se sont elargies et, a leur centre, la peau est encore plus saillante. Le qua-trieme jour, le sommet de la tumeur est plus proeminent encore, et l'on voil souvent le centre, de rouge fence qu'il etait, devenir d'un gris sale. Les jours suivants, les pus­tules se caracterisent et ne peuvent plus elre confondues avecune autre eruption ; au sornmet, on voit an point hiancliatre, circulaire, qui correspond ä une certaine quantite de liquide presque transparent, reconvert par une pellicule epidermique tres-iucide. Le liquide qui parait d'abord comme imbibe dans le corps muqueu.x, s'agglomere dans un seul point; il devient alors moins transparent: enfin, il acquiert plus de consistance, perci sa transparence et ressemble alors a du pus. La pustule, pendant la periode de letat sereux, est encore arrondie; eile s aplatit des que la collection purulente a lieu ; ellc se deprime legerement vers la fin do la periode de sup­puration, lorsque la dessiccation est sur le point de com-mencer, ce qui anive ordinairemeut vers le neuvieme
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V.MUOt.K.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; S67
ou dixieme jour de l'eruption. La (lessiccalion et la desquamation out une duree estremement Tariable ; il en rst de meme des prodromes et de l'eruptidn ; les termes indiques plus haut sent seulement les moiiis rares. Ce fju il y a de moins inconstant, e'est la duree de la periode d'eruption avec I'etat sereux; encore pendant celte duree, qui est de quatre jours , observe-t-on que cesl seulement sur quelques pustules bien apparentes et ü l'abri de tout frottement que eette regularite existe. L'eruption ne pent etre consideree comme terminee que quand la dessiccation commence dans les premieres pus­tules, el si Ton voit encore quelques taches rouges se mun­trer a eette periode de la maladie, elles disparaisseat sans etre suivies du developpement de pustules ; il semble que ce sont des pustules avortees. Apres la dessiccation, la peau demeure couverte de taches brunes qui s'effacent pevi a peu. il ne reste plus d'autres traces que les cica­trices superficielles, sur lesquelles le poil ne pousse plus. Les causes qui font varier le plus les periodes de l'erup­tion sont, d'apres M. Leblanc a qui nous avons emprunte l'ordre et la succession des svmptomes c[ue nous venons d'enumerer, 1 ajje du einen et la temperature du lieu oü il se trouve. L'eruption parcourt ses phases beaucoup plus rapidement chez les jeunes chiens, c'iez ceux d'un a cinq mois, que chez ceux qui sont plus iiges. ML Leblanc n'a jamais observe la maladie sur des anirnaux ayant plus dedix-huit mois. Une temperature elevee favorise singu-lierement Tei-uption, mais aussi eile la rend souvent con-iluente et grave ; lefroidlui esttres-contraire, pent meme la faire avorter et occasionner la mort. La temperature moderee est celle qui convient le mieux. Le reuouvelle-ment de 1 air a une influence Ires-favorable sur le coins
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868nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;VAUIOLE.
regulier de la variola et concourt puissairmient a la con­servation de Tanimal ; done les niches bien closes ne con-viennent pas. M. Leblanc a remarque que les chiens qui ont la variole repandent dans Tair uue mauvaise odeur, qui s'observe surtout au commencement de la dessicca-tion, lors de la destruction de la pellicule des pustules, qui donne issue a la matiere purulente quelles renfer-ment. C'est sous cette influence et sous celle du froid qu'apparaissent le redoublement de fievre, la mauvaise odeur de la beuche et de l'air expire, la diarrbee, la pneumonie , complications signalees par Barrier. M. Le­blanc a toujours vu la pneumonie mortelle ; eile apparait de suite avec des symptömes alarmants; eile est tres-promptement accompagnee d'une secretion purulente de la membrane muqueuse broncliique , abondante des le second jour des premiers symptumes pneumoniques. La respiration est accompagnee d'un rale muqueux souvent sibilant. Les cavites nasales se remplissent de liquide purulent-, le einen, qui tousse beaucoup le premier jour, ne fait plus que s'ebrouer alors.
Les causes qui donnent lieu spontanement a cet exan-theiue pustuleux sont inconnues; une fois la maladie de-veloppee, eile se transmet par contagion. Barrier rap-porte avoir vu la variole se declarer sur dix-sept chiens de chassequi s'etaient repns de cadavresde moutons cla-veleux. Huzard dit avoir observe un cas analogue. En 1803, on a observe, a l'Ecole veterinaire de Lyon, une maladie eruptive sur les chiens, a laquelle on a donne le nom de petite veröle ; eile a paru se propajer dans cette espece par contagion.
M. Leblanc a fait deux experiences d'inoculation sur des chiens. Sur Tun de ces animaux il ne se developpa
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VARIOLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'j(gt;!raquo;
des pustules qu aux piqiires, sans reaction febrile; sur lautre I eruption pustuleuse fat accompagnee de fievre de reaction, et la variole suivit regulieretnent son cours. 11 voulut aussi s'assurör si la vaccine ne preserverait pas les chiens de la variole; il en vaccina trois sans succes; le pourtour des piqüres devint un peu rouge et proemi­nent, mais cette iegcre phlegmasie disparut prompte-ineut.
