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Exlrfiit des Archives NéerlauJaises, T. XVTIT.
l/llKiMATOXYMNK m\Mti UK ACT IK SKKKlKlUlIK
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NON KKJNIKIKKS TIT NON SUBKlilKIKKS,
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E. GILT AY;
Los réactifs employes jusqu'ici pour reconnaitre la cellulose ue brillent pas par une grande sensibilitó et, en outre, dans beaucoup de cas, les résultats auxquels ils conduisent n'ont pas toute la certitude desirable.
A l'appui de cette assertion, examinons succincteiueut, quant a leur action, les réactif's connus.
Ceux-ci, -—abstraction faite des réactifs négatifs, c'est-a dire des réactifs spccitiques pour les membranes d'autre nature, conime Test par exemple, pour la matière ligneuse, la pbloroglucine, qui ne colore pas la cellulose, — sont surtout des substances iodées.
Comme on le sait, Tiode s'emploie dans deux formes prin-cipales de reactions sur les parois des cellules vógétales: l0daiis la reaction avec I'iode et 1'acide sulfurique, 2° dans la reaction de Schulze, avec le chlorure de zinc iodé.
Le traitemeut iodo-sulfurique consiste a imbiber d'abord par
2 E. GILTAY. Ij'HtóMATOXYLINE COMME RÉACTIF SPÉCIFIQUE ETC.
l'iode la preparation qu'il s'agit de colorer, et iï ajouter ensuite 1'acide sulfurique ').
La coloration par la dissolution chlorozinciquo iodée de Schulze '1) a, sur la méthode précédento, d'abord 1'avantage de n'esiger qu'une seule manipulation. Ensuite, la coloration par l'iode et 1'acide sulfurique offre l'inconvénient que les membranes cellulaires changent beaucoup pendant la reaction: presque toujours elles gonflent fortement, et dans maints cas clles sont, en peu de temps, complètement dissoutes. II est clair que cette circonstance enlève toute valeur a la reaction iodo-sulfurique lorsqu'il s'agit d'étudier des structures délicates. Le chlorure de zinc* iodé possède cette facheuse propriété a un degré moindre, mais néammoins encore beaucoup trop prononcé pour certains cas. Si l'on considère, en outre, que la couleur produite par le chlorure de zinc iodé est rarement tres intense, on comprendra que ce réactif, quelle que soit l'iniportance des services qu'il a rendus, se prête mal a l'étude des fins détails sur des coupes tres minces.
II y a toutefois encore un autre défaut attaché aux deux réactifs iodés, défaut qui porte également une atteinte plus ou moins grave a la confiance qu'on peut leur accorder, et au sujet duquel nous devons entrer dans quelques développements.
) Schaclit, Das Micro.scop u. seine Anwenduny etc., Berlin, 1851 , p. . —Jje mode opératoire a été perl'ectionné par ï\l. Radlkoi'er:
Rad 1 koter, Ueher die Durutellnng der Chlorzinkiodlvsuny als Reagetis mij'ZellstoH' far mikroskupische Unlcrsuchuugen {Aiin. d. Chern.u. l'/uinii' herausy. v. Wöhler. Liebig u. Kopp , Neue Hei he, t.XVll, 1855, j).332— 337).
E. GJLTAY. Ij'ntó M ATOX YLINE COMME REACT IF SPECIFIQUE ETC. 3
Pour l'application do la reaction iodo-sulfurique, 1'acide sul-furique doit óf re étendu d'une quantité dóterminée d'eau, quan-tité qui peut être différente dans des cas différents. C'est ainsi que des recherches spéciales ont appris a M. Harting 1; que la dilution de l'acide sulfurique, nécessaire pour In reaction de la cellulose, varie de 10 parties d'acide avee 6 parties d'eau a 10 parties d'acide avec 2 parties d'eau; aussi conseille-t-il d'avoir toujours sous la main, prepares d'avance, des mélanges de concentration croissante, par exemple, de 10 parties d'acide avec 6, 5, 4, 3 et 2 parties d'eau.
Tous ceux qui ont efï'ectué beaucoup de colorations par Ie chlorure de zinc iodé savent que ce réactif est plus ou moins capricieux. Tantót on obtient immédiatement une teinte bleue ou violette bien franche, tantót il ne se produit que lentement une coloration trés équivoque, et cela dans des conditions en apparence tout a fait semblables. Ce réactif aussi doit quelque-fois être employé a des degrés divers de concentration.
