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TRAUE PRATIQUE
DES MALADIES
DE
L'ESPECE BOVINE
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BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
2856 046 8
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TRA1TE PRATIQUE
DES MAL
L'ESPECE BOVINE
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J. CRUZEL
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MKMÜUi: ASSOCIK DE LA SOCILTK 1 M P K li I A L T. V.\ K.\.\\\\ W.V.
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P. ASSELIN, %:esseür de|Ee0ET |Me et LABE
I.I Bill) HE DR LAgt; FACÜtffe'-hEf MED^rSE . ET UK LA SOCIETY IflMr.UI.B SfcT. CK?iTR,VJ,5, Wft SlfiDönSK VETKI\Igt;LMKI
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1869
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PREFACE
L'ouvrago que je publie est le resume de quarante-huit annees d'etudes et d'observations pratiques. Lorsqu'en 1820, je com-inengai h exercer la medecine veterinaire, dans une contree oil les animaux de l'espece bovine etaient employes exclusivement aux travaux des champs, je me vis en presence des difficultes d'une pratique peu connue, et, ni les ecrits des anciens vete-rinaires, ni les enseignements que je venais de recevoir h FEcole de Lyon, ne pouvaient etre pour moi des guides sürs et suffi-samment eclaires. J'avais k etudier k nouveau, dans ce milieu, les maladies des animaux de l'espece bovine, et je me mis a l'oeuvre resolüment. II me fallut observer sans cesse, mediter, et me mettre k la recherche d'indications dont je pusse faire mon profit.
Les croyances populaires que je cherchais k m'expliquer, les prescriptions des empiriques presque toujours irrationnelles et sou vent absurdes, devinrent aussi un de mes champs d'observa­tion, et parfois j'y d^couvrais, au milieu d'erreurs sans nom-bre, le germe de bonnes värites pratiques.
Ce mode d'investigation m'a 6te utile, et je n'y ai pas entiere-ment renonce.
Des les premiferes annees, je publiai des memoires, la descrip­tion de quelques maladies, des observations qui me paraissaient
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VInbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PREFACE.
offrir quelque interet; je croyais avoir une mission k remplir, je voulais concourir k faire une place pour la medecine du boeuf, parmi les autres branches de la science veterinaire, et je me consacrai entierement ä la realisation de cette ceuvre.
Ce ne sont point mes ecrits de ce temps-Ik que je reedite; aujourd'hui, bion que n'ayant pas k les desavouer dans- leur ensemble, j'ai fait la part d'une imagination que I'experience n'avait pas eu le temps de moderer, et de quelques defaillances d'un jugement qui n'avait pas ete müri.
J'avais done rassemble de nombreux materiaux sur les mala­dies de Tespece bovine, et cependant je n'aurais jamais entrepris le travail que j'offre maintenant au public, si je n'eusse ete vivement incite et encourage k me charger de cette täche par des hommes des plus haut places dans la science veterinaire.
C'est avec ces materiaux amasses pendant ma longue carrüre de praticien, et, depuis vingt-cinq ans, avec la collaboration de mon gendre, M. Dubarry, que le Tratte des maladies de Vespece bovine a ete compose.
J'ai donne de toutes les maladies que j'ai decrites, la definition la plus simple et la plus exacte possible; je me suis attache k mettre leurs causes en evidence, en les presentant avec leur caractere le plus saillant. Cette precaution est a mes yeux d'une importance extreme.
Les symptömes ont ete decrits de maniere k eviter une con­fusion fächeuse, entre ceux qui se manifestent invariablement dans tons les cas de trouble des fonctions vitales, et ceux qui caracterisent une maladie avec precision. Je savais qu'en adop-tant cette methode, le diagnostic serait facile k etablir, et que le praticien se trouverait mieux en position d'agir avec con-fiance. Alors, en effet, I'indication est toujours rationnelle;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; *
eile n'est qu'une deduction toute naturelle, et la prescription du traitement se trouve necessairement dans les memes condi­tions. Aussi, Ton pourra comprendre sans peine que, dans mon traite comme dans ma pratique, ce traitement ne soil represente que par un petit nombre de formules qui, appli-
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PREFACE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; VII
quees avec discernement, peuvent etre d'une efficacite non douteuse et suffire k toutes les indications.
J'ai emprunte aux travaux de mes confreres les observa­tions qui m'ont paru susceptibles de donner ä mes dires plus d'autorile. Je n'ai pas eu la pretention d'avoir tout observe et toujours bien observe, ni d'avoir tout appris; et lorsque j'ai cru recoonaitre une lacune dans mes connaissances aequises de praticien, j'ai rapporte, afm de la combler, ce quavaient ecrit d'autres praticiens.
Si je dois peu, sous ce rapport, aux veterinaires de la pre­miere epoque, je dois bien davantage ä ceux du temps present, aux professeurs de nos ecoles, etc.
Lorsque j'ai du proceder ä la composition de mon livre, une bonne fortune m'est arrivee : M. H. Bouley, je me borne h le designer simplement de cette maniere, M. H. Bouley, dis-je, a bien voulu me donner un concours dont les lecteurs du Traue des maladies de l'espece bovine comprendronl la haute importance. II a sa part avec MM. Renault et Reynal dans le chapitre consacre au Charbon; je lui ai fait de nombreux emprunts au sujet de la Peripneumonie contagieuse et d'autres affections. La description du Typhus lui appartient exclusive-merit. 11 a revu les epreuves, et bien souvent j'ai fait mon profit des conseils qu'il a bien voulu me donner.
D'un autre cote, mon honorable et savant ami, M. J. Gourdon, professeur k l'Ecole velerinaire de Toulouse, a ete aussi mon conseiller de tous les jours; il a dirige le classement des ma-tieres de mon livre; je lui dois beaucoup. Cuique suum. Done, ä moi seal le blame, si mon travail est incornplet.
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J. Cruzel.
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TRMTfi PRATIQUE
DES MALADIES
DE L'ESPÜCE BOVINE
SECTION PREMIERE
MALADIES DE L'APPAREIL DIGESTIF
Les maladies de Fappareil digestif sont nombreuses et se pro-duisent fröquemment chez les animaux de Fespece bovine. Son-mis ä un travail penible et journalier, ils y sont jjrüdisposes, pour ainsi dire, par la destination meme de quelques-uns des organes qui constituent cet appareil et par le fonctionnement complique que necessite une double mastication. Ces organes sont d'ailleurs, sauf peut-etre le rumen, d'uue sensibilite et d'une irritabilite tres grandes. Si le boeuf on la vache qui passent leur vie ä l'etable ou au päturage exclusivement, sont rarement atteints de maladies graves, les cas d'epizootie et d'enzootie exceptes, il n'en est pas de meme du boeuf ou de la vache con-damne.s k supporter aux champs tout le poids du jour. Les pre­miers paissent, ruminent et digerent sans que rien ne trouble chez eux aucune de ces fonctions; tandis que pour le ruminant qui travaille, les causes de trouble sont de tons les jours et de tons les instants. Si parfois celui-ci prend son repas avec assez de liberty, presque jamais il ne lui est permis de proceder en toute securite ä la seconde mastication, qui seule rend possible une bonne digestion. La rumination est souvent interrompue pendant une attelee de quelques henres. G'est alors, la diges­tion sefaisant d'une maniere incomplete, par suite des interrup­tions frequentes de la fonction preparatoire essentielle, que les organes digestifs penvent en eprouver une atteinte facheuse.
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-inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MAIADIES DE L APPABEIL DIftESTIF.
Leu? imtabilite s'eu est accrue, et ils sont devenus beauMraquo;up plus sensibles k l'actiou des causes morbides.
A la suite d'uue ma'-cbe forcee, d'un arret de transpira­tion, etc., le bffiuf de travail est plus souvent al'i'ecte de gastro-enterite ou d'enterite que de pnenmonie, d'artbrite, etc. Apres avoir ete en butte h des brutalites, c'est renttJrite encore qui survient plutot qu'une aulre maladie. La frayeur lui occasionne la diarrhee subitement,, la dyseuterie plus tard. On le voit done, c'est par l'effet de son organisation speciale que cet. animal est atiecte plus souvent qu'uu autre des maladies qui vont etre decrites, et que s'explique rimportauce exceptionnelle de ces maladies dans le cadre de la patbologie bovine.
CHAPITRE PREMIER
Maladies de la bouclie et de ses dependances.
La bouclie est le siege d'inllammations plus ou moins vives, bornees ä la membrane muqnense, ou aii'ectant en meme temps quelques-unes de ses parties Constituantes ; eile est aussi le siege d'eruptions, d'ulcerations, d'apbtbes sporadiques ou epizootiques. Parfois, quelques-uns des organes qu'elle renferme s'alterent dans leur composition, eprouveut des chocs exterieurs qui reteu-tissent dans son Interieur; des corps etrangers s'y hnplantent, et Ton conceit que, par la nature meme des ibnetions que la bouclie remplit, de nombreuses causes de maladie lui fassent seutir leur action et puissent ainsi douner lieu ä ces atfections si nombreuses que nous allons avoir ä etudier.
ARTICLE PREMIEH
TUMEFACTION, INFLAMMATION DKS LEVHKS SvN(raquo;\MIK : Clli'iliti'.
La tumefaction ou inflammation, des levres est une affection
t'requente sur les betes bovines; elle'peut etre aigue on cbronique. Causes. — Tres nombreuses, surtout pour les animaux de tra­vail qui recoivent sur les levres des coups plus ou moins vio-
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INFLAMMATION UEä UäVUES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;;i
lents. Le bouvier veut-il faire reculer les bociil's alteles, il les frappe sur le mufle avec le manche de raiguillon; veut-il leur faire lever la tete, afln de les attacher sous le jouy avec plus de facilite, il les frappe sur les levres avec son genau, et quelque-fois avec la pointe du sabot qu'il porte ä sou pied droit ou gau­che. Souvent, c'esl; la pointe d'une come d'un hoeuf voisin tjui atteint son pareil eu secouant la tete de cöte pour se debarrasser des mouches qui le tourmenteut. Enfin, les bceufs qui paisseut dans les bois sent piques frcquemment aux levres par la vipere.
Symptamp;nies. — Gouilement des levres tres cai-aclerlse par uue augmentation d'epaisseur qui leur donne un aspect singulier. Elles font saillie au-dessus du mufle, et elles acquierenl beau-coup de durete. Ge gontlement est des plus douloureux, et si l'animal, presse; par la faim, s'approche du rätelier ou de la cre­che pour prendre des aliments, il se retire bien vite si l'engor-gerhent est tres considerable, ou, s'il Test moderement, il tire hors de la bouche autaut de langue qu'il peut, afln de saisir les aliments sans eprouver une sensation trop douloureuse.
.T'ai dit que le caractere de cet engorgement des levres etait d'etre tres dur et douloureux en proportion ; mais s'il est l'effet de la piqure de la vipere, il n'est point douloureux, et accuse une durete moius considerable; il est moios circonscrit, et s'etend au contraire vers les parties enviromianles; enfin, il est mol-lasse, emphys6mateux quelquefois.
Si la Gheilite est passee ä l'etat chronique, Fengorgement a (juelque pen diminue, mais il est bosselt' ä la face interne des levres; alors la membrane buccale, d'un rouge vif quelle etait, devient de couleur blafarde. D'abord, on y remarque de legeres excoriations, puls ces excoriations qui d'abord etaient isolees finissent par se reunir; elles perdent en etendue et gagnent en profondeur; leurs bords deviennent calleux, et Ton se trouve en presence d'ulcerations de tres mauvaise nature, autour des-quelles les tissus deviennent iudures.
Harche. raquo;inee. Terminaisou. — Le developpement de l'inflam-mation est ici en rapport avec l'intensite de la cause, c'est-ä-dire avec la violence du coup porte sur les levres ou avec la nature de la piqure. Si le coup a ete pen violent, I'inflamma-tion se declare avec lenteur. Dans le cas contraire, Tengorge-ment ne tarde pas ä se former. Si la piqure de l'aiguillon ou d'une epine est pen profonde, rengorgement est plus ou moins tardif; mais ä la suite de la piqure de la vipere, il est pour ainsi dire instantane.
La Gheilite pen intense n'a pas une longue duree. Gelle qui
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4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DK I. Ai'PAUUll. IIICESTM-'.
resulte de la piqüre de la vipere a une marche d'abord rapide, mais qni se prolonge plusieurs jours apres que les symptomes d'une iuflamniation Lres vive se sont calmes. II y a ici comma un temps d'arret. qui precede la resolution complete.
Les termiaaisons sont : la resolution ou I'etat chronique aA'ec induration. J'ai vu plusieurs boeufs piques aux levres par la vipere, mais je n'en ai pas vu mourir des suites de cette piqüre.
Diagnostic Prnnnstic. — Le diagnostic ne peut jamais etre ilouteux dans le cas de Cheilite; la turaefactiüii des levres est des plus apparentes, et si eile ne fait que commencer ä se develop-per, on reconnait toujours son existence ä la maniere dont les animaux cherohent h saisir le fourrage. Le pronostic n'est lacheux que si rinflammation passe ä I'etat chronique et qu'ä la lace interne des levres viennent ä apparaltre des ulceratious ;i Lords callenx.
Le pronostic auqnel peut donner lien la piqüre de la vipere est toujours lacheux sans doute, mais non pourtant ä im point extreme. La Cheilite resultant de cette piqure est rarement mortelle, c'est an moius ce qui resulte de nos observations pra­tiques; d'apres les experiences de Fontana, il faudrait, pour que le venin de la vipere fit perir un boeuf, qu'il en iut absorbe de 50 ä 60 centigrammes, et, pour cela, la piqüre d'une seule vipere ne saurait sufflre; il en i'audrait un certain nombre. D'ailleurs, une circonstance particuliere preserve souvent le bceul' de l'absorption du venin de la vipere. On salt quelle est la contexture anatofnique de la laugue du boeuf; eile est recon-verte d'une membrane epitlermoique qui acquiert la durete et la forme d'une rape. Cette langue est longue, tres flexible, et le boeuf s'en sert pour se gratter, se lecher, etc. Or, h la plus legere sen­sation que peut lui faire eprouver la piqure de la vipere laite aux levres, comme ä d'autres parties oü eile peut atteindre, la langue vient passer vivemeut sur l'endroit oü existe la sensation su­hlte, et dans le cas de piqure de la vipere, eile enleve d'un seul coup le venin depose hien souvent, selon toutes les probabilites, avant qu'il ait eu le temps d'etre absorbe. Une fois enleve par la langue, il se trouve delaye dans de la salive, ou du moins passe dans les voies digestives, et ne peut plus produire aucun effet niali'aisant.
Traiiemeut. — Le traitement de la Cheilite n'est nullement difficile ä indiquer; c'est son application qui Fest ä un point extreme, car la langue du häufest toujours lä, prete h, enlever tout ce (jue Ion pourrait deposer sur la partie enflammee. Lo­tions, embi'ocalions. tout disparnft. et j'avoue (fue les seules ap-
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MALADIES DB LA MLXILEUSI-; DE LA liOl CUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 5
plications que j'aie pu faire en pareil cas se sont boniees ä des frictions d'essence de terebenthine, que le boem semble respec­ter apres y avoir touche avec sa langue nne premiere fois: et comme ces frictions ont en r^alitc une puissance resolutive assez marquee, je les ai employees souvent avec succes.
A I'mterieur, toutes les fois que la piqüre a etc faite par uue vipere, j'alministre Tammoniaque liquide ä la dose de 30 gram­mes dans un litre d'eau. J'ai toujours cm ä Fefflcacitö de cette medication; je dois dire cependant que, dans ces derniers temps, ma conviction aurait pu etre ebranl^e par des observations pu-bliees dans nn journal de medecine, et qui seinbleraient demon-trer que l'ammoniaque ne jouit point de la propriete de coni-battre avec avantage les effets de Tabsorption du venin, si je n'avais eu devant moi une experience tonte personnelle me per-mettant d'affirmer le contraire et de croire ä l'efficacito) de l'am­moniaque comme moyen de combattre les effets du venin de la vipere.
Brmvage avec l'ammoniaque.
Prenez : Ammoniaque liquide (suivant l'äge et la taillc de l'animal),
de......................... 32 äi 6i grammes.
Bau froide.................. 1 litre on 1 litre 1/2.
ARTICLE IT
MALADIES DE LA MUQUEÜSE DE LA BOUCHE
sect; I. — Inflammation de la muqueuse bnccale.
Synonvmie : Stomatite.
Causes. — Cette maladie est ordinairement occasionnec par la presence de corps etrangers implantes sur la membrane mu­queuse, autour des gencives, sons la langue, on a la face inte-i'ieure des levres, en avant des incisives on du bourrelet, on bien encore par des surdents rentrantes, ou des portions de mo-laires detachees du corps de la dent ä la suite d'un cboc exterieur.
Symptömcs. — L'ecoulement d'un tluide viscjueux par les com­missures des levres, le refus par les animaux de prendre des aliments solides, ou du moins le rejet de ces aliments avant que la mastication ait commence, la mastication marquee par de fre-quentes interruptions, sbnt les symplomes qui se manifestent d'aboi'd. Pnis snrviennent. ä rinterionr de la boncbe, une don-
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6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DÜ L APPABEIL UlliKSTlF.
leur yive produite par la plus legere pression; des phlyctenes sur la membrane, ou des ulcerations pouvant sieger sur toute la surface, ou, snivant les causes, sous la langue et entre les levres et les incisives ou le bourrelet.
Je ne mentionnerai, comme symptomes apparents et caracte-ristiques, ni la rougeur de la membrane, ni la chaleur extraordi-iiairo, brillante, comme disent presque tous les auteurs qui ont ecrit sur la pathologie bovine. D'abord, parce que la rougeur n'existe pas sur la membrane muqueuse quand eile est de couleur tres brune, ce que Ton remarque souvent sur certaines races. Quant ä la chaleur, il faudrait, pour preciser si eile est moderee ou intense, avoir des termes de comparaison. On peut presumer cette chaleur, mais dire h quel degre eile est arrivee est chose fort difficile, et je ne crois pas que des symptomes decnts avec ces expressions vagues soient de quelque utilite. Ils ne peu-vent, selon moi, que rendre le diagnostic incertain.
Quelquefois, I'inflanimatiou de la bouche est symptomatique d'une affection de meme nature, et dont le siege est dans le tube digestif; il n'y a pas alors ä s'en occuper, siuon comme pheno-mene indicatif, devant suivre les phases diverses de la maladie principale, et qui subira l'influence du traitement general.
Elle est essentielle et purement locale, lorsque des plantes herissees d'cpiues s'etant trouvees melees an fourrage, ces epines se sont implautees dans la membrane buccale; eile Test egale-i ment, lorstjue les barbes de l'orge sont retenues dans les replis membraneux, principalement autour du frein de la laugue, et s'y implantenf,; lorsqu'elle a ete blessee par des chicots et d'au-tres corps susceptibles de produire des blessures plus ou moins graves sur quelque point de cette membrane, tels que les sur-dents rentrautes et les asperites des molaires qui resultent d'usure inegale.
Terminaison. Traitement. — En general, la Stomatite due a des causes de cette nature guerit proniptement, aussitöt que la cause a cesse d'agir. On arrache ou Ton coupe les surdents et les asperites, on enleve les chicots, les epines, les amas de barbes d'orgo; enfin, et e'est bien ici le cas de le dire : suhlatd causa tollitur effectus, on deterge les ulcerations, s'il en existe, avec de l'oxycrat ou de l'oxymel, et ron n'y touche plus, la sali­vation complete la cure.
sect; 2 — Barbillpns.
On a distingue, sous le nom de barbiUons, I'lilceration des ori­fices des canaux excreteurs de In salive qui s'ouvrent dans la
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MALADIES DE LA amp;CDQUEUSE DL LA BOUCUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;7
bouche, et oa en a fait une maladie diöereute de rinflamination essentielle de cette cavite. Cette distinction etait inutile, rmflam-mation etant due presque toujours ä ces meines causes que je viens d'indiquer, et l'ulceration n'etant jamais assez grave pour exiger un traitement autre que renlevement du corps etranger, siüvi d'un premier pansement d'une extreme simpücite.
Quant aux barbilions, le cas est different, et je crois necessaire d'entrer dans quelques dötails ii ce sujet, que j'ai dejä traite ailleurs. On a confondu l'existence de l'etat pathologique de la bouche que je designe sous ce nom, avec l'ulceration de l'orifice des canaux salivaires; et quelques auteurs meme eu ont nie l'existence. Cela s'explique, les maladies du bceuf leur etant presque inconnues; mais cela ne justifie point suffisamment la critique qui a etö faite d'un travail que j'ai public, sur ce meme sujet, il y a longtemps dejä. Voici ce que je disais alors (1) :
laquo; Les auteurs vetörinaires appellent ainsi deux petits tuber-cules oü s'ouvrent les canaux excreteurs des glandes maxillaires ; ils sont situes, un de cbaque c6t6, ä la base de la langue, en avant du frein.
laquo; Je designerai sous ce nom les protuberances molles et tres nombreuses qni sont les canaux excreteurs des follicules muqueux de la membrane qui tapisse la boucbe du bosuf. Elles ont leur siege, au bord interne des levres, de cbaque cöte seulement, et, daUs I'mterieur de la boucbe, le long des dents molaires. Leur volume et leur forme varient un pen suivant la place qu'elles occupent; grosses et triangulaires aux levres, elles sont petites et de forme pyramidale sur les autres parties de la bouche.
laquo; Rien de semblable ä ces prolongements muqueux n'existe sur les monodactyles, et je crois que c'est avec juste raison que Flandrin (tome Ier du Nouveau Dictionnaire d'agrkulture, article barbillons, page 407) bläme 1'operation qui consiste ä couper, avec les ciseaux, les replis de la membrane muqueuse, sous la langue, quand les chevaux eprouvent de la difficulty pour boire ou pour manger.
laquo; Mais l'operation qui consiste ä couper ce que Ton appeile les
barbillons dans le boeuf, est-elle tJgalemeut blamable?..... Je ne
le pense pas ! Et sans pretendre imposer ä cet egard mon opinion
ä personne, je dirai ce que j'ai vu et pratique souvent..... Lors-
que, dans les premiers temps de mon etablissement, on venait
(1) Joitni. de me'd. vet. theoriiu et pratiq, 1832, 110 de fevrier.
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8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE L M'l'AHElL DIGESTIF.
me dire : laquo; inon boeuf ne boit ni ne mange, parce qu'il a les bar-billons, raquo; je refusals de croire, et pourtant je finis par faire cette operation uniquement par complaisance, et, je dols le dire, pres-([ue toujours j'obtins un heureux resultat.
laquo; Depuls lors, de nouvelles experiences, sulvies avec attention, m'ont donne la certitude que, dans quelques circonstances, ces productions de la membrane muquense pouvaient acquerir un certain degre d'irritation, ce ({ui einpechait les ba3ui's de manger et surtout de boire. En effet, le boeuf qui souffre des barbillons ne prend, ä chaque gorgee, qu'une tres petite quantity d'eau, et en laisse tomber une portion par les commissures des levres. Avant rneme d'avaler celle (ju'il a retenue, il la garde dans la bouche en remnant sans cesse les machoires, absolument comme s'il mächait une plante acre qui affecterait son gout d'une maniere desagreable. Bieutot, il refuse tout ;i fait de boire, il mange peu, maigrit, son poil devient pique, etc.
laquo; On remarquera qu'ici il n'existe d'abord d'autre Symptome morbide que la difficulte de prendre les aliments, et que, presque aussitöt apres I'operation, le boeuf mange et boit avec facilite.
laquo; Le precede operatoire est fort simple : on met le boeuf sous le joug avec son pared, si, pour travailler, il est attele par les cornes; s'il ne Fest pas de cette maniere, on 1'attache ä un arbre, en laissant un peu de liberte ;i la tete, afin de pouvoir la devier en la soulevant; un aide saisit Tanimal par les naseaux au moyen du pouce et de l'index, et lui tient ainsi la tete un peu
soulevee sans trop de difficulte.....un autre aide tire la langue
hors de la bouche, d'un cöl(x, en I'appuyant par sa base sur les premieres molaires. C'est un moyen tres commode de tenir ou-verte la bouche du boeuf.
laquo; Alors le veterinaire, muni de ciseaux courbes sur plat, retran-che quelques portions de ces productions membraneuses... le tiers superieur on la moitie ä peu pros... Une legere hemorrhagie a lieu; on jette un peu de vinaigre dans la bouche, et l'opöration est terminee.
laquo; C'est en hiver, quand les boeufs sent exclusivement nourris avec des fourrages sees, que les barbillons acquierent cet exces de sensibilite. On observe egalement cette affection sur les vaches ot les taureaux. raquo;
Voilä ce que j'ecrivais, il y a trente-cinq ans, et je maintiens, au sujet des Barbillons, tous mes dires de cette öpoque. J'ai constamment observe sans parti pris, et Ton verra, lorsque je traiterai d'autres affections sur lesquelles j'ai döjä ecrit, que je
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MALADIES DE LA MUyiEUSE UE LA BUUCUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;!gt;
sais, quaud il le faut, revenir sur des erreurs ou sur des appre­ciations trop absolues.
Aujourd'hui, je dois ajouter, ponr ce qni concerne les bar-: billons, que j'avais observö judicieusement, mais neu complete-ment. Les Barbillons sont douloureux ou irrites par l'effet de causes qui ne sont pas toujours appreciablelaquo;; d'antres fois, ils sont dans un etat d'erethisme, leur sensibilite est exaltee : ils sont, par exemple, vivement impressiönnös par l'eau froide. Enfin, quand les animaux sont mal nourris depuis longtemps et que tous les tissus sont dans un etat de faiblesse tres apparent j il arrive que la membrane buccale est relacbee et flasque; alors eile peut etre pincee et meurtrie pendant la mastication. Le plus souvent, ce sont les Barbillons, ceux principalement qui sont les plus rapprocbes des molaires, qui eprouvent cette meurtrissure; c'est ce dont je suis tres sur pour 1'avoir remarque maintes fois. II est done facile de concevoir pourquoi le retranchement d'une partie de chaeun de ces barbillons fait disparaitre la douleur nianifestee par le bneuf, en meme temps que la cause dont eile etait un efi'et.
Au reste, ce relacbement de la membrane buccale est plus fre­quent qu'oi; ne le pense. On voit souvent des boenfs qui, pendant la rumination, laissent eebapper par les commissures des levres une portion du bol do la rumination. C'est un accident d'autant plus fächeux qu'il est particulier ä des animaux dejä an mauvais etat, et qui necessairemont maigrissent encore davantage. J'ai combattu avec succes cet accident morbide par de frequentes injections dans la bouebe d'une decoction amore et astrjngente, par des injections d'une dissolution d'alun ou d'une decoction de baies degenievre, er. donnant comme aliment, pendant plusieurs jours, des feuilles d'nrtichaut, toutes les fois que cela a ete pos­sible, et surtout par l'usage d'une bonne nourriture. Ici l'emploi du sei mele aux aliments est parfaitement indique et d'une efficacite incontestable.
J'ajoute qu'il ne faut pas confondre cette perte d'une portion du bol de la rumination avec le rejet de ce bol par une espece de hoquet, dont je parlerai en son lieu.
Au reste, pour qu'on ni? puisse se meprendre sur la difKrence (ju'il y a entre ces deux accidents morbides, il suffira de se rap­peler que les pertes d'aliments, par relacbement de la membrane, ont lieu pendant tout le temps de la mastication et par petiles portions, et que le rejet subit d'une portion du bol n'a lieu que par I'efiet d'un mouvement convulsif, instantane, qui se mani­feste pendant que s'opere l'ascension du bol.
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tOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALAUIEtj DK 1, AI'l'Alii:!!. Iimi-.STIK.
Demctim amere et astringente pour injections dans la buuche ä Veffot de combattre le reldchement de la membrane buccale.
Uentiane en poudre......................... 30 grammes.
Ecorce de ch6ne ou de saule.................. 30 —
Ean..................................... 2 Hires.
Laissez refroidir et faites bouillir jusqu'ii diminution d'un tiers du liquide, el faites les injections.
Autre decoction pour le meme emploi.
Baies de irenievre.......................... 60 grammes.
Eau...................................... raquo;2 litres.
Meme operation que pour la precedente.
Injection alunee.
Alun cristallise el en poudre................. 15 grammes.
Eau..................................... 1 litre.
Agitez et faites Tinjeclion, ou mieux Irempez une poupee dans ee liquide el passez-la dans la boudie.
J'emploie aassi, dans le meme hut,
Un mastigadour compose aver .-
1quot; Ail ecrase..................... 1 tete.
iquot; Ognon cru ecrase.............. 1 de moyenne grosseur.
3quot; Assa-iVetida................... 30 grammes.
Le tout enveloppe dans un sachet en loile, lixe, dans le sens de sa longueur, a tin mors en bois.
ARTICLE III
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INFLAMMATION DE LA LANGÜE SYNONTHIE : Glossito. Blcssuri', Mai do tongue, (He.
Definition. Freqiienoe. — La Glossite est tine inflammation de
la membrane mnqueuse de la langue seulemenf, ou eile est^ en meme temps, line inflammation du tissu de l'organe. Dans le premier cas, eile est dite superficielle; dans le second cas, eile est, dite profonde.
La Glossite n'est pas aussi frerjuente sur les animau.x de l'es-pece bovine qu'on ponrrait le croire et que I'ont dit quelques auteurs. Les uns Tout confondue avftc le glossantbrax: d'autres ont cru ä son existence quand la tumefaction de la langue resul-tait de la compression exercee sur sa base par le cleveloppement
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I.NKI.AM.M.VTIO.N DE LA LA-NKUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 I
subit d'uiie tumeur sanguine; ils ont suppose, comme le prol'es-seur Gohier, que cette turaeiir etait de nature squirrheuse; et d'autres enfln ont fait de rinflammation gönerale et speeifique de la membrane muqueuse de la bouche une Glossite simple.
Je n'aurai done ä m'oecuper ici que de la Glossite essentielle, simple et superficielle, et de la Glossite profonde; mais avant de passer ä cette description, je me crois oblige, pour I'mtelligence du sujet, de rapporter l'observation de Gohier avec les explica­tions qui doivent la suivre.
laquo; Une vache, dit le professeur Gohier, achetee pour le cours d'operations, avait dans tout cet Organe un engorgement squir-rheux qui Fempechait de manger depuis longtemps. La langue, ([ui etait presefue insensible et fort dure, avait acquis un volume tel qu'il remplissait toute la bouche, et qu'il en resultait meme une protuberance considerable sous l'auge. Le pen d'aüments que cette vache pouvait prendre restait dans la bouche; eile ne pouvait nullement en operer la deglutition, la plus grande partie de cat organe touchant le palais par lequel il etait comprime. Cause inconnue.
laquo; Traitcment. — Scarification profonde avec un long bistouri ä serpette duns toute Fetendue de la langue. Lotions aromatiqnes daus la bouche frequemment repetees, remplacees, quelques jours apres, par des lotions faites avec une decoction de parties ojgales de racines de gentiane et de eigne. Mieux marque apres quelques jours de ce traitement, et guerison complete dans la quinzaine. raquo;
Le professeur Gohier n'avait exerce la medecine veterinaire que dans im regiment de cavalerie avant d'entrer ä FEcole de Lyon en qualite de professeur de marechalerie. A cette epoque, on n'amenait presque point de betes bovines ä cette Ecole, et toutes les maladies de ces animaux dans la campagne, ä pen pres inconnues dans les Ecoles vet6rinaires, n'etaient traitees que par des empiriques. A Fexception de quelques memoires publies par Chabert, Huzard, Fiandrin, Gilbert, etc., on ne possedait en pathologie bovine que des ouvrages ecrits quel-quefois par des medecins de Fhomme, on par des auteurs qui n'avaient pas eu Foccasion d'observer ces maladies assez souvent pour s'en former une idee exaete. Aussi n'est-il point eton-nant que, dans cette circonstance, le professeur Gohier ait cru avoir ä traiter un squirrhe de la langue, alors qu'il n'avait devant les yeux qu'une langue comprimee et refoul6e hors de la bouche par une tumeur sanguine qui s'etait dtiveloppee subite-ment dans Farriere-bouche de Fanimal, et qui oecupait Fespace
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I 2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE l'aPPAREIL ÜICrESTIF.
situe eutre les deux branches du maxilluire, accident tres com-mim dans quelques Saisons de Tannee.
Si l'engorgeinent de la laague eüt ete de nature squirrheuse, comment le traitemeut mis en pratique par Gohier aurait-il pn amener une gnerison qui commencait ä se dessiner des les pre­miers jours du traitement ?
Sans doute, la Glossite se manifeste parfois ; mais eile n'a rien de comniun avec la inaladie dont il vieut d'etre ifuestion. Elle a ses causes propres, des symptomes caracteristiques qui different essentielleinent des causes et des symptömes de la glossite squir-rheuse.
Causes. — Les causes de la Glossite superficielle ou profonde sont toutes celles qui agissent en irritant la membrane muqueuse de la langue ou son tissu. En tirant la langue du boraf hors de la bouche, afln de mieux examiner l'etat dc la dentition, des bou-viers maladroits ou brutanx meurtrissent quelquefois cet organe, an point d'occasionner une inflammation de sa membrane nui-queuse. Des fourrages, parmi lesquels se trouvent des epines on des fruits de chardon etoile, produisent le meine eü'et, ainsi que les barbes de l'epi de l'orge, quand cette graminee, doimee verte, approche de la maturite.
La Glossite profonde est quelquefois occasionuee par des contu­sions resultant de la compression yiolente de la langue entre les in-cisives et le bonrrelet : lorsque, par exemple, un bosuf qui rumine ou qui passe sa langue hors de la bouche fait une chute an bas de quelque monticule ou dans uu fosse; lorsqu'il est brutalement frappe sur le mnfle on au-dessus de cette partie, pendant que sa langue est hors de la bouche ou qu'elle s'avance, quand il rumine, jusque vers les incisives et le bonrrelet.
Symptömes. — Salivation abondante et continue; Tanimal tient la bouche entr'ouverte. S'il s'essaye ä prendre les aliments, il le fait en s'approchant lenlement, pour ainsi dire, avec pre­caution, du rätelier ou de la mangeoire, et s'il les saisit, ce n'est que par brins; quand il les a dans la bouche, il est longtemps ä les mächer ou h les tordre avant de les avaler. II rumine pen ou point; il est triste, il tient la tete dans un etat d'immobilite. 11 se defend avec violence lorsqu'on cherche ä lui faire ouvrir la bouche, de maniere ä y porter la vue assez profondement pour apercevoir la base de la langue; et il se defend beaucoup plus vivement si on cherclie ä la saisir. Cet organe est rouge parfois et non toujours; cela depend de la couleur de la membrane qui recouvre la langue, et qui offre une teinte brune plus ou moins foncee, suivant la nuance du poll. Des plaies de profondeur varia-
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INFLAMMATION DE LA LANUTE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;13
ble existeut sous le l'rein de la langue, principalement lorsque la Glossite est occasionnee par les barbes de l'öpi de l'orge.
Marcbe. Dur6e. Terminaison. — La mai'Clie de la GlossHe SU-perficielle est assez rapide; eile Test moins si la Glossite est profonde. Trois ou quatre jours suffisent pour qu'elle ait ün terme, si eile est superficielie; mais la Glossite profonde se deve-loppe plus lentement, et sa resolution se fait attendre plus long-temps. Dans Tun et I'autre cas, la terminaison est favorable. C'est la resolution, ordinairement; et je devrais dire plutot que cetle terminaison est toujours la meine, n'en ayant pas observe d'autre.
uiaguystic. Pronostic. — Les symptömes locaux que jquot;ai decrits permettent de former un diagnostic toujours certain; c'est aün qu'il soil possible de l'etablir sürement que j'ai rapporte l'obser-vation de Gobier; pour obtenir des observations encore plus exactes, voir la description des tumeurs sanguines.
Le pronostic de la Glossite n'est point fäcbeux; il faudrait, pour qu'il y out du danger, que, dans une chute, la langue eut ete, pour ainsi dire, öcrasee, et encore pourrait-on, dans ce cas, compter sur la guerison, taut les plaies de la bouche qui se bor-uent aux parties molles sent promptes ä se cicatriser. On en a une preuve dans les scarifications profondes que Ton a prati-quees sans danger sur la langue, bien souvent, quoiqu'il n'y eut pas d'iudication precise.
Traiiemeut. — La diete et les boissons rafraicbissantes sent les premiers et les principaux moyeus ä employer pour combat-tre la Glossite : la diete, parce qu'elle laisse en repos les mä-cboires et la langue; les boissons, parce qu'elles temperent l'äcrete de la salive. Si Fanimal ue se defend point quand on essaye d'introduire dans la bouche des poupees enduites d'eau miellee ou I'extremite d'une seringue, dans lo but de calmer I'in-llammation au moyeu de lotions adoucissantes, je conseille I'em-ploi de ces moyeus; mais pour pen qu'il s'en defende, j'y renonce, parce que, dans ce dernier cas, ils produisent un effet contraire ä celui qu'on se projiose d'obtenir.
Si neaumoins la fötidite de la salive est teile qu'elle implique I'existence d'ulcerations, on pent, en fixant solidement la tete de ranimal h un poteau ou ä un arbre, faire des injections detersi­ves au moyen d'une seringue dont la canule est introduite dans la bouche par les commissures et avec precaution.
Dans ce cas, on pent employer Finjection suivante :
Injection.
Alun mslallise........................... 15 grammes.
F;tites dissondre dans 1 litre d'eau.
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14nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIIOS DE I, AITAIIKII. ÜIOEST1F.
On bien cette autre lormule donnee par M. Tabourin :
Autre injection.
Eau de Raljel............................ C4 grammes.
Vinaigre................................ lüo —
E:ui.................................... i litres.
Falles dissoudre et tn^langez.
ARTICLE TV
APHTIIES DE LA HOUCHF.
Synonymik : Maladies apbtheoses, Kievre aphtheuse, Epizootic apbtheuse, Stoniatiie aijlithouse. Cocotte, Mill tic houcho, Plilycli'iic, Gl0SS0-pamp;dc, Exiuitliöino iritorpitahm^f'.
iKiiiiitioii. — La flevre aphtheuse est une maladie eruptive, enzootique ou epizootique, caracterisee par des eruptions pustu-leuses ou ulcereuses qui ont leur siege sur la memhrane mu-queuse de la houche, ainsi (ju'autour des mamelles et dans I'espace interdigite. Sur ces parties, de petites ampoules se developpent, et puis elles s'ouvrent pour donner issue a la sero-site qu'elles contiennent; les bords s'elargissent, et des ulceres se ferment. Suivaut la gravite de la maladie, ces ulceres ont plus ou moins d'etendue, leurs bords se relevent ou sont pen apparents, et le fond en est ou pale rouge ou brun.
Dans le cas de maladie aphtheuse proprement dite, les aphthes se montrent qnelquefols, mais rarement sur la membrane mu-queuse du nez, et jamais dans le pharynx, dans le larynx ou dans le canal intestinal
On a beaucoup ecrit sur les maladies aphtheuses de Fespece bovine, beaucoup plus peut-etre qu'il u'aurait fallq pour les presenter sous leur veritable aspect. Commo dans toutes les circonstances on il est question de maladies qui affectent un grand nombre d'animaux ä la fois, on a decrit une maladie aph­theuse, sporadique, epizootique, enzootique, une maladie aph­theuse enzootique gangreneuse. Enfin est vemi le glosso-pede. Cette derniere denomination est la plus savante ou a I'air de letre; mais en realite, la maladie est essentiellement caracterisee par la presence d'aphthes qui ont leur siege sur la membrane muqueuse de la houche, du larynx, de I'oesophage, de Imtestin, dans I'espace interdigite ou dans les oavites nasales.
Historique. — S'il s'agissait d'une maladie sporadique seule-ment, je ne croirais pas necessaire d'entrer dans des details his-
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Al'HTHES DE LA BOUCHE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; IS
toriques ;i son sifjet; mais il doit etre interessant, quand on traite d'nne affection qui se presente toujours ä l'etat epizootiqne ou enzootique, de dire d'oü eile vient on ce qu'elle a ete, avant d'en faire la description, afin d'eviter toutes les suppositions qui sur-gissent ä l'occasion des maladies qui affectent ce caractere.
Les maladies aphtheuses sont tres anciennement connues; les hippiatriques grecs en parlent, dit M. Reynal. Ruini et Francini en font egalement mention dans leurs ouvrages, publies vers la fin du seizieme siecle. Michel Sagar a donne la description de l'epizootie aphtheuse qui regna en 1763 et 1764, en Moravie, sur les grands et petits ruminants. Vers la meme epoque, on l'ob-serva dans les environs de Paris, dans le Perigord et dans l'Au-vergne. Elle attaqua non-seulement les betes bovines, mais encore les chevaux.
Dans les annees 1765, 1776, 1785, Baraillon signala la mala-die aphtheuse sur les animaux de plusieurs cantons de la gene-ralite de Moulins.
Depuis le commencement de ce siecle, les maladies aphtheuses out sevi un grand nombre de fois sur les betes bovines, dans diverses contrees de l'Europe. En 1809, 1810, 1811, 1812, une epizootie de cette nature apparut en France dans plusieirgg d6-partements. Elle fut etudiee : dans la vallee d'Ange, par Huzard pere; dans la Seine, par Girard; dans le Rhone, par l'Ecole de Lyon; dans les Ardennes, par Dehain ; dans les Pyrenees-Orien-tales, par Barrera; dans les autres d6partements, par plusieurs veterinaires; en Suisse, par Saloz; en Italie, par Leroy; et en Hollande, par Kraff. La meme epizootie fut signalee dans l'Oise, en 1819; en Suisse, en 1823, d'oü eile pönetra dans la Romagne, d'apres Lamberliechi, qui en a donne la description.
De 1837 ä 1845, l'epizootie aphtheuse a parcouru presque tonte la France et les pays limitrophes... C'est en 1837 que je l'ai observee pour la premiere fois, et depuis, fort souvent, presque tous les ans, tantöt dans nne localite, tantot dans une autre. Maintenant, on l'observe de temps ä autre dans une etable, saus qu'elle en sorte pour se porter sur des points plus ou moins rapproches.
Dansla meme pöriode de temps, eile aetedecrite par MM. Ma-thieu, Fabre, Imlin, Maret, Levigney, Reynal, Charlier, Causse, etc.
Causes. — L'on a iäit des conjectures nombreuses et diverses sur l'origiiie de la Gocotte; la verite est que la benignite ou la gravite de cette maladie tient ä Faction plus ou moins active de causes qui, le plus souvent, sont restees inconnues.
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16nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE LAFPAREIL UltxESTIF.
La contagion est la cause la plus ordinaire de la maladie aph-theuse; mais eile n'en est pas la raison d^terminante exclusive. Une bete bovine renfermee dans une etable, au milieu cl'autres animaux de la meme espece, parait malade le matin. A cent lieues ä la ronde, aucun cas de cette maladie n'y existe dans le moment, ou meme n'y ajamais existe. Peut-on penser ä la con­tagion? Continuous : la bete qui a paru malade le matin a eu d'abord des frissons, eile ne salivait pas encore que dejaplusieurs autres betes de la meme etable, ou d'une etable qui en est sepa-ree, se trouvent affectees de la meme maladie : si la contagion avait ete pour quelque chose dans cette apparition subite et presque simultanee de la maladie aphtheuse sur tant d'animaux ä la fois, alors ([lie mil autre cas ne s'etait produit ä de grandes distances, il laudrait convenir que le principe coutagieux doit etre subtil ä un degre prodigieux.
Voici, ä propos de la contagion, ropiniou exprimee par M. Reynal, dans le premier volume du Dictionnaire de Medecine veterinaire, article Aphthes :
laquo; Parmi les veterinaires, dit le savant professeur, les uns ad-mettent la contagion de la lievre aphtheuse, les autres la nient : Mickel Sagar, Baraillon, Kraif, Saloz, Lamherhcchi, Fahre, Levrat, MM. Maret, le professeur Magne, Gharlier, croient aux proprietes contagieuses de la maladie aphtheuse. Cependant, le plus grand nombre des veteriuaires qui Tout etuditie depuis les premieres annees de ce siecle, lui refusent les proprietes conta­gieuses, ou tout au moins elevent des doutes sur leur existence. Huzard pere, qui croyait ;i la contagion en 1793, devint non-con-tagionniste apres avoir vu cette maladie dans la vallee d'Auge (1810). Girard pere, qui l'observa ä la meme epoque dans le de-partement de la Seine, ne recueillit aucun fait qui militat eu laveur de la contagion. Les observations personnelles des vete­rinaires qui out etudie les epizootics aphtheuses de 1837 ä 1855 ne sont pas favorables ä la contagion : Mathieu, dans les Vosges; Imlin, dans le Bas-Rhin; M. Hazard, charge au nom du Conseil de salubrite de la Seine d'etudier, en 1840, I'epizootie aphtheuse qui regnait dans ce departement; M. Tisserant, envoye dans le meme but en mission en 1855, dans le Mont-Dore, par M. le prefet du Rhone, n'ont recueilli que des faits contraires ä la contagion. Nous-meme, pendant le cours de la maladie aph­theuse qui sevit, en 1841, sur la presque totalite des especes bovine, ovine et porcine, nous n'avohs constate nulle part que sa manifestation put etre attribuee a la contagion.
laquo; Mais la divergence d'opinions qui existe snr ce point ne nous
J,
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APHTHES DE LA BOUCHE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 7
parait pas inexplicable. Tout d'abord, paraii les contagionnistes, il faut distiuguer les auteurs anciens et les auteurs contemporains.
laquo; Les premiers out decrit, sons la denomination i'aphthes, des maladies esseiitiellement difKrentes entre elles, par leurs symp-tomes, par leur marche et leurs termiuaisons. raquo;
A ces remarques fort justes. on pent ajouter que la pluparl (les faits de contagion sur les(|uels ces derniers auteurs ont forme leur opinion, appartiennent evidemment ä des fgt;pizooties d'uu autre genre, et bien autrement dangereuses que la fievre aph-theuse dont je parle. Ils avaient en vue, selon toutes les proba-bilites, des epizooties cliarlionneuses, des enterites d'uue gravite extreme, etc.
Quoi qu'il en soit, si la contagion ne pent etre consideree comme la cause initiale ou unique de la Cocotte, eile rest£ nean-moins la cause la plus ordinaire de sa rapide propagation.
La premiere fois que j'ai vu des bOBUfs atteints de la Cocotte, M. Yvart exercait les fonctions d'inspecteur general des Ecolos veterinaires; il etait en tournee a Toulouse, et venant me voir, il me rencontra apres une visite an plus grand domaine du canton de Grenade, oil vingt-cinq boeufs de travail etaient atteints de la maladie autant anx pieds qu'ä la bouche... laquo;#9632; A quelles causes attribuez-vous cette maladie? raquo; — J'en sigualai une douzaiue qni me paraissaient avoir agi, soit isolement, soit ensemble, et toutes plus ou mpins graves et evidentes..... Quand j'eus ter­mini cette enumeration : laquo; Tranquillisez-vous, dit-il... Tons vos boeufs malades seront sur pied avant une quinzaine de jours, sans les saignees, les lavements, les gargarismes, cata-plasmes, etc., dont vous pourriez faire emploi. Quant aux causes de la Cocotte, vous seriez bien babile si vous aviez ren­contre juste. J'ai parcouru des döpartements du Nord, du Cen­tre et de l'Est; j'ai vu un nombre prodigieux d'animaux atteints de cette epizootie; je n'ai trouve la cause nulle part, du moins je ne crois pas avoir fait cette precieuse decouverte, si toutefois, dans les milieux differents ou sont placees les betes bovines, ces causes ne sont pas dans tout et partout, c'est-ä-dire absolument inconnues. raquo;
Bien des annöes se sont passees depuis que j'ai eu Favantage de m'entretenir avec M. Yvart; j'ai eu de nombreuses occa­sions d'etudier 1'epizootie • aphtbeuse : je l'ai vue ä son premier etat epizootique, enzootique, et enfin je l'observe bien souvent ä l'etat sporadique, et je ne crois pas que rien de pins sense que ce que me disait M. Yvart ait ete ecrit sur la maladie aphtheuse.
Sympiönu-s. — Des le debut, les animaux sont tristes, c'est-
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Ilaquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE l'aPPAREIL DIGESTIK.
ä-dire qu'ils tiennent la tete basse; ils rel'iiseiit de manger; ils sout immobiles, la secretion du lait diminue; ils out la colonne dor-sale tres sensible k la pression, la peau chäude et seche; ils eprouvent lies contractions aux muscles de l'encolare, lorsque le si^ge principal de la maladie est clans la bonche, et des contrac­tions aux membres, frequentes et snbites, avec des frissons gene-raux, lorsque les aphthes se ferment aux intervalles interdigites on aux mamelles. Ils oul, le mnile sec, la bouche seche et tres chaude. Quelques auimaux tiennent la tete appuyee centre la mangeoire.
Mais bientöt rirritation ou rinflammation de la membrane muqueuse de la bouche surexcite les fonctions secretoires des glandes salivaires; les phlyctenes apparaissent, et eu quelques heures elles sontconstammentbaigneesparla salive, yui s'ecoule, fllant continuellement, par les commissures des levres.
Alors Fanimal reste longtemps dans un etat complet d'im-mobilite; il grince des dents, non tres fortement, mais d'une maniere assez sensible pour qu'on puisse s'en apercevoir ou I'en-tsndre; sa tete est branlaute quelquefois, et par secousses repe-tees, quoique fniblement. De's ce moment, refus de sa part de toute sorte d'aliments; ou Men, s'il essaye d'en prendre une bou-cbee pen volumineuse, il la nmchonne pendant quelques socon-des, puis laisse tomber ces aliments, en ouvrant largement la bouche et sans faire aiicun autre mouvement des machoires.
Tels sout les symptömes ([ue Ton distingue d'abord toutes les fois que la maladie se borne ä la membrane buccale. Si eile doit affecter I'espace iutcrdigitc, on remarque comme des frissons qui courent le long des memhres en partant des rayons infe-rieurs, et presque semblables ä ceux qui indiquent les douleurs occasionnees par la fourbure. La formation des aphthes determine ces contractions musculaires par la douleur qu'elle provoque.
La rumination n'est presque jamais interrompue complete-ment par 1'existence de la maladie; eile a lieu encore ;i des in­tervalles assez rapproches, ce qui est tres facile ä concevoir : les auimaux ue mangent point, parce qu'il leur est trop douloureux de saisir les aliments avec la langue et de les supporter dans la bouche quand ils ne sout pas encore broyes, mais ce n'est point, faute d'appetit,; ils ruminent, au contraire, pour satisfaire an be-soin d'alimentntion qui se fait ressentir dans leur estomac, et, pour cela, le bol remontant du rumen les fatigue moins que celui qui serait forme d'alimentsquot;' n'ayaut encore subi ancune preparation.
Du moment oquot;i iquot;ai (He bien fixe sur le veritable caractere de
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APHTHES DE LA BOTICBE.
19
la maladie, je n'ai plus atlache d'importauce ä rexploratiou du pouls; ija'ii soit l'ort ou faible, lent ou accelere, cela n'estd'au-cun inli'Tet pour le jugement ä porter sui- l'etat du malade.
Les norabreuses excoriations placees dans la Louche ou dans l'espace interdigitö flnissent souvent par se reunir; mais ce n'esl pas im mal : la gaerisou m'a toujours paru se faire, dans ce cas, plus promptement, meme lorsque l'enveloppe de la langue, iepitheliiim, s'enleve en enfier par reffet d'un frottcment (jnei-conqu.e.
La corne aussi se decolle vers les talons, et quelquofois le de-collement se prolonge bleu en avant sur retendue de l'onglon. C'est Faccident le plus grave qui puisse survenir, parce qua l'on se trouve foreement prive du service des animaux pendant plu-sieurs jours.
Tous les auteurs vetcrinaircs qui ont ccrit sur cette maladie signalent l'odeiir l'etidede la serosite que fournissent les aphthes. C'est une exagcration connne il s'eu est produit tant d'autres, dans les nombreuses descriptions de la Cocotte; car cette fetidite n'est pas tellement sensible qn'il faille lui accorder \me grandc hnportance. Est-cebien, d'ailleurs, la serositi'1 que fournissent les ulceresqui repandune odeur pen agn''able?N'est-ce pas la salive, si eniinemmeiit putrescible de sa nature? car il y eu a toujours une certaiue quantitö qui sejonrne dans la beuche, avant de finer par les commissures des levres.
Prunostic. — La maladie aphtheuse nentrainant Jamals la mort des animaux atteints, le pronostic est jusqu'ä un certain point favorable. Mais la maladie. Wen qlie non dangereuse en elle-memc, par ramoindrissement considerable de la valeur des ijctes et de leurs produits qu'elle entralne, par la diminution en lait, en graisse, en viande, etc., dont eile est cause, nquot;en constitue pas moins pour ragricultnre un veritable fleau, ä rattenuation duquel le praticien ne devra cesser d'apporter les soins les plus attentifs.
Traitement. — Pour l'indiquer, je commence en procedant par exclusion : ne saignez pas, ne purgez pas, ne medicamentez en aueune maniere les animaux atteints; ils ne squot;en retablironl que plus promptement, aussitöt qu'ils ponrront supporter qnel-, ques aliments dans la bouche. Qu'on se garde surtont de la leur faire ouvrir par aueun moyen, et de leur saisir la langue, ahn qu'ils la tiennent onverte, pour que l'on y fasse des gargarismes. ün ne reussirait ainsi quä enlever en entier la membrane qui la recouvre, ce qui aggraverait singulierement, sans avantage au-eun, les souffrances qn'epronvo l'aniinal.
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raquo;#9632;#9632; i:
20nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES UK LAPPAREIL UIGESTIF.
II est parfaitement inutile d'essayer de lui injecter dans la boußhe des liquides quels qu'ils soient, dans rintention de deter-ger les ulceres, (le favoriser leur cicatrisation. La salive suffit k remplir ces indications. Done, point de gargarismes, mais seule-inent de l'eau blanche tenue constamment devant les animaux, et pourtant renouvelee sonvent afin qu'elle n'ait pas le temps de s'aigrir.
On a autrefois conseille l'application de cataplasmes sous les pieds des animaux atteints de la Cocotte. Ce n'etait pas serieu-semeut sans doute, car on ne pouvait imaginer de faire une pareille application en temps d'epizootie, surtout chez des ani­maux qui sont les plus impatieuts de tons. L'unique traitement consiste, selon moi, ä faire passer les animaux dans l'eau plu-sieurs fois par jour, ä les y tenir meme pendant quelques ins­tants, avec la precaution de ne pas laisser l'eau passer au-dessus du boalet. II suffit que le pied proprement dit y trempe. Ces bains de pied sont d'nne grande efficacite; ils abrögent singulie-rement la duree de la maladie.
Gelte duree pent etre de huit ä dix jours on meme davantage. La terminaison la plus fäcbeuse de la maladie est le decollement de la corne vers les talons; quelquefois, mais tres rarement, j'ai vu ce decollement se prolonger plus en avant. Cela n'est facheux que parce que les animaux en sont plus lents k se retablir et parce qu'il en resulte une perte de temps, quand il s'agit d'ani-maux de travail.
Au reste, ce decollement se traite comme tous les decolle-ments de la corne des pieds des bceufs. On enleve touta la partie soulevee, on pause avec des etoupes imbibees de teinture d'aloes, ou d'essence de terebenthine, on de. mixture de Villatte; d'autres lois, suivant que Ton est plus ou moins eloigne des centres ou se trouvent dos pharmaciens, on met sur la partie donl. la corne a ete enlevee, une pate formee de terebenthine et- detrempee dans un jaune d'eeuf; ou bien encore, on imbibe les etoupes d'eau-de-vie, et puis on met un appareil ä demeure, et la gu6-rison ne se fait pas attendre.
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MALADIES DES JOÜES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;21
ARTICLE V
MALADIES DES JOUES
sect; llt;'r. Inflammation des Jones.
Synosvmie ; Gnalliite.
Gette maladie n'est pas inconmie sur les animaux de l'espece bovine, comme cela a ete cut. De ce qu'une maladie n'a pas 6tt' remar(juee dans nne contree, il ne faut pas en conclure qu'elle n'existe pas. Gette inflammation est tonjours produite par des coups de come que les animaux se donnent entre eux, dans I'eta-ble, en voulant se d^barrasser des mouches qui les tourmentent.
Ges coups sont ögalement cause des tumeurs enkystees qui se produisent dans la substance des joues, et dont il sera question plus loin.
Dans les campagnes du Sud-Ouest, un boeuf se trouve rai-e-ment seul dans une loge, que celle-ci soit de forme primitive et fort simple par consequent, on d'une construction plus en rapport avec les usages de notre epoque. Or, lorsque deux bteufs sont dans la meme loge, il arrive fort souvent, en (He, que, par un mouve-ment de tete brusque et violent, Fun de ces animaux frappe, avec I'extremite d'une de ses cornes, celui qui se trouve ä son cote, lorsque ce dernier est ä portee süffisante, on bien que les deux animaux executent le meme mouvement et que leurs tetes se rapprochent. G'est alors que sont portes des coups d'une grande violence sur les joues et sur les os maxillaires.
Quand la contusion a lieu sur les parties molles, eile produit un engorgement de forme et d'etendue variables, mais toujours tres douloureux; c'est la Gnathite on inflammation des joues. Dans ce cas, la premiere indication serait de faire des ablutions continuelles d'eau froide pendant plusieurs heures. Ge moyen est d'une efficacite incontestable, ä la condition que les ablu­tions seront faites sans interruption. Mais il arrive trop souvent que Ton s'apercoit de 1'existence de la maladie seulement lors­que (16jä l'engorgement s'est dßveloppe; et alors il n'est plus temps d'employer ces ablutions froides, qui ne donneraient au-cun resultat.
Quant a I'emploi des emollients proprement dits, tels que cataplasmes on lotions mucilaginenses, il est inutile d'y corapfer;
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i-2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MAI.AlilKS DE L.4PPAREIL DIGESTIF.
d'abord, parce que ces moyens inedicamentenx soiit loin d'ayoir les proprietes (ju'on leur attribue, et ensnite parce qu'ils sont d'une application ä pen pres impossible.
Daus une metaiiie, tout an plus peut-on obtenir qne le bou-vier fasse trois ou quatre lotions par jour, ä plusienrs heures d'intervalle les nnes des ant res; et je crois qn'ainsi faites, les lotions, si elles out quelque action, prodnisent nn el'fet contraire k celui que Ton vent obtenir. An bout de quelques minutes, il n'en reste ancnne trace snr la tnmeur. Quant aux cataplasmes, si on les applique, ils ne tiennent pas longtemps, et leur action ne s'exerce pas plus favorablement que celle des lotions. Le cataplasme se deplace et se refroidit toutes les fois qne I'ailimal fait nn mouvement de tete ou de mächoire. 11 faudrait, pour qu'il en füt antrement. que l'animal restät pendant plnsieurs heures dans nne immobility complete, qu'il ne s'essayät pas ä manger, qu'il ne rurninat pas, etc.
Le auteurs qui out conseille l'emploi des lotions ou des cata­plasmes dans ce cas ne se sont pas rendn compte des difficultes d'application de ce mode de traitement auquel j'ai renonce depuis longtemps.
.Te fais sur les tumeurs inflammatoires des joues dn bceuf, des frictions energiqnes d'esseace de terebentliiue deux ou trois fois par jour; et lorsque j'ai surexcite de cette maniere rinflamma-tion dejä existante; et ([ue je remarque un commencement de vesicalion sur ia peau, je me borne ä attendre que cette surexci-tation se soit calmee, — ce qui a lieu an bout de trois ou quatre jours; — il est rare qne la tnmeur ne se trouve pas alors en voie de resolution. Si cette terminaison se fait attendre, je fais de nouvelles frictions.
Quelquei'ois, selon l'occurrence, je remplace les frictions d'es-sence dc terebentliiue par une ou deux frictions an plus, d'un v6sicant liquide : feu francais, feu anglais, liniment resolutif, etc. Cette medication est preferable ;i celle qui a pour principe l'em­ploi des emollients; son efficacite est incontestable, et quand on a pratique ;i la campagne, on reconnait que, si eile est la plus propre ä la guerison dc la maladie dont je m'occupe, et la plus avantageuse au proprietaire de l'animal, eile est aussi, sons tons les rapports, la pins commode pour le veterinaire.
sect;2: — Des kystes dans Tepaisseur des joues.
Causes. Symptömes. — Les kystes places dans l'epaisseur des Jones sont. en general, une degenerescence de rinflammation
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MALADIES UliS JODES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;23
de ces orgaues, uccasionnee par des coups de cornt on pai-dautres coups, mais dont reffet est le meme.
Ils coastituent des tumeurs indolentes et iis contiennent inie matiere de couleur et de consistauce variables, tantöt epaisse et blanchatre, d'autres fois roussätre et liquide, ou grumeleuse, ou poisseuse. Le siege particulier de ces tumeurs est ordinairemeut entre le derme et la membrane muqueuse de la beuche; leur interieur est tapisse d'une membrane dense fibro-sereuse; leur aecroissement est lent, mais ü est continu. Le plus souveul elles ne cbangent pas de caractere; mais il arrive quelquelois qua, par suite d'une nouvelle contusion ou de tonte autre cause. elles deviennent le siege d'une induration persistante.
Traitcment. — Je ne considere pas rextirpation de ces tumeurs comme le moyen curatif le moins sujet ä des inconvenieuts lors-qu'elles sont anciennes, volumineuses et situees tres prolbnde-ment. L'operation est facile, cela est vrai : on incise la peau, on disseque la tumeur; on n'a presque pas d'hemorrhagie et le pansement est des plus simples. Mais si Foperation est facile, la guörison de ia plaie qui en results ne s'obtient pas toujours saus que le veterinaire eprouve quelque desagreinent. D'abord, le boeuf, s'il ne peut pas arriver jusqu'ä cette plaie avec sa langue, qui, dans ce cas, ferait l'office d'une rape, y atteint facilement avec ses pieds de derriere; ou, s'il est iibre, il se frotte rudement centre les corps exterieurs : la plaie alors de-vient baveuse, h bords renverses, les parties euvironnantes s'en-gorgent, et la guerison est retard^e d'autant.
Je prefere la cauterisation. L'action du cautere, introduit dans l'interieur des tumeurs et ne laissant inlacte aneune portion de la membrane enkystee, est plus efficace rjue l'enlevement avec le bistouri. II parait, d'ailleurs, que la nature de la douleur pro-duite par la cauterisation n'est pas absoluinent la meme que celle (jui resulte d'une operation faite avec rinstrument tranclyiiil. Ainsi, apres avoir op6r6 avec le cautere, j'ai eu tres rarement ä constater que les boeufs eussent cherche ä porter les pieds ou la langue sur les plaies pendant les premiers jours, ou ä se frotter contre des corps durs ä leur portee. Jusqu'ä la chute de l'eschare, ils evitent tout mouvement, on dirait qu'ils se trou-vent sous uue impression stupefiante; et comme sur ces animaux, les eschares qui suivent la cauterisation mettent ä se detacher im temps assez long, la plaie se tronve cicatrisee en partie, dans ses profondeurs, lorsque cette eschare tombe : alors, il y a moins ä redouter les eflets du frottement.
Un autre avantage de In cauterisation des kystes des joucs.
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MALADIES DE L APPAREIE DIGESTIF.
c'est qu'apres Ja chute de 1 eschare il n'y a plus rien ä laire qu'ä enlever tout doucement, avec des 6toupes fines, le produit de la suppuration on les malpropretes qui restent deposees on attachees sur la plaie.
Je cautörise les kystes profonds aussi bien que ceux qui se trouvent place's superficiellement. Quelquefois le cautere est arrive Ken pres de la membrane buccale, sans que Jamals j'aie vu des accidents resulter de cette circonstance.
On a propose rapplioation, sur les kystes, de pommades ou d'onguents resolutifs : de la pommade mercurielle, de l'onguent dc Lebas. On ne peut rien attendre de ces topiques, comme effet utile. D'nn autre cute, la pommade mercurielle ne doit jamais etre employee, chez le bteuf, sur uns partie oü cet animal puisse atteindre avec la langue. Plusieurs veterinaires ont signale les accidents qui rcsultenl de cette application. Ils ont cm que les accidents provenaient de Tabsorption par la peau du mercure qui forme la base de la pommade. Cela n'est point. Les accidents ä craindre vienneut de ce que, d'un coup de langue, le bceuf enlevaut toute la coucbe deposee en onction, cet agent chimique, arrive dans le tube digestif, produit une entente couenneuse que j'aurai occasion de decrire, et qui a ete mortelle toutes les fois que Je l'ai observee. A cet egard, il ne pent y avoir pour moi aucun doute.
Gependant, si les kystes ne sont pas tres volumineux, ui situes profondement et qu'ils soient de forme un pen aplatie, on peut user des frictions faites avec des vesicatoires liquides ou linimenteux pour en obtenir la resolution. On reussit assez sou-vent de la maniere suivante :
Ou fait d'abord, et dans la meine Journee, deux frictions ener-giques. Ici, je dois dire que ces frictions ont moins d'action, c'est-ä-dire une action plus lente, sur la peau du bceuf que sur celle du cbeval : si done, apres les deux premieres frictions, on ne peut constater une vösication energique, il faut repeter 1'operation. Apres la troisieme friction, il arrive ordinairement que I'effet attendu a 6t6 produit. Aiors on laisse le travail de re-sorption s'operer sous rinfluence de rinflammation artiflcielle ([ui s'est döveloppee, et lorsque celle-ci x^arait avoir entieremenl disparu, on prend conseil des circonstances.
Si la tumeur a diminue de moitie, on suspend toute medica­tion; il est k croire que le travail resolutoire se terminera par le seid effort, de la nature.
Si la tumeur n'a pas diminue seusiblement, on fait de nou-velles frictions, mais en attendant pour cela que le poll commence
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MALADIES DES DENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 25
a repousser, condition necessaire pour ne pas detruire Ins bulbes du poil et laisser, par suite, siir la partie. des cicatrices apparen-tes que produiraient des frictions vesicantes trop souvent repo-tees. Par cette precaution, on evite toujours cet accident qui, Men que leger, a pourtant nne certaine gravite, quand il s'agit d'animaux destines h etre vendus pour le travail.
Si la pömmade d'iodure de potasse iorluree pent etre utile con-tie les engorgements ganglionnaires, j'afiirme qu'elle ue I'est point dans le traitement des tumeurs enkystees.
Les liniments vesicants que j'emploie sont : on le feu f'rancah, on les preparations suivantes :
Liniment ammoniacat camtique.
Poudre d'euphorbe.... ) , ,
, ',. inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;j de chaque.......... 16 grammes.
Uuile d'olive............................ 125 —
Axomoaiaque liqnide...................... 125 —
Faites digärer pendant vingt-quatre heures, a une douce temperature, les poudres dans 1'huile; passez, ajonlez rarnmoniaquo et agitez viveinent.
Pommade xtibiee.
Emctique en poudre....................... 25 grammes.
Axonge................................. 100 —
Deux frictions suffisont pour produire sur la peau du boenf une vesication ires energique.
Onguent veskatoin.
Onguent basilicuni........................ 100 grammes.
Cantharides en poudre...................... 25 —
Melangez intimemenl.
Deux frictions ne suffisent pas sur le boeuf; il en faul (rois ou quatre pour obtenir une vesication süffisante.
ARTICLE VI
MALADIES DES DENTS
Le travail de la dentition nedonne lieu, sur lesjeunesanimaux de l'espece bovine, ä aucun phenomene serieusement morbide, et il est inutile de decrire de pretendus symptomes qnin'ont jamais existe. Mais il importe do preter quelqne altention ä certains details qui se rappnrtent :
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älaquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES UK l'aI'PAKEIL ÖißÄBTIF.
Iquot; A I'usuFe des dents surles animuux adultes ;
#9632;,)quot; Aux surdents, qui se produisent sur les jeunes animaux. et encore plus trequemment sur les vieux;
8deg; Aux aspei'ites qae Von remarque I'requemmeul sur la table dentaire des boeufs de travail, qui vont paitre sur des prairies sablonneuses;
sect; 1quot;. — Usnre des dents. — Surdents. — Asperites.
Causes. Symptönies. — Les txBnfs qui vont paitre dans les bois on sur les terrains graveleux out souvent les incisives usees de bonne lieure, ebrechees quelquelois, et la table den­taire des molaires usee d'une maniere soit uniforme, soit irr6-guliere.
On reconnait que les incisives sont usees ou ebröchees en abaissant la levre inferienre des animaux; et que la table den­taire est usee inögalement ou d'une maniere uniforme, en for-cant l'animal ii ouvrir la boucbe et en tirant sa langue en de-hors et de cöte, en appuyant cet organe sur les dernieres molaires. Mais cette manoeuvre, qu'il s'agit de faire en foire ordinaire-ment alors qu'on manque du nombre d'aides necessaire et de l'instrument appele pas-d'ane, n'est pas toujours d'une facile execution, surtout si l'animal se montre indocile; aussi y ai-je substitue un moyeu beaucoup plus simple.
Si l'animal rnmine, on saisit I'extremite d'une de ses comes, avec une certaine precaution neanmoins, afin de ne point le tron-bler dans laccomplissement de cette fonction, et alors on distin­gue parfaitement, ä chaque mouvement des mächoires, si la ta­ble dentaire est reguliere on si eile ne Test point. S'il existe des surdents, le contre-coup que Ton ressent dans la paume de la main est tres sensible, et ne laisse aucun doute sur leur exis­tence. Squot;il n'y a que de simples asperites, la sensation commu-niquee h Fexplorateur ressemble ä celle qu'il eprouverait en faisant passer un corps dur sur les dents d'une petite seie. Enfln, lorsque les deux tables sont usees, le frottement de Tune contre 1'autre est h peine sensible; on a une sensation obtuse, comme eu faisant glisser Tune contre I'autre deux surfaces polies. La sensation est la meme quand uue seule de ces tables est usee.
L'usure de la table dentaire a probablement sa premiere cause dans la composition imparfaite de la .substance de la dent; mais il est certain que la cause cleterminante se trouve dans l'ötat des patnrages, lesquels, lorsqn'ils sont pierreux ou sablonneux, de-
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MALADIES DES DBNTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'-'
lemiiuent luujuurs une destruction prematuv^e du tissu den-taire. Un Age avance est aussi une cause determinante averee.
Les surdents proviennent sans dontedes memes causes, et leur idrmation semble S'expliquer d'ailleurs par la densite inegale de la substance des molaires ou d'une molaire. Le Nouveau Diction-naire des sciences medicates definit les surdents de la maniere snivante : laquo; Gette anomalie pent etre la consequence de la per-sistance d'une dent cadnqne ou de la pousse d'une dent persis-tante, en sus du norabre ordinaire. raquo;
Cela est vrai, dans quelques circonstances, chez les jeunes sujets: mais 1'explication simple que j'ai donnee de l'existence des surdents chez les aniinaux adultes et les animaux vieux, est (''galement fondee sur lobservation. J'ai coupe beaucoup de sur-tlents qui n'etaient le produit ni de dents caduques persistantes. ni de dents persistantes ordinaires.
Entre les asperites et les surdents, il n'y a aucune difference; quant aux causes que j'ai signalees, c'est toujours l'inegalite de densite de la substance osseuse dans le corps de la dent.
Diagnostic et Pronostic. — Quand un animal lie mange pas avec facility, que les mouvements de ses machoires pendant la mastication se font irregulierement et sont parfois soudainement interrompus, on regarde dans sa bouche on bien Ton ausculte cette cavite, eu tenant dans la main Fextremite d'une de ses cor-nes, et de la sorte on est bieutöt fixe sur la cause de la gene de la mastication ou de son irregularite. Quant an pronostic, il varie necessairement.
L'usure de la table dentaire esl un fait tres grave, qui neces-site la r6forme del'animal et son engraissement, ou son retablis-sement, au moyen de pulpes ou de substances farineuses : moyen pen avantageux, parce que, quoi qu'on ait pu dire ä ce sujet, le retablissement d'une bete bovine par des pulpes et des t'arineux exclusivement ne se fait point dans les conditions normales de la conformation et de la constitution de cet animal. S'il ne vit que de niatieres .molles, il ne les rumine presque pas, de lä trouble dans les fonctions generales, la rumination n'etant point seule-ment chez lui un acte necessaire ä la bonne digestion des four-rages, mais encore line fonction qui fait partie d'un ensemble harmonique, et sans laquelle toutes les autres fonctions restent incompletes ou languissantes.
Done, le pronostic que Ton doit tires de l'usure de la table den­taire est facheux; il Test moins dans le cas d'aspörites, de sur­dents et meme de cane. On pent faire disparaitre les asperitös et les surdents; on pent arrachor une dent cariee on la faire tomber.
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MALADIES DK L APPABEIL UKIESTIF.
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Tralteiueut. — Les moyens mecaniques sont les seuls doul on puisse faire usage pour remedier aux maladies et irregula-rites des dents. Pour les mettre en pratique, il faut abattre I'ani-mal; cela vaut mieux, sous tons les rapports, que d'operer an travail. Ici, en effet. il est necessaire que la tete soit assujettie, et si eile Vest solidement, on ne peut gudre tenir les mächoires du boeuf assez ecartees pour que la vue plonge facilement dans le iond de la bouche, d'autant plus que la position elevee de la tete ne permet pas toujours une exploration complete. J'ai done toujours en recours ä l'abatage, que je pratique de la maniere suivante :
Le boeuf etant place sur un tas de fumier assez epais et recon­vert de litiere propre et seche, chaume on paille, un ou deux aides tiennent I'ammal par les cornes. Je note les entraves au-dessus du päturon. Si le boeuf est difficile, s'il ne supporte pas avec patience cette operation preliminaire, ce qui arrive souvent, ä moins qu'on n'ait affaire a un animal extenue de maigreur et de fatigue, je lui comprime fortement le flaue au moyen d'une corde enroulee aulour du corps, laquelle serre particulie-rement le flanc vers le grasset. Le bout de cette corde, passe dans une anse, est tenu par un ou deux aides. Quand le boeuf se trouve serr6 de cette maniere, il s'agite d'abord, et meme il cherche ä ruer; mais comme ses efforts n'aboutissent pas, et ue font qu'augmenter la douleur que lui fait eprouver la com­pression , il finit bientöt par se tenir immobile.
Alors on peut, en tonte sürete, mettre les entraves, passer le lacs dans les anneaux et rapprocher les membres avant de donner la secousse deruiere, laquelle ne doit etre assez forte que pour faire tomber ranimal sur ses genoux; puis les aides places a la tete le renversent sans difficulte sur le cöte, et avec assez de precaution, pour que les cornes ne portent pas brusquement sur le lit de paille et de fumier; en meme temps les aides qui tiennent le lacs facilitent ce mouvement en tirant ä eux sur les quatre membres reunis.
Les details de cet abatage doivent tous etre observes, si Ton vent eviter des accidents tels que Tebranlement ou la fracture des cornes, et qui seraient possibles, si le boeuf, en tombant, hnplantait Tun ou l'autre de ces appendices dans une masse de fumier.
Le boeuf etant aiusi couche, on lui tient la bouche ouverte sans la moindre difficuM; on place le pag-d'ane; un aide saisit la langue par sa pointe, la tire en dehors et suV un cöte, et Ton opere h I'aise sans courir le risque rle Messer la membrane de la
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bouche ou la base de la langue avec les instruments employes dans l'operation, c'est-ä-dire la gouge et le maillet, avec les-quels on fait tomber les asperites et les surdents, et les fortes pinces qui servent pour enlever les molaires trerablantes.
sect; 2. — Carie.
On observe quelquefois la carie des dents sur les boeufs adul-tes et meme sur les jeuues animaux. On reconnait l'existence de la carie äla difflculte de la rumination, ä rintenuption fre-(juente des mouvements de mastication, ä recoulement par les commissures des levres, pendant que la rumination a lieu, d'uue bave filandreuse plus qu'elle ne Fest ordinairement, et ä la feti-dite de l'haleine de Tanimal.
La carie cbez les animaux de I'espece bovine m'a paru resul-ter, toutes les fois que je l'ai observee, d'asperites, ou de surdents brisees avec violence et irregulierement, ou de la cassure acci-dentelle d'uue dent.
Le traitement de la carie est des plus simples; il se rtisume dans l'evulsion des dents cariees au moyen d'une forte pince, qui sert ä ebranler et ä arracber la dent. On doit d'ailleurs pour cela abattre l'animg,!, et prendre toutes les precautions recoin-mandees plus haut.
Apres les operations de ce genre, je ne fais d'autre pansement qu'une seule injection, dans la bouche, avec de Foxycrat; puis je laisse ä la nature le soin de guerir les quelques meurtrissures que pent avoir eprouvees la membrane muqueuse, la salive et, le mucus buccal 6tant, ä mon avis, les meilleurs topiques ä em­ployer en pared cas. Toutefois, je recommande de faire donner ä Fanimal des aliments de mastication facile.
ARTIGLE VII
MALADIES DES OS DE LA MACHOIRE Synonvmif. : üstt'ite, Periostitc. P^rfnstose. Exostnse. Ostensarcnmt'.'
Dans les contrees oü le bcouf est employe aux travaux des champs, on observe tres souvent les maladies des os de la ma-choire, du chanfrein et de la tete proprement dite. II n'y en a pas de plus communes, pares que la cause est toujours immi-nente.
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30nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DE l'aPPAREIL DIGESTIF.
Causes. — Les tumeurs osseuses des diüerentes i-egious de la tete sont occasionnees soit par des piqüres de raiguillon ou par des coups portes avec le sabot, chaussnre ordinaire du bouvier, soit par des contusions provenant d'autres corps durs et princi-palement des comes.
On a dit que les animaux de Tespece bovine recevaieut ces coups dans les luttes auxquelles ils se livrent lorsqu'ils sont en liberty. C'est une erreur; ce n'est pas ainsi que se produisent les contusions de cette nature. Dans ces luttes, ce sont, an con-traire, toutes les parties du corps, autres que la tete, qui sont le plus souvent e.xposees anx atteintes des comes. Quand les boeufs Inltent front contra front, ils ne peuvent se blesser-de cette ma-niere avec leurs armes ordinaires. C'est presque toujours dans le mouvement brusque et violent d'un revers de tete qu'un bceuf Messe sur une des regions de la tete, sur celle des raächoires ordinairement, son voisin le plus rapproche; quand il vent chasser les mouches, dont la piqure Ini est extremement sensi­ble, ou quand il cherche ä exercer un frottement energique sur Tune on I'autre epaule ou sur une des faces laterales de la poitriue.
Des agronomes zootechniciens out tente, avec quelque succes, de faconner un bceuf sans comes. Si, ä force de tentatives, ils parveuaient ä leur but, ils priveraient peut-etre I'agriculture d'une partie des forces dont eile dispose avec avantage; mais il est egalement certain que la cause la plus active et la plus fre-quente des maladies des os de la tete aurait cesse d'exister. En eilet, avec des races de bcßufs depourvus de comes, on ne ver-rait presque plus d'exostoses et d'ostcosarcomes; resteraient seulement le sabot du bouvier et l'aiguillon dont il est arme. La question est de savoir maintenant si, pour obtenir un moihdre avantage, on ne sacriflerait pas une ressource de premier ordre, et si l'attelage du bceuf au möyen des appendices resistants que lui a donne la nature n'est pas un instrument precieux partout ou le labourage exige I'emploi d'une somme de forces consi­derable.
SymptAmcs. Pronostic. — La conlusioii a}ant eu lien sur un corps mou et elastique reposant sur un autre corps tres resistant, ses traces ne sont pas toujours apparentes sur le moment. Par la nature meme de cet organe si resistant, la reaction intlammatoire est rarement d'une appreciation facile; de sorte quelle a souvent produit tone les phenomenes qui en sont la consequence avant qu'il soit possible d'enrayer sa marche.
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M.VLAUIKS DES OS UE LA MACHdlRK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 31
C'est pourquoi l'Osteite, ä ses diflerents degres, est toujours uue affection des plus graves; eile est arrivee le plus souvent ä un tel etat que tous les efforts de l'art sont impuissants ä la combattre avec efflcacite.
La periostose est le premier degre de la maladie. C'est alors que se manifestent les premiers symptömes : un engorgement pen eleve, peu etendu, mais cependant siege d'une douleurassez vive, mise en evidence par une compression legere et momentanee.
L'Osteite, a ce premier degre, est curable; eile Test meme lorsque Texoslose n'a pas une existence qui date de loin, qu'elle u'est pas elargie ä sa base et parait faire partie integrante de l'os. Tout ce que Ton pent esperer clans ce cas, c'est de ralentir le developpement de la tumeur ou de l'arreter ; mais il'faut pre-voir que l'actioii legere d'une cause insignifiante en apparence fera reprendre son activite premiere h im etat morbide, neutra­lise momentanement dans ses effets. Je m'explique : une exos-tose de la machoire ou du chanfrein a ete combattue avec un certain succes. Depnis quelque temps, eile n'est plus doulou-reuse an toucher; eile n'a point fait des progres. Si cet etat n'est pas la guerison, il est au moins satisfaisant, et il n'y a pas ;i s'en inquieter. On a ses coudees franches pour disposer de l'ani-inal suivant les circonstances; mais il suffira d'un choc, d'une contusion, sans effet sur toute autre portion de l'economie, pour imprimer ä Texostose toute la gravite dont eile est suscepti­ble. Alors, on verra une douleur plus vive se manifester et la tumeur s'etendre en elevation et en largeur, et finir par avoir tous les caracteres de 1'osteosarcome. A cette periode, eile n'est plus curable.
Plus les exostoses dont je m'occupe sont rapprochees des mo-laires, des os du nez ou des levres, et plus le pronostic est fa-cheux. Toutes les Ibis que ces tumeurs out leur siege sur ces par­ties, il est prudent, si la mastication s'execute encore dans toute sa liberte, de pröparer sans retard I'animal pour la boucherie, parce que la contusion la plus legere en apparence snfflrait, comme je viens de le dire, pour aggraver la maladie, et Ton serait prive d'un expedient avantageux dans cette circonstance. En effet, du moment on la mastication serait difficile et I'animal plus souffrant, il faudrait renoncer ä lengraisser.
Quand l'inflamraation de l'os persiste et qu'elle se propage sourdement et lentement aux iiarties environnantes, aux mus­cles, aux aponövroses, k la peau, eile se transforme en une subs­tance lardacöe, d'apparence squirrheuse, fistuleuse, ramoliie sur quelqnes points, donnant lieu ä une suppuration ])eu abnndante.
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MALADIES DE L APPAREIL UICrESTlF.
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sui generis. La peau, autour des plaies flstuleuses qui se sont ou-vertes, se denude, s'epaissit, devient calleuse sur les bords, se recoqueville, adhere fortement aux tissus, qu'elle reeouvre en partie. Les plaies deviennent des ulceres fongueux et livides, donnant issue h de la sanie d'une odeur particuliere; cette sanie 6pile d'abord et puis corrode les parties qu'elle touche. II y a dans le fond des fistules des portions d'os cariees.
Tel est l'etat morbide que ron a l'habitude de designer, en veterinaire, sons les nonis d'osteosarcome ou cancer de l'os. Dans cet etat, la maladie ne cesse de faire des progres; l'animal affecte maigrit, fait de mauvaises digestions, et Ton voit se pro-duire des lesions locales de plus en plus graves. J'ai vu aussi la resorption purulente accompagner l'accident et donner lieu ä des depots dans d'autres organes; les ganglions gutturaux s'engor-gent, ainsi que ceux places en avant des epaules, et ä Touverture on trouve les memes desordres dans le thorax et le mesentere.
Traiu-meiii. — Lorsque la maladie est ä son premier degre, a l'etat de simple periostose, on pent en obtenir assez prompte-ment la resolution, mais non par les emollients, les adoucis-sants, etc.; la nature de rinflammation exige d'autres moyens.
Si taut d'exostoses des machoires et des chanfreins sont res-tees incurables, c'est parce que le traitement a ete applique trop tard, ou parce que ce traitement avait pour base les medicaments appartenant a la categorie des adoucissants ou des calmants. Les tumefactions resultant d'une inflammation sourde ne sont reso-lues que par Temploi de topiques ayant la propriete de surexciter I'activite organique.
Sur une pöriostite recente, j'ai presque toujours fait avec suc-ces des frictions irritantes, soit avec l'essence de terebenthine, soit avec un liniment vesicant.
Je considere comme un mauvais conseil celui d'apres lequel on enleverait, avec la gouge ou la feuille de sauge, les exostoses k base circonscrite et meme pedonculees des mächoires. Cette operation a pu reussir quelquefois; mais c'est assurement jouer trop beau jeu quand on opere sur nn animal qui peut etre si facilement utilise. A une reussite que Ton pourrait citer, il se-rait facile d'opposer un tres grand nombre d'insucces.
Pour I'Osteosarcome, il n'est d'autre moyen que I'ablation com­plete de la partie malade. Si, dans le principe, la cauterisation avec le fer chauffe ä blaue, et pratiquee de maniere ä ne pas laisser vestige de l'osteosarcome, n'eSt pas d'une teile efflcaciM qn'apres la chute de l'eschare on n'ait plus ;i traiter qu'une plaie de tres bonne nature, se cicatrisant prompteinent, il faut
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PH.VRYNGITE SIMPLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 33
renoucer ä toute medication. L'engraissejnent, s'il est possible, ou la vente du boeuf tel quel, sont les sanies ressonrces dxi pi'oprietaire. Quand la cauterisation, repetee deux ou trois Ibis, suivaut les circonstances, n'a pas ete efficace, on ne doit pins compter sur rien, qupi qu'en disent les autenrs qui oat en un on deux cas de guerison h signaler, ou qui out affirme ces guerispns sur oni-dire,
Dans ces cas de guerison ne s'tsect;tait-oii pas raepris? Avait-ou reellement affaire ä rosteosarcome ou k quelque tumeur enkys-tee seulement? Ce n'esl pas la bonne foi de ces autenrs que ,je mets en donte; mais j'ai vu tant de cas d'osteosarcomes, etudies et suivis dans tou'tes leurs phases, contre lesquels out echoue toutes les preparations specifiques connues, que je crois ä Ferreur quand on parle de guerisous ohtenues en debors de la cauterisation.
GHAP1TRE II
Maladies flu pharynx.
Ces maladies sont :
1deg; L'inilanmiation aigue el simple de la membrane muqneuse du pharynx, so manifestant d'une maniere sporadique;
2quot; L'intlammation sui'aigue et gangreueuse, qni se produit ordinairement ä i'etat cpizootique ou enzootique.
La premiere guerit facilement; la seconde est plus dangereuse, eontagieuse dans le plus grand nombre de cas.
ARTICLE PREMIER
PHARYNGITE SIMPLE Syxosymif. : An),'inc simple.
L'Angiue ou Pharyngite simple aigue est l'inflammation de la membrane muqueuse qui tapisse le pharynx; cette maladie se manifeste assez souvent pendant les saisons de l'annee oü les variations atmospheriques sont frequentes.
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Causes. — L'Angine aigue simple est rare en ete ou en au-lomne; eile n'est point non plus ordinairement, comme certains auteurs out paru le croire, le resultat d'nn arrüt de transpiration general par suite d'une courbature, et eile est, plus rarement encore, produite par des fourrages grossiers ou des boissons irritantes. D'abord, les fourrages assez grossiers pour irriter le pharynx ä letir passage ne sont pas avales par les boeüfs, et dans le cas contraire, ils sont rejetes, avant d'etre pelotonnes, par la langue du boeul', aidee de son palais et des moiaires.
Quant aux boissons irritantes, elles ne sont pas introduites dans la bouche. Sous ce rapport, les animaux de l'espece bovine sont les plus iinpressionnables de tons les animaux domestiques et, par consequent, les nioins susceptibles d'ingerer dans leur tube digestif des aliments solides ou liquides qui pourraient leur etre nuisibles.
Gbercher la cause de FAngine simple du bceuf dans les four­rages ou les boissons est done courir apres une clnmere. La maladie se declare ordinairement en hiver et au priutemps, pendant les saisons oü il y a un ecart tres considerable entre la temperature de l'air que les animaux respirent dans les etables et celle de l'eau qui leur sert do boisson. C'est Feau glaciale qu'ils avalent, avant que leurs organes soient prepares, qui, rhez ces animaux, donne lieu ä la Pharyngite aigue simple.
En effet, ils out passe la nuit dans des etables paifaitement closes, plonges dans mi air cluiud et rnrefie. Ils sont dans un etat prononce de transpiration, et des la pointe du jour, quand l'air exterieur se trouve ä une temperature beaucoup plus basse que celle de Fair que ces animaux out respire pendant la unit, ils sont conduits ä l'abreuvoir; on comprend quelle doit etre dans ce moment I'impression produite par l'eau froide sur la membrane du pharynx.
J'ai observe I'Angine simple des betes bovines tres souvent, et presque chaque ibis j'ai dn l'attribuer ä cette seule cause. 11 serait tres facile cependant de ne pas avoir ä la redouter.
Les etables, en general, sont tres cbaudes, surtout celles des vieux bätiments, et je ne bläme pas trop cette disposition; car rien ne debilite les animaux comme un air froid et humide non renouvele. II sufflt de voir les animaux qui s'y trouvent, grelot-ter, manger lentement, tenir sans cesse l'un de leurs membres en etat de flexion, avoir leui' poll herisse, etc., pour compren-dre combien il est preferable qu'ils. soient parfaitement abrites. II est si difficile d'ailleurs d'obtenir ä la campagne en toutes cboses un terme moyen raisonnable, que je me suis vu tres
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PHAKYNUITE SIMPLE.
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souvent oblige de dormer la preference ;i des pratiques qui n'etaient pas exemptes d'hiconvenients, alin d'eu eloiguer de pires. G'est pourquoi j'aime mieux, en entrant dans une tHable, respirer un air tres chaud, que voir les animaux frissotmer dans nn milieu tres humide ot froid.
Dans le cas qui nous occupe, pour eviter que I'eau trop froide, prise en boisson, soil, pour le bceuf sortant d'une stable chaude une cause de pharyugite, il serait tres simple de refroidir insen-siblement cet animal en abaissant graduellement la temperature, de Fair dans lequel 11 est plonge. Lorsqu'il n'existe plus de diffe­rence entre l'air de Fetable et Fair exterieur, on pent, sans crainte d'accidents, mener le bceuf h I'abreuvoir, quaud meme on deArait rompre la glace pour qu'il put se desalterer.
Symptömes. — Le mutte est sec, un pen de salive filante s'ecoule par les commissures des levres; le bceuf, s'il est sur ses jambes, ne porte pas absolument la tete basse, mais il ne la tient pas non plus dans sa position naturelle; on reconnait que les muscles de l'encolure sout dans un etat qui tient le milieu entre un relächement complet et la contraction necessaire pour que la tete soit ä son port normal. L'immobilite de toute la re­gion cervicale ne cesse que dans certains moments, lorsque la deglutition de la salive doit avoir lieu par un mouvement sac-cade, presque convulsif et tres apparent.
Les panpieres sont a, demi-closes, la conjonctive injectee, les muscles masseters sont contractes presque constamment, et leur contraction plus energique est marquee par un leger grincement de dents; ou Men, ils sont completement relaches, la machoire restant entr'ouverte.
La pandicnlation ne se fait pas, qnand meme I'animal ne se releverait qu'apres etre rests; couche pendant plusieurs heures. II tient ses membres rassembles, la colonne dorsale dans un etat de roideur; on dirait que I'animal s'abstient de toute contrac­tion des muscles de la region cervicale, comme s'il redontait quelle retentlt jusque sur les muscles du pharynx at augmentat la douleur qu'il eprouve. Sans cela, comment expliquer cette im­mobility, l'un des signes les plus constants de l'Angine aigue?
Mais le Symptome le plus caracteristique est dans la difficult^ qu'eprouve I'animal pour operer la deglutition des aliments soli­des et liquides, et de ces derniers plus particulierement. Si le bnouf prend le fourrage, il le rejette bientot apres quelque temps de mastication; il ouvre la boüche et le laisse tomber par son propre poids, absolument comme poui eviter la douleur que lui occasionnerait la contraction des muscles avoisinant le pharynx.
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MALADIES DE L AI'PAREIL DIGESTIF.
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C'est de la meme maniere qu'il laisse retomber les liquides iu-trodtiits de force dans sa bouche ou qu'il a sucös ä grand'peine.
11 manifeste une tres vive douleur quand on presse exterieu-rement la region du pharynx, et il se defend de cette pression avec beaucoup de violence.
Harche. Dm .-e. Terminaison. — L'Augine pharyiigee a une mar-clie rapide; eile apparatt snbitement, et des son apparition eile se trouve avoir acquis tonte l'intensite qu'eile doit avoir.
Dans cet etat, la Pharyngite abandonnee ä elle-meme pent devenir beaucoup plus grave, et rinflammation s'etendre, par continuite, dans la bouche ct le canal cesophagien et, par conti­guity, an larynx.
Je l'ai vue souvent avec ces complications et d'autres fois di-minuer d'intensite, et cependant passer ä Tetat chronique. C'est la terminaison la plus fächeuse, parce que I'Angine simple etant assez facilement curable, la chronicite en est une aggravation, car eile tient les animaux en mauvais etat, les empeche de tra-vailler et retarde leur rtjtablissement, qu'elle rend toujours plus dispendieux.
Traitee convenablement, rinflammation ne met pas beau­coup de temps ä dticroitre; sa duree n'est pas de plus de quatre k cinq jours, et sa resolution complete ne se fait pas attendre. Abandonnee ä elle-meme, eile passe aussi quelquefois ä l'etat chronique, caracterise par des symptömes qui, apres avoir perdu de leur gravite apparente, sout neanmoins persis-tant-. C'est alors que le bocuf commence k maigrir, qu'il mange ([iielque pen et qu'il avale les aliments plus facilement que pen­dant la periode aigue, mais avec lenteur et par le moyeu de contractions pharyngees tres apparentes qui donnent ä la deglu­tition Fair d'etre saccadee ; cet etat peut dnrer longtemps.
Diagnostic. Pronostic. — Le diagnostic de la Pharyngite sim­ple n'est pas difficile k etablir; la salivation consta.nte, la de­glutition impossible ou saccadee, la roideur de l'encolure et la douleur manifestee par I'animal quand on comprime la region du pharynx, sout des symptömes assez caracteristiques pour qn'ou ne puisse s'egarer.
Quant au pronostic, il ne saurait 6tre facheux si la maladie n'est pas abandonnee aux seuls efforts de la nature.
Traitement. — Si la rumination persiste, meme quand la mas­tication est incomplete, I'animal malade manifeste le desir de prendre des aliments, et si, en meme temps, les symptömes d'un trouble general des fouctions ne sout point tres prononces, le traitement consiste en onctions adoncissantes et calmantes prati-
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PHARYNGITE SIMPLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 37
quees sur toute la region du pharynx, soil avec rouguent popu-leum camphrö, soit avec I'huile camphree; ou bien, on y appli­que, autant que possible, des sachets remplis de son cuit ou de mauves cuites, et Ton humecte tres souvent ces sachets avec le liquide chaud qui a servi aux decoctions. A defaut de ces onc-tions ou de ces cataplasmes, on passe autour du cou de Fanimal et sur la region qui est le siege de rinllammation une couver-ture de laine roul^e.
Ces moyens peuvent suffire pour produire une amelioration tres sensible dans l'espace de un a deux jours; mais si les symp-tomes locaux sont accompagnes d'un malaise general, que denotent un pouls fort et dur, des conjunctives injectees, des excrements rendus durs et sees ; si, en meme temps, il y a acce­leration dans les mouvements de la respiration et si, d'un autre cöt^, I'animal a 6te bien nourri, est jeune, en bon 6tat au mo­ment de I'mvasion du mal, il faut pratiquer une saignee de 3 ä 4 kilog. au moins a la jugulaire si cet animal est de taille ordi­naire. Ici, je prefere la saignee k la jugulaire, k la condition pourtant qu'elle sera prathjuee suivant le mode que j'ai decrit, au moyen duquel la ligature n'exerce pas sur I'encolure une pression qui puisse aggraver la situation.
Lorsque, dans la journee qui suit celle de la saignee, les symptomes generaux sont moins intenses, on applique sur la region du pharynx une couche d'onguent vesicatoire, ou mieux encore, pour eviter les accidents qui pourraient irsulter d'nne application mal faite, ou y fait une ou deux frictions avec !c liniment ammoniacal ou un liniment vesicant plus energique.
L'Angine aigue simple ne resiste pas k ce traitement que j'ai indique, et je n'insisterai pas beaucoup sur une indication que tons les auteurs dounent en premiere ligne, dans la formule du traitement de 1'Angine : je veux parier des gargarismes adoucis-sants, des boissons de meme nature, tiedes, etc.; en effet, l'ad-ministration de ces medicaments est toujours tres difficile sur les animaux de l'espece bovine, k moins qu'ils ne soient dans le marasme ou d'une docilite exceptionuelle. Ordinairement, pour faire les gargarismes ou faire prendre les boissons, il faut em­ployer des moyens contentifs, toujours tres fatigants pour les animaux malades. Aussi, je compte peu sur les elfets d'une medi­cation de ce genre quand les animaux ne sont point d'une doci­lite extreme. Je leur fais presenter les boissons, et ils en pren-nent k volonte; le desir leur en vient d'ailleurs aussitot que la maladie perd de son intensite.
Quand la saison le permet, et que les animaux commencent ä
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38nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DE LAPPAHEIL DIGESTIF.
pouvoir avaler assez librement les aliments, on donne des four-rages en petite quantite d'abord.
Si I'Angine, livree h elle-meme, est passee ä l'etat chronique, ce que Ton reconnait toujours ä la difliculte de deglutition qui, pour etre moindre, n'en existe pas moins, et si les animaux maigrissont, restent souffreteux, ayant la peau seche et dure, et (ju'ils manifestent de la doulenr sous la pression de la region du pharynx, il ne faut plus compter sur la saigaee, ni sur les onctions adoncissantes et calmantes. On doit pratiquer des fric­tions vesicantes autour de la gorge, jusqu'a ce qu'un commen­cement d'eschare se forme. Dans ce cas, j'emploie de prefe­rence la pommade stibiee ordinaire, 25 p. 100; deux frictions snffisent.
Cette medication est secondee par l'iisage de la couverture de laine et par une nourriture analeptique : le bon loin, les racines ciiites, les farines et le vert. Dans les belles Journees de mai, on recommande le pacage on un exercice modei-e pour activer les fonctions de la peau.
On pent, en resiime, formuler ainsi le traitement : Tenir les animaux chaudement; leur mettre une couverture de laine; envelopper la region pharyngee avec un chiffon de laine en forme de cravate; faire des onctions de populeam camphre, com­pose d'apres la formule suivante :
Prenez ; Populöum...................... 120 grammäs.
Camphre porphyrise............... 20 —
Melez Ires exactement.
Si la resolution ue s'operu pas sous rinlluencede ce traitement, faire des frictions aver le
Liniment ammoniacal.
Prenez : liuile d'olive...................... 120 grammes.
Ammoniaque liquide............... 30 —
M^iangez et employez aussltöt.
Öu liieu ;
Pommade vdsicante.
Prenez ; liuile lie laurier ou d'olive...........nbsp; nbsp; TO grammes.
Poudre d'euphorbe................ .nbsp; nbsp; 30 —
Cantharides en poudre. . s...........nbsp; nbsp; 10 —
.Melanpez.
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I'ilAIlY.NUlTE ßANamp;R^NEOSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 39
Les liniments out cet avantage que, par les frictions, ils inipre-gnent les tissus, et que, sous l'influence tie la temperature de la peau, ils coulent moins que ronguent vesicatoire sur les parties environnantes.
Dans 1'Angine chronique, on fait rlenx frictions avec la
Pommade stibiee ou d'Hautenrieth.
Prenez : Emetique.......................... 4 grammes.
Axonge......................... IS —
Wclangez pai-faitenient et frictionnez au inoyen d'une spatule en liois.
Quand les animaux peuvent avaler les liquides, leur boisson ordinaire doit etre edulcoree, au moyeu de miel, dans la propor­tion de 100 grammes par litre d'eau Llanchie avec la farine de seiglc ou d'orge.
Les Ixeufs boivent avec avidite la decoction de graines de lin, pourvu qu'elle ue soil pas trop gkuinte, et, danscecas, on pent eviter d'v faire dissoudre du miel.
ARTICLE II
PHAItYNGITE GANG RENE ü SE Syxoymie : Esquinancit1 maligDc,Esquinandc gongreneuse, Laryugo-Pharyiigito gangreneuse.
Definition. Frequence. — Sous le nom d'Aiigine gangreneuse, on designe une affection de la muqueuse de rarriere-boncbe caracterisee par l'apparition, des les premiers temps de son inva­sion, de symptömes qni annoncent I'existence d'une alteration profonde des tissus atteints; eile n'est jamais simple, e'est-a-dire qu'elle affecte non - seidement le pharynx, mais bien aussi le larynx : e'est done une laryngo-pharyngite.
Elle est epizootique on enzootique. On I'observe frecjuemmeut dans certaines contrees, tandis qu'elle se manifeste tres rare-ment dans beaucoup d'autres. Je ue I'ai observee qu'ime fois, pendant ma longue carriere de praticien, ä I'ötat enzootique.
D'apres Rodet, eile est tres frequente dans les provinces de Ferrare, Modcne, Mantoue, Verone, Padoue, particulieremeut dans les plaines on se rencontrent des päturages bas et ma-recageux. On dit qu'elle a regne sonvent dans les environs de Rochefort. Elle s'est montree, en 1762, dans le canton do Mozieux en Dauphine; en Hollande, en 1770; en Flandre, en
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MALADIES DE I, APPAKEIL DIGESTIF.
Artois et dans le Boulonuais, de 1770 ä 1773. Je l'ai observee, en 1832, dans plusieurs localites plac6es non loin des bords de la Garonne.
Causes. — Tous les auteurs qui out ecrit sur l'Angme gangre-neuse attribuent cette redoutable maladie aux ömanations pro-venant de paturages bas et marecageux; et cette cause est bien, en etiet, celle qui m'a paru y donner lieu, lorsque j'ai eu occa­sion de l'observer; mais en disaut que cette cause existe dans les paturages bas et humides, il faut neanmoins faire remarquer que son action ne se fait reellement sentir que lorsque, en ete ou eu autonme, les marecages sont en partie desseches, et que les matteres animales et vegetales qu'ils contenaient sous differents etats se trouvent decomposees par la cbaleur et qu'elles vont infecter Fair de miasmes pernicieux.
Jamals, ä la verite, les paturages marecageux ue sont salu-bres; mais ils ne produisent la cause determinante des maladies charbonneuses, en particulier de la Laryngo-pharyngite gangre-ueuse, que vers la fin del'ete ou en autonme. A l'epoque oü j'ob-servai cette maladie, je me livrai ä de tres serieuses investiga­tions pour savoir si, dans le milieu ou se trouvaieut les animaux qui en etaient atteints, d'autres causes de la meme nature ou de nature diöerente avaientpu occasionner la Laryngo-pharyn­gite gaugreneuse; et j'avoue qu'aucuue cause, autre (]ue les ümanations putrides des maröcages desseches, ne me parut avoir produit cet etfet. Le moyen de ne point error, quand on recherche les causes des epizootics, consiste ä ue pas trop se livrer ä des conjectures, ä n'accorder une foi eutiere qu'ä l'övi-dence; c'est pour avoir agi dans un sens contraire que l'etiologie des epizooties est restee si obscure jusqu'ä present.
Symptömcs. — Tristesse des animaux, locomotion lente et pe­nible, prostration des forces. Le pouls est precipite; mais je n'ai point remarque que la plenitude de l'artere füt en rapport avec la frequence des batteraeuts. Le pouls est nerveux, Thaleiue est fetide, et la salive qui coule ä travers la commissure des levres ne Test pas moins. L'animal ne cherche pas ä prendre des ali­ments; s'il en est rapproche, c'est comme s'il ne les voyait ni ne les sentait. Daus le debut de la maladie, la colonne dorso-lom-baire est d'une extreme sensibilite; mais bientöt eile est insen­sible. La respiration est difficile, legerement sifflante, les flaues battent avec precipitation; ce Symptome, au reste, n'est pas plus caracteristique de la Pharyngo-laryugite cpie de toute autre affec­tion plus ou moins grave, car les betes bovines out les flaues agites par reffet de beaueoup de causes : aussi ne faut-il aecorder
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I'HAKY.NIilTE (iANGR£NUO£E.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;41
k cette accelöration des mouvements du flaue qu'iuie importance secondaire.
La douleur que ranimal eprouve quand on comprime les par­ties avoisinantes de la gorge est toujours tres vive dans ie debut de la maladie. Plus tard, au fur et ä mesure que l'ötat gangre-neux se dessine, cette douleur est plus obtuse. Alors, si Ton pou-vait facilement inspecter la membrane muqueuse.dn pbarynx et du larynx, on la trouverait de couleur brune, marquetee de taches grises ou blanchätres, ou d'un noir plus prononce que les autres portions de cette membrane. II s'y forme des phlyctenes ou des especes d'aphthes qui, de la base de la langue, s'etendent bientüt jusqu'ä son extremite et gagnent les autres parties de la bouche.
A cette epoque de la maladie, le pouls est petit, mollasse; il semble s'eteindre avant d'avoir complete son battement; la feti-dite de Fair expire a augments, ranimal pnrait etre d'unefaiblesse extreme; les membranes, la tete, les oreilles, le mufle sont i'roids, et la transpiration, comme I'air expire, a une odeur cadavereuse. II s'etablit par les naseaux un flux de matiere dont la couleur et la consistance varient; eile est generalement sanieuse, jamais je ue l'ai vue de consistance purulente. Enün, ranimal meurt, soit comme si la vie rabandonnait par anemie, soit dans des convul­sions violentes, dont I'effet sur les assistants a quelque ebose de stupeflant.
La marche de la Laryngo-pharyngite est tres rapide : son inva­sion est subite, sa duree de quatre ä cinq jours au plus, sa ter-minaison la mort.
Diagnostic. Pronostic. — La prostration des forces, I'impos-sibilite de la deglutition, la salivation, la fetidite de Fair expire, ne peuvent laisser aucun doute sur l'existence de la Laryngo-pharyngite gangreneuse, surtout quand on s'est bien penetrö du caractere des causes qui produisent cet etat. En presence de pa-reils symptomes, le diagnostic est facile ;i etaLlir, et l'experience dit assez que le pronostic est toujours facbeux.
Lesions paiiioio^iqucs. — La putrefaction suit presque imme-diatement la mort des animaux , et si Ton veut proceder ä I'au-topsie, il Importe que cette operation ne soit point retardee. Au bout de vingt-quatre heures, les lesions vraiment patbologi-ques ne sont plus reconnaissables; on ne les distinguerait point des effets de la putrefaction, ä moins d'y mettre une bonne volonte qui ne pourrait donner lieu qu'ä des appreciations de fantaisie.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;*
Quand on pratique I'autopsie iminediatement apres la mort
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42nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE L APPAKEIL ÜIamp;ESTIF.
de rammal, on constate un etat emphysemateux presque gene­ral et plus ou moins prononee. Toutes les parties molles exha-lent une odenr d'une fetidite extreme, et que Ton ne supporte pas longtemps sans eprouver des defaillances d'estomac et meme des vertiges : c'est au moins ce que j'ai eprouve moi-meme k un age ou ma constitution etait dans toute sa force. Le tissu cellulaire de presque tout le train nnterieui- est inflltre. 11 est egalement bien vrai, comme I'a dit Hurtrel d'Arboval, que la membrane muqueuse du nez, du pharynx, du larynx, des autres parties de la gorge et de la bouche, est decomposee, ramollie; qu'elle se detache par lambeaux ou par plaques plus ou moins epaisses et eteudues; on croirait avoir sous les yeux une fausse membrane.
Cette disorganisation de la muqueuse s'etend jusqu'aux bron-ches; on trouve encore des traces semblables sur la membrane muqueuse intestinale.
Traitcnienf. — Apres ce qu'on vient de lire, il semble tout d'abord cpi'il soit inutile de s'occuper du traitement d'une sem-blable maladie. Cependant, je dois reconnaitre qu'il reste quel-que chose ä faire, car la mission du vetih'inaire qui exerce dans la campagne doit avoir surtout un caractere de prevoyance; aussi, avant de faire mention des moyens que Ton pourrait em­ployer pour combattre I'Esquinancie gangreneuse, convient-il de dire un mot du traitement preventif.
Evidemment, le praticien qui veut obtenir du succes doit se penetrer d'abord des veritables conditions du milieu dans lequel sont places les animaux qui, un jour ou I'autre, seront confitJs ä ses soins; et lorsqu'il se trouve dans le cas de supposer raisonnablement que la Laryngo-pharyngite gangrtneuse pent se developper sous l'influence de certaines circonstances, tons ses efforts doivent tendre ä prevenir cette eventualite. S'il n'a aucun espoir d'obtenir les changements necessaires, tout au moins doit-il faire en sorte d'amoindrir les effets de la cause presumee. Des p:*iturages has et humides ou marecageux etant dounes, il recommandera d'en eloigner les animaux aux heures de la journee oü les emanations pernicieuses qui en provienneut exercent leur action xn-incipale. C'est le matin, avant que le soleil paraisse ä I'liorizon, ou le soir quand il est pres de son coucher, que les animaux doivent etre tenus dans des lieux oü les influences miasmatiques se font le moins sentir; Us n'iront jamais travailler, ;i ces heures de la joturnee, dans les champs qui aVoisineut les marecages ou paitre sur leurs bords. Teile fut la preservation dont j'eus ä me felicitor pendant I'euzootie d'An-
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PHABYNfilTE GA.NGRENEUSK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 43
gine gangr^neuse (jue j'observai en 1832. En meme temps, j'ad-ministrai quelques substances ameres en decoction : la gentians, la centauree et meme le sureau, au double titre de tonique et de sudoriflque.
La centauree, la gentiane etaient pröparees en decocüon de la maniere suivante :
Decoction tonique.
Prenez : Gentiane en poudre................. 60 grammes.
Eau............................. ä litres.
Cette dose doii etre adrninislree en un seul breuvage, pendant quatie ou cinq jours, chaque matin, ä ranimal ä jeun.
Le sureau se traite par infusion :
Infusion sudori/ique.
Prenez : Fleurs de sureau.................. 60 ä 80 grammes.
Eau............................. 2 litres.
On jette la fleur de sureau dans l'eau bouillante, et l'ebullition doit durer pendant Irois ou quatre minutes, puis on la retire du feu.
Les infusions de sauge, de lavande ou de romarin, se traitent conime les infusions de sureau, surtout quand les piantes sont vertes.
Une infusion simple ne suffirait pas pour que cette preparation produisit un effet tonique et sudoriflque. C'est, du moins, de cette maniere que je l'ai toujours employee avec ah succes assez apparent.
Quant au traitement curatif, il lut generalement sans resultat. Seulement, il me parut que des animaux auxquels il avait 6te applique dans les premiers moments ou Ton pouvait supposer, d'apres un alanguissement subit et la diminution de l'appetit, que l'Angine allait faire son invasion, il me parut, dis-je, quesur ces animaux la maladie s'etait trouvee enrayee des son debut. Ce traitement consistait dans des frictions generales d'essence de terebenthine sur l'encolure, autour de la gorge, sur les re­gions costales et sur la colonne dorsale; en meme temps, on fai-sait preudre ä ranimal une infusion de sauge, de lavande ou de romarin. C'est par une pareille medication preservative ou abor­tive, si Ton vent, que bon nombre d'animaux purent echap-per a l'invasion de l'Angine gangreneuse. Je n'afflrme point l'efiicacite de ce traitement, mes essais n'ayant pas ete assez sou-vent repetes pour que je veuille les presenter comme decisifs; on pourrait cependant les renouveler a I'occasion.
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MALADIES DE LAI'P.UIEIL DIOESTIF.
CHAPITRE III
Maladies de l'CEsopliagre.
ARTICLE PREMIER
INFLAMMATION
Je ii'ai jamais observe l'QEsophagite essentielle chez les rumi­nants, pas plus que sur les monogastriqnes. Quand eile a existe, j'en ai toujours trouv6 la cause dans l'introduction de corps etrangers rugueux, anguleux, trop volnmineux en proportion de lacapacite del'organe; ou Men, cette inllammation etait le resnl-tat des mancEuvres employees pour refouler les corps etrangers ou pour les extraire en les ramenant vers le pharynx.
Je decrirai cette complication en traitant des corps etrangers, auxquels j'arrive sans autre transition.
ARTICLE II
CORPS ETRANamp;ERS
Le hache-paille, le coupe-racines, le coucasseur, sent des ins­truments dont I'emploi n'est pas encore assez repandu dans nos campagnes, et, comme on le salt, le bceuf avale avec une cer-taine avidite les fourrages, les racines et l'herbe touffue qu'il tronve de son goüt; de lä vient que tres souvent des tubercu-les ou des portions d'antres racines, des fruits, des ronces, des chardons, des chicots, etc., restent engages dans son ocsophage.
Get accident se manifeste ordinairement pendant une degluti­tion precipitee et, quelquefois aussi, lorsque le bol alimentaire forme dans le rumen est ramene dans la beuche pour etre rumine.
Quand cela arrive, le bo^uf temoigne ä I'instant meme d'une violente douleur; il s'eloigne subitemest de la mangeoire ou du rätelier; il fait de violents efforts de vomissement; il tonsse avec
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COUPS KTHANGKUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;45
force; il rend par la bouche une grancle quantite de salive ecumeuse, et bieutüt il est meteorise au point d'etre menace d'asphyxie.
Ges divers symptömes existent toujours en meme temps; ils sont invariables et ne laissent Jamals subsister aucun doute sur la presence d'un corps 6tranger engage et retenu dans le canal oesophagien. Le plus souvent, ce corps etranger se trouve dans la portion thoracique placee entre les lames du mediastin; il est beaucoup plus rare qu'il soit arrete dans la portion cervicale.
La premiere indication ä remplir est de pratiquer la ponction du rumen pour eviter I'asphyxie, si la meteorisation se developpe avec rapidite ou se trouve pres d'atteindre ses deraieres limites, et puls on refoule le corps etranger dans le rumen au moyen d'une longue baguette, flexible et assez forte, munie, h 1'une de ses extremites, d'une pelote formee d'etoupes ou de vieux linge.
Cette pelote doit etre solidement fixee par une ficelle ou par une petite corde formee de plusieurs fils de lin reunis et tordus, dont le point d'arret consistedans des entailles pratiquees autour de la baguette. Dans ce cas, j'emploie avec avantage depuis long-temps un long mancbe de fouet, de ceux dont on se sert quand on conduit un ou deux cbevaux atteles a une voiture, et qui convient parfaitement par sa flexibilite, par sa force et par sa longueur : d'autant plus qu'il est fort difficile, quand on exerce k la campagne, oh Ton est toujours pris k l'improviste, de ren-contrer sous la main un instrument plus commode. II faut dire cepeudant que Ton pent aussi employer une brauche de saule verte, rendue flexible, souple et non cassante, comme une sonde en caoutchouc, en la passant, an feu.
Le manuel operatoire repond ä la simplicite de l'instrument. On attache le bceuf k un arbre ou ä un pilier en hois solidement pose, en ayant le soin de laisser ä la longe une longueur libre de 1 metre k 1 metre 50 centimetres, afin de pouvoir faire tenir la tete du bceuf par des aides, et, s'il vient k leur echapper en se defendant, de Tempecher de s'eloigner. Cette precaution est indispensable, si Ton a affaire ä un boeuf de travail, de taille et de force ordinaires. Quand il s'agil de petites vaches, on pent s'en passer, si les aides sont capables de les contenir. Cela fait, on passe une corne dans une anse en cuir ou en corde; et au moyen d'un levier de 1 metre ä 1 metre et demi de longueur, qu'on engage, par une de ses extremites, dans cette mthne anse, et qiü prend sou point d'appui derriere la corne oppo-see k sa base, on se rend facilement maitre de I'anima] en im-
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ilaquo;
MALADIES 1JE I, AW'AREIh DlftESTIF.
primant ä son encolure une torsion moden'-e; en meme temps, nn autre aide le saisit en inlroduisant deux doigts d'une main clans les naseaux et Ini releve le mufle.
II est rare que le boeuf ainsi maintenn oppose une longue re­sistance. Le veterinaire lui prend alors la langue d'une main, la Lire hors de la bouche, en I'appuyant d'un cöte, par sa base, contre les premieres dents molaires de la machoire inferieure; dans cat etat, le boeuf tenant la bouche ouverte sans pouvoir la refermer, il devient facile d'y introdnire la baguette par le gros bout auquel est adaptee la pelote.
On arrive dans le pharynx en faisant glisser cette baguette sur la face libre de la langue, ;i sa partie post6rieure; et plus on dötend cette face libre en la tirant ä soi, plus on introduit aisement la baguette dans le pharynx. Cette introduction doit se faire sans secousse, mais assez vivement pour refouler le corps etranger aussitot qu'on eprouve de la resistance.
Ici, Je vais me permettre une digression qui me parait utile et n'est pas tout ä fait etrangere ä mon sujet.
Les chevaux et les mulets qui mangent gloutonnement eprou-vent les memes accidents, lorsque le bei, forme de substances incompletement machees, n'est pas avale et s'arrete dans une portion de IVjesophage. Cela se voit tres souvent chez les vieux animaux, dontla mastication est incomplete par suite de l'usure des dents; c'est ordinairement I'avome on le son qui, dans ce cas, jouent le role de corps etranger. Les symptömes manifestes sont semblables ä ceux qui se produisent par la presence de corps etrangers arretes dans l'ffisophage des ruminants; je dois ponr-tant signaler quelques differences.
Sur les monogastriques, la meteorisation n'existe pas, et Ton voit des mucosites abondantes rejetees par les ouvertures nasales.
On peut supposer I'existence d'une dilatation anormale de Toesophage on une espece de jabot dans la portion flottante de cet organe toutes les fois que les signes de la presence d'un corps etranger se manifestent souvent. J'ai vu de vieilles mules et de chevaux chez lesquels cela arrivait invariablement quand on ne leur donnait pas le son mouille et presque clelaye et l'avoine concassee.
Pour remedier ä des accidents de cette nature sur les mono­gastriques, il faut necessairement qu'ils soient abattus et couches sur une bonne litiere. II y a trop de dangers et de grandes diffl-cultes si Ton vent operer sur I'animal debout. Alors il s'oppose vigoureusement ä l'introduction du pas-dane et plus encore k celle de la baguette dans le pharynx; il abaisse la tete autant
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c.oui's Strangers.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;47
(j ue possible, de feile maniere que le pliarynx se trouve place (lans un angle presque t'erme, et j'ai vu plusieurs fois les car tilages du larynx brisös pendant les manccuvres opörätoires. J'in-siste d'autant plus pour que Ton opere les chovaux ou les mulets couche.s et maintenus sur la litiere, que, dans cet etat, en allon-geant la tete et tirant la langue au dehors, sans la tenir de cote, on introduit la baguette dans Focsopbage avec la meme lacilite que l'on introduit la main dans un gant. La premiere Ibis que j'ai eu la bonne idee d'abattre les cbevaux pour relbuler les amas d'avoine, de son ou de fourrages retenus dans Toesophage, j'ai meme ete etonne de la J'acilite avec laquelle cette operation pent etre faite.
Quant au bceuf, on eprouve moins de difficulte que sur le cbeval pour l'operer debout; et, d'ailleurs, ä moins de pratiquer d'abord la ponctiou du rumen, il est necessaire de laisser le pre­mier sur ses membres, sans quoi la meteorisation ponrrait occa-sionner la mort subite de ranimal.
Le procede operatoire que je viens d'indiquer pour le boeuf m'a constamment reussi; mais j'ai vu plusieurs Ibis des boeufs, operes par des empiriques et meine par des veterinaires, dont le larynx avait ete brise par les manoeuvres que necessite l'intro-duction de la baguette. II laut, pour eviter de tels accidents, du sang-froid, et tant que la pelote est dans la boucbe, agir avec menagement, tenir compte de l'angle plus ou moins ouvert exis-tant dans rarriere-boucbe par l'elevation de la tete ou la torsion irnprimee ä rencolure.
On doit bien d'ailleurs se peuetrer de cette idee, que, si la baguette est dans le pliarynx, on ne rencontre plus aucune re­sistance que celle du corps etranger.
Aussitot que celui-ci a ete refoule, dans le rumen, des eruc­tations tres bruyautes se font entendre, et la meteorisation se dissipe instantanement si dejä la ponctiou n'avait pas ete faite. Lorsqu'on n'a pas cette indication pour s'assurer de la reussite de l'operation, on presente ä manger ä ranimal, ou bien on lui donne en breuvage un liquide quelconque, et l'on reconnait bientöt si le canal cesophagien est libre dans tonte son etendue. J'insiste sur cette epreuve, parce qu'il m'est arrive quelquefois de voir des boeufs qui, apres avoir presente tons les signes de la presence d'un corps etranger engage dans IVesoplmge, finissaient par etre plus calmes, ne conservant qu'uu peu de meteorisa­tion, et chez lesquels cependant les efforts de vomissement, la toux, etc., se moutraient de nouveau apres la deglutition forcee ou voloutaire d'nu liquide ou d'une substance mi-solide.
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48nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE L APPAREII, DIOESTIF.
Si le corps etranger est arrondi, comme un tubercule, une pomme, ou comme peuvent l'etre des fragments de tourteau qui out sejourne dans I'eau ou dans la piquette, et si ces corps sont arretes dans la portion cervicale, il pent arriver que la pression exercee de bas en haut sur I'oBSophage en determine, soit I'expulsion par la Ixmclie, soit la degiutilion. Ce moyen m'a reussi dans quelques circonstances; mais il est Men loin de produire un rcsnltat aussi prompt et aussi sur que l'emploi de la baguette.
Ici encore une digression qui ne sera pas inutile, je l'espere.
On fait manger le tourteau de lin de plusieurs manieres : inoulu et melange ä des substances farineuses, ä du son, h des racines cuites,saupoudre sur de la paille hachee on d'autres four-rages ; on le donne encore par fragments de grosseur variable, ou apres avoir laisse sejourner ces fragments, soit dans de I'eau, soit dans la piquette, liquides dans lesquels les bouviers suppo-sent qu'il pent se dissoudre. II neu est rien habituellement, ä moins qu'il ne soit reduit en poudre; alors les liquides provo-qnent dans la masse une fermentation, et Ton obtient une espece de päte que la salive pent dissoudre jusqu'ä un certain point, et qui est de deglutition facile.
Mais le tourteau en fragments ne subit presque aucune alte-terntion par son sejour dans les liquides que j'ai mentionnes. Senles les surfaces des fragments se trouvent recouvertes d'une legere couche agglutinative, au moyen de laquelle plusieurs fragments se reunissent eu un seul. Et void ce qui arrive dans ce cas : La ration de tourteau est donnee au beruf dans un baquet, et Ton y ajoute une faible quantite de liquide. Le bceuf est tres friand du tourteau ainsi accommode. Aussitot qu'on le lui pre-sente, il s'en approcbe vivement, et souvent d'un tour de langue il euleve la ration entiere et l'avale sans presque I'ecraser entre les tables dentaires. C'est dans cet etat que le bol, se trouvant trop volumineux, s'arrete quelquefois dans la portion de l'oeso-phage qui se trouve entre les lames du m6diastin. La est peut-etre la cause la plus commune des accidents dont je parle. ' Je prefere done l'emploi de la baguette ä tout autre procede, el je declare que je n'ai jamais ete oblige d'avoir recours ni ä l'oeso-phagotomie, ni a I'ecrasement. Le premier de ces precedes est praticable seulement lors(fue le corps etranger s'est arrete dans la region cervicale, et il est alors inutile de remployer, ä moins que le corps ne soit d'une forme anguleuse teile qu'on ne pnisse le refouler. Le second moyen n'a pu. etre conseille ou pratique que par un auteur qui u'avait anenne connaissance anatomique
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CORPS ETKANßBRS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 49
et physiologique; ou bien il aura ete experimente sur quelque malheureuse bete, amenöe d'abord dans une salle de clinique pour passer, apres experience faite, ä la salle de dissection. Mais il n'y a pas lieu d'entretenir les praticiens de pareilles cboses.
Ce n'est pas seulemeut, ai-je dit, par suite d'une deglutition precipitee et tumultueuse que des corps etrangers peuvent se hrouver engages dans I'oesophage. Cela arrive egalement, lorsque le bol form6 dans le rumen remonte dans la bouche pour s;ibir une seconde mastication. Dans cette circonstance, le corps etran-ger n'est jamais une racine ou une portion de tourteau : c'est une ronce, un chicot ou un chardon presque ligneux, lequel se trouvait mele au fourrage, et qui est arrive dans le grand reservoir gastrique du boeuf pendant la premiere deglutition.
Dans ce cas, les symptomes sont absolument les memes que ceux 6numeres plus bant, avec cette seule difference qu'ils se produisent pendant l'acte de la rumination, au lieu d'apparaltre pendant que le boeuf avale avec precipitation des aliments gros-siers qu'il n'a tritures qu'imparfaitement. II laut ici un pen plus d'attention pour se faire une idee assez exacte de la nature de Taccident et de la position occupee par le corps Stranger. On y parvient facilement.
Un bceuf a ratable, pendant la rumination, est pris tout ä coup de tons les symptomes qui annoncent la pr6sence d'un corps etranger engag6 dans le canal oesophagien, et Ton apprend qu'il mange babituellement avec une avidite qu'on pourrait appeler de la gloutonnerie. Sa nourriture se compose, au moment de Taccident, de feuilles secbes de mais, de celles qui entourent Tepi, et ces feuilles sont encore attacbees au p6doncule forme par I'extremite inferieure de cet 6pi. Ce pedoncule est loujours tres dur, presque ligneux; il a une longueur de plusieurs cen­timetres. Les feuilles ont ete un peu tordues et un pen mächees; mais le corps dur est arrive dans le rumen sans avoir subi au-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;|j
cune alteration.
On pent, des lors, tres bien concevoir qu'etant enveloppö dans le bol alimenlaire, Rpi parvienne dans la bouche sans occasion-ner aucun accident, et Ton comprend tout aussi bien que si, par son volume, par sa longueur ou par l'effet des contractions de l'cesophage, la forme du bol se trouve modiflee, ce corps puisse s'arreter quelquefois dans le canal oesophagien et surtout dans sa portion flottante.
En effet, c'est constamment dans cette partie quej'ai cru recon-naitre son point d'arret quand il provenait du rumen. Ce qui me eonflrme dans cette id^e, c'est qu'une toux profonde, paraissant
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50nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE l'aPPABEIL DIGESTIF.
r6ellement occasionner de violentes douleurs et donnant lieu a un soulevement extreme des parois abdominales, est le premier symptöme que Ton remarque; puis, viennent les efforts de vo-missement et la möteorisalion.
Un taureau est nourri exclusivement avec le foin de prairies basses, couvertes de peupliers et que nous appelons des ramiers. Ge foin est grossier par sa nature, at il est sali, presque toujours, par des debris de branches de peuplier, par des chicots, et sou-vent par des ronces.
En pareille circonstance, on n'a pas le choix des moyens de curation : c'est avec la baguette seule, pourvue d'une pelote, qu'on parvient a refouler le corps etranger. Mais on precede a I'operation en n'exercant sur le corps etranger qu'ime pression moderne, quoique continue, afin de ne donner lieu k aucune dechirure trop grave s'il s'est fortement implant^ dans les parois du canal.
A la suite de cet accident et apres la reussite de I'operation, le taureau est quelquefois affecte d'une peripneumonie et d'une oesophagite tres intenses. II faut recourir jusqu'a deux lois a la saignee et le tenir pendant plusieurs jours a un regime alimen-taire approprie a son etat, c'esl-a-dire aux farineux delayes, donnes comme aliment, et aux breuvages mucilagineux; enfln, il n'est completement gueri qu'apres trois semaines d'un traite-ment assidu. Quand ceia arrive, il y a tout lieu de penser que sur cet animal le chicot ou la ronce avait profondement 16se I'oesophage.
En pratiquant la ponction du rumen, aussitot que la meteori-sation parait assez intense pour inspirer des craintes d'asphyxie, on agit toujours suivant les regies d'une bonne m6dication. D'ailleurs, il peut arriver que la deglutition du corps etranger ait lieu spontan£ment par le seul effet de l'evacuation des gaz, s'il s'est arrete dans le canal apres la premiere mastication. J'ai vu ce rösultat se produire quatre ou cinq fois.
J'ai dit que le larynx pouvait etre brise par des manoeuvres maladroites, employees pour opörer le refoulement des corps etrangers. Get accident est mortel; on doit, s'il y a possibilite, se bäter d'envoyer I'animal a I'abattoir. On reconnait la bri-sure du larynx ä la gene de la respiration qui est plus ou moins sifflante, au craquement des cartilages que la plus legere pres­sion rend tres sensible, et a un engorgement emphysemateux, plus ou moins considerable, qui se d6veloppe rapidement a la region gutturo-laryngee.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^
Les tumeurs, les abces developpes sur les membranes charnues
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MALADIES DE LA PAROTIDE.
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de l'oesophage, n'ont eu probablement d'autres causes que la pre­sence de corps etrangers peu volumineux qui d'abord n'ont pas fait obstacle ä la deglutition.
GHAPITRE IV
Maladies de la Parotlde.
L'inflam.mation de la Parotide est la seule affection tie cette glande que Ton ait habituellement occasion d'observer sur les animaux de l'espece bovine, chez lesquels eile se manifeste d'ail-leurs assez frtiqueminent. Elle est sporadique ou 6pizootique.
Gelle que Ton observe sous le premier de ces etats n'est point la Parotidite que Ton trouve döcrite dans quelques auteurs, qui ont souvent donne ce uom k une tumeur hemorrhagique apparue subitement dans la region gutturo-maxillaire, et dont j'aurai a parier en traitant des maladies du sang.
Causes. — Les piqüres et les contusions sont presque les uni­ques causes de la Parotidite sporadique sur les animaux de l'es­pece bovine; cette affection, en effet, ne se manifeste ordinaire-ment que sur les boeufs ou vaches employes au labourage ou aux charrois, et, en 6te, sur ceux de ces animaux qui sont lt;i deux dans une löge, et assez rapproches Tun de l'autre. L'aiguillon du bouvier fait les piqüres, et la corne de Tun des boeufs con-tusionne les joues, les mächoires et la region parotidienne de son plus proche voisin, lorsque, par un mouvement violent de la tete, il cherche a se debarrasser des mouches qui le tourmentent.
Symptumes. — La Parotidite ne se declare pas subitement. Son debut a un autre caractere : nn engorgement, douloureux au toucher, de forme allongee, circonscrite, bien dessine, apparait sur la region parotidienne, et d'un seul cole seulement; du moins, dans le cas de Parotidite sporadique, je ne I'ai jamais ob­serve sur les deux parotides. Ordinairement, cette tumeur est precödöe d'une salivation assez abondante, de la diminution de 1'appetit, d'une certaine roideur de l'encolure ou, pour mieux dire, d'une gene marquee des mouvements de la tete. La deglu­tition est difficile.
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o2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE L APPAHEIL D1amp;E8TIF.
Ces derniers symptomes ne different pas sensiblement de ceux de Tangine pharyngee. Ce n'est qu'eu cherchaut a bien etablir le diagnostic et en exploraut la region gutturo-maxillaire, qu'on reconnait ['existence d'nn engorgement d'abord pen considerable de la Parotide. En ineme temps, par une investigation attentive, on pent presque toujours determiner la cause de cette affection. On trouve alors, soit les traces d'une piqüre resultant d'un coup d'aignillon, soit des marques assez visibles d'une contusion cor-respondant au point douloureux.
La Parotidite se complique quelquefois d'angine pharyngee et laryngee, c'est-ä-dire que rinflammatipn se declare en meme temps sur tons les organes de la region gutturo-maxillaire. Dans ce cas, rengorgement des parotides coincide avec une salivation abondante, le refus complet d'aliments, rimpossibilite de deglu­tition et le sifilement de la respiration.
Quelquefois, un engorgement se forme Ton ne sail comment; le coup porte sur la glande n'etait pas violent, il n'a suscite qu'une läible douleur et une inflammation presque insensible, et cependant, sous son influence, les tissus se sont trausformes, doimant lieu ainsi ä une complication toujours grave.
itlarche. Terniiuaisuns. Pronostic. — L'illflammation qui resilllf d'une contusion produite par un coup de come se caracterise par nu engorgement plus prompt ä se developper que celui qui a cHe occasionnti par une piqüre. II arrive ä son maximum de developpement dans l'espace de deux on trois jours, avec quel-ques differences en plus ou en moins, suivant le degre de vio­lence du coup porte. La douleur est aussi moins vive. La resolu­tion est plus facile et plus prompte h obtenir, et la terminaison par induration egalement moins frequeiite que dans les cas de Parotidite par piqüre.
La Parotidite occasionnee par la piqüre de raiguillon a toujours plus de gravite que celle produite par des coups de comes. On doit alors redouter l'induration de la glande, c'est-ä-dire la ter­minaison qu'on pent considerei1 comme la plus fächeuse. La tumeur grossit lentement, mais eile ne cesse de grossir, tout en conservant ä la glande sa forme generale. J'insiste sur ce dernier caractere de l'intlammatlon parotidienne, aün qu'on ne puisse confondre cette tumeur avec des intumescences produltcs par une hemorrhagie du tissu cellulaire.
Si un boeuf, ayant une parotide induree, mange sans eprou-ver aucune gene, si ses digestions se font bien, s'il est, en un mot, dans un (Hat de saute satisßiisant, on peut le garder sans devancer I'epoque iixee pour sa vente ou son engraissement. Si,
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MALADIES UE LA PARDTIDE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;53
au contraire, 011 ne remarque pas chez lui tons les signes d'une santö parfaite, le mieux est de s'en defaire au plus tot. J'ai vu (pielquefois ces tumeurs acquerii- un volume considerable et n6-cessitei*, pour n'avoir pas ü les noumr en pure porte, le prompt sacrifice des animaux.
Traitement. — Le traiteinent ä employer d'aJbord, quelle que soil la cau.se de la Parotidite, consiste dans la saignee ä la jugu-laire, pratiquee du cöte oppose h celui ou est le siege de I'lnflani-mation, afin d'eviter que, par un frottement sur Fouverture ä la jugulaire ou par l'effet de tonte autre cause, ne se develonpe un thrumbus constituaut toujours une complication grave.
Apres la saignee, je fais des embrocations avec I'liuile camphrec et laudanisee, ou des onctions u'onguent populeum camplire et laudanis6 egalement.
Lorsque cette medication n'agit pas avec efficacite dans les pre­miers jours, que le mouvement des m/ichoires ne gagne pas en facility, que la mastication reste lente et penible et la deglutition difficile, et que cependant la douleur, d'abord Ires vive, manifes-tee par ranimal sous la moindre pression de la region paroti-dlenne, semble etre moins intense. Men que I'engorgement n'ait pas diminue, il fant modifier le traitement.
Alors j'applique immMiatement une couche d'onguent vesi-catoire ou je fais des frictions avec un vesicant liquide sur la fumeur. Par ce moyen, j'ai obtenu , dans le plus grand nonibre des cas, la resolution d'engorgements que je croyais indures pour toujours. Mais ce n'est pas une seule friction qui pent produire ce r^sultat : d'abord, pour obteuir une vesication sensible, il en faut au moins deux, la peau du boeuf resistant plus que celle du cheval h l'action de ces topiques ; puis, on attend quel-ques jours, sept h huit ordinairement; apres cela, on repete les frictions, en les faisant snivre d'nn autre temps d'arret. C'est ainsi qu'en produisant une resolution partielle chaque fois, on parvient a faire disparaitre des engorgements qui auraient rc-siste a toute autre medication.
Les divers fondants recommandös, tels queTonguent de Lebas, la pommade mercurielle, les preparations de eigne, memecelles d'iode, sont bien loin d'avoir, dans ce cas, l'efflcacite des fric­tions vesicantes. Leur emploi donne lieu ä une perte de temps precieux et n'est qn'une cause de depense.
Quand la maladie est due ä une contusion, le traitement est plus simple : ainsi ordinairement il n'y a point lieu d'avoir recours k des frictions vesicantes repetees plusieurs fois.
Si la suppuration s'eiablit. on onvre les abees anssitöl qn'une
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fluctuation complete en fournit I'indication. J'ai remarque que si Ton ouvrait un abces incomplötement fornK?, on s'exposait ä voir se produire des hömorrhagies et quelquefois des üstules sali-vaires; tandis que lorsque la glande est entierement röduite en suppuration, on n'a ä craindre ni Fun ni l'autre de ces accidents.
Les abces, ouverts dans les conditions que j'indique, laissent des plaies dont la cicatrisation s'opere rapidement, sans laisser aucun point d'induration; une cicatrice simple et peu apparente marque seule la place oü a 6te le d6p6t purulent.
Si l'on pouvait donner des soins ä ranimal aussitot qu'il a ete pique ou contusionne, les ablutions d'eau froide seraient d'une grande efficacite : elles previendraient le developpement de la tumöfaction; mais cette circonstance se rencontre si rarement, qu'on ne doit meutionner que pour memoire ce traitement par l'eau l'roide.
II m'est arrivö quelquefois, lorsque la cause avait agi depuis peu de temps, d'obtenir une prompte resolution au moyen de frictions d'essence de törebenthine et meme da frictions vesican-tes plus energiques, saus faire preceder ces dernieres d'aucune application ömolliente, et en me bornant, si l'animal n'est ni trop vieux ni trop maigre, ä pratiquer une saignee.
On n'obtient jamais la resolution des tumeurs indurees ü la suite de la Parotidite chronique, c'est-ä-dire des tumeurs dont la formation a eu lieu lentement et sans que le trouble des fonc-tions ou l'etat des animaux ait paru d'abord exiger un traitement. J'ai essaye contre les tumeurs de cette nature des frictions ve-sicantes, repetees, suspendues et reprises; les frictions avec la pommade d'iodure de potassium iodur6e; la cauterisation avec le fer rouge, en raies ou en pointes, et je n'ai eu pour resultat appreciable de ce traitement que celui d'avoir tourmente les ani­maux , de les avoir rendus d'un accös difficile et d'avoir retard^ le terme de leur preparation pour la boucherie.
La Parotidite compliquee de l'inflammation de la region laryngo-pbaryngee n'apparait que pendant le printemps et l'au-tomne, lorsque les animaux ont ä subir des variations atmosphe-riques brusques et frequentes. Le traitement doit etre d'abord antiphlogistique; mais la saignee, les onctions adoucissantes et les boissons de meine nature, quand les animaux ne se refu-sent pas ä les prendre, n'empecbent pas d'agir en meme temps sur la peau, afin de provoquer le retour d'une transpiration normale.
Dans les vallees des Pyrenees, catte maladie prend quelquefois les proportions d'une veritable ^pizootie. Un de mes anciens con-
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MALADIES DES ESTOMaCS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;55
disciples, M. Mousis, veterinaire ii Oleron, I'a decrite, dans les termes suivants, en 1826, dans un memoire adresse ä la Societe centrale d'agriculture :
laquo; J'ai plusieurs fois eu occasion d'observer sur ces animaux — les boeufs de la race baretone — l'engorgement des glandes paro-tides, maladie tres commune, connue dans le pays sous ie nom i'aouzet, ce qui vent dire oiseau; cette denomination vient sans doute de ce que les animaux qui en sont atteints font entendre un petit sifilement qui ressemble au chant d'un oiseau.
laquo; Dans le principe, cette affection n'est accompagnee d'aücun signe maladif; a mesure que l'engorgement des glandes parotides augmente, la respiration devient laborieuse, Fanimal eprouve une grande difficulte d'avaler, et souvent, si on n'y porte remede, il meurt suffoque.
laquo; Les causes les plus presumables de cette maladie sont le changement de temperature, le passage subit du chaud au froid, souvent occasionne par la proximite des Pyrönöes.....J'ai eu occa­sion de traiter un grand nombre d'animaux affectes de cette ma­ladie; j'en ai presque toujours triompht5, surtout a son d6but, au moyen des saignees aux jugulaires, cataplasmes emollients sur les engorgements, tisanes mucilagineuses, un pen de regain pour nourriture, et pour boisson I'eau blanchie avec la farine; et pour auxiliaire, le pansement a la main rögulierement fait deux fois par jour. La maladie se termine ou par resolution ou par la sup­puration, et quelquefois, mais rarement, par la mort. raquo;
CHAPITRE A' Maladies des Estomacs.
Les Estomacs des ruminants forment quatre compartiments unis entre eux, communiquant ensemble, mais distincts.
Le plus volumineux est le Rumm, dont la destination est de recevoir provisoirement les aliments grossiers qui doivent subir une seconde mastication. Le second estomac, appele le Bonnet ou le Reseau, est place en avant et ä droite du sac gauche du rumen; il constitue une poche arrondie qui contient habituellement des liquides et des aliments tres delayes. Le troisiöme estomac est le
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MALADIES DE L APPAHEII. DIGESTIF.
FeuiUet; il est ;i peu pres spht^rique, et il offre ii son Interieur des lames mnqneuses d'inegales dimensions, alternant les plus peti-tes avec les plus grandes; elles retiennent les aliments dans les uitervalles et contribuent ä leur attenuation.
Le quatrieme compartiment, ou la Caillette, est le veritable Organe de la chymification; il contient les aliments attenu6s par la rumination et par leur passage dans le FeuiUet, qu'il a recus directement par la voie de la gouttierc cesophagienne, ainsi (pie la tres grande portion des liquides dont l'animal s'abreuve et tout le lait dont il se nourrit dans son jeune age.
Ces notions tres succinctes sur la conformation des Estornacs et sur les fonctions attributes ächacun d'eux, etaient necessaires ä rappeler, pour simplifler Tenoncö de certaines prescriptions du traitement des maladies aflfectant ces organes. Ajoutons que les lames du FeuiUet se rapprochent et tendont ä adherer entre elles lorsque catte cavite se vide, que cet estoinac pent s'obstruer lors-([ue la rumination reste longtemps suspenduc, etc.
ARTICLE PHEMIEl^
METEORISATION
La Meteovisation, nommee encore Tympanite, est un etat mor­bide caracterise par un gonfloment plus ou moins prononce du flanc gauche, determine par un d^gagement lent ou subit de gaz, en plus ou moins grande quantity, dans les compartiments gas-triqnes des ruminants ou dans I'intestin. La formation de ces gaz est due ä des causes nombreuses et variees, qni constituent autant de formes distinctes de cette affection.
La Meteorisation doit etre examinee sons ces difKrents aspects; cela Importe beaucoup pour la snrefe dn diagnostic des maladies dont eile est un symptöme facile ä constater. II convient ainsi de (#9632;onsiderer :
1deg; La moHcorisation resultant de la presence d'un corps Stran­ger retenu dans le canal oesophagien. — Formee pendant les vio-lents efforts de vomissement que fait l'animal, eile e.gt;t prodtiite par les gaz formes incessaniraent dans le rumen et prives, par suite do la presence du corps Stranger, de Tissue que dans I'etat normal leur offre naturellement I'oesophage.
Cette meteorisation produit un ballonnement extreme et subit, lequel n'a d'autres limites que leslt;proprietes extensives des tis-sus; et meme, avant qn'il y ait rupture des parois du rumen , il
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MKTEORISATION.
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arrive sou vent que des globules d'air passent entre les mailies du tissu cellulnire sous-cutane et que des tünjeurs emphys^mateuses se forment vers les regions costales et lombaires.
La ponction pratiquee an milieu du flanc gauche fait dispa-raitre instantanement la mtHeorisation donf, je parle. L'extraction ou le refoulement du corps etranger amene le memo resultat. Apres la ponction, la canule du trocart ne donne passage qu'ä des gaz sans aucun melange d'aliments.
2deg; La metrjorisatioii occasionn6e par une indigestion de luzerue ou de trefle verts. — Celle-ci se damp;velamp;ppe aussi trrs rapidement et donne egalement lieu ädes emphysemes sous-cutan^s; eile est souvent une cause d'asphyxie. La percussion sur le llanc rend un son mat et tumultueux. Des matieres alimentaires mi-solides sent souvent melees aux gaz; et si, h la suite de la ponction, la premiere colonne qui a trouv6 une issue par la canule est du gaz pur, on volt bientot le degagement se faire sous une autre forme. Le bouillomiement a produit dans les couches inferieures de la masse aiimentaire deposee dans le rumen un melange de globules gazeux et d'aliments. Ce melange ne s'öchappe point librement par la canule; il lobstrue, au contraire, et la ponction ne produit pas, dans ce cas, un resultat döcisif
Cette meteorisation se dissipe souvent par des eructations spontanees, et d'autres fois par des eructations provoquees soit par des ablutions d'eau froide, soit par I'etFet de breuvages exci­tants ou par l'emploi de mastigadours composes de difförentes substances; tantot une branche de figuier ou un morceau de lard tres ranee, etc.
3quot; La meteorisation provoquee par une indigestion d'aliments dont Faction est irritante et quelquefois toxique, comme celle du raifort sauvage et de certaines renoncules. — Elle est simple-ment gazeuse; on le constate par la percussion. Elle se dissipe momentanement apres la ponction, et reparait anssitot apres que la canule du trocart a ete enlevee, si, par un traitement energi-que, on ne s'empresse de combattre la maladie dont eile est le premier Symptome appreciable.
4deg; La meteorisation occasionnee par une indigestion de four-rages possedant des proprietes nutritives relativement tres deve-loppees. — Cette derniere se distingue par son apparition subite et par le son mat que donne la percussion du flanc gauche. Elle acquiert rarement le developpement de celle qui resulte de la presence d'un corps etranger dans l'oesophage, et de celle de la deuxieme forme, que les anciens auteurs designent sous le nom de mephitiquf simple. Cependant, j'ai cru dans plusieurs cas
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MALADIESlaquo; DE 1, APPARE1L DIamp;ESTIF.
devoir pratiquer au flanc gauche, pour donner issue aux ali­ments en ebullition, une incision assez 6tendue, I'experience m'ayant demontre que la canule du trocart est insuflBsante dans cette occasion.
Cette operation est d'ailleurs sans inconvenients. Elle donne lieu ä l'expulsion de matieres mi-solides, melees de globules gazeux; maisla maladie persiste si Ton s'en tient exclusivement a ce premier traitement.
5deg; La meteorisation resultant d'une indigestion de farine accu-mul6e dans le rumen. — Dans ce cas, eile ne se declare pas subitement, se forme pen ä pen et n'acquiert jamais des pro­portions telles qu'on puisse craindre qu'elle soit une cause d'as-phyxie. Le son rendu par la percussion du flanc gauche est mat et iumultueux.
6deg; La meteorisation accompagnant les cas de phthisie, lorsque le mediastin n'est plus qu'une masse tuberculeuse, qui comprime roesophage dans certains moments et s'oppose aux 6riictations. — Elle n'est jamais tres considerable. Le flanc gauche est un pen souleve; une colonne de gaz, sans melange d'aucune ma-tiere, repose sur la reserve alimentaire du rumen. Elle dispa-rait plusieurs Ibis, dans la journee, quand I'animal repose sur ses membres, pour se developper de nouveau aussitot qu'il est couch6.
7deg; Gelle qui resulte d'une gastrite simple. — Se presente avec les memes caracteies que la prec6dente, avec cette diflerence toutefois que celle-ci disparait avec la maladie dont eile est un des symptömes pathognomoniques. Je crois qu'alors eile est, non pas pröcisement une metöorisation de la panse, mais plutot celle des autres divisions de 1'appareil gastrique.
On voit, d'apres ce qui precede, qu'il y a lieu de considerer la Meteorisation, non comme une maladie essentielle, mais comme un Symptome d'aflections fort diverses. Aussi m'en tiendrai-je k ces observations g6nerales, devant revenir sur ce sujet en traltant de chacune de ces affections en particulier.
ARTICLE II
APPETIT DEPRAVlt SirxON\MiE : Pica.
On distingue sous ce nom une affection caracterisee par la tendance qii'ont les animaux h manger des substances qui n'en-
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APPETIT DEPRAVJä.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 59
trent point habituellement dans la composition de leurs rations alimentaires. Get etat des bceufs ou des vaches est un Symptome qui ne pent 6tre consider^ comme une maladie essentielle, et qui, le plus souvent, n'est que le r6sultat, soit d'une növrose ou növralgie de la caillette, soit d'une affection tuberculeuse ou d'une induration du pylore.
sect; lquot;. — Pica en general.
Les animaux sur lesquels se fait remarquer ce symptome ne sont pas toujours forcement maigres et n'ont pas egalement l'aspect d'animaux malades. Beaucoup de boeufs de labour man-gent positivement de la terre humide, surtout q\iand eile est de composition argileuse, aussitot qu'ils peuvent assez abaisser la tete pour y atteindre; des vaches mangent les enveloppes du fetus toutes les fois qu'elles ne sont point surveillees au moment de la mise bas; d'autres mangent la terre des murs, s'attaquant aux cuirs, aux tissus de laine, etc.
Ce goüt depravö chez les animaux ne presente pas pour eux un danger immediat; mais il doit faire prevoir I'existence, soit d'une nevrose, soit d'une lesion organique des estoraacs ou du poumon. La plupart des boeufs alteints de phthisie tuberculeuse temoignent de ces gouts d'une maniere ou d'une antre. Dans ce cas, lors memo qu'ils seraient en bon etat et que jamais on ne les aurait entendus tousser, il faut toujours en conclure I'exis­tence chez eux de l'affection tuberculeuse.
Inutile d'indiquer aucun traitement pour ramener l'appetit des animaux a des conditions normales; quand cet app^tit est de­prave, on les engraisse s'il en est temps encore, ou on les vend sans le moindre retard pour la hasse boucherie.
Lorsque cet 6tat particulier est du k une affection tuberculeuse, toutes les medications echouent des qu'elles ne sont pas assez puissantes pour arreter les progres de la phthisie. S'il tient ä une gastralgie, on n'est pas plus heureux. Les gastralgies doivent agir sur les animaux comme sur I'homme, en leur fai-sant sans nul doute 6prouver de vivas douleurs, et elles n'offrent plus de chances de guörison.
sect; 2. — Tumefaction indnree da Pylore.
L'Induration, souvent designee sous le nom de Squirrhe du Pylore, ne se declare pas instantan6ment. Gette transforma­tion des tissus est I'effet d'un travail inflammatoire lent et con-
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tinu. Sur les ruminants, on ne constate l'existence de cette lesion organigue (jne lorsque tontes les ressources de l'art ont ete im-puissantes ä eu triompher; il faut la signaler cependant parce que le bopuf est nn animal qni a toujours une certaine valeur, et qu'il importe, lorsqn'il est atteint d'une maladie incurable, de la reconnaitre sans retard, afin de diminuer les pertes en ntilisant I'animal dans la mesure du possible.
L'observation sommaire qui suit fera connaitre les principaux symptomes de cette aöection.
Un boeuf mnigrissait depuis quelque temps; sou appetit etait irr^gnlier, sa peau seche, adhörente; il avait le poll terne, le mufle sec, rugueux, excepte pendant qu'il ruminait. II mettait plus de temps a ruminer qu'ä manger, et, lorsqu'il avait ru-mine, il rassemblait ses membres, ne se coucbait point, ren-dait de frt'qnentes eructations, portait la tete basse, avait les oreilles pendantes. Son haleine ('tait toujours fetide. Si on vou-laitie faire travailler on seulement le forcer ä marcher lorsqu'il avait rumim'', son depart ^tait toujours tres difficile. Enfin, il prenait une allure raccourcie et faisait entendre de sourdes plain-tes. Quand il etait couch^, il appuyait frequemment la tete sur les cotes. II avait les tlancs creux; ses excrements, qu'il rendait non sans faire quelques efforts expulsifs tres apparents, avaient la consistance diarrhöique et offraient une extreme fetidit^.
Ces symptömes s'etaient manifestes et developpes tres lente-ment; on ne pouvait dormer aucune date ä lenr apparition.
Le diagnostic resta longtemps incertain; mais il etait Evident qu'une lesion organique existait dans la caillette. Je supposais une phlegmasie chronique, et le traitement fut dirige clans le sens de cette indication; il fut inutile. L'animal arriva an ma-rasme; il finit par ne plus manger, ni ruminer, et il mourut trois mois apres ma premiere visite.
A l'autopsie, je constatai l'existence d'une enorme tumeur in-duree qui partait du pylore et se prolongeait quelque peu vers rintestin grele; eile occupait la caillette presqne en entiei.
Si, lors de ma premiere visite, il m'eiit ete possible de diag-nosliquer l'existence d'une semblable ajteration, ce Ixsuf aurait ete vendu, pour la boucherie, les deux tiers de sa valeur ordinaire.
Quelques annees plus tard, j'observai sur un autre boeuf ab-solument los meines symptomes, et je n'besitai pas k conseiller la vente de cet animal. Le proprietaire ne voulut pas prendre cette determination: il essaya successivement du traitement ordonne par deux empiriques, et son, boeuf vecut une annee dans cet etat, mangeant quelquefois ae I'herbe, d'autros fois
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VUMISSK.ME.NT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 61
du son ou des raeines cuites, rarement des iourrages un peu grossiers. Queltjuefois, il passait huit ou dix jours sans rendre aueun excrement; puis, il en expulsait la quantite de 12 ä 15 litres, de consistance poisseuse, de couleur noire et dune feti-dite dont on ne pent se faire une idee.
A l'autopsie de cet animal, je constatai les lesions suivantes : Les intestius s'etaient rapetissös, raccornis pour ainsi dire, d'une 1'acon ro.vnarquable; certaines portions de 1'intestin grele etaient retrecies k ce point que j'avais de la peiue ä faire passer rindicatenr dans le canal. La membrane muqueuse de cette por­tion etait epaissie, de consistance lardacee.
Une tuineur induree enorme, dans le centre de laquelle existait encore une cavite susceptible de coutenir 3 ou 4 litres de liquide, reinplissait la caillette; un gros clou, löge vers l'oriüce du Pylore, etait le novau et la cause certaine de la lormation de cette tumeur.
ARTICLE III
VOMISSEMENT
iiciii.itii.n. Frequence. — Le Vomissement esl un acte spasmo-di({iie par lequel des matieres contonues dans les corapartiments gastriques des ruminants sont rejetees au dehors. On I'observe assez souvent chez le boeuf, quoiqne, pendant longtemps, on ait afflrme que les ruminants, conime les monogastriques, etaient prives de la faculte de vomir. D'autres fois, on a cm que le vo­missement n'etait qu'uue regurgitation daliments provenant de la pause, et non pas un vomissement. Cette distinction, dont rimportance ecliappe, a ete faite par Hnrtrel d'Arboval. Je crois, au contiaire, que le vomissement est un cas patliologique et nullement un fait de rumination tumultueuse. J'ai observe le vomissement de matieres provenant du rumen, et tout aussi bien le vomissement de matieres provenant de la caillette. Au reste, la question me parait assez importante pour motiver quel-ques details bistoriques qui seront surtout la reproduction des fails dejä publies par Santin, par Bernard et par moi.
Historique. — Hurtrel d'Arboval adinettait, non pas le vomis­sement, rnais une regurgitation d'aliments provenant de la pause. Pour soutenir cette opinion, il invoquait les observations suivan­tes, publiees par Sautin.
Ce veterinaire, appele pour donnor des soins a un boeuf affecte
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de vomisseraents continuels depuis une quinzaine de jours, trouve ranimal dans un grand etat de maigreur, avec les yeux enfonces, le pouls faible et la marche incertaine. II mangeait avec voracite, mais bientot cessait brusquement la mastication en temoiguant beaucoup de malaise. Les muscles de l'abdomen se contractaient, le bceuf allongeait le cou, l'ascension des ali­ments avait lieu et les matieres remontaient at remplissaient la bouche. Des qu'il avait ä pen pres rejete ce qu'il avait pris d'abord, il se remettait a manger de nouveau, et les memes phe-nomenes se reproduisaient. Les matieres mi-liquides, comme il s'en depose toujours une faible quantity dans le rumen, etaient lancees avec plus de force hors de la bouche.
Le meme praticien cite deux fails analogues observes sur deux vaches : l'une d'elles, qui venait de transporter du bois, fut h peine degagee du joug qu'elle se mit a vomir pendant deux heu-res une quantite prodigieuse d'aliments; eile avait I'oreille gauche pendante, comme paralysee, et la vue eteinte du meme cotö. L'autre vache, qui etait möteorisee, se mit a vomir; les vomisse-ments reparurent le lendemain : chaque fois qu'elle avait mango, eile voussait le dos, allongeait le cou, faisait remonter le ventre en contractant les muscles abdomiuaux, et le vomissement avait lieu; a ce moment, on remarquait comme un mouvement vermi-culaire de la pause.
Ici, le vomissement ou la rögurgit.ation, comme I'appelle Hur-trel d'Arboval, etait forme de matieres alimentaires provenant uniquement du rumen. Sautin , qui etait Tun des plus judicieux observateurs que j'aie connus et avec lequel je me suis entretenu un jour de ces cas de vomissement, m'a afflrme que l'aspect de ces matieres temoignait assez de cette provenance. Croyant, avec raison, ä une irritation nerveuse et purement locale du rumen, il administra des breuvages camphr^s, qui amenerent tres promp-tement la cessation de tous les phenomenes du vomissement.
J'ai constate plusieurs faits identiques h ceux rappori;6s par Sautin; et mon attention etant alors eveillee par I'entretien que j'avais en avec ce praticien eclairö, je fis aussi emploi de breuva­ges camphres, qui produisirent le meme effet. Je donnerai plus has la formule de ces breuvages.
M. Yvart a 6galement observe le vomissement de matie­res venant du rumen dans un cas de möteorisation; cela se voit quelquefois, mais rarement, si la met^orisation est tres intense.
Le vomissement de matieres provenant de la caillette est le cas que j'ai observe le premier, d'abord comme Symptome d'une irri-
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VOMISSE.MENT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 63
tation gastrique, et plus tard comme phönomene consöcutif au squirrhe du pylore; Bernard a fait aussi la meme observation.
Voici maintenant les premieres observations publiöes sur le Vomissement des ruminants : elles m'appartiennent, et si je les rappelle, c'est uniquemenfc pour rester dans la verite historique.
La premiere est relative ä un boeuf qui presente les symptömes suivants : poil piquä, peau seche, rugueuse et adherente; mufle sec; legere tension du flaue gauche; diminution de l'appötit; ru­mination rare, mais s'effectuant comme ä l'ordinaire, c'est-a,-dire permettant de compter environ une quarantaine de mouvements de mächoire par minute. On m'avait prevenu que I'animal vomis-sait de temps en temps. Une heure apres mon arrivee, la rumi­nation s'execute, apres avoir 6te preeödee d'eructations profondes, sonores et d'une odeur penetrante. Get acte dure dix minutes, apres quoi le bceuf se leve, recule, tire sur sa chaine, 6prouve des tremblements dans les membres thoraciques, rapproche vers le centre les extremites posterieures, tend la tete et, apres une ins­piration tres lente, vomit environ 10 litres de matieres a demi-liquides et parfaitement triturees; il reste alors un moment place sur ses membres sans faire aucun monvement, puis il se couche et rumine. Une demi-heure apres, nouvel acces de vo­missement.
Le temps 6tait tres chaud et fort sec; les animaux exöcutaient des labourages tres penibles, et ne buvaient que deux fois par jour. Les compagnons du boeuf affecte de vomissements etaient maigres, constipes, avec la peau seche et le poil herisse. L'un d'eux offrait depuis quelques jours une tumeur sanguine dure au fanon. — Je cms a I'existence d'une irritation des orgaues diges­tifs occasionnee par riusufflsance de la boisson, et je recommandai d'abreuver les animaux plus souveut. On pratiqua la saiguee sur celui qui vomissait; on lui administra, a grandes doses, des bois-sons rafralchissantes et adoucissantes. ßientöt le vomissement cessa, ce que j'atlribuai ä la disparition de rirritation gastrique.
Je pense aujourd'hui que mon traitement eut 6te plus ration-nel si, au lieu d'administrer deux fois par jour des breuvages de 5 a 6 litres, j'en avals administre plus souveut, dans la journee, h la dose d'uu litre seulement. Les breuvages ä forte dose — je l'ai remarquö plus tard — out rinconvenient de fatiguer les ani­maux; il en est qui, apres les avoir pris, paraisseut fatiguös, eprouvent de l'anxiete et semblent meme eprouver de legeres coüques.
Un boeuf avait mango avec gloutonnerie une forte ration de Luzerne, Tout k coup il recnle, tient la tete basse, est lögerement
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MAL.VUIEÜ DE L APPAHE1L U1ÜESTIF.
meteorise, et ue rumine point. 11 fait entendre quelques mugis-sements plaintifs, se couche, se releve, gratte quelquefois la litiere avec les pieds de devant; il a les oreilies froides et pen-dantes, le mufle sec. Pendant que je Fexamine avec attention, Li lire sur la chaiue qui le tient attache ä la creche, rassemhle ses qualre membres vers le centre de gravite, eleve Tepine dorsale, rapproche le mufle du fanon, fait une profonde inspiration, bien-lot suivie d'un sourd mugissement, tend enün la tete, the la langue et vomit ä grandes gorgees plus de 6 kilos de luzerne ä demi-trituree qu'il avait inangee pen de temps auparavant.
Le vomissement termine, les mouvements de la respiration sont acceleres. Le baeuf est pen sensible ä la pression exercee sur la colonne dorsale; il se ment ä peine. On pent cons tater que la secousse imprimee par le vomissement l'a beaucoup fatigue. On le laisse tranquille; il se couche et, une heure apres, il commence ä ruminer.
Les Lceufs vomissent ßgalement lorsque, apres avoir mangö de la luzerne verte prise sur pied, ils sont moderement meteorises et quon les force ä courir; alors ils expulsent (juelquefoisdes gaz meles ä des aliments.
II arrive aussi quelquefois qu une partie du bol, remontant de la pause pour etre ruminee, est lancee hors de la bouche ou squot;echappe par les commissures des levres. Si cet accident est isole, il tient ä une secousse trop violente imprimee au bol, dont la cause est due ä une inspiration convulsive provoquee par la position mal assuree de ranimal qui ruinine. D'autres Ms, une [jartie du bol squot;echappe par suite du relächement des muscles inasseters; cela se voit assez souvent chez les boeufs vieux et mai-gres, les vaches et les jeunes sujets mal entretenus. Mais cet accident n'a rien de commun avec la rumination; il s'operc par un mecanisme tout different.
laquo; En etfet, il suppose toujonrs, dit Girard, un mouvement con-vulsif, un trouble plus ou moins grand, et s'accornpagne de phe-nomenes qui indiquent une action augmentee et contraire a un I'hythme habiluel. La sortie des aliments de la cavite du rumen, pour parvenir dans la bouche, s'opere, an contraire, par la con­traction naturelle mais tres energique du rumen, secondee par raction successive et simultanee du diaphragme et des muscles abdoininaux. Le boeui' qui vomit eprouve sans doute des douleurs gastriques, des convulsions plus ou moins fortes, tandis que celui qui rumine doit ressentir du bien-etre; aussi fait-il remonter les aliments posement et avec la meine facilite qu'il les avale. raquo; Causes. — L'irritation nerveuse du hunen, qui produit le vo-
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VOMISSEMKNT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;65
missement, et que Sautia et moi avons observöe, doit avoir pour cause, soit l'action des plantes indigestes et irritantes sur la membrane du rumen, soit une rumination frequemment et subi-tement interrompue par des secousses violeates que I'animal eprouve quand il est soumis a un rude travail. La distension excessive de la pause par une quantite trop considerable d'ali-ments peut etre aussi une des causes du vomissement prove-naut de cet organe; il en est de meme de Fingestion d'aliments en fermentation ou de lourrages verts qui peuvent fermenter.
Les causes occasionnelles du vomissement de matieres prove-nant de la caillette sont toutes celles qui out irrite fortement cet organe; la tumefaction de 1'Ouvertüre de la caillette y donne lieu fröquemment lorsque le pylore se trouve considerablement retreci.
Je n'ai pas ä m'arreter aux symptomes du vomissement (Us ont ete decrits dans les observations que je viens de rapporter), ni a decrire la marche, la duree et la terminaison de cet accident, car, ainsi que je I'ai dejä fait observer, le vomissement n'est lui-meme qu'un Symptome rösultant d'un etat morbide du rumen et de la caillette dont I'etude se representera ailleurs.
Traitement. — Comme mon confrere Sautin, j'ai combattu le vomissement de matieres provenant du rumen par les breuvages campbres, et le vomissement occasionne par une irritation de la caillette, au moyen des antiphlogistiques et d'uu regime alimen-taire propre a seconder leur action.
Un breuvage camphre peut sufiire pour calmer Firritation uer-veuse du rumen; mais il est quelquefois indispensable d'en admi-nistrer deux, ou an moins un par jour. Ce medicament a une action tres marquee chez les ruminants; il ralentit les fonctions digestives. Aussi ne faut-il pas insister sur Femploides breuvages dont il forme la base. Si Fon en a administre deux, il Importe de ue pas en donner un troisieme avant d'avoir mis un Intervalle de deux ou trois jours entre le second et celui-ci.
Breuvage camphre.
Pour un bcBuf ou une vache ile taille moyenne :
Cainphre................................. 8 grammes.
Jaunes d'oenfs ............................. ilenx.
Faites dissoudre dans ces jaunes, et ajontez :
Eau tiede.................................. i litres.
Pour des aniiuaux de forte taille :
Camphre................... H) grammes, jamais an delä.
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1; I
6laquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE L. APPARE1L DIGESTIF.
Dans les cas d'eructatioas provenant de la caillette, les breuva-ges sout composes avec la decoction de graines; ce sont ceux que je prufere ä tons les autres de meme nature, parce qu'on trouve partout de la graine de lin, et que ce genre de breuvage est le moins coüteux, circonstance toujours ä considerer quand on exerce ä la campague.
If
ARTICLE IV
INDIGESTION d'eaTquot;
raquo;efiuiiioii. Frequence. — Cette indigestion n'a jainais ete de-crite; il est possible qu'elle soit inconnue dans les contrees oil les bceuts ne sont pas employes aux travaux des champs ou aux charrois. Elle consiste en un trouble subit de la digestion dans la caillette, ä la suite d'une trop forte Ingestion d'eau.
On I'observe frequemment pendant les saisons chaudes chez les boeufs de travail.
Causes. Symptömes. — II sufiit d'avoir observe le boeuf quand il boit, pour reconnaitre que les liquides ue doivent penetrer dans ses organes digestifs qu'en petite quantite a la Ms. En etfet, on le voit humer l'eau et la filtrer, pour aiusi dire, avec precaution, entre sa langue et le palais; il semble d'abord ne faire que la degustor, et, a chaque gorgee, il en laisse echapper quelque pen par les commissures des levres. D'ailleurs, il boit dans des pro­portions beaucoup moindres que le cheval, anssi pen que le mu-let et l'äne; quand il est uourri avec des fourrages verts, il passe meme plusieurs jouraees sans prendre aucune boisson. Si, en hiver, l'eau est tres froide, il hesite longtemps avant d'eu avaler quelques gorgees, et souvent il s'ecarte de Tabreuvoir apres y avoir seulement trempe le mufle.
D'apres cela, il doit etre contraire aux conditions physiologi-ques dans lesquelles se trouve cet animal, que ses organes diges­tifs recoivent de grandes quautitös de liquide; ce qui le prouve, c'est (pie, si, pendant les fortes chaleurs et apres un travail qui a provoqae une soif ardente, il boit avec avidite et avale ä pleine bouche une forte colonne de liquide, il est pris immediatement de coliques qui paraissent atroces. Alors son abdomen est distendu; mais on reconnait facilement que la cause de cette distension n'est point dans le rumen. II n'y a point meteorisation de cet organe; seulement il paratt fortement refoule vers le flaue par une masse qui doit etre la caillette.
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INDIGESTION DEAU.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;67
Les Louviers ne se trompent pas sur les causes de cette coli-que; ils ont vu Taiiimal avaler avec pröcipitatiou beaucoup phis d'eau qu'il n'en boit ordinairement, et les douleurs gastriques se manifester immediatement. Le plus souvent, ils u'ont meme pas le temps de recourir soit au veteriuaire, soit ä i'empirique: aussi des qu'ils s'apercoivent de raccident, ils promeiieat le boeul'au pas et, le plus souvent, ils le fout courir au trot. Quoique ce moyeu puisse etre dangereux, si la course est trop vive et dure long-temps, il arrive ordinairement, non que la boisson soit digöree, mais qu'elle soit rejetee par l'anus pi'es(]ue en nature et un pen coloröe seulement par des portions de substances qu'elle a eutrat-nees dans son trajet ä travers le canal intestinal.
narciie. Dur£e. Terminaison. — Invasion subite; duree, uuo demi-heure tout au plus, avec des coliques qui tourmentent hor-riblement Fanimal. Terminaison par Tevacuation du liquide; dou­leurs plus supportables qui se continuent quelques heures, avec perte de l'appetit et suspension de la rumination; puis retour b la sante.
Lesions patholosiqnes. — Apres la terminaison ordinaire que je viens d'indiquer, il n'y a point lieu de decrire des lösions pa-thologiyues. Voici toutefois cequi pent arriver, quoique rarement.
J'ai dit que, par la promenade au pas on ineme par la course au trot, quelquefois aussi au galop, du boeuf atfecte d'une indi­gestion d'eau, on voyait ordinairement tons les symptomes dis-paraitre on du moins perdre de leur gravite apres une evacuation abondaute, par l'anus, du liquide, cause unique de l'indigestion; mais il est arrive deux Ibis, a ma connaissance, que les animaux sont tombes morts pendant cette course violente.
Alors, ä Tonverture de Tun et de l'autre, j'ai trouve une con­gestion tres vive de la membrane muqueuse de la caillette et une dechirnre de l'intestin grele, autour de laquelle se faisait remar-quer egalement une congestion des plus intenses, avec injection des vaisseaux sanguins avoisinants.
Pronestic. — II n'est point fächeux et ne doit point I'etre, si Ton n'a pas eu Timprudence de faire de la promenade, selon moi bien indiquee, une course violente qui pent amener la mort dans la circonstance dont il s'agit, alors que la caillette et l'intestin so trouvent surexcites et distendus par une masse de liquide.
TraUenient. — II cousiste d'abord dans la promenade au pas, suivie, au bout de quelques minutes, de l'administration d'un cordial aussitot que Ton pent supposer qu'une portion de l'eau ingeree commence ä passer dans I'lntestin.
Ce traitement, que je n'ai pas employe le premier, est celui
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MALADIKS Uli L APPAUIilL UUrESTU'.
dont les cultivateurs iatelligents font usage; je n'y ai rieu chang6, parce qu'il m'a ete demoutre Men souvent qn'il est d'une efQca-cite k peu pres complete.
Pour un boeuf, le cordial usite est 1 litre de vin; yuand on n'a pas de vin, on peat employer du cidre, on Men du poivre en poudre delay6 dans nn demi-litre d'eau, k la dose de 15 ä 20 grammes.
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ARTICLE V
INDlftESTION MÄPHITIQUE SIMPLE Synonymie : BaUonnement, Bnflure du ventre, Meieorisme.
IK-finition Frequence. — Oil deslglie SOUS CBS UOIUS Uli trouble
de la digestion occasionne par le developpement de gaz dans le rumen. Cette maladie est tres frequente chez tons les ruminants.
Causes. — La cause predisposante principale est un etat d'affai-blissement qui resulte de travaux excessifs ou d'une alimentation insufflsante.
Les causes occasionnelles sont plus nombreuses. Rarement cette indigestion est produite par des f'ourrages sees; je ne Tai observee que trois Ms resultant de cette cause, et e'etait apres que les animaux eurent mange du foin mis en grange dans un etat de dessiccation incomplete, an moment ineme oil 11 comnien-cait k fermenter, k s'echauffer.
La luzerne, le trefle pätures donnent lieu tres souvent k I'ln-digestiou mephitique simple dans des circonstances bien diffe-reiites et difficiles ä specifier. On voit maintes fois des ruminants pacager, pendant des jouruees entieres, sur des champs de lu­zerne ou de trefle, dans rarriere-saison, alors que ces plantes ont encore des tiges de plusieurs centimetres de hauteur, sans en etre incommodes; et cela que Fatmosphere soit humide ou seche, que ce soit avant ou apres le lever ou le coucher du soleil, ou pen­dant qu'il est sur I'horizon; pendant que les plantes sont couvertes de rosee, ou apres que la rosee s'est evaporee. De la sorte sou­vent, des annees entieres se passeut sans que ces päturages pa-raissent dangereux. Alors le cultivateur se persuade qu'ils n'ont plus aucune prop riete malfaisante; il vit, sous ce rapport, dans une entiere securite, source ordinaire des croyances les plus ab­surdes relativement ä de pretendus moyeus de preservation.
Un cultivateur vous dira avec .pne parfaite assurance : laquo; Je n'ai rien ä redouter pour mes bceufs rl'iin pared pacage: ils
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1.ND1ÜKSTIÜ.N MEI'IHTKJUE SUCPX.E.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; (i9
out dejä mauge uue poignee de fourrages sees avant d'entrer daus lä trefliere ou la luzerniere. raquo; Un autre : laquo; Je prends la pre­caution de ue point les laisser boire quaud Us out pacage; raquo; ou bien : laquo; II u'y a plus de rosee au moment ou on les mene pai-tre; raquo; ou : laquo;La gelee a enleve toute cause de meteorisation, raquo; etc. Avec de telles idees, ou ne tient aueun compte des craintes expri-mees par le veterinaire au sujet dune aussi imprudente securite; et un jour, saus que, en apparence, nul cliangement se soit opere dans l'etat des choses et dans uue situation que Ton croyait exempte de danger, la meteorisation se declare sur plusieurs bestiaux ä la fois d'une maniere subite, et en fait perir plusieurs, parfois meme le troupeau tout entier, ne se füt-il qu'ä peine arrete sur la trefliere ou la luzerniere.
J'ai recueilli, pour ma part, des faits nombreux de ce genre; je les ai publies dans les journaux, racoutes dans les etables, dans les foires, partout enfin, et je n'eu rencontre pas moins tons les jours des agriculteurs qui croient encore aux preservatifs contre la meteorisation. G'est ä decourager les plus perseverants! Les veterinaires qui out pu experimenter et observer comme je l'ai fait sont peut-etre, sur ce point, les seuls convaineus.
SymptAmes. — Les symptomes de rindigestion mephitique sim­ple sont ceux de la meteorisation (V. page 56) : formation lente, ou tres rapide, dans le rumen d'abord et ensuite dans le bon-uet, d'une plus ou moins grande quantite de gaz qui se degagent d'aliments dont les proprietes fermentescibles se trouvent subi-tement developpees. A ce moment, la rumination n'est plus pos­sible, et lorsque, par Feffet de la meteorisation, les intestins sont comprimes outre mesure, il est ä pen pres certain que leurs fonetions sont totalement interrompues. II en est de meme de la respiration et de la circulation, qui s'arretent graduellement. Le boeuf meteorise ä ce point a le regard fixe, se meut avec peine; e'est en vain qu'il dilate ses naseaux, qu'il entr'ouvre la bouclie pour arriver ä faire une inspiration; il s'affaisse sur le cöte en ecartant les quatre membres, et suecombe avec plus ou moins de promptitude, suivant le degre de la meteorisation.
fflarche. Diirlaquo;e. Terminaisons. — L'invasiou de la meteorisation est toujours subite, instantanee, et sa marche est des plus rapi­des quaud eile squot;est developpee daus toute son intensite. Mode-ree, eile pent avoir une duree de plusieurs beures; cette circons-tance est pourtant rare. Dans cet etat, eile se dissipe parfois spontanement k la suite d'eructations amples et sonores; ce qui u'arrive Jamals, comme on peut le comprendre, quaud eile a ac-i|uis son maxinnim de developpemeut. L'eructation est impossible
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MALADIES DE L APPARK1L DIGESTIF.
loutes les fois que la distension des parois abdominales est exces­sive; il ne faut done pas compter sur les efforts de la nature, ce serait une grave imprudence, I'lndigestion mephitique simple se terminaut alors par I'asphyxie complete de l'animal.
Diagnostic. Pronostic. — Quand la meteorisation se declare su-bitement et avec une grande iutensite chez uu animal de I'espece ])ovine qui vient de pacager sur une trefliere ou une luzerniere, il ne pent pas y avoir d'erreur de diagnostic possible : on est alors toujours en presence de I'lndigestion mephitique simple.
Quant an pronostic de cette affection, il est ordinairement fa-cheux, si le traitement ne pent etre applique sans retard. Si, au contraire, la ponction du rumen est pratiquee ä temps et avec intelligence, ce qui n'est nullement difficile, et avant que Tani-inal se soit alfaisse, il n'y a pas de danger sörieux k redouter.
Lesions pathoiogiqnes. — Sur les animaux qui succombent, on remarque los lesions snivantes : rumen et reseau distendus outre mesure par des gaz. Les intestins sont refoules et compri-mes; leurs vaisseaux sont injectes, ainsi que les diverses portions de la membrane peritoneale: la rate est aplatie, le foie gorge de sang noil et liquide; les deux lobes du poumon sont comprimes, aplatis autant que possible, et ne contiennent. comme la cavite droite du coDur, qu'une tres petite quantite d'un saug noir et liquide; le cerveau est injecte, de meme que le tissu cellulaire sous-cutane.
Traitement. — Je crois pouvoir afiirmer ici que le seul traite­ment reellement eificace de I'lndigestion mephitique simple est la ponction du rumen, soit au moyen d'un trocart pourvu d'une canule, par laquelle s'echappent instantanement les gaz qui sont coulenus dans cetorgane; soit, a defaut de trocart, au moyen dun instrument tranchant avec lequel on pratique, dans le milieu du flaue gauche, une ouverture qui atteiut le meine but, et plus promptement, parce quelle est toujours plus large que celle qui resulte de la ponction avec le trocart. Jamals, a cette occasion. je ne me suis mis en peine de cet instrument : lorsque je ne I'ai pas eu sous la main, la lame d'un bistouri, celle meme d'un couteau ordinaire, m'a toujours suffl.
Ce qui Importe, dans cette circonstance, e'est de pratiquer 1quot;ou­verture au lieu d'election, et, si Ton se sert de I'mstrument tran­chant, en plongeant la lame dans le sens transversal de Fespace
Iriangulaire du flaue, ahn d'eviter un dechirement considerable des tissus, provoque par la force d'expansion des gaz coiitenus dans le rumen. J'ai vu cet accident se produire plusieurs fois
quand on operait au moyen d'un Bistouri ou d'une lame de cou-
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[NDIGBSTIUK UEPHITIQXIE Sl.Ml'LE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 71
Lean; alors les matieres jaillisseut ä une grande hauteur, ce qui effraye les assistants. D'un autre cote, quand les plaies de la pause sont tres grandes, on pent avoir ä compter avec une inflammation assez grave de cet organe. Si j'ai pu autrefois ecrire le contraire, do nouvelles observations ont modiüö mes opinions ä cet egard.
Les plaies ordinaires se cicatrisent sans qu'on ait besoin de faire des points de suture. II sufiit, qnand im appareil est neces-saire, de contenir les levres au moyen d'un emplätre agglulina-tif, compose d'une couche de poix noire etendue sur un morceau de toile neuve.
Si Ton tient absolument ä reunir les levres de la plaie au moyen de quelqnes points de suture, il Importe de maintenir le parallelisme entre la plaie du rumen et celle de la peau; sans cela, les matieres provenant du premier de ces organes pour-raient rester interposees entre les deux organes et donner lieu ä des accidents.
La ponctiou n'ofire aucun danger quand eile est faite au milieu du flaue gauche et pratiquee d'une maniere süre. Quand on opere avec le trocart. on commence par inciser la peau avec un bistouri; je me sers pour cela d'un bistouri ä serpette, que Ton pent tenir solidement dans la main, qnelles que soient les ondulatious des gaz dans le rumen et les mouvements que fait Tanimal. Je pratique l'incision en plongeant le bistouri par le seul effort des doigts, la paume de la main appuyant fortement sur le flaue : apres cela, le trocart penetre sans effort dans le rumen; tandis que si Ton veut faire la ponetion au moyen du trocart seulement, sans avoir au prealable divise la peau, le coup porte sur le manche de rinstrument pent n'etre pas assez fort pour que Toperation se fasse completement, ou bien le trocart peut devier vers et sous les apophyses transverses, par l'effet du bonillonnement et de 1'expansion des gaz : accident tres grave (pie j'ai vu survenir tres souvent et donner heu h des plaies indurees, ä des depots par congestion dout le pronostic est toujours facheux. Ge sont des accidents de ce genre, dus ä des defauts d'attention ou ä des tentatives presomptueuses, qui out fait naitre les doutes restes dans l'esprit de quelques personnes sur rinuoenite de la ponetion.
On a recommande, pour combattre la meteorisation mephitique simple, l'ether sulfurique ä la dose 20 ä 30 grammes; l'alcali vo-latil ä peu pres ä la meme dose : Fun et 1'autre de ces medicaments administres en breuvage dans un litre d'eau. On a vante l'eau salee. l'eau de furnier, c'est-ä-dire le purin, le vinaigre. l'emploi
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.MALADIES UK L APPAREIL UHiESTIK.
de mastigadours iäits avec une brauche de figuier, une couenne de lard tres ranee, riufusion de plantes aromatiques, de lavande, de lanaisie, d'armoise, une dissolution de colombiue. Aux yeux de certaines gens, plus un medicament est degoütant et plus il a de vertu. Les ablutions d'eau froide sur le flanc out ete egalement in-diquees; il est meme tres rare que ce ne soit pas dabord le premier moyen employe quaud les aiumaux atteints de meteorisation sont ä portee d'uu ruisseau, d'uu puits ou dquot;uiie mare, et meme, s'il y a possibilite, ou les plonge dans I'eau. D'autres fois, on les fait courir; mais ordinairement quand on les plonge dans I'eau jus-qu'ä ce qu'ils puisseut uager, ou quaud 011 les fait courir, le traite-ment a une action prompte et decisive: Tasphyxie est foudroyante.
Je considere toutes ces medications comme completemeut ineffi-caces, lorsqu'elles ne sont pas, comme les deux dernieres, Timmer-sion de 1'animal on une course rapide, essentielleuient dangereuses; d'ailleurs, elles out toutes un inconvenient tres grave, celui de faire perdre un temps precieux qui diminue d'autant Tefficacite du seul moyen utile, la ponction.
Les breuvages etheres ou alcalins n'out aucune action direcle sur le meteorisme. Les gaz sont dans le rumen et le reseau, 011 aucune substance solide ou liquide ne saurait penetrer an moment de leur distension, la gouttieie tesophagieniie etaut comprimee et resserree an point dene pouvoir rieu laisserpasser. Au besoin, je prefererais, ä radmiiüstration de breuvages, Tem-])loi d'une baguette penetrant jusque dans le rumen, si les ma-nceuvres necessaires pour son introduction ne devaient precipiler le denouement fatal; car il est probable que si cette introduction pouvait se faire facilemeut, eile ouvrirait un libre passage aux gaz.
On assure que les Anglais remplacent la ponction par Fintro-duction d'uue sonde creuse qu'ils font arriver dans le rumen, absolument comme la baguette dont je vieus de parier, et que ce degagemeut des gaz so fait par ce moyen, tout aussi bien que par la canule du trocart. Gela est possible, mais ä la campagne, le cul-tivateur, leberger ou le veterinaire soul appeles-a I'luiproviste; oü trouveraient-ils la sonde creuse, loin des villes toujours, et bien souvent meme des habitations ?
Apres la cessation du meteorisme auquel a donne lieu I'ludi-gestion mephitique simple, les animaux se trouvenl quelquefois places sous riutluence de congestions sanguines, cerebrales ou pulmonaires; certains sont tourmentes d'uue toux courte et sacca-dee; d'autres out la marche chancelante, comme s'ils etaieut atteints d'uu commencement de] paralysie. Ces accidents ne sont p;is graves en general. ils se dissipent memo quelquefois assez
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llSDKiESTlUN AVEC SURCHARGE Ü ALIMENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 73
promptement; Dependant, ils peuvent avoir de la duree et deve-nir inquietants. Aussi conseillerai-je, aussitot apres que laponction a ete faite, d'ouvrir Tariere coccygienne: la moindre evacuation sanguine sufiit alors pour retablir requilibre des fonctions circula-toires. Je prtlere cela h la saignee k la jugulaire.
Lorsque tous les syrnptomes d'indigestion out disparu, on doit laisser rauimal libre de prendre quelques aliments solides, de ceux qui peuvent etre rumines facilement. aflii (jue la rumination ait lieu de nouveau.
Breuvages pour indigestion mephit.iqup simple.
Vo (. Ether sulfurique....................nbsp; nbsp; nbsp;30 grammes.
' ( Eau froide........................nbsp; nbsp; nbsp; 1 litre.
Pour les boeufs adultes :
M ( Ammoniaque liquide.................nbsp; nbsp; 30 a 60 grammes,
' | Eau froide........................nbsp; nbsp; nbsp; 2 litres.
Pour Us vaches et les taureaux :
No ( Ammoniaque.......................nbsp; nbsp; 30 grammes.
' I Eau froide........................nbsp; nbsp; nbsp; 1 litre.
[ Especes arornatiques...............nbsp; nbsp; nbsp;32 grammes.
) Fleurs de camomille romaine..........nbsp; nbsp; nbsp;15 —
1 j Ammoniaque liquide...............nbsp; nbsp; 32 —
, Eau froide. ...'...................nbsp; nbsp; nbsp; 2 litres.
Traitez les fleurs par infusion, passez, laissez refroidir el ajoutez rammo-niaque.
Nraquo; 5. |
Fleur de camoraille................. 50 grammes.
Eau froide........................ 2 litres.
Traitez par infusion, et laissez refroidir completement avant d'administrer le breuvage.
Le purin ayant quelquotbis determine des excitations salnlaires, on pourrait le donuer a la dose d'un litre, a laquelle on ajouterait i litre d'eau ordinaire.
ARTICLE VI.
INDIGESTION AVEC SURCHARGE d'ALIMENTS.
L'lndigestion avec surcharge d'aliments est 1'requeute chez le boeuf. Elle a plus on moins de gravite et se complique souvenl. de rinflammation des diverses divisions de l'appareil gastrique, suivant rirritabilite de ces divers organes. La surcharge d'ali­ments a lieu dans le rumen . niais les aliments rlesseches dans le
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MALADIES UE l. APPAHElü UIamp;ESTIF.
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leuillet sout aussi une cause de trouble dans les louctious, memo quand ils ne s'y trouvent pas en tres grande quantite.
L'lndigestiou avec surcharge d'aliments se presente sous divers aspects; je m'occuperai particulierement ici de celle qui doit son existence an sejour d'aliments d'une certaine nature dans un compartimeut gastrique auquel ils n'^taient point destines.
Causes. — On observe frequemment cette indigestion dans les contrees on Ton engraisse exclusivement des beeufs de travail re-formes. Deja ces animaux sout vieux et uses lorsqu'ou les soumel au regime de Teiigraissement; si ce regime est Men conduit, il donne rarement lieu a des accidents gastriques. Le son, le gruau, les farineux, les pulpes cuites on ferment6es, ayant ete distribues en rations proportionnelles et moderees, le bol passe dans ro3so-phage ä Tetat mi-liquide, et parvient tout antler, on a peu pres. dans la caillette, on doit s'operer la chymification. II pent arriver cependant que ce bol, a moitie liquide, tombe dans le rumen, par suite de l'ecartemeut accidentel des levres de la gouttiere oesophagienne, qu'il y sejourne, s'il n'est pas repris en melange avec les substances alimentaires grossierement triturees par une premiere mastication, pour remonter dans la bouche avec ces substances et passer ensuite dans la caillette.
Pour bien comprendre les phenomenes qui se produisent alors et peuvent donner lieu ä la maladie qui nous occupe, il convient d'entrer dans quelques details preliminaires sur le mode d'engrais-seineut usite dans les regions ou le boeuf est specialement em­ploye aux travaux des champs.
Quand cet animal est dejä vieux ou commence k vieillir, et que Yon ne pent guere esperer I'employer encore longtemps aux char-rois ou au labourage, on le reforme et on I'engraisse, soit sur l'exploitation oü il a servi, soit sur une autre. A cette epoque de sa vie, ses organes digestifs ont subi le sort de reconomie tout entiere; leur euergie vitale s'est amoindrie. En meme temps, Tappareil dentaire est use et moins solidement fixe qu'il ue Test dans le jenne age, ses surfaces sent devenues inegales, rac-courcies et retrecies, et la mastication ne s'opere plus qu'impar-faitement. Alors, la rumination, cet acte important, se fait d'une maniere incomplete; les contractions des muscles des mächoires sont peu energiques et se repetent plus lentement que lorsque le boeuf est encore jeune. Les aliments solides sont moins Men tritures quand ils arrivent dans la caillette oil doit s'operer la chymification. Le bol alimentaire, forme dans des conditions de-favorables, se transforme en chyme, imparfaitement; les diges­tions se font mal: l'engraissement est plus long que s'il s'agissait
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[NDUrESTIOK AVEC suagbahamp;e D ALIMENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;75
d'uii boeuf dont les fonctious digestives auraient conserve toute leur energie.
Alors le cultivatenr qui a manque de prevoyance en prenaut pour sujet d'engraissement un animal aü'aibli et use, se met ä augmeuter les rations, non pas celles de fourrage, cela serait im­possible, car le bceuf n'en voudrait pas, mais celles qui se compo-sent de pulpes ou de iarineux, comptant ainsi en flnir au plus tot et brusquer rengraissement. Mais, en procedant de la sorte, il ne pent que mal reussir. Avant de songer ä laire de 1^ graisse, il faut rendre aux muscles (ä la chair) leur volume normal en rapport avec le developpement du sujet, et cette operation exige du temps. Elle ne s'accomplit bien que par une alimentation sou-tenue, composee en partie de fourrages, et sous rinfluence d'un exercice modere. C'est precisement ce dont le cultivatenr ne se met point en peine; quand il s'eübrce d'obtenir un engraissement rapide, il oublie trop quil est en presence dun boeuf reforme.
S'il ne distribuait pas encore des farineux, il en donne une ra­tion assez forte; et si dejä les pulpes ou les farineux entraieut daus l'alimenta tion, il en aagmente la dose. Cela arrive ä point pour satisfaire Tappetence d'un animal qui, prive d'un appareil dentaire en bon etat et trituraiit les aliments grossiers avec diffi-culte, est porte par instinct ä se jeter gioutonnement sur ceux qu'il pent avaler saus leur faire subir d'autre preparation; en un tour de langue, il forme un bol le plus volumineux possible et il l'avale. Qu'arrive-t-il alors? Le boeuf est vieux: ses tissus mus-culaires et membraneux tendant au relächement, les levres de la gouttiere cesophagieime ne se contractent que faiblement, elles s'ecartent facilement, cedant k la moindre pressiou, et laissent tomber dans le rumen des matieres mi-liquides qui auraient du arriver directement daus la caillette : et c'est de la sorte que se produit rindigestion avec surcharge d'alimeuts.
Sans doute, des matieres de cette nature ne s'acciimulent pas subitement dans le reservoir alimentaire, dont la fonction speciale est de ne renfermer que des fourrages grossierement tritures. C'est peu ä pen que la masse indigeste se forme et devient un corps etranger susceptible d'apporter le trouble daus les fonctious diges­tives. Mais comme les elements dont eile se compose sont essen-tiellement fermentescibles, il se forme bientöt des gaz qui ne peu-vent pas tons etre evacues, parce qa'ils sout retenus en melange avec les matieres dont ils sout im produit, et le meteorisme se declare.
Symptumes. — La meteorisatiou, daus ce cas, se manifeste et se developpe graduellemenl. saus atteindre la limite extreme qui
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MALADIES DJi L APPAHEIL OIG-ESTIF.
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produit I'aspiiyxie. Le sou rendu par la percussion du flaue gau­che est mat et tumultueux. La rumination u'a point lieu; on en-tend , de temps a autre, (juelques eructations se produire; mais le ballouuemeut reste le meme. L'animal refuse tonte sorte d'ali­ments: il se tient ordinairement sur ses membres, ne pouvant rester longtemps couche; son mufle est sec; il a les yeux fixes, les paupieres ouvertes; sa marche est leute et penible. II resterait en place sans bouger, si ou ne le forcait ä se mouvoir en I'ai-guillonnant; alors chacjue pas qu'il fait est marque parungemis-sement faible, quoique tres facile ä distiuguer. Sa respiration est courte.
Pendant les deux premiers jours qui suiveut celui de Tinvasion de la maladie, les matieres lecales conservent la forme et la con-sistance qu'elles avaient auparavant; ce n'est qu'aprescette courte periode qu'elles deviennent rares et diarrheiques.
iHarche. Durlaquo;e. Terminaison. — L'invasion de cette maladie se fait lentemeut, je l'ai dit dejii en parlant de ses causes, et sa du-ree serait longue si on la laissait livröe ä elle-meme. Le bcEuf resterait plusieurs jours sans manger et meme sans essayer de ruminer; il continuerait ä pousser quelques sourdes plaintes,- et il maigrirait rapideinent. Le ballouuemeut du ventre n'augmen-terait pas sensiblement; mais il devieudrait d'autant plus appa­rent (pie .la maigreur de ranimal ferait plus de progres. Si on le laissait dans cet etat, sans lui donuer aucun soin, il ne suc-comberait guere avant uu espace de viugt ä trente jours. On salt combien les boeufs resistentä unediete jirolongee, bieu (juatteints en meine temps dquot;une maladie tres grave. J'ai \ai uu de ces auimaux qui, apres avoir eu la vessie rupturee, avait vecu qua-rante-cinq jours.
La terminaison de ['Indigestion avec surcharge d'aliments est lacheuse ordinairement, ou du moins ellele serait si Ton ne s'em-pressait dquot;utiliser les animaux en les livrant au boucher.
Lesions pathoiosiques. — On trouve ä Touverture d'un bceuf mort ä la suite de cette maladie, et j'aieu l'occasion de faire deux ouvertures de ce genre, on trouve, dis-je, d'abord une diminu­tion tres considerable du volume de l'appareil musculaire, une absence complete de graisse ou de suif; puis des aliments en partie desseches et en partie a l'etat de fermentation putride, con-tenus dans le rumen, adherant a sa membrane rauqueuse qui se detache par plaques; dans le feuillet ils sont desseches egale-ment et ne sembleut plus former qu'un corps avec les lames de cet organe. La caillette est raccornie.sur elle-meme, on y trouve seulement une petite nuantite de bouillie brune dquot;.me odeur
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INDUiESTlUN AVEC SURCHAR6£ U ALIMENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 77
aigre. Dans l'iatestin. des ulcörations sout diss6miuees sur touto sou etendue.
Diasnostlc. Pronostie. — On peut diagnostiqiier rindigestion par surcharge d'aliments d'apres la manifestation seule d'uue tympa-uite modöree, röpercutant un sou mat, tumultueux, et d'apres la counaissauce du regime auquel rauimal a ete soumis, yuaud ce regime alimentaire se compose, pour une large part, de substan­ces larineuses ou pulpeuses, et si rauimal est soumis ä l'engrais-sement au moment on il se trouve dans un etat d'epuisement et de maigreur notable. Le pronostie pent etre I'acheux, meme lors-que le traitement appropriö est mis en pratique sans retard: ä plus forte raison si la maladie a sum son cours sans etre enrayöe d'aucuue maniere.
Traitement. — J'ai employe, pour combattre cette maladie, les breuvages avec Tammoniaque liquide, avec Tether sulfurique: les infusions aromatiques de thö, de camomille, de lavande, de tanaisie; les purgatifs en breuvage et en lavement; tout cela en pure perte. Jamals cette medication ne m'a parn produire un effet quelconque; mais j'ai obtenu quelque reussite en pratiquant au flaue gauche une ouverture qni me permettait d'enlever du rnmen les matieres en fermentation. Apres cette operation, j'ai vu assez souvent l'animal manifester le desir de prendre des ali­ments solides, les fourrages les plus grossiers ordinairemenl; alors la marche devenait plus libre et le mufle se couvrait de rosee. Cependant, le malaise n'avait pas entierement disparu : I'appe-tit 6tait irregulier, il n'avait point de duree; la rumination ne s'effectuait que rarement, et si l'animal pouvait rester conche un pen plus longtemps qu'auparavant, il ne contiunait pas moins h faire entendre de temps a autre de sourdes plaintes.
Evidemment, rirritation n'existait pas alors dans le rumen seul, mais eile devait aussi aflecter le reseau, le feuillet et la caillette. En agissant dans le sens de cette secoude indication, je mettais en pratique un traitement antiphlogistique; je faisais une ou plusieurs saignees ä la sous-cutauee abdominale; je tenais l'animal ä la diete, en lui faisaut administrer freqnemment des breuvages composes avec la decoction de graines de Un ou de mauves. Sous rinfluence de ce traitement, secoude par des lave­ments, la rumination se faisait librement, et 1'animal rentrait dans toutes les conditions de la saute apres deux ou trois jours de son emploi.
C'est ainsi que devrait etre combattue la gastrite, consequence de rindigestion avec surcharge d'aliments. Au reste, ces moyens sont. presque toujonrs efficaces quand il u'existe point de lesions
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78nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MAtAUlES DE l'aPPAHEIL DIamp;EST1F.
organiques anterieures ä cette maladie sur un point de l'appareil gastrique.
La plaie de la pause ne doit inspirer aucune crainte; eile se cicatrise toujours sans accidents. On en reunit les bords an moyen de quelques points de suture; on la tient propre, a sec ou on I'liumecte avec du vin, du cidre ou une infusion aromatique, en s'abstenant d'employer aucun onguent ou corps gras.
D'apres ce qne j'ai dit des causes de cette indigestion, il est facile de comprendre que des recidives puissent avoir lieu si le regime alimentaire ne cliange pas. On les eviterait en supprimant les pulpes et les farineux, et en leur substituant des portions de tourteau grossierement concassees, ou Men en r6duisant la ration aux fourrages seulement. Mais cette derniere mesure presente des inconvenients, car il s'agit de bceufs soumis depuis quelque temps an regime de rengraissement, et le nourrisseur s'exposerait k perdre toutes ses avances s'il diminuait la ration soit en quan-lite, soit en qualite, quand rengraissement est commence; aussi obtiendrail-on diilicilement une pareille modification au regime alimentaire. Dans cette prevision, il laut conseiller d'adininistrer les pulpes et les farineux sous forme de bols, assez consistants pour otre avales par les bceufs, ecrases seulement et pas trop liquides pour eviter que certaines portions puissent liltrer h tra-vers les levres de la gouttiere cesophagienne. Je crois avoir 6vit6 bien des rechutes par Femploi de ce procede.
Lorsque les bceufs affectes d'Indigeslion par surcharge d'ali-ments sont en assez bon etat pour etre vendus sans porte an bou-clier, il est prudent de profiter de cette bonne occasion. L'engrais-seur s'epargnerait des sollicitudes et des soins qni pourraient. dans le cas d'une rechute, ne pas avoir des resultats complete-inent satisfaisants.
G'est egalement le meilleur parti ii prendre lorsque, par döfaut de traitement, la maladie date de plusieurs jours et qn'il n'y a point d'amelioration marquee, ce qni est tres facile ä constater par la persistance des symptomes et par le deperissement de ['animal. II maigrit tres vite dans cette circonstance, et Ton est surpris en voyant avec quelle rapidite la graisse, dejä deposee aux maniements, se trouve resorbee. On salt d'ailleurs combien est long et dispendieux rengraissement qui a subi des interrup­tions, surtout quand ces interruptions out ete le resultatd'un etaL morbide.
J'ai vu des praticiens quelque pen routiniers perdre un temps precienx pour avoir compte sur la ponction faite au moyen du trocarf. Tls laissaient la canule en place dans I'espoir qu'elle four-
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INDIGESTION AVEC SURCHARCrE U ALIMENTS.
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uirait un libre passage aux gaz jusqu'ä leur entier epuisemeut, et ils ne s'apercevaient pas que la quantite 6vaai6e par un canal (Tune si faible dimension ötait presque nulle. D'ailleurs, les ma-tieres qui bouillonnent sont mi-liquides; elles obstruent le passage et fournissent constamment de nouveaux gaz.
On eviterait l'indigestion que je viens de decrire, meme sur les boeufs vieux at uses, si Ton prenait la precaution suivante.
Les bcßufs mis au rögime de rengraissement ä un äge avancö sont maigres, en general; leurs muscles n'ont plus le volume qu'ils avaient plusieurs annees auparavant. Ils ne constituent ni une chair abondante, ni une bonne chair en terme de boucherie. Leurretablissement dans un etat normal plus avantageux est I'ope-ratiou capitale qui doit preceder rengraissement, et ce n'est pas en quelques jours, comme je Tai dit plus haut, qu'on obtient, ce resultat.
Si on force d'abord la ration de pulpes ou de larines en vou-lant brusquer rengraissement, ii arrive sans doute que les manie-ments acquierent une certaine apparence; mais, outre que I'on s'expose a produire rindigestion avec surcharge d'aliments, onne parvient jamais a rendre aux muscles le volume qu'ils devraient avoir; ils ne gagnent pas sensiblement. De lä vient que beaucoup de bceufs engraisses donnent un faible rendement en poids.
On evite cela, a l'exemple des contrees oil rengraissement est une Industrie faite avec intelligence, en distribuant aux bceufs maigres, comme preparation ä un meilleur etat, une nourriture substantielle, que Ton pourrait designer sous le nom de bonne ordinaire, et en ayant soin de proceder par gradation, en vue de Tetat present des animaux. En meine temps, on les emploie tons les jours ä un travail modere. C'est ainsi que pen a pen, la nutri­tion se faisant dans des conditions normales, tons les organes en profitent dans une proportion respective; et les muscles, ceux de ces organes qui out beaucoup souffert de l'exces de travail et des privations de tout genre, reprennent leur forme et leur vo­lume ordinaires : c'est ce qu'on appelle remettre en chair. Cette premiere pöriode dure plus ou moins de temps, trois ou quatre mois; d'autres Ms, six ou sept. Lorsque ce but a ete atteint, ren­graissement commence et se fait en pen de temps.
Pendant la premiere periode, les boeufs out et6 nourris avec des fourrages de toute sorte; on leur a aussi distribue des rations ordinaires en tourteaux, feves ou belteraves, parce qu'on supposait, avec raison, que ces diverses substances devaient produire plus de viande que de graisse. L'usage des pulpes et des farineux ne commence qu'avec la seconde periode, quaud les animaux cessent
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80nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DE i/aPPAREIL DIKESTIF.
d'etre employes aux travaux de l'exploitation pour rester a ratable dans un repos complet.
Jamais les vieux bceufs qu'on engraisse par ce procödö ne sout affectes d'Indigestion par surcharge d'aKmeuts; on peut done les en preserver en se conformant aux pratiques que je viens d'indiquer.
Voici (juelques ibrmules de breuvages emollients qui peuvent etre administres dans le cours de la maladie :
Breuvage mucitagiueux par infusion.
Graines de lin............................. 20 grammes.
Eau.................................... 2 litres.
Faites infuser et donnez a, I'animal quand I'infusion est froide. Pour les animaux de forle taille, on peat, sans aucun inconvenient, porter la dose de la graine de lin ;\ 30 grammes et l'ean ä 3 litres.
Breuvage mucUaginmx par decoction.
Graines de lin.......................... 10 grammes.
Eau ................................... i litres.
Quand on prepare une decoction de graines de lin, il arrive fort souvent qu'on met une dose beaucoup plus forte que celle que je viens d'indiqaer; on obtient alors une substance 5,'luante, epaisse, qui n'atteint pas le but proposö. Au lieu d'administrer une solution adoacissante, on administre une substance alimentaire, qui n'est pas assurement malsaine. inais qui ne remplit pas la mfime indication que la solution inucilaiiineuse.
Breuvage erniillieiit par decoction.
Racine (de guimauve)..................... 30 ou 35 grammes.
Eau................................... 1 litre.
Si Ton opere avec la mauve, la quantite de feuilles, de tige ou de racines doit toe plus forte du double. — L'emploi est le mfeme.
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Lorsque la dose de ces breuvages ne doit pas depasser 2 litres, il est sans inconvenient d'en douner plusieurs dans la jouruee. a intervalles meme assez rapproches, de deux k trois heures, par exemple. Si ranimal prend la decoction de graines de lin, de mauve ou de guimauve en boisson, il n'y a point de dose determinöe lors­que ces boissons sont bien indiquees; on lui en laisse prendre a volonte.
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INDKrESTION PAR ATOMK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 81
ARTICLE VII
INDIGESTION PAR ATONIE DES ORßANES DIGESTIFS
L'iiidigestioii par atonie des orgaues est observee fräquemmeut dans certaines etables, placees sur des exploitatious rurales mal administrees, pendant I'hiver on an commencement dn printemps.
Causes. — L'atl'aiblissement des animanx soit par l'eflet des maladies, soit par suite d'un regime alimentaire insnffisant, I'abs-tinence forcee ä laqnelle on sonmet journellement les animaux, sent les causes ordinaires de cette variete de Tindigestion. Alors les organes digestifs perdent en partie lenr activite fonctionnelle, et lorsque les aliments ordinaires et assez grossiers, tels que la paille, qu'ils consommeut, arrivent clans le rumen, cet organe a perdu la faculte de se contracter, et la rumination n'a point lieu; de lä suspension da la digestion et trouble consecutif dans toutes les autres fonctions.
Symptömcs. Terminaisons. — Les animaux affectös de l'indi-gestion par atonie sont ordinairement les plus äges ou les plus jeunes; ils out les yeux caves, les conjonctives pales, le mufle sec, les oreilles pendantes, le poll herisse, la pean adherente aux os, la marche cliancelante. On remaxque sur eux tons les signes d'un aüaiblissemeiit general, un Gedeme plus ou moins prononce ä la region du ventre, et un peu de tension an flanc gauche. Ils ne rnminent point; Tappetit est ii peu pres nul.
Avant que se soient manilestees la tension du flanc gauche, la perte de l'appetit et la suppression de la rumination, I'animal etait reste plusieurs jours mangeant tres peu et ruminant ii peine: il poussait quelques gourdes plaintes. Dejä la digestion etait lente ä se faire et incomplete, ce qui se trouvait demontre par I'irre-gularite des dejections alvines. Cet etat morbide a quelquefois une duree assez longne avant que la digestion soit entierement suspendue; mais si Ton n'y apporte point remede, la digestion cesse tout a fait d'avoir lieu, et Taiiimal arrive an marasme et finit par rester sur la litiere, oil il expire apres un temps pins on moins long. A I'autopsie, on trouve les memes lesions (pie celles observees apres I'indigestion par surcharge d'aliments.
Diagnostic. — Pour I'etablir, se rappeler les faits qui se pro-duisent dans le milieu oil sont places les animaux. On les nour-rit de detritus impurs, de fourrages avaries restes en meules ou dans les granges, de substances en mi mot que Ton songe ä nti-
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liser seulemeat lorggue la disette se fait sentir. Ces alimeiils pro-voqtient la soil', (jue les auimaux sont litres d'assouvir tout ä leur aise, pioisque l'eaa ne coüte riea; et a'etant ui inoins indigestes ui plus uutritifs lorsqu'ils sont iinbiLes de beaucoup d'eau, il est aise de concevoir quel resultat a du produire leur introduction dans un orgauisme debilite.
Traitement. — J'admiuistre deux on trois Ms par jour un breu-vage, a la dose de 1 ä 2 litres, compose avec une infusion aroma-tique de lavaude, de romariu ou de camomille roniaine. On fait donner des boissons blanches, tenant en dissolution du sei de cui­sine, ;i la dose de 4 ä 5 grammes par litre d'eau. On presente ä rauimal quelques poignees de fourrage, le meilleur et le plus appefissant, apres ququot;il a pris le brenvage stimulant ou qu'il a avalo quelques gorgees de boisson blauchie avec la farine de fro-ment, d'orge, de seigle ou d'avoine; de preference avec de la farine de vesces, s'il est possible de s'en procurer, ou meine de feves.
Sous rinfluence de cette medication, I'appetit revient pen ä peu, et la rumination se reveille egalement dans la proportion de I'appetit.
An bout de trois ou quatre jours, I'amelioration est plus appa-rente; alors on remplace les breuvages aromatiques par des de-cocdons ameres de gentiane, par exemple, et Ton augmente pro-gressivement la ration de fourrage jusqu'ä ce qn'elle soit arrivee au poids ordinaire.
Les decoctions ameres et toniques ne conviennent pasau debut du traitement. Toutes les Ms que j'en ai fait emploi dans le com­mencement avant d'avoir pour ainsi dire reveille les forces vita­les , elles m'ont paru etre d'une efficacite douteuse, et souvent elles out donne lieu ä des symptomes de gastro-enterite bleu caracterises.
Lorsque les matieres alimentaires coutenues dans le rumen sont eu assez forte proportion pour que cet organe en paraisse constamment rempli, comme apres un repas ordinaire, et que son volume reste le meine malgre le retour assez frequent de la ru­mination, on doit administrer le tartre stibie en dissolution deux fois par jour. Si on blanchit le liquide dans lequel il est en disso­lution avec le son ou la farine, beaucoup d'animaux le prennent comme boisson ordinaire sans manifester la moindre repugnance.
Cette maniere d'administrer les medicaments est la plus sim­ple et meine la plus efficace, quoique rien ne soit facile comme de faire prendre un breuvage k un buenf.
.le up crois pas que les breuvages puissent etre introduifs faci-
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INDUJESTION PAK ATOME.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 83
lemeut dans le rumen, cet organe n'6tant pas destine k recevoir des liquides; d'ailleufs, la disposition de la gouttiere cesopha-gienne et las functions quelle remplit ne permettent guere de le snpposer. Mais puisque certaines personnes dont le nom peut faire autoritö sont d'un avis contraire, je rapporterai ce que dit M. Tabourin, dans son Nouveau traue de mature medicale, de radministration des breuvages aux ruminants.
laquo; Quand on desire, dit le savant professeur, diriger le breuvage dans le rumen principalement, il faut laisser la tete dans la posi­tion naturelle au tan t que possible et verser le liquide ä grosses gorgöes; lorsque, au contraire, le liquide doit arriver dans-la caillette, il est necessaire de tenir la tete et le cou fortement ten-dus, ä peu pres comme quand le petit tete, et de verser le liquide en tres petites quantites ä la fois, afin qu'il ne puisse pas ouvrir par son poids les levres de la gouttiere ossophagiemie. raquo;
II s'en faut que tons les bestiaux affectes de cette indigestion soient soumis ä un traitement rationnel ou, pour mieux dire, soient traites d'une maniere quelconque. Decourage par la posi­tion souvent fächeuse qui pese sur lui, le cultivateur se resigne ä voir ses bestiaux passer I'hiver dans le piteux ötat oü ils se trou-vent sans leur donner aucun soin. Quelques-uns de ces animaux resistent, et si le printemps favorise la pousse de l'herbe ou que les chardons vieunent de bonne heure, ils se soutiennent jus-qu'aü moment oü des fourrages verts plus nourrissants finissent par leur rendre un pen de vigueur et de sante; mais il ne faut pas croire que les animaux qui ont eu ä subir cette epreuve puissent se retablir promptement.
Breuvage
Avec l'infusion de lavande ou de romarin :
Prenez : Fleurs, tige et feuilles.............. 35 ä 40 grammes.
Eau............................ 2 litres.
Breuvage Avec 1'infusion de camomille ;
Prenez ; Feuilles.......................... 35 ä 40 grammes.
Eau............................. 2 litres.
Solution stibiee.
Prenez #9632; Tartre stibie..................... 2 grammes.
Eau............................ 4 ou 5 litres.
Faire dissoudre et donner en boisson. Gelte dose peat elre repetee deux fois par jour.
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.MALADIES 1)E L APPAHE1L DIGESTIF.
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Le boeuf supporte des doses beaucoup plus fortes de cette subs­tance si eile est en dissolution dans 5 ä 6 litres d'eau. J'avais iait preparer 8 grammes de tartre stibie en quatre paquets, qui devaient etre donnes, deux paquets par jour, dans 10 litres d'eau, un paquet le matin, I'autre le soir. J'avais Men indique an bouvier comment cela devait se faire; il etait peu intelligent. Le lendemain, pas­sant dans le quartier ou etait le boeuf malade, je m'informai de son etat. laquo; II va bien, me dit le bouvier. — Et le remede Fa-t-il bien pris? — Oui, Monsieur. — Eh bien, vous le donnerez encore ce soir et demain de la meme maniere. — Comment? mais j'ai tout donne k la fois! raquo; Le bceuf allait bien, en effet; il entrait en pleine convalescence h la suite d'une pneumonite tres intense.
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AHTICLE VIII
(lASTHO-EXTERITE Svnonymie : Echautfemenl tie I'estonitiG, Plenitude de I'esloniac.
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La maladie la plus frequente chez les bceufs ou les vaches de travail, celle qui, meconnue ou negligee, en fait perir le plus grand nombre, est rinflammation de la membrane muqueuse de la caillette et de rintestin. Rarement cette inflammation se borne ii la muqueuse de la caillette; presque toujours eile atiecte en meme temps la muqueuse gastrique et la muqueuse intestinaleraquo; qui la continue, constituant ainsi I'affection conaplexe dont la description va suivre.
Causes. — La Gastro-enterite du boeuf est occasionnee ordinai-rement soit par des ecarts de regime, soit par des arrets de trans­piration , soit par la fatigue extreme qu'il eprouve lorsque, n'ayant point rumine, il est soumis ä un travail tres penible qui s'accom-plit au moyen de violentes secousses. Un boeuf nourri de subs­tances peu nutritives ou dont la quantite n'est pas süffisante, qui passe subitement de ce regime a un regime oppose, alors qu'on lui donne ä satiete des fourrages de tres bonne qualite ou meme (juelquefois de qualite ordinaire, pent etre atfecte de Gastro-enterite; il pent en etre de meme s'il est alimente sans mesure avec des fourrages dits echauffants, parce qu'ils sont tres nutritifs, #9632; tels que les vesces, la luzerne, le sainfoin, le trefle, le tourteau de lin ou de colza.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
A la verite. cette Gnstro-euterite est souventprecedee d'indiges-
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liASTllü-EX TKKITE.
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tion; mais eile n'en exlste pas moins avec une gravite serieuse, et c'est bien d'elle (juil faut se pröoccuper d'abord, parce que les foiictions de Testomac s'executeront du moment oü la phlegmasie aura cede. Un boeuf soumis ä un travail penible ne rumine point, et il est presumable que la digestion dans la caillette se trouve egalement interrompue; de lä des digestions imparfaites et une surexcitation dans Torgane oü s'opere la chymification.
Si cette expliGation n'est pas exacte, comment se reudre compte de la frequence de la Gastro-enterite chez les bceufs pendant les saisons oü ils sont soumis ä des travaux de longue duree qui exigent reraploi de toutes leurs forces : en ete, pendant les fortes chaleurs et quand la terre offre ä la charrue une tres forte resis­tance, et ä l'epoque des semailles, alors que Ton exige des ani-maux qu'ils travaillent ä une allure pour ainsi dire precipitee. afin d'en obteuir plus de besogne?
Dans des cas semblables, il faudrait modifier le regime alimen-taire pour eviter que ces causes se manifestent; recommander de ne pas conduire les bceufs an travail avant qu'ils-aient eu le temps de ruminer, et multiplier les repas en les rendant moins copieux. II vaut mieux cependant que l'attelee se fasse en un seul temps, qu'elle dure plus longtemps pour regagner le temps perdu, et que la rumination soit avancee lorsque le depart a lieu, si les animaux ne font que deux repas par jour.
S'ils en font trois, les deux divisions de l'attelee peuvent bien repräsenter l'attelee entiere, mais il faut donner un temps de repos assez long apres le repas de midi.
Les variations atmospheriques si frequentes dans le bassin sous-pyreneen sont aussi des causes frequentes de la Gastro-enterite chez les bceufs de travail. En effet, ces animaux ont ä subir pen­dant l'attelee l'action imprevue d'un vent d'ouest frais et humide oud'uue bourrasque, oud'une averse: ils sont ramenes ä l'etable, et aussitöt se manifestent sur eux les symptomes tres caracterises de la Gastro-euterite. Pourrait-on attribuer cette maladie ä une autre cause? Elle est meme si evidente que les bouviers. saus bien s'en reudre compte, disent ä cette occasion que toute cour-bature est accompagnee d'indigestion.
Des plautes irritantes, telles que le coquelicot, le raifort sau­vage, la cainomille puante melee aux fourrages, donnent egale­ment lieu ä la Gastro-enterite. II en est de meme des fourrages verts coupes de la veille, laisses en tas et qui commencent ä i'er-menter, des sons et des farines avariees. Mais les fourrages verts dounes en quantite moderee et les fourrages sees quoique nouvel-lemeut recoltes ne la produiseut point, contrairement ä l'opinion
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MALADIES UE L APPAHE1L DIGESTIF.
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generalement accr6dit6e par les auteurs qui n'out paseu occasion de juger par comparaison.
Les loins moisis, les feuilles d'arbres couvertes de chenilles, comme cela arrive quelqueiois, ont, dans ce meme cas, une ac­tion tres prononcee. Cette derniere cause a produit dans certaines annees des gastro-enterites enzootiques, qui anraient occasionnö de grandes pertes si Ton n'avail soustrait promptement les bes-tiaux ä son influence.
L'ötude de ces differentes causes faite sur les lieux facilite Leaucoup Fetablissement du diagnostic. Sans cette consideration, la determination de la maladie reste toujours un pen obscure et laisse dans le vague les indications relatives au traitement.
Symptomen. — Le boBuf atteiiit de cette maladie est triste, abattu; il a les oreilles pendantes, le mufle sec, la peau seche, le poll terne, les reins plus sensibles ä la pression qua dans l'etat de
sante..... Icije dois ouvrir une parenthese ä propos des sympto-
mes dont je viens de parier : tons les auteurs veterinaires, sans exception, parlent, dans la description des maladies du boeuf, laquo; de reins douloureux ä la pression, raquo; et cette maniere d'exprimer Fexistence d'un Symptome morbide tres important n'est pas exacte; car, dans l'etat de santö, toute pression exercee sur la colonne dorsale d'un bceuf ou dune vache produit innnediatement un leger abaissement de cette colonne, et tres souvent meme cet abaissement est suivi d'un mouvement de pandiculation, qui est toujours un signe de sante. Aussi je dis : les reins plus sensibles a la pression que d'habitude: le flaue gauche tendu, et Ton dis­tingue ordinairement un peu de meteorisation; mais id encore il laut faire une distinction. Cette tension du flaue et meme le me-teorisme remarques n'ont point leur siege dans le rumen; ces symptomes sont le resultat de la compression qu'exerce la caillette distendue par des gaz, c'est-ä-clire meteorisee.
La marche du bcBuf atteint de Gastro-enterite est toute penible et chancelante; chaque mouvement de locomotion est accompa-gne d'une plainte sourde, que Ton peut comparer ä celle qui est poussee par un homme eprouvant une douleur proioude. Cette plainte est surtout tres marquee lorsque 1'animal marche en des­cendant sur un plan incline. Le pouls que Ton touche tres bien k Tariere glosso-faciale et ä Tartere coccygienne est petit el con­centre; la rumination est suspendue; il y a perle de l'appetit. Vers le second jour, les excrements sent rares, durs el souvent coitles.
Voilapour le debut de la maladie. Si eile est abandonuee äelle-meme, ou si un traitement mal combine vient I'aggraver ou la
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GASTRU-ENTEUlTli.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 87
laisse s'aggraver, les symptomes augmenteut d'iateiisite : Tani-mal parait plus abattu, le pouls est plus faible, et quelquefois apparaissent des complications, telles (^u'luie phlegmasie pulmo-naire on des symptomes qui annoncent un 6tat morbide de l'ap-pareil c6rebro - spinal. Dans ce dernier cas on remarque des soubresauts dans les tendons.
Iiidependamn;ent de ces complications, les evacuations alvines se font avec line certaine irregularite ; ou la constipation est te-nace, on les malieres sont de consistance diarrböique, striees de sang, recouvertes de mncosites filantes et d'une extreme fetidite. Leui consistance et leur apparence poisseuse annoncent ce que Ton appelait autretbis la putridite, la gras-fondure. C'est alors (]ue rinflammation est arrivee ä son dernier terme, et que Fair auquel se melent les emanations excrementielles, s'il n'est ])oint renonvele, fait d'abord eprouver anx animanx sains un malaise toujours tres sensible, et qui pent donner lieu chez enx an de-veloppement d'un etat morbide reel.
Le boeuf reste coucbe, il se plaint continuellement, et, apres ipielques jours de souil'rances, il meurt dans des convulsions, rendant quelquefois des matieres sanguinolentes par ranusoupar la bouche.
Si la maladie a en nioins d'iutensite dans son debut, si le traitement u'a pas influe sensiblemeat sur son cours regulier, on si rinflammation n'a ete que faiblement combattue, une nou-velle serie de symptomes se declare : le pouls semble se relever; la rumination a lieu quelquefois; I'appetit revient par intervalles; la tension dn flanc gauche est moius apparente et semble quel-quefois ne plus exister; mais rirregularite des evacuations alvi­nes persiste, quoique leur fetidite ne soitpas constante. Les urines prennent une teinte briquetee, leur evacuation est plus frequente que dans l'etat de saute, mais sefait en moindre quantite. Lepoil est pique, il s'arrache facilement; la peau est secbe et adherente anx parties sous-jacentes; on n'y trouve pas, au moyen du toucher, cette substance onctueuse, signe'certain d'une bonne sante, et qui prouve que la transpiration se fait dans des conditions normales.
Lorsque cat etat dure depnis un ou deux mois, on ne doit plus compter sur la guerison, quoiqu'il puisse durer assez lougtemps encore avec diverses alternatives, jusqua ce qu'enfin le ma-rasme et tons les desordres qui sont la consequence des inflam­mations chroniques termineut Texisteuce de ranimal.
Marche. Diirlaquo;e. Terminaisons. — L'invasiou de la Gastro-entente aigue est subite, ou du moins eile se fait en pen de temps, et bientöt, du second au troisieme jour, eile pent avoir atteint son
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MALADIES UE 1. AWAUEIL UKJESTUT.
maximum de developpement. Sa duree, dans cet 6tat, est de cinq ä six jours, apres lesquels la resolution s'opere sans trop de re­tard lorsque le traitemeut n'a pas ete neglige; s'il a ete mis en pratique ties Finvasiou nieme, ce (jui m'est arrive tres souvent, la resolution pent avoir lieu du deuxieme au troisieme jour.
La Gastro-enterite du boBuf se termine, on par resolution, ou par son passage ä l'etat chronique, ou par la mort du sujet.
Cette dorniere terruinaison a lieu lorsque le caractere emineni-inent inflammatoire de cette maladie a ete m6connu et qu eile a ete traitee comme nne indigestion essentielle avec surcharge d'alinients, uu par atonie, au moyen des excitants de toute sorte, des purgatifs, etc.
La terminaisou qui consiste dans le passage ä l'etat chronique est frequente lorsque Teinploi d'uu traitemeut rationnel a ete fait tardivement.
lesions patholosiques. — A l'ouverture des animaux de l'espece bovine qui out succombe ä la Gastro-enterite aigue, on trouve dans le rumen des aliments presque durcis. que Ton dirait navoir Jamals ete impregnes de salive. Ceux qui sont dans le leuillet out le meme aspect; ils adherent fortement aux lames de cet organe, ä ce point que si on veut les en s6parer, ils en-trainent avec eux des portions de la membrane qui tapisse ces t'euillets. La couleur de ces aliments desseches est noirätre, et la membrane muqueuse mise k nu parait vivement phlogosee. Mais la rougeur la plus vive et occupant le plus d'etendue rela-tivement est sur la membrane muqueuse de la caillette. ou Ton remarque aussi des ulcerations. L'inflaimnation qui s'etend sur toute la membrane de rintestin grele se distingue particuliere-ment par des taches brunätres tres larges et par des vdcerations assez profondes. Les vaisseaux qui se dirigent vers les points en-tlammes ou (jui en vieunent sont gorges de sang, et Ton distingue toujours sur le peritoine des traces plus ou moins considerables d'inflammation.
Dans le thorax et rencephale-, on reconnait evidemment que rintlammation de la muqueuse intestinale, tout en agissant sur celte derniere avec la plus vive intensity, s'est rellechie nean-moins sur les organes renfermes dans ces cavites, et quelle a pu y determiner, dans bien des cas, des lesions notables.
Lorsque le boeuf meurt de la Gastro-enterite passee ä l'etat chronique, on rencontre, outre les desordres que je viens de signaler sur les organes aü'ectes, des desorganisations, des trans-
lormations de tissus : ulcerations,
A l'ouverture d'un bumf mort sif
engorgements indares, etc. le debut d'une
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(iASTRO-E.NTKIUTK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 89
Gastro-entörite aigue, qui avait et6 traitee comme une indigestion par les cordiaux, les toniques, les purgatifs, et qui etait passee ä l'etat chronique, j'ai vu la caillette pres du pylore et une partie de rintestin grele transformes en une production indulge qui avail fini par obstruer completement le canal. J'ai fait la meme observation plusieurs fois.
Diagnostic. Pronostic — Rien de plus facile ä etablir que le diagnostic de la Gastro-enterite chez le boeuf : Tinappetence com­plete, rinterruption de la rumination, la tension du flaue gauche, sont des symptomes qui, se produisant en meme temps, ne peuvent laisser aucun doute sur le veritable caractere de la maladie. Je dis la tension, afin de faire comprendre la ditfereuce (ju'il y a eutre la meteorisation dont le siege est dans le rumen, et la tension provenaut do rirritation on de rintlammation de la caillette. Dans le cas de meteorisation, la percussion fait reconnaitre la presence de gaz dans I'organe qui touche immediatement au flaue gauche. Dans le cas de tension seulement, on distingue tres bien que les gaz qui soulevent moderement le flaue gauche se soul accumules dans un organe qui louche ä la pause et qui lend ä la refouler. La gene de la marche el les sourdes plainles que I'animal fail enten­dre, surtout lorsqu'il marche sur un plan incline, complelent la serie des symptömes palhognomouiques de la Gaslro-enterile. Ges plaintes sourdes qui accompagnent IVxpiralion s'expliquent, ce me semble, par la pression qu'oxerce la caillette sur les visceres abdominaux qui, ä leur tour, pressenl le diaphragme.
Le pronostic se determine d'apres l'elat des symptömes au moment oü Ton examine 1'animal el par la connaissance des fails qui se soul produils depuis Finvasion de la maladie. Jugee des son debut, on ne saurait concevoir un pronostic fächeux, quand on sail quelle doit etre l'efflcacite du trailemenl.
Le pronostic sera fächeux, toutes les ibis que, par reflet des circonslances, la Gastro-enterite parait devoir se lerminer par l'elat chronique. Lorsque le caractere de la maladie a ete me-connu, que le traitement n'a pas ete essenliellemeut antiphlogis-tique dans le debut el que les symptömes se sout aggraves, le pronostic est fächeux.
Traitement. — D'apres ce qui precede, on pent facilement se former une idee du meilleur mode de traitement ä meltre en pratique. — Des le debut, saignee ä la sous-cutanee abdomi­nale ou a Tariere coccygienne. de 4 a 5, jusqu a 8 hectogram­mes, suivanl la laille, 1'äge et fetal de 1'animal, et aussi en leuaul comple de son alinienlation habituelle: quand la saignee est feite a Tariere coccygienne, la quautifede sang evacuee peut etre
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MALADIES UK L APPAREIL DIGESTIF.
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moindre d'uii tiers. Au reste, il n'y a pas d'incoiiveuieat ä ce (^ue la quantite de saug- ä obtenir par la saignee soil plus forte que celle qua j'indique, si Tauimal a ete hieu uourri et s'il est jeuue.
Lorsque la veine sous-ciitauee abdominale est d'un trop fai-ble calibre, on ouvre les deux. La preference ä donner ä la sous-cutaneu abdominale sur la jugulaire s'expliqne d'abord par les resultats meilleurs et plus prompts obtenus, et ensuite par ce fait que le sang qui est evacue par la sous-cutanee abdominale degorge plus immediatemeut le Systeme vasculaire sanguin atte-nant aux organes de la digestion.
Apres la saignee, les breuvages mucilagineux, administres d'lienre en heure, ii la dose de 2 on 3 litres. J'ai ecrit 5 ä 6 litres dans un article sur la Gaslro-enterite, publie en 1827; maisj'ai reconnu depuis qu'il valait mieux que cette ijuantite fnt moindre, de meine qu'il est Men preferable que ranimal malade premie ces tisanes en boisson et volontairement qu'en breuvages et de force: dans ce cas. on aura seulemeut la precaution de troubler les bois-sons on de les blanchir avec du son on de la farine, on meme avec un i)en de tourtean en poudre.
Des lavements doivent aussi etre administres plusieurs Ms dans la journee; mais il est ä remarquer (jue deux lavements ne doivent pas etre donnes immediatement Fun ä la suite de Fautre, le second surcharge rintestin et provoqne la dejection dn premier; alors le but, qui est le sejour du liquide adoucissant sur rintestin et son absorption, ne se trouve pas atteint.
Quaud riiiflammation commence ä se calmer, on rend les bois-sous legerement diuretitjues, en y ajoutant 40 ou 50 grammes de nitrate de potasse, divises en deux doses, pendant la journee. Ün surexcite en meme temps les fonctions de la pean par des frictions de vinaigre tres chaud et par I'emploi d'une couverture de laine toutes les fois qu'on pent supposer que la cause pre­miere de la Gastro-enterite a ete un refroidissement.
II laut aussi priver les animaux d'aliments solides; cependant cette privation ne doit etre ni absolue, ni de longue duree. La rumination est une fouction trop importante, pour qu'on ne häte pas son retablissement aussitöt que cela est possible; et il arrive apres une inflammation violente de la citillette, que les aliments deposes dans le rumen ferment une masse dure et seche refrac-taire aux mouvements propres ä la formation du bol, si des ali­ments frais ne viennent s'y meler.
C'est pourquoi on doit laisser prendre quelques aliments soli­des au Ixcuf atteint de Gastro-enterite, aussitöt qu'il en manifeste
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(iASTRÜ-ENTERlTK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;91
le desir et lorsyue rinflammation paralt devoir ceder. Ces aliments doivent etre donnes en tres petite quantite, cela va sans dire, et choisis parmi ceux qui se pretent ä une rumination facile, tels que l'herbe assez developpee. le foin ou la luzerne. Point de son meme Msö, ni de racines cuites ou non cuites, plutöt un peu de tourteau non pulverise, ä titre d'excitant.
II arrive, quand la Gastro-euterite a ete d'une grande inten-site, que, malgrö un mieux tres sensible d'ailleurs, les organes concourant ä la rumination sout restes dans un tel etat d'atonie que cette ibnctiou ne s'execute qu'avec une extreme difficulte. Ou voit l'animal s'y essayer saus parvenir ä former le bol, ou du moins ä former un bol d'un volume normal, exigeant de qiiatre ä cinq tours de mastication. Quand le bol est iucomplet, les tours sout bleu moindres, et il sufflt d'un peu d'attention pour s'en assurer. Pour combattre cet etat d'atonie, on administre le tartre stibie ä la dose de 1 ä2 grammes en dissolution, dans la boisson ordinaire, par 4 a 5 litres et deux fois par jour. On commence d'abord par 1 gramme, et il est rare que la rumination ne se fasse tres bien an bout de deux jours.
Dans le cas oü Ton juge a propos de faire donner un peu de fourrage au boeuf en voie de convalescence, il faut user de beau-coup de prudence, dans la craiute (pie le bouvier ne lui en donne une quantile teile, que le retour de rinflammation en soit la con­sequence.
Les infusions aromatiques ou les decoctions ameres, adminis-trees egalement dans le but de provoquer une rumination plus facile, peuvent etre employees, mais leur effet est bien loin d'etre aussi sör que celui des boissons emetisees.
Lorsque la maladie a ete negligee pendant quelques jours, il est rare (pie Ton obtienne la resolution de rinflammation par la premiere saignee, bien que les priucipaux symptomes, tels que les plaintes gourdes et la tension du flaue gauche, aient perdu de leur gravitö. Ou voit souvent ces symptömes se manifester de nouveau quelques heures apres, et e'est encore a la saignee qu'il faut recourir. La secoiide saignee ou la troisieme, quand il y a lieu de les employer, ne doiveut pas etre aussi fortes, proportion-nellement, que la premiere; mais la reapparitiou des symptömes demontre sulfisamment qu'elles sout encore bleu iiidiquees, ce qui d'ailleurs se trouve confirme par une amelioration subite dans l'etat de l'animal aussitöt qu'elles ont ete pratiquees. C'est ici qu'il Importe de ne point se faire illusion sur la faiblesse appareute de lanimal : la gene des mouvements de locomotion est un des signes pathoguomoniques de tontes les phlegmasies
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intestinales; on la voit disparaitre a mesure que l'intensitß de ces phlegmasies dirninue. Les saignees bien indiquees, comme dans la circonstance dont il s'agit, a'occasionnent pas de convales­cence tres longue; bien an contraire, elles abregent singuliere-ment cet etat transitoire qui separe l'etat de maladie de la sante. — Tel doit etre le traitement de la Gastro-enterite aigue.
Lorsque cette maladie est passee a Fetat chronique, alors que la rumination n'a lieu qu'ä de rares intervalles et si eile est nouvte, si le flanc gauche reste un pen tendu, si les sourdes plaintes se font entendre encore de temps en temps, quoiqu elles soient moins frequeutes et moins prononcees que dans la Gas­tro-enterite aigue; si I'appetit ne se declare point facilement; si la peau continue d'etre seche, le poll pique; si les dejections alvi-nes ne sont point rendues dans leur etat normal et si I'amaigris-sement de l'animal fait des progres sensibles, alors, dirai-je, il y a lieu d'apporter des modifications an traitement. D'abord les for­tes saignees en sont bannies. II consistera :
1deg; Dans radministration frequente de boissons adoucissantes et mucilagineuses, on de breuvages de meine nature, si les animaux refusent les boissons;
2deg; Dans I'emploi d'une noumture cumposee d'aliments qui, sous un volume et im poids donnes, contiennent des elements de facile absorption : les farineux, les farines cuites; le vert est aussi indique dans ce cas, quand il se compose de plantes connues comme etant de facile digestion;
3deg; On present des frictions seclies sur les membres, des fric­tions d'essence de terebenthine sur le dos, sur les cötes et sous le ventre : ces frictions out une efflcacite incontestable.
Quand la Gastro-enterite chronique n'a rien perdu de son in-tensite sous rinfluence de ce traitement, e'est qu'elle a produit des lesions tellement graves qu'il est inutile de persister dans I'emploi d'uii traitement quelcouque; alors il faut conseiller I'abalagede L'animal-, aiin d'eviterä son proprietaire des depenses qui seraient faites en pure perte.
ARTICLE IX
GASTRO-ENTERO-NEPHRITE Svnoxymie : Maladies des liois, Hal de Iirou, Echauffement des reins.
Definition. Frequence. — Sous ces noms, on designe ordinaire-ment, dans les campagnes, une malaclie de nature inflammatoire
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(iASTHU-ENTEKO-.NEPHlUTK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;93
qui affecte en meme temps la membrane muqueuse de la caillette et de l'intestin, ainsi que celle des organes urinaires : reins, nre-teres et vessie. On I'observe assez frequemment dans les contrees oü les animaux vont paitre dans les bois des le commencement du printemp's.
Causes. — Les animaux qui, pendant plusieurs mois, out recu une alimentation pen substantielle et de mauvaise qualite, ce qui a lieu ordinairement toutes les Ms que la pemirie des fourrages se fait sendr, sont plus particulierement predisposes a contracter cette maladie lorsqu'ils sont forces au printemps de prendre ex-clusivement leur nourriture dans les bois. L'influence de cette cause est confirmee par ce fait que les animaux qui n'onl pas eprouve de privations alimentaires en hiver ne sont nullement incommodes par cette nourriture. Quant a ceux qui out ete mal nourris, qui sont maigres et qui deja, par la forme des matieres fecales qu'ils rendent et par la couleur rougedtre de leurs uri­nes, paraissent etre dans un etat d'echauff'enient tres sensible, on conceit facilement qu'ils puissent etre atfectes d'nne vive in­flammation des organes digestifs par une alimentation com-posee exclusivement de jeuues pousses • d'arbres. d'arbustes on d'herbes acres.
laquo; Le nom seul de la maladie, dit Hurtrol d'Arboval, en indi-que assez la cause, qui tieut ä l'effet que produisent sur les orga­nes digestifs les jeunes bourgeons quo les animaux devorent an moment de la pousse. Presses par la iäim et le desir du vert, ils saisissent avec avidite les jeunes pousses des arbres fores-tiers, et ils en mangent d'autant plus abondamment qu'ils ont ete tenus longtemps a la nourriture seche, que l'lierbe des champs et celle qui croit dans les bois sont plus rares, plus seches, plus dures, comme il arrive ä la suite des bivers longs et rigoureux, et que les eaux qui servent ä les abreuver sont en moindre quan-tite, plus alterees, plus impures. Parmi les productions vegetales ligneuses dont il s'agit, cedes du cheue, du Irene, du ebene sur-tout, passent pour etre les plus nuisibles.
laquo; En effet, la saveur acerbe et styptique que Ton connait aux parties Constituantes du ebene, l'action astringehte qu'elles exer-cent sur les tissns vivants, rendent assez bien raison des desor-dres qu'elles occasionnent sur les organes digestifs avec lesquels elles sont mises en contact.
laquo; A l'instar de plusieurs plantes malfaisantes, telles que la re-noncule scelerate et surtont les colchiqüesj lecheneest done de la funeste propriety de determiner une irritation tres forte des pre­mieres voies. Plus les pousses sont jeunes. et plus les animaux en
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MALADIES DE L APPAREIL UKJKSTIF.
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sout Mantis. De la luzerne coupee sous un Irene qni contenait
des cantliarides a occasionne la meme maladie..... raquo; ce qui s'ex-
plique de reste.
Hurtrel d'Arl^oval continue : laquo; L'intensite d'action d'un tel ali­ment est en raison de la quantite (]ue les animaux en mangent; toutefois, la force de Fhabitude emousse souvent cette susceptibi-lite; presque tons les ans, nous voyons des vaches passer I'hiver dans les bois, y demeurer au printemps et n'eprouver aucun accident de cette nature. raquo;
M. Taiche accuse non moins vivement les jeunes pousses de ebene et de freue d'occasiouner la Gastro-entero-uepbrite. laquo; En m'oecupant, dit-il, ä reebercher les causes de cette affection, j'ai vu que les aliments seuls pouvaient la produire; et cela encore par un elfet de rinsonciance et de Fignorance des eultivateurs de nos contrees, qui, n'ayaut pas de prairies artificielles, babitues ä envoyer des le mois d'avril leurs bestiaux dans les pres, oü ils mangeut la pointe de Fberbe, sent ensuite obliges, pour avoir du foin, de faire sorlir les bestiaux des pres du 1er au 15 mai et de les envoyer dans les pätures, oü, ne tronvant que pen d'berbe, ils sont freqttemment reduits ä brouter des feuilles et les jeunes pousses des haies, trop souvent composees de hetre, de chene et de charme. Cette alimentation funeste dure jusqu'au commencement d'aoüt (1). raquo;
Teile est, selon les auteurs que je viens de citer, et beaueoup d'autres, ä commencer par Cbabert, la cause priucipale de la Gastro-entero-uepiirite, et cependaut je ne serai point absolument de leur avis. Sans doute, la maladie des bois se declare en mai; mais il y a des boßufs, et meme en assez grand nombre, qui en sont atfectes pendant l'ßte, alors (^u'ils ne mangent point des feuilles de hetre, de ebene, de charme, ni de jeunes pousses d'arbres d'aucune sorte.
Pourquoi, d'aillenrs, lorsque la maladie se declare au prin­temps sur les animaux seulement qui out vecu de privations pen­dant quatre on cinq mois bleu longs, les bestiaux qui out ete bien nourris neu sout-ils nullement affectes, bieu qu'ils aillent aussi paitre dans les bois? La maladie alors ne serait-elle pas occasiounöe plutöt par les jeunes pousses de plautes acres que les bestiaux affames devorent au printemps et anxquelles ils ne tron-cbent pas lorsqu'elles sout bieu developjjöes? Et, lorsqu'elle se declare en juillet et aoüt, sur les animaux qui vont paitre dans les bois, ne serait-il pas rationuel de Fattribuer aux chenilles qui
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(1quot; Uecueil de medetine rrterinnhr. 1834, n0c!ejuin.
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(JASTHO-ENTEKO-NEPHIUTE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;95
se tvoiivent en grand nombre sur les feuilles (pie les besliaux broutent en passant ou qui sont tombees sur I'lierbe qu'ils jjais-sent? D'ailleurs, pourquoi les jeunes pousses du diene seraient-elles si acres, si malfaisantes, lorsqu'elles sont encore si ten-dres, puisque la feuille du ebene constitue plus tard, dans son entier developpement, une excellente nourriture que les betes bovines, comme les betes h laine, mangent avec aviditö, avec grand profit?
SymptAmes. —Tristesse de ranimal, perte de l'appetit, mufle sec, non rumination, peau seebe et cbaude, conjonctive injectee, poll hMsse, ventre affaisse, flanc creux, borborygmes, piötine-ment frequent, des pieds de derriere principalement; ranimal porte souvent la tete vers le flanc ou plutot il la contourne sur la region costale et en haut; dejections alvines d'abord rares et tres dures, puis molles et chargees de stries sanguinolentes; uriiies rares et roussätres, quelquefois couleur de sang; pouls opprime, comme dans toutes les plilegmasies intestinales. J'ai vu un assez grand nombre de beeufs ou de vacbes alfectes de la Maladie des bois, et sur aucun je n'ai rencontre le pouls fort et dur, aiusi que Tout affirme quelques auteurs. Les vacbes perdeut en partie leur lait, et celui qu alles donnent a graud'peine est roussätre; l'uramp;e qu'elles rendent est de la meme couleur. Chez quelques-unes cette urine est epaisse, et il en reste toujours im peu ä l'ori-flee du vagin; ce qui a pu faire croire que cette matiere etait le produit anormal d'une secretion de la membrane vaginale. II n'en est rien cependant autant que j'ai pu le constater.
M. Girard pere, qui avait observe cette maladie, en 1816, dans un village voisiu de Brie, trace les symptömes suivants:
laquo; Dans le principe, dit-il, les animaux devenaieut tristes, de-goütes et laissaient tomber leur bave hors de la bouche; I'epine etait tres sensible; il s'ecoulait par la vulve des vacbes une ma­tiere sanguiiiolente, dont la teinte se remarquait aussi aux cor-nes, et la constipation etait etablie; les excrements, durs et coif-fes, etaient parsemes de stries de sang. Get etat durait a peu pres vingt-quatre beures, apres lesquelles les evacuations sanguines cessaient. A cette epoque, le train de derriere se paralysait, une diarrhee abondante et infecte survenait, et eile etait coustammeut suivie de la mort. raquo;
Gest bien, en eilet, de la maniere decrite par M. Girard que se terminerait souvent la Gastro-entero-uephrite, si eile etait abandonnee k elle-meme ou si eile etait traitee par les purgatifs ou les amers, comme j'en ai ete temoin. Mais les veterinaires ne considerant plus aujourd'hui cette ati'ection comme ayant un
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MALADIES UK L AI'PAKEIL DIfiESTIF.
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caractere ataxique, et la marche de la Maladie des hois u'etant jamais assez rapide pour que Ton ne pnisse en triompher par les antiphlogistiques si eile est combattue des les premiers jours de son invasion, sa terminaison la plus ordinaire est la resolution.
Lesions pathologlques. — Dans les cas rares on la maladie se termine par la mort du sujet, on constate les lesions suivantes : traces d'inflammation dans tonte retendue de la membrane gastro-intestinale; aliments durcis et desseches dans le bonnet et le leuillet, entrainant avec eux repithelium, et laissant h decouvert la membrane rouge et violacee; la caillette, d'un volume moindre que dans I'etat normal, raccornie; la membrane muqueuse d'un rouge noirätre, blenätre sur quelques points et epaissie. Memes lesions sur la muqueuse intestinale. Le peritoine est aussi d'un rouge assez vif et parseme de petechies. Les vaisseaux du mesen-tere sont gorges de sang noir;, les ganglions lymphatiques sont engorges. Les reins le sont aussi beaucoup; leur substance est mollasse, et la membrane du bassinet est rouge, violacee quelque-fois et epaissie. La rate est gorgee de sang noir, le foie ramolli; les membranes de la vessie sont epaissies; la muqueuse de cet organe est d'un rouge violet. Dans les organes thoraciques, on trouve toutes les lesions qui accompagnent inevitablement les inflammations qui out amene la mort.
Diagnostta. Pronostic. — Le pietinement qui aniionce des coli-ques incessantes, l'atfaissement du flaue, la constipation avec des crottins durs, parsemes de stries sanguinolentes, ou la diarrhee avec des stries de meme nature. 1'excessive sensibilite de la co-lonne dorsale, les urines rares et roussätres, sont des symptonies qui caracterisent assez la Gastro-entero-nephrite pour que le pra-ticien pnisse etablir son diagnostic.
Si la maladie est traitee des les premiers jours de son appari­tion, le pronostic ne sera point fächeux.
Traitement. — Changemeut subit de regime; suppression des pacages ou Ton pent supposer que les animaux out trouve la cause, quelle qu'elle soit, de la maladie : jeunes pousses d'arbres, jeunes pousses de plantes acres, chenilles sur les feuilles d'arbres. On supprime ce pacage et on le remplace, si faire se pent, par un autre oü les bestiaux trouvent Line herbe de bonne qualite et i'raiche. A ce premier moyen, on ajoutera la saignee aux vei-nes sons-cntanees abdominales ou ä l'artere coccygienne, des breuvages de tisane de graine de lin, des lavements de meme nature, et la Gastro-ent6ro-nephrite se termiuera promptement par la resolution.
Les breuvages doivent etre adminfStrea de deux henresen deux
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(USTKü-ENTERO-NEPHiUTE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;97
heures, ä la dose de 1 litre, et les lavements avec la meme rögu-larit6 et ä one temperature de 18 ä 20deg; seulement. On applique aussi des cataplasmes emollients sur les reins; on fait prendre des bains de riviere si la maladie se declare en 6t6, et Ton se garde bien de donner des boissons nitrees.
Tel doit etre le traitement de cette maladie toutes les fois qu'il est possible de le raettre en pratique dans les premiers jours de son invasion. Mais si le sujet est dejä affaibli, s'il est vieux, mai-gre, si la diarrhee existe depuis plusieurs jours, si dejä les yeux de cet animal sont enfonces daus les orbites, s'il reste longtemps coudiö, si son poll s'arrache facilement, et si la sensibilite de la colonne dorsale est teile que, par la pression, on le force ä pous-ser de sourdes plaintes, le traitement doit etre modifle. Les sai-gnöes ne feraient qu'aggraver la situation. On administre eucoie des breuvages adoucissants, mais on les edulcore avec du miel en assez forte dose, de 80 a 100 grammes par litre; et on les rend analeptiques par une addition de farina de seigle, d'orge ou de froment. Les breuvages sont prepares alors avec une decoction de grains de mais, si Ton peut s'en procurer.
On alterne ces breuvages avec d'autres 6galement adoucissants, dans lesquels on i'ait entrer du lait, desjaunes d'ceuf delayös dans la decoction. Les lavements doivent etre encore de la meme nature que les breuvages.
Ge traitement interne est seconde par des frictions irritantes sur les reins, sous le ventre et ä la face interne des cuisses, soit avec le vinaigre cbaud, soit avec Uessence de terebenthine, et plus particulierement avec cette substance.
Si Fanimal a quelque appetence, on lui donne, quand cela est possible, de l'herbe line et teudre, ou mieux encore, s'il peut marcher, on lui laisse prendre cette herbe sur le pacage. Tons les verts penvent etre employes pour la composition de ce r6gime ali-mentaire. Le mais vert est peut-etre de tons les fourrages celui qui conviendrait le mieux; mais il faudrait pour cela qu'il füt hache ou du moins coupe tres menu.
On pourrait faire deux larges frictions d'essence de tereben­thine par jour, et les continuer jusqu'ä ce qu'elles aient produit un commencement de vesication, pour y recourir de nouveau, apres la chute de l'epiderme, si une amehoration tres sensible ne se faisait remarquer.
Lorsque les animaux sont arrives, par la duree de cette mala­die, a un etat d'ali'aiblissement extreme, quoique d'ailleurs les principaux symptomes aient disparu, tels que la diarrhee san-guinolente. le pietinement, la coloration en rouge des urines, de
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MALADIES DE L APPAREIL DIGESTIF.
maniere que la rumination se fasse quelquefois et que l'appötit semble revenir, 11 y a indication d'administrer de temps ä autre, a raniraal a jeun, une decoction amere, ou d'ajouter comme condiment anx pulpes, anx farineux dont on le nourrit, des pre­parations ferrugineuses, a condition de ne point donner les amers et les ferrugineux en meme temps. Dans ce cas, j'alterne leur administration de deux en deux jours, avec le breuvage suivant:
Breuvage tonique.
Gentiane en poudre....................... 30 grammes.
Eau..................................... \ litre.
Faites bouillir et administrez en un seul breuvage froid.
On pent donner ce breuvage comme condiment, dans les pul­pes ou les farineux, en deux rations par jour :
Limaille de fer........................... 35 ä 40 grammes.
ARTICLE X
INFLAMMATION DE l/lNTESTIN
UEnterite se pr6sente sous des formes diverses, tenant ä des causes speciales, et chacune d'elles constituant des maladies en quelque sorte distinctes, qui, par consequent, doivent etre etu-diees separement.
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sect; 1. Entente simple.
iK-iinitioraquo;. Vartetlaquo;s. — Le nom d'Entente a 6te d'abord em­ploye pour designer rinflammation de la membrane muqueuse de rintestin grele: celle du gros intestin etait d6signee, suivant la region affectee : sous le nom de Colite, sil s'agissait du colon; de Ccecite ou Thyphlile, si Ton croyait que rinflammation avail son siege sur la muqueuse du coecum, et de Rectite, si Ton supposait atteinte la muqueuse du rectum. Toutes ces divisions sont assez difficiles k etablir; on y parvient cependant, et je les conserve pour la simplification du langage. Ainsi je döcrirai, sous le nom d'Euterite aigue simple, rinflammation de la muqueuse de toutes les parties de rintestin grele.
Causes. — Les causes de TEnterite sont nombreuses. La mala-die se manifeste dans toutes les saisous, et plus particulierement p;ir des temperatures atmospheripies extremes. Lp travail sous
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KNTERITE SIMPLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 99
ces iuttueuces est une de ces causes, quaiid ü est tres penible et d'une duröe considerable; les fourrages avaries ou contenant en melange des plantes acres, surtout si ces plantes sont vertes, produisent cette maladie : ainsi le farrouch ou trefle incarnat, dans lequel se trouvent en fortes proportions de la camomille puante, des ravanelles, des coquelicots, bien que non encore en tleur quand on coupe le farrouch; le mais-fourrage renfermant dans la tige ou dans I'epi une chenille qui lui est propre; les feuilles d'arbre couvertes egalement de chenilles; les fourrages verts qui dejä entrent en fermentation; les fourrages sees vases, moisis, sables ou echaulfös; l'herbe couverte de gelee blanche; les boissons trop froides; I'eau fournie par la fönte recente des neiges; Teau de pluie nou encore suffisamment reposee et aöree: le froid humide, les coups de vent, les refroidissements subits, et en un mot tout ce qui pent arreter subite.ment la transpiration. II est vrai de dire cependant que ces dernieres causes donnent lieu en meme temps a la peritonite.
Sympiömes. — Mufle sec, diminution de l'appetit, peau seche, adherente, poll pique; point de rumination, ou si eile a lieu quel-quefois, eile est de tres courte duree; coliques plus ou moins vi-ves, qui se caracterisent par de Tinquietude, des mouvements brusques. Le boeuf se couche et se releve fx-equemment, 11 re-garde son flaue, souleve la queue, comme s'il expulsait des gaz par Tanus; il gratte la litiere avec ses piedsde devant, les souleve en cherchant ä porter ses pieds de derriere vers Tabdomen. Ces coliques. dans le cas d'Enterite simple, ne se manifestent avec cette violence que des le debut de la maladie. Bientöt elles pa-raissent se calmer, et ranimal reste assez longtemps couche sans (]ue Ton puisse remarquer aucune diminution des autres symptomes. Etant couche, il porte la tete ou le mufle seulement sur les flaues ou vers les cotes; il ne rumine point et ne cherche pas ä manger. Si on lui donne des lavements, il ne les retient pas toujours; ses excrements n'ont ni la forme ni la consistance ordinaires : ils sont sees et enveloppes de mncosites, ou mi-liqui-des et luisauts. Des borborygmes frequents se font entendre: ranimal essaye souvent d'uriner et ne rend chaque Ms qhune foible quantite d'urine trouble.
iHarchc. Durcc. Termlnaisons. — L'invasioii de TRnterite se fait subitemeut; si l'action de la cause it ete de pen de duree, et si cette cause a cesse d'agir, FEnterite se termine promptement : eile disparait souvent apres quelques heures et par les seuls efforts de la nature. Si, au contraire, la cause a agi avec violence et pendant un certain temps, la phlegmasie intestinale no gueril
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MALADIES UE L APPAREIL UKiESTlF.
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point sans le secours de l'art. Sa marche est alors plus ou moins rapide, c'est-ä-dire qu'elle prend plus ou moins d'intensite, et qu'elle pent se terminer d'une maniere assez fächeuse pai* son passage ä l'etat chronique et quelquefois aussi par la mort. Dans ce dernier cas, sa marche est prompte. Un bceuf qui a mango une grande quautite de plantes acres, celui qui, sortant d'une etable tres chaude, a bu de l'eau glacee, pent succomber a une entente aigue an bout de tres pen de temps, en trois, quatre ou cinq heures; j'en ai vu des exemples frappants.
LC'sions patboiogiques. — La membrane peritoneale est d'un rouge plus ou moins foncö, quelquefois noirdtre; on trouve des traces d'epanchement dans le pöritoine. La muqueuse intestiuale est coloree, absolument comme le peritoine, injectee, reduite en bouillie sur quelques points, exhalant une odeur sui generis, que Ton pent bien designer sous le nom de gangreneuse.
Diagnosiic. Pronostic. — Les coliques, la cessation de l'appetit. de la rumination, rirrßgularite des dejections alvines, caracteri-sent assez I'Enterite pour qu'on puisse en affirmer I'existence; mais un Symptome particulier la distingue de la Gastro-enterite : toutes les Ibis que la caillette ou les autres compartiments gastri-ques sont atfectes d'inflammation, il existe un peu de meteorisa-tion tres appröciable au flaue gauche; tandis que lorsque I'intes-tin seul est le siege de la phlegmasie, il n'y a point, dans cette region, de meteorisme apparent.
Le pronostic de I'Enterite n'est pas ordinairement fächeux; il ne pent I'etre reellement que lorsque les coliques augmentent de violence en raison de leur duree.
Traifement. — Le traitement consists dans la pratique de la sai-gnee, repetee jusqu'ä ce que les symptomes commencent ä per-dre de leur intensite, cquot;est-ä-dire jusqu'ä ce que le bceuf soit plus calme, que les coliques paraissent diminuer, que le mufle de-vient un pen humide : e'est lä un signe tres caracteristique de remission. La saignee, cela va sans dire, doit etre propoi'tionnee a l'äge de l'animal, ä l'etat dans iequel il se trouvait an moment de Finvasion de la maladie; les vieux animaux, meme en bon etat, ne doivent pas etre saignes autant que s'ils etaient jeunes; ceux qui sont maigres et epuises par le travail et les privations seront saignes aussi avec de grands menagements; on ne prati-quera sur eux qu'une emission de 2 ou 3 kilog. de sang, alors que s'ils etaient en bon etat, eile pourrait etre de 4, de 5 et meme de 6 kilog., suivant leur taille.
On administre des boissons mucilagineuses ä doses moyenues, röpötöes cbaque demi-heure, H des demi-lavements. Les fortes
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ENTERITE SIMPLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 101
doses de breuvages, meme adoucissants, fatiguent les organes en-flammes et produisent un effet contraire ä celui qua Ton veut obtenir. Les lavements eutiers sont rejetes immediatement apres qu'ils ont ete donnes. Breuvages et lavements doivent etre tou-jours administres tiedes et meme froids, lorsque les coliques sont tres violentes. Dans ce dernier cas, on ajoute de 20 a 30 gouttes de laudanum par litre de breuvage ou de lavement.
Les fumigations ömollientes produiraient de bons effets; mais il est ä pen pies impossible de les faire avec fruit sur des ani-maux qui sont dans un etat continuel d'agitation. Je conseille de les remplacer par des embrocations d'huile d'oiive, si faive se pent, ou bien d'huile de lin, de colza, etc.
Quant aux frictions seches avec la brosse, le bouchon de paille, ou meme avec le manche d'une fourche promenö vivement sous I'abdomen par deux homines, frictions .qui sont d'une grande efficacite dans tons les cas de coliques venteuses ou de coliqueraquo; nerveuses, elles ne doivent jamais etre pratiquees lorsque les coliques sont le resultat d'une inflammation intestinale.
La saignee doit etre pratiquee de preference ä la sous-cutanöe abdominale, toutes les fois que Ton a a combat tre une inflammation intestinale, et h son defaut, ä l'artere coccygienne. Je n'entends pas cependant proscrire dans ce cas la saignee ä la jugulaire, mais je donne la preference aux vaisseaux sus-designes, parce que les elfets des saignees faites sur ces vaisseaux m'ont toujours paru plus prompts et plus surs.
Voici ce que j'ai remarque h ce sujet : une quantitö voulue de sang tire de la jugulaire, soit par exemple 4 kilog., et cou-lant en gros jet, afiaiblit plus I'animal que 4 kilog. provenant de la sous-cutanee abdominale, le sang sortant alors en un fllet gros comme un tuyau de plume moyenne, et produisant un resultat plus decisif et plus prompt. Si c'est du sang arteriel que Ton fait confer, une quantite moindre d'un tiers equivaut, quant k ses effets, ä une quantite triple de sang veineux.
Les breuvages emollients ou adoucissants ont tons a pen pres les memes indications dans les cas d'enterite. Voici la formule de quelques-uns :
Breuvage emollient amylace.
Riz.................................... 32 grammes.
Racine de guirnaiwe..................... 32 —
Amidon................................. 16 —
Eau..................................... 1 litre et derni.
Miel..................................... 60 grammes.
Faites houillir le riz, la guimauve et l'amidon dans I'eau; passez avec expres­sion, et edulcorez avec le miel.
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103nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MAI.AUIKS DE l'aPPAREIL DKiESTll'.
Breuvage emollient sucre.
Betterave ou Garotte.......................nbsp; nbsp; äöO grammes.
Röglisse..................................nbsp; nbsp; nbsp; 64 —
Miel.....................................nbsp; nbsp; nbsp;32 —
Eau....................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1 litre et demi.
Breuvage emollient gommeuai.
Dextrine.................................nbsp; nbsp; 125 grammes.
Gomme arabiqiie pulverisee................. 32 —
Miel..................................... 64 —
Eau.................................... 1 litre.
Breuvage emollient mucilagineux.
Racine de guimauve........................nbsp; nbsp; nbsp;64 grammes.
Graine de lin...............................nbsp; nbsp; nbsp; 46 —
Miel......................................nbsp; nbsp; nbsp; 32 —
Eau....................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1 litre el demi.
Ces formules, emprimtees k l'ouvrage de M. Tabourin, peuvent dans la pratique, a la campagne surtout, etre simplifiees.
Avec de la racine de guimauve et du miel, on fait un breuvage tres adoucissant, et on le ferait tout aussi bien avec le riz ou ramidon, alors meme que ces substances eutreraient seules dans la composition du breuvage; avec la graine de lin.et du miel ega-lement, ainsi des autres. Relativement ä la graine de lin qui est la substance que Von rencontre plus communemeut dans toutes les exploitations rurales, il faut observer que sa decoction ne doit pas etre tellement conceutree que le produit soit une •espece de mucilage filant, ce qui arrive toutes les fois que la decoction est prolongee ou que la dose de la graine depasse de 40 ou 50 grammes par 2 litres d'eau. Si ou donnait le breuvage sous cette forme, il ne serait pas nuisible assurement; rnais 11 ne pro-duirait pas I'effet desire, qui est de calmer rinflammation d'abord, en imbibant les surfaces enflammees, et plus particulierement en faisaut predominer le serum dans le sang.
Une autre observation ä faire relativement a toutes les decoc­tions emollieutes, c'est qu'elles tournent a I'aigre en tres pen de temps, surtout pendant Fete, et Ton conceit combieu il serait irrationnel d'administrer un breuvage dans cet etat.
La dose de laudanum ä ajouter h chaque breuvage, quand il y a indication, est de 8 ä 16 grammes dans 2 litres de breuvage.
Ces doses peuvent etre repetees deux, trois et ineine quatre Ibis dans les vingt-quatre beures.
L'Enterite ne se presente paS toujours sous le meme aspect,
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E.NTER1TE HEMOJUUIAliiyUK,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;103
eile se complicjue parfois d'une maniere tres grave. Ges compli-plications auraient pu etre ötudiees en traitant de l'Ent^rite en g6n6ral; mais l'etude de chacune d'elles en particulier permettra au praticieu de mieux se reconnaitre et de conserver une idee plus nette de ces varietes de la maladie.
sect; 2. — Enterite hemorrhagique.
L'Enterite hemorrhagique, qui s'annouce d'ahord par les meines symptomes que l'Enterite simple, est caracterisee par une exsu-dation sanguine de la membrane muqueuse intestinale, exsuda-tion qui se manifeste par des stries de sang ou des caillots meles aux excrements, et quelquefois par des jets de sang rouge s'elfec-tuant ä travers 1'Ouvertüre anale.
Les causes de cette hemorrhagie sout les memes saus doute que celles de l'Enterite simple; mais les travaux excessifs aux-quels les animaux sont quelquefois soumis pendant les plus for­tes chaleurs de Tete et les plantes äcres qui se trouveut melees aux fourrages paraissent y donner lieu plus particulierement. Je n'ai observö l'Entönte hemorrhagique que pendant les jours caniculaires, ou lorsque des renoncules, des pavots ou des mas­ses de camomille puante infectaient les fourrages verts.
Le pronostic de cette maladie est plus fdcheux que celui que Ton porte ordinairement sur l'Enterite simple ou la Gastro-ente-rite. Parfois l'hemorrhagie est tellement considerable que l'animal lombe presque subitement dans un etat d'affaissement tres cri­tique; et si la saignee est indiquee taut que l'hemorrhagie ne se manifeste que par des stries sanguinolentes melees aux matieres föcales, ou par quelques caillots plus volumineux, je ne conseille pas d'y recourir lorsque les jets par l'anus sont abondants et qu'ils se sont renouveles plusieurs Ms, parce que dans deux cir-constances je me suis mal trouve de l'avoir pratiquee.
J'ai bien mieux reussi par l'emploi des bains froids, remplaces par des ablutions longtemps continuees d'eau froide sur le ven­ire, toutes les fois qu'il m'a ete impossible de recourir aux bains. Apres les bains ou les ablutions, les frictions d'essence de tere-benthine remplissent avec succes la meme indication; les lave­ments froids reussissent aussi, employes simultanement avec les bains et les ablutions. J'acidule les lavements et les boissous avec Teau de Rabel, a la dose de 25 grammes par litre d'eau.
Lorsque ce traitement paralt avoir arrete l'hemorrhagie, ou administre des boissous ou des breuvages et des lavements muci-lagineux. Les bains peuvent etre continues, ainsi que les fric-
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MALADIKS ÜE L APPAKEIL DIGESTIF.
tious d'essence de terebenthine, lesquelles produisent toujours en pared cas de tres bons etfets sans jamais raviver rinflammation intestinale.
Traitöe de cette maniore, I'Enterite hemorrhagiqne guerit faui-lement; mais eile pent avoir une terminaison qu'il Importe de faire remarqner, parce qu'on a vouln en faire nne maladie parti-culiere.
En etfet, il arrive quelquefois que rexsudation sajiguine qui a lieu dans I'intestin ne se manifeste pas an dehors; alors les symptomes ont perdu de leur intensite, Tanimal mange quelque pen, il rnnnne'parfois, il ne parait plus eprouver des coliques, il est moins abattu : sa marche est un pen plus dögagee ; il tömoi-gne surtout beaucoup d'appetence pour les aliments demi-liquides, pulpeux; mais son abdomen s'aifaisse, il a les flaues creux; la pandiculation ne se fait point chez lui comme dans l'etat de sante; il n'est pas autant atfecte que pendant les premiers temps de la maladie, mais il n'est pas entre en convalescence. Que se passe-t-il alors? Un corps Stranger s'est formö dans le canal in­testinal, ce corps entretient un grand malaise et porte le trouble dans les fonctions digestives, et la convalescence ne se dessinera que lorsqu'il aura ete expulse, ce qui fort heureusement arrive d'une maniere invariable : un jour on voit apparaitre ä l'anus nn corps blanchätre d'epaisseur variable, de consistance mol-lasse, et qui a souvent, quand il a 6t6 expulse, une longueur de 50 centimetres ä 1 metre : e'est un caillot fibrineux. Quelquefois Uexpulsion de ce corps etranger a lieu sans que Fanimal en pa-raisse plus malade; mais il arrive aussi que des coliques plus on moins violentes le tourmentent pendant quelques minutes avant que I'expulsion ait lieu. Apres cette_ crise, le boeuf parait fati­gue ; il se couche, ne rumine point : il est dans un etat de tor-peur marquee; mais bientot les signes d'un retour a la sante se font apercevoir, et Ton peut des lors considerer la guerison comme complete.
sect; 3. — Entente couenneuse ou mercnrielle
On a donne le nom d'Enterite couenneuse a I'Enterite hemor-rhagique ci-dessus decrite; mais il me parait ne devoir elre ap­plique qua FEnterite resultant de rempoisonnement par I'in-trodnction de la pommade mercnrielle dans le tube digestif.
Causes. — Quand on fait des onctions de cette pommade, double ou simple^ sur une partie du corps de I'animal oil il pent atteindre avec sa langue, il est presque certaiu ([ue cette pommade sera
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EiNTiiKITE COUENNEUSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;105
enlevee en un tour de langue et avalöe immediatement, meme quand cet animal n'6prouverait aucuue demangeaison sur la partie oil est depose le corps medicamenteux.
Est-ce l'odeur de la pommade qui l'excite ä s'en approcher pour I'enlever? On ne saurait le dire. Quoi qu'il eia soit, le boeuf t6-moigne un goüt tres prononcöpour cette substance, et, dans cette circonstauce, Tinstinct le guide mal; car ce corps a sur rintestin une action toxique qui se manifeste par les symptomes suivants :
Goliques caracterisees par des mouvements qui, sans etre vio-lents, ne laissent jamais 1'animal en repos; il se couche, se re-leve, pietine, regarde son flanc, ne mange ni ne rumine,. grince des dents, laisse ecouler par les commissures des levres une sa-live filante d'une odeur particuliere. Pendant les deux on trois premiers jours, on ne peut attribuer la perte de l'appetit et la non-rumination a un engorgement de la langue et de la membrane buccale, puisque cet engorgement ne se manifeste que vers le cin-quieme ou le sixieme jour. Mais deux jours an plus tard apres rintroduction de la pommade mercurielle, des gaz sent tres sou-vent rendus par I'anus, le veutre s'affaisse, les flaues se creusent, les matieres fecales sont diarrheiques, couvertes de mucosites, et pen a peu ces mucosites s'epaississent et acquierent une consis-tance lardacee. II y a des tremblements tres prononces des mem-bres, la marche est chancelante, I'aniinal maigrit Ires vite, comme on peut le remarquer toutes les Ibis qu'on s'en approebe, et il meurt le douzieme jour en se debattant.
Tels sont les symptomes que j'ai observes sur plusieurs bceufs, qui, en se lecbant, avaient avale des portions de pommade mer­curielle, dont le poids n'avait en aucun cas depasse 100 gram­mes. Maintenant voici, comme terme de comparaison, ce que dit M. Tabourin de la cachexie mercurielle :
laquo; Les animaux qui sont sous rinfluence de rinfection mercu­rielle ont perdu l'appetit et souvent la faculte d'avaler, a cause du gonflement de la langue et des autres parties renlermees dans la bouche et le pharynx; une salivation et une diarrhee epuisaute, et d'odeur tres desagreable, tourmentent sans cesse les sujets infectes; la station est chancelante, les mouvements difficiles, ä cause de la roideur des articulations; les membres sont parfois agi-tes de tremblements musculaires ou de convulsions; les oedemes se montrent bientot ä la tete, aux membres, an fanon, sous le ventre, et dissimulent tres imparfaitement la maigreur des ani­maux, qui devient rapidement du marasme; la circulation est vite et faible; le cceur bat tumultueusement pendant que le pouls reste petit, mou, miserable: la respiration est acceleree, difficile.
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MALADIES UE L Al'PAKElL UKJESTIF.
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accompagnee d'une toux quinteuse, faible et avortee; uu ecou-lement muco-purulent s'etablit souvent par les naseaux ; les yeux sont caves et larmoyants; les urines sont fetides et jau-nätres; les femelles pleines avortent souvent; les plaies pren-nent une teinte plombee, puis noire, et se dessechent bientot (H. Bouley); toutes les solutions de continuite saignent an moin-dre contact, et out beaucoup de tendance a se gangrener (Bre-tonneau); des eruptions graves se montrent souvent sur la peau; le sang, devenu fluide et dispose a la putriditö, passe souvent en totalite ou en partie ä travers les parois des vaisseaux, et forme des epanchements, des hemorrhagies passives. Enfln, les animaux per-dent graduellement leurs forces, la station devient impossible, ils se laissent tomber sur le sol; leur respiration s'embarrasse, la chaleur de la surface du corps baisse, le pouls devient inexplora-ble, et bientot la mort vient clore cette destruction anticipee. raquo;
Dans ce tableau que fait M. Tabourin de la cacbexie mercu-rielle, les desordres sont occasionnes par l'usage des preparations mercurielles, qui comporte sans doute des frictions sur la peau et l'introduction dans le tube intestinal. L'Enterite couenneuse dont je donne la description provient uniquement de l'intro­duction de la substance toxique dans le tube intestinal. Et je dois ajouter que Jamals je n'ai observe que des frictions mercurielles, qui souvent out ete longtemps continuees, aient produit aucun accident semblable, meme lorsque, dans les cas de metro-perito-uite, les frictions mercurielles ont ete repetees plusieurs Ms.
Lesions pathoiogiqoes. — A l'ouverture des boeufs morts a la suite de l'Enterite couenneuse ou mercurielle, j'ai rencontre dans I'intestin les traces evidentes d'une inflammation tres intense, des ulcörations profondes k bords calleux sur la membrane mu-queuse, des erosions sur de grandes etendues, des epanchements sereux dans les plevres et le peritoine. Les ganglions mesentöri-ques etaient tumefies, ceux des ars egalement; le foie, la rate etaient friables et contenaient dans leur tissu du sang tres fluide.
Traitement. — Avant de conuaitre l'ouvrage de M. Tabourin, j'avais ecrit : laquo; Le traitement antiphlogistique est sans etfet, les purgatifs n'ont pas une action salutaire plus marquee, les toni-ques sont impuissants, les revulsifs externes ögalement. J'ai ob­serve cette maladie sur trois boeufs de travail; ils sont morts tons les trois du dixieme an douzieme jour apres avoir avale la pom-made mercurielle. raquo;
Ces conclusions ötaient dösesperantes, j'en conviens, et je de­sire vivement qu'apres avoir base un nouveau traitement sur les indications que donne M. Tabounn dans son Nouveau traite de
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E.NTEHITK PAK I.WAUINATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 107
Mature medicate, il soit possible d'en formuler de plus satisfai-santes. Void done ce fjue dit cet auteur k ce sujet :
laquo; Antidote des mercuriaux. — La portion contenue dans le tube digestif doit etre d'abord neutralisöe avec du lait, du blanc d'eeuf, du sulfure de fer hydrate; puis expulsee par vomitifs et purga-
tifs..... Mais le moyen le plus efficace, tant pour les accidents
locaux que pour les accidents generaux, est sans contredit le chlorate de potasse. raquo;
Ainsi done, aussitot qu'on s'apercoit qu'un boeuf a avale une dose plus on raoins forte de pommade mereurielle, on doit, sans le moindre retard, lui donner en breuvage une certaine. quantite de lait on des blanes d'oeufs, meme des oeufs entiers ; mais e'est le chlorate de potasse qu'il faut lui faire prendre avant tout autre remede.
On administre le chlorate de potasse aux animaux de Fespece bovine ä la dose de 8, 16, 32 grammes, suivant rage et la taille de ees animaux. Son vehicule est Ueau chaude. Ainsi, pour des breuvages a donner un par jour, on commencerait par 8 gram­mes pour un veau, jusqu'a Tage cl'un an; pour une vache de petite race, on donnerait, en augmentant la dose successivement par 1 ou 2 grammes, jusqu'ä 16 grammes, dans 1 litre d'eau chaude. Pour un boeuf, on commencerait par 16 grammes pour aller jusqu'ä 32.
L'angine croupale a ete traitee avec sueees chez une genisse par M. Lanusse (1) au moyen du chlorate de potasse, donne a I'interieur pendant plusieurs jours; et par M. Zundel, dans une angine couenneuse, survenueä la suite d'un incendie (2). Entreles mains du meme praficien, la meme substance aproduit egalement d'excellentseffets dans un cas d'urethrite calculeuse du boeuf.
Ce medicament pourrait done ßtre employe pour combattre I'Enterite coviennense mereurielle.
sect; 4. — Entente par invagination.
Svnoxvmie : Volvulus, Intususception , Hcrnie intcruo.
Definition. Frequence. — On designe sous ces nouis divers I'etat de l'intestin grele none ou entortille, ou Vinvagination d'une por­tion de cet organe dans une autre. Cetle maladie est assez fre-quente chez les animaux de l'espece bovine: je l'ai observee plusieurs fois.
(1)nbsp; nbsp;Journal Jes Vet. du Midi. 1Ö47, p. 245.
(2)nbsp; Journal dt Mededne veterinaire, de Lynn. 1Kö9. |raquo;. 49.
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.MALADIKS DE L APPAREI1, DIGESTIF.
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Causes. — L'etat de rintestin rfui, chez le bceuf, flotte sur le lobe droit du rumen, et se trouve par cette position meme susceptible de deplacements fröquents, predispose a cet accident.
Tons les animaux que j'ai vus atfectes de cette maladie avaient etö reconnus malades apres avoir beaucoup couru an trot on an galop, on fait des bonds nombreux et violents en venant de boire, on bien lorsqn'ils se trouvaient ponrsnivis par des chiens on avaient lutte- dans les prairies avec d'autres animaux de lenr espece. Une remarqne a faire, c'est que je n'ai observö cette ma­ladie chez aucnn boeuf, vache on taureau qui eiit couru, fait des bonds violents, etc., etant h jenn. Cela s'expliqne peut-etre si Ton admet qne, lorsqne le lobe droit du rnmen est fortement dis-tendu, Fintestin grele flotte et est agite au-dessus de cet organe beaucoup pins facilement (]ue squot;il est plein et se trouve par suite place plus bas dans Tabdomen.
Sympiömes. — L'iuvagination s'annonce par des coliqnes d'nne violence extreme. Le bceuf se livre anx mouvements les plus desordonues: il gratte on frappe le sol on la litiere des pieds de devant ou de derriere, alternativement; il se couche et se releve aussitot; il se reconcile encore en s'allongeant ou du moins en essayant de s'allonger, car il ne complete jamais ce mouvement. II tient la queue constamment relevee, porte le mufle frequem-ment vers le flaue droit; il est legerement meteorise de ce cote. II est inutile d'ajonter qn'il ne cherche pas h prendre des ali­ments et qn'il ne rumine point. Pendant quelques heures, les douleurs qn'il eprouve semblent devoir etre atroces.
D'abord, il a rendu des excrements detrempes en assez grande quantitö, comme cela arrive tontes les fois qn'il est surexcite d'nne maniere on d'antre par la course, par le travail force, par la frayeur, par la'colere, par de mauvais traitements, etc. II urine sonvent, mais en faible quantite.
Le second jour, le calme se fait, le boeuf se couche et reste cou­che, s'il n'est pas fortement aiguilloune ou frappe avec un fonet, car il craint le fonet encore plus que raignillon. Dans cet etat, il pousse de sourdes plaintes, tres faibles et sonvent repetöes; son ponls est faible et va vite; il ne pread aucune nourriture, et il a cesse de ruminer pour toujours. Des ce moment, il ne rend plus absolument aucune matiere lecale. Les lavements penetrentdans le rectum, mais ils ne sont pas expulses. Si cet intestin est dis-tendu par la quantite de liquide qu'on y a introduit, ce liquide deborde lentement par son propre poids, mais sans le secours d'ancuue contraction muscnlaire. Les breuvages, en quelque quantite qu'on les donne, ne sem-
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ENTEH1TE PAU INVAUINATIUN.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ii)9
blent produire aucuu effet. On remarque, aim gargouillement tres signiflcatif qui se manifeste qnand on iiresse vivement rabdomen de ranimal, qu'une colonne de li(juicle existe dans les premieres voies, et c'est tont. L'absorption doit meine si; faire treslentemeut, puisque les urines sont pen abondantes.
Get 6tat pent durer assez longtemps; j'ai vu des bceufs qui n'y out succombe qu'au bout de 15 ä 18 on 20 jours.
A la mort, on trouve les lesions qui ont ete decrites en trai-tant de l'Enterite suraigue et, de plus, les portions invaginöes de rintestin gangrenöes.
Diagnostic. Pronostic. — Gette Enterite est facile ä distinguer de tous les autres modes de l'inflammation intestinale, en ce qua le calme se fait subitement apres un etat de souffrance qui n'a laisse aucuu repos ä Tanimal pendant plusieurs heures, et en ce que, du moment oü le calme s'est declare, aucune autre matiere n'a ete rendue par I'anus; que ranimal ait vecn 8, 15 on 20jours, il en a ete toujours de meme. A de pareils signes, on pent diag-nostiquer L'inyagmation et porter le pronostic le plus lacheux, puisque les cas de guerison sont si rares, que je n'en ai remar­que que deux sur une trentaiue d'animaux atteints de cette ma-ladie que j'ai en occasion de traiter ou pour lesquels j'ai ete appele en consultation par des empiriques.
Traitement. — Les breuvages que j'ai administres ä petites et a grandes doses, de quelle nature qu'ils soieut, rafralcliissauts, buileux, mucilaginenx, purgatifs minoi'atifs ou drastiques, toni-ques excitants, se sont perdus dans les premieres voies sans pro­duire aucun effet sensible. La saignee, que je n'ai pas epargnee et que j'ai pratiquee abondante et subite, ou par des omissions pen copieuses et souvent repetees, n'a pas ete plus efficace. Les lavements sejournent dans le rectum ou sont absorbes en partie, et egalement sans resultat. II en a ete de meme des revulsifs ex­ternes; les frictionsdquot;essence de terebeutliine qui, dans bleu des cas, sont chez les bcuufs d'une efiicacite incontestable qnand elles sont faites sur de larges surfaces, ont ete inertes.
Enfin, dans les deux cas qui ont ete marques par la guerison des animaux, j'ai cm avoir fait cesser 1'in vagina lion en adminis-trant des breuvages d'lmile d'olive, chacun ä la dose de 2 kilo­grammes, dans lesquels je mettais des balles de plomb, au nom-bre de cinq a six, du calibre d'un fusil de chasse.
Je ne puis pas en dire davantage sur ce mode de traitement; mais c'est le seul qui m'ait donne la satisfaction d'une röussite.
II y a quelques annees, M. ,1. A. Neyen a fait connaitre (1)
(1) Rec. tie Med. reterin. Ibri3, p. ri97.
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MALAUIKS DE LAl'RVREII. DIGESTIF.
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un proc6de employe par M. Meyer, veterinaire k Birkenfeld (Prusse rh6nane), pour le traitement de I'Eatörite par invagina-tiou dent je vieus de parier. Ge procede consiste a pratiquer uue ouverture au tlanc droit et k replacer avec la main I'intestin dans sa position normale. Dans I'observation rapportee, la por­tion invaginee de rintestin n'ayant pu se deployer sans dechi-nire, I'Sperateur l'excisa completement; eile avait 1 metre 80 centimetres de longueur: la solution de continuite fut reunie par Tadossement des deux sereuses, les bouts renverses en de­dans, au moyen de quelques points de suture comprenant seu-lement les couches sereuse et musculeuse; l'organe fut remis en place, la plaie du flaue fermee par une suture k points passes, et la vache guerit en tres pen de temps.
Je n'ai pas employe ce mode de traitement; mais il parait assez rationnel, quand on connait la terminaison ordinaire de rinvagination, ä moins que I'auimal qui est victime d'un acci­dent de ce genre ne soit en assez bon etat pour etre utilise imme-diatement pour la boucherie. Au reste, cette derniere ressource se presente si souvent avec des chances favorables que, lorsque rin­vagination de Tintestin grele a ete bien constatöe, on doit en user avec empressemeut on du moins la signaler au proprietaire de l'animal.
sect;5. — Inflammation da colon.
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Synonymie : Colile.
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Frequence. — L'Inflammation de la membrane muqueuse du colon se manifeste assez souvent chez les auimaux qui out tra-vaille jusqua une extreme vieillesse et qui paraissent extenues par la fatigue; on la remarque egalement chez les boeufs qoi out ete aflectes d'enterite aigue.
Causes. — Les causes de rinflammation du gros intestin sont plus particulierement des digestions incompletes d'aliments de mauvaise qualite : les fourrages vases on avaries d'une nianiere quelconque, ligneux et par consequent pen nutritifs; ceux qui se trouvent melanges intimement a des piantes acres que les ani-maux ne peuvent en söparer : les renoncules, les euphorbes, le chardon etoile. Ge qui prouve de reste que ce sont ces piantes acres qui donnent lieu a la Golite, cest qu'on n'observe guere cette maladie que pendant les annees marquees par Tabondance de ces vegetaux parmi les fourrages. J'ai vu cette maladie regner a Tötat epizootique on enzootique pendant ces annees-lä.
SyniptAmcs. — Cette phlegmasie^?e presente raremeuf a 1'etat
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INFLAMMATION DU COLON.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Ill
esseiidellemeut aigu sur le Lceuf, mais Men dans un 6tat qui semble moins prononce et qui cependant n'est pas encore arrive a l'ötat chronique Men caracterise.
On voit un boeuf manger lentement, ne point ruminer avec la möme vivacity que lorsqu'il est en tres bonne sant6; son flanc droit est 16gerenient tendu, sa marche plus lente que d'ha-Mtude; il a paru quelquefois atteint de coliques, on se dit qu'il eprouve un certain malaise. Si c'est un bceuf de travail, on lui donne quelques jours de repos. Un pen plus tard, il cesse de manger et de ruminer; ses yeux sont caves, il a le mufle sec, son poll est pique, sa peau est secbe comme du parchemin; eile est adherente aux parties sous-jacentes; la colonne dorso-lom-baire est inflexible. Mais a tons ces signes de malaise general ne tarde pas a, s'ajouter un syrnptome plus caracteristique : c'est rirregularite des evacuations alvines et leur consistance anor­male, la diarrhee en un mot, dont on a fait une maladie parti-culiere et qui, en realite, n'est qu'un Symptome dlnflammalion aigue on chronique, on un effet d'indigestion passagere. Alors I'animal eprouve fort souvent le Lesoin d'övacuer des excrements qui sont toujours en petite quautite, tres fetides, et dont la con-leur varie du grisätre an noir. Pendant les premiers jours, ils sont de consistance molle, puis gluante, el ils paraissent alors mel6s de stries sero-sanguinolentes.
La Colite a une marche lente; sa duree est souvent de plu-sieurs mois; sa terminaison, quand eile dale de loin on qu'elle est la suite d'une entente aigue, est ordinairement fächeuse; et a I'autopsie on trouve la membrane muqueuse öpaissie, ulceree sur quelques points, rouge sur d'autres, et recouverte d'une couche de matiere semblable ii celle dans laquelle se trouvent delayes les excrements.
Diagnostic. Pronostir. — L'amaigrissement continn , la diminu­tion de l'appetit, son irregularite (;omme rirregularite des eva­cuations alvines sous la forme diarrheique, sont des symptomes qui caracterisent parfaitement la Colite chronique et qui permet-tent d'en etablir le diagnostic.
Le pronostic en est le plus souvent fdcheux. En etfet, on ne pent guere esperer guerir un animal qui est atteint de Colite chronique. Le seul espoir dont on puisse se bercer. c'est de le mettre en etat de passer k la hasse boucherie.
Traitemcnt. — Ce n'est que lorsque la maladie n'est pas encore amv6e ä l'etat chronique, et que Ton pent croire (pie la mem­brane muqueuse de I'lntestiu n'est pas epaissie et ulceree, ce qui est h pen pres demontrö si ramaigrissement de I'animal n'est pas
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MALADIES DE L APPAREIL DIGESTIF.
tres sensible, qua le traitement offre des chances de röussite. 11 consiste, dans ce cas, ä donner ä l'animal une nourriture de tres facile digestion, le vert, par exemple, on des racines cuites, et ä lui faire prendre pour unique boisson des tisanes mucilagineuses, edulcorees par une forte dose de miel, pendant plusienrs jours de suite, apres lesquels on laisse un Intervalle pour administrer des breuvages legerement excitants, tels que ceux qui seraient com­poses d'une infusion aromatique et tenant en dissolution des Wanes d'eenf.
Mais ce regime doit etre seconde par des frictions fröquentes d'essence de terebenthine faites en partant du flaue et s'etendant jusqu'äriiypochondreet memesousl'abdomen de ce cöte. J'insiste beaucoup sur Temploi de ces frictions qui m'ont toujours donne, en ces circonstances, des resultats excellents. — Quatre ou cinq frictions faites avec soin suflisent pour prodnire sur la peau un gonflement tres sensible, suivi dn soulevement de l'epiderme, leqnel s'enleve comme s'il etait taillade. Le boeuf supporte tres bien ces frictions; quoiqu'il n'y soit pas aussi sensible que le cheval, elles n en produisent pas moins sur lui leur effet curatif.
Lorsque, dans cette maladie, la caillette parait etre restee dans son etat a peu pres normal, ce que Ton reconnait ä l'etat du flaue gauche non soulevö, au retour de la rumination, et, pen­dant cet acte, ä la salive ecumeuse qui se presente a la commis­sure des levres, on pent s'aider egalement de l'emploi de breu-vages rendus diuretiques par nne addition de 30 ä 40 grammes de nitrate de potasse dans 6 ä 8 litres de liquide. L'action de ces breuvages est bien marquee quand on porte la dose de nitrate de potasse ä 60 grammes; il convient alors de la diviser en trois portions egales pendant la journee. Mais cette medication ne pent etre qu'alterne, et doit se borner, chaque Ibis, ä une dnree de deux jours.
II est bien entendu egalement que les breuvages diuretiques ne doivent pas etre employes lorsque les organes urinaires partici-pent ä rinflammation intestinale. Dans ce cas, ce ne sent pas precisement les reins qui sont enflammes symptomatiquement, mais bien les ureteres et la vessie. Je signale cette distinction, parce que, dans les autopsies, les traces d'inflammation su trouvent dans ces derniers organes. Cette complication est du reste beaucoup moins fröquente qn'on l'a dit, et, quand eile existe, on la constate par la difiiculte de l'ejacnlation de l'unne, caraetörisöe par des batteinents du bulbe de Furetre beaucoup plus forts et plus tumultneux que dans l'etat normal, et, de pins, par la couleur sangninolente de Turine.
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DIARRHEE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 I 3
La saignee est rarement indiquee dans cette maladie, a moins Hue le pouls ne soit encore fort et l'animal jeune et en bon 6tat.
Le traitement devient inutile, lorsqu'on s'apercoit que I'amai-grissement fait des progres rapides, que les yeux se cavent de plus en plus, que le poll tombe par le plus 16ger frottement, que des cedemes apparaissent sous le ventre, qu'il y a des aphthes dans la bouche, que I'haleine devient fetide et que la ietidite des excrements augmente egalement. An reste, sans vouloir declarer precis6ment que les exhalaisons excrementielles peuvent, dans ce cas, donner lieu h la contagion , il est prudent de separer les ani-maux malades de ceux qui ne sent pas affeetös de dysenterie. L'air est facilement vici6 par ces exhalaisons, et si ce n'est la contagion, e'est au moins I'infection ou quelque chose d'appro-chant que Ton doit redouter en pareille circonstance.
sect; 6. — De la Diarrhea.
La Diarrhee est caracterisee par la frequence, par la liquidite des dejections; eile n'est pas d'abord le Symptome d'une inflam­mation intestinale, comme on I'a affirme : eile resulte d'une di­gestion incomplete. Le chyme arrive dans I'iiitestiu n'est point alors decompose par le travail de l'absorptiou, et Men que modifie dans sa forme, il agit surtout en devenant pour I'intestin un corps etranger dont cet organe tend a se debarrasser.
Qu'un animal avale une grande quantite d'eau k la fois, el cette eau, entrainant les matieres contenues dans i'intestin, est rejetee en arriere presque instantanement; qu'un boeuf mange des substances farineuses mi-liquides en trop grande quantite ou de mauvaise qualite, indigestes en un mot, et bientöt son intes-tin, refractaire ä un chyme imparfait, se contracte et rejette sous forme de diarrhee ce corps etranger dont la presence provoque d'une maniere exageree le mouvoment peristaltique.
Done la Diarrhee n'est d'abord que le resultat d'une digestion incomplete; mais que l'usage prolonge de substances alimentai-res indigestes continue et que ces digestions avortees se renon-vellent frequemment, les organes surexcites sans cesse par ce trouble de la fonction digestive se trouveront nöcessairement dans un etat morbide. C'est alors que la Diarrhee, devenant perma­nente, sera la Dysenterie, e'est-a-dire le Symptome d'une inflam­mation intestinale.
Cette distinction entre la Dysenterie et la Diarrhee est d'une extreme importance; la Diarrhee est le plus souvent le resultat d'une crise favorable, un effet salutaire de la nature qu'il fant.
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MALADIES DE L APPAHEIL DIGESTIF.
Men se garder de contrarier. Son caraclere particulier est une dur6e n6cessairement bornee. Si un bceuf afl'ectö de diaxrhße refuse de manger ou de boire, s'il ne rumine pas, c'est que le mouvement provoquö dans Tin testin par la presence d'un corps dont la modification anormale a fait un corps etranger suspend provisoirement toutes les functions digestives; et c'est bien ce qu'il Importe de considerer, car lorsque les forces vitales se concen-trent sur un Organe ou sur un Systeme d'organes pour une action salutaire döterminee, la plus I6gere circonstance pent apporter le trouble lä ou tout se pröparait pour le rötablissemeut de l'harmo-nie des fonctions.
Quand un boeuf est affecte de diarrhöe du jour ou de la veille seulement, le veterinaire doit prendre des informations sur les faits qui se sont produits avant l'apparition ou l'explosion de ce phenomene, tdcber d'en reconnaitre exactement les causes el attendre.
Lorsque la cause de frequentes indigestions est permanente et qu'elle agit sur un certain nombre de bestiaux en meme temps, ce derangement dans les fonctions pent prendre un caractere de gravite tres inquietant. Si des troupeaux eutiers vont paitre habi-tuellement sur des prairies marecageuses oü I'herbe est constam-ment couverte de rosee ou de gelee blanche, il est evident qu'on observera une diarrhee enzootique et une dysenterie.
Les veaux sont aussi affectös, d'abord de diarrhee, ensuite de dysenterie, lorsque les meres sont nourries dans des prairies basses et constamment humides. La Diarrhee est egalement chez eux un Symptome d'affection vermineuse toutes les fois que ces animaux refusent de teter, qu'ils ont des coliques caracterisees par des mouvements convulsifs, et que pendant les acces leurs pupilles sont dilatees outre mesure.
C'est a tort qu'on a designö sous le nom de Diarrhee la forme sous laquelle sont evacuees, pendant les premiers jours qui sui-vent la naissance, les matieres contenues dans le canal intestinal des nouveau-nes. C'est par Teffet d'une fonction normale que ces matieres sont expulsees. L'etat morbide existerait si cette evacuation n'avait point Hen.
La Diarrhee qui annonce une affection intestinale chez ces jeu-ues animaux est caracterisee paries symptomes suivants : ilsrefu­sent de prendre le tetin, ne se levent qu'avec peine; il faut les soutenir pour les approcher de la mere; ils sont d'une faiblesse extreme et maigrissent promptement; ils ont la bouche seche; les excrements qu'ils expulsent en jet que Ton dirait indepen-dant des contractions de l'anus, sont de couleur jaundtre, de
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DIARRHEE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;115
consistaiice poisseuse et d'une fetiditö remarquable. Ces excre­ments s'attachent autour de l'aiius, salissent la queue et les fes-ses. Quelquefois Texpulsion des matieres est accompagnöe d'efforts qui paraissent douloureux. On voit les parois inferieures de l'ab-domen de ces petits animaux se contracter vivement; bientot ils arrivent au marasme, ils ont la peau seclie, les extremiies froides, les yeux enfonces dans les orbites, et dans cet etat ils ue tardent pas a succomber.
On traite cette diarrhee des veaux, d'abord par un meilleur regime alimentaire donne k la mere, car le plus souvent c'est la mauvaise alimentation qu'elle subit qui I'a occasionnee; puis on fait prendre au jeune sujet des tisanes adoucissantes, de l'eau miellee, des emulsions de Wane d'eeuf et des tisanes de grames de lin. Mais il ne faut pas insister trop longtemps sur l'emploi de cette medication : on donne de temps en temps des tisanes ameres et vermifuges lorsqu'on a quelques raisons de soupconner la presence de vers intestinaux. La decoction de mousse de Corse produit, dans ces cas particuliers, de tres bons etfets, ainsi que la decoction de tanaisie et celle d'absinthe; quelquefois aussi la decoction de pavot. Ce traitement est indique egalement, moins les decoctions vermifuges, centre la Diarrhee persistante des animaux adultes.
Au resle, la fetidite de l'haleine du veau est le signe certain de cette pr6sence des vers intestinaux, et les paysans ne s'y trom-pent guere. II m'est arrive maintes fois de constater qu'en fai-sant avaler k ranimal k jeun quelques gorgees d'eau froide, on lui rendait I'appetit, que la fetidite de son haleine disparaissait, et que la diarrhee cessait en meme temps.
L'eau froide administree dans ces conditions agirait-elle seule-ment comme donnant du ton aux organes digestifs, ou bien spe-cialement comme vermifuge? C'est Tun ou l'autre de ces effets et peut-etre Tun et l'autre qu'elle produit, car il est d'une evidence incontestable que cette medication si simple reussit tres bien.
Le travail de la dentition pent aussi occasionner du degoüt et de la diarrhee pendant quelques jours, mais cet etat anormal n'a point de duree.
Avant de terminer l'expose de ces considerations je dois faire remarquer que la diarrh6e n'a point sur le boeuf la gravite qu'elle pent avoir sur les autres animaux domestiques. Get animal esl celui dont la susceptibilite nerveuse de l'intestin est la plus pro-noncee. La cause la plus insignifiante en apparence donne Hen chez lui a cet accident. Que le basuf quitte un moment I'allure du pas pour en prendre une plus rapide ou plus allongee, qu'il
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MALADIES DE L APPAREIL DIGESTIF.
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subisse un mauvais traitement quelconque, qu'il soit etfraye par u'importe quoi, et aussitöt il rendra ses excrements en diarrhea de maniere a ne rien laisser dans ses intestins. Qu'il ait ete mis an travail pour etre ferre une seule fois, et ä Tavenir, toutes les fois qu'on le ramenera vers cet instrument de ^ene, il sera pris de diarrhöe instantauement. Cette diarrhee sera continuelle tant ([u'il restera suspendu sur les sangies de ce travail on que son abdomen sera comprime.
lei vient naturellement se placer la description d'une vari6te de Diarrhee tres commune chez les boeufs de travail, et que je con-sidere comme une simple irritation p6riodique, occasionnee par une predisposition particuliere des animaux, par la fatigue ou par I'usage d'aliments tres echautfants.
Lafore a decrit cette affection; il I'avait apercue, sans avoir eu le temps de la bien observer : il Fattribue a une retention de bile. Son opinion est mal fondee sous ce rapport, et la description de la maladie n'est pas d'une exactitude rigoureuse ; je la rapporte-rai cependant, parce que j'espere la completer et en mettre sous les yeux du lecteur une autre qui sera plus vraie.
laquo; Les affections de la vesicule du fiel, dit Lafore, sont encore pen connues, et Texistence de cette vösicule dans certains ani­maux rend leur appareil biliaire plus complexe, en meme temps qu'elle paralt etre chez eux I'indice certain d'un mode particulier de digestion.
laquo; Les animaux de Tespece bovine sont de ce nombre : pourvus d'un reservoir biliaire qui ne se vide que par intervalles, leur bile pent acquerir une certaine plasticite, et ne couler qu'incom-pletement ou pas du tout. L'atonie de la vesicule pent anssi etre la cause des retentions de la bile. Dans les deux cas, il se de­clare une maladie qui est caracterisee par des symptomes faciles ä saisir. Cependant, cette affection n'a pas ete decrite en mode-cine vöterinaire, ou si les phenomenes qui Taccompagneut out ete etudies, on les a rapportes a une enterite chronique et non ä im epaississement de la bile ou a l'atonie de la vesicule.
laquo; Symptomes. — Constipation opiniätre, intermittente, accompa-gnee de violents efforts expulsifs. Le sphincter de Tanus se di­late considerablement, fair s'introduit dans le rectum et eu est expulse avec bruit lors du resserrement de l'orifice ; les matieres fecales sont pen abondantes, petites, marronnees ou flliformes, comme passees ä travers une filiere, et de consistance variable. Dans les deux cas, elles sont melees ä des mucosites filantes.
laquo; Pendant les efforts expulsife, le dos se vonsse en contre-haut.