Traitcment. — Les moyens de preserver les chiens atteints de la variole sont plutut, d'apres M. Leblanc, du ressort de [quot;hygiene que de la therapeutique medicale, surtout lorsque la maladie suit son cours ordinaire. Les complications, qui sont tres-graves pour la plupart, se combattent par les moyens que la pathologic indique; seulement, M. Leblanc recommande d'etre avare de me­dicaments actifs administres par les voies digestives. Les purgatifs et les vomilifs conseiiie's par certains praticiens sont, en general, funestes et conduisent a la mort. Apres les boissons legerement sudorifiques et les lavements mu-cilagineux ou amylaces, M. Leblanc n'a jamais employe que les rubefiants de la peau, notamment les sinapismes. Ces moyens sont surtout utiles quand i'eruption paratt avorter et que les organes respiratoires deviennent ma-lades.
Les moyens bygieniques consistent ä placer les malades dans un lieu ou il regne une temperature de dix a douze degres , et assez acre pour qu'il ne s'y accumide point de mauvaise odeur, a les tenir a une diete severe pendant toute la periode d eruption , a les nourrir avec de la panade et du lait coupe avec de leau. La nourriture ani-male ne doit elre permise que lorsque la dessiccation des pustules a commence.
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370nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;VAKIOLE.
Variole du singe.—Nous lisons dans le Dictionnaire
de llurtrel d'Arboval, tjue deux faits bien constates etablissent que la petite veröle et la rougeole sont sus-ceptibles de se transmettre de l'espece humaine a celle du singe. En 1767, tous les habitants de Saint-Gerraain-en-Laye furent temoins qu'un singe prit la petite-veröle en jouant avec des enfants qui en etaient altaqnes. II arriva un evenement a peu pros semblable a Paris, en 1770, dontPaulet donne le detail suivant, et dont plus de vingt personnes ont ete temoins oculaires. Deux lilies du sieur Grison , perruquier, rue des Vieilles-Etuves-Saint-Ilonore , totoberent malades de la rougeole , le 1er et le 10 mars. II y avait dans cette maison un singe qui cou-cbait reguüerement, tous les soirs , sur le pied du lit de l'une des petites malades , sans qu'on s'avisät de soup-conner qu'une maladie de cette nature, qu'on a pense de tout temps etre particuliere ä l'espece humaine , put se commuiiiquer ä cet animal 5 cependant , le 27 du meine mois , on fut fort surpris de voir le singe malade ä peu pres comme la petite fdle pres de laquelle il avait couche. On observa tous les symptömes de la rougeole. a la reserve seulement de la toux , qui ne fut pas sensible , et qui fut remplacee par un battement de flaues considerable. L a-nimal etait abattu, degoüle ; l'babitude du corps etait brillante ; il avait une grande fievre, des yeux enllammes et etincelants , la laogue cbargee, et des le lendemain leruption parut ; sa face devint alors toute couverte de taches rouges , tres-apparentes et tres-distinctes, qui se converlirent, dans l'espace de fort peu de temps, en de petites ecailles farineuses : vers le 30 du meme mois, la maladie commenca a disparaitre. Ce singe fut traite avec les memes remedes que les enfants; l'eau de lentilles et
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VARIOLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;mi
la tisane de scorsonere furent les seuls meJicaiuents donl
on fit usage.
Abildgaard et Viborg, de Copenliague, inoculerent un singe avec la matiere variolkfue de l'homme. Ce singe prit la petite-veröle , avec tous les syrnptomes qui ont coutume d'accompagner cette maladie chez Tespece hu-maine, et meme en conservant les meines periodes; mais attaque d'une diarrhee dans le dernier temps de la ma­ladie , cet animal y succomba. La matiere variolique extraite de ce singe fut inoculee a trois enfiints sans pro-duire aucun elTet. En 1795 , on inocula aussi , a 1 ecole de medecine de Paris, la matiere de la petite-verole ä des singes ; mais ce lut sans succes.
Hurtrel d'Arboval dit en teiminant son article : laquo; Nous ne nous permettrons pas de decider si I'espece d'analogie de conformation Interieure et exterreure, les rapports d'organisation qu on pent remarf[uer entre I'liomme et le singe, sent ou ne sont pas susceptibles de rendre ce der­nier capable de developper le levain des affections con-nues sous les noms de petite-verole et de rougeole ; mais nous croyons pouvoir avancer que la clavelee etant une maladie aussi exclusivement attacbeea I'espece ovine que la variole et la rougeole le sont a Tespece humaine , ni I'liomme, ni le singe, ni aucun autre animal qui n'est pas de lespece du mouton , ne pent contracter une veritable clavelee. 11 est si possible de confondie la nature des exantbetnes quise developpent sur des animaux d'especes differentes! D'ailleurs, en supposant meme que ces affec­tions soient provenues originairement dune source com­mune , qu'elles aient ete primitivement unes , elles ont necessairement du cbanger de nature en passant d'une espece al'autre, et des lors elles sont devenues autant de
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Ö72nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;VARIOLE.
maladies speciales , parliculieres a teile ou a teile classe detres organises raquo; (1).