Pour inontrer combien les deux réactifs iodés de la cellulose fournissent des résultats incertains et variables, il suffit de rappeler les opinions contradictoires qui ont cours relativement au point de sa voir s'ils colorent, oui ou non, les parois des cellules cambiales.
Chez les Conifères, d'après M. Sanio :i), il apparaitrait dans la région du cambium une légere coloration sous l'influence des réactifs de la cellulose. M. Dippel 3) conteste absolument cette action. M. Mikosch '') indique, au moins pour la substance inolle des parois radiales, une coloration faible, tandis que, pour
1) llarting, Ilel Mikrusliuup, t. 11, [gt;.255.
2) Sanio, Analomie der gemeinen Kicfer (IHnus sUveslris L), dans: l'ring.slieiiu , Jdhrhiichcr, t. X, p. G4.
3) Dippol, Die nou ere Thvuriv über die feinerc Slructur der /ellhülle beiraehlet an der Hond der Thalsachen (tiré a part des Ablt. der Senckenb. GeseUsehuJl, L X ut XI) p. .gt;.5.
'») Mikosch, Uidemuehungen über die EntsteUung unci den Ban der ]lofïüijfel, dans: Sitzb. d. K. Akud. der Wissenseh. in Wieti, 1, Abth., Jnni-llefl, 188J , |). 49 (p. 24 du tiré ii part).
4 E. GILT AY. L'HÉMATOXYLINE COMME Hl'UCTIF SPÉCIFIQUE ETC.
M. Strasburger '), g'a étc „chose facilequot; quo de coloror la couche cambiale.
En ce qui concerne la region cambiale d'autros végataux, M. Dippel 1) mentionne qu'elle n'est pas colorée on bleu par les réactifs do la cellulose. M. Richter 2) u'a pas obtenu une coloration directe, tnais bien une teinte bleue après avoir fait agir préalablement, pendant quelques instants, l'acide chlor-hydrique on la potasse caustique, ou même quelquefois après avoir excercé une pression sur la preparation. M. Sol)a '') trouve, en ayant égard aussi a Taction du chlorure de zinc iodé, qu'au moins la matière intercellulaire consiste en cellulose pure. M. Russow parait également avoir constaté la coloration cellulosique dans des cellules cambiales; le Mémoire qu'il a public a ce sujet m'est toutefois resté inconnu.
Ces conclusions discordantes, auxquelles des observateurs différents ont été conduits, relativement a des objets analogues, par les réactifs iodés de la cellulose, montrent qu'il faut être tres prudent dans 1'interprétation de résultats négatifs obtenus par l'application de ces réactifs.
L'incertitude qui subsiste en pareil cas n'est d'ailleurs pas dissipée par les autres matières recommandées pour la coloration de la cellulose.
-) Dippel, Dan Mikroshup, 2«« Theil, p. lt;S'2.
Richter, Beitrage zur genaueren Kennlniss derclicinischcn Beschaf-fenheil der Zellmembranen hei den Pilzen, dans: Xilzber. d. k. Akad. d. Wissennch. in Wien, J Ahth., t, LXXXIII, 1881, |), 494.
■'•) D'après M. Strasburger (I.e., p. 41), M . Solla aussi serail d'avis que |e.s paruis cambiales ue donnent i)as la moindre reaction de cellulose. M. Solla dit toutefois (Oesterr. bolan. /eilselirift, 1879, p. 351): « Das \'evhalten den Cambium zum .... und Chlorzinkiodlösung berechtigt zu deai Sehlusse dasn hier reine Cellulose die Jnlercellulursubslanz tui''. Ce qu'il nie complètement, c'est Ja coloration eu bleu dans les méristèmes des points vógétatifs (I.e., p. 351).
E. GrlLTAY. Ij'lIÉJf ATOXVTjINE COMME IIKACT 1F SPÜCIFIQUE ETC.
En décrivant I'action du róactif de ïromraer bur les tissus végetaux, M. Sachs ') fait mention aussi de la teinte blouo qu'il communique a certaines parois cellulosiques.