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DIARRHEE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lit
et la muqueuse rectale, plus rouge qu'ä I'etat normal, se renverse plus ou moins completement. Les efforts termines, I'anus se res-serre, la muqueuse renversee reutre, et le malade parait soulage jusqu'a ce qu'une nouvelle serie d'efforts se reuouvelle.
laquo; Les symptomes generaux sont ceux des coliques ordiuaires; le malade s'agite, se couclie, se releve aussitöt, pour se coucher encore; le pouls est petit et frequent; 11 n'y a point de chaleur extraordinaire a la boache; pendant la duree des efforts I'appetil est nul et la rumination suspendue, mais l'animal cherclie ä manger, et la rumination se retablit aussitöt que la defecation a pu s'operer iibrenient.
laquo; Si la maladie s'est dejä montree nn grand nombre da Ms. Tanimal s'est amaigri, les polls sont piques, la peau est seche et adherente.
laquo; Marche et duree.— Cette affection ami type intermittent bien marque : eile vient par acces, k des intervalles qui n'ont rien de regulier, mais qui sont d'autant- plus rapproches que la maladie s'est montree avec plus d'intensite et que les causes out conti­nue d'agir.
laquo; La duree des acces est aussi variable; en general, ilsne sepro-longent pas plus d'un ou deux jours; qnelquefois ils ne durent que (juelques lieures; il n'y a pas de convalescence, la saute est retablie aussitöt que les efforts ont cesse et que l'expulsion des matieres fecales se fait regulierement.
laquo; Autopsie. Abdomen. — Les estomacs n'offrent aucune trace de maladie, la muqueuse intestinale est ä I'etat normal; on y re-marque parfois, surqnelques parties assez circonscrites, une teinte plombee, signe d'une phlegmasie cbronique; mais cette lesion qui, du reste, n'est point coustante, est trop pen marquee pour qu'on puisse lui attribuer les symptomes observes pendant la vie. Le rectum est vide, sa muqueuse est le siege d'une legere in­filtration. Les autres gros intestins contiennent des mucosites et pen de matieres. fecales, tandis que des substances alimentaires, analogues ä celles qu'on trouve dans la caillette, sont accumulees dans I'intestin grele. Les reins, la vessie, la rate, le pancreas n'offrent aucune alteration; mais I'appareil biliaire en preseute de remarquables.
laquo; La vesicule biliaire est distendue par une grande quantite de bile ou par des gaz. Dans Tun et dans I'autre cas, la bile est epaisse, noire, poisseuse, fortement odorante, ayant la consis-tance demi-solide de Feuere d'imprimerie. Son ecoulement est sinon impossible, du moins tres difficile et incomplet. Les mem­branes de la poche biliaire sont epaissies, la muqueuse presento
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MALADIES DE L APPAREIL DIGESTIF.
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de legeres Erosions ä sa surface; le foie parait sain, les canaux höpatiques sont remplis d'une bile noire et presque aussi pois-seuse que celle contenue dans la vösicule.
laquo; Les organes des autres cavites splanchniques sont sains, h moins qu'il n'ait exists des complications. raquo;
Cette description d'une maladie fort commune chez le boeuf, et aon decrite jusqu'ä Lafore, est l'une des meilleures, et peut-etre la meilleure de toutes celles qu'on trouve dans Fouvrage de cet auteur veterinaire; cependant, comme je l'ai dit, eile manque d'exactitude, et eile est incomplete sur quelques points.
D'abord, je n'ai jamais constate que les boeufs qui souffraient de cette alfectiou fussent sujets a une constipation opinidtre et intermittente. Au contraire, ils out tons un devoiement presque continuel; le plus leger exereice excite le mouvement peristalti-que de Tintestin, et pour peu qu'ils travaillent, ils ne conservent rien dans le venire, comme disent les paysans. II n'est pas exact non plus de dire que dans cette maladie la guerison se fasse subitement, sans Tetat intermediaire appele la convalescence; les crises, qui durent au moins plusieurs heures, et quelquefois deux et trois jours, laissent I'animal affaisse, meme amaigri considera-blement; son refablissement exige plusieurs jours et une alimen­tation bien appropriee ;i sou etat, nutritive et non echauffante.
laquo; A I'autopsie, on trouve des lesions qui toutes annoncent que I'animal a succombe aux suites d'une inflammation ulcereuse. raquo; Comment Lafore aurait-il pu faire 1'Ouvertüre d'animanx qui guerissent promptement et sans que rieu exterieurement aunonce qu'ils out beaucoup souffert?
Dans un grand nombre d'iuflammations des organes digestifs, on trouve la vesicule biliaire remplie de bile; cette vesicule est tout aussi remplie de ce liquide sur les animaux abattus k la boucherie. Done, en resume, cette colique n'est pas due a une retention de bile, mais a une irritation nerveuse des intestins : e'est le travail force qui la produit, uni ä Taction de la chaleur. Les lavements d'eau froide laudanisee, les breuvages calmants par I'ether, par I'assa-foetida, par le camphre, la font cesser. Les frictions seches sous le ventre et le repos sont tres utiles dans cette medication, et rien de tout cela n'aurait d'action sensible et surtout tres prompte si Ton avait affaire a un öpaississement de la bile.
La maladie se reproduit souvent parce que le Systeme nerveux reste chez ces animaux tres susceptible d'irritation. Ceux qui y sont le plus sujets sont ordinairement tres impatients, d'une do-cilitö douteuse, vifs au travailquot;; alertes; ils ont des allures vives
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IRRITATION VENTEUSE DU RECTUM.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;119
egalement; ils paraissent avoir le corps allongö, grßle, enfin l'op-pos6 du tempörament athl6tique. Indöpendamment des acces fr6-quents de coliques, ils s'usent vite, sont dölicats pour se nourrir, n'emplissent jamais leur rumen, msect;me du meilleur fourrage, et la plupart deviennent phthisiques en vieillissant.
Le repos leur est tres favorable; ils s'engraissent assez facile-ment par l'effet d'une alimentation composee de substances fari-neuses et de racines cuites.
sect; 7. — Irritation venteuse du rectum.
Une certaine conformation donne lieu chez le bceuf ä des acci­dents qui ne sont pas sans quelque analogie avec la maladie dont la description vient d'etre faite.
II y a des bceufs dont la base de la queue est tres ölevee, et qui, par Teffet meme de cette conformation , out toujours l'anus dilatö quand ils sont en action. La contraction des muscles de la queue, en soulevant cet organe, tient l'anus böant, et, pendant la marche de l'animal, l'aif exterieur qui s'introduit dans le rectum provoque sa contraction incessante, laquelle, en se propageant par continuite aux gros intestins, dötermine l'expulsion prematuree des matieres alimentaires retenues dans ces organes. De lä des diges­tions incompletes et des coliques venteuses qui, pour ne pas etre en apparence tres graves, ont neanmoins des consöquences funestes. Elles se röpetent souvent, et alors il y a tout lieu de croire qu'elles tiennent ä l'inflammation chronique de la muqueuse intestinale. D'ailleurs, ces digestions incompletes si souvent renouvelees sont une cause d'amaigrissement et de faiblesse; aussi les bceufs dont la base de la queue est soulevee perdent beaucoup de la valeur qu'ils pourraieut avoir sans ce döfaut de conformation. Ils sont consideres comme de mauvais travailleurs, difficiles k nourrir et d'un engraissement desavantageux.
11 n'y a, pour guerir cette infirmitö, qu'un seul moyen, et en­core peut-il etre dangereux. II etait connu des anciens empiri-ques. II consiste dans l'abaissement force de la base de la queue, obtenu de la maniere suivante : cette partie etant recouverte d'un corps fortement matelassö, on applique sur ce corps une planche en ebene, et un homme frappe dessus un fort coup avec une massue en bois. Cette contusion produit le bris des os coecy-giens et la queue se trouve abaissöe; puis on recouvre la partie avec un emplätre de poix, et Ton attend la soudure des fractures. Voilä le moyen; mais ses resultats ne sont pas toujours d'une
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120nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DE l'aPPAREIL DIGESTIF.
precision teile qu'on puisse s'en feliciter. Le coup peut avoir 6te porte avec trop de violence, et alors la queue reste abaissee de maniere ä se trouver appliquee sur l'anus saus que le souleve-ment eu soit possible, ou Men la paralysie complete de la queue eu est la consequence. Le precede, on le voit, est violent, et beau-coup de cultivateurs bien renseignes s'opposeraient avec raison a I'emploi d'un pared moyen.
Henreusement ü en est un autre beaucoup plus efflcace et sur-tout sans nnl danger; ü consiste dans Tamelioration des races bovines par une judicieuse selection des reproducteurs. Si le tau-reau et la vache out la queue bleu placöe, les produits ne seronl pas tares par le defaut de conformation que je signale comme cause de coliques venteuses.
Voici des formules'de mecUcaments anti-diarrheiques :
Rreuvages adoucissan ts.
Pour les grands animaux :
No , j Decoction de graine de lin........... 3 litres.
' i Miel............................. 100 granmies.
No a j Decoction de tetes de pavot ecrasees___ 6 totes.
' I Eau.............................. 3 litres.
Faites bouillir pendant (jiielqiies minutes.
Pour les veaux, un demi-litre, administre en deux fois, constitue une dose süffisante.
! Feuillesde tanaisieetd'ahsinthe, del'une
ou de l'autre de ces plantes, vertes..nbsp; nbsp; nbsp; 30nbsp; grammes.
Monies feuilles, seches.............nbsp; nbsp; nbsp; 30nbsp; nbsp; nbsp;
, Eau..............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2nbsp; litres.
Breumge vermifuge pour les veaux atteints de diunhee.
Mousse de Corse........................... 30 grammes.
Eau..................................... !00 —
Faites infuser, et administrez froid.
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ARTICLE XI
MALADIES DE LA KATE
t. — Splenite aigue.
raquo;tfinitilaquo;raquo;. Frequence. — La Splenite est rinflammatiüii de la rate. Les auteurs qui n'out pss eu ä observer cette maladie,
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SPLliiNITE AIGUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;131
plus frequente chez les grands ruminants, dans des conditions donnees, qu'on ne le pense, nient son existence, et ceux qui rent vue pen souveut cherchent a expliquer sa rarete par des considera­tions propres, tout an plus, a en oLscurcir le diagnostic. Pour ce qui me concerne, je declare quelle s'est presentee assez sonvent a moi et que je n'ai qu'ä maintenir mes premieres observations, deja anciennes, ä ce snjet. La Splenite essentielle existe k I'etat aigu simple, h I'etat aigu tres intense, enfln a I'etat chronique, et ce que j'ai dit sur sa frequence est encore vrai. L'inflammation de la rate s'observe communement chez les bueufs; peu intense dans son debut, eile disparait quelquefois subitemeut pour se mon-trer de nouveau, lorsque la cause qui 1'avail d'abord provoquee recommence ä agir.
Causes. — Ces causes se trouvenl dans le temperament essen-tiellement sanguiu des bceufs appartenant aux races de travail. dans les travanx souvent tres penibles auxquels ces animaux son! soumis et dans les interruptions frequentes de la rumination pen­dant l'execution de ces travaux.
L'iufluence d'une temperature froide et humide, Fusage long-temps continue de fourrages tres sanguifiables, tels que ceux qui proviennent des prairies artificielles reposant snr des sols ar-gilo-calcaires, enfln de grands efforts de travail qui accelerent la circulation et troublent les fonctions digestives, donnent egale-ment lieu ä cette maladie. laquo; L'inflammation de la rate, ai-je ecrit pendant que j'avais sous les yeux les animaux malades, se mon-tre pendant les saisons froides et humides, si les animaux soul habituellement soumis ä des travaux penibles; lorsque, dans ce cas, on les attele immediatement apres qu'ils out pris leur repas et sans qu'on leur ait laisse le temps de ruminer, et alors qu'ils sont obliges d'employer leurs forces pendant plusieurs heures avec I'abdomen surcharge d'aliments. La Splenite se declare aussi en ete, lorsque les variations atmospheriques sont frequentes, dans ce sens que des ondees d'orages tombent souvent apres des jour-nees pendant lesquelles la chaleur a ete etouffante. raquo;
M. Ischerlin, qui a decrit egalement la Splenite du boeuf, attri-bue cette maladie ä I'etat tres sec de l'atmosphere; en ete, aux changements de temps tres subits, au defaut de boissons, aux marches forcees, aux eaux pourries, aux mauvais pdturages, an defaut de bonne nourriture, a I'air vicie ou trop froid, aux ecu-ries sombres, humides, mal aerees, aux mauvais traitements que les conducteurs font subir aux animaux, etc., etc. Lorsque les causes ont une action intermittente, la Splenite prend egalement ce caractere.
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MALADIES DE L APPAREIL DIGESTIF.
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Symptames. — Je laisse de cötö tous les symptomes genöraux qui se manifesteDt sur les animaux toutes les fois qu'il y a chez eux trouble des fonctions : mufle sec, arret de la rumination, perte de l'appßtit, marche lente et difficile, sensibilite outröe de la colonne dorso-lombaire, etc., etc., pour m'arreter aux signes pathognomoniques de la Splönite :
Frissons plus ou moins prononcßs au d6but de la maladie, ten­sion du flaue gauche, gene de la respiration, caraetörisee par la dilatation de la poitrine; marche embarrassee, comma si la con­traction et la flexion des membres gauches provoquaient chez l'animal des douleurs tres vives. Le soulevement du flanc gauche differe du meme 6tat dans le cas de möteorisation ou d'in-digestion, de gastro-entörite, en ce qu'il parait etre d6termin6 par le refoulement de la rate en arriere. En effet, le son rendu par la percussion est mat, comme celui qui resulterait du choc sur un corps mou mais offrant une certaine consistance. Ici la rate est deplacee par suite de son etat de congestion. Je ne me suis jamais trompe ä ce sujet depuis que mon attention s'est por-tee sur la nature de ce soulevement du flanc. Je Fai autrefois signale ainsi qu'il suit :
laquo; Un boeuf de huit ans venait de faire un repas copieux de luzerne seche, quand on I'attela pour lui faire transporter du gra­vier ; il travailla pendant deux heures sans qu'il parüt malade, bien qu'il n'eut pas rumine. Tout a coup, son flaue s'eleve... il tamp;noigne beaucoup de sensibilite quand on comprime fortement rhypochondre gauche. raquo; Ce Symptome est done a noter.
Marche Duw-e. Terminaisons. — Invasion presque subite de la Splenite par suite de l'inrumination et d'un travail force. Duröe courte, si le traitement est mis en usage sans retard; duree lon-gue au contraire si Faction de la cause est intermiltente. Dans le premier cas, la terminaison est prompte et bonne : e'est la resolu­tion. Quand sa duree est longue, la maladie passe a Fetat chro-nique, et sa terminaison est facheuse lorsque la cause agit avec nne certaine violence et d'une facon incessante, comme eile Fa et6 dans Fobservation suivante, qui fait partie de la premiere notice que j'ai publiee sur cette maladie :
laquo; Un boeuf de six ans mange, vers minuit, une grande quantite d'epis de mais vert; il est attelö et on le met en route avec une vitesse d'allure qui ne lui permet pas de ruminer; puis il est force de trainer une trop lourde charge. A dix heures du matin il tombe, et Fon s'apercoit que son ventre est ballonne; on le force a se relever, on le pousse, on l'excite de Faiguillon;
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SPLÄNITE AIGUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;123
mais au bout de quelques instants, ä peine est-il döbarrassö de son joug, qu'il tombe mort. raquo;
Lesions pathoiogiqnes. — A l'ouverture de cet animal, j'ai trouvö dans le rumen une grande quantite d'6pis de mais 6cra-s6s simplement; il y avait dans l'abdomen plusieurs litres de sang epanchö, la rate 6tait volumineuse et dechiröe en plusieurs points de son bord posterieur: eile ötait brune, molle, friable, ainsi que le foie ; le pöritoine parseme de rougeurs assez vives.
Diagnostic. Pronostic. — J'ai dit quels sont les symptomes pathognomoniques de la Splönite aigue : soulevement du flaue gauche, occasionnö par la presence en arriere de la rate .engorgee: matitö du son produit par la percussion, gene des mouvements du bipede latöral gauche. Ils sont trop caracteristiques poar qu'on puisse s'y mßprendre : done le diagnostic est facile ä etablir; et si la Splönite a pu etre combattue saus trop de retard, le pro­nostic est favorable, puisque la rösolution est certaine.
D'un autre cötö, il est evident que lorsquela Splenite se mani­feste avec la violence et la promptitude dont on a un exemple par la derniere observation que je viens de rapporter, la dechi-rure de l'organe est possible, et alors la mort est inevitable. Ainsi. le pronostic pent etre des plus fächeux si Tinflammation atteint ce degrö d'intensite; mais il faut pour cela que l'animal affects soit vivement surexcit6.
Traitemcnt. — La saignee est le premier moyen cä employer pour combattre la Splenite avec efücacite; eile doit etre large et abondante, qu'on la pratique ä une veine ou ä Tariere coecy-gienne. Elle reussit tout aussi bien quand on ouvre en meme temps les deux veines sous-cutanöes abdominales. Pour un boeuf de taille ordinaire, la premiere saignee ne doit pas etre moindre de 5 kilog. Je ferai d'ailleurs remarquer que je prends ici pour type le boeuf de travail bien nourri et qui etait en hon etat au moment oü la Splenite s'est döclaröe.
Si, par la premiere saignee, on n'obtient pas une amelioration presque subite, on la reitere deux heures apres.
Dans le cas de Splenite suraigue, je conseille de faire des le debut des ablutions d'eau froide sur l'hypochondre gauche en meme temps que le saug coule par l'ouverture faite h un vaisseau sanguin.
Apres la saignee et les ablutions d'eau froide, la diete, le repos, des boissons rafraichissantes ou adoucissantes, de celles qui sont acidulees et non nitröes, produisent, ainsi que les demi-lavements. de tres bons effets.
Ainsi le traitement de la Splönite aigue ou suraigue se borne ä
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MALADIKS DE L APPAREIL DIGESTIF.
ces simples moyens : saignöe abondaute, röiteröe yuand il y a indication, c'est-a-dire si la resolution ne se fait pas assez promp-tement; ablutions d'eau froide, puis boissous et lavements adou-cissants nou nitres.
sect; 2. — Splenite chronique.
Toute Fliistoire de cette deniiere se trouve resumee dans I'ob-servätion suivante :
Un bcEuf de six ans, maigre et ayant le poil herisse, etail employe au labourage. Tons les jours, apres avoir travaille pen­dant une on deux lieures, 11 paraissait fatigue et son flanc gauche s'elevait; souvent la rumination s'operait quand il etait dans cet etat; d'autres Ms, lorsque Televation du flanc gauche etait plus considerable, cette fonction etait suspendue.
Get engorgement de la rate, caracterise comme je l'ai dit plus haut, durait ordinairement jusqu'ä la fin de l'attelee du matin. Rendu ä l'etable, I'animal se couchait pour rester quelques ins­tants dans un etat de repos somnolent. Bieutöt il se relevait n'ayaut plus le ventre tendu, et il manifestait l'envie de man­ger. Si on le ramenait au labour dans I'apres-midi, les memes phenomenes se reproduisaient; si Tanimal restait a l'etable ou etait envoye ä la prairie, ils n'avaient point lieu, car les jours de repos, il ne paraissait pas etre malade. Gela durait depuis an mois.
Ou tint I'animal au repos, en diminuant les rations de fourrage. II lui fut pratique une saignee de 3 kilog. et demi a, pen pres; ce traitement semblait avoir ameliore son etat, il avait le poil plus uni, la peau onclueuse, il ruminait; son appetit etait revenu; il temoignait de la gaiete quand il etait en liberte a la prairie. Apres huit jours de repos, il fut remis an travail.
Le premier jour, leger soulevement du flanc, qui dura une demi-heure; le second et le troisieme jours, reapparition de la Splenite avec autant d'intensite que la premiere fois. Nouvelle prescription de repos, de saignees de 2 ä 3 kilog., pratiquees a deux jours d'intervalle l'une de l'autre; fomentations acidulees sur Thypochondre gauche, a la suite desquelles le bceuf recou-vra toutes les apparences de la sante.
J'avais insiste pour que le proprietaire profität de cette remis­sion, afln de preparer I'animal ä la boucherie. II ne tint pas compte de moh avis et le boeuf fut remis au travail; il etait pres-que toujours haletant, et toussait quelquefois avant de commence!-a ruminer.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; lt;:
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HKPATITE AIßUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 125
L'engorgement de la rate se manifesta de nouveau, d'abord peu considerable et periodique, puls constant; la pression de Fhypo-chondre faisait alors öprouver h ranimal une douleur tres vive; il ötait affecte de diarrh6e fetide; la toux ötait faible et frequente; il arriva bientöt an marasme. On le sacrifia.
L'ahdomen contenait une petite quantitö de serositö; la rate, trös volumineuse, avait contracte des adherences avec la pause et avec la region hypochondriaque : eile etait bosselöe sur quel-cjues points de son ötendue, et partiellement changee en une masse tuberculeuse; les bosselures rentermaient du pus, tantot concret el d'autres fois mi-liquide: il y avait aussi des tubercules dans le foie. le pancreas et le ponmon, et des ulceresquot; dans les intestins; le mediastin n'etait qu'un amas de tubercules formant vine sorte de masse induree intimement unie ä 1'oesopbage.
ARTICLE XII
MALADIES DU FOIE
sect; I. — Hepatite aigue.
Definition. Frequence. — L'Hepatite est riuflammation aigue on chronique de la capsule et du parenchyme du foie. Elle est aigue on chronique; je I'ai observee sous ces deux etats. Elle se mani­feste raremeut chez les bceufs non employes aux travaux des champs, tandis qu'elle est, an contraire, assez frequente chez ceux qui y sont employös.
Causes. — La principale et presque I'unique cause de l'Hepatite aigue est Tabus des fourrages sanguiflables ä un tres haut degre, pendant que les animaux font des travaux tres penibles dans les saisons oü les chalenrs sont inteuses et se font sentir par bouffees sous le souffle des vents du Midi.
SymptAmes.—Pendant I'invasion : frissons generaux on partiels, respiration courte et precipitee, anxiöte extreme; I'animal se cou-che souvent; mais aussitot qu'il a pris cette position, il se releve assez brusquement, comme si la compression exercee sur les vis-^eres abdominaux lui faisait eprouver de vives douleurs ; il existe un peu de tension au flanc droit; le boeuf marche lentement, sou-levant sur tout les membres droits avec difficulte, et il semble que la colonne dorsale soit devenue inflexible. II fait entendre de sourdes plaintes, refuse de prendre des aliments, ne rumine point, le pouls est fort, il bat de teile maniere qn'on apercoit
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MALADIES DE L APPAREIL DIGESTIF.
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assez facilement ies pulsations des carotides. Le boeuf grince des dents assez souvent; il regarde son flanc droit presque toutes les fois qu'il fait entendre des plaintes; il est tres sensible ä la pressiou exercee sur la colonne dorsale, et il s'en defend avec energie dans toute la mesure de la liberte de ses mouve-ments; sa respiration est courte et pröcipitee. On distingue tres bieu que le thorax rencontre dans Tabdomen un obstacle ä son entiere dilatation.
Le second oule troisiemejour, la peauest seche et le poll lerne, comme lorsque l'animal est malade depuis longtemps; alors il est coustipe de maniere a ne rendre qu'avec efforts des excrements tres sees, recouverts d'un enduit jaunatre, ou bien il a une diar-rhee presque continuelle, fetide, glaireuse et entremelee de stries de couleur jaunätre.
IHarche. Duree. Terminaisons. — L'Hepatite aigue est, (laus les premiers jours, lente ä se manifester; on reconnait bien que l'ani­mal chez lequel eile commence a se declarer est dans un etat de sante anormal, mais cet etat n'est pas assez grave pour que le trouble des fonctions soit tres apparent. Cette inflammation a ra-rement la violence de la gastrite aigue, meine de la splenite ; ce n'est done que lorsque I'appetit a disparu et que la rumination n'a point lieu, que Ton remarque les symptomes que j'ai enume-res; alors seulement se fait remarquer la tension moderee du flanc droit, caracterisee, non par I'existence d'une colonne ga-zeuse, mais par un soulevement auquel la percussion fait rendre un son mat.
La lenteur du döbut indique assez que la marche de la maladie n'est point rapide; aussi les symptomes sont-ils pour ainsi dire stationnaires dans leur premiere manifestation, ce qui doit ins-pirer des craintes plus serieuses que si, par leur manifestation oroissante, ils se trouvaient mieux dessines. G'est ainsi que I'He-patite fait souvent des progres sans que le proprietaire des ani-maux qui les voit tons les jours puisse s'en douter, et ce qui explique le passage de l'Hepatite k I'etat chronique. G'est meme la une de ses terminaisons, mais il en est d'autres. J'ai vu des bceufs succomber a une hepatite aigue, et d'autres chez lesquels cette affection se terminait par resolution, meme apres avoir ete meconnue et par consequent negligee pendant plusieurs jours.
Lesions paihoiogiques. — Je n'ai pu constater que dans une seule autopsie les lesions pathologiques occasionnees par l'Hepa­tite aigue. Un boeuf de forte taille, employe an labourage, avait eprouye des frissons, de l'anxiöte; on avait remarque chez lui la tension du flanc droit et tons les autres symptomes que j'ai d6-
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HEPATITE AIGUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;127
crits plus haut. Get 6tat avait durö huit k dix jours; puis ranimal s'ßtait couche, avait conserve cette position, ce qui avait etonne son conducteur, et le lendemain on I'avait trouv6 mort.
Le propriötaire, qui n'avait pas et6 pr6venu que cat animal fut malade, voulut savoir ä quelle maladie il avait succombe, et ä cette occasion je remarquai les lesions suivantes :
Le boeuf etant couche sur le cote gauche, comme cela arrive toujours, du sang noir avait colorö sous le cuir toutes les par­ties du corps de l'animal qui portaientsurlesol; a cette premiere vue, on disait : c'est un coup de sang; mais en explorant I'abdo-men, on voyait un öpanchement sero-sanguinolent assez consi-dörable dans la cavite peritoneale; le foie etait tres volumineux, contenait beaucoup de sang noir, et son enveloppe offrait, sur toute son ötendue, une couleur lie de vin; la vesicule bihaire etait tres volumineuse.
Diagnostic. Pronostic. — Les symptömes sont trop obscurs des le debut pour que le diagnostic s'etablisse facilement; il faut y apporter une grande attention. Cependant la tension particuliere du flaue droit, la roideur de la colonue dorso-lombaire et la gene des mouvements des membres droits doivent faire supposer I'Hepatite, dont I'existence se confirme bientot par l'etat des ma-tieres alvines, dures, seches et couvertes d'un enduit jaunätre, on molles et colorees en jaune plus ou moins fouc6.
Le pronostic de I'Hepatite aigue, dont I'existence a pu etre constatee,' n'est pas ordinairementfächeux. Ou triomphe aisörnent de cette maladie, et lorsque la resolution de l'inflammation a eu lieu franchement, Ton ne voit point de recidive se produire.
Traitement. — La saignee est le premier moyen ä employer, et si eile a et6 assez abondante, la tension du flaue a du diminuer presque instantanement. Au reste, tel est le resultat certain de la saignee dans tons les cas de phlegmasie aigue des organes paren-chymateux des animaux de l'espece bovine. Apres la saignöe, 011 administre des breuvages rafraicliissants, a doses moderees, mais souvent repetees : par exemple, 1 litre de tisane de graine de lin, de mais, de seigle ou d'orge, toutes les deux heures, et des lavements de la meme nature, donnes en meme temps que les breuvages.
Si, a la suite de cette saignee, la roideur de la colonne dorso-lombaire n'a point diminue sensiblement, et si le thorax ne se dilate point de maniere a donner la preuve que le foie ne corn-prime plus le diaphragme, on en pratique une seconde.
Quand la liberte des mouvements existe et que la tension du flaue droit a disparu, si I'appetit n'est pas reveuu, si la rumi-
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MALADIES UE E APPAREIL DIGESTIF.
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nation se fait lentement, sans production de have epaisse, et si les matieres fecales n'ont point repris leur consistance normale*, on doit agir sur I'lntestin par une derivation modöree, afin de provoquer une secretion de bile plus abondante. On pent attein-dre ce but en administrant deux breuvages par jour, composes de sulfate de soude et d'uue decoction mucilagineuse. Ges breu­vages sont prepares de la maniere suivante :
Breuoage purgatif.
Sulfate de soude........................... ISO grammes.
Dt5eoctioii de graine de lin.................. 2 litres.
Admiuistrez tiede, avant le repas du matin et celui du soir. lesquels doivent etre de faible ration jusqu'a ce que tonte appa-rence de malaise ait disparu cbez Fanimal.
Si la constipation est teile qu'on puisse supposer qu'il existe de l'irritation dans le tube intestinal, on remplace le sulfate de soude par le phosphate de soude, qui est moins irritant, et qui wpendant doit etre donne ä dose moindre. Ainsi :
. Autre breuvage purgatif.
Phosphate de potasse....................... 75 grammes.
Decoction de graine de lin................... 2 litres.
L'action resolutive de la saignee et des purgatifs minoratifs est parfaitement secondee, dans le cas d'Hepatite, par les frictions d'essence de terebenthine faites sur une longue surface, dans la region de l'hypochondre droit. Klles doivent etre continuees tons les jours jusqn'ä ce que le cuir se souleve comme fendille.
sect; 2. — Hepatite chronique.
II arrive parfois, en raison meme de l'obscurite dans laquelle restent les symptomes de THepatite aigue, que cette phlegmasie, abandonnee ä elle-meme, on par suite d'un traitement inefficace, prend le caractere de la chronicite. G'est alors (|ue la coloration en jaune de la conjonctive et de toutes les muqueuses apparentes se dessine plus nettement; que le flaue reste sinon tendu au inoins un peu plus souleve qn'a Uordinaire; que la respiration, quoique se faisant d'une maniere plus large, n'a pas cependant son ampleur ordinaire; que l'appetit est irregulier et bien moin­dre que dans l'etat de saute. On remarque egalement que Fani-inal, dont la marche est un peu plus libre qu'elle ne I'etait dans l'etat aign de THepatite, maigrit beaucoup et tres vite. Ses mus­cles ilio-spinaux s'effacent, ses cnisses s'amincissent; la partic
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HEPATITE CHRONIQIIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 129
inferieure de son abdomen raste seule volumineuse, evas6e, et douloureuse aussi lorsqu'on la comprime fortement.
C'est ainsi que se dessine FEtepatite chronique dont le pronostic reste fächeux malgre des signes d'amölioration apparente, sur lesquels on ne doit pas compter. Si le bceuf pent rester plus long-temps couche que lorsque I'Hepatite est a I'etat aigu, son repos n'est pas complet pour Gala. On le voit ä chaque instant soulever avec precaution le membre posterieur reste libre sur la litiere. II tourne encore sou vent la tele en I'appuyant sur le thorax, sans la laisser dans cette position au-delä d'une minute. Si toutes les Ms qu'il se met sur ses membres il s'approche de la creche ou du rdtelier, il s'en eloigne bien souvent apres avoir seulement avale quelques bouchees de fourrage.
Teile est THepatite passee a l'ötat chronique et devenue plus grave. Quelquefois l'animal y succombe. Voici, dans ce cas, les lesions que Ton rencontre; le dötail m'en est fourni par une autopsie iaite sur un boeuf qui avait succombe ä une Hepatite chronique, et dont je trouve dans mes notes le recit, remon­tant ä une trentaine d'annees.
Une certaine quantite de serosite est epanchee dans rabdomen; loie hypertrophie tres volumiueux; des depots purulents dans la substance du viscere, des portions indurees de tumeurs enkys-tees, des adhörences avec le diaphragme.
L'ictere ou la coloration en jaune des membranes produite par le passage des matieres colorantes de la bile dans le sang pent etre due ä la presence de calculs dans la vesicule biliaire. M. Chariot en cite un exemple rapporte par Gelle.
laquo; Une vache, ägee de cinq ans, etait extremement maigre; eile avait la membrane buccale et la pituitaire tresjaunes, et les excre­ments sees. Elle regardait frequemment son flaue droit en bea-glant, et semblait eprouver une vive douleur lorsque I'on compri-mait cette partie; eile se couchait sur le cote gauche et y restait pen de temps. On sacrifla cette vache, et Ton trouva dans la ve­sicule biliaire un calcul pesant pres de 500 grammes, de consis-tance molle et ayant une forte odeur de bile; il perdit 200 gram­mes en se dessechant; il etait compose d'acide margarique, d'une matiere resineuse verte tres amere, de mucus animal, de chaux et de magnesie. raquo;
M. Bouissy, veterinaire ä Sainte-Livrade, — c'est encore Gelle qui rapporte ce fait — cite une observation sur l'hypertrophic du loie chez une gönisse de vingt mois, dont l'accroissement etait tres lent depuis un an; son ventre etait devenu tres volumiueux. On I'avait soumise a un traitement carminatif et vermifuge qui
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MALADIES DE L APPAREIL DIGESTIF.
u'avait produit aucun effet, ce qu'explique parfaitement l'6nu-meration des symplomes observes :
laquo; Maigreur, töte basse, marche lente, yeux enfonces, conjouc-tive decüloröe, peau adherente et secbe; la colonue dorso-lombaire est insensible, l'appetit deregle et les excrements sont tantöt sees, tantöt liquides; le ventre est volumineux et tendu; on y distingue par la pression une masse tres volumineuse.
laquo; La bete fut sacriüee ä la boucberie.raquo;
A l'autopsie, le foie seul presente des lesions remarquables; laquo; il est hypertrophie, son volume est enorme, en egard a Tage de l'animal. II pese 11 kilog. 30 grammes. Sa consistance et sa pesantenr specifique ne sout point changees, mais sa couleur a perdu de son intensite, et presente quelque analogie avec celle de la rate. La vtJsicule biliaire, triplee de volume, ressemble ä une petite bouteille; le canal bepato-intestinal est aussi tres dilate; la bile n'offre rien d'anormal. raquo;
Ces diverses observations out leur interet: elles prouvent d'ail-leurs que les maladies du foie ne sont pas, cbez les betes bovines, aussi rares qu'on I'a dit.
Traitement. — II laut recourir, dans le cas d'Hepatite cbroni-que, a un traitement dont la saignee ne saurait faire partie. II consiste dans l'emploi de purgatifs minoratifs, sulfate de soude ou phosphate de soude, dout j'ai parle plus haut, et que Ton con­tinue d'administrer. Apres que les purgatifs out donne lieu ä des evacuations regulieres et abondantes de matieres alvines, on ne fait prendre, pendant deux ou trois jours, ä l'aninial, que des boissons blauchies et des aliments de facile digestion, distribues en rations tres moderees.
Puis on administre, en breuvage, rinfusion de fameterre offl-cinale, plante amere qui a des proprietes specifiques et qui croit spontanement en France; on la reconnait ä sa tige lierbacee, giauque, carree; ä ses feuilles bipennees, decoupees; ä ses fleurs l)urpurines, disposees en epi lache. J'en donne la description afin qu'on puisse se la procurer sans aller la chercher an loin, attendu qu'on la trouve partout, ä portee des exploitations rurales.
On la traite par infusion; quand eile est secbe, les breuvages se preparent de la maniere suivante :
Breuvage touique.
Fumelerre officinale dessechee...... ......... 20 gramiries.
Eau...................................... 2 litres.
Faites infuser comme les plantes aromaiiques.
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HEPATITE CHROMQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;131
Si la fumeterre est verte, la dose doit etre dquot;uu tiers plus forte au moiiis. On admiuistre deux breuvages par jour, puis on laisse un intervalle de deux on trois jours avant den faire prendre de nouveaux on de revenir a l'emploi des purgatifs.
On emploie aussi, ä defaut de la fumeterre, I'electuaire suivant:
Electuaire diaphoretique.
Proto-sulfure d'antimoine................... 45 grammes.
Poudre d'aunee....................... 60 —
Miel, süffisante quantite pour donner la consistance päteuse.
On fait prendre cet electuaire une Ms par jour, et si I'-animal se defend de maniere a se fatiguer beaucoup, on d61aye ce medi­cament dans 2 litres d'eau, qu'on fait avaler en une seule fois en breuvage.
Quand on a employe les purgatifs minoratifs, sans qu'ils aienl produit une amelioration sensible et continue, on remplace les purgatifs et les breuvages avec la fumeterre par d'autres breuva­ges, emetises. et Ton administre par jour de 2 ä 3 grammes de tartre stibie en fractionnant les doses comme suit:
Breuvage emetise.
Tartre stibie............................... 3 grammes.
Eau..................................... 2 litres.
Ce traitement est complete par des frictions vigoureuses d'es-sence de terebenthine, faites sur une large surface, correspoudant a la region sous laquelle le foie se trouve place.
Le traitement est energique; mais il est d'indication urgente si Ton veut 6viter la formation de depots purulents dans le paren-chyme du foie.
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SECTION II
MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES
Dans la classe des mammiferes ä laquelle appartient I'espece bovine, les organes de la respiration sont constitues par le pou-inon, viscere spongieux contenu dans le thorax, cavitö dilatable. L'air exterieur s'introduit dans le poumon par les fosses nasales, par le larynx, la trachee-artere et les bronches. La respiration comprend deux ordres de phenomenes : 1deg; les phenomenes mecani-ques, par lesquels l'air est alternativement attirö dans le poumon, puls expulsö par un veritable jeu de soufflet; 2deg; les phenomenes phy-sico-chimiques, par lesquels le sang veineux, an moment de son passage, exhale de l'acide carbonique, recoit de l'oxygene et se transforme en sang arteriel.
La respiration, chez les animaux, ne se fait pas exclusivement par les poumons; eile se fait aussi par la peau, dans une faible proportion h la verit6 ; mais quelque faible que soit cette propor­tion, eile a, dans I'espece bovine, son importance. Le poll dont la peau de ces auimaux est pourvue est clair; a l'epoque de la mue, il semble presque qu'il n'en existe point, et, dans aucun cas, il ne pent mettre entierement obstacle ä la respiration cutanee : ce qui prouve d'ailleurs que cette fonction s'exerce dans une cer-taine mesure, c'est 1'acceleration marquee des mouvements res-piratoires qui se produisent lorsque la peau est recouverte en grande partie d'un enduit impermeable, par exemple, quand on a fait des frictions d'huile de cade, pour combattre une affection psorique, on des onctions d'huile de lin, a l'effet de detruire cer­tains parasites.
Si, en rappelant ces phenomenes, je mentionne un de ceux qui se rapportent aux fonctions de la peau, c'est afiu de donner une idee plus exacte de l'influence que pent exercer le trouble de ces dernieres fonctions dans la production des maladies de l'appa-reil respiratoire.
Ces maladies s'observent frequemment chez les animaux de I'es­pece bovine, surtout chez ceux qui sont employes aux travaux des champs.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
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EPISTAXIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;133
CHAPITRE PREMIER
Maladies des cavites nasales.
ARTICLE PREMIER
EPISTAXIS Sysosvmie : Htmorrhagie nasale, Rhinorrhagic.
Definition. Frequence. — On nomme Epistaxis un ecoulement de sang qui se fait ä la surface de la membrane pituitaire. La plupart des auteurs qni out ecrit, dans ces derniers temps, sur les maladies des animaux de l'espece bovine, affirment que cette hemorrhagie se manifeste rarement cliez ces animaux. laquo; L'h6-morrhagie nasale, dit Hurtrel d'Arboval, est rare sur les boeufs; raquo; et Gelle dit : laquo; Cette maladie, que Ton a quelquefois observee sur le cheval, est rare sur le bceuf; aucun veterinaire n'en a parle. raquo; Contrairement ä 1quot;opinion emise par H. d'Arboval et Gelle, je crois pouvoir affirmer que ce phenomene morbide se fait remarquer tres souvent chez les boeufs de travail. L'Epistaxis est idiopathique ou symptomatique.
Causes. — Le temperament sanguin, particulier a toutes les races travailleuses des regions du Midi; une nourriture composöe de fourrages tres sanguifiables, tels que la luzerne, le sainfoin, le trefle, les vesces dont la maturation est avancee, sont, en ete surtout, des causes predisposantes Men constatees de l'Epistaxis dans le jeune äge et Tilge adulte. Un bceuf jeune, vigoureux et habituellement bien nourri, est attele au moyen d'un joug, el pendant huit k dix heures il travaille peniblement, expose h I'ar-deur du soleil. Quand il tire fortement, avec son pareil, la char-rue engagee dans un sol tres resistant, ses narines se dilatent, sa tete est branlante, la sueur coule sur son chaufrein. C'est alors qu'on voit, a la suite d'efforts violents souvent renouveles, une hemorrhagie nasale se declarer chez cet animal. Teile est la cause la plus commune de l'Epistaxis. Quelquefois aussi le boeuf la pro-voque, apres avoir introduit l'extremite de sa langue dans les
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
naseaux, par le frottement qu'il exerce sur la membrane pituitaire pour se döbarrasser des insectes qui le tourmentent.
Symptomes. — Je n'ai ä m'occujjer ici que de l'Epistaxis idio-pathique.
Le sang exhalö par la muqueuse nasale est rouge; il coule goutte ä goutte ou en un petit filet; il n'est pas ecumeux; il se coagule promptement. On a parle cle prodromes de cet accident; on a dit qu'avant la manifestation de Themorrhagie nasale, le boeuf portait la tete basse, que ses conjunctives etaient injectees, que ses carotides battaient tumultueusement; cela pent etre. Mais si le boeuf est sous le joug et qu'il marche pousse par raiguillon , aucun de ces prodromes n'a pu etre observe. Un symptome pre-curseur, unique, a ete constate, parce qu'il se presente an moment oü rhömorrhagie va avoir lieu. C'est quelquefois une sorte d'öbrouement convulsif qui precede de quelques secondes I'ecou-lement du sang. D'ordinaire, I'liemorrhagie ne se fait que par une seule narine, a moins qu'elle ne se declare h la suite de coups violents portes sur le chanfrein ou sur toute autre partie de la tete; dans ce cas, l'exhalation du sang pent se faire ä la sur­face de la partie de la membrane qui tapisse les sinus frontaux on ceux des comes.
Marche. Durlaquo;8. Terminaisons. — Invasion subite, duree quel­quefois courte, d'autres Ms league. J'ai vu de ces hemorrhagies continuer pendant deux et trois jours ; d'autres Ms se reproduire periodiquement, tons les hnit ou dix jours, chaque mois, et tons les ans pendant les fortes chaleurs. Une terminaison inquietante de l'Epistaxis est celle qui se caracterise par le retour tellement fre­quent de cet accident morbide, que I'animal en perd ses forces et maigrit an point de devenir impropre au travail. Mais ordi-uairement l'Epistaxis s'arrete d'elle-meme, et c'est la sa termi­naison la plus commune.
Diagnostic. Pronostic. — Un symptome unique caraetörise cette maladie : l'öcoulement goutte ä goutte ou en filet, par une na­rine, de sang rouge non ecumeux. Si le sang est tres rouge, s'il sort par jets et s'il est öcumeux, Tbemorrhagie n'est point nasale; eile provient de la membrane muqueuse qui tapisse le larynx, les broncbes, ou eile resulte d'une maladie organique du poumon.
Le pronostic de l'Epistaxis n'est point fächeux , a moins toute-fois qu'elle sereproduise periodiquement et qu'elle soit de longue duree, cas dans leqiiel I'animal doit cesser de travailler, afln •jn'on puisse le preparer pour la boucherie.
Traitement. — Tenir les animaux ä un regime alimentaire bien regie; ne les sonmettre, en audhn temps, ä des travaux qui exi-
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EPISTAXIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;135
gent de leur part des efforts violents. souvent renouvelös : tel serait le traitement preservatif de l'Epistaxis. Mais pour obtenir des cultivateurs de pareilles conditions, il faudrait faire disparai-tre bien des habitudes invötöröes, et il y a encore fort ä faire avant d'avoir atteint ce but. Eu attendant, comptons sur le traitement curatif, qui ne se compose pas de prescriptions trop compliquees.
La saignee d'abord, non pas celle que Ton pratique a la jugu-laire et que Ton appelle quelquefois saignee de precaution, mais celle qui consiste ä ouvrir un vaisseau eloigne de la tete. En effet, si l'Epistaxis tient a une congestion de la muqueuse na­sale, il est evident que la ligature que Ton est obligö de placer autour de l'encolure pour ouvrir la jugulaire, ne pent qu'ag-graver cet etat.
Done, la saignee a l'artere coccygienne, h la saphene on ci. la sous-cutanee abdominale, est indiquee par la raison et 1'expe­rience ; mais la saignee a Tariere coccygienne est celle que Ton doit pratiquer de preförence. Je l'ai vue si souvent amener la ces­sation subite de Fhemorrhagie, que je ne saurais trop en recom-mander I'emploi dans cette circonstauce.
Apres la saignee, la diete, les boissons acidulees et le repos.
Si l'Epistaxis a pris des proportions inquietantes, si eile a une longue duree, si le sang coule eu filet continu, on fait des affu­sions d'eau froide eu petit jet continu sur la tete, sur le chan-frein, autour du nez, meme sur la colonne dorso-lombaire et les parois de la poi trine. J'ai employe plusieurs Ms avec succes I'eau froide laucee sous forme de douches, an moyen d'une seringue, sur le scrotum.
On a conseill6 l'eau de Rabel administree en breuvage. J'ai mis ce moyen en pratique dans un cas d'hemorrhagie qui se reproduisait tons les jours chez un boeuf, lorsqu'il avail travaillö pendant quelque.-; heures; mais je n'en ai oblenu aucun resultat avantageux.
Breuvage a l'eau de Habet.
Eau de Rabel .......................... 60 grammes.
£au ordinaire............................. 3 litres.
Cette formule est pour un boeuf et doit etro administree en une seule fois le premier jour. Le lendemain, ce meme breuvage est donnö a deux reprises difKreutes, chaque fois suivant la for­mule ci-dessus. — Pour une petite vache, cette dose devrait etre moindre de moitiö.
Je donne la pr6f6rence aux boissons acidul6es avec le vinaigre
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
II raquo;I
ordinaire. C'est une substance que le v6t6ririaire exercant ä la campagne trouve toujours sous la main, et ces boissons ou breu-vages sont tres faciles ä composer. On met de l'eau blanchie dans un vase; on y ajoute du vinaigre jusqu'a ce que, en goutant ce liquide, on reconnaisse qu'il a acquis un gout lögerement acidul6.
ARTICLE II
i I
CORYZA
Synonymik : Catarrhe nasal, Rliinitc, Coryza simple, Coryza gangri'neux.
raquo;•-finiiion. Frlaquo;qneuee. — Cette maladie est constitute par I'irri-tation, suivie de rinflammation, de la pituitaire ou membrane muqueuse qui tapisse les cavites nasales, les sinus frontaux, maxillaires et ceux des cornes.
Le Coryza se complique quelquefois de rinflammation de la membrane muqueuse de toutes les voles aöriennes, de celle des voies digestives, et s'accompagne aussi de rarachnitis.
Les noms divers qu'a recus cette maladie, tels que ceux de Coryza simple, Coryza gangreneux, n'ont servi qu'ä designer la meme phlegmasie se pr6sentant avec quelques differences dans rintensite des symptömes et ä indiquer sa tendance plus ou moins marquee vers une terminaison benigne ou facheuse.
Historique. Causes. — Hurtrel d'Arboval a vu, dans le Pas-de-Calais, le Coryza ou Catarrhe nasal exister avec des symptömes pen alarmants, et disparaitre avec assez de facibte. — M. Laborde I'avait observe dans le Gers, et il lui avait donne le nom de Catarrbe gangreneux des betes ä cornes, parce qu'il avait pres-que toujours vu cette terrible maladie avoir la gangrene pour terminaison.
D'autres auteurs veterinaires ont parle de ceite maladie, et l'ont designee sous le nom de inal de tcte de contagion. Gelle en donne une description dans son Traite des maladies du häuf; il distribue, suivant son habitude, ä tort et a travers, I'eloge ou le blAme ä ceux qui l'ont precede dans cette voie. II les rögente parfois; mais il est Evident que, s'il avait ete ä meme de recueillir quelques faits de Coryza gangreneux, sesidees etaient neanmoins restees fort confuses h ce sujet.
Avant M. Laborde, ou peut-etre en meme temps que ce veteri-naire distinguö, j'observai aussi le Catarrhe nasal chez un grand nombre de bceufs. II etait alors ce qu'il est aujourd'hui, l'une des maladies les plus dangereuses 4e I'espece bovine dans certaines
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CÜRYZA.
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coatrees de la France, quoiqu'il soit vrai de dire qu'elle s'y montre depuis quelques annöes beaucoup plus rarement qu'au-trefois.
Pourquoi le Coryza simple ou gangreneux a-t-il cesse d'etre la maladie la plus fröquemment observee dans nos campagnes ? Je me suis bien souvent adresse cette question, 'ayant d'autant plus d'interet a la rösoudre que le champ de nos observations deve-nait plus 6tendu. C'est avec la plus serieuse attention que j'ai cherche depuis a savoir si des modifications importantes s'etaient op6r6esdans notre etatclimaterique; et, sous ce rapport, ilm'aöte impossible de faire aucune observation bien precise : nos bes-tiaux de travail ont toujours ä subir les memes variatious atmos-plieriques, qui sont les causes determinantes les plus actives du Coryza gangreneux.
Mais il est une foule d'autres conditions hygieniques qui ont change : la nourriture et les soins manuels sont mieux dispen­ses, les logements plus salubres, le travail est distribue avec plus d'intelligence, en un mot rhygiene est mieux comprise; et la diminution des cas graves de Coryza dont j'ai parle doit prouver aux veterinaires qu'ils ont a rendre de plus grands services an moyen d'une judicieuse application des principes de l'liygiene que par la thörapeutique la plus eclairee.
II y a quelques annees, les boeufs de travail etaient soumis pendant l'hiver ä toutes sortes de privations alimentaires; les fourrages les plus mal recoltes et les moins nutritifs leur etaient reserves pour cette saison. Ces animaux etaient logos dans des etables generalement mal disposees, etuves ou glacieres; pas de terme moyen. Ils devaient y etouffer de chaleur en respirant un air vicie, ou bien s'y trouver continuellement exposes a toutes les rigueurs du temps.
Ils ne sortaient de ces habitations malsaines, apres avoir subi un regime debilitant, qu'avec une constitution usee; et c'etait dans cet etat qu'ils reprenaient les travaux des champs.
Aussitot que les fourrages verts pouvaient etre coupes, on leur en donnait sans aucune mesure et surtout sans tenir compte de leur composition. Sous Tinfluence d'une pareille alimentation, ils paraissaient d'abord s'etre completement r6tablis, tandis qu'en realite ils avaient acquis seulement un pen d'embonpoint; dans cet etat d'affaiblissement des forces vitales, les bceufs etaient plus impressionnables ou, si Ton vent, plus sensibles a Faction des causes döterminantes du Coryza. C'est ainsi que doivent s'expli-quer la frequence, la gravite de cette phlegmasie et l'insucces du traitement.
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MALADIES DES ORGANES RESPIUATOIRES.
Illii
laquo; Le Coryza, dit M. Laborde, attaque de preference les betes f'aibles et malades. raquo; J'avais fait la meme observation.
S'il se montre plus rarement aujourd'hui, c'est parce que Fac­tion des causes pr6disposantes a diminnö dans de grandes pro­portions par l'effet du regime plus intelligent anquel sont soumis les boeufs de travail. Dans le temps oü le Coryza sevissait le plus frequemment, je ne l'ai jamais vu attaquer ceux qui ne tra-vaillaie'.it point, soit qu'ils fussent jeunes ou vieux. A cet egard, j'en appelle au souvenir des praticiens. Au reste, il est positif que le nombre et la frequence des maladies de tonte sorte n'ont pas augmente eu proportion du nombre des animaux.
Les causes particulieres du Coryza n'ont point subi de modifi­cations importantes; mais elles s'exercent chez des sujets moins Wen disposes ä le contracter.
L'insolation, les coups portes avec violence sur le mufle, sur la tete et autour des cornes; les corps etrangers engages dans les cavites nasales et les piqüres de ces parties par des insectes, meme non venimeux, peuvent occasionner le catarrhe nasal par une action directe. Cependant, il faut considerer le passage subit des boeufs de travail d'un air chaud ä un air froid et humide, et leur exposition ä la pluie et au brouillard quand ils sont en sueur, comme les causes determinantes dont rinfluence est la plus ener-gique. Celle-ci, par exemple, qui se produit dans des conditions toutes speciales : il existait parmi les laboureurs une habitude pernicieuse dont plusieurs ont encore bien de la peine ä se defaire; apres deux ou trois heures de travail au labour, le bouvier s'arre-tait au milieu du champ pour faire son premier repas, laissant ses boeufs exposes ä l'action de toutes les intemperies, la tete tournee vers le vent. Dans ce moment, ils etaient necessairement surexcites par le travail et dans un etat de transpiration plus ou moins prononce. Leur inaction durait au moins une demi-heure, et pendant ce temps ils respiraient ä pleins naseaux un air froid, vif ou humide., tel enfin que le comportait l'etat de la saison ou de l'atmosphere. Des lors, si Ton veut se rappeler que c'est au printemps et ä la fin de l'automne que regnent les plus fröquen-tes et les plus dangereuses variations atmosphöriques, on aura l'explication tres simple des cas nombreux de Coryza observes ä cette öpoque de l'annee; comme Ton peut se rendre raison de la gravite et de la terminaison fächeuse de cette maladie en etu-diant les effets du mauvais regime d'hiver sur ces animaux et ceux du travail excessif auquel ils sont assujettis pendant les fortes chaleurs.
SymptAmes.— Toutes les foiamp;; qu'un animal de l'espece bo-
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CORYZA.
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vine se leve, apres etre reste couch6 pendant quelque temps, il s'appuie sur ses quatre membres, et il execute de tout son corps un mouvement de pandiculation qui annonce, lorsqu'il a lieu, un etat de sant6 parfait. Dans les maladies graves, soit aigues, seit chroniques, ce mouvement ne se manifeste point, et des le döbut du Coryza gangreneux il cesse completement, Alors le boeuf tient la tete basse; il a le mufle sec; la rumination se fait rarement : eile est lente et meme incomplete, et bieutöt eile est enderement suspendue; le poll est pique, la peau seche, la colonne dorsale tres sensible ä la pression , Tappet!t presque mil.
Cette expression : laquo; sensibilite de la colonne dorsale, raquo; revient si souvent sous la plume des auteurs veterinaires qu'll importe d'en preciser le sens.
Dans l'etat de sante, la peau du boeuf est souple sur la colonne dorsale comme sur toutes les regions du corps; eile est onc-tueuse. On la detache facilement des apopbyses de la colonne par un leger mouvement de pression et de traction; le boeuf flechit legerement le dos en soulevant la queue d'une maniere assez apparente, ce qui prouve que la sensation qu'il eprouve dans ce mouvement lui est agreable. II n'y a que les boeufs doues d'une irritabilite nerveuse tres prononcee qui se döfendent quand ils sentent la main de l'bomme toucberleur peau en y exercant une legere pression.
Si le boeuf a une courbature, la pression exercee sur les reins provoque une douleurplus ou moins vive, que l'animal manifeste en cherchant a se defendre et aussi qnelquefois en poussant un sourd mugissement.
Dans le debut des maladies graves, il en est de meme: la pression semble donner lieu h une douleur tres vive.
Enfln, dans les maladies chroniques, la sensibilite- dorsale et lombaire s'emousse, et souvent eile parait ne plus exister. II en est de meme lorsqu'une alteration profonde s'est produite sur un viscere; alors la colonne dorsale et lombaire n'est pas plus sensible qu'un corps inanime.
Ces explications donnees, revenons aux symptomes du Coryza.
Les paupieres sont tumeflees, les yeux larmoyants. La mem­brane nasale est d'un rouge violet; eile s'engorge, et les cavites nasales se trouvent rötrecies, ce qui rend le passage de l'air diffi­cile et la respiration bruyante.
L'hömorrhagie nasale est quelquefois le premier Symptome du Coryza gangröneux, et le sang, produit de cette hemorrhagie, est tres rouge ou noir. II faut noter cette difference, car, dans le premier cas, le pouls est dur et plein, les battements sont tumul-
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MALADIES DES OHGANES RESPIRATOIRES.
tueux, I'liemorrhagie est active et la phlegmasie frauche; dans le second cas, le pouls est deprimö, les pulsations sont tres lentes et irregulieres, rhemorrhagie est passive; alors l'alteration du sang a pi-obablement devance l'invasion du Coryza.
En peu de temps, les cavites nasales, le mufle et les paupie-res sont boursonflös, la conjonctive est inject6e de sang rouge on de sang noir, suivant le caractere particulier de rinflammatiou membraneuse; le larmoiement est continuel; les comes sont tres chaudes on froides alternativement, mais elles sont toujours froi-des quand la terminaison gangröneuse approche.
Des ulcerations apparaissent sur la membrane nasale, sur le mufle et autour du nez. Suivant la gravite du mal, ces ulcera­tions sont circonscrites et superficielles, on bien elles sont larges et profondes, h bords irreguliers et de couleur brune : les pre­mieres fournissent un pus ou un suintement form6 d'une matiere blanchätre et visqueuse; les secondes produisent un ecoulement jaunätre ou brun et sanguinolent. dont I'odeur est toujours fetide et repoussante.
Le bceuf a les flaues retractes et la respiration de plus en plus bruyaute. II chancelle en marchant, et sa colonne epiniere qui, dans le debut de la maladie, on se le rappelle, etait d'une sensi-bilite extreme, devient progressivement tout a fait insensible. Quelquefois, des collections de la matiere qui constitue I'ecoule-ment nasal se forment dans les differents sinus ou dans I'mto-rieur des cornes; alors Tanimal tient la tete penchee du cote oü existe Tecoulement, et sur cette partie la chaleur est toujours plus intense que sur les autres regions de la tete.
Le larmoiement continuant, l'äcrete des larmes irrite la peau sur laquelle elles s'ecoulent, et le poll s'en detacbe; rhumeur aqueuse du globe de Fceil est trouble, d'un blaue jaunätre et la cecite est complete. Dans les cas, jusqu'ä present fort rares, de guörison, la transparence de cette humeur se r^tablit et la vision a lieu, mais apres un delai de plus de deux mois, k compter de l'entree en convalescence.
Des soubresauts se font remarquer aux muscles de rencolure et. des membres anterieurs. Lorsque les membranes du cerveau sont le siege d'une inflammation symptomatique, le bceuf repose la tete sur tons les corps qui sont a sa portee, et 11 s'appuie sur ces corps, quelquefois convulsivement, comme la plupart des chevaux atteints de vertige.
A mesure que la maladie fait des progres, les ulcerations s'eten-dent jusque dans la bouche et le pharynx, ce qui rend la deglu­tition, sinon impossible, du moins tres difficile, et donne un
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convzA.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;141
aspect singulier ä i'animal auquel on cherche ä faire avaler des liquides. S'il a conserve un pen de sensibilite d'action, il secoue la tete, releve le mufle, et, s'il est contraint, il se döfend autant que ses forces peuvent le lui permettre.
Une bave ülante et. d'nne odeur tres fötide s'ecoule par les commissures des levres; des convulsions surviennent; le boeuf reste couche sur la litiere en se debattant. II succombe du qua-trieme au sixieme jour, lorsque le Coryza a ete reellement gan-greneux, et trois ou quatre jours plus tard, lorsque la maladie n'a pas ce caractere d'une maniere bien prononc6e.
Le Goryza gaugreneux qui se complique d'uue eruption exan-themateuse aüecte une marche encore plus rapide et toul aussi fatalement mortelle que le Coryza gangreneux ordinaire. C'est comme dans la morve aigue du mulet : presque des rinvasion, il y a flux par les naseaux d'un liquide sero-purulent; des ul ce­res envahissent la cornöe lucide: la respiration est convulsive; des boutons lenticulaires durs et rougeätres se montrent sur tont le corps; les ganglions lymphatiques places autour de l'arriere-bouche sont engorges; une infiltration oedemateuse s'etend de la partie posterieure du mufle jusqu'au fanon. Le pouls est imper­ceptible. La colonne öpiniere est absolument depourvue de sensi­bilite ; la locomotion est impossible. Si le boeuf est place sur ses membres, il tombe quand on le force ä se mouvoir, et s'il est couche, il est tres difficile de le faire lever. II meurt du second au troisieme jour.
L'eruption exanthemateuse ne fait pas du Coryza gangröneux une maladie de nature differeute; seulement eile lui donne plus de gravite ou eile annonce un trouble plus profond des fonctions vitales. Dans cet etat, il a beaucoup de ressemblance avec la morve aigue des solipedes, et c'est probablement ce qui lui a fait donner le nom de mal de tete de contagion par quelques anciens veterinaires.
Iiiarciie. Dur6c. Terminaisons. — La marche du Coryza est tou-Jours rapide; sa duree ne depasse six ä huit jours que lorsque l'on est parvenu ä l'enrayer et qu'elle tend ä se terminer par la resolution. Cette terminaison n'a pas ete jusqu'ä present la plus commune, taut s'en faut. II a ete im temps oü je voyais perir presque tous les animaux affectes du Coryza; et je pense aujour-d'hui, d'apres quelques observations recentes, que sa terminaison sera moins fächeuse ä Tavenir. II semble s'etre modifle dans sa forme; car, ä mesurequ'il se manifeste plus rarement, je vois les cas de Catarrhe des comes, facilement curable, devenir plus uombreux.
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
I V
lesions pathoiosiques. — Membrane muqueuse nasale et des sinus epaissie et de couleur violacee, ulcöröe sur plusieurs points et parsemee de taches livides sur les parties non ulcörees, surtout lorsque le Coryza gangreneux s'est complique d'une öi'uption pustuleuse; les ulcerations sent recouvertes de sanie. On rencon­tre souvent dans les sinus froutaux ou des cornes une matiere qui, par sa consistance, ressemble a du pus mal ölabore, et qui, par sa couleur, a la meme apparence que la sanie des ulcörations.
Si le Coryza a eu une marche tres violente, si Tanimal a suc-combe avant le quatrieme ou le cinquieme jour, les cornes sonl vacillantes et la cloison nasale est ramollie, aiusi que les feuillets de rethmoide. Quand il est exanthemateux, les tissus sous-cuta-nes sent infiltres d'une serosite jauuätre, et, outre les lesions rapportees plus baut, on remarque un engorgement presque gene­ral de tous les ganglions lymphatiques. Les poumons sont noirs et emphysemateux; ils se decbirent avec facilite. La membrane muqueuse de la caillette et de Fintestin est parsemee de points lenticulaires de couleur brune et circonscrite par une areole de couleur plus rouge. La rate est plus volumineuse que dans I'etat normal; sa substance est friable. Le cerveau estramolli: ses membranes sont injectees. Je n'ai point remarque, comme M. Laborde, que les ventricules de ce viscere fusscnt pleins de serosite brune.
Contagion. — Le Coryza du boeuf, quelle que seit rintensite des symptomes, n'est point contagieux..Je I'ai observe dans les con­ditions les plus propres k mettre en evidence sa nature conta-gieuse si eile eut existe, et eile ne s'est point manifestee.
J'ai pu observer des cas nombreux de la maladie se succedant dans des etables situees dans une meine commune, comme aussi j'ai vu tres souvent des bceufs qui en etaient atteints sejourner dans ces etables pendant toute la duree de la maladie, et se trou-ver cote a cote avec leurs pareils, sans que ces derniers aient^ jamais contracte le Coryza. 11 est aussi arrive plusieurs fois que les bceufs restes Men portants avaient neanmoins pu impregner leur mufle de la matiere visqueuse qui coulait des naseaux d'an animal pret ä succomber.
Je ne voudrais pas assurer neanmoins que rinoculation de cette matiere ne düt produire aucun accident. Le boeuf a pour habitude de passer souvent sa langue sur son mufle, et les matie-res qui s'y trouvent melees sont enlevees vivement, melees a la salive ou dissoutes et avalees, et jusqu'ä present il est reste pro­bable que les virus introduits de cette maniere dans le tube diges­tif n'ont pas une action deleterlaquo;; taudis que toutes les matieres
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COUYZA.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I iS
putrides, qui passent dans reconomie par la voie de rinoculation, produisent ordinairemeiit des accidents morbides plus ou moins graves.
Or, si je ne crois pas ä la contagion par 1'effet d'emanations raises en rapport par les voies absorbantes ordiuaires : la peau, les poumons on les organes digestifs, je suis loin d'afflrmer que le Goryza ne pourrait etre transmis au raoyen de rinoculation; aussi ai-je toujours conseille d'eloigner les animaux saius de ceux qui sont affectes de cetle maladie.
En fait, le Goryza a toujours ete une maladie sporadiyue.
Pronastic. — La nature de cette maladie, le siege qu'elle oc-cupe, la violence avec laquelle eile parcourt ses periodes et sa tendance a la terminaison gaugreneuse, tendance döterminee sans doute par I'atteinte profonde que des causes generales, agissant depnis longtemps, ont portee a la constitution des bcenfs de tra­vail, sont des faits qui doivent necessairement donner lieu pres-que toujours ä un pronostic fächeux. Gependant, il le serait moins si, au moment de Finvasion, on pouvait constater que ces animaux n'ont subi aucune de ces influences pernicieuses don! j'ai paiie et si le Goryza n'a point succede a une autre affection, ä une entero-peritonite bien caracterisee, par exemple, ainsi que je l'ai observe.
Le Goryza est dangereux par sa nature de phlegmasie sur-aigne se developpant sur une constitution dejä alteree; il Test egale-ment, parce que 1quot;orifice des cavites nasales du bceuf est tres res-serre et que cet animal respire tres pen par la bouche. D'oü il resulte que, lors de rinflammation de la membrane muqueuse. Torifice du nez se trouvant retreci, la gene de la respiration devient une circonstance des plus aggravantes. Alors, le passage continuel de fair inspire ou expire est une cause incessante el inevitable de surexcitation. Ainsi, la phlegmasie s'etend et se #9632;prolonge dans riuterieur des cavites nasales tout en augmentanl dintensite. S'il est vrai d'ailleurs qu'une phlegmasie est d'autanl plus intense qu'elle occupe une surface plus eteudue, on aura une autre explication, du moins tres plausible, de la gravite du Goryza.
Traiicment. — Pour faire une appUcation judicieuse du traite-ment le plus propre ä combattre avec succes le Goryza gangre-neux des betes bo vines, il faut necessairement tenir compte de toutes les circonstances qui ont concouru au developpement de cette maladie, des causes qui, en portant une atteinte profonde ä la constitution des animaux, lui ont imprime son caractere si dangereux, de cellei qui out determine sou apparition et de
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MALADIES DES ÜRGANES RESPIRATOIRES.
l'ötat des animaux au moment de I'mvasion. Si, pendant long-temps, le Goryza gangr^neux n'a presque jamais 6te combattu avantageusement, meme par les moyens en apparence les mieux combines, c'est que, dans les premieres etudes qui out 6te faites de cette maladie, on s'est peut-etre laisse entrainer par des idees pröconcues on par des opinions systömatiques trop exclusives.
Ces reflexions generales, dont je prends d'ailleurs une large part pour mon compte, ne s'adressent particulierement ni ä des doctrines medicales, ni ä des individualitys. Elles sont une pre­caution qui m'a paru indispensable, avant de donner Tiiidication du traitement que je crois etre le senl rationnel, d'apres de nom-breuses experiences comparatives.
Au creuset de la pratique, toutes les illusions s'övanouissent peu a peu, et si I'homme, consciencieux observateur, n'est jamais oblige de mettre le public dans la confidence de ses erreurs, ou du moins des exagerations auxquelles il a pu se laisser entrainer, tout en restant de bonne foi, il arrive un moment oü il doit toute la verite k ses lecteurs.
Le boeuf de travail appartenant aux races du Sud-Ouest est doue d'un temperament essentiellement sanguin, tant qu'il reste soumis aux conditions ordiaaires de son milieu; mais il est cer­tain que ce temperament se trouve singulierement modifie par 1'action continue d'un regime debilitant. Place dans de bonnes conditions hygieniques, nourri d'ailleurs de fourrages ou de grains, produits ordinaires d'un sol expose k de lougues seche-resses et k de fortes chaleurs, le boeuf conserve toutes les aptitu­des et toutes les qualites de ce temperament, comme il est sujet aux maladies qui sont la consequence de son exageration. Alors presque toutes ses maladies sont de violentes phlegmasies, et, dans ce cas, la medecine antiphlogistique est la seule efficace, la seule propre a procurer au veterinaire praticien des succes constants, qui commandent la confiance.
Mais si, ne tenant aucun compte des influences pernicieuses et des modifications operees dans la constitution des animaux par les influences adynamiques, on ne voit partout que des affections dont les emissions sanguines doivent avoir raison toujours et en tons lieux, il faut s'attendre k Men des echecs et des mecomptes.
Lorsque le Goryza gangreneux se montre, dans nos contrees, chez des boeufs 6puis6s par le travail, k la suite de privations alimen-taires ou par Teffet de toute autre cause, ayant le sang appauvri, et que, presque des le debut de ce Goryza, des signes de dösorga-nisation se manifestent, que des eschares se forment, que des ulcerations rongent les tissus, et-que ces ulcerations serecouvrent
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CURYZA.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;145
d'une söcrötion sanieuse, il est frvident qu'il n'y a pas ä songer ä 1'emploide la saignee. Au lieu d'enrayer la marche delamaladie. eile ne servirait qu'a pröcipiter le denouement fatal.
Toutes les fois qu'il en sera ainsi et que le Goryza debutera avec ce cortöge de symptomes, le traitement devra 4tre excitant et revulsif. On ne saurait s'y möprendre; dans ce cas, I'hemor-rhagie nasale donne du sang noir et diflicilement coagulable, ainsi que la phl6botomie. Quant au sang fourni par Tariere coc-cygienne, il coule lentement, en jet h peine sensible, et il est tres pdle.
Si la saignöe n'est pas indiquee, les autres moyens antiphlogis-tiques ne le sont pas davantage.
Dans le debut de la maladie, on aura recours aux fumigations aromatiques et antiseptiques. Ces fumigations n'exigent pas un appareil bien complique : on met de la braise dans un rechaud, on y jette des plantes aromatiques on fortement excitantes, telles que la rue, la tanaisie, la menthe, la lavande; on couvre la tete de Tanimal, de maniere que la fumee s'elevant du rßchaud soit (lirigee en grande par tie vers les naseaux.
II y aurait de I'imprudence ä se servir d'un appareil qui res-treindrait l'introduclion de l'air dans les cavites nasales a une colonne fprmöe presque exclusivement par les vapeurs excitantes. Dans I'etat ou se trouvent les premieres voies aeriennes, les fumi­gations de ce genre pourraient determiner des accidents. On fait plusieurs fumigations dans le jour et anssi pendant la nuit; on alterne ces fumigations avec les injections suivantes :
Injections resolutives.
Alun (sulfate d'alumine et de potasse)---- . 15 a, 20 grammes.
Eau................................ 1 litre.
On fait dissoudre ä froid, apres avoir piilverise Falun.
On injecte cette preparation dans les naseaux quatre ou cinq fois par jour, au moyen d'une petite seringue de la capacite de 10 ä 15 centilitres.
En meme temps, on fait sur le chanfrein des embrocations avec un liniment ammoniacal. Ces embrocations se font en prenant sur la main ä pen pres la quantite d'une cuilleröe h bouche dn liniment, et en frictionnant avec force pendant quatre ou cinq minutes.
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
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Liniment ammoniacal.
Huile d'olive............................. 125 grammes.
Ammoniaque liquide....................... 32 —
On met les deux liquides dans une petite bouteille, et on agite fortement pour operer la mixtion.
Une scule friction par jour avec la teinture de cantharides produirait un meilleur effet, c'est-ä-dire une rubefaction plus prompte, si Ton faisait cette friction avec un soin tel qu'aucune partie de cette teinture ne jaillit sur les yeux, dans la bouche ou dans les naseaux de ranimal.
Si Ton ne fait pas de frictions avec la teinture de cantharides ou le feu francais sur le chanfrein, il faut en faire sur les faces de l'encolure, jusqu'ä ce que de petites ampoules apparaissent. Les frictions doivent s'etendre sur de larges surfaces. Deux vösica-toires sur les faces de Tencolure produisent beaucoup plus d'effet que les trochisques places au fanon.
Pendant ces derniers temps, j'ai ete amenö ä faire emploi, cliez le bumf, de la pommade stibiee : c'est le vesicatoire le plus ener-gique, c'est-ä-dire celui qui produitl'elfet le plus prompt. Je l'em-ploie, en remplaceinent de frictions, sur Tencolure, avec les vesi-catoires liquides de toute sorte; deux frictions faites dans la meme jouruee produisent I'effet desire. On la compose comme suit :
Pommade stibiee fformute ordinairej.
Axonge................................... 75 grammes.
Tartre stibie............................... 25 —
Pommade stibiee double.
No quot;l ^ä;::::::;:::::::;:::::::I v^m*.
( Axonge............................ 25 grammes.
( Tartre stibie........................ 75 —
J'emploie les secoudes formules de preference, la pommade ordinaire ne produisant pas des effets assez energiques.
Quand on se sert de la derniere, une friction suffit ordinaire-ment. Ce vesicatoire agit a la maniere des escharotiques. G'esl le seulinconvenient qui resultedeson emploi; la cicatrisation des plaies qu'il a faites laisse des traces qui ne disparaissent jamais.
Lorsque le Gatarrhe nasal se presente avec des symp tomes d'une intensity moderee, on peut ne faire que des applications d'eau sedative sur le front et sjjr le chanfrein du boeuf, en prenanl
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CORYZA.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;147
toutefois les pröcautious nöcessaires pour que les linges trempös dans ce mödicament ne s'egouttent pas sur le globe de I'oeil, dans la bouche ou les cavitös nasales.
Le traitement interne consiste dans i'administration de breu-vages stimulants, diurötiques ou alterants.
Breuvages stimulants.
Nraquo; 1.|
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Acetate d'ammoniaque.. -..............nbsp; nbsp; nbsp;100 grammes.
Eau froide..........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 litre.
Ammoniaque liquide.................nbsp; nbsp; nbsp; 30 graniiiies.
Eau...............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 litre. .
Breuvage diuretique.
Nitrate de potasse..........;gt;............... 30 ii 40 grault;mes.
Dtoction mucilagineuse..................... 3 nu 4 litres.
Breuvage alterant.
Tartre stibie............................... 2 a 4 grammes.
Eau blanchie (en dissolution)................. 3 ii 4 litres.
Les breuvages avec rammoniatpie doivent sect;tre repetes de deux ä trois fois dans les vingt-quatre heures. Ils produiseut une sur-excitation qui se traduit par une augmentation de chaleur ä la peau, et quelquefois par des sueurs assez sensibles.
Les breuvages diuretiques, qu'il faut egalement administrer an moins trois fois dans les vingt-quatre heures, donnent lieu ordinairement, an bout de quaraute-huit heures, ä uue purgation abondante.
Les breuvages avec le tartre stibie en dissolution sent donnos en meme nombre que les diuretiques; ils produiseut quelquefois une purgation moderee, si ou les admiuistre pendant deux ou trois jours de suite.
Les uns et les autres s'excluent reciproquement, cela va sans dire, et je dois ajouter que les derniers m'ont paru agir avec plus d'efficacite que les alcalins et les diuretiques. La plupart des gue-risons que j'al obtenues se sout dessinöes apres les purgations'. Mais il est bien entendu que toute medication interne doit etrc suspendue aussitot qu'elles se declarent.
Quand, sous I'influence de ce traitement, les symptomes du Coryza gangreneux perdent de leur intensite, on voit reugorge-ment de la membrane muqueuse nasale diminuer et par suite la respiration se faire plus librement. Dans ce cas, eile cesse d'etre bruyante; les larmes coulent avec moins d'abondance; le pouls se releve, ses battemeuls sent plus röguliers; le brpuf tieut la tete
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ti irraquo;
148nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
dans sa position normale, il se couche et se releve avec plus de facilitö qu'auparavant; sa marche et sa station sont plus assurees; en un mot, chez lui, l'energie vitale semble se ranimer, et s'il ne rumine pas encore, il manifeste du moins le desir de prendre quelques aliments. Les plus grossiers sont ceux qu'il pr6fere dans ce moment.
Gette appetence qui, dans toute autre circonstance, pourrait etre consid6ree comme une depravation du goüt, m'a paru etre un signe d'atonie des organes digestifs qu'il importait de faire cesser, au moyen d'une alimentation lögerement excitante. Alors il y a indication de melanger aux fourrages du sei de cuisine, ä la dose de 30 ä 40 grammes, divises en deux rations, et de faire prendre ä l'animal ä jeun un breuvage tonique que Ton prepare en trai-tant par decoction :
Breuvage tonique.
Gentiane en poudre......................... 30 grammes.
Eau...................................... 3 litres.
Ge breuvage, qu'il faut administrer pendant trois jours au moins pour qu'il agisse efflcacement, pent etre remplace par un opiat compose de la manierc suivante :
Opiat tonique.
Gentiane en poudre........................ 30 grammes.
Extrait de geniövre......................... 45 —
Miel.................................... quantite süffisante.
Si l'amelioration s'est döclar^e sans qu'il y ait eu purgation. on doit administrer, par jour, trois lavements, dont I'efFet imme-diat sera l'övacuation de matieres fecales mal 6labor6es, sou-vent tres dures, qui sans cela n'auraient ete expulsöes que difficilement.
Si les evacuations sont diarrheiques ä la suite de l'administra-tion dos breuvages nitres ou ^metises, les lavements sont inutiles, ä moins toutefoisijue la purgation n'ait determine des contractions intestinales frequentes, suivies de l'expulsion de mucosites san-^'uinolentes. Alors on fait prendre des breuvages adoucissants et calmants, prepares avec une decoction de mauves ou de graines de lin, ä laquelle on ajoute 2 grammes de camphre dissous dans un jaune d'cBuf pour 3 ou 4 litres de liquide. G'est ainsi que se preparent les lavements camphres.
Lorsque les signes d'amelioration que j'ai indiques se main-tiennent et vont en progressafnt, le jetage dimiuue en changeant
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de caractere; la matiere qu'il produit devient blanchatre; il cessc d'etre sanguinolent ou sanieux pour devenir une mucosit6 de-pourvue d'odeur. Bientot on apercoit autour des naseaux des pellicules minces de couleur jaune, et Ton voit au-dessous de ces pellicules des plaies dont la cicatrisation est avancee et qui tendeut a s'effacer.
En meme temps commence Tepilation des surfaces qui ont 6prouve l'action des embrocations irritantes. Les vesicatoires ont produit sur la peau leur effet ordinaire; des engorgements plus ou moins douloureux se sont formes autour des plaies qui sonf rösultees de leur application. Mais comme il ne s'agit pas d'en-tretenir sur ces plaies une suppuration de longue durtie, suppura­tion que Ton n'obtient d'ailleurs que tres difficilement sur les animaux de l'espece bovine, on n'a plus k s'en occuper que pour leur donner des soins de propretö.
S'il s'est forme des depots purulents dans les sinus frontaux ou dans ceux des cornes, on leur donne issue par Tamputation ou la terebration de Tun de ces organes ou de tous les deux en meine temps, ce qui devient quelquefois necessaire. La terebration n'est pas toujours süffisante pour livrer passage an depot tout entier, si la matiere qui le forme s'est epaissie. Aussi, ue faut-il I'employer que lorsqu'on se trouverait, sans cela, dans I'obligation d'am-puter la corne placee en debors. Si le boeuf est destine k ötre attele par les cornes, I'amputation serait ici une cause de depre­ciation. Mais si, par la terebration, on ne pouvait obtenir I'eva-cuation complete du depot purulent, on ne devra pas reculer devant une pareille difficulte.
Les depots formes dans les sinus maxillaires n'exigent aucune operation; ils ont leur issue naturelle par les naseaux. J'ai vu des bceufs dont I'etat paraissait inquietant, meme apres la disparition des symptomes les plus graves du Coryza gangreneux, qui n'ont recouvre leur appetit ordinaire et n'ont rumine avec regularity qu'apres avoir rejetö par les naseaux une certaine quantity dp matiere purulente, dont le depot ne pouvait etre que dans les sinus maxillaires.
Quand les symptömes du Coryza gangreneux sont arrives a ce point de remission, le boeuf temoigne d'une sensibilite excessive aux parties epilees par les vesicatoires; les mouvements de pan-diculation commencent k s'executer; il boit avec assez de faci-lite; il continue a prendre du fourrage sec de pr6ference a du tburrage vert ou a des aliments pulpeux ou farineux. On sail d'ailleurs que si la rumination est restee completement suspen-due pendant quelques jours, celte fonction ne s'execute bien
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
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ijue lorsque le boeuf a pu introduire dans le rumen des aliments grossierement tritur6s. La resistance ou le point d'appui qu'ils offrent rend les contractions du rumen plus energiques et facilite la formation du bol. Ges contractions concourent egalement sans iloute a rompre les adh^rences qui peuvent s'etre form6es entre les lames du feuillet.
Lorsque la resolution se manifeste par ce mieux apparent, le traitement curatif doit etre remplac6 par un regime approprie ;i cet 6tat : 11 cesse d'etre medicamenteux pour devenir analepti-que. II consiste dans une nourriture composöe de substances de facile digestion, d'apres les ressources que pent oflrir la saison dans laquelle on se trouve. A cet egard, il ne saurait y avoir d'indication tres precise. II suflit de savoir que, pour retablir un animal 6prouve par une maladie aussi dangereuse, il faut avant tout le placer dans les meilleures conditions hygieniques : le loger dans une etable oil Fair puisse circuler librement, sans qu'il y soil jamais expose k Faction des intemperies, an froid ou ä une extreme chaleur ; il faut qu'il soit pause de la main avec soin, afin que les fonctions de la peau se fassent bien, et que sa ration alimentaire ne lui soit delivrtie a son maximum que pro-gressivfcment. Je repete que sur les grands ruminants la privation d'aliments ne doit jamais etre de longae dur6e.
On ne doit pas n6gliger non plus de favoriser la defecation par l'administration de quelques lavements. A la suite de mala­dies tres graves, le rectum conserve une certaine faiblesse; il se contracte diflicilement, et la defecation se fait mal.
Ce traitement est celui qui m'a donne les meilleurs rösultats, celui par lequel j'ai obtenu les guerisons les plus nombreuses; mais il doit etre appliqu6 sans retard et avec une ponctualite assez difficile k obtenir des agents ruraux charges de soigner le b6tail. Aujourd'hui, lorsque cette condition d'exactitude est bien remplie, les cas de non r6ussite se bornent presque au Coryza gangreneux complique d'exanthemes.
Si un ensemble de causes debilitantes n'a pas alterö la robuste constitution du boeuf de travail; si la predisposition aux phlegma-sies aigues qu'il tient de son temperament n'a pas ete detruite ou modiflee profondement par un mauvais regime; si, au moment de l'invasion, cet animal s'est trouve en bon etat; si le pouls est dur avec pulsations tumultueuses, il y a indication de pratiquer la saignee.
On ouvre l'artere coccygienne et Ton commence par une emis­sion qui, lorsqu'il s'agit des plus petits animaux de nos races de travail, ne doit pas etre moimäre de 3 kilog., et qui pent etre
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CATARRHE DES CORNES.
poussee jusqu'ä 8 ä 10 kilog. en deux saignöes, pratiqueesä quel-ques heures d'intervalle l'une de l'autre, quand le sujet appar-tient aux plus fortes races. Ici encore on donne la preference ä cette saign6e; d'abord, eile est la plus efflcace contre toutes les inflammations violentes et subites, puis eile est facile a prati-quer. Elle n'exige nile d6placement des boeufs, ni Femploi d'une ligature appliqu6e dans le but de faire gonfler le vaisseau; tan-dis que la saignöe ä la jugulaire, dont I'effet est moins prompt, offre, en outre, rinconvenient de ne pouvoir etre pratiquee sans l'application, autour du con, d'une ligature fortement serree qui fatigue ranimal et Tinquiete beaucoup, meme quand sect;a respi­ration n'est point gen6e par un etat morbide des voies respira-toires, ligature qui augmente toujours le malaise que I'animal 6prouve par la compression qu'elle exerce sur la trachöe-artere, et, de plus, ralentit la circulation precisement dans une rt'gion qui est le si6ge d'une fluxion tres intense.
ARTICLE III
CATARRHE DES CORNES
Dennitinn. Fr6quence. — On designe dans le langage pratique, sous le nom de Catarrhe 'des comes, une maladie particuliere aux grands ruminants, caracterisee par rinflammation de la mem­brane muqueuse qui tapisse les sinus frontaux et la cavite des supports osseux des cornes.
Ce nom de Catarrhe des cornes est sans doute impropre; mais il a I'avantage d'avoir un sens precis. Je l'ai adopte pour ce motif, et je tiens ä le conserver. Cette maladie, que Ton observe assez souvent chez les boeufs employes au labourage ou aux cliar-rois, se manifeste rarement chez les vaches laitieres ou qui ser-vent exclusivement ä la reproduction; aussi est-elle ä pen pres inconnue dans les contrees oü I'espece bovine n'est pas sp^ciale-ment employee au travail.
Les auteurs veterinaires qui out ecrit sur les maladies des boeufs n'enont point parle, ou bien ils Font confondue avecleCa­tarrhe nasal ou avec l'Epistaxis, et cependant eile a son carac-tere propre, ses causes particulieres et des symptomes distincts. D'apres ce que les auteurs dont je parle ont ecrit sur ce sujet, il est evident qu'ils n'avaient jamais observe le Catarrhe des comes quand ils ont cru devoir en donner la description.
Causes. — Les causes de cette maladie soul de plusieurs sortes.
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MALADIES DES ÜRGANES RESPIRATOIRES.
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et, d'apres leur nature differente, elles impriment ä la maladie des caracteres particuliers tjui en fout varier le pronostic et en modiflent le traitement.
Lorsque deux boeufs des fortes et bonnes races de travail sont attelös sous le meme joug, et que Fun des deux, moins ardent et d'une allure plus raccourcie que son compagnon, laisse celui-ci prendre la plus grande part du tirage nöcessaire, alors surtout que le travail est penible, la chaleur intense et que ces animaux sont uourris abondamment avec des fourrages artificiels, ce qui les predispose aux h6morrhagies actives, il arrive assez souvent qu'avant la fln de l'attelee celui dont les cornes ont 6te plus for-tement ebranlees par un tirage inegal et saccad6 se trouve affecte du Gatarrhe aigu ou du Catarrbe h6morrhagique des cornes.
Les coups violents portes sur la region frontale, sur les cornes, dans toute leur etendue, ä leur base et meme vers Textr^mite libre de ces organes, donnent egalement lieu ä cette maladie. Quand les bceufs sont indociles pour l'attelage, pour la pose ou Tenleve-ment du joug, ils recoivent quelquefois sur les cornes, sur la tete et sur le front, des coups qui peuvent avoir ete tres violents.
Cette cause est peut-etre la plus frequente; mais il faut au v6-törinaire ou au cultivateur une grande babitude d'observation pour la decouvrir, ce qui ue leur est guere possible qu'en s'infor-mant avec precaution , aupres du bouvier lui-meme, du caractere des animaux et de leur plus ou moins de docilite ä se laisser atteler.
C'est ordinairement avec le joug, que le conducteur a saisi de ses deux mains, qu'il frappe les animaux sur la tete dans un moment d'impatience inexcusable. Teile est la cause qui donne lieu plus particulierement au Catarrbe des cornes.
Cette maladie pent se declarer 6galement sous l'influence seule d'une insolation prolongee. Les taureaux ou lesjeunesboeufs, non encore entierement domptes et assouplis au travail, se livrent quelquefois entre eux, dans les päturages, ä des lüttes acharnees, pendant lesquelles ils se beurteilt avec une violence extreme front contre front, et les commotions qui en r6sultent sont aussi des causes detcrminantes de ce Catarrbe.
Celles que je viens d'enumerer produisent la maladie ä l'etat aigu quand leur action est d'une certaine intensity; mais elles agissent d'autres fois plus lentement si elles ont ete moins vio-lentes. Alors, c'est leur action r6petee qui est pernicieuse; dans ce cas, le Catarrbe des cornes se manifeste par des symptömes peu graves. II existe aussi ä l'etat chronique. Je l'ai souvent observ6 sous cette forme, ne pouvant fattribuer qu'ä 1'action permanente
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CATARRHE DES CORNES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;153
d'un joug mal confectionnö et fixö d'une maniere imparfaite, soit qu'il exercdt une pression trop forte sur las cornes ä leur base, soit que son point d'appui se trouvät trop en arriere du sommet de la tete.
L'inegalite d'allure entre deux boeufs reunis sous le meme joug et rinsolation donnent lieu au Catarrhe chronique des cornes, comme au Catarrhe aigu ou h6morrhagique. Toute la difference consiste dans une intensite moindre des symptomesquise produi-sent et dans un developpement plus lent de la maladie.
Le Catarrhe chronique se declare quelquefois, ä la suite de ramputation de Tun de ces organes, chez les vieux boeufs. affaiblis par un mauvais rögime ahmen taire on par des travaux excessifs.
Symptames. — Cette maladie, ä l'etat aigu, debute souvent par une hömorrhagie nasale qui donne toujours un sang tres rouge, lequel provient evidemment des dernieres ramifications arte­rielles. Elle est toujours accompagnee de racceleration des mou-vements respiratoires et de la diminution del'appfetit, sans que la rumination soit entierement suspendue.
Cette hemorrhagie se produit quelquefois pendant plusieurs jours de suite; cependant il n'y a pas encore apparence d'un raquo;Hat morbide Men grave, puisque les animaux ne sent pas jug6s incapables de fournir leur täche journaüere; ils ont seulement une allure moins vive. Mais vers le cinquieme ou le sixieme jour, ils perdent l'appetit tout ä coup, tiennent la tete basse en l'appuyant sur les corps qui se trouvent a leur portee, et ont les oreilles pendantes et un pen tumefiees; puis les symptomes s'ag-gravent : la tete reste penchee, soit ä droite, soit ä gauche, si le depot s'est forme de Tun ou de l'autre cote. Mais s'il occupe tons les sinus, eile est abaiss6e, le mufle portant sur le sol; les cornes sont tres chaudes; les paupieres restent closes des deux cotes; tandis que lorsque le depot n'existe que d'un seul cote, c'est l'oeil correspondant qui est ferme et la corne du meme c6t6 qui est tres chaude. A ces signes, le diagnostic se forme avec certitude : on voit quelquefois un peu de sanie s'ecouler par les naseaux.
Ces signes pathognomoniques sout d'ailleurs accompagnes d'un ensemble d'autres symptomes generaux, sur lesquels je n'ai pas ä insister, parce qu'ils sont communs ä beaucoup d'autres ma­ladies, tels que l'arret de la rumination, suite inevitable de la perte de l'appetit; la marche lente; la pandiculation qui ne se fait plus, etc. L'inflammation de la membrane muqueuse nasale est rarement compliquee d'encephalite, ä moins que des coups portes en meme temps sur la region occipitale n'aient ete d'une violence extreme.
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MALADIES DES ORGANES RESPIRAT01RES.
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Dans ce cas, on voit des boeufs de travail qui maigrissent, dont I'appetit diminue, dont les yeux sont ternes et caves, ie poll piquö, la peau seche au toucher, qui portent la tete basse quand ils sont debarrasses du joug et qui, apres certains mouvements brusques de cet organe ou une espece d'öbrouement, jettent par les naseaux une matiere glaireuse filante et d'une odeur ordi-nairement dösagreable; ils ont alors l'haleine fötide, ä ce point que les animaux, leurs plus proches voisins, peuvent en etre incommodes jusqu'a en perdre l'appötit et maigrir.
Cet etat dure des mois entiers sans Tapparition de symptomes plus iiiqui6tants. Seulement le jetage devient presque contmuel; mais jamais la matiere ne reste collee a l'orifice des naseaux, ce qui tient, d'une part, a la nature du jetage, de l'autre, ä la faculte que possede le boeuf de passer sa langue sur le mufle et d'en introduire la pointe dans les naseaux. Enfin, I'amaigrisse-ment fait des progres qui, pour etre tres lents, n'en conduisent pas moins Tanimal au marasme.
Quand le mal succede ä l'amputation de Tun de ces organes, sa marche est lente. Le seul Symptome qui le caracterise dans ce cas est Tecoulement continuel d'une matiere glaireuse et filante, d'abord sans odeur, par I'ouverture resultant de l'amputation. Cet ecoulement, produit d'une söcretiou morbide de la membrane muqueuse qui tapisse l'interieur des cornillons, finit a la longue par provenir en partie des sinus frontaux. Voici comment on pent constater 1quot;existence de cette complication : tant que la se­cretion n'est que le produit de la muqueuse des comes, 1'ecoule­ment n'a lieu que par I'ouverture dont j'ai parle; mais si eile se forme dans les sinus frontaux, I'ecoulement se fait par les na­seaux k la suite de mouvements brusques imprimes a la tete du bceuf, en la faisant pencher d'un cote.
Pronostic. — Le Catarrhe aigu des cornes est curable toutes les fois que le diagnostic a ete d'une exactitude assez rigoureuse. Mais si, par negligence ou par erreur, il n'etait pas donne issue au depot sanio-puruleiit qui s'est forme dans les cavites des cor­nillons et dans les sinus frontaux, la mort de 1'animal pour-rait en etre la suite, sinon immediatement, du moins a la longue, par l-effet des lesions que la presence de ce depot occasionnerait.
Le Catarrhe chronique qui succede ä l'amputation ou ä la frac­ture des cornes est egalement curable, et le pronostic h porter sur cette maladie h l'etat aigu et a I'etat chronique n'est reelle-ment fächeux que lorsque la maladie qui affecte cette derniere forme date de loin et que la secretion purulente a dejä amene un amaigrissement excessif. lt;
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CATARRHE DES CORNES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;155
lesions patholoslqnes. — A Tautopsie des boeufs tombes dans le marasme et sacrifißs ou morts ä la suite du Catarrhe chroni-que, on trouve la membrane muqueuse qui tapisse rintörieur des supports des cornes, et bien souvent celle des sinus voisins, 6paissie et ulcöree. Ces lösions s'6tendent quelquefois jusque sur la membrane muqueuse du larynx; alors las ganglions lympba-tiques environnants sont toujours engorgös.
Traitement. — La repos absolu, la saignöe ä Tariere coccy-gienne, les aspersions d'eau froide sur la tete, plus particuliere-ment sur la front et autour des cornes, la dieta et les breuva-ges nitres, constituent tout le traitement de la premiere phase du Catarrhe aigu des cornes, qu'il soit accompagne ou non d'hömorrhagie.
Mais si, par l'emploi de ces moyens, on n'a pas obtenu la reso­lution complete et s'il s'est formö un d6p6t dans les cavites des cornes, il faut sans retard pratiquer l'amputation de calui de ces organes dans lequal s'est accumulöe la secretion morbide. Gatte Operation est suivie d'une amelioration dans l'ötat de l'animal teile que tous les signes d'une bonne sante reparaissent instantanement.
Des l'apparition des premiers symptomes, le traitement doit etre en rapport avec leur gravite. Chez les boeufs tres vigoureux, c'est d'abord ä la saignöa qu'il faut avoir recours et il faut meme larepeter deuxfois dans les vingt-quatre heuras. Si l'on se trouve en presence d'un animal dont la constitution a ete affaiblie exces-sivement par la fatigue, par des privations de nourriture ou par Tage, il faut par force s'abstenir des saignees et s'en tanir aux aspersions d'eau froide. Dans ces cas ordinairament on devrait pratiquer immediatemant l'amputation de la corne. Gatte opera­tion aurait le double avantage de donner lieu ä una emission sanguine locale et de prevenir l'accumulation des produits mor­bides secretes. Quand le Catarrhe a debute par une hemorrhagie qui s'est plusienrs fois reproduite, l'amputation est indiquee d'urgence, car catta hömorrhagie a laissö un caillot qui se de-composerait inevitablament et auqual il importe da donner issue.
Pour combattre le Catarrhe chronique, on pratique egalement l'amputation d'une corne et quelquefois meme on se trouve oblige de pratiquer succassivement l'amputation de l'une et de l'autre.
Gatte indication derniere se trouve clairement demontree tou-tes les fois que l'animal continue de tenir la tete hasse avec les paupieres closes ou ädemi-closes, qu'il ne mange pas avec appetit, qu'il ne rumine point et que la chaleur ast das plus intenses ä la base des cornes.
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I5Gnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DES ORGANES RESPIHATOIRES.
Apres l'amputation, on fait, au moyen d'une seringue, des injectioas detersives ou simplement aromatiques; il n'est pas msect;me n6cessaire d'en faire pendant plus de deux ou trois jours, et deux par jour. Seulement il faut avoir le soin de forcer I'ani-mal ä tenir la tete penchee de c6t6 de temps en temps, en imprimant ä cat organe uue forte secousse vers l'ouverture de la corne, aün de provoquer la sortie du pus qui peut etre raste dans las sinus.
Void les formulas das injections astringentes, detersives at aromatiques :
Injection aromatique.
Sauge, lavande, romarin ou tanaisie, etc....... une poignee.
Eau..................................... 2 litres.
Faites infuser.
Injection astringente.
Ecorce de chene........................... 60 grammes.
Eau..................................... 1 litre.
Faites bouillir pendant dix ou quinze minutes et passez k travers un linge.
Pour donner plus d'activit6 a cetta injection, lorsque la mau-vaise odaur prouve qu'il y a tendance a la decomposition pu-tride, on fait dissoudre dans la decoction d'ecorce de chene 10 k 15 grammes d'alun.
Ce traitement reussit ordinairamant dans le Catarrhe chroni-que qui succeda a l'amputation des comes; mais il n'est pas tou-jours efflcace, malgre son indication tres rationnelle, si le Catarrhe a une date fort ancienna at s'il s'est d6clar6 sous Tinfluenca das autres causes qua j'ai signal6es. Aussi, lorsque les bceufs ne sont pas arrives ä une maigreur extreme et qu'ils out conserve I'inte-gritö de leurs fonctions digestives, faut-il conseiller an proprie-taire de les angraissar ou du moins da les ramattre en etat d'etre vendus pour la hasse boucherie.
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CHAPITRE II
Maladies du Larynx et des Bronctaes.
ARTIGLE PREMIER
LARYNGITE SIMPLE AIGUE
Definition. Frequence. — On donne le nom de Laryngite aigue simple, d'Angine laryng6e, k rinflammation de la membrane muqueuse du larynx. Les Latins lui avaient donne le nom de An­gina (de angere, etrangler, sufFoquer), d'oü est venu le mot Angine.
On observe rarement cette maladie chez les vaches laitieres, chez les jeunes animaux et chez les boeufs ou vaches des regions oü les variations atmospheriques ne sent pas frequentes. Elle se manifeste souvent chez las bceufs de travail du Sud-Ouest, dans tous les quartiers et pendant les saisons on ces variations se font remarquer.
Causes. — Quelques sujets, boeufs ou vaches, employes aux travaux des champs, paraissent predisposes ä 6tre facilement aifectös de Laryngite : ce sont tous ceux dont la conformation est elancee, dont la poitrine est etroite, l'encolure longue et grele, le larynx et la trachee detaches pour ainsi dire de l'encolure; ceux en un mot qui, par leur conformation, semblent plus par-ticulierement predisposes aux affections aigues ou chroniques des voles respiratoires. Je ne connais pas d'autre cause prMisposante ä la Laryngite, si ce n'est une Laryngite ayant dejä existe. En effet, on voit bien souvent des boeufs qui, apres avoir ete affectes d'abord d'une Laryngite dont la resolution s'etait effectuee d'une maniere tres satisfaisante en apparence, contractent de nouveau la meme maladie quand ils restent exposes, dans un etat de repos complet, ä Faction d'un air froid et vif.
Les causes occasionnelles sont les arrets de transpiration, el voici dans quelles circonstances, malheureusement trop frequen­tes, ils produisent l'inflammation de la muqueuse du larynx:
Dans beaucoup de localites, l'attelee des bceufs se fait en un seul temps, et sa duree est de huit a neuf heures, quelquefois
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meme de dix ou onze. Le bouvier conduit son attelage aux champs des la points du jour et il commence I'atteMe; mais quand il a d6ja fait travailler ses animaux pendant deux ou trois heures, il suspend son travail et laisse ses bceufs au repos sur le champ pour prendre son premier repas. Quant a lui, il s'abrite dans un fosse, derriere une haie; pendant tout le temps qivil met a pren­dre son repas, ses bceufs restent exposes a l'impression de l'air, dont la temperature est tres variable dans certaines saisons, sur-tout au printemps et en automne, et cela au moment meme ou ils se trouvent dans un etat de transpiration plus ou moins pronon-cee. Teile est la cause ordinaire de la Laryngite chez les bceufs de travail, cause d'autant plus active que ces animaux, quand on suspend leur travail, sont toujours tournes la tete vers le vent. Ainsi, ils etaient fortement surexcites, leur respiration 6tait acceleree, et subitement on les condamne a I'inaction complete, places qu'ils sont de teile maniere qu'un air froid et vif va frapper directement la muqueuse des voies respiratoires au mo­ment oil ils cessent d'etre en mouvement.
Je donne cette explication comme je la comprends; mais ce qui est hors de doute, c'est que les bceufs de travail dont I'attelee u'est jamais interrompue ne sont pas plus souvent courbatur6s que ceux qui ne travaillent point et qui ne sont pas exposes, etant dans I'inaction, aux courauts d'air, a la pluie, au brouillard, etc.
La Laryngite est aussi occasionnee quelquefois par des ma­noeuvres maladroites exercees dans I'arriere-bouche, dans le but de refouler vers le rumen des corps (Strangers engages dans I'oeso-phage. Pendant I'hiver on donne aux bceufs de travail et k ceux que Ton engraisse, du tourteau de lin ou de colza, quelquefois des pommes de terre ou Men des betteraves, et Ton n'a pas toujours la precaution de röduire ces substances en fragments pen volu-mineux ou de les faire passer sous le coupe-racines; aussi arrive-t-il trop souvent que des portions de ces tonrteaux ou de ces raci-nes restent engagees dans l'cesophage. Certes, il y a pour refouler ces corps etrangers dans le rumen un precede d'une simphcite elementaire; mais ce n'est pas toujours le veterinaire qui est le premier a entreprendre I'operation : ce sont des bouviers ou des maröchaux aussi pen habiles les uns que les autres, et maintes fois on voit des Laryngites tres intenses resulter des manceuvres dont je parle et qui produisent parfois le brisement des cartilages.
Symptomes. — Le bceuf atteint de Laryngite aigue a la respira­tion plus ou moins sifflante, ou räleuse; il tient la tete soulevee, (Heve legvrement le mufle, en allongeant I'encolure; il se couche rarement, ou du moins il ne reste pas longtemps couche; ses
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LARYNGITE SIMPLK AIGUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 159
flancs sont agites et r6tract6s. Les carotides battent fortement; il tient la bouche a demi-ouverte, la langue refoulöe en dehors, vers les commissures des levres, avec la pointe pendante k droite ou a gaxiche; et quoique cet organe ne soit point tumeüe reelle-ment, on le dirait presque, en voyant sa base portee en avant. Le mufle est humectö par des mucositös qui fluent des naseaux, en meme temps que de la salive Alante s'echappe de la bouche; les paupieres sont gonflees inegalement, leur tumefaction est plus apparente sur un oeil que sur I'autre; les conjonclives sont injectöes d'une maniere tres sensible; les mourements respira-toires sont quelquefois accompagnes de plaintes sourdes; la peau est seche, le poll herisse. L'animal refuse les aliments-; il ne rumine point. Une faible pression exercee sur la region du larynx provoque la toux, et l'animal temoigne d'une grande dou-leur. De temps en temps, il grince des dents. Ses excrements sont expulsös en petites quantites ä la fois : ils sont moules et sees; I'urine est fortement coloree.
Si la maladie est abandonnöe a elle-meme, la respiration de-vient plus difficile : eile est completement räleuse et entrecoupee de quintes de toux , qui paraissent faire eprouver a l'animal des douleurs tres vives; alors ce ne sont plus des mucosites qui cou-lent par les naseaux, mais un liquide mucoso-sanguinolent. Les flancs sont retractes de plus en plus et l'animal ne se coucbe pas.
Marche. Dur6e. Terminaisnns. — La Laryngite debute presque subiteraent, et dans pen de temps on la voit arriver au point oü tous les symptomes que j'ai decrits se manifestent. Traitee conve-nablement, eile s'arrete presque aussi vite qu'elle s'est declaree: dans ce cas, on voit des boeufs qui paraissent conqjletement gueris quelques heures apres qu'une abondante saignee a 6te prati-qu6e. Ici, la terminaison est la resolution. II arrive quelquefois que la Laryngite se termine par la gangrene et la mort, sur-tout lorsque le traitementn'apasete mis en pratique sans retard. Deux beeufs atteints de cette Laryngite, et qui n'avaient recu des soins intelligents que cinq jours apres rinvasion de la maladie, sont morts le sixieme ou le septieme jour d'une Laryngite gangre-neuse. Ou s'etait contente dös le debut de leur faire des frictions de vinaigre sur les reins.
La Laryngite se termine aussi par un (Hat cbronique dont I'uni-que Symptome est le cornage. Ce n'est pas une hypothese que j'avance: j'avais ete appele pour voir un bumf atteint d'une Laryn­gite aigue simple Men caracterisöe, je ne pouvais pas m'y tromper. Le proprietaire de cet animal etait uncle ces hommes pretentieux, qui ont toujours une objection h faire au veterinaire; j'eus peut-etre
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le tort de ne pas conserver assez de calme et de patience en pre­sence de ses objections, et je quittai la metairie sans pratiquer la saignee que j'avais indiquee comme le moyen le plus efficace de triompher de la maladie.
Le propri6taire, unpeu decontenance par mon brusque depart, ne s'occupa plus de son boeuf que pour lui presenter a boire de la tisane de graines de lin, dans laquelle son animal malade trem-pait seulement le mufle et l'extremite de la langue. An bout de quatre ou cinq jours cependant, ce propriötaire, m'apercevant a une certaine distance, vint ä moi pour m'engager ä revoir son bceuf, et cette fois il melaissa libre d'agir. Mais si, par la saignöe que je ne pouvais plus laire tres copieuse et par le reste du trai-tement employö, je parvins ä amener ce boeuf ä un etat de guörison assez avance, je ne pus neanmoins röussir ä obtenir la resolution complete de sa maladie. II reprit de l'appetit, de la gaiete, et conservait toutes les apparences de la sante taut qu'il 6tait en repos et qu'il ne mangeait pas avec aviditö; mais lorsqu'il marchait ou qu'il avalait gloutonnement une forte bouchöe de fourrage, sa respiration se faisait d'abord sifflante et puis il cor-nait d'une facon tres bruyante. On dut I'engraisser pour le livrer a la boucherie.
Avant de recueillir cette observation, j'avais plusieurs fois 6te appelö pour constater l'ötat de boeufs afFect6s de cornage. Dans ce cas, il m'etait arrivö quelquefois de rencontrer la cause de cet 6tat pathologique ailleurs que dans une lesion organique du la­rynx ; mais, le plus souvent, je ne pouvais röellement attribuer le cornage qu'a une lesion resultant d'une Laryngite aigue simple, dont la resolution ne s'etait pas faite completement. Mon opinion se lormait ou se fortifiait alors par les renseignements que j'obte-nais de source non doutense.
La Laryngite pent done avoir pour terminaison : 1deg; laresolution; 2deg; I'etat chronique, qui sera traite dans un chapitre special; 3deg; la gangrene. II est rare que cette derniere ne soil; pas le resultat d'une influence enzootique; je m'en occuperai plus particuliere-rnent en decrivant la Laryngite gangreneuse.
Lesions pathoio^iqucs. — Je ne possede sur les lesions patholo-giques produites par la Laryngite aigue que I'observation faite ä l'autopsie du boeuf dont j'ai parle plus hautetquiavait ete affecte de cornage par suite du passage de la maladie ä I'etat chronique. Je remarquai, chez cet animal, une tumefaction des parlies Constituantes de la glotte et do I'epiglotte, avec retrecissement tres marque de I'ouverture laryngienne. Aucune trace d'ulceration n'existait sur ces parties ni dans la trachee et les bronches. Les
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LARVNGITE SIMPLE AIGUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;161
poumons 6taient sains, ainsi que les autres organes contenus dans la cavite thoracique. Impossible d'attribuer le cornage ä aucune autre cause qu'aux lösions rencontröes dans le larynx.
Diagnostic. Pronostic. — Les symptomes se manisfestent d'une maniere trop övidente pour que le diagnostic puisse etre un ins­tant douteux; d'ailleurs la douleur eprouvee par ranimal lors-qu'on exerce une legere pression sur le larynx, et la toux qui est la suite de cette pression, sont des symptomes pathognomoni-ques qui ne peuvent tromper; de mamp;ne que le sifilement de la respiration, le rale et la base de la langue portee en avant : le diagnostic pent done etre facilement etabli.
Quant au pronostic, il n'est jamais absolument fächeux tant que la Laryngite ne se complique point d'une autre affection et qu'elle est combattue dans le principe par un traitement ration-nel, pourvu neanmoins qu'une influence enzootique ne se fasse pas sentir. La terminaison ä l'etat chronique ne comporte pas nonplus un pronostic fächeux ä l'exces : si les symptomes de la Laryngite aigue out c6de au point que la respiration se fasse assez bien, si l'appetit est revenu et si la quot;rumination a lieu nor-malement, le boeaf pent conserver encore une grande partie de sa valeur eüt-il meme perdu de son aptitude au travail.
Traitement. — On combat toujours avec succes la Laryngite aigue simple au moyen de la saignee d'abord, et puis en faisant des applications adoucissantes sur la gorge. Mais la saignee a la jugulaire, dont I'indication est precise, doit etre pratiquee avec une grande dexterite. Je m'explique : la condition de placer une ligature fortemeat serree autour du cou, quand on veut etre assurö de ne point faire une saignee blanche, m'a fait hesiter bien souvent avant d'employer ce moyen; mais je dois recon-naitre que, dans le cas de Laryngite aigue, avec respiration tres sifflante ou räleuse, les fortes saignees ä Tariere coccygienne on k la veine sous-cutan6e abdominale ne produisent pas une deple­tion assez prompte. J'ai pu comparer les effets de l'une et de l'autre, et malgrö les inconvönients resultant de la ligature, j'ai du, dans ce cas, donner la preference a la saignee a la jugulaire sur toute autre saignee. Seulement, il y a des precautions a prendre pour que la ligature reste appliquöe le moins de temps possible et pour que le sang jaillisse avec force.
Mais cette evacuation subite d'une quantity de sang assez con­siderable, puisque Ton pratique chez les bojufs de taille moyenne et de conformation ordinaire des saignees de 5 kilog. au moins, produit quelqr.efois la syncope. II ne faut point s'en effrayer, eile n'apasde duree; et bienmieux, on la voit tres souvent, soit dans
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les cas de Laryngite aigue, soit dans des cas d'autres phlegmasies franclies et aigues, etre suivie d'une amelioration tres sensi­ble, ou meme de la resolution presque instantan6e des accidents morbides.
Apres la saignee, on fait des onctions adoucissantes sur tonte la region du larynx, et si le temps est froid et variable, on en-toure cette region d'un bandage de laine, en forme de large cra-vate; le meilleur est nne pean de bete a laine, avec la toison placee directement sur la pean de l'animal; de cette maniere, on entretient une douce chaleur sur la partie malade, et les embro­cations adoucissantes penetreut mieux les tissus.
Lorsque I'inflammation commence a ceder, on remplace les graisses ou onguents purement adoucissants qui ont servi a faire les premieres onctions, par Thuile ou le populeum camphre. J'ai dit ailleurs qu'il fallait preferer, en faisant la medeciue du boeuf, les onctions ou les embrocations aux cataplasmes, parce que I'ac-tion de ceux-ci n'a point de duree, et que l'indocilite des animaux ne permet pas que ces topiques soient tenus en place comme il le faudrait pour que leur action fut efflcace.
Quand les principaux symptomes inflammatoires paraissent avoir completement disparu, alors que I'appetit est revenu, que la rumination a lieu comme dans I'etat normal, si l'animal eprouve quelques quintes de toux quand il boit ou avale un bol alimentaire quelque peu volumineux, il faut renoncer aux applications adoucissantes. Les traces d'irritation qui se conser-vent encore sur la membrane muqueuse du larynx doivent etre combattues par des frictions d'une teinture vesicante; ces fric­tions sont faites de maniere que l'imbibition du liquide soit complete lorsque la friction cesse. C'est ainsi que Ton parvient a empecher le liquide vesicant de s'etendre sur des parties autres que celles oil son action doit s'exercer.
11 n'y a plus ä s'occuper des frictions de cette nature une Ms qu'elles sont faites; le poil se souleve, il tombe avec I'epiderme et la vesication ne laisse point de traces.
Les medicaments ä employer pour les onctions adoucissantes sont :
1deg; Toutes les graisses que Ton trouve h la campagne dans les menages, pourvu qu'elles ne soient point alterees. Celles qui sont ranees ont des proprietes irritantes et produiraient un effet contraire ä celui que Ton attend;
2quot; L'onguent populeum auquel on ajoute en melange une cer-taine quantite de laudanum, dans les proportions suivantes, lorsque la douleur eprouvee par ranimal parait des plus intenses:
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LARYNGITE CHRONIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;163
Onction adoucissante.
Prenez : Ongnent populeum ou d'Althea....... 100 grammes.
Laudanum de Rousseau............. 10 —
ou de Sydenham............ 20 —
Pour frictions vesicantes, essence de terebenthine pure, trois frictions par jour jusqu'ä ce qua le cuir semble se crevasser; ou bien deux ou trois frictions, en deux ou trois jours, avec le liniment ammoniacal.
Ce traitement local et externe ne serait pas assez energique, si la Laryngite aigue passee ä l'ötat chronique avait laisse I'animal affecte de cornage, quoiqu'il parüt d'ailleurs avoir entierement recouvre la saute, car il faudrait alors faire des frictions nom-breuses avec des liquides vesicants : le feu francais ou la tein-ture de cantharides; mais le plus energique de ces vesicants est la pommade stibiee, composee pour cette indication suivant la formule suivante :
Axonge.................................. 100 grammes.
Emetique............................... 25 —
Mfilez parfaitement.
Faites une onction seulement au moyen d'une spatule en bois. Pour d'autres indications, I'emetiqueentre dans cette pommade dans une proportion plus considerable.
ARTICLE II
LARYNGITE CHRONIQUE
Sous ce litre, je decrirai la Laryngite chronique consideree comme une terminaison de la Laryngite aigue simple, et celle occasionnee ou entretenue par des engorgements de nature glan-dulaire ou autre.
Cette maladie est caracterisee : tantot par une inflammation lente de la membrane muqueuse, avec engorgement ou ulce-ration des tissus; tantot par Tengorgement du tube cartilagineux sans 16sion apparente de la membrane muqueuse.
Causes. — Quand la Laryngite chronique est une terminaison de la Laryngite aigue simple, on en connait la cause; il n'y a pas a la rechercher ailleurs que dans 1'application d'un traite­ment mal indique ou dans l'absence de tout traitement. La
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tdinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
Laryngite chronique se manifeste quelquefois apres que des manoeuvres inhabiles ont et6 exercees sur le larynx, manoeuvres qui n'ont pas ete assez violentes pour briser les cartilages et ont cependant donnö lieu ä une inflammation qui a produit l'engorgement et la soudure des cartilages entre eux et par suite le rötröcissement du tube. La Laryngite chronique resulte aussi quelquefois de la pression exercee par des engorgements glanduleux places autour du larynx.
Sjmpioiru-s. — La toux sifflante, courte, qui se produit sans contraction du thorax, toux qui se manifeste en tout temps, mais surtout pendant la deglutition d'un bol volumineux et aussitot que I'animal a bu de l'eau tres froide, est, dans Men des cas, l'unique Symptome de la Laryngite chronique, notamment tant qu'elle est simple et que la membrane muqueuse du larynx n'a point subi d'alteration sensible, qu'elle ne s'est point epaissie et qu'elle n'a pas donne lieu ä un retr6cissement du tube aerien. Si aucontraire eile s'est aggraveoeäce point, outre la toux, on cons­tate que la respiration est plus ou moins gente, toujours un pen bruyante, meme pendant que I'animal est en repos, et plus bruyante encore s'il mange ou s'il est en monvement.
Quand la maladie est plus avancee, I'animal maigrit quoi-qu'il soit Men entretenu; il a le poll pique, la peau seche, et un Symptome pathognomonique de cette aggravation, e'est I'amai-grissement plus prononce des muscles de la region cervicale que de ceux des autres regions. J'appelle plus particulierement I'at-tention des praticiens sur ce Symptome, parce que, du moment oü il pent etre remarque, il n'y a plus k compter sur refficacit^ d'un traitement quelcouque. On avise au moyen de tirer de I'animal le meilleur parti possible, sans le moiudre retard. Toutes les tentatives d'engraissement echoueraient aussi Men que les medications les plus rationnelles.
Cette consideration de l'amaigrissement s'applique ä toutes les affections chroniques des animaux de l'espece bovine; et ici il ne faut point perdre de vue que la Laryngite chronique qui date de quelques mois est presque toujours compliquee d'une bronchite de la meme nature d'abord, puis de l'affection tuberculeuse.
Quand il y a epaississement de la membrane muqueuse, il arrive pourtant quelquefois que l'aggravation du mal ne se de­clare qu'avec beaucoup de lenteur; on voit des boeufs affectes de cornage se conserver pendant longtemps dans une apparence de bonne sante et le cornage rester au meme point. II y a des boeufs (jui travaillent tons les jours, et dont la respiration ne devient bruyante que lorsqu'ils fonCdes efforts plus violents que d'habi-
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LARYNGITE CHRONIQUE.
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Mtude; ce cornage peut exister saus que rien prouve qu'il y ait sur un point des voies respiratoires autre qu'au larynx des 16sions pathologiques.
Plusieurs fois j'ai ete appele pour constater l'etat de bceufs, affectes de cornage, que les acheteurs supposaient atteints de la phthisie tuberculeuse. Mais si j'en ai rencontre qui reellement etaient phthisiques et affectes de cornage en m6me temps, j'en ai aussi observe qui cornaient en travaillaut pöniblement et qui n'ötaient point pbthisiques. Un, entre autres, qui, ayant fait le sujet d'une contestation, avait 6te vendu au boucher h la suite d'une transaction que j'avais menagee, offrit une lesion tres apparente du larynx et un poumon sans la moindre trace de tubercules.
Si la Laryngite chronique est occasionn6e par la soudure des cartilages du larynx ou par leur engorgement, la toux a un caractere particulier; eile ne se produit que par des contractions violentes des muscles thoraciques. La respiration est toujours sifflante, meme dans le repos; mais pendant que I'auimal mange ou qu'il est en mouvement, eile est bruyante et saccadee.
Si la Laryngite est entretenue par la pression qn'exercent sur le larynx des engorgements qui se sont developpes ä son pour-tour, les symptömes varient suivant que la pression est continue ou qu'elle est momentanee. En effet, les tumeurs adherent quel-quefois d'une teile maniere aux tissus sous-jacents ou environ-nants, qu'elles exercent une pression qui est toujours la meme; quaud elles sont mobiles et que dans certains mouvements elles se trouvent deplacees, leur action n'etant plus la meme, les symptomes se calment ou s'aggravent.
Lorsque la tumeur ne se deplace jamais, la toux est frequente et la respiration toujours genöe; si eile se deplace facilement, des manifestations frequentes de Tun et de l'autre Symptome se font remarquer.
Gelle a donne de cette forme de la Laryngite chronique une description ä laquelle j'emprunterai ce qu'elle peut avoir d'int6-ressant.
lt;i Dans l'automne de 1831, l'Ecole vetMnaire de Toulouse fut consultöe pour une vache qui eprouvait une grande gene de la respiration, quelques difflcultös pour opörer la deglutition des ali­ments solides ou liquides, et pr6sentait ä la region du larynx une tumeur assez considerable. Des eleves furent envoyes; ils saigne-rent la malade et ordonnerent des applications emollientes surla tumeur. La maladie augmentant, cette vache fut amenee ä la consultation. Elle portalt alors une tumeur plus grosse que le
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
poing, situöe sur le gosier, a la hauteur du larynx; la respiration 6tait entrecoupee comme dans la pousse, mais petite, fröquente et rälante : l'exercice augmentait ces accidents; la deglutition se faisait avec quelqnes difflcult6s..... raquo;
Plus loin, Gell6 revient sur le meme sujet, et il dit : laquo; On observait les symptömes suivants : tristesse; la tete 6tait por-tte basse; les yeux etaient cependant assez animes et la con-jonctive un peuinject6e; le mufle 6tait sec, la beuche pateuse; on entendait parfois un froissement aigu des dents; les cornes etaient alternativement froides et chaudes; il existait en outre des tremblements ou frissons partiels assez frequents. La respi­ration 6tait difficile, rälante, et les mouvements du flanc irregu-liers; la deglutition etait un peu genee; la panse se ballonnait de temps a autre; l'appetit et la rumination 6taient diminu6s, etc. raquo;
Quelle que soit la forme de cette description, on y retrouve les symptömes, non pas d'une Laryngite chronique essentielle, mais plutot ceux d'une Laryngite occasionnöe et entretenue par une tumeur plac6e sur la region du larynx, et les observations de ce genre sont assez communes. Ces tumeurs elles-memes sent dues ä des causes de differente nature.
En effet, il en est qui ne sont autres que des congestions san­guines indurees, dont la substance a subi une transformation. Tantot elles sont constitutes par un tissu lardace d^pourvu de cavites; tantot elles ont dans leur centre des kystes, des caver-nes di-visees par des brides. Quelquefois ce sont les glandes thy-ro'ides qui, par suite d'une contusion ou d'une piqüre, sont pas-sees ä un etat d'induration ; ce sontaussi les parotides qui, sous Faction de causes ä peu pres semblables, se sont egalement indu­rees. J'ai vu, chez deux vaches, des tumeurs de cette nature deve-loppees sur la region du larynx ä la suite de mouchetures pro-fondes pratiquees sur un engorgement sanguin, dont le siege primitif avait t te d'abord entre les deux branches du maxillaire.
Marche. Dur£e. Terminaisons. — La Laryngite chronique a cons-tamment une marche tres lente; consequemment, eile a une longue dur6e, ou du moins eile aurait une assez longue duree si Ton n'avait la faculte de tirer des animaux unquot; parti relativement avantageux en les livrant au boucher. Quant ä la terminaison, eile serait inevitablement fatale dans le plus grand nombre de cas sans la ressource dont je viens de parier.
Lesions pathologiqncs. — A l'ouverture des animaux morts des suites de la Laryngite chronique ou du moins sacrifles pendant l'existence de cette maladie, on trouve de la rougeur sur la mem­brane muqueuse du larynx, un ramollissement de cette membrane
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ou une augmentation de son volume. D'autres fois, les cartila­ges ont acquis de l'epaisseur; Us sont sondes, et les ouvertures gutturales sont plus ou moins retrecies. J'ai dit döja de quelle nature sont les turneurs qui occasionnent ou compliquent la Laryngite chronique.
Diagnostic. Pronostic. — La Laryngite chronique, qui se carac-terise par des symptomes peu nombreux, tres saillants et pour ainsi dire isoles, n'est point difficile a distinguer des autres affec­tions des Toies respiratoires : il sufflt, pour la caract^riser, de cette toux sifflante, saccadöe, se manifestant toutes les fois qua I'animal boit ou mange ou qu'il est obligö de marcher ä une allure un peu pressöe.
Le pronostic est facheux dans ce sens qu'on doit toujours ou presque toujours prevoir que la Laryngite chronique ne guerira point, ä moins qu'elle ne soit simple et qu'elle constitue seule-ment une modification de la Laryngite aigue simple. Alors, le pronostic est moins fächeux, parce qu'il est possible d'en triom-pher an moyen d'un traitement rationnel ou du moins d'öviter qu'elle ne soit un obstacle h I'engraissement.
Traitement. — Si la Laryngite chronique est simple, les fric­tions vösicantes faites sur la region laryngee peuvent amener la disparition des symptömes; mais il faut que ces frictions soient souvent reuouvelees, en observant les indications suivantes : on fait, avec la teinture de cantharides ou avec le feu francais, ou meme avec I'onguent vesicatoire, une, denx ou trois frictions, le nombre süffisant pour que la peau commence ä se tumefier, que le poll se redresse et que I'epiderme se souleve. Quand on a obtenu ce resultat, on ne fait plus de frictions, ni aucune espece d'appli­cation : elles seraient inutiles ou daugereuses; irritantes, elles produiraient une eschare qu'il faut eviter; adoucissantes, elles entraveraient en partie 1'action des vesicants. Done, le traitement cesse aussitot que les frictions ont produit I'effet desire, et Ton attend, pour savoir s'il y a lieu d'en faire de nouvelles, que le poil soit tombe ainsi que I'epiderme, que la tumefaction de la peau n'existe plus ct que le poil commence h repousser. Alors seulement on reviendra ä la meme medication, s'il se produit encore des symptömes de Laryngite chronique.
Si Ton se sert d'onguent vesicatoire, les onctions doivent etre faites avec une spatule et de teile mauiere que cette preparation soit entierement fondue et qu'elle ait disparu par une sorte d'im-bibition quand 1'operation cesse; sans cela, I'onguentcoule sur les parties que Ton voudrait manager ou sur les corps qui sont a portee des animaux, et ceux-ci peuvent I'enlever avec la langue
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ou s'en imprögner le mufle, les paupieres, eu se frottant contre ces corps.
Dans les autres etats de la Laryngite chronique, le traitement serait inefficace; il est done inutile de s'en occuper.
ARTICLE VI
LARYNGITE DIPHTHERIQUE Syxosvmie : Croup, Angine croupale.
Definition. Frequence. — La Laryngite diphtherique ou pseudo-membraneuse est une inflammation aigue sui generis de la mem­brane muqueuse du larynx. Elle est caraetöriseepar la production d'une fausse membrane, designee communement sous le nom de Group dans le langage medical; a la campagne, les bouviers lui donnent des uoms qui different a rinflni.
Cette maladie, si frequente dans I'espece humaine, a ete remar-quee chez tous les animaux domestiques, cbez le cheval, le mu-let, les betes ä laine et les betes bovines. Vieillard, Bouin, Gohier, Favaient observee chez des vaches; Semiglia, chez des veaux. II fut amene, en 1824, une vache atteinte de cette mala­die a TEcole veterinaire de Lyon. Mousis, Lamya, Gelle, Seri-ziat, Bernard, Tont decrite; mais les meilleures observations a consulter sur cette affection sont celles de Barrere et deDelafond.
En general, on I'observe chez les vaches vieilles ou jeunes et aussi chez les genisses et les veaux beaucoup plus sou vent que chez les boeufs de travail.
Causes. — Läge n'est pas, chez les animaux de Fespece bovine, une cause prödisposante, puisque la maladie se declare chez de vieilles vaches aussi bien que chez des jeunes, genisses ou veaux. II est ä presumer que la debilite de la constitution est une cause plus active. Le mal se declare le plus souvent chez les betes dont la constitution a et6 appauvrie par une alimentation insuffisante ou par des travaux excessifs. Ordinairement, les veaux qui sont affectes du Croup sont issus de vaches tres vieilles, maigres et qui ne fournissent qu'une tres petite quantite de lait, et ce n'est pas sans motifs qu'en admettant que la Laryngite croupale soit une inflammation, j'ai ajoute la quahfication sui generis.
ExpUquons-uous : uu bceuf ou une vache qui se trouvent en sueur sont surpris par une averse, ils stationnent, et sont exposes a un vent froid. Le bceuf est en tres bon 6tat, vigoureux, bien
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nourri; la vache, vieille et maigre, ext6nu6e par Tage ou les privations'. Or, sous Tinfluence de la meme cause, le bceuf sera affecte d'une Laryngite aigue franche, et la vache sera atteinte du Croup. La meme cause aurait produit un effet identique chez les deux animaux s'ils se fussent trouvös dans les memes condi­tions de sante, et c'est la difförence qui existe sous ce rapport entre les deux animaux qui determine le caractere saillant de la maladie.
II y a done lieu de tenir compte de l'etat des animaux au moment de Tinvasion de la Laryngite, et Ton verra pour quel motif, lorsqu'il sera question du traitement.
Les causes occasionnelles ne sont pas toujours des averses ou l'exposition ä des courants d'air; lesgenisses etlesveauxn'ontpas ete dans tons les cas mis en transpiration avant d'etre affeetös du Group. II est de ces animaux qui ne sont jamais sortis des etables quand le mal se declare; mais Us y out tres souvent respire un air charge de principes irritants. II m'est arrive d'etre pris ä la gorge par cet air au milieu duquel vivaient des gönisses ou des veaux que je voyais atteints du Croup; or pourquoi Faction irri-tante qui m'impressionnait, alors qu'elle n'etait que passagere, n'aurait-elle pas occasionne le Croup chez des animaux qui s'y trouvaient plongös forcement la nuit et le jour, la nuit surtout, quand le bouvier croirait se rendre coupable d'un delit tres grave s'illaissait beante, nonpasune grande ouverture, porte ou fenetre, mais une simple fissure?
Une vive surexcitation pent egalement occasionner le Croup; des taureaux en out ete affectes pour s'etre fatigues et violemment surexcit6s en luttant dans les päturages.
On voit parfois des veaux de lait affectes de cette maladie et d'une affection vermineuse en meme temps. Si la cause predis-posante est la meme pour ces deux maladies, il est pourtant bien evident que la presence de vers dans les voies respiratoires pent etre egalement la cause occasionnelle de la Laryngite croupale. Cette presomption, d'ailleurs, a ete souvent confirmee par les resultats du traitement.
Symptömes. — Tristesse, appetit nul, point de rumination, ab­sence de pandiculation, sensibilite extreme manifestee par la pression la plus legere de la region laryngöe, toux rauque et räleuse, frequenteetquinteuse; naseaux dilates, yeux larmoyants, quoique grands ouverts; conjonctive injectee, respiration diffi­cile, flancs rötractes, encolure placöe dans une position presque horizontale. L'animal releve lögerement la tete; il a les oreilles pendantes; sa station est inquiete, incertaine.
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
Chaque quinte de toux est suivie d'un flux muqueux par les naseaux ou d'expectoration par la bouche de mucosites öpaisses et blanchätres. Apres chacune de ces quintes, ranimal entr'ouvre la bouche et puis il grince des dents.
Les auteurs qui out ecrit sur le Croup des animaux de l'espece bovine signalent tous un pouls fort, plein et dur; et j'avoue navoir remarquö cat etat que chez un petit nombre de bceufs ou de vaches, jamaLi chez des gönisses ui des veaux. Le plus souvent, I'artere est molle platot que souple; les battements sont faibles plutöt que forts et tumultueux, le pouls assez vite pourtant.
Quand ou a eutendu une fois la toux d'un sujet malade du Croup, on ne pent plus s'y tromper; aussi suis-je porte k consi-derer cette sonorite, rauque et raleuse en meme temps, comme un Symptome pathognomonique decisif.
Apres les quintes de toux, le rale croupal est moins fort; il semble diminuer pour reprendre bientöt toute sa gravite. La nuit aussi, il est moins intense. Si les animaux affectes de Croup se couchent, ils se relevent bientöt. Ordinairement, ils rendent des excrements reconverts plusou moins de mucosites, et leurs urines out un aspect legerement laiteux.
Les animaux expulsent tres souvent, pendant les acces de toux, des portions plus ou moins considerables de la production pseudo-membraneuse; et il arrive quelquefois, apres cette expulsion, qu'ils paraissent gu6ris : la respiration se fait r6gulierement, la toux cesse et l'appetit semble etre revenu; l'animal rumine quelque­fois, mais lentement. Cette amelioration n'est que momeutanee, a moins que, sous l'influence du traitement ou par les seuls efforts de la nature, la fausse membrane n'ait et6 expulsee completement et qu'il ne s'eu soit point formee d'autre.
Je possede deux observations de Laryngite croupale avec Erup­tion de boutons sur la peau. Je ne me suis point occupe de cette eruption, que je ne considerai que comme uu epiph6nomene, et probablement j'etais dans le vrai, puisque cette eruption disparut chez nn de ces animaux, qui en gu6rit an fur et a mesure de la diminution des symptömes de la Laryngite croupale.
J'ai parle des observations de M. Delafond; j'en rapporterai une:
laquo; Une genisse dgee de deux ans, dit le savant professeur, ayant paru malade de la veille seulement, presente les symptömes sui-vants : tete allongee sur l'encolure et port6e alternativement h droite et ä gauche, trepignement des membres ant6rieurs, oreilles basses, yeux proeminents, pupilles dilatees, bouche ouverte, lan-gue pendante avec salivation, respiration tres laborieuse, cornage tres fort avec gemissement. A Tauscultation, sifflement laryngo-
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trachöal, räle croupal. Ce bruit se fait entendre dans le larynx et le commencement de la trachöe; sensibilitö ä cet endroit. Toux pönible et avortee; pouls petit, dur et vite; veines superficielles tres grosses; chalenr cutanöe, surtout aux oreilles; cornes chau-des. On pratique la trachöotomie sur le cote de la trachee; les symptomes de suffocation cessent aussitot, et reparaissent seule-ment quand on bouche le tube. Saignee de 10 a 12 livres ä la jugulaire; sang tres noir et tres plastique. Gargarismes avec I'oxymel simple; mastigadour de miel et de poudre de reglisse; onction d'un melange de beurre frais et d'huile autour de la gorge; peau d'agneau. — 2e jour : Le sifilement se fait toujours entendre quand on bouche l'ouverture du tube. Pouls petit, vite : 60 pulsations. Nouvelle saignee de 10 livres, sang moins noir et moins plastique. Fomentations et bains de vapeur emollients au­tour de la gorge et dans les naseaux; nouvelles onctions d'huile et de beurre; lavements irritants. — 3C jour : A Tinstant on, paiquot; curiosite, on bouche le tube, quot;la bete se jette sur le cote, s'ebroue et rejette par la bouche et les naseaux une portion de fausse membrane. On bouche le tube, leger räle au larynx; on presse cet organe, toux et rejet par la bouche de quelques portions de fausses membranes. Pouls plus fort, toujours accel6r6 : söton au fanon. Meme traitement, moins la saignee : convalescence, retablissement.raquo;
La seconde observation recueillie par M. Delafond a pour sujet un veau dehuit mois en bon 6tat de sant6 : La veille, dit-il, du jour oh on 1'observe, se manifeste, le matin, une tres grande dif-ficultö de respirer, accompagnee de sifilement. Le propri6taire pratique une saignee a la queue, enduit le pourtour de la gorge d'une couche d'axonge et l'enveloppe d'une peau de mouton. Au bout de cinquante-huit heures, M. Delafond visite le jeune animal qui presente les symptomes suivants : laquo; tete portee en avant, bou­che remplie de salive filante, langue pendante, conjonctives pales, toux quinteuse, grasse, accompagnee de douleur exprimee par le tröpignement des membres ; sifflement tres fort au larynx, räle a la trachee et aux bronches, respiration pulmonaire sourde, sensi-bilite pen marquee au larynx, nulle a la trachee; pouls petit, con­centre, tres accelere. — Saignee de 5 livres a la jugulaire, respi­ration de vapeurs emollientes, lögerement etherees; gargarismes avec d'oxymel simple, embrocations d'huile chaude autour de la gorge, qu'on entoure d'une peau de mouton. Lavements irritants avec la decoction de tabac. On propose la tracheotomie qui n'est pratiquöe que le soir; six heures apres, I'animal se couche et meurt. raquo;
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MALADIES DES ORGANES BESPIRATOIRES.
Je reviendrai sur les observations que je viens de rapporter en parlant du traitement.
Marche. Ouree. Terminaisons. — La Laryngite croupale a uue marche rapide, mais non foudroyante, comme on I'a dit : la vache traitee par M. Delafond est entr6e en convalescence le sixieme jour; dans une observation publiöe par M. Barrere, la convales­cence a commence ögalement le sixieme jour; la santö ötait com-pletement retablie le buitieme. La vacbe amenöe par M. Söriziat a l'Ecole vöterinaire de Lyon, lui fut rendue complötement gu6-rie le 21; eile etait entree ä rinfirmerie le 12. Teile est la duree moyenne de la Laryngite croupale sous rinfluence d'un traite­ment ayant pour base la saignee. Gette duree est moins longue dans bien des cas, et la marche est aussi quelquefois plus rapide. J'ai vu, des les premiers jours, la suffocation devenir imminente; j'ai vu egalement des vaches qui avaient le räle croupal depuis trois on quatre jours, lorsqu on se decidait a m'appeler, et, mal-gre ce räle assez marquö cependant, les betes conservaient encore un peu d'appetit et ruminaient quelquefois.
L'Angine croupale fait des progres rapides ou lents, comme on vient de le voir; mais je ne sache pas qu'elle se soit jamais termi-nee par la resolution, en debors de rinfluence d'un traitement; il ue parait pas que cette terminaison puisse avoir lieu, du moins dans le plus grand nombre des cas, par les seuls efforts de la na­ture. Un traitement ratiounel peut etre suivi de guerison, mais les cas de mortalite sont plus nombreux. Dans beaucoup de faits de terminaison beureuse, les animaux malades out rejete, par l'expectoration, des portions de fausses membranes, et une am6-lioration sensible, durable ou momentanee seulement, en a 6te la consequence immediate.
Dans I'Angine croupale, il se produit des exacerbations frequen-tes, suivies de remissions alternatives; quelquefois les acces se declarent la nuit, d'autres fois c'est pendant le jour; sous ce rapport, ils n'ont rien de regulier. II est fort difficile d'assigner ä cette maladie des periodes bien distinctes : la periode d'inva-sion, caracterisee par la premiere manifestation des symptomes, est la seule reguliere; mais apres, ce sont des temps uniformes ou des exacerbations inegales d'intensitö et de retour.
Lesions pathoioeiqncs. — Muqueuse de rarriere-bouche d'un rouge brun; les follicules muqueux du voile du palais et de la langue un peu rouges, mais tumefies sensiblement et reconverts de mucosites blanchätres; muqueuse du larynx, recouverte de fausses membranes : meme lesion sur la membrane de la tracbee-artere et des bronches; les Jausses membranes du larynx sont
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öpaisses, surtout ä la base de Töpiglotte oü elles se dötachent avec facilite, tandis que,dans la trachee et les bronches, elles sent tres adhörentes. L'öpaisseur de ces fausses membranes est tres variable. Sous les fausses membranes, la muqueuse est tres rouge chez les animaux en bon 6tat qui n'ont pas ete saignös, mais eile est pale chez ceux qui ont etö saignös ou qui etaient dans de mauvaises conditions quand la maladie s'est declaröe.
On tronve aussi des fausses membranes dans les grosses divi­sions des bronches et sur la muqueuse intestinale, at plus ou moins dans les divers organes gastriques proprement dits ou in-testinaux, chez toutes les vaches en mauvais etatau moment ou la Laryngite croupale s'est manifestee.
Gelle donne la description suivante des lesions pathologi-ques observöes chez un boeuf de trois ans, mort d'une Laryngite croupale :
laquo; Le larynx, la trachee-artere et les bronches etaient remplis de mucositös spumeuses; la muqueuse qui les tapisse etait recoil-verte d'une pseudo-membrane epaisse de 2 a 3 millimetres, assez epaisse pour rösister a une forte traction; eile etait separee de la muqueuse, dechir6e et flottante sur beaucoup de points; eile oblitörait piusieurs des ramifications secondaires des bronches, refletait une couleur rose pale a sa surface libre, etait plus colo-ree et floconneuse a sa surface adherente. Cette production mor­bide me parut de nature fibrino-albumineuse. La muqueuse res-piratoire etait rouge et epaissie; les poumons engoues de sang noir et liquide, etc., etc. raquo;
Voici quelles lesions a rencontrees M. Delafond a I'ouverture d'un veau de cinq mois, atteint d'une Laryngite croupale, com-pliquee de pneumonie:
laquo; Au larynx, des fausses membranes sur toute l'etendue de la muqueuse qui le tapisse; une portion de fausse membrane est detachee et flotte danssa cavite; le reste de la fausse membrane est separe facilement de la muqueuse, qui est rouge, injectee, pointillöe et tres legerement öpaissie. La fausse membrane est blanchätre et se dechire facilement; son öpaisseur varie de 1 a 2 lignes. Dans la trachee, on remarque ä differents endroits de larges plaques de fausses membranes.
laquo; Les bronches, a leur origine, sent remplies d'un mucus glai-reux et de quelques portions de fausses membranes. La muqueuse est rouge et pointillöe. Les poumons sont gros et pesants, macu-les a l'extörieur de blaue, de rouge et de gris; par la section, il s'en ecoule un liquide mousseux. Le parenehyme pulmonaire, dans quelques endroits, est d'un rouge fonce et se dechire faci-
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lement; dans d'autres, il est blanc, jaunätre et entoured'une in-flltration sereuse du tissu cellulaire interlobulaire. Ces altörations affectent presque toute l'ötendue du poumon. Le lobe postö-rieur est seulement un peu plus altere; il laisse ecouler par la pression un liquide trouble, mousseux, ayant dejä Todeur gangröneuse. raquo;
uiaguostic. Pronosiic. — Le rale croupal indique sufflsam-ment quel est le veritable caractere de la maladie, il n'y a pas a s'y möprendre ; et le pronostic, qui doit toujours etre formulö avec de certaines reserves, varie n6cessairement en raison des cüfiörents caracteres de la maladie et de l'etat des sujets affectös. Si le sujet est jeune, vigoureux , et d'une constitution Men con-servee, on peut compter, jusqu'a un certain point, sur les effets du traitement.
Si la constitution de Tanimal est usee, il est impossible de pro-nostiquer avec assurance une terrainaison favorable. Les vieilles vaclies, la plupart dejä minöes par la phthisic tuberculeuse, ne resistant pas ä l'Angine croupale; les veaux maigres, et sou-vent affectes en meme temps de quelque maladie vermineuse, n'y resistent pas davantage.
Le pronostic n'est favorable que lorsque l'on voit des portions de fausses membranes etre rejetees parl'expectoration, ou lors-qu'apres la traclieotomie la respiration se fait librement, que Tanimal temoigne du desir de prendre des aliments et qu'il peut les avaler facilement.
Traiiemcnt. — J'ai d'abord employe la saignee pour faire avor-ter la Laryngite croupale et empecher la formation de la fausse membrane; mais j'ai du aussitot renoncer ä ce moyen. En publiant une observation d'Angine croupale chez le cheval, j'ai fourni la prenve que les symptomes prenaient toujours plus d'in-tensitö apres la saignee, qui ne convient que dans les cas fort rares oü la maladie se declare chez des animaux fortemeut cons-titues et tres plethoriques.
Les observations publiees par les veterinaires qui m'ont pre­cede conürment cette remarque et donnent la preuve que la sai­gnee n'a jamais eu un resultat avantageux, decisif, et que, bien souvent, eile a paru occasionner plus rapidement la terminaison funeste.
Gelle raconte, dans sa premiere observation de Laryngite crou­pale, qu'il a saigne plusieurs fois et fortemeut un boeuf d'un tem­perament sanguin et en bon etat, pour abontir ä... une autopsie. Dans la seconde observation, il a saigne egalement des le debut de la maladie; mais cette pratique n'avait pas enraye saus doute
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LARYNGITE DIPHTHÖRIQÜE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;175
la marche de la maladie, puisqu'il se hdta de recouiir ä la tra-chöotomie. Et void ce qu'il dit de sa troisieme observation :
laquo; Je fis avorter rinflammation 'par la saignee, la tracheoto-mie, I'application d'un sinapisme sur le trajet de la trachee; je scariflai 1'engorgement qu'il produisit, il fut suivi de frictions revulsives, faites avec la teinture de cantharides sur la region trache-lienne de Vencolure. raquo; — Autrement dit, la tracheotomie, le sina­pisme et les frictions avec la teinture de cantharides, ont triom-phö de la Laryngite croupale en meme temps que des mauvais etfets de la saignöe, des boissons adoucissantes, des lavements emollients, etc.
M. Mousis a saignö plusieurs Ms et abondamment uhe vache atteinte de Laryngite croupale, et les symptomes devenaient de plus en plus graves; mais la vache guerit... apres avoir rejete par I'expectoration, dans la unit, une espece de membrane allongee, blanchätre, inorganique, assez consistanle, de la longueur de 18 centimetres sur 10 centimetres de largeur.
Une vache atteinte de Laryngite croupale, amende par M. S6-riziat ä I'EcoIe veterinaire de Lyon, n'est point saignöe, et eile lui est rendue an bout de huit ou neuf jours parfaitementguerie.
De la premiere observation de M. Delafond, il ressort qu'une vache a ete saignee plusieurs fois a outrance et que les sympto­mes ont ete toujours en augmentant. Elle est guerie cependant apres la tracheotomie. Alors seulement les symptomes de suffo­cation ont disparu.
II fait une saignee de 5 livres a un veau qui a dejä ete saigne, et le resultat de ce traitement est encore une autopsie. II saigne plusieurs fois im veau de cinq mois atteint d'une Laryngite crou­pale compüquee de pneumonie, et le veau meurt.
Je ne rapporterai point les nombreuses observations du meme genre qui me sont personnelles; il me suffira de dire que la sai­gnee, dans les cas de Laryngite croupale, ne m'a point donne de meilleurs resultats qu'elle n'en a donne h ceux de mes confreres qui Tout employee dans la meme circonstance.
Le traitement dont on peut obtenir les meilleurs resultats cou-siste dans I'application, an debut de la maladie, de sinapismes aux avant-bras, an plat des cuisses; dans 1'administration de boissons emetisees, a petites doses souvent repetees, pourvu que cette administration n'augmente point la difficulte de la res­piration. Quand il est devenu evident que des fausses membranes existent dans le larynx, que leur formation est complete, on doit faire des frictions vesicantes sur la gorge et meme aux faces de lencolure vers la region superieure. Si, malgre l'emploi de cette
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ill
I 76nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES OHGANES RESPIRATOIBES.
medication, la suffocation est imminente, on pratique la trachöoto-mie. Gette operation a pour effet immediat de rendre ä la respi­ration toute sa liberty; mais eile n'amene la gu6rison complete que lorsque les fausses membranes, se dötachant en partie du larynx, vieunent se presenter ä l'ouverture faite h la tracböe et qu'on les enleve.
L'apparition des fausses membranes a l'ouverture pratiquee ä la trachöe-artere est un fait ä peu pres constant, et si elles ne se prösentent pas, on cherche a les attirer avec des pinces recourbees. Mais l'operation, meme quand eile est suivie d'une amölioration tres sensible, n'implique pas la suspen­sion de tout autre moyen de traitement. Pendant quelques jours encore, Faction des applications v6sicantes doit etre continuöe, et Ton ne cesse d'administrer des boissons emetisees que lorsque Tanimal a recouvre I'app^tit, qu'il rumine, et que son pouls, de faible et vite qu'il etait, est devenu normal. Dans ce temps de la maladie, on donne des breuvages amers alternativement avec des breuvages ömetises. Si Ton reconnalt que Tadministration des boissons ömetisees provoque des acces de toux et qu'elle fatigue beaucoup ranimal, on remplace ces boissons par des lavements egalement ^metises; et, aün qu'ils soient retenus par ranimal, on a le soin de les faire preceder d'un lavement ordinaire qui vide le rectum. An reste, toutes les Ms qu'on dösire faire retenir par un grand ruminant un lavement qu'on vient de lui administrer, on observe cette precaution, et, de plus, on lui fait prendre sur ses membres une pose borizontale en lui pressant lögerement la colonne dorso-lombaire.
On prescrira les boissons et lavements ci-apres, qu'on adminis-trera trois fois par jour :
Boissons ou lavements emetises.
Eau tiede ...............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 litre.
Tartre stibiö..............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 gramme.
Pour les petits animaux (veaux au-dessous d'un
an)...................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; moitie dose.
Breuvages amers.
Racine de gentiane........................nbsp; nbsp; nbsp; 64 grammes.
Ecorce de saule...........................nbsp; nbsp; nbsp; 64 —
Extrait de genievre........................nbsp; nbsp; nbsp; 64 —
Eau..................................... 1 litre et demi.
Faites une decoction avec les deux prerniöres substances et l'eau, et ajoutez
! extrait de genievre.
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LARYNGITK PAR PRACTDBE DES CARTILAGES. 177
En remplacement du pr6c6dent, lorsque les animaux donnent les signes d'une grande faiblesse, on donnera le breuvage ci-apres :
Breuvage stimulant.
Baias de genievre.........................nbsp; nbsp; nbsp; 32 grammes.
Cannelle.................................nbsp; nbsp; nbsp; 32 —
Anis vert ou 6toile........................nbsp; nbsp; nbsp; 16 —
Eau................................... 4 litre.
Traitez par infusion et administrez tiede.
ARTICLE IV
LARYNGITE PAR FRACTURE DES CARTILAGES
Frequence. Causes. — II taut avoir exerce la medecine veteri-uaire dans les campagnes pour connaitre cette maladie ou en avoir entendu parier : eile n'est decrite dans aucun ouvrage traitant des maladies du boeuf. L'imprövoyance des cultivateurs est teile, dans Men des localites, qu'ils ne se donnent aucun soin pour empecher (pie des substances alimentaires puissent rester engagees dans Toesophage des ruminants, car les accidents de cette nature sont tres frequents. Les boeufs avalent gloutonnement les portions de lourteau qu'on leur distribue, les racines, betteraves, carottes, pommes de terre, navets, etc.; ils ne mächent pas toujours ces aliments , ils en forment un bol tres volumineux, et ce bol reste quelquefois engage dans Toesophage; ou Men ces substances sont angulenses, telles sont les portions de tourteaux faites avec la hache ou avec le couteau, etc., et elles se trouvent retenues aux parois de l'cesophage. II est facile de concevoir alors comment se manifeste Taccident qui nous occupe.
J'ai dit ce qui se passe aussitöt qu'un corps etranger s'est arrete dans le canal cesophagien et qu'il ne peut ni remonter ni descen-dre : le boeuf se livre aux mouvements les plus desordonnes; 11 trepigne, se couche, se releve, rapproche ses membres, contracte avec violence ses muscles abdominaux et pectoraux; il tousse avec force; il rejettepar la bouche et par las naseaux des mucositös en quantity; puis bientot il est meteorise, au point quelquefois d'etre menace d'asphyxie par le seul effet de la meteorisation.
On conceit que lorsqu'un boeuf se trouve dans cet etat, le proprietaire ou les personnes preposees ä sa garde prennent su-Mtement I'alarme. D'abord on cherche k lui faire avaler en breu­vage de l'huile, ou d'autres liquides que Ton suppose propres ä
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
faciliter la deglutition. Mais ces tentatives n'ayant d'autre resul-tat yue d'aggraver la situation, on ne tarde pas ä essayer l'in-troducdou dans I'cesophage d'uue forte baguette ou d'uu baton flexible, pourvu d'une pelote de chiffons ou d'etoupes ä une de ses extremites, et cette manoeuvre qui le plus souvent ne pro-duit pas I'effet desire parce qu'elle est mal execut6e, a pour resultat, dans nombre de cas, le brisement des cartilages du larynx; de teile sorte que lorsque le veterinaire arrive, il trouve le bceuf menace d'asphyxie par suite de la meteorisation et de plus avec les cartilages du larynx brises.
SymptAines.— Les symptömes de ce brisement sont tres appa-rents. Une tumeur emphysemateuse s'est formee autour du larynx, et en la pressant on sent et Ton entend craquer les cartilages fractures: alors on voit des stries de sang mel6es aux mucosites qui fluent par la bouche et par les naseaux; la respiration est sifflante, quoique par la ponction du rumen on ait fait cesser la menace d'asphyxie.
En pared cas, il n'y a qu'ini parti ä prendre : sacrifier I'animal et en tirer sans retard le meilleur parti possible.
ARTICLE V
IARYNGITE GAXGUENEÜSE EPIZOOTIQUE
Svnonymif, ; Esijuiiumcie gangröneuse, Angijne gangreucuse, Angine maligne.
DcOnition. Frequence. — La Larynglte gaugreneuse differe de la Larynglte aigue simple en ce qu'elle se manifeste par des symp­tömes plus in tenses, a une marche plus rapide, se termine promp-lemeut par la gangrene et en ce qu'elle se developpe, sous I'in-fluence d'une cause generale, chez un grand nombre d'animaux a la fois, en plusieurs lieux ou dans des localites circonscrites.
Cette maladie a ete decrile plusieurs fois; on croit en retrouver les symptömes dans les auteurs grecs et latins et dans les Oeu­vres des poetes ; mais de pareilles descriptions n'enseignent abso-luraent rien ä la pratique. Contentons-nous de savoir dans quels lieux eile a existe dans des temps rapproches de nous et sous l'influence de quelles causes eile a paru se declarer ä l'etat d'epi­zootic ou d'enzootie.
On la voit regner souveut, sous la forme epizootique, dans les marais de Ilochefort, du Languedoc et de la basse Auvergne, oü eile paralt tenir, dit Hurtrel d'Arboval, ä des circonstances par-
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I.ARYNGITE GAK6BENECSE EPIZOOTIQUE.
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ticulieres de l'atmosphere et du soi. Le professeur Rodet, qui avait fait les campagnes d'ltalie sous le premier Empire, I'avail. observöe, avec le caractere egalemeut epizoodque, dans les pro­vinces de Ferrare, Modene, Mantoue, Veroiie et Padoue; particu-lierement dans les piaines oü il existe des päturages has et mare-cageux. Elle s'est montree, en 1762, chez les betes a comes du canton de M6zieux en Dauplüne, et y a paru occasionliee par la secheresse et par la mauvaise qualile des fourrages et des boissons.
La meme maladie a aussi exercö des ravages, en France et en Hollande, pendant Tannee 1770. L'epizootie qui regna en-Flandre, en Artois et dans le Boulonnais, pendant les cumees 1773, 1772, 1773, oü lui fut donne le nom d'Esquinaucie maligne, etail de cette nature. On Tobserva aussi en 1809, dans le village de Rosny, oü M. Huzard pere fut envoye par le Gouvernement dans le but d'en arreter les progres; et, en eiTet, la maladie, qui avail fait dans ce village de nombreuses victimes, n'en fit pas de nou-velles et ne gagna point les localites voisines.
Causes. — Ce sont toutes celles qui donnent lieu aux epizooties et aux enzooties : Fair vicie par des emanations deleteres de ma-tieres animales on vegetales en decomposition, — ces dernieres aussi bien et pent-etre d'une maniere plus active que les premie­res, — les emanations produites par le rouissage dulin et du chan-vre, occasionnent cette Angine gangreneuse; et si eile se manifeste chez les animaux qui paissent dans les päturages bas et humides, c'est parce qu'ou y trouve plus que partout ailleurs des matieres vegetales en decomposition. On attribue egalement cette maladie aux fourrages mal recoltes, mais il serait necessaire de s'entendre ä ce sujet, car les fourrages sont mal recoltes de plusieurs manie-res, et leurs proprietes s'alterent aussi diversement.
Les fourrages qui fennentent apres avoir etu mis en menles ou rentres en grange apres une dessiccation incomplete, sont affectes de moisissure, et s'ils ont sur la sante des animaux uue influence lächeuse, eile n'est point la meme que celle des fourrages qui, surpris par le mauvais temps apres le fauchage, ont ete laves par des averses successives et ont perdu toutes leurs proprietes abbl­ies. Geux-ci donnent lieu ä l'appauvrissement du sang, tandis que les fourrages moisis occasionnent des maladies inflammatoires.
II en est de meme pour les boissons; aiusi il faut dislinguer certaines eaux contenant des principes acres et irritants, el pouvant occasionner des maladies qui aurout un caractere in-llammatoire, des eaux impures et vaseuses qui servent souvenl de boisson sans etre la cause d'aucune maladie, parce que le tra-
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MALADIES DES ORGANES RESPIIIATOIRES.
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vail de la digestion semble neutraliser les elömeiits d'impuretö, et qui cependant, sous I'mfluence d'une temperature elevee, peu-vent vieler Tair par leurs ömauations.
On a attribue pendant longtemps les epizooties et les enzooties, aussi Men de Laryngite gangröneuse que d'autres maladies, ä l'usage des fourrages nouvellement recoltes, et il est a pen pres certain que ces fourrages donnös avec mesure ne sent point mal-faisants. Gherchons les causes des maladies oil elles sont, et quand elles nous resteut inconnues, sachons I'avouer. Ge ne sera pas la premiere fois que Ton n'aura pu designer les veritables causes des maladies gönerales et la nature de ces maladies.
Symptames. — Hurtrel d'Arboval, qui ecrivait encore sous I'in-flueuce des idees de la mödecine physiologique, donne la des­cription suivante de la Laryngite gangreneuse :
laquo; Cette Angine, dit-il, comme toutes les phlegmasies qui offrent le meme caractere, s'annonce avec un appareil formidable de symptömes graves; eile envahit en un instant et bientöt eile frappe de mort la surface muqueuse de tonte I'arriere-bou-che, et souvent de Teatree des voies aeriennes et de Toesophage. II s'etablit d'abord du malaise, de la fatigue et de Tauxiete; un abattement tres grand et une fievre caracterisee par la force, la pl6nitude et la vivacite du pouls. II y a px^ostratiou generale des forces, tant Faction vitale est exaltöe et concentree sur le siege du mal; il y a battement du flanc; la difflculte d'avaler et meme de respirer est extreme ; la membrane du nez et de la bouche est d'un rouge fence; toute la tete et particulierement les oreilles sont chaudes; les yeux sont couverts. Au debut, il y a douleur tres vive, chaleur, söcheresse et tension de toutes les parties de la gorge; mais ensuite, Taffection ayant fait des progres, la rou-geur de la membrane muqueuse qui tapisse cette cavitt; se change en blanc; cette membrane se couvre de tacbes blanches, grises ou noires; il s'y forme meme des phlyctenes et des especes d'aphthes qui de la base de la langue s'etendent bientöt jusqu'a son extremite et gagnent les autres parties de la bouche.
laquo;A cette epoque de la maladie, le pouls devient petit et concen­tre, et Fair expire, ainsi que la bouche, exhalent une odeur in-fecte. La maladie 6tant plus avancee, l'animal s'affaiblit de plus en plus; la surface du corps, les membres, la tete, surtout le bout du nez et les oreilles, se refroidissent; le pouls devient mou , irre-gulier, plus faible et presque inexplorable; l'air expirö exhale une odeur cadavöreuse; il s'etablit par les naseaux et quelquefois par la bouche un flux d'une matiere comme purulente, melee de sanie, qui corrode les parties sur lesquelles eile coule; la degluti-
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LARYNGITE GANGRÄNEUSE EPIEOOTIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 181
tion et la respiration devieunent de plus en plus difliciles. Le lait des femelles s'epaissit et acquiert une couleur comparable ä celle de la rouille de fer. Aussitot que la gangrene s'etablit sur un point, eile envahit tons les autres en tres peu de temps. C'est ce qui fait que le malade, par absence de la douleur, semble mieux aller; mais bientöt un affaiblissement mortel s'empare de tout son corps, et il tombe et meurt apres s'etre beaucoup debattu ou sans avoir tiprouve de convulsions. raquo;
J'ai vu des boeufs affectes de Laryngite gangreneuse, et si je retrouve dans la description qui precede des symptömes que j'ai observes chez ces animaux , il en est d'autres que je n'ai pas ren-contrt's, ainsi : la force, la plenitude, la vivacite du pouls, qui existent dans le cas de Laryngite aigue simple, ne sont pas evi-demment des symptömes de la Laryngite gangreneuse. Le pouls est, au contraire, petit, affaisse, ou petit et vite dans cette der­nier e mal adie, que dureste je considere, de meme que le Charbon et le Typhus, plutot comme une maladie du sang que comme une phlegmasie. Si je la decris dans ce cbapitre, c'est aün d'eviter au lecteur des reclierches inutiles, et c'est dans cette conviction que j'en ai cherche le traitement en dehors des antiphlogistiques.
fflarche. Dnree. Terminaisons. — La marche de la Laryngite gangreneuse est rapide; mais on pent remarquer ou du moins on pent se rappeler, quand les premiers symptömes se manifestent, que depuis quelques jours ce malaise, cette anxiete dont parle Hurtrel d'Arboval, existaient sur les animaux d'une maniere plus ou moins apparente; ils etaient moins alertes, sefaisaient trainer, comme on dit, pour se tenir a la hauteur d'autres animaux mieux portants ou n'ayant pas encore ressenti l'influence de la cause : il y avait dans leur physionomie, si je puis m'exprimer ainsi, quelque chose de morne et de stupide; ils avaient moins d'appetit, les yeux etaient k demi-couverts, le poil un peu herisse. J'ai du moins crü me rappeler, dans une circonstance, ces signes pröcurseurs d'une Laryngite gangreneuse qui fit perir plusieurs animaux dans une localite oü j'ai souvent observ6 des maladies charbonneuses. II y aurait done un temps d'incubation precedant l'apparition des premiers symptömes reellement pathognomoni-ques. Mais une fois que ceux-ci sont apparus, la marche de la Laryngite est des plus rapides; la mort survient au plus tot le troisieme jour et au plus tard le huitieme.
Quant ä la terminaison, eile se trouve indiquöe par le nom donne a la rnaladie : Laryngite gangreneuse, Angine gangreneuse, maligne.
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t89nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
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La marche de cette afi'ection est si rapide, son caractere est tellement maliii ou pernicieux, que du moment oü eile s'est ma-nifestöe, on comprend Tinutilite de tons les efforts tentes pour en triompher. C'est pourquoi je me suis arrete un instant sur les premiers signes de malaise ou de trouble des fonctions, et si, comme je le crois, ces signes de l'incubation de la Laryngite gangreneuse ne sont pas un produit de rimagination de Fobser-vateur, il serait d'une extreme importance de pouvoir les consta-ter, car ils caracteriseraient peut-etre le seul temps de la maladie oü Ton pourrait s'occuper avec quelque chance de succes d'em-ployer un traitement abortif.
Lesions pathoio^iqucs. — La putrefaction suit la mort de tres pres, et, pour ce motif, il ne laut point retarder I'autopsie, si on veut avoir line connaissance exacte des lesions. Le corps est g6-nöralement vohunineux, plus que pendant la vie, et Ton s'aper-coit, en incisant les teguments, que beaucoup d'air s'est inflltre dans le tissn cellulaire internmsculaire et sous-cutane. Toutes les chairs exhalent une odeur putride, celle que Ton ressentait quel-(pies heures avant la mort : cette odeur se repand au loin; on remarque des infiltrations dans le tissn cellulaire sous-cutane de la tete, de rencolure et d'autres regions.
La muqueuse du nez, du larynx, du pharynx, des autres par­ties de la gorge et de la bouche, est döcomposeo, ramollie, deta-ch(5e par lambeaux ou par plaques plus ou moins epaisses et eten-dues, formees par une epaisse membrane developpee a sa surface; les cornets et l'eihmoide participent aussi h la desorganisation des parties molles. Les desordres s'etendent quelquefois plus loin; on en observe jusipi'aux bronches, et meme ä la surface interne des premieres voies; alors toute la muqueuse de Testomacet d'une portion de l'intestin grele est d'un rouge vif, et quelquefois celle de la caillette est recouverte d'une fausse membrane.
Diagnostip. Pronostic. — II suffit de voir se produire les symp-tomes qui ont ete döcrits pour diagnostiquer l'existence de la Laryngite gangreneuse. En effet, cette respiration räleuse et en-trecoupee, les flaues retroussös, l'ecoulement par les naseaux de matieres sanieuses et fetides des le premier moment de leur ap­parition, la difflculte d'avaler aucune espece d'ahments liquides ou solides, rinjection brunätre des conjonctives, la prostration complete des forces, et cette sensibilite extreme qui se manifeste par la plus legere pression sur la region du larynx, ne laissent pas un moment dans le doute sur le v6ritable caractere de la maladie. II n'y a pas a se möprendre.
Quant au pronostic, il esf toujours facheux; aussitotque la ma-
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LAEYNGITE GANGHENEUSE ÄP1Z00TIQÜE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1 83
ladie est d6clar6e, on la voit marcher rapidement vers sa termi-naisou fatale, et il est completement inutile de s'occuper d'un traitement h lui opposer.
Traitement. — Enecrivant le mot traitement, je suis, en appa-reuce, en contradiction avec ce (jui precede; mais il faut remar-i[uer qua si je reconnais que tout traitement est inutiie lorsqne la maladie s'est döclaree, je pense qu'on pourrait peut-etre en em­ployer un lorsque la maladie est dans sa periode d'incubatiou.
Je m'explique : ce n'est pas, ä proprement parier, un traitement preservatif que je propose d'employer, mais un traitement reelle-ment curatif, puisququot;il serait indique pour le temps oü l'influence epizootique ou enzootique aurait dejä occasionne un commence­ment de trouble dans les fonctions.
Ainsi, lors de l'apparence de ce malaise doutj'ai dejix parle, il t'audrait, ce me semble, raviver le principe vital par les excitants diffusibles, administres ä haute dose, agh' en un mot energique-ment sur le Systeme circulatoire et sur I'appareil encephalique.
On ferait des frictions frequentes d'essence de terebenthine sur la region cervicale, en avant de rencolure et sur ses faces. On n'appliquerait point de vesicatoirespropremeut dits; lorsque dans une maladie il y a tendance h la gangrene, les vesicatoires ne sont pas seulemont impuissants pour operer une revulsion, mais encore on voit tres souvent la gangrene s'emparer des tissus sur lesquels ils sont appliques ; done, point de vesications proprement dites, mais des frictions d'essence de terebenthine ou des frictions avec le vinaigre presque bouillant.
A Tinterieur, Fammoniaque ou I'acetate d'ammoniaque dans une infusion froide de camomille romaine ou de plautes labiees, inenthe poivröe, lavande, ou Men dans une infusion egalement froide d'absinthe ou de tanaisie.
Je possede un petit nombre d'observations qui semblont temoi-gner en favour de ce traitement employe dans les circonstances sus-mentionnees. Cependant je ne me crois pas encore autorisö ä l'indiquer comme reellement efficace. II faudrait, pour que j'en vinsse ä une pareille affirmation, une s6rie d'autres observations.
En 1835, une Laryngite gangreneuse avait dejä fait perir quel-ques animaux dans une localite situee sur le cours d'un grand ruisseau, presque mis a sec par la secheresse, et ou il restait ueanmoins des trous remplis d'eau vaseuse dans laquelle on avait fait rouir du lin. La chaleur etait tres forte.
Aussitot que j'eus bien etabli mon diagnostic, mon premier soin fut d'eloigner les animaux sains des animaux malades, et de soumettre au traitement dont j'ai parle tons ceux de ces premiers
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I Sinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
animaux qui me parurent un peu tristes, un peu abattus, don I I'appetit etait moins prononce et surtout ceux dont la marche etait devenue un peu lente, embarrassöe; ceux qu'il fallait exciter de i'aiguillon pour les faire se döplacer ä l'etable.
Etait-ce prevention de ma part, et les circonstances ont-elles 6t6 par hasard favorables a ces preventions? Gela pourrait etre; mais il est certain qu'un tres petit nombre des animaux ayant subi ce traitement se trouverent afi'ectes de laryngite, et que cette maladie ne tarda pas ä disparaitre.
Je n'ai point parle de la contagion comme d'une cause occa-sionnelle de la Laryngite gangreneuse, parce qu'il m'a et6 im­possible jusqu'ä present de faire ä ce sujet des experiences qui auraient pu me former une conviction; aussije n'afiirmeraipoint que la Laryngite gangreneuse soit contagieuse; mais comme il me parait impossible que, dans un pared cas, I'air expire par les animaux malades soit sain a respirer par un autre animal, je conseillerai toujours de prendre les precautions que Ton pren-drait si la contagion etait demontree d'une maniere tres evidente.
Void maintenant les formules des medicaments ä employer :
Brcuvages irritants diffimbks.
i Infusion de lavande, ou de camomille, on
N0 1. ( de inenthe poivree, ou d'absinthe..... 1 litre.
' Ammoniaque liquide.................. 30 grammes.
Administiez en un seul breuvage; repetez troiset quatre fois par jour.
Nquot; 2. j
Meine infusion........................ I litre.
Carbonate d'ammoniaque.............. 43 grammes.
Administiez comme lo precedent.
11
On fait les frictions d'essence de terebenthine avec la main, sans aucun inconvenient pour I'homme, pourvu qu'il trempe sa main dans l'eau des qu'il a termine la friction.
Les frictions de vinaigre se font de la meme maniere, mais il est preferable de faire chauffer le vinaigre dans une cafetiere, puis, en retirant ce vase du feu, de faire couler le vinaigre tres chaud le long de la colonne dorsale. Par ce procede on surexcite plus vivement les animaux et la reaction se produit instan-tanement.
„ ( Infusion aromatique.................. I litre.
' ( Sei ammoniac..................... 30 grammes.
II est preferable de donfter le sei ammoniac en breuvage;
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BRONCHITE AIGUE SIMPLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 185
doune en electuaire, son action n'est ni prompte, ni aussi energique.
{ Infusion aromatique.................. 1 litre.
N0 4. j Esprit de mindörßrus ou acetate d'ammo-
f niaque........................... 100 grammes.
Ce breuvage, ainsi que le precedent, pent etre repete trois fois dans la meme journee.
ARTICLE VI
BRONCHITE AIGUE SIMPLE
Synonymie : Courbature, Morlondement, Morfondure, Rhume de poitrine, Catarri.e pulmo-naire, Pulmonie catarrlialc, Fausse peripneumonie, Angiue dc poitrine.
D^flnition. Frequence. — La Bronchite est I'lnflammation de la
membrane muqueuse des bronches. Cette inflammation se pre-sente sous deux etats Men distincts : eile est aigue ou chronique. Elle a recu dans la pratique des noms assez nombreux. Ces deno­minations diverses out ete donnees h la Bronchite tant qu'on a confondu la cause avec l'effet et parce qu'on a cru reconnaitre dans des phenomenes qui netaient que des symptomes le carac-tere essentiel d'une maladie. Le praticien evitera cette confusion pour ne pas errer dans son diagnostic; mais il ne doit pas non plus ne tenir nul compte de ces denominations, car chacune d'elles porte avec eile son enseiguement.
La courbature, caracterisee par un sentiment de fatigue gene-rale, precede la plupart des inflammations de la membrane mu­queuse des voies respiratoires; c'est, apres unegrande fatigue ou un arret de transpiration , le trouble des fonctions le plus a re-douter, et ne pas s'y arreter serait une faute. La morfondure a la meme signification, et le morfondement exprime la meme chose que la morfondure. Quant aux termes de catarrhe pulmonaire, de pulmonie catarrhale, etc., ils se rapportent a la toux qui est un Symptome de presque toutes les affections des voies respiratoires.
La Bronchite est plus frequente chez les animaux de l'espece bovine qu'on ne le pense generalement, plus frequente que la pneumonic dont eile est souvent la premiere phase et qu'elle complique ordinairement.
Causes. — Les causes sont de deux sortes; elles tiennent k I'etat des animaux, a leur constitution, a leur äge et aux modifications que doit necessairement subir cette constitution sous 1'action des
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
agents qui surexcitent les fonctions de la muqueuse desbronches. Mais la cause predisposante la plus remarquable est la phthisie tuberculeuse, meme quand eile n'a pas fait de grands progres.
Les causes pr6disposantes principales sont la jeunesse et la vieillesse, et, a ces deux öpocpies de la vie, une constitution affai-blie par un mauvais rögime on d6jä minee par la phthisie. Les genisses et les vieilles vaches sont plus sujettes ä la Bronchite que les ba3ufs do travail bien constitues et Men nourris, at on Tobserve plus souvent chez ceux de ces animaux qui sont leges dans des etables basses et mal aeröes.
Les saisons pendant lesquelles les Bronchites se manifestent le plus communement sont le printemps et rautomne, ainsi que les hivers tres doux.
Les causes occasionnelles sont ordinairement des arrets de transpiration. Si la Bronchite se declare chez un boeuf de travail, e'est parce que, etant aux champs, il a et6 laisse en repos, expose ä tons les vents, ä toutes les variations atmosph6riques, quand il se trouvait soit en sueur, soit dans un etat de surexcita-tion. musculaire ou pulmonaire apres un travail penible. J'ai dit ailleurs comment les ba3ufs de labour etaient souvent courbaturös parce que leur attelee etait interrompue brusquement et que I'in-terruption etait d'une duree süffisante pour que le refroidissement de Tanimal eut lieu. Que les animaux affaiblis par une cause quel-conque passent sans transition d'une atmosphere chaude et chargee d'emanatious qui fatiguent les organes de la respiration dans une atmosphere agitee et dont la temperature est plus basse, at la Bronchite se declare instantanement, comme eile se declararaif chez Tanimal qui serait force d'aspirer des vapeurs irritantes. Un bceuf etait convert de poux, un empirique conseilla an proprietaire de faire autour de ce boenf des fumigations sulfuieuses. Une pre­miere fois Thomme et le bceuf s'en trouverent tres fatigues, mais la seconde fumigation produisit sur Tun ct sur I'autre una Bron­chite aigue tres violente. Ajoutons, pour dire toute la verite, que les poux ne se montrerent plus.
Symptömcs. — Dans le debut, frissons, signes de malaise; Tanimal est un pen agite, il remue frequemment les merabres anterieurs qu'il tient un pen ecartös; son mufle est sec, ses con-jonctives injectöes; il ne rumine point; soil appetit a diminue; la pression exercee sur la colonne dorsale parait augmenter son ma­laise, 11 s'en defend, et cette pression suffit pour le faire tousser. Quand il tousse, il entr'ouvre la bouche d'une maniere tres sen­sible ; la toux est quinteuse, seche d'abord, et un pen plus tard eile est grasse et parait profonäe. II y a de la gene dans la respi-
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BRONCHITE AIGHE SIMPLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 187
ration; I'inspiration est courte; Fair expir6 est plus chaud quo d'habitude; les flaues sout agitös et le plus i6ger mouvement provoque la toux. Parfois, apres que la toux s'est produite, des mueositös assez 6paisses couleut par les naseaux ; pendant que la toux a lieu, il en est aussi rejet6 par la bouche.
Dans le döbut, on obtient par la percussion un sou clair, et par Tauscultation on constate que l'air pönetre dans le poumon ä pen pres comme dans I'etat normal, excepte quand la Bronchite existe chez un animal ayant dejä des tnbercules dans le poumon.
Lorsque la Bronchite tend h coder soit aux efforts de la nature, soit a I'action d'un traitemeut bien indique, la toux devient grasse et les mucosites qui se presentent k l'oriflce des cavitös nasales sont plus epaisses sinon plus abondantes; alors la respiration est räleuse avant que la toux se produise; et si,apres cette toux, la respiration est mi pen precipitee, on s'apercoit neanmoins que ses mouvements sont devenus normaux, et que l'air n'eprouve plus d'obstacles pour penetrer dans les pomnons. Cast seuleinent lors­que des mucosites se sont amassees de nouveaudans les bronches que le rale se fait entendre et que I'animal tousse.
A cette periode de la maladie, l'appetit reparait, et la rumination a lieu aussi souvent et pendant une duree presque aussi Ipngue que dans I'etat de saute; la colonne dorsale est moius sensible, la peau devient onctueuse de seche qu'elle 6tait, et I'animal s'etiro d'une maniere incomplete, Symptome qui merite une certaine attention. On salt que le bceuf en saute fait un mouvement de pandiculation bien proiionce toutes les fois qu'apres etre reste couche pendant quelque temps, une heure on deux, il se place sur ses membres; alors il les ecarte un peu en les appuyant assez for-tement sur le sol; quelquefois meme il pousse comme une espece de soupir sourd et cependant bruyant, et dans ce mouvement il avance la tete en l'abaissant un peu, et il releve la queue.
Or, s'il est simplement courbature, il s'etire ä peine ; et s'il est atteint gravement d'une affection quelconque, il ne satire plus du tout. Lorsque apres une maladie, il se trouve soulage, cette action reparait : e'est la convalescence qui commence ; et lorsque I'etat morbide a cesse, on voit la pandiculation se faire comme jo l'ai indiquö plus haut, c'est-ä-dire completement.
Tels sont les symptoraes ordinaires de la Bronchite aigue sim­ple ; mais ces symptomes peuvent se manifester avec plus de vio­lence : la respiration pent etre tres pröeipitee, bruyante on räleuse et saccadee. Alors la sensibility de la colonne dorsale est extreme, I'animal refuse tons les aliments et il ne rumine point; les con-jonctives sont tres injectöes, et ce n'est pas ici une expression
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
banale, car on voit se dessiner tres distinctement les vaisseaux sanguins qui rampent sur cette membrane, oil Ton dirait qu'ils font saillie. Alors I'inflammation ne s'est pas seulement propagee ä tonte la membrane muqueuse des branches; eile s'est etendue egalement snr celle qui tapisse la trachöe-artere, le larynx et les cavites nasales, ce qui est quelquefois si apparent. que rorifice de ces cavitös est un peu tumefiö. Dans bien des cas de Broncbite arrivee a ce degre d'intensite, on pourrait croire d'abord a Tinvasion du coryza gaugreneux.
raquo;arche. Duree. Terminaisons. — La Broncbite se declare subite-ment dans le plus grand nombre des cas; eile se manifeste avec tous les symptomes qui la caracterisent presque des son invasion. Si eile est combattue par des moyens appropries, sa duree ne de-passe guere huit ou dix jours, et il arrive souvent que le mieux se manifeste le troisieme jour, lorsque Tanimal est jeune, vigou-reux, et que la saignöe a et6 assez forte pour que la rösolution commence des qu'elle est terminee. Si, an contraire, la Broncbite s'est declaree chez un animal epuise, amaigri, vieux ou tres jeune, eile traine souvent en longueur, parce que la saignee ne pent faire partie du traitement. J'ai dit maintes fois que je devais a la saignöe les plus nombreux succes que j'aie obtenus dansle traite­ment des maladies des animaux de l'espece bovine, mais il ne faut pas conclure de cette affirmation que ce moyen soit indique toujours et quand meme. On rencontre souvent de ces animaux dont le sang est appauvri par suite des privations qu'ils ont eprou-vöes, et dans ce cas la saign6e est contre-indiquee. II arrive done souvent que la Broncbite a une duree qu'il est difficile de determiner. Sa terminaison est la resolution ou I'etat chronique.
Diagnostic. Pronnstic. — Les symptomes de la Broncbite aigue simple sont d'une teile evidence qu'ils ne laissent aueun doute ä l'observateur, et le pronostic n'est fächeux que lorsqu'on se trouve en presence d'un animal dont la constitution est epuisee par un mauvais regime ou que la maladie se complique de la phthi­sic tuberculeuse. Ici, la Broncbite n'est qu'un epiphenomene, une fächeuse complication qui ne pent laisser aueun espoir de guerison.
Traitement. — Lorsque I'animal est dans les conditions voulues pour que la saignee puisse etre employee, on ouvre la jugulaire, si cette operation pent etre faite assez promptement pour que la ligature ne doive pas aggraver l'ötat du malade. Si Ton craint des accidents, on ouvre l'artere coccygienne; et quoiqu'il soit bien demontre que la saignee a la jugulaire ait pour effet immödiat de diminuer l'afllux sanguin qui se quot;fait aux branches comme dans le
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BitONCHITE AIGHE SIMPLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 S!)
poumon, on peut n6anmoins compter sur le meme resultat au moyen de la saignee ä ce dernier vaisseau. Cela resulte de l'obser-vation. Apres la saignße, la diete et ies boissons adoucissantes; on övitera de donner des breuvages qui pourraient provoquer des quintes de toux dangereuses.
Si, par une premiere saignee, la resolution de la Bronchite se dessine franchement, ce que Ton distingue tres bien a la dimi­nution d'intensitö de tons les symptomes . alors que le mufle se couvre de rosee, que les mouvements de la respiration sont nor-maux et que les quintes de toux deviennent de plus en plus rares, on attend un jour en se bornant a surveiller l'animal, et si I'ame-lioration est persistante, on n'a plus qu'ä entretenir les fonctions de la peau, en le couvrant au moyen d'une couverture de laine, et en le placant dans un milieu ou la temperature est douce, sans etre trop chaude, oü I'air est pur; puis on le remet graduellement a son regime ordinaire. Mais lorsque Ton a a combattre la Bron-cbite aigue chez un bceuf fortement constituö, chez lequel le temperament sanguin n'a pas ete appauvri et que la resolution n'a point lieu, on fait une seconde saignee; apres cela , on passe un trochisque au fanon, si le mieux n'est pas suffisamment, prononce.
Taut que rinflammation est dans son etat d'acuite, on ne doit pas employer ce moyen cbez les animaux dont la constitution n'a pas ete deterioree, car il arriverait inövitablement que la revul­sion ne se produirait point et que les symptomes deviendraient plus intenses. Chez les sujets debilites, il en sera autrement; on ne fera pas de saign6e, et on commencera par un trocbisque des plus energiques, dont Faction sera secondee par des becbiques adoucissants dans le döbut et puis incisifs.
Dans aucun cas on ne doit faire de scarifications sur les en­gorgements produits par les trochisques; elles ue sont jamais avantageuses et elles sont tres souvent nuisibles. En effet, la re­vulsion existe par le fait seul de la production de l'engorge-ment, et lorsqu'il a determine la resolution de la Bronchite, il se resout a son tour, lentement ä la verity, mais tres sürement apres la chute de l'escbare qui r6sulte de l'action immediate du caustique.
Les scarifications donnent lieu a une hemorrbagie dont on ne comprend plus la necessite si l'application du trochisque n'a €16 faite qu'apres une ou deux saign6es, et elles sont dangereuses, dans ce sens que chez certains animaux elles sont suivies de plaies ba-veuses qui prennent quelquefois un tres mauvais caractere; chez d'autres animaux debilites par une cause quelconque, elles
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190nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
doimeat lieu a des hömorrhagies que Ton n'arrete pas toujours avec facilite et qui peuvent etre mortelles.
Quel est le praticien qui n'a pas vu le passage de l'aiguille ä seton dans le tissu cellulaire du poitrail duchevalou du fanon du bceuf provoquer dans quelques circonstances uue de ces hemor-rhagies ? A quoi bon s'exposer aux memes dangers en pratiquant des scarifications en dehbrs de tonte indication.
Dans le cas de Bronchite aigue simple, comme de toutes les maladies inflammatoires, on administre de temps ;i autre des lavements emollients, afin de faciliter revacuation des excröments, laquelle ne s'effectuerait pas bien sans cela.
Lorsque rinflammation tend a se i'esoudre, qu'il existe cepen-dant un peu de rale dans la respiration et que la toux est encore grasse, on fait emploi des bechiques incisifs.
Dans le traitemeut de cette maladie, les medicaments sont ad-ininistrtis aux animaux soit sous i'orme d'electuaire, soit sous forme de bol. On salt que les electuaires on opiats sont des prepara­tions magistrales de consistance päteuse, destinees ä l'usage in­terne. Le bol ne diflere des electuaires on opiats que par le vo­lume et la consistance, les bols etant un peu plus consistants que les electuaires. Ces preparations out pour excipients le miel ou la melasse.
Bol bechique adoucissant.
Goimne pulverisee........................ 32 grammes.
Guimauve en poudre...................... 32 —
Huile d'olive............................ 64 —
Jaunes d'oeuf............................. 2 —
Miel.................................... Quantite süffisante.
(Tabourln.)
Incorporez I'huile dans les jaunes d'oeufs et les poudres dans le melange, el ajoutez le miel.
Le meme bol pent etre prepare indifKremment avec la poudre de reglisse an lieu de poudre de guimauve, et avec la gomme an lieu d'huile d'olive, mais ä dose un peu plus forte, et avec un ou deux jaunes d'ceufs de plus; pour donner la consistance, on augmente aussi la dose de la poudre de reglisse. On fait des bols de 2 ä 3 onces pour les boeufs, et d'un poids un peu moindre pour les petites vaches et les veaux.
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imONCHlTE CHRONIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 191
Bol bechique incmf.
Kennes mineral........................... 64 grammes.
Terebeuthine............................. 32 —
Bales de genievre pulvorisees............. 64 —
Miel.................................... Quanlite suflisante.
(Tabourin).
Faites quatre bols pour les boeufs et cinq pour les vaches.
Comme böchique iucisif, on donne souvent, au lieu de bols composes tels cpie ceux qui yiennent d'etre indiques, le sulfure d'antimoine a la dose de 25 grammes par jour pour les pelites va­ches, et de 30 ä 40 grammes pour les boeufs. Ces auimaux pren-nent tres bien ce medicament melange au son ou ä tonte autre substance farineuse.
Le trochisque que je prefere h tous les autres parce qu'il est le plus energique, et celui dont le resultat se fait le moins atten-dre, est fait avec une mectie en ruban de fil ou en cordon de chanvre ou de lin, enduit de pommade stibiee, preparee soit avec 25, soit avec 50 pour 100 de tartre stibie incorpore dans I'axonge.
ARTICLE VII
BRONCHITE CHRONIQUE Syxonymie : CLitarrlic broncfaique, To;:x grasse.
D^anition. Frequence. — La BroncMte clironique est Tinflamma-tion clironique de la membrane muqueuse qui tapisse les bron-cbes. Le nom de toux grasse la differencie de la toux seche et sifflante, qui est un des principaux symptomes de la phthisie tu-berculeuse. Elle est beaucoup plus frequente chez les boiufs qu'on ne le pense en general, et bien des boeufs ou vaches jeunes que Ton croit etre phthisiques, et qui, pour ce motif, deviennent le sujet de contestations, ne sont en realite atteints que de bron-chite clironique.
Causes. — Les causes predisposantes sont toutes celles qui ont ete indiquees comme predisposant ä la Bronchite aigue, et cette bronchite elle-meme, quand eile s'est declaree plusieurs fois chez le meme animal, finit par donner lieu h la Bronchite clironique par son action repetee sur la membrane muqueuse. On concoit,
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193nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
en effet, que des bceufs ou des vaches, sejournant pendant tout I'hiver dans des ötables toujours trop chaudes, parce yuelles sont ötroites, basses et mal aöröes, en soient affectös deux ou trois fois dans le courant de rannöe, et Ton conceit tout aussi Men que des muqueuses ainsi irritees periodiquement 6prouvent une modification qui les rend plus disposöes ä etre afl'ectöes de bronchite chronique.
Les causes occasionnelles sont aussi les memes que celles qui donnent lieu ä la bronchite aigue, avec cette seule difference que, si leur action est plus lente, eile est aussi plus continue. Ainsi, des animaux sont, pendant certaines saisons, sujets a eprouver des refroidissements de moyenne gravitö par leur brusque pas­sage d'une atmosphere tres chaude dans une autre atmosphere d'une temperature moins elevee, et cela tous les jours. Alors ils contractent une Bronchite chronique, laquelle n'est pas assez grave pour constituer un etat morbide violent, et peut nöanmoins tendre h modifier d'une maniere facheuse l'etat physiologique de la membrane muqueuse; e'est une irritation sourde et continue dont les ravages sont d'autant plus dangereux que leur action est moins sensible. Ainsi, la Bronchite chronique est parfois primi­tive, et d'autres fois eile succede ä la Bronchite aigue, e'est-a-dire qu'elle en est la terminaison, et Ton peut dire dans ce cas que celle-ci en est la cause determinante.
Symptftmes. — La Bronchite chronique primitive debute par une toux grasse, qui se produit sans de grands efforts de la part de l'animal, et reste pendant longtemps l'unique Symptome appre­ciable. Ici, point de reaction föbrile habituelle; il arrive seule-ment quelquefois, quand Tanimal s'est trouve surexcite par un travail tres penible, que la toux, ordinairement faeüe, devient quinteuse. Cette toux est rarement suivie d'expectoration, ou, si Ton aime mieux , de 1'expulsion, par la bouche ou par les cavites nasales, de mueositös grumeleuses ou filantes mais assez epaisses. Du reste, l'animal mange, rumine et travaille comme s'il se trou-vait en hon etat de sante ; sa respiration est pourtant plus courte et un pen plus acceleree que dans ce dernier etat.
An surplus, il ne faut pas donner une importance exageree a l'acceleration de la respiration chez les animaux de l'espece bo­vine. Dans une etable chaude et pendant qu'ils travaillent sous I'action d'une temperature 6levee, ils paraissent toujours beau-coup plus essouffl6s que le cheval et le mulet; lorsque pendant I'ete nos boeufs se couchent apres avoir pris leur repas, ils sont haletants comme s'ils (Haient soumis a un violent exercice. On a vu plusieurs fois des personneß qui n'avaient point I'habitude
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BRONCHITE CHRONIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;193
d'observer ces animaux, s'etonner beaucoup en remarquant com-bien la respiration est acc6l6r6e.
Lorsque la Bronchite chroniqne tend ä s'aggraver, la toux de-vient quinteuse habituellement, la respiration est toujours ac-celöröe et saccadee, la peau cesse d'etre onctueuse, l'appßtit diminue, la rumination est rare, et le bol qui du rumen remonte dans la bouche, n'etant point volumineux, se trouve broye par un nombre moins considörable de tours de mäclioires que les bols ordinaires.
Mart-he. Durte. Terininaisons. — La marcbe de la bronchite est lente, et sa duree est leugne quand eile snccede ä mie bron­chite aigue, on quand eile est primitive et que I'animal qui en est atteint est encore jeune et Men constitue ; mais cette duree est courte si I'animal est vieux, et surtout si dejä il etait atteint de phthisie tuberculeuse, meme pen etendue; car, dans ces cas, line pueumonie ne tarde pas ä compliquer la Bronchite, ou bien la phthisie tuberculeuse fait des progres rapides. La Bronchite chroiiique du boeuf se termine de l'uue ou de l'autre maniere, et Jamals par la guerison.
Lesions pathoiogiqnes.—A I'autopsie desboeufs abattusgt;f)endaiit qu'ils sont atteints de Bronchite chronique, on trouve la mem­brane bronchique rouge ou violacee, et cette lesion s'etend pres-que dans toutes les divisions des brouches; la membrane mu-([iieuse est epaissie, ramollie, et sa surface irreguliere. On rencontre sur divers points de ces divisions, des mucosites visqueuses en grumeaux volumineux, et presque dans tons les cas les ganglions bronchiques engorges.
Diagnostic. Pronostic. — La toux persistante avec les carac-teres qu'on lui reconnait doune rindication du diagnostic; celle qui se produit par l'effet d'une laryngite est seche, et Ton salt quels sont les autres symptomes qui raccompaguent : gene de la respiration, douleur manifestee par ranimal ä la pressiou de la gorge, etc. La toux de la Bronchite aigue simple n'est pas isolee: et quant a la toux de la phthisie tuberculeuse, eile esl seche et sifflante. Ici, rien depareil; il n'est done pas difficile de diagnostiquer la Bronchite chronique si Ton a conscience des symptomes de cette derniere.
Quant au pronostic, il est toujours fächeux ; la Bronchite chro­nique n'est point curable, et il n'y a pas ä s'occuper d'un mode de traitement quelconque. Toutes les fois qu'on se trouve en pre­sence de cette affection, il y a lieu de conseiller I'engraissemeut de I'animal, s'il y a quelque chance de succes, sinon la vente immediate, n'importeä quel prix. II est inutile, en effet, d'induiro
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194nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
uu cultivateur en depenses, quand elles doivent etre sans re-sultat. Cependant, s'il y avail quelques chances favorables pour Tengraissement, on les seconderait par radministration du sul-fure d'antimoine en mölange avec des substances fariueuses, continuöe de la maniere suivante : pendant dix ou quinze jours, 30 grammes de cette substance, puis une interruption d'autant de jours, apres lesquels 30 grammes par jour, distribues en une seule dose. On formule cette prescription comme suit :
Sulfure d'antimoine....................... 300 grammes.
Divisez en dix portions (Sgales.
Lorsque la toux est frequente et räleuse, et que des mucosites epaisses sont rejetöes de temps en temps par les naseaux, on passe an fanon uu seton animö avec la pommade stibiee, et lä se borne le traitement. II est pen dispendieux et le plus energique de tons ceux que Ton pent employer en pareille circonstance, d'une application beaucoup plus facile que les sinapismes, et d'une action plus sure et plus prompte, meme quand on se propo-serait de scarifier les engorgements qui peuvent rösulter de son application.
Hi
CHAPITRE III
Maladies de l'Appareil pulmonaire.
ARTICLE PREMIER
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ASPHYXIE
raquo;efiBiition. Frequence. — L'Aspliyxie est la suspension des foncHons de relation, puis des principales fonclions vitales par suite do la cessation plus ou moins brusque de la respiration, el par consequent de rhematose. Ge nom, d'apres sou etymologic grecque, signifle absence de pouls. L'Aspliyxie est observee assez frequemment chez les animaux.
Causes. — Les causes de l'Asphyxie sont diverses. Ainsi ou re-
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ASPHYXIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;195
connalt l'Asphyxie : 1deg; par obstacle mticanique ä la pönetratiou de Fair dans la poitrine, comma dans les cas de submersion on de strangulation; ou par Teffet de certaines maladies, telles que : gonflement de la langue, formation de pseudo-membranes dans le larynx, la trachee ou les bronches; compression directe des parois bronchiques, paralysie des muscles pectoraux ou contraction teta-uique de ces muscles; 2deg; par inspiration de gaz irrespirables, mais sans proprietös dßleteres, tels que I'azote, I'hydrogene, etc.; 3deg; par inspiration de gaz non-seulement impropres k la respira­tion , mais-'encore deleteres, c'est-a-dire exercant une action toxi-que pai'ticuliere, comme le gaz acide carbonique, l'oxyde de carbone, les acides nitreux, sulfureux, le chlore, Tammoniaque, I'liydrogene carbone, sulfure, arsenie, etc.; ce dernier genre d'asphyxie est un veritable empoisonnement.
Quoique tons les animaux nagent tres bien instinctivement, ils sont quelquefois asphyxias par submersion, si, en tombant dam Veau, ils ne possedent pas la liberte de leurs mouvements. Ils s'asphyxient par strangulation dans les etables, lorsqu'ä la suite de mouvements desordonnes, la tete s'est engagee de maniere que la chaine d'attache serre fortement la trachee-artere. J'ai ete temoin de plusieurs accidents de ce genre. Chez le boeuf, I'in-troduction de corps etrangers dans le larynx oula trachee est rare; cependant j'ai vu deux Ms l'Asphyxie avoir lieu par I'introduc-tion d'une portion de tourteau dans le conduit aerien, et voici comment cet accident s'est produit : presque tons les boeufs sont. tres avides du tourteau de lin, et il arrive souvent qu'un de ces animaux, voulant defendre sa ration qu'un autre bceuf cherche ;i lui enlever, saisit avidement le tourteau, et, dans un mouve-ment de recul, tourne vivement la tete pour eloigner ce voisin trop rapace. Or, c'est pendant ces mouvements precipites que des portions de tourteau s'eugagent quelquefois dans le larynx.
Les corps etrangers arretes dans I'oesophage amenent aussi l'Asphyxie, mais non pas directement. C'est par la tympanite considerable ä laquelle ils donnent lieu, pendant les efforts vio-lents provoques par leur presence, que la pause, demesurement distendue, produit cet accident; il resulte alors de la compres­sion exercee sur les organes coutenus dans le thorax. On salt que Tangine croupale pent aussi etre une cause d'Asphyxie, mais celle-ci n'est jamais subite. 11 y a des examples de boeufs asphyxies par la fumee seulemeut, dans des cas d'incendie. J'en ai vu qui avaient pöri dans des etables incendiees et qui ne portaient aucune trace de brülure.
Symptftmes. — Dans les cas d'Asphyxie par strangulation, la
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MALADIES DES ORGANES IlESPIRATOIRES.
membrane muqueuse de la bouche et celle des cavitös nasales deviennent rapidemeut livides et gonflöes ; les paupieres sont tu-möfiöes, les yeux saillants, I'lntorieur des levres est bleuätre, la bouche est remplie d'öcume, la langue est poussee en dehors, les jugulaires sont distendues et se dessinent ä Texterieur; une agitation tres vive se fait remarquer dans tout le corps au moment de l'asphyxie, et ces mouvements out une certaine duröe; l'action du cerveau a cesse, et des dejections alvines out eu lieu. J'ai vu un taureau dont la verge etait restee comme en Erection.
lesions pathoiogiqnes. — Le corps des animaux as^iyxies par submersion se putröfie promptement; il est tres froid et ballonne quand on le sort de l'eau; la langue et les muqueuses sont gonflees et livides ; il y a dans la trachee-artere des mucosites ecumeuses. A l'ouverture des animaux morts par strangulation, on trouve une distension remarquable des vaisseaux tin cerveau et aussi des epanchements dans sa substance; les cavites gaudies du coeur renferment peu de sang, lesdroites en sont gorg6es pen­dant les premieres heures qui suivent la mort; apres quelque temps, cette distension n'existe plus. En outre, on observe sur les parties oil les cliaines out exerce leur pression, des ecchy-moses, des gonflements aux veines sous-cutanees et des infiltra­tions de serosite comme glaireuses dans le tissu lamineux sous-cutane et dans celui qui remplit les interstices des muscles.
Dans les cavites droites du cceur des boeufs asphyxies par sub­mersion , on trouve beaucoup de sang, tandis qu'il n'en existe point dans les cavites gauches .
Traitemcnt. — Le traitement de 1'Asphyxia renferme plusieurs indications : la premiere de ces indications consiste h faire dispa-raitre la cause, et puis a stimuler vivement la peau par des fric­tions seches, rintestin par des lavements irritan ts. On insufile de Fair dans les voies respiratoires si le passage en est libre, et s'il ne Test pas, on pratique la tracheotomie au-dessous du point oil se trouve I'obstacle, on sur ce point meme, s'il pent y avoir possibilite d'operer l'extraction du corps obturant.
Lorsque I'Asphyxie a ete produite par submersion, on place I'animal dans un lieu chaud, oü neanmoins Fair puisse circuler librement; on l'enveloppe de couvertures de laine apres Tavoir vivement frictionne.
L'Asphyxie causee par la fumee on par des breuvages passes dans les bronches doit etre traitee : par la saignöe d'abord, puis par l'administration de lavements d'eau salee ou de decoction de tabac. Cette indication, s'applique d'ailleurs a tons les cas d'asphyxie incomplete.
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Asphyxw par introduction de l'air dans les veines. — Ce genre d'Asphyxia s'observe assez souvent : tons les praticiens out et6 a meme de I'observer s'ils out fait un grand nombre de saign6es; il resulte de l'introduction de l'air exterieur dans la circulation en suivant le cours du sangveineux. Pour que I'Asphyxie soit subite et complete, il faut qu'une forte colonne d'air ait ete vivement poussee dans la circulation, comme cela arrive lorsque Ton veut abattre les animaux par insufflation d'air. — Dans la prati­que ordinaire, les choses ne se passent pas absolument de cette maniere ; la syncope precede I'asphyxie.
Quand on saigne un boeuf a la jugulaire, ce vaisseau est forte-ment distendu au moyen de la ligature maintenue par un noeud coulant. Si la saign6e a ete bien faite. le sang jaillit vivement en un jet continu, et pour faire cesser Tecoulement, on n'a qua d6-faire le noeud coulant; mais si avant de prendre le bout libre de la bgature pour defaire ce noeud on n'a pas la precaution de sai-sir les deux levres de la plaie resultant de lasaignee, il pent arri-ver que la colonne de sang se precipite brusquement vers le coeur et entraine avec eile des globules d'air; alors on voit pres-que aussitot le boeuf donner des signes evidents de malaise, eprouver des tremblements, puis chanceler et tomber pour rester sans mouvement. J'ai ete temoin de plusieurs accidents de ce genre, et j'avoue que, dans les commencements de ma pratique, j'ai attribue quelquefois cette syncope a des emissions sanguines res abondantes; mais depuis, et d'apres une observation publiee dans le journal de Medecine veterinaire theorique et pratique par MM. Grepin et Leblanc, je compris parfaitement que les nom-breuses syncopes que j'avais observees etaient evidemmenl occasionnees par l'introduction de l'air dans les veines.
Une fois mon attention portee sur cette cause, je cessai de voir des boeufs on vaclies tomber en syncope a la suite des saignees a la jugulaire, excepte lorsque je voulais produire cet effet, afln de verifier les presomptions que m'avait inspirees I'observation dont j'ai parle, en provoquant volontairement l'introduction de l'air dans la veine. Cette experimentation ne reussit pas toujours, taut s'en faut, c'est-ä-dire qu'on n'obtient pas cette introduction a voljontö, mais eile se fait assez souvent pour que le fait en reste avöre. — Je l'avais d'ailleurs remarque dans plusieurs circons-tances apres des saignees cliez le cheval.
Le signe caracteristique de l'introduction de l'air dans la jugu­laire est un glouglou que I'oreille percoit tres distinctement, el qui se trouve confirme instantanement parle malaise que 1'animal semble öprouver.
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Get accident se remarque surtout apres la saignee h, la jugu-laire; je l'ai aussi vu se produire plusieurs fois apres la saign6e pratiquöe ä la sous-cutanöe abdominale, et une fois seulement apres celle pratiquee ä Tartere coccygienne; il estdü, dans ce der­nier cas, äce que bien souvent, en ouvrant I'artere coccygienne, la pointe de la flamme divise la veine du meme nom; ainsi, lors-que je fls Tobservation que je rapporte, je reconnus que la veine avait 6t6 ouverte, puisque le sang qui jaillit d'abord 6tait du sang noir et que je n'obtins un jet de sang arteriel qu'apres avoir ouvert Tariere au moyen d'une seconde op6ration. Cela doit etre arriv6 egalement aux vötörinaires qui saignent assez habituellement ä I'artere coccygienne, car on rencontre des bceufs tellemeut impatients lorsqu'ils sentent qu'on leur saisit la queue, que la main de l'operateur pent bien faillir quelquefois.
Au reste, les accidents de ce genre etaient plus fröquents qu'ils ne le sont aujourd'hui, quand la saignee dite de precaution etait pratiquee chez tons les animaux de l'espece bovine indistinctement, äges de plus d'une annöe. Tons les bouviers savent par tradition que les animaux que Ton saigne ne doivent pas etre exposes au souffle du vent. II y a bien des idees populaires qui sont absur­des; mais il en existe cependaut un grand nombre qui out ete iuspirees par des faits bien observes et dont on pent utilemeut tenir compte.
Jusqu'ä present je n'ai parle que de la syncope comme pheno-mene consecutif h l'entree de Fair dans les veines. C'est qu'en effet, cet accident, dans le cas actuel, n'est pour ainsi dire que le commencement de l'Asphyxie, et n'est pas toujours mortel; ainsi, lorsque I'air n'est entre dans les veines qu'en tres petite quantite, il determine une syncope qui cede aux seuls efforts de la nature; si, an contraire, l'air est injecte vivement et en une Forte coloune, il produit immediatement une syncope mortelle ou l'Asphyxie.
Si Ton fait couler le sang de uouveau aussitot que le glouglou s'est fait entendre, les prodromes de la syncope disparaissent, et les animaux se rassurent entierement. II n'est pas meme necessaire de recourir ä une emission sanguine abondante. Quand ou voit que cet accident va se produire, on serre la ligature de uouveau. et, apres une courte dnree, on I'enleve, mais cette fois avec les precautions indiquees. Lorsque la syncope paraltimminente apres la saignee ä la sous-cutanee abdominale, on ne pent pas obtenir de ce vaisseau une nouvelle omission par I'ouverture qui a donn6 lieu a la premiere; mais on se hate d'ouvrir la meme veine un pen plus en arriere vers lesjDoints d'origine.
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La syncope, qui est une consequence des evacuations sanguines trop abondantes ou de celles qui, sans etre abondantes, ont donn6 une certaine quantitti de sang dans un tres court espace de temps, comme cela pent arriver en ouvrant avec une forte flamme la ju-gulaire du boeuf, n'a point la gravitö de la syncope occasionnöe par le mölange de l'air au sang. La suspension du sentiment et des mouvements volontaires n'est jamais complete; cela se recon-nalt facilement, si Ton excite l'animal du fouet ou de l'aiguillon, quand il commence a chanceler, ou Men par des affusions subites d'eau froide, ou en lui faisant couler quelques gouttes de vinaigre dans les oreilles. Alors la syncope, dont les premiers signes appa-raissent, n'a point lieu, et l'animal recouvre la complete jouis-sance de tons ses mouvements. Cette syncope n'amene point l'Asphyxie, et si les Evacuations sanguines ont ete appliquees d'apres une indication pröcise, eile est presque im sür garant de la resolution de l'inflammation.
ARTICLE II
APOPLEXIE PULMONAIRE Svnunymie : Coup de saug, Asphyxie pulmonaire.
Doflnttion. Frequence. — L'Apoplexie pulmonaire est une con­gestion avec öpanchement rapide de sang dans la trame des pou-mons. Cette maladie n'a pas ete döcrite par les auteurs vötörinai-res qui se sont occupes des maladies des betes bovines; eile est cependant tres frequente, mais on l'avait confondue avec 1'Apo­plexie ceröbrale qui est beaucoup plus rare.
Causes. — Les boeufs des fortes races de travail sont doues d'un vaste appareil respiratoire, leur Systeme sanguin est tres puissant, et leur appareil digestif tres döveloppe; des quantites de fourrage, relativement considerables, sont contenues dans le rumen, et cet organe, dans son etat de plenitude, refoule le dia-phragme en avant et borne le jeu des poumons. Tant que l'ani­mal est au repos ou qu'il est soumis ä un exercice modere, cette pression exercee par le rumen n'est pas assurement une cause de maladie, mais eile le devient du moment ou la circulation s'accölere, quand l'animal fait des efforts de traction vielen ts et continus; et si Ton vent bien comprendre quel doit etre l'effet de la pression que le rumen exerce sur le diaphragme, il n'y a ipi'ä observer l'ötat des bceufs couches dans l'etable apres un
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repas copieux : ils sont essouffles au point qu'bn pourrait supposer, ä voir leur respiration courte et precipit6e, qu'ils se trouvent dans mi etat morbide. De temps en temps ils allongent un des mem-bres anterieurs on les deux, on Men ils se mettent completemenl sur le cot6, en allongeant les quatre membres, afln d'avoir la facilite de faire des inspirations fortes et profondes. G'est tonjours apres avoir fait un fort repas, soit en hiver, soit en 6te, que les hceufs sont frappes d'Apoplexie pulmonaire, le plus souvent en travaillant et quelquefois en sortant d'une etable tres chaude pour respirer un air tres froid.
L'actiou continue des causes predisposantes fmit par devenir une cause occasionnelle, aidee puissamment par une nourriture Irop sanguiflable. Pendant mes premieres annees de pratique, alors que dans nos coutrees les bestiaux etaient presque constammenl uonrris avec parcimonie, on observait un petit nombre de cas rl'Apoplexie pulmonaire; mais plus tard, lorsque les fourrages artificiels, composes de plantes de la famille des legumineuses, sont devenus plus abondants, les cas dApoplexie out ete fre­quents. Comment en serait-il autrement? le bouvier ne veut pas comprendre qu'une quantite donnee de luzerne, de vesces, de sainfoin, contient des materiaux alibiles en Men plus forte pro­portion qu'une quantite 6gale de foin provenant de prairies na­turelles. Gela souifre des exceptions, il faut le croire, puisque des agronomes distingues out afflx-me que les fourrages des prairies artiücielles sont les moins sanguifiables; mais, en general, c'esl le contraire qu'il faut penser, si du moins on peut s'en rapporter a I'experience dans les coutrees meridionales.
Toutes les fois que j'ai ete ä meme de constater un fait d'Apo­plexie pulmonaire, il s'etait declare chez un boeuf nourri babi-tuellement avec des vesces, de la luzerne on du sainfoin, quel­quefois avec des epis de mais vert, et l'Apoplexie avait en lieu presque immediatement apres le repas et avant que l'animal eul eu le temps de ruminer.
L'insolation est egalement une de ces causes occasionnelles. Les boeufs employes au battage des grains par le moyen du rouleau en terre, travaillant en plein soleil, la tete tres a portöe de la reverberation projetee par la paille, sont frequemmeut pris de chaleur d'abord et bientöt frappes d'Apoplexie pulmonaire.
En 6te, ces deux causes : une nourriture öchauffante prise a satiete, puis l'insolation et la reverberation r6unies, sont celles dont I'action est d'une evidence incontestable : les animaux sont exterieurement brides par un soleil incandescent et un air em-brase passe dans leurs poumans.
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APOPLEXIE PL'LMONAIRE.
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AujourcThui l'action de ces deux causes a ete si Men 6tablie que partout oü ii y a possibility de faire autrement, on n'attele plus les boeufs aux rouleaux de battage et on evite de les tenir aux champs pendant le milieu du jour.
Symptftmes. — Si l'Apoplexie n'est point foudroyante, et eile ne Test pas toujours, l'animal est essoufflö, sa respiration est entre-coup6e et sifflante quelquefois; un pen de sang apparait aux orifices de ses naseaux; on voit et Ton en tend des mouvements de deglutition accompagner presque chaque inspiration; l'animal est chancelant, une sueur froide couvre son corps ; les pulsations de Tartere sont lentes et a peine sensibles; puis il se laisse aller brusquement ä terre, et s'il n'expire pas dans ce moment, il se tient sur le cote, etendant ses membres convulsivement; alors des mucosites öcumeuses coulent par la bouche. Tant que Tani-mal est debout, les contractions de certaines parties du thorax sont tres apparentes, et la respiration est bruyante. Chaque mou-vement d'expiration est accompagne dune espece de plainte sourde et rauque, comme un mouvement de deglutition accom­pagne rinspiration. D'autres fois, la respiration est bouillonnante, ce qui a lieu lorsque des mucosites obstruent les bronches. Je n'ai pas besoin d'ajouter que sous l'imminence de l'Apoplexie pulmonaire, il n'existe plus de sensibilite ä la peau, que la pres-siou de la colonne dorsale n'en provoque pas le moindre signe, el que la piqüre de raiguillou ne produit pas plus d'effet que sur un corps prive de vie. Par I'auscultation, on constate tres bien, dans les bronches, le rale crtipitant qui est le produit des muco­sites sanguinolentes ou non sanguinolentes retenues dans ces parties. S'il y a quelquefois hemoptysie, eile est pen abondante et ce Symptome n'existe pas ordinairement. Ce n'est guere qu'apres la mort que Ton apercoit chez quelques animaux un peu de sang rouge ou noir autour des naseaux.
Marche. Diirlaquo;e. Terminaisons. — Dans la moitie des cas au moins, la mort a lieu subitement; dans l'autre moitiö, la duröe n'est pas longue. Lorsque le traitement convenable est applique des l'apparition des premiers symptomes, il se manifeste d'abord un temps d'arret, lequel est suivi d'une am6lioration sensible, apres une heure ou deux, et puis la resolution s'opere assez ra-pidement; au bout de deux jours, eile est complete. Chez les ani­maux de l'espece bovine, I'apoplexie pulmonaire n'a que deux terminaisons : la mort ou la r6solution.
Aussitöt que l'engouement du poumon a cesse, la respiration se fait dans toute l'ampleur de la poitrine, pourvu que dejä une portion de l'organe n'ait pas 6t6 envahie par des masses tubercu-
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leuses; mais il est tres rare que dans ces sortes de cas, la gu6ri-son ait lieu. Quelquefois cependant la congestion se fait avec moins de rapidite : I'animal reste camp6 sur ses membres, essoufflt;, presque insensible, ne ruminant pas et refusant de boire et de manger.
Lesions pathoiogiques. — On trouve dans tons les cas d'Apo­plexie pulmonaire foudroyante une grande etendue dn poumon congestionnee. Get organe est tres volumineux, rouge, lourd, et si on I'incise, on en fait jaillir, en le pressant, un sang qui n'est pas rouge ni tout ti fait noir, et d'une consistance que Ton dirait produite par un commencement de cuisson. Une ligne de demar­cation existe entre les portions dans lesquelles la congestion s'est faite, et les portions qui n'ont pas ete envahies par la conges­tion sont pourtant devenues emphys6mateuses, comme Ton peut s'en apercevoir en les divisant avec Tinstrument tranchant. — Lorsque les poumons etaient tuberculeux, ce qui se rencontre or-dinairement, les portions tuberculeuses se reconnaissent tres dis-tinctement an milieu de la masse congestionnee. Chez quelques sujets il y a du sang epanche dans les plevres, probablement par les dechirures qui se font remarquer an parenchyma pulmonaire.
Diasnostic. Prouustic. — La perte de la sensibilite, les tremble-ments, la respiration entrecoupee et les autres symptomes qui font cortege a ces premiers, et les circonstances qui ont -pro-cede cet etat morbide, indiquent suffisamment une congestion pulmonaire dans toute la gravite qui peut la caracttiriser a son debut. Quant au pronostic, il peut varier. Si d'abord at avant la chute de I'animal, on a employ^, sans le moindre retard, les moyens indiques pour enrayer la congestion, le pronostic n'est pas toujours fächeux, avec cette reserve n6anmoins que dejä la phthisie tuberculeuse n'avait point desorganise en partie I'organe pulmonaire. J'ai dit qu'il y avait possibilite, une fois cette reserve faite, de sauver presque une moiti6 des boeufs ou vaches frappes d'Apoplexie pulmonaire.
Traitcment. — Quand 1'Apoplexie a une marche qui n'est pas foudroyante, le premier moyen a employer, si la maladie se de­clare sous I'action d'une temperature tres 61evee, d'un travail fatigant, c'est de faire, sur le corps de I'animal, des ablutions d'eau froide subites et abondantes, principalement vers la region du thorax, en avant sur le poitrail et sur las cotes; at j'insiste sur l'etnploi de ce moyen, la sueur meme dont I'animal est con­vert ne devant pas le contre-indiquer.
Lorsque le temps d'arret se manifeste, apres les ablutions d'eau froide, on ouvre l'artere coccygienne et on laissa couler le sang
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APOPLEXIE PULMONAIRE,
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jusqu'ä ce que la respiration commence ä se faire assez regu-lierement, que Tanimal devienne sensible ä la piqure de l'ai-guillon, et qu'il semble abaisser la colonne dorsale sous une pression moderte. Mais cette premiere saignöe ne suöit pas ordinairement, ä moins d'etre tres copieuse; il faut la reiterer une on deux heures apres la premiere, sans la falle anssi forte que celle-ci.
On administre des lavements rendus excitants par une disso­lution de savon, et si l'animal ne refuse point les boissons, on luien donne ä discretion, en les acidulant au moyen du vinaigre ou en leur donnant une propriete revulsive par raddition d'une certaine quantite de sei de cuisine.
Les boissons emetisees conviennent anssi particulierement; elles se composent en ajoutant 1 gramme d'ömetique dans 2 ou 3 litres de tisane d'orge, de seigle ou de carottes; et, pour que cette boisson soit prise avec facilite, on y möle du son ou de la farina, on du tourteau en poudre. II serait imprudent d'administrer des breuvages, si l'animal s'en defendait vive-ment. Si, au contraire, il ne se defend pas quand on essaye de lui en faire prendre et s'ii refuse de boire, on lui donne des boissons en breuvages ; mais il faut avoir soin alors de les faire couler lentement dans la bouche.
En meme temps on applique de larges sinapismes au fanon et sur les cötes en arriere de l'epaule, saus les faire remonter tres haut. J'ai dtijä dit qu'il ötait inutile ou dangereux de scarifier les engorgements provoques par les sinapismes.
On remet les animanx gueris de 1'Apoplexie pulmonaire ä leur regime ordinaire progressivement; mais il Importe de les sous-traire autant que possible ä l'action des causes qui out donnö lieu ä la maladie une premiere fois, si Ton ne veut pas que la conges­tion se renouvelle avec une teile gravite qu'on ne puisse en obtenir la resolution.
L'indication des causes predisposantes ou occasionnelles de cette maladie doit suflire pour faire comprendre qu'il y a anssi an traitement preservatif dont on retirerait un grand avantage si les proprietaires ou les conducteurs de betes bovines consen-taient ä se donner quelques soins pour le mettre en pratique. II consiste ä tenir les animaux dans des ^tables assez bien disposees pour qu'ils y soient ä l'aise, pour que l'air y soit constamment respirable et sans danger pour la saute; ä composer le regime alimentaire de teile sorte que plusieurs substances de differentes qualit6s en fassent partie, et il faut surtout se bien penetrer de cette idee, que les boeufs employes ä de penibles travaux soit en
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204nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
hiver, soit en et6, ou meme dans les autres saisons, ne doivent jamais etre attelös aussitot qu'ils ont mango ä satiete et avant d'avoir rumine an moins pendant une demi-heure. S'ils ont beaucoup mange et s'ils partent immödiatement, la forte pres-siou exerc6e par le rnmen sur les autres organes de l'abdomen et sur le diaphragme met obstacle ä la respiration aussi bien qu'ä une bonne digestion intestinale.
Mais il doit y avoir de la mesure en tout, et lorsque je dis qu'il y a du danger a laisser prendre an boeuf un repas tres copieux an moment oü Ton va exiger de cet animal de violents efforts longtemps continues, je ne veux pas dire qu'il puisse etre envoy6 aux champs avec l'estomac, c'est-ä-dire le rumen, ä peu pres vide; ce serait une exageration tout aussi nuisible que celle que je viens de blämer. Ce n'est pas pour rien que la nature a pourvu les ruminants de vastes reservoirs alimentaires ; la va-cuitö de ces reservoirs serait aussi contraire ä im etat de sante que la plenitude excessive. C'est une necessite pour ces herbivo­res d'avoir toujours dans le rumen une certaine quantite d'ali-ments ; la respiration, la digestion, 1'assimilation meme se font mal lorsque le rumen reste pendant quelque temps a pen pres vide. On le voit bien chez les boeufs nourris exclusivement de substances qui passent directement dans la caillette. Ceux de ces animaux auquels on ne donne que du grain ou des fariueux finissent par depörir.
II y a des Iburrages qui par leurs qualites prödisposent plus particulierement les boeufs a 1'Apoplexie pulmonaire, quand on les fait entrer pour une part considerable dans la ration et quand cette ration esl forte : ce sont, en premiere ligne, les vesces, si on les a recoltees quand la graine etait formee; le ble dans le meme etat; la luzerne proveuant d'un terrain compacte; le mais four-rage vert, lorsque la tige porte plusieurs epis presque mürs, etc.
On doit, connne moyeu preservatif de l'Apoplexie pulmonaire, ne donner ces fourrages qu'en melange avec d'autres fourrages moins sanguifiables et en ration moyenne.
La course, lesmouvements violents, les sauts, lalutte entre ani­maux etant egalement des causes predisposantes et occasionnelles de cette maladie, il faut recommander aux bouviers d'empecher que les boeufs se livrent ä ces mouvements quand ils sont bien nourris et qu'ils viennent de prendre leur repas. On voit des boeufs tomber foudroyös par une apoplexie pulmonaire, apres avoir fait une bonne course de quelques minutes en venant de faire uu repas compose de vesces, d'autres Ms apres une lutte dans les prairies.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
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PNEUMONIE AIGUE.
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ARTICLE III
PNEUMONIE AIGUE Sysonymie : Pneumonite, Peripneumonie, Fluxion de poitrine.
Dlaquo;nniiion. Frequence. — La Pneumonie est rinflammation du parenchyme pulmonaire. Elle est tres frequente chez les animaux de I'espece bovine : eile est aigue ou chronique, primitive ou se-uondaire; eile n'aifecte qu'nn lobe ou les deux a la fois-, et sou-vent eile n'occupe qu'une portion de l'etendue de Tun de ces organes.
Causes. — La grande quantity de sang qui, chez les animaux de I'espece bovine, penetre dans le poumon, sans cesse expose par la nature de ses fonctions k l'influence de l'air et de ses variations si frequentes dans certaines regions, tient cet organe, d'une com­position essentiellement vasculaire, constamment place dans les conditions qui le predisposent aux inflammations. Les animaux nonrris avec des substances alimentaires tres echautfantes, c'est-ä-dire tres sanguiliables, sont predisposes k la Pneumonie beaucoup plus que ceux qui sont nonrris avec des substances pen alibiles.
Les etables tres chaudes, basses et mal aerees, tiennent egale-ment les animaux dans cette predisposition , comme tons les tra-vaux qui exigent des efforts violents souvent renouveles, qui accölerent la respiration outre raesure. Les bceufs dont le thorax est aplati sont plus sujets k contracter la Pneumonie que ceux dont le thorax est Men developpe; il en est de meme de ceux de ces animaux qui döjä sont infectes du germe tuberculeux : ils seront plus facilement atteints de rinflammation pulmonaire que les bceufs dont le poumon est parfaitement sain.
La plus fröquente des causes occasionnelles est le refroidisse-ment subit de la peau , ou la transition subite du chaud au froid apres un exercice violent, apres un travail fatigant, qui a mis Tanimal en sueur. Que le refroidissement ait lieu par l'effet de cette cause ou par suite d'une pluie qui arrive brnsquement, ou d'une immersion ou de l'action continue d'un brouillard , le re-sultat est le meme; la perspiration cutanee s'arrete et le poumon se trouve au meme instant dans un (5tat d'engouement qui deter­mine rinflammation du parenchyme. Le refroidissement occa-sionne par vine boisson tres froide ingeree brnsquement, agit de
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906nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
la meme maniere, ainsi que l'abaissement subit de la tempera­ture, quaud les animaux sont forces de rester en repos pendant qu'ils sont en etat de transpiration plus ou moins prononcee. Cette derniere cause se produit frequemment dans les regions ä temperature tres variable.
La Pneumonic se declare en ete chez les bceufs qui, apres avoir travaUlö pendant une journee tres chaude, sont laisses ä la prairie dans la soiree ou dans la nuit, meme quand on aurait eu la precaution de leur mettre des couvertures, parce que c'est au-tant l'air humide et froid qu'ils respirent que l'action de cet agent sur la peau qui pent donner lieu ä la Pneumonic. C'est un fait tres important ä faire remarquer aux proprietaires ou aux conducteurs de bestiaux. L'herbe couvcrte de serein agit dc la meme maniere que les boissons froides, si eile est touffue et si les animaux peuvent en prendre de fortes bouchees. II n'en est pas de meme relativement a l'herbe, si eile est rare et courte, parce que la faible quantite que le boeuf en saisit avec la langue et les incisives se trouve röchauffee et humectee par la salive avant de passer dans le rumen.
Lorsqu'ä la fin de l'automne les bceufs de travail sont mis dans les prairies apres I'attelee, l'herbe subitement refroidie par une legere averse ou par une giboulee peut aussi donner lieu a un refroidissement dont la Pneumonie serait la consequence.
Les chutes sur le thorax, les chocs, les coups de tete ou de cornes, les blessures, les plaies penetrantes, les fractures des cotes, peuvent donner lieu a, la Pneumonie.
Cette maladie se declare aussi par continuity ou sympathique-ment dans les cas d'angine laryngee, de bronchite, et en meme temps que le rhumatisme, que la gastro-enterite ou d'autres affections qui, elles aussi, out pu avoir pour cause occasionnellc la suppression de la transpiration. Dans une circonstance, j'avais present une dissolution d'acide arsenieux a faire prendre a un bceuf affecte d'un rhumatisme chronique contre lequel avaient echoue differentes medications. Ce remede devait etre administre h petites doses dans la boisson : e'etait une prescription bien expliquee; mais le bouvier crut bien faire en donnant en une seule dose 6 grammes d'arsenic en dissolution dans 1 litre d'ean. Le lendemain, le bceuf rhumatique etait affecte d'une Pneumo­nie bien caracterisee, dont je parvins a le guerir au moyen dp saignees repetöes et de boissons adoucissantes, mais sans que Ton put remarquer la moindre amelioration de l'etat rhumatismal.
Je n'ai point observe que des fourrages auxquels se trouvent melees des plantes acres aients occasionne la Pneumonie, ainsi
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PNEUMONIE AIGUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;907
que l'affirme Hurtrel d'Arboval. Je considere comme pouvant produire cette maladie de violents acces de toux provoquös d'une maniere ou d'une autre. L'inspiration de vapeurs tres intenses d'ammoniaque, de chlore, etc., si leur action pouvait avoir une certaine duree, la produisent 6galement.
Symptömcs. — La Pneumonie ne se manifeste pas aussitot que l'action de la cause qui y donne lieu se fait ressentir; eile n'est au debut qu'une congestion, susceptible, dans quelques cas, de determiner une apoplexie pulmonaire, et ses premiers symp-tomes sont des frissons qui mettent tout le corps en mouvement, ou seulement des frissons partiels tres apparents aux cuisses, aux avant-bras et sur les parois du thorax. Les naseaüx sont dilates, les conjonctives injectees et la membrane nasale plus rouge que dans I'etat normal; la respiration est irreguliere; les flaues sont agites. L'animal refuse de prendre des aliments; 11 ue rumine point; son pouls est fort et plein; la sensibilite de la colonne dorso-lombaire est augmentee; la peau est seche, le poil herissö. Une toux, qui ne se produit pas sans des efforts asse/ marques, se fait entendre souvent, et il suffit de presser legere-ment la trachee-artere pour la provoquer immediatement. Void les symptömes que je decrivais, en 1824, en venant de voir un boeuf atteint d'une Pneumonie aigue simple. Je prenais la mala­die sur le fait : laquo; Le soir du premier jour cet animal.mange pen; il n'ex£cute point le mouvement de pandiculation. On remarque des frissons tres apparents vers les regions lombaire et thoracique; il reste campe sur ses membres; la respiration est legerement oppressee.
laquo; Le lendemain, la respiration est courte et precipitee; la dilatation du thorax pour le mouvement d'inspiration ne se fait pas comme dans I'etat de sante; ce mouvement reste un moment comme suspendu. Des quintes d'une toux oppressive, quoique faible, se font entendre ä chaque instant. Le boeuf ne s'est pres-que pas couche dans la nuit; il a pu seulement prendre cette position pendant un quart d'heure, et il paraissait alors eprou-ver beaucoup de malaise. La peau est seche; la colonne dorso-lombaire extremement sensible, et Ton provoque des quintes de toux ou de sourdes plaintes en la comprimant fortement avec la main; le mufle est rugueux et sec; les oreilles sont pendantes: les carotides battent avec force, mais lentement. Appetit nul: point de rumination.
laquo; Troisieme jour : L'animal a ete fortement saignö. La peau est legerement onctueuse; on apercoit sur le mufle quelques gouttelettes de rosee; les pulsations de l'artere sont fortes, mais
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lentes; la toux est sonore et moins fr6quente. La respiration est encore precipitee, cependant I'mspiration est plus developpöe; la dilatation du thorax s'execute plus librement. raquo;
C'est toujqurs de cette maniere, a quelques differences pres, qui tiennent au mode d'action de chaque cause, que se manifeste l'invasion de la Pneumonie. A cette epoque, le vet6rinaire ne connaissait pas les ressources diagnostiques qne peuvent fournir la percussion et l'auscultation. Aujourd'hui Ton croit savoir que dans le debut de la Pneumonie, a cette periode que Ton pourrait appeler d'engouement, si la congestion a envahi les deux pou-inons, le murmure respiratoire est peu sensible, malgre la fre­quence de la respiration; et que si eile, s'est bornee ä un seul poumon, le murmure est plus fort dans celui qui reste sain. Si le meine phenomene a lieu dans le cas de congestion partielle d'un poumon, le bruit respiratoire devient plus fort dans la partie que la congestion n'a pas envahie; il y a resonnance plus prononcee vis-ä-vis des points qui sent sains et legere matite vis-ä-vis de ceux qui sont atteiuts.
Si la congestion ou si I'engouement n'est pas combattu par les inoyens propres ä amener la resolution, les symptomes prennent plus dquot;inteiisite. L'animal reste campt; sur ses membres dans un etat d'immobilite presque complete; sa respiration est plus peni­ble, les.alles du nez sont retractees, il tient la tete un peu allongee dans la position qui' semble devoir faciliter l'entree de Fair dans la poitriue, des frissons g6neraux se produisent sou-vent, accompagnes de sueurs partielles aux flaues et a la face interne des cuisses; la peau est alternativement chaude ou froide, les polls se herissent et la peau est adbörente et seche comme du parchemin; la sensibilite de la colonne dorso-lombaire iliminue progressivement, l'animal ne se couche plus; il ne fait ineme plus aucun mouvement pour essayer de se mettre dans cette position, et Ton prevoit qu'il ne tombera plus sur la litiere qne pour expirer en agitant convulsivement les membres. A cette periode de la Pneumonie, chaque expiration est accompa-gnee d'une plainte que Ton ne pent qualifier de sourd mugis-sement, parce que cette respiration plaintive n'a point ce ca-ractere. Quelquefois des matieres de couleur et de consistance sanieuses se font remarquer ä l'orifice des naseaux, et la toux se COnfond avec la respiration plaintive dont j'ai parle.
Dans cet etat de la Pneumonie, les conjonctives sont injectöes; mats les yaisseaux apparents sont plutot de couleur noire que rouge. Le bceuf trempe assez souvent le mufle dans les boissons qu'on lui presente; mais il copy;'en avale chaque fois qu'un petit
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nombre de gorgöes. Les urines sont rai'es; les cornes a leur base, les oreilles et les extremites sont froicles; le pouls est accelöre et mou, intermittent. L'auscultation fait entendre nn rale cröpi-tant, humide, autour des points enflammes, et la percussion y indique de la matite avec bruit respiratoire plus fort dans tons les autres; il y a resonnance distincte des portions non enflam-m6es. Gependant, il y a des cas, ceux ou la Pneumonie occupe soit le centre, soit la base des poumons, dans lesquels ia percus­sion ne fournit aucune donnee precise pour le diagnostic et oü le rale crepitant lui-meme ne peut etre entendu. Ici, comme pour etablir le diagnostic d'autres affections, il faut chercher ä s'eclai-rer au moyen de Tanscultation et de la percussion, mais avec de certaines reserves, pavce que ces deux modes d'investigation sont encore pour nous, vöterinaires, bien loin de pouvoii etre employes avec autant de succes que dans la pratique de la inedecine humaine.
Le professeur Rigot, qui a etudie plus particuiierement la Pneumonie chez le cheval, a trouve que si, h cette epoque de la maladie, on fait l'ouverture de l'animal, la couleur du paren-chyme pulmonaire, uniforme sur tons les points, est ordinaire-ment d'un rouge de sang arteriel; cependant les surfaces des parties divisöes reflechissent une teinte jaunätre qu'on attribue h 1'exhalation d'une petite quantite de serosite dans les mailles du tissu cellulaire interlobulaire. Cette infiltration, remarquable sur-tout lorsque la Pneumonie n'est que partielle, circonscrit la por­tion qui est le si^ge de Finflammation. Le poumon a acquis du poids, de la compacite, et il a en partie perdu son elasticite avec la propriete de crepiter. II se laisse assez facilement penetrer par les doigts qui le pressent, et, plonge dans I'eau, il surnage; une petite quantity de sang ecumeux s'echappe des parties divisees.
Si je rapporte en ce moment des details 'dent la place serait peut-etre aux lesions pathologiques, e'est que le professeur Rigot les a pris chez des sujets sacrifies, etquej'ai rencontre ä peu pres les memes alterations chez des boeufs que je faisais livrer ä la bassc boucherie quand ils appartenaient ä de pauvres cultivateurs et que j'avais perdu tout espoir de mener la Pneumonie a bonne fin.
II est ainsi bien souvent, dans la pratique de la medecine ve-ferinaire, des circonstances ou il faut savoir prendre des termes moyens pour sauvegarder les interets qui nous out ete confles.
Marchc. Dnr^e. Terminaisons. — La marche de la Pneumonic est rapide dans bien des cas, et cela est preferable ä la lenteur qu'elle affecte chez- les sujets debilites avant son invasion. Chez ces demiers, les symptömes sont moins saillants, parce que la
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vitalite s'est amoiudrie; niais aussi la röaction est presque nulle. Chez les sujets bien coiistitu6s et en bon etat de sante, lorsque la Pneumoiiie s'est declaröe, sa mai-cbe est rapide ; si eile est aban-donnee a elle-meme, les animaux succombent du sixieme an Uuitieme jour, quelquefois en moins de temps.
La duree moyeune de la Paeumonie, traitöe convenablement des son debut, ne depasse pas quatre jours si la constitution de I'animal n'est pas appauvrie.
Sa terminaison ordinaire, sous I'actiou d'uu traitement efBcace, est la resolution; mais eile pent aussi se terminer par I'liepatisa-tion, la suppuration, la gangrene, on passer ä l'ötat chronique.
La resolution s'annonce par le retour de l'appetit et de la rumination. La peau devient onctueuse, de sechs qu'elle etait; le mufle se couvre de rosee; la pandiculation commence a se faire, impari'aitement a la verite, puisqu'elle n'a lieu dans toute son ampleur que lorsque la guerison est complete; le pouls est plus souple, ses battements sont irreguliers; la respiration est moins acceleree; I'inspiration plus large, plus profonde; les flaues sont moins agites et l'air expire est moins chaud; le regard de l'aai-mal n'est plus atone et fixe; la temperature de la peau est douce, et la colonne dorso-lombaire d'une sensibilite presque normale. On entend moins le räle crepitant, et la poitrine recouvre pen a pen sa resonnance ordinaire. La toux n'est plus quinteuse; eile se fait entendre rarement; eile a cesse d'etre oppressive.
Dans les cas d'hepatisation, appelee aussi induration, le paren-chyme pulmonaire n'est plus permeable a l'air; le sang s'esl combine avec lui, s'est organise et en a change 1'aspect. L'im-permeabilite du tissu pulmonaire fait la matite aux endroits oil I'alteration s'est produite, et Ton n'entend plus le bruit respira-toire. Comme ces deux phenomenes ne se manifestent pas sur une partie dtiterminee de l'organe pulmonaire, ils se remarqueut tantöt sur un seul poin t du poumon, tantot sur plusieurs points ä la fois. Un rale crepitant humide se fait entendre autour de ces points quand ils sont euflammes; le bruit respiratoiie est plus fort sur les portions qui n'ont pas encore ete le siege de rinüammation.
La respiration est irreguliere et entrecoupee, 1'artere tendue, le pouls petit et serre, la toux seche et quelquefois humide, la peau seche; I'animal ne se couche plus, on s'il se couche pour un instant, e'est sur le cote malade.
La suppuration du poumon se presente sous deux formes bien distinctes : tantöt le pus est dissemine au milieu du parenchyme pulmonaire, dans de tres petits foyers; tantot 11 y forme de vas-tes collections on des abces. Ces deux formes sont assez rares:
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mais la seconde Test beaucoup plus que la premiere. Celle-ci esi, iudiquöe par le rale crepitant; il y a räle muqueux quand I'ex-tremite des bronches participe a l'inflammation et que ces canaux contiennent du pus, ce qui arrive ordinairement. Quant a la seconde, M. Delafond, auquel nous empruntons les details relatifs a I'auscultation, pense que ni ce moyen d'investigation, ni la percussion, laquo;e sauraient faire reconnaitre la presence d'un abces qui ne communiquerait pas avec les branches; mais que si la collection etait tres volumineuse et rapprochöe de la surface cos-tale des poumons, l'absence de murmure respiratoire et ia matite ä l'endroit correspondant des parois pectorales ne pourraient pas en faire affirmer la presence, mais autoriseraient a la soupconnter seulement, tons- les autres symptomes, dit M. Delafond, 6tant equivoques.
Non, ils ne sont pas equivoques, car voici ce quej'6crivais, ily a bien longtemps : laquo;Chez certains sujets, des collectionspurulen-tes se forment dans le parenchyme pulmonaire ; on voit alors ies symptomes diminuer d'intensite d'une maniere notable, I'appetit se rammer quoique avec irregularitö, la bete bovine ruminer de temps en temps, et la respiration devenir plus calme, tout en restaut entrecoupee; le mufle est sec et rugueux, les commissu­res des levres ne sont pas humectöcs de salive pendant la rumi­nation, la touxpersiste faible et fröquente, si les foyers purulents out envahi la plus grande portion de l'organe, ou rare et plus sonore, si les abces n'existent que sur un seul lobe. La pean garde sa rigidite; eile est alternativement cbaude ou froide, ou couverte de sueurs partielles ; un flux jaunätre a lieu par les na-seaux, et l'animal, tombe dans le marasme, meurt du vingtieme au trentieme jour. raquo;
Dans le cas de gangrene, celle-ci peut etre generale ou par­tielle, et llnflammation a une marclie tres rapide lorsqu'elle doit avoir cette terminaison. Alors I'artere est flasque, le pouls petil et vite; les muqueuses sont pales, la temperature de la pean baisse. Fair expire exhale une odeur de gangrene bien caracteri-see, et quelquefois on voit autour des naseaux une matiere gri-sätre ou roussatre tres fetide; on entend des gargouillements dans les bronches; il y a rale caverneux, circonscrit, si la gangrene est partielle, non circonscrit ou existant sur plusieurs points et accompagne de räle muqueux, si eile est generale. L'adynamie est tres marquee, la langue est aride et de couleur brune.
Enfin, voici une description de la terminaison de la Pneumo-nie par la gangrene, teile que je l'ai publiee apres avoir observe cette maladie :
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laquo; Quand I'mflammation tend ä se terminer par la gangrene, la gdne de la respiration persiste, sans que les mouvements du flanc semblent s'acc616rer; il exists un jetage d'un jaune grisätre et d'une odeur tres f6tide; I'air expire est impr6gne de la meme odeur; la prostration des forces est extreme ; la peau est froide, surtout aux extremit6s; le pouls a peine sensible, mou, accelöre; nne diarrhöe fetide a lieu parfois, ou Men il n'y a point de d6-jection de matieres fecales; le poll, herissöet lerne, tombe de lui-meme ou peut-etre arrach6 facilement sur certaines parties du corps, notamment aux extremites, et l'animal succombe sans se livrer k des mouvements convulsifs. raquo;
' Lesions pathoiogiques. — Hepatisation. — Dans les cas d'höpati-sation, le poumon acquiert ordinairement un grand volume; son tissu est tres compacte : 11 ne crepite plus quand on le presse, et il ne surnage point lorsqu'on le plonge dans I'eau. Si on I'in-cise, la surface divisee ne presente pas une couleur rouge uni­forme ; eile est nuancee irregulierement de rose, de brun et de blanchätre, et parfois de violet. Ces teintes diverses, qui lui don-nent un aspect marbre, sont dues ä des portions du parenchyme restees saines, ä du sang combinö avec les tissus et h une altera­tion des lames du tissu cellulaire enflamme. La coupure laisse voir encore les loges formöes par le tissu cellulaire et occupies par les lobules pulmonaires, qui paraissent transformees en une substance homogene d'un rouge plus ou moins fonce. Cä et lä se remarquent les orifices des broncbes coupees et quelques fortes branches arterielles ou veineuses. Quand, au lieu d'inciser le poumon, on le döchire, on apercoit de petits points saillants, ar-rondis, blanchätres.
Get aspect granuleux du poumon, sa compacite et sa teinte generale rougeätre, l'ont fait comparer au foie. De lä est venu le terme hepatisation. Le tissu pulmonaire etant devenu impermea­ble , il n'y a plus de bruit respiratoire : c'est ce qui constitue la inatite aux points oü existe cette alteration.
Suppuration. — Dans les cas de suppuration, la plevre a tou-jours particip6 ä l'inflammation du parenchyme, et Ton rencontre dans les plevres de la serosite limpide ordinairement et quelquefois sanguinolente. Les poumons sont tres volumineux, ils sont mar-bres ä leur surface; si on les incise, ils laissent echapper un liquide qui n'est pas, dans tous les cas, du pus Men formö, et n'est souvent qu'un pus sero-sanguinolent tres fetide : il s'est forme dans des foyers assez vastes ou dans de petits foyers dissemines sur tons les points du parenchyme. J'ai trouve une fois du pus dans les plevres; il provenait d'uu abces qui s'etait ouvert sur ce point.
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Terminaison gangreneuse. — En faisant I'autopsie d'une vache dont la Pneumonie s'6tait terming par la gangrene, M. Dela-fond trouva ce poumon gros et dur, de couleur rougeätre; le tissu cellulaire sous-s6reux etait inflltre de serosite rougeätre comme le poumon ; la substance parenchymateuse se d^chirait avec fa-cilite: eile 6tait grisätre et laissait ecouler un liquide roussätre, spumeux, ayant l'odeur de la gangrene; au centre de la partie moyenne du lobe, existait une large cavite non clfconscrite, divi-see elle-meme par d'autres cavites communiquant les unes avec les autres. Ces cavitös renfermaient un putrilage fetide ti'un gris uoir, au milieu duquel se rencontraient des lambeaux blanchä-tres rösultaut de la gangrene du parenchyme. Au milieu de cette sanie, on apercevait des rameaux bronchiques et des divi­sions vasculaires; les premiers avaient leurs canaux d6truits par la gangrene : ilscontenaient de la sanie putride, et leurmu-queuse etait lögerement bleiuitre.
Les l6sions pathologiques qua j'ai constatees a l'ouverture de boeufs morts de Pneumonie, dont la terminaison avaitete la gan­grene, se rapportent a peu pres a celles qui out et6 decrites par M. Delafond; ce qui me dispense de les reproduire.
Diasnostic. Pronostic. — Les symptomes que j'ai enumeres caracterisent trop bien la Pneumonie aigue, pour qu'il soit pos­sible de s'y tromper. Les maladies qui la compliquent ordinaire-ment et avec lesquelles on pourrait la confondre dans quelques circonstances apres un examen superficiel, s'en distingueut ce-pendant en plusieurs points bien determines. Ces maladies sont la bronchite et la pleuresie.
Dans la bronchite, comme la tres bien constate Hurtrel d'Ar-boval, I'inspiration est petite, douloureuse, difficile; la poitrine a conserve sa resonnance habituelle, quand on la percute, et le bruit respiratoire se fait entendre dans toutes les parties du poumon; plus tard, on discerne en arriere de l'epaule le rale muqueux, d'abord ä petites, puis ä grosses bulles.
Dans lapleurösie, l'air expirti par 1'animal n'est pas plus chaud que de coutume; rinvasion de la maladie s'annonce par des coli-ques plus on moins prononcees.....Depuis longtemps j'ai cons­tate qu'il y avait un tel rapport entre les membranes sereuses de l'abdomen et du thorax que j'ai presque toujours vu les pleu-resies d6buter par des symptomes tres prononces de douleurs abdominales chez les betes bovines comme chez les solipedes; ce Symptome ne se manifeste jamais lors de l'invasion d'une Pneumonie non compliquee de pleuresie.
Dans la pleuresie, I'inspiration est courte, inegale et entrecou-
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p6e; on rema,rque tres bien que la dilatation du thorax fait eprouver a l'animal de vives douleurs, et qne I'expiration se fait an contraire avec facility; j'appelle particulierement rattention du praticien sur ces symptomes, ils sont tres caractöristiques et ils facilitent singulierement le diagnostic de la Pneumonie aigue par leur precision. D'ailieurs, les indications obtenues par Tauscultation et par la percussion, quoique ces deux moyens ne soient pas encore arrives au point de perfection qu'ils ont acquise dans la mMecine humaine, peuvent etre d'un grand secours, tres appreciable par le v6terinaire, vieilli dans la pratique, qui s'en est trouv6 priv6 pendant longtemps.
Le pronostic de la Pneumonie aigue n'est pas ordinairement fächeux, si eile a pu etre combattue des son invasion ou peu de temps apres cette invasion. II n'en est pas de meme si I'inflam-mation a ete abandonnte ä elle-meme et si la saign6e a 6te employee tardivement; c'est que les revulsifs de quelque nature qu'ils soient n'ont pas une eflicacite constante quand la phleg-masie s'est modifi6e dans le sens de Tune et de Tautre des ter-minaisons facheuses que j'ai indiquees. Dans ce cas seulement, le pronostic doit etre port6 avec une grande r6serve; car la re­mission des symptomes est trop souvent le commencement d'une aggravation.
Traitement. — La saignee est le moyen r6ellement efflcace ä employer dans le traitement des inflammations aigues, franches et bien caractörisees du parenchyme pulmonaire : ses effets sont pour ainsi dire instantanes. Je recommande de faire des saignöes fortes, et pourtant en rapport avec l'etat de l'animal. Chez un bceuf de taille ordinaire, la premiere saignee sera de 5 kilog. an moins; et suivant la gravite des symptömes, on peut sans aucune crainte pousser cette omission sanguine jusqu'ä eh obtenir un poids de 6, 7 et 8 kilog. Si Ton fait une premiere saignee moins forte, il faut en faire une seconde et quelquefois une troisieme dans les vingt-quatre heures. Les vöterinaires qui n'ont point pratique dans les campagnes, depuis surtout qae les prairies ar-tiflcielles out pris beaucoup d'extension, ne sauraient croire com-bien les saignees faites coup sur coup donnent d'excellents r6-sultats. Un nombre considerable de fois„ j'ai obtenu dans les douze premieres heures, ä compter du debut de la Pneumonie, le resultat le plus avantageux que Ton puisse desirer, c'est-ä-dire la resolution immediate de la Pneumonie caracterisee par les symptömes les plus alarmants.
Mais je precise bien mon indication: les saignees abondantes faites coup sur coup auraient un resultat funeste si Ton operait
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sur un animal habituellement mal nourri, dont la constitution serait minöe par une affection tubercuieuse on dont le sang se-rait appauvri par un regime döbilitant. II faut, dans de sembla-bles circonstances, etre beaucoup plus reserve, etudier attentive-ment les effets d'une premiere saignöe moyenne, et agir suivant les indications fournies par l'etat des symptomes.
En prescrivant la saignee comma un moyeu höroique, il est necessaire de dire quel effet plus on moins prompt et favorable alle doit produire suivant le vaissaau sur lequel eile a et6 prati-qu6e. Quand on ouvre la jugulaire sans difficulte, c'est par ce vaisseau qu'il est preferable d'obtenir remission sanguine, surtout si I'ouverture donne un gros jet. A peine ce jet a-t-il coule pendant moins d'une minute, (pie la respiration commence a se faire avec plus da facilite. Sans doute, une omission aussi restreinte n'ame-nerait pas la resolution, mais on voit qu'elle permet ä l'animal de respirer plus librement. L'effet produit peut etre compare ä celui qui resulte du soulevement d'une bonde, bouchant herme-tiquement un tonneau rempli de vin, pour l'ecoulement prompt et facile de ce liquide par le robinet.
Si dans le traitement de la Pneumonie aigue on ne peut pas ouvrir la jugulaire, on ouvre I'artere coccygienne; le premier effet de la saignee est presque aussi prompt que celui de la saignee a la jugulaire, mais la quantite de sang h faire cooler ne doit pas etra aussi considerable; eile peut etre moindre d'un tiers. A defaut de la jugulaire on de l'artera coccygienne, c'est la sous-cutanee abdominale que Ton ouvra. Ce vaissaau est d'un assez fort calibre chez las betes bovines pour fournir une suflisante quantite de sang; mais l'effet de remission par ce vaisseau est plus lent a se manifester, k moins qu'il ne s'agisse dune phlegmasie de Tin tes­tin on da Tun des organes parenchymateux renfermes dans la cavite abdominale.
Pendant toute la duree du traitement, les animaux doivent 6tre tenus en un repos complat, dans un lieu oil l'air soit pur sans etra agit6 at sa temperature h 18 on 20deg; tout an plus. Ils doi­vent etre reconverts d'une couverture de laine, completement prives d'aliments solides et mis a meme de prendre des boissons temp6rantes en granda quantite.
Si Ton reconnait que la resolution ne s'opere pas avec facilite, at qua Tötat de l'animal at la mollasse de son pouls ne permet-tent pas de pratiquer de nouvelles saignees,on passe dans le tissu cellulaire du fanon un söton d'une longueur de 20 a 25 cen time-tres, dont le ruban est enduit de pommade stibiee; il y a Men des trochisques d'una autre nature employes par les praticiens, mais
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je u'en connais pas qui produisent un effet aussi prompt que celui que je viens d'indiquer. Les vesicatoires proprement dits onl une action tres lente sur la peau du boeuf et pourraient faire perdre un temps precieux , surtout quand on n'a pas les animaux sous les yeux. II en est de merae des sinapismes, sur lesquels 11 est imprudent de compter si Ton ne peut visiter les animaux tous les jours.
Les revulsifs externes sont d'une grande ressource si on les applique a propos, c'est-ä-dire quand on a diminue considera-hlement l'intensite de rinflammation; car si on les applique avant d'avoir oLtenu ce rösultat, la reaction qu'ils produisent tourne an profit de rinflammation pulmonaire. Bien souvent les engorgements externes qu'ils produisent sont frappös de gangrene. Cette observation a ete faite par d'autres praticiens.
laquo; Sans bannir absolument les revulsifs du traitement de la Pneumonie aigue, a dit Hurtrel d'Arboval, et en cela nous som-mes parfaitement d'accord avec cet auteur, on ne peut s'empecher de reconnaitre qu'ils sont souvent inutiles, et qu'employes troptot ils deviennent souvent nuisibles. Les vösicatoires aux faces late­rales et un peu declives du thorax , le s6ton au poitrail on meme sur les cötes de la poitrine, sont les moyens de ce genre qu'on applique le plus frequemment, qu'on emploie de la maniere la plus empirique la plupart du temps, meme au debut de la maladie. Nous pourrions citer un grand nombre de cas on ils out deter­mine des tumefactions gangreneuses. Alors et quelle que soit sa forme, I'exutoire subsiste d'abord sans engorgement, sans suppu­ration pendant trois on quatre jours; la matiere qu'il rend en-suite est sanieuse et bien diüerente du pus brun, qui n'est quel-quefois teint de sang que parce que l'animal se trotte. Puis 11 survient, k l'endroit oü I'exutoire est place, une tumefaction oede-mateuse qui passe promptement k la gangrene et gagne parfois le dessous de la poitrine, le ventre et les membres.
laquo; Les exutoires ne peuvent etre de quelque utilite que lorsque 1'inflammation est calmee, etc. raquo;
Les reflexions de l'auteur que je viens de citer sont tres judi-cieuses, et, quoique faites k propos de la Pneumonie des solipe-des, elles out la meme importance si on les applique au trai­tement des maladies des betes bovines. Quand ces saignees onl produit leur effet, on ne doit pas insister sur les boissons pure-ment temperanies. On devra les emetiser, en faisant dissoudre 2 ou 3 grammes d'emetique dans 8 ou 10 litres d'eau blanchie, ;i faire prendre par jour en trois doses; ces boissons favorisenl singulierement la resolution ,sect;ans jamais etre nuisibles.
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Je n'accorde pas une grande conüance aux remedes dits expec­torants, la röglisse, l'aunöe, le lierre tercestre, le camphre et meme ropium que Ton administre ä titre de calmants. Leurs proprietes sont loin d'etre justifiees par l'expörience.
Je compterai un pen mieux sur un purgatif administre vers la fln de la maladie. Je dois le repeter, si la saign6e a ete faite ä propos, eile doit sufiire, avec l'aide des boissons temperantes et derivatives, pour amener la guerison.
Je ne recommande pas la methode rasorienne, mais je n'en-tends pas la proscrire absolument, ne l'ayant pas experimentee moi-meme. Elle a eu, et eile compte encore, des partisans dont l'opinion n'est pas sans autoritö.
Un homme tres distingue, un de mes condisciples ä l'Ecole de Lyon, emplovait l'emetique ä tres haute dose; il a publie neuf observations dont sept paraissent confirmer ses previsions. Mais des experiences faites ä l'Ecole d'Alfort n'ont prouve qu'une chose, c'est que les monogastriques peuvent supporter des doses tres fortes d'emetique, et j'ai acquis la meme certitude relative-ment aux grands ruminants. Toutefois, conclure de cette tole­rance bien connue ä une propriete curative specifique du tartre stibie, me parait etre une opinion qu'il ne fant accepter que sur verification apres de nouvelles experiences.
Le kermes mineral est employe avec avantage lorsque l'in-flammation a commence ä ceder au traitement antiphlogistique, ä la condition toutefois que les organes digestifs ne soient pas dans un etat d'irritation ou d'inflammation. On administre ce medicament, ä la dose de 30, 35 ou 40 grammes, en opiat : on pent en faire prendre deux doses par jour; si chacune n'est que de 30 grammes, il produit de bons effets. On ne doit pas I'admi-nistrer pendant plus de deux jours : il finirait par irriter Tintestin et par donner lieu ä des purgations.
Le sulfure d'antimoine le remplace; son action est nioins puis-sante ä la verite, mais on peut en continuer I'emploi pendant plusieurs jours sans avoir k redouter le moindre inconvenient. D'ailleurs, le sulfure d'antimoine coüte moins eher et il n'est pas ordinairement falsifie, tandis que le kermes mineral est tres sou-vent melange ä des substances inertes.
Les personnes qui pansent le betail ä la campagne ont une grande confiance aux efi'ets des fumigations, et cette confiance leur vient de ce que les animaux etant souvent malades par suite d'arrets de transpiration, elles avaient constate qu'au inoyen de fumigations aromatiques ou excitantes, on parvenait quelquefois, en provoquant une ahondante transpiration , ä pr6-
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venir l'invasion de maladies qui auraient pu ßtre tres graves : cette pratique est bonne, mais il ne faut pas en abuser. Un ani­mal est pris de frissons violents apres avoir subi une averse ou un coup de vent, etc.; on le rechauffe en le recouvrant de plu-sieurs couvertures de laine et en faisant passer sous les couver-tures la fumee de plantes aromatiques, d'ail, de son, etc.; bien-tot, en effet, les frissons n'ont plus lieu etl'animal est en trans­piration. Mais cette pratique, excellente en soi, quand eile est employee dans les conditions susdites, pent devenir un danger si I'inflammation pulmonaire a acquis une grande intensity : c'est que, dans cette circonstance, la surexcitation de la peau et le sur-croit de gene qu'elle occasionne dans la respiration aggravent considerablement la phlegmasie. Je fais ici cette observation, parce que Lien souvent j'ai du attribuer a des fumigations tardi-vement faites une recrudescence tres fächeuse des symptomes d'une pneumonie que les premieres saignöes avaient calmee.
Je ne pense pas non plus qu'ü seit utile de faire des fumigations de vapeurs adoucissantes sous le nez des boeufs atteints de Pneu­monie, en leur couvrant la tete. Ces fumigations, meme adou­cissantes, fatiguent les auimaux si la colonne de fumee est con-centree. Je pröfere, si l'air des tHables est tres sec et sa temperature trop elevee, que les vapeurs d'eau chaufföe se melent ä toute la masse d'air contenue dans l'etable.
Resume du traitement. — 1deg; Aeration reguliere de l'etable dans laquelle sont places les animaux atteints de Pneumonie aigue; temperature moderee de l'air, dans lequel on fait p6n6trer des vapeurs d'eau s'il est trop sec.
2deg; Repos absolu de Tanimal et privation d'aliments solides.
3deg; Saignees faites coup sur coup, c'est-ä-dire dans l'espace de vingt-quatre h trente-six heures, chaque saignäe devant pro-duire, suivant l'etat de l'animal, une emission de 4 ä 7 kilog.
4deg; Boissons temperantes d'abord, em6tis6es le troisieme jour.
5deg; Trochisque avec la pommade stibiee, si apres les saignees la resolution ne s'opere point nettement; sinapismes ou v6sica-toires, s'il est possible desurveiller leur action.
6deg; Quand l'application d'un trochisque, de sinapismes ou de vesicatoires est juglt;5e necessaire, administration de kermes mineral en opiat, d'apres la formule suivante :
Opiat au kermes.
Kermte mineral....................... 30 grammes.
Reglisse en poudre................----- 64 —
Miel................laquo;;............... Suffisante quantite.
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PNEUMONIE CHRONIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2 I'.t
On peut administrer cet opiat deux Ms par jour, pendant deux jours, et puis suspendre son emploi pour y revenir, s'il y a lieu , ;i deux jours d'intervalle.
Le kermes mineral excite la transpiration cutanöe, il facilite rexpectoration des mucosites retenues dans les brcnches et de­termine une aLondante secretion d'urine; tons les auteurs qui en ont parl6 lui reconnaissent cette propriete k un tres haut degre.
Girard pere, Delafond et Miquel, de Beziers, Tont employe a la pöriode aigue de la Pneumonie; mais, dit M. Tabourin {Nouv. Tratte de Mutiere medicale) : laquo; les praticiens les plus nombreux et les plus sages, tant en medecine humaine qu'en medecine vet^ri-naire, n'en font usage qu'a la periode de declin pour faciliter I'expectoration, ou pendant l'ötat chronique, pour accelerer la resolution des produits 6panch6s dans les poumons et dans les plevres. raquo; C'est aussi I'opinion que j'ai exprim6e.
Le sulfure d'antimoine sera, en general, pr^fer^, parce qu'il parait avoir les memes proprietös et que son usage peut etre continue pendant plusieurs jours sans que Ton ait ä redouter les accidents que produirait le kermes, et aussi parce qu'il coüle beaucoup moins eher. Quand je le prescris dans la Pneumonie ä son döclin ou pendant I'etat chronique, je lui associe le soufre sublime dans les proportions de la formule suivante :
Poudre diaphoretique.
Soufre sublime.......................... 150 grammes.
Sulfure d'antimoine....................... 200 —
MÄlez, et faites dix paquets; donner deux paquets par jour, I'un le matin et I'autre le soir, mölangfe au son, ä la farine, etc.
Apres cette quantite, on peut en donner une pareille sans interruption.
ARTICLE IV
PNEUMONITE CHRONIQUE. STOONifMiE : Pommeliere, Catarrhe dc poitrine.
DeBnltion. Frequence. — La Pueumonite chronique est un mode d'inflammation pulmonaire qui differe de l'inflammation aigue en ce que les symptomes qui la caraclerisent ont une in­tensity moindre, et en ce que sa marche est plus lente et sa duree plus-longue; on I'a aussi distinguöe sous le nom de Pommeliere. parce qu'on I'a confondue avec la phthisie tuberculeuse.
Elle est plus fröquente qu'on ne le pense chez I'espece bovine;
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
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elle est quelquefois une terminaison de la Piieumonite aigue: mais eile est d'autres fois essentielle, c'est-a-dire qu'elle s'est de-veloppee avec le caractere chronique nonpr6ced6 de l'ötat aigu.
Causes. — La conformation döfectueuse de la poitrine, consö-quence inövätable de l'höreditö ou d'un regime alimentaire insuf-tisant imposö aux animaux des leur jeune äge, est une des causes predisposantes de la Piieumonite chronique; elle est inherente au milieu dans lequel sont places les animaux. C'etait un fail tres commun il y a quelques annees, et qui Test beaucoup moins depuis que les cultures fourrageres occupent une plus grande etendue de terrain. Je m'explique.
Sur des exploitations oü se faisait une agriculture toute routi-uiere, on voyait assez souvent, dans certaines localites rappro-chees des lieux de pacage, un grand nombre de betes bovines d'elevage; sur ces exploitations on avait tout au plus des etables pour les loger, mais pas un brin de fourrage h leur donner. On les lächait dans les pacages oü, pendant toute I'annee, ces bes-tiaux de tout äge devaient trouver leur nourriture. Si les Sai­sons ötaient bonnes pour cela et si I'herbe se trouvait abondante, c'etait tant mieux; mais si la secheresse ou les gelees de longue duree ne laissaient rien a brouter, ou Men si des pluies d'hiver continuelles faisaient pousser une herbe fade a peu pres depour-vue tie principes alibiles, c'etait taut pis : les bestiaux devaienl. s'accommoder des privations comme de l'abondance. Ajoutons a cela qu'ils avaient ä supporter toutes les intempöries, et, pendant les journees les plus dures de l'liiver, vivre d'une ration insignifiante, composöe de chaume ou d'autres substances qui ne valaient guere mieux.
Et maintenant on comprendra que des animaux traites de la sorte ne se developpaieut que tres imparfaitement, et qu'ils por-taient dans leur constitution le principe de maladies pulmonaires qui ne pouvaient pas se presenter avec des caracteres vivement accentues. L'invasion de la maladie n'6tait presque jamais brus­que ; elle se faisait lentement, et c'ötait peu ä peu qu'elle affectait le parenchyme.
A ces causes diverses, on peut ajouter : les arrets de transpira­tion, resultant des intemperies que les bestiaux avaientäquot;suppor­ter; les ecarts de rögime, etc.; quelquefois aussi les contusions determinees sur les parois du thorax, dans la lutte au pacage, et aussi par la brutalite des gardiens.
Quand la Piieumonite chronique est une terminaison de la Piieumonite aigue, il est evident qu'on ne doit pas lui chercher une autre cause.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^
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SymptAmes. — Si la Pneumonite aigue passe a I'etat chronique. Tariere est moins tendue, le pouls est faible, la respiration moins oppressöe, quoiqu'elle soit pourtant irreguliere; ranimal peut res-ter couch6 pendant plus de temps; il rumine quelquefois, mais lentement et sans que jamais la rumination se fasse par le nom-bre ordinaire de mouvements de la mächoire; sa toux est grasse et n'est pas quinteuse aussi souvent qu'elle I'etait; il prend quel-ques aliments, et ce qui caractörise la nouvelle modifißation mor­bide, c'est la persistance des symptömes, d'une intensitö amoindi'ie, que je viens de decrire.
Les symptömes de la Pneumonite chronique essentielle sont les suivants : ordinairement maigreur de l'animal, toiix seche, faible et frequente; peau seche, collöe aux os; mufle sec, yeux converts en partie, oreilles abattues, flancs agites, irregularity de leurs mouvements; diminution de l'appötit, rumination rare et lente quand eile a lieu. La fatigue on seulement la marche ordi­naire rend ia bete haletante; eile chancelle si on la force ä pren-dre une allure un pen vive, ne reste pas longtemps couchöe si les deux lobes sont malades; si, au contraire, I'inflammation n'exisie que sur un seul de ces organes, la bete peut garder cette position pendant assez longtemps. Cette remarque Importe beaucoup pour etablir le diagnostic et le pronostic. A ces divers symptömes ajoutons que tres souvent il y a un pen de meteorisme qui se manifeste avec un caractere d'alternance.
Taut que rinflammation n'a pas envahi les deux poumons, la digestion de la petite quantite d'aliments ingeres se fait sans au-tre trouble que le meteorisme dont je viens de parier, et les excrements, qui sont un peu plus mous que dans I'etat de saute, n'ont pas cependant la consistance diarrheique.
Le professeur Delafond a donna la description suivante d'une Pneumonite chez un veau äge de trois mois. C'est bien ainsi ipi'elle se manifeste sous I'influence d'un regime vicieux :
laquo; Le veau etait malade depuis trois semaines; il eprouvait de-puis une quinzaine de jours des quintes de toux seche. Marasme et meteorisme, yeux ternes et enfonces dans J'orbite, murmure respiratoire du poumon gauche, considerablement augmente dans le lobe posterieur, avec resonnance assez forte; absence de bruit respiratoire et matite dans tout le lobe posterieur du poumon droit, petitesse et acceleration du pouls, flaccidite de l'artere, pii-leur des membranes muqueuses apparentes; point d'inflltration au fanon ni aux membres. raquo;
Delafond dit : laquo; päleur des membranes apparentes ; raquo; ce Symp­tome existe certainement dans la Pneumonite chronique, mais
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
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on ne peut guere rentendre que de la conjonctive. II n'est pas facile d'explorer la membrane nasale chez le bceuf, parce que la nuance de la peau du mufle se continue assez avant pour que Texplorateur ne puisse guere voir l'ötat de la membrane muqueuse au-delä des bords des naseaux. Quant ä la membrane muqueuse de la bouclie, eile prend aussi tres sou vent des teintes qui sout des nuances de la couleur de la peau.
La secretion du lait diminue beaucoup chez les vacbes atteintes de la Pneumonite cbronique, et eile unit par ne plus avoir lieu.
Quand on presse avec force la colonne dorsale d'une bete bovine atteinte de cette maladie, on est assure presque toujours de provoquer la toux accompagnee d'une expiration plaintive, et cela se remarque aussi lors de chaque expiration, quand la mala­die a fait beaucoup de progres.
II est rare de voir le jetage de matieres purulentes par les naseaux ; s'il a lieu quelquefois, c'est plus souvent par la bouche a la suite de la toux.
Slarche. Duree. Terminaisous. — La marcbe de cette maladie '#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; est lente comparativement a celle de la Peripneumonie aigue;
mais eile n'est reellement tres lente que lorsqu'elle s'est döclaree essentielle, c'est-ä-dire sans passer par I'etat aigu. Si desanimaux arrives a l'äge de trois on quatre ans, nes et eleves dans les con­ditions d'un mauvais regime, passant dans un milieu plus favo­rable a la conservation de leur saute, la Pneumonite cbronique, contractee dans le premier milieu, si eile n'a pas encore amene des lesions d'une grande etendue, peut avoir uue duree assez lon-gue. On voit des boiufs et des vacbes chez lesquels la Pneumo­nite a une duree de deux ä trois ans avant de se terminer par la mort, et beaucoup d'autres dans les memes conditions, que Ton a pu engraisser h Tage de cinq a six ans.
La duree de la Pneumonite cbronique succedant ä une Pneu­monite aigue est plus courte. Toutes ces circonstances sont ä noter pour la formation du diagnostic et du pronostic, qui est ici d'une importance beaucoup plus grande que s'il s'agissait d'ani-maux ne pouvant pas etre utilisös pour la bouclie rie. Si un bceuf doit succomber inevitablement un pen plus tot on un peu plus tard , et que Ton puisse cependant esperer de le remettre en etat d'etre livrö au moins a la hasse boucherie, on conseille son engraissement s'il est juge possible, et s'il ne Test pas, on avise pour le mieux, plutot que de laisser la maladie arriver a son dernier terme.
Lesions pathoiugiques. — A l'ouverture des animaux qui out succombe a une Pneumonite ehronique, on trouve assez souvent
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des adh6rences entre des portions de la plevre et les cotes, et en-tre le sternum, le pericarde et les poumons. Ces adherences out lieu ordinairement au moyen de fausses membranes, qui sont le resultat d'exsudations inflammatoires; il n'est pas rare de ren-contrer dans le thorax de la serosite en plus on moins grande quantity.
Le parenchyme pulmonaire est höpatise sur plusieurs points, et cette transformation ou degenörescence des tissus est d'uue couleur grise ou rougeätre; d'autres fois, il y a dans le parenchyme des cavites de capacite variable, contenant du pus a differents 6tats.
M. Delafo.id a decrit les lesions pathologiques qu'il a vues ä l'autopsie d'un veau atfecte de Pneumonite chronique, observatiou dont j'ai rapporte les symptomes. Le poumon gauche de ce veau etait parfaitement sain; le droit etait tres pesant, marbie de bran et de rouge ä la surface, d'un tissu dur et difficile a dechi-rer. Sa dechirure n'offrait pas de granulations semblables ä celles du parenchyme hepatique, mais presentait une substance homo-gene, ressemblant assez grossierement au tissu musculaire; tous les lobes etaient separes par des cloisons d'un tissu homogene et comme cartilagineux, continues les unes avec les au tres, de sorte que la coupe du poumon , lorsqu'ou avait enleve le parenchyme altere, ressemblait ä celle d'un gäteau d'abeilles. A l'exterieur du lobe anterieur, le parenchyme avait disparu, et il n'existait plus que les cloisons devenues tres epaisses.
Dupuy et Prince out publie, il y a longtemps, sur l'autopsie d'une vache, les details suivants :
laquo; Une vache de six aus, dans uu etat moyen d'embonpoint et destinee aux dissections, fut ouverte vingt-quatre heures apres sa mort : une fausse membrane, epaisse de 3 ä 4 millimetres et de consistance flbro-cartilagineuse, faisait adherer une partie de la plevre pulmonaire ä la face interne des quatre premieres cotes droites et gaudies. Les plevres, exemptes d'adherences dans leur partie posterieure, contenaient chacune environ 1 litre d'un liquide citrin clair, et lion visqueux. Les lobules anterieurs du poumon , surtout au point oil ils adheraieut aux cotes, etaient tres durs et elastiques. Le poumon ne s'atfaissa sous le poids de l'at-mosphere que dans sa moitiö posterieure. La coupe d'un poumon, pratiquee de sa partie posterieure a sa base, laissa voir le paren­chyme sain dans tout le tiers posterieur; plus en devant, le tissu cellulaire interlobulaire contenait quelques bulles d'air, dont le nombre allait en augmentant jusqu'ä mettre im espace de 4 a 5 millimetres entre les lobules, apres quoi elles diminuaient et dis-paraissaient, coustituant uu emphyseme qui formait une roue
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MALADIES DES QRßANES RESPIRATOIRES.
circulaire d'environ 8 centimetres. Plus loin, ce meme tissu offrait quelques infiltrations dissöminöes d'une serositö jaune et limpide, qui pen a pen devenaient plus ötendues et entouraient complötement les lobules. En se solidiflant de plus en plus d'arriere en avant, ces infiltrations finissaient par acquörir, ä Textromite antörieure du poumon, la blaucheur et la densitö du fibro-car-tilage. Le tissu cellulaire ainsi attaque formait une multitude de cloisons, k parois plus ou moins öpaisses, ne communiquant pas ensemble et isolant tout ä fait le parencbyme qu'elles contenaient; ([uelques vaisseaux le traversaient encore et prösentaient, aux endroits oü il avait le plus de densite, de petites cavitös d'une ca­pacity ä admettre un pois, contenant: les unes, une matiere sembla-ble a du fromage nn peu sec, d'autres de petites masses calcaires, d'autres enfin un peu plus grandes, une matiere purit'orme et granuleuse.
laquo; Les alterations du parencbyme pulmonaire commencaient au meme point que 1'infiltration du tissu ioterlobulaire. Ici, quel­ques lobules ötaient rouges, un peu granuleux et offraient les ca-racteres de l'engouement inflammatoire; plus loin, ils conser-vaient leur teinte naturelle, mais leur consistance augmentait, et ils se recouvraient d'un grand nombre de petites taches fibro-cartilagineuses; des que ces taches apparaissaient, le tissu du poumon semblait ne plus admettre d'air, et sa pesanteur specifi-que 6tait supörieure k celle de Feau. Vers l'extremite des lobules antörieurs , les taches avaient disparu; le tissu cellulaire etait alors dur, rose, homogene, elastique, et les lobules, resserrös par le developpement de la lame fibreuse qui les entourait, for-maient de petites masses egales, pour la plupart, au volume d'une noisette.raquo;
S'il se produit des abces dans le cas de Pneumonite chronique, on les trouve, dans le parencbyme pulmonaire, plus ou moins nombreux et d'etendue variable. En general, ils sont vastes et profonds lorsqu'ils sont peu nombreux. II y en a qui contien-nent encore du pus qui est blaue ou jaunätre, et fetide ordinai-rement. Quelquefois ce pus pent avoir ete evacu6; mais le foyer qui le contenait est reconnaissable, quoique les parois de l'abces soient resserrees, et Ton y decouvre des traces de fausses mem­branes. Quand ils sont multiplies, la matiere purnlente n'est pas dans tons au meme degre de formation; les plus avances sont circonscrits d'une aureole rougeätre.
Diagnostic. Pronostic. — II n'y a pas a s'arreter longtemps sur le diagnostic et le pronostic : 1'appreciation des symptomes est chose facile, meme sans le secburs de l'auscultation. L'etat de la
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respiration, le caractere invariable de la toux, persistante, quin-leuse et faible; l'appfetit diminuö, le metöorisme plus ou moms apparent an flanc gauche, la difficulte plus ou moins prononcee pour l'animal de rester couche sax 1'un ou I'autre cote, ou I'obli-gation dans laquelle il se trouve de so coucher exclusivement du rneme cote, Tamaigrissement qui se produit plus ou moins rapi-dement, suflisent pour 6tablir le diagnostic.
Quant au pronostic, il est facheux dans tons les cas, plus ou moins, parce que, dans le moyen terme, il doit determiner la re­solution d'engraisser ou du moins de rßtablir l'animal, operation d'un succes douteux et faiblement remunöratrice.
Traitement. — Le traitement ne pent avoir qu'un seul but. qui est d'obtenir une remission dans les symptomes, le ralentisse-ment de la marche de la maladie, le maintien des fonctions dans un 6tat qui permette des digestions regulieres, sinon completes de tout point, du moins süffisantes pour que I'assi-milatiou ait lieu dans des conditions assez favorables au retour d'un embonpoint ordinaire. II faut, pour que Fengraissement complet resulte assez promptement du regime auquel on soumet l'animal, qu'un seul poumon soil affects, afin que I'hematose se fasse bien sur un point et que Tanimal puisse rester couche pour faire de bonnes digestions, ce qui est de rigueur dans cette circonstance. Jamals on ne doit conseiller I'engraissement ou seulement le retablissement d'un bceuf atteint d'une affection chronique quelconque des voies respiratoires ou d'autres syste-mes, s'il ne pent rester couche que pendant peu de temps.
On se rapproche du but que Ton se propose d'atteindre en faisant consister le traitement de la Pneumonite chronique dans un rögime alimentaire compose de substances de digestion fa­cile, dans l'administration de medicaments propres k calmer la douleur que l'animal pent ressentir dans les poumons, et h tonifier les organes digestifs sans les irriter jamais.
Dans le debut de ce traitement, on doit appliquer un trochisque, afin d'obtenir par son action revulsive une diminution d'intensite des phenomenes morbides qui s'exercent sur les poumons; mais le trochisque ne doit pas etre permanent. Apres sept ou huit jours, il fautqu'ilsoit enleve : son action trop prolongee deviendrait un obstacle au retablissement de l'animal, non par la suppura­tion qu'il produirait, puisqu'on ne I'obtient jamais abondante chez le boeuf, mais par la douleur qu'il entretiendrait.Toute dou­leur continue trouble les fonctions assimilatrices, surtout chez cet animal qui est beaucoup plus irritable qu'on ne pense.
Les medicaments sont pris dans la categorie des bechiques
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
incisifs : ainsi, le kermes, le sulfure d'antimoiue, allies au miel on aux tisanes mucilagineuses.
Le regime alimentaire se compose de foin de prairies naturel­les, de racines cuites, de farines de cörßales ou de legumineuses. ou de graines de lin.
Je donne la preference an foin des prairies naturelles sur les tburrages provenant des prairies artificielles, parce que ceux-ci sont, ä ration egale en poids, beaucoup plus sanguiftables que le foin, et cjue, dans cette circonstance, il Importe particulierement de ne point appeler sur I'organe pulmonaire un afflux trop con­siderable. Si cette explication pouvait etre contestee dans son exactitude, je la coniirmorais par une observation que je ne diercherai pas ä expliquer, et que voici : les bceufs phthisiques ou atteints de Pneumonite cbronique, et que Ton a juges suscep-tibles de retablissement ou d'engraissement, se trouvent beau-coup mieux d'uue ration ayant pour base le foin que de celle qui se composerait de sainfoin, trefle, luzerne, etc.
Si Ion fait entrer dans la ration des bestiaux de I'espece bovine, soumis ä un regime alimentaire special, en vue d'un engraisse-ment pour cause de pneumonite cbronique, des racines, telles que navets, betteraves, carottes, pommes de terre ou topinam-boui's, etc., etc., on doit avoir toujours la precaution de les faire cuire et de les melanger ensuite avec des farines d'orge et de seigle. Les farines de ma'is, de feves, de vesces ou de froment, peuvent entrer dans cette ration pour une portion, un quart ou un tiers tout au plus. II serait pen rationnel de les y faire entrer en plus grande quantite, par la meme raison qu'on donne la preference au foin sur la luzerne, le sainfoin, etc. Les fails cons­tates par la pratique prouvent en effet que les animaux ne se trouvent pas bien d'un regime laquo; ecbauffant, raquo; c'est-a-dire trop sanguifiable relativement; que les racines que Ton fait cuire, afin de les rendre de digestion facile, sont plus avantageuses que les grains ou les graines reduites en farine, et toujours pour le meme motif.
Opiat bechique.
Kermös mineral............................ 30 grammes
Miel.................................... 400 —
Si Ton veut donner ;i cet opiat la consistance du bol, on y ajoute un peu de farine d'orge ou de graine de lin, ce qui vaut autant qüe les poudres inertes de reglisse ou de racine de mau-ves, et coitte moins eher. On ne donne, dans le cas present, le
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PHTHISIE TUBERCULEUSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 927
kermes qu'ä la dose de 30 grammes, afin de moderer son action sur rintestin et de pouvoir.l'administrer pendant plus longtemps. Ainsi Ton en fait prendre 300 grammes pour dix jours, etpuis on administre, pendant un intervalle d'autant de jours, de la fariue de graines de liu en raison de 300 grammes le matin et 300 gram­mes le soir, melangee a la ration ordinaire de farineux.
En melangeant a cette ration en farines 60 ou 65 grammes de sulfure d'antimoine ögalement divisös en deux doses, on obtient le meme resultat qu'avec le kermes mineral.
ARTICLE V
PHTHISIE TUBERCULEUSE Synonymik : Pommolierc, Tnux, Pousse, Etisie, Consomption pulmonairc, etc.
Definition. Frequence. — On designe, sous le nom do Phlhisie, un etat pathologique resultant du developpement de tubercules dans le parenchyme pulmonaire. Ce mot signifiait autrelbis con­somption, amaigrissement extreme, et s'appliquait k toutes les alte­rations chroniques et incurables d'une substance organique; mais aujourd'hui, il rests exclusivement consacre a designer la dege-nerescence tuberculeuse du poumon.
Cette affection est tres frequente cliez les animaux de l'espece bovine. Elle existe, au moins, chez la moitie des bceufs qui out travaille jusqu'ä un age avance; eile est encore plus commune chez les vaches portieres employees au travail des champs, el tout autant lt; sinon plus souvent, chez les vaches laitieres.
Cette maladie fut connue des la plus haute antiquite, mais son histoire la plus complete, avant I'epoque actuelle, a ete faite xjar les veterinaires qui vivaient vers la tin du siecle dernier. En 1789, 1791, 1794, Huzard fut charge de la traitor dans les faubourgs de Paris, oü eile paraissait regner a l'etat enzootique, et depuis on a cru remarquer egalement qu'elle avait ce caractere dans plu-sieurs localites : eile s'est montrt'e ainsi en Suisse, dans les de-partements du Doubs, du Jura, des Vosges; mais ce n'etait poiul l'etat enzootique reel. Je ne con teste pas qu'elle ait pu se mani­fester chez un grand nombre de vaches laitieres d'une menu! race et dans des lieux determines; mais, dans ce cas meme, on ne pent pas dire que la Phtliisie tuberculeuse ait et6 une enzootie dans le veritable sens que Ton attribue ä cette expression. Cela sera demontre, jepense, par l'expose des causes de cette maladie.
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528nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
Causes. — J'admets principalement des causes predisposantes. et au premier rang l'heröditö : la Phthisie tuberculeuse ayant toujours un caractere de clironicite tres marqu6, un d6veloppement d'une teile lenteur, qu'elle met plusieurs aunees h se produire, et une marche si lente egalement, qu'il est tres ordinaire de voir des vaches atteindre a I'extreme vieillesse, tout en ayant la plus grande portion de l'organe pulmonaire envahie par des tu-bercules sous tous les etats : sur cent boeufs engraisses vieux et sacrifles a I'abattoir, la moitie an moins ont les poumons plus ou moins tuberculeux, et sur cent vaches, celles qui n'ont point L'affection tuberculeuse sont en tres petit nombre.
D'apres cela, on pent comprendre facilement comment la Phthi­sie tuberculeuse, ou du moins la predisposition ä la Phthisie, se transmet et se perpetue de generation en generation, et comment, des reproducteurs, dont la constitution est minee sourdement par le vice tuberculeux, donnent naissance k des sujets chez lesquels l'organe pulmonaire se trouve dispose ä contracter Taffection, ou, si on l'aime mieux, ä favoriser le developpement de la pro­duction morbide speciale ou le tubercule.
Une autre cause predisposante non moins active, c'est, chez les vaches destinees aux travaux des champs, la gestation an-nuelle et l'allaitement saris aucune interruption dans le travail. La vache entre en rut; eile est saillie : la gestation a lieu, et la bete ue cesse pas d'etre attelee soit au char, soit a la charrue, et cela jusqu'au moment oü les premiers signes de la parturition se manifestent. Deux ou trois jours, rarement huit jours apres la delivrance, le meme genre de vie recommence. La vache doit ainsi depenser des forces pour faire son service, penible ordinairement, de böte de trait et sufflre, aux depens de sa constitution, aux exigences d'un allaitement de trois ou quatre mois. Et maintenant, quand on salt quels sont les rap­ports sympathiques de l'organe pulmonaire et de l'uterus, on ne doit pas etre surpris que la surexcitation constante de celui-ci et de ses accessoires ne soit plus ou moins une cause d'6pui-sement ou de diminution de la vitalite de l'organe pulmonaire; de lä sans doute une condition toute favorable a la d6generes-cence tuberculeuse.
Enfin, j'ai vu presque toutes les vaches portieres et vieilles presenter des signes certains de raifection tuberculeuse, et je n'ai que tres rarement, pour ne pas dire jamais, rencontre les symp-tomes de cette affection chez les vaches de travail, meme tres agees, lorsqu'elles n'ont pas (He fecondees. C'est lä un fait d'observation; les vaches quot;infecondes ne sont pas atteintes de
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PHTHISIE TUBERCIILEUSK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;929
phthisie, et quoiqu'elles ne soient pas les plus nombreuses, elles le sont assez pour qu'on puisse döduire cette consequence de leui etat de santö. Mais si les vaches travailleuses et portieres sont plus particulierement disposees ä la Phthisic tuberculeuse, les vaches spöcialement laitieres le sont tout autant; car un allai-tement continuel ne les epuise pas moins qu'une gestation an-nuelle, et un allaitement de trois mois ne pent epuiser celles qui travaillent. Teiles sont, a mon avis, les causes prödisposantes principales de la Phthisic. Evidemment elles ne sont pas les scales, et la mauvaise nourriture, des bolssons bourbeuses, des logements insalubres oil I'air est rare, toujours chaud, toujours infect, ne peuvent pas etre sans exercer une action pernicieuse sur la sante des animaux; mais on aurait tort de donner ä ces causes plus d'importance qu'elles ne peuvent en avoir. Les vaches qui sont toute la journee aux champs, qui sont nourries assez bien, qui ne sont pas gorgees d'aliments fermentes envue d'une production de lait plus abondante, sont tout aussi souvent phtbi-siques, comme je l'ai dit, que les vaches laitieres.
Les vaches laitieres qui, dans plusieurs regions de la France et en Suisse, passent une partie de l'annee dans de bons i)ätura-ges, sont egalement attaquees de la Phthisie.
Les causes qui tiennent an regime et a la mauvaise disposition des lieux d'habitation doivent influer necessairement sur la pro­duction de la maladie tuberculeuse; mais leur influence n'a pas toute la puissance qu'on lui attribuait.
Apres cela, il faut reconnaitre que l'action des causes predis-posantes pent quelquefois etre ralentie ou aunihilee par des cir-constances particulieres; ainsi, il est bien evident qu'une vache dont le thorax sera bien developpe resistera plus longtemps a cette action funeste que la vache qui est nee avec une poitrine etroite, des membres longs et greles, une encolure longue, etc.
Les dernieres causes dont j'ai parle, celles qui tiennent an re­gime, aux habitations, telles que des logements insalubres, les arrets de transpiration et l'alimentation avec des fourrages vases, sont occasionnelles autant que predisposantes. Mais combien ces causes agissent avec plus d'intensite chez des animaux predispo­ses que chez ceux dont la constitution est restee saine! Dans la meme etable se trouvent deux booufs de conformation differente : Tun est tres robuste, l'autre Test beaucoup moins. Ils sont tons les deux soumis an meme regime : meme nourriture, meme tra­vail, memes soins sous tons les rapports. Une annee mauvaise survient, les fourrages manquent; il faut que les animaux vivenl de privations ou qu'ils soient nourris avec des fourrages avaries.
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230nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
Le bceuf robuste peut öprouver un derangement; il est atteint (Tune bronchite ou d'une ent6rite, etc., mais il se rötablit quaml viennent des jours meilleurs. L'autre commence ä d6perir sous le mauvais regime; alors i} tousse parfois; cela continue, et il döperit malgrö la meilleure nourriture qu'il recoit, peut-etre meme un pen plus vite qu'auparavant.
Un bceuf Men conforme eprouve un arret de transpiration : il est atteint d'une pueumonie; traite convenablement, il guörit. Uu autre, dont la poitrine est etroite, la constitution prMisposee a la Phthisic, subit la meme influence fächeuse : il est egalement affecte d'une pneumonic; mais s'il parait d'abord se retablir, ce u'est pas entierement; la pueumonie a ravive dans ses poumons le vice tuberculeux qui, dans ce cas, affecte une marche plus rapide et s'avance d'une facou tres caracterisee vers la terminai-son fatale. J'ai recueilli uue serie d'observations de ce genre.
On a soiTvent attribue la formation des tubercules ä des causes tout ä fait imagiuaires.
laquo; L'abondance, dit Hurtrel d'Arboval, des sels calcaires (phos­phate et sous-carbonate de chaux) dans les tubercules avanl leur ramollissement, et qui est teile qu'elle a fait donner le noni de Phthisic calcairc h la maladie, a mis M. Dupuy sur la vole d'une explication etiologique de cette derniere que nous ne pou-vons nous dispenser de rapporter. II pense que la Pommeliere est due ä une cause mecanique et etrangere aux actions vitale et nutritive, qui ne sont affectees que d'une maniere secondaire; qu'elle est determinee par la surabondance du phosphate calcaire provenant des plautes cereales, lesquelles entrent, comme on salt, dans leur alimentation pour une bonne part; et que les depots de ce sei dans les poumons se font de la meme ma­niere que ceux qui constituent les calculs vesicaux, salivaires el intestinaux.
laquo; De lä il deduit ses indications therapeutiqnes, qui consistent, suivant lui, a diminuer les mouvements fluxionnaires vers les organes oil se fait le depot, h tarir la source du phosphate de chaux et k determiner la resorption de celui qui est dejä depose dans le tissn des organes. raquo;
Cette theorie de la formation des tubercules dans Torgane pul-monaire des betes bovines, que je rapporte uniquement pour de-montrerdans quelles erreurs peuvent entrainer lesidees systema-tiques, n'a pas besoin d'etre refutee; il sufflt de l'avoir exposte.
J'aime mieux les explications donnees par Hurtrel d'Arboval sur d'autres causes, et reconnaitre avec cet auteur qu'il est mal-sain de conduire les vaches feines h marches forcees d'un mar-
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PHTH1S1E TUBERCDLEUSE.
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ehe ä uu autre pour epargner des frais de nourriture et d'au-berge; de ne pas les traire pour laisser emplir leurs mamelles, afin qu'elles offrent ä l'acheteur une apparence pius seduisante: de les loger dans les etables avec toutes sortes de vaehes etran-geres, entre lesquelles elles se trouvent pressees au point de ne pouvolr se coueher que Tune apres Tautre, et que la fatigue et les mauvais traitements peuvent rendre ces vaehes malades. Mais je n'admets pas que de telles causes puissent donner lieu ä priori au döveloppement de la Phthisie tuberculeuse si dejä ie prineipe n'eu est depose dans le poumon.
Contagion. Infection. — On a beaucoup parle du danger qu'il y a, pour la sante des aniniaux, ä ce que les etables soient basses, etroites, mal aerees. Ge danger est reel; il existe, et tousles jours on pent le constater. Mais on n'a pas tout dit ä cet egard, en par-lant de la Phthisie tuberculeuse. Si, dans une etable etrcite et basse, dans laqnelle sont logees plusieurs vaches laitieres, une seule est affectee de la Phthisie tuberculeuse, et si cette vache porte des tubercules ulceres et en suppuration, I'air expire sor-tant de ses poumons est d'une fetidite remarquable; et cet air fetide, inspire inimediatement par une autre vache, porte dans le pouraon sain de celle-ci luifection tuberculeuse. II est rare que Thaleine des animaux de l'espece bovine atfectes de phthisie ne soit pas d'une fetidite remarquable, sui generis. Depuis loug-temps, dans les cas d'expertise pour cause de doutes sur I'exis-tence de la Phthisie, le premier indice que je recherche pour fixer mon opinion est l'odeur de Fair expire ; et toutes les fois que j'ai rencontre une haleine fetide bien caracterisee, j'ai diagnosti-que la Pommeliere.
Un boeuf soupconne atteint de la toux avait ete vendu, puis repris par son vendeur sous la menace d'un proces en resiliation du marche. C'etait un bei animal de race gasconne, jouissant d'ailleurs de toutes les apparences d'une bonne sante. Son pareil, de la meme race et aussi d'une conformation ties reguliere, inaigrissait cependant et perdait I'appetit, quoique ne toussant jamais. Dans la crainte de voir ce dernier deperir davantage, le pi-oprietaire se decide ä les rameuer en foire. Ils furent vendus; et bientöt le nouvel acheteur fit des reclamations verbales et amicales, non pas au sujet du boeuf le plus maigre, mais a cause de la toux seche, quinteuse et fröquente que faisait entendre le plus beau de cette paire.
Je fus charge par les deux parties de tenniner cette affaire ä l'amiable. J'avais examine celui qni etait le sujet de la contesta­tion avec beaucoup de soin. Je lui avals fait subir les epreuves
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932nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ÖRGANES RESPIUATOIRES.
du travail, de la course, du repos; j'avais auscultö. De cet exa-meu, je ne pouvais pas absolument tirer la conclusion que ce boeuf etait phthisique; mais j'avais, ä plusieurs reprises, inspirt'1 Tair sortant de ses poumons, et je d6clarai, d'apres l'odeur fetide de cet air, qu'il y avait dans le poumon des tubercules ulcörös. Je voulus m'en assurer.
L'animal fut livrß au boucher, et je trouvai dans ses poumons, tres sains sur presque toute leur 6tendue, im seul groupe de tubercules de la grosseur d'une petite noix. G'est lä qu'etaieut places quelques tubercules ä divers etats et une ulceration ä bords calleux, de laquelle s'echappait un peu de sanie d'une odeur fetide, exactement semblable ä celle qui avait frappe mon odorat et celui des assistants pendant mon expertise.
G'est ainsi qua se communique l'affection tuberculeuse par l'air expire; les faits ä l'appui de cette opinion sont nombreux. Les veterinaires qui exercent ä la campagne peuvent en recueillir tous les jours dans leur pratique; et voici une circonstance sur laquelle j'appelle particulierement leur attention. Deux boeufs ou deux vaches de travail sont reunis dans une meme löge; ils pren-nent leur fourrage ou leur ration, quelle qu'elle soit, ä un räte-lier commun, dans la meme creche. Couches ä la meme etable, ils respirent nez ä nez. L'un est parfaitement sain, du moins en apparence; l'autre n'est pas non plus amaigri et il parait aussi vigoureux, mais il tousse de temps en temps, et son haieine est fetide. Bientöt on s'apercoit que l'animal qui ne tousse pas et dont l'haleine est sans odeur, si d'abord il prend an rdtelier son fourrage avec appetit, ne tarde pas neanmoins h se reculer et ä laisser la place entierement libre au punais; et poür qu'il se rap-proche du rätelier ou de la creche, on est oblige de le pousser, de l'exciter de la main ou quelquefois avec une baguette. Cependanl cet animal ne parait atteint d'aucune maladie, ni meme d'une indisposition; et s'il refuse de rester sur le meme plan que son camarade, c'est qu'il en est eloigne par l'haleine fetide de celui-ci.
Les bouviers ne sTy trompent guere; et si, toates les fois qu'il en est temps, le bceuf phthisique est vendu ou sacrifie apres en-graissement, on donne au boeuf sain un autre camarade sain comme il Test lui-meme; on le voit alors recouvrer l'appetit et se retablir promptement. Si au contraire la situation ne change pas par l'effet de la separation de ces deux bceufs, la Phthisic suit sa marche ordinaire chez le premier qui en a ete atteint, et son ca­marade, d'abord seulemeut amaigri, finit ä son tour par etre affecte de la meme maladie.
Apres cela, si Ton ne vent pas reconnaitre dans ce cas les re-
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PHTHISIE TL'BEHCILELSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 233
sultats de la contagion, on pourra les attribuer a la cohabitation, ä l'infection, ä tout ce que Ton voudra; mais on n'empechera pas le fait d'exister et de se reproduire tres souvent dans les circonstances que j'ai signalees.
SymptAmes. — Le premier symptoms qui se manifeste est la toux : une toux lögere, un peu sifflante, seche, que Ton entend quelquefois ä toutes les heures de la journee et de la nuit, que Tauimal mange on ne mangj pas, qu'il vienne de boire ou non, qu'il soit au travail ou en repos, expose ä l'air libre ou renferme dans une etable cbaude ou froide, bien close ou mal close. Si Ton n'opere pas de compression un peu forte sur la trachöe-artere, aucun etat de l'animal ne semble la provoquer plus particuliere-ment. Dans les cas d'expertise, lorsqu'on est au debut de la ma-ladie, on est oblige bien souvent de suivre les animaux ou de les surveiller pendant des heures ou des journees entieres pour que cette toux se fasse entendre; rien alors, dans I'liabitude du corps de Tanimal, ne pouvaut iburnir d'autre indication de l'exis-tence de la Phthisie.
On a parle de peau seche, de poll pique, de sensibilite de la colonne dorsale; tout cela n'existe ordinairement que dans I'ima-gination du narrateur. J'ai vu des boeufs tousser de la toux phthi-siijue et jouir d'ailleurs, en apparence, de la meilleure santß. Quant ä la sensibilite de la colonne dorsale, eile existe chez tons les animaux bien portants : c'est meme un signe de vigueur et de bonne sante quand, au moment oü Ton presse legerement la colonne dorsale avec les doigts, on provoque un faible mouve-ment de pandiculation de la part du boeuf. Je dirai tout a Theure (fuel est le mode de sensibilite de la colonne dorsale qui denote I'existence d'une lesion tuberculeuse dans le poumon du bceuf.
Done, au d6but de la Phthisie, c'est la toux seche qui donue l'öveil et qui suscite des craintes; et pour en acquerir la certitude, il faut beaucoup de temps et un examen attentif. Aussi lorsque, dans cette periode de la Phthisie, une action en resiliation du marche fait intervenir le veterinaire commc expert, celui-ci doit-il agir avec beaucoup de prudence. Presque toujours, en pa-reil cas, sou role doit etre celui d'un arbitre conciliateur dans I'in-teret de toutes parties et dans celui de la consideration qu'il desire acquörir ou conserver.
Je sais bien qu'il y a la ressource de l'auscultation pour decou-vrir dans I'organe pulmonaire I'existence de la degenerescence tuberculeuse; mais cette ressource est-elle certaine dans tous les temps de la maladie? Non, assurement; car si beaucoup de v6t6-rinaires se sont exerces a l'auscultation, les plus meritants, les
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MALADIES DES ORGAXES BESPIRATOIRES.
plus serieux, out avou6 que, pour decouvrir dans le poumon quelques tubercules dissemines ou un petit nombre de groupes tuberculeux, seraient-ils ulcerös, l'auscultation etait impuissante. Plus tard ce sera different.
Lorsque la Phthisie a fait des progres, les symptömes se mani-festent plus nombreux. Alors le poll est pique, la peau est adhe-rente, seche; on ne trouve plus trace, en la pressant sous les doigts et en exercant sur cet organe un leger frotterfteat, de cet enduit onctueux que la transpiration laisse sur la surface cuta-n6e. Si on tire la peau ä sei sur une region quelconque du corps de l'animal, sur l'epine dorsale principalemeut, eile reste soulevee par ce pincement pendant quelques instants, comme si eile avait perdu son elasticite ordinaire.
Alors I'appetitdiminue, le lait est moins cremeux, il est secrete en moindre quautite. La compression de l'epine dorsale fait eprouver ä l'animal un malaise qu'indiquent les mouvements auxquels il se livre pour l'eviter; eile provoque (Tailleurs imme-diatement une toux caracteristique. A cette periode de la maladie, les animaux ruminent encore de temps en temps quand ils sont ä l'etable on en repos dans tout autre lieu , mais ils ne ruminent plus en travaillant; leur respiration est courte et preeipitee, et se fait en deux temps reguliers, ou d'autres fois eile est saccadee ; la toux est sifflante, quinteuse : eile perd de sa force en devenant plus fröquente. Le ven tre est affaisse, des borborygmes s'y font entendre, et des eructations frequentes, sourdes et fetides courent le long de Toesophage; quelquefois le flanc gaucbe est souleve; il y a un pen de meteorisme, surtout quand des masses de tubercules se forment dans le mediastin; les digestions se font mal et les ma-tieres fecales cesseut d'etre moulöes : elles sontmollesetmalliees.
Dans ce moment, I'auscultatioii pent donner des indications assez precises; mais eile est d'un faible secours, en ce sens que les lesions qu'elle ferait decouvrir sont trop bien confirmees par les symptomes que je viens de decrire : alors tons les effets de l'art seraient impuissants.
Pendant le premier etat, les betes phthisiques prennent assez facilement la graisse, avec d'autant plus de raison que leur em­bonpoint reste longtemps ce qu'il serait pour des animaux parfai-tement sains et nourris convenablement. Aussi, les nourrisseurs experimentes qui out des vaches phthisiques au premier degre savent proßter de ce moment pour les mettre en etat d'etre ven-dues avantageusement au boucher.
Hurtrel d'Arboval assure que le renouvellement des saisons, les chaleurs etouffantes, le frpid excessif, une serie de journees
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PHTHISIE TUBERCULELSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;235
constamment humides, ou bien l'usage de fourrages älteres ou nouvellement recoltes, d6terminent assez souvent une aggrava­tion de nature inflammatoire dans l'ötat des animaux atteints de phthisie tuberculeuse; et le meme auteur affirme que ces ani­maux ramp;istent a cette aggravation et paraissent se retablir pour un certain temps, c'est-ä-dire jusqu'ä ce que la meme cause se fasse sentir de nouveau et produise les memes etfels.