Variole des diiulons. — M. I.eblanc a decrit tine mala-die eruptive ({ui attaque les dindons. Elle se manifeste par des bulles plus ou morns volumineuses, qui s'elevent sur divers points du corps. Ces bulles, qui sont de pelites vessies jaunalres entoui-ees dun cercle enflamme, se montrent a la face interne des cuisses, des ailes , et sur la caroncule de la tote et du cou. Quelques jours avant feruption , I'animal est triste ; il marcbe derriere le trou-peau, quand il va au champ, s'encapucbonne , mange pen, et souvent pas du tout3 ses plumes se herissent. Ces symptumes sont plus ou moins apparents selon I'etaf de l'atmospbere ; le froid et l'humidite les aggravent. Apres cette espece de fievre d'invasion , les bulles parais-sent; elles mettent ordinairement quinze jours a se de-velopper et ä se dessecber ; des quelles se manifestent, les symptumes d'invasion diminuent; il arrive meme a quelques dindons de faire la roue quand I'eruption est tout a fait sortie. La dessiccation est d'autant plus prompte quil fait plus beau temps ; quand eile est comraencee, I'animal entre en convalescence. Les croütes qui succedent aux bulles sont jaunatres, coniques et formees de plu-sieurs coucbes superposees ; si on les arracbe avant la disparition totale de linflammation cutanee, elles se re-nouvellent.
Cette maladie affecte plus particulierement les dindons de huit a neuf mois , vers le commencement de novem-bre. Elle ne se montre que sur quelques individus d'a-bord, mais atlcinl successivement les autres jusqu a ce
(1) Les lapins paraisscnl ogalemcnt suscepliblcs do contracter un exanlhcme pastulenx, qui a beaucoup d'anatogie avee la variole des aulres nnimaux.
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VARIOLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; S73
(|ae tout le troupeau en soit afl'ecte. Contrairemeut k i'as-sertion de Parmentier, eile est tres-contagieuse. Beau-coup de dindons qu'elle n'enlcve pas , pcrdent la vue . parce que les yeux sent souvent le siege des bulles. Dans la Sologne , ou eile est tres-repandue , on pense qu'elle n'affecte qu'une seule fois le meine animal.
Tres-dangereuse quand le troupeau ne recoit pas les soins convenables , eile 1 est Leaucoup inoins quund on prend a son egard des precautions liygieniques, telles que tenir les dindons dans une habitation seche et tem-peree, des que les premiers symptomes de la maladie se manifestent, ne les mener aux champs que quand ils sent en convalescence, et enfin les nourrir dans des cours abritees , avec de bons aliments , aussitot qu'ils comuien-cent a avoir de l'appetit.
Parmentier conseillait de laver les pustules avec du vinaigre ou de les brüler avec un fer rouge. D'apres M. Leblanc , ce soin est superflu. Les habitants de la Sologne ont beauconp plus de confiance dans les aliments cuits tres-nourrissants , pour favoriser le developpement des bulles et hater la convalescence , que dans le vin chaud recommande par Parmentier.
Piusieurs personnes qui se sont trouvees a portee d'ob-server cette maladie des dindons , Font comparee, les unes a la clavelee des betes a laine , les autres a la petite-verole de l'homme; mais d'habiles observateurs ont remarque qu'elle n'avait absolument aucun des caracteres distinclifs qui appartiennent a ces eruptions conta-gieuses.
Variole des oics. — Les habitants de quelques contrees du deparlement des Hautes - Pyrenees sont dans la croyance que la clavelee est communiquee aux betes a
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#9632;
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laine par les oies et les pores quils estiment en etre-atteints. A l'egard des oies, on leui' connait une maladie eruptive assez semblable a celle que Ion observe sur les dindons et qui pourrait bien etre la meme; eile est aussi connue sous le nom de ctavelee ou petite-vcrole. Elle se manifeste principalement a la tete et au cou , par des tumeurs inflaininatoires de differentes formes , quel-quefols de la grosseur d'un oeuf de pigeon , lesquelles s'abcedent, et sont suivies d'une suppuration abondante et d'un delabrement dans toutes ces parties , qui enfraine presque toujours la perte de l'animal. On pretend qu'on remedie parfois a cette alFection , dans le commencement, en leur faisant avaler du vinaigre cbaud avec de l'eau , en les laissant sans manger, et en leur tenant cliaudetnent la partie malade dans une infusion de lleurs de violette ou de sureaa. Lorsque la suppuration s'etablit, on perce la tumeur avec une aiguille pour en evacuer le pus et em-pecber le delabrement des parties , qui est toujours la suite d'une abondante suppuration.
Variole des jiiycons. — Les jeunes pigeons sont sujets a une eruption de boutons assez semblables a ceux de la petite-veröle. Ces boutons s'observent principalement autour du bee et des yeux. Cette maladie, connue encore-sous le nom de poques o\x poqnettes, est attribuee a la malproprete des colombiers ; eile est tres-commune, et il n'est pas rare de voir presque tous les jeunes pigeons d'un meme colombier, en etre atteints. Quoique peu grave, eile est tres-prejudiciable par la maigreur quelle occasionne , ce qui rend ces jeunes volatiles impropres a la consommation. L'ecartement de la cause supposee, e'est-a-dire le nettoyage et l'assainissemeut des colombiers, est le seul moyen connu pour faire cesser cette maladie.