La preuve, toutefois, que cette méthode n'est pas susceptiblo d'un emploi general, c'est que, lorsque la coloration est trop peu distincte sur des coupes minces, on est oblige d'avoir recours a des coupes plus épaisses, jusqu'a ce que la teinte s'accuse suffisamment -). II en résulte, évidemment, que l'étude des détails délicats ne peut pas se faire avec ce róactif. En outre, toutes les parois cellulosiques ne sont pas colorées par lui.
M. Tangl :!) a conseillé de faire usage, comme agent colorant, d'une solution de carmin. préparée en faisant bouillir cetto substance pendant environ 10 minutes dans une solution con-centrée d'alun, puis filtrant la liqueur. Ijes membranes subéri-fiées et lignifiées n'éprouveniient aucune coloration de la part de ce réactif. En ce qui concerne la cellulose, M. Tangl lui-même dit qu'il colore „la plupart'' des membranes de cette nature Pour moi, 11 m'est arrivé maintes fois de ne pas obtenir avec lui de coloration chez les parois cellulosiques; cette restriction rend ce réactif également impropre a l'usage, au moins dans les cas difficiles.
M. Tangl :i) communique, en outre, que des membranes indifférentes a son carmin aluné, telles que celles du cambium et des cellules parenchymateuses plus vieilles, absorbent, sous forme insoluble, la matière colorante d'une décoction aqueuse do bois do cam pêche, lorsque ce liquide renferme en memo temps un peu de vitriol de tér.
M. Behrens ') dit, a propos de cc réactif, que des „mem-
1) Sachs, l'chey die Xlo/fe wclcltc das Material zitm Wachstham der Zelllitnitc liefeni, ilans : l'riiigslioini, Jahrh., t. Ill, |). 189.
2) Voir; Belirens, I.e., p. 275.
s) Tangl, l'cher off ene Couimun icaiionen zwischeu den. /ellen des Kudos/ierms cinicjer Samen, dans: Pringshcim, Jaht'bücher,t.XX.U, p. 170, ■!) I.e. pag. '274.
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E, GILTAY. L'HÉMATOXYLINE COMME RÉACÏIF SPÉCTPIQUE ETC.
branes cellulosiques modifiéesquot; s'imprègnent cgalement do la maticre colorante; ce no sorait done pas encore la lo róactif typique cherché.
Un róactif qui mérite, dans la plupart dos cas, la preference sur celui de Schulze, et qui notamment nous vient en aide la ou les autres réactifs se montrent impuissants, c'est la solution d'hcmatoxyline,
Occupons-nous d'abord do son mode do preparation et d'emploi.
Je prépare co réactif en prenant 5 cc d'une solution, tenue en réserve, do 7 grammes d'hématoxyline dans 50 cc d'
et en ajoutant ces 5 cc a 100 cc d'une solution d'alnn a , , 0. 11 est bon do preparer ce mélange uno couple de jours avant do s'en servir, paree qu'au commencement la coloration n'est pas encore assez intense. Le liquide se troublant promptement, on en passo chaquo fois, avant 1'usage, une petite partie par
le filtre
Cette solution a une couleur si foncée qu'il est parfois difficile de retrouver les petits coupes de tissu qu'on y a introduites. Le moyen ordinaire, tenii' le verre contenant le liquide coloré au dessus d'un papier blanc ou de quelque objet analogue, est ici souvent insuffisant; on doit faire passer par lo verre un faiscoau lumineux intense. Pour cola, l'expédient lo plus simple, et qui réussit toujours, est de tenir le verre au-dessus d'un petit miroir, incline de telle sorte sur la table que In. lumière du ciel soit projetée a travers le réactif. Lorsque celui-ci n'ost pas employé en couche trop épaisse (.'cm au plus), on voit de cette manière les coupes les plus fines.
Pour colorer la préparation, on la laisse tremper dans le réactif pendant 5—15 minutes (toujours 10—15 minutes quand uue forte coloration est nécessaire). Le traitement ultérieur varie selon los cas. Vout-on un(! belle coloration, trés intense. Ia préparation dovra ótro placéo dans un milieu tres réfringent, tel, par exemplo, qui l'huile de girufle ou le baume du Canada (les indices des liquides employés par moi étaient, respeetivoment,
G
E. GILTAY. L'HÉMATOXYLLNE COMME RÉACTIF SPÉ01FIQUE ETC. 7
1,54 et 1,50). Do cette faron , toutefois, la netfceté dos parties non colorées de l'iniage souft're quelquefbis un peu trop. Dans 1c cas on nne coloration peu intense, qnoique bien distincte encore, est sulüsante, ou peut faire usage d'un mélange a parties égales de glycerine et d'oau (indice environ 1.40), tandis qu'une image tenant le milieu entre les deux précédentes est fournie par Fhuile de lin (indice environ 1.47).