Je ne crois pas a raction nuisiLle des fourrages nouvellement röcoltes, s'ils ont ete distribues avec intelligence. Quant aux autres causes de recrudescence de l'etat phthisique des betes bovines, je les considere comme tres actives assuröment; mais lorsque je les ai vues produire une aggravation de symptomes, cette aggravation a ete la fin : les animaux succombaient sans remission.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Lorsque la maladie a envahi la plus grande portion de l'organe pulmonaire, l'app^tit diminue de plus en plus, la rumination n'a lieu que rarement; la diarrhee arrive, la maigreur augmehte; les animaux restent k peine couches, leur flanc est sans cesse agite convulsivement; la toux est presque continuelle et tres faiLle, souvent on ne I'entend qua peine. II existe encore une grande sensibilite de la colonne dorsale, mais cette sensibilite n'est sans doute que l'expression de la douleur eprouvee par Fanimal dans l'interieur du thorax pendant le mouvement imprime k la colonne dorsale; et ce qui semble faire croire que tel est, en effet, le mode de sensibilite dont je parle, c'est que la compression exer-cee, comme je L'ai dejä dit, sur cette region, ou le moindre mouve­ment suffisent pour provoquer des quintes de toux interminables.
A cette periode de la maladie, l'haleine des animaux est d'une fetidite insupportable; quelquefois on voit s'ecouler par les na-seauxdesmatieres sanieuses ou du pus grumeleux, et Us succom-bent presque sans efforts et sans convulsions d'aucune sorte.
Mai laquo;he. Dur^s. Terminaisons. — La Phthisis tuberculeuse a, chez tons les animaux de l'espece bovine, une marche tres lente; on voit des genisses tousser des Tage de six mois. Dejä ä cet äge, oil en rencontre qui ont des tubercules dans le poumon, et cepen-dant les betes grandissent et se developpent avec toutes les appa-rences d'une bonne sante, pour travailler plus tard et en meme temps etre livröes ä la reproduction. II y en a beaucoup qui con-servent cette sante apparente jusqu'ä Tage de sept ä huit ans, quoique la Phthisie tuberculeuse soit manifeste. II n'est pas rare de voir des bceufs d'attelage, de race gasconne, arriver ä Tage de douze ou quatorze ans, et affectes de phthisie depuis sept ä huit ans.
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J36nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
11 est cependant yrai de dire que chez les boeufs agenais cette maladie marche plus rapidement, et quand j'aunonce que les boeufs de travail phthisiques peuvent, malgr6 leur 6tat ,.parve-nir ä un age tres avance, c'est que j'ai suivi, c'est-a-dire sur-veille, de ces bceufs tres sou vent jusqu'ä I'abattoir, pour ac-querir la confirmation de mon premier diagnostic. II en est de meme des vaches de travail et de reproduction a la fois; on en voit beaucoup qui vieillissent, et que Ton ne retablit, lant bien que mal, pour les vendre au boucher, que lorsqu'elles ne peuvent plus etre fecondöes.
C'est ainsi que marche la Phthisie chez la plupart des animaux quelle ali'ecte; eile ne les empeche pas de vieillir en rendant des services, et puis de se remettre un pen en efcat, de maniere ä pou-voir etre utilises pour la basse boucherk. Je dis que c'est ainsi qu'elle marche chez le plus grand nombre de betes de travail phthisiques ; cependant, si la maladie date du jeune äge, on du moins si eile s'est manifestee des la deuxieme on la troisieme an-ii6e, c'est vers l'äge de sept a huit ans qu'elles succombent.
Les races laitieres resistent moins k la Phthisie; elles ne de-passent pas, en general, cinq h six ans sans que la maladie soil arrivee a son dernier terme. Hurtrel d'Arboval dit que les ge-nisses provenant de vaches phthisiques perissent ordinairement lors de leur parturition. II est bien possible qu'il ait recueilli des observations de ce genre, mais il a tiro de quelques faits isoles des consequences trop generales. On voit tons les jours des genisses issues de meres phthisiques et atteintes elles-memes de cette maladie, devenir des vaches, avoir plusieurs gestations et donner du lait comme laitieres. A cet egard, les observations sont tellement contradictoires, qu'il est ä pen pres impossible d'emettre une affirmation absolue, soit dans un sens, soil dans un autre. 11 y a des genisses phthisiques issues de meres phthisiques qui succombent vers l'äge de deux ou trois ans, et d'autres qui, pla-cees dans les memes conditions, atteignent presque ä la vieillesse. Ce que Hurtrel d'Arboval aurait pu dire, c'est que les gönisses de constitution debile, affectees du vice tuberculeux hereditaireon acquis, deperissent et succombent quelquefois lorsque leur pre­miere gestation a eu lion avant leur entier developpement.
Nous savons que la marche de la Phthisie est lente ordinaire­ment, que sa duree est longue, mais nous savons tout aussi bien qu'une foule de circonstances peuvent influer d'une maniere tres sensible sur cette marche et sur cette duree. Si I'auscultation pratiquee sur les animaux donnait des indications aussi pr6cises que rauscultation pratiquee sur I'homme, il en serait autrement:
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PHTHISIE TUBERCULEUSE.
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on pourrait etudier la maladie pendant toutes ses phases; mais j'ai d6jä dit combien il est encore difficile de foramler un dia­gnostic d'apres Tauscultation seulement. Delafond n'en a tire aucune indication positive relativement ä la Pommeliere pendant la periode d'invasion on meme de developpement; il n'a pu que recueillir quelques observations h une pöriode avancee de la ma­ladie, et alors il n'est plus n6cessaire de recourir ä rauscultation. Chez une vache qu'on allait sacrifier, il constate les phenomenes suivants : la respiration 6tait acc616r6e, Tinspiration courte et reguliere, l'expiration grande et entrecoupöe; les naseaux lais-saient coaler un mucus filant; Fair expirß 6tait froid et inodore, la toux rauque et un peu avortee. II y a matitö dans la partie moyenne du poumon gauche et h l'extremite inferieure du lobe posterieur du poumon droit; absence du bruit respiratoire dans ces deux endroits, et ce bruit en general peu marque dans tout le reste de l'etendue des deux poumons.
Je dirai, en traitant des alterations, de quelles lesions Taus-cultation indiquait I'existence.
Chez une autre vache affectee de la Pommeliere, le meme explorateur a remarquö une resonnance faible de la poitrine, dans les difierents endroits qu'il pouvait circonscrire, par le son tire du plessimetre et par l'absence du bruit respiratoire; d'oü il conclut qne des kystes ou des portions de poumon passees a I'etat d'induration grise existaient snr ce point; mais il ne put confirmer son diagnostic par l'ouverture du corps.
La terminaison de la Phthisie de l'espece bovine n'a pas tou-jours lieu par la mort. On voit dans les abattoirs des bceufs en-graisses ou rötablis seulement dans leur extreme vieillesse, qui avaient vecu jusque-Ia sans que leur sante eut 6te sensiblement alteree. J'avals fait engraisser un vieux boeuf gascon qui m'avait servi an labourage pendant huit ans, je le vendis au poids, mort, et ce fut par cette seule circonstance que j'eus occasion de voir son poumon a I'abattoir; cet organe etait litteralement rempli de tubercules a divers etats, excepte dans l'etendue d'un tiers ä peu pres du lobe droit. Jamals cet animal n'avait perdu une journee de travail; s'il toussait quelquefois, c'etait si rarement que le bouvier qui le pansait et le faisait travailler ne m'en avait rien dit. Enfin je ne me doutais pas le moins du monde qu'il füt atteint de phthisie, et cependant il vivait sans doute depuis longtemps ayant plus des deux tiers du parenchyme pulmonaire transformös en une masse tuberculeuse.
lesions pathoiogiqnes. — II a ete, dans tons les temps, si facile d'6tudier les 16sions pathoiogiqnes resultant de la Phthisie tuber-
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MALADIES DES ORGA.NES RESPIRATÜIIIES.
culeuse, que tons les auteurs qui out parle de cette maladie dßcrivent les memes alterations. — Les lesions observees par Hurtrel d'Arboval, Delafond, Dupuy, Gelle et moi, sont les memes; en voici le resume aussi exact que possible :
Les alterations pathologiques que Ton remarque varient sui-vant que la bete est morte ou a ete sacrifiee k une epoque plus ou moins avanciie de la maladie; mais c'est dans le thorax qu'ou rencontre les lesions essentielles. Dans le premier temps de la Plithisie pulmonaire, la bete affectee etant morte d'une ma-niere quelconque, on trouve le poumon plus volumineux que dans I'etat normal; il y a des adherences centre nature entre cet Organe et la plevre, soit costale, soit diapbragmatique. Cette membrane parait engorgee, epaissie aux endroits des adherences, et Tun des lobes du poumon ou, ce qui est plus ordinaire, une portion de Tun des lobes, surtout I'extremite antei'ieure, est dnre, lourde et beaucoup plus consistante que dans I'etat ordinaire. Cette portion du poumon parait charnue, et son organisation est totalement changee ; mais la plus importante do toutes les altera­tions, celle qui est reellement pathognomonique, c'est la prösence des tubercules, concretions blaiicMtres, susceptihles de se ra-mollir et de se convertir en on liquide puriforme, qu'ou a appele matiere tuberculeuse. Avant 1'epoque de ce ramollissement, ces corps resistent au tranchant du scalpel; il en est de gros comme une noisette, comme un a3uf de pigeon, comme un ceuf de poule, et de plus volumineux encore; d'autres sont petits, epais, isoles ou reunis en masses plus ou moins considerables ; ils sont super-flciels ou enveloppes dans la prolbndeur du dssu des poumons. En glissant le doigt sur la surface des organes qui recelent de ces corps, on sent quelquefois ceux-ci gros comme des tetes d'epin-gles et nombreux. Souvent de semblables tubercules existent dans le mediastin. Je crois avoir parle le premier des masses tubercu-leuses qui se forment dans le mediastin et dont la presence donne lieu a la manifestation presque constante d'un meteorisme de la panse qui ne cede h aucun traitement. II existe aussi, et dans bien des cas, des tubercules dans les duplicatures des plevres.
Lorsqne la maladie est plus avancee, les desordres sont plus grands. Les poumons sont pour ainsi dire decomposes en partie. Les tubercules qui peuvent exister dans un seul lobe ou dans les deux lobes se sont ramollis et convertis en une matiere liquide: ces organes sont fletris, abeedes, et les abces forment quelquefois de vastes foyers a surface irreguliere, ä parois rouges et qui four-nissent une matiere de composition variable, plus ou moins epaisse, grise, verdätre, tres ftstide, parfois presentant des gru-
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PHTHISIE TLBERCULEUSE.
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nieaux jauues et durs. Les abces forment des clapiers maiutenus par des brides. II s'etablit des ulcerations considerables ou une multitude de petits ulceres dont la matiere coule dans les bron-cbes; ailleurs, ce sont des vomiques souvent vides et dessechöes, dont la matiere a 6te rejetee ou resorbee.
D'autres Ms, ce sont des portions assez considerables du tissu pulmonaire qui semLlent comme solidifiees, ou, dans d'autres cas, degenerees en alterations putrides, toujours anuoncees pen de temps avant la mort par recoulement ä travers les naseaux d'une matiere d'odeur cadavereuse, et qui, pour la couleuf ou la consistance, est comparable ä de la lie de vin. II y a anssi dans la poitrine epanchement de liquide sero-sanguinolenf contenu dans un sac de la plevre ou souvent dans les deux.
Dupuy a public en 1830 [Journ. pratique dc Mid. veter.), les details d'une autopsie ä laquelle j'ai assiste. Le sujet etait un boeuf äge de six ans, paralyse des membres posterieurs, avec perte du mouvement et de la sensibilite; la membrane mu-queuse de l'intestin grele etait parsemee, surtout aux glandes de Peyer, d'ulcerations, dans le milieu desquelles on remarquait une substance blancliätre et dont les bords etaient epaissis, le fond cliagrine et de couleur noirdtre. II y avail aussi un grand nombre de petits tubercules non ulceres sur la membrane mu-queuse du colon et du ccecum. Les ganglions du mesentere etaieut convertis en tubercules : les uns, blancbätres et ramollis, lais-saient un pus caseiforme sur la lame du scalpel; d'autres conte-naient une matiere seche et pulverulente. Le parenchyme du foie etait envahi par de nombreux tubercules et offrait en outre des cavernes renfermant de la matiere tuberculeuse delayee.
Le pericarde epaissi adherait an cceur par le moyen de fausses membranes fibreuses. Le poumon gauche, du poids dc 25 kilog., n'etait plus qu'une masse enorme de petits corps arrondis irre-gulierement; son tissu avail perdu toute trace de sa texture pri­mitive, et il etait meme impossible de distinguer les differentes parties qui avaienl du le composer.
Les divisions bronchiques, de la grosseur d'une plume a ecrire. se terminaient lout ä coup par des masses tuberculeuses. Dans le poumon droit, il y avail pen de tubercules; mais son tissu celln-laire interlobulaire etait infiltre d'une matiere albumineuse. Les meninges racbidiennes n'elaient plus distinctes. La moelle 6pi-niere avail eprouve du ramollissement; la partie grise etait deco-loree et difüuente, au point qu'on avail de la peine ;i la distin­guer de la substance blanche qui etait elle-meme Ires ramollie.
Chez la vacbe dont Delafond a pu ausculter la poitrine, on
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(lecouvrit ä Tautopsie des kystes volumiueux contenant une matiere calcaire qui avail beaucoup de ressemblance ä du pldtre delay6. Ges kystes se montraient dans les points du poumon cor-respondant a ceux des parois thoraciques oil Ton avail remarqut? l'absence du bruit respiratoire et l'absence de son. A rextrömite du lobe postörieur du poumon droit se Irouvail un autre kyste superflciel et tres volumineux, d'un diamelre de plusieurs centi­metres et de forme un pen ovo'ide. Le milieu du poumon gauche offrait (?galement un kyste de la meme grosseur k peu pres, mais reconvert, du cöte de la face costale du poumon, par une legere couche du parenchyme pulmonaire; d'aulres kystes plus ou moins volumineux se rencontraient ck et lä au milieu du paren­chyme, soil des lobes poslerieurs, soil des lobes anterieurs; tous ötaieut formes d'une enveloppe fibreuse et Manche formee par un tissu lardace, se confondant exterieurement avec le parenchyme pulmonaire et offrant interieurement une surface inegale et lisse aulour de ces productions accidenlelles. Le parenchyme 6ta.it rose, mais un pen friable.
J'ai observe les mömes lesions k peu pres, dans Wen des cas. M. Branens rapporte que les cötes ayant ete enlevees chez une vache livree ä recorchenr, elles laisserent voir la plevre entiere-ment recouverte de tubercules diversement disposes et de tous les volumes, le plus gros cependant ne depassant pas celui d'une noix. Disposes en cordes dans quelques points, ils formaient comme un chapelet dans d'aulres, lä principalement oü les pou-mons avaient contracle des adherences. Tout le poumon droit etait parseme de tubercules plus ou moins gros : les uns enchäs-s6s dans son tissu, les autres, plus superflciels, ne paraissant tenir que par un pedicule; Texlremite de ce poumon etait con-vertie en une matiere concrete de la meme nature que celle des tubercules. Le poumon gauche presenlait une concretion pareille quanl ä sa nature, mais d'une etendue moindre; les mediastins etaient transformes en une masse de tubercules disposes comme les cotyledons d'une vache qui vient de veler; les ganglions bronchiques elaient Ires gorges; Tabdomeu offrait des lesions de meme nature que celles de la poitrine; le periloine etait, comme les plevres, parseme de tubercules en tout semblables ä ceux qui out ete döcrits plus haut; les ganglions mesenteriques tres con-sistants, d'une couleur gris noirätre, avaient acquis im volume enorme.
Les maleriaux abondent, et je ne rapporterai pas toules les observations que je possede, pas plus que toules celles qui appar-tiennent k d'aulres praliciens; mais dans l'eliide d'une maladie
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PHTHISIE TUBERCULEUSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;241
aussi grave et aussi frequente que la Phthisie tuberculeuse des animaux de l'espece bovine, il me semble qu'il n'y a pas lieu de laisser subsister le moindre doute sur Fimportance que Ton pour-rait attribuer ä tel ou tel autre Symptome. J'ai dit que la letidite de I'lialeine s'observait tres souvent, et que cette fetidite prove-nait des ulcerations tuberculeuses. Void uue observation feite par M. Maillard qai prouve que cette odeur fetidepeut aussi Men s'exhaler de la surface pulmonaire seule.
A I'ouverture d'une vache phthisique qui paraissait malade depuis quatre mois seulement et que la mauvaise odeur quelle re-pandait fit sacriiler, M. Maillard a constate les lesions suivantes :
Une odeur infecte s'exbala des que la poitrine fut ou'verte; le poumon, de couleur verdätre, afiaisse et n'occupant que la mei­de de cette cavite, etait sur toute sa surface parsemö d'eminen-ces blanches de la grosseur d'une noix, espacees d'un pouce les lines des autres. Ces eminences laissaient sortir apres rincision une matiere puruleute blanche sans odeur, coutenant de petites granulations arrondies. La membrane muqueuse do la trachtv, salie par de la matiere d'une couleur terne tirant sur le vert, • etait couverte d'erosions saperficielles de la largeur d'une len-tille; celle des bronches presentait les memes alterations, mais aussi des traces d'inflammation plus prononcees. En examinant la bronche droite, on voyait, ä 2 ponces environ de la division de la trachee, une vaste caverne de forme ovale occupant la pres-que totalite du poumon droit, dont il ne restait qu'une lame de quelques lignes d epaisseur formant la paroi de cette cavite.
An moyen d'une incision assez longue, on en fit sortir une masse pulmonaire entierement detachee : eile etait du volume du coeur et du poids de 2 ou 3 Idles, ayant la forme de deux pyra-mides unies par leur base. Cette masse elait d'un rouge briquete, tres dense et en quelque sorte hepatisee; aucune membrane ne la recouvrait immediatement. Deux fistules de la grandeur d'une lilume h ecrire s'ouvraient a la surface de la portion pulmonaire ainsi sequestree, et communiquaient avec deux foyers de la ca-pncite d'une grosse noix , places I'un vers la partie anterieure de la masse, et l'autre au centre. Ils contenaient une substance analogue k celle qui s'ecoulait par les bronches et n'6taient point lapisses d'une muqueuse; la masse elle-meme renfermait quinze ä vingt petits depots d'une matiere blanche assez facile k ecraser et dont quelques-uns etaient divises en compartiments distincts.
La vomique, coutenant la masse pulmonaire qui vient d'etre decrite, etait tapissee d'une fausse membrane muqueuse, de cou­leur bleudtre, mais ä cela pres entierement semblable aux mu-
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3i2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
queuses respiratoires. Les canaux bronchiques detruits la lais-saient communiquer avec celle des bronches, dont eile paraissait n'etre qu'un epanouissement; une incision longitudinale des deux membranes montrait qu'il n'y avait point de ligne de demarca­tion entre elles. 11 existait ä la surface de cette fausse muqueuse douze ä quinze excroissances egalement recouvertes par eile et d'une ressemblance parfaite avec de fortes grappes de raisins; ces productions furent jugees etre des vesicules pulmonaires sai-nes. M. Maillard i^ense avec raison qu'on ne pent attribuer ce sequestra remarquable d'une portion si volumineuse du poumon qu'ä un travail eliminatoire de la nature.
Diagnostic. Pronostic. — Pour etablir le diagnostic de la Phthi-sie tuberculeuse dans le debut de la maladie, les difficultes sont grandes. La toux, seche, sifflante, qui persiste et se repete pen­dant le jour et pendant la nuit, est le seul Symptome qui donne I'eveil; mais il a cependant une importance qui n'est pas ä d6-daigner lorsqu'il existe seul. En effet, si la toux resulte d'une laryngite on d'une bronchite aigue on chroniqüe, les sympto-mes de cette derniere existent en meme temps, et c'est dejä un premier point obtenu pour la formation du diagnostic. Ainsi je ' me suis dit bien souvent : laquo; La toux existe seule, et d'ailleurs on ne remarque aucun trouble sensible dans aucune function : I'ap-petit, la rumination, la pandiculation, se font bien; la peau est onctueuse, la colonne dorsale sensible autant qu'elle doit I'etre; et tout ceia comme dans l'etat de sante le plus parfait. Done il y a dans Torgane pulmonaire une cause de cette toux, effet pure-ment local, point grave pour le moment et qui n'a mis en jeu aucune Sympathie; il n'y a que la presence de tubercules encore pen developpes et pas tres nombreux qui puisse etre la cause de cette toux. raquo;
An debut, le diagnostic se forme de cette maniere, et rare-ment il est errone. Cependant, il pourrait I'etre dans un cas particulier que je vais indiquer en passant, me proposaut d'y revenir plus tard. On voit tres souvent des crinons nageant dans I'liumeur aqueuse des yeux d'animaux de l'espece bovine, des boeufs de travail ordinairement. Presque tou.jours ces animaux etaient sujets soit a tousser une, deux on trois fois d'une toux seche, connne lorsqu'il existe des tubercules dans le poumon, soit ä tousser fortement d'une toux large et sonore. Aussim'est-il arrive plusieurs fois d'attribuer avec raison cette toux ä la pre­sence de crinons dans les bronches quand des entozoaires du meme ordre se faisaient apercevoir dans la chambre intörieure de l'ceil.
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PHTHISIE TUBERCULEUSE.
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J'ai dit que lorsque la toux etait le seul Symptome existant, rauscultation n'etait d'aucun secours; aussi j'avoue que Men sou-vent j'ai trouve un peu etrauge la pretention de certains veteri-naires qui, dans les cas d'expertise, semblaient accorder a ce moyen une importance qu'avec la meilleure volonte du monde il m'etait impossible de lui reconnaitre.
Si la maladie a fait des progres, si ä la toux vient s'ajouler un trouble grave des fonctions, le cas est bien different. On a vu que Delalbnd avait pu preciser l'existence de lesions confinnee.s par I'autopsie; mais dans ce cas ä quoi bon ausculter? Or; voit les lesions, on les touche pour ainsi dire; Fexterieur de 1'animal indique assez dans quel etat se trouvent les organes pulmonaires.
Quant au pronostic, il est naturellement une deduction du dia­gnostic. La Phthisie est-elle ;i son debut, on salt qu'elle a une marclie lente, qu'elle pent laisser vivre Fanimal en assez bon ytal pendant de longues anuees et qu'elle ne I'empoche en aucnne maniere de s'engraisser; si au contraire les lesions organiques out gagne du terrain, si ramaigrissement commence, si la res­piration est irreguliere et si la toux se lait entendre plus sou-vent, le pronostic est toujours facheux; il ne faut point perdre son temps en employant un traitement quelconque qui serail tout au moins inutüe. II n'y a qu'un parti ä prendre, utiliser de la maniere la plus avantageuse la valeur que 1'animal a conservee.
Traitement. — En sigualant ies causes predisposantes et occa-sionnelles de la maladie, on indique implicitement par quels moyens on pourrait soustraire les auimaux ä l'action de ces cau­ses. Je crois a, la predisposition liereditaire; je crois par conse­quent ä fortiori ä la transmission par l'lieredite et presque autanl ä la contagion. Aussi, je dis qu'il faudrait commencer, afin de s'opposer aux ravages considerables que la Phthisie tuberculeuse exerce sur I'espece bovine, par surveiller avec un soin rigoureux la reproduction de I'espece : ce serait le moyen preservatif le plus efficace; mais trop de sujets sont iufectes du vice tuberculeux pour que cette prescription puisse etre rigoureusement observee. II faudrait au moins que tons ceux qui sont issus de pere ou de mere suspects de phthisie tuberculeuse fussent livrös ä la bou-cherie avant Tage on ils sont aptes ä se reproduire. Sans I'adop-tion de Tune et de l'autre de ces prescriptions, la Phthisie, deja tres frequenle, le deviendra encore plus, et 1'agriculture sera atteinte dans une de ses oeuvres vives.
Quant ä la contagion, on pent I'eviter sans prendre des pre­cautions dispendieuses et sans rencontrer de grandes dißicultes. Gomme eile ne pent guere s'exercer que par la cohabitation, il
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
est facile de comprendre qu'en sequestrant les boeufs ou vaches atteiats de phthisie tuberculeuse, on neutraliserait infailliblement cette cause döterminante. Ici la contagion ne s'exerce pas de la meme maniere que dans les cas d'^pizootie ou d'epidemie. Le principe deletere n'a pas uue action aussi subtile; il n'est pas transportö ä de grandes distances, car il est probable, d'apres tout ce que Ton observe frequemment, (pie pour qu'il y ait con­tagion il faut que I'air expire d'un poumon tuberculeux soit pres-que immediatement inspire par un autre poumon et meme que cette inspiration ait lieu ii de petites distances.
J'ai dit comment cette cohabitation continuelle d'un animal phthisique avec d'autres animaux sains de la meme espece faisait deperir ces derniers apres leur avoir d'abord fait perdre I'appetit, et comment, an bout d'un certain temps, la Phthisie pent se döve-lopper chez ces derniers. Je ne demaude qu'une chose, c'est qu'avant d'adopter ropinion que j'alfirme dans ce moment, le ve-lerinaire ou le cullivateur porte son attention snr ce qui se passe dans toutes les etables on se trouvent reunis plusieurs boeufs ou vaches, et qu'il observe sans prevention; car cette opinion je ne Tai acquise que par ce procedö, l'observation.
Apres l'heredite et la contagion viennent toutes les causes qui, procedant d'un regime contraire aux regies les plus elementaires de I'liygiene, n'existeront plus du moment oü Ton voudra Men comprendre que les habitations des animaux, comme colles de liiomme absolument, doivent etre spacieuses, bienaerees, placees sur un sol sec, loin des effluves malsaines, etc.; que ralimentation doit etre sufiisante toujours et reguliere, que les travaux aux-quels sont soumis les animaux ne doivent pas etre au-dessus de leurs forces, que les mauvais traitements sont de toutes les cau­ses de maladies les plus dangereuses et les plus actives, et qu'il y a. des moyens indiques par le bon sens le plus vulgaire pour soustraire les animaux aux influences fächeuses des intemperies on du moins pour en amoindrir les effets.
Le traitement curatif ne saurait etre essaye que pendant la premiere periode de la maladie, alors que I'aiiimal a conserve son embonpoint et que la presence des tubercules dans les poumons est indiquee par un Symptome unique, la toux. Dans cet etat de la maladie, on pent encore avoir quelque espoir d'en enrayer la marche, sinon d'en obtenir la guerison complete.
Maintenaut voici quels sont les moyens qui paraissent avoir produit un bon effet. Pour aller droit au but dans I'indicatiou de ces moyens, procedons d'abord par exclusion, et disons : point de saignee, point d'exutbire, seton on trochisque, point de pur-
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gatifs. Toutes les ibis qu'ils ont öte mis en pratique, ils ont aggravö la maladie et en ont provoqu6 des progres plus rapides.
Les fumigations aromatiques et les fumigations resinenses sont saus effet et sont 6galement contre-indiquöes.
Le regime du vert ne convient pas non plus aux animaux phthisiques; si d'abord ils paraissent se retablir un pen et si la toux semble se faire entendre plus rarement, ce resultat n'estque momentane, et en general c'est apres quelque temps d'une ali­mentation de ce genre que la maladie prend une marche plus active.
J'ai administre avec quelque succes le sulfure d'antimoine en melange egal avec le soufre sublime. On precede a son emploi de la maniere suivante :
Poudre diaphoretique.
Sulfure d'antimoine........................ 500 grammes.
Soufre sublimä........................ ... 500 —
Mölez et divisez pour les grands ruminants en paquets dosant :
Les dix premiers paquets................nbsp; nbsp; nbsp;30 grammes chacun.
Les dix autres paquets.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;45 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Et pour les 250 grammes restants du melange,
des paquets de.......................nbsp; nbsp; nbsp;64 grammes ä peu prte.
On fait prendre un paquet le matin et un autre le soir en me­lange avec du son frise et avant que ranimal fasse son repas.
On renouvelle Tadministration de ce medicament dans les memes proportions apres une suspension de hnit ä dix jonrs.
Sous l'influence de cette medication on remarque souvent une amölioration sensible dans l'ötat des animaux; il est surtout bien 6vident que la toux diminue de frequence, ä ce point que bien souvent des animaux ont pu etre vendus sans que I'action en resiliation du marche ait ete soulevee. Mais le resultat final est restö dans l'inconnu; je ne puis assurer qu'une chose, c'est une amelioration tres apparente dans l'ötat des animaux soumis ä ce traitement.
Je serai plus afflrmatif en ce qui concerne l'emploi de l'acide ars^nieux, a la dose de 1 gramme ou de 1 gramme et demi. Cette dose, administree d'abord en 10 grammes pour dix jours, puis 15 grammes pour le meme nombre de jours, dans une ration de son frise donnee a ranimal a jeun, a paru enrayer complete-raent la maladie chez plusieurs animaux; toutefois, je recommen-cai cette administration de l'acide arsenieux par pöriodes de vingl jours, en laissant entre chacune de ces periodes un Intervalle de #9632;
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946nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
huit ä dix jours. C'est ainsi que des boeufs et dos vaches out pris les uus 100, les autres 120 et jusqu'a 150 grammes de ce com­pose; et uu fait positif, c'est que pendant qu'ils 6taient soumis ä cette mödication, ils se sont notoirement rötablis et out pris bon poil.
II faut melanger l'acide arsenieux au son frisö avec beaucoup de soin. II serait dangereux que, meme h la dose de 1 gramme, il füt enleve par la langue du boeuf sans etre extremement divise dans une masse de substance molle du poids de 2 kilog. au moins.
On pent encore ajouter l'acide arsönieux ä la preparation pr6-cedente, mais de teile maniere que la dose de ce dernier ne depasse pas 1 gramme par jour, parce qu'il faut tenir compte de la quantite d'arsenic contenue dans le sulfure d'antimoine.
Poudre diaphoretique arsenicale.
Sulfure d'antimoine........................ 500 grammes.
Soufre sublimö............................ 500 —
Acide arsenieux........................... 12 —
Divisez en vingt-quatre paquets, et administrez comme pour la formnle prteMente.
Quand on fait usage exclusivement de l'acide arsenieux, s'il est donne en une seule dose par jour, cette dose est de 1 gramme seulement, ou de 50 centigrammes si c'est en deux fois par jour; on continue jusqu'ä ce I'animal en ait pris 30 grammes, et puis on recommence cette administration apres une suspension de huit ä dix jours.
On pourrait essayer egalement, pour combattre I'affection tu-berculeuse, l'emploi de l'iode et de l'iodure de potassium. Des medecins assurent en avoir obteuu chez l'homme de bons resultats.
Les medecins anglais, qui out beaucoup vante, dans le traite-ment de la Phthisie, ces medicaments, les preparent de la ma­niere suivante :
lodure de potassium...................... 2 grammes.
Eau..................................... 35 —
En faire prendre de4ii 12 ou lögouttes, deux fois par jour, dans une potion ou un demi-verre d'eau sucree, ou dans une cuilleröe de sirop.
Quand ils emploient simplement la teinture d'iode, ils ne fixent pas une dose aussi forte qu'avec l'iodure de potassium.
Je donne cette formule pour memoire seulement; mais eile pourra etre utilisee par les vetörinaires qui seraient en position de
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PHTHISIE TUBERCULEÜSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 947
poursuivre des expöriences completes sur les differents modes de traitement ä employer centre la Plithisie tuberculeuse.
Lafore traitait les scrofules du bceuf, maladie qui ne se mon-tre jamais sans etre accompagnee de l'affectioE tuberculeuse, au moyen de l'iode, avec beaucoup de succes, d'apres ce qu'il rapporte. II administrait ce medicament ä l'ötat de teiutnre, de-puis 60 centigrammes jusqu'ä 4 grammes, sous forme de bren-vage, en l'etendant dans une decoction de 64 grammes de gentiane dans 2 litres d'eau, et 11 continuait ce traitement pendant qninze ou vingt jours. En voici d'ailleurs la l'ormule :
Breuvage iode.
Teinture d'iode.........................nbsp; nbsp; 4ä8 grammes.
Gentiane en poudre........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;64 —
Decoction dans eau........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2 litres.
A faire prendre en un seid breuvage.
Pour les petits aaimaux, les doses d'iode et de decoction de gentiane doiveut etre moindres de moitie; et meme pour les grands comme pour les petits, on ferait peut-etre bleu de com-meucer par 1 ou 2 grammes. Avec des medicaments de ce genre, il est toujours bon de proceder par petites doses, ne serait-ce que pour etudier la tolerance de l'estomac.
Voici maintenant, pour en finir avecle traitement de la Plithi­sie tuberculeuse, la formule des fumigations ä employer dans des cas de plithisie determines :
Fumic/atiom antispwsmodiques.
{ Poudre d'ophim.................... 8 grammes.
NM. | Camphre.......................... 16 —
f Oxyde de zinc.................... 32 —
Mfelez, projetez la poudre sur des charbons ardenls et dirigez les vapcursdans les voies respiratoires.
Cette fumigation est indiquee lorsque des bceufs phtlnsiques que Ton prepare pour la boucherie sont tourmen tes par des quin-tes de toux tres frequentes; mais cette indication suppose que les animaux ne sont pas arriv6s an dernier degrö de la Phthisie et qu'ils sont en bon etat.
Tetes de pavot.................... 8 tamp;es.
Morelle noire. 1 N0 2. { Jusquiame... ! de chaque substance. . 2 poignees. Belladone.... )
Eau............................. 5 litres.
Faites bouillir et placez le vase sous le nez des animaux.
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948nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
Cette derniere formule est iudiqu6e lorsque la toux est grasse et suivie d'un gargouillement.
Fumigation resineuse.
Bourgeons de sapin broves... ) , ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; , . , _..
nil, i #9632; • #9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;(de enaque subst. 4 parties.
Colophane pulvensee........ )nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; r
Encens......................,.............. 3 parties.
Mftlez et projetez par pincees sur des charbons incandeseents; faites respirer la funiee aux anirnaux.
ARTICLE VI
PERIPNEUMONIE EPIZOOTIQUE
Synonymik : Muiudie de poitrine du gros betail; Pulmonie; Pleuro-pulmonie epizooliquo, CODtagieuse, maligne, gangreneuse, exsudative; Pneumonic' sanie.
Deiinition. — La Peripneumonle est une maladie epizooti-que, contagieuse, particuliere ä l'espece bovine, et caracterisee anatomiquement par une inflammation pulmonaive et pleu-rale, qui est Texpiession locale d'un agent special, d'un virus, dont l'organisme des betes malades est infecte. Ici, I'mflam-mation pulmonaire est un mouvement fluxionnaire eruptif, que M. Bouley a considere comme analogue k celui qui produit les tumeurs du tissu cellulaire dans le charbon, les pustules de la clavelee, et celles de la peau et rle la pituitaire dans la morve des clievanx.
Cette definition est extraite du Nouveau Dictionnaire lexicogra-phiquc et descriptif des sciences midicalcs el väerinaires. Gelle qn'on trouve dans un memoire lu, en 1865, devant I'Academie de medecine de Belgique pav le docteur Willems, n'en differe pas essen tiellement :
laquo; La peripneumonie exsudative, dit-il, est une maladie parti­culiere at exclusive a l'espece bovine, maladie qui se traduit par un etat particulier de l'organisme preexistant ä la lesion locale; eile prend ordinuirement, comme lieu d'election pour sa manifes­tation morbide, les poumons et les plevres, en y determinant une exsudation inflammatoire specifique et abondante de matieres plastiques.
laquo; Ainsi, il y a maladie generale, totius substantix, etat ty-pboide, et production d'exsudations plastiques : e'est, eu quelque sorte, une fievre typho'ide^ä forme thoracique particuliere; cela
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PERIPNEUMONIE EPIZOOTIQUE.
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est vrai, ä tel point que quelques personnes I'ont quelquefois con-fondue avec le typhus contagieux au döbut.
laquo; On pourrait done I'appeler avec raison, pleuropneumonie ty-plioide, exsudative. ou mieux typhus exsudatif. raquo;
Hisinrique. — L'histoire de cette epizootie se trouve parfaite-ment resumee ä grands traits dans un rapport general de la com­mission scientiflque, instituee par le ministere de ragriculture. du commerce et des travaux publics, pour l'etude de la Pöripneu-mie epizootique du gros betail. Dans ce rapport fait par M. H. Bou-ley, alors professeur ä l'Ecole d'Alfort, on lit:
laquo; Une epizootie meurtriere, designee sous le nom de peripneu-monie contagieuse du gros betail, sevit depuis long temps surles ani-maux de l'espece bovine dans un grand nonibre de contrees de la France et d'autres parties de l'Europe.
laquo; Cantonnee autrefois dans quelques regions isolees des monta-gues du Piemont, de la Suisse, de la Franche-Comte, du Jura, du Dauphine, des Vosges, des Pyrenees, de l'Auvergne, cette mala-die ne causait ä l'agriculture que des dommages partiels dont lu fortune publique se ressentait a peine. Mais lorsque, apres 1789, les barrieres furent levees qui mettaient des entraves ä la liberte des relations commerciales entre les differentes provinces de notrc territoire; lorsque surtout la guerre generale nticessita, pour rapprovisionnement des armöes, le deplacement de grandes trou­pes de bestiaux , alors Tepizoolie descendit des montaglies oü eile etait demeuree depuis longtemps confinee et se repandit dans les plainesavec une effrayante rapidite, grossissant incessamment ses ravages en raison du plus grand nombre d'animaux que les besoins de la guerre forcaient a concentrer sur un point deter­mine et de leurs migrations repetees dans toutes les directions. Pendant toute la cluree du premier empire, les memes causes favoriserent la propagation de ce mal redoutable; depuis il n'a pas cesse ses ravages, malgre la pacification de l'Europe. S'entre-tenant de lui-meme dans les pays on il avait ete transports, il a continue a se repandre de prdche en proche par rintermediaire des relations commerciales, et aujourd'hui les choses en sent arrivees ä ce point qu'il sevit de la maniere la plus meurtriere contre la population bovine de plus de quarante de nos departements. Ce sont: ceux de 1'Ain, I'Allier, I'Aveyron, le Cantal, le Cher, la C6te-d'Or, les Deux-Sevres, la Dordogne, le Doubs, la Haute-Garonne , le Jura, nile-et-Vilaine, I'lsere, la Loire, la Loire-Inferieure, le Loiret, le Lot-et-Garonne, la Lozere, le Maine-et-Loire. la Mayenne, la Marne, la Meurthe, la Nievre, le Nord, l'Oise, I'Orne, le Pas-de-Calais, le Puy-de-D6me, le Haut-Rhin, le Bas-
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Rhin, le Rhone, la Haute-Saone, la Saone-et-Loire, la Seine, la Seine-inferieure, la Seine-et-Marne, la Somme, la Vendee et les Vosges.
laquo; La plupart des autres contrees de l'Europe ne sont pas plus epargnees par ce fleau que notre pays.
laquo; En Italie, en Sardaigne, en Suisse, en Relgique, en Prusse, en Autriche, en Hanovre, en Suede, en Dänemark, et depuis ces demiers temps en Hollande et en Angleterre, la Peripneu-monie du gros betail exerce, comme en France, des ravages tres considerables et cause ä la fortune puMique un dommage difflci-lement reparable.
laquo; II n'existe pas encore de statistique gen6rale officielle qui permette d'apprecier rigoureusement aujourd'hui toute la gran­deur des pertes que cette maladie entraine, mais on pent s'en faire une idee d'apres quelques documents dejä publies qui don-nent la mesure de ces pertes dans plusieurs de nos departements.
laquo; Ainsi, Tun des membres de la commission, M. Loiset, vete-rinaire du departement du Nord et ancien representant ä l'As-semblee nationale legislative, a fait connaitre que, d'apres les documents statistiques recueillis de 1830 h 1836, dansle tiers des communes du departement du Nord, par les soins des veterinai-res, la mortalite caus6e par I'epizootie avait 6te, dans chacune des annees de cette periode, en moyenne d'environ les quatre centie-ines de toute la population bovine du departement, mais que cette perte s'etait repartie inegalement suivant les conditions hygithii-ques; qu'elle avait ete de douze centiemes dans les etables des genievreries et des nourrisseurs, et de deux centiemes seulement pour le betail des exploitations rurales.
laquo; Dans les annees les plus desastreuses, suivant M. Loiset, la mortalite se serait elevee au chiffre 6norme de 25 ä 26 pour 100; et pendant plus de quinze ans, eile n'aurait jamais ete au-dessous de 10 pour 100.
laquo; D'apres ses calculs, bases sur le releve statistique des pertes causees par I'epizootie pendant sept annöes consecutives dans 217 communes du departement du Nord et notes avec la plus grande exactitude, etable par etable, le chiffre annuel de la mortalite serait de 11,200 sur une population de 280,000 tetes de bestiaux (4 pour 100), ce qui ferait monter la somme des pertes eprouv^es depuis dix-nenfansä 212,800 betes, c'est-a-dire a une valeur d'en­viron 52 millions.
laquo; Quoique ces chiffres accusent dejä une perte Men conside­rable, ils sont loin d'approcher cependant de ceux qu'un autre membre de la commission , M. Yvart, inspecteur general des
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PERIPNEUM0N1E EPIZOOTIQUE.
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Ecoles veterinaires et des bergeries imperiales, a fait connaitre dans son rapport officiel sur la pöripneumonie du Cantal, de TAveyronet de la Lozere, qu'il avait recu la mission d'aller etu-dier sur les lieux.
laquo; D'apres ce document, la mortalite se serait (51ev6e chez cer­tains propriötaires du Cantal a 30, 40, 50, 68, et meme, chiffre ä peine croyable, a 77 pour 100; et en moyenne, pour les trois döpartements, eile n'aurait pas 6te moindrede 35 pour 100 (1).
laquo; De pareils chiffres dispensent de commentaires , ils disent a eux seuls toutes les mines qu'entraine apres soi un aussi ter­rible fleau.
laquo; Plusieurs fois dejä, depuis quinze ans, Tadministration de I'agriculture, justemeut inquiete des ravages produits par la Peri-pneumonie epizoolique, s'est efforcee de faire rechercher les cau­ses de sa propagation en confiant ä des hommes compe tents la mission d'aller L'observer dans les localites oü eile regne.
laquo; C'est aiusi qu'en 1839 M. le professeur Lecoq, aujourd'hui directeur de l'Ecole impferiale veterinaire de Lyon, et en 1840 M. le professeur Delafond, furent charges d'aller etudier cette maladie, le premier dans la Franche-Gomte et le second dans la Seine-Inferieure.
laquo; Plus tard, en 1851, M. Yvart, inspecteur general des Ecoles veterinaires, recut la meme mission pour les departements du Cantal, de la Lozere et de I'Aveyron.
laquo; Tons les renseignements recueillis par ces trois veterinaires etaient d'accord pour attribuer ä la contagion, comme cause prin-cipale, et la premiere apparition de la maladie dans les localitös oü eile sevissait actuellement, et sa propagation incessante sur une plus grande etendue de pay^s.
laquo; Cependant cette opinion, quoique basee sur des fails pratiques importants par leur nombre et par leur concordance, n'avait pas pour eile la sanction d'une demonstration scientifique rigoureuse, et un assez grand nombre de personues se refusaient encore ä 1'admettre.
laquo; Les choses en etaient la, lorsque, a la date du 30 mai 1850, le ministre alors charge du departement de Fagriculture, M. Du­mas, desireux d'obtenir, dans I'interetde I'agriculture, la solution decisive de la question encore controversee de la contagion de la Peripneumonie epizootique et de faire rechercher les moyens d'en
(1) D'apres les renseignements donnes par M. Yvart, ce chiffre de 77 ponr 100 represente la mortalite caus^e directement par la maladie, et non pas celle qui vesulterait de l'abatage par le touclier des animaux malades.
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252nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
arreter la propagation, institua, pres de sou ministere, une com­mission scientifique charg6e de recueillir, de centraliser et d'exa­miner tons les documents qui avaient ete ou qui seraient trans-mis a l'administration de Tagriculture sur cette maladie, et en meme temps aussi d'6tudier et d'indiquer les meilleurcs mesures k prendxe pour en ai'reter les ravages. raquo;
G'est par cette commission, dont M. Magendie, membre de rinstitut, ötaitle president, et M. H. Bouley le rapporteur, qua ete r6solu experimeutalement le probleme de la contagion et de l'ino-culation de la Peripueumonie. Je reviendrai sur les travaux de cette commission en m'occupant du traitemeut de cette maladie.
Dans ces dernieres aunees, ou l'a observöe frequemment k l'elat epizootique, et apres avoir eu plusieurs fois ce caractere, eile est restee a I'etat sporadique, dans les localites oü eile s'etait d'abord manifestöe avec le caractere epizootique. Je dois ajou-ter que, dans la contree o.quot;i j'exerce la medeciue veterinaire depuis plus de quarante ans, cette forme de pleuropneumouie paralt avoir remplace la pneumonie frauchement inflammatoire, ou pour mieux dire, cette dernifere s'y est manifestee d'autanl plus rarement que la Peripneumouie y devenait plus commune. En se modiliant de cette mauiere, la Peripueumonie a perdu considerablement de son caractere quot;contagieux, a ce point que j'ai fini par ne plus y croire, tout en prenaut ueaumoins les precau­tions indiquees pour eviter la contagion.
Causes. — Les causes primitives de la Peripueumonie sont a peu pres inconnues, comme celles de toutes les epidemies et de toutes les epizooties. Ou a cm les trouver dans une foule d'in-fluences que Ton peut considerer comme tres problematiques. On a attribuö l'apparition de la Peripueumonie! aux chaugements brusques de temperature, ä Tinsalubrite des etables, ä la stabu-lation permanente, äune alimentation trop substantielle; et toutes les epizooties de Peripueumonie contagieuse que j'ai observees chez les boeufs de travail ne s'etaient point manifestees certai-nement sous rinlluence d'aucune de ces causes.
Quand eile regne eplzootiquement, on ne saurait disconvenir que la contagion soit, dans le plus grand nombre des cas, la cause döterminante; cette contagion a lieu par virus volatil, toutes les fois que la maladie est transmise par un animal malade a uu animal sain, et par virus fixe, lorsqu'elle se developpe par Fino­culation.
SynipKiims. — Au debut : tristesse, diminution de l'appötit, rumination irröguliere, peu ou point de paudiculations, mufle sec, yeux injectes, converts, chassieux; oreilles et cornes tantot
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PÖRIPNEUMONIE EPIZOOTIQÜE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 953
froides, tantot chaudes; mouvements respiratoires frequents et irreguliers, murmure respiratoire plus fort. L'animal tömoigne de beaucoup de sensibilitö quand on lui percute la poitrine; la secrötion lactee commence ädiminuer; una sensibilitö extreme de l'epine dorsale se manifeste sous une legere pression; la marclie (laquo;t lente, embarrassee: la peau est seche, adherente, point souple, les poils se redressent; amaigrissement rapide, legere metöorisa-tion, flaues retrousses. Nous retrouverons ce Symptome Men plus marque dans les cas de peripneumonie sporadkpie.
Vers la iin des öpizooties, on voit beaucoup de boeufs de tra­vail se retablir assez bien apres quelques jours de dur6e de ces symptomes. L'action du prineipe contagieux se trouve* moins ac­tive, et le trouble qu'il a occasionne dans l'öconomie n'a pas ete assez intense pour produire des lesions graves: mais, jeloröpete, cela ne se voit que lorsque l'epizootie est ä son declin.
Quand la maladie suit sa marche envahissante, eile se carac-terise de la mauiere suivante : la tristesse augmente, les animaux resteut immobiles en se tenant eloignes de la creche ou ayant la tete appuyee sur la mangeoire; ils ne montent plus sur le inarchepied place au bas de la mangeoire dans les etables de certäines contrees. La sensibilite de la peau s'emousse graduelle-meut et finit par s'eteindre tont ä fait; les yeux sont mi-couverts et fixes; la tete est inclinee vers le sol, et le mufle un peu porte en avant; les narines sont dilatees un peu convulsivement; le meteorisme est d'abord frequent et intermittent, et puis con-linu et aecompagne de gargouillements intestinaux; dans beau­coup de cas, une salive Alante et d'une odeur fetide apparait aux commissures des levres. Les matieres fecales sont rares et coifßes, ou bien elles sont diarrheiques. G'est un des symptomes les plus graves; il annonce une infection generale. Alors la res­piration est acceleree; l'animal se plaint presque continuellement, et ses plaintes se prolongent et sont plus bruyantes quand on [lercute la poitrine; s'il se couche, on a beaucoup de peine ä le faire lever. La toux, qui se fait entendre de temps en temps de-puis rinvasion de la maladie, est faible et courte. II y a quelque-Ibis un jetage de matiere spumeuse striee de sang; mais ce Symp­tome n'est pas constant. On voit beaucoup d'animaux qui suc-combent k la maladie, chez lesquels ce jetage n'a pas eu lieu. On entend un bruit respiratoire supplementaire dans les regions sai-nes du poumon, un bruit de souffle dans les regions malades, un räle crepitant, humide, sur les limites des parties saines et ma-lades ; matite ä la percussion dans les points correspondants aux regions höpatisees. On a ecrit que le pools etait d'abord plein et
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
fort, s'affaiblissaut par degres et s'effacant tout a fait. Je n'ai jamais remarqu6, meme dans le debut de la maladie, que le pouls füt ce que Ton appelle plein et fort : il n'est guere ni plus plein ni plus fort que dans l'ötat normal; mais il est tres exact de dire que, rest6 presque a I'etat normal dans le dtibut de la maladie, il s'aö'aiblit graduellement en raison de raggravation des symptomes. II en est de meine de rinjection des muqueuses apparentes : elles ne sent pas ordinairement tres injectees; mais il est encore vrai que leur decoloration va tons les jours en s'af­faiblissaut lorsque la maladie n'est pas arretöe dans sa marche. La secivtion mammaire diminue an point de cesser entierement, et ramaigrissement fait des progres rapides.
Marche. Duree. Terminaisons. — La marche de la maladie est rapide si I'invasion a ete subite, ce qui arrive ordinairement lors­que I'epizootie a debute de cette maniere et quelle se trouve dans les premiers temps de son apparition; eile est lente, avec une duree qui varie de huit ä dix, quinze ou vingt jours, si eile se trouve ä sa periode de declin. La termi naison varie egaleinent dans les monies conditions : mort d'nn animal sur quatre ou cinq malades, quand I'epizootie debute; pertes beaucoup moins nom-breuses, si la maladie se rapproche de la periode de declin; gue-risons plus multipliees, sous les seuls etforts de la nature, an fur et ä mesure que les symptomes se manifestent moins iutenses et que les cas se font plus rares.
Les animaux qui recouvrent la sante apres avoir tite legere-ment atteints, ne se-ressenteut plus aucunement de I'etat mor­bide dont Us out ete delivres, soit par les efforts de la nature, soil, par les effets d'un traitement rationnel. Ceux qui ont ete grave-ment affectes pendant plusieurs jours se retablissent; ils peuvent meme etre engraisses sans trop de desavantage; mais ils ne sent plus guere propres an travail, parce que la portion du poumon qui a ete le siege du trouble fluxionnaire ne reprend jamais la permeabilite qu'elle a perdue. On voit de ces becufs que le tra­vail a beaucoup fatigues; ils maigrissent, perdem, I'appetit, font de mauvaises digestions, et lorsque plus tard ils sont sacrifies, on trouve des portions de poumon indurties ou sequestrees, et dans l'interieur du sequestre se font remarquer quelquefois des kystes parfaitement clos ou dans un etat de ramollissement.
Lesions pathoiogiques. — Chez les animaux qui succombent, on trouve une infiltration de serosite coagulable dans les cloisons interlobulaires du poumon; l'hepatisation des lobules avec diffe-rentes nuances de rouge fonce ou clair, de jaune ou de gris, sui-vant le degre d'anciennete de la maladie, d'oü l'aspect marbrö de
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PERIPNEUMONIE EPIZOOTIQUE.
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la coupe du poumon; des fausses membranes ä la surface des plevres; uu öpanchement sereux dans leur sac; des fausses mem­branes dans les luyaux bronchiques, souvent une masse consi­derable du poumon sequeströe dans un kyste purulent. S'il n'y a pas de communication avec Fair, cette partie mortiflee ne repaod aucune odeur; au contraire, eile estputrefiee et repand une odeur gangreneuse quand un tuyau bronchique donne acces ä Fair dans rinterieur du kyste. laquo; Ce sont, dit M. Bouley dans I'article Peripneumonie du Nouveau Dictiommire lexicographique des scien­ces medicales, ces dernieres formes d'alteration qui out valu ä la maladie son nom de Peripneumonie gangreneuse. raquo;
Diagnostic. Pronostic. — Pour etablir le diagnostic,'ce qui est assurement tres facile, il n'y a qu'ä prendre en consideration Tetat des symptomes dans les divers etats de la maladie; ils soul d'une evidence teile qu'il est inutile de les rappeler ici. Quant an pronostic, je renverrai ä ce que j'ai dit reiativement a la termi-naison de la Peripneumonie; et cela se resume de la maniere suivante : plus facheux quand rinvasion est subite et que lepi-zootie affecte un grand nombre d'animanx; beaucoup moins fa­cheux ä la periode decroissante et lorsque rinvasion se fait len-tement et quelle s'accuse par des symptomes dont rintensitr n'est point considerable; favorable ordinairement quand I'epizoo-tie est ä son declin, bien plus encore lorsque la Peripneumonie se manifeste ä l'etat sporadique.
Traitemeut prophyiactique. — Ce traitement consisteraitaiuocu-ler le virus fixe ä tons les animaux aussitoj; que Ton a des raisons de supposer que la Peripneumonie doit affecter le caractöre epi-zootique; mais il est facile de comprendre qu'une question de cette importance ne saurail etre traitee par une simple analyse des travaux qui ont prepare la solution de ce probleme, et je crois indispensable de rapporter au moins le resume general des experiences faites par la commission scientiflque de la Peri­pneumonie. Voici done ce qu'on lit dans le rapport, deja cite, de M. H. Bouley :
laquo; La commission scientiflque de la Peripneumonie a iustitue deux series prindpales d'experiences ayant pour but :
laquo; Les premieres de rechercher I'influence que pent exercer sur Torganisme des animaux sains de l'espece bovine leur cohabita­tion avec des animaux malades de la Peripneumonie;
laquo; Les deuxiemes d'etudier les elfets tie rinoculation de la Pe­ripneumonie sur les animaux sains de l'espece bovine, et surtout de reconnaitre si les animaux, inocules avec le liquide extrait des poumons d'une bete affectee de cette maladie, acqueraient
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II
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par ce fait le privilege d'uue imraunite qui les mit ä Tabri de la contagion.
a Void le r6sume de ces deux series d'expöriences et les con­clusions auxquelles elles conduisent :
A. — Experiences sur la cohabitation.
laquo; La commission, en instituant ces experiences, s'ötait propose ^a solution des questions suivantes :
laquo; 1deg; La Peripneiimoni,e epizootique du gros betail est-elle sus­ceptible de se transmettre, par voie de cohabitation, des auimaux malades aux auimaux sains ?
laquo; 2deg; Dans le cas od la contagion de la Peripneumonie s'opere-rait par cette voie, tons les auimaux de Fespece bovine qui vivent dans un foyer d'infection coutractent-ils la maladie, ou en est-il (]ui resistent a riutluence contagiense? Dans cc dernier cas, quelle est la proportion des auimaux qui deviennent malades et des ani-maux qui restent sains?
laquo; 3deg; Parmi les animaux qui contractent la maladie, combien recuperent leur sante et dans quelles conditions?
laquo;' Combien succombent par la maladie ?
lt;c 4deg; Y a-t-il des animaux de l'espece bovine qui soieut decide-ment refractaires ä la contagion de la Peripneumonie?
laquo; 5deg; Les auimaux de cette espece sont-ils preserves ä l'avenir des atteintes de la Peripneumonie, lorsque k la suite d'uue pre­miere cohabitation ils n'ont presente que les symptömes d'une indisposition legere , caracterisee principalement par uue toux plus ou moins persistante ?
laquo; 6deg; Les animaux qui out contracte une premiere fois la Peri­pneumonie, ne sont-ils plus susceptibles de la contracter de nou-
veau ?
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laquo; Pour obtenir la solution de ces questions, la commission a soumis ä differentes eprenves de cohabitation 46 animaux de l'es­pece bovine, parfaitement sains, et dans de telles conditions de provenance qu'ils n'avaient jamais ete exposes k rinfluence du contact d'animaux atteints de la Peripneumonie.
laquo; Ces 46 sujets d'experience out ete repartis ainsi qu'il suit :
20 k la Pomeraye (premiere experience); 2 ä Gharentonneau (deuxieme experience); 13 ä Maisons-Alfort^troisieme expeneace); 11 k Cliarentotiiieau (quatrieme experience):
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PERIPJJEUMONIE iPIZOOTIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;257
laquo; Siir ce nombre, 21 animaux ont para refractaires ä la conta­gion , dans uue iiremiere epreave de cohabitation; 10 ont eprouve une iiidisposition passagere; 15 ont contracte la maladie.
Total. ... 46
laquo; Sur ces 15 malades de la P^ripneumonie, contractöe par cohabitation, 11 sont gueris et 4 sont morts.
laquo; Gons(?qneminent, le nombi-e des animaux r6fractaites, en apparence, ii une premiere eprenve de cohabitation, s'eleverait
h....................... 45,65 pour 100
Gelui des animaux indisposes, a..... 21,73 pour 100
Gelui des animaux malades et gueris, ä . 23,9! pour 100 Celui des animaux morts, a....... 8,69 pour 100
laquo; Mais si, au lieu de s'en rapporter aux apparences exterieures des animaux exposes ä la cohabitation, on prend en consideration les r6sultats donnes par les autopsies, qui ont deinontr6 que 6 des 11 animaux mis en experience ä la l'erme de Gharentonneau (qua-Irieme experience) avaient contracte la maladie, on voit qu'il taut compter 6 animaux en plus, comme malades par suite de la cohabitation, et 6 refractaires en moins, ce qui donne, en defini­tive, les resultats suivants:
15 refractaires.....nbsp; nbsp; 32,61 pour 100
10 indisposes.....nbsp; nbsp; 21,73 pour 100
17 malades gueris. . .nbsp; nbsp; 36,95 pour 100
4 morts........nbsp; nbsp; nbsp; 8,98 pour 100
46nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;100,27
laquo; Sur les 42 animaux qui ont ete exposes aux premieres epreu-ves de cohabitation faites ä la Pomeraye et ä Gharentonneau, et qui en sont sortis avec leur sante sauve ou recouvree, 18 ont ete soumis une deuxieme fois aux memes epreuves, et sur ces 18, 4 une troisieme fois.
laquo; Ges 18 animaux se decomposaient aiusi qu'il suit :
laquo; 5 avaient contracte la maladie ä la suite de la premiere coha­bitation et en 6taient gueris ;
laquo; 9 etaient demeures refractaires ä une premiere influence contagieuse;
laquo; 4 n'avaient ete qu'indisposes par suite de la premiere coha­bitation.
laquo; Quant aux 4 animaux qui furent soumis ä la troisieme exp6-
n
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
rieuce de cohabitation, ils faisaient partie de la categorie de ceux qui avaient contracte la maladie par le premier contact, et qui en 6taient gueris.
laquo; Aucun des 18 sujets soumis a ces nouvelles epreuves, dans ces conditions, ne contracta la Peripneumonie et ne presenta meme les plus legers symptomes d'indisposition.
laquo; Des resultats de ces expöriences de cohabitation, la commis­sion a tiro les conclusions suivantes:
Conclusions.
i
laquo; 1deg; La Peripneumonie epizootique des betes a cornes est sus­ceptible de se transmettre, par voie de cohabitation, des animaux malades aux animaux sains de la meme espece.
laquo; 2deg; Tons les animaux exposes a la contagion par cohabitation ne contractent pas la Peripneumonie ; il en est, parmi eux, qui demeurent completement refractaires ä l'action contagieuse, et d'autres qui n'eprouvent, sous son influence, qu'une indisposition legere et de pen de duree.
laquo; 3deg; Parmi les animaux qui contractent la maladie, les uns guerissent et recuperent apres leur guerison tontesles apparences exterieures de la sante, et les autres succombent.
laquo; 4deg; Les animaux qui ne preseutent que des symptomes d'uue indisposition legere ä la suite d'une premiere cohabitation, pa-raissent preserves par ce fait, ä l'avenir, contre les atteintes de la Peripneumonie.
laquo; 5deg; Les animaux qui ont ete atteints une premiere Ms de la Peripneumonie, ne paraissent plus susceptibles de la contracter de nouveau.
laquo; Teiles sont les conclusions generales que la commission s'est erne autorisee ä dMuire de ses experiences sur la contagion par cohabitation. Quant aux questions de savoir quellespeuvent etre, dans un troupeau soumis ä rinfluence de la contagion, les pro­portions relatives des animaux qui demeurent refractaires a son action; de ceux qui deviennent indisposes; de ceux enfin qui con­tractent la Peripneumonie, et parmi ces derniers quel est le rap­port des morts aux guerisons, la commission n'a pas pens6 avoir reuni un assez grand nombre de faits, pour formuler une conclu-sioij qui füt l'expression absolue de ce qui se passe dans les con­ditions habituelles de la pratique. Elle a du se borner ä enoucer ici les chiifres qui resultent de ses experiences particulieres.
laquo; D'apres le relev6 de ces experiences, 45 animaux sur 100 ont contracte ia Peripneumonie par le fait de la cohabitation, et
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PERIPNEUMONIE ÖPIZOOTIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;259
21 out eprouvö une indisposition 16gere; ce qui fait, en resum6, 65 animaux qui ont ressenti l'influence contagieuse ä des degrös divers, et 32 qui s'y sont montres refracfcaires.
laquo; La proportion des animaux qui ont röcupere toutes les appa-rences exterieures de la santö, apres avoir contracte la maladie, a ete de 83 pour 100 des animaux malades, et celle des sujets qui out succombö a 6te de 17 pour 100.
B. — Experiences sur l'inoculation de la Peripneumonie.
laquo; Les questions que la commission s'etait proposö de resoudre par ces experiences sur rinoculation de la Pöripneumonie, etaient les suivantes :
a 1deg; La Peripneumonie est-elle susceptible de se transmettre aux animaux sains par l'inoculation du sang, de la have, de la matiere de recoulement nasal, et des matieres excrementitielles provenant des animaux affecLes de cette maladie?
laquo; 2deg; Les animaux sains que Ton a soumis a l'inoculation de l'une ou de l'autre de ces substances, ont-ils contracte, par ce fait, une immunite a un degre quelconque, contre rinfluence conta­gieuse de la maladie ?
laquo; 3deg; La Peripneumonie est-elle susceptible de se transmettre, avec sa forme et ses symptomes caracteristiques, aux animaux sains de l'espece bovine par l'inoculation du liquide extrait du poumon d'une bete malade de cette maladie ?
laquo; 4deg; Dans le cas ou l'inoculation de ce liquide ne determine-rait pas sur les animaux sains une repetition exacte de la forme et des symptomes de la maladie inoculee, comme cela se re-marque ä la suite de l'inoculation de toutes les maladies conta-gieuses, quels sont les phenomenes locaux ou generaux qui en sout la consequence? Dans quelles proportions et avec quels caracteres plus ou moins graves d'intensite ces phenomenes se traduisent-ils ? Combien d'animaux succombent aux suites de l'inoculation? Combien recuperent la sante apres avoir ete soumis k son epreuve, et dans quelles conditions?
laquo; 5deg; Les animaux de l'espece bovine soumis a 1'epreuve de l'ino­culation du liquide pulmonaire, acquierent - ils par ce fait le privilege de resister ä la contagion de la Peripneumonie?
laquo; Les experiences faites pour resoudre la question de la conta­gion de la Peripneumonie par l'inoculation du sang, de la bave, du mucus nasal, etc.. n'ayant porte que sur 6 animaux, la com­mission n'a pas pense qu'elles bissen t assez nombreuses pour servir de base ä une conclusion quelconque, aussi ne les a-t-elle
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
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fait enregistrer dans ce compte rendu que pour memoire. Toute-fois, la commission a cru devoir signaler ici cette circonstance, que les 2 vaches qu'elle a fait inoculer avec le mucus nasal el qu'elle a soumises ensuite a l'epreuve de la contagion par coha­bitation, n'ont pas contracte la Peripneumonie.
laquo; Les experiences d'inoculation du liquide extrait des poumons d'une bete affectee de la P6ripneumonie, ont 6te faites sur 54 animaux parl'aitement sains, et dans de telles conditions de pro­venance , qu'ils n'avaient jamais ete expos6s ä la contagion de la maladie.
laquo; En voici le resume :
laquo; Des 54 sujets inocules, aucun n'a contracte la Peripneumo­nie par le iait de rinoculation.
laquo; Sur 33, les effets de rinoculation ne se sont traduits que par une inflammation locale, legere et tres circonscrite;
laquo; Et sur 21, cette inflammation, consecutive a rinoculation, a 6te tres grave, tres etendue, et s'est compliquee de phenomenes gangreneux, dont les consequences ont ete mortelles pour 6 des sujets inocules.
laquo; Consequemment, le nombre des animaux sur
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lesquels rinoculation a ete beaigue, s'eleve ä. . . 61,11 p.
100
laquo; La proportion de ceux dans lesquels la gan­grene s'est declaree ä la suite de rinoculation et a
determine la chute de la queue, est de...... 27,77 p.
cc Et enfln, celle des morts est de........ 11,11 p.
100 100
11 !
laquo; Done, 88,88 sujets sur 100 sordraient des epreuves de rino­culation avec leur sante sauve ou recouvree, et 11,11 succombe-raient h ses suites.
laquo; Des 48 sujets sortis sains ou saufs des epreuves de rinocula­tion, 2 sont morts d'accidents etrangers ä cette operation et 34 ont ete exposes pendant une periode de cinq a six mois ä l'in-tluence directe de la contagion par cohabitation, avec 24 sujets de meme provenance non inocules, devant servir de terme de comparaison.
laquo; 12 animaux inocules, qui avaient ete places dans une etable a part pour etre utilises a des experiences ulterieures, ne furent pas exposes au contact direct d'animaux malades de la P6ripneu-monie, mais ils furent pauses par le meme vacher qui etait charge du sein de ces maladies.
laquo; Sur ces 46 sujets inocules, un seul (soit 2 pour 100), habitant Petable non contaminee^contracta la Peripneumonie, tandis que sur les 24 animaux non inocules, servant de terme de comparai­son, qui furent soumis ä rinfluence direc':e de la contagion, en
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PERIPNEUMONIE EPIZOOT1QUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 261
meme temps que 34 des sujets inocules, 14 (soit 58 pour 100), avec ou sans symptömes apparents, out ressenti rinfluence con-tagieuse.
clt; Des resultats de ces experiences sur I'inoculation de la Peri-pneumonie, la commission a tiro les conclusions suivantes :
laquo;1deg; L'inoculation du liquide extrait des poumons d'une hete bovine, malade de la Peripneumonie, ne transmet pas aux ani-maux sains de la meme espece auxquels on la pratique une ma-ladie semblable, tout au moins par son siege, ä celle d'ou pro-cecle le liquide inocule.
laquo; 2deg; Les ph6nomenes appreciables, consecutifs ä rinoculation, sont ceux d'une inflammation locale, legere et circonscrite au lieu de I'moculation, sur un certain nombre de sujets inocules; grave, difluse, accompagnee d'une reaction generale, proportionnelle k l'intensite de la reaction locale, et compliquee d'accidents gaugre-neux sur-un autre nombre des animaux inocules, pouvant enfin se terminer par la mort pour quelques-uns de ces derniers. — (Dans les experiences de la commission, l'inoculation a ete beni-gne dans ses effets sur 61 pour 100 des sujets inocules; grave et compliquee d'accidents gangreneux sur 38; mortelle pour 11. 88 sujets sur 100 out done recupere leur sante apres l'inocula­tion; 61 sans presenter de traces apparentes de 1'operation qu'ils avaient subie, et 27 avec des lesions exterieures locales, plus ou moins etendues et accusees, suivant l'intensite des accidents gangreneux auxquels l'inoculation avait donne naissance.)
laquo; 3quot; L'inoculation du liquide extrait des poumons d'un animal malade de la Peripneumonie possede une vertu preservatrice, eile investit l'organisme du plus grand nombre des animaux aux­quels ou la pratique d'une immunite qui les protege contre la contagion de cette maladie pendant un temps qui reste ä deter­miner, mais qui dans les experiences rapporlees plus haut n'a pas ete moindre que six mois.
laquo; — 81 maintenant, pour apprecier la valeur economique de l'inoculation dont I'experience directe demontre les proprietes preservatrices, on voulait comparer les resultats que sa pratique a donnes dans les differents essais rapportes plus haut, avec ceux qui ont ete fournis par toutes les experiences de cohabitation re-latees dans ce compte rendu, void les conclusions auxquelles ce rapprochement conduirait :
laquo; Du releve statistique des experiences faites par la commis­sion, il resulte d'une part:
laquo; Que sur 100 animaux del'espece bovine exposes a rinfluence de la contagion par cohabitation,
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*63nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIBES.
laquo; 32,61 sont 6pargn6s, et
laquo; 21,73 n'öprouvent qu'une indisposition passagere et de peu d'importance pour leur sant6; considerable cependant, en ce sens favorable, qu'elle les pr6munit a I'avenir centre les atteintes du mal;
laquo; Seit en tout 54,34 sujets, sur lesquels les effets de la cohabi­tation sont ou tout ä fait mils ou tres 16gers;
laquo; 45,65 sujets contractent la maladie a un degrö plus ou moins 1,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;intense;
laquo; 35,95 en guerissent, et
laquo; 8,69 succombent aux suites de la maladie.
laquo; D'autre part, il rösulte des expöriences d'inoculation faites par la commission, que sur le meme nombre 100 d'animaux sou-mis a l'öpreuve de cette opöration:
laquo; 61,11 n'en öprouvent que des effets tresbenins; qu'elle est plus ou moins dangereuse, ou tout a fait nuisible par ses suites pour 38,88 sujets;
laquo; Que sur ces 38,88 sujets, 27,77 guerissentapres avoir 6prouv6 des accidents gangreneux plus ou moins graves, et 11,11 suc­combent par suite de ces accidents gangreneux.....
laquo; Le premier fait qui ressort de ce rapprochement est que
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I'inoculation a cause une mortality plus grande que la maladie dont eile avait pour but de prevenir les ravages.
laquo; En outre, il faut considerer que les animaux qui out r6siste aux accidents gangreneux consecutifs a rinoculation, out perdu une grande partie de leurvaleur venale apresleurguerison, parce qu'ils n'ont pu recouvrer leur sante qu'apres un long temps de soulfrance qui les a beaucoup amaigris, et qu'ils demeurent a jamais tares et d'une maniere ditforme, par la perte d'une partie plus ou moins etendue de leur queue; tandis que, au contraire, les vaches qui, dans les experiences de la commission, ont con-tracte la Peripneumonie et en sont gueries, ont röcupere a peu pres leur valeur apres leur guerison, la maladie n'ayant laiss6 sur elles aucune trace exterieure appreciable, et n'ayant pas sen-siblement modifle, par son influence, 1'aptitude des animaux soit ä la lactation, soit a I'engraissement.
laquo; Mais il est juste de dire, pour faire entrer en ligne de compte tons les 6l6ments de la solution impartiale de cette grave ques­tion, que le plus grand nombre des animaux qui r6cuperent les apparences de la sante apres avoir contracts la Peripneumonie ne guerissent pas completemgnt de cette maladie. Dans I'immense majoritö des cas, ainsi qu'en temoignent les autopsies faites par la commission, une partie de leurs poumons, plus ou moins grande
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PfiRIPNEUMONIE ^PIZOOTIQUE.
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suivant l'ötendue de la maladie primitive, reste frappee d'une veri­table mortification. Cette lesion demeare isolöe, il est vrai, au milieu du reste de Torgane conservö parfaitement sain; il s'opere autour d'elle un travail remarquable de söquestration, en vertu duquel toute communication est interceptöe entre les conduits a6riens et la partie mortifiöe qui öchappe ainsi k la decomposition putride, et c'est ce qui explique comment une lesion de cette nature pent, malgre sa gravite apparente, n'etre pas incompatible pendant un assez long temps tout au moins, avec la conservation des aptitudes de l'animal k rengraissement et a la lactation; mais ce mode de terminaison de la Peripneumonie ne pent pas, apres tout, etre considere comma une guörisön, dans le sens rigoureux du mot, et en definitive il est juste de dire que si, au point de vue economique, le plus grand nombre des anirnaux qui .r6cu-perent la saute apres avoir contracte la Peripneumonie, n'eprou-vent pas dans leur valeur venale de döpröciation notable, ils n'en sont pas moins atteints de lesions assez graves d'un organe essentiel qui, au point de vue physiologique, ne laissent pas que d'avoir une grande importance, et qui peut-etre finiraient par faire sentir leur influence, si la vie des anirnaux de l'espece bovine se prolongeait davantage.
laquo; Doit-on conclure des resultats donnös par le releve statisti-que des experiences de la commission que I'inoculation ne sau-rait etre conseill6e des aujourd'hui comme une mesure pratique a opposer a la propagation de la Peripneumonie, et que les pro-prititaires de betes bovines auraient moins d'avantage k I'adopter qu'ä laisser la maladie se repandre dans leurs troupeaux, suivant son mode habituel ?
laquo; Non sans doute, car il faut considerer d'une part que les tätonnements des premiers essais, les imperfections des premiers procedös ont pu grossir, dans les experiences de la commission, le nombre des accidents et des pertes que la pratique de Tinocu-lation peut entrainer, tandis que d'un autre c6t6 le chiflre de 8 pour 100, qui dans ces experiences reprtisente la mortalite cau-see par la contagion de la Peripneumonie, est de beaucoup infe-rieur k celui qui exprime les pertes determinees par la marche naturelle de cette maladie, dans les circonstances les plus graves et peut-etre les plus ordinaires de la pratique ; ditlerences qu'ex­plique sans doute la rusticit6 du plus grand nombre des sujets dont la commission s'est servie, dans ses experiences sur la con­tagion par cohabitation.
laquo; En definitive, quoiqu'il ne ressorte pas des experiences ac-tuelles de la commission que I'inoculation soit 6conomiquement
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964nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
une mesure avantageuse; cependant, comme ces experiences pa-raissent demontrer sa vertu preservative, en presence de ce fait con­siderable, la commission est d'avis que la pratique de l'inocula-tion doit etre encouragee, et eile a l'esperance qu'elle deviendra profitable a 1'agriculture lorsqu'elle aura (5te perfectionnee, dans I'application, par une etude plus complete.
laquo; La commission ne s'est pas basee exclusivemeut sur ses pro­pres experiences pour Ibrmulerson opinion, eile a cru devoir aussi s'inspirer des resultats des experiences ou analogues aux siennes ou poursuivies dans une autre voie, qui ont öte entreprises pa-rallelement en Hollande, en Belgique et dans les departements du Nord et du Pas-de-Calais, par des commissions scientifiques, instituees dans le but de rechercher la vaieur de rinoculation preventive de la Peripneumonie epizootique du gros betail.
laquo; Le resume analytique des travaux de ces commissions se trouve presente dans le paragraphe que la commission fraucaise a cru utile d'annexer au compte rendu de ses propres recher-ches, afin de les completer et de grouper en un seul faisceau tons les documents qui peuvent contribuer ä reclaircissemeut de l'importante question d'hygiene publique dont votre adminis­tration poursuit la solution. raquo;
Teiles sont les propositions consignees dans le rapport fait par M. Bouley au nom de la commission instituee pour etudier la Peripneumonie epizootique du gros betail.
Mais apres avoir fait connaitre ce travail, le plus important et le plus complet qui ait ete publie sur la Peripneumonie, disons quel est le manuel operatoire de rinoculation. M. Mathieu (d'Epi-nal) le decrit de la maniere suivante (Recueil de Medeclnc veteri-naire, Janvier 1863) :
laquo; Un aide, dit-il, tient deux aSsiettes : dans Tune est deposee un morceau de poumon choisi pour fournir le virus : c'est une fraction du poumon detachee de la partie plus recemment aü'ec-tee; dans I'autre sont les instruments necessaires ä l'operation : une paire de ciseaux courbes, une lailcette cannelee et la spatulo de M. Delafond.
laquo; Apres avoir tondu, sur uue longueur de 10 ä 15 centimetres environ, le dessous de l'extremite iuferieure de la queue, je plonge la lancette cannelee dans le morceau de poumon, puis je Tintroduis, ainsi chargee de virus, entre l'äpidenue et la couche la plus superficielle du derme, par une piqüre de 5 a 8 millime­tres de profondeur faite aussi parallelement que possible ä Faxe de la queue. Cette premiere incision est pradquee a 3 ou 4 cen­timetres de rextremite inlerieure de l'appendice caudal. Unt^
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PERIPNEUMONIE läPIZOOTIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 265
seconde piqüre, semblable ä la premiere, est immediatement faite ä 8 centimetres plus haut sur le meine plan et avec la meme lancette de nouveau chargee de la matiere virulente. Ce pre­mier temps de l'operation termine, la lancette esc deposee dans I'assiette; la spatule est plongee dans le tissu pulmonaire et intro-duite dans les incisions dejä faites par la lancette. La se termine l'operation. raquo;
Daus le cahier du mois de Janvier 1864 du Rectieil de Medccinv veterinaire se trouve 6galement la description d'un mode d'inocu-lation recommande par M. Huart :
laquo; II consiste, dit-il, dans l'insertion du virus älanaissance du toupillon qui garnit l'extremite de la queue ä la partie ant6-rieure. Nous aurions peu de chose ä en dire, si I'instrument qui sert ä de semblables operations n'avait, le plus souvent, une importance decisive. Pen satisfait de nos lancet tes ordinaires, j'ai preferlaquo; une aiguille cannelee, plate et recoarbee, dont la pointe ä grain d'orge tres deliee permet de deposer tres aisement le virus dans les tissus sous-epidermiques sans les dechirer. Les piqüres doivent etre aussi superficielles que possible, afin d'evi-ter les epanchements de sang, que Ton salt etre nuisibles an suc-ces de l'operation; sices epanchements se produisent, il faut avoir soin d'essuyer les plaies avant d'y deposer le virus.
laquo; Apres le choix de I'instrument, vient celui du virus. Depuisnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;f.
1852, epoque de mes premiers essais, je suis entre hardiment anbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ; '
ce sujet dans la voie de rexpörimentation; j'ai use de virus pui-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'-
ses a ditferents degres de la maladie datant meme de plusieurs jours. II ne sera pas sans interet peut-etre d'attirer I'attentiou des veterinaires et des cultivateurs sur ces differents essais com-paratii's et sur les resultats que j'ai obtenus.
laquo; Suivant de tout point les indications du docteur quot;Willems, j'ai d'abord essaye la serosite cellulaire du poumon an premier degre de la maladie, comme cela a ete present par I'inventeur lui-meine, au moyen d'un grattoir cannele. Je l'inoculais le plus superficiellement possible ä la partie ant6rieure de la queue et ä l'origine du toupillon, ainsi que le font du reste tons les Opera­teurs. Je continuai ä dessein avec le meme virus jusqu'aux pre­miers effets de sa putridite; et malgre l'altöration de la liqueur sereuse et le soin que j'apportai ä l'insertion du virus, je ne ren-contrai que tres rarement trace apparente d'inoculation. J'ai pens6 tout d'abord que les sujets sur lesquels j'experimentais u'etaient pas aptes ä contracter les effets caracteristiques de l'ino-culation, puisqu'ils offraient une resistance marquee ä son action.
laquo; Modifiant alors ma maniere de proceder, je resolus d'opörer
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11 gt;
966nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
simultanement avec la sörosite cellulaire et avec le liquide ex-prime d'un poumon plus avance, ä l'etat d'h6patisation rouge, de maniere h recueillir le sang, la serosite et le mucus bronchique, avec cette precaution toutefois de l'extraire d'un poumon encore chaud et d'agiter le liquide recueilli dans une petite Sole, afln d'empecher la coagulaUon du sang. raquo;
C'est ainsi que M. Huart est parvenu ä constater que I'inten-site de Taction locale est proportionn6e au degre avance de l'hö-patisation du poumon dans lequel on a puise le virus, que cette intensity augmente par l'insertion du sang mel6 a la s6rosit6 cellulaire et au mucus bronchique; les chances d'inoculation et par consequent de preservation sont done en rapport d'action avec le degr6 de virulence de la matiere inoculee.
II est vrai que Ton a vu survenir, ä la suite de l'inoculation d'un virus aussi actif, des accidents graves de nature gangr6neuse; mais cela n'arrive qu'en et(sect; durant les grandes chaleurs, on bien encore par l'insertion trop profonde de la matiere inoculee.
Ainsi, du douzieme au quinzieme jour et meme plus tard en­core, des engorgements qui en sont la suite la plus dangereuse peuvent se presenter. II faut, dans ces cas, avoir soin de d6brider largement et profondöment les tumeurs qui se forment dans les tissus de la queue de chaque cote et a sa base, et promener plu-sieurs fois dans les chairs le cautere chaufie h blanc. Si enfin I'engorgement a d6ja gagne la croupe et le rectum, il faut s'em-presser de debrider plus profondement encore, jusque dans I'^pais-seur des muscles et des interstices musculaires de la partie atta-qu6e, que Ton trouve infiltree de serosite citrine en tout semblable ä l'exsudation du poumon malade. Ces profondes plaies doivent ötre aussi cauterisees et recouvertes chaque jour d'onguent vesi-catoire et d'essence de ttirebenthine.
Au reste, voici quel est le resume des etudes et des experien­ces faites par M. Huart sur 8,000 sujets :
laquo; 1deg; Chaque fois, dit-il, que j'ai pratiquö l'inoculation en vue de pr6venir on d'arreter les ravages occasionn6s par la pleuro-pneumonie, j'ai toujours eu k me loner de son application.
laquo; 2deg; Cette operation doit 6tre pratiqu(5e toutes les fois que la maladie parait devoir se declarer dans un Etablissement, et il serait meme preferable de ne pas attendre la manifestation du moindre signe prticurseur.
laquo; 3deg; Pour obtenir plus de certitude dans son action, il faut la faire de preference avec du^. virus puis6 sur un poumon malade encore chaud, a l'etat d'h6patisation rouge et contenant autant que possible le sang, la serosite et le mucus bronchique.
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laquo; 4deg; L'emploi de l'aiguille plate et cannelee decrite plus haut donne ä Topöration plus de chances de succes et permet de la faire avec plus de promptitude.
laquo; 5deg; Les pMnomenes inflammatoires locaux, lorsqu'ils ont ete observes a temps, ont toujours et6 facilement combattus par les incisions aux cotes de la queue et a la croupe, puis par la caute­risation et des applications d'onguent vesicatoire et d'essence de t6rebenthine.
laquo; J'ajouterai toutefois que la chute de la queue, a partir de l'endroit oü s'est faite I'inoculation, n'a pas pu etre toujours 6vit6e. raquo;
J'ai rapport6 textuellement ce que dit M. Huart au sujet de ces accidents; mais si je reconnais que son proced6 operatoire pour I'inoculation du virus pleuropneumonique est hon, je suis loin d'approuver le traitement qu'il indique pour combattre les tumeurs gangreneuses qui peuvent survenir h la suite de l'opti-ration.
Quand les tumeurs sont arrivees h ce point de gravite, ni leur d^bridement, ni leur cauterisation apres le debridement, n'au -ront aucun r6sultat satisfaisant. J'ai vu des tumeurs de cette nature apparaitre k la suite de la saignee a I'artere coccygienne pendant les fortes chaleurs et peut-etre des inoculations de ma-tieres putiides pratiqu6es par des mouches aidant, et je n'ai fait qu'aggraver les accidents toutes les fois que j'ai debride et caute­rise ces tumeurs. Mais j'ai constamment obtenu leur resolution en appliquant sur ces tumeurs, des le moment de l'operation, une couche de pommade stibiee la plus energique, composee d'axonge et d'emetique en parties egales; cette couche doit etre appliquee en frictions faites vigoureusement. Sans doutej'ai eu des eschares 6normes et des plaies larges et profondes, mais elles 6taient de bonne nature; et si elles etaient longues a se cicatri-ser, les animaux s'engraissaient pendant ce temps, et Ton finis-sait par les vendre an boucher a d'assez bons prix.
Maintenant je rapporterai ce que dit M. le docteur Willems lui-meme, dans son discours prononcsect; a l'Academie royale de mödecine de Belgique, des phenomenes qui se produisent a la suite de I'inoculation ; il y a des citations qui devieunent indis­pensables, et des longueurs auxquelles il faut se resigner dans un ouvrage destine aux praticiens.
laquo; ..... Qu'arrive-t-il, en effet, dit M. le docteur Willems,
quand ön plouge dans la peau d'un animal sain une lancette chargöe de liquide epanche dans les poumons d'un animal affecte de la Pleuropneumonie contagieuse ?
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268nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
laquo; 1deg; Les levres de la petite plaie que Ton vient de faire se dessechent d'abord et se recouvreiit d'une legere croüte adherente ä leur surface; puis, ordinairement, apres une incubation varia­ble comme celle qui resulte de la contagion naturelle de la Pleu-ropneumonie, laquelle dure dix ä vingt jours et meme plus, se manifeste, ä l'endroit oü le virus a ete implante, un engorgemenl inflammatoire, dur, un pen douloureux et forme par des transsu-dations plastiques; c'est ainsi que je n'ai pu y rencontrer la moin-dre trace de pus;
laquo; 2deg; Un mouvement febrile, facilement appreciable pour l'obser-vateur attentif et non prevenu.
laquo; A cette periode, Tauimal inocule mange moins; il a„le poil berisse, parait abattu, et est aifecte de temps en temps d'une petite toux seche; la secretion lactee diminue, les feces sont plus dures qu'ii lordinaire. An bout de quelques jours, I'animal re-prend de l'appetit; tous les symptömes legers d'une vraie Pleuro-pneumonie se dissipent, et il parait meme mieux se porter qu'avant rinoculation.
laquo; La fievre que les animaux inocules eprouvent au momenl du developpement des symptömes morbides de rinoculation est un fait incontestable. Ce fait, je l'ai dejä Signale, en 1852, dans mon premier memoire sur ce sujet, et il n'a pas tarde ä etre ega-lemeut atteste par une foule d'autorites des plus respectables, parmi lesquelles je citerai les professeurs veterinaires Lessona et Vellada, dans un rapport officiel adress6 au gouvernemenl piemontais; M. Corvini, professeur ä l'Ecole veterinaire de Milan; le docteur Ponza; MM. Wellenberg, Jennes, H. Bouley, Dela-fond, Sanson, Saint-Cyr, Plantega, Sticker, Ulrich, Kell, et puis MM. les medecins veterinaires beiges, Dierickx, Guerin. Conraets, de Wleeshomver, Luytgaerens, etc., etc.
laquo; Tous ces temoignages que j'ai du citer ne peuvent pas etre recuses, parce qu'ils emanent d'hommes loyaux , savants, d'obser-vatenrs consciencieux qui n'ont certes pu se tromper sur l'exis-tence d'un fait materiel si facile ä constater.
laquo; Examinons main tenant, continue M. le docteur Willems, ce que devient le mouvement fluxionnaire eruptif a l'endroit inocule:
laquo; Ordinairement, quand le virus de la Pleuropneumonie est tres fraichcment recueilli, il produit une tumeur dure qui est d'au-tant plus volumineuse que l'endroit oü le virus est depose est plus riebe en tissu cellulaire. Ces tumeurs affectentle garrot, le fanon, le ventre, s'etendent outre mesure et menacent presque toujours la vie de I'animal. G'est pour ce motif que, malgre toutes les rai-
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sons physiologiques et anatomiques que Ton a fait valoir contre la maniere d'opörer que j'ai adoptöe des le principe, tous les experimentateurs ont toujours et6 obliges de revenir a I'iaocula-tion ä l'appendice caudal.
laquo; Je dis qu'ordinairement I'exsudation plastique se fait ä Ten-droit inocule; cependant, 11 y a ä cette regle de nombreuses exceptions.
laquo; Et que s'opere-t-il alors dans I'organisme animal ?
laquo; Le mouvement fluxionnaire se fait alors souvent sur un Or­gane Interieur. G'est ainsi que j'ai vu, a I'autopsie d'aniniaux morts a la suite de l'inoculation, independamment des lesions locales, des epanchements de sörosite dans le peritoine, dans les plevres, sous la peau, entre les muscles, dans la cavite pelvienne et une exsudation plastique autour des reins. M. Vaer m'a con-tirme Texistence constante de ces lesions pathologiques ; je Profite de la circonstauce poür noter que les lesions dans les organes importants, tels que les intestins, le foie, le cerveau, le cceur, presenteut les memes caracteres pathologiques que chez les boeufs raorts ä la suite de la Pleuropneumonie.
laquo; Du reste, tous ceux qui ont observe avec quelque Constance la marche de Tinoculation, savent qu'une fois le virus absorbe, il y a tendance k la manifestation des tumeurs qui sont le resul-tat de Fimpregnation de I'organisme par 1'agent pleuropneumoni-que, et que ces tumeurs peuvent s'engendrer dans toutes les parties du corps oü l'inoculation n'a pas ete pratiquee. raquo;
Apres avoir etabli par de bonnes raisons qu'il y a une analogie frappante entre la maladie naturalle et celle que Ton fait survenir par l'inoculation, M. le docteur Willems ajoute :
laquo; Le virus introduitparin/cciton dans l'economie du bceuf, agit de preference sur les poumons; introduit ä la peau par inocula­tion, il agit de preference sur celle-ci et sur les tissus avoisi-nants; c'est done toujours le meme virus qui donne naissauce ä la meme maladie, mais sous une forme ditferente.
laquo; Pour completer la ressemblance entre les deux affections, je dois encore citer les points scientifiques suivants :
laquo;1deg; En inoculant a un animal sain le liquide d'un animal atteint d'une Pneumonie ordinaire, on n'obtient jamais rieu. II en est de meme quand on inocule la bave, le sang, le lait, etc., fraichement recueillis sur un animal atteint de Pleuropneumonie exsudative, ce qui ferait supposer que I'exsudat plastique reu-ferme I'element speciflque, le contagium , le virus.
laquo; 2deg; L'inoculation de cet agent coutagieux n'a aucune action sur des animaux en puissance de l'epizootie on qui döjä ont ete
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
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une premiere fois attaints de Pleuropneumonie, ni sur ceux d6jä inocules.
laquo; 3deg; II n'a aucune action non plus sur des animaux autres que ceux qui appartiennent h I'espece bovine. Je l'ai inoculö, sans resultat aucun, sur des chevres, des moutons, des pores, des chiens, ä rhomme lui-meme.
laquo; Je conclus done que, ä priori et seientifiquement parlant, la Pleuropneumonie exsudative etant une affection spöciüque, con-tagieuse, virulente et inoculable, et n'attaquant qu'une seule fois en general les betes bovines dans le cours de leur vie, I'ino-culation est le moyen qui doit les mettre ä l'abri du fleau. raquo;
Quand on a meditö sans prövention d'aueune sorte sur toutes les preuves fournies par le docteur Willems et par les vöterinai-res beiges, hollandais, Italiens et francais, en faveur de l'inocu-lation, on se rend a l'evidence et Ton reconnait que les conclu­sions qui pröcedent sont hors de contestatiefn.
Seulement un fait ressort de toutes les discussions soulevees ä ce sujet, e'est que les partisans de l'inoculation, s'etant preoeeu-pes exclusivement des avantages reels et bien constates que pr6-sente ce moyen de preservation, out trop neglige l'ötude du traite-ment curatif, et cependant la Peripneumonie n'est pas incurable, j'eu ai acquis la certitude, et je n'hesite pas a faire suivre l'ötude du traitement preservatif de celle du traitement curatif, dont j'ai, pour mon compte, maintes fois constate refflcacite.
Traitement. — Lorsque la Peripneumonie epizootique et conta-gieuse s'offrit pour la premiere fois ä mon observation, il y a long-temps de cela, personne ne s'etqit encore occupe de Finoculation employee comme moyen preservatif, et mes idees, pas plus que eelles des autres veterinaires francais, ne s'etaient portees sur cet objet; d'ailleurs, les theories de la medecine physiologique etaient dominantes, elles etaient specieuses, et il faut convenir que si d'abord, ä Texemple de leur auteur, on n'avait pas entendu les appliquer d'une maniere exclusive, elles auraient rendu de grands services. Avant Broussais, les veterinaires ne voyaient partout que des maladies speciales, des entites, comme le disait le cölebre docteur, dont I'inflammation n'etait qu'un phenomene secondaire. Apres Broussais, nous ne vimes dans toutes les maladies que des inflammations; j'avais ete entraine comme taut d'autres, et la Peripneumonie epizootique et contagieuse ne fut d'abord pour raoi qu'une inflammation des poumons et de(la plevre. Je la com-battis par la saignee modöree d'abord, et r6petee nöanmoins plu-sieurs fois dans I'espace dfes deux on trois premieres journees; puis je fis des saignees coup sur coup, et j'obtins pour unique r6-
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sultat une mortalite effrayante ou des convalescences en petit nombre qui se prolongeaient indöfiniment.
Quand on est engagö dans une pareille voie, on se häte d'en sortir, ä moins d'ötre frappö de vertige; c'estce que je fis.Il etait devenu evident pour moi que la P6ripneumonie que j'avais ä combattre li'etait pas une inflammation vöritable, et j'essayai des rövulsifs. Je ne raconterai pas les doutes, les incertitudes dont je fus assailli en me placant dans cette voie nouvelle et les tätonnements qui furent la consöquence de la disposition d'esprit dans laquelle je me trouvais, ce serait inutile; mais voici le trai-tement fort simple au moyen duquel j'ai obtenu des guerisons tres nombreuses, ä ce point que j'oserais presque affirmer que la maladie a cede ä ce traitement, toutes les Ms quelle ne s'etait point declaree sur un animal dejä affecte de la phthisie tubercu-leuse ä un tres haut degre. Je dois ajouter que la plupart des animaux que j'ai eus ä traiter, et ils out ete ä plusieurs reprises en tres grand nombre, etaient des bceufs de travail; les vaches ne comptent guere que dans la proportion d'un dixieme, vaches de travail et non laitieres en general.
Quand la maladie sevit avec une graude intensite, j'appliqne sur les faces laterales du thorax, et sur une surface carree de plus de20 centimetres, une couche de pommade stibiee, composee au moins ä parties egales, et cette application se fait par des fric­tions au moyen d'une spatule en bois. Je commence par une premiere friction; si dans les vingt-quatre heures eile n'a pas produit un engorgement tres appreciable, j'en fais une seconde, et il est tres rare que je sois oblige d'en pratiquer une troi-sieme. En operant cette rövnlsion sur les faces laterales du thorax, je pensai quelle serait plus prompte que par le moyen du seton enduit de pommade stibiee et passe au fanon; mais je me suis convaincu depuis que le seton produisait le meme effet et qu'il n'avait pas les inconvenients du vesicatoire; car, a la suite de ce dernier, il faut s'attendre a la chute d'eschares con­siderables, laissant des plaies tres longues k se cicatriser, ou pour mieux dire, qui ne se cicatrisent jamais completement dans la veritable acception du mot : elles ne suppurent pas et elles se recouvrent seulement d'une couche epidermo'ide assez epaisse et noiratre.
Je donne aujourd'hui la preference au seton, et si j'emploie les vesicatoires en meme temps, c'est lorsqae les symptomes sont d'une teile gravite qu'ils me laissent pen d'espoir de conserver l'animal; alors je ne crains pas de recourir ä la revulsion la plus energique.
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Si rengorgement du seton ne se fait pas attendre, s'il se mon-tre des le commencement du second jour apres son application, et s'il augmente progressivement assez vite pour acquörir un tres I'ort volume, on voit se calmer immediatement tous les symp-tomes de la Peripneumonie; et je me suis tellement convaincu de üefficacitö de cette revulsion, que des ce moment je considere Tanimal comme sauve.
II recouvre Tappedt; mais on evite de lui laisser prendre des aliments a satiete; on lui donne des boissons nitröes ouemetisees pendant deux ou trois jours, et le traitement se borne ä ces tres simples indications.
La tumeur du fanon reste grosse et dure pendant plusieurs jours, puis eile semble se ramollir un peu. Un löger suintenient sero-purulent se fait remaivjuer a chacune des ouvertures du se­ton, la tumeur se retrecit, les ouvertures s'elargissent; une es-chare cylindrique se detache, apparait ä l'ouverture inl'erieure; eile tombe ou on I'arracbe, ou le boeuf lui-meme la retire avec sa langue, et Ton n'a plus ä s'occuper ni de la tumeur, ni de la plaie resultant de la chute de Teschare. La tumeur disparaif completement, il reste seulement comme cicatrice des rides tres marquees qui representent la longueur du seton.
II arrive assez souvent que les boeufs entres en convalescence sont affectes d'une boiterie dont la cause reside dans les articula­tions du jarret. J'ai toujours pense que cette cause rtisultait d'une action sympathique. Je la combats au moyen de frictions d'essence de terebenthine auxquelles eile a constamment cede.
Les boeufs sont remis au travail, et ils ne se ressentent plus en aucune mauiere des atteintes de la Peripneumonie. II y a quelques annees, on aurait pu constater, dans certaines localites depeudantes de ma pratique, beaucoup de bceufs bien portants, attelös a la charrue et faisant un bon service, qui portaient les cicatrices resultant ou des vesi'catoires ou du seton; ils n'en va-laient pas moins, malgre ces cicatrices, puisrju'elles ne les em-pechaient pas de s'engraisser plus tard : ceci, pour les veteri-naires ou les agriculteurs qui pourraient s'exagerer les inconve-nients resultant du traitement que j'indique.
Toutes les fois que je parle de boissons nitrees ou ömetisees, il laut entendre qu'elles se composent de la maniere suivante :
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Boisson emetisee.
Tartre stibie........................
Eau ordinaire.........1?.............
Faire dissoudre et diviser en deux rations.
2 on 3 grammes. 8 ou 10 litres.
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Boisson nitree.
Nitrate de potasse..................... 40 ou 50 grammes.
Eau ordinaire........................ 8 ou 10 litres.
Faire dissoudre, donner en deux fois.
On prepare egalement, pour faire dissoudre daus les boissons, im melange de tartre stibie et de nitrate de potasse, de la nianiere suivante ;
Boisson nitro-emetisee.
Tartre stibie............................... 2 grammes.
Nitrate de potasse..........................nbsp; nbsp; 10 —
Eau..................................... 4 ou 5 litres.
Faire dissoudre, et donner en boisson.
Les animaux prennent cette dissolution sans difflculte, les uns sans qu'on y ajoute aucune substance : son, farine ou tour-teau en pondre; les autres pourvu que I'eau en soit legerement troublöe. Ici encore il faut consulter le goüt des animaux, afin iju'lls prennent cette boisson volontairement; s'ils s'y refusent, il faut la leur donner en breuvage, parce qu'elle est toujours utile, en ce qn'elle provoque chez eux une secretion d'urine tres abon-dante. On doit administrer deux fois par jour les quantites ci-dessus, et cela pendant deux ou trois jours.
Quand les boeufs entrent en convalescence, il faut les nourrir d'aliments azotes, de fourrages les plus sanguiflables, tels que les graines de feves, de pois, de vesces, les lentilles, les f6ve-roles, la graine de lin, etc.; et parmi les fourrages, ceuxqui sent pris danslafamille des Legumineuses, la luzerne venue en terrain argileux, par exemple.
Cependant une alimentation de ce genre doit etre dispensee avec mesure, en faible ration d'abord, pins en raugmentant pro-gressivement, jusqu'ä ce qu'elle atteigne le maximum ordinaire. Le pansement ä la main regulierement fait, un exercice modere, favorisent beaucoup le retablissement des animaux.
ARTICLE VII
PEIUPNEUMONIE SPORADIQUE Sysonvmie : Maladie de poitrine, Maladie lt;lu poumon.
raquo;c-nnition. Freqaence. — La Peripneumonie sporadique differe le la Peripuenmonie epizootiqne ou enzootique; les symptomes
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qui la caracteriseut sont, ä son debut, d'uue intensite et d'une variete moindres. Sa marche est plus lente; rien ne prouve qu'elle soit contagieuse, et surtout eile est plus facilement curable.
Depuis sa disparitiou k l'etat epizootique et contagieux, la Pe-ripneumonie n'a point cesse de se produire ä l'etat sporadique, de teile sorte qu'on a pu dire avec raison, qu'en s'acclimatanl diez nous, eile s'etait modiflee, tout en conservant les caracteres qui la distinguaient lors de son apparition. On Fobserve assez frequemment.
Causes. — Si les causes prödisposantes et occasionnelles de la Peripneumonie contagieuse sont demeurees inconnues, celles de la Peripneumonie sporadique sont au contraire assez facilement appreciables, toutes les Ms qu'elle se declare sur un ou plusieurs animaux, pour qu'en puisse I'attribuer avec assez de raison ü uno constitution medicale bien connue. En ete, eile se manifeste lorsqile de frequentes pluies d'orage detrempent la terre, que les rayons d'un soleil ardent ne tardent pas h dessecher; alors eile attaque quelques animaux des exploitations rurales placees dans les plaines basses. En automne, en hiver et au printemps, c'est au voisinage des cours d'eau qu'on la voit se produire. Au moment ou je trace ces lignes (Janvier 1868), tons les animaux que j'ai en traitement se tröuvent dans des metairies rapprochees des rivieres ou du canal Lateral k la Garonne. La constitution me­dicale a d'ailleurs uue influence qui semble determiner les peripneumonies, les peritonites, les engorgements oedemateux aux membres, maladies qui frappant les monogastriques, tandis que la cacbexie depeuple les bergeries.
La contagion ne s'est mar.ifesteeparaucuusigne sensible. Nous u'avioiis encore remarque qu'un seul cas dans cbaque etable, lorsi]ue, pendant la derniere quinzaine de Janvier, trois animaux de la memo ütable, deux boeufs et une vaclie, out 6te affectes de Peripneumonie; ils provenaient d'un departement voisin de la Haute-Garonne, oil la Peripneumonie regne k l'etat epizootique. Un de ces bceufs mourut sans avoir ete soumis ä un traitemenl inethodi(]ue; il avait ete confie aux soinsd'un empirique. L'autrc ba3iif, qui avait ete vendu apres la raort du premier, se trouvait dans une etable renfermant sept animaux de son espece. Nous ie vimes lorsque dejä il y etait malade depuis sept k huit jours. La vacbe vendue ä un petit cultivateur se trouvait 6galemenl malade et n'a pas cesse de sejourner aupres d'une autre vacbe jnsqu'au moment ou elle^a ete livree k la basse boucherie. Au-cun des animaux qui out cohabite soit avec la vacbe, soit avec le
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boeuf, n'a 6te atteint de Peripneumonie; ce dernier, traite par nous, est tout a fait en voie de guerison.
A voir trois animaux sortis d'une meme etable, atteints pres-que en meme temps de Peripneumonie, on aurait d'abord pu croire k un resultat de la contagion ; mais il n'en 6tait rien, puis-que la maladie n'a attaque aucun des animaux qui, par leur cohabitation assez prolongee avec ceux qui etaient malades, au-raient pu etre contamines. Une quinzaine s'est ecoulee, et il ne s'est point declare de nouveaux cas.
Symptömes.— Ils sent nioins saillauts au debut de la maladie; alors Tanimal a peu d'appetit, il tient la tete plus basse que d'ha-bitude, quelquefois ses yeux sont h demi-fermes, il s'approche lentement de la creche ou du rutelier, il s'etire mcompl6tement, il nlest pas tres sensible ii la pression de la colonne dorso lom-baire; son flaue se retracte progressivement; sa marche est quel­quefois tres chancelante et d'autres Ibis assuree comme dhabi-tude; son pouls est mou, il bat lentement; sa respiration est courte. II reste longtemps sur ses membres sans faire aucun mouvement, et dans cet etat, qui dure de cinq h six on huit jours; il rumine pen, 11 tousse de temps en temps, et sa toux est faible; e'est, au milieu de cet ensemble de phenomenes morbides, avec Felevation relativemeut tres bornee des cotes pendant Finspira-tlon, le Symptome le plus caracteristique.
Tels sont les premiers symptömes de la Peripneumonie; mais si eile n'est pas enrayee, un peu de meteorisme se fait remarquer au flanc. La respiration reste courte, mais eile est acceleree; et quand I'animal est couche, chaque temps d'expiration est mar­que par des plaintes sourdes plus ou moins prononcees. Ges plaintes, si le boeul' est sur ses membres, sont ordinairement in-termittentes; on les determine en percutant la poitrine. L'aus-cultation permet quelquefois d'entendre dans certaines parties du poumon celles qui sont saines, un bruit respiratoire, et dans celles qui sont malades, un bruit de souffle. Mais j'avoue qua cet egard il est assez difficile d'arriver a une certitude complete; on I'obtient plus facilement par la percussion : celle-ci accuse toujours d'une facon tres manifeste la malite correspondant aux points du poumon hepatises. Le i^ouls, qui n'a jamais etc fort, s'efface peu a peu, la colonne dorso-lombaire perd graduei-lement de sa sensibilite; les matieres excrementitielles son I coiffees.
J'ai dit que la toux etait faible, petite, avortee, dans le debut de la Peripneumonie; quand la terminaison doit etre facheuse, eile se confond presque avec les sourdes plaintes que pousse
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ranimal; mais si la resolution tend ä s'operer, eile est 6mise forte, sonore et un pen saccadee.
Harchc. Durlaquo;e. Terminaisons. — L'invasion de la P6ripneumo-nie sporadique se fait pour ainsi dire d'une maniere insensible. laquo; Voilä un animal qni baisse la main, disent les bouviers; il a mauvais poll, son appetit diminue; il n'est plus aussi ardent au travail. raquo; Cast tout. Les symptömes decrits plus haut ne de-viennent saillants que pen ä peu, de maniere ä echapper d'abord ä une observation superflcielle; ils pourraient meme passer inapercus, si I'attention n'etait deja eveillöe par ce que Ton sait de l'existence de la Peripneumonie dans la contree.
La duree est de dix ä quinze jours, meme quand le traitement a ete employe sans trop de retard, du quatrieme au cinquieme jour, ä dater de l'invasion de la maladie. Je fais cette remarque, parce qu'il est rare que le vet6rmaire soit appele avant ce temps. La duree est moins longue, lorsque, par exception, on a pu agir des le debut de la Peripneumonie. Au reste, quand meme eile u'aurait pas ete combattue, l'animal ne succombe guere que du quinzieme au vingtieme jour.
La dur6e de la Peripneumonie, on le voit done, est variable et depend des circonstances. Sa marche n'est point rapide et sa terminaison n'est suremoat mortelle que lorsqu'elle n'a pas ete traitee convenablemen t. II faut croire cependant que la ter­minaison pourrait etre plus facheuse si rinfluence epizootique venait ä se faire sentir.
Lesions patbolosiqaes. — Ce sont les memes, ä quelques diffe­rences pros, que celles que Ton remarque k l'ouverture des ani-maux qui ont succombe a la Peripneumonie epizootique : infiltra­tion de serosite dans les cloisons interlobulaires, hepatisation des lobules avec differentes nuances de rouge fonce on clair, de jaune ou de gris; fausses membranes ä la surface des plevres: epanche-ment stoeux dans leur sac; fausses membranes dans les tuyaux bronchiques, etc., etc.
Diagiuistic. Pronostie. — La Peripneumonie sporadique, que Ton pent considerer comme non contagieuse, differe en ce point de la Peripneumonie epizootique; mais eile en differe egalement par l'intensite moindre des symptömes qui caracterisent l'une et l'autre de ces affections, par sa marche, sa duree et sa terminai­son. Dans les cas de Peripneumonie epizootique, la mortalite a ete considerable : un sur quatre, disent quelques auteurs, etjel'ai vue etre de deux sur trois; tandis que par la Peripneumonie spo­radique, il ne meurt qu'an petit nombre d'f.nimaux : un sur quinze ou vingt tout au plus, quand ils ont ete traites rationnellement.
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Celle-ci ne peut pas non plus etre confondue avec la Pneumo-uie franchement inflamraatoire, dont les symptomes se produi-sent en tres peu de temps at se caracterisent par leur iatensitö. Ici, les mouvements respiratoires sont tres acceleres, tres appa-rents. ils sont cpiekpiefois tumultueux; le pouls est plein, ses batte-ments sont forts; la toux est bruyante, eile a lieu par uu souleve-ment precipite des cotes. Dans la Peripneumonie, au oontraire, la respiration estlente, courte; la toux petite, avortee; el, d'apres toutes ces circonstances, Terreur n'est pas possible.
Quant au pronostic, 11 a du etre rarement fächeux. Depuis plu-sieurs annees, les guerisons que nous avons obtenues out ete nombreuses, toutes les fois que le traitement a ete mis en pratique dans les cinq a six jours qui out suivi I'mvasion de la maladie; meme quand il a ete applique tardivement, on peat, bien sou-vent, siuon obtenir une cure radicale, utiliser au moins rauimal jusqu'a un certain point en le livrant ä la basse boucherie.
Traitement. — La premiere indication a remplir, e'est de pro-voquer, ä l'exterieur de la region thoracique, une revulsion ener-gique. A cet offet, on applique seit des vesicatoires .sur une large surface des parois thoraciques, soit un seton anime au fanon, soil des trochisques. L'action des vesicatoires appliques directement sur la peau demande un pea de temps, deux, trois on meme quatre jours. Le seton anime avec la pommade stibiee faite a parties egales ou meme plus forte, provoque ordinairement un engorgement considerable dans l'espace de vingt-quatre h trente-six heures. Le trochisque agit de la meme facon; aussi faut-il donner la preference ä l'un ou ä l'autre de ces deux derniers moyens, quelquetbis meme les employer simultanement. Je viens dereconnaitre la necessile de cette pratique. Parmi les animaux, boeufs ou vaches, qui out ete atteints de Peripneumonie spora-dique, il s'en est rencontre sur lesquels Faction du seton etait lente ä se produire, au point d'inspirer des inquietudes sur le resultat de la medication; e'est alors que Ton a du placer un trochisque fait avec la racine d'ellebore, et que les deux escba-rotiques reunis out provoque rengorgement desire. Get engorge­ment doit etre voluraineux , dar, chaud et douloureux; il est quel-quefois enorme et il fatigue les animaux, mais il ne faut point se preoccuper de ce resultat qui n'est que momentane : on peut d'ailleurs en accelerer la resolution en y faisaut penetrer quel-ques pointes de feu, espacees les unes des autres de quelques centimetres. La serosite qui secoule par les ouvertures est quel-quefois abondante et d'autres fois eile ne Test point; quoi qu'ilen
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soit, Tengorgement perd d'abord de son volume de maiiiere ä ne plus etre pour I'animal une cause de gene.
Rarement, par les ouvertures du seton ou par celles des trochis-ques, on voit sortir un pus que Ton puisse appeler de bonne na­ture, c'est-ä-dire blanc et fyais : c'est ordinairement de la s6ro-site sanieuse d'une odeur plus ou moins fetide, mais la revulsion u'en produit pas moins son effet salutaire. L'animal ne tarde pas a recouvrer l'appetit; il rumine, s'etire, et reste couche sur Tun ou I'autre cote de la poitrine; son embonpoint reparait. On pent l'employer aux travaux penibles des champs aussitöt qa'il est re-tabli, parce que du moment oil 1'engorgement s'est produit, la resolution de la Pöripneumonie a eu lieu, et il n'en est resulte aucune lesion organique.
Toutes les portions du tissu cellulaire denaturees par Faction de la pommade stibiee se detachent et apparaissent pendantes a l'ouverture inferieure du s6ton. On enleve cetle eschare sans difficulte, at bientot la cicatrisation de la plaie est complete; la peau reste pourtant plissee et ridee, mais sans que cet etat prä­sente le moindre inconvenient.
On applique le trochisque en faisant une incision a la peau du lanon ; on introduit ensuite le doigt dans cette incision pour divi-ser le tissu cellulaire dans sa profondeur, et Ton place le trochis­que, auquel se trouve üxee une petite ficelle qui pend au dehors et au moyen de laquelle l'escharotique est enleve, quand il a pro­duit son effet, du deuxieme au troisieme joar.
Ilpeut se faire, cela m'est arrive sur deux sujets dans le cöurant de cette annee, que la Peripneumonie, constatee des son debut, se trouve enrayee subitement par un traitement revul if ener-gique, dans lequel n'est compris ni le seton ni le trochisque.
Je remnrque chez un bceuf un malaise que je considere comme tenant anx prodromes de la Peripneumonie, je l'observe avec attention, et lorsque je n'ai plus aucun doute, je prescris des frictions repetees d'essence de terebenthine sur de larges surfa­ces : la premiere s'etend du garrot jusqu'ä la croupe inclusive-ment, et descend sur les cotes au niveau du coude, eile surexcite vivement Tanimal. Dans la soiree du meme jour, une nouvelle friction est faite sous le ventre et ä la face interne des cuisses: la surexcitation de Tanimal n'est pas moindre qu'a la suite de la premiere friction ; un pen d'irritation intestinale se manifeste, je fais administrer de deux en deux heures un lavement emollient. Les frictions sont repetees le second jour, elles donnent lieu ä la meme surexcitation, mais l'animal a repris un air de sante; s'il tousse, c'est rarement et avec force.
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On seconde l'action des revulsifs en administrant ä l'animal malade des boissons 6m6tisees, suivant la formule que j'ai donnee plus haut.
Quand Tadministration des breuvages offre des inconveuients, c'est-ä-dire si les animaux s'en defendent par des mouvements violeuts, ou si ces breuvages en passant dans le pharynx provo-quent la toux , on les remplace par des opiats, dans lesquels le kermes mineral entre comme agent principal.
J'ai adopte dans ce cas, d'apres les indications de M. Zundel, la formule suivante dout Tefficacite m'a ete demontree par Texperience :
Electuaire keiTnetise.
Kennte mineral...........................nbsp; nbsp; nbsp;32 grammes.
Fleurs de soufre...........................nbsp; nbsp; nbsp;15 —
Bicarbonate de soude......................nbsp; nbsp; nbsp;64 —
Miel....................................nbsp; nbsp; nbsp;Süffisante quantite.
Plusieurs substances sont employees en trochisques.
Trochisques divers. N0 1. Racine d'elWbore noir. C'est la plus usitöe.
i Sublime corrosif.................. 1 partie.
Nraquo; 2. ! Araidon........ ................ 2 —
' Mucilage de gomme adragante....... Quantite süffisante.
(Tabourin.)
i Sublime corrosif................... 2 parties.
N0 3. | Minium.......................... 1 —
( Amidon et gomme adragante......... Quantite süffisante.
(Tabourin.)
Ndeg; 4. Sublime corrosif...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;En masse.
Taillez un petit cöne du poids de 2 ou 3 grammes au plus.
(Tabourin.)
La convalescence des boeufs qui ont ete affectes de Peripneu-mouie sporadique exige quelques soins. Ils doivent etre nourris avec des fourrages sees de bonne qualite, les plus sanguifiables cjue Ton puisse trouver, la luzerne, les vesces, etc.; le tourteau de lin accelere leur rötablissement mieux que les iarines ou le son. Ils doivent etre pansös ä la main regulierement et soumis ä im travail ou ä un exercice proportionne h leurs forces.
On doit les jjreserver autant que possible de rinfluence des brusques variations de la temperature. Ainsi, je puis citer plu­sieurs beeufs se trouvant en bonne voie de guerison qui eprou-
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIIIES.
verent subitement, au moment oü le thermometre descendait ä plusieurs degrös au-dessous de zero, un malaise qui fit craindre une recrudescence de la Peripneumonie.
ARTICLE VIII
PLEURITE AIGUE Synonymik : Plcuresio.
Definition. Frequence. — La Pleuresie on Pleurite est I'inflam-mation aigue on chronique de la plevre. On la dösigne sous le nom de Pleurite quand eile est bornee ä la plevre seulement; mais si rinflammation a son si6ge en meme temps sur la plevre et sur I'organe pnlmonaire, la maladie qu'elle caracterise porte le nom de Pleuropneumonie ou de Peripneumonie.
Cette maladie etait ä pen pres inconnue des anciens veterinai-res. Hurtrel d'Arboval, auquel on ne saurait refuser beaucoup d'öruditiou et un sens pratique qui ne s'est dt-menti que par un entralnement exagere pour la doctrine de rirritation , constate ce fait, et Gelle, qui a 6te souvent son copiste sans le designer, re-connait avoir fait la meme observation. Cependant la pleuresie n'est pas une maladie rare cbez les animaiix de l'espece bovine : on I'observe souvent; mais une chose assez remarquable, c'esl ([u'elle est relativement plus frequente chez les genisses et chez les vaches vieilles et maigres que chez les boeufs jeunes et Men constitues.
Si la Pleuresie etait pen connue des anciens, ce ne pent done etre que parce que les maladies de l'espece bovine leur etaieul en general peu familiäres. On ne s'occupa d'abord (jue de celles du cheval dans les Ecoles veterinaires; ce ne fat que plus tard et dans le commencement du siecle que les professeurs des Eco­les eurent occasion d'etudier serieusement celles du ba3uf. Jus-que-lä il n'y avait eu reellement que les empiriques de toutes les categories pour traiter les betes bovines.
Causes. — Un temperament lymphatique, attribut du jeune age, ou devenu tel par I'effet d'un regime irrationnel, est une des causes predisposantes les mieux caracterisees de la Pleurite. Le sejour des animaux dans des etables oü le sol est humide constamment, ainsi queTatmosphere, les pdturages bas, places dans les memes conditions, et la debilitation, consequence d'une maladie de longue duree, sont des causes de meme nature.
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La principale cause determinante est celle resultant des arröts de transpiration subits, on pen intenses et souvent renouveles, ainsi que cela se voit lorsque les variations atmospheriques sont frequences et que les animaux sont dans les pacages, oü ils res-tent dans Fimmobilite, apres avoir ete souinis ä un exercice qui a surexcite les organes pulmonaires et activö les fonctipns de la peau. On peut remarquer tons les jours que le temps de repos, ne serait-il que de quelques minutes, accordö aux ani­maux pendant qu'ils sont aux champs, est une cause frequente de Pleuresie ; mais il y en a une autre non moins active qui se produit en automne, en hiver et au priutemps, et voici dans quelles conditions :
On salt que la temperature normale ne devrait pas s'elever, dans les etables, au-dessus de 18deg; a 20deg;, et cependant eile de-passe le plus souvent 25deg; et meme 28deg; on 30deg;. G'est uu fait pres-que constant pendant la nuit, alors que les ouvertures, s'il en existe dans l'etable, h rexception de la porte, restent fermees hermetiquement. Or, les animaux places dans cette atmosphere lourde, viciee d'ailleurs par des emanations de tonte sorte el rechauffee au plus haut degre possible, sont sans cesse haletants. En les pansant dans ce meme lieu, le matin, on surexcite encore chez eux, par l'etrille, les fouctions de la peau, et puis, sans aucune transition, on les retire de l'etable pour les mener h I'abreuvoir, en leur faisant traverser une autre atmosphere, dont la temperature est au-dessous de 15deg; ä 20deg;, et quelquefois meme davantage. G'est dans ce moment que les genisses, les taureaux, les veaux et les vieilles vaches sont pris d'arrets de transpiration qui donnent lieu a la Pleuresie.
On voit egalement la Pleurösie se produire a la suite de coups violents portes a plat sur les parois laterales du thorax; c'est une cause assez frequente de Pleuresie chronique. D'autres fois, eile a ete occasionnee par l'immersion des animaux dans une eau stagnante tres froide; I'eau courante leur est moins nuisible sous ce rapport. On dit que la Pleuresie se manifeste quelquefois chez des animaux qui se sont abreuvös avec de I'eau tres froide. surtout quand il a fallu rompre la glace pour qu'il leur füt possi­ble d'atteindre cette eau; mais cette cause ne doit pas avoir une action bien marquee, car il repugne beaucoup aux animaux de l'espece bovine de s'abreuver d'eau glacee; ils la prennent en petite quantite, en la flltrant pour ainsi dire dans la bouche, et meme il en est beaucoup qui, pendant I'liiver, se passent de boissons plusieurs jours de suite, parce qu'en plougeant le mufle dans I'eau, ils ont senti qu'elle se trouvait a une temperature
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tres basse. Au reste, alors meme qu'ils s'abreuveraient d'une eau dans cet etat, ils n'en seraient nullement incommodäs; il suffit, pour s'en convaincre, de voir comment le boenf introduit I'eau froide dans sa bouche : il la prend en tres petite quantity, I'y laisse s^journer, remue les mdchoires, agite la langne et les levres; par ces divers mouvemeuts, I'eau se rechauffe au con­tact de la membrane muqueuse et des nombreuses papules qui la tapissent; ello n'arrive ainsi qne r6chauffee dans I'estomac du boeuf, et il n'est point possible qu'elle puisse alors, comme cela se voit chez le cheval, donner lien ä la Pleuresie. Ce qui est vrai pour ce dernier animal n'est pas toujours vrai pour le ba?uf.
Les coups d'aiguillon portes violemment dans les intervalles intercostaux peuvent aussi faire naitre la Pleuresie, concomi-tante alors d'une phlegmasie musculaire tres intense. Les frac­tures des cotes sont aussi parfois des causes de Pleuresie; mais cette affection n'est pas toujours simple et isolee. Elle se declare sympathiquement dans bleu des circonstances : dans les cas de miHro-peritonite, de peritonite, etc., tant il est vrai qu'il existe entre les membranes sereuses des cavites thoraciques, abdomi­nales et pelviennes, un tel rapport sympathique, que I'une ou l'autre de ces membranes n'est presque jamais affectee d'une inflammation un pen vive sans que les autres participeut a cet etat pathologique ä un degre plus ou moius marque.
Symptnincs. — Que l'mvasion de la maladie soit subite ou qu'elle se produise lentement, le Symptome qui la caracterise est un frisson, qui se manifeste aux parois thoraciques, pour se con-tiuuer aux flaues, au grasset, ä la face interne des cuisses, et plus rarement vers I'encolure. Alors I'animal porte la tete au-dessous de sa position ordinaire, sans pour cela qu'elle soit tres basse; il a le regard fixe, les yeux h demi-clos, les membres ras-sembles sous le centre de gravite, la peau froide et seche; I'en-duit oleaginenx que Ton ressent sax cet organe quand I'animal est en sante ne se trouveplus, lepoil est quelque pen redressö, et la pression exercee sur la colonne dorsale accuse une sensibility considerable de cette region.
On n'observe chez ranimal aucun signe d'appetit; il ne rumine pas, son pouls est petit et vite; la pression des parois thoraciques provoque des sigues de douleur plus sensibles que celle qui est exercee sur la colonne dorsale.
L'animal se couche souveiit, et il se releve en regardant son flaue; il temoigne de quot;douleurs intestinales qui, sans etre tres violentes en realite, sont neanmoins tres apparentes; puis la
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respiration parait embarrassee, les mouvements d'inspiration et d'expiration sont incomplets; on voit que le thorax ne se dilate pas dans tonte son ampieur, qu'il revient, pour ainsi dire, sur lui-meme lentement.
Bientot la temperatnre du corps s'eleve, les conjonctives sont injectees, la respiration est courte, brusque, entrecoupee; les na-seaux sont dilates autant que cela est possible chez les animaux de l'espece bovine. La toux, quand eile se produit, ce qui n'arrive pas dans tons les cas, est petite, courte et comme avor-t6e; en auscultant la poitrine, on distingue un murmure respi-ratoire laible, avec un leger frottement, vers la partie anterieure ordinairement. La percussion semble donner lieu a urie dou-leur tres vive, et cependant la resonnance du thorax n'est pas sensiblement modifiee.
Ces symptomes sont ceux qui se manifestent particulierement des l'invasion de la Pleurösie et qui caractörisent sa periode d'etat; mais je ne crois pas qu'il soit possible d'assigner ii cette periode un temps fixe; sa duree tient a tant de causes, qu'on ne peut indiquer d'une maniere certaine que les signes d'aggra-vation.
Done, si la resolution ne s'opere point, il arrive que I'exhala-tion söreuse s'accroit et reste dans les sacs pleuraux, soit par I'effet d'une exhalation plus considerable, soit par le defaut d'absorption. Tant que I'epanchement est pen considarable, ce qui arrive lorsqu'il n'est pas mele ä des gaz, il est difficile de constater son existence; mais s'il augmente, on le reconnait a I'abseuce complete du bruit respiratoire, ä la malite de la region inlerienre de la poitrine et a un certain gargouillement facile-ment appreciable.
Alors on remarque aussi chez le sujet un leger ballonnement du flanc gauche, qui disparait apres quelques eructations pour se moutrer bientöt apres. Des ce moment l'animal malade ne se couche presque pas, on bien il se releve apres quelques instants, et jamais on ne le voit executer le mouvement de pandiculation; il a le mufle sec comme du parchemin; son pouls est filiforme, irregulier, et il conserve longtemps la position qu'il a prise sur ses membres, poussant de temps en temps quelques plaintes qui se nuancent d'une toux avortee; 11 ne parait d'ailleurs tres souffrant que lorsqu'on le force ä se mouvoir. Dans ce cas, sa respiration s'accelere, et des frissons presque convulsifs se re-marquent aux muscles de la cuisse.
S'il s'est forme des fausses membranes a la surface des ple-vres, on ne peut guere reconnaitre, dit avec raison Hurtrel d'Ar-
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boval, ces productions morbides d'une maniere probable que lorsqu'elles sont accompagnees d'un epanchement dissemine dans des cellules qui communiquent entre elles. On entend alors, soit dans la region införieure, soit a la partie moyenne de la poitrine, et seulement pendant les mouvements d'inspiration et d'expiration, un bruit comparable au glouglou d'une bouteille qu'on vide ä plein goulot, et qui tient au deplacement du liquide dans les cellules, qu'il ne remplit qu'en partie; mais on sent Men que ce n'est lä qu'une circonstance accidentelle, et qu'il ne faut pas s'attendre ä la rencontrer dans tous les cas de fausses membranes ou d'epanchement.
L'epänchement et la formation de fausses membranes sont une terminaison de la Pleurösie; mais la gangrene en est une autre, rare cependant, et qu'on remarque plus particulierement sur les animaux que rinflammation a saisis alors qu'ils etaient tres vi-goureux et tres sanguins. Dans ces cas, les symptomes n'ont pas une marche lente et graduee; ils se manifestent subitement et ils devienuent de plus en plus graves avec rapidite, et comme le dit encore Hurtrel d'Arboval, que je cite dans cette circonstance parce qu'il a, selon moi, tres bien observe et tres bien decrit les symptomes de la pleuresie, done, comme il le dit, la gangrene est precedee d'un epanchement, tantöt sanguinolent, tantot de couleur citrine, et il est probable qu'ici la Pleuresie n'est Ja­mals simple, qu'elle s'est compliquee de la pneumonia, et que meme il y a en dans sa cause quelque chose de l'influence epizootique.
Si au contraire la resorption du liquide epanche s'opere, soit par suite d'une reaction purement vitale, soit par les effets du traitement, la matite diminue peu a peu, mais d'une ma­niere continue; le bruit rospiratoire devient plus sensible pro-gressivement ä la region inferieure de la poitrine; on n'entend plus ni les bruits du froltement, ni le glouglou dont j'ai parle; I'inspiration se fait comme dans I'etat normal, et l'animal peut se coucher, conserver ineme cette position et se mouvoir libre-ment. Alors la sensibilite de la colonne dorsale se reveille, la peau de seche qu'elle etait devient onctueuse, I'appetit reparait, et la rumination, quoique lente et courte d'abord, revient bientot h son rhythme habituel.
Marche. Dur6e. Teruiinaisons. — La marche de cette maladie est lente dans le plus grand nombre des cas, e'est-a-dire toutes les fois qu'elle se declare sur un jeune ou sur un vieux sujet; eile est rapide, si l'animal est fort et vigoureux, et si son tempe­rament n'a pas ete deteriore par un regime debilitant. Je n'assi-
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guerai pas a la duröe de la Pleuresie dans ces deux cas une du-r6e rigoureusement determinee, cette duröe etant ou plus longue ou plus courte, suivant une foule de circonstances qui peuvent bien souvent etre ignoröes du propriä faire de l'animal aussi Men que du vetörinaire. Un animal qui se trouve dans une titable avec plusieurs autres animaux que Ton ne fait sortir que pour les meaer ä i'abreuvoir, pent etre atteint d'une Pleuresie plu­sieurs jours avant que son etat soit remarque; il en est de meme chez les animaux qui travaillent, si l'invasion de la maladie ne se fait pas brusquement et si les symptömes n'en sont pas d'abord tres accuses; d'ailleurs, des conducteurs oni trop sou­vent des motifs personnels pour ne pas donner l'eveil au pro-prietaire. Des lors, ä quoi bon assigner ici une duree ä la Pleu­resie; ce qui Importe davantage, c'est une connaissance bien exacte des symptömes.
La terminaison de la Pleuresie est, ou la resolution, ou l'iiydro-thorax, quelquefois le passage ä l'titat chronique, on la gangrene. La resolution, quoi qu'on en ait dit, a lieu assez frequemment si le traitement a ete rationnel et applique en temps opportun; la ter­minaison par l'hydrothorax est moins fröquente que la reso­lution; la terminaison par la gangrene est la plus rare.
Lesions pathoiosiques. — Toutes les fois que la plevre s'en-tlamme, eile verse dans sa propre cavitü un produit morbide qui, suivant la proportion des parties aquenses dont il est charge, donne Heu soit k des fausses membranes, soit a des collections de liquide, et, dans le plus grand nombre des cas, ä ces deux produits simul-tanement. A cette indication de l'auteur dejä cite, je dois ajouter que la plevre contracte avec le poumon et avec les parois costales des adherences tellement intimes qu'elles subsistent meme apres le retour des animaux h la sante.
Diagnostic. PronoHtic. — Les frissons, les coliques, la froideur de la peau, la petitesse du pouls et l'irregularite des mouvements de la respiration, caracterisent trop bien la Pleuresie chez les be­tes bovines.pour qu'on ne puisse pas, apres un examen attentif, diagnostiquer rinflammation des plevres. Quant au pronostic, il n'est pas toujours fächeux; on pent en general compter sur la guerison des animaux dont la constitution n'est point complete-ment deterioree, et chez lesquels la maladie n'a pas une date tres ancienne; car pourrait-on constater I'existence d'un epanchement qu'il ne faudrait pas desesperer de la guerison. Le pronostic n'est döcidement tres fächeux que dans le cas de pleuresie chronique ou d'hydrothorax de date ancienne.
Traitement. — J'ai cru, pendant un certain temps, que toutes
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les inflammations aigues devaient etre combattues en principe par la saigntie ; mais une longue pratique a modifle mes opinions sur ce point. Si les inflammations des membranes sereuses peu-vent etre traitees quelquefois par des saignöes, celles-ci ne doi-vent etre ni tres copieuses, ni pratiquees sur des vaisseaux d'uu fort calibre qui fournissent en tres peu de temps une emission considerable. Ainsi, on ne doit saigner ni h la jugulaire, ni a Tariere coccygienne, dans les cas de pleuresie. Si I'inflam-mation est recente, tres intense et s'il n'existe pas encore de symptomes d'öpancheraent daus leg sacs des plövres, on ouvre la veine thoracique ou sous-cutanöe abdominale; on ne cherche pas ä obtenir une emission abondante : c'est, suivant l'etat des animaux, 2 ou 3 kilog. de sang qui s'ecoulent en un petit filet; mais si le sujet se trouve etre une genisse ou un taureau en mauvais etat, une vieille vache epuisee par I'dge ou par d'autres causes, on ne pratique pas la saignee : c'est dans l'emploi des applications vesicantes (pie doit surtout consister le traitement.
Ou applique au fanon et sur les faces laterales de la poitrine, de larges sinapismes si la maladie est ä son d6but; si eile est plus avancee, l'effet des sinapismes ne sufiirait pas pour deter­miner la resorption du liquide epanche : c'est au vesicatoire le plus energique qu'on doit recourir, ä la pommade stibiee, aux trochisques, etc.
A I'interieur, on administre des breuvages nitres, ou, si les voies digestives ne sont pas irritees. un ou deux purgatifs dras-tiques, ä deux jours d'intervalle Fun de lautre. Taut que le trai­tement est borne ä rapplication des sinapismes, on täche de pro-duire une revulsion encore plus ctendue en faisant des frictions avec du vinaigre tres chaud ou meme bouillant aux extremites, sur la colonne dorso-lombaire; ou bien des frictions repetees d'es-sence de tereben thine sur de larges surfaces rapprochees du tho­rax et de l'abdomen : elles sont d'uue efflcacite incontestable quand les frissons se font remarquer. Ces moyens ne suffisent pas si repanchement est considerable; alors on s'en tient aux vesicatoires, au seton et aux boissons nitrees. Au reste, on pent toujours bien augurer de Tissue de la maladie si le seton pro-duit dans les vingt-quatre ou trente heures un engorgement tres considerable.
Si Ton etait present lorsque le refroidissement, cause occasiou-nelle de la Pleuresie, vient de produire sonefiet, par exem-ple lorsqu'un animal, sortant d'une ötable tres chaude et se trouvant plonge brusqnement dans une autre atmosphere donl la temperature est des plus basses, est pris de frissons qui an-
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noncent l'invasion de la Pleuresie, on pourrait employer avec suc-ces uu traitemeut que Ton a beaucoup blame, en le qualiüant d'iucendiaire : il consiste dans radministration de breuvages cordiaux, secondes par des frictions vives et continuelles sur la peau, oa par des fumigations excitantes contenues sous d'am-ples couvertures de laine. Ce traitemeut, mis en pratique dans ces conditions, n'est pas incendiaire du tout; il provoque une reaction salutaire, retablit la transpiration et fait avorter I'inflam-mation. 11 est an contraire rationnel, et il n'est en realite dan-gereux que lorsque rinflammatiou s'est localisee. Mais si Ton doit approuver des fumigations excitantes dans cette circonstance bien determinee, il n'en est pas de meme pour leur emploi au traitemeut de# la Pleuresie caracterisee, parce que dam ce cas elles ne penvent etre d'aucune eflicacite.
S'il y a indication d'employer des sinapismes, il faut avoir le soin de couper le poll anssi ras qne possible; mais ceci demande une explication : pour obtenir des sinapismes uu effet prompt et efficace, il faut savoir s'en servir. D'abord il Importe d'avoir a sa disposition de la poudre de moutarde bien pure, et comme la grains ne saurait etre falsifiee et qu'ou en trouve presque partout dans les babitations rurales, on pent faire la poudre soi-meme en la pulverisant dans un moulin ;i cafe on ä poivre, petits ustensiles assez communs aujourd'hui ä la campague; et puis on melange cette poudre avec de l'eau tiede, dans la proportion de deux par­ties de poudre de moutarde et une partie d'eau. Dans son Nou-veau Tratte de Mature medicale, M. Tabourin dit quels sont les effets locaux du sinapisme; et par les indications qu'il donne, on s'explique pourquoi l'emploi de ces rubefiants, recommande par quelques praticiens, est rejetö par d'autres : c'est que les premiers observent dans l'emploi dece moyen thtrapeutique des precautions qui out ete probablement negligees par les deruiers.
laquo; La moutarde appliquee sur la peau ä Fetat de sinaijismes, dit M. le professeur Tabourin, y determine les memes effets que sur I'liomme, mais avec beaucoup plus de lenteur. Au bout d'un temps qui varie de quinze minutes jusqu'ä une lieure environ, la moutarde produit une douleur cuisante que les malades indi-quent par leur agitation, leurs mouvements desordonnes, I'actiou de frotter la partie attaquee contre les corps environuauts, de la mordre avec les dents, etc. L'engorgement chaud et douloureux determine par ce topique se montre generalement dans I'espace de deux h six heures, a moins que les animaux ne soient atteints d'atfections graves, accompagnees de coma et d'oppression des forces qui contrebalancent l'action de la moutarde. raquo;
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Dans I'espece, les sinapismes, qui produisent un effet tres prompt lorsque I'mflammatioii debute ou que les fonctions sont Lroublees simplement, n'agissent point si la plevre est rudement enflammee et si dejä un epanchement de liquide s'est produit dans les cavites pleuriques.
laquo; A dater de Tapparition de la tumeur, dit M. Tabourin, si Ton repete trop souvent l'application de ce rub6fiant snr le meme point, on est expose ä tarer les animaux. En effet, si Ton persiste pendant six ä douze heures, le tissu cellulaire s'oedematie et des vesicules apparaissent sous l'epiderme; apres vingt-quatre heu­res, la partie est le siöge d'un vesicatoire suppurant. Enfin, si Ton renouvelait l'application pendant plusieurs jours sar le meme point, on pourrait mortifler la peau et meme les tissus ßous-jacents ä mie certaine profondeur (Hertwig).
laquo; D'apres M. Saint-Gyr, l'observation de M. Hertwig est exacte; c'est surtout sur les regions oü la peau est epaisse et fort adhe-rente aux tissus sous-jacents que I'emploi inconsidere de la mou-tarde determine des chutes etendues du tegument; les plaies qui en proviennent sont longues a guerir, et il en resulte inevitable-menl des traces indelebiles.
laquo; Ceci n'est cepeudant pas absolu , car il arrive souvent qu'on applique des sinapismes pendant plusieurs jours sur la meme re­gion sans qu'il en resulte d'autres accidents que le decollement de l'epiderme et la chute des polls. Seulement, quand ces der-niers repoussent, si le derme a ete fortement irrite, ils presentent assez souvent une couleur et une direction differentes de celles du reste de la robe do Tanimal. raquo;
Les sinapismes agissent avec assez d'activite sur les animaux de I'espece bovine, mais il faut les preparer avec de l'eau tiede et non avec du vinaigre. Si pendant longtemps I'opinion contraire a prevalu, des experiences positives out demontre neanmoins que cette opinion etait erronee.
Quand on administre des boissons ou des breuvages nitres pour provoquer la resorption du liquide epanche par suite do rinflam-mation de la plevre, on pent continuer l'usage de ces boissons ou breuvages pendant plusieurs jours et y faire entrer le nitrate de potasse dans les proportions.suivantes :
Breuvage nitre. Nitrate de potasse.......................... 30 grammes.
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Eau blanehie
4 litres.
On pent faire prendre^des breuvages ainsi composes trois fois par jour et pendant cinq h six jours, pour recommencer, s'il y a
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lieu, apres deux ou trois jours d'interruption. Par le s6ton anim6 avec le tartre stibie et les breuvayes nitres, on voit disparaitre tres souvent des öpanchements pleurötiques en peu de temps.
Lorsque les 6panchements soat anciens et qu'il existe en meme temps des fausses membranes, ce que Ton pent toujours, dans ce cas, supposer meme sans le secours de l'auscultation, on emploie alternativement les diuretiques et les purgatifs. Ces derniers sont infideles quelquefois chez les grands ruminants; il est cependant tres possible d'obtenir des purgations abondantes en administrant Taloes en bol, ä la dose de 80 a 90 grammes; on prepare le bol avec du miel et de la farine.
Cependant, je prefere le jalap, administre en breuvage aussi, a la dose de 80 a 90 grammes, dans une decoction de graines de lin de 2 a 3 litres; il donne lieu egalement a une purgation si on a la precaution de faire avaler le breuvage par petites gorgees. On fait prendre aussi le jalap en bol, prepare comme pour Taloes.
ARTICLE IX
PLEURESIE CHROMIQUE. — HYDROTHORAX
Cette maladie est une terminaison de la Pleurite aigue, aussi n'est-il pas necessaire d'entrer dans des details relatifs a ses cau­ses. Quant aux symptomes, Us ne different de ceux de la Pleurite aigue que par leur intensite plus grande et par leur persistance.
Ainsi, diminution de l'appetit, peu ou point de rumination, suppression des pandiculations, respiration courte, entrecoupee, difficile et surtout tres penible aussitot que I'animal est force de faire quelques pas. Alors les cötes se soulevent, et pendant que ce mouvement s'execute, on enteud, lorsque la serosite ne rem-plit pas la cavite qui la contient, le bruit qui resulte de Fagitation du liquide pendant l'inspiration et Texpiration. On le distingue, en appliquant l'oreille au-dessous du sternum, ä un bruisse-ment sourd et trainant, comme si on roulait un liquide dans un lonneau, bruissement qui annoncft la presence d'un liquide dans les sacs des plevres, et qui, comme le dit M. U. Leblanc, pent etre pris pour des borborygmes ou des gargouillements.
Si Tanimal se couche, la respiration est plus difficile quand il est couche du cote oppose ä celui oü se trouve I'epanchement. On doit noter egalement, comme symptomes caracteristiques de l'Hydrothorax, qui est une des consequences de la Pleuresie chro-nique : Televation de la poitrine, IVdargissement et la depression
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des espaces intercostaux, l'oedeme plus oli moins pronouce exis-tant au fanon , sous le thorax , et bien souvent aux extrömites. puis le son mat et obscur que rend la poitrine ä la percussion.
En meme temps, un amaigrissement qui atteint ses dernieres limites, la päleur cadaverique des membranes appareutes, la se­cretion de l'urine deveuue tres rare, une respiration presque constammeat plaintive, la chute des polls, la peau d'un froid presque glacial, des griucements de dents faibles et presque con-tiuuels, des sueurs froides et partielles, et enün les phenomenes qui se produisent pendant les derniers instants de la vie.
II faut dire cependänt que si THydrothorax, qui est la derniere phase de la Pleuresie chronique, est ordinairement une suite on un effet de la Pleuresie aigue, ce phenomene morbide pent tenir ä d'autres causes : il faut aussi reconnaitre, avec l'auteur de l'ar-ticle Hydrothokax du Dictionnaire Uxicographique, que THydrotho-rax pent etre egalement symptomatique d'uue affection organique du cceur et de toutes les lesions des solides et des liquides qui peuvont produire la diathese sereuse.
La Pleurite chronique et l'Hydrothorax, qui est un de ses etats, peuvent egalement exister sans avoir ete precedes d'une Pleurite aigue; nous eu avons vu quelques exemples, et une observation rapportee par les professeurs Dupuy et Rigot en donne uue idee bien nette : eile est relative ä des vaches mala­des ä Saint-Mande, en 1827.
L'ötable oü etaient renfermes ces animaux ne pouvait cou-tenir que dix vaches au plus, et il y en avait seize. Elle etait pen aeree, le plaucher tres bas; on ne pouvait y rester plus de dix minutes sans eprouver une chaleur et im malaise sensibles. Sur ces seize betes, dit Iligot, plusieurs avaient ete malades l'hiver, pendant les grands l'roids. Quelques-unes d'entre elles s'etaient retablies, mais imparlaitement; trois avaient encore la respi­ration acceleree, la toux rauque et repetee, la conjonctive päle et infiltree, le poll pique et la secretion du lait moins abondante : une, surtout, chez laquelle eile etait supprimee et qui etait tom-btie dans le marasme. Rigot continue ainsi :
laquo; Nous avons observe sur celle faisant le sujet de cette note, laquelle vache est ägee de sept ä huit ans et de race normande, les symptomes suivants : etat de maigreur remarquable; la bete est couchee, eile a beaucoup de peine ä se relever et ä se tenir debout; les membranes apparentes sont päles, la conjonctive est infiltree; ildecouledesnarines un mucus glaireux et inodore ; la respiration est difficile, lotete allongee sur l'encolure, les mouve-ments des flaues sont acceleres et font apercevoir le soubresaut;
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im gargouillement se fait entendre dans la trachee; enün la toux ne pent s'effectuer. L'artere est flasque, le pouls accelöre et petit; depuis quekjues jours, une diarrhea muqueuse. s'est declar6e. raquo;
Cette bete fut sacriflee, et void quelles furent les lesions patho-logiques observees :
Organes respiratoires. — A l'ouverture du thorax , il s'est ecoule une grande quantity de serosite jaunätre, qu'on a evaluöe ä 30 litres au moins; outre ce liquide, il existait des fausses membranes epaisses de plusieurs centimetres sur quelques points, peu organisöes, mollasses, offrant dans leur texture, des cavites aröolaires assez semblables a celles de la face interne du reseau des ruminants; elles renfermaient de la serosite citrine et for-maient des poches contenant plusieurs litres de ce liquide. En general, ces pseudo-membranes se detachaient facilement de la surface libre de la plevre; cette derniere semblait etre epaissie ou bien ils'etait ajoute de fausses membranes anciennes, dejäor-ganisees. a la surface interne qui etait inegale et grenue. Les pe-tites eminences contenant ces granulations variaient de grosseur, depuis la tete d'une epingle jusqu a celle d'un petit pois; elles etaient dures, formees d'une substance blanche, homogene, et ne se separaient de la sereuse que par la section.
On fut porte ä croire que ces granulations, ainsi developpees a la surface des plevres, etaient de veritables vegetations; elles etaient, du reste, engreuees dans de petites cavites existant dans l'epaisseur des fausses membranes ; leur mode d'union etait com­parable ä celui de la face interne de l'uterus avec le placenta. Les poumons n'avaient que la moitie de leur volume ordinaire; ils etaient refoules ä la partie posterieure et superieure de la ca-vite pectorale, ä l.aquelle ils adheraieut au moyen de fausses membranes; leurs lobes posterieurs etaient sains, mais les ante-rieurs presentaient une alteration remarquable. A I'exterieur, le tissu cellulaire interlobulaire etait infiltre d'une serosite qui plus profondement etait devenue solide, homogene et comme cartila-gineuse; en coupant transversalement cette portion alteree du poumon, on voyait cette substance former des sortes d'areoles qui entouraienl jusqu'aux plus petits lobules du parenchyme pulmo-naire. Ce meme parenchyme offrait une alteration dont il etail possible de suivre les periodes. Aux endroits oü le tissu cellulaire n'etait qu'infiltre, il semblait k I'etat normal; a ceux oil il etail solidifie, il se montrait d'une couleur rouge pale, lourd, ferme. resistant, se cassant avec facilite, comme la substance du foie; uu quart des poumons etait dans cet etat, aux lobes anterieurs, priucipalement k leurs extremites. Ce parenchyme etait devemi
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MALADIES DES ORGANES BESPIRATOIRES.
blanchdtre, ferme, dur et d'une texture presque homogene. Enfin, ä quelyues endroits, cette höpatisation grise commencait ä se ra-mollir; dans d'autres, c'etait une masse induröe. Les vaisseaux et les ramifications des bronches qui penetraient dans la substance rouge et ferme avaient moins de calibre que ceux qui parcou-raient les portions saines des poumons ; ils ötaient tout a fait con-fondus avec les portions blanches et indurees.
Les ganglions bronchiques etaient un pen plus gros qu'a I'etat normal et renfermaient quelques tubercules miliaires, indöpen-dants, suivant toutes les probabilites, de la Pleuresie chronique.
Les lesions pathologiques resultant d'une pleuresie chronique qui est la consequence d'un etat cachectique general ou de F^tat tuberculeux, ne different pas beaucoup de celles que je viens de decrire d'apres le professeur Rigot et qui sont en tons points semblables ä celles que j'ai observees moi-meme.
Cette description etait necessaire, non comme pouvant servir a I'indication d'untraitement, puisqu'il est impossible de rien ten­ter pour la cure d'une maladie de ce genre, mais elle pent ser­vir dans d'autres occasions, taut au point de vue de la medecine legale que pour la formation d'un diagnostic. Si le praticien ne pent pas toujours guerir, il doit au moins pouvoir etablir la base de son affirmation.
ARTICLE ADDITIONNEL
AUSCULTATION. — PERCUSSION
sect; 1 er _ Qe iquot;Auscultation en general.
La description des maladies de l'appareil respiratoire serait incomplete si eile n'etait accompagnee de queiques considerations sur YAuscultation et la Percussion. Quelles que soient les id6esque Ton ait sur ce sujet, on doit au lecteur une exposition des faits qui peuvent motiver la confiance ou inspirer une prudente reserve. C'est pourquoi je crois nöcessaire de rapporter avec im­partiality les opinions emises, sur ce sujet, par des hommes qui font autorite dans la science veterinaire.
Voici d'abord M. Verheyen, auteur de l'article Auscultation du Dictionnaire de Medecine veterinaire, qui donne de ce mot la definition suivante : laquo; Ausculter (ecouter), methode d'exploration fondee sur les phenomenesquot; acoustiques percus par I'oreille appli-quee immediatement ou mediatement sur une partie du corps.
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AUSCULTATION EN GENERAL.
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L'auscultation a pour but de faire reconnaitre les modifications anatomiques (pathologiques) qu'eprouvent certains organes qui, par leur position. echappent a la vue et au tact. raquo;
L'öcole anatomico-physiologique, dont les bases out 6t6 pos6es par Pinel et Bichat, cherchait les moyens de diagnostiquer pen­dant la vie les lesions variöes que l'ouverture des cadavres met-tait ;i decouvert. Corvisart • tira de l'oubli la percussion d'Aven-brugger. Bayle, Tun de ses eleves, essaya de faire intervenir les lois de l'acoustique dans le diagnostic des maladies du cceur. laquo; II fut le premier, dit Laennec, par lequel je vis appiiquer cette Auscultation immediate lorsque nous frequentions ensemble la clinique de Corvisart.raquo;
Laennec eut recours a ce genre d'exploration dans une circons-tance qui ne lui permettait pas I'application immediate de i'oreille. Se rappelant la conductibilitö du son par les solides, il se servit d'un cylindre en papier; TAuscultation mediate sortit de cette simple experience. Quoique legerme de rAuscultation soit depose dans les ecrits d'Hippocrate, et malgre l'essai de Bayle, Laennec, par le zele et la perseverance avec lesquels il poursuivit I'etude de cette metliode, par les resultats auxqnels il parvint, en esl, sans conteste, le cröateur. LAuscultation se repandit bientöt dans le monde medical; le diagnostic des maladies du cceur et des or­ganes respiratoires y trouva un auxiliaire puissant. Legumeau de Kerkaradec en fit une application aux battements du coeur du foetus et aux bruits placentaires dans la grosse.sse.
L'intervention du stetboscope, on de l'instrument par lequel Laennec remplaca son cylindre en papier, propose par Lisfranc dans le diagnostic des fractures et des calculs vesicaux, est d'une utilite fort; problematique. Avant d'aller plus loin, je dois dire que je m'associe completement a cette derniere observation de M. Verbeyen, qui continue ainsi :
laquo; ..... La medecine veterinaire, pour laquelle cbaque pbeno-
mene objectif nouveau constitue une conquete, ne pouvait tarder a s'emparer de TAuscultation. MM. Dupuy, Natt6, Delafond, Leblanc, en France; Percival, Pritcbard, Cherry, en Angleterre; Crocq, enBelgique, etc., etudierent rAuscultation et chercherent les applications dont eile 6tait susceptible dans le diagnostic des maladies des animaux. M. le professenr Delafond reste I'observa-teur qui a poursaivi la solution de ce probleme avec une perse­verance digne d'eloge. raquo;
Dupuy, cite le premier par M. Verbeyen, etait certainement anime d'un grand zele; il ötait meme de tres bonne foi. Mais la v6rü6 exige de ma part une reserve relativement a I'impor-
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294nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIHES.
tance que Ton pourrait accorder aux experiences qu'il a faites sur rAuscultation. J'ai assiste tres souvent ä ces experiences, et je declare que j'ai toujours pensö que Dupuy prenait pour des resultats av6res des bruits respiratoires qui existaient dans son imagination seulement.
laquo; Malgre, dit M. Verheyen, les travaux des vetörinaires que nous Tenons de citer et au nombre desquels se trouvent des Merits fort remarquables, il faut bien reconnaltre que rAuscultation ne s'est point vulgarisee parmi les praticiens. G'est que pour tirer parti de la decouverte de Laennec dans le diagnostic vötörinaire, un long exercice du sens de I'ouie, controle par de nombreuses autopsies, constitue une condition qu'il n'est pas donnä ä tons de remplir; ce motif semble peremptoire. Mais les maitres ont-ils la conscience d'avoir suffisamment prepare, aplani les voies de l'ini-tiation? Un des premiers cliniciens de l'epoque, M. Henri Bouley, rapporte deux faits qui sent trop instructifs pour les passer sous silence et qui röpondent ä la question posee :
laquo;Premier fait. — Un cheval fut conduit ä l'Ecole pour y etre traite d'une maladie qui s'aunoncait avec tons les caracteres exte-rieurs les plus pathognomoniques de la pneumonie aigue : mou-vement entrecoupö et accelöre des flaues, respiration plaintive, jetage rouille, injection rouge-jaunätre des conjonetives, pouls plein et fort. Tons ces symptomes existaient, et cependant l'Aus-cultation la plus attentive permettait de percevoir le bruit res-piratoire fort et retentissant dans toute l'etendue du thorax. On reconnut, ä l'ouverture, que le lobe moyen et la face interne du poumon droit etaient le siege d'une inflammation suraigueetdejä gangreneuse.
laquo; Deuxieme fait. — Un cheval de trait, d'un age assez avance, fut conduit a l'Ecole. Malade depuis huit jours, et dejä abandonne ä son entree ä cause de son pen de valeur, il preseutait tout l'appa-reil symptomatique exterieur qui annonce la pneumonie aigue. Dans ce cas encore, rAuscultation mit en def'aut et fit hösiter daus le diagnostic. Le bruit pulmonaire se faisait entendre tres fort dans toute l'ötendue du poumon gauche, et ä l'etat normal dans toute l'etendue du poumon droit.
laquo; A l'autopsie de ce cheval, qui mourut le surlendemain de son entrte ä l'Ecole, on reconnut que le poumon gauche etait parfai-tement sain, et que le poumon droit etait si complötement et si parfaitement h6patis6 depuis son bord dorsal jusqu'ä son bord inferieur, depuis son lobe anterieur jusqu'ä sa surface diaphrag-matique, qu'il n'y existait plus une v6sicule permeable. raquo;
M. H. Bouley ajoute : laquo; Ce fait singulier de perception de bruit
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AUSCULTATION EN GENERAL.
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respiratoire normal d'un cote de la poitrine, bien qua le poumon de ce cote flit compl6tement impermeable, s'explique, ce semble, par cette impermeabilite meme. A gauche, le poumon sain seul respirait, faisant entendre un bruit supplementaire qui se trans-mettait, en s'affaiblissant, du c6t6 droit, ä travers le poumon de-venu corps solide et rendu par cette transformation meilleur conducteur du son. Ges deux faits viennent a Tappui d'une verit6 que nous nous efforcons toujours de demontrer dans notre cours de clinique; ils pronvent, avec bien d'autres, que dans la mede-cine des animaux I'appareil symptomatique exterieur a pour le diagnostic une valeur principale, valeur que I'exploration plus directe des organes doit tendi'e h confirmer, mais qu'el'e ne doit que rarement affaiblir {Rec. de Mid. vet., annee 1842, page 631). raquo;
Ces deux faits, les judicieuses reflexions dont Tauteur les ac-compagne, assignent ä l'Auscultation ses veritables limites. En elfet, les bruits on les sons que nous pouvons entendre, les .nuan­ces que notre organe pent saisir entre eux, correspondent a des modifications physiques differentes, dans lair qui nous apporte les impressions et dans le corps sonore plus ou moins eloigne duquel Fair les a recues. Des actes morbides varies impriment an corps sonore (bronches et poumon) une seule et meme modifi­cation ; la vibration de l'air devra aussi apporter a notre tympan un son identique. Nous avons ete plusieurs fois temoin des cas signales par M. H. Bouley, et tons les praticiens I'eprouve-ront aussi longtemps qu'on persistera ä leur afflrmer qu'un bruit special correspond a chaque partie affectee de I'appareil respiratoire.
Ce principe, contraire aux lois de Facoustique, conserve ä l'Auscultation le caractere empirique que Laennec lui a donne; pour lui et la plupart de ses successeurs, bruits et signes sont des expressions synonymes : un bruit traduit une denomination mor­bide. Nous croyons qu'il faut rechercher dans cette fausse appre­ciation le motif pour lequel I'Auscultation ne s'est point vulgari-see. Le bruit ne constitue pas un signe et ne possede pas une valeur diagnostique, il n'est que I'expression d'un Symptome.
Skoda analysa minutieusement les phenomenes physiques de I'Auscultation et en etudia avec sohl les conditions acoustiques. II a d'emontrt; qu'une maladie ne s'annonce point par des bruits determinös, qu'un seul et meme bruit pent se manifester dans des actes morbides divers du moment oil les conditions mate­rielles de sa production se rencontrent. Ainsi se justifie la pro­position de M. H. Bouley en ce qui concerne la valeur relative qu'il accorde a I'Auscultation; ainsi la confirmation que les bruits
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
appartiennent ä la Symptomatologie et qu'on les a places a tort dans la semöiotique.
Si je n'avais qu'ä emettre ici mon opinion personnelle sur I'Auscultation, je n'aurais i)lus rien ä ajouter aux citations qui precedent, parce que mon opinion est en tout conforme a celle de MM. H. Bouley et Verheyen; mais je dois au lecteur des details qui mettent la question dans tout son jour.
Dupuy a ecrit nn des premiers surl'usage du stöthoscope; j'ai d6ja dit ce qu'il faut penser des resultats qu'il croit avoir obtenus, et je ne mettrai point sur la meme ligne ses observations ä ce sujet et celles de MM. Leblanc et Delafond. Ces deux derniers ont publie leurs observations en 1829 et 1830, et c'est a leurs travaux remarquables que j'emprunterai ce qui me reste ä dire de I'Auscultation.
L'Auscultation pent etre mediate ou immediate, disent ces deux auteurs; mais cette distinction est inutile, puisqu'il n'y a pas d'Auscultation precisöment immediate. En effet, comme le dit fort bien Hurtrel d'Arboval, que ce soit un cylindre creux ou tout autre corps qui transmette les sons a I'oreille, cette transmis­sion a toujonrs besoin d'un intermediaire.
L'Auscultation mediate se pratique a l'aide du stethoscope, cylindre en bois creux dans tonte sa longueur, evase en forme d'entonnoir a l'une de ses extremites, qu'on applique sur la poi-trine ou toute autre cavite explorable du corps, tandis qu'on ap-proche I'oreille de l'autre extremitö. Get instrument serait sus­ceptible de recevoir des modifications dans sa forme et ses dimensions. laquo; On le desirerait, dit encore Hurtrel d'Arboval, plus long et de plus grand diametre pour les grands animaux, et celui qui est adopte pour I'homme pourraic etre reserve pour le mouton, la chevre, le chien de taille, etc. raquo;
L'Auscultation immediate s'opere en appliquant I'oreille sur le conduit aerien on sur les parois des cavit^s oü sont renfermes les organes respiratoires ou meme intestinaux. Si Ton explore ainsi la poitrine, on applique I'oreille sur le trajet des cötes, et on la maintient dans la meme position jusqu'ä ce qu'on ait bien deter­mine la nuance des sons percus ou l'absence de tout bruit s'il n'y en a pas.
Ce mode d'exploration n'est pas le plus sür quand il s'agit d'ausculter la poitrine ou la cavite abdominale du boeuf. II le serait assurement autant qu'un autre, si Ion pouvait maitriser compl6tement les animaux de maniere que l'attention du v6te-rinaire ne put etre distraite a chaque instant. Le boeuf est beaucoup plus difficile a manier que le cheval, quand il n'est
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AUSCULTATION EN G^NÖRAL.
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point solidemeut attache, soit par la tete, sou par les membres. Supposons que cet animal se trouve dans I'etable retenu par ses attaches ordinaires, et alors il est libre de porter sa tete a droite et a gauche, meme assez en arriere sur le dos et vers Tabdomen; il pent aussi avec ses pieds de derriere atteindre Fexplorateur place vers les comes, et en relevant brusquement. comme il sail le faire, les pieds de devant, le blesser avec la meme facilite.
Or, le v6t6rinaire praticien connait les dangers de la position qu'il prend en auscultant la poitrine on I'abdomen d'nn bceuf, et natureliement, quel que soit le sang-froid dont il est dou6, son attention est toujours un peu distraite par la prescience de sa situation. Je sais a quoi m'en tenir a ce sujet. Les boeufs de cer-taines races sont tres irritables, et si on les attache solidemenl par les pteds de maniere a les mettre dans I'impossibilite absolue de blesser I'explorateur, ils sont encore plus inquiets el ils se tourmentent; leurs mouvements respiratoires sont alors plus ac-celeres, plus tumultueux, enfln tout autres que dans I'etat normal de sante et que dans I'etat morbide non aggrave par la surexcita-tion dans laquelle ils se trouvent momentanement.
Ainsi, rAuscultation immediate ne pent donnef ici que des resultats incertains; j'ai pu m'en convaincre bien souvent. II n'est done guere possible d'ausculter le boeuf qu'au moyen d'un stethoscope d'une longueur süffisante pour garantir le veterinaire de tout accident; cette longueur, qu'il ne faut point cependant exagerer, pourrait etre de 60 ä 80 centimetres. Mais il est bien entendu, dans tons les cas, que son extremite evasee doit etre appliquee avec beaucoup de menagement. Le boeuf est tres sen­sible aux impressions qui lui sont transmises par la peau : la plus legere de ces impressions accelere chez lui la circulation et pro-voque les mouvements peristaltiques de l'intestin.
laquo; M. Leblanc, dit Hurtrel d'Arboval, prefere pour le cheval 1'Auscultation immediate, e'est-a-dire sans le stethoscope; souvenl il a essaye cet instrument, et toujours il entendait mieux avec I'oreille bien appliquee ou centre les poils on centre une simple couverture en laine ou en toile. Delafond, en partageant cette opi­nion, la motive, en premier lieu, sur les positions genantes que I'explorateur est oblige de prendre pour poser le cylindre sur les diverses regions de la poitrine, ce qui rend tres difficile la condi­tion essentielle de I'application exacte de l'instrument, et, en se­cond lieu, sur ce que, en supposant cette application faite exacte-ment, le bruit qui est percu par ce moyen n'est pas plus distinct que celui qu'on percoit sans le st6thoscope. raquo;
Je ne ferai aucune difficulte de considerer comme bien fondee
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
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ropinion emise par MM. Leblanc et Delafond et approuvöe par Hurtrel d'Arboval en ce qui concerne 1'Auscultation pratiqu^e sur le cheval; mais je maintiens dans toutes leurs consequences les observations et les reserves que j'ai faites au sujet de l'Aus-cultalion pratiquöe sur le bceuf. Apres cela, il pent se faire que, parmi les diverses races de l'espece bovine, on puisse rencontrer des sujets sur lesquels TAuscultation imm6diate soil facile. On salt que Ton trouve beaucoup de ces animaux d'une grande dou­ceur de caractere : les races laitieres, les races specialeraent fai­tes pour la boucherie, en fournissent un grand nombre; mais avec les races travailleuses, il en est tout autrement.
Le silence de la nuit, le repos prolonge et la tranquillite de ranimal, sont favorables a 1'Auscultation, au moins toutes les Ibis que le bruit respiratoire s'entend distinctement sur un cer­tain nombre de points des parois thoraciques; mais si au con-traire ce bruit ne s'entend que faiblement, laquo; il est bon, dit Hurtrel d'Arboval, de faire exercer le cbeval pendant dix minu­tes avant de l'ausculter, aflu d'activer la respiration et de rendre le bruit plus intense et plus facile h distinguer dans les diverses regions. raquo;
Sans doute, il faut exercer le boeuf quand le bruit respiratoire u'est pas d'une perception facile; mais il faut faire une distinc­tion : on peut et Ton doit meme faire exercer le boeuf soupconne de phthisic tuberculeuse, parce que le doute prouve que la mala-die n'est pas assez avancöe pour qu'une excitation moderee, une course, puisse donner lieu sur le coup h des accidents graves; mais si I'Auscultation a pour but de determiner l'etat des orga-ues affectös d'une maladie aigue ou meme d'une maladie chro-nique bien prononcee, I'exercice ne peut pas etre un moyen (Tinvestigation h employer.
Ce n'est pas seulement la poitrine qui pent etre auscultee : on ausculte egalement les cavites nasales, le larynx, la trachee-artere et l'abdomen. Le bruit respiratoire varie suivant Tage, l'espece, la race, le temp6rament, l'etat d'em.bonpoint ou de mai-greur des animaux, et suivant les organes oü ce bruit se produit. II est d'autant plus marque et sensible que les animaux sont plus jeunes, et d'autant moins fort qu'ils sont plus ages.
II existe encore une certaine difference entre les animaux de la meme espece et du meme äge; car ceux qui sont vigoureux, impatients, respirent genöralement plus fort que ceux qui sont faibles et indolents.
La difference de la respiration dans les especes est bien tran-chee, si on compare les fonctions respiratoires du cheval et du
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AUSCULTATION DES DIFFÄRENTES CAVITÄS ORGANIQUES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 999
bceuf. Ce dernier a, loutes proportions gardees, la respiration beaucoup plus precipitee qne le cheval. Entrez dans une etable bien aöröe oü la temperature normale reste ä 25deg;, et voyez ces boeufs couchös, ils ont le nmfle humide, le regard calme, I'ceil bien ouvert; ils ruminent, une salive öpaisse et blanche apparalt aux commissures des levres. En meme temps examinez les mouvements du flanc; ils sont acceleres, au point de faire suppo-ser au visiteur inexperimente que tons ces animaux sont dans un etat morbide des plus graves. II n'en est rieri cependant; cette accölöration des mouvements respiratoires est toute naturelle.
Le boeuf dans le repos, quand il ne mange ni ne rumine et qu'il respire dans une atmosphere au-dessous de 20deg;, a ses mou­vements respiratoires ä un rhythme a peu pres egal ä celui des mouvements respiratoires du cheval; mais qu'il soit excite d'une maniere quelconque par une cause prise dans son milieu normal, sa respiration s'accelere promptemeut, et cela sans qu'il faille s'en alarmer. Cependant, la continuite d'un pareil etat flnit par disposer cet animal aux congestions sanguines. Le boeuf est de tons les animaux celui qui est le plus tot pris de chaleur; on lesait bien dans les contrees oü il est employe aux travaux du labourage. G'est pourquoi l'attelee devrait commencer de bonne heure et finir avant midi; c'est pourquoi egalement on commence a renoncer a son emploi, pour le battage des grains au rouleau; le cheval et snrtout le mulct luisont preferables pour ce genre de travail.
sect; 2. — Auscultation des differentes cavites organiques.
Afin de pratiquer Fauscultation avec fruit et de parvenir ä en retirer des inductions propres a faciliter le diagnostic et a surmon-ter des difflcultes qui, sans ce mode d'investigation, arreteraient le praticien, il Importe de s'etre prealablement exerce a etudier les divers bruits qui se font entendre ä l'etat normal dans les parties auscultables. Examinons done ces divers bruits normaux dans les fosses nasales, le larynx, la trachee, les canaux bronchi-ques et les vösicules pulmonaires du cheval; pour apprecier en-suite ces memes bruits modifies dans les organes malades. — Je dis du cheval, parce qu'il parait indispensable que les etudes relatives ä I'Auscultation soient faites compara tivement, et que celles qui concernent le boeuf pourront proflter des 6tudes qui ont trait au cheval et qui deja sont eclairees par de nombreux travaux.
Auscultation chez le cheval. Narines. — A l'etat normal.
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le bruit que produit Fair en passant dans les cavites nasales se fait ä peiue entendre quand Tanimal est en repos, mais il aug-meute avec I'exercice; il est egal dans chaque narine et analo­gue au bruit que produit une colonne d'air fortement comprimöe qui traverse un soufflet. Quand il existe un retrecissement dans la cavite d'une narine on des deux a la Ms, le souffle ordinaire devient plus fort, et se change en sifflement si le retröcissement est plus marqu6; si le retrecissement n'existe que d'un cote, le sifflement est plus fort du cote retreci. Si le retrecissement existe dans les deux cavites, mais se trouve cependant plus prononcö dans Tune d'elles, le sifflement est ögalement plus fort de ce cote.
Ce que M. Leblanc appelle une toux nasale est un bruit parti-culier qui s'entend quelquefois dans les narines et qui consiste, soit dans un souffle unique souvent fort, soit dans une succession de bruits plus ou moins sonores, laquelle toux accompagne une expiration plus ou moins forte. Gelte toux nasale, que Ton appelle ebrouement ou rappel, quand eile succede a une toux pectorale, a plusieurs nuances, suivant qu'elle est determinee par la pre­sence d'un liquide plus ou moins epais, ou d'un corps solide en­gage dans la cavite nasale, ou simplement par une cause irritantc passagere, comme la pression du larynx ou de la partie superieure de la trachee. Dans les deux premiers cas, on ne I'entend que dans une seule narine, avec la nuance qui lui est propre, et. dans l'autre, on Tentend des deux cotes, comme lorsqu'elle suc­cede h la toux pectorale.
Larynx. — Dans I'etat normal et pendant le repos, il n'est pas possible d'entendre le bruit respiratoire dans le larynx ; mais des qu'il existe un obstacle au passage libre de Fair dans son inte-rieur, on s'en apercoit en auscultant la trachee et les narines. Les bruits anormaux du larynx sent :
1deg; Un sifflement sec, signs d'un retrecissement provenant d'un vice de conformation, ou d'une compression, ou d'une lesion physique ou vitale du nerf larynge recurrent;
2deg; Un sifflement humide, occasionne par un gonflement de la muqueuse et la presence de mucosites sur cette membrane. Ce sifflement est quelquefois intermittent, selon'que les mucosites abondent ou sont rares;
3deg; Un rale qui pent etre sec ou humide, et que Ton entend ordi-nairement au debut et k la fin des inflammation^ des muqueuses du larynx.
Trachee-artere. — L'auscultation de la trachee-artere, tres facile, fournit pen de renseignements, si ce n'est aux parties su-
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AUSCULTATION DES DIFF^RENTES CAVITÄS ORGANIQUES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;301
pörieure et inferieure de cet organe. A l'entröe de la trachee dans lapoitrine, on entend, pendant l'ötat de sante, un bruit gros et sec suivant M. Leblanc, doux et plus prolong^ pendant Tex-piration, suivant Delafond. Ce bruit respiratoire, qne ce dernier nomme tracheo-bronchique, est produit par I'air qui sort des bron-ches pour arriver dans la trachöe; la frequence de la respiration raugmente quelquefois; I'augmentation ou la diminution de la cavite de la trachee rend le bruit plus grave ou moins grave; la presence du mucus dans cette cavite rend le rale muqueux, d'autres fois spumeux. Le liquide ecumeux qui I'occasionne pro-vieut presque toujours du poumon.
L'exsudation couenneuse de la muqueuse de la trachee est ac-compagn6e d'un bruit anormal qui tantot est commun ä 1'inflam­mation pure et simple, et tantöt a un caractere special, comme lorsque des lambeaux de la pellicule secretee (pseudo-membrane) sont en partie detaches de la muqueuse; le souffle fort on le siffle-inent, ou le räle, est alors tremblotant et inegal.
Une sorte de ronflement, modification designee sous le nom de carnage, se fait entendre dans la trachee toutes les fois qu'il y a retrecissement et que les cerceaux cartilagineux conservent encore leur souplesse. Ce ronflement varie selon le genre de lesion qui a occasionne le retrecissement : il est tremblotant quand il est la suite d'une fracture des cerceaux; il est continu et egal, quand le retrecissement provient d'un epaississement chronique de la muqueuse ou du döveloppemeut d'uue production osseuse.
Chez les chevaux dont les poumons sont sains, il est rare qu'on puisse entendre la respiration bronchique, si ce n'est im-mödiatement apres un exercice actif; encore n'entend-on pas distinctement. Mais des que le tissu pulmonaire est devenu dense et que la respiration vesiculaire n'a plus lieu, on distingue tres Men le bruit produit par le passage de I'air dans les gros troncs des bronches; ce bruit est assez analogue an souffle normal de la trachee, tant que les canaux bronchiques ne sont point lesös et taut qu'ils ne contieunent pas de mucus ou d'autres substances qui peuvent s'y trouver accidentellement.
Lorsque des liquides sont epanches dans ces conduits aeriens, on y entend le rale muqueux souvent accompagne de räle sibi­lant et de gargouillement; si c'est du sang qui est epanche comme dans l'hömoptysie, le räle est spumeux.
Thorax. — L'auscultation de la poitrine merite une attention toute particuliere : d'abord, parce que c'est aux lesions des or-ganes contenus dans cette cavite que ce moyen est le plus gene-ralement applique; ensuite, parce que ces lesions, autrefois si
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303nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ÜRGANES RESPIRATOIRES.
difflciles ä caracteriser, sont appreciees d'une facon toute difle-rente depuis la decouverte de l'Auscultation , aidöe surtout' de la Percussion, moyen nouveau qui ßclake le praticien dans les cas difflciles et obscurs.
Le bruit respiratoire pulmonaire varie d'intensitö suivant les circonstances que nous avons deja fait connaitre, telles que Tage, le temperament, etc., etc., et aussi suivant les differentes regions de la poitrine que Ton ausculte. Dans la region moyenne on entend distinctement ce bruit en arriere de l'epaule; ilaugmente un peu de force jusqu'ä la neuvieme cote, puis diminue graduellement jusqu'ä la derniere.
Dans la region superieure, le bruit respiratoire se fait tres bien entendre au bas et en arriere du cartilage du scapulum, ou en arriere d'une legere couche graisseuse, situee au meme endroit sur les chevaux gras. — Delafond donne ä ce bruit le nom de respiration bronchique normale, afin de le distinguer d'une respi­ration bronchique anormale, et de celle qui s'execute ä l'etat de sante dans le parenchyme pulmonaire, cette derniere pouvant etre nominee respiration vesiculaire.
Dans la region inferieure, le murmure respiratoire se fait encore entendre assez distinctement en arriere du coude jusqu'ä la neu­vieme cote; il diminue ensuite et meme se perd tout ä fait au niveau de la dix-septieme. II est le meme dans les deux lobes pulmonaires, seulemeut il est moins appreciable du cote gauche, ä l'endroit oü le coeur vient frapper les parois thoraciques. II est inutile d'ajouter qu'il ne faut pas confoudre un bruit leger resul­tant de la crepitation du tissu lamineux sous-cutane avec un bruit anormal de la respiration, designe sous le nom de rale crepitant sec, non plus qu'avec les bruits produits naturellement par les borborygmes, lesquels out pour caractere de s'eloigner ou do s'approcher passagerement du lieu que Ton ausculte.
Dans l'etat normal, le bruit qui accompagne rinspiration esl faible, uniforme, et semble s'approcher insensiblement de l'oreille jusqu'a ce que l'expansion du tissu pulmonaire soit terminee. Dans I'expiration, ce bruit n'est qu'une sorte de souffle leger et prolonge qui va s'eloignant jusqu'ä ce que le mouvement expira-toire soit acheve.
En general, ainsi que cela a ete dejä dit, on I'entend toujours plus distinctement apres I'exercice que pendant un repos pro­longe, et meme on ne I'entend quelquefois, chez certains sujets d'un temperament lymphatique et d'un age avance, qu'apres avoir excite ces animaux peadant un temps plus ou moins long, ou apres les avoir fait tousser en comprimant la partie superieure
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AUSCULTATION DES DIFFEUENTES CAVITÄS ORGANIQUES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 303
de la trachee. Nous avons dit aussi que le murmure respiratoire est beaucoup plus sensible chez les jeunes chevaux qui ont, dans tons les cas, la respiration plus bruyante. Ajoutons que le tim­bre du bruit vesiculaire chez ces jeunes sujets pent etre un signe de maladie chez les animaux plus ages, qui ne respirent qu'avec une portion de leurs poumons.
Chez rhomme, on appelle cette nuance du bruit respiratoire respiration puerile; M. Leblanc lui donne le nom de respiration juvenile chez les animaux. Au surplus, le bruit respiratoire s'en-tend mieux aussi sur les sujets maigres, sur ceux qui ont la poi-trine tres developpee, et, dans le meme animal, le bruit ve­siculaire est plus intense la ou la percussion donne plus de reson nance.
Les bruits qui accompagnent les battements du coeur dans I'etat de sante, se distinguent par la maniere dont ils se succe-dent et par leur nature particuliere, qui indique qu'iis sent pro-duits par le choc d'un corps dense sur un autre corps.
Dans I'etat anormal du poumon, le bruit respiratoire change de nature et se modifle suivant les lesions existantes. Sans doute toutes les nuances de ce bruit ne sent pas encore connues; il n'y a pas assez de temps ecoule depuis la decouverte de 1'Ausculta­tion, at uu temps viendra oü de nouveaux fails s'ajouteront k ce que nous savons. En attendant, celles de ces nuances que Ton a pu jusqu'ici apprecier se reduisent priucipalement k deux : la respiration juvenile et le rale.
Quand le bruit respiratoire est plus fort et qu'il ne s'entend que dans certaines regions de la poitrine, il est Ait juvenile. Les par­ties oü il n'est plus sensible permettent de distinguer tres nette-ment divers autres bruits, notamment le souffle brouchique.
Quant au rale, qui offre diverses modifications ou nuances, il en sera parl6 quand nous aurons k decrire ce Symptome.
Cavite des plevres. — Un liquide epanche dans les sacs des plevres decele son existence, quand on applique Toreille au-dessous du sternum, par un bruissement lourd et trainant, comme si on roulait du liquide dans un tonneau. M. Dondrieu confirme cette remarque de M. Massot, dans une observation de cardite avec hydro-pericarde, chez une vache, sur laquelle il en-lendit, en appliquant l'oreille sur laparoi laterale gauche du tho­rax , un leger bruissement qu'il presume etre produit par un liquide dejä epanche en partie dans la cavite delaplevre et peut-elre meme dans celle du pericarde.
M. Leblanc semble confirmer ces deux observations, lorsqu'il flit, en parlant des bruits qui se font entendre dans les sacs des
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MALADIES DES ORGANES BESPIRATOIRES.
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plevres, que tantöt ce sont des especes de borborygmes, tantöt un bruit spumeux , s'il peut s'exprimer ainsi, tantot un gargouille-ment. Le premier et le dernier s'entendent ordinairement vers la partie inferieure de la poitrine s'il y a du liquide ßpanche. L'observation a convaincu M. Delafond, et M. Leblanc parait etre de cet avis, que la presence du liquide öpanche ne peut etre rigoureusement decelee par ces bruits, que dans deux circonstan-ces : quand il y a des gaz melanges au liquide, et lorsqu'il y a des fausses membranes de nouvelle formation. Toutes les ibis que des gaz se melent ä l'epanchement, celui-ci devient trouble, mousseux ou spumeux , et le räle se fait entendre ä la partie in­ferieure de la poitrine.
S'il existe tout ä la fois du liquide et des fausses membranes, le bruit approche du gargouillement, ou plutot devient semblable au glouglou d'une bouteille remplie de liquide que Ton vide ä plein goulot, mais il est plus faible. — Ce bruit a sernblö ä M. Delafond se produire toutes les Ibis qu'avec l'epanchement il y avait de fausses membranes, lesquelles, par une disposition particuliere, laissaient entre elles des aröoles ou des cavites plus on moins grandes, dans lesquelles s'introduisait le liquide pen­dant le temps de la respiration. Toutes les fois que ce professeur a observe l'hydrothorax sans pseudo-membranes et sans fluides gazeux dans les sacs pleuraux , il n'a jamais entendu aucun bruit produit par le liquide.
Du reste, il est demontre en mödecine humaine que le bruit du flot du liquide ne se fait apercevoir soit par la succussion, seit par l'auscultation mediate ou immediate, que lorsqu'un fluide gazeux est melange au fluide epanche.
Tons ces details relatifs ä l'Auscultation chez le cheval sont em-pruntes presque textuellement ä M. Delafoni.
Auscultation chez l'espece bovine. — Chez les animaux de cette espece, dit Hurtrel d'Arboval, le bruit respiratoire est un pen moins fort que chez les chevaux , cependant il est assez distinct. C'est tont ce qu'ü Importe de mentionner, car il est parfaite-ment inutile de s'attacher h demontrer la difference qui peut exister entre les animaux de l'une ou de l'autre espece. Ce qui importe au praticien, c'est de former son jugement ä ce sujet au moyen d'etudes comparatives faites sur les animaux de la meme espece, de tous les äges, de tons les temperaments et de toutes les destinations : veaux, taureaux , genisses, boeufs on vaches de travail, vaches laitieres, boeufs ä l'engrais, bojufs gras ou maigres, etc.; sans cela, on s'expose ä des meprises. II importe surtout d'auscolter le boeuf qui rumine, afm de se bien fixer sur
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DE LA PERCUSSION.
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le bruit qui se produit naturellement pendant que cette fonctkm laquo;'execute et qui peut se confondre avec d'autres. Ce bruit, pro­duit quand ranimal rumine, ressemble assez au glouglou d'une bouteille, et on rentend distinctement ä la partie Interieure de la poitrine.
Hurtrel d'Arboval afürme un peu legerement que le bceuf ne ramine pas lorsqu'il est en proie ä une maladie aigue tres intense: cela est vrai en general; cependant la rumination a lieu, dans la phthisie tuberculeuse par exemple, jusqu'au dernier jour de la vie de Tanimal; on la constate aussi, de temps en temps, pendant la duree des pleurites, des pneumonies, de la cardite et de plu-sieurs autres affections qui peuvent exiger l'emploi de 1'Auscul­tation. Sur ce point, il m'est impossible de me trouver en accord complet avec le savant auteur que je viens de nommer; mais on pent dire avec lui que chez le boeuf le bruit respiratoire bronchi-que cst surtout tres sensible en arriere de l'epaule, et que le burnt vösiculaire cure ä peu pres les memes modifications que chez les chevaux, relativement aux regions oü Ton ausculte.
La cröpitation normale du tissu cellnlaire sous-cutane est beau-coup plus forte et facile ä confondre avec le räle crepitant sec. Cependant, on peut s'assurer que ce bruit provient du tissu celln­laire en pressant legerement la peau avec la main, manipulation qui, dans ce cas, fait aussi tot accelörer la respiration.
sect;3.
De la Percussion.
Apres les explications qui precedent, il convient d'ajouter quel-ques details sur un moyen auxiliaire de rAuscultation, et qui lii complete, pour ainsi dire : il s'agit de la Percussion.
Ce mode d'exploration de l'etat des organes renfermes dans le thorax consiste ä frapper les x^arois de cette cavite, afin d'appre-(;ier, d'apres la difference des sons qui resultent de rebranlement produit par le choc, si les organes quelle renferme sout malades ou sains.
Le choc qui determine rebranlement des parois tlioraciques peutetreporte directement sur celles-ci ou leur etre transmis par un corps intermediaire qui a ete prealablement applique sur ces parois; on dit la Percussion immediate dans le premier cas, ef mediate dans le second.
La mödecine humaine est beaucoup plus avancee que la mede-cine vöterinaire sur ce mode d'exploration , et e'est k MM. Leblanc et Delafond que cette derniere doit ses premiers travaux publies
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306nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
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sur la Percussion. Ces auteurs ont propose, pour executer la Percussion mediate, uu instrument appele plessimetre. Celui dont M. Leblanc se sert, et qu'il applique particulierement au cheval, consiste en un petit marteau de fer, long de quelques centimetres, pesaut 64 grammes, termine par une bouche conoide et portanl un manche de 20 centimetres, qui se trouve engage dans une mortaise ä l'extremite opposee de la bouche du marteau.
On applique exactement sur le point que Ton vent explorer une rondelle en sapin, eu peuplier on en tout autre bois leger, epaisse de quelques millimetres, longue de 15 centimetres et cou-verte d'un morceau de caoutcliouc. On appuie fortemeut cette rondelle, en la placant de preference sur une cote: on donne uu coup sec et on leve aussitot le marteau.
Le plessimetre de Delafond consiste en une rondelle de liege, recouverte, sur la face qui doit etre percutee, d'une conche d'eponge pen epaisse, et sur laquelle on frappe avec un brochoh.
Avec rinstrument de M. Leblanc. un coup sec et memefort sur le caoutchouc qui recouvre la rondelle ne produit point une re-sonnance assez marquee; de plus, le bruit de la bouche du mar­teau sur la gomme elastique, quoique faible et de toute autre nature que celui de la resonnancede la poitrine, masque toujours un peu ce dernier.
On n'a point le meme inconvenient a craindre avec le plessi­metre de Delafond. Gomme il est forme de tissus successive-ment plus mous et plus elastiques, le bruit occasionne par le choc ne se fait pas entendre; en outre, la rondelle etant plus grande et le marteau plus pesant, on produit un choc plus fort qui, de­terminant plus d'ebranlement, augmente la resonnance.
Assurement, on peut avoir confiance dans les auteurs dont nous venons de citer les noms; mais il ne parait guere possible que le plessimetre soit de longtemps d'un emploi frequent dans la pratique. Get instrument, sans doute, a ete tres bien imagine, seulement on peut croire que, pour en apprecier la manoeuvre, il faut nne etude de comparaison que Ton trouvera tres difficile ä faire, meme on la repetaut tous les jours, etude qui devra mani-festement en restreindre l'emploi, et sans laquelle cependanl on n'obtiendra jamais que des donnees fort incertaines.
Gette opinion parait avoir ete celle d'Hurtrel d'Arboval, qui a cherche ä remplacer le plessimetre par le procöde suivant :
laquo; Une main, dit-il, appliqn^e a plat sur la poitrine et rece-vant le choc de l'autre main, comme dans la Percussion imme­diate, remplace bien 1^plessimetre. raquo;
Quant k la Percussion immediate, eile s'executechez les grands
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DE LA PERCUSSION.
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animaux, soit avec le going, soit avec la face dorsale des quatre jjremieres phalanges de la main, soit, ce qui vaut mieux encore, avec les secondes articulations phalangiennes. Ghez les petits animaux , on percute avec les extremites reuuies des cinq doigts. Ge dernier mode aurait Tavantage d'etre toujours ä la disposi­tion de l'explorateur, et il conviendrait particulierement en l'ap-pliquant aux animaux maigres. Hurtrel d1 Arboval donne pour-tant la preference, quand il s'agit des betes ovines et bovines, ä la Percussion mediate, et cela parce que celle-ci, non-seulemeul favorise la compression des parties molles qui, en consequence, vibrent mieux et favorisent le developpement de la resounance, mais aussi parce qu en y ayant recours, on pent obtenir avec plus de precision la resounance de certains points oü eile est peu distincte, par exemple, le long du cercle cartilagineux des cötes.
Si le plessimetre etait d'un emploi facile et que les resultats obtenus par sou aijplication fussent aussi clairs, aussi nets, aussi positifs qua cenx que Ton obtient par rAuscultation mediate ou immediate, nous comprendrions la distinction etablie entre le bcßuf gras et le boeuf maigre; mais si l'on u'apasuueentierecon-fiance dans les resultats acquis par le plessimetre, ponrquoi ce retour favorable a 1'emploi de cet instrument? La pratique ne saurait s'accommoder de resultats douteux, sous peiue de ne plus etre la pratique. Quand tous les veteriuaires sauront manier le plessimetre comme ils manient le stethoscope, ils sauront remö-dier aux incertitudes que comporte encore rlt;application de cet instrument; mais en attendant, il convient, pour eviter tonte erreur, de s'en tenir exclusivement aux resultats acquis.
A quelque procede que Ton ait recours, voici, dit Delafond, les principales regies ä suivre pour employer la Percussion : le choc doit etre porte perpendiculairement ä la surface qu'on vent faire resonner, car eu agissant obliquement on obtiendrait un son plus mat; il doit etre imprime sur les cotes et non sur les espaces intercostaux, les os etant meilleurs condncteurs du son que les parties molles; il doit avoir la meme force dans tous les endroits a explorer. Eufin, on doit l'executer de la meme ma-uiere et sur les memes points des deux cotes du thorax.
Les caracteres du son que la poitrine rend quand on la percute varient suivant la region surlaquelle on agit. Tage des animaux, leur etat de maigreur ou d'embonpoint, l'etat de vacuite ou de plenitude des organes digestifs, le mode particulier de conforma­tion et d'organisation. Toutes choses egales d'aillenrs, la resou­nance doit etre plus ou moins forte chez certains sujets que chez d'autres de la meme espece.
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308nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIBES.
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Dans I'espece chevaline, la poitrine peut etre percutee a droite et ä gauche, depuis le bord postörieur de l'epaule jusqu'ä la der-niere cote sternale; mais pour rendre l'ßtude de la resonnance et la distinction de ses modifications plus facile, M. Delafond a jug6 necessaire de diviser cette etendue en trois regions 6gales, pa­ralleles ä Taxe du corps et comprises entre deux lignes qui sui-vent l'une le bord postörieur de l'öpaule, l'autre la direction oblique de la derniere fausse cöte.
De ces trois regions, la superieure s'etend depuis le bord pos-terieur de l'epaule en arriere du muscle grand dorsal, en cotoyant le bord interieur du muscle ilio-spinal et lombo-costal, jusqu'ä la derniere cote, de sorte qu'elle comprend le tiers superieur des cotes; l'inferieure s'etend depuis le coude en longeant le bord superieur du muscle grand pectoral et Finsertion du costo-abdo-minal, le long des cartilages des fausses cötes jusqu'ä la derniere de celles-ci, et comprend le tiers inferieur des cötes; la moyenne enfln se compose de l'espaee laisse entre les deux precedentes ou le tiers moyen de la longueur des cötes.
La poitrine des animaux etant horizontale et ayant pour forme celle d'un cöne coupe obliquement de haut en bas et d'arriere en avant, il resulte de lä que la cavite abdominale se prolonge an-terieurement dans cette partie oblique, cquot;est-ä-dire sous les lobes posterieurs des poumons, et qu'en cet endroit se trouvent les grands visceres creux du bas-ventre, tels que l'estomac, les gros­ses courbes du colon, Tare du ccecum, et chez les ruminants, une partie des estomacs. Cette disposition explique pourquoi le bruit obtenu par la percussion peut se propager plus loin dans les cavi-tes abdominales des animaux que dans celles de l'homme, puis-qu'il existe uu plus grand nombre de visceres creux en arriere du diaphragme et le long des cötes.
Dans la region moyenne, la resonnance la plus forte se fait en­tendre entre les septieme, huitieme et neuvieme cötes sternales. A partir de ce dernier point, eile diminue graduellement d'inten-site jusqu'ä la qninzieme cöte, pour augmenter jusqu'ä la derniere cöte sternale, point jusques auquel eile diminue par degres du cöte gauche. Dans la region superieure droite, la rösonnance augmente de force, depuis le bord posterieur de l'epaule jusqu'ä la derniere cöte; tandis que du cöte ganche, eile diminue gra­duellement depuis le premier point jusqu'an dernier.
Cette diil'erence de resonnance des parois superieures, ganche et droite, M. Delafond 1'explique par la propagation du son dans la conrbure du coecum, qui suit le cercle superieur, c'est-ä-dire la partie superieure et moyenne des quatre dernieres cötes droites.
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DE LA PERCUSSION.
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Dans la region införieure, la r6soimance obtenue sur la sixieme cöte est comparable ä celle de la rögion superieure en arriere de l'öpaule; eile se continue avec la meme intensite jusqu'ä la der-niere cöte sternale. Au-delä de ce point, eile diminue graduelle-ment de force, le long des hypochoudres jusqu'ä la derniere cote sternale, oü eile se confoud avec celle de Tabdomen du cotö droit; le son est un peu plus mat dans la region qui correspond au foie.
Le tiers anterieur de la poitrine recouvert par I'epaule ne pent elre percute, cela va sans dire. Les deux tiers en arriere de I'epaule sont done les seuls sur lesquels il soit possible d'agir; niais de ces deux tiers, il faut retrancher les endroits qui sont reconverts de muscles epais, ne doniiant point de resonnance, et la partie situee le long des cartilages des cötes sternales, oü celle-ci a peu d'intensite. II faut encore mettre de cote les parties dans lesquelles la rösonnance de l'abdomen se confond avec celle de la poitrine.
II ne reste done chez le cheval qu'un tiers de la poitrine qui,
. ä la rigueur, puisse etre percute et qui soit capable de fournir des
signes diagnostiques positifs. G'est pour n'avoir pas tenu compte
de ces circoustances, dit M. Delaibnd, que les veteriuaires out jus-
qii'äpresent retire peu d'utilite de la Percussion dans leur pratique.
La poitrine des vieux chevaux resoiine mieux que celle des adultes, et celle-ci mieux que celle des jeunes. Gette difference parait tenir au peu de densite du poumon et ä la grande fixite des cotes chez les animaux avances en age.
II est a remarquer aussi que la poitrine des animaux maigres resonne mieux que celle des animaux gras, et que chez les uns comme chez les autres, la resonnance est plus distincte lorsqu'ils sont a jeun que pendant la plenitude des estomacs.
Percussion sur les animaux de l'espece bovine. — Dans I'espece bovine, rorgauisation de la cavit6 thoracique est teile que cette cavite doit avoir line sonorite moindre que celle du cheval. L'epais-seur plus grande de la peau, le plus petit nombre des cötes, leur ecartement et surtout leur extreme mobilite, influent necessaire-ment sur la production et sur la propagation du son. En effet, la Percussion mediate ou immediate ne donne qu'un sou presque mat, chez le bocuf surtout. A la verite, Delafond assure que par l'emploi de son plessimetre, la resonnance devient plus forte et plus 6tendue; mais si nous accordons aux dires de MM. Le-blanc et Delafond une confiance entiere et absolue quant aux resultats qu'ils ont obtenus par l'emploi de cet instrument, nous ne sommes pas moins convaincu que le plessimetre ne saurait etre habituellement employe dans la pratique ordinaire.
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MALADIES DES ORGANES RESPIRATOIRES.
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Nous n'admettons pas davantage cette compensation k la faible rösonnance de la poitrine du boeuf qu'annonce Delafond, ä sa-voir que les öpaules et les muscles ilio-spinal, grand dorsal et pectoraux, etant moins d6velopp6s que chez les chevaux, I'eten-due des regions a percuter est plus grande, car cet avantage est neutralise par une rösonnance moins distincte, puisqu'elle se reduit, somme totale, a la moitie de la poitrine.
D'apres le meme auteur, dans la region moyenne la rösonnance est plus forte aux septieme, huitieme et neuvieme cotes, qu'aux cinquieme et sixieme; eile offre le meme degrö de force ä la dixieme et a la onzieme. A partir de ce point, eile diminne gra-duellement jusqu'a la douzieme et treizieme, tandis que sur l'ötendue de la region superieure, eile augmente ii partir du meme endroit jusqu'ä la derniere cote.
J'ai expörimente avec beaucoup de soin, d'apres ces donnees empruntees au savant professeur, sur des boeufs et sur des va-ches de tout äge, de tout etat : maigreur, engraissement, saute, maladie, et j'avoue en toute humilite qu'il m'a ete impossible . d'obtenir aucun resultat satisfaisant.
Delafond expliquc la resonnance plus forte qu'il a indiquee dans l'etendue de la region supörieure gauche, par la presence du rumen, qui se trouve place sur ce cöte, et dans lequel le son se propage, et il ajoute :
laquo; Dans la region inf6rieure, la resonnance s'etend depuis la quatrieme cöte jusqu'ä la derniere, en longeant le bord superieur du grand pectoral et le point d'insertion du muscle costo-abdomi-nal. Le son est assez fort sur la sixieme cöte; moindre sur les quatrieme et cinquieme; il diminue vers les sixieme et septieme. et graduellement jusqu'ä la derniere, oil il est tout a fait mat. raquo;
En rapportant les diverses observations relatives ä la Percus­sion employee comme moyen d'investigation dans l'^tude des maladies du cheval et du boeuf, et du premier afin de mieux eclairer la marche de l'explorateur en ce qui concerne les mala­dies de l'espece bovine, j'ai precise autant que possible l'etat des connaissances acquises sur ce sujet en medecine, rien de plus; car il me semble qu'il y a encore beaucoup k faire et beaucoup a apprendre avant de pouvoir ranger la Percussion dans la catego­ric des moyens d'investigation sur lesquels le praticien a le droit de compter.
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SECTION III
MALADIES DE L'APPAREIL CIRCULAT01RE.
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Ces maladies sont assez nombreuses et assez freyuentes, du moins on pourrait les observer assez souvent dans la pratique veterinaire, si la destination derniere des animaux de l'espece bovine ne nous privait dans Men des cas de circonstances favora-bles a leur etude. On possede cependant sur ces maladies des observations qui out Men leur importance, et s'il n'a pas toujours ete facile au praticien de s'eclairer pendant la vie de l'animai sur la marche et l'invasion de la Cardite et de la Pericardite, par exemple, on a pu dans Men des cas se faire une id6e assez exacte des blessures arterielies et veineuses, de la Phlebite, des Varices et de l'alteration du tissu des vaisseaux, qui offrenl parfois des sujets d'etude interessants.
CHAPITRE PREMIER
Maliulit-s du Coeur et de ses enveloppes.
Les maladies du Coeur et de ses enveloppes ne sont pns aussi rares qu'on le pense chez les aniraaux de l'espece bovine. On ren­contre frequemmeut, ä l'ouverture des animaux abattus pour la boucherie, des lesions qui demontrent leur existence; mais jus-qua present cette existence n'a pas ete constatee d'une maniere assez evidente pour qu'on puisse en donner une description me-thodique. Je me bornerai, en consequence, ä parier de la Car­dite et de la Pericardite, que j'ai observees quelquefois chez des veaux, des vaches et chez quelques boeufs.
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MALADIES HE L APPAREIL CIRCULATOIRE.
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ARTICLE UNIQUE.
CARDITE. — PERICARDITE.
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Causes. — Chez les veaux et chez les vaches d'ailleurs maigres et vieilles, les causes de la Cardite et de la Pericardite sont ordi-nairement des coups de tete port6s avec violence sur les parois du thorax par d'autres animaux de la m6me espece. Chez un boeuf que j'ai observe, la Cardite, qui avait eu pour consequence une hypertrophie du coeur, 6tait due probablement a la meme cause. Elle est occasionnee plus souvent par la presence de corps etrangers qui, du rumen, sont parvenus a s'introduire dans le thorax, en traversant les parois du rumen, le diaphragme, et qui flnissent par s'implanter dans le coeur ou dans les oreillettes; tels sont : des bouts de fll de fer, des aiguilles a coudre, d'au­tres corps aceres, meme des clous auxquels manque la tete. J'en ai vu plusieurs exemples, et ces corps etrangers produi-sent quelquefois les lesions les plus graves.
Symptömes. Lesions cadavlaquo;riques. — La Ptiricardite et la Car­dite, chez les animaux de l'espece bovine, s'annonceut par des symptomes qui ne sont pas toujours parfaitement saisissables.
L'animal eprouve une anxiete tres apparente, il tend le mufle en avant, sa respiration est accöleree, et si le sujet est un veau, il ne tete pas avec facilite; ä chaque instant, apres avoir avale une gorgee de lait, il abandonne le trayon pour respirer, et puis il le reprend. Mais si le sujet est un veau de lait, un taureau ou une vache, son pouls est petit, mou et vite; il se couche et se releve frequemment sans jamais s'etirer; il a uu peu de diarrhee; at tons ces symptomes resteraient obscurs, si l'on.ne.sentait et si Ton ne voyait en meme temps des battements de coeur tumul-tueux, et frequemment des infiltrations cedemateuses d'abord an fanon, puis sous l'abdomen et aux membres.
Quand, en s'aidant de ces symptomes, on a diagnostique, soit une Pericardite, soit une inflammation aigue ou chronique du coeur, il est parfaitement inutile de s'enquörir des moyens de guerison; il ne reste qu'ä faire le sacrifice des animaux.
L'on trouve ä l'ouverture : ordinairement de la s6rosite dans le sac des plevres, le pßricarde distendu et contenant aussi de la serosite de couleur citrine en plus ou moins grande quantity, des fausses membranes et^le plus souvent, le coeur hypertrophie; le poumon est rempli de sang noir.
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CARDITE. — PERICAIIDITE.
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L'observation que je vais rapporler a 6te faite sur un boeuf de travail de race gasconne. Lorsque je le vis pour la premiere fois, il etait tres Men portant, 11 mangeait sa ration avec appötit, tra-vaillait aussi bien que son compagnon, avail le poll luisant, la peau onctueuse; seulement onremarcjuait que sa respiration etait acceler6e et entrecoup6e, comme celle du cheval atteint de la pousse. Tout cela n'aurait guere preoccupe le propritJtaire si cet animal n'avait pris constamment dans ratable une attitude sin-guliere : quand il voulait se reposer, il laissait aller sur la litiere son train posterieur, et au lieu de replier sous le thorax les mem-bses antörieurs, il les etendait en avant, les ecartait en s'appuyant avec force sur les pieds, de teile sorte que le point d'appui du train anterieur se faisait un pen sur le sternum et bleu davantage sur les pieds. Dans cette position, le bceuf ruminait; mais chaque expiration qu'il faisait etait accompagnee d'une sourde plainte, de meme que I'mspiration au moyen de laquelle le bol se forme dans le rumen pour remonter dans la bouche. J'auscultai sou-vent cet animal, j'entendais des battements tumultueux , irr6gu-liers, mais tres faibles.
II resta longtemps dans cet etat; il travaillait, et ses muscles ne se deformaient point. Cependant, le proprietaire, cedant ä mes instances, se decida h le vendre au boucher, et voici ce que je constatai ä Tautopsie : le pericarde etait distendu, il contenait une certaine quanlite de serosite, dans laquelle on distinguait des fausses membranes; le cceur avait acquis un volume triple de son volume ordinaire, sa substance etait blanchätre et de consis-tance fibro-cartilagineuse.
Maintenant voici quelques cas de Pericardite et de Cardite ob­serves par plusieurs praticiens, et que je cite afm d'eclairer le diagnostic de ces maladies, non dans le but d'en faciliter le trai-tement, mais dans celui de mettre le vetörinaire h meme de donner an proprietaire des conseils qui puissent sauvegarder sa responsabilite.
Gellö rapporte qu'u'n taureau de deux ans s'etant battu ä en­trance avec un boeuf qui le laissa sur place, haletant, convert de sueur et expose a une pluie d'orage, fut trouve, le lendemain, meurtri, ne mangeant pas et pouvant a peine se mouvoir. Depuis il resta debile, mangeant pen et.ruminant de temps ä autre. Quelques jours apres, il faisait entendre une toux seche, quin-teuse, aecompagnöe de palpitations de courle duree. Plus tard, la dyspnee devint tres intense et se montra par acces, durant lesquels la respiration etait tumultueuse; la toux paraissait beaucoup fatiguer I'animal; les battements precipites des caro-
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314nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DE .l'apPAREIL CIRCULATOIRE.
tides soulevaient les jugulaires; une sueur partielle se manifes-tait aux regions parotidiennes, sur les cotes du thorax et aux flancs; puis, au bout de six ä sept minutes, tout rentrait, en appareuce sans doute, dans I'ordre normal. Un oedeme chaud s'etait declare depuis quelques jours sous le sternum, il 6tait devenu sensible et voluminenx; les membranes muqueuses apparentes ötaient päles et infiltrees; le ponls etait large, mou et accelere; les battements du coeur etaient l';icilement, appreciables.
A 1'autopsie, on trouva un pen de serosite dans les sacs des plevres et le pericarde enormement distendu par environ 3 litres de serosite citrine. Sa face interne et libre etait recouverte d'une fausse membrane, peu consistante, mince et tomenteuse; quelques vergetures de conleur rouge pourpre existaient sur la portion de cette sereuse qui recouvrait le cceur; le ventricule, I'oreillette droite, ainsi que les deux veines caves, etaient hypertrophies et dilates; les poumons etaient engoues de sang noir, quoique le veau eiit etc saigne par le boucher; le tissu cellulaire de la re­gion sous-sternale etait infiltre d'une serosite citrine, gelatini-forme et melee de lineaments sanguins.
M. Tissot observa chez une vache les symptömes suivants : fievre generale, chalenr augmentee, pouls tres grand et tres accölere, poil brillant et sec, gene de la respiration, toux sonore, seche et quinteuse; renvois frequents; plus tard, engorgement sereux au poitrail; plain tes de l'animal augmentees; pouls desor-donne, ondulant et comme convulsif, avec palpitations reelles; l'oreille placee sur les cötes du thorax faisait distinguer un gar-gouillement repondant aux systoles du coeur.
A I'autopsie, on reconnut I'existence d'un hydrothorax ; le pei'i-carde paraissait enorme, il etait rempli de pus de couleur grise, verdätre, d'une odem* tres fetide. Cette poche sereuse avait ses parois epaissies; la substance du cceur etait ulceree, corrodee, verdätre ä sa face externe; les parois du ventricule droit etaienf amincies, granuleuses ä la face interne et comme cartilagineuses; les poumons etaient legerement phlogoses. Je soupconnai qu'un corps etranger avait penötre de l'exterieur dans la poitrine, en voyant la nuance verdätre des ulcerations et du pus. En effet, apres avoir explore alternativement le pericarde, je m'apercus qu'il adherait avec le mediastin par un engorgement assez volu­minenx que j'ouvris, et au milieu duquel je remarquai une petite flstule formant un canal d'une consistance assez dure, granuleuse, verdätre, qui penetrait ^jusqu'au diaphragme; lä se trouvait une grosse epingle en cuivre qui traversait ce muscle et dont la
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CARDITE.
PÄRICARDITE.
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pointe touchait presque au rumen. Enfin, la portion de rcesophage avoisinant la base du coeur etait perforee, dure et presque cartilagineuse.
De cette n6cropsie, Tissot tire les conclusions suivantes : Tcedeme de la region sous-sternale est le signe pathognomonique de Thydrothorax, le gargouillement avec palpitations est celui de la Pöricardite.
Ces conclusions sont-elles d'une exactitude rigoureuse ? II est permis d'en douter. L'oedeme de la region sous-sternale tient sou-vent a d'autres causes, et le gargouillement n'est pas toujours assez distinct pour permettre de diagnostiquer sürement.
Dans une autre circonstance, le m6me praticien observa sur un bceuf les symptomes suivants : laquo; Fievre generale, absence de sensibilite k la colonne dorso-lombaire, plaintes de Tanimal, tete basse portee en avant, respiration genee, toux frequente, seihe et quinteuse; battements des flaues et mouvemenls des narines, en-gorgemen!, sereux au poitrail, gargouillement ou bruissement lors du passage du sang dans le cceur, specialement dans la sys­tole ; mouvements tumultueux de cet organe avec des palpitations ; renvois frequents.
laquo; A I'autopsie, on trouva, outre un epanchement sereux dans la poitrine, le pericarde, d'une grosseur enorme, rempli de pus grisätre, sanguinolent et verdätre; la paroi du ventricule droit du cceur etait corrod£e, granuleuse, dure et verdätre, et Ton trouva dans le pericarde une grosse epingle en cuivre jaune. raquo;
Barrier (de Chartres) rapporte une observation du meme genre, ce qui prouve, parmi les causes de la Pericardite et de la Gardite, qu'il faut aussi ranger Tintroduction de corps etrangers dans le thorax et provenant des voies digestives.
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MALADIES DE L APPAREIL CIRCULATOIRE.
CHAPITRE II
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Maladies des vaisseaux.
ARTICLE PREMIER
BLESSURES ARTERIELLES
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Les Blessures sont les plus communes, pour ne pas dire les uni­ques alterations qui se manifestent sur les vaisseaux artöriels. Ellas peuvent se produire sur toutes les arteres, mais la carotide, voisine de la jugulaire, et l'artere coccygienne sont celles oü Ton a le plus communemeut occasion de les observer. Elles s'accom-pagnent göiieralement d'arterite, on inflammation des arteres, avec rougeur, epaississement et friabilite des tuniques arterielles, coagulation du sang en rapport avec ces alterations, et, dans quelques circonstances, d'une exsudation pseudo-membraneuse a l'interieur de Tariere et aussi de matiere puriiorme.
Causes. — Ces accidents ne sont pas tres frequents chez les animaux de l'espece bovine, je les ai pourtant observes plusieurs Ibis, notamment ä l'artere coccygienne; ils resultent ordinaire-ment de lesions physiques, surtout de la piqüre du vaisseau, on des contusions fortes et repetöes sur sou trajet, qui suivent parfois quot; la saignöe.
Dieuzaide, dans un memoire adresse, en 1819, a la Societe cen-trale d'agriculture, rapporte le fait suivant qui permet de com-prendre comment I'accident peut se produire. Un taureau dc deux ans, auquel on venait de faire une saignöe de precau­tion , fut conduit quelques heures apres dans un päturage, oü il se frotta Tencolure avec force centre un arbre, et, dans les divers mouvements qu'il fit en se frottant, un chicot de bois sec et aigu s'introduisit par I'ouverture faite h la peau au moyen de la flamme, et peuetra si pvofondement qu'il ouvrit les vaisseaux. ce qui donna lieu a une hemorrhagie continue, mais ralentie par l'epingle placöe eh travers de I'ouverture et par d'autres moyens contentifs qu'ou lui opposait; une certaine quantite de
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sang s'epancha entre les muscles et la peau, et un engorgement tres volumineux en fut la consöquence.
M. Montier a publie, de son cotö, le fait suivant : une vache difficile ä maltriser, ayant fait un mouvement brusque an mo­ment oü Ton donnait le coup de baton sur la flamme pour faire la saignee, derangea I'instrument, lequel, au lieu de diviser la peau correspondante h la jugulaire, I'ouvrit 4 ä 5 centimetres plus bas. Le sang jaillit aussitöt, mais d'une couleur vermeille et par un jet saccade; l'artere carotide etait ouverte, et il se forma une tumeur qui grossissait a vue d'ceil et qui devint bientöt eliorme.
L'accident se produit plus souvent sur l'artere coccygienne. 11 est le resultat meme de la saignee pratiquee sur cette artere, et il s'accompagne tres communement de rinflammation de ce vais-seau, dont la cause me parait alors etre celle-ci : lorsque Ton a incise l'artere coccygienne pour en obtenir une emission de sang plus ou moins abondante, il arrive assez souvent rjue, par suite des contractions röpetöes des muscles de la queue, le pa-rallelisme de I'incision faite h la peau et au vaisseau se trouve detruit, et que, par suite, il devient necessaire de frapper de petits coups sees, au moyen d'une baguette en bois ou d'un baton, en avant de I'incision et le long du trajet de l'artere pour que le jet sanguin soit retabli. Pendant que Ton frappe ainsi, les animaux s'impatientent, ils se defendent meme avec energie; alors on n'agit pas tonjours avec regularite et moderation, et ces contusions repetees donnent lieu alors ä rinflammation du vaisseau.
Elle resulte aussi et meme plus souvent d'une compression exercee trop fortement et pendant une duree de quelques jours, afin de prevenir une emission de sang accidentelle, car I'appareil fort simple d'ailleurs au moyen duquel on fait cesser recoule-ment n'est pas tonjours maintenu en place assez longtemps; les boeufs peuvent quelquefois y atteindre avec leur langue, et comme ils sont tres friands du gout et de l'odeur du sang, ils ravivent l'ouverture, et la perte de sang abondante qui survient ino-pinamp;nent a la suite n'est arretee par le bouvier que par des ligatures tres serrees. La compression exercee par ces ligatu­res est aussi une cause frequente d'arterite, cause dout I'action s'exerce avec d'autant plus de facilite que le vaisseau est dejä, par l'effet des manoeuvres employees, singulierement predispose k I'inflammation.
Symptnmes. IMarche. Terminaiswns. — L'eCOulement, par jets saccad^s, d'un sang rutilant; la formation, au lieu de la bles-
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sure, d'une tumeur grossissant avec rapidity, malgre la compres­sion exerctie; quelquefois la persistance de l'hemorrliagie par l'ouverture de la peau, tels sont les symptomes immediats el caracteristiques de ce genre d'accideuts, symptomes auxquels peuvent se joiudre des phenomenes morbides divers provoquös par la perte excessive de sang, la compression exercee par la tumeur sanguine sur les organes sous-jacents : la trachee, I'oeso-pliage, par exemple, etc.
Plus tard, rinflammation se declare. Sur I'artere coccygienne, oil je l'ai le plus souvent observee, le premier Symptome qui se manifeste est nn engorgement chaud, tres douloureux, renitent, a partirdu point oil a etefaite la saignee et remontant vers la base de la qneue, en prenant plus de developpement; alors les batte-ments de I'artere ne sont pas facües ä distinguer, ils paraissent comme se perdre an milieu de la tumeur qui s'est formee et qui bientot devient noueuse. On voitalors sortir de la plaie du vaisseau quelquefois des filets de sang arteriel pur, mais le plus souvent de la sanie.
Dans ce moment, I'animal a les yeux injectes, il tient la tete basse, il ne s'etireplus, il a perdu Fappetit; la rumination n'a point lieu, les carotides battent avec force, les nodosites remar-quees sur la tumeur se dechirent pour laisser echapper de la sa­nie, etlesouverturesqui sont formees sont de veritables ulceres ä bords calleux du plus mauvais aspect.
Ges accidents se declarent promptement, du premier au troi-sieme jour apres la saignee; j'ai vu I'engorgement se produire aussitöt apres les manceuvres qu'avait necessitees une saignöe mal reussie : sa duree n'est pas longue; car, si on ne parvient pas a obtenir la resolution prompte de rinflammation, la terminaison par la gangrene survient duqnatrieme au sixieme jour. Cette ter­minaison, la plus fäcbeuse de toutes, n'est pas forcöment mortelle. Un boeuf en est mort; mais on en voit chez lesquels la gan­grene se borne et se termine par la chute de la queue, a par-tir des premieres vertebres coccygiennes attachees a la croupe. D'autres fois, la gangrene ne s'est pas etendue aussi haut, et n'a entraine que la chute des deux tiers a peu pres de l'appendice caudal. Get accident en lui-meme n'est pas toujours mortel: mais les plaies fistuleuses qui existent apres cette terminaison sonl d'une guerison difficile; elles font souffrir I'animal pendant long-temps, il s'engraisse mal, ce quiequivaut presque a sa perte.
La lesion la moins grave qui resulte de la non-resolution de l'artörite est la chute öu l'amputation devenue obligatoire d'une portion de la queue. Gette 16sion n'empeche pas les animaux de
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continue!' leur service, s'ils sont employes an travail, on meme de s'engraisser.
Traitement. — Les blessnres artei'ielles n'exigent aucuu traite-menl special autre que celui exige d'abord pour arreter la perte du sang et ensuite pour favoriser la resolution de la tumeur sanguine formee autour du vaisseau. La fermeture immediate de la plaie ä l'aide d'un point de suture, s'il s'agir de la carotide ou d'une autre artere du tronc, la compression par un bandage circulaire quand on pent la pratiquer, les affusions refrigerantes, et entin un repos absolu, sont les moyens les plus sürs de rem-plir la premiere indication. Le tamponnement de la plaie, aide de l'emploi des agents hemostatiques connus, pourrait etre essaye, si la persistance de rhemorrhagie le rendait necessaire.
Cela fait, il ne reste qu'a attendre la resolution spontanee de la tumeur sanguine, qui a toujours lieu quand aucune cause acci-dentelle ne vient I'entraver. Si une inflammation trop intense se manifeste, on se bornera h des applications vesicantes qui sufii-rout pour amener une guerison complete. L'essentiel est d'eviter les causes d'aggravatiou qui compliquent parfois cet accident et dout les plus graves sont les operations inlempestives : debri-dements, extraction des caillots sanguius, ligature des vais-seaux, etc., auxquelles on s'est cm trop longtemps dans la ne-cessite de recourir.
Dieuzaide, dont nous avons plus haut rappele Tobservatioii, fait connattre ainsi quil suit les moyens qu'il employa. 11 ne put voir le boeuf atteint que quatre jours apresrevenemeut; on avait, en I'attendant, applique un bandage autour de l'encolure, qui n'arreta qu'imparfaitemenl rhemorrhagie. L'accumulation et la coagulation successive du sang avaient telleraent agrandi la plaie quelle atteignait alors 10 ä 15 centimetres de circonference. Le taureau etait si affaibli qu'il ne pouvait plus se souteuir, sa respi­ration et la deglutition etaient fort genees par la pression qu'exer-cait rengorgement sur la trachee et Toesophage.
Quoique l'extreme faiblesse de l'animal inspirät ä l'operateur les craintes les plus vives sur les suites de l'operation de la liga­ture de la jugulaire, il la proposa, et eile fut acceptee.
laquo; Le taureau etant, dit-il, solidement fixe, j'incisai sur la gouttiere jugulaire, en prolongeaut en haut et en has la plaie existante. J'enlevai plusieurs couches epaisses de sang coagule, avant de par veil ir ä mettre a döcouvert et ä atteindre la jugu­laire, h laquelle je pus ensuite faire une ligature au-dessus et au-dessous de la plaie faite par la flamme, au moyen d'une aiguille courbe, portant un fil double et un peu gros. Je devais m'atten-
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dre des lors a voir rhömorrhagie s'arreter, mais eile continuait avec force et par jets saccades, ce qui me fit penser que la caro-tide etait ouverte. Sans perdre de temps, j'incisai plus profonde-ment et au-dessous de la veine, et guidö par le jet sanguin , je parvins a atteindre l'artere, que je liai aussi sur deux points, et l'effiision de sang cessa subitement.
laquo; Je i'us ensuite dans l'obligation d'inciser et de dissöquer une grande partie des teguments qui entouraient la blessure, pour pouvoir extraire et enlever le sang öpanchö et coagule entre les teguments et les muscles circonvoisins, dans rintention de pre-venir une suppuration qui, vu l'ötat de faiblesse de l'animal, aurait pu avoir des suites fuuestes; je pansai ensuite cette vaste plaie avec des plumasseaux charges d'un digestif anime avec I'eau-de-vie camphree. L'appareil fut maintenu par quatre points de su­ture de chaque cöte de la plaie.
laquo; Toutes ces operations avaieut aussi beaucoup affaibli le sujet. Je lui administrai un peu de vin aromatique, et ses forces se ra-nimerent; mais il resta deux jours sans pouvoir se lever; il fut meme pendant quelques jours dans un etat d'abattement coma-teux; il refusait tons les aliments et ne ruminait point. Je conti-uuai de panser la plaie soir et matin, et je lui donnai tous les jours un breuvage cordial et amer; je le fis nourrir le mieux pos­sible, et j'eus enflu la satisfaction de voir ses forces revenir peu ä peu, la plaie prendre un bon aspect, I'appetit reparaitre et la rumination se faire, la circulation et la respiration se retablir. La guerison fut complete an bout de quarante-troisjours. raquo;
Ce resultat, que l'auteur de Fobservation donne comme un suc-ces, est la demonstration saus replique du caractere irrationnel de roperatiou pratiquee, et dont on eut pu evidemment se dis­penser, pour se bonier a un simple tamponnement, avec suture de la peau s'il l'eüt fallu, jusqix'a ce qu'on eüt obtenu l'arret de riiemorrhagie. Cela fait, il ne restait qu'a attendre 1'elimination, par la suppuration, desmatieres introduites, apres quoides appli­cations vesicantes eussent sulfi pour triompher de rengorgement.
Ajoutons ä cela que le pansemeut dune plaie fait deux fois par jour n'est pas assurement un moyen de guerison d'une efficacite incontestable. Chez le bceuf, je dirai meme chez tous les ani-maux, le pansement trop frequent des plaies m'a toujours paru avoir de tres graves inconvenients et propre, tout au plus, a retarder la cicatrisation. Une fois qu'une plaie a 6t6 mise dans un tel etat que la suppuration puisse s'en ecouler facilement, on ne doit la toucher que raroment et avec des menagements indi-ques par les circonstances.
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L'observation de Moutier peut suggörer les memes remanjues. L'op6rateui', qui avail pique la carotide, avail mis, en altendantj aue epingle eu Iravers des levres de la plaie, el comprimail lor-temenl la lumeur avec une eponge imbibee d'eau froide. Un cer­tain lamps s'ecoula, el quaud le velerinaire arriva, il y avail un quart d'heure qu'on avail cesse de faire la compression; la vache etail halelanle el se plaignail beaucoup, la lumeur ne grossissait plus. La ligalure ful decidee comme le seul moyeii propre ;i remedier ä eel accident On fixa la vache ä un arbre, la lelc lendue dans une posilion convenable. laquo; Alors, dil M. Moulier, je fis d'un coup de bistouri une incision de 4 ä 5 cenlimelres k la peau, dans la direclion du coup de flamme qui avail pique la carotide. Je dissöquai le lissn cellulaire sous-cutane, je cou-pai le muscle sous-scapulo-hyoidien, et ;i Iravers I'enorme infil­tration qui deformail les parlies, je cberchai et trouvai enfin Tariere, que j'isolai avec quelque difficulle. Deux ligatures fu-rent posees, une au-dessous, l'autre au-dessus de la plaie d\i vaisseau, avec rallenlion de faire sorlir les fils en dehors. Le sang epanche fut epong6, el la plaie debari-assee de tons les caillots qui s'y elaient formes. Je pausai avec des plumasseaux mollets, que je fixai au moyen de plusieurs points de suture. Diele Ires severe; lotions d'eau froide Ires frequentes sur I'enco-lure. La bete paraissail souffraule el marchait avec difficulle.
laquo; Le lendemain, h hull heures, eile est plus Iranquille; eile st plaint moins, ne s'esl pas couchee el n'a pas voulu boire. Une serosite forlemenl leinte de saug lombe de la plaie ä gouttes Ires rapprochees. Nouveau pansemenl; les plumasseaux soul imbi­bes de vinaigre dans lequel on a fail infuser de la cynoglosse pi-lee. On administre loutes les heures 1 litre de decoction d'osoillc et de son, edulcoree avec le miel; lavements; lotions emollienles sur I'encolure.
laquo; Le 4, mieux; l'engorgement de I'encolure diminue, la bete a plus de gaiete; eile cherche ä manger; on donneunpeu d'herbe: la plaie esl pansee comme le 2. Le 8, la plaie est blafarde; les chairs surmontaient; la suppuration etail abondanle et un pen sih-euse. Le mieux progressait, la bete avail de l'appetit, la loco­motion tHail facile. Les chairs baveuses soul coupees..... Enfin.
la cicatrisation de la plaie se fit; il avail fallu un mois enlierpour obtenir ce resullat. raquo;
Un mois : ce delai dil tout, alors que, par le repos seul el sans operation aucune. il eul suffi de quelques jours pour meltre la vache hors de danger. La encore on ne voit pas davanlage dans quel but soul fails des pansemeuts renouveles jusqu'ä deux fois
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par jour! Ils ont au moins rinconvönient de mettre la plaie en contact fröquent avec l'air et de troubler le travail de resolution (jue la nature tend spontanement a op6rer. Cette serositö teinte de sang qui tombait de la plaie annoncait le commencement de ce travail, et il am^ait et6 d'une prudence 616mentaire de ne point toucher ä la plaie dans ce moment. Deux jours plus tard, cette serositö aurait 6te remplacee par du pus assez forme, et la cicatrisation aurait marchö rapidement.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;/
Tontes les fois que les plaies ont ete mises en un etat simple et que la suppuration commence k s'etablir, söreuse d'abord, on ne doit plus y toucher qu'avec le plus grand menagement; on les essuie, s'il y a lieu; on renouvelle les plumasseaux, mais seu-lement lorsqu'ils sont humectes par la suppuration, de teile maniere qu'ils peuvent etre enleves sans effort et sans que la sur­face de la plaie se ravive. Nous avions tons d'ailleurs le tort, dans ce temps-lä, de faire des pansements trop frequents, ce qui retardait beaucoup la guerison des plaies.
Quant ä l'arterite coccygienne, son traitement est aussi des plus simples, et il est eöicace ordinairement si on le met en pra­tique des le debut de rinilammation. Quand on s'apercoit, apres la saignee faite, qu'un engorgement se forme ä la face interne #9632;ou inferieure de la queue, on commence par des affusions d'eau froide incessantes pendant des heures entieres, jusqu'ä ce que Fengorgement cesse d'etre douloureux et tende h diminuer. Si ces ablutions ne produisent pas I'effet desire, on fait sur toute Tetendue de la tumeur une onction tres forte d'onguent vesica-toire, et Ton entoure toute la partie frictionnee d'une couche epaisse d'etoupes, que Ton maintient en place au moyen de liga­tures faites de ruban de fil, afln qu'elles n'exercent pas de com­pression facheuse.
On reconnait que I'onction vesicante a produit son effet revul-sif, en ce que la tumeur n'augmente point, malgre les phlycte-ues qui se sont ibrmees sous son action; en ce que I'animal ne donne point de signes d'anxiete, qu'il rumine et meme qu'il s'etire : alors il n'y a pas d'autre moyen de traitement h em­ployer. On enleve les etoupes au bout de trois ou quatre jours; I'epiderme se souleve, se desseche, tombe, et la tumeur a disparu.
Quand la resolution n'a pas ete obtenue par les frictions ou onctions vesicantes, on ouvre les abces qui se forment dans toutes les nodosites de l'artere avec une certaine precaution, c'est-ä-dire quand la presence de la sanie ou du pus est Men constatöe; parce que, si Ton faisai| prematurement cette operation, il pour-rait en resulter une hemorrhagie qu'il serait pent-etre difficile
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THRUMBUS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;323
il'aiTeter. On debride ces plaies flstuleuses dans toute leur eten-due, afin d'avoir la facilitö de les panser ou de les deterger de maniere ä en faire des plaies simples.
C'est avec la mixture de Villatte yu'oa les panse. Je les cau-f,6rise rarement avec le fer rouge, parce gu'alors, ä la suite de la chute des eschares, on voit souvent se declarer des hemorrha-gies cornpromettantes.
Quand I'arterite coccygienne se trouve bornee au tiers infMeur de l'appendice caudal, le traitement s'applique plus facilement: et si la terminaison par la suppuration ou la gangrene se mani­feste, on fait ramputation nette de toute la partie qui semble compromise.
Pour faire Fonction vesicante, j'emploie de preference la pom-made suivante :
Pommade cuntharidec (Tabourin).
Preuez : Cantharides eu poudre............. 32 grammes.
Axonge........................... 380 —
Cire jaune........................ 6i —
Kaites dig^rer les cantharides dans la graisse fondue; passez avec expression, rt ajoutez la cire fondue pour donner plus de consistanc^.
On Ineu :
Cantharides en poudve...................... 30 grammes.
Basilicum................................ 400 —
Mfelez avee une spatule.
Liqueur de Villatte.
Sous-acetate de plomh liquide................nbsp; nbsp; nbsp;12raquo;) grammes.
Sulfate de zinc cristallise....................nbsp; nbsp; nbsp; 60 —
Deuto-sulfate de cuivre cristallisö.............nbsp; nbsp; nbsp; 60 —
Vinaigre blanc............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 litre.
Apres avoir pulverise les deux sulfates, on las dissout ä froid dans le vinai­gre, et on ajoute a ce solutum le sous-acetate de plomb, qui se trouve alors entiferement decompose.
ARTICLE II
THRUMBUS
Deenition. Frequence. — Le Thrumbus est une tumeur dure, de forme irreguliere, qui se forme au siege d'une saignee, par suite d'nn epanchement sanguin dans le tissu cellulaire.
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MALADIES DE L APPAKEIL CIRCULATOIRE.
Le Thrumbus s'observe, chez les animaux de l'espece bovine, ä la jugulaire, ä la sous-cutanee abdominale et ä la saphene; il survieut plus communeinent a la sous-cutanee abdominale.
Causes. — La plus fröquente est le döfaut de parallelisme exis-lant entre Touverture faite h la peau et celle du vaisseau. Les jugulaires du bceuf etant tres mobiles, et cet animal se montrant toujours plus ou moins impatient, il arrive parfois que ce pa­rallelisme dontj'ai parle est detruitaussitötcju'il est etabli. Apres avoir i'rappi' le coup sec qui doit produire l'ouverture de la peau et du vaisseau, on voit un jet de sang sortir par l'ouverture et [lids s'arreter; les paysans disent : laquo; I'animal retient son sang. raquo; Souvent ce defaut de parallelisme n'a point d'autre consequence: uiais il arrive aussi qu'une tumeur se forme dans le tissu celln-laire, et c'est le Thrumbus.
D'autres fois, la saignee a eu son etfet attendu; mais les ani­maux, en se frottaul contra les corps qui les environnent, foul jaillir a travers l'ouverture du vaisseau une certaine quantite de sang (jui, n'ayant pas d'issue par Fouverture de la peau, s'extra-vase et conslilue le Thrumbus.
La meme cause produil exactement les meines efl'ets ä la jugu­laire et a la sous-cutanee abdominale; mais id I'extravasation se faisant au milieu d'un tissu moins abondant, la resorption natu­relle se fait plus lentement, et les thrumbus de la sous-cutanee sont generalement plus volumineux et plus lents ä disparaitre.
Symptume. — Le Symptome unique du Thrumbus est Fengor-gement,qui, s'iln'est point r6sorb6 promptement, devient dur. Plus tard, il est douloureux et un travail inflannnatoire s'y de-veloppe. — Son pronostic est rarement l'ächeux, s'il n'est poinl romplique de phlebite.
Traitcnicui. — On reniedie ä la ibrmatiou du Thrumbus par des atfusions d'eau froide faites avec soin et sans interruption pendant tout le temps necessaire, pour que la resorption dn liquide epanche commence ä se faire, ce que Ton reconnait faci-lement au ramollissement de la tumeur e: ä la diminution de sou volume.
Si, malgre les atfusions d'eau froide, rengorgeinent ne tend pas ä se dissoudre, on y fait des frictions vesicantes. Ordinaire-inent, c'est l'essence de terebenthine qui est employee a cet effet, parce que les frictions faites avec cette substance n'ont aucuri des inconvenients de celles qui resulteut des liniments I'MUtharides.
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PHLEBITE.
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A1ITICLE IV
PHLliBITE
ueuniition. Fröqucnce. — La Phlebite est rintlammation, avec obliteration par im caillot sanguin, de la veine; eile s'observe ä la jugulaire, ä la sous-cutanee abdominale et k la saphene. de rneme que le tlirumbus, qu'elle eompliqne bien souvent.
Causes. — Les causes sont les piqures r6petees sur le menie lieu, la section entiere du vaisseau et le Iroltement exerc6 avelt;-plus on moius de violence sur la plate resultant de l'ouverture du vaisseau. Un boBuf a ete saigne depuis pen de temps; il se frotte avec violence contre dos corps durs, raboteux; si une epingie a ete placee pour reunir les levres de la plaie faite par la flamme, cette epingie pent, par Fettet du frottement, blesser et irriter le vaisseau, et prodrdre ainsi cet ensemble de phenomenes qui ont recu le nom de Plil6bite.
Syniptömes. — Une veine qui est le siege de cet accident de-vient dure, bosselee, nouense; une chaleur tres forte se ma­nifeste sur Fengorgement plus ou moins considerable qui resnlte de cet etat^ et l'engorgement gagne de proche en proche en se dirigeant vers le point d'origine de la veine. Par l'ouverture de la saignee, dont la cicatrice se rouvre, du sang coule quelquefois en assez grande quantite, et d'antres Ibis de la sanie. Les ani-maux mangent avec difflculte quand c'est la jugulaire qui est le siege de ['inflammation, et ils restent peu de temps couches sur le cote, lorsqne le mal siege ä la sous-cutanee abdominale. Si c'est la saphene, le membre tout entier est plus ou moins engorge et la claudication est manifeste.
Le vaisseau devient fistuleux; plusieurs petits abces s'ouvrent sur sou trajet; mais le pus qui s'ecbappe par les ouvertures des flstules est pr-escjue toujours sanieux et fetide. Quand cet etat persiste, le tissu de la veine s'epaissit; qnelquofois il devient friable et se reduit en pulpe; la suppuration le detruit meme: en partie, dans bien des cas.
Mardie. iiiu.-.-. Terminaisons. — La Phlebite se declare.assez promptement. L'engorgement du vaisseau et des parties environ-nantes apparait du deuxieme an troisieme jour apres (jue la cause a agi; mais I'inflammation une Ibis declaree a une dnröe de plu­sieurs jours. Sa terminaison ordinaire est la suppuration, suivie de la destruction du vaisseau, dans toute la portion qui est le
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396nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DE LAPPAREIL CIRCULATOIRE.
siege de riuflammation; parfois, ily a seulement obliteration avec induration des parois, se terminant toujours alors par la trans-formation du vaisseau en une sorte de cordon fibreux.
Ces divers modes de terminaisou peuvent s'observer en meme temps dans une portion de l'etendue du vaisseau. Aiusi, la jugulaire d'un bcEuf, enflammee d'abord ä l'endroit de la saignee, tombe en suppuration h cette partie, s'oblitere un pen pins haul et presente un engorgement indure en remontant vers la region parotidienne.
Pronostic. — II est toujours läclieux, jusqu'a un certain poinl. Une veine atteinte par la Phlebite ne reconvre jamais son eta) normal; eile s'oblitere, et la circulation ne s'y retablit pas. G'est dans ce sens que la Phlebite est constamment un fait assez grave. La se bomeut pourtant les facheuses previsions que pent iuspirer cette affection; car I'animal prive d'une jugulaire, d'une sous-cutanee abdominale ou d'une saphene, n'en reste pas moins bien portant et apte aux services qu'il rendait auparavant. Le seul inconvenient qni resulte de cette absence d'une veine, c'est (pie plus tard on devra choisir un autre vaisseau pour pratiquer la saignee.
Truitement. — Le traitement, de la Phlebite est des plus sim­ples; on guerit la plus compliquee, la plus grave en apparence : celle qui se produit par des hemorrhagies d'abord, desj abces fls-tuleux ensuite, des engorgements indurtis vers la region paroti-dienne, etc., par de simples applications d'onguent vesicatoire: une onction vive sur toute l'etendue du vaisseau malade est le premier etquot; 1'unique moyen ä cmployeiquot;. L'inflammation revul­sive, qui est son premier effet, arrete les hemorrhagies; son action dispense de songer a operer la ligature du vaisseau, afin d'en prevenir le retour.
Cinq ä six jours apres avoir fait une premiere application d'on­guent vesicatoire, on en fait une seconde et successivement, jus-qu'ä ce que Ton ait obtenu la resolution complete de la Phlebite et de toutes ses consequences.
On emploie ordinairement contra la Phlebite I'onguent vesica-toire dout la lormule suit :
Onguent vexicatoire.
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Sublime corrosif........................... 5 grammes.
Cantharides en poudre...................... 10 —
Onguent basilicam......................... 250 —
Melez eNaclement.
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VAIUCES.
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ARTICLE V
VARICES
Ou desigue sous le iioui de Varices la dilatation anormale, partielle et permanente des veines.
On ne remarque des varices, sur les animanx de l'espeee bo­vine, qu'ä la jugulaire, ä la saphene et ä la sous-cutanee abdo­minale (veine mammaire de la vacbe).
Causes. — La dilatation extraordinaire des veines mammaires chez les vaches laitieres est une des causes predisposantes des varices de ce vaisseau; sur la saphene, on en trouve la cause dans la conformation particuliere du jarret du boeuf, que Ton designe sous le nom de jarret droit. Gette conformation, comme on salt, predispose les animaux de travail et les taureaux etalons aux tumeurs synoviales, lesquelles, par la compression qu'elles exer-cent au pli du jarret sur la saphene, doivent necessairement, en ralentissant le cours du sang, provoquer la dilatation du vaisseau sur cette partie. Ce qu'il y a de certain, e'est que les tumeurs synoviales du jarret sout ordinairement accompagnees de dilata­tion anormale de la saphene sur lejuome point.
Enfin, la cause predisposante des varices de la jugulaire des animaux de Fespeco bovine se trouve dans leur position anato-mique. En efl'et, cette veine n'esl point comme chez les solipedes. logee et maiutenue dans une gouttiere; eile est profondement situee et contenue seulement dans nne masse de tissu cellulaire: et pour qu'elle se gonfle el se presente exterieurement pour la saignee, Foperateur est oblige de placer une ligature fortemenl. serree autour du con, ligature qui, en comprimant les deux vei-ues, pent donner lieu ä une phlebite locale, ä la suite de laquelle on voit la varice par hypertrophie se declarer; independammenl de ce que, malgre cette ligature, la jugulaire du boeuf peut, dans certains mouvements de tete faitspar 1'animal, echapper ä la com­pression et rendre necessaires de nouvelles piqures par la flamme.
Les causes occasionnelles sont : a la jugulaire, les piqüres iucompletes, les saignees blanches et les saignees repetees sur d'anciennes piqüres, rinflammation chronique de la veine; a la veine mammaire ou sous-cutanee abdominale, les piqüres de raiguillon, la lactation prolongee et souvent renouvelee; ä la saphene, les efforts de jarret comcidaut avec Fexistence de tu­meurs synoviales.
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JäSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE L APPAREIL CIRCULATOIRE.
Symptömes. Pronostic. — Les Varices se presentent sous l'as-pect d'un renflemeut indolent, mou ou resistant, ressemblant ä des nodosites en chapelet. Ces renflements constituent des tn-meurs plus ou moins saillantes et d6velopp6es, molles et donnant la sensation d'une fluctuation quand on les comprime, mais d'une fluctuation plus resistante que celle du pus, ä moins qu'il ne seit contenu dans une membrane enkystee. Ces tumeurs. cela va sans dire, sont toujours situces sur le trajet d'une veine; elles se trouvent cependant dans quelques circonstances ä cöte du vaisseau, bleu que faisant partie du canal; cela se voif pour les varices qui rösultent des saignees frequeutes.
La compression exercöe sur la Varice fait disparaitre la tumeur taut que dure cette* compression; si eile est exercee au-dessous. entre la veine et le coeur, cette tumeur augmente par le fait de l'interruption de la circulation dans la veine, et eile reprend son volume ordinaire aussitöt que la compression cesse.
Dans les Varices, on ne ressent Jamals de pulsations pro-prement dites; mais quand les animaux ont ete soumLs ä im exercice violent, alors que la circulation est activee, on voit quel-quefois, sur les varices de la jugulaire, une dilatation subite et anormale se produire. D'apres leurs caracleres anatomiques, ou pent les diviser eu trois genres, comme i'a fait, pour l'homme. M. le docteur Briquet :
Premier genre. — Dilatation simple des veines saus epaississe-ment de leurs parois, resultat möcanique d'un obstacle au cours du sang veineux. L'organisation du tissu de la veine n'est pas alteree, il parait seulement plus condense et plus sec. Si on ouvre la veine sur le vivant, eile se vide du saug qu'elle contient, revient sur elle-meme et reprend son calibre normal; mais sur le cadavre, eile ne se retracte pas : eile s afl'aisse et s'aplatit apres l'evacuation du sang.
Deuxieme genre. — Dilatation uniforme avec epaississement: hypertrophie de la veine, laquelle reste beaute quand on la coupe en travers; ses parois sont epaisses, solides, dures, ordmairemenl grisätres; sa surface interne est sillonnee de rides longitudinales. tres regulieres, nombreuses et prononcees. Cos rides sont formtJes par la membrane interne; la membrane moyenne est quelque-fois rouge et comme cbarnue, et le plus souvent grisätre. C'est eile qui est evidemment le siege de rhypertrophie.
Troisieme genre. — Dilatation inegale, avec amincissement ou accroissement, resultat probable de l'inflammation chronique de la veine. Celle-ci est pen ou point sinueuse, ou eile Test beau-coup : dans le premier cas, eile est fusiforme, se renfle et se
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VAR1CES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 329
rötröcit insensiblement; les plis longitudinaux de la membrane interne sont plus ou moins obliques; les parois veineuses exami-uöes k contre-jour n'ont plus une epaisseur uniforme; la mem­brane moyenne est amincie et presque nulle sur certains points. Dans le second cas, celui oü les sinuosites veineuses existent d'ane maniere prononc6e, le vaisseau est aminci de chaque cote, de maniere h former deux bandes longitudinales pomme transpa­rentes, sur le trajet desquolles on-remarque de petitraquo; enfonce-meuts ou godets separes par des lignes rentrantes, saillantes et transversales, comme dans les gros intestins, etc.; desordre d'au-tant mieux constate que la lesion occasionnant la varice est plus ancienne. II resulterait de la trois etats morbides differents, dans ce que Ton a confondu jusqu'ä present sous le nom de varice.
Avant de rapporter les divisions proposees par M. le docteur Briquet, Hurtrel d'Arboval disait : laquo; Le resultat de ces recher-ches pent recevoir son application aux veines des animaux, raquo; et il avait graudement raison. Des ce moment, notre attention etant portee sur ce sujet, nous avons reconnu laquo;jue ces divisions s'appli-(juaieat exactement aux varices des grands animaux, les settles que nous ayons pu etudier serieusement.
Le pronostic n'est pas ordinairement fächeux : quelque volun)e que puisse acquerir la Varice ä la jugulaire, eile n'offre presque pas de danger; Jamals nous n'avons vu qu'elle ait eu une termi-naison facbeuse. II en est de meme de la Varice de la sous-cutanee abdominale resultant d'un thrumbus occasionne par une piqüre et qui u'a plus de caractere inflammatoire. Quant a la Varice de la veine mammaire, eile constitue A la longue un elat normal, nullement pathologique.
La Varice do la sapheue n'a pas non plus le moindre danger. a moins qu'elle nait pris un developpement tres considerable: alors, si Tauimal est soumis ä un travail force et qui se renou-velle tons les jours, il pourrait arriver qu'il y eut rupture dn vaisseau et par suite une bemorrbagie abondante et peut-etre mortelle.
Traitcment. — Lorsque la Varice ost caractörisee par des nodo-sites, comme cela se voit sur la jugulaire, les onctions faites avec une pommade vesicaute ä des intervalles calcules, de maniere ä ne faire de nouvelle onction que lorsque l'effet de la precedeute sur la peau a completement cesse, produisent un bon resultat : la Varice ne prend pas un döveloppement plus considerable, si tou-f,efois eile n'a point diminue; il en est de meme sur la sous-cutanöe abdominale. Mais le meilleur resultat de cette medica­tion se trouve dans l'öpaississement de la peau et la rigidite plus
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330nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DE LAPPAREIL CIRCULATOIRE.
grande du tissu cellulaire sous-jacent. Ainsi, la peau etant epais-sieet adhörente, forme commerun bandage contentif gui s'oppose k une plus grande dilatation.
On produit le meme effet sur la Vance de la saphene par les memes moyens; la cauterisation en rales ou en pointes, repet6e deux et trois fois, est meme, sur cette partie, d'un effet plus sür que les oiictionsect; vesicantes. Hurtrel d'Arboval dit qu'on y a renouce; nous croyons qu'il se trompe. Beaucoup de praticiens emploient ce moyen sur le boeuf, ei; ils n'ont qu'ä s'en louer.
Nous ne parlerons ni de Texcision de la veine, ni de la ligature : ces moyens sont abandounes comme dangereux; et il faut d'au-tant moins y penser quand ou fait la m^decine du boouf, qu'il y a un moyen beaucouj) jjlus ratiouiiel si la Varice donne des craintes : c'est Tengraissement et la vente pour la boucherie.
Voici quelles sont les substances avec lesquelles on fait sur les Varices les onctions ou les frictions dont il a ete parle :
Pommadc xtibire (d'Autenrieth).
Emetique................................. 3 grammes.
. Axonge.................................. 12 —
Mölez, et faites une seule friction.
Cette pommade est sufflsante pour obteuir le resultat desire: composee avec une plus forte proportion d'emetique, eile serail frop active et produirait une eschare trop considerable.
On emploio encore la preparation suivante :
Onguent basilicom..........................nbsp; nbsp; 32 grammes.
Cantharides.............................. 2 —
Sublime corrosif........................... 4 —
Une seule friction.
ARTICLE Vl
PHLEGMASIE ROUGE DOULOUREUSE
iteiinition. Frequence. — J'appellerai de ce iiom une maladie qui n'a pas encore et6 decrite, que je sache, par aucun auteur vetörinaire, et que j'ai observee plusieurs fois sur le boeuf de tra­vail. On pourrait dire que c'est un oedeme cliaud et douloureux resultant d'une inflammation des vaisseaux sanguins, avec epan-chement de sang dans leamp; tissus. Cette maladie s'observait plus lommunement autrefois, alors que les animaux de travail etaieul
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PHLEGMASIK ROUGE DOULOUREUSE.
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considei'es comme des machines Vivantes yni devaient et qui pouvaient fonctionner jusqu'au moment supreme oü tons les res-sorts qui les faisaient mouvoir etaient completement uses. Les progres accompiis en agriculture depuis quelques annees onl amene sous ce rapport des changements favorables : les Ixeufs de travail sont mieux nourris qu'ils ne I'etaient; on ne les laisse point arriver ä la limite extreme de la vie avant de les preparer pour la boucherie, et la Phlegmasie rouge et doulonreuse. on I'Oedamp;ne chaud, ne s'observe pas aussi souveat.
Causes. — L'appauvrissemont de la constitution de l'animal. par suite d'un age avance, de fatigues journalieres et excessives. et rinfluence d'une alimentation insufflsante on malsaine, en sont les principales causes predisposantes.
Comme causes occasionnelles, il faut signaler : des coups por-tes avec plus ou moins de violence a la face interne ou ä la face externe de la cuisse, sous le ventre et de cöte, sur le tra-jet -des veines sous-cutanees abdominales, soit avec le man­che de Faiguillon, avec la pointe du sabot dont le bouvier est chausse, soit avec la come d'un autre boeuf. Mais la cause occasionuelle la plus freqnente est la piqnre faite par lai-guillon : selon que le bouvier tient le manchon de la charrue d'une main et par consequent Uaiguillon de I'autre, la Phleg­masie rouge doulonreuse se declare d'un cote ou de l'autre de l'abdomen, ä la face externe ou interne de la cuisse; et si cette circonstance n'etait pas suflisante pour faire reconnaitre quelle est la veritable cause occasionuelle de la Phlegmasie rouge, on trouverait son indication precise dans 1'existence d'un petit bou-ton dur et tres douloureux place sur un point de la turneur, el adherant a la peau comme s'il en etait une partie Constituante. C'est un fait constant : il m'a toujours found des indications pre­cises, confirmees par des renseignements ulterieurs.
SymptAnies. — Tumeur doulonreuse au toucher, avec chalenr tres vive, sans changement de couleur ä la peau; eile se forme lentement et pent acquerir sous l'abdomen un volume considera­ble en se maintenant, dans le plus grand nombre des cas, sur le cöte oü eile se trouve placee, tout en se prolongeaut jusque sous le sternum et, en arriere, jusqu'au scrotum. Cette tumeur est renitente; en la pressant avec un peu de force, on distingue par-faitement qu'un liquide d'une certaine consistance est depose dans ses profondeurs; qn'elle ait son siege ä l'une ou h I'antre face de la cuisse ou meme a l'abdomen, la marche de 1'.animal en est genee; il evite de se coucher autant que possible sur ce mem-bre malade.
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MALADIES DE L APPAREIL CIRCULATOIRE.
L'animal perd d'abord I'appetit; il ne ramine point, son pouls est pröcipite sans etre plein; il maigrit rapidement, et lorsque la tumeur a son siege ä la cuisse, ramaigrissement se fait remar-quer surtout vers les parties superieures du raembre, ä la croupe, et rarticulation coxo-f6morale est Mentot döcharnee.
Je noterai en passant que je n'ai jamais observe les tumeurs de cette nature sur les membres anterieurs.
Si la Phleginasie rouge douloureuse existe vers les parties inle-rieures rte Tabdomen, Tanimal (pii en est atfecte reste plac6 sui-ses membres taut qu'il pent resister a la fatigue que Ini fait epron-ver cette position; puis il se laisse tomber sur la litiere, pour ainsi dire, tout d'une piece, pour se relever bientot si ses forces le lui permettent, car il ne saurait resister pendant longtemps h la douleur occasionnee par la compression de la tumeur.
Harchc. Dur^e. Termiiiaisoiis. — Les tumeurs qui caracterisenl la Phlegmasie rouge douloureuse se forment lentement, ainsi que je l'ai dejä dit, et leur resolution, quand on pent Fobtenir, ce qui est fort rare, se fait attendre des mois entiers. Si elles sont pla-cees aux parois abdominales, cette resolution s'obtient un pen plus facilement; mais son mode de terminaison le plus frequent est I'induration. La suppuration au contraire, une suppuration louable, je veux dire, n'a presque jamais lieu. Lorsque la tumeur est placee soit ;quot;i la face interne, soit ä la face externe de la cuisse. eile preud une forme triangulaire en se prolongeant vers le jar-ret , et sa terminaison est alors ou rinduration on le sphacele.
Une Ibis arrivees ä un certain developpement, ces tumeurs ne grossissent plus; mais il s'opere dans toutes leurs parties Consti­tuantes un travail de disorganisation qui conduit L'animal au marasme et le fait perir.
Lesions paihuio^iqucs. — Lquot;autopsie des animaux morts des suites de la Phlegmasie rouge douloureuse fait reconnaitre dans tousles organes internes un etat d'anemie complet; la tumeur seulement est formee d'un tissu vasculaire se confondant au milieu d'une masse de matiere sanguinolente de couleur et de consistance variables, päle et fluide, ou noire et grumeleuse, tres rouge et coagulee lorsque l'animal a ete sacrifle pendant les pre­miers temps de la maladie. La peau qui recouvre la tumeur esl epaissie et encore assez distincte, puis eile se confond avec la tumeur et semble en faire partie integrante quand la maladie date de plusieurs mois.
Diagnostic. Pronostic. — Le diagnostic de la Plegmasie rouge douloureuse s'etablit d'antant plus facilement qu'on est mieux fixe sur sa veritable cause. En effet, quoi de plus simple que de
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PHLEGMASIE ROUGE DOULOLREUSK.
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liiagnostiquer une affection speciale des vaisseaux sanguins et, par suite, uu etat hemorrhagique de ces vaisseaux lorsqu'ou peut se convaincre qvr'ils out ete coiitusiounes ou piques sur des par­ties amaigries. Ge qui d'ailleurs distingue cette Phlegmasie de Tcedeme, c'est la chaleur et la douleur qu'on y remarque cons-tamment.
Quant au pronostic, je dis, en me rappeiant les diverses obser­vations de ce genre que j'ai faites, qu'il estordinairement fächeux, ce qui est une consequence premiere de l'appauvrissement de la constitution des animaux au moment oü la maladie s'est döcla-ree. II est moins fächeux cependant lorsque rauimal malade est encore jeune et que la Phlegmasie a son siöge dans la region oil circule la sous-cutanee abdominale.
Truitemcnt. — J'ai quel([ue[ois, pendant ies premiei-es annees de ma pratique, employe la saignee generale et aussi des scarifi­cations profoudes sur les tumeurs, afin de produire un eifet deri-valif; mais j'ai du renoncer ä ces moyens, le mal empirant sous leur action. Par les scarifications, il se declarait des hemorrha-gics loujours fort inquietaules et que la compression arretait difflcilemeut.
Les bains dans I'eau couranle etaient plus efficaces, et ä defaut de bains, des ablutions d'eau froide faites sans interruption pen­dant des teures et des journees entieres.
Je doinie cependant la preference aux bains, parce qu'ä la cam-pagne il est presque impossible d'obtenir, taut des maitres que des serviteurs, qu'ils fassent des a))liitions soutenues pendant uu temps assez long; ils en leront une ou deux dans l'espace d'une heure, et ils croiront avoir rempli fidelemenl l'indication, taudis ijue c'est le contraire qu'ils or.t fait. Non-seulement les ablutions faites ä des intervalles plus on moins eloignes ne serveut ä rien pour ainener la resolution des tumeurs, mais encore elles produisent un resultat ojjpose. Apres chaque lotion d'ean froide isolee sur une partie enflammee, un mouvernent de reaction a toujours lieu, el s'il se repete frequemment, 11 tourne uecessaire-nient au profit de rinflammation pour la rendre plus intense.
Enfln, voici ce qui resulte de mes observations pratiques : luutes les fois que j'ai du m'en rapporler aux condncteurs de hes-liaux dans l'emploi des ablutions, elles m'ont paru inefiieaces, parce qu'on ne les avail pas faites avec soin; au contraire, les bains froids locaux out souvent produit de bons elfets qnand ils out ete repetes plusieurs fois dans la journee et que chacun a dure au moins une heure.
Lorsque pendant les premiers jours, a, dater de l'apparition de
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la phlegmasie, les bains froids n'ont pas diminue en grande par-tie l'intensitö des symptomes, on doit faire snr les tumeurs, si elles sont encore aplaties et a bords non circonscrits, des frictions d'essence de terebenthine, continuöes deux fois par jour jusqu'a, ce qne la peau soil soulevöe et gercee profondement. Ces fric­tions ne fon t pas eprouver au boeuf des douleurs assez vives pour ipi'on mette dans leur emploi plus de managements.
Si les tumeurs sont circonscrites, dures, tres volumineuses et tres elevees, il faut recourir ä des frictions de vesicatoire liquide, deux par jour, jusqu'ä ce qu'elles aient produit sur la peau leur eilet ordinaire. L'action des vesicatoires se fait attendre un pen plus longtemps sur la peau du boeuf que sur celle du clieval : d'oii la necessite de frictions repeteos plus souvent.
Lorsque ces moyeus out t'choue, je cauterise les tumeurs par des boutons de feu penetrants; et je considere comme un excellent resultat une augmentation considerable de la chaleur et de la douleur, parce que cette reaction permet d'esperer la formation d'une eschare, dont le soulevement serait la premiere phase de la resolution de la tumeur.
Pour etre plus efficaces, les frictions dquot;cssence de terebenthine doivent etre faites avec la main de Thomme; elles n'ont pour Ini aucun inconvenient si, aussitöt qu'elles out ete faites, il trempe sa main dans I'eau I'roide.
La dose d'essence de terebenthine pour une friction doit etre de 50 a 60 grammes pour une surface carree de 10 centi­metres.
Tons les medicaments connus sous les noms de feu francais, feu anglais, etc., peuvent etre employes pour produire sur le bceuf une vesication assez energique; mais je leur prefere, parce que son action est plus sure et plus energique, la teinture de cantha-rides preparee d'apres la formule suivante :
Teinture de cantharides (Täbourin).nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .
Teinture de cantharides..................... 32 grammes.
Aleool ä öB6........quot;...................... 230 —
Faites tiamp;iir l'alcool et passez ä l'appareil de deplacement, ou faites digerer sur des cendres chaudes pendant quatre cm cinq jours.
Les frictions avec la pommade stibiee preparee de la rnaniere suivante produiseut aussi une eschare qui pent avoir de bons effets :nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
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THROMBOSE.
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Pommade stibiee.
^tartre stibiö en poudre .................... 32 grammes.
Axonge.................................. 125 —
Mftlez.
Une seule Metion, apres avoir eoupe lepoil sur la partie, suflii pour produire une vesication moderee; avec deux frictions, cette vesication est des plus intenses; et avec la troisieme friction, la peau est desorganisee au point de produire une eschare lente ä se dötacher.
Mais il ne faut pas oublier que si la Phlegmasie rouge doulou-reuse se declare, ce n'est pas seulement par reffet ü'une contu­sion du tissu vasculaire sous-cutane ou d'une piqüre : tenons compte egalement, dans Tindication du traitement, de la predis­position de ranimal, ayant pour cause un appauvrissement de sa constitution. On rein6die ä cet etat au moyen d'une nourriture analeptique, qui se compose de fourrages des meilleurea qua-lites, suivant les contrees oü ils sont recoltes : dans le Midi, ceux provenant de prairies artiflcielles; dans d'autres regions, de prai­ries naturelles; et partout, de farineux, de racines cuites, etc. Sous Tinfluence de ce regime, les forces de l'animal se retablis-sent, la nutrition se fait mieux, ce k quoi Ton aide principale-inent par radministration de preparations ferrugineuses.
La plus simple de toutes les preparations ferrugineuses se donne a volonte; sa dose n'est limitee que par la soif de lanimal : c'est l'eau ferree, que Ton prepare en plongeant ä plusieurs reprises un gros inorceau de fer rougi dans l'eau qui doit servir de boisson.
L'eau ferree se prepare egalement en y deposant des fragments de fer rouille.
La limaille de fer s'administre melangee ä un peu de son frise. ä la dose de 16 ä 32 grammes, suivant la taille des animaux.
Quand on a fait emploi des preparations ferrugineuses pendant plusieurs jours, on cesse de les administrer, et, apres un Inter­valle de deux jours, on fait prendre des breuvages toiiiques, un chaque matin ä l'animal ä jeun, compose comme suit :
Tanaisie verte ou Absinthe................ 30 grammes.
Eau.................................... 1 litre
Traitez par infusion.
Autre breuvage.
Gentiane ou Centaunie on poudre............. 30 grammes.
Eau.................................... I ütre et demi.
Traitez par decoction.
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A'Minbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE L APPAREIL CIRCULATOIRE.
ARTIGLE Vll
THROMBOSE
Synonvhie ; Coagujiition du sang daus les veines, Formation de caillots, Ossitication des parois des veines, Obturation des veines,
Les diverses denominations donnees ä la Thrombose suffiseut puur definir cette maladie et en determiner le caractere essen-tiel. Elle se manifeste assez cominunement, chez les animaux de travail surtbut.
Causes. — Je n'ai otiserve cette maladie que chez des btsufs on des vaches de travail ijiii avaient suhi les eprenves d'un regime alimentaire pen irrationnel, qui avaient longtemps vecn dans nn milieu oil loutes les influences semblaient eti'e reunies pouv dete-riorer leur constitution : dans les vacheries oü nul soin intelli­gent n'etait accorde ä ces animaux, oü ils se trouvaieat enier-uies, pendant tout I'hiver, pour y consommer les fourrages les plus mal recoltes el toujours distribues neanmoins avec une par-cimonie excessive.
On voit anssi tres souvent la Thrombose de la jugulaire so for­mer a la suite des saignees, les saignees dites de precaution sur-tout, autrefois pratiquees annuellement, et pendant lesquelles le sang n'a pas ete d'nne emission facile. Par example, on serre lorlement la ligature pour faire gonfler le vaisseau; ranimal est indocile, il se defend pendant longtemps, il s'echappe ayaut tou­jours le con lorlement serre el la veine gonflee. Enfin, on par-vient ä frapper sur le vaisseau; mais ijuoiqne la flamme Fail divise Men direclement, on ne voit couler que quelques goutles de sang on un filet qui s'arrete bienlöl. II n'y a pas en de sai-gnee ä proprement parier, mais un caillot s'est forme dans la veine blessee, qui reste dure el saillante.
On observe la Thrombose chez des animaux alteints de la phthisie tuberculeuse; el si je n'ai pas decrit ce symptdme comme inherent ä cette affection, e'est qu'il existe aussi tres souvent sur des animaux qui ne sont point phthisiques.
SymptAmes. — L'obliteration complete on partielle du vaisseau, par la formation de caillots sanguins, est le phenomena essentiel de la Thrombose. Les caillots deviennent fibrineux ordinaire-menl; d'aulres fois ils out une consistance calcaire et ils adhe­rent forlement a la tunique du vaisseau, ce qui a fait croire ä une ossification de cat organe. L'obliteration commence du cole
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THROMBOSE.
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de rorigine des veines, puis se continue en se prolongeaut sur lenr trajet.
Je n'ai observe la Thrombose qu'aux jugulaires, et la pleni­tude constante du vaisseau, ainsi que sa durete, suffiseut pour etablir le diagnostic. Le vaisseau n'est point douloureux an tou­cher; on n'y rema'rque aucune trace d'inflammation, et il n'est pas possible de confondre la Thrombose avec la phlebite.
La marche de la Thrombose, (jui se forme sous I'influence d'un regime vicieux, est lente, et sa duree n'est guere facile ä determiner. Sa termiuaison est roblittJration complete du vais­seau, ramaigrissement excessif des auimaux et l'etat cachectkpie.
Le pronostic de cette affection n'est facheux que relativement. Si la Thrombose est de formation recente, et si eile resulte des manoeuvres de la saignee, on pent esperer de la faire disparai-tre.; mais si eile s'est formee leutement sous I'influence de cau­ses (jui out altere la constitution des auimaux, line termiuaison fatale e-;t toujours h redouter.
Traitement. — A la Thrombose recente resultant des manceu-vres de la saignee, on oppose d'abord les ablutions frequeutes d'eau froide, et, dans bien des cas, ce traitement sufiit pourame-ner la resolution des caillots. S'il echoue, ce qu'i] est tres facile de constater (juand on I'a employe; pendant trois on quatre jours, on fait sur tonte l'ötendue du vaisseau thrombosö une friction vigoureuse de vesicatoire liquide, friction qu'il est prudent de renouveler deux ou trois jours de suite; en meme temps, on pra­tique, sil'animal est jeuue, vigoureux et en bon etat, une saignee assez copieuse lt;i un vaisseau eloigne de celui ({ui est affecte de la Thrombose.
On remplace avec avantage les frictions vesicantes propre-ment dites par les frictions d'essence de terebon thine, a la condi­tion d'en faire pendant plusieurs jours de suite et de ne suspen-dre leur emploi que lorsque, sur le trajet du vaisseau, le cuir est totalement fendille. II est bon, quand cela est possible, de mettre les auimaux en traitement au regime du vert.
II est inutile de songer ä im traitement quelconque, si lu Thrombose s'est formee lentement, surtout si eile resnlte de l'in-tluence d'un regime vicieux qui a profondtmient altere la consti­tution des auimaux : ce serait perdre le temps. L'engraissement est dans ce cas la seule ressource ä utiliser; encore faut-il que le mode d'engraissement soit en rapport avec l'ßtat sanitaire des animaux. Si on leur donnait sans precaution des aliments tres sauguifiables : des vesces, de la luzerne, du tourteau de lin ou de colza, on les exposerait aux apoplexies et, aux diverses conges-
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338nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DE LAPPAREIL CIRCULATOIHE.
lioiiri sanguines. Le regime alimentaire doit se composer, dans cette circonstance, de farines de facile digestion, telles que celles de lin, d'orge, de seigle, de maus, de racines cuites et de ibiu de prairies recueilli sur un terrain permeable.
On evite de faire entrer dans les boissonsi des substances aci-des et toutes celles qui peuvent avoir pour etfet d'au^menter la plasticity du sang.
CHAP1TRK III
Maladies des vaisseanx lympliatiques.
Liutlammation. accompagnee de plieuomenes analogues ä ceux qu'on observe sur les veiues, est la seule maladie qui attei-gne habituellement les vaisseaux lymphatiques.
ARTICLE UNIQUE
INFLAMMATION DES VAISSEALX LYMPHATIQUES Sy.nonymie : AngMoleucite.
Cette affection se manifeste assez freyuennnenl sur les veau.x , les genisses et les taureaux , et sur les vieux bceufs ou les vieilles vaciies,
Cuuses. — Le jeune Age ou la vieillesse, une nourriture iusufii-saute ou composee de fourrages älteres par une cause quelcouque. par ceux qui out ete vases, ceux qui sont venus sur des terrains has et humides, ou qui, pour avoir ete mal seclies et mis en grange ou en meule dans de mauvaises conditions, out perdu en grande partie leurs proprietes nutritives, telles sont les causes predisposautes ordinaires de l'Angeioleucite.
On compte, dans les causes occasionnelles, tout ce qui peul iniler directement les reseaux lymphatiques places ä la face in-terne des memljres : les coups, les piqüres de l'aiguillon, les contusions sourdes, igs ecorcbures. etc.
s.viii|it6in.N. — Tumefaction de la region sur laquelle rampent
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INFLAMMATION DES VAISSEAUX LYMPHATrQUES.
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les vaisseaux lymphatiqiies, avec infiltration de s6rosite blanclui-tre legerement gluante; peau tenduo, cliaude et douloureuse au toucher; les ganglions lymphatiijues places en avant de l'epaiile, au grasset, s'engorgent consecutrvement; le membre, siege de TAngeioleucite, est tres gene dans ses mouvemeuts, et jjarfois la boiterie est tellement grave que la marche de l'animal est im­possible ou du moins tres penible. Quand les symptomes oul atteint ce degre d'iutensite, les animaux ue maugent point, ils ue ruminent point; leur pouls est vite, quoiqu'il ne soil point tres tort; ils ont la colonne dorso-lombaire sensible ;;. la pressiou irune maniere tres marquee.
L'engorgement qui d'abord a paru ä la lace interne des mem-bres ne tarde pas ä s'etendre au lanon, ainsi qu'ä toute la region sous-sternale et sous I'abdomen, lorsqu'il y a tendance ;i la tei--minaison par la gangrene, et alors cet engorgement est emphy­sema toux snr plusieurs points de son etenduc.
Un veterinaire de la Dordogne, M. Porteron, qui avait observe cette maladie sur un certain nombre d'animaux de plusieurs communes, en decrit les symptomes de la maniere suivante :
laquo; D'abord l'animal refuse les aliments qu'on lui presente et cesse de ruminer; son pouls est accelere, son flam; s'agite; il es1 moins sensible ä Faction de laiguillon.
laquo; Puis il se met ä boiter d'une extremite anterieure, el quel-(liielbis en meme temps d'un membre de derriere. Bientot uu engorgement jtlus ou moins considerable survienl au poitrail, el la partie inlerieure du fanon, ainsi que l'avant-bras du mem­bre qui est le siege de la claudication, s'infiltrent; les matie-res alvines sont molles ou legerement moulees et couvertes de inucosites.
laquo; Mais bieutot ces divers symptomes acquierent une intensilr plus grande : rengorgement du poitrail s'etend, remonte le long de la region införieure de l'encolure, efface les gouttieres jugu-laires et se prolongejusqu'aux joues. Alors lemufledevient mons-trueux, la face interne des levres et de leur commissure est dquot;uii uoir violace, la region des arcs, tres sensible ä la pressiou, refle-chit une teinte brune; la respiration devient laborieuse, le pouls s'etface, l'animal malade se couche, se releve, pousse des soupirs. et meurt en se livrant ä des monvements convulsifs. raquo;
niarche. Dui-ec. Terminaisons. —#9632; L'invasion de rAngeiohiucilf ue se fait pas aussi promptement, dans le plus grand nombre des cas, qu'on pourrait le croire en lisant la description des sympto­mes rapportes par M. Porteron ; rengorgement se developpe len-tement, quelquefois meine il reste stationnaire, et son apparition
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340nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE L APPAUEIL CIRCULATOIRE.
est quelquefois si peu remarqu^e, qu'on est, dans les premiers jours, ä chercher la cause de la gene que I'animal semhle eprou-ver pour flöchir on etendre les membres. Le point donloureux se trouve plutot ä la pression qu'ä la vue. Les inflammations du Systeme lymphatique sont toujours plus lentes ä se produire que celles des autres tissns.
La duree de l'Angeioleucite des membres est en rapport aver celle de son invasion : eile est de plusieurs jours et qnelqnefois meme de plusieurs mois, car cette duree depend de la terminai-son, qui pent etre : la resolution , L'iuduration, ou la gangrene.
La premiere de ces terminaisons s'acheve en une quiuzaine de jours; Finduration est tres lento ä se produire. La maladie se ter-mine par la gangrene du huitieme an douzieme jour.
lesions pathoiogiques. — Les mailles du tissu cellulaire sous-cutane sont infiltrees d'nne serosite roussdtre, onctueuse; les vaisseaux lymphatiques ont acquis nn volume relativement con­siderable, ils representent des nodosites bien caracterisees; les ganglions lymphatiques sont engorges, durs; ils ont une teinte roussatre : leur substance crie sous le scalpel; les muscles sont aussi engorges, et le plus souvent, gorges d'un liquide de la na-tui'e de celni qui s'est epanche dans les mailles du tissu cellu­laire. Teiles sont les lesions observees h Touverture d'animaux sacrifies pendant la duree de la maladie.
S'ils perissent de l'Angeioleucite gangrenense, les lesions soul differeiUes : les liquides qui baignent les tissus sont bruuätres. d'nne odeur fetide, et la substance des tissns s'ecrase facilement sous les doigts; les muscles ont une couleur verdätre ou blendtre. et les os, spongieux comme le sternum, sont aussi, dans leur substance, d'nne couleur brunätre.
Alors on remarque egalement des taches gangrenenses aux plevres, dans les poumons; le pericarde en est convert, et con-tient de la serosite brune. Le cceui est flasque, et la laible quan­tity de sang qu'il renferme est noir et tres fluide.
Diagnostic. Pronostic. — La tumefaction douloureuse d'nne partie de la face interne des muscles places sur le trajet des lym­phatiques, et la gene de la marche ou la claudication, indiquent assez quel est le caractere de la maladie ; on ne saurait la confon-dre ni avec la distension et l'engorgement des tissns musculaires ou aponevrotiques, ni avec une inflammation phlegmoneuse subitement developpee.
Quant au pronostic, il varie suivant rintensite premiere de la maladie et suivant la^terminaison que les symptomes font pre-voir, particulierement lorsque I'inflammation s'est developpee
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INFLAMMATION DES VAISSEAUX LYMPHATIQUES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 341
avec lenteur. Si les premiers resultats du traitement sont favo-rables et qu'ils denotent une amölioration quelque legere quelle soil, on peut ordinairement pronostiquer uue terminaison satis-laisante : la resolution.
Si au contraire ces resultats n'accusent pas une modification favorable bieu sensible, si en un mot riuflammation est station-naire, on doit craindre la terminaison par induration, et le pro-nostic est, dans ce cas, d'autant plus fächeux que la claudication est plus intense, car si Ton n'a pas ä redouter precisement la mort des animaux, on a tout au moins ä craindre pour eux un etat de souffrance qui s'opposera ä leur engraissement. Inutile, d'ajouter que lorsque rengorgement s'est etendu rapidernenl sous le sternum, en avant des epaules et de l'encolure, sous I'abdo-men, etc., et qu'il est emphysemateux sur plusieurs points de son etendue, le pronostic est des plus fächeux, car c'est la termi­naison par la gangrene qui est iinminente.
Traiteinent. — La saignee est contre-indiquee dans I'Angeioleu-cite. Toutes les Ms que je l'ai employee contre cette inllammation, ineme quand lengorgement s'etendaitavecrapidite, eilem'aparu avoir produit un eifet contraire ä celui que j'attendais. Les em­brocations d'liuile camphree, de pommade camphree, de populeum iaudanise et cainpbre, donaent de meilleurs resultats; mais ces moyens n'ont pas I'eificacite marquee des onctions vesicantes.
Celles-ci semblent d'abord aggraver les symptomes ; sous leur action, I'animal donue des signes d'uue anxiete plus vive, son pouls s'accelere et menie devient dor, sa respiration s'accelere egalement; il dent les yeux grands ouverts; son regard temoigne d'une irritation nerveuse extraordinaire ; il a toujuurs Fair de se defendre avec la töte de l'approclie de l'homme; mais ä cette irritation ne tarde pas a succeder un calme, un apaisement qui est le signe certain d'une modification favorable opcree dans l'etat de ranimal. En etfet, les onctions vesicantes out produil ou des piilyctenes on de simples erosions tres douloureuses au lonelier, et cependant le mulle de ranimal se couvre de rosee. Gel-animal temoigne du desir de manger, il rumine, il s'etire meme autant que peut le lui permettre la gene qu'il eprouve au membre malade; et quand ce chaugement s'est produit, on peut compter sur la resolution ä pen pres certaine de l'Angeioleucite.
Les embrocations camphrees dont j'ai parle n'ont pas une action favorable aussi marquee, quoiququot;il soit vrai de dire qu'elles amoindrissent rintensite des symptömes. Mais ce resultat est rarement suivi dc la resolution complete de rinllammation , tan-tlis que, dans le plus grand nombre des cas, cette terminaison a
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342nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE L APPARE1L CmCULATOIRE.
lien par l'iutluence des onctions vesicautes, du troisieme au qua-trieme jour qui a suivi leur application; les phlyctenes ou les Ero­sions out forme des croutes minces ou simplement des pellicules, sous lesquelles on voit rengorgement des tissus diminuer progres-sivement de jour en jour, en meme temps que la douleur locale et la claudication.
Quand on est appel('! ä trailer rAngöioleucite ä son debut, les Irictioiis d'essence de lerebenthine vigoureusement faites, et repe-lees deux et meme trois Ibis dans la meme journee, produisenl mi effet resolutif tres prompt; elles sent moins efficaces si I'm-llammation a dejä acquis une certaine intensite.
Sur les engorgements, resultat de Ja termiuaison par I'indura-tion, ce sent les frictions avec la pommade d'iodure de potas­sium ioduree (pie Ton devra preferer, et Ton administre en meme temps Tiode a I'interieur.
Lorsque TAngeioleucite tend ä la terminaison par la gangrene, les onctions vesicantes sent sans etl'et.: une fois, dans un cas sem-blahle, j'ai applique sur rengorgement, aux parties emphysema-teuses principalement, des pointes de feu penetrantes, avec un succes qui a ete peut-etre cherement pave : pendant plusieurs jours, I'animal, un boeuf de travail reforme, resta etendu sur la litiere prive pres(|ue de mouvement; on soutenait ses forces an uioyen de breuvages tenant de la farine d'orge en dissolution. Des eschares d'une epaisseur et d'une etendue considerables se detachereut des parties cauterisees, et pendant plus d'nn mois il lallul donuer ä cet animal des soins tres coüteux, pour abontir ä conserver ä la vie un squelelte ambulant qui ne put pas etre remis eu chair et qu'il fallut faire abattre.
J'emploie de preference pour les onctions vesicantes Fonguent de Lebas, dont voici la ibrmule :
Prenez : Onguent vesicatoiro......................nbsp; nbsp; 500nbsp; grammes.
Pommade rnercurielle double..............nbsp; nbsp; 200 —
Savon vert.............................nbsp; nbsp; 125 —
lluile de laurier........................nbsp; nbsp; 160 —
Cire jaune.............................nbsp; nbsp; 100 —
Falles fondre la cire et ajoutez success!veruent les autres substances; melez avec sein.
Pommade d'iodure ioduree de potassium.
Prenez -. lodure potassique..............%;........ 8 grammes.
lode................................... 4 —
Axonge................................ 32 —
On prepare d'abord la pommade et on ajoute ensuite I'iode.
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INFLAMMATION DES VAISSEAUX LYMPHATIQUES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 343
Teile est la formule de M. Tabourin ; mais je double ordinaire-ment la dose de l'iodure et meme de l'iode qoand les engorge­ments sent de date ancienne.
On administre l'iode k rintörieur, k la dose de 4 grammes aux bceufs ou vaches de petite taille, et de 6 ä 8 grammes aux boeufs ou vaches adultes des fortes races de travail, dans une decoction de gentiane ou de tanaisie. Ghaque dose d'iode est donnee dans 2 litres de ce vöhicule.
Sons cette forme, on n'administre l'iode qua de deux jours l'un, et quand les animaux en om pris quatre doses, on laisse im Intervalle de six ä huit jours avant de recourir ä une nouvellp administration de ce medicament.
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SECTION IV
MALADIES DU SYSTEME NERVEUX
Les niiiladies du Systeme uerveux des animaux de l'espece bo­vine ne tiennent yu'une Ires petite place dans le cadre nosologique; elles out cependant line importance relativement considerable, el necessiteiit une attention soutenue et. nne grande habitude d'ob­servation pour iju'on ptiisse les etudier avec fruit dans leur etal propre et dans leurs causes. En general, elles sont d'uue guerison difficile ou meme impossible, parce qu'il reste ii apprendre sur leurs caractei-es bleu des particularity qui jusqu'ä present out ecliappe aux investigations des plus liabiles chercheurs et des observateurs les plus judicieux.
J'ai dit que ces maladies sont pen nombreuses; elles le sont (•(raquo;pendant plus qu'elles ne devraient etre, si Ton doit en juger par ridiosyncrasie particuliere ä l'espece bovine, aux races de travail principalement. Chez celles-ci, en effet, la constitution propre des animaux, la nourriture, le genre de service qu'elles font, devraient eloigner toute idee d'alteration du Systeme ner-veux : le temperament est sanguin, athletique; la nourriture esl lortiflante et le travail tonjours fait an grand air; ces conditions sont propres k creer sur ces animaux des predispositions contraires h rapparition d'atfections de cette nature. Aussi faut-il croire que si elles se produisent dans une certaine rnesure, c'est au regime vicieux auquel sont soumis les animaux et h l'ineptie du cultiva-leur qu'il faut s'en preudre. Tres certainemeiit,- les affections qui vout etre decrites se manifcsteraieut avec une intensite moiadre que celle qu'elles olfrent ordinaire men t, et surlout elles seraient moins frequentes, si les regies de I'liygiene etaient bien connues aux cbamps et si elles y ötaient Men appliquees.
J'aurai d'abord ä parier des maladies des Centres uerveux, puis des maladies des Nerfs, et eufiu des Nevroses.
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CKKKBH1TE AlfirE SIMPLK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;345
GHAPITRE PREMIER
Maladies des centres nerveux.
ARTICLE PREMIKH
CONGESTION CEREURALE OU CEREBRITE AIamp;VE
Je (lecrirai, sons le uom do Congestion cerebrale. line affection que la plupaxt des anteurs qui ont ecrit snr les maladies des animaux de l'espece bovine, ont desigaee sous le nom d'Encepha-lite. Ello est simple on compliqnee de coryza gangreuenx.
sect; Ier — Cerebrite aigue simple.
Synonyuu: : Etic^phalite, CeröliritL- ai^ui1,'Arachnokiite, U^Dingite, Phrenteie, Vcrtige, Apoplexie incomplete, Coup de sang.
Definition. Frequence. — La Congestion cevebrale est un alllux considerable de sang dans le cerveau, congestion qui doune lieu h ditferents plienomenes morbides. Cette maladie est connue at a ete decrite sous des noms assez divers, rappelant plutöt des symptömes qu'une maladie bien nettemeut caracterisee. C'est pourquoi je couserverai le nom de Congestion qui me semble en donncr une idee plus exacte. Les Congestions cerebrales soul ircquentes chez les animaur de l'espece bovine, chez ceux tie ces animaux principalement qui sont employes aux dilierents travaux de I*agriculture et aux forts charrois.
Causes. — Le temperament esseutiellement sanguin de toutes les races elevees pour le travail, plus developpe que cliez les races specialement destinties ä la boucherie, dont lorigine, le regime alimentaire approprie ä la destination, le repos presque absolu dans lequel elles restent pendant la duree de leur existence, doit necessairement modifier les predispositions ; Tage adnlte, le sexe male, cette atfection etant moins frequente cliez les vaches que
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MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
chez les bceufs, sont les priucipales causes predisposautes de la Ceröbrite aigue chez les races travailleuses. Dans les causes occa-sionnelles doivent etre rangees : les etables basses, mal a^r^es, oü la temperature est toujours tres amp;ev6e ; uue alimentation cons-lamment composee de fourrages tres sauguifiables, tels que la luzerne, le sainfoin, le trefle, surtout les vesces ; le temps froid et humide, les fortes chaleurs, im travail soutenu sous im soleil ardent on sous im del nuageux foitement charge d'eL.'ctricite, Tinsolatioii prolougee, des coups violents portes sur les regions frontales on occipitales, etc., etc.
La plupart de ces causes peuvent, ynand leur action est subite et violeute, devenir immediatement determiuantes. et c'est peut-etre pour ne pas avoir fait cette distinction que certains auteurs out decrit les accidents de la Congestion ceröbrale, sans pouvoir leur assiguer une cause.
Symptömes. — Le premier Symptome qui se manifeste sur im bcouffrappe d'uneCongestioncerebrale estla stupeur, rimmobilite, laflxitö du regard, la station incertaine, la diminution dela sensi-bilite, le trouble de la vue au point que Ton pourrait considerer l'animal comme atteint subitemeut de cecite. II a perdu Tappetil, il ne rumine point; la temperature de la peau est encore nor­male; le pouls bat tumultueusement, les conjonctives sont in-jectees, la respiration est lente. Bientot les symptömes preunent plus de gravite: la marche est chance laute et quelqnefois impos­sible: souveut le boeuf appuie la tete sur les corps places ä sa portee,il y pousse fortement; ou bleu il releve la tete enavancant le mufle, et il tourne sur lui-meme, d'nn cötö ou d'un autre. On remarque dans ses membres des tremblements qui out plus ou moins de duree. II abaisse une paupiere ou les deux s'öcartent en meme temps; la pupille est dilatee entierement ou resserree: jamais eile nest dans im etat en rapport avec la lumiere qui est portee sur les yeux. Ces derniers organes sont larmovants quel­qnefois, et ordinairement des matieres muqueuses et filantes coulent par la bouche et les naseaux. Quand l'animal tourne sur lui-meme, c'est ädroiteou k gauche, maisconstamment du meme cote. Quelqnefois il fait entendre des beuglements sourds et plaintifs.
Alors la peau est devenue seche, le poil est herisse le plus sou­veut et l'artere est tendue ; mais ses battements ne sont plus ni aussi precipites, ni tumultueux comme dans le döbut; ses pul­sations sont plus lentes. Les cornes sont tres chaudes h leur base.
II y a des booufs qui semblent pris d'acces de fureur; ils cou-rent, se precipitent sur les corps environnants; et dans leurs
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CEREBIUTE AIGUE SIMPLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 347
courses, ils out toujours une allure saccadee ; ils tombeul fre-([iiemmeut, et apres chaque chute, ou ils se reloveut par mi elau rnrieux,ou ils resteut ä terre immobiles pendant tpielques minu­tes, et puis ils sent pris de mouvements convulsifs des membres, avec acceleration de la respiration; ou bien enfln ils resteut dans im etat d'immobilitö qui ressemblerait a la perte totale du senU-iiient et du mouvemeht, et meine au repos de la mort, si Ton ne voyait la respiration, lentc et profunde, s'executer.
On a ecrit que dans cet etat du bteuf atteint de Congestion ce-rebrale, l'epine dorsale 6tait douloureuse ; je crois qu'eu cela on a rommis une erreur : j'ai toujours remarque, au contraixe, que la colonne dorso-lombaire etait depourvue de sensibility comme les autres parties du corps; car dans le temps on Fanimal est conche sans mouvenient, il est rare qu'il manifeste aucune douleur, si on le pique meine tres fortement avec Taiguillon, ou si on le IVappe avec le fouet, auquel il est d'ailleurs tres sensible.
II existe un moyen tres energicpie pour raviver la seusibilile du boeuf : il consiste ä froisser vivementsa queue entre deux ba­tons que Ton fait aller vivement de haut en has de cet organe eu le pressant avec force. Ce moyen, je l'ai essaye plusieurs Ms rhez des boeufs affectes de Congestion cerebrale, tant pour pro-duire une revulsion que pour reveiller leur sensibilite et les inettre en etat de se relever, et bleu souvent il a ete sans resultat, les animaux n'ayant paru epronver aucune douleur; comment supposer alors ([ne la colonne epiniere est d'une sensibilite extreme?
Harche. DnK-e. Terminaisons. — L'illvasion CSt subite ; mais la
marche, la duree et la terminaison peuvent se rapporter ä trois ordres de phenomenes.
On volt des congestions cerebrales sanguines faire perir les animaux en tres peu de temps', d'autres qui les tiennent dans un etat morbide pendant un espace de temps assez long, et d'autres qui amenent un etat chronique d'une duree iudeterminee.
La terminaison est : ou la guerisou, ou le passage h I'efat chro­nique, ou la mort, qui survient le premier jour ou pendant les deux ou trois premiers jours apres Tinvasion de la maladie.
Si cette premiere periode se passe sans que I'animal succombe, et surtout s'il a conserve un peu de sensibilite qui se manifeste a certains intervalles, par exemple s'il cberche h prendre des ali­ments dans les temps de remission, cela prouve que la lesion produite par la Congestion cerebrale n'est pas immödiatement mortelle et que la maladie prend le caractere de la chronicite, pendant laquelle se produit, soit un epanchement sero-sanguin
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MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
daus les ventriciües, soit le ramollissement de certaiues parties du cerveau ou leur induration. On pent observer !a maladie sous tons ces 6tats.
i.csions pathoiogiques. — Quaud ranimal succombe ä une Con­gestion cörebrale, bientot apres rinvasion de la maladie, on trouve les lesions suivantes : les membranes du cerveau soul rouges et enflammees evidemment, les vaisseaux sauguins du cerveau sont injectes; il y a dans les vcntricules epanchement de serosite sanguinolente, et la substance du cerveau est pourvue de taches rouges.
Diagnostic. Pronostic. — La suspension de la seusibilite, I'irre-gularitö des mouvements, le trouble de la vue, I'mjection des vaisseaux de la conjonctive, les battemeuLs tumultueux de I'ar-tere, accusent si nettement la compression du cerveau et de ses dependances, qu'il est impossible do meconnaitre la cause de tous ces desordres et l'existence d'une Congestion cerebrale. Le pro­nostic ne se forme que par le souvenir des effets du traitement et de la marclie ordinaire de la maladie. Lorsque la congestion s'est declaree subitement cbez un animal qui ne se trouvait pas aupa-ravant sous l'action d'un ctat morbide, si eel animal est jeune ou du moins adulte seulement. ou bien n'est pas arrive ä une extreme vieillesse, on pent avoir quelque espoir dc guerison, avec I'aide d'un traitement rationnel.
Si le trouble des fonctions existe depuis quelque temps, le pro­nostic est plus faclieux; et si la congestion a en une duröe assez longue pour produire de_s lesions organiques, il laut desesperer de la giuTison. Ici, connne dans tons les cas de maladie grave, la justesse du diagnostic fait tout le merite du pronostic, car si Ton n'etablit pas la difierence qui existe dans les divers etats de la maladie, le pronostic est toujours hicertain; et connne je I'ai dit plusieurs ibis, e'est toujours une circonstance faclieuse. (|iiaiid il s'agit d'une maladie qui afi'ecte un animal dont on pent souvent cviter la perte enticre en pronostiquant juste. En eli'et, il y a beaucoup de Ixeufs dont on Lire bon parti, malgre leur etat de maladie, quand on salt les faire sacriüer ä temps, au lieu de les soumettre ä un traitement qui doit etre inevitablement sans efiicacite.
Traitement. — La Congestion cerebrale ou Cerebrite doit etre combattue resoliimeut par les saignees generales, si Ton pent les pratiquer avant. que la Congestion ait amene des lesions gra­ves. On fait cette saignee a la jugulaire, ä la sous-cutanee abdo­minale et ä l'artere coccygienne; mais il m'a toujours paru qu'il y avail dans ces cas moins d'avantage ä ouvrir la jugulaire que
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la sous-cutan6e abdominale, qnaiid celle-ci pent dooner un jel; assez considerable, et moins d'avantage k ouvrir Tune on Tautre de ces veines que Tariere coccygienne. Tout praticieu qui aura pu etablir des comparaisous entre los efiets de chacune des sai-gnees dont je viens de parier, partagera nöcessairement mon opinion ä ce sujet,
Apres la saignee, viendront les affusions d'eau froide longtemps contiunees. Si, apres deux ou trois fortes saignees et des affu­sions froides, il reste encore des sigaes assez saillants de conges­tion , on doit, bien (ju'une amelioration considerable se soit pro-duite, agir sur I'iutestin par les purgatifs, et sur la peau an moyen de vesicatoii'es appliques aux faces de Fencolui'e. J'ai re-mainpie que les setons ou trochisyues passes an fanon dans les cas de cerebrite ne produisaient pas une revulsion aussi active que les vesicatoires appliques sur les faces de rencolure, qnoi-qu'ils eussent donne lieu ä des engorgements considerables.
Quand la premiere saignee est assez forte, c'est-ä-dire quand eile donne au moins de A h 5 kilog. de sang par un jet continu, eile est presque sans retard suivie d'nne remission assez appa-rente. L'animnl recupere en partie I'exercice do ses sens; sa vue devient plus sure; il sent I'aiguillon; sa marchc est moins chan-celante. Les mouvements convulsifs auxquels il etait en proie sont moins frequents et d'une moindre inteusite. Mais cette remis­sion obtenne, tout n'est pas flni: la saignee doit etre pratiijuee de nonveau et repetee jusqu'ä ce que la sensibilite soit dans sa ple­nitude comme dans I'etat normal, et que la marche soit sure. que la pandiculation se fasse. Pendant tonte lä duree du traite-ment, on administre des hreuvages rafraicliissants, et des bois-sons de meme nature pendant la duree de la convalescence.
Quand la remission s'est produito, on laisse ä ranimal la liberte de preudre quelques aliments. II ne faut pas que les ruminants soient pendant trop de temps prives de manger; d'abord, parce que les herbivores ne supporteut pas une diete severe autaut que peuveut la supporter les carnivores, ensuite parce qu'il im-porte beaucoup, pour le retablissement de l'liarmonie des fonc-tions vitales, que la rumination ait lieu; et Ton salt qn'apres quelques jours d'abstinence supportee par le bceuf, il faut ntices-sairement que des aliments frais soient introduits dans le rumen pour que le bol ascensionnel puisse se former.
On laisse done le boeuf libre de preudre une petite ration de fourrages aussitot qu'il parait -moins aflecte par la Congestion cerebrale, et on lui presents ou on le force a prendre des bois-sons rafraichissantes en assez grande quantite, afln que le sang
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;$,-gt;o
MALADIES DD SYSTEME NERVEUX.
de cet animal devienne plus tluide et qu'il se prete ä one circu­lation plus facile.
La (juautite de saug ä tirer par chacjue saiguee, sur uii bueuf d'une de nos i'aces travailleuses, doit etre de 4 h 5 kilog., si c'est uue saiguee veineuse que Ton pratique, et de 1 kilog. ou de 1 kilog. 1/2 de moins, si on saigue ä la coccygienue. Disons, apro­pos de la saiguee, que si je crois devoir donuer la preference a la saiguee abdominale ou coccygienue, c'est uniquementparcequ'on ue saigne bien ä la jugulaire qu'au moyen d'une ligature tres serree, laquelle doit uecessairement favoriserla Congestion; sans cela, je lui donnerais la preference, parce qu'on en obtient un gros jetqui, dans cette circonstance, offrirait de grands fivanta-ges, en donnaut lieu ä one depletion instantanee. Mais les in-con venients I'emporteut, elje maiutiens ma premiere proposition.
II est bien eutendu que la quantite de sang ä tirer doit aussi etre moindre d'un tiers sur les vaclies ou les jeunes boeufs non eutierement developpes.
Apres les fortes saignees, surtout dans les cas de Congestion cerebrale, il arrive assez souvent que les animaux out des synco­pes et qu'ils tombent subiteiuent. II ne faut nullement s'inqui6-ter de cet accident; au contraire, il est toujours de bon augure.
II n'est pas uecessaire que les vesicatoires que Ton applique sur les faces de rencolure soieut actives au point deproduire one escbare; ce serait donuer lieu ä une complication inutile, laquelle menie ne sei-ait pas sans inconvenients. On les applique sur une large surface; mais il sullit qu'ils produisent une congestion bien caracterisee de la peau. Cepeudant il Importe, parce qu'ils sout en general ä base de cantbarides, d'y melanger une petite quantite de camphre, afiu d'eviter que celles-ci soient absorbees et qu'elles puissant occasionner une inflammation tres intense des voies urinaires ou l'ayortement. L'addition du camphre au\ vesicatoires est presque toujours obligatoire quand on applique ceux-ci sur de larges surfaces.
Toutes les fois qu'on veut eviter que le vesicatoire ait une escbare pour resultat, on fait des frictions successives avec un liniment vesicant, aün d'etre ä meme dquot;en surveiller Faction, ce qui ne pent se faire si Ton emploie un onguent; car il est rare qu'avec celui-ci on obtienne une vesication bien caracterisee, par une premiere application, sur les betes bovines, taudis que sur le cbeval ou le mulet, une seconde application faite a un jour d'in-lervalle peut faire depasser le but.
Le purgatif a employer pour favoriser la resolution de la Con­gestion cerebrale est, de preference ä tout autre, le sulfate de
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soude on sei de Glauber. On le doime, dans cette circonstance, ä la dose de 250 grammes par jour, pendant quatre, cinq ou six jours.
Dans im cas de Congestion cerebrale dont la resolution n'etait pas complete, j'ai constate que Finfusion d'arnica, administree deux Ms par jour en breuvage, avait' produit un excellent resid-tat. Chaque breuvage etait prepare de la maniere suivante :
Poudre d'arnica........................... 20 grammes.
Eau..................................... 1 litre.
Les brenvages rafralchissants administres trois ou quatre Ibis par jour pendant la periode aiyue de la Congestion ctirebrale, et tout aussi bleu les boissons de meme nature continuees pendant la convalescence, produisent toujours un efi'et contraire quand ils sont acidules ou nitres; ils out pour elfet sans doute d'augmenter la plasticite du sang en depouillant ce liquide du serum qu'il peut contenir.
Les allusions d'ean froide, auxquelles on a ajoute, dans une laible proportion, de l'alcoolature d'arnica, paraisseut produire des ell'ets plus efiicaces que les affusions faites avec de l'eau froide seulement. On jieut aussi faire des applications de glace: mais il serait peut-etre utile de ne point faire cette application su-hitement sans I'avoir fait preccder d'atfusious froides seulement.
On trouve dans les diverses publications veteriuaires des exem-ples uombreux de Congestion cerebrale ou de Cerebrite aigue, decrites sous le nom de vertigo essentiel; mais qu'importe la deno­mination si les symptömes sont decrits avec une exactitude qui permet de porter un diagnostic certain. Ainsi, en 1852, M. Mar-res, eleve en quatrieme annee de TEcole veterinaire de Toulouse, decrivait, dans le numero de septembre du Journal des veteri-naires du Midi, une Cerebrite caracterisee par les symptömes suivants :
laquo; Le matin, apres avoir travaille pendant deux heures, un bceuf fit entendre des beuglements rauques et traines; il etait agiti.quot; par des tremblements generaux; il refusa de tirer et il s'eloigua de sou compaguon comme pour se soustraire an joug. Detele et ramene h I'etable, il etait tremblant, ayanl; la bouche ecumeuse et entr'ouverte, les yeux proeminents et injectes; il se laissa tomber trois fois et resta couche environ deux minutes chaque fois. Puis, s'etant releve, il se livra ä des mouvements desordounes, en bouleversant lout dans I'etable, sans chercher pour cela ä frapper de ses comes les personnes qui rapprochaient; on !(.#9632; crut enraKe.
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MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
laquo; Ou parvint cepemlant ä pratiquer sur lui trois saigoees equi-valentes ä 24 livres de sang environ.
laquo; Laisse en liberte, cet animal decrivait sept ä huit circonferen-ces ä gauche, suivait nne ligne droite d'environ 6 metres et re-commencait h marcher en cercle; pnis il s'arretait par inter-valles, mais pon de temps. Les membres etaient ecartes; des tremhlemonts convulsifs agitaient les muscles de ses oreilles, de l'encolure et des muscles; il avait les cornes chaudes ;i leur base, surtout la gauche; la respiration grande et acceleree, la beuche entr'ouverte remplie d'une ecume fllante, les naseaux dilates: l'air expire etait chaud; les yeux proeminents pirouettaient dans les orbites, la pupille dilatee. les regards farouches, les batte-ments du cuMir forts et acceleres, le pouls plein et vite. les mu-queuses plutöt päles que rouges. raquo;
Le traitement antiphlogistique triompha de cette affection, que Ton avait prise pour im acces de rage avant l'arrivee de M. Marres.
La maladie aiusi döerite par M. Marres. sous le nom de vertige essentiel, conflrme l'opinion que j'ai exprimee i-elativement ä la synonymic de celle que je viens de decrire, etcelle-ci, observee par M. Let^oq chez nne vache, ne la confirme pas moins: on en jugera paries symptömes qui Tont caracterisee et par les details de Fautopsie. 11 s'agit encore d'un vertige essentiel (encephalite) :
laquo; La vache etait souvent en mouvement; sa marche etait tres chancelante; eile appuynit la tete contra les murailles, poussait avec force et recherchait particulierement les eneoignures. L'ceil etait tres gros, la pupille dilatee et la conjonclive injeetee; la vue paraissait tres obtuse; le globe de l'Geil pirouettait dans For­inte; le pouls etait plein, dur, tendu et tres vite (65 pulsations par minute); les regions du front et des cornes tres chaudes; ptya-lisme, grincement des dents, tranchees, monvoments de remit-tence et de paroxysme.
laquo; A Fautopsie, falle avec beaueoup de soin douze heures apres la mort, on a trouve les muscles de l'encolure plus rouges que dans Fetat normal, les petits vaisseaux tres injeetes; ceux de la meninge et de la surface du cerveau Fetaient egalement; la subs­tance de cet Organe, coupee par tranche, etait piquetee. Les grands ventricules contenaient im pen de serosite legerement coloree. raquo;
Ici, comme on le voit, le vertige essentiel etait une Cerebrite aigue dont la congestion avait ete le premier phenonu ne. D'ail-leurs, ä quoi bon se preoecuper d'etablir des differences qui ne peuvent que rendre moins sür le diagnostic, puisque les indica­tions du traitement restent lesmemes? Quant ä la coloration plus marquee des muscles de l'encolure, eile resultait evidemmeut
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CKREBRITK AIGUE COMPLIQIJKK Di; fiORYZA fJAXGRENETJX. 353
des contractions anormales et multii)liees'de ces organes, qni pro-duisaienl les monvemenf.s desordonnes signales par M. Lecoq.
sect; 2. — Cerebrite aigue compliquee du Coryza gangreneux.
(xelle capporte, dans son Traiti dim maladies du häuf, des obser­vations qni tendent k prouver qne la Cerebrite aiguö pent se compliquer dans qnelques circonstances du Coryza gangreneux. Ces observations lui out ete comnmniqnees par M. Mullon, vete-rinaire ;i la Rochelle, (jni ne dit rien des causes occasionnolles on pr^disposantes auxquelles on anrait pn attrilmer le developpe-rnent du Coryza. C'eiait en 1829. et je dois faire remarqaer qn'ä cette meme epoqno le Coryza gangreneux exercait de grands rava­ges chez les betes bovines de la region du Sud-Ouest. M. Mnllon attribue les lesions rencontrees dans !(gt; cräne ä des öbranlements, aux commotions qn'öprouve la masse enceplialiqne dans les luttes el combats ä coups de tete qne se livrent les boenls an milieu des päturages; il pense meme qu'il pent resultcr de cos commo­tions des ruptures interienres, causes deteriniaanles de la con­gestion cerebr;de: les travanx Ires ptinibles (executes pendant les fortes saisons sent aussi de ces causes ; et i! a grandement raison. sous ce rapport, ce qni est facile ä comprendre quand on connall quels efforts de traction doit faire le bienf employe an labourage des terrains coinpactesdescoteauxä pendantrete surtout, par im temps de longue söcheresse.