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VEUS INTEST1NAÜX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; S7S
VERS INTESTINAUX. — La nature de l'ouvrage que nous publions, nous dispense d'entrer dans les caracteres zoologiques des entozoaires qui se developpent dans le tube digestif, (^ette partie de la science appartenant exclu-sivement a la Zoologie, nous nous bornerons a enumerer, d'apres le tableau du savant professeur Desmarets, les diverses especes de ces etres parasites que Ton rencontre chez les aniraaux domesliques.
Chez le cheval. — Dans l'estomac et les inteslins : le toenia plisse, le toenia perfolie'; — dans Tintestin grele : I'ascaride lombrical 5 — dans les gros intestins : le strongle arme ; — dans le coecum : l'oxyure du cheval.
Cliez le hoeuf. — Dans l'estomac et les intestins : le toenia denticule; —dans tons les intestins : le strongle rayonne ; — dans le coecum : le tricocepbale voisin ; — dans Tintestin grele ; I'ascaride lombrical.
Cliez le mouton. — Dans Testomac et les intestins : le strongle contourne : — dans le coecum : le tricocepbale voisin : dans Tintestin grele : le toenia elargi, le strongle filicolle.
Chez la chevre, — Dans les intestins : le strongle vei-nuleux.
Chez le einen. — Dans Tintestin grele : le toenia cucu-merin , le toenia en scie, I'ascaride borde.
Chez le chat. — Dans l'estomac et Tintestin grele : I'as­caride ä moustache; — dans Tintestin grele : le toenia ä tete a coin, le toenia a col epais.
CJiez le pore. — Dans tout le canal digestif: le strangle dente ; — dans les intestins : I'ascaride lombrical, Techi-norynque geant.
A ce tableau , Ton doit ajouter les ascarides vermi-
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876nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; VERS INTESTINÄUX.
culaires qui sejournent principalement dans le rectum et sattachent a l'orifice exterieur de Tanns, et les asca-rides vermiculaires qui se trouvent dans l'estomac du
chien.
13ien qu'on ait assigne ä la presence de vers intestinaux des symptömes qui non-seulement indiquent leur exis­tence, mais encore l'espece li laqueilc ils appartiennent, il est vrai de dire qu'ils existent quelquefois en grande quantite sans qu'aucun indice, aucun accident en tra-Uisse la presence; d'autres fois, surtout lorsqu'ils se sont developpes en grande abondance , les symptömes sont plus caracteristiques et ne peuvent gucre echapperaux investigations du praticien.
Baus l'espece chcvalinv, la presence des vers dans le tube digestif est marquee d'abord par un appetit exagere ; 1 animal, malgre la quantite dquot;aliments qu il ingere , mai-grit sensiblement;, le ventre s'avale ; la peau est secbe, adberente et semble collee aux parties sous-jacentes; le poil est terne; la mue ne se fait pas en temps ordinaire ou ne se fait qu'imparfaitement; un prurit incommode, qui force I'animal a se frotter frequerament lalevresupe-rieure sur la mangeoire ou sur le mur, accompagne les phenomenes que nous venons de decrire ; quelquefois le prurit a lieu au rectum, ce qui est regarde comme un indice de la presence des vers dans cet intestin. Tons ces symptömes font seulement soupconner l'existence de ces etres parasites, mais ils ne laissent plus d'equlvoque lors-que, parmi les excrements, Ton trouve des debris de vers ou des vers en tiers : c'est alors sculement qu'on peut se prononcer d'une maniere affirmative. D'autres symptömes, d une faible valeur diagnostique, sont ajoutes a la nomen­clature precitee; ainsi I'animal s'ebroue souvent, lecbe
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VERS INTESTINAOX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Ü77
äes murs, cherche ä manger de la terre, du platre, de la craie; enfin, il recherche avec avidite les substances salees.
Plus tard, et surtout lorsque les vers se sont develop-pes en grande quantite, ranhnal tomhe dans une mai-greur hideuse, il eprouve des coliques qui le tourmentent de temps en temps. A mesure qu'elles se renouvellent, dies deviennent plus intenses, les paroxismes sont plus longs et plus violents ; pendant leur duree lecheval montre de lanxiete , s'agite continuellement, se bat viveraent les flancs avec la queue et le ventre avec les pieds de der-riere, se couche, se debat, se roule sur la litiere, se releve ensuite et se met ä manger comme de coutume. Ces symptornes sont queiquefuis accompagnes d'une diarrhee infecte epuisante, qui mene 1 animal a la mort.
Duns les animanx de l'espece bovine, la presence des vcrs intestinaux est indiquee, d'apres Ilurtrel d'Arboval, par des coliques de courte duree qui se renouvellent de temps en temps, par 1'anorexie ou un appetit vorace, le degout ou des gouts depraves, la cessation de la rumina­tion, des meteorisalions passageres et repetees , la dimi­nution de la secretion laiteuse, la tristesse, le deperisse-ment , remission des vers, etc.