Lorsque la preparation doit ctre examinee dans la glycerine, ello n'n besoin que d'un court lavage a I'eau. Est-elle destince a otre immergce dans l'huile, il faut d'abord la déshydrater au moyen de l'alcool absolu. Si dans cette operation elle devient indistincte, par suite do la formation d'un précipité en forme de gouttelettes, on commence, avant de l'introduire dans l'alcool, par la laver légorement dans l'eau. Après qu'elle a été retirée de l'alcool, on la plonge un instant dans l'huile de giroHe, pour la porter ensuite dans l'huile au sein de laquelle on se propose de l'observer.
Dans le baume du Canada, ou même dans l'essence de giroHe, los preparations colorées se conservent longtemps.
Parmi les matières ne faisant pas partie de la paroi des cellules, le réactif en question colore parfois distinctement le plasma '), et en outre, comme tout le monde le sait, les éléments chromatiniques -) des noyaux.
Quant a son action sur los parois dos collulos, disons tont d'abord que M. Treub, lors de ses recherches sur la coloration du noyau, connuissait déja le fait quo riiématoxyline colore los parois collulosiquos. Comme réactif spécifique de ces membranes, elle n'a toutefois pas encore été recommandée, quo jo
1) A raisoii do cette proprictè, il est bon qnelquefois (par exemple dans rétvide des membraiies minces des Fungi) d'opérer sur desccllidesplasmo-lytiqnes. Ou évite ainsi la possibilité de prendre la couleur du plasma pour colle des parois celiulaires.
2) M. Treub, lets over kleuring van eelkernen, dans; Nederi- kruid-kundiy Archiel, '2° Sór., t. I1J, ji. '266.
8 E. G1LTAY. L'HÈMATOXYLINE COMME RÉACTIF SPÉC1FIQUB ETC.
sache. Et pourtant, elle possède le grand mérite de no com-muniquer aucune teinte ni aux parois complètement lignifiées, ni mêrae aux membranes euticularisées.
Pour se convaincre de l'extrême sensibilité de ce réactif, on n'a qu'a le faire agir, par exeinple, sur un xylome en majeure partie fortement lignifié mais contenant, disséminées dans la masse ligneuse, des cellules parenchymateuses a parois tres minces. Comme exeinple earactéristique on peut citer aussi la coloration des stries cellulosiques dans les couches cuticulaires de l'épiderme des Halcea. ( 'hoz lo Ildken suuceolens , par oxemple, ces stries sont tres fines; néanmoins, elles se colorent trés netcement en bleu et se distinguent au premier coup d'oeil des couches euticularisées, restées parfaitement incolores ').
Même si l'hématoxyline, qui colore la cellulose en bleu, donnait une autre teinte aux membranes subérifiées et lignifiées, elle aurait encore une certaine valeur comme réactif de la cellulose. Mais cette valeur est accrue, a ce qu'il me semble, par la circonstance que l'hématoxyline n'exerce aucune action colorante sur les membranes complètement transformées en liège ou en bois. A raison de cette propriété, elle est naturellement beaucoup plus apte a déceler, dans les parois cellulaires incom-plètement lignifiées ou subérifiées, les éléments cellulosiques encore inaltérés et access!bles au réactif. Lorsqu'en pareil cas on fait usage du réactif de Schulze, qui colore la matière ligneuse et subéreuse en jaune, la couleur bleue, simultanément développée dans une paroi cellulaire, ne ressort pas assez nettement pour qu'on puisse juger avec certitude du degré de la lignification.
II y a aussi des cas , chez le sclérenchyme par exemple, oü 1'on obtient une teinte jaune, tandis que la dissolution de la phloroglucine dans l'acide chlorhydrique, qui, convenablement appliquée, est un réactif tres sensible de la matière ligneuse,
i) Voir; De Bary, Veryleichvnde Anatomie, ji. 8Ü.