Ces observations dc? M. Mullon olfreut beaucoup d'intöröt, taut par les symptömes du Coryza. ([ne 1'on ne saurait y mecon-naitre. (fue par les lesions rencontrees ä l'ouverture du cräne. Je rapporterai dans presque Ions ses details la premiere de ces obser­vations, qne Gelle a consignees dans son traite.
Symptdmes dr la maladir observes par M. Mullon. — laquo; Deux jours avant que I'auimal soit decidement malade, il porte la tete hasse ; mange moitie moins que de conlnme, mais avec le meme appetit; il marcbe lentement, suit le troupeau de loin , est in­sensible ä l'aiguillon et pa rait pen occupe des objets environnants: quoique les organes de la vue soient dans lew Mat d'intdgri/e ordi­naire, on dirait pourtant que I'animal est aveugle. C'est alors que les cnltivateurs comiaissent qn'il est atteint de Yaraiynee. Le troi-sieme jour, la conjonctive est rouge, enflammee, les yens lar-moyants, I'appetit diminue. Le quatrieme jour, Tophtbalmie est intense, la paupiere inferieure est renversee, le larmoiemeut considerable, la cornee lucide trouble: les membranes piluitaire
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35 1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
et buccale sont rouges, des mucosites decoulent des narines, el une salive visqueuse el abondautede la bouche; toule deglutition est impossible. Le ciiiquieme jour, rinflammatiou de la conjonc-tive est prouoacee, ä uu tel point que les yeux sont entoures d'un bourrelet rouge, tres saillant, resultant du renversement des paupieres; la portion centrale de la cornee lucide, encore appa-reute, est tres retreoie, quelquefois trouble, jaunätre, epaisse: d'autresfois eile conserve sa transparence. L'epaississement de la pitnitaire rend la respiration süllante; la dyspnee est extreme; un flux infect et sanguinolent decoule des uarines et entrainc parfois des lambeaux de la muqueuse; roppression est si grande que ranimal est menace d'asphyxie.
laquo; La maladie arrivee ä ce point, ranimal se conche et se releve ä cliaque instant; il ne respire plus qne par la bouche, ue pent deglutir, du moins qu'avec peine, la boisson farineuse qu'on lui administre, et si rinflammatiou envaliit le larynx, Foppres-sion et la dyspnee sont intolerables; le räle sifflant est tres sonore, la bete porto la tete au vent, ses narines sont dilatees, sa bouche est beante et la langue en partie sortie de cctte cavite. Alors le inalade ue so leve plus qu'avec difflculte, il chancelle, tombe pen de temps apres, allonge la tete sur le sol ou bion la replie de cote et meurl.
laquo; Autopsie. — L'orifi.ee des narines est dans uu etat de putrilage, tonte relendue des cavites nasales est obstruee par l'epaississe-ment do la membrane muqueuse qui, en general, est exeoriee et se döchire iacilemeut. La membrane du volle du palais et de l'arriere-bouche presente le meme etat que la pitnitaire; il en esl de meine de celle du larynx, dont repaississement est tel qu'il obs-trne presque la glotte. Toutes ces muqueuses otfrent une infiltra-lion de couleur jaune fence, aveccette difference que rinfiltratioii de la membrane de la trachee n'atteiut jamais l'origi'ie des bron-ches; les sinus de la tete sout egalemeut remplis d'un liquide mueoso-sanguin plus colore au voisinage du eräne ; cette Infiltra­tion est d'ailleurs relative aux diflerents etats de rencephale que nous aliens signaler.
laquo; Crane. — L'encephale s'est preseute sous deux etats differenls. on il y avail induration, et atrophie du cerveau et du cervelel. on bien ramollissement de ces deux organes et hydrocephalie. Dans Tetat d'iiuluralioii, rencephale remplissait ä peine la moilii' de sa cavite, et la meuiuge presenlail, dans quelques cas, sur mi loud blanc mat, des laches, des ecchymoses d'un rouge vineux; dans d'autres, cetaientdespetechies. des pointillalions rouges tres rapproch6es. La meninge egalenient coloree semblail conl'ondni'
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CEREBKITE OHRONIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;355
avec la masse encephalique et ne pouvait eu etre sepai'eo iii dis-tinguee sans peine. Le cerveau et le cervelet, tres atrophies, avaient la forme el la consisLaace d'une pomme irreguliereineat aiTOiidie; une espece de col, dc retrecissement tres maiTjne, les isolait de la moelle epiniere : oa aurait dit que cet etraaglemeat elait le resultat d'une ligature operee sur le tmlbe rachidiea; la l^mlpe cerebrale, coupee en divers seas, preseatait des stries, des ecchyraoses formees par du saug corrompu; cette pulpe uerveuse avait une consistance egale a de la päte demi-cuite, eile etait de couleur orange päle, s'ecrasait sous les doigts connne on ecrase-rait le parenchyme du Me. Les vaisseaux de Feacephale etaieat remplis d'nii sang coagule couleur de rouille, se reduisant sous les doigts comme du sable tin.
laquo; Danslecas de ramollissementetd'hydrocepliale, l'infiltratioii des sinus de la tete etait inoins coloree, mais plus coasiderabie; les meainges elaient jauaes daas toute leur etendue, et, daas ce cas, les vaisseaux etaieat tres laciles ä distinguer; les filets ner-veux trisplanchni(iues qui penetreatdansl'ciacephale etaientappa-rents et plus colores en jaune que les vaisseaux. La pulpe cere-jjiale, eonl'oadue avec le li(juide hydrocephalique, ressemblait a une boaillie jaunätre ct remplissait tellemeat la boite cränieaue, qu'elle iaisait hernie entre la meninge et la nieniagiae: de sorte (pie le crane etant ouvert, tbrmait un jet de 2 ä 3 pieds, eatrai-aant avec lui quelque portion de nieniage et de plexus choroide. raquo;
Les symptomes de la maladie et les details de Tautopsie decrits avec taut de sola par M. Mullon , ae peuveat laisser aiicua doute sur Texistence du Coryza gangreneux et d'une Cerebrite en meme temps; c'est un fait acqais ä la pratique. Seulement, 11 est ä re-gretter que M. Mullon n'ait pas donae une place assez large; a retiologie dans son meiaoire d'ailleurs tres interessant.
Sur cinq ouvertures quil a laites, il a reacoatre deax cas d'ia duration et de ramollissement du cerveau.
ARTICLE II
CERKBRITE CHRONIQUE.
En decrivant sous le aoni de Congestioa cerebrale Taffectioa que les auteurs veterinaires out designee sous le aom d'Encephallte, je l'ai fait connaitre teile que je l'ai observee; je feral de meme eu ce qui concerne la Cerebrite chronique, que je coasidere comme une
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356nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DU SYSTEME NEKVEUX.
lerminiuson dlaquo; la Congestion ou O-rebrite aigue. Si je hü donne 1p nom de Cerebrite chronique au lien de Tappeler Arachnoidite on Meningite, c'est qu'il m'a et.e impossible dans aneun cas d'assigner la part morbide qui appartient soit an cervean, soil anx membranes dont il est recouverl el envelopp6. La medecine veterinaire n'esl. pas assez avancee pour qn'cüe puisse elablir ces distinctions, peu utiles d'aillenrs dans la pratique.
Deiinition. Frequence. — l^a Cerebrite chronique est caraeteri-see par Tobtusion des sens et par l'aberration des mouvements. et eile resiilte tonjonrs des lesions organiqnes, telles qne le ra-moilissement, rindnralioii ou la suppuration.
Cette maladie es! connue des habitants de la campagne sous le nom de/laquo;/a/o?m/o: le beeufquien estatteint est appele Falourd. liezi. Tourneur. Je l'ai observee sonvent an commencement de ma pratique, et maihtenant eile se montre plus rarement, ce qui est facile ä concevoir : les congestions ceivbi-ales aignes etant raienx connues, on en triomplie pins aisement par le traitement. dont les copienses saignees ferment la base; alors la resolution ayant lieu, I'elat chronique doit etre moins frequent.
Causes. — Ces causes ne sont, pas nombreuses; on pourrait meme dire qu'il n'en existe qu'une seule, la Congestion sanguine. J'admets qne la Cerebrile chronique j)nisse se manifester apres qne des coups violenls ont etc portes sur la tete dc Fanimal: mais la commotion a produit d'abord une congestion qui, pom ne pas avoir en immediatement tons les caracteres d'acnite de la Congestion, laqnelle ])ar suite a ete donteuse. les a presentes cependant, quoique ;i un moindre degre. Si Ton vent qne la Con­gestion ait ete une inflammation, cettc inflammation a existe ;i I'etat aigu, d'abord ä un certain degre, puis eile a amene les lesions de l'organe enc6phalique qui ont constitne la Cerebrite chronique.
Les coups violents portes sni' la I etc des anhnaux sont des causes de cette affection , aussi bien qne les congestions cerebra-les provenant d'un etat plethoriijue du Systeme circnlatoire. Ce qui semble confirmer cette opinion, c'est qne Ton voit des bceufs, momentanement elonrdis par des coups portes snr la tete, chez lesquels se manifestent d'abord tons les symptömes de la Con­gestion , et qui, sans avoir ete soumis k aucuu antre traitement qu'ä des affusions d'eau froide, se sont retablis apres avoir parn affectes de paralysie momeutanee, et d'autres, qui paraissaient devoir en etre quittes pour un ftonrdissemenl de qnelqnes ins­tants, ont presente cependant un pen pins tard tons les signes
de la maladie.
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CEHKBIUTE CHRONIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;357
11 y avait ilaus uue metairie un maitre-valot, aon surveille par le proprietaire, qui etait tres brutal de sou uaturel, et cet homme, qui maltraitait souvent les bceuls (ju'il avait ä couduire, avail riiabitude de les frapper sur la tete. Ce Tut dans la metai­rie oü il etait que j'observai pour la premiere ibis la Cerebrite chronique sur un boeuf (^uifut sacriüe. Six mois apres, un autre bieuf, le compagnon du premier, se trouva all'ecte de la meme maladie. .Ie ne croyais pas ä la contagion, et je me trouvais fort eu peine pour assignor uae cause a uue affection qui, dans un court espace de temps, se reproduisait dans la meme etable.
Vaguement je pressentais quo des coups violents avaient dii Ijroduire ce resultal, et en explorant avec soin la peripherie de la tete du boeuf, je decouvris ;i la region uccipilale, un pen en arriere des comes, une exostose de J'orme longitudinale. La cause etait trouvee; et bieutöt j'appris, par les confidences d'un (lomestique adolescent, d'ou provenait cette exostose. Quand les liuml's, effarouclies par les mauvais traitemeuts auxqiuils us etaient en liutte tons les jours, s'ecliappaient trop vivement du joug au moment on ils se seiitaient libres, le maitre-valet, tenant encore ce joug entre les mains, leur assenait un coup violent sur la tele, et il etail arrivö quelquefois ([u'ils etaient tombes sons ce coup.
Gelle, (jiii a decrit la Cerebiile cliroiU(juesoiisle nom d'Arach-uoidite on do Vertigo idiopathique, rapporte uue observation qui vient ä l'appui de mes dirc.-s, ((uonju'ii n'en ait pas deduit les inünies consequences. II dil : laquo; Je diagnostiquai une inflamma­tion des membranes du cerveau (Aracbnoidite), avec d'autant plus de raison , que ce boeuf avail eu, pen de temps auparavant, une paraplegic assez intense. raquo;
Qu'etait done cette paraplegic, sinon le resultal dquot;une com-pression exercee par une congestion cerebrale ?
Mes deux premieres observations, pariaitement elucidees par la decouverte de la cause de la Cerebrite clironique que j'avais eue a observer, me mirent sur la voie, et dans le cours de ma pratique, j'ai vu se coulirmer constamment 1 opinion quo je niquot;etais lormee sur les causes de la Cerebrite chronique, ä savoir qu'elles etaient constamment, on une congestion cerebrale proveuant d'une aberration du inouvement circulatoire, on une congestion dont la cause etait une commotion violente produite sur Tappareil encephalique.
Sympiömes. — Les syiiiptömcs de la Cerebrite chronique se manil'estenl lentement et progressivement. Lquot;animal tient la tete lieuchee d'un cote on d'un autre de temps eu temps, on appuyee
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MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
contie les coi'ps qui sont ä sa portee; il a les yeux saillants, les paupieres ä demi-closes ou grandes ouvertes, la conjonctive in-jectee, les cornes tres chaudes, et souvent on voit fluer par les naseaux des mucosites Alantes.
II mange encore, mais il prend le fourräge avec une precaution caracteristique, si ce fonrrage est dans le rätelier. On sait qne lorsque le boeuf est de bon appetit, il le prend vivement, et que pour en faire suivre une grande bouchee, il donne une secousse aussitöt qu'il l'a saisi avec la langue. Eh bien, s'il souff're de la tete, on le voit passer sa langue avec precaution entre les barreaux du rätelier et ne pas opörer la traction par secousses. Quand il mange, c'est avec lenteur, et quelquefois il s'arrete, tenant la tete fixe penchee ou non, comme s'il ecoutait pour distinguer un bruit insolite; il ruinine aussi loutement, et sa mastication es( frequomment iuterrompue. S'il est au pacage, il abaisso difficile-ment la tete et il prend pen d'herbe; l'action de pacager parait lui etre particulierement penible. Ce qu'il prend avec le plus de facilite, ce sont les feuilles d'arbres qu'il trouve ä sa portöe, h hauteur de tete.
Quand il est en liberte et place sur ses membres, il reste im­mobile, le corps legerement ploye du cöte 011 il penche la tete. Sa marche est lente, chancelante ou saccadte ; il tient toujours l'en-colure fixe, il supporte la piqüre des monches saus trop s'en tour-menter, et s'il les chasse, c'est par un mouvement de queue qui ne se propage pas au reste du corps. En l'observant bien dans toutes ses attitudes, on remarque facilement qu'il se prive de tons les mouvements qui peuvent imprimer une secousse ä sa tete. Get etat pent durer des mois eutiers, mais la maigreur fait des progres, le poll se pique, la peau devient seche comme du par-chemin, on n'y retrouve plus cette substance onctueuse qui la recouvre quand l'animal est en saute; il nrine frequemment et peu ä la fois.
L'aggravation des symptomes se manifeste souvent par le tournis, d'ahord de courte duröe, et puis d'une duree plus longue si Tanimal est en liberte ; mais s'il est attache et dans l'impos-sibilite de tourner, il tire sur son lien en se penchant de cote.
Ce deuxieme etat est bientöt suivi d'un troisieme, pendant lequel le boeuf pousse au mur, ä la mangeoire on au rätelier, avec une violence inou'ie, en se cramponnant au sol de ses qua-tre membres avec une tenacitö convulsive incroyable. On remar­que, dans la manifestation des symptomes, des temps de remission bien marquös, d'une duree variable, remission toujours suivie d'acces violents pendant lesquels l'animal marche h l'aventure.
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CERÄimiTE CHRÜNIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 359
s'il est libre, en se heurtant coutre tons les corps qu'il rencontre, centre des murs, des arbres, se precipitant dans les mares, et il finit par tomber pour eprouver des convulsions pendant lesquelles ses quatre membres sout dans nne agitation contirmelle. Apres les acces, survient nn temps d'immobilite complete, bieuföt sui-vie d'un autre acces.
Arrive h cette periode extreme de la maladie, le boeüf ne prend plus que rarement quelques brins de fourrage qu'il machonne par boutades et qu'il avale avec une difficultö extreme, et les 11-quides avec une difficult^ plus graude encore; il maigrit ä vue d'oeil, il est atteint d'homiplegie ordinairement; il secouche on il tombe, pour expirer, apres avoir eprouve des convulsions qui out dure pendant jjlusieurs heures s,-ins aucime remission.
IHarche. Duröe. Ternihiaisons. — Marche lente ; 011 VOit des litcufs vivre pendant six mois apres l'apparition des premiers symptöraes : presque tons ceux que j'ai vus atteints de la Cere-brite clironique, auraient pout-etre resiste aussi lougtemps. si on ne les avait abattus. La terminaison inevitable est la inort.
Lesions pathoiogiques. — Gelle rapport(!, dans sa Pathologie hovine, une autopsie faite avec une attention minutieuse par M. Thion, docteur-medecin , ä Orleans, et dont les details sont presque les meines que ceux que je trouvo, a propos d'autopsies faites sur des snjets atteints de Cerebrite clironique, decrits dans mes notes ou qui sontrestes tres distinetemeut dansmamemoire. 11 s'agissait d'une vachc, agee de quatre ans. qui avait mis bas ä terme, deux mois avant l'apparition de la maladie; mais les ma-melles nes'etaient point remplies de lait. Cette circonstance, notee par M. Thion, prouve dejä que toutes les fonetions ne s'executaient pas sur cette vache comme dans Tetat de sante parfaite, et pro-hablement dejä quelques symptömes, ou de congestion cerebrale. du de cerebrite chronique, avaient du se manifester, puisque, deux mois apres, eile presenta les symptömes snivants :
Les yeux devinrent larmoyants, la tete s'inclina ä gauche, et le cou se tordit de teile maniere que la corne droite se tronvait plus elevee que la corne gauche. La marche nVitait point alferee dans les premiers temps; mais, au declin, ou remarqua que le corps se portait ä gauche et que les chutes etaient assez frequen-tes; l'appedt diminua considerablemeut dans le dernier mois de la maladie, et la maigreur devint extreme. Gelte bete avait de frequents assoupissements, durant lesquels eile tenait le nez dans la litiere; on crut remarquer que les symptömes augmentaienl d'intensite au declin de la luue. Ce u'est pas probablementM. le
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MALADIES DU SYSTEME NERVEDX.
docteur Thioii (^ui a fait celte remarque-lä; eile doit roster sur'le compte de Gelle.
Autopsie de la tete, faite #9632;par M. Thion. — Les cellules diplo'iques de la base des cornes etaient eiiüriuemeul developpees; niais, du cote droit, la face interne des sinus etait usee et percee dans plu-sieurs points; le fond de ces ouvertures prösentait plusieurs ma-melons c6r6briformes, reconverts par la meuiuge qui etait tres epaissie. Quatre autres perforations, d'un diametrede 3 ä 12 mil­limetres, existaienl, eu aniere du chignon, dans la substance de l'os parietal: elles etaieat separees par des aretes tranchantes, el la meninye qui correspondait a ces ouvertures etait Ires epaissie. Les bases do la grande et de la petite laulx, on replis de la dure-mere, etaieat dejetees h gauche; dans ces endroits, cette mem­brane avail triple d'epaissenr et.'etait devonue libro-cartilagi-neuse: cette transformation de tissu i'avait liee d'une maniere inextricable ä rarachno'ide et ä la pie-mere correspondautes.
Le travail morbide avail tellemenl allere ces membranes, (ju'elles semblaient faire continuitö avec le cervelet degenere. Le lobe gauche du cervelet, les lames verticales el horizontales du processus vermicidaire, ou lobe mitoyen, ötaient reduils ä !a moitie de leur volume. Le lohe cerebelleux droil etait remplace el. surmoute dans les quatre ciuquiemes de son elendue, vers sa parlie posterieure, par une masse heterogene, irregulierenienl ovo'ide, d'un volume egal h celui de rhemisphere cerebral cor-respondant, mais plus pesante.
La face superieure de cette transformation morbide etait blau-chätre et rorinee de lobes si ressorres iju'on ne voyäit qu'iin quart de leur sphericile. Les laces post6rieure et inferienre presen-taient une multitude de mamelous sessiles jjortes sur des pedicu-les, les uns minis insensihleineat, les aiUres separes par des lignes anfractueuses; quelques-unes se terminaient dans les per­forations osseuses. Les laces laterales, imies aux [irecedentes, enveloppaient un rötrecissement de 3 centimetres de diametre, qui semblail etre le prolongement du corps olivaire.
Linlerieur de ce produit morbide etait, forme de rayons osseux et cartilagiueux, partant d'un noyau central, dans les intervalles desquels on remarquaif des tubercules de couleur et quelqnefois de consistance mielleuse, variant de volume, depuis celui dquot;uii noyau do cerise Jusqu'ä celui d'une aveline. La parlie posterieure des tubercules quadrijumeaux etait surmontee d'un tubercule [ledicule, provenant do la substance corticale, el logo dans une poche I'onnee de la pie-mere el de raraclmoJ'de.
Les dillerentes lesions constat^es par ccstte autopsie n'existenl
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CEREBR1TE CHRONIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Mil
pas assuröment reunies cliez tons les sujets alteiuts de la Cerebrite chronique, et il suffit de quelques-imes, meme d'un petit uombre, pour donner lieu aux symptömes qui caracteriseut cette aü'oc-tion. Tout porte ä croire qu'ici la congestion ct'-rebraie, cause originelle de la Gerebrite chronique, etait le resultat d'un coup violent porte sur les parietaux et (]uiles avaitfractuies.
J'ai rencontre precisement, sur les deux bceufs qui furent les premiers chez lesquels J'observailaCei'eijriLe chronique, plusieurs des lesions rapportees par M. le docteur Thion, et surtout un ra-mollissement tres marqvie dans les circonvolntiuiis cerebrales, et ä I'origine de la moelle epiniere, des ossilications egalement Men caracterisees. Le ramollissemeut etait de couleur grisätre,el jquot;ai cru y remarquur un pen de pus. J'ai aussi rencontre chez un autre sujet one induration rouge dans la substance du cerveau, striee de points rougeatres, et j'ai coiisigne les details d'une an-topsie dans laquelle j'observai un lobe ilu cerveau de consistauce plätreuse criant sous le scalpel.
Les lesions que Ion rencontre sur le cerveau et les membranes qui le reconvrent, dans les cas de coryza gaugreneux, sont cou-secutives ä cette phlegmasie, et je crois que c'esl Men a tort qu'on les a considerees connne resultant d'uue eucepbalite primitive. II suliit pour cela d'avoir etudie les phenomeiies qui se produi-sent dans le coryza gangrenenx.
Diacnostilaquo;-. Prouostie. — Les symptömes de la Cerebrite chro­nique sont tellement saillants, qu'il est impossible de les consi-derer coinine etant la manifestation de tonte autremaladie. Dans quelle aifection se produisent le vertige, les convulsions, la perte du sens, les acces, I'assoupissement, la fureur, la perte de la vue, sans autre lesion apparenle des yeux que I'amaurose, sinon dans les affections des grands centres uerveux? Dans le coryza gan­grenenx, la perte de la vue resnlte du trouble de l'humeur aqueuse, de repaississement de la cornee lucide, lui donnaut une couleur blancMtre, de I'lilcoration de la cornee. 11 u'y a pas h se me-prendre, tst c'est un point bien essentiel : tons les symptömes ont de la duree, et cette dureelneme est uu element precieux pour le diagnostic. Dans la Congestion cerebrale aigue, les meines symptömes peuvent se produire; la compression de Fappareil en-cephalique a les memes consequences temporairement, avec cette dilference cependant, qu'ils perdent de rintensite sous I'influence du traitement quand ils sont la imCnirestation (rune encephalite aigue, tandis qu'ils sont stationnaires on qu'ils vont toujours en s'aggravant si la cerebrite est chronique, parce que dans ce cas les lesions sont profondes, permanentes, et qu'alles ne peuvent
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MALADIES DU SYSTEitfE NERVEUX.
qu'aller en augmentant; voilä pouiquot; le diagnostic. Quant an pro-nostic, il est invariablement funeste.
Traitement. — Je ne parlerai du traitement que pour dire qu'il est inutile d'y songer. J'ai essaye de la cautörisation, et je n'ai pas besoin d'ajouterqu'ellen'aserviqu'atourmenterles auimaux. II n'y a que les medecins de rhomme qui puissent, avec quelque apparence de raison, eutreprendre la guörison des maladies de cette nature, ne serait-ce que pour entretenir Tillusion des ma­lades. Chez les auimaux, la question economique devant, predo-miner, le mieux est de se defaire promptement des sujets atteints, auxquels on 6pargrie d'ailleurs, en meme temps, des souffrances iimlilcs.
ARTICLE III
H Y [) R O C E P H A L E Synonymik : Hydropisie enc^phalique, Hydroc6phalie
Definition. Fr^qnenee. — L'Hydrocephale est constitute par 1111 t^pauehement de serositö dans le cräne, c'est-ä-dire dans la cavite de rarachuoide cörebrale, soit dans les ventricides, soit entre les deux lames de cette membrane, ä la surface des bömispheres cerebraux. On a dit qu'elle s'observail raremeat snr les animaux de l'espece bovine; sans affirmer le coutraire, on pent dire ce-pendant qu'elle se presente assez souvent pour iju'on puisse en donner one description, non pas assurement tres minntieuse, mais d'une exactitude süffisante pour diagnostiquer sa presence.
Causes. — Les causes sont ä pen pres exclusivement occasion-nelles et consistent dans tons les chocs plus ou moins violents (pie I'animal pent recevoir snr le crane. On reconnalt seulement, toules les fois qu'on est ii memiraquo; d'examiner des boenfs ou vaches atteints d'Hydrocephalie, que ces animaux sont d'un caractere mechant, taut ä l'egard de leurs pareils qu'ä l'ögard de rhomme. Ils out pour habitude constante de frapper de la tete et de lutter front contre front avec une extreme violence, el; souvent ceux qui s'attaquent ä l'homme recoivent des coups qui leur sont ussenes sur la tete aussi avec beancoup de force. J'ens un jour occasion d'observer un boeuf de travail tres vigoureux. tres irri­table, lequel frappait de la tete les bojufs attaches anpres de lui ä l'etable, et Ires souvent, dans I'elan qu'il prenait pour les atteindre en tirant sur la chaine qui le tenait attache ä la creche.
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HVDROCÄPHALE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 363
il rencontrait une piece en bois de chene placlt;5e de maniere ä preserver de ses coups les animaux qu'il voulait frapper. II frap-pait aussi les hommes, ou du moins il cherchait, dans l'ccca-sion, ä les atteindre. Le bouvier ne s'approchait jamais de cet animal qu'arme d'un fort bäton, et il ne craignait pas de s'en servir pour se defendre. Get animal se trouvait ainsi dans toutes les conditions iavorisant le developpement de la maladie.
Syinpfftmes. Terminaisons. — DopiÜS quelques jours le bneuf dont je viens de parier etait reste dans ratable, on le preparait k Tengraissement, lorsque je fus prevenu qu'il se relevait avec peine quand il etait couchö, et qu'etant debout, il ne conservait cette position qu'en chancelant. II appuyait la tete contre la mangeoire, prenait quelques brins de fourrage, les mächait quel-([ue pen, puis suspendait ce mouvement comme font les chevaux atteints d'immobilitö, ne chercbant plus ä frapper de sa tete ni les hommes ni les autres boeufs. Je le forcai ä sortir de l'ötable |)Our savoir jusqn'ä quel degre la paralysie existait, il s'acculait presque ä chaque pas. Sa pupille etait, dilatee ; le sens de la vue anöanti. Les memes symptömes se manifestent aussi parfois sur d'autres bceufs tres irritables, ou, pour mieux dire, mechants, qui se trouvent exposes ä recevoir des coups violents sur la tete.
L'affection ainsi declaree suit une marche quelquefois assez rapide pour determiner en peu de jours une paralysie complete, la cecite, la cessation de l'appetit et de la rumination , puis des convulsions et la mort. Mais d'autres Ms eile reste sedentaire. Les animaux mangent qnelque pen; ils out la vue trouble, cela est vrai, mais pas assez pour ne pas pouvoir se diriger dans leur inarcbe : ils chancellent quand ils se levent et si on les force a laire quelques pas; mais ils se soutiennent assez longtemps dans cet etat, meme sans maigrir tres sensiblement.
On en voit que Ton garde pendant des mois entiers dans I'es-j)oir de parvenir ä les engraisser. Quoi qu'il en soil de la leuteur et des progres que fait rHydrocephalie ou des phenomenes mor­bides qni en sont la consequence, on pent toujours etre certain que la terminaison sera fäcbeuse si I'animal n'est point sacrifie quand on s'est convaincu de son immobilite.
Apres la mort, on trouve toujours une quantite plus ou moins grande de serosite dans les ventricules du cerveau, quelquefois une möningite bien caracterisee. et souvent des traces d'ecchy-moses sur le crane.
Diagnostic. Pronostic. — II ne peut y avoir la moindre incerti­tude quant an diagnostic; lorsque le coma, la dilatation de la pupille. la faiblesse de la marche et rinterruption des temps de
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MALADIES Dt) SYSTEME NEHVEUX.
la mastication so manifestent sur im bceuf habitue ä Trapper de la tete, quand meine on ne rencontrerait autour du crane et sur cette holte osseuse aucune trace de contusion : tons les coups portes sur la tete avec une Larre de bois ou un gros bäton ne cou-tusionnant pas d'une maniere tres apparente la peau et les orga-nes sous-jacents, et pouvant produire le meine etfet quand üs sont porlesavec violence sur la base des comes, car rebranlemenl de ces organes retentit loujours d'une facon tres douloureuse dans rinterieur du criliie et pent y occasionner de graves ilesordres.
Le pronosüc de rHydroceplialie est toujours lacheux. Si l'ani-rnal est vieux et maigre, ob le sacriüe pour en tirer un parti (juelconque, et s'il est eu bonne chair, on le livre au boucher.
Traiienicnt. — Öi Ton se rapfjelle ce qui a ete diL des causes de rHydroceplialie, on coinprendra lacilement qu'il n'y a ici ä faire emploi que d'un trailemenL preservatif, puisqu'on n'observe cetle maladie que sur des animaux naturellemeul mediants et tres dis­poses ä engager ä chaque instant une lutle avcc leurs pareils ou ä se precipiler sur los personnes qui se trouvent ä leur portee. pour les Trapper soil avec le Trout, soit avec les corues. G'est cetle habitude de Trapper qu'il Taut leur Taire perdre, si Ton n'est pas decide äles vendre sans retard etn'importeä quelprix. Plusieurs moyens se preseuteut pour cela : il y eu a sur lesquels on em-ploie avec succes, a eel eilet, raiuputatiou d'une portion des deux cornes, le tiers ä pen pros, et d'autres Ibis on laisse seule-nient h ces organes une longueur süffisante pour douuer attache aux liens qui fixeut le joug.
Les Romains, et je u'ai aucune envie de Taire prouve d'erudi-tion en rappelaut cela, lixaient aux cornes des boeufs mechants uue poignee de Toin, de lä elait venu sans doute le proverbe habet femim- in cornu. Cette pratique des Romains etait parlaitement dquot;accord avec Fexperience, caril est avere (jue si on peut attacker mi ohjet quelcouqueti rextremite des cornes d'un bceuf inechant, il s'en trouve lellemeut empelre, qu'il ne songe pas ä Trapper de la tele; et du moment oü on peut I'approcher sans danger, il n'est plus expose ä etre, ä son tour, violeminent Trappe sur la tete par ses conducteurs.
L'indication de ce moyen a sa raison d'etre, parce qu'il se ren­contre souveut des cultivateurs qui, d'apres des considerations de plusieurs sorles, seraient hien aises de pouvoir se servir, sans danger, d'un bceuT mecliant jusqu'auümoment o.'i ils pourraient s'en del'aire avec le i)lus d'avautage.
Quant an Iraiteinent curatiT de FHydrocejilialie, il se preseute avec des chances si faibles de reussite, que Ton est tentede ne pas
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HYDROCEPHAUE CONamp;ENIALE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 365
en parier. Mais enflu on pent prevoir les cas oil THydrocephalie etant de date röcente, on pourrait y remedier, an moins en partie. re qui m'est arrive deux ou trois fois d'une maniere assez apparente.
Done, s'il s'esr, ecoule pen de temps depuis qua ranimal a ete trappe, et si le coma, la dilatation de la pupille, existent avec seulement nn pen d'incertitude de la marche, on saigne ä l'arrere coccygienneassez fortement pendant denx on trois fois, jnsqua ce que dejä l'agitation de la respiration commence ä se faire remar-quer. On sail que ce Symptome est constant tontes les fois que la saignee a ete tres forte. 11 est bien'entendu que ce traitement ne doit etre appliquö que chez un animal d'aiUeurs bien conforme, ni tresjeune, ni tres vieux, et tout, a fait exempt d'autres lesions organiques.
Apres la saignee, on fait emploi d'ahlutions d'eau froide salee, continuees pendant vingt-quatre heures au moins; en meme temps privation presque absolue d'aliments solides et breuvages rafraichissants non nitres en abondance. Cp traitement a produit deux gnerisons dont j'ai tenu note, et deux ou trois fois il a sufli pour que les animaux reprissent de Fappetit, quelque assurance dans la marche, et qu'il IVit possible de les engraisser.
ARTICLE IV
IIYDROCKPMAME CONIiKN IAI.I-:
iK-iinition. Frequence. — L'Hydrocephalie congeiiiale est celle que les animaux portent en naissant,qui s'est developpeependant la vie uterine. On la designe aussi sous le nom de congenitale, qui est, pent-etre le plus correct. Cette maladie est freqnente, je l'ai observee plusieurs fois, comme tons les veterinaires qni exer-cent ä la campagne.
Les causes de l'Hydrocöphalie congenitale sont entieremenl in-connnes; on pent bien cependant faire quelques suppositions ä cet egard. et par exemple attribner la formation des epanchements ä des coups portes sur la region abdominale d'une femelle en etat de gestation, h des monvements violents auxqüels eile se serait livree: mais on ne possede rien de certain ä (;et. egard, et tontes les Hydrocephalies observees se ressemblent, ä de trös legeres dif­ferences pres. Pour en donner une idee bien nette aux praticiens qui n'auraient pas ete en position d'observer cette maladie, je rapporterai une observation publiee en 1826, par mi de mes an-
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MALADIES DU SYSTEME NERVEIJX.
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ciens condiscipies, M. Taiche, qüi oxercait daus le departenienl. de la Nievre.
laquo; Vers la fin de levrier 1826, dit-il, je fus appele, chez M. Guyot de Saint-Gyr, pour donner des soins ä un veau qui ve-nait de naitre et qui portait ä la partie anterieure du front uue tumeur d'un volume enorme. Arrive aupres de rauimal, je le trouvai couche sur le cole droit, ayaut les membres flechis et la tete appuyee sur la litiere par sa partie inferieure seulemeat. La tumeur etait situee ä la partie anterieure et inferieure. et mi peu laterale droite du front; eile avait la forme d'un cone aplati, de 60 centimetres de circonference et 16 d'elevation ; eile etait elas-tique, d'une tension mediocre, et se deplacait legerefnent quand l'animal remuait un peula tete ; la pean qui la recouvrait n'oürail de particulier qu'un peu de tension.
laquo; Curieux d'observer attentivement un fait qui se presentait ii moi pour la premiere Ms, je üs lever et soutenir cepetit animal, dont les membres vacillants acquirent promptement assez de force poürqu'il put seul teuir debout. Son corps et ses membres etaienl bien conformes, mais la region gauche de la tete etait plus deve-loppee que celle de droite; pour que la tete restät placee dans sa position naturelle, il fallait la soutenir, et des qu'on ne la soutenail plus, eile etait entrainee par le poids de la tumeur. Alors le veau respirait diflicilement, et, du reste, il oifrait tons les signes de hi saute; il tetait facilement pourvu qu'on lui soutinl la tete.
laquo; Persuade que la tumeur contenait un liquide, je üs coucher et maintenir ce petit animal sur une table, et ponctionnai la tumeur äsa partie la plus declive. Le liquide qu'elle contenail s'echappa, et l'ut recueilli dans un vase. II etait limpide et de couleur lege-rement citrine. Avant d'en evacuer la totalite, j'introduisis une sonde dans la tumeur et la fis penetrer facilement dans le cräue : ä l'instant rauimal tjpronva des convulsions qui cesserent des que j'eus retire la sonde... J'agrandis l'ouverture faite ä la tu­meur, j'exprimai le reste du liquide qu'elle contenait, environ 1 litre 5 decilitres. J'excisai de cette'poclie tonte la portion qui me parut inutile ou contraire ä une bonne cicatrisation. L'hemor-rhagie fut considerable, mais eile s'arreta bientot. L'excision m'avait permis d'examiner rapidement l'ouverture du frontal : eile etait ronde et aA'ait 3 centimetres de diametre; un bourrelel forme de substance cerebrale en garnissait le bord, et vers le fond, on distinguait parfaitement le trigone cerebral. Je pansai avec quelques plumasseaux d'eloupas tres donees et fis a la peau la suture ä bourdonnets. Apres I'operation , ranimal portait assez bien la tete: on le conduisit vers sa mere, et il se mit ä teter.
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HYDROCEPHALIE CONGENIALE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 367
laquo; La face interne de lapeauque j'avais excisee 6tait garnie d'une couche de substance cerebrale, disposee eu petits lobes du volume d'une lentille jusqu'a celui d'uue noisette ; au-dessus de ces pe­tits corps etaient les membranes encephaliques qui, avec: la peau ä laquelle elles adheraient fortement, constituaient I'espece rle sac berniaire du cerveau.
laquo; Le second et le troisieme jour, je Ins inlbrme que le veau allait bien.
laquo; Le quatrieme jour, la plaie etait en suppuration, le pus etajt sanguinoleat, rauiinal paraissait etre pen souffrant. Je detergea: rexterieur de la plain avec un melange tiede d'eau et de vin Su­cre, et le pansement fut lait de cette maniere deux fois par jour.
laquo; Le septieme jour, la plaie cxbalait une mauvaise odeur; I'animal paraissait tres souffrant, il restait presque constamment couche, et ne tetait que lorsqu'on lui mettait le trayon dans la bouclie. J'enlevai 1 ajjpareil et le remplacai par d'autres ötoupes fines. Le soir, le veau refusait absolument de teter: il etait tou-jours couche sur le cote, avait l'eiicolui'e tendue et respirait diffi-cilement. Le huitieme jour, I'tipistliotonos et le räle etaient exces-sifs; je pronostiquai une inert prochaine, et il fut sacrifie par la saignee.
laquo; A l'autopsie, je constataique la plaie etait noinltre interieure-inent; le cote gauche du cräne etait plus volumineux que le droit; les parois de celui-ci paraissaient avoir ete longtemps et forte­ment comprimees; il n'existait de perforation qu'au frontal, qui etait aminci et lisse an herd de l'ouverture; les deux tiers des parois anterieures des grands ventricules du cerveau avaient dis-paru, le reste de la masse encephallqne se trouvait dans un etat normal. raquo;
Et maintenant voici la description que M. Ghocud, veterinaire ä Vassy (Haute-Marue), a donnee d'une tumeur de la meme nature que celle dont a parle M. Taiche :
laquo; Deux tumeurs separees l'une de l'autre, dont une ä droite et l'autre ä gauche, etaient situees sur la partie anterieure et supe-rieure de la tete.' La premiere, plus petite, un peu allongee, arroudie ä la partie superieure, se deviait posterieurement, ayanl environ 15 centimetres de hauteur sur 27 a 28 de circonfereuce. La deuxieme, plus considerable, de forme spherique, se d6viait anterieurement ä la precedente, sur la face laterale gauche; sa hauteur etait de 20 centimetres sur 50 de circonfereuce. Quant an reste de la tete, la conformation etait naturelle. Le frontal etait completement detruit; les autres os des parois du cräne offraient une surface lisse. et etaient amincis ä leurs herds: toutes les on-
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MALADIES DU SYSTEME NERVETJ.X.
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vertures qu'ils pr^sentaient dans leur etat normal etaient elargies. le cote gauche atlaisse par lo poids de l'eau qu'il avait ä supporter; le cervean avait entierement disparu; le cervelet etait intact; le plexus choroide conserve; ses vaisseaux tendus comme s'ils eus-sent, (He injectes, et, de couleur rouge pourpre; les cavites des deux tumeurs etaient parfaitement en rapport: elles contenaient environ 5 on 6 litres do liquide jaunatre, dans lequel nagoaient des flocons blanchätres qui paraissaient etre des debris de la subs-lance du cervean : la forme representait absolument celle des deux lobes, fortement distendus, separes par la scissure mediane, dont le gauche, beaucoup plus considerable, se trouvait dilate, taut par la grande quantite de liquide ifne par la position du sujet dans la matrice.
laquo; La cavite foi'raee par la peau etail tapissee par la meninge : celle-ci, tres enflanuuee et epaissie,- etail recouverte par une fausse membrane pen coherente, formee par la substance du cer­vean, avec laquelle eile paraissail confondne a la lace inl'erienre : les nerfs qui coramuiiiquaient, directement h cat Organe sect;taient plus gros que dans I'etat, ordinaire, el semblaieut avoir acijuis ce volume aux depens de ce dernier. raquo;
La calaracte congenitale existe qneiqiiofois avec l'Hydrocöpha-lie, j'en ai observe plusieurs cas.
M. Conlbeanx en a oliserve une avec cette complication. A Fau-topsie, il a trouve les os du crane avec leur epaissenr normale, el leur ossification u'avait, rien de particnlier; les deux hemispheres cerebraux etaient un pen plus voluinineux qu'ils ne le sont ordi-nairement chez les veaux de cet age ; ils presentaient une legere saillie an centre de leur face superieure, qui, pressee, faisait, re-connaitre une fluctuation assez considerable : il s'en ecoula envi­ron deux verrees de liquide incolore et transparent lorsqu'on ou-vrit les ventricules lateraux du cerveau; la paroi medullaire etait amincie superieurement; la substance blanche formait une cou-che amincie, et la grise n'elait qu'un rudiment snperficiel. La face interne de ces cavites ventriculaires etait Uapissee dquot;uuoexsu-dalion mombraneuse de couleur jaune, fade, affaiblie; enfln , la pulpe cerebralc etait d'une diffliience extreme; le plexus choroule semblait plus developpe qn'ä 1'ordinaire; tons les vaisseaux de l'en-cephale etaient dansun etat d'exaltation morbide; des gonttelettes sanguines, nombreuses et voluminenses, snrgissaient sur les coupes que Ton faisait h la substance cerebrale; un caillot sanguin enve-loppait la lige susphenoldale ; le cervelet etait daus un etat ana­logue : il etait cependant moins ramolli que le cervean; les nerfs optiques n'offraient rien de particnlier: les cataractes etaient tres
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APOPLEXIE SEREÜ8E.
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fennes; les capsules cristalloides eplt;aissies, resistautes, jaunes, se detachaient facilement de l'organe qu'elles enveloppaient.
L'Hydrocephalie est läeu coaune par les symptömes tres appa-rents (jui la caracterisent: ses causes sont inconaues, ou ä peu pres, et serieusement il u'y a pas ici ä s'occuper des moyeus de combattre cette maladie, ce serait se douner, dans tons los cas, iles solus superflus; ce qu'il Importe de connaltre, ce sont les lesions toujours mortelles rpii en sont la consöquence, afiu quo Ic praticieu soit toujours en mesuve de formuler aettement son diagnostic.
ARTICLE V
APOPLEXIE SERKI'SE Syn'onyhie : Hydropisfe cer6brale, Hydrorrhagie.
iiciiuiiion Frequence. — J/Apoploxie sercusc est rai'actc'uisee par la perte snbite et plus on moins complete de la sensilnlile el ilu mouvement. On on observait autrefois de frequents exemples sur les vaches principalemeut; mais depuis quelques aonöes, ces exemples sont devenus Ires rares.
Causes. — Ces aniinaux, conserves dans les etables jtisipi';; inie extreme vieillesse, et dans im etat de maigreur et d'epuise-ment extremes, trOuvaient, dans cette stabulalion prolonyee, la cause principale qui autrefois les predisposail h 1'Apoplexie se-reuse; aujourd'lmi on les prepare pour la boueberie ä un äge moins avance, et c'est im progres dont il laut se lelicUer dans l'interet de ragriculture.
lAVpoplexie sereuse atfeetait les vaches debilitees en memi-temps par le travail et par la reproduction, et placees sons l'in-llneuce non 'moins pernicieuse d'un regime alimentaire des plus defectueux, consistant en une distribution saus mesnre de l'our-rages tres aqueux ou tres uutritii's, mal ou bieu recoltes, profu­sion des plus inintelligentcs, ä laquelle siu-ciidait, sans transition, nn regime de privations journalieres par Femploi d'aliments in-sofflsants ou depourvus de propriefes nutritives.
Symptömes. niarche. — Chez les vaches affectees, I'Apoplexie sereuse etait preeßdee ordinairement d'eedemes froids aux mem-lires ou qui avaient leur siege sous le ventre; puis tout h coup on les trouvait couchees sur la litiere, insensibles ä toutes les excitations exterieures ou interieures, jirivees de mouvements,
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MALADIES DU SYSTEME .NERVEUX.
avec les iuüin])raiies apparentes d'uue paleur cadaverique. Quel-(juefois, la inort ue survenait jias subitement; elles respiraieul d'uii souffle lent, uu pen convulsif, et, dans cet etat, elles res-taient etendues pendant im temps assez long. On en voyait qui ne pouvaient s'eteindre ontierement qu'au bout de dix ou quinze jours. J'avoue que rien ne me paraissait plus penible que les soins h donner ä des auimaux tombes dans cet etat. Cela s'appe-lait le marasme, et c'6tait l'Apoplexie söreuse, comme le demon-trait ordinairement l'ouverture du cräne.
Ne trouvant rien dans les orgaaes du tliorax et de I'aMomeii (|ui put me fixer sur les causes d'une maladie presque toujours incurable, je m'obstinai dans nies recbercbes pour savoir en fin de compte quel mal cache pouvait avoir determine la mort des auimaux qui succombaient de cette maniere, et je parvins a le connaitre : invariablement ou trouvait ä l'ouverture du crane uu epanchement de serosite duns les ventricules du cerveau ou dans le tissu cellulaire sous-arachnoldien, et qnelqnefois dans Tun el dans I'autre.
Traiteincni. — Le traitenient que j'avais la Constance de mettre en pratique toutes les Ibis qu'une vacbe m'etait confiee dans eel etat, a ete ordinairement iniructueux; je le nientioiiuerai Depen­dant, parce que dans quelques circoustauces, tres rares ä lii verite, il a paru offrir une cerlaine efficacite.
Aussitöt que j'arrivals aupres de Fanimal aiusi couche sur la litiere, ne jouissant que de mouvements convulsifs ou automali-ques, je iaisais des frictions d'essence de terebenlhine sur dos surfaces tres larges : sur la colonne dorsale, aus laces de l'encolure et, aux membres; en meine temps j'adminislrais des breuvages nitres, et, dans l'infcervalle, dos opiats dans lesquels entrait la noix vomique. Mais lii ue s'arretait pas la medication energiquement revulsive (|ue j'employais; j'ai eu plusieurs fois recours ä la cau­terisation penetrante dans les muscles ilio-spinaux, lorsque je supposais que la lesion avait son sitjge dans le prolougement ra-cbidien, ou Men sur les faces de l'encolure, et plus particulieir-ment h sa partie superieure.
C'est une histoire du temps passe que je viens de faire, et il est ä croire que l'Apoplexie sereuse que j'ai decrite ne se repre-sentera plus ({ue tres rarement ä l'observation des veterinaires, puisque les causes qui y donnaient lieu tendent a disparaitre de jour en jour, grace aux progres qu'a fiiits ragriculture et aux soins que les veterinaires se donnent^pour vulgariser les regies do I'liygiene.
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MI^NIiNGITE.
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Ojiiat n la noix vomique.
Noix vomique en poudie..............
Valeriane en poudre..................
Aliel ..............................
M6lez.
Four line vaclie de taille ordinaire.
8 ä 10 grammes.
60 — Süffisante quantite.
ARTICLE VI
MENINGITE
Le lerme meningitc sert ä designer rintlaramatiou siniullanee de laraclinoide et de la pie-mere. Elle'est, dib-on, aigue on clironiyue; mais est-il Men facile de la distinguer, pendant la vie, de rinflammation du cerveau, du cervelet et du prolon-gement rachidien? J'avoue qu'il est ä peu pres impossible do laire cette distinction, les causes auxquelles on pourrait attri-buer. la maladie des meniuges etant ordinairement celles de la cerebrite, et la plupart des symptömes (^ue Ton dit caracteristi-ques de la Meningite se manifestaut egalement pendant I'exis-tence des autres maladies de l'encephale.
laquo; Le boeuf, est-il dit dans line consultation adressee ä l'Ecole de Lyon, en 1825, porte les oreillos et la tete basses, dans quelques cas, jusqu'ä terre; il a la marcbe cliaucelante ; les paapieres soul tumefiees; le globe de l'aiil devient saillant; I'liumeur aqaeuse trouble, la vue presque nulle; aussi ranimal heurte-t-il presque tons les corps yui se trouvent sur son passage; 11 ya souvent an leger epiphora et uu ecoulemeut de mucus par les naseaux quel-quefois tres abondant. Presque toujours Faction de tourner on le tournis se manifeste; l'appetit se perd, les matieres alvines sonl rares, le poll lerne et sec, la respiration lente et penible, l'amai-grissement du corps devient toujours plus sensible; ranimal tombe et peril dans les convulsions. Cette maladie parcourt lenle-mentsesperiodes, mais eile est marquee quelquefois par des inter-mittences; alors le sens de la vue se retablit, l'appetit revient et le bceuf semble se refaire. Cette maladie pent avoir une duree assez longue. Des cultivateurs out assure ä l'anteur de la consultation, M. Pouget, qn'ils avaient vu des bceufs vivre de huit ä dix mois dans cet etat.raquo;
Evidoiniuent, parmi les symptömes enumeres, il y en a quo
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MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
Ton peut attribuer ä l'existence d'nne inflammation des meninges; mais la plnpart sont communs ä cette inflammation et ä celle des autres parties de l'oncephale. Comment les distinguer les uns des autres et faire la part de cliacun dans le trouble des ronctions de Fappareil encöphalique ? Aussi Ton ne comprend gufere ({iielle portee pouvait avoir la reponse adressee ä M. Pouget, si le professeur de clinique qni Favait formulee n'avait en meme lemps fait des reserves.
laquo; Getto serie de symptomes, disait-il, denote une affection cerebrale, dependant, soit de la presence d'un ver vesiculaire, soit de Firritation de Farachnoide, ä la suite de laquelle un epan-chement cerebral se forme ; cependant, M. Pouget doit se livrer ä de uouvelles reclierches cadaveriques, capables de le conduire ;'i la decouverte de la maladio et des causes qui In produisent. raquo;
Oui certainemeut, ä de uouvelles rechercbes pour etablir net-tement quels symptomes iudiqnent rinflammatiou des meniuges t!t quels sont ceux qui aunoucent la presence d'un ver vesiculaire dans l'encephale, ce qui n'est pas difficile assurement. II est d'ailleurs inutile de s'arreter plus longtemps ä la description de la Meniugite, puisqu'elle doit etre combattue par les moyens employes contre la c6r6brite.
AHT1CLE VII
La Myölite est Finflammafion de la moelle iqiiniere. On ne l'observe pas tres fre(jnemment; j'en ai pourlant recueilli plu-sieurs exemples sur des breufs et des vaches de travail.
Causes. — Les causes qui la prodiiisent sont surtcut les commo­tions de la moelle epiniere resultant de coups violents portös sur la coloune dorso-lombaire; eile s'est declaree h la suite de chutes que les animaux avaient faites dans des bas-fonds, des ravins, soit qu'ils fussont en liberte, soit qn'ils fussent atteles; mais les deux premieres observations qui m'ont permis d'titudier cette affection avaient pour sujet deux bajufs qui, chacim dans une inetairie differente, etaient eu butte ä de mauvais traitements de La part de leurs condueteurs, legquels les frappaient souvent avec violence surle dos ou sur les reins, en s'armant de tout ce qni leur tombait sons la main.
Symptomes.-.— Au premier abord, on reconnait que Fauiraal
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MYELITE.
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eprouve ä la partie qui a et6 frappöe ou cüiitusiouuee d'une ma-aiere quelconque, une douleur toute locale et tres vive qui ne ressemble aucunement ä la sensibilite qui se manifeste par Teile l d'une compression modereo avec la main. La douleur siege ä la peau autant qu'aux muscles ou aux apophyses; eile est partielle, et Ton constate facilement qu'elle est le produit dquot;un choc plu;-ou moins violent. A ce premier Symptome s'ajoule bientöt une sorte d'engötu'dissement des membres postcricurs ou anterieurs, suivant que la commotion a eu son siege dans la portion dorsale ou lombaire de la coloune. Get eiigourdissement se manifeste ä ditferents degres, qui sont : la gene, lamarcbe chancelante, ou la difficulte de marcher, qui semble resulter d'une paralysie com­plete ou incomplete. Dans cet etat, l'animal est triste, il a perdu I'appetit, il ne rumiue point, il rend avec peine ses excremems. qui souvent s'arretent au bord de ranus par le defaut de contrac­tion du rectum; d'autres Ms, la constipation est complete et l'ex-pulsion des matieres alvines n'a point lieu si Ton no vide arli-ficiellement le rectum. Les laveinenLs dans ce cas sont sans efiet.
Tels sont les symptömes de la Myelite aigue ou recente. Mais ils sont le plus souvent moins saillants ; alors la marche de l'ani­mal est seulement genee, la douleur moins vive sur les points oulesconiis onl ete portes;dans cette circonstance, la Myelite a etc produite non par une seuie commotion, mais par des com­motions souvent reproduites. Sous l'action de cette cause el k ce degre, la Myelite, si eile n'a pas tout ä fait le caractere de la chronicite, n'a pas, du moins, la meme intensitö, tout en ofl'rant une egale gravite par les accidents morbides qui en resultent. Les animaux alors prennent encore quelques aliments; ils rumineut plus raremont que dans l'etat de sante et ils ne s'elirent jamais; ils restent (•ouches sur la litiere plus long-temps que s'ils avaient la liberte de leurs mouvements; ils appuient parfois le raufle sur la litiere, et quand ils sont sur leurs membres, leur tete s'appuie sur les corps envirounants qui sont ä leur portee. Peu ä pen ces symptömes prennent plus de gravite, on remarque que I'appui se fait couvulsivement par saccades, et qiTenfin l'animal pousse an mur bien souvent jus-qua ce qu'il s'affaisse sur le train anterieur ou posterieur, selon que le siege de l'inflammation est plus ou moins rapproche d(( Tun ou de Tautre.
On voit-des boeufs resister plusieurs jours aux atteintesde cette maladie et ne succomber qu'apres etre arrives ä un etat de ma-rasme complet.
Lesions patbologlques. — Le ramollissemenl do la moelle el
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MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
son induration plus on moins marquee sont les lesions ordinai-res qui caracterisentcette affection. J'ai rencontrö sur une vache ces lesions sous plusieurs 6tats. Dans les portions ramollies, il y a aussi quelquefois de petits abces qui contiennent une matiere ayant avec le pus beaucoup de ressemblance, et, dans les points indures, des portions offrent parfois une consistance egale a celle de l'os. Ces lesions se font remarquer d'une maniere plus appa-rento sur la partie qui, selon toutes les prubabilites, a eprouve la commotion determinante on les commotions; mais chez les ani-maux, au nombre de trois, dont j'ai fait Fautopsie a, I'occasioii de cette affection, le cerveau et le cervelet portaient aussi des traces evidentes de semblables lesions.
Diagnostic. Pronostic. — L'engourdissement des membres et la suppression des mouvements de pandiculation qui coincident avec la douleur que Tanimal eprouve sur un point de la region dorso-Iombaire, sont des symptomcs bien sufflsants pour etablir le diagnostic. Quant an pronostic, il est fächeux trop souvent. sans doute, mais il ne Test pas toujonrs : si Ton pent voir I'ani-mal au debut de la maladie, lorsque les symptömes viennent de se manifester pour la premiere Ms, on pent conserver quelque espoir de le guerir, pourvu qne les phenomenes vertigineux, qui consistent dans l'actiou de pousser au mur couvulsivement, ne soient pas bien caracterises. 11 est au contraire toujonrs Mcheux (|nand la maladie date de plusieurs jours, caralors on pent, sans craiudre de se tromper, pronostiquer la mort plus on moins pro-chaine de 1'animal.
Traitement. — J'ai gueri quebpies boeufs on vaches, lorsqu'ils se sont trouves dans les conditions favorables que j:ai mention-nees, c'est-ä-dire au debut de la maladie et lorsque les symptömes (Haient relativement pen intenses, par des affusions d'eau froide continuelles sur la partie de la colonne dorso-lombaire qui pa-raissait avoir eprouve la commotion, et si ces affusions ne pro-duisaient pas dans les vingt-qualre beures une amelioration tres inanjuee, j'avais recours ä la saignee coccygienne copieuse et i-epetee plusieurs fois. Eniin, lorsque apres ce traitement tmer-.uique la guerison n'etait pas complete, j'appliquais sur la partie correspondaute, au siege presume de la Myelite, des vesicatoires energiques, occupant une surface de 20 h 25 centimetres et plus, sous la forme d'un carre long; en meme temps j'administrais la poudre de noix vomiqne en opiat^de trois jours I'un.
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TOURNIS.
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ARTICLE VIII
TOURNIS.
Synonymik : Tournoienieht, Lnurd, Lourderie. Avcriin . Vertage.
i)lt;-finitioii. Frequence. — Le Tonrnis est line malaflie des betes ovines et bovines, occasionnee par le döveloppement, ;ila surface ou dans la profoudeur de l'encephale, du ver vesiculaire counu sous le nom geuerique de ccermre.
II est tres fröqueat chez les aiiimaux de Fespece ovine: mais iTayant pas km'occuperici des maladies de ces animanx, je dirai seulement ce qu'est le Tourms dans I'espece bovine.
Beaucoup de veterinaires (£iii n'avaiont pas observe le Tonrnis chez les betes bovines out nie son existence, et d'autres ont nfflrme avec (jnelqne apparence de raison qne 1'on avait Men sonvent confondn le Symptome ((ni caracterise cette maladie avec im Symptome presque identiqne qui se manifeste dans presque Ions les cas de cerebrite chronique avec rainollissement ou indu­ration du cerveau. Ils ajontaient : les jeunes animanx sont dans rhabitude de hitter outre eux en se portant de violents coups snr la tete quand ils se trouvent dans les päturages, et les commo­tions qui resullent de ces luttes donnent lieu k des congestions ou encephalites dont le Tourms n'est qu'un Symptome. J'avone ([lie pendant longtemps j'ai partage cette opinion: mais des faits ile coennres loges dans l'encephale des tanreaux ou genisses, out modifie mon opinion.
Sans doute, les luttes dont on a parle donnent lien aux acci­dents (jni prodnisent le Tonrnis, Symptome d'une cerebrite chro­nique; mais le Tonrnis occasionne par la presence du cennre dans I'organe encepbaliipie se fait egalement remarquer. On pent avoir mal observe; mais quand nn fait est affirrae par des honimes digues de foi, on doit examiner de nonvean si on a des dontes, et Ton finit par deconvrir on est la verite. C'est ce •pie j'ai fait.
Dejä Rigot pere avait pnblie (Correspondance, de Fromage-Defeugre) one notice sur le lourd des betes bovines, qu'il avait observe tres souvenl ;i Cbätean-Gontier. II placait le siege de la maladie entre la pie-mere et la dnre-mere, quelquefois entre les ilenx lobes du cerveau.
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a?laquo;
MALADIES DU SYSTEME NERVEl'X.
Berlhelel, veterinaiiv h la Ferte Saint-Aubiu, adressail,. en 181-2, one note ä l'Ecole d'Alfort, dans laquelle il annoncail, avoir opere avoc succes dix-sept genisses alfoctees du Tournis. du ä la presence de I'liydatide c6r6brale. Dupuy flit, daus sou Traite de Vajfcclion tuberculeuse , qu'un veteriuaire, Langlois, qui, en 1801 et en 1802, a opere plusieurs Lceufs atteints du Tour­nis, pretend que sur douze, liuit avaient ete gueris par I'extrac-lion du ver, donl lo siege etail dans l'un des grands ventricules du cerveau. Et depuis, en 1829. Dupuy a publie l'liistoire de deux ccenures trouves dans le grand ventricule droit du cerveau d'une genisse, agee de dix-huit mois ä deux ans. Les deux vers etaieut places Tun snr lautre; rinferieur reposail sur les couches olfactives, (jui etaieut coinpriiuees, rainollies et d'une couleur i'oügeätre.
A cette occasion, il rapporte qu'on trouve daus Thomas Bar-Iholin, qu'en 166!, une espece de livuesie fit perir beaucoup de lietes bovines, daus la substance du cerveau desquelles 1'nreut de-couverts des vers vesiculaires. Wepfer parle aussi de l'operatiou du Tournis, dont il a ele Leinoiu en Suisse, ct (jue lui-meme il a pratiquee surles betes a comes. II dil (ju'avant d'y avoir recours. les paysaus sout dans ['habitude de frapper avec un niarteau sur la lete de ranimal, derriere les comes. Si le coup resonne, at tail juger ä la nature du sou qu'il y a un vide, ils ouvrent en eel endroit. Wepfer ajonte qu'en facilitant revaenation du liquide, mi a gueri plusieurs lois, lorsque I'liydatide iToccupait que la superficie.
Tel est a pen pres tonl ce que Ton savait du Tournis des betes lioviues, lorsque MaiUel publia ilkc. de MM. vet., anuee 183Ü. pag, 113, 108), ä l'üccasion de cette maladie, un inenioire tres interessant, auquel je ferai de nombreux emprunts.
Causes. — On a dit que le Tournis des betes bovines s'observail pins rreqnemmeiit dans le midi de la France que dans le nord; ce doit etre une erreur de copiste. J'habite le Midi, on du moins le Sud-Ouest, et je n'ai remanpie cette maladie que sur des lieux lias et humides; eile nattaque guere que les jeunes taureaux on genisses : cet age serait done plus propice an developpemeut de I'liydatide cerebrale (pie l'äge adulte on la vieillesse.
Maillet dit avoir observe le Tournis plus souvent chez les genisses que chez les males. J'ai fait la meine remarque. Mais si le jeune age doit etre considere rtmime une cause predisposante. il est certain que les conditions dn developpeinent du cieuure sout encore euveloppees d'une profonde obscurite. Cepeudant les experiences des helminthologistes modernes tendent ä prouver que
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TOLRNIS.
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ce ver vesiculaire provieutdu transport et du devoloppoinent dans le cerveau de la larve d'un tenia qui vit dans rintestiii du chien. S'ü en etait aiusi, on s'expli([uerait biea dillicilemout I'lieredite du Tournis, tout an moins par les males, a I'appui do laquelle des faits sont cites par les auteurs et notamment par M. Reynal, dans son menioire sur le Toumis, {Rccucil de MMedne veterinairc, anuee 1857.)
Quoi qu'll en soit dc 1 etlologie du Tournis, tout ce que je puis dire, c'est que j'ai vu plus suuvent cette maladie se declarer sur les eleves de un ä deux aas, lorsque cos aiumaux paissaient sur des bas-lbnds, on l'herbe esl loujours tres aqueuse et pen uourrissante.
Syinptömes. — Daus les premiers temps de la maladie, cquot;est-a-dire avaut (pie lo coenure soit assez developpe pour coinprimer le cerveau et yener ses functions, Fanimal ue touine pas; il est triste, marclie avec nonchalance, a pen d'appetit; il rumine rarement el avec lenteur; il a les yeuxquot; ternes et il tient quulquefois la tete penchee. Mais si Ton constate que ranimal n'est pas dans un etat de sante parfaite, on ne pent pas encore diagnostiquer la pre­sence d'un coenure dans le cerveau.
Quand le coenure est developpe, ranimal decrit d'äbord un grand cercle et il ne fait qu'un petit aombre de tours. A mesurc (]ue la maladie progresse, on pout dire que la compression du cerveau dovient plus forte, le cercle decrit par ranimal se fait plus petit et le noniLre de tours de plus en plus considerable. Quand le Tournis est arrive ä sa derniere periode, on ne compte plus que cinq on six tours pendant la duree do cliaque attaque. apres laquelle ranimal s'arrete, ecarte les inembres, se balance avant de tomber, et anssitöl apres sa chute agite et roidit ses inembres couvulsivement.
Cette description donnee par Dupuy est exacte dans le plus grand uombre des cas; mais Maillet ajoute qu'il y a aussi (juel-ipies circonstances ofi ranimal tourne constamment et penche autant la tete en avant que de cote, et il fait reinarquer avec rai-son, que chez de tels animanx le ccenure se trouve toujours tres pres du plan median du crane. On voil encore, mais rarement, des betes bovines qui, apres avoir tourne d'un cote pendant plusieurs jours, on memo plusieurs semaines, restent quelqnes jours sans decrire des cercles et touruent ensuite du cote oppose. II y en a aussi qui tournent ä droite on h gauche indistinctement; enfiu Rigot assure que certains sujets ue tournent pas du tout.
Abandonue en toute liherte dans un päturage, ranimal malade suit ä peine le troupeau, penche toujours la tete, palt avec non -
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MALADIES DU SYSTEME NERVEÜX.
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chalance et ue choisit pas l'herbe. Lorsqu'il se trouve pres d'une liaie placee du cote oü il tourne, il va lentement jusqu'au bout de cette haie, et s'il rencontre lä un angle rentrant, comme il ne pent ni aller en avant ni tourner, il s'arrete et reste quelquefois plusieurs minutes sans bouger; si un fossö se trouve sons ses pas, il y tombe, et il a souvent beaucoup de peine ä en sortir. Quand il rentre k l'etable, il prend rarementsaplace, surtont lorsqüe pour s'y rendre il a li.'soin de tourner dans un sens dilferent de celui ((ui lui est aecontume. Cette meme aberration, qu'on remarque dans le monvement, dans le sens du goüt et dans celui de l'odorat, existe egalemenl dans la facnlte visuelle, laquelle, di-ininuee dans r(eil du cöte non malade, est souvent abolie du cote atfecte, surtont lorsque la maladie est fort avaneee.
A cette epoque du Tournis, c'est-ä-dire quand il date de cinq u six semaines, l'animal devient tres fälble, pent ä peine se tenir sur ses membres, pousse sur la creche avec latete ou le poitrail, et mange beaucoup moins (ju'ä son ordinaire ; si on le fait sortir, il cbancelle et tout le corps est peucbe du cöte aifecte.
La percussion du cräne et la compression exercee surlesparois ile cette cavite ne foumisseut ordinairement que pen d'indicessur le siege precis du coenure pendant les deux premiers degres du Tournis; mais plus tard on remarque une sensibilite souvent tres grande des parois eräniennes du cote malade, un son plus mat que du cötö oppose, et enfin quelquefois de la ilexibilite sur un point. Cependant, ces deux derniers signes sent fort obscurs chez les taureaux et les genisses de deux ans et au-dessus, ä cause de repaisseur de la peau du crane et de la quantite de polls touffus qui la recouvrent. La percussion des comes ne fonrnit egalementque des signes fort incertains.
Une opoque arrive pendant laquelle ranimal, s'il est abandonne ;i lui-meme, devient tont ä fait paralyse du cöte affecte. Alors il reste constamment couche sur ce cöte; il est comme fixö an sol par la contraction des muscles du cöte oppose, ce qui fait qu'il lui faut un certain effort pour relever la tete;la vue s'eteint ainsi (jue les autres sens, et ranimal mcurt.
Harche. Duree. Teriuinaisons. — La marclie du Tournis est tres lente chez les l^etes bovines; sa duree est longue. .T'ai vu une ge-nisse qui a vecu six mois depuis l'apparition des premiers symp-lömes; mais cette duree doit varier suivant le nombre des hyda-lides, la portion de rencephale (fö'ils occupent, et l'etat des animaux an moment oil ils out et6 atteints.
Lesions patholwuiques.— A rouverture du crane, on trouve une on plusieurs poches remplies d'une seroslte limpide, citrine ou 16-
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TOURNIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 379
gerement roussdtre; ces vesicules sont logees, tantot ä la surface anterieuredes hemispheres, tantot dans l'un des grands ventricules, tantot enfln entre les deux lobes ceröbraux. Les parties du cerveau qu'elles compriment sont comme refoulees, on meme peut-etre resorb^es. Aucune membrane particuliere ne s6pare leurs parois de la pulpe cerebrale. Lorsque I'hydatide est urdcpie, eile est oi1-dinairement fort grosse, et Maillet en a vu plusleurs dont le volume egalait celui d'un ami de cane. Quand eile est multiple, on en trouve de grosseurs tres diverses, depuis le volume d'u;ic petite noix jusqu'ä celui d'un oeuf de poule.
La dure-mere est amincie on detruite au niveau de ces hyda-tides, et les parois da crane sont egalement plus ou moins amin-cies, suivant la periode du mal et la position des vesicules. Lorsque celles-ci sont placees tres pres du frontal, Tamincisse-meut s'accomplit (l'une maniere tres rapide, surtout cliez les veaux et genisses de six mois h un an, age auquel il n'y a pas encore de sinus frontaux; on trouve alors l'os bombe, tres flexi­ble, transparent et reduit ä I'fepaisseur d'une feuille de papier. Chez les betes ägees de deux ans et au-dessus, qui out des sinus, la table interne de l'os, devenue tres flexible, se bombe en avant, se rapproche de la table externe, en envahissant I'espace forme par les sinus, et finit par adherer ä la table externe qui elle-meme s'amincit.
Diagnostic. Pronostic. — Pour etablir la diiference du Tournis resultant de la cerebrite chronique et du Tournis occasionne par la presence du ccjcnure cerebral dans le cerveau, il laut apporler une grande attention. Ici, I'errear est facile: on doit rechercher avec le plus grand soin si. avant que le tournoiement s'est manifeste, il n'y a pas eu de Symptome de congestion cerebrale, si les animaux n'ont point Fhabitude de lutfer etant en liberte, s'ils n'ont pas recu de coup sur la region occipitale, et s'assurer qu'il n'existe sur le crane aucune cicatrice, aucune trace de con­tusion. II faut analyser tons les faits qui out pu se produire avant Tapparition du Tournis et se rappeler qu'on no pent tirer aucune induction du jeune äge des animaux, ä moins qu'on n'ait acquis la preuve qu'ils ne sont Jamals sortis de l'etable, parce (]ue les jeu-nes animaux luttent quelquefois avec assez de violence pour se I'racturer les os frontaux. II y a d'ailleurs un signe pathognomo-nique dans les cas de Tournis, signe que Ton n'observe Jamals quand le tournoiement est occasionne par une autrc It'sion orga-nique du cerveau : c'estla flexibilite sur un point de l'os frontal.
Le seul traitement recommande par tons les auteurs qui out ecrit sur le Tournis est Tenlevement du cnenure, et differents proce-
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desonl ete coiiseillesäcesujet. L'operatiou est d'autantplus facile que la maladie est plus avancee, et qu'apres avoir souleve la peau, ou reconualt de la flexibilite sur uue portion de l'os frontal, par la pression qii'on exerce sur cet os. On ne peul que trepaner au liasard cpiand cette llexibilitö n'est pas apparente, et alors on attend, pour operer, d'avoirpubienetablir le diagnostic, et meine encore ne faut-il pas se presser d'annoncer uu resultat favorable, car si ramincissement de l'os frontal peut eclairer l'operateur, La ilexibilite aunonce tout aussi bien que le cceuure a produit sur le cerveau uue compression tellement grave que cet organe est peut-elre daus Fimpossilnlite de Jamals reveniräson etat normal. Le prouostic est done toujours douteux.
Traiteiueut. — L'operation conseillee est le trepan, qui pennet d'extraire le ccenure; mais afin de bien preciser l'endroit oü doit etre pratiqu^e cette operation, on conseille d'examiner plusieurs fois l'animal lorsqu'il tourne, afin de savoir s'il tourne court ou long des Forigine, s'il tourne a droite ou ä gauclie iudistinetement. Les inductions qu'on tire de cet examen sont celles-ci ; si l'ani­mal tourne toujours court et du meine cote, penclie beaueoup la tete, la porto uu peu allongee et perd la facnlte de voir du cote affecte, I'liydatide se tröuve tout ä fait sur le cote deriiemispliere cerebral et ä peu pres au niveau de la fissure surciliere du fron­tal. Plus le tournoiemeiit est long et moins le ver est rapproclie de la fissure, ä tel point que, quand il a lieu ä droite ou ä gauclie indislinctement, ou quil s'aecomplit pendant quelques jours dquot;un cöte etensuite du cote oppose, le ccenure esttres rapproclie de l'in-terstice des hemispheres cerebraux ou meine dans cet insterstice.
La percussion bien que souvent inutile, avant le seulevement de la peau, pour faire coniiaitre la place oecupöe par Tiiydatide, pent cependant etre employee taut sur le frontal qu'a la base des cornes, parce quelle est le meilleur moyen pour dilTerencier le tounioiement du au Tournis de celui qui est du soitä un abees dans le sinus ou daus lecoruillon (j'ai dit en son lieu comment les abees dans les sinus ou dans le cornillon pouvaient etre facilemenl diayuost.i(juesy, soitä un epancbenient sanguin dans le eräne.
Une fois qu'en combinant ces divers moyens on est parvenu ä reconnaitre, sinon avec certitude, du moins approximativement, la place oecupee par le ccenure, si ranimal est fort et vigonreux, ou pratique, pendant les huit ou dix jours qui precedent celui qu'on a fixe pour roperafion, une ou plusieurs saignees, soit ä la jugu-laire, soitä l'artere auriculaire superieure du cöte affecte. Ces sai­gnees, dit Maillet, ont un double avantage : elles diminuent l'alllux du sang vers la peau et les parois du cräne, afflux qui gene
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beaucoup ropßrateur pendant les differentes manipulaJions anx-quelles il doit se livrer; de plus, elles affaiblissent Tanimal, de teile sorte qu'il se livre h moins de monvements lors de Topera-tion, et par lä il nuit beaucoup moins ausuccesqu'on attend d'elle.
Je laisse ;i Maillef toute la responsaMlite de ce qu'il dit a propos de la saiguee, et je ne vois pas ([ii'elle veunisse tons les avantages qu'il en espere. II me semble meme qu'olle serait con-tre-indiquöe pai- l'etat de rammal dejä maigre et affaibli.
Jo continue : ces precautions prises on non, il reste ä choisir un beau jour et k se fixer sur le choix du procede op6ratoire.' On en connait cinq, ceux do Wepl'er. Borthelet, Lauglois, Bigot et Maillet.
Le procede de Wepfcr consistait h incisor crucialement la peau do la region affectee, ;quot;i ecarter les lambeaux, ä ratisser le perioste pour mettre I'os k decouvert, ä y appliquer une grosse vrille on une couronne de trepan assez grande pour donner la facilite de saisir riaydatide,qu'oii doit toujonrs enlever entiörement apres en avoir evacue le liquide, soil par la succion avec un tuyau d(! plume, soit en renvorsaut la teto do I'animal. Wepfer avail re-marque quo, quand on laissait le sac, il se formait un nouvel amas de serosite. L'operalion terminee, il voulait, on ne concoit pas pourquoi, qu'un bouchon de liege fiit place dans le trou du frontal, puis qu'on recouvrit letout d'lrno compresse tremp6e dans I'eau-de-vie; les jours suivantson pansait comme ä Tordinaire.
Berthelet faisait soulever la peau an niveau du point ilexi-ble do I'os frontal, eulevait cette portion amincie an inoyen d'une feuille de sauge, on percait les meninges ä l'endroit des hydati-des; puis, pour retirer celles-ci, il introduisait dans Fouverturo une plume ordinaire, aux barbes delaquelle on avait fait des den-telnres, afln d'accrocher les parois de la poche lors des mouve-monts do torsion quo Ton faisait executer h la plume. Du reste, il recommandait anssi d'enlever les drbris membrauenx jusqu'au moindre vestige et d'incliner la tele pour faire sortir le liquide.
Rigotpere s'y prenait de lamaniere suivante : lacerhitudeetant acquise que lever existait de tel ou tel cole, il pratiquait sur ce cote, an centre du parietal, nne incision cruciale, dissöquait les qualre lambeaux et appliquait le trepan. Des qu'etait enlevee la portion circonscrite par la couronne, il prenait un tuyau de plume don I on avait enleve nne moitie, suivant sa grosseur, jusqu'a sa parlie moyenne et auquel on avait fait des dentelures en scie; il intro­duisait cette plume par I'ouverture qu'avait laite le trepan, pro-menait, en la tournant legerement, cette portion do tuyau outre la pie-mere et la dure-mere, et il accrochait. (juelquefois difficile-
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iiient, cette vessie cju'il retirait le plus doucement possible. On pansait la plaie comme une plaie simple. Si le ver existe entre les deux lobes, le oas est tres epineux, dit Rigot, et Von doit le coiisiderer comme incurable.
Le procede qu'employait Maillet presente certains points d'ana-logie avec chacun des precedents. Lorsqa'oü a preparö l'animal ä l'operation, on l'abat sur le cöte malade, apres avoir fait uu epais lit de paille dans un endroit ä l'abri du vent. Deux aides sont places un de chaque cote de la tete, aün de saisir tbrtement les cornes et d'empecher l'animal de se livrer ä des mouvements* violents ; un autre aide tient les lacs; un yuatrieme est charge de donner ä 1'Operateur les instruments et les objets de panse-meut dont il a besoin. Les iustruments sont des Wstouris, des ci-seaux, des pinces, une rugine, une vrille de la grosseur du doigt, et quatre ou ciuq plumes dentelees comme celles de Bigot, mais ayant le bout poiutu et les dents tres aigues, tournöes vers les barbes, de maniere ii representer autant de crochets diriges dans le meine sens. L'appareil de pansement comprend un emplätre de poix noire, plus large de moitie que la plaie que l'on veul faire ä la peau, de larges plurnasseaux, d'une enveloppe de la tete, de ücelles, etc. 11 laut, en outre, un rechaud pour faire chauffer l'emplätre au moment de I'appliquer.
On coupe les poils tres ras, puls Ton fait ä la peau une in­cision cruciale ou paraboliqne,' et, dans ce dernier cas, ayant sa base tournee vers les cornes, auxquelles on peut fixer aise-nient le lambeau a l'aide d'une aiguillee de fil. La surface de Tos mise ä nu doit avoir, dans tons les cas, de 50 ä (30 millime­tres de diainetre. Ou saisit le lambeau avec une pince et on le detache du frontal, avec la precaution non-seulement d'enle-ver, en meine temps que la peau, toutes les parties niolles qui le separent de lbs, mais encore de ne point couper Tariere surcüiere, ou, si l'on venait ä la leser, d'en faire la ligature, ou de la tordre, ce qui vaut mieux. Le lambeau etant detaclie Jusqu'ä sa base, on le fixe aux cornes ; on etanche le sang et ou ilelache le periosto en ruginant l'os.
G'est ä ce moment surtout qu'il Importe d'examiner l'etat du frontal, aün de s'assurer qu'il n'y a point de fissure, de inatite, de flexibilite, de bombemeut. Dans le cas le plus embarrassanl de tous, celui oä rien n'indique 1'endroit sur lequel doit etre ap­plique rinstrnmeul perforateur, oncse guide d'apres les indices qui out ete fournis par le tüurnoiement, c'est-ä-dire qu'on applique la vrille d'autant plus pres de la scissure surcüiere et d'autant plus haut, que ranimal tourue plus court öt allonge davautage
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la tete. Uue Ibis qu'ou est fixe sur le point repute le plus au niveau de I'liydatide, on y applique la vrille, et par une succes­sion de tours, on perce la premiere table de Tos, on penetre dans le sinus, s'il existe; puis, on peri'ore la seconde table. Ce travail tennine, on nettoie les bords du trou, et Ton introduit les plumes Tune apres I'autre. L'incision de la dure-mere, dit Maillet, n'est indiquee qu'autant que cette membrane con­serve encore son adbesion, sinon en totalite, du moins en grande partie, et surtout (jn'elle est separee de la poche par une lame assez epaisse de la substance cerebrale. Dans toute autre circonstance, la dure-mere, etant appliquee fixement contre la table interne du frontal, se trouve amincie et com me usee par la compression qu'elle eprouve de la part de la vesicule; de teile sorte que si la vrille n'en eraille pas assez les fibres pour les desunir, la pointeaiguedu bout des plumes sufflt presque toujours pour produire cet effet. Ainsi, apres Tintroduction de celle-ci, el en cherchant ck et lä dans la cavite cränienne, mais avec beau-coup de precaution, on finit ordinairement par accrocber les pa-rois de I'liydatide et par Fattirer vers I'ouverture.
Aussitot qu'on les tient, on execute avec la plume des mouve-nients combines de rotation et de legere traction, qui out pour effet d'enrouler cette membrane an tour de la plume et de la fixer par une grande quantite de dentelures. Cette precaution a beau-coup d'importance, dit Maillet, car si la poche venait ;i echap-per ä Ibperateur, comme eile n'est plus distendue par la sörosite qu'elle contenait, puisque celle-ci s'ecoule des c^u'il y a 16sion de la membrane, il dcviendrait tres difficile do I'accrocber une se­conde lois, et surtout de l'enlever en entier, ce qui est une con­dition indispensable pour reussir coinpletement. Voilä pourquoi il est necessaire d'enrouler plusieurs plumes Tune apres I'autre. afin de prevenir le decbirement.
La pocbe etant enlevee, on penche la tete de 1'animal pour faire sortir la serositr contenue dans le crane; puis, on intro­duit doucement une plume, afm de s'assurer s'il n'existerait pas d'autres vesicules; mais Maillet assure que, lorsqu'il y en a plu­sieurs, celles qui sont restees dans le crane se rapprochent le plus ordinairement du trou de l'os aussitot que le liquide de la premiere est evacue.
Quand on opere ä une epoque avancee de la maladie, dans uu temps oü l'os est derenu flexible et bombe sur un point de son etendue, c'est en cet endroit qu'il faut appliquer la vrille, et si ramincissement etait trop considerable, on aurait recours k la leuille de sauge pour enlever la lame osseuse. En pareille occur-
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rence, la vesicule se trouve, poor l'ördiaaire, presque iminediate-mentau-dessousde l'os. Oal'extrait au moyen des plumes, comme il a (He dit plus haut; cpielquefois ineme, on pent la pincer avec les doigts, et l'arracher saus l'aide d'insirnments.
Dös qm Toperation est tenninee, on essuie la plaie, on reap-plique le lambeau de la peau, on rolle l'emplätre ramolli, on place des plumasseaux pardessus, et on recoüvre le tout avec une loile fixeo par des ftcelles autour de la t6te et des comes, on l'ait relever ranimal, on on le releve s'il est trop faible. Ou pourrait le laissei' alors on liberte; mais, apres avoir ete opere, il cherche souvent ä se frotter la tete et arracho l'appareil, ce qui fait soulever le lambeau de pean et expose le cervean ä l'action de l'air. Le mieux est done, tontes les Ibis qu'il n'est pas trop faible, de l'attaclier pendant quinze on viagt jours ä deux po-leaux, au moyen de deux longes, afin qu'il ne puisse se frotter ui en avant, ni de cöte; mais on place les longes im peu bas, ailu qu'il ail la possibility de se coucher, et on lui presente les aliments sur de la paiile, au-dessous de sa töte.
La nonchalance et la dilikulte de mdcher (]uquot;oii remarquait avant Toperation persistent et memo augmentent apres qu'elle est pratiquee, particulierement pendant que dnre la flevre de reaction. II y a memo des animaux (jue la maladie et 1'operation out atfaihlis ä tel point, qu'on est pendant plusieurs jours oblige de leur introduire dans la beuche des aliments faeiles h mächer, ou meme de les nourrir avec de la soupe ou des racines cuites; mais au bout de huit ou dix jours, les forces se retablissent peu a peu, et les animaux mangeul ordinairement d'eux-memes.
Dix-huitou vingt jours apres roperation, ouenleve l'enveloppe et les plumasseaux, et Ton commence ä faire sortir ranimal. Assez souvent, la premiere Ibis qu'on l'expose au grand jour, il eprouve quelques mouvements de tournoieinent, mais cet etat cesse au hont de quelques minutes, pour ne plus reparaitre, k moins que le eräne ne renferme encore des hydatides.
Ce dernier eas arrive qnelqiieibis. Langlois rapporte avoir opere im bcßuf d'abord d'un cöte, puis, plusieurs mois apres, du cöte oppose, et avoir obtenu une guerison radicale par suite de oes deux operations. Maillet a egalement observe que certai-nes betes, apres avoir ete operees du Tonrnis, recomtnencaient ä tourner, soit du meme cöte, soit du cöte oppose. Si le tournoie­inent reparait au bout de quelques semaines ou nn mois, et du ineme cöte, il est fort ä presumer que des portions de Fhydatide arrachee sent restees dans le eräne et out reproduil une vesicule, oy (pie d'autres vers, formes en meme temps que le premier,
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mais non extedts, out pris depuis roperation uu acGroissemeul d'autant plus grand qu'ils se sont trouvös nioins comprimes.
Maillet a teilte une seconde Ibis l'operation du menie cote, dans un cas de ce genre. Lorsqu'il eut enleve le lambeau entourö, il remarqua un bombement tres prononce au niveau du iron pratique lors de la premiere operation; avec un bistouri il enleva le tissu blauchätre qui obstruait l'ouverture, ot aussitot il vitune hydatide de la grosseur du poing qu'il put retirer avecles doigts. L'animal, qui etait uu veau de six mois, guerit cette Ibis radi-calement.
Dans d'autres cas, le tournoiement qui reparait a lieu du cöte oppose ; roperation nouvelle doit etre alors pratiquee sur celui-ci. mais cette fois le sncces de Toperation est inoins assure que ja-mais. On pent neamnoins la teuter, puisque l'animal neperdque tres pen de sa valenr pour la boncherie si eile ne renssit pas.
La peau qu'on a ote oblige de soulever reprend tres facilement sos adlierences ii I'os lorsqu'on la reapplii|ue bieu et qu'on empe-ciie Tanimal de se frotter. An bout de six mois, il n'existe ineme aucune trace de cicatrice. Le trou fait ä l'os se bouclie au moyen d'uiie production fibreuse d'epaisseur egale ä cello de l'os, mais qui ne devient jainais complötemont osseuse. Dans le veau doni il est question plus haut, ce tissu adherait tres Ibrtement taut k la peau qua la dure-mere.
Hurtrel d'Ai'boval, qui a parfaitemeut analyse le moinoire de Maillet, regrette que cet habile praticien n'ait pas eu occasion de dissequer le cervean d'animaux operes avec succes. A cette observation, j'en ajoute une autre : il serait ogalement fort inte­ressant do savoir si les animaux operes qui soul devenus des bgeufs de travail, out pu resister aux secousses que le tirage fait opronver a la tele, surtout cenx des animaux qui portent uu jou.u fortement lie aux comes ? — On sail quo des homines tröpanes a la suite de blessures graves out vocu en bonne sanle, mais on sail anssi qu'ils devaient eviter tons les travaux qui anraient pu imprimer ä leur tele une forte secousse.
Cette reflexion 6lait ecrilo, lorsque j'ai hi les lignes qui suivent: laquo; Quant aux etfets generaux, ranimal reconvre la saute dans lonle sou integrile, et il pent, aussi bieu que tout autre individn de son espece, etre employe ä diverses series de services, meine au tirage par la tele. raquo;
Je m'incline devaut cette aliirmation il'un honnne qui a fail d'une maniere si remarqnable l'histoire du Touruis el donue des dötails si bieu concus de l'operation ä pratiquer; mais je laisse subsister la reserve que j'ai lormnlee, parce qu'il y a tirage
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et tii-age. Les bcoul's dout a parle Maillel elaieiit-ils employes ä des labours ladles sur un terrain sablonneux, ou labouraient-ils en coteaux des terrains qui par la secheresse se durcissent comme le roc? — Dans les premiers terrains, le labourage est un parcours fait sans efforts violents, et dans les terrains compactes, ces la­bours ne se font qu'aux depens d'efforts constants, presque tou-jours saccades. Ou bien encore, les bcBui's de Maillet etaient-ils employ ds aux churrois dans les grand es villes, comme on en voit a Bordeaux et ailleurs?
• Mais quelqu'une de ces observations serait-elle parl'aitemenl londee, quelle n'enleverait rienaumerile du travail de Maillet, et j'avoue que doutant encore, lorsque je l'ai In pour la premiere l'ois, de Texistence du Tournis du breul', occasionne par la pre­sence d'bydaiides dans le cerveau, je fus entieremeiU convaincu par sa lecture. Des ce moment, mes idees prirent a ce sujet une autre direction , et je parvins a distinguer ce Tournis do celui qui est le resultat d'une cerebrite chronique.
Maillet etail un observateur si eclaire et si consciencieux, qu'apres avoir promis des cures laciles jusqu'ä un certain poiiU et tres nombreuses, il croit cependanl etre oblige de ne point ca-(#9632;•lier qu'il se produit deraquo; insucces,—cquot;est le cachet du praticien, — et il termiue de la maniere suivante : laquo; Aussi, dit-il, les betes bovines affectees dn Tournis, bien que regardees generalemenl comme incurables, penvent souvont guerir quand I'operation est bien laile. A la verite, on ne reussit pas toujours, car une infinite de causes, la trop grande prolbmlenr de l'iiydatide dans le cer­veau , son trop grand rapprochement de la scissnre mediane, la inulliplicitt) des poches et leur isolement les uues des autres, qui einpeche de les extraire toutes ä la fois, le decliirement de la vesiculo lorsqu'on I'arrache, la lesion du cerveau par les instru­ments, Tintroduction d'une trop grande quantite de sang dans le crane, les froltements executes par ranimal, surtout pendant les premiers jours, etc., etc., peuvent faire manquer i.'operation , ou plus tard en detruire les bons resultats.
laquo; Mais ou reus.dt assez frequemment encore pouv etre encou­rage a tenter I'operation , puisqu'on dirainue de bien pen, quand on echoue, la valeur du malade. raquo;
Maillet assure (pie les trois cinquiemes an nioins des ani-maux qu'il a vn operer ou qu'il a operes lui-meme, out gueri coinpletement, soit apres une premiere, soit apres une seconde trepanation. Cettu proportion aiffere pen de celle qui resulte des documents publics d'apres la pratique de Langlois, et s'accorde Ires bien aussi avec les assertions de Wepfer et de Berthelet.
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GHAPITRE II
Maladies des Kerfe.
AHTICLE PREMIER
NEVRITE Sysonkmie : Novrileucitf, NtvrilLs, Nftvrilitc.
Je ne coonais des maladies des nerfs chez les auimaux de l'es-pece bovine, en dehors des affections g€n6rales qui nous occu-peront plus loin, qu'une seule forme qui semble caracteriser exactement ce que Ton peut appelei la Nevrite.
Ce nom designe rinflammation des nerfs et du nevrileme. On Tobserve assez fr6quemment chez les bneufs de travail, aux prin-cipaux troncs nerveux qui rampent sous la peau de l'epaule.
Une seule cause m'a paru donner lieu a cette affection, c'est la piqüre faite par l'aiguülon dont le bouvier est arme.
Sjmptöincs — On volt tout ä coup uu boeuf on une vache de travail dans l'impossibilite de faire mouvoir l'epaule. Tant qu'il est en repos, le membre conserve sa position naturelle, et Ton n'y remarque d'abord rien de particulier. Si Ton vent faire mar­cher Tanimal, l'epaule ne fait aucun mouvemeut, eile semble attachee au corps; mais aucuue contraction musculaire ne se re­marque en eile, et quand Tanimal se porte en avantou en arriere, l'öpaule est entrainöe par ce mouvemeut sans y participer en au-cune maniere : on dirait qu'elle tient seulement par une attache inanimee, une corde ou tout autre lien.
J'avoue que lorsque j'ai observe ces symptomes pour la pre­miere fois, j'ai ete dans le plus grand embarras pour etablir le dia­gnostic d'une pareille affection : il y avait perte du mouvemeut, mais non de la sensibilite. En piquant la peau ou les muscles avec la pointe d'une lancette ou d'un bistouri. I'animal agitail les autres parties du corps; il mugissait etsedefendait des mem-
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bres ou lies conies, sans que Tepaule et tont le roste dn mem-bre lit ancnn monvement. il semblait senlement frissonner.
Certes, je croyais ä une paralysis; maisfjiielleen etait la cansc, (juel etait son caractere, son origine? En apparence, il n'y avail point de lesion locale, el les fonctions de tons les antres organes, taut de la vie organique qne de la vie animale, paraissaient se faire dans les conditions normales.
Je restai plnsienrs jours dans cette incertitude, prescrivant mi traitement qui , selon moi, n'avait pas d'indication precise, mais qne l'impossibilite de rester inactif me forca d'appliquer.
.Te voyais le bcenf malade tons les jours, et je le quittais aver regret. apres avoir inutilement explorö l'öpaule dans tons les sens. Kufin, en passant la main sur la pean avec le plus grand soin. et en la soulevant, je renconlrai, un pen en arriere de l'acromion et ä sa partie interieure, nne tumeur sous-cutanee de la grosseur d'lin pois chiche. Ce fut un trait de lunnere : je de-inandai au bonvier qui faisait haldtuellement travailler ce boeuf. si cefc animal n'etait pas lent el paressenx, et cola tout en ayanl l'air de n'attacher aucune importance ä cette question: le bon­vier y fut pris : laquo; Oh! monsieur, me dit-il, je ne pnis pas le faire marcher, il laut qne je le stimule constamment avec Fai-guillon. gt;gt;
La cause etait tronvee et le veritable caractere de la maladie en meme temps. Depuis lors, j'ai observe plnsienrs Ibis cette Ne-vrite, et je snis presque toujours parvenu ä la guerir. Mais jel'ai vne dans deux circonstances se reproduire ä quelques mois d'in-tervalle sur les memes sujets. La reproduction etait-elle due ä une uouvelle piqöre on bien provenait-elle de la premiere pi([nre, on se monlraif-elle di^ nouvean sous Finflnence d'une toute autre cause? G'est ce qu'il m'a ete impossible de verifier.
Je n'ai pas en occasion de m'assurer dans quel etat pouvait se tronver ce nerf piquö apres la mort des aninuuix, puisqne la plupart de ceux que j'ai vus atteints de cette maladie out gueri. et que les antres. livres ä la boncherie, apres leiir engraissement, u'ont pn etre examines par moi.
iMarche. Durte. Tenninaisons. — Invasion subite; la claudica-liou apparatt peu d'instants apres la piqnre falle par I'aigujllon. Marcbc lente. La paralysie du membre a une duree quelquefois tres longue : ce n'est qu'aprfes qulnze on vingt jours de traitemenl qu'on voit un peu d'amelioration se manifester, et il y en a bien pour un mois avant que le membre ait pu reconvrer ses facultes motrices normales.
La terminaison ordinaire est la gnerison complete: la termi-
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liaison excuptioimelle est uno guörisou iiicünipletts, le membre restant dans un tel etat de laiblesse (jue raiümal est impropre au liavail. Alors il engraisse, ä la verite, mais les elfets de l'en-graissemeut sent moius sensibles sur le niembre qui a et6 le siege de la Nevriie que sur les autres.
Diagnostic. Prouustic. — Pour etablir le diagiiüstic, il a'y a i|na se rappeler ces deux circoustauces : paralysie subite de l'epaule, se maiutostaiit en debut's de tout autrc signe morbide: tumeur pisiforme sous-cntanee, apparaissant sur une partie de Tepaule, chez un bceuf qui, par la lenteur de ses mouvements, est expose ä de fröquentes piqüres failes avec laiguilloii.
Quant au pronosdc, il est fächeux seulement dans ce sens que la maladie devienl une cause de perte de temps dans tons les cas, et quelle peutmettre qiielquelbis le proprietaire dans i'obli-gation de se priver pour toujours des services de cet animal et de le preparer pour la boiicberie.
Traitemcnt. — Le traitemciil doil elre d'abord autipblogislique et calmaul; il est toujours local. On i'ait sur tout le trajet du nerf ijue Ton suppose avoir etc pique des onctions adoucissantes avec I'ouguent d'altbea ou avec ronguenl populeinn, I'lm on I'au-tre de ces onguenls campbre ou laudanise. Gependaut si Ton arrivait an moment ou la piqüre vient dquot;etre laite, ce qui est fort rare assurement , mais ce qin peut arriver neanmoius. on devrail läire iminediatement des allusions d'eau i'roide longlemps conti-nuees, et Ton parviendrait a faire avorter rintlanimatiou; cela m'est arrive uue i'ois seulement. En debors de cette circonstance. uu commence, connne je vicns dc le dire, par faire des onctions adoucissantes, avec cette precaution, de rigueur toules les lois qu on emploio une semblable medication, de faire deux frictions par jour, et chaque fuis d'enlever avec une lame do couteau tout ce qui roste d'ouguent sur la peau provenaut de la friction pre-cedemment faite.
Cm traitemeut antiphlogistique et calmant doit durer plusieurs jours, puis on passe aux frictions excitantes, ä cedes d'essencede terebeatbine principalenient, fades sur toute l'epaule, jusqu'ä ce que la xjeau s'ecaille, ijue le poll lombe et que I'epiderme soil souieve. Quand bss frictions d'essence de tereljentbine out produit cet effet, on attend pour en faire de nouvelles que la peau ail ropris son appareuce ordinaire et que le poll coimnence a repons-ser : c'est alors seulement que Ton fait de nouvelles frictions, si l'epaule nquot;a point recouvre ses mouvements ordinaires.
Les frictions d'essence de lerebentbinenelaissentaucune trace, a nioins qu'elles ne soienl re])etees jusqu'ä ce qu'elles aient pro-
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390nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
duit une eschare, et c'est par ces frictions que j'ai obtenu le plus grand nombre de guörisons.
Deux fois seulement alles ont ete impuissantes, et je les ai remplacees par les frictions de feu francais, faites d'apres les in­dications dont j'ai dejä parle, c'est-ä-dire une friction par jour, pendant trois jours; on n'a recours a de nouvelles frictions que lorsque la peau a repris son apparence normale.
Ce n'est pas sans avoir des motifs serieux que je conseille demployer d'abord les onctions adoucissantes laudanisees on camplirees, quand il a ete impossible de faire avorter la Ne-vrite au moyen des affusions d'eau froide. C'est qu'en elfet. j'ai I'emarque que les rtivnlsifs, on pour mieux dire les frictions irritantes, aggravaient l'ötat de l'animal quand elles n'avaienl pas et6 preced^es d'une medication antiphlogistique. J'avais d'abord 6te porte k les employer, k cause des bons resultats qu'elles produisent dans tous les cas d'eugorgements inflamma-toires (jui n'appartiennent pasexclusivement aviuevrileme ou ä la substance nerveuse; mais force m'a ete de reconnaitre qu'elles pouvaient elre coutre-indicjuees. Je laisse k de plus savants k ex-pliqner ces resultats contradictoires, que je me borne k constater pour I'entiere edification des praticiens.
Anssilöt qn'une amelioration se manifeste, on doit faire mar­cher l'animal. Dans les premiers jours, il fait quelques pas seu­lement, ensuite progressivement sa promenade devient un pen plus longue ; il y a pour cela une regie fixe : on le remet an re-pos aussitot que sa respiration s'accelere et (pie sa transpiration cutanee devient plus sensible. Get exercice n'est salutaire qu'a la condition de ne pas amener la fatigue.
Quant a ralimentation, eile reste co qn'elle elait, excepte pen­dant les premiers jours de la maladie, parce qu'il serait impru­dent de laisser l'animal prendre des aliments k satiete, contraire-ment ä l'opinion des personnes qui soignent le betail, et qui se figurent que lorsqu'un animal boiteux peat manger, il ne faut point diminuer sa ration, afin qu'il puisse prendre des forces.
Onguent d'althm laudanise.
Huile de mucilage ou de fenu-grec........ 1,000 grammes.
Cire jaune............................. 250 —
Poix, rösine et töröbenthine, de chaque.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2b —
Pour 250 grammes de cet onguent, on ajoute 30 grammes de camphre, ou 8 grammes de laudanum.
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TETANOS.
391
Onguent pupulemn.
Bourgeons frais de peuplier..............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;61) grammes
Axonge.............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ISO —
Feuilles fraiches de pavot, de jusquiame, de belladone, de morelle et de joubarbe, de
chaque............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1 ä —
On ajoute ä 250 grammes de eet onguent la niftme dose de camphre ou de laudanum.
Je doiine ces deux formules, parce qu'elles maiujuent quelque-fois dans les formnlaires ä 1'usage des veterinaires.
ARTICLE II
TETANOS
Definition. Frequence. — Le Tetauos est uue maladie de l'appa-reil nervo-moteur caracterisee par la tension , la convulsion toni-(jne de la totalite ou d'une portion seulement des muscles volon-taires. Quand tons les muscles sont contractes, le T6tanos est dit general; dans le cas contraire, il prend des noms difterents, sui-vant la partie du corps qui se trouve affectee : trlsmus. si la convulsion est bornee aux muscles elevateurs de la machoire; opis-thotonos, si la teteet. le troncsontrenversesen arriere ; emprostho-tonos, si e'est en avant; pleurosthotonos on T^tanos lateral, si I'inflexion a lieu vers l'un ou I'autre des cötös.
Ces ditferentes formes se remarquent rarement, du moins par-faitement localisees, sur les animaux de l'espece bovine; assez souvent toutefois, quoique le Tetanos soil general, on remarque que la tensioii est plus saillante snr certaines parties qne sur d'autres; mais comme eile est due a une meme cause, et ne differe de la tension gönörale que par un pen plus de gravitö, je crois que nous pouvons laisser ces divisions h la medecine hu-maine, k laquelle elles ont ete empruntees. Je ne parlerai done que du Tetanos general, que j'ai eu occasion d'observer plusieurs fois, mais exclusivement sur des beeufs ou des vaches de travail livrös en meme temps ä la reproduction.
Cette maladie n'est pas fröquente, et cependant je i'ai observee plusieurs fois.
Causes. — A vrai dire, je n'ai reconnu a cette maladie que des causes occasionnelles, dont I'enumeration ne sera pas longne.
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.MALADIES DU SYSTEME NERVEL'X.
Une fatigue excessive resultiint de travaux de lougue duröe, des acces de transpiration et des blessüres, telles que la fracture d'mie corne, des entailles faites accidentellement sur des tendons on des aponevroses, des piqnres faites par la pointe de la char-rue, et nne fois par im clou de rue.
Si les piqnres et les hlessures quelles qu'elles soient donnenl Heu cpielqnefois au Tetauos, il ue faut pas croire pour cela que cotte maladie se declare toujonrs aussitöt apresFoperationoulac-cidenl qui a fait ou occasional la plaie par piqüre ou par contu­sion, on par im iustrnment Iranchant; il m'est arrive dans plu-sieurs circonstances de voir le Tetauos traumatique se declarer. alors que les plaies paraissaienl completement cicatrisees. G'est ce qui est arrive sur uu bceuf qui, piquö profoudement par la pointe d'une cliarrue, au-dessous des onglons sur les tendons fl£-chisseurs, a ete atteint du Tetauos quand la plaie paraissait etre complefement cicatrisee. II en a ete de meme d'un autre breuf, ([ui n'a ete affecte du Tetauos qu'apres la guerison d'une plaie contuse resultant de recrasemenl de la base d'une corne.
A l'appui de cette opinion, je citerai egalemeut des fails qui se sont produits sur d'autres animaux : sur un mulel cbatre de-puis (jiüuze jours, quand les plaies resubaut ile cette operation avaicnt l'aspect le plus satisfaisant; sur un mnlet de trois mois, a la suite del'opöratioii de rexoiupbale, aussi au moment oü la cicatrisation de la plaie toucbait ä son terme.
Symptömes. — Roidonr d'abord peu remarquable des muscles de l'enrolure, augmentant graduellement d'inteusite et-d'etendue en meine temps, a ce point que la lete portee eu avant est dans un iHat (rimmobilite complete; tension des muscles des mäcboires. qui ne pennet pas le moiudre ecartement de ces orgaues princi-paux de la mastication.; marche rendue impossible ou du moins (res difficile, puisqu'elle se fait sans aucuue tlexiou quelque pen elendue des mernbres. Les oreilles sont droites et d'une roi-deur caraclerislique ; Tuisopliage et le pharynx participent ordi-aairement ä cette tension, de maniere ä rendre la deglutition impossible: la coloiine dorso-lombaire est egalemeut inflexible, et rauimal porte la queue invariablement soulevee comine lorsqu'il iii'iiie. ce qui esl sou moindre degir de tension, on commelors-que la defecation se fait avec peine dans Tetat normal.
Je u'ajouterai pas que la rumination n'a point lieu, la contrac­tion des mäcboires s'opposant'entierenient ä ce que cette fonc-tion puisse s'effectuer.
narche. Durte. TermiHsiisons. — Invasion presque subite;,car, du moment oil commence k se manifester la tension tetanique.
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TETANOS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;393
il n'y a plus ni temps d'arret, ui remission, et celte tension est arrivöe ä son degre extreme dans l'espace de quelques lieures.
La maladie pent avoir nne tres longne duree, que j'ai pn cons-tater, parce que les animaux ne ponvant pas etre utilises pour la boucherie, ceux qui n'ont pu guerir sont restes dans les 6tables jusqu'ä leur derniere heure, laquelle s'est fait attendre, dans deux cas, vingt jours sur un snjet et sur un autre vingt-qualre.
La ferminaisüii est: on la guerison, on la mort,qui estdetermi-nee ä la fois par 1'inanition et par I'asphyxie resultant dn non fonctionnement des mus(;les respiratoires.
lesions puthoiogiques. — J'ai fait l'autopsle de deux b(jeufs morts du Tetauos : le Systeme inuscnlaire avail conserve la roi-deur tetaiii([ue; il elait decolor^, excepte sur les points qui tou-diaient ä la litiere ou an sol au moment de la mort de Fanimal; les mnquenses et les sereuses abdominales etaient quelque peu injeetees: le pournon du cote reposant sur le sol etait engoue de sang uoir; quant aux lesions existant dans le crane ou dans le rachis, je n'ai rencontre que des injections isolees sur certains points de la membrane sereuse, mais rien qui püt me fournir des indications sur le siege principal, ou, pour mienx dire, sur le point de depart de la maladie.
iHagnosiic. Pronostic. — La roideur tetanique est assez carac-teristique pour qu'on ne puisse besiter un instant ä formuler le diagnostic. Celui qui a vu une ibis le Tetanos sur un animal domestique quelconque ne pent pas s'y tromper, pas plus que celui qui a lu la description de cette maladie.
Quant au pronostic, je puls dire, d'apres nies propres observa­tions, qu'il est dans tons les cas inoins lacheux que lorsqu'il s'agit du tetanos des solipedes. J'ai gueri completenient cinq boeufs affectes de cette maladie; trois out conserve beaucoup de roideur dans la niarcbe, mais par l'eü'et du traitement ils out pu etre utilises pour la basse boucherie; deux sont morts.
Traitement. — J'ai saigne tons les snjets atteints du Tetauos. et void tres exactement ce que j'ai observe des resultats de cette medication : les cinq boeufs qui out gueri completement etaienl dans un etat d'embonpoint mediocre: ils etaient en chair tout simplement et fatigues par un penible travail de tons les jours. La saignee pratiquee sur ces animaux n'a point depasse 4 kilog., et chacun n'a ete saign6 qu'uue fois. Les trois qui sont restes dans un etat de convalescence lauguissaut avaient ete saignes deux fois assez abondammeut. Enlin, les deux qui sont morts avaient ete saignes coup sur coup trois fois au moins. Je laisse aux pra-liciensle soiu de tirer des inductions de ce resultat de la samnee.
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394nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
Tout ce que je puis dire, c'est que s'il se prösentait pour moi une nouvelle occasion de donner des soins ä un boeuf aöecte du T6ta-nos, je ne le saignerais pas du tout. G'est, au reste, la conduite que je tiens depuis longtemps quand j'ai ä traiter un mulct atteint du Tetanos, par la raison que de tons ceux que j'ai beuucoup sai-gnes aucun n'a gueii.
J'ai gueri, du moins je le crois, par les frictions de pom-made camphrec, faites a la face interne des membros antö-rieurs et des cuisses, par des frictions camphrees et laudanisöes sur les mächoires et les faces de rencolure, et par des opiats dans lesquels eutraient alternativement le camphre, l'opium et la pou-dre de noix vomique; par les lavements camphres, laudanisös, et dans lesquels entrait aussi I'assa-foetida.
Je u'ai rien obtenu des liimigations emollientes, ni des cliai-ges de fumier tivs chaud, applic^nees sur toute la colonne dorso-lombaire.
Je donnai les opiats ä petite dose en les faisant penelrer sur la langue au moyen d'une spatule mince que j'introduisais dans I'espace qui separe les arcades incisives des dents molaires.
Une observation ä noter quand on administre les preparations opiacees, c'est qu'il irnporle essenliellemenl que les animaux aient ete soumis ä une diete absolue. Ces preparations out pour effet immediat d'arreter la digestion stomacale et intestinale, laquo; seit, dil M. Tabourin, par suite de la paralysie momenlanee dn plan charnu du tube digestif, soil par suite de la suppression brusque des secretions qui out lieu dans cet appareil. raquo; Chez les animaux herbivores, les opiaces occasionnent quelquefois des coliques et meme un pen de nieteorisme; aussi ne faut-il, sur ces animaux, en faire emploi, meme en lavements, que deux on trois jours apres I'invasiondu Tetanos.
Quand j'administre soit en opiat, soit en lavements, l'opium brut, on le laudanum de Rousseau, c'est d'abord k .a dose de 6 ä 8 grammes, divisee chacune en plusieurs parties; ainsi pour opiat:
Opium brut.......................... ... 8 grammes.
Röglisse en poudre....................... 30 —
Miel................................... Süffisante quantite.
Get opiat est administre dans I'espace d'une heure par petites portions. C'est ainsi que dans les vingt-quatre heures j'administre trois opiats de cette compositioiK
A douze heures d'intervalle, et aussi dans les vingt-quatre heures, trois opiats chacun , comme suit :
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Tamp;TANOS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 395
Camphre en dissolution dans un jaune d'oeuf... 8 grammes.
Valöriane en poudre....................... 32 —
Miel.................................. Süffisante (juantite.
Aussitot qu'une legere amelioration se manifeste, on suspend l'emploi de ces opiats; ils ont, comme Topiuin, pour eifet imme-diat d'arreter les digestions, et Ton ne recommence ä les admi-nistrer que lorsqu'on pent supposer que la digestion intestinale est faite.
Les opiats avec la noix vomique en poudre ne aunt administr^s (jue lorsqn'on remarque un lögere amelioration et quand on ne fait plus usage des opiats camphres on laudanises.
On doit prendre les memes precautions dans radministratio;i des lavements, qui se composent d'abord d'assa-foelida en disso­lution dans des jaunes d'oeuf. On donne cinq ä six lavements par jour, et dans chaque lavement lassa-foetida setrouve en dissolu­tion ä la dose de 8 grammes an moins.
Quaut au camphre et au laudanum, ils entreat dans chaque la­vement pour 5 ou 6 grammes.
La dose du camphre employe pour chaque friction n'est pas rigoureuse; on imbibe la peau de pommade camphree en frictiou-nant vigoureusement avec la main.
Quand le Tetanos parait s'etre declare par suite d'une plain recente ou meme en voie de cicatrisation , on recouvre cette plaie d'une conche d'onguent vesicatoire, tout en ayant la precaution de melanger ä cet onguenl, une petite quantite jiroportionnelle de camphre, afin d'eviter Faction fäcbeuse des cantharidos sur les organes geuito-urinaires. Ainsi, ä 100 grammes d'onguent for-tement cantharide, on ajoute en melange 8 grammes de pommade camphree.
Pour derniere prescription relative au traitement du Teta­nos, je recommande de cesser l'emploi des preparations de cam­phre, d'opium et meme d'assa-fnetida, aussitot que la roideur tetanique a diminue sensiblement; alors je les remplace par la uoix vomiijue en poudre, administree en opiat, dontla formule est:
Noix vomique......................... 10 grammes.
Valöriane................................ 32 —'
Miel................................... Süffisante quantite.
Cet opiat est administre en deux fois dans la journee, et Ton ne doit l'employer de nouveau qu'apres deux jours d'intervaile entre chaque administration d'une journee; donnee pendant deux jours de suite a la meine dose, cette substance occasionnerait un trouble insolite dans les mouvements rle la respiration. Quand on
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MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
lie peut soi-ineme adminiatrer cette poudi-e on la fait adiniaistrüi-par mi aide intelligent; on la donne en lavements, en observant les memes precautions.
ARTICLE III
PAHALYS1E.
Le tenne ParcUysie, tjui signifle aifaiLlissement ou abolition de la sensibility on de la contractilite musculaire, ou d'une seule do ces facultes dans une partie queicpncpie du corps, laisserail des doutes dans I'esprit, nialgre cette definition, si Ton no fai-sait precedor la description des maladies qu'elle caractörise de quelques explications preliminaires, empruntees pour la piuparl a rexcelleut article Paralysie du Nouveau Dictionnaire des sciences medicales et veUrinaires, explications absolument conformes ä mes propres observations.
La Paralysie peut etre generelle ou partielle, et, dans ce dernier cas, ocenper la moitie droite ou gauche du corps gt; hemiplegie), ou les membresposterienrs iparaplegie}; eile peut etre croisie, lorsque la motilite est eteinte h la lace, du cöte correspondant ä l'affec-tion cerebrale, et aux membres, anterieurs ou posterieurs, du cöte oppose ä cette affection (lesion de la partie inoyenne de la protuberance, au-dessous de l'entrecroisement des nerl's faciaux), ou bien encore lorsque la Paralysie porte sur la sensibilite dans nne partie du corps el sur la motilite dans une partie opposee.
La Paralysie est compUte, lorsque la faculte de sentir et de se mouvoir est tout ä fait detruite dans une partie; eile est incomplete, s'il reste encore quelque sensibilite ou si les muscles sunt capables de ([nelipies inouvements. La Paralysie est dite essentielle, lorsqu'elle consiste dans un simple trouble fonctionnel, ijui est toute la inaladie; eile est sympathique, lorsqu'elle peut etre expliquee par la maladie d'un viscere, dont le systeme nerveux partage les souffrances; symptomatique, soil d'uue alteration du cerveau, soit d'une lesion dc la moelle epiniere, soit d'une alte­ration des nerl's.
La Paralysie du mouvemeiit ou paralysie proprement dite a recu, suivant son etendue, Ifl-nom de paralysie partielle [henii-plegie, paraplegie), ou de generale; eile prend encore le nom de resolution des membres. La Paralysie peut etre tres localisee dans ceiiajns cas, n'occupant qu'un certain groupe de muscles,
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PARAPLEfilE SIMPLE.
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un seul muscle, un faisceau musculaire. Rile pent etre fugacr ou bien continue, offrir anssi la forme intermiitente. Tantot, eile debute rapidement, tantot eile se produit leuteinent. La Pa-ralysie symptomatique, sous forme heiniplegiqiic, est le Symptome capital de riiemorrhagie ceröbrale, et. dans ce cas, eile a toujours son siöge du c6t6 oppose au foyer h.6morrha;gique; la parapl^gie est presque toujours liee h une lesion fie la moelle epiniere. Bor-uee lt;i un momln-e, h une par'ie d'nn memhre, eile pent dependrc d'nne lesion du cerveau ou de la moelle: mais plus souvent alörs (die depend de celle d'nn nerf.
La Paralysie generale, c'est-ä-dire celle ijui s'6tead h tout le corps, n'a pas ete observee chez les animaux de l'espece bovine: mais la paraplegic s'observe comnuinemenl chez les vienx banifs ile travail comme chez les vaches qui out le memc em])loi et qui servent en meme temps ä la reproduction.
Je decrirai d'abord la Paraplegie qui est caracterisee par I'abo-lilion de la faciüte de contracter les muscles du train posterieur des animaux, celle qui s'observe le pins souvent. Je diviserai cette maladie en Paraplegie curable, et par consequent existanl sans une lesion permanente du cerveau ou de la moelle epiniere. et en Paraplegie avec lesion organiqne permanente de run des organes on des organes precites.
sect; 1. — Paraplegie simple
Dlaquo;flaitloM. Frlaquo;qacnce. — Cette paralysie n'est pas complete, puisqne la seusibilite n'est pas entierement perdue. Les animaux sentent la piqAre de l'aiguillon, on le voit an Iremoussement de la peau, qui se manifeste par l'effet de la piqüre et ä la contrac­tion sympatMque des muscles de la partiedu corps qui n'est poinl frappöe de paralysie, anx mugissements plaintifs que pousse le bosuf sous Faction de cette piqure. La sensibility existe, mais uon la faculte de contraction des muscles.
Cette maladie est Irequente chez les animaux de travail, el chez les vaches livrees ä la reproduction. Depuis quelques au-nees, on I'observe plus rarement, et cela tient a ce que I'une des causes qui la produiseut ordinairement est devenue moins Irequente.
Causes. — La vieillesse, la fatigue, des arrets de transpiration souvent renouveles et (jui dounent lieu h des courbatures pres­que journalieres, eu sont les causes ordinaires. Les bceufs que Ton fait travailler jusqu'ä leur vieillesse la plus avaucee, comme on en voit dans les races gasconne et garonnaise qui portenl
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Mraquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
encore le joug ä Tage de cjuinze ä dix-huit ans; ces boeufs, (iisais-je, quoique assez Men nourris, 6prouvent une fatigue ex­treme, et par suite de cette fatigue leurs muscles du train poste-rieur perdent pen a peu la faculte de se contracter; puis un jour, ces animaux gisent sur la litiere sans pouvoir se relever. Chez les vaches, une cause assez frequente de cette paralysie est un part laborieux ou contre-nature, celui qui, par la duree de la compression que le foetus exerce sur les nerfs du bassin, abolit inonientanement la vitalite des organes do la mere.
Lorsque les vieilles vaches de travail sont mal nourries, ou uourries avec des fourrages grossiers qui donneat an rumen un tres grand volume, et qui d'ailleurs les excitent a boire beaucoup, la gestation devient d'autant plus fatigaute pour ces femelies, que le d^veloppement de l'uterus prend des proportions plus considerables. Get organe se trouvant refoule par le volume anormal du rumen flnit par exercer une compression fächeuse sur les nerfs et surles vaisseaux qui entretiennent la vie du train postörieur. De la provient, a mesure que la gestation appro-che de son terme, la marche d'abord trainante ou vacillante de la vache, et enfin I'impossibilite pour cet animal de se relever quand il est couche.
Quelijuefois, cette paralysie apparait vers le cinquieme ou sixieme inois de la gestation, et d'autres fois ce n'est qu'au moment ofi va s'eif'ectuer la parturition; la gestation ordinaire pent aussi, comme cela a dejä ete dit, occasionner la paralysie, quand Tetat de saute de la vache on une alimentation vicieuse rend cette gestation penible, tout aussi bien que le part laborieux ou le part contre-nature.
Sympiftnies. — Les animaux font de vains efforts, sonvent repe-tes, pour mouvoir le train posterieur, et cependant il y a def6-cation facile et sortie de l'nrine sans difficulte. Les bceufs restent couches, mais I'uretre se contracte, et ils ne souffrent point de retention d'urine. Ils mangent, ruminant, out le mufle frais, se tournent de cöte, se couchent sur le cute, etendent ies membres, soil dedevant, seit de derriere, les replient; mais quand ces mem­bres se contractent, les muscles lombaires restent immobiles : ce sont ces derniers particulierement qui out perdu leurs facnltös contractiles.
raquo;lan-iii-. Duree. Termiuaisons. — Quoique Imvasion de cette paraplegie se fasse en apparence subitement, il n'en est pas moius vrai que si Ton etait pre^nu ou mis sur ses gardes ä cet egard, on remargnerait dans le ralentissement de la marche de ranimal. dans la maniere avec laquclle il se relove quand il est
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PAUAPLEGIE SIMPLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 399
oouche, que la faculte de contracter ses muscles lombaires tend ii diminuer; mais cette diminution ne se fait que lentement.
Cette paruplegie a uue duree fort longue quelquefois. Je trouve dans mes notes que des boeufs ou vaches n'ont pu se re-lever qxi'aprös quaraute ou cinquante jours de traitement, et que d'autres out ete abattus apres un temps encore plus long. Dans ce cas, la paralysie fait des progres tres ients egalement; mais eile gagne peu a pen le train anterieur et puis toutes les extremites. Cast la ternduaison la plus ordinaire de ce genre de paraplegie.
La paralysie des vaches en etat de gestation, ou qui out beauconp sondert d'un part laborieux on conlre-nature, n'a pas une duree tres longue ordinairement. Si eile a commence avaut le terme de la gestation et que le part ait ete facile, la Para­plegie disparait dans la huitaine. Si eile est resultee d'un part qui a ete tres penible, la Paraplegie peut durer plus longtemps, mais en definitive eile guerit; quelques vaches conservent nean-iiioins un peu de faiblesse du train posterieur pendant toute leur vie.
Due paraplegie observee par Maillet sur quatre taureaux el uue genisse s'etait declaree snbitement et fut do courte duree. Je rapporte plus loin cette observation qni presente de rinteret sous plusieurs rapports.
Lesions orsaniqucs. — On n'eu trouve pas d'autres, ä l'antopsie des animaux sacrifies, qu'un amaigrissement complet et la deco­loration des muscles, exceple de ceux sur lesquels ranimal repo-sait ordinairement, qui soul ronssalres et reduits ä l'etat de par-chemin ; le plus souvent on ne rencontre rien d'anormal dans le crane ni dans Iffrachis.
Uiagnitstic. Pronosiic. — La formation du diagnostic et du pro-nostic est chose tres importaute, et pourtaut assez difficile. Ge-pendant, on peut diagnostiquer une paralysie dont la terminaison pourrait ne pas elre fatalemenl mortelle, lorsque les animaux sont encore sensibles k la piqure de Taiguillon, an frottemeut de la queue entre deux batons et an fouel. Taut que Ja sensibilite u'est pas entierement abolie, on est autorise a croire que la para­lysie n'est pas au-dessus des etforts de Tart, surtout quand ton­ics les fonctious, hors la contraction des muscles lombaires, s'exe-cutent tres i'egiflierement. Dans ces cas, le traitement ne restepas toujours inefficace; aussi ne faut-il pas se hater d'emettre un pro-nostic fächeux.
Done, si les animaux sont encore sensibles anx piqüres e'. aux Irottements, squot;ils mangent et ruminant de bon appetlt, s'ils ne
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MALADIES Uli SYSTEME NERVEUX.
sont pas (Tailleurs affect6s de phthisio tubercnleuse, maladie ordinaire des vieux animaux de l'espece bovine, et s'ils sent dans im etaf de maigreur tel qu'on ne puisse las livrer au boucher avec profit, on doit laisser entreyoir au proprietaire, sous certai-ues röserves neaumoins, la possil)ilite d'nne guerisou.
Traitcmeni. — Le traifemeut de cette Paraplegie consiste, — J'ai dit qu'elle ne se d6clare ordinairement cpie sur des animaux exlenues, —d'abord dans l'adininistralion d'nne bonne uourriture, et c'est lä sa partie la plus importante; puls dans des frictions srclies, pendant les premiers jours, sur toutes les parties du train postörieur accessibles ä la brosse eu diiendent ou au boucbon de paillo. i'riclions i'enonvelees souvent dans la journee, et chacune d'nuo duree au moins dequinze a vingt minutes : ensuite en fric­tions a l'essence de t6r6benthinequot;, laues deux Ibis par jour, jus-(ju'ä ce (jue la peau commence ä etre crevassee, et renouvelees nussitöt (jue cet organe a repris son etat ordinaire, c'est-ä-dire quand l'^piderme sonleve est tomlie el ijue le poil recommence ä pousser.
J'ai employe deux Ms la cauterisation musculaire sous-cutanee (procede Nanzio), modiliee dans ce sens que les muscles lombai-res se trouvant diminnes de volume, ou pour mieux dire Ires ani-raesje n'mtrodnisais la pointe du cantere (ju'A une protbndeur de cpielques millimetres. J'ai cru remarquer (jne cette cauterisa­tion produisait de bons effets, et si je ne I'ai pas employee sou-vent, c'est qu'elle repugne excessivement anx cultivateurs.
Le traitement par les frictions d'essence do terebenlliine n'of-Ire pas cet inconvenient, et il est presque aussi efficace.
Lorsqu'il y a nn pen dquot;amelioration dans l'etat des animaux alfecles de Paraplegie, c'est-ä-dire lorsqu'ils commencent, tout en se trainant et au prix de violentes secousses, ä se tourner sur le cöte ou ([n'ils soulevent legerement le train posterieur en es-sayant de se lever, onfavorisecemouvementap moyendebarres de bois lisses et enveloppees dans des sacs, barres qn'on lour fail passer sons le ventre et que des aides saisissent ensuite par les extremites, ou bien par des cordes egalement entourees de sacs garnis de foin , dont les extremites litres passent autour d'nne piece du plancher on de la toiture, et qui, tirees par des aides, soulevent l'animal. Aussitöt qn'il est a la bauteur de ses quatre membres, on voit squot;il fait quelque appui, et les cfli'des sonl fixees de maniere ä le soutenir sans le gener. Dans nne observation rapportöe plus loin, on verra comment M. Flammens remplace ces moyens de #9632;soulevement.
Mais conune I'appui que Fanimal Irouve sur les sacs garnis de
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PARAPLIJOIE SYMPTOMATIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 401
loin (]ui entourent les cordes finirait par le fatiguer, ou (hHeud (;es cordes dans la soiree, alia qu'il puisse se reposer plus ä l'aise sur la litiere. La meme manoeuvre est repetee tous les jours, pour que la circulation du saug, et par suite la nutrition du train postörieur, se fasse plus facilement. Des que I'anielioration est assez prononcee, on excite ranimal ä faire (^uelques pas, ei; le soutenaut tonjours assez pour qu'il ne soit pas expose k tomber, et e'est ainsi que progressivement la Paraplegic finit souvent par guerir, sinon completement, du moins ass;'z pour que I'auimal (jui en a 6te affecte marche, se couche et se releve assez liLre-ment jusqu'ä ce qu'il soit pret pour la boucherie.
De temps en temps,on fait prendre, aux animaux atteints de cette sorte de Paraplegio, la poudre de noix vomique ä la dose de 10 grammes, dont 5 grammes le matin et 5 le soir.
Cette dose est pour les vaches et les bteufs de taille moyenne. On la porte de 5 ä 7 grammes pour les animaux plus forts; les garonnais, par exemple. La poudre est donnee en melange avec du son frise, parce que de cette maniere on est dispense de pre-parer des hols ou des pilules. Le bceuf prend en un tour de lan-gne la poudre ainsi preparee, et il I'avale beaucoup mieux que sons forme de bol; elle lui arrive directement dans la caillette.
Quand on vent administrer la noix vomique en decoction, la dose, d'apres M. le professeur Tabourin, doit etre moindre de moitiö, et voici ce qu'il dit deTemploi des autres preparations de la noix vomique :
laquo; L'extrait alcoolique, d'apres les auteurs, rneme cenx de la inedecine humaine, doit etre donne ä doses moindres de moitie que celles indiquees pour la poudre. Cependant, comnie une par-tit; d'extrait represente quantitativement dix parties de noix vo­mique en poudre, il nous semble (pie cette dose est exag6ree. lies praticiens ferout done bien de se tenir en garde contre les istlets de cette preparation, jusqu'ä ce que 1'experience ait pro-nonce h cet egard.
laquo; La temture de noix vomkfue ne s'emploie (jue rarement ä 1 interieur; dans le cas on Ton voudrait en faire usage, on pourrail la donner ä meme dose que la poudre et meme en quantite superieure. raquo;
sect; 3. — Paraplegic symptomatiquo-
(^elle-ci diliere de la pröcedente en ce qu'elle est le resultat,, soit d'une alteration du cerveau, soit d'une lesion de la moelle
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epiniere, soil d'une alteration des nerfs. On I'observe assez fre-qnemment sur les animaux de l'espece bovine.
Causes. — La cause predisposante la plus ordinaire est le tem­perament sanguin dont rinfluence deviont manifeste lorsnue les fouctions se trouvent exaltees par une nourriture echauffante don-nee en (juantite excessive : les vesces vertes, surtout quand la gousse est Ibrmee; le mais vert en epi; la luzerne dont la dessic-catiun n'est pas complete, en cc sens qn'elle n'a pas .me; le bleen ejji doinie comme fourrage vert, et aussi rinsolation prolongee. Ici, je dois faire remarquer que rinsolation prolongee pendant que les animaux sont an repos est beaucoup plus nuisible que I'insolation qui agit, pendant qn'ils sont en marche. Sous rin­fluence de ces causes, on voit la maladie se declarer : ä l'etal aigu, c'esl-ä-dire subitemenl,, sur des animaux bien portants. bien nourris, et dans la force de L'äge; eile est alors la conse­quence d'une liemorrliagie lt;;erebrale ; ä l'etat chronique, c'est-ä-dire lentement, progressivemeut, et consecutivemenl ä une lesion organique chronique , soit du cerveau, soit de la moelle epiniere; colle-ci est la moins fref[uente.
Je n'ai pas ä revenir sur les causes de la Paraplegic on para-lysie chronique resultaul, du ramollissement, de rinduration ou d'une alteration chronique quelconque d'une partie de l'appaieil encepiialique el rachidien, et dont ilaete dejäparle. (Voyez Cere-brite chronique.)
Symptönics. — On voit les animaux chez lesquels cette maladie se declare, s'arreter tout a coup s'ils sont en marche, tenant les yeux fixes grands ouverts, avecla pupille dilatee; leur respiration est courte, saccadee; uu tremblemeut general agite tout leur corps: ils chancellent; leur train antei'ieurouposterieur flechit quelque-fois jusqu'ä terre, puis ils se relevent, pour finir encore par tom-ber en poussant une expiration prolongee: s'ils ne sont pas en marche, les memes piienomenes se manifestent, mais le premier mouvement est caractcrise par Tecartement des membres.
Les conjonctives s'injectent, et le pouls, d'abord tumultueux el fort, bat plus lentement et devient intercurrent.
L'appetit est nul, la rumination n'a point lieu; la peau est insensible; si on la souleve, eile ne s'affaisse pour repren-dre sa place qu'avec lenteur et pour ainsi dire par son propre puids; I'animal ne temoigne aucune douleur si on le pique avelaquo; 1'aiguillon.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^
Marche. Dar6e. Terminaisons. — Si lessymptöiaesdo la Paraplegic symptomatique apparaissent subitcment, la marche et la durec de la maladie sont neanmoins subordonnees ä l'action de la cause
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occasionnelle. Si rhemoi'rhagie cei'6brale est aboudaute, ia para-lysie est bieutot suivie de la mort de rauimal; si au contraire I'liemorrhagie n'a pas sufß pour detmire instantanement le priu-cipe vital, la paialysie reste au meme degrö oü eile est parvenue d'abord, et rauimal pent vivre quelques jours d'une vie pour aiusi dire vegetative, eteudu sur lalitiere, livreä des convulsions intermittentes, avec line respiration plus ou moius profonde et irreguliere; dans cet etat, la maladie dure plusieurs jours et se terrniue par la mort.
Mais si, des les premiers moments ou les symptomes se sont manifestes, un traitement approprie est mis en pratique, il ar­rive souvent que les symptomes perdent de leur intonsite : I'ani-inal cesse d'etre en proie ä des convulsions, il reprend uu pen d'appetit, la sensiliilite reparait, la rumination so fait assez re-guliörement et il se soutient, tout en conservant une marche vacillante.
Gelte amelioration n'est point decisive, quoiqu'elle devienue tous les jours plus manifeste; on doit s'attendre ä une recrudescence de symptomes, toutes les fois que la paralysie n'a point cede completement des les deux ou trois premiers jours apres que le traitement a commencö d'etre mis en pratique.
Si au contraire la premiere saignee produit une amelioration teile qu'il ne reste plus, de tous les symptomes qui s'etaient ma­nifestes, qu'un pen d'incertitude dans la marche de rauimal, la maladie ne sera pas longue et se terminera par la guerison.
Diagnostic. Pronostic. — Le diagnostic de la Paraplegic symp-tomatique est toujours facile ä etablir. La perte subite de la sensibilite et de la faculte contractile des muscles suffit pour la caracteriser d'une facon tres distincte. Quant au pronostic, il laut, pour le former, se rappeler ce qui a ete dit an sujet de la marche, de la duree et de la terminaison de la maladie. On n'a pas de pronostic a formuler si la Paraplegic resulte d'une hernor-rhagie foudroyante, c'est bien eutendu; mais on comprend dejä qu'il est moins facheux si les symptomes de la paralyrsie n'aug-mentent pas rapidement, et qu'il est favorable quand, apres la saignee, on les voit diminuer de gravite pen a pen.
Traiiemcnt. — La saignee est le principal moyeu ä mottre alors en usage. Elle doit etre pratiquee sans retard lorsque la pa­ralysie symptomatique apparait subitement. Je la pratique ton-jours ä l'artere coccygienne d'abord, parce quelle est la plus efficace en elle-meme, et ensuite parce qu'elle est la plus facile a faire. Dans l'etatoü se trouve un bumf qui tout äcoup est aöecte de paralysie, on ne pent guere, en effet, le saigner soit a la jugu-
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laire, soit k l'abdomiaale; taiidis que pour la saignee ä Tariere coccygienne, il ne se prösente aucune difflculte. Gelte saignee doit elre copieuse, memo sur les animaux des races les moins lories. On debute par une omission de 4 ä 5 kilog., que Ton peul renouveler dans la meme journee et le leudemain s'il y a lieu. Les saignees faites coup sur coup sont les plus efficaces; on fait en meme temps des affusions refrigerautes sur la lete ; et lors-(jn'mie amelioration s'est produite ä la suite des Evacuations sanguines, c'esl le moment de recourir aux frictions d'essence de terebenthine, repetees toules les six on sept heures pendant les trois ou quatre premiers jours.
An moyen d'un traitemeul aussi simple, on gueril beauconp de boeufs alteints de la Paraplegic symptomatique, si ce traite-ment est applique peu de temps apres l'apparition des syinptomes. Pendant toulc; la premiere journee, on doit en espcrer de bons n'-snltals; le second jour on pent encore conserver un peu d'es-poir; mais si qnarante-liuit heures se sont ecoulces el que Tani-mal soit en assez bon etat, lout traitemonl serait employe en pure perle : c'esl le boucher qui doit remplacer le veterinairt!, dans I'iiiteret bien cntendu du proprietaire.
Dans les cas les plus simples, on pout beaucoup esperer de l'emploi de ce moyen ; plusieurs exemples de gnerisons, meme completes, obtenues par la saignöe pratiqu6e sans retard, le [irouveraienl an besoin. Ajoulons que les premiers eö'els de la saignee ne se font pas attendre; ils devieunent sensibles avant memo qu'elle soil lermiuee et quelle ait ete abondaute; ainsi, on voit souvent les symplömes diininuer dlntensitc des que Tartere coccygienne a pu fournir one emission de I h 2 kilog. de saug.
Apres ramelioratiou qui se produil ä la suite de la saignee, on administre la poudre de noix vomique, aux doses prescrites dans le chapitre precedent.
Un deines collegues el amis, M. Flammens, velerinaire ä Cas-telsarrasin, a employe'1 avec succes I'acupuncture contre la pa-ralysie. Voici comment son observation, publiee dans le Journal d'Agriculture pratique, aout 1836, a ete r^sumee dans le Recueilde medecincvBterinairc :
laquo; M. Flammens fat appele le 30 juin dernier pour doiiuer ses soinsäunboeuf affecle, depuisdenx jours, de paralysie avec fievre assez intense; rappetil et la rumination etaienl iiäanmoins con­serves, comme, du resle, cela a lieu dans presque tons les cas de [iarapl6gie. La cause presumee de cetle affection Etail un arret de transpiration. Tout, d'abord, el sans s'arreter aux moyenssimples
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dout l'exp6rience lui a demoutre le peu d'efiicacite, M. Flammeiis a recours a racupuncture; trente aiguilles de 3 pouces sont ini-plantees, ä I'aide d'un petit maulet, sur deux rangs ä droite et ä gauche de l'epine lombaire, et ä la profondeur de 1 poüce et demi environ. L'animal teinoigue une vive seusibilite pendant I'operation. Le soir, administration de 3 gros de uoix vomique en poudre melee avec du son. — Le 2 juillet, la partie acupunc-turee est consideral)lenioiit engorgöe , les aiguilles sont eulevees; il s'ecoule alors par les ouvertures fju'elles avaient formeos uu liquide sero-sanyuiuolent. L'animal fut leve au moyeu de dou­bles poulies et de sangles munies de poitrailleres et de fessieres: l'appui sur le train posterieur etait nul; vive chaleur h la croupe et aux membres. Application sur la partie operee de cataplasmes de son bouilli dans le vin; boissons fariueuses nitrees. Le soir, nouvelle administration de 3 gros de noix vomique.
laquo; Le 3 juillet, l'appui connnenca ä se faire sur le train pos­terieur : des mouvenients convulsifs particuliers commencaient h s'y faire remarquer; frictions irritantes sur les boulets el les jarrets.
laquo; La tumefaction de la region lombaire persista encore quelques jours, mais eile diminua progressiveinent ä tel point que le 17, lorsi|iie la marche fut devenue facile, cette region etait comme atroplnee et Test restee depuis. raquo;
L'atroplde de la regioii lombaire est un resultat qu'il faudrait evi-ter, parce (^u'elle diminue considerablenienl la valeur d'un animal dont la destination derniere est rengraissement, puisque avec eel etat d'atrophie musculaire il a perdu son aptitude an travail. Mais a quelle cause faut-il attrilmer l'atrophie? est-ceala paralysis doui les muscles avaient ete frappes, ou bien ä lacupunctare ijui au-rait lese quelque filet nerveux ? Cliez les boeufs gueris d'une pa-ralysie, les muscles out perdu une partie de leur volume ordinaire, mais ils le recouvrent par un exercice modere et une bonne ali­mentation ; e'est an moins ce que j'ai toujours observe.
M. Flamraens, qui est uu tres habile praticien, n'a point pra­tique la saignee sur le bceuf qui fait l'objet de son observation, et cela donne ä croire que cet animal etait dejä niaigre lorscjue la paralysie s'est declaree; on pourrait supposer egalcment que l'atrophie des muscles lombaires existait avant que ces organes perdissent leurs facultes contractiles.
Maillet a employe avec succes les trochisques apres la sai­gnee pour combattre une paralysie qui s'6tait declaree simul-tanement chez qualre taureaux et une genisse; a l'arrivee de Maillet dans le lieu oü 6taJent ces quatre animaux, on remar-
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quait chez eux les symptömes suivants : laquo; abattement, perte du mouvement dans les membres et surtout dans les membres pos-t6rieurs; respiration courte, accelt'rtie, haletante; peau chaude et seche; pouls et battements du cojur frequents, mais non tres forts; sensibilite dans toutes les parties; a l'ötat normal, point de derangement des fonctions digestives, sauf une diminution d'appötit de deux de ces animaux. raquo;
Maillet suppose avec raison que cette maladie avail eu pour cause une lutte violonte de ces animaux entre eux, ä la suite de laquelle ils s'etaiont diriges haletants, converts de sueur, vers un abreuvoir oü ils s'etaient desalteres ä satiate dans une eau tres froide; apres avoir liu, ils etaient si faibles qu'onne put les rame-ner ä Fetiible. Maillet espera d'abord que la difficulty de so mouvoir qui tenait ces animaux gisants sur le sol serait de courte duree, mais il n'en fut rien. Dans ce moment, la chaleur etait des plus fortes, et quand la reaction parat se faire chez ces animaux, qu'il avait cru affaiblis seulement, il fit emploi de petites saignees et des alterants. Ces moyens, qni auraient suffi probablement pour guerir des animaux pris de chaleur, ne produisirent aucune ame­lioration, etil se decidaä appliquer des trocMsques sur les muscles de la region lombaire; mais il avait compte sans les preventions du proprietaire qui, le troisieme jour, fit appeler un empirique, sans attendre que le traitement mis en pratique out produit son effet, et 1'empirique ne tarda pas ä venir. Dejä un mieux sensi­ble se faisait remarquer, ce qui ne I'empecha pas do prescrire un traitement de sa facon, consistant eu des embrocations d'un onguent dont la composition n etait connue que de lui seid, et en des applications de furnier de inouton.
Les animaux guerirent: les trochisques avaient produit leur eilet; les embrocations et les charges de 1'empirique ne i'urent evidemment pour rien dans l'obtention de ce rtsultat, quoiqu'il en ait eu les honneurs. Je considere done les trochisques comme des moyens auxquels on pent recourir lorsque la paralysie n'a pas eu pour cause determinante une lesion organique des centres nerveux.
Les charges läites avec du furnier chaud out ete employees souvent en medecine veterinainlaquo;, et Tempirique dont parle Maillet n'est pas le premier qui en ait fait emploi : j'ai laissC-pendant plusieurs jours des mulets et des chevaux atteints du Tetanos ou de paralysie, des btteufs egalement, reconverts d'nne conche de fumier, dans laquelle ils etaient pour ainsi dire enter-res tout ä fait, moins la tete, et jamais a ma connaissance ce moyen n'a produit un resultat satisfaisant; aucontraire, plusieurs
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EPILEPSIE.
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de ces animaux ont succombe par asphyxie dans cette etrange en-veloppe. C'est pour ce motif que je n'ai point parlß des charges faites avec le furnier.
De racupuncture, on ne peut guere dire que ce que tout le monde sait : que reparation, tres repandue cliez les Ghinois, les Japonais et les peuples de l'Asie, consiste ä introduiie plus ou moins profondement dans les tissus vivants une ou plusieurs ai­guilles; qu'elle se pratique avec dos aiguilles tres flues et tres re-guliorement couiques que l'on eufonce doucement en les faisant tourner sur leur axe. Les Chinois se serveul pour ceia d'un petit maillet, ä l'aide duquel ils frappent ä petits coups sur la tete de Taiguille. Employee presque contre toutes les maladies et meme comme moyeu prophylactique cliez les peuples de l'Asie, cette operation a eu an moment de vogue en Europe, mais eile est au-jourd'hui presque inusitee. Combinee cependant avec le galva-uisme, eile constitue une methode de traitemeul, qui a recu quelqaes applications utiles.
CI1APITRE III
UJevroses.
ARTICLE PREMIEB
EPILEPSIE
Swosymie : Mal endue, Ha] snoir. Hiiut mal, eic.
#9632;•#9632;•finitinn. Frequence. — L'Epilepsie est. une maladie du Sys­teme nerveux; eile est intermittonte, chronique et apyretique, caraetörisee par la perte subite et momentanee de la sensibilite, par la suspension ou l'abolition des sens, par des mouvements convulsifs et partiels, on par de simples tremblemeuts gßneraux ou locaux. La chute de l'anima] pent avoir lieu snhitement: inais
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MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
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il arrive souvent qu eile u'a point lieu quand les acces sout ephe­meres et que ranimal trouve un point d'appui ä sa portöe.
L'Epilepsie est idiopalhique on syniptomatique. On I'observe tres freqneinment sur les animanx de l'espece bovine, quoi qu'en aienl dit qnelques anlenrs. et beaucoup plus souvent que sur les mo-QOgastriques; toutes proportions gardees, eile est plus frequentc chez los konfs on vaches de travail que chez le clden. Dans ma pratique, j'ui occasion de remarquer tons les ans plusieurs bosufs atteiuts de cette maladie.
Causes. — Je ii'hesite pas ä considerer I'heredite comme uue de ces causes, et je possede h cet egard deux observations qui sout concluantes. Dans un nombreux troupeau, compose de jeunes bosui's de deux ä trois ans, de vaches portieres et de veaux, se trouvait une vache nee sur les lieux, qui, des l'äge de quatreans, paraissait avoir des acces d'epilepsie de courte duree, mais assez frequents — deux on trois par mois; — eile se portait Men d'ail-leurs, etait bonne nourrice, et travaillait au besoin avec beaucoup d'energie. Quand les acces la prenaient sons le joug, eile fris-sonnait d'abord, puis se tenait immobile, ayant les membres (''cartes et roides: apres deux on trois minutes, eile fientait. urinait. restait encore vacillante pendant une on deux minutes, puis eile continuait a travailler sans paraitre ancunement de-rangee : c'etait, comme disent les bouviers. une bonne vache. On me parla de ces acces, que j'observai d'ailleurs tres dis-tinctement pendant trois fois, ä differents intervalles. Elle ful conservee dans la vacherie, et tons les ans eile mettait has un veau bien conforme. Quelqnes-uns de ces veaux etaient vendus pendant qu'ils etaient enrore a la mamelle, d'autres restaient dans la vacherie comme eleves, pour etre employes pins tarcl aux travaux de l'exploitation, qui est une des plus considerables de la contree.
Je ne me preoccnpais en aucune manicre de cette vache, que je voyais de temps en temps; mais un jour le regisseur me fit savoir qu'un bcenf de travail age de quatre ans avail des acces d'epilepsie. Je coustatai qu'il etait issu de la vache epileptique. L'annee suivante, la meme maladie s'etaut manifestee sur deiix antres boenfs provenant de la meme vache, je ne conservai plus aucnn doute. (it je dus considerer ces cas d'epilepsie comme etant hereditaires. Tons ces animaux furent engraisses et livres h la boncherie.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^
La seconde observation d'epilepsie hemlitaire (fje je possede s'est presentee dans des circonstances presque semblables.
Les causes occasionnelles ne sout pas tonjours faciles h distin-
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EPILEPSIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;409
guer, et beaucoup d'auteurs afürment meine positivemenl qu'elles sont inconnues. Je ne suis pas de cet avis; il est de ces causes qni sont parfaitemeut appreciables. Un bceuf de travail, äge de sept ans, qui paissait dans une prairie, est attaque subitement par uu gros chien boule-dogue ; d'abord il se deleuu de son mieux ; mais bientot il s'enfuit epouvantö, eu Irancliissant des liaies, des fosses et beaueoup d'autres obstacles, toujours poursuivi de pres on de loin par le boule-dogue. On parvient ä le dölivrer de son agressenr, et on le ramene ä l'etable barasse de fatigue, baletanl et couvert de sueur. Pendant deux jours, il ne prit aueun ali­ment; il se couchait et se relevait, regardant ä droite ou ä gauebe, et pret ä frapper de la tete toutes les personnes qui s'appro-chaient de lui. On parvint ä le calmer; il reprit de Tappetit, fut remis au travail; mais il eut des ce moment de frequents acces d'epilepsie. On le garda pendant six mois dans cet etal. mais les acces devonant plus frequents; on unit par rengraisser. Ici, la cause occasionnelle etait bien övidemment une grande frayeur.
D'autres fois , j'ai cru remarquer que l'Epilepsie s'etait mani-festee apres des coups violents portes sur la tete de I'animal. Oii voit des acces d'epilepsie, ou du moins epileptiformes, se decla­rant sur des veaux de lait, dont l'haleine a cette odeur particu-liere qui caracterise la presence de vers dans les organes digestifs de ces animaux.
Une vacbe avait fait une ebute violente en roulantdusommel d'un monticule jusqu'au bas,poussee quelle avait eteparnnboeuf. Daus sa chute, eile eut une corne brisee, et quelques jours plus tard, eile fut affectee d'aeces d'epilepsie, lesqnels devinrent tres frequents.
Les observations qui precedent out ete faites posterienremenl ä im memoire sur l'Epilepsie, que je publiai au moment oü se preparait la loi sur les vices redbibitoires. Ce premier travail, fail principalement en vue de la redhihition, m'amena ä faire de nou-velles etudes dont je douue aujourd'bui le resultat.
Sympiöuies. — Les animaux eprouvent des tremblements sim­ples ou convulsifs qui se manifestent subitement; ces tremble­ments ou convulsions out d'abord leur siege ä la tete, puis ils s'etendent sur tout le corps. Les paupieres sont vacillantes, le globe de l'ceil est fixe ou il semble pirouetter dans l'orbite, la pupille est dilatee; les animaux tombent subitement et tout d'une piece, ou bien ils tirent sur la cbaine qui les attache ä la cre­che et restent daus cette position campes sur leurs membres, ou ils s'appuient contre les corps envirounants. On voit des boeufs qui, etant atteles soit ä la char rette, soit ä la charrue, restent im-
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MALADIES DU SYSTEME NERVEUX.
mobiles appuyes contre le timon. II y en a dont les commissures des levres sent salies par une bave 6cumeuse, et sur d'autres on n'observe rien de semblable. Quelquefois ils grincent des dents; si des döbris d'aliments se trouvent quelquefois melös ä la bate, c'est que l'acces s'est declarö pendant qne ranimal man-geait ou qu'il ruminait. On n'observe, pendant les acces, ni vomissement, ni regurgitation.
Les contractious tumultueuses des muscles abdominaux, del'in-testin rectum et de la tnniqne charnue de la vessie, provoqnent dans quelqnes circonstances Texpiilsion violente de matieres fecales ou la sortie de quelqnes jets d'urine. J'ai vu beanconp de beeufs au moment ou ils etaient pris d'un acces, et je n'en ai entendu qu'un tirs petit nombre miigir tant qn'ils etaient atteles ou en liberte; ceux qni mugissent sont ordiuairement attaches ä l'ötable. Pendant les acces, la respiration est convulsive avec des intermit-tences de suspension et dquot;acceleration. Cos symptömes varient d'intensite, et ne se declarent pas constamment reunis sur cha-que animal atl'ecte: mais ils sont cliacun tellement caracteristi-ques, qu'il snffit d'un petit nombre d'entre enx pour reconnaitre ['existence de l'Epilepsie.
Plus les attaques sont legeres, et plus les acces sont frequents. J'ai vu des vaches et meme des beeufs avoir de ces acces plusieurs Ibis dans une somaine. Deux Ibis les acces se sont declares, pen­dant que je pratiquais la saignöe ä la jugulaire, sur des boeufs epileptiques depuis longtemps. 11 est probable qne la ligature faite autour de l'encolure xraquo;our rendre la jugulaire apparente et [)Our la maintonir fixe, avail; avance leur apparition.
11 y a des bmufs qui n'ont d'acces qu'apres avoir travaille peniblement pendant (juelques heures. Ou en voit qui en tom-banf brus(piement se fracturent les cornes ou des coles.
Sur le plus grand nombre des animaux attaqutis, les acces ne laissent aueune trace ; sur d'autres, on remarque, apres ces acces, an pen d'abattement et une marche chancelante. Les uns uri-uent longuement, et d'autres n'urinent pas du tout. Si l'appetü semble avoir diminue chez quelqnes-uns, il repreml bientöt.
A la fln de l'acces, la respiration se fait lente et profonde; le pouls de serre qu'il 6tait se döveloppe.
Gthiöralement, les acces d'öpilepsie chez le boeuf ne durent pas longtemps; ils sont quelquefois si courts qu'on a de la peino 'ä s'assurer qu'ils out eu lieu.
Marche. iraquo;iiic-e. Tcrminaisons. —quot;quot;La marche de l'Epilepsie est quelquefois tres lente, et alors les acces sont rares; il y a des beeufs ehe/ lesquels les acces ne se reproduiseut qu'ä de longs
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Epilepsie.
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intei'valles, trois et meme six mois; mais il laut dire que dans ces cas, ils ont une dur6e de plusieurs minutes et (juelquefois d'un quart d'heure. Quaud meme les acces seraient tres rappro-chös, la constitution de Tanimal ne parait pas en souffrir davan-tage. J'en ai observe qui, malgrö la violence et la frequence des acces, s'engralssaient presque aussl vite et aussi completement que d'autres bcenl's de travail du meme äge dont l'etat de sante ue paraissait rien laisser ä desirer.
La terminaison de l'Epilepsie n'est point fatalemeut mortelle. On rencontre des bceufs et surtout des vaches epileptiques d'un age Ires avance qui travaülent journellement et se conservent an bon 6tat. Je n'ai vn qu'un seul bneuf mourir pendant nn ac­ces d'Epilepsie, et encore les acces qu'ü eprouvait presque tons les jours etaient-ils symptomatiques d'une cerebrite chronique, comme l'ont dömontre les lesions consLatres par l'autopsie.
Toutes ces considerations sur la marche, la dnree et la termi­naison de l'Epilepsie, et d'autres encore deduites de l'appariüon presque fugitive des acces, rendent Ires difficile la position du vet6-rinaire charge de constater l'etat d'un bceuf soupconne atteint de l'Epilepsie : ce qui amene ä penser on que cette maladie ne de-vrait pas etre consid^ree comme redhibitoire, puisqu'elle ne di-minue pas considerablement a valeur de Tanimal et qu'elle ne met que tres rarement sa vie en danger, ou bien que la dur6e de la garantie devrait etre de plus de neuf jours.
Mshms paiiioiosiques. — Je ne crois pas qu'ü y alt des lesions propres ä l'Epilepsie, ou que du moins on ait pu les constater d'une maniere certaine. H.d'Arbovaladit dejä qu'ä l'autopsie des animaux morts d'epilepsie, on ne trouve geueralement aucinie 16-sion appreciable dans le cräne, et il ajoute : laquo; Dans certains cas de ceux que nous avons determines, on rencontre des vers en grande quantite dans l'intestin. raquo; Vitet qui n'etait [las veterinaire, mais qui etait anatomiste, a trouve de ces parasites dans les sinus fron-laux, et c'est ä leur presence qu'il attribue le developpement de la maladie. laquo; Dans d'autres cas,dit encore H. d'Arboval, on a trouve de la matiere morbide dans les ventricules du cervean. raquo; Lafosse (l'ancien) n'a rien observe dans le cräne ni dans l'appareil nerveux.
Gelle serait beaucoup plus avance si l'on s'en rapporte ä ce qu'il a ecrit ä ce sujet, ä moins qu'on ne voie, dans les details qu'il donne, des suppositions gratuites. Quoi qu'il en soit, voici ce qu'il dit de l'autopsie des animaux epileptiques :
laquo; Bien que dans quelques animaux des lesions existent au coeur, ä la caillette, aux intestins et meme aux reins , c'est pres-
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que toujoars k rencephale et dans le centre ctjrebro-spinal qu'exis-tent les traces les pluse^dentes des effets de cette effrayante ma-ladie. Dans (juelques cas, c'est le crane qni est trop petit (?); dans d'antres, quelques-uns des os yui composent cette cavite sont d6-primes ou portent des exuberances osteo-calcaires; pariois cesont des esquillos, suites d'anciennes lösions qni compriment le cer-veau. On a Irouve encore sous les nieniuges des tumeurs squir-rheuses, tuierculeuses, qni y adherent; des concretions flbrineu-ses, des kystcs, desln dalides out ete rencontres sous ces membranes ainsi que dans les ventricules; la pulpe cerebrale est parfois tolalemenl ou partiellement ramollie, d'autres ibis endurcie.
laquo; On trouve aussi de la serosite dans les ventricules; enfin, il est des cas ou Von ne trouve rien d'anormal dans Fencephale. raquo;
On voit, d'apres cc qui precede, que eel anteur n'etaitpas plus avauce que nous ne le sommes. 11 attribue a l'Epilepsie des le­sions qui resultont d'autres alfeclions bien caracterisees, et il con-clut en disant que dans qnelques cas on ue trouve rien d'anormal.
H. d'Arboval fail des reflexions plus seusees : laquo; Quand on en viendra, dit-il, a explorer avec soin rensemble et les details du cerveau des animaux epilepliques dont on ouvrira les cadavres. on iiuira par deconvrir surement les traces d'un etat morbide... inflammutoire... raquo; chronique sans doute !
Diagnostic. Pronostic. — Le diagnostic de cette maladie est toujours facile ä etablir; il suffit de se rappeler, non pas ren­semble des symptomes qui la caracterisent, mais seulement ces convulsions, ces mouvements desordonues qui survieuuent subi-tement et qui s'accompagiieut de la perte de la sensibility et de I'abolition des sens.
Quant au pronostic, on la vu i)ar les details qui precedent et qui se rapportent ä la marche, ä la duree et ä la terininaison de cette maladie. il n'est pas essentiellemeut fächeux. Gn salt k hi verite que cette maladie est incurable; mais on salt egalemenl quelle ue met pas immediatement en danger la vie de Fanimal ef que, saut les cas oü l'Epilepsie est symptomatique d'une lesion chronique de Teucepbale ou du racbis, eile ne s'oppose en aucune maniere ä ce que cet animal soil utilise pour la boucherie.
Traitement. — J'aurai pen de chose ä dire du traitement. La saignee, que j'ai employee plusieurs fois dans rintention non de combattre une inflammation k laquelle je ne croyais pas, mais afiu de produire une perturbation dpnt le r6sultat m'aurait offert des sujets d'6tude, m'a paru plutot nuisible qu'avantageuse. A la suite de cette operation, les acces sont presque toujours devenus plus frequents. Ce resultat est d'ailleurs une consequence ä pen
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EPILEPSIE.
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[iivs inövitable, toutes les Ibis que la saignee est employee poui' combattre une ntivralgie.
Dans la pensee d'obtenir quelque eilet ntile, j'ai appliquö de larges vesicatoires sur les faces de l'encolureet s't^teiidaiit jusqu'ä l'extremite superieure de ces faces. J'ai cautörise simplement sur la iiu(]ue, par le orocede de la cauterisation transcurrente, uu böBuf qui avait un acces d'epilepsie ä pen pres tons les mois, et L'acces n'a pas et6 remarque apres le premier inoisecoule depnis la cauterisation. Le hoeuf fut vendn, et je ne puis pas donner d'autres details ä ce sujet.
J'ai employe trois Ibis, sur des boeufs et sur une vache, ces Irois animaux etant maigres et vieux, le fen sous-cutane par le procede jVlaquo;n3raquo;o. Cette operation cousiste, coiiiiue on salt, a pra-liquer ä la peau une incision plus ou moins (5tendue sur la partie que Ton veut cauteriser; puis, l'iucisiou (Haut falte, ä faire ('#9632;carter les bords par un aide au moyen de deux plaques de fer-blanc termiuees en crochet, entre lesquelles lo cautere chauffe a blaue est introduit, pour peuetrer dans lestissus sous-jaceuts ä la peau, a une profondeur de 3 ou 'i centimetres. Les tissus s'eu-llammeut, se desorganiseut; une aboudante suppuration s'y eta-blit; puis vient la cicatrisation qui se fait d'autant mieux que les bords de l'iucisiou pratiquöe a la peau out ete complötement i'pargnes par le cautere.
Deux fois j'ai cru remanjuer que cette cauterisation, faite a la partie superieure de l'eucolure, avait produit une anielioration sensible, les acces etant devenus tres rares, d'uue courte duree et ä peine apercevables; une autre fois, eile n'a produit aueun eilet curatif.
Bnflu, j'ai administre la vaU'riam; en pondre, pendant trente fours, sur six ba'iifs epileptiqnes, laissant, apres une periode de dix jours, ciuq jours d'iutervalle, et sur quatre de ces animaux j'ai obtenu le meme resultat que par la cauterisation , d'apres le procede Nanzio dont je viens de parier, L'Epilepsie etait idiopa-thiqtie. Voici comment je fis prendre la valeriane aux animaux ile l'espece bovine dans les cas dont s'agit :
Im premier'jour, 50 grammes le matin et 50 grammes le soir, la poudre melangee ä 1 litre de son frise.
Le second jour, meines doses.
Le troisieme jour, 70 grammes le matin et 70 grammes le soir. melangee an son frise.
Le quatrieme et le cinquieme jour, meines doses.
Les sixieme, septieme, hnitieme, neuvieme et dixieme jours,
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100 grammes le matin et 100 grammes le soir en melange avec 1 litre de sou i'rise.
Si je suis ä meme de continuer les experiences avec la vale-riane en poudre, je les continuerai. Les resultats que j'aiobtenus n'ont pas ete decisifs, mais ils sont encourageants.
ARTIGLE II
HAGE
SiNOtrawE: Bydropbobie.
Definition. Frequence. — La Rage est une maladie virulente, qui ne se declare pas spontanement chezles animaux de Tespece bovine, mais qui leur est comrauniquee ordinairernent par la morsure d'un einen, d'un chat ou (l'un loup, atteints de cette maladie; eile est particuliere aux deux genres cams et fells. Les chiens sont si nombreux daus la campagne, et ils sont en general soumis ä tant de privations et ä taut de mauvais traitemeuts, qu'ils sout Irequemment alfectes de la rage et cpi'ils rinoculout quelquelbis aux betes boviues, ainsi que j'en ai observe plusieurs exemples.
Causes. — Lquot;unique cause de la Rage qui se declare sur les betes boviues est rinoculatiou, par les chiens ou les chats enrages, du virus contenu dans la bave de ces animaux, inocu­lation resultant de leur morsure. Rien ne prouve que ce virus puisse se transmettre aux animaux ou meme a rhomme par le simple contact sur la peau. II n'eu serait pas de meme proba-blement si la bave etait deposee sur une membrane muqneuse, soit daus la bouche, soit sur la conjonctive ou daus le rectum, etc. On verra meme, dans une observation que je rapporte plus loin, qu'un de mes confreres, un praticien des plus distingues,a pu introduire impunement son bras dans la bouche d'un boeuf enrage.
Symptumes. — Les symptömes qui la caracteriseut sont ladles ä distinguer : e'est d'abord Vhydrophobie ou Thorreur de I'eau, ce qui a valu ä cette maladie son nom scientifique. Les autres symp­tömes sont un spasme des muscles respiratoires, un afflux de bave ecumeuse aux commissures des levres et des mouvements convulsifs qui reviennent pur acceäquot;. Le boeuf atteint de la Rage pousse souvent des mugissements rauques d'une intonation par­ticuliere, qui impressionnent rhomme Ires peniblement et qui
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RAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;415
epouvantent les autres animaux; les chiens qui les entendeut s'ecartent ou se cachent.
Le bceuf enragö ales yeux hagards; il s'impatiente ou s'effa-rouche si, dans l'intervalle des acces, on ne l'approche pas avec beaneoup de precaution; si ou l'approche ou si ou l'excüe au moment des acces, ils devieuueut plus violents. Alors il cherche ;quot;i frapper avec sa tete, soit les autres boiui's, soit meme son cou-dncteur habituel, qu'il ue reconnait plus; il gratte avec violence de ses pieds antericurs la litiere qui est ä sa port^e; il ne mauge plus, ue rumine pas, et les mouvements de deglutition sembleui le faire beaneoup souffrir. Ces symptömes augmenteut rapide-meut; les acces sont continuels, les mugissements se font enten­dre au loin, les trepignements ne cesseut point, la respiration devient de pins en plus difficile, et linalenieut, apres trois ou qua-tre Jours, l'auinial tombe et meurt asjjhyxie.
Dans le Recueil de medcclneväermairi\-d.iniee 1849, page 345, on lit, sous la signature de M. H. Bouley, les details siiivants :
laquo; M. Cox, veterinaire du College royal de Loudres, constate que six vaches et un cheval mordus par un chien enrage out succombe ä la Rage.
laquo; Voici les symptömes presentes par les ruminants : ces ani­maux paraissaieut d'abord abattus et lauguissants, sans appetit; la rumination ne s'executait qu'ä de rares intervalles; pouls vite; les animaux manifestaient une tristesse toute particuliere [apeculiar melancholy), (ju'oii n'oublie pas une fois qu'ou I'a ob-servee ; ils buvaienl. un pen d'eau les deux premiers jours.
laquo; Lorsqu'elles etaient excitees sur la fin de leur maladie par un bruit leger comme celui du froissemeut d'uu vetement ou par la percussion du pied, les vaches poussaient le beuglement le plus terrible qu'il soit possible d'entendre.
laquo; Une vacbe qu'ou enferma seule dans un box s'y laissa tom-ber sur lesol des qu'elle yfut introduile; mais ä peine levee, eile se redressa sur ses membres avec une rapidite etounante, comme si on l'avait excitee de raiguillou, et eile fit entendre uu de ces beuglements terribles indiques plus bant.
laquo; Elle ne cherehait pas ä attaquer l'homme; sa demarche etail chancelante comme celle d'un homme ivre.
laquo; Le second jour, il y avail paralysie complete, surtout des membres posterieurs.
laquo; L'expulsion des urines et des matieres fecales etait tres dil-ücile et accompagnee de beuglements effrayants. raquo;
IHarche. Dur^e. Terminaisons. — La periode d'iucubatioil de la Rage a une duree qui varie beaucoup. Au minimum, eile est de
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quiuze k vingt jours, et puis de trente aquarante; mais eile dure aussi plusieurs moisetmeme des aunees. Rien ne decele, pendant ce temps, I'mfection de l'ecouomie. Le dtiveloppement de pustules sur le irein de la laugue est une pure iuveution, sinon le resultat il'une illusion, et il n'est pas prouvö du tout que, chez les boeufs au moins, la cicatrice qui resalte de la plaie par laquelle le virus a ete introduit se i-ouvre quand la Rage se declare ou qu'elle change de couleur et devienne douloureuse au debut des acci­dents.
La terminaison est la mort, qui arrive du deuxieme au cin-([iiierae jour. II n'y a malheureusement pas d'exemple certain de guerisou. Toutes les observations qui tendaient ä demontrer que des guerisonsonteulieusont le fruit de preventions. Chabert, qui a public plusieurs cas de guerisons de ce genre, etait anime d'un grand zele pour les progres de la science veterinaire, comme tons les premiers disciples de Bonrgelat, mais ce zele L'a entraine trop loin danS läen des circonstances. Id, Chabert a pris ses de-sirs pour des realites. et les auteurs qui out rapporte ses obser­vations se sont laisse entralner par des sentiments (res louables, l'admiration et la reconnaissance envers leur premier maitre; mais ils out propage des erreurs. Malgre les afiirmations contraires. il faut malheureusement le rcpeter, la Rage n'est pas curable.
I.6siraquo;raquo;s patholoslqucs. — Beaucoup d'auteurs, medecins ou ve-terinaires, contostent Fexistence de lesions pathologiques produi-tes par la Rage; et cepondant des praticiens tres eclaires, entre autres M. Presseq, de Montauban, declarent en avoir rencontre de tres significatives. Au reste, son observation, qu'on pent lire dans la Palliologic bovine, de Gelle, inquot;a parn si interessante ä dif-lerents points de vue, que je crois utile de la rapporter en en-tier. La voici :
laquo;Le 18 decembre 1837,M.Larroque-Gillenton, proprietaire, vint me prier de donner mos soins ä un bceuf place sur sa metairie de Bellevie, leqnel, disait-il, s'etranglait. Je me hätai de repondre a son invitation et de le suivre. Je trouvai une belle paire de baeut's, de race agenaise, dont run me presonta les symptomes sui-vnuts : yeux hagards, mouvements d'impatience; il s'etfarouchait de ma presence, mais il se laissait approcher quand on avait le sein de le caresser ä l'avance; il remuait coutinuellement les mä-choires et allougoait le cou, comme s'il cut voulu avaler quelque chose ou se debarrasser d'un corps etranger arrete dans I'arnere-i)ouche; il faisait entendre des beuglements aigus, refusait toute espece d'aliments solides ou liquides, et ne ruminait plus. II cherchait quelquefois, mai-; raremeut ä la verite, ä donner des
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coups de comes ä son compagnon, ainsi qu'aux personnes qui voulaient le toucher. Je cms qu'un corps ötranger, une epingle par exemple, 6tait engagee dans rarriere-bouche et roesophage; j'introduisis ma main et uae portion du bras dans la bouche de cet animal, et n'y trouvai rien.
laquo; Les symptömes persistaient. Ne sachant que faire, j'ordonnai des remedes insignifiants : l'eau Manche, le bouchonnement, l'usage de la couverture de laine, etc. Enfln, apres l'avoir exa­mine pendant six heures, je fns force de me retirer, me promet-. taut de reflechir sur un cas aussi emliarrassant pour moi. Rentre chez moi, je feuilletai et consultai les ouvrages de medecine ve-terinaire, et n'y trouvai rien qui put m'öclairer. Le lendemain, je parlai de ce cas ä l'a'ieul de ma femme, vieux praHeien de soixante aus, qui röunit ä une grande habitude im jugement sain et precis, et le priai d'aller lui-meme voir cet animal malade. II u'eut pas de peine, lies iju'il eut examinö ce boeuf, ä reconnaitre qu'il etait atteint de la Rage, ce qui causa une graamp;de terreur aux paysans de la forme, ainsi qu'ä ceux du voisinage, qui tons se crurent enrages.
laquo; Je revis ce boeuf: tous les symptömes s'ötaient aggraves; les heuglements de la veille s'titaient chaugös en hurlements affreux, que Ton entendait d'un quart de lieue ; les yeux etaient rouges, euflammes; une salive abondante, visqueuse, gluante, s'öchappait de la bouche; l'animal etait dans un etat d'anxiötö extreme, il frepignait continuellement, cherchait ä frapper des cornes l'autre boeuf et les personnes qui voulaient l'aborder. Les mouvements de deglutition etaient encore plus marques que la veille : Ton ne pouvait plus s'approcher de ce boeuf; il n'avait avalö aueun ali­ment depuis que sa maladie s'etait declaröe.
laquo; Mon pronostic fut des plus fächeux, et comme mon aienl m'as-sura alors que je haterais la mort de cet animal en lui faisant verser un seau d'eau froide sur la tete, cela fut fait de suite, et, a mon grand etonnement, Fanimal expira subitement.
laquo; J'en fls l'autopsie deux heures apres.
laquo; Abdomen. — Les estomacs etaient moderemeut pleins d'ali-uients, et ils ne m'offrirent rien de particulier; la rate etait gorgee de sang; les reins etaient d'un blanc mat, presque reduits en bouillie; la vessie etait pleine d'urine, neanmoins le canal de l'urethre etait parfaitement sain.
laquo; Thorax. — Les poumous etaient rouges, einphysemateux, gor­ges de sang; les bronches remplies de mueosites spumeuses, epaisses, gluautes et d'un blanc roussätre, ce qui semblait indi-quer une mort par asphyxie violente; le coeur etait ä l'etat uatu
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rel; la bouche, le pharynx, I'cesophage et le larynx, etaient rem-plis de salive spumeuse et visqueuse. J'examinai attentivement ces organes et particulierement l'uesophage, les estomacs et pres-que tout le lube digestif, qui ne m'ofirirent rien de remarquable, et je n'y'-i'ouvai aucun corps etrauger. La langue explorße avec un soin particulier ne m'offrit aucnne trace de lisses et rien d'anor-mal. Je remarqnai seulement que les vaisseaux capillaires qui rampaient sur la surface de la muqueuse digestive tHaient ti-es injectes.
laquo; Crdne. — Les meninges etaient fortement injectees, ainsi que le cerveau et le cervelet, au point qu'il n'existait aucune diffe­rence de couleur entre la substance Manche et la grise; la pulpe cerebrale etait aotoirement ramollie et rapetissee, ne rem-plissant pas comj)letement la cavite cränienne; aussi me fut-il facile d'eulever chaque lobe et de le separer de ses ^nveloppes.
laquo; Le fluide cerebro-spinal etait abondant et roussätre: il s'en trou-vait une graude quantite dans le cerveau et le rachis. Je remar-quai en outre que l'humeur aqueuse des yeux etait tellement trouble et rougeätre, qu'elle ressemblait h de la lie de vin.
laquo; En faisant cette Ouvertüre, je me coupai avec le scalpel, me piquai et nie dechirai los doigts avec des esquilles des os du cräne, sans en concevoir d'inqiüetudes, ni en (iprouver des accidents. raquo; Traitcmcnt. — Tons les essais de traitement de la Kage, serieu-sement faits sur des animaux atteints de cette maladie, ont ete jus-qu'ä present infructueux. Les guerisons dont on a parle, soit dans les ouvrages de medecine veterinaire, soit dans ceux de medecine humaiue, soit dans les journaux, n'ont pas en lieu. Les auteurs qui les ont rapportees etaient de bonne foi, nous n'en doutons pas, mais ils etaient aussi dans l'erreur : les maladies qu'ils croyaient etre la Rage etaient sans doute d'une autre nature, et tous les faits de preservation signales en dehors de la cautörisation peu-vent etre consideres comme imaginaires.
II n'existo que deux inoyens de preservation de la rage : soit la cauterisation de la plaie resultant de ia morsure, ou renlevement, au moyen de I'mstrument tranchant, des parties lesees sur les-quellesla bave a du etre deposee, soit le lavage ä grande eau de la plaie aussitot apres la morsure falle. La cauterisation on l'ampu-talion, ou le lavage pratiques trop tard peuvent etre iuefficaces. Beaucoup de m(5decins pensent qu'apres cinq minutes il n'est plus temps d'employer Tun ou l'autre de ces moyens ; d'autres affir-ment que la cauterisation peut etre un preservatif efficace taut que les animaux ne semblent eprouver aucun derangement dans leur elat de saute. On rapporte, en effet, des cas ou l'operation
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faite apres vingt-quatre heures a paru avoir enrayö le d6velop-pement de la maladie, et Ton a supposö alors que la cauterisation de la plaie ou l'action d'un vesicatoire qu'on y avait appliqu6 avait du appeler au dehors le virus rabique.
Quoi qu'il en soit de cette explication, on agit toujours prudem-ment en cauterisant les plaies qui sont le rösultat d'une morsure ou en y appliquant un vesicatoire meme apres un retard de quelques heures ou de quclqucs jours. La vive inflammation occasionnee par la cauterisation ou par le vesicatoire pourrait bien avoir une action derivative plus puissante qu'on ne le croit et döbarrasser l'economie du virus rabique. Des medecins ont emis cette opinion, et je ne voudrais pas absolument la rejeter, saus lui accorder non plus une couflance entiere.
Quant ä la preservation par un lavage immediat, j'y crois et pour cause, comme on va le voir. En descendant de cheval pour aller voir un animal malade, j'entrai sans frapper, dans le vesti­bule de la maison du proprietaire. Aussitot un chien d'arret s'elance sur moi et me mord de maniere que le saug coule de la blessure. A ma portee se trouvait une lonlaine en cuivre, remplie d'eau; sans le moindre retard, je fais couler l'eau par le robinet sur la morsure en la frottant assez vivement pendant que l'eau coulait. Je ne pensais pas du tont que le chien füt en­rage; si je l'rottais la plaie, c'etait par un exces de precaution ins-tinctif. Quinze ou vingt jours apres, j'entrai dans le meme ves­tibule , la cravache ä la main, en disant a la servaute : laquo; Cette fois je recevrai le chien, s'il s'approche. — Oh! monsieur, il est parti apres vous avoir mordu; on l'a tue ä Levignac; il etait
enrage. raquo; II y a trente-cinq ans de cela.....Les affusions d'eau
froide m'avaient preserve!
Mais void d'autres d'e tails sur la terrible nevrose qui nous occupe; il y a encore taut ä apprendre ä son sujet, qu'on ne sau-rait laisser dans l'oubli aucun des faits qui peuvent eclairer le pralicien et lui venir en aide dans ses investigations.
En 1852, M. Carlo Lessona adressa, au Journal de medecine ve-terinaire de Lyon, Vhistoire d'un hceufmort de la rage vingt et, un jours apres la morsure d'un chien affecte de rage spontanee. Cette histoire a ete analysee dans le Recueil de medecine vetirinaire, par M. H. Bouley, de la maniere suivante :
laquo; Le 22 mars 1852, ä onze heures du matin, on conduisil ä l'Ecole veterinaire de Turin un boeuf age de quatre ans, de-venu enrage la veille, vingt et un jours apres la morsure qui lui avait 6t6 faite au mufle par un chien atteint de la ragt; spontanee.
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laquo; Ce bceuf mourut le 24 mars ä deux heures du soir, apres avoir preseutö tous les symptomes propres ä la Rage.
laquo; Le 23 mars, jour ou la Rage etait parveuue ä sa plus haute intensitö, M. le professeur Lessona inocula avec une epongo la bave öciimeuse prise dans la bouche du boeuf a quatre chevaug, ä un pore, ä deux moutons et ä un ehren.
laquo; Ces inoculations furent faites au moyen d'incisions prati-(pi6es : chez les chevaux, aux joues, an gosier, aux levres et aux regions parotidiennes; chez les moutons, aux joues, aux aisselles et aux aines; au cochon, k la base des oreilles et ä la region paro-tidienne; au chien, h la levre supörieure et ä une large plaie qu'il portait sur le chanfrein et sur les joues.
laquo; Aux quatre chevaux, on introduisit en outre a plusieurs re­prises, dans la bouche -et dans les cavitös nasales, une Sponge imbiböe de cette salive ecumeuse.
laquo; A un cinquieme cheval, on inocula aux levres et aux regions parotidiennes du sang encore chaud extrait des jugulaires du bceuf.
laquo; Enfln au chien et au cochon, on donna k manger des morceaux de la chair du boeuf.
laquo; Ala suite de ces inoculations, la Rage se döveloppa sur deux des quatre chevaux et sur Fun des moutons ; chez les deux che­vaux quinze jours et chez le mouton trente jours apres I'inoculation.
laquo; Le sang du mouton enrage tire de la jugulaire fut injects a I'aide d'une seringue dans la carotide d'un cheval. Cette trans­mission ne produisit aucun resultat.
laquo; De ces experiences, jointes h celles faites par M. Rey, profes­seur ä l'Ecole de Lyon, et rapportees par M. Lessona, cef hono­rable professeur tire cette conclusion, aujourd'hm admise par tout le moude, a savoir : que la rage des herbivores, de meme que la rage des carnivores, possede la funeste propriete de se transmettre aux animaux de la meme espece et d'espece difterente.
laquo; Pour VL'rifler d'une part l'opinion du docteur Capello, qui ad-met que le virus rabique perd ses proprietes contagieuses par voie de transmission successive, non-seulement d'une espece k I'autre, mais encore d'individu ä individu de la m6me espece; d'autre part, la conclusion tiree d'une seule experience faite par MM. Magendie et Dreschet, k savoir : que le virus rabique ne jouit plus de proprietes virulentes ä la troisieme generation, M. le profes­seur Lessona, de concert avec ses collegues de l'Ecole vöterinaire de Turin, a entrepris une sörie d'experiences qui 6taient en cours d'execution k l'epoque de la publication du travail que nous ana-lysons... Mais si nous en jugeonsparles nombreuses experiences
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RAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 491
que nous avons vu faire par M. Renault, uous doutons que les louables efforts du professeur Lessona conduisent ä la solution de la question importante qui forme Tobjet de ses 6tudes. En effet, le virus rabique est si inconstant dans son mode d'action , qu'il nous parait difficile d'obtenir sur ce point de l'liistoire de la Rage une serie d'experiences dont les resultats identiques per-mettent de tirer une conclusion rigoureuse. Hätons-nous d'ajouter cependant que des tentatives de la nature de celles qui out 6te entreprises par M. Lessoua ne m6riteiit pas moins d'etre encou-ragees.
laquo; L'article interessant que nous venous d'analyser, ajoute M. H. Bouley, est termine par quelques essais d'alimentation sur les chiensavec la chair du bceuf et du mouton morts enragös.
laquo; Aucun de ces animaux n'est devenu enrage, dit M. le pro­fesseur de TEcole de Turin, et il est probable qu'ils ne le devien-dront pas, puisque le seid vehicule du principe virulent est la salive... Cependant M. Lessona n'emet pas moins Topinion que I'autorite ne doit jamais permettre l'emploi de la chair et du lait des animaux affectes on seulement suspects de rage. raquo;
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SECTION V
MALADIES GfiNfeRALES DIVERSES
CHAPITRE PREMIER
Maladies congestionnelles ou inflammatoires.
Nous dösignons sous le nom de maladies Congestionnelles, des affections diverses, telles que VErysipclc, la Pustule maligne, VEchauboulure, la Rdflc on Feu d'herbes, la Fourbure, etc., qui re­sultant d'une accumulation du sang dans un Organe, et qui nous paraissent de nature a pouvoir etre röunies dans un meme gimipe nosologique.
ARTICLE PREMIER
ERYSIPKLE Symonvmik : Feu sacre, Feu Saint-Antninc, Mai desardents.
Definition. Frequence. — L'Erysipele est une phlegmasie de la peau, dont le principal caractere est de s'etendre de proche en proche, et de se d^placer. Cette inflammation se caracterise egale-ment par la rougeur, la durete de la peau, et quelquefois par des demangeaisons assez vives. Elle s'observe frequemment chez les beeufs et les vaches de travail.
Causes. — On trouve dans le temperament essentiellement sanguin des breufs de travail des raquo;aces du Midi, la predisposi­tion ä cette maladie. Elle ne les affecte guere qu'en et6, ou quelquefois au printemps, surtout quand ils recoivent de fortes
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ERYS1PELK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 493
rations de fourrages provenant des prairies artificielles, et bien röcoltes.
L'Erysipele se declare, apres des journees ou la chaleur a et6 tres forte et l'air tres sec, sur les parties du corps oü 11 est facile a Tanimal de se gratter, soit avec la langue, soit en se frottant vivemeut centre des corps durs, des arbres par exemple. Sans etre affectö d'aucune r.aaladie de la peau, le boeuf somble eprouvor line sensation agreable toutes les tbis qu'il pent se lecher ou se gratter, et souvent il le fait avec assez de vivacite pour que l'öpiderme soit euleve; on comprend facilemeut qu'une violente insolation snffit alors pour determiner la phlegmasie qui a nom Erysipele, surtout si I'animal est en bon etat, si, en un mot, au-dessous de la peau il se rencontre un tissu cellulaire aboudant. Les bceufs maigres n'y sont pas avitant sujets que les bamfs ;i demi-gras.
II est de ces animaux qui sont affectes d'erysipele autour de la tete, an front, h l'encolure et aux epaules, tons les aus invaria-blement ä la meme epoque. Ce qui vient ä I'appui de mon opi­nion, relativement ä un frottemeut energique considere comme cause premiere de 1'Erysipele, c'est que cette affection s'observe tres rarement aux regions posterieures du corps de I'animal, la base et le sommet de la queue except6s, parce que le bceuf qui a beaucoup de souplesse dans les reins atteint facilemeut ces par­ties pour les gratter avec sa langue.
SymptAmcs. — L'Erysipele a ete divise par les auteurs vöteri-naires, comme par les medecins de l'homme, en Erysipele simple, fixe, volant, phleymoneux, oedemateux, gangreneux, etc. Ces divi­sions expriment des etats divers de la meme maladie; je les con-serverai cependant, parce qu'elles peuvent avoir, dans la prati­que, uu certain degre d'utilite.
L'Erysipele est caracterise par la rougeur, le gonllement de la peau, le prurit; il se deplace facilemeut, c'est-a-dire se propage, s'etend quelquefoisendimiuuaut d'iuteusite autour des parties oü il est apparu d'abord. II occupe des surfaces d'etendue moyenneou considerable, par plaques. La rougeur qui se manifeste est d'abord peu vive, puis eile le devient successivement davantage; des v6-sicules brunes se ferment en premier lieu sur les parties enflam-mees, maisellesne tardent pas ä s'ouvrir et ä laisser echapper un liquide sanieux, qui doit etre dcre, si Ton en juge d'apres la d6-pilation qu'il occasionue sur les parties on il passe.
La douleur prurigineuse est des plus vives; I'animal cherche a se frotter ou plutot a se gratter avec violence par tons les moyens possibles et contre tons les corps qui sont ä sa portee, quels qu'ils soient. On voit des bceufs ne pas reculer devant ties haies vives
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MALADIES ßKNÖRALES DIVERSES.
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tres touffues et tres öijaisses, ce qui ne les empeche pas de se d6-fendre energiqnement de lapproche de la main de rhomme armee d'un instrument.
Chez le boeuf, l'Erysipele se moiitre priucipalemeut a l'extre-mitc'quot; superieure de rencolure, autour des cornes, derriere la nu-que, sur le front, aux paupieres, qui sont eugorgöes quelquefois au point de fermer completement les yeux. L'Erysipele se declare aussi aux extremites anterieures, et alnrs il occasionne une clau-dication plus ou moins vive; il oecupe aussi parfois une surface plus ou moins etendue aux faces laterales de la poitrine. Quand il a son siege sous le ventre, il est ordiuairernent entoure d'un cedeme qui s'etend jusqu'au fond et vers les bourses. L'Erysipele chez le boeuf est presque toujours saignant, quelquefois c'est du sang rouge qui suhlte des surfaces enflammees, d'autres fois c'est de la sanie.
Si l'Erysipele oecupe de larges surfaces, le pouls de l'animal est fort et tendu; et si les paupieres ne sont point tumefiees, on pent voir les conjonetives tres injeetees. Alors le boeuf a les yeux hagards, il temoigne d'une certaine impatience ; ses mouvemeuts sont brusques, sonappetitadiminue; ilne rumine pas longtemps.
Quand l'Erysipele est phlegmoneux, l'inflammatioii ne s'est point bornee au derme, eile a gagne le tissu cellulaire, qui tombe en suppuration. Cette forme de l'Erysipele est tres commune chez les boeufs qui sont en hon etat, et les depots phlegmoneux vont toujours en se manifestant. aux parties declives. On remar-que que lorsque la phlegmasie a ce caractere, le prurit, la douleur, sont des plus intenses, et la reaction febrile beaueoup plus sensi­ble ; la rumination est suspendue et l'appetit mil; la respiration haletante.
Hurtrel d'Arboval dit : laquo; Les foyers peuvent etre multiples, et alors il s'eleve de la surface malade de petites tumeurs coniques dont les points les plus eleves circonscrivent et laissent sentir de la fluctuation , ce -qui est toutefois tres difficile ä reconnaitre, car Tetendue de la fluctuation ne permet guere de decouvrir le siöge du foyer, attendu la grande douleur que Ton cause h l'ani­mal en palpant la partie et les mouvements qu'il fait pour se defendre. raquo;
J'affirme, contrairement ä l'assertion de cet auteur, qu'il est toujours tres facile de distinguer la fluctuation. Quand il n'y a point de pus, toute la tumeur est d'une durete excessive et res-treinte en meine temps. Si la suppuration est formee, on la dis­tingue parfaitement malgre l'epaisseur et la tension de la peau. Je crois ne m'y etre Jamals trompe; au reste, cette fluctuation est
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ERYSIPÄLE.
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d'autant plus facile a distinguer que le pus est entierement li­quide : il est sero-sanguinolent. J'insiste sur ce point, parce qu'il est esseutiel h constater, au point de vue de la conduite ä tenir, et qu'il Importe, quand cette fluctuation existe, de donner imme-diatement issue ä la matiere ramp;nfermee, si Ton ne veut pas voir les tumeurs se multiplier, par une sorte de m6tastase, sur d'au-tres parties du corps.
Los ccdemes qui se forment autonr des tumeurs et dans les parties d6clives ne sont pas tout ä fait sans importance; ils ne sont, le plus souveut, qu une continuity de l'Erysipele. Tant qu'ils conserveut cc caractere, rinipression du doigt s'y fait re-marquer et ils ne sont pas tres douloureux ; mais il arrive souveut (pie riuflammation örysipelateuse s'y propage et qu'il s'y forme des depots phlegmoneux. On doit toujours les surveiller, afln de les ouvrir seulement lorsque la fluctuation s'y fait sentir, pour eviter, surtout vers la fin de lamaladie, qu'ils puissent donner lieu ä une hemorrhagie passive, qui prend quelquefois des proportions alarmantes.
L'Erysipele est rarement une complication d'une maladie in­terne. Cela peut avoir ete observe chez le cheval, et cela se voit, dit-on, chez I'homme; mais il en est autrement chez le boeuf.
L'Erysipele gangröneux a ete considere comme une maladie particuliere, qui n'a pas de rapports directs avec l'Erysipele sim­ple ; aussi lui a-t-on donnö des noms assez nombreux et quelque pen retentissants : Erysipele epizootique, contagieux, malin, feu Saint-Antoine, feu celeste, feu sacre ou ig7iis saccr, feu des ardents, mal rouge, pustula, etc.
De toutes ces denominations, il resulte surtout que l'Erysipele gangreneux est tres anciennement conuu, puisque dejä les Latins lui avaient doune le nom de Feu sacre, ignis sacer. Le poete Lu-crece, qui naquit ä Rome un siecle avant I'ere chretienne, est, dit-on, le premier auteur qui ait parle de cette maladie avec quelque clarte, et il la considere comme I'lme des plus meurtrie-res que Ton ait jamais vues. La description qu'il en donne paralt d'ailleurs juste ä Faulet, et se rapporte beaucoup a celle que Ton trouve dans les öcrits d'Hippocrate, auquel il I'avait empruntee probablement, dans l'^numeration des symptomes de la peste qui ravagea I'Attique. Columelle a parle ögalement du Feu sa­cre ; mais Columelle parlait du mal de ce nom qui attaquait les brebis; et Lafosse, qui ne croit guere ä l'exactitude de la des­cription faite par cet auteur latin, dit que ce mal n'attaque que les glandcs'de la tete, des ars, des aines, des mamelles, etc. — Dö tout cela, on peut couclure qu'aucun de ces auteurs n'a entendu
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MALADIES GENIORALKS DIVERSES.
parier de l'Erysipele gangröneux, consid6r6 comma epizootiqne et contagieux chez les animaux de l'espece bovine.
Les symptomes qui le caractörisent sur ces animaux sont les suivants : d'abord l'Erysipele ne debute jamais avec les signes de la gangrene; mais il pent arriver parfois que sous rinfluence de causes iuconnues, la partie affectöe devienne d'une couleur brune on violacee, qu'elle perde sa chaleur, qu'elle seit insensible, molle, flasque, (!t. qu'elle flnisse par se gangräner. II est certain qu'alors Tanimal cesse tout ä fait de manger et de rumincr, qu'il se deplace avec difficult^, qu'il reste couchö, que son poll se de-tache facilement sur les parties nou affectees, que son pouls est petit, faible et vite; alors aussi l'animal est pris de diarrbee, et les matieres qu'elle eutraine sont d'une grande fetidite.
Mais ces symptomes ne se manifestent que sur quelques ani­maux isoles. J'eu ai vu succomber dans cet etat sans que jamais cette affection ait paru avoir les caracteres de l'epizootie et de l'enzoolie. Elle n'etait point contagieuse non plus.
Harche. Durfte. Terniinaisons. — L'illvasiOU de l'Erysipele Se
fait assez brusquement et l'inflammation se propage vite ordi-nairement; sa duree est de plusieurs jours; les symptomes ne se calment (pie lentement. Un Erysipele, meme simple ou be-nin, met de douze a quinze jours pour disparaitre complete-ment; il laisse des traces sur lesquelles rinflammatiou se ravive par le plus leger frottement, mais qui disparaissent en pen de temps.
L'Erysipele se termine par la resolution, apres avoir donne lieu, dans tons les cas, a la suppuration sanio-sanguinolente, ou bien par la gangrene.
Lesions pathoiogiques. — Les lesions que j'ai remarquees a l'ouverture de deux bneufs morts des suites de l'Erysipele gangre-ueux, sont celles-ci : — sang noir partout non coagule, ecchy-moses dans le coeur, teinte rouge livide de l'endocarde et de la membrane interne des vaisseaux, rate ramollie, friable; decolo­ration du foie et de tout le Systeme musculaire, decomposition extremement rapide du cadavre.
Diagnostic. Prnnostic. — Aucune maladie externe ne pent etre confondue avec l'Erysipele. Cette inflammation vive et profonde du derme, accompagnee de vesicules, son etendue non circons-crite, cette tendance marquee a s'etendre, a se propager dans le tissu cellulaire, a former des depots en apparence isoles, sont des caracteres assez distincts pour quion puisse 6tab]ir avec une grande certitude le caractere de l'Erysipele.
Le pronostic varie suivant les diverses formes que prend la
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^RYSIPELE.
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maladie. Est-elle simple ou bönigne, avec reaction föbrile peu intense, on pent toujours Wen augurer de la terminaison. Est-elle accompagnee d'oedemes, occupe-t-elle des surfaces d'une 6tendue considerable, et donne-t-elle lieu ä des depots purulents nombreux, le pronostic est moins favorable, sans 6tre pour cela tres fächeux si les plaies ne prennent point de couleur violacee et si l'auröole gangreneuse ne se dessine point. Mais si la prostration des forces se fait remarquer, si le pouls est faible et vite, I'appe-tit mil et la rumination entif-remenf, suspendue, si la plaie de-vient violacee et si les vesicules s'afi'aissent promptement et s'ou-vrent pour laisser ecouler une matiere ichoreuse et fetide, le pronostic est des plus fächeux.
Traitement. — Dans le debut de la maladie, la saignee est le premier moyen ä employer, et si 1'Erysipelen'occupequ'une sur­face relativement rostreinte, I'application d'une couche d'onguent vösicatoire produit d'excellents effets. L'inflammation ne se pro-page point, des phlystenes se developpent, s'abcedeiit, s'ouvrent, se dessechent, tombent, et l'Erysipele n'exists plus. Mais si les engorgements sont d'une etendue considerable, les resultats ne sent point les memes : la reaction febrile est des plus intenses, eile donne lieu an trouble general des fonctions digestives; alors plus d'appetit ni de rumination, la constipation a lieu; I'animal a les y-eux ardents, il se met en mouvement avec beaucoup de peine, et ses urines deviennent tres color^es, rougeätres et epais-ses. J'avoue qu'en presence de ces phenomenes qui survieunent apres I'application des vesicatoires sur une grande surface, j'y ai renonce pour ne les employer que sur une surface relativement restreinte.
Sur les plaies qui n'ont pas ete recouvertes d'onguent vesica-toire, on fait des onctions d'egyptiac, et sur les bords de ces plaies aussi des onctions de pommade soufrüe, qui sont tres efficaces.
On debride les plaies, s'il y a indication, ce qui arrive souvent; on enleve les portions de cuir qui formeut obstacle a I'ecoulement de la matiere que fournissent les plaies; on rend cet ecoulement facile par la division des teguments, et si les plaies sont baveu-ses, a bords releves, si ellcs portent des bourgeons blafards, on les pause avec des etoupes trempees dans la mixture de Villate.
Lorsque les plaies sont simples, point bourgeonneuses sans ötre blafardes, on les pause avec le cörat de Goulard.
II y a avantage et point d'inconvenient k frictionner une fois ou deux les oedemes avec des teintures vesicantes. II est au coutraire dangereux de les scarifier. J'ai vu la gangrene etre la consequence de scarifications faitfes sur ces oedemes.
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488nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GfiNERALES DIVERSES.
Le regime alimentaire doit se composer de fourrages de bonne qualite, peu echauffants, de fourrages verts, si Ton pent en avoir, mais donnäs, verts ou sees, en petite quantitö; de boissons rafrai-cliissantes non acidulees. La diete absolue n'est jamais indiquee dans les maladies du boeuf, toutes les fois que le Systeme digestif n'est pas affects. Meme dans les cas d'autres maladies graves, il est bon que, si les ruminants temoignent d'une certaine appe-tance, on leur laisse prendre quelques bouchees de fourrage, aflu que la rumination, qui est chez eux indispensable pour I'entre-tieu liarmonique des foiictions, puisse s'effectuer. Pendant la diete absolue, les aliments contenus dans le rumen se tassent, se durcissent dans bleu des cas, et lorsque I'animal cherche ins-tinctivement ä ruminer, il ne peut y parvenir, si des aliments frais ne sont pas ajoutes a ceux qui out longtemps sejournö dans le rumen.
Lorsque les plaies erysipelatenses prennent l'aspect gangrö-neux que j'ai decrit, il importe d'enlever avec I'mstrument tran-chant toutes les portions qui commencentä etrefrappees demort, ou de les cauteriser. Alors la reaction provoquee est salütaire; eile est indispensable. On oblieut aussi de bons effets de 1'appli­cation du cblorure de chaux en topique. On seconde cette medi­cation en administrant ä rinterieur les excitants diffusibles.
L'onguent vesicatoire que j'applique sur I'Erysipele qui u'oc-cupe pas une ötendue considerable, est d'une composition tres simple :
Prenez : Cantharides en poudre.................. 32 grammes.
Onguent basilicum.................... 480 —
M61ez avec une spatule en bois, et appliquez une couche fort mince.
Gerat de Goulard ou satume.
Prenez ; Extrait de salurne................... 4 grammes.
ttrat simple......................... 32 —
m\ez.
Comme breuvages excitants diffusibles, l'ammoniaque liquide ou alcali volatil est un des stimulants que j'emploie de preference.
On I'administre a la dose de 16 ä 32 grammes dans 1 litre d'eau froide, soit pour une vache de moyenne taille, 16 grammes ; pour un bceuf, 25 ä 30 grammes. Le carbonate d'ammoniaque donne en breuvage dans 1 litre d'eau peut etre port6 jusqu'ä la dose de 25 grammes pour une vaSie, et de 35 grammes pour un boeuf. Je conseille de le donner de preference dans une decoction de gentiane.
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PUSTULE MALIGNE.
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ARTICLE II
PUSTULE MALIGNE
Synonymik : Anthrax simple, Anthrax benin, Tumeur charbonneuse, Phlegmon charbonneu*. Charbon symptomatique.
Definition. Frequence. — La Pustule maligne est une tumeur caracteriste par une inflammation gangreneuse de la peau, s'öten-dant plus on moins profondöment dans le tissu cellulaire, et pro-duite par un principe döletere provenant des debris d'animaux en 6tat de döcomposition, soit que ces debris aient appartenu ä des animaux morts du charbon, soit qu'ils aient appartenu sim-plement k des animaux morts d'autres maladies.
Le docteur Guersant considere la Pustule maligne comme une variötö du charbon essentiel, et il 6tablit que ces deux sortes de gangrenes de la peau et du tissu cellulaire sous-cutanö out les meme caracteres genöraux, suivent la meme marche dans les symptomes, out la mßme terminaison, et qu'elles sont combat-tues par les memes moyens. Le docteur Guersant pent avoir rai-son; il y a cependant des differences assez notables dans la termi­naison de l'anthrax proprement dit, et de la Pustule maligne, comme dans la curabilite des deux tumours. Et, par exemple, ne pourrait-on pas supposer que I'authrax, qui se declare sous I'in-tluence directe d'une alteration du sang, a une tendance plus essentiellement gangr6iieuse, plus envahissante, un caractere plus rebelle que la Pustule maligne qui est le produit d'une con­tagion directe par inoculation ? Je suisporte äle croire, d'apres ce quej'ai vu des premiers resultats du traitement. Quoi qu'il en soit, je rapporterai de la Pustule maligne ce qu'en out dit des auteurs autorisös, sans chercher ä etablir, soit la similitude des deux alfections, le charbon essentiel et la Pustule maligne , soit la difference qui existe entre elles.
On observe fröquemment la Pustule maligne sur les animaux de l'espece bovine, beaucoup plus que sur aucune des autres especes.
Causes. — Si on reconnait ä la Pustule maligne des causes pr6-disposantes, on ne les trouve que dans un commencement d'al-töration du sang, et alors la Pustule maligne est le charbon essen­tiel. Or, la cause jusqu'ici bien connue de cette affection est mat6-rielle, externe on locale, comme l'a dit Hurtrel d'Arboval, et e'est.
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
lä un de ses caracteres distinctifs. Elle provient d'une contagion mediate, de matieres provenant de l'inoculation du sang, de la chair, de la peau et autres produits en decomposition des ani-mauxmorts d'une maladie quelle qu'elle soit, on bien d'animaux attaques ou morts du charbou. La d6pouille de ces derniers, meme longtemps apres avoir 6t6 enlevee, conserve encore la pro-priete de dormer lieu ä la Pustule maligne. La peau et les polls demeurent tellementcharges duprincipe contagieux qu'il semble s'etre identifie avec eux.
On a cru pendant longtemps que rien ne pouvait detruire cette contagion ; mais Fexperionce prouve tons les jours le contraire. Ce qui est certain, c'est I'extreme facilite avec laquelle un corps infecte transmet la maladie. II suffit pour operer cette transmis­sion du simple contact, de quelque mode que ce soit, meme du contact des insectes, sans leur piqüre, qui se sont poses sur des corps infectes.
Le transport s'effectue aussi facilement de lanimal a I'homme, et cette observation n'est pas ici un hors-d'oeuvre. Le fait est connu et constate depuis longtemps; je n'ai pas äinsister sur ce point.
Existe-t-il veritablement, dit Hurtrel d'Arboval, dans la Pus­tule maligne, un principe virulent, special, different de celui que renferment les matieres animales gangrenees ou putröfiees? A l'egard de cette question, voici ce qu'on lit dans le compte rendu de l'Ecole veterinaire d'Alfort, pendant I'annee 1822-1823, insere au proccs-verbal de la seance publique annuelle, tenue a cette Ecole le 26 octobre 1823. laquo; Dans les comptes rendus pour les an-nees 1814, 1816, M. Barthelemy a fait connaitre le resultat som-maire de ses recherches sur la Pustule maligne; mais alors, pour communiqner cette maladie, il n'avait fait usage que de la chair putrefiee et des tissus gangrenes ä la suite d'une inflammation gangreneuse tres intense.
laquo; Depuis cette epoque, il desirait pouvoir comparer les rösultats obtenus avec ceux que produisait l'inoculation des tissus älteres par l'anthrax malin, afin de constater si, dans cette derniere ma­ladie, il y a veritablement un principe virulent special different de celui que renferment les matieres animales gangrenees ou putre-fiees. Plus tard, ce professeur a pu satisfaire ses d6sirs a cet egard, et il s'est livre k une serie d'experiences, desquelles il est resulte : 1deg; que la matiere virulente du charbou s'est montree beaucoup plus active que celle avec laquelle il avait expörimente en 1815, 1816; 2deg;que le principe destructeur contenu dans cette matiere parait attaquer directement les foyers de vitalite, et que
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PUSTULE MALIGNE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;431
la mort n'est pas le resultat d'une gangrene locale primitive; 3deg; que ce principe reside essentiellement dans le liquide donf les parties malades sont infiltrees, mais qu'il se rencontre ailleurs; 4deg; qu'il est ddiveloppe dans les tissus avant que la gangrene s'en soit emparee et lorsqu'ils jouissent encore de la vie; 5deg; que lap-plication du principe virulent sur la peau de certains herbivores n'a rien produit; 6deg; que ce liquide iutroduit sous la peau, ä la dose de 3 centilitres, tue generalement le cheval dans le delai de viugt-quatre heures; 7deg; que lorsqu'il est iutroduit, a la dose de 1 litre, dans I'estomac d'un animal de la meme espöce, la mort est egalement tres prompte; 8quot; que le sang arteriel des ani-maux infectes est virulent, non-seulemeut apres la mort, quand on le prend dans le ventricule gauche du cceur, mais souvent aussi pendant la vie, quand on le prend par jet des arteres coc-cygiennes par exemple, la tumeur etant h I'encolure; 9deg; que les animaux carnivores paraissent moins attaquables par la matiere virulente de l'anthrax que les herbivores; qu'ils peuvent manger impunement des chairs infectees, et boire le liquide qui s'en echappe; 10quot; que des animaux herbivores et carnivores out pu habiter avec ceux qui servent aux experiences, couchant sur la meme litiere, buvant et mangeaut avec eux, sans qu'il en soit rien resulte.
laquo;II resulte des premieres experiences faitesparM. Barthelemy, en 1815, que I'ichor gangreneux ne perd pas ses proprietes de-sorganisatrices, en passant dans des animaux d'une espece diffe-rente; qu'il a tue les animaux sous la peau desquels on I'a iutro­duit ; que les chairs gangrenees et humectees par cet ichor out servi pendant plusieurs jours d'aliment k des chiens qui n'en out pas ete incommodes; enfin, que des herbivores ont bu sans dan­ger de cet ichor, dont la trois cent trente-cinquieme partie a suffi pour les tuer quand eile a et6 inoculee.
laquo; Continuant ses experiences I'annee suivante, le meme profes-seur a constate alors que I'ichor d'un engorgement gangreneux, recueilli le 14 fevrier 1815, conserve jusqu'au 10 jauvier 1816, dans une flole ä medecine bouchee avec du liege, et inocul6 ä cette derniere epoque, a determine : l0la formation d'une tumeur gangreneuse et a fait perir en trois jours une jument de huit ans encore en bon etat et vigoureuse, quoiqu'ou n'eüt employe qu'un centilitre de liquide pour l'inoculation; 2deg; que des tranches de muscles coupees sur un cheval en dissection, et introduites, lors-qu'elles commencaient ä se putrefler, sous la peau de la fesse de deux chevaux, ont fait mourir I'un quatre jours et l'autre cinq jours apres roperatiou, quoique Ton n'eüt mis que 20 grammes
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
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de cette chair dans la plaie du premier cheval, et 10 grammes dans celle du second. raquo;
Les expöriences faites par M. Barthölemy nous ont toujours paru si intöressantes que nous n'avons cru pouvoir les passer sous silence ou n'en donner qu'un court resume dans un ou-vrage destine aux praticiens. Ils trouveront lä des faits av6res qui pourront leur epargner Men des recherches dans I'occasion.
La Pustule maligne apparait principalement dans les lieux on beaucoup de bestiaux se trouvent reunis dans les contröes marö-cageuses, pendant les saisons pluvieuses qui succedcnt ä de fortes chaleurs, sur des terrains argileux, et autour des reservoirs d'eau ou des cours d'eau mis ä sec doat la vase est couverte d'insectes en putrefaction ou d'autres animaux.
On lit dans un Memoire sur la pustule maligne, publie par M. Benjamin {Rccueil de med. vet., novembre 1852) :
laquo; G'est ordiuairement pendant les fortes chaleurs de l'ete, pen­dant la moisson et au commencement de rautomne, que s6vit la Pustule maligne; a l'epoqne oü le sang de rate fait des ravages sur les betes ovines et bovines, a l'epoqne aussi oil les maladies charbonneuses font perir beaucoup d'animaux; eile sevit toujours avec plus de violence pendant les annees chaudes et pluvieu­ses, comme aussi pendant celles oü une grande mortalite se fail remarquer sur les bestiaux.
laquo; Dans les annees aucontraire oü le saug de rate et les maladies charbonneuses des animaux domestiques, chevaux, vaches, mou-tons et volailles, ne font que peu de victimes, la pustule maligne
est rare.....Les animaux qui sont le plus ordinairement atteints dc
cette maladie sont ceux qui, par la nature des services qu'ils sont appeles k rendre, sont presque toujours dans une immobilite complete ou travaillent an pas. Ainsi, les vaches et les moutons dont la locomotion est lente, les chevaux de labour, de haJage, de roulage, sont les animaux les plus frequemment atteints. raquo;
Sur ce point, mon opinion formee aussi par des observations assez nombreuses difiere de celle de M. Benjamin. Je n'ai guere vu que des boeufs de travail etre affectes de la Pustule maligne. SymptAmes. — Les symptomes de la Pustule maligne n'ont pas pröcisement de caractere uniforme; eile se montre sous des aspects diiferents : en general, eile s'annonce par une deman-geaison vive et souvent repetee sur un point de la peau, oü pa-rait une saillie circulaire, du centre de laquelle s'eleve bientot une pustule, ou vesicule, remplie d'un liquide söreux; eile s'etend peu ä peu en un ou deux jours. Bientöt apres, il se forme dans rinterieur de la peau un petit tubercule dur, resistant et non
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douloureux, uue petite turneur rönitente, aplatie, circoascrite et mobile. Autour de ce point central, il se dessiue une aureole, en forme de cercle, dont la couleur varie, et qui est parsem6e de petites phlyctenes pleiues de serosite de couleur roussdtre. Le mal 6tant parvenu an tissti cellulaire, qu'il ne tarde pas a pfene-trer profondement, l'aureole vesiculaire s'elargit et forme autour de Teschare qui se prepare, un bourrelet saillant. Le centre de la tumeur est alors dur, prot'ond, ä cause de l'aureole, et forme comme un noyau gaugreneux et compacte. La tension et l'engor-gement qui survienuent oü'rent un caractere particulier.
La gangrene dötruit tout ce qu'elle rencontre au-dessous de la peau, en se projetantde Texterieur ;i I'int^rieur. Lorsque le tissu cellulaire commence ä etre alfecte de nouveau, des plienomenes apparaissent qui sont le resultat du trouble des fonctions vitales.
Voici maintenant la description des symptomes de cette mala-die, faite par M. Benjamin :
laquo; Aucuu signe precurseur, dit-il, ue vient annoncer qu'un animal va etre atteiut de la Pustule maligne; aucun Symptome d'aflfection geuerale ne se fait remarquer; I'animal chez lequel cette maladie va apparattre jouit de tons les signes exterieurs de La plus parfaite saute. raquo; M. Benjamin fait ressortir cette cir-constance qui vient h l'appui de cette proposition, ä savoir que la Pustule maligne est une maladie qui a ses causes et son caractere propres, et qu'elle n'est en aucun temps un produit de la fieyre chanbonneuse. D'apreslui, cette derniere ne pent donner lieu ;i La Pustule maligne, tandis que la fievre charbonneuse pent etre la consequence de celle-ci.
Le meme auteur reconnait aux symptomes une premiere , une seconde el une troisieme periodes.
laquo; Premiere periode. Invasion. —A I'extorieur, et le plus ordinai-lement sur les parties du corps on le poil est fin et soyeux, la peau line et souple, on voit apparaitre une petite tumeur de la yrosseur d'une noisette. Cette petite tumeur ä son debut est rouge, chaude et douloureuse; dans cet etat, eile occasionne du prurit, et Fanimal cherche ä se frotter contre les corps environ-nants.
laquo; Deuxieme periode. Augmentation. — Pen de temps apres sou apparition (cinq a six heures), cette tumeur augmente de volume plutot en s'elargissant qu'en s'epaississant; la cbaleur et la dou-leur augmentent; cette derniere remplace le prurit de la premiere periode. Si a ce moment on examine avec attention le sommel de cette tumeur, on y apercoit un leger suintement que Ton aug­mente par la pression : e'est un melange de sang et de serosite
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
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que Toil voit apparaitre, sous forme de gouttelettes, ä la partie superieure de la tumeur.
laquo; A cette periode de la maladie, l'animal n'öprouve encore aucun rnonvement föbrile; il est gai, travaille et mange comme dans Tetat normal; la vache rumiue et donne du lalt. raquo; — II n'en est pas de meine du boinf de travail : du moment oü le prurit a ete remplace par la douleur. le pouls devient dur, tumultueux; la rumination cesse et ranimal ue mange pas, 11 cesse meine de s'etirer en se levant.
laquo; Mais, continue M. Benjamin, cet etat de clioses dure peu; le centre de la tumeur, cette partie crevassee, ne tarde pas ä etre frapp6e de gangrene; des plilyctenes remplies d'une serosite abondante eutourcnt la partie centrale de la tumeur, si toutelbis celle-ci est filacee an voisinage des ouvertures naturelles ou dans un endroit oü la peau n'a qu'une tres petite epaissour. A cc mo­ment, la Pustule maligne est bleu reconnaissable et rorganisme n'est pas encore atteint. raquo;
S'il ne Test pas, 11 est bleu pres de I'etre, car une douleur aussi intense que celle epronvöe par ranimal Chez lequel la Pustule maligne est arrivee k cet etat, temoigne d'une auxiete qu'une inflammation circonscrite et puremeut locale ne pourrait occasionner.
laquo; Troisümc piriode. Etat. — Mais au bout de viugt-quatre ou treute-six beures, les cboses ne sent plus les meines : si le mal n'a pas ete enraye, si ranimal n'a subi aucun traitement... void ce qu'ou remarque :
laquo; La Pustule maligne ou charbonneuse ne präsente plus le ineme aspect; son volume a consideiableineut anginente; quelqueibis eile est grosso comme les deux poiiigs: d'autres Ibis, eile accjuierl nn volume beaucoup plus considerable. La sensilribte caracteris-tique de la deuxieme p6riode nest plus uniforme dans tonte leteudue de la tumeur: ainsi, au centre, partie alors deprimee, rarnollie et deja irappee de gangrene, eile est nulle. Le bistouri plouge daüs son iuterieur ue fait eprouver aucune douleur a ranimal. Autour de ce point insensible et gangrene se remar­que une espece d'areole ä teinte de fond brunatre, recouverte, sur les innqueusps et aux endroits ou la peau est tres fine, d'une quantity inuoinbrable de petitcs ampoules ou vesicules remplies do serosite (pü s'en ecoule par la pression et qui denude promp-tement les parties qu'elle touche. Dans cette partie. la sensibility est grande, mais moindre cepencUint (pie dans celle qui I'entourc et qui forme la circonfereuce et la niajenre partie de la tumour. Gelte derniere portion est rouge, violacee, cbamle. douloureuse,
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orepitante par la pression, et laisse öchapper quelquefois de gros cordons qui eux-memes sont extremement douloureux, s'eten-dent souvent fort loin de la tumeur et suivent ordinalrement le trajet des veines.
laquo; Dans cet etat, la tumeur, lortement crevassee a sou point cen­tral autour de la partie frappue de mortification, laisse echapper en petites quantites un sang noir, accompague de gouttelettes dc serosite semblable ä celle qui se remarque dans les ampoules on vesicules dont il a ete parle. raquo;
narche. Duree. Terminaisons. — Gette maladie a une marche d'autant plus active que ranimal est plus ou moins irritable ol lortement constitute. Les plus beaux bdenfs jeunes et les plus belles vacbes en sont plutot les victimes que les animaux vieux. maigres, extennes, ce qui lait dire justement aux cultivatenrs que cette maladie choisit de preference les plus vigoureux sujets il'une Stable. La terminaison ordinaire de la Pustule maligne est la gangrene et la mort de ranimal en trois ou quatre jours, ;i moins que, par le moyen de la cauterisation, on n'ait pu en ar-reter les progres.
Diagnostic. Pronostic. — Du moment on la Pustule s'est decla-ree avec les symptömes qui out ete decrits plus bant, il n'esl pas possible de meconnaitre le caractere de la maladie. Quant au pronostic, il est generaleinent fäcbeux si la gangrene cesse d'etre circonscrite aux premiers tissus atfectes; et lorsque sur ses bords la tumeur semble s'aplatir et gagner en proibndeur, on peut. dans le plus grand nombre de cas, prevoir une mort procbaine. Traitee convenablement des le debut, eile est curable.
Lamp;sions pathoiosiques. — Ces lesions sont les memes sur tons les animaux : la face interne de la pean, lorsqu'elle est separee du cadavre, est rouge, violacee et noire, c'est-ä-dire que tontes ces nuances se font remarquer aux parties affectees par la Pustule maligne; ä cette meme place, le tissu cellulaire sous-cutane est ecchymose et contieut des gaz infects qui s'en ecbappent quand on le presse; les tissus musculaires sont moins noiratros et se de-chirent facilement. Toute la portion qui formait le centre de la tumeur contieut une bouillie noirätre, infecte, formee de sang uoir epanchö et des tissus mortifies par la gangrene.
On ne rencontre ordinalrement aucune lesion dans les esto-macs, tandis qu'on trouve dans les intestins un liquide brun , infect, forme de sang altere et d'aliments. La muqueuse a elle-meme, dans une portion de son etendue, une teinte rouge noirä-tre; sur d'autres points, eile presentedes rougeurs seulement; les excrements sont liquides partout et out une odenr infecte; le foie
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contient beaucoup de sang uoir: la vösicule biliaire est pleine ; la rate est beaucoup plus volumineuse que dans l'ötat normal; la vessie presente quelquefois sur sa muqueuse des pointilleraents j-ougeatres : eile contiont toujours de l'urine rouge, ülante et tres epaisseo
La substance musculaire des reins est molle, la membrane muipieuse qui tapisse le bassinet est quelquefois ecchymosee.
Le poumou est volumineux, gorge de sang noir, epais, incoa-gnlA, qni remplit tons les gros vaisseaux, teint fortement les objets en rouge lonce, et qui, expose au contact de Fair, se de­compose promptement et no tarde pas a repandre une mauvaise odeur.
La substance du cceur est ramollie, la sereuse qui tapisse les veutricules est presque toujours ecchymosee.
Traitement. — Le but du traitemeut local doit etre do detruire sur place la matiere virulente dont la pustule est le receptacle. Le moyen est la cauterisation par les caustiques poteutiels ou pur le fer rouge. La cauterisation par les caustiques est infidele, au moins sur les animaux; il est rare qu'ou pnrvienne ä bonier sou action aux parties ä detruire, ou quelle soit assez energique pour proiluire reflet desire. L'emploi du fer rouge est toujours plus sür. La main do I'operateur en dirige I'aclion ; il va jnsqu'oü il faut aller, il I'arrete ou il vent, et partout. Dans la campagne, on pent avoir ä sa disposition une tige en fer qu'il est facile de chauffer ä rouge ou h blanc. La cauterisation par ce moyen agit subitemenl, et non-seulement la destruction des tissus gangre­nes ne soultre aucun retard, mais encore Taction stimulante, sur laquelle il faut Men compter, se produit instantanement. J'ai vn plusieurs fois les forces presque anöanties, chez un ani­mal atteiut de la Pustule maligne, se reveiller instantanement sous l'action du fer rouge et se soutonir.
Le resultat de la caut6risation potentielle est beaucoup plus lent ä se produire, et il entretient plus longtemps Taniraal dans un etat de souffrance sourde qui semble plutot engourdir le principe vital que le surexciter. J'en ai fait usage quelquefois, mais j'y ai promptement renonce apres experience faite; d'autant mieux que les plaies resultant de la cauterisation par le fer rouge sont plus tot cicatrisees que celles qui provieunent d'une eschare obtenue par la cauterisation potentielle.
On ne doit jamais compter, dans le traitement de la Pustule maligne, sur certains medicaments fort en usage autrefois et qui, en r^alite, ne sont propres qu'a faire perdre un temps precieux. Tels sont : la decoction de plantcs ameres ou les infusions des
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plantes de la famille des labiees, la poudre de quhujuiny, le char-bon de bois pil6, les lotions d'alcool camphre, d'essence de lere-benthine, etc. Tout cela est inutile ; je me servais autrefois d'uu onguent irritant et caustique dont voici la lormule :
Onguent basilicum......................... 280 grammes.
Sublimö corrosif.......................... 6 —
Cantharides pulverisöes..................... Quantity suffisaiiie.
Dans I'occasion, j'auginentais du double la dose du sublime cor­rosif; alors il etaitplus energique, son action etait plus prompte. J'ai employe encore d'autres substances, moins actives que les precedentes, et, en resume, j'ai du les rejeter les uues et les autres pour donner la preference au fer rouge.
ARTICLE 111
ECHAUBOULURE
Synonymie : Ecbauffemeot, Ebullition, Coup dc .sani;.
Definition. Frequence. — SOUS le IIOUI d'Ecliauboulure, Oil (lesi-
gne une eruption de boutons circonscrits se produisant sur tou-tes les parties du corps en nombre plus ou moins considerable. Apparaissant ordinairement d'une maniere subite, avec trouble des fonctions ou sans trouble apparent, cette maladie s'observe Irequemment sur les auimaux de travail, pendant I'ete surtout, qnand ils sont abondamment nourris de fonrrages artificiels.
Causes. — Le temperament sanguin des animau.x, le travail penible execute pendant les fortes chaleurs, alors surtout que Fair est tres sec, I'usage d'aliments tres sanguifiables, tels que la luzerne, le mais vert dont lepi est monte, les vesces, le sainfoin. Je n'indiquerai pas d'autres causes; je n'en connais pas de plus actives. L'Echauboulure ne se manifeste jamais sur les auimaux maigres, vieux, affaiblis par des privations. Ceux qui, apres avoir ete dans cet etat out subi le regime delibitant qui a appauvri leur constitution, y sont sujets toutes les fois qa'h ce regime succede un regime oppose, qui se caractörise i)ar le repos et une nourri-ture abondante.
Les auteurs veterinaires qui n'out observe les betes bovines que dans les contrees on elles ne sont pas employees aux travaux des champs, ou qui ne les out observees que dans les regions
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ou les fourrages sont moius sauguiüables que daus le Midi, ou bien dans celles dont le climat est h peu pres constamment hu­mide, out presque nie Texistenee de cette maladie. Hurtrel d'Ar-boval dit qu'elle affecte les chevaux souvent, et les bcenfs rare-ment : oui, les chevaux qui mangent beaucoup d'avoine, cela se concoit; uon, les bteufs qui vivent dans les päturages, qui ne sont soumis ä aucun travail et sont nourris a l'etable avec du foin tres [ten echauffant, de la paille qui Test encore moins, des vacines et i!cs pulpes. Cos differences de situation expliquent la divergence d'oßinion h ce sujet, et ne contribuent pas peu, quand on n'en tient [jas compte, k perpetuer des erreurs assez prejudiciables.
Lecoq, uu veterinaire tres distingue, secretaire de la Societe de Medecine veterinaire du Calvados, voit un boeuf dont la rumi­nation et l'appötit sont diminues, dont la conjonctive est injecttie, la locomotion lente et chez lequel la salive flue assez abondam-uieut par les commissures des levres. Ge bceuf ale pouls frequent, et son corps est recouvert d'une multitude de petits boutons ana­logues ä ceux qui existent dans le cas d'echauboulure chez les solipedes; LecO(] ne salt comment designer cette maladie, et cela s'explique tres bien, puisque c'est une veritable Echaubou-lure et que Topiinon accreditee est que les grands ruminants ne sont point sujets ä cette maladie.
Sjiuiitfimi-s. — On vient de voir qaels sont les symptomes, el ils sont les memes sur nos grands et vigoureux bosufs de travail, avec cette difference que chez eux le trouble des functions est plus marque, plus grave en apparence, si Ton veut, parce que leur sang est plus riebe. Ici, les boutons iipparaissent subitement; ils sont [ilusgros; ils sont plus nombreux, plus rapproches; ilsse touchent presque ; 'ils envahissent les membres, les paupieres, les levres, los alles du uez ; de tolle sorte que le boeuf ne pent se mouvoir qu'avec la plus grande difficulty, qu'il ne voit pas, parce qu'il a les yeux completement converts par les paupieres , qu'il respire difflcilemenl, parce (pie les orifices de ses cavites nasales sont pres­que entierement J'crmtjs; qu'il ne mange ni ne rumine, parce qu'il ne pout ni remuer les mächoires, ni ouvrir la bouche.
La maladie affecte quelquefois, rarement il est vrai, une forme plus rapide et tout a fait caracteristique. L'animal alors est frappe tout ä coup et succombe comme foudroye an moment oü I'Echau-boulure se declare. Je dois pourtant faire remarquer que, dans ce cas, rEchauboulure s'accompagne toujours d'une apoplexie pul-monaire et qu'elle n'est que partielle.
Maiche.Duree.Terinlnaisons. — Invasion subite; duröe quelque­fois ephemere pour aiusi dire, si la forte chalear de la journee
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se trouve temperte subitement par le souffle assez vif d'un vent frais, si on pratique sur cat animal une saignee presque au mo­ment de l'apparition des boutons, ou si on a la bonne i(16e de l'asperger d'eau froide.
Abandon nee aüx soins uniques de la nature, il est rare que rEchauboulure soit une maladie mortelle. Les boutons s'affais-seut lentement, se dissipent en partie seulement; alors ils s'ex-folient et quelquefois ils s'abcedent, et lour resolution se fait ayec une extreme lenteur. Si la resolution ne s'en opere que lente­ment, les animanx qui sent affectes de rEchauboulure maigris-sent avec une rapidite ötoniiante, et leur convalescence est tres longue. Cette terminaison est, apres rEchauboulure foudroyante, la plus fächeuse qui puisse se produire.
Lesions pathoiogiques. — Ici, les lesions sout celles que ron remarque sur les auimaux qui out suecombö ä l'apoplexie pulmo-naire, et que j'ai decrites. Mais si I'animal est abattu lorsque la resolution, des petites tumeurs ou boutons a ote incomplete, et s'il a maigri au point de ne pouvoir etre retabli ou engraisse pour la haute ou la basso boucherie, sans etre un sujet de depen-ses faites en pure perte, on trouve dans quekjues-imes de ces tumeurs une matiere mi-fluide de couleur jaunatro, tandis que le tissu de tons les boutons qui ne sont pas abeedes est de couleur et de consistance lardacees.
Diagnostic. Pronostic. — L'apparition subite de boutons nom-breux sur le corps d'un boeuf ne peut jjas laisser un instant de doute dans l'esprit du praticien, si Fanimal est vigoureux , si la temperature atmospherique est fort elevee et si la nourriture de cet animal, d'ailleurs soumis au travail, est de celles que nous appelons echauffantes, c'ost-;\-dire sanguiöables ä uu tres haut degre ou tres nourrissantes.
Le diagnostic est egalement facile ä etablir toutes les Ibis que l'apparition de boutons moins gros se fait tumultueuseniout sur mi bceuf qui, etant dans un etat de faiblesse ou de maigreur ap-parente, a etc mis au repos et a recu sans transition une nourri­ture echauffante. Cette distinction est facile a etablir quand on s'est iuforme des circonstances qui out precede l'apparition des boutons; eile indique bien certainement une ebullition ou echau-boulure, mairaquo; d'une intensite moindre que rEchauboulure ordi­naire ; et nous verrons eu parlant du traitement que pour bieu operer il faut tenir compte des etats divers qui out donne lieu aux deux formes de la maladie.
Le pronostic differe egalement suivant que la forme de l'echau-boulure esl ce que j'appellerai suraigue, ou simplement aigue.
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MALADIES GENÄRALES DIVERSES.
Dans le premier cas, si des soins intelligents ne sout pas dounes saus retard, raninial peut suecomber ou la maladie passer ä l'etat chronique, qui amene la maigreur : deux terminaisous facheuses, Men que l'une le soit assurement moins que l'autre.
Si, au contraire, le traitement ratiormel de rEchauboulure aigue a ett; appliquö saus retard, le pronostic peut etre toujours favo­rable. La resolution commence ä s'opörer du moment oü la veine ou l'artere est ouverte, pour etre completement termiucc dans les vingt-quatre ou quarante-hnit heures au plus.
Si l'animal l'aible et maigre qui a ete atfect6 d'Ecbauboulure a subi l'ecart de regime qne j'ai mentionne, il guerira egalement, pourvu qu'il ne soit pas dejä affecte de ijnelques lesions organi-qnes. S'ii est phtlüsique, par exemple, le pronostic doit etre fäcbeux.
Traitement. — La saiguee est la premiere indication ä remplir; mais c'est encore ä Tartere coccygienne qu'elle doit etre pratiquee, parce (]ue d'ordinaire le cuir est entierement reconvert de boutons sur la region oü passent les jugulaires, qn'on ne peut alors fixer le vaisseau de maniere ä Fouvrir, meme avec une flamme tres longue, et qu'on hesitera toujours h faire autour de Tencolure une forte compression, lorsqn'il y a stase de la circulation generale, ou lorsque celle-ci est tnmultueuse.
Sous le ventre, le cuir pent etre egalement epaissi sur la ligne que suit la sous-cutau6e abdominale; cependant il Test toujours moins ä cette region qu'antour de rencolure, et il inest arrivö assez souvent d'ouvrir cette veine sans 6prouyer trop de diffi-cultes. Au reste, quand je prati(pie cette saignee, je me sers d'une flamme moyenne, et je la place presque eu travers du vaisseau. Par ce moyen, qui n'offre absolument aucun danger, on est beanconp plus sur d'obtenir du sang qn'en placant la flamme dans le sens longitudinal. Dans ce dernier cas, la con­traction de la peau ou des muscles rapproche les bords de l'ou-verture, et le sang ne coule pas; tandis que Touverture reste l)eante si eile est faite presque en travers. Je crois avoir dejä fait cette observation, mais dans le deute j'y reviens, parce que l'indication a de I'lmportance.
La saignee n'est pas le seul moyen ä mettre en pratique pour obtenir une prompte resolution de rEchauboulure. Son action doit etre secondee par des boissons rafraiebissantes, des lavements de meine nature, on, tout ä fait des le moment de l'invasion. par des aspersions d'eau froide. — Ici qnelques reserves sont ä faire. Lorsque, dans les champs, un boeuf est subitemeut affecte d'une ächauboulure, il est parfaitement indique de l'asperger
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d'eau froide si Ton en a, et, si Ton ne pent pas s'eu procurer immediatement, avec de l'eau stagnante, qui seulement est toujours un peu chaude pendant I'ete. Si I'on a de l'eau cou-rante ou un reservoir quelconque ä portee, on doit egalement y faire entrer Tanimal, mais jiisques ä mi-ventre seulement. Rappelons que sa respiration est plus ou moins geuee par la tu­mefaction des orifices des naseaux; que, si le cuir est epaissi autour du thorax, cctte cavite se dilate avec difficulte, et qu'il pourrait arriver que le saisissement occasionne par rimpres-sion de l'eau froide suspendil eutieremeut la respiration. On voit des boeufs atteints d'Echauboulure perir iiistantan^meiit apres avoir et6 plong6s dans une masse d'eau süffisante pour qu'ils puissent y nager; mais leurs mouvements s'y trouvant paraly­ses par l'impression de l'eau froide, ils s'asphyxienl.
D'un autre cote, si les ablutions peuvent etre d'un grand se-cours des l'invasion de la maladie, alles cessent d'etre d'un em-ploi utile quand la saignlt;5e a ete pratiquee; alors je les ai vues ralentir outre-mesure la circulation du sang. Elles produisaient des frissons, de l'anxiete et quelquefois des syncopes. J'ai 6te oblig6, dans une circonstance, de faire prendre ä l'animal un cordial energique, 1 litre et demi de vin, et de recourir ä de vigoureuses frictions seches pour raviver la circulation et faire disparaitre les accidents.
Quand la resolution des boutons se fait imparfaitement et avec lenteur, les frictions d'essence de terebenthine sont aussi indi-qu(5es. C'est ainsi que Ton evite les exfoliations ou les desquaraa-tions qui pourraient survenir et qiii laissent quelquefois sur la peau des traces que Ton fait disparaitre difflcileineut.
Lecoq employait, a I'^poque de la desquamatiou, une pom-made soufröe, qui assurement n'6tait point contre-indiquee, mais dont I'emploi ne serait pas devenu necessaire si Ton eut fail usage des frictions d'essence de terebenthine quand on put con stater que la resolution des boutons ne s'operait pas.
La pommade dont MM. Lalande et Lecoq faisaient usage se compose dans les proportions suivantes :
Soufre sublimö....................... 2 kilogrammelaquo;.
Huile de lin........... ............... 8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Mfilez.
Au reste, lorsque rEchauboulure se declare chez des animaux soumis a un regime de retablissement precipite, il se peut que, sur le moment, une petite saignee puisse favoriser la resolution ; mais il est certain que la saignee forte ou repetee est essentielle-
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ment nuisible. Gomme c'est le rögime echauffant qui a dötermine le trouble des fonctions circulatoires et par suite Texan theme, c'est par un regime oppose que les accidents doivent etre combattus.
J'ai parle de boissons ral'raichissautes, et j'ai voulu dire aqueuses, de celles enfin qui font predominer le serum dans le sang et non de celles qui Ten depouillent, telles que celles qui serveut de veliicule au nitrate de potasse ou aux sels purgatifs.
Les boissons rafraichissantes dans rindication dont s'agit, sont les decoctions d'orge monde, de graines de ma'is, de lin ; la decoction de carotte, etc., etc.
ARTICLE IV
RAFLK OU FEU D HERBES
Definition. Frequence. — La IMlle est une maladie eruptive, a laquelle les premiers vet6rinaires qui I'onl observee out con­serve la denomination que les cultivateurs avaient imaginee, dans la persuasion que cette maladie etait occasionnee par une nourriturc composee en grande partie de räfle de raisin. Jus-qu'ä present, la Räfle n'a pas ete souvent observee : eile fut etudiee pour la premiere fois chez des vaches seulcment par des eleves de l'Ecole d'Alfort, dans les environs de Paris. Ces ele-ves, qui furent plus tard des veterinaires, se nommaient : Lan-glois, Bruneau, Aubercy, Damoiseau et Blavette.
Chabert et Fromage-Defeugre furent les premiers qui decrivi-rent cette maladie : d'abord dans le Cows d'agriculture, de Rozier, puis dans la Corrcspondance do Fromage-Defeugre.
Causes. — Dans les lieux oil la maladie fut observee, on I'attri-buait, comme je l'ai deja dit, ä la räfle du raisin que Ton faisait manger, sans doute en grande quantite, aux animaux. Gela pent etre :1a räfle, comme la feuille de vigne, contenant un principe astringent qui, introduit dans I'economie, est en effet susceptible d'y produire un derangement. Mais pourquoi la rä­fle agirait-elle chez les vaches seulement et serait-elle sans effet chez les boeufs qui vivent et travaillent dans les contrees viticoles on le raisin est egrappe avant d'etre mis dans la cuve, et oü, par consequent, la grappe abonde? D'un autre cote, il me parait bien difficile que les betes bovines fassent un long usage de la räfle, qui se desseche bientot, et n'est plus alors qu'une substance presque ligneuse.
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RAFLE OU FEU D HERBES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; -t l3
11 paraitrait beaucoup plus raisonnable et plus couforme ä l'ob-servatiou de donner pour cause, a la maladie dontilest question, l'usage de foun-ages composes de plantes excitantes, qu;, dans certains moments et par I'effet d'influences atmosphöriques qu'il est assez difficile de specifier, produisent d'abord une irritation directe sur les organes digestifs, et qui finissent par etre pour Töconomie une cause de trouble general dout l'öriqttion pustu-leuse est un etfat. Anssi peut-ou croire quo les causes de la ma­ladie appelee Räfle sont lä plutot qu'ailleurs. Du reste, les culti-vatenrs pensaient aussi que les fourrages verts, la luzerue, ia feuille de vigne, les räclures des jardins etaient une de ses cau­ses ; et Coulbeaux, qui a decrit une affection presque sembla-ble ä la Räfle, lui donna pour cause l'emploi du panais, plante ombellifere, laquello, comme toutes celles de la meme famille, est echauffante et meme irritante, en vertu de l'buile essentielle-ment volatile qu'elle contient en grande proportion. Les aui-maux affectes de la maladie que Coulbeaux a observee avaienl fait un long usage du panais, et la maladie cessa des que Ton eut remplace cette plante par d'autres fourrages.
SymptAmes. — La Räfle consiste dans une eruption de pustules qui s'abcedent, s'ouvrentet se dessechent sans etre accompagnees de prurit; eile est inflammatoire, et se declare avec tons les symptömes de la flevre. Ainsi, il y a degoüt, tristesse, noncba-lance dans les mouvements de locomotion, tetelourde; couleur plus vive des membranes; cbaleur de la bouche, de Fair expire, des cornes, des oreilles et de toute la surface du corps, plus pro-uoncee; les veines sous-cutanees sont engorgees; la respiration frequente; le pouls est dur et accelere; la rumination ne se fait point on se fait rarement; la secretion du lait diminue, les ma-ruelles s'engorgent, deviennent dures et douloureuses, ainsi que les trayons; enfln, les betes mnlades font entendre des mugisse-ments plaintifs, temoignant d'une anxiele bien prononcee.
L'eruption se manifeste vers le quatrieme on le cinquieme jour; eile occupe ordinairement la face interne des membres poste-rieurs, quelquefois aussi des anterieurs, en commencant par la couronne et en s'etendant pen a pen jusqu'en haut de l'avant-bras. Elle s'etend aussi quelquefois sous le ventre jusqu'aux ma-melles; d'autres fois, eile se borne ä la face interne des qnatre membres et affecte les levres.
Les pustules consistent d'abord en de pel-its engorgements de la peau, pen etendns et peu saillants ; seulemeut la peau y parait epaissie et dure. Ces engorgements döbutent par de petits points en premier lieu pen apercevables, dont la place est marquee
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MALADIES ßENERALES DIVERSES.
par des duretes que Ton sent avec le doigt; ils s'^levent et gros-sissent peu a peu, et flnissent par constituer de petites tumeurs rougeätres dout le sommet Wanchit. L'6piderme se souleve d'abord, puis la pean se crevasse, et la petite plaie fournit alors une matiere purulente, sereuse ou sanieuse. Cette matiere se desseche, iorme des croutes qui se röduisent en poussiere et tom-bent. C'est ainsi que la maladie se termine.
Les symptomes diminuent graduellement a mesure que I'örup-tion se complete, en sortc que celle-ci etant achevee, I'animal se tronve avoir entierement recouvre la sante, sauf rengorgemenl des extremit.es qui ne se dissipe que quelque temps apres, lorsque Fappötit, la rumination et la secretion du lait reparaissent. Lors­que la peau est redevenue souple et ouctueuse, ce qui annonce que la perspiration cutanee est retablie, on peut considörer la guerison comme complete.
La marclie, la duree et la terminaison de la Häfle se trouveul iudiquees avec les symptomes, comme on vieulde le voir, et lors­que cette maladie fut observee par les eleves do Chabert, il n'y eut point de lesions organiques ä signaler, puisque toutes les betes guerirent.
J'ai observe plusieurs ibis cette maladie, mais toujours a I'etat sporadiijue, et je n'ai rien ä ajouter ä la description qui precede, priucipalemeut emprimtee ä Coulbeaux. Seulement, j'ai constate que la saignee pratiquee des le debut abregeait la duree de la maladie de plusieurs jours.
Traitemeut. — Les nourrisseurs des environs de Paris se con-ten tent d'oindre avec un corps gras, celui qu'ils out sous la main, le beurre ordinairement, les petites tumeurs et les places occu-pees par les pustules. Mais, a mon sens, il y aurait mieux ä faire; ce serail de prevenir la maladie en accoutumant pen ä peu les animaux ä l'action des fourrages que Ton croit sust-eptibles de la produire; el ici nous rentrons dans les prescriptions de l'hy-giene proprement dite. II faudrait, (^uand on vent donner des fourrages verts, commencer par les melanger ä des fourrages sees, en diminuant tons les jours la quantite de ceux-ci, et enfln ne donner la ration complete des nouveaux fourrages que lors-qu'on ponrrait raisomiablement supposer que leur action n'occa-sionnera aucun trouble dans les fonctions digestives pas plus que dans I'economie en general.
Les fourrages verts donnent lieu d'abord ä des digestions in-completes, que Ton reconnait Jr I'etat mi-liquide des matieres fecales, et que Ton n'observe jamais, si Ton est arrive graduelle­ment ;i la ration entiere. II est done a peu pres snr que, soit la
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räfle du raisin, soit la feuille de vigue, soit le panais, soit tout autre lourrage vert, ne produira pas I'oruptioi) dont s'agit s'il est bien digere. Ce premier point bieu etabli, je crois que, lorsque les premiers symptomes se manifeste!it, il y a pen ä hesiter sur Temploi de la saignee.
Quelques praticiens, d'accord en cela avec les proprietaires de vaches laitieres affectöes da la Räfle, s'abstiennent de cette ope­ration, dans la crainte de voir la secretion laiteuse snpprim^e; rnais je crois ponvoir assurer qu'on n'a riende pareil ä craindre. Ge n'est pas une saignee ä la jugulaire qui doit produire cet effet quand eile est indiquee par Texistence d'un etat congestion-nel bien caracterise; c'est an contraire la congestion de quelque nature qu'ellesoit qui fait dimiuuer la secretion laiteuse, laquelle no manque pas de se retablir aussitot que les symptomes com-mencent h perdre de leur intensite.
Ce qu'il faut eviter avec soin, c'est que les vaches malades de La Räfle soient logees dans des etables tres chaudes, ou qu'elles soient exposees ä des courants d'air. Une temperature au-dessus de 25deg; leur est nuisible, comme celle qui est au-dessous de 15deg; a 18quot;.
Ces auimaux doiveut etre abreuves d'eau blanche et uourrris dquot;ime tres laible ration de bon foin de prairies naturelles, qui lour est peut-etre necessaire pour que la rumination suspendue puisse se faire de nouveau. J'iusiste beaucoup, dans le debut des maladies inflammatoires des ruminants, sur la suppression abso-luc de toutes sortes d'aliments solides ; mais aussitöt que les symptomes paraissent moins intenses, je permets quelques poi-gnees de bon foin, afin que la rumination puisse avoir lieu: ce n'est pas seulemeut k cause des elements de nutrition qu'elle pent fournir et qui se trouvent, dans ce cas, en tres minime quantite, puisque la ration se borne ä quelques poignees, mais encore en raison de Finfluence que l'acte de la rumination exerce sur toutes les autres fonetions.
Je suis plus severe en ce qui concerne radministration des aliments qui arrivent directement dans la caillette. On voll souveut, dans le cas de gastro-entörite, 1 litre ou 2 de son ra-viver les symptomes, tandis qu'on n'a jamais h se reprocher d'avoir aecordö un pen de foin dans le meme etat de maladie.
L'eau Manche et les tisanes mudlagineuses, prises en boisson ou donnees en breuvages, suffisent ä calmer l'irritation intesti-nale sans qu'on y ajoute du sei marin, dont l'indication ne se fait pas comprendre. Les lotions emollientes sur les mamelles ne sont pas indiquees non plus et seront remplacees avec avantage
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44(inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES OENERALES DIVERSES.
par des onctious adoucissantes; il soffit, au reste, afin d'activer la resolution de 1'engorgement des membres ou de celui qui s'est manifeste sous le ventre, de frictions seches avec la carde, el de soumettre Tanimal ä un leger exercice. Ge ne serait que dans le cas on uu engorgement parattrait se prolonger au-delä d'une vingtaine do jours, qu'il faudrait accelerer la rtisorption des liqui­des epanches ou de l'epaississement du derme par quelques fric­tions irritautcs, faites soit avec le vinaigre chaud, soit avec la teinture affkihlie de cantharides. Ce dernier medicament est d'une efficacite incontestable; mais en Tutilisant pour le traitement d'une affection cutanee des vaches laitieres, il faut toujours avoir la precaution d'y placer en dissolution une petite quantite de cam-phre: la resorption des cantharides, qui se fait chez ces animaux aussi proinptement que suv las autres femelles domestiques, y produil les memes effets.
La teinture de cantharides mitigee et camphree se prepare de la maniere suivante :
Cantharides en poudre .................. 16 grammes.
Camphre............................... 3 —
Alcool ä 36deg; centesimaux .................. 230 —
Faites digerer sur des cendres chaudes pendant quatre ä cinq jonrs.
ARTICLE V
EXANTHEME PUSTULEliX
M. Fahre, de Geneve, a publie autrefois la description d'une affection observee chez une vache et assez difficile a classer; eile differe, en elfet, de la Rafle et de toutes les affections Pustu-leuses connues. Elle n'a rien de comnmn non plus avec la Pus­tule maligne resultant de l'inoculation d'un virus. M. Fabre avoue que c'est la seule maladie de ce genre qu'il ait pu ob­server; je n'en ai observe aucune qui lui ressemble; mais M. Fabre etait un observateur d'un grand merite et tres cons-ciencieux. Je crois done a l'existence de raffection pustuleuse dont il parle ; eile pent se reproduire; c'est pourquoi je vais rap-porter textuellement la description de ce veterinaire, afin qu'elle puisse dans I'occasion venir en aide au praticien qui aurait h s'en preoccuper.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
M. Fabre entre en matiere de la maniere suivante :
laquo; Affection pustuleuse ä denommer et a classer.
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EXANTHEME PUSTULEUX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;447
laquo; Viugt annees ecoulees m'öteut l'espoir de trouver un second cas qui puisse confirmeroii modifier robservation suivante; apres avoir suffisammeut attendu, il devient inutile d'atfcendre plus longtemps.
laquo; En 1809, le 29 novembre, chez M. Bertrand, sur Champe, campagne attenante aux remparts de Geneve, je vis uue petite vache, agee de six ans, ä lait et en embonpoint. Elle avait dejti paru malade la veille : chaleur et secheresse de la peau, aux oreilles; membrane buccale rosöe, yuoiyu'avec la chaleur nor­male; lesyeux saillants, vifs, un pen larmoyants; lesvaisseaux cie la cornee un pen injectes, la conjonctive i'ougeätre et un pen en-gorgee; un albugo d'un blanc mat couvrait les deux cornees lucides; le poids etait plein, 61eve et pen acc61ere. Dedain d'ali-ments, sans perte complete d'appetit. Habitus rassurant: nul au-tre Symptome.
laquo; Diagnostic. — Pyroxie locale, phlegmasie des muqueuses ce-pbaliques, ophtbalmie symptomatique.
laquo; Medication. — Saignee ä la jugulairc de plus de 7 livres (3 kilos). Le jet presque normal, le sang sensiblement plus chaud qued'ordinaire. Suppressiond'aliments solides; boissonnutritive, au moyen de pulpe de raves et de carottes cnites a l'eau, ot donn6e alteniativement: tisane d'orge avec sullate de soude et nitrate de potasse k doses minimes.
laquo; 2deg; jour. Le pouls rnoins cleve cst a I'etat normal; memes symptömcs, memes soins et regime.
laquo; 4deg;, 6e et 1quot; jours. Changements de peu d'importance. Des lotions d'une infusion de ileurs de sureau passeut pour avoir un peu eclairci l'albugo. L'inflammation de la conjonctive a'est point diminuee.
laquo; 8deg; jour et suivants. L'animal parait mieux, d'apres la dimi­nution des symptömes, sauf l'ophthalmie (jui reste stationnaire. Le mufle est sec; appetance pour les fourrages, et degoüt invin­cible de la pulpe de raves et de carottes cnites; on les donne crues, melangees et coupees menu avec addition de pain.
laquo; 12deg; jour. Je suis redemande, la vache etant plus mal. Fai-blesse, difficulte de se lever. La rosee an mufle, chaleur naturelle ä la surface et aux oreilles, mais le bas des membres froid; le pouls duriuscule et la panse un peu meteorisee. L'albugo el l'ophthalmie stationnaires.
laquo;#9632;Diagnostic. Epiphenomencs. —Indigestion produite par unecarl de regime, malgre l'affirmation du contraire.
laquo; Medication. — Meme regime; frictions secbes, lavements emollients , breuvases amers et mucilasineux.
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MALADIES ßENEBALES DIVERSES.
laquo; l^p'jour. Les symptömes d'indigestion 6taient disparus sans autre changement, lorsqu'il sur.vint ä la periph6rie de tout le corps, uotammeut aux fesses et sur les cotes, une eruption de pelits boutons, on pour mieux dire de pustules. II s'en echappait, des le moment de leur apparition, un suintemeiit sans apparence purulente, qui collait le poil et le faisait paraitre piquö par petites meches. Ces pustules 6taient sans cavites apercevables; quoique de grosseurs diilerentes, elles equivalaieut genöralement ä celle d'un pois; leur situation rlans le tissu dermoidc litait plutöt iute-rieure qu'exterieure.
laquo; L'albugo se dissipait; on pouvait meine distinguer l'interieur de Tun des yeux. Le cristnllin y formait une cataractc blanche, bordee d'un cercle verdätre, resultant de Talteration de l'humeur aqueuse.
laquo; Diagnostic. — Eruption critique et salntaire; cecite.
laquo; Medication. — Meme regime, avec addition d'un pen de foin; tisane de decoction d'orge et d'iufasion de fleurs de sureau et de tilleul; 3 litres par jour de decoction de gentiane et de graines de lin; quelcjues boulettes de flour de soufre et de miel.
laquo; Je ne revis plus l'animal; il parut aller graduellement de mieux en mieux. Quoique faible, il se couchait et se levait avec assez de facilite. Les boutons on pustules etaient desseches, il n'en paraissait presque jjlus. Les soins medicaux avaient cesse, etla nourriture, donnee de jour enjour en quantite plus graude, elait arrivöe k la ration ordinaire.
(i Pendant la nuit du demier deoembre au 1er janvier, la vache se leve, se couclie et reveille le berger; il va allumer sa lanterne, et en rentrant il trouve l'animal expirant, couclie sur le cöte et ayant la tete renversee sur les reins. La promptitude de la mort et la position de la vache (eile avait le dos tourne contre la mu-raille du fond de Fetable) lui iirent croire qu'elle s'etait assom-mee. Les gens de la maison etles voisinsregrettaient qu'une vache qui avait donne taut de peine et qui etait guerie, se füt tuee si malheureusement. C'etait le 34'' jour de la maladie, et le 19e de l'eruption.
laquo; Je fus demande pour verifier la cause de la mort (1810, iquot; Janvier). Nulle contusion externe k la surface de la tete. Sur la surface des muscles cos to-sous-scapulaire (intercostal comnum) et dorso-lmmeral, etaient x^arsemees vingt-cinq k trente pustules, variant de la grosseur d'un pois k celle d'une feve, et penetrant dans la substance musculaire. Les plus petites 6taient rondes, et les plus grosses allougees; toutes coiitenaient une matiere puru­lente, de consistance plutot claire qu'epaisse, d'un blanc jaunatre
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EXANTHEME PtlSTT'LEDX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4(9
Ht sans odeur forte. Le fond de ces pustules ijresentait unl belle carnation. J'en trouvai de disseminöes sur la plupart des muscles et jusque sur les intercostaux. II n'y en avaitpas ä la surface des muscles posterieurs, et j'oubliai de les explorer intöriourement. La presque totality des pustules etait sur la surface des muscles.
laquo; Plusieurs existaient sur les intestins, uotammeut sur le colon et la pause. Les reins en etaient couverts et remplis : I'un, m6-connaissable, son volume augmente d'un tiers; les scissures, rtis-parues, n'etaient plus qu'une agglomöratiou de petits foyers purulents. Le foie et la rate iutacts; les poumons sains; le coeur saus alteration ä la surface; mais, dans rinterieur de la paroi du ventricule gauche, le scalpel inet ä decouvert mi foyew de suppu­ration long de plusieurs millimetres et dont le diametre permet-tait facilement l'entree du doigt. La matinre 6tait eu tout res-semblante a celle des autres pustules.
laquo; La laugue presentait une durete ä son tiers inferieur, faisant snillie aux deux faces. Getait un foyer purulent qai contenait une cnilleree de matiere.
#9632;lt; Les deux cristallius 6taient opaques, mous el gluants ä leur surface. Dans riiumenr aqueuse d(^ I'un des yeux etait un flocuu de la grosseur d'uue lentille, assez resscmblaut ä ceux qu'on voil au bas de la chambre iuterieure, vors le declin de la fluxion pe-riodique des solipedes. J'ouvris le crane avec soiu, car on persis-tait k croire que la vache s'etait assommee. raquo;
J'ai rapporte textuellement la description donnee par M. Fabre de cette singuliere maladie, dont le traitement a et6, il faut le dire, un melange de prescriptions disparates, quiseneutralisaient reciproquement : la saignee et des soupes de pnlpe de raves et de carottes, I'mfusion de fleurs de sureau et de tillenl, des exci­tants diffusibles, des breuvages amers et mucilaginenx en meine temps, la decoction do gentiane et de graine de Im, de la üeur de soufre et du miel. II a eu raison de dire maladie inconnue et non classee, le traitement a ete conslamment irrationuel. Ce n'est done pas pour cette partie de la description que nous en donnous coiinaissauce,mais pourle caractere de la maladie, pour la marche qu'elle a suivie, et ä cause des lesions pathologiques observöes. Voilä la chose essentielle, et qui mettrait facilement le praticien sur la voie d'un diagnostic et d'uu prouostic rationuels et bien fondtis.
Lecoq (de Bayeux) fut appele, le 15 juillet 1836, ä donner des soins ä un boeuf affecte d'une maladie de la peau.
laquo; Symptomes. — Tristesse, rumination et appetit diminues, lo­comotion lente, conjonctives et membranes buccales colorees, sali-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
vation argentee; le pouls est frequent, la peau recouverle d'une grande quantity de petits boutons analogues ä ceux qui existent dans röchauboulure des solipedes.
laquo; Traitement. — Saignee de 6 kilog., tisane de decoction de lai-tues, bourrache et oseille k la quantite de 12 litres par jour, et ä laquelle on ajontait 9 decigrammes de nitrate de potasse. Rögime: un peu de trefle vert, ean blauchie avec la larine d'orge ; 1'animal est place sous un hangar oü l'air circule librement.
laquo; Le 18, l'animal est uu peu plus triste; les boutons observes le 15 sout devenus arrondis, saillants, gros connne des noisettes et un peu douloureux au touclier; le pouls est plein et tres l're-quent; les membranes apparentes tres colorees; une bave abon-dante s'ecoule par les commissures des levres; les dejections alvines conservent leur etat normal, ainsi que les urines. Saignee de G kilog. Meine regime.
laquo; Le 23, meme etat; les boutons ont augments ile volume. Saignee de 4 kilog.
laquo; Le 25, la tristesse persiste; l'appetit est diminue, et Tanimal a sensiblement maigri; cependaat l'air expire est inodore, la ru­mination et les dejections s'operent bien; les membranes mu-tjueuses apparentes sont ä l'etat normal; rticoulement de bave a cesse, mais le pouls est encore frequent. Les boutons sont tres rapproches, notamment h l'encolure; ils ontdebeaucoupgrossi, et leur volume, terme moyen, egale celui d'une noix : il en est meine qui sont gros comme un (Euf de poule; leur surface est chagrinee. depourvue de poils, de couleur brune, ce qui leur donne l'aspect de verrues. Qnelques-uns se sont abcedes : il en est decoule uu pus de mauvaise nature, qui a forme en se (lessecbant des croü-tes de couleur noire. La cousislance de ces tuineurs n'est ni dure ni molle. Si on les incise, on remarque que leur tissu a de l'analogie avec celui de la substance tubulee des reins. raquo;
Lecoq et quelques-nns de ses confreres du Calvados sont restes dans rincertitude sur le caractere de cette maladie; ils ont bien remarque quelle ressemblait beaucoup h rechauboulure des solipedes ; mais, se trouvant dans une contree on cette der-niere affection doit se presenter rarement sur les animaux de fespöce bovine, en raison de certaines conditions climateriques et peut-etre bien du regime ordinaire auquel ces animaux sont soumis, ils n'ont pas trouve dans les souvenirs de leur pratique les elements du veritable diagnostic. Mieux place, sous ce rapport, je n'hesite pas ä reconnaitre dans l'atfection decrite ici par le savant secretaire de la Societe de inedecine veteriuaire du Calva­dos, rEflianboulure, teile qu'on pent I'observer tivs souvent, sous
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FODHBURE DU BOEUF.
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mi climat plus chaud, pendant ijue les bcenfs de travail sont nom-ris avec des fourrages artificials de la lamille des Leguminenses.
Et le dirai-je, moi, qui ai fait de la saignee un emploi si sou-vent repete? Lecoq a peut-elre abuse de ce moyen. Un bneuf alteint subitement d'un echauboulure qui ne parait affecter se-rieusemeut que la peau, sans produire sur les organes essentiels une inflammation sympathique, n'est pas en danger de mort, et une premiere saignee de 6 kilog. snffit pour retablir chez Uli I'^quilibre des fonctions et pour que reruption se termine assez promptement par la resolution. II est probable que si Lecoq se fut borne a une saignee et h mettre Tanimal malade ä an regime rafraichissaut, la resolution se serait completement operee du troisieme au quatrieme jour. Loin de la, voyant qu'elle ne s'oppre point, il fait de nouvelles saignees, et alors I'animal, trop aöaibli pour que se declare une reaction propre a amener la resolution, maigrit considerablement, et recbauboulure passe de l'etat aigu ä I'tHat chronique.
Ce que je viens de dire au sujet de l'observation de Lecu(j m'est inspire par l'etude des faits relates dans la description de ce veterinaire et par des observations qui me sont personnelles; car j'ai aussi observe I'Echauboulure, sous cette forme, sur des boeufs qui avaieut ete traites egalement par des saignees trop abondantes, pratiquees par des empiriques, forgerons ou autres, et, dans deux circonstances, par moi-meme; et j'ai pu ainsi achever de me convaincre que teile doit etre souvent rorigine de cette affection.
ARTICLE VI
FOURBURE DU BOEUF
Svsosymie : Forbature, Forhoiture, Apoplexie du pied, PodopMegmatite, Congestion ilu 'issu
reticulaire.
DeGnition. Fr^qnent-e. — La Fourbure, definie d'apres la lesion anatomique qui la caracterise essentiellement, doit etre conside-ree comme une congestion de 1'appareil keratogene ou secreteur de la corne : congestion qui peut etre suivie d'hemorrhagie, d'exsudations inflammatoires, et, en dernier lieu, do Thyperse-cretion de la matiere cornee. Cette deünition est celle que donue M. H. Bouley, dans le Dictionnoire de medecine veterinaire, article
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
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Fourbure, et je l'adopte entierement, comme celle qui me paraii la plus exacte.
Ou 1'observe fröquemment sur les animaux de l'espece bovine soumis ä un engraissement prolonge, et sur ceux qui sent em­ployes au labourage ou aux charrois de toute sorte. On a dit qne la Fourbure se manifestait plus rarement sur les boeufs que sur les chevaux, et je suis d'un avis contraire ayaat eu ä traiter pen­dant ime longue carriere un nombro ä pen pres egal de boeufs et de chevaux ou mulets : la Fourbure mquot;a paru beaueoup plus fre-([uente sur les boeufs, bien qu'en general de guerison plus facile.
Causes. — Pariui les causes predisposantes, il faut signaler d'abord l'imiction complete, pendant l'engraissement, de boeufs ou vaclies qui, avaut d'etre soumis ä ce nouveau regime, etaieut employes a un travail journalier et penible. J'ai souvent constate Taction de cette cause, et je m'explique pour quel motif on a pu dire (pie jamais la Fourbure ne s'attaquait aux animaux de l'es­pece bovine qui viveut eu stabulation, si abondante que soit la uourrilure qu'on leur donne, si riche que soit leur embonpoint et quelque longueur qn'ait pu acquerir la corne de leurs ongions: cela est vrai, en etf'et, an point de vue des auteurs qui out formule cette affirmation, par la raison bien simple qu'ils n'ont jias ete ä meme de voir des boeufs quittaut le joug pour entrer dans une etable et y recevoir, sans aucune transition, une nourriture tres abondante, pendant qu'ils restaient dans un repos absolu.
Jeconsidere done une nourriture ecliautfante et le repos absolu comme des causes qui peuvent etre predisposantes ä la Fourbure chez le bocuf. Quant a la longueur excessive des ongions, eile donne lieu ä l'engorgement inflammatoire du beulet, mais non k la Fourbure. Le repos prolonge, meme sans raccompaguemeiit d'une alimentation tres substantielle, est aussi une de ces causes predisposantes; ou voit de ces animaux habituellement soumis a un travail penible deveuir fourbus des quatre pieds, apres un sejour ä l'etable de deux mois, pour avoir fait une attelee seule, mais penible et sur des terrains difficiles.
Une nourriture echauffante administree ä tres forte ration, dans les premiers jours de l'engraissement, lorsqu'elle est com-posee surtout de tourteaux de liu ou de colza, de farine de vesces ou de froment, donne lieu ä la Fourbure subitemeut.
La Fourbure se declare chez les boeufs ferres ou non ferres qni ont subi un regime de preparation pour la vente. Beaucoup de ces animaux achetes par des cultivateurs de la Haute-Garoune, sur les marches du Gers ou de Lot-et-Garonne, sent atteints de la Fourbure eu arrivant dans les etables de ces cultivateurs. Ce
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FOURBUUE DU BOEUF.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 453
qui prouve d'ailleurs suraboudammeat yue I'utat plethoriquc est bien la cause premiere de cette maladie, c'est qu'on ne I'ob-serve presque point chez les ba3ufs de reforme que I'on acliete sur nos marches, pour les ameuer, ä d'assez longues distances, chez des proprietaires engraisseurs. Les boeufs de reforme sont maigres geaeralemeut quand ils sont vendus anssitot qn'iis out cesse de travailler, et il est alors bien rare que leur etat soit plethorique.
Je ne conteste pas que les boeufs dout la sole est usee par le parcours journalier s\n' des routes ferrees ou par le labourage de terrains durcis par la secheresse ou caillouteux, ou ccux de ces animaux dont la sole est raraollie par leur sejour dans des etables oil leurs pieds trempeut continuellement dans la bone ou un fumier mi-liquide, ne puissent etre atteints de la Fourbure; niais je crois avoir remarque que dans ces circonstances ce n'esl point la Fourbure qniles aflecte ordinairemeut, mais une inflam­mation exclusive des tissus sous-jacents ä la sole qui se prodnil par des ecchymoses ou des bleimes, ce qui est bien diflereut, car la claudication occasionuee par la sole contusionnee ou sole battue se guerit immediatement par I'application d'un ou de plusieurs fers. Et la Fourbure guerirait-ellc par ce moyen seulement? D'ailleurs les symptomes do la Fourbure different de ceux {[ui resultont de la sole contusionnee, comme nous le verrons en traitant de ces symptomes.
Enlin, pour mieux expliquer ma pensee, je dirai que, dans le plus grand uoinbre de cas de fourbure, cette atFectiou se mani­feste chez les boeufs ou vaches qui, apres avoir recu une nourri-ture de preparation ä In vente ou d'engraissement, sont mis en route pour une destination eloignee; ce qui ne m'empeche pas d'admettre qu'elle puisse se declarer quelquefois par le sent fait de la marche de ces animaux sur des chemins pierreux, ine-gaux et chautfes par le soleil.
Symptomes. — La Fourbure aflecte ordinairemeut les quatre pieds de ranimal, mais ä des degres variables, et non pas tou-jours tons les onglons. Lorsque les quatre pieds sont aflectes. ceux des membres posterieurs le sont habituellement avec plus d'intensite que ceux des membres anterieurs,par laraison qu'ils out, dans les divers mouvements de locomotion, ä supporter plus longtemps le poids du corps; mais, en realite, les alterations qui resultent de la Fourbure sont toujours plus graves aux pieds anterieurs qu'aux pieds posterieurs.
Le boeuf atteint de Fourbure a les membres rassemblös, avec cette difference que les membres anterieurs, dont I'appui se
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MALADIES GfiNERALES DIVERSES.
fait plus particulierernent sur la pointe de Tongion, ne sont por-tes en an-iere pendant la station qu'en se ployant vers las rayons inferieurs, tandis que le haut de l'epaule et Tarticulation scapulo-liumörale se portent en haut et en avant.
La station du boeuf fourbu n'est point caracterisee par uue immobilite complete. Get animal souleve les pieds presque ä cha-que instant, il pietine, et c'est ce qui distingue chez lui la four-bure de la sole contusionnee, Dans ce dernier cas, le hoBuf ne tient pas le dos voütö ou vousse, corame Ton dit; sa station est paisible, exempte de piötinement, pourvu que ses pieds reposent sur la litiere ou sur un terrain uni, gazonne.
C'est, je crois, pour ne pas avoir fait cette distinction ef term compte du pielinemeut que Ton a confondu deux maladies, ou du moins deux formes d'uue maladie, grave quand eile est la Fourbure, et tres benigne si eile se caracterise uniquement par desbleimos. Le boeuf atteint de bleimes seulement ne perd point son appetit; si ses pieds reposent sur une bonne litiere, il mange, rumine, s'etire absolumenl comma dans l'etat de sante.
S'il est fourbu, il reste conche tant qu'on ne le force pas ä se relever; il perd lappetit, ne rumine presque pas; il a tons' les membres engages sous le centre de gravile; il est tres sensible a la pression des reins; sa peau esl seche, adherente aux parties sons-jacentes; son pools est plein, tumultueux, et il maigril avec une rapidite eft'rayante ; en quelques jours, deux ou trois tout an phis, il a perdu .son ventre, qui est retracte, corde.
Dans les cas de bleime, on ne remarque rieu de pareil. I/ani-mal ne parait souft'rant que lorsqoe ses pierls font leur appoi sur des corps durs et raboteux, tandis que la claudication du benuf fourbu est, beaucoup plus apparente et semble plus douloureuse lorsqu'il marche sur un sol moins resistant. Par exemple, il marche avec plus de ditliculte sur la litiere de l'etable que sur le sol uni.
Quand la Fourbure esl tres intense, comme chez les bteufs en-graisses que Ton met en route sans aocane precaution en leur fai-santparcourir une distance relalivemeutlongue, äune allure plus nllongee que celle qu'ils prennent babituellemenL et lorsqoe la maladie s'est manifestee par une congestion subite et considera­ble, eile amene promptement ledecollement ou le desengrenement du sabot, et alors l'animal eprouve des doulenrs excessives; il se conche sur les routes, dans les champs, aussitöt qu'on cesse de Faiguillonner, et il est bien soyvent impossible de le faire lever. Alors on est tres souvent force de le faire transporter du lien oil il s'est conche, ou, pour mieux dire, oü il est tombe. jus-qu'au plus prochain abattoir.
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Si la Fourbure a une marche moins vive et. qu'elle ne soil pas combattue ä temps, le decollement du sabot commence a se faire dans les premiers huit jours ä dater de linvasion. Alors le boulet s'engorge jusqu'au sabot, et la peau forme snr la cou-ronne un bourrelet saillant qui deborde la surface externe de la come et se renverse par dessus eile, de maniere, comme la dit M. H. Bouley, qne le biseau de Tongion est comme encastr6 daiiÄ Fepaissenr de cette tumeur.
laquo; II y a lä,dit-il, un veritable etranglement cause par le dt'fanl, d'extensibilil.6de la corne qui ne s'est point pretee äl'effort excen-trique des tissns sous-jacents dent la congestion a augmente le volume; dans I'espace interdigite, ce phenomene est moins mar-qn6, parce qne, en cet endroif, la muraille etant moins epaisse et plus flexible, eile oppose une moins grande resistance ä Taction des tissns sous-jacents. De ce cote anssi, l'adhörence est moins intimeentre ces tissus et la corne qui les revet, et. leur desn-uion s'effectue avec plus de facilite.
laquo; Deux on trois jours apres l'apparition de ces premiers symp-lomes, le bourrelet cutanö (jui forme relief au-dessus de l'ongle reflete une teinte noire, due ä des suffusions sanguines dans son epaisseur; I'exploration avec le doigt fait reconnaitre au-des-sous de cet organe un commencement de desnnion du biseau; la corne de l'onglon est. exlremement dure et seche, on a de la peine h Fentamer avec des instruments appropries: percutee, eile rend un son creux. Ce sont les sigues certains que ces attaches aux tissns sous-cntanes sent rompues dans une grande etendue. raquo;
Cette description des phenomenes du desengrenement de l'ongle est tres exacte en C(! (jui concerne la Fourbure dont la marche n'a p;is ete pour ainsi dire foudroyanl.e, comme cela se fait, remar-quer dans les cas de fourbure des IxBiifs gras que Ton a mis en route sans aucnne espece d'entralnement. On a vu des boeul's per-dre des onglons absolument comme s'ils eussent, ete arrachespar une seule seconsse, par exemple lorsque le pied d'un de ces animanx s'est trouve pris sous la roue d'une charrette pesamment chargee.
Si, dans les cas de Fourbure ordinaire, le desengrenement s'annonce par le snintement d'une serosite sanguinolente d'une couleur foncee ä l'origine de l'onglon (jui alurs se s^pare sponta-nemeut on pjut. etre detache par une simple seconsse, les choses ne se passeut pas absolument de cette maniere dans la Fourbure que j'appellerai suraigue on des bieufs gras.
Du moment on la claudication commence, l'onglon est brulant; la plus legere; compression qu'on y exerce semble faire eprouver ä l'animal la plus vive doulenr, et j'avoue qn'h mon tivs grand
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^tonnernent, lorsquej'ai observe ce ph'önomene pour la premiere fois, j'ai vu le decollement se produire sans qu'il existät aucuu engorgement ni au beulet, ni ä la couronne; il devenait apparent par un suintement hemorrhagique qu'on remarquait ä la ligne divisoire vers les talons, et la chute du sabot etait accompaguee d'une hemorrhagie tres considerable; les feuillets etaieut d'un rouge tres vif sur quelqnes points, et sur d'autres tellement noiratres et desorganises, que Ton aurait Men pu croire ä la gan­grene.
La chute de roiiglon n'a point lieu daus tous les cas, meine dans ceux oil la maladic n'a (te eurayee par aucun moyen. Le decollemeut n'est, le plus souveul, que partiel; il a lieu ordi-rement, mais pas toujours, vers les talons, et il s'annouce aussi par uu suintement sero-sanguinolent si la fourbure est receute, et par un suintement d'uu pus liquide noiratre et d'une extreme fetidite, si eile date de plusieurs jours.
II est 6galement vrai que le dtjcollement de la sole pent se pro-pager ä la muraille, c'est meme ce qui arrive toutes les fois que Ton n'a pas eu le sein de donner issue a Fexsudatiou , surtout si celle-ci existe du cote interne ou dans I'espace interdigite. Cela pent d'ailleurs se produire egalemeut du c6t(5 externe.
Eu traitaut de la bleime, je douuerai rexplication de quel-ques autres phenomenes morbides qui out ete decrits comme dependant exchisivemenl de la Fourbure, la suppuration par exemple.
iiiarciie. DarCe. Tenninaisons. — La marche de la Fourbure est rapide; on vieut de voir que son invasion se fait brnsqnement et que les symptonies se manifestent avec une grande intensity. Sa duree n'est pas longue : eile est de huit, dix ou quinze jours au plus, si le traitement appropriö est employe des l'invasion de la maladie, ce qui n'est pas difficile a obtenir, puisque ce traitement est fort simple, comme je le dirni plus loin, et que le diagnostic n'est jamais doutenx. La Fourbure n'a de longue duree que lors-qu'elle n'a pas etc combattue en temps opportun. Je ne parle ici, bien eutendn, (jue de la Fourbure qui pent attaquer les boeufs de travail uon engraisses; car, pour plusieurs raisons qu'il est inutile de rappeler. ceux qui out ete engraisses ne peuvent finir qu'ä l'abattoir.
Done, je ne parle pas dans ce momeut des boeufs qui sout affec-tes de la Fourbure ä la flu de leur engraissement, et je dis quelle nquot;a pas une longue dur^e si elle^a ete combattue en temps oppor­tun. Daus le cas contraire, et s'il y a eu decollement considera­ble de l'ongle ou chute complete de cet orgaue, la guerisou radi-
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cale peut se faire atteudre de im inois el demi ä deux mois, ou meme trois.
La terminaison peut etre presque toujours la resolution, olaquo; bieu se caractöriser par des lesions qui doiveut la iaire co.'isidörer comme etant passee ä l'etat chronique.
Lesions patiioiogiques. — Des riiivasiou de la maladie, les alte­rations consistent daus une congestion simple ou liemorrhagique de rappareilktratügeneetparticulierement du tissu podophylleux. Les tissus sous-corn6s sont dans une turgescence sanguine, qui se caractörise objectivement, comme le dit M. H. Bouley, quand on les döpouille sur le vivant de la corue dont ils sont revetus, par leur coulenr rouge fonce et une sorte d'eretliisme. Lorsqu'on les presse sous les doigts, on constate que leur epaisseur est aug-mentee, et qu'ils sont distendus par le sang qui les gonfle.
Si la Fourbure date de quelques jours, dejä les adlierences sont diminuees sur plusieurs points entre la paroi et le tissu podo­phylleux. Les feuillets offrent une teinte jaune rougeätre resultant de leur infiltration par de la serositesanguinolente exsudee de la trame du tissu podophylleux.
Si la congestion de ce tissu a ete suivie d'hemorrhagie, le desengrenenient est complet dans une certaiiie etendue.
A la periode exsudative de la Fourbure, on constate, sous la paroi desengrenee, dont les feuillets offrent une teinte rougeä­tre, la presence d'une mauere fibrineusejaunätre, etalee en mem­brane mince ä la surface du tissu podophylleux.
Quand rinilamination resultant de la Fourbure ou plutot de la bleime, se tennine par la suppuration, le tissu podophylleux, transforme en appareil pyogenique, conserve cependant les carac-teres qui lui sont propres.
La gangrene consecutive ä la Fourbure est caracterisee par la couleur livide des tissus sous-cornes el la flaccidite de leurs pro-cessus ; ils sont completement exsangues.
Souvent I'exsudation sanguine qui a 6te la consequence de la congestion reste bornee, ou ä la region que recouvre la sole, ou sur un des cötes, ou Men ä Fextremite anterieure de l'onglou qui se trouve separe de Tos du pied. Dans ce cas, la corne esl seche, dure et sonore ä la percussion. J'ai remarque plusieurs fois une deviation de l'os du pied et des croissants Men caracte-rises ä la face plantaire, des fourmilieres egalemcnt.
Diaenostio. Prunnstic. — La Fourbure pent etre confondue avec la bleime ; rnais en se rappelant les symptomes caracteristiques de la Fourbure, le diagnostic ne peut jamais etre incertain. Dans la Fourbure, I'animal place sur ses membres, les tient engages
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sous le centre et il piötiue presque continuellement. Dans le cas de bleime seulement, ses membres restent places dans leur position normale, si le terrain est uni ou s'il est reconvert de litiere, et le boeuf ne piötine guere que du seul pied qui est at-teint d'une bleime, et encore faut-il que celle-ci soit suppuröe et qu'il se fasse un travail de decollement, pour que Tanimal tömoigne, par de rares pietinements, d'une douleur tres vive.
Le pronostic de la Fourbure des bucufs engraisses esl toujours fächeux; il ne reste, dans ce cas, qu'une seule ressource, c'est l'abatage de ranimal pour la boucherie.
Si la Fourbure est aigue chez les boeufs non engraisses et si le traitement est applique sans retard, le pronostic n'est jamais defavorable : la resolution est des plus faciles h obtenir.
Si la Fourbure esl chronique, il est assurement moins favora­ble, puisqn'il faut prevoir une perte de temps plus on moins lon-gue, ramaigrissement de l'animal et son rötablissement com-plet tres difficile h obtenir, tant que la Fourbure lui occasionne quelque doiüeur. Aussi est-il de la derniere imprudence de con-seiller rengraissement d'nn booulquot; atteint d'nne fourbure aigue ou chronique avant d'avoir traitecette affection avec succrs.
Traitement. — On commence par faire ä la jugulaire une ou plusieurs saignees, suivant l'etat de l'animal, son äge, et suivant rintensite des symptömes, et Ton tient les pieds mouilles cons-tamment avec de l'ean froide. Ces moyens essentiels sont comple­tes par la diele, des boissons ou des breuvages mucilagineux en aboudance, des lavements.
Si, dans les deux ou trois premiers jours, ce traitement n'a pas ainene ä pen pres la resolution complete de la congestion, on fait sur le couronnement des onglons de profondes mouchetures qui domieiit lieu h une hemorrliagie arterielle locale tres abondante el d'une grande efficacite. On voit des boeufs gras atteints d'une fourbure bien caracterisee pendant qu'ils sont en marche pour arriver ;i jour fixe ä nn marche, el qui, i)ar le seul effet de cette saignee locale, arrivent assez bien k cette destination. Aussi doit-011 pratiquer des mouchetures de ce genre, toutes les fois que la resolution ne s'est pas operee rapidemont.
Pendant longtemps, j'ai fait donner aux boeufs atteints de la Fourbure aigue des boissons nitrees. .T'y ai renoncö, et je les remplace par des boissons rafraichissantes non nitrees. L'admi-nistration du nitrate de potasse me parait pen rationnelle dans tons les cas de congestion sanguine aigue, et je dois ajouter qu'en effet l'experience m'a dömontre que par les boissons pure-ment rafraichissantes le resultat est plus prompt et plus favorable.
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Taut qu'on n'a pas ä soupconner I'existeuce dune exsudatiou plus ou moins abondante et le decollement d'une partio de l'on-glon, on se borne ä faire prendre des bains dans I'eau courante, et ä defaut de celle-ci, dans l'eau des viviers, des mares, ou bien on les remplace par des lotions refrigerantes; mais, apres une amölioration produite par la saignöe, on fait des frictions d'essence de terebenthine aux rayons inferieurs des membres dont les on-gles sont le siege de la congestion.
Lorsque le decollement n'existe qu'en partie, on pare le pied, on enleve toutes les portions de l'ongle desengrenees, et Ton pause les plaies avec des pluniaceaux imbibes d'essence de tere­benthine, maiatenus, soil par un fer, s'il est possible de l'ap-pliquer, soit par un bandage forme de l'enroulement d'un ruban de fil sur les pluniaceaux. Que ce soitau moyen du fer ou par le bandage forme avec le ruban de fil, la compression des tissus doit 6tre assez forte sans etre excessive. Au reste, on reconnaU bien-tot si eile s'exerce dans ce terme moyen; car des que le pause-ment est termine, la rnarche de 1'animal est plus assuree; landis (jue si la compression est trop forte, la claudication devient plus apparente.
Si I'onglon est en tres grande partie detache, on Fenleve comple-tement avec les precautions necessaires pour ne pas leser Tos du pied ; puis on place I'appareil maintenu au moyen d'un ruban de fil tres exactement enroule, les toiu-s de cette bands etantagglu-tin6s entre eux et aux pluniaceaux, au moyen de la poix noire, ou mieux d'une preparation de dextrine, de maniere ä ne plus se deranger. Ce bandage est aiusi place ä demeure. L'animal appuie dessus, la corne se regenere, et au bout d'un certain temps, nn ou deux mois tout au plus, ce bandage s'est use et I'DDglon s'esl entieremeut reforme.
Je n'applique jamais des catnplasmes emollients sur les onglons; d'abord, il est fort difficile de les y raaintenir, et raremeut les animaux soul assez dociles pour qu'on puisse les fixer com-modement; on n'a pas toujours pour cela un travail k portc^e. Je remplace les cataplasmes par des onctions de graisse assez consistante, de suif de mouton par exemple, et d'ailleurs je ne fais emploi de ce topique que lorsque je me propose d'enlever une portion de l'ongle.
Ce traitement est fort simple, comrne on le volt, et lorsqu'il est mis en pratique sans retard et avec soin, il est toujours effl-cace, sauf, comme je l'ai deja dit, quand il s'agit de la fourbure. des bceufs engraisses.
Si ä la suite de la fourbure il s'est forme des croissants a la
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face plantaire, il est assez facile, ces croisSauts u'etant jamais tres volumineux, de faire travailler les animaux sans qu'ils boi-tent, en leur appliquant un fer avec nne ajusture süffisante, et assez fort pour que le boeuf puisse le porter longtemps sans que I'ajusture s'affaisse. Ce fer n'a point sous l'onglon du bceuf les menies inconvenienls que le fer k bords renversös que Ton appli­que sous le pied du cheval fourbu. II est rare que les deux on-glons du boeuf soient ögalement deformes par la fnnrbure chro-nique, et je n'ai jamais vu qu'il y eut obligation de ferrer les deux onglons avec des fers fortoment bombes. On pourrait aussi faire usage, avec avantage, de la ferrure Gharlier.
ARTICLE VI
FOURBURE CHARBONNEUSE Stmonymie : Bceuf lauzertat, B. luzat, B. pumit.
Definition. Frequence. — La maladie dent j'ai ä m'occupei-s'observe frequemment sur les bfjeufs gras, quo ['on met en route pour les conduire ä leur demiere destination, et Ton ne s'aper-coit guere de son existence (pie quelques heures seulement avant qu'ils soient abattus. On ue I'a pas encore observee sur les veaux, ni meme sur les vaches.
Les auteurs qui out ecrit sur les maladies de l'espece bovine ne s'en sont pas occupes jusqu'ä ces demieres annees, et cela pour deux raisous principales : la premiere, c'est parce qu'ils etaient rarement appeles pour soumettre ä un traitement les ani­maux frappes de cette affection, puisque, le plus souvent, c'est le bouclier qui en reconnait I'existence au moment oü il doit en de-biter la viande; la soconde raison, parce que cette maladie n'etait pas cousideree coinme un vice redhibitoire, et que les boucbers restaient ii peu pres maitres de vendre ou de ne pas vendre des viandes malsaines. II y avait Men des ordonuances de police sanitaire qui auraient pu recevoir k propos de cette maladie nne application judicieuse, mais on ne songeait guere k ces ordon­uances que dans les cas d'epzootie.
Elle n'avait done pas encore ete decrite, lorsque M. le docteur Cabiran en fit le sujet d'un memoire publie dans les Annales de VAgriculture, tome XVIII, page HS.
Le nom de lauzertat derive de lauzert, mot patois qui signifie lezard, et cela parce que la viande du bceuf attaint de la maladie
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FOURBURE CHARBONNEUSE.
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ilont je parleprend une couleui^verdätre, tachöe de plaques jaunes. Causes. — L'engraissement est une cause predisposaute de cette maladie; on uo saurait en douter, puisque le boeuf lauzertat est toujours un vieux boeuf de röforme engraissö. Et cela esl facile ä comprendre, quand ou sait que les boeufs de reforme sont d6jä epuises et ont le sang appauvri lorsqu'ou les soumet ä un regime qui tend ä faire diminuer la quantite normale des globules rou­ges. Dans ce regime, le repos complct est un des elements qui, dans cette circonstance, doivent joner le principal röle. Ainamp;i les causes pr^disposantes sont ; une constitution döbile, un sang pauvre en globules rouges, le repos complet et une alimentation combinee tout expres pour faire predomiiior le Systeme muscu-laire et le Systeme adipeux sur tons les autres systemes. Cba-Jiert et Huzard ont dit que les animaux longs de corps, hauts sur jambes, bas du devant, y sont le plus disposes, parce qu'avec une pareille conformation, les muscles des lombes etant ceux qui, durant les mouvements ä operer pour soulever le col, la poitrine, les membres anterieurs et tout le train anterieur, agissent le plus, doivent aussi etre ceux qui öpronvent le plus de fatigue. Cette explication de Chabert et Huzard est une pure hypothese ; j'ai vu im grand nombre de boeufs atteints de cette maladie, et juste-inent ce sont les boeufs gaseous qui forment la plus graude part. Ils sont pourtant, en general, d'une conformation tres reguliere, taudis que les agenais et les quereys, ([ui se rapprochent le plus de la conformation considöree par ces auteurs comme une cause predisposaute, sont tres rarement affectes de la lauzerte. Et pour-quoi? parce qu'on les engraisse ä un Ago inoins avance que les gaseous, et avant qu'ils soient arrives ä la decrepitude; taudis que le boeuf gascon, conserve long temps pour le travail, u'est engraisse que lorsqu'il ne pent plus etre employe aux travaux des champs. Aujourd'hui, on agit avec plus d'intelligence. Les bouchers sont persuades que les boeufs dent le mufle est evase, ce qu'ils appelleut camard, et dont les comes sont d'une teinte verdätre, y sont plus exposes que les autres, ainsi que ceux qui ont l'encolure courte et renforcee : conformation qui estbieu celle des boeufs de race gasconne.
Cette maladie est plus commune en ete qu'en hiver. On a dit aussi qu'elle etait plus intense dans cette saison; mais on ne saurait etablir des degres d'intensite dans une maladie qui serait toujours mortelle, si Ton ne se hätait de sacrifier les animaux.
Un boeuf est restö quatre, cinq ou six mois, sans sortir d'une e table, et puis il arrive un jour, alors que ses muscles ont pris nn grand döveloppement et perdu leur puissance contractile, qne
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toutes les mailies du tissu cellulaire sont distendues par des masses graisseuses ou transformees, qua le sang circule len-tement et que sa quantity normale se trouve considerablement diminuee, que le boeuf est menö hors de l'etable, oil il a vecu si longtemps sans que ses forces musculaires fussent exercöes, pour faire uu voyage relativement toujoars long et penible. Ajoutez ä ces causes les mauvais traitements qu'eprouve cet animal de la part d'un conducteur brutal, persuadequ 11 n'a plus alemenager. La est pcut-ctre la cause occasioiinelle, uiiique, de la lauzerte, et cequile prouve, c'est que, d'apres les recherches que j'ai faites avant d'ucrire ces lignes,j'aiacquis la certitude que lamaladiene s'observe plus sur les bceufs que Ton fait, voyager en chemin de fer.
Tessier ne pense pas que les päturages marecageux dans les-quels les bojufs sont obliges de faire des efforts pour retirer leurs membres de la boue, ce qui d'ailleurs ne pourrait etre qu'acci-dentel, puisse etre la cause de cette maladie; mais il n'est pas dans le vrai quand il ajoute que Taction de se chevaucher en route ou daus les päturages ue puisse pas roccasionner si les bceufs sont gras.
SyniptAmcs. — Le bceuf chez lequel la maladie commence a se declarer parait d'abord plus fatigue que les autres bceufs s'il fait partie d'une bände; s'il est seul ou accompague,on voit que sa marche se ralentit; il se couche en route et ne se releve qu'avec peine; quand il marche, il ecarte les membres posterieurs, aiusi que les membres anterieurs, en voussant Fepine dorsale. Ses epaules s'ecartent du corps, comme si elles en etaient complöte-ment separees; il tientla tete basse, et son haleine est d'une ex­treme fetidite. Ce Symptome seul ne prouverait pas que la mala­die se declare, parce que Ton voit beaucoup de bceufs vieux, ayant des ulceres dans le poamon, presenter le memsphenomene d'une maniere tres remarquable. — II est inutile de s'attacher aux symptomes que Ton appelle generaux, tels que la perte de l'appetit, la non rumination; les bceufs gras fatigues, quoique non malades, rumiuent tres pen et ne mangent pas.
Harchc. Dar6c. Tcrininuisons. — II serait assez difficile de de-crire la marche de cette maladie. Uu boeuf arrive a I'abattoir, il est tres fatigue, on distingue en lui les symptömes de la maladie, mais il est abattu sur-Ie-cbamp. II est pourtant presumable que si l'abatage etait retarde de quelques heures, I'animal pourrait bien succomber en peu de temps ^I'etat daus lequel on trouve les chairs apres la mort le prouve sufflsammeut. Ainsi, la termi-naisoa de la maladie serait la mort.
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i.osions pathologiqnes. — M. Cahiran considere cette maladie comme une alteration des portions charnues du train de derriere, en raison de ce qu'il n'a trouve que les muscles dorsaux et lombai-res verts et corrompus, tandis que les sous-cutanes lui avaient paru sains. II s'etonne que les os ne soient point caries. II a pour-tant remarque qu'en les coupant, il suintait de leurs cellules un sue de couleur brune, tandis que la coupure restait blanche et vermeille dans I'etat sain. II dit que quelquefois le.s tuniques de la moelle epiniere sont dans un etat maladif, mais que les. vis-ceres sont communement sains. Si apres I'abalage on enleve la peau et si Ton veut s6parer la tete du con, comme les bouchers out l'habitude de le faire, et qu'il ne s'ecoule pas de saug du ca­nal vertebral, on peut etre assure que la maladie existait, et que la viande, malgre son aspect sain, se corrompra promptement. Cette circonstance remarqu^e par les bouchers, qui s'empressent alors de debiter la viande, est uue preuve de 1'alteration du sang.
Le cadavre dun boeuf dont les chairs paraissent belles, mais qui a le germe de la maladie, se corrornpt entieremeut dans les vlngt-quatre heures qui suivent son abatage. La putrel'action commence d'abord dans la region lombaire, se continue snr les parties posterieures, et enfin eile gagne, generalement, toutes les parties molles.
Mes observatious sont presque semblables de tons points a celles du doctenr Cabiran; et voici maintenaut le resultat d'une au-topsie faite a l'Ecole vet6riuaire de Toulouse par M. Lafore :
laquo; Le boeuf mort fut porte ä l'Ecole; il avait ete achete deux jours auparavant au marche de Toulouse. II avail ete amene do Moissac a cette derniere ville, faisant le trajet de 6 myriametres dans une unit, el. il avait ete abattu la veille au soir.
(i L'autopsie ne put avoir lieu que dix-huit heures apres I'abatage; la decomposition cadaverique etait commencee : boeuf gras, äge de neuf ä dix ans; au-dessous de la peau, stase et injection du tissu cellulaire sous-cutane ; ecehymoses assez larges, formant des plaques pointillees dans diverses parties du tissu cellulaire, tres nombrenses sous l'epaule et sous le bras, entre les muscles grand-dentele de l'epaule et le sous-scapulaire; elles 6taient ega-lement nombrenses ä la region de l'encolure, autour des caroti-des et des jugulaires; des petechies existaieut sur le nevrileme du pneumo-gastrique, la substance meme du nerf etait alteree et prtisentait mle couleur jaunätre tachee de stries sanguines; tout le tissu cellulaire de la region trachelienne etait gorge de sang noir et liquide; on remarquait parmi le tissu cellulaire de l'hypochondre droit une large tumeur noirätre gangreneuse.
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t6inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GilNERALES DIVERSES.
laquo; Abdomen. — La pause etait garnie d'aliments grossierement tritures, son epithelium, totalement söpare, laissait k nu la mu-((ueuse, sur laqnelle on remanjuait une injection, des petöchies et des ecchymoses nombreuses d'un rouge vineux; le feuillet ofFrait une injection et des traces semblables ä celles de Tinflam-mation adynamiqiie, laquelle ne reflete pas le rouge vif de rinflam-mation frauche; la mucjueuse de la caillette preseutait les memes lesions. Ce quatrieme estomac contenait, ainsi que rintestin gröle, un li([uide epais, rougeätre, semblable h une forte decoction de quinquina. Tout le tube intestinal reflötait une couleur d'nn rouge vineux on violet, et sa inuqueuse, uniformement coloree par suite de la stase et de rengorgement adynamique, olfrait le vrai type de cette inflammation adynamique, speciale aux affections typholdes, dans lesquelles le sang, altere, dissous, semble s'arre-ter, engorger les tissus par suite d'un dtifaut d'innervation, d'un ('#9632;puisement de forces de la vie. Le foie somblait etre cuit; il etait engour de sang noir et liquide, le volume de ce viscere etait sensiblemeut augmente et son parenchyme ramolli; la vesicule du fiel etait distendue et pleine de bile ; la rate etait ramollie et remplie d'un sang noir, epais, non coagule; la substance des reins etait flasque, eile s'ecrasait facilement sous les doigts, et refletait une couleur rouge noir; la vessie etait entouree d'une matiere gelatineuse rouge orangöe ; eile contenait un liquide rous-sätre ; sa membrane muqueuse etait tres injectee, surtout vers le col; eile presentait aussi une teinte d'un rouge fence et vineux ; le pöritoine, les mesenteres, I'epiploon, etaient aussi injectes et parsemes de petechies et d'ecchymoses violacees.
laquo; Thorax. — Les poumons gorges et engoues d'un sang noir, liquide, dissous, refletaient une teinte verte violacee; les plevres etaient colorees comme le peritoine, et leurs sacs contenaient un liquide sanguin, uoirätre et dissous. Le coeur semblait cuit, quoi-que assez dense : il etait,de couleur rouge noir; le sac pöricardien etait de la mcme couleur et contenait un liquide uoirätre sangui-nolent. Dans les ventricules, dans les oreillettes, il y avail du sang noir, liquide, dissous, dans lequel se trouvaient quelques caillots tres pen consistants. Les gi-os troncs veineux avaient, comme les cavites du coeur, une couleur rouge cramoisi uniforme, sans arborisation; cette coloration existait aussi dans les arteres, avec la meme uuiformite de couleur, comme si on les eiit trem-pees dans un liquide colorant; cette couche envahissait la mem­brane interne de ces vaisseaux^ le tissu cellulaire sous-sereux, et ne colorait que la face interne de leur membrane moyenne. Cette coloration du Systeme vasculaire s'etendait fort loin du
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FOIJRBUHE CHARBONNEUSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;465
coeor dans les arteres, ainsi que dans les veines, et le sang que renfermait les gros troncs veineux etait noir, liquide et dissous.
laquo; Tete. — Les sinus frontanx couteuaient un liquide sanguin noir, et la membrane muqueuse qui les tapisse avait la meine couleur que ce liquide ; les möninges 6taieat iujectees, ainsi que le plexus choroide; les capillaires de la pie-mere etaient remplis, eugoues d'un sang noir et liquide, qui formait des petöchies. des laches noirätres ; la substance cerebrale avait ;i peu pres conserve sa density, mais eile etait plus injectee qu'a I'ordinaire par un sang noir qui eu sortait par gouttelettes; dans les ventricules, il y avait une certaine quautite de liquide jamultre. raquo;
J'ai reproduit la description qui precede;, sans en approuver ni loutes les exjiressions, ni toutes les explications, mais simplemeut comme un document k consulter, apres en avoir degage le sens de la forme un peu insolite. Ce document est d'ailleurs i'oeuvre de deux hommes appartenant an corps enseignant, qui out cm , en conscience, ne pas devoir negliger un seul detail; ils out eu [icnt-etre raison d'en agir aiusi : la maladie qui ötait le sujet de leurs etudes ;i ce moment leur etait ä peu pres inconnue aupara-vaut, et ils auraienl craint, en laissant passer quelques details. de perdre une occasion de s'eclairer completenieut sur son veritable caractere.
Getto autopsie, teile qu'elle est decrite, est pour moi une non-velle preuve que les bceufs dits Lauzertats sent affectes d'une maladie resultant de ralteration du sang.
Diagnostic. Pronostic. — Pour etablir le diagnostic, il n'y a qu'a se rappeler quelles out ete les causes predisposantes et les causes occasionn^lles; alors les premiers symptomes denotent suffisamment quel peut etre le caractere de la maladie. Quant au pronostic, il se forme d'apres les monies elements, et, dans tons les cas, on peut assurer qu'il est fächeux.
Inutile de s'occuper d'un traitement curatif quelcouque, puis-qu'il serait inövitablement infructueux. Toute I'attention doit se porter sur le traitement preservatif qui consiste dans une seule indication a remplir :
Eviter aux vieux bceufs engraisses un deplacement trop pöni-lraquo;le; et sil n'existe point de moyens de transport faciles, commo­des et peu dispendieux pour faire arriver ces auimaux sur les mar-dies on ils doivent etre remis ä leur dernier acheteur, il faut les mettre en route, en ayant soin : 1deg; de ne pas leur laisser prendre un repas copieux peu de temps avaut leur sortie de ratable quand ilsvout etre mis en marche; 2deg; dene leur faire parcourir d'abord qu'un trajet de peu d'etendue et an tres petit pas, en augmen-
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MALADIES GENEHALES DIVERSES.
taut progressiveineiit la longueur du pas et la longueur du trajet; 3deg; de s'abstenir de les exciter h la marche par des coups, quelque peu violents qu'ils soient, sur aucune partie du train posterieur; 4deg; de ne leur douner que tres peu d'aliments solides et de les abreuver plusieurs fois dans la journöe avec de l'eau blanchie, distiibuee en petite quantite chaque fois.
G'est par ce meme regime qu'oa leur evitera d'etre atlectes de la Fourbure simple.
CHAPITRE II
Maladies de la Peau.
Chez les animaux de i'espece bovine, les maladies de la Peau ue sont pas aussi nombreuses que sur les solipedes, et leur clas­sification est peu facile. II eu est qui Interessent la peau seule-ment; d'autres Interessent en meme temps le derme et les tissus sous-jacenls; d'autres sont produites par la presence de parasites. Nous etudierous'celles d'entre elles que Ton a le plus souveul occasion d'observer.
ARTICLE PREMIER
VERHUES
Definition. Frequence. — Les VeiTues sout de petites tuineurs cutanees, indolentes, de forme irreguliere, mollasses, ordinaire-ment sessiles ou pediculees, ä surfaces lisses ou rugueuses ef divisees en papilles, ayant leur siege sur toutes les parties du corps : sur les paupiöres, an chanfreiu , autour des naseaux, ä l'encolure, derriere les coi-nes, aux extremites, a la queue, jjlus particulierement dans le bouquet de polls qui termine cet orgaue. On observe frequemment des verrues chez les animaux de l'especc bovine.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
Causes. — Elles sont inconnues. On a indiqiui le jeune age, Le temperament lymphatique, comme causes predisposantes; mais j'ai
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VERRUES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 4laquo;?
en occasion d'observor des verrues chez des aniinaux de tout age, eu boa ou eu mauvais etat; d'un autre cöte, Ton sail que le bceuf, quand sa constitution n'a pas ete döterioröe par uu mau­vais regime, est, surlout quand il appartient aux races travailleu-ses, d'un temperament plutot sanguin que lymphatique.
On a parle aussi du frottement comme d'une cause occasionnelle des verrues; il. n'en est rien. Le frottement pent occasionnei- des duriilons, des ecorchures, un epaississement du derme, qui nquot;est qu'un plilegnion indure; mais on ne voit pas survenir de venues dans cette circonstance.
SymptAmes. — En definissaut ies Verrues, j'ai dit quels soul les principaux symptomes de ces productions; je dois ajouter qu'elles ne sont point douloureuses, et qu'elles sont quelquefois accompagnees de prurit : dans ce cas, elles deviennent doulou-leuses si I'animal a pu se frotter vivement sur un corps ä sa portee, ou si avec la langue il s'est vivement gratte. Par Feffet d'un frottement thiergique, les Verrues peuvent se trouver modi-flees dans leur etat et prendre un caractere inflammatoire : c'est alors qu'elles augmentent de volume, qu'elles prennent la conleur rougeätre, de brunes qu'elles etaient, et qu'un suintementalieu, soil de leur base, soit des crevasses qui se sont formees ä leur sur- ' face. Dans ce nouvel etat, les Verrues sont designees sous le nom de poireaux, el leur gravite s'est accrue.
Marche. Dur6e. 'rcrminaisons. — Les Verrues apparaissent sou-vent en tres pen de temps; d'autres Ms leur marche est assez reguliere, mais leur d£veloppement est lent k se faire : elles ne sont, d'abord, pas plus grosses qu'une fete d'epingle, puis ce volume augmente, et Ton voit souvent de petites verrues tres iiombreuses se rapprocher en grossissant et former comme des paquets qui s'implantent profondement dans le derme. Lenr duree varie singulierement. II en est qui disparaisseut sponta-nement comme elles sont venues et sans qu'aucun traitement ait ete employe pour en debarrasser les animanx; il en est d'autres qui auraient une duree tres longue, qui meme ne disparaitraieul jamais, lors meme qu'elles n'auginenteraient pas de volume, si on ne les excisait pas; d'autres disparaisseut pour se reproduire de nouveau sur des points rapprocbes de leur siege primitif; ef d'autres eufin augmentent de volume lenfemont, mais d'une ma-niere continue, a ce point de former les paquets dont j'ai parle.
Les Verrues irritees par un frottement souvent repete finissent quelquefois par se transformer eu tnmeurs d'apparence squii-rheuse ou cancereuse. J'ai vu une grosse verrue, d'abord excisee incompletement et nou cauterisee, se transformer pen h pen, ä la
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MALADIES GKNERALES DIVERSES.
suite d'un t'rottemeut reitere plusieurs fois par jour, au moyen de la laugue du boeuf, en une sorte de squirrhe d'abord, et finir par constituer un osteosarcome.