Dans les hates ovines, il est toujours tres-difficile, plus difficile meine que chez les autres animaux, de constater ['existence de vers intestinaux. On remarque cliez elles, toujours d'apres I'auteur que nous venous de citer dans I'article precedent, la diminution de la rumination, de mnuvaises digestions , des meteorisations et des vacilla­tions de la queue; elles sont faibles, marchent plus lente-ment, s'eloigneht volontiers du troupeau, rentrent les dernieres a la bergerie et en sortent les premieres: elles
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878nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;VERS INTESTINÄUX.
maigrissent ; la region lombaire se decharne le luny de lepine ; dies onl les orifices des narines entourees d'uu mucus plus on moins epais, quelquefoispuriforme, et alles s'ebrouent fi'equemment.
Dans leporc, la presence des vers iutestinaux entretient cat animal dans un grand etat de maigreur, malgre sa voracite et la quanlite d'alimcnts qu'il ingere; eile lui oc-casionue en memc temps une toux fürte : il rend ses excre­ments tantot liquides, tantot epais, mais toujours mal di~ geres; ies vers determioent aussi des acces de colique, que le poi'C annonce par de 1 inquietude, des cris, des allees et venues indeterminees, et parfois des convul­sions. Evertz dit quon croit avoir observe que, quand les animaux de cette classe sont tourmentes par les vers, ils se jettent sur toute esjjece de volaille et la devorent.
Dans le chien, l'existence des vers ne se decele, dans 1 immense majorite des cas, que par un appetit devorant, le peu d'embonpoinl qu'il aequiert relativement a la quantite de nourriture qu il consomme, par le pruritquil eprouve a l'anus , ce qui le force a se trainer le derriere par terre, et surtout par les paquets de debris de toenias qu'il rejette de temps en temps avec les matieres fecales. D'autres symptumes sent encore assignes a la presence de vers dans le tube intestinal du cbien, mais ils sont loin d'offrir une valeur diagnostique aussi gründe que ceux que nous venons d'enumerer. De ce nombre on cite la tristesse et l'abattement; le poil sec, sale et herisse; la mauvaise odeur que le corps exhale ; la paleur des mem­branes muqueuses apparentes 5 le larmoiement et la chas-sie des yeux ; l'irascibilite, la taciturnite ; les cris piain-tifs, les aboiements sans motif, les hurlements ; l'envie de mordre ses semblables et meine los corps qu'il rencon-
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VERS IJNTESTINÄUX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; S7'J
tre, de maniere a simuler la rage; I'appetit deprave; les coliques violentes et frequentes; enfiu, la maigreur hideuse , et d'aflieuses convulsions an milieu desquelles i'animal succombe.
Oriyine et causes presumees des vers intcstinaux. — On a beaucoup disserte, dit Hurtrel d'Arboval, sur les divers moyens que la nature emploie pour introduire ou faire naitre les vers dans I'organisme animal, et la tlieorie de leur organisation premiere a donne lieu a des discussions sans nombre, a une foule d'liypotlieses successivement detruites les lines par les aatres.
Les anciens regardaient la generation de certains elres comme provenant de la corruption et de la putrefaction, lorsqu'ou ne voyait pas distinctement leur mode de se reproduire.
Une autre conjecture est celle des germes inuombra-bles repandus dans l'immensite de la nature et n'atten-dant que le lieu et ['occasion favorables pour s'introduire dans Torganisme; ces germes passeraient dans le corps des animaux avec les liquides et les solides qui composent leur nourrituve. II est bien vrai que certaines inouches. nommees cestres, deposent leurs oeufs sur les chevaux, les boeufs et les moutons ; que ces oeufs donnent le jour a des larves qui s'enfoncent dans les naseaux, ou les intes-tins ou le dos de ces quadrupedes; puis, a une certaino epoque, lorsque leur metamorphose est operee, sortent, transformes en mouches, du corps de ces animaux: inais rien do semblable ne s'observe en ee qui concerne les veritables entozoaires ; ils ne naissent aucunement d'in-sectes, ne se transforment et ne sortent jamais du corps sans mourir : ils y subsistent constamment sous les memes formes. D'ailleurs, dil Hurtrel d'Arboval, les vers
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Ö80nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;VERS 1NTESTINAUX.
ou les gernies de vers du dehors, quo les animaux peu-vent avaler, sont necessairement digeres et incapables de vivre dans les individus vivants, tandis que les vers in-testinaux.loin detre älteres et digeres par i'aclion de l'es-tomac et des intestins, y trouvent une abondante alimen­tation et les elements de leur existence. Une autre preuve que les entozoaires ne viennent pas du dehors, c est qu'on en a dccouvert dans les entrailles du foetus evacue avant terme; on rapporte egalement que de petits poussins sortant de l'oeuf ont presente des especes de toenia daus leurs intestins.