B. OILTAY. L'HÉMATOXYLINE COMME RÉACT1F SPÉCIFIQUE ETC. 9
n'occusionne pas ou presque pas de coloration. La couleur jauno, dcveloppée par le réactif de Schulze, ferait alors ad me tt re mal a propos un état de lignification , ou du moins ferait juger celui-ci plus avancé qu'il ne Test en réalité. Dans ces cas aussi, l'hé-matoxyline peut répandre du jour.
Si Ton fait, par exemple, une coupe a travers un mince rameau iïAescalm Hippocastanum, et qu'on la traite par l'hé-matoxyline, les lamelles moyennes des cellules, dans le revctement sclérenchymateux du phloème, restent tout ti fait incolores; aucune teinte n'est prise non plus par la couche externe de la paroi, celle qui tapisse la lamelle moyenne, et ce sont seulement les couches d'épaississement suivantes qui se colorent distincte-ment en bleu, la couche interne montrant ordinairement la coloration la plus intense. En traitant une coupe par la phlo-roglucine et l'acide chlorhydrique, on obtient un tableau exacte-ment inverse. La lamelle moyenne présente alors la teinte la plus foncée, les couches externes de la paroi des Hbres sont aussi encore colorées, mais vers le centre des fibres la couleur s'affiiiblit rapidement et les couches internes sont complètement ou presque complètement incolores. Lorsqu on emploie au contraire le réactif de Schulze, la lamelle moyenne, ainsi que la couche pariétale contigue, prend il est vrai une teinte un peu plus vive que le rcste de la paroi, mais ce reste est pourtant aussi coloré assez uniformcment en jaune, sauf tout au plus, et dans quelques fibres seulement, la partie tout k fait interne. En admettant que ïes couches internes de la paroi contiennent encore plus ou moins de cellulose, l'image obtenue après l'emploi de l'hématoxyline est en parfait accord avec celle que fournit 1'application de la phloroglucine; toutes les deux, en effet, dénotent qu'une lignification un peu notable n'a eu lieu que dans les parties les plus périphériques de la paroi, tandis que plus pres du centre il n'existerait que de la cellulose pen ou point lignifiée. Le chlorure de /ine iodé, au contraire, ferait présumer un état de lignification assez uniforme et l'absence de couches cellulosiques non lignifiées, ce qui toutefois, comme nous venons
10 E. GILTAY. L'HÉMATOXYLINE COM.ME RJ5ACT1F SPÉCIFIQUE ETC.
dc 1c dire, n'est pas confinnc par la reaction de la phloroglucine. Dans co cas, ct dans d'autres analogues, rhómatoxyline parait done donner, plus rapidement quo le chloruro do zinc iodó, des notions exactes sur la nature de la paroi. — A la fin de eet article, nous verrons comment pourrait s'expliquer la teinte jaune occasionnée par le chloruro do zinc iodó, alors que la phloroglucine et Facide chlorhydrique n'indiquent pas la presence de matière ligneuse.
Outre les membranes cellulaires propremont ditos, il y a encore une matière qui est colorée trés fortement par rhómatoxyline, a savoir, la matière intercellulaire '), telle qu'on la rencontre dans des ólóments non lignifiós, quelquefois aussi dans des ólóments déja lignifiós en tout ou en partie. La teinte que prend cette matière est même tres inlense et se rapproche le plus de cello qu'on obtient avec les pnrois des cellules cambi-ales. Un exemple trés instructif est ottert par les cellules módul-laires lignifióes du Phlox paniculata ; après avoir fait agir l'agent colorant, on voit ici, entre deux parois prirnaires incolores, une mince lamelle colorée en bleu-violet, qui se continue dans les cavitós intercellulaires, on elle tapisse, sous la forme d'une couche un peu plus ópaisse, les parois formant ces cavitós. Comme autre exemple caraetóristique je mentionnerai le sclóren-chyme des feuilles du Hakca mnveolem. Lorsqu'une coupe transversale do co tissu est oxaminóe dans la glyeórine, on croit y voir, entre les fibres sclóronchymateusos, des cavitós intercellulaires nettement limitóes. Vient-on, toutefois, a colorer une próparation par rhómatoxyline, alors les cavitós prennent la teinte violet foncó que prósente, dans les memos circonstanccs, la matière intercellulaire. Cola prouve quo les caoités n'existaient qu'en apparence; le fait quo, dnr.a les próparations non coloróes, elles se dessinent avec tant de nettetó, ti mt sans doute uni-
i) Ce terrne est employé ici dans le sens que lui doune M. Dippel: Die nouct'o Theorie fiber die feinere Struelur der Zellhfille, Abdruek aus den Abh. d. Sciiehenb. Gencllaeh^l. X et XI, p. IS3 et 51.