C'est la plus grave terminaison de la verrue, et je n'ai observe ([u'uu seul cas de ce genre; mais ce qui est moins rare, c'est le developpement de paquets de verrues sur lesquels se font remar-quer des ulcerations qui donneut lieu ä un suintement de matieres ichoreuses, noiratres et fötides.
Truitemeni. — L'excisiüu au uiuyeu de ciseaux cuurbes ou du bistouri et la cauterisation parle fercliauffe ;i blanc constituent le traitemeut le plus efficace des verrues, des poireaux et meme des paquets de verrues ulcerees. Gependaut, il est des cas on ces moyens ue peuvent pas etre employes sans quelques inconvenients : par exemple, lürs(]ue des verrues d'un tres petit volume sont tres rapprochees et qu'elles occupent une tres large surface, ce qui se voit assez souvent; alors il serait imprudent d'en tenter I'exci-sion, puisqu'elle ae pourrait se faire completement qu'en lesanl profoudement le derme, k moins de laisser la plus grande partie ile toutes ces petites verrues. Aussi, dans ce cas, ne les excise-t-on point; on les detruit an moyen de quelques frictions d'lmile de cade chautfee k mie temperature de 40deg; ä pen pres. Ces frictions produisent une vesication assez energique, suivie d'une eschare qui entraine les verrues avec I'epiderme. Toutes les fois quej'ai eu recours a ce moyen dans les cas specifies, il a parfaitemeut reussi; j'ai meme reussi assez souvent par ces frictions sur de plus grosses verrues isolees.
Lorsque les verrues sout pediculees, on pent les serrer forte-inent avec un fil cire, et elles tombent an bout de quatre on ciiK] jours, pour ne plus reparaltre; mais on a plus tot fait de les enlever d'nn seul coup avec des ciseaux courbes.
ARTICLE II
(iALE
ulaquo;iiaitiraquo;ii. Frequence. — La Gale est une affection cutanec. prnrigineuse et contagiense, caracterisee par des papules, des ve-sicules, des exsudations, des squames, des croütes et accessoire-inent par des pustules ou des ulcerations superficielles qui occu­pent une etendue plus ou moins considerable de la peau, et donl le developpement est determine par la presence, sous I'epiderme, d'un acare plus ou moins profoudement loge dans la peau.
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GALE.
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Le boeuf est assez souveut affecte de la Gale, plus souvent qiie ue I'implique le uombre des observations publiees sur cette ma-ladie; mais il faut dire qu'il n'y a pas longtemps que les prati-ciens out su la distiuguer ä ses caracteres certains et la dif-förencier des autres maladies cutanees avec lesquelles ils la confondaieiit.
Causes. — U n'est qu'une seule cause döterminante de la Gale, c'est la presence de l'acare, petit animal de la famille des aracb-uides, du genre des sarcoptes, et que Ton desigue aujourd'lnii sous le uom de dermatodecte. Get animal vit sur Tepiderme, et par sa presence produit les demangeaisons et les autres symp-tomes de la maladie. II arrive sur la peau d'un bcenf en veiiant d'un foyer pr^existant sur un aulre animal; son passage sur uu animal non aft'ecte constitue la contagion.
11 ne faut point rechercher s'il y a des causes predisposautes de la Gale; malgre les experiences de Delafond, je ue puis y croire : I'alimentation insuffisaute ou de mauvaise qualite, les fa­tigues excessives, la vieillesse, la maigreur, tons ces etats aux-quels on a crn reconnaitre pendant longtemps les causes predis­posautes de la Gale sur les autres animaux clomestiques, ne m'oul jamais paru faciliter le developpement de cette maladie cbez les boeufs. Tons ceux cbez lesquels jquot;ai observe cette maladie ötaieut bien portants; quelques-uns etaient dans uu 6tat d'engraissemenl plus ou moius avance. D'un autre cote, on en voit beaucoup qui sont maigres, extenues, et dout la peau est same.
Verheyen, dans le septieme volume du Nouveau Dictionnaire dr medecine veterlnaire, donne d'inferessants details sur les mo'urs de ce parasite :
Les naluralistes reconnaisseut, dit-il, connne produisant la gale sur les animaux, trois acariens. qu'ils distiuguent et designent sous les noms de sarcopte, dermatodecte et dermatophage. Chacuu de ces acariens imprime lt;i la Gale une forme particuliere que les medecins et MM. Delafond, Bourguignon et Verheyen nomment : celle occasiounee par le sarcopte, sarcoptique: par le dermato­decte, dermatodectique ; par le dermatophage, dermatophagique.
Les sarcoptes se creusent des galeries dans les couches epider-miques. Chaque individu vit isolement dans sa galerie, a I'extre-mit6 de laqnelle il se retire; il se nourrit, dit M. Verheyen, de cellules epidermiques et non de liquides organiques, ainsi qu'on I'a avance; son appareil masticateur est organise pour ronger, diviser, et non sucer. II est. rare d'ailleurs que Ton rencontre un sarcopte sur une papule hyperemiee; il sen eloigne, malgre les pro­visions abondantes que lui prepare l'acte morbide qu'il a provoque.
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470nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES GENERALKS DIVERSES.
Le derniatodeete, d'apres les etudes de MM. Delafond el Bour-guignou , vit k la superflcie de la peau et ne trace pas de galeries . ^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;comme le sarcopte; il ne s'isole point comme celui-ci, il vit en
soci6t6 ä la surface de l'epiderme. Lorsqu'au moyen de l'ötrille, de la carde, de la brosse ou de la main , on enleve la poussiere de la peau, les dermatodectes y pullulent. Ces conditions entourent les emigrations d'eventualites defavorables a la consolidation d'une colonie; anssi la transmission d'une psore flermatodectiqiie est-
fllc moins certaine ([ne celle de la Gale sarcoptiqne. Taut que
des squames, des creates, ne sont point ibrmees, I'animalcule se öxe ä la base d'un poil, d:ou les soins de proprete parviennent encore h le deloger et ä prevenir une eruption. II n'a chance de prospörer qu'apres le developpement de ces prodnits morbides, qui hü otfrent im abri et un sejour contbrtable.
laquo; Les crontes formees ä une region, le derniatodeete ne I'aban-doiine jilns. Si la population devient trop nombreuse pour vivre ä I'aise dans I'espace circonscrit trace primitivement par la co-Lonie, eile agrandit son domaine en etendanl. ses limites de2)roche en proche. Ce mode d'envahissement et la vie sociale donnent ä la (iale dermatodeclique un caractere de localisation que ne pre-sente pas la Gale sarcoptiqne. Chez un animal galeux, echantteou oxpose aux rayons solaires, le dermatodecte abandonne son abri croiiteux et se promene ä la superficie des poils. C'est dans une semblable circonstance que Gohier apercut celui (In becuf; il n'ap-partient done pas plus aux animaux nocturnes (jue le sarcopte. raquo;
laquo; Le dermatodecte se nourrit des liquides de l'economie; il prend la meine iiosition que le sarcopte : ayec I'extremite de ses mdchoires, il ecarte les cellules cornees de repiderme, puis les ])loiige dans la couche sous-jacente juscpi'au niveau de son appa-reil labial dispose (Mi sucoir. raquo;
Ce n'est pas sans motif que j'ai rapporte en entier ce passage des etudes remarquables sur la Gale, publiees par Verheyen dans le septieme volume du Nowoeau Dictionnaire de Medecine veterinaire, oar il repand un jour nouveau sur la Gale du bOBuf, (jue Ton disnit tres rare cbez cet animal, et qui en realite s'y presente tres sonvent. Comme tons les auteurs qui out ecrit sur cette maladie, j'ai cm pendant longtemps qu'elle se montrait plus rarement snr cet animal quo sur les autres especes dornestiques; et mainte-nant, je commence ä comprendre que cette appreciation pourrait Men etre erronee, car si je compare la description de la Gale due an dermatodecte it ce que j'ai observe des maladies dites pediculaires Cbez le Ixeuf, jo suis porte ä croire que, par defaul d'observation, on a du bien sonvent attribuer ;i la presence lt;le
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GALE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 471
poux des symptomes qui nVHaieut autres que ceux rösultant de la prösence des dermatodectes. Je le crois, parce que mou attention ayant ete appelee sur ce sujet par l'etude de Verheyen, j'ai com­pare de nouveau, et j'ai acquis la certitude que le prurigo, les exsudations et les vesicules, que j'attribuais Men souvent a (des poux , etaienr, dus, en effet, k des dermatodectes.
Contagion. — La contagion est hors de doute, je l'ai dit. L'in-secte ne se döveloppe point spontanement; mais il paralt, d'apres les etudes faites par plusieurs naturalistes, medecins ou v6t6ri-naires, et resumees par Verheyen, que I'imminence contagieuse est en rapport avec Tage et l'intensite de la maladie. A la pöriode (Revolution morbide, l'insecte a pen de tendance a emigrer; la cohabitation reste souvent inoffensive. 11 n'en est pas de meme apres la formation des sqnames et des croütes; alors l'insecte [lasse vite d'un corps vivant sur un autre, il suffit d'un contact löger et iugitif pour qu'il y ait infection. Les instruments de pan-sage, le harnachement, la litiere, les parois des locaux et autres corps intermediaires, sont des agents de transmission indirecte. Dans un espace confine, humide, dans le furnier, les sarcoptes prolongent leur existence de dix ä quatorze jours. Ce delai maxi­mum est de rigueur avant d'admettre des animanx sains dans une etable qu'ont habitöe des boeufs galeux.
Verheyen dit encore que des observations cliniques, rappor-lees par Sick et Greve, tendent ä admettre que le sarcopte du i-heval vit sur le bceuf, et je dois ajouter que la plupart des bceufs galeux que j'ai observes avaient cohabite avec des chevaux galeux.
La Gale du hceuf se communique ä Thomme; je ne puis pas en douter, d'apres deux observations qui me paraissent concluantes. Dans deux efables differentes et ä plusieurs annees de distance, j'ai vu des bouviers atteints do gale aux mains et h la figure, sur lementon et les joues. Cos deux hommes, comme la plupart de ceux de leur profession, out l'habitude de passer tres souvent les mains sur les parties de la peau des animanx qu'ils pansent pour s'as-surer de l'^tat de ces parties, et rarement ils prcnnent la precau­tion, apres ces attouchements, de se laver les mains. En voyant Tun et l'autre des bceufs galeux qui communiquerent la Gale h leurs conducteurs, j'avais prövenu ces derniers de renoncer au moins provisoirement ä cette habitude. II va sans dire qu'ils ne tiurent aucun compte de mes recommandations, et qu'ils conti-nuerent, comme par le passe, a toucher les parties galeuses, sans se priver le raoins du monde de passer aussi les mains sur leur figure; anssi I'nrent-ils, au bout dequelques jours, affecl/s d'une
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479nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENERALES DIVERSES.
demaugeaisou aux mains et ä la figure, que les m6deciiis recon-nurent pour etre une afiection psorique, differant sous certains rapports de la Gale de rhomme, mais qui ne gueriten röaliteque par le traitement rationnel de cette maladie, — quant ä Tun de ces bouviers. L'autre s'adressa, non ä un mt'decin, mais bien ä un for^eron, qui lui conseilla d'employer les frictions d'huile de cade, lesquelles produisirent une vesication dont le malheureux eut ;i souffrir pendant plusieurs mois.
Symptömes. — Le si^ge principal est la racine de la queue; des squames abondantes, accompagnöes d'un prurit modere, en constituent le principal caractere; le poll tombe, la partie se cou-vre de croutes et de gercures qu'habitent de nombreux parasites. Un pansage regulier concentre la colonie ä la racine de la queue et rend Taflection statiounaire. Sur quatre betes bovines, tenues en observation par M. Gerlach, la Gale est restöe statiounaire pendant trois ans. C'est Verheyen qui cite ce fait, lequel m'en remet en memoire plusieurs tout a fait identiques, non que j'aie, comme cet auteur, suivi de l'ceil les animaux pendant plusieurs annees avec intention, mais bien parce que je me rappelle par-faitement avoir vu dans plusieurs etables des boeufs qui (?taienl atteints de cette gale localisee pendant des annees entieres.
Void ce que dit Verheyen sur les symptomes :
laquo; Si an contraire les soins de proprete de la peau sont com-pletement negliges, le dermatophage s'avance d'un cote, le long du dos; il atteint le cou; de l'autre, descendant vers I'ecussou, il gagne les mamelles et les laces internes des cuisses. Les ma-melles ne tardent pas a se couvrir de croütes minces.
laquo; La marche de cette forme psorique est fort lente; le der­matophage, euvahissanl la peau de proche en proche, y met le temps; les mois s'ecouleut, avaul qye la colonie soit parvenue aux mamelles ou qu'elle.ait entame le dos. raquo;
Je dois ajouter que bien souvent, lorsque la inue se fait rapi-dement et completement, on n'apercoit plus de trace de gale, parce que I'insecte parasite a pu etre chasse par l'huile de cade sur toutes les parties du corps ou eile passe, et qu'alors il ne reste des poux, ou mieux des dermatodectes ou des dermato-phages, que sur le chignon du boeuf en arriere et au-dessous des comes.
Les premieres traces de Teruption apparaissent ä la racine de la queue et aux faces laterales du cou; bientot, la fete, le dos el les parois costales sont envaKis; l'eruption s'eteadä tout le corps, les membres exceptes. Un prurit intense tourmente I'animal; il se frotte contre tous les corps qui se trouvent a sa port^e; s'il est
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GALE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;47:i
libra, c'est contre les arbres, et plus dure et raboleuse en est l'öcorce, plus il s'y frolte avec laquo;jnergie^, mais a döfaul d'un corps dur et rugueux, les animaux se servent de leur laugue qui le rem-place, taut le boeuf la passe avec enei'gie sur ses teguments. C'est ainsi qu'il euleve l'epiderme et eutame profondamp;neiit le derme. Toutes les fois qu'un boeuf galeux a eu la faculte de se gratter tout a son aise, et sans etre derange, 11 met en sang les parties qu'il a pu atteindre.
Mais le besoin de se trotter ne dure point: il s'eteint peu a pen. La peau denudee partiellement se couvre de lamelies epidermi-ques qui s'accumulent; puis des croutes se formen*, par I'exsuda-don; quelquefois elles sont de couleur roussatre, ou grisatre, on blauchatre; leur 6paisseur est variable. Ges croutes, tres adheren-tes ä la peau, se reduisent en poudre grossiere, si on les enleve avec uu grattoir. Apres leur enlevement, la peau se trouve feu-dillee, crevassee; on y voit souvent des ulcerations assez profondes.
Si les animaux ne sont pas assez soignes et si le traitemenl se fait attendre, ils maigrissent promptement. An reste, le pru-rit qu'ils eprouvent des Tinvasion est tel, qu'ils ne mangenlpres-que pas, ne ruminentque rarement, et paraissent continuellement dans une inquietude extreme.
Marcbe. Durlaquo;e. Terminaisons. — La inarclie de la maladie est lente; sa duree serait longue, c'est-ä-dire qu'elle durerait jns-qu'ä ce que ranimal perit dans le marasme, si on ne combattait pas la maladie avec efficacite. Alors on verrait I'amaigrissemeiit faire des progres journaliers; des infiltrations, des epanchements sereux se montrer sous le ventre d'abord, puis descendre et en-vahir les membres, les yeux devenir caves, les naseanx se di-later et leurs bords se retrousser d'une maniere assez apparente. Dans ces cas, la mort serait la terminaisou de cette gale devenue inveteree. II est rare que cela arrive , mais c'est duns l'ordre des choses possibles. J'en ai vu uu exemple sur une vache.
Lesions iiathologiques. — Indepeiidammeiit de l'etat palliologi-ijue de la peau dont j'ai parle en traitant des symptömes, etat (^ui n'a fait qu'empirer, on trouve ä I'oiiverture toutes les lesions qui resultent d'une maladie ayant conduit les animaux an marasme , nne perte de volume remarqnable de tons les muscles, la dispa-rition presque complete de la graisse dans le tissu cellulaire, des epanchements söreux dans les principales cavites, et des ulcera­tions dans le tube intestinal. Cela me parut snrtout remarqnable sur la vache dont je viens de parier.
Diagnostic. Pronostic. — L'epilation, le prurit, l'aspect de la peau, les papules qui la recouvrent en partie ou en totalite, les
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474nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENERALES DIVERSES.
lamelles (jui s'y formeut par suite du suintement que provoque la presence des dermatodectes, suffisent pour 6tablir uu diagnostic certain ; mais il est un moyen infaillible de lever tons les doutes, si ron pouvait en avoir, apres avoir observö les symptomes plus liaut enumeres, et ce moyen consiste a placer I'animal au soleil, ä racier avec une lame de couteau les parties galeuses et h re-cueillir sur une (Hoffe de couleur brune ou sur du papier les el-florescences cpii resultent de cette i-aclure. La on voit parlaitemeut ä l'u'il mi les acares s'agiter, ce qui leve tons les doutes sur la nature reelle du mal.
Lc pronostic de la Gale du bceuf u'est point lacheux, si le trai-tement peut etro mis en pratique avant que I'animal soit arrive au marasme.
Traitcment. — Quelques ligues me suffiraient pour indiquer le traitement qui, employe pour combattre la Gale du boeuf, ne m'a jamais laisse en del'aut; mais je ne peiix passer sous silence ce qu'a dit ä cet egard Verlioyeu, done le travail lumineux peut flonuer aux praticiens la faculte de faire un choix en rapport avec leurs idees, et surtout d'experimenter les indications for-niulees par le savant directeur de l'Ecole de Bruxelles, en prati-cien consomme.
laquo; II n'est point de maladie, dit-il, avec raison, qui justitie mieux (pie la Gale 1'antique adage : sublatd causa, etc.; la cause efiiciento, objective, permanente de raffection etanl neutralisee. ses effels prennent un terme. Enlever la vie au parasite. au vi­rus anime, aneantir ses germes, teiles sont les conditions de la guerison. La pratique ayant formellement consnere la theorie. il etait ratioimel d'etudier sur les animalcules Taction toxique de diverses substances et d'en extraire, comme moyen thörapeu-tique, le parasiticide le plus energique et le plus prompt. L'ayant trouve, toutes les exigences n'etaient point sai.isfaites; il fallait encore qu'il l'üt sans danger pour la vie des animaux que les para­sites attaqneut; qu'il n'alterät ni la peau, ni ses appendices, eniin ([u'dfüt d'une application commode et d'un usage economique.
laquo; C'est dans cette direction que Walz, Hartwig, Reynal, Ma-tlneu et Gerlaoh out pousse leurs recherches; ils sout parvenus ä resoudre le probleme complique de la therapeutique de la Gale d'une maniere tres satislaisante. Les procedes out consiste ä plonger les animalcules dans des liquides varies, a les mettre en contact, sous le microscogc, avec lenr principe actif ä divers (legres de concentration. raquo;
Le tableau suivant indique les divers agents essayes et leur puissance acaricide :
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GALE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i75
UCttBK raquo;K LA VIK lgt;KS ACARES,
Heares.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Minutes.
1deg; Creosote, benzine, naphte.. .........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1/4 ä 3/4
2quot; Präparations diverses de ces matteres.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo; i ä 5 1/2
3quot; Jus de tabac des manufactures .........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '/^ ^ 1
4deg; Solution de potasse caustique (I—24)....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo; 2 ä 2 1/4
5deg; Huile empyreumatique.......,........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo; Sä 4
6quot; Essence de törebenthine et de petrole.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo; 3 ä 9
7quot; Acide sullnrique dilue (1—24).........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo; 7 ä 8
8U Goudron.....:.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo; 8 ä 13
9deg; Solution ferro-arsenicale de Tessier.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo; 7 ä 23
10quot; Decoction do tabac (1—:;).............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 10 ä 20
11quot; Solution de chlorure de chaux (I—30)....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 15 ä 30
12deg; — de sulfure de potassium (1—10).nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; lö k 30
13quot; — d(; sublime corrosilquot; (1—46).....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;15 ;i 45
14quot; — alumirio-arsenicale de Mathieu...nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 16 ä 65
15quot; Savon vert..........................nbsp; nbsp; nbsp; 1/2a I raquo;
16quot; lliiile phospboree...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1 raquo;
17deg; Solution a rsenicale satoräe (1—6).......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;in 3 raquo;
18quot; Onguenl mercuriel double.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4 raquo;
I!)quot; üecoction d'ellebore noir et blaue (1 — Hij.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;6 a 3() raquo;
20quot; Lessive de Walz ...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;6 ä 48 raquo;
21quot; Liniment de sulfare de potassium (l—10).nbsp; nbsp; nbsp; 10 ii 211 raquo;
22quot; Infusion de jusquiame ou de beltadone .nbsp; nbsp; nbsp; 12 h 16 gt;#9632;
23quot; — de digitale pourpräe...........nbsp; nbsp; nbsp;24 a 36 laquo;
II resulte do co tableau (jue les poisons les plus energiques pour les mammiferes, le sublimö corrosif et Uarsenic, ne sont pas les aearieides les plus actifs; l'experieiice, du raste, a prouve que (laus le traitement de la Gale ou pouvait se passer de ces substances dangereuses. Ou parvieudra neaumoins diüidlemeut. si l'ou yparvient, äbauuir l'arsenic de la therapeutique dela Gala ovine, surtout en France, ou l'emploi de ce poison s'est vulga­rise, ou des hommes d'autorite Tont cbaudement reconunande, et qui se montre reellement efRcace. Mais si l'arsenic jouit du pri­vilege de prevaloir, comme l'antipsorique par excellence de la bete ä laine, 11 ne s'ast pas aussi solidemeut consolide dans la traitement da la Gale des autres animaux; le tableau nous ap-prend (ßie la creosote, la benzine, le naphte, le jus de tabac, la decoction de cette plante, les solutions alcalines, Fbuile empy-lemuatique, le goudron, l'essence de terebentliine et le petrole, oecupent, sons ce rapport, an rang bien plus elev6. Nous dou-nons la preference au naphta impur, ä cause de sa faible valeur commerciale, si toutefois l'odenr dßsagreable assez persistante qu'il repand n'est pas un obstacle ä son emploi.
Ces substances sont appliquees sons forme de ponunades, de
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I
476nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GläNläRALES DIVERSES.
liniments, de lotions ou de bains. Les deux derniers modes meri-tent la pröförence.
Quelque soil I'agent ou la preparation dont on faitchoix, il esl indispensable, dans la Gale sarcoptique, que toute la superficie du corps en soit impregnee et qu'apres quatre ä cinq jours ou renouvelle rapplication. Si les oeufs deposes dans les sillons ne sout pas atteints, leur tsect;closion renouvelle la generation et l'efilo-rescence psoriqne. Les formes dermatodectique et dermatoplia-gique ou symbiotique cedent plus facilemeiit ä uue medication topique, circonscriteaux plaques galeuses, ä condition toutefois qu'elles ne soient pas inveterees et qu'il ne se präsente plus d'occasion favorable au renouvellementdes immigrations, comme cela a lieu dans la vie collective. Oil pent encore eriger en regie que si Ton veut uue cure prompte et radicale, il laut qu'elle soit pr6c6d6e d'uu traitement preparatoire, consistant ä d^barrassei-la peau des squames et des croütes qui la recouvrent, au moyeu d'uu lavage ä la brosse rude, avec de l'eau alcaline ou des savon-ii6es. Sans cette precaution prealable, les acaricides n'atteiguenl point les parasites refugies dans leurs nids. Uue alimentation substantielle et abondante est 6galemeiit necessaire, et d'autanl plus que ramaigrissement se dessine, qu'il est le prelude de \n cachexie qui pent rendre la maladie mortelle.
Oil applique sur le corps du boeuf une couche de savon vert qu'on laisse quelques heures en place; puis on l'enleve ä l'aide de la brosse rude et de l'eau. On fait aiusi disparaitre les squames et les croütes. Une solution alcaline (potasse ou soude caustique 1, eau 50) remplace avautageusement le savon et s'emploie de la meme mauiere. Quaud l'eau est en partie evaporee, on applique sur la peau et le poil encore humide, une preparation liquide de creosote (uue partie, alcool 10, eau 25) en pommade ou en lini­ment. L'eau est remplacee par une proportion equivaleute d'huile ou d'axonge; la forme liquide reste la meilleure. Une ä trois frictions energiques, faites de trois a cinq jours d'intervalle, suf-fisent pour amener la guerison. Le naphte et la benzine rem-placent avautageusement la creosote diluee, mais il fauf les employer sans melange prealable.
Les solutions alcalines caustiques (1—25) sont de puissaiits acaricides; mais alors ils attaquent l'epiderme et le rendent sec. Une embrocation grasse, lorsque l'eau est evaporee, attenuecel inconvenient. Si Ton pent s'en passer dans les cas recents, elles trouveut neanmoins leur inaication dans les degenerescences el et les epaississemeuts de la peau. Quaud elles se moutreut insul-fisantes, on les remplace par une couche d'onguent cantharid£.
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GALE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;477
L'acide sulfurique dilue (1—24), l'extrait sirupeux de tabac des manufactures, allonge de quatre parties d'eau, la decoction de täbac (1—20 de colature), sont des parasiticides önergiyues et i'conomiques en memo temps.
Les essences de töröbenthine on de pelrole pares ou mölangees h des excipients sont d'excellents antipsoriques, mais la vive [•(''action qu'ils suscitent et que la non integrite de la peau ne pent qn'aggraver, les contre-indique.
L'huile empyreumatique, le goudron, tuent les acares en un tt'inps tres court. Nous ne saurions les preconiser dans les formes psoriques qui reclament l'enduit de tout le corps; ces matieres le couvrant d'une couche vernissee, mettent obstacle ä la respira-lion cutanee et conduisent h Taspliyxie.
Nous passons sous silence la foule de remedes et de recettes qui out. ete preconises contra la Gale. Tons sont inferieurs aux precedents en efficacite. Nous y comprenous les mercuriaux, qu'il laut pröscrire comme antipsoriques; leur emploi inconsidere chez l(!s herbivores expose ces animanx aux dangers de la cachexie mercnrielle, et beaucoup plus encore ä une entente couenneuse, ipie j'ai vue etre toujours mortelle. Apres ces prescriptions, extrai-tes du travail d(gt; Verbeyen, quelques mots me suffiront pour for-mnler le traitement que j'emploie centre la Gale du bceuf, lequel ue se compose que d'un petit nombre de formales.
Des onctious d'huile de lin , precedees de savouuees sur toutes les parties oü s'est etablie la colonie des dermatodectes, süffisant pour faire perir presque instantanement ces insectes; viugt-quatre heures apres, les demangeaisons cessent, le poll redevient uni, et le traitement se complete par mi lavage general avec une decoction de cepdre's.
Quaud des squames se sont formees, les savounees ou le la­vage ä l'eau de cendres sont employes pendant plusieurs jours de suite, jusqu'ii ce que toutes les squames soient tombees; lorsque la peau nest plus humide par suite de ces lavages, on fait une onclion d'huile de lin, suivie au bout de trois ou qnatre jours il'une seconde. Ce traitement est complete par uu lavage h Yean •le cendres, comme le premier; bientot la peau reprend son as­pect normal, devient onctueuse et souple, et la Gale n'existeplus.
Lorsque la Gale est tres aucienne, que la peau est quelque pen lendillee ou ulceree sous les squames, j'emploie d'abord le traite­ment preparatoire pour faire tomber ces squames, et puis je fais une friction avec de l'huile de cade, chaufKe ;i 40deg; ou 50deg;.
L'lmiie de cade employee a cette temperature tue les acares Ires promptement, et produit en meine temps une espece de cuu-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
terisation sur la peau dßuudee ou excoriöe, fendillee ou crevassee. Les animaux sont tres sensibles a I'application de ce topique; 11 faut les attacher de maniere qu'ils ne puissent porter la laugue sur les parties frottees reeemment; sans cela, ils se cauterise-raient legerement la langue et la bouche. Get inconvenient n'est point d'une gravite extreme; mais on doit l'öviter, parce que les boeufs qui I'eprouvent restent quelquefois plusieurs jours sans manger autre chose que des pulpes ou des farineux; ils ont alors les commissures sans cesse humectees avec de la salive.
Je n'attribue pas a l'huile de lin d'autre vertu therapeutique que celle de produire l'asphyxie des acares; mais cela suflit, tou-tes les Ms que ces parasites n'ont point occasionne des erosions ä la peau, des crevasses ou des ulcerations. De meme que Verheyen, je ne me borne pas a une seule application m6di-camenteuse, j'en fais une seconde pour faire perir les oeufs ou lentes dont I'eclosion a eu lieu depuis que la premiere friction ä 6te faite.
J'indique aussi, afin de prevenir une nouvelle invasion d'aca-res döposes contre les corps envirounants, des lavages ä l'eau de chaux. le blanchiment des murs avec la solution de chaux egale-ment, et je n'ai point de recidives.
AHTIGLK III
DARTRES
Sysonymif, : Teigne, Darte, Derte, Herpe, Brtec.
D^iinition. Frequence. — Les Dartres constituent une alteration de la peau, qui se presente sons la forme de poussiere blancbätre ou roussiltre, d'elevures, de pustules disseminees ou agglomeröes en plaques, en production d'ecailles ou de croütes, de matiere ichoreuse avec ulceration des tissus. Elle a son siege autour des yeux. sur les paupieres, autour des cornes et sur le front; eile se montre aussi sur d'autres parties du corps des animaux, mais plus rarement.
La Dartre du bceuf est dite tcigne, quand eile se montre sur le front; breze, si eile a son siege autour des yeux et des cornes.
Les veaux en sont affectes quelquefois, sur*out quand ils sont loges dans des lieux humides et mal acres; les boeufs de travail en sont affectes frequemment.
Causes. — On pent admettre comme cause predisposante une
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DARTRES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;479
aliuieiilation iusulfisante ou malsaiue qui tieut les auimaux dans uu etat de maigreur sous rinfluence duquel la plupart des fonc-tions vitales s'executenl imparfaitemeut : ici, les ibactious de la peau par exemple. N'oublions pas (pie la peau du üoBuf bieu portant est toujours couverte d'uue substance ouctueuse yue Yon distingue parfaitement an toucher. Or, toutes les causes qui ameuent la maigreur de rammal, et par suite la suppression de ce produit de la transpiration, sont predisposantes ä I'affection dartreuse, en ce qu'elles tiennent la peau dans un etat de seche-resse continnel; ainsi s'explique Vhumeur dartreuse des ancieus, le virus dartreux et la diathese dartreuse. Gette cause est ä la fois predisposaute d'abord, et ensuite occasionnelle.
Les Dartres sont contagieuses, et voilä une autre cause occa­sionnelle; elles sont contagieuses entre animaux de la meme es-pece, et la contagion s'exerce meme du boeiü' au cheval, et ä riiomme sans aucun doule. J'ai constate cette derniere contagion dans raaiutes circonstances : celle des Dartres furfuracees plus souvent que ceile des autres genres on formes. Des bouviers onl contracte des Dartres aux mains et k la figure, parce qu'ils ton-client tres souvent et sans aucune precaution les Dartres de ces animaux, et que, sans y penser, ils portent ä la figure leurs mains salies par la poussiere dartreuse. D'ailleurs, cette pous­siere s'attache k leurs habits, etc.
Symptdmes. — On reconnait plusieurs especes de dartres. La plus ordinaire est la Dartre furfuracec; mais on distingue, en outre, les Dartres siehe, humide, rongeante.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,
A.nbsp; Dartre furfuracec. — Gette variete de la Dartre siege ordi-iiairement k la tete, sur le front, autour des comes, des yeux, sur les paupieres. A ces parties, une poussiere blanchälre ou roussätre se montre sur la peau par bandes circulaires ou demi-circulaires. Partout oü eile existe, l'aniinal eprouve une assez vive deinaugeaison, et s'il peut se frotter tres k False sur un corps dur, le frottement ne tarde pas k produire uue excoriation tres donloureuse; il provoque la tumefaction des paupieres, le bour-suufflement.de leur face interne, le larmoiement.
B.nbsp; Dartre seche ou tonmrante. — Celle-ci est constitute par des surfaces circulaires qui se depilent, se couvrent de squames, et qui, gagnaut de proche en proche, finissent par laisser un plus ou moins grand nombre de plaques rondes, giabres ou couvertes de produits 6pidermiques. On les remarque principalement sur la Lete et dans les regions du corps ou la peau est epaisse. Ghez les veaux surtout, les poils en partie bris6s tombent souvent avant que l'epiderme se detache.
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i8ünbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENERALES DIVERSES.
Cette Dartre affecte coustamment la forme circulaire.
Tantöt eile debute par une petite 61evure ou papule, dit M. Reynal, et je l'ai observöe sous le m6me aspect, sur laquelle les polls sont en partie dresses et en partie inflechis sur un point plus ou moins 6loigne de sa base; eile marche ensuite dans tons les sens, en progressant du centre a la periphörie, jusqu'a ce que les plaques atteignent la grandeur d'une piece de 2ä5francs. Or-dinairement elles prennent cette dimension , mais j'en ai vu qui avaient line dimension trois ou quatre Ibis plus grande. D'ailleurs. quaud elles sont tres rapprochees, elles se rennissent quelque-fois, et alors elles out la dimension d'une grande assiette.
Sur le bceuf, cette Dartre n'apparait pas toujours, des le debut, sous la forme d'une elevure; il n'est pas rare de voir snr la re­gion on eile doit se developper, sur le front, sur I'encolure, der-riere les comes, un point circulaire dans Taxe duquel se fait remarquer un herissement regulier des polls. Les uns sont rap-proches par leur extremite, les autres sont entre-croises. II y eu a qui sont contournes en spirales, d'autres sont brises an niveau de la peau; tons out perdu le brillant et la souplesse qu'ils out dans I'etat normal. Si on les enleveavecprecaution,on s'apercoil (jue la peau est comme cbagrinee sur la place qu'ils occupaient. que I'epiderme se detache par plaques blauchatres ou grisätres: [ilus on s'eloigne de l'6poque du debut, plus les debris epidermi-ques sont abondants.
Dans certains cas, la Dartre tonsurante est constituee par une croute grisätre ou jaunätre, epaisse de 1 ou 2 centimetres, sur les vieux sujets epuises par le travail ou des portees nombreuses et une alimentation insufflsante; quaud eile se montre sur les vaches qui portent et travaillent, ces croutes qui font saillie ä la surface de la peau sont toujours nettement circonscrites; elles se detachent parfois facilement, et d'autres fois elles sont tres adbe-rentes ä la peau. Si on les enleve, on decouvre la couche vascu-laire sous-(;pidermique qui laisse suinter an liquide sereux ou sero-purulent, leijuel ne tarde pas a se concrete!, ä se desseclier et ä former de nouvelles croütes.
Quaud on abandonne ä lui-meme ce produit morbide, il tombe par parcelles, se reduit en poussiere ou ecailles; la peau denudee reste poudreuse et cbagrinee pendant un laps de temps tres va­riable , an bout duquel on apercoit des polls fins et courts d'une feinte moius frauche que celle de la robe.
II arrive quelquefois que sous rinfluence des frottements exer-ces, soit par des corps etrangers, soit par la langue ou la dent de ranimal malade, la Dartre tonsurante s'accompagne d'une infd-
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DARTRES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i81
tration cedemateuse, d'excoriations, de gercures, (jui domient ä la peau un aspect particulier. Les nombreuses plaques circulaires qoi existent et lä sur la partie supörieure du corps empe-chent qu'on ne confonde les Dartres aiusi compllquees avec la Dartre rongeante.
J'ai observö la Dartre tonsurante tres souvent, mats j'ai trouv6 la description des symptomes faite par M. Reynal si exacte de tous points, quc j'ai cm preferable de rapporter textuellement ce qu'il en dit dans le Nouveau Dictionnaire de medecine vetAri-naire :
laquo; Cette maladie du clieval et du boeuf (la dartre tonsurante), dit le savant professeur, est semblable a celle decrite chez riiommeparMahon, sousle nom de teiyne tonsurante; par Alibert, sous le nom de porrigine tonsurante; par M. Cazenave, sous la denomination iVhcrpes tonsurant, et par M. Bazin, sous le noin de teigne tonsurante. Les avis des auteurs en medecine humaine sout tres differents, soit qu'il s'agisse de sa nature, de son genre, de son espece, de la place qu'elle doive occuper dans la classifi­cation dermatologiqne.
laquo; Pour quelques-uns, MM. Cazenave, Chausit, cette maladie est de nature vesiculeuse, c'est Yherpes tonsurant; pour d'autres, MM. Gruby, Boerensprung, Bazin, Delfts, Gerlach, eile consiste essentiellement en une production cryptogamique, parasitaire, capable de donner lieu h des exxgt;ressions pathologiques dilferen-tes, suivant le temperament des individus sur lesquels vegetent lescryptogames.
laquo; Ce vegetal est connu sous le nom de tryehophyton; ilest cons-titue par deux parties importantes, des filaments ou especes de petits tubes creux, et des spores ou sporules, organes de repro-iluction. M. C. Robin I'a decrit sous le nom de achorion Lebeilii, dans son ouvrage sur les vegetaux parasites.
laquo; Le tryehophyton a ete trouve sur la Dartre tonsurante du clieval, dulxeuf et de I'liomme, par MM. Bazin, Robin, Deffts, etc.
'lt; J'ai fait examiner, dit M. Reynal, plusieurs fois, par MM. Robin et Broca, des croütes et des polls arraclies sur la dartre meme du cheval et du bceuf; Jamals ces dcux habiles micrographes n'ont pu. constater la presence des filaments ni celle dos spores.
laquo; En rapportant ce resultat, je me hate d'ajouter que je n'ai l)as rinlention d'inflrmer les recherches de MM. Gruby, Boerens­prung, Bazin, etc., etc. Si Ton n'a pas trouve de cryptogames dans les croiites et les polls que j'ai dounes ä MM. Robin et Broca, cela dent peut-etre, ainsi que m'ont fait observer ces deux
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MALADIES GENKUALES DIVERSES.
experimeutateurs, h ce qu'ils n'existent pas k toutes les periodes de la maladie.
laquo; Le trychophytoa a ete inoculö par jjlusieurs auteurs: MM. Bazin et Deffls {Lecons cliniques sur les affections parasitalres) Tont inocule plusieurs fois sur la peau de I'liomme; M. Gerlach a egalemeut constate les filaments et les spores sur les polls at an milieu des croütes de la Dartre tonsurante du bceuf. raquo;
Mais enfm si, ni les filaments, ni les spores n'existent chez le boeuf des I'mvasion de la maladie, ils ne peuvent pas etre sa cause determinante, et si on les remarque aux periodes plus avancees, ils seraient done un de seseffets? Leur place doit etre alors au rang des lesions pathologiques.
C. Dartre humide. — Celle-ci debute comme la Dartre tonsu­rante , mais eile devient humide aussitof. que le poll est tombe. Alors le suintement est continuel; il ne se concrete pas sur la partie oü existe la Dartre, mais au-dessous. Au reste, le suinte­ment ne farde pas ä amener la depilation sur toutes les parties oil il passe, et bientöt apres la Dartre s'etend sur une grande surface. Elle est aussi accoiupagnee de prurit; et si l'animal est libre de se frotter centre des corps durs, on si, avec sa langue en forme de rape, il pent atteindre ;quot;i la Dartre, le frottemeut energique est suivi d'un suintemeiit presque toujours colore en rouge.
La Dartre humide ue debute pas toujours de la meme ma-niere. Carrere, cit6 par Gelle, assure que le prurit en est le pre­mier Symptome, et que par le frottement on voll se produire une tumeur molle, circonscrite, cedant ä la pressiou du doigt, comme I'oedeme. Eusuile la peau devient seche; le prurit disparait, pour reparaitre au bout de ijuatre on cinq jours, suivi d'un nouveau suintement sero-olöagineux fourni par la tumeur. Souvent, apres un frottement coutre des corps durs, les parois de la tumeur sont dechirees on excoriees profondemeut lt;i ce point que des ulcera-tions se monlrent a sa surface.
Si la maladie se fixe sur une paupiere, il j a prurit et cha-leur, et le plus leger frottement produit un engorgement subit. (jui occupe non-seulemeut la place externe des paupieres, mais encore la face interne. La conjonctive s'infiltre, forme bourrelet: la chassie se concrete aux angles de l'ceil. et une reaction fe­brile assez violente se declare; l'animal perd I'appetit, il ne ru-mine point; il tient la tete basse, pencbee du cote oppose ä I'ceil sur lequel la Dartre a son siege : e'est I'etat lo plus grave resul­tant du frottement.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;quot;quot;
La Dartre pustuleuse decrite par M. Leblanc est une Dartre humide. Je l'ai observee comme lui sur les jeunes bamfs; mais
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UARTKES.
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je dois ajouter : sur ceux de ces auimaux dont la cüii.stitution est alteree par un mauvais regime alimentaire ou, pour parier plus clairenieut, sur ceux qui vivent dans les plturages et qui ne trou-vent dans la mauvaise saisou, en rentrant a letable, que des fourrages grossiers, peu nutritit's ou avaries.
D. Dartres rortgeantes. — Ces Dartres u'existeut pas, ä propre-inent parier, avec un caractere esseutiellement primitif. Elles ne (lölin tent pas commc Dartres rougeantes, mais elles prenneat ce caractere ä la suite de frottements reiteres; alors la peau est iilcö-ree iirofondement, epaissie, ä bords legeremeut renverses et for-mant bourrelet, d'une couleur bruue jaunätre. L'ulceratiou est tie couleur bnmatre, couverte d'un ichor exbalant une odeur f6-tiile mi generis. Quoique cette dartre soit circonscrite, on re-marque souvent uu engorgement tedemateux plus ou moius considerable, qui s'etend irregnlierement et dans le sens de la ileclivite des surfaces alfectees. Toutes les parties autour dequot; la Dartre sont tres douloureuses, et lorsqu'elle est it cet etat, I'ani-mal eA-ite de se frotter contre les corps euvironnants, tout en s'y essayant, parce que le prurit, qui ne cesse d'existor, devient promptement douloureux par le plus leger frottement.
Man-he. Dur^c. Terminaisons. — Los Dartres se declarent subi-tumont. mais d'abord elles a'occuperit pas une longue surface ou de larges surfaces; leur marche est lente; elles acquiereut de röteuduo peu ä peu, et Men souvent leur progression est h peiue sensible, sans que, pour cela, olio cusse d'avoir lien. F^lle ne de­vient plus rapide que lorsque le prurit a ete la cause d'un frotte ment euergiqne. On comprend, d'apres la leuteur de la marche, ipie laduree piaisse etre longue, et eile Test; car on voit des bceufs mi assez grand noinbre aflectes pendant des annees entieres de dartres, contre lesquelles aucun traitement n'a etc employe. La resolution s'efTectue quelquefois sons les seuls efforts de la nature, tant que la Dartre n'a point degenere en ulcere, et sous I'in-fluouce egalement d'un regime alimentaire plus rationnel on plus nourrissant, aide par l'elevation de la temperature. Les Dartres, eu effel, se declarent plus particulierement en biver, lorsque les aiihnaux sont reduits a une ration insnfiisante, presqne toujours composee des fourrages de la plus mauvaise qualite, et ces Dar­lies, quand les auimaux sont soumis ä un regime meilleur, dis-paraissent spontanement : ce qui confinne ropinion que j'ai exprimee en parlant des causes de la maladie.
La lerminaison fächeuse des Dartres est rulceration ; e'est la Dartre uon pas rongeante par nature, mais devenue rongeaute.
i.esiotis paiiioiogtqucs. — La lesion pathologique ordinaire re-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
I
sultant des Dartres est Tulcöration, comme je l'ai dejä dit. J'ai vu aussi une dartre humide, placee sur les panpieres d'un boeuf, amener apres plus d'nne anuee nne degenerescence S(juirrheuse de toutes les parties Constituantes de l'ceil. Ce fait est le senl que je possede; je n'en suis pas moins porte h croire que, dans ce cas, le cancer s'etait declare consecutivement h la Dartre humide.
D'autres praticiens out decrit, en traitant des Dartres, de la Dartre rongeante principalement, une production cryptogamique qui n'existe pas, dit-on , dans tons les temps de la maladie; s'il en est ainsi, cette production serait im öffet et non une cause, et alors devait etre mentionnee comme lesion pathologique.
Diagnostic. Pronostic. — II faut se rappeler que la Dartre se manifeste isolement: qu'elle est caracterisee par unpeu de rou-geur, par des debris d'epiderme ou des pustules, des vesicules. de la serosite exhalöe des croütes ou des ulcerations, et l'exis-tenee d'un seid de ces symptomes ou de plasicurs, se manifestant en meme temps, suffit pour etablir le diagnostic. .
Quant an pronostic, on pent voir, d'apres les symptomes (5nu-meres, et surtout d'apres ce que j'ai dit de la marche, de la dmve et de la terminaison des maladies dartreuses, que ce pronostic n'est pas ordinairement tres fächeux, s'il n'est pas toujours assez favorable pour faire prevoir une gnerison prompte et radicale.
Truiiement. — En ce qui couceme le traitement des Dartres cliez le breuf, je procederai comme je l'ai fait en parlant du trai­tement de la gale: je donnerai d'abord la parole aux auteurs qui se sont occupös du meine sujet, et voici ce qu'en dit M. Rey-nal. Mais avant, je dois faire observer que le savant professenr me paratt avoir eu en vne principalement la Dartre ou les Dar­tres chez le cheval, ce qui expliquera les indications d'emploi de pommades on d'onguents dans lesquels les preparations mercu-rielles entrent pour une large part :
laquo; Le traitement de la Dartre tonsurante, dit-il, consiste en soins hygieniques et en applications medicameuteuses sur les parties malades. Ce qui Importe le plus, c'est de tenir la pean dans im etat de proprete complet. La tonte, executee non-seule-ment sur les regions, siege des dartres, mais encore sur toute la surface du corps, est le moyen par excellence pour atteindre ce resultat. Elle constitne du reste une pratique tres efficace dans le traitement de toutes les maladies cutanees des animaux.
laquo; Parmi les substances medicameuteuses appliquees ä l'exte-rienr, celles qui produisent les meilleurs effets sont les prepara­tions ä base de mercure, telles que la pommade mercnrielle
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DARTRES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;485
double, la pommade de calomel, de turbith mineral; le sublinit'-corrosif dissous dans I'alcool (1 partie sur 4) applique en lo­tions est un medicament tres energique. La pommade preparee par le docteur Rochard, avec l'iodure de chlorure mercureux (1 partie sur 10 d'axonge), est aussi un agent tres efficace dout j'ai eu occasion de constater les proprietes curatives.
laquo; M. Gerlach couseille la pommade de precipite blanc et celle d'huile phosphoree (1 partie sur 4 de matiere grasse), et assure en avoir obtenu de bons resultats. raquo;
Ensuite M. Reynal parle de rinflueiice de la gourme sur la marche des Dartres, ce qui me conflrme dans ropinion que j'ai exprimöe sur le mode de traitement qu'il indique. Ainsi, j'adopte pleinement ce qu'il propose quant aux soins hygieniques, la tonte d'abord; mais je crois qu'apres la tonte, aucuue pratique n'esf plus conveuable, pour mettre et entreteair la peau dans un etat de proprete complet, que le lavage de ranimal au moyen d'une lessive de cendres ou d'eau de savon. Ce lavage doit etre le com­mencement du traitement, en ayant toutefois l'attention de bieu essuyer ranimal aussitöt que cette operation est terminee, ;i moins qu'on ne puisse, sans aucun retard, Texposer aux rayons da soleil at a l'abri du vent. Si j'adopte pleinement cette partie du traitement present par I'lionorable prot'esseur, je rejetle com-pletement toutes les indications des diverses preparations mer-curielles, sauf les lotions avec le sublime corrosif dissous dans I'alcool, et encore e'est ä la condition que ranimal sera attacbe et surveille de maniere ä ne pouvoir porter sa langue sur aucune des regions oü vient de se faire la lotion , et malgre cette reserve, j'hesiterais encore ä faire emploi de ce moyen.
Les preparations mercurielles, surtout les pommades, ne sent pas d'une efflcacite incontestable, d'apres ce que j'aivu, et de plus elles occasionnent chez le bcBüf de trös graves accidents (juc j'ai dejä signales. A mon sens, elles doivent etre bannies de toute medication soit interne, soit externe, dans le traitement des maladies de cet animal, ä l'exception de celle de la metroperito-nite de la vacbe. — Pourquoi cette exception ? J'ignore commenl cela s'est fait, mais il est certain que les frictions mercurielles ne m'ont pröduil de bons efi'ets que dans le traitement de cette maladie cbez les animaux de l'espece bovine. Dans tons les autres cas, elles out ete nuisibles au point de ne laisser subsister aucun doute ä cet egard.
Mais avant d'aller plus loin, je reviens sur les soins hygieni­ques. Un des moyens de cet ordre consiste dans une alimeatatiou saine et substantielle, dans un exercice modere, tres modere
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
meme, si les animaux sont en mauvais etat. On pent se rappeler que j'assigne, comme cause prödisposante aux Dartres, I'ali-mentation insuffisante ou malsaine, et Ton compreud pourquoi j'insiste sur la raise en pratique d'un bon regime.
Je conseille, comme application sur les surfaces, l'huile de cade chaulfee ä une temperature de 40deg; a pen pres, avec cette reserve que si la Dartre ou les Dartres occupent une grande etendue, on ne fera que des frictions partielles et successives. Comme ces fric­tions produisent une vesication presque instantanee, qu'elles susci-tent une douleur assez intense, j'use de ce menagenieut afin do ne pas provoquer une reaction febrile, et de plus afin de ne pas occa-sionner dans les mouvements de Tanimal une gene qui aggra-verait encore cette douleur.
Ces frictions ne doivent pas etre employees sur les paupieres, quelques gouttes du medicament pourraient atteindre la cornee lucide ou d'autres parties au-dessous des paupieres et produire des lesions graves. Je ne conseille pas non plus de les employer sur le chanfrein ou sur les joues, parce que le boeuf, meme etanl attache court, pourrait tout aussi bien y porter la langue avant que le liquide fut neutralise par son contact avec; la peau et, dans ce cas, se cauteriser la langue ou la membrane de la bouche.
Les frictions d'huile de cade sont efficaces sur les Dartres ron-geantes. Les frictions d'essence de terebenthine repetees produi­sent le meme effet que l'huile de cade; elles out l'avantage de ne pas laisser une odeur particuliere et peu agreable comme celle de rhuile de cade, mais elles out rinconveuient de ne produire leur eft'et que lorsqu'elles out ete repetees assez souvent pour que la peau commence h se fendiller. Avec rhuile de cade, une seule friction sur la partie malade sulfit.
A defaut d'huile de cade ou d'essence de t^rebentbine, ou omploie les ouctions d'onguent vesicatoire, dont une seule suffil ordinairemeut, si eile a ete assez energique. Toutes les teintures de cantbarides avec ou sans melange de terebenthine, d'huile dc lavaude ou autres, connues sous la döuoraination de feu francais. feu anglais, etc., etc., remplissent la meme indication. Pour corabattre avec un succes certain la Dartre rongeante, je prefere Tapplication du fer ro\ige sur la surface.
Gontre les Dartres quelles qu'elles soient, placees autour des yeux ou des ouvertures naturelles, on emploie avec avantage uue pommade soufree.
On voit, d'apres cela, lt;Jue ma medication est fort simple : eile consiste dans une vesication operee an moyen d'une substance vesicante, obtenue ä bon march^, et j'afhrme que cette vesication
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DARTRES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 487
a toujours ameiie, dans ma pratique, la guerison de toutes les Dar­tres. Toujours une eschare en est la' consequence, eschare plus ou moins considerable, suivant l'intensite de Faction de l'agent qui l'a produite et suivant la gravite de la Dartre : apres I'huile de cade ou plusieurs frictions d'essence de teröbenthine, une es­chare formant une croüte mince *et jaunätre; apres I'onguent vesicatoire on plusieurs frictions avec les composes dont les can-tharides en solution formeut la base, une eschare qui est une (•route formte par Tagglomeration des vesicules resultant de la vesication; apres la cauterisation, I'eschare que tout le monde connait : epaisse, brunatre, rugueuse.
Formules. — Je ne donnerai pas exclusivement les formules iles medicaments que j'emploie de preference dans ma pratique; j'y ajouterai quelques-unes de celles employees par d'autres pra-ticiens. 11 faut que le veterinaire puisse faire un choix, determine sou vent par le milieu dans lequel il se trouve autant que par le caractere de la maladie.
Pommade anti-dartrewm (M. Lebknc).
i Soufie sublime...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2 parties.
) Sulfure Je polasse.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1 —
'quot; J Hydro-chlorate d'ämmoniaque......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1 —
\ Axonge.........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;6 —
.Melez pom- faire une pommade.
M. Leblanc en fait preceder l'application de lotions; cepen-ilant Fromage-Defeugrö fait remarquer qu'elles avaient aggrave l'etat dartreux des vaches sur lesquelles on en avait fait usage. Aggrave, je ne le pause pas, mais qu'elles aient et6 d'une action tout ä fait nulle, je le crois. Get ongueut me parait avoir Fincon-venient de tous ceux qui contiennent des substances vesicantes: on doit, quand on en fait usage, prendre des precautions pour i|iie les animaux ne puissent se lecher.
Autre pommade ((ielle).
i Pleurs de soafre................... 100 grammes.
Nquot; 2. I Axonge......................... 100 —
' (anlharides en poudre.............. 13 —
Pour employer cette preparation, recommandee par Gelle, on prend les memes precautions que dans le cas precedent.
Le meme auteur conseille Tapplication, contre la Dartre ron-geante, du compose suivant :
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188nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIKS IHiNliUALES DIVERSES.
K. .. ( Soufre sublime, i , ,
1 Giaissenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i c'la,:!ue.......... 90 grammes.
Cantharides en poudre.............. 24 —
Apres avoir mis Tulcere a sec, bien que Gelle recommande de nettoyer au moyen de Iptions 6mollieiites, on applique une couche de cette pommade sur laquelle on passe le fer rouge afui qu'elle se fonde et penetre profond6ment. II laut reconnaitre ce-pendant que la cauterisation remplit mieux la memo indicaliun et saus frais.
Decoction de tabac.
Tabac en feuilles ou de manufacture.......... 60 grammes.
Eau..................................... I litre.
Sei de cuisine............................. 60 grammes.
Uu i'ait bouiilir le tabac dans I'eau jusqua ce que le liquide ail diininue d'un quail; puis on ajoute le sei, on laisse bouiilir pendant une minute el on retire du feu.
J'emploie cette decoction en lotions; plusieurs sont necessaires; c'est pourquoi je ne conseille pas ce moyen, lequel n'est pas aussi energique que beaucoup d'autres solutions et coüte plus eher.
l'ommade de bi-iodure de. mercure.
Deuto-ioduie de mercure................... 4 grammes.
Axonge................................. M — '
l'ommade de M. Gerlach.
i'recipite blaue (ehlorure de mercure).......... 4 grammes.
Huile pbosphoree......................... 4 —
Axonge.................................. 32 —
Teinture irritante (remplacanl toules les compositions connuessous le nom de ieu I'rancais, feu anglais, etc., etc. Prange).
Teinture de cantharides..................... 500 grammes.
Essence de lavande........................ 60 —
Acide sulfurique.......................... 2 —
Melez et agilez.
Une senle friction suifit.
L'huile de cade est employee senle et chautfee a 40quot;, ou Men melangee ä une certaine quantite de fleurs de soufre. M. Saint-Gyr conseille d'y melanger environ le seizieme de son poids d'acide sulfurique. Centre les Dartres rongeautes, cette prepara­tion doit etre efficace; mais la cauterisation avec le fer rouge n'exige pas autant de precautions, et je la prefere.
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KLEP1IA..M'IASIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;iraquo;!)
Solution de sublime corrosif.
Sublime corrosif........................... 32 grammes.,
Alcool................................... 130 —
ARTICLE IV
ELEPHANTIASIS
utfiiiition. Historique. Siege. — Lenomd'Elephantiasis, donue, par les anciens auteurs qui out tlcrit sui la medecine de rhomme, ä une maladie de la peau, peut s'appliquer avec encore plus de raison h une affection dont nous avons plusieurs fois constate l'existence sur des animaux de l'espece bovine.
Dejä, en 1829, nous avions publie plusieurs observations se rapportant ä TElephaatiasis, et, depuis cette epoque, des faits eu plus grand nombre nous out fourni roccasion d'en faire une etude plus complete.
D'autres vet6rinaires places dans le centre, dans Fouest ou dans le sud-ouest de la France, Tont egalement observee avec des caracteres presque identiques. Les symptömes d'une maladie d6-crite par MM. Falberes, Daudrieux et Taiche, se rapportent 6vi-demment ä FElephantiasis; toute la difference consiste dans le plus ou moins d'intensite des pheuomenes morbides qui se sont manifestes au debut ou pendant la duree de la maladie. Gelle et Lafore out aussi parle de cette maladie dans leurs Traites de pa-thologie bovine. Le premier de ces auteurs la range dans la classe des maladies resultant des alterations du Systeme lymphatique. Le second la considere comme une affection generale des vaisseaux sanguins et lymphatiqnes, avec alteration du sang et de la lymphe. Gelle confond avec rElepiiandasis une dartre simple dont le siege est ordinairement aux ars, ä la face interne des cuisses, au scro­tum; ce qui n'empeche pas ces deux auteurs de s'accorder ä re-connaitre que TElephantiasis doit etre d'abord combattu par la saignee et les autres antiphlogistiques, prescription qui accuse plutöt la tendance exclusive de l'epoque qu'un resultat reel de l'observation.
Les medecins qui de nos jours out ecrit sur I'Elepbantiasis, ne s'accordent pas mieux que les deux derniers auteurs vetöri-naires que nous avons cites, sur sa nature et son siöge primitif : les uns veulent qu'il soit une veritable cacbexie, les autres en font une lesion organique generale, ou une dermatose lepreuse,
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490nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENERALES DIVERSES.
ou line lesion du Systeme veineux dont celle des lymphatiques et du tissu cellnlaire ne serait que la consöquence, ou line mala-die en dehors de touts classification. Les plus prudents s'abstien-nent de lui assigner vine place dans les cadres nosologiques, et c'est cet exemple que nous suivrons, en nous bornant a la classer avec les maladies de l'organe qui en est le sit-ge le plus apparent.
Causes. — On les ignore completement. II est inutile, d'ail-leurs, de se demander si I'heredite a pu exercer une influence (juelconque snr le developpement de 1'Elephantiasis. Jamals il n'est enzooti(iuo dans la veritable acception du mot; nous n'avons pas connaissance que ni taureaux, ni vaches elephantiaques aient servi ä la reproduction.
Contagion. — Aucuii fait ne tend ä prouver que cette raaladie puisse se transmettre d'un animal sur un autre, soit de la meme espece, soit d'espe.ce differente. Nous avons vu souvent des ani-inaux qui en etaient atfectes vivre pendant plusieurs mois, dans une etable commune, an milieu d'autres boenfs restes sains. Rn 1852, trois süperbes garonnais sont atteints subitement et pres-(jue ä la meme heure de I'Elephantiasis; ils etaient places dans differentes loges, parml ciiKj autres boeufs soumis au meme re­gime, ayant constamment travaille ensemble. Le traitement des boeufs malades dura dix h donze jours; leur isolement etait pres-que impossible, et d'ailleurs ne croyant pas a la contagion dans cette circonstance, cette mesure ne nous vint pas dans Tidee. Ils gnerirent, et aucun Symptome morbide ue se manifcsta sur les autres.
Les boeufs, vaches, taureaux ou genisses sur lesquels s'est de­clare l'Elephantiasis h difFerents degres, ou si Ton vent sous des formes diverses, se trouvaient sous I'mfluence de regimes tres varies. Les premiers etaient des animaux de travail et les autres de croit. Generalement ils n'appartenaient pas ä cette categorie de reprouvös, qui sont presquo toujours prives d'une nourritnre süffisante, et qui sont condamnes habitnellement ä Mre des tra-vaux au-dessus de leurs forces. Tons ou presque tons se trou­vaient chez de petits cnltivateurs soigneux ou tHaient dans les metairies placees sur les meilleurs fonds. Done le regime alimen-taire n'y etait pour rien.
Nous n'avons pas remarque que l'Elephantiasis se soit deve-loppe, comme dans I'homme, h la suite de la cicatrisation d'ulce-res variqueux, qu'il ait ete precede de l'obliteration des veines et de l'engorgement des ganglions lymphatiques. Jamals il ne nous a ete possible de supposer, avec quelque apparence de rai-son, que la chaleur, la secheresse ou rhomlditä de l'atmosphere
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KLEPHANTHIASIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;491
avaieut pu etre pour quelque chose dans l'apparition de la mala-die; meme remarque quant a Timpurete de la qualitö de l'eau servant de boisson. Dans les etables, dans les lieux, rien non plus; eile s'est declaröe dans toutes les saisons; et po;ir etre vrai, nous avouerons que lorsque, en presence de FElephantiasis, nous avons cherche a bien en apprecier la cause on les causes, nous en sommes reste aux conjectures suivantes : 1deg; I'impres-sion subite d'un air froid et vif sur un corps echauffe par la tem­perature de l'etable; 2deg; I'lmpression d'un couraut d'air egalement froid et vif sur une seule partie du corps; 3deg; Timmersion dans l'eau froide, immersion suivie du repos complet, pendant que le boeuf etait exj)Ose ä un couraut d'air frais. Comme on le voit. c'est une influence de nature ideutique; il n'y anrait done qu'une seule cause ä pouvoir assignor k rElephanfiasis ; et c'est, il faut en convenir, une etiologie bien obscure.
Resterait cependant une hypothese que nous n'entendons pro­poser que pour ce qn'elle aura de valeur apres de nouvelles etu­des et de nouvelles observations. C'est que 1'Elephantiasis, dont la nature reste enveloppee d'un certain mystere, si Ton en juge par les opinions si divergentes emises soit par la medecine de rhonrme, soit par les anteurs veterinaires, pourrait bien etre une de ces affections que Ton attribue ;i la presence d'insectes ou de zoophytes inicroscopiques. La presence de ces parasites aurait pour effets primordiaux l'irritation et rhypertrophie du tissu der-moide, et pour consequence ordinaire, la desorganisation de cet orgaue et des organes sous-jacents. Cette opinion semblerait d'aillenrs trouver une explication plausible dans les succes obte-nus par un traitement insecticide en partie.
Sj-mpiömcs. — L'Elephantiasis debute ordinairement de la ma-niere suivante : tristesse bien apparente; diminution de l'appe-tit, suspension de la rumination; point de pandicnlation; poll herisse; peau seche, rugueuse; sensibilite extreme de la colonne epiniere; quelquefois de petits boutons apparaissent ä Torigine des polls, ils s'eraillent facilement et sont tres douloureux an toucher; le mufle est sec; les naseaux un pen tumeiies; les paupieres couvertes; la conjonctive injectee; les matieres fecales seches, marronnees; les contractions anales lentes et incompletes; le pouls plein et tumultueux. Ces premiers symptomes ne tardent pas ä etre accompagnes d'un autre phenomene plus caracteristi-que : la peau se montre tumefiee sur une ou plusieurs parties du corps, autour du mufle, sur les paupieres, les oreilles, an fanon, sons le ventre, au grasset, ä la base de la queue, aux membres, ä partir du genou et du jarret, et au-dessous, en s'tHendant jus-
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499nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENEHALES DIVERSES.
qu'aux onglons, quelquefois sur une seule de ces parties, souveul sur plusieurs, 61oign6es ou rapprochöes les unes des autres. Nous u'avoas jamais remarque que la tumefaction des ganglions lym-phatiques places exterieurement existät au debut de la maladie.
Ces symptomes, qui sont d'une exactitude rigoureuse, ayant ete observes et notes avec un soin minutieux pendant les annees qui out suivi notre publication de 1829, caracterisent, si Ton veut, la periode d'invasion ou l'ötat aigu; mais entre cette periode et celle qui va suivre, la transition est brusque sur tons les boeufs que la maladie surprend lorsqu'ils semblent jouir de la meilleure sante, qu'ils sont bien nourris, non extenues par des privations et un travail excessif.
Chez ces derniers, au contraire, les premiers symptomes sont moins apparents, il faudrait un ceil bien plus exercö que celui des conducteurs ordinaires de bestiaux pour en constater I'exis-tence, ä moins qu'ils n'eussent ete mis en garde par des accidents anterieurs. Dans ce cas, la tumefaction de la peau est le seul symptöme qui doune l'eveil, et cette tumefaction n'est ni un oedeme ni une anasarque, comme Font ecrit quelques auteurs veterinaires.
L'ecoulemenl de salive filante et fetide n'est pas non plus un Symptome appartenant ä la periode d'invasion ; il n'a reellement lieu que lorsqu'il existe des ulcerations dans Initerieur de la bouche ou sur les commissures des levres.
Bientot la peau se trouve, sur les parties affectees, dessechee absolument comme un corps prive de nutrition, eile est soulevee, crepitante, des crevasses profondes la divisent en plusieurs sens et en portions d'etendue variable; par ces crevasses il suinte un liquide ou sereux ou sero-purulent, quelquefois jaanätre et de consistance oleagineuse, et toujours d'une odeur infecte. Le poll tombe par le plus leger frottement ou s'arrache par mailles, en-trainant des bulbes d'un volume exagere et anormal. A la surface exterieure du cuir, la sensibilite parait ne plus exister, mais en introduisant la pointe d'un bistouri jusqu'au fond des crevasses, le boeuf parait eprouver une douleur subite tres intense, laquelle est ordinairement accompagnee de soubresauts dans les parties superieures des membres, a l'epaule, ä la cuisse et sur la region lombaire; chaque piqüre provoque des mugissements plaintifs. Comme le mufle, les oreilles et les paupieres ne tardent pas a etre le siege des symptomes les plus saillants, meme lorsque la tumefaction de la peau s'est d'ajjord manifestee isol^ment au fanon ou aux extremites. Le boeuf elephantiaque oflre alors un as­pect hideux ; aussi nos campaguardsdesignent-ils la maladie dont
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ELEPHANTIASIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;493
il est affecte sous le nom de casque. Les yeux apparaisseut comme des crevasses plus grandes que les autres, mais le sens de la vue n'est pas affaibli; le mufle acquiert un volume extraordinaire; les ouvertures nasales sont r6tr6cies; la respiration est sifflante et penible. Quand des ulcerations se forment dans rinterieur des cavites, il y a ^coulement par les naseaux d'une matiere sem-blable par l'ödeur et par la couleur ä celle que fournissent les crevasses ; les memes causes produisent cette salivation Alante et letide dont nous avons dtvjä parle.
Mais ces derniers phönomenes ne sont pas constants, pas plbs (jue le suintement par les crevasses exterieiires. II y a des boeufs chez lesquels on ne remarque ni suintement, ni jetage, ni sali­vation. A la verite, ces circonstances se presentent rarement et sont de bon augure. L'engorgement des membres peut etre tres considörable; ordinairement il est circonscrit au-dessus des arti­culations par un enorme bourrelet, et Forigine des onglons est entouree d'une production semblable. Vers la fin de la vie, quel-{jues-uns de ces onglons se detachent meme spontanement. De lourde qu'ötait la marche dans Tinvasion, eile devient impossible lorsque toutes les articulations sont renfermees dans cette masse informe, et que les crevasses qui arrivent directement sur l'arti-culation rendent encore les mouvements plus douloureux. Alors les animaux restent debout taut que leurs forces ne sont pas epui-s(5es par une station prolongee, et i)uis ils tombent tout d'une piece, brusquement, en tenant les membres etendus, leur flexion etant impossible. Dans cette chute, la fracture de la cheville os-sense, sur laquelle est implantee la come, a lieu quelquefois completement du cotö oü cet Organe a touche la litiere ou meme le fumier, et nous avons cru remarquer que cet os avait perdu de sa durete et de sa densite ordinaire. Un peu moins d'intensite dans ces symptomes, et cet etat pent durer longtemps; alors les animaux prennent de temps ä autre des aliments en petite quan-tite; ils boivent souvent; leur soif est pour ainsi dire inextingui-hle; quelques-uns refusent absolument les boissons chargees de farine, et ils emplissent avec avidite leur estomac d'eau pure et meine d'eau de fumier; d'autres ne se nourrissent qu'avec un melange d'eau et de farine. La rumination s'execute lentement et avec une grande irregularite, seit que le bol remonte en tres petit volume, soit lassitude des mächoires ou difficulte de les mouvoir; le temps de la rumination ne depasse guere trente con­tractions. Les matteres fecales sont noirätres, de consistance iliarrheique ou dures et enduites de mueosites.
li'Elephantiasis ne se manifeste pas toujours par des symptö-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
mes eu lout semblables ä ceux que nous avons enumerös plus haut, et se produisaut avec regularite. II s'aggrave quelquefois a la suite de veritables acces pendant lesquels on voit se renouve-ler tons les ijlieaomenes morbides cjui ont signale son invasion; ce n'est pas ordinaire, mais nous 1'avons remarque d'une maniere bien precise sur deux bCBufs. D'autres fois les symptomes ont une gravite moindre, les ulcerations ne gagnent ni rinterieur de la beuche ni les cavites nasales, la tumefaction se borne a un mem-bre, an tanon, ä l'epaule ou ä toute autre partie, et le trouble des ionctions internes n'a point de duree. Le suintement (jui a lieu par les crevasses n'exhale pas une fetidite extreme, le fond des crevasses n'est pas jaune, lardace, il est plutöt de couleur rougeätre. Dans cet etat, la maladie pent rester Longtemps sta-tionnaire, eile est inoins rebelle au traitement, et meme ou la voit ä la longue s'amoindrir an point d'approcher de la gueri-son. Nous avons parle autrefois d'nn ba3uf qui put etre vendu assez convenablement pour la hasse boucherie apres avoir et6 abandonne pendant cinq h six mois dans une prairie, oü il etait souveut altaque par les oiseaux de proie. Nous en avons vu deux anlres dans le meme cas, et sur lesquels le principe morbide paraissait s'etre use on avoir ete elimine par les seuls efforts de la nature.
D'autres fois la depilatiou a lieu inseusiblement, et puis on s'apercoit que la peau est deveuue d'une epaisseur quatre ou cinq fois plus considerable que dans I'etat normal, que cet Organe est de couleur d'un brun jaunätre, rude an toucher, prive presque entierement de sensibilite, qu'une poussiere furfuracee le recou-vre. L'epaississement de la peau du front, des paupieres et du mutle donue bien au ba3uf un aspect etrange, mais non hideux tout ä fait et degoütant comme lorsque le cuir est silloune par de profondes crevasses. Les membres sont empales, la inarche un pen inoins libre que dans Jes conditions ordinaires; nous avous vu des bCBufs faire malgre cela un passable service pendant des anuees entieres, et fiuir cependant par la plithisie pulmouaire el le marasme.
Lorsque 1'Elephantiasis n'aöecte qu'une portion des tegumeuls. el qu'apres la periode d'invasion les symptomes generaux von I en dimiiiuaul d'intensite, il arrive assez souvent que la lesion du cuir se borne k la depilatiou, ä un changement de couleur en brun , ä des gercures pen profondes, ä la formation de pellicules furfuracees, el que par la suite l;j. peau finil par recupei-er ses (jualites normales ; ou bien , si eile est dessechee. dmsee par des crevasses non accompagnees d'un suintement sevo-purulenl .
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ELEPHANTIASIS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 495
reuleveineut des portions desorgauiseos est praticable avec quel-c|ues chances de succes.
Lesmouvements febriles qui se reproduiseut de temps en temps apres ime remission assez apparente, sout caracterises par Tacce-löration du ponls, par la frequence et par rirregularite de la res­piration , par la cessation complete de l'appetit et de la rumina­tion , par une soif inextinguible; ä la suite de ces mouvements lebriles, les engorgements gagnent on etcnduc et los crevasses en profondeur.
laquo;larciic. Terminaisons. — En nous appuvant sur une longue experience et sur la constatation des fails iiombreux recueillis en dehors de toute prevention systematique, nous dirons ici avec confiance, presque avec certitude, ce que le veterinaire peul esperer et ce qu'il doit craindre, toules les fois qu'il est mis en presence de cette redoutable maladie.
L'Elephantiasis, debutant rapidement a l'etat aigu sur des bocufs non alfectes de plithisie pulmonaire, non extennes, non reduits au marasme par la fatigue et par des privations prolongees, est ordinairemenl curable; il se termine par la resolution com­plete du sixieme au douzieme jour, sans qu'il y ait ä craindre de recidive, si le traitement que nous indiquerons plus has est appli­que avec intelligence, avant le dessechement et le crevassement de la peau. II faut remarquer neamnoins que les chances de reussite prompte sont dautant plus nombreuses que la periode d'invasion est marquee par des sympfomes Men saillants, Men dessines. Nous n'entrerons dans aucune explication ä cet egard, mais c'est un fait acquis ä notre experience que lorsque les syrnptomes d'invasion sont inoins intenses, I'action favorable de la medication est plus lente ä se jjroduire.
L'Elephantiasis, passe ä l'etat chronique ou ayant debute sous cette forme, n'est combattu avec succes que par exception. Nous ue pouvons citer lt;]ue deux examples de guerison , et le premier date de raunee 1823. Les animaux qui en sont atteints vivraienl quelquefois plusieurs annees, s'ils n'etaieut dans les etables un embarras degoutant. Ils mangent pen , ruminent rarement, res-tent couches plusieurs jours sans pouvoir se relevor, et ils s'affai-blissent jusqu'ä ce qu'enfin ils expirenl.
L'Elephantiasis partiel, tel que nous 1'avious observe sur deux genisses avant rannee 1829, et tel que nous I'avons observe de-pnis sur des taureaux, genisses, bceufs ou vaches, est susceptible d'une guerison aussi prompte quo I'Elephantiasis aigu.
L'Elephantiasis, caracterise seulement par la chute complete du poil et I'öpaississement de la peau , a constamment resisfe ä
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
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tons les moyens employes pour le combattre, mais il n'abrege (]ue lentement l'existence des animaux , lesquels sont encore sus-ceptibles de rendre des services et meme d'arriver ä un certain degre d'engraissement; il est vrai, cependant, qn'ils fmissent generalement par la phthisie tuberculeuse.
Lesions pathoiogiques. — Les portions mortes du cuir ressem-blent h de la corne chaufFee fortemeut ou ä du parchemin d'une grande epaisseur; une substance lardacee, d'epaisseur tres varia-ble, remplace le derme et les aponevroses ; les muscles amaigris, decolores, adherent a ce corps pathologique ; nous avons vu des articulations dn genou, paraissant completement sendees par la transformation de toutes les parties en une masse lardacee ; les onglons sont quelquefois detaches, et presque toujours la corne est ramollie, spongieuse snr les talons, hmnectee d'un liquide dont l'odeur se rapproche beaucoup de celle qu'exhalent les ulce-res des pieds, appeles crapaucl sur les monodactyles. Des ulceres a bords calleux, couverts de sanie, existent dans les cavites nasa­les ; la cloison est quelquefois perforee par ces ulceres; on en rencontre aussi dans la boucbe, ä la base de la langue, aux com­missures des levres; le cceur n'a point son volume ordinaire, il est mou; la petite qnantite de sang que Ton trouve soit dans la veine pulmonaire, soit dans la veine cave, est de couleur lie de vin; le sang est grumeleux dans la substance pulmonaire, les ganglions bronchiques et le mediastin ; il y a ordinairement un grand nombrede tubercules, de grosseur variable, dont quelques-nns h l'etat de suppuration.
Dans la cavite abdominale sont toujours des liquides epanches en plus ou moins grande quantity; les ganglions mesenteriques sont engorges et tuberculeux en partie ; il y a souvent des taches brunes vers le pylore et des ulcerations dans I'intestin grele.
Nous avons rapporte plus baut deux cas de fracture des cornes, qui serablent annoncer qu'une maladie aussi grave, dont I'action se fait sentir presque dans tous les tissus, pent egalement pro-duire une alteration profonde dans la composition d'esos; I'an-kylose meme incomplete des articulations du genou, du jarret et du boulet en fournit une autre preuve.
Traitcmcnt. — En 1829. nous ecrivious que l'Elephantiasis du bCEuf 6tait susceptible de guerison dans quelques circonstances rares, et encore les observations de curabilite ne s'appliquaient reellement qua un petit nombre de cas se rapportant a I'Ele-phantiasis partiel, c'est-ä-dire n'ajfant affecte qu'une portion plus ou moins considerable de l'organe cutane, un ou plusieurs mem-bres, la region lombaire, etc. Quant a l'Elephantiasis arrive ;i
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Elephantiasis.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;497
cette periode, oü le cuir est desseche, divise a I'infini par des crevasses ulcöreuses, lorsque les cavites nasales sont parsemees d'ulceres, les tissus places immödiatement au-dessous de la peau, desorganises, il a ete presque toujours rebelle ä n'importe quelle m6dication. Une fois seulement, la nature a paru en triompher, le principe morbide ayant 6te elimine sans doute par raction des forces vitales.
Dans ce dernier 6tat, nous avons depuis longtemps renonce ä la saignee, et les onctions adoucissantes, les lotions, les fricl-ions irritantes ou detersives, out 616 tour ä tour employees avec un egal insacces. A l'intörieur, nous avons administre les excitants iliffusibles, les sudoriflques proprement dits, les toniques, lescor-diaux, les specifiques aperitifs. Ainsi a I'exterieur, I'onguent po-puleum camphre, Thuile campbree, les frictions mercurieiles, les lotions aromatiques avec le vin, irritantes avec le vinaigre, de­tersives avec la mixture de Villate ; enfin la cauterisation. A rin-lerieur, la decoction de saponaire, de salsepareille, de gayac, de serpentaire de Virginie, de gentiane, de valöriane; les opiats soufres, des boissons nitrees jusqu'a la superpurgation; car le nitrate de potasse produit cet effet sur le boeuf quand ou I'admi-nistre pendant plusieurs jours, en augmentaut la dose de 4 ou 5 grammes par jour, en dissolution dans un liquide mucilagi-ueux, dans la proportion de 4 litres de liquide pour 30 grammes de nitre. Nous nous sommes servi du tartre stibie en lavage, a la dose de 2 ä 4 et 6 grammes, et pour resultat unique, constant, la mort de Tanimal; terminaison un pen plus prompte quelquefois sous l'action du traitement.
Un petit nombre de fois, dans TElephantiasis partiel, I'enleve-ment graduel de la peau desorganisee a ete suivi de la gu6rison, en laissant ordinairement de larges cicatrices que le poll ne re-i.'ouvrait jamais tout h fait; la peau etait remplacee par une pro­duction epidermoide, seclie, rugueuse et completement depourvue de poll.
Voilii I'liistorique tres exact du traitement que nous avons em­ploye pour combattre cette terrible lepre du boeuf a I'etat chroni-que. Ses resultats beureux n'ont ete que des exceptions. Aujour-d'hui nous sommes beaucoup plus avahce pour le traitement de l'Elepbantiasis aigu, quand il n'a jjas encore depasse sa periode J'iuvasion, avant la disorganisation du derme, avant la forma­tion des crevasses. Dans ce moment d'election, nous avons recours a la saignee arterielle, aux boissons nitrees, et surtout aux frictions de terebenthinc pure, röpetees souvent dans la journee sur toutcs les parties oü la tumefaction de la peau commence ä
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paraitre, et apres les frictions, aux lotions de meine nature, de maniere ä tenir les parties constammenthumectöes avec Tessence de terebenthine ; cette saignee, ces boissons, ces frictions, ces lotions, constituent un traitement efiicace, an point de provoquer ordinairement la disparition de tous les symptomes, la resolution complete de la maladie, du sixiome audixieme ou douzieme jour.
ARTICLE V
VACCINE Synonymik : Varinle de lit vachc, Picote, Cow-pox (en anglais).
Definition. Frequence. — La vaccine, ou vacc'ma, a recu ce nom ä cause de sa provenance, ayant ete primitivement remarquee sur les mamelles des vaches.
Elle est caract£ris£e par vine eruption de pustules fort ressein-blantes ä cellos de la variole; leur apparition est precedee d'un mouvement febrile plus ou moins prononce; leur caractere est inflammatoire d'abord , puis elles entreut en suppuration , et fi-nissent par se dessecher et tomber comme les pustules de la clavelee.
Historique----L'histoire de la vaccine exigerait de tres longs
developpements si on vonlait la faire complete; mais, force de nous renfermer dans les Limites etroites (pie comporte un ouvrage de la nature de celui que nous redigeons aujourd'hui, nous ne dounerons de cette histoire qu'un resume tres succinct.
La gloire de la deconverte do I'mocuiation de la vaccine, comme moyen preservatif de la petite veröle de riiomme, appartient, sans contestation possible, h Jenner, mödeciu du comte de Glocester en Augleterre. On avait observe de longue date dans ce comte que les vaches ötaient sujettes h une maladie, caracte-risee par des sortes de boutons dont le siege principal etait le pis. On avait remarque aussi que I'humeur qui sortaif de ces boutons communiquait souvent une maladie semblable aux personnes char-gees de traire les vaches, lorsque leurs mains etaient excoriees. C'etait une tradition populaire que ces personnes n'etaienl plus susceptibles de contracter la petite veröle, et Ton rapporte meine qne, trente ans avant Jenner, un lermier du Glocester-sliire avait iuoculö ä sa femme et ä ses fils I'humeur des böutons du pis des vaches, en vue de les laquo;met Ire a l'abri de la petite veröle qui regnaif epidemiquemenf dans le comte. .Tenner n'a done pas
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VACCINE.
concu de prime-saut l'idee de substituer par i'inoculatioii la ma-ladie bönigne des vaclies ä la variole humaiue, duut on avail essaye depuis longtemps döjä d'atteuuer I'actioii desastreuse en la communiquant, pour ainsi dire, a petites doses, par une inocu­lation methodique. Mais ce qui fait le merite de Jenaer et lui assure ;i jamais la gloire de l'mventeur, c'est d'avoir su discerner la vörite sous les on dit populaires et d'avoir donne leur significa­tion veritable ä des fails d'observation empirique, (]ue beaucoup, saus doute, avaient coiiaus avant lui, mais dont personne n'avajl compris ni le sens ni la portee. Pour lout dire, eu uu mot, Jenner est l'inventeur de la vaccine : c'est par lui que riiumanile a ete doti'edecet immense bienfait, que Ton pent appelerle plus grand triomphe de la medecine : la substitution de la plus benigne des maladies a la plus desastreuse, et rimuuinite acquise contra celle-ci par le böneflce de celle-lä.
C'esl dans la memorable annee 1796 que Jenner, eclaire par l'observation et rintelligence des fails, osa inoculer ä uu garcou de huit aus riuimeur pnisee dans une pustule developpee sur la main d'une jeune vacliere, qui avail contracts sa inaladie eii trayant une vache sur le pis de laquelle existaient des traces de reruption designee dans le pays sous le nom de cow-pox. Cette operation fut suivie d'uu pleiu succes, en ce sens qu a chaque piqüre de I'inoculatioii se developpeient des boutons, qui avaieul les memes caracleres que ceux du pis de la vache. L'humeur dt? ces boutons inocul^e ä d'autres personnes douua lien sur elles aux memes manifestations.
Mais la contre-epreuve u'etail pas faile; la grande question T'tait de demoutrer (pie les individus sur lesquels on avail fail Jevelopper le cow-pox par inoculation n'elaient plus susceplibles de contracter la variole. Gelte demonstration, Jenner n'hesilapas a la donner, en inoculant la variole ä Fenfant sur lequel il avail teute dejä rinoculalion du cow-pox. Cette iuoculaliou variolique u'ayant pas 6te suivie d'eil'els, la doctrine jenuerienne se Irouva assise sur une base int'branlable. La preuve experimeulale ful domiee que la vaccine pouvait preserver de la variole aussi bleu que la variole. elle-meme.
Cette propriete preservatrice si precieuse du cow-pox doime uu immense inierei ä lout ce qui se ratlacke h cette maladie de la vaclie, et Ton comprend combieu il est important de ue laisser öchapper aucune occasion d'en coustater et d'en faire couuailiv 1'existence dans toutes les circonstauces oil eile se manifeste, alin de fouruir aux medecina do riiomme le moyen d'aller puiser du vaccin k ses sources primitives el de le regeuerer pour aiusi dire.
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500nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES RJJNERALES DIVERSES.
L'expßrience semble, en etfet, dömontrer, d'une part, que les vertns pröservatrices du vaccin s'attenuent graduellement ä me-sure que Ton s'eloigne du temps ou furent faites les premieres vaccinations ; et d'autre part, que de graves dangers peuvent se rattacher ä I'inoculation de bras a bras, par suite de l'infection syphilitique de Torganisme sur lequel le virus vaccinal pent etre puise. C'est en raison de cette double öventualite que la d6cou-verte des sources de la vaccine primitive a et6 l'objet des preoc­cupations d'un grand nombre de chercheurs depuis soixante ans.
Jenner avait laisse ce probleme ä resoudre tout entier pour ses successeurs; il est meme vrai de dire que, grace ä une cer-taine obscmite de ses memoires, il a contribue sans le vouloir ä jeter ceux qui I'ont suivi sur une fausse piste, dans laquelle ils se sont obstines par respect pour ce qu'ils croyaient etre sa parole.
Jenner a, en effet, soutenu I'opinion que la Vaccine n'est pas une maladie primitive de la vache, etqu'elle piocede d'une maladie dn cheval qu'il ne semble pas avoir observee par lui-meme, etqu'ila designee dans ses ecrits sous le nom vague de sore-heels (mal des talons), ou encore de the grease. Cette opinion que Jenner a laite sienne, et qu'il a couverte de l'autorite de son nom, ne lui appar-tenait pas. Elle etait populaire dans le comte de Glocester, oh Ton pretendait que la vaccine ne se manifestait dans les ^tables que lorsque les vachers, charges du soin des vaclies, avaient des rap­ports avec des chevaux. Jenner epousa cette maniere de voir. mais il ne parvint pas ä L'eclaircir par des experiences directes, et l'obscurite de son texte eut cette consequence, que pendant plus de soixante ans les opinions resterent divergentes dans tons les pays, sur la question de savoir ce qu'etait la maladie du cheval a laquelle Jenner avait donne les noms de sore-heels et de f/rrasc.
En France, on pensa que ces designations s'appliquaient a la maladie du cheval que Ion appelle eaux-aux-jambes, en raison dn tlux humoral dout la peau des membres devient le siege, sons rinflnence de cette maladie qui n'a en aucunc facon le caractere des aö'ections eruptives; en Italie, le sore-heels de Jenner devint le giavardino ou javart; en Allemagne, Topinion francaise fut adoptee, et sur la l'oi de ce que Ton croyait etre la parole de Jenner, on se mit ;i inoculer pendant une longue serie d'annees ces maladies ditFerentes, afin d'essayer de reproduire les fails dont le grand medecin anglais avait ete temoin et sur lesquels il avait fonde sa croyance de l'origine equine de la Vaccine. Ces tentatives d'inoculation resterent le plus souvent steriles. Mais dans quelques circonstances exceptionnelles, les experimen-tateurs eurent la main assez heureuse pour faire developjier la
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VACCINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 501
Vaccine en inoculant le liquide de ce qu'ils croyaient les eaux-aux-jambes ou le javart.
Les differences des resultats obtenus par les inoculations s'expli-guent par ce fail, que tantot on a attribue les noms do grease, d'caux-auayjambes et de javart aux maladies auxquelles ces noms convienuent reellcment, et que tantot ces noms out servi ä desi­gner improprement une maladie de nature eruptive qui peut avoir des caracteres de similitude avec les premieres, ä une cer-laine periode de son developpement, mais qui est d'une essence toute differente. Taut quo les premieres seules out ete inoculees, ce qui a ete le cas le plus ordinaire, 1'inoculation estrestee sterile: mais le succes I'a couronuee lorsque la chance a voulu que I'expe-rimentateur tombat sur la maladie veritablement inoculable.
Teile est la clef des divergences des opinions qui out regne Jepuis Jenner sur rorigine equine de la Vaccine et des differences des conclusions auxquelles out ete conduits les experimentateurs qui, depuis cette epoque, out cherche a eclairer celte question si lougtemps obscure.
(Test en 1860 que la lumiere commenca ä se faire sur ce point, et c'esl ä M. le professeur Lalbsse, de FEcole veterinaire de Tou­louse, que revient le merite d'avoir decouverl les premiers faits qni devaient seryir h faire connaitre la maladie vaccinogene du cheval, et a la distinguer eufln, et d'une maniere definitive, de celle que Ton appelle les eaux-aux-jambos. — Une epizootic, caracterisee par une eruption sur les membres et un flux humoral abondaut, s'etant declaree sur I'espece chevaline äBrienne (Haute-Garonne), oü M. Sarrans, veterinaire de cette localite, l'observa et la decrivit, M. Lafosse eut Tidue d'inoculer ä deux vaches le liquide qui suintait k la surface de la peau du jarret d'une jument, et il vit, ä la suite de cette inoculation, apparaitre des pus­tules qui avaient tons les caracteres et toutes les proprietes du cow-pox.
Deux apres, en 18C2, M. H. Bouley eut I'occasion d'observer dans les hopitaux de 1 ecole d'Alfort la meme maladie vaccinogene et de l'etudier sous les formes diverses qu'elle est susceptible de revetir. Cette etude faite sur une tres grande echelle, grace ä la multiplicite des faits qui se sent produits sous ses yeux, permit a M. H. Bouley dedouner, devant I'Academie, rinterprctation defl-uitive de tous les faits restes obscurs pendant la longue periode ecoulee depms Jenner jusqu'ä notre epoyue. Nous ne pouvons mieux faire que de reproduire ici le passage du discours oü M. H. Bouley a fait l'expose et le resume de ses recherches.
laquo; Ce nest pas sous une forme unique. toujours la meme, que
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502nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GEN^RALES DIVERSES.
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la maladie s'est montree ; au contraire, eile en a affecte piusieurs, tres diversifiees, sur uue serie de sujets.
laquo; Nous avons vu coincider son Eruption caracteristique avec le javart cutane ou cartilagineux.
laquo; Nous avons vu cette öruption si confluente qu'elle simulait, ä s'y meprendre, les eaux-aux-jamhes;
a Nous I'avons vue se compliquer d'angeioleucites et d'abees sur le trajetdos lymphatiqnes, qui auraientpu la faire confondre avec le farcin ;
laquo; Dans de certains cas, reruption caracteristique etait circons-crite tres etroitement h la region du pli d'un paturon;
laquo; Dans uu autre, eile avait son siege exclusif dans la bouche;
laquo; Dans d'autres, eile occupait l'extremite de la tete et se pro-longeaitjusque dans les cavites nasales, de maniere a avoir quel-ques analogies avec une eruption morvo-farcineuse.
laquo; De teile sorte qu'il nous a ete possible de voir defiler sous nos yeux :
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laquo; 1quot; La variete d'eruption localisee dans la partie declive d'un
ou de piusieurs meinbres quc Jenner a vue sans doute, qu'il a desiguee sous le noin de sore-heels, et que ceux aupres desquels il se renseignait confondaient avec le grease.
laquo; 2deg; Le javart inoculable de Sacco, on, autrement dit, la coinci­dence avec I'une des varietes de javart d'une eruption de pustules vaccinogönes, concentrees aütour de la lesion constitutive du ja­vart lui-meme.
laquo; 3deg; Les eaux-aux-jcmbes mocttZoöZes des expörimentateurs, c'est-ä-dire une maladie inflammatoire des jambes do cheva!, ayaut toutes les apparences des eaux-aux-jamhes par la forme del'engor­gement, rabomlance du fluide sereux que laissait suiuter la peau enflammee, la multitude de petites tumeurs conflueutes repre-sentees par les pustules de l'tiruptioii, mais n'ayant avec les eaux que cette analogie tonte exterieure et toute superficielle, et en dilferant essentiellement, et par sa nature et par sa forme meme, lorsque, sans se laisscr decevoir par les apparences, ou allait an delä pour se rendre compte de l'etat reel des choses.
k 4deg; Cette maladie d'un poulain, dont parle Jenner dans son livre, laquelle etait caracterisee par un engorgement chaud et douloureux d'un membre posterieur, sans suintement humoral en surface, comme dans le grease, et qui, par un bouton, fouruit une matiere dont I'inoculatiou produisit le cow-pox.
laquo; 5deg; La maladie de Toulouse^ avec tons les caracteres qui lui sont assigues dans le memoire de M. Lafosse.
laquo; Et il semble. Messieurs, qu'aucun des faits passes ne devait
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VACCINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 503
manquer ä cette sorte de revue qu'il nous a ete donnö de pouvoir faire; on eüt dit que tous obamp;ssaient ä une sorte d'Evocation ma-gique, et devaieilt venir dans un meme temps et dans le meme lieu se röunir en un faisceau compacte, pour nous faire voir, dans le meme moment, tout ce que les observateurs dissemines dans l'espace et dans le temps, depuis quatre-vingts ans, ont vu et ins-crit dans les annales de la science.
laquo; Ainsi, Jenner a signals dans son livre tous les accidents qui peuvent resulter pour l'homme de ses rapports de contact avec les chevaux affectös de la maladie qui est susceptible de faire naltre le cow-pox. II parle d'nlceres survenus sur les mains, de lym-phangites consßcutives, d'un etat febrile göneral assez grave.
laquo; Eb bien. Messieurs, ces accidents, nous les avons vus se pro-iluire avec tous leurs caracteres les plus accuses, sur un elevequi, blesse a un doigt, soignait un cheval affecte de la maladie erup­tive dont rinocolation donne lieu au developpement du cow-pox.
laquo; L'6ruption caracteristique de cette maladie etait tres conflueute sur ce cbeval; eile occupait un membre surlequel on avait prati­que Foperation que necessite le javart cartilagiueux; et tel etait I'engorgement de ce membre, tel le suintement liquide qui s'ef-lectuait ä sa surface, qu'ä coup sür il y avait possibilite de se me-prendre sur la nature du mal, et de considcrer ses caracteres comma les attributs des eaux-aux-jambes.
laquo; Je n'oserais pas affirmer que si ce fait s'etait produitdans un autre moment, et d'une maniere tout a fait isolee, on lui eüt donne sa signification reelle, comme nous avons pu le faire dans les con­ditions d'esprit on nous nous trouvions ä Tinstant qu'il s'est ma­nifeste sous nos yeux.
laquo; Teile est, Messieurs, l'esquisse rapide des faits qui se sout pro-iluits ä Alfort, cet ete passe, dans la periode des grandes chaleurs.
quot;#9632; On voit que rien n'a manque pour que la lumiere se fit; eile est faite. Et cette lumiere, en se refletant sur le passe, en penetre ions les recoins et en dissipe toutes les obscurity's.
laquo; Nous savons mainteuaut ce que c'etait que ce grease, ce sore-heels dont parle Jenner, car nous 1'avons vu, nous avons pu l'etudier et reconnaitre, par rexperimentation, les proprietes vac-cinogenes que Jenner lui avait attribuees par une merveilleuse intuition;
laquo; Nous savons ce qu'a vu Sacco;
laquo; Nous savons ce qu'ont. vu les experimentateurs qui, a diffe-rentes epoques, ont pu determiner le cow-pox par rinoculation de ce qu'ils appelaient des eaux-aux-jambes.
laquo; Dans tous ces cas, e'est une meme et unique maladie a quoi
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504nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GfiNERALES DIVERSES.
les observateurs out eu affaire : c'est la maladie que Ton peut ap-peler le horse-pox; laquelle a des caracteres tres nets, tres d6tei-mines, comme je le ferai voir dans une communication comple-mentaire de celle-ci. Mais il a ete tres possible de la meconnaitre dans le passe, ä cause de sa ressemblance, sous quelques-unes de ses formes, avec raffection speciale que Ton designe sous le nom d'emtx-aux-jambes, h cause de sa coincidence avec les differentes formes de javart, a cause, eiifln, des complications de lymphan-gite el d'abces cousöcutife qui peuvent modifier ses apparences et la faire coufondre avec des accidents farcineux.
laquo; Cette maladie est cede que M. Lafosse a vue et decrite a Toulouse, d'apres un seul specimen.
laquo; C'est celle qui s'est montree a Alfort, sous les formes les plus variees, et dont il nous a ete possible de faire une etude complete, grace a la multiplicite des cas qu'il nous a ete donne d'observer. raquo;
II ressort de cet expose historique que Jenner s'etait fait une idee juste des choses en attribuant ä la vaccine une origine Equine. S'il ne lui a pas ete doune de distmguer la maladie veritable d'oü la Vaccine procede, il ne s'est pas mepris sur la condition, sem-ble-t-il, necessaire de la manifestation du cow-pox dans les sta­bles , h savoir, de la contamination des vaches par des animaux de l'espece equine atiectes d'une maladie cutanee particuliere, restee indeterminöe pour Jenner. Cette maladie est aujourd'hui bien connue; tous les faits, en apparence contradictoires, qui se sont produits pendant une periode de plus de söixante ans, onl maintenant leur explication, et Fintuition de Jenner, relative a l'origine öquine de la Vaccine, aenfin trouve, apres de long tdton-nements, la confirmation experimentale qui lui manquait.
Symptümes. — Chez la vache. — On remarque d abord une dimi­nution assez sensible de l'appetit, sans pour cela que la rumina­tion soit interrompue; la vacbe est un pen triste, eile tient les membres posterieurs un pen ^cartes; le lait est plus sereux et moins epais que d'habitude, sa secretion diminue de moitie; le pouls est accelere, dit-on; mais dans deux cas que.-'ai eu I'occa-sion d'observer dans ma pratique, je n'ai point remarque cette accel6ration signalee par quelques auteurs. II y a un peu plus de chaleur ä la peau et les mamelles sont douloureuses; puis appa-raissenl des pustules plates, circulaires, creuseesdans leur centre, en forme de chaton ou cul de poule, et entourees ä leur base d'un cercle etroit, dont letendue augmente graduellement sur les ma­melles et sur les trayons. On trouve aussi quelquefois, mais rare-ment, de ces pustules autour des naseaux, de la bouche et des paupieres, ce qui s'explique par rinoculation qui peut se produire
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VACCINE.
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lorsque les vaches, excitees par la douleur ou une espece de pru-rit qu'elles ressentent aux mamelles, portent le mufle sur ces organes pour se gratter ou pour flairer les pustules. Maiii comme les grands ruminants se grattent surtout avec la langue, il ne serait pas non plus etonnant qu'on eüt remarque des pustules de Vaccine dans la bouche de ces animaux.
Les pustules mettent quatre ou cinq jours ä se developpei, et a mesure qu'elles grossissent, ranimal devient de plus en plus in-quiet ; elles sont enflammees, surtout h leur base, chaudes el dou-loureuses quand on les comprime : elles augmentent de grosseur. tout en restant deprimöes dans leur centre. Bientöt elles devien-nent diaphanes, prennent une couleur plombee assez brillante; puis le cercle rouge preud une tein te livide; la mamelle s'endur-cit proiondoment aux endroits ou existent les pustules, etlavacbe n'est plus seulement inquiete, eile est devenue tres irritable. Le liquide contenu dans ces pustules devient limpide; il est visqueux, inodore; il se colore quelquefois legerement; enfln, il s'epaissit et se desseche vers le onzieme ou le douzieme jour. Alors les pus­tules prennent une teinte brune dans leur centre et graduelle-ment vers leurs bords, puis elles se reduisent en une croüte de couleur rouge, unie, 6paisse, et qui reste pendant qnelques jours tres douloureuse pour la vache quand on la trait. Cette dessicca-tion met dix ä douze jours pour etre completöe; ensuite les crou-tes tombent, et laissent autant de cicatrices rondos sur les ma­melles. La marclie de la Vaccine chez la vache est marquee par des periodes bien distinctes, comme chez rhomme.
II pent arriver cependant que des circonstances particulieres viennent contrarier et troubler la marche de la Vaccine, et que, par exemple, les tiraillements exercus sur les trayons, produisent la rupture de la pellicule qui recouvre les pustules, que la sortie du liquide ait lie.u, et que Ton premie les boutons transformes pour des gercures ou des excoriations occasionnees par une toute autre cause que celle qui a existe reellement. Les accidents de cette nature out an necessairement donner lieu h de nombreuses meprises, et j'avoue, pour mon compte, que la premiere observa­tion de Vaccine que j'ai faite serait restee un pen confuse dans ma memoire, si, dans la meme etable. jen'avais vusurune autre vache la maladie caractörisee bien nettement.
On dit pourtant qu'il exisfe aussi une fausse Vaccine, que Ton reconnait a l'apparition de boutons avort6s, pointus, suppuranl rarement, laquelle paraitrait aussi frequente que la vraie Vac­cine ; cela pourrait bien etre, et Ton s'expliquerait de cette ma-niere les nombreux cas de vaccination infructueuse.
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
he v6t6riiiaire pouvant quelquefois, ä la campagne, dans les exploitations 61oignees des centres oü se trouvent des mödecins, se trouver consults pour constater des cas de vaccination fruc-tueuse on infructueuse, je crois utile d'ajouter quelques details siir la Vaccine et la vaccination chez I'liomme.
Symptömes. — Chez I'homme. — Les void tels qu'ils sont decrits dans une instruction publiee en 1830, au nom de l'Academie de medecine :
laquo; On distingue, dit rinstruction, deux sortes de Vaccine, Tune vraie et l'autre fausse.
laquo; La vraie Vaccine preserve seule de la petite vörole. Elle se reconnait aux caracteres suivants : il s'^coule au moins trois jours entre l'insertion du virus et Fapparition des boutons. Pen­dant ce temps, on n'observe absolument rien ä l'endroit des pi-qüres, niailleurs. Du troisieme au quatrieme jour, un pen plus tot en ete qn'en hiver, on apercoit un petit point rouge, plus sensi­ble au toucher qu'ä la vue, sur chaque piqüre on I'inoculation doit reussir. Le cinquieme jour, h compter de celui de la vaccina­tion, on le deuxieme de I'öruption, le bontou est un pen plus pronouce, et Ton seat sous le doigt an petit engorgement tres cir-conscrit. Parvenu au sixieme jour, le petit boutoncesse de se d6ve-lopper en pointe; il s'ölargit, s'aplatit, se deprime au centre et prend une teinte blanchatre, tirant un pen snr le bleu, qui joue un pen le reflet de l'argent on de la nacre. En meme temps, chaque bou-ton s'entonre d'un petit cercle rouge, qui s'etend chaque jour davantage. Le septieme et le huitienie jour, meines symptomes, avec un peu plus de developpement. A cette epoque, le bouton dans tonte sa vigueur est large de 5 a 6 millimetres, d'un blanc legerement azure, entoure d'une aureole rouge, plus on moins otendue, deprimee dans son milieu et termin^e par des bords durs et saillants, et plus tdeves que le reste de la surface. Le neuvieme et le dixieme jour, les symptomes se prononcent da-vantage; I'aureole s'elargit, devient d'une couleur vive, ver-meille, et s'etend jusgu'äl2ou 15 millimetres de la circonference du bouton.
laquo; L'engorgement des parties sous-jacentes est d'autant plus prononce, qne I'aureole est plus otendue. A cette 6poque, le vac­cine eprouve, clans quelques cas, un peu de tumefaction aux glandes axillaires, accompagnee quelquefois de douleur. II pent survenir aussi un mouvement de^fievre marquö par des bäille-ments, de la chaleur ä la peau, de l'accelöration dans le pouls, avec alternatives de rongeur et de päleur du visage. Ces symp-
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VACCINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 507
tomes sont en general proportionnes an degre de l'irritation lo­cale et n'oürent aucun danger.
laquo; Le onziemejour, Taureole se retient, la rougeur dhninue, le bouton commence k se fletrir, le reflet argente s'altere et brunit. Du douzieme an treizieme jour, le bouton se desseche et se transtbrme en une croüte dure, noirätre, qui tombe du vingtieme au vingt-sixieme, en laissant une cicatrice indelebile.
laquo; La cicatrice vaccinale est ronde, profoude, gaufree, traversee de rayons et parsemöe de petits points noirs. Recente, eile est tres marquee; ancienne, eile se confond uu peu avec les tegu­ments, mais eile ne s'efface jamais.
laquo; II est bien entendu que les'symptomes ne suiventcette mar-cbe que lorsfjue la Vaccine est reguliere, ce qui arrive presque toujours. Quand sou apparition est retardee, le retard porte uni-quement sur le temps d'incubation. Quelle qu'en soit la duree, 11 ue faut la compter que pour trois jours, si Ton veut se retrouver avec la description qui vient d'etre faite.
laquo; La fausse Vaccine ne preserve pas de la petite veröle et peut presenter des caracteres divers. Le travail commence ordinaire-ment le jour meme ou le lendemain de la vaccination. II est ac-compagne de demangeaisons ; 11 se forme aux piqüres une legore duret6 qui se montre parlbis immediatement apres qu'elles out ete faites, qui s'atfaisse en s'ötendant et qui est recouverte d'une rougeur päle et vergetee.
laquo; Du second au cinquieme jour, il parait un bouton dont le sommet se termine en pointe, d'une grosseur variable, d'une cou-leur jaunätre qui, en se sechant, prend l'aspect de la gomme. L'aureole vaccinale n'existe pas, mais une inflammation passagere et semblable k un erysipele peut accompagner le bouton. La des-siccation se fait promptement et la croüte tombe du dixieme au douzieme jour, quelquefois beaucoup plus tot.
laquo; La fausse Vaccine se montre chez les persoines qui out et^ dejä vaccinees ou qui out eu la petite veröle naturelle. Elle peut etre produite par toute espece d'irritation, cpii arriverait aux pi­qüres vaccinales, par une Vaccine trop avancee, par une lancette oxyd^e. raquo;
Le virus fourni par les pustules est le principe actif de la Vaccine. La croüte vaccinale jouit, au dire de certains experi-mentateurs, de la meme propriete. Gependant ce point est encore douteux, et il ne faut guere compter que sur le fluide vaccin. A la verite, les pnrsonnes employees ä traire les vaches affectees du Cowpox, recevant sur leurs doigts le liquide des pustules qu'elles crevent en pressant les trayons, portent la contagion dans les
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MALADIES GENEILVLES DIVERSES.
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etables. Mais cette observation, tres juste d'ailleurs, n'infirme pas ce que nous avons dit : le virus rests depose au-dessous des on-gles ou tout ä cöte des ongies de ces personnes, et Töpiderme des trayons est souvent enleve, de teile sorte que, dans ce cas, I'ino-culation a lieu presque dans las conditions prescrites, lesquelles ne peuvent pas etre toujours posees d'une maniere rigoureuse.
Traitement. — D'apres tout ce que Ton vient de lire, il est bien entendu que la Vaccine n'est pas une maladie dangereuse, et pourtanL il serait imprudent de ne point s'en preoccuper et de ne donner absolumeut aucun soin aux vaches qui en sont affectees. Leur appetit diminue, elles sont tristes; la secretion du lait di-minue egalement, et le lait est moins epais; 11 a perdu de ses qualites normales; les mamelles sont douloureuses au toucher, et si on continue de les traire quand le vaccin est declare, on pent crever les pustules ou faire tomber prematurement les croütes. II y a done un traitement a employer : il consiste, ce me semble, d'abord dans la mise en pratique d'un regime alimentaire plutol rafraicbissant que tonique, dans la suspension de la traite ou du moins dans la traite faite avec de grandes precautions. Les betes doiveut rester a I'etable dans une temperature moyenne, et plu-tot cbaude que froide; leur boisson doit etre tiede ou, comme Ton dit, degourdie. On ne doit jamais les exposer ä des courants d'air ni ä un air froid, jusqu'ä ce que les croütes soient tombees. Mais je me prononce formellement centre l'emploi de lotions ou d'onc-tions de quelle nature qu'elles soient sur les mamelles et les trayons.
La Vaccine est une maladie critique, eile doit parcpurir ses phases regulierement; aussi faut-il laisser la nature ä toute sa li-berte d'action. Et e'est bien ici le cas d'appliquer Taphorisme : Quo vergit natura ea ducenda.
Les motifs qui m'ont determine' a rapporter les symptomes de la Vaccine chez I'homme m'engagent aussi k dire quelques mots de la Vaccination, d'autaut plus que cette operation est egalement pratiquee sur les aniraaux, dans Foccasion.
Vaccination. — La vaccination est reparation par laquelle on introduit la Vaccine dans r^couomie pour inoculer le vaccin. On la pratique ordinairement sur les bras, au niveau de I'msertion deltoidienne, soit avec du vaccin conserve, soit, ce qui est tou­jours preferable, avec du vaccin pris directement dans la vösicule vaccinale et immödiatemenl transports sur le sujet qu'on veut vacciner : ce procede est dit de hrasji bras. Apres avoir charge la pointe de la lancette, l'operateur embrasse de la main gauche, avec le pouce d'une part et les doigts d'autre part, le bras du
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sujet qu'il se propose de vacciner, de maniere a tendre la peau externe du membre au lieu d'election, puis il insinue la pointe de la lancette, horizontalement et ä plat, au-dessous de Tepiderme, et Ty laisse sejourner un instant, en lui imprimant de lögeres oscillations; enfln, placant la pulpe du pouce de la main gauche sur la partie piquee, de maniere a appuyer legerement, il retire Tinstrument, qni ainsi se trouve essuyö dans la petite plaie et sur ses bords, et y laisse tout le vaccin qui s'y trouvait depose. Mais cette manoeuvre n'est pas de necessite absolue; plusieurs prati-ciens la negligent et pratiquent habituellement plusieurs piqüres, sans charger la lancette ä nouveau.
Quoiqu'une seule piqtire, si eile est suivie de l'öruption vacci-uale, soit süffisante pour preserver de la variole, on a coutume, afin d'assurer d'autant mieux le succes de l'operation, d'en faire plusieurs, trois h chaque bras ordinairement, en ayant. soiu de les espacer convenablement, pour eviter que les aureoles inflam-matoires de chaque bouton ne produisent, en se rejoignant, une plilogose trop vive de la peau.
On pent pratiquer la vaccination chez des sujets de tout äge, et on le doit en temps d'epidtoiie, quel que soit leur etat de sante; mais en dehors de cette condition, c'est en g6n6ral dans la pre­miere enfance, ä Tage de deux ä trois mois, qu'on inocule la Vaccine, et alors que le sujet est en tres bonne sante. Cependant, quoique cet Age soit regarde communement comme le plus favo­rable, un certain nombre de praticiens, surtout dans les hospices (1'accouchements on d'enfants abandonnes, vaccinent des les pre­miers jours, et meme des les premieres heures qui suivent la naissance, et ces vaccinations precoces ne paraissent pas, quoi qu'on en ait dit, etre suivies de plus d'inconvenients que les untres.
Quand on vaccine de bras ä bras, de meme d'ailleurs que pom-la recolte du vaccin que Ton vent conserve!-, il faut autant que possible prendre le fluide vaccinal pur et sans melange de sang sur un enfant robuste et en bon etat de sante, exempt de mala-ilies contagieuses, encore Men que la transmission de ces sortes ile maladies, notammentde la syphilis, par la Vaccine, soit loin detre constante.
D'apres les faits observes, il n'est pas douteux que le virus vaccin aujourd'hui employe n'ait subi une sorte de degeneres-cence; car il ne produit, sur un grand nombre d'individus, i|u'une immunite temporaire, an lien de l'immunite absolue qu'il paraissait assurer dans les premiers temps de la decouverte de #9632;lenner. De la, outre la necessite de regen^rer le vaccin k sa
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MALADIES OENERALES DIVERSES.
source, c'est-a-dire au cow-pox, toutes les Ms que I'occasiou s'en presente, celle de renouveler la vaccination au bout d'un certain temps chez le meme sujet : c'est ce qu'on a^jpelle revaccination. L'expörience a justifie cette pratique, puisque sur un grand uom-bre d'individus revaccines, apres avoir eu, daus leur enfance, une Vaccine bien d6veloppee, on a vu la Vaccine se declarer de nouveau avec tons ses caracteres; eile merite done d'etre encou-ragee et propagee.
Mais il cst une queslion qui s'y rapporte et qui n'est.pas en­core sufiisamment elucidee, c'est celle de la duree de l'immunite vaccinale, on, en d'autres ternies, de Tage oil il convient de re-vacciner. Les opinions sont differentes. Suivant d'habiles obser-vateurs, il serait bon de revacciner le meine individu tousles cinq ans, ötanl sous-entendu qu'en cas d'insucces d'une pre­miere vaccination, il conviendrait de la tenter de nouveau dans an delai plus rapproche {Nouveau Diet, des sciences mid. et vet.).
CHAPITRE III
Maladies du Systeme sero-lymphatique.
ARTICLE PREMIER
OEDEME
On designe sous le iiom de ÜEdeme (de oedema, enilure) une hydropisie partielle du tissu cellulaire. On distingue l'ÜEdeme chaud et l'OEdeme froid. II est essentiel on symptomatique.
Causes. Symptömes. — Les causes de l'OEdeme chaud essentiel sont de plusieurs sortes : les contusions qui out porte plus direc-fement sur les vaisseaux lymphatiques et les veines; les piqüres de ces organes de la circulation; les engorgements qui genent la circulation d'une maniere on d'autre. Chez le boeuf, l'OEdeme chaud se manifeste h la suite de coups de come pen violents, mais repetes: apivs un froissement violent : par example, un boeuf eprouve une vive demangeaison ; h sa portee se trouve un
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OEDEME.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;511
corps dur auquel il se frotte avec persistance, et bientot se forme im ÖEdeme chaud essentiel.
L'CEdöme froid se manifeste pendant une maladie dont la Ju-ree a et6 longue, on ä sa suite; il pent etre occasionne par uue plaie contuse on non.
L'OEdeme se montre genöralement aux parties oil le tissu cellu-laire est abondant et lache, surtout dans celles qui sont sit.uees aux parties les plus declives, telles qne le dessons du ventre on du thorax, les paupieres, le scrotum, aux environs des ma-melles et du penis, au has des membres. II est une consequence presque inevitable de la castration ; il precede la parturition; il survient apres I'avortement on a la suite d'un sevrage subit. Tons ces OEdemes sont plus communs chez les animaux dont la cons­titution est appauvrie, qui vivent dans une atmosphere humide, dans des logements has.
L'OEdeme differe de Tanasarque, d'abord en ce que les causes qui le produisent ne sont pas toujours les memes que celles de cette affection; il en ditiere aussi en ce que rinfiltration est limitee a une partie du corps, tandis que dans l'anasarqne eile est gene-rale, et encore en ce que I'affection qui constitue TOEdeme est quelquefois inflammatoire. II ne peut pas efre conibndu av6c les tumeurs phlegmoneuses, on charbonneuses. II se distingue du phlegmon, ä la tension, m la chaleur des teguments; iln'eslpoinl douloureux comme celui-ci. Et quant aux tumeurs charbonneu­ses, elles se caracterisent par des signes particuliers, qui ne per-niettent pas de les conlbndre avec TOEdeme. D'apres ces differen­ces entre l'ÖEdeme et les maladies avec lesquelles on pouvait le confondre, le diagnostic n'est pas difficile ä etablir. Le pronostir ii'eu est pas ordinairement fächeux.
Traitement. — La premiere indication a remplir est ici, comme dans toutes les maladies, celle qui consiste ä faire disparaitiv la cause qui a donne lieu ä TOEdeme on qui rentretient, puis on a recours aux frictions ou aux onctions resolutives. Sur les OEde­mes chauds, on fait des onctions de pommade camphreeon iodu-ree, des applications de pates fonnees de terre glaise el de vinai-gre. On traite les OEdemes i'roids par des applications vesicantes, des frictions avec run de ces vesicatoires liquides, connus sous le nom de feu francais, anglais, topiques, etc. Les mouchetures produisent un eüet coutraire ä celui que Ton attendrait en les pra-tiquant. Elles determinent une irritation qui modifie avec desa-vantage l'etat de l'OEdenie, et Tissue qu'elles procurentau liquide epanche est insignifiant. La cauterisation penetrante n'est pas plus ufile: quand eile a pour resultat de provoquer la suppura-
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512nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENERALES DIVERSES.
tion apres la chute d'une eschare, eile retarde la resolution plu-tot (ju'elle ne hate la rösolution. Les bains d'eau courante sont utiles, ä la condition d'etre d'assez longue duree, de une a deux heures par jour.
ARTICLE II
ANASARQUE
iKiinifinn. Frequence. — L'Anasarque est une accumulation de serositö dans le tissu cellulaire de tout le corps, principalement. dans le tissu cellulaire sous-cutane : c'est un des genres de l'hy-dropisie, caracterisee par une tumefaction generale et ordinaire-ment indolente des teguments. Cette tumefaction cede sous I'im-pression du doigt, et son empreinte se conserve plus on moins longtetnps. Elle donne a la peau un aspect d'uu Wane laiteux, et lui fait perdre de sa femperalnre, de son humidite et de sa souplesse.
On donne egalement ä cette affection le nom de leucophlegmasie. L'cedeme froid n'en diifere qu'en ce que Finfiltration sereuse est hornee a une partie, par exemple, auxmembres, arabdomen, etc.
On la considere en general, et avec raison, comme une altera­tion du sang.
Causes. — L'Anasarque ne remonte pas ordinairement a une date ancienae; il se manifeste subitemeut, et sa cause est, dans le plus grand nombre do cas. Faction repercussive du froid sur la peau en sueur. A l'inverse de ce qui se passe dans l'ascite, TAna-sarque atfecte plus particuliereraeut les boeufs de travail les plus robustes. II faut distinguer pourtant cet Anasarque de celui qui atfecte les veaux et qu'ils portent souvent en naissant. Celui-ci tient probablement ä des lesions d'organes occasionuees par des coups portes sur l'abdomen de la vache pendant la gestation on par des secousses violentes qu'a tqjrouvL'es I'uterus, on bien il s'est d(5veloppe comme consequence d'une maladie dont la vache etait affectee. II est ä remarquer d'ailleurs que I'Anasarque congenial des veaux u'a guere ete observe que sur ceux de ces animaux dont les meres etaieut soumises an travail.
SjniptöiiKs. — Comme I'Anasarque du cheval decrit par M. H. Bouley, I'Anasarque du boBuf debute par de larges plaques cedemateuses qui jaillissent tout ä coup a la face interne des mem-hres, aux fesses, sous le ventre,'li,u fan on , aux paupieres, aux oreilles, aux uaseaux. Ces plaques d'abord isolees se röunissont
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ANASARQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 513
bieutot et constituent un vaste et seul ojcleme qui augmente ne-cessairement de volume et tend a se porter vers les parties les plus declives qu'il envahit en peu de temps ; de teile sorte que les membres, le plan inferieur du corps, ne forment plus qu'une masse confuse : alors les paupieres recouvrent entierement les yeux ; l'ouverture des naseaux se trouve cousiderablement retrö-oie et la respiration est tres difficile. Lorsque I'Anasarque est arrive ä cct ctat, le bceuf ne peul se mouvoir qu'avec une ex­treme diflicult6; il ne mange point, ne rumine point, et sa peau est seche comme du parchemin, ä moins toutefois que des ger-cures ne se forment instantanement sur certainos parties du corps, au pli des genoux, du jarret, ä la base des oreilies, parce (pie, dans ce cas, la serosite sanguiuolente h laquelle ces ger-cures donuent passage humecte les teguments.
Harche. Duree. Terminaisons.— L'invasiou de I'Anasarque se fait en peu de temps, et sa duröe n'est pas longue; car si la re­solution, qui ordinairement pent s'obtenir avec assez de facilite, se fait attendre, le trouble de la respiration survient, par suite de l'obstacle mecanique qui s'oppose ä l'entree de l'air dans la poitrine; puis toutes les fonctions sont enrayees, le trouble de-vieut general; alors la mort est inevitable, et eile a lieu dutroi-sieme au quatrieme jour.
L'Anasarque se termine par la resolution assez souvent, sous rialluence d'un traitoment metliodi(jue; mais cette resolution se fait lentement, par degres pour ainsi dire; eile commence a la töte, aux naseaux, vers le plan superieur d'abord, exceple aux oreilies, dout la base reste assez longtemps infiltree. Bientot les parois de rabdoinen sont dögagees ä leur.- parties superieures; mais le fanon, le dessoiis du ventre, lesboulets, conservent I'in-filtration plus longtemps. '
Diagnostic. Pronostic. — L'Anasarque differe du coup de sang general, de I'mflltratlon sanguine proprement dite, qui n'est en lealite (]uele resultat d'une bemorrhagie active, en ce que lesinfil-Irations qui le constituent ameuent une diminution marquee de la Unnperature des teguments, et en ce que ces infiltrations conser­vent l'impression du doigt; c'est le contraire qui a lieu dans les eas d'echauboulure et d'infiltration sanguine generale.
Le pronostic de I'Anasarque ne deviant lacheux (pie lorsque la resolution ne se dessine d'aucune maniere. II suffit qu'elle commence, pour que Ton puissecompter jusqu'äun certain point sur une terminaison favorable. Le pronostic est lacheux, toutes los fois que le trouble des fonctions se fait apercevoiv.
Lesions patholugiques. — Tissus decolores; epancliement dansle
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UAIADIES GENliUALES DIVERSES.
tissu cellulaire d'uii liquide sero-sanguiaolent, quelquefois gela-tineux; sur certains points, formation de fansses membranes aux regions oü röpancliement a ete jjIus considörable; peteclnes sur les membranes muqueuses.
Traitemcni. — Si Fanimal affecte d'Anasarque subitement de-veloppe etait d'ailleurs en bon etat an moment de I'mvasion, on pratique une saignee de 1 on 2 kilogr. On repete cette sai-gnee, apres un intervalle dequelques henres, si eile a produit un bon effet; on la reitere meine le leiidemain, quand le mieux se pronouce; mais il ne laut jamais faire de fortes saignees, car on pourrait voir la maladie s'aggraver et l'aniraal perir. S'il est vieux. use, qu'il ait ete mal nourri, la saiguee ne doit pas etre em­ployee, et le traitement consiste dans des scarifications pratiquees aux parties declives, scarifications ijue I'ou pent rendre plus efii-caces en les agrandissant au moyen de bbutons de feu, pene­trant dans les tissus infiltres, sur les parties non scarifies. En meme temps, on fait de frequentes frictions d'essence de tereben-thine, deux et meme trois fois par jour. On pourrait au besoin agrandir l'ouverture des naseaux au moyen du bistouri, et menu! recourir ä la tracbeotomie si I'aspliyxie paraissnit immineiite. On administre des breuvages nitres, avec toutes les precautions ne-cessaires pour ne pas avoir ä craiudre I'aspliyxie de 1'animal, el. Ton administre egalement des lavements aA^ec l'eau de savon.
Les breuvages nitres se composent de la manifere suivante :
Decoction de grains de mais, d'orge on ile seigle .. 2 litres. Nitrate de potasse......................... 35 a 40 grammes.
Anasarque congenial des vcaux. — Getto maladie s'observe assez frequennnent; eile donneiices potits animaux un aspect etrange: eile n'est point curable, et d'ailleurs presque tons les veaux qui en sont affectes sont morts avnnt la delivrance on meurent en naissant. Void la description de ce mal, teile qu'on la trouve dans les Archives generales de medecine, annee i8'28, page 69 :
laquo; Une vaclie, pleine depuis linit mois environ, fut tuee en raison d'une maladie grave doat eile etait atteinte. A l'ouverture du cadavre, on trouva un veau dont toute la surface du corps etait Wandle et privee de polls, h l'exception de quelques points tres circonscrits. Un fluide serenx assez epais, analogue aux eaux de l'amnios de la vaclie, remplissait le tissu cellulaire sous-cutane. et transsndait par les ouvertures-du corps et par la surface de la peau , sans qu'aucune section y gut etc pratiqnee. Sa quantite ful evalnee lt;i 50 livres, c'est-ä-dire ä la moitie environ du poids de ranimal. La charpente osseuse paraissait regiilicremeiil confer-
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PERITONITE.
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uiee; le sternum et les cötes offraient un develeppement moins complet que les autres pieces, etcedefaut de develeppement se fai-sait egalement remarquer dans le plus grand nombre des organes contenus dans le thorax et l'abdomen. Les pouinons, tres petits et tres comj)actes, presentaient, par rinsuffisance de l'air dans le lobe superieur , l'apparence de prolongements saillants, sembla-bles ä ceux que Ton retrouve dans l'organe pulmonaire du came-lenn, et dans le lobe inferieur, celle d'une vessie membraneuse, Iranslucide, revetue de substance pulmonaire d'une couleur rou-geatre : en general, les pouinons de cet animal avaient la plus grande analogie avec ceux des reptiles. Une serosite sanguino-lente baignait les parois des caA'ites thoraciques et abdominales ; les organes secreteurs abdominaux etaient assez developpös; le gros intestiu etail au contraire fort court; I'appareil genital etail courorme d'une maniere normale. raquo;
II est evident que TAnasarque doit avoir ete, dans cette cir-constance, une consequence de la maladie dont la vache se trou-vait affecfcee, et il parait assez singulier ([lie rauteur de l'observa-tion publiee dans los Archives de medecine ait neglige de faire connaitrc la nature de celto maladie.
ARTICLE III
PERITO.N'ITK
ih-iinitioii. Fr6quencc. — La Peritonite est rinllannnation dn peritoine, et, selon toutes les proliabilites. des vaisseaux et des ganglions lymphatiques; on pourrait dire (ju'elle est une inflam­mation .sui generis, car eile ne donne guere lieu ä la manifesta­tion des symptömes dits generaux, qui est un des modes saillants des inflammations de la plupart des organes. Cette inflammation est partielle on generale; mais i^uand eile est partielle par I'effet d'une cause particuliere, eile ne tarde pas ordinairement a deve-uir generale, c'est-ä-dire ä se propager sur toute Tetendne du peritoine et ä Lou tos les divisions du Systeme lympliatique, ä avoir nnretentissement marque sur toutes les membranes sereuses.
On reconnait ä la Peritonite deux formes distiuctes : la Perito­nite aigu'e et la Peritonite vhronique.
sect; 1. — Peritonite aigue.
Causes. — Les causes les plus actives et les plus frequentes de cette maladie sont les refroidissements. Les cliangements de teni-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
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pörature, si subits clans certaines regions de la France, qu'ils semblent constituer un 6tat normal pendant le printemps et l'an-tomne et aussi quelquefois en hiver, donnent lieu ä cette maladie beaucoup plus souvent que ne l'ont dit des auteurs mal renseignes. Qu'elle semontre rarement chez les boeufs ou vaches qui passen! leur vie dans les etables ou sur des päturages sans jamais etre contraints h faire un exercice qui accelere chez enx la circulation et par suite rende la transpiration plus sensible et plus abondante, cela se concoil, mais puur les bteufs ou pour les vaches employes aux travaux des champs, c'est Men different. Ces derniers, expo­ses ä rimpression du brouillarcl et des vents, quand ils sont en sueur, out toujours le plus ä craindre, en effet, d'etre atteints de Peritonite, si I'excitation produite par le travail est arret6e subi-tement, surtout dans les saisons froides et humides.
L'immersion des animaux dans l'eau froide, et apres cette im­mersion le rapes ä l'air hbre, sont aussi des causes de la Peri­tonite. Elle peat egalement etre occasionnee par des coups violents portes sur certaines parties de Tabdomen avec un corps dor non flexible, tel que Texlremite d'un baton, la pointe d'nn sabot, des coups de pieds on de cornes; mais, dans ce cas, la Peritonite commence d'abord par etre partielle, pour devenir generale s'il n'y est point porte remede.
Elle se manifeste quelquefois k la suite dli bistouruage, et eile complique la metrite survenant apres le part.
Symptnmcs. — Les symptomes de la Peritonite aigne sont assez faciles ä constater : les premiers sont des frissons continus ou momentanes; ranimal reste conche en donnant des signes d'anxiete; il tourne souvent la tete vers rabdomen, poiisse quelques mugissemeuts plaintifs, beaucoup moins distincts que ceux qu'il fait entendre quand il est atfecte de rinflammation gastro-intes-tinale; il temoigne d'une douleur assez prononcöe si on com-prime fortement les pärois abdominales du cöte droit principale-ment et en haut; il a le mufle sec, il ne rumine point, il a perdu Tappetit; s'il est place sur ses membres, il les tient ras-sembles et tres rapprochös du centre, ou bien il flecliit tantot Tun, tantöt lautre. Le pouls est petit et concentre, et quoi qu'on en ait dit, il n'est jamais ni fort ni precipite dans le cas de P6ritonite. C'est meme dans cet etat qu'il caracterise plus parti-culierement, sur Tespece bovine, rinflammation des membranes sereuses.
Quand la Peritonite est contomitante de la gastro-enteritc. Tanimal ne reste point couchö; 11 frappe la terre de ses pieds, mais sans agir avec violence; de meme quand il les souleve vers
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PERIT0N1TE AIGUE.
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le ventre, il n'y arrive jamais, et Ton peut. facilement supposer que si les coliques existent par l'effet de douleurs intestinales, I'animal 6prouve en meme temps des souffrances gui n'ont pas leur si6ge dans Fintestin, mais Men au p6ritoine.
Le flaue droit des boeufs ou vaches affects de Peritonite est le-gerement tendu; ils out la peau seche et froide dans le d6tut de la maladie; un peu plus tard, quand il y a reaction, eile est tres chaude et les signes d'anxiete sont plus manifestes : c'est alors, et seulement alors que la respiration s'accelere; car au dfebut eile est courte et lente. Comme I'animal tient ses membres ou rassembles pres du centre de gravite ou dans un etal de flexion, afin que I'abdomen n'eprouve ni contraction ni tiraillements, de meme les premieres douleurs abdominales que ressent I'animal lout qu'il retient sa respiration et ue dilate le thorax que le moins possible. — C'est d'instinct qu'il agit ainsi.
Si, dans le debut, la sortie des excrements se fait librement, ce n'est que vers la seconde periode de la maladie que la consti­pation a lieu et que les matieres fecales sont dures et seches; lorsqu'elles sont coiifees ou recouvertes de mucosites, on peut croire que rinflammation existe egalement sur la membrane nmqueuse intestinale.
Diagnostic. Pronostic. — Les frissons generaux, les signes d'anxiete, la tension du flaue gauche, la petitesse du pouls, sont des signes pathognomoniques qui ne peuvent laisser aucun doute dans l'esprit de l'obsex'vateur; ils font ressortir l'existence de la Peritonite d'une maniere trop evidente. Le pronostic n'est point iächeux taut qu'il n'y a point de complication ou si le traitement n'a pas ete retarde.
Marche. igt;ui(laquo;gt;. Terminaisons. — La Peritonite aigue simple a une invasion prompte, presque subite; aussi arrive-t-elle ä son etat le plus accuse en quelques heures. Combattue avec intelli­gence, eile n'a pas une longue duree, et sa termiuaison est ordi-uairement la resolution; si au contraire eile a ete abandonnee aux seuls efforts de la nature, eile passe facilement ä l'etat chro-iiique, et alors se declarent toutes les lesions qui sont comme des consequences de ralteration des fonctions du peritoine et des vaisseaux lymphatiques : I'hydropisie ascite, les engorgements ganglionnaires, etc., etc. Rarement les animaux succombenl aux atteintes de la Peritonite aigue, mais quand cela arrive, eile s'est compliquöe d'enterite suraigue, et alors on remarque les lesions pathologiques suivantes, outre celles qui resultent do celle-ci.
Lesions pathologiques. — Le pMtoine est plus ou moins injecte.
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Ff
518nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GilNERALES DIVERSES.
les ganglions mesenteriques le sont egalement et ordinairemenl ils paraissent avoir augmente de volume; il y a toujours dans le sac peritoneal on epanchement de s6rosite plus on moins consi­derable, dans lerjuel se trouvent des depots albumineux.
Traitcment. — Si Ton a pu -constater l'invasion de la Peritonite. et cette invasion s'annonce toujours par des frissons, la premiere indication a remplir consiste a retablir la transpiration supprimee. D'abord on bouchonne I'animal, non i)as fortement, mais lon-guement; ces frictions doivent etre continuees jusqu'ä ce que les frissons aieut cesse et qxxe la peau soit recliaulfee. Geci est tres essentiel. Ensuite on convre I'animal d'une couverture de laine qui doit envelopper tout le corps en passant sons le ventre. II ne faut pas se conteuter de recouvrir les parties superieures du corps, il faut egalement recouvrir l'encolure et meme les cuisses, surtout ä leur face interne. Quand les couvertures sont placees on doit les rechauffer promptemont en faisant passer sur toute leur etendue une bassinoire remplie de braise on tout autre us-tensile que Ton pent avoir ä sa portee.
On tient I'animal ä la diete; on lui administre quelques lave­ments, mais Jamals plus d'un dans le meine moment; il faut evi-ter de surcbarger Fintestin de quelque maniere que ce soit. On presente des boissons tiedes en attendant qu'on ait prepare des breuvages sudorifiques composes avec Fiiifusioii de lleurs de sureau.
Ces breuvages doivent etre administres d'beure en heure, h la dose de 1 ä 2 litres. On les fait de la maniere suivante :
On fait bouillir 2 litres d'eau, ct quand eile est arrivee ä cet etat, on met dans le vase deux fortes poignees de fleurs de sureau: on recouvre le vase, et on laisse J'ebullition continuer pendant une on deux minutes.
Ce traitement serait efficace le plus souvent, s'ii etait mis en pratique sans retard; mais si la Peritonite aigue a ete negligee on mecounue, il ue faut pas compter en obtenir la resolution immediate passe les premiers temps de son invasion. Alors il laut la combattre par d'autres moyens.
On tient Tanimal moderement convert, afin d'eviter uu nou-
veau refroidissement, et Ton pratique la saignee aux veines tho-
raciques. Cette saignee ne doit Jamals etre abondante, et meme si
Ton pouvait la pratiquer de teile maniere que le sang couldt
en nn petit jet continu, cela vaudrait mieux qu'une large saignee
laissant couler beaucoup de san^, en pen de temps. Ce n'est pas
ici comme lorsqu'il s'agit de prodnire une depletion subite; dans
la Peritonite, il faut agir pour ainsi dire localement. i n
Is'.
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PERITONITE AIGUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 519
En menie temps on administre des lavements ralraichissants composes avec une decoction emolliente pas trop chargee : il fant i|ne le liquide soit, non pas gluant, mais simplement rafrai-clnssant; et l'on feit prendre ä l'animal atteint de Pevitonite trois breuvages par jonr, compos6s cliacnn comme suit :
Tisane d'orge on ile chiendent, ou rnieux encore
de pariamp;aire........................... 3 litres.
Nitrate do potasse (pouranimaux adultes)... . 20 gratumes.
Si ranimal est au-dessous de im an et deini, reduire la dose de nitrate de potasse a 15 grammes.
Ün seconrle la mödicatiou par les breuvages et les lavements en feisant, sous le ventre et ä la face interne des cnisses, des mictions d'onguent mercuiiel double, chaque friction ä la dose ile 10 grammes. Mais il laut, dans ce cas, prendre les precautions u^cessaires pour que ranimal ne puisse se lecher ou qu'il ne puisse etreleche par lesanimaux bien portants qui seraient places aupres de lui.
Lorsque la Peritonite ne semble point ce'der ä l'action de cette medication, on doit reitiirer la saig'iee si Ton n'a pas ä traitor un animal dont la constitution est usee par rage et le travail; con-linuer l'emploi des breuvages nitres suivant la formule indiipiee plus haut, et faire sur les parois de rabdomen, par cote, en dessous principalement, des frictions avec 1'essence de terebenthine. On pent en faire deux par jour et employer pour chaijue friction de 40 ä 50 grammes de co medicament. On cesse de faire des frictions quand le cuir commence ä s'epaissir et ä se gercer.
Le mieux se manifeste : par l'ahnissement du flaue, par le re-tour de la rumination , par le desir que manifeste ranimal de prendre des aliments et par l'etat des matieres fecales, lesquelles commencent ä etre expnlsees, moulees, comme dans l'etat de saute, et sans effort; dejä les urines out du etre plus abondantes.
Les auteurs qui ont ecrit que la Peritonite aigne des animaux de l'espece bovine-etait sotivent mortelle, ne I'avaient pas bien ob-servee. Elle gnerit ordinairement par Teilet du traitement qui vient d'etre indique, ä moins d'une complication fecheuse pro-duite par l'existence de lesions sur les visceres contenus dans rabdomen.
Elle n'äcquiert une gravite mortelle que lorsqu'elle a ete aban-donnee ä (dle-meme ou que, par suite d'impmdences, il y a eu aggravation de l'etat morbide. Alors se manifestent les symptomes suivants : le pouls est tres faible, on eprouve la plus grande difii-culte pour distinguer les pulsations de Vartere; la peau est tres
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520nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES GENlSRALES DIVERSES.
froide, ranimal est d'une faiblesse extreme; il se couche et ne se releve qu'apres avoir fait beaucoup d'efforts inutiles; les mugis-semeiits plaintifs continuant sans interruption, les matieres feca-les sont expulsees en diarrhee; on remarque des soubresauts musculaires aponevrotiques et tendineux, et enfln arrivent les deruieres convulsions, quelquefois tres violentes, d'autres fois plus faibles et de courte duree.
sect; ^. — Peritonite chronique.
La Peritonite chronique est on une termiuaison de la Peritonite aiguä, ou eile est essentielle. Dans le premier cas, on a observe a la suite du traitement une certaine amelioration dans l'etat dc l'animal, boeuf ou vacbe; il a pris quelques aliments pendant plusieurs jours, il a nnnine de temps a antre et lentement, il ;i paru moins soulfrant, mais jamais on ne I'avu executer le mou-vement de pandiculation ni rester couche sans se remuer et sc deplacer freijuemmenl, et hieiitol on s'apercoit que ce mieux n';i ete chez lui qu'une transition ; son abdomen s'evase, prend de l'am-pleur, et Ton y en tend des gargouillements toutes les fois que ranimal fait un mouvement; la percussion pennet de diagnosti-quer un epancbement sereux qui ne tarde pas a augmenter de inaniere ;i ne plus laisser aucun doute sur son existence. Alors tout traitement est inutile.
On ne doit essayer d'y recourir que lorsque ranimal est reste assez fort et que les fonctions digestives s'executient avec assez de regularite, et si Ton a la presque certitude qu'il n'existe pas des lesions organiques dans aucun des visceres, suit thoraciques, soit abdominaux; mais dans cette circonstaiice favorable le trai­tement doit etre energique.
On fait deux on trois frictions d'essence de terebenthine par jour sur toute la region abdominale, et s'il y a des parties sur les-quelles ces frictions n'ont agi que faiblement, on remplace I'es-sence de terebenthine par la teinture de cantbarides ou par un liquide vesicant, avec lequel il n'est pas necessaire que les fric­tions occupent une surface aussi etendue que celles qui out ete faites avec l'essence de terebenthine.
Avec les liquides vesicants, on fait deux frictions, a droite et ä gauche sur les has cotes de Tabdomen, et on ne les rapproche point du fourreau ou des mamelles. En meme temps on adminis-tre trois fois par jour un breuvage compose ainsi qu'il suit :
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PERITOMTK CHBOKIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 'tii
Decoction d'orge on de chiendent, de carotte ou
de partetaire........................... 3 litres.
Nitrate de potasse........................ 30 grammes.
Ce breuvage peut 6tre administre chaud.
Api'es quatre ou ciuq jours de ce traitement, on administre d'autres breuvages d'apres la formule suivante :
La decoction precedente.....
AuHale d'ainmoniaque......
(^e breuvage sera administre froid.
2 litres, (jü i 80 grammes.
Las doses de nitrate de potasse designees dans les formules precedentes sont pour les grands animaux, c'est-ä-dire poiu-ceux d'un äge au-dessus d'un an et demi; pour un veau ou une gönisse au-dessous d'un an, cette dose doit etre moindre de moitiö.
Mais la Peritonite -chronique peut etre primitive, c'est-a-dire ue pas etre une modification de la Pöritonite aigue. On I'observe chez des animaux jeunes ou vieux dont la constitution s'est affai-blie sous rinfluence d'un regime debilitant, d'un travail force et continu, d'uue alimentation insuffisante ou composee de substan­ces peu nutritives, avariees, ou qui proviennent de terrains bas et humides, de ceux exposes au nord et abrites du soleil par des bois ou des coteaux. Dans les dispositions oü se ti'ouvent les ani­maux sounds ä un pareil regime, la transpiration cutan^e se faif d'une facon anomale, ou ils sont en transpiration abondante par l'effet du moindre exercice, et alors ils eprouvent des refroidisse-ments frequents, refroidissements qui ne sont pas suivis d'une reaction favorable, comme cela arrive chez les animaux doues d'une bonne constitution, ou bien la transpiration se fait mal, la peau est tenue a une temperature au-dessous de l'etat normal, et les fonctions du peritoine en sont troublees ou se font d'une maniere incomplete.
Cette peritonite s'observe chez les vaches tres vieilles qui out eu de nombreuses parturitions, chez leurs produits et chez ceux d'autres vaches qui out ete sevrös de bonne heure ou qui out ete allaites avec parcimonie. Toutes les causes debilitantes peuvent donner lieu ä la Peritonite chronique, affection d'autant plus grave qu'elle est consideree d'abord comme un etat passager oc-casionne par les privations de l'hiver, et qu'une alimentation plus substantielle, celle du printemps par exemple, fera disparai-tre : ce qui pourrait etre vrai quand la Peritonite chronique n'existe pas en meme temps que des engorgements des ganglions
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üquot;
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
mesenteriques, si (;ette alimentation sur laquelle on compte se tronvait roellement reparati'ice; mais c'est ordinairement le con-traire qni a lieu.
En effet, les privations, qui sont la consequence de la penu-rie des fourrages, determinent presque toujours les cultivateurs ä devancer le moment propice pour one bonne alimentation au moyen de fourrages verts. Ces fourrages sont ä peine developpes et ils ne contienaent encore qne de l'eau de vegetation quand on les distribne aux anirnaux, la consequence dc cette nourriture esl l'aggravation de l'etat i[ue Ton voulait ameliorer. Les animanx sont pris de la diarrhee, lernquot; maigreur augmente; ils tombeat dans le marasme; I'liydropisie ascite se montre a un tel degre qu'on ne pent conserver aucun espoir de guerison, et ils succombenl apres une lente agonie qui les a tenus plusieurs jours sur la litiere.
Lorsque les animanx seat jeunes et qu'il ne s'est manifeste chez eux aucun Symptome de phthisie tuberculense, on doit les soumottro au traitement qui vient d'etre indique pour combattre la Peritonite chronique succedant. ä la Peritonite aigue. L'on aura meme quelques chances de reussite de plus, s'ils out con­serve un pen d'appetit. Ce traitement devra etre seconde par une alimentation composee de fourrages sees de bonne qualite, de tonrteau on de substances fariaeuses.
ART1CLK IV
ASCITE Sysonvmie : Ascitis, tlydropisie du bas-ventre, Ascito p^ritonenle, Hxdropisie du periloine.
Dennitioraquo;. Frequence.— L'Ascite est une affectioi.'. caractei'isee par un epanchement de serosite dans la cavite du peritoine. Elle etait Ires frequente il y a one treataine d'aanees; eile Test beau-coup moins depuis qne les regies de l'hygiene sont mieux com­prises des cultivateurs et appliquees avec plus de sola.
Causes. — La vieillesse, Tusure de la constitution des animanx par un travail excessif, une alimentation insufflsante on composee d'aliments peu autritifs, la gestation ä un Age tres avaace, des logeaieats oil I'air rarefle est presque constamment humide A I'esces, de frequents arrets de transpiration chez le? vaches tra-vailleuses et portieres dans les quot;saisons oil la temperature esl. variable. Antrefois, il ne se passait pas de printernps sans qne
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ASC1TE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;523
de vieilles vaches de travail fussent aflecWses d'Ascite qui, parfois occasionnee par l'usage de fourrages verts tres aqueux dont I'ac-tion pernicieuse se trouvait augmentee par la saignee dite do pre­caution, disparaissait insensiblement sous I'influence d'ui;e nour-riture plus nutritive et d'une temperature elevee sans variations.
Mais I'Ascitepeut etre due ä d'autres causes qua celles qui viennent d'etre rapportees. Gomme les autres hydropisies, eile est idiopathique ou symptomatique, et dans ce dernier cas eile se montre ä la suite de l'impression suMte dufroidqni a trouble les fonctions de la peau, d'une peritonite ou d'une inflammalion aigue ou chronique du foie, de la rate ou du peritoine.
Sympiömes. — Les symptömes de l'Ascite sont : augmentation graduelle de l'abdomen qui s'evase d'une maniere tres sensible en meme temps que les flaues se creusent; päleur des membranes apparentes, de la conjonctive principalement qui, dans cette cir-constance, prend la teinte luisante de la conjonctive des betes a laine affectees de la cachexic; faiblesse du pouls, marche eiri-barrassee et vacillante des animaux, qui perdent l'appetit et ne ruminent qu'ä de longs intervalles et pendant, tres pen do temps. Im percussion ue produit, dans les cas d'Ascite, qu'un son mat, et si la serosite est abondante, on le constate par la fluctuation qui fait remarquer la pression saccadee de l'abdomen.
IHarchc. Dur.-e. Terminaisons. — La marcbe de l'Ascite CSt
lente, quoique continue, jusqn'au moment oü eile se trouve en-rayee par un traitoment approprie, ou jusqu'ä ce qu'un change-inent complet de regime, ou 1'elevation do la temperature pendant im certain temps rende aux fonctions de la peau leur activite nor­male. G'est ainsi que Ton voit des guerisous de l'hydropisie ascite s'operer presque spontanemeut. Ces cas sont rares, k la verite, niais eufin j'en ai observe qui ne m'ont laisse aucun doute dans l'esprit. Sa duree, dans les conditions ordinaires en l'absence de traitement, est longue ordinairement, etsa terminni-son est ou la guerisou ou la mort.
Traitement. — Le traitement de l'Ascite idiopathique, — il ne pent etre question , dans ce moment, que de colle-ci, — consiste d'abord, comma celui de toutes les maladies, dans la suppression des causes, ce qui indique suffisaminent (pie e'est d'abord aux regies de l'hygieiie qu'il faut demander les premiers nioyens. Selon les circonstances, on fournit aux animaux une uourriture plus alibile que celle qui leur etait distribuee, on les logo sainement, on fa-vorise par tons les moyeus usites les fonctions de la peau , et ce premier point obtenu, on administre en breuvage les diureti-ques. G'est le cas de recourir aux brenvages nitres dont on fait
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594nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES GEN^RALES DIVERSES.
un usage si abusif daus d'autres circonstances, aux purgatifs quelquefois, et aux frictions d'essence de töröbenthine continu6es jusqu'ä ce qu'elles aient produit le soulevement de l'epiderme el une irritation assez forte du derme. Si I'Ascite n'est point la con­sequence de rirritation de quelques-uns des visceres contenus dans rabdomen on d'une lesion organique profonde, ce traite-ment est efficace plus souvent qu'on ne le pense.
II n'est pas toujours necessaire d'administrer le sei de nitre en breuvage aux ruminantraquo;; tous cenx qui ne font point difflculte de s'abreuver a I'etable dans des baquets d'eau blanchie ou nou par une substance farineuse, prennent le nitrate de potasse dans leur boissou , et de cette maniere son effet est beaucoup plus sür. Toutes les fois que la boisson se compose de 5 a 6 litres de liquide, il n'y a pas d'inconvenient, et il y a toujours avantage ä porter la dose du medicament de 25 a 30 grammes, ce qui fait, par jour, de 50 ä 60 grammes pour un animal de taille moyenue. Apres cinq a, six jours de ce traitement, on suspend I'administra-tion du sei de nitre, pour donner pendant deux ou trois jours de suite des breuvages amers ou des opiats toniques; puis on revient aux boissons nitrees ou Ton donne un purgatif.
Si Ton admiuistre le sulfate ou le nitrate de potasse au-dela de cinq ä six jours aux animaux de l'espece bovine, son action diu-retique se modifie, sans pour cela cesser entierement; mais il donne lieu ä des purgations qui produisent un bon effet : alors on en suspend I'emploi pour le reprendre un peu plus tard.
Le sulfate de soude produit un effet ä peu pres semblable, si on I'administre a la dose de 200 grammes par jour, pendant cinq cinq a six jours egalement, en dissolution dans 2 ou 3 litres d'une decoction d'orge, de mais, de seigle ou meme de chiendent.
Les purgatifs drastiques ne conviennent point dans le traitemenl de I'Ascite; ils suscitent une irritation intestiiiale qui aggrave l'etat de l'animal sans amener une diminution sensible de l'epan-chement de serosite.
Les frictions d'essence de ter6bentliine doivent etre faites sur de larges surfaces, au tiers iuferieur a peu pres de l'abdomen, de chaque cöte.
Les breuvages amers dont il a ete question se composent :
(, . j gentiane ou ecorce de saule, en poudre. 30 a 45 grammes.
I ou bales de genievre............... 50 a 60 —
Eau, pour döcoction...................... 2 litres.
L'extrait de genievre, donne deux fois par jour a la dose de 50 a 60 grammes en melange, avec süffisante quantity d'une subs-
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CARREAU PROPREMENT DIT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 525
tance farineuse, constitue un bol dont I'emploi est indique pen­dant que Ton s'abstient d'administrer des breuvages salins, diu-i'etiques on purgatifs.
ARTICLE V
CARBEAU
sect; 1laquo;. — Du Carreau proprement dit.
Deßnition. Frequence. Causes. — Oil designe plus particuliere-ment sous le nom de Carreau la degenerescence tuberculeuse des ganglions mesenteriques; mais sur I'espece bovine, c'est plutot uue degenerescence generale de tout le Systeme ganglionnaire. (]ette maladie s'observe souvent; eile debute lentement, et n'est urdinairement appreciable que lorsqu'il est h pen pres impossible de la combattre avec efficacite.
On a ecrit que le Carreau ne se montrait que sur les animaux vieux, alfaiblis par Tage et par des travaux longtemps continues. Cette assertion n'est point d'une exactitude rigoureuse. On I'ob-serve sur de tres jeunes animaux : il en est qui en portent les traces en naissant. Dans ce cas, il est evidemment hereditaire. Les veaux qui en sont atteints proviennent de vaches phthisiques ou ne paraissant avoir que cette degenerescence ganglionnaire.
On l'observe sur de beaux bceufs de qnntre k cinq ans, vendus ou pour la boucherie ou pour le travail.
Enfin, il existe d'une maniere tres ostensible sur de vieux animaux epuises par Tage et le travail, et qui ont 6t6 soumis h un regime alimentaire pen rationnel.
Symptomes. — Les symptömes du Carreau, sur les veaux, les taureaux, ou les genisses, sont : I'abdomen plus volumineux que ne le comporte le developpement regulier du corps de l'ani-mal; I'engorgement tres apparent des ganglions des ars poste-rieurs et de ceux qui sont places en avant de l'epaule, et un pen moins de gaiet6 et de vivacite que chez les animaux sains du meme age. II n'existe pas d'autres symptomes, et ceux qui sont accuses suffisent pour i'aire comprendre que dans ce cas la mala-ilie est hereditaire, et qu'il serait imprudent ou trop dispendieux d'en entreprendre la cure. La viande de ces animaux n'est point malsaine, et le meilleur parti a prendre est de les livrer a la boucherie. Mais s'il arrive que le propriötaire, desireux de conser-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
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ver un sajet qu'il croit de bonne race, veuille qu'il soit sonmis ä un traitement, on fait usage des moyens qui seront indiquös plus loin.
Le Carreau existant sur les boeufs de travail se manifeste par des symptomes tres npparents; il est impossible de ne pas en reconnaitre I'existence lorsque Ton voit de grosses tumeurs se dessiner en avant de la cuisse, pres du grasset, et en avant de l'epaule, un peu au-dessus de l'articulation scapulo-humerale; ces tumeurs sont d'autant plus remarquables, que I'animal est dejä tres amaigri. Sa pean est seche et adherente, totalemeut de-pourvue de cet enduit oleagineux que Ton distingue si bien an toucher sur les boeufs on vaches en bonne sante. Le boDuf atteint du Carreau a les yeux caves, la cuisse aplatie et maigre, toutes proportions gardees, beaucoup plus que les autres parties du corps; il tousse parfois, parce que chez lui le Carreau se com-plique de la phtliisie tuberculeuse; il a tres peu d'appetit; il ru-mine lentement; ses excrements sont rarement moules; ils sonl plutot de forme diarrheique; sa marche est chancelante. S'il n'est pas arrive au marasme, il en approche.
Cet etat morbide se developpe plus facilement sur les boeufs ou les vaches d'un temperament faiblo, ou qui sont predisposes aux affections tuberculeuses ; inais il est non moins certain qu'il peul se developper sous la seule influence d'un mauvais regime ali-mentaire. Ici, je dois citer uu fait entre tous ceux du meme genre que j'ai reoueillis pendant ma pratique.
Apres 1830, des forets domaniales i'urent vendues avec autori-sation de defricheinent. Dans un canton du dojpartemeut de Tarn-et-Garonne. la foret de Verdun fat defrichee, et sur un domaine de plus de quot;200 hectares, resultant de ce defricbement, furent pla­ces de vingt ä vingl-quatre bajufs de travail. D'abord, toutes les terras furent ensemencees en avoine, at cette culture y etait alors la seule rationnelle. II fallait, pour obtenir du froment ou des fourrages, epuiser d'abord les sels de potasse qui dominaient dans le sol. Cette culture reussit; mais les fourrages manquaient totalemeut, excepte la paille d'avoine.
On sait que lorsque cette paille a ete bien recolt6e, les boeufs la mangent avec appödt, et que pendant un certain temps ils pa-raissent se bien trouver de cette nourriture. Le proprietaire. homme fort intelligent, etait absent, et le regisseur qui voulait faire preuve d'un grand esprit d'economie, voyant que les boeufs de travail paraissaient jouir d'une bonne saute et travaillaienl bien, no consentit jamais ä acheter des fourrages pour varier la nouniture de ces animaux : il peusaitque la paille d'avoine suffl-
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rait, jusiju'au moment oü les terres du domaiue seraieat deve-
n ues propres ii en produire.
Ge regisseur fut remplace, et le domaine passa eu d'autres mains; la plupart des ba3ufs achetes primitivomeut y ßtaient en­core, mais ils etaient bien deformes, et le nouveauproprietairene larda pas a s'apercevoir que presqne tons portaient au grasset on ä l'epaule des tumeurs grosses et dures, comme des pommes de lerre ; ce fut son expression, lorsqu'il eu parla au vet6rinaire. Celui-ci avait constate la presence de ces tumeurs depuis long-lemps, et cette Ibis on crut ä la justesse de ses previsions. Qba-lorze de ces boeufs etaient affectes du Carrean. On essaya bien de les remettre uu pen en chair, pour ne pas avoir le desagrement de les faire abattre; tont fut inutile pour ceux-lä. Cinq a six, sur lesquels on ne remarquait point d'engorgements gangiiounaires, fureut un pen remis en chair, apres avoir consomme en fourra-ges, en tourteanx on en farineux, trois fois lenr valenr.
Tel fut le resultat d'une alimentation conqiosee exclusiveraent ile paille d'avoine, et ce resultat dit assez quelles peuvent etre les oiffises du Carrcau sur les boeufs de travail.
Mais cet engorgement ganglionnaire n'est pas tonjours borne aux ganglions places eu avant des epaules, aux ars, et dans les grandes cavites splanchniques; car il n'est pas rare de voir cette degenerescence exisler aux testicules des Ixeufs bistournes. G'est a ce point qn'il laut tonjours explorer les ganglions des ars, quand on observe un commencement de sarcocele sur Tun ou I'autre lesticule; de meme, explorer les testicules quand 1'engorgement ganglionnaire s'est manifeste sur quelques-uns de ses lieux de predilection. Cette diathese est freijnente snrlesanimaux de l'es-pece bovine.
On en voit qui, alfectes accidentellement d'nn osteosarcome ä lune on I'autre mächoire, iinissent par etre infectes du Carrean . apres quelques annees de I'existence de rosteosarcome, et cela ne doit pas surprendre, si Ton se rappelle que cette derniere MÜ'ectioii peut exister longtemps, sans parailre gener aucu-nement I'animal qui en est atfecte, et sans aucnn signe d'aggra-vation. Au reste, on s'explique qn'nn Jjieuf de travail soit con­serve, meme etant atfecte d'une maladie incurable!, lorsque cette maladie ne I'emiieche point de Iravailler et qu'il appartient ä an cultivatenr pen fortune.
Comme on vient de le voir, le diagnostic est facile, et le pro-nostic toujours lacheux. Ancun traitement ne pent etre employe avec la moindre chance de renssite. II est inutile d'y songer.
Harche. Duröe. Tcrminaisous. — Cette UUlladip, Iraiismise par
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MALADIES GENKHALES DIVERSES.
I'heredite, parcourt ses pferiodes tres lentement, si les animaux soat placös dans des lieux sains, s'ils vivent sur des coteaux, et si leur regime alimentaire est constamment bon. On rencontre dans les foires des boeufs bien constituös, grands, forts et gras, sur lesquels se remarquent des engorgements ganglionnaires tres apparents et que les marchands de bestiaux acbetent pour les revendre comme boeufs de travail, ou meme pour la boucherie, quand ils esperent en tirer un meilleur parti. Nul doute que si ces boeufs out cette destination immediate, ils ne fournissent de la bonne viande ; mais s'ils se trouvent employes ä des travaux penibles, et si en meme temps ils sont mal nourris, I'affection qu'ils portent en enx ne tarde pas a faire de rapides progres; d'abord ils perdent Tappo'tit, doviennenl leuts ä la marche, sont facile-nient essouffles, ils maigrissent ä vue d'oeil, et le plus souventiis oommeneent ä tousser; alors les engorgements ganglionnaires deviennent beaucoup plus apparents, soit qu'ils aient augmente de volume, soit que la resorptiou de la graisse qui les recouvrait les ait laisses plus ;i decouvert. Ici, la terminaison est le ma-rasme, quand les animaux ne sont pas livres ä la boucherie aus-sitot que rainaigrisscment commence; car des ce moment il ne laut plus penser a les engraisser : ils Tout ete, et meme ce pre­mier engraissement n'a ete ni dispendieux, ni long ä olitenir, parce qu'ils y etaient disposes par leur constitution exception-nellement lymphaticjue.
Quand on a achete des bestiaux places dans les conditions de cet embonpoint complique d'engorgements ganglionnaires, il faut s'execnter sans retard, et leur donuer la seule destination ;i la-ipielle ils sont encore propres, c'est-a-dire la boucherie, la ma-ladie dont ils sont afi'ectes etant au-dessns des efforts de Tart.
Lesions pathoiosiqaes. —Outre les tumeurs placees exterieu-rement, et dont il est inutile de donner une nouvelle description, on rencontre dans rabdomen des engorgements ganglionnaires. variables de forme et de volume, qui sont disposes en masses irregulieres, dans le mesentere et le long de la colonne verte-hrale jusque dans le bassin. On en rencontre aussi dans le thorax.
Truitcment. — J'ai dejä dit (juc le traitement du Carreau qui alfecte les boeufs de travail serait completement inefficace, et qu'il est inutile de s'en preoccuper : ranimal qui est afTecle de cette maladic doit etre considere comme p^rdu, ou ä pen pres, des que I'amaigrissement se fait remarquer. Si, avant d'en etre arrive ä ce point, sa viande pent etre encore utilisee pour la boucherie, il est cependant tout a fait impropre an travail. Au reste, le Carreau est presque foujonrs complique de phthisie tnbeiruleuse.
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Si Tanimal affecte est un veau ä la mamelle, on le fait allaiter par une antre vache que celle qui l'a porte, et qui doit etre par-faitement saine ; oa lelaisse en liberte deux on troislbis par jour, une demi-heure chaque fois, afin qu'il se fortifie par l'exercice ä i'air libre, et on lui fait prendre deux fois par jour, avant qu'il soit allaite, un breuvage compose de :
Infusion de lavande, ile................ 10 ;H2 centilitres.
Teinture d'iodure de potassium.......:.. 50 centigrammes.
II convieut pour les veaux au-dessous d'un an. On administre de ces breuvages pendant cinq ä six jours, et avant d'eu admi-uistrer de nouveau, il faut laisser ecouler un espace de six a huit jours.
Pour les bceufs ou genisses d'uu an et au-dessus, on double la dose, et Ton prend les meines precautions pour administrer les breuvages. A rexterieur, on Mctionne en meme temps les en­gorgements ganglionnaires apparents avec la pommade d'iodure de potassium ioduree, ainsi formulee :
lodure do potassium..................... 4 grammes.
Axonge recente........................... 32 —
On porphyrise l'iodure de potassium, et iorsqu'il est reduit en poudre ties fine, on le broie peu a peu avec l'axonge, jusqu'ä ce que la masse ne laisse plus sentir de grains en I'ecrasant entre les doigts. Apres cela, on ajoute ii la masse I gramme d'iode et on melange.
Avec 30 grammes de cette pommade, on pent faire des frictions pendant plusieurs jours. Ces frictions doivent etre faites 16gere-raeut, apres qu'on a coupe le poll aussi bien que possible. Elles out une action resolutive tres puissante.
sect; 2. — Scrofulas.
Eu decrivant le carreau, je pense avoir decrit en meme temps la maladie designee par divers auteurs veterinaires sous le nom de Scrofules. On en jugera d'apres les citations que je crois de­voir fournir, afin de donuer une idee exacte de cette affection et de justifier mon assertion.
M. Flammeus, medecin vöterinaire ä Castelsarraziu, ecrit dans le Journal de meclecine veterinaire pratique du mois de septem-bre 1835 : laquo; La Scrofule est sur le boeuf une affection de nature asthenique, a laquelle predispose une constitution lymphatique qui a subi rinflueuce d'une alimentation peu alibile et d'un air
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
humide et malsaiu. Elle est caract(5ris6e par Texisteiice de tu-meurs indolentes, dures, mobiles et irrßgulieres, apparaissant aux faces laterales de la gorge, aux ars anterieurs et posterieurs, aux flaues et en arriere de l'epaule. Ges tumeurs prenneut pen a pen du developpement et varient eu grosseur, depuis le volume d'uu oeuf de pigeon jusqu'ä celui d'une tete d'enfant. Gelles de ces tu­meurs qui sont dans les parties exposees aux mouvements ne tardent pas h s'irriter et ä secreter un liquide sero-purulent qui, bientot accumule en abees et epanche, se change en uue matiere grisätre. L'ouverture de ces abces donne lieu ä une plaie d'un mauvais aspect. raquo;
Les symptömes generaux remarques par M. Flammens sont les suivants : abattement, lannoiement, coujonctives pales, inap-petence; rumination incomplete, froideur g6nerale et horripila­tion, flaues retrousses. Au bout d'un mois, les animaux, dont. I'amaigrissement fait des progres jourualiers, sont arrives au marasme.
M. Flammens ne possedait (|ue deux observations de cette ma-ladie lorsquil en a publie la description, et il est probable que s'il a eu depuis lors de uouvelles occasions de voir la Scrofule sur le boeuf, il aura remarque que sa terminaison xjar la mort des ani­maux n'a pas lieu d'une maniere txussiprompte. Au reste, tousles moyens de traitement qu'il a employes out ete sans effet. A I'au-topsie, il a rencontre les lesions suivantes : laquo; Dans la cavite abdo­minale, une infinite d'engorgements ganglionnaires, irreguliere-inent arroudis ou ovoides, disposes en chapelets et variant eu grosseur, depuis celle d'une poiinne de terre jusqu'ä celle d'uu petit melon. Ces masses scrofuleuses se trouvaient da;.is le mesen-tere, le long de la colonne vertöbrale jusque dans le bassin, au-tour de la vessie et du rectum ; il en existait aussi däus le thorax, entre les lames du mödiastin, autour du coeur, des bronches, et le long de la trachee jusqu'au larynx ; elles etaient presque toutes formees de ganglions hypertrophies, qui presentaieut dans leur centre, des ramollissements blanchätres, homogenes, de nature purulente et d'odeur iufecte. Les poumous rapetisses etaient re­converts de tubercules non ramollis. De toutes ces lesions, les principales, au dire de M. Flammens, etaient celles du mtjsentere et de la region sous-lombaire. raquo;
D'un autre cote, Toggia pere d^signe, sous le nom de scro-fules, des tumeurs froides et indolamp;utes des glandes lymphatiques du con et de Tauge des boeufs. laquo; Ges tumeurs augmentent, dit-il, iuseusiblement, se developpent sous forme de chapelet, sout ine­gales , bosselees et de durete difKrente sur une meme glande.
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SCRüFULES.
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Avec le temps, lern- adhörence augmente, aiusi que leur durete. qui peut egaler celle du marbre et les faire ressembler ä des con­cretions osseuses. Ces tumeurs ne suppurent ni lie se resolvent jamais. raquo;
On vient de lire que M. Flammens a vu les tumeurs scrofu-leuses s'abceder; comme cet habile praticien, j'en ai vu egale-ment dans lesquelles s'etait öpanche, au milieu d'une espece de membrane enkystee, du pus sero-sanieux. Toggia afßrme pourtaut que ces tumeurs ne s'abcedent Jamals; ce qui prouve, non que cet auteur a mal observö, mais qu'il s'est trop presse de conclure que les tumeurs scrolüleuses ne s'abcedaient jamais. 11 a raison cependant quand il dit qu'elles finissent par revetir avecle temps Fapparence des tumeurs squirrheuses et cancereuses. M. Flam­mens est aussi de cet avis, et 11 indique un 6tat cancereux de ces tumeurs, en disant que les plaies resultant de l'ouverture des abces ont un aspect hideux.
Salon Toggia, l'höreditö peut donner iiaissance aux Scrofules. Ces tumeurs, ajoute-t-il, reconnaisseut encore pour cause Fair humide de päturages maröcageux, des aliments grossiers et des habitations malsaines.
La maladie, dit le meme auteur, n'est nullement contagieuse: eile n'attaque jamais les auimaux qu'apres le sevrage. Sur ce dernier point, Toggia commet une erreur. J'ai vu des veaux. comme cela a ete dit plus haut, etre affectös de tumeurs gan-glionnaires des les premiers jours de la iiaissance. Le meme auteur constate que la Scrofule n'empeche pas les animaux qui en sent affeettis de travailler, de boire et de manger. Sans doute, mais taut qu'ils sont encore jeunes; car, du moment oü ils coni-mencent ä vieillir, ramaigrissement se fait remarquer et les tumeurs ganglionnaires augmentent de volume, en se multi-pliant, jusqu'ä ce que ramaigrissement soit devenu le marasme.
laquo; Dans le cas pourtaut, dit encore Toggia, oü l'on voudrait tenter la guerison de la Scrofule, on devrait extirper completemeul la glande malade, et d^truire ce qui pourrait en rester au moyen du cautere actuel. Les caustiques ne doivent pas etre employes. raquo; Nous nous associons ä cette recommandation, la consequence immediate de l'application des caustiques etant la degenerescence cancereuse des tissus sous-jacents ä l'eschare qu'ils out produite.
Ces extraits des memoires publies sur la Scrofule suffiront pour demontrer, je Tespere, que le Carreau et la Scrofule ne sont en realite qu'une meme affection, incurable dans tons les cas, a quelque degr6 quelle se manifeste. Sij'eu fais ressortir le veritable caractere, e'est aflu que le praticien ne soit pas ex-
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MALADIES GENEHALES DIVERSES.
pose ä commettre des erreurs de diagnostic, qui pourraient lui etre nuisibles autant qu'elles le seraient au proprietaire d'un boeuf scrofuleux, auyuel on aurait prodiguö des soins inutiles (juand il iallail seulement l'envoyer ä rabattoir.
ARTICLE VI
DU FARCIN
Syxomymie : Nouzaille, Boulettes, Arboulettes.
Dr-iinition. Frequence. — Le Farcin n'est pas mie maladie par-ticuliere au cheval, k Viine et au mulet. On l'observe egalement, mais plus rarement qu'autrefois, sur les animaux de Tespece bo­vine. A quoi tient cette difference? A des soins hygieniques mieux entendus et ä ramelioration des races.
Causes. — Le Farcin s'observait assez communement lorsque le cultivateur n'avait aucun soin ni de ramelioration des races de son betail, ni de la maniere dont il pourrait le nourrir et qa'il ne le considerait que comme un Instrument de travail ou comme le moyen de se pourvoir d'engrais, dont il ne comprenait pas meme tonte Fimportance. Alors etaient communes les mala­dies diverses occasionnees par rappauvrissement de la constitu­tion des animaux, appauvrissement qui etait la consequence des irregularites du regime alimentaire, de l'abondance succedant ä des privations extremes, et vice versa, on d'un travail force, on de rinflnence funeste des intemperies, lorsque rien n'etait prövu pour en garantir les animaux, et le Farcin en etait sou vent la consequence. On pent done considerer les diverses influences qui viennent d'etre sigualees comme les causes ordinaires de cette maladie.
II en etait aussi de particulieres, et celles-lii existent encore. On voit souvent des tumeurs farcineuses se developper k la lace interne des cuisses, le long du trajet des saphenes ou sous le ventre, sur le trajet des veines sous-cutanees abdominales, ä la suite d'nne piqüre faite avec I'aiguillon.
M. Nebout, veterinaire dans la_ Gharente, ayait remarque le Farcin chez les bcenfs employes a^a navigation. Ici', rinflnence d'nne atmosphere chargee d'humiditö etait la cause predisposante et occasionnelle tout a la fois; e'etait la meme cause qui produi-sait le Farcin chez les chevaux employes ä rempnter les bateaux
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sur le Rhone. Maillet I'a observee dans l'Anjou, et Ton pent croire que le voisinage de la Loire etait Men pour quelque chose dans sa production.
M. Mousis, uu de mes anciens condisciples, qui avait observe le Farcin dans les Basses-Pyrenees, attribuait cette maladie a Tintemperie des Saisons : laquo; les ba3uis qui en fureut affectes, dit-il, läisaient un service penible au milieu des Pyrenees, oü la teiiip6rature varie k chaque instant et oü de frequents orages sur-prennent les animaux tout converts de sneur. raquo;
Symptömes. — Le Farcin du bceuf a son siege ordinaire aux membres et sous le ventre eu suivant le trajet des sous-cutanees. II se prösente sous la forme de tumours circonscrites et de cordes; et chez le meme animal, lorsque le Farcin existe sur deux mem­bres, on remarque parfois les deux formes differentes. Les cor­des on tumeurs (boutons) sont indolentes, quelquefois tresdtires, d'autres fois legerement fluctuantes; on les trouve aux deux faces du canon, ä l'avant-bras et ä la face interne de la cuisse : elles se diligent toujours vers les ganglions lymphatiques, qui sont ordi-nairement engorges. Lorsque des cordes on des boutons de farcin existent au canon ou aux avant-bras, il est rare que les ganglions lymphatiques places en avant de l'6paule ne soient pas plus ou moius engorgös, et il est egalement rare que des symptömes de phthisie tuberculeuse ne se manifestent pas lorsqn'il y a du farcin aux membres et que 1'engorgement ganglionnaire dont je parle est apparent. On rencontre sur le trajet des cordes des abces circonscrits qui se dessinent parfaitement, ce qui n'enipöche pas que dans bien des cas ces cordes soient empätees et fluc­tuantes.
Les abces farcineux s'ouvrent quelquefois, mais au pli du geuou ou du jarret seulement. En incisant les cordes ou les tumeurs, on fait sortir par I'ouverture pratiquee, en comprimantla tumeur ou la corde a sa base, une matiere blanchätre, ressemblant assez a de la creme öpaisse. Cette matiere est inodore.
laquo;atche. Duree. Terminaisons. — Le Farcin se developpe inseu-siblement chez le bceuf, et sa duree par consequent est tres lon-gue. J'ai vu des boBufs qui portaient des tumeurs farcineuses de-puis plusieurs annees sans que jamais aucun autre Symptome morbide se fut manifeste chez ces auimaux. Ils avaient travaille, ils s'engraissaient et ils arrivaient a I'abattoir tout aussi bien que s'ils n'eussent pas ete atteints du Farcin.
Les tumeurs farcineuses ne se terminent point par la resolution chez le bceuf, et la suppuration est un 6tat permanent qui ne se modifle que par rinduration.
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
II
Pronostic. — D'apres ce qui precede, on concoit quel peut etre le pronostic, favorable ordinairement. Je dis ordinairement, afin de ne point contredire sans preuves les auteurs vöterinaires, Maillet par exemple, qui ont dit que le Farcin du bceuf ne gueris-sait pas. — Mon opinion se fonde sur un grand nombre d'obser-vations; mais Maillet, qui a d'ailleurs tres Men decrit cette ma-ladie, a pu en faire d'une nature differente. (Rcc. dc med. vet., üiuiHe 1837, page 57.)
Ainsi, Maillet affirms que le traitement du farcin du bceuf, de nieme que celui du cheval, est suivi de pen de succes. laquo; Les fon­dants, dit-il, sont ä pen pres de nul effet sur les cordes et les engorgements farcineux, et les scarifications ne produisent ordi­nairement d'autre resultat que de permettre l'ecartement des levres de l'incision, et de determiner la formation de cicatrices dont le volume s'ajoute a celui que la tumeur ou la corde avaient auparavant. Les incisions des cordes fluctuantes produisent la sortie du pus concret qu'elles contiennent, mais il ne tarde pas a s'en former une nouvelle quantitö, ce qui oblige de renouveler
l'opöration..... Dans certains cas, les cordes semblent disparaitre
ä la longue et les tumeurs diminuent de volume; mais tres sou-vent alors l'engorgement des ganglions sublinguaux, pectoraux inguinaux, etc., augmente considerablement et semble produire la deg6nerescence de ces ganglions en tissu squirrheux on ence-phaloide. raquo;
Je n'ai jamais vu le Farcin se declarer chez le boeuf avec une teile gravite; aussi je laisse ä Maillet toute la responsabilite de son pronostic, pour m'en tenir a celui que je formulerai d'apres mon experience personnelle, ä savoir que le Farcin ne se prä­sente pas chez le boeuf de maniere a compromettre serieusement la sante de cet animal.
Je diviserai le traitement du Farcin en pröservatif et curatif.
Traitement preservatif. — Nous avons vu que les causes predis-posantes du Farcin chez le boeuf qui, plac6 dans des conditions ordi-naires de salubritö, est d'un tempörament essentiellement sanguin, etaient: les ecarts de regime, I'influence d'une atmosphere froide et brumeuse, et les arrets de ti^anspiration resultant des frequen-tes variations atmosphöriques dont I'influence est plus particulie-rement funeste pour les animaux soumis ä des travaux penibles, comme Tetaient les bceufs qui avaient a traverser les Pyrenees attelös ä des voitures lourdement chargees, les boeufs de hallage. La nature des causes 6tant parfaitement dömontröe, Tindication du traitement pr6servatif est des plus simples :
Pour les boeufs qui travaillent dans des lieux ou les variations
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#9632;quot;
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FARCIN.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;535
atmospheriques sont frequentes, on doit avoir toujours des cou-vertures de laine, lesquelles roulöes autour des comes, sur le joug , tant que les animaux sont en mouvement, sont d6roul6es et eHendues sur le corps de ces animaux aussitot qu'ils cessent de travailler, pour etre enlevees de nouveau lorsque le tirage recom­mence. De meme, ce n'est pas quand les averses tombent sur leur corps qu'il faut les recouvrir, mais bien quand I'averse a ccssc et que le soleil luit. Bien tot la transpiration recommence, et si la temperature est douce et que de grands vents ne soufilent point, les couvertures sont enlevees; on les laisse an contraire si les vents soufilent froids et humides. II taut avoir pratique dans les regions on les variations atmospheriques sont d'une fre­quence extreme pour comprendre l'importance de ces prescriptions hygieniques.
Aux bceufs exposes constamment, h l'action des brumes et qui travaillent sous cette action, il faut donner une nourriture tou­jours saine et rendue de temps ;i autre plus excitante par I'em-ploi du sei marin, ajoute comme condiment a leur ration ordi­naire de fourrage, de pät6 on de grains; l'nsage des couvertures leur est aussi indispensable. Mais, a ce sujet, il faut faire une distinction :
On se sert pour les animaux de couvertures en toile cir6e ou de couvertures en laine. Je comprends tres bien l'emploi des couvertures en toile ciree pour les animaux qui doiveut stationner pendant des heures entieres sur des places publiques on ailleurs, afin de les garantir de la pluie; mais ä cette seule destination devrait se borner l'emploi des couvertures en tissus impermea­bles. Eneffet, sonscetabri, la transpiration cutanee se condense et la peau se tronve dans un bain de vapeur continuel. C'est d'abord une cause d'affaiblissement general, et puis la surface cutanee en devient plus impressionnable. Pour les animaux dont le travail de la journee on de la nuit eprouve des interruptions frequentes d'une certaine duree, il faudrait avoir des couvertures impermeables servant pendant les temps de repos ä l'air libre, et en meme temps des couvertures de laine.
Les premieres seraient placees pendant les stations et enlevees au moment du depart pour etre remplacees momentanement par les couvertures de laine, et lorsque celles-ci anraient absorbs les vapeurs condensees sur le corps des animaux et surexcite I'organe cutane, ce qui aurait lieu apres quelques minutes d'exercice, on les enleverait pour laisser aux animaux la pleine liberty de leurs mouvements. Des ce moment, elles n'ont plus d'emploi utile, parce que tant qu'ils exercent leurs organes par le travail, les ani-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
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maux ont tres peu ä redouter des intempöries; attendu, je le repete, que c'est surtout pendant le repos qui succede ä un tra­vail penible que l'action des iutempöries pent ötre pour eux une cause de maladie.
Traitement cnratif. — M. Mousis explique la presence du farcin par des arrets de transpiration donnant lieu d'abord ä une gas-tro-enterite, laquelle produit ä son tour le Farcin. Gette theorie du Farcin, qui parait un peu singuliere aujourd'liui, 6tait nee des idees medicales du temps oü ecrivait M. Mousis. A cette dis­tance, nous voyons les choses differemment : un boeuf attaint du Farcin pent bien aussi etre affecte de gastro-enterite et wcc versa; mais assurement Tune de ces maladies n'est pas la consequence de l'autre, et sous pretexte de gastro-entörite, on ne doit pas se permettre de traiter le Farcin par la saignee, h moius qu'il n'y ait dans un etat morbide compliqu6 de l'animal indication precise d'emission sanguine.
Maillet n'a Jamals vu ni boeuf, ni vache, ui veau, ni genisse guerir du Farcin, quel que fiit le traitement employe. Cependant il n'a pas essaye de la cauterisation.
Pres des rives de la Cliarente, ou M. Nebout a fait ses observa­tions, ce vötörinaire a vu les empiriques, la main armee de la flamme on du bistouri, ouvrir les productions farcineuses d'ou sortait une matiere purulente ressemblant k du fromage pourri, et introduire de la couperose bleue (sulfate de cuivre) sur les plaies resultant des incisions. Ce traitement reussissait quand le Farcin n'etait pas tres grave, mais lorsque les tumeurs etaient devenues squirrheuses, ces empiriques pratiquaient une opera­tion qn'ils appelaient couper la corde. Ils amputaient le cordon lympbatique et souvent la veine sous-cutanee, cequidonnait lieu inevitablement dans beaucoup de cas h une grande perte de sang, et la maladie n'en existait pas moins.
M. Nebout cauterise profondement, avec des pointes, les pe-tites tumeurs, exdrpe celles qui sont devenues squirrbeuses et cauterise pareillement la surface (ju'elles occupaient; il frictionue ensuite avec du vinaigre de cantbarides, et, quand les eschares sont tombees, il pause les plaies avec de l'eau-de-vie campbree.
M. Mousis fait des applications adoucissantes ou plus tard des applications fondantes ; il ouvre les abces avec ['instrument tran-chant et puis il pause les plaies avec Fonguent egyptiac. D'autres veterinaires, M. Sorillon entre autres, cauterisent et les boutons et les cordes qui les unissent apres avoir incise ces tumeurs avec le bistouri.
La methode que j'emploie pour le traitement des boutons et
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FARCIN.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;537
des cordes de Farcin est simple et d'une efficacitö qui ne s'esl jamais dornen tie. Elle consiste uniquement dans la cautörisa-tion. Etant donnes des boutons de Farcin, je me munis de deux cauteres, Tun ä pointe tres aigue, l'autre ä pointe en olive. Avec le premier, ohaufK ä blaue, je transperce la peau et j'arrivt' au centre de la tumeur, dans laquelle je promene le cautere incandescent. Aussitot que par Touverture pratiquee j'ai fait sortir le pus, si rinterieur de la tumeur est d'une certaine ca-pacitö, je me sers, pour completer la cauterisatiuu, de mou second cautere a olive. Et e'est tout.
L'eschare tombe au bout de quelques jours; une plaie de belle couleur occupe la place oü etait le boutou et la cicatrisation se fait en peu de temps; la nature fait alors tons les frais de lagueri-son. Ici, une simple observation : je suis convaincu que toutes les applications cicatrisantes que Ton fait sur les plaies de bonne nature resultant de la chute des eschares produites par la caute­risation, ne sont propres qu ä retarder le travail de la nature et de la franche cicatrisation. Tous les soins que Ton se donne ä cet etlet, dans ces sortes de cas, sont peine perdue. Evitez seu-lement que les animaux ravivent ces plaies avec leur langue en forme de rape; evitez que les mouches s'y reposent et tourmen-tent les animaux, en recouvrant les parties avec des bandages d'etoupes en forme de guetres, si ces plaies sont aux extremites, et aucun soin ne sera necessaire pour acliever la guerison.
Je cauterise les cordes egalement avec le cautere en pointe; inais cette pointe est longue de 6 a 10 centimetres; de teile sorte qu'en le passant dans l'interieur de la corde, apres I'avoir ouverte sur un point a la maniere des boutons, je puisse la detruire en entier sans avoir une plaie exterieure de toute cette longueur; seulement, si la corde s'etend sur une surface deux, trois on quatre fois plus considerable que la longueur de la pointe recourbee du cautere, on devra pratiquer des ouvertures par le feu a une certaine distance les unes des autres, pour ne laisser aucune portion de la corde du farcin a cauteriser, ot pour laciliter la sortie du pus et des debris de Teschare Interieure.
Rarement on est oblige d'enlever les tumeurs indurees. Elles n'ont pas en general un volume tel que Ton ne puisse les detruire en entier par le feu en passant plusieurs fois le cautere dans leur Interieur. II n'y a, dans ce cas, qu'une precaution a prendre, qui est de faire au centre de la tumeur et dans le sens de sa de-clivite, une ouverture grande proportionnellement a son volume. Les operations sur les tumeurs induröes ou enkystees faites avec I'instrument tranchant exigent des soins et une surveillance
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MALADIES GEN^RALES DIVERSES.
attentive, conditions difficiles ä obtenir ä la campagne; et d'ail-leurs ces operations sent toujours d'une r6ussite douteuse. Si la cauterisation est un moyen efflcace, e'est surtout quand on s'en sert avec un pen d'intelligence pour le traitement des maladies de l'espece bovine.
laquo;Tavoue qua je n'ai employ^ d'autres moyens que la cauterisa­tion pour le traitement du Farcin du boeuf, mais puisque Maillet rafflrme, je crois que le Farcin peut se presenter chez cet animal, comma chaz la cheval, avec une teile gravite, qua ca moyen seul ne puisse an triomphar; alors on pant employer pour combattre cette maladie certains proc6des preconises con-tre le Farcin du cheval : par exemple, le bromure de potassium ä rinteriaur. Voici ce que nous lisons a ce sujet dans le Traite de matiere medicale de M. Tabourin, tome II, page 197 :
laquo; Pour la morve chronique, nous avons acquis la conviction de l'impuissanca a pen pres complete des composes du brome, lorsque la maladie est confirmee; pour la morva commencante ou 6bauchea, ils peuvent en triompher momentanement, comme taut d'autres moyens. L'afflcacit6 du bromure da potassium contra la Farcin est beaucoup plus evidente; s'il n'est pas un remede infaillible contra cette redoutable affection, la bromure potassiqua se montre constamment un auxiliaire utila. Lorsque la maladie est röcente et locale, ca compost' reussit prasque toujours; lors-qu'alla est ancienne, generale, inveteree at accompagnee de de-sordres materials, ce remede echoue quelquefois, surtout en hiver, at lorsque las animaux ne sont pas convenablement nourris. raquo;
Contre le Farcin des solipedas, j'emploia avec un grand succes le jalap en poudre ä doses graduees, apres avoir fait macerer catta poudra de vingt k vingt-quatra beures dans du vin blanc. Je n'administre pas ce medicament en breuvage au cbeval, h cause da la difficulte qu'on eprouve toujours quand on n'a sous la main ni les instruments ni les aides qu'il faudrait pour que rien ue sa perdit du breuvage, mais je verse la preparation sur une quantite de son süffisante pour I'absorber at former ce melange que Ton appalle du son fris6. Les chevaux, de cette maniere, n'en laissant rien perdre. On le leur pr6sante avant tout autra aliment, dans la matinee, puis ils prennent la ration ordinaire de fourrage et sont envoyes an travail.
Pour la boeuf, il an est autrement; comme on peut tresfacile-ment lui faire prendre touta sorte da breuvage, il avaiarait sans aucune difficulte la poudre da jalap mac6r6a dans le vin blanc.
Pour le cheval, on prescrit le jalap aux doses suivantas, qui peuvent servir pour le boeuf :
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FARCIN.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;539
Dix paquets de 20 grammes chacun, ..... ounbsp; nbsp;200 grammes.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 30nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ..... —nbsp; nbsp;300 —
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;40nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ..... —nbsp; nbsp;400 —
Deux paquets de 50nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ..... —nbsp; nbsp;100 —
Chaque paquet est preparö la veille dans 1 litre de vinblann.
On donne un breuvage par jour ä ranimal a jeun, en ayant le soin de secouer vivement la bouteille, afin que toute la poudre soil, entrainee par le liquide.
Cette pr6paration est, d'apres des observations recueillies pen­dant une pratique de quarante annees, la plus efiicace que je con-naisse contre le Farcin des solipedes.
Solution camtique de bromure de potassium (Tabourin).
Bromure potassique........................ 10 grammes.
Brome.................... .............. 30 ä 60 gouttes.
Eau pure................................ 64 grammes.
La dose pour les grands ruminants est de 4, 8 ä 16 grammes.
Je n'ai pas une grande confiance aux applications vesicantes laites sur les boutons ou sur les cordes du Farcin du bceuf, mais il pent se trouver des praticiens qui, pour un motif ou pour un autre, desireraient essayer d'obtenir la r6solution de ces engor­gements au moyen d'applications de cette nature; ils auraient alors un choix a faire entre tons les topiques maturatifs et r6so-lutifs conseilles dans les formulaires, tels que Tonguent de Lebas, de Giraud, la pommade arsenicale de Naples, Toxymellite de Solleysel, la päte de Vienne, et enfiu l'onguent de Solleysel dont voici la formule :
Sulfure rouge d'arsenic..................... 60 grammes.
Sublimö corrosif..........'................ 60 —
Acide arsönieux ......................... 30 —
Euphorbe en poudre....................... 30 —
Huile de laurier..........................nbsp; nbsp; 250 —
Mölez et incorporez exactement.
Autre formule (Pearson-Fergusson).
Cantharides pulv6ris6es....................nbsp; nbsp; 128 grammes.
Huile de croton tiglium....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;8 —
T6r6benthine.............................nbsp; nbsp; nbsp;32 —
Axonge..................................nbsp; nbsp; 500 —
Mäangez.
Dans l'emploi de ces onguents, il y a des pröcautions k pren-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
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dre; elles sont de deux sortes : d'abord empecher que les boeufs, qui out uue graude facdite pour atteiudre avec la laiigue jus-qu'aux parties de leur corps les plus öloignees et les plus rappro-chöes de la tete, ne se servent de cet organe corame d'une main, pour se gratter et pour enlever toutes les applications qui occa-sioiineut quelque demangeaison; en enlevant les applications vesicantes dout je viens de donner la formule, le moindre incon­venient serait, pour ces animaux, d'avoir la langue et la mem­brane buccale excoriöes.
D'un autre cote, faction des vesicatoires doit etre dirigee de teile maniere qu'elle soit assez energique pour operer la fönte des tumeurs, et qu'elle ne le soit pas ä l'exces et de facon a occasionner des eschares larggs et prolondes plus qu'll ne faudrait.
Somme toute, la cauterisation par le cautere actuel, teile qne je l'ai decrite, est le moyen le plus facile ä executer et le plus sür.
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GHAPITRE V
Maladies par alteration da sang.
Les maladies du sang, dont rexistence avait ete niee pendant longtemps par les anatomistes et les physiologist es, ne sont plus aujourd'hui l'objet d'uu doute. Des recherclies nombreuses, des experiences et des observations pröcises out demontrö que ce liquide pent subir dans sa constitution des changemerts morbides plus ou moins prononcös.
Le sang pent etre altere de plusieurs manieres : 1deg; par le defaut de proportion entre ses elements normaux, 2deg; par la presence de produits anomaux ou de substances venues du dehors.
Gette definition, exa]}Tunteea.uNouveauDictionnaire lexicographi-que, est la plus exacte que nous connaissions, et eile se trouve par-faitement justifiee par les faits.
1deg; Defaut de proportion entre les elements normaux du sang. — laquo; La connaissance de ces modifications, dit l'auteur de l'article Sang, joue aujourd'hui un grand role dans la semeiotique (connais­sance des causes). G'est I'humorisme, etudie a l'aide des connais-sances positives de la physique et de la chimie modernes et du
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MALADIES PAR ALTERATION DU SANG.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;541
microscope. raquo; — Eij genöral, on n'a pas trouve de solidarite entre les proportions des divers 6l6inents qui entrent dans la compo­sition du sang, sauf peut-etre entre l'albumine et la fibrine, subs­tances si rapproch6es l'une de l'autre par leur composition chimi-(jue. Quant aux autres elements, cbacun d'eux pent exister en plus on en moins, le reste 6tant a I'etat normal. Dans certains cas, des variations se montrent entre certaines substances en sens inverse. Gcla a lieu presque toujours pour la fibrine et les globules.
Considerant les divers elements du sang en particulier, on peut coustater :
Uaugmentation de la fibrine (hyperinose), dont la proportion peut s'elever de 2 et demi ou 3 pour i,000, 6tat normal, a 8, 9 et ineme 10 pour 1,000. Cette augmentation se lie toujours, cou-trairement a certaines apparences, a une diminution de la puis­sance nutritive du sang, et ne s'observe pas dans la flevre. Elle s'observe aussi dans les derniers temps de la gestation. L'exces tie fibrine ne se reconnatt pas a la seule inspection du saug : la lixiviation du caillot est le seul moyen de l'apprecier.
La diminution de la fibrine Qvypinose), s'accompagnant de la diffluence, de la mollesse des tissus.
La diminution de l'albumine, dont la proportion peut se röduire de moitie, c'est-ä-dire descendre de 70 ou 80 pour 1,000, a 40; e'est ce qui arrive surtout dans les cas d'hydropisie {hypalbumi-nose, hydremie). —L'augmentation de cet element est pen connue.
L'augmentation des globules rouges (polycythemie), pouvant aller de 127, etat normal, ä 140 et meme 150, eile doime lieu alors aux etats plethoriques.
La diminution des globules {aglobulie, oligocythemie), principal caractere de Tappauvrissement du sang, et pouvant etre due ä la privation d'aliments substautiels, ä Tintoxication saturnine. On voit ainsi leur proportion descendre h 40, 30 et meme 21.
L'augmentation des globules blancs, qui sont avec les globules rouges dans la proportion de 1 h 2 pour 1,000, et dont le cbiffre relatif s'eleve quelquefois ä 25 ou 30 : e'est ce qui constitue la leucocythemie. Le sang alors est rouge-brique, caillebote ou gru-meleux, se separant en deux couches, dont rune est blanche {sang blanc ou purulent), de densite moindve, quelquefois avec plus de fibrine et une diminution des globules rouges et d'albumine.
II y a une quarantaiue d'aimees que j'ai mentionue tres claire-ment cet etat particulier du sang. Plusieurs Ms, apres avoir ou-vert une veine ou une artere, il m'ötait arrive de voir couler de ces vaisseaux un jet, le premier de sang blanc, puis des grumeaux uoirätres s'echapper par l'ouverture, et cela plus particulierement
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MALADIES GKNEKALES DIVERSES.
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de la veine sous-cutan6e abdominale, quelqu^bis de Tariere coc-cygienne. Cette separation du sang circulant en deux portions distinctes, ne se fait point remarquer aussi complete quand la sai-gnee a et6 pratiquee a la jugulaire. Dans ce cas on observe, sur les animaux de l'espece bovine, comme on I'a observe chez I'homme, des hypertrophies de la rate et du foie, et Ton a eu raison de dire que les symptomes sont ceux des cachexies : 1deg; etat anemique, difflculte de respirer, agitation du flaue; 2U sueurs abondantes ; 3quot; diarrhöe, infiltrations sereuses, ascite, epistaxis d'un sang presque eutierement decolore.
2deg; Presence dans le sang de produits anomaux. — Les produits auxquels le sang pent etre mele sont, ou les produits resorb^s de la secretion purulente, ou I'air atmospherique ayant penetre par I'ouverture d'une veine.
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ARTICLE PREMIER
PLETHORE
Definition. Frequence. — Sous le nom de Pl6thore, on desi-gne mi 6tat pathologique constitue par une surabondauce du fluide sanguin dans les vaisseaux, et caracterisö auatomique-ment par une augmentation des globules sauguins.
Get etat est la maladie que Ton observe le plus souvent sur les animaux de l'espece bovine.
On admettait autrefois une Plethora vraie et une Plethore fausse. J'ai partage cette opinion; mais des experiences intelli­gentes semblent avoir dömontre que cette distinction n'etait reellement fondee que sur des apparences.
La Plethore vraie 6tait consideree comme une espece de dilata­tion du sang, distendaut momentanement le systeme circulatoire, tandis que la Plethore fausse resulterait du defaut de proportion du sang avec les grandes cavites qui doiventle contenir. Gepen-dant, s'il est vrai que la Plethore vraie soit la consequence de la trop grande proportion des globules rouges, il ne serait pas tout ä fait illogique d'admettre la Plethore de nature differente, re­sultant d'une trop forte proportion des globules sereux.
Causes. — Parmi les causes predisposantes, on peat ranger : le temperament sanguin, particulier aux races travailleuses; Tage adulte, la constitution athletique, une nourriture composöe de fourrages appartenant aux plantes de lafamille des legumineu-ses; des travaux penibles; des logements oü les animaux respirent
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PLETHORE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5 }3
constammeut uu ah- tres chaud et par consequent rarefle, la suppression de la saignee dite de precaution.
De tous les animaux domestiques, celui qui est plus particulie-rement dou6 du temperament sanguin est le boeuf appartenant aux races travailleuses; le fait demontrepar 1'experience, que j'ai signal6 le premier, a du paraltre etrange a quelques-uns de mes confreres qui exercent dans des contrees oü le boeuf n'est abso-lument qu'un animal destine ä la bouclierie, comme dans celle.s oü Ton ne connait guere d'autres sujets de i'espece bovine que les vaches laitieres. Mais je reconnais en meme temps que le temperament sanguin, quand il est predominant sur uae espece ou sur une race, resulte en grande partie des conditions du mi­lieu dans lequel se trouvent places les animaux : or, dans le Midi et le Sud-Ouest, elles sont 6minemment propres a donner lieu au developpement de ce temperament. Alors qu'y a-t-il d'eton-nant a ce que les alterations du sang se produisent frequemment sur des animaux doues de la sorte ?
Comme causes occasionnelles, on doit compter : les change-ments brusques de temperature, le passage des animaux sans transition d'uu air rarefle ä un air froid, les premieres chaleurs du printemps, les travaux penibles prolonges sous un soleil tres ardent ou pendant des journees tres froides ; dans ce dernier cas, la Plethore se manifeste lorsque les animaux entrent dans un lieu oü la temperature ambiante est beaucoup plus elevee que celle de Fair extörieur. Une cause des plus actives se trouve encore dans I'emploi d'une nourriture plus excitante ou plus nourrissante qu'il ne le faudrait. Les boeufs nourris de fourrages verts dont le fruit approche de la maturite sont habituellement sous rimminence d'un etat pletborique tres grave. C'est done une alimentation trop nourrissante, trop substantielle, que celle composee ordinaireraent ;i la fin du printemps et en ete, de grande luzerne recoltee depuis pen de temps et non melangee de foin, ou celle composee de vesces, d'avoine ou de froment dont l'epi est forme, de mais 6galement en epi, ou d'une ration trop forte de tourteau de lin ou de colza. En septembre, de la vendange dont la fermentation commence, donnee aux animaux soumis a rengraissement, les fortes rations de substances tres nutritives administrees brusquement et sans gradation calculee, sont egale-ment excessives et de nature a determiner la Pletbore.
Les boeufs ou vaches auxquels on donne un repos complet el une abondante nourriture, apres une vie de travail et un regime alimentaire proportionnö seulement h la d^pense habituelle des forces, n'y sont pas moins exposes.
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MALADIES GENÖKALES DIVERSES.
SymptAnies. — La Plöthore chez les animaux de l'espece bovine n'est, h proprement parier, que la premiere phase de la conges­tion sanguine; celle-ci est glt;5nerale ou locale. Quand la con­gestion a lieu sur uu organe essentiel a la vie, le boeuf ne mange pas, ne rumine pas; son pouls est fort et precipite, d'au-tres fois tumultueux on lent; ces variations tiennent ä Tintensite de la congestion, h son existence sur un organe ou sur un autre. La respiration est haletanle, les yeux sont proeminents, large-ment ouverts ou avec les paupieres closes; les conjonctives sont inject6es; la marche est lente ou chancelante, le poil hörisse, la colonne epiniere tres sensible ou pas du tout. Tels sont les signes generaux de la congestion sanguine que, des ce moment, on ne pent plus considerer comma une simple Plethore.
Lorsque la congestion se localise ä l'extörieur du corps, eile se manifeste pa^ im trouble des fonctions moins accentue que ce-lui qui vient d'etre decrit; mais des tumeurs sanguines apparais-sent subitement sur ditferentes parties du corps, oü elles occu-pent une etendue restrein te, ou bien toute'la peripherie, de maniere ;i donuer h Tauimal un aspect monstrueux.
Dans le premier cas, les tumeurs sout circonscrites, quelque-tbis bosselees, dures ä leur centre et sur la plus grande partie de leur etendue; elles sont un pen molles aux parties les plus decli-ves, insensibles, et elles se montrent ordinairement ä Tencolure, sur les cötes, aux fesses, ä I'avant-bras, sous le ventre, aux exti'e-mites, au boulet, aux oreilles, partout enfin, sur certains sujets; mais quelquefois l'apparition de ces tumeurs est periodique. On voit des bffiiifs sur lesquels elles apparaissent iuvariablement trois on quatre Ms Tan et ä des epoques dilferentes.
On appelle cette congestion subite, que Ton peut bien considerer comme une hemorrhagie du tissu cellulaire, lo charbon Marie, lou-vet, harpin, etc.
Mais cette maladie ne se manifeste pas toujours par des tumeurs isolees; elles sont quelquefois si nombreuses et si rappro-chees que la peau sur tout le corps est soulevee de plusieurs cen-timetres, bosselee; alors les paupieres sont tumeflees ä uu point extreme, elles couvrent entierement le globe; les naseaux inter-ceptent le passage de l'air; les levres sont dures, se rapprochent, ferment la bouche, et e'est ä peine si Ton voit un pen de salive ülante passer ä travers les commissures des levres; la marche est impossible, taut les membres sont roides et tumefi6s sur toute leur ötendue. Je l'ai dejä dit, I'aniraal est monstrueux dans cet etat.
Etat du sang. — Si on incise les tumeurs, on ne trouve dans
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PLtiTHORE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 54 5
leur centre qu'un caillot dur, tres rouge, traverse par des mailles du tissu cellulaire et ne fournissant point d'ecoulement. Le serum, en tres petite quautite, est reteilu dans les parties inlerieures, et si un liquide s'öchappe a. la suite des mouchetures on des scarifi­cations, il est presque uniquement compose de cet element, rete-nant en suspension un tres petit nombre de globules rouges.
Marche. Duree. TermiHaisons. — La Plethore on la congestion sanguine caracterisee par des tumeurs isolees n'a Men souvent qu'une duree ephemere. On voit ces tumeurs apparaltre sans. ijue rien ait pu faire pressentir un trouble quelconque des fonc-tions vitales, et, dans l'espace de quelques heures, d'une demi-journee par exemple, il n'en reste souvent aucune trace. Gela s'observe chez les boeufs on vaches de travail d'une bonne cons­titution et dans un etat habituel de bonne sante.
D'autros fois, ces tumeurs restent indurees pendant plusieurs jours; mais alors le sang epanche dans les mailles du tissu cellu­laire qui les constitue se decompose en deux parties : le caillot forme leur centre, et le serum, qui en compose la plus grande etendue, occupe les parties les plus declives. Ge serum etant absorbe en assez peu de temps, la tumeur a diminue de volume, mais sa resolution complete est lente ä s'operer.
Quand la congestion est generale, eile disparalt quelquefois, mais pourtant assez rarement, avec autant de promptitude qu'elles'est formte, et si toutes les Ibis cette disparition subite n'est pas sui-vie d'une mort tres prompte, cela arrive neanmoins dans certains cas. Abandonnee ä elle-meme, la congestion pent, sons cette forme, se mainteuir longtemps, quoique apros avoir diminue d'etendue et de volume par l'effet de la resorption du serum, qui est d'abord localise aux parties döclives des tumeurs. Lorsqu'un travail inflammatoire local se manifeste, les engorgements s'affais-sent, la peau devient rougeätre, eile est sensible, le poll tombe, nne suppuration sanieuse s'etablit snr quelques points, et l'animal maigrit ; il mange tres peu, ne rumine point, la peau se gerce au pli des articulations des membres, la diarrhee survient, puis le marasme et la mort terminent la maladie.
Dans le Journal de Medecinc veterinairc theorique et pratique, annee 1833, page 538, on trouve une observation de M. Million pare, veterinaire ä la Rochelle, qui resume assez bien ce qui pent adveuir, sur les animaux de l'espace bovine, d'une Con­gestion sanguine generale due h une alteration du sang.
La maladie debuta par une toux quinteuse tres frequente, parfois suöbcante; la congestion commencait par se manifester dans I'organe pulmonaire. Cette toux ne tarda pas k s'accompagner
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
d'agitations du flaue, et presque en meme temps les epaules, l'encolure, la tete, uolamment les paupieresetleslevres, se tume-fiereut cousiderableiueut. Le boeuf refusait toute aouniture, et la vision chez lui no pouvait avoir lieu. Deux jours apres i'inva-sion de la maladie, la toux persiste et paratt provoquer de violen-tes douleurs; les parties tumefiees sont toujours daus le meme etal; uue multitude de petites tumeurs demi-spheriques, du vo­lume d'une pomme reiuette, s'etaient developpees sur ces memes parties; le bceuf appuyait la tete sur le foud de la maugeoire.
Ce boeuf resla plnsieurs jours saus se coucher; il etait chan-colaiil, la toux persistait, et do rauque eile etait devenue grasse; les petites tumeurs se deuudaieutdepoil; il eu suiatait un liquide sanieux qiü depilait la peau sur laquelle il passait; un liquide tont ä fait analogue decoulait des tumefactions placees autour des narines ; la cornüe lucide etait devenue opaque et des ulcerations s'y ctaient declarees; la conjonctive etait epaissie, infiltree.
Enfin, un commencement d'amelioration se manifesta, et ä la suite d'nn Iraitement d'abord antiphlogistique, puis tonique et revulsif, cet animal finit par guerir.
A la suite de cette observation, M. U. Leblanc, qui, dans le Poitou, avail tres Men oi)serve la Plethore et les congestions sanguines, a ajonte les rellexions suivautes, trop jnstes et trop bleu appropriees au sujet dont je m'occnpo pour que je les passe sous silence :
laquo; Rien n'est plus ordinaire, dit-il, chez I'espece bovine, que de voir se rompre, d'nn instant ä un antre et d'ime maniere tres marijuöe, la regnlarite qui existe soit dans la repartition du sang lui-meme, soit dans la repartition des divers elements de ce liquide.
laquo; An moment on I'on croit qu'un boeuf est dans le meilleur etat de sante, 11 arrive souvent qu'ii tombe comme frappe de la foudre et menrt presqne sans convulsions : e'est lorsque le sang s'accu-mule subitement en tres grande quantite autour de Tencephale et dans la substance meine du cerveau. II n'y a pas pour cela apoplexie, il n'y a point d'epanchement sanguin, comme je m'en suis convaincu souvent en ouvrant des boeufs morts de cette maniere; on trouve meme dans les organes cerebraux une petite quantite de sang surabondante.
laquo; Ce n'est pas ä dire pour cela qu'il n'y en ait pas eu une tres grande masse h l'instant de la mort; il est meme extremement probable (pie la mort n'a pas eu d'imtre cause dans cette circons-tauce, ä moins de supposer que les fonctions cerebrales aicnt ete aneanties par une influence electrique ou une influence nerveuse mor-
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PLETHORE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 547
bide. On explique tres Men d'ailleurs cette absence du sang sura-boudant an moment de l'autopsie, surtout si I'ouverture n'a ete faite que quelque temps apres la mort; on Texpliquo, dis-je, tres Men par analogie, en etudiant ce qui se passe apres la mort dans les tissus superficiels qui out 6te le siege de fluxions sangui­nes tres manifestes pendant la vie. Ne voit-on pas disparaltre en peu de temps les tumeurs les plus volumineuses causees par des fluxions instantanees ?
laquo; Ces faits, continue M. Leblanc, que Ton neglige trop souveui de se mettre en memoire, peuvent faire commettre de graves er-reurs lorsqu'on vent se rendre compte de la cause de la mort des animaux, et cela notamment quand les animaux succombent ä des maladies de courte duree.
laquo; D'autres Ibis, le sang, au lieu de se porter ä la tete, on an lieu d'etre attire vers la tete (les deux cas sont admissibles) selou les circonstances, afflue tumultueusement, on dans lepoumon, ou dans le coeur, ou dans les visceres parenchymateux de 1'abdomen , ou vers le tube digestif, ou eufm vers toute autre region du corps, car peu d'organes sont exempts de cette espece d'irruption san­guine dont la gravite depend surtout du siege. Tantut eile tue en suspendant mecauiquement les fonctions, comme cela arrive dans Tarriere-bouclie par exemple; d'autres fois c'est en anean-tissaut de diverses manieres les fonctions des organes qui sont investis par le sang.
laquo; Le premier degre de la maladie consiste dans la surabon-dance pure et simple du sang dans les vaisseaux destines ä le contenir dans l'etat de sante. Get etat a une duree plus ou moins longue, selon les organes malades; il paralt que c'est rencephale qui est Tun des organes les plus refractaires ä repaucliement ((^ui est le second degre), seit du sang lui-memo, soit des elements iso-les de ce lic^uide. On remarque en general que c'est dans les par­ties oü il y a le plus de tissu cellulaire que 1'extravasation du sang ou de quelques-unes de ses parties est la plus ordinaire et la plus prompte surtout. Je citerai au nombre des regions les plus sujet-tes a ce genre de lesion, le tissu sous-muqueux du gros intestin dansleboeuf, et surtout le tissu sous-cutane et intermusculaire. raquo;
Diagnostie. Pronostic. — Le diagnostic de la Plethore, ou pour mieux dire de la Congestion sanguine, est en general facile. On distingue la congestion qui se produit subitement des phlegma-sies essentielles, dont I'invasion est moins subite et dont les symp-tömes sont moins saillants. La pneumonie ne debute point comme la congestion pulmonaire; les eruptions des tumeurs he-morrhagiques ne ressemblent pasj aux phlegmasies dues a des
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548nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENERALES DIVERSES.
causes qui out agi localement et ne snscitent point un ensemble de phtsnomenes generanx. An reste, pour bien caraclöriser cette pensöe, je dirai de quelle raaniere j'ai toujours accuellli le culti-vateur qui venait tout effare m'annoncer qu'un de ses animaux venait d'etie affecte subitement, soit d'nn enflure generale, soit de tnnieurs isolees :
laquo; Et avec tout cela , lui disais-je, que fait votre boeuf, mange-t-il, rumine-t-il? a-t-il le mufle frais? et, ([uand on lui presse It^gere-ment la colonne dorsale, peut-il executer son mouvement de pan-dicnlation ? Si oui, retournez chez vous sans inquietude , la maladie de votre bceuf n'a aucune gravite. Une bonne saignee suffira pour le remettre en etat. raquo; — En quelques mots, voila le diagnostic et le pronostic dos Congestions sanguines qui ne tnent pas les animaux subitement.
Traiicmcnt. — Puisququot;il vient d'etre demontre que la Plethora ponssee jusqu'äla congestion est occasionnee par la surabondance de globules sangnins, le traitement preservatif et le traitement curatif se tronvent clairement indiqußs.
Le premier comprend les conditions hygieniques diverses a remplir h l'e.Tet de prevenir cette surabondance de globules. II laut, avant tout, tenir les animaux ä un regime regulier; avec ce regime, il faut mettre en ligne de compte les etables saines et bien aerees on la temperature ne serait jamais ni trop elevee ni trop basse : le tbermometre, s'il y en avait dans les etables, ne devrait jamais marquer au-delä de 20quot;; les travaux seraient or-donnes de moniere ä n'exiger jamais des animaux un emploi excessif de leurs forces; on eviterait de les laisser trop longtemps exposes ä Textreme dialeur; leur nourriture serait administree dans une juste mesuie en rapport avec la depouse de force exi-gee; on anrait la precaution de ne jamais la composer exclusi-vement avec des fourrages sauguifiants k I'exces, tels que ceux (jui sont fournis par les plantes legumineuses, et surtont h la fin du printemps et pendant les fortes chaleurs; enfiu on pratiquerait la saignee de precaution, non pas au commencement du prin­temps, quand les fourrages verts sont peu nutritifs et renferment de l'eau de vegetation en tres grande proportion, mais au com­mencement de l'ete, en temps sec, alors que ces fourrages appro-client de leur maturite ot que la graine commence h se former.
On pratiquerait cette saignee non pas indistinctement snr tons les animaux, mais sur ceux qui precedemment auraient ete sou-mis ä cette memo saignee de precaution, sur tous ceux enfin qui, apres avoir etc mal nourris en hiver, se trouveraient alimentes avec exces des fourrages tres echauffants dont il a ete parle. Pen-
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PLETHORE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 549
daut les fortes chaleurs, ces animaux seraient abreuves re-gulierement trois Ms par jour, parce que c'est k cette epoque de l'annee que les globules rouges devienneut principalement surabondauts par I'effet d'une temperature plus eleveo et de four-rages tres nutritifs. C'est pourquoi il Importe surtout de fournir par la boisson les elements du serum.
En faisant entrer I'mdication do la saignee de precaution dans le traitement preservatif, je n'eutends en aucune maniere faire l'öloge d'une pratique absurde qui consistait ii saigner indistinc-tement au commencement du printemps tons les animaux de la ferme, maigres ou en bon etat, jeunes on vieux; non certaine-ment, et il faut s'en tenir aux indications precisees plus baut et auxquelles je dois ajouter cette autre saignee de precaution tres rationuelle que Ton pratique sur les boeufs sounds an regime de l'engraissement, apres les premiers jours de ce regime et dans son milieu, Lorsque ces animaux sont des boeufs de travail re formes.
Le traitement curatif cousislera surtout dans la saignee gene-rale, veineuse ou arterielle. Dans les cas oil les syniptomes sont tres alarmants, on doit donner toujours la preference h cette derniere en la pratiquant ä Tartere coccygienne; son efficacite est incontestable. D'aillenrs, lorsqu'une Congestion geuerale se manifeste par nn gonflement extraordinaire des teguments, il serait impossible tres souvent d'ouvrir soit la jugulaire, soit la sous-cutanee abdominale ou mammaire : le gonflement ne per-mettrait pas d'atteindre le vaisseau avec precision , et Ton n'au-rait jamais qu'une saignee baveuse; taudis que I'artere coccy­gienne pent toujours etre ouverte malgre rengorgement de la peau qui recouvre I'appendice caudal.
Si la Congestion consiste en des tumeurs isolees et que la ju­gulaire soit accessible, on oblient egalement un tres bon resultat de la saignee faite a cette veine, pourvu ({ue le sang coule libre-ment et rapidement par une large ouverture. Au reste, dans I'un ou l'autre cas de saignee large ä la jugulaire ou de saignee k I'artere coccygienne, le mieux se manifeste aussitöt que le vais­seau est ouvert. Si la respiration est tumultuense, eile devient re­guliere, la tumefaction cesse de s'etendre; enfln, je dirai, en em-ployant une comparaison peut-etre banale, que la circulation devient reguliere et que l'equilibre des fonctions tend k se retablir aussitot que le sang des vaisseaux ouverts commence k couler, aussi promptementque Ton voitle vin s'echapper du robinet d'un tonneau plein et bonde quand la plus faible colonne d'air a 6te mise en rapport avec le liquide.
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550nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENERALES DIVERSES.
La quantite de sang a obtenir par la saignee doit etre dans cette cireonstance assez considerable, et ici il vaut mieux que ce soit en une seule qu'en deux saignees, afin que la resolution s'opere plus vite at plus sürement.
Pour un boeuf de taille moyenne, de Tage de 3 ä 10 ans, la saignee ne doit pas etre au-dessous de 4 kilogr., et pent arriver jusqu'a 8 sans inconvenient; bien souvent, cliez les bceufs de Torte taille, j'en ai pratique de 8 et meme de 10 kilogr.
Trois ou quatre heures apres cette saignee, la resolution de la Congestion generale, de celle qui occupe les teguments de toutes les parties du corps, ou du moins d'une grande etendue, s'est operee. On y aide d'ailleurs avec des lotious d'eau froide.
Quand la saignee n'a pas ete employee des le debut de la mala-die, la resolution est beaucoup plus difficile h obtenir. II laut en­core recourir ä la saignee, mais aider ä son action par des fric­tions d'essence de terebenthine, repetees jusqu'a ce que la peau commence k se gercer, et par des boissons nitrees ou emetisees.
Ainsi, dans le cas de resolution incomplete ou de resolution non commencee, le traitement de la congestion tegumentaire consiste :
1deg; Dans la saignee, ä la quantite de 3 ä 4 kilogr., et repetee, s'il y a lieu, c'est-ä-dire si la resolution se fait lentement, deux et trois fois, en laissant entre chaque saignee un Intervalle de deux jours;
2deg; Dans des frictions avec essence de teröbenthine, poussees jusqu'au gercement de la peau ;
3Ü Dans des boissons nitrees ou emetisees, preparees de la ma-niere suivante :
Tisane de chiendent, d'orge monde, de parietaire,
de mais ou de seigle......................nbsp; nbsp; nbsp;4 litres.
Nitrate de potasse..........................nbsp; nbsp; 20 grammes.
ou Emetique.................................nbsp; nbsp; nbsp;lt; —
A donner trois fois par jour, chaque dose de 4 litres.
Les troclüsques ou les setons produisent des engorgements durs qui lie dounent jamais lieu ä une abondante suppuration, et qui aggravent l'etat des animaux sans favoriser en aucune ma-niere les resolutions.
Les mouchetures n'ont d'utilite que lorsqu'elles sont pratiquees, au debut de la congestion, sur les parties les plus declives des tumours.
Le traitement des tumours isolees est le meme, et dans aucun cas on nedoit pratiquer des scarifications; elles dounent toujours
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ANÄMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 551
lieu ä des plaies de mauvaise nature, ä bords renverses, et ä des vegetations fongueuses. Jamals on ne produit line suppuration louable au moyen des scarifications. Elles necessitent que i'on multiplie les visites pour pauser des plaies de mauvaise nature, et tout cela pour que le travail de la resolution se trouve enraye et que les animaux ne puissent se retablir que leutement.
Ces congestions, dont la nature n'a pas ete toujours bien com­prise, ont 6t6 souvent confondues avec les tumeurs ciiarbcn-neuses; on leur a donm'; des nomsqui varient de region ä region; on s'en est, souvent exagere le danger; on a employe pour les combatlre un traitement ordinairement incondiaire. Nous venous de parier des scarifications, mais on a quelquefois porte le fer rouge sur ces tumeurs; on a pans6 les plaies resultant de ces scarifications avec des escharotiques; enfln, ou a tout fait pour que ces congestions devinssent une maladie redoutable; tandis qu'il est toujours facile d'en triompher, en employant le traite­ment qui vient d'etre indique.
ARTICLE II
ANKMIE
Synontmie : Antemia, Anhismia, Cachexie, Appauvrissemcnt du sang, Epuisement du sung,
Polyantemio.
Definition. Frequence. — Sous les noms ci-dessus, on d6signe un etatmorhido caracterise, non point par la disparition du sang, comme pourrait le faire supposer l'etymologie du mot Ancmie {privation de sang), mais par une diminution de la masse totale du sang, et notamment des parties solides de ce liquide, la pro­portion de la partie sereuse etant augmentee (Jiydroemk, hydre-mie, etc.).
Cette affection est plus frequente chez les animaux de I'espece bovine que ne Tout pens6 la plupart des auteurs qui se sont oc-cupös des maladies de ces animaux, et que moi-meme je ne I'ai cru pendant quelque temps; mais depuis que men attention s'est portee sur les alterations que le sang pent subir dans des circonstances donnöes, j'ai remarque la frequence de rAnemie.
Causes. — La constitution du boeuf ne recele point de causes predisposantes de rAnemie; chez lui, les causes, car il y en a plusieurs, sont toutes occasionnelles. Le mauvais regime en est la principale. Void quel etait, il y a quelques anneos, dans les
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MALADIES GENERALE3 DIVERSES.
regions oü il est particulierement emjjloye aux travaux des champs, le regime auquel tons les individus de l'espece etaient soumis : presses en general dans des etables basses, etroites, mal aerees, I'espace manquait ä ces animaux pour qu'ils pussent se reposer de leurs fatigues et respirer libremont. Sans cesse, ils pietinaient leurs dejections, et par suite ils etaient constamment d'une malproprete degoütante; leur poll s'allougeait et ils etaient toujours maigres, dans ces reduits insalubres, oü d'ailleurs ils trouvaieut rarement line alimentation süffisante. Pendant les mauvais jours, alors que les travaux se trouvaieut interrompus, les bestiaux etaient nourris avec les fourrnges les moins substan-tiels, distribues avec une deplorable parcimonie.
Eufm arrivait le printemps, et avec cetLe saison les premiers fourrages verts; mais comme les provisions d'liiver se trouvaieut totalement epuisees ou pres de l'etre, on s'einpressait de distri-buer ces fourrages, coupes avant d'avoir atteint leur develop-pement, et souvent on dounait ä paltre une herbe ä peine sortie de terre. Cette alimentation n'etait pas fortifiante, on le comprend, et cependant uue pratique absurde aggravait l'etat des animaux : on saignait tons ceux qui etaient äges de plus d'une annee, quel que fut leur etat. Moi-meme j'ou ai beaucoup saigne, sous la pression de la coutume et bieu malgre moi, qui vacillaienl sur leurs membres en sortant de ratable pour subir cette ope­ration. Gette saignee de precaution 6tait alors uue condition de rabonuement.
Si, apres cela, la temperature devenait favorable el que les four­rages verts pussent vegeter dans de bonnes conditions, les jeunes animaux se retablissaient; mais, parmi les vieux, combien res-taieut malingres pendant toute la belle saison, pour h nir par le marasme ä l'eutree de I'lnvei:, et ce marasine etait Lieu I'Aae-mie ou la diminution des globules du sang, comme il etait la di­minution de la fibre musculaire et la disparition absolue de la graisso.
Deux exemples seulement se sout offerts h mon observation, de bceufs anemiques par diminution des globules, h la suite d'une epistaxis qui se reproduisait presque tons les jours, pendant I'attelee, a la suite de l'6branlement d'une come.
Symptömes. —L'amaigrissement, la faiblesse de la marcbe, I'appetit diminue, la rumination lente et rare, la diarrhee, la frequence des evacuations d'nrine en petite quantite, la pal en r des conjonctives, sont les principa'lix symptömes de rAnemie. La tumeur molle, indolente et plus ou moins volumineuse que Ton observe sur les moutons affectös de la cachexie, se montre
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ANEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;553
sur le bceuf, non pas au debut de la maladie, ainsi que I'a ob­serve M. Didry, veteriuaire ä Montmedy, pendant une epizootic de cachexie sur 1'espece bovine , mais lorsgue TAnemie est k son dernier terme, alors que des oedemes existent sous le ventre el des epanchements dans les cavites söreuses.
A part cette difference, mes observations se rapportent a celles de ce veteriuaire. Voici du reste comment ildecritles symptomes de l'epizootie dans un Memoire adresse ä la Societe centrale d'agriculture de Paris :
a La pourriture s'annonce d'abord par une diminution notable de Tembonpoint, une nonchalance remarquable; car, quand on conduit le troupeau au päturage, les animaux qui commenceut ä etre attaques restent en arriere; bientot rocil devient chassieux, et la bete etant coucbee eprouve beaucoup de difiiculte ä se lever seule; le train de derriere snrtout est plus gene que celui de devant; 11 apparait sous la ganaclie, des le debut de la mala­die et sur tons les sujets, une tumeur niolle, indolente et volu-mineuse. Gelte tumeur est formee par une collection de liquide epanclie dans le tissu cellulaire; eile occnpe tout I'espace inter-maxillaire, est du reste plus ou moins saillante; le poll est he-risse, la marcbe cbancelante; le pouls est lent, mou et faule. Gependant les fonctions digestives et celles de la respiration ne paraissent pas nolablement alterees. raquo;
Gette derniere appreciation ne s'accorde point avec nos obser­vations; uon-seulement les digestions se faisaient mal el s'accom-pagnaient de diarrhee sur les sujets que nous avons observes, mais la respiration etait courte et lente, et ne s'executait presque Jamals au moyen d'une inspiration prüfende.
M. Didry continue : laquo; La maladie faisant des progres, la mai-greur augmente avec une rapidile eifrayanle ; le rumen se me-teorise presque ä chaque repas; mais communemenl le muteo-risme se dissipe spontan^ment. raquo;
Ge dernier Symptome apparait dans le debut, la diarrbee dont nous avons parle en est la consequence, et nous n'avons pas remarque que les animaux conservassent leur appetit jusqu'au dernier moment.
laquo; La locomotion, dit M. Didry, devient plus cbancelante, au point que les malades se laissent tomber en marchant. raquo; Nous les avons vus tomber et ne plus se relever, quelquefois meme ce n'etait qu'ä l'apparition de ce premier Symptome que les bou-viers venaient nous prevenir, el certes ce n'etait pas le debut reel de la maladie. Tl est bien vrai que le pouls devient ondoyant, que Tariere s'efface, et que dans quelques cas on entend assez dis-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
tinctement le bruit de l'agitation d'un liquide öpanchö dans l'abdomen.
M. Didry ajoute que la diarrhee se declare quand la maladie se rapproche de son terme fatal, si toutefois eile ne s'est pas de-claree dans le debut. Alors les urines sont claires, pen abondantes; nous avons fait la meme observation, mais I'animal eprouve sou-vent le besoin d'en rendre une petite quantite...
laquo; ..... Les membranes muqueuses apparentes sont pales et
decolorees; la chassie des yeux est tres abondante, les larmes fluent sur le dianfrein; les yeux sont caves, retires; et si on palpe la peau sur les epaules et sur tonte la colonne dorsale, on remar-que la presence d'un liquide epanche dans le tissu cellulaire sans gonflement tres apparent : des incisions pratiquöes h cet endroit laissent fluer quelques gouttes d'un liquide söreux tres limpide. raquo;
M. Mangin, qui a observe la cacbexie ä l'etat epizootique, ega-lemeut dans la Meuse, ä Verdun , dit qu'elle ailecte absolument les memes caracteres que la cachexie du mouton, et il signale un Symptome que nous avons observe comme lui, et dont M. Didry ne parle point : c'est la presence de poux en tres grande quantite sur tons les animaux affectes et se propageant sur ceux des ani-maux qui n'avaient pas encore otfert des symptomes de la ca­chexie. II ajoute memo que la presence des poux est un des symp­tomes caractöristiques, et que le plus souvent il pröcede tons les autres.
Cette observation est de la plus grande exactitude, nousl'avons faite tres souvent, et h moins (pie les poux ne soient propagessur nil animal sain par nne espece d'immigration, ils se montrent toujonrs sur les sujets dont le sang est appauvri : ils annoncent les privations alimentaires, la malproprete et surtout une altera­tion du sang.
Mais rappauvrissement du sang on TAntmiie qui se manifeste par la cachexie sur I'espece bovine, atfecte sur les femelles un caractore special. Les vaches laitieres out les mamelles flasques; elles ne donnent qu'un lait presque entierement sereux et en tres faible quantite, et iinissent par neplus en donner du tout.
Les vaches pleinos avortent pendant les derniers mois de la gestation, sans avoir etö soumises ä aucun exercice, sans faire au-cun effort; la sortie du fcetus a lieu par le fait seul du reldche-ment des tissus, et souvent la matrice est renversee.
Cet accident n'est pas d'une quot;gravite extreme quand il a lieu ä la suite d'un part laborieux sur une vache d'ailleurs en bon etat de saute; mais s'il se produit sur une vache anemique, ce qui
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ANÄMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;555
laquo;'observe souvent, on ne parvient qu'avec peine ä opörer la re­duction de l'organe, ou si Ton y parvient, c'est le plus souvent en pure perte; le moindre mouvement vient reporter la matrice vers la vulve, d'oü eile s'öchappe de nouveau, ä moins d'etre retanue sur ce point par un pessaire ou un bandage qui sera döcrit h i'ar­ticle Avortement. Dans ce cas, la matrice n'en est pas moins döplacee.
L'avortemenfc et le renversement du vagin ne sontpasles seu!s accidents qui se produisent : avant ou apres cet accident, les vach.es restent coucWes sur la litiere sans pouroir se relever, et si, en les aidant, elles se remettent sur leurs membres, c'est pour retomber aussitot qu'elles cessent d'etre souteuues.
II m'est arrive plusieurs fois, pendant les premieres annees de ma pratique, de voir des vaches maigres rester couchees sur la litiere sans pouvoir se relever, manger pen, ruminer encore moins, et avorter dans les conditions qui viennent d'etre enon-cees; j'ai souvent pu croire alors k une paralysie spontanee comme senle cause de 1'avortement et des plienomenes dont il tsect;tait ac-compagne. Je n'attribuais pas encore cet etat morbide ä l'Anö-mie, et l'indication du traitement a pu dans maintes circonstan-ces se ressentir de cette erreur de diagnostic.
M. Taiche avait aussi observe la cachexie du bceuf, et ce qui l'avait frappe, c'etait l'etat aqneux du sang, lequel ne rougissait que faiblement les corps avec lesquels on le mettait en contact. Delaibnd et Rainard connaissaient cette particularite.
raquo;larche. Dur^e. Terminaisons. — La marche de l'Anemie est lente et graduelle; on luiassignerait difficilement un debut. Dejä, lorsqne les premiers symptomes apparaissent, les alterations du sang sont graves; il fant etre prevenn et avoir une graude habi­tude d'observation pour signaler le malaise que penveut eprouver les animaux dans les premiers temps de la maladie, malaise qu'ils n'accusent que par un peu de lentenr dans la marche et par une legere diminution d'appetit, que Ton attribuerait d'ailleurs ä toute autre cause, ä moins de bien comprendre quelle a ete la funeste influence du milieu dans lequel sont places les animaux.
Done, le debut et la marche de la maladie se font lentement, et la duree est proportionnee ä cette lentenr. On voit des animaux eprouver les atteintes de la maladie dans les premiers jours du printemps, se rötablir en ete, du moins en apparence, decliner Tannöe suivante, pour se retablir encore et passer ainsi deux et meme trois ans sur une exploitation, pour ne suecomber ä la maladie que pendant le troisieme printemps on pendant l'hiver qui l'avait pr6ced6. Combien de fois on entend des cnltivateurs,
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
proprietaires, metayers ou simples maltres-valets, s'ecrier: laquo; Voilä un boeuf qui depuis deux annees ne s'est pas nHabli; la saignee lui a ete coutraire. raquo; C'est que daus cette circonstauce rAuömie a eu une marchelente et une duree un pen longue.
lesions iiuthuiosiqucs. — On trouve des lesions dans toutes les cavites et dans les organes, ce qui est le propre des maladies qui out le earactere chronique. II sufiit en effet qu'un organe ou uu Systeme d'organes, ou Tun des fluirles animaux, entre dans un etat pathologique pour que I'liarmonie des fonctions vitales soit detruite, et que, par une consequence inevitable de ce trouble fonctionnel, tonte reconomie soit profondemeut alteree d'uue maniere ou d'une autre.
Aussi ne doit-on signaler dans les cas d'Anemie que les le­sions principalos, lesquelles sout en meme temps des lesions pri­mitives : c'est I'aUeration du sang, c'est la diminution ou des globules sanguins, ou de la quantite elle-meme. Tandis que, d'apres des experiences qui out un degre de certitude presque in­contestable, la quantite normale des globules varie de 127 a 130 pour 1,000, terme moyen, eile pent descendre dans l'Anemie, ä 28 ou 30. M. Anrlral, qui a fait sur cette interessante question des etudes aussi savantes que cousciencieuses, affirme que dans rhomme la fibrine et Talbumine du serum ne diminuent point dans les anemies spoil tanees; mais il ne pourrait en etre ainsi dans les anemies qui snccedent k des hemorrhagies, ou sur des bceufs extenues par des privations, ä la suite de la saignee de printemps dite de precaution. La secretion qui se fait aussitot apres la saignee, pour combler le vide qu'elle a produit dans les vaisseaux, etant purement aquouse, la fibrine et 1'albumine doi-vent y manquer dans une proportion assez notable.
Quo! qu'il en soit de ces questions theoriques, la vacuitö des vaisseaux, l'absence presque totale de caillots dans les gros Irenes et l'aspect du sang eu tres miuime quantite que Ton a pu recueillir, prouvent bien d'une part qu'il y a eu diminution de la quantite; car enfin oil serait passe ce fluide apres la mort de ranimal, si la quantite normale eüt existe dans les vaisseaux pendant les derniers temps de la maladie ?
M. Didry a decrit les lesions suivantes :
laquo; Les caviies tboracicjues et abdominales conteuaient une grande quantite de liquide sereux, transparent et de couleurlege-rement citrine; les organes renfermes dans ces cavites etaient ilasques, decolores et paraissaientScomme maceres. On remarquait quelques liydatides ä leur surface, ou flottant dans le liquide epanche. Dans les conduits biliaires on trouvait une grande quan-
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ANii.uiK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;55:
tite de fascioles hepatiques. Le tissu du foie etait considerablement ramolli, et Ton y trouvait en grand nombre des cysticerqucs echi-nocoques. On rencoutra dans les branches une foule innorabrable de crinons reconverts de mucus ecmneux. Le tissu cellulaire sous-cutane et intermusculaire etait infiltre de serosite limpide; les muscles decolores. raquo; Et tout cela peut se resumer en trois mots quant aux lösions caracteristiqnes de l'affectiou ; vacuite des vaisseaux, decoloration des tissns, infiltration.
Diasnostir. Pronostie. — N'oublious pas, dans cette circons-tance, que nous avons h traiter des animaux (jui out ana valeur toute autre que celle des solipedes on monogastriques; et c'est ici qu'il faut surtont diaguostiquer, non pas senlement avec une justesse ordinaire, mais avec une precision pour ainsi dire mathematique. Un boeuf bien portant a-t-il une valeur de 300 fr., il peut encore en oonserver une de 200 fr., de 100 fr., meme quand il se trouve atteint d'une maladie incurable dans son de­but : c'est pourquoi il faut s'attaclier an diagnostic pour en de-duire des consequences relatives ä l'iuteret engage sur la tete de cet animal par son proprietaire.
On salt quelles consequences peuvent avoir des erreurs de diagnostic, et h l'occasion je n'ai pas hesite ;i signaler celles qui m'ont ete personnelles. On ne peut les eviter qu'en se livrant a des investigations minutieuses de toutes les circonslances qui onl precede Fapparition de la maladie. Dans les cas d'Anemie, on n'a d'abord qu'ä se demander si la maigreur excessive, la fai-blesse de Tanimal, la decoloration de tons les tissns peuvent etre le fait d'une cause dont Faction squot;est fait sentir inopinement, et c'est ainsi, et par un travail d'analyse et de Synthese ä faire ä [jropos des phenomenes qui se manifestent, que Ton parvient saus peine ä formulerun diagnostic ayant un caractere de precision.
Quant au pronostie, il doit etre necessaircment variable. La cachexie du bcEuf, si eile n'est pas arrivee ä son dernier terme, ce que Ton pourra toujours constater en tenant compte de la gra-vite des symptömes, est curable dans le plus grand nombre de cas, ponrvu que son existence ne coincide pas avec une autre maladie chrouique, quand meme eile eu serait independaute. Ainsi, pour etre clair, supposons un boeuf atteint de phthisie tubercnleuse dans sa premiere periode, c'est-ä-dire lente dans la marche, u'ayant pas encore altere sensiblemeut la constitution de cet ani­mal. II parait bien portant, mange, rumine comme dans l'etat de sante parfaite, mais son poumon est dejä luberculeux sur quelques points, et la toux assez frequente est bien celle qui indi-que l'existence de cette lesion. Supposons encore que cet animal
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
se trouve place dans un milieu qui doive amenerinevitablemeiitla cadiexio; eh Men, si cette derniere condition existe, ilne pourra pas etre traite avec succes par les moyens qui seraient efficaces dans d'autres conditions, parce que la phthisis tuberculeuse sera un obstacle insurniontable ä la reconstitution physiologique du sang allere par les causes de la cachexie.
Done, le pronoslic de la cachexie est fächeux quand eile est compliquee d'une maladie chromque. II Test egalement quand eile est arrivee ä son dernier terme; mais ii est favorable, si eile se moutre snr des sujets adultes bien constitues, si eile n'est pas trop avancee et s'il est possible de faire cesser 1'action des causes.
Traitement. — La premiere indication consiste ä soustraire les animaux ä Faction des causes quelles qu'elles soient. S'ils paca-gent clans des lieux humides marecageux, on leur fait abandonner les päturages; si les etables sont malsaines, elles doivent etre assainies: si la nourriture n'est pas assez substantielle, on la rend meilleure par tous les moyens propres ä atteindre ce resul-tat. Mais quand on n'est pas en mesure d'obtenir ce changement de situation, il est inutile d'entreprendre la guerison des ani­maux, le veterinaire perdrait son temps, et le proprietaire son ca­pital. En pareille occurrence, la mission du premier se borne ä couseiller I'abatage comme le i)arti le plus avantageux.
Ce resullat obtenu, cquot;est-ä-dire les animaux etant soustraits a toutes les causes de la cachexie, on les nourrit avec les fourra-ges de meilleure qualite, en procedant avec mesure, en ne fati-guant pas subitement leurs organes digestifs par une alimenta­tion copieuse qu'ils ne pourront supporter que lorsqu'ils auront commence ii la recovoir par rations graduees. Par exemple, sinn boeuf on une vache digere bien, dans l'etat de sante, 8 a 10 ou 12 kilogr. de luzerne par jour, on ne lui en donne d'abord qu'une ration de 3 ou 4 : ainsi du tourteau, ainsi du son, etc. Le fourrage vert ne convient aux animaux cachectiques quelors-qu'il est coupe an moment on sa graine commence ä se former et si le temps n'est point trop pluvieux.
Les tourteaux de lin et de colza peuvent entrer dans cette ali­mentation. La luzerne, les vesces, le mais, toutes les cereales et les legumineuses egalement, parce qu'elles sont tres sanguifla-bles de leur nature, a moins d'etre venues dans des terrains humides ä l'exces.
Cette premiere par tie du traitement est la plus impor taute. Viennent ensuite les medicamentamp;gt;.proprement dits, et dans cette categorie se'rangent en premiere ligne le pain tonique ferrugi-ueux que Delafond a recommande pour combat tre la cachexie
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ANEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;559
du mouton, parce que ce pain a le double avantage d'etre uu aliment et un medicament, parfaitement appropiie aux indications a remplir. En void la formule :
Farine de ble et d'orge noraquo; blutee, de chaque.nbsp; nbsp; 1,000nbsp; grammes.
Farine d'avoine non blutee...............nbsp; nbsp; 2,000nbsp; nbsp; nbsp;
Sulfate de fer et bi-carbonate de soude en pou-
dre, de chaque........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; V6nbsp; nbsp; nbsp;
Sal rnarin..............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;10nbsp; nbsp; nbsp;
Faites une p;\te, que vous laissez fermenter et cuire au four; donuez au mou­ton matin et soir 50 grammes environ de ce pain
Je rapporte la formule de Delafond teile qu'il I'a indiquee, en faisant remarquer qn on pourrait donner ä un bceuf ou ä une vache adulte, en trois jours d'abord, puis en deux, etmemeen un seul, ce pain tout entier pesant 3 kilogr. 40 grammes; alors on ferait des pains de 10 ä 12 kilogr., en observant les proportions indiquees dans la formule.
J'administre le sulfate de fer et le bi-carbonate de soude, h la dose qu'en prendraient les animaux dans le pain fabrique d'apres la forinulo, et j'en aiobtenu, dans bien des cas, d'excellents effets.
M. Raynaud recommande, dans le traitement de cette meme maladie, une galette de farine dclupiu fortement salee, et conte-nant par dose une cueilleree h bouche de suie de cheminee; en donner d'abord une dose par jour, puis deux, et enfm trois.
Je donnerai la preference ä la galette preparee avec la farine de ma'is et de feves egalement salee, contenant de la suie ä la dose d'une forte cuilleree par kilogramme de farine. Cette galette doit etre bien cuite et non carbonisee; on I'ecrase en petits mor-ceaux, presque en poudre grossiere. Les boeufs ne la prennent pas d'abord avec avidite, mais ils finissent par s'y accoutumer; on la donne en commencant, melee ä du son frise. Ils peuvent en manger 1 kilogr. par jour et arriver ä 3.
Mais du pain de Delafond et de la galette de M. Raynaud ou de celle que j'emploie, il ne faut pas en donner pendant plus de quatre ä cinq jours de suite. On alterne avec des breuvages toni-ques, composes avec une decoction de poudre de gentiane.
Gentiane en poudre......................... 60 grammes.
Eau..................................... 3 litres.
Faites bouillir jusqu'a diminution d'un quart du liquide au moins, et admi-nistrez-en une seule dose, en faisant avaler ä petites gorgöes.
Quoique la galette avec la suie soit vermifuge, on ne pent trop
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5(iOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENERALES DIVERSES.
compter sur sou action, et de temps en temps, apres avoir inter-rompu radministration, soil du pain, soit des breuvages exclusi-vement toniques, on administre I'electuaire suivant:
Poudre de valeriane.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 30 graimnes.
nude empyreumntique...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;8 —
Campbre............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4 —
Essence de ttirebenthine...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 4 —
Extrait de genievre.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I ö —
iMiel on melasse..........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Quantity süffisante.
Melez.
On bien le breuvage suivant :
Alcool nitriqae..........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 30 graimnes.
Laudanum............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 15 —
Essence de terebenthine...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ßO —
Eau de son..............................nbsp; nbsp; I ,(.00 —
Melez et faites avaler a pelites gorgees.
Lorsqu'il existe des infiltrations caracterisees par des epan-cliements cedemateux sur une on plusieurs parties du corps, on administre, pendant les jours on Ton a suspendu l'emploi des breuvages toniques ou des preparations lerrngineuses, des breu­vages diuretiqnes d'une certaine energie.
Ainsi :
Essence de terebenthine..................... 60 grammes.
Jaunes d'u'iifs............................ 6
Guimauve en poudre....................... 30 grammes.
Melangez avec soin ces trois substances et faites dissoudre dans 1 ou 3 litres d'eau, Avant d'adniinistrer ce breuvage, secouez la bouteille dans laquelle il est contenu; secouez encore en ladministrant, et faites avaler ä petites gorgees.
Autre breuvage diuritique.
Savon blanc de .Marseille...................nbsp; nbsp; nbsp;30 grammes.
Essence de terebenthine.....................nbsp; nbsp; nbsp;30 —
Miel..................................nbsp; nbsp; 120 —
Guimauve en poudre.......................nbsp; nbsp; nbsp; 15 —
Eau................................... 1 litre.
.Meines precautions ä prendre en I'administrant que pour le precedent.
On favorise Faction du trailement par un pansement de la main regulierement fait. On evitera d'exposer les animaux a I'impres-sion des vents froids et bumides. On les promenera pendant les belles jonrnees; le froid sec ne leur est point contraire, pourvu
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ANEM1E.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;561
que leur marchene soit point forcee et qu'ils portent une couver-ture de laine. Get exercice doit etre modere et diviso en plusieurs temps : apres les repas par exemple, lorsque dejä les aiiimaux out rumine.
Au fur et ä mesure du retablissemeut de leurs forces et de leur appetit, ijuand ils paraissent bien digerer la ration ordinaire, un travail de quelques lieures sous un beau soleil leur sera avauta-geiu. Les inflltrations seront plus lacilement rösolues, et eu ren-trant dans I'etable, les animnnx seront mieux disposes ä prendre leur repas.
Si la temperature exterieure n'est pas au-dessous de zero, il vaudra mieux les abreuver dehors et ä I'eau coiiraule, qu'ä l'in-terieur avec des eaux de puits ou de mare.
J'ai parle de la gentiaue pour la composition de breuvages amers et toniques; mais il es^ ä observer qu'ou trouve dans tons les jardins potagers, ä la caapagne, des planlos qni peuvent ti-es bien remplacer la gentiane. Tels sont ; I'absiiithe, la tanaisie, la petite centauree qni est commune dans les bois, la mentho, le marrube, toutes plantes quo Ton traite par infusion; los breu-vages composes avec ces dernieres doivont meine etre alternös avec les decoctions, dont les principes fixes no relövent pas les forces aussi prompternent, tout en donnant plus d'activite a la drculation. On obtient d'ailleurs plus facilement du cultivateur l'emploi des simples qu'il trouve ä sa portee sans bourse delior. (jue celui de medicaments qu'il doit aller querir chez un phar-uiacion ; car ä ses yeux il en est des medicaments qni ne lui cou-tent rien eomme dos consultations : le bou marcliö fait toute leur valour.
Ces details ne sont pas insignifiants : il est arrive trop sou-vent que les prescriptions des veterinaires n'ont pas ote suivies, parce que ceux-ci avaient oublic de prendre en consideration les tendances du cultivateur. Contre les poux qui pullulent sur les auimaux cachectiques, do meme qu'ils tourmontent aussi quelque-ibis les animaux bien portants, on a indiqusect; difKrentes substan­ces propres ä les detruire : une decoction de suie, de tabac; l'emploi de i'liuile de cade, l'essence do törebentbine, I'huile empyreumatique, etc., etc. Certainemenl tons ces moyens sonl d'une efflcacite non douteuse; mais le cultivateur leur pröferoivi toujours I'lmile de liu, parce qu'il I'a cbez lui. Au reste, je suis dans ce cas tout ä fait de son avis, et depuis plusieurs annees je a'emploie pas d'autre medication pour la destruction des poux qu'une seule onction d'huile de lin, a une temperature de 30deg; ä 40quot;. Cette onction est infaillible, et apres l'avoir emi)loyee, il suf-
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502nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GKNERALES DIVERSES.
fit (rune savonnade ou d'imlavageavec une decoction decendres pour qne la peau des animaux se trouve dans un etat de pro-prete qui ne laisse rien ä desirer.
,Te ne fais pas entrer le camphre dans la composition des me­dicaments ä employer pour la destruction des poux, a cause de son prix. ni les preparations mercuriolles, parce que le boeuf les enleve avec sa langue, comme toutes les substances liquides ou mi-liquides que Ton etcnd sur ses teguments, et parce que ces preparations qu'il avale avec la salive ont sur cet animal, bien plus que sur tont anlre, des proprietes toxiques tres prononcees.
En resuniö,le traitement dein cachexie des animaux de l'espece lib vine consiste ;
1deg; Dans la soustraction des animaux ä l'action des causes taut predisposautes, s'il y en a, qu'occasionnelles;
iquot; Dans une alimentation substantielle graduee:
3deg; Dans radministration ä I'mterieur des preparations a base lerrugineuse;
4quot; Dans radministration alternee avec la precedente de breu-vages toniques amors ou cordiaux:
5quot; Dans les breuvages diuretiquesalternes avec les precedents;
Gquot; Dans les onctions d'huilede lin pour la destruction des poux:
7deg; Enfin, dans rapplication do toutes les pratiques d'une bonne hygiene.
AHT1CLE III sect; l'r. — Hematurie essentielle.
Synonymic : Pissement de sang.
Ueiiaition. Fi-^qneiicc. — \j Himaturk est souveut un Symptome de la nephrite, de la cystite; eile est egalement un Symptome de la maladie de brou ou des hois, qui est en realite une gastro-(üilero-neplirite. Mais on I'observe aussi dans bien des cas, sans que mil symptöme d'inflammation existe ni dans les reins, ni clans la vessie. L'Hematurie est alors une maladie essentielle, resultant d'une alteration du sang. Elle est frequentesurles bes-tiaux ayant passe l'hiver et une partie du printemps enfermes dans des etables ou se trouvaienl reunies, ä une alimentation de mauvaise qualite et insnffisante, tontes les causes qui tendent ä amener Tappauvrissement du sang.
Causes. — Je viens de designer la principale en parlant de la
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HEMATURIE ESSENTIELLE.
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imjueuce de rHematurie, et ce qui doit conflrmer mon opinion h cet egard, c'est que si les banifs de travail, dont la constitution est robuste, se ressentent evidennneut de rinfluence des causes debilitantes qui out exerce une action d'uue certaine durce, ils Y resistent Dependant beaucoup nneux que les vaches laitieres dont la constitution se trouve appauvrie tout naturellement par une secretion abondante de lait, et que les plus jeunes sieves, dont la constitution n'est pas iormee. Teiles sont ä mon sens les causes predisposantes.
Quant aux causes occasionuolles, elles se trouvent dans le pas­sage brusque d'uue alimentation debilitante, qui se compose de fuurrages sees, pris dans un lieu oh I'air estordinairement charge d'emauations iusalubres, ä une alimentation de toute autre na­ture et debilitante egaleraeiit. Lorsque les bestiaux sont envoyes au pacage au commencement du printemps et que, pressös par la i'aim. ils broutent geiieralement avec avidite toute Fherbe tendre qu'ils trouvent sons la dent, et meme les bourgeons a peiue deve-loppes du ebene, du betre, ils sont attaints d'Hematurie; ce qui s'explique lacilement, si Ton admet, avec des pbysiologistes dont le nom fait autoritö, que la secretion de l'urine n'est autre cbose (ju'une exsudation qui se produit dans les reins. C'est ainsi que le sang appauvri parvenu dans ces organes y transsude tel qu'il se Irouve dans la circulation. Ici, I'Hematurie est le resultat de l'al-teration du sang, alteration qui s'aggrave encore par I'action d'un air vif et pur, inspire presque sans transition apres nn air lourd, epais et quelquefois mepbitique.
Symptömes. — Un Symptome unique, I'etat sanguinolent des urines, caracterise rHematurie essentielle. Les animaux malades. vaches oujeunes sujets, au poll berisse et long, aux muscles amai-gris, a la demarche lente, vacillaute, aux membranes apparentes dune päleur remarquable, aux oreilles pendanles, arrivent au pätu-rage, on ils passent quelques jours, en apparence dans le meme etat de sante, paissant avec avidite, ruminant avec regularite quoique lentemeut; puis ces animaux si malingres se mettent ä uriner tout ä coup du sang en assez grande quantite, sans qu'il se ma­nifeste d'autre Symptome qu'uu peu d'acceleration dans le pouls, qui cependant reste mou, et dans tout cela, rien ue temoigiK! d'une inflammation qui affecterait un organe quelconque. Point de douleur sur la region lombaire, point de difficulte pour uriuer, pas le moiudre signe de douleur intestinale; seulement un peu de diarrhee, que Ton pourrait attribuer aux digestions incom-pletes d'une nourriture trop aqueuse.
La maladie apparait subitement quelques jours apres que les
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
bestiaux sont entres dans les paturages; sa duree est plus ou moins longue; eile s'exprime par le temps que I'herbe met ä devenir plus nutritive et que les animaux mettent a s'accou-tnmer ä im air plus vital que celui qu'ils avaient i-espir^ pen-ilant tout nr. hiver. La terminaison est toujours ou presque toujonrs favorable, ä moins qiie les animaux nesoientdejä arrives au dernier degre du marasme.
uiugruosiic. Pniuosilc. — L'Ht'maturie essentielle a souvent et^ confondue avec rHematurie symptomalique. Pour Ten distinguer, il n'y a qu'a se rappeler ce qui a ete dit des causes predisposantes et occasiounelles, et, l'absence de tont Symptome reellement mor­bide autre que l'Hematurie.
Ce que Gelle en dit se rapporte ou a la nephro-cystite, on ä la gnslro-entero-nephritc. 11 parle d'urine sauguinolento ecumeuse, tres rouge, etc., et l'urine rendue dans les cas d'Hemalurie es­sentielle par alteration du sang n'a aucnn de ces caracteres.
Mon ancien condisciple et ami Taiche a decrit niematurie resultant de rentero-nephrite; il le salt Men et il le dit, car il n'aurait pas pu en douter, d'aprös la description qu'il donne des principaux syinptömes de cette maladie. laquo; Ainsi, dit-il, tristesse, diminution de l'appetit, leateur et rarete de la rumination , fris­sons irreguliers, frequence du pouls, temperature variable des oreilles, des comes et du mntle, sensibilite excessive de la co-lonne rachidienne; ranimal est souvent couche, et cliez les vaches la secretion du lait diminue;... puis voussure du dos, constipation,... etc. raquo;
Le traitement qn'il indique est, la saignee, et certainement, puisqu'il a gueri par ce moyen, il n'etait pas en presence d'une Hematurie essentielle resultant d'un appauvrissement du sang.
Favre, de Geneve, decrit egalement la gastro-entero-ne-phrite: il la traite par le moyen des saigntjes repetees. Au reste, il declare que la maladie par lui decrite, et dont THematurie est im des symptomes, est tres improprement. nommee pisstmcnt de sang. Je presume cependant que Favre a observe, non pas seule-ment l'Uematurie symptomatique de la maladie des bois, mais aussi niematurie essentielle. Sans cela, on ne pourrait s'expli-quer les contradictions qui se rencontrent dans son Memoire, et uotamment cette observation : laquo; L'Hematurie des feuilles est asthenique; eile a pour caractere primitif une altamp;'-ation du sang. raquo;
M. Drouard considere l'Hematurie'comme une alfection gene-rale, dont Taction se porte principalement sur les reins, et dans laquelle le sang est d'une liquidite insolite; il transsude alors k
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HEMATÜRIE ESSENTIELLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 565
travers la muqueuse des bassinets, qui tlevient le siege d'une he-mörrhagie passive; le sang ne se coagule pas, et sa presence dans la vessie provoque ies contractions freijuentes, telles qne rurine coule abondamment et sans doulcurs. En se prolongeant, cette exhalation depouille tellement le sang de ses parties fibrineuses et colorantes, que celui qne Ton ex trait des veines est dans ce cas liquide, serenx et decolorö; les reins sont frappes d'atonie, La debilitr1 est gent;rale, el l'abattement devient tel que ranimal meurt tlans un etat d'anemie.
M. de Gasparin diagnostique d'abord tres judiciensement l'Ht'-inatnrie essentielle; il la definit : laquo; Une evacuation de sang par les voies urinaires, avec ou sans douleurs momentanees et sans flevre permanente. raquo; On sail ce que cette absence de fievre signifle, c'est-ärdire absence de symptömes autres qne lacouleur rouge du sang. Pnis il fait remarquerqu'il nefautpas la confondre avecla nephrite et la cystite, lesquclles sont aecompagnees de üevres iuflanmiatoires, niencore avec les pissementsde sang symptoma-tiques et critiques qui acconipagnent les fievres malignes.
Les explications phjsiologiques de M. de Gasparin ne nie pa-raissent pas d'une exactitude rigoureuse , elles contrediseiit ses premisses. Mais il rentro dans sa voie, quand il parle d'apres robservatiou : laquo; Dans les betes h cornes, dit-il, cette maladie esl assez fröquente, parfois aecompagnöe de diarrhee, raquo; et il laitobser-ver que ce phenomene est un Symptome precursenr des fievres astheniques.
Quant au pronoslic, 11 est l'ächenx seulement lorsque los ani-maux sont, ainsi que je l'ai dejä dit, arrives au dernier degre du marasme ou lorsque le caraclere de la maladie etant meconmi. on fait emploi du traitement autiphlogistique.
L^sitius pathologiques. — Les urganes parenehymateux et meme les intestins sont comme exsangues. Tous les tissus sont genera-lement decolores, blafards, piiucipalement ceux du systenie mus-culaire; les reins sont päles et contiennent parfois un pen de sang dans leurs bassinets ; la vessie est ordinairement vide ou eile a retenn une tres petite quantite d'nrine sanguinolentc; sa mu­queuse est decoloree. Le coeur est mou, et l'on trouve assez sou-vent de petits caillots sanguins dans ses cavites, tandis qu'il n'en existe pas dans les gros vaisseaux.
Traitement. —Dans rHenialurie essentielle, ilfautagir comme pour toutes les maladies (jui resnltent de ralteratiou du sang, c'est-ä-dire en retablissant riiomogeneite de ce liqoide et en Ini rendant sa plasticite premiere. La nature ne fait pas autre chose, lorsque l'herbe des päturages se trouvantmieux developpee, moins
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MALADIES GENI5RALES DIVERSES.
:
raquo;
aqueuse, plus nutritive, on voit rH(5maturie diminuer de Jörn­en joar, et finir par disparaitre entierement.
Done, point de saignöe, ni forte, ni mediocre, ni faible. Une alimentation de bonne qualite administree d'abord ä petites ra­tions, pour raugmenter ensuite graduellement; l'emploi du sei de cuisine comme condiment dans les fourrages, afln de soutenir les facultes digestives et de pousser ä une complete assimilation, inais en I'litilisant seulement comme condiment passager, son usage journalier devant produire un effet contraire aux indications :quot;i remplir.
Faire preudre aux animaux les preparations ferrugineuses et completer le traitement par I'usage des prescriptions hygieni-(|ues. Ainsi : ranimer les fonctions de la peau par des bouchonne-ments frequents; soustraire autant (pie possible les animaux ä toutes les causes debilitautes resultant des intemperies atmospbe-ri(pies; ne point les exposer sans transition ä un air vif quand ils sortent d'une etablo tres chaude, ne pas les laisser exposes h la pluie, et, s'ils out etu mouilies, les ramener promptement dans un lieu oil la temperature est plus elevee, oh Fair n'est pas agite.
Tel eslle traiteuient le plus rationnel de FHematurie essentielle.
On donne le sei, aux animaux de l'espece bovine, dans les boissons, dans les brenvages, on melange h des substances ali-mentaires; dans le son frise, par exemple, dans les pätees que I'on fait avec des racines cuites, etc.
Les doses sont : pour les beeufs ou vaches adultes et de taille ordinaire, de 64 h 125 grammes ;
Pour les genisses, les taureaux au-dessous de deux ans, de 30 ä 60 grammes;
Pour les veaux de lait, de 8 ä 15 grammes.
Ces doses ne doivent etre donnees (pi'une fois tons les huit jours.
On abuse du sei quelquefois: on en fait preudre ä des ani­maux pletlioriques, irritables, et pendant des Saisons oü la tem­perature est tres elevee et quand Fair est sec; on le melange k des fourrages vases, dans le but de leur faire perdre les mauvai-ses qualites qu'ils out acquises. Get emploi du sei n'est point ra­tionnel ; mais ici Findication est precise : on Fadministre ä des intervalles marques, dans Fuuique but d'exciter convenablement les organes digestifs. Les ferrugineux et les toniques amers com-pletent le traitement.
Les preparations ferrugineuses, qüfe Fon pent employer dans le traitement de FHümaturie essentielle par alteration du sang, sont nombreuses. Les principales auxquelles on pent avoir reconrs
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HEMATÜRIE ENZOOTIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;r.(!7
sont le sous-carbonate de fer en povidre et la limaille de fei-. Celle-ci est rarement pure dans le commerce ; eile est parfois rouillee, ce qui n'offre pas iTinconvenieiit; mais eile peut etre aussi m^langee de battitures, petites paillettes d'oxyde uoii de fer ä pen pres inertes. Enfin, eile peut renfermer du cuivre, du zinc, etc., ce qai ne presento de la gravite que lorsque ces me-taux s'y ti'ouvent en (juantite notable.
Lefer cn limaille, le carbonate defer s'administrenton en (^lec-tuaire on en bol; on peut anssi les melanger an son, h la pätöe. Ce medicament doit etre donne pendant le repas on pen de temps apres, parce qn'il ne devient actif qne par sa dissolution an moyon du sue gastrique, et que e'est alors qn'il rencontre ce fluide en plus grande quantite: on pent anssi favoriser sa dissolution en y ajoutant du bi-tartrate de potasse.
La dose de la limaille de fer est, pour les bceufs on vaches adultes, de 32 ;i 64 grammes; pour les genisses on tanreanx au-dessons de deux ans, de 16 a 30 grammes ; pour les veaux do lait, de 8 h 16 grammes. Qnand on emploie le carbonate, la dose est douhleo. Si Ton ajoute du bi-tartrate de potasse ä la limaille, il n'est pas necessaire d'en porter la dose an-delä de 20 h 30 grammes. A une dose qnatre on cinq ibis plus forte, il agirait comme laxatif, ce qu'il faut eviter.
On peut employer aussi I'eau ferree, ijue tout le monde connall. Jja meilleure estcelle (jue Ton trouve dans I'atelier d'un marechal ayant beaucoup de travail, parce que e'est celle qui est la plus chargee d'oxyde noir de fer et du carbonate de la meine base.
II y a enfin I'eau rouillee (pie Ton prepare en deposant dans une certaine quantite d'eau du fer ronille. Cette eau se donne en boisson.
sect; 2. — Hematurie enzootique.
M. Pettier, nu'decin-veterinaire ä Pont-Leveque, a public en 1841, dans le Recueil dc medecinc veterinaire, page 137, nn Essai sur la nature et le traitement dc I'Hematuric on pissement de sang des animaux de l'espece bovine, qui presente dans le fond, sinon dans la forme, beaucoup d'interet, et dout le resume analytique doit trouver, ce me seinble, une place k la suite de la description de THematurie essentielle.
M. Pottier considere d'abord cette maladie comme symptomati-que d'une inflammation des reins, et apres avoir dit que les cau­ses predisposantes sont a pen pres inconnues, il ajoute cependant que l'abondance des fonrrages qui, an printemps, succede h la jie-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
imrie de rhiver, pourralt Men etre une de ces causes, et que les tuiimaux yui ne quittent point les paturages sur lesijuels ils ont vecu depuis leur naissance ne sonl pas afl'ectes de rHematm-ie, landis que ceux qui ont une premiere Ibis quitte ces paturages s'en trouvent atteints aussitöt qn'ils y reviennent.
Les causes occasionnelles principales seraient, d'apres ce pra-
ticiea :.....laquo;lamauvaise qualite des plantes qui croissent dans les
paturages, lelles que la yrande renoncule et la petite douve; les jeunes pousses de genet, d'if, de diene , Je saule, etc.; mais les plus influentes, dit-il, qu'iln'est pas en notre pouvoir de changer on de modifier, resident dans la composition geologique du ter­rain et dans son exposition. Les herbages on les animanx pis-sent le sang le pins sonvent sont ceux qui sont situes en pente, arvierc-solcil, et dont la couche snperieure repose sur cailloux el glaise.
laquo; Les paturages situes ä la meme exposition, mais dout la cou­che snperieure repose sur le sable, ne participent pas autant a cette funeste propriete. raquo;
Evidemment, M. Pottierne Jait pas des causes auxquelles il at-Iribue rHemalurie des betes bovines une distinction bien exacte, et Ton pent croire que les seules qui influent d'une facon princi-pale sur la production de la maladie ne sont autres que I'exposi-tion des paturages au nord et riinpermeabilite du sol sur lequel ils sont plac6s. Les causes irrilautes, telles que les plantes acres peuvent les constitner, donneraient lieu ä une inflammation ai-gue des orgaues genito-urinaires, et non h rHematurie accompa-gnee de symptomes (jui temoignenl pins particulieremcnt d'une alteration du sang, symptomes que M. Pettier rapporle en ces lermes :
laquo; Les premiers symptomes passent sonvent inapercus. L'ani-inal aii'ecte est triste et resteen arriere du troupeau. Les matieres excrexnentitielles deviennent pins llnides. Chez les vaches .'aitieres la secretion du lait dhniune. Ces prodromes ne dnrent pas long-temps; vingt-quatre, trente-six on quarante-huit beures apres leur apparition , d'autres phenoineues se manifestem : la rumina­tion est suspeudne par intervalles; ks urines sont calories en rouge plus ou morns fonce, quelquefois meme on y remarqne des caillots de sang ; la region lombaire est sensible; le poll est terne, pi­que; on remarque un mouvement febrile leger, qui ne tarde pas ;i s'accelerer, si Ton ne se häte de traiter la maladie; la colora­tion des urines devient alors de plus quot;en plus Ibucee : on dirait meine, dans quelques cas, du sang presque pur; ranimal urine presque continnellement; la rumination est presque entierement
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HEMATURIE ENZOOTIQIE.
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suspendue; les battements du coeur sont tres forts; le mulle de-vient sec; la bouche est chaude et limoueuse; les oreilles soul alternativement chaudes et froides; la flevre devieut de plus en plus vive, etc.
laquo; A cette periode de la maladie, rhemorrhayie parait 1111 pen se tarir; les urines sont moms Ibncees, alles lie ressemblent plus qu'ä de la lavure de chair; le pouls devieut petit at miserable; puis aufm la faiblesse devieut teile que rauimal meurt exsauyue. raquo;
La traitament present parM. Pettier se ressent da riucertitude qui a preside ä la formation du dia^noslic. Ce praticieu recom-mande d'administrer des breuvages rafraichissauts ou acidules; mais il proscrit la saiguee doutil a sans doute constate les fuuestes affets.
Or, si I'Hematurie elait le resultal d'uua nepbrite, la saignt?e aurait dft atre la premier moyen de traitmieut, sacondä par les breuvages rafraichissauts.
Ce (jui ressort da plus evident du memoire de M. Potlier, e'est que ITIematuria n'est pas le resultat d'une inflammation das reins, mais bieu celui d'uue alteration du saug, dout las causes se trouvent dans les influences du milieu; or, on salt qua tons las päturages places sur das terrains dont le sous-sol est imper­meable exercent ces influences au plus baut degrä, at cominc celles-ci sont permanentes pendant les Saisons humides, on concoit facilement que l'Hämaturie pranne le caractere d'uue enzootie. Aussi le remade ne cousista pas dans radminislraliun de medicaments, mais Men dans l'assainissement de ces terrains par la drainage, ou dn moius dans la deplacement das animaux aux epoquas da l'annäe pendant lesquelles I'Hematurie se declare habit uallement.
M. Cauvet, veterinaii'e ä Narbonne, a public, dans le Journal des veterinaires du Midi (juillet et aoüt 18C8), un memoire sur I'Hematurie du boeuf, qui otl're beaucoup d'interet et dans laquel rHemalurie est considei'ee comme le resultat d'une alteration du sang occasionnee an graude partie, dit-il, laquo; par la constitution geologique du sol qui, par sa nature compacte et fortement me-lang^e d'argile, rend difficile I'inflltration das eaux, la nature marecageusa das surfaces, le voisinage d'uu vaste etang qui borde le domaine, les emanations du jour, las precipitations humides de la unit, constituant des conditions particulieres qui, dans cette contree, impriment aux maladies de l'homme un caractere de gravite fort redon table. raquo;
Voici, d'apres M. Cauvet, les symptomes qua preseutait cette maladie a ses diverses periodes : laquo; alfaissamant general, depres-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
Vu
sioa rapide des forces, demarche lente et quelque peu incer-taine; les malades sont souventcouches; poll hörisse, peau adhe-rente et seche, sensibility des lombes, extremites froides, appötit (liminue ou oteiut, rumination suspendue, defecations rares, muqueuses apparentes pales ou d'un rouge jaunatre, pouls frequent, mais fortement depi-ime et difficilement appreciable, urines tres foncees. Chez les vaches, le lait tarissait, les ma-melles perdaienl tonte turgescence et se fletrissaient. Lorsque la nialadic n'etait pas arrölee dans son parcours, la faiblesse deve-nait plus grande, le decubitus plus frequent, le pouls precipitait ses pulsations devenues encore plus faibles, etc. raquo; Enfln, les ani-maux succombaient.
A rautopsie, M. Cauvet a trouve des organes flasques ä l'extö-rieur, päles en dedans, et seulement de l'urine sanguinolente dans les bassinets. Les ureteres etaient exempts de tonte trace mor­bide. La vessie renfermait one quantite variable d'nrine toujours sanguinolente et uoirätre; mais ses membranes, depourvues d'öpaississement, ne presentaient niles traces d'une inflammation I'hronique particuliere, ni celles de rinflammation aigue.
Apres I'emploi d'un traitement aatiphlogistique qui avait ete coinplötonient infructueux, M. Cauvet, convaincu que la maladie etait le resultat d'une alteration dn sang, ou, comme il le dit, une Hematnrir so. rapprorhant de la grande classc des hemorrhagies passi­ves, el quelle etait peut-etre ini moyen terme cntre les etats adyna-iniques et les etats charbonneux, renonca tout ä fait ä I'emploi des aiUipblogistiques, qui furent remplaces par radminislration de breuvages composes avec :
i #9632;
jv-#9632;
^
Teintare alcoolujue de quina.
Alnoot camphre...........
Decoction de eentiane.......
de chaque..
150 grammes. 1 litre.
laquo; On alimentait, ajoute M. Cauvet, avec les farineux. Les au-fres moyens (frictions irritantes sur les lombes, lavements, ali­mentation, etc.) etaient des adjuvants qui se rapprochaient plus ou moins de la theorie d'apres laquelle j'avais renonce an trai­tement antiphlogistique. raquo;
Tons les animaux soumis an traitement par les toniques et les excitants guerirent promptement.
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PYOHÄMIE.
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ARTICLE IV
PTOHEMIE
Sysonymie : F.i,sigt;rplion purulente, Infection , DiathC'se purulonte.
On peut etudier La Pyohemie siu- les animaux de l'cspece bovine dans quelques cas; cependant il faut dire yue cette maladie s'ob-serve rarement. D'abord, la suppuration s'etnWit difflcüement sur ees animaux, et ils n'ont h snbir les grandes operations que lors-(jne leur etat no permet pas d'espörer qu ils puissent avoir nne valeur pour la boucherie.
La Pyohemie est une alteration qu'epronve le sang par son melange avec lepus. Sous ce nom d'invention recente et qui rem-place les expressions Resorption, Infection, Diathcsc purulente, dit le Dictionnaire lexicographique, on comprend un gxoupe d'aeeidents communement attribues au passage du pus dans le sang, une affec­tion caracterisee anatomitpiement par des abees multiples dans differentes parties du corps, ou des epanebements purulents daus les cavites sereuses, les synoviales, etc., et symptomatiquemeut par des phenomenes generaux graves, de forme typboide.
Jusqu'a present, je n'ai observe cette affection (pie sur des ba3ufs vieux, maigres et extenues par des privations, dans les cas de phlebiteoud'arterite resultant de la saignee a l'artere et h la veine coecygiennos, et de grandes operations chirurgicales, telles que renleveinent de sarcoceles.
Causes. — LVtat cachectique des animaux est la principale cause predisposante ä laPyoliemie. Les beeufs atteints de la pble-bite se trouvaient dans un etat voisin du marasme quand ils out ete atteints de cette maladie. Ceux qui avaient ete operes du sarcocele etaient, on le'COncoit, dans un etat tout aussi miserable. Dans cette condition, tonte plaie suppurante s'ouvrant sur une veine pent devenir line cause determinante de la maladie.
Symptömes. — Au debut : malaise et agitation, frissons irre-guliers, perte totale de l'appetit, cessation de la rumination, inflexibilite de la colonne epiniere, marche chaucelante comme dans le typbus ou la lievre charbonneuse, yeux enfonces dans les orbites, insensibilite generale, diarrhee tres fetide, pulsa­tions de Tariere tres faibles, grincement de dents frequents, plaies blafardes, ä suppuration nulle ou en faible quantite et sanieuse. En peu de temps, il y a aggravation marquee des symptömes enumeres, et le mal se termine par la mort.
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
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Lesions paihoiosiques. — Les lesions resultnut de la Pyohemie ont 6te Men tlecrites dans 1'article Pyohemie du Dictioimaire pre-cite ; elles se rapportent exactement ä ce que j'ai observe moi-meine, h quelques ditferences pros, que je signalerai :
laquo; Ce qui a le plus attire rattention, dans le cas de resorptiou purulente, cost la production, dans la substance des visceres, d'abces petits et multiples, dits metastatiqucs. On les rencontre par ordre de frequence dans le poumon, le foie, la rate ; puis dans lea reins, le cerveau, le tissu cellulaire, les muscles volontaires, le cceur, les articulations; leur volume le plus ordinaire est celui d'un pois on d'uue aveline, assez souventd'un grain de chenevis, rarement d'une noix. Le uombre est habituellement en raison inverse du volume. Les pouinons en sent quelquefois cribles. La production du pus est precedee d'uue infiltration sanguine en qnelque sorle apoplectiqne; puis le pus apparait au centre, et la partie infiltree unit par se couvertir totalement en abces. Le pus m est Men lie, phlegmoneux.
laquo; D'autres Ibis, il y a des infiltrations purulentes dans le tissu cellulaire on musculaire, entre le perioste et les os, etc. D'autres fois enfin, ce sent des epancliements, le plus souvent sero-puru-leuts, dans les cavites sereuses on dans les synoviales articulaires. Trea frequeminent on trouve les poumons engoues, le foie ra-molli, jaunätre ; la rate, decoloree en totalite ou par places, sou-vent ramollie ; des ramollissenients de la muqueuse intestinale, etc. Le sang est plus ou inoins nofablement altere; plusieurs auteurs assurent y avoir trouve du pus en nature. II est probable qu'ils ont pris des globules blaues du sang pour des globules de pus, cenx-ci se dissociant aussitöt (ju'ils y sent luelanges. En general, ilest diffluent, se prenant en gelee. II tend ;i s'infiltrer, k s'epan-clier; la proportion de fibrine diminue, les globules s'ali.erent, perdent leur forme, et la putrefaction s'empare promptement du cadavre. raquo;
Ces details, comme je l'ai dejä dit, sont d'une exactitude par-faite, sauf quelques dillerences remarquees sur les animaux de l'espece bovine.
D'abord les abces ne sont pas aussi nombreux qu'on I'a dit dans la description ci-dessus, mais ils sont plus gros, toutes pro­portions gardees. Ceux (]ue j'ai remarques etaient bien de lagros-seur d'une noisette dans les visceres parencbymateux, moins volumineux dans les muscles, et dans les cavites sereuses rap-proches en granulations de la grosseur d'un pois.
Le pus n'est Jamals lie ni phlegmoneux; il est plutö. sero-, sanieux, et cela s'explique par I'effet d'une predisposition parti-
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PTOUKUIE.
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culiere aux races bovines, que je crois avoir 6le le premier h
signaler.
La suppuration ne s'etablit presque jamais sur les animaux de l'espece bovine de maniere a produire ce qu'on appelle mi pus louable, blanchdtre, fige, bomogene, quelle que soit la partie du corps de Tanimal sur laquelle s'est produit im engorgement de nature h donner lieu lt;i la formation du pus.
Lorsqne la suppuration s'etablit dans une tumeur provenant d'une hemorrhagie du tissu cellulaire, comme cela arrive tres sonvent si la tumeur reste induree, il se forme dans son centre une cavite dans laquelle on rencontre un caillot purulent et non du pus veritable. Ge caillot est isole dans cette cavite dont il ne remplit pas toute la capacite. Le saug epanche s'estdivise en caillot et en serum. Ce dernier element a filtre entre les mailles restees libres du tissu cellulaire, il est apparu sous la pean aux parties les plus dcclives de la tumeur, a ete resorbe, s'il n'a ete evacuö an moyen des mouclietures pratiquöes, et le cnillot est reste de-colore on jaunätre et granulenx dans le centre de la tumeur.
Ici le serum a pu etre resorbe et passer dans le torrent de la suppuration, et s'il n'etait point vicie, aucun desordre ne s'est produit par reifet de sa resorption ; si an contraire il I'etait, les desordres mentionues plus baut se sont produits.
Le pus resultant de la suppuration quise forme dans les tumeurs produites par l'applicatiou de setons on de trocbisques est ordinai-rement sero-sanieux. Celui (jui se forme sur les plnies ä la suite d'operations chirurgicales est presque toujours de la meme na­ture, et celui des plaies du scrotum et du cordon testiculaire, apres I'ablation d'un sarcocele, est sanieux et fetide : il est absolu-ment semblable ä celui de la phlebite par pi([üre des veines saphenes.
On ne voit guere sur les animaux de l'espece bovine du pus louable que dans les cas d'erysipele phlegmoneux, alors que des abces se formont aux depens du tissu cellulaire inter-musculaire.
On trouve dans Gelle, sur le meine sujet, quelques remarques bonnes ;i rappeler :
laquo; Le sang, dit-il, pent encore etre altere par son melange avec des substances qu'on n'y rencontre pas ordinairement; c'estainsi iju'on y a trouve du pus. raquo; Gette opinion est tres contestable ; il est probable que ce que i'on a pris pour dn pus cousistait unique-maut en globules blaues.
11 dit encore : laquo; On y a trouve aussi des entozoaires, des concretions albumineuses; I'iclior gangreneux des ulceres splia-celes, parvenu dans le sang au moyen des vaisseaux lymplia-
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MALADIES GKNERALES DIVERSES.
twines. Ge liquide a, dans ce cas, un aspect extraordinaire; il se putn'jfie promptement, ne se coagule point, parce qu'il a perdu sa force d'agregatiou et sa vie propre; 11 forme un do-pot au loud du vase dans lequel il a ete recu, exhale une odeur fetide et yanyreneuse. Les experiences de MM. Dupuy, Leuret et Hanioud sur l'injectiou du sang d'un animal malade daus uu vaisseau d'un animal sain, rinoculation des tissus gan­grenes, etc., out fait couuaitre ce genre d'alteration ot donn6 presque la preuve que daus beaucoup de circoustances le sang etait le vehicule par leipiel les solides s'euflamment.
laquo;..... Les faits sont ici les meines que dans les maladies mias-
matiques, car, que la matiere putride soit inoculee ou injectee dans les veiues, ou absorböe par les voles pulmonaire, gastri-que ou cutauee, ou puisee au sein d'un foyer deletere deve-loppe spoutanemeut, le resultat est semblable; c'est toujours une maladie par alteration des liquides qui est produite.
laquo; Les accidents arrives h des vöterinaires durant les epizooties, ceux qu'ou a observes sur les bouchers, ainsi que sur les ecor-cbeurs, viennent corroborer tout ce que nous avons dit ä se sujet. raquo;
Lä-dessus, Gelle cite Fobservation suivante : laquo; En 1831, je voyais un boeuf atteiut de paraplcgie ä la suite d'une commotion cerebrale. Des plaies ulcerees se mauifesterout ä la poiute des fesses, et degeuererent en peu de jours en ulceres de tres mau-vaise nature. Tout a coup ces ulceres exlialerent une odeur cada-vereuse, une infiltration froide se mauifesta ä l'entour, uu ichor abondant sauieux en decoulait, et tons les symptomes de la gan­grene s'y declarerent. Des lors ratlaissemeut de l'auimal fut extreme; tonte la superficie du corps deviut froide; le pouls etait faible et lililbrme, tres difficile ä reconnaitre; la respiration etait acceleree, suspireuse,rälaiite; Tanimal s'etendit sur le cote etmou-rut six heures apres l'apparition des symptömes de la gangrene.
laquo; Cependant laveille et I'avaat-veille et memele matin, toutes les fouctious, a la paralysie pres, s'executaient bien.
laquo; ATautopsie, faite quatorze heures apres la mort, je trouvai le coDiir ramolli, hyperlrophie ; ses ventricules contenaient chacim uu caillot tres noir et beaucoup de sang liquide, uoir terne, se-reux, mele de bulles d'air, et exhalaut une odeur fetide. Les principaux troncs veineux en contenaient aussi daus le meme etat. La membrane interne du coeur et les principaux vaisseanx etaient d'une teinte rouge uoir. Je trouvai uu epanchement sereux et trouble dans le sac arachuoidien du^crane; I'encephale etait decolore. raquo;
Nous n'avons pas des motifs assez plausibles pour nier l'iltera-
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MELANGE DE l'äIR EXTERIEUR AU SANG.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;575
tion du sang daus le sujet en question; mais il nous semble que raffection primitive s'etant declaree ä la suite d'uue commotion cerebrale, la serosite trouble coutenue dans le sac arachnoidiea du cräne ne corrobore ni n'inlirme l'opinion de Gelle sur l'altera-tion du sang. II etait inutile d'en faire mention.
Traitement. — La Pyohemie, quand eile s'est declaree sur Its animaux, etant constamment mortelle et resistant ä tont traite­ment curatif, il n'y a pas lieu d'indiquer les moyens, tous con-damnes ä une egale inefficacite, qui pourraient lui etre opposes. En preveuir le developpemeut est la seule ressOurce Offerte au praticien; dans ce cas, la methode ä suivre se trouve naturelle-ment indiquee par la nature du mal, son mode de production, et se resume dans l'emploi de tous les moyens hygieniques et thera-peutiques propres ä combattre l'etat cachectique sous rinfluence duquel la Pyoliemie se manifeste, combines avec un pansement regulier des plaies en suppuration.
ARTICLE V
MELANGE DE l'aIR EXTERIEUR AU SANG
L'alteration du sany par son melange avec I'air est un pheno-mene pen frequent, se manifestant dans des circonstances ton-jours accidentelles et d'une gravite fort variable.
Causes. — Get accident se produit le plus ordiuaircmeut dans les circonstances suivantes: On a fortement serre la ligature pourou-vrir la jugulaire, et quand le nteud coulant a etc deuoue brus-quement, sans que Ton ait en la precaution de rapproclier les deux levres de l'ouverture faite ä la peau et ä la jugulaire, la co-loiine du sang reteuue par la ligature venant h s'ecouler subite-tement, des globules d'air suivent ce mouvemeul qni a fait le vide, et sont entralnees de cette maniere dans la cavite droitedu cueur. A la suite de Touverture d'un vaisseau artcriel on vei-neux, rintroductioa de I'air pent avoir lieu aussi sans que cette introduction ait ete favorisee par le retrait subit d'une ligature qui, appliquee exterieurement, aurait intercepts la cir­culation du sang veineux. Le raeme accident pent se produire encore pendant l'ecouleraent du sang des arteres coccygiennes. la veine etant assez souvent ouverte en meme temps que Far-tere. Dans ce cas, il est rare que le jet arteriel soit tres prononce et qu'il ait une duree süffisante. On est oblige de provoquer le re-tour du jet, en frappant de petits coups repetes avec un petit baton
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
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de bois dm- en avant de I.a piqüre : c'est une manueuvre yui u'offre ordinairemeul aucun inconvenient; il pent arrivei- cepen-daut i]ne los accidents resultant de Fin troduction de l'air dans les veines en soient la consequence. J'en ai constate plusieurs, pendant quo j'operais moi-meme la saignöe.
Au reste, cet accident s'observe plus frequemment lorsque les animaux sont impatienls et qu'ils ne snpportent pas I'operation de la saignee sans se livrer ä des moavements tres brusques. II est aussi plus frequent si la saignöe est pratiquöe dans un cou-rant d'air on ä l'exteiieur des habitations et si le vent souffle avec violence. On trouve repandues dans la campagne bien des prati-ques que rien ne justifie, mais il en est d'autres dont il faut savoir tenir compte. Ainsi, les bouviers out la croyance que la saignee pratiquce dans un lieu oil le vent souffle fort pent etre dan-gereuse. Pourquoi? Ils seraient tres embarrasses de le dire; mais quaud on a vu rintroduction de l'air dans les veines avoir lieu precisement dans la condition indiquee comme contraire ä la sai­gnee , on pent bien s'avouer que tous les prejuges populaires ne sont pas egalement ä dedaigner.
Symptdmcs. — Aussitot que Fair est entre dans la veine, on (intend tres distinctement un bruit de glouglou repete plusieurs Ibis, et en moins d'une minute on voit Tanimal chanceler et ses mouvements respiratoires devenir tnmultuenx; alors il 6prouve des frissons partiels on meme quelquefois generaux; il s'agite, il chanceUe, et il peut tomber et perir comme foudroyö.
En pareil cas, le diagnostic de l'alteration du sang par son melange avec Fair exterieur n'est pas difficile ä etablir. l/ac-cident s'est produit en presence de l'operatenr, il en connait les symptömes, et son jugement peut ötre forme sans retard et sans hesitation, ce qui est d'nne importance grande, car il peut alors, avec la meme certitude, formuler un pronostic non fücheux, comme on va le voir.
Traitcment. — II est d'nne extreme simplicite et n'exlge pas l'emploi de medicaments; il consiste uniquement dans la conti­nuation de recoulement du sang par le vaisseau ouvert, jusqu'ä ce que le trouble qui s'est d'abord manifeste ait cess6 entierement.
Lorsque c'est ä l'occasion de la saignee ä la jugulaire, on re­place la ligature s'il y a lien et Ton fait couler le sang, on bien si une nouvelle emission ne peut plus se faire parce que le pa-rallelisme de l'ouverture de la peau et de celle de la veine est detruit, on pratique une autre ouvertnre ä la veine un pen plus haut on un pen plus bas. Quand c'est a I'artere coccygienne, on agit de meme, avec cette dilförence qu'il n'y a pas ici de ligature a
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DU CHARBON EN GtiNÄRAL.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;577
placer. A Tariere coccygiemie, on oblient sans peine un second jet si la premiere saignee a ete bien reussie. Si un caillot s'est formö, qui recouvre la plaie faite au vaisseau, on I'enleve ou on le deplace, d'une main sure, au moyen d'une tele de grosse epiii-gle ou d'une petite sonde improvisee, introduite dans cette plaie: operation tres facile et de plus inoffensive; puis, on frappe quel-ques petits coups en avant de la piqure, jusqu'ä ce que le sang se soit remis ä couler.
CH API THE V
Du Ctaarbon '.
ARTICLE PREMIER
DU CHAR HON EN GENERAI,
Definition. — On designe sous le nom de Charbon mi groupe ile maladies gönerales, essentiellement virulentes et contagiouses. do nature toujours identique, se presentant exterieiirement sous iles formes diverses dependant de l'espece animale. de rinfluence epizootique on enzootique et de la cause qui les determine.
Le Charbon. ainsi nomme en raisondelacouleur noire que re-vetent les tissus, le plus souvent, dans les regions du corps on cette maladie se localise, consiste dans une alteration speciale el primitive des elements organiques du sang; s'il est particulier aux herbivores, il attaque aussi les oiseaux et l'espece porcine. 11 est transmissible par inoculation, non-seulement aux animaux
(1) Le travail le plus complet qui ait etb public sur les maladies charbonneuses. celni qui resume le mieux les laquo;itudes faites snr ces maladies, est assurementl'artiele i'iiarron, publii1, dans le tome III du Nouveau Dictinnnnire pratique de medecine. lt;lr • hiruryie el d'hygiine feterinaire.i, par MM. E. Renault et Reynal. ,Te ne saurais dour mienx faire que de prendre dans cet excellent memoire la plus nrraude ])artie de ce •lue j'ai a dire sur ce sujet.
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
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de la meine espece, niais encore aux differentes especes de rechelle ainmale, sans en excepter riiomme. II apparait dans toutes les saisons, mais principalement pendant ou apres les chaleurs de Tete, au commencement de Fautomne, ä la suite des aunees plu-vieuses; 11 sevit ä l'etat epizootique, enzootique ou sporadique iudistiucleinent sur les auimaux de tont äge, sur les animaux gras, vigoureux, plelhoriques, et sur ceux qui sont maigres, l'ai-bles et languissants; 11 resiste souvent aux moyens th6rapeuti-ques; 11 produit geueralement de grandes mortalites et devieul fröquemment, dans les looalites ou 11 existe, pour toutes les ma­ladies ordinalres, une grave complication, sous rinllueuce de la-quelle de simples accidents morbides, ditfereuts par leur nature, ileviennent frcquemment mortels.
Synonyniie. — Quelle que soit la forme que revetenl les mala­dies cliarbonneuses, 11 n'en est pas, dans la pathologie veterinairo, qui aient recu des denominations plus nombreuses et plus bizar­res. G'est peu, dit Cliabert, que ces denominations different d'une province ä l'autre; elles varient meine dans chaque commune.
ü'abord, les tumeurs ({ui constituent ccs aüections ont ete di-versement denommees. Ainsl, on les a successivement designees sons les noms de Charbon externe, essentkl, .symptomatique, A'An-thrax, de ßubons, ä'Arpin malin , pour les distinguer des tumeurs sanguinesfranches, resultant d'une hemorrliagie active, ou d'uu coup de sang, que l'on appelait Charbon blanc.
üquot;autres fois, ces tumeurs empruntent a leur siege une ap­pellation diöerente; on les nomine ainsl : celles de la langue, glossanthrcuc, mal de langue, chancre ä la lemgue, etc.; celles de la poitrine, ODanf-cöswr, anti-ewur; autour de la gorge, itranguillon;-ä la face interne des cuisses, trousse-galaiit, araignee, noir-vuls.se, etc.
Lorsque le Charbon se localise ä rinterieur du corps, on le designe sous les noms de charbon interne, ficvre charbonneusc. splunite gangreneusc, congestion sanguine, inaladle du sang.
Knün. dans certaines circonstances et lorsque le Charbon revel mi caractere de maliguite tel qn'il sevit sous la forme epizoo­tique et entraine la inort en (juelques heures, on l'appelle peste rouge, peste charbonneusc, typhus charbonneux, thyphoemie.
La synouymie du Charbon a varie du resle avec les idees me-dicales des auleurs (]ui ont traite de cette maladie.
C'est ainsi que les veterinaires de l'ecole italienne, sans tenir uompte des alterations pathologicjuesi du Charbon, lui donnerenl le nom de ficvre, en y ajoutant des denominations difiereutes qui rappelaient ä l'esprit les symptömes predominants que presentc
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cette maladie. Ici, c'ötait lalievre putride,pestilmtielle, pernicieuse, ataa;ique,adynamique; lä, la üevre adeno-nerveuse, maligne, ßogoso-gangreneuse, etc.
A une date plus rapprochee, alors que la doctrine physiolcgi-que etait toute-puissante, las veterinaires qui avaieut adopte les theories de Broussais firent du Charbon une gastro-entente, et considererent les eruptions qui raccompagneut souvent commc. une consequence de rinflammation intestiuale passee ä Fetal adynamique.
Los auteurs de l'article Charbon du Nouveau Dictionnaire signa-lent, parmi les auteurs qui ont autrefois professe cette doctrine, Cruzel, d'Arboval, etc. Cela est vrai en ce qui me concerne; ;i lepoque döjä bieu eloignee oü je publiai mes premieres obser­vations sur la gastro-enterile du beeuf, je cedai ä un entrauie-ment, justi£i6, jusqu'ä un certain point, par les resultats avanta-geux de l'application de la doctrine de Broussais ä la pathologic bovine. J'eus le tort alors de ne voir dans les afi'ectious char-bonneuses que des gastro-enterites; mais depuis longtemps, eclaire par l'experience, j'ai renonce ä ces idees, et je croyais m'en etre explique assez clairement dans un Memoire sur les maladies charbouneuses, pour lequel la Societe centrale de md-decine veteriuaire voulut bion m'aecorder, eu 1847, une medaille d'argent, sans avoir cru nticessaire de renouvelor ä ce sujet ma profession de foi, et declarer encore une fois que j'adoptais corn-pletement les theories de MM. E. Benault et Beynal, ainsi que leur nomenclature.
laquo; Bien que le nom de Charbon, disent les auteurs que je vien.s de nommer, sous lequel nous decrivons cette maladie, ne soit pas d'une exactitude rigoureuse, en ce sens qu'on ne trouve pas constamment la coloration noire des tissns qu'implique cette denomination, nous croyons cepeudant devoir le conserver, et nous l'employons communement avec les mots affections, maladies charhonneuses, carbuneulaires, fievre charbonneuse, parce qu'elles sent le plus genöralement adoptees, et qu'elles rappellent mieux que toutes les autres denominations l'idee que tont le monde attache ä l'expression de Charbon. raquo;
Hisioriqnc. — Les maladies charbouneuses sont connues Ak-puis la plus haute antiquite.
Les nombreux documents que nous ont laisses les poetes, les historiens, les medecins, les agriculteurs et les hippiatres ne lais-sent aueun doute ä cet egard.
Le dix-huitieme siecle fut remarquable entro tons par le grand uombre d'epizooties charhonneuses qui regnerent en France et
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en Europe. Parmi les principales lt;jni furent observöes dans notre pays, nous rappellerons les suivantes :
laquo; En 1731, le Charbon se declara dans plusieurs provinces, notamment en Auvergne, dans le Bourbonnais et le Langnedoc. II fut etudie pat- Sauvage, qui I'a decrit sous le nom de glossan-thrano. {Nosologia methodica, t. II, p. 360.)
laquo; Une epizootic do meme nature apparut :
k 1quot; Dans la Brie, eu 1757 (AudouinGhaignebrun. Paris, 1762).
laquo; 2deg; Dans la generalite de Marennes, en 1763 (Nicolau, Mem. de Barberet).
laquo; 3quot; A la meme epoque, dans plusieurs provinces de la France; Bourgelat, quivenait de fonder les Ecoles vet^rinaires, n'^digea une consultation sur cette (-'pizootie (Rouen, 1763).
quot; 4deg; En 1775, Bolleroy I'observa sur les bestiaux des bords de la Dordogne a sa reunion ä la Garonne (Bordeaux, 1775).
k 5deg; En 1779, Dorfeuille I'observa dans TAgeuais et la Bigorre (Port-Sainte-Marie, 1779).
laquo; 6deg; L'annee 1780 fut sigualee par une maladie cliarbonneuse qui s'etendit a presque toute la France.
laquo; De 1780 ä 1800, de nouvelles maladies charbonneuses sevi-rent en France sur les animaux domestiques.
laquo; Files furent etudi6es par les hommes les plus eminents de l'epoque : Hazard, Desplas, Petit, Cliabert, Godine, Gilbert, etc., et un grand nombre de veteriuaires de diverses Göneralites de France.
ic De 1800ä 18i0, les epizootics charbonneuses n'ont ete ni moins frequeutes, ni moins desastreuses. A ditTerentes epoques, remar-quablcs gc'meralement par une grande elevation de ia tempera­ture, elles ont rögne successivement dans tons les departements.
laquo; Gohicr, Demoussy, Sausol, Pradal, Felix (de Bergerac), d'Arboval, Mathien, Grognier, Cruzel, ont trace l'liistoire de ces epizootics.
laquo; A une epoqiK; plus rapprocbee, elles ont sevi de nouveau dans plusieurs departements, on elles ont etc etudiees par divers veteriuaires : dans TAveyrou, par Roche-Lubin: dans le Lot-et-Garonne et dans la Gironde.par MM. Goux et Dupont; par M. Rev, dans les Hautes-Alpes, ou ilavail (He envoye en mission; et enfin, dans rEure-et-Loir, par la Societe veterinaire et TAssociation medicale de ce departement, et particulierement p;ir M. Garreau. veterinaire ä Cliäteauneuf, dont la Societe imperiale et cen-trale de medecine veterinaire a recbmpeuse les travaux sur cette matiere, ä la suite de son concours de 1847.
laquo; M. Renault fnt charge par le Ministre de ragviculture, en
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1846, de se rendre dans l'Allier et dans la Nievre, pour etudier uae enzootie charlxmneuje. A la meme epoque et pour le meme motif, Delalond fat envoye dans le departement de la Somme. laquo; On peut voir par cette rapide enumeration que le Gliarbon a ete l'objet de nombreux ecrits. Parmi ceux qu'il Importe de con-naitre, nous mentiounerons d'abord le Traite du Charbon de Cha-bert, et les Recherches sur les maladies charbonneuses de Gilbert, (jui ont jetö de vives lumieres sur divers points de l'bistoire de ces affections. Ge sout ces deux auteurs qui ont le plus contribue ä fixer les idees sur la nature et la forme des maladies charbon­neuses. Gilbert, en mottant ä probt tous les travaux de ses de-vanciers, auxquels il ajouta le fruit de sa propre experience, a compose sur le Charbon un Memoire qui est encore aujourd'hui im des ineilleurs qui aient ete ecrits sur cette matiere.
laquo; Depuis ces travaux, un grand nombre de memoires et d'arti-cles ont ete publies sur le Gliarbon, les uns relatifs ä la discussion de quelques points speciaux, les autres ä la description d'enzoo-ties ou d'epizoolies particulieres. On les trouve consigues dans les Instructions veterinaires, la Corrcspondance. de Fromage-Defeugre, les Memoires de Gobier, les Annales de l'agrieulture francaisc et de la Societc d'agriculture, \c Rccueil de medecine veterinaire, le Journal des veterinaires du Midi, et le Journal de l'Ecole de Lyon. Nous signalerons, parmi les plus importants de ces travaux : le Memoire de Uoclie-Lnbin {Rccueil, 1848), el la discussion dont il a ete l'ob­jet dans le sein de la Sociele imperiale et ceutrale d'agriculture; celui de M. Gruzel (1847); les experiences faites par la Societe v6-terinaire et TAssociatiün medicale d'Eure-et-Loir (1847); le Traue nur les maladies du sang, par Delalond; le Memoire de M. Dubos, adrosse ä la Societe imperiale veterinaire eu 1848, i tc. raquo;
Causes. — Les causes qui donnent naissance aux maladies charbonneuses sont encore euveloppees d'uue certaine obscurite, malgre toutes les recherches dout elles out ete l'objet. Peut-elre meine est-il vrai de dire que cette obscurite resulte du grand nombre de ces recherches et de la difference des points de vue auxquels se sont places les observateurs qui out cherche ä etudier ces maladies.....Les causes reconnues pax les auteurs sont si di­verses, elles agissent dans des conditions si differeiites, qu'il est difficile d'admettre le röle special et exclusif qui leur a ete attribue. Une courte analyse des faits suffira pour demontrer la verite de ce que nous avancons.
On a successivement accuse comme ayant une part principale dans l'etiologie du Gliarbon, les logements insalubres, etroits, mal aeres; les aliments de mauvaise qualite; les fourrages nou-
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veaux; les eaux bourbeuses des mares; Talimentation trop nutri­tive et trop ahondante; les plantes des prairies artificielles : le tivfle, la luzerne, le sainfoin, le ma'is; la contagion, etc., etc... Gilbert, qui a fait une revue critique des causes auxquelles il a attribne le Charbon, dit avec raison que si toutes ces causes exer-caicnt rinfluence qu'on leur assigne, les maladies carbunculaires seraient plus frequentes encore qu'elles ne le sent, puisque ces causes sent continuelles et sans cesse agissantes.
On salt, au contraire, que les affections charbonneuses ne se montrent que periodiquement eta d'assez longs intervalles; on salt encore que les öcuries et les etables les mieux tenues sent sou-vent les premieres dans lesquelles la maladie sevit, tandis qu'on voit resistor on echapper aux atteintes du Charbon des animaux son mis h l'action de tons les vices de regime auxquels on vou-drait I'attribuer. Ce que nous disons des etables, nous pourrions le dire avec autant de raison des aliments trop nntritifs, des fourrages nouvellement r(5coUes ou älteres. Sous rinfluence d'une constitution epizootiqne speciale, ces causes diverses peuventbien predisposer reconomie k contracter le Charbon, mais elles ne sau-raient etre regardees comme efiicientes de cette maladie. II en est de memo de l'usage de la luzerne et des autres plantes des prairies artificielles, lesquelles depuis trente ans sont employees presque exclusivement dans plusieurs contrees oü le Charbon u'a Jamals paru.
On a encore accuse les fatigues occasionnees par les marches lorcees de provoquer le döveloppement du Clrarbon. Mais si teile etait la cause de cette maladie, ne serait-elle pas plus commune sur les boeufs d'approvisionnementdes armees? Ne I'observerait-ou pas plus frequemment sur ces memes animaux qui, dans certaines parties de la France, sont soumis aux rüdes travaux de charroi? Cesderniers ne sont jamais malades pour cause de fatigue ([tie lorsqu'ils sont soumis ä ces travaux sans preparation, sans transition, apres uu repos prolonge, et meme dans ce cas ils ne sont pasaffectes de maladies charbonneuses. En realite, les cau­ses speciales et directes sont encore inconmies; mais si elles out echappe jusqu'ä present k nos investigations, il est au moins pos­sible de diHerminer les circonstauces qui paraissent les plus favorables a revolution do ces maladies.
Pour mettre le plus de clarte possible dans l'expose des condi­tions generales qui, isolees ou reunies, president k leur develop-pement, MM. E. Renault et Reynal out groupe ces conditions sous quatre chefs principaux, comprenant respectivement les influen­ces : de la temperature, des eaux röpandues ä la surface du sol
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(6tangs et marais), du sol lui-meme, et enfin des fourrages atteints d'alterations diverses. Et dans un paragraphe particnlier, ils traitent de la contagion, ä laquelle on attribue une pari prin-cipale dans le döveloppement du Charbon.