Linne a pense que les germes des vers existaient dans la terre et les eaux ; quelques-uns pretendent ({ue les animaux peuvent se les communiquer par la cohabita.-tion; d'autres admettent l'hypothese de la generation spontanee. Vallisnieri veut que les animaux naissent avec ce germe, qu'il existe dans tous, mais que son developpe-ment exige le concours de circonstances particulieres. On a vu des petits naitre avec des vers intestinaux, on en a trouve dans le foetus de la vache, dans celui du chien, du chat et du mouton, et Ton a conclu que l'on devait attri-buer ces vers a l'bereditej si cette derniere bjpotbese etait prouvee , il faudrait admettre speculativement que ces entozoaires tout formes ou bien en germe, sent dia­ries par le sang de la mere qui arrive directement au foetus par la communication des vaisseaux de l'uterus avec ceux du placenta.
Les partisans de la generation spontanee font valoir, pour soutenir leur opinion , les arguments suivants : les vers intestinaux s'observent dans le corps des individus vivants, meme avant la naissance ; done ils ne viennent pas du dehors ; ils ne peuvent suhsister et sc propager
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VEHS INTESTINAUX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 881
que dans les animaux vivants, (jui sont leur unique de-meure ; ils habitent, selon les especes, en toutes les par­ties du corps les plus profondes , les plus impenetrables; done ils ne viennent pas du dehors ; tout insecte ne pent s'introduire dans quelque partie que ce soit de l'orga-nisme, sans determiner plus ou moins de douleur; les vers intestinaux , au contraire , vivent souvent sans etre senlis de Tindividu qui les jjorte et qui s'y accoutume ; plu-sieurs animaux ont des vers particuliers a leur espece, et si ces versou ces oeufs venaientdu dehors, chaque animal en pourrait recevoir sans doute de toute espece ; les vers intestinaux ont une structure toute particuliere. qui ne sobserve pas chez les aulres classes d'etres ; ils ne vivent que de raatieres alimentaires deja elaborees, assimilees dans les corps vivants; enfin, il existe des bydatides soli­taires, qui sont incapables de s accoupler, puisqu'clles manquent d'organes sexucls; comment done lenrsuppo-ser la faculte de se propager, de se transmettre d'un corps a un autre ? D'ailleurs, ajoute-t-on, est-il absolument im­possible que , dans la serosite des humeurs animales , des particules muqueuses se rapproclient, s'unissent, s'arran-gent en forme de vers par ia puissance vitale des orga-nes, dans un lieu favorable a cette production, et finis-sent par s'animer, par vivre enfin d'elles-memes? N'est-ce pas ainsi que le chyle nourricier se transforme en fibre dans la chair des individus vivants ? Ces arguments sont forts, il faut en convenir ; Hurtrel d'Arboval se demande comment ces aveugles productions, en les admettant par supposition, donnent toujours, depuis le commence­ment et perpetuellement, des corps organises constam-ment les memes, dont plusieurs sont invariablement par­ticuliers a teile ou teile espece d'animal. Gommeht ces
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fgt;S2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;VKltS INTESTINAÜX.
corps organises ne varient-ils pas ä l'iniiiii dans chanue espece, no se confondent-ils pas dans chacune d'elles , ne se presentent-ils pas sous mille formes en se multipliant par le liasard? Comment ces aveugles productions for-ment-elles, dans presque toutes les especes de vers intes-tinaux , des parties sexuelles pour s'accoupler, des oeufs pour se reprodoire? Comment le hasard de cette gene­ration spontanee procure-t-il precisement des organes re-producteurs pour se passer de cette generation spontanee? Des vers de plusieurs especes ont des individus males et des individus femelles ; on en a trouve d'accouples; quelques-uns donnent des petits vivants qui crevent le ventre de leur mere pour en sortir. II en est, a la verite, qui ne s'accouplent pas ; mais ils ont des ovaires, de petits oeufs ; ils portent les deux sexes reunis ; ils sont hernia -pbrodites.
Toutes ces reflexions de lauteur que nous venons de citer, et les diverses opinions qui ont ete emises sup la formation do ces etres parasites, nous font dire avec lui : laquo; Le mysteie de la generation est au-dessus de I'la-teliigence humaine ; un voile epais le couvre a jamais ; ii echappera toujours ä nos faibles investigations; voilä ce que tout esprit juste doit etre force davouer. Contentons-nous done d'admirer cette sublime intelligence, cette haute sagesse qui preside a la structure et a la perpetuite de tout ce qui est sur la terre et dans les mers, etplions le genoudevant la puissance du Tres-Haut, qui montre ses merveilles jusque dans les entrailles du moindre vermis-seau. raquo;
C'est dans les jeunes animaux, et surtout dans les pou-lains, que les vers intestinaux sont le plus communs: on en a cherche la cause dans la dehilite des organes dices
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VERS INTESTliNÄÜX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 583
tifs, le temperament lymphatique, l'usage dune alimen­tation alteree, etc. Quelques auteurs pensent qa'ils sont la consequence d'unc surexcitation de la membrane rnu-queuse gastro-intestinale, d'unc gastro-enterite enfin. A louverture de quelques poulains morts par suite de vers intestinaux, nous avons trouve l'intestin grcie vide de toutc substance alimentaire , rempli litteralement, dans loute son etendue, d'ascarides lombrico'ides, sans ren-contrer la moindre trace de phlegmasie ; done, si des lesions qni caracterisent luiflanmialion ont quelquefois ete observees, elles ne sont pas constantes; on doit en inferer que la gastro-enterite doit etre consideree comma la consequence des vers et non comme la cause.