E. GILÏAY, L'HÊMATOXYLINE COMME RÉACTIF SPÉCIFIQUE ETC. 11
qucnient a ce quo l'indiee de refraction de la matière intercellulaire est sensiblernent égal a celui de la glycerine, d'oü doit nécessairement rósulter le mèrne effet visuel que s'il y avait des cavités véritables.
Les parois non lignifiées et non subérifiées présentent, comme nous l'avons vu, des modifications qui so comportent d'une faQon doutcuse ou negative vis-a-vis des róactifs iodés en usage jusqu'ici. Cost surtout a l'égard des parois dn cambium que des résultats discordants ont été obtenus, avec ces róactifs, par des observateurs différents.
Avec rhématoxyline, la pnroi cambiale prend constamment une couleur superbe et tros intense. Comme les deux principales matières, autres que la cellulose, qui entrent dans la composition des membranes (la lignine et la subérine) ne se coloront pas sous l'influence de rhématoxyline, cette reaction des parois cambiales rend tres probable qu'elles sont analogues, piir lour nature, aux parois cellulosiques.
La substance dont sont composóes les parois des cellules des Champignons est au nombre de celles qui résistent le plus opiniatrement a la réaction cellulosique. M. Schacht ') et M. de Bary 2) n'ont pas même pu la colorer en bleu après ^'avoir fait bouillir avec la potasse, ni après l'avoir traitée par lo mélange de Schulze ou par l'acido chroraique. Comme, dans tons les cas ordinaires, ces réactifs produisent sur les parois cellulaires lignifiées et subérifiées la réaction de la cellulose' paree que, selon les idéés de Payen, les matières incrustantes seraient dissoutes et le squelotte cellulosique originel mis a nu, M. de Bary a admis que, chez les Champignons, le squelotte des parois cellulaires n'est pas compose de cellulose, mais d'uno substance particulière, qu'il a appelóe Pilzcellulose.
M. Richter so forme une autre opinion de la nature des
') Schaclit, Die I'llaiiicnzellc. p. 1)5.
A. «Ie Bary, Morphulof/ie unci fhyniolocjic det' l'tlzc, Plechten unci Myxomycelen, p. 7.
:!) Richter, i.e.
12 e. Ü1LTAY, l'hjLmATÜXYLINK comme ré AC Tl f spécifique etc.
menibi'iines cellulnires des Champignons D'après ses experiences, les membranes en question pcuvent bien düment prendre une couleur bleue après avoir óté „purifiéesquot; suecessivement par l'eau, la potasse, l'acide acétique ou cblorhydrique, l'alcool, l'éther et enfin de nouveau par l'eau bouillante; ce rcsultat s'obtiendrait même par 1'emploi de la seule lessive de potasse, a condition que Taction soit suffisnminent prolongée ou que la potasse soit renouvelée a plusieurs reprises. M. Richter oroit devoir en conclure que la base des membranes cellulaires est chcz les Champignons '), tout comme chez les autres plantes, de la cellulose, et que la difficulté de la coloration tient seulement a la présencc dc matières étrangères spéciales, dont on no peut débarrasser ces membranes qu'avec beaucoup de peine. Aussi, d'après lui, la Pilzcellalose de M. de Bary n'existerait pas.
En cc qui concerne Paction do riu'matoxyline dans ces meines cas, je ine contenterai provisoirement de mentinnner que, chez presque tous les Champignons que j'ai examines sous ce rapport (c'étaient principalement des Basidiornycètes), les parois cellulaires ont étó plus ou inoins colorées par rhématoxyline. Plus tard je me propose de revenir plus particulièrement sur ce point.
A preuve que la cellulose existant dans le regno animal n'échappe pas non plus a 1'action spécifique de Thématoxyline, je citerai le fait que la matière intercellulaire de la tunique externe des Tuniciers a pris, sous riiifiuonce de ce réactif, une teinte tres belle.
En récapitulant maintenant par la ponsée ce qui a étó dit de raction de rhématoxyline sur les tissus végétaux, on voit que, en general, rhématoxyline et le réactif do Schulze so comportent de la memo manière. L'hématoxyline colore on bleu la ou lo réactif de Schulze colore également on bleu, elle no
i) Pour l'étude fles parois cellulaires «les champignons, il fant tonjours laisser la preparation an inoins irgt; minutes clans rhématoxyline et eusuite 1'observer clans I'huile de girofle.