A. Influence de la temperature. — Les changements hygrometn-ques et thermometriques de Tatmosphere, qui exercent toujours une action si marquee sur Torgauisme, le disposent dans cer-taines circonstances donnees ä contracter le Charbon. C'est ainsi que plusieurs auteurs ont constate que la manifestation de cette maladie, sous lä forme enzootique, eoineidait, ä l'epoque du prin-temps et de Tautomne, avec riiumidite et les brouillards per-sistants (Goux, d'Agen). L'air chaud et humide, une tempera­ture orageuse, les alternatives des chaleurs bmlantes et des pluies d'orages, sont encore des conditions au milieu desquelles le Charbon fait evolution (Verheyen). L'histoire des enzooties rharbonneuses demontre effectivement que depuis des siecles elles ont sevi sur les animaux domestiques, dans les annees surlout oü ä une saison tres pluvieuse sticcöde saus transition une saison tres chaude. Aiusi, ce sont les annees remarquables par des pluies abondantes, par le debordement des fleuves et des rivieres, puls, dans les mois de juillet et d'aoüt, par des chaleurs excessives, qui ont ete signalees par la frequence et la gravite des maladies charbonneuses. Les annees 1712, 1731, 1775, 1779. 1780, 18-23, 1824, 1825, 1826, nous en fournissent de trop memo-rables exemples. Sons l'influence de chaleurs excessives et pro-longees, les rivieres, les etangs et les mares se dessecherent, les sources se tarirent, les plantes furent brülees. le sol se couvrit de crevasses.
C'est, encore aujourd'hui, pendant la temperature elevee du mois de juillet et d'aoüt qu'on voit les maladies charbonneuses sevir en France, plus particulierement dans les departements du Sud-Ouest, du Midi, du Centre et de l'Est. On ne voit guere un ete chaud, sans observer dans ces con trees des atfecfions car-hunculaires.
En resume, une temperature elevee paralt etre une condition favorable a revolution de ces maladies, et d'antant plus que cetfe temperature a ete prec^dee par rhumidite de ratmosphere et pai-des pluies abondantes.
Les changements qui s'operent dans la constitution physique de l'air pendant les chaleurs excessives, les modifications qn'ils inipriment a la sanguinification, et par suite a toutes les autres fonctious, donnent naissance sans douto h une predisposition qni fait que les animaux, sous rinfluence de causes dont I'essence
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intime nous ^chappe, deviennent aptes ä contracter les maladies charbonneuses.
B. Inßuences des etangs et des marais. — L'histoire des mala­dies charbonneuses demontre I'influeuce des etangs et des ma­rais sur la production du Charbon. C'est, en effet, dans les con-trees oü ils occupent une large surface, qu'on observe le plus communeinent les affections charbonnouses. C'est encore dans les pays exposes aux inoudations et oü les eaux stagnent h la surface du sol; dans les localites enfin oü les boissons rlnnt les animaux s'abreuvent sent formees par des mares croupissantes et saumä-tres, que ces maladies excercent souvent les plus grands ravages.
A la tete des pays d'etangs, il faut placer la Sologne, vaste plateau s'etendant sur les departements du Loiret, de Loir-et-Clier et du Cher, converts d'6tangs et de vallees larges et ma-ivcageuses, ä pentes pou elevees, oü l'ecoulement des eaux est difficile, et oü les lits des rivieres et des ruisseaux se transfor-ment facilement en marais, qui se desseclieut pendant les cha-leurs de l'ete.
Apres les marais de la Sologne, viennent ceux de la Dombe, de la Bresse (Ain); de Brenne, dans l'Iudre; et ceux moins eten-dns qui so trouveut dans les departements de l'Allier, de la Nie-vre, du Lot, de la Garonne, de la Gironde, de la Meurtlie, de la Moselle, de la Charente, et dans les departements qui bordent la mer.
Le Charbon est commun dans ces contrees qui abondent eu marais ; ce fait general se remarque nou-seulement en France, mais encore dans divers pays de l'Europe.
L'inlluence des marecages sur la production du Charbon est tellemeut grande, que la transhumance a ete adoptee dans plu-sieurs pays pour soustraire les animaux pendant les chaleurs de l'ete ä l'action des miasmes et des effluves des marais. En Corse, par exemple, des le commencement des chaleurs, les gardiens emigrent dans les montagnes avec leurs troupeaux et sur les hauts plateaux, instruits par I'expörience que s'ils ne prenaient pas cetle precaution. le Charbon atteindrait la presque totalite des animaux.
De ces considerations il ressort, de lamauiere la plus evidente, que c'est aux emanations deleteres, aux effluves qui se degagent des marais ou des eaux stagnantes, qu'il faut rattacher revolu­tion des maladies charbonneuses.
Si la nature des miasmes est ignoree, s'ils ne sont appreciables que par les effets qu'ils prodnisent surl'organisme, il est au moius facile d'(';tablir les conditions de leur developpement.
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On salt que le sol des marais est ordinairement argileux ou argilo-siliceux, peu permeable aux eaux staguantes qui le recou-vrent, lesquelles ne sont alimentees que par ]a pluie ou par des sources peu vives. Elles sont toujours plus ou rnoins vaseuses, d'une saveur et d'une odeur nauseabondes, et contiennent des plantes aquatiques et une quantite prodigieuse d'infusoires. En outre, il s'exhale de ces eaux marecageuses, d'une maniere pres-que continue, des gaz hydrogene carboue. suliure, et de l'acide car-bonique provenant des nialleres animales en decomposition dans ces eaux.
La decomposition des substances vegötales ne produit pas des effets moins pernicieux. J'ai vuplusieurs fois, pendant malongue pratique, le Charbon se manifester sur les bestiaux des habita­tions plactes non loin des ruisseaux oil Ton faisait rouir le lin et le chanvre, et je suis meme porte ä croire, en m'en rapportant ä ma propre experience, que la decomposition des substances vegetales exerce paifois une action plus promptement nuisible que celle des substances animales.
L'eau d'un ruisseau n'a cessö de couler que depuis la veille, eile est propre, et constitue une boisson tres salubre pour les hommes autant que pour les animaux. On place du lin ou du chanvre dans les creux oü eile est contenue, et au bout de vingt-quatre ä quarante-huit heures, cette eau devient noirätre, et eile exhale une odeur d'une letidite insupportable. Alors, si la chaleur est forte, et si des averses ne viennent pas donnerä cette eau nn ecoulement rapide, le Charbon se declare, et il s6vit avec beaucoup d'intensit6 dans toutes les elables placees sous le vent de l'eau infestee par le rouissage du lin ou du chanvre.
La production plus ou moins considerable de ces miasmes oude ces effluves paludeens est exactement dependante de l'elevation de la temperature et de l'abaissement ä un certain degrä du niveau des eaux dans les reservoirs qui les contiennent.
C'est en effet, pendant les mois de jnillet, aoül et septembre que les pays de maröcages sont les plus malsains et que le Char­bon s'observe plus particulierement.
C'est au moment aussi oü le fond des marais n'est ni com-pletement submerge ni completement ä sec que les matieres organiques qu'il recele eprouvenl plus facilement la fermenta­tion putride, sous l'influence de Faction immediate de Fair et de la chaleur, si favorable h la production des miasmes.
Le docteur Ancelon (de Dieuze), auteur d'une relation tres in­teressante des maladies qui regnent dans les environs du grand etang de Lindre (Meurthe), a consigne dans son travail cetle re-
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marque curieuse, que les maladies charbonneuses ne s'observent qu'exceptionnellement dans les annöes qui correspondent ä la mise en eau des etangs, et qu'elles sent tres communes dans la periode de la mise ä sec. La meme remarque a et^ faite par M. Dupont, dans les landes de Bordeaux.
J'ai fait aussi cotte remarque, etje puis affirmer n'avoir jamais vu des maladies charbonneuses se declarer tant que les eaux des rivieres, des ruisseaux et meme des mares, sont a un etiage eleve. MM. E. Renault et Reynal, disent: laquo; Les eflluves miasmatiques qui s'ßchappent des marecages sont, sans controdit, une des con­ditions les plus favorables aux developpements des maladies char­bonneuses. Eutraiues par la vapeur d'eau, ils se röpandent dans I'atmosphere, sous rinfluence de la chaleur, et tombent le soir et pendant la unit k mesure que la vapeur se condense. Ces ema­nations penetreut dans I'organisme par Fair respirable, par les eaux dout les animaux s'abreuvent et par les aliments humides de rosee dont ils se nourrissent. raquo;
Une seule de ces affirmations des savants auteurs de l'article Charbon se trouve contredite par les observations qui me sont propres.
II est possible que les effluves ou miasmes penetreut dans I'or­ganisme par les eaux dont les animaux s'abreuvent; mais je n'ai jamais remarqu6 que les miasmes introduits de cette maniere fussent aucunement nuisibles ä ces animaux. Toutes les fois qu'une maladie charbonneuse s'est manifestee h ma connaissance aux environs d'un foyer d'infection, mare, eau stagnante, eau infectee par le romssage du lin ou du chanvre, tons ceux des animaux qui se sont, abreuvesde ces eaux impures, apres le lever du soleiletavant son uoucher, n'en out eprouve aucune influence pernicieuse, si d'ailleurs ils n'ont pas ete places sous le vent des foyers d'infection avant ou apres le coucher du soleil.
Tant que ces eaux impures servent de boissor. en dehors de cette cause, elles u'ont point des effets sensiblement nuisibles. J'ai vu les bfßufs les rechercher de preference ä I'eau courante, et lorsque les rivieres, mares ou reservoirs sont presque ä sec, et que namp;mmoins les boeufs s'y abreuvent impuuement, parce ([u'lls en sont eloignes pendant lanuit, lespoules, les oiseaux, les canards qui des le matin cherchent une päture d'insectes, d'in-fusoires ou de reptiles dans ces eaux bourbeuses, perissent en masses parl'effet d'une epizootic on d'uneenzootiecharbonneuse. Depuis quelques annöes, j'ai ete a meme plusieurs fois de veri­fier l'exactitude de ce fait.
Cette boisson impure, par l'effet de differentes causes, ne pro-
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duit sur le boeuf d'autre accident que la diarrhi^e, si pendant les fortes chaleurs il a pu s'en abreuver outre mesure. Dans mon opinion bien arretee, les miasmes n'exercent leur action sur les ruminants que pendant la nnit, et aux heures de la jonrnee donl j'ai parle, en penetrant dans l'organisme par les voies respiraioi-res ou par l'absorption cutanöe. Quant aux aliments imprögnes de la rosee chargöe de miasmes , ils pourraient bien ne pas etre inoffensifs autaut que les eaux, parce que dans la roseo les mias­mes ne sont pas dissous ou sont etendus dans un vthicule re-lativement moins considerable.
C. Influence du sol. — La nature des terrains exerce sur les animaux une influence tres marquee dans l'ordre physiologique comme dans l'ordre pathologique, ainsi que l'ont dit avec raison MM. E. Renault et Reynal. Et cette influence s'affirme par les caracteres les moins equivoques; mais si Ton a remarque que le Charbon sevissait particulierement dans les contrtes dont le ter­rain est ä base argileuse, siliceuse et ealcaire, on a vu aussi qu'il sevissait sur des terrains d'une nature differente; car la plupart des enzooties charbonneuses que j'ai observees s'etaient mani-festees sur ceux qui sont le produit d'alluvions, soit recentes, soil anciennes. Quand elles se sont declarees dans la vallee de la Garonne, les ras devenaient toujours moins nombrenx dans les localitt's qui se rapprochaient des coteaux, ou le sol et le sons-sol sont parfois argileux ou argilo-calcaires.
Cependant ces terrains exercent parfois sur l'organisme une influence semblnble ä celle des terrains marecageux, et Faction finale est la meme; l'une ne dilfere de l'autre que par une acti-vite et une intensite moins grandes, ce qui rend Faction de la premiere moins evidente que celle de la seconde.
Cette similitude d'eflet s'explique par la constitution meme du sol argileux et du sol argilo-calcaire.
En effet, on sait que les terres argileuses mettent obstacle ä la filtration et h Fticoulement des eaux; lors meme qu'elles ne sejournent pas ä la surface , elles l'imbibent, la pihietrent, et la rendeut humide ä sa superficie et dans ses couches les plus pro-fondes; souvent meme, comme le fait observer avec raison M. Ri­viere, cite dans le travail de Verheyen, il arrive (pie la couche arable de nature ealcaire, n'ayant que quelques centimetres d'epaisseur, se laisse penetrer facilement par les eaux de pluie. lesquelles parvenues k la couche argileuse compacte sont arretees et y sejournent pour former une sorte de marais Interieur. Ces eaux, comme celles de la couche vegetale, tiennent en maceration eten dissolution une foule de debris animaux et vegötaux, lesquels
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debris, par Faction de la chaleur, se decomposent, entrent en fer­mentation, s'evaporent avec I'ean qui les tient en snspension, et se repandent dans ratmosphere sous forme d'effluves ou d'6ma-nations moins humides, moins aqueuses, si Ton pent ainsi dire, mais non moins delöteres qne celles des ötaugs.
Ces considerations sufflront pour faire ressortir Timportance des etudes geologiques appliquees ä l'etude des enzooties et des epizooties, et particulierement des maladies charbouneuses. Elles auront pour resultat de demontrer que des causes, en apparence tres dissemMablos, peuvent donner lieu ä des alterations identi-ques par leur nature et par leur mode de manifestation.
D. Influence des aliments. — Les alterations diverses que subis-sent les substances alimentaires avant et apres la recolte, par suite des intemperies et des inconstances de la temperature, ont ete considerees ä toutes les epoques commc une cause principale du Cliarbon. Ce sont surtout les fourrages älteres par la rouille, riiumidile ou les moisissures, par l'ardeur du soleil et le depot li-moneux depose par les inondations, qui auraient la funeste pro-priete de donner naissauce ä cette desastreuse maladie.
Parmi les auteurs du dernier siecle qui ont aecusö les fourra-ges älteres de produire le Cliarbon, il faut citer, en France, Gil­bert, Chabert, Gohier et les nombreux veterinaires qui ont ecrit sous leurs inspirations; et en Allemagne, Gleser.
Parmi ceux du commencement du siecle actuel, nous siynale-rons Thaer, Numann et Marcbant. Ces derniers particulierement, dans un opuscule tres Men fait, traduit du hollandais en 1830, ont attribue aux alterations des vegetaux un role preponderant dans la production du Cliarbon. Gerlacb a egalement fait quelques travaux, pour mettre en evidence cette condition etiologique.
En 1849, M. Plasse, veterinaire ä Niort, s'inspirant des idees qui avaient cours depuis longtemps a I'etranger, formula ce qu'il appelle la doctrine cryptoyamique, dans laquelle il fait jouer un role principal aux diverses alterations qui se manifestent sur les fourrages; uon-seulenient il les cousidere comme la cause unique du Cliarbon, mais encore comme I'agent principal du developpe-ment de toutes les maladies infectieuses ou typhoides des hom-mes et des animaux.
Delafond, dans son Traiti des maladies des hetes bovines (1848), et dans sa deuxieme edition de sa Pathologie generale, admet, avec Gorlach, Numann et Marchant, que les moisissures des fourra­ges sont une des causes principales de revolution du Charbou.
Get auleur, dans son Traite de la mUladie du sang des betes ä laine (1843), avait emis une opinion contraire; il a meme etabli
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que les moisissures des l'onrrages peuvent Men, en penetrant dans le Systeme circulatoire, produire une intoxication et occasionner des maladies avec alteration du sang; mais il ne croyait pas ces maladies semblables aux affections carbunculaires determinees par les agents infectieux des miasmes; elles en differairnt par leurs cau­ses, leurs symptomes et leurs lesions.
II est regrettable que le professeur Delafond n'ait pas fait eonnaitre les oirconstances qui Font engage ä modifier son opi­nion ; car s'il rösulte des fails rapportes par Gerlach, Numann et Marrhant, que les cryptogames peuvent etre rang6s parmi les agents morbiferes qui sont de nature ä provoquer des maladies aignes, gangreneuses, rapidement mortelles, ces fails ne demon-irent jias que le Charbon se developpe sous l'influence de cette cause.
Avant d'aller plus loin, il importe de faire remarquer qu'eutre ropinion ancienne de Cbaberl, de Gilbert, etc., et l'opinion plus contemporaine de Numann, de Marchant, de Gerlach, de M. Plasse, etc., il existe nne difEerence qui merite d'etre signalee.
Chabert, Gilbert, Hnzard, Desplas, etc., et tons leurs eleves, en accusant les fourrages alleres de determiner le Charbon, n'ont jamais separe cette cause des conditions an milieu desquelles cette alteration s'est produite; c'esl ainsi qu'ils indiquent en meme temps les chaleurs prolongees et la s6cheresse du sol succedant k des pluies prolongees el aux inondalions. Dans leur esprit, ces agents producteurs du Charbon soul intimement unis; las uns sont la consequence des autres; on ne pent pas pltu les separer (jn'on ne pent separer reflet de la cause. Aussi, sclo;i eux, est-ce bien plus par uue action combinee que par une action isolee qu'ils agissent sur Torganisme pour produire le Charbon.
Numann, Marchant, Gerlach, Delafond, M. Plasse, conside-rent an coulraire les alterations diverses des fourrages comme une cause absolue productrice du Charbon. Pour eux, la rouille. les moisissures, etc., exercent leur influence sur reconomie, en dehors des conditions on elles sont produites. Partout et loujonrs. (]u'elles doiveut leur origine soil aux circonstances de la tempe­rature avant on apres la röcolte des fourrages, soil h des melho-des vicieuses de conservation , les cryptogames qui pnllulent sur sur les substances alimentaires determineront des affections charbonneuses.
Si la premiere de ces opinions nous parait appuyee sur des fails nombreux, il n'en est pas de meme de la seconds qui, ainsi que cela a ete dit plus haul, est loin de paraitre demonlree.
Pour appuyer son opinion, Gerlach rapporte avoir ete t6moin
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de l'iiivasion du Charboa qui attaqua les chevaux d'une seule et ineme exploitation. A defaut d'avoiue, on leur avail donne des graines de froment couvertes de sporules de VUredo sitophila. Bien-tot surviarent des indigestions, des coliques, des ententes mem-braneuses; elles constituaient un fait journalier. Lamoindre cause adjuvante, teile qu'uu refroidissement, la fatigue, faisait eclater des fievres charbonneuses. Des canards et des oies nourris avee ce froment succomberent egalement au Gharbon.
Des moutous contractaient cotte mume all'ection toutes les fois (ju'ils mangeaient une plante couverte d'une poussiere blanche. Getto plante ayanl ete remise a un botaniste, il reconnut le cap-sella bursa-pastoris sur lequel pullulait VUredo Candida.
Voilä deux faits dans lesquels I'espece cryptogamique a ete d6-terniinoe; ils tendent ä demontrer I'mfluence deletere de ces ve­getations parasites sur I'economie; mais les auteurs qui les out rapportes ne demoatrent pas que la maladie qui a suivi leur Ingestion lut reellement ie Gharbon; car M. Gerlach parle aussi d'indigestions, de coliques qui apparaissaieut journellementsurles animaux, d'inflammations intestinales, de maladies typhoides, en un mot d'affections diverses determinees frequemmentpar des plantcs acres ou veneneuses, et qui toutes out de la ressemblance avec la variete de Gharbon connue sous le nom de sang de rate.
Ilsemble que pendant une longue periode, (^ui date des ecrits de Ghabert,de Gilbert et d'autres veterinaires, on ait fait jouer ä ralimentation un role trop exclusif dans la production des ma­ladies charbonneuses. Aussi faut-il croire avec MM. Renault et Reynal (pie lorsqu'on cherche ä connaitre I'mfluence que les plantes alterees exercent sur le developpement des maladies charbonneuses, on ne devrait pas se contenter d'etablir d'une maniere generale et assez vague le rapport que Ton suppose exister entre la cause supposee et Teffet produit. Eu invoquant ['influence des cryptogames parasites qui pullulent sur les ve-gelaiix,'on perd trop souvont de vue que les intemperies des saisons, que le voisinage des marais, que les elfluves qui ea ema-nent, que les chaleurs oxcessives qui suivent les temps humides, sout aussi funestes ä plusieurs sujets du regne vögetal qu'ä ceux du regne animal. G'est ainsi que le premier excitant provocateur du mal est souvent neglige, tandis que le second, c'est-ä-dire les productions cryptogamiques couvrant les fourrages, qui tombe directement sous uos sens, frappe davautage l'atteution.
Au reste, un fait d'observatioa generale, qui prouve bieu, d'apres MM. E. Renault et Reynal qu'lffaut autre chose que des fourrages alleres pour faire uaitre cette maladie, c'est qu'on
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l'observe tres exceptionnellement dans les grandes villes, h Paris par exemple, oü cependaut Ton consomme une grande quantity de denrees avariees. On ne la remargue pas davantage parmi les nombreux convois d'approvisionnements de bestiaux qui sui-vent le mouvement des armees en campagne, et cependaut dt.ns cette derniere condition on trouve rennies lesalleradons diverses des denrees alimentaires et ces autres causes adjuvantes : la mi-sere, les privations et les fatigues auxquelles plusieurs auteurs out attribue et attribuent encore le Cbarbon.
En resume, il nquot;est pas demontre, daus l'elat actuel de la science, qu'une alimentation composee exclusivement de denrees alterees donne uaissance au Charbon en dehors des conditions oh cette maladie fait ordinairement son evolution.
Si dans quelques circonslances les vegetations parasites des fourrages out parn exercer une influence sur le developpemenl du Charbon, dans d'autres, elles sont restees tellement inoffen-sives, qu'il est important de les soumetlre ä une nouvelle etude, et surtout de preciser la nature des cryptogames qui recouvrenl les substances alimentaires quand on pent soupconuer que celles-ci deviennent un excitant provocateur des maladies cliarbon-ueuses, comme radmetlent Nuinann, Marchant, Gerlach, etc.
En deiinitive, les conditions principales an milieu desqnelles se developpent les maladies cbarbonneuses, sont: Fetat de la tempe­rature, la constitution du sol, les emanations paludcennes et les alterations des fourrages.
Ces quatre conditions, que Ton peul appeler essentielles a la manifestation spontan6e du Charbon, on les trouve reunies dans Louies les enzoolies et epizootics cbarbonneuses qui ont ete obser-vees. Et c'est en les examinant separement qu'oinapprend a con-naitre leurs divers modes d'actiou sur I'economif;. Ellcs existent ponr ainsi dire ä l'etat latent partout oü le sol est argileux, argilo-calcaire, partout on il y a des etangs, des marais: par-tout enfin oü les eaux penvent stagner ä la surface des terrains. Pour traduire an-debors leur influence pernicieuse, elles n'atten-dent que le concours d'une temperature elevee, (jui parait neces-saire ä l'eclosion des miasmes paludoens. Gquot;est souvent, en ellel. la clialeur excessive dquot;un ete brülant qui donne le signal d'appa-rition d'une enzoolie cbarbonneuse, de meine qu'mi abaissemeul. de la temperature, qu'une plnie passagere amenent son declin el font cesser ses ravages.
Teile est I'lnfluence qu'exerce la clialeur sur le developxjemenl du Cbarbon que, si eile fait defaut, ce ne sera plus cette maladie qui sevira sur les terrains bas, humides, inondes, limuneux, mais
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bien la cachexie aquease, maladie essentiellement anömique et difförente des affections carbunculaires. On pent done, ainsi que Tont, fait les auteurs de I'article Ghardon AwNouveau Dictionnaire, ramener toutes les conditions tHiologiques ä cette proposition generale : quc les maladies charbonneuses sont dues aux emanations du sol qui se degayent pendant les chaleurs de l'ete et aux modifi­cations diverses que subisscnt les plantes sous cette influence.
Pour terminer l'histoire etiologique des maladies charbonneu­ses, il y aurait encore a parier de la contagion considöröe comme ölement de la propagation et du döveloppement du Charbon; mais cette importante question fait l'objet d'un article special qui sera compris dans le paragraphe relatif ä la police sanitaire de cette atfection.
Etat du sang pendant la vie. — Les modifications profondes ijue subit le sang dans ses caracteres physiques out etc signalees par tons los auteurs qui out etudie les maladies charbonneuses ; tons out constate que le sang, memo pendant la vie, avait perdu quelques-unes de ses qualites normales; qu'il etait noir, epais, boueux, fluide, incoagulable apres sa sortie de la veine on de l'artere, et qu'il avait une grande tendance h la putrefaction.
On ne sait pas encore quelle est la condition chimique de cette modification, physiquement appreciable et ä simple vue, du sang des animaux charbouneux. A eel egard, co que nous connaissons a ajoule fort pen de choses aux connaissances fournies par I'ob-servation ancienne. Mais si nous ignorons la constitution chimi­que du sang cliarbonaeux, I'examen microscopique a fail faire ä rhelmintologie un tivs grand jias, en signalanl et permettant de conslater dans le liquide sanguin l'existence de corpuscules par-ticuliers qui, d'apivs M. le docteur Davaine, paraissenl jouer un role tellement essentiel dansle Charbon, qu'ils en constilueraient la caraclerislique fondamentale. — Nous reviendrons plus loin sur cette particularite, apres avoir expose les caracteres physiques du sang.
laquo; Nous avons, disent MM. Renault et Reynal, fait quelques 6tudes dans le but de determiner d'une maniere plus precise la nature de la lesion qu'eprouve le liquide circulatoire dans le cours de cette maladie. Leurs resultats sont loin d'etre aussi satisfai-sants que nous I'enssions desire; mais ils peuvent servir a don-ner une idee plus complete de la nature de Talteratioii que le sang a eprouvee.....
laquo; A. Examen physique du sang. — La^saignöe qu'on pratique sur un animal attaint de flevre charbonneuse est toujours baveusp. Le sang s'echappe du vaisseau sans former un jet fluide; i'. s'ecoule
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en nappe, et se repand sur les polls des parties decllves; 11 est noir, tres flulde, ne rongit que falblement au contact de Fair. On retrouve ces caracteres meme dans le sang arterlei, qui, sous le rapport da la manlere dont 11 s'ecoule du valsseau ouvert, de sa couleur, de sa lluldite et de son incoagulabilltö, se rapproche du sang non hematose. raquo;
A ces observations' tres exactes de MM. Renault et Reynal, je dois ajouter qu'il est aussl tres ordinaire, dans ce cas de fievre cliarbonneuse, de trouver le sang veiueux decompose dans le vais-seau meme. Ainsi, en ouvrant la veine sous-cntanee abdominale, j'ai vu tres souvent un jet de serosite pure preceder un jet de sang noir grumeleux, et le jet de l'artere coccygienne n'etre forme que d'uu fluide presque eutierement sereux, de couleur rosee.
Ces modifications dans I'aspect physique de ce liquide s'obser-vent principalemeut dans le cours de la periode d'invaslon de la fievre cliarbonneuse; ä une periode plue avancee, lorsque la niaiadie est bleu declarte, il arrive parfois, mais rarement, que le saug perd de sa fluidite et devient plus fonce en couleur. Son apparence est celle de la poix fondue, llecueilli dans I'lieniatome-tre, le sang ne se coagule pas... Sur les sujets plethoriques, 11 se liresente sous forme d'une gelee tres pen consistante, que la moindre agitation reduit ä un etat comme sirupeux.
A une periode plus avancße de la fievre cliarbonneuse, I'altera-tion du sang s'accuse par des caracteres plus trancbes.
Chez tons les animaux, ce liquide reste incoagule dans le vast! oil 11 a did recu; les materiaux solides dcmeurent a l'etat de dis­solution, et forment une espece de bouillie Ires noire, epaisse, poisseuse, qui colore fortement les tissus et qui s'altere promp-tement. Teile est souvent la rapidite avec laquelle la putrefac­tion s'eu empare, qu'on voit, pendant les chaleurs de Fete, du sang dquot;animaux atteints du Charbon, expose k I'air, degager une odeur infecte, une lieure ä deux lieures apres sa sortie do la veine Jugulaire.
La temperature du sang parait etre d'un degre au-dessus du i-liiffre pbysiologique pendant la periode d'augment; eile dimi-nue h mesure que la flevre charbouneuse approcbe de sa termi-naison. Alors le thermometre centigrade marque ä peine 37quot; 'luelques heures avant la mort des animaux.
La densite deterniinee du sang recueilli dans de petits tubes de 5 centimetres de hauteur sur 1 centimetre de diametre, a semble ä MM. E. Renault et Reynal plus grande que dans IV'tat normal; la densite moyeune etant represeutee par 1,0'i6
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chez les auimaux bien portants; eile est de 1,050, 1,055, 1,063 et 1,064 chez les animaux affectes mortellement de la fie-vre charboimeuse. Dans les nombreuses experiences qu'ils out faites sur la ponderation du sangappliqa^e ä 1'etude pathologique de ce liquide, ces auteurs ont constate qua chez les animaux qui succombent ä la gangrene septique, ilpresente une densite sem-blable. Quelques auteurs ont reconnu que le sang, immediate-mont apres la sortie de la veine, exhalait une odeur partinnliere, qui rappelait celle des tmneurs charbonneuses, odeur due sans doute ä la decomposition putride de ce liquide qui, comme on le salt, est fcres prompte k se declarer.
Dans Texamen physique du sang des animaux atteiuts du Charbou, on constate egalemeut que la flbrine a diminue dans une proportion considerable. Ainsi, quaud on agite avec an laisceau de petites verges en bonleau 1 döcilitre de sang malade, on n'obtieut que quelques filaments greles, sans consistance, de cette matiere organique, au lieu de ce reseau elastique, abondant, qn'on retire, par une semblable operation, du liquide circnlatoire d'un animal sain.
En moyenne, on cxtrait par ce precede de 2 decilitres de sang d'un cheval sain, 4 grammes de fibrine humide et 1 gramme de librine seche.
La proportion qu'on retire du sang d'un bceuf est un peu pins considerable. Chez ces memes animaux affectes du Gharbon, on obtient h peine par le battage quelques filaments qui, desseches. sont ä peine ponderables.
C'est a ce defaut de fibrine on ä la defibrinalion spontanee du sang, qu'il faut attribuer Tincoagulabilite de ce liquide, qui est un lies caracteres essentiels de la fievre charbonneuse.
laquo; B. Examen chimique du sang. — Le sang des animaux char-bonneux n'a pas encore 6te l'objet, du moins que nous sachions, d'etudes chimiques bien suivies. La putrefaction s'en empare avec une si grande rapidite, qu'elle est le plus souvent un obstacle a la determination quantitative el proportionnelle de ses princi-pes constituants. Ordinairement il faut vingt-quatre heures pour obtenir la separation et l'isolement du caillot et de la serosite: or, on salt que dans un laps de temps beaucoup plus court, le sang extrait de la veine pent se reduire k un tel elat de deli-qniiini on de bonillie epaisse, qu'il est presque toujours impossi-sible d'executer cette operation preliminaire de tonte analyse chimique.
laquo; Malgre ces difiicultes d'execntiou, M. Clement n'a pas moins teilte de faire des analyses quantitatives de quelques ^chautillons
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de sang recueilli quelque temps avant la mort, et proveuanl de vaches ou de moutons atfectes de la variete deCharbon qu'on de-signe sous le nom de sang de rate.
laquo; De ces analyses, il resulte qu'il y a une dimiuution de deux tiers au moins de la fibrine et une augmentation de la matiere colorante rouge. raquo;
C. Examen microscopigue du sang. — Les reeherches microsco-piques, comme nous le disions plus haut, out fait Jäire uu pas tres considerable ä l'hematologie dans les maladies cliarbonneuses.
Delafond, qui avait rassemble un grand nombre de faits re-cueillis ä l'aide d'une etude microscopique attentive et patiente, avait constate, par l'examen du sang extrait des piqüres pratiquöes ä la tete, h la queue, aux membres d'animaux atteints de la fievre charbonnense, arrivee ä sa periode ultime, que l'enveloppe colo-ree des globules, au lieu d'etre ronde et unie, etait dechiquetee et dentelee. Getto meine alteration se rencontrerait. sur les glo­bules du sang putrefie, suivant les recherches du meme obser-vateur. Les autres principes organiques coustitutils du sang, tels que les globules blaues, la fibrine, ralbunüne, u'auraient presente ä l'examen du microscope aueune alteration bien manifeste.
laquo; Nous avons plusieurs fois, disent MM. Renault et Reynal. mis ä contribution le savoir et l'obligeance d'un savant microgra-phe, M. Robin, pour obtenir des eclaircissements sur ce point important d'histologie; nous lui avons domie dans quelques circonstances du saug d'animaux affectes du Charbon, mais la putr6faction s'en est emparee si pronqjtement, quo l'examen n'a pu en etre fait que d'une maniere tres incomplete. Dans le seul cas oü M. Robin ail pu etudier du sang extrait de la jugu-iaire d'un moutou charbomieux, six heures avant la mort, cel habile micrographe n'a pas constate les alterations de l'enve­loppe coloree des globules signalee par Delafond. raquo;
Ce premier fait, signale par Delafond, n'a peut-etre pas ete soumisä un contröle süffisant pour qu'on seit autorise ä dire que. sur ce point, l'observateur a ete mis en defaut. Si nous ne nous tvompons pas, d'autres en auraient verifie depuis I'exactitude.
Mais cette lesion du sang, dans le Gharbon, n'est pas la plus importante dont le microscope ait fait constater I'existence. II en est une autre bien plus considerable, k laquelle nous avons deja fait allusion plus haut, k savoir : la presence, a/firmee constante, dans le sang des animaux charbonneux, de corpuscules particuliers, que Delafond avait vus et croyait avoir decouverts, dans I'igno-rance oü il etait que, dejä, ils avaient ete signales par des mi-crographes d'outre-Rhin, notamment par Fuchs, ancien directeur
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de l'Ecole vetörinaire du grand-ducliö de Bade. — Delalbnd avait donne a ces corpnscules le nom de bdtonnets, en raison de la forme (ju'lls affectent. M. Davaine, qui fait jouer ä ces corpuscules un role si important dans la contagion du Charbon, ainsi que nous le verrons plus loin, les a designes sous le nom de Bacteridies.
Ils inesurent Vsoo environ de millimetre de diametre et repre-sentent comme des petites baguettes dune extreme tenuity, rec-tilignes, tantot isolees, tantot au contraire rassemblees et s'entre-croisant les unes les autres, de maniere h constitner un reseau k inailles irregulieres. D'apres Delafond, ces corpuscules ne se voient quo dans les maladies charbonneuses et en constituent un caractere essentiel. Pour M. Davaine, ils ne seraient autre chose ([tie le germe meme de ces maladies et consequemment la condi­tion sine qua non de leur transmission par voie d'inocnlation. Mais nous reviendrons plus loin sur cette importante question.
Si maintenant nous resumons les donnees acquises par I'exa-men du sang, on trouve que 1'alteration du liquide circulatoire des animaux atfect6s de la fievre cliarbonneuse se distingue par les caracteres suivants :
1deg; Diminution considerable dans la proportion de fibrine;
2quot; Incoagulabilite du sang, consequence de sa d^iibrination;
3deg; Augmentation de la matiere colorante on crnorique;
4quot; Rapidite avec laquelle le sang se transforme en une bouillio noirätre, epaisse et d'apparence poisseuse ;
5quot; Peut-etre I'etat comme decbiquete de la circonlerence des globules;
6quot; La presence dans le sang de corpuscules figures, attectant la forme de petites baguettes, et designes sous le nom de Bacteridies:
7quot; Enfin, promptitude avec laquelle la putreractiou s'en empare.
Ces caracteres tires de l'examen du sang ne se reraarquent pas avec une intensite egale sur tons les sujets atteints du Char-i)oii; ils sont tres accuses chez les animaux qui sont allectes de cette maladie sous la forme enzootiqne, principalement dans le cours de Tete et dans les pays oü son origine parait se rattacher a des elfluves paludeens.
Ils sont moins tranches lorsque le Charbon se presente avec des tumeurs exterieures et qu'il parcourt lentement sesperiodes; quand il apparait sous la forme sporadique, ou tout an moins quand son existence ne parait point liee ä un etat enzootiqne ou epizootique.
Pronostic. — Le pi'onostic du Gharhon est toujours grave. La fievre charbonneuse sans eruptions exterieures est beaucoup plus redontable que la fievre charbonneuse qui s'accompagne du de-
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veloppement de tumeurs sui1 divei^ses parties du corps (Ckarbon symptomatique). La premiere forme entraine, dans Timniense ma-jorite des cas, la mort de presque tons les animaux atteints; sous la seconde, en aidant les efforts de la nature par an traitemeul energique et rationnel, on pent compter sur quelques guerisons ; mais, ainsi que nous I'avons dit dans un autre paragraphe, la convalescence est toujours longue et les animaux se retablissenl dyTicileinent.
Le Charbon vane encore de gravite suivant le mode sous lequel il se developpe : epizootique ou enzootique, il fait perir la majenre partie des animaux; sporadique ou naissant spontane-ment dans une ferme ou dans uue localite, il epargne, ä ciülfres egaux d'auimaux atteints, un plus grand nombre de sujets.
Le Cliarhon est une maladie desastreuse k tons egards; il cause k l'agriculture et au commerce des dommages considerables, en diininuant dans sa source la production animale, en faisant rejeter de la consommation les animaux suspects ou malades, et en ius-pirant aux autorifces des mesures prohibitives generales ou lo­cales. Les pertes qu'il occasionne penvent porter atteinte k I'ali-mentation publique, lorsqu'elles se font sentir sur une gramle etendue de pays, et d'iui auti'e cote, en raison de ses proprietes virulentes, il peut etre la cause d'accidents redoutables et pour les personues qui soignent les animaux et pour celles qui sout employees k l'exploitatiou de leurs debris cadaveriques.
On voit done qu'on ne saurait trop faire d'etlbrts pour cher-cher k prevenir l'apparilion et ä arreter les ravages de cette dan-gereuse maladie.
Lesions iiathuiogiques.— L'ouverture des cadavres d'animaux ayant succombe an Charbon decele des lesions tres manifestes qui expliquent la rapidite avec laquelle la vie s'eleint et la putre­faction s'empare des tissus.
1deg; Habitude exlerkure. — Pen de temps apres la mort, le cada-vre entier se tumefie et devient difforme par suite du developpe-ment de gaz en quantite excessive dans le tissu cellulaire sous-cutane; Fabdomen est considerablement ballonnö; des matieres spumeuses et sanguinolentes s'ecoulent par les cavites nasales; le rectum renverse se presente sous I'aspect d'une tumeur noire, livide, du centre de laquelle s'echappent des gaz et des liquides infects.
Sur divers points de la surface du corps, notamment lä oil la peau est fine et depourvue de polls, on apercoit des taches rou­ges, brunes, avec des marbrures jaunätresetbleuätres, lesquelles sent surtout tres accusöes chez les animaux qui, comme le mou-
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ton par exemple, ont la peau blanchätre ou rosee; on dirait que pinidant la vie cette enveloppe exterieure a ete violemment con-tusionnee par places. Les polls et les crins tombent d'eux-memes on s'arrachent ä la pins legere traction; le cadavre, avant meme d'etre ouvert, degage nne odenr infecte, reponssante, qni attire une foule d'insectes ailes.
2deg; Pcau. Tissu cellulaire. — En incisant la peau, on entend un bruit de crepitation cpii resnlte du degagement des gaz accnmules dans les mailles cpllnlaires sous-cutanees; un saugnoir et liquide s'ecoule en nappe snr toute la surface de la coupe. Sur lös tu-inenrs et, les engorgements, In peau se dötache par une traction lagere dans uue large etendue; h sa face interne, eile presonte des taches, des infiltrations qui correspondent aux laches que nous avons signalees sur la surface exterieure.
Le tissu cellulaire est le siege d'infiltrations sanguines et sero-albumineiises de couleur jaune, rouge et noire. Ces dernieres for-nient nne couche sous-cntanee qui s'etend dans les interstices innsculaires et dans la profondeur meine des organes, comnie on le voit autour de la region parofidienne, ä l'entree de la poitrine et de la region inguinale. Autour des tumeurs et dans les parties declives, ces infiltrations ont nne couleur citrine ; mais a mesure qu'ons'eloignede l'öpoque de la mort, elles se foncent en couleur.
3deg; Tissu mn.sculaire. — On retrouve I'infiltration citrine du tissu cellulaire ä la surface des muscles, et a un moindre degre, dans le sein meme de ces organes, sous la forme de trainees lineaires qui mettent en relief lenr texture fibrillaire.
Le Systeme muscnlaire est rouge, imprL'gne d'un sang Ires noir qui communique facilement cette couleur h la trame orga-nique; aussi les chairs deviennent-elles de plus en plus brunes et noires, k mesure qu'on s'eloigue de l'epoqne de la mort; elles sent inolles, sans consistance, friables, comme cuites, et se redui-sent presque en liachis quand on les malaxe dans les doigts.
Les adherences normales des muscles aux os, aux tendons ou aux aponevroses sent tellement relächees, qu'on pent les detruire presque sans efforts. 11 en est de meme du perioste, dont on de-ponille les os presque sans difficulte.
Dans l'epaisseur de la substance musculaire, on trouve des ta­ches noires, des suffusions et des epanchements de sang.
Ces alterations morbides se reucontrent ä un degre beaucoup plus prononce dans les tumeurs et les engorgements charbon-neux; ils sont en elfet constitues par des amas d'une serosite ci­trine, qui souleve la peau, infiltre le tissu cellulaire sous-cutane et intermusculaire, et penetre dans la profondeur des organes.
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Des gaz infects se degagent de la surface des tissus divises, qui rendent la serosite mousseuse et produisent en s'echappant 3'af-läissement des tumeurs. II existe ca et lä des places oü les tissus sont en partie döcomposes ou en voie de decomposition. A cöie, on les trouve intacts ou bien fortement colores par du sang boueux öpanche en nature, ou seulement par sa matiere colorante, qui leur donne une teinte tres tenace, que nous avons plusieurs fois cherchc en vain h faire disparaitre par un lavage prolonge sous un fllet d'eau.
Cependant, Delafond assure etre parvenu par ce precede ä la faire disparaitre, et il a pu meme constater que les tissus ainsi depouilles de cette matiere colorante n'avaient rien perdu de leurs proprietes physiques.
Mais une particularity remarquable et qu'il importe de signa­ler, c'est que dans aueun point de ces vastes engorgements on ne trouve la plus legere trace d'inflammation. Nulle part, en effet, on ne voit ni pus, ni matiere plastique, ni injections, ni arbo­risations vasculaires caracterisliques d'un travail phlegmasique.
Quelques-uns des produits morbides constiluants des tumeurs charbonneuses out fait l'objet de recherches particulieres.
Bernard, ancien directeurde l'Ecole veterinaire de Toulouse, a constate que des gaz, qui produisent Templiyseme de la flevre charboimeuse, etaient inflammables, et qu'ils brülaient ä la ma-niere des gaz qui se forment dans le meteorisme. Un chimiste, M. Leroy, a reconnu qu'ils etaient en grande partie composes d'aeide carbonique ; on sait que ce gaz existe en forte proportion dans les indigestions gazeuses des grands animaux domestiques.
Les autres produits morbides out ete l'objet d'etudes microsco-piques de la part de Delafond. Ce professeur a reconnu :
1deg; Que les tissus oü siegen t les tumeurs charbonneuses sont penetres par une quantite de globules de sang, priv6s en partie de leur matiere colorante ;
2deg; Que la coloration rouge des organes est due au depart de I'liemacroine, qui forme l'enveloppe coloree des globules ;
3deg; Que la serosite des infiltrations charbonneuses est fibrino-albumineuse;
4deg; Que cette serosite est associee ä un grand nombre de tres petits globules de sang dont l'aureole rougeätre est anormale-ment dentelee;
5deg; Que les lames areolaires dans lesquelles se depose cette sero­site se montrent, des le debut de la flevre charbonneuse, legere-ment opaques. A une periode plus avancee, elles sont doubl^es
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MALADIES GENÄRALES DIVERSES.
par une matiere amorphe laquo; due a la coagulation de la flbrine et de ralbumiiie qu'elle contient. raquo;
D'apres M. Davaine, on trouve des bactMdies dans les tissus oh se sont operees les congestions qui constituent les tumeurs et les infiltrations charbonneuses.
4deg; Appareil drmlatoire. Etat du sang. — L'alteration principale caracteristique des maladies charbonneuses reside dans le sang; eile est la plus grave, la plus etendue et la plus constante. Les lesions morbides des solides sont evidemment une consequence de ralteration primitive du liquide circulatoire.
Partout, dans l'^conomie, on le trouve noir, incoagule, epais, poisseux; il colore fortement en rouge bran les mains et les corps etrangers; il se putrefie promptement, et repand bientot, ainsi que nous l'avons dejä dit, I'odeur infecte particuliere aux ani-maux morts du Charbon.
Les gros vaisseaux arteriels et veineux, I'aorte, la veino cave, la veine porte, les cavites du coeur sont remplis d'un sang fluide, refletant une teinte verte. 11 ne presente pas de coagulum on en contient quelques grumeaux saus consistance, comme le sang extrait de la veine pendant la vie. Les piirois de ces vaisseaux et les cavites du coeur offrent une couleur rouge, produite par la matiere colorante du sang, qui resisto au lavage, et on pent s'as­surer, en pratiquanl des coupes successives, que cette coloration penetre ä une grande profondeur dans la trame organique.
Cette alteration explique la formation des tach.es noires, des suffusions, des exsudations sanguines et des infiltrations se-reuses citrines k la surface et dans la profondeur des orgaaes, de meme (pie le defaut de flbrine rend raison de la fluidite etdel'in-uoagulation du sang pendant la vie et apres la mort.
Le coeur est flasque, mou; il est parseme a rexterieur et ä Tin-terieur de taches noires qui soulevent la sereuse et qui Inte­ressent souvent la substance musculaire.
Les cavites droites contiennent une plus grande quantite de sang que les cavites gauches; mais ce liquide est aussi noir dans les unes que dans les autres.
Le pericarde presente cä et la des ecchymoses ; le liquide con-tenudanssa cavite reflete une teinte rouge plus ou moins foncee, Buivantle temps qui separe lesepoques de la mort et de l'autopsie.
Le microscope fait constater des bacteridies en quantite consi­derable dans le sang de toutes les parties du corps.
5deg; Systeme lymphatique. — Le Systeme lymphatique ganglion-naire est constamment inalade.
Les ganglions de la region cervicale, de l'entree de la poitrine,
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de la region inguiuale et de l'aine ; ceux de la rögiou sous-lom-baire et de la cavite thoracique, out uu volume double et f.riple de celui de l'ötat normal; ils sont ecchymosös, rougeätres ou jaunätres, ramollis, impregnes d'une grande quantite de sero-site, et entoures d'une infiltration citrine ou sanguinolente, sem-blable ä celle qui entoure les tumeurs charbonueuses; en les pressant dans les mains, ils se reduisent facilement en bouillie peu cousistaiite.
Ces caracteres se trouvent, h un degre plus ou moins prononcö, dans les ganglions lympbatiques de tous les organes; lä meme oü, ä l'^tat normal, on ne les rlecouvre qu'apres une dissection minutieuse, on les apercoit sous la forme de cordes tres dessi-nees, et reconnaissables surtout aux nodosites jaunätres ou rou­geätres, de volume variable, qu'on remarque sur leur trajet.
Les vaisseaux lympbatiques, surtout ceux qui partent des tu­meurs et suivent les grosses divisions veineuses, sont distendus. et le liquide qu'ils charrient est trouble et colore en rouge.
La lymphe et les ganglions lympbatiques ne contiennent du reste aucun globule purulent.
6deg; Appareil digestif. — C'est dans cet appareil qu'on trouve ordinairement les lesions les plus remarquables que laissent apres elles les maladies cbarbonneuses.
Le peritoine, I'epiploon, les mesenteres sont irregulierement couverts de tacbes eccbymotiques; la cavite peritoneale contient une serosite tautot tres foncee en couleur, tantot sanguinolente ; les grosses divisions veineuses qui serpentent dans 1'abdomen ou qui suivent les oirconvolutions intestinales, ont un aspect bleuä-tre; elles sont distendues par un sang tres noir, epais et diffluent.
Dans les lames mösenteriques, surtout vers la region sous-lombaire, on trouve souvent des tumeurs cbarbonneuses de vo­lume tres variable ; elles sont tres communes cbez les animaux qui succombent ä la flevre charbonneuse sans eruption ext6-rieure.
Ges tumeurs sont constitutes par im amas de sang tres noir, de consistance gelatineuse ou sirupeuse, et par une infiltration de serosite d'une belle couleur citrine. Elles ont leur siege dans cette masse du tissu cellulaire graisseux qui entoure les reins, le pancreas, la veine cave posterieure et les ganglions sous-lom-baires. On en rencontre egalement entre les deux feuillets du me-sentere, immediatement au-dessous des circonvolutions du gros intestin.
Les intestius, consideres depuisl'estomacjusqu'au rectum, pre-sentent ä l'exterieur une coloration rouge, plus ou moins foncee
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MALADIES GENERÄLES DIVERSES.
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par places, suivant que Texsudation ou I'^panchement sanguin est lui-möme plus ou moius accuse.
Les lesions qu'on trouve ä l'interieur varient depuis la simple coloration rouge, produite par une vascularisation plus grande fie la muqueuse, jusqu'ä Tötat congestionuel le plus prononce.
Apres avoir debarrasse le canal digestif des mucosites et des matieres mi-solides qu'ou trouve principalement dans Tintestin grele, ou apercoit des alterations pathologiques, que Ton croirait au premier abord avoir une origine dilferente, et qni sont toutcs cependant la consequence d'un meme etat morbide, l'etat du sang.
Ces alterations se presentent ici sous la forme de laches noires, dent l'etendue et Fepaisseur sont tres variables; elles sont reu-nies les lines aux autres par des arborisations vasculaires bien aecusöes.
Si ou lave la muqueuse intestinale sous un petit filet d'eau, ou mieux si on larecouvre d'une legere nappe dune eaulimpide, on constate que les villosites out augmeutede volume; leur deve-loppement vasculaire, visible ä l'ceil nu, devient beaucoup plus apparent sous Tobjectif d'un instrument grossissant. On constate en outre que ces villosites sont depouillees de leur epitbelium et en partic detruites.
Dans d'autres cas, le sang est extravase et s'est repandu en nature dans le conduit intestinal; il forme par son melange avec les matieres alimentaires une bouillie noiratre qui exhale une mauvaise odeur; chez d'autres sujets, le raptus hemorrbagique s'est produit dans la trame de la muqueuse ; eile est alors epais-sie et transform^e en une veritable nappe de sang qui s'ecrase a la moindre pression.
Get etat congestionuel xieut etre observe sur une etendue d'un demi-metre, d'un metre, un metre et demi dans toute la longueur de l'intestin gröle. On le trouve aussi, mais plus rarement, sur la muqueuse du gros intestin. 11 a la plus grande analogic d'aspect avec I'alteration qui resulte d'une congestion intestinale.
En examinant comparativement deux portions d'intestin, Tune provenaut d'une vache morte du Charbon, et l'autre d'un clieval qui avail succombe ä une enterorrbagie intestinale, le sang epan-che de la premiere portion a paru h MM. Renault et Reynal plus noir et surtout plus difllueut que celui de la seconde.
Mais il y a parfois une teile similitude de forme et de physio-nomie entre les lesions propres du Charbon sporadique et celles de renteroiThagie suite de la congestion intestinale, qu'il est sou-vent difficile de les distinguer les unes des autres, et qu'il y a
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lieu, pour faire cesser le doute sur leur nature, de recourir ä l'inoculation.
La muqueuse intestinale, dans ces maladies charbonneuses, est genöralement plus molle; eile se detache et se dechire plus faci-lement que dans les maladies d'une autre nature; en outre, eile se couvre promptement detaches, de vergetures livides, verdätres ou noirätres. Ges caracteres ont une certaine valeur anatomico-pathologique, parce qu'ils suivent de tros prps la mort dos animaux.
Sous la muqueuse, on remarque des infiltrations jaunätres qui se prolongent jusque dans le tissu cellulaire sous-sereux.
Les plaques de Peyer ne presentent pas generalement d'alte-rations; parfois, si on ne tenait pas compte de la dilatation que snbit apres la mort Touvertnre de ces glandes et du gonflement ([u'eprouve ä leur pourlour la muqueuse, on pourrait croire iju'elles sont ulcerees ou ramollies. Chez quelques animaux de l'espece bovine nous avons constate une augmentation de volume des glandes de Brunner; leur centre paraissait meine ramolli.
Rate. — Get organe est le siege de lesions tres romarquables. qui, en raison de leur constance et des caracteres sous lesquels elles se presentent, peuvent etre considerees comme I'expression la plus vraie, la plus rigoureuse de l'existence d'une maladie charbonneuse. Tons les auteurs sont unanimes sur ce point d'anatomie pathologique.
Le volume de la rate est double, triple et quadruple de son volume normal; ses' dimensions en largeur, en longueur et en epaisseur ont augmente dans les memes proportions.
La surface exterieure de cet organe, d'une couleur livide. bleiiiltre on noirätre, est tantot unie et tantot bosselee irregulie-rement; ses bosselures sont formees par des amas de sang qui ont souleve son enveloppe propre, laquelle, parfois declnr(?e, donne issue k un sang liquide epais et tres noir.
Si on incise cet organe, le sang incoagule qui le gorge outre mesure s'echappe sous la forme d'une bouillie, semblable par la couleur et par la consistance ä Feuere de Chine.
En pressant le tissu splenique, et mieux en le lavant sous un courant d'eau continu, on entraine facilement tout le putrilage infect qu'il renferme, et on met ä nu le canevas fibreux de l'or-gane colore en rouge noir.
Conservee intacte, la rate se putrefie quelques heures apres la mort.
Le Foie a egalement augmente de volume; il est comme cnit, et il se d6chire et s'ecrase facilement. Son tissu incis6 laisse s'ecou-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
ler une grande quantite de sang fluide qui a les memes caracteres que dans les autres organes; il est seulement moins öpais, moins poisseux que le sang qui est contenu dans la rate.
7quot; Appareil respiratoire. — La serosite qu'on trouve souvent dans la poitrine est trouble et legerement coloree en rouge, eile se fonce en couleur a mesure qu'on s'eloigne de la date de la mort de l'aniinal.
La plevre costale et la plevre pulmonaire sont pointillees, cou-vertes de taches noires; dans le lissu cellulaire sous-sereux, il ya une infiltration jaune citrine qui se continue dans le tissu cellu­laire sous-lobulaire. Soit que des gaz s'y developpent, comme dans le tissu cellulaire sous-cutane, soit que I'air atmospherique se repande rapidement dans la trame de la substance pulmonaire, toujours est-il qu'elle est beauconp plus crepitante que celle d'un poumon provenant d'un animal qui a succombe ä une maladie d'une autre nature.
Les taches brunes ou noires formees par du sang epanche se retrouvent sur presque toutes les coupes qu'on pratique dans les profondeurs de la substance pulmonaire; on les remarque aussi sur la muqueuse respiratoire.
8Ü Systeme nervevx. — Les membranes du cerveau et de la moelle 6piniere sont pointillees et recouvertes de taches noires; les sinus veineux du cerveau sont remplis d'un sang tres liquide ; par places, on y observe des infiltrations jaunes. La substance cerebrale elle-meme est ecchymos6e et laisse sourdre ä la surface de la coupe des gouttelettes de sang.
Les ganglions du grand sympathique, plus gros que daiih I'elal. normal, sont rouges, infiltres et ramollis.
9deg; Appareil urinaire. — Comme le foie, les reins ont augmente de volume; leur couleur est brune, ils sont ramollis et se dechi-rent avec facilite; le sang qui les imbibe et qui s'ecoule lorsqu'ou les coupe est noir et liquide.
Si on resume les lesions qu'on trouve a l'ouverture des ani-maux charbonueux, ou voit que les principales, les plus manifes­tes, serencontrent dans le sang, et que les alterations des solides sont une consequence de la modification profonde que ce liquide a subie dans ses qualites pbysiques et chimiques.
L'etat du sang dans les maladies charbonneuses domine toutes les autres lesions. C'est pour avoir meconnu cet 6tat que plu-sieurs auteurs ont considere comme primitives des alterations qui, en realitö, ne sont. que l'expression (Tun etat morbide gene­ral residant primordialement dans le sang, et je suis moi-meme f.ombe dans cette erreur, lorsque, dans les premiers temps de ma
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1 fei;
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CLASSIFICATIONS DIVERSES DES MALADIES CHARBONNEUSES. 605
pratique, j'ai considere bien des cas de fievre charbonncusc comme 6taiit des enterites suraigues.
Lorsqu'on sacrifie les animaux au debut de la Fievre charbou-neuse, dans la periode d'invasion, les altörations ne sont pas aussi caracteristiques, et cela se concoit facilement; mais on trouve comme lesions constautes, quel cjue soit le degre auquel la mala-die est arriv6e, le ramollissement de la rate, avec on sans aug­mentation de volume, l'etat houeu.x du sang qui la gorge, la tluidite et la teinte noire Ibncee du liquide qui distend I'appareil veineux abdominal, enfln la grosseur et le poiutillemenl vascu-laire des ganglions mesenteriques.
ARTIGLE II
raquo;ES DIFFERENTES FORMES DU CHAKÜON
sect; 4 er. — Classifications diverses des maladies charbonneuses.
Avant les travaux de Cbabert, on appliquait la denomination de Charbon h une foule d'atfections do nature differente. Toutes les maladies generales pntrides ou gangreneuses, toutes les tu-meurs exterieures se terminant par la mortification des tissus, etaient generalement considerees comme etant du Charbon. Cette expression, on celle d!anthrax qui en est synonyme, est encore aujourd'hui employee pour designer les tumeurs gangramp;ieuses (ju'on observe sur diverses parties du corps. La meme appella­tion etait t'galement donnee aux congestions actives ou passi­ves, aux raptus hemorrhagiques et aux infiltrations sereuses du tissu cellulaire sons-cutaue. Les oertemes partiels ou generaux constituaient meme aux yeux de certains auteurs une variete de Charbon qu'ils appelaient Charbon blaue.
Chabert, un des premiers, inspire par un esprit de severe analyse pratique, distingua trois especes de charbon : 1deg; le char-iion cssentiel; 2deg; le charbon symptomatique; 3deg; la fievre charbonneuse.
Le Charbon essentiel de Chabert apparait d'emblte, sous la forme d'une tumeur exterieure, sans etre precede de troubles organiques, sans autres signes que les signes objectifs caracte­ristiques de son existence actuelle.
Quand Chabert etablit cette forme de Charbon qu'il appelle es­sentiel, il avait sans douto en vue de caracteriser des tumeurs de cette nature qui peuvent resulter de l'inoculation directe du virus sur la peau de Thomme et des animaux. Dans ce cas, eu
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606nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENERALES DIVERSES.
effet, les symptomes locaux precedent parfois les symptomes g6-nei'aux ; riufection charbonneuse est alors consecutive a revolu­tion de la tumeur, consequence de l'moculation. La pustule maligne offre un exemple de ce que Chabert appelle le Charbon essentiel, forme de maladie tres rare ä observer sur les animaux.
Ou peut-etre Chabert avait-il en vue ces tumeurs hemorrbagi-ques que Von observe sou vent sur les bceufs tres bien portants, tres vigoureux en ete et principalement quand ces animaux sont aourris avec des fourrages des prairies artiflcielles; tumeurs be-nignes dans tous les cas, lorsqu'on n'aggrave pas leur 6tat par un traitement irrationnel, et qui se resolvent tres souvent par les seuls eiforts de la nature. Je les ai decrites, pages 442 et suivantes.
Le Charbon symptomatique, ainsi quel'indique sa denomination, est annonce par des phenomenes febriles, par un etat morbide general, auquel succede une tumeur exterieure qui offre les me­ines caracteres, suit la meme marche que le Charbon essentiel. qu'il Importe de ne pas confondre avec les tumeurs hemorrbagi-ques que je viens de mentionner.
La Fievre charbonneuse apparait subitement; eile se traduit par un ensemble de phenomenes morbides des plus graves; mais aucune tumeur n'existe a la surface exterieure du corps: c'est lä le caractere dilferentiel qui distingue cette variete de charbon des deux formes precedentes.
Mais une particularity importante ii signaler ici, et qui demon-tre bien I'identite qui existe entre ces trois expressions dissem-blables en apparence des maladies charbonneuses, non-seule-ment sous le rapport de leur nature, mais encore sous celui de leur mode de manifestation symptomatique, c'est que, dans le cours de la Fievre charbonneuse, il se developpe des tumeurs dans l'interieur des organes ou des cavites splanchniques, particulie-rement dans la rate, le foie, les lames du mesentere et dans la region sous-lombaire.
Ces tumeurs, ainsi qu'on le verra plus loin, presentent les memes caracteres que les tumeurs sous-cutan6es.
Cette classification, basee sur le mode d'expression symptoma­tique des maladies charbonneuses, a beaucoup simplifie leur 6tude. Depuis qu'elle a ete admise, on a cesse de comprendre, sous la designation de Charbon, uu grand nombre d'afiections putrides et gangreneuses autrefois confondues avec cette maladie.
II ne faudrait cependant pas croire que la division admise par Chabert impliquät dans la pensee de cet auteur une difference de nature entre la Fievre charbonneuse, le Charbon essentiel et le Charbon symptomatique. En I'etablissant, Chabert avait sur-
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FIEVRE CHARBONNEUSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 607
tout en vue la therapeutique de cette malaclie,dont le traltement varie avec la forme qu'elle afl'ecte. Dans son opinion, clairement exprimee dans son Traue des maladies charbonneuses, ces vari6tes ne sont qua I'expression d'un meme etat morbide, identiqne chez les unes et les autres quant a son essence intime, differant seulement dans son mode de manifestation exterieure, suivant les dispositions individuelles.
Les auteurs de Tarticle Charbon admettent comme type des maladies carbunculaires la Fifevre charLouneuse, et ils la decri-vent suivant qu'elle s'accompagno on nonde tumeurs externes.
Mais comme il n'est pas rare de rencontrer des enzooties char­bonneuses, qui se traduisent constamment par des eruptions cri­tiques externes, ils emploient, pour caracteriser ce mode d'expres-sion du Charbon, le nom de Charbon symptomatique, afln de se conformer ä l'usage, sans que cela implique dans leur pensee, pas plus du reste que dans celle de Ghabert, une difference de nature ou d'identite.
Au point de vue therapeutique, cette distinction a une certaine importance, caril est incontestable que si la Fievre charbonneusc est incurable dans Fimmense majorite des cas, le Charbon symp­tomatique ou, ce qui est synonyme, la Fievre charbonneuse avec eruptions exterieures, affecte souvent un caractere de benignity relative, qui commando un traitement rationnel assez commune-ment couronne de succes.
Ces tumeurs, en effet, ne sont qu'une manifestation de la force conservatrice, dont le but est d'eliminer le principe morbide qui existe dans I'organisme. Files temoignent, par leur apparition, d'un effort reactionnel contre le mal, et souvent elles jugent I'etat general.
Les tumeurs exterieures se trouvent done intimement liees a la fievre, comme l'effet Test ä la cause.
sect; 2. — Fievre charbonneuse ou Charbon sans eruption.
Plusieurs auteurs, notamment Gilbert, out indique quelques signes avant-coureurs de la Fievre charbonneuse. Sans doute, entre le moment on la cause a agi et celui des premiers sympto-mes, il doit s'ecouler un temps plus ou moins long : celui de la periode d/incubation propre aux maladies virulentes ; mais si cette periode est annoncee dans quelques sujets par divers phe-nomenes appreciables, le plus souvent eile passe inapercue, faute de signes saisissables qui la decelent.
Dn reste, presque tous les veterinaires qui out parle do la pe-
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(#9632;08nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENEKALES DIVERSES.
riode d'incubation, Tont confondue avec la pöriode d'iavasion. Gilbert lui-meme n'a pas evitö cette erreur, car les signes morbi­des qu'il considere comme precurseurs, tels que le herissement des poils, la secheresse de la peau, la cröpitation du tissn cellulaire sous-jacent, la sensibilite excessive de la colonne dorso-lombaire, une toux suübcante, im jetage d'humeurs glairenses par les na-rines, la force et la vitesse du battemeut du coeur, quelquefois le döveloppement sous la peau de petites tumeurs aplaties, multi­ples, etc., tous ccs signes, disons-nous, appartieuueul ä la periode de Finvasioii et du döbut. Lorsqu'on les observe, la Fievre char-bouneuse est confirmee. Aussi est-ce avec quelque apparence de raison que Ghabert a pu dire que les animaux succombent sou vent sans avoir presente aucun Symptome maladif.
La secheresse de la peau, la crepitation du tissu cellulaire et la^en-sibilite de la colonne dorso-lomhaire, sont de trop dans l'önume-ratiou dos symptomes precurseurs ou d'invasion de la Fievre char-bonneuse : co sont des signes de maigreur le plus souvent, et pas autre chose.
II n'existe done pas, ä proprement parier, de symptomes precur­seurs de la Fievre charbonneuse ; ceux qu'on a consideres comme tels appartiennent ä la periode de debut, et encore, loin de la caracteriser d'une maniere bien particuliere, on pent dire qu'ils sont communs ä beaucoup d'autres maladies graves : aussi est-il difficile ä un veterinaire etranger aux localities oü on n'observe pas ordinairement les maladies charbonneuses, d'etablir le dia­gnostic de ces affections en se basant sur les symptomes gene-raux dn debut.
Quoique tres vaguos, ces symptomes de la periode d'invasion de la Fievre charbonneuse sout cependant tres importants ;i con-naltre, car e'est dans cette periode que les moyens therapeuti-ques doivent etre employes; plus tard, lorsque la maladie est accusee par lensemble des phenomenes morbides qui Ini sont propres, tout traitement devient inutile : la mort est la conse­quence fatale des atteintes portees aux sources de la vie.
La Fievre charbonneuse ne poursuit pas toujours sa marche avec la meme rapidite; les symptomes qui I'accusent ne se pre-sentent pas d'une maniere constante avec la meme intensity. Dans certains cas, l'apparition est tellement prompte, subite, que les animaux tombent comme frappes par la foudre, et meurent dans I'espace d'une a deux heures. Dans d'autres circonstauces, et elles sont les plus ordinaires, les symptomes naissent, se deve-loppent graduellemeut; la Fievre charßbnneuse marche d'une maniere moius foudroyante. Ce n'est qu'apres nn laps de „emps
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KliVRE CHARBONNEUSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; (;00
variable eutre dix-lmit et trente-six heures, rju'elle se termiue par la mort des animaux.
C'est sous cette forme de la Fievre charbonneuse (iu'ou observe particulierement les symptomes de la periode d'invasion on les signes precnrseurs de la plupart des auteurs.
Sur I'espece bovine, la Fievre charbonneuse apparait le plus souvent d'une maniere subite. Tout ä coup ranimal cesse de manger et. de ruminer ; il eprouve des frissons, des suetirs par­tielles, des tremblements generaux; le corps est alteruativement chaud et froid; la peau est seche; les polls sent piques; les regions des cotes et dorso-lombaire sont sensibles; la pressiou sur certains points, notamment ceux qui doivent etre idterieure-ment le siege des tumeurs charbonneuses, fait eprouver ä 1'ani-mal une tres vive douleur. Les forces s-epuisent promptement, la prostration est extreme, la marche est chancelaute ou impossible; on dirait que les malades sont atteints d'une paralysie incom­plete; ils restent presque constamment couches, et il laut les frap-per ponr les faire lever. Une Ms debout, ils voussent la colonne vertebrale, trainent les membres, s'arretent immobiles, retombent bientot sur le sol, s'agitent convnlsivement, poussent des mugis-sements plaintifs, portent la tete sur les flaues, et expulsent pres-(jue sans elforts des matteres alvines ramollies et sanguinolentes. Les battemeuts du coeur retentissent avec violence centre les pa-rois dn thorax; le pouls est petit, vita, irregnlier, intermittent-la conjonctive est injectee et reflete une teinte rouge noirätre ; la respiration est plaintive et haletante; Fanimal, couche, se bal-lonne, fait entendre des grincements de dents; la langue est bleuA-tre, pendante, et la salive ecumeuse ; du sang s'echappe par les na-seaux; les yeux sont larmoyants, eteints et retires dans les orbi-tes. La faiblesse devient extreme, la chaleur abandonne le corps; Tammal meurt pendant une exacerbation de ces symptomes on pendant le calme qui les suit. Chez quelques animaux, les'pa-roxysmes se traduisent par une surexcitation tres vive du Systeme uerveux. Ils se livrent ä des mouvemeiits desordonnes, lancent laquo;les coups de pied, cherchent ä frapper avec la tete: Us se dres-sent menacants sur les membres posterieurs, et deviennent dan-gereux pour les personnes qui les approchent.
La rapidite avec laquelle ces symptomes se succedent est varia­ble ; la mort survient ordinairement dans l'espace de douze ä vingt-quatre heures. Quelqnefois plus prompte, eile arrive dans un laps de temps de deux ä trois heures, ainsi que nous ravens constate souvent dans la variete de Gharbon designee sons le nom de Sang de rate.
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(raquo;10nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES flEXERALES DIVERSES.
sect; 3. — Charbou avec eruption de tumours exterieures.
Dans le cours de raöection charbonueuse, souveut mume dans la pöriode de debut, au moment oü Ton apercoit les premiers signes qui la denoncent, on volt apparaitre ä l'exteneur, sur diverses parties du corps, des tumeurs auxquelles on a donne le nom de Charbon, comme ä la maladie dont elles sontl'expressiou. Ce sout ces tumeurs qui out servi de base k toutes les divisions el subdivisions qui out ete faites des maladies charbonneuses. Suivant leur forme, lenr volume, leur situation sur une region uu sur une autre; suivant que la fievre qui les accompagae est plus on moius violente; que les symptömes qui precedent leur eruption sont ou nou saisissables; suivant la rapidite ou la leu-teur de leur marche; suivant la resistance qu elles opposent ä la Iherapeutiqne ; suivant, eufin, les caracteres morbides physiques qu'elles presentenl, on a distingue les tumeurs charbonneuses en glossauthrax, avant-cceur, noir-cuisse, eu essentielles et en symptoinatiques, eu benigiles et eu malignes, eu charbon oede-mateux, pblegmoneux, eu charbon noir et en charbon blanc.
Mais comme toutes ces tumeurs sont les symptömes d'une memo maladie, la Fievre charbonueuse, et qu'elles sout dues aux eübrts conservateurs de la nature, dans le but d'eliminer de l'or-ganisine l'elemeut morbide primitil', nous considerons ces erup­tions critiques d'une mauiere generale, eu faisant ressortir les caracteres differentiels qu'elles affectent dans leurs modes divers de mauilestation exterieure.
Completant meme la description syntheti([ue de ces tumeurs adoptee par le savant Gilbert, les auteurs de l'article Charbon reuuissentdans une meme etude les tumeurs proprement dites, les Intbons, les erysipelcs, les taches et les phlyctenes. En effet. la dii-terence do siege qui distingue la tumevr et le bubon :ie leur [larait pas süffisante pour les decrire separement; que le point de depart de ces efflorescences critiques reside dans les ganglions 1 yinpliatiqnes de l'aine ou de l'entree de la poitrine (ce quiconstitue le bubon); que le lieu d'electiousoit le tissu cellulaire, la peau on tout autre organe, le travail morbide qui s'opere dans le sein de ces tissus est en effet le meme; les nuances qu'on observe dans les symptömes, dans leur mode de succession, tieuuen tildes differences individuelles et au degre d'intensite ou a la gravitede raffectiou cliarbonneuse. Ce qui le prouve, e'est (jne souveut sur un meme sujet, dans une meme eruption, ou trouve reuuis les caracteres qui appartiennent a la tumeur, an bubon, a I'erysipele, aux phlyctenes.
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CHARBON AVEC ERUPTION DE TU.MEURS EXTlililEURES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; fill
Ces tumeurs se developpent dans le tissu cellulaire sous-cutane, principalement dans le.s reyions oü il esl lache el abondant.
Dans les ganglions lymphatiques et dans les organes niuscu-laires, on les remarqne sur la laugue, dans I'espace intermaxil-laire, autour de la gorge, a la partie inferieure de l'encolure, a l'ontree de la poitrine, sous la poitrine, sur les cotes, en airiere de l'öpaule, sur le dos; rarement sous le ventre, dans le pli dc l'aine et dans la region inguinale.
SymptAmes. — Le developpemont de ces tumeurs est signale par l'exaltation de la sensibility de la peau, par le redressement des polls et souvent par une legere crepitation. Au debut, elles sent constituees par une nodosite jdacee dans le tissu cellulaire ou dans l'epaisseur de la peau. Cette nodosite, de la grosseur d'unc noisette ou d'une noix, est simple ou multiple, arrondie ou irre-gulieremeut delimitee, adherente et comme pedonculee ä sa base: eile est ordinairement peu douloureuse, et la douleur que I'ani-mal temoigne parfois depend bien plus de la sensibilite des tissus environnanls qua du tissu propre oü eile est lormee. Les tumeurs charbonneuses ne se preseiitent pas toujours avec ces caracteres; on en rencontre qui, des leur apparition, sent molles. oedemateuses, crepitantes, eteudues irregulierement sous la forine d'un empätemeut non circouscrit; si elles sont multiples, elles communiquent entre elles par une espece de J'usöe päteuse, qui serpeute ä la maniere d'une corde lymphatique farcineuse. Ces sortes de tumeurs s'elevent, grossissent ä vue d'oiil et envaliisseui en quelques heures toutes les parties environnantes; et teile esl la rapidite avec laquello elles progressent, que les personnes ijui gouvernent les animaux ne les apercoivent que lors(juquot;elles out atteint nn developpement extreme.
Un caractere particulier qui distingue la marcbe de ces tu­meurs, e'est qu'elles s'eteiident dans tous les sens avec une egale rapidite. La peau qui les recouvre est tendue et crepitante comme le parcbemin que Ton froisse. Elles ne sont le siege d'aucmi pheaomene inflammatoire, et elles deviennent froides et insen­sibles a mesure qu'elles prennent de Fextension.
La gangrene qui les a frappees des leur naissance marcbe el progresse avec elles, et les suit dans toutes les phases de lern-developpement.
Un phenomeue bien important a connaitre se passe dans le sein des tissus atteints par le Gbarbon. En appliquant la main sur la partie oü siege la tumeur ou I'engorgement, on percoit un Frisson local, un fremissement comparable a une esjjece d'ebulli-
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612nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES OENERALES DIVERSES.
tion sous-cutanee. Ce phenomene est remarquable seulement taut iiue la tumeur est en voie de döveloppement; lorsqu'elle cesse de s'etendre ou de grossir, on ne le remarqne plus.
La crepitation est due au degagement des gaz qui proviennent des tissus l'rappes par le Cliarljou et ä leur accumulation dans les mailles du tissu cellulaire qu'ils distendent, et dans lesquelles ils se rassemblent, pour constituer les tumeurs crepitantes et em­physema teuses du Charbou.
Si ou plonge rinstrument tranchaut dans leur profondeur, ranimal ne manifeste aucune sensibilite, et des gaz letides s'en echappcnt en meme temps qu'un fluide roussätre ou noirätre qui, par son contact, corrode la peau et la denude de ses polls.
La sortie de ces gaz est accompagnee d'un bruissement parti-culier qui rappelle celui de l'eau en ebullition ou le bruit du pa­pier qu'on froisse entre les mains. Ils ferment, par leur melange avec les liquides, une masse bulleuse qui conserve ce caraclere an pourtour de I'lncisioii et snr les parties declives oil eile se repand.
A la suite des incisions pratiquees dans les tumeurs, il sur-vient assez souvent des bemorrbagies passives qui ne s'arretent qua la mort des animaux.
Les caracteres qui distingiient les tumeurs charbonneuses ap-partiennent aux engorgements de meme nature. Ces derniers n'en different que par leur etendue et par leur plus grande sur­face. En effet, une tumeur apparait-elle en avant du poitrail, immediatement eile s'^tend dans toutes les directions : en haut, vers la partie anterieure et le bord superieur de rencolure; en has, dans toutsl'ötendue de l'avant-bras et du poitrail; en arriere, vers l'epaule et jusque sur les parois costales. Elle acquiert par-fois, lorsque la mort ne survient pas pendant les huit ou dix pre­mieres heures qui solvent son apparition, un dßveloppement lellement considerable que tout un cöte du corps est envahi, de-puis le milieu de rencolure jusqu'au milieu des parois de la poi-trine, depuis le garrot jusqu'au beulet auterieur.
Lorsque le Gharbon siege primitivement, soit dans les ganglions de l'aine, soit dans le tissu cellulaire de la region inguinale, l'extension de la tumeur est plus rapide et plus considerable : en avant, eile envahit les parois inferieures de l'abdomen et les or-gaues de la generation et de la lactation; en arriere, eile se pro-longe, dans Ventre-deux des cuisses, jusqu'a la vulve ou Tanus; sur les cotes, eile remonte le long deraquo;; flaues, vers la rögion des reins et des hypochondres; en bas, eile s'etend vers les parties declives des membres.
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CHARBÜNquot; AVEC ERUPTION DE TUMEURS EXTERIEURES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 613
Les caracteres assignes ä la lumeur se retrouvent dans les ea-gorgemeats; on les observe sur uns plus large surface et sou-vent meme ils sont plus accuses, notamment la tension uni­forme de la peau, le herissement des poils, Tabaissement de la temperature et les phenomönes de crepitation.
Ce que les auteurs out encore decrit sous le nom amp; infiltrations charbonneuses se remarque egalement dans les tumeurs et les engorgements; la matiere sero-sangninolente et les produits ga-zeux qui se torment dans le sein des tissus ne s'accumulent pas toujours en un seul point, pour constituor d'emblee la tumeur et rengorgement; ils se repandent parfois en nappe dans le tissu cellulaire sons-cutane et intermusculaire, s'infiltrent partout jus-que dans la trame meme des organes envahis. L'engorgement perd alors en relief ce qu'il gague en etendue et en profondeur. Ces infiltrations, soit qu'elles existent seulos sur le dos, les cotes ou les mombres, soit qu'on les observe ä la circonference des tu­meurs ou des engorgements, sont generalement oedemateuses, nioins crepitantes et moins emphysemateuses. Elles suivent, du reste, la meme marclie que les tumeurs et les engorgements. Dans les dernieres heures qui precedent la mort, l'accroissement qu'elles prennent en epaisseur ne permet meme plus de les dis-tingner de cette derniere forme du Charbon.
A la surface des tumeurs ou des engorgements charbonneux qui se manifestent dans les regions recouvertes d'une nuiqueuse, comme la langue par exemple, on la face interne des levres, et sur cedes ou la peau est fine, on voit quelquefois apparaitre des ampoules ou des phlyctencs de la grosseur d'une noisette, d'une noix ou d'un oeuf de poule. Ces phlycteues, constituees par un amas de s6rosite sous l'epiderme, sepreseutent sous la forme de vessies d'un volume tres variable, renfermant un liquide sero-albumi-ueux , roussätre ou jaunütre, qui est doue de proprietes comme corrosives, car il Jetruit les tissus sur lesquels il s'epauche; les vesicules, une fois ouvertes, se transforment en ulcores qui pro-gressent d'une maniere tres rapide.
L'apparition de ces phlyctenes ue se fait pas d'une maniere constante ä toutes les periodes des maladies charbonneuses.
Sur les tumeurs ou les engorgements, ces phlyctenes ne se developpent ordinairemeut que quelquo temps avant la mort.
C'est lorsque les tissus sont froids, alors que les poils tombent, et qu'on voit sourdre ä leur superflcie des gouttelettes d'une se-rosite jaunätre, que los ampoules se forment sous l'öpiderme sou-leve par le liquide que secrete la couche vasculairo qu'il recouvre.
Sur les muqueuses, notamment sur la muqueuse de la bouche.
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MALADIES (JKNERALES DIVERSES.
ces phlyctenes apparaissent, des le debut de la maladie, sur las parlies laterales de la langue, sur les cotes du frein, sur les gencives, an palais et k la face interne des levres. Ces vösicules simples ou multiples, de couleur grise on jaune, reposent tantot sur la surface meme de la miupieuse, et tantöt elles couronnent une petite tumeur, comiue cela se remarque souveut quand elles siegent du cöte du frein.
L'evolntioa des phlyctenes coincide avec une tumefaction des tissiis sous-jacents ä la muqueuse buccale. La langue estpendante hors de la krache, ou Wen eile dehorrte la Limite des dents inci-sives, qui la compriment et y marquent profondement leur em-preinte ; sa couleur est blemltre ou noinltre. Lorsqneles vesicules qui la recouvrent sont dechirees par les inouveinents des mächoi-res et de la langue , elles sont remplacees par des ulceres dechi-quetös, rouges dans leur centre et uoii-s ä la circonference; le liquide ichoreux qui suinte de ces ulceres se melange ä la salive et lui communique ses proprietes corrosives. Epaisse, fllante, sti-iee de sang, cette salive s'ecoule en masse glaireuse en deliors de la bonche par les deux commissures; les levres, les joues s'engorgent outre mesure, et bientöt le Charbon envahissaut la hase de la langue, I'aiTiere-bouclie et les regions parotidiennes, les auimaux ne tardent pas ä mourir asphyxies, s'ils out pu re-sister jusque-lä aux atteintes de la maladie.
Cette forme de Charbou est designee sous le nom de glossan-ihrax.
Diaenostie dirr^rcntici. — Quand on preud counaissauce des uombreux travaux qui out ete publies sur le Charbon, on trouve des differences si notables dans les descriptions des formes qu'il affecte, qu'on serait tente, apres une etude snperlicielle. de croire ijue les auteurs out confondu des affections de nature tivs dilferente. Sans doute., des erreurs de ce genre, ainsi que nous I'avons etabli dans une autre partie de notre travail, ont dn etre souvent commises: mais ilestun point dont on n'a pas teuu tin compte süffisant dans le diagnostic de ces affections : nous voulons parier des changements. des modifications, des physio-uomies difförentes qu'imprime aux maladies charbonneuses la lurnie sous laquelle elles se presentent. Quand elles sont epizooti-ques ou enzootiques, la periode de terminaison suit de si pres uelle de i'invasiou , les symptomes se succedent avec taut de ra­pidity, ralleration septique du sang est tellement accusee, la ten­dance ä la gangrene est si manifeste, que. les tumours, les engor­gements, etc., affectent des caracteres qui different notablement de ceux qui sont fournis par les memes etats morbides, observes
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GHABBON AVEC KRL'PTIÜJi DE TUMEL'RS EXTERIEt'RES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 615
accidentellement et hors de toate influence generale. Si on les compare entre eux, sans ienir compte des conditions au milieu desquelles s'est faite leur evolation, on ne trouvera qu'une ana­logic loin lain e, et souvent meme le lien qui les unit echappcrn a [quot;attention de Fobservateur. '
Les tumeurs charboaneuses sent ladles h distinguer. Elles ap-paraissent presque toujours subitement et sans cause physique appreciable; le plus oivlinairement, elles sont precedees par des mouvements febriles qui se traduisent par un malaise general: dies acquierent en pen de temps un accroissement considerable, en progressant dans toutes les directions. La pean se tend et se par-cliemine ä leur surface ; la plus legere pression de la main pro-vü(xue leur crepitation; on remarque toujours de remphyseme, siuon sur toute la surface malade, dumoins dans quelques points de son ctendne. Des le debut mdne, la tnmeur se montre le plus ordinairement indolente. Si parlbis, ä cette periode, on ob­serve quelques symptömes inflammatoires, ils disparaisscut promptement et sont remplaces par uu abaissemeut de la tempe­rature et par Finsensibilite des tissus. Les tumeurs charbonneuses se couvrent gcneralement de taches noires, brunes, et de phlyc-tenes rempliesd'uu liquideroussätre tres irritant. A leur surface, on remarque un suiutement, sons forme de gouttelettes, d'nnese-rusilc i'roide ; elles n'ont aucune tendance ä la suppuration, et se gangrenent avec une tres grande facilite. Si k ces caracteres on ajoute les symptömes fonrnis par l'etat des muqueuses apparen-tcs, par la circulation dn sang, etc., on distinguera leplus sou-vent les tumeurs charbonneuses des tumeurs phlegmoneuses el gangreueuses.
Toutefois, il ae fant pas se dissimuler que certaines tumeurs ledematenses (jui apparaissent autour de la gorge, en avanl dn poitrail on sur les membres, peuvent etre confondues, en raisou de leur marche rapide et de leur terminaisou fatale, avec le Cbarbou symptomatique et sporadique. Ondoit quand on le pent, dans ce cas, recourir ä riuoculatiou qui est presque toujours uu inoyen par excellence. Quelquefois cependant, eile ue doune pas de r6sultats, comme cela se voil pour certains engorgements (lout on devine la mauvaise nature, bien pins par une sorte d'in-tuitiou (]ue par lobservatioii des pheuomenes morbides objectifs. Ces engorgements se remarqueut soit dans le cours des maladies caracförisees par une disposition ä la pyogenie, soil ä la suite du passage du pus dans le torrent de la circulation.
Ces affections variees sont comme le trait d'uuion entre toutes ces maladies proteiformes, qui consistent dans une alteration du
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MALADIES (JKNERALES DIVERSES.
li([iiide circulatoire, et qu'on dösignesouslenomgeneriquede ma­ladies de sang, maladies putrides, maladies gangreneuses, typhoides.
siarehv. Terminaisous. — La marehe des tumeurs charbonneuses est toujours rapide, et eile Test d'autaut plus que la maladie a un caractere epizootique et euzootique, et que les Eruptions exte-rieures apparaissent a une periode plus rapprochee de l'invasion. Alors elles acquiereut, dans le court espace de quelques heures, un volume considerable, et les tissus frappes passent prompte-nient. de la vie k la mort.
Ce travail d'eruption est ordinairement precöde par une fievre genörale et par Teiisemble des symptomes propres aux maladies charbonneuses, et k moins que leur gravity ne soit teile qu'elles determineut la mort, pendairt que s'opere ii I'exterieur I'elimi-nation du virus charbonneux, Teruption des tumeurs est le si­gnal d'une amelioration; la fievre intense ayec laquelle les ani-maux se trouvaient aux prises disparait presque subitement. el fait place ä un moment de calmeetde mieux etre, pendant lequel on pent les croire gueris.
Dans d'autres circonstauces, les symptomes qui precedent I'eniption cutanee sont si i'aibles, si peu accuses, qu'ils passent inapercus. Le Charbou s'annonce pour ainsi dire d'emblee pai' une tumeur petite, dure et dout le degre de sensibilite esl variable.
Les eruptions charbonneuses revetent cette forme, lorsque la maladie apparaU avec un caractere ilebenignite ou lorsqu'elle est sur son declin, et que, par sa duree, eile a pour ainsi dire use le principe virulent.
Une fois developpees, elles marcheut et progressent; raais, ä mesure qu'elles prennent de 1'extension, ou voit apparaltre les symptomes generaux propres k la fievre charbonneuse.
La reaction vitale qui prpjette au dehors les tumeurs cbarbon-ueuses constitue une veritable crise qui semble avoir pour objet de debarrasser I'organisme d\i principe virulent et de le concen-trer sur un point ä I'exterieur du corps. Ce qui le pronve, c'esl que la fievre charbonneuse saus eruption est constammeut mor-. teile, tandis qu'elle gnörit quelquefois seule par les efforts de la nature, et plus souveut quand on les seconde par un traitemeut approprie, si eile s'accompague de tumeurs exterieures.
En resume, leur marehe est subordonnee k des conditions di­verses qui ne peuvent etre etudiees que d'une mauiere generale; e'est ainsi qu'au debut de ces epizooties, 4ans les lieux favorables a revolution des maladies charbonneuses, ou voit des tumeurs qui portent eu elles une cause destructive des priucipes de la vie,
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TRAITEMENT DU CHARBON EN GENERAL.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;C17
et qui sont frappöes de gangrene immeiliatement. Les animaux meurent dans le court espace de deuxä six heures. Dans d'autres cas, elles n'arrivent ä cette fatale terminaison qu'au bont de dix-huit, vingt-qnatre ou trente-six heures.
Lorsque les tumeurs resistant an travail de mortification, elles se terminent par la delitescence, par la resolution, ou par la metastase.
1deg; Delitescence. — Les produits morbides 6panches, et qui cons­tituent les tumeurs, peuvent etre resorbes et expulses an dehors par les grandes voies d'elimination. Ici, c'est une secretion ex­traordinaire d'urine; lä, une sueur abondante; ailleurs, une diarrhee s6reuse, f6tide, qui jugent la maladie. Au rapport des veterinaires, dans le cours des maladies charbonneuses en Afrique, on a note plusieurs exemples de cette terminaison par delitescence.
2deg; Resolution.— Si on se rappelle que les tumeurs charbonneu­ses qui progressent d'une maniere lente s'indurent graduelle-ment, sans jamais tendre ä la suppuration, on comprendra que la resolution ue pourra etre obtenue qu'ii l'aide de moyens therapeu-tiques et chirurgicaux.
Cette resolution est lougue ä se produire; ce n'est qu'avecpeine qu'on provoque la suppuration n^cessaire pour entrainer au dehors les produits morbides, et pour operer la fönte de latumeur.
Les animaux restent longtemps maigres, chötifs, souffreteux et prenuent difficilement de rembonpoint.
3deg; Metastase. — L'amelioration dans les symptomes qui suc-cede an developpement des tumeurs n'a souvent qu'une duree passagere. Les produits morbides, concentrt's dans des regions determinees par un effort conservateur de rorganisme, sont re­sorbes et charries de nouAreau par la circulation dans toufe I'eco-nomie. Cette crise malheureuse s'annonce par Taffaissement subit des tumeurs et par la reapparition de tons les symptomes propres ä la fievrc charbonneuse; leur succession est tellement rapide, que la mort survient apres nu laps de temps de huit k dix heures.
ARTICLE III
TRAITEMENT DU CHARBON EN GENERAL
Le traitemenl du Charbon se divise en trailement preservatif ou prophylactique et en traitement curatif.
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MALADIES GKNKRALES DIVERSES.
sect; 1quot;. — Traitement preservatif.
Etant donnee uue maladie charbonneuse dans une localite, on doit chercher ä ompecher son döveloppement et sa propagation sur les animaux qui u'on sent pas atteints.
Pour atteindre ce but, il faut recourir ä un ensemble de moyens emprnntes ä l'hygiene et ä la medecine.
Moyens hysfcuiques. — La premit're indication qai se presente est de SOUstraire les animaux ä rinfluence des causes premieres de la maladie ou qui la determinent.
On remplira cette indication, en tenant compte des prescriptions resumiies dans les considerations suivautes :
A.nbsp; Eloigner les animaux des päturages inondes ou reconverts de mares d'eaux eu partie dessechees par les chaleurs de la sai-son ou par toute autre cause.
B.nbsp; Eviter de les faire pacager pendant les heures do la jour-nee ou la temperature est tres elevee, ä moins qu'on ne puisse les conduire dans des lieux frais et ombrages, ou disposer des abris pour les proteger centre les ardours du soleil.
C.nbsp; MM. Renault et Reynal disent : laquo; S'occuper de la nature et de la qualitö des eaux destineesa abreuver le betail. Si elles sont stagnantes et croupissantes, et qua les proprielaires se trouveiit dans l'impossibilite de donner de l'eau potable, il faut recourir au liltrage, ä l'aide de tonneaux contenaut dans leur fond une cou-i'lie de charboii de ])ois. raquo;
Dans aucune rirconstance cette precaution n'est inutile; mais Je crois ({no I'on prend en geniüral trop de sohl, en temps d'6pi-zootie on d'enzootie, du defaul de limpidite des eaux qui ser-vent de Ijoissou habituelle aux animaux. A mou avis, ces eaux ue sont reellemeut nuisibles (]ue par leurs emanations du soir et du matin. J'ai taut d'exemples d'animaux abreuves en ett; par des eaux croupissantes sans qu'ils aient ete incommodes le moins du monde par cette boissou, que je ne crois pas a leur insalubrity comme boisson. Tont ce que je prescris en pared cas, e'est de n'abreuver les animaux qu'une ou deux heures apres le lever du soleil, et une lieure ou deux avant sou coucher.
D.nbsp; Modifier le regime des animaux suivant les circonstances et suivant rinfluence effective qui pent leur etre attribute dans le devcloppement du Charbon, rejeter surtontdela consommation les aliments älteres soit par des moisissnreslt; soit par des depots limoneux des inondations. Lorsque la penurie de la saison oblige les cultivateurs de nourrir les animaux avec des denrees avariees,
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TRATTEMENT PRESEUVATIF UV CHARBÜN.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;619
ils doivent au prealable les battre h l'air libre, et s'ils sont con­verts de moisissures, les arroser avec de l'eau salee (500 gram­mes de sei par 100 kilogr. de foin). S'ils sont vases, ne point les ar­roser avec de l'eau salee, mais avec des decoctions de graines de lin on de mauves. On ne concoit pas qu'il faille ajouter du sei ä des substances surchargees de matieres terreuses on salines.
E.nbsp; Maintenir les (ütables dans un grand etat de proprete, eta-blir I'aeration, soit en pratiquant des ouvertures, soit en etablis-sant un Systeme rationnel de ventilation.
F.nbsp; Eloigner toutes les causes d'insnlubrite, telles que le sejour des fumiers dans les etables, lorsqu'ils ne sont pas reconverts par une couche de litirre ou de terre, et les eaux impures et al-lerees des citernes qui les avoisinent.
ß. Moderer le travail, meme le supprimer, si cela est possible, aux heures de la journee oü la temperature est le plus elevee.
H. Eviter de condnire le soir, apres le travail, les bestiaux dans les prairies sitiu'ies dans la profondeur des vallees et rapprocbees des cours d'eau dessöches. L'influence de l'atmospliere froide et humide est dans tons les temps nuisible ä la saute des animaux, surtout de ceux qui ont eu ä travailler jusqu'ä se fatiguer.
S'il existe des marais, on evite de laisser les animaux station-uer autour, excepte pendant le milieu du jour, I'lnfluence des Emanations s'exercant plus particulierement le matin et le soir.
Si les maladies charbonnenses sont occasionnees par la stagna­tion des eaux dans le sous-sol, on ne pent esperer les preve-nir avec efficacite qu'en employant des moyeus d'assainissement euergiques : des rigoles snr les surfaces, des fosses ä ciel ouvert, d'une profondeur depassant la ligne d'intersection du sol et du sous-sol, ou des losses de drainage.
Moyens preservatifsempruntes ä la medccinc. — Au nombre de ces moyens, recommaudes dans tons les temps, se presente en pre­miere ligne le seton passe au poitrail dans le fanon, setou anime, soit avec l'ellebore, soit avec d'autres substances escharotiques ou simplement vesicantes. Gilbert et d'autres aateurs veterinaires ont vivement recommande ce moyen preservatif; mais l'expe-rience ne lui a pas ete favorable de nos jours, et je ne crois pas a son efficacite. Toutes les fois que je l'ai employe, il a ete ou saus effet, ou nuisible. Dans ce dernier cas, la tumour resultanl du trochisque se gangrenait, et la maladie n'avait pas moins une terminaison fächeuse.
MM. Renault et Reynal etablissent une distinction : ils pensent que si le trochisque est saus efficacite on dangereux dans le Gharbon proprement dit, il pent fibre utile dans la Fievre char-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
bomieuse; mais j'avoue que je n'ai jamais reconnu que, meme faisant cette distinction, le trochisque eöt une action favorable.
Je ne parlerai pas de la saignee, que Ghabert avail conseillee, ainsi que d'autres auteurs veterinaires, au nombre desquels je me suis trouve, et qui depuis, ayant reconnu l'erreur de la theo-rie sous l'influenee de laquelle ils avaient fait de la saign6e uu moyen pieventif, u'ont pu que condamner absolument Temploi de ee moyen.
sect; 2. — Traitoment cnratif.
C'est surtout au point de vue du traitement, disent avec raison MM. Reynal et Renault, qu'il est important de distinguer le Charbon sans Eruptions critiques de celui qui est accompagne de tumeurs exterieures. Si, dans Timmense majority des cas, les moycns therapeutiques echonent contre le premier, ils sont le plus souvent efficaces contre le second.
A. Traitement dc la fievrc charbonneuse sans eruption. — La mar-clie de cette forme de Charbon est tellement rapide, le priucipe de la vie a ete si profondemont altere, qu'on doit tres peu comp-ter sur los moyens fournis par la medecine pour combattre cette maladie avec efFicacite. La saignee est nuisiblo, eile accelere la marche de la maladie. Les medications purgatives et evacuantes ne sont pas plus efficaces. Le Charbon consistant dans une altera­tion profoude du sang, caracterisee par la perte de sa coagulabilite, par une tendance a s'epancher clans les tissus et a se decomposer, il est evident que ces moyens doivent etre contre-indiques, et qu'il faut d'abord recourir h des agents qui aieut le pouvoir de restituer au liquide circulatoire les proprietes qu'il a perdues.
Les excitants diffusibles, les astringents et les toniques astrin­gents, les anti-putrides, sont les medicaments le mieux appro-pries au traitement des maladies charbonneuses.
{quot; Excitants. — Les acides vegetaux et mineraux, tels que le vinaigre, I'acide sulfurique ou chlorhydrique, l'eau de Rabel, etendus d'eau et dounes en boissons on en breuvages, sont rapide-meut absorbes; en penetrant dans le torrent de la circulation, ils augmentent l'energie de toutesles fonctions, particulierement de la circulation et de la chaleur animale.
A titre d'excitant, on emploie encore frequemmeut le vin, la hiere, ralcool,le cidre et toutes les boissons fermentees, dans les-quelles on fait infuser des plantes aromatiques et des plantes ameres, telles que la sauge, le romarin, la lavande, le tilleul, la camomille romaine, le thym, I'absinthe, la tanaisie, la menthe
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TRAITEMENT CURAT1F DU CHABBON.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;G91
poivree, les feuilles de noyer, la gentiane, la petite centauree. On administre ces infusions tiedes, a moins qu'on n'y ajoute des suhstances volatiles, comme rammoniaque liquide, l'acetate d'ammoniaque, etc. Dans ce dernier cas, les infusions doivent etre administrees froides.
Dans les formules suivantes, on administre les medicaments, aux animaux de l'espece bovine, soit en boissons, soit en breu-vages : les boissons, prises volontairemeut, sont pr6ferables, eu ce qu'elles ne fatiguent point les animaux, aux brenvages ad-ministres de force. Gette distinction est necessaire, afin de bien preciser la dose des medicaments. On donne des boissons iiitr6es. stimulantes, acidulees, emetisees.
I Boisson nitree.
Decoction de mais........................ 5 litres.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I
Nitrate de potasse......................... 32 grammes.
Trois boissons par jour pour un bceuf appartenant aux grandes rares.
;
Boisson stimu'ante.
i
Especes aromatiques....................... 500 grammes.
Eau.................................... 10 litres.
Faites infuser; laissez refroidir; ajoutez extrait de genievre quantite süffi­sante. Pour edulcorer la boisson, ajoutez, pour exciter les animauxä boire, ta-rine de froment, de seigle, de mais, etc., ou tourteau de lin reduit en pondre.
Gette boisson sera prise en deux fois, lorsque dans rintervalle on administrera un breuvage antiseptique.
Boisson acidulee.
Vinaigre.................................nbsp; nbsp; 250 grammes.
Eau-de-vie...............................nbsp; nbsp; 500 —
ou Yin.....................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1 litre.
Eau.....................................nbsp; nbsp; nbsp;10 —
Sera, comme la precedente, prise en deux fois, avec breuvage antiseptique dans I'intervalle.
Bomon emetisee,
Emelique................................ 3 grammes.
Eau..................................... 12 litres.
Faites prendre en trois fois. Entre la premiere ration et la seconde et la troisieme, nn breuvage antiseptique.
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63raquo;
MALADIUS 6ENERALES DIVEBSES.
Breuvage stimulant alcoolique.
Baies de geniövre, cannelle, de chaque........ 500 gratonies.
Anis vert ou eloili........................ 16 —
Vin................................... 1 line.
Traitez les tiois substances par infusion et administrez tiöde..
Autre breuvage stimulant.
Alcool, solution d'acetate d'ammoniaque, de chaque. 1?5 graiinnes. Eau........................................ 500 —
Melez et administrez froid.
fie breuvage est uelui que j'emploie de preference.
Breuvaije stimulant ammoniacal.
Especes aromatiques, fleurs de caiaomille, de chaque. 32 grammes.
Ainmoniaque liquide.......................... 32 —
Eau........................................ * litre 1/2.
Breuvage antiseptique ou antiputride.
Essence de teröbenthine...... .............nbsp; nbsp; nbsp;32 grammes.
Alcool camphre.........................nbsp; nbsp; nbsp;64 —
Vin de quina.............................nbsp; nbsp; nbsp; 1/2 litre.
Eau de goudron.........................nbsp; nbsp; nbsp; 1 —
Melangez et agitez fortement avant de i'adininistrer.
On peut au besoin preparer des breuvages moiiis complbpies. Aiusi, j'en ai souvenl administrö dans lesquels entrait seule-ment l'essence de terebenthine ä la dose de 15, 20 ou 30 gram­mes, suivant l'etat des animaux. On en donue un, deux ou meme trois par jour, avec cette difference cependant que, lors-qu'on emploie les doses les plus fortes, on augmente proportion-nellement la quantite du veliicule : pour 15 grammes, 1 litre d'eau; pour 20 grammes, 2 litres; pour 32 grammes, 4 litres, en ayant toujours le soin d'agiter la bouteille, sans cela, Tessence de terebentbine arriverait ä l'estomac non etendue dans le vehicule.
On prepare d'autres breuvages avec :
L'alcool campbre, k la dose de 50 a 100 grammes, dans 1 litre d'eau;
L'eau de Rabel, 30 grammes dans 1 litre d'eau;
L'acetate d'ammoniaque, de 100 ä 150 et meme 200 grammes, dans 1 litre d'eau pour la premiere dose; 1,litre et demi pour la seconde, et 2 litres pour la troisieme. Toutes les fois que j'admi-uistre I'acetate d'ammoniaque, c'est constamment en trois doses
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THAITEMENT CUEATIF DU CHAKBON.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; laquo;{93
par jour, et je dis, avec MM. Renault et Heynal, que ces subs­tances exercent une action stimnlante tres rapide : elles rani-menl les forces affaiblies, activent la circulation peripherique, et par consequent reveillent la chaleur ä la peau et dans tous les organes.
2deg; Astringents, toniques astringents, antiputrides. — Ces agents sont administres concurremment avec les excitants generaux. On choisit de preference los infusions vineuses on alcooliciues. de quinquina, d'ecorces de diene, de saule, de noix verlas, de noix de galle, etc. Ces substances resserrent les tissus, s'oppo-sent aux infiltrations sereuses et sanguines, et tendent a restituer an sang la coagulabilite detruite.
Breuvage astringent.
Ecorce de chtoe pulvensee..................nbsp; nbsp; nbsp;64 grammes.
Alun cristallise........................... 8 —
Camphre................................ 2 —
Eau.................................... 2 litres.
Kailes une decoction avec Tecorce; ajoutez I'aluii; laites dissoudre le cam­phre dans un jaune d'oeuf, et ajoutez au liquide quantl la decoction est faite.
3Ü Revulsifs externes. — Le traitement interne doit etre second^ par un traitement externe nou moins energique. On fait des fric­tions seches sur la peau, tres vives et prolongees; des frictions animees, soil avec l'essence de terebentliino, soil avec le vinaigre cbaud, on plutot des lotions de vinaigre bouillant sur toute l'eteudue de la colonne dorsale, et des frictions sur les parties laterales avec le vinaigre qui s'est ecoule sur ces parlies.
Par ces moyens, on parvient quelquefois h ranimer la cir­culation, et par suite la chaleur peripherique. MM. Reynal el Henault conseillent egalement de repandre de la farine de mou-tarde sur tonte la surface cutanee, ou de rechauffer cette surface en y passant des tuiles chauffees ou une bassinoire rempUe de braise. Ces moyens ne sont pas a dedaigner; mais je ue les em-ploie qu'en attendant le moment de pouvoir faire les frictions d'essence de terebenthine ou les lotions de vinaigre bouillant. Ces lotions produisent une secousse et une reaction instantanees, et reffet des frictions d'essence de tt'rcbenthine est presque aussi prompt, en meme temps qu'il a plus de duree. Les bains de va-peurn'ontpas une action assez energique pour que Ton puisseleur accorder une grande importance dans le traitement du Charbou.
Exutoires. — MM. Ilenault et Reynal disent : laquo; Les exutoircs,
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624nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIKS ßENKRALES DIVERSES.
dont nous avons fait ressortir Feflicacite comme moyen pröser-vatif, ne sont pas means utiles comme moyen curatif; aussi est-il inditpie de mettre, des le debnt meme de la Fievre charbon-neuse, un Lrochisijue au fanon. Ainsi que nous l'avonsdit, il tend ä provoquer un engorgement et ä flxer dans un point determine leruption du principe morbide repandu dans I'organisme. Aussi l'effet revulsif est-il toujours un signe qui, en general, fait bien augurer de Tissue de la maladie. raquo;
Je n'ai pas eu ä ine louer de l'emploi du trochisque; il est pour moi d'une efficacite moins que douteuse, et je n'ai pas remarque de guerisons plus nombreuses par l'emploi de ce moyen.
On donne ä manger aux beeufs qui out conserve un reste d'ap-petit, ce qui est pourtant tres rare, et l'on ajoute ;i Ja ration quelques grammes de sulfate de fer en poudre.
Traitement special du Charbon. — Plusieurs veterinaires, recon-uaissant l'impuissance des divers modes de traitement indiques, se sout demande s'il n'y aurait pas lien de recourir ä des speeifi-(jues, et ils se sont livres ä des etudes et ä des experiences qui n'ont pus toujours ete saus resultat.
M. Causse admiuistre I'lmile phosphoree ä la dose de 40 ä 50 gouttes dans 1 litre de döcoction de graines de lin. Gette dose est reuouvelee une on deux fois, suivaut les indications.
Ge traitement est seconde par un trochisque au fanon, par des tisanes de decoction de gentiane et d'ecorce de ebene, par des breuvages additionnes de teinture de quinquina et d'eau-de-vie camphree ; mais l'experience n'est pas venue confirmer les espe-rances de M. Causse.
Le meme praticien a employe le sulfate de quinine comme speciüque dans le traitement du Gharbon, mais il y avait renouce en raison de son prix trop eleve, et croyant d'aillenrs aux pro-prietös plus actives de i'linile pbosphoree, lorsqu'un autre vete-rinaire de l'Aude, M. Sabarthes, publia un opuscule sur les bons ellets de ce medicament. Voici comme il applique le traitement dont cette substance forme la base :
11 eu donne 3 grammes aux beeufs de grandetaille et 2 grammes ä ceux de taille ordinaire, dissous dans une quantite süffisante d'eaude Kabel, qu'il etend ensuitedans 1 litre d'eaudistillee. Gette potion est divisee en trois parties, qu'ou administre h des inter-valles egaux, etendues dans 1 ou 2 litres d'une decoction concen-tree d'ecorce de saule blaue.
M. Sabarthes ajoute que, par cette medication, il a traitö avec un egal succes la Fievre charbonneuse, soit qu'il ait eu recours ä un exutoire au fanon, soit qu'il n'ait paseu recours äce moyen.
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DU CHARBON SOUS LE RAPPORT DE LA POLICE SANITAIRE.
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M. quot;Vialas traite ögalement avec succes la Fievre diarbounetise par la methode de M. Sabarthes.
Des auteurs allemauds out recommande riiydrotherapie pour le traitement du Charbon. Ils conseillerit de faire prendre des bains d'eau couraute ou d'arroser la surface du corps avec de l'eau froide, ou de pratiquer des douches continues pendant deux on trois heures.
Ce traitement pourrait avoir de bons resultats. An reste, iln'y en a pas que Ton ne doive essay er centre une maladie qui se tnontre, presque dans tons las cas, au-dessus des efforts de la science.
B. Traitement du Charbon avec tumeurs exterieures. — Ici, on doit employer les derivatifs les plus energiques, appliques sur les tumeurs que Ton pent considerer comme le resultat dquot;un effort de la nature pour eliminer le principe virulent. Ainsi, on fait sur la tumeur des frictions d'essence de terebentbine ou de teinture de cantharides, ou d'alcool camphre, mais point de mouchetures ni de trochisques, qui sont sans efficacite. Les moucbetures ne ser-vent qu'a douner issue ä une petite quantite de sanie, et n'ont pas d'autre resultat. Les trochisques sont egalement sans action, et cela est bien facile a comprendre : les substances irritantes, escharotiques meme, se trouvent placees sur des tissns prives de vie et deja decomposes. Ge qui vaut mieux, e'est la cauterisation actuelle dans le centre de la tumeur au moyen du fer rouge, cauterisation par laquelle tons ces tissus sont detruits jusqu'ä la ligne qui las separe des tissus vivants. Dans ce cas, la reaction derivative pent etre provoquee et beaucoup plus salutaire que par des frictions sur la surface des tumeurs ou par des applica­tions sur des tissus decomposes.
M. Festal a recours, comme les veterinaires allemauds, ä riiy­drotherapie, et il compte par ce procede des guerisons plus nom-breuses que par tout autre. Je l'ai aussi employe avec quelque succes, toutes les fois quej'ai eu de l'eau courante ii ma disposition.
AllTICLE IV
1)1' ClIAIUiON SOUS LE RAPPORT DE LA POLICE SANITAIRE
Un des caracteres essentiels du Charbon, constituant en meme temps une des causes qui contribuent le pins ä le propager el ;i
hi
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tiilinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES GENÖRALES DIVERSES.
le repandre, est sn propriete contagieuse. Cette contagion s'exerce par virus fixe 'et par virus volatil.
1deg; Contagion par virus fixe. — II est maintenant reconnu par
tons les auteurs modernes que las affections cliarbonneuses sont
virulentes, et qu'elles sont susceptibles de se transmettre non-
* seulement entre individus de la meine espece, mais encore de se
propager d'une espece ä une autre.
laquo; Les faits couflrmatifs de cette assertion abondent dans les Annalcs de la science, raquo; disent avec raison les auteurs de l'article Gharbon. En effel, des veterinaires, des bouchers, des bergers out contracte le Gharbon, en faisant Touverture ou en depouillaut ou en preparant pour le debit des animaux morts de cette mala-die, qtioique leurs mains eussent 6te seulement teiutes du sang viele de l'animal. Dans d'autres cas, la transmission du Gharbon a ete la consequence de Fintroduction du bras dans le rectum. M. le docteur Poulain, de Ghäteaudun (Eure-et-Loir), a eu I'oc-(•asion de trailer de la pustule maligne quarante-sept personnes qui avaienl touche des debris d'animaux morts du Gharbon. J'ai constate moi-meme plusieurs iaits analogues.
G'est dans le sang ou dans la serosite jaunätre qui entoure les tumeurs ou qui constitue les infiltrations du tissu cellulaire, que reside surtout le principe virulent, et le contact de ces liquides avec uue surface absorbante suffit pour donner lieu ä la contagion. Pour donner une idee de l'activite virulente du sang charbou-neux et de la serosite qui en provient, je ne puis mieux faire que d'intercaler ici les resultats des experiences que M. le docteur Davaine a communiquees ä FAcademie imperiale de medecine dans sa seance du 15 septembre 1868.
Get habile oxperimentateur s'est servi, pour introduire le sang charbonneux sous la peau, de la seringue de Pravaz, qui lui a permis de doser exactement la quantity a inoculer. Puis, pour mesurer le degre de la virulence du sang charbonneux, une goutte de ce liquide a ete diluee dans uue autre liquide sans action immediate sur les virus, et Ton a pu inoculer ainsi des fractions de plus en plus minimes.
Void les resultats que les experiences out donnes : dans um; pivmiere serie, des cobayes, inocultis avec un centiemc, un quaire-rcnticme, un millüme, un dix-millieme, un cent-millicmc, un inillionüme de goutte de sang charbonneux diluee dans du sang ile boeuf defibrine, sont tons morts avec les symptomes du Ghar­bon dans une periode de temps quiavarie depuis vingt-cinq jus-i[n'ii cinquante-trois heures, les plus grants delais correspondant aux dilutions plus etendues.
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DU CHARBON SOUS LE RAPPORT DE LA POLICE SANITAIRE. 027
Les resultats donnus par les experiences de la deuxieme seric out 6te parfaitoineiit concordauls avec ceux-ci. Une goutte de sang charbonneux ayaut ete diluee daus de l'eau, les inoculations taites ä des cobayes avec un dixitme, un vingtikmc, uu centieme, nn milliemc, un dix-millieme, un millionieme de goutte a deter-niiue la mort des sujets inocules dans un delai qui a variö de vingt-trois ä quaraute-trois lieures. Eu sorte (juo I'ßnergie de la virulence decroit avec rötendue de la dilution.
Ces nouvcllcs experiences de M. Davaine ne contredisent pas, snivant lui, l'opiniou qu'il a emise que les bacteridies soat los agents de la virulence dans les maladies charbonneuses, car il est possible de calculer que le nombre de ces corpuscules que renferme une goutte de sang charbonneux s'eleve ä 8 et 10 millions.
Les faits que vient de faire connaitre M. Davaine doniieiit la ilemonstration de l'energie de l'activite virulente des liquides charbonneux et doivent mettre en garde contre les dangers de leur inoculation.
Roche-Lubin dit que le priueipe virulent ne se trouve polnl dans la salive, les mueositus nasales et Furine. Je ne conseillc pas de s'en rapporter ä raffirmation de ce veterinaire, quoique d'ailleurs il se seit toujours niontre habile et prudent obser-vateur; car, si ce prineipe se trouve dans les mueosites in-testinales, pourquoi ne serait-il pas dans les mueosites nasales ou buccales, et dans I'urine, si le Charbon est le resultat d'une alte­ration du sang?
La contagion du Charbon, par contact immediat de la mattere virulente ou par virus fixe, est done un fait acquis ä la science el a la pratique; eile esl incontestable.
2deg; Contagion par virus volatil. — Tous les anteurs veterinaires qui out ecrit sur les maladies contagieuses ou qui s'en sontoccu-pes n'admettent point la contagion par virus volatil. Un menioire sur ce sujet, presente ä la Societe centrale de medecine veteri-uaireen 1847, donna lieu, dans le sein de cetle reunion d'hommes Ires competents, a une controverse qui semble avoir laisse la ipiestionindecise.
Contagion par les animaux infectes. — Chabert a ecrit (Instruc­tions vet., dans son Traue du Charbon, t. I, p. 161): laquo; II suffil du passage d'un animal infecte dans un lieu habile par des animaux sains pour que le Charbon se räpande sur ces dormers, el nous pourrions citer plusieurs exemples qui prouvent que I'in-troduction furtive d'un animal infecte dans une commune a occa-sionne la perte entiere de ses troupeaux. raquo; Chabert compare icilc Charbon ä la clavelee, mais I'analogie est-elle bien exacte? Son
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698nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES G^NKRALES DIVERSES.
opinion est pourtant rest6e celle de beaucoiip de veterinaires. parmilesquels: Gilbert,Mathieud'Epinal {Ann. d'agricult.,2me Se­rie, t. XXVI), Festal {Annales de la Soc. vet. de Libournc, 1846), Grognier (Rec. vet., t. VII), Sanssol et Pradal {Rapport an sous-lirelet de Gastres, 1822), Roohe-Lubin {Rcc. vet., 1834), Delafond {Police sanit. et Traite de la maladie du sang).
laquo; M. Garreau, disent les auteurs de l'article Charbon, ipii a fait une etude suivie et tres consciencieuse du Cbarbon, est sans con-tredit rhomme le plus convaincu de la contagion volatile et celui ipii a reuni le jjlus de faits en faveur de cette opinion. Aussi affirme-t-il qu'il sufiit qu'un animal de n'ünporte quelle espece, atteint de cette maladie. soit mtroduit dans une ecurie, une eta-ble ou bergerie, pour la transmettre ä tons les animaux sains. II est constant, d'apres M. Garreau, cpie, dans la localite qu'il ha­bile, le plus souvent le Charbon se developpc dans une ferine a la suite de rintroductiou clans cette ferme d'uu animal malade et presque toujours nouvellement achete. Cela resulte non-seulement, des ecrits de M. Garreau (Memoire couronne par la Soc. cent, de Med. vet., Rapp. de M. Delafond, 1851), mais encore de commu­nications verbales et do tamp;noignages donnes k Tun de nous par plusieurs proprietaires digues de foi ä tons egards. raquo;
D'apres les faits nombreux que j'ai observes, je partage en tons . points Topinion de M. Garreau.
Contagion par les lieux infectes. — Ce genre de contagion uesl pas moius certain que celui par virus fixe ou par virus volatil. Cela est afflrme par des praticiens tels que MM. Garreau, Rocbe-Lubin. qui Signalent k l'appui de leur opinion des faits authentiques; ma conviction h cet egard ne ditfere en aucune maniere de celle de ces praticiens distingues, et pour moi la contagion volatile par les debris cadaveriques est aussi certaine. J'en ai rapporle un exemple dans le Memoire sur les maladies charbonueuses, jjre-sente ä la Societe centrale de Medecine veterinaire, annee 1847, el je pourrais eu citer plusieurs äutres non moins coufirmalifs. Je crois aussi que la puissance virulente du Charbon est teile que les debris cadaveriqnes qui ne sont pas enfouis ä une profondeur süf­fisante, sont encore susceptibles en se decomposant de transmettre le Charbon.
Les faits signales par des auteurs assurement des plus recom-maudables, qui semblent mettre en doute la contagion par virus volatil, ne prouvent, selon moi, qu'une chose, e'est que cette con­tagion pent ne pas etre coustaute; e'est qu'il existe parfois des causes, k nous inconnues, qui neutraliseiT* les proprietes conta-gieuses du principe virulent. Quel est lepraticien qui nquot;a pas re-
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DU CHA.RBON SOUS LE RAPPORT DE LA POLICE SAKITAIRE. 629
inarquö que certains animaux peuvent vivre cote a cote avec d'autres animaux attaints du Charlxm, sansetre contagiomies, et uon-seulement vivre dans la raeme etable, mais les lecher, aspi-rer l'air qui sort de leurs poumons et les emanations de leur transpiration, sans en eire le moins du monde incommodes? et cela prouve-t-il que d'autres animaux, places dans les meines con­ditions de cohabitation nepuissent Jamals etre infectes? Nou assu-rement. Quelqu'un s'aviserait-il de nier la contagion de certai-nes epidemies, par cela seul que beaucoup d'individus vivant dans un milieu infecte en sortent sains et saufs? Je ne le pense pas, et meme, dans le doute, la prudence commande de recourir aux mesnres preventives, absolument comma sl la maladie conta-gieuse ne pouvait etre niee par personne.
Moyem preservatifs geniraux. — La contagion des maladies charbonneuses etant un fait avere, il Importe necessairement de prendre toutes les precautions indiquees par la prudence et ins-rrites dans les reglements. Void le resume des mesnres adminis­tratives prescrites en pareille crrconstance :
lu Obllger les proprietaires ou les possessenrs d'animaux ä faire la declaration aux maires des l'apparition de la maladie;
'2quot; Prescrirc Fisoleinent des animaux malades et empecher qu'ils aient aucune communication avec les animaux sains;
3deg; Empecher de conduire aux abreuvoirs ou aux päturages com-inuns ceux qui sont atteints on suspects du Charbon;
4quot; Sequestrer les malades afin de les soustralre ä tout contact ou rapport avec les animaux des proprietaires voisins;
5quot; Faire marquer ceux qui sont atteints du Charbon;
Cü Faire defendre aux proprietaires de vendre et aux bouchers d'acheter les animaux atteints de cette maladie;
7quot; Ordonner l'abatage de ceux qui sont reconnus incurables; cependant cette mesure extremement rigonreuse ne devrait, ce nie semble, etre appliquöe que lorsque ces animaux ne peuvent pas etre isoles.
Au reste, ä propos de l'abatage, il est aujourd'hui reconuu que cette mesure, dont on a beaucoup trop abuse autrefols, ne doit 6tre appliquee que dans des cas bleu determines, par exemple, lorsqu'une maladie coutagieuse se trouve circonscrite dans de certaines limites, et alors ou prescrit l'abatage, non-seulement des animaux malades, mais encore de tous ceux qui peuvent etre suspectes. C'est par nne semblable mesure appliquee avec intelli­gence que la France a ete preservee du typhus contagieux;
8quot; Prescrire de tailler les peaux et d'eufouir les cadavres et tons les debris cadaveriques dans des fosses de 3 metres de profon-
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()30nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENERALES DIVERSES.
deur, et distants au moius de 200 metres de toute habitation et des diverses voies de communication.
Gette mesure est exigee avec beaucoup de raison. J'ai acquis par des faits assez nombreux la certitude qne la decomposition des debris cadaveriques pouvait avoir une action trespernicieuse. On sait que les emanations de ces debris en decomposition ä Fair ILbre exercent sur les boeufs une espece d'attraction pour ainsi dire irresistible. Ces animaux les aspireat de loin, s'en rappro-client avec un empressement remarquable, se les assimilent on plntot s'en infectent, au point de succomber en quelqnes heures, sinou ä la maladie typhoide on charbouneuse, du moins h un empoisonnement miasmatique ;
9quot; Enfouir les litieres et les substances alimentaires delaissees, dans la partie la plus profonde des fosses a furnier on dans des losses creusees dans la terre;
10deg; Prescrire la desinfection des lieux qui out ete occupes par les animaux malades et les objets divers ayant servi au pansage et au traitement;
11deg; Faire defense de livrer ;i la consommation la viande des animaux morts du Charbon et le lait des vaches malades.
Ces mesnres sanitaires sont implicitement et explicitemeni prescrites :
1deg; Par les arrets du conseil d'Etat du 10 avril 1714 et du IGjnillet 1784:
2quot; Par le döcret de TAssemblee Constituante, concernant les biens et usages ruranx, du 6 octobre 1791;
3deg; Par les articles 459, 460, 461 et 462 du Code penal;
4deg; Enfln, par le decret de l'Assemblee Constituante, rendu sur Forganisation jndiciaire du 16, 24 aont 1790, titre II, article 3, qui coufio ä la vigilance de l'autorite le soin de prevenir et d'ar-ivter, par des precautions convenables, les maladies epizootiques et coutagieuses.
Moyens de disinfection. — Pour desinfecter les lieux on out se-journe les bcenfs atteintsde la Fievre charboiineuse on du Char­bon, on a plusieurs moyens ; les fumigations de chlore, dites (jv.ij-tonniennes, sont le plus en usage.
En void la formnle :
Prenez ; Sei marin........................nbsp; nbsp; 4S grammes.
Pt'roxytie do manganese...............nbsp; nbsp; 30 —
Acide sulfürique du commerce.........nbsp; nbsp; 60 —
Eau................................nbsp; nbsp; 60 —
Pulvörisez le sei, melangez-le avec Toxyde de nmnganese, faites-en une pate
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DU CHARBON SOUS LE RAPPORT DE LA POLICE SANITAIRE. 631
dans une terrine avec l'eau; ajoutez l'acide sulfurique; agitez avec une baguetlo de verre et placez le vase sur un rechaud contenant quelques charbons embra-sös. Le gaz ne tarde pas ä se degager en abondance et ä rendre l'air des lieux irrespirable, si toutes les issues sont fermees et si la quanlite du melange n'a pas ete calculte exactemenl. 11 faut done prendre les precautions convenables pour eviter aux animaux l'asphyxie ou du moins l'irritation des voies respira-toires. Le inieux est, en pareil cas, de vider les lieux aussilöt que le degagemenl du gaz commence ä s'operer.
On obtiendrait, dit M. Tahnnrin, les mömes resultats plus sim-plement, dans le meme appareil, en chanffant nn melange dequa-(re ä cinq parties d'aeide chlorhydrique avec nne partie d'oxyde de manganese.
Pour desinfecler les objets, on emploie en lavage le chlorure de chaux.
Emploi de la viande. — La viande des animaux morts du Chai-hou est interdite, comme toute celle provenant d'aiiimaux qui out suecombe ä une maladie quelconque. Mais lorsque ces vian-des out 6t6 preparees par la cuisson, meme quaild elles ont subi un commencement de decomposition, on les consomme impune-ment. J'ai vu des gitanos en temps d'epizootie faire main-basse sur tousles debris cadavt'riques qui etaieul ä leur portee, s'en nourrir (jxclusivoment pendant plusieurs jours. saus en etro le moins du monde incommodes.
J'ai vu quatorze Espagnols refugies, apres avoir deterrö le ca-davre d'nn beeuf mort du Cliarbon, que j'avais fait enterrer moi-meme dans nne fosse profonde, se nourrir pendant plusieurs jours de cette viande qui röpandait au loin nne odeur infecte. et pas un de ces hommes n'eprouva la moindre incommodite.
Cela ne veut pas dire que je desapprouve les ordonnances de police qui defendent, de vendre des viandes de cette nature: je constate seulement que le danger qui pourrait en resulter pour la sante publique, n'est pas aussi grave qu'on l'a cru pendaul longtemps.
Je pnis citcr un fait qui s'est plusieurs fois reproduit sous mes yeux et qui ne tendrait pas moins ä demontrer que la cuisson pent detruire bien des prineipes morbides. Une epizootie a fait ptrir depuis quelques annees nne grando quantite de volatiles de toutes especes dans le departement du Gers. C'est bien une epizootic de nature charbonneuse; or, pas un de ces volatiles n'a ete jete ä la voirie ou enterre. Les habitants de la campagne les out tous manges sans exception.
J'ai vu, en 18i35, une famille de maltres-valets, composee de six personnes, se nourrir pendant plusieurs jours avec des
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laquo;32
MALADIKS GENERALKS DIVERSES.
viaiides de brebis mortes du sang de rate. Enfin, tous les jours on voit a la campagne des ouvriers manger des viandes prove-uant d'animaux morts de maladies. Ce sont lä des faits dont j'ai 6te temoin; et il nest pas de veterinaire qui ne puisse en signaler de meme nature; dans I'article Charbon , auquel j'ai fait des emprunts si considerables, 011 trouve de ces faits, en grand nombre egalement, et qui tous sont d'une autbenticite incontestable.
Parent-Duchatelet, dans mi rapport fort remarquable fait ä l'Academie de medecine en 1832, reconnalt la parfaite iimocuite de la chair des animaux morts du Ciiarbon. Gette innocuite a ete parfaitemeut demontree par une serie d'experiences consignees dans tin memoire hi a l'Academie des sciences par M. Renault. Mais puisqu'il en est ainsi, pourquoi maintenir la defense de vendre la chair des animaux morts de maladie? Sans doute cette defense u'a plus aujourd'hui de raison d'etre, en taut que la viande pent etre un danger pour la sante publique; mais peut-etre se tronverait-elle expliquee, si Ton considere que le debit, en maiuleuaut les debris cadaveriqnes h Fair lil)re,doit transformer ceux-ci en agents de contagion.
Pour ma part, je suis convaiucu qu'il en est ainsi, comme je ne le suis pas moins que les viandes malsaines sous ce rapport sont d'une complete innocuite du moment on elles sont introdui-tes dans le tube digestif. Leur usage babituel n'aurait, dans ce cas, d'autre inconvenient que celui que Ton pourrait attribuer ä une alimentation qui serait invariablement composee d'elements d'une seule nature.
MM. Renault et Reynal etablissent one distinction; ils disent : La consüinmatioii de la viande d'animaux morts du Charbon n'a point d'inconvenients dans la campagne, parce que cette viaude est consommee sans retard et avant qu'elle soit en putrefaction. Cela est vrai dans beaucoup de cas, ces chairs sont mangees sans retard; mais il arrive bien souvent que dejii leur decompo­sition a commence quand elles servent k la nourriture de l'homme. J'ai cite l'exernple des gitauos, des quatorze Espaguols refugies, mais j'assure que beaucoup de gens de la campagne n'y regardenl guere de plus pres. J'ai vu, en 1865, daius une metairie, chez mon gendre, tonte une famille de maitres-valets se nourrir pen­dant une semaine avec la chair d'un cocbon mort du Charbon, et dejä cette viande etait de couleur bleuatre et repaudait une odeur infecte. Certes, ces maitres-valets ne s'en porterent pas plus mal; ils oat mange, dans le courant de-la meme annee, uno centaine de ponies, de canards, de dindons morts du Charbon,
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DU CHARBON SOUS LE RAPPORT DE LA POLICE SANITAIRE. 633
toujours saus aucun resultat fächeux , ni une indigestion , ni une diarrhee.
De l'usage du lait. — Je serai moins aflirmatif (juant ä l'usage du lait, si je dois m'en rapporter ä mon experience personnelle; inais voici ce qu'on lit dans l'article precite sur le Charbon :
laquo; Le lait provenant de betes malades du Charbon doit etre exclu de la consommation; du reste, il subit des changements tellement grands dans ses caracteres physiques, qu'il est presque impossible qu'il serve ä Falimentation de l'homme, si ce n'est par le fait d'un accident.
laquo; Ce liquide dimiuue de quantite; il a une couleur bleuätre sale, striee de sang; il se decompose, se putrefie en peu de temps et tres facilement.
laquo; Au rapport de Crisholm, une üllede trois ans aurait presentlaquo; tons les symptömes d'un Charbon tnalin pour avoir bu du lait d'une vacbe atteinte du Charbon.
laquo; Gohier a vu survenir une forte diarrhee chez un hoinme (]ui avait consomme du lait d'une vache charbonneuse. raquo;
Ce fait, a mon avis, ne prouve pas grand'i-hose. On voit tons les jours des persounes etre affectees de diarrhee, apres avoir bu du lait de vaches, chevres oubrebis, jouissant d'une parfaite saute.
M. Morris, dans un compte-rendu del'Ecole de Lyon, 1824, rapporte un fait semblable ä celui dont parle Gohier, et cette Ibis, cinq personnes de la meme famille eprouverent en meme temps cette incommodite. II existe encore d'autres exemples de ce genre; Desplas en cite plusieurs dans son Histoire de l'Epi-zootie charbonneuse qu'il avait observee dans le Quercy. Mais ces l'aits sont rapportös avec des details si peu circonstancies, que je doute encore et qu'il me paralt assez difficile d'admottre que l'usage du lait puisse etre dangereux, alors que les diibris cada-vöriques sont parfaitement digeres par les hommes et les ani-maux carnassiers saus qu'il en resulte aucun accident.
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I
CHAPITRE VI
Typhus des betes ä cornes ]).
Kvxoxysiie : Pestc bovino; Pcsto dea boeuti, Peste tlu gms bitsil (Pestis peruilum, — Lim-cisl, Ramazzini), Peste dysentiiique, Flfevre maligne, bUieuse et pntride, anlcnte et pes-tilentielle, Peste varioleuse, Variole des boeufs (Vici|-d'Azyr), Maladie bos-hongroise (fiü-niva), Peste bovine bongroise (Metaxa). Fiftvre enntinue, lypholde avec redonblements (Gtrard et Dapay), llinilerpest des Allemarids , Cattle-plague des Anglais.
La maladie redoutable que nous designous eu France plus par-liculierement sous le nom de Typhus coutagieitx des betes a cornes est une maladie exotitpie [joiu- I'Europe occidentale. Quaud eile apparatt dans I'une on l'autre des coutrees de cette partie de I'Europe, e'est qu'elle y a ete importee par la voie de la conta­gion. Jamals eile ne s'y developpe spontanement, tjuelles que soient d'aillenrs les mauvaises conditions hygieniques auxquelles les troupeaux des grands ruminants puissent etre exposes.
Cette notion etiologique, d'une importance superieurp au point de vue de la prophylaxie, a ete acquise definitivemeut a la science par las travaux des maltres de la medecine veterinaire en Alle-inagne et en Russie, el en France par ceux du savant Renault, qui s'etalt vone ä Tütude de l'origine du Typhus avec une sorte de predilection, et avait demontre sa nature exotique avec une sürete de vue et une alxmdance de preuves qui ne peuvent laisser aucune prise ä la negation et ineme au doute. Aussi, nous inspi-rerons-nous souvent des travaux de ce maitre dans les develop-pements qui vont suivre.
Historiqne. — La nature exotique et l'origine Orientale du Ty­phus par rapport ä I'Europe occidentale ressortent, en pleine evidence, de tout ce que l'histoire nous apprend sur la mar-che qu'il a constamment suivie, lorsqu'il s'est montre dans nos coutrees. Les documents sont tres rares, il est vrai, sur ses premieres apparitions. D'apres ce que nons savons des allures de la Peste bovine depuis qu'elle a ete Men etudiee, on pent consi-
(1) Ce cluvpitre tout entier a 6U- redige par M. H. Bouley, qui a bien voulu eurichir notre livre de ce resume de ses etudes specials sur l'importante question du Typhus.
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TYPHUS CONTAGIEUX DES BATES A CORME8.
(!35
derer comma tres probable qu'elle a snivi les peuples dans leurs migrations de l'Orient vers TOccident, et que les troupeaux de bceufs qu'ils entrainaient h leur suite importaient avec eux cetle redoutable maladie.
D'apres M. Gerlach, qai a publie en 1867 une Ires complete monographie sur la Rinderpest, la plus ancienne invasion de cette maladie que mentionnent les traditions remonterait au quatrieme sieclede notreöre. Elleseseraitd'abordmontree enHougrie (alors la Pannonie), pour, de lä, seröpandre, par I'lllyrie, en Italic, dans la Gaule et en Belgique o.'i eile exerca les plus grands ravages.
On a pen de documents sur les ciuauieme, sixieme, septieme et huitieme siecles. Mais au neuvieme, la Peste bovine est signa-lee par les chroniques. Elle se manifesta ä la suite de la guerre du Grand Empereur (Chaiiemagne) contre les Danois (809); puis ellese repandit dans tons les Etats de l'empire, envahit lallongrie en 820, et gagua la France oü eile causa uue etfroyable mortalite [larnn les bestiaux. Au trelzieme siecle, les hordes mougoles trainent la Peste bovine a leur suite et la repandent partout oü elles exercent leurs ravages. Cette fois encore, la Hongrie, I'AUe-mague. I'ltalie et la France sont victimes de ses sevices pen­dant, un temps mal determine.
11'y a toutes pj-obabilites que les grandes mortalitt-s de bestiaux (jue signalent les historieus, en Allemagne et en Italic particu-lierement, pendant les seizieme et dix-septieme siecles, se ratta-chent anssi ä des invasions successives de cette terrible maladie. Mais il faut arriver jusqu'au dix-huitieme siecle pour avoir des reuseignements tres exacts sur sa marche (!t snr les pertes formi-dables qu'elle a causees par ses irruptions repetees, a des inter-valles de temps tres rapproches.
L'annee 1710 est tristemeat eelebre par Tune de cos invasions ilont Ramazzini et Lancisi nous ont laisse des descriptions si completes. Cette terrible epidemic des bestiaux ravagea i'Europe entiere de 1710 ä 1717. Sortie des steppes de la Russie, eile en traversa tout le territoire, gagna la Pologne, la Bessarabie; pnis. se repandant ä travers la Hongrie et les prindpautes moldaves, eile atteignit la Groatie et la Dalmatie, et de lä la haute Italic et la France. De la Hongrie, eile irradia dans lesud de I'Allemagne et en Suisse; de la Pologne, eile envahit toute la Silesie oquot;i eile iit perir plus de 100,000 betes et s'etendit jusqu'aux ravages de la Baltique. Ses ravages en Russie furent considerables, notam-ment dans les provinces de Novogorod. de Pleskow et de Saint-Petersbourg.
Toute I'ltalie subit des pertos enormes, et plus particnlieremenl
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laquo;ac
MALADIES GENERALES DIVERSES.
I.
le royatufie de Naples, on plus de 70,000 bestiaux succomberent. [jes Pays-Bas payerent ä cette peste uu tribul de plus de .#9632;}00,000 tetes. Les pertes qu'elle causa furent enormes aussi dans le Danemark, le Holstein et la Finlande. Enfm I'Angleterre elle-ineme ne ful pas ä l'abri de ses atteintes. L'epizootie traversa le canal en 1714 el se repandit dans plusieurs comtes, malgre les mesures sanitaires ^aergiques qui furent prescrites pour empe-cher sa propagation. Paulet n'estime pas ä moins de 1,500,000 le chiffre de la mortalite causee par la Peste bovine pendant les trois premieres annees de son invasion.
De 1713 a 1730, l'epizootie ne iit dans I'Europe occidentale que quelques apparitions locales; mais en 1735, eile recommenca ses ravages en se generalisant. Les liistoriens dn temps signalent sa presence successivement dans la Volhynie, la Podolie, la Vala-chie, la Hongrie, rAutriche, la Boheme, la Saxe et la Prusse. De Prague, oü eile ravage les troupeaux de Uarmee francaise, occupee au siege de cette ville, eile se repand dans la Baviere, envaliit le Palatinat, iiuis gagne la France par ses provinces de Test. Au midi, eile se propage de la Hongrie dans la Styrie, la Carintlne, le Tyrol et la Venetie. D'apres un document de ce dernier pays, la Peste de 1735 gagna successivement le Frioul, la province de Trevise: puis Verone, Brescia, Mautoue el Milan, el s'etendit jusqu'aux Etats de l'Eglise. Elle penötra aussi dans le Piemont oü eile exerca ses ravages jusqu'en 1739.
En 17i0, on la vit reparaitre en Hongrie el en Boheme. Elle irradia de ce foyer snr tonte FAllemagne. Au snd, eile se repandit dans la Suisse, le Piemont, la Franche-Comte et le Daupliine; an nord, eile s'etendit de la Pologne ä la Comiande, la Livonie, le Danemark, la Suede, la Hollande et I'Angleterre.
En 1742, eile fnt importee dans la Lorraine et 1'Alsace. La Franche-Comte et le Dauphine, qui l'avaient recne de la Suisse, en subirent les ravages jusqu'en 1747.
II est bien difficile d'evaluer rigoureusement les pertes causees par la Peste bovine dans les dilierents pays qu'elle a parcourus de 1735 ä 1770 et au delä, longue periode pendant laquelle eile n'a pas cesse de sövir dans l'Eiirope occidentale. Ces pertes ne sout pas estimees ä moins de 3 millions de tetes de betail. La Hollande seule perditplns de 300,000 bestiaux dans l'espaced'une anuee, de 1709 ä 1770. En France, les pertes s'eleverent ä plus de 500,000 betes, et ce furent surtout les provinces du midi qui eurent le plus ä souffrir. De 1745 ä 1749, le chilfre de la morta­lite causee par la Peste bovine s'eleva, pomSle Danemark seul, a 280,000.
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TYPHUS C0NTAG1EUX DES BISTES A COHNES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; (J37
Ea 1745, ce fleau fut Importe de Hollande en Angleterre, oü il regna jusqu'eu 1757. Dans cette longue periode de douze annees, les ravages qu'il causa furent enormes, et il ne fallut pas abattr;1 moius de 100,000 animauxponr parvenir enfin h l'ötouffer dans les Ues-Britanniques. Apres une courte periode de repit, FAu-gleterre fut de nouveau envahie, en 1770, par la Pesie bovine, importee cette Ms encore de la Hollande; mais les inesures aux-quelles on eut immediatement reconrs furent assez önergiques pour enipeclier sa propagation.
De 1770;i 1774, la France eut h subir de nonvclles invasions du Typhus contagieu.x qui fut introduit, par la Hollande, dans lArtois, la Picardie el, la Champagne, et ipii, Importe par Bayonne dans les provinces du sud, y fit perir plus de 150,000 be­tes. A la meme epoqne, le Hainault et la Hollande furent hor-riblement ravages; ce dernier pays perdit a lui seul pres de 400,000 bestiaux.
Nous voici maintenant arrives ä la periode des grandes guerres de la Republique et de ['Empire, et nous aliens voir le Typhus des betes ä conies penetrer dans les contrees de l'Europe occidentale a la suite des armies de 1'Au triebe on de la Hussie.
Ainsi, eu 1793, les troupes autrichiennes l'unportent en Lom-bardie; ä la iin de la meme ann6e,Use repauddans le Piemont; pendant trois annees consecutives, Fltalie tout entiere est en­vahie, et Buniva estime (pie, dans cette longue periode, la Peste fit perir de 3 ä 4 millions de bestiaux; ce chitfre peut etre exa-gere, mais son exageration meine temoigne de renonnite des ra­vages subis par ITtalie ä cette epocjue.
Le meme dommage fut, pour les pays qu'elle parcourut, la consequence des mouvements de l'armöe autrichienne vers le Kliin. Elle sema la Peste a sa suite dans la Baviere, le Wurteni-berg, le grand-duche de Bade, la Hesse et Nassau.
En 1796, le Typhus s'attaqua aux troupeaux d'approvisionne-ment de l'armee francaise sur le Rliiu; et comme ses proprietcs contagieuses furent alors meconnues on ipie tout an moins on n'en tint aucun compte,ilsepropageaavecuneetfrayante rapidite ä toutes les betes a cornes du departement du Bas-Illün. Bientöt apres, tons nos departements de l'Est, comprenant I'Alsace, la Lorraine et la Franche-Comte, furent envahis h leur tour. Ti^a-versant le Jura, la maladie se repandit ea Suisse: puis, revenant en Bourgogne, eile se propagea en Champagne et en Picardie;, jusqu'ä la porte de Paris.
Dans tons les pays qu'elle parcourut, ses ravages furent consi­derables: le departement du Bas-Rliin, ;quot;i lui seul, lui paya un
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(gt;38
MALADIES (jäNERALES DIVERSES.
Iribut de 11,000 betes, et Ton estima ä 130,000 approximative-ment la perte qu'elle causa dans les viugt-sept departemeuts qui I'urent euvahis. D'apres les calculs du docteur Faust, cite par Delafoud, la Peste bovine a fait perir en France et en Belgique 10 millions de betes ä cornes dans une periode de quatre-vingt-trois auuees, c'est-ä-dire de 1713 h 1796.
De 1792 ä 1815, le Typhus s'est montre, comme toujours, le compagnon Adele des armees russes. II se repandit a travers les principautes danubiennes jusqu'au sud de rAllemagne, o.quot;i il continua ses ravages a peupres sans interruption jusqu'en 1801; at il est impossible de calcuier les miseres excessives dout il fut la cause dans les differeutes contrees qui 1'ureut exposees a ses sevices dans L'Autriche, la Boheme, la Saxe, la Prusse, la Polo-gne, la Silesie, la Hongrie et la France.
Apres 1801, l'Europe occidentale jouit de quelque repit; mais lorsqu'eu 1806, les Cosaques du Don fureut diriges sur la Vistule, par les ordres d'Alexandre, la Peste bovine, marchant k leur suite, se repandit dans les districts agricoles de la Lithuanie, de la Prusse, de la Silesie et de la Courlaude.
Apres la bataille d'Eylau, I'armee franeaise, en se retirant, propagea le Typhus dans les pays qu'elle parcourut. La mortalite consecutive ä cette invasion fut considerable. Les grands rassem-blements de bestiaux destines a rapprovisionnement de la grandc armee, en 1812, fureut aussi une condition trop favorable ä l'ex-pansion de la Peste bovine sur une grande etendue de territoire.
Enfin, apres le desastre de la campagne de Russie, les mouve-ments des armees qui se coaliserent centre la France eurent pour consequences inevitables rexplosion de la Peste bovine dans les differents pays parcourus par ces armees, car les troupeaux ras-ü'embies pour servir k leur approvisionnemeut etaient autaut de foyers ambulants de cette maladie, (jui en irradiaitincessamment dans toutes les directions.
De toutes les calamites materielles qui furent infligees k noire pays dans les annees nefastes de 1814 et de 1815, la Peste bovine ne fut pas la moins onereuse et la moins persistante. Introduite en France k la suite des armees alliccs, eile se communiqua rapi-dement aux bestiaux des departemeuts qui subirent I'invasion etrangere, et, de proche en proche, eile se repandit par la conta­gion sur une grande etendue de territoire. II ne fallut pas moins de trois annees pour titouffer ce Ileau; ce ne tut qu'apres des pertes enorines et en recourant aux mesures les plus energiques el, les plus coilteuses d'abatage et d'isolemejjt que nous parvin-mes enfin ä nous en debarrasser.
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TYPHUS CONTAGIEUX DES DftTES A CORXES.
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Apres les grandes guerres du commencement de ce siecle, la moitie occidentale de l'Europe resta ä l'abri des atteintes de la Feste bovine jusqu'en 1827. Mais ä cette epoque, la guerre falle a la Turquie par la Russie devint la cause de nouvelles et d^sas-trenses invasions de cette maladie. La Bessarabie, la Valacliie et la Moldavie l'urent les premieres provinces qu'elle ravagea; puis remontant en Podolie et en Volhynie, eile envalnt la Pologue, la Prusse, la Saxe, la Hongrie, et enfin les Etats hereditaires de l'Antriche. Les pertes qu'elle causa l'urent considerables, malgre les mesures auxquellos on eut recours pour tächer d'enrayer sa marche. En 1830, cette epizootie n'ötait pas encore eteinte et eile s'etait repandue jusque dans l'Illyrie.
A cette date, la guerre de Pologne donna lieu ä une tres forte explosion de la Peste bovine qui se repandit en Prusse el dans les provinces baltiques de l'empire russe.
Voici, du reste, d'apres les renseignements que uous puisous dans le livre de M. Gerlach, la marche que le Typhus contagieux a suivie depuis cinquante ans environ.
En Russie, les rapports ofFiciels font connaitre que cette mala­die a pris, en dehors des regions des steppes, de grands developpe-ments, surtout depuis 1844. La perte moyeune qu'elle cause tons les ans s'eleve ä 10 millions de roubles, ce qui, attendu le bas prix des animaux des steppes, implique une enorme mortalite.
De fait, quelques chiilres offlciels peuvent en donner une idee.
En 1844 et 1845 seulement, 1 million de betes bovines ont succombe; 85,660, en 1849; 118,315, en 1858; 50,000, en 1866.
En Prusse, ce sont surtout les provinces de Test qui sont en-vahies, de temps a autre, par la Peste bovine; ce qui s'expliqne par le voisinage immediat des provinces polonaises auxquelles confine le territoire prussien.
Mais bien que cette maladie ait fait irruption onze fois de­puis 1815, dans les arrondissements de Ka3nisberg, de Bromberg, de Posen, de Breslau et d'Oppeln, limitrophes du duche de Var-sovie, les pertes qu'elle a causees sont insignifiantes, parce que le gouvernement prussien a toujours surveille ses froutieres avec une extreme vigilance, et qu'il a recours ä des mesures sauitaires tres energiques et tres bien entendues pour empecher Tepizootie de faire des progres sur son territoire quand eile y a ete impor-Lee par le mouvement commercial ou de toute autre mauiere.
En 1866, c'est par la frontiere de Tonest, que la Rinderpest a pu penetrer en Prusse, importee de Hollande, oü cette maladie sevissait sur une tres graude echelle; mais de ce cote comme de l'autre, eile a ete immediatement enrayee dans sa marche,
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C4Ü
MALADIES GENERALES DIVERSES.
grace ä l'abatage d'iine centaine d'animaux qui avaieut pu dtre conlamines surla l'roatiere, et ä la constitution d'un cordon sani-taire qui empecha toute importation aouvelle des Pays-Bas dans la province de Troves.
Dans ('empire autrichien, la Peste bovine a fait d'assez nom-breuses apparitions depuis 1815. La premiere eut lieu ä I'epoque de la guerre turco-russe, en 1827; la deuxieme en 1831, lors dc rinsurrcction de Pologne.
La troisicme se manifesta en 1844, et ue fut qu'une extension de la grande epizootic qui fit perir 1 million de bestiaux dans les provinces russes. Plusieurs provinces autricliiennes i'urent envahies, et la maladie ne squot;y eteignit qu'au bout de trois ans.
Ea 1848, rarmee russe, qui viut au secours du gouvernement autrichien dans sa lutto coutre la Hongrie, importa avec eile le Typhus, qui cnvahit la Hongrie, le Banat, la basse Autriche ct la Marche. Gette epizootie ne prit fin qu'en 1851.
Enfin, en 1866, la Peste bovine fut, comme toujours, la com-pagne trop Adele des annees belligerantes, et grace ä leurs mou-vements, eile put se repandre dans un grand nombre de localites de rAutriche et de la Prusse elle-meme.
Nous venous de citer los dates principaies des invasions de la Peste bovine dans les provinces autricliiennes; ces dates sont si rapprochees depuis 1844, epoque de la grande epizootie russe, qu'onpeut dire que, depuis cette epoque, la Peste n'a pas cesse de regner, avec plus on moins d'intensite, dans rune on dansTau-tre des provinces autricliiennes on dans plusieurs a la lois.
Void une statistique olficielle qui le prouve. Nous Fextrayons du livre de M. Gerlach. Elle donne le mouvement de la Peste bovine dans les provinces autrichiennes, de 1849 ä 1863 :
I
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PROVINCES.
BPOQUES DI:S INVASIONS.
Iblailcs. Siispe-Is
Gallicie..........
Bakowine........
Honme.........
Bnlif'nu.'........
Silesio...........
Haute Autriche... Basse Autriche ...
I8il)-1853 ............
1855-57, 1860-62..........
1850-51, 185^-01)..........
IS.Mi, I85I1-B2 .............
I85Ü-51, 1853-54, 1857 .....
1859-60...................
1850-51, 1853-54, I85G-59,
185!) bis, 1863...........
ISU3......................
18K3......................
32,128
1,090
-7,290
480
386
45
1,374 29 127
416,909
39,434 104 893
7,562
702
725
6
26
1
81
9
208,589
17,265
194
22,801
1,142
4,519
220
229
81
744 11
55
204,786
22,147
62
1,291
1,705 136
2,027
245
131
13
875
ISO
1,227
129
1
518 1laquo; 69
Styrie..........
Garniole........
Hon{lt;ri(!........
Volvodie.........
Tratisylvanie ----
Kiistcnlarul......
Confinsmilitaires.
549 18 55
3,449
22 63
1849-57, 1850-00, 1801-63.
1849-51, 1861, 186-2, 1863.
1862, 1863..............
1850, 1862-63...........
83
501,189
235,160
258,10quot;,
8,413
3,163
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TYPHUS CONTAGIEUX DES BftTES A CORNES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 641
La Peste bovine fut importee en Italia par la mer Adriatique, en 1862; eile provenait de la Dalmatie. Ce furent surtout le royaume de Naples et la Sicile qui patirent de cette invasion. 50,000 betes a comes et 20,000 moutons et chevres auraient ete victimes de cette epizootie, d'apres les renseignements qui se trouvent dans le Memoire de M. Gerlach. II est possible (jue la mortality des betes h comes se soit elevee an chiffre indique plus taut; et ce chiffre est d'autaut plus admissible, qu'en Sicile on u'a en recours ä ancune niesure sanitaire pour enrayer la mar-che de la Peste qni nquot;y est pas encore eteinte. Mais si 20,000 moutons on chevres ont succombe, il n'est pas probable que ce soit exclusivement par le fait du Typhus contagieux que les grands ruminants leur auraient transmis.
Nous voici arrives a I'annee 1865, dato qui restera fameuse dans l'histoire de la Peste bovine, par la grande invasion de l'An-gleterre et de la Hollande.
II y avait cent vingt ans que TAngleterre n'avait plus eu h souffrir des ravages de la Peste bovine, dont la derniere invasion remontait ä 1745, lorsque, au mois de juin 1865, fut expediee de Revel, ville de rEsthonie, dans le golfe de Finlande, une car-gaison de besliaux h destination pour I'Angleterre.
II resuhe de Fenquete (ju'a fait faire le gouvernement anglais sur toutes les circonstances qui ont precede et accompagne cette importation, et des renseignements recueillis par M. le profes-seur Gamgee, dans son beau travail sur the Cattle-plague public eu 1800, que le troupeau rassemble ä Revel pour etre expedie en Angieterre etait forme en grande partie d'animaux du pays, oü la Peste ue regnait pas alors, et en outre d'un certain nombre de sujets exijedies en wagons, conduits par des chevaux, de Saint-Petersbourg on de ses environs. M. Ganigee rapporte que trois auimaux du troupeau qui dcvait etre expedie en Angieterre fu­rent vendus malades k un boucher de Revel, du nom de Sichbert: qu'un autre mourut, et qu'un cinquieme tomba malade apres que le steamer eut leve l'ancre et quitte le port de Revel. L'expedi-teur de cette cargaison, composee de 331 boeufs et de 330 moutons, a temoigne que 13 des animaux formant le troupeau de boeufs I'aisaient partie de ceux qui auraient et6 expedics des environs de Saint-Petersbourg : circonstances importantes, car il est uo-loire (jue, si la Peste bovine n'existait pas en Esthonie, eile sevis-sait sur la province de Saint-Petersbonig depuis 1864.
La cargaison achetee eä Bevel devaitutre debarquee k Londres ; inais, pour öviter l'inspection dos veterinaires, on la dirigea sur Hull, ville maritime du comte d'York, situee k l'embouchure de
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642nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES GENÄRALES DIVERSES.
VHumber, dans la mer du Nord. La, la cargaisou ne fut soumise ä aucune inspection. Unepartie des animaux furent vendus pour les villes de Derby et de Leeds; une autre pour Manchester ; et lerestant du troupeau, compose de ^ ^slaaux ftit expödie ä Londres, ou il arriva le premier lundi de jum 1865 Tons, ä l'exception de 20, qu'on envoya a Gosport, furent vendus aux bouchers metropolitains.
Cefut le 12 juin que I'on constata sur le marche metropoli-tain I'existence d'animaux affectes de la Cattle-plague, lesquels ue faisaient pas partie de la cargaisou russe, mais avaient du se trou-ver en rapport de contact ou de voisinage avec les bestiaux qui la composaient, attendu que ces bestiaux, apres leur debarque-ment, avaient ete logos dans des bätiments situes a tres grande nroxhnite du marcM. Apres cette premiere manifestation la maladie d'abord meconnue dans sa nature, ne tarda pas a etre constates chez des nourrisseurs de Londres (Dairy - men), qm avaient introduit dans leurs 6tables des vacbes nouvellemenl aclietees sur le marche metropolitain. Des que ces nourrisseurs eurent fait rexperience de la gravity du mal dont leurs bestiaux etaient frappös, Us se häterent de se debarrasser ^s sumvants, deiä contamines, en les envoyant au marche, ou ils furent ache-tes soit par les bouchers, soit par d'autres nourrisseurs qui igno­rant la gravite des faits ou ne s'en rendant pas compte, se trouvaienL determines ä faire des acquisitions par la bonne con­dition apparente des animaux nils en vente et leur prix relative-men t ini'erieur.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .
G'est ainsi quit chaque jour du marche, ies bestiaux sams, exposes eu vente, se trouvaient mis en rapport de contact direct, ou de voisinage plus on moins etroit, avec des animaux conta­mines, dont le nombre allait tons les jours en grossissant; et ainsi se trouva realisee, d'une maniere peut-on dire intensive, la condition la plus favorable pour 1'agrandissement du foyer pn-mitif de la contagion et son irradiation sur toutes les parties du
Rovaume-Uni.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,. , ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;!„ TjQaf
Tout concourut, avec une sorte de fatahte, a ce que ^Feste bovine prit en Angleterre les plus grandes proportions. Dabord la nature en fut meconnue par les veterinaires appeles les pre­miers ä observer les animaux malades, et pins, lorsque MM. les professeurs Simonds et Gamgee eurent etabli et annonce, chacun de son cote, que la maladie qui cormmencait ä faire taut de vic-times dans les etables de Londres n'6tait autre que la Rinderpest, la terrible peste des steppes, ce fut comme un parti-pns de ier-mer les veux ä bevidence et de nier la nature exotique de cette
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affection. On mit de l'amour-propre ä ne pas avoir commis I'im-prudence de laisser penetrer cette öpizootie eil Angleterre, et Ton soutint avec une vraie passion qn'elle s'etait developpee spontane-ment dans les etables de Londres, sous l'influence des mauvai-ses conditions hygieniques et de la clialeur exceptionuelle de la saison. Sans doute aussi qu'il se trouvait mi grand nombre do personnes interessees a oe qu'on n'eiit pas recours k des mesu-res sanitaires dont une des consequences immediates devait etre de mettre tout an moins des entraves, si ce n'est des empe-chements absolus ä Fimportation en Angleterre des bestiaux du
continent.
Dans cet etat des choses et des esprits, l'epidemie trouva de-vaut eile si libre carriere, qu'il sufüt de quelques semaines pour (jue 1'Angleterre et l'Ecosse fussent envaliies. L'Irlande seule sut se defendre en fermant ses ports ä l'importation des bestiaux qui lui etaient expedies des autres parties du Royaume-Uni et des pays suspects du continent. A la fin de decembre 1866, la Peste bovine s'etendait sur 54 comtes en Angleterre et 31 en Ecosse. On estime que les pertes eprouv6es par ces deux pays, pendant les seize mois que Tepizootie a dure, ne s'elevent pas ä moins de 500,000 tetes, estimees 100 millions de francs
De 1'Angleterre, I'epizootiefut importee en Hollande par un trou-peau de douze boeufs gras de provenance hollandaise, qui, ayant cte exposes en vente sur le marche metropolitain de Londres, pendant trois jours successifs, les 22, 26 et 29 juin, sans trou-ver acheteurs aux prix reclames par leur expediteur, lui furent renvoyes le 2 juillet. M. Simonds, qui les vit au moment de leur embarquement ä Blackwall, constata leur etat maladif. Arrives en Hollande, leur proprietaire les expedia a Kethel, pres de Schiedam. Six d'entre eux furent reconnus malades pendant le trajet vers cette destination, mais on supposa que leur maladie n'6tait autre que la cocotte. Quelques-uns de ces derniers furent livres a un boucher-tanneur de Schiedam ; d'autres envoyes au marche de Rotterdam; d'autres, enfln, ä La Haye, de teile sorte que, par une etrange fatalite, ce petit groupe d'auimaux infectes i'ut disperse dans ditierentes directions immediatement apres son arrivee.
Les conditions pour la propagation et l'expansion de la Peste bovine furent lout au moins aussi favorables en Hollande qu'en Angleterre. Dans le premier de ces pays comme dans le second, les proprietaires dont les bestiaux furent les premiers atteinls s'empresserent, pour se garer des pertes dont ils pouvaient prc-voir la realisation tres prochaino, d'expedior au marche de Rot-
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terdam leurs animaux survivants qui, d4jä malades ou portant en eux le germe de la maladie, la transmirent immediatement sur le mardie ou la dispersereut au loin. A la fin de septembre, il y avail d6ja soixante-six localites de la Hollande meridionale qui etaient envahies, et comme on n'eut recours immediatement a aucune mesnre snnitaire pour circonscrire le mal et empecher son expansion, toutes les autres provinces des Pays-Bas eurent ä en subir les atteintes. Dn 24 septembre 1866 jusqu'au 15 juin 18Ü7, 166,594 betes ä comes furent frappees de la Peste dans ce malheurenx pays. Sur ce nombre, 78,110 succomborent il la maladie; 36,919 durent etre abattues; 51,565 se rötablireat: der­nier chiffre tres considerable, et qui explique la resistance oppo-see par les paysans hollandais anx mesures d'abatage trop tar-divement prescrites.
La Belgique, en raison de ses rapports de voisinage et de ses (Hroites relations commerciales avec la Hollande, ne pouvait guere eciiapper anx dangers de l'infection de ses provinces par la Peste bovine, surtout avec des frontieres aussi faciles k franchir et aussi difiiciles ä del'endre que celles qui sout ötablies entre les deux pays. Aussi, des le moLs d'aout 1865, la maladie iHait-elle denonceo dans la Flandre Orientale. Jusqu'au 22 avril 1867, quarante-six communes, dans six provinces, se soat trouvees en­vahies ä des intervalles de temps irreguliers, par le fait d'impor-tation hollandaise, sans que cependant il ait toujours 6te possi­ble de se mettresur la trace du mode d'inlrodnction de la maladie. Mais le gouvernement beige etait sur ses gardes, et partout oü la Peste s'est montree, les mesures les plus energiques out etc pri­ses pour 1 etouiTer, coüte que coüte, avant qn'elle ait eu le temps d'irradierau loin. C'est ainsi qu'ä Hasselt, capitale du Limbourg, on la Peste avait ete importee par des animaux venant de Co­logne, le gouvernement beige u'a pas recule devant I'abatage de 1,395 animaux, dout 330 etaient dejä infectes dc la maladie et les autres seuleraent contamines. Grace äce sacrifice fait apropos et avec decision, la Belgique a ete preservee des desastres indigos a l'Angleterre et a la Hollande.
Pour la France, le Typhus a ete plutöt une menace qu'nne realite, pendant la longue duree dn temps ou il n'a pas cessö de sövir sur l'Angleterre et sur la Hollande; et ainsi s'est trouve resoln le probleme difficile de la preservation d'un grand pays, malgre I'imperfection de ses frontieres, l'intensite de lepizootie dans les pays limitrophes, et la densite de la population animale qui pouvait donner prise a ses atteintes.
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vation n'a pas ete absolue cependant. Une vache
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achetee ä Malines, le 3 septembre, alors que la frontiere fran-caise etait eucore ouverte du cött; de la Belgique, communiqua le Typhus, dout eile recelait le germe, aux animaux de l'etable oü eile fut iutroduite. De proche en proche, la maladie ne tarda pas ä se repandre dans le dtipartemeut du Nord et meine dans celui du Pas-de-Calais. L'administration francaise prit immediatement des mesures pour preveuir une nouvelle invasion de la Feste et empecher sa propagation. Des le 5 septembre 1865, un decret fut rendu par rEmpereur, qui autorisait le ministre de ragriculture laquo; ä defendre l'importation en France des animaux domcstiqucs laquo; dont l'entree presenterait des dangers au point de vu; du
laquo; Typhus contagieux.....; raquo; et le lendemain, 6 septembre : laquo; L'in-
laquo; troduction en France et le transit des animaux de l'espece laquo; bovine, ainsi que des cuirs frais et autres debris frais de ces laquo; animaux, etaient absolument interdits par les ports du littoral, laquo; depuis et y compris Nantes jusqu'äDunkerque, et par les fron-laquo; tieres du nord et de l'est, de la mer au Rliin.
laquo; L'introduction en France et le transit des animaux de Fespece laquo; bovine, ainsi que des cuirs frais et autres debris frais de ces laquo; animaux, provenant d'Angleterre, de Hollande et de Belgique, laquo; ötaient aussi absolument interdits par tons les ports et bureaux laquo; de douaue de I'Empire. raquo;
Quant aux animaux de l'espece bovine Importes d'autres pro­venances (jue l'Angleterre, la Hollande et la Belgique, leur en­tree en France par les ports et bureaux de douaue, autres que ceux specifies plus haut, etait subordonnee ä une visite prealable. Teile est la substance de l'arrete pris par M. Bebic, ä la date du (i septembre 1865.
Les mesures sanitaires prises dans les departements du Nord et du Pas-de-Galais cousisterent dans l'abatage immediat des animaux malades ou contamines, en tout 43 seulement; etle mal fut immediatement ötouffe. Depuis lors et malgre notre frontiere tout ouverte sur la Belgique, malgre l'intensite de l'epizootie en Hollande, aucun cas nouvoau d'infection n'a ete declare dans uos departements frontieres.
L'arrete ministeriel qui defendait l'importation en France des animaux domestiques, provenant des pays infectes, semblait sa-tisfaire ä toutes les exigences de la preservation, tout au moins autant que i'enseignaient les notions acquises alors sur le mode de propagation du Typhus par rintermediaire des animaux. Les faits devaient dejouer cette prevision, en donnant la demonstra­tion que des ruminants, autres que nos ruminants domestiques, etaient susceptibles, eux aussi, de contractor le Typhus par con-
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tagion et de lui servir de vehicule d'un pays dans un autre.
Le 15 novembre 1865, deux gazelles, expödiees de Londres ou elles avaient (5te achetöes, furent introduites, en bon 6tat de sante appareute, au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, oü elles furent mises en communication avec une serie d'animaux exotiqnes, tels que cerf muntjac et cerf du Bresil, yaks, zebus, chameaux, autilope, gazelles et aurochs ; il y avait, en outre, dans le meme compartiment, une vache normande, des moutons et des chevres; en tout, une cinquantaine d'animaux environ, avec les-qnels los gazelles purent avoir des rapports plus ou moins directs.
Le 19 novembre, cinq jours apres son arrivee an Jardin, l'une des gazelles tomba malade, et monrut le 24, sans qu'on attachät une grande importance a ce fait, tres ordinaire sur des animanx uouvellement Importes. Le 25 novembre, la douxieme gazelle devint malade ä son tour, et Ton constata que, le meme jour, un certain nombredes animaux de l't'table oü elles habitaient avaient refuse leur nourritiire. On reconnut chez eux les symptomes sui-vants : grand abattement, jetage verdätre par les naseaux , injec­tion de la conjonctive, ecoulcment des larmes, respiration pre-cipitee, coloration rouge fonce des gencives autour des dents incisives, diarrhee jaunätre , branlement de la tete, tremblements generaux, etc., etc.
M. Leblanc pere, vöterinaire de Tetablissement, fut frappt; de ce qu'il y avait d'insolite dans une maladie ainsi caracterisee qui s'attaquait soudainement a un aussi grand uombre d'animaux h la Ibis, et 11 concut la pensee que cette maladie pouvait Men etre La Rinderpest. L'övenement prouva qu'il avait vu juste. Le 30 no­vembre, 17 des animaux, avec lesquels les gazelles importees de Londres avaient cohabite, etaient reconnus atteints du Typhus contagieux, ä savoir : 7 yaks, 1 zebre, la vache normande. I'an-tilope, 4 gazelles, raurocb male, le cerf muntjac et le cerf du Bresil. Dans les jours suivants, d'antres sujets du meme groupe furent atteints ä leur tour, et les lesions coustatees ä l'autopsie de ceux qui succomberent ou qu'on fit abattre donnerent la de­monstration irrecusable do la justesse du diagnostic base sur les symptomes constates pendant la vie.
Cette irruption du Typhus contagieux dans le Jardin d'acclima­tation causa la mort de 34 animaux exotiqnes ou indigenes qui succomberent ä la maladie ou durent otre abattus sans delai pour empecher sa propagation dans d'antres parties du Jardin. Parmi ces victimes, il laut compter 4 pt'caris (variete du genre Sus, originaire de l'Amerique meridianale), qui contracterent aussi la Peste, en se nourrissant des dejections et des debris
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cadaveriques entrainös dans leur padoxe par les eaux de lavage provenant dela salleoü Ton pratiquait les autopsies des pestiieres: ainsi s'est trouvöe donuee lä demonstration de la possibilite do la transmission da Typhus contagieux, non-seulement ä differentes especes de ruminants indigenes et exotiques, mais encore ä des animaux d'un autre ordre, tels que les cochons de l'Amerique du Sud.
Nous terminons cet historique des diilerentes invasions de la Feste bovine dans la moitie occidentale de l'Europe, en rappelant (jue la guerre entre la Prusse et l'Aiitriche, qui s'est terminee par la bataille de Sadowa, eut pour consequence la dispersion de la Rinderpest, en 1866 et 67, non-seulement dans les pro­vinces autrichiennes, mais encore, d'une part, dans les duches Saxons et dans la Hesse-Gassel, et d'autre part, dans le Vorarl­berg, le Tyrol et la Suisse; puis plus tard dans la Baviere et jusque dans le Palatiuat, ä quelques kilometres de lafroutiere francaise.
Mais grace aux mesures energiques adoptees dans ces dilie-rents pays, ces irruptions successives n'eurent pas de consequen­ces graves; l'epizootie fut partout etouffee, aussitöt que nais-sante, et les pertes resterent tres limit6es.
Origine dn Typhus. — Toutes les fois que le Typhus des betes ä comes est apparu dans une contree do la moitie occidentale de l'Europe, il y a toujours ete introduit par la voie de la contagion; Jamals il ue s'y est developpe spontanemeat sons l'influence des causes generales et communes que Ton invoque dans I'etiologie des maladies.
Cette proposition fondamentale, qui ressort evidente de letude d(^s faits, est acceptee aujourd'hui par tout 1c monde comme I'ex-prcssion absolue de la v6rite; et c'est eile qui sert de base aux mesures sanitaires que Ton met en pratique dans tous les pays, pour faire obstacle ä rinvasion de la Feste bovine et empecber sa propagation. Les grands medecins du dernier siecle, qui nous out laisse de si remarquables travaux sur cette epidemie animale, Lancisi, Ramazzini, Camper, Layard, Vicq-d'Azyr, etc., etaienl bien penetres de sa nature exotique, et temoins desamarche cons-tante de Fest ä l'ouest, ils insistent dans leurs ecrits sur ce qne Ton pent appeler son extrcmeite, par rapport a leurs pays resx)ec-tifs, I'ltalie, la Hollande, l'Angleterre et la France.
Malgre de si grandes autorites, une autre opinion fut formulee en France, dans le premier tiers de ce siecle : celle que j'appel-rai de Vindigenat du Typhus; eile eut pour soutiens principaux Hurtrel-d'Arboval, Vatel, Huzard fils. Rodet et surtout Delafond. En Italie, Lessona s'en fit le propagateiir. D'apres la maniere de
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voir de ces auteurs, la Peste bovine pourrait se dövelopper spon-tanemeut dans tons les pays et sur toutes les races de betes a comes, sous rinflneace de mauvaises conditions hygiöniques, telles cjue rentassement des bestiaux dans deslocaux trop ötroits, les marches lorcees auxquelles on les condamne ä la suite des armeesauxquelles ils servent d'approvisionnement, les privations de toutes sortes qu'ils subissent, les intemperies, etc., etc., opi­nion dcsastreuse qui prevalut en Angleterre, a son grand dom-inageen 1865, pendant les premiers mois de i'invasion de la Peste bovine, et fut cause de rexpansion de cettc maladie sur une si grande eteudue de pays et de ses ravages si considerables.
Renault s'est applique, en 1856, ;i la refutation de cette doctrine mallienreuse dont il prevoyait les consequences funestes, at Ton pent dire qu'il n'en a rien laisse subsister. S'inspirant des ecrits remarquables piibliös sur cette matiere en Allemagne et en Russie, mettanl ä conlribulion, pour la defense de sa cause, les docu­ments officiels que sa position lui permettait de se procurer dans les archives etrangeres, 11 a fait voir, de la maniere la plus irre­cusable, que la Peste bovine etait une maladie etrangere a nos pays, et que les arguments invoques h Fappui de l'opinion con-traire ne pouvaient etre appuyes sur aucun fait ni sur aucune observation serieuse. A present qua cette cause est defiuitive-mant gagnee el qu'elle ne compte plus uu seid adversaire. il est inutile d'insister plus longuement sur celle qui lui etait opposee et qui n'appartient plus aujourd'hui ququot;;i I'liistoire du passe.
La question de Findigenat de la Peste bovine se trouvant ecar-tee, reste ä resoudre le probleme de sa provenance reelle. A cet egard, un accord complet axiste entre tons las hommas compe-tents sur un premier point, a savoir que la Peste bovine emane des steppes de rEurope Orientale et sans doute aussi de ceux de 1'Asie qui laur sont contigus.
Mais les steppes occupent une etendue territoriale immense, depuis les monts Karpathas jusqu'aux monts Ourals, dans la Russie meridionale; et par-dalä les monts Ourals, dans I'Asie, oil leur limite nquot;esl pas connue. D'un autre cote, en decä des Karpathas, ils sa prolongent justjue dans la Hongrie et la Voi-vodie serbe. La Peste bovine trouva-t-elle dans toute cette titen-due indistinctement les conditions de son developpement ? ou bien ast-ce seulement l'une des contrees de ces steppes immenses qui lui servirait de berceau? A ces questions, aucune reponse n'est actuellement possible.
D'apres M. le professeur Gerlach, c'est^une croyance populaire dans les provinces du nord de la Russie que la Peste bovine ne
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s'y döveloppe jamais spontanement, mais qu'elle y est toujours importee par des boeufs amenes des provinces meridionales. Cette croyance a ete reconnue fondee par les veterinaires et les culti-vateurs eclaires, et aujonrd'hui, apves verification de sajustesse, eile est universellement adoptee.
Mais quelle est la patrie de la Feste dans ces provinces meri­dionales Russes ?
Au dire du professeur Gerlach, auquel nous empruntons ces renseignements, la Podolie a 6te vehementement soupconnee d'etre la contree maudite d'oü la Feste irradierait sur les autres provinces. Mais le professeur Adamowitch, de l'Ecole vet£nnaire de Wilna, a pris sa defense et l'a justifiee de cette accnsation. Le professeur Haliki a pris le meme röle relativement ä la pro­vince de Charkow, egalement accusee; suivant lui, la Feste proviendrait de la terre des Cosaques du Don et de la province d'Ekaterinoslaw.
D'apres Jessen, les provinces dont la Rinderpest serait origi-uaire seraient celle de Kerson au sud, et, sur les confins de TAsie, le gonvernement d'Orenbourg et les .steppes des Kirghiz.
II resulte des renseignements recueillis par Unterberger au-pres des colons du gonvernement de Chersonese, que lorsque la Feste s'attaque ä leurs troupeaux, eile a dejä ete signalee par ses ravages dans les pays enviromiants. Au dire du meme auteur, les Kalmouks d'Orenbourg pretendent que lenrs bestiaux ne con-tractent aussi le Typhus que lorsqu'il leur est communique par des animaux malades des enviioiij; aussi s'empressent-ils de les faire emigrer dans des steppes plus eloignes, et parviennent-ils sonvent de cette maniere ä les preserver.
Dans les provinces meridionales de la Russie, c'estune opinion repandue, d'apres Heyne, auteur d'un Manuel de zoopathologie et de therapie, que la Feste bovine tire son origine du Caucase. Les Caucasiens pretendent, ä leur tour, qu'elle vient de la Ferse ; les Fersans la font sortir de la Chine, et si les Chinois etaient in-' terroges, il est probable qu'eux aussi accuseraient quelque source eloignöe d'oü la maladie se repandrait sur leurs provinces.
En definitive, ce qui ressort de l'ensemble des documents que nous venous de reproduire, c'est qu'il est impossible d'assigner ä la Rinderpest, dans l'iinmense etendue des steppes, une contree particuliere d'oü eile serait exclusivement originaire. Tont ce que nous savons, c'est qu'elle regne dans les steppes, qu'elle les par-court dans tons les sens, aussi bleu ceux de l'Europe que ceux de l'Asie; ceux de la Russie meridionale, que ceux de la Hougrie et des provinces limitrophes ; qu'enfin, eile en irradie dans des direc
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Ö50nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES G^NERALES DIVERSES.
tions differentes, pour se repandre k des distances plus ou moins grandes, en suivant les courants des bestiaux qui lui servent, pour ainsi dire, de vehicules an dedans des steppes comme au dehors.
En cet etat des dieses, il est impossible de rösoudre la cjuestiou de Yendemkite de la Peste bovine dans les steppes; ou, en d'au-tres termes, la question de savoir si cette maladie trouve les con­ditions de son developpement spontane dans des influences locales, analogues h celles qui ailleurs president an developpement de la fievre jaune, des fievres palustres et du cholera lui-meme. G'est que, do fait, k supposer que ces conditions d'endemicitö existent, ce que ne semblent pas admettre les croyances populaires avec les{|uelles il faut bien un pen compter, comment distinguer leur influence de celle de la contagion, qui suffit ä eile seule pour don-ner la raison de tons les modes de manifestation de la maladie sur la population bovine des steppes.
Aussi Fopinion qui tend ä prevaloir parmi les veteriuaires russes, ä rencontre de la doctrine soutenue par Lorinzer en Allemagne, c'est que la Peste bovine precede, dans les steppes comme ailleurs, exclusivemont de la contagion. Cette opinion est celle de Ravitsch et d'Uuterberger; eile est aussi partagee par les professeurs Gerlach et Gamgee, qui Tont soutenue Tun et I'autre dans leurs livres.
Mais s'il en est ainsi; si la Peste bovine, dans les steppes comme hors des steppes, n'a d'autre raison de naitre, de se developper et de se propager que la contagion meme, la race dite des steppes ne serait done pas marquee de ce sceau fatal que lui a reconnu Lorinzer; ello ne serait done pas predisposee an Typhus de par son organisation meme; il ne suffirait done pas, pour qu'elle le contracte, en dehors des steppes et en dehors de tonte contagion, qu'elle füt soumise k l'influence de causes generales, comme In fatigue des voyages, les intemperies, les privations, etc.
Teile est, en offet, la manierede voir qu'adopte M. leprofesseur Gerlach. Mais comment la concilier avec les faits sur lesquels Lorinzer a appuye la sienne, k savoir : la possibilite de la mani­festation du Typhus sur des boeufs sortis de leurs steppes depuis un temps qui depasse en longueur la plus longue periode d'incu-bation de la maladie ? Si ces faits ont ete exactement observes, ne sont-ils pas la preuve que les beeufs des steppes ont une organi­sation qui les predispose au developpement spontane de la Peste, et que, consequemment, dans les steppes memes, la contagion n'est pas la condition exclusive de sa manifestation?
Pour M. Gerlach, cet argument n'est que spöeieux. Si dans
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les troupeaux ömigres des steppes, la Feste se declare apres uu temps qui döpasse la periode ordinaire d'incubation, ü fant con-siderer d'abord qu'il n'est pas rare que cette periode devieune double on triple de sa duree moyeime, c'est-ä-dire qu'elle soit de qninze et meme de vingt et on jours.
En second lieu, il est bien possible que, dans im troupeau de boeufs des steppes, des manifestations de la Feste, snr des sujets isoles, passent imipercues en raison de leur beniguite. Jessen n'a-t-il pas dit qu'il arrive quelquefois que toute la maladie se traduit par quelques symptomes febriles? Ne cite-t-on pas dans les amiales de la Rinderpest de^ eas oü des troupeaux que Ton cousidörait comme sains repandaieut partout le Typhus sur leur passage? Ce fait ne s'est-il pas produit, par exemple, dans le der­nier siede, ä Brandebourg, oü la Feste fut importee par im trou­peau qui presentait dans son ensemble toutes les apparences de la sant6?
Les faits de Lorinzer peuvent done parfaitement s'expliquer. suivant M. Gerlach, soit par une prolongation de la periode d'in­cubation dans les troupeaux de boeufs emigres des steppes, soit par de premieres manifestations si benignes de la maladie, snr des sujets isoles de ces troupeaux, qn'elles passent inapercues.
L'opinion qui admet, dans la race de betes bovines des steppes, une predisposition originelle, innee pour ainsi dire, k contracter la Feste, n'est-elle pas contredite par ce fait, que c'est justement sur les animaux de cette race que la maladie revet toujours les caracteres de plus grande benignite? Est-ce que ce n'est pas im prineipe general de medecine que la gravitö des maladies est tou­jours en raison directe de la predisposition des organismes ä leraquo; contracter?
Cette maniere de voir nous parait plus plausible que celle de Lorinzer, parce qu'elle s'adapte mieux ä l'explication des faits. On comprendrait l'endemicite d'une maladie comme le Typhus ; on comprend la contagion qui l'entretient ä demeure et, pour ainsi dire, h perpötuite dans les steppes. Mais il est difficile de comprendre qu'une maladie comme le Typhus exisfe pour ainsi dire en puissance dans une race de boeufs exclusivement; que celle-lä seule y soit voutie de par la fatalite de sa naissance, et qu'il suffise pour faire developper cette maladie de rinfliience de causes generales et communes dont Taction sur toute antre race donnera lieu ä des troubles morbides d'un ordre essentielle-meut different.
Nous inclinons done volontiers vers la doctrine nouvelle qui nous parait plus satisfaisante pour l'esprit, et nous y inclinons
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MALADIES GÄNÄRALES DIVERSES.
d'autant plus que nous trouvons quelque chose de probatif eu sa faveur, dans cette circonstance que Ton ne voit pas le Typhus se developper sponfanement dans les etables des distilleries des en­virons de Vienne, oil Ton engraisse des bcßufs de la race des steppes. Un grand norabre de ces animaux sont ensuite expödies par les voies ferrees sur les inarches de Paris et de Londres, et il n'est pas ä ma coanaissance que, malgre les fatigues et les souf-1'rances de lour transport dans les wagons ou on les entasse, souffrauces accrues surtout pendant les fortes chaleurs, Jamals le Typhus se soit declare spontanemeut dans les convois de ces animaux. Si leur race y etait predisposco autant qu'on I'a prc-tendu, il serait Men etonnant que, tout an moins par exception, des faits de cette nature ne se fussent pas produits.
Contagion du Typhus. — De toutes les maladies des animaux, la Peste bovine est peut-etre la plus energiqnement contngieuse et celle dont la faculte, comme les moyens d'expansion et de pro­pagation, est le plus considerable. Tout le corps de Tanimal ma-lade, tout ce qui en provient, tout ce qui en emane, possede I'ac-tivite virulente. Inoculez le sang ou la lymphe, les larmes, les mucosites nasales ou la salive, la sueur ou I'urine, les mucosites intestinales, lesmatieresexcrementitielles, les liquides incorporös ä la trame des organes on une partie meine de ceux-ci, et par l'intermediaire de toutes ces substances, vous transmettrez le Typhus avec une surete presque absolue.
L'air deFexpiration et de la transpiration, ainsi que la vapeur d'eau qu'il entralne; les gazexpulses de Fappareil digestif et ceux qui se degagent des dejections, serveut de vehicules aux agents de la contagion et constituent autour des malades une atmosphere par Tintermediaire de laquelle la maladie pent etre transmise ä des distances plus ou moins grandes. Les corps poreux que cette at­mosphere pent irapregner, comme les vetements des hommes, les toisons des betes k laiue, les polls ou la fourrure des animaux, les fourrages, etc., peuvent devenir les agents de la contagion et en transporter au loin les principes.
Les cadavres aussi out leur atmosphere contagieuse, formee par les gaz et les vapeurs qui sen degagent, surtout au moment des autopsies, et cette atmosphere, comme celle des malades, pent dissemiuer les germes morbides, non-seulement par sa diffusion dans Fair, mais encore et surtout par sa penetration dans les corps poreux qui peuvent la transporter ä grande distance.
La Peste bovine est done une maladie contagieuse tout a la fois par virus fixe et par virus volatil, suivant^es expressions consa-crees en pareiUe matiere.
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Duree de ractivite virulente dans les substances qui la possedent.— C'est une question des plus importantes, au point de vue de la police sanitaire, que celle de la persistance plus ou moins grande de l'activite virulente dans les substances auxquelles cette acti-vite a ete transmise, soit qu'elles proviennent directement du corps des malades, soit qu'elles aient ete seulement en rapport avec lui.
A cet egard, nous trouvons dans le livre du professeur Gerlach des documents pleins d'interet que nous croyons utile de repro-duire. D'apres Weiss (De la Contagion de la Feste bovine, par Cam­per et Weiss, 1783), un fil de laine trempe dans la matiere viru­lente provenant d'un animal postifcre, et conserve pendant six ans dans un vase en verre, aurait gardö son activite virulente au bout de ce laps de temps. Deux betes ä cornes sous la peau desquelles des fragments de ce fil out ete introduits, apres ra-mollissement prealable dans de la vapour d'eau bouillante, on! contracte la Peste bovine qui s'est manilestee an bout de neuf jours d'incubation.
Vicq-d'Azyr [Expose des moyens curatifs, etc.) rapporte avoir fait perir de la Peste deux vaches, dans les plaies desquelles il avait introduit des morceanx de peau et de chair pris dans des fosses oil, depuis plus de trois mois, on avait enseveli des auimaux morts de la contagion. OErtzen {Communication officiclle sur I'inocu-lation de la Peste bovine) protend que les matteres sfech.es ne pen-vent pas transmettre la maladie ot ((ue, quand elles sont humi­des, elles ne peuvent pas conserver, meme par le temps froid, leur activite au-delä de quatorze jours.
Suivant Abilgaard, les peaux peuvent communiqner la maladie huit jours apres avoir ete detachees du corps.
Jessen (De la Peste bovine, 1834) dit que c'est une opinion com­mune en Rnssie, que les etables qui out ete ini'ecteos par des animanx atteints de la Rinderpest, restent infectees pendant plusienrs annees, ce qu'il explique par la permeabilite du sol qui s'oppose ä son assainissement.
Müller, dans les Annales de Gurlt et Hertwig, rapporte que la Peste s'etant declaree dans une etable composee de 120 boeufs, du foin conserve dans cette etable en fut extrait, au bout de cinq mois, pour etre transporte dans une autre ferme et utilise comme fourrage. Dix jours apres son introduction dans cette ferme, la Peste bovine se declara, sans autre cause appreciable, sur les bestiaux auxqnels ce foin avait ete distribue.
Des experiences d'inoculation faites en Russie, avec des matie-res dont on voulait eprouver l'activite virulente, out demontre
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MALADIES ftliN^RALES DIVERSES.
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que, lorsqu'elles etaient bien conservees, elles pouvaieut encore fcransmettre la maladie apres une aunöe. Mais cette longevitö du virus coustitue rexception, et c'est dans las deux premiers mois que son activite est la plus grande.
Modes de propasation du Typhus. — La Peste bovine peut se
propager d'un animal malade a des animaux sains par riutor-mödiaire de 1'atmosphere qui sert de vehicule aux agents de la virulence.
Les chances de la transmission par ce mode sent d'autant plus grandes que ratmospliere est plus confinee. Ainsi, dans une etable etroite, basse et mal venlilee, Fair etant pour ainsi dire saturö des elements virulente, quels quils soient, toutes les conditions les plus favorables se trouventröunies pour rinfection des animaux logos dans cette etable.
Mais, meme dans de grands locaux, la transmission par I'in-termudiaire de l'air peut s'operer avec une grande facilite. A Edimbourg, par exemple, oü grace ä l'obligeance de M. le profes-seur Gamgee, nous avons pu, M. Chauveau et moi, faire des experiences sur la contagion du Typhus dans les bätiments du College veterinaire de cette ville , nous avons vu deux veaux con­tractor la Peste par le seul fait de leur habitation dans nn immense manege, attenant a une ecurie oü se trouvaient logos trois ani­maux de l'espece bovine atteints de cette maladie.
La propagation de la Rinderpest pout aussi s'effectuer dans ratmosphöre libre ; mais ä quelle distance? Sur ce point, les avis sont tres partages. II est clair, d'abord, que les conditions doivout varier suivant I'etat d'lminidite ou do secheresse, d'agitation ou d'immobilite de l'atmosphere. Si l'air est calme autour des trou-poaux malades, le rayon d'infection aura moins d'etendue que s'il existe des courants qui tendent incessamment k deplacer I'atmos-phero qui les entoure. Dans ce dernier cas, il est possible que les effluves de la maladie soient transportos ü 200 metres. Abilgaard, cite par Gei'lach, ne pense pas cependant que I'infection par .''at­mosphere puisse s'etendre au-delä de 240 pieds.
Jessen cite un exemple on la Peste ne se serait pas communi-quee d'un troupeau malade ä un troupeau sain, au travers d'une riviere qui les separait et dont la largeur n'etait que de 25 pieds. Mais, dans ce cas, le courant d'air determine par le courant du fleuve a pu etre une condition do preservation.
D'apres Roll, l'atmosphere contagieuse, autour des malades, ne mesure pas un rayon de plus de vingt ä trente pas, qui peut etre agraudi, il est vrai, par des courants d'air.
Le comite russe, charge d'ölncider ceUe question, a formule
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l'avis que, dans Fatmosphöre libre, le cercle pestilentiel n'avait pas une tres grande etendue.
Muller {premier congres veterinaire international) ne pense pas que le cercle de la contagion de la Feste bovine puisse avoir uu rayon de deux cents pas, comme Abilgaard l'a avanc6. 5i ce cer­cle etait aussi etendu, on ne s'expliquerait pas comment, dans des localites infectees, des etables voisiues de celles oü la Feste re-gnait ont pu cependant en etre preservees.
M. Gerlach pense que dans uue atmosphere tranquille, le cer­cle pestilentiel u'a pas plus de 20 ä 30 pieds de rayon, et yu'au-del;i de cent pas, il n'y a plus aucun danger d'infection par la voie de Tatmosphere.
On voit, d'apres l'ensemble de ces documents pen concordants, que la question de l'etendue du cercle d'infection, autour des auimaux malades, n'est pas encore resolue d'une maniere rigou-reuse. G'est qu'eü'ectivement, eile n'est pas de celles pour les-quelles une solution de cet ordre soit possible. L'important, apres tont, est de savoir que ce cercle existe; et le plus prudent, dans la pratique, est plutot d'exagerer que de restremdre son etendue.
Parmi les agents de la propagation et de la diffusion de la Feste bovine, les plus energiques, apres les animaux vivants eux-memes, sont leurs debris frais, tels que les viandes, les cuirs, les intestins, etc.
Lorsque la Feste bovine sevit dans un pays, sur une grande Schelle et y determine une grande mortalite, le transport des viandes provenant des animaux malades peut devenir at deviant souvent la cause de la dissemination de la maladie, car ces vian­des, vendues generalement ä bas prix, recelent en elles les ger-mes de la Feste et les dispersent dans Lontes les directions. C'est ce dont nous avons ete maintes fois temoin en Angleterre et no-lamment dans la circonstance suivante. II y avail, dans les envi­rons de Folkstone, comte de Kent, une admirable vacherie, peu-plee de soixante vaches du plus beau modele. Cette vacherie elait completement isolee, et pour la preserver de la contagion de la Feste qui regnait ä Folkstone, Fentreo en eiait absolument inter-dite. Mais ä pen de distance se trouvait uue porcherie dont les animaux etaient alimentes avec les viandes des vaclies malades tuees k Folkstone, et ces viandes, fraicbemont depecees, passaient sur la route qui longe Fenclos de la vacherie. Sous linfluence des ellluves qui en emanaient toutes les vaclies de cette etable on I contracts successivement la Feste et en sont mortes on ont du etre sacrifiees pour realiser leur valeur connne betes de bouclierie.
M. Gerlach cite d'autres exemples frappants de la transmis-
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
sion du Typhus par rintermediaire des viandes provenant d'ani-maux affectes do cette maladie. On trouvedans son livre les fails suivants :
laquo; Deux bceufs employes an charroi de quartiers de bceul's laquo; abattus pour cause de Typhns ne tarderent pas a en presenter laquo; les symptomcs. {Dressier, veter'm. departemental.)
laquo; Un proprietaire ayant acliete 4 livres de viande, provenant laquo; de bceufs malades, communigua par ce fait la Feste ä son etable.
laquo; Un journalier achete pour sa nourriture la teto d'une vache laquo; abattue pour cause de Typhus. Sa femme, apres avoir lave cette laquo; tete dans un scan, donue l'eau du lavage a boire k ses deux laquo; vaclies, qui, toutes deux, contracterent la maladie.
laquo; Un autre journalier se procure un morceau de viande malade, laquo; qu'il trnnsporte dans un sac.
laquo; Le lendemain, il remplit ce sac, souille de sang, de fourrage laquo;#9632; hache qu'il distribua a ses vaches, auxquelles il communiqua laquo; le Typhus par cet intermediaire.
laquo; Un chien importa la Peste dans une etable par un morceau laquo; de viande, qu'il avait derobee pendant qu'ou faisait Fouverture laquo; d'une vache morte de la maladie. raquo;
laquo; Bruckmuller rapporte le fait suivant comme preuve de la possibility de la transmission de la Peste par rintermediaire des viandes. An mois de juillet 1866, des soldats lavaient, dans un bras du lleuve Leitha, des viandes provenant d'animanx morts de la Peste. Des betes h cornes d'un monlin du voisinage furent conduites pour s'abreuver pres de cet endroit. Une vache et un vean, seuls, se decidereut ;i boire ; les deux autres refuserent. Huit jours apres, les deux premiers de ces animanx contracterent la Peste bovine, et par precaution on dut abattre les deux vacbes.raquo;
Bieu d'autres faits pourraient etre ajoutes h cette serie; nous nous couteuterous de rappeler que les deux gazelles qui impor-lerent le Typhus au Jardin d'acclimatation de Paris, en decembre 1865, I'avaient contract^, suivant toutes les probabilitiis, dans les wagons qui servirent ä leur transport de Londres ä Newhaven, lesi]uels etaient utilises jonrnellement ä 1'expedition, vers le inarche de Londres, des viandes provenant d'animanx que Ion abattait ponr cause de Typhus, on par mesure preventive de l'ex-pansiou de cette maladie.
Peaux fraiches. — La transmission de la Peste bovine pent s'operer, sürement, par rintermediaire des peaux fraiches, e'est-ä-dire de celles qui out ete recemment detachees du cadavre et qui se trouvent encore tout impregnees du liquide sanguiu, dans lequel les piopriötes virulentes sont tres aclives.
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Mais le tannage, la salaison, l'actioii du chlorure de ckaux, de Vacide phinique, du pidin coaltari, lo sechage inöme, enlevent aus peavix lern- activite virulente, et les traasforment en substances completemeut inertes h ce point de vue. Toutefois, il faul consi-derer qne, menie apres avoir ete soumises h des procedös de con­servation, elles peuveut encore servir de vehicules aux agents de la contagion, ä litre de corps poreux ; et ä cat egard, il va de soi (jue les peaux de moutons, chargöes de lenrs toisons, doivent etre beaucoup plus dangereuses que celles des animaux de l'espece bovine. Une autreconsidei'atinii, cpi'il faul encore faire valoir ici, c'est que le söchage est, de tous les procedes de conservation des peaux, celui qui offre le moius de garantie comme moyen d'etein-dreen elles Factivite virulente, car il est possible, I'experience on lenioigne, qne celte activity ne soil, pour ainsi dire, qn'assoupie par la dessiccaÜon, efcqu'ilsuffise ponr la revivifier de I'linmidite de ralinospliere. Nous reviendrons, du reste, sur cetle question, ä propos de 1'application des mesures sanitaires que comporte le Typhus.
La transmission de la Peste bovine ponrrail squot;operer inconlesla-blement parrintennediaire das comes, des onglous et des oa-, sices objets elaient transporles h l'ötal frais, (run lien infecte dans un autre, on le Typhus ne regne pas. Mais lorsqu'ils ont subi la dessiccalion, tout danger d'infection par leur moyen a disparu.
i^eshuncs, en raison delenrporosite, sontsusceptibles dereceler [)lus longtemps le principe contagieux, surlont lorsque ces laines proviennent d'animaux morls de la Peste. Anssi, sont-ce lä des substances considcrees comme suspectes, en temps d'epizootie, par les lois sanitaires de tons les pays qui en proliibent 1'importation. (dependant, il est vrai de dire qu'il n'y a pas d'exemples hien au-tbentiqnes de transmission de la Peste par leur intennediaire, ce qui depend sans doule de ce qne les ballots de ce produil com-mercial ne sont guere ouverts que dans les labriqnes, on Ton sou-met innnediatemenl les laines qu'ils renferment aux lavages que i-omporte leur utilisation.
Les fwniers qui proviennent des etaliles des animaux pesliieres sont des agents contagiferes par excellence, en raison do lagrande quantile de malieres animales qu'ils renferment. Des experiences, directes d'inoculation ont mis hors de deute qu'ils recelaient les agents de la contagion, et les observations sont. nombrenses qui temoignent que le Typhus a etc transports d'une localite; dans nne autre par les voitures a I'aide desquelles it^s fumiers etaienl, charries vers les champs. Bien des fois, il a sulfi du passage de ces voitures le long des enclos oil les boeufs ötaient en päturage
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MALADIES (IKNEHALES DIVERSES.
pour leur commumquer la maladie. A cet egard, la d6moastra-
tiou est aujourd'luü si complete (|ue c'est uue mesure sauitaire universellement prescrite de iletmii-e les fumiers soil par I'eu-fouissement, soil par riueiueratiou, soit par leur combinaisun avec des agents chimiques, pour empecher (ju'ils perpetuent, dans les localites, la Peste clout ils reul'erment le germe au plus haul tleyro d'activitö.
Si les etables qui out servi de loyement auxaniinauxpestiferes. les wagons dans lesquels on les a transportes, les prairies oü ils out etc paltru, couservent pins on moins longtemps les prin-cipes contagieux, cela depend en grande partie de rimpregna-tion des matieres alvines et des urines, qui sent susceptibles de rester virulentes apres leur dessiccation et de se reviviüer p;ir l'humidite.
Les fourrages peuvent aussi servir d'excipients aux prineipes contagieux et les conserver plus ou moius lougtemps, surtoul lorsqae le grenier qui les renl'erme est situe an-dessus des etables iufectees et qu'ils peuvent s'y impregner de leur atmosphere. Nous avons rapporte plus haut un exemple de la transmission du Typhus par luitermediaire des l'ouixages, six mois apres leur extraction du local uü ils avaient (5te exposes ä uue atmosphere contagieuse.
La propagation de la Paste bovine pent s'effectuer par I'mter-mediaire des etres vivants, hommes ou anhnaux. Les exemples soul si noinbreux dans les anuales des cas oü la manifestation de la Peste bovine, dans des etables eloignees de tons les foyers d'infection, a suivi de pros I'entree dans ces etables de personnes qui venaient de ces foyers, qu'on ue pent pas mettre eu doute aujourd'luü ce mode de dissemination et de propagation de la maladie. J'enai vu, pour ma part, d'assez frequents exemples eu Angleterre, ä la psect;riode initiale de I'mvasion, alors qu'il etaii facile de suivre le Typhus ä la piste, dans les localites isolees oil il commencait a se repandre et d'obtenir des renseignements tres si'irs sur la maniere dont il s'etait propage. Dans tons les autres pays que j'ai parcourus, les memes fails se sont reproduits sous mes yeux avec un lei caractere d'uniformite, qu'ils me parais-sent avoir uue valeur autaut probative que s'ils resultaient d'uiif experience intentionnelle.
La Peste pent done etre transportee d'un lieu dans un autre par 1'intermediairc des personnes, hommes ou femmes ouenfants. Les agents les plus ordinaires de cette transmission sont les va-cheres, les marcliands, les veterinaires eux-memes, lorsqu'ils \ isitenl des etables saines en sortant cfötables iufectees. Gerladi
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mpporte an fait, de cette nature, recueilli d'uue maniere authen-tique. (jui se serait produit daas le Haiuaut.
Ou a attribue l'iiTuplion de la Feste ä Hasselt, oü eile a ueces-jile l'abatage d'un si graad aombre d'auiinaux, ä im marcliand lioUandais qui l'aurait importee dans ses veteineuts. La preuve n'en a pas ete dounee, il est vrai; mais cette assertion a pn etre emise sans qu'elle parut invraisemblahle.
Les auimaux peuvent, comme les persunnes, servil- de vehi-cules h la Feste bovine. Les moutons sont reputes les plus aptes a reiuplir cc rolc, cn raison de l'epaisseur de leur toisou qui. niieux encore que les veteinents de riiomme, pent se charger des effluves de la contagion, quelle qu'en soit la nature, et les cou-server. Gelte aptitude possible du mouton, qui le fait mettre en Urs graude suspicion dans les temps d'epizootie, n'a pas ete cepeudant demontree, il laut le dire, dune maniere experimeu-lide: mais il y a des faits d'observation dluique qui sont suffi-samment probatifs pour autoriser ä admettre qu'elle existe. En void un. entre autres, que aous avons recueilli eu Anyleterre. Les precautions les plus miautieuses avaient elr prises pour mettre ä l'abri de la Feste bovine les vacbes, au aombre de 24, d'uue propriete quasi-priaciere, situee a six milles de Londres. Les habitants de cette prupriete, personnes et betes, n'avaienl aucnne coinnnmication avec le dehors. Malgrö tout cepeudant, la Feste parvint a y penelrer, et sur les 24 auimaux qu'on y enlretenait, 23 succombereul. L'explicatiou de ce fait nous ful dounee par cette circunstance (jne les prairies, on les vacbes pätu-raieut, u'etaieut separees que par des bales vives d'antres prai­ries coutigues, ou les bonchers de Londres inetlaient en reserve les moutons qn'ils achetaient sur le mardie metropolitain, pour iie les tner qu'ä mesure des besoinsde la consummation. Suivanl luutes les probabilites, cquot;est par cette voie que l'air cliarge des llluves de la contagion, auquel les toisons des moutons servaient
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sxcipient, a pu transmettre la maladie anx vacbes de la prairie voisiue.
i^es cbiens, les chats, les ratseux-memes sontconsideresconnne des agents de transmission; et il nquot;y a pas jusqu'aux pigeons que Ion ait accuses d'etre les importateurs possibles de la contagion d'une I'erme dans une autre, ä l'aide de leurs j)attes cbargees de furnier. Nous ne nous porterons pas garaut, loin s'en faut, de ces dernieres assertions, a I'appni desijuelles aucune preuve n'esl ilunnee. Mais on peut dire, lorque Ton counait la subtilite du vi­rus de la Feste bovine, qu'en definitive, elles ne choquent pas la vraisemblance.
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MALADIES ßENEHALES DIVERSES.
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raquo;urie t'c la plaquo;riode d'lncubation. — Quelle est la duree de la Periode d'incubation de la Feste bovine ? Grave question, puisque c'est ile sa solution, dans un sens on dans un autre, que doit dö-pendre La dureo plus on moins longue du temps pendant lequel les animaux de provenance suspecte on reoounue malsaine, doi-vent etre mainteuus en suspicion et arretes aus frontieres des pays dans lesquels on se propose de les importer.
On est d'accord sur un premier point, c'est qne la moyenne de cette periode d'incubation est de sept jours el que les oscillations les plus frequentes, en deoä et au-dela de ce cbiti're, seraient de deux ibis vingt-quatreheures, de teile sorte qu'en regle gen^rale, la Peste ne se mauifesterait pas avant le cinquieme jour et au-delä du neuvieme sur les snjets exposes k sa contamination.
Cepeudant, ;i cette regie, il y a des exceptions qui out ettsect; rap-pelees et invoquees dans les congres veterinaires interuationaux de Hambourg (1863), Vienne (1865) et Zurieb (1867), lorsqu'il s'est agi de fixer la duree des quarantaines sur les Iroutieres des pays limitrophes de eeux on les bestiaux peuvent etre cousideres comme suspects, en raisou de leur provenance. Nous extrayons de l'ouvrage du professeur Gerlacb quelques-uns des faits qui prou-vent que la duree de I'mcubation de la Peste bovine peut depasser la limite de neul'jours :
laquo; Les experiences d'iuoculation faites par ordre du gouverne-meut danois, de 1770 ä 1772, sous la direction du professeur Tode, ont donue les resultats suivants : sur .'190 animaux inocules, 56 con-tracterent la Peste du quatrieme an dixieme jour; 201, du onzieme an vingtieme; 20, du vingt et unieme au viugt-sixieme; 113 ont ecbappci ä la maladie.
laquo; D'apres QErtzen, lorsqu'on inocule un virus de provenance dejii ancienne, la periode d'incubation a une plus longue duree que lorsqne le virus est recemmeut recolte. Sur 18 betes boviaes inoculees avec' une matiere vieillc de quatorze jours, 4 sent toni-hees malades dans la periode de dix jours; d'autres au bout de quatorze, quinze, seize et dix-buit jours.
laquo; La Peste, h ce moment, avait un caractere de grande beni-gnite ä Mecklembourg : sur i,096 inocules en 1778, 438 seulement succomberent.
laquo; Zlamal cite un cas oü rincubation a dure vingt et un jours.
laquo; Furstenberg rapporte qu'en Angleterre et en Heilande on a observe et determine avec certitude des incubations d'une duree de quatorze, quinze et dix-buit jours. MM. Webenkel et Defays, en Belgique, ont fait les memes constatatitms. raquo;
Inutile de multiplier ces exemples. Ils mettent hors de doute
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ijue la duree moyenne de la periode d'iiicubation de la Feste bovine peat etre depass^e. Malgre cela, cepeudant, las trois cou-gres veterinaires internatioiiaux dout nous avous rappele les dates plus haut, out emis L'opinion qu'uue quarantaine de vingt et im jours, teile que celle qui est prescrite par la legislation sanitaire de la Prusse, etait exageree et qu'il n'y avait pas d'incoiivenients ä la reduire ä dix jours, duree moyenne de Fincubation de la Peste bovine.
Nous revieudrons sur cette question au chapitre des mesures de police sanitaire.
Aniinaiiv susceptibles de conlraclei- la Pesic. — Le UOin de Peste
bovine donne ä l'epizootie des steppes semble impliquer que les grands ruminants doraestiques sont seuls susceptibles de la con-tracter. II n'en est rien cepeudant : ä mesure que les l'aits out et6 uneux vus et mieux etudies, on a reconnu que cette aptitude n'etait pas exclusive aux grands ruminants, et que les petits y participaient aussi, quoique dans ime inoindre mesure. Si Ton trouve dans les ecrivains du dernier siecle quelques lueurs ä ce sujet. c'est surlout daus celui-ci, et plus particulierement depuis une vingtaino d'annees, que cette verite a ete mise hors dedoute par des observations bien l'aites et des experiences directes.
Voici les renseiguemeats communiques ä ce sujet, par le pro-fesseur Roll, do Vienne, an premier congres veterinaire interna­tional, tenu ä Hambourg : laquo; Le docteur Marescli a observe, en Boheme, que les montons etaient aptes ä contracter la Peste bo­vine ; il I'a observee sur 150 brebis, dans huit bergeries. La meme observation a ete faite en Hongrie par le docteur Galambos et ä Dorpat par Jessen. Dans la Dalmatie, le Frioul et la Cariuthie. on a vu la Peste s'attaquer aux moutons dans les localites oü eile sevissait ä la meme epoque sin- les boeuis, et principalement dans cedes de ces localites oil les moutons et les boenfs partageaient la meme etable. Dans trois villages de la Cariuthie, des moutons sains out ete infectes par des moutons malades, et ceux-ci out retransmis h leur tour la maladie ä des boeufs. Les premiers mou­tons malades avaient ete loges dans un compartiment d'etable qui n'etait separe que par des planches de celui oü des boeufs malades etaient loges eux-memes. Les symptömes observes sur les mou­tons ressemblaient exactement ä ceux de l'espece bovine; et de meme les alterations cadaveriques. raquo;
En Angleterre, an mois de septembre 1865, le professeur Simonds, du college veterinaire de Londres, a vu se produire sous ses yeux des faits identiquement semblables de contagion de la Peste bovine a des betes ä laine et de retransmission de cette
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AIALADIKS (lENKRALES DIVERSES.
maladie par Fintermödiaire des betes k laine aux betes bovines juises en päture avec elles.
En Hollande et en Belgiijne. on a recneilii egalement des examples de communication de la Peste bovine ä des moutons. Cette transmission a eu cela de particulier dans la t'erme de Lef-fengh, aux environs d'Ostende, que les symptömes du Typhus ne se sent manifestes sur les premieres betes ovines infectöes yue plus lie (juatre semaines apres la mort de la derniere vache abattue, et que les moutons n'avaient Jamals vecu sous le meme toil que les vaclies malades; ils ne faisaient que se succeder dans les memes päturages, en sorte que I'infection a du se faire soit par la bave laissee sur les herbes, soit par les emanations des matieres excre-rnentitielles.
En Sicile, d'apres le rapport du itocleur Chicoli, la Peste bovine a. exerce des ravages tout a fait extraordinaires sur les especes ovine et caprine, don! eile aurait fait peril- plus de 20,000 sujets ilans les provinces de Paierme, de Trapani et de Girgenti, pendant une periode de deux aunees, de 1863 ä 1865.
En Egypte, la Peste bovine ijni a fait perir un si grand nombre d'animaux de I'espece bovine, en 1864, se serait attaijuee aussi avec une certaine inteusite aux chevres et aux moutons, d'apres la relation que M. Lemaitre a publiee de cette epizootie.
Nons ajouterons que la receptivite des betes ovines pour le virus de la Peste ovine a ete demontree par des experiences directes laites a Schiedam, en Hollande, par M. Hengewekl (1865) d'un cöte, et par M. le professeur Gerlach de lautre. Lesquatre sujets. trois brebis et, une chevre, sur lesquels M. Gerlach a experimente. ont tons contracts le Typhus, mais d'une maniere benigne. car aucun u'a succombe. Des experiences semblables rjue nous avons laites ä Edinibourg, avec le concours de M. Cliauveau, ne nous out donue qu'un resultat uegatif.
Quoi qu'il en soit, les taits sont aujonrd'hui trop nombreux qui lemoignent de l'aptitiide des moutons et des chevres a contracter le Typhus des betes ;i cornes, pour que cette aptitude puisse etre mise en doute; mais eile est loin d'etre egale h cello des grands ruminants. Geux-ci sont tellement impressiounables h 1'iufluence du Typhus que presque pas un seuldes sujets qui lasubisseut n'y echappe, et que, pour le plus grand nombre, dans nos contrees occideutales, les effets en soutmortels. Les moutons, an contraire. de meme que les chevres, sont le plus souveut, dans tons les pays. ramp;ractaires ä la contagion; h tel point que cette contagion, au­jonrd'hui incontestable, a et^ mecouuue presque jusqu'a ce sie-de-ci, et qu'il u'a falln rieu moins qne les evenements si demons-
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TYPHUS CONTAGIErX DBS BETES A CORMES.
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fraiifs de l'invasion du Typhus en 1865 pour dormer a tout le monde la conviction de sa realite.
Mais ce ue sont pas senlement les petits ruminants domesti-ipies qui sont aptes ä reeevoir des betes :i comes les germes du Typhus contagieux ; les ruminants exotiqnes, grands el petits, ont la meme susceptibility. C'est ce dont la demonstration certaine a (H(5 donnee par l'irruption de cette maladie. en 1865, dans le Jar-din d'acclimatation du hois de Boulogne, et nous en avons parle pins haut avec assez de details,pour que nous puissions nous dis-peliser dquot;y revenir ici.
La Feste des steppes n'estdonc pas seulenient la Pesle bovine. laquo;die est celle tie tous les ruminants, indigenes on exotiqnes: peut-.quot;tre aussiqu'elle s'attaque aux animaux du genreSw, poisque les pecaris du bois de Boulogne I'ont conlractee. Vicq-d'Azyi-, sij basant sur des fails qu'il avait observes dans le Bourbonnais. u'etait pas eloigne de penser que les chiens, les chats, lescochous et les poules pourraient bien aussi etre susceptibles de contami­nation par le virus de la Peste. Le cheval aussi. d'apres Grognier et d'apres des affirmations sans prenves. einises en Augleterre pendant la dnree de la derniere epizootie. se (rouverait dans les memes conditions. Mais tontes ces assertions ne s'appuient sm-rien; aucontraire, les experiences directes les conlredisent, car Vicq-d'Azyr et Camper ont. en vain, essaye ile transmettre le Typhus ä ces animaux par inoculation.
Quant ä riiomme. on peut considerer connne certain qu'il n'est pas susceptible de contracter la Feste des animanx, soit par vole d'infection, soit par contagion directc. Cette question, d'nne im­portance si grande. a etc etndiee. pendant leconrs de la derniere epizootie occideatale, dans tons les pays oü le Typhus a sevi; on s'est enquis aupres de tons les onvriers, bouchers on öquarrisseurs: on a fait des recherches dans les höpitaux, et Ton peut dire qu'au-cim fait n'a ete recueilli nnlle part, (jui antorise meme ä soup-conner que la Peste des animaux soit contagieuse ä riiomme. Si rhomme avait une aptitude quelconque k cette contagion, ne se serait-elle pas hianifestee en Augleterre et en Hollande, an mo-ment on la maladie i'aisait taut de viclimes par semaine et on laut d'hommes on de ierames etaient employes ä soigner les bes-tiaux, ä eulever leurs excrements, ä trainer lenrs cadavres, a les depouiller, a les depecer, etc.. et tont cela sans aucune precaution |iour se mettre ä l'abri des accidents coutagieux? Que de personnes aussi ont manie les viandes proveuant des animanx infectes el ijui etaieut utilisees ä 1'alimentation des animanx et meme de l'homme! Dans de telles conditions de rapports elroits avec les
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MALADIES GENKRALES DIVERSES.
matieres contagiferes, la cotagion se füt produite certainemenl si eile avail etc possible. 11 esl vrai qu'en Angleterre on a attri-bue ä une inoculation tin Typhus la mort d'un jeune veterinaire ijui snucomba pen de jours apres avoir pratique I'autopsie d'une vache atteinte de cette maladie. Le jury reuni par 1c coroner crut pouvoir prononcer mi verdict dans ce sens. Mais ilparait, d'apres les renseignements fournispar la dorncstique de ce jeune homme, qu'il etait dejä malade avaut de faire I'autopsie el qu'il portait ä la main des boulons de manvaise nature. Ce lait uquot;a done aucune valeur seientifiijue et il n'y a pas lieu d'en tenir compte.
En definitive, il esl permls d'affirmeraujourd'huique rhommene pent conlracler le Typhus des animaux ni par la cohnbilalion avec eux, ni par la manipulation de leurs debris, ni par l'usage de leurs viandes comme aliments, ni meine par rinoculalion directe, carles exemples sont nombreux fie veterinaires, de medecins, de bou-cliers, dquot;e(juaiTisseurs (jui se sont blesses, en pratiquaut lesouver-turesdes cadavres, sans qu'un accident quelconque s'en soit, suivi.
SymptAmes — Dans la premiere p6riode de cette maladie, cede (pie Ton appelle periorle (Tiucubation, parce (jue le mal n'est en­core qu'en germe dans le corps et y conve, pour aiusi dire, les animaux presentent tons les caracteres exterieurs de la sant6; ils maagent, boivent et ruiniueut comme d'habitude, et les lemel-les donnent la memo quantity de lait. Impossible done de voir en eux des malades; et, de fait, s'ils sont condamnes ä le de-venir l'atalement, ils ne le sont pas encore.
Cependant, im fait d'une grande importance a ete signals par dillerents observateura dans ces derniers temps, ä savoir l'eleva-tion de la temperature du corps des animaux contaminös, h la fin de la periode d'iiicubatiou, deux jours avant la manifestation des autres troubles morbides. D'apres M. Gamgee, cette elevation de temperature se traduirait, des les premiers moments oh eile se manifeste, par 3quot;, 4deg; et 5quot; Fahrenheit. #9632;. La temperature normale etant de 100quot; ä 101deg; Fall., le lliermo-metre, place dans le rectum des animaux contamines, s'eleveraiv ä 104deg;, 105deg;, 106deg; et ineme 107deg; Fall.
M. Gerlach a signale egalemenl cette particularity. Suivant hü, la temperature qui, dans les jennes bfeufs, oscille, h l'etat normal, entre 380,5 et 39a,b centig., pourrait s'elever, dans les sujets qui sont sous le coup de la Feste, de 39deg; ä 41deg; et meme 42deg; et une fraction, mais eile ne depasserait jamais 42quot;,2.
Dans son troisieme rapport ä la reine, la cominission anglaise insiste beaueoup sur ce fait, decouvert, par M. le professenr Gam­gee, et verifle par les recherches du docteur Sanderson.
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TYPHUS CONTAGIEUX DES BETES A CÜRNES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ßfi.quot;)
Cette elevation de la temperature du corps des animaux, ä la periode d'incubation de la Feste bovine, pent avoir une graude importance pratique, piüsque, grace ä ce signe cpii precede tons les autres, il est possible de reconualtre dans un groupe d'ani-inaux, encore sains en apparence, mais qui ont (5te exposes a la contamination, ceux chez lesquels la maladie va se declarer, et de recourir immediatement anx mesures sanitaires que les circons-lances exigent.
II resulte de ce fait, dont nous avons pu constater la realite avec M. Ghauveau, dans nos experiences d'inoculation au college veterinaire d'Edimbourg, que la pöriode d'incubation est moins longue qu'on ne I'avait admis, puisiju'il est possible, grace äl'em-ploi du thermometre, de reconnaitre sur un sujet donnt! les effets ile I'infection virulente, deux jours plus tot qu'on ne le i'aisait avant I'application de cet instrument au diagnostic de la Peste bovine.
Cette premiere mais obscure manifestation est suivie, ä href delai, des syniptömes plus saisissables que donne I'haMtude exte-rieure. La maladie se caracterise alors par I'abattenient et une certaine expression du regard (jni donne h l1 animal un air sombre; sa tete est tendue, fixe, portee bas, avec les oreilles immobiles, tombant en arriere; le dos est vousse el les membres posterieurs sont engages sous le centre de gravite; le poll est terne, herisse et sec au toucher; aux plis des jointures, notammenl dans les regions des aisselles et des aines, la peau se trouve mouillee de sueurs qui determinent le soulevement de son epiderme et sa denudation.
La rumination n'est pas immediatement suspendue dans les premiers jours de la maladie, ce qui indique que 1'appetit n'est pas encore eteint; mais eile ne s'effectue plus avec sa regularite liahituelle; l'animal grince des dents et bailie fr6quemment.
Puis apparaissent des tremblemenls generaux, qui se manifes-leut surtout en arriere des epaules, aux jarrets et aux fesses, avec des alternatives de chaleur et de froid, notamment vers la base des cornes, aux oreilles et aux extremites des membres.
Les yeux sont rouges, et les larmes qui s'en öcoulent en abon-dance exercent une action irritante sur la peau oil elles se repan-dent, car elles creusent sur le chanfrein une sorte de sillou. produit par la depilation et le detachement de l'epiderme.
Un jetage a lieu, par les ouvertures des narines, d'un liquide d'abord aqueux et irritant comme les larmes, et produisant, comme elles, ramp;rosion epidermique des parties de la peau avec lesqnelles il reste en contact.
La faiblesse est dejä grande, aux premiers jours de la maladie,
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lt;•lt;gt;lt;!nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES ßENKRALES DIVERSES.
nt eile s'accuse, du cöte de l'appareil locomoteur, par le decubitus prolonge, la difficulty avec laquelle le relever s'effectue et le chancellement de la marche.
La circulation temoigne egalement de cette faiblesse, car los battements du coeur sont en general si peu energiques qu'il esl difficile souvent d'en percevoir bien les battements autremenf que par l'auscultatioa. Les pulsations arterielles ont, de leur c6t6. pour caracfere genöral d'etre petites, molles et pen perceptible^. Quant h leur nornbre, il varie de 60, 70 ä 100, 110 et 120 meme, daus le cours de la maladie. les chiffres les plus bas correspondanl ;mx jours du debut, et les plus eleves ä la periode derniere, dont l.i morf est la termiuaison ordinaire.
Toutes les membranes inuqueuses apparentes refletent unc leinte rouge bricpie, ;quot;t l'exception de celle de la bonche oü cette leinte est dissimnlee par l'epaisseur de repithoUium. La, l'etat congestif se traduit par la rougeur du sommet des papilles ;i la face interae des Jones et par de petites vesicules d'une teinte jan-uätre, qui out cpielque analogic avec reruptiou caracteristiquc d(gt; la fievre aphtheuse. En meme temps ([tie ces phenomcnes se produiseut, la secretion salivaire augmentee forme une mousse blanche aux commissures des levres et sur leurs bords.
Chez los femellos il existe uu Symptome tres propre a faciliter le diagnostic, lorsqu'on doit passer en revue un certain nombre de betes et formuler un jugemeut rapide : c'est la coloration pai'ticu-liere de la membrane du vagin, qui a line teinte rouge d'acajou. avec des marbrures d'uue nuance plus foncee.
La respiration ne presente rien autre de particulier. audebnl. ipi'une certaine acceleration de ses mouvements.
Avec les progres dc la maladie, c'est-a-dire vers le quatrieme jour, les humeurs des yeux et du nez devieuneut purulentes, et souvent alors Fair expire est fetide. A ce moment, la respiration se precipite davantage et s'accompagne d'un bruit de cornage que Ton entend h ilisfance. en entrant dans les (Hables.
De la bouche s'echappe une salive ecumense qui forme des llo-cons blaachätres autour des levres. Sur le bourrelet de la mä-choire superieure, sur las gencives et sur les papilles de la face Interne des joues, I'epiderme, soideve par de la serosite. n'adbere jjlus ä la muqueuse, et detache par les mouvements de la langue on par la pression des doigts, quand on explore la bouche. il laisse a nu des plaies vives, dquot;un rouge fonce.
La tete est agitee, d'un cöte ä I'autre, d'une sorte de braulemem qui a une certaine aualogie avec celui des vityilards et, en meme temps, les mouvements rapides de la respiration lui imprimeiu.
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TYPHUS CONTAfilEU.X DES HKTES A CORNES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;fi67
k chaque Ibis (]ue les flaues s'abaissent, une secousse de bas en liaut: agitation tres caracteristique qui pent se traduire ä distance par le bruit des chaines d'attache et dtooncer ainsi l'existence du Typhus dans nne 6table. avant meme (ju'on y soit entre.
La fliarrhee ne tarde pas h se manifester apres im on deux jours de constipation; ce sout d'abord des matieres exerömenti-lielles qui sont expulsee.s demi-liquides, avec une grande impe-tuosite, et asso^iees ä des gaz qui leur donnent une telidite carac­teristique; jjuis epiaad le canal est vide, les produits des dejections devienneut sereux: enfln, ä In demiere periode, les matieres rejetees preuuent im teinte brune, qu'elles doivent an sang qni lenr est associe. et repandent une odeur d'une extreme fötidite.
A mesüre qne la maladie progresse, l'affaiblissenient s'aecuse davautage. l^es malades tombent dans un etat d'extreme prostra­tion ; c'est ä peine s'ils penvent, se tenir debont et s'ils out la force de conserver Teqinlibre, quaud on les oblige, par l'excitation des aiguillons ou des chiens, h se mettre en mouvement. La plupart du temps ils restent couches, la tete tendue et appuyee sur le inen ton. La stupeur est extreme; les yeux s'enfoucent profonde-ment dans les orbites ; une humeur pnrulente remplit le vide qui s'est forme entre le globe et les paupieres. La mauere du jetage, melee de stries sanguinolentes, souvent fetide, obstrue tellement les narines que les animanx sont obliges de respirer par la bou-che; la temperature du corps est sensiblement abaissee, et quand on appose les mains sur la peau du dos et des handles, on pereoit nne sensation analogue ä celle ([ue donne le toucher d'un animal a sang fro id.
Souvent a cette periode se manifeste un symptöme tres carac­teristique, c'est un gonflementde chaque cöte de Tepine du dogt; et des lombes, determine par la presence de gaz sons la peau . soit que ces gaz aient ete exhales directement dans le lissu cellu-laire sous-cntane, soit qn'ils proviennent du poumon, et qu'ils se soient fait jour, dans le tissu cellulaire, ;i la suite de la rupture des parois des vesicules pulmonaires. Quand on palpe la peau des regions emphysemateuses, on pereoit une sensation de crepitation. et si on la percute, eile rend un son analogue h celni qui se fait entendre lorsque, dans les boucheries, on frappe sur la peau d'un bcenf souffle.
Lorsque ce symptöme est apparu. les auimaux sont froids el insensibles, les mouches les couvrent comme si dejä ils etaiem des cadavres. Elles s'accumulent autourdes ouverlures naturelles et y deposent leurs ceufs qui, quelquefois, out le temps d'y edore : d'on la manifestation d'un fait qui a ete considere antrefois
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MALADIES GENERALES DIVEIISES.
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comme une expression speciale de la maladie, mais qui n'est evideniment qu'iin accident, consequence de rinsensibilite a peu pres complete dans laqnelle les animaux sont tombes.
La secretion du lait qui commence ä dimiuuer des le moment on le thermometre accuse une elevation de la temperature du corps des malades, ne tarde pas ä se tarir presque corapletement. Les mamelles se fletrissent et devieunent flasques et Iroides. Quand elles donnent encore im peu de lait, ce liquide est sereux et d'une leinte jaune tres accusee.
L'amaigrissement rapide et profoud des malades est un des ca-racteres particuliers ä cette affection, qui s'accuse ä un degre d'autant plus marque que la vie se prolonge davantage; les su-jets deviennenl etiques: leurs muscles, effaces et comme par-cliemiues, laissent apparaltre tons les reliefs du squelette, no-tamment a la region du bassin dont les excavations se crensent [irolbndement.
En resume, lorsque la Peste bovine, arrivee ä sa periode d'etat, se manifeste avec Tensemble de tous ses symptomes, eile imprime ä l'habitude exterieure des malades et ä leur physionomie quel-que cliost; de si caracteristique qu'il est difficile de la meconnaitre.
Leur tete pendiee jusqu'ä terre etbranlaute; leurs yeux ternes, profondement enfonces dans lesorbites, d'oü deborde, vers Tan­gle nasal des paupieres, une luuneur purulente; lejetage epaiset sanguinolent qui s'echappe des uariues dont les ouvertures sont excoriees et saiguantes: la bave qui s'ecoule de labouche ; la de-pilation du cbani'rem ; la respii'ation precipitee avec le bruit de cornage qui l'accompagne; le voussement de la colonne verte-braleet la convergence des membres sous le corps; les tremble-ments musculaires; la region des losses et la queue souillees par des matieres excrementitielles, sereuses ou sauguinolentes, d'abord rejetees avec force et ensnite s'extravasant de Fauns demi-ouvert comme d'un vase inerte; la temperature abaissöe, la faiblesse extreme , la prostration , la stupeur, ramaigrissement general, tout, cet ensemble de symptomes qui peut etre saisi ä premiere vue, quand on entre dans une etable, nelaisse pasl'es-prit eu suspens et pennet de fonnuler d'emblee im diagnostic, que Ton nquot;a plus eusuite qu'ä afOrmer davantage ä l'aide des ea-racteres que Ton peut reconuaitre par un examen plus particu-lier des malades, comme la coloration rouge brique de la con-jonctive et de la muqueuse vaginale, les plaies d'apparence ulcereuse qui resultent, dans la cavite buccale, du detachement de repiderme sur le bourrelet, en dedans des joues, sur la langue, les suintements sereux de la peau dans la profondeur des plis,
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remphyseme sous-cutan6 quand il existe; les indications donnöes par le pouls, par l'odeur de l'air expire, par la locomotion, par 1'attitude couchee, par le mode de relever, etc., etc.
Somme toute, la Paste bovine est nne des maladies les mienx caracterisees (|iii soient. Sa dnree ordinaire est de quatre h Imit ou dix jours.
La description (pie nous veuons de douner s'applique ä la gene-ralitö des cas ; mais il y a des variantes dans I'expression symp-tomatigue do cette malailie.
La pins importante est colle qui est caracterisee par one pseudo-ernption, stir differentos regions de la peau, de petites vesicnles qui se developpcnt sur une base congestionnöe et sera-blent avoir ete formees par le memo mecanisme que celles qui se prodnisent ä la suite d'niie application vesicantc. Riles se mon-trent principalement dans les regions on la peau est fine, privee de pigment et couverte d'un poll rare, comme le pis, le perinee, le scrotum, le pourtonr de la vulve, la face interne des cuisses, les bords des narines et möme les laces laterales de rencolure. Aus inamellos, cette eruption pent faire quelque illusion et revötir une apparence pustuleuse qui ötablit eutre eile et rerniition du cow-pox nne certaine ressemblance objective. D'ovi les expressions de Pesle varioleuse, de variole des bceufs donnöes impropremeut, dans le dernier siecle, par Ramazzini et Vicq-d'Azyr ä la Peste bovine. II est vrai que ce qui a pn renforcer cette identification dans l'espritdeceuxqui l'ont concue, cest quele liquide contenu dans ces vesicnles est virulent, comme celni d'nne pnstui i veritable ; mais ce caractere ne Ini est pas exclusif ; le sang, en masse, est virulent, et il n'est pas etonnaut que la serosite, exhalee par la peau et rassemblee dans les ampoules epulermiqnes, conserve cette propriete.
Ce n'est done pas, ;i proprement parlor, une eruption qui se prodnit, dans de certains cas, pendant le cours de la Peste bovine, mais bien nu pbenomene du meme ordre que celni dout la mem­brane muqueuse de la bouclie est le siege, et exprimant, comme lui, l'etat congestif de la membrane on la veskulalion s'opere. Seulement ä la peau, les vesicnles se dess^chent sons riufluence de l'air, et le residu du serum evapore forme dos croütes peu adlie-rentes qui se detachent, et ne laissent voir, apres leur desquama-tion, aueune cicatrice enfoncee et persistante oomme celle (jui accuse tonjours le siege d'une veritable pustule.
Chez un certain nombre de sujets, la Feste bovine se caracte-rise. dans les premiers jours de sa manifestation, par des symp-tömes qui out beaueoup d'aualogie avec cenx du vertige. Dans
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1)70nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES (JE.NEHALES 1)1 VERSUS.
ces cas, les aiiimaux poussent devaut eux, en s'appuyant de la lele contre le mur (]ui leur fait face, ou, si on les detache, ils se portent en avant avec uue sorte d'inipetuosile et ne peuvent etre couteuus que par les efforts de plusieurs hommes. Leur läculte visuelle paralt atfaiblie, et ils se heurleiit contre les obstacles, suit k cause de cela, soit qn'ils obeissent malgre eux h uueimpul­sion irresistible. Cette exacerbation uerveuse u'est pas continue, eile est rcmplacec par des periodes de coma, et, en resultat der­nier, c'est le coma qui lui succede defliiitivement avec uu etat d'exlrcnie prostration caracterisee par le decubitus lateral, chose exceptiomielle chez les ruminants et (jui temoigue toujours d'une faiblesse excessive.
11 y a des cas oü le Typhus debutant a d'assez graudes res-semblances avec la peripneumonie. Les malades batlent des flancs, respirent avec effort, out un fades inqroiet et font entendre ime loux repelee et pea retentissante. Mais cette ressemblance, qui precede de Tetat symptomatique ext6rieür, sNivanouit quand on Interroge I'appareil respiratoire par la percussion et I'auscultation. II est facile de reconuaitre, ä l'aide de ces moyens d'exploration, ipie I'etat dyspnei([ne, accuse par les malades, resulte de Fein-physeme doul les poumous devieuneut tres souvent le siege chez les animaux alfectes du Typhus.
Somme toute, dans cette maladie yenerale que Ton appelle la Peste bovine, il pent y avoir de certaiues variations de l'expres-sion symptomatique, suivantles races d'animaux atfectes, suivant les lieux, suivant les temps, voire meine les Saisons oü la mala­die fail sun apparition; tels symptomes peuvent predomiuer sur tels autres : il y a rneme des cas oü, d'apresce (jue rapportent les professeurs veterinaires de Russie, la maladie revet une forme si beuigne que I'animal qui en est atteint peut ne pas etre recomm malade au milieu du troupeau dont il fait partie ; mais, quoi qu'il i'ii soil ile ces nuances, de ces variations, de ces degres, la Peste icsie toujours identique ;i elle-meme, et eile conserve toujours sa raracteristique principale, ä savoir sa propriete contagieuse.
Le diagnostic de la Peste bovine ue presente done pas, en gv-ueral, de grandes dilficultes, surtout lorsque Teveil est doune el qu'on est prevenu de l'existence actuelle de Tepizootie ou de sou approche. Dans ces conditions, les faits prennent, aux youx des ubservaleurs, uue signification tres precise ipi'ils peuvent ne pas avoir, an meme degre, dans d'autres circonstances, non parce ifu'ils sout moins accuses, rnais parce que Ton est moius prepare ä les comprendre. Ainsi, par exemple, lorsqu'au mois de join 1865. la Pesle des steppes fit une irruption soudaine^au marche d'ls-
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TYPHUS C0NTAG1EDX UES BETES A CÜHNhgt;. 071
liuytoii a Londres, les veterinairos, appel6s les premiers a visiter lesanimaux yu'elle frappait, lureut pris au depourvu et ne surenl pas tout d'abord a tiuelle maladie ils avaienl affaire. C'est que personne alors ne s'atteiidait ä I'mvasiou de cette maladie doul il a'y avail aucnue menace tlaus les [jays les plus voisins du Koyaume-Uni, et dout en avail perdu jusqu'au souvenir, depuis cent vingl ans qu'on ue Favait vne. Mais lorsque les yeux lurenl dessilles et qu'ou sut a quoi se prendre, personne ne lul plus mis en döfaut et rien ne parut simple el ladle coinme le diagnostic de la Pesle bovine.
II taut dire cependaut que la trop yraiule preoccupation oil I'ap-proche de la Pesle bovine met les esprits, dans uu pays qou encore envahi, pent conduii'e a de graves erreurs de diagnostic, en faisant conlondre avec la Feste tout ce qui luiressemble par quel-ques traits. Alors laquo; la peur d'un mal fail lomber dans un pire; gt;• on volt le Typhus partout; pour pen qu'un animal de l'espece bovine presente quelques s:gnes morbides im pen obscurs, il a le Typhus, el Ton se comporte vis-ä-vis de lui comine si reellement il etait gro.t de cetle maladie el de toutes ses consequences. Apres lout, c'est la, peut-on dire, nne lerreur salutaire, et mieux vaul. pour la sauvegarde d'un pays menace, retat oil eile entretient les esprits que riudillereuce ou I'incurie qui sent les conditions les plus lavorables ii I'expansion des maladies epizootiques.
Prouostic.— Pourjugerdela gravite de la Paste bovine, il suffll de se rappeler les chiffres do la mortality qu'elle cause dans les pays sur lesquels eile s'abat. C'est par milliers et par millions ipie Ton compte ses victimes; c'est par millions el par milliards que ion mosure les perles qu'elle cause. Dans nos contrees occi-dentales, autant d'animaux qu'elle atleinl, presque autaut d'ani-maux morts, surtout si ces animaux appartiennent a des races perfectionnöes, comme les races anglaises par exemple. Ceiles-ci u'ont aucune force de resistance centre ce mal. Nous avons vu n Londres des Stables composees de 200, .'100, 400 el 500 vaches laitieres, disparaitre presqu'entierement sous les coups du Typhus : et les seules betes qui survivaieul de ces magnifiques troupeaux appartenaient ä la race bollandaise. Aussi ies ravages onl-ils ele enormes en Angleterre, car outre que dans le debut, la Pesle a ti'ouve devaul eile une camera largemenl ouverte, les animaux auxquels ellc a pu si librement s'attaquer etaient, de par leur organisation meine, comme voues lalaiemeul a [leiir.
F.n Hollande, la statistique en lemoigue, il u'eu a pas ele de memo. Si la mortalite a ele Ires grande, cela a dependn surtout. de la densile de la population animale dans ce pays; mais la
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(iT2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENKHALES DIVERSES.
perte, pour cent, a'a guere ete (jue des deux tiers, üu tiers envi­ron des animaux malades out pu rösister et survivre.
Getle foi'ce de resistance de l'organisme des betes bovines con-tre rinlection virulente de la Peste, grandit ä mesure qu'on se rapproche des steppes. Dans les races qui sont propres ä cos con-trees , la maladie revet souvent un caractere de teile benignite qu'elle ne produit dans les i'onctions qu'un trouble si pen accuse qu'il passe inapercu : d'oii la possibilite qu'un troupeau Importe de ces pays devieune, pour ceux qu'il parcourt, one source d'infection tres active et tres meurtriere, sans subir lui-meme aucilne perte.
En dehors des conditions de race, 11 en est d'autres, difficilf-meut appreciabl(;s, qui impriment h la Peste bovine des carac-leres differeuts d'iutensite. Ainsi, par exemple, dans les steppes ini'mes, il y a des annees ou des saisons dans lesquelles sa ma-liguite devient excessive, comme en 1844 notammenl, oü d'aprös les slalisliijues officielles I milliou de betes a comes auraienl peri. Par conlre, dans uus cuntreos occidenlales, la Peste bovine peut so montrer d'une bönignitö exceptionnelle, comme on I'a vue dans l'Allemagne du uord et en Ilollande, au commence­ment du dix-huideine siecle. On a pu constater encore des fails de cet ordre, en 1865, non pas dans toutela Hollande, mais dans quelqaes localites de ce pays oü le Typhus etait d'une extreme benignite, tandis que dans d'autres il sevissait avec une tres grande intensity, saus qu'il ait ete possible de trouver la raisou de ces ditierences.
Toutefois on peut dire, en regie generale, que les chances de la gravite de la maladie sont plus grandes lorsque les animaux sont rassembles sous des toits , au milieu d'une atmosphere con-fiuee, que lorsqu'ils vivent, disperses dans les päturages, oh ils respireut un air pur et toujours renouvele. Anssi a-t-ou constate que dans les pays ou la Peste sevit, la morlalite qu'elle cause esl plus grande I'hiver que I'ete, en raisou saus doute de ce (pie, sous les toits des etables, l'action virulente s'exerce d'une maniere plus intensive que dans les prairies.
Nous ne croyons pas que la Peste bovine seit du nonibre des rpidemies qui s'epuisent avec le temps et dont Fintensite s'en aide graduellemenl decroissante, de teile sorte que, apres une duree plus ou moius longue, les animaux qu'elle atteindrait sur-vivraient, en plus grand uoinbre, ä ses coups. Les faits qui se sont produits, dans ces dernieres annees, en Angieterre et en Ilollande, ne semblent nullement temoigner en faveur de ceUe maniere de voir. Taut que, dans ces deux pays, aucunes mesures
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energiques n'ont ete employees pour mettre obstacle ä l'expan-sion du Typhus, il est alle toujours grandissant et, de semaine en semaine, on a vu grossir, dans une proportion effrayante, le chiffre de la mortalitö qu'il causait. Gelte progression ne s'est arret6e que lorsqu'enfin les parlements ont edicts des lois sani-taires energiques, dont 1quot;application rigourense a permis d'en-rayer Tepizootie dans sa marche et de rötouffer dans ses foyers.
Les choses, ä toutes les epoques, ont du se passer de la merne mauiere; nous ne croyons pas qu'il y ait un seul exemple, dans l'histoire du Typhus, d'extinction naturelle de cette maladie dans les pays qu'elle avait envahis, tant que la contagion a trouve ä s'alimenter. Tous les faits temoignent, au contraire, aussi bien dans le pass6 qu'ä l'epoque actuelle, de la persistance de la Feste, avec des variations d'intensitö non subordonnees ä sa du-r6e, dans tons les pays on eile peilt vivre, pour ainsi parier, de sa vie naturelle, c'est-ä-dire s'entretenir par la contagion, sans que rien puisse s'y opposer. Ainsi on connait des epizooties de Feste bovine dont la duröeaetede dixans, comme en Pologne; et de treize ans, comme en Angleterre, lors de l'invasion de 1745. Dans les provinces moldo-valaques, la Feste s'est si bien ancree, depuis nombre d'annees, par le fait de Tignorance des habitants et de I'lncurie des administrations, qu'elle y regne en permanence aussi bien que dans les steppes de la Russie, toujours aussi vivace et sans jamais s'6puiser.
En Egypte, Fepizootie du Typhus contagieux qui regna de 1841 ä 1843, ä la suite d'importation d'animaux de provenance mol-dave, ne paralt s etre terminee que faute d'aliments propres ä rentretenir, c'est-ä-dire lorsque la mort eut fait tant de victimes que la contagion ne trouva plus de prise pour se repandre. G'est, en effet, de cette mauiere qu'elle s'eteint et non par le fait d'une attenuation de sa puissance.
La mortaiite causee par le Typhus est de 90 ä 95 pour 100 dans les contrees les plus occidentales de l'Europe; eile decroit ä me-sure que Ton se rapproche de la region des steppes, et peut etre representee, suivant les lieux et les temps, par les chiffres de 75, 50 et 30 pour 100. Ce dernier chiffre est celui des races et des annees privilegiees; mais en general, meme dans les steppes, il monte plus haut. G'est assez dire, sans plus de commen-taires, combien cette maladie est grave, surtout dans nos pays, et combien il nous Importe d'en garantir notre population animale.
Anatomie pathoio^ique. — Le Typhus contagieux des betes ä cornes est une maladie de toute la substance, mais eile laisse
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plus particulieremeut son ernpreinte dans certains appareils or-ganiques, en tete desquels il faut placer celui de la digestion.
La muqueuse de cet appareil est le siege, depuis la bouche jusqu'ä I'anus, d'une injection vasculaire qui se traduit par une teinte rouge brique, plus ou moins foncee, uniforme dans de cer-taines regions et se caracterisant dans d'autres par des nuances de ditferents tons, irrögulierement disposees.
A ce caractere, commun a toute la membrane muqueuse diges­tive, s'en ajoute uu autre : le detachement de l'epithelium dans toute son etendue, visible a l'anl nu ou ä l'aide d'instruments grossissants, suivant le lieu de l'appareil digestif que Ton con-sidere. Ainsi dans la bouclie, le pharynx, Toesophage, le rumen, le reseau et le feuillet, Fepithelium se separe de sa muqueuse sous forme de plaques plus ou moins etendues qui laissent a nu le tissu de la membrane tres injecte, et d'une couleur rouge fonce, particulieremeut dans la bouclie et dans le rumen. Dans ce dernier organe, on constate souvent, outre ces sortes d'exco-riations par denudations epidermiques, des taches d'un rouge presque noir, disseminees irregulieremeut, visibles ä travers l'epithelium encore adherent, et qui ne sont que l'expression de petites extravasions capillaires.
La muqueuse de la caillette reflete une teinte rouge brique ge-uerale avec des nuances plus foncees sur le sommet des duplica-tures, et des taches, los unes plus ibncees egalement, les autres plus claires, qui lui donnent un aspect marbre. Dans un grand nombre de sujets, eile est souvent criblee d'une multitude d'ulce-rations superficielles, et, dans des cas plus rares, on y constate des plaques gangrtmeuses d'une teinte grise, autour desquelles des sillons disjoncteurs peuvent etre vus, plus ou moins profon-deinent creuses, suivant que la vie des animaux s'est plus ou moins prolongee apres la manifestation de la maladie.
Dans Tintestin grele, le colon, le ccecum, le colon flottant et le rectum, on voit se dessiner sur la muqueuse, d'une couleur rouge moins accusee que celle de la caillette, une sorte de reseau irre-gulier h grandes mailles, forme par les teintes plus fonceos du sommet des plis longitudinaux et trausverses. L'examen micros-copique fait constater, sur toute l'eteudue de cette muqueuse, la destruction de repithelium, et l'exsudation, ä la surface de cette membrane, d'une substance d'apparence caseeuse et de matiere purulente.
Les plaques de Peyer sont souvent alterees. On pent les ren-contrer, soit seulement gorgees de sang et presentant alors une leinte rouge plus ou moins foncee; soit avamp;cleurs follicules rem-
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plis d'une matiere d'apparence purulente, et se dessiiiant en im relief assez saillant, ce qui, avec l'auröole rouge qui circonscrit leur groupe, donne ä la plaque tout entiere la forme d'une agglo­meration de petites pustules. Ges plaques ne sont pas toujours immediatement visibles lorsqu'on ouvre l'intestiu; dans un assez grand nombre de cas, elles se trouvent revetues d'une couche exsudee, de consistance caseeuse, qui adhere legerement ä leur surface, et qu'il faut dßtaclier par le grattage pour les mettre ä nu.
La muqueuse du gros colon et du ccecum, vergetee comme celle de rintestin grclc, cst souvent herissee d'une multitude de petits prolongements fibrineux, qui sont comme implantt^s dans le tissu de la membrane, et laissent voir, lorsqu'on les detache, autant de petites ulceratious assez profondes, aux points oü ils s'inseraient.
D'apres le docteur Brau eil de Dorpat, la lesion caracteristique du Typhus, dans l'appareil digestif, serait le detachement de l'epithelium de la muqueuse qu'il revet, detachement qui s'ope-rerait soit en grande 6tendue, seit par places isolees.
Pendant que cette separation s'effectue et probablement avant, les cellules epitheliales subiraient une transformation graisseuse.
En meme temps aussi, il y aurait une nouvelle formation de cellules dans les glandes muqueuses de la bouche, du pharynx du quatrieme estomac et de rintestin grele, lesquelles cellules se changeraient en une masse caseeuse, adh6rente, par places, pen­dant quelque temps ä la surface de la muqueuse.
Les erosions hemorrhagiques et les ulcerations superflcielles dont parlent les auteurs seraient produites, d'apres M. Brauell, par des destructions partielles de la muqueuse, analogues ä celles de repithelium.
Dans les glandes solitaires de l'intestiu grele, la multiplication des cellules aboutit, en fin de compte, k une destruction partielle du tissu. Ce que Ton appelle exsudations plastiques, fausses membranes, eruptions vesiculaires et ulcerations des glandes solitaires sont des phönomenes qui se rattachent aux change-ments eprouves par les cellules. De meme pour les alterations iles glandes de Peyer.
Une des particularites les plus curieuses que Ton a constatees dans le Typhus et qui se rencontre assez frequemment dans les ani-maux dont la maladie s'est prolougee au-delä de quatre k cinq jours, cest la presence, dans le tissu de la muqueuse intestinale, d'une espece de pigmentum, analogue par l'apparence ä de la matiere melanique, qui est tantötrtüpandnd'uue maniere diffuse, etdonuc alors ä la membrane une couleur noire tres iinement pointillöe,
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
et tantöt dispose en lignes, formant un r6seau, comme las lignes rouges du sommet des plis.
Cette espece de pseudo-pigmentum est exsude probablement de la muqueuse avec les liquides qu'elle söcrete, car on le retrouve dans Tintestin avec les matieres qu'il renferme, auxquelles il communique une teinte grisätre plus ou moins foncöe.
L'exameu microscopique a fait reconnaitre que ce pigment etait formt; par de fines granulations qui devaient a I'liematosine leur coloration noire si caracteristique.
Le foie et la rate sont toujours exempts d'alterations speciales a la Peste bovine.
Dans les voies aeriennes, la muqueuse est generalement colo-ree en rouge avec des nuances plus foncees dans de certaines regions, comme les cavites nasales et le larynx. D'apres le doc-teur Brauell, il s'y opere le meme travail de detachement de l'epi-thelium que dans Tintestin. Les glandes muqueuses de cette membrane sont le siege d'une multiplication exageree de cellules avec un developpement extraordinaire des elements du tissu con-nectif, et ce sont ces productions qui constitueraient, suivant cet auteur, les exsudations dites pseudo-membraneuses que Ton rencontre, notamment, dans le larynx; mais Jamals elles ne seraient formees par de la lympbe plastique.
On constate, par places, snr la muqueuse des voies respiratoires comme sur celle de l'appareil digestif, des especes d'ulcerations dues ä des pertes de la substance de la membrane.
L'une des lesions les plus coustantes de la Peste bovine est l'emphyseme interlobulaire du poumou : partiel ou general, con­siderable ou pen accuse. Dans les cas Men caracterises, les lames celluleuses interlobulaires, distendues par le lluidegazeux qui les infiltre, isolent les uns des autres les lobules pulmonaires comme fait le fluide sereux de la peripneumonie, et la pression eprouvee par ces lobules leur donne une apparence plus condensee et une couleur plus foucee qui, a premiere vue, peuA'ent faire illusion et dorner ä croire ä l'existence de cette derniere maladie. Mais il sufiit de toucher et de peser l'organe pour que cette illusion s'evanouisse. L'emphyseme du poumon dans les animaux atteints de la Peste preexiste h la mort, cela n'est pas douteux, car onle constate sur les animaux que Ton fait abattre et dont on pratique immediate-ment 1'ouverture. G'est k lui qu'il faut rattacher, sans nul doute, les difficultes do la respiration qui sont un des symptomes carac-teristiques du Typhus. G'est peut-etre aussi de lui que precede Temphyseme sous-cutane.
Les lesions de l'appareil circulatoire consistent surtout dans
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des infiltrations et des colorations anormales des organes qu'il compreud. II est commun de rencontrer de profondes ecchymose's sous l'endocarde et une coloration rouge uniforme de la mem­brane interne des veines et meme de l'aorte.
Quant au Systeme capülaire, il est le siege d'une congestion, on pent dire generale, qui s'exprime, sur le vivant, par la coloration si fortement accusee de toutes les muqueuses, et par les taches ecchymotiques disseminees sur toute leur etendue.
Le sang a ete I'objetde Lien des investigations, surtout ä l'epo-ijue de la derniere invasion de la Peste bovine, en 1865, mais je ne saclie pas qu'elles aient conduit a rien de positif.
Dans un memoire intitulr Recherches microscopiques sur la cattle-plague et publie dans le troisicme rapport dc la commission anglaise, le docteur Beale, professeur de physiologie an King's college de Loudres, a signale la predominance des globules Llancs dans le sang, et il pretend avoir constate, sur la memLrane interne des capillaires, une augmentation considerable de ce qu'il appelle the germinal matter, la matiere germinale, k laquelle il fait jouer un role considerable comme agent de transmission de la Peste bovine. En outre, il aurait constate dans le sang I'existence d'on/a-nites vegetaux cpi'il represente dans une de ses planches et qui out tout ä fait l'aspect des bacteridies. Nous ne pensons pas que d'autres observateurs aient vu les memos choses qne M. Beale; aussi nous contenterons-nous de reproduire ici ses assertions sans les accompagner d'aucun commentaire.
On n'a pas encore constate d'alterations qui soient propres au Typhus dans les organes genitaux urinaires et dans I'appareil nerveux.
Mais il n'en est pas de meme du Systeme musculaire. On a signale, en Angleterre, l'existence, dans les muscles des animaux atteints de la Peste, de corps ressemblant ä des entozoaires, dont M. le docteur Beale a fait une etude tres complete dans le me­moire que nous avons cite plus haut. Ce sont, d'apres la des­cription qu'il en donne et les planches oil il les represente, des petits corps fusiformes, dont une des extremites est aceree tandis que Lautre est plus on moins arrondie. Leur surface exterieure est generalement lisse; dans quelques cas seulement on y ren­contre des projections, comme s'il y avait une tendance a la seg­mentation. Ces productions, difiiciles ä classer et a denommer, taut leur nature est obscure, ont des dimensions qui varient de-Pui ttvö jusqu'ä j de pouce en longueur. La plupart sont enve-loppees dans une sorte de coque entre les fibres musculaires ele-mentaires; raais il y en a qui sont completemeut libres. Presque
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toujours elles sont fusiformes, avec une de leurs extrömitös plus arrondie et l'autre plus aigue, se rapprochant ainsi de la forme de Tceuf. Leur enveloppe extsect;rieure presente une structure tres delicate et se trouve recouverte de processus ciliaires analogues a des polls.
Leur masse Interieure ne laisse voir aucune trace de canal ali-mentaire, d'ovaire, de glandes secretoires ou de tout autre organe; eile paralt granuleuse h un fälble grossissement, et semble divi-see en une multitude ile segments, Mais on reconnait qu'ollo est constitueeentierementpar de tres petits corps, semblables les uns aux autres, mesurant moins de -t^Vj de ponce dans leur plus grand diametre, d'une forme ovalaire, aplatis, legerement incur­ves lateralement, avec une extremite mousse etl'autre plus aigue. La masse entiere du kyste entozoide doit son augmöntation de volume ä la multiplication, par division et subdivision des cor-puscules qu'il renl'erme.
M. ledocteur Beale dit avoir rencontre en quantites considera­bles ces corps singuliers, entozoaires ou entozoides, dans presque tous, si ce n'est tons, les animaux morts de la Peste, dont ils occupent le Systeme musculaire de la vie animale et le cceur. II les a vus, notamment, en quantite innombrable dans les mus­cles d'un veau Age de six mois, abattu pour cause de cette ma-ladie. Ce n'est que par tres rare exception qu'on en a constate la presence chez les animaux qui röunissent toutes les apparences de la sante. Cependant, ils ne constituent pas une lesion propre ä l'espece bovine et caracteristique du Typhus. On a constate leur existence, il y a plus de vingt ans, non-seulement dans le boeuf, mais encore dans le mouton, le daim, le rat, la souris, le cochon et d'autres animaux peut-etre. La presence de ces corps entozoides dans les muscles d'un cochon avait conduit Georges Rainey, en 1855, ä admettre qu'ils constitnaient le premier degre du deve-loppement du cysticerque celluleux, opinion qui n'a pas 6t6 partagee par Leuckart et Cobbold.
Quoi qu'il en soit de la nature de ces corps, h contenu granu-leux, considöres par les uns comme des entozoides et, par les autres, comme des entophytes, c'est un fait assez curieux, dont !a signification sera sans doute revelee un jour, que les muscles de presque tous les animaux morts de la Peste en renferment des quantites prodigieuses, ainsi que cela resulte des recherches et des observations que le docteur Beale a si longuement expos^es dans son memoire.
En resume, c'est surtout sur les differents arganes de l'appareil digestif que le Typhus contagieux laisse son empreinte la pins
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visible ä l'oeil nu; c'est lä que Ton rencontre les lesions les plus constantes, sans qu'il soit juste de dire cependant qu'elles ont une signification univoque. Mais quand on les constate en temps d'epidömie, leur valeui- diagnostique s'accrolt en ralson des cir-constances memes oü elles se montrent, et elles devienuent tres süffisantes pour permettre de formulei an jugement certain sur l'existence de la maladie dont elles restent l'expression dans le cadavre.
Katare du Typhus*—Apres avoir considere la Feste bovine anx diüferents points de vue de son histoire, de son origine, des syrap-tomes par lesquels eile s'exprime et des 16sions qui lui sont pro­pres, iljnous fautmaintenant aborder la question de sa nature, ou, autrement dit, de la condition essentielle en vertu de laquelle cette maladie nalt, se döveloppe, et produit dans rorganisme la serie des phenomenes qui la caracterisent.
Cette condition essentielle de la manifestation de la Feste bo­vine est un principe contagieux, im germe morbide qui, dans nos contrees occidentales, en est, ä coup sur, la cause exclusive et, dans l'Europe Orientale, la seule cause connue.
Une Ibis introduit par des voies naturelles ou accidentelles dans uu organisme favorable ä son developpement, comme Test tout particulierement celui de nos grands ruminants domestiqnes, le germe morbide y repullule d'une maniere latente pendant la periode dite d'incubation ; puis il traduit sa presence par des ma­nifestations locales dont les plus accusees sont celles qui s'opereiit sur le Systeme tegumentaire externe et interne : la peau et les muqueuses, celle de l'appareil digestif surtout et celle de l'appa-reil respiratoire. Dans la Feste bovine, comme dans les maladies dites eruptives en general, le mode primitif des manifestations locales est un mouvement congestif dans les membranes qui en sont le siege, mais ce mouvement u'est pas suivi d'un travail veritable de pustulation; il abonlit seulement h la formation de vesicules sous-epidermiques dans de certaines regions, comme la bouche notamment, ä une sorte de desquamation generale de repitlielium sur une grande etendue dela muqueuse digestive, et ä une perversion de la fonction des glandes solitaires ou agglo-merees de cette membrane. Somme toute, si dans le Typhus la presence du virus recu et repullule donne lieu ä quelque chose qui ressemble ä un effort eruptif sur les muqueuses et sur la peau, cet effort est incomplet et insuffisant, et il a rarement pour consö-quence ce que les anciens appelaient la depuration, c'est-ä-dire relimination complete et definitive de tons les germes morbides dont le sang est comme sature.
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C'est done bien ä tort que le docteur Murchison, en Angleterre, s'inspirant de queltjues analogies de forme entre la Paste bovine et la yariole, a voulu etablir entre ces deux maladies une com­plete identity, comme l'avaient döjä fait du reste Ramazzini et Lancisi, au commencement du dernier siecle : opinion seduisante du reste, que devait epouser d'autaut plus facilement un medecin etranger h Tetude des maladies du betail que cetle identification, etablie sur des appareuces trompeuses, devait inspirer l'emploi de la vaccination comme moyen propliylactique certain.
De fait ccttc opinion, ä laquelle la juste autorite du nom de M. Murcbison donnait une grande importance, a eu ce resultat de faire essayer tout ä coup la vaccination des bestiaux sur si grande ecbelle que le vaccin ne tarda pas ä faire defaut aux experimentateurs, ce qui donna lieu ;i la creation d'uue nouvelle et pen loyale Industrie, celle de la fabrication d'un vaccin factice dent remeti(jue etait la base, et qu'ou a vendu un instant pour du vrai vaccin, ädes prixlabuleux comme une I couronue (12 fr. 50) la plaque. Ce fait dit ä lui seul combien M. Murchison avail fait de croyants; mais belas! nilusion ne fut pas de longue duree, et quand on vit la Peste contiauer ä faire des victimes, comme si de rien n'etait, panni les animaux, en tres grand nombre, auxquels on avail pratique rinoculation vaccinale la mieux reussie, force fut bien de se rendre et de reconnaltre rimpuissance absolue de ce moyen auquol on avail ä tort attribue une vertu propliylac­tique assuree. Du meine coup, et une nouvelle Ms, fut demon-tree rinaaite de la doctrine qui voulail identifier la Peste bovine k une maladie varioleuse.
Inutile, anjoiu'd'bui, d'insister davantage sur ce point.
En definitive, la Peste est la Pesle ; olle est elle-meme: eile n'est identifiable äaucune autre maladie des bestiaux. Lepiincipe contagieux qui en constilue I'essence a des propri6t6s qui lui soul exclusivesetquile caraclerisent si nettement, comme germe mor­bide, qu'il n'est pas possible d'en confondre et d'en assimiler les manifestations avec cellos qui peuvent proceder de tout autre principe contagieux.
IHcsurcs pr6scrvativcs ct curatives contre le Typhus.— La notion etanl aujourdhui definitivement acquise el la demonstration irre­futable que la Peste bovine ne se developpe Jamals spontanement dans les contrees de l'Europe occidentale et que, lorsqu'elle y ap-parait, c'est loujours par les voies de la contagion qn'elle y a ete importee, le probleme de la preservation contre ce redoutable fleau consiste exclusivemenl dans l'emploi de mesures sanitaires propres ä prevenir son invasion.
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Ge problems, la France a pu le resoudre, on pent dire comple-tement, ä sou grand avantage, en 1865 et 1866; et, malgre ses frontieres ouvertes sur la Belgiqne et sur rAllemagne, sou admi­nistration de l'agriculture est parvenue cependant, ä force de vigilance, ä empecher le Typhus, si ce n'est absolument de peue-trer sur notre territoire, au moius d'y rester longtemps et surtoul d'y faire un grand nombre de victimes; et encore est-il vrai de dire que son invasion dans le departement du Nord a pröcedö de deux jours la promulgation des mesures sanitaires qui out eu pour consequence certaiue de s'opposer, pendant toute la duree de Fepizootie, au retour d'uu pared evenement.
La regle de coaduite ä soivre pour I'avenir est done toute tra-cee par celle qui a ete suivie en 1865, et dont uue experience depresdedeux annees a demontre I'efficacite d'une mauiere si evidente.
En 1865, au moment oh le Typhus veuait de penetrer dans le departemenl du Nord, imperte par une vache achelee ä Malines, un decret imperial fut rendu et un arrete ministeriel pris en consequence, par lesquels les ports du littoral depuisety compris Nantes jusqu'ä Dunkerque, et les frontieres du nord et de Test, de la mer au Rhin, se trouvaient absolument fermes ä l'intro-duction et au transit des auimaux de l'espece bovine, ainsi que des cuirs frais et autres debris frais de ces animaux.
L'introduction en France et le transit des animaux de l'espece bovine, ainsi que des cuirs frais et autres debris frais de ces ani­maux, provenant d'Augleterre, de Hollande et de Belgique, elaient absolument interdits par tons les ports et bureaux de douane de 1'Empire.
Eufin, dans tons les ports et bureaux de douane, autres que ceux specifies dans le premier article de l'arrete, e'est-a-dire les ports du littoral et les bureaux de douane des frontieres du nord et de Test, les animaux de l'espece bovine Importes d'alitres pro­venances que I'Angleterre, la Hollande et la Belgique, durentetre prealablement visites par des agents speciaux, et Ton n'autorisa ä entrer que ceux qui etaient reconnus sains. Uue quarantaine de dix jours etait imposee aux animaux de cette espece pour les­quels il y avait lieu de concevoir des motifs de suspicion, et leur admission ne pouvait etre permise qu'autant qu'apres cette qua­rantaine il etait constate qu'ils se trouvaient exempts de tout symptöme se rattachant au Typhus contagieux.
Qaelqnes semaines plus tard, l'irruption du Typhus dans le Jar-din d'acclimatation du bois de Boulogne, ä Paris, ayant fait con-naitre que cette maladie pouvait etre importee par des auimaux
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exotiques, et la dömonstration se trouvant donn6e par les faits recueillis en Angleterre et en Belgique que les moutons eux-memes etaient susceptibles de contracter la Feste et de latrans-mettre, les mesures d'iuterdiction, qui ne comprenaient que les animaux de Tespece bovine etleurs debris, furent 6tenduesa tons les ruminants indigenes et exotiques, voire meme, par extreme prudence, aux aniraaux de l'espece porcine. Puis enfin, lorsque les provinces de la Prusse rhinane et le Palatinat se trouverent envahis, de ce cote encore toute importation se trouva interdite d'animaux et de cboses suspects, commc par les fronlieres les premieres fermees.
Eu meme temps que ces mesures etaient prises, le ministre de ragriculture publiait, sous la forme d'une circulaire aux prefets, des instructions applicables aux cas oüle Typhus contagkux des betes ä comes ou Peste bovine viendrait ä se manifester en France. Dans cette circulaire, le ministre laisait un expose succinct de l'histoire du Typhus et cherchait ä faire penetrer Tidee, alors energiquement combattue en Angleterre, que cette maladie etait etrangere ä nos climats, et qu'elle ne se developpait jamais spontanement dans les ditferentes contrees de TEurope occidentale, quelles que fussent du reste les mauvaises conditions hygieniques auxquelles les ru­minants pouvaient etre exposes.
Le Typhus des betes ä comes ne pouvant penetrer que par voie de contagion dans 1'Europe occidentale, e'est de ses proprietes contagieuses seules que se preocenpait la circulaire ministerielle, s'attachant ä faire connaitre comment, grace ä elles, cette ma­ladie debordait facilement de son pays d'origine en suivant les routes des armees ou celles du commerce, et comment aussi, de proclie en proche, eile pouvait se repandre au loin par difierems intermediaires.
Puis apres l'expose des symptomes et des lesions morbides le plus caracteristiques du Typhus, venait l'indication de toutes les mesures de police sanitaire auxquelles on devrait recourir clans tou­tes les localites oü la maladie ferait irruption. Le ministre recom-mandait avec instance que toutes ces mesures, par lui prescrites, fussent partout scrupuleusement et rigoureusement appliquees, et il exprimait sa forte esperance laquo; que si les efforts etaient bien laquo; concertes, si chaeun etait ä son poste et faisait bien son devoir, laquo; on pourrait opposer ä l'invasion du mal une digue qu'il ne laquo; franchirait pas. raquo;
Cette esperance du ministre a ete realisee de tons points, grace au zele qu'ont deploye, chacun dans sa sphere d'activite, tous ceux qui ont ete appeles ä concourir h Fceuvre de preservation du pays.
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II faut dire maintenant que si notre reussite a 6te si complete, c'est que nous avons su profiler des enseignements que nous donnaientdepuis cinquanteans les Etats limitrophes de laRussie, la Prasse notamment qui lutte incessamraent centre la Feste bovine sur tonte Tetendue de ses frontieres de Test et du sud, et fait executer, avec une vigilance dont eile ne se departit Ja­mals, les prescriptions les plus rigoureuses de la police sanitaire. Gräce ä un service veterinaire tres Men organise et maintenu en permanence, tous les animaux qui viennent de la Russie, ä destination pour la Prasse, sont soumis ä une inspection tres scrupuleuse aux bureaux de douane de la frontiere ; et s'ü y a des motifs de soupconner leur etat sanitaire, soit qu'ils paraissent malades, soit quils proviennent de pays suspects, ils doivent rester en quarantaine pendant un laps de temps qni ne mesure pas moins de vingt et un jours. Que si, enfin, le Typhus dejoue toutes ces precautions, et parvient ä franchir la frontiere, k Vina-tant meme on organise antour des localites qu'il a envahies un cordon sanitaire tres reel et tres efficace, et l'abatage, immedia-tement execute, des animaux malades et contamines, ne laisse aucune prise ä la contagion. C'est gräce ii ce Systeme energique de police sanitaire que la Prasse est parvenue ä preserver ses provinces des desastres de l'epizootie bovine, et qu'elle a contri-bue, pour sa part, dans une large mesure, h en preserver l'Eu-rope occidentale.
En Autriche, les lois de la police sanitaire veterinaire sont identiquement les memes qu'en Prusse, mais elles n'assurent pas au pays une garantie aussi parfaite, parce qu'elles ne sont pas aussi rigoureusement executees par la faute des hommes ou des institutions ou par les empechements des choses. Aussi les pro­vinces orientales de l'empire autrichien sont-elles plus souvent que celles de la Prusse envahies par le Typhus et dans une plus grande etondue ; mais celles de l'ouest s'en defendent en recon-rant ä des precautions sanitaires pour se mettre ä l'abri de la contagion.
Tous los autres Etats de l'Allemagne ont adopte ä l'egard de la Peste bovine le code sanitaire de la Prusse et mettent les memes scrupules ä en faire executer les prescriptions, en sorte qu'on peut considerer aujourd'hui comme ä pen pres nul le danger, non pas que la Peste y penetre, mais qu'elle puisse s'y etablir longtemps et envahir une grande etendue de pays. La re­gle de conduite que les autorites ont ä suivre est si bleu tracee et toutes, partout, sont si bien penetrees de leurs devoirs, que des que la Peste est menacante sur un point de leurs frontieres, ä
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Tiiistant meine les mesures sont ordonnees et executees pour que ces frontieres restent fermees ä tout ce qui pourrait rintroduire, animaux ou matieres inertes, suspectes ä un titre quelconque. Cepeiidant conime, au point de vue commercial, ces obstacles mis an transit par les frontieres des petits Etats limitrophes ne laissaient pasd'avoir des iucoiiTenients, quatre d'entre eux, regis par des lois sanitaires ideutiques, ä savoir la Baviere, le quot;Wurtem-berg, le grand duch6 de Bade et la Hesse grand-ducale, out conclu ;i Mannheim une convention par laquelle ils s'engageut a ne plus lermer leurs i'rontieres aux importations venant de celui d'entre eux que la Pestc aurait euvahi, a la condition pour celui-ci de circonscrire etroitement le foyer de la contagion, suivant les prescriptions rigoureuses de la loi sanitaire qui leur est commune, et d'etoufi'er ce lover dans le plus bref delai, par les moyens si efflcaces (]ue l'experience enseigne, ä savoir I'abatage immediat des animaux malades et coiitamiiies. Grace ä cette convention, les quatre pays qu'elle lie sont, relativement a la Peste bovine, commo s'ils ne formaient qu'un seal Etat, ayant les memes lois comme les memes interets ; et ils se sont ainsi delivres des empe-cbements qu'apportait a la liberte des transactions I'interdiction des frontieres de Tun pour cause de suspicion de l'autre.
La Suisse, dont le bötail constitue une des principales richesses, a adopte et met rigoureusemeut en pratique un Systeme de police sanitaire, grace auquel eile salt se preserver, non-seuloment de la Peste bovine, mais encore de toutes les maladies contagieuses; eu sorte que de ce cöte noire froutiere est assuree, et que quand bien meine l'Autriclie est menacante, nous n'avons rien ä redou-ter pour nous-memes, car nous avons la garantie certaine que la Suisse ne se laissera pas envahir sur une grande surface. L'eve-nement l'a bien prouvö, en 1866, lorsque, apres la guerre, les Itocufs rassembles pour rapprovisionnement de l'armee repandi-rent le Typhus jusque dans le Tyrol et le Vorarlberg. Le canton des Frisons, limitrophe de ce dernier pays, fut un instant envahi; mais les precautions etaient si bien prises que la maladie ful etouffee aussitöt qu'apparue et que les pertes causees par cette irruption passagere furent insignifiantes.
II ressort de ce qui precede que nous trouvons coutre le Typhus les garanties les plus sores dans les pays qui nous sont limitrophes, sur tonte notre frontiere de Test, depuis la Belgique jusqn'ä la Suisse, et que, grace ä leur vigilance et ä l'energie des mesures auxquelles ils ont recours pour se preserver contre les alteintes du fleau des steppes, les chances se trouvent pour nous bien reduites des dangers de son invasion sur'hotre propre terri-
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toire. Ajoutons que TAngleterre et la Hollande ont su profiter de renselgnement qui est ressorti pour elles des desastres de 1865 et qu'aujourd'hui, grace aux lois sanitaires, imitees de celles du continent, que les Parlements de ces deux pays ont adoptees sous la pression des evönements, 11 n'est plus ;i redouter (pie Jamals la Feste bovine y fasse d'aussi terribles ravages que lors de la der-niere epizootie, ä moins qu'elle n'y soit introduite par une guerre d'invasion, ce qui n'est pas dans les choses probables pour le Royaume-Uni tout au moins.
En resume, l'experience des dernieres annees nous a appris que nous pouvions nous preserver du Typhus contagieux des betes a cornes, en fermant nos frontieres, sur une ligne plus ou moins ötendue, suivant que les circonstances 1'exigent, ä toute importa­tion d'animaux ou de debris d'auimanx, pouvaut servir, les uns ou les autres, de vehicules äla contagion. Pendant toute la duröe de la derniere epizootie, nous avons du nous montrer tres rigo-ristes dans l'application et le maintien tres prolonge de ces me-sures d'interdiction absolue, parce que l'Angleterre et la Hollande sont restees longtemps sans defense contre le Typhus, et que l'expansion incessante de ce fleau sur leurs territoires rendait tresintensifset, par cela meine, tres redoutables les rayonnements de leur contagion. Mais ä Tavenir, avec la gnrantie que donne par­tout, autour de nous, l'observation de lois sanitaires h peu pres identiques, ou pourra se departir de cette extreme rigueur d'in­terdiction ä laquelle on a du s'astreiudre lors de la derniere epi­zootie, en raison des conditions tout exceptionnelles oü eile s'est manifestee. Les Etats qui out signe la convention de Mannheim n'ont-ils pas donne la demonstration experimentaleque la liberte des transactions pouvait etre maiutenue sans danger entre desquot; pays limitrophes, quand bien meme Fun d'eux se trouvait partiel-lement infecte ? Ne leur a-t-il pas sufli pour adopter cette mesure, si utile aux interets de tous, que chacun d'eux prit l'engagenient de circonscrire chez lui les foyers contagieux, et de s'opposer ä leur rayonnement? Dans de telles conditions, Tinvasion par la Peste bovine d'un pays qui est sur ses gardes, n'est plus qu'un accident dont les consequences sont loin d'etre aussi redoutables qu'on le croyait autrefois, avec juste raisou, et Ton pent avoir assez de confiance dans le pays partiellement envahi pour ne pas mettre en suspicion, par suite de cette invasion partielle, celles de ses provenances auxquelles il a cm pouvoir laisser la liberte de circulation. Dans les pays bien administres, an point de vue sanitaire, comme ceux de rAllemagne du nord et du sud. rien que cette liberte doit etre une garantie (pie ces provenances,
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animaux ou choses, ne sont pas susceptibles de porter avec elles la contagion.
II est vrai quel'Autriche, ou tout au moins les provinces orien-tales de cet empire, est loin de donner autant de garanties, au point de vue de la Peste bovine, que les differents Etats de i'Alle-magne du nord et du sud; maisil faut considerer que la Baviere, interposee entre eile et nous, exerce sur ses frontieres une sur­veillance tres active qui nous est une sauvegarde contre la conta­gion ; et quen outre, les provinces occidentales autrichiennes se tiennent elles-memes en garde contre celles de Test et s'effor-cent, de leur cote, a se met.tre ä I'abri de l'infeclion et ä squot;en delivrer lorsqu'elle les a atteintes. Le danger est done Men moindre pour la Baviere que pour la Prusse, et, de ce cote consequemment, nous trouvons encore des garanties sanitaires qui peuvent et doivent nousoterle souci d'une surveillance aussi active que celle qui est commandöe aux pays limitrophes des coutrees oü I'epizootie est toujours plus ou moins menacante.
Nous croyons done, en definitive, d'apres Texperience acquise dans ces dernieres annees, que la mesure rigoureuse de l'inter-diction absolue de nos frontieres aux animaux de diverses especes domestiques ou exotiques, susceptibles de contracter la Peste, ainsi qu'ä leurs debris frais, ne doit plus etre aujourd'hui qu'une mesure tout exceptionnelle ä reserver pour les circonstances oü, par extraordinaire, les Etats qui nous avoisinent se montreraient impuissants ä arreter la Peste bovine sur leur propre territoire et la laisseraient se developper dans ces proportions excessives qu'on lui a vu acquerir en Angleterre et en Hollande, pendant les an­nees 1865 et 66. Mais un pareil evenement ne nous parait plus possible que par l'effet de la guerre et des bouleversements qu'elle ontraine; en temps de paix, rien de semblable n'est k craindre, et nous pouvons, sans temerite, ne pas interdire les importations de bestiaux provenant des pays qui nous entourent, dans I'liypo-these meme oü Tun d'eux serait partiellement infecte par le Ty­phus, puisque la certitude nous est acquise que dans ces pays, tons les foyers de contagion ne peuvent rien laisser irradier qui soil susceptible de les agrandir, tant les precautions sont bien prises pour les circonscrire au contraire et les etouffer dans le plus bref delai possible.
Dans l'etat actuel des relations commerciales entre les diffe­rents pays de l'Europe, la Peste bovine est une calamite avec laquelle il faut s'accommoder de teile facon que, tout en se main-tenant en garde contre eile, la crainte des pertes qu'elle peut causer n'entraine pas ä des mesures prohibitives dont I'applica-
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tioa trop rigoureuse pourrait etre plus pröjudiciable aux intörets g6n6raux des populations que ces pertes elles-memes.
Hesures ä prendre dans le cas d'invasion du Typhus amp; rintCricur.
— Pour tracer la regle de conduite a. suivre dans le cas ou la Feste bovine viendrait ä faire irruption sur le territoire de la France, nous ne pouvons mieux faire que de nous inspirer du reglement adoptö par les Etats signataires de la convention de Mannheim, lequel n'est, du reste, que la reproduction de celui qui est mis en pratique en Prusse, avec taut de succes depuis le commencement de ce siecle. En voici les prescriptions essentielles :
1deg; Tout proprietaire ou detenteur d'un animal qui presente les symptomes dönoncant la Feste ou donnant des motifs de la soup-conner, doit en faire la declaration dans le plus bref delai a I'au-torite locale.
2deg; Celle-ci doit transmettre cette declaration immediatement ä l'autorite qui lui est superieure et prescrire d'urgence :
a.nbsp; La sequestration du local infecte;
b.nbsp; L'interdiction des päturages aux animaux malades ouconta-mines;
c.nbsp; La defense du transport hers de l'endroit suspect des betes k cornes, betes ;i laine et betes caprines.
En meme temps les habitants de la commune seront prevenus des grands dangers de l'epizootie et invites, avec instance, a eviter tout ce qui pent repandre la maladie.
3deg; Dans le cas ou il n'y a encore que suspicion de la maladie, snr an animal vivant ou mort, Tautorite locale pent ordonner l'abatage du vivant, et faire proceder aux autopsies.
Si Tinspection cadaverique laisse encore des doutes, les cada-vres doivent etre eniouis avec leur peau et tous leurs debris. En-suite sent presents:
a.nbsp; nbsp;Le denombrement et la visite obligatoire par le vet6rinaire de la totalite du betail de la commune, comprenant les betes a cornes, les betes ä laine et les betes caprines ;
b.nbsp; La sequestration de toutes les etables ou de tous les locaux habites par des animaux suspects, lesquels sont mis sous la sur­veillance de gardien s speciaux;
c.nbsp; nbsp;L'interdiction de transporter hors des locaux sequestres au-cuns fumiers, litieres, fourrages ou ustensiles ;
(/. L'interdiction de faire sortir de la commune ou d'envoyer aux päturages les betes ä cornes, les moatons et les chevres;
e. La declaration immediate a Tau tori le locale de cliaque cas de maladie ou de mort, survenant parmi les animaux denombres,
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avec ordre de laisser lesdits animaux au lieu meme oü la mala die ou la mort les a saisis.
4deg; Lorsque l'invasion de la Rinderpest est officiellement cons-tatee, on doit recourir immediatement aux mesures suivantes :
a.nbsp; Abatage d'urgence sur l'ordre et sous la surveillance de l'antorite locale, et sous la direction du veterinaire, tout a la fois des betes reconuues actuellement malades et de toutes celles qui se trouvaient avec dies dans la meme ferme, la meme stable, le meme local ou le meme troupeau, ou qui ont en avec ces animaux un contact pouvant donner lieu a la contagion;
b.nbsp; nbsp;Eulbuissement ä 6 pieds de profondeur des animaux abat-tns on morts, avec leur peau tailladee;
c.nbsp; nbsp;Sequestration de la ferme ou des locaux dans lesquels se sont trouves ou se trouvent des animaux malades ou suspects;
d.nbsp; Defense d'entrer dans cette ferme, et defense d'en sortir si ce n'est apres disinfection;
e.nbsp; Defense d'en exporter aucun objet quelconque sans permis­sion de Tautorite locale ;
/quot;. Les localites sequestrees seront maintenues sous la sur­veillance de gardiens assermentes et signalees h Tattention par un poteau sur lequel le mot Rinderpest sera inscrit en gros caracteres.
5deg; Apres l'övacuation par les animaux des ^tables ou locaux infect6s, on doit en enlever les fumiers, litieres, fourrages et au-tres objets et les faire charrier h distance pour les brüler ou les enfouir, h Tecart des chemins et des paturages, en s'abstenant d'utiliser.ä ces charrois les attelages de betes k cornes. On doit veiller ä ce que, dans le transport, les substances charriees ne se dispersent pas sur les routes. Defense de rouvrir avant trois mois les fosses d'cnfouissement; prescription de n'utiliser que pour les chevaux de la ferme les fourrages qui ont pu etre exposes h I'at-mosphere des animaux infectes.
6deg; Desinfection, apres la mort des animaux malades ou suspects, des locaux qu'ils ont habites; des harnais et ustensiles k leur usage; des vetements des personnes qui les ont approches; de ces personnes elles-mrmes ; des voitures qui ont servi au trans­port des cadavres, et en general de tout ce qui a pu se trouver en contact avec les animaux malades ou suspects ou avec leurs cadavres.
7deg; Les betes ä laine et les chevres qui se sont tronvees en rap­port avec les animaux malades de la Rinderpest doivent etre maintenues separees des betes k cornes ou autres animaux sus-ceplibles de contracter cette maladie jusqu'äla fin de l'epizootie.
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Dans le cas oh la Rinderpest se declarerait parrai eux, on de-vrait leur appliqner les memes mesures qu'anx loetes ä comes.
8deg; Toute commune, dans l'une des fermes de laquelle la Rin­derpest a (He constatee, doit etre d(?claree infectee, par rautorite locale, et alors les mesures suivantes sont mises en vigneur :
a.nbsp; Visite et recensement de tons les bestiaux de la commune (hetes ä comes, älaine etchevres), en ayant soiu de prendre les pins grandes precaulions pour eviter la propagation de lY'pizoofie:
b.nbsp; Interdiction de faire sortir de la commune aucun des ani-maux recenses et meme tout antre animal domestique.
Les chevaux des fermes non infectees ne pourront etre utilises an dedans on au dehors de la commune qu'avec Fantorisation at sous la surveillance de la police locale.
c.nbsp; Defense de laisser divaguer les cliiens, les chats et les oi-seaux de basse-cour, sous peine de leur abatage immediat.
d.nbsp; Defense d'exporter de la commune declaree infectee lespro-dnits animaux brnts (viandes, suitquot;, peau , polls, laines, soies, os, onglons, cornes, dechets): les fumiers , les fourrages (foin, re­gain, paillo); litieres, ustensiles d'ecurie ou d'etable.
c. L'autorisation d'exporter de cette commune infectee d'autres ohjets, et, pour les personues, de sortir de cette commune, ne pourra etre accordee que sur un certiflcat de la police locale cons-tatant qne, depuis l'lnvasion de Tepizootie, ces objets ou ces per­sonues ne so sont jamais trouves en contact avec des animaux malades ou suspects, qu'ils n'ont pas sejourne, meme momenta-uement, dai\s une ferine infectee, et qu'ils out ete soumis a une desinlection prealable.
L'execution de toutes les mesures prescrites ci-dessus est mise sous la surveillance de gardiens assermentes et de la force armee.
f.nbsp; Les fumiers doivent etre sortis journellement des etablesnon infectees.
g.nbsp; L'abatage des betes ä cornes provenantd'etablesou de locaux uon iufectes ne pent avoir lieu, pendant loute la duree de la sequestration, qu'avcc l'assentiment et sous la surveillance du veterinaire.
Les viandes ne peuvent etre debitees quo dans la commune et si ranimal dont elles proviennent est reconnu exempt de repizootie.
h. Personne ne pent abattre, depouiller, enfouir. ou enlever de quelque maniere (]uo ce soit une bete ä corne, ä laine ou une chevre, sans une declaration prealable faite ä la police locale et sans Fassentiment du veterinaire.
0deg; La tenne des marches aux bestiaux et des foires est interdite dans la commune infectee.
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690nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GKENERALES DIVERSES.
10deg; Toutes les Ms qu'un cas suspect ou une veritable invasion de la Peste bovine aura ete constate dans des quartiers isolesseu-lement des grandes villes ou dans des communes ayant une cer-taine importance, il sera laisse ä rapijreciation de la police du district d'iudiquer dans quelles limites devront etre operes le de-nombrement du betau, la sequestration et 1'application de I'en-semble des mesures de surete indiquees ci-dessus.
11quot; Lorsque le passage d'animaux de paturages a travel's des communes declarees iulectees no peut etre evite d'une maniere al)solue, en raison do dispositions locales, ce passage pourra etre autorise exceptiomiellcmeiit jtar la police du district, sous la con­dition de lapplication des mesures de precaution necessaires: mais, apres leur arrivee ä leur lieu de destination, ces animaux seront sequestres pendant dix jours et places sous la surveillance du veteriuaire.
12quot; Le transport d'animaux, par cliemin de fer, ä travers une commune ini'octee peut etre autorise sous la condition de l'obser-vation des mesures de surete, ordonneespar la police du district.
13quot; Lorsque Tinvasion de la Rinderpest dans une commune aura ete officiellement couslatee, une zone de six lieues de rayon sera determiiiee, autour de cette commune, par la police du dis­trict et avec le concours des autorites interessees.
Cette zone, que Ton appelle le district de Tepizootie (seuchen-grenzbezirk), se trouvera, des lors, sous l'applicatiou des mesures suivautes :
a.nbsp; Tout proprietaire de bestiaux y est tenu de renlettre, dans les quarante-liuit lieures, an propose do la police locale, un etat indicatif de Tage, du sexe, de la robe et des marques eventuelles de cliaque tete de son be tail.
b.nbsp; Apres le depot de cet etat, tonte modification survenue dans son etable par naissance, vente, acbat, ou toute autre maniere, doit etre portöe par le proprietaire a la connaissanco du propose ä la police locale dans les quarante-huit lieures, et, on meme temps, si un nouvel animal a ete acbete, le liou de provenance doit en etre declare.
c.nbsp; Tout cas de maladie ou do mort d'une bete bovine, ovine, ou caprine doit etre declare hnmediatoment.
d.nbsp; nbsp;Tout animal qui a succombe doit etre laisse sur la place meme oil il est mort, en attendant les instruc1 ions de la police locale, et tout contact avec lui doit etre evite.
c. Le commerce du gros betail et plus particulierement les marcbes aux bestiaux sout interdits d'une maniere absolue dans la zone de l'epizootio. Ce n'est que par exception que sera tolere
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le commerce des animaux de boucherie ou de ceux recoiinus n6-cessaires ä rexploitatiou d'une l'erme. Dans ces cas, ie contröle de la police locale est de rigueur.
En outre, le commerce de foin, paille, litiere et fumier ue peut avoir lieu que dans les cas de pressants besoins, avec l'autorisa-tion et sous la surveillance de la police locale.
f.nbsp; Pour les animaux des boucheries qui toucbent ä des com­munes infectees, les pätuiages sout interdits.
g.nbsp; Defense de laisser errer les cbiens et les chats; et dans le rayon d'une lieue autour des communes inlectees,les animaux de basse-cour doivent etre tenus enierm^s.
14deg; Le rayon du district de Tepizootie doit etre determinö par laregencedu cercle, d'accord, s'ily alieu, avec celles des cercles limitrophes, dans le cas oü plusieurs communes sont infectees.
15deg; Les mesures mises en vigueur pour 1'extinction de la Rin­derpest cessent d'etre appliquees lorsque Tepizootie est declaree eteinte; et cette declaration oflicielle est faite lorsque, vingt et an jours apres le dernier cas suspect, ou apres la derniere Deci­sion dans la commune infectee, aueun nouveau cas de maladie suspecte n'a ete Signale et quo, dans le mome laps de temps, la visite du be tail n'a fait counaitre aucun nouveau cas suspect.
16deg; On ne peut repeupler avec des betes bovines, ovines et ca-prines les etables et locaux qui out ete infectes que quatre se-maiues apres la declaration oüicielle de 1'extinction de l'epizootie.
11deg; Une indemnity de la valeur entiere des animaux abattus par application des mesures ci-dessus est accordee, sur la caisse de l'Etat, aux proprietaires desdits animaux. Leur valeur doit etre esdmee d'apres les prix etablis dans la contree, et en tenant compte de l'aptitude au service, de I'äge et de l'etat d'entrctien, sans prendre en consideration la depreciation qui resulte pour la population aniinale de I'existence de l'epizootie.
Le sein de cette estimation est confie h une commission asser-mentec, nominee par la police du district et composee d'un ha­bitant non Interesse de la commune, d'un veterinaire et d'une autre personne competente.
II n'y a pas lieu d'accorder cette indemnite :
a.nbsp; Lorsque I'interesse a subi une condamnation juridique pom-avoir manque aux precedeutes prescriptions ;
b.nbsp; Dans le cas d'abatage d'animaux venant de l'etranger et so trouvant en transit;
c.nbsp; Lorsque les animaux venant de l'etranger et introduits dans le pays auront ete abattus dans les trois premieres semaines de l'introduction, et sans que la preuve puisse etre fournie que la
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C92nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES G^NfinALES DIVERSES.
contagion on le contact avec des animaux infectes on suspects a eu lieu ä rinterieur, meme ä l'insu du proprietaire.
Teiles sont les prescriptions fondamentales des ordonnances officielles, relatives ä la Rinderpest, edictees dans les Etats de Baviere, de Wnrtemberg, de Bade, de Hesse grand-ducale, con-formement a la convention de Mannheim.
Ges prescriptions, si minutieuses qa'elles soient et si multi-pliees, sont Dependant rigoureusement executees dans les pays oü alles font loi. Los habitudes des habitants, comme leur ca-ractere, font qu'ils acceptent avec resignation les obligations mi'on leur impose et (ju'ils s'y sonmettentavecrentiereconfiance ijn'en definitive on n'exige rien d'eux qui n'ait pour but I'interel de tons et de chacun.
En reproduisant ici le reglemeut sanitaire adopte par les gou-vernemeuts signataires de la convention de Mannheim, nous avons voulu surtout faire voir avec quelle energie et quelles pre­cautions infmies rAUemagne cherche ä se defendre centre les atteintes de la Peste bovine; mais il n'est pas entre dans notre pensee que ce reglement düt et put etre adopte en France dans toute sa teneur et avec toutes les rigueurs do ses prescriptions auxquelles nos populations ne consentiraient pas ä se plier et que les autorites locales n'auraient ni la force, ni la volonte de faire executer. Aussi bleu, du reste, si toutes ces prescriptions, ne sont pas sans avoir leur utilite, toutes ne sont pas necessaires: et en fait d'obligations et de coutraintes, il ne faut mettre en pra­tique, dans notre pays surtout, que celles qui sont rigoureuse­ment imposees par I'interet public.
Somme toute, les prescriptions legales auxquelles il faudrait recou-rir et qu'on devrait strictement executer si le Typhus venait h faire invasion snr notre territoire, nous paraissent etre les snivantes. avec lesquelles seules on serait suffisammentarme contre lemal:
Iquot; La declaration \mmedia.[e, faite a I'autorite locale, par les proprietaires on detenteurs d'auimaux susceptibles de contracter la Peste, de toutes manifestations de symplomes qui pen vent donner motif ä soupconner Texistence de cette maladie. (Art. 459 du Code penal; decret de l'Assemblee Constituante du 8 octo-bre 1791 ; arret du conseil d'Etat du roi du 16 juillet 1784.) Getto prescription est de la plus urgeute necessite, puisque e'est par eile que I'antorite locale prevenue, est mise en demeure de pres-crire immediatement toutes les mesures propres ä sauvegarder rint6ret public, eu s'opposant ä ce que, du premier foyer couta-gieux deuonce, les elements de la contagion se repandent at pro-pageut le mal ä distance.
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2deg; La Sequestration. Tout propriecaire ou deteuteur d'animaux gui remplit le devoir de faire la döciaratiou est oblige en meme temps de tenir renfermes les animaux reconnus par lui suspects ou ma­lades , et cela, meme avaut que le maire ait repoudu ä Favertis-sement qu'il lui a donne. (Art. 459 du Code penal.)
Cette sequestration doit etre immediatement prescrite par lau-torite locale, des qu'elle est avertie ; et des lors, defense est faite de sortir de leurs etables les animaux malades ou suspects pour los conduire aux abreuvoirs, aux päturages ou les transporter n'importe oü. II laut qu'ils resteut sur les lieux memes oü la ma-ladie les a saisis et que pour aucun motif ils n'en soient distraits, sans une permission de Tautonte.
En meme temps que cette mesure est prise, les habitants de la commune seront prevenus qu'ils doivent se garder d'une curio-site malsaine en allant visiter les animaux de l'etable suspecte et qu'ils peuveut, par ce fait meme, introduire la maladie dans leurs propres etables. II sera done utile, pour que la mesure de la sequestration soit plus complete et plus efficace, que les portes de l'etable interdite soient mainteuues i'ermees et ne s'ouvrent ijue devant des personnes autorisees.
3deg; La visite et le denombrement. Aüu que la mesure de la se­questration soil aussi efficace que possible et que les proprietaires se trouvent dans l'ünpossibüite de distraire des etables mises eu suspicion les animaux qu'elles renferment, l'autorite doit or-donner le denombrement de ces animaux d'une maniere exaete etaveedes indications assez precises de chacuu individuellement, pour qu'il soit possible de s'assurer, ä cliaque visite, de la pre­sence de tous les animaux denombres, ou, s'il en mauque, de se rendre compte des motifs de leur disparitiou.
Par cela meine qu'ils se savent aiusi surveilles, les proprie­taires s'abstienneut de manquer aux prescriptions qni leur sonl imposees, et il devient, en consequence, inutile de recourir ä la marque des bestiaux pour empeeber leur sortie illicite des etables interdites.
La visite des etables a pour but, outre le deuombrement des bestiaux, la constatation de leur etat sanitaire actuel, qui doit servir de base aux mesures principales que doit prendre l'autorite pour etouffer immediatement l'epizootie dans son propre foyer.
4quot; Uestimation des bestiaux esl prescrite et doit etre faite sans delai, toutes les Ibis qu'il resulte de la constatation officielle de l'etat sanitaire d'une etable qu'un ou plusieurs ou la totalite des animaux qu'elle renferme sent attaques de l'epizootie. Cette esti­mation est faite en vue de rindemnitö des trois quarts de la va-
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leur des animaux malades ou suspects, älaquelle les propniHaires ont droit, aux termos de la loi de 1866.
5deg; h'abataye. En presence d'une maladie aussi i-edoutable que la Peste bovine, dont les proprietes contagienses sont si 6nergiques et dont les voies de propagation sont si nombreuses, le seul parti qui soit a prendre, sans hesitation et sans delai, c'est de faire abattre toutes les betes ä comes malades de la Peste et toutes celles qui sont suspectes de recelei' les germes contagieux, par suite des rapports directs ou indirects qu'elles ont eus avec les malades. On ne saurait trop etre convaincu que le saint est dans rexecution prompte et radicalo de cette mesnre uecessaire, et que lout atermoiement, inspire par nne sensibility mal placee oubasö sur des motifs d'interets particuliers que Ton vent menager, pent avoir les consequeMces les plus desastreuses.
Si les douze ä qnatorze boeiifs, qui out ete ramenes de Londres h Rotterdam en 1865 et mis dans les päturages de Schiedam, avaient ete abattus, avec les quclques animaux qu'ils avaient pu contamiuer dans les pdturages voisins,-la Hollande n'aurait pas subi les pertes immenses que I'epizootie lui a infligees pendant pros de deux annöes. Le salut de l'Angleterre a dependu aussi de quelques sacrifices faits ä propos apres le debarqnement du lot du troupeau Importe de la Baltique. La Belgiqne, mieux inspiree, a su preserver son betail de I'infectiou dont le foyer si conceutrö de la Hollande la mcnacait sans cesse, en ne reculant pas, meme devant ces grands abattis d'animaux malades ou condamnes a le devenir, qn'on a du faire executer ä Hasselt par exemple. Bnfin, sans multiplier davantage les exemples, en France, des abatagcs faits h propres, dans les departements du Nord et du Pas-de-Calais, ont empeche la propagation de l'epidemie snr nne plus grande surface de pays.
Somme toute, moyennant im sacrifice de quarante-trois betes seulement dans ces denx döpartements, les seuls qni aient ete envahis, la France entiere s'est tronvee quitte de la maladie et exemptee de tons ses desastres. Quel contraste avec ce qni s'etait passe dans les invasions anterienres, oft les victimes se comptaieat par milliers ! Quel contraste aussi avec les sinistres de l'Angie-terre et de la Hollande ä la meme epoque et quelle demonstration de Texcellence de la mesure de l'abatage ponr etoufler le mal anssitöt que naissant et empecher ainsi sa propagation !
Du reste, cette mesure de l'abatage des animaux malades et contamines, loin d'etre oncrense pour les proprietaires, leur est an coutraire profitable, surtout depuis la loi de 1866, qni a grossi jusqu'aux trois quarts de la valeur I'indemnite k laquelle ils ont
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droit, lorsqa'on les exproprie de leurs bestiaux, en vue de Tuülite publique. Que si, en effet, l'autorite, reprösentaut l'interet de tons, n'intervenait pas pour sauvegardei cet intei'öt, et laissait ä lYpi-zootie libre carriere devant eile, comme dans les provinces Danu-biennes par example, dans oe ras, la perte subie par les proprietai-res serait eatiereet sans ancune compensation, pulsqnelamaladie est presque tout anfcant inexorable que la masse du boncher.
Done, ä quelqne point de vue qu'on le cönsidere, l'abatage im-inediat de tons les bestiaux reconnus atteints de la Peato et de tons ceux egalement qu'ils ont pn infecter, est une mesnre excel-lente d'utilitö publique, qui sauvegärde tons les inttrets. L'au­torite ne doit done jamais hesiter ä la faire executer sans ancune remission; il n'est pas de consideration qui pnisse l'arreter; il fant qn'elle se montre ferme, deeidee, prompte h Faction, et ne reconnaisse d'autre devise que le salus populi suprema lex. Et, de fait, c'est bien le salut du peuple qui est en cause, meme lors-que l'epizootie n'a encore envahi qu'une seule etable dans im senl village, car si ancune digue ne lui est opposee, dans chaqne animal nouveau qn'elle atteint les elements de la contagion se multiplient dans des proportions incommensurables, et c'est d'elle que Ton pent dire, tout antant que du torrent (jui deborde, vires acquirit eundo. Or, avec l'epizootie grandissant, marche la famine et toutes ses miseres. II y a en Hollande nombre de personnes que la Rinderpest a ruinees, et qui, depossedees de leur avoir, ont ete obligees, pour vivre, de se mettre en service chez d'autres plus heureuses.
II est done tres important que les maires, surtont dans les localites frontieres, toujours les plus menaeees et les premieres envahies, comprennentbien la grandeur des devoirs qui leur sont imposes, lorsqn'ils se trouveut en presence de la Feste bovine, et sachent faire executer rigoureusement la mesnre, essentiellement sanitaire, de l'abatage d'urgence de tons les bestiaux qui peuvent servlr actnellement de receptacles aux germes de la contagion.
6deg; L'enfouüsemmt. L'enfonissement des cadavros des animanx abattus comme atteints de la pe-ste declaree est une mesnre com-plementaire de l'abatage lui-meme. II laut considerer, en eilet, que les germes contagienx demearent, un certain temps, en pos­session de tonte leur activite dans le corps de l'animal mort, qui reste ainsi un foyer de contagion d'oü la maladie pent renaltre, si eile tronve oü se prendre. II est done necessaire que ces cada-vres, infeetös des germes contagienx, soient enfouis assez profon-dtoient et ädes distances assez grandes des habitations, pour que l'on n'ait rien ä redouter de leurs Emanations.
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MALADIES ßENERAlES DIVERSES.
La profondeur reglementaire des losses d'eafouissement est de 2 metres. II est prescrit, avantque les corps soieut jetes eu terre, de taillader les peaux, afin d'eu aunuler la valeur commerciale et d'eviter que persomie ne soit sollicite par l'appät du gain a deterrer les cadavres. — II est avantageux de les recouvrir d'une couche de chaux, pour häter la destruction des matieres organi-ques auxquelles la maladie a imprime une activite virulente. Toute la terre extraite de la fosse doit servir h recouvrir le cadavre.
Los corps morts doivent etre cliarries vers le lieu d'enfouisse-meut par des voitures trainees par des chevaux, des anes ou des mulets, et jamais par des animauxde l'espece bovine qui seraient trop exposes ä la contagion, s'ils etaient employes ä cet usage.
L'onlbuisseincnt ost le moyen le plus generalement applicable; de rtetrnire, sans danger pour les animaux vivants, la masse de mattere organique infecli'e que repr6sentent les cadavres des sujets pestilerus. Toutefois, dans los localites oü il existe des clos d'equarrissage ou des usines dans lesquelles les matieres auima-les sout converlies en produits industriels, les proprietaires doi­vent etre laisses libres, au lieu de faire enfouir les cori)s des betes mortes, de les faire exploiter par les Etablissements appro-pries ä cette deslinatioii, ä la condition que la distance de leur propriete ä ces Etablissements sera teile que les corps des ani­maux morts ne devront pas traverser des localites uon infectees.