Traitcmcnt. — Le traitement ä employer centre les vers repose entierement sur une serie de medicaments QOmmes vermifuges ou antlielmintiques, qui ont pour ca-ractere commun de les faire perir et d'en determiner l'expulsion du tube digestif. Les plus usites en medecine velerinaire sont : fecorce de racine de grenadier, la fou-gere male, la tanaisie , la gentiane, la mousse de Corse, I'absinthe, le spigelia, Diuile empyreumatique de Gha-bert, Tessence de terebenthine, letber sulfurique, le ca­lomel, etc.
Pour assurer les bons effets des vermifuges , il est utile de faire preceder leur administration de quelques pre­cautions bygieniques , telles que le repos, la diete et l'usage de laxatifs. La recette que nous employons com-munement pour detruire les vers intestinaux dans le cbe-val adulte, se compose d'une once et demie a deux onces d'aloes, selon la taille et la force de Fanimal, deux gros de calomel, deux onces de poudre de gentiane, deux onces de poudre de tanaisie ; le tout administre, fanimal etant
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Ö8inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;VESSIGO.N.
a jeun, dans un litre de decoction d'absinthe. La dose doit etrede moitie pour les poulains d'un a deux ans. Pourde-truire les toenias du chien, on emploie avec avantage une decoction concentree de fougere male et d'ecorce de ra-cine de grenadier. II convient d'user de cette preparation plusieurs jours de suite , en en faisant prendre tous les matins, lorsque lanimal est ajeun, la Taleur d'un ä deux verres a vin, selon sa force et sa taille.
VESSIGON. — Ce nom est reserve principalement aux tumeurs synoviales qui surviennent au pourlour de l'arti-cuialion dujarret du cheval; quelques auteurs assignent la meine denomination aux tumeurs de meine nature qui se developpent autour de i'articulation du genou.
Au jarret on distingue le vessigon articidaire qui a sun siege dans rarticulation tibio-astragalienne; il se raontre it la face anlerieure et interne du jarret sous la forme d'une lumeur mollc, flucluante, indolente et sans chaleur, plus ou moins voluunneuse , due a la dilatation de la capsule synoviale et ä une accumulation surabon-dante de synovie; c'est une hydartbre ou bydarthrose. Le vessigon tendineux, place' entre la pointe du calca-neum et la partie inferieure du tibia, provient d'une dila­tation de la gaine tendineuse ; il se manifeste sous la forme dune tumcur allongee, üuctuante et sans douleur, dont la grosseur varie de celle d'une noix a un oeuf de poule. Ce vessigon est dit simple, lorsqu'il n'existe que dun seul cote , et enclieville, lorsqu'il se montre a la fois en dedans et en debors. Le vessigon du tendon d'Achille, du a la dilatation de la gaine du muscle perfore avant son passage sur le sommet du calcaneum, dans le point ou il est en rapport avec le tendon d'insertion du bifemoro-
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VESSIGON.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;888
calcaneen. (le vessigon , que Ton peut confondre avec le capelet, se montre a la lace interne du tendon d'Achille.
Lestumeurs synoviales du genou sont egalement dis-tiuguees en vessigon articulaire et en vessigon tendineux. I.e vessigon articulaire du genou, situe a la face ante-i-ieure du carpe, est forme tantot par la dilatation des gaines des tendons extenseurs du canon et du pied, tantot par la synoviale des articulations des os carpiens. Le ves­sigon Umdlncux du genou siege dans la gaine carpienne posterieure •, il est simple ou cheville; ordinairement il se borne ä l'espace situe entre les tendons flechisseurs et la face posterieure du radius : quelquefuis il s'etend depuis le tiers infe'rieur de I'avant-bras j usque dans une partie de la region du canon.
Ces diverses tumeurs synoviales, molles d'abord, se durcissent ä la longue ; leurs parois eprouvent une sorte de degeneresccnce qui augmente leur epaisseur et dimi-nue leur souplesse; les tissustransfbrmes en masse homo-gene devicnnent comme squirrheux ; a une epoque plus reculee, il sc montre des noyaux cartilagineux at osseux ; alors l'articulation qui est le siege de ces tumeurs se trouve plus ou moins genee dans ses mouvements et est parfois ankylosee.
On attribue generalement pour causes aux vessigons les mouvements brusques et etencius des articulations, les travaux excessifs, les inflammations de la synoviale pro-duites par la fatigue, etc. Certaines confox-mations du jar-ret pi-edisposent aux vessigons. C'est ainsi que les jarrets faibles, droits, etroits, sont exposes a devenir le siege de tumeurs synoviales a la moindre cause detcrminante; aussi sont-elles frequentes chez les chevaux qui ont les jarrets ainsi conforraes.
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VESSIGON.