E. GILTAY. L'lIÉMATOXÏLINE COMME RÉACTIP SPÉCIFIQÜE ETC. 13
colore pas, la oü le tissu présente un caractère de lignification ou de subérification avancée.
Ces faits m'qnt conduit a regarder I'lieinatoxyline, en ee qui concerne les matières pariótales, corame un réactif spécifique des membranes ni lignifiées ni subérifiées. Les raisons pour lesquelles, dans les cas de ce genre, rhéraatoxyline est souvent preferable au réactif de Schulze, ont été exposées ci-dessus.
Mais, en outre, 11 y a quelques cas oü le réactif de Schulze ne donne pas la coloration , tandis que l'hématoxyline la produit ou du moins peut la produire.
La signification de ces cas mérite de nous arrêter encore un instant. Comme nous ravens vu, ils sont fournis par les cellules méristématiques (cambiales) et quelquefois par les hyphes des Champignons.
On a parfois cru que la paroi de ces deux espèces d'éléments était imprégnée de matières albuminoïdes '). Gr, la tentation est forte de rattacher a cette hypothese 1'action positivo de l'hématoxyline, et d'admettre que la coloration par ce réactif doit etre rapportée, au moins en partie, a des corps incrustants albuminoïdes. Ces corps albuminoïdes devraient alors être de nature telle, qu'ils soient colorés de la même manière que le plasma par rhématoxyline. La tentation ne devient pas moindre lorsqu'on voit, dans des parois cellulaires qui sont colorées par l'héinatoxyline , le réactif de Schulze déterminer quelquefois une coloration prononcée en jaune -) 1), bien que la phloroglucine ne dccèle pas, ou presque pas , de inatière ligneuse dans ces parois.
Je pense toutefois, avec M. Richter ''), qu'il est encore tres incertain si, dans los cas susdits, des matières albuminoïdes in-
) Done, hi niéme coloration que prenneat aussi, par l'iode, les parties pla.suiatiques.
'i) Richter, I.e., p. 50G
14 E. QILTAY. L'lltóMATOXYLINE COMME RÉACTIF SPtóCIPIQUE ETC.
crustent la paroi, ot qu'il est bon de ne pas attacher trop d'importance aux speculations sur ce sujet, d'autant plus que, pour des raisons qui seront développées plus loin, nous savons encore trés peu de chose des reactions auxquelles donnent lieu les membranes organisées et des facteurs qui exercent de l'in-fluence sur ces reactions. Au reste, quand même la coloration des parois des cellules cambiales et des hyplies serait duo en-tièrement a des matières incrustantes albuminoïdes, la valeur de l'hématoxyline, comme réactif pour les parois non lignifiées et non subérifiées, n'en serait pas sensiblement atteinte. Le point essentiel, aussi au point de vue physiologique, c'est que l'hé-mntoxyline colore seulement les parois cellulosiques (jeunes ou vieilles, imprégnóes ou non de substances albuminoïdes), qui n'ont pas encore subi de lignification ni de subérification compléte. Une fois cette reaction obtenue, le chlorure de zinc iodé pourra peut-être servir a distinguer si les membranes sont im-prégnées, ou non, de matières albuminoïdes. II ne faudra toutefois pas oublier que, dans les cas oü le réactif de Schulze donnera une teinte jaune, le controle d'un autre réactif sera nécessaire, car, de celte tointe seule,onne saurait déduire si elle provient de corps incrustants albuminoïdes, ou bien de lignine ou de subérine.
Nous avons dit que, la oü le réactif de Schulze donne une coloration bleue, Fhématoxyline aussi communique aux parois des cellules la teinte bleu-violet caractéristique, et nous venons de discuter les deux cas oü l'hématoxyline développe la couleur bleue, tandis que le chlorure de zinc iodé ne la produit pas.