Quant aux animaux abattus, uon pas comme malades actuelle-mentde la Peste, mais comme contaminds,c'est-ä-dire recelant en eux le gerrae nou encore developpe de cette maladie, la mesure de renfouissement nous parait depasser le but, et nous ne voyous, pour notre part, aueuu inconvenient ä ce ([ue les viandes prove-nant de ces animaux soieut utilisees comme viandes de boneberie et debitees comme telles, soit sar le lieu meine oü les betes out er,e abattues, s'il offre ä la cousommation un debouebe süffisant, soit sur les marches voisins dans le cas contraire. Ces viandes ne rece-lent, en effet, en elles aueun prineipe contagieux, lorsque les ani­maux dont elles provieiment ont ete mis ä mort avant qu'aucnn Symptome de maladie se soit manifeste, c'est-ä-dire avant la re-pnllulation des germes absorbes. Nous ne voyons done aueuu inconvenient ä ce que la circulation et le debit de ces viandes soient permis, et ce nous parait, au contraire, avantageux que la masse considerable de matieres alimentaires que ces viandes represeutent, ue soit pas eufouie et perdue pour la consomma-lion, an meme titre que les viandes reellement infectees. A cet egard, il y a eu partout des execs commis, inspires par la pen:-.
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dont il faut se garer. En Belgique, lorsque le gouveruements'est resigne ä Timmense hecatombe de Hasselt, oü plus de 1,200 victi-mes out etü abattues, 300 environ out et6 eufouies en terre, et les viandes des autres out pu etre expediees saus inconvenients ä Anvers et ä Loudres, oü elles out ete vendues connne viandes de bouclierie.
7deg; La disinfection. Lorsque les etables ont 6te completemeut depeuplees des bestiaux qu'elles renfermaient, soit par la mort, consequence directe de la maladie, soit par l'abatage, 11 faut d(5-truire, par des moyens appropries, la contagion dont elles rece-lent les eltiments accnmules, en quantite d'autant plus grande. qne plus grand a ete le nombre de leurs animaux malades.
A cet efFet, la premiere indication a remplir est d'en evacuer les fnmiers quirecelent ä doses, qne Ton peut appeler intensives, les elements contagieux, puisqu'ils sont constitues en partie par les dejections morbides des malades. Ces fumiers doivent etre enfouis on brides, on combines avec des matieres chimiques qui detrnisent en eux l'activite virulente. L'enfouissement estle pro-cede le plus economique, puisqu'il pennet de ne pas perdre la valeur que les fumiers representent et de l'utiliser ulterieurement, apres la desti-uction, par la fermentation, de tons les principes contagieux. Les fumiers, comme les cadavres, ne doivent etre cbarries vers les fosses d'eufoiiissoment que par des animaux uou susceptibles de contractor la Feste : chevaax, änes ou mulets. Tons les debris tombant des voitures, utilisees ä leur transport, doivent etre ramasses avec soin, afin d'eviter que la contagion ne soit semee, par leur intermediaire, sur la route qu'ils parcourent.
Quant aux fourrages qui ont ete exposes ä l'atmospliere des etaliles infectees, il faudra ne les utiliser qu'ä ralimentation des solipedes, et ä la condition encore que ces animaux soient loges dans des locaux qui ne se trouvent pas en communication avec des etables habitees par des lietes ä cornes non infectees. On doll se souvenir que ces fourrages peuvent conserver les germes viru-lents pendant plus de six mois. Le mieux done serait, si cela est possible, de les faire consommer par les chevaux ou les anes. pendant la periode de d6peuplement des etables.
Si les fourrages des groniers sont utilisables encore de la ma-niere qui vient d'etre dite, ceux qui etaient dans les etables in­fectees, et qui ont pu etre souilles par la bave des malades, doi­vent etre consideres comme des fumiers et trails comme tels.
Apres avoir enleve des etables leurs fnmiers et leurs fourrages, il faut les assainir elles-memes, afin de detrnire tous les germes contagieux qu'elles peuvent receler dans leur sol, leurs murs ou
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MALADIES ÜENERALES DIVERSES.
leurs meubles. Repavage ou repiquage du sol, apres enlevement des couches saperficielles impreguees de matieres organicfues, et substitution, h ces couches, de sable, de terre, de salpetre ou de plätres coaltares; lavage a fond des murs, des mangeoires, des räteliers avec do I'eau bouillante, pure ou tenant de la potasse en dissolution ; usage, pour le meme but, des eaux chlorurees, phe-niquees, etc.; repiquage des murs en platre ; grattage des pierres et des bois ; fumigations chlorurees, nitreuses ou sultlueuses; badigeonnage des murs ä lean de chaux; goudronnage des bois : voilä un ensemble de moyens, ä Faidc desquels on est sür de d6-truire toutes les matieres organiqnes dans lesquelles les proprietes contagieuses peuvent se conserver, plus ou moins longtemps, apres la dessiccation de ces matieres.
Outre les locanx, tons les objets qui out servi ä Fusage des ma-lades doivent etre desinfectes et par les memes moyens, s'ils ont qtielque valeur; dans le cas contraire, ils doivent etre detruits par le feu.
Enfin, meme apres que les etables auront ete assainies, puri-tiees et desinfectees par les moyens tres actifs et tres efficaces, dout renumeration vient d'etre faite, il sera prudent de les lais-ser s'assaiuir encore par une ventilation naturelle, en maintenant ouvertes leurs portes et leurs fenetres pendant une quinzaine de jours. Toutes ces precautions prises, lenr repenplement sera possible sans cpi'on ait ä redonter aucune contagion dont elles pourraient etre la source.
En resume, dans Thypothese oil une seule etable est infectee par la Peste bovine dans une commune, le proprietaire des ani-maux qu'clle rcnferme est tenu de faire immediatement a I'au-torite la declaration de ce qui se passe, et des ce moment il ne lui est plus permis de laisser sortir ses bestiaux des etables pour quelque motif que ce soit.
L'autorite avertie ordonne la sequestration de l'etable infectee et fait proceder, sans delai, ä la visite et au denombrement de ses bestiaux.
S'il est constate, a la suite de cette visite, que la maladie de-noncee est reellement la Peste, tons les animaux de ladite etable doivent etre immediatement abattus, aussi bien ceux qui ont coha-bite avec les malades que les malades eux-memes; les cadavres de ces derniers sont enfouis avec leurs peaux tailladees; mais les viaudes des autres peuvent et doivent etre utilisees, comme vian-des de boucherie, soit dans la localite meme oü I'abatage a eu lieu, soit dans d'autres centres de consommation.
Enfin les etables infectees sont soumises h une dösinfection
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TYPHUS CONTAGIEUX DES BftTES A CORNES.
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radicale ainsi qae tons les objets qui out pu servir ä l'usage des animaux malades.
Dans les cas oh la Peste bovine a envahi plusieurs etables dans une commune, on plusieurs communes dans un canton, on s'est etendue encore sur une plus grande surface du territoire, on doit recourir aux memes mesnres de police sanitaire qae celles qui viennent d'etre prescrites, mais en y ajoutant d'autres qui rendent 1'application des premieres plus complete.
Ainsi tonte commune dans laquolle plusieurs etables sont in-fectöes duit etre siquestfie, 0amp; qui implique Finterdiction, dausses rues et sur ses routes, de la circulation des bcstiaux; tons doi-veut etre tenus enfermesdans leurs etables respectives, et defense est faite d'eu laisser sortir un senl animal et surtout de le trans­porter en dehors des limites de la commune, ;i moins que son proprietaire ne le destine ä la boncherie : auquel cas, si ledit ani­mal est reconnu exempt de tous les symptomes de la maladie, I'autorisation pourra etre accordee de Tabattrc sur place, pour (jue sa viande puisse etre debitee sur les lienx memes ou dans les communes voisines.
Cette mesure de la sequestration, appliquee h une commune tout entiere, entraine aussi la defense d'en laisser sortir les fu-miers et les fourrages, et celle d'y laisser entrer de nouveaux animaux des especes qui sont susceptibles de contracter le Ty­phus , afln qu'ils ne deviennent pas une condition d'agrandisse-ment du foyer de la contagion.
II va de soi, d'apres ces prescriptions, que dans la commune interdite, les foires et marches sont necessairement suspendus; mais ils devront I'etre aussi dans les communes sitnees ä proxi-mite de cette derniere, de peur que les mouvements de bestiaux qu'ils necessitent et leur agglomeration dans un meme lieu n'of-frent ä la contagion des prises trop multipliees et ä son expansion des voies trop nombreuses.
Qu'on se rappelle que c'est au marche metropolitain de Lon-dres que la grande epizootic de 1865 a fait sa premiere appari­tion, et que c'est de lä quelle a rayonue, dans tons les sens, sur l'Angleterre, l'Ecosse et la Hollande, par Tintermediaire des ani­maux qui venaient s'yimpregner, toutes les semaines, des germes contagieux et qui servaient ensuite de vehicules h ces germes dans toiites les directions. Quand il s'agit d'une maladie aussi subtile que le Typhus des betes a comes, on ne sanrait prendre trop de precautions centre sa propagation, et la plus urgente de toutes c'est d'eviter de rassembler au voisinage d'un foyer d'infection des bestiaux susceptibles d'etre infectes et de lui servir d'aliments.
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
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Lorscpi'une commune eutiere est sequestree, il y a lieu de pi'oceder au recensement de tons les Lestiaux qu'elle renferme; et, ä eel etl'et, par uue aüiclie posee aux lieux oü se placent les actes de l'autorite puhlique, il est enjoint h tous les proprietaires de declarer k rautorite commnuale le iiombre de betes k comes quils possedent, avec designation d'äge, de taille, de polls, etc.
Apres ce recensement, l'autorite commnuale doit s'inspirer des renseignements qui lui sont donnes sur I'etat sanitaire actuel des etables, pour prescrire la mesure de l'abatage dans la propor­tion cjn'exige le sanvetage des animaux non encore infectes. On doit se compurter, eu pared cas, comme lorsqu'il s'agit d'un in-cendie, en faisant la part dn feu et en tracant, autour du foyer principal, une zone d'oü Ton fait disparaltre les matieres inllam-mables, de mauiöre que ce foyer manque d'aliments propres ä l'entretenir et ;i lavoriser son expansion. La premiere indication ;i remplir est done d'abattre, sans distinction, tous les animaux de l'etablo oü sevit le Typhus; puis ilfaudraproccder de la mörne maniere pour les etables qni sont le plus k proximite de cette derniere et qui, par cola mume, out et(5 le plus exposees k etre contandnees par eile. On conceit qu'il n'est pas possible de for-muler une regie inathematique et de commander l'abattis de tous les bestiaux qui se tronveront dans un rayon metriquement de­termine ä l'avance, comme par example' 100 ou 200 metres autour de i'etable iufectee. Cette precision pent etre trop rigoureuse ou ue pas I'etre assez. II pent exister, en elfet, teile circonstance ofi un proprietaire, rapproche d'une etable infectee, aura fait si bonne garde autour de la sienne que les chances de la contamination de ses bestiaux se trouvent par ce fait considerablement reduites; comme il pent se faire aussi qu'une etable, situee k une plus grande distance que celle-ci du foyer contagieux, coure cependant plus quelle le danger de I'mfection, par suite de circonstances particulieres, comme, par exemple, des relations de parenie. N'a-t-on pas des faits authentiques qui prouvent le transport des principes contagieux, d'une etable dans une autre, par Finter-mediaire des matieres des fumiers attachees aux chaussures?
A eel egarddouc, aucune regie mathematique ne pent etre pres-crite; il faut s'inspirer de la disposition des lieux et aussi, dans chaque localite, des circonstances qui ontpu favoriser ou restrein-dre rexpansion de la contagion; puis on devra proportionner l'etendue de l'abatage, en surface et en nombre, aux chances plus ou nioins grandes de la propagation de cette contagion dans une localite determinee. Ainsi, par exemple, lorsque, comme k Has-selt, en Belgique, une population de plus quot;de 5,000 bestiaux se
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tronve concentree, sur une etroite surface, dans des etables cok-tigues les unes aux autres, l'abatage preservatif doit prendre, pour etre efflcace, des proportions que l'on pent appeler formida-bles; et de fait il n'a pas fallu, en I8G6, faire tomber moins de 1,000 betes sous la masse du boucher pour sauver les 1,000 autres. A Treves, ä la meme ^poque, le sacrifice de 100 animanx a ete süffisant pour obtenir le meine resultat; et en France, il en a fallu moins encore, 43 seulement, avons-nous dit, pour les deux departements du Nord et du Pas-de-Calais.
Le grand art, dans ces circonsiances difflciles, on tautd'interets sont en cause, on la fortune de tout un pays pent dependre de la determination qu'il s'agit de prendre, le grand art, disons-nous, est de savoir se garer de terreurs excessives qui poussent ä outre-passer toute mesure dans rappUcation de l'abatage, ou d'une dis­position contraire de Tesprit qui pourrait porter h n'user de ce moyen qu'avec une trop grande reserve. L'uu et l'autre de ces exces doit etre 6vit6, le second surtout, parce que, bien plus que le premier, il est gros de dangers.
En meme temps qu'on a recours ä l'abatage dans la mesure que commandant les circonstances locales, imc surveillance tres active doit etre exercee sur les etables que Ton croit possible d'epargner actnellemeut; et ;i la premiere manifestation des symptömes du Typhus dans Tune on dans l'autre, il laut faire mettre a mort, sans remission, tousles animaux qui les habi tent, afiu d'empecher ainsi la repuilulation des germes contagieux dans les animaux qui les out recus. Autant de betes abattues avant l'eclosion de la maladie dont ellcs recelent le principe, autant da sources taries pour sapropagation; sans compter que l'abatage, fait ainsi apro­pos, permat d'utiliser las viandes pour l'alimentation de I'lioinme at sauve, da cetta maniere, une valeur (jui, saus cela, sarait com-pletement perdue.
Le carcle dans lequel il est indispensable d'execnter l'abatage doit done s'elargir h mesure que celui de l'epizootie s'elargit lui-meme; mais on ne doit pas craindre, lorsqu'on est sur ses gar­des et qu'on salt faire des sacrifices ä propos, qu'il y ait lieu da les multiplier beauconp, car le vide fait davant l'epizootie par un abatage bien dirige lui anleva tonta prise nouvalla et la force ä s'eteindre faute d'aliments. C'est ce dont temoigue la preserva­tion si complete de la Prusse depuis la fin des guerres du premier Empire; at, en döfinitive, si, dans ces dernieres annees, sur le continent, on est parvenu h empecher l'epizootie de deborder de la Hollande; si la Suisse s'est preservea de rinlection du Vorarl­berg; si les duches Saxons, envaliis par laPeste bovine, ä la suite
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de la campague de Sadowa, u'ont pas laisse ce fleau gagner trop de terrain, et out reussiä s'eu debarrasser en quelques somaines; si l'Angleterre, enfin, et la Hollande, apres s'etre livröes sans del'ense ä ses coups, pendant de longs mois, out fini paren triom-pUer : dans tons ces cas, la delivrance n'a ete due qu'ä I'emploi raelhodique et rigoureux de l'abatage dout rexocution avait ete i-endue possible par la juste indemnite que, dans tous les pays, les parlements, comprenant les fatalites ijn'il fallait subir, out su accorder ä ceux que Ton expropriait de leurs bestiaux pour cause de saint public. Grace ä ces lois si justes d'indemnisation, qui out sn roncilier les iuterets individuels avec rinterct commun. Focci-sion des bestiaux pent efrre pratiquee partout aujourd'luü, sans que les populations aient ä se plaiudre, puisqu'il leurest facile de comprendre que, loin de leur etre onei'euse, eile les preserve au contraire de la mine, en leur permettant de sauver la presque totalite de la valeur de leurs animaux, qui pcriraient tout enliers pour eux et sans compensation, si I'Etat ne s'eu constituait pas Uacheteur dans I'interet commun. Jamals l'efflcacite de l'abatage obligaloire, comme moyen de sauvetage d'un pays en proie ä tous les ravages de la Peste bovine, n'a ete demontree d'une ma-niere plus evidente qu'en Angleterre, lors de l'invasion de 18G5. Dans le principe, on y montra uue excessive repugnance ä recou-rir ä cette mesure de police sanitaire dout on ne comprenait pas rimportance et le but. Ce paraissait quelque ebose de inonstrueux de faire assommer des animaux bien portants, pour eviter quHls tombent malades; et Ton n'epargnait pas, dans les journaux quo-tidiens, les railleries, voire meine les insultos, ä ces doclcnrs des betes dout toute la science consistait ä tuer leurs malades. Grace ä cette disposition des esprits, on laissa faire la maladie en meine temps qu'on se livrait ä d'innombrables tentatives pour tquot;icher de la guerir. Ellbrts impuissants! La Peste se joua de tous les moyens reputes therapeutiques qu'on essaya de lui opposer, et tous les jours, le nombre dos victimes alia grandissant, si bien qu'äcbaque semaiue, e'etait par des milliers ijn'il se cbil'i'rait. Le mal prenait les proportions d'une immense calamite publique. Mais si le peuple anglais est refractaire aux idees qu'on cbercbe ä lui inculquer, en se basant sur une experience qu'il n'a pas encore acquise, sa resistance tombe d'elle-meme, lorsqu'il salt, e'est-a-dire lorsque les faits sont venus l'eclairer et qu'il a vu, par lui-meme, que ce qu'il croyait I'erreur est la verite. Alors il ne s'obstine pas ä l'idee fausse, il la repudie au contraire, et il applique toutes les forces de sa voloute si puissante ä röparer la fautecommise. C'est cequi est arrive ä in-oposdcla Peste bovine.
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üne Ibis qu'il fut Men compris eu Angleterre, et par l'histoire de cette maladie, et par l'experience si coüteuse yue Ton venaü de faire, ijue le seul moyeu d'enrayer sa marche toujoui's en-valiissaute et d'eu delivrer le pays, etait de recourir ä l'abatage obligatoire, en indemnisaut au prealable Igs proprietaires de bestiaux, il n'y eut plus qu'une voix pour demauder que cette mesure lüt reudue possible par une loi, et le premier acte du Par-lement, apres sa reunion, fut de voter cette loi, le Caille slaute-ring act, qui armait Tautorite de tous les pouvoirs necessaires pour combattre la Feste par le seul moyen qui soit reellement ollicace ä empecber sa propagation. Di's que le Callk sluatering act fut promulgue et mis en pratique, sou influence se traduisit immediatement, de semaine en semaine, par les cbiffres decrois-sants de la mortalite, et, au bout de quelques mois, par Textinc-tion complete de Tepizöotie. D'apres les cliiffres olficiels, TAn-gleterre aurait perdu, par le fait direct de la maladie on par les abatages quelle a necessites, environ300,000 tetes de gros betail, c'est-ä-dire 7 pour 100 de son stock general, perte dejä bien grosse, mais qui aurait atteint des proportions incalculables, si on ne s'etait pas decide, enfin, h recourir aux mesures preserva-trices dont l'experieuce du continent avail demoutre depuis long-temps Tefficacite certaine.
Apres tout, si la derniere invasion de la Peste bovine dans l'Occident de I'Europea cause de grands dommages ä ceux qu'elle a trouves sans defense contre ses attaques, ce mal ne laisse pas d'avoir quelques compensations importantes.
Un double enseignement, et qui doit etre profitable pour tous les pays, ressort, en effet, de ce qui vient de se passer dans ces dernieres aunees. Partout oü Ton a voulu et su combattre le fleau des steppes, on en a triomphe; les desastres eprouves peuvenl done etre treslegitimement imputes ä l'irnprevoyance de ceux qui les out subis. A cet egard, la conviction de tous est faite et l'opi-nion est unanime. Et comme, dans les conditions actuelles de la viabilite de l'Europe, il faut toujours compter sur la possibilite du retour do la Peste bovine, tous les Etats occidentaux out compris qu'ils devaient se tenir constamment sur la defensive vis-ä-vis (Teile et prets ä la repousser partout oü eile sepresenterait. Grace aux lois sanitaires, basees sur les memes priucipes et destiuees a 1quot;application des memes moyens preservatifs que tous out adop-tes, il n'est plus ä craindre qit'eu temps de paix, on voie jamais le Typhus, avec ces proportions enormes qu'il a pu atteindre en 1865, dans les pays ou il n'a pas trouve d'obstacles h ses envahis-semeuts. Voilä le bien (|ue la derniere invasion du Typhus a pro-
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duit, et il est considerable, car uulle part aujourd'hui on ne pent etre pris aii deponrvn, et l'on n'assistera plus, les bras croises, k une osuvre de destruction qu'il est non-seulement possible, mais facile d'eviter.
En cet etat des choses, les mesures de police sanitaire dont nous venous d'exposor la teneur et le but sont tout h iait sufii-sautes, pour nous permettre de circonscrire la Peste bovine dans les etables, les lermes on les communes oh eile pourrait penetrer, et il ne nous parait pas necessaire d'occuper militairement les lo-caliles onvabies, comme on le fait en Allemagne, et de condamner lears habitants ä une veritable captivite qu'ils sont obliges de subir presque sous peine de mort, car les sentinelles qui Jbrment le cordon sanitaire ont une consigne rigoureuse, et elles tirent im-pitoyablement sur les personnes qui cherchent ä sortir, sans per­mission, du cercle trace par l'antorite autour des communes declarees iufectees. — Get emploi do la force est abusif et bors de proportion avec le but qu'il s'agit d'atleindre.
En pareille circonstance, il fant se garer des exces et des resis­tances qu'ils ne inanrjuent pas de produire. Aussi bien, du roste, dans un pays administre comme le nötre, il nous parait possible d'obtenir, it l'aide dos agents ordinaires de l'autorite, que ses prescriptions soient observees,*sans un döploiement exceptionnel de forces militaires que les circonstances ne comportent pas, tout an moins quand l'öpizootie n'en est encore qu'a ses debuts.
Mais si, par une de ces malecbances qu'il fant bien prevoir, on lui avail laisse la possibilitö et le temps de gagner du terrain, et quo dejä un assez grand nombre de betes fnssenl atteintes, il y aurait lieu alors de recourir ä rinterniediaire de la force armcc, afln d'etablir des cordons sanitaires efficaces autour des localües iufectees et d'interrompre d'nne maniere absolue la circulation des bestianx autour d'elles et dans le cercle oh on les enferme. A l'aide de ces auxiliaires, habitues ä la consigne et sachant la faire respecter, ilserait possible de faire appliquer rigoureusement et sans delai tontcs les mesures sanitaires de denombrement, de visite, de sequestration, d'interdictions de tons ordres et d'aba-tage qu'exigent les circonstances et sans lesquelles la Peste ne pen. etre etoutfee.
En meine temps que rantorite present et fait executer cos me­sures, olle doit tächer do s'assurer le concours des populations en les eclairant, par tons les moyens dont eile dispose, sur les dan­gers qui lesmenacent et sur l'utilite des mesures qu'on est oblige do prendre pour les en preserver. Avec ce concours, la täche tie I'administration pent etre singulierement facilitee. Qne si, en effet,
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TYPHUS CONTAGIEUX DES BETES A CORNES. 705
dans les iocalites infectees, les pvoprietaires dont les etables ne sont pas encore envahies savont faire bonne garde au tour d'elles et les preserver de toute contagion en interrompant toutes commu­nications entre elles et le dehors; si, d'autre part, dans les Ioca­lites qui sont encore exemptes du Typhus, ils evitent d'avoir des rapports avec celles on il regne et les mettent severemeiit en in-terdit, ils peuvent contribuer ainsi largement pour leur part, par cette active surveillance, ä Tceuvre de la preservation commune, et il y aura toutes chances, dans ces conditions favorablos des esprits, pourque Fepizootie reste conflnee dans les endroits qu'elle occupe actuellement et qti'on reussisse ä l'y eteindre en tres pen de temps. A I'aide d'instructions speciales, simples, courtes et allant droit an but; an moyen aussi d'articles de journanx et par des conseils directs donnes verbalement aux habitants des com­munes atteintes on menacees. il est possible ä I'administration de se faire parmi ces habitants un grand nombre d'anxiliaires con-vaiucus, qui seront d'autant plus disposes ä lui donner leur con-cours qu'ils auront mieux compris (jue leurs propres interets sont etroitement solidaires de l'interet commun.
Teiles sont les prescriptions essentielles qu'il faudrait obser­ver si le Typhus venait ä penetrer en France, et nous sommes profondement convaincu, d'apres l'expörience de tons les pays, qu'en y recourant ä propos et en sachant les faire executer avec decision, on pent toujours se rendre maitre do cette epi­zootic. Toute la condition du succps est dans la promptitude avec laquelle on 'salt se decider et agir. Marcher droit ä rennemi, Tetreindre et l'amp;ouffer sur place, voilä en quelques mots toute la regle de conduite. Qu'on I'observe toujours et, s'il est dans les choses possibles quo le Typhus contagieux des betes ä comes nous cause parfois quelques pertes, comme il I'a fait dans les departements du Nord et du Pas-de-Calais en 1865, il ne pourra Jamals nous infliger de grands desastres.
Traiiemcut du Typhus. —#9632; La Peste bovine (Haut une maladie ä laquelle nous ne devons jamais laisser prendre pied chez nous , il ne nous semble pas qu'il soit Men utile de parier de son traite-ment curatif, d'autant qu'il est de notoriete, d'apres les ossais tentes ä toutes les epoques et particulierement en Angleterre, lors de la dernicre invasion, (jue tons les eflbrts de Tart echouent impuissants devant eile. La Peste bovine est une maladie qui pent se guerir dans de certains cas exceptionnels, mais qu'on ne guerit pas. On pent bien, en snivant dans cette maladie, comme dans toutes les autres maladies generales, les indications donnees par les svmptömes, recourir ä des medications appromiees ä
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70(inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES GENEHALES DIVERSES.
l't'lat actuel dos malades et destinees surtöut, en souteuaut les forces, ä douner ä l'organisme le temps de resister jusqu'ä ce que, par les propres actions de ses appareils eliminateurs, il soit par­venu ä sa complete depuration, comme on aurait dit autrefois. Mais ce mode de Lraitement n'a rien qui soit particulier an Typhus contagieax, et ce qui est vrai de dire, en definitive, c'est que Ton ne commit pas encore Vantidote du priucipe virulent, qui est la cause* essentielle de cette maladie et que, quoi que Ton ait tente encore, on n'a rien trouve, on ne couuait rien qui soit capable d annuler ses proprietes.
A propremeut parier done, le Typhus contagieux des betes a cornes doit etre range, jus(ju,ä nonvel ordre tout au moins, dans la categoric des maladies incurables. Inutile, par consequent, d'insister davantage sur le traitement qu'il convient de lui appli-quer, d'autant surtout que cette question du traitement doit etre, pour nous, pins quo secondaire, puisque lorsquenous nous trou-vons, sur notre propre territoire, en presence de ce redoutable fleau, nous ue devons avoir qu'ane seule preoccupation : cello de le faire disparaltre dans le temps le plus court possible. Cost ä ce resultat que nous devons tendre exclusivement, toujours et dans toutes les circonstances, et non pas ä des tentatives de trai­tement, tout au moins inutiles et h coup sür dangereuses, puisque los malades qu'on laisse vivre pour ossayer de les guerir sont autant do sources actives, d'oü la contagion pent so repandre par les mille voies qu'elle sait s'ouvrir. .
Quand le Typhus s'attaque ä la population bovine d'un pays. ime seule chose est ä faire : preserver le plus grand uombre en sacrifiant le plus petit.
GHAHTRE VII
Maladies parasitaires.
Parmi les maladies parasitaires des animaux do I'espece bovine, il en est qui oflrent un grand intenjt, on raison du mode de lour developpement qui a ete si bion etudie, dans ces derniers temps, par M. le professeur Colin, d'Alfort, notamment, et parM. le pro-fesseur Baillet, de la memo Ecole : ce sout celles des voies res-
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MALADIES VERMIMEUSES DES VÜ1ES KESPIRATOIRES DES VEAUX. 707
piratoires des veaux, sur lesquelles il me paralt ulile d'appeler plus particulierement l'attention; et pour Men faire conualtre comment elles naissent, se developpent et se transmettent d'un animal ä un autre, je ne puis mieux faire que de resumer ici le memoire sur le mode de contagion des maladies vcrmincuses des votes rcspiratoires ct sur la reproduction des helminthes qui detcrmincntccs affections, que M. Colin a eommunitjue k FAcademie imperiale de mödecine, dans sa seance du 31 juillet 18G6.
artiglp: premier
MALADIES VERMINEUSES DES VOIES RESPIRATOIRES DES VEAUX
laquo; La maladie vermineuse des voies respiratoires, dit M. Colin, est determiuee, chez le veau, par le Slrongylus micrurus, que Ton trouve en pelotons dans les bronches. — II est blanc, sa bouche est garuie d'une couronne de six papules obtuses. — La bourse caudale du male est eutiere, semi-luaaire. La femeile, de dimen­sions doubles de celles du male, a Fextrümite postiirieure acu-minee; I'oviducte est fort long, replie, plein d'a3ufs ä toutes les pbases de rincubation et d'embryons qui se meuvent dans leur coquo transparente. Elle donna des pctits vivants doues d'une grande agilite.
laquo; Avant d'envahir les bronches, les Strongles out une habita­tion paisible oh ils passent inapercus de longues periodes : ils s'ins-tallent dans les vesicules pulmonaires auxquelles ils domientras-pect de petites tumeurs d'apparence tnberculeuse, pales, jaunes on verdätres, du volume d'un grain de chenevis ä celni d'une noisette, inliltrees de serosite albumineuse et encore permeables a Fair.
laquo; Les Strongles y sont entasses saris ordre, enroules, noyes dans la secretion muqueuse transformee en fine ecume, atten­dant le moment convenable pour se disperser. La, ils semblent vivre d'une vie latente, obscure, comme le font les Helminthes agames dans les kystes.
laquo; A cette premere periode de sa vie, 1'Helmintbeestincomplet: il est petit, agame, tout ä fait niicroscopique. La femeile qui Fa produit est morte depuis longtemps ; il ne reste de son cadavre que des debris et un tres long oviducte d'oü les oeufs s'echappent lentement, ä mesure que leur incubation s'acheve. Une partie de sa progeniture ne doit pas voir le jour, etoulKe dans un espace trop etroit. Les petils qui parviennent ä se degager do leur coquo membraneuse demeurent lä enroules, en cercle on en spirale, pen-
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MALADIES GKNEHALES DIVERSES.
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(laut des mois, meme des saisons entieres, sans prendre d'accrois-semeiit notable.
laquo; Mais arrive le moment de la dispersion. Les essaims entasses s'eloignent pen h pen de lear foyer d'eclosion. A mesure que les petits Helminthes se degagent de leurs membranules, ils pous-sent devant enx les premiers nes, et ceux-ci font pen ä pen irruption dans les fines ramifications hronchiqnes ofi ils trouvent de l'espace, del'air et d'abondantes mucosites. Des lors, ils gran-dissent, devieunent visibles ä l'ceil nu, se gronpent en faisceaux, en petites pelotes pour resister a rirnpulsion du courant aerien. Inseiisiblemont, ils s'el .igaeut de leur point de depart, progres-sent vers les grosses broaches, jusqu'ä la trachee, pour s'aventu-rer parfois au voisinage du larynx. C'est alorsqu'on ea troave des meches, des pelotous serres de plusieurs milliers d'iudividus pour I'ensemble d'un ponmou. Les petites tumeurs qu'ils ont abandon-noes s'afiaissent, perdeut leur compacite, redovienueutpermeables ou s'incrusteut ;i leur centre d'uu depot verdätre de mauere seit cretacee, soit tuberculeuse.
laquo; Le depart des colonies de Strongles vers les brouches parait une consequence de leclosiou continue et successive des ceufs entasses par myriades dans le nid. Neamoins il semble regle et periodique. C'est surtout vers la fin de l'etequ'il devient tres actif pour preparer les redoutables bronchites vermineuses qu'ou voit sonvent scvir avec le caractere cpizootique. II se fait de teile sorte ([ue les generations d'Helminthes ne se meient pas, si Men que si I'une vient a perir, eile ne pent etre remplacee qn'apres un laps de temps considerable.
laquo; Le Strougle du veau raste moins longtemps que celui du inouton dans les tumeurs vesiculaires: il passe par une courte periode d'agonie et vit surtout dans les brouches, on il pullule au point d'intercepter le passage de 1'air dans beaucoup d'entre ellcs, de produire une dyspnee intense et meme une asphyxie lente el mortelle sans que, h sa surface et dans la partie vesiculeuse de son tissu, le poumou conserve des traces bien accusees du passage de rHelminthe. II y a des cas oü les brouches, dans les poumons du veau, sont tellemeut envahies que les lobules öloignees des grosses ramifications bronchiques sont rendues inaccessibles ä Fair. Les Strongles rassembles par centaines dans de courts segments for-ment des meches, des pelotous inextricables que Fair ne pent traverser. Aussi ces lobules paraissent-ils hepatises.
laquo; Les Strongles remplissent les bronches des poumons des veaux pendant le cours de la premiere annee, mais ils ne les obstruent pas longtemps; ils meurent et sont elimines h la fin d'une saison.
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MALADIES VERMINEUSES DES VOIES RESPIRATOIRES DES VEAUX. 709
laquo; Void le mode de reproduction de ces Helmintlies : les fe-melles de dimensions doubles decelles des males ontnn oviducte fort long, replie, sinneux, qui monire, de sa naissance ä son ori­fice terminal, des osufs ä toutes les phases de rincubation : d'abord des cent's ii peine distincts; puis d'autres dont le jaune se frac-tionne en 2, 4, 8, 16 spheres et devient framboise; puis des oeufs contenant un embryon courbe et immobile; enfin mi em-bryon en 8 de chitlres, en anse ou en spirale comme la trichine dans son kystc mnscnlaire.
laquo; II n'est pas necessaire que la femelle reste vivante pour que la ponte ait lieu; meme quaud eile meurt, le sort de sa progeni-ture est assure. Si eile pond dans les bronches, ses petits s'ydfi-veloppent ou sont entraines. Si sa progöniture doiteti'e conserv6e pour une saison plus propice, ou pour un autre age de l'hote qui l'lieberge, eile s'enferme dans un tubercule, dans un diverticu-lum cellulenx, puis meurt et se transforme en une veritable gains ä oeufs, deslinee ä fournir iusensiblement et ä longue echeance le contingent que le ver vivant eut pu, daiis un autre lieu, donner tout d'uu coup.
laquo; Les deux habitats de ces Helmintlies coincident done, cha-cun, avec nne periode de leur vie et avec certaines circonstances de leur reproduction. Dans le kyste, ils eclosent successivement avec une certaine lenteur, demeurent petits, agames et vivent eu-tasses au milieu des debris de leur mere. Plus tard, dans les bronches, ils se developpent, deviennent sexues, adultes, s'ac-couplent, et se preparent soit a 1'emigration exterieure, soit ä un nouvel internat pendant le(]uel ils constituent de nombreuses reserves pour toute la duree de la vie du mammifere, comme e'est le cas possible, non pour le veau, mais pour le mouton. raquo;
Voici maintenant comment, d'apres M. Colin, ces nematoides qu'il vient de montrer revetus de tous les attributs les plus re-marquables de la viviparite, penvent passer d'nn animal ä un autre, de teile sorte qu'nne seule bete infectee pent donner des Helmintlies a tout un troupeau.
Suivant cet habile experimentatenr, ce ne serait pas par I'inter-mediaire des Strongles adultes que s'opererait cette transmission. Ces Helminthes deposes sur des matteres alimentaires ne parais-sent pas avoir de tendance ä retrouver leur demeure primitive en cherchant a penetrer dans les cavites nasales des animaux aux-quels ces matieres alimentaires sont donnees.
Mais les embryons de ces Strangles vivent a I'air cxterieur el-dans I'eau. laquo; Apres la mort de la mere, dit M. Colin, son cada-vre se gonfle, la peau est dechiree, les oviductes deviennent flot-
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tants ; des masses d'oBufs en sortent et des myriades de petits se dispersent au fond du liquide. M. Colin a vu pendant plus de linit jonrs Teclosion continuer avec les memes caracteres; les petits montrerent toujours la meme vivacitö, soit dans les parties les plus claires de l'ean, seit au voisinage des detritus d'oii ils se laisaient jour. Bien qu'il en monrut un certain nombre, il en restait tine prodigieuse quantite alors que dejä des infusoires en-vahissaient le milieu occupe par les Heimiuthes.
lt;c II y a dans ces deux faits : naissance des Helminthes dans le cadavre de lenr mere et vie exterieure des petits, la cause et la condition de la contagion. Ed effet, les animaux dont les bronehes recclent des Strongles rejettent, sous rinfluence de la toux, de rexpectoration, dei mucosites chargees de ces Helmin­thes, mucosites qui tombent sur les aliments, sur les litieres, sur la terre ou dans les eaux oü les animaux s'abreuvent: les meres meurout, mais les ceufs eclosent et les petits vivent en attendant iju'ils puissentrentrer dans leur milieu de predilection. (Jest surtoutpar !es eaux qu'ils se conservent longtemps en dehors de l'economie. M. Colin s'en est assure par des experiences tres bien faites. II a vu dans de petits reservoirs contenant soit de l'eau douce, soit de l'eau salee, les uns depourvus de vegetation, les autres penetres de conl'erves ou converts de lentilles, de feuilles mortes, do debris divers, les Helminthes adultes mourir au bout de quelques jours. De leurs cadavres, les oviductes se sont öchappes, entrainant avec eux les ceufs, ä tons les degres de deve-Loppement. L'incubation, dejä fort avancee pendant la vie, s'est continuee sans interruption. Les embryons sont sortis progressi-vement de leur coque pour venir se disperser dans le liquide et cela pendant une, deux, trois, quatre, cinq et six semaines, sui-vant quelques variations dues ä la temperature et ä l'^tat dos mi­lieux. Le döveloppement s'est fait d'une maniere plus reguliere dans l'eau douce que dans l'eau salee; dans l'eau de riviere que dans lean de source; dans les marais h lentilles et ä conl'erves que dans les marais decouverts et vaseux. II a ete notablement enraye mais non suspendu dans les eaux IV'tides chargeesd'hydrogene carbone et sulfure. La vie de ces Helminthes est si tenace, quo leur evo­lution suit sa marche accoutumee memo dans une eau oil Ton fait macürer des morceaux do poumons qui les renferment. Les ele­ments septiques qui se degagent de ces fragments putrefies pen-vent entraver le developpement des Strongles sans I'aiTeter. Et ineme, si l'eau est en assez grande quantity dans les bassins d'experience, les Strongles se d6gagent ei^ grand nombre de mor­ceaux de poumons fetides; et alors qu'ils sont reduits en bouillie
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MALADIES VERMINEUSES DES VOIES RESPIRATOIRES DES VEAITX. 711
putride, on y voit encore des coufs pres d'eclore et des emhryons sortant de leurs enveloppes.
laquo; C'est dans les eaux douces que les Helminthes se develop-pent le mieux et vivent le pins longtemps, lorsqn'ils (juittent leur demeure naturelle. Les eaux constituent un milieu transitoire dans lequel le ver qui a abandonne un animal pent vivre en attendant le moment de rcntrer dans un autre. Dans co milieu, les Strongles eclosent, et vivent pendant de semaines et des mois entiers, sans prendre d'accroissement notable, c'est-ä-dire en conservant leurs proportions initiales, microscopiques. Ils jouis-seut do la faculty de resisler ä de brusques changements de tem­perature et h rinfluence deletrre de matieres septiqucs, en attendant l'occasion de rentier avec les aliments dans les voies aerienues d'un nouvel böte ou ils trouvent les conditions neces-saires pour qu'ils pnissent reprendre les attributs de la sexnalite et se reproduire. raquo;
Tels sont les faits tres interossants que M. Colin a fait connai-tre dans sa communication h l'Academie imperiale de niededne. Ils sont parfaitement concordants avec ceux que M. Baillet a observös et exposes dans l'article Helminthe du Nouvcau Dic-tionnaire pratique de MM. H. Bouley et Reynal. Dans ce travail, M. Baillet signale aussi la tenacite de vie qui appartient aus em­hryons des Strongles conserves clans de l'eau douce; il admet conune probable que c'est par l'iutermediaire de Tberbe des pä-turages humides on do l'eau des boissons que ces embryons retournenl dans les organismes des betes ovines on bovines, et il cite une experience qui parait demontrer ce mode de migra­tion. Un agneau, auquel on avait fait prendre de l'eau tenant en suspension un grand nombro d'embryons eclos, tires des uterus de plusieurs femelles do Strongles, fnt sacrilie trcnte-deux jours apres. M. Baillet constata, dans la partie posterieure de ses poumous, de petites tumeurs, ä parois demi-vitreuses, ayant h peine 1 ou 2 millimetres de diametre, et dans lesquelles exis-taient, pelotonnes sur enx-memes, des vers agarnes, efflles, trös greles et longs de 5, 10 ä 12 millimetres.
Ces faits comme ces experiences jettent un grand jour sur l'etiologie et le mode de propagation des bronchites vermineuses. en menie temps qu'ils doivent servir de base ä des prescriptions prophylactiques importantes. C'est ce qui nous a determine ;i les exposer avec dos developpements que nos lecteurs ne rogretteront pas, nous en sommes h I'avance convaincu.
Sympt Ames de !a presence des vcrs clans les voies respiratoires. — An dtibut, la presence des Strongles dans les bronches est signalee
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MALADIES GrENERALES DIVERSES.
ordiiiaii'oraoiit par line toux sonore, quiuteuse, se repetant a des intervalles plus oumoins longs, qui est quelquefois suivie d'acces de suffocation, et pent meine se compliquer de phenomenes d'asphyxie. L'examen atteutif des mucosites rejetees pendant les efforts de la toux fournit le signe principal d'apres lequel le diag­nostic pent etre formul6 avec uue certitude absolue. On pent consmter en eifet. dans ces mucosites, la presence de vers isoles on reunis en paquets, se deuoncant ä l'ceilnu paries mouvements qu'ils impriment ä la masse des mucosites qui les recelent. lUen de simple coniine d'etudier ces vers avec des instruments grossis-sants et de reconnaltre les caracteres qui leur appartiennent.
Trattement. — L'huile empyreuniatique, si Ibrtement preco-nisee par Gbabert, est tres eliicace, adininistree par les voies digestives, pour iaire-perir les vers des voies aeriennes.
On pent employer, au meme usage : les fumigations d'ether suHurique (Despallens;; les vapeurs de vieux cuirs brüles, im-pregnes d'luiile empyreumatitjue (Vigney); les fumigations d'essence de terebenthine (Delafond).
D'autre part, on pent recourir avantageusement k I'mjectiou directe, dans les bronclies, de substances vermicides. Voici, ä cet egard, ce (ju'on lit dans le Recueil de mklccinc velcrinaire, annee 1849, pages 335-336 :
Traitcmcnt dc la Maladic vermincusc des voies rcspiratoires desjcu-nes veaux, par Robert Read ; traduit de l'anglais par M. H. Bouley.
Robert Read rejette les medicaments internes comme impuis-sants centre les vers parasites de la trachee-artere. II prelere les moyens directs, les voici :
La tete du veau etant maintenue en position horizontale, il in-troduil dans chaque narine deux cuillerees k caie de la mixture suivante :
Ether sulfurique........................... 64 grammes.
Iluile d'ambre rectiliee...................... 2 —
On pent varier cette formulo en remplacant occasionnellement l'huile d'ambre par uue portion egale d'huile de töreben thine on d'huile de goudron.
II faut repeter cette administration trois ou quatre ibis, le se­cond et le troisieme jour.
Cette mixture se reduit en vapeur par la chalenr des cavites nasales, et va agir sous cette Ibrme dans les divisions profondes des conduits aeriens.
Des animanx reduits ä l'etat de squelettes^et etendus sans force sur le sol, par le fait de la presence de vers dans' les voies res-
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MALADIES VERMINEUSES DES VÜ1ES RESPIRATOIRES DES VEAUX. 713
piratoires, ont ete rendus ä la saute par riufluence bieiifaisaulc de ce moyen.
Autre mode de traitement. — On enferme dans un local bien clos un certain nombre de veaux malades, et on les soumet ä raction des vapeurs de goudron ou de la fumee de tabac de la maineiv suivante :
Faites rougir nne pelle au feu; entrez dans le local oü les ani-maux sont renfermös; versez graduellement sur la pelle rouge des gouttes de goudron et laissez evaporer les produits de sa combinaison.
Des que les vapeurs sont suffisanimeut epaisses pour exciter l'eternuement et la toux, sortez et laissez pendant une beure les veaux exposes ä I'atmospMre chargee de vapeur.
Ce traitement doit etre repete pendant plusieurs jours-de suite. Une petite portion de soufre ajoutee au goudron augmente son efficacite.
L'essence de terebentliine pent etre donnee ä rinterieur, ä la dose de 30 ä 40 grammes, pour atteindre le meme but; maisellc est bien moins efficace que le traitement externe.
Traitement de la Maladie vermineuse cutance, chez les memes ani-maux (meme auteur). — Les veaux d'une annee sont souvenl attaqnes d'une Maladie vermineuse cutauee, qui apparait surplu-sieurs parties du corps, plus particulierement sur les cotes de la face, sur le coui et sur les epaules.
Les parties de la peau oü existent les animaux parasites sont caractei'isees par des plaques, presque entierement denudees de poil, de forme annulaire ou ovalaire, revetues d'une poussiere analogue ä du son.
La forme de ces plaques denudees a fait donner ä la maladie, par un auteur, le nom d'anneau vert.
Le traitement consiste dans 1'administration du soufre ä rinte­rieur et dans l'onction des plaques malades, avec un onguout compose de :
Goudron commun......................... 500 grammes.
Axonge.................................. 230 —
Huile de terebenthine...................... 64 —
Melangez ä chaud le goudron et la graisse, et lorsque le melange est presque froid, ajoutez la terebenthine.
11 faut s'abstenir dans cette maladie d'applications concentröes de mercuriaux; elles sont dangereuses.
Cette maladie est contagieuse; eile commence sur un ou deux animaux et s'etend sur tous ceux qui cohabitent avec eux.
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MALADIES GENERALES DIVERSES.
De lä I'mdication de nettoyer a l'eau de cliaux les ^tables dans lesquelles oaf demenre les animaux malades.
ARTICLE II
VERS DANS LB GLOBE OGI'LAIRE DU BOEUF
dans le globe ocnls
La presence d'un
des animaux
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Signaläe pour la premiere lois par Spigel en 1681', dit M. Davaiae dans son TraiU des Entozoaires; ils'agissaitd'uneFilaire dansTceil do cheval. A differentes autres epoques, des fails semblables out ete observes, et memo il resulte de phisieurs memoires pnblies sur cesujet, quo la maladie vermineuse de l'fioil est tres fröquente, dans les Indes, sur le cheval et l'äne.
Dans l'espece bovine, le premier fait constate remonte ä 1812. II a ete rapportc par Gohier, dans ses Memoires ct observations. An mois de septembre 181-2, D6guilleme, veterinaire ;i Saint-Denis-de-Pille (Gironde), remarqnadansla chambre anterieure de I'oBil, chez une vache alfectee d'un larmoiement considerable, laquo; un ver cylindrique, d'environ 1 ponce de longueur, qui faisait plusienrs mouvements de gauche ä droite connne pour se nouer; il pa-rait qne e'etait uu Ascaride rermiculaire; on ne pouvait en dis-tinguer ni la tete, ni la queue. Sa grosseur etait celle d'un fil ordinaire. raquo;
Chaignaud. veterinaire h Montmoreau (Charente), a eu 1'occa-sion d'observer dans le departemeut de la Charente plusienrs epizooties divm ver semblable. laquo; Toutes les fois qne j'ai vu dans la contrec qne j'habite, dit ce veterinaire, la maladie vermineuse des yeux du beeuf, eile commencait ä regner au mois de juin et finissait au mois de novembre. Jamals je ne I'd vne dans les autres saisons de rauuee. gt;gt; (flee, de med. vet., t. IV, 1827.)
D'apres une note, ajoutee par le redacteur du Recueil a I'article de Chaignaud, Sautin, veterinaire ä Dourgne (Tarn), avaitadresse en 1822, a la Sociefce royale d'agriculture, des observations sur des vers qui vivent dans la chambre anterieure de Tceil de quelques betes ä comes. Bosc a donne la description et la figure de ces vers dans le Journal de physique de mars 1819, et les a desigues sous le nom de Thäazie de Rhodes, du nom du veterinaire qui, le premier, les a fait connaitre. En 1835, Roche-Lubin publiait dans le Journal dc medecine veterinaire pratique, une observa­tion du meme genre, intitulee : Fers trouves dans I'humeur aqueuse
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VERS DANS LE GLOBE OCULAIRE DU BOEUF.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;715
de l'ceil droit d'un bceuf, extraits par la ponction de la cornee. J'ai egalement observe plusieurs fois la presence de ces vers, meine avant la publication des observations de M. Ghaignaud , et depuis lors, il s'est passe pen d'annees sans que l'existence de vers nageant dans rimmeur aqueuse des yeux ne m'ait ete de-montree d'une facon tres evidente.
J'ai aussi remarque plusieurs fois que l'existence de vers dans I'liumeur aqueuse eoineidait avec la presence des memes parasites dans les bronches.
Lcs vers nematoides de l'oeil du bceuf appartiennent, probahle-ment comme ceux du cheval, au genre Filaire dont on rencontre les especes ie plus souvent dans les st^reuses splanchniqnes. Leur penetration dans la chambre anterienre de l'oeil doit s'effectuer par le meme mecanisme que dans les serenses qui sont des sacs clos de toutes parts. liest admissible qu'ils sont transportes, ä l'etat d'embryons, par I'appareil circnlatoire et deposes par cet inter-mediaire dans les cavites on on les rencontre ä l'etat de plus grand developpem ent.
Quoi qn'il en soit, voiei les symptömes par lesquels, d'apres Ghaignaud, la presence des vers dans l'ceil est di'noncee :
Dans le döbut, l'oplitlialmie se declare sur l'oeil ou sur les deox yeux malades; mais plus souvent sur un seul que sur les deux. Ces organes sont larmoyants; les paupieres se tumefient, la con-jonetive est rouge, la cornee lucide un pen opaque. En examinant attentivement la vitre de l'ceil malade, on voit nager dans I'liu­meur aqueuse un petit ver tres blanc, de la grosseurd'uu crin et de la longueur de 1 ponce environ; — ce sont lä les caracteres du ver d^jä developpe. Mais si Ton a la chance d'observer le malade des la premiere manifestation des symptömes, on pent assister ä revolution de ce ver. Voici, en effet, ce qua dit M. Ghaignaud dans son memoire : laquo; Si la maladie est encore h sa premiere pe-riode, on apereoit assez facilement, dans la chambre anterienre de l'ouil et ä sa partie inferieure, un ou deux corps d'un blaue rou-geätre et de la grosseur d'un petit pois ou d'une graine de vesce eultivee. Ges corps sont les enveloppes des petits vers qui doivent sedevelopper pins tard. On voit apres trois, quatre et quelquefois dix jours, ces entozoaires qui apparaissent et. s'agitent continuel-lement. En vingt-quatre ou trente-six heures leur developpement est complet; leur mouvement a lieu le plus souvent dans le sens vertical. Le plus souvent ce ver est unique; ce n'est qu'excep-tionnellement qu'on en rencontre deux ou trois h la fois. raquo;
Roche-Lubin signale, de son cöte, la presence d'un ver dans Toeil du boeuf de la maniere suivante :
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MALADIES GKBNERALES DIVERSES.
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laquo; Depuis quelyues jours, dit-il, une tache, que Ton croyait etre placee sur la cornee lucide, apparaissait et disparaissait alterna-dvemeut quaiid on la voyait a distance; mais si I'observateur se rapprochait davantage de ranimal, il pouvait distinguer un corps blanchatre et allonge qui se fixait et so deplacaitpar intervalles dans la chainbre anterieure de Tceil. Ge corps allonge etait forme par des vers nageant dans riuimeur aqueuse; la conjonctive n'etait pas enllammee, le sens de la vision n'etait pas aboli. raquo;
Dans uue note quo M. le prolesseur Desmarets a placee ä la suite de Fobservation de M. Cbaignaud, le ver de I'ceil du bceul' serait lamp;Filaire papitleuse de Rudolphi. laquo; Cette Filaire, dit M. Des­marets, elant uu de ces vers qui traversent les tissus mous et penetrent dans les cavites i'ermees, telles que celles de l'abdomen, du thorax et du crane, il ne nous parait nullement impossible que, dans uu extreme degre de petitesse, eile on ses germes ne puissent parvenir par uue voie analogue h celles qu'elles suiveut ordiuaireinent juscjue dans la cavite de l'oeil oil, trouvant, dans les luuneurs de cet organe, uu milieu Favorable ä leor existence, ils se developperaient. raquo;
Uubtcuf, surlequel j'avais vu ces vers dans I'liumeur aqueuse, toussait depuis longtemps; il etait en bou etat; mais dans la crainte de le voir deveuir phthisique, j'engageai le cultivateur auquel il appartouait ä le livrer au boucber; il y consentit. Comme tout en craignaut de Aroir la phthisic tuberculeuse faire sur cet animal des progres qui auraient compromis les interets de son proprietaire, j'avais pourtant conserve des doutes sur la justesse de mou diagnostic, je voulus assister ä l'ouverture de la cavite thoracique : j'y trouvai le poumon sain; mais il y avait dans les premieres divisions des bronches de nombreux paquets de crinons, tres faciles ä distinguer, quoiqu'ils fusseut prives de mouvement. Par la suite, j'ai acquis la certitude que toutes les fois que les boßufs qui out des vers loges dans rhumeur aqueuse font entendre frequemrnent une toux seche et sifflante, on quel-quefois rauque avec gargouillemeut, c'est qu'alors ils out aussi des Strongles-Filaires loges dans les bronches. Dans ce cas, il est prudent, ce me semble, d'engager les proprietaires de ces animaux ä les prqiarer pour la boucherie, par la raisou bien simple qu'une toux persistante, chez des animaux predisposes ordinairement a la phthisic tuberculeuse, est toujours un symptome grave. Tel est mon pronostic, et je ne crois pas qu'il soil necessaire, en pareil cas, d'cmployer aucune espece de traitement.
Traiiemcnt. — Chaiguaud preconise, dans sou memoire, un me­dicament dont il dit avoir toujours obtenu les plus heureux resul-
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VERS DANS LE GLOBE OCULAIRE DU BOEUF.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;7t 7
tats : c'est la teinture d'aloes ötendue cl'une partie d'eau de pluie cm mieux d'eau distillee. laquo; On melange, dit-il, les deux liquides, et apres avoir fait placer la tete de ranimal de maniere que Toa-verture des paupieres soit tourneo en haut, on verse line demi-cuilleree ä cafe de la teintnre sur le globe de l'ceil. On fait egale-ment des lotions sur les paupieres. On reitere cette application trois fois par jour, pendant trois on qnatre jours consecntifs et meme plus, jusqu'a ce que Ton ne voie pins le ver remuer. Le ver mort disparait ensuite par absorption, et l'oeil recupöre alors sa transparence.
laquo;. Lorsque la maladie n'est pas tres avancee, ce traitement, dit Chaignaud, est toujours suivi de succes ; mais quand les vers onf fait des ravages dans I'ojil, tons les moyens qn'on pent employer sont inutiles; le ciistallin devient d'abord un pen janndlre, puis enfin totaleinent ojiaijue, et l'onl est perdu. Ce moyen doit etre prefere h celui que Roche-Lubin a pratique dans le cas unique qu'il a observe, ä savoir la ponction de la cornee. Cette operation (jui donna issue a 7 vers entraines par Fhumeur aquense, fut suivie de la formation d'nne large taie et de laperte de la vision. raquo;
Lorsiju'une toux persislante donne lien do supposer qu'il existe des crinons dans les bronches, on pourrait essayer l'emploi des fumigations empyreumatiqnes pour faire perir les parasites. Une fois, j'ai cm avoir reussi par ce moyen; mais, avant de formnler une affirmation, j'aurais vonlu renouveler plusieurs fois la meine experimentation.
Ces fumigations peuvent etre faites a Fair libre, en repandant les vapours ou les gaz dans I'air do rhabitation, on an moyen d'uh appareil respiratoire fort simple. Celui qui est le plus en usage consiste en une capote de toile dont on enveloppe le bant de la tete, ä partir des yeux, et en nn conduit egalement de toile, espece de sac sans fond, dont une extremite s'attache au bout de la tete, sur le clianfreia, et dont I'autre, munie d'un cercle so­lide qni la tient beante, recoit les vapeurs qui doivent penetrer dans les bronches avec I'air inspire.
J'ai fait souvent ces fumigations en faisantbrüler du vieux cuir dans une bassinoire oü se trouvaient des charbons ardents; mais voici une fumigation vermineuse iudiquee dans la Mature nie-dicale de M. Tabouriu, qui doit avoir line action puissante :
Essence dc terebenthine................ / „„
_, .. .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;, 60 grammes.
Ether sulfunque..................... \
Goudron ........................... 124 grammes.
Melangez les trois substances et placez-les dans nn vase ([ne vous chaufferez ItSgerement. Dirigezles vapeurs dans les voies respiratoires.
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MALADIES amp;ENERALES DIVERSES.
ARTICLE III
II
ueiinition. Fi'C-queucc. — La Plitliiriase est une inaladie pedicu-laire, caracterisee par la presence d'iusectes apteres, appeles poux, en plus ou moins grande yuantite, et occupant des sur­faces plus ou moins t'tendues. Elle est frequente sur lesanimaux domes tiques.
Causes. — On a cru pendant lougtemps et peut-etre bien y a-t-il encore des praticiens qui croient ii la production sponlauee des poux et k un etal morbide particulier de IVconomie, qui donne lieu ä la production de ces parasites. II n'en est rien. Je les ai vus si souvent se monlrer sur des animauxbienportants, qu'il me pa-rait bien diificile de supposer qu'ils aient pu se produire par Feilet d'un etat morbide. On a dit qu'ils apparaissaient plus particulie-rement sur des animaux dont la constitution etait appauvrie par un mauvais regime. Mais s'ils se multiplient et s'ils se conser-vent sur ces animaux, c'est parce que le mauvais regime ne con-siste pas seulement dans une alimentation insufflsante ou mau-vaise, mais aussi dans le defaut de soins de proprete. En eilet, on ue brosse, on ne carde, on n'etrille gnere les bucufs ou vaches qu'on nourrit mal.
Des veterinaires d'un grand merile, MM. Didry et Mangin, assurent quo la Plitliiriase a ete une complication de la cachexie aqueuse epizootique, et que cette complication etait tres grave. Ils assurent egalement que des bestiaux debiles succombeut ä Fepuisement organicfue qui precede ou accompagne la presence • des poux. Sans doute la presence d'une quantite innombrable de poux, sucaut coutinuellement le sang de pauvres Ijetes dejä exte-nuees, doit augmenter le deperissement et amener le marasme; mais tout cela ne pronve pas que les poux soient l'eüet et non la cause d'une maladie. Je persiste ä croire que si la presence prc-longee d'une grande quantite de poux pent et doit memo etre une cause d'amaigrissement des animaux, leur apparition ne re-sulte point d'un vice organique, mais bien de la contagion, ou pour mieux dire de leur passage d'un lieu, d'une chose, d'une surface qu'ils occupent, sur nue autre surface on ils n'existnient point.
Ce qui prouve d'ailleurs quo les poux sont une cause et non un effet, c'est quen les faisant perir, on fait disparaitre iustantane-
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PHTHIRIASE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 719
ment tous les accidents pathologiques auxquels leur presence don-nait lieu.
Sj niptöiiu's. — Les poux se montrent d'abord aux parties cm le poll est plus epais, enchevetre, au chignon, puis a I'encoliire, sur les epaules, k la base de la queue-, et enfln ils envahisseiit toute la peripherie du corps, moins le dessous de I'abdomen et la face externe des cuisses, oh ils sont toujours peu nombreux. D'ailleurs, ce yui les distingue ä premiere vue et sans le secours du micros­cope des acares de la gale, ce sont les oeufs on lenlcs qui s'atta-chent aux poils et sont tres visibles a I'oBil nu.
Le prurit sans l'existence de boutoiis, de rougeurs ou d'ecor-cliures, et la presence de ces parasites et des lentes, sont les pre­miers symptomes que Ton remarque ; mais bientot I'imtation locale qu'ils produisent porte les animaux ä se irotter, ou pour mieux dire ä se gratter contre tous les corps durs qui sont ä leur portee, et c'est avec la langue qu'ils se grattent plus particuliere-ment quand ils peuvent faire arriver la pointe de eet organe sur les surfaces oil le prurit se fait sentir.
Ici, j'ouvre une parentliese pour expliquer un fait que Ton signalait conune devant constituer l'existence d'un elat morbide pardcuiier, sous rinfluence duquel les poux surgissaient dans toute I'economie par une espece de generation spontanee; ce fail le void : Viborg pretend qu'on a vu des animaux de I'espece por­cine expulser des poux meles ä des excrements entralnes par I'urine. Cela s'explique aisement, les pores se grattant avec le groin, avec les dents quand ils le peuvent, cerles rien n'em-puche qu'ils avalent de ces apteres avec leurs aliments, avec la salive, et que plus tard ces insectes soient entraines par les emoncloires naturels. Je n'en ai pas vu dans les matieres alvines ni dans les urines du bceuf, mais il doit y en avoir et meme en grande quantite, parce que cet animal doit en enlever l)eau-COup au moyen de sa langue en forme de rape.
Rien ä dire, d'ailleurs, sur le pronostic de la phthiriase des betes bovines, cette maladie u'ayant d'autre duree (jue celle qu'on vent bleu lui laisser et n'etant absolument d'aucune gravite.
Traltement. — Le trailemeut de cette maladie dans les etables est facile et simple : soustraire ä la contagion tous les animaux qui paraisseut n'avoir pas ete attaques par les poux, enlever les litieres et les porter sur les tas de furnier, passer les murs ä la chaux, oindre avec de l'huile de lin tous les bcoufs sur lesquels on a remar(|ue la presence des parasites et tous ceux qui peuvent etre soupconnes d'avoir ete par le contact exposes ä la contagion. Voil'i tout le traltement. L'huile de lin ne coiite pas eher; on en
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MALADIES GKNERALES DIVERSES.
M'ouve dans toutes les exploitations rurales; et 11 suflit d'une ouc-tion pour ([ue les animaux soient d6barrasses des parasites. Seu-lement, comme les onctions d'lmile de lin ne tuent pas les leu Les, il faut faire une seconde onction, au moyen de la meme substance, sept a huit jours apres la premiere, lorsqu'on pent croire tpie l'eclosion des lentes a eu lieu.
Si la friction ou onction a etefaite avec soin, les poux meurent, inalgre la longueur du poll; il vaut mieux cependant faire preceder cette onction de la tonte. Alors meme, il n'y a pas lieu de faire une seconde onction, puisque les lentes out disparu avec le poil.
J'ai employe la decoction de tabac, tenant du sei en dissolution, la cevadille, la staphisaigre, I'ellebore eu poudre, formant avec de la graisse fine ou de I'huile une pommade; j'ai employe la decoc­tion de ces poudres diverses chacune en particulier, et je declare (jue, soil en pommade, soit en decoction, elles ne m'ont Jamals donae des resultats aussi satisfaisants que I'huile de lin, et meme, je dois I'avouer, qu'uueautre substance qui, aux yeux de Men des porsonnes, sera cousideree comme un remede de commere, ou mieux de menagere ou de cuisiniere. Cette substance, est la graisse fine d'oie ou de chapon ou de poule.
Ge n'est pas assuremeut par des proprietes anthelminthiques que la graisse fine tue les poux, mais, comme Fhuile de lin, en les couvrant d'un euduit qui les asphyxie.
Lorsque les animaux out ete oints de l'un de ces corps gras, et que tonte apparence de demangeaison a cesse, on les lave, soit avec une savonnade, soit avec une decoction de cendros ; on les essuie ou on les laisse secher au soleil, et tout est fini; il no reste plus qa'k leur servir une bonne nourriture pour les remettre en etat s'ils out deperi.
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ARTICLE IV
OESTRE HYPODERMIQUE
L'OEstre est un iusecte de L'ordre des Dipteres, famille des Athericeres, tribu des OEstrides, genre Hypoderma, communö-ment Taon. — Caracteres : corps long de 12 millimetres environ, convert de polls nombreux; antennes noires; thorax jaune ä la partie antcrieure, noir an milieu et marqut; de lignes noires longi-tudiuales divisees eu deux par une interruption mediane; pattes noires et veluos: abdomen d'un blaue grisätre; alles brinies ou de conleur bistro. — La femelle introduit ses oeufs sous la peau des
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OESTRE HYPODERMIQUE.
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animaux de l'espece bovine, au moyeu d'une tariere qui constitue son oviscapte. La larve a laquelle Tceuf donne naissance reste emprisonnöe sous le tegument cutanti, s'y nourrit des sues que sa presence fait secreter, et y acquiert tout son developpoment.
Cette larve a le corps forme de onze segments garnis d'öpines plates et triangulaires. G'estau printemps ou pendant I'ete qu'elle quitte sa retraite pour se transformer en nymphe et donner son insecte. La duree de sa vie est de huit a dix mois. Sa presence determine sous la peau du boeuf une irritation locale, accusee par du prurit et la formation d'une petite tumeur d'abord peu appa-rente, et qui acquiert plus tard la grosseur d'une petite noisette, rarement celle d'une noix. Cette tumeur, percee d'un trou an sorn-met, laisse ecouler ordinairement non du pus, mais une serosite qui agglutine les polls an pourtour. Souvent on remarque I'exis-tence de la tumeur, sans que jamais les bouviers aient pu cons-tater l'ecoulenient de cette serosite, ni la moindre agglutination des polls.
Apres la sortie de la larve, la tumeur s'affaisse, son ouverture se cicatrise promptement, et sa resolution s'opere bien souvent sans qu'il en reste de traces; d'autres fois, on remarque encore une nodosite peu apparente ä la place qu'elle occupait. Je n'ai jamais pu remarquer que le cuir en restät endommag6, meme quaud les tumeurs sout nombreuses sur le dos ou elles ont leur siege ordi­nairement, et oü elles sont pourtant bien apparentes tant que la larve s'y trouve renfermee.
La piqure du taon est tres doulourouse puisqu'elle irrite singu-lierement les animaux de l'espece bovine, ä ce point qu'ils aban-donnent les paturages quand ils sont en liberte, et qu'ils se livrent ä des mouvements desordonn(5s s'ils sont atteles. Mais cette piqüre n'a jamais de suites fächeuses; j'insiste sur ce point, parce que j'ai vu un tres grand nombre de boeufs ou vaches portant des tumeurs oü se trouvait la larve de l'OEstre, et que je n'ai point remarque un seul cas oü cette tumeur eiit occasionne a I'animal le moindre derangement. II n'y a point d'autre traitement ä indi-quer que de faire sortir par une pression la larve de son nid. Une fois son expulsion falte et evacuee la poche purulente qu'elle occupait, tout est gueri.
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SECTION VI
MALADIES DE L'APPAREIL G^NITO-URINAIRE
CHAPITRE PREMIER
Maladies des voies urinaires.
Ces maladies sont beaucoup plus frequentes sur les animaux de l'espece bovine que sur ceux des autres especes. II n'y a pas de praticien veterinaire qui n'ait eu ä trailer plusieurs fois la ne­phrite, la cystite, les affections calculeuses et toutes celles que j'aurai ä decrire succe^sivement et dont I'observation se rapporte plus particulierement anx bceufs et vaclies qui travaillent jusqu'ä un age tres avance.
ARTICLE PREMIER
NEPHRITE
Deünition. Frequence. — La Nephrite est rinflammation aigue non pas seuleraeut de la membrane qui tapisse les bassinets des lobules constituants du rein, mais encore de sa substance meme. Cette maladie est plus commune qu'on ne pense; on I'a souvent confondue avec rinflammation qui est occasionnee ou entretenue par la presence de calculs; il n'y a guere que Gelle q.ui lui ait consacre une description particuliere assez confuse, en publiant simplement des observations dont on ne doit pas contes-ter I'authenticite, mais seulement le bien observe.
Causes. — Les causes predisposant ä la Nephrite se trouvent dans la contexture anatomique de I'orgaue; le rein du boeuf est obule, essentiellement vasculaire ; I'artere reuale qui s'y ramiüe
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NEPHRITE.
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et s'y capillarise ä l'infini est d'un volume considerable relati-vement ä celui d'uii viscere dont les fonctions sont incessantes et tres actives. D'un autre cote, le boeuf a la region dorso-lombaire allongee, et quand il n'est pas amplement iburni de muscles et de graisse, ce qui est I'ordinaire cliez ceux qui travaillent, les reins se trouvent moins garantis des commotions qu'ils peuvent eprouver soit par des efforts d'un tirage violent, soit par des chocs exterieurs, des chutes, des tiraillements occasionnes par des faux pas, etc. De ces causes, il en esl, comme on voit, qui sont pre-disposantes et dautres occasionnelles.
Au nombre de celles dont les effets sont multiples, il faut com-prendxe : une alimentation composee exclusivement de fourrages tres sanguifiables, tels que les vesces dont les graines sont pres-que foncees; les fourrages verts auxquels se trouvent melties des plantes acres, comme il en pousse en abondance dans les pätura-ges has et humides, marecageux, et au printemps; les bourgeons ou les feuilles de chene, d'arbres resineux, etc.
La Nephrite aigue simple pent se declarer epizootiquement sous Finlluence d'une cause qu'on ne trouve indiquee dans aucun journal ou traile de medecine veterinaire. Cette cause dent ä la presence, dans lespacages frequentes par les animaux de l'espece bovine, d'une quantite innombrable de chenilles qui, apres avoir depouille completement les arbres de leurs feuilles, sont descen-dues ou sont tombees sur le tapis de verdure qui forme le pacage.
La Nephrite se declare egalement sur les animaux qui sont nourris au printemps avec le farrouch, auquel se trouve melee, dans une forte proportion, la camomille puante ou le coquelicot; mais 11 est probable que raction irritante de ces plantes est due ä la presence d'une huile essentielle qui s'evapore par la dessic-cation, puisque la camomille puante et le coquelicot, meles aux fourrages sees, n'occasionnent point cet accident.
Lorsque les boeufs marchent en troupes ou qu'il sc rencontre dans les prairies quelques-uns de ceux de ces animaux dont le bistournage n'est pas complet, il en est qui s'elancent subite-ment, faisant supporter tout leur train anterieur par d'autres boeufs ou des vaches, et la commotion qu'eprouve le rein, par le fait de ce saut brusque et souvent impetueux, domic lieu souvent ä la Nephrite. On voit des vaches et des bojufs pisser le sang aussitöt qu'ils ont ressenti les effets de cetle commotion.
La Nephrite aigue simple se declare parfois ä la suite d'une violeote surexcitation resultant d'une course forcee. Un bceuf qui faisait partie d'un troupeau que Ton conduisait ä une foire s'ecarto de la route, un chien est mis ä sa poursuile, et le boeuf
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MALADIES DE l'aPPAREIL GENITO-URINAIRE.
eti'raye, ayaut toujours le chien a ses trousses, se lance ä travers les champs et accomplit une course effrenee, apres laquelleils'ar-rete haletant et semble pris d'uue roideur tötanique. Je le vis deux heures apres, sa respiration etait plus calme; mais iiparais-sait souilrii' de violentes coliyues, et j'observai Mentot cliez lui tons les symptomes d'une Nephrite aig\ie.
Cette maladie se manifeste aussi quelquefois sur des boeufs qui vont s'abreuver ä des mares entourees d'arbres sur lesquels ont sejourne des cantharides. Mais de quelle maniere a pu agir cette cause? Be trouvait-il de ces insectes en decomposition dans la mare? Cela me parait tres presumable, quoique je ne puisse pas Faffirmer absolument; mais ma presomx)tion se base sur ce fait, incontestable ä mes yeux, que la Nephrite se manifeste ä la suite de ringurgitation d'eau non courante, puisee au voisinage de lieux oü des cantharides ont sejourne.
Symptomes. — D'abord de la tristesse, de la gene dans la marche se manifesteut, et si l'animal est ä l'etable, il tient ordi-nairement ses membres engages sensiblement sous le centre de gravite, on bien il les eteud en soulevant la queue legerement; point de pandiculation; la colonne dorso-lombaire n'est pas seule-ment sensible ä l'cxces, eile est douloureuse; l'animal se campe pour uriner, et il urine pen on point. Si la Nephrite est simple, et si la vessie n'est point distendue par I'urine, les efforts que l'ani­mal fait poururiner ne sont pasaccompagnesdecebattement. pre-cipite du bulbe de l'uretre, qui est le svmptömecaracteristiquede la presence d'un calcul engage dans le canal. Les contractions abdominales qui constituent ces efforts provoquent d'abord I'ex-pulsion des matieres fecales contenues dans les dernieres voies, restees encore k leur etat normal; ces matieres sont mi-liquides, et ne sont expulsees, dures et seches ou coiffees, que lorsque rinllammationaeu une duree de deux h trois jours.
La douleur eprouvee par l'animal augmente progressivement, et si eile ne se manifeste d'abord que par le malaise que j'ai dejä signale, eile est bientot marquee par des trepignements et des convulsions d'une teile violence que l'animal parait presque fu-rieux : il se couche, se releve, sans jamais conserver une position normale; il refuse tonte sorte d'aliments ; il ne rumine point; son mufle est sec, ses conjunctives sont injectees; il regarde son Haue assez souvent, et il pousse de temps ä autre des mugisse-ments sourds et plaintifs; il grince des dents.
Si la Nephrite n'est pas combattue par un traitement qui en arrete la marche, la meteorisation se declare plus on moins in­tense, et quelquefois eile tue les animaux en les asphvxiant. Com-
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inent expliquer cette meteorisation, sinon par une inflammation violente survenue sympatliiquemont et qui se propage successi-vement et rapidement ä tons les organes renfermes dans I'abdo-men. An reste, cette explication se trouve presque toujours con­firmee par les lesions pathologiques observees.
Le pouls est vite et precipite; les urines qui sonl rejetees en tres petite quantite soat toujours colonies daus le debut, puissan-guinolentes. Quelquefois aussi elles out cette couleur des rinvasiou de la maladie, et sur certains sujets, elles out la consistauce du sang artericl, quoiquc la couleur en soit plus trouble. II y a des boeufs qui out toujours le regard fixe et qui balancent leur tete, comme s'ils se disposaieut ä frapper les personnes qui les entou-rent. Tels sont les symptoines observes; mais ils varieut necessai-remeut en quelques points, suivant la nature de la cause et aussi d'apres I'ldiosyncrasie des sujets. M. Million, veterinaire h La Ilocbelle, a decrit les syinptömes de la Nepbrite de la mauiere suivante :
laquo; Au moment de Tinvasion, les aniinaux mangentet rumineiit moins que de coutume; ils se coucbent, se relevent de temps en temps, pietinent des membres abdonünaux et agiteut la queue; ils font en outre des efforts pour uriner qui n'occasionnent que la sortie dquot;une petite quantite d'un liquide ibrtement colore ct rou-geätre; enfin, le pouls est posterieur, petit, irregulior, et les con-jonctives parfois jaunes. lorsque le foie se trouve, selou toutes les probabilites, enflamme en meine temps que les reins.
laquo; Apres deux jours de cet etat precurseur, ajoute M. Mullou, tons les symptömes augmentent d'intensite : le pielinement des pieds posterieurs est plus frequent; les mouvemenls d'agitation de la queue plus vifs; on observe dans le train posterieur do pe-tits soubresauts; de droite ä gauche, les membres abdonünaux s'entrecroiseut aussi quelquefois. Communement, la colonne ver-tebrale se replie, se vousse, ce qui rapprocbe les pieds posterieurs sous le centre de gravite. On observe en outre, dans la region lombaire, des contractions qui produisent des mouvements d'in-flexion semblables et qui se manifestent pendant le coit. Ils exis­tent chez les vaches comme chez les boeufs et ils out meme quel­quefois lieu lorsque les animaux sont coucbes; mais alors le rachis execute des mouvements d'ondulation semblables ä ceux qu'execute un serpent rampant sur un terrain inegal.
laquo; Les bestiaux alteiuts se coucbent et se relevent souvent, re-gardent leurs flaues; ils fixent aussi en mugissant plusieurs Ms de suite les personnes qui les soignent, comme s'ils voulaient leur exprimer les souffrances qu'ils eprouvent.
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MALADIES DE L APPAREIL RENITO-DRINAIRE.
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laquo;Les efforts urinaires sont plus frequents et sums de remission d'une faible quantite d'urine, ainsi qne d'excrements lances par jets. Chez d'autres bestiaux, la constipation est opiniätre. Les ef­forts expulsifs produisent, clans certains cas, le renversement du rectum et meme du vagin, chez les vaches, tant Tirritation in-tlammatoire a acquis d'intensite. raquo;
La Nephrite pent exister a I'etat chronique, mais on ne re-inarque point qu'elle soil, dans aucun cas, une modification de la Nephrite aigue. Les symptömes qui la caracterisent a, son debut sont beaucoup moins saillnnts qne ceux de la Nephrite aigue: I'appetit se soutient moderement, la rumination a lieu de temps en temps, les mouvements de pandiculation ne sont pas entiere-ment supprimus, la peau reste legerement onctueuse; cependant I'animal pietine quelquefois, en regardant son flanc. II n'urine iiu'apres avoir fait des efforts multiples et prolonges; mais il se soutient, quoiqu'il mange pen. Le regime de Fengraissement n'aggrave pas cet 6tat, mais il n'a point de resuhat avantageux.
niarche. DurOe. Tcrminaisons. — La Nephrite aigue a une mar-che assez rapide; son debut est quelquefois lent et un pen obs-cur dans ses manifestations ; il est le plus souvent d'une violence extreme, et alors sa marche est rapide. La Nephrite aigue se termine par la resolution ou par la mort.
Diasnostic. Pronostic.— Les symptömes de la Nephrite aigue sont trop saillants, trop caracteristiques pour que Ton puisse s'y meprendre; un bceuf qui pietine regarde son flanc, se coiiche, se relev.;, n'est pas aflecte d'une colique ordinaire : si avec tout cela il fait souvent des efforts pour uriner et que les urines qu'il rend en petite quantite soient fortement colorees ou sanguinolentes, et ipie la region dorso-lombaire soit douloureuse h I'exces. on pent diagnostiqner sans hesitation une Nephrite aigue, surtout si les battements du bulbe de l'uretre ne se font pas remarqner ;i son passage sur l'arcade ischiale. D'ailleurs, il y a ici une emission d'urine, quoique en faible quantite, tandis que s'il existe des calculs dans le canal de l'uretre, e'est tout an plus si parfois on voit quelques gouttes d'urine humecter le fourreau. Done, h cet egard, il n'y a pas de doute possible.
Quant an pronostic, il est rarement fächeux si le traitement a ete dirige avec quelque intelligence.
Lesions pathraquo;iogiqnes. — Les reins sont gorges de sang noir at comme sphaceles; on trouve dans les ureteres et les bassinets des sörosites jaunätres. La vessie est rapetissee et vide d'urine ; eile represente une beule oblongue. Mais les deux reins ne sont pas affectes de Nephrite dans tons les cas^ un seul Test quelque peu.
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et cependant la s6cr6tion urinaire a etö interrompue. li y a, parait-il, une teile Sympathie entre les deux organes, que las fono tions secretoires sont suspendues dans le rein qui n'est pas ma­lade aussi bien que dans celui qui est le siege de la Nephrite. La nmqueuse de la vessie est enflammöe, epaissie et quelquefois ulceree, et tout le tissu cellulaire qui entoure les reins est co-lore en jaune.
Si la Nephrite a ete rapidement mortelle, les reins sont engor­ges et leur parenchyme reflechit une couleur rouge-noire; la mu-queuse des bassinets est coloree de la meme maniere, epaissie, ramollie; la substance des reins se dechire faciloment, et les tissus graisseuxet cellulaire qui les enveloppent paraissentpresquetou-jours avoir participö ä Tinflammation. Ordinairement le muscle grand ilio-spinal, et surtont ceux de la region sous-lombaire, sont noirs, infiltres d'une serosite sanguinolente et comme sphaceles.
Lorsque ces lesions seproduisent aussi graves, les autres orga­nes abdominaux et thoraciques sont aussi dans un etat patholo-gique remarquable; il y a sur la muqueuse de la caillette et de l'intestin des traces d'une viva inflammation. Le cceur et les principaux vaisseaux sont remplis de sang uoir mi-liquide; les poumons sont engorges, et dans les bronches il y a beaucoup de mucosites spumeuses.
Traitement.— La saignee est le moyen principal du traitement de la Nephrite aigue. On la pratique ä la jugulaire ou ä l'artere coccygienne, abondante relativement au vaisseau : de 4 h 6 kilog., suivant l'äge et l'etat des animaux, si eile est faite ä la jugulaire; de qnantite moinrlre d'un tiers, si on a ouvert Tariere coccygienne. Et ici que Ton nous permette une reflexion appli­cable dans un grand nombre de cas.
Un boeuf ou une vache se trouve pris subitement de symptömes d'une Nephrite aigue; son etat est des plus alarmants. On recon-nait la necessite de pratiquer une abondante saignee: mais il a pris son repas il n'y a pas longtemps, et devant cette pretendue contre-indication, on ne le saigne pas, et en attendant la maladie fait des progres et l'animal meurt. Eh bien, la contre-indication n'existe point. On craint que la saignee arrete la digestion; mais döja cette digestion est troublee sympathiquement par le trouble violent qu'excite rinflammation aigue dont un Organe important est le siege, et ce n'est qu'en retablissant dans l'economie l'etat normal que la digestion suspendue reprendra son cours.
Que l'on ne saigne pas un animal bien portant lorsqu'il vient de prendre son repas, cela se conceit; mais ne pas le sai-gner quand il y a indication urgente. sous le pretexte qu'on pour-
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rait contrarier la digestion, est une grosse erreur. Au reste, la contre-indication de la saignee apres le repas est admise, par tous las proprietaires de bestiaux, comme une verite incontestable, et le veterinaire a quelquefois fort a faire pour conserver sa liberte d'action. II ne doit pas cependant, dans le cas d'urgence, ceder, s'il ne veut se preparer ii la pression d'une semblable prevention des revers cju'il aurait pu eviter.
Done la saignee est le moyen qu'il faut employer d'abord pour combattre avec succes la Nephrite aigue; puis on applique sur toute la colon ne dorso-lombaire des cataplasmes de mauves, de graines dc lin ou d'autres substances emollientes. Mais la diffi-culte de faire tenir ces cataplasmes sur cette region m'a amene ä les remplacer par des lotions souvent renouvelees d'un liquide pro-duit de la decoction de ces substances. Je fais imbiber de ce liquide unecouverture de laine, la plus mince possible, et je la fais main-tenir sur la partie an moyen de ligatures en ruban de fil ou en corde. Ces couvertures, qu'il faut avoir soin d'imbiber souvent, conservent bien Fbumidite, dans cecas, äune douce temperature.
On administre d'heure en heure des demi-lavements, apres avoir vide le rectum, afin qu'ils ne soient point rejetes. On donne sou­vent des boissons rafraicbissantes, ;i petites doses, pour ne point fatiguer les organes digestifs par une trop forte quantite de liquide; ces doses sont repetees de demi-heure en demi-heure, si cela est possible et si ranimal ne se defend pas; car, s'il se defen-dait avec violence, il vaudrait mieux s'abstenir et etablir une compensation en administrant des lavements en plus grand nombre.
Quelques pratioiens ajoutent aux boissons ou pour mieux dire aux breuvages, du nitrate de potasse ä doses plus ou moins fortes; je n'approuve nullement cette pratique, tant que I'inflamma-tion des reins se trouve dans toute son intensite. Meme etenrlu dans une grande quantite de liquide, le sei de nitre surexcite tou-jours un pen les reins, et e'est ce qu'il faut eviter ä tout prix quand dejä Finflammation est portee sur ces organes a uc degre extreme.
On administre les boissons nilrees un pen plus tard, lorsque rinflammation a ete calmee, alors que ces organes, qu'elle a lais-ses dans un certain etat d'inertie, out besoin d'etre legerement surexcites pour exercer leurs fonctions comme dans leur etat normal.
Si, malgre la disparition des principaux symptömes de la Ne­phrite, la secretion urinaire ne parait passe faire avec abondance, et qu'elle soit moindre que dans Yölakde sante, non-seulement
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on a recours aux boissons et.aux breuvages nitres, mais encore on fait sur la colonne dorso-lombaire des frictions d'essence de terebenthine, on Ton y laisse sejourner mi fort sinapisme pendant quelques minutes.
Pendant toute la duree de la convalescence, les animaux doi-vent etre tenus h une demi-ration des fourrages les moins ecliauf-fants, et on leur doime le vert de preference ä tout autre fourrage, si c'est possible, avec cette precaution neanmoius de ne pas laisser les animaux en prendre ä satiete. Les fourrages verts som souvent tres indigestes, et une indigestion qui surviendrait pen­dant la duree d'une convalescence serait nn accident des plus graves.
Les formules medicamenteuses ä indiquer dansle traitement de la Nephrite aigue sont fort simples.
J'ai dit quelles sont ä pen pres les doses des breuvages rafrai-cbissants ä adininistrer, et quelle est egalement la quantite ap­proximative des medicaments. J'ajouterai seulemenl que pour obtenir du sei de nitre une action assez euergique, il doit etre donne ä la dose de 30 grammes, en dissolution dans 2 ou 3 litres de liquide; pour une action un pen moindre, de 15 ä 20 gram­mes; et enün, pour qu'il agisse comme legvrement excitant des fonctions des reins, a la simple dose de 20 grammes dans 4 ou 5 litres de liquide : la meine dose et la meme quantite de liquide ä administrer deux fois par jour.
ARTICLE II
CYSTITE
Definition. Frequence. — La Cystite est riiiflammation de la vessie, quelle que soit la partie de cet organe atteinte de cette in­flammation. Autrefois, on ne donnait le nom de Cystite qua riii­flammation des parois, et Ton appelait catarrhe vesical riiiflam­mation qui ne paraissait affecter que la membrane muqueuse. Cette distinction n'est pas facile a faire, et d'ailleurs eile serait parfaitement inutile pour l'indication du traitement. La division en Cystite aigue simple, Cystite aigue compliquee d'enterite, Cystite chronique, me semble mieux repondre aux necessites de la pratique.
sect; 4er. — Cystite aigue simple.
Causes. — Celle-ci est commune sur le bceuf beaucoup plus yu'on
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ne Fa cru, surtout sur le bocuf de travail. Elleest moins fröquente chez les femelies, et Ton en comprendra facilement la raison. La vessie chez le bceuf est invariablemeut placöe et maintenue dans la cavite pelvienne; eile pent acquerir un volume considerable par suite de l'accumulatioa de l'urine dans son int^rieiir, sans jamais s'avancer vers la cavite abdominale, l'extremite posterieure du rumen s'opposant tonjours h son deplacement dans ce sens. D'un autre cöte, le canal de l'uretre est d'une capacite pen considerable relativement, aussi l'evacuation de l'unne ne peut-elle avoir lieu sans des contractions continnelles partant du col de la vessie : ce qui fait que si cet organe se trnuve distendu outre mesure, los contractions etant plus faibles, plus lentes ä se produire, l'eva­cuation ne pent se faire que par un jet saccade, forme d'un filet d'urino plutöt que par un jet relatif meme ä la capacite du canal. Done la vessie pent chez le bceuf rester longtemps distendue, et one inflammation plus ou moins intense etre la consequence d'un pareil etat.
La Cystite aigue se declare sur cet animal par I'effet d'une nourritnre composeede plantes acres ou contenant seulement des principes astringents dans une forte proportion, apres qu'il a pa-cage sur des lieux on vegetaient des renoncules, des tithymales, des coquelicots, le raphanus raphanistrum, etc., et dans les bois, an moment oil se deveioppent les bourgeons du ebene et d'autres grands arbres ou ceux d'arbustes, tels que le genet, etc. Mais on I'observe plus sou vent encore sur des boeufs de travail qui out etc deranges quand ils commencaient ä uriner ou qui n'avaient pu meme s'arreter pour evacuer le premier jet; aussi fant-il consi-derer le sejour force de l'urine dans la vessie comme la cause la plus frequente et la plus active de la Cystite, les autres causes que j'ai indiquees agissant assurement avec moins d'intensite.
Symptnines. — Porte de l'appetit, inrnmination, pouls fort et vite, anxiete, agitation de Tanimal, accompagn6e par des trepi-gnements des membres posterieurs et meme des membres ant6-rieurs qui sont brnsquement flechis en arriere et sous le thorax, apres que I'animal a gratte le sol ou souleve la litiere qui se trouve sous ses pieds. Le boeuf se couche et se releve souvent taut que la distension de la vessie n'est pas arrivee ä son point extreme; alors essais frequents d'evacuation d'urine au moyen de contractions g6nerales de toutle train post^rieur, sans que les battements ou bonds de I'lirctre soient ni tres apparents, ni con-tinuels, comme lorsque des calculs se trouvent engages dans le canal. J'insiste sur cette difference, parce qu'elle Importe essen-tiellement pour la formation dn diagnostic de la Cystite aigue
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simple et celui de la Cystite calculeuse, tant que la vessie n'est point rupturee. Toutes les fois, des le d6but de la maladie, que le boeuf fait des efforts pour uriner, les matieres föcales ar;-iv6es dans le rectum sent expulsöes avec une certaine violence, et Tanus ne se contracte pas moins quand m6me il n'-eo existerait plus dans le rectum. Gette evacuation forc(?e des matieres fecales est due h deux causes bien apparentes : d'une part, aux contrac­tions musculaires, qui ont pour but l'övacuation de l'urine, et d'une autre part, h la compression exercee par la vessie distendue outre mesure sur le rectum, compression qui ne fait qu'aug-menter jnsqu'ä ce que sos parois se soient rompues. Pour cons-tater cette distension enorme de la vessie, il n'est besoin que d'introduire la main dans le rectum.
Marehe. Durlaquo;e. Terminaisons. — La Cystite a une marche rapide, courte et reguliere. L'inflammation augmente d'intensitö au fur et ä mesure que l'urine s'accumule dans la vessie en plus grande quantite. On pent done mesurer le degre d'inflammation d'apres l'extension de cet Organe, et si, dans les deux on trois premiers jours, la tension n'a point diminue, il y a rupture, et alors tout est fini pour le veterinaire ; il n'a plus h s'occuper de l'animal malade autrement que pour indiquer quel peut etre le meilleur parti a en tirer.
Je dis que la rupture se fait dans les deux on trois premiers jours; mais il ne faut pas entendre cette expression dans son sens le plus rigoureux, car la vessie peut roster plus longtemps dans un etat de distension extreme on n'y rester que quelques heures. A cet 6gard, on observe des differences de duree tres grandes. Quelquefois le terme fatal arrive dans le premier jour de I'appa-rition des premiers symptomes; mais alors ils ont ete tres vio-lents, et d'autres fois, la vessie reste distendue pendant cinq on six jours avant de se rupturer : il est vrai de dire que dans ce der­nier cas, la distension s'est faite lentement. Si Ton prive les ani-maux de boisson, ilsurinent beaucoup moins, et Ton peut croire, dans quelques cas, que l'inflammation existant aux reins en memo temps qu'ä la vessie, la secretion urinaire a du etre moindre que dans Fetat normal.
J'ignore si la Cystite aigue simple peut se terminer par resolu­tion sous l'action des seuls efforts de la nature. Gependant cela me parait possible, lorsque les animaux ne sont point dans de mau-vaises conditions hygieniques; s'ils conservent par exemple un peu d'appetit et s'ils ont pu ä l'etable se nourrir de fourrages verts tresaqueux, on s'ils ont trouve dans les päturages une herbe fraiche et tendre. Ge que je sais pertinemment, e'est que la sai-
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gnee, les demi-lavements emollients et les hoissons mucilagi-rieuses en triomphent aisement.
Je n'ai jjas observe que la Cystite aigue simple se termindt par la gangrene; mais quand eile est tres violente, 11 arrive pariois que la rupture de la vessie a lieu spontanement, sans que les animaux aient fait aucun mouvement, comme eile a lieu pendant qu'ils se couchent et se relevent vivement.
La terminaison par la rupture de la vessie s'annonce par la cessation complete des symptomes les plus graves. Plus de trepi-gnements, Tanimal se coucheet reste dans cette position jusqu'ä ce ququot;on le force ä se lever. 11 ne fait plus aucun effort pour mi­ner, et si on ne s'assure pas de Fetat de la vessie en explorant par le rectum, on peut, au premier abord, croire h une amelioration tres sensible. Cependanl I'animal refuse de manger, il boit quel-quefois et meme beaucoup; mais il ne ruihine pas ; il grince des dents presque continuellement; il porte sa tete vers le flanc, en I'appuyant sur le thorax. Au moyen de l'auscultation, on entend avec facilite le gargouillenient produit par l'agitation de Turine epanchee dans I'abdomen, si on presse cette region avec un pen de force et dans plusieurs sens.
Les auleurs qui out avance que le boeuf perissait deux ou trois jours apres la rupture de la vessie se sent bien etrangement trompes; j'en ai vu un tres grand nombre dans cet etat patholo-gique, et pas un, je l'affirme, n'est mort avant que liuit ou dix jours se fussent ecooles depuis la rupture de la vessie, et j'en ai vu qui out vecu de vingt-cinq ä trente jours et meme plus.
Un jour, j'etais alors un tres jeune praticien, je fus appele pour donner des soins ä un bceuf qui, apres avoir eprouve de violentes COliques pendant deux ou trois jours, avait para tout h coup plus trauquille, ctcependant rcstait couche etrefusait toute sorte d'ali-ments. Je vis cet animal; il avait ete soigne par un vieil empi-rique, comma etant alfecte d'une colique; on lui avait fait prendre en quaulite des breuvages de difi'erente composition. Le regisseur de la propriete etait le compere de Tempirique. Je diagnosliquai la presence d'un calcul dans le canal, la rupture de la vessie et Tepanchement d'une grande quantite d'urine dans I'aMomen.
Corame il fallait s'y attendre, le regisseur affirma au propri6-taire que I'empirique etait un savant de premiere force, et que je ne connaissais rien en fait de maladies des boeufs. Le proprie-taire m'interrogea, hesita longtemps entre I'empirique et moi, et enfin decida que le boeuf resterait coucM dans l'etable, jus­qu'ä ce qu'il ne donnat plus signe de vie... L6venement me donna completement raison; mais le bceuf avait vecu quarante-
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huit jours dans cet etat, sans manger, sans boire, toujours cou-che sur la litiere.
II arrive meme qu'un bcBuf, ayant dejä I'urine epanchee dans I'abdomen, pnisse marcher pendant l'espace de 20 on 30 kilo­metres, pourvu qu'on ne lui fasse pas prendre line allure prt'^ci-pitöe. II marche bien mieux encore, si, ainsi que je Fai pratique plusieurs fois, on fait, au bas de I'abdomen et a droite, une ponction, au moyen de laquelle on debarrasse l'animal de plu­sieurs litres d'urine.
Lesions pathoiosiqucs. — A Touverture de I'abdomen on trouve une quanf.itft pins on moins considerable d'urine, et tons les visceres aussi bien que les muscles exhalant une odeur d'urine tres prononcöe; le peritoine parait enflamme et les chairs sont d6colorees. La vessie est d'une couleur rouge brunätre, et dans sa partie la plus evasee ordinairement se trouve uue dechirure a bords roules, par laquelle I'urine s'est repandue dans I'abdomen.
Diaenostic. Pronostic. — Le diagnostic de la Cystite aigue sim­ple n'est point difficiie ä etablir : un boeuf se tourmente, il tre-pigne, il fait de vains efforts pour uriner, on ses efforts n'ame-nent qu'un jet peu considerable d'urine roussätro. II y a absence de battements reguliers de l'uretre ä son passage sur I'arcade ischiale; l'animal tient la queue soulevee, il fiente avec effort, et en introduisant la main dans le rectum, on trouve la vessie dis-tendue demesurement. Alors rien de plus facile que de recon-naitre 1'existence d'une Cystite aigue non calculeuse. L'absence des bonds ou battements sufiit pour cela, quand on voit les autres symptomes qui se manifestent; s'il raste des doutes ä cet egard, il n'y a, pour les faire disparaitre, qu'ä se rappeler les circons-tances qui out precede le debut de la maladie.
Ce travail de la mömoire et de I'mtelligence est d'un grand secours en pareille occasion. En recherchant les causes qui ont pu agir defavorablement sur l'economie, et en les etudiant avec soin, on unit par comprendre quels effets elles ont'dü produire. G'est ainsi que s'etablit le diagnostic.
Le pronostic de la Cystite aigue, teile que je viens de la decrire, n'est pas ordinairement fächeux, si le traitement est rationnel et s'il a pu etre mis en pratique dans les premiers temps de la ma­ladie, cinq ou six heures apres son apparition; si le traitement a ete retarde, le pronostic pent etre lacheux de plusieurs manieres, ou I'inflammation a produit des lesions graves, et alors sa termi-naison peut devenir I'etat chronique, ou la vessie a ete rupturee, et le cas est mortel.
Traitement.— En premiere ligne, la saignee, quel que soit I'etat
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de force et d'embonpoint; seulement, eile devra etre peu copieuse si ranimal est vieux, maigre ou fatigue excessivement par le travail; aboudante et repetee jusqu'ä la diminution bien marquee de rintensitL! des symptomes, s'il est jeune et vigoureux. Levais-seau d'eiectiou pour faire la saignee doit etre, ou la sous-cutanee abdominale, ou 1'artere coccygienne; mais si la saignee n'a pas et6 assez copieuse par Tun ou l'autre de ces vaisseaux, il ne faut pas liesiter ä ouvrir la jugulaire.
Apres la saignee, les demi-lavements tiedes, presque froids, et les boissons mucilagineuses; mais il est bon de se rappeler, ä propos de ces dernieres, qu'il n'est pas prudent de les laisscr prendre ou de les administrer en breuvages en grande quantite, tant que la vessie est pleine et que l'ecoulement de Turiiie n'est point retabli, au moins en partie; car, on le salt, il est des mo­ments oil les boissons ne font que passer dans les organes diges­tifs ot sont immediatement transformees en urine tres aqueuse et decoloree. Dans la circonstance qui nous occupe, leur arrivöe dans la vessie ne ferait qu'aggraver les accidents.
Les boissons nitrees sont ici doublement nuisibles : elles su-rexcitent des organes qui dejä sont beaucoup trop surexcites, et puis elles augmentent la secretion urinaire quand Fevacuation de ce produit excrementitiel ne pent avoir lieu.
Le sei de nitre administre en dissolution est utile dans bien des cas; mais il m'a semble depuis longtemps qu'il ne devait etre employe dans le traitement des maladies des voies urinaires qu'avec une extreme circonspection.
S'il ne convient pas de comprendre les breuvages ou les bois­sons nitrees dans le traitement de la Cystite aigue, il est d'in-dication rigouruuse de tenir conslamment sur les reins et jusque k l'origine de la croupe, des cataplasmes de mauves ou de farine de grames de lin, et d'administrer frequemment des demi-lave­ments ou meme des quarts de lavements, afin qu'ils soienlmieux retenus et que leur action ait de la duree. Ces lavements sont fails de decoctions emollientes, at dans cbacun on ajoute quelques gouttes de laudanum, ou quelques grammes d'assa-fcetida ou de camphre en dissolution dans des jaunes d'oeufs, ou bien encore quelques grammes dquot;infusion de feuilles de belladone.
Ce traitement a une efficacite bien marquee, et cela se com-prend : en eilet, si la cause de la Cystite est une retention d'urine occasionneo par le spasme du col de la vessie, comme cela arrive quand I'animal est empecbe d'uriner par un exercice penible non interrompu, ou si la retention provient de ce qu'il a et6 brus-quement remis en marche au moment oü' il n'avait pas fini
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d'uriuer, le spasme du col de la vessie sera efficacement com-battu par I'imbibition ou par Fabsorptiou des demi-lavements laudauises ou belladones.
Si je ne veux pas afflrmer que mon explication soit d'une exac­titude rigoureuse, j'aflirme neamnoins que j'ai obtenu de bous resultats de ce traitement.
Pour que le lavement soit retenu et absorbe, il est indispensa­ble, avant de l'administrer, de vider le rectum, et Ton devraii meme ajouter ä cette operation preparatoire Faction de pincer la colonne dorsale du boeuf, aussitot que le lavement a ete intro-duit dans rintestin. Jc confirmc cc quo j'aiditii ce sujet, malgre une observation i'aite par M. Tabourin dans son Nouveau traite de mature medkale. II dit, t. II, page 526 : laquo; On fait quolquefois preceder l'emploi de lavements medicamenteux de l'usage de lavements simples, destines a vider les gros intestins des excre­ments qui les encombrent; mais cette precaution n'est pas tou-jours utile, I'experience ayant demontreque ces liquides arrivent plus avant, dans le tube digestif, lorsqu'il est plein que lors-qnil est vide, parce quil se fait de proche enproche, par I'inter-mediaire des excrements, une imbibition qui pousse le lavement tres avant dans les courbures du colon. raquo;
Je ne dirai pas que les choses ne se passeut pas de cette ma-niere dans le cheval, mais je suis Men sür que, lorsqu'il s'agit de Fadministration de lavements medicamenteux au ba3uf, il est tres uecessaire d'avoir auparavant vide rintestin, au moyen d'un lavement simple, parce que sur cot animal la moindre excitation, soit exterieure, soit intörieure, j'ajouterai meme toute excita­tion morale, provoque le mouvement peristaltique ä un tres baut degre. Le boeuf qui prend uue allure autre que celle du pas, commence ä se vider; si on lui passe seulement le doigt sur le spbincter de l'anus, k Tinstaut meme on provoque chez lui la contraction du rectum et l'expulsicn des excrements; s'il entre en lutte avec un de ses pareils, il en est de- meme ; si on lui ad-ministre un lavement en poussant vivement Fintroductiou du liquide, et squot;il s'epouvante, s'il est vivement aiguilloime, ses eva­cuations alvines preunent le caractere de la diarrbee. Un boeuf qui dejä a ete mis au travail pour etre ferre, est pris de cette diarrbee du moment oü Ton commence h le fixer an joug du tra­vail, et la purgation ne cesse que lorsqu'il est remis en liberte, qu'il soit ou non fixe au travail avec des sangles.
Aussi ai-je toujours reconimande de donuer les lavements aux betes bovines, pour ainsi dire sans projection, en laissant presque couler ce liquide par son propre poids dans rintestin. Cost pour
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le meme motif que j'aime autant me servir d'une bouteille, pour cet usage, que d'une seringue, ouädefaut de bouteille d'une corne percee ä sa petite extrömite. Celle-ci etant introduite dans le rec­tum, on fait tomber le liquide dans la corne, et pas une goutte ne se perd.
3. — Cystite aigne compliquee d'enterite, avec hematurie.
Sknosymie : Mal de lirou , Maladic des bois.
D^iinition. Freqaenee. — Ici encore, inflammation do la vcssie, mats iiifl;immatiou qui ne se borne pas ä cet organe, at qui s'est declaree en meme temps sur I'estomac, I'intestin, les reins et les ureteres. Elle a ete decrite d'abord par Cbabert, sous le nom de Maladic des bols; les veteriuaires qui sont venus apres lui Font designöe sous le meme nom, ou l'ont appelee Mal de brou. Toutes ces clenomiiiations se valent; elles indiquent la cause principale de raifection, dont la frequence tend ä diminuer, de-puis que I'extension des prairies artificielles a permis aux culti-vateurs de nourrir i^eadant plus longtemps leurs bestiaux ä l'ötable, et par consequent de ne pas les abandonner dans les bois, autour des haies et dans les mauvais paturages, oü ne crois-sent que des plantes acres.
Causes. — La principale cause predisposante de la Cystite compliquee, dont je m'occupe, est le regime debilitant auquel out tile soumis les bestiaux pendant plusieurs mois : regime qui, en alterant la vitalite des organes, les a rendus moius resistants h I'actiou malfaisaute des plantes acres et des jeunes pousses d'arbres ou d'arbustes.
La cause occasionnelle est une alimentation presque exclusive-ment composee de bourgeons de ebene, de freue, de troene, de cornouiller, de pousses d'aubepine, d'ajoncs, et, dans les pros, d'une berbe melangee de moutardes, la colcbique, les eupborbes, la renoncule scelerate, etc.
Symptömes. — Le bceuf est triste, son appetit diminue; 11 ne rumine pas aussi facilement ni aussi longtemps que dans l'etat de saute; il reste couche, regarde son flaue de temps en temps; des borborygmes se font entendre dans son abdomen; les excre­ments sont sees ; il urine frequemment par jets tres courts; les battements de l'uretre sont tres forts, et l'urine est de couleur roussätre. La peau est seche, tres chaude, ainsi que les cornes ä leur base; I'animal a le poil pique et la colonne dorso-lombaire plus sensible que dans letat normal. Vßilä ce qu'est la maladie a
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sou debut. Mais bieutöt apres, trois ou quatre jours, les symptomes prenueat plus de gravity, les conjouctives sent injectees, la lou­che est seche et tres cliaude, I'app^tit a disparu completement; point de ruminatiou; I'auimal reste frequemment couclie; il re-garde son ventre plus souvent; il pietiue; sou pouls est dur et ses battemeuts sont tumultueux; la respiration est accelereeet plain­tive; eufin, les excrements sont rendus avec efforts, iis sont tres diirs, marrounes at collies; I'urine est rougeätre; I'liematurie se manifeste. Alors, si on introduit la main dans le rectum, on Irouve la membrane muqueuse de cet organe seche comme du parchemin; eile est tres chaude; et si en memo temps on presse sur la vessie, on la trouve dure, tendue et d'un volume qui doit faire supposer quelle est remplie aux deux tiers au moins de sa capacity.
Cliez les vaches, la secretion du lait, qui d'abord a dimiuue, Unit par se tarir. Ges femelles se campent pour uriner a chaque ins­tant, absolument comme les mules qui sont en chaleur, et I'urine qu'elles rendent est tovjours plus rouge que celle des bteufs atteints de la meme maladie.
Plus tard, on voit se produire des alternatives de chaud et de lioid sur toutes les parties du corps, et des sueurs partielles; il y a des animaux qui d'prouvent des tremblements dans les membres, des soubresauts aux parties tendineuses, et une diar-rhee fetide, ecumeuse et melee de stries sanguinoleutes, soccede ä la constipation des premiers temps de la maladie. L'animal rnaigrit tres vite, sa peau devient adherente et completement in­sensible; il reste couche, ne se leve plus qu'en etaut vivement aiguillonne, puis soutenu ; s'il parvient ä se relever, il reste trem-blant sur ses membres ecartes, et il se reconcile bieutöt, ou plu-tot il tombe et ne se releve plus.
iHarchc. Dur6e. Teriuiiiuisous. —Cette maladie u'a pas une mar-cbe en general tres rapide. J'ai dit que les symptomes d'abord assez lents ä se produire prenaient plus de gravite apres trois ou qua­tre jours ; cela est vrai generalement, et cependant chez quelques sujets la duree de cette premiere periode est beaucoup plus lon-gue. On voit des animaux travailler pendant buit h dix jours, dans cet etat de la maladie, lorsqn'ils ne seat ni fcrdp jeunes ui vieux, si la constitution n'a pas ete affaiblie jusqu'ä cö moment. Cette duree est done variable, suivant le degre d'inteusite des causes, suivant le temps pendant lequel leur action a pu se faire sentir, et aussi d'apres la force de resistance des animaux ou leur passivite organique.
La terminaison de cette Cystite n'est point ordinairement fä-
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MALADIES DE L APl'AREIL GENITO-URIXAIRE.
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cheuse. Partout oü ses causes sont conuues des proprietaires des bestiaux, on s'empresse de les soustraire ä leur action, et la ma-ladie s'ainoindiit, puis disparait. Sur bon nombre de ces bestiaux, les choses se passent tie cette maniere ; d'autres fois, avec les soins du veteriuaire ou du praticien quel qu'il soit, si le traitement est antiphlogistique, la resolution est encore la terminaison ordi naire. Aussi peut-on dire avec raisou ijue la Cystite aigue sim­ple n'est mortelle que par exception.
Diagnostic. Pronosttc.— Les symptomes, la dysurie, la consti-patiou surtout, ont un caractere si expressif, et les causes sont si Men conuues, (jue le diagnostic pent etre I'orme sans que Ton eprouve aucune hesitation. Quant an pronostic, on pent le de-duire des considerations qui viennent d'etre exposees relative-ment ä la terminaison de la Cystite avec hematurie ; il est rare-ment facheux.
Lesions pattaologiqnes. — Les aliments contenus dans le rumen sont desseches; dans le feuillet, iis sont de couleur brunätre tres foncee, tres sees, et pouvant ä la rigueur se briser entre les doigts; ils adherent ä la membrane muqueuse de cette division de Tappareil gastrique. La membrane muqueuse de la caillette est enduite de mucosites epaisses, quelquelbis sanieuses ; eile est eullammee d'une maniere tres prononcee; les intestins greles sont enflammes egalement, et leur membrane muqueuse se de-tache facilement. On rencontre souveut des infiltrations et des öpanchements sanguins clans le meseutere, sur Tepiploon et sur l'enveldppe graisseuse des reins, et ces organes sont dans un etat de dilatation ou de resserromeut anormal; la vessie est quelque-fois racornie, d'autres fois distendue et voluinineuse; dans ce dernier cas, eile contient une certaine quantite d'urine d'une couleur de sang plus ou moins prononcee; sa membrane est tou-jours viveinent eullammeo et souveut ulceree surquelquesspoiuts. D'ailleurs on observe sur les autres organes toutes les lesions qui sont la consequence d'une inilamination ä laquelle les ani-maux out succombe.
Traitement. — Comme premier moyen, soustraire immödiate-ment les bestiaux ä Faction de la cause h laquelle on pent en toute certitude attribuer l'apparition de la maladie; ensuite, pra-tiquer sur ceux qui sont en bon etat une forte saignee, puis une seconde le lendeinain ou lo surlendemain du jour oü la premiere a ete faite, si la remission des symptomes nest pas bien mafquee.
Sur les auimaux tres jeunes ou vieux et faibles, faire aussi une ou deux saignees proportionnees ä l'etat de leurs forces, et faire en sorte que remission du sang se fasse en un faible jet;
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CYSTITE AIGUE CO.MPLIQUEE.
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car si, par exemple, on ouvrait la jugulaire, et que l'ouverture du vaisseau fourait un gros jet, on pourrait bien voir ia bete tomber en syncope, quand meme ce gros jet arrete ä temps n'aurail lourni que 2 kilog. de sang. Apres la saignee, on administre ä doses moderees, mais souvent repetees, des breuvages de decoc­tion de mauves, de graines de lin, de racine de guimauves, etc. J'insiste sur ce point : ces breuvages ne doivent pas etre donnes a doses considerables, pour ne point fatiguerles organes dejä en-tlammes. D'ailleurs, s'ils ne fatiguaient point l'estomac et les intestins, ils n'atteindraient pas pour cela le but propose ; ils pas-seraient vite. Les mucilagiiicux administres dans cette circous-tance produiseut des effets d'autant plus lavorables qu'ils parvieu-uent sur les organes irrites lentement, et pour ainsi dire en nappes minces et legeres, agissant presque par imbibition. II doit en etre de meme quant aux lavements qui, de la meme nature que les breuvages, completent cette partie du traitement.
Si les animaux temoignent d'une vive douleur quand on exerce mie legere compression sur la colonne dorso-lombaire, on appli­que sur cette partie des cataplasmes emollients ; on ce qui vaut peut-etre mieux, vu la difliculte de maintenir les cataplasmes, on fait une forte decoction mucilagineuse avec la graine de lin on avec des mauves; on y trempe une bände en tissu de laine. et quand eile est ainsi bien humectee de cette decoction, on la place sur la partie oil devrait etre le cataplasme. Aussitot que cette bände est refroidie et seche, on la trempe de nouveau. Cd mode de remplacement des cataplasmes est d'un usage facile.
Les animaux atteints de la gastro-entero-cystite avec hematu-rie, que j'ai simplement designee sous le nom de Cystite compli-t[\iee avec hematurie, doivent etre d'abord entierement prives d'alimenls solides; et quand une legere amelioration commence ä se manifester, on pent leur donner une petite quantite d'ali­ments, parmi ceux qui sont de plus facile digestion; on les abreuve avec de I'eau blanclie, ou mieux encore avec des decoctions legeres de mauves, de guimauve ou de graine de lin. Us ne refusenl les boissons de cette nature que lorsqu'elles sont gluanles, cequi est d'autant plus facile ä eviter, qu'on les rend plus legeres et plus liquides en y ajoutant de I'eau en süffisante proportion. Si on a des fourrages verts un pen tendres, on les donne de prefe­rence a tout autre fourrage, de meme, si on a des pacages dont l'herbe soit tendre et fraiche.
Dans le traitement de cette Cystite compliquee avec hematurie, je considere comme dangereux IVinploi du nitrate de potasse, meme ä faible dose.
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MALADIES DE LAPPAREIL GÄNITO-URINAIRE.
sect; 3. — Cystite chronique simple.
D6flnition. Frequence. SymptAmes. — La Cystite chronique est ici une des terminaisons de la Cystite aigue simple. Elle s'observe qnelqnefois, mais assez rarement. Elle resulte d'une Cystite ai­gue doot I'intensite a diminue de maniere k laisser ä l'animal quelques appaiences de la sante, sans qu'il ait pu jamais la re-eouvrer eutierement. Aprös etre reste tres souffrant de la Cystite pendant plusieurs jours, on le voit reprendre un pen d'appetit, ruminer, se detii'er de'temps en temps, faire tTassez Ixmues diges­tions ; mais eprouver toujours line certaine difficulte pour uriner, se preparer sonvent sans rösultat ä raccomplissement de cet acte, rendre des urines roussätres, sedimenteuses et parfois mucoso-sanguinolentes. Avec cela, les animaux ne se retablissent point; leur poll reste terne et pique, leur marcheestlente, embarrassee; jamais on ne les voit s'appuyer solidement ou franchement sur les membres posterieurs, qui s'enchevetrent quand Tallnre estun pen Ibrcee.
Ces animaux arrivent au marasme, et ils succombent apivs avoir longtemps souffert. Quelques autopsies faites h I'Ecole veteriuaire de Toulouse, sous la direction de Dupuy, donnent une idee des lesions qui sont la consequence de la Cystite chronique.
laquo; En 1829, ontronva, sur unbceuf qui venaitdemourir, les reim a I'ctat normal, la vessie contracteeetresserree, ses parois avaient plus de 1 centimetre d'epaissenr; sa muqueuse, un peu injectee, epaissie surtout ä son col: eile se dechirait facilemeut ä 10 cen­timetres du sphincter de cet organe; en avant eta gauche, et sur la paroi interne, il existait une tumeur ovalaire d'environ 3 centi­metres de diametre, faisaat saillie a son centre, d'une couleur rouge, d'une consistance analogue ä la substance corticale des reins, sur laquelle existait une petite plaque lenticulaire bian-chatre, entierement isolee de la tumeur; celle-ci etait entouree d'une zone de tissu fibreux rayonue semblable ä celui des cica­trices qui la separaient de la muqueuse.
laquo; Du cöte droit de la face interne de la vessie existait une per­foration assez grande pour laisser passer le pouce ; les bords en etaient minces, gris, granules, distincts de la muqueuse vesicale, qui formait avant de les atteindre un bourrelet circulaire et sail-lant. Cette perforation faisait communiquer la vessie avec I'inte-rieur d'un kyste developpe dans sou tissu cellulaire exterieur et assez grand pour contenir 3 decilifres d'urine. La paroi de ce kyste 6tait tapissee d'une pseudo-membrane mince et d'aspect
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CYSTITE CHRONIQUE SIMPLE.
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muqueux. Le fond de cette poche etait aussi perce par rupture et communiquait a Tabdomeii; eile contenait uu döpot salino-terreux tres friable et peu abondaiit. Toute la face interne du bassin etait d'un rouge tres vif; une pseudo-membrane d'aspect muqueux eu recouvrait la moitie inferieure; j'y trouvai une concretion calcu-leuse du volume d'un petit pois. raquo;
Cette description, faite par le professeur Gelle, laisse pourtant quelques doutes dans l'esprit, et ces concretions calculeuscs, et ce d(5p6t sal'mo-terretix, sont-ils cause en effet de la Cystite chro-nique?
Une seconde autopsie faite egalement ä l'Ecole veterinaire de Toulouse, par Dupuy lui-meme, sur une vache qui avail prä­sente les symptomes asscz Men caracterises de la Cystite chroni-que, donna lieu de constater les lesions (pie je vais rapporter :
laquo; Les reins etaient rouges et dans un etat d'inflammalion assez intense; la vessie, voliunineuse, avait la forme d'un globe : eile occupait uue grande portion de la region inferieure et posterieure de la cavite pelvieune; la densite de ce reservoir urinaire etait teile qu'on I'aurait cru rempli par un enorme calcul. L'ayant ouverte, on reconnut qu'elle contenait une multitude d'excrois-sances carcinomateuses ou plutot sijuirrheuses, de couleur et do forme variables. Les unes refletaient une teinte cendree, les au-tres etaient jaunütres; la plus grosse etait du volume d'un gros ceuf de poule; quelques-unesde ces productions etaient de nature lardacee, d'autres ressemblaient ä des aggiomerations albumi-neuses trouvöes dans le foie. Les parois de la vessie etaient tres 6paissies, lardacees et sijuirrheuses; desorte qu'il etait impossible dedistinguer les ditferentes membranes dont eile etait composee; sa plus grande epaisseur se faisait principalement remarquer ä sa partie superieure et anterieure.
laquo; On trouvait au milieu des productions squirrheuses contenues dans la vessie et dans l'epaisseur de ses parois lardacees, dc nom-breux tubercules pisiformes enksytes cornmencant ä sc ramollir. raquo;
Dupuy voyait des tubercules partout, et toutes les produc­tions morbides dont il ne pouvait s'expliquer I'existence etaient ä ses yeux de nature tuberculeuse. D'aprös ce qui m'a ete rapportö, au sujet de cette autopsie, par des temoins tres competents, la description ci-dessus est exacte, sauf les productions tuberculeuses que personue ue put remarquer, excepte Dupuy, et le caractere laquo; cancereux raquo; des tumours observees.
Un veterinaire de la Dordogne, M. Landes, ayant fait I'ouver-ture d'un veau qu'il croyait atteint d'une affection calculeuse, trouva dans le canal de l'uretre, a I'endroit ou 11 supposait qu'uu
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cnlcul s'etait arrett5, une pellicule membraneuse roulee sur elle-meme, qui, venant de la vessie, avait glisse dans Turetve et s'ötait arretöe un pen avant d'amver ä l'S du penis. Ce corps obstruait le canal. Apres avoir incise la vessie, il trouva, fixee ä son fond, une production lardacöe, de couleur verdätre, adhörente aux mem­branes 'de l'orgaue; eile etait du volume d'une grosse boule de Mllard. II existait en outre sur la face libre de la vessie beaucoup de petits lobules jaunatres et lardaces. Cette production ne pou-vait etre que le resultat, d'une inflammation chronique.
ARTICLE III
CYSTITE CHROXIQUE CALCULEUSE StKONYHtE : Gravelle.
iPiS
Definition. Frequence. Division. — Ici , j'adopte COmpletemeilt la
definition du mot Gravelle, teile que la donne le Nouveau Diction-nairc des seiences medicahs et veterinaires, parce que cette definition s'accorde parfaitement avec les nombreuses observations que j'ai recueillies sur cet etat patbologique des organes g^nito-urinaires du boeuf. Ainsi je me sers du mot Gravelle pour designer I'en-semble des symptomes qui precedent, suivent on accompagnent la presence de ces concretions dans les urines on de celles qui, entraineespar les urines, restent enchatonnees dans la membrane muqueuse de la vessie, ou qui, eugagees dans le canal, s'y arre-tent a l'S ordinairement et interceptent entierement recoulement de l'urine.
Quand un hceuf est atteint de la Gravelle, on dit qu'il a le sable, qu'il a la pierre, et les homines de l'art disent qu'il a des calcitls.
Cette maladie s'observe tres frequemment sur les boeufs em­ployes aux travaux des champs. Je ne I'ai pas observee sur des vaches; mais, dans ma pratique, j'ai vu, tons les ans, de cinq ä dix breufs an moins qui en ötaient atteints, et il est tres rare que lorsque cet etat pathologique se remarque sur un de ces ani-maux, on ne le remarque pas en meme temps, a quelques jours de difference pres, sur plusieurs autres. J'ai eu dans la meme semaine jusqu'ä trois heeuts atteints de la pierre. C'est ordinai­rement quand ils sont soumis au regime sec, en decembre, Janvier ou fevrier.
Sur le bceuf, les conerötions urinaires, cönsiderees au point de
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CYSTITE CHRONIQUE CALCULEUSE.
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vue clelenr volume, peuvent etre divisees : \aen sables ou sediments pulvendents; 2deg; en gravicrs ou concretions un pen plus grosses, mais qui, n'excedant point par leur volume les limites du diamc-tre ou de la dilatabilite de l'uretre, peuvent etre expulsöes spon-tanöment; 3quot; enün, les calculs nrinaires on pierres, concretions beaucoap plus grosses et dont le volume est superieur an diame-tre du conduit excreteur.
La composition chimique des calculs du lioeuf, gros oa petits ou sablonneux, est formse de plusieurs elements, parmi lesquels domine cependant le phosphate de chaux.
Leur grosseur varie, comme on Fa vu, depuis celle du sable le plus fin jusqu'ä celle d'un tres gros pois; ils sent arrondis ordi-nairement, mais on en trouve qui portent des asperites, ou .sent anguleux, tels qne ceux que Ton trouve enchatonnes dans la membrane muqueuse de la vessie; ils sont lilires dans beaucoup de cas, et j'ai fait de nombreuses autopsies qui me les out tou-jours montres dans cet etat. Ce n'est que dans le plus petit nom-bre de cas qu'ils sont enchatonnes dans la vessie et dans le canal de l'uretre.
M. Verheyen, dans son article Calcul du Nouveau Dictionnaire pratique de medecine et de Chirurgie viUrinaire, dit que les Calculs renaux sont moius frequents sur le boeuf que sur le clieval. C'est possible on Belgique; mais il est certain que dans les re­gions du midi de la France, ils sont an conlraire beaucoup plus frequents sur le bceuf que sur le cheval. II divise les Calculs renaux en cinq varietes : les corallins, les nacres, les metalli-ques. les Wanes et les gris.
II fait des Calculs vesicaux une description tres exacte :
laquo; Ces calculs, dit-il, sont blancs ou brans : cette derniere nuance provient d'une enveloppe brune, mince, recouvrant la couclie peripheriqne blanche. Ils ont une forme spherique; leur surface est inegale, bosselee; le noyau se compose d'un gravier de carbonate calcaire, auquel viennent s'accoler tjuatre ä six au-tres graviers que le mucus agglutine an premier. Blancs sur la coupe, quelques couches brunes les traversent. Pesanteur speci-flque, 1,265 a 1,376. Ils sont couslitucs par I'acide silicique (57 pour 100), le carbonate de chaux et de magnesie, de la ma­uere organique et des traces de fer. raquo;
Taylor (veter., 1849) a fait connaitre une seconde variete de concretions vesicales du boeuf, qu'il designo sous le nom de Cal­culs perles. M. Verheyen ramene k six varietes les Calculs ure-traux du becuf : les verts brillants, les blancs arrondis, les blancs reticules, les blancs jaundtres, les brims jauncs, les blancs sales.
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En effet, ces Calculs se presentent sous ces formes divei-ses.
Causes. — Si les causes de la Gravelle sont peu conuues, ou pour mieux dire ne le sont pas du tout, il en est cependant qui, tontes obscures et incertaines qu'elles soient, ne laissent pas de pouvoir etre considerees comme predisposantes, du moins en ce qu'elles out une influence marquee sur la manifestation des symptömes de la Gravelle. Ainsi, las bceufs ne sont presque Ja­mals malades de la pierre, tant qu'ils sont nourris avec des four-rages verts. On dit h la vörite que cela tient ä ce que sous Tin-fluenco du regime du vert I'urine est secretee en plus grande qnnutite, qu'ellc ost plus fluide et (jue par consequent eile en-traine avec eile les calculs qui n'ont pas un trop grand volume. Sans donte, cela pent etre; mais aussi on voudra remarquer que, malgre l'abondance et la limpidite des urines, les calculs dont le volume serait superieur au diametre du canal ne resteraiont pas moias arretes dans I'S.
Et ne serait-il pas plus exact de dire que le regime du vert a pour consequence, en rendant les urines plus fluides et plus abondantes, de s'opposer a la formation des couches sedimen-teuses successives qui donneut an calcul son volume, et que, la diatbese calculeuse existant, ce regime pent en amoindrir les effets?
La qualite des fourrages pent bien etre aussi pour quelque chose dans la formation des calculs ; si ces fourrages sont vasös habituellement, ou si les animaux vont paitre constammeut une herbe gt;[m pousse sur un terrain sablouneux, il ne serait pas tout ä fait illogique do supposer qu'une pareille nourrituro et un tel pacage out une part d'action dans I'existence do la dia;hese calculeuse.
Dupuy a pretendu (]ue si, dans le sud-ouest de la France, on rencontrait taut de bceufs atteints de calculs, c'est parce que ces animaux sont nourris pendant une partie de Taiinee avec de la paille de froment, laquelle contient, dit-il, une forte proportion de silicate de chaux. An premier apercu, cette explication a quelque chose de specieux; mais 1'observation et la pratique contredisent formollement les opinions de Dupuy sur ce snjet; on voit beaucoup de bceufs calculeüx qui n'ont pas fait dans leur vie une forte consommation de paille de froment. Les jeunes taureaux ou les jeunes bceufs out rarement des calculs. J'ai trouve cependant des concretions de cette nature dans les reins de veaux ages seu-lement de trois ou quatre mois. Et j'ai vu de vieux boeufs ayant toujours urine facilement, places•depuis plusieurs annees dans des metairies on ils etaient nourris presque exclusive-ment ou de fourrages verts ou de foiu, et laquo;ur lesquels se mani-
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festait la presence de calculs engages dans I'uretre a la fin d'un long engräissement. Dans la recherche des causes de Fötal pa-thologique dont je m'occnpe, on rencontre a chaque instant des faits qui sembleraient contradictoires ä tout Systeme de demons­tration de causes d^lerminantes fixes. C'est done une 6tude ;i recommencer.
Et maintenant exarainons la Gravelle dans chaenne des divi­sions formees au point de vue du volume des concretions urinaires.
lre Division. Sables on sediments pulvirulents. — La diathesc calculeuse du hceuf n'a pas toujours une gravity alarmante, dans ce sens qua sa marche et sa duree permettent au praticien d'in-diqueran proprietaire, en temps opportun, le partile plusavan-tageux qu'il pent tirer d'nn animal sur lequel la Gravelle se presente sous cette forme.
On volt des Loeufs qui, pendant plusieurs anuses, out rendu, en trainee dans les urines, une certaine quantite de sediment sa-blonueux. On salt que les boBufs atteles ä la charrue urinent assez souvent, et que les bouviers soigneux attendent qu'ils aienl fmi avant de les remettre en marche. Cela fait que, souvent, le bouvier qui voit l'urine couler remarque quelle est la couluur do ce liquide, et j'en ai trouve plusieurs qui, frappes des differences de couleur ou de limpidite qu'ils avaientobservees, m'en ont de-mande la raison.
Cartes, j'ai etc embarrasse plus d'une fois pourleur dormer une
explication satisfaisante.....pour moi, et alors, je leur faisais la
recommandation de recueillir une certaine quantite des urines de couleur ou de limpidite non ordinaire, et de la conserver pour que je pusse l'examiner apres qu'elle aurait ete recueillie. Je n'ai pas toujours pu faire h temps la verification que je m'etais pro-posee; mais quand celam'a ete possible, j'ai constate (]ne lorsque l'urine est rendue en un jet trouble qui parait tomber lourde-ment, eile depose ordinairement une couche de sediment sablon-neux plus ou moins epais. J'ai suivi longtemps des Ijnoufs qui m'avaient fourni I'occasion d'observer ce phenomeue pathologique. et jamais je n'ai remarque qu'ils aient paru s'en porter moins Men; ils ont travaille jusqu'ä l'äge de dix ou douze ans, et se soul engraisses avec autant d'avantage pour le proprietaire que les autres boeufs.
La diathese calculeuse ne presente done aucun danger pour le bosuf tant qu'elle n'est que sedimenteuse.
Et ne perdons pas de vue que, dans ce moment, je parle des bopufs appartenant aux races travailleuses que j'ai ohservees plus particulierement : la race gaseonne, la garonnaise, la bazadaise.
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I'aiiegeoise, la race salers, et meme celle d'Aubrac, que j'ai vue h I'cBuvre dans le departement du Lot.
Je siguale ces races, parce qu'elles vivent et travaillent sur des terrains qui difEamp;rent entre eux de composition, et dont les four-rages varient ögalement quelque pen entre eux par leurs pro-prietes nutritives, et cela pour en revenir a cette conclusion, (ju'ilest extremement difficile d'assigner une cause h I'affection calculeuse.
2'quot;deg; Division. Concretion ayant ä peine le volume d'unc tete d'epimjlc. — Cette maladie n'a et6 decrite par aucun auteur. Je l'ai observee plusicurs fois; je vais la decrire tres succinctement, et j'espere que le praticien pourra la distinguer aver facilite.
Le bceuf qui en est atteint n'est pas jeuue ordinairement; mais il travaille et il jouit en apparence d'une tres bonne saute, excepte pourtant quand il se prepare ä uriner. Alors on le voit agiter la queue pendant un moment, remuer de droite ä gauche et de gauche h droite son train posterieur : on dirait qu'il com­mence ä soutfrir de coliques. Bientot les bonds on battements de I'uretre paraissent; mais pendant une minute au moins, ces bonds ne font pas jaillir l'urine du pönis. Ce n'est qu'apres ces contractions, faites en apparence inutilement, que Fanimal com­mence ä uriner, en un fllet plus ou moins tenu, mais jamais du volume ordinaire. Ainsi, on reconnait tres bien que le boeuf n'urine pas, comme Ton dit, h plein canal.
Aussi, il est tres long h executer cette fonction : c'est, dit le bouvier, le seul defaut qu'il a.
Los choses marchent de cette maniere pendant un temps plus ou moins long, et le jet d'urine va en diminnant pen k pen de volume, jnsqu'ä ce qu'cnfin il arrive unjouroü lebcuf nepeut plus uriner. La vessie se distend, les coliques devienuent atroces et continues, puis la rupture se fait et l'animal est sacrifie.
Mais si le veterinaire est arrive avant la rupture de la vestie, et qu'il suppose que les accidents dont il est temoin resnltent de Farret d'nn calcul dans I'S du canal, il pratique une onverture artiflcielle ; il est tout surpris de reconuaitre que, meine la vessie n'otant pas encore rupturee, il ne couie point d'urine par ceUe onverture, et c'est pour lui une bien dure deception. Cependant, si, apres un premier sentiment de stupefaction, il introduit une sonde dans le canal a fravers Touverture qu'il vient de pratiquer, dans le but de chercher ä se rendre corapte d'une maniere quel-conque rte l'insucces de son operation, il ne tarde pas ä trouver un commencement d'explication d'un fait qui lui a paru si extraor­dinaire : l'extremite de la sonde introduite U rencontre une resis-
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tance, le canal est comme oblitere, et il ramene avec cette extrö-mite meme de la sonde du gravier tres menu ou di! sable.
C'est qu'il n'y a pas dans le canal un calcul arrötö ä l'S; mais dans tonte l'etendue de cet organe il y a des incrustations calcu-leuses quiont pris tonte la place.vide.
Voilä ce qui se passe : nne portion plus ou inoins considerable de la vessie est garnie de ces incrustations, lesquelles ont fini par occuper egalement toute la surface libre du canal. J'ai fait trois autopsies de bceufs de travail atteints de cette maladie, et si je n'en ai pas faitun plus grand nombre, ce n'estpas que les sujets aient pu me manquer, mais bien parce qu'une fois les symptomes de cette Cystite cbronique calculeuse bien constates, je recom-mandais vivement aux proprietnires des animaux malades de les livrer an boucher.
Apres l'observation de symptömes aussi evidents et aussi ca-racteristiques, le diagnostic est facile, et le pronostic toujours fäcbeux. Et remarquons-le bien, c'est un bceuf qui ne parait souffrir et se tourmenter (jue pendant un espace tres court avant d'uriner, qui ne parvient ä faire j.iillir rurine qu'en un tres petit filet, qui met beaucoup de temps ä remplir cette fonction, qui recommence souvent. Je sais, pour m'en etre convaincu de visu, que cette difficulte d'uriner tient d'une part ä la diminution de capacite de la vessie, et de l'autre a la diminution graduelle de la capacite du canal, diminution dont la cause premiere est I'econlement d'urines constamment sedimenteuses a un tres haut degre. D'apres cela, j'espere que tout praticien qui observera de semblables symptömes ne sera nullement embarrasse pour affir-mer au proprietaire d'un bceuf affecte de cette maniere que son animal est dans un etat incurable.
D'ailleurs, si, apres robservation des symptömes que j'ai rap-porttis, il reste des doutes, on pent tres facilement les lever, en recueillant une certaine quantite d'urine rendue par le bceuf; et Ton distinguera bientot qn'elle a depose au fond du vase un sedi­ment sablonneux, que Ton reconnaitparfaitement, a la vue d'abord, et puis an toucher.
Je ne parle pas des causes de cette maladie, je me suis dejä explique h ce sujet. Les bcenfs que j'ai reconnus atteints de la Cystite cbronique calculeuse vivaient dans des lieux oü beau-coup d'autres animaux nquot;etaieut pas affectes de calculs et ne rendaient point des urines sedimenteuses; ils s'abreuvaient aux reservoirs communs : done, causes incouuneset traitement inutile.
3C Division. Concretions un pcu plus grosses, et progrcssivement graviers, calculs ou pierres. — Les observations les plus frequentes
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MALADIES DE L APPAREIL GENITO-URINAIRE.
que j'ai faites sur le bceuf appartiennent ä cette division, .donI l'etude fera lobjet de l'article suivant.
ARTICLE IV
CALCULS URETBAUX
Symptömes. — S'il se manifeste des symptömes precursenrs, ils ne sont jamais observes ni par le bouvier, ni par le vöterinaire. Aussitot quo celui-ci se Lruuve aupres de ranimal malade, ille voit tonrmente par des coliques (jui lui paraissent douloureuses ä I'exces. L'animal se couclie, se releve avec violence; il gratte la terre on la litiere avec ses pieds de devant, et avec ceux de der-riere il frappe on 11 appuie brosquement sons son ventre, ou Men il lance des rnades. Alors plus de semblant d'appetit, ni de rumination. Les battements on bonds du canal de l'uretre a son passage sur I'arcade iscbiale sont tres forts, et ils sontincessants; qne I'aninial soit conche on qu'il reste campe un moment sur ses membres, les battements ne discontinuent point. Si Ton explore l'etat de la vessie, en introduisant la main dans le rectum, on trouve cet organe fortement distendu, tres dur, porte en arriere, et comprimant le rectum de moniere ä provoquer l'expulsion violente de tons les excrements qui parviennent dans cet organe.
Done: des battements continuels et point d'econlement d'urine; et si on cberche avec la main ä saisir le penis au-dessus dn scro­tum, ä I'endroit formant PS, cette partie dn canal parait etre tres donloureuse; quebjuefois on trouve la saillie que fait le calcul dans cette portion dn canal, mais on ne la trouve pas tonjonrs.
Voila pour les symptömes existants, tant que la vessie n'est point ruptnree; et la rupture est la terminaison fatale de Faccu-mulation de I'lirine dans cet organe. Cette rupture a lien, dans bien des cas, quelques benres ä dater du moment oü les premiers symptömes ont apparn, buit ou dix lieures par exemple, et d'au-tres Ms un espace plus long : quinze, vingt heures on meme trente. Ces derniers cas sont les moins commnns.
Quand la vessie est rupturee, l'animal epronve snbitement nn sonlagement bien marque, et alors cessent les bonds on batte­ments ; car il ne fant pas confondre ces battements avec des mon-vements vermiculaires ä peine sensibles, que Ton pent remarqner tontes les fois que Tanns se contracte. II fant bien faire attention a cette ditference, pour ne pas s'exposer a tenter nne operation tout ä fait inutile. D'ailleurs, si encore Ton eprouve quelques
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CALCULS UHETRAUX.
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doiites sur l'existence de la rupture, ils doivent disparaitre par l'exploration de I'titat de la vessie. Si eile est rupturee, la bosse que Ton ressentait au rectum ne parait plus, et Ton percoit au contraire tres bien le vide qui s'est fait dans le bassin.
J'ai assez longuement traitö dans les chapitres precedents des symptomes qui annoncent l'existence des Calculs engages et rete-nus dans le canal de 1'uretre, pour ne pas avoir besoin de les repe-teren vue de retablissement du diagnostic : les bonds de Turetre ne cessent point, la bosse vesicale est enorme dans le rectum; Tanimal eprouve des douleurs atroces et il n'urine point. Ces signes sont suffisants.
Pour diagnostiquer la rupture de la vessie, c'est different.
Les renseignements sur les phenomenes qui out existe avant le calme apparent dont je viens de parier, sont tres imporlauts a, recueillir, quoique Ton puisse ä la rigueur s'en passer; mais en-fin ces renseignements mettent tout de suite le veterinaire sur la voie. II salt qu'il y a eu retention d'urine, et le voici en pre­sence d'un animal qui n'a pas urine depuis que les douleurs pa-raissent calmees. Get animal est couche ; il ne rumine point; il n'a pas mange ; sa peau est froide; il tient la tete souvcnt ap-puyee sur la litiere ou il contourne son encolure pour la reposer sur Fepaule. En percutant, on mieux en pressant parsaccades les parois abdominales, on distingue tres bien le glouglou du liquide epandie dans cette cavite, et signe certain, signe constant et qui ne trompe jamais, rhaleine du boiuf sent I'lirine, pen de temps apres la rupture de la vessie; et mi pen plus tard, la transpiration cutanee exhale la meme odeur.
Dans cet 6tat, Tanimal pent vivre tres longtemps relativement; et je ne sais pas oü Hurtrel d'Arboval a pu prendre que le bojuf atteint de Calculs, et dont la vessie est ruptur6e, succombe quelquefois au bout de vingt-quatre heures. Non-seulement cette assertion est erronee, mais dans beaucoup de cas il arrive que la vessie n'est pas meme rupturee au bout de ce temps, ainsi que je l'ai dejä dit.
Je crois que le praticien, qui ne se trouve pas en presence de cette maladie pour la premiere Ms, n'a pas besoin d'une longue investigation pour diagnostiquer la rupture de la vessie, s'il pent observer les symptomes que je viens de decrire ; mais dans le doute, il doit faire placer autour des reins du boeuf une ceinture qui, passant sous le ventre, recouvre Fextremite de la verge, et indique sufflsammenlpar son 6tat sec ou humide s'il y a eu eva­cuation d'urine pendant 1'absence des personnes preposees a la garde de Tanimal.
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MALADIES DE L APPAREIL GENITOVRINAIBE.
Cette precaution, je l'ai indiquee souvent, lorsque j'etais ap-pele pour donner des soins ä un Lojuf que Ton croyait atteint de Galculs et que je ne pouvais me rendre sans retard aupres de cet animal. Cette maladie etant tres commune et les coliques que ressent le Lamf etant egalement tres frequentes, surtout quand il est mis an vert sans aucune preparation, les proprietaires, qui croieiit toujours ä l'existeace de la colique la plus dangereuse, lont annoncer invariaLlemeut que le boeuf a la pierre. Alois pour les rassurer, s'il n'y a point de Calcul, je recommande de placer la ceinture en question.
Le bceuf dont la vessie est ruptnree pent, meme dans cet etat. faire une course assez longuo, si on ne force pas I'aUure de son pas et surtout si, comme je l'ai dejä dit, on a pouctionne I'ab-domen, pour alleger cette cavite d'une partie de I'lirine qui s'y trouve epancliee. Mais hors de la necessite de faire marcher le boeuf en I'excitant beaucoup pour le faire arriver ä un abattoir quelconqno, cet animal reste coucbe sans faire de grands mou-vemeuts; seulement il souleve de temps en temps les piedspos-terieurs qui portent sur la Mere, comme s'il voulail, dans cette position, chasser des moucbes. Sa respiration est plaintive par moments, pendant les premiers jours, et puis eile Test conli-nuellement sans etre tres bruyante.
lesions pafiutio^iqucs. — Ces lesions sout toujours les memes, quand elles out eu pour cause premiere oit qu'elles out accom-pagne la rupture de la vessie : une grande quantite d'urine epanchee dans l'abdomen, l'odeur urinaire et la decoloration des chairs, une dechirure dans le fond de la vessie, une couleur noire et un epaississement de ses parois, rinflammatipn günerale ou partielle des organes renfermes dans la cavite abdominale principalement, enfln quelquefois une masse de calculs dans la vessie, quelques-uns souvent dans les reins, et dans le canal de l'uretre ä l'S, le calcul qui a occasionne la retention d'urine, telles sont les lesions que i'on rencontre ä peupres constammant.
Traitement. —II n'yr en a pas d'antre que ruretrotomie. Elle se fait an lieu d'election sur I'arcade ischiale, ou ä quelques centi­metres au-dessous, ou bien ä l'S du penis.
Ici, je dois faire quelques observations utiles aux jeunes pra-ticiens : quand le veterinaire est appele pour donner des soins ä un boeuf atteint d'une retention d'urine, occasionnee par la pre­sence d'un Calcul dans l'uretre, il n'a' pas toujours le choix des precedes operatoires. S'il arrive dans un moment ou la retention d'urine s'est manifestee depuis quelques heures, il pent craindre la rupture de la vessie, et cette rupture pent etre determinee par
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CALCULS URETRAl'X.
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les mouvements brusques et violents auxquels se livre I'auimal, qni se laisse tomber tout a coup comme une masse, et se releve par uu bond d'une violence egale. La vessie est distendue outre mesure, et alors est-il prudent de fixer ranimal par la tete et de lui passer des entraves, ou une corde autour des flaues, pour le maintenir et se preserver de ses ruades, qu'il detache fort bieu en arriere, quand 11 ne pent les detaclier par cote et en avant; cela etant, a-t-on le choix de faire, dans le sens de la longueur du canal, une incision tres reguliere? Et quand on ne reussit pas du premier coup h faire jaillir I'urine contenue dans le canal, fant-il attendre, faut-il abattre ranimal, ou le mettre dans un tel etat de gene, qu'en se defendant, il fasse eclater les parois de la vessie? Evidemment non. Aussi, lorsqu'en pareille occasion je n'ai pas d'un premier coup ouvert largemen t le canal dans le sens de sa longueur, j'agrandis Touverture deja faite en travers, quand meine je devrais faire entierement la section du canal dans ce sens.
II faut que rurinc sorte, voilä le point principal, et d'ailleurs quhnporte, dans ce cas, que rincision soit tout ä fait transversale ou longitudinale? On fait miner le boBiif pour qu'il vive et qu'il puisse s'engraisser ou se retablir, afin d'eiitirer unmeilleur parti, et ce but est atteint, si Ton a pu donner issue a I'urine.
M. Serres, mon honorable confrere, a vivement critique, sous ce rapport, le moyen extreme auquel j'ai recours dans cette circonstance; il a qualifiü mon procede de barbare et peut-etre ne faisait-il alors que repeter, en la faisant sienne, une opinion tüute falle; mais quoi qu'il en soit de cette qualification, je dirai que lorsque le veterinaire exerce dans la campagne, sa premiere Obligation est de conserver a son proprielaire l'animal malade qui lui est confie.
Quoi qu'il en soit, une fois rincision pratiquee, I'urine doit jaillir, ä moins que le Calcul ne se trouve engage dans le col do la vessiß, ce qui est rare, maisce qui neanmoins sepresente qnel-quefois; si eile n'a point jailli et que la vessie ne soit point rup-turee, on introduit une sende en la faisant glisser vers le col, et Ton refoule le Calcul dans la vessie. L'urine coulerarement pure, apres Foperation; eile est ordinairement sanguinolente, et s'il y a une liemoiThagie assez abondante, il nc laut pas s'un preoccuper, eile s'arrete d'elle-meme. D'ailleurs, quand eile est abondante, on pent s'en feliciter, parce qu'elle agit en calmant rirritation ou plutöt rinflammation de la vessie.
L'incisionuretralepraiiquee sur I'arcade iscbiale ou au-dessous, n'est pas le seul procede que Ton puisse employer, surtout quand
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759nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE l'aPPAREIL GÄNITO-URINAIRE.
on a du temps devant soi, c'est-ä-dire quand la retention d'urine n'est pas arrivee au point de faire craindre une rupture immi-nente(l). La grosseur et la tension de la bosse vesicale, ainsi que le temps qui s'est ecoule depuis l'apparition des symptömes, doi-vent fixer ä cet egard. Done, si Ton a du temps, si Ton est assure que la cause de la retention est un Galcul arrete dans I'S, on attache le Ixeuf de maniere a pouvoir operer en securite, mats sans jamais I'abattre, afin d'eviter une chute qui pourrait occa-sionner la rupture, et Ton pratique l'incision du canal sur la partie meine de I'S ou se fait sentir le Galcul. Ici, l'incision doit iHre longitudinale, e'est de rigueur, sous peine de donner lieu plus tard a une fistule urinaire; puis on enleve le Galcul. Si ce Galcul est unique, l'operation est terminee, et eile a une reussite momentanee qui epargne au boeuf Men des souffrances, conse­quence ordinaire de ruretrotomie pratiquee vers I'arcade ischiale.
Mais dans ce cas, comme dans les autres dont j'ai parle, il Im­porte de mettre promptemeut le boeuf en ötat d'etre livre ä la bou-cherie; car il n'y a jamais un Galcul seul, ils-sont toujours en nombre dans la vessie, et a chaque instant on pent en voir un autre s'engager dans le canal et s'arreter ä I'S. J'ai recueilli plu-sieurs observations de ce genre, et il m'est arrive de voir des Galculs se presenter ä l'ouverture de Furetre pratiquee vers I'ar­cade ischiale.
Au reste, cette incision tend sans cesse ä se cicatriser quand elle n'est point transversale ; il faut I'agrandir tons les quinze ou vingt jours. J'ai vu plusieurs bceufs de travail qui out vecu et travaille u'ayaut pas d'autre moyen d'uriner que cette ouverture arti-ficielle du canal. On ne les avait pas engraisses, parce qu'on
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u'eu avait pas les moyens, et Ton s'en servait tels qu'ils se trou-vaient.
Quand un bceuf urine au moyen d'une ouverture artificielle, il laut avoir le soin de tenir constammeut les parties sur lesquelles I'urine pent se repandre, recouvertes d'une couche onctueuse de suif, de graisse, de beurre ou d'huile, afln d'eviter que ces parties s'epilent et s'irritent.
J'ai dit que les causes predisposantes et occasionnelles des Gal­culs nous etaient presque completement inconnues. Cependaul M. Peyron, qui exercait dans un pays de landes, croyait avoir remarque que des Galculs se rencontraient chez la plupart des
(1) Santin, im praticien tres distinguC' que j'ai eu l'avantage de connaitre, op^-rait Furetrotomie avec beaucoup de dexterite. Son procedO operatoire ne diffjre pas beaucoup de celui que j'ai decrit.
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boeufs qui sojournaient longtemps dans ces localites, cm Ton attri-buait la diathöse calculeuseä la mauvaise qualite des aliments et surtout ä celle des eaux. Si Ton croyait pouvoir attribuer la fre-ijuence des maladies calciüeuses ä une pareille cause, le senl trai-tement ä employer serait reinigration comme moyen preservatif; mais serait-il liien siu-iju'une fois la diathese etablie, I'Emigration suffirait pour la faire disparaitre ? On pent en douter, et dans I'in-töret general il serait peut-etre plus utile de tächer d'ob'/mirpour les animaux une noir.Titiire de meilleure qualite. en auoptant des cultures plus rationnolles, et de demander aux profondeurs du sol des eaux plus salubres.
II y aurait lieu de faire emploi d'un traitement preservatif. An reste, j'ai vu beaucoup de boeufs gascons et garonnais atteints de Galculs, originaires les uns du Gers, les autres de Lot-et-Garonne. et, tout bien considere, il pourrail bien y avoir dans l'opinion de M. Peyron un fond de verite.
Si le bcBuf opere de ruretrotomie ne reprend pas quelijue temps aprrs, une houre ou deux, tous les signes de la saute ; si les urines ne s'ecoulent pas limpides ; si elles sont fortement colorees; sil'appelit n'estpas revenaaveclarumination; si, en introduisant La main dans le rectum, la region vesicale parait douloureuse ä la compression: si L'animal regarde son ventre de temps eu temps, ou s'il reste couche, et, quand il se leve, s'il n'execute pas en-tierement le mouvement de pandiculation, c'est qua le sejour prolonge de l'urine dans la vessie et la distension forcee qua epronvee cet Organe out provoque une Gystite, et alors il faut saigner l'animal aux sous-cutanees abdominales, si c'est possible, on a Fartere coccygienne.
Apres la saignee, on administre des boissons nmcilagineuses nitrees. Ici le nitrate (l(j potasse est bien indiqne: I'experience l'a proiive; et peut-etre I'explication du bon resultat xn-oduit dans ces affections calculeuses se trouve-t-elle dans une action specifi(]ue de cette substance, dans une modification de l'etat diathesique. Ainsi, je erois h nmi action pen salutaire du nitrate ile potasse dans les inflammations non calculeuses des organes urinaires, et h son action utile dans le traitement des affections accompagnees de formation de calculs.
D'apres M. Tabourin, le mucilage que Ton veut extraire de la graine pour le faire entrer dans la composition des breuvages esl contenu principalement dans l'episperme et forme environ 15 ä 16 pour 100 de la masse totale de la graine. On robtient par infu­sion ou par decoction dans I'eau ordinaire. Dans le premier cas, il fant. environ 10 grammes de graines pour rendre I litre d'eau
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MALADIKS DE L APPAHEII. GENITU-l UIXAIRE.
mucilagiueuse; dans 16secondcas, il neu laut plus(juela moitie : dans Tune et dans I'autre circonstance, on doit jjasser la prepa­ration dans un linge et exprimer avec soin, afiu d'enlever tout le mucilage et de le scparer du residu de la graine.
Ainsi, lorsque Ton vent obtenir un breuvage strictemenl muci-lagineux, on doit proccder de cette mauiere, et c'est le cas si Ton a une atfection calculeuse ä trailer. Le breuvage doit etre absorbs aussi tacilement (jue I'eau pure, et s'il se trouve trop fortement mncilagineux, il exige un travail de digestion plus penible et son eilet est plus lent ä se produire. La decoction de graiues de liu, qui donue un produit epais, gluant, est trop forte d'abord, et puls eile a entralne probablernent une portion considerable des autres ele­ments yui entreut dans la composition de la graine, lesquels elements peuvent avoir une action toute differente de celle du mucilaquot;e.
ARTICLE V
CYSTOCELE
Uciiuitiou. Frcqueucc. — On designe sous le iiom de Cystocele,
une liernie t'ormee par le deplacoment de la vessie. On la remar-que plus rrequemment sur la vache que sur les autres auimaux domesliques.
Get orgaue pent se deplacer en dil'ferents eudroits, et ses de-placements ne se font pas toujours de la meme mauiere ni au meme lieu. Ainsi. lahernie pent se produire par I'anneau inguinal, et presenter la forme de Venterocele on de Xipiplocek. La liernie pent se faire paiTarcade crurale, et se montrer au meme endroit que la liernie de ce nom ; mais le plus souvent la heruie appa-rait dans le vagiu.
Causes. — M. Dandrieu a rapporte, dans lo journal de Medecinc veteruiairc comparfa, un cas remarquahle de Cystocele par Tar-cade crurale, cliez une vaclie, ä la suite d'une parturition diffi­cile el d'un renversemenl complet de la matrice. Jquot;ai observe le meme cas.
Si les causes de la Cystocele peuvent etre les memes que celles des autres liernies, il en est une cependant qui est plus particu-lierement predisposante au deplacement de la vessie chez la vaclie qui est babituellement livree ä la'reproduction : c'est le reläcbement plus ou moins considerable de la poclie uriuaire, laquelle, apres squot;elre videe, conservorait I'ampleur resultant de
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CYSTOCELK.
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cette distension. Pendant l'etat de gestation, cliez les vaelies qui portent tons les ans, la matrice etant remplie par le fcetus, corn-prime la vessie, rejette les parties laterales, et la place auniveau, dit avec raison Hurtrel d'Arboval, des ouvertures inferieure et posterieure de rabdomen. Alors la poche urinaire etant aiasi refoulee vers ranneau inguinal, 11 n'est pas impossible qa'un effort violent du diaphragme et des muscles abdominaux l'y fasse penetrer.
Syuiptömes. — La tumeur lormee par la Gystocele ressemble a celle des anti-es hernies, et n'est pas toujours douloureuse, ä moins qu'elle ne soit etranglee. Sou volume varie suivant que Tanimal n'a pas urine depuis un temps plus ou moins long. On y distingue facilement la fluctuation si eile n'est pas distendue outre mesure; mais quand eile est dans cet etat, toute compres­sion qu'on exerce sur cette hornie fait (iprouver ä l'animal une vive douleur. Toutes les Cois qu'on presse la hernie qui est dis­tendue, on provoque chez Fauimal le besoin d'uriner; mais l'excretion de l'urine n'a pas toujours lieu, ou n'a lieu qu'incom-pletement.
Diagnostic. Prouostic. — Le siege de la tumeur et les caracte-res que je viens de signaler, et qui lui sont propres, permettent ordinairement de former un diagnostic certain; mais le prouos­tic ne pent guere etre que plus ou moias fächeux.
An reste, deux observations que je vais rapporter mettront le lecteur plus h memo de se faire une idee exacte de la Gystocele que des generalites plus ou moins precises. La premiere de ces observations est de M. Dandriou :
lre Observation. — Une vaclie en etat de gestation tres avancee est attelee avec une autre vache; eile fait un parcours d'une lieue et demie dans la montagae, et revient ä son point de depart. Des le soir, eile donne des signes d'une mise-bas procliaiue; le tra­vail se fait, et, dans la unit, la delivrance a lieu et est suivie du renversement de la matrice. C'est dans ce moment que M. Dan-drieu est appele, et il n'arrive que pour voir la bete expirer; il procede ä l'autopsie, et aussitot que la peau est enlevee, il aper-roit le long de la cuisse, du cöte gauche sur lequel est etendue la vache, une tumeur du volume et de la forme d'une poire. La ca-vite abdominale etant ouverte, on trouve : le rectum et la partie posterieure du colon enflammes sur quelques points de leur membrane muqueuse; les ureteres sont rompus k 6 bu 7 cen­timetres de la vessie, et leur membrane exterieure, relevee sur ulle-meme, laisse facilement apercevoir la membrane muqueuse dont les bords sont franges. La vessie n'est pins ii la place qu'elle
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.MALADIES DE L APPAREIL GENITO-URINAIRE.
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doit occuper dans le bassin : eile est engagee dans I'arcade cm-rale, ou eile fait hernie; ses ligaments lateraux sont egalemenl rompus pres de leurs attaches; la poche urinaire, contenant en­viron nn verre et demi d'urine, tres fetide et tres rouge, prä­sente, ä 67 millimetres de fond et sur le cote gauche, ane de-chirure d'environ 53 millimetres d'etendue, dirigee de devant en arriere. Get organe semble avoir ete violemment disteudu par la grands quantity d'urine qu'il contenait, et qui est repandue dans la cavite abdominale. Du reste, on ne remarque aucune trace, d'iiiflammation au peritoine ; mais la mnqueuse de la vessie est epaissie et im pen rouge en plusieurs points; le col et le sphinc­ter paraissent etre le siege principal de l'etat pathologique des organes urinaires: ils sont tres rouges et tres resserres. Voilä done im cas de Cystocele crurale bien constate, et nous allons voir nn autre cas on la hernie a lieu par suite d'une dechirure des parois du vagin.
2e Observation. —M. Chariot est appele aupres d'une vacho qui depnis trois jours etait en proie ä de vives sonffrances occasionnees par un travail inlructueux de parturition. Elle buvait pen et ne mangeait pas; son ventreetaitMgerement meteorise; eile avait le pouls faible, les oreilles froides, les yeux ternes el enfonces dans I'orbite, la respiration courte. De temps en temps eile poussait des cris plaintifs et faisait de penibles efforts qui n'avancaieut en aucune maniere le travail de la parturition. Une grande quantite de mucosites fluent de la vulve, dont la membrane mnqueuse est tres rouge. Apres avoir ecarte les levres de cet organe, on apercoit ane tumeur arrondie, flbreuse, blanchatre, tendue, fluc-tuante , uayant pas la couleur ordinaire des euveloppes fojtales. On en fait la ponction : on constate une hernie de la vessie, qui s'est produite k travers une dechirure du vagin. Cette hernie s'observe plus frequemment qu on ne pense, ;i la suite des ma-nceuvres souvent ininteliigentes, pratiquees pour obtonir la deli-vrance dans les cas de parturition difficile. J'en ai plusieurs fois constate Texistence; mais, dans ce cas, il est presque toujonrs inutile de tenter la reduction : ordinairement les ureteres out ete trop fortement distendus quand ils n'ont pas ete dechires, et la dechirure des parois du vagin est nn accident trop grave, pour que Ton puisse compter sur un bon resultat do cette operation. En pareille occasion, le premier moyen, et le seul h proposer an proprietaife, est la vente de la vaclie an boucher. si la viande peut avoir quelque valeur.
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CHAPITRE II
Maladies des orsanes senitaux du male.
ARTICLE PREMIER
INFLAMMATION DC FOUKREAI
U6iiiiitiraquo;u. Fr^qucuce. — G'est uiie iuttainmalioii qui n'a jamais mi caractere d'acuite bien tranchü; on I'observe soavent chez les boeufs de travail. Je rappelerai d'abord ce qu'est le fourreau
dans le boeuf, et dans quelles dispositions se trouve la verge du boBof, relativement ä cet organe.
Le foorreau du boeuf se divise, .comme sur les autres animaux, eu nne entree que circoiiscrit uu Lord arroudi el plisse. Cette entree estetroite, et lorsque l'ammal urine, ilest tresrarequ'elle donne passage au corps de la verge. Lapointeourextremite de eel organe s'y trouve seulemeut eugagee sans faire saillie au dehors. Au-dessus du Lord se trouve une cavite non tres considerable, ressemblant ä une poche, qui ordiuairement est libre. La verge dans I'etat ordinaire n'y arrive pas, eile reste au-dessus. Dans cette cavite s'accumule un produit onctueux secrete par les glan­dules preputiales, plac6es dans la membrane muqueuse dont eile est tapissee. On salt que dans le boeuf, le fourreau est pourvu de muscles speciaux qui le tirent en avant ou en arriere.
Causes. — J'ai deja fait entrevoir quelles peuvent 6tre ces causes, en disant que l'entree du fourreau est tres etroite, que cet organe est pourvu des muscles qui le tirent en avant ou en ar­riere, et que rextremite de la verge se trouvant placee au-dessus, il arrive que les matieres sebacees s'accumulent et deviennent, par leur sejour prolonge dans cette cavite, une cause d'irritation pour la membrane muqueuse.
L'accuxnulation de la matiere ouctueuse, l'introduction de corps etrangers, tels que clncots, balles de graminees, vase, lorsque les animaux se plongent dans les mares jusqu'ä mi-corps, la pous-
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MALADIES DE L APPAREIL GENITO-URINAIRE.
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siöre des chemins qu'ils soulevent avec leurs pieds de derriere, et enfln le passage d'urine sedimenteuse, on pour mieux dire le sejour d'une petite quantity de cette urine, sont les autres causes les plus ordinaires a signaler. Quelqnes bcenfs retirent la verge äe l'entr^e dn fonrrean avant d'avoir lance le der­nier jet, avant, commo on dit, d'avoir donne le dernier coup de piston, et ce jet qui s'ecoulc en nappe pent se perdre en partie dans la cavite du fourreau, o\ I'urine se melant a la mauere onctueuse doit augmenter ses propriötes irritantes. Tontes les fois quo j'ai eu ä traiter nn bccuf atteint de cette maladic, j'ai pn constater l'existence de l'une ou l'autre de ces causes et souvent de plusieurs h la ibis de celles que j'ai enumerees.
Dans nn travail remarquable et pour ainsi dire complot sur Qnclqucs maladies du Fourreau et du Penis du häuf, publie dans le Journal des Vcterinairesdu Midi, 18'i!), M. le professeur Lafosse Si­gnale avec raison , parnii les causes de rinflammation adhesive du fourreau et du penis. laquo; les contusions que les bceufs recoivent sons le ventre pendant leurs luttes, les frottements qu'eprouve le fourreau quand les bosufs se chevanchent, ou quand, voulant franchir des barrieres, ils n'y parviennent qu'imparfaiteraent: des frottements qui se produisent lorsque le bffiuf est mis an tra­vail pour subir la ferrure. raquo;
Syinptomcs. — Taut que 1'inflammatiqn n'est pas assez intense et que, dans la cavite du fourreau, il y a encore nn passage plus ou moins retreci par lequel pent s'ecouler I'urine en jet peu volumineux, on remarque seulement que le boeuf est plus long que les autres animaux ä uriner et qu'il s'y prepare plus lentement, d'abord en soulevant la queue, (juelquefois en impri-mant ä son train posterieur ua monvement de contraction de droite ä gauche et de gauche h droite. On remarque aussi que les bonds de l'uretre sont tres forts, beaucoup plus que sur les boeufs qui uri-uent librement, et que le premier jet toujours peu volumineux est lent ä paraitre.
Si, lorsque ces symptömes se manifestent, on avaitlesoin d'ex-plorer le fourreau, on le trouverait nn peu tumefie, tres dur. douloureux, et son entree devenue si etroite qu'on aurait de la peine ä y faire passer l'extremite du doigt indicateur. Si on y parvient, c'est en eraployant une certaine force, et en arrivant dans la cavite, on reconnait qu'elle est remplie de matiere onc­tueuse, souvent granulense, exhalant une forte odeur d'urine en decomposition.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632; •
Mais cette entree finit par etre completement fermee; le bord s'est contracts de maniere que la pointe de la verge n'y pe-
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INFLAMMATION DU FOURREAU.
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netre en aucune maniere, ni pen ui sufFisamment, et la retention d'urine se manifeste avec des symptomes analogues ä cenx (jui resultent de l'arrot d'un calcul dans le canal de Fuivtre : des battements violents et continus, des coliqnes atroces, la bosse vesicale, occupant toufe la partie posterieure du bassin, refoulanl le rectum, etc.; c'est ä s'y meprendre, si Ton n'a pas eu la pie-caution d'explorer l'etat du fourreau, car c'est la premiere pre­caution ä prendre qnand on arrive aupres d'un bceuf cjui presente les symptömes qua je vieus de rappeler.
Je m'y suis möpris,et c'estpour evitcr aus jcunes praticiensde commettre la meme erreur (pie je vais raconter comment j'ai constate, pour la premiere fois, rinflammation du fourreau comme cause d'nne retention d'urine.
ün cultivateur vient me prevenir qua run de ses boeufs a la pierrc; j'accours, et en etfet, je trouve le bceuf se livrant a toutes sorte de mouvements violents et dcsordonnes : les battements de Turetre sont tres forts et contiuuels; il iiquot;y a pas la moindre Eja­culation d'urine; la bosse vesicale est enorme, .le cherche dans la region de l'S du penis si le canal n'y est pas engage; je ne distingue rien : la rupture de la vessie me parait imminente; j'introduis vivement la pointe de mon bistouri ä serpette, dans le sens longitudinal, sur la portion du canal on se font remarquer les battements; le canal est incise, I'incision a une longueur de 25 a 30 millimetres el I'nrine jaillit tres vivement en gros jet.
Le cultivateur qui, avant que je pratiquasseroperation, croyait son bceuf perdu, bondit de joie : il me tient pour un habile homme; et huit ou dix jours apres, il vend an boucber, ä un tres bon prix, son bceuf, qui d'ailleurs etait gras. Comme cet animal rlevait etre abattu dans une commune qui etait dans la circons-cription de ma clientele, je voulus me rendre compte de l'etat de ses organes urinaires, et j'assistai a son abatage. D'abord dans les reins, dans les ureteres et dans la vessie, pas la moindre trace de calcul. Dans le canal de Furetre, pas davantage: mais la ca-vite du fourreau etait reinplie d'une matiere noirätre, onctueuse, fetide ; övirtemment eile avait forme un obstacle insurmontable au passage de l'urine. Cette matiere enlevee, je vis la membrane muqueuse ulceree, la peau du fourreau etait epaissie et de con-sistance lardacee; et j'expliquai au boucber et aux assistants comme quoi cette masse s'etait formee dans cette partie : ils fu-rent tres satisfaits de mon explication; ils continuerent a me prendre pour un habile praticien, quoique tres jeune; mais je dus m'avouer in petto que ces bonnes gens faisaient comme moi ; qu'ils prenaient Tapparence pour la realite.
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Cette lecon me profita : depuis lors, quand j'ai k visiter des hcBuis affecles d'une retention d'uriue, je commence toujours par m'assurer de l'etat du fourreau.
Je viens de dire quelles sont les lesions pathologiques qui sent le rösultal de rinflammatioa du fourreau, et je n'aurai pas ä y revenir.
Diagnostic. Pronostic. — L'urine qui coule en ulet d'un petit volume, les mouvenients qui precedent la sortie du premier jet et rengorgement du scrotum sont des symptömes assoz caractö-ristiques pour que le praticien puisse facilement etablir le diag­nostic; mais quand la retention d'urine est complete, il faut in-troduire le doigt on la sonde jusque dans la cavite du fourreau, pour acquerir la certitude que la cause de la retention est bien due ä l'obstacle qui s'est forme dans cette cavite.
Le pronostic n'est jamais lacheux k I'exces, si on a pu diagnosti-querjudicieusement avaat que la retention d'uriue soit complete.
Murehe. DurC'e. Tci-minaison. — La marcbe de rinflainmation du fourreau est lente ; il faut du temps avant que le dtlpot de matiei^e onctueuse pure ou melangee au sediment de l'urine ait irrite la mnqueuse qui tapisse la cavite du fourreau, avant qu'elle se soit accumulee au point d'abord de retrecir le pas­sage destine ä l'extremite libre de la verge ou de le fermer entierement, l'engorgement des tissus de la peau aidant. J'ai vu des bceufs chez les(]uels la difflculte d'uriner ne reparaissait quo six ou huit mois, et meme une annee apres que la cavite avait ete videe et rinflainmation qu'elle avait produite calmee.
Quant äla terminaisou, eile ne pent etrefächeuse qu'autantque .le veritable caracterede la maladie etant meconnu, onlaisse l'en­gorgement et rinflainmation devenir un obstacle h remission de l'urine. Alors eile amene l'adliesion des parois du fourreau et son obstruction. Cette terminaison n'est pas freqnente, et je l'ai observee sur deux sujets. M. Lafosse, qui l'a ögalement observee, la decrit en ces termes : laquo; Quand, dit-il, cette fächeuse termi­naison se produit, les symptömes augmentent d'intensite au mo­ment oü se manifeste le besoin d'uriner, les efforts expulsifs redoublent d'energie, et pourtant ils ne font couler l'unne que goutte k goutte. Aussitöt (pie robstruction est complete, tout ecou-lement urinaire est suspendu, et des coliques se developpent; alors I'appetit disparalt; la rumination est suspendue; le pouls se developpe, il est accelere; l'anxiete se manifeste; l'ceil est fixe, anime; le boeuf pousse des plaintes, il se lourmente, il trepigne des pieds de derriere, se couche, se releve, se torcl la colonne vertebrale, agite la queue, llechit sur ses jarrets; il se place pour uriner, I'uretre bondit, d'energiques efibrts se produisent.....En
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louillant par le rectum, on sent la vessie cousiderablement dis-londue. raquo;
La maladie arrivee a ce point pent etre confondue avec la lithiasie, et, comme cette aflection, avoir pour consequence la rupture de la vessie, laquelle rupture est precedee, d'apres ce que dit M. Lafosse. des phenomenes suivants, que je n'ai pour-taut jamais observes :
laquo; La muqueuse du fonrreau, dit M. Lafosse, est tres fine, ui;e laible traction suffit pour la dechirer; sous l'influence de l'in-. Ilammation, ello perd encore de sa cohesion. Alors l'urine, lau­ere par la verge dans le fourreau, ue pouvant sortir de ce conduit, s'accumule dans l'espace compris entre l'adhesion ct le cul-de-sac; cette partie de la muqueuse se dilate, et, bieutot, cedant a l'effort du fluide i)Ousse par les contractions de la vessie et des parois abdominales, eile s'eraille, l'unne s'infdtre dans le lissu cellulaire avoisinant. Une tumeur, analogue ä l'trdeme cliaud, se forme d'abord an fourreau.an point correspondant a la dechirnre. Cette tumeur augmente cliaque fois que I'animal fail des efforts pour uriuer; eile envahit tonte la gaine du penis, les bourses, puis une grande partie des parois abdominales; en quel-iiuos jours, eile a pris d'enormes proportions; du reste, ses bords soul saillants et toujours places sur une ligne de niveau. Quand on met des pointes de feu, quand on fait des scarifications dans cette tumeur, il s'en ecoule d'abord du sang, puis un liquide sereux , jaunatre, fetide : e'est de l'urine.....
laquo; Cinq on six jours apres que 1quot;infiltration orinaire a com­mence, le tiers inferieur du ventre, une partie des parois pecto-rales se trouvent envahis..... *
La rupture de la vessie doit etre la consequence presque inevitable de cet 6tat. Cependant, M. Lafosse a vu des cas d'ame-lioration s'operer ä la faveur des ouvertures pratiquees aux tu-menrs urinaires. Dans ce cas, laquo; l'unne pent reprendre son cours par l'orifice anterieur du fourreau, on bien cet orifice s'oblitere et les conduits accidentels persistent. raquo; Cependant, les animaux ue survivent pas toujours quand le cours de l'urine est retabli.
Traitement.— La premiere indication consiste a faire disparaitre la cause, comme dans toutes les affections dont les causes sont connues. Ici on vide le sac qui s'est forme de toutes les matieres amassöes dans son intörieur, et, pour cela, on debride I'entree assez largemeut, au moyen d'une incision pratiquee au bord de Ventrec inferieurement; puis on opere le nettoyage au moyen d'une sonde ou avec le doigt, ce que je prefere quand j'opere en cette circonstance. On fait suivre ce premier travail d'injections
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MALADIES DE h APPAREIL GKMTO-IIRINAIRE.
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detersives frequentes. II n'est pas prudent d'employer des injec­tions 6mollientes sur ces tissus qui ne sont doues que d'une vita-lite relativemeiit moindre si on les compare ä d'autres tissus: mals comme ä la catapagne on n'a pas tonjours le temps de faire les injections vouluesä point nomine, que lepersonnel des exploita­tions est souvent occupe pendant toute lajonrnee, et que d'aillenrs ce personnel n'a pas tonjours I'aptitude ou la bonne volonte desiral)les, je me contente do faire passer les animaux dans I'eau jusqu'ä mi-ventre, et de les y faire passer souvent, soit en hiver, soit en ete, et je trouve que cette medication ne manijue jamais de pruduiro tin bon elfet.
Mais si je suis appele an moment oil la retention d'urine esl complete et oü la rupture de la vessie est imminente, je com­mence d'abord par faire Puretrotomie au moyen d'une incision longitudinale dont la cicatrisation ne so fait pas attendre.
L'incision pratiquee au bord de l'entree doit etre assez consi­derable pour quelle nepuisse se cicatriser en peu de temps avant que rengorgement du fourreau se soit resolu. Pour avoir neglige cette precaution, on s'expose h etre oblige d'agrandir cette Ouver­türe de nouvean et de finir, ä force d'incisions, par entretenir dans les tissus une irritation qui prend le caractere d'une induration. D'aillenrs le boeuf devient tres difficile ä aborder, et les moyens de contention ne sont pas tonjours h portee, non plus que les aides intelligents dont le secours serait necessaire.
Si, en medecine bovine, il Importe que le traitement des ma­ladies soit expeditif, cela Importe encore pins quand on est dans l'obligation de se servir de rinstrumeut tranchant.
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ARTICLE II
INFLAMMATION PAR FROISSEMENT UV FOURREAU ET DU PENIS
Definition. Fr^quenop. — Encore une maladie dont il va etre question pour la premiere fois; il n'y a pas de synonymie a faire connaitre ä son sujet, et cependant eile est frequente sur les boeufs employes aux travaux des champs.
Causes. — II n'y a ici que des causes occasionnelles, on le com-prend Men vite. Dans toutes les localites ou les boeufs travaillenf aux champs, on est oblige assez souvent de ferrer les animaux des hnit onglons, s'ils vont faire des charrois dans les villes on sur les routes, et sur im onglon de chaque pied, s'ils out ä par-courir an sol moins dur; qnelquefois on ne ferre que les on-
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INFLAMMATION PAR FROISSEMENT DU FOURREAU ET DU PENIS.
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glons dont la cornc est moins r^sistante. Si les boeufs ne sortent point des limites d'une exploitation dout le soln'est point pierreux, on ne les ferre pas. II y a d'ailleurs des Ixcafs qui uaturellement ont la come des pieds pen rösistaute, et d'autres, tels que les gaseous, qui I'ont tres resistante et qui peuvent meme travaüler sur des routes sans etre ferres.
Enfin, on ferre ün grand nombre de ces animaux ; et si, dans quelques regions, on les habitue ä se laisser ferrer presque avec autant de facilitö que les chevaux, il en est d'autres, celles ou j'exerce par exemple, dans lesquelles on ne pent ferrer les bceufs qu'en les einprisonnant dans un travail, fixös par la tete ä un joug tres solidement, et suspendus par des sangles de corde qui leur passen t sous le ventre.
Or, le bceuf est un animal tres doux en general par earactere ; mais tres impatient et tres irritable si on le maltraite ou si on le contraint et si on le serre fortement sur quelque partie du corps. En general, il se defend avec energie lorsqu'il sent la compression des sangles meme tres moderee; si la compression est forte, il entre quelquefois en fareur, et il se livre taut que dure la compression ä des mouvemeuts d'une violence extreme. J'en ai vu qui se sont occasionne des dechirures intestinales; mais I'accident le plus frequent est celui que je vais decrire.
Dans ces mouvemeuts qui peuveut avoir une duree de vingt k trente minutes et plus, le fourreau, la peau qui en arriere arrive jusqu'aux testicules atrophies, recouvre la verge, est froissee et contusionnee, de teile maniere qu'nne inflammation tres vive se declare sur ces parties. An bout de quelques heures, un engorge­ment tres chaud, tres douloureux, tres dur, s'etend du scrotum jusqu'au-delä du fourreau. Alors le boenf ne mange ijoint, ne rumine point; il uese couche pas, tient les jambesecartees, urine souvent, mais par un fllet ou goutte a goutte; il a le pouls fort et tumultneux, le mufle sec, les conjouctives injectees, la respira­tion acceleree. On remarque done tons les symptömes d'une in­flammation tres intense des parties froissees par les sangles et ceux d'une phlegmasie genörale.
Marehe.DurAc. Termtnaisons.— La marche de cette maladie est rapide; dans les vingt-quatre heiu-es au plus tard, eile est arrivee ä son degre extreme. Dejk la peau meurtrie sernble ne plus guere participer h la vie genörale, eile devient froide, tandis que la tu-meur, toujours dure et tres volumineuse sur les points primitive-ment froisses, devient molle et quelquefois emphysemateuse a ses bords et sur les parties les plus declives. Bientöt les liquides epan-ches rjui out formö le noyau de la tumour se decomposent; une
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ligiie de demarcation s'^tahlit entre les bords de la tumeur at les parties restees saiues ; de cette ligue suinte une serositö brunätre dune fetidite extreme : c'est un compose de sanie, de pus mal elabore et d'uxine, et Ton y distingue une fluctuation formee par ce liquide melange ä des gaz.
Si I'on a attendu jusqua ce que les symptomes aient acquis ce caractere, on I'animalest perdu, ou Ton ne peutle conserver qu'a la condition d'agir avec une extreme energie, et encore faudrait-il que toute la portion froissee de la verge füt enlevee. Dans cet etat, ranimal poui-ra vivre ; mais il ne pourra uriner que par une ouverture artificielle, situee un pen en avanL du scrotum.
Gel accident ost tres grave, on en connait la cause, on en voit les consequences; aussi rien de plus facile que de formuler un diagnostic certain et un pronostic plus ou moins fäcbeux : ou la mort de 1'auimal, ou la perte d'une partie de la verge, et une plaie tres longue ä se cicatriser.
Traitcmeut. — II est difficile d'eviter les terminaisons fächeu-ses dont je viens de parier; ou peut neanmoins y parvenir, si Ton est prevenu des les premiers moments et si les indications du traitement sont rigoureusement mises en pratique. D'abord la saignee generale, soil ä la jugulaire, soil ä Tariere coccygienne : ici, il ne laut X-tas songer ä la sous-cutanee abdominale, eile a ete froissee et meurtrie autaut que le fourreau el la verge; puis des ablutions continuelles d'eau froide sur les parties malades, et d'une duree au moins de vingt-quatre heures.
Par l'emploi de ces moyens, employes sans retard, on obtient ordinairement un temps d'arret dans le developpement de la tu­meur et la diminution de rinllammation. On peat alors faire des onctions adoucissanles sur les parties dures de la tumeur, et pratiquer des moucbetures sur ses parties declives, molles et em-pbysemaleuses. Les onctions adoucissanles, dans lesquelles on fait entrer du campbre el du laudanum, doivent elre continuees si Ton reconnatt que le bceuf urine avec plus de facilite, s'ilse meut plus librement, s'il s'est couche, ce qu'il n'a pas encore fail de-puis que I'accidenl est arrive; quand meme il ne reslerait pas longtemps coucbe, ce serait dejä un tres bon sigue que la ma­nifestation de ce desir de sa part, et d'un commencement d'exe-cntion. Des ce moment, ou peut croire a la possibilite d'une reso­lution plus ou moins complete de rinflammalion.
Lorsque la maladie est arrivee h ce point de döcroissance, le bceuf prend quelques aliments, et il rumine dans la proportion des aliments ingeres; sou mufle devient frais; le pouls est nor­mal ; mais taut que la tumeur ne decmit pas assez vile pour que
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la diminution ne soit pas apparente de jour en jour, il faut sur-veiller ranimal avec attention, et si Ton reconnait que la tumeur est stationnaire, malgre l'apaisement des symptoraes generaux, il fant renoncer aux onctioiis adoucissantes camphrees et laudani-sees, et recourir aux frictions irritantes, ä celles faites avec I'es-sence de terebenthine, afia d'eviter que des depots purulents ne se forment dans celte masse.
Quoique je pense qu'il faille autant que possible s'abstenir de faire, soit des mouchetures, soit des scarifications sur les parties dures de la tumeur, je conseille neanmoins d'y recourir, si Ton sent par la percussion, dans les profondeurs de la tumeur, et au-dessus de la portion durcie, un certain glouglou mi-liquide, mi-emphysemateux, et, dans ce cas, de penetrer avec la lancetteou 1p bistouri jusqu'ä cette nappe de liquide melange de gaz, parce que cette masse est formee de serosite, d'urine et d'air, et qu'elle a une extreme disposition ä se putrefler.
Les frictions faites avec l'essence de terebenthine n'agissent bien qua la condition d'etre renouvelees deux ou trois fois par jour; lorsqu'elles out produit un eraillement de la peau considörable. on les suspend pour les recommencer, quand cette eschare super-flcielle est tomböe. Ces frictions sent dans ce cas d'une grande efiicacite, et lquot;on pent ainsi obtenir la resolution complete de la tumeur, en les alternant comme jeviens de l'indiquer.
Cependant si, apres leur enxploi longtemps continue, il restait un noyau d'une certaine grosseur et (Tune dnrete teile qu'on out a craindre une induration des plus rebelles, il faudrait recou­rir aux frictions vesicantes les plus cnergiques; ä celles qui ont pour base la teinture de cantharides.
Jusqu'ä present, j'ai parle du traitement approprie aux deux terminaisons les moins facheuses ; j'arrive h la terminaison par suppuration. Dans cette circonstance, Fanimal n'a repris qu'im-parfaitemeut son appetit; il se couche, inais il ne reste pas long-temps couche; il rumine rarement et lenteraent; ilamaigri; son poll est lerne, et sur divers points de la tumeur, on remarque de la fluctuation. G'est la serosite epanchee; l'urine et les tissus sons-jacentsen etat de decomposition constituent ces depots, qu'il faut ouvrir non plus par des mouchetures ou par des scarifications, mais au moyen d'incisions qui donnent une issue facile aux ma-tieres en decomposition, et qui permettenl de faire dans le fond des plaies, toujours de mauvaise nature, des injections ou des applications detersives.
La matiere contenue dans ces abces est sauieuse, d'une fetiilite extreme, et n'est Jamals du pus louable. Elle est telloment fetidc
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MALADIES DK L APPAHEIL GENITO-URIiNAlRE.
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(juo j'ai ete oblige, dans tons les cas d'atfection semblable, de sepa-rerles auimaux malades des animaux sains : ceux-ci, que I'odeur du sang attire, que celle du pus ordinaire ne rebute point, perdent l'appetit, sont tristes, inquiets lorsqu'ils sentent la mauvaise odeur qu'exhalont les plaies resultant des abcesdont jeparle.
11 m'est arrive plusieurs fois do trouver dans un de ces abces uue portion de la verge completement separee de la portion superieure restante, par suite de son attrition.
On deterge les plaies avec le chlorure de chaux on le sei marin, et on les pause avec des etoupes, coupees meme, imbibees d'al-cool camphre. Si Ton y remarque des traces de gangrene, on cauterise avec le fer rouge. L'aniinal doit etre nourri avec des substanctes qui, sous le moindre volume, contiennent la plus grande quanlile d'elements alibiles : la luzerne, le foin, les feves trem-pees, la farine de froment, etc.
Quand les plaies sont devenues de bonne nature, on les pause avec des etoupes seches, et Ton dirige leur cicatrisation de ma-niere que rurine puisse etre lancee librement par la verge, dont la longueur se trouve diminuee d'une portion ordinairement con­siderable.
Le traitement de la tumeur qui tend ä se terminer par la gan­grene ne diflere pas seusiblement du precedent : on fait pene-trer du chlorure dans la ligne qui marque la separation de l'es-chare des parthss restees vides; on arrache cette eschare aussi promptement que possible, en operant graduellement, et Yon pause les plaies conune cedes dont je viens de parier.
Dans les cas de gangrene, on ne se contente pas de dormer au liceuf uue nourriture appropriee ä son etat; on lui fait prendre dans le courant de la journee, avant de lui distribuer sa ration alimentaire, uu ou deux breuvages amers, composes avec uue decoction de gentiane, d'absinthe ou de tanaisie. Une portion de la verge suit i'eschare, et Ton a ä prendre ä cet egard les pr6cau-tlons indiquees.
Quand les bceufs no meurent pas ä la suite de rinflammation du fourreau et de la verge, terminee par suppuration ou gan­grene, ils restent cependant liors d'etat de faire un bon service; cette emission d'urine jjar une ouverture artificielle les tient mal-propres et degoutants. On les prepare pour les livrer ä la bou-cherie le plus tot possible.
J'ai indique les allusions d'eau froide sur les parties contusion-neos, et je crois devoir revenir sur cette partie du traitement.
Les affusions d'eau froide faites sans interruption produisent des effets extrömement favorables dans les jjirconstances doiU j'ai
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l.NFLAMMATIO-N PAB l'ROISSEMENT DU FOL'RREAU ET DU PENIS.
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parle; mais il laut qu'elles ne cessent qu'au moment oü le pra-ticien suppose que rölemeiit iTiflammatoire n'existe plus. Si elles etaient interrompues un moment, et puis reprises altemative-ment, elles n'auraient point le resultat desire. Quand un boeuf sort du travail, apres avoir ete ferre, il est ordinairement en sueur, et si le lourreau, la verge et la peau de cette partie du des-sousdu ventresont violeimnent meurtris et contusioimes, eel etat de sueur ne m'empeche jjas de faire immediatement des affusions d'eau froide; mats je recouvre les parties en sueur avec une cou-verture de laine, et je commence ces affusions qui, terme moyen, doivent durer au moins huit ou dix lieures sans Jamals etre in­terrompues. Je puis dire que par ce moyen j'ai obtenu I'avor-tement complet de rinflammation, non-seulement sur les parties dont je parle, mais encore sur des plaies par piqüres, les pins dangereuses de toutes.
Les frictions d'essence de terebenthine doivent etre faites avec la main. Elles ne se font pas d'une maniere assez energique si on sesertd'un chiffon oud'unpliunasseau d'etoupos place au bout d'un petit baton. Lo chilibnet lesetoujies s'imbibent d'une portion de Tessence et leur contact n'excite pas assez vivement la peau de ranimal. II n'y a pas d'iaconvenient ä redouter pour I'liomme qui fait la friction ; il s'arrete du moment oü il commence ä sentir lt;{ue la peau de la main s'echauffe; il plonge cette main dans I'ean froide, en I'y laissant tremper pendant quelques minutes, et il pent recommencer quelques temps apres sans qu'il lui survienue la moindre gercure. Les garcons marechaux et les ouvriers des champs qui out la peau des mains epaisse et dure, ne prennent ineme pas tonjours la precaution ijue j'indique apres avoir fail, des frictions önergiques avec 1'essence de terebenthine, et je n'ai jamais remarque (]uquot;il leur soit arrive le moindre accident occa-sionne par ces frictions.
Les liniments vesicants que jemploie de preference, apres I'es-seuce de terebenthine, sont : le liniment ammoniacal double :
Ammoniaquc............................ 1 partie,
Huile................................. 2 parlies,
puis le feu fraucais. Pour employer ce liniment vesicant avec succes, une seule friction ne suflit pas sur la peau du bceuf; il en faul souvent deux et quelquefuis trois, äunjour d'iutervaüe l'une de l'autre. J'ai explique dans d'autres chapitres de eel ouvrago, comment, lorsque la vesication s'est produite, il Importe d'alten-dre que l'exfoliation de repidei'ino ait eu lieu, que le derme soil lisse et que le poll commence ä poindre. Par ces moyens appli-
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ques dans les conditions voulues, j'ai obtenu ordinairemeut, ä la longne pourtant, la resolution complete des tumeurs dont il a ete ici question, c'est-a-dire da noyau restant d'une tumeur tres volumineuse. Lorsque j'ai ci'u devoir me servir du fer rouge in-trodnit dans le corps de la tumeur, je n'ai pas ete tres satisfait de l'emploi de cette medication resolutive. N'oublions pas que je ne parle ici que du boeuf. L'eschare est longue h se detacher; la plaie i[m en resulte est longue ä se cicatriser, et le noyau ne dis-parait pas completement.
Le cblorure de chaux, dont la solution est employee pour de­layer les plaieSj est trös soluble, tres deliquescent : il se decom­pose vita s'il est expose a I'air libre; le praticien qui exerce a la campagne n'en retirerait pas de bons effets, s'il ne pouvait le re-nouveler souvent, en Taclietant a sa portee. Je donne done la pre-f6rence au chlorure de sodium (liqueur de Labarraqw, quechacun pent faire au moment de s'en servir) :
Pt-onez : Chlorure de chaux solide.............. I partie.
Carbonate de soude................. 2 parties.
Eau ordinaire......... .............. 25 —
On fait dissoudre ces deux sets, chaenn dans une qaantit^ proportionnelle d'eau; on melange les deux solutions et on laisse deposer. La partie claire, decantee. on filträe, est le chlorore de soude liquide.
AKTIGLE III
SARCnCKLE
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Definition. Frequence. — Le Sarcocele est une tumeur dure. bosselee parfois, qai affecte le testicule, s'etend an cordon, et ar-qniert cbez le boeuf un volume tres considerable.
Causes. Symptdmes. — On salt que le plus ordinairemeut la castration du taureau s'opere par le bistournage, et que la morti-ficaliou du cordon et l'atrophie des testicules en sent les conse­quences inevitables. Cependant ces testicules qui, dans cet etal. se trouvent reduits ä un tres faible volume, sont encore doues d'une certaiue vitalite. Les contusions un peu violentes, les piqü-res de l'aiguillon determinent sur ces organes une inflammation pen intense en apparenco, mais dont la mnrche n'en est pas moins continue, quoiqu'elle soit d'une teile lenteur que, Men sou-vent, le developpement anormal de la tumeur ne devienne maui-feste qu'au bout de plusieurs annees.
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SARCOCELE.
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Souvent cette inflammation est le resultat d'one torsion incom­plete du cordon. On voit des taureanx chatres par le bistonrnage dont un testicule est reste plus volnmineux qu'il ne devrait I'etre apres une torsion complete du cordon; et c'est sous I'action cons-tante, quoique tres faible, de cette vitalite, ipie le te.sticule h moitie atrophie proud un developpement anormal, et qu'il unit par constituer une tumeur d'apparence squirrheuse ou cancereuse.
Le Sarcocele se developpe quelquefois sons la meme influence, qui translbrme en tumeur cancereuse les ganglions lymphatiques places dans les cavites splandiniqnes ou hors rle ces cavites. Alors, il coincide avec 1'existence de 1'engorgement de ces ganglions. On voit aussi le Sarcocele apparaitre pendant qu'un osteosarcome envahit les maxillaires. Je ne veux pas expliijuer cette coinci­dence, mais je la constate pour que les praticiens en (assent leur profit, car il m'est arrive dans maintes circonstances, apres avoir roconnu I'existence d'engorgements ganglionnaires en avant des epaules de boeufs de travail en tres bon ejtat, de rencontrer un testicule en voie d'un developpement de la memo nature.
Marehe. Duree. Tei'ininaisons. — Le developpement du Sarcocele se fait tonjours d'une mauiere tres lente, et aeanmoins il semble presque tonjours apparaitre subitement. Void pour qnelles raisons:
Le testicule atrophie est souvent presque attache aux parois abdominales; il n'est que rarement descendu jusqu'au bas du 'scrotum ; et comme rinflammation particnliere dont il est affecte ne produit son eßet (ju'avec une extreme lenteur, que j'ai dejä signalec, il arrive que la tumeur ne se montre au bas du scrotum (pie lorsqu'elle a ete entrainee liar le poids qu'elle a acquis et que les attaches de formation morbide qui la tenaient pour ainsi dire fixee aux parois de Fabdomeu se sont rompues. C'est alors seu-lement que le bouvier constate son existence.
Cependant un autre Symptome se manifeste des ce moment : c'est ramaigrissement progressif de l'aiiimal et un peu de gene dans la marcbe. Mais une fois que la tumeur est devenue tres apparente, eile grossitä vue d'oeil, etl'amaigrissement de 1'animal augmente en proportion. Quoi que Ton fasse, il ne s'engraisse jamais bien, quaud le Sarcocele est dans cet etat d'apparence, et Ton dirait presque que la tumeur seulc du testicule semble faire son profit de la plus forte ration alimentane que cet animal recoit sous le regime de I'engraissement.
Traitcment. — Je le crois tout ä fait inutile. J'ai vainement, essaye sur de nombreux sujets renlevement du Sarcocele; tons les boeufs sur lesquels j'ai pratique cette operation out snccombe pen de jours apres, ou bien ils sont arrives promp-
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tement h un marasme complet qui a uecessite leur abatage. D'oü la conclusion, (lu'il Importe de livrer ä la boucherie, sans le moindre retard, tons les bceufs sur lesquels se developpe le Sarcocele.
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CHAPITRE III
Maladies des urganes ^enitaux de la femelle.
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ARTICLE PREMIER
POLYPES DU VAGIN ET DE l'uTERUS.
Sous le nom de Polype on designe uue tumeur globuleuse irre-guliere, soit pirifbrme, soil cylindrique, qui se developpe dans le vagin. Elle est presque toujours pediculee, de couleur blanchätre ou rosee, de consistance molle; il en suiute apres section mi liquide Imileux. Sa surface est recouverte d'un öpithelium qui est de la meme nature que celui de la membrane muqueuse du vagin. Le tissu du Polype est forme de fibres analogues a celles du tissu cellulaire; il est infiltre d'un liquide jaimatre albumi-neux, dans lequel se font remarquer des vaisseaux capillaires.
Causes. — Difficiles h specifier. C'est une irritation sui generis qui doit etre la cause premiere des Polypes. An reste, les cas dc Polypes chez la vache ne s'observent point frequemment. Je n'eu possede que trois observations recueiliies sur des genisses qui, vivant presque toutel'annee dans les päturages, avaient etesaülies ti'es souvent et toujours sans resultat; elles etaient dans cet etal qui les fait nominer taurclieres.
L'excision du Polype du vagin pent reussir. J'ai fait cette ope­ration une seule fois, et eile eut un pleiu succes, quoique la geuisse continuät ä etre taureliere. Mais eile fut vendue an bou-cher six mois apres avoir subi roperation, et aucun signe de la reapparition du Polype ne s'etait manifeste.
Des Polypes peuvent aussi se developper dans I'uterus. Une vache ne pouvait mettre bas; un empirique avait employe inutile-
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MA.MM1TE.
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ment des procedes de sa facou; il avail arracLe la tete du veau, des membres, au moyeu de cordes qua tiraieut avec un einploi de force considerable plusieurs aides, et la parturition ne s'effec-tuait point. Un veterina'ire, M. Jeanroy, est appele : il constate I'existence d'une bydropisie abdominale ; le liquide est evacue par la paracenthese, et alors on reconnait I'existence d'uu Polype volumineux qui occupe la region superieure de 1 uterus. S'ar-mant alors d'un bistouri boutonne, et le cachant entre ses doigts, M. Jeanroy coupa une portion de ce Polype et il arracha le reste; car il ne put obtenir cette production foagueuse que par lam-beaux. G'etaitle seid obstacle a la delivrance; aussi le vöterinaire termina-t-il facilement son operation.
La vache se retablit parfaitement, et mit bas pendant trois annees de suite apres avoir subi cette operation. {Recueil de med. vet., annee 1826, p. 639.)
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ARTICLE II
MAMMITE
Dennitioii. frequence. — La Mammite est une inflammation de la mamelle. On I'observe plus souvent chez les vaches laitieres et travailleuses que chez les vaches qui sont laitieres seulement. Cette inflammation pent etre superficielle ou profonde, generale on partielle.
Causes. — Les lesions physiques, des contusions, des plaies, rimplantationde corps etrangers. Les contusions peuvent residier des coups de tete violents que donnent les veaux quand le lait m^ vient pas en abondance; c'est pourquoi la Mammite est plus fre-quente chez les vaches de travail, qui sont mauvaises laitieres. En efl'et, lorsqu'apres une attelee de plusieurs heures, la vache, quelquelois mal nourrie, rentre h l'etable avec les mamelles mal disposees ä une secretion abondante, il n'est pas etonnant que le veau tres aflame saisisse le Irayon avec une espece de voracite et qu'il frappe les mamelles avec violence ; de lä des gercures au trayon et des engorgements inflammatoires de la mamelle. Des contusions d'une autre nature peuvent aussi produire la Mam­mite : il arrive parfois que des chiens se mettent a la poursuito de vaches nourrices, les poussent ;i travers champs, et que, dans leur course, alles rencontrent des corps durs, anguleux ou non, sur lesquels les mamelles frappent avec force.
Symptömes. — Les gercures sont des fentes, et souvent de sim-
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pies excoriations, qui ont leur siege principal aux trayons, et qui paraissent occasionner une vive douleur, car les vaches se defen-dent avec violence du contact 'de la main et ne se laissent traire que diiiicilement.
L'inflammation du tissu de la mamelle se manifeste par un en­gorgement plus ou moins dur et non moins douloureux que les gercures.
Harche. Darfie. Terniinnisons. — Les gercures se declarent en tres peu de temps, quel(|uefois dans I'espace d'une journee. II en est de meine de rintlammation du tissu de la mamelle; et cette inflammation a une duree quin'est jamais longue, sielle est traitee convenahloment.
Si, au contraire, eile est abandonnee ä elle-meme, eile peut avoir une longue duree et se terminer, soil par l'induratiou, soil par la suppuration : si c'esl rindnration, la douleur que peut occasionner le contact de la main ou une legere compression devient moins sensible, etmeme I'engorgement diminue d'abord, pour augmenter plus tard progress! vement; sic'est la suppuration, I'engorgement augmente, la douleur est aussi moins vive, et Ton ne tarde pas ii coustater rexistence d'nn foyer purulent circons-crit, qui occupe rarement toute Tetendue do la partie eugorgee. Dans tons los cas de Mammite, la secretion laiteuse diminue plus ou moins, et se trouve meme supprimee entierement si rintlam­mation est tres intense.
Diagnostic. Pronwstic.— On vient de voir par quel petit nombiv de symptörnes l)ien caracterises peut s'etablir le diagnostic de la Mammite; quant h son pronostic, il depend du veterinaire de faire qu'il ne soit jamais fäclieux. C'est qu'en effet. riuflammatiou cede Jacilement h un traitement rationnel.
Traitcnicnt. — La premiere indication ;i remplir, c'est d'entre-tenir une secretion lactee normale, en trayant la vache reguliere-ment, si le veau ne peat ou ne vent pas prendie le trayon pour la provoquer, car il Importe que cette operation soit faite; sans cela, il surviendrait des depots laiteux qui ne tarderaient pas h se transformer en depots purnlents. II arrive parfois qu'en trayant la vache, le lait jaillit colore en rouge par son melange avec une exsudation sanguine, et cette circonstance n'est point de mau-vais augure. La resolution de rinflammation n'en est que plus prompte et plus sure.
Lorsque cette inflammation est tres intense, ou pratique une saignee, sans qne Ton ait h redouter la suppression definitive de la secretion lactee. Jamais la saignee ne m'a paru produire cet effet. Les onctions adoncissantes sont bien ipdiquees,mais comme ellos
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ue peuvent en general etre Mtes cju'au moyen de corps gras qui s'aigrissent en passant au ranee, on les remplace par des lotions emollientes, h la condition toutelbis qu'elles seront renouvelees Ires souvent. S'il s'agit de gercures senlcment, les lotions d'infu-sion de sureau sont Men indiqnees.
Lorsque des abces se sont formes, on les ouvrepar une incision assez grande pour que le pus s'en ecoule tres facilemeat et qu'il n'y puisse plus sejourner; et la cicatrisation s'opöre en tres peu de temps. II est rare qn'une fois I'abces ouvert, on soit oblige de recourir ä une autre medication.
L'induratiou de la mamelle est un resultat d'autant pins fäclieux (|ue tout moyen de traitement reste sans efiicacite; aussi, quand on n'a pn I'eviter, le seul parti qui reste ä prondre, e'estde livrer la vache ä la boncherie ; car, non-seulement la secretion lactee ue poorrait plus avoir lieu, mais encore rinduration prendrait le caractere du squirrbe on du cancer, et la vache ne tarderait pas ä (omber dans le marasme.
AIITICLE III
MALADIES DES OVAIRES
Les maladies des Ovaires sont tres peu connues chez les vaches ; cependant il faut dire qu'un travail tres interessant, publie par M. Bouley jeune (Recueil de mid. vet. 1828, p. 544), sur ces maladies dans la jument, a pu Jburnir des indications tres utiles il M. Eleouet, medecin-veterinaire ä Morlaix (Finistere), pour tsect;tu-* dier ces memes maladies chez la vache, ainsi que le dömontre ['observation publiee dans le Recueüde med.vct., etc., 1835, p. 302, dont void une analyse tres exacte.
Une vache presente tout ä coup les signes d'un part naturel: la parturition a lieu, et rien ne denote chez eile un etat morbide ([uelconque. Quolques jours apres, eile est conduite au taureau, et bientöt on croit recoimaitre en eile tons les signes de la pleni­tude ; puis eile devient triste, refuse les aliments, ne rumine point. M. Eleouet est appele ; alors cette vache a les levres de la vulve tumefiees, la membrane vaginale est rouge et injectee; les urines sont rares, les matieres fecales sont dures, les flaues re-trousses, la respiration est courte, le pouls plein et fort, la mar-che embarrassee.
Ge veterinaire croit ä l'existence d'une metrite. II emploie pour la combattre la methode antipblogistique, la saignee, les lave-
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ments Emollients, des injections de la meme nature dans le vagin. Ce traitement est continue pendant quinze jours; les symptomes vont en diminuant d'intensite tons les jours, et Ton croit que la vache est radicalement gu6rie.
Gependant les symptomes de la plenitude existent toujours, et cinq on six mois apres l'apparente guörison de cette vache, on sent, en appuyant la main sur son flanc droit, un corps dux et arrondi, que Ton suppose etre la tete du fcetus; ce qui rend rillusion encore plus complete, c'est que ce corps se döplace et qu'il repräsente dans les mouvements qu'uu lui attribue. les mou-vements ordinaires executes par un foetus.
Mais le temps de la mise-bas est depassö sans que des signes de parturition aient en lieu, et le meme corps mobile se fait sentir au flanc droit. Cette vache est abattue, et voiciquel fut leresultat de I'autopsie que M. Eleouet fit avec beaucoup de soin :
Dans rabdomen, une masse enorme, que le boucher prit pour la matrice contenant un foetus. Lavulve, le vagin et la corne gau­che de l'uterus n'offrent rien de particulier; la corne droite est plus döveloppöe que la corne gauche, sa membrane muqueuse präsente, dissemines h sa surface inlerne, de petits points ronds d'une couleur rouge, traces et preuves evidentes de l'existence de cotyledons; la membrane muqueuse de la corne gauche n'offre rien de pareil; I'ovaire droit n'existe plus, il est remplacö par un kyste du poids de 9 kilogrammes.
Cette tumeur, vue dans son ensemble et examinee exterieure-ment, se präsente sous la forme d'une masse irreguliere, otfrant des eminences nombreuses. La membrane flbreuse qui la recouvre et qui n'est qu'une portion du pöritoine est lisse et polie; eile varie d'epaissenr : die est mince sur les eminences et acquiert plus d'epaissenr dans les anfractuosites; les vaisseaux qui rampenl iisa surface sent variquenx.
Coupee en deux portions a pen pres Egales, cette masse paralt formee de petits kystes unis entre eux par un tissu fllamenteux tres serre. Les kystes places h I'exterieur se separent facilement, fandis qu'il est impossible de desunir ceux qui sent dans les pro-fondeurs de la masse.
Teile est cette observation, qui offre d'autant plus d'interet, qu'elle laissc entrevoir l'existence de l'ovarite a Tötat aigu, et aussi a I'etat chronique : ces deux Etats separes par un temps d'ar-ret dans la marche de la maladie, assez prononce pour que Ton ait pu supposer la guerison radicale de I'animal.
Gependant bien des signes de l'ovarite aigue^sont restEs obscurs pour le veterinaire, parce que, croyant äune metrite simple, son
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attention n'a pas ete portee vers l'ötat des ovaires; et la conclu­sion naturelle qui decoule de ce fait, c'est qu'il faudrait, toutes les fois que Ton croit ä l'existence dune affection d'un organe in­terne, faire porter les investigations sur tous les autres organes qui en dependent. Par exemple, si l'uterus est malade, so prtoc-cuper en meme temps de l'ötat des ovaires, percuter la region oü ils sont places, etc.
CHAPITRE IV
Maladies accompagnant la parturition.
ARTICLE PREMIER
DE l'.WORTE.MENT
L'Avortement ou Parturition avant terme est l'expulsion acci-dentelle du foetus, hors de la matrice, avant le terme fixe par la nature pour (ju'il ait acquis tous les developpements necessaires ä son existence. Les femelies de tous les animaux peuvent avorter et ;i toutes les epoques de la gestation. Si I'Avortementa lieu dans les premiers temps, le foetus est toujonrs prive de vie; si, aucon-traire, cet accident n'est surve'nu que vers la fin de la gestation, non-seulement le foetus pent naitre vivant, mais encore il est possible de le voir prolonger son existence.
M. Bouley fait observer avec raison (Nouveau Dictionraquo;aire pra­tique de medecine et de Chirurgie veterinaires, article Avortement) , laquo; qu'entre I'accouchcment premature et 1'Avortement, ily a cette difference que, dans ce dernier cas,le foetus. Men qu'il vienne an monde avant le terme ordinaire present pour sa sortie de la ca-vite uterine, reunit cependant en lui toutes les conditions de sa viabilite, qu'il est apte ä vivre independamment de la mere. raquo;
La duree de la gestation est, sur la vache, de huit h neuf et quel-quefois dix mois. Or, s'il arrive qu'une cause directe, immediate, indirecte ou eloignee, agisse d'une maniere plus ou moins active sur I'economie en general, ou sur l'organe uterin en particulier, l'expulsion du foetus pent etre determinee avant ce terme. Ainsi,
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I'Avortement est un effet, et pour le prevenir, il Importe de bien determiner les causes qui le produisent.
Causes. — Dans certaiiies localites, ou a vu uu grand nombre de vaches avorter en munie temps, ce qui a fait recomiaitre un Avor-tement dit enzootique; de lä est venue egalement Tidee de la con­tagion consideree comme cause determinante. D'autres fois, I'Avor-tenient ne squot;etant manifeste lt;[ue sur un petit nombre de betes a la fois, et toujoins isolement, on a pu rattribuer ä des causes parti-lieres non susceptibles de se reproduire avec persistance et regu-larite, et d'exercer leur action sur un certain nombre de femelles dans le memc temps. II me semble done necessaire, pour rendre cette etude facile, de distinguer deux sortes de causes : 1deg; des causes generales; 2quot; des causes particulieres.
M. H. Bouley, dans I'article prccedemmeut cite, qui est un travail complctde la matiere, dit ä ce sujet :
laquo; Au point de vue pratique, la meilleure division qui nous pa-rait convenir pour l'etude de I'Avortement est celle qui a pour base le nombre des sujets surlesquelsil sevit; nous distinguerons done I'Avortement en Avortement enzootique et en Avortement sporadique. La qualification d'epizootlque donnee quel(]uefois ä cet accident a quelque cliose de trop gemh'al, pour etre I'expres-sion rigoureuse des faits. Jamals I'Avortement ne s'etend sur une assez vaste ecbelle pour qu'on puisse veritablement le ranger dans la categoric des maux epizootiques. Eu conservant id I'ex-pression d'enzootique appli(juee generaleinent dans la pratique ä I'Avortement qui attaquc un certain nombre de betes a la fois, nous devons dire qu'il faut le comprendre presque exclusivemeut d'aprcs son sens 6lymologique, sans qu'elle doive necessaircment impliquer pour I'esprit Fidee d'intlilences enzootiques ou epizooti­ques bien deterininees, comme celle que fait naitre la meme qua­lification appliquee au typhus, au charbon, ou ä la peripneumonie bovine, etc. raquo;
Gertaines des observations citees par Flandrin, pour constater que la Parturition avant terme peut etre remarquee sur un grand nombre de femelles ä la fois, serviront ä specifier une parlie de ces causes; et j'ajouterai ensuite aux observations du savant pro-fesseur, celles que j'ai rectieillies moi-meme on qui I'ont ete par d'autres praticiens.
Premiere observation, communiquee par Barrier de Chartres. Apres avoir donuc sur les signes precurseurs de I'Avortement des details auxquels je n'attacbe point d'importance, Barrier se resume en ces termes :
ic Les vaches deviennent en chaleur aussitot apres I'Avortement;
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mais elles coucoivent difficilementet sont souvent en chasse avant de se faire emplir; quelques-imes le deviennent meine apres avoir concu; d'autres enfln, et ce cas est le plus frequent, ne peuvenl concevoir, surtout avant la revolution du terme... li est rare de voir une vache n'avorter qu'une seule annee; nous avons vu un tiou-peau nombreux dans lequel cet accident s'est renouvele pendant cinq annees de suite... Au bout de ce temps, la maladie du sang survint et emporta toutes les meres... L'Avortement reparut apres la disparition de cette maladie, et pendant deux annees en­core il occasionna des pertes considerables. raquo;
Plusieurs vaches sont snjettes ä des ardeurs, ä des secheresses de la peau, ä des demangeaisons, ä des ebullitions, etc., etc.
Barrier contimie : laquo; Les causes de TAvortement epizootique, dont nous venons de reconnaitre la marche, sont: la construction vicieuse des etables oü ces vaches sont renfermees pendant toute rannee, le mauvais soin qu'on y donne ä cos animaux, les ali­ments qui leur sont distribues et l'eau des mares dont on les abreuve, les vicissitudes de l'atmosphere, la predisposition des organes de la generation, etc., etc. raquo;
L'auteur de cette enumeration des causes d'un Avortemeut qui dut occasionner bien des pertes n'avait pas mal observe les faits, mais il n'avait pas su en deduire les consequences. En eilet, des etables oü des animaux sont reunis en grand nombre, oü ils sontprives d'air et de lumiere, oü ils ne recoivent que des ali­ments de mauvaise qualite, et qui sont abreuves dans des mares, quel ensemble de causes propres a apporter le trouble dans Teco-nomie! G'est ainsi que se produiseut les ardeurs de la peau, les demangeaisons, les ebullitions, et que cette maladie du sang, veri­table alteration de ce liquide, deeime les troupeaux.
Deuxieme observation : laquo; En Suisse, dil Flandrin, les vaches qui päturent l'herbe couverte de gelee blanche avorlent frequem-ment. raquo; G'est bien aussi de cette maniere que les dieses se pas-sent dans toutes les contrees... laquo; Seize vaches avorterent en dif-ferents temps de la gestation; ellesavaient päture pendant im ete tres sec dans un marais fangeux; les vaches enfoncaient dans la vase jusqu'aux genoux; les plantes qu'elles paissaient etaient des laiches, des Jones, dos renoncules. Plusieurs de ces vaches sont mortes. raquo;
Ici ce ne sont pas les emanations mephiliques qui ont provoque l'Avortement, du moins ce n'est pas probable; on aurait remar-que des symptömes de typhus ou de fievre cbarbouneuse ; c'etait plutöt par suite des proprietes toxiques des renoncules, lesquelles sont emmenagogues et irritantes ä un tres haut degre.
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L'herbe couverte de gelee blanche, I'usage pour aliments habi-tuels de plantes acres venues dans des marais fangeux, sont ici les causes qui out dt'termine des phlegmasies intestinales at ont aussi provoque I'Avortement. C'est ce quej'ai observe plusieurs fois.
En 1824, je suis consulte par un pi-oprietaire qui, voulant ex­ploiter lui-inerne ses proprietes, s'etait decide k les retirer a son fermier. II avail d'abord place, sur trois metairies, dix vaches qu'il desthiaic k la reproduction et qu'il faisait travailler (juelque-fois, lorsque les travaux des champs devenaient trop pressants. La premiere annee, trois vaches avorterent : deux du quatrieme au ciiKjuirme mois, une k la fin du septieme. Les foetus etaient bien conlbrmes et bien developpes. L'arriere-faix fat expulsr au moment de TAvortement, et sur la derniere vache se decla-rail, en meme temps, une hemorrhagie assez forte pour inspirer des craintes scrieuses au proprietaire. Cependant cette hemor­rhagie s'arreta, sans qu'il hit employ^ aucun moyeu pour cela. Ces vaches se retablirenl tres promptement, et ne tarderent pas ;i etre fecondees de nouveau.
Les deux premieres, qui avaient avorte Tannee precedente, eprouvereiU encore cot accident ;quot;i cinq on six mois de la gesta­tion; et celle qui avail ete affectee d'hemorrhagie uterine arriva k son terme, sans avoir eprouve aucun malaise apparent: eile mit has un veau bien conforme qui vecut deux jours sans qu'il ful possible de le faire teter. II resta constamment couche, ayant la tete appuyee. sur un des cötes de la poitrine; enflu, il mourut dans les convulsions, rondant par Tanus des matieres mucoso-
sanguinolentes..... Cette vache resta longtemps en chaleur et ne
put etre fecondee cette annee-lä.
En mai 1826, une de celles qui n'avaient pas avorte parut, un jour, eprouver de vielentes coliques en revenant des champs, apres une attelee de quatre heures; on lui administra, suivant I'usage, un breuvage compose d'huile d'olive et d'eau-de-vie. Une heure apres, elle avorte d'uu foetus bien conforme, non vivant. Le placenta est arrache, et cette operation est snivie d'une forte hemorrhagie qui ne tarde pas k s'arreter. Deux jours aprös, la vache ne paraissait pas avoir ete malade; elle recherchait le taureau.
Voila quelles circoustances avaient precede ma premiere visite.
*Je trouvai tontes les vaches dans un etat d'embonpoint ex­traordinaire; les veaux qu'elles avaient produit etaient aussi en bon etat. Dans les prairies, dans les etables, rien ne paraissait avoir pu donner lieu aux avortements. II fallut bien reconnaitre la cause de cet accident dans I'etat constamment plethorique oh
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se trouvaient les vaches lors de ma visite. Cette conjecture se for-tiflait par les symptomes qui avaient accompagne I'Avortement. Les fourrages, —pris exclusivement parmi ceuxde prairies artifi-cielles dont le sol est argilo-calcaire, et ce sont les plus nourris-sants, — ötalent donnes sans mesure,ils avaient du etre au moins nne cause pr6disposante. La ration fut reduite de moitie. Je pra-tiquai sur toutes les vaches, quelle que füt l'epoque de la gesta­tion, une saignee de 3 ä 4 kilogr. Depuis, cette operation fut röpetee tons les ans, et il n'y eut plus d'Avortement.
Tl est nne mitre cause qn'il n'impnrtp. pas moins de signaler ici, parce qu'elle peut occasionner I'Avortement sur plusieurs betes en meme temps et dans im meme lieu : c'est la dispropor­tion qui peut exister entre le male et la femelle.
Flandrin rapporte, d'apresMoutonet, laquo; qu'ä Bournonviile tou­tes les vaches avortaient : quatorze,qni avaient ete saillies par im taureau tres gros et tres long de corps, et qui les fatiguait beau-coup dans le temps du saut, avorterent ä quatre mois. raquo;
J'ai Signale, dans ie temps, un fait de la meme nature; mais tout en reoonnaissant que la pesanteur du corps a de tres graves inconvenients, il m'est impossible d'admettre que Tun de ces inconvenients ait ete la causa de I'Avortement pendant le qua-trieme mois de la gestation. Ce n'etait pas le saut, mais bien le developpement du fcetus qui provoquait FAvortement.
Ne voit-on pas tons les jours des brebis, fecoudees par des be-liers trop grands et trop forts proportionnelleme.nt, perir en agnelant, ou expulser ä grand'peine des agneaux morts en nais-sant? Les faits de ce genre sont devenus tres nombreux depuis. que Ton s'est mis ä vonloir ameliorer les races par des croisements faits ä tort et ä travers. C'est aujourd'hui une verite acquise ä l'observation.
laquo; Dans certaines circonstauces, dit M. Bouley {loco citato), la cause de I'Avortement enzootique peut etre attribuee a la fai-blesse du male qui a sailli toutes les femelles d'un troupeau. Ainsi, par exemple, lorsqu'un taureau est oblige ä couvrir trop de vaches ä la fois, il perd de ses vertus prolifiques, et les pro-duits qui en proviennent n'ont pas souvent assez de force pour arriver ä leur entier developpement. raquo;
M. Salome est du meme avis, et j'ai fait la meine observation relativement aux taureaux cantonnaux, qui, dans bien des cas, sont epuises par la meme cause.
An commencement de 1828, un troupeau de brebis communes, compose de 80 tetes, perdit 53 agneaux et 29 meres, quelques jours avant le terme de la gestation. La cause de ces accidents
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etait la disproportion qui existait entre mi des beliers etles brebis: le bölier utait de la plus grande race, at les brebis appartenaient ä la plus petite des races communes.
Le belier fut change, et l'amiee suivante il n'y eut point d'Avortemouts dans ce troupeau.
Au nombre des causes generales, il faut aussi placer rinfection, que Flandrin, ses continuatears et Hurtrel d'Arboval ontdesignee sous le uom de contagion.
Des betes malades sont entassees dans une etable ou Fair est use par la respiration, vicie par les emanations deleteres qui s'exlialentdu corps des animanx. Ges emanations, repandues dans une atmosphere circonscrite, sont aspirees par les poumons; elles penetrent dans reconomie par toutes les voies de l'absorption ge-nerale, et tout semble prouver qu'elles doivent produire sur le Systeme geuito-urinaire une impression capable d'ameneiTAvor-tenient: cela se conceit sans peine. Aussi, lorsque ces emanations proviennent en forte proportion du flux uterin d'une vacbe, apres sou Avortemeut, leur action doit etre puissante, car on sail quelle odeur fetide exliale par sa decomposition le placenta du foetus d'une vache. L'odeur des sanies du sphncele l'egale ä peine. Or, si Ton pent conclure de l'influence deletere des ema­nations, d'apres une odeur aussi desagroable et aussi penetrante, il faudra considerer une semblabie emanation comme une cause direcle d'Avortemeut.
laquo; G'est une intoxication, dit M. Bouley; raquo; et Gelle, Rainard, MM. Huvelier et Salome, pari agent cette opinion ; laquo; mais, ajoute M. Bouley, nous croyons que cette interpretation de rinfluence des vaches qui avortent sur les femelles i)leines avec lesquelles elles cohabitent, convient ä un certain nombre de faits observes. S'il est vrai que les miasmes qui se degagent par les temps cLauds de la bourbe des mares ou des flaques d'eau ä moitie dessechees, exercent sur l'organisme des femelles en etat de- gestation une influence nuisible qui les predispose ä lAvortement, ä plus forte raison cette influence doit-elle etre efiicace et puissante lorsque ces miasmes sont concentres dans des etables chaudes, hermeti-quement closes... II n'y a done pas de doute qu'il y a lä un prin-cipe nuisible au premier chef, auquel on peut avec justesse attri-buer, dans un certain nombre de cas, la propagation de l'Avorte-ment dans une etable, lorsqu'une fois il s'est manifeste sur une fern eile.
laquo; Mais connaissons-nous vraiment aujourd'hui le dernier mot de l'etiologie de cette propagation? raquo;
Non certes; ce que nous savons n'en est pas le dernier mot, et de
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DE l'aVORTBMENT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 781
meme que M. Bouley, je suis persuade qu'il faut chercher encore pour le trouver. En attendant, je me borne h dire que je a'ai pas trouve d'autre explication aux Avorlements remarqaös dans une bergerie ou une etable conteuant un certain nombre de femelles; et qu'apres un ou plusieurs accidents de cette nature, 11 est tou-jours prudent d'eloigner la vache ou la brebis ijui vient d'avorter des autres femelles de ces especes, quand celles-ci sont en etai de gestation. Pendant lougtemps j'ai trouve ridicule, comme beau-coup de mes confreres , une pratique qui pouvait bien avoir eu dans le principe quelque raison d'etre : quand une vache avor-tait, ou la placait dans rendroü de Tetable le plus eloigne des autres betes, et l'on faisait jeter par la lenetre opposee ä la porte cVentree le veau produit de l'Avortement. Cette pratique avait bien en elle-memc quelque chose d'etrange, d'autaut plus qu'on l'expliquait ordinairement par des causes surnaturelles; mais il est evident qu'elle avait ete d'abord inspiree par certaines idees d'infection ou de contagion, mal definies ä la verite, mais non pas eutievement depourvties de sens.
Je n'ai Jamals observe un Avortement ayant pour cause la contagion: mais j'ai pu me convaincre, dans plusieurs circons-tances, qu'il pouvait etre provoque par une action sympathique d'organes soumis ä on etat morbide.
Ainsi, j'ai vu, en 1826, le tiers des brebis d'un nombreux irou-peau avorter h deux mois de la gestation, pendant la dnree d'une affection charbonneuse enzootiquo, occasionnee, suivant toutes les probabilites, par le sejour de ces auimaux dans une bergerie exposee aux emanations d'une mare empestee par le rouissage du lin.
L'eau tres froide des viviers ou des mares, dont on a brise la glace, qui sert de boissonädes varhes pleines an moment oil elles sortent d'une etable dont la temperature esl tres elevee, donne lieu ä l'Avortement. J'en pourrais citer des exemples nombreux. II est tonjours imprudent de rompre la glace pom- abrenver im-mediatement des auimaux males ou femelles, avaut de les avoir prepares h supporter cette boissou sans danger, en ramenant Tan­des etables ä la temperature de Fair exterieur, par l'ouverture des portes et des fenetres.
Apres avoir ainsi passe en revue la plupart des causes gcneraks qui peuvent provoquer FAvortement sur un certain nombre de femelles k la fois; il reste a faire connaitre celles qui le provo-quent accidentellement. Les coups, les chutes sont de ce nombre. ainsi que les heurts contra les poteaux ou les battants des portes, lorsque les femelles se pressent pour sortir. Ordinairement ce
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n'esl point leur laute, mais celle de leurs conducteurs. II faut aussi ranger dans les memes causes, les courses violentes et toutes les surexcitations que provoquent des chiens mal dresses.
Les coups portes sur la croupe peuvent produire un Avorte-ment subit : c'est ce que j'ai remarque plusieurs fois sur les vaches, sur les Lrebis et sur la jument.
On a dit qu'une saignee pratlquee dans les premiers temps de la gestation etait une cause infaillible d'Avortement; cette opi­nion est meme generalement accreditee, et pourtant il en faut beaucoup rabattre.
Quand la saignee est bien indiquee, eile n'est jamais ime cause d'Avortement; je l'ai pratitpiee sur un tres grand nombre de femelles en etat de gestation, sans qu'elle ait jamais provoque I'Avortement. On sait qua, pour combattre les inflammations franches chez les animaux de l'espece bovine, je pratique toujours des saignees copieuses, souveut arterielles, et depuis bien long-temps je ne considere plus l'etat de gestation comme une contre-indication de ces emissions sanguines abondantes. Pour que la saignee produislt TAvortement, il faudrait la pratiquer sans in­dication et faire arriver remission jusqu'ä ses dernieres limites.
Entendons-nous cependant. Je parle de femelles en bon etat et nounies convenablement; car si on voulait essayer de la saignee sur ces malheureuses betes que les privations de tout genre out reduites ä un etat d'auemie complet, qui d'ailleurs avortent tres souvent par le senl fait de cet etat, il est evident que la saignee pourrait bien etre suivie d'un Avortement comme (Tune syncope ou de la mort, et c'est tres judicieusement que M. Bouley recounait des causes aifaiblissantes.
Une cause d'Avortement assez frequente, c'est la saillieintem-pestive, et celle-la est des plus actives. Les vaches saillies pen­dant, la gestation avortent toutes inevitablement, que ce soit par le saut de taureaux ou de boeufs bistournes imparfaitement.
Les phlegmasies de l'uterus, occasionnees ordinairement par­ies causes externes dont j'ai parle plus haut, peuvent donuer lieu ä I'Avortement. On previent cet accident en traitant la phlegma-sie avec intelligence. Lessquirrhes de l'ovaire sont aussi des cau­ses d'Avortement, mais cette maladie est rare sur les femelles des animaux domestiques; cependant j'en ai observe quelques exemples.
Le 25 fevrier 18'24, on me fait voir une jument pleine, dont le ventre est extremement volumineux; eile presente d'ailleurs tons les signes d'une bonne sante. Attribuant cet exces de volume du ventre ä une quantite anormale des eaux de ramnios, occasion-
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uee par une lesion indt'termiiiöe de l'uterus, je me borne ä con-seiller l'usage de boissons diuretiques, l'exercice, etc. Le volume de Tabdomen, plus pai-ticulierement vers les parties posterieures, augmente tous les jours. La juraent perd l'appetit, eile ne se couche plus; les membres posterieurs, puis ceux du train ante-rieur s'infiltrent; eile se campe souvent pour uriiier, et parvient seulement ä laisser tomber quelques gouttes d'urine roussätre. Eufin, le 15 mars suivant, vers le dlxieme mois de la gestation, cette jument se couche en poussant un cri plaintif; tout ä coup et sans effort, la vulve se dilate, et la sortie des eaux s'opere eu gros jet. Cost dans ce moment que je suis appele.
Le liquide repanda etait en tres grande quantite; la jument etait etendue sur la litiere, ne faisant aucun mouvement; eile avait la respiration profonde, rabdomea aplati, le flaue creux, le pouls petit, la vulve dilatöe, la tete du feetus etait engagee dans le vagin. D'abord, pourranimer les forces, je fis prendre ä cette jument 1 litre de vin ea breuvage. Le pouls devint plus ap­parent, et j'operai l'extraction du foetus sans eprouver aueune dif-iiculte; il etait mort, tres maigre et difforme. Ses membres etaient contournes en divers sens; la colonne (5piniere avait la forme d'une voüte; les articulations de cette partie ainsi que celles d'une portion du membre droit ötaient soudses; cette deruiere portait sur les portions sendees interieurement, une tumeur plätreuse de la grosseur d'im oeuf.
Cette jument se retablit, mais non sans peine; eile conserva une hernie ventrale d'uu tres gros volume. II n'existait pas la moindre appaxence de hernie avant rAvortement. Cette bete etait fort ägee, et par sa nouvelle infirmite, eile ne pouvait plus etre propre ä aucun service. On la fit abattre, et voici ce que je re-marquai h I'autopsie, faite immediatomeut apres I'abatage :
Une tumeur dure, inegale, de la grosseur de la tete d'un homme, remplacait I'ovaire gauche; elle adherait d'une part ä la come de Tuterus de ce cote, de l'autre part ;i la region lombaire ; im reseau de vaisseaux sanguius variqueux recouvrait ses bords libres. Cette tumeur etait de nature cancereuse; sa substance etait lardacee, elle renfermait plusieurs cavites remplies de pus sanieux ; la membrane de l'uterns etait epaissie, ulceree sur plu­sieurs points, et quelques-uns des ulceres, larges et profonds, etaient reconverts de sanie.
Les vaches affectees de la phthisie tuberculouse on pommeliere avortent quelquefois, surtout quand elles out de frequents acces de toux tres violents.
La maigrcur excessive, ou pour mieux dire le marasme, est
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aussiune cause d'Avortement; on dirait, dans cecas, i]ue cet ac­cident a lieu par suile de la faiblesse et du relachementdes tissus. L'extreme vioillesse i^'oduit le meme etfet.
Flandrin assure que la racine de garance fait avorter la ju-ment; le sei h forte dose, la brebis; le trefle vert, la truie. Dif-fcrentes experiences in'ont prouvö qua cette derniere assertion etait completement erronße. La propriete attribuöe h la racine de garance n'est egalement rien moins qu'etablie. Quant au sei administre ä haute dose, son action s'explique, mais tous las excitants administres k haute dose agissant de meme : ils pro-duisent un ehranlement dans I'cconomie, portent la trouble dans les fonctions ; il y a beaucoup de substances reputeas pour leurs proprietes emmenagogues qui n'agissent pas autrement.
Les vaches et les juments avortant en hiver quand elles sont. nourrias exclusivement avec du chaume. Cet aliment est pauvra en elements de nutrition, il est pen appetissant. Mais il ast das femelles, dont la capacite abdominale est vaste, qui sont obligees de consommer tous les jours de grandes qunntites de ca four-rage, afin da s'entretenir; c'est ainsi que la nature semble faire sentir le besoiu aux animaux de supplier älaqualite par laquan-tite. 11 arrive de lä que les betes boivent beaucoup, ce qui tend ä augmenter encore la capacite de la cavite abdominale. La partu­rition avant terms m'a paru etre souvent le resultat de cet 6tat anormal de l'abdomen; et cette parturition a lieu spontanemant sans autre cause connue. Est-alledue alors ä la compression axer-cee sur I'literus par las autras visceres? Est-elle due ä une pras-sion subite ou graduee, on h la sensation de froid que doit pro-duire line forte quantite d'eau ingöree snbitement? Est-ce une nutrition imparfaite? J'hesitai ä repondre ä ces questions lorsque je puWiai, an 1832 , I'article sur I'Avortemext ; aujourd'hni que plus de traute annees d'experience out pu changer en conviction ce qui etait encore donteax pour moi, rectifler at modifier bien das opinions, je dois reconnaitre que les dernieres causes dont je viens do parier penvent prodnire I'Avortement, soit qu elles agis-sent isolement ou avec ensemble.
L'aclion des cantharides produit I'Avortement. Une vache pieine de six mois etait alfectae dime laryngite croupale tres intense. J'appliquai autour du larynx et de la portion sup^rieure de la tra-chee, un large vesicatoire s'etendant en partie sur les faces de rencolnre; j'avais incorpore dans 100 grammes de basilicum de consistance faible autant de cantharides qu'il avail pu en conte-nir, pnis j'avais moi-meme etendu cet onguent vesicatoire an moyen d'une spatula en bois, en faisaiU des frictions repetees.
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Cette vache etait menacee de sulfbcation, et au bout d'une heure eile respirait plus librement; le vesicatoire avaitproduit son effet, mais la vache avait avorte.
Cette action emmenagogue des cantharides je l'ai remarqute aussi pinssante et aussi prompte sur la jument, et depuis je n'ap-plique Jamals de vesicaton-es sur des femelles en etat de gesta­tion, sans incorporer ä l'onguent une certaine dose de camphre.
Symptömes. — Sifjnes precurseurs. — S'il Importe d'indiijuer avec soin les causes diverses de rAvortement, il n'importe pas moins de signaler les symptömes qui pen vent faire connaitrc qu'il va avoir lieu, et cela u'est pas toujours facile. L'incurie des conducteurs de bestiaux fait que le plus souvent ces sigues pas-sent inapercus; d'autres fois ces conducteurs eux-memes, daus la crainte de s'attirer un blame qu'ils ont mörite, s'elforcenl d'en caclier la manifestation au proprietaire ou au veterinaire , de teile sorte que ce dernier n'est prevenu ordinairement que lors(jue rAvortement a eu lieu. Ces signes d'ailleurs sont de plusieurs sortes, comme les causes. Ainsi, quand rAvortement resulte de rinfection, il est precede de la perte de l'appelit, de la cessation de la rumination. Quelquefois les vaches sont meteorisches; leur marche est chancelaute; si la gestation est avancee, on cesse d'apercevoir les mouvements du fcetus; le ventre est atfaisse; la vache reste longtemps dans une meme position, couchee ou sur ses membres, et saus faire aucun monvement. Ge n'est que lors-que l'expulsion du fostus est sur le point de se faire qu'elle se couche si eile est sur ses membre i, ou qu'elle se releve si eile est couch6e. Sa respiration est oppressee, legerenlent convulsive; eile mugit quelquefois. Alors des matieres gluantes iluent par la vulve; la croupe s'affaisse, la vulve se dilate, et le foetus se presente dans le vagin d'oü il est totalement expulse, sans de grands efforts.
Si l'Avortement a pour cause la maigreur, soit que la faiblesse extreme de la vache provienne d'une alimentation insuffisante, soit qu'elle resulte de la vieillesse seule, la sortie du fcetus s'ef-fectne sans eifert et sans secousses. On le trouve sur la litiere, et la femelle a les cuisses et les fesses salies par des matieres gluantes, sans que d'autres symptömes aient annonce I'immi-nence de rAvortement. Cependant, les mouvements de la respi­ration sont irreguliers, I'appetit a diminue et raffaiblissement esl general.
Au reste, cet Avortement, tel que je viens de le decrire, s'ob-serve plus particulierement sur la jument; car j'ai vu un tres grand nombre de vaches pleines tombees dans le marasme, res-
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ter plusieurs jours sur la litiere et daus l'impossibilitö de se lever, et il m'est arrive tres rarement d'en rencoutrer que cet etat eüt pr6disposties ä FAvortement. Oa dirait que la vache avorte plutot par l'effet d'une surexcitation que par une cause opposee.
Les sigues de la parturition avaut terme, occasiounee par des coups violeuts qui out porte sur les regions abdominale ou lom-baire, on par des causes violentes, different des precedents en ce tfu'ils sout plus saillants et qu'ils denotent uu trouble violent des fonctions vitales. La vache cesse de manger et de rumiuer; eile s'agite, se tourmente, appuie frequcmment la tele sur la man-geoire, sur la litiere ou sur son flaue; mugit, frappe la litiere du pied; quelquefois il se declare une hemorrhagie uterine. L'expul-sion du foetus ne se fait point sans efforts; souvent le col de Tu terns ne pent se dilater, et e'est en vain que des contractions violentes semblent devoir produire, non la dilatation seulement, mais la rupture de cet organe.
L'uterus est fortement rejete en arriere; le rectum est com-prime ; et en meme temps que I'abdomeu est affaisse, chaque contraction uouvelle provoijue Texpiilsioii de faibles portions de matteres fecales et le soulevement du flaue.
Phenomenes consecutifs. — Les suites de l'Avortement qui a eu lieu sous rinfluence de causes generales agissant sur un certain aombre de femelles ;i la fois, sont toujours en rapport d'intensite avec ces causes. Si I'impression a ete profonde, de longue duree, que la constitution des individus ait ete gravement affectee, la maigeur, la faiblesse generale, Fadlierence de la peau aux tissus sous-jaceuts, sa rigidite, le defaut d'appetit, la diminution de la secretion du lait, sont les symptomes apparents d'un etat morbide dent le siege et le caractere peuvent varier.
Ce sont, d'ordinaire, des phlegmasies cbroniques d'un ou de plusieurs visceres, et d'autres fois I'engorgement inflammatoire de l'uterus qui se manifeste par une legere tension du flancdroit, par un suintement fetide, passant a travers le vagin et la vulve; et si les organes digestifs participent ä cet etat morbide, ce qui a lieu presque toujours, alors la rumination n'a point lieu, et les digestions sont lentes, penibles ou interrompues.
Quelquefois, si la cause n'a pas etc d'une action tres energi-que, les resultats sont moins graves; mais l'uterus peut avoir coulracte une disposition a se debarrasser du fcetus, au bout d'un certain temps, avant la fin de la gestation normale. On a dit a ce sujet que les Avortemenls subsequents s'effectuaient toujours au temps de la gestation ou le premier avait eu lieu,
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avec cette difference neaumoms que celte epoque suivait une marche ascendaute : par exemple, si le premier Avortemeni a eu lieu pendant le quatrieme mois de la gestation, le second arri-vera dans le cinquieme mois. et le troisieme Avortemeut vers la fin du sixieme mois, jusqu'ä ce qu'enfln la mise-bas se fasse k terme. II faut convenir que si une pareille serie d'Avortements a pu etre remarquee, ce que je suis loin de vouloir nier absolu-inent, il m'a ete difficile de me former une conviction ä cet egard. J'ai vu tres souvent la seconde gestation arriver ä son terme, apres un premier Avortement, lorsque lesfemcllcs avaiont (''te soustraites ä l'action de la cause determinante.
Quand rirritation de l'uterus existe sans autre complication, comme accident consecutif de rAvortement, eile eutretient les femelles en chaleur ou leur fait perdre tout desir de copula­tion ; dans le premier cas, la vache recherche le taureau, eile se laisse saillir et se trouve rarement fecondee. Lorsque la parturi­tion avant terme n'a pu etre efi'ectuee qu'avec beaucoup de dif-ficultes par des manoeuvres pönibles, et qu'elle a ete provoquee par des coups portes avec violence sur la region lombaire ou abdominale, le dechirement du col de l'uterus, des blessures au vagin, la chute de ce dernier Organe et le renversement de la matrice, la perforation de l'intestin rectum, sont des accidents qui peuvent en etre la consequence, aussi Men que la metro-peritonite.
On observe quelqueiois que, le foetus etant prive de vie, la vache ne fait aucun effort pour s'en debarrasser, et cela arrive surtout foutcs les fois qu'apres l'ecoulemeut des eaux de Tanmios la par­turition ne s'est j)as eti'ectuee. Dans cet etat, le foetus reste quel-([uefois dans l'uterus pendant plusieurs jours. Alors la vache temoigne d'une grande anxiete ; eile rumine peu, cesse bientöt de prendre des aliments, regarde son ventre en poussant de sourds mugissements ; les levres de la vulve restent ecartees ; le col de l'uterus et le vagin sont dilates, et ils n'offrent aucune resistance ä une dilatation plus considerable.
Apres trois on quatre jours, la situation s'aggrave, le trouble des fonclions va en augmentant, un liquide sanieux apparait aux bords de la vulve, et si on ne se häte de proceder ä l'extraction du foetus, devenu un corps etranger dont la decomposition com­mence, la vache perit inevitablemeut. Tels sont les principaux phenomenes morbides qui se manifestent ä cette occasion ; mais il existe des differences dans le mode de manifestation, et les symp-fömes n'ont pas tonjours autant de gravite. Le plus ou moins d'impressionnabilite des vaclies, leur etat de sante au moment oü
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les causes de l'Avortement se produisent, le genre de nouiriture de ces t'emelles et one foule d'autres circoastances, influent en Men ou en mal et font varier le pronostic.
J'ai vu une fois une vache dans le septieme mois de la gesta­tion: depuis dix jours eile avait rendu les eaux de Tamnios et aucun antre signe de parturition ne paraissait; eile etait seule-ment mi peu triste, eile ruminait et avait conserve son appetll ordinaire. Le foetus 6tait dejii dans mi etat de decomposition sen­sible, j'en operai l'extraction, et la vache ne parut pas avoir etc malade.
Si l(!s excoriations dc la membrane muqueuse de l'utörus et du vagiu ne sont pas, en general, des accidents tres graves, excepte en temps d'epizootie, il n'en est pas de menie de la perforation dn rectum. Celle-ci est mortelle le plus souvent, ou la cause d'une fistule qui rend l'animal impropre a tout service.
En juin 1826, on me fit voir une vache qui, a la suite d'un avortement, avait conserve une fistule communiqnant du rectum au vagin. Des matieres fecales s'echappaient par I'ouverture, salissaient et irritaieut le vagin; cette vache etait dans le marasme, on la fit abattre.
Le placenta n'est pas toujours expnlse avec le foetus, et des acci­dents morbides peuvent etre la consequence de son söjour pro-longe dans I'uterus, soit que la parturition ait en lieu k terme ou avant terme ; mais ces accidents sout plus rares qu'on ne Fa dit, et quand ils se produisent, ils ne sont point d'une gravity extreme.
Chez beaucoup de vaches, il n'est expulse que plusieurs jours apres la parturition, sans qu'elles paraissent malades. D'autres fois, il reste en partie attache k Futerus, tandis qu'une portion roulee sur elle-meme se presente dans le vagin et hors de la vulve. Dans ce cas, son extraction est une operation simple et facile. L'operateur recouvre sa main d'un Huge assez grossier quoique souple, et il opere par des tractions soutenues et faibles. S'il agissait brusquement, la portion libra se separerait de la por­tion qui adhere ä I'uterus, et son extraction serait plus difficile i\ obtenir.
Quand le placenta est reste dans l'utörus et (pie le col do cef organe s'est resserre, ce qui arrive quelquefois, la vache temoignc d'une certaine anxiete ; eile n'a point son appetit ordinaire, eile rumine peu et semhle meteorisee vers le flaue droit. Alors on apercoit aussi des matieres gluantes finer parfois de la vulve. Dans cette circonstance, on doit administrer nn breuvage ennne-nagogue tel que celui-ci :
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Seigle ergcte de 16 ä 32 j-'ramuies, suivanl la taille de la vaclie,
Dans infusion aroniatique........................ 1 litre.
Infusion de rue, 30 grammes...................... 1 —
On infusion de sablne, 30 grammes................ 1 —
Ge traitement suffit pour amener l'expulsion du placenta, et squot;il en est autrement, on repete radministration de run ou de l'autre de ces breuvages.
La non-expulsion du placenta ne devient un accident grave que lorscxue cet organe sejourne dans I'uterns au-delä de huit ä dix jours, et qu'il commence ä se decomposer en une matiere putride qui se präsente dans le vagin et liors de la vulve, surtout si c'est en temps d'epizootie, cliez une vaclie qui vit au milieu d'autres animaux de la meme espi'ce. Alors seulement cette decomposition presenterait un danger non pas seulement pour cette vaclie elie-ineme, mais aussi pour les autres animaux de son espece.
L'hemorrhagie peut etre la suite de 1'extraction forcee du pla­centa, mais eile ne presente aucun danger quant ä rarrachement des cotyledons. Je doute que ce soit tres serieusement qu'on alt parle de ses dangers. Tous les praticiens qui out en occasion d'operer le replacement de la matrice sur la vaclie, tons ceux qui out aide au part naturelou laborieux sur cette femelle, savent par experience que des cotyledons restent attaches au placenta, qu'ils sont arraches par consequent, et que cela n'a aucune influence ni sur les fecondations futures, ni sur les parturitions.
L'Avortement produit encore cet effet sur les femelles qui Font eprouve, que souvent elles restent valötudinaires pendant plu-sieurs mois, avec les flaues series, les mouvements de la respira­tion irreguliers, n'ayant point d'ajipetit et fournissant peu delait; au reste, TAvortement a des suites d'autant plus facheuses qu'il a lieu ä une epoque plus avancee de la gestation.
üioyens preventifs. — Soustraire las femelles aux causes qui provoquent cet accident, est la premiere et la plus judicieuse in­dication ä remplir pour prevenir TAvortement. La plupart de ces causes out ete enumerees, et il suflit de se les rappeler et d'em-ployer les moyens hygieniques propres ä les faire disparaitre ou a les neutralise!' : pratiquer de nombreuses ouvertures aux murs des etables, afm de faciliter le renouvellement de Fair et Fentree de la lumiere. Si on laisse le furnier dans les etables, il faut le recouvrir de litiere, de terra ou d'autres substances susceptibles d'absorber les gaz qui s'en degagent; Fagriculteur gague double-ment ä cette pratique. II y a des personnes qui pensent rendre
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les ecuries ou les etables plus salubres, en faisant enlever le fu­rnier tons les jours, sans avoir' la precaution de recouvrir le sol d'une litiere quelcouque; mais il arrive qne, par le pietinemenl des animaux, les excrements döposös dögagent des gaz qui vicient I'air. Mieux vaut laisser le fumier sous les pieds des animaux et avoir 1c soin de le recouvrir.
Les fumigations chlorurees ou pheniquöes out la propriete de rendre Tail sain et respirable.
Le lavage des murs, des creches, des räteliers, etc., avec la dissolution de chlorure de soude, est un excellent moyen de disinfection; mais il ne faut pas oublier que ce desinfectant n'a d'autre propriete que de purifier les objets avec lesquels il est en contact, et non de supplier au renouvellement de I'air, dans un lieu qui n'en recoit pas une quantite süffisante.
Si l'eau qui sert de boisson habituellement est devenue malsaine, il ne faut pas reculer devant un döplacement et des depenses pour en donner une plus salubre aux animaux. Je ferai observer nean-moins, pour ne rien exagerer et rester dans les limites de ce qui est vrai, que Ton voit tons les jours des bceufs et des vaches s'abreuver de preference a des mares dout l'eau est noirätre et sem-ble devoir 6tre malsaine, et dont un usage, qui date de plusieurs siecles, a prouve I'innocuite; aussi le veterinaire est-il dans Fobli-gation de ne pas se prononcer legerement sur rinsalubrite des boissons, afin de ne pas detourner l'attention de la veritable cause si ello existe d'autre part.
Ges sortes de meprises sont assez frequentes, quand la science acqnise dans les ecoles n'a pas subi les epreuves de la pratique. J'en ai remarque un bon nombre de ce genre; de fait, il est ä pen pres constant que lorsque l'eau des reservoirs oü s'abreuvent les bestiaux est reellement malsaine, ceux-ci ne s'en approchent qu'avec repugnance et presses par la soif. J'ai remarque egale-ment que lorsque des eaux stagnantes existaient autourdes habi­tations rurales, ce n'etait pas precisement comme boisson qu'elles (5taient malsaines, mais principalement par leurs efQuves qui, volatilisees pendant le jour, infectent Fair le matin et le soir, portent atteinte au principe vital en s'introduisant dans I'economie par le ponmon, la peau, en un mot, par les voies absorbantes. Je crois que les eaux insalubres, ä moins qu'elles ne le soient par les elements min6ranx qu'elles contiennent, n'ont pas une action aussi pernicieuse en passant par les voies digestives.
L'usago d'envoyer les vaches pleines paitre l'herbe couverte de gelee blanche, sousle pretexte ridicule qu'elles enserontpurgees, doit etre severement interdit. L'herbe fcouverte de gelee fgt;git ;i la
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DE LAVORTEMENT.
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facon des drastiques en irritant les muqueuses, ou bleu par indi­gestion. Dans Fun ou l'autre cas, c'est, on en convienclra, im tres mauvais moyen d'alimentation; cette herbe est un purgatif vio­lent administre sans but et k contre-temps; eile irrite la mem­brane intestinale, et sympathiquement eile provoque la parturi­tion avant terme. C'est ainsiqu'operent en general les substances qui ont des proprietes emmenanogues.
Si l'Avortement onzootique tient ä une irritation permanente des organes on ä la preponderance excessive et habituelle du Sys­teme sanguin, il faut pratiquer une saignee sur les vaches qui se trouvent dans cet etat et diminuer leur ration de fourrage. On a vu plus haut quels avaient ete les bons effets d'une semblable medication.
Dans les annees calamiteuses, quand tons les fourrages out et6 mal recoltes et avaries, alors qu'ils sont par consequent pen nu-tritifs, indigestes, qu'ils irritent les organes par les portions ter-renses dont ils sont reconverts et qu'il est impossible de les rem-placer par des fourrages de meilleure qualite, on doit conseiller l'usage de boissons adoucissantes, rafraichissantes et analepti-ques : l'eau blanchie avec la farine d'orge, de seigle, de graines de lin, remplit parfaitement cette indication. On evite par ce moyen Tinvasion de ces phlegmasies chroniques qui alterent profondamp;uent les plus robustes constitutions et provoquent des parturitions avant terme.
II est encore un grand nombre de moyens de prevenir l'Avor­tement, et que la simple dd'signation des causes indique suffisam-ment: changer les taureaux dont les formes, la taille, par exemple, ne sont pas en rapport avec celles des femelies; soustraire celles-ci aux exercices et aux travaux trop fatigants; ne pas atteler les vaches de teile maniere que les ebranlements ou les chocs des vehicules puisseut avoir une action sensible sur les organes des cavitös abdominale et pelvienne; traiter ces femelles avec dou­ceur, ne pas les frapper sur les reins, sur la croupe ou sur les flaues ; proscrire l'administration ä l'intörieur de tonte subs­tance acre ou purgative, ä moins d'une indication tres pronon-cee, qui mette dans la necessite de sacrifier le feetus pour con-server la mere. Cette circonstance se presente d'ailleurs tres rarement.
Un autre conseil non moins essentiel, est celui de fournir aux animaux des rations alimentaires en doses proportionnees ä leur constitution et aux exigences des travaux auxquels ils sont assu-jetis. II semblerait d'abord que I'interet bien entendu du pro-prietaire lui faisant un devoir de ne pas negiiger cette pratique
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iiidi(]uee par le bon sens, on ne devrait pas etre oblige de la men-tionner; il le faut neanmoins. On rencontre trop souvent de ces agricultenrs a vues etroites qui ne considerent qne le present, sans songer a I'avenir; ils nourrissent mal pendant I'hiver; les betes maigrissent, quelques-unes arrivent au marasme; alors les parturitions avant terme sont freqnentes. L'economie mal enten-due devient nne cause tie pertes considerables.
Si I'Avortement s'est efi'ectue sous Tinfluence de causes gene-rales, qui ont agi en viciant rorganisme, comme lorsqu'il resulte d'une organisation vicieuse ou incomplete, de Tinsalubrite des lieux, etc., etc., et si l'action de ces causes a cesse, on doit s'atta-cher d'abord ä retablir les functions vitales dans leur rliythme normal par 1'usage d'un regime oppose an precedent.
Si, d'apres la manifestation des symptomes appreciables, on a la certitude qu'il existe des phlegmasies soit aigues, soit chroni-ques, on s'empresse de mettre en pratique les moyens curatifs propres ä les combattre avec efficacite.
ARTICLE II
PART CONTRB - NATURE
Pour bien definir le Part contrc-naturc, disons d'abord ce qu'est le part naturel ou la parturition ordinaire.
La parturition naturelle s'accomplit dans les conditions suivan-tes : concordance entre les grands diametres du foetus et ceux des detroits qu'il doit francliir. Cette concordance exacte nquot;existe qne dans deux presentations : Tune anterieure, la tete et les deux membres anterieurs allonges et formant un cone par leur reu­nion ; I'autre posterieure, les deux membres posterieurs etendus en arriere et la queue abaissee entre les deux.
Chacune de ces presentations comporte deux positions natu­relles, celles dans lesquelles Taxe vertical du foetus correspond exactement au meme axe du bassin, position vertebro ou lurnbo-sacree et vertebro ou lumbo-pubiennc. En dehors de ces presenta­tions et de ces positions, le part ne pent s'efTectuer naturellement.
Le Part contre-nature resulte d'un defaut de concordance entre le diametre des detroits ä franchir et le volume du fcetus : 6troi-tesse dn bassin, tumeurs accidentelles, transformations morbides du col, torsion de l'uterus, volume exagere du fcetus par influence du male qui a sailli la femelle ou par laquo;xces d'alimentation de
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TORSION DE L UTERUS.
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cette derniere; fausses presentations ou fausses positions du foetus, par exemple : presentation de la tete seule ou de la tete avec un membre, ou des membres sans la tete, yui est flechie en bas ou sur Tun des cotes, ou renversöe en arriere, etc.; presentation des fesses, du dos, du ventre, etc. Dans ces differentes circoustances, Tart doit intervenir, soit pour elargir les d6troits, soit pour r6-duire le volume du foetus, soit pour le remettre en position ou en presentation naturelle, soit pour lui frayer un passage artificiel, d'oii les differentes operations dites hysterotomie, embryotomie, etc. Cette definition du Part contre-nature et ces indications des movens d'amener la parturition naturelle, sont Men 1 expression de la science et de la pratique; mais ou salt combien de difflcul-tes se presentent quand il faut que le veteriuaire ayisse. De lä, des operations multipliöes qu'il n'entre point dans notre cadre de decrire, les unes suivies d'un succes immediat, et que nous ne nommerons point, d'autres accompagnees de phenomenes patho-logiques qui doivont appeler notre attention.
ARTICLE III
TORSION DE L UTERUS.
Definition. Frequence. — Dans le langage pratique veteriuaire, on appelle Torsion de l'uterus la rotation de cet organe sur son axe, de teile sorte que le detroit vaginal donne ä la main qui I'ex-plore la sensation qu'elle eprouverait si eile penetrait dans un canal spiroide. C'est un accident assez frequent chez la vache : tres rare dans la jument. II offre plusieurs degres; il a ete observe depuis le quart de conversion jusqu'ä la revolution complete: on cite meme des cas dans lesquels plusieurs revolutions successives se sont accomplies. Rien n'en indique I'existence jusqu'au mo­ment oa la parturition doit avoir lieu : c'est alors que se mani-festent des symptömes qui temoignent de la presence d'un obs­tacle a la dtilivrance.
Cette Torsion de l'uterus a ete designee sous le nom de Torsion du col de la matrice. Cette denomination est inexacte, c'est le corps de la matrice et uon le col senlement qui s'est tordu.
Causes. — Les causes predisposantes de cet accident se trou-vent dans la forme des ligaments de la matrice de la vache, au-tant que dans leur etat d'allongement chez les vach.es qui sont travailleuses et portieres. On concoit, en effet, que I'exercice con-
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tinuel et penible, pendant la duree de la gestation, doit nöcessai-rement produire cet allongement qui permet la Torsion.
Quant aux causes occasionnelles, on les trouve dans tons les mouvements violents : les sauts, les saccades; dans les fausses positions que prennent les vaches coucMes sur une surface tres inegale et dans les cas ou, vu l'etat de gestation avancöe, elles sont forcees de se tourner sur le dos, avant de pouvoir s'ap-puyer sur les genoux pour se relever. On volt tres souvent des parts laborieux se declarer sur des vaches peu de temps apres qu'elles out du se rouler ainsi sur ellos-memes pour se relever, et l'obstacle ä la parturition n'est autre, en pareille circonstance, que la Torsion de Futerus.
Les vaches laitieres non travailleuses eprouvent rarement cet accident taut qu'elles s£journent dans des Stables tenues avec soin. Dans bien des contrees, celle ou j'exerce par exemple, le train an-terieur des betes bovines est toujours, dans les etables, quand ces animaux sont sur leurs jambes, beaucoup plus eleve que le train posterieur. Une espece de marchepied haut de 25 centimetres au moins, lorsque le sol est en arriere convert de fumier ou de litiere, et de 50 centimetres et plus, lorsqu'il a ete defume, est place sous leurs pieds de devant. Taut que les vaches ne sont point couchees et qu'elles s'axjpuient sur ce marchepied, la pause refoule et coraprime la matrice ; mais si elles se couchent dans la partie basse, quand le fumier a 6te enleve, le rumen se porte en avant, la matrice s'y porte egalement; un vide momentam'' se forme dans le bassin, et c'est par suite des mouvements peni­bles et dösordonnes auxquels se livrent les vaches pour se relever que la Torsion de l'uterns doit avoir lieu. L'ingestion de l'eau froide prise subitement, qui provoque des mouvements brusques du foetus, pent aussi etre consideree comme une cause occasion-nelle de Torsion de Tuterus. Du reste, voici comment M. Cham-bou, qui a publie dans le Recueil de medecine veterinaire, annee 1860, pag. 81-353, un excellent mömoire sur la Torsion de Tute­rus, explique I'mversion de cet organe :
laquo; On salt, dit-il, que le foetus occupe en grande partie Tune des comes uterines, la droite ordinairement, et que cette corne ac-quiert alors des proportions considerables dans tons les sens, sur-tout dans celui de la longueur. Les ligaments larges prennent aussi un tres grand d6veloppement, mais ils restent toujours fixes aux memes points, ce qui fait que I'uterus s'avance dans Fabdo-men, et vient former une masse flottante ayant ses faces supe-rieure, inferieure et laterales, et retenue seulement h sa partie posterieure par les ligaments larges et le^vagin auquel eile fait
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suite. Gelte disposition connue, il est facile de comprendre com­ment cette masse libre sur toutes ses faces pent se renverser d'un c6t6 ou de l'autre, executer une involution complete, aller meme au delä, et produire une Torsion des parties qui la contierment. Dans cette circonstance, les ligaments larges s'enroulent autour du col et sur le col de l'utörus, lesquels se trouvent tordus. Le vagin, noye dans le bassin, au milieu de tissu cellulaire et de tissu graisseux tres lache, participe aussi h la Torsion, et meme le plus sonvent il en est le siege principal.
laquo; Le col de l'uterus ne represente qu'une faible partie de cet Organe, et son peu d'etendue d'avant en arriere ne permet pas meme de supposer qu'il puisse etrc le siege exclnsif de la Torsion. En effet, la Torsion a toujours lieu sur le vagin pour s'etendre sur le col et sur le corps de l'uterus; consequcmment la denomi­nation de Torsion de l'uterus qu'on lui donne encore quelquefois, n'est pas celle qui lui convient, et M. Goubaux est beaucoup plus logique en lui donnant celle de Torsion du corps de la matrice. raquo;
La Torsion de l'uterus pent se presenter ä dülerents degres, je l'ai dejädit; mais, comme le fait observer avec raison M. Gham-bon, le quart, le tiers de Torsion et la demi-Torsion sont les cas que Ton observe le plus frequemment. La Torsion pent avoir lieu de gauche ä droite, et de droite ä gauche, d'apres ce que dit le meme praticien; mais je ne l'ai observee que de gauche ä droite, et la frequence de cette Torsion semble s'expliquer par la position oecupee par la matrice dans 1'abdomen.
Symptömcs. — Goliques plus ou moins vives, efforts expulsifs sans resultats, anus et commissure superieure de la vulve retires d'une maniere assez prononcee dans le bassin, commissure infe-rieure relevöe vers la base de la queue. Si la Torsion a eu lieu avant la sortie des eaux, cette sortie n'a point lieu qnels que soient les efforts expulsifs auxquels se livre la vache. Dans cet etat, les efforts peuvent durer pendant un jour ou deux, puis ils diminuent d'intensite, sont moins frequents, et enfm ils ces-sent de se produire. Alors la vache reste couchee; eile ne rumine point, quoiqu'elle paraisse moins souffrante; refuse toute sorte d'aliments; eile reste coucMe et ne se releve qu'avec peine et apres y avoir 6te contrainte; en meme temps son pouls devient petit et vite; les mamelles sont flasques et le ventre plus volumineux.
Ges signes exterieurs de la presence d'un obstacle ä la Partu­rition n'offrent aucune indication bien precise; pour etablir le diagnostic, il faut introduire la main dans le vagin; alors seu-lement on pent reconnaltre la nature de 1'obstacle.
laquo; Si la Torsion, ditM. Ghambon, est peu etendue, et que le col
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de I'literus soil dilate en partie, on rencontre, apres avoir frauchi le detroit vaginal, un repli membraneux, dirige obliquement de haut en Las, de droite ä gauche si l'involution de la malrice a eu lieu de gauche ä droite, et de gauche h droite si l'involution a eu lieu de droite ä gauche. Partant de rinterieur du vagin et suivant la paroi inferieure de cet organe, ce repli se prolonge jusyu'au-delä du col sur le corps de l'uterus et semble former un rideau qui obstrue completemeut le conduit uterin. On peut cependant le suivre et pcmetrer jusque sur le veau, ä la sortie duquel il s'op-pose. Les pieds de celui-ci peuvent encore etre engages dans le vagin, mais il ost impossible d'y laire parvenir la tete.
laquo; Dans la demi-Torsion, il y a une occlusion complete du con­duit vaginal; il presente alors une sorte d'inlundibulum dont le loud est occupe par de noinbreuses duplicatures de la membrane vaginale, qui semblent disposees en deux faisceaux principaux phis ou moins bien tranches, croises en X, Fun superieur, dirige k droite, I'autre inferieur, dirige ä gauche si la Torsion de la malrice est de gauche ä droite; si eile est de droite a gauche, la direction de ces deux faisceaux est inverse. Dans rinversion a droite, en suivant le faisceau inferieur, et apres s'etre introduit dans la Torsion de droite ä gauche et de haut en has, si on tourne un pen la main ä droite et en haut, de maniere ä faire prendre au bras la forme d'un S, on arrive dans rinterieur de l'utörus. raquo;
Gelte description est tres exacte dans tous ses details, c'est un bon guide ä consulter; mais il faut mettre beaucoup d'attention pour bien les saisir, el I'operateur doit, pourainsi dire, s'isoleren esprit de son entourage, quand il explore le vagin.
laquo; Souvent aussi, dit M. Chambon, les replis que presente le vagin sont contournes en spirale et forment une sorte de volute, d'entonnoir spiroide. II n'est pas toujours possible alors de recon-naitre le seas qu'ils affectent, el pour traverser cet enlonnoir la main est guidee par la resistance qu'elle eprouve.
laquo; A ce degre, il est dej.i Ires difficile de traverser la Torsion; il laut alors faire mettre la vache sur le dos, le train posterieur en position declive, contrairement a I'mdication de Wegerer. Dans cette situation, la masse uterine est refoulee vers le bassin, ce qui favorise le relachement du point lordu et rend plus facile le pas­sage de la main dans la spirale.
laquo; Si l'uterus a subi une rotation complete, les replis formes sur le vagin sont d'ordiuaire tres multiplies, contournes en con-vergeant vers le centre, quelquefois disposes en spirale; mais souvent il est presque impossible de se faira une idee exacte de
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leur disposition : l'occlusion est teile (jue la main eprouve des difficultös extremes pour s'engager au milieu de ces replis et pe-netrer dans I'literus; ce n'est cjue lorsijue la bete est mise en position dorsale, le derriere sur un plan declive, tjue Ton peut y reussir.
laquo; Dans Tintörieur de la Torsion, les replis semlilent alFe'jter nne disposition annulaire ijue Ton pourrait comparer au pas de vis d'nn ecrou on aux tours que fait le fil de fer d'un ressort ä boudin. Au milieu de ces anneaux, le bras eprouve une etreinte vigoureuse qu'il ne peut supporter longtemps. raquo;
Lesions patholosiques. — Apres la mort des vaches ayant suc-combe ä cet accident, je n'ai trouve, outre le fait principal de la Torsion, que les estomacs refoules par la matrice vers le dia-phragme, et neanmoins non rapetisses au point d'avoir perdu de leur volume ordinaire. J'ai rencontre des taches rougeätres ou bleuätres sur le peritoine autant presque que sur l'uterus, et les ligaments larges enroules vers le col utörin. Une fois, ces liga­ments etaient dechires.
Diagnostic. Pronosiic. — Le diagnostic de la Torsion est tont entier dans la constatation des symptomes plus haut rapportös. Quant au pronostic, je le considere comme facheux, d'apres les resultats de ma pratique. II est rare que le vöterinaire soit appele sans retard. Au contraire, il n'arrive le plus souvent que lorsque le travail de la parturition a commence depuis un certain temps, h cette periode oü les efforts expulsifs out cesse do se produire, et dans cette circonstance la moitie au moins des vaches suc-combent.
Traitcment. — Quand on est appele alors que les efforts expul­sifs out cesse, il fant rauimer les forces de la vache, au moyen d'nn breuvage cordial, que Ton a toujours sous la main, ou du vin ou du cidre, ou bien une infusion aromatique aiguisee par quelques centilitres d'eau-de-vie. Dans une semblable circons­tance j'ai donne une infusion de rue, et Teilet a ete favorable.
Puis, on fait rouler le corps de la vaclie dans le sens meme qu'a suivi la matrice dans son mouvement rotatoire qui a prodnit la Torsion, c'est-ä-dire dans le sens de la Torsion, pendant que le bras de l'opörateur, engage dans l'uterus, s'il a pu y parvenir, regie la marche de l'operation et aide autant que possible a la retroversion , par des resistances en sens inverse qu'il opere sur le veau en prenant sur iui un point d'appui, et sur un membre, si cela se pent.
C'est le precede recommande par divers praticiens, et qui m'a reussi; mais comme il arrive sur certains sujets que Ton ne
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peut pas se rendre uu compte Lieu exact du sens dans lequel existe la Torsion, on fait Men, je pense, d'essayer aussi d'une Torsion dans un sens oppose, quaud la premiere manoeuvre est sans resullat.
An reste, il est bon de savoir que Topinion de tons les prati-ciens qui ont ecrit sur la Torsion de l'uterus n'est pas unanime k ce sujet :
M. Goubaux dit, dans un rapport In ä la Societe centrale de medecine veleiinaire (seance du 14 juillet 1859), sur un mamp;noire de M. Weber, que la möthode de la rotation du corps de la vache a deux procedes, qu'ils sont bons tons deux, et qu'en les mettant en pratique, on peut arriver h remettre la matrice dans sa posi­tion normale.
laquo; Dans le premier precede, dit-il, le plus anciennement connu, si Ton a reconnu que la Torsion de la matrice a eu lieu de droite k gauche, il suffira de faire rouler la vache de gauche a droite, pour obtenir le retour de la matrice dans sa position normale.
laquo; Dans le second procede, celui de Wegerer, si Ton a reconnu que la Torsion de la matrice a eulieu de droite a gauche, il faut maintenir la matrice dans une position fixe et invariable, en sai-sissant les pieds du veau par exemple, et faire rouler la vache dans le sens meine de la Torsion, c'est-ä-dire de droite k gauche. raquo;
M. Chambon combat ropinion de M. Goubaux, at il ajouteque Wegerer n'a point indique la rotation en sens inverse.
D'un autre cote, on lit, dans un rapport de M. Bouley k la Societe centrale {Recucil de mid. veterinaire, 1853, p. 459) : laquo; 11 a ete possible d'obtenir la reduction de la Torsion, en faisant eprou-ver an corps de la vache uu mouveinent complet de rotation sur lui-meme, en sens inverse de celui dans lequel on aurait reconnu, par Fexploration vaginale, que la Torsion de la matrice etail produite. raquo;
En presence de ces divergences, et en consideration de la dif-ticulte de porter un diagnostic toujours certain , j'en reviens ä ce que j'ai dit plus haut, ;i savoir que lorsqu'un mouveinent de ro­tation dans un sens n'a pas de bons resultats, il est prudent d'essayer d'un mouveinent oppose.
M. Darreau, veterinaire k Courtalin (Eure-et-Loir), dans un memoire sur la parturition dont il est rendu compte dans le Bul­letin de la Societe imperiale et centrale de medecine veterinaire {Recueil de mid. veterinaire, 1852), parle d'un moyen d'operer la parturition dans los cas de Torsion de l'uterus, qu'il decrit de la rnaniere suivante :
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laquo; Les difflcultes qu'apporte la version de la matrice a l'acte de la parturition sent relatives au degre de Torsion de cet organe; la Torsion peutetre d'un quart ou d'un demi-tour, mais sans nier lapossibilite d'un ou de plusieurs tours, j'avouequeje ne I'ai ja-mais vue; je n'en parlerai done pas. Dans les deux premiers cas, il est toujours possible, mais non sans plus ou moins de difficulty, d'introduire la main dans la matrice en suivant avec precaution I'espece d'entonuoir splitiroide que presente le col de Futerus, et de saisir le foetus par les membres et la tete. An premier degre de torsion, rintroduction de la main est facile et le part pos­sible. Si Ton pent parvenir k engager la tete dans l'ötroit passage du coluterin, la traction que Ton opere sur cette partie determine la retroversion, apres quoi ou tire facilement les membres et le corps du fcetus.
laquo; Au deuxieme degrö, le part est impossible par ce pro-cede. Le taxis direct, par une Ouvertüre pratiquee au flanc, a eu quelque avantage; j'ai meme pense un moment, apres un pre­mier succes, que ce serait le seul moyen que j'emploierais dore-navant; mais malheureusement de nouveaux cas sont venus dementir mes previsions, et il m'a fallu chercher ailleurs un moyen plus eßicace.
laquo; La possibilite que j'avais toujours eue d'introduire la main dans la matrice et de saisir les pieds et la tete du veau, m'a donne I'idee d'y fixer des tiges en fer qui, exterieurement, formeraient des prolongements solides , avec lesquels on pourrait faire subir an veau le meme mouvement que si, par exemple, on le tenait par ces parties avec les deux mains. raquo;
Ce precede de M. Darreau n'est pas moins ingenieux que le jjessaire recommande par M. Leblanc; mais on ne peut s'empe-cher de reconnaitre qu'il doit etre, dans la pratique, d'une appli­cation beaucoup plus difficile que ne le pense son inventeur. M. H. Bouley est de cet avis, et, comme lui, on est oblige de se dire que laquo; dans le cas de demi-Torsion, le procede le plus sim­ple, le plus expeditif et le plus sür, est celui qui consiste ä cou­cher la femelle avec les entraves, ä la placer sur le dos et ä la renverser sur le cote oppose h celui oü la demi-Torsion a ete constatee. raquo;
Au reste, cette question a une teile importance, quo la Society centrale de medecine veterinaire s'en est occupee en 1860 dans plusieurs seances, et dans la derniöre, Topinion de la rotation en sens inverse parait avoir etc generalement adoptee. Gependant M. Gareau, qui a ete souvent mis ä meme d'obscrver ce cas pa-Ihologique, unit par conclure, comme je Tai fait precedemment,
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(jue dans le doute oü Ton se trouve presque toujours pour d6ter-miner dans quel sens a lieu la Torsion, il faut faire tourner la vachc dans un sens ou dans un autre, afln de s'assurer, apres cette premiere rotation, si la rotation a ett; faite dans le sens convena-ble, c'est-ä-dire si I'ouverture s'est agrandie; dans le cas con-traire, si ello ost plus resserree.
ARTICLE IV
RETENTION DE l'aRRIERE-FAIX
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On salt que chez la vache, la disposition des cotyledons placen-taires retarde toujours la delivrance, et necessite souvent I'inter-vention de la main pour qu'elle soit effectuee compltülement. Un retard de quelques jours pour la sortie du placenta n'est done pas un accident tres grave. Cependant, il pent le devenir jusqu'ä un certain point; on a coiiseill6 d'introduire la main dans la matrice pour enlever Tarriere-faix; mais apres un jour on deux, il est rare que cette manoGuvre puisse etre executee facilement. L'ouverture de la matrice s'est resserree, et il est souvent im­possible d'y faire passer la main. Si le placenta pend an dehors de la vulve, on pent le retirer en entier, en usant de beaucoup de menagements, en le tirant par un monvement regulier et continu.
Dans ce cas, I'operateur doit envelopper sa main d'un linge grossier quoique souple, afin de presser sufflsamment 1c corps mol-lasse qu'il tient sans le dechirer. Ce precede m'a toujours bien reussi; mais si le col de Tuterus s'est resserre avant Texpidsion complete de l'arriere-faix, il arrive inevitablement que ce corps prive de vie se decompose, se putrefie et ne sort de l'ut^rus que sous la forme d'une matiere gluante, fetide, qui se colle aux parois du vagin. On comprend quels accidents morbides penvent etre la consequence d'un pared etat : ainsi, j'ai vu une vache perir d'une infection putride a la suite de la decomposition dn placenta dans la matrice; mais ces cas sont tres rares.
Lorsque le sejour du placenta se prolonge, les premiers pheno-menes morbides appreciables sont, chez la vache, la diminution de l'appetit et de la secretion lactee, la non-rumination, I'anxiete, une certaine tension du flaue droit, et les bords de la vulve impregnes de matiere roussätre gluante et d'une odeur tres f6f ide, sui generis.
Inutile de chercher alors ;i enlever le placenta, la main ne pour-
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MKTRITE AKiUE OD METRO-PERITONITE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;801
rait peuetrer dans Futörus, ä moins de faire des deehirures qui auraiout certainemeut de graves incouvenients. II vaut mieux recourir a l'emploi de medicaments qui ont une action marquee sur la matrice et qui provoquent les contractions energiques de cet organe. On renonce h toutes les mancBuvres et Ton adminis-tre des breuvages emmeuagogues. II en est plusieurs dont I'effica-cite est assuree; tels sont les breuvages composes par döcoction, dans 1 litre 1/2 d'eau, de 30 on 40 grammes de rue verte on de sabine, on de 10 grammes de seigle ergote et 20 grammes de Sa­bine en poudre.
A la suite de radministration de Fun ou de l'autre de ces breu­vages, des efforts expalsifs se manifestent, et le placenta est rejete par portions ou en une seuleibis.
L'administration de ces breuvages n'a d'autre inconvenient que celui de laisser la vache un pen inquiete et sans appetit pendant un ou deux jours.
On secomie l'action de ces breuvages en faisant dans le vagin, an moyen d'une seringue ordinaire, de frequentes injections d'in-lusion aromatiqne tiede et, mieux, de liquides antiseptiques, tels notamment que Yeau pheniquee : 10 grammes d'acide plienique sur 1 litre d'eau. Dans les cas on Ton doit redonter une infec­tion putride par suite de la retention dans la matrice de matieres organiques putrefiees, les injections antiseptiques doivent etre conduites jnsque dans rinterieur de la cavite uterine ä l'aide d'une longue sonde ({lie Ton introduit dans le detroit du col et qui sert a la rejection des liquides injectes et des detritus qu'ils entrainent avec eux.
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ARTICLE V
METRITE AIOIJE OU METRO-PERITONITE
Dc-nnition. Frequence. — Inflammation de ruterus, compliquee ordinairement d'une inflammation du pöritoine, qui se declare apres la parturition aArant tenne ou ä terme, sans que I'onpuisse affinner qu'elle soit plus frequente dans im de ces cas que dans l'autre.
Causes — Les coups violents, les hearts, les travaux tres peni­bles qui ont occasionne Tavortemeiit, donnent lieu aussi ä la Metro-Peritonite, de meme que rinsolation prolongee, le pas­sage subit d'un air chand ä un air froid, la pluie que les vacbos
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oat ä suijporter pou de temps apres la parturition a terme on ravortement, les boissons prises a une basse temperature, le sejour prolonge de la vache dans une etable oü regne un air humide, etc.
Symptüiues. — Tension de l'abdomen, plus particulierement vers le flanc droit, qu'il ne faut pas confondre avec celle qui resulte d'une affection gastro-intestinale. Celle-ci ne se manifeste gnere yu'au flanc gauche, d'une facon souvent fort irreguliere; eile diminue parfois ou eile augmente ; eile est pins intense dans certains moments qu'elle ne Test dans d'autres; tandis que la tension ou le meteorisme produit par la Metro-Peritonite est constant, ou pour mienx dire se maintient an meme degre, jus-qu'ä ce que la Mötro-Peritonite commence a perdre de son inten-site sous rinflueuce d'un traitement convenable.
La vache affectee de cette maladie a la respiration precipitöe et un peu convulsive; son pouls est petit et concentre ; eile donne des signes de douleur quand on comprime son abdomen un peu fortement avec la main lennee, surtout dans la region dn flanc droit; eile tient la tete appuyee sur le flanc et ne se couche qne rarement, les parois droites de l'abilomen portant sur la litiere; eile a le mufle sec, ne rumine point, refuse tous les aliments qu'uiilui presente ; eile se couche et se releve souvent, fait enten­dre de sourdes plaintes ; eile est constipee an point que son rec­tum ne se vide pa's toujours au moyen de lavements : il faut la louiller pour debarrasser cet intestin, et les excrements sont durs, sees et d'un tres petit volume; la vulve est beante en partie el enduite d'un mucus filant qui exhale une odenr fetide; la mem­brane du vagin est rouge et violacee ; la secretion du lait a dimi­nue considerablement ou bleu eile est completement suspondue. On remarque quelquefois que la vache affectee de Metro-Perito-nite a la marche tellement difficile qu'on pourrait supposer qu'il existe chez eile un commencement de paralysie.
iHarche. Dnrce. Terniinaisous. — La Metro-Peritonite se declare subitement, un ou deux jours apres la parturition a terme ou avaut terme ; rarement apres cet espace de temps. Sa marche est rapide; les principaux symptönies se manifesteut desle debut, presque dans tonte leur iutensite. Sa duiee n'est point longue; eile ne depasse guere la huitaine ä dater do son apparition, ;i nioins qu'elle ne passe ä l'etat chronique, qui est une de ses li'iminaisons. Je l'ai observee plusieurs fois sous cette forme.
Done une de ses terminaisons est letat chronique quand eile a ete ahandonnee ä elle-meme, principalement chez leS vieilles vaclies, usees et maliugres. Mais sa ternynaison la plus ordinaire
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METRITE AIC.UE OU METR0-PERITON1TE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 803
est la resolution, si. des les premiers jours de sou apparition, uu traitement rationuel a ete mis en pratique.
Lesions pathoiogiques. — Gelle fait la description suivaute des lesions observees ä Touverture d'une vache a£fectt5e de Metro-Peritonite, qui mourut le second jour de la maladie : laquo; Sys­teme veineux sous-cutane fortement injecte; chairs d'uu rouge vif; meninges tres injectees; cerveau ferme, mais pas plus rose que de coutume; plevres, poumons, pericarde, cceiu-euflammes et violacös; un peu de serosite sanguinolente dans le pericarde et la plevre; peritoine, epiploon, rumen, intestins, mesentere montrant des traces d'inflammation et portant des laches vio­lettes; veines tres injectees; foie, rate et reins dans le meine etat; rinflammation etait plus marquee an peritoine et dans les in­testins greles, dont la muqueuse etait tres iujectee et d'un rouge noir; vessie ballonnee, pleine d'urine foncee en couleur, et en-flammee; matrice offrant les traces les plus marquees de phleg-masie; sa membrane peritoneale et ses ligaments suspenseurs etaient tres colores; la membrane muqueuse fortement coloree aussi et injectee, surtout au col. raquo;
Les symptömes decrits par Gelle ne sont pas absolumentceux de la Metro-Peritonite; ils se rapportent plutöt ä la maladie de-crite sous le nom de Fievre vitulaire, et les details de l'autopsie couflrment cette opinion.
Les lesions de la Metro-Peritonite sont: engorgement de l'ute-rus; rougeur tres vivo ou violacee de sa membrane muqueuse et de sa membrane peritoneale. Le peritoine et l'epiploon portent aussi des traces de la plus vive inflammation, laquelle s'etend ordinairement ä la vessie. Les autres lesions remarquees dans les organes digestifs, par les veterinaires qui out ecrit sur cette ma­ladie, sont le resultat du trouble qu'eprouveut toutes les fonc-tions pendant la duree d'une inflammation qui a eu la mort de 1'animal pour resultat.
Diagnostic. Pronosiic. — Le diagnostic de la Metro-Peritonite s'etablit : par 1'existence de la tension continue de rabdomeu, re-quot; marquable surtout au flanc droit; par la doulcur que manifeste la vache toutes les Ibis que Ton comprime fortement cette partie; par la rougeur tres vive de la membrane du vagin et par I'ecou-lement de mucosites filantes et fetides qui se montrent au vagin et aux bords de la vulve.
Le pronostic n'est facheux que lorsque, dans les deux ou trois premiers jours du traitement, les symptömes generaux n'ont point perdu de leur iatensite et que la tension des flaues n'a point diminue sensiblement; alors on pent craindre la mortou la
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terminaison en I'etat chronique, ce qui ae vaut guere mieux.
Ce dernier etat, caractöriso par la persistance de tous les symp-tömes, mais avec une intensite moiadre cpie dans le debut, ne laisse pas beaucoup d'espoir de guörison.
Truiteiiieut. — Si la vache est en bon etat, la saignee est le premier moyen ä mettre en pratique. On la fait de prel'erence h la veine sous-cutanee abdominale on mammaire, toujours volu-mineuse snr les vaches qui viennent de mettre bas. Cette saignee doit neanmoins etre toujours en rapport avec I'etat de lanimal. II est evident que la saignöe qui pent etre de 3 on 4 kilogr., meine de 5 cliez les vaches de forte taille, jeunes et non maigres, doit etre Men moindre si les vaches sont tres ägees et presquc decharnees, comme le sont trop souvent les betes de travail.
La saignee ä la saphene pout reraplacer, jusqu'ä im certain point, celle de la veine mammaire; il y a des praticiens qui I'in-diquent ä l'exclusion de tout autre. Je ne suis point de leur avis.
Si les vaches sont en assez mauvais etat, on fait une saignee moins copieuse que celle dont j'ai parle plus haut; mais si I'in-tlammation est tres intense, on reiterc la saignee dans la meme journee oule lendemain, quand meme le pools ne serait pas Men developpe. On salt qu'il en est ainsi dans toutes les inilamma-tions des membranes sereuses. Les bains de vapeur aqueux et les lotions emollientes peuvent etre employes; ils n'oflVent aucun inconvenient, mais j'ai appris ä ne pas compter beaucoup sur leur emploi. Les sachets de son cuit appliques et maintenus sur la region lombairc sont d'une efficacit6 moins douteuse. On admi-nistre des demi-lavements emollients, tiedes seulement; froids. ils donnent lieu ä une reaction pen favorable; et trop chauds, ils augmentent l'intensite de l'inflammation. J'insiste sur ces de­tails, parce que les lavements emollients, qui sont un des i.ioyons therapeutiques auxquela on pent accorder une grande confiance. sont quelquefois administres de raauiere ;i produire un eifet tout oppose a celni qu'on devrait en obtenir.
Les onctions mercurielles faites autour des mamelles, sous I'ab-domen et au plat des cuisses, m'ont donne des resultats avanta-geux toutes les fois qu'il ne m'a pas ete possible de combattre d'abord ^inflammation par la saignee.
Apres une forte saignee sur les vaches en bon etat, comme apres une saignee pen copieuse sur les vaches vieilles on mai­gres, on meme quand la saignee n'a pu etre pratiqnöe, on fail sous le venire et an plat des cuisses des frictions, repetees trois fois par jour, d'essence de terebenthine ; ces frictions qui, h mes yeux, sont d'une effleacitö incontestablo, excluent les onctions
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uiei'curielles. Au reste, yuand on fait emploi de ces dernieres, il laut preudre toutes les precautions necessaires pour eviter qae les vaclies puissent se lecher. On administre des Lresivages adoucis-sants et nitres seulement, lorsque Ton s'apercoit que rabdomeu s'evase et que par la percussion on reconnait qu'un epanchemenl sereux commence ä se produire on s'est produit.
Du moment ofi, par la remission des symptömes, la conva­lescence s'annonce, les vaches atteintes de Metro-Peritonite, qui d'abord auraient du etre mises ä une diete stsect;vere, recoi-vent une demi-ration de iburrage et sont abrcuvees avec de l'eau fortement chargee de farine d'orge, ou de seigle, d'avoine, etc. Chaque jour, au reste, et meine plusieurs fois par jour, il faut, si elles out un veau, lui faire prendre le trayon de la more et h son defaut traire ou du moins essayer de traire la vaclie : c'est tm moyen derivatif excellent, et il a de plus l'avantage de con-server ou de faire reparaitre la faculie secretoire des inamelles.
Le traitement do la Metro-Peritonite chronique differe du pre­cedent, en ce que la saignee doit en etre banuie ainsi que les onctious mercurielles et les bains de vapour. II consisle principa-lement dans les frictions repetees d'essence de terebentbine sur de larges surfaces de la region abdominale, dans les boissons nitröes h haute dose, de 60 ä 80 grammes par jour, divisees en trois portions (5gales, administrees chacune dans une decoction de parietaire ou de racine de persil.
De temps ä autre, on alterne ces breuvages nitres avec uu breuvage purgatif, si l'etat des organes digestifs le permet, c'est-n-dire s'ils ne sont pas sensiblement irrites.
Breuvages nitrds.
Nitrate de polasse......................... 30 grammes.
Decoction Je parietaire (une poignee)......... 3 litres.
Nilrate de polasse...:..................... 30 grammes.
Decoction de racine de persil...... ........ 3 litres.
ARTICLE VI
FIEVRE VITULAIRE Synonymie : Collapsus du part, Suite de vilage.
D^Ouition. Frequence. — On designe sous le nom do Fievre vi-tulaire, une maladie particuliere aux vaches qui viennent de
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mettre bas. Fahrende Geneve) I'a nommee Collapsus du part. Elle est appelt'e par Schaack Suite du velage.
Gelte maladie parait avoir ete souvent observöe en Allemagne: eile doit se manifester plus particulierement dans toutes les con-trees oil Ton conserve un grand nombre de vaches laitieres; mais eile appnrait rarement dans les pays ou les vaches sont travail-leuses et portieres; aussi n'ai-je pas eu l'occasion de I'observer souvent.
Causes. — Rainard dit : laquo; Cette maladie apparait, sans causes appreciables, dans les trois ou quatre jours qui suivent le part. La saison, la temperature, la race. Tage, le genre d'alimentation, les habitations ne paraissent avoir aucune influence sur son developpement. raquo;
Je ne saurais partager cette opinion ; les observations de Fie-vre vitulaire que je possede, au nombre de huit ou dix, se sont toutes declarees sous Finfluence des intempöries qui sevissaient au moment ou les betes fraichement velees commencaient a etre employees de nouveau au labourage; la möme cause donne lieu egalement ä la metro-peritonite. Dans d'autres regions oü les in­fluences climateriques different de celles de la region oü ont ete •faites les observations qui me sont personnelles, il est tres pos­sible que la mötro-peritonite soit moins fröquente que la Fievre vitulaire ; mais ici, aux lieux oü j'ecris, c'est le contraire qui se fait remarquer. Felix Villeroi dit qu'ä Sarrebruck cette derniere frappe surtout les vaches des brasseurs et des boulangers, lesquel-ks sont fortemcnt nourries ct ne sortent jamah dc Vetable. Cette der­niere reflexion donne ä penser que les travaux auxquels sont. soumises les vaches travailleuses et portieres, pourraient Men etre pour elles jusqu'ä un certain point un preservatif de la Fie­vre vitulaire.
Symptnincs.— Raiuard donne des symptömes de cette maladie la description suivante :
laquo; Les vaches tombent malades instantanement le lendemain ou le plus ordinairement le surlendemain de la mise-bas, sans aucun signe avant-coureur. Tout ä coup elles cessent de man­ger; la temperature exterieure de leur corps s'abaisse; leur de­marche est chancelante; la station sur les membres leur est impossible; elles tombent sur la litiere sans se relever, et demeu-rent dans un etat remarquable d'insensibilit6. raquo;
Sur nos vaches, la Fievre vitulaire se manifeste d'abord par des frissons, par la söcheresse de la peau, le redressement des polls et de sourdes plaintes. La prostration des forces et l'anean-tissement des fonctions cerebrales (collapsus), qui sont des symp-
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tomes caractöristiques de cette affection, ne sent reellement tres apparents qu'apres la phase d'invasion aiinoiicee par les fris­sons. A la suite, on remarque du larmoiement plus ou moins considerable, et quelquefois des mucosites visqueuses qui fluent des commissures des levres, quoique le mufle reste sec. Le pouls est petit et vite; la respiration irröguliere et souvent plaintive, rälante, saccadee et entrecoupee par une toux courte et un peu sifflante.
L'appetit est mil,; la rumination ne se fait point; les matieres contenues dans le rumen et le feuillet se dessechent, et la diges­tion gastrique propreirient dite et intestinale est egalement sus-pendue.
La bete reste couchöe, tenant sa tete de cote, appuyee sur la liticre, ou bien le mufle portant sur cette litiere. On voit des va-ches qui tiennent pourtant la tete soulevee et les membres antlt;5-rieurs non replies sous le sternum, et port6s en avant dans un etat de demi-flexion. Dans ce cas, la respiration est courte, pre-cipitee; et e'est afin c!.e respirerplus ä l'aise lt;jue les vaches pren-nent cette position.
Ces symptomes ont une marche rapide.; en quelques heures, ils se produisent dans touJ.e leur intensite.
Si d'abord la temperature de la pear, s'est abaissöe considera-blement, eile se releve bientöt, et Ton remarque tres souvent une alternance de froid et de chaleur qui se fait brusquement d'une maniere tres sensible. Les cornes participent ä ce mode d'etre; elles sont aussi alternativement ou chaudes ou froides. Quand la chaleur s'eleve ainsi, la bete n'a plus les oreilles pendantes comme eile les avait dans la periode du froid.
Marche. Our.-laquo;-. Terininuisitns. — Le marche de la maladie est tres rapide. Les symptomes se manifestent dans leur plus haute intensite, dans l'espace de trois ou quatre heures. Sa duree ne depasse guere trois ou quatre jours, et la terminaison ordinaire est la mort. La guerison est une exception rare.
On signale, comme une particularite remarquable, I'etat normal des mamelles pendant la duree de la Fievre vitulaire, et Ton assure que la secretion du lait se fait presque aussi bien que lorsque les vaches sont en bonne saute. On a dit que cette secre­tion 6tait assez abondante pour nourrir le veau. Je suis fort teilte de revoquer en doute cette particularite en effet fort re­marquable; car je ne I'ai observee dans aucune des observations que j'ai faites. II est vrai de dire cependant que nos vaches travailleuses et portieres, etant moins bonnes laitieres que les vaches exclusivement laitieres, il n'est pas etonnant que la secre-
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lion du lait ne se fasse pas d'une maniere aussi apparente pen­dant la Fievre vitulaire i]ue chez ces dei'nieres.
i.csioiis pathuiogiques. — Je n'ai pas eu l'occasion de faire des autopsies. Schaack dit que tous les visceres sont sains, et que la viande a taujours ete consommee sans le moindre danger. Sur un sujet, chez lequel la maladie etait compliquee le troisieme jour d'un ecoulement noir pav I'anus, Schaack a rencontre des taches gaufrees et des ecchymoses sur divers points de la lon­gueur des intestins. II ne dit point s'il existait des lesions dans I'utems.
Felix Villeroi dit : laquo; A l'ouverture des betes qu'on fait tuer des l'invasion du mal, on ne remarque ordinairement qne des traces plus ou moins distinctes d'inflammation des organes de la diges­tion, de ruterus et quelquefois do la vessie; tandis que chez les hetes mortes des suites de la maladie, I'etat inflammatoire est bien prononce sur les quatre estomacs, sur les intestins greles comma sur les gros, sur la matrice et sur la vessii1. Les membra­nes söreuses et mnqueuses de ces organes soiit constammeht plus ou moins rouges et parsemöes de taches noires. On trouve ordinairement la pause et le troisieme estomac remplis d'une grande quautite de fourrage, qui est desseche et dur. Tous les grands vaisseaux, particulierement ceux de la veine cave et de la veine porte, sont gorges d'un sang noir et epais. raquo;
Diagnostic. Pronostic. — Les symptömes caracteristiques tirent ici leur importance principale de leur apparition apres la mise-bas. Ainsi, dit Villeroi, laquo;lorsque les vaches qui, apres avoir tout recemment fait le veau, avaieut jusqu'alors presente les signes d'une bonne saute, deviennent tristes sans cause apparente, qu'elles perdent l'appetit, refusent meine toute nourriture, ne ruminent plus, ne peuvent plus se tenir sur leurs jambes; qu'elles restent constamment couchees, en appuyant la tete sur les flaues, sur la mangeoire ou sur la litiere, on pent facilement diagnosti-quer 1'existence de la Fievre vitulaire. raquo;
D'apres tous les praticiens, le pronostic de la Fievre vitulaire est tres grave, et en general ils conseillent de faire sacrifier les animaux qui en sont atteints et de les livrer a la boucherie.
Traitemeni. — Tres incertaiu dans son application. Schaack, croyant dans le principe ä 1'existence d'une phlegmasie de l'in-testin, de l'uterus et des centres nerveux, prescrivait des breu-vages frequemment administrös, faits avec du tilleul, de la gui-mauve et des feuilles d'oranger. Quel amalgame! II appliquait aussi des revulsifs energiques a I'exteiieur : exutoire ä l'ellebore au fanon, sur les lombes et aux fesses; msutarde sur les quatre
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extremites. Ces nioyens, dit-il, ne lui out doniie aucuu resultat. Je le crois saus jjeine.
Mais voici le traitement conseille par F. Villeroi; c'est a peu pres celui quej'ai mis en pratique : ila du moius le merite d'etre ratiouuel :
laquo; Oil pratique d'abord une saiguee ä la jugulaire, et Ton tire de 2 ä 3 kilog. de sang, suivant Tintensite de rinflamniation, Tage et la force de la bete. raquo; Je pratique de preference la saignee ä la veine mammaire. laquo; On administre cnsuite de trois heares en trois heures des breuvages comjtoses de : sei de Glauber, 60 ä 90 grammes; sei de nitre, 15 grammes, dissous dans de l'eau chaude, puis etendus dans une decotion emolliente, comme grains de lin, mauve, etc. Ces breuvages sont continues jusqu'ä ce que la fievre et les symptomes inflammatoires soient apaises. raquo;
Rien ä dire sur la composition des breuvages, sinon qu'il est Itlus simple de faire dissoudre dircctement le sei de Glauber dans la decoction emolliente, et qu'il est an moins inutile d'y ajouter 15 grammes de sei de nitre.
Dans le cas de constipation opiniätre, on ajoute ä chaque breu-vage 120 ä 200 grammes d'huile de lin, et rbn administre des lavements emollients (trois on quatrepar jour), jusqu'ä ce que la constipation ait cesse.
On fait usage de frictions faites avec le bouclion de paille, et mieux encore avec l'essence de terebenthine, sur la colonne dorso-lombaire et sur le ventre.
L'engorgement et rinflamniation des inamelles, qui se mani-festent ordinairement pendant le cours de la maladie, doivent etre traites par des embrocations adoucissantes : les onctions d'altbca, d'onguent populeum, lögerement camphre ; et si I'en-gorgement tend ä s'indurer, on fait des frictions avec le liniment ammoniacal camphre. Je repousse, dans ce cas, l'emploi de la pommade mercurielle; il offre des inconvenients trop graves pour qu'on puisse y songer.
Ici, comme dans tons les cas d'engorgement des mamelles, il laut de toute necessite avoir le soin de traire les vaches plusieurs Ibis par jour, afin d'eviter la formation de depots laiteux, qui out toujours beaucoup de gravite. L'inflammation acquiert par leur presence une intensite considerable; la suppuration en est la consequence, et souvent apres la guerison la mamelle s'atrophie. Done, il faut traire la vache avec beaucoup de soin, quand meme le lait jaillirait sanguinolent.
Combattue par ces moyens, la Fievre vitulaire n'est pas une maladie toujours mortelle; mais la marclie est si rapide, que le
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traitement euratif doit etre appliqu6 sans retard, et qu'il imporle beaucoup de prevenir son apparition en tenant les vaches a un regime alimentaire, qui ne les predispose pas aux inflammations. Lenrs aliments, dit Villeroi, doivent etre sains, nutritifs et en quantity moderee, et il laut faire attention ä la qualite comme a la quantite de la boisson.
ARTICLE VII
PARALYSIE DES VACHES APRES LE PART
iiiiiiiition. Causes. — La maladie qui se trouve d6signee ici sons ce nom, n'est pas nne Paralysie essentielle ; eile resulte d'un etat congestionnel des grands centres nerveux. C'est le travail de la parturition qni amene cet etat sur des sujets plethoriques nour-ris abondamment et non soumis a un exercice journalier. Les vaches travailleuses en sent rarement affectees. Les laitieres pro-prement dites, parce qu'elles ne travaillent point habituellement. y sont beaucoup pins exposees.
Sjmpionics. —• lls se manifestent peu d'heures apres le velage : aux symptömes generaux qui sont communs ;i presque toutes les maladies des betes boviues, tels que le defant d'appetit, la non-rumination, le pouls plein et fort, tumultueux parfois, se joint un Symptome caracterislique : nne paralysie incomplete qui sem-ble aifecter plus particulierement le train posterieur.
Souveut les vaches resteut couchees sur la litiere sans pouvoir se relever; elles paraissent presque insensibles ä la piqüre de I'aiguillon ou an fouet. Si elles sont placees sur lenrs membres, elles ont nne peine extreme ä se mouvoir, et quand, ä force d'exci­tations, elles s'essayent a changer de position, on les voit chan-celer et relever brusquement les membres, pour les laisser re-tomber-brusquement aussi sans que la marche ait en lieu. Mais la vache ne reste pas longtemps debout, eile se conche, etend ses membres sur la litiöre, et se livre parfois ä des mouvements qui ne constituent pas un elfort süffisant pour qu'elle puisse changer de position. A cet etat succede bientot un engourdissement gene­ral; alors la sensibility est totalement emouss6e. Neanmoins an bout de quelques heures, des convulsions, Ö'abord de courte dur6e, mais qui ensuite se prolongent davantage, se declarent, et sont accompagnöes de sourdes plain tes, qui de temps a autre ressem-blent ä de faiblcs mugissements. Le pouls s'efface, le m6teorisme survient, les dejections alvines sont expulsees spontanement, et
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enfin les animaux affectös succombent, lorsque la maladic n'a pas et6 combattue rationnellement on ne I'a pas ^t6 du tout.
Cependant eile ne se manifeste pas toujours avec un tel degr6 d'intensite; quelquefois, les symptomes sont moins saillants, et quoique la gene de la locomotion seit grande, la vache prend quelques aliments; eile rumine quelque pen; ses paupieres re-couvrent moins le globe; eile est sensible ä la piqüre de l'ai-guillon ou au fouet, et la secretion laiteuse reste süffisante pour allaiter le veau. Mais il ne faut pas compter sur une guerison spontanee de cet 6tat, la Paralysie, pour etre moins prompte h se declarer complötement, 6tant, malgre cela, la terminaison pres-que certaine de la maladie.
C'est rarement que la guerison a lieu par les seuls efforts de la nature; lorsque la difflculte des mouvements de locomotion est le seul Symptome qui se manifeste, et si la vache mange, rumine, s'etire meme, tient les yeux grands ouverts comme dans l'etat de sante, on peut croire que la gene des mouvements n'est point due a une compression reelle des centres nerveux, mais seulement ä la compression qu'exerce la matrice dans son etat de plenitude sur les vaisseaux sanguins et sur les nerfs qui por­tent la vie aux extrömites posterieures. S'il en etait autrement, comment pourrait-on s'expliquer le retour presque spontane de la liberte des mouvements par le seul fait dun repos de quelques instants ou de frictions excitantes sur la colonne dorso-lombaire ?
Diaenustic. Pronostic. — Le trouble des fonctions et la Paraly­sie caracterisent suffisamment la maladie, pour permettre d'eta-blir un diagnostic certain.
Quant an pronostic, il se formule d'apres le degre de gravite des symptomes : tres fächeux, quand la maladie se manifeste avec rintensite decrite plus haut; favorable ordinairement, toutes les fois que les symptomes n'ont pas atteiut ce degre d'intensite, surtout lorsque la gene des mouvements n'est aecompagnöe par la manifestation d'aucun des symptomes generaux dont il a 6te fait mention.
Lesions puthoiogiqnes. — Injection tres remarquable des mem­branes du cerveau et de la moelle epiniere, avec öpancherneut s6ro-sanguinolent dans les ventricules du cerveau; traces evi­dentes de congestion sanguine sur le peritoine; rougeur pronon-cee des membranes muqueuses du vagin. Les organes qui sont le moins congestionnt's sont ceux du thorax.
Traitcment. — Saignöe ä l'artere coccygienne. C'est par cette saignee que Ton obtient plus promptement la resolution des ma­ladies congestionnelles. Apres la saignee, des frictions d'essence
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de terebenthiae sur la colonne dorso-lombaire, et au debut, des affusions continues d'eau froide sur la tete, avec persistance pen­dant plusieurs beures; des lavements laxatifs, composes chacun avec une dissolution de 100 grammes de sulfate de magnesie dans I litre d'eau tiede.
Los frictions d'essence de terebenthine doivent aussi etre faites aux cuisses, ä leurface interne et externe; et cettepartie du trai-tenient suffit pour faire disparaitre le commencement de Paralysie (jui ne se manifeste (pie par un pen de gene dans les mouvements dp la locomolion.
ARTIGLE VIII
CHUTE OU RENTERSEMENT DU VAGIN
On designe sous le nom de Renversemmt du vagin, un deplace-inent de la muqueuse vaginale, qui se trouve rejetee en arriere, en deliors de rorifice vulvaire, ä travers lequel eile se montre sous la forme d'une tumeur rouge, violacee, faisant saillie an deliors de la vulve, inclinee en bas, oü eile presente une Ouver­türe au fond de laquolle s'apercoit le col de l'uterus.