Traitement. — Le grand nombre de moyens indiques pour combattre les tumeurs synoviales et notamment las vessigons, prouve evidemment le peu de succes qu'ils ont produit; les emollients, les astringents, les resolutifs em­ployes au debut reslent presque toujours sans elFet; la pommade de bi-iodure de mercure, preconisee par certains praticiens, n'amene le plus souvent auoun resultat satis-faisant; les vesicatoires sont rarement eflicaces. Quant a la ponction des A'essigons, suivie de I'mjection de teinture d'iode etendue dans partie egale d'eau, si toutefois Ton admet qu'elle peut reussir. eile n'est pas sans danger et parfois eile est suivie de graves accidents. Le feu a ete de tout temps, et avec raison, considere comme le moyen le plus eflicace pour combattre ces sortes de tumeurs : mais qua reste-t-il apres 1 application de ce moyen, en suppo-sant meine que la tumeur seit disparue? Le plus souvent des tares indelebiles qui deprecient considerablement Tanimal au point de vue commercial 5 cela est tellement vrai que naguere la Societe veterinaire du Calvados et de la Mancbe a mis au concours un prix pour le meilleur rae-moire qui lui serait presente sur les moyens de guerir les tumeurs synoviales des jeunesanimaux de I'espece bovine sans les tarer; le prix n'a point ete decerne, une mention bonorable seulement a ete accordee.
Aujourd'bui, grace a la precieuse decouverte de 31. Ca­baret , veterinaire a Lacapelle (departement de l'Aisne), nous possedons un veritable specifique pour combattre les tumeurs synoviales sans occasionner la moindre tare ; la liqueur ig nee iasenlee par ce praticien jouit de cette double propriete lorsquon I'emploie avec menagement.
Nous avons public, dans le cahier de Janvier 1852 des Annales veterinaires, sept faits de guerison de vessigons,
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VOLVULUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 587
molettes, capelets, etc., obtenue par la liqueur de M. Ca­baret ; tlepuis cette epoque, notre pratique nous a fourni loccasion de Temployer dans plus de cinquante cas dliy-dartliroses et capelets recants et anciens', dans lesquels son eflicacite ne s'est point dementia une seule fois. 11 reste done acquis a ce nouvel agent therapeutique d'etre le seul qui, tout en ne laissantpas de traces de son emploi, possede toute la puissance et toute i'efficacite de l'appiica-tion du feu.
JN'ous avons dit d'user de cette liqueur avec discerne-ment; d'aprtes I'indication de M. Cabaret, apres avoir agite le flacon, on en verse dans un vase et, au moyen d'un linge, on en bumecte amplement la partie malade pendant quatre a cinq minutes, puis on la frictionne vi-goureusement. Cette operation se i^epete deux fois par jour, jusqua ce que Ion ait obtenu un engorgement dou­loureux 5 alors on en cesse I'usage pour le reprendre ensuite, une fois par jour, lorsque les principaux pbeno-menes inflammatoires sont dissipes. Indiquer le nombre de frictions que fon doit faire est cbose impossible, cela doit etre laisse a l'appreciation du praticien ; seule-ment il est utile, lorsque la tumeur commence a. se dissi-per, d'en activer la resolution par quelques frictions faites ä des intervalles plus oumoins eloignes.
VOLVULUS. — Le volvulus est une maladie des plus graves, qui ne fait jamais grace a ses victimes; eile con-siste dans la torsion , rentortillement de fintestin sur lui-meme. M. Branens a rencontre un volvulus sur une anesse morte a la suite de coliques violentes. Une portion de 1'in-testin grele s'etait glissee, avec le mesentere adjacent, sous une autre portion, de maniere ä formerun noeud parfait.
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Des cas analogues out ete observes par beaucoup de vete-rinaires.
L'entortilleinent de l'intestin, ou le veritable volvulus, est cbose difficile ä constater pendant Texistence de lani-mal; des coliques atroces annoncent bien la gravite du mal, mais elies sont insuffisantes pour etablir un diagnos­tic certain ; les seuls sytn]jtumes qui peuvent en fai^e soupconner ['existence, c'est que, dans la tourmenle des douleurs, 1 animal se couche frequemment sur le dos ou reste accroupi sur sonderriere.
Des auteurs avancent, sans en donner la preuve, que le volvulus n'est pas une maladie primitive ou essentielle, qu'on ne I'observe qua la suite d'une inflammation vio-lente de l'intestin, suivie de coliques qui ont produit des muuvements desordonnes. Tout ce que nous pouvons dire, et tous les veterinaires praticiens en conviendront, cest que 1 on ne connait pas la cause determinante de cefc etat pathologique, et tout ce quon en a dit est puretnent bypothetique.
Quant au^traitement, il est constamment infruclueux ; onconseille bien les saignees copieuses, les boissons muci-lagineuses donnees en grande abondance et les lavements de menae nature; mais ces agents therapeutiques demcu-rent sans resultat. Nous ne parlerons pas de Fingestion du mercure metallique, de balles de plomb, ni de 1'ou-verture du llanc, proposee par Fromage de Feugre, pour introduire la main dans labdomen et deeaaer la masse intestinale qui est entortillee ; les deux premiers moyens sont absurdes, le dernier est impraticable.
FIN DÜ TOME TROISIEME ET DERNIER.
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