11 nous reste encore a parler d'une exception remarquable, la seule de ce genre qui me soit connue: il s'agit d'un cas oü l'on obtient une coloration avec le réactif de Schulze, mais non avee l'hématoxyline. Ce cas nous est oifert par la substimce dite „ivoire végétalquot; (endosperme du Phytelephas macrocarpa), done, chose singuliere, justement par le tissu que M. Fremy a cité, a cause de sa solubilité totale dans le liquide ammoniaco-
E. GILTAY. L'HÉMATOXYIJNE COM ME RÉACTIF SPÉCIFIQUE ETC. 1 5
cuivrique, comme un dos exemples de la cellulose !lt;a plus pure.
On doit toutefois, quand il s'agit d'un résultat négatif tel quo celui-ci, n'en tirer des conclusions qu'avec beaucoup de prudence. Lorsqu'une certaine inaticro en colore uue autre, et peut par suite être employee comme réactif do cello-ci, la coloration n'est pourtant possible que si los deux matiores peuvent entrer en contact l'uno avoc l'autre. 11 est done a prévoir que la structure dos parois cellulaires sora un facteur important dans les reactions auxquelles on soumettra ces parois. Si la structure des membranes vé gé tales est, par exemple, telle que la vout la théorie de M. Nageli, on comprend que , dans certains cas déter-minés, les éléments de la paroi (micelles) pourraient être situés do fagon a ce que leur masse principale fut inaccessible a une matière qui d'ailleurs, au contact de ces éléments, serait susceptible de contractor une union chimique avoc cux. Qu'on se figure, par exemple, les micelles tellement rapprochés les uns dos autros que les particules du réactif ne puissent pas circuler librement. dans los minces couches de liquide dont les micelles sont enveloppés. La non-coloration par le réactif employé ne prouverait alors nullemont que celui-ci no mérite pas confiance comme agent révélateur de la matière constituante des micelles, puisque, a cause de la structure particuliere de la paroi, cotte matière n'aurait pu ètre suffisamment imbibée par le réactif.
ür, l'excessive dureté du tissu endospermique des graines de Phytelephas rond assez vraisemblable que, précisémont dans ce cas, l'hypothèse susdito se trouve réalisée, que la faible épaisseur dos couches de liquide qui ontouront les micelles em-póche la pénétration d'un réactif pen énergiquo, tel que l'hé-matoxyline. Cela pourrait expliquer en memo temps pourquoi, dans ce cas unique, le réactif de Schulze produit bien une coloration; ce réactif, en effet, exerce une action do gonflo-mont, ce qui lui permet peut-ctre do modifier la structure de la paroi do fagon a ce que la pénétration devienne possible ; le réactif se fraierait alors lui-meme un cliemin dans la paroi Lorsque les coupes du tissu endospermique de Phytelephas sont
16 E. ÖILÏAY. L'riÉMATOXYLINE COMME RÉACTIF SPtóCIFIQUE ETC.
soumises pendant ^ minute a Faction de l'acide sulfurique concentre, rhématoxyline aussi colore les parois.
Ap rès ce qui vient d'etre dit, il sera sans doute superflu de declarer expresséinent que je suis loin de croire avoir découvert, dans rhématoxyline, un réactif qui apprendra tonjours, nvec une absolue certitude, si Ton a affaire, oui ou non, a une paroi celhilosique. II n'y a menie, a mon avis, pns une seule des matières constituantes de la paroi cellulaire qui puisse, dans tous les cas, être décelée sürement par n'irnporte quel réactif. Peur cela, les données nécessaires nous manqnent complètement. 11 faudrait, en effet, connaitre parfaitement, d'abord les matières en question , et ensuite l'influence que la structure organique exerce sur les réactions; or, ni l'un ni 1'autre n'est le cas.
L'hématoxyline ne pretend done pas a remplacer entièrement les autres réactifs de la cellulose. Tant que les deux conditions sus-indiquées ne sont pas remplies, on ne pourra peur,-être jamais dire a priori qu'un réactif quelconque, pour les cas dont il s'agit ici, rendrait les autres inutiles. Chacun d'eux a sa valour, et e'est par la comparaison de Taction de tous les réactifs conn us qu'on arrive le mieux a la connaissance des matières étudiées. Je pense seulement que, pour distinguer les membranes cellulosiques des membranes lignifiées et subé-rifiées, l'hématoxyline est un réactif plus general, et surtout plus sensible, que ceux dont on a fait usage jusqu'a présent, et qu'il mérite done souvent la préférence Comme raoyen de controle, dans les cas douteux, il sera toutefois constamment nécessaire d'avoir recours aussi a d'autres réactifs.