.11 est des causes predisposantes de la Chute du vagin. On remar-que que toutes les genisses ou les vaches dont la queue est rele-vee, dont ranus est enfonce et la vulve proeminente, sent plus snjettes ä cet accident que celles dont la conformation ne pre-sente point ces defauts.
Les causes occasionnelles sont, pour les gönisses comme pour les vaches, la facheuse habitude que les cultivateurs out, dans certaiuos con trees, de placer sous les pieds de devant de ces ani-inaux des marchepieds eleves de plusieurs centimetres au-dessus ilu plan sur le(]ael reposent les membres posterieurs; de teile sorte que pour prendre le fourrage qu'on leur donne dans un rä-telier tres eleve au-dessus de la mangeoire, ils se trouvent dans une position teile que, forcement, les visceres abdominaux sont rejetes en arriere, et par cela meme pesent continuellement sur le vagin. On ne saurait expliquer autrement les Chutes, nombreu-ses du A'agin sur des genisses n'ayant jamais ete saillies.
Le vagin est souvent renverse pendant la gestation, sous I'in-fluence de la meme cause ; mais il faut dire que lorsqu'il a et6 renverse une premiere fois, son renversement devient periodique; il se renouvelle pendant toutes les gestations subsequentes au premier renversement.
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C'est un accident d'autant plus grave, qua, dans ce cas, sa membrane muqueuse s'irrite, (]u'elle devient peu ä peu le siege d'une inflammation lente et continue, qui a pour resultat un eu-gorgement des tissus avec induration, et toujours incurable.
La reduction du vagin renverse n'est une operation difficile que lorsque cet engorgement des tissus existe; sans cela, eile est facile; mais cette reduction n'est que momentanee : la Chute on le Renversement se reproduit par le seul fait de la position incli-nee en artiere du corps de ranimal. II est meme rare que le Ren-versement de l'uterus n'ait pas lieu apres la parturition sur les vaclies qui, etant en etat de gestation, ont eprouve la Chute du vagin.
Toutes les fois qu'une vache en etat de gestation est affecteede la Chute du vagin, on doit la placer de teile maniere, ä l'etable, que ses quatre membres reposent sur un plan incline plutot en avant qu'en arriere, parce que, lorsqu'elle a pris son repas et que le rumen est plein, la Chute du vagin se renouvelle meme si les qnatre membres reposent sur un plan horizontal. Qnand cette Chute se renouvelle tous les .jours, il faut, en attendant que la delivrance de la vache ait eu lieu, nourrir cette bete avec des aliments qui, sous un moindre volume, puissent rentretenir en bon etat, afin d'eviter que le rumen acqniere apres chaque repas un volume trop considerable.
ARTICLE IX
RENVERSEMEXT DE L'UTERUS
Definition. Frequence. — Le Renversement de l'uterus est un accident qui se manifeste assez frequemment chez les vaches, et consistant dans le deplacement de cet organe, rejete en arriere, hors de sa position normale, par la dechirure ou I'extension exa-geree de ses ligaments suspenseurs, et retournecompletement, de facon ä montrer äl'exterieur sa face interne plus ou moins recou-verte de cotyledons dechires.
Causes. — Le Renversement de l'uterus, tres grave dans beau-coup de cas, peut etre une suite de la parturition avant terme, comme de la parturition ä terme et du part laborieux, du part contre-nature et de manoeuvres maladroites faites pour extraire le fcetus. Toute extraction faite avec violence peut amener le Renversement de l'uterus. II faut dire aussi que chez certaines vaches il existe une predisposition ä cet accident. On voit de ces
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814nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DE L APPAREIL GENITO-URINAIRE.
Jemelles chez les^uelles le llenversement a lieu saus qu'aucune manoeuvre ait ete employee pour operer la delivrance, etd'autres (jui sont atfectees d'un Renversement plus ou moius considera­ble, toutes les fois qn'elles mettent has : celles preciseraent qui etaient sujettes a la Chute du vagin. II faut croire que dans ces cas I'accident se produit par suite d'un reldchement eonstant des attaches de 1quot;uterus.
M. U. Leblanc, dans le Recueil de Medecine veterinaire, annee 182G, page 346, donne sur les causes de cette affection les indica­tions suivantes :
laquo; Les vaches, dit M. Leblanc, sont tres exposees au Renverse­ment de l'uterus apres les parts laborieux, les parts contre-natnre, apres ceux qui out ete operes par certains empiriques iguorants, dont les proc6des sufiisent seuls pour determiner cet accident, apres les delivrances faites par des mains inhabiles. II arrive souvent dans les campagnes qu'on applique au jeune ani­mal qui va naitre des forces considerables quand il s'offre quel-ques difiicultes ä sa libre sortie de l'uterus : ou fixe des cordes ou des courroies aux parties qui. se presentent les premieres, u'importe lusquelles; puis on commande ä un plus ou moins grand uombre d'aides de tirer dessus avec toute I'energie dont ils sont capables. On va quelquelbis jusqu'a atteler un animal, que Ton fait tirer sur les cordes fixees au nouvel etre. Le Ren­versement de Tuterus n'est cependant pas toujours cause par ces manoeuvres vicieuses; il est frequemment spontane et quel-quefois habituel chez certaines vaches, que le part soit heureux ou non. raquo;
SymptAmes. — Le Renversement a lieu de la manierc suivante : le fond de Tuterus se deprime, s'invagiue dans sa propre cavite, sort a travers 1'orifice uterin et s'echappe par la vulve; alors il forme une tumeur tres volumineuse qui pend jusqu'auxjarrets et meme plus has; eile est rouge, violette, parsemee de tumours cotyledonaires, auxyuelles adherent souvent des fragments du placenta.
Si le deplacement est incomplet, I'organe renversepeutoccuper seulement la cavite du vagin dont I'orifice a demi-beaut fait une forte saillie en arriere.
R^ductiun. — Aussitöt que le Renversement a eu lieu, I'indica-tion urgente est la reduction, qu'on opere de la maniere suivante :
Si la vache est couchee sur la litiere sans pouvoir se relever, ou si eile ue fait aucuu ellbrt pour ceia, on la laisse dans cet etat afin de ne pas la fatiguer inutilement et d'eviter des contractions des muscles pelviens; car, pour que la reduction soit faite avec
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RENVERSEMENT DE L UTERUS.
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l'acilitö, il est bonque ces contractions n'aient point lieu. Un aide introduit les doigts d'une main dans les naseaux de la vaclie, et de l'autre main il pese sur les comes, afin d'elondre I'cncolure en soulevant le mufle legerement; d'autres aides fixeiit les mem-bres en les reunissant par les extrömites, au moyen de cordes tni'on trouve toujours dans les etables; puis on fait soulever la matrice qui traine sur la litiere, et apres l'avoir nettoyee avee de l'eau tiede des saletes qui s'y sont attacbees, on la fait reposer sur des linges propres.
Quand la vache est debout appuyee sur ses quatre jambes, on la fait attaclier par les cornes a la creche, au rätelier, ou ä un point d'appui solide quelconque, de maniere que son train pos-terieur se trouve plus eleve que le train anterieur. Dans cei etat, {'uterus pendjusque sur les jarrets et au-dessous; on le nettoie comme lorsque la vaclie est coucliee, et on fait soutenir I'uterus sur des linges propres tenus par deux aides.
G'est dans ces ditferentes positions que Ton procede au replace­ment de la matrice renversee.
laquo; Quelle que soit la cause du Renversemeut, dit M. LeManc, il est constant quo le premier soin a avoir est de replacer I'ute­rus. Avant d'y proceder, on dispose le sol sur lequel doit raster la vache, de maniere qu'il soit plus eleve vers les membres pos-terieurs de cet animal. On fait une bonne litiere. Lorsque Ton vent deplaci-T la vache, la matrice renversee est soutenue par des aides, au moyen d'un linge qui sort ensnite ä soulever cet organs quand I'operateur est pret ä agir; mais celui-ci doit auparavaul examiner l'etat de la matrice, qui, dans la tres graude majorite des cas, ne doit recevoir d'autres soins que des lotions d'eau tiede, employees pour enlever toutes les ordures provenant du funiier sur lequel cet orgaue deplace est reste applique pendant un tenvps plus ou moins long, car il arrive presque toujours que les vaches qui out eprouve le Renversemeut de la matrice restent couchees.
laquo; On enleve aussi le sang et les diverses maderes produitespar la secretion qui couvrent la membrane de I'uterus. Si, lorsque Ton est pret ä operer, la vache est coucliee, on la fait relever, si cest possible, afin que la cavile abdominale, cessant d'etre com-primee par le sol, devienne plus ample et permette que le repla­cement de rulerus se fasse avecfacilite ; on vide ensuitele rectum. Un aide saisit la vache par le nez et par une come, et il doit avoir le soin pendant roperation de pincer fortement la cloisou nasale, afin que la douleur qu'il cause produise une diversion qui amene un ralentissement des contractions incessanles que fait la vache pendant qu'on essaye de replacer I'literus. L'opera-
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tear doit avoir soin encore, avant d'agir, de se couper les ongles des mains et d'oindre ces dernieres de beurre frais on d'huile d'olive. raquo;
Avant de döcrire Foperation, il me parait encore utile de rap­peler quelques opinions de Chabert, ä ce snjet. II vent qne les tumefactions qne Ton romarque snr la face renversee de Tuterus soient profondement scarifiees, dans le but de donner issue, dans certains cas, ä Vhuincur charhonncuse fjue renferment ces tume­factions. Chabert, entraine par les idees et les theories medicales de son temps, voyaitle charbon partout, comme les veterinaires de tons les temps, qni n'ont pu former lenr jugement d'apres de nombreuses observations. Alors un 6pancliement sanguin, un (edeme, on une tnmeur emphysemateuse, devaient etre des sym-ptömes d'une affection charbonneuse qu'il fallait combattre par les moyens les plus 6nergiques : les scarifications, les lotions cor­rosives, le cautere actuel, etc.
En realite, ces tumeurs qne Ton remarque sur la membrane de Tuterus renverse, qui traine sur la litiere on descend sur les jarrets, sont le produit d'une compression, d'un liraillement, d'une ecorclmre on d'une contusion, et ne presentent aucune gravite.
Je ne dirai rien de la rotie que le möme auteur conseille d'ad-ministrerala vache. Quant aux lotions d'essencede terebenthine, elles sont indiquees seulement lorsqne les tumefactions semblenl lardacees, qu'ellesrepalident une mauvaise odenr, que des escha-res gangreneoses paraissent devoir se former. Le meme auteur ajoute quo la reduction doit toujours etre tentee en appuyant sur l'extremite de la grosse corne ; et en cela il a raison, s'il veut parier de la corne dans laquelle le foetus s'est developpe.
L'Operateur etant place debout on ä genoux derrierc la vache, selon qu'elle se trouve sur ses membres ou couchee, et la mav.rice etant soutenue, ainsi que je l'ai dit plus haut, il cherche l'extre­mite de la corne, comme il appuierait sur une extremite d'un bonnet double deplie, et (jnand il a rencontre ce point, il pousse fortement avec la main ouverte ou le poing ferme, de dchors en dedans, evitant avec soin de faire concorder ses efforts avec les monvements expulsifs de la vache; I'autre main prend un point d'appui sur la croupe.
Co procede est tres simple, il n'exige pas beauconp de temps : en une ou deux minutes tout an plus Toperation est terminee. Si la vache fait des efforts d'expulsion, ce qui arrive frcquemment, et si ces efforts sont d'une violence teile qu'ils empechent le tra­vail do I'operatour, on passe une corde aufour du corps de l'ani-
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mal vers la region dorsale, on serre cette corde fortement, et les contractions sent amoindries considerablement on tout k fait an-nulöes. — Void ce qua dit M. Leblanc sur ce manne! operatoire :
laquo; Tout etantbien dispose, les deux aides qui soutiennent la ma-trice soulevent cet Organe. L'Operateur, tout en leur aidant, cherche dans cette masse informe la plus grande corne , la saisit par le fond, larenverse, I'introduit par la vulve en fermant la main, et pousse fortement, sans seconsse, avec l'attention de ne Jamals mettre ses efforts en rapport avec les contractions que fait la vache. Sa main gauche doit aider la main droite, en compri-mant d'arriere en avant les portions de la matrice qui sont encore hors de la vulve. *
Quand Futöras est ainsi replace , 11 s'agit de le coutenir et d'eviter que le Renversement ait lieu de nouveau h la suite de contractions ou d'efforts qui pourraient se produire, et non sans donner h cet accident beaucoup pins de gravitö; on place la va­che de teile sorte que le train postörieur reste plus eleve que le train anterieur dans tputes les positions qu'elle pent prendre. On l'attache de maniere qu'elle ne puisse pas relever sa tete au-des-sus du niveau de sa colonne dorsale; ses aliments sont places a terre, et puis a I'aide d'une corde fixee autour du corps, serree fortement, s'appuyanten arriere du flanc conlre les ilions, et pas­sant sons le ventre en avant des mamelles, de maniere a ne pas comprimer ces organes, on exerce sur le flanc une compression qui offre l'avantage de retenir I'uterus dans la position qu'il doit ocenper naturellement, et de pins empeche les contractions qui pourraient occasionner un nouveau renversement; eile rend en­core les mugissements moins profonds et par consequent moins snsceptibles de rejeter I'lUerns hors de la cavite pelvienne.
Si la vache n'est pas en sueur, on fait des lotions refrigeraii-tes sur les reins ou de fortes frictions d'essence de terebenthine. Ces dernieres ne provoquent pas la mamp;ne irritation suhlte et tres douloureuse que sur les chevaux ; mais elles produisent, ä un inoindre degre cependant, le meme resultat que la compression i-irculaire dont je viens de parier.
Ces premiers solus snfflsent ordinairement, et Ton nquot;a pas k redonter un nouveau Renversement lorsque qnelques heures se sont ecoulöes depuis la reduction.
Si an contraire la vache se tourmente extraordinairement, soit qu'elle souffre de coliques, soit que llrritation de l'appareil uterin soit arrivee a un degre extreme, on pratique d'abord une forte saign^e ou une saignee moyenne, selon I'etat dans lequel eile se trouve, et puls on contient Tnterns par des moyens plus ener-
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giques. Parmi ces moyens, nous mentiounerons : la suture de la vulve, les pessaires, les bandages.
La suture des lovres de la vulve est un procöde qui ue re-medie ä rien, car il n'empeche pas I'uterus ou le vagiu d'etre relbule jusqn'ä l'orifice de cet orgaue, dont 11 finit, les eflorts d'expulsion continuant, par occasionner la dechirure.
Les pessaires sent des appareils de formes variables, destines ä etre introduits dans le vagin et a exercer sur le col de I'uterus une sorte de pression qui maintieut I'organe en place. Depuis le pessaire des anciens, consistant en une vessie üxee ä l'extremite d'un baton creux, et que Ton gonflait par insufflation, la forme de ces appareils a beaucoup variö. On a employe ainsi : le pes­saire ä bilboquet, de Chabert, le pessaire ä pelote, une bou-teille, etc. Citons encore le pessaire de M. Leblanc, consistant en un cone tronquö creux, forme avec de la toile supportee par deux rondelles en bois blanc, qui sont elles-memes fix6es par leur centre sur une tige de bois dur solide. Cette tige, qui est Taxe du cone, se prolonge au delä de la plus petite rondelle, et oö're dans cette partie plusieurs trous, dans Tun desquelson passe une corde qui est destinee ;i fixer rinstrument an reevdement.
laquo; La duree de l'application de ce pessaire, dit M. Leblanc, est tres variable, selon les circonstances qui accompagnent le Ren-versement; en general, cette dur6e est en rapport direct avec la disposition ä un nouveau Renversement. J'ai ete quelquefois contraiut de laisser le pessaire pendant dix jours; le plus ordi-uairement, quatre h cinq jours suffisent.....
laquo; II a pour avantage, ajoute-t-il, d'etre leger, d'ofixir aux di­vers orgaues contre lesquels il est appliquö des surfaces larges. polies etmolles: de pouvoir prendre toutes les longueurs voulues; de n'offrir aucun obstacle h la sortie de l'urine et des excrements solides; de pouvoir etre fabrique dans quelque endroit qu'on se trouve; car partout il y a un bout de planche, un baton, de la toile, de la ficelle et un instrument tranchant. raquo;
Ce pessaire. Men que tres ingenieusement imagine, ne me pa-rait pas pouvoir etre, aussi facilement que le pense soninventeur, fabrique partout. Sans doute, entre les mains d'un Operateur habile, prompt ä concevoir autant qu'a executer, ce pessaire, dont la con­fection n'exige qu'un bout de planche, un baton, de la toile. de la ficelle, un instrument tranchant, pent etre tres utilement employe; mais toutes ces choses reimies ne se rencontrent pas aussi aisement que le pensait M. Leblanc, au milieu des terres, dans une etable isolee, oü Ton ne trouvq.pas toujours les aides indispensables.
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Dans tous les cas, cet appareil offre rinconveiiient general de tons les pessaires, celui de prcvoquer, par sa presence, des con­tractions qui vont directement cbutre le resultat ä atteiudre, el de retarder ainsi plus ou moius le moment de la guerison defini­tive, lorsqu'il n'en provoque pas directement le retour.. Aussi I'lisage des pessaires de toutes formes est-il aujourd'hui uni-versellement abandonne. On obtient des elfets beaucoup plus avantageux de l'emploi des bandages exterieurs, cousistant en des bandes ou plaques de cuir que Ton maintient a la surface de la vulve a l'aide de courroies laterales retenues ä un surfaix, ou plus simplement encore en des cordes avec lesquelles on con-fectionne ces divers systemes d'encordement conuus de tous les praticiens. Le plus simple estunecorde transversale pressant sur la vulve et attachee lateralement an surfaix. Une autre maniere ä'encorder consiste ä prendre deux cordes, que Ton plie par le milieu, ei dont les deux parties pliees, reunies en sens inverse et entortillöes de chaque cote, forment uue sorte d'anneau que Ton applique an tour de la vulve, les extremites des cordes etant dirigees ensuite, les superieures le long du dos jusqu'aux cor-nes, les inferieures sous le ventre, pour aller, en remontant le long des flaues, se fixer ä la double corde passant sur les reins.
Voici un autre bandage, tres simple, que Ton peutconfectionner ä Tinstant et sans inconvenients d'aucune sorte. On le fait de la maniere suivante : on prend une lougue corde de la grosseur du petit doigt; ployee en deux, on Tattache ä cbacune des cor-nes, puis on la fait passer le long de l'encolure, en avant do I'epaule, sous le poitrail, chaque division portant contre la face interne du membre : les deux divisions viennent ensuite se reu-nir en X sur le dos, pour se separer de nouveau le long des reins et sur la croupe, puis se reunir et se croiser : d'abord sur la queue et puis au-dessous; de sorte qu'apres ce double tour, cha­que division passe sur la vulve, le long de chaque levre, pres de la cuisse, et presse fortement cet organe, en l'empechant de ceder ii la pression qui viendrait de l'interieur du vagin.
Les deux extremites de la corde sont ensuite, apres s'etre croi-sees encore et avoir ete uouees au-dessous de la vulve, dirigees sous le ventre oil elles s'ecartent, en laissant dans I'intervalle les mamelles libres, pour venir se croiser en avaut et se fixer a I'X forme sur le dos.
On serre plus oumoins, selon les circonstances. La vache reste pendant quelques heures sans se coucher, ce qui n'est pas un grand mal, etil est tres rare quece bandage se deplace, ou, lors-
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que cela a lieu, les efforts d'expulsion out complötement cesse, et il n'y a plus h redouter le Renversement.
Amputation d'une des comes de la matrice ou d'une portion d'une de ces comes. — J'ai ete daus deux circonstances obligö de recourir ä cette operation; la premiere fois, eile a 6te suivie de succes, et la seconde fois, la vache a succombe a une metro-peritonite.
II n'est pas rare, ä la suite d'un renversement de l'uttirus, de trouver une portion de l'organe renversöe, meurtrie, noirätre ou sphacelee, se dtichirant sous la moindre pression, et laissant couler par ces dechirures une sanie plus ou moins fetide. Alors quel espoir pourrait-on conserver de remedier a un accident de cette nature an moyen de la reduction ? Aucun, sans nul doute; et Ton devrait s'attendre ä la termiuaisou la plus fächeuse, soit par suite d'une infection purulente, soit par rinflammation consecutive des plus intenses de la matrice dans toute son etendue, et d'une peritonite nou moins intense.
Dans les deux cas dont j'ai parle, Je me decidai ä faire l'ampu-tation de toute la portion meurtrie ;i I'exces ou sphacelee ; ä cet eflet, je lis une forte ligature circulaire, avec de la ficelle tres forte et double, ä quelques millimetres au-dessus de la portion sphacelee, et je pratiquai 1'amputation immediatement, avec la precaution de laisser un etroit bourrelet de tissus vivants pour maintenir la ligature. La reduction de la portion restante se fit sans difliculte, la suppuration s'etablit autour de la ligature, des injections faites avec une seringue ordinaire, d'une infusion aromatique, entrai-uaient les produits de cette suppuration et debarrassaient le vagin. Au bout d'une quinzaine de jours, la ficelle avait ete entrainee, la suppuration s'arretai't; la vache fut mise au regime de l'engrais-sement, et vendue plus tard avec antant de profit que si eile n'eüt pas ete soumise ä une operation aussi grave.
En pareille circoustance, M. Gen6e, veterinaire a Dol-de-Bre-tagne (Ille-et-Vilaino) {Recueil de medecine veterinaire, p. 167, annee 1860), proceda de la maniere suivante :
laquo; La matrice, dit-il, n'avait pas perdu de son volume depuis le premier Renversement; les cotyledons restants et la membrraie muqueuse etaient reconverts d'une croüte grise, gercee et con-cretee par le contact del'air depuis deux heures; la moindre pres­sion faisait tomber cette croüte, parce quelle reposait sur une nappe de suppuration infecte. Je fis pratiquer un grand lavage avec de l'eau de mauve, et je tentai la reduction par la pression mediate; des les premiers efforts de refoulement, la matrice se dechira sous la pression de la main droite, ct il s'echappa un demi-litre de serosite limpide et un caillot jaune-clair du poids de
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200 grammes environ; la surface peritoneale, apparente par cette dechirnre, ötaitcouverted'arborisations. Cette serosite et cecaillot provenaient d'une secretion peritoneale localisee vers un repli que la matrice, engagee dans le vagin, formait avänt la rupture de liens qui avaient ete appliques aux levres de la vulve.
laquo; En presence d'un tel evönement, je me proposals de faire la suture de la portion döchiree de I'literus et de tenter encore la reduction; mais la difficulte de cette operation, augmentee encore par la decomposition de l'organe, et qui devait etre suivie d'une infection purulente mortelle d'autant plus prompte que I'animal etait reduit ii un etat de maigreur extreme, me deter-mina ä completer la inert de la matrice au deliors et ä la deta­cher plus tard, comme corps etranger.
laquo; J'employai un casseau en bois de saule pliant, de la grosseur de 2 centimetres et de la longueur de 23 centimetres environ; je I'appliquai sur le vagin, au point le plus rapproche des levres de la vulve ; je fixai les deux parties du casseau avec deux bouts tie ficelle, et ainsi la compression bien etablie isola completement 1'uterus du corps de la vaclie.
laquo; Cinq ou six jours apres, j'amputai la matrice, et le casseau tomba ä l'instant; je prescrivis de frequents lavages a I'eau froide, etc.; la suppuration s'etablit et dura vingt jours. La vache se retablit promptement et fut engraissee. raquo;
Ou lit dans le numero double de septembre et octobre 1860 du Journal des vetdrinalres du Midi, une observation portant ce litre : Excision complete de la matrice chez une vache, par M. Cla-verie, veterinaire a Esparros (Hautes-Pyrenees). Cette observa­tion a ete analysee par M. H. Bouley, dans le Rccueil de med. veterinaire, 1860, page 1024. Elle est fort interessante par elle-meme, et le devient davantage par le fait de l'analyse dont eile est I'objet :
laquo; L'operation dont il est question fut pratiquee sur une vache comme moyen extreme, la matrice s'etant renversee une seconde fois, malgre les moyens contentifs {suture des levres de la vulve et bandage) employes pour la maintenir en place.
laquo; M. Claverie ayant constate quelle etait meurtrie, dechiree^ infiltree de sang et d'une couleur bruuätre, pensa que la seule ressource ä laquelle il pouvait desormais recourir etait I'excision de cet organe.
laquo; A cet effet, il la traversa d'outre en outre avec une aiguille a bourdonuets, le plus pres possible de la vulve, et une ficelle dou-blee servit a her respectivement les deux faisceaux en lesquels la matrice avait ete divisee par le trajet de l'aiguille. Apres ces
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deux ligatures, des tours circulaires, embrassant Torgane tout entier, completerent Teilet des premiers lieus.
laquo; M. Claverie, se flant ä cette constriction, se decida ä exciser au delä du lien toute la portion de la matrice renversöe ; mais alors, dit-il, la vache s'etant livree ä de violents efTorts, il s'6coula de la plaie une quantity assez considerable de sang, pour que je crusse utile d'attirer au dehors le moignon de la matrice, d'y placer une nouvelle ligature ciree, d'exercer au moyen du noBud dit de la saignee une forte pression, uu peu en arriere du premier noeud, et de pratiquer sur le point de l'cxcision une cauterisation avec le fer chau/fe ä blanc.
a La portion de la matrice excisee 6tait d'un tres gros volume; M. Claverie ne dit pas quelle en etait la forme.
laquo; Cette operation reussit parfaitement. Dix jours apres, la se­cretion lactee etait tres abondante, et la vache put nourrir son veau. raquo;
laquo; Teile est en resume la tres interessante observation de M. Claverie, dit M. Bouley ; eile est uu example de plus qui vient temoigner de la possibilite d'exciser sur la vache, non pas la tota-lite de la matrice, mais seulement celle des cornes de cet organe, qui est renversee.
laquo; Comme rien n'est plus rare, ainsi que le fait observer M. Serres, que le Renversemeut des deux cornes k la Ms, si tant est qu'on Fait jamais observe, il est fortement k presumer que M. Claverie n'a excise, dans le cas particulier qu'il relate, que la corne dans laquelle le foetus s'est developpe. Aussi Men, si cette portion de matrice excisee dont il parle, et qui, suivant ltd, etait d'un tres gros volume, avait ete bifurquee, ce fait ne I'aurait-il pas assez frappe pour qu'il ait cru devoir le consigner?
laquo; Maintenant une autre observation ä propos du procede ope-ratoire : M. Claverie a cru devoir divisor en deux faisceaux la partie renversee de la matrice, en la traversant pres de la vulve avec une aiguille k bourdonnets, afm de pouvoir appliquer une ligature isolee sur chacun de ces faisceaux, et d'obtenir ainsi une constriction pins ötroite de Tun et de l'autre. Ge procede doit-il etre imite? Nous ne le pensons pas, d'apres les resultats im-parfaits qu'il a donnes. II ressort, en effet, du recit de M. Clave­rie, quo, malgre cette double constriction, l'hemorrhagie a 6te assez abondante pour necessiter l'application d'un nouveau lien en arriere des premiers, et memo la cauterisation par le fer rouge. Suivant M. Claverie, cette hemorrhagie aurait ete occasionnee par les efforts expulsifs auxquels la vache s'est livree apres l'excision. Cela est pen admissible; si la ligature avait ete süffisante, les
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efforts expulsifs de la bete auraieut ete impuissants ä la surmon-ter. N'est-il pas plus probable que le sang provenait, dans ce cas, non pas du troncon des parties liees, mais bien de l'ouverture frayee a travers l'öpaisseur de l'organe par l'aiguille ä bourdon-nets? Ce qui tend a. le prouver, c'est qu'un lien circulaire, em-brassant la totalite de la partie herniöe, et place en arriere des premieres ligatures, a suffl pour arreter rhemorrhagie.
laquo; Cela ötant, n'en ressort-il pas qüe, dans des cas semblables, mieux vaudrait lier d'emblee la totalite de l'organe hernie, seit avec un lien circulaire, comme I'a fait en second lieu M. Claverie, soit avec des casseaux flexibles, comme I'a pratique M. Geuee, plutöt que de courir la chance, en ponctionnant cet organe si vas-culaire d'outre en outre, d'ouvrir un vaisseau considerable, et de donner ainsi lieu a une hömorrhagie qu'il devient necessaire d'arreter ulterieurement par une seconde ligature et par I'emploi du feu. raquo;
D^sormais plus de doutes sur les resultats de l'amputatiou d'une corne de matrice renversee ou d'une portion de cette corne. Cette operation est pracicable sans difficulte, et Ton vient de voir que les cas de reussite signales sont plus nombreux que ceux d'insucces.
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SECTION VII
MALADIES DE L'APPAREIL LOCOMOTEUR
CHAPITRE PREMIER
Maladies des os.
Ces maladies sout assez frequentes sur les betes bovines sou-mises aux travaux des cbamps; elles consistent en lesions physi­ques on vitales.
Les premieres comprennent les contusions, caracteris6es, quand elles sout intenses, par la douleur, le gonflement de la partie, par des tumeurs sanguines, par Yosteite, par les accidents morbides qui sont la consequence de cette inflammation; les formes et les eparvins, les plaies, les piqures produiseut aussi quelquefois la necrose.
Les lesions vitales du tissu osseux sont rarement simples: elles se compliquent ordiuairement de rinflammation du perioste. L'osteosarcome, dont la description a etc faite ;i la page 29, est le produit d'une affection cancereuse.
Les Fractures, assez frequentes d'ailleurs, sont occasionnties ordiuairement par des contusions, par des heurts, des chocs; par des secousses violentes imprimees aux membres, par des coups de cornes, et ces appendices eux-memes sont fractures parlbis dans les luttes que les animaux se livrent entre eux, ou par suite d'uu ebranlement subit quand ils portent ä faux sur le timon qui soutient le joug. Mais je ne crois pas devoir entrer dans de longs details relativement aux Fractures chez les animaux qui font le sujet de mon travail. Si la science aurait ä gagner dans les ten-tatives de reduction de ces Fractures, le cultivateur n'aurait q\i'h ä y perdre; aussi faut-il ne pas laisser les animaux s'amaigrir et diminuer de valeur en essayant de les guerir. Le meilleur parti a prendre dans ce cas, c'est de les livrer ä la boucherie.
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U n'y a, si Ton veut, d'exception a. cette mesurej que pour les fractures des comes chez les boeufs ou les vaches jeunes et en mauvais etat, parce que l'enveloppe cornee de l'appendiee de l'os frontal est un appareil qui, en se ressoudant a cet appendice, favorise la reprise de ses compartiments.
ARTICLE PREMIER
OSTEITE
L'Osteite est \me inflammation du tissu osseux. Elle est ca-racterisee par la diminution de Fadherence du pihioste, et par la presence, au-dessous de celui-ci, de petites taclies rosees ou d'un rouge terne, allongees. Elle se manifeste, exttrieurement, par la tumefaction, la friabilite de la substance osseuse, resultant d'une alteration dans le mode de nutrition. L'Osteite est compli-quöe, dans quelques circonstances, de fracture des os. Elle est aigue ou cbronique; mais alors meme qü'elle affecte le premier de ces deux modes, la lenteur do sa marcbe ne la fait pas moins paraltre toujours cbronique. Enfln, eile est generale ou partielle, et la premiere a et6 observee plusieurs fois ;i I'etat enzootique. Nous la considererons ici sous ses deux formes les plus graves : TOsteite enzootique et TOsteite cachectique.
sect; Ier. — Osteite enzootique.
L'Osteite enzootique a ete decrite par M. Dele, veterinaire a Auvers, dans le Recueil de medecine veterinaire, annee 1836, et par M. Roux, veterinaire ä Saint-Jean-de-Maurienne, dans un travail insere dans les Memoires de la Societe royale d'agriculture, annöe 1825, page 107. Je rapporterai ces deux observations presque dans leur forme, afln que, si pareille maladie venait h se declarer, les praticiens pussent avoir sous les yeux des termes de comparaison d'une exactitude rigoureuse.
laquo; Vers le mois de mai 1833, dit M. Dele, une maladie tres re-marquable et qui, je crois, n'a pas d'analogue parmi celles con-nues en medecine veterinaire, s'est manifestöe sur un grand nombre de bestiaux des colonies libre et forcee de Merxplas, Ryckworsel et au delä, et chez d'autres cultivateurs des environs. Elle sembla debuter ä la fois sur un grand nombre de vacbes, occasionna un desordre göneral dans la colonie forcee, et se fit
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MALADIES DE L APPAREIL LOCOMOTEUR.
remarquer qiielque temps apres dans la colonie libre. Mallaeu-reusement eile fut peu etudiöe dans le principe de son apparition; mais la commission d'agriculture de la province d'Anvers en ayant ete avertie, me delegua pour me transporter sur' les lieux afln d'etudier cette affection. Je m'y transportai sans delai, et j'eus occasion de faire les remarques suivantes :
laquo; Cette maladie consists dans une inflammation du tissu os-seux, du periostc, de la membrane medullaire, et quelquefois des parties qui les entourent. Elle attaque les os longs, les articula­tions ; se montre an milieu on pres des extremites des os, et existe souvent sur plusieurs os ä la fois. On la remarque frequem-mentversrarticulationcoxo-lemorale. Elle se termine par resolu­tion, par destruction ou fracture spontanee des tissus osseux et du perioste, et quelquefois par ramollissement et hypertrophie de cesorganes; eile parcourtlentement ses periodes, comme d'ailleurs la plupart des affections du tissu osseux.
laquo; J'exposeraid'abord les symptomes de cette atfection, et aün de les faire mieux connaitre, je la diviserai en trois temps ou periodes.
laquo; Premiere periode. — La salivation abondante est regardee par les vachers comme le principal signe precurseur ; en outre, le poil devient terne et herisse, l'animal manifeste une roideur tres prononcee des membres, se deplace avec peine et marche diffici-lement. Ou apercoit une grande tension des muscles du con et de ceux situes le long des epines dorsale et lombaire, ce qui fait que l'animal baisse la tete avec difliculte et eprouve beau coup de roideur dans les mouvements generaux de progression.
laquo; Deuxiemcperiode. — Touslessymptomes precedents augmen-tent d'intensite, ä, 1'exception de la salivation. L'animal seleve du demäre, reste ä genoux du devant, garde longtemps cette posi­tion, et si on ne l'aide ä se lever, il se laisse tomber de nouveau. II survient des engorgements douloureux aux extremites; on en remarque surtout aux articulations, telles que le jarret, les arti­culations coxo-femorale, cubito-humth-ale, scapulo-humerale, an beulet et ä la couronne; on en remarque aussi a la fesse, ä la hanche, au milieu des cotes, etc. Dansquelques cas cependant, il n'eu existe qu'ä Tun des membres; alors l'animal devient boiteux de la jambe engorgee : il y a amaigrissement general et perte successive des forces.
laquo; Troisiemc periode. — L'animal reste couche, et ne se leve plus; les parties engorgees sont chandes, se tumeflent de plus en plus, et deviennent quelquefois monstrueuses; I'economie s'affaiblit considerablement; l'os altere servant de base a des parties molles et contractiles se fracture, et deslors le meihbre devient pendant.
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Les mouvements que fait ranimal lui font 6prouver des douleurs atroces, qui le font paraitre defigure; enfin, I'os fracture se fait quelquefois jour au travers de la peau: c'estce que j'ai eu Tocca-sion d'observer sur plusieurs animaux. Quoique ranimnl se trouve dans cet etat affligeant, il boit, mange, at les prindpales fonc-tions, si Ton en excepte la locomotion, ne paraissent que tres pen dörangees.
laquo; Tels sont ä pen pres les symptömes que j'ai observes sur les animaux qui out ete soumis a mon examen.
laquo; Autopsie cadaverique. — DansI'adomen, tousles viscöres diges­tifs sont dans I'etat normal et ne presentent rien de particulier, ä l'exception de la membrane muqueuse de la caillette qui a une teinte bleue legerement rougeätre; les organes genitaux et uri-naires n'offrentaucune lesion appreciable.
a En penetrant dans le thorax, je n'ai trouvö aucun desordre; les poumons etaienl affaisses, üötris, etc; les vaisseauxde la cavitt; du crane etaient injectes; les membranes qui enveloppent les masses encephaliques etaient dans leur etat normal.
(c En incisant sur les intumescences osseuses, on decouvrait des traces d'inflammation dans toutes les parties environnant les os fractures; alles exhalaient aussi une odeur gangreneuse, et pre-sentaient des infiltrations d'une couleur jaunätre, tirant sur un noir livide. On trouvait dans la centre de ces engorgements des fragments d'os necrose de ditferentes grandeurs; les muscles etaient sans consistance, et dans leurs insterstices existaient des concretions jaunätres. Les os fractures et non encore detaches ötaient ramollis, et leurs abouts tumefies repandaient une odeur fetide; la moella ötait tres liquide ; le periosta at la membrane mödullaire ötaient engorges et epaissis; les vaisseaux voisins des memes tissus contenaient un sang noir, se rapprochant par la couleur da celui qu'on voyait dans le tissu cellulaire environnant. On voyait au centre des cartilages articulaires des taches rouges ou rougeätres, et les vaisseaux synoviaux paraissaient plus en­gorges que dans l'ötat sain.
laquo; Causes. — Gas vaches pleines, pour la plupart, etaient d'un embonpoint assez prononce, et nourries comme celles des autras etables. En examinant avec le plus grand soin les aliments sacs, de meme qu'en parcourant les prairies pour m'assurer s'il n'y avait pas de plantes venenauses, je n'ai pu y decouvrir aucune cause capable de determiner catte maladie.
laquo; L'eau servant da boisson a et6 analysöa par un chimiste dis­tingue ; aucune qualite malfaisante n'y a ete reconnua; on y a seulement remarque la rarete des sels calcaires. Les etables etaient
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bleu aerees et les pansements de la main n'avaient pas 6te ne­gliges. Les betes n'avaient ett; menees a. la prairie qu'apres que la maladie avail eu fait beaucoup de progres dans I'etable. Alors elles n'y avaient ete conduites que dans l'mtention de favoriser l'action des muscles et de faire cesser la roideur des membres. Je suis d'avis que la grande secheresse de la saison et le manque d'aliments verts, qui soiit si utiles aux animaux pendant I'ete, constituent la veritable cause qui a predispose les animaux h cette maladie, dont la cause determinante m'est tout ä fait in-connue. raquo;
Ici je vais interrompre la narration de M. Dele, pour exprimer un doute qui m'est venu depuis que j'ai In la description de cette Osteite epizootique on plutot enzootique, puisqu'elle est restee bornee ou circonscrite dans un petit nombre de localites s'avoisi-nant. On n'a rien trouve, ni dans les aliments, ni dans les eaux, ai dans les etables qui parüt de nature a determiner cette maladie. Soit, on n'a rien trouve; et pourtant la cause etait evidemment dans le milieu oü ces animaux vivaient. On ne nous dit pas quel avail ete precedemmenl le regime auquel ils etaienl soumis, ni d'oü ils provenaient, ni a quelle race ils appartenaient, ni si la stabulation etait permanente. Dans ce milieu, ou dans un milieu anterieuremenl habile par ces animaux, se trouvait la cause, el probablement on aurait pu I'v decouvrir.
L'Osteile decrite par M. Dele etait symptomatique d'une aber­ration des fouctions nutritives. On a analyse les eaux; elles manquaient de calcaires; mais les eaux reconnues comme les plus pures n'en contiennent pas beaucoup, ce me semble. On n'a pas analyse les os, et par consöquent on n'a pas pu dire dans quelle proportion les elements divers donl ils se composent s'y trou-vaient combines ? On sail que chez les animaux d'un tempera­ment lymphatique les fractures des os soul communes el out lieu plus facilemenl que sur les animaux d'un temperament sangain et athletique. J'ai vu, ainsi, non des Osteites epizootiques, mais des Osteites sporadiques se declarer isolement sur des bceufs ou des vaches, arrives an dernier degre de rappauvrissement, ä la suite de fatigues excessives, d'une alimentation insuffisante ou malsaine, el le temperament des vaches dont parle M. Dele etait evidemment un temperament appauvri.
Si leur nom-riture seche eut ete de bonne qualite, el si on n'eut eprouve aucuue dilficulte pour les abreuver, le manque de four-rage vert ne pouvail avoir aucune influence fächeuse. On volt Ires souvent la secheresse regner dans noscontrees, car eile s'y fail sentir presque tons les ans, et jamais^on n'a pu atlribaer
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l'Ost^ite k cette cause. Elle produit un effet Men different. Ces remarques faites, je laisse M. Dele reprendre la parole pour faire connaitre le traitement qu'il a cru devoir employer.
Traitement. — laquo; Des le debut de la maladie, on a mis en usage la saignöe, la diete, un regime antiphlogistique severe ; j'ai aussi conseille l'emploi des breuvages sudorifiques, le lotionnement des membres avec une dissolution de muriate d'ammoniaque dans l'eau lögeretnent vinaigree, et des bouchonnements sees pour exciter la transpiration de la peau.
laquo; Lorsque la maladie faisait des progres, que la roideur des membres augmentait, et qu'il se presentait des engorgements aux extremitös ou ailleurs, on employait un liniment amraonia-cal, compose de dix parties d'huile d'olive, sur quatre d'ammo­niaque liquide. Si par ce remede on n'obtenait pas la resolulion, que la tumeur persistät, que la marche de l'animal devint plus difficile, on coupait les polls autant que possible, et Ton appli-quait sur lagrosseur une forte couche d'onguent vesicatoire, qui restait en place pendant dix ä douze jours ; et lorsque les croiites produites par l'action de cette couche vesicante etaient tombees, on frictionnait la partie cliaque matin avec I'onguent mercuriel double.
laquo; Bien que ces moyens nefussent pas suivis immediatement de succes, on voyait cependant au bout de quelques jours la boiterie et la roideur diminuer insensiblement, les animaux se retablir pen k pen, et reprendre leur etat primitif.
laquo; A l'egard des animaux qui avaient beaucoup souffert pen­dant un certain laps de temps, il importait surtout de souteuir leurs forces par une bonne et succulente nourriture, qu'ils pre-naient ordinairement avecavidite, malgre leur etat de souffrance.
laquo; C'est par ces moyens que, dans les colonies, vingt-huit indi-vidusont ete sauves, trois out ete abattus apresun traitement de quatre mois; et trois que j'ai trouves sur la litiere, ä ma pre­miere visite, ayant ete juges incurables, out ete sacrifies dans le but de decouvrir le siege de la maladie. raquo;
La description des symptomes de cette Osteite epizootique pre-sente un tres vif interet; mais quand on s'est occupe avec quel-que soin de l'etude des maladies de l'espece bovine, on ne sauraif etre satisfait, ni des considerations relatives a ses causes presu-mees, ni des indications qui ont servi de base ä son traitement.
Dans le principe, on a combattu par la saignee une affection evidemment cachectique; et-lorsque Ton a reconnu qu'il etait ne-cessaire de distribuer une nourriture bonne et succulente. on se oontente d'abord de faire des applications excitantes d'une effica-
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cite douteuse, puis cm en vient enfin aux vesicatoires qui, com­bines des l'invasion avec des toniques amers, auraient pu pro-duire de bons effets, et auxquels on a pense trop tard. On fait suivre les vösicatoires de frictions mercurielles sur des animaux atteints d'une maladiecachectique, alors surtout que ces frictions produisent plus particulierement chez les betes bovines un effet toxique. Uien de tout cela n'est rationuel.
La description d'une maladie analogue ä celle decrite par M. Dele, et publiee par M. Koux, veterinaire a Saint-Jean-de-Maurienne, en Savoie, est beaucoup plus lumineuse et faito d'apres des idöes plus rationnelles. On en jugera:
laquo; Cette maladie, dit M. Roux, est enzootique et non conta-gieuse; eile regue depuis longtemps sur les vaches a Lans-le-Villard, et s'annonce par la perte de l'appetit, la tristesse de l'animal, la secheresse de la peau, son adherence aux os, la perte du lait, uue prostration extreme des forces, un marasme porte bienlüt au dernier degre, surtout par le goüt depravö des ani-niaux pour le furnier et pour la terre de l'etable et aussi par la facilite avec laquelle, lorsque la maladie est un pen avaac6e, les grands os se IVacturent avec un craquement particulier. Ces frac­tures, celles des cotes surtout, sout souvent suivies d'uu mieux marque dans l'etat des animaux malades, et meine de la gueri-sou; il se forme, ä Fendroit des fractures, des exostoses ou des tumeurs osseuses plus ou moins developpees.
laquo; La cause de cette maladie est evidemment locale; eile tieutä la mauvaise construction des etables, enterrees, saus croisees, encornbrees de furnier que Ton n'en retire que tous les six mois, et construites en pierres seches, qui laissent flltrer l'eau, les ren-deut tres humides, froides durant Thiver et le printemps; il y a seulemeut un petit plancher insuffisant sous les vaches. Ce qui ne peut laisser de doute sur ses causes, c'est que quelques propriö-taires de la commune, dont les habitations sont mieux construi­tes, les etables elevees, aerees, et qui n'avaient point fait boire leurs vaches ä la riviere ou äla fontaine dans les temps de neige, u'ont Jamals en des animaux atteints de cette maladie; aussi pas-sent-ils pour sorciers et pour jeter les malefices sur les autres : c'est encore que la maladie cesse dans le mois de juin, lorsque les animaux sortent des etables pour aller aux päturages, et res-pirer un air plus pur, plus leger, plus sain que celui qu'ils out respire pendant tout I'lnver.
laquo; La traitement n'est pas difficile ä prescrire, mais il est Men plus difficile ä faire executer; les proprietaires ne s'eclairent point par l'exeuqjle de ceux qui n'ont point d'animaux malades, et il
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est impossible de leur persuader qua les sortileges ne sont pour rien dans la maladie et la guerison. raquo;
M. Roux est daus le vrai : ia maladie enzootique qu'il a obser-v6e ä Lans-le-Villard est uue cachexie produite par le sejour des animaux dans les etables malsaines, oü ils respirent an air .;m-pur, et aussi par l'eau des rivieres on des fontaines dont on les abreuve a l'epoque de la fönte des neiges. Gette derniere cause doit, selon toutes les probabilites, avoirune action predominante sur le dtüveloppement de la maladie, parce qu'elle survient an moment o?i les animaux ont dejä la constitution appauvrie par la stabulation prolongee dans les etables dont M. Roux a doane la description.
sect; 2. — Osteite cachectique.
Causes. — Toutes les actions debilitantes qui ont pour conse­quence un 6tat cachectique, une alimentation insuffisante ou mal-saine, le sejour prolonge dans un milieu oü Fair est viele, des boissons seleniteuses on crues, des travaux penibles lougtemps continues, et les premiers temps de la vie passes, ou la vieillessc survenue quot;dans les conditions de ce milieu peuvent faire naitre cette affection. Sous l'influence de ces causes, I'Osteite se declare lentement, mais progressivement. Elle se developpe plus vite sous Faction d'une cause occasionnelle. Je m'explique :
Un des animaux de l'espece bovine, boeuf, vache ou veau, a vecu dans ce milieu; il a maigri; une tumeur se quot;declare aux rayons superieurs de ses membres posterieurs, au pourtour de i'articulation coxo-femorale ou femoro-tibiale, au baut de la cuisse ou au grasset. Cette tumeur se developx^e avec beaucoup de lenteur; eile est la consequence de I'Osteite chronique ou cachectique.
Le meme animal se trouvant dans cet etat cachectique est con-tusionne par accident ou ila tite pique avec raiguillon au grasset, vers le haut de la cuisse, et subitement une tumeur se declare. Cette contusion ou cette piqüre est la cause occasionnelle, donl l'action aurait ete nulle sur un animal non cachectique. Voilä les causes de I'Osteite que j'ai observee.
SympiAmcs. — Maigreur; peau adherente et seche: marche lente, difficile, vacillante; boiterie iutermittente, sans cause ap-parente, des membres posterieurs; tons les signes de la debilite generale. Comme symptömes patlioguomoniques, je citerai : fre­quent grincement de dents, salivation aboudaute et presque con-tinuelle. articulations coxo-femorale et femoro-tibiale saillantes,
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d'une facou tres remarquable, et craquement ou bruit articulaire produit par le frottement des extr6mites osseuses.
La tumescence des articulations, qui est un Symptome toujours fait pour eveiller I'attention, est neanmoins souvent inapercue, parce que cet etat des articulations semble resulter, par I'effet du contraste, de raflaissement des parties musculaires. Or, c'est sur ce contraste. que j'appelle plus particulierement I'attention des praticie.ns. Saus doute, il est tout naturel que les os d'un bceuf maigre soient plus apparents que chez un boeuf en bon etat; mais le volume des articulations n'en doit pas etre aug-mente, et si ce volume, toutes proportions gardöes, est anormal, il 1'aut le considerer comme le resultat d'un etat morbide, d'une diathose osseuse si Ton veut.
Je ne suis pas arrive a observer de prime abord les engorge­ments articulaires sous cet aspect. II m'a fallu pour cela beau-coup de temps et eprouver des mecomptes assez nombreux. Void une observation qui me mit sur la voie.
Un bceuf de forte taille, de race garonnaise, vieux et maigre, extenue de travail, marchait assez difflcilement depuis quelque temps; ses deux articulations coxo-femorale et femoro-tibiale etaient tres saillantes, hors de tonte proportion avec le volume des os. A chaque pas qu'il faisait, on entendait un craquement dans chacune de ces articulations; il mangeait d'assez bon appe-tit, ruminait, mais il ne s'etirait jamais. Couche sur la litiere il se levait plus difficilemeut que lorsqu'il etait couche sur un sol plus solide, a la prairie par exemple. J'avals vu cet animal plu-sieurs fois. La tumescence des articulations me paraissait bien ne pas constituer uu etat normal; mais je ne m'arretai pas a cette idee, et je conseillai seulement de nourrir cet animal de ma riere ä le retablir. Un jour, il s'acheminait vers I'etable a pas tres lents; mais tout ä coup, il se met a bolter, sans avoir fait le moin-dre faux pas; le terrain etait parfaitement uni; bientot la claadi-cation cesse; il marche encore, et puis eile reparait; et cette fois il s'arrete et sa jambe flageole comme si eile etait fracturee vers les rayons superieurs. On parvieut a le ramener a I'etable, et avant d'y etre parvenu, les memes phtmomenes se sont presentes deux fois : claudication complete avec balancement du membre, ou marche normale. On me fait appeler.
J'examine cet animal, je tache de le faire mener hors de I'eta­ble, et la meme alternauce de symptomes se manifeste. Apres quelques minutes d'exameu, je reconnais I'existence d'une frac­ture complete du coxal se dirigeant de haut en bas, et partageant en deux portions la cavite cotylo'Me. Quaad ces deux portions de
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l'os se trouvaient naturellement juxtaposees, la tete du femur so maiuteuait daus la cavite, et la marche etait reguliere et facile; si au contraire, par suite de quelque contraction musculaire, la cavite cotyloide disparaissait par I't'cartement des deux portions du coxal fracture, la töte du femur u'avait plus son point d'appui ordinaire, eile se deplacait, et le membre etait vacillant.
Le proprietaire do ce boeuf ne vonlait pas croire ä I'exactitude de mou diagnostic, niais il accepta resolüment ma proposition de faire abattre Fanimal pour decider eutre nous. Cette epreuve me donna completement raison. Sans doute, j'avais tres justement diagnostique ; mais la fracture spontanee du coxal avait en lieu parce que cet os-elait malade, parce qn'il etait tumeiie : il efait friable on ramolli; la tete du femur elait'eyalemont tuinefiee ; mais la partie siqierioure au-dessous du trocbanter I'etait beau-coup plus proportionnellement; et lorsqu'apres le depart du pro­prietaire, je vonlns m'assurer de l'etat de rarticnlation coxo-femorale de Tautre membre, j'y fcrouvai lesmemes lesions patliolo-giques, moins la fracture. Depuls lors, j'ai constate plusieurs fois l'existence de TOsteite cachectique sur lies bceufs, sur des vaches et sur des veaux, assez souveut compliquee ou pour mieux dire turmince par des fractures spontanees.
IHarcbe. Duree. Terminaisons. — L'Osteite cachectique a une mar­che tres lente, surtoul lorscjue son siege principal se trouve ä I'ar-liculation feinoro-tibiale. On voitdes boeufschez lesquels eile a eu une tres longue duree, et qui peuveut travailler, peuiblement aid verite, pendant des mois entiers; ce sont de pauvres animanx qui font un mauvais service; mais eniin, I'aiguillon aidant, ils arrivent tant Men que mal au terme de l'attelee jonrnaliere. Quaud ils ne peuvent plus aller, la tumefaction est tres considerable, et le membre est d'unc maigreur extreme. Alors la claudication est forte et la marche Men difficile; c'est dans cet etat de la maladie que les fractures spontanees sont frequentes; elles out lieu qnand ranimai, etant couche, cherche ä se relever.
Je ii'ai pas ete aussi heureux que M. Roux; je n'aijamais vu la guerison des fractures qui out eu lieu en pareille circonstance se faire avec promptitude et facilite ni d'aucune maniere. D'ail-leurs est-il Men conforme aux interets du proprietaire d'un ani­mal atteint d'une affection de ce genre, de prescrire un traitement pour la combattre ? Je crois que le veterinaire y perdrait son temps et pourrait Men ebranler en cette occasion la contiance qnil aurait pu acquerir.
La terminaison de l'Osteite cachectique negligee ou meconnue pendant longtemps est done toujours fäclieuse.
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Diaenostic. Pronostic — On distingue les tumefactions resul­tant (Tune Osteite cachectique de toutes les autres tumefactions qui pen vent se montrer sur les articulations ou sur les os consi-dercs en dehors des articulations, en ce qu'elles se clöveloppenl genöralement d'une maniere tres lente, sont peu douloureuses au toucher, et qu'elles coincident avec des symptomes generaux, tels que ramaigrissement, la päleur des membranes, la gene de la marche, le grincement des dents qui a lieu tres souvent et est accompagne de salivation. Quant au pronostic, il est toujours läclioux, a moins que I'animal soit encore jeune et que le traite-ineut soit mis en pratique avant la periode de marasme, qui pre­cede la mort de peu de temps.
Traitcinciit. — Soins liygieniques se resumaut par une nourri-ture substantielle, dont I'action doit etre secondee par Tadminis-tration de breuvages amers, continuee pendant une huitaiue. puis suspendue et reprise alternativement, par un exercice mo­dere, le sejour des animaux dans des etables saines, des boissons d'eau pure, et le pansemeut regulier de la main. On fait sur les tumeurs des onctions vesicantes, laissees en place, ainsi que I'iu-dicpie M. Dele, jusqu'a ce que la croüte qu'elles ont formee soit tombee en s'ecaillaut; mais il laut s'abstenir de les faire suivre d'ouctions mercurielles. Au contraire, on fait une nouvelle onc-tioii vesicante aussitöt que le poil commence ä repousser, pour la laisser en place commc la premiere.
Ce traitemenl est efficace, mais il ne faut pas croire qu'il puisse etre de duree restreinte ; il n'a d'autre terme que le retablissemem de I'animal et la disparition des tumefactions articulaires ou autres. Au reste, comme il faut, dans tons les cas, se preoccuper des interets des proprietaires des animaux malades, on ne devrait, ce me semble, et c'est la conduite que j'ai tenue, soumettre au traitement de rOsteilo cachectique que les animaux encore jeunes. qui ne sont pas arrives au marasme et chez lesquels il n'y a pas eu de fractures.
Les vesicants dont je me sers habituellement, parce que leur action me parait preferable dans les cas de tumefaction produiic par TOsteite cachectique, sont les suivants :
Pommude cantharhlee.
Cantharides en poudre.................... 50 grammes.
Onguent basilicum........................ 400 —
Melangez esacleinent avec une spatule.
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OSTEITE CACilECTIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;835
Pommule cantharidee.
Cantharides pulvörisees................... 32 grammes.
Axonge................................ 380 —
Cire jaune............................... 64 —
Faites digerer les canlharides dans la graisse fondue, passez avec expression et ajoutez la cire pour donner plus de consistance.
J'emploie aussi les frictions. Celles-ci :
Huile cantharidee.
Poudre de cantharides..................... 125 grammes.
Huile d'olive............................. 2 kilogranames.
Faites digerer au bain-marie ou ü une douce chaleur, pendant quelques lioures; passez avec expression et filtrez.
Teinture cantharidee.
Cantharides en poudre..................... 32 grammes.
Alcool ä 56deg; centesimaux................... 250 —
Faites tiedir l'alcool et passez ä l'appareil de deplacement, ou faites digerer sur des cendres chaudes pendant quatre ou cinq jours.
laquo;
Si on se sert de Tongiient en de la pommade, on fait deux ono tions assez önergiques apres avoir coupe le poll.
Avec I'luiile cantliaridee ou la teinture de cantharides, deux frictions ue süffisant pas chez les grands ruminants pour pro-duire la vesication desiree; il laut en faire trois ou quatre par jour et ijuelquefois meme un peu plus grand nombre.
Quand la tumefaction debute, les frictions d'essence de tere-bentbine, secondees par un bon regime, et le traitemeut interne, produisent souvent de bons effets; mais de celles-ci il faut en faire tous les jours, juscju a ce qne la peau qui a subi les frictions soit gercee; puis on reitere les frictions, quand le poll repousse, jusqu'a ce que la resolution soit en bonne voie.
La gentiane en poudre est administree ä la dose de 40 gram­mes, en decoction dans 125 centilitres d'eau reduits ä 100. Deux breuvages, meme trois par jour, chacun entre les repas, pro­duisent un meilleur effet, ne fatiguent jamais autant les animaux (pie 120 ou 150 dans une decoction de 3 litres de liquide, admi­nistree en un seul breuvage.
La gentiane est pour I'espece bovine un tonique preferable ä beaucoup d'autres; on pent ueanmoins la remplacer, a la memo dose et administree sous la meme forme, par la petite centauröe, la tanaisie, le menyanthe ou trefle d'eau, Tecorce de saule blanc.
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836nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE L APPAREIL LOCOMOTEUR.
A dtslaut de poudre, les soccedanes qne je viens de designer sent traites en sortes par decoction, avec cette seule difierence que la dose doit 6tre plus forte d'un quart ou meme d'un tiers environ.
ARTICLE II
TUMEURS OSSEUSES OU EXOSTOSES
Sous le nom d'Exostoses, on designe les tnmenrs ibrmecs ä la surface des os par le developpement anormal et localise du tissu osseux.
Elles out pour causes ordinaires des contusions, des efforts vio-lents de tirage, des piqüres, ou quelquefois rinflammation des ligaments, des aponevroses, qui se propage au perioste et amene consccutivemont la production osseuse qui constitue la ttuneur.
Elles resultent aussi d'nne predisposition hereditaire. Elles of-front assez souvent une surface irreguliere, et Ton a en raison de dire qu'clles sont anatomiquement constituees par Faddition ä la surface des os des onglous, de depots calcaires irregulierement mamelonnes.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;#9632;
Apres que la cause a agi, la tumelaquo;ir se developpc tres lonte-ment, et eile n'est pas tonjours douloureuse au toucher.
Ces tumeurs different principalement par leur siege. Los plus communes et en meme temps les plus graves sont celles qui se developpent autour des onglons, a leur partie anterieure princi­palement, et auxquelles on donne le nom de Formes.
Sous le nom (VEparvin, ou desigue chez le boeuf rextremite superieure du metatarsieu principal ofirant un volume conside­rable. C'estun etat normal qui ne donne point lieu ä la claudica-tion. II n'ya pas ä s'en occuper.
Le volume de la Forme chez le boeuf est tres variable; mais il n'est Jamals tres considerable.
La clandication qui Faccompagne n'est pas tonjours un Symp­tome facilement recounaissable, surtout si un seul onglon est al-fecte. On distingue la Forme par son volume; eile donne ä ronglou une apparence qui differe sensiblement de celle de ronglon reste sain. Quand eile est entierement developpee, eile constitue sous la peau une tumeur dure comme la substance osseuse. Quand eile a eu pour cause une distension des tissus ligamenteux ou aponevrotiques, eile pent douner lieu a une clandication qui de-vient plus apparente, lorsque I'animal a ete soumis k un travail fatigant. Si au contraire I'animal reste le plus ordinairement ä
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MALADIES DES MUSCLES ET DES TENDONS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 837
l'etable, sa marche est assez libre et assuree quand il ne fait pas une longue course.
Le pronostic de la Forme chez le bceuf n'est point des plus facheux. II yade ces animaux qui n'enboitent jamais, et yui res-tent longtemps employes aux travaux des champs.
Truitcment. — Quand la Foi'me se manifeste par une claudica-tion assez prononcee sur tin jeuue animal, taureau, bceuf, vache ou genisse, on la traite par l'application du feu en raies ou en pointes. Les pointes penetrantes, telles qu'on les a recommandees pour tenter la resolution des eparvins du cheval, produisent de bons resultats. Les applications vesicantes repetees plusienrs fois sont aussi d'une efficacite incontestable, non qu'elles donnent lieu a la resolution complete de la lumeur, mais seulement ä la disparitiou de la boiterie, ce qui est chez I'espece bovine un resul-tat des plus satisfaisauts.
II arrive parfois que la symphyse des os frontaux est, chez les animaux de I'espece bovine, telleinent saillante, qu'elle devient douloureuse par suite de la pression continue des liens qui assu-jetissent le joug sur la tete de ces animaux. Cette protuberance anormale pent etre le resultat de coups portes sur cette partie. lorsque ces animaux luttent entre eux front centre front. D'autres fois, eile est un vice hereditaire. II n'y a point de traitement a indiquer pour faire disparaitre les exostoses de ce genre. II sufüt de les mentionner, parce qu'elles sont dans Men des cas un obs­tacle a I'attelage des bumfs ou des vaches an moyen du jöug.
GHAP1TRE II
illaladies des muscles et des tendons.
Les maladies des muscles sont de deux ordres : lesions physi­ques et lesions vitales. Les lesions physiques comprennent les Blessures et les Distensions.
Dans les lesions vitales se range principalement le Rhumatisme, dont rengorgement et I'mduration peuvent etre la consequence.
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MALADIES DE L APPARE1L LOCOMOTEUR.
ARTICLE PREMIER
BLESSünES MUSCUEAIRES
Les Rlessures sont des solutions de continuity prodnites par une cause qui agit mecaniquement. On les divise, suivant la nature de la cause agissante, en blessures : par instruments tran-rhants ou Plaies,par instruments plquants on Piqiires, par instru­ments contondants on Contusions.
Les Plaies sont remarquables en ce que, si ie muscle est coupe en travers dans toute son öpaisseur, les deux portions divisees s'ecartent ot seloiguent Tune de l'autre, de sorte qu'il Importe d'eviter avec soin toutes les causes qur teudent ä tenir ces parties (iloignees l'une de l'autre.
Elles ont des directions variables ; elles sont simples ou multi­ples, superflcielles ou penetrantes. La premiere indication h rem-plir est de les reunir, si faire se pent, afin d'eviter une longue suppuration, ce qui est facile pour les Plaies simples et sou-vent impossible ou contre-indique pour les Plaies par piqure.
Les solutions de continuity simples dont les bords sont mainte-ims en rapport guerissent facilement sur les animaux de l'espece bovine. C'est cliez eux principalcment qu'on voit des les premiers Jours la lymphe plasticine s'epancber promptement entre les levres de la Plaie et les reunir.
Si les Plaies ne sont pas reunies immediatement ou par pre­miere intention, un travail iullammatoire a lien dans la partie hlessee: les bords de la Plaie deviennent. durs, tumefies, rougea-tres ou quelquetbis noirätres , et la surface se recouvre d'une matiere d'abord sanieuse, puis un pen plus epaisse, et cor.stitue ce produit que Ton designe sous le nom de pus; c'est alors que se Ibrment les bourgeons cliarnus.
Les Plaies simples chez les betes bovines guerissent assez faci­lement, et n'exigent en general que des soins de proprete. On les recouvre de charpie, faite avec de la blasse, et Ton n'enleve cette cbarpie, toutes les vingt-quatre beures, que pour en mettre d'aa-t.re qui soit seche et puisse s'imbiber de pus.
Moins on touche ces plaies autrement que pour changer la cbarpie qui est imbiböe de pus, et plus tot elles sont cicatrisees.
Si elles sont ä bords renverses, calleux, fongueuses ou recou-vertes de vegetation de mauvaise nature, on les anime avec le
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BLESSCRES MFSCULAIRES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 839
digestif simple, compose de terebenthine en sorte, delayee dans des jaunes d'oeufs ou bien avec I'egyptiac, ou le styrax.
Si leur surface est recouverte de sanie tres fetide et si eile est ulcöröe, on les cauterise avec le ferrouge, et bieutot apparaissent sous I'escharedes bourgeons de bonne nature.
Quant aux Contusions, elles offrent ceci de particulier, que la contusion peut determiner non pas seulement la gene des mou-vements, mais encore la paralysie. Les fibres musculaires pen-vent aussi etre nvpturees, distendnes outre mesure de maniere k ne pouvoir reprendre leur elasticite.
Les Piqüres sont bs blessures les plus frequentes chez les ani-. inaux de l'espece bovine que Ton utilise aux travaux des champs; elles atteignent principalemont les tendons et les aponevroses. Elles sont faites par la pointe d'une des pieces de la cbarrue, des rouleaux ou des herses h pointes, des Jbnrches en fer, tridents, etc.
Ces blessures sont rarement d'une grande elendue; elles sont plus profondes que superficielles; elles donnent rarement lieu a des liemonbagies considerables, h moins qu'un vaisseau arteriel ou veinenx d'un certain calibi'e n'ait ete atteint.
£,es symptömes sont : d'abord, la lesion tegumentaire, dont on reconnait la trace au toucher, si eile est assez pen etendue poor qu'on ne puisse la distinguer ä la vue, puis la claudication, et enfin un engorgement des plus douloureux qui se manifeste autour de la Piqüre. Celni-ci est si douloureux, quand il a son siege sur les tendons extenseurs, ;i la partie posterieure du boulet et sur les talons des onglons, que I'animal reste constamment couche; ce n'est qu'avec la plus grande difficulte qu'on par-vient ä le faire lever, surtout ä le faire marcher. Souvent il ne fait pas le moindre appui sur le sol avec le membre blesse.
Lorsque 1'inflammation des tissus piques a atteint ce degre d'intensite, des symptomes generaux non moins graves se mani-festent. On voit quelquefois le tetanos se declarer ä la suite d'une de ces piqüres. Ces cas sont rares, mais on on observe. Ce qui est plus ordinaire, c'est le pouls fort et precipite, la suspension de la rumination, la perte de l'appetit et un devoiement, consequence immediate de tout mouvement de locomotion que I'animal est contraint de faire.
Le developpement de l'inflammation produite par des Piqüres estrapide, et sa duree estlongue. Deux terminaisons sont les plus ordinaires: la resolution avec guerison complete, ou la resolu­tion avec induration des tissus et un reste de gene dans lesmou-vements de locomotion. La suppuration est le premier resultat de l'inflammation, et son produit n'est jamais du pus louable,
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MALADIES DE L APPAREIL L0C0M0TEUR.
mais seulemeut de la sanie d'une odeui1 sui generis. Tant que la maladie est dans sa plus haute intensity, cette suppuration est assez abondante; eile commence ä dimiuuer lorsgu'une ameliora­tion se fait remarquer.
Les tissus tendineux ou aponövrotiques sont ici atteints de carie liien squvent, comme les os qui out ete Messes par la Piqiire. On reconnalt son existence par le suintement,ä travers la plaie fistu-lense resultant d'une Piqure, d'une matiere grisätre, tenue, melee de llocous albumineux. Sous riniluence du traitement, les portions cariees des tissus s'exfolient assez facilement et la cicatrisation de la plaio se fait.
Traitement. — Anssitot apres que la Pi(jüre a ete faite, les affusions d'eau froide continuees pendant vingt, vingt-quatre ou meme trente-six heures, amenent la resolution des Piqüres les plus graves. J'en ai vu. qui avaient lese les tendons, les apo-nevroses, ouvert les articulations, transperce lateralement desos, se terminer par une resolution complete dans l'espace de temps applique aux affusions; mais il laut qn'elles soient continues, sans interruption, jusqnVi entiere guerisou.
La poiute d'une fourclie en fer, introduite avec une violence inspiree par un acces de colere furieuse dans la cuisse d'un hceuf de travail, ä une profondeur de 20 centimetres, avait fait une plaie qui- occasionnait des douleurs atroces. Le bceuf mugissait; il avait les yeux grands ouverts, les conjonctives tres rouges, la respiration haletante; il donnait des signes d'inquietude con-tinuels; il tenait le membre malade souleve et tremblant; tres souvent il portait le mufle vers la plaie. Appetit nul; point de rumination; le pouls ctait fort et vite.
Des affusions d'eau froide faites sans cesse pendant trois heures produisirent une amelioration tres sensible, et, contiuuees encore pendant toute la nuit, alles doimerent lieu k la disparition de tons les symptomes. La resolution fut complete; il ne se manifesta au-tour de la Piqure ni gonflemeut, ni la nioindre trace de suppu­ration sur ses bords. L'animal fut remis au travail pen de jours apres avoir eprouve cet accident.
II est trop tard pour employer les affusions, lorsque deja le gonflemeut s'est produil et quo Ton remanjue des traces de sup­puration ou une espece de suintement sur les bords de la plaie ; alors, c'est dans I'applieation d'un vesicatoire que doit consister le traitement; Les adoucissants, les emollients, sous qnelque forme qu'on les applique, ne produisent absolument aucun bon resultat. Ils donnent aux plaies par Piqure une duree tres lon-gue. et provoquent les terminaisons les plus fächenses.
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EFFORT d'ePAX'LE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;841
Les plaies flstuleuses doiveat etre (16bi'icI6es et cauterisees avec le fer rouge, si I'on veiit hater leur guerison.
Le traitement des plaies par Piqüre pent se resumer de la ma-niere suivante :
Au döbut, les afTusions d'eau froide. Apres les premieres douze heures, elles n'ont plus la meine efficacitö.
Quand il n'est plus temps d'y recourir, applications vösicantes.
Quand les plaies sont flstuleuses, le debridement et la caute­risation.
ARTICLE II
DISTENSIONS MUSCULAIRES ET TENDINEUSES
On designe, sous ce nom, l'extension anormale forcee, subite, des tissus musculaires et tendineux, produisant instanlanement unedouleur tres vive, un developpement considerable de chaleur et un engorgement de ces tissus plus on moins prononce.
Cette extension pent avoir son siege h toutes les parties muscu­laires ou tendineuses; mais eile se fait remarquer plus particulie-rement autour des articulations. Ces Distensions out un caractere de gravite variable, et portent des noms qu'elles empruntent au siege qu'elles occupent. Ainsi, l'effort d'epaule, de la cuisse, du boulet; la distension de la corde du jarret; Textensionetle depla-cement du muscle ischio-tibial externe.
sect; 1quot;. — Effort d'epaule.
L'Effort d'epaule ou Ecart est determine par Textension forcee des muscles et ligaments qui entourent Farticulation scapulo-bu-merale.
II a ordinairement pour causes les glissades ou les faux pas que les animaux font brusquement quand ils luttent outre eux, front contre front, ou quand ils retirent avec precipitation leurs mem-bres fortement engages dans des trous profonds ou des ornieres, quand ils se relevent d'une chute, etc.
Get accident est caracterise chez le bceuf par une claudication plus forte sur une surface molle, flechissante (sur la litiere par exemple) que sur un terrain ferme, et par l'öcartement du membre en dehors dans le sens de l'abduction; enfm, il fauche sans que des blessures existent au päturon. Dans les pays ou les ba3ufspor-
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MALADIES DK L APPAREIL LOCOMOTEUR.
tent aux onglons des fers pourvus d'un pincon, il arrive parfois, quand le fer commence ;i s'user, que le pincon se devie et qu'ii blesse I'onglon oppose; alors le boeuf fauche, parce qu'ii cherche ä eviter la pression douloureuse que lui fait 6prouver ce pincon devie.
L'exploration directe de l'epaule par la pression forte des mains, la traction du membre en dehors dans le sens de rabduclion, peuvent doinier des signes de I'Effort d'epaule, quand par cette manoeuvre I'animal temoigue d'une douleur un pen vive. Cepen-ilant ce diagnostic laisse tres souvent des doutes dans I-'esprit, et, pour arriver h la certitude, il faut un examen atteatif et uae exploration detacheede toutes les parties du membre, parce qu'ici I'Ecart pent exister sans que le moindre gonflement se manifeste sur aucune region de l'epaule.
II laut prendre le temps nt'cessaire pour diagnostiquer, an su-jet de I'Ecart, d'autant mieux qne les habitants de la campagne mettent sur le compte de I'Ecart toute claudication qui se mani­feste subitement; quelquefois, ils Tattribuent ä une luxation de l'epanle, et en cela ils sont induits en erreur par la circonstance que voici : chez le boeuf, rarliculation scapiilo-lmmerale est tres mobile, c'est-a-dire que la tete de l'hunierus s'ecarte facilement jusqu'äun certain point de la cavite que lui fournit le scapulum; ainsi, dans l'etat de flexion du membre, cette cavite est assez reconnaissable pour que Ton puisse supposer, d'apres un examen pen attentif, que la tete de I'liumorus est tolalement deplacee. Cette apparence trompeuse disparalt h la verite dans les mou-vements d'extension; mais cela ne suffit pas tonjours pour que le bouvier cesse de croire ä une luxation ou ä un ecart.
Au reste, le veteriuaire ne doit y croire lui-meme que lors-(ju'il n'a laisse aucune partie du membre ä explorer. Combien ne voit-on pas de ces claudications traitees comme etani, occa-sionnees par un ecart, qui, en realite, ont leur siege dans Tun des onglons.
L'Elfoi't d'epaule recent est susceptible d'une prompte garrison, et s'il est de date ancienne, il n'en est pas de meme.
Traitemeat. — Si Ton pouvait doiiner des soins aussitöt que la distension des muscles a eu lieu, aussitöt enfln que la cause s'est fait sentir, la guerison n'en serait pas longue ä attendre : les atfusions d'eau froide en auraient promptement raison ; mais tres souvent le mal existe depuis plusieurs jours lorsque Ton est appele ;i traiter un boeuf boiteux par suite d'un effort d'epaule ; et alors il n'est plus temps de penggr aux affusions d'eau froide.
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EFFORT d'ePAULE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;843
On a conseille contre I'Ecart une medication revulsive et conten-live: 1quot; les frictions irritantes (eau et vinaigre chaud, luules vo-latiles de terebeuthine, de lavande, ammoniaque, etc.); 2deg;' les frictions vesicantes (pommade de Lebas; onguent vesicatoire, fondant; pommade emetique, d'euphorbe, etc.); 3deg; les charges Je poix simple ou associöe ä des cantharides en poudre; 4deg; les setons simples on multiples sur les diffel-entes parties de Fepaule ; 5deg; les rouelles etlestrochisques; Gquot;la cauterisation trauscurrente et inherente. Tout cela pour le cheval.
Pour le boBuf, on fait, quand 1'Effort est de date recente, des frictions d'essence de terebeuthine, continuees tons les jours jus-qu'ä ce qu'elles aienl produituu engorgement päteux sur la surface frictionnee, qui est celle ou la douleur se manifeste d'une ma-niere plus sensible, et provoque la gorcure de la peau. Alors on cesse de faire des frictions; on attend avant de les employer de nouveau que l't'piderme souleve soit tombö et que la peau soit devenue lisse. Si la claudication n'a pas entierement cesse, on recommence le m5me traitement.
Lorsque I'Effort d'epaule est de date ancienne, l'essence de te­rebeuthine ne sufflrait pas ; il faut faire usage d'une vesication plus energique : c'est dans ce moment qu'on pent employer avec succes la pommade de Lebas; mais on obtieut de meilleurs re-sultats de plusieurs frictions faites avec. le feu francais, le lini­ment Geneau, et mieux encore par les onctions de pommade stibiee, si I'Effort d'6paule ^s'est montre rebelle ä cette derniere medication.
Uneonction ou friction de pommade stibiöe suffit pour produire une vesication energique, dont les resultats sont une eschare lon-gue ä se detacher et, il laut bien le dire aussi, des traces qui ne disparaissent jamais. Aussi vaudrait-il mieux, quand I'Effort d'epaule resiste au traitement des vesicants moins energiques quo la pommade stibiee, conseiller l'engrfiissement de l'animal plutot que l'emploi de cette pommade.
A defaut de frictions d'essence de terebenthine, deux frictions de feu francais, anglais, ou vesicatoire liquide, faites une par jour, ou bien d'un liminent irritant, peuvent suffire.
Si I'Effort de boulet a eu pour terminaison un engorgement in-dure, les onctions d'onguent vesicatoire donnent des resultats plus satisfaisants que les frictions; il faut aussi ne point se borner ä une seule onction vesicante; on en fait deux, une par jour. Et si, apres la chute de l'eschare qui en resulte, on reconnait que la resolution de l'enflure n'a pas ete complete, on fait de nouvelles onctions dans le memo ordre.
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844nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DE LAPPAREIL LOCO-MOTEl'K.
Les liniments qui sur le boeuf produisent les resultats les plus prompts sont les suivants:
1deg; Liniment ammoniacal camtique (Tabourin.)
Poudre d'euphorbe.) #9632;„ i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.„
, ^. S de chauue.............. 16 grammes.
— de sabine...)nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 0
Huile d'olive.....___.................... 125 —
Ammomaque liquide....................... 125 —
Faites digerer pendant vingt-quatre lieurcs ä une douce temperature, les pou-dres dans l'huile; passez, ajoutez l'ammoniaque et agitez vivement.
2deg; Liniment ammoniacal camphre et cantharide.
Huile de cantharides camnhree...............1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; . . ,
Ammoniaque.............................! V*quot;™^-
3deg; Onguent vesicatoire.
Onguent basilicum........................ 60 grammes.
Cantharides en poudre................... 20 —
Melez, et si I'application doit etre faite sur une vache pleine,ajoutez !0 gram­mes de camphre.
Le traitement des Efforts de Loulet le plus efficace est celui qui vient d'etre indique; c'est celui que le praticien doit employer de pramp;terence ä tons autre^, Les cataplasmes emollients ont une ac­tion resolutive, si faiMe dans cette circonstance, qu'il faut s'abs-tenir d'en faire usage quand on veutguerir vite et sürement. Les onctions adoucissantos, camphrees on laudanisees, qui 1'ormaienl autrefois la base du traitement de ces maladies, ne valent guere mieux que les cataplasmes, et Ton n'emploie la cauterisation an moyen du fer rouge, en raies on en pointes, quo tres rarement: par exemple, sur des sujets d'une teile regularity de conformation qu'on tient ä les conserver comme reproducteurs, et encore faut-il ne point perdre de vue que les engorgements dn boulet, de meine que les formes, peuvent etre hereditaires.
2. — Effort de boulet.
Les Distensions des ligaments ne sont pas tres frequentes chez les animaux de l'espece bovine; la nature meme des travaux auxquels ils sont soumis, la lenteur de leurs allures, semblent les en preserver; et les causes qui produisent ces Distensions ne sont pas communes. Gependant, les betes qui vivent dans les päturages, oü elles se livrent parfois a des luttes dangereuses d'une certaine violence et d'assez longue duröe, en eprouvent par-
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RUPTDRE DE LA COKDE DU JÄHRET.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 845
fois. Dans cet ordre de faits pathologiques se trouve l'Effort de boulet.
L'Effort de boulet est une maladie qui resulio du tiraillement violent des moyens d'union des os du boulet exeroe dans le sens de l'extension ou de la flexion, ou suivant la direction des liga­ments lateraux.
Un des noms vulgaires de cette Distension des ligaments indi-que suflisamment sa cause la plus ordinaire ; ou l'a appelee me-marchurc, c'est-ä-cire marche mal faite ou ä contre-sens. Ce sont ordinairement les glissades, les efforts violents quc fait I'animal pour retirer Tun ou l'autre de ses membres d'un trou, d'une orniere, ou Men c'est le choc violent dn boulet contre un corps dur, quidonnent lieu ä une flexion exageree de cette articulation.
Une claudicatiou tres apparente, l'enflure snbite de l'articn-lation, une douleur vive ressentie par I'animal an moindre mou-vement qui est imprime ä cette articulation, dans un sens ou dans l'autre, et par la pression; la chaleur intense de la penu, I'ap-pui sur le sol mil ou incertain en sont les symptömes, tonjours faciles ä reconnaitre.
L'intensite des symptömes est parlaitement accusee des que Taction de la cause s'est produite: la dnree est longue, si le traite-ment rationnel indique en pareille circonstance n'est pas employe sans retard, et dans ce cas, terminaison IVicheusc, cnracterisee par un engorgement chronique de l'articulation, et claudicatiou le plus souvent irremediable on bien engorgement, indure qui tare I'animal pour toujours.
Le pronostic est moins fächeux chez les betes bovines que cbez les solipedes, qui n'offrent pas encore de notre temps aux cultiva-teurs les ressources d'un engraissement profitable. D'ailleurs, l'Effort de boulet est assez facilement curable taut qu'il n'a pas en pour terminaison un engorgement indure ou I'ankylose com­plete de l'articulation.
TraUcment. — Au debut, affusions d'eau froide continuees sans interruption pendant douze ou quinze heures an moins.
Lorsque les symptömes de rinflammatiou se sont manifestes, on fait des frictions vesicantes on des onctions de memo nature, des frictions d'essence de terebenthine, deux par jour au moins, jusqu'a ce que la peau soit engorgee et qu'elle commence a se gercer.
sect; 3. — Rupture de la corde du jarret.
Cet acciflent s'observe quelqucfois sur les animaux de l'espece bovine qui ne sont pas condamut's h une stabulatiou permanente ;
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il est toujours deteriiiinci par une extension violeute at instauta-nee des muscles dout ce tendon est un appendice, surtout quand ä cette extension subite succede une flexion non rnoins subite, soit par un abaissement du sol, soil par toule autre cause. Les quelques observations quo je possede de cette rupture, out ete faites snr des bceufs ou vaclies qui, atteles ä une charrette, ont eu le terrain eilbndre sous leurs pieds.
Dans aucuu de ces cas, la Rupture du tendon ne m'a pas paru franche et complete. On pouvait distinguer des fibres qui s'etaient seulemeut allongees outre mesure, et d'autres dent la solution de coiiliiiuile paraissait entiere.
Au moment de I'accident, le membre pent etre soulevö; mais il se balance, et son appui sur le sol ne se fait qu'avec lenteur. Peiulautla flexion, le tendon s'aflaisse de cöte ou bien en dessous, et alors on sent tres f'acileiueut d'abord rallongement des fibres, caraclerise par la diminution du volume de la corde, et puis la division complete d'autres fibres placees au pourtour du tendon.
Cette rupture ne semble pas occasionner ä l'ammal des soul-I'rances tres vives, meine par la compression qu'on peut exercer avec la main sur les points declares ou distendus outre mesure.
On ne remarque pas ordinairement qu'un gonflement conside-rable survienne apres la Rupture, et lorsque Tanimal stationne sur un terrain lerme, le membre conserve une position normale.
Cette rupture n'a point sur I'etat general des animaux une influence Ires facheuse : ils mangent, ruminent et s'engraissent; mais ils ne sauraient marcher pour etre employes ä un travail quelconque, et jainais on n'en obtient la guerison complete. Le traitement a pour resultat une amelioration sensible, ii ce lioinl (]uquot;oii pourrait supposer que I'animal est gueri. En effet, il marche pari'ois sur un plan horizontal en terrain ferme sanseprouver au-cune ditliculte ; mais au moindre effort qu'il fait, la dechirare ou la distension du tendon se dessine d'une maniere aussi nette que dans les premiers moments.
Les moyeiis qui produisent cette amelioration iiiomeiitanee consistent en des applications vesicantes moderees. Une fois. j'ai pu croire a une guerison entiere, apres avoir maintenu sur les deux faces du jarret et sur la corde, pendant un mois, plus d'mi emplätre de poix noire ; et cependant la claudication reparnt dans tonte son intensite premiere vers le milieu de la premiere attelee que fit le beruf apres deux mois de repos. II fallut I'engraisser, el e'est toujours ce qu'il y a de mieux ä faire tout d'abord en pa-reille occasion.
M. Bouley jeune a decrit il y a longteriips (Recueil de medecinr
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veterinaire, 1832, page 242 et suivantes), sous le nom de rupture du tibio-premelatarsien sur le cheval, une maladie qui a la plus-grande analogie avec celle que je viens de decrire. D'apres cot auteur, laquo; la flaccidite de la corde du jarret consisterait dans üne distension ou plutot meme dans un dechirement de quelques fibres tendinenses musculaires on ligaiuenteuses, et que cette le­sion doit necessairement avoir son siege dans les regions ante-rieures de la jambe ou de la cuisse, qui sont assnrement les parties qni ont le plus souü'ert. raquo;
Je conuaissais larticle public par M. Bouley jeune, lorsque j'ai observe la Rupture de la corde du jarret pour la premiere fois, et l'antorite qui s'attachait au nom de cet habile praticien, me porta ä rcchercher avec soin si reellement la flaccidite de la corde du jarret chez le boeuf avait pour cause la Rupture du tibio-premetatarsien, et j'avoue qu'il me fut impossible de cons-tater cet accident, taudis que pour moi, le dechirement de la corde du jarret etait manifeste.
Je comprends tres bieu cependant que la Rupture des fibres du muscle tibio-metatarsien produise I'effet constate par M. Bouley jeune; mais dans ce cas la flaccidite doit exister sans la dechirure que j'ai observee.
sect; 4. — Deplacement du muscle ischio-tibial externe.
Definition. HisioHquc. — Le Deplacement du muscle ischio-tibial externe ou biceps crural consiste dans une sorte de luxation de ce muscle, d'oü resulte une extension forces et une grande dif-culte du mouvement du membre. Cost une maladie particuliere ;i I'espece bovine. Elle a recu des noms differents, c'est-ä-dire que le boeuf qui en est afiecte est designe sous le nom de nerbi-ferit: on dit qu'il tire du verf, qu'il bat du net f. Elle est connue depuis longtemps : Boutrolle en parle, sous le norn de cuisscs de­mises, dans son Parfait bouvier.
Dorfeuille a fait connaitre la nature de celte affection dans la Correspondonee de Fromage-Defeugre; puis est venu M. Castex: et aprcs lui j'en ai aussi donne une description dans le Journal pratique de mededne veterinaire, annee 1828. MM. Bresque, Soriilon, Bernard, Daynaud, Carriere, Ringuet et Serres s'en sont aussi occupes.
L'ischio-tibial externe ou biceps crural recouvre, dans I'etat nor­mal chez le boeuf, toute I'articulation coxo-femorale, de teile sorte que son bord anterieur so troiwe place eu avant do cett.e articu-
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lation (1). Ce bord paiiaiteraent delimits surtout, äpartir de l'ar-ticulation jusqu'ä l'extrömitö inferienre du muscle, forme, par un renforcement de sou apouevrose, uue sorte de tendon marginal fixe h raponevrose dile fascia lata, qui contribue ä maintenir le muscle tendu en avant. A sou passage sur le trochauter, I'ischio-tibial est tres aminci et retenu dans cette position par une apoue­vrose qui recouvre partiellement le grand fessier et se confond aussi avec le fascia lata. La description auatomique qui precede, empruntee aux Elements de Chirurgie veterinaire, est d'uue exacti­tude rigoureuse; et par eile on s'explique le döplacement frequent de ce muscle cliez les boeufs amaigris, surtout chez ceux dout la cuisse est plate. Le muscle n'est solidement fixe, en realite, que parses extremites; et quand il est aminci par la maigrenr, le tendon du bord auterieur ainsi (|ue I'aponevrose qui le soutieut se trouvent accroclies ä la surface du trochauter. Alors si ranimal se met en marche, le membra reete pour ainsi dire suspendn. et lextension ne pent avoir lieu que par un effet plus energique et saccade des muscles extenseurs; car alors seulement I'isctdo-tibial etant rejete en arriere, il se trouvo degage du trochauter.
Causes. — Les boeufs qui out la croupe courte et aplatie sur les cotes, I'articulatiou coxo-femorale peu saillaute, les jarrets rapproches, et qui par I'effet d'uue semblable conformation fau-chent en marchant, y sont plus disposes que ceux dout la cou-formatiou est plus reguliere.
L'inegalite du terrain est la plus commune des causes occasion-uelles pour les animaux, bceufs ou vaches, atteles iila charrue. En effet, ils out a suivre uneliguedroite,ilssontiuaiiitenusforcemeiit dans cette ligne, et lorsqu'uue anfractuosite on une motte de terre volumineuse se trouve sur le passage, le membreue saurait I'evi-ter, il frappe centre; ou le mouvement de flexion doit etre plus önergique et meme quelquefois violent, afin (]ue I'obstacle puisse etre franchi. Ce qui prouve d'ailleurs que cette cause est la plus commune, e'est que le Deplacement du muscle a lieu ordiuai-rement au inembre place un peu en dehors de la ligne; le mem-bre le plus rapproche de la rale tracee par la charrue rencontre plus rarement des mottes volumineuses ou des creux de terrain.
Le Deplacement pent resulter encore d'uue extension violente, d'uue chute de ranimal dans un fosse, d'un temps d'arret ou de recul pendant qu'il court en liberte, d'un saut, d'un coup porte avec
(1) Voir il ce sujet les figures 234, 235, page 513 chi tome II des Elements de Chirurgie vrteriiHiire, par M. .T. Gourdon.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;
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Ibrce en arriere de rarticulation, d'un mouvemeat de recul brusijuc pendant une lutte front contre front.
Sympinmes. — Chez le Ijosuf predispose au Deplacement de l'ischio-tibial, on remarque tres bien (jue chaque contraction de cet organe produit un deplacement momentane plus ou moins appreciable; il semble ronler ponr ainsi dire sur Ini-meme, le long de la cuisse et en arriere, et ce ronlemejit est visible jnsqu'ä son passage sur la rotule. S'il s'accroche assez imparfaitement an trochanter pour ne pas y rester attache, on distingue tres bien le bruit qu'il fait en se decrochant; c'est alors qu'on dit que le bieuf bat du nerf. Si le mouvemeut de flexion est interrompu. lemem-hre reste pendant un moment snspendu, et si la marche continue par les trois membres restes libres, le quatrieme ou a lieu le Deplacement est roide, tendu, la pince'des onglons rasant le sol. Jamals, dans les cas de Deplacement de Tisclno-tibial, le bonlet u'est flechi en arriere. J'insiste sur cette circonstance, parce qu'elle Importe beaucoup pour etablir le diagnostic; si le boulet est renverse en arriere, c'est la rotule qui est diiplacee.
Harchc. Dürfe. Terminalsons. — Bien des animaux travailleni pendant longtemps, lorsque le Deplacement du muscle n'est que momentane et qu'il n'est pas assez intense pour que l'aponevrose reste aecrochee. Si cet etat de deplacement momentane n'empeche pas les boeufs ou les vaches de travailler tant bien que mal, il a pourtant un inconvenient grave ; c'est alors que se developpe une tnmeur a la partie du muscle, placee en arriere de rarticulation, en haut de la croupe. Cette tnmeur est dure, eile acquiert souvent un volume assez considerable, et Ton en rencontre au centre des-quelles se sont formes des abees purulents; eile n'est pas ordi-nairement douloureuse an toucher, et cependant l'animal sur le(xuel eile existe ne conserve point son appelit ordinaire ; il reste plus longtemps place surses membres, dansun etat d'immobilite, et il maigrit.
Sur les boeufs predisposes au Deplacement de rischio-tibial, cet accident a lieu brusquement dans bien des cas; mais il arrive aussi qu'il n'a lieu completement que pen ä pen. II pent exister d'unemaniere incomplete pendant des mois et des annees, surtout si les animaux ne sont point soumis ä des travaux tres penibles.
Par le repos prolonge de l'animal, le Deplacement perd de sa gravite; il cesse d'avoir lieu par un effet de Fengraissemont.
Diatfiiosiic. Pronostic. — La flexion du membre suspendue, son extension rendue impossible momentanement, la partie ante-rieure des onglons qui rase le sol, et la tension et la durete du muscle apparaissant comme une grosse corde h nioitie roulee ä
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la partie superieure de la croupe, sont des symptömes qui suffi-seut pour etablir le diagnostic. La flexion du boulet en arriere est le Symptome caracteristique du deplacement de la rotule, il fant le repeter, car une erreur de diagnostic pent devenir, pour le praticien, une cause d'embarras des plus penibles.
Le pronostic ne pent pas etre facheux eutierement, quand meine le Deplacement de Fischio-tibial aurait donne lieu a la for­mation d'une tumeur.
Tr'tiiemcnt. — II consiste dansla pratique de la section du mus­cle au lieu d'election qui sera designe. Cette operation se fait de plusieurs manieres. M. Gourdon a raison de dire que le D6-placement du biceps ne guerit pas seul, si Tanimal est employe au labourage ou au charroi; mais le repos absolu, quand ce deplacement n'a point donne lieu ä la formation de tumeurs, suffit (juelquefois pour amener une guerison apparente, qui ne se maintient pas si Tanimal est de nouveau soumis ä un travail penible.
Suivant M. Serres, quand le soubresaut du muscle est pen marque pendant la marehe, quand les ouglons ne tienncnt pas ä k-rre, c'est-a-dire quand ils ne rasent pas le sol par la pince, quand l'abductioii est peu prononcee, et quand le membre ma-lade se souleve assez facilemeut pour franchir les obstacles, Tope-ration est inutile.
Je ne puis pas etre de l'avis de l'lionorable professenr. Toutes les ibis que le soubresaut du muscle se fait remarquer, h quelque degrö que ce soit, il y a lieu de pratiquer I'operation; d'abord, le moindre accident suffit alors pour amener un deplacement com-plet, et enlever au hojuf ou a la vaclie la moitie de la valeur que ['animal pent avoir comme bete de travail. D'ailleurs, pourquoi liesitcr, quand la section doit inevitablement etre suivie d'une gue­rison complete, radicale, tres avantageuse au proprietaire de l'ani-mal et tout aussi avantageuse ä l'operateur?
M. Carriere a annonce, dans le Journal des veterinaires du Midi, avoir gueri par rapplicatiou sur rarticulation de deux setons cruises en X. C'est [lossible; 1'engorgement, produit par les setons a fait reffetd'unftandag^ctwtenti/quot;, cette Ms; mais cela n'arrivepas toujours. Leprocede de M. Carriere n'a pas reussi employe par d'au-tres veterinaires, et il a des mconvenients qu'il est inutile de si­gnaler. Qnelquefois, comme l'adit M. Sorillon (/teci/c// de medecine vetcrinairc, 1831), la guerison spontanee pent avoir lieu äla suite d'efforts violents auxquels le membre a ete soumis : c'est le pro-cede de quelques empiriques; mais le moyen n'est rien moins iju'efflcace dans le plus grand nombre 'de cas, et il ne guerit que
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niomeutanement; il estbrdiaairementsuivi do recidives, au pre­mier faux pas fait par Tanimal.
Le precede de Dorfeuille est complique de details iuutiles; par exemple, il exige que I'aniEnal soit abattu, et qu'il reste pen­dant vingt-quatre heures dans cet etat, one fois Toperation falte. Mais Dorfeuille a un grand merite anx yeux de tons les prati-ciens de nos regions: il a ete le premier veterinaire qui aitdoune une description tres exacte de la maladie et de loperatiou elle-meme. Les empiriques da Lot-et-Garonne usaieut de son pro-cede, moins l'abatage de ranimal.
Quant ä moi, j'ai commence, comme Dorfeuille, par abattre l'animal, et depuis quarante ans j'ai renonce ä cette precaution, parce qu'elle est parfaitement inutile.
Je fixe le boeuf par la tete h un arbre on ä un corps resistant quelconque; mais isole, afin de pouvoir suivre les mouvements (pie fait cet animal, lorsqu'il eprouve les premieres douleurs que lui occasionne loperaiion. Je lui passe autour du corps, sur le flaue et s'appuyant ä la liancbe, une corde qui le serre fortement et qu'un aide tient quand eile a ete passee dans une gause qu'elle porte ä un de ses bouts. De cette maniere, si l'animal se coucbe quand il comprend qu'il ne pent plus se defendre, on lache la corde, et 11 se releve, quoique restant fixe par la tete. 11 est rare qu'il se couche deux fois de suite. Alors, je fais une inci­sion longltudinale de 7 ä 8 centimetres ä la peau, au milieu de la cuisse, ä 10 ä 12 centimetres au-dessous, et un pen en andere de rarticulation, suivant la direction de la corde tendue du muscle. J'incise egalement l'aponevrose sous-cutanee; je sou-leve la corde tendue legerement, afin que mon bistouri a serpette la saisisse en entier sans toucher aux autres muscles, puis j'incise cette corde de dedans eu dehors, et transversalement en rame-nant sous la peau la pointe de rinstrument, et je lermiue en reiterant la section a plusieurs reprises, taut que le muscle olfre ile la resistance.
S'il y a hemorrliagie, cc qui pent arriver, car on rencontre par-Ibis sous la pointe ou sous la lame de l'instrument quelque vais-seau, il n'y a guere k s'en preoccuper, le tamponnement avec des etoupes suffit pour I'arreter. Les soins k donner k la plaie sont des plus simples : on comprimeles bords tons les jours, afm d'eviter que le pus y sejourne; on tient ses bords propres, et la cicatrisation s'opere en tres peu de temps. L'animal opere guerit radicalement, sou membre n'en est pas plus i'aible; il est, en un mot, aussi propre au travail qu'auparavant.
Ce precede m'a conslamment reussi. Je ne puis pas en dire au-
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tre chose pour 1c recommander aux praticiens. Je dois cependant signaler d'autres precedes qui, parait-il, out egalement donnö de bous resultats.
Procede Bernard. — laquo; Ge procede, dit M. Govirdon (loc. cit.), n'est i|ue rapplicalion de la methode sous-cntanee a la section du biceps, en vue d'eviter nne plaie snppurante. Quoiqu'il y ait plus d'avan-tages, pour la facilite du degagement du muscle, ä operer pres de son point de suspension, vers Tarticulation, Bernard, de ineme que MM. Castex, Cruzel, Bresque, conseille d'operer uii pen au-dessous du trochanter, cequi laisseplusd'aisance pourmanoeu-vrer. Le lieu etant choisi, continue Bernard, il ne s'agit que de plonger oblirjuement le bistonri sous la saillie du muscle, a 9 on 10 centimetres an moins de prolondeur, et de faire d'un senl coup, en retirant Tinstrument, nne large incision (jui divisera en meme temps et la corde et nne partie du bord anterieur du mus­cle. Si, ayant detache I'animal pour le faire marcher, on suppose que rincision n'a pas ete assez profonde ou assez large, on y re-vient sans plus de difficulte. raquo;
M. Daynand a opere avec succes nn boeuf d'apres le procede de Bernard. M. Ringuet a imagine on autre procede. laquo;Le veterinaire, innni d'un bistonri convexe et dune sonde cannelee, se place a cöte et un pen en avant du membre ä operer, et ayant reconnu le lieu de l'operation, en se guidant sur la depression indiqm'e, 11 incise parallelement ä la direction de la corde formee par le mus­cle ä 7 ou 8 centimetres au-dessous at en avant du trochanter, precisement ä l'endroit oü le muscle presente nne epaisseur moins considerable. raquo;
M. Serres n'est satisfait d'aucun des precedes indiques. II re-doute Vliemorrhagie, les abces profonds, la gangrme. Je ne veux le contredire en ancune maniere; mais j'allirme que jquot;ai opere an moins deux cent cinquante fois la section du muscle ischio-tibial externe, et jamais je n'ai observe soil des abres profonds, soil la gangrbne. J'ai dit ce que je pense de I'liemorrhagie, des soins ([u'exige la plaie resultant de la section, et des tumeurs qui se developpent au-dessus de l'articulation, lorsque le Deplacement a eu une longue duree. Je dois ajouter cependant qu'une fois j'.ai eu un insucces. II resultait d'une errenr de diagnostic. J'avais cru ä un Deplacement de Tischio-tibial, et j'avais affaire ä nne luxation de la rotule.
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RHUMATISME.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;853
ARTIGLE III
RHUMATISME
Definition. Ficqutiue — Le Rlmmatisme est une affection pro­pre au Systeme musculaire, neu encore exactement deünie. caracterisee par la douleur, la tumefaction souveut, une tres graude mobilite sous le rapport du siege et une facile tendance ä recidiver.
Ella a son siege sur les parties flbreuses et musculaires, prin-cipalemeut et primitivement sur celles qui servant ä la locomo­tion. Tons les muscles locomoteurs r.e sont pas affectes de Rhu-matisme en mama temps; cette circonstance,si eile saproduisait, domiarait ä la maladia une intensita inouia. Mais le Rhumalisma attaint presfjna toujours an meme temps les muscles lombaireset caux das extremites.
D'apres la position des organes qu'il ailecte, on en fait trois divisions : 1deg; le Rhumatisme musculaire; 2deg; le Rhumatisme arti-culaira; 30le Rhumatisme visceral. Dans un memoire que j'ai pu­blic sur catte maladia dans rannee 1828, je n'avais pas fait cette distinction. Cedant ä des idees un pen systematiques, j'avais peut-etre meconnu le veritable caractarede cette affection, quand eile se montrait sur las visceres. Je croyais ä une complication, developpea sous riulluence du Rhumatisme existant sur les par­ties externes, sur las muscles locomoteurs, on sur les articula­tions ; et je disais : Rhumatisme complique da pnaumonite, de gastro-entärite, de peritonite, etc., erraur da nosologiaqui n'avait pas d'ailleurs un tres grand inconvenient, la mode de traitement restant la mama.
Le Rhumatisme est frequent; on l'obsarve, sur les grands ru­minants, presque aussi souvent que la gastro-auterite.
Causes. — Las causes du Rhumatisme du boeuf sont nombreu-ses. On doit placer au premier rang las variations atmospheri-quas, tres frequentes dans cartaiues contreas da la France, qui impriment h cette maladie son caractera da mobilite, et produi-sent sa periodicite; ansuite las ätablas basses et mal aerees, oü sont habituellement renfermes un grand nombre de bestiaux. Dans ces logemants insalubras, ils respirent un air trop chaud et rarefie, leur transpiration puhnonaire et cutanee s'augmante, et en sortant, ils se trouvent plonges subitement dans un air froid, vif ou humide.
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Ajoutez a cela des courses longues et pröcipitöes, des travaux penibles suivis d'un repos absolu, pendant lequel les animaux subissent tons les changements de temperature : le vent, la pluie, le brouillard, et Ton comprendra facilement pourquoi les affections rhumatismales sent si communes sur les beeufs de travail.
II faut remurqner que dans chaque region et dans cliaqne locality on rencontre quelqu'une de ces causes agissant plus particulieremeut, suivant l'etat des lieux, les habitudes culturales ou d'elevage, la nature des travaux, etc.
Les bajnfs qui sout employes aulabourage ou aux charrois dans les vallees, sur les bords des grandes rivieres, oil les alluvions out nne grande etendue, sont frequemment atteints du Rhu-matisme articulaire chronique; ceux qui travaillent d'ordiuaire sur les coteaux a sol compact et tenace y sont sujets egalement, et les uns et les autres pendant les saisons du printemps et de rautomne, alors que les variations atmospheriques sout plus fre-quentes. G'est en ete, avec les fortes chaleurs, et en hiver, quand les grands froids se font seutir, que le Rhumatisme aigu se declare.
Les bajufs qui travaillent sur des plaiues onvertes sont attectes du Rhumatisme lombaire, principalementdans les conditions que voici : le bouvier part an lever du soleil ou meme avant ce lever, avec son attelage, et il labonre pendant une beure ou deux avec assez d'entrain; 11 lui importe ä cette beure du jour de pronver qu'il n'a pas mis de retard ä se rendre aux champs. Mais apres cette premiere partie de l'attelöe, dans beaucoup de localites du Midi, le bouvier suspend son travail pour faire le premier repas, tres frugal ä la verite, et cependant d'une duree de demi-beure a trois quarts d'beure; dans ce moment ses boeufssont dejadans un etat de transpiration plus ou moins prononce, suivant le degre do tenacite du sol et le degre d'elevation de la temperature atmos-pherique, ils restent ainsi dans une inaction complete, sans etre converts, exposes ä raction du vent, du brouillard ou des brui-nes, et e'est apres ce temps de repos malsain que se declare le Rhumatisme lombaire.
Le Rhumatisme pent avoir pour cause I'lieredite. Quoique les notions de la zooteebnie soient un peu plus repandues qu'elles ne I'etaient autrefois, on voit encore beaucoup de pratiques routinieres employees dans l'ölevage des bestiaux et des negli­gences condamnables le rendre infructuenx. II y a encore des vacheries on aucune attention n'est accprdee ä raccouplementdes animaux; on voit des vaches usees afiectees de phthisie ou de
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RHUMATISME.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 855
Rhumatisme etre employees ä la reproduction jusqu'a I'extreme vieillesse : phthisiques, elles produisent des sujets, tout au moins disposes a la phthisie, aux rhumatismes, aux arthrites chroni-ques, et des veanx qui, en naissant, out des engorgements arti-culaires.
Le plus grand nombre de ces demiers sont h la verite reserves ä la boucherie ; mds il en est que Ton conserve, quo Ton eleve, et qui plus tard sont vendus pour le travail, ayant des tares aux ar­ticulations des membres, tares qui resultentevidemment de riic-redite. Oa voit da ces sujets dans toutes les ibires, et c'est toujours ä un accident qne ces engorgements sont dus, si Ton s'en rapporte au dire des vendeurs; plus tard, on verra bleu que ce sont des effets du Rhumatisme, lorsque, sous rinfluence d'une cause im-prevue, la maladie deviendra plus grave et s'etendra ä des parties qui jusque-lfi en avaient ete exemptes.
Symptomes. — An moment de l'invasion, I'animal presente les symptomes suivants, que Ton pent diviser en generaux et pa-thognomoniques : les premiers sont la tristesse, l'abattement. Alors le boeuf a le mufle sec, il a pen d'appetit, il rumine rare-ment; son poll est ordinairement lerne, et quelquelbis il est com-pletement rebrousse; la peau est seche.
Comme symptomes pathognomoniques, on pent citer les sui­vants : locomotion lente et difficile. Le boeul' reste longtemps cou-che; on a de la peine ä le faire lever, meme en I'excitant avec raiguillon. Jamals il ne fait le mouvement de pandiculation; la douleur qu'il eprouve soil dans la region lombaire, soit aux extremites et souvent aux deux regions susnommees, lui rend le mouvement impossible.
La plus legere pression sur les parties affectees suscite des signes de sensations douloureuses tres vives; sur les lombes,' la tension des muscles est manifeste: eile est accompagnee de douleur etdechaleur a la peau. Ces derniers symptomes existent egalement lorsque ce sont les muscles on les articulations des membres qui sont le siege du Rhumatisme, et Ton y remarque aussi de 1'engorgement; sur les gaines articulaires, cet engorge­ment est toujours assez apparent.
Si, comme celaa ete dit, le Rhumatisme n'est pas d'abord ge­neral , il pent cependant preudre ce caractere on du moins affec-ter des surfaces plus eteudues, lorsqu'il n'est pas serieusement combattu au moyen d'un traitementmethodique. L'inflammation ou, si Ton veut, I'irritation se propage par continuite, et les ar­ticulations inferieures des membres soit anterieurs, soit poste-rieurs, s'engorgent. C'est principalement aux parties posterieures
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du boulet et dans l'espace triangulaire du jarret que se forment des Uimeurs enkystees dont on n'obtient que tres rarementla re­solution complete. L'irritation, qui d'abord n'avait existe que sur ies fibres musculaires, gagne progressivement les appendices ten-dineux et aponevrotiques, et ne tarde pas ä se produire sur les membranes articulaires. Mais avant que la phlegmasie ait fait de tels progres sur les organes de la locomotion, eile s'est declaree sympatbiquement d'une maniere plus on moins prononcee sur quelques-uns des organes contenus dans les cavites splanclnnques.
Ainsi Ton voit se manifester des symptomes de gastro-enterite, de pneumonic, de pleurite et de peritouite.
Dans les cas de peritonite et de pleurite rhumatismale, on re-marque de Firregularite dans les temps de la respiration; quel-quefois aussi ie coutre-coup qui caracterise la pousse du cheval; et quoique jusqu'ä present aucune lesion constatee par I'autopsie n'ait donne de la certitude ä cette opiniOQ, on pent, sans trop se lancer dans le champ de l'bypotbese, croire ä Fexistence d'une . pericardite.
11 y a, dans ces ctats divers du Rhumatisme, des temps bien distiucts d'augmentations et de remissions, et Ton remarque plu-sieurs fois par jour des sueurs partielles sur les parties affectees. Un Symptome non moins caracteristiquede cette aüection, quand eile a acquis une certaine gravite, c'est la retraction des muscles abdominaux. En pen de jours, le bceuf dont la cote est la mieux arrondie et dont le corps, abstraction faite des membres , est de forme cylindrique, a les flaues creux, le ventre souleve, tandis que ses cotes, qui ne se dilatent plus qu'ä moitie, semblent s'etre aplaties : ce qui pronve, selon moi, ([ue lorsqu'une portion du Systeme musculaire souffre d'une irritation rhumatismale, tout le Systeme participe sympathiquement plus ou moins ä cette irritation.
Le becuf aü'ecte de Rhumatisme maigrit rapidement.
La phlegmasie qui s'est declaree cousecutivement h un Rbu-matisme, a une action correlative tres marquee avec celui-ci; de sorte que si, par les seuls efforts de la nature ou par I'influeace d'un traitement rationnel, on determine la resolution de la phlegmasie interne, on obtientla guerison de la phlegmasie mus­culaire externe sans difficultes et assez promptement; tandis que si Ton se contentait de combattre I'afPectioil primitive, sans avoir egard a l'etat morbide actuel des visceres, le traitement resterait infructueux. Cette observation est tres importante.
Ainsi, lorsqu'une affection rhuinatisijiale musculaire et une affection rhumatismale viscerale existent simultanement, le
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praticiei) doit se preoccuper d'abord de la derniere, etant sür d'avoir facilement raison an peu plus tard de celle qui a son siege sur des organes moins essentiels a la vie.
Sur le boeuf particulierement, las phlegmasies viscerales ac-quierent toujours dans ce cas un tres haut degre d'inteusite. C'est seulement lorsqu'elles passent a i'etat chronique, que les phlegmasies musculaires, reprenant uu peu plus d'activite, pro-duisent ces desorgauisatious dent il a 6te parle plus haut, disor­ganisations d'autant plus difficiles ä guerir, qu'elles affectent des organes qui sont le centre de mouvements souvent repetes.
Lesions pathologiques. — Le Rhumatisme prend quelquefois un caractere de mobilite tres remarquable, surtout quand il a son siege dans les parties tendineuses on apouevrotiques des mus­cles des extremites: on en voit d'assez nombreux exemples. Dans ce cas, la chiudication existe, sans autre symptöme que la dou-leur manifestee par I'effet d'une pression plus on moins forte exercee sur les tendons; eile passe de Tun ä I'autre mernbre, quitte celui-ci, reparait sur un autre, et cela bien souvent dans la meme journee; d'autres Ibis, en laissant un Intervalle de quelques heures on de quelques jours entre chaque changemenl. J'ai voulu, dans unecirconstance, avoir une idee exacte des lesions que pouvait amener cette maladie. Elle s'etait montree sur un bojuf, d'ailleurs tenu en bon etat, depuis quatre ou cinq mois: il m'etait arrive si souvent de voir la claudication se reproduire quand je pensais qu'elle avail disparu sans retour, que le pro-prietaire, cedant a mes instances, se decida ii le livrer ä la bou-cherie, h cette condition que je pourrais eu dissequer les quatre membres : celui sur lequel existait I'affection rhumatismale au moment de Fabatage etait un membre antamp;ieur.
Je ne remarquai rien d'exlraordinaire, ni dans les muscles, ni dans les tendons, ni dans les articulations, ni dans les aponevro-ses des autres membres; mais en incisant en long et en travels les tendons flechisseurs qui s'attachent ä la partie posterieure du boulet, je constatai, dans le sens longitudinal, beaucoup de fibres qui etaient de couleur rouge brunatre.
Teiles sont les seules lesions que j'aie pu observer, et je dois ajouter que, pendant la vie, on ivapercevait aucune trace d'en-gorgement sur les parties douloureuses.
iMarche. Dur(-e. Terminaisons. — Le Rhumatisme n'occasioune pas ordinairement la mort des animaux qui en sont affectes, mais il produit leur amaigrissement en tres peu de temps. Quand il a parcouru ses periodes avec lenteur, qu'il n'a point suscite des douleurs trts vives, et que ses effets out ete puremenl
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MALADIES DE L APPAREIL LOCOMOTEUR.
locaux, c'est-ä-dire lorsque rinflammation s'est bornöe ä la par-tie qu'elle a attaqutie primitivemeht, sans avoir eu sur les mem­branes musculaires ou fibreuses internes un retentissement fd-cbeux, le Rbumatisme est curable, meme avec une certaine facilite. Cependaut, s'il ne compromet pas la vie des animaux autant qua beaucoup d'autres affections inflammatoires, il a cela de fächeux, surtout quand il s'agit d'animaux cpii tirent leur principale valeur du travail qu'ils fournissent, que sa guerisonest ordinairement longue h obtenir.
Le Rbumatisme du ba3uf dure un, deux et meme trois mois, non pas assurement dans toute son acuite premiere, mais dans un etat interniediaire entre la maladie tres caracterisee et la maladie sous sa forme b^iiigne, qui entratne deux graves incon-venieats : la perte de temps et ramaigrissement.
On voit assez souvent le Rbumatisme reparaitre et acquerir beaucoup d'intensite, quand on avait pu croire h une guerison complete ;il se declare meme sous rinfluence de certaines causes, ä divers intervalles, avec les caracteres de la periodicite. Dans ce cas, il affecte presque exclusivement les rayons inferieurs d'un ou de plusieurs membres. Des engorgements circonscrits, avec pen de cbaleur, mais douloureux; les veines superflcielles des parties #9632;alfectees, variqueuses, enfin la claudieation, sont les symptomes qui le caracterisent alors et tant que Faction de la cause se fait sentir; quand eile cesse, que Tatmosphere est moins liumide, la temperature plus egale, Ja claudieation disparait, les engorge­ments diminuent, et, a l'exception des veines qui restent vari­queuses, tout semble rentre dans I'ordre.
Le Rbumatisme se termine par la resolution, oubieuil se com-plique d'une phlegmasie viscerale de la meme nature, ou encore il se d6place parfois d'une facon tres remarquable, atfecte la pe­riodicite, ou enfin se termine par I'etat chronique.
Je possede des' observations nombreuses qui temoignent de ces diverses terminaisons.
Dans le premier travail que j'ai publie en 1828 sur le Rbuma­tisme du beeuf, je n'ai pas parle d'une complication que j'ai tres distinctement observ^e depuis sur trois beeufs de travail affectes de Rbumatisme aigu : e'etait la dyspbagie bien caracterisee, exis-tant en meme temps qu'une gastro-enterite; et dans les trois cas observes, eile cessa quand raifection rbumatismale articulaire et gastrique eut cede an traitement antiphlogistique, seconds paries boissons emetisees.
Pronostic. — Le pronoslic du Rbumatisme vaine suivant quil
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RHUMATISME.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;859
est aigu, chronique, flxeou mobile, periodique ou non, simple on complique, et suivant les causes qui lui out donne lieu.
S'il est aigu, d'invasiou recente, quelle que soit la phlegmasie qui le complique, le traitement antiphlogistique, secondö paries boissons 6metis6es, doit en assurer la guerison. Mais si la ma-ladie est restee longtemps livree a elle-meme, ou a 6t6 traitee inconsiderement, et si la phlegmasie interne a acquis une tres grande intensite, alors, ou le bccuf perit par celle-ci, ou bien tons les desordres qui sent la consequence necessaire de Taction prolongee de I'iiTitation sur les tissus laissent ranimal dans un tel etat qu'il deviant impropre ä tout. II ne pent ni travailler. ni s'engraisser, parce qu'il souffre continuellement.
Traitement. — Le traitement du Rhumatisme offre des indica­tions generalement faciles ä remplir. Lorsque la raaladie est aigue, simple et dans son debut, la saignee generale ordinaire h la ju-gulaire, et repetee le lendemain ou le surlendemain s'il y a lieu, les breuvages emetises a grands lavages, 1, 2 ou 3 grammes de tartre stibie, chaque gramme en dissolution dans 5 a 6 litres de decoction mucilagineuse; la privation d'aliments solides pour les trois quarts de la ration an moins, sont les moyeus auxquels on a d'abord recours. Taut que les estomacs ne paraissent pas avoir ete affectes de l'inflammation rhumatique, il ne faut pas les priver rigoureusement d'aliments solides; il faut qu'il en arrive assez dans le rumen pour que la rumination puisse s'effectuer. On fait des applications adoucissantes sur les parties qui sont le siege de l'inflammation, et Ton doit pl-eferer les onctions aux ca-taplasmes. Ces derniers out l'inconvenient de ne pouvoir etre maintenus en place pendant longtemps et h une temperature egale. Les animaux cherchent toujours h s'en debarrasser, et la plupart en viennent h bout, soit avec les pieds, soit avec la lan-gue; il est meme des boeufsqui temoignent d'une grande inquie­tude ou qui entrent dans un etat d'irritation extraordinaire, lors-qu'ou se met en mesure de leur envelopper les membres.
Quand la douleur parait excessive, on fait des onctions jour-nalieres avec I'onguent populeum camphre ou laudanise; sinon avec un corps gras, le suif de mouton fondu; un pen plus tard, avec l'huile camphree, et puis avec un liniment ammoniacal.
Les onctions avec I'onguent populeum camphre ou laudanise. ou avec tout autre corps gras, devieunentirritanteset produisent un effet contraire h celui que Ton voulait obtenir, si on n'a pas le soin, avant de faire une nouvelle onction, d'enlever entierement tout ce qui reste sur les parties de l'onction pröcedente. On racle legerement avec une lame de couteau non tranchante, puis on
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86Cnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DE l'aPPAREII, LOCOMOTEUR.
fpotte avec im clüflbii de laine, de maniere que la peau soil (rune proprete parfaite, sans cela 1'action des frictions deviendrait irritants : tons les corps gras se det^riorent a. I'air; ils se rancis-sent, et ils acqnierenf des proprietes opposöes a celles qu'ils ont dans leur etat de bonne conservation.
Ces moyens snffisent ordinairement pour amener la guerisoa en quelques jours; mais si I'affection musculaire s'est com-pliquee dun Rhumatisme visceral, on doit porter principale-ment son attention sur ce dernier, et s'il a son siege dans I'ap-pareil gastro-intestinal, on pent tout aussi Men faire emploi des boissons emetis^es, pourvu que la saignee ait precede leur administration.
J'ai parle do la saignee ä la jngulaire, parce que, dans les cas de Rhumatisme, eile a des etlets plus prompts et plus decisifs que toutes les autres, meme que la saignee arterielle.
Dans le Rhumatisme chronique, le traitement doit avoir pour but de reveiller, dans les organes affectös, la vitalite qui semble s'eteindre, et d'an-eter la disorganisation qui commence; s'il existe une complication viscerale de la meme nature que le Rhu­matisme, les stimulants appliques sur les organes extörieurs pro-duisent une revulsion favorable k la maladie interne, et de plus ils favorisent la resolution des tumeurs.
Une forte friction de teinturedecantharidesoud'unde ces vesi­cants liquides connus sous les noms de feu francais, feu anglais, etc., et des frictions repetees ^'essence de terebenthine, produisent d'excellents eö'ets, ä la condition toutefois que ces diverses frictions seront faites dans une certaine mesure, celles avec les vesicants liquides espacees a des intervalles assez longs, de maniere, par exemple, a nquot;en pas faire d'autre sur la meme partie avant que faction de la precedente ait cesse.
Si plusieurs membres ou plusieurs parties sont affectees de Rhumatisme chronique, on ne pratique les frictions irritantes qu'une ä une, sur le membre droit anjourd'hui, demain sur le membre gauche, et sur deux en diagonale lorsque les quatre membres sont affectes en meme temps. Si les lombes et un mem­bre sont atteints, on fait la friction un jour sur les lombes et un autre jour sur un membre, de maniere a ne provoquer qu'une surexcitation locale; car si la vesication s'exercait dans le meme moment sur de grandes surfaces, la reaction pourrait devenir d'une intensite dangereuse.
An reste, il ne faut jamaisoublier, quand on applique les tein-tures vesicantes ou l'onguent vesicatoirjä, de faire ajouter ä ces medicaments une faible quantite de camphre : on maltrise de cette
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hhtjmatis.me.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;801
maniere Faction fächeuse des cantharides sur les orgaues geni-taux et nrinaires, action ties frequente chez les animanx quand on ne prend pas cette precaution.
Les teintures vesicantes sont preferables aux onguents dans le traitement des maladies du hoeuf. Get animal ayant la faculte d'atteindre avec sa laugne surpresqne tontes les parties du corps, I'onguent pent etre enleve, tandis qne la friction liquide laisse moins de prise.
Quand on fait emploi d'essence de terebenthine, on fait des frictions joornalieres jusqu'ä ce que les teguments commencent it se rider ou ä se crevasser, puis on les suspend. Quand on a ä em­ployer ces frictions irritantes, il fant bien s'attacher ;i distinguer la douleur (^u'elles suscitent de celle qui existait par le fait de l'affection rlmmatismale : la premiere fait eprouver ä l'animal une sensation de gene et de roideur seulement dans les mouve-ments de locomotion, ce que Ton distingue facilement.
Lorsque les frictions ont produit leur etfet, determine de la tumefaction, on ne fait plus, sur les parties frictionnees, d'ap-plications d'aucune sorte; on attend que rirritation locale se calme, et il y a pour les animaux une marque certäine qu'elle est a son terme. On voit alors les teguments reprendre leur souplesse ordinaire, et le poil commencer ärepousser. Sile travail resolutoiron'estpascomplet, on choisit ce moment pour faire une nouvelle friction. Elle est alors opportune, et Ton pent etre assure qnen agissant de la sorte, il ne se formera jamais d'eschare, que le tissu ciitane restera sans epaississement, sans induration, et que le poil repoussera, ses bulbes n'ayant jjas ete detruits.
Cost ainsi que Ton voit des engorgements indures des articu­lations se resoudre presque en entier, les tumeurs molles dimi-nuer aussi de volume et cesser d'etre douloureuses.
Pendant que ce traitement externe est employe, ou doit egale-ment administrer le tartre stibie ärinterieur. On donne matin et soir ä ranimal, bocuf ou vache, 1 gramme de cette substance eu dissolution dans sa boisson ordinaire, el Ton suspend cette medi­cation an bout de trois ou quatre jours, pour la reprendre apres nn Intervalle d'une duree egale.
Quant aux kystes places dans rintervalle triangulaire dujarrot, ils resistent ä l'emploi de toutes les frictions; la cauterisation transcurrente ou meme en pointes u'est pas plus efflcace dans ce cas : il laut user d'uu moyen plus 6nergique. Apres avoir abattu l'animal, ce qui est absolument indispensable pour operer bien et avec securite, on fail sur toute Tetendue du kyste une application de boutons de feu Ires rapprocbes, et lorsque cette operation est
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869nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DK L APPAHEIL LOCOMOTEUH.
ari'ivee ä uu tel point yue le derme est presque transperce, on iatroduit dans la tumeur, par sa partie la plus declive, le cautere a boo ton incandescent, en ayant le sein de le toumer et retour-ner dans rinterieur du kyste, de maniere que la membrane enkystee eprouve son action dans toutes ses parties.
Au bout de quelques jours, les eschares tombent, et par Tou-verture du boutou penetrant, suinte de la serosite; peu ä pea la resolution s'opere et la tumeur disparait. Cette operation ne se pratique que sur les boeufe ou les vaches jeunes chez lesquels le llliuinatismen'a laisse d'autres traces que le kyste et qui conser-vent leur aptitude au travail.
On ne doit pasessayer d'enlever ces tumeurs avec I'instrument tranchant : les tentatives de ce genre out toujours echoue; des vegetations fongueuses survenaient, et malgre les escharotiques on n'en vient Jamals ä bout. La termiuaison la plus heureuse que j'en aie obtenue, est la formation d'une tumeur induree sans ulceration, ce qui est un tres mince resultat.
II faut recourir ä Temploi des frictions irritantes, dans les cas meine de Riiumatisme aigu, quand cette atfection est mobile ; on la suit partout avec cette medication, mais seulemeut apres I'em-ploi de la saignee et celui des boissons emetisees en meme temps.
Centre le Hhumatisme periodique, il n'y a rien de mieux que la cauterisation trauscurrente. Beaucoup de boeufs n'y sont pas plus sujets et peuvent travailler pendant longtemps avec des arti­culations convertes de raies de feu.
On devrait meme avoir recours ä ce moyen pour des auimaux destines ä un eugraissement immediat, s'ils paraissent soull'rir beaucoup de libumatismes articulaires. La cauterisation calme leurs soutfrances et ils s'engraissent ensuite plus facilemen;.
CHAPITRE III
maladies des articulations.
Les Articulations peuvent etre le siege de diverses maladies qui attaqneut soil isolement, soit simultanement. les diverses
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PLAIE3 DES ARTICULATIONS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 8G3
parties qui coupourent ä leur composition, et qui sont princi-palement, outre les distensions, les rhumatismes, qui nous out precMemment occupe : les diverses formes d'inflammatioii (Ar-thrite, Tumeurs blanches); les Tumeurs synoviales ou Hydar-throses; les Luxations.
ARTICLE PREMIER
PLAIES DES ARTICULATIONS
Les Plaies des articulations sont simples ou penetrantes. II n'y a pas lieu de s'occuper des premieres, qui n'ont pas beaucoup de gravite. Les Plaies penetrantes s'observent quelquefois chez nos grands ruminants; mais ellesne sont pas aussi frequentes sur eux que sur les solipedes, surtout anx articulations superieures des membres.
Les causes de ces Plaies ne sont pas iiombreuses; elles sont laites ordinairomont par des corps vulnerants ou contondants, par des instruments de labourage, par les pointes des herses, les pointes de la charrue, ou bien par des fourches, des tridents droits ou recourbes sur lesquels les animaux mettent les pieds dans les etables, ou avec lesquels on les maltraite parfois.
Quandla lesion est primitive, recente, eile ressemble aux Plaies ordinaires; eile est droite ou siuueuse, large ou etroite, suivant le degre d'ecartement de ses bords; mais de plus eile laisse ecbap-per nn liquide visqueux et jaunätre : la synovie, qui I'orme dans la Plaie des caillots albinnineux, mous et blanchätres; cquot;est le premier resultat de la plaie; rinflammation se declare un pen plus tard. C'est alors que la douleur, tres peu developpee d'abord, devient extremement vive; qu'un engorgement tres cliaud et tres douloureux envahit toute Tarticulation. Les mouvemenls de la re­gion sont penibles, difiiciles, et si la blessure existe sur Tune des extremity's, la clandication est intense, I'appui ties douloureux ou impossible.
La description des phenomenes ([ui caracterisent les Plaies articulaires est complete dans les Elements de Chirurgie veterinaire de M. J. Gourdon, et ce qui suit sur la marche de la maladie ne Test pas moins :
laquo; De la Plaie trausformee, souvent en une listule remplie de longosites molles, s'ecoule le liquide synovia!, qui. de jaune et transparent, devient grisätre, purulent, angmente en quantite et
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MALADIES DE L APPAREIL LOCOMOTEUR.
repand au bout d'un jour ou deux, surtout pendant les temps chauds, one odeur fetide caracteristique; il se depose ä la surface des pansements sous forme de gros caillots, jaumUres, mollasses, infiltres d'une aboudante quantity de liquides sereux, qui s'en echappent par la pressiou.
laquo; Ges diüerents symptömes sout 1'indice d'une vive inflamma­tion de la syuoviale et des autres parties de l'articulation. Quand ils se prolongent, ils peuvent occasionner des accidents plus gra­ves : le gonflement des extreraites articulaires des os,*la suppu­ration des synoviales , l'alteration et l'epanchement de la synovie dans les tissus, la formation d'abces autour de la jointure, Fero-sion des cartilages,rinflamniation des gaiues voisines, I'ankylose.raquo;
L'inflammation locale arrivee ä ce degre d'intensite provoque une rraction vive, la fievre et 1'apparition d'autres symptömes generanx, tels quo la perte de Tappetit, rinrumination. Une va-che pleine de six mois a avorte, sans autre cause que la reaction febrile d'une intensite extreme, resultant d'une Plaie articulaire du beulet faite par la pointe d'une herse.
Le pronostic des Plaies articulaires est toujours d'une gravite relative ä l'etat et ä la destination des animaux. S'ils sont en bou etat, et (jue la Plaie seit tres profonde, (]u'elle puisse faire mai-grir Fanimal on pen de temps, ce qui est inevitable et qui se produit avec une rapidite incroyable, on sacriflo cet animal a la boucberie. II y a d'ailleurs la perte de temps et de travail dont il laut tenir compte, et les Plaies par piqüres, par exemple, out presque toujours une longue duree quand on n'a pu en obtenir la resolution promptement an moyen des röfrigerants ou d'appli-catioQS vesicantes.
Traitcment. — Les refrigerants, qui consistent soit en affusions d'eau froide continuees pendant plusieurs heures, soit en bains dans I'eau stagnante ou courante, sont d'une grande eificacite, ineme quand les Plaies sont larges et profondes. A ces refrige­rants, on ajoute depuis quelques annees un traitement qui, soit dit sans prevention, a aussi une effleacitö incontestable : ce sont les lotions frequentes, presque continues, avec une dilution de teintnre d'aruica.
Le tannin de Pelouze, applique sur les Plaies des articulations qui ne sont ni tres larges, ni tres profondes, coagule parfaite-ment la synovie, et sonvent on obtient par ce moyen la guerison prompte d'une plaie recente par piqüres.
Mais le moyen que je prefere a tons les autres, e'est I'emploi des vesicants dans tons les cas de Plaies par piqüre et dans tons ceux oil les Plaies larges et profondes commencent a se resserrer.
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HYDARTHROSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 8(15
Depuis longtemps, les einollieuts, les calmaats, etc., sont bauiii? de toute pratique rationnelle sous ce rapport.
ARTICLE II
ARTHRITE
L'Arthrite proprement dite est uue maladie que Ton n'observe guere que sur les veaux des les premiers jours de la uaissance, et tont porte ä croiro que cette affection est congenitale chez ces jeunes auimaux.
On la reconnait aux syniptomes suivants : engorgements dou­loureux des articulations, difficnlte pour les auimaux de se tenir sur leurs membres, de marcher; agitation du flanc-, maigreur excessive, diarrhee, rofus de prendre le trayou.
M. Darreau, tpii a observe la meme maladie sur les poulalns, conseille de la conibattre par l'administration de deux heures en deux heures, pendant plnsienrs jours, de 80 ä 100 grammes de sulfate de soude, rendu plus actif par l'addition de 6 ä 8 gram­nies d'aloes. 11 assure que l'Arthrite guerit assez facilement sons l'influence de cette medication, dout le resultat est une purgation prolougee si la maladie n'est pas ancienue.
Toutes les fois f[ue j'ai eu l'occasion d'observer cette maladie, j'ai rencontre des proprietaires qui refusaieut absolument qu'un traitement int employe; et ils avaient probablement raison d'agir ainsl.
ARTIGLE III
HYDARTHROSE
L'Hydarthrose est une accumulation de synovie qui distend les membranes articnlaires et donne ä l'articnlation, en augmentant sou volume, une forme bosselee. M. Gourdon dit : laquo; Les tumenrs synoviales ou Hydarthroses sont le resultat du developpemeut anormal de petits appareils membraniformes, clos de toutes parts, et remplis d'nne humeur onctueuse, que l'on connalt sous le nom de capsules synoviales, et qui sont interposes entre les parlies mobiles pour en faciliter le glissement. Suivant la nature des par­es
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MALADIES DE L APPAREIL LOCOMOTEUH.
ties avec lesquelles elles sont en rapport, on les appelle synoviales tendineuses et synoviales articulaires (1). raquo;
Les tumeurs portent le nom de mollettcs, quand elles sont situees h la partie posterieure du boulet; de vessigons, yuand elles sont an jarret. Le vessigou est simple, s'il n'existe que d'un seul cole; il est cheville, s'il est double ou s'il apparait des deux cotes; il est souffle, s'il s'etend sur la corde du jarret.
Le vcssiyon se declare souveut sur le boeuf atteint de rhuma-tisme, mais il est le plus souvent le resultat d'une distension ou d'mie piqüre.
11 se presente sous la forme d'une tumeur molle tres doulou-reuse et donnant lieu ä la claudication quand eile est recenle, mais indolente si eile est de date ancienne. Elle se developpe brnsqnement, quand eile a eu pour cause une distension violente ou une piqüre; et tres lentement, quand c'est la fatigue conti-nuelle qui I'a occasionnee. Les bceul's de travail dont les jarrets sont droits sont tres souvent aüectes de vessigons, qui ne donnent point lieu ä la claudication.
Un vessigou dor, tres douloureux, apparait souvent ä la pointc du jarret du boeuf ä la suite d'une piqüre de l'aignillon.
Un seid moyeii de traitement convient pour coinbattre I'Hydar-tbrose chez les animaux de l'espece bovine, c'est I'application successive de vesicants. Apres une de ces applications, on laisse tomber les croütos qui en resultent, et si la resolution n'a pas eu lieu completement, on fait une nouvelle application, que Ton re-nouvelle jusqu'ä ce que le resultat soit decisif, ä moins que I'ani-mal ne soit mis an regime de l'engraissement.
CHAPITRE IV
Luxations.
La Luxation est un cbangement permanent et plus ou moins considerable, survenu dans les rapports naturels des surfaces ar­ticulaires des os uuis par diarthrose.
[1) Elements de Chirurgie, t. II, p. 150.
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LUXATION DE LA ROTULE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;867
11 y en a de congenitales, de spontanees graduelles ou progres­sives, et d'accidentelles ou Iraumatiques.
On observe les Luxations congenitales sur des veaux qui vlennent de naitre et que Ton sacrifie sans essayer d'aucun trai-tement, ä moins que les Luxations ne soient jieu apparoates, lelles que celles de la rotule.
Les luxations les plus ordinaires sur les betes bovines, sont : 1deg; la Luxation de la rotule, cougenitale ou accidentelle: 2deg; la Luxation de larticulation coxo-feinorale; 3deg; la Luxation de 1'ai-liculation scapulo-humerale.
ARTIGLE PREMIER
LUXATION DE LA ROTULE
Cette Luxation es, commune sur les animaux de l'espece bo­vine. Son caractere principal est d'etre moinentauee, incomplete, et de pouvoir s .uvent etre reduite, comme eile se produit, par l'effet des seules contractions inusculaires. La rotule se deplace au moment de 1'extension du membre, et reprend sa position par l'effet de la flexion seulement. Pendant longtemps on a appelc crampe l'etat qui se produit par le deplacement, et les bceufs etaient dits crampcux ou garampons.
Causes. — Le jeune äge, la mollesse des tissus, le reläcliement des ligaments qui doivent maintenir la rotule dans sa position normale, l'aplatissement excessif de la cuisse predisposent ä cet accident.
Les causes occasionnelles sont des tiraillemeuts violents de l'articulation, des coups portes surrarticulation. La Luxation de la rotule est quelquefois le resnltat d'un coup de tete portö ä plat avec le front, ou d'un coup de corne recu pendant une de ces lüttes auxquelles se livrent entre eux les animaux de l'espece bovine. Ici la Luxation est accidentelle; mais si eile a lieu sans cause connue, si eile est spoutanee, il faut croire qu'elle resulte simplement d'un defaut de conformation.
SymptAmes. — La Luxation de la rotule a lieu toujours en de-hors, la disposition des condyles du femur ne permettant pas qu'elle puisse avoir lieu en dedans. La rotule est done portee eu haut et en deliors de sa position normale, et aussitöt la flexion du membre est suspendue; ce membre est roide, et si la locomotion se fait par les trois membres restes libres dans leurs mouve-
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868nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DE L APPAHEIL LOCOMOTEUR.
meuts, il est traine. Quand la LuxatioiT est incomplete, il est rare que le boulet soit tlechi, et alors le pied reprend sa position nor­male; mais si eile est complete, le boulet est porte en arriere, les onglons sont releves, et il rase le sol.
C'est ainsi que cela s'observe lorsque la Luxation est accidentelle el recente; mais si eile est spontauee et ancienne (on en voit qui sont coageintales), le deplacenient de la rotule est spontane et la reduction lest ögalement. Au moment oa le boenf se met en mar-che, le membre sur lequel a lieu la Luxation opere son mouve-ment de flexion apres un temps d'arret tres apparent, suivid'une flexion saccadee accornpagnee d'un craquement brusque et tres appreciable ä raiidition. Ce deplacement a lieu, selon toiUes les apparences, pendant le repos, et ce qui semble le prouver, c'est cjue la reduction s'opere par la flexion saccadee dont j'ai parle, et (pie, si apres deux ou trois craquements le bceuf continue de marcher, la Luxation et la reduction ne se reproduisent plus qu'apres un temps de repos, et, dans ce cas, eile a lieu äl'etable. Ün la constate lorsque I'animal qui etait couche se leve et qu'il execute le mouvementde pandiculation ; s'il est sur ses inembres et en repos complet, le craquement ss fait entendre quand on le pousse ä droite ou ä gauche.
Les cultivateurs qui out amene en foire des bieufs sujets ;i cot accident ne leur laissent aucun moment de repos taut qu'ils se croieat en presence d'un acheteur.
Marclie. Durec. Termiuuisons. — La Luxation accidentelle se manifeste snbitement; la Luxation spontanee egalement. La pre­miere pent ne pas avoir une longue duree si eile est reduite sans trop de retard; la Luxation spontanee pent durer pendant des au-nees, et cela est facile ä concevoir : le cultivateur, voyant que son bceuf n'eprouve de la gone pour so mouvoir que pendant quel-ques secoudes ou quelques minutes an moment oä il se met en marche, et qu'il pent ensuite travailler pendant des heures en-tu'res sans donner aucun signe de gene dans sa marche ou de claudication, se resigne ä le garder aussi longtemps qu'il croit pouvoir s'en servir, et quelquefois jusqu'au moment de Fengrais-ser. A cela il n'y a meme pas de grands inconvenients. Cepen-dant, il pent arriver qu a la suite de ces luxations spontanees qui se produisent apres chaque temps de repos, on remarque un pen de gene dans les mouvements de locomotion, et rarticiilation de-vient quelquefois le siege d'un engorgement qui se developpo d'abord tres lentement, finit par occuper tonte l'articulation et occasionne une claudication continue, dont I'intensite augmente journellement, tandis que la cuisse s'amaigrit et que I'animal perd
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LUXATION DE LA ROTULE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;869
Tappetit, reste plus longtemps couclie, et n'appuie son pied sur le sol qne ties imparfaitenient. Alors, il n'y a plus de craque-meut, par consequent plus de Luxation sponlanee; mais on a une arthrite chronique d'une incnrabilite averee, at la douleur quelle occasionue empeche ranimal de s'engraisser.
Sin- beaucoup de sujets, la Luxation spontanee de la rotule a cette terminaison. .
Diagnostic. Prunosiie. — Deux symptöiues tres caractöristiques font reconnaltre l'existence de la Luxation de la rotule : la roi-detir du membre et la position que la rotule prend en haut et en deliors de rarticulation femoro-tibiale. II n'y a pas ä s'y tromper, surtout quaud on a Men observe les symptomes du deplacement de rischio-tibial et ceux de la Luxation dont je viens de parier. Dans le cas de deplacement de ce muscle, le tiraillement de cet organe est tres apparent, et cela suffit poor fixer le diagnostic. Quant au pronostic, il n'est poiift facheux's'il s'agit de la Luxation accidentelle et si ol a pu en operer la reduction sans beaucoup de retard; lorsque la Luxation est congenitale, il est tres grave, et il est assez favorable lorsque la Luxation spontanee a ete re-duite et maiuteuue pendant qnelque temps.
TriiUcment. — Pour reduire facilement la Luxation de la rotule, riudication essentielle ä remplir est d'amener a l'etat de reläche-ment les parties tendineuses et ligamenteuses qui assujettissent naturellement la rotule; ces parties sont : superieuremeut, des tendons appartenant h des muscles places ä la lace anterieure du femur; et inferieurement, des ligaments qui out leur origine au tibia.
Pour produire le relächement de ces parties, il faut redresser le coude forme par ce femur et le tibia. A cet effet, on fixe une plate-longe dans le pii du paturon, on la fait passer par-dessus le garrot, on porte le membre en avant, on maindent autant que possible le boulet a la hauteur du coude; on reduit alors la Luxa­tion en poussant vivement la rotule dans la trochlee : le membre reprend aussitot la liberte de ses mouvements.
Je n'emploie pas toujours la plate-longe de cette mauiere; je me borne ä la passer dans le boulet. Un aide tire fortement et vivement le membre en avant, tandis qu'avec la main droite ou gauche, suivant les circoustances, je refoule la rotule vers la tro­chlee. Apres cela, je fais attacher court les animaux k l'etable; je les mets dans Timpossibilite de se coucher, et j'applique sur 1'ar­ticulation un vesicatoire dont I'effet puisse etre tres prompt. Une couche de pommade stibitle etendue sur la peau, apres avoir coupe le poil, suffit pour produire un engorgement qui maintient
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870nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DE l'aPPAREIL LOCOM0TEUR.
la rotule plus surement et plus commod^ment qu'un bandage, et cet engorgement modlfie l'etat des parties sous-jacentes, de teile maniere quela Luxation ne se reproduit point, surtout quand eile a et(5 spon tan^e.
Quand la Luxation de la rotule est cong^nitale, on parvient a la guerir assez souvent, en raaintenant pendant un certain temps un emplätre de poix sur I'articulation , surtout si Ton met ce trai-tement en pratique dans les premiers jours qui suivent la nais-sance et si le jeune animal est nourri de maniere ä se developper dans de •bonnes conditions de sante. On rencontre sur les mar­ches des boeufs qui portent des traces evidentes d'applications vesicantes sur les deux articulations femoro-tibiales, et qui font neanmoins un tres bon service, sans qne jamais on ait eu ä re-marquer sur eux les moindres signes de Luxation momentanee de la rotule.
Ce sont des observations de ce genre qui m'ont donne l'idee de trailer la Luxation congenitale par l'application d'un emplätre de poix noire.
J'ai dit par quels moyens je parvenais ä reduire les luxations de la rotule; mais je dois faire connaltre egalement un precede tres ingenieux, employe par M. Benard, pour la reduction de la Luxation de la rotule sur les jennes poulains. Le procede est ainsi decrit dans le Dictionnairc d'Hnrtrel-d'Arboval :
laquo; M. Benard, qui a public un Memoire tres interessant sur les maladies des poulains, met en usage des moyens simples pour reduire la Luxation de la rotule. D'abord il prepare un bandage compose d'une bände de teile neuve tres forte, onrlee sur ses deux bords, longue de 1 metre 3 decimetres, large de 13 centimetres et demi h 16 centimetres un quart dans son milieu, et retrecie graduellement de maniere h ne pins conserver que 4 centimetres de large h ses extremites. II pratique sur le milieu de cette bände une incision transversale, dont les bords doiventaussietre oiu-les. Une autre incision est faite sur Tun des chefs, ä 22 centimetres de la premiere, mais selon la largeur de la bände. Sur I'indsion transversale, il fait coudre, par les extremites seulement qui cor­respondent an bord de la bände principale, un morceau de la memo toile, long de 19 centimetres ä 21 centimetres et demi, large de 54 millimetres, et constituant une espece de passant. raquo;
Ce bandage ainsi prepare, M. Benard procede ä la reduction. Le poulain maintenu debout, un aide le tient fortement ä la töte, tandis qu'un autre aide lui porte le membre malade en avant, tendant le jarret et la jambe sur la cnisse; la reduction est alors tres facile ä operer: il suffit k I'operateur de placer le pouce en
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LUXATION DE L ARTICULATION COXO-FEMORALE.
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arriere de la rotule et de la refouler en avant. La rotule, 6tant en place, on enduit la peau qui la recouvre et celle des environs d'une forte conche de t6r6benthine, et Ton applique le bandage par-dessus, en placant Teminence que forme la rotule dans I'in-cision transversale de la bände; puis, reportant les deux chefs en arriere, on fail passer celui qui est entier dans I'incision lon-gitudinale de l'autre; les ramenant en avant, on les passe dans l'anse de toile, d'abord a la partie superieure ; retoarnant en ar­riere, on les ramene de nouveau en avant, on on les fixe par an double nceud a la partie inf^rieure de l'anse transversale dejä decrite enparlant du bandage.
Ce bandage doit etre fortement serre de maniere cependant ä ne pas interrompre la circulation. II est necessaire qu'il reste en place pendant une quinzaine de jours. On pent, dans ce laps de temps, le desserrer plusieurs fois et le resserrer de nouveau. On fait au-dessous du bandage quelques frictions irritantes. Ce der­nier moyen, en dtHerminant la tumöfaction des parties, contri-bue singulierement ä affermir l'articulation, qni parait avoir et6 luxee surtout ä cause du reldchement des ligaments qui entou-rent rarticulation femoro-rotulienne.
Ce bandage me semble devoir etre employe avec avantage, dans la Luxation congenitale.
ARTICLE II
LUXATION DE L ARTICULATION COXO-FEMORALE
Dans le deplacement du muscle ischio-tibialexterne, le tiraille-ment qu eprouve ce muscle pent donner lieu a la Luxation de l'articulation coxo-femorale. Gelte Luxation est observee assez souvent sur les animaux de Fespece bovine. Elle est complete ou incomplete. Gelte derniere, beaucoup plus commune qu'on ne pense, est quelquefois spontanee, ou d'autres fois eile a lieu pro-gressivement par reffet du relachement du ligament inter-arti-culaire.
Causes. — Les boeufs ä la croupe allongee et plate, formd'e de muscles peu volumineux, eprouvent cet accident plus souvent que ceux dont la croupe est amplemeut recouverte de muscles volu­mineux. La maigreur est une des causes predisposantes les plus framp;Tuentes. La Luxation spontanee tient aux memes causes occa-siennelles que la Luxation de la rotule. II en est de meme de la Luxation progressive. J'ai observe cette derniere. tres souvent.
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MALADIES DE L APPADEIL L0C0M0TEII1.
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SfmptAmes. — Qnand la Luxation de l'articulatioii coxo-femo-rale a lieu, la töte du lemur est sortie de la cavite cotyloide et portee en nrriere; le membre est raccourci, engorge vers la par-tie oü se trouve la tete du femur; la claudication tres forte, I'ap-pui sur le sol ;quot;i peiue apparent, et a chaque mouvement de locomotion execute par les membres sains, le membre vacille des que la pince du pied louche le sol, absolument comma si 1 ani­mal, apres ce semblanl d'appui, retirait son membre pour echapper h la doulenr qu'il eprouve.
Quand la Luxation est incomplete, on distingue tres bien la tete du femur se monvant sur le bord de la partie superieure de la cavite cotyloide : alors I'appui se fait sur le sol d'une maniere plus apparente; cependant si Ton en juge par la physionomie de ranimal, par les mouvements saccadcs do sa tete, toutes les fois qu'il essaye de marcher, il eprouve une forte doulenr, il est es-soullle et en sueur aussitot qu'il a fait quelques pas.
On voit des cas de Luxation progressive ne se manifester d'abord que par une lagere claudication, par une gene evidente dans rarticulation et par an peud'engorgement, simple resultat d'une distension du ligament rond, laissant la tete dn femur se porter en dehors de la cavite cotyloide, sans toutefois lui permettre un ecartement considerable. Cette description est tres exacte; mais j'avoue qu'il m'a fallu observer piusieurs fois cet (sect;tat pathologique avant d'en venir h diagnostiquer de la sorte.
Lorsqu'apres avoir mis vainement en pratique tons les moyens connus, pour faire cesser une claudication que j'attribuais uni-quement ä une distension du ligament rond, je conseillais en desespoir de cause d'engraisser I'animal; e'est pendant I'engrais-sement que je voyais la Luxation, d'abord incomplete et k peine sensible, devenir de plus en plus apparente, pour finir par etre complete. C'est alors one je parvenais ä me faire une idee juste du caractere de la maladie.
Diasnostio. Pronostie. — La saillie de la tete du femur en ar-riere dc la cavite cotyloide, le raccourcissement du membre, son balaucement an moment oü I'animal cherche a faire son appui sur le sol, sont des symptomes d'une appreciation assez facile, pour que le veterinaire puisse diagnostiquer une luxation.
Cependant les premiers signes de la Luxation progressive peu-vent laisser du doute dans I'esprit. Jusqu'au moment oü la tete du femur quitte le fond de la cavite cotyloide, la claudication qui augmente et les contractions du membre accompagnees de balau­cement sont les seuls caracteres permettant d'etablir le diagnostic d'une luxation progressive.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; quot;-
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LUXATION DE L ARTICULATION SGAPULO-HUMEUALE.
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Quant au pronostic,il est fächeux dans le cas de Luxation com-jjlete,et un peu moins fächeux, sansetre favorable, quand la Luxa­tion est progressive. Apres la Luxation complete, le boeuf doit etre abattu pour en tirer un pai ti tel quel; et apres la Luxation pro­gressive on doit prendre le meme parti si ranimal est en bou etat, on essayer de le retablir pour qu'il acquiere un peu plus de va-leur. Mais il soufl're trop pour s'engraisser entierement, et on ne parviendra jamais qu'ä lui faire trois quartiers passables : celui du membre luxe, sera toujours maigre et ne fournira qu'une viande coriace.
Toutes les tentatives que j'ai faites pour reduire la Luxation complete de l'articulation coxo-lcmorale out et6 infructneuses; il est vrai que la valeur que conserve encore pour la boucherie one bete bovine en assez bon etat, dans le cas d'une luxation de ce genre, ne m'a jamais permis de renouveler plusieurs fois ces tentatives, les proprietaires n'y voulant point consentir.
ARTICLE III
LUXATION DE L ARTICULATION SCAPULO-HUMERALE
Tres rarement observee. J'en possede seulement deux obser­vations : Tune a pour objet un boeuf qui avait fait une chute dans un precipice; eile etait compliquee d'une fracture de Thu-merus et I'aihmal fut sacrifie. La seconde portait sur une vache qui s'etait fracture une cuisse en meme temps; eile fut abattue egalement.
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SECTION VIII
MALADIES DIVERSES DES REGIONS
GHAP1TRE PREMIER
.Ilaladies des veux.
Les maladies des yenx ne presentent rien de particulier sttr les animaux de Fespece bovine; si quelques-unes de ces maladies different par leur forme de celles des animaux de l'espece cheva-line on mnlassiere, c'est uniquement par le caractere que leur impriment certaines causes h rinfluence desquelles les didactyles se trouvent exposes plus souvent.
ARTICLE PREMIER
ONGLEE
L'Onglee est rinflammation du corps clignotant. Cette affection est sporadique etperiodique quelquefois ; eile estaussi 6pizootique, mais plus rarement; alors eile existe en meme temps que I'oph-thalmie qui a le meme caractere. L'Onglee est tres frequente.
Les causes predisposanles tiennent a I'irritabilite continuelle de l'organe, eatretenue par le söjour des animaux dans des eta-bles oil Fair est charge de vapeurs ammoniacales, et leur passage subit de ces etables dans une atmosphere froide et agitee. Les causes occasionnelles de l'Ongiee sont toutes celles de l'ophthal-mie et notamment la presence de corps etrangers implantes sur le corps clignotant.
L'Onglee dependant d'une ophthalmic genörale en suit toutes
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ONGLIJE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;875
les phases; mais I'Onglee sporadique simple apparait subitement, n'a pas une longue duree et se termine par la resolution.
La rougeur, le boursoufflement du corps clignotant, ia place qu'il occupe sur une portion du globe qu'il recouvre souvent en entier, et la chassie 6paisse dont il est convert en partie, sent les symptömes caraetöristiques de l'Onglöe.
Le pronostic de cette affection n'est point fdcheux, quot;si I'Onglee est de date recenl.e; mais si le corps clignotant est ulcöre sur quelques points, il est moins favorable, parce que, dans ce cas, I'inflammation pent prodnire I'induration.
Traitement. — Les collvres liquides indiques pour combattre Tophthalmie sont les remedes ordinaires de I'Onglee. Cependant il faut dire qne, lorsqu'elle est simple et de date recente, les lotions d'eau froide vinaigree suffisent Men souvent pour amener la resolution de la phlegmasie, h moins qu'elle ne se reproduise souvent et ä des intervalles assez rapproches ; car alors il laut recourir ä la saignee gcnerale. quand meme cette phlegmasie n'aurait pas une intensity inquiotante.
Quand I'inflammation du corps clignotant passe h I'etat chro-nique, et que par les collvres resolutifs on n'a pu en obtenir la resolution, le traitement le plus efficace consiste dans I'excision de toute la partie engorgee. Cette excision n'est pas sans incou-venients; et, apres l'avoir faite, il n'y a qu'un parti a prendre, e'est de preparer Tanimal pour la boucherie : sans cela, il est in-quiet, il souffre de l'ceil par 1'absence d'un corps destine ä pre­server le globe du contact des corps ambiants.
Si, lorsque I'excision paratt indiquee, on ne la pratique point, il arrive souvent que I'inflammation gagne la base cartilagineuse du corps clignotant, et alors on voit un ulcere apparaitre sur ce cartilage : e'est d'abord une tache blanchätre qui est la carie du cartilage, puis cet ulcere s'etend aux parties envirounantes, et Ton se trouve en presence d'un engorgement cancereux qui est toujours incurable.
Le proc6de operatoire de I'excision du corps clignotant affect^ d'une inflammation chronique, qui menace de produire la dege-nerescence cancereuse, est assez simple. One fois que I'animal a la tete fortement fix(?e ä un arbre on a un poteau, ou bien des qu'il a ete abattu et qu'il est solidement maiutenu sur un tas de fumier, un aide tient les deux paupieres ecartees, au moyen d'erignes mousses, et l'operateur tranche en un seul mouve-ment toute la portion ä exciser, au moyen de forts ciseaux courbes. Je n'ai jamais employ^ d'autre precede; mais en void un autre qui est recommande par M. Leblanc pere :
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MALADIES DIVERSES DES REGIONS.
laquo; On se munit ä cette flu de plusieurs erignes mousses, d'une erigne ordinaire, d'une pince ä dents de loup, et de ciseaux coiu--bes sur piat, ä lame? minces et allongees.
laquo; On abat et on assujettit l'animal ä operer; des aides tiennent les graudes paupieres ecartees avec les erignes mousses; I'opera-teur saisit rextremile libre du corps clignotant, implante I'erigne ordinaire dans son tissu, de maniere ä en permettre le souleve-ment, et exercant dessus one 16gere traction en l'eloignant du globe, ii fait passer une brauche des ciseaux vers la base de la partie a retrancher, de teile sorte que la surl'ace couvexe est tour-nee vers Tangle temporal; il engage entre les lames de I'mstru-inent la partie ä retrancher et en opere ainsi Texcision. raquo;
L'operation terminee, on pause la plaie avec des etoupes tres fines, que Ton maintient, si faire se peut, au moyen d'un ban­dage matelasse; mais ce pansement ne reste pas longtemps en place, et il est meme inutile si le cartilage n'est point carie, la plaie se cicatrise alors facilemeut. Si, au contraire, I'inflammation chrouique, quelcfue pen apparente qu'elle soit, a gagne les tissus environnauts, des vegetation; fongueuses apparaissent, Veten-dent, et bientot c'est un cancer de l'ueil qui se trouve avoir ete la terminaison de TOnglee passee ä l'etat chronique.
II resulte de ces faits que I'Onglee qui, dans le plus grand nombre de cas, est une affection pen grave, peut aussi etre suivie d'un etat pathologique qui ne laisse aucun espoir de guerison.
L'emploi du cautere actuel avec le fer rouge, de la cauterisa­tion avec le nitrate d'argent, ou l'applicatioa de pommades h base d'arsenic, m'ont toujours donne de tres mauvais resultats ; et Ton ne saurait croire, ;i moins de l'avoir vu, avec quelle rapi-dite repoussent les vegetations fongueuses apres qu'elles ont 6te tranchees par un escharotique quelconque. Aussi dirai-je qu'il y a imprudence grande a tenter la guerison d'une pareille maladie sur des animaux qui, d'ailleurs, peuvent etre livres au boucher sans grande perte pour le proprietaire.
ARTICLE II
OPHTHALMIE
Aujourd'hui, on designe plus particulierement sous le nom d'Ophthalmie toutes les iuflammations qui out une tendance manifeste ä se genöraliser dans l'appareil oculo-palp6bra], et ä s'6tendre, soit tout h coup, soit gi'aduellement, mais avec rapidi-
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OPHTHAI.MIE SPORADIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 877
dite, ä plusieui's de ses parties, qui se trouvent alors affect^es h la Ibis et ä jjeu pres an raeme degre. Cette definition est em-pruntee an Nouveau Dictionnaire des sciences inedicalcs et veterinai-res, et je l'adopte, parce qu'elle me parait en tons points resulter de l'observation. Mais je divise cette maladie en Ophthalmie spo-radigue et qiii se declare sons L'influence de can-es parfaitemeut appi-eciables, en Ophthalmie periodiqne, en Ophthalmie symp-tomatique et en Ophthalmie epizootique.
j; (er. — Ophthalmie sporadique.
Cette forme de rOphthalmie est la phis IVequente et la phis simple dans ses caracteres.
Causes. — Les causes predisposantes sent pen nombrenses, e'est-a-dire qn'elles peuvent etre decrites en jieu de mots, qnoi-qu'elles soient tres freijuentes dans cerlaines localites. Toutes les fois qn'ils sont loges rlans des etahles basses, tres chandes, mal aeries, on manque la litiere, et oil par consequent les emanations ammoniacales se tiouvent en gvande proportion dans I'atmos-phore, les animaux sont predisposes aux Ophthalmias. L'irrita-tion sonrde, entretemie par ces emanations, devient promptement nne inflammation des plus intenses. si, en sortant des etables, ils se trouvent snbitement sonmis ä raction d'un air froid et vif; aussi a-t-on remanjne qne ces Ophthalmies se declaraient snrtont en hivor. Eiles sont le plus h redouter ijuand Tanimal passe d'nn lien on l'air est Urs chaud ef charge de vapenrs ammoniacales dans nne atmosphere tres froide et agitcc; si l'air n'est pas agite, le danger est bieu moindre.
Apres ces causes, viennent les froissements, les coups portes ä plat snr le globe, les contusions plus graves faites avec I'extre-mite de In corne d'un antre bonuf, les coups d'aiguillons, et enfin, la prösence d'un corps ßtranger, implante soit sur la cornee lu-cide, soit sur la conjonctive proprement dite ou retenue entre les replis de cet organe. Les froissements et le frottement d'un corps dur snr le globe out lien de plusieurs manieres : un boeuf est re-tenu ä la creche par nne corde, qui pent, en s'enchevetrant dans nne des comes, s'appliquer surunoßil, exercer an froissementqui determine rOphthalmie; ou Men e'est line chaine en fer, dont le frottement prodnit des effets plus prompts et plus graves; on bien encore e'est le bceuf lui-meme qui, eprouvant sur les paupieres un violent prurit occasionnö par la presence d'une dartre furfn-racee, se gratte contre un corps dar et raboteux, tel que I'ecorco d'nn gros arbre, et parfois avec taut de violence, que la peau des
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878nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DIVERSES DES REGIONS.
paupieres ea est excoriee, et qu'uue Ophthalmie yenerale se ma­nifeste presque subitement.
Les couj)s d'aiguillous sont aussi yuelquelbis des causes d'une Ophthalmie, la plus daugereuse. II est arrive plusieurs Ibis ä ma counaissance que des houviers, menaces par des bceufs en liberte, s'en soat defendus en leur poussant dans les yeux la pointe de l'aiguillon dout ils etaient armes. Un coup de corae qui dechire seulement la paupiere occasionne une Ophthalmie, si le globe a ete coutusionne, et lorsque la pointe de la corne porte directe-ment sur le globe, eile le transperce rarement; mais la contusion qui en resulte produit une inflammation generale de l'organe, tres prompte et trea violente.
Les corps etrangers qui s'engagent dans les replis de la con-jonctive, qui s'implautent ä la face interne des paupieres ou sur la cornee lucide, sont des portions de paille et de balles de ble ou d'avoine, de cette derniere le plus souvent, et voici comment cela se fait : si, comme dans les etables ä la flamande, le fourrage est depose dans le creche, que ce fourrage soit de la paille d'avoine Men divisee, et que les animaux la prenueut avec vivacile, en respirant fortement, comme lorsqu'ils mangent avec beaucoup d'appetit, la balle qui se trouve parmi la paille peut etre soulevee, et c'est alors qu'il arrive parfois quelle est portee sur la cornee lucide ou sous les paupieres.
Si la paille est mise dans un rätelier un pen plus eleve que la tete du boeuf, ainsi que cela doit etre, afin qu'il puisse attirer ä lui cette paille plus facilement avec la langue, c'est dans ce der­nier mouvement que la balle de ble ou d'avoine tombe sur les yeux, que le boeuf tient grands ouverts, quand il mange de bon appetit. Aussitöt que cet animal eprouve l'impression du corps etranger, il met en mouvement le corps clignotant pour s'en debarrasser ; mais comme le corps etranger est pourvu de petites pointes ou asperites, le corps clignotant ne peut que le deplacer saus le faire tomber, et il penetre plus profondement sur le point oü il s'est arrete, on bien il reste attache au corps clignotant sur lequel se declare une inflammation qui gagne bientot les autres parties de l'ceil.
Sympiömes. — Les principaux sont la rougeur et l'injection de la conjonctive, la tumefaction des paupieres et le larmoiement continuel; les membranes du globe sont egalement rouges d'abord, mais d'une maniere moins apparente, et bientot cette rougeur dis-parait pour faire place ä une couleur d'un blanc roussätre, qui occupe soil partiellement, soit en totalite, la cornöe lucide.
Quand rinflammation des parties internes de i'oeil a precede
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OPHTHALMIE SPÜRADIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 879
rintlammatiou de la cornee lucide et de la conjonctive, ou dis­tingue le trouble et la rougeur de I'liumeur ayueuse. L'Ophthal-mie suscite, chez las animaux de l'espece bovine, une douleur intense; ils perdent l'appetit, ne rumineut que rarement, et temoignent d'une sensibilite extreme toutes les Ms qu'on exerce une manipulation quelconque sur une des parties de la tete et meme sur la partie superieure de Tencolure. Ils se defendent de l'approcbe de I'liomme avec une vivacite qui va jusqu'a la vio­lence. Les larmes qui, dans ce cas, coulent sur le chanfrein de c-es animaux, out une action irritante tres pronoucee; en peu de jours toutes les parties de la peau sur lesquelles elles out coulti se trouvent epilees. On voit, dans quelqaes circonstances, une in­flammation de la peau, d'un caractere erisypelateux, survenir apres l'epilation de cet organe lorsque le larmoiemeut a une duree de plusieurs jours.
La tumefaction des paupieres n'est pas toujours le resultat d'une Opbthalmie; eile estbien souvent, sur les animaux de l'es­pece bovine, un Symptome de ces liemorrbagies du tissu cellu-laire, auxquelles ils sent tres sujets, et que Ton trouvera decri-tes ailleurs. Je n'aurai k nientionner ici cette tumefaction que pour faire remarquer une difference qui la caracterise : le lar­moiemeut estun signe constant de I'Ophthalmie, tandis qu'il. n'a jamais lieu lors de la tumefaction bemorrhagique.
On distingue rOphtbalmie occasionnee par une piqure de l'ai-guillon, en ce que, independammeut de tous les symptomes gentiraux de TOphthalmie, on remarque sur un point de la cor­nee lucide la blessure faite par raiguiilon, laquelle se trouve etre le centre d'une irradiation de la rougeur la plus pronoucee. Si la cornee a ete transpercee, I'humeur aqueuse a jailli et le globe est aifaisse.
Quand raflection est due ä l'iiitroduction d'un corps etranger, (rune balle de ble, les pbenomenes se modifient legerement.
Our quelque point du globe de Yfnil que se trouve la balle de ble ou d'avoine, eile y produit d'abord une vive inflammation qui ne larde pas a s'etendre, et e'est ici que le larmoiemeut est le plus considerable et Täcrete des larmes plus sensible. Alors les pau-pieres sont resserrees et l'ceil completement ferme; il faut agir de force pour les separer, et quand on y est parvenu, e'est d'abord le corps clignotant, tres rouge, tres tumefie que Ton apercoit. Pour distinguer la cornee lucide, il laut attendre que le corps cli­gnotant se seit qüelque peu retire, ce qui a lieu momentanement apres un laps de temps plus ou raoins prolonge : le deploiement de ce corps ne pent pas avoir uue duree constaute. II en est des
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880nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DIVERSKS DES REGIONS.
fibres musculaires, qui lui donuent la facilite de s'etendre en oven-tail mi de so resserrer, eomme de tous les tissus de la meme na­ture : les mouvements de tension et de relachement doivent etre necessairement allernatifs.
Done, on apercoit le corps etranger, s'il est sur la partie ante-rieure du globe, aussitot ipie le corps clignotant s'est replie; mais celui-ci ne conserve pas longtemps cet etat, son extension et son retrait so suivent avec rapidity, dans le cas dont je parle.
Si la balle d'avoine ne sejonrne sur la cornee lucide qn'un jour on deux, eile y laisse seulemeut im leger nuage qui disparait en peu de temps ; si ello y a sejourne, le nuage est plus epais, et ne se resont pas aussi facileraent; si eile y sejourne plusieurs jours. l'inflammation qu'elle occasionne devient de plus en plus in­tense, la cornee s'ulcere, eile est transpercee, et I'liumeur aqueuse s'echappc [iar L'onverture qui s'est produite.
Le sejour des corps etrangers sur les autres parties du globe et sur la coujonctive n'a pas immediatement des resultats aussi graves; mais, ä la longuo, rintlammation devient egaloment ulcercnse.
Marehe. DuW-e. Terminalspns. — La marche de rOphtlialmie dont je viens de parier est rapide, et sa duree est deteriniueo par la nature de la cause qui I'a produite. Si cetle cause a etc un relroidissement subit, tel que celui auquel donne lieu le passage brusque de Tanimal d'un endroit on ses yeux se trouvent legere-ment irrites par la rarefaction de l'atmospliere et son melange ii des vapenrs ammoniacales dans une autre atmospbere tres froide, condensee et agitee, rOpbthalmie n'a pas une longue dnree; si eile est combattuo d'une maniere rationnelle, eile se termine par la resolution.
L'Ophthalmie occasionnee par un simple froissement ne per-siste pas non plus longtemps; si eile s'est declaree apres un ener-yi(]ue frottement, Finflammation est plus vive, dure davantage, et se termine quelquefois par I'etat chronique.
L'Ophtbalmie resultant d'un coup porte ä plat a pour conse­quence le trouble general de l'bumeur aqueuse, trouble qui pent avoir une longuo duree et se terminer par I'amaurose ou la cata-racte. On obtient diflicilement la resolution de rOphtlialmie occasionnee par un coup de corne, parce qu'elle a pour termi-naison ordinaire une taie d'une etendue et d'une epaisseur plus on moins considerables.
L'Ophthalmie qui se declare k la suite d'un coup d'aiguillon est d'une intensite exceptiounelle, sa duree est tres longue; la plaie i'aite par la piqure devient ulcerehse, et quant} I'ulcere se
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cicatrise, 11 reste sur la cornöe ou sur tout autre point du globe pi-(jue par Taiguillon, im epaississement des tissus qui ne disparait jamais. Cette Ophthalmie prend quelquefois les appareuces du cancer.
Le söjour d'un corps etranger a pour resullat prlmitif une Ophthalmie generale,quot; dont la terminaison est la resolution, si le sejonr n'a point depasse de vingt ä quaraute heures, et si ce corps a et6 souvent deplace par les contractions et le deploiement ilu corps clignotant, la formation d'un nuage, d'une taie, on I'ulce-ration d'abord de la cornee lucide, puis son transpercement ou Tulceration et la degenerescence squirrheuse du corps clignotant ou de la conjonctive, si le corps etranger s'est implants dans ces parties de Forgane visuel.
D'apres les details qüi precedent, on volt co que peuvent etre les suites de rOphthalmie : le nuage on nephelion, le leucoma ou cicatrice irradiee, la taie on albugo; I'ulceration, le transper­cement par rulceration de la cornee lucide et l'ecoulement ins-tautane de I'liumenr aqueuse, produisant FaiTaissement de Fübü et son atrophie; Famanrose, la cataracte et la degenerescence d'apparence cancerense. Le pronostic est favorable dans les cas de nuage; 11 Fest un pen moins avec le leucoma et Falbugo; tres grave, si les tissus sont ulceres; et des plus fächeux, si la cornee a ete transpercee, si Famanrose ou la cataracte se sont declarees; mais la degenerescence cancerense donne lieu, on le comprend, an pronostic le plus defavorable.
Traitcment. — L'Ophthalmie aigne doit etrn combattne souvent, (;hez le bceuf, par la saignee geaerale; mais il est rare qu'il existe une indication positive cFappliquer sur I'ajil les antiphlogistiqnes proprement dits; dans tons les cas, 11 faut commencer par faire cesser Faction de la cause.
Ainsi, lorsque cette cause est un corps etranger place sur la cornee, la conjonctive ou le corps clignotant, la premiere indica­tion est de Fenlever. A cet efl'et, il convient de rappeler que les ruminants, ceux de Fespece bovine principalement, sont pourvus d'un organe, le corps clignotant ou troisieme paupiere; ce corps, place sous la conjonctive, dans Fangle nasal, entre le globe oculaire sur leqnel sa base cartilagineuse se moule et la gaine flbrense. est uni par sa base au coussinet graisseux, et il balaye la cornee ile son extremite libre ou onguiforme, a chaque contraction des muscles du globe de Foeil, qni, en tirant le globe, poussent en arriere le coussinet graisseux, support et motenr medial de cette troisieme paupiere. Or, Faction de ce corps doit etre prevue quand on vent proceder ä la petite operation alors necossaire.
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882nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DIVERSES DES REGIONS.
Des veterinaires out conseille, dans ce cas, de passer le bout d'uu linge bieu fin sur le globe pour enlever la balle de ble ou d'avoine; mais si Ton peut reussir, par basard, au moyeu de ce precede, e'est ijue le corps clignotaut a dejä deplace cette balle de ble on d'avoine. D'autres, plus formalistes, conseillent de proce-der ä cet enlevemeiit au moyen de pinces. Ces procedes, et d'au­tres analogues, dout j'ai fait l'applicatiou dans les premiers temps de ma pratique, ne sont. ni commodes, ni efficaces; mais remploi de pinces est moins que cela : il est dangereux.
Voici un autre moyen que j'ai decrit le premier, il y a trente ou quarante ans, dans un article que j'adressais ä M. U. Leblauc. ä l'epoque oü plusienrs de mes confreres et moi avions entrepris la publication d'un Diclionnaire de medeciw veterinaire. Plusieurs des articles que j'avais prepares pour cotte publication parurenl dans le Journal theorique et pratique, tels que les articles Bouvier, Avoutement, etc., et dans Tun d'eux figure le procede en ques­tion. II a, depuis lors, ete decrit dans ditfereuts jouruaux d'agri-culture ou politiques; mais, je dois le dire, toujours saus noin d'auteur. Le voici :
Rieu de plus simple et de plus facile que ce procede : on fixe le beeuf par la tete ä un arbre, ä un poteau, etc., s'il n'esl pas sous le joug; on s'approche de cet animal sans Feürayer, sans le toucher sur tout, et Ton reconuait distinetement la position du corps etranger; puis un aide lui tenant la tete encore plus fixe, en lui serrant les naseaux avec le pouce et I'index, roperalour in-troduit le doigt iudicateur sous le corps clignotaut qui, au moment oü Ton approebe le doigt de l'oeil, recouvrele globe entierement; on promene ce doigt sur le globe en y executant un mouvement de pression semi-circulaire; on retire le doigt vivement, et il est tres rare que la balle de ble ou d'avoine ne soit extraite du premier coup : on l'apporte au bout du doigt; et ici, quand ce corps etran­ger n'a pas sejourne longtemps sur l'oeil, on peut bieE dire : Sitblata causa, tollitur effectus, car le larmoiement cesse ä llnstaut meine. On pause ensuite avec l'eau legerement snlee ou aeidulöe, ou avec l'eau blanche de Goulard.
Pour oombattre rOphthalmie aigue, si eile est intense, si l'ani-mal est d'ailleurs en tres bon etat et d'un temperament sanguin, ce qui est l'ordiuaire cbez les races travailleuses, on pratique uue saignee ü une veine quelcoiKjue, ou meme ä une artere, tem­porale ou coecygieuue: mais lä doit se borner le traitement anti-phlogistique proprement dit : les emollients aqueux, les ponuna-des exclusivemeut adoucissantes ne reussissent pas aussi bieu que les medicaments pris dans la clässe des antipblogistiques
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temperants. On les administre en lotions, en injections, en cata-plasmes on en onctions. C'est ainsi que Ton fait des lotions avec-le sous-acötate de plomb liquide etendu d'eau, avec Feau vinai-gr6e, l'eau salee; l'infusion de fleurs de sureau. Les injections se font avec les memes substances, et plusieurs entrent dans la composition des cataplasmes. Je feral remarquer pourtant, avant d'aller plus loin, que ces medicaments produisent des efl'ets im-mediats de courte duree, Lientot suivis d'une vive reaction, si Ton n'insiste pas sur leur emploi : d'oü, suivant I'observation tres ju-dicieuse de M. Tabourin, I'lndication de persister dans leur usage local, si Ton vent eviter que sous leur action TOphthalmie ne s'aggrave au lieu de se resoudre.
Les medicaments employes contre TOphthalmie sont tres nom-breux; voici d'abord la formulede quelques collyres liquides don( les effets m'ont paru etre plus satisfaisants :
Eau blanche.
Sous-acetate de plomb...................... 30 grammes.
Eau...................................... 1 litre.
Ce collyre est simple, facile k composer, le moins coüteux de lous ceux que Ion emploie; mais il faut que les lotions que Ton en fait soient pour ainsi dire incessantes ou du moins souveul renouvelees, et toutes les fois avoir le soin d'agiter le liquide. On en baigne aussi les cataplasmes faits avec la fleur de sureau. • Quand la douleur eprouvee par ranimal est d'une tres grande intensite , quand il ne mange pas, que l'approche de I'liommo le surexcite beaucoup, on emploie le collyre suivant :
Collyre belladcme (Bouohardat).
Extrait de belladone....................... 10 grammes.
Eau.................................... 200 —
Dissolvez et filtrez.
J'ai vu les lotions faites avec ce collyre produire promptemenl de bons resultats. Si elles ne sont pas immediafement suivies de la resolution de FOphthalmie, elles calment au moins la douleur, au point de permettre h ranimal de prendre des aliments et de ruminer.
L'eau blanche de Goulard est aussi un collyre facile a pn--parer et qui a une action resolutive encore plus marquee que l'eau blanche simple, quand les Ophthalmies ne sont pas d'une intensite excessive.
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884nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DIVERSES DES REGIONS.
Collyre saturne.
Extrait de saturne.......................... 16 grammes.
Eau-de-vie................................ 64 —
Eau...................................... 1 litre.
Agiter egalemenl le liquide avant de s'en servir.
Lecollyresuivant deDelabere-Blaineest aussi cTun bon emploi. (hi le prepare comme suit :
Collyre resolutif.
Sulfate de zinc............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1 gramme.
Eau-de-vie.............................nbsp; nbsp; nbsp; 10 —
Infusion de sureau........................nbsp; nbsp; 100 —
L'infusion de sureau est par elle-meme un bon remede anti-ophlhalmifjue; c'est le premier que j'emploie sur le bceuf, en racidulant avec un peu de vinaigre, parce qu'il se compose de substances que Ton a toujours sous la main.
Quand I'Ophthalmie existe depuis longtemps, que la conjonc-tive est blafarde, boursouflee, quelle se recouvre d'une chassie blanchätre, epaisse, je mats en usage, de preference, le collyre bran, cite par M. Tabourin, et dont void la formule :
Collyre brim.
Alofes................................... 4 grammes.
Teinture de safran......................... 32 —
Vin hlanc................................nbsp; nbsp; nbsp; 45 —
Eau de rose..............................nbsp; nbsp; 450 —
Melangez et dissolvez.
Si rOphthalmie me parait tendre vers l'induration , je fais usage du collyre ci-apres :
Collyre resolutif (Frances).
Carbonate de potasse........... 1 gramme 25 centigrammes.
Camphre..................... raquo; — 50nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Teinture d'aloes............... 24 gouttes.
Infusion de chelidoine.......... 24 grammes.
Dissolvez.
Collyre de Lanfranc.
Sulfure jaune d'arsenic, i
Alofts................,' de chaque. 2 grammes 50 centigrammes.
Myrrhe..............)
Eau de plantain................. 100 —
Eau de rose.................... 100 —
Vin blanc..................... 500 —
Pulvörisez et dissolvez les trois premiferesk substances dans l'eau de rose et de plantain. Ajoutez le vin blanc. Laissez reposer et decantez.
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J'emploie ces collyres taut que rinflammation estassez intense, pour que le larmoiement soil con tin uel, que la tumefaction de la conjonctive soit Men apparente, et la douleur tres vive. Lorsgue ces premiers symptomes out disparu et qu'il existe sur la cornee une taie ou un leucoma, j'ai recours aux collyres sees; ceux dout. je fais usage de preference sont :
Collyre ammoniacal (Tabourin).
Sei ammoniac j de ch ue.................. g ties
Alun calcine..)
Sucre..................................... 5 —
Pulverisez las seis et m61angez-les intimement au sucre pulverise.
Collyre aloetique.
Aloes en poudre. \
Calomel.......[de chaque................ Parties egales.
Sucre candi.... )
Sucre Wane............................... 5 parties.
Pulverisez tres finementet niölangez.
Sur les ulceres, je fais usage du collyre de Cullerier, ainsi lormulö :
Collyre resolutif.
Oxyde de zinc..........................j
Nitre...................................| Parlies egales.
Sucre................... .............l
J'ai renonc6 comme collyre sec ä Tos de seche en poudre; sou action n'est pas assez energique.
Toutes les fois que je veux porter directemeut sur une partie quelcouque du globe un collyre sec, je me sers du procede sui-vant : le bceuf est solidement attache par les cornes ä un arbre ou ä un poteau dune grosseur süffisante pour fournir un appui solide au front de l'animal, tout en laissaut les orbites en dehors de cet appui; puis, un aide saisit l'animal par les nariues en serrant fortement la cloison nasale : ce moyen est tres efficace pour exciter le bojuf ä teuir les paupieres ouvertes, ce qui n'em-peche pas I'operateur d'appuyer en meme temps sur ces organes, afin de les maiutenir dans cette position. II a place dans mi tuyau de plume, qu'il tient ä la bouche, la portion du collyre a injecter, et lorsque la taie ou I'ulcere se trouvent mis a decou-vertpar la retraction du corps clignotant qui d'abord s'est deploye sur la cornee au moment ou Ton touchait les paupieres, I'opera-
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teur souffle dans le tuyau, et le collyre est pousse sur la taie ou snr I'lilcere.
Ce moyen est celui qui m'a paru le plus commode et le plus propre ä atteindre ce but.
Aussitot que Finsufflation a eu lieu, le corps clignotant se de-[tloie de nouveau, les paupieres se ferment et le larmoiement se declare. Apres quelques minutes, ce premier effet de rinsufflation du collyre cesse, rauimal tient l'oeil ä demi-ouvert, et si Ton a one bonne vue on distingue alors la taie ou I'ulcere, parce que le corps clignotant, tenu sous l'action irritante du collyre dont il a pris sa large part, reste retracte plus longtemps.
M. U. Leblauc a observe sur la cornee d'un boeuf un r6seau variqueux qu'il parvint a exciser avec le plus grand succes. Ce phenomene pathologique etait-il le resultat d'une Ophthalmie ou un produit congenital ? Je rappelle cette observation pour I'ins-truction des lecteurs qui n'en auraient pas connaissance, et afiu de douner plus d'autorite a un proct'de de guerison de l'albugo avec epaississemeut notable de la membrane. L'animal atteint de cet albugo, provenant d'un coup de corne, etait un taureau destine ä flgurer dans un concours, oil cette inflrmitö lui aurait (He des plus defavorables. J'avais tente vainement la guerison au moyen de collyres sees; ces medicaments n'avaient pro­duit aucune amelioration. J'abattis l'animal; je fls tenir les pau­pieres solidement ecartt'es; un crochet en plomb retenait le corps clignotant et Tempechait de se deployer sur le globe, et je caute-risai legerement l'albugo avec uii cautere do nitrate d'argent. Au bout de quelques jours, une eschare se detacha, l'albugo ue fut plus qu'un nuage que Ton ne remarquait point, et le taureau, un tres beau type d'ailleurs, se trouva designe pour un second prix.
sect; 2. — Ophthalmie on fluxion periodiqne.
Svsosvmie : Fluxion piTioilique des yeox, Ophthalmie periortique, intermittente, remittente. lunulique; Lunutisme, Lune.
L'Ophthälmie periodiqne, cquot;est-ä-dire caracterisee par le retour, ä des epoques plus ou moins rapprochees, des phenomenes inflam-matoires, est une maladie que Ton a cm pendant longtemps par-ticuliere anx solipedes, et qui cependant affecte quelquefois les animaux de l'espece bovine dans certaines localites.
Causes. — On ne possede que des donnees pen süres sur les causes predisposantes de rOphthalmie periodiqne chez les ani­maux de l'espece bovine. On a dit qu'elle n'affectait jamais les
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OPHTHALM1E OU FLUXION PERIODIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 887
chevaux ou les muletraquo; vivant sur des terrains calcaires, et que la cause predisposante de cette maladie sur ces animaux etait leur sejonr sur des terrains argileux; eh Men, j'ai vu des bceufs fluxioimaires dans des localities ayant oudes terrains calcaires ou des terrains argileux, et jamais cette maladie ne m'a paru avoir dans ces cas difförents un caractere epizootique. Je ne sais rien quant äl'heredite consideree comme cause predisposante de cette affection sur les grands ruminants; je ne I'ai ohservee que chez des animaux adultes.
On n'est pas plus avance quant aux causes occasionnelles.
Syiiiptamp;mes. — Ce sont les memes, h de legeres ditferences pres, #9632; que ceux remarques sur les solipedes fluxioimaires: la Fluxion n'attaque ordinairement qu'un ceil ä la fois; eile se pn'sente avec des nuances d'expression differentes, suivant qu'elle est ii son debut on qu'elle remonte ä une epoque plus eloignee, suivant aussi son degre d'intensite; et je dois dire qu'elle n'est jamais aussi intense sur le boßuf que sur le cheval : on dirait une Oph-thalmie simple, donnant lieu ä un larmoiement pen conside­rable; I'humeur aqueuse est trouble, blanchätre, et rarement eile a, vers la partie inferieure de la chambre anterieure, la couleur de feuille morte : eile a plus souvent une couleur san-guinolente radiee. Le retröcissement de la pupille est un des symptomes que Ton remarque d'abord ä travers rhumeur aqueuse, qui n'est jamais assez trouble pour qu'on ne puisse distinguer la pupille.
Je n'ai pas remarque que la Fluxion periodique occasionnät un mouvement febrile chez le bomf; seulement, cet animal est plus irritable et il frissonne ou s'epouvante ä l'approche de Fhomme. II est egalement plus hesitant qnand il marche en liberte, ijuoi-(ju'il n'ait qu'un oeil malade ä la fois. J'ai dit que le larmoiement 6tait chez lui pen abondant, et je dois ajouter qu'il a aussi une bien moindre duree que chez le cheval.
Marche. Durlaquo;e. Terniinaisuns. — La marche (le la Fluxion est
lente, et les acces, qui se montrent ä des intervalles assez eloi-gnes, sont moins frequents chez le bceuf que chez le cheval; mais ils sont d'nne duree plus longue. II y a des bceufs qui ne sont affectös de la Fluxion que chaque printemps, et d'autres tons les six mois. La maladie se termine par I'amaurose ou par la cata-racte. Je n'ai pas vu de boeuf ayant eu les deux yeux affectös, aussi la cecite complete esl-elle un etat tres rare sur cet animal. Je n'ai jamais employe aucun traitement pour combattre la Fluxion ptiriodique du bteuf, c'est chose parfaitement inutile. Quand on craint que cette maladie s'oppose ä ce que ranimal
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puisse faire im bon service, on l'eiigraisse et ou le livre au bou-cher; de meine, quaud 11 s'agit de I'amaurose ou de la cataracte. Au reste, cette derniere maladie n'est pas toujours une termi-naison de la Fluxion periodlque, elleest assez souvent congenitale. On distingue la cataracte ä l'opacitö du crlstallin, et I'amau­rose ä la perte de la vue, sans autre lesion apparente de Foeil que rimmobilite de la pupille. Rappelons-nous cependant que I'amaurose peut etre symptomatique d'une lesion ceröbrale ou d'une aü'ection vermineuse, et ce qu'il y a a en dire dans ces cas se trouve a la description des maladies dont eile n'est qu'un Symptome.
sect; 3. — Ophthalmie symptomatique.
Cette Ophthalmie ue s'observe sur le boeuf que dans le cas de coryza gaiigreneux. Des lors sa marche, sa duree, sa terminaisou n'en ditferent en aucuue maniere. Je rappellerai seulement que le trouble de riinmour aqueuse subsiste encore quelquefois plu-sieui's mois apres la guerison du coryza pour disparaitre nean-moins.
sect; 4.— Ophthalmie epizootique.
On observe raremeot rOphthalmie epizootique sur les animaux de l'espece bovine; eile a pourtant 6te remarquöe. Je possede une observation de ce genre, que je vais rapporter :
C'etait pendant un hiver froid et humide, assez commun dans la region oil j'exerce. Une pluie fine, presque glaciale, de la neiijc fondue, comme disent les campagnards, tombait le jour et la miit. La Garonne avait debordö pendant le commencement de juin ; tons les foins avaient ete vases ou empörtes par I'inon-dation. Dans le quartier oil s'etait cleclaree I'Ophthalmie epi­zootique, la seule ressource alimeutaire des bestiaux coisistait eu pailles de froment et de mais; comme appoint, on avait un regain vigoureux, qu'il ne fallait pas penser a faucher dans la saison on Ton elait, et qni ne pouvait etre utilise que comme pacage. II y a sur la rive gauche du fleuve, dans ce meme quar­tier, une propriete d'une grande etendue, et dans des etables fai-sant partie d'un meme corps de bätiment, de soixante ä soixaute-dix vaches de tout age employees a la reproduction, des taureaux d'öleve et des veauxde lait.
Sur la rive drolto du fleuve se trouvaient plusieurs metairies, appartenaut ä divers proprietaires, renfermant egalement de nombreuses betes ä cornes, et la, de meme que sur la rive gau-
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OPHTHALMIE EPIZÜOTIQUE.
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ehe, on n'avait d'autres ressources alimentaires que celles dont je vieus de parier. De sorte que dans un de ces lieux, commi' dans l'autre, on laissait les bestiaux dans les pacages, de dix heures du matin ä quatre heures de l'apres midi. Ces bestiaux se tinrent en bon 6tat pendant une parde de l'hiver ; mais ä la fin de jauvier, quelques-uns furent d'abord affectes de calarrhe pul-monaire, auquelneresisterentpas les plus jeunes de ces animaax, et en fevrier, les deux tiers au moins etaient atteiuts d'Ophthal-mie, en meme temps que de catarrhe nasal benin.
SymptAmes. — Les symptomes etaient les suivants : tum61ac-tion des paupieres, larmoiement continu, mais point tres con­siderable ; ce larmoiement titait chassieux apres les deux ou trois premiers jours, ä compter de l'invasion. Les paupieres restaienl constamment plus que demi-closes; Thumeur aqueuse elait trou­ble, et sur quelques sujets l'opacitö de lacornee lucide etaitd'une teile intensite, que l'animal n'arrivait ä l'abreuvoir qu'en täton-nant et pour ainsi dire instinetivement; l'appetit etait diminue ; la rumination rare et de courte duree. En meine temps, la plu-part des animaux avaient les membres oedematies, et meme des engorgements cedömateux sousle ventre, vers le fourreau surtout.
La connaissance du rögime auquel etaient soumis les ani­maux, les affections catarrhales pulmonaires que j'avais obser-vees dans les memes etables, et le caractere medioerement iuflam-matoire de TOphthalmie, m'avaient mis sur la voie du diagnostic : je me voyais en presence d'une Ophthalmie catarrhale, et mon pronostic fut d'abord incertain. II devait dependre des premiers resultats du traitement; au bout de quelques jours, je pouvais Temettre assez- favorable.
Trois sujets qui suecomberent etaient. atteints en meine temps et du catarrhe pulmonaire et de rOphthalmie; ils suecombaient evidemment par l'efiet du catarrhe pulmonaire, et ii Tautopsie je ne remarquai aux yeux que L'engoxgement des membranes et le trouble de l'humeur aqueuse, co'incidant avec les 16sions caracteristiques du catarrhe pulmonaire.-
Traitement. — La premiere indication fut de soustraire les ani­maux ä, la cause dont l'action me paraissait d'une evidence in­contestable. Ils ne retournerent pas aux pacages ; ils resterent cantonnes dans les etables, qu'on eut le soin de tenir closes suffi-samment pour que la temperature y füt toujours entre 20quot; et 25quot;. Leur aeration se faisait regulierement trois fois dans la journtie, mais en evitant avec le plus grand soin tout brusque changement. Le regime alimentaire se composait de paille de mais, d'une ration de tourteau de lin melange avec de la farine de mais. Les betes
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malades portaient dans la journee une couverture de laine qu'on enlevait pendant la nuit, parce que Fair n'etait point renouvele ä differents intervalles comme pendant le jour.
Je faisais distribuer ä tous les animaux une dose de sulinre d'antimoine proportionnee ä leur äge. Ceux qui ötaient atteints de rOphthalmie catarrhale en recevaient- une dose double. Ce traitement interieur et exterieur avait pour but de surexciter les fonctions pulmonaire et cutanee : je voulais remedier aux effets d'une alimentation debilitante et ä des refroidissements contirms. La dose de snlfure d'antimoine etait de 30 grammes le matin et autant le soir, pour les animaux malades; de 30 gram­nies seulement pour les animaux sains.
L'Ophthalmie ötait combattue directement par des lotions tres frequentes d'eau blanche. Sous rinflnence de ce traitement, Tepi-zootie ne fit que tres pen de victimes, et cessa de se manifester sept ä htiit jours apres qu'il eut etc mis en pratique.
Je ne possede pas d'autre observation d'Ophthaimie epizootique.
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ARTICLE III
CANCER DE L OEIL
Le Cancer, considere d'une maniere generale, est une tumeur dure, inegale, douloureuse, tendant au ramollissement et ä la corrosion des tissus, se reproduisant lorsqu'on l'a enlevee, et amenant la mort apres avoir donne lieu ä des ulcerations fon-gueuses, ichoreuses et fetides, et determine des douleurs atroces.
Anatoiniquement et physiologiquement, le Cancer est caracte-rise par revolution d'une production speciale (tissu canc6reux), composee d'tdements qui ferment une combinaison, n'ayant d'ana-logue ni dans d'autres productions accidentelles, ni dans les tissus normanx; production qui constitue les formations heterologues, de nature maligne, cquot;est-ä-dire ayant la propriete de detruire par rinfiltrafion les tissus au milieu desquels elles se developpent.
Le Cancer affecte, chez le beeuf, les os de la mächoire (osteo-sarcome), les mamelles, les ganglions lymphatiques, etc. II a ete dejä decrit sous ces rapports differents; il reste ä dire ce qu'il est daus le.boeuf, quand il affecte le globe de l'ceil.
Ses causes avörees et ordinaires, quand il a son siöge sur cet Organe, sont des coups, des piqures, ou une inflammation qui de l'etat aigu est passee ä l'etat chroniqse. On le remarque sou-
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MYOPIE.
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vent dans cet 6tat, et les documents manquent pour que Ton puisse supposer qu'il est le räsultat de l'höreditfe.
II forme une tumeur dure, plus ou moins volnmineuse; bos­selte, faisant saillie hors de l'orbite, ulcöree, fongueuse, en-vahissante, qui finitparao'ecter les tissus des os seramifiantdans la region temporale jusque sous les oreilles. Le Cancer donne lieu h des douleurs qui doivent etre d'une violence extreme, si Ton en juge par les symptomes geueraux qui se manifestent, tels que : refus absolu d'aliments de toutes sorte, inrumination, amai-grissement rapide, suivi d'un marasme complet et de la mort.
Ici, point de difficaitö pour la formation du diagnostic et du pronostic, et toutes les tentatives de traitement sont constam-ment infructueuses. An contraire, Tenlevement, la cauterisation donnent toujours plus d'intensite aux symptomes; les vegetations fongueuses repoussent avec plus de rapidite , et le terme fatal se trouve plus rapproche.
ARTICLE IV
MYOPIE
II pent paraitre etrange que je parle de cette inflrmite affec-tant I'espece bovine; cependant, cette maladie est plus commune qu'on ne pense sur les animaux de cette espece, c'est eile le plus souvent qui fait les bceufs mechants, et par consequent dan-gereux pour les personnes obligees de les panser ou de les con-duire. C'est pourquoi je crois devoir ne point la passer sous silence.
Le bceuf devient myope par l'effet d'amaurose ou de catarncte incomplete, ou, Men plus souvent, lorsque ses yeux sont bombes et saillants. II ne Test pas toujours des deux yeux. On reconnait qu'un boeuf est myope, qnand, au sortir de l'etable, il a I'air effarö, s'avance au grand jour en marchant d'une maniere pen assuree,etsurtout qnand il s'effarouche facilement, en apercevant des objets qui ne I'effrayent point s'il en est rapprocbe. II y a beaucoup de boeufs qui lancent des coups de pied, meme h leva conducteur habituel, s'ils I'apercoivent en arriere ä une certaine distance, et aussi quand ils sont en liberte et qu'ils apercoivent l'extremite de leur queue, soit directement, soit son ombre, si le soleil est vers son declin, et qui d'nilleurs ne font aucune manifestation de ce genre toutes les fois que le conducteur est
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ä portee, meme s'il ne se fait pas entendre ou s'ils ne peuvent apercevoir leur queue d'aucune maniere; de memequand le con-ddcteur se trouve soit ä distance, seit tres rapproche, ils le mena-cent de la tete, ou ils se tieiinent tranquilles. II y a des bceufs qui ne se livrent ä ces mouvements que lorsque l'objet dont ils s'effa-rouchent se trouve ä leur droite ou ä leur gauche.
Quand j'ai voulu me rendre compte, et cela m'est arrive sou-vent, de ces mouvements desordonnes de la part de ces animaux, et qui les font considerer comme mechants , j'ai toujours remar-que, ou qu'ils avaient un ceil ou deux tres bombes et saillants, ou qu'ils etaient atteints d'amaurose ou-de cataracte commencantes.
Ces explications sußisent pour appeler Fattention des veteri-naires et des bouviers; et Ton comprendra saus peine que je n'aie pas de traitement ä indiquer.
CHAP1TRE II
Maladies de la region abdominale.
Les maladies propres ä l'abdomen que nous avons ici en vue se rapportent ä ses parois, ä sa cavite; aux divers organes qui y sent renfermes, et ä toutes ces parties, ce sont des lesions physi­ques : contusions, plaies non penetrantes et penetrantes simples, ou compliquees parfois de la lesion d'un ou de plusieurs visceres, ruptures par violence ou pressions exterieures, hernies, etc.
Sur les animaux de l'espece bovine, ces maladies par lesions physiques sont assez frequentes sans etre nombreuses; elles sont frequentes, parce que ces animaux sont animes de deux appen­dices des os frontaux, qui sont pour eux des armes offensives dont ils font usage les uns centre les autres.
ARTICLE PREMIER
PLAIES DE L'ABDOMEN
Les plaies qui se produisent a la region abdominale, sans gra-vite et guerissant spontanement lorsqu'ejles se bornent a la le-
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HERNIES ABDOMINALES. — KVENTRATIONS.
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sion de la pean et des muscles sous-jacents les plus superflciels, offrent un danger plus s6rieux lorsque, traversant la paroi de rabdomen, elles pönetrent dans cette cavite, oü elles peuveat at-teindre les organes qui y sont renfermes, et mamp;ne donner lieu h leur sortie au dehors.
Toutes les causes vulntirantes auxquelles sont exposes les ani-raaux produisent ces plaies penetrantes, qui, le plus souvent, resnltent de coups de cornes, pouvant atteindre toutes les parties de rabdomen. La ponction pratiquee au moyen du trocart, dans les cas de meteorisation mephitique, peut aussi occasionner des plaies qui, du flaue gauche, se dirigent sous les apophyses trans-verses. Voici de quel accident elles resultent ordiuairement :•
Quand une bete bovine est atteinte de meteorisme mephiti-que, d'une intensite teile que la ponction du rumen soit indis­pensable, il arrive quelquefois que, dans la precipitation que Ton met ä faire cette operation, le trocart ne traverse pas le rumen et qu'il est devle en haut sous les apophyses trans verses. Cela peut arriver d'abord, si la pointe du trocart neporte point directement au milieu du flaue et n'est pas dirigee dans un sens plutot per-pendiculaire qu'oblique. A cette occasion, comme lorsque cette pointe porte vers la portion superieure de Tespaco triangulaire du flanc. les ondulations du rumen font devier Finstrument, et au lieu de penetrer dans cet Organe, le trocart va leser les tissus qui sont au-dessus et sous les apophyses transverses.
Si Teventration est penetrante, il faut recourir au procede sui-vant : on fait la suture successivement de la solution de conti-nuite de Taponevrose et de celle de la peau. En meme temps, les animaux sont tenus h une diete severe, et Ton fait sur la bles-sure des affusions refrigörantes sans interruption pendant tout le temps qui parait necessaire k une prompte resolution.
Les plaies penetrantes qui interessent le rumen ne sont pas dangereuses; on en volt beaucoup qui guerissent par le seul effet du traitement qui vient d'etre indique.
Les plaies qui, de la partie superieure de rabdomen, region du Hanc gauchk, s'etendent sous les apophyses transverses, devien-nent fistuleuses, et elles ont toujours une terminaison facheuse.
ARTICLE II
HEKNIES ABDOMINALES. — EVENTIUTIONS
On nomme Hernies, en general, tout deplacement d'organe
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MALADIES DIVERSES DES REGIONS.
hors de sou siege naturel. La sortie des organes renfermes dans rabdomen ä travers une Ouvertüre naturelle ou accideutelle est ['accident auquel ce 110m est plus particulierement reserve : on l'appelle abdominale, lorsque le deplacement a lieu par une ouver-tare accideutelle, sans lesion de la peau. La Hernie se caracterise alors par une tumeur plus ou moins prononcee et facilement re-ductible. Parfois la peau participe ä la lesion, est alors ouverte et donne passage aux organes lieruies; cet accident porte plus particulierement le nom d'Evenlraimi.
Les Hernies et Eventrations sout assez communes; elles sont geueralement -produites par les mömes causes, c'est-ä-dire par ['action de corps contondants et vuluerants : pieux, fourches, comes des antres auimaux, etc., pousses avec violence sur les parois de l'aMomeu, qui sont ainsi perforees. II y a eventration, quand le corps, plus ou moins trauchant, divise en meme temps la peau et les muscles de cette region.
Leur siege est ordinairement ä la region moyenne de rabdomen, vers la partie posterieure. Quand la Hernie est simple, non pene­trante, eile se preseute sous la forme d'une enflure longitudinale et arrondie, cedant ä la pression, et rebondissant ä I'extörieur des que cette pression n'existe plus. Mais ce premier Symptome est bientöt aecompagne d'unautre, qui consiste dans uu engorgement inflammatoire de la peau et des tissus sous-jacents qui ont 6t6 leses. Get engorgement se complique dquot;un epanchemeUt de flui-des qui de la partie contusionnee s'etend aux parties declives de Tabdomeu.
Si les lesions interieures ont Interesse les organes places au cöte gauche de Fabdomen, il n'y a point de reaction ftJbrile bieu marquee, les auimaux mangent, ruminent, et les fonetions vita­les ne sont point truublees sensiblement, mais les rnouvements de locomotion lie sont pas entierement librcs. Sous Faction des soins ordinaires, rinflammation de la peau perd de son intensite, repanchement sereux qui s'est reuni aux parties les plus basses de l'abdomen s'etend et se dissipe, mais la saillie herniaire due ä l'organe qui a quitte sa position normale, par suite de la rupture des muscles aponevrotiques de rabdomen, ne disparait point.
Dans cet etat, la hernie n'est facheuse que parce que l'enflure qui en a ete la consequence est susceptible d'augmeuter et de s'etendre, et parce qu'elle fait perdre aux auimaux une partie de leur aptitude au travail. Si l'ouverture a une etendue con­siderable, ['animal qui en est aü'ectö doit etre prepare pour la boucherie; si, au contraire, eile u'a qu'uue etendue faible, onpeut employer im traiteineut curatif qui a des chances de reussite.
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HERME ABDOMINALE.
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On opere la hernie eil pressant la peau el le sac liemiaire au moyen d'uu casseau, et, par rinflamrnation adhesive produite, ou en obtient assez facilement la guörison; on obtient le meme effet d'applications' vesicantes successives, repetees aussitöt que les croütes occasionnees par celle qui a precede sont tombees.
La suture des tissus decbires sous la peau esl un procede qui a eu des succes, mais on l'emploie raremeut. Les cultivateurs, eu gönöral, aiment mieux vendre les animaux pour la boucherie que courir de la cbance d'une non reussite.
ARTICLE III
HERME O.MBILICALE
Synonvmie : Exomiihalc, Oraplialocölc.
La Hernie omljilicale est uue tumeur herniaire en rapport avec Tombilic, dans la composition de laquelle enlrent des organes cou-tenus dans Tabdomeii. On I'observe plus rarement chez les betes bovines que cbez le poulain et le chien; ellepeut etre hereditaire, congenitale.
Aucun doute ne peutexister sur la transmission de Fexomphale par I'lieredite. Plusieurs fois je l'ai constatee sur des sujets des especes chevaline et bovine. J'ai sous les yeux trois generations de juments, qui toutes out ete operees de cette Hernie par moi ou par M. Dubarry, mon gendre, ainsi que tons leurs produits, sans exception. Les deux cas d'exomphale sur Tespece bovine que j'ai observes etaient egaleineut hereditaires.
La Hernie ombilicale s'est toujours presentee h mou observation comme congenitale; je nquot;en ai pas vu qui fiit accidentelle.
L'organe deplace est reut'erme dans une poche speciale nommee sac herniaire, lequel est forme par un diverticulum du peritoine, ou par une fausse sereuse. L'intestin est le plus souvent libre. quelquelois adherent; Touverture herniaire est presque toujours unicjue, circulaire ou elliptique, suivant le grand axe du corps, et bordee par des levres fibreuses.
La Hernie forinee est facile ä diagnostiquer. Elle constitue une tuineur molle, facilement reductible, d'uu volume considerable; oblongue de 15 ä '20 centimetres, eile est situee sur la ligne blan­che, au niveau de rombilic. En repoussant en dedans I'latestin liernie, on percoit tres facilement les bords de rouverUire.
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896nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; MALADIES DIVERSES DES REC.KVJS.
Traitcmcnt. — Röduire la hernie et la maintenir reduite for-ment la base du traitement. Pour remplir la premiere indication, le taxis suffit. II laut prevoir l'adherence, et dans les prescrip­tions ä observer comprendre la dissection de l'intestin; mais cette adherence doit etre une circonstance tres rare, puisque je ne l'ai jamais observee sur les poulains, au nombre de cinq ä six, que j'ai ä operer tons les ans.
La contention s'obtient : soit ä l'aide de bandages, seit par des moyens chirurgicaux; mais ceux-ci sont d'une effleacite teile, qu'il laut dans tous les cas leur donner la preference sur les ban­dages, dont rapplication n'est pas facile, taut s'en faut, sur les animaux comme sur l'homme.
Les moyens chirurgicaux sont :
1deg; La ligature en masse du sac herniaire, au niveau des parois ventrales ; moyen trös peu applicable, en general;
2deg; La suture entortillee : une cheville mt5talli(jue traverse le sac ä sa base, qui est etreinte d'un lien circulaire ;
3deg; La compression par les casscaux : tout le sac est compris ä sa base entre les deux plans d'un cylindre de bois fendu longitudi-nalement. Ce moyen pent etre combinö avec la suture entrecroisee, laite h travers une strie d'ouvertm-es, dont les casseaux sont tra­verses (procede Mignon);
4deg; La suture enchcvillec : le sac est serre longitudinalement äsa base entre deux tiges de bois cylindriques, reuniesFune h I'autre par des points de suture multiples qui la traversent;
5quot; La suture ä points passes : les parois du sac, affrontees avec une pince en compas. sont cousues ensemble;
6deg; Im compression par une plaque metallique (procede Mangot) : une plaque de plomb est fendue d'une boutonniere longitudinale, dans laquelle le sac est introduit et fixe, a l'aide de chevilles metalliijues qui le traversent, et maintenu aff'ronte par la suture ä points passes. On pent combiner ce moyen avec la suture enchevillee on les casseaux.
7quot; Im suture entrecroisee (procede Benard) : eile se pratique ä l'aide d'une pince en compas, dont les branches sont creustes A Jour dans toute leur longueur d'une rainure que traversent des points on des chevilles equidistants;
8quot; La cauterisation azoolique (procede Dayot) : eile se pratique avec un pinceau trempe dans l'acide azootique du commerce, que Ton promene plusieurs Ibis sur toute l'etendue de la tumeur, jusqu'ä ce que la peau en soit completement impregnee. Tout le sac herniaire est ainsi transforme en eschare qui est lentement öliminee, pendant que I'engorgement interieur acheve sa rednc-
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liLKl.UE.
laquo;97
lion. A sa chute, le tissu cicatriciel serl de bandage conleiitil', qui s'oppose au retour de la tumeur.
Voila de nombreux procedes qui Lous out reussi quaud ils onl ete employes par lespraticieus quiles out imagines, —äcela point de doute, —et qui souveut n'ont point repondu a I'alteate d!au-tres praticiens. Quaud il s'agit de faire un clioix, on doit toujours donner la preference a celui de ces procedes dont on a ete le plus satisfait. Toutes les hernies que mou gendre el inoi avon.s operees out ete radicalement reduites sans retour, an moyeu du procede par les casseaux, toutes les Ms que les casseaux se sout trouvös places exactement dans la direction de la ligue blanche.
CHAP1TRE 111
Maladies du Pied.
Ces maladies sont moius nombreuses stir les didactylcs ijue sur les solipedes. La division du sabot en deux ongions donne ä cet organe une surface pins large, qui, parcette division meme, a un choc moins violent h subir en s'appuyant sur les corps durs. La nature des travaux auxquels les betes bovines sont soumises, les preserve egalemeut de Men des causes de maladies qui se font sentir sur le cheval.
Le boeuf est sujet h etre blesse par des clous de rue, etc. II peut eprouver des contusions, et parfois aussi une inflammation particuliere des tissus du pied et des tendons. De lä, les maladies designees sous les noms de blehnc, clou de rue, limaee, les seules affections du pied dont il nous paraisse utile de nous occuper ici.
Il
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ARTICLE PREMIER
BLEI.ME Synonymik : Koulurc, Bngrav^e, Sole-battue.
Definition. Frequence. — La Bleime consiste dans la contusion
des tissus places entre la sole et l'os dn pied, avec ou sans
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898nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DIVKHSES DES REGIONS.,
ecchymose. On la divise en Bleime simple, Bleime suppuree, Bleime seclie. Elle est tres frequente chez las animaux qui tra-vaiilent sur les terrains caillouteux, qui sont employes aux char-rois sur les routes gravelees, surtout quancl ils ne sont pas ferrßs.
Causes. — Le sabot largo, aux ongions ecartes, est une cause predisposante aux Bleimes. Le sejour prolonge des animaux dans des etables oil la litiere manque, ce qui amene le ramollissement de l'enveloppe cornee, leur sejour dans des pacages marecageux on simplement trop humides, y predisposent aussi.
Parmi les causes occasionnelles, il laut compter l'action des terrains pierreux, des routes ferrees, du pave des villes, I'apla-tissement d'un fer h moitiö use qui porte sur la sole, et aussi le travail sur un sol argilonx quise durcit comme le roc, sous l'ac­tion de la chaleur et de la secheresse, apres les pluies du prin-temps. Cesol raboteux contnsionnelespieds des bceufs de labour.
Symptömcs. — Claudication plus on moins prononcee, inquie­tude , anxiete de l'animal; il pietine sur la litiere autant et plus que sur le sol uni et solide. Chaleur tres sensible de l'onglon on des ongions; acceleration du pouls; dans certains cas, l'animal voudrait rester constamment coucbe. Tels sout les symptomes qui se mauifesteiit des Finvasion.
S'il n'est point port6 remöde k la Bleime, le bourrelet devient douloureux et s'engorge quelquefois : alors la douleur augments, et l'animal mauge tres pen et rumine rarement; il maigrit ä vue d'oeil; la corne se decolle an bourrelet sur qnelques points ou bien vers les talons, la sole se souleve. Ici, nous avous affaire ä la Bleime suppuree; le pus qui s'echappe par Tissue que lui fournit le decollemeut est noirätre, presque fluide et d'une odeur fetide.
Si la suppuration ne s'est pas etablio, le sang resultant de l'ec-cliymose reste h I'etat mi-solide, en couches minces. Alors le decollemeut se fait rarement k la couronne : il a lieu plulot vers les talons; la sole se souleve, mais la claudication n'est ni moins apparente, ni la donleur inauifestee par l'animal, quand on com-prime le sabot, moins intense.
Getto donleur dimiuue quelquefois, au point que Ton est ä se demaiuler si reellement la cause d'une claudication neamnoins tres apparente reside dans le sabot, alors que la compression exercee avec les Iricoises sur les ongions semble sans effet. II ne Taut point pour cela renoncer ä sonder le pied avec le boutoir, en penetrant jusqn'au vif, car il arrive que la Bleime seclie a donne lieu k un epaississement anormal de la sole. On voit assez souvent cet organe (la sole) acquerir une epaisseur et une durete bien
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BLEIME.
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extraordiuaires. Un boeuf de travail boitait depuis six niüis; on n'avait rien trouve au pied; le membre s'elait amaigri et l'epaule particulierement. Cet animal avait ete soumis ä un traitcment qui avait ete applique successivement, en remontant du pied vers l'epaule , sur toutes les articulations et toutesles parties du mem­bre. Le proprietaire, M. le docteur Viguerie oncle, tenait ä ce bceuf, et il ne voulait pas se resoudre ä l'engraisser. II uiait membre du jury du premier concours qui eut lieu ä l'Ecole de Toulouse pour la chaire do clinique, et apres le concours, il me tit rhonneur de m'engager ä voir son bceuf. Je commom-ais alors ä avoir quelque habitude en medecine bovine; aussi, malgrö l'obscurite dessymptomes, je pus croire ä lexistenced'uno Bleime secbe; j'enlevai avec le boutoir, la l'euille de sauge aidant, tonte la sole d'un onglon, et je roncontrai, au-dessous, les lesions (jui caracterisent la Bleime seche chronique. Quinze jours apres, le boeuf etait remis au travail, completemeat gueri.
Je me permets de citer ce fait de Bleirne seche chronique, d'abord parce qu'il vientäl'appui des indications que j'aidonnees plus haut, et aussi parce qu'il me rappelle uue des circonstan-ces honorables de ma vie de praticlen. La guerison de ce boeuif me valut la confiance et l'amitie du docteur Viguerie.
La seule complication serieuse qui puisse resulter des Blei-rnes est, dans des cas bleu rares, la chute du sabot, apres un temps plus ou moins long, si la maladie a ete meconnue on trai-tee d'une facou pen rationnelle. Je possede quatre observations de ce genre, et je dois ajouter que toujours la regeneration de l'oiiglon s'est faite assez regulierement, dans I'espace d'un mois ou d'un mois et demi tout au plus. Cequi pourrait meme paraitre uu pen singulier, c'est que le resserrement est plus frequent sur les ongles dont la paroi n'a ete enlevee qu'en parlie que sur ceux qui out du se regenerer en entier. II laut dire aussi que le resserrement d'un onglon u'est jamais dquot;ime gravite extreme, pnisque le bceuf finit par contracter I'liabitude de prendre son plus fort point d'appni sur ronglon qui n'a point souffert.
Diasnostic. Pronostic. — On vieut de voir que le diagnostic de la Bleime pent etre quelquefois difficile ä elablir; la claudication ne suffit pas toujours pour cela. Une circonstance, qui d'ailleurs se presente dans tons les cas de claudication d'un membre ante-rieur chez le boeuf, pent facilement induire le veterinaire en erreur. Les mouvements de l'epaule de cet animal se font avec laut de facilite, et l'articulation scapulo-humerale est tellement. mobile que, par suite de la moindre douleur eprouvee par ranimal sur une partie du membre quelle qu'elle soit, du moment ou Tap-
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900nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES D1VF.KSES DES HEGIONS.
pni de ce membre ne se fait point franchement, la flexion seule produit eel eilet, que la tete de riiumerus paralt etre sortie de la cavitö dans laquelle eile se meut. Alors on croit bien souvent ä une luxation plus ou inoins complete de rarticulalion et Ton sup­pose naturellement qtie lä se trouve la cause de la claudicatiou. tandis qu'elle s'y trouve rarement; car les luxations de cette ar­ticulation sont pen Irequentes. Les gens de la campagne s'y me-prennent ordinairement, et ils alfirment leur opinion ä cet egard avec tant de persistance, qnil pent arriver que le vöteriuaire. cedant ä cette pression, finisse par se fourvoyer. Je fais cette re-marque, parce qu'il m'est arrive, ä mes debuts, d'y coder moi-meme.
Le pronostic de la Bleime simple, suppuree ou secho, n'est jaraais eutierement lacheux. L'ougle tout entier du bocuf se rege-nere tres facilenieut et tres promptement, et quand il s'agit de la sole senlemenl, une huitaine de jours est süffisante pour que l'animal puisse etre remis an travail, si l'etat de la muraille a permis qu'un fer soit applique.
Truiteiueitt. — Si la Bleime n'occasionue qu'une claudicatiou qui se manifeste seulement lorsque L'animal marclie sur un sol irregulier, durci on caillouteux, 1'application d'unJer et des bains dans I'eau courante ou meme stagnante, quand on n'en a pas d'autre, snffiseat pour amener la resolution en pen de jours.
Si la claudicatiou est pen intense, on pare la sole jusqu'a la rosee; on y pratique une legere entaille avec Tangle du boutoir; nne saignee abondante a lieu, et quand on vent Tarreter, on ap­plique sur I'entaille faite a la sole un plumasseau d'etoupes hu-mecte d'essence de terebenthine, maintenu par un fer, qui doit exercer sur ce plumasseau nne compression moderee, afin d'evi-ter le bourgeonnement de la partie du tissn veloute, au point 011 a ete faite I'entaille. Vingt-quatre ou trente-six beures äpres que ce pansemeut a ete fait, la claudicatiou va en dhnhiuant pour cesser bientot eutierement.
Si la Bleime est suppuree, on pare jusqu'ii la rosee, et puis on enleve tonte la portion soulevee de la sole; ou applique un plu­masseau imbibe d'essence de terebenthine, ce plumasseau de la meme epaisseur sur toute son etendue, afin que la compres­sion exercee par le fer qu'on a place immediatemeut soit egale et assez forte. La compression moderee fait cesser la claudica­tiou; si eile a ete trop forte, la claudicatiou augmento; I'aui-mal reste couche. il feraoigne d'une grande douleur, ne mange point, ne rumine point; alors on le ramene au travail, on enleve
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CLOU DE RUE.
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Ilaquo; fer, on auiincil le plumasseact, on remet le fer, et I'animal se trouve soulage iiistaiilaneinent.
Si la Bleime esl seclio, on opöro conmie dans le cas de Bleiine suppuf6e, ni plus ni moins, et la guerison ne sc fait pas attendre.
ARTICLE II
CLOD DE ItUK
iK'flnition. Frtqueiu'c. — Le tenne de Clou de rue esl une expres­sion generique employee communement pour designer los bles-sures determinees, ;i la face plantaire du pied des solipedes et des didactyles, par la penetration de corps aigus ou tranchants : clous, tessons, silex, etc. On a par extension appele Clou de rue routes les hlessures de cette region du sabot.
Ges blsssures sont superficielles on proiondes; on les observe frequennneut sur les betes bovines qui sont employees an labou-rage ou aux charrois.
L'expression par laquelle on desigue ces blessures indique snfiisamment quelles en son! les causes.
Stymptftmes. — Blessure d'abord tres facile ä distiugner quand, I'animal venant ä hoiter subitement, on examine la face plan­taire de Fonglon ou la face interdigilee. Si eile existe h la face interdigitee, et a ete occasionnee par le pincondu fer appliquä sur I'onglon oppose, ce qui arrive frequemmeut lorsque le fer et le piucon sont uses, celui-ci se devie et viout appuyer sur le cote ou sur la face de I'onglon correspondaut. Quand la blessure re-sulte de cette deviation du piucon, la claudication a uu cnractere special. Chaque pas que fait 1'animal est marque par une elevation subite du membre, lequel se trouve porle brusquement en bant et de cote par une flexion qui ressemblejusqu'ä un certain point, a la flexion du membre post6rieur d'un cheval affecte d'un epar-vin sec; on pourrait s'y meprendre, quand la claudication a son siege ä un pied posterieur, si Ton s'en rapportait h un examen superficiel.
Gas diverses blessures de la sole ou de la lace interdigitee de I'onglon sont superficielles ou profondes, et leur gravile s'accuse par rintensite de la claudication. Le prouostic n'en est pas tou-Jours favorable : les blessures de la face interne ou de la face in­terdigitee de I'onglon sont les plus graves quand elles out penetre jusqu'ä l'os et lese cet organe. Gelles qui out leur siege ä la sole exigent toujours une attention serieuse : bornees ä cet organe,
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902nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;MALADIES DIVERSES DES REGIONS.
elles mettent ä decouvert le tissu sous-jacenf et peuvent etrlaquo; suivies sotivent de la production de fies qui, se trouvant compri-mös par la corns, font eprouver anx animanx des douleurs tres vivas, pnisqu'elles sont accompagnöes d'un malaise evident, de la perte de l'appetit, de la suspension de la rumination.
Si le corps contomlant, clou, tesson, etc., a penetre jusqu'a I'os, on a bien souvent ä trailer une osteite avec carie. On voitcet accident amener la carie d'nne portion considerable de I'os du pied; il importe done de ne point se faire illusion sur la gravite des accidents de cette nature, avec d'autant plus de raison que, par le moyen d'un traitement fort simple, employe sans retard, on obtient gcneralement unc prompte guerison.
Traitrineiit. — Ce traitement consiste, quand la blessore a son siege ;ila sole, ;i debrider on ä agrandir I'onverture, en lui don-nant anfant que possible la forme d'un entonnoir. Cette Ouvertüre doit penetrer jusqu'au fond de la blessm-e, dans laquelle on fait, couler on de l'essence de terebentbine, le medicament le plus a portee quand on est ;i la campagne, on de la teinture d'aloes, on de la mixture de Villatte; puis, on garnit tres exactement toute l'excavation, je ne dis pas d'un plumasseau, ce qui n'exprimerait pas mon idee, mais d'un tampon d'etoupes fines, qui, sous la pres-sion d'un fer que Ton attache ä Tongloii immediatement, exerce une compression d'une efficacite indiscutable.
Toutes les fois que j'ai opere les clous do rue de cette maniere, et je n'ai guere passe de mois, memo de semaine sans en ope-rer, j'ai oljtenu des gnöiisons presipie instantanees; rarement j'ai etc oblige de changer I'appareil si la compression avail ete faite exactement. Un soul pansement constituele traitement toul entier, mais il ne faut pas qu'il soit retarde jusqu'au moment oil rinilammation des tissus a dej;i fait quolques progres.
Si on arrive lorsque cette inflammation s'est developpee et qu'elle se montre avec ses consequences inevitables, telles que rengorgement des tissus, la suppuration, et(;., il faut procederdif-feremment : debrider d'abord, enlever les bourgeons de mauvaise nature avec I'instrument tranchant, on memeles cauteriser, mais moderement, afin de ne point loser des tissus qui sont restes sains. Apres avoir opere avec I'instrument tranchant, on fait le premier pansement au moyen de plumasseaux d'etoupes fines et d'une compression moderee exerceeparun fer plante k deux clous rives; je dis rives, afin de prevenir des accidents possibles, sur lesquels je ne pense pas qu'il y ait lieu d'iusister.
Si, apres ce premier pansement, la claudication va en dimi-nuant et si I'animal se met ä faire pen ä pen son appui sur le sol
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1.1MACE.
903
avec une cerlaine assurance, on ne louche plus a I'appareU; ce n'est que clans les cas on la clandication persisterait, qaoiqu'.ä un moindre degr^, qu'il faudrait renouveler ce pansement. Alors on devrait panser avec la mixture de Villatte,qui convient mieux que tout autre topique pour arreter la necrose du periostc et la cane de l'os. Je ne conseille pas consequemmeut de faire ä ces blessures des pansements nombreux et tres rapproches les uns des autres. L'experience m'a demontre qu'apres quelques pansements d'ur-gence, bien iudiques et faits avec intelligence, le mieux etait de laisser k la nature tout le soin de la cicatrisation de ces plaies. Quand on les a ramenees k leuretat simple et que la compression a ete regulieremeut faite, il n'y a plus ä y toucher.
Les blessures qui ont lenr siege ä la lace interdigitee doivent etre traitees d'apres les memes precedes; mais ici on n'a point de fer pour faire fouctiou de bandage conlontif; on le remplace par des ligatures en ruban de fil, dont rapplication n'eprouve point de grandes difflcultes, d'autant que Ton pent faire usage, pour les maintenir, d'un precede d'une extreme simplicity : chaque tour de ruban est, sur plusicurs points, fixe sur un autre enroulement on sur I'onglon par un pen de terebeuthine on de poix noire. S'il faut renouveler le bandage, je conviens qu'on ne pent guere eulever Tappareil qu'en le sacrifiant; mais cela a tres pen d'importance.
Qüand Tos du pied est profondement carie, e'est avec le fer chauffe k blaue (ju'on detruil la carie, et aussitöt que l'eschare se defache, on apercoit une plaie vermeille qui se cicatrise avec nneetonnante rapidite. Plusieurs fois j'ai en 1 occasion d'observer cette complication, et prescjue toujours j'en ai triomphe par les cauterisations avec un plein succes et sans qu'il restat aucune apparence de clandication.
ARTICLE III
MM ACE
Sysosvmik : Limassura, Fie, Fonrcbet, Crapand.
Deiiniiiwn. Frequence. — La Limace, a iacpielle on a donue des noms divers, qui souvent la font confondre avec des maladies differentes, est un phlegmon siegeant d'abord an coussinetgrais-seux qui se trouve au-dessous du ligament interdigito, puis affectant bientöt le tissu cellulaire, les ligaments et la peau.
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904
MALADIES DIVERSES DES REGIONS.
Gelte deraiere n'est reellement atfectee que consecutivemeut aux autres tissus malades. Ce n'est done pas une maladie do la peau propremeüt dite; et si on ne veut jjas lui laisser le nom do Limace, qn'on l'appelle Jarart an panaris ; car eile a la plus grande analogic avec les maladies qui onl recu ces deuomina-lions chez les animaux et chez l'homme.
Gellö dit que laquo;la Limace est un ulcere filandreux, carciuoma-leux et rongeaut, qui attaque la peau et los tissus sous-jacents de l'espaco iuterdigitß du boeuf; aussi cette maladie parait-elle avoir la plus grande aualogie avec le crapaud du cdieval.'raquo; II n'y a pas la moindxe aualogie : d'oü il laut conclure que Gelle ne connais-sait pas du tont la Limace du haiuL
Santin (de Dourgnes), qui avait bien observe cette maladie, en fait une afl'ection de la peau; en quoi il commet une erreur, puisque la peau n'est affectee, dans ce cas, qne lorsque I'lnflam-mation a envahi les tissus sous-jacents; mais Santin a decrit !a maladie avec une rare precision. M. Girard ötablit avec rai-son, dans sa dennere edition du Traite du Pied, que la Limace qui affecte les betes bovines ne pent etre comparee ä aueune maladie du cheval. pas plus qu'ä Taggravee du clüen, comme l'avait avance Favre, de Geneve.
La Limace s'observe frequemmeut.
Causes.— Les causes predisposanlos de la Limace sont Uecar-temoiU, exagere des pnglons du boeuf, soit qu'il restedans l'etable ou dans les prairies dans son jeune äge, soit qu'ou le fasse tra-vailler qiumd il est adulte. En effet, cet ecarteraent des onglons facüite rinlroduction et le sejour de corps etrangers dans l'espace interdigite, dont la presence devient !a cause occasionnelle de la Limace. Ajoutons que les beeufs des bonnes races travailleu-ses, dont le pied n'est pas tres large et dont les onglons sonl rapproebes exaetement, sont peu snjets h la Limace.
Quant ä la cause occasionnelle, je viens de la dire, e'est la com­pression exercee, sur les tissus places dans Tespace interdigite, par des corps etrangers ou par des contusions. On pent croire aussi que, dans quelques circonstances, le sejour constant des animaux aux etables oii la Mere manque, et oil par consequent leurs pieds trempent constamment dans im furnier mi-liquide ou boueux, est aussi une cause occasionnelle assez grave, puisqu'on voit la Limace se declarer sur tous les bestiaux d'etabies places dans ces conditions. Elle est alors enzootique, et semble se propager par la contagion. Des pbenomenes ä peu pres semblables ä ceux qui resnltent de la Limace, se manifestent quelquefois pen­dant les epizootics aphtheuses.
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#9632;
LI.MACE.
905
Symptömes. — Le bceuf chez lequel la Limace commence k se declarer souleve le pied atteint de cette inflammation phlegmo-neuse; il y porte le mufle, et parfois il tire la laugue afin d'operer sur cette partie un leger frottement, mais il la retire bien vite. [1 tröpigne, se döplace avec peine sur la litiere; et si on le fait marcher, 11 boite d'abord lögerement, et de plus en plus, de teile manure qu'il cesse d'appuyer son pied malade sur le sol; alors le boulet s'engorge en meme temps que I'espace interdigite et la couronne, les onglons s'ecartent; le pouls devient fort et vite, la fievre est intense; I'appetit mil; point de rumination, on du moms rumination courte, entre-coupee. L'animal reste coucliö, et ce n'est qu'avec la plus grande difficulte qu'on parvient ä le faire lever; il se refuse surtout avec tenacite ä sortir de Fetable, tonrnant sur lui-memo, et se defendant quelquefois de la tete quand on le presse trop vivement. Qu'il soil couche on sur ses membres, on volt souvent des contractions partielles se manifes­ter couvulsivement sur le membre dont le pied est affects de Limace. Kvidemment cette inflammation phlegmoueuse chez le bceuf a le plus grand rapport avec celle connue chez I'homme sous le nom de panaris, et ne ressemble uullemont au crapaud du cbeval. II n'est pas exact de dire non plus que des le debut la peau de I'espace interdigite est rouge : la rougeur de la peau ne se manifeste que plus tard.
Harcbe. Dnrlaquo;e. Terminaisons.— La marche de la Limace est d'abord lente; mais apres les quatre ou cinq premiers jours, ä dater de l'invasion, sa marche devient plus rapide, et Ton voit bientöt la peau devenir rouge et sa chalcur augmeuter conside-rablement. Pen ä pen cette peau, travaillee par I'inflammation, s'amincit, se decbirc et donne passage h du pus d'abord s6reux; puis quand la dechirure s'est agrandie, un bourbillon forme de ligaments, entoure de lissu cellulaire decompose par I'inflamma-tion,granuleux, et de tissu graisseux egaloment denature, se de-tache et tombe, ou est enleve tres facilement. Alors la suppuration s'etablit assez aboudante, epaisse et repandant une odeur mi ge­neris. Mais bientöt cette suppuration tarit, la cicatrisation de la plaie se fait en tres pen de temps, et la guerison est radicale.
La Limace se termine ainsi par la suppuration, et eile ne se termine par la rösolution qu'au moyen des bains froids employes avec perseverance des le debut. Je dois noter, en outre, que je u'ai Jamals vu la Limace se reproduire sur un pied qui dejä en avait 6te affecte.
Diagnostic. Pronostic. — L'ecartemenl anormal des onglons de-terminö par l'engorgement de I'espace interdigite est un syrap-
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MALADIES DIVERSES DES REGIONS.
tome qui ne peut laisser aucun doute sur l'existence de rinflam-mation phlegmoneuse des tissus sous-jacents. Quant au pronos-tic, il n'est point Wcheux. Les seules consöquences de cette ma-ladie sont: ramaigrissement, qui a lieu promptement dans ce cas, comme dans tous ceux de claudication tres douloureuse, et la perte de temps, si ranimal est employe au travail.
Traitement. — Dans le debut de rinflammatiou phlegmoneuse de Fintervallü iutcrdigite, les bains froids, ou mieux encore les bains dans I'eau courante, en amenent sonvent la resolution . quand ilsont eu unoduree de plusieurs heures.
Les frictions vesicantcs au uombre de deux, une par jour, pro-duisent aussi ce resultat, monie quand la suppuration commence ä s'etablir. Les adoucissants ou emollients de toute sorte, cata-plasmes, onclions camphrees ou laudauisees, sont loin d'avoir In mume efficacite, h moins d'avoir et6 precedes de la saignee ä la couronne, que Ton obtient en piquant vivement cette partie des onglons avecnne flamme de moyenne dimension. On arrete cette saiguee au moyen d'une bände f'ormöe de rqbans de fil.
Si un abces on des abces se sont formes, on les ouvre largement. et la plaie est pansee avec nn onguent digestif, compose do tere-beuthine delayee dans un jaune d'ceuf.
Si, apres que le boniiiillou est tombe ou a ete enlev^, la plaie est blafarde, ä bords renverses, on la panse avec des plurnasseaux reconverts d'egyptiac, ou trempes dans la mixture de quot;Villatte; mais lorsque cette plaie est ulcereuse, on doit la cauteriser avec le fer rouge. Apres cette operation, on recouvre la partie cauterisee au moyen de forts plumasseaux, et Ton enveloppe tout le pied d'une forte toile neuve, assez Men assnjettie pour qne les animaux ne puissent I'enlever avec la langue. Co pansement reste en place jusqu'ä ce queI'eschare soit prete h tomber; alors on Tenleve, et du moment oü cette eschare est tombee, on n'est plus en presence que d'une plaie simple qui se cicatrise tres promptement.
La cauterisation au moyen du fer rouge est le moyen le plus simple et le plus efflcace en meme temps, et qu'on doit employer de preference toutes les fois qu'il y a dans une etable un certain uombre d'animaux affectes de la Limace. II röussit meme quand le phlegmon n'est pas arrive ä IV'tat de suppuration, et il evite de nombreux pansements.
FIN
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TABLE DES MATIERES
SECTION PREMIERE
MALADIES DE l'aPPAREIL DIGESTIF
Pages.
CHAPITRE 1quot;. — Maladies de la bouche el de ses dependances.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; t
Article Ier. — Tumefaction, inflammation des lävres..............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2
Article II. — Maladies de la muqueuse de la bouche.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 5 v
(i 1tr. — Inflammation de la muqueuse buccale.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; P
^ 2. — BarbiUons.........................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 6
Article III. — Inflammation de la langue.......................nbsp; nbsp; nbsp; '0
Article IV. — Aphthes de la bouche...........................nbsp; nbsp; nbsp; '*
Article V. — Maladie desjoues.......•........................nbsp; nbsp; nbsp; ^
sect; 1',r. — Inflammation des joues.............................nbsp; nbsp; nbsp; '^
sect; 2. — Des Kystes dans I'epaisseur desjoues...................nbsp; nbsp; nbsp; 22
Article VI. — Maladies des dents..............................nbsp; nbsp; nbsp; 25
jf 1CT. — üsure des dents. Surdents. Asp^riles...................nbsp; nbsp; nbsp; '26
i 2. — Carie..............................................nbsp; nbsp; nbsp; 29
Article VII. — Maladies des os de la mächoire....................nbsp; nbsp; nbsp; 29
CHAPITRE II. — Maladies du pharynx...........................nbsp; nbsp; nbsp; 33
Article Ier. — Pharyngite simple...............................nbsp; nbsp; nbsp; 33
Article II. — Pharyngite gangreneuse..........................nbsp; nbsp; nbsp; 39
CHAPITRE III. — Maladies de 1'OEsophage.........................nbsp; nbsp; nbsp; 44
Article Ilt;'r. — Inflammation..................................nbsp; nbsp; nbsp; 44
Article II. — Corps etrangers................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 44
CHAPITRE IV. — Maladies de la Parolide........................nbsp; nbsp; nbsp; ST
CHAPITRE V. — Maladies des Estomacs. .........................nbsp; nbsp; nbsp; 85
Article I,'r. — Meleorisme.....................................nbsp; nbsp; nbsp; S6
Article II. — Appetit deprave.........................'........nbsp; nbsp; nbsp; S8
sect; 1,r. — Pica en general.....................................nbsp; nbsp; nbsp; 89
j{ 2. — Tumefaction induree du Pylore.........................nbsp; nbsp; nbsp; 59
Article III. — Vomissement...................................nbsp; nbsp; nbsp; 6'
Article IV. — Indigestion d'eau................................nbsp; nbsp; nbsp; 66
Article V. — Indigestion mephitique simple.....................nbsp; nbsp; nbsp; 6S
Article VI. — Indigestion avec surcharge d'aliments .............nbsp; nbsp; nbsp; quot;73
Article VII. — Indigestion par alonie des organes digestifs..........nbsp; nbsp; nbsp; 81
Article VIII. — Gastro-Enlerite................................nbsp; nbsp; nbsp; 84
Article IX. — Gastro-EnWro-Nephrite..........................nbsp; nbsp; nbsp; 9*
ArticleX. — Inflammation de I'intestin.........................nbsp; nbsp; nbsp; 98
ji Ier. — Entörite simple....................................nbsp; nbsp; nbsp; W
sect; 2. — Entente hömorrhagique.............................nbsp; nbsp; nbsp;^03
g 3. — Ent^rite couenneuse on mercurielle....................nbsp; nbsp; '104
ji 4. — Entörite par invagination............................nbsp; nbsp; '07
sect; 5. — Inflammation du colon...............................nbsp; nbsp; nbsp;HO
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ftot,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TABLE DES MATIERES.
sect; 6. — De la Diarrhöe...................................nbsp; nbsp; nbsp;113
f. 1- — Irritation venteuse du rectum.......................nbsp; nbsp; 119
Auticle XI. — Maladies de la rate...............................nbsp; nbsp; nbsp;Iä0
sect; 1''r. — Splenito aigue......................................nbsp; nbsp; nbsp;120
sect; 2. — Splenite chrouique..........................#9632;.......nbsp; nbsp; nbsp; 124
Article XII. — Maladies du foie................................nbsp; nbsp; nbsp;125
% '•quot;'• — Hepatite aigu@....................................nbsp; nbsp; 125
sect; 2. — Hepatite ebronique................................nbsp; nbsp; 128
SKCTiÜN II
M\I.\I)II-.S DES nKil.WKS (lESPlBATOUUlaquo;
CHAPITRE Iir. — Maladies des cavllßs nasales.......................nbsp; nbsp; nbsp;133
Article I,,r. — Epistaxis.....................................nbsp; nbsp; nbsp;133
Auticle II. — Corvza.................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^ 35
Akticie III. — Catarrhe des cornes.............................nbsp; nbsp; 151
CHAPITRE II. — Maladies du Larynx et des Branches..............nbsp; nbsp; 1Ö7
Article Ier. — Laryngite simple aiguij...........................nbsp; nbsp; 157
Article II. — Laryngite chronique.............................nbsp; nbsp; nbsp;163
Article III, — Laryngite diphthömque...........................nbsp; nbsp; nbsp;16S
Article IV. — Laryngite par fracture des cartilages................nbsp; nbsp; nbsp;Ml
Article V. — Laryngite gangreneuse epizootique.................nbsp; nbsp; nbsp;178
Article VI. — Broricliite aigne simple..........................nbsp; nbsp; 185
Article VII. — Bronchite clnonique............................nbsp; nbsp; 191
CHAPITRE III. — Maladies de I'Appareil pulmonaire................nbsp; nbsp; nbsp;194
Article I'r. — Aspliyxie.....................................nbsp; nbsp; nbsp;194
_ Article 11. — Apoplexie pulmonaire........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 199
Article III. — Pneumonie aigue................................nbsp; nbsp; 205
Article IV. — Pnenmonite chronique...........................nbsp; nbsp; 219
Article V. — I'hthisie tuberculeuse.............................nbsp; nbsp; 227
Article VI. — Peripneumonie epizootique........................nbsp; nbsp; 248
Article VII. — Peripneumonie sporadiqne ......................nbsp; nbsp; 273
Article VIII. — Pleurite aiguii.................................nbsp; nbsp; 280
Article IX. — Pleuresie chronique. Hydrothorax................nbsp; nbsp; 289
Article additiOiNxel. — Auscultation. Percussion................nbsp; nbsp; 292
j! 1CT. — De l'Auscultation en general..........................nbsp; nbsp; 292
sect; 2. — Auscultation des difförentes cavites organiques...........nbsp; nbsp; 299
i 3. — De la Percussion...................................nbsp; nbsp; 305
SECTION JII
MALADIES DE l'aPP.UIEII. CIliCILATOIliF.
lt; CHAPITRE 1'r. — Maladies du tour et de ses enveloppes. Article imque. — Cardite. Pericardite........quot;:.....
311 312
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'
TABLK DES MATIEHES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; !Jü9
Pttücs.
CHAPITRK 11. — Maladies des vaisseaux.......... ................nbsp; nbsp; nbsp;:t 16
Ahtuxe l'1'. — Blessures arterielles..............................nbsp; nbsp; nbsp;316
Article 11. — Thrumbus......................................nbsp; nbsp; nbsp;323
Article IV. — Phlebite........................................nbsp; nbsp; nbsp;325
Article V. — Varices........................................nbsp; nbsp; nbsp;327
Article VI. — Phleginasie rouge donloureuse.....................nbsp; nbsp; nbsp;330
Article VII. — Thrombose...................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;336
CHAPITRE 111. — Maladie des vaisseaux lynipbaliqnes...............nbsp; nbsp; nbsp;33.s
Article imqie. — Inflammation des vaisseaux lynaphatiqnes........nbsp; nbsp; nbsp;33H
SKCTlOiN IV
MALUIIES HL SYSTEME NEIIVKUX
CHAPITRE I'1. — Maladies des centres nerveux......................nbsp; nbsp; nbsp;345
Article I''1'. — Congestion leröbrale on Cerebrite aigue..............nbsp; nbsp; nbsp;345
sect; Iquot;. — Cerebrite aigue simple..............................nbsp; nbsp; nbsp;345
sect; 2. — Cerebrite aigue compliqute du Corvza gangreneux........nbsp; nbsp; nbsp;353
Article II. — Cerebrite chronique..............................nbsp; nbsp; nbsp;355
Article 111. — llydrocephale...................................nbsp; nbsp; nbsp;362
Article IV. — Hydrocephalie cong^niale........................nbsp; nbsp; nbsp;365
Article V. — Apoplexie sereuse...............................nbsp; nbsp; nbsp;369
Article VI. — Meningite......................................nbsp; nbsp; nbsp;371
Article VU. — Myelile.......................................nbsp; nbsp; nbsp;372
Article VIII. — Tournis......................................nbsp; nbsp; nbsp;375
CHAPITRE 11. — Maladies des Xerfs..............................nbsp; nbsp; nbsp;387
Article Iir. — Nevrite......................................nbsp; nbsp; nbsp;38quot;
Article II. — Tetanos.......................................nbsp; nbsp; nbsp;391
Article III. — Paralysie.......................................nbsp; nbsp; nbsp;396
' sect; Iquot;. — Paraplegic simple..................................nbsp; nbsp; nbsp;397
sect; 2. — Paraplegie symptomatique............................nbsp; nbsp; nbsp;401
CHAPITRE III. — Nevroses.....................................nbsp; nbsp; nbsp;407
Article I''. — Epilepsie.......................................nbsp; nbsp; nbsp;407
Article 11. — Uage ......................................nbsp; nbsp; nbsp;ill
SECTION V
M.U.AIHICS OKXKIULES DIVERSES
CIIAPrrilK l'r. — Maladies congestionnelles ou mflammaloires........nbsp; nbsp; nbsp;i-22
Article I'r. — Krysipele......................................nbsp; nbsp; nbsp;422
Article 11. — Pustule maligne................................nbsp; nbsp; nbsp;42!raquo;
Article 111. — Echaubonlure...................................nbsp; nbsp; nbsp;437
Article IV. — Kalle ou feu d'hei'DCS.............................nbsp; nbsp; nbsp;442
Article V. — Exantheme pustuleux.............................nbsp; nbsp; nbsp;446
Article VI. — Fombure da lioeuf..............................nbsp; nbsp; nbsp;451
Article VU. — Fourbure cbarbonneuse.......................nbsp; nbsp; nbsp;460
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91 0nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TABLE DES MAXIERES.
Pages.
CHAPITREII. — Maladies de la Peau.............................nbsp; nbsp; nbsp;466
Article Il3r. — Verrues........................................nbsp; nbsp; nbsp;466
.Vkticle II. — Gale...........................................nbsp; nbsp; nbsp;468
Article III. — Dartres........................................nbsp; nbsp; nbsp;47jj
Article IV. — Elephantiasis...................................nbsp; nbsp; nbsp;489
Article V. — Vaccine.........................................nbsp; nbsp; nbsp;498
CHAPITRE III. — Maladies du Systeme söro-lymphatique.............nbsp; nbsp; nbsp;510
Article Iquot;. — OKdßme........................................nbsp; nbsp; nbsp;5lt;0
Article II. — Anasarque.....................................nbsp; nbsp; nbsp;5i|2
Article III. — Peritonite.....................................nbsp; nbsp; nbsp;513
sect; Ier. — Ptiritonite aigue....................................nbsp; nbsp; 515
sect; 2. — Peritonite chronique.................................nbsp; nbsp; nbsp;520
Article IV. — Ascite........................................nbsp; nbsp; nbsp;522
Article V. — Carreau.......................................nbsp; nbsp; nbsp;525
sect; 1or. — Du Carreau proprement dit..........................nbsp; nbsp; nbsp;525
sect; 2. — Scrofules.........................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;529
Article VI. — Du Farcin......................................nbsp; nbsp; nbsp;532
CHAPITRE IV. — .Malndies par alteration du sang...................nbsp; nbsp; nbsp;540
Article Iquot;'. — Plethore........................................nbsp; nbsp; nbsp;542
Article II. — Aneinie.......................................nbsp; nbsp; nbsp;551
Article III.............................................nbsp; nbsp; nbsp;552
sect; Iquot;. — Hämatnrie essentielle...............................nbsp; nbsp; nbsp;562
sect; 2. — Hematurie enzoolique...............................nbsp; nbsp; nbsp;567
Article IV. — Pyobömie.....................................nbsp; nbsp; nbsp;571
Article V. — Melange de l'air exterieurau sang.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;575
CHAPITRE V. — Du Charbon................................][nbsp; nbsp; nbsp;577
Article I01'. — Du Charbon en general.........................nbsp; nbsp; nbsp;577
Article II. — Des differentes formes du Charbon..................nbsp; nbsp; nbsp;605
sect; 1(,r. — Classifications diverses des maladies charbonneuses.......nbsp; nbsp; nbsp;605
jj 2. — Fievre charbonneuse ou Charbon sans eruption...........nbsp; nbsp; nbsp;607
sect; 3. — Charbon avec öruption de tumeurs exterieures...........nbsp; nbsp; nbsp;610
Article III. — Traitement du charbon en general.................nbsp; nbsp; nbsp;617
sect; Ier. — Traitement pröservatif..............................nbsp; nbsp; nbsp;61S
sect; 2. — Traileinent curatif..................................nbsp; nbsp; nbsp;620
Article IV. — Du Charbon sous le rapport de la police sanitaire.....nbsp; nbsp; nbsp;625
CHAPITRE VI. — Typhus des betes ä cornes........................nbsp; nbsp; nbsp;634
CHAPITRE VII. — Maladies parasitaires...........................nbsp; nbsp; nbsp;706
Article Ier. — Maladies vermineuses des voies respiratoires des veaux.nbsp; nbsp; 707
Article II. — Vers dans le globe oculaire du boeuf.................nbsp; nbsp; nbsp;714
Article III. — Phthiriase.....................................nbsp; nbsp; nbsp;718
Article IV. — QEstre hypodermique...........................nbsp; nbsp; nbsp;720
SECTION VI
MAI..Mil US QB I.'.U'PAHEIL ÜENITO-URINAIRE
CHAPITRE 1quot;. — Maladies des voies urinaires.
722
.
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TABLE DES MATIÄRES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 91 I
\rticle I1*, — Nephrite.......................................nbsp; nbsp; 722
Article II. — Cystite.........................................nbsp; nbsp; 729
j! Ier. — Cystile aigue simple................................nbsp; nbsp; 729
j! 2. — Cystite aigue compliquöe d'enterite, avec hömaturie........nbsp; nbsp; 736
ji 3. — Cystite chronique simple .............................nbsp; nbsp; 740
Article III. — Cystile chronique calculeuse.......................nbsp; nbsp; 742
Article IV. — Calculs uretraux.............................nbsp; nbsp; 748
Article V. — Cystocele.......................................nbsp; nbsp; 754
CHAPITRE II. — Maladies des organes gönitaux du male............nbsp; nbsp; 707
Article Ier. — Inflammation du fourreau...................... .nbsp; nbsp; 757
Article II. — Inflammation par froissement du fourreau et du penis.nbsp; nbsp; nbsp; 762
Article III. — Sarcoc^le....................................nbsp; nbsp; 768
CHAPITRE III. — Maladies lies organes genilaux de la temclle.......nbsp; nbsp; 770
Article Ilaquo;r. — Poly[ es du vagiu et de l'uterus...................nbsp; nbsp; 770
Article II. — Mamrnite ....................................nbsp; nbsp; 771
Article III. — Maladies des ovaires.............................nbsp; nbsp; 773
CHAPITRE IV. — Maladies accompagnant la parturition..............nbsp; nbsp; 775
Article Ier. — De rAvorlement.................................nbsp; nbsp; 775
Article II. — Part eontre-nalure.............................nbsp; nbsp; 792
Article III. — Torsion de l'uterus............................nbsp; nbsp; 793
Article IV. — Retention de l'arriere-faix.....................nbsp; nbsp; 800
Article V. — Melrile aigue ou metro-perilonite ................nbsp; nbsp; 801
Article VI. — Fievre vitulaire...............................nbsp; nbsp; 805
Article VII. — Paralysie des vaches apres le part.................nbsp; nbsp; 810
Article VTII. — Chute ou renversement du vagin................nbsp; nbsp; 812
Article IX. — Renversement de l'uterus........................nbsp; nbsp; 813
SECTION VJ1
MALADIES DE l'aPPABEIL LOCOMOTEDB
CHAPITRE I'quot;'. — Maladiesdes os.................................nbsp; nbsp; 824
Article Ier. — OsteiU'.......................................nbsp; nbsp; 82ö
sect; 1quot;. — Osteile enzootique...............................nbsp; nbsp; 825
sect; 2. — Osleile cachectique..................................nbsp; nbsp; 831
Article II. — Tumeurs osseuses ou Exostoses....................nbsp; nbsp; 836
CHAPITRE II. — Maladies des muscles et des tendons..............nbsp; nbsp; 837
Article Ier. — Blessures musculaires...........................nbsp; nbsp; 838
Article II. — Distensions musculaires et tendineuses...............nbsp; nbsp; 841
sect; 1laquo;. — Effort d'epaule...................................nbsp; nbsp; 841
g 2. — Effort de boulet...................................nbsp; nbsp; 844
sect; 3. — Rupture de la corde du jarret..........................nbsp; nbsp; 845
sect; 4. — Deplacement du muscle ischio-tibial externe.............nbsp; nbsp; 847
Article III. — Rhumatisme...................................nbsp; nbsp; 853
CHAPITRE III. — Maladies des articulations......................nbsp; nbsp; 862
Article Ier. — Plaies des articulations...........................nbsp; nbsp; 863
Article II. — Arlhiite........................................nbsp; nbsp; 805
.
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012nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TABLE DES MAXIERES.
Pages.
Akticlk 111. — Hydaithroses...................................nbsp; nbsp; 86ä
CHAP1TRE IV. — Luxations...................................nbsp; nbsp; 866
Article Iquot;' — Luxation de la rotule.............................nbsp; nbsp; 867
Article II. — Luxation de l'articulation coxo-l'6morale.............nbsp; nbsp; 871
Article III. — Luxation de ['articulation seapulo-humerale.........nbsp; nbsp; 87S
SECTION Vlll
MAI.AIUKS DIVERSES DES REG-IONS
874 874 876 877 886 888 888 890 891 892 892 893 89Ö 897 897 901 90:'.
C.IIAl'lTKK Iquot;. — Maladies des
yeux.
Article I'1. — Onglee......................
Article II. — Ophthalniie...................
Ü Ier. — Opbtbalmie sporadique............
f. i. — Ophtliaiinie ou tluxion peiiodique......
j; :i. — Opbtbalmie symptomatique...........
sect; i. — Opbtbalmie öpizootiijue...........quot;...
Articie III. — Cancer de IVril...............
Article IV. — i)e la myopie..................
CUAPITRE II. — Maladies de la region abdominale.
Article Iot. — Plaies de I'abdomeD.............
Article II. —Hernies abdominales. Kventrations .
Article 111. — Hcmie ombilieald..............
CHAPITRE 111. — Maladies du Pied..............
Article Ier. — Bteime......................
Article 11. — Clou de rue..................
Article 111. — Liroace.......................
FIN DE LA TAliLB DES MATIEHKS.
I
Lraquo;
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TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES
Abdomen (Plaies de 1'), 892. Affections chabbonneuses, carbuncu-
laires, 579. Air exterieub (Melange del') an sang,
575. Alteration du sang (Maladies par),biO. Anaemia, 551. Anasabqie, 512. — congenial des
veaux, 514. Anemie, 551. Angeioleicite, 338. Angine simple, 33. — chronique, 36, 38. 39. — laryngee, 157. — crou-pale, 168. — gangrtneuse , ma­ligne, 178. —de poitrine, 185. Anh/EMU, 551. Anneau vert, 713. Antiibax, 578, 605. Anthrax simple, benin,429. Anti coeur, 578. Aphthes de la houche, 14. Apiitdeuses (Maladies). 14. Fiövre—, 14. Epizootie—, 14. Stomatite—, 14. Apoplexie du pied, 451. Apoplexie incompl6te, 345. Apoplexie pulmonaire, 199. Apoplexie seredse, 369. Appareii. circulatoire (Maladies de 1'),
311. Appareii. digestif (Maladies de 1quot;), 1. Appareii. gemto-uiuxaire (Maladies de
1'), 722. Appareil locomoteur (Maladies de 1'),
824. Appareil pulmonaire (Maladies de 1'),
194. Appauvrissement du sang, 531. Appetit deprave, 08. Arachnoidite, 345. Abaignee, 578. Abboulettes, 532.
Arpin mai.in, 378.
Ari(i£re-faix (Retention de 1'), 800.
Arterite, 316.
Artiirite, 865.
Articulations (Maladies des), 862.
Plaies des —, 863. Articulation coxo-teinorale (Luxation
del'), 871. Luxation de 1'—scapu-
lo-humerale, 873. Ascite, 322. — peritoneale, 522. Ascitis, 522. Asi'iiyxie, 194. —par introduction de
l'air dans les veines, 197. — pul­monaire, 199. Atonie (Indigestion par) des organes
digestifs, 81. Auscultation; pebcussion, 292.—en
general, 292. —des differentes ca-
vites organiques, 299. Avais't-coeub, 578. Avertin, 375. Avortement, 775.
Bai.lonnf.ment, 68.
Barbillons, 6.
Bas-ventre (Hydropisieda), 522.
Bleime, 897.
Blessures arterielles, 316.
Bi.essures musculaires, 838.
Bouciie (Maladies de la) et de ses de-pendances, 2. Indaramation de la rauqueuse buccale, 5. Aphthes de la —, 14. Mal de—, 14.
Boulet (Effort de), 844.
Bo U LETT es, 332.
Br£ze, 478.
Bbosches (Maladies des) et du larynx, 137.
Bronchite aigue simple, 185. —chro­nique, 191.
Buroxs, 578, 610.
38
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914
STABLE ALPHABÄTIQUE DES IIVTIERES.
Caciiexie, dö I.
(Gillette (Inflammation de la mem­brane rnuqueuse de la), 84. Calculs, 742. — uretraux, 748. Cancbb de l'oeil, 890.
CaUDITE; PEBICARDITE, 312.
Carie des de.nts, 29.
Carreau, 525.
Catarriie nasal, i36. — des cornes, 161. — pulmonaire, 185. — bron-chigue, 191. —de poitrine, 219. — vamp;jieal, 729.
CATTLE-Pl.Ar.lE, 634.
Cavites nasales Maladies des), 133. Cavites organiqües (Auseuliation des),
299. Centres xeuveüx (Maladies des), 345. Cererrite aigue; — aigue simple,
345. — aigue compliquee du corvza
gangreneux, 353. — chronique,
355. Chancre a la laxgce, 578. Cbabbon, 577. Du — en general,
577.nbsp; nbsp;— externe, essentiel, svinpto-matique, 578, 605, 606. —i'nlerne,
578.nbsp; Des diflerentes formes du —, 605. — sans Eruption, 607. —avec eruption de tumeurs exlerieures, 610. Traitement du — en general, 617. Traitement preservatif, 618. Traitement curatif, 620. Traitement special du —, 624. Traitement du — avec tumeurs exterienres, 625. Du — sous le rapport de la police sani-taire, 625. Contagion par virus fixe et volalil, par les anirnaux et les lieux infcrtcs, 626.
Charbon bi.anc, 544, 578, 605. ChaRBON STMPTOMiTIQDE, 429,578, 605,
606. Cdeilite, 2.
ClllTE Dl VAGIN, 812.
Clou dk rce, 901.
Coagulation du sang dans les voines,
OOD.
Cocotte, 14. Coecite, 98. Okur (Maladies du) et de sesenvelop-
pes, 311. Colite, 98, 110.
COLLAPSIS DU PART, 805.
(Kongestion cerebrale, 345. — du tissu ^ reüculaire, 451. —sanguine, 578. Consomption pulmonaire, 227.
Contagion du charbon par virus fixe et volatil, par les anirnaux et les üeux infectes, 626. — du typhus, 652.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
Contusions, 839.
Corde du jarret (Rupture de la), 845.
Cornes (Catarrhe des), 151.
Corps etrangers introduits dans I'opso-phage, 44. — retenu dans le canal oesophagien, 56.
Coryza, 436. — simple, 136. — gan-greneux, 136. Ceröbrite aigue com-pliqueedu — gangreneux, 353.
Codp de sang, 199, 345, 437, 578.
Courbature, 185.
Cow-pox, 498.
Crampeux ou Garampons (Boeufs), 867
Crapaud, 903.
Croup, 168.
Cystite, 729. —aigue simple, 729. — aigue compliquöe d'enlerite, avec hematurie, 736. — chronique sim­ple, 740. — chronique calculeuse, 742.
CvsTocfci.E, 754.
D
Dartres, 478. — furfuracees, 479. — seches ou tonsnrantcs, 479. — hu­mides, 482. — rongeantes, 483.
Dents (Maladies des), 25. üsure des—; surdents; asperites, 26. Carie, 29.
Deplacement du muscle ischio-tibial externe, 847.
Derte, 478
DlARRIlEE, 113. DlATHSsE PLRILENTE, 571.
Distensions muscj lai res et lend ineuses, 841.
Dysenterie, 113.
Ebullition, 437.
Ecart, 841.
Eciiauboulure, 437.
ecdaiffement, 437.
Echauffement de l'estomac, 84.
echauffement des heins, 92.
Effort d'epaule, 841. — de bonlet,
844. Elephantiasis, 489. Encepiialite, 345. Enfluredu ventre, 68. Engravee. 897.
i
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TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES.
915
Enteiute, 98. —simple, 98. — hemor-rhagique, 103. — couenneuse ou mercurielle, 104. — par iuvagina-tion, 107. Cyslite aigue compliquöe d' — avec hömaturie, 736.
Enteroc^le, 754.
Epakvin, 836.
Ei'aile (Effort d'), 84!.
Epilepsie, 407.
Epii'LoctLE, 754.
Episiaxis, 133.
epizootie aphtueise, 14.
Eplisemext DC SANG, 551 .
Er\sip£le, 422, 610.
Esqi'inancie maligne, 39. — gangre-neuse, 39, 178.
Estomacs (Maladies des), 55. Ecliauffe-mentde 1'—, 84. Plenitude de 1'—, 84.
Etisie, 227.
Etranguillon, 678.
EyENTBATIONS, 893.
ExA^TB£gt;IE interpbalange, 14.— pus-
tuleux, 446. Exompiiale, 89a. Exostose, 29. Exostoses, 836.
Formes, 836.
Foulure, 897.
Fourbure du boeuf,i451. — cbarbon-neuse, 460.
Fourcdet, 903.
Fourbeau (Inflammation du), 757. In­flammation par froissement du — et du penis, 762.
Fracture des cartilages (Laryngile par), 177.
G
Gale, 468.
Gastrite, 58.
Gastho-enieiute, 84, 579.
Gastro-entero-nephrite, 92.
Glossantiirax, 578, 614.
Glossite, 10. —superficielle, 12. —
profonde, 12. Glossop£de, 14. Gnathite, 21.
Gras-fondure, 87
Gravelle, 742.
Graviers, 743,747. H
Harpin, 544.
Haut mal, 407.
FaLOIRD, BEZI, TOLRNEIR (BüCUf), 356.
Falourdo (La), 356.
Farcin, 532.
Feu celeste, des abdents, 425.
Feu b'herbes, 442.
Feu sacre, Saixt-Antoine, 422.
Fie, 903.
Fi£vre adeno-xebveuse, adynaraique, atsxique, flogoso-gangreneuse, ma­ligne, pernicieuse, pestilentielle, pu-tride, 579.
FlfeVBE APUTHEDSE, 14.
FlfiVRE CHARBONNELSE, 578, 579, 605,
606, 607. Traitement de la— sans eruption, 620.
FlfcVRE MAL1GSE, BIL1EISE ET PUTB1DE,
ardente et pestilentielle, continue, typhoide avee redoublements, 634.
Fl£VBE VITULA1RE, 805. FlLAlRE, 714.
Fluxion de poitbine, 205. Fluxion periodique des yeux, 886. Foie (Maladies du), 125. forbature; 451. Fobboitube, 451. Formation decailiots, 336.
Helminthes, 707.
IIematubie essentielle, 562. — enzoo-
tique, 567. Hemorbuagie nasale, 133. Hepatite aigue, 125. — chroniquc,
128. Hernie interne, 107. Hebnies abdominales, 893. — ombi-
lieales, 895. IIerpe, 478. Hvdarthrose, 865. Hydrocepiiale, 362.
Hydrocephalie, 362.
congeniale ou
congenilalc, 365. Hydrophobie, 414. Hydropisie encepbalique, 362. — cei^-
brale, 369. — du has-venire, 522.
— dupöriloine, 522. Hydrobrhagie, 369. Hydrothorax, 289.
Indigestion, 57. — d'eau, 66. — me-phitique simple, 68. — avee sur-cbarged'aliinents,73. — par atonie des organes digestifs, 81.
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r
916
TABLE ALPHAIiETIQUE DES -MATIKRES.
Infection, 571.
Infiamjiation des levres, 2. — de la muqueuse Luccale, 5. — de la lan-gue, 10. — des joues, 21 — de PoBSophage, 44. — de la parotide, 51. — de rintestin, 98. — du colon, 110. — des vaisseaux lymphati-ques, 338. — du fourreauquot;, 757.— par froissement du foarreau et du penis, 762.
Intestin (Inflammationde la muqueuse de 1'), 84. Inilammaiiondel'—,98.
Intuodiction de l'aiii daks les VE1NES (Asphyxie par), 197.
1-mtslsception, 107.
Invaginatiox, 107.
IlililTATION \ENTELSE Dl ItECTLM, 119.
m.
Machoike (Maladies des es de la), 29.
Mal de langue, 10, 578. — debouche, 14. — de töte de contagion, 136.
Mal cadlc, 407.
Mal de brou, 92, 736.
Mal des ardents, 422.
Mal rouge, 425.
Mal sacre, 407.
Maladies de l'appareil digestif, 1. — des organes respiratoires, 133. — de l'appareil circulatoire, 311. — du Systeme nerveux, 345. — gön^-rales diverses, 422. — congestion-nelles ou inflammatoires, 422. — charbonneuses, carbunculaires, 579. — parasitaires, 706. — vermineu-ses des voies respiratoires des veaux, 707. — vermineuses cuta-nees, 713. — de l'appareil g(5nito-urinaire, 722. — des voies uri-naires, 722. — des organes genitaux du male, 757. — des organes göni-tauxde la femelle, 770. — accom-pagnant la parturition, 775. — de l'appareil locoraoteur, 824. — di­verses des regions, 874.
Maladiebos-uongroise, 634.
Maladie de poitrlne, 273.
malad1e de poituine du gros detail, 248.
Maladie des bois, 92, 736.
Maladie du poumon, 273.
Maladie du sang, 578.
Mammite, 771.
Memarciilue, 845.
Meotkgite, 345, 371.
Meteorisation, 56, 68.
Meteorisme, 68.
Metrite aigue ou Metro-Pei.itonite, 801.
Mollettes, 866.
morfoxdement, 185.
morfondure, 185.
Muscles (Maladies des) et des tendons, 837.
Muscle ischio-ti^iai. externe (Depla­cement du), 847.
Myelite, 372.
Myopie, 891.
I\
Nasales (Maladies des cavites), 133. Hamp;norrliagie—, 133. Catarrhs—, 136.laquo;:
•lAitBET (Rupture de la corde du), 845. Jodes (Maladies des), 21. Inflammation
des —, 21. Kvstes dans I'epaisseur
des —. 22.
K
Kvstes haks l'epaisseir des joues,22.
Langle (Inflammation de la), 10. Blessure, 10. Mal de —, 10, 578. Chancre ä la —, 578.
Lauyjvcite simple aigue, 157. — chro-nique, 163. — diphtherique ou pseudo-membraneuse, 168. —par fracture des cartilages, 177. —gan-greneuse epizootique, 178.
Laetogo-Phamngitb gangreueuse, 39.
Larynx iMaladies du) et des bronehcs, 157.
Laizertat, lezat, pi ant (Boeuf), 460.
Leucopiilecmasie, 512.
Levres (Tumefaction, inflammation des), 2.
LlMACE; LlMASSURA, 903.
Loürd, 375.
Lourdeiue, 375.
LoivET, 544.
Lunatisme; Line, 886.
Luxations, 866. — de la rotule, 867. — de rarticulation coxo-fömoraie, 871. — de l'articulation scapulo-humerale, 873.
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TABLE Al.PIIAIiETIOLE DES MATIKRKS.
917
Nephrite, 722. Nerbifeeut, 847. Neues (Maladies des) Nevrileixite, 387. Nevrilite, 387. Nevrite, 387. Nevritis, 387. Nevroses, 407. NoiR-ciissE, 578. Noizaili.e, S32.
O
387.
Penis (Inflammation par froissement du fourreau et du), 762.
Percission; auscultation, 292, 305.
Peiiicardite; caudite, 312.
Periostite. 29.
Peuiostose, 29.
Perip.nelmonie, 205. — epizootique. 248. — conlagieuso dugros Letail, 249; experiences sur la cohabita­tion, 256; experiences sur I'inocu-lalion, 259. — sporadique, 273.
Peripneumonie (Faisse), 185.
Pebuoine ! Hydropisie du), 522.
Peritonite aigue, 515. — chronique, 520.
Peste boyikb, des boeufs, du gros he-tail , dysenlerique, varioleuse, bo­vine hongroise, C34. Contagion de la —, 652. Animaux susceptibles de contracter la—, 661. Mesures preservatives et curatives centre la —, 680. Mesures ä prendre dans le cas d'invasion de la — a I'inle rjour, 687.
Peste ciiarronneise, rouge, 578.
Pestis pecldlm, 634.
Phaiungite simple, 33. — gangre-neuse, 39.
Pharynx (Maladies du), 33.
PllLEBITE, 325.
plli.egmasie rouge doiloireise, 330.
Phlegmon ciiarbonneix, 429.
Piilvctene, 14, 610.
Phrenesie, 345.
Phtuiuiase, 718.
Phtuisie TuiEiicn.EisE, 227.
Pica, 58.
Picote, 498.
Pied (Apoplexie di),45I
Pied (Maladies du), 897.
336.
OnrtRATION DES NE^ES, OiDfeME, 510.
CEsopiiage (Maladiesdo 1'), 44. Inflam­mation de 1'—, 44. Introduction de corps Strangers dans I'—, 44.
OESOPHAGITE, 44.
(ESTRE UVi'ODERMIQlE, 720. ÜMrilAI.OCfcLE, 895.
Onglee, 874.
Ol'llTllAUIIE, 744.
Oi'htiiaoie, 876. — sporadique, 877.
— periodique, intennittente, remit-
tente, lunatique, 886.—symptoma-
lique, 888. —epizootique, 888. Organes digestifs (Indigestion par
atonie des), 81. ÜRGA^Es ge.mtaux (Maladies des) du
male, 757. — de la femelle, 770. Orga.nes resi'iratoiues (Maladies des),
132. Os (Maladies des), 824. Os de la machoibe (Maladies des), 29. Ossification desp,\rois des vbines, 336. Osteite, 29. Osteite, 825. — enzootique, 825. —
cachectique, 831.
OSTECSAIICOME, 29.
Ovaires (Maladies des), 773.
Pierre, 742, 747.
Paralysie, 396 — des \ aches apres le part, 810.
Pauaplegie simple, 397. — sympto-inatique, 401.
Parotide (Maladies de la), 51
Parotidite, 51.
Part (Collapsus du), 805. — Paraly­sie des vaches aprös le —, 810.
Partcontre-natlbe, 792.
Pabtirition (Maladies accompagnant la), 775. — avant tenne, 775.
Peaü (Maladies de la), 466.
Piqires, 839.
PlQlI'.E DE VIPfcRE, 3. PlSSEUENT DE SANG, 562.
Plaies, 838. — des articulations, 863.
— del'abdomen, 892. Plemtide de l'estomac, 84. Pletuore, 542
Pledresie, 280. — chronique, 289. Pleirite aigue, 280. Pleiro-Pllmonie epizootique, conta-
gieuse, maligne, gangreneuse, exsu-
dative, 248. Pneimonie aigue, 205. — chronique,
219. — sanie, 248. Pneumonite, V. Pneimonie.
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918
TABLE ALIMIAIiKTiyUE DES MAXIERES.
PODOPHLEOMATITE, 451.
Poitrine (Hhumcde), '185. Anginede— 183. Fluxion de—, 20ö. Calarrhe de—, 219. Maladie de — du gros bötail, 248. Maladie de —, 273.
Police samtaiue (Du charbon sous le rapport de la), 625. Mesurcs prä-servatives et curatives contre le Ty­phus, 680. Mesurcs ä prendre dans le cas d'invasion Ju Typhus ä 1 in-terieur, 687.
POLYANQEMIE, 551.
Polvi'es du vagin et de I'uterus, 770.
PoMMEMtRE, 219, 227.
Poijiox (Maladie du1, 273. Poisse, 227. Poux, 718.
PüAKT, LAIZEIITAT, LEZAT (BoCUf , 460. Pl'LMOME, 248.
pli-mome cataubuäle, 185. Pustule maligne, 429.
PuTBimTE, 87.
Pylohe (Tumefaction indurec du), 59
Squirrhe du —, 59. Pyohemie, 571.
de —, 562. Melange de Fair exte-
rieur au —, 575. Sang (Maladie du), 578. SarcocJxe, 768. Scrofules, 529. Sole-Battue, 897. Splenite aigue, 120. — chronique,
124. — gangröneuse, 578. Squibrue du pylore, 59. Stomatite, 5. — aphtheuse, 14. Strosgles, 707. Suite de v£lage, 805. Surdents; aspiirites, 26. Systeme nerveux (Maladies du), 344. Systeme sero-lymphatique (Maladies
du), 510.
Taciies, 610. Taon, 720.
Tauheliere, 770.
Teigne, 478.
Tendons (Maladies des) et des muscles, 837.
Tetanos, 391.
TfiTE (Mal de) de contagion, 136.
Tüelazie de Rhodes, 714.
Thrombose, 336.
Tiieumbus, 323.
Thypiilite, 98.
Tissu RETicuLAiBE (Congestion du), 4SI.
Torsion de l'itebus, 793.
ToiBNis, 375.
Tournoiement, 373.
Toux, 227.
touxgbasse, 191.
Trousse-Galant, 578.
Tumefaction, inflammation des Ifrvres, 2. — indurfe du pylore, 59.
tumeub cuarronneuse, 429.
Tumeurs proprement raquo;ites, 610.
Tumeubs exterieures (Charbon avec eruption de), 610. — Traitement, 625.
Tümeurs osseuses, 836.
Ttmpanite, 56.
Typhoemie, 578.
Typhus chabbokneux, 578.
Typhus des sfeTES a cornes, 634. Conta­gion du—,652. Animaux suseepti-bles de contracter le—, 661. Mesu-res preservatives et curatives contre le—, 680. Mesures ä prendre dans le cas d'invasion du — ä l'interieur, 687. •;
R
Raile nu fei d'iierbes
442.
Rage, 414.
Rate (Älaladies de la), 120.
Rectite, 98.
Rectum (Iriutation venteuse du), 119.
Regions (Maladies diverses des), 874.
Region abdominale (Maladies de la),
892. Reins (Eciiauffement des), 92.
Renvebsement du vagin, 812. —
de
Tuterus, 813. Resorption puuulente, 571. Retention de l'arri£rf.-faix, 800. Rhinite, 136.
RlIINORRUAGIE, 133. RllUMATISME, 853. RliUME DE POITRINE, 185.
Rinderpest, 634.
Rotule (Luxation dela), 867.
Rupture de la corde du jähret, 845
S
Sable, 742, 743, 744.
Sang (Coagulation du) dans les veines, 336. Maladies par alteration du —, 540. Appauvrissement du—,551. Epuisement du —, 551. Pissement
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TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES.
919
U
Urethhotomie, 730.
uslredes dents, 26.
Uterus (Polypes de V) et du vagin,
770. — Torsion de I' —, 793. Reu-
versement de 1' —, 813.
Veines (Obturation des); coagulation du sang dans les —; ossification des parois des —, 336.
V£lage (Suite de) 803.
Ventre (Enflire du), 68.
Vehrues, 466.
Vers dans le globe oculaire du soei f, 714.
Vertige, 343, 373.
Vessigons, 866.
Voies respiratoires DRs veaux (Mala­dies veniiineuses des), 707.
Voies urinaires (Maladies des), 722.
VoiAuuis, 107.
VOMISSEMENT, 61 .
I
I
Vaccine, 498.
Vagin (Polypes du) et de I'litenis,
770. Chute ou renversement du —,
812. Vaisseacx (Maladies des), 316. Vaisseaux lymphatioles ('Maladies des),
338. Inflammation des —, 338. Varices, 327. VARiOLEde la vache, 498. — desbncnfs,
634.
Yeux (Maladies des), S74. Cancer des —, 890.
FIN DE LA TABLE ALPHABETIQUE.
Toulouse, imp. I,. Hkiiiiail, Dit.anii cl (:#9632;', rue de la Pomme, 5.
I'-iff
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#9632;
.
#9632;#9632;
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Librairie de P. ASSELIN, place de rEcole-de-Mödecine. OUVRAGES DE MEDECINE VETERINAIRE
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ET DE VETERINAIRES PRAT1C1ENS
QUI SONT POUR LES I1UIT PREMIERS VOLUMES
MM. Iraquo;. BROCA, professeur ä la Facnlte de im-decine de Paris, Chirurgien des böpitaui;
CHAWEAV, professenr ä l'Ecole veterinaire de Lyon;
CI.EHKNV, chef de service ä l'Ecole veterinaire d'Alfort;
CBVZEL, memhre correspondant de la Societe imperiale et centrale de medecine veterinaire;
E CISCUEB, veterinaire ä GeisseDgea-les-Luiem-bourg (Belgiqne);
i'.ug. CiAYOT, ancien chef de division des liaras
au ministere de l'agriculture; J. fiOURDOIlaquo;, docteur ea medecine, professeur
A. i.A-VOCAT, directenr de l'Ecole reteriuaire
de Toulouse; I.uui. %Ki; pere et Als, veterinaires k Paris;
!tIraquo;.C-ME, directeur del'licole veterinaire d'Alfort; MEHCflE, veterinaire principal de l'armee; PATTK, veterinaire et docteur en medecine a Paris;
Kug. KEWAUI.T, aucien inspecteur general des Ecoles veterinaires;
A. SANSOIV, redacteur en chef du Journal la Culture.
TAJBOVnillaquo;, professeur a l'Ecole veterinaire de Lyon;
S. VEHHEVEW, ancien directenr de l'Ecole vete­rinaire de üruxelles.
4 l'Ecole veterinaire de Toulouse;
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TISSEBANT, professeur ä l'Ecole \itamp;ri-naire de Lyon. — Guide des proprllaquo;1-talres et des cultivatenrs dans le cboix, l'entretien et la multiplication des vaclies laitiferes. 2* Edition, 2deg; tirage. 1 vol. in-12, avec des figures intercalies daus le texte. 1865.................. 2 fr. 50 c.
Becucil de M^decine vetrrinaire, Journal consacrö k l'ätude et aux progrtis de la mamp;lecine v^tdrinaire et des sciences qui s'y rattachent, publi(5 avec le concnurs d'un certain nombre de professeurs et de vitiri-naires praticiens franpais et Strangers, sous la direction de M. H. Bouley, inspecteur gd-nöral desjcolesvötörinaires, parM.BALLiBT, professeur k l'Ecole vdtörinaire d'Alfort et M. Thasbot, chef de service k la m6me (5cole. Un numöro d'au moins 80 pages clia-que mois. Prix de l'abonnement annucl; 13 fr. pour Paris; 14 fr. SO pour les d(5-partements, et pour I'dtranger suivant les conditions postales.
Jonmal de IH^decine v^t^rinaire, publiö par MM. les professeurs et chefs de service de l'Ecole vßtßrinaire de Lyon.
Cejournai parait depuis janvierl845, par livraisons mensuelles de trois feuilles d'im-piesslon{48 pages).
Prix de l'abnnnement, 10 fr. pour toute la France, et iraquo; fr. pour l'ötranger.
Journal des V^t^rinaires du Midi,
consacrö k la mödecine vötörinaire et k IMconomie rurale, publiö k l'Ecole imp^rinle vfitörinaire de Toulouse, par un comittS de redaction, sous la pramp;idence de M. Lavocat, directenr de l'Ecole.
Mode de publication : Le journal parait tons les mois, par cahier in-8 de trois feuilles d'impression.
Le prix de l'abonnement est de 8 fr. pour la France, iO fr. pour l'amp;ranger. Journal de RMdecine v£t£rinaire militalre, public sous la direction de MM. Goux, Adboyer, Merche, Lescot et HiiGOT, Vetdrinaires principaux, paraissant depuis le mois dejuin 1862,par immeros de tt feuilles in-Squot;. — Prix de l'abonnement annuel, IO fr. pour la France et l'Algörie et 18 fr. pour l'Etranger.
NOUVELLE ICONOGRAPHIE FOURRAGERE
Comprenanl un atlas avec teite eiplicatif des plantes foorrageres et des p)antcs nuisibles qui se veucoutrent Jans les prairies et les piturages.
Accompagnee d'unTraile de I'alimentation du cheval et des untres animaux domcsliques, par MM.Godhdon professeur ä l'ecole veterinaire de Toulouse, et Navoin, veterinaire en 1quot; au taraquo; d'artillerie.
L'ouvrage se composera de 126 tres-belles planches coloriees etquot;il'im teite eiplicatif; il sera publie en fascicules avecteite, dansle format in-4deg;. — Prix de chaqnefasciculeparu^Ofr.
Les quatre premiers fascicules sont en vente, et le raquo;e esl sous presse.
-ocr page 937-
Prix courant de la Maison RENAULT ain^.___________S
(Janvier 1869)
PRIX COURANT
DE LA
BAISOM RENADLT AIHE
Rue du Roi-de-Sicile, n0 34, ä Paris
(CI-DEVANT RUE DE LA VERRERIE)
SAUF VARIATIONS
Rcndu franco de transport i tons les chefs-liem de departement et d'arrondissement, et aui gares des chemins de fer, pourru qne la facture se monte ä 60 fr. au moins.
Acetate d'ammoniaque.......le kilog
de morphine.......le gramm
Valeurs ä
fr. c. 4 • 1 20 .. 70
six mois.
fr. c.
Camomille..................le kilog.nbsp; nbsp; nbsp;3 raquo;
Camplire raffinß.....................nbsp; nbsp; nbsp; 6 )••
Cannelle de Chine entifere.............nbsp; nbsp; nbsp; 5 raquo;
Cantharides entiferes.................nbsp; nbsp; 10 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; pulvöris^es..............nbsp; nbsp; 15 #9632;
Carbonate de fer....................nbsp; nbsp; nbsp; 4 raquo;
Carbonate de potasse.................nbsp; nbsp; nbsp; 2 raquo;
Cörat de Gallen.....................nbsp; nbsp; nbsp; 4 raquo;
Charge rßsolutive............ .......nbsp; nbsp; nbsp; 8 raquo;
Chloroforme........................nbsp; nbsp; 16 raquo;
Chlorure de chaux sec................nbsp; nbsp; nbsp; raquo; 80
— d'oxyde de sodium, labouteillcnbsp; nbsp; nbsp; 1 raquo;
Coaltar.....................le kilog.nbsp; nbsp; nbsp; 1 gt;#9632;
Confection d'hyacinthe ndeg; 1...........nbsp; nbsp; nbsp; 6 raquo;
Coriandre..........................nbsp; nbsp; nbsp; 1 raquo;
Couperose blanche...................nbsp; nbsp; nbsp; raquo; 90
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; bleue.....................nbsp; nbsp; nbsp; 1 50
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; verte....................nbsp; nbsp; nbsp; raquo; 40
Crfeme de tartre pulvamp;isöe............nbsp; nbsp; nbsp; 4 raquo;
Acide muriatique............ le kilog.
—nbsp; nbsp; nitrique.......................nbsp; nbsp; nbsp; 1 raquo;
—nbsp; nbsp; phamp;iique medicinal.... le kilog.nbsp; nbsp; nbsp;7 laquo;
—nbsp; nbsp; prussique medical..............nbsp; nbsp; 40 a
—nbsp; nbsp; sulfurique.....................nbsp; nbsp; nbsp; raquo; 70
—nbsp; nbsp; tartrique granule..............nbsp; nbsp; nbsp; 5 n
Aleali volatil........................nbsp; nbsp; nbsp; 1 50
Alcool, 36 degrös.............. le litrenbsp; nbsp; nbsp;3 raquo;
—nbsp; nbsp; camphrö..............le kilog.nbsp; nbsp; nbsp; 4 50
—nbsp; nbsp; des Barbades. ................nbsp; nbsp; nbsp; 9 raquo;
—nbsp; nbsp; suecotrin entier................nbsp; nbsp; nbsp; 3 raquo;
Alo6s suecotrin pulv^risä.............nbsp; nbsp; nbsp; 4 50
Alan de glace......................nbsp; nbsp; nbsp; raquo;60
—nbsp; nbsp; calcinö........................nbsp; nbsp; nbsp; 180
Anis vert...........................nbsp; nbsp; nbsp; 2 raquo;
Antimoine cru.......................nbsp; nbsp; nbsp; 1 40
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; pulvamp;isß......... ........nbsp; nbsp; nbsp; 1 60
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;diaphonitique..............nbsp; nbsp; nbsp; 7 raquo;
Arsenic blanc pulverise...............nbsp; nbsp; nbsp; 1 50
Assa-fostida, larmes..................nbsp; nbsp; nbsp; 4 50
ßaies de lanrier.....................nbsp; nbsp; nbsp; 1 60
Bales de genifevre....................nbsp; nbsp; nbsp; raquo;60
Baume de copahu.... ..............nbsp; nbsp; nbsp; 7 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; du commandeur.............nbsp; nbsp; nbsp; 8 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; de Fioraventi.................nbsp; nbsp; nbsp; 8 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; nerral.......................nbsp; nbsp; 18 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; opodeldoch...................nbsp; nbsp; nbsp; 6 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; tranquille....................nbsp; nbsp; nbsp; 5 raquo;
Benzine...........................nbsp; nbsp; nbsp; 2 50
Beurre d'antimoine..................nbsp; nbsp; 14 raquo;
Bicarbonate de soude en poudre......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1 raquo;
Bi-chromate de potasse...............nbsp; nbsp; nbsp;3 raquo;
Crfeme de tartre soluble.............nbsp; nbsp; nbsp; 5
Crocus entier........................nbsp; nbsp; nbsp; 1
raquo; 60 80
— pulv^risö.....................nbsp; nbsp; nbsp; 1
Cumin de Malte.....................nbsp; nbsp; nbsp; 2 raquo;
Eau d'Alibourg...............le litrenbsp; nbsp; nbsp;2 59
—nbsp; de Cologne.............le kilog.nbsp; nbsp; nbsp; 4 55
—nbsp; distillöe.........................nbsp; nbsp; nbsp; raquo; 70
—nbsp; de fleur d'oranger...............nbsp; nbsp; nbsp; 2 50
—nbsp; de goudron......................nbsp; nbsp; nbsp; 1 raquo;
—nbsp; de Kabel........................nbsp; nbsp; nbsp; 3 50
Eau-de-vie camphröe................nbsp; nbsp; nbsp; 3 50
—nbsp; vulnöraire...............1c litrenbsp; nbsp; nbsp;3 laquo;
£corces de racine de grenadier, le kilog.nbsp; nbsp; nbsp;4 raquo;
£lixircalmantcontrelescoliques. labout.nbsp; nbsp; nbsp;3 SO
de longue Tie..................nbsp; nbsp; nbsp; 4 70
Bois pprgatifs................la pifecanbsp; nbsp; nbsp;raquo;75
-ocr page 938-
Prix courant de la Maison RENAULT ain6.
fr, c,
Elläbore noir et blanc pulvamp;isä, le kilog.nbsp; nbsp; nbsp;2 80
ßmätique en poudre..................nbsp; nbsp; nbsp; 7 •
Emplamp;tre de savon camphrf...........nbsp; nbsp; nbsp; 6 gt;i
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; v^sicatoire anglais...........nbsp; nbsp; 16 raquo;
Espfeces vulnäraires......•............nbsp; nbsp; nbsp; 2 50
Essence d'aspic......................nbsp; nbsp; nbsp; 4 80
—nbsp; nbsp; nbsp; de citron....................nbsp; nbsp; 36 quot;
—nbsp; nbsp; nbsp; de lavande superfine......nbsp; nbsp; 12 raquo;
— fine.............nbsp; nbsp; 10 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; de menthe...................nbsp; 120 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; de rue.....................nbsp; nbsp; 24 n
—nbsp; nbsp; nbsp; de romarin...... ...........nbsp; nbsp; nbsp; 9 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; de sabine...................nbsp; nbsp; 24 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; de töröbenthine...........nbsp; nbsp; nbsp; 120
—nbsp; nbsp; nbsp; de thym blanc............. .nbsp; nbsp; 12 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; de thym rouge...............nbsp; nbsp; nbsp; 9 •
fither aeötique.....................nbsp; nbsp; 12 raquo;
—nbsp; nbsp; sulfurique.... ...............nbsp; nbsp; nbsp; 7 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;— rectiflS...............nbsp; nbsp; nbsp; 7 50
Extrait d'absinthe...................nbsp; nbsp; 12 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; de belladone..................nbsp; nbsp; 24 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; de gentiane.......... ........nbsp; nbsp; nbsp; 8 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; de geniövre...................nbsp; nbsp; nbsp; 160
—nbsp; nbsp; nbsp; gomraeux d'opium............nbsp; 280 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp;jusquiame....................nbsp; nbsp; 20 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; de noix vomique............nbsp; nbsp; 90 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; quina mou..................nbsp; nbsp; 65 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; ratanhia sec..................nbsp; nbsp; 55 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; de Saturne..................nbsp; nbsp; nbsp; 2 raquo;
Farine de lin.......................nbsp; nbsp; nbsp; raquo;70
—nbsp; nbsp; nbsp; de moutarde.................nbsp; nbsp; nbsp; 120
farine de riz pour cataplasme........nbsp; nbsp; nbsp; raquo;80
Fcnugrec entier....................nbsp; nbsp; nbsp; raquo;70
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; pulvörisö..................nbsp; nbsp; nbsp; 120
Fer räduit par l'hydrogSne...........nbsp; nbsp; 20 raquo;
Fieur de soufre.....................nbsp; nbsp; nbsp; raquo; 60
Gnlanga......... ...................nbsp; nbsp; nbsp; 2 raquo;
Gentiane entifere....................nbsp; nbsp; nbsp; raquo; 70
Gingembre pulvärisä..................nbsp; nbsp; nbsp; 3 raquo;
Glycärine...........................nbsp; nbsp; nbsp; 3 raquo;
Gomme adragante pulvörisöc.........nbsp; nbsp; 24 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; ammoniaque.................nbsp; nbsp; nbsp; 6 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; arabique blanche.............nbsp; nbsp;-4 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; en sorte....................,nbsp; nbsp; nbsp; 3 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; gutte.......................nbsp; nbsp; 24 raquo;
Goudron liquide....................nbsp; nbsp; nbsp; raquo; 90
Guimauve racine.....................nbsp; nbsp; nbsp; 1 40
Gutta-percha en plaques............nbsp; nbsp; nbsp; 9 raquo;
Hnile d'amandes douces...........nbsp; nbsp; nbsp; 5 raquo;
—nbsp; • de cade......................nbsp; nbsp; nbsp; 1 20
—nbsp; nbsp; de cade de Chabert...........nbsp; nbsp; nbsp; 2 raquo;
—nbsp; nbsp; de croton tiglium.............nbsp; nbsp; 60 raquo;
—nbsp; nbsp; empyreumatiqoe...............nbsp; nbsp; nbsp; 120
-T de laurier pure............•,.,nbsp; nbsp; nbsp; 450
fr. c. Huile de pötrole blanche.....le kilog. 3 raquo;
—nbsp; nbsp; de pßtrole noire.............
—nbsp; nbsp; de foie de morue............... 2 40
—nbsp; nbsp; min£rale rectifi^e.............. 2
—nbsp; nbsp; de ricin....................... 3
Hydriodate de potasse................nbsp; nbsp; 36
lode..................... ..........nbsp; nbsp; 45
lodures en genöral...................nbsp; nbsp; 45
Ip^ca en poudre ... .................nbsp; nbsp; 40
Jalap pulvßrisä.....................nbsp; nbsp; 20
Kermfes mineral nquot; 1.................nbsp; nbsp; 10
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;nquot; 2................. 9
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;nraquo; 3................. 7
Laudanum de Sydenham..............nbsp; nbsp; 30
— de Rousseau.............nbsp; nbsp; 35
Liqueur uttrine.............. ....... 9
—nbsp; nbsp; nbsp; de Villate................... 2
40
Lycopode............................ 5
Magnösie anglalse.................... 3
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; caldnöe.................... 6
Manne en sortes.................. .. 7
—nbsp; nbsp; en larmes....................nbsp; nbsp; 16
Mercure cru........................ 6 50
—nbsp; nbsp; nbsp; ä la vapeur..................nbsp; nbsp; 14
Miels de öütes qualitis............... raquo;
Muscades...........................nbsp; nbsp; 12
Nitrate d'argent...........le gramme raquo; 25
Noix vomiques räpöes........le kilog. 2
Onguent d'althsea.................... 3 20
—nbsp; nbsp; nbsp; basilicum.................. 2 40
—nbsp; nbsp; nbsp; chaud rßsolutif fondant....... 6 50
—nbsp; nbsp; nbsp; contre les crevasses........... 4 raquo;
—nbsp; nbsp; nbsp; contre les ardeurs........... 2 80
—nbsp; nbsp; nbsp; contre la gale des chevauit.... 4 50
—nbsp; nbsp; nbsp; contre la gale des moutems___ 4 50
—nbsp; nbsp; nbsp; igyptiac..................... 3 50
—nbsp; nbsp; nbsp; gris........................ 4 50
—nbsp; nbsp; nbsp; de laurier.................. 3 50
—nbsp; nbsp; nbsp; mercuriel double............. 9 raquo;
I 1
—nbsp; nbsp; nbsp; de la mfcre................. 3
—nbsp; nbsp; nbsp; de pieds.................. 2
—nbsp; nbsp; nbsp; populeum n0 1.............. 3
—nbsp; nbsp; nbsp; populeum n0 2......#9632;.....'... 2
—nbsp; nbsp; nbsp; styrax................'.....
—nbsp; nbsp; nbsp; väsicatoires................. 7
60 40 20 80 raquo; 50
Onguent vamp;icatoire anglais. Renault...nbsp; nbsp; 24
Opium...............................nbsp; 140
Oxyde de fer..... .................. 1
r — de zinc....................... 4
Oxymel sdllitique.................... 3
—nbsp; nbsp; nbsp;simple....................... 2
Perchlorure de fer...........'.......... 5
Pierre divine......... •..............nbsp; nbsp; nbsp;6
Pilules en gamp;i£ral sur deraande........nbsp; nbsp; 'raquo;
40 50 50 75
-ocr page 939-
Prix courant de la Maison RENAULT ain6.
40
.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;fr.
Plantes aromatiqucs......... le kilog.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2
PoWre blanc........'................nbsp; nbsp; nbsp; 3
Poivre löng......*..,. .'..'............#9632;•nbsp; nbsp; nbsp; 3
Püix blanche........................nbsp; nbsp; A
—nbsp; nbsp; noire.........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;
—nbsp; nbsp; Tamp;mna........____..............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;quot;
Pommade äpispastique verte..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;0
— d'Helmerick..,.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4
Poudre d'aconit......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3
—nbsp; nbsp; nbsp; astringente de Knaup..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2
—nbsp; nbsp; nbsp; d'aunäe......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
—nbsp; nbsp; nbsp; bamp;hique.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4
—nbsp; nbsp; nbsp; cordiale......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;*
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de belladone.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de digitale...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de noix vomique.....;.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;damp;infectaiitc................nbsp; nbsp; nbsp; 1
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;diur^tique fondante...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3
—nbsp; nbsp; nbsp; d'euphorbe...................nbsp; nbsp; nbsp; 5
—nbsp; nbsp; nbsp; gentiane....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;gomme arabique n0 2.........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; — ndeg; 3.........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;guimauve...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
—nbsp; nbsp; nbsp; d'iris......................'..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2
purgative.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4
Sei de nitre en poudre.......le kilog.
—nbsp; de Saturne.......................
—nbsp; de Sedlitz.........................
—nbsp; duobus......... ...'.#9632;..............
Semen-contra d'Alep.................
S6ü6 pal the.........................
Sirop antiscorbutique.........le litre
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .....la bouteille
—nbsp; nbsp; d'ßther................ le kilog.
—nbsp; nbsp; d'ip^ca du codex........ le litre
—nbsp; nbsp; nbsp;de nerprun................ ....
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;— .........la bouteille
Staphysaigre entier..................
nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;en poudre..............
Strychnine cristallisfie.....le gramme
Styrax liquide.......................
Sublimä corrosif en poudre...........
Sulfate de quinine____les 30 grammes
Sulfure de chaux........... le kilog.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de potasse...................
Teinture d'absinthe.................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;d'alofes....................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;d'arnica...................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de benjoin...............
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;cantharides................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;castoreum..................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;d'euphorbe.................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;digitale....................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; digitale ilMrie.............
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;gentiane...................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;d'ip^cacuanlia...............
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;d'iode concentrße...........
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Mars tartarisöe.............
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;quinquina.................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de rhubarbe.............,..
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de valüriane................
Tfröbentbine de Venise...............
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;claire.....................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ordinaire..................
Tfites de pavots............... le cent
Thö perlö fin..............le kilog.
—nbsp; noir............................
TMriaque fine.;.......................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ordinaire..................
Vert-debris pulv^risö.................
Vin de quinquina....................
Vinaigre des quatre-voleurs...........
—nbsp; nbsp; nbsp;pyroligneux................
—nbsp; nbsp; sternutatoire.................
2
u
1
50
raquo;..
60
1
80
2 50
4
raquo;
3 75
3
25
7
u
6 50
3
50
3
raquo;
2
raquo;
3
))
1
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6
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8
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10
raquo;
IG
raquo;
10
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3 50
2 40
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4
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i)
10
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7
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4
50
5
raquo;
amp;
50
5
raquo;
2
50
40
i _
40 50
raquo;
80 50 50 50 50 50
)]
60 40 20 80
raquo;
50
räglisse.......................nbsp; nbsp; nbsp; 1
—nbsp; nbsp; nbsp; rue..........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;sabine.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de tanaisie...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de tan.......................nbsp; nbsp; nbsp; 1
—nbsp; nbsp; nbsp; valöriaue....................nbsp; nbsp; nbsp; 4
—nbsp; nbsp; nbsp; vermifuge....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4
Pröcipitö rouge......................nbsp; nbsp; nbsp;15
Quinquina gris entier................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;8
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;— en poudre............nbsp; nbsp; nbsp;12
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;jaune entier...............nbsp; nbsp; nbsp;14
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;— pulvörisö..............nbsp; nbsp; nbsp;18
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rouge entier...............nbsp; nbsp; nbsp;26
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;— pulv(Sri8Ä............nbsp; nbsp; nbsp;32
Rhubarbe de Chine.,................nbsp; nbsp; nbsp;20
—nbsp; nbsp; nbsp; pulv^risöe.,................nbsp; nbsp; 24
Safran de Gätinais...................nbsp; 125
Salsepareille coupäe..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4
Savon vert.............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,,
Scaminonte d'Alep...................nbsp; nbsp; nbsp;80
Seigle ergotö.........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;8
Sei ammoniac........................nbsp; nbsp; nbsp; 1
—nbsp; d'Epsom.................. raquo; 30 etnbsp; nbsp; nbsp; raquo;
—nbsp; de Glanbor.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;
NOTA. — Par suite d'uno riScolte faible,
rations oü il est employß est tr4s-augment(5
40 50 50 75
la speculation aidant le prix de l'opiuni et des prtSpa #9632;
Pour les raquo;päcialitäs, voir ä ta page suivante.
-ocr page 940-
Prix courant de la Maison RENAULT aine.
DEPOT GENERAL DE SPECIALIT^S
S£ TKOÜ VANX A LA MEME MAISON laquo;um
I
Baume astringent de Terrat contre le picjtin...........la bouteille
—nbsp; nbsp; nbsp; Fleurot alni...................................le fhtcon
Collyre d'Äubin contre la fluxion päriodique......... #9632; le flacon
Crfeme de savon sulfureux de A. Mollacd, contre la gale des mou-
tons...............................................le kilog.
Feu anglais de Lelong.............................. la bouteille
Feu franfais de J. Olivier...................-...................
Feu hongrois de Chastaing.........................la bouteille
Feu räsolutif de Renault, remplafant la cauterisation i chaud. le kil. — •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; la bouteille
Huile sinapis£e et vfcicaute de MinOk ..............le flacon
Liniment fondant de Renault...................... la bouteille
Liniment Boyer...............................................
Liniment Geneau___/.;.......................................
Liqueur ign(5e 8e Cabaret....................................• •
Onguent antidartreux d'Aubin, contre les dartres rebelles du cheval et du chien....................................... le kilog.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; la holte......
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Onguent vi5sicatoire d'Aubin, rouge ou brun........la holte......
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—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;anglais du doctcur James.....le pot de 1 once
__nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; __nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;__nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; __ 2
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—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; — anglais de Renault aln^.............le kilog.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;— d'Aubin...........................
Phenol Boboeuf..................................... le flacon.
Poramade de Martin Chapuis........................... le pot.
Pommade antidartreuse pour les chiens, de Chastaing.....le pot.
Poudre adoucissante ä l'aconit, de Renault, le paquet de 10 doses
Poudre de Hemrael contre la maladie des chiens........ le paquet.
Poudre pectorale ä l'aconit, de Martin Chapuis.. le paquet de 9 doses.
Poudre de Watrin.............................................
Provende hygiamp;iique de Briand........... .............la holte.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; — .......................le paquet.
Ri5gönörateur Tricard, pour les chevaux couronnös......le flacon.
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Savon sulfureux de A. Mollard......................le morceau.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;— pour chiens............lemorceau.
—nbsp; nbsp; pour chiens de chenil, meutes et chevaux, de Sanfourche,
le kilog...... 2 75nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; a raquo;
le demi-kilog.
—nbsp; nbsp;•parfumS pour chiens d'appartement................le pot.
—nbsp; nbsp;. antiseptique pour petits chiens....................le pot.
Topique portugais de chez Roussel.................... le flacon.
Topique Terrat, contre le farcin......................... le pot.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; cicatrlsateur v^törinaire L. G. V.......................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Lacaze, contre les cors.................................
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Vautier, contre les insectes............................
Vernis öpidermique d'Aubin...........................le flacon
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AVIS